Droit de La Concurrence Et Consommation (Tous Les Exposés) [PDF]

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Zitiervorschau

Département Droit Privé Master « Juriste d’AffAires » Semestre Deuxième Tous les exposés de :

Droit de la concurrence et de la consommation Professeur : Mr. Driss JOUIDI Année Universitaire : 2019-2020

Thème

Groupe

1- Présentation de la loi 104-12 sur la concurrence et la réglementation des prix

2- Les institutions de régulation en matière de la concurrence

3- Les pratiques anti-concurrentielles

4- Présentation de la loi 31-08 sur l’information et la protection du consommateur

    

SOUKAINA LAZAAR OUMAYMA BENJELLOUN LAMIAA HARITE MOHAMMED ABEDDOUR CHEMS EDDINE OUALLA

    

OUMAIMA FAYEK HOUDA FAHMI ABDALLAH LAHLOU MAMI BADR BOUTKHOUM ABDELLAH BAHTAT

    

HAYTAM EL MAAI HANEN MEDROMI YOUSRA MOUSSAOUI KHALID BECHAR ZAKARIYAE EL ADLOUNI

 

OUMAYMA BEN MAACHOU CHAIMAE TOUM BEN CHAKROUN MERYAM SADOUK FATIHA MEKOUAR MOHAMMED AMINE ZINE EL ABIDINE

  

    

5- La protection du consommateur contre les clauses abusives

2

CHAYMAE MOKHLIS HASSAN EL BEDOUI IBTISSAME AMZIL HAFSA ABIDI ALAOUI KHADIJA REZZAKI

Département Droit Privé Master « Juriste d’AffAires » Semestre Deuxième Exposé N°1

Présentation de la loi 104-12 sur la concurrence et la réglementation des prix Professeur : Mr. Driss JOUIDI Année Universitaire : 2019-2020 3

Thème 1 : Présentation de la loi 104-12 sur la concurrence et la réglementation des prix Introduction Frédéric BASTIAT a écrit en 1850 « il est évident que la concurrence, c’est la liberté. Détruire la liberté d’agir, c’est détruire la possibilité et par suite la faculté de choisir, de juger, de comparer… » La liberté du commerce, qui est un principe consacré par la constitution de 2011 suppose évidement la liberté de la concurrence, qui peut être définie comme une course entre les agents économiques qui visent la même clientèle en lui offrant des produits et services similaires. Juridiquement, la concurrence est considérée comme le résultat d’une situation économique dans laquelle les entreprises concurrençant sur un marché donné, tentent d’attirer la clientèle par les meilleures conditions de prix, qualité, présentation des produits, services… Les opérations commerciales se font dans un environnement concurrentiel extrêmement intense où chaque opérateur économique essaie de montrer son savoir-faire pour accaparer et monopoliser un marché donné. C’est d’ailleurs, l’exemple des plus grands rivaux du marché des Smartphones (SAMSUNG et APPEL). Autrement dit, la concurrence est une compétition qui se joue sur un même marché pour atteindre une finalité économique déterminée. La concurrence est, tout à fait, légitime et chaque opérateur économique a le droit de faire usage de tous procédés et moyens pour attirer une clientèle. En revanche, la concurrence devient, dans certaines mesures, un acte déloyal par l’utilisation des moyens et outils contraires aux pratiques du commerce et de la bonne foi ce que l’on appelle « les pratiques anticoncurrentielles ». Historiquement parlant, le législateur marocain n’a pas hésité à conduire une série de réformes législatives pour moderniser et faire subir à l’économie nationale « un lifting » afin qu’elle puisse répondre aux besoins de « bunsens men » installés au Maroc et réussir son intégration dans l’économie mondiale. Le législateur a parfaitement compris que l’économie marocaine devait s’adapter aux exigences de la mondialisation en matière de la concurrence. Comme a dit Jacques CHIRAC « la mondialisation n’a pas créé l’exclusion, mais elle aggrave sans doute, en laissant au bord du chemin tous ceux qui ne peuvent suivre le rythme toujours plus rapide des adaptations rendues nécessaires par la concurrence. » dès lors, le législateur avait l’obligation de moderniser juridiquement l’économie marocaine pour suivre le rythme qu’impose la concurrence à l’échelle nationale et internationale. La liberté de la concurrence fut l’une des priorités du législateur marocain ce qui a nécessité la mise en place d’un dispositif législatif afin que les activités économiques se fassent dans des conditions loyales et loin des pratiques anticoncurrentielles. La loi 66-99 du 5 juin 2000 entrée en vigueur en 2001 sur la liberté des prix et de la concurrence avait pour finalité l’efficience de l’économie nationale, l’amélioration du bien-être des consommateurs et enfin la transparence et la loyauté dans les relations commerciales. Cette loi a fixé les modalités d’exercice de l’activité économique et la régulation du marché en donnant naissance au CONSEIL DE LA CONCURRENCE. En revanche, cette loi n’a pas pu échapper à la critique de plusieurs juristes et praticiens. Selon l’ex ministre de la justice monsieur « Driss ALAMI MACHICHI » la loi 66-99 ne définissait pas clairement la liberté de la concurrence et le conseil de la concurrence, qui était d’ailleurs la principale nouveauté de cette loi, n’était pas doté des prérogatives nécessaires à son efficience et avait juste un avis consultatif. Pour combler les failles de la loi 66-99, il nous a fallu attendre le 24 juillet 2014 4

pour qu’elle soit réformée, modifiée et complétée par la loi 104 12 qui avait abrogé les dispositions des articles 1 à 13 et des articles 24 à 103. La loi 104 12 a apporté les nouveautés majeures. Elle a procédé à l’adoption de la loi 20 13 dont l’article premier définit le conseil de la concurrence comme une institution indépendante chargée d’assurer la transparence et l’équité dans les relations commerciales en sanctionnant les pratiques déloyales « anticoncurrentielles » et en régulant la concurrence du marché. Elle a doté cette institution de la personnalité morale et d’une autonomie financière lui permettant de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles et d’assurer le contrôle des opérations de concentration économique, qui n’est plus de la compétence du chef du gouvernement. Par ailleurs, elle a introduit une nouvelle pratique anticoncurrentielle dénommée « la pratique des prix abusivement bas ». Ladite loi s’applique, d’abord, à toutes personnes physiques ainsi que morales dont les activités économiques peuvent impacter le marché marocain. Ensuite, à toutes les activités de production, de distribution et de services y compris celles exercées par les personnes morales lorsqu’ils agissent comme opérateurs économiques, et enfin, aux accords à l’exportation dont l’application est susceptible d’influencer le marché intérieur marocain. Notre sujet est d’une importance capitale car les principes de la liberté des prix et de la concurrence, sur l’échelle de la hiérarchie des normes, sont tout en haut. La lecture et l’analyse de la loi 104 12 nous montrera que l’ère du bricolage juridique en matière de concurrence est finie et que la liberté de fixation des prix est assurée et que la transparence et la loyauté dans les relations économiques sont garanties. Les questions que l’on peut se poser, qui fera l’objet de notre développement, est de savoir à quel point la loi 104 12 s’adapte au droit de la concurrence de manière à répondre à la réalité pratique ? Pour élucider cette problématique, notre travail s’articulera autour de deux axes principaux à savoir :  

Le Droit substantiel de la concurrence et son application à la lumière de la loi 104 12. Le dispositif institutionnel et répressif de la mise en œuvre de la loi 104-12.

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Partie 1 : Le Droit substantiel de la concurrence et son application à la lumière de la loi 104-12 : Dans le processus de modernisation du droit marocain des affaires, la loi n°104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence a constitué un moment essentiel puisqu’il s’agissait de protéger la concurrence afin de stimuler l’efficience économique, améliorer le bien-être des consommateurs, assurer la transparence et la loyauté dans les relations commerciales. Il s’était également agi de s’inscrire dans le cadre de la dynamique de convergence réglementaire avec l’acquis communautaire, induite par l’accord d’association liant le Maroc à l’Union européenne. Une dynamique renforcée par le statut avancé qui accorde au rapprochement des législations une place prioritaire, Dans le cadre du droit moderne au Maroc la loi n°06-99 DU JUIN 2000 innove en introduisant le droit de la concurrence dans le système juridique du pays. Elle initie une nouvelle discipline juridique, ou tout au moins elle en déclenche le processus de naissance. Elle promet un enrichissement certain de la réflexion doctrinale sur les divisions et les branches du droit positif car elle ne permet pas a priori de classer le droit de la concurrence ou de le définir par rapport à son objet ou à sa place dans le contexte de l’environnement juridique où il est appelé à se situer. La liberté du commerce et de l’industrie suppose la liberté de la concurrence, c’est à dire la libre compétition entre les agents économiques, qui offrent des produits ou services identiques, ou similaires, susceptibles de satisfaire une même clientèle. C’est dans cette optique que la présentation de la loi 104-12 sur la concurrence et la réglementation des prix sera traitée dans cette première partie en deux chapitres : d’abord les pratiques liées à la concurrence (Chapitre 1). Le deuxième chapitre sera consacré au contrôle des prix et des concentrations (chapitre 2).

Chapitre 1 : Pratiques liées à la concurrence Le droit de la concurrence se divise ainsi, en deux branches, d’un côté on trouve les pratiques anticoncurrentielles (section1) qui visent surtout (interdiction entente, ou abus de position dominante) et d’un autre les pratiques restrictives de la concurrence (section 2) (encadrement des relations commerciales). Les pratiques restrictives de la concurrence sont assez spéciales puisqu’elles sont sanctionnées indépendamment de l’atteinte au marché.

Section 1 : Pratiques anticoncurrentielles Les articles 6 à 9 de la loi 104-12 visent successivement les ententes au sens large d’une part et les abus de position dominante et les exploitations abusives de situation de dépendance économique d’autre part, si on préfère une formation plus brève et compréhensive on doit constater qu’il s’agit des pratiques collectives et des actions individuelles.

Sous-section 1 : Les pratiques collectives L’article 6 de la loi adopte une notion compréhensive en énumèrent différentes modalités de ces pratiques, les actions concertées, les conventions, les ententes, ou coalitions d’une part, et en saisissant le maximum d’éléments de fond et forme qui les accompagnent d’autre part.

Paragraphe 1 : Au plan du fond L’entente, au sens large visé par le texte se traduit par tout accord entre les entreprises dont l’objet ou le but est d’empêcher ou de fausser le jeu de la concurrence sur le marché, le texte énumère 4 exemples de situations caractéristiques des atteintes visées au jeu de la concurrence : 6

   

La limitation de l’accès au marché ou du libre exercice de la concurrence par d’autres entreprises. La création d’obstacle à la formation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur hausse ou leur baisse. La limitation ou le contrôle de la production, des débouchés, des investissements, ou du progrès technique. La répartition des marchés, des sources d'approvisionnement ou des marchés publics.

Paragraphe 2 : Au plan de la forme L’analyse et l’appréciation de la forme utilisée soulèvent les mêmes problèmes de preuve déjà signalées à l’occasion de l’examen du fond. Elles obéissent aussi aux mêmes règles. On peut estimer que la forme posera plus de problèmes sous l’angle de la preuve car elle se caractérise de plus en plus par l’absence ou au moins l’inconsistance des traces et des supports. Des pourparlers, des conversations informelles au cours de repas ou d’autres rencontres constituent souvent de nos jours les véritables formes d’accord entre les opérateurs économiques.

Sous-section 2 : Les pratiques individuelles L’exploitation abusive d’une position dominante sur le marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci d’une part, et d’une situation de dépendance économique dans laquelle se trouve un client ou un fournisseur ne disposant d’aucune alternative d’autre part, constituent deux situations distinctes par leur consistance intrinsèque mais que la loi réunit au sein d’une formule unique. En effet cette présentation légale s’explique parce qu’elle comporte des éléments communs à coté de leurs composantes spécifiques respectives.

Paragraphe 1 : Eléments communs L’article 7 de la loi dispose que prohibé, lorsqu’elle a pour objet ou peut avoir pour effet d’empêcher de restreindre ou de fausser les jeux de la concurrence l’exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d’entreprise en position dominante en marché intérieur ou une partie substantielle d’une partie ; d’une situation de dépendance économique dans laquelle se trouve un client ou un fournisseur ne disposant d’aucune autre alternative Les dispositions reproduisent les mêmes conditions de fond exigées pour la prohibition des ententes (empêcher, restreindre et fausser…). Elles précisent implicitement que l’exploitation abusive de la position dominante ou la situation de dépendance économique reste un comportement normal et licite dans le cadre de la concurrence. En effet ; seul « l’abus » on est interdit quand son objet ou son effet « se répercute » négativement sur le jeu de la concurrence, à cet égard le caractère rationnel de la loi ne fait pas de doute, il est surement légitime qu’une entreprise s’efforce dans le cadre de la libre concurrence, de tirer profit de sa domination, de sa maitrise de marché ou du secteur. Mais si une telle attitude correspond à un abus elle devienne étrangère de la concurrence 1; Elle tend plutôt à l’éliminer ; en conséquence elle tombe dans le domaine de la prohibition. Noter bien que les éléments retenus par la loi doivent servir d’indicateurs dudit « abus ». On peut même remarquer que ces situations ou ces comportements peuvent aussi être appréhendées par la loi dans le cadre des atteintes susceptibles de toucher le jeu normal des prix sans avoir besoin d’appliquer les notions de position dominante et de dépendance économique. 1

M. Nour-EDDINE TOUJGANI : Guide des pratiques anticoncurrentielles. 7

Paragraphe 2 : Eléments spécifiques Il s’agit des :

§1 : Notion d’abus Les éléments de la notion « d’exploitation abusive » figurent dans les deux derniers alinéas de l’article 7 et ont trait à la clarification du contenu de l’abus. Celui-ci peut notamment consister en refus de vente, en ventes liées ou en conditions de ventes discriminatoires ainsi que dans la rupture de relations commerciales établies. Au seul motif que le partenariat refuse de se soumettre à des conditions clés injustifiées. Il peut consister également à imposer directement ou indirectement un caractère minimal ou prix de revente d’un produit ou d’un bien au prix d’une prestation de service ou à une marge commerciale. L’abus peut consister aussi en offres de prix ou pratiques de prix de vente aux consommateurs abusivement bas par rapport aux couts de « production, de transformation et de commercialisation... ». Dès lors que ces offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d’éliminer d’un marché ou d’empêcher d’accéder à un marché, une entreprise ou l’un de ses profits. Noter bien : le texte saisit ici une situation apparemment paradoxale ou la pratique se fonde sur le prétexte de bénéficier aux consommateurs en réduisant les prix aux maximums ! Mais la baise devient anormale au regard de deux critères :  

Quand elle détruit le rapport entre les couts de production, de transformation ou de commercialisation et dégage partant une perte. Encore quand l’objet véritable de la pratique ou son effet aboutissent ; l’exclusion d’un concurrent du marché ou de l’élimination de l’un de ses produits de la concurrence dans un marché parce qu’il ne peut pas suivre le même courant de baisse. Un tel comportement est malheureusement très fréquent dans la pratique des opérateurs, l’intérêt des consommateurs n’y est qu’incident et temporaire. La restriction de la concurrence fuit rapidement par l’anéantir.

§2 : Notions de domination et de dépendance économique : Les exemples énumérés par la loi peuvent concrétiser les deux situations de position dominante de dépendance économique. Force est de reconnaitre que cette dernière a peu de chance d’apparente telle qu’elle a dans la pratique. En effet, elle prendra souvent une force complexe par l’imbrication avec la manipulation suspectée des prix. Les deux situations correspondent souvent à un abus de puissance d’achat exercé par des groupements organisés sous forme d’entreprise de distribution ou de centrale d’achat. Les risques ne sont plus théoriquement au MAROC ou on observe de plus en plus les circonstances favorables animées par de telles organisations dans les secteurs de la grande distribution de divers biens, produits et services, dans le commerce de grandes surfaces ainsi que dans les secteurs intéressés par les marchés publics engagés par l’Etat ou les collectivités locales.

I- La Position dominante La reconnaissance d’une position dominante implique la nécessité de « situer l’entreprise concernée dans le marché intérieur pour déterminer concrètement son influence sur l’existence et le jeu de la concurrence ». En d’autres termes ; la dimension importante ou modeste ‘importe

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peu’, il demeure impérieux de procéder à l’étude du marché ou elle est supposée exercer sa domination. A cet égard, la nature des biens, produits et services peut avoir des degrés si significatifs ou dérisoires d’importance et de possibilité de remplacement pour les besoins des opérateurs ou des consommateurs. Et la découverte totale ou partielle du marché national constitue un autre critère d’appréciation de la réalité de la domination. Le texte parle du marché intérieur ou d’une partie substantielle de celui-ci, le problème n’existe que dans le cadre du marché national ; le commerce extérieur est exclu la proportion visée par la partie substantielle risque d’être difficile à cerner en raison de la nécessité de tenir compte d’autres éléments qualitatifs et quantitatifs, sur lesquels la loi et son décret d’application ne prononcent que parcimonieusement.

II-La situation de dépendance économique : ‘Difficile à délimiter avec précision’, cette notion est conditionnée par « la qualité de la victime » ;  

Lorsqu’elle résulte du comportement des fournisseurs à l’encontre des distributeurs : Son appréciation prend en considération la notoriété de la marque-la part du marché exploite par le fournisseur. Il en est de même de l’état inverse de dépendance économique d’un fournisseur avec le distributeur : l’appréciation de la dépendance tient compte de la part du chiffre d’affaire réalisé par le dit fournisseur avec le distributeur ou le revendeur, de l’importance de ce chiffre d’affaire dans la commercialisation des produits, biens et services concernées des facteurs qui ont forcés le fournisseurs à concentre ses ventes chez le distributeur concerné, de l’existence et de l’intérêt des solutions alternatives pour le fournisseur.

Le second volet de ce chapitre appel la mise en exergue des pratiques restrictives de la concurrence.

Section 2 : Pratiques restrictives de la concurrence : A l’instar des consommateurs, les commerçants et généralement les professionnels ont vu leur situation s’épanouir grâce aux apports de la loi 104-12 2en matière de liberté des prix. Assurément, en veillant quant à la transparence des relations professionnelles en instaurant certaines mesures telles que l’obligation de la facturation et la communication des barèmes des prix et en essayant de faire disparaitre toute pratique ayant pour objectif l’atteinte négative à la loyauté de la concurrence, le législateur marocain a voulu rompre avec une époque où les pratiques anticoncurrentielles étaient légion3.

Sous-section 1 : De la transparence dans les relations commerciales entre professionnels L’objet de la loi 104-12 d’une façon générale est de maintenir une concurrence saine à la fois au niveau horizontal, c’est-à-dire entre distributeurs, et au niveau vertical, entre fournisseurs et distributeurs. A ce titre sont interdites certaines pratiques dites restrictives :

http://adala.justice.gov.ma/production/legislation/fr/Nouveautes/Libert%C3%A9%20des%2 0prix%20et%20de%20la%20concurrence.pdf consulté le 29/4/2020 2

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Yves Chaput ; Le droit de la concurrence ; édition que sais-je1998 9

comme le refus de vente, la revente à perte, la vente avec prime et les ventes liées. Il s’agit de savoir notamment comment la loi organise et protège leurs intérêts.

Le refus de vente : D’après l’article 61 de la loi 104-12 : Il est interdit à tout commerçant, industriel ou artisan ainsi qu’à tout prestataire de service : 

de refuser de satisfaire, dans la mesure de ses disponibilités et dans les conditions conformes aux usages commerciaux, aux demandes d’achat de produits ou aux demandes de prestation de services, pour une activité professionnelle, lorsque lesdites demandes ne présentent aucun caractère anormal et émanent de demandeurs de bonne foi et lorsque la vente de produits ou la prestation de services, n’est pas interdite par une loi ou par un règlement de l’autorité publique. » Le refus peut être justifié par :







L’indisponibilité des produits : Cette indisponibilité peut résulter d’une absence physique des produits ou d’une indisponibilité juridique. L’indisponibilité juridique peut être la conséquence de la vente du produit ou du non obtention de son autorisation de mise sur le marché. Le caractère anormal de la demande : Le caractère anormal peut se manifester par une demande contraire aux modalités habituelles de livraison du vendeur (conditionnement, horaire de livraison, modalités de paiement…) ou peut découler d’une discordance entre l’activité du vendeur/prestataire de service et la nature du produit/service sollicité. La mauvaise foi du demandeur

La vente à perte La revente à perte est le fait de revendre un produit en l’état à un prix inférieur à son prix d’achat effectif, est interdit aussi d’annoncer la revente d’un produit à un prix inférieur à son prix d’achat effectif. Le prix d’achat effectif (PAE) est le prix unitaire mentionné sur la facture, déduction faite des seules remises commerciales afférentes au produit et portées sur la facture, majoré des taxes et le cas échéant des frais de transport. Ces derniers ne sont intégrés que s’ils sont individualisés et imputables au produit concerné, ou s’ils font l’objet d’une facture spécifique du fournisseur ou d’un transporteur.

La vente avec prime La prime est un produit, un bien ou un service remis gratuitement à l’occasion d’une opération de vente ou prestation de service. La remise à titre gratuit de produits ou service identiques à ceux vendus ne constituent pas une prime interdite au sens du texte. On parle de prime lorsque l’objet offert est lié à un achat, à la différence du cadeau qui est offert sans lien avec un achat.

Les ventes liées La vente liée, également appelée vente subordonnée ou vente conjointe, consiste à proposer ou vendre plusieurs produits dans un même lot sans proposer ces produits séparément au même prix.

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En effet, on parle de vente liée à partir du moment où l’on attache un produit quel qu’il soit à un autre, ou que l’on en force la vente dans une quantité donnée (appelée aussi vente par lots). Dans le cas de la vente par lot, ceci est en général assez aisé à comprendre. Les ventes et prestations liées : l’entreprise ne doit pas contraindre son client à acheter une quantité de produits supérieure à ce qu’il souhaite. Le client doit impérativement avoir la possibilité d’acheter chaque article à l’unité. Toute forme de vente forcée est donc formellement interdite.

Les pratiques restrictives interdites entre professionnels : ➢ Interdiction de la revente à prix minimum imposés Dans la revente à prix imposé, le fournisseur fixe dans le contrat de vente le prix minimum auquel l’acheteur revendra les produits. En pratique, c’est le moyen pour un fabricant de contrôler les prix au détail de ses propres produits. Le fabricant vise alors un double objectif : s’assurer une marge de profit et donner à ses produits l’image d’un produit de luxe. Cette pratique commerciale est interdite par l’article 60 en ces termes « Est interdit le fait par toute personne d’imposer, directement ou indirectement, un caractère minimal au prix de revente d’un produit ou d’un bien, au prix d’une prestation de service ou à une marge commerciale. » L’interdiction est générale puisqu’elle vise toute personne (c’est-à-dire physique ou morale, commerçante ou non) susceptible de se livrer à une telle pratique, et porte sur le prix d’un produit, d’un bien, d’une prestation de service, ou sur une marge commerciale. ➢ Interdiction des pratiques discriminatoires L’article 61-1 dispose qu’ « Il est interdit à tout producteur, importateur, grossiste ou prestataire de services : De pratiquer, à l’égard d’un partenaire économique ou d’obtenir de lui des prix, des délais de paiement, des conditions de vente ou des modalités de vente ou d’achat discriminatoires et non justifiés par des contreparties réelles en créant de ce fait, pour ce partenaire, un désavantage ou un avantage dans la concurrence ». ➢ Interdiction de ravitaillement et de mise en vente des fruits, légumes, ou poissons en dehors du carreau des marchés ou des halles de poissons : L’article 61 précise qu’ « Il est interdit à tout producteur, importateur, grossiste ou prestataire de services, dans les villes où existent des marchés de gros et des halles aux poissons :  

De ravitailler les grossistes, semi-grossistes ou détaillants en fruits, légumes ou poissons destinés à la consommation et vendus en l’état et qui ne seraient pas passés par le carreau de ces marchés et de ces halles ; De détenir, de mettre à la vente ou de vendre des fruits, légumes ou poissons destinés à la consommation et vendus en l’état et qui ne seraient pas passés par le carreau de ces marchés et de ces halles.

Exception est faite pour les denrées susvisées importées ou destinées à l’exportation ou à l’industrie. » Cette interdiction concerne deux pratiques restrictives particulières au commerce de certains produits alimentaires non importés et destinés à la consommation interne, à l’exclusion des produits destinés à l’exportation ou à l’industrie. Il s’agit de ravitaillement et de vente en dehors des marchés publics organisés à l’intérieur du domaine public et soumis à la police 11

administrative des autorités locales. Cette interdiction s’inscrit dans une logique de l’organisation de la distribution assurant la centralisation de l’approvisionnement et les conditions matérielles de salubrité, d’hygiène et de la qualité des produits détenus ou mis en vente. L’application de cette interdiction est soumise à des conditions : 1. L’existence des marchés et des halles publiques ce qui implique que dans les villes et les zones rurales ou ces marchés et halles font défaut les professionnels du commerce en question retrouve leur liberté. 2. Les produits vendus ou détenus doivent être des fruits, des légumes et des poissons, ce qui implique que les autres produits alimentaires non mentionnés par le texte ne sont pas concernés par l’interdiction. 3. Les produits vendus ou détenus doivent être des produits destinés à la consommation finale, ce qui implique que quand la vente ou la détention de ces produits est destinés à approvisionnement de l’industrie alimentaire par exemple l’interdiction ne s’applique pas.

Sous-section 2 : Du stockage clandestin Le stockage des marchandises, en temps normal, constitue un critère de performance des entreprises et une modalité de gestion de l’approvisionnement du marché en fonction des besoins de la clientèle et des exigences des règles de la concurrence. Mais en temps de crise ou dans des circonstances de spéculation abusive, le stockage des marchandises devient un facteur de concurrence déloyale et du non transparence du marché. C’est dans le cadre de cette hypothèse que l’article 62 interdit le stockage clandestin des marchandises. Cette interdiction recouvre cinq situations de détention de stock de marchandises ou de produits : 1. La détention par des commerçants, industriels, artisans ou agriculteurs de stocks de marchandises ou de produits qui sont dissimulés par eux à des fins spéculatives et en quelque local que ce soit. 2. La détention en vue de la vente d’un stock de marchandises ou de produits quelconques, par des personnes non inscrites au registre de commerce ou n’ayant pas la qualité d’artisan aux termes de la loi n°18-09 formant statut des chambres d’artisanat promulguée par le dahir n°1-11-89 du 16 ramadan 1432 (17 aout 20114) ou qui ne peuvent justifier de la qualité de producteur agricole ; 3. La détention, en vue de la vente, par des personnes inscrites au registre de commerce ou ayant la qualité d’artisan, d’un stock de marchandises ou de produits étrangers à l’objet de leur industrie ou commerce ou activité tel que cet objet résulte de leur patente ou de leur inscription sur les listes électorales des chambres d’artisanat. 4. La détention, en vue de la vente, par des producteurs agricoles d’un stock de marchandises ou de produits étrangers à leur exploitation. 5. La détention de stocks de marchandises ou de produits qui n’ont pas été déclarés alors qu’ils auraient dû l’être. L’étude des pratiques liées à la concurrence rappelle l’exigence du contrôle, a fortiori, qui porte sur les prix et les concentrations.

Dahir n° 1-11-89 du 16 ramadan 1432 (17 aout 2011) portant promulgation de la loi n°18-09 formant statut des chambres d’artisanat; Bulletin officiel n° 5984 du 8 kaada 1432 (6octobre 2011), p. 2156. 4

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Chapitre 2 : le contrôle des prix et le contrôle des concentrations : En principe, les prix des biens, produits et services sont librement fixés. Cela relève du principe de la liberté des prix et s’oppose à la réglementation des prix. Cependant, le principe de la liberté des prix a subi des limites.

Section 1 : Le contrôle des prix A titre de rappel on a dit que la loi 104-12 a pour objet de définir les dispositions régissant la liberté des prix et d’organiser la libre concurrence. Ces principes de la liberté des prix et de la libre concurrence sont consacrés notamment par l’article 2 de la loi 104-12 qui dispose que les prix des biens, produits et services sont déterminés par le jeu de la libre concurrence5.Autrement dit, la formation des prix est réglée par le libre jeu de l’offre et de la demande. Néanmoins, il est à noter que le principe de la liberté des prix n’est pas absolu. Ce principe, tel qu’il est consacré par la loi 104-12, souffre-lui même certaines exceptions. D’abord, la règle de la liberté de la libre concurrence ne s’applique pas lorsque la liste des biens, produits et services est fixée par voie réglementaire après la consultation du conseil de concurrence6. Ensuite, les prix peuvent être réglementés en raison des zones géographiques où la concurrence par les prix est limitée par le monopole de droit ou par le soutien accordé à certains secteurs ou produits ou par les difficultés permanentes d’approvisionnement ou finalement par des dispositions législatives ou réglementaires7. De plus, l’administration peut prendre certaines mesures temporaires qui restreignent cette liberté de fixer les prix de produits en vue de maitriser les multiples excès qu’elle peut engendrer. Et bien sur ces mesures temporaires contre les hausses et les baisses excessives de prix qui sont prises par l’administration après consultation du conseil de concurrence doivent être motivées par des circonstances exceptionnelles ou par une calamité publique ou une situation anormale du marché. Ces mesures ne peuvent excéder 6 mois prorogeable une seule fois8. Le prix d’un bien, produit ou service déterminé peut être aussi fixé librement par un accord entre l’administration et les organisations intéressées. Cependant, en cas de violation de l’accord conclu, l’administration fixe le prix du bien par voie réglementaire9. Cela étant, reste à éclaircir le contrôle des concentrations.

Section 2 : le contrôle des concentrations On entend par le terme concentration selon l’article 11 : la création d’une entreprise commune qui va accomplir d’une manière permanente toutes les fonctions d’une entité économique autonome.

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1e al. Article 2 de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence. 2e al. Article 2 7 Article 3 8 Article 4 9 Article 5 6

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L’opération de concentration est réalisée en cas de fusion de deux ou plusieurs entreprises ; en cas d’une personne qui détient déjà le contrôle d’une entreprise et qui acquiert le contrôle de l’ensemble ou d’une partie d’une autre entreprise ou d’autres entreprises ; en cas d’une ou plusieurs entreprises qui acquièrent le contrôle de l’ensemble ou d’une partie d’une autre entreprise ou d’autres entreprises10. En effet, l’entreprise créée va détenir le contrôle sur une ou plusieurs autres entreprises. Et ce contrôle confère la possibilité d’exercer une influence déterminante sur l’activité d’une entreprise. Mais à vrai dire, l’entreprise qui souhaite exercer une opération de concentration doit d’abord la notifier au conseil de concurrence avant la réalisation de cette opération de concentration11. Il est à noter que l’entreprise dans ce cas doit respecter certaines conditions à savoir le chiffre d’affaires. Le chiffre d’affaires que ce soit réaliser au Maroc ou au niveau mondial doit être supérieur au montant fixé par voie réglementaire. Alors, c’est l’accord du conseil de concurrence qui autorise la réalisation effective d’une opération de concentration. Le contrôle dégage deux autres aspects de la loi 104-12 à savoir l’aspect répressif et institutionnel.

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Article 11 Article 12

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Partie 2 : Le Dispositif institutionnel et répressif de mise en œuvre de la loi 104-12 La législation marocaine à l’instar de nombreuses législations couvre en elle-même pour la réglementation de plusieurs secteurs un dispositif répressif (chapitre 2) et institutionnel propre à en assurer l’effectivité, c’est le cas pour la loi 104-12 régissant la liberté des prix et de la concurrence dont l’analyse permet d’observer l’efficacité du Conseil de la concurrence (Chapitre 1).

Chapitre 1 : L’efficacité du conseil de la concurrence Au début des années 80, l’économie marocaine souffrait d’une forte détérioration des équilibres internes et externes. Pour contrer cette crise aiguë, le Maroc s’est lancé en septembre 1983, avec l’appui du FMI (Fond monétaire international) et de la BM (Banque Mondiale), dans un plan d’ajustement structurel : le PAS. La libération de l’économie et le désengagement de l’Etat de certains secteurs, à travers notamment le lancement d’un vaste programme de privatisation. Les principaux objectifs visés étant de rendre le secteur privé plus compétitif, attirer les investisseurs étrangers et stimuler l’actionnariat populaire. 12 C’est dans ce contexte qu’ont été créée de nombreuses autorités de régulation au Maroc, la 1ère ébauche était avec le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) aujourd’hui Autorité marocaine des marchés de capitaux (AMMC) par le dahir portant la loi du 21 septembre 1993. Puis de nombreuses autorités de régulations ont vu le jour notamment l’ANRT en 199713, l’Agence nationale des ports (ANP) en 200514, la commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) en 200915, l’autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale en 201416, l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE) en 201617 et le Conseil de la concurrence en 200018.19 « Autorité de régulation » est un concept valise qui vise les organismes indépendants chargés de surveiller, de contrôler, d’administrer et de réguler un secteur d’activité, il en est ainsi du conseil de la concurrence qui se charge du secteur de la concurrence. Le désengagement de l’Etat d’un secteur ne doit pas conduire à la création des « zones de non droit », d’où la création des autorités de régulation qui, tout en étant le bras de l’Etat, s’en distinguent par leur indépendance. 20

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Rabha Zeidguy, les Autorités de régulation au Maroc, p, 11. Par la loi n°24-96 du 7 Août 1997. Relative à la poste et aux télécommunications telle que modifiée et complétée. (Etablissement public). 14 Par la loi n° 15-02 du 23 novembre 2005 relative aux ports et portant création de l’ANP et de la société d’exploitation des ports (Etablissement public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière) 15 Par la loi n°09-08 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel. 16 Par la loi n°64-12 du 6 mars 2014 portant création de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (personne morale de droit public dotée de l’autonomie financière). 17 Par la loi n° 48-15 du 24 mai 2016 relative à la régulation du secteur de l’électricité et à la création de l’ANRE (personne morale de droit public dotée de l’autonomie financière). 18 Par la loi n° 06-99 du 5 juin 2000 sur la liberté des prix et de la concurrence (institution indépendante dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière). 19 Rabha Zeidguy, op, cit. 20 Ibid. 13

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Les termes usités pour les qualifier, en Droit marocain, diffèrent d’un organisme à un autre, le législateur marocain pour qualifier le conseil de la concurrence utilise l’expression : « Institution indépendante dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière ». c’est là une autorité de régulation constitutionnalisée et qui fait l’exception aux dispositions de la constitution, en effet, de par cette qualification une dérogation est enregistrée au dispositions de l’article 89 de la constitution selon lequel le gouvernement dispose de l’administration, ainsi qu’au 1er alinéa de l’article 90 de la constitution aux termes duquel le chef de gouvernement exerce le pouvoir réglementaire et peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres, dans la mesure où il s’agit d’une « institution indépendante » c’est-à-dire elle n’est pas soumises à l’autorité hiérarchique du Chef du gouvernement ou d’un ministre, ne reçoit ni ordre, ni injonction, ni même de simple conseils des pouvoirs publics, étant donné qu’elle incarne une autorité de régulation l’Etat la charge d’assurer la régulation des secteurs considérés comme essentiels/sensibles et dont il a décidé de se désengager, elle est dite « Autorité » par ce que ses fonctions consistent à réguler et non à gérer , elle dispose d’un certain nombre de pouvoirs (réguler, contrôler, sanctionner). 21 Il s’ensuit, que le système juridique comprend désormais le Droit de régulation parce que le législateur a successivement mis en place des autorités de régulation. Ce Droit qui s’est mis en place, au-delà des branches classiques et de la distinction droit publics droit privé, exprime un nouveau rapport entre le Droit et l’économie détaché du passage nécessaire par l’Etat et son organisation administrative, marquant ainsi le passage du système des secteurs réglementés au système des secteurs régulés. La régulation ne se confond pas avec la réglementation laquelle demeure comme un instrument disponible de la régulation. Grossièrement dit, il y a régulation parce que l’Etat n’a plus les moyens de conserver dans sa sphère le secteur en question : il est dépassé par la tâche. Ceci ne se limite pas sur le plan national, en effet l’organisation mondiale de commerce pour envisager les règles d’internet, vu que la notion du territoire a perdu son sens, a institué un office de régulation de la mondialisation.22 Il en résulte que la régulation, en l’absence de définition légale, consiste en l’encadrement d’un secteur par une autorité de régulation sans passer nécessairement par l’Etat et son organisation administrative. A cet égard, le conseil de concurrence veille sur l’encadrement du secteur de la concurrence en tant qu’institution indépendante dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière à travers la mise en œuvre de la mission qui lui est dévolue par la constitution laquelle consiste, dans le cadre de l’organisation d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques, notamment à travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur les marchés, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole.23 La question qui peut se rencontrer ici laquelle par extension porte sur son efficacité c’est à quel point le conseil de la concurrence assurer la mission qui lui est dévolue par le législateur, cette institution a-t-elle répondue à sa raison d’être en tant qu’autorité de régulation ? Pour répondre sur cette question il a fallu analyser le dispositif en vigueur qui lui est liée, bien que le conseil a été prévu pour la 1er fois en 2000 par la loi 06-99, ladite mission n’a été prescrite 21

Ibid. Article doctrine, Marie Arme Frison Roche, Le Droit de la régulation. 23 Article 166 de la Constitution. 22

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qu’en 2011 par la constitution, elle a été reprise en 2014 par la loi 20-13 relative au conseil de la concurrence et la loi 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence. Par conséquent, l’étude de son activation (section 1) et la mise en évidence de son rôle régulateur (section 2) permet d’en déceler l’efficacité.

Section 1 : L’activation du conseil Le conseil de concurrence a été créé pour la premier ébauche en 2000 par la loi 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence, Sous l’égide de cette loi le conseil de concurrence n’avait qu’une compétence limitée, en effet, l’article 14 de ladite loi prévoit qu’il est créé un conseil de la concurrence aux attributions consultatives aux fins d’avis, de conseils ou de recommandations. Depuis 2001, son rôle été sans grande importance ou influence sur la régulation de la concurrence proprement dite. La nécessité de sa réactivation a été rappelée lors du discours royal du 20 août 2008, qui a comporté un ordre aux institutions compétentes d’activation effective du rôle du conseil.24 L’activation du rôle/mission du conseil de la concurrence se situe à partir de 2008 toutefois, si la loi 06-99 concernant la liberté des prix et la concurrence a été mise en œuvre depuis le début de l’année 2000, le volet le concernant est resté sans application réelle jusqu’à l’installation de ses membres en 2009. Même s’il a été activé par son installation huit ans après sa création, loi ne lui accordait pratiquement pas de pouvoir de décision ou de sanction, il ne bénéficiait point de prérogatives larges malgré l’imprégnation de ses procédures par un respect limité du caractère contradictoire et des droits de la défense, la loi prévoyait dans ce cadre des cas de consultation facultative à côté de situations où la consultation s’impose mais pratiquement, son avis n’obligeait pas le 1er ministre25. Le conseil de la concurrence a été créé (2001), et ainsi installé (2009) au milieu de deux pôles de régulations (l’administration/les juridictions), avec lesquels ils collaboraient entant qu’investigateur et conseillé sans pouvoir de décision. Il n’y avait aucune coordination entre les autorités dans la mesure où les tribunaux n’étaient pas obligés de tenir compte des décisions du Conseil de la concurrence. C’est-à-dire que la loi 06-99 ne donnait aucun sens au Conseil de la concurrence dont le travail technique peut être exécuté par n’importe quel expert privé, auquel d’ailleurs le Conseil lui-même pouvait faire appel26. Il a fallu attendre 2011 pour que la constitution le constitutionnalise et lui dote d’une mission nouvelle par rapport à son statut antérieur laquelle consiste en le fait d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques à travers l’assignation d’un pouvoir de régulation et de contrôle, ceci lui a permis de passer du statut consultatif au statut décisionnel. L’efficacité de sa mission se trouvait dépendante de l’aménagement de son nouveau statut à travers l’éclaircissement de ses nouveaux pouvoirs par le biais de deux textes législatifs en l’occurrence la loi 20-13 relative au Conseil de la concurrence et 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence.

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Ouafae Laroussi, Les enquêtes de concurrence, DESA 2009, faculté de droit de Fes. Ibid. 26 Ibid. 25

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Section 2 : L’aménagement du Conseil L’article 166 de la constitution repris littéralement par le 1er article de la loi 20-13 relative au Conseil de concurrence apporte des précisions sur le statut nouveau du Conseil de la concurrence dont la mise en œuvre sur le terrain de la pratique est un gage d’efficacité. Afin de pallier au dysfonctionnement opérationnel du système de régulation de la concurrence au Maroc, les institutions de régulation doivent être indépendantes (Sous-section 2) et correspondent à des instances à statut décisionnel (Sous-section 3) lequel implique des pouvoirs de régulation, de contrôle et de sanction c’est le cas pour le Conseil de concurrence dont la nouvelle mission nécessite la réunion de ces variables (Sous-section 1)

Sous-section 1 : La clarification de la mission Le Conseil se charge « d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques », cette formule appelle une clarification. Le monde économique se caractérise par la concurrence, ce qui donne lieu au tissage de nombreuses relations que ce soit entre professionnels ou entre professionnels et consommateur, leur encadrement par le Conseil de concurrence passe par la mise en œuvre de deux variables :

Paragraphe 1 : La transparence dans les relations économiques L’application du principe de transparence dans les relations économique risque de se heurter à la confidentialité et au secret professionnel qui les caractérise ; à cet égard dans le souci de protection des professionnels et consommateurs d’une part, et dans la perspective de compléter et d’expliquer les dispositions de la constitution en l’occurrence l’article 166 d’autre part, la loi 104-12 encadre 27la transparence dans les relations commerciales entre professionnels et ce à travers l’édiction de nombreuses mesures propres à en assurer l’effectivité notamment la facturation et la communication du barème de prix et des conditions de vente . Qu’en est-il donc de la transparence des relations entre professionnels et consommateur ? dans le silence de la loi 104-12 sur cette question, l’encadrement de la transparence des relations entre professionnels pourrait être considéré comme protection indirecte prescrite à leur égard. Le déliement des acteurs opérant sur le plan économique de l’obligation du secret professionnel et la confidentialité vis-à-vis du Conseil de la concurrence est de nature à favoriser la transparence envers cette institution ce qui permettrait une action efficace. Pour ne pas freiner l’action du Conseil à cet égard, ses organes sont, par expression de la loi, astreints à cette obligation28 dont la violation est sanctionnée29.

Paragraphe 2 : L’équité dans les relations économiques Prescrire à la charge d’une institution de régulation d’assurer l’équité dans les relations économiques, pourrait s’analyser en la subrogation des règles d’équité, lesquelles peuvent paraître les plus adaptées pour réguler le secteur de la concurrence, aux règles de Droit jugées souvent ambiguës et inadaptées. Hors, l’encadrement législatif de cette institution peut favoriser de plus en plus l’application des règles de Droit ce qui peut paraître paradoxal avec cette mission.

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Chapitre premier du titre VI de la loi 104-12. 1er alinéa de l’article 33 ; l’article 31. Article 21, Article 68.1er alinéa de l’article 74 de la loi 104-12. 29 Dernier alinéa de l’article 68 de la loi 104-12 et article 446 du code pénal. 28

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L’aménagement du conseil répond au besoin d’un équilibre entre l’Exécutif, le Législatif, et les Autorités de régulation, cela explique l’émergence de nouveaux pouvoirs, Pour ne pas dire contrepouvoirs, appelés à contribuer à une régulation positive des dysfonctionnements et des déviances qui peuvent émané d’acteurs de la scène institutionnelle nationale d’où l’indépendance du Conseil de la concurrence.

Sous-section 2 : L’indépendance Le Conseil de concurrence, par expression de la loi et de la constitution, est une institution indépendante, comme il est susdit, l’indépendance de l’institution signifie qu’elle n’est pas soumise à l’autorité hiérarchique du Chef du gouvernement ou d’un ministre, ne reçoit ni ordre, ni injonction, ni même de simple conseils des pouvoirs publics. Sa majesté le Roi , vu ses prérogatives constitutionnelles 30, a insisté sur l’application stricte de la loi dans le stricte attachement à l’indépendance et la neutralité de l’institution, ceci tout en se soustrayant aux pressions de quelque nature que ce soit du monde des affaires et de la sphère politique, afin de permettre au Maroc de créer un environnement économique fondé sur la transparence et l’équité.31 L’implication du législatif et de l’exécutif dans l’encadrement du secteur de la concurrence, peut donner lieu à deux conséquences :  

La remisse ne cause de l’indépendance du Conseil. La concertation des actions pour garder la main mise de tous les pouvoirs sur le secteur chacun dans les limites de son action prescrite par la loi.

Ladite implication peut être constatée dans diverses situations qu’elles soient liées à sa compositions (la nomination de certains de ses membres est proposée par l’autorité gouvernementale32), ou ses attributions (la consultation par le gouvernement et le parlement33, la demande d’examen des opérations, la communication des dossiers reçus 34 et décisions

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Notamment l’article 42 « Le Roi …… Arbitre suprême entre ses institutions, veille au respect de la Constitution, au bon fonctionnement des institutions constitutionnelles…. » 31 En pratique, pour se prémunir des pressions, quand le Conseil reçoit une demande d’avis ou est saisi dans un cadre de contentieux, la première des choses qu’il fait est de confier la demande d’avis ou la saisine contentieuse à la direction des instructions. Cette instance, indépendante des organes délibératifs du Conseil, enquête, auditionne et cherche des preuves matérielles irréfutables. Tout en analysant de manière fouillée et détaillée la conformité de la demande d’avis ou des griefs avec les dispositions de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. Sur la base des actes d’instructions, un rapport est remis au président qui le partage et l’examine avec les 12 membres du Conseil. Ce dernier est constitué de magistrats, de spécialistes en matières de droit, d’économie et de concurrence, ainsi que des membres conseillers issus du monde de la production, de la distribution, des services et de la protection des consommateurs. Tous ces membres ont prêté serment auprès de la Cour d’appel de Rabat, avec tout ce que cela signifie en termes d’immunité contre les pressions du monde des affaires, de la politique et d’obligation de réserve et de protection du secret professionnel. Ces 12 membres, qui constituent l’organe délibératif du Conseil, procèdent à des auditions et tiennent des séances de travail avec tous les secteurs concernés par la demande d’avis ou la saisine contentieuse. 32 nd 2 paragraphe du 2ème alinéa de l’article 10 de la loi 20-13 33 Le rôle consultatif est prévu par de nombreuses articles notamment l’article 5 et 7 de la loi 20-13. 34 Dernier alinéa de l’article 13 de la loi 104-12.

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prises35 à l’administration, les décisions d’autorisation ouverte par le Conseil à l’administration36, le droit d’évocation37…). Le fait par le législateur de doter cette institution de certains moyens d’action lesquels se matérialisent notamment dans son statut décisionnel à côté de son statut consultatif repris et renforcé par la nouvelle loi permet de mesurer son efficacité.

Sous-section 3 : Statut décisionnel Il résulte de la constitution que le conseil réalise sa mission à travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur les marchés, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole. La loi de 2014 tout en reprenant les dispositions constitutionnelles apporte plus de précisions sur son statut décisionnel qui implique à côté de la régulation de la concurrence sur le marché et du contrôle des pratiques liées à la concurrence (a), la prérogative d’infliger des sanctions (b).

Paragraphe 1 : Sur le plan de la régulation et du contrôle La régulation nécessite d’être distinguée de la réglementation, à l’aune où la 1ère consiste en un pouvoir para-législatif consistant en l’encadrement du secteur sans passer nécessairement par l’Etat et son Administration. Comme il est susmentionné lorsque l’Etat estime qu’il est dépassé par la tâche il la confie à une autorité de régulation. L’étude de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence ainsi que celle instituant le Conseil permet de constater que L’Etat par l’intermédiaire de ses institutions conserve, en dépit de la mise en place du Conseil de la concurrence, sa main mise sur l’encadrement de ce secteur. D’une manière générale le « contrôle » est l’opération par laquelle, selon le cas une autorité vérifie l’existence d’un fait, apprécie l’opportunité d’une décision prise ou d’un acte accompli par la personne contrôlée, ou encore, s’assure de la conformité d’une situation à une règle juridique.38 Il s’ensuit que, par le biais de ce pouvoir le Conseil veille sur la vérification de la conformité de pratiques liées à la concurrence aux règles prescrites. Pour ce faire l’institution est dotée des services d’instruction et d’enquête dirigés par un rapporteur général assisté de rapporteurs généraux adjoints, ils procèdent aux enquêtes et investigations nécessaires 39 à l’application de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence concernant les pratiques anticoncurrentielles ( veiller sur leur prohibition sous réserves des exceptions prévues) 40 et le contrôle des opérations de concentration économique (la notification de l’opération, l’accord

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Dernier alinéa de l’article 15 de la loi 104-12. Laquelle intervient lorsque le Conseil ne se prononce pas sur certaines décisions, même éventuellement après prolongation des délais impartis, il en informe en vertu du dernier alinéa de l’article 15 l’administration ce qui lui ouvre une décision d’autorisation. 37 ème 4 alinéa de l’article 18 de la loi 104- 12. 38 Serge Braudo, Dictionnaire du Droit privé, https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/contrôle.php. Consulté le 8/5/2020. 39 Article 16 de la loi 20-13. 40 Titre III de la loi 104-12. 36

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du Conseil pour sa réalisation4142, son examen approfondi43, son interdiction44) dans les conditions relatives aux investigations prévues par ladite loi. Comme il peut faire appel à l’expertise et la compétence des autres instances de régulation sectorielle pour les besoins d’enquête ou de l’instruction sur les questions de concurrences relatives aux secteurs d’activité dont elles ont la charge.45 L’adaptation de la régulation au milieu de la concurrence passe par le contrôle des pratiques qui lui sont liées.

Paragraphe 2 : Sur le plan des sanctions La sanction depuis toujours incarne l’instrument privilégié d’intimidation et de dissuasion des contrevenants. Elle relevait jadis du domaine réservé au pouvoir exécutif et judiciaire, actuellement elle fait partie intégrante des compétences confiées aux autorités de régulations. Les compétences du Conseil en matière répressif ne sont pas très larges par rapport aux autres autorités qui en sont chargées, ainsi la loi partage la répression entre Conseil de concurrence, administration et juridictions. Le Conseil se limite en vertu de la loi à prononcer, le cas échéant, des injonctions 46, des astreintes47, mesures conservatoires48, sanctions pécuniaires, le retrait des décisions d’autorisation49, chacune des sanctions peut être prononcée à titre unique ou accessoirement à une autre. Le Conseil, par exemple, peut infliger aux personnes ayant procéder à une déclaration inexacte dans une notification portant sur une opération de concentration économique une sanction pécuniaire laquelle peut s’accompagner du retrait de la décision ayant autorisé la réalisation de l’opération50. Le Conseil apprécie le montant des sanctions pécuniaires d’une manière proportionnelle et casuistique 51 la loi fixe pour certains cas exceptionnels un montant préétabli, il en est ainsi à titre d’exemple lorsque le contrevenant n’est pas une entreprise le montant maximum est de quatre millions de dirhams52. Comme elle prévoit l’exonération totale ou partielle des sanctions pécuniaires il en est de même lorsque l’entreprise ou l’organisme coupable d’une pratique prohibée contribue à établir sa réalité et à identifier ses auteurs en apportant des éléments d’information dont le Conseil ne disposait pas antérieurement53 En cas d’insatisfaction, les recours contre ses décisions peuvent être portés devant la Cour d’appel de Rabat et, pour certaines d’entre elles, devant la chambre administrative de la Cour

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Article 14 de la loi 104-12. Artile 12 et suivants de la loi 104-12. 43 Article 16 de la loi 104-12 44 ème 3 paragraphe du 4ème alinéa de l’article 17 de la loi 104-12. 45 Article 8 de la loi 20-13. 46 Article 24 de la loi 104-12. 47 Alinéa 1er de l’article 19 de la loi 104-12. 48 Article 24 de la loi 104-12. 49 ème 4 alinéa de l’article 19 de la loi 104-12. 50 ème 4 alinéa de l’article 19 de la loi 104-12. 51 nd 2 alinéa de l’article 39 de la loi 104-12. 52 ème 3 alinéa de l’article 39 de la loi 104-12. 53 er 1 alinéa de l’article 41 de la loi 104-12. 42

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de cassation54, ceci pourrait être de nature à assurer un encadrement du secteur qui s’étend de l’autorité de régulation aux juridictions En somme, et pour donner une réponse à la question sus visée , l’étude de l’efficacité du Conseil de concurrence entant qu’autorité de régulation du secteur de la concurrence en qualité d’institution indépendante, permet de de déduire que bien que le passage du statut consultatif au statut décisionnel lui a permis d’élargir ses prérogatives, la mains-mise de l’Etat sur le secteur par l’intermédiaire des autres pouvoirs peut engendrer des répercussions sur l’efficacité de son intervention notamment la concertation de l’action de tous les intervenants pour favoriser l’encadrement du secteur et la remise en cause de son rôle régulateur étant donné que le désengagement de l’Etat n’est pas total. L’étude du dispositif répressif prescrit par la loi 104-12 permet de rendre compte de cette déduction.

Chapitre 2 : Dispositif répressif de mise en œuvre de la loi 104-12 Voire la concurrence acharnée dans les secteurs économiques, et l'interdépendance entre le marchés financiers, besoin s'est posé donc de créer un dispositif qui veille sur la surveillance du jeu de la concurrence entre les entreprises marocaines. Il n y'a pas de doute que l'essence d'instaurer un tel jeu équitable de concurrence était prévu par l'esprit civiliste du dahir formant code des obligations et contrats, mais l'évolution industrielle et technologique a confectionné des nouvelles facettes par le truchement desquelles toute entreprise peut trouver son expansion économique de façon à bouleverser en quelques sortes le statocentrisme de la concurrence des marchés. Cette réalité ne cesse guère d'appesantir la responsabilité des appareils régulateurs de la concurrence des entreprises marocaines, en effet la loi 104-12 est venue par des dispositif aptes à créer un fair-play concurrentiel qui assouplit l'éviction que fait le droit de la concurrence à l'égard des règles fondamentaux du droit civil, et notamment le principe de la liberté contractuelle dans sa double dimension de libre conclusion du contrat et de libre détermination de son contenu. On cite le dispositif administratif (section1) et le dispositif pénal (section2).

Section 1 : Dispositif administratif Par administration on parle des rouages de l'Etat qui sont concernés par la concurrence. Mais à l'esprit de la loi 104-12, seul le Conseil de la concurrence nous concerne. Ce conseil est institué par la loi 20-13,est sur la base du premier article de la loi, le conseil de la concurrence est un institution indépendante chargée, dans le cadre de l'organisation d'une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l'équité dans les relations économiques, notamment à travers l'analyse et la régulation de la concurrence sur les marchés, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentrations économiques et de monopole. Ce conseil a plusieurs attributions prévues par l'article 2 de la loi 20-13, de plus, il peut être saisi, pour toutes les pratiques anticoncurrentielles, par les entreprises ou pour toute affaire qui concerne les intérêts dont ils ont la charge, par les organismes mentionnés au dernier alinéa de l'article 5. En revanche, il ne revient pas au Conseil de concurrence, par expression de la loi, de prononcer les sanctions administratives. En effet, loi 104-12 prévoit l’institution d’une autorité

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Article 44 de la loi 104-12.

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habilitée à prononcer les sanctions administratives, le décret55 pris pour son application confie cette qualité au gouverneur de la préfecture ou de la province où l’infraction a été constatée. Il y procède par arrêté pris après avis du chef du service extérieur de l’administration dont relève la marchandise, le produit ou le service concerné. 56 Les sanctions administratives sont énumérées par ordre de gravité sans préjudice des mesures qui peuvent être prises à titre accessoire (l’affichage dans les journaux qu’elle désigne des arrêtés prononçant la confiscation des marchandises ou produit…) 57 Le dispositif répressif se matérialise également par l’édiction de nombreuses sanctions pénales.

Section 2 : Dispositif pénal Le dispositif pénal s'agissant de la concurrence et la liberté des prix est prévue en principe par les articles 75 - 90 de la loi 104-12. Il s'agit d'amandes et de peines privatives de libertés, le cas échéant. Or selon l'article 84, les dispositions de l'article 146 du code pénal relatives aux circonstances atténuantes ne sont pas applicables aux peines d'amande prononcées en vertu de la présente loi. De plus, l’article 89 dispose que les dispositions pénales de la présente loi ne sont applicables que si les faits qu'elles répriment ne peuvent recevoir une qualification pénale plus grave en vertu des dispositions du code pénal.

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Article 39 du Décret n 2-14-852 du Safar 1436 (1er décembre 2014) pris pour l’application de la loi n 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence. 56 nd 2 alinéa de l’article 93 et 1er alinéa de l’article 97 de la loi 104-12. 57 Article 98 et 1er alinéa de l’article 99 de la loi 104-12.

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Conclusion Pour conclure, on peut dire que la modernisation et la libéralisation de l’économie marocaine sont le premier objectif que le Maroc s’est fixé il y’a longtemps. Aujourd’hui, la réalisation de cet objectif se fait par le développement et la modernisation de différentes infrastructures sectorielles, techniques et juridiques. D’ailleurs, l’amendement 104 12 en est la preuve. Grace à la vision du législateur, le Maroc dispose d’ores déjà d’un cadre juridique réglementant la notion de la liberté du commerce et de la libre concurrence. Par ailleurs, la volonté du Maroc de booster et développer ses échanges commerciaux s’est manifestée par la ratification d’un certain nombre d’accords afin de construire des zones de libre échanges avec les pays voisins (la Tunisie, l’Egypte), les pays de Golf comme (les Emirats Arabes unies), les USA et l’union européenne. En lisant la loi 104 12, on s’aperçoit que les dispositions qui régissent le principe de la liberté des prix sont clairement définies et que la transparence et la loyauté dans les relations commerciales sont assurées. Ladite loi a remédié à toutes les défaillances de l’ancienne loi. Cependant, cette loi, elle aussi, n’est pas à l’abri de la critique. Elle présente un aspect paradoxal concernant le conseil de la concurrence dont l’efficacité s’avère nuancée.

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Département Droit Privé Master « Juriste d’AffAires » Semestre Deuxième Exposé N°2

Les institutions de régulation en matière de la concurrence Professeur : Mr. Driss JOUIDI Année Universitaire : 2019-2020 25

Thème 2 : Les institutions de régulation en matière de la concurrence Introduction Un État qui met le citoyen au centre de ses préoccupations trouve son sens et sa légitimité dans sa capacité à assurer le bien-être social et c’est à la faveur de cette utilité sociale, reconnue et approuvée, qu’il garantit sa viabilité politique.58 Dès qu’on évoque des agents économiques, entreprises ou autres qui offrent des qualités différentes de biens ou de services prêts à être consommables, on évoquera systématiquement la notion de la concurrence. En effet celle-ci, en tant qu’un facteur stimulant l’économie du marché, favorise la satisfaction du consommateur ainsi que ses besoins renouvelables et ceci en créant la compétitivité, élément primordial pour un marché qui bouge vers le meilleur et le bien du consommateur. La notion de concurrence telle que reconnue par le droit est avant tout l’expression d’une liberté. En matière d’économie, c’est une forme d’organisation sociale des relations où domine un problème d’égalité des positions dans la relation économique entre celui qui offre et celui qui demande. En dépit de ce qu’elle offre au consommateur, la concurrence peut dans certains cas être de la théorie. Par cette définition, les opérateurs économiques sont donc libres de définir leur politique de prix en fonction de leur stratégie commerciale. L'objectif est de laisser le marché réguler de lui-même le niveau des prix des produits et services, via le jeu de l’offre et de la demande. La concurrence permettant d'offrir au consommateur le plus grand choix de produits et de services au meilleur prix possible. Selon Montesquieu « c’est la concurrence qui met un juste prix aux marchandises et qui établit les vrais rapports entre elles ».59 Dans la suite d’Adam Smith et Montesquieu, la concurrence « nouvelle discipline » est un concept fondamental de la tradition libérale, elle contribue à stimuler l’esprit d’entreprise et la productivité en favorisant l’adaptation permanente entre l’offre et la demande, à faire baisser les prix et à améliorer la qualité des biens et services, l’efficience économique et l’innovation. Le droit de la concurrence regroupe l’ensemble des règles qui ont pour finalité la préservation de la liberté effective concurrence entre agents économiques sur le marché, et fixe l’ensemble des dispositions visant à garantir le respect du principe de la liberté du commerce et de l’industrie. Ce droit n’est pas juvénile au contraire il a vu le jour bien longtemps, le pionnier de la politique de la concurrence est la France par l’apparition de la notion de la concurrence en droit français grâce au :  

décret d’Allard des 2 et 17 mars 1791 portant sur la liberté du commerce et de l’industrie. Il assure aux entrepreneurs l’exercice individuel, et de ce fait libre, de leur activité. la loi de chapelier du 14 et 17 juin 1791 qui interdit le retour des corporations c’est-àdire la constitution de tout groupement, susceptible d’entraver cette liberté de l’individu. Ensuite les Etats Unies par l’adoption du texte législatif « Sherman Act »en juillet 1890 relatif aux comportements d’entente et de position dominante, car le continent

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Rôle des principes de la bonne gouvernance dans les services public territoriaux 2019 ; Master : Management Public et Développement territoriaux ; Docteur SABRI Brahim. 59 De l'esprit des lois (édition 1871) – Montesquieu.

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Américain est marqué à la fin du XIX siècle par concentration industrielle donnant naissance à des véritables géants dans les secteurs tels que les pétroles, la sidérurgie ou l’industrie électrique. Notamment au Maroc, le droit de concurrence a subi un progrès extravagant et énorme, se caractérisant par un caractère spécifique et original, sa genèse a été influencée par différentes sources de droit.60 S'agissant de ce droit de la concurrence qui tend, tout à la fois, à préserver et encadrer la libre concurrence, s’inscrivant alors dans une perspective de protection de l’intérêt général, et à assurer la loyauté de la compétition économique, protégeant ainsi l’intérêt particulier des concurrents. En d’autres termes, le droit national de la concurrence tend à garantir non seulement la liberté de la concurrence mais aussi la loyauté des concurrents.61 En revanche l’orientation fondamentale de la politique économique de ces dernières années était de mettre fin à l’économie dirigée et d’instituer une liberté régulée et une réforme économique de fond. Cette orientation demeure d’actualité. Effectivement, il s’agit d’un processus de libéralisation qui implique la remise en cause de l’organisation monopolistique d’une économie et son ouverture à la concurrence. Le besoin s’est fait sentir d’introduire des changements profonds en matière de règles du jeu économique et plus précisément au Maroc, particulièrement dans le sens de faire de la formation des prix une affaire de règles internes au marché et non le fruit d’une injonction ou d’une intervention administrative. Partant de là, les pouvoirs publics ont pris la décision de mettre en place tout un arsenal législatif sur les prix et la concurrence comme pilier logique et nécessaire des options que le Maroc a choisies afin de moderniser son économie, de faciliter son processus d’intégration dans l’économie mondiale et de mettre son appareil productif au diapason des impératifs des mutations de la scène économique interne et internationale.62 Depuis la fin de la décennie 1980 du 20ème siècle, notre pays s’est engagé dans ce processus de privatisations et de libéralisation dont l’une des dernières étapes est la régulation de la mise à niveau du dispositif sur la liberté des prix et la concurrence.63 De ce fait, on se demande certainement que signifie une régulation ? La régulation est un ensemble d’actions qui consiste à réguler et assurer le bon fonctionnement d’un système pour instaurer la concurrence. Dans le cadre de l’édification d’un marché unique il est apparu nécessaire de libéraliser un certains nombres de secteurs d’activités qui étaient sous le monopole d’Etat (Transport, Télécommunication, Energie, etc.). Il fallait donc trouver un instrument qui permet à de nouvelles entreprises d’y accéder sans qu’elles ne soient éliminées immédiatement par les anciennes. Naturellement à partir de ce constat, les pouvoirs publics ont privilégies en priorité la mise en application concrète des mécanismes de la concurrence dans les différents 60

https://mjp.univ-perp.fr/constit/ma1996.htm Droit commercial Georges Decocq Aurélie Ballot-Léna 8e édition Actes de commerce - Commerçants Fonds de commerce - Baux commerciaux Concurrence - Consommation Contrats commerciaux Auteur(s): Decocq, Georges Ballot-Léna, Aurélie Editeur: Dalloz Année de Publication: 2017 pages: 498 ISBN: 978-2-247-16930-6. 62 La régulation de la concurrence au Maroc : Evolution du cadre législatif et réglementaire Mohamed El Merghadi Secrétaire Général du Conseil de la Concurrence. 63 Loi n° 06-99 relative à la liberté des prix et de la concurrence promulguée par le dahir n° 1-00-225 du 2 rabii I 1421 (5 juin 2000), telle qu’elle a été modifiée et complétée. 61

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secteurs économiques en promulguant des lois nécessaires et en mettant en place des instances Ad Hoc pour définir les règles de la concurrence et veiller à leur application et sanctionner les abus. Ces institutions dont les compétences sont définies par la loi ont un pouvoir d’instruction, de décision et de sanctions indépendantes du pouvoir politique. Elles visent ainsi à encourager la concurrence au sein du secteur privé, renforcer la créativité et l’amélioration des performances, l’ouverture des marchés et offrir des biens et services aux meilleurs coûts pour l’ensemble des consommateurs. Partant de ces objectifs chaque pays a conçu sa vision et formulé ses orientations quant à l’architecture institutionnelle en matière de régulation en fonction de ses propres conditions économiques. S'agissant de Cette libéralisation ne peut se concrétiser que par l’instauration des institutions et des instances de régulation qui participent à l’ouverture du marché et à l’émergence d’un nouveau rôle de l’État. Ainsi que l’écrit Michel Rousset, l’État « conserve par ailleurs un rôle de régulation64 ; Il n’est plus entrepreneur ou financier, mais il assure un rôle de garant de respect des règles qui doivent présider au bon fonctionnement du système économique »65. Au Maroc, après l’indépendance, une crise économique et financière s’est intervenue en l’entrainant dans un cercle d’endettement : Avec le gonflement de la dette extérieur et la pression des institutions internationales, le Maroc a adopté un plan d’ajustement structurel (PAS) à partir de 1983 et a choisi comme système économique l’économie de marché. De même, avec la signature d’un certain nombre d’accord d’association, la mondialisation et Ses effets, il a entamé une révision constitutionnelle au 13/09/1996, ayant introduit dans l’article 15 le concept de « liberté d’entreprendre. Et Dans cette perspective, le Maroc s’était doté de son premier Conseil de la concurrence par la loi n° 06-99 relative à la liberté des prix et de la concurrence mise en œuvre depuis le début de l’année 2001. Cette institution est restée sans application effective, jusqu’à sa réactivation en 2009 avec un rôle principalement et foncièrement consultatif. L’intervention d’une telle autorité dans l’organisation institutionnelle du contrôle de la concurrence est significative de la volonté de rompre avec l’ancien modèle dirigiste de régulation du marché. Surtout dans une période où la crise économique mondiale prive le Maroc de ses moteurs principaux de sa croissance. Les dispositions de cette loi sont conformes au contenu de l’accord de partenariat conclu entre le Royaume du Maroc et l’Union Européenne dans le sens du respect des principes de la transparence, de la loyauté et de la juste compétition dans les transactions, adoptés dans le cadre des recommandations de l’Organisation Mondiale du Commerce et de la CNUCED, elle se compose de 103 articles répartis sur 9 chapitres66.

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CHEVALLIER Jacques, « L’État régulateur », Revue française d’administration publique, n° 111, 2004, pp. 4734827 65 OUSSET Michel, « le nouveau concept de l’autorité et la modernisation de l’administration marocaine », in CENTRE d’Etudes internationales (dir.), Une décennie de réformes au Maroc (1999-2009), Paris, Karthala éditions, 2010, p. 63. 66 https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/cnuced-la.html

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L’essentiel du contenu de ce texte se concentre sur la formulation de ces dispositions qui gouvernent les garanties de la liberté des prix et l’organisation de la libre concurrence.67 Dans le même contexte, Cette loi a représenté une véritable révolution dans un pays qui est dominé par l’intervention étatique. Cette loi a eu pour mérite d’affirmer expressément le principe de la liberté des prix et implicitement celui de la liberté des autres modalités de la concurrence. Elle a clarifié relativement la portée du principe constitutionnel de la liberté d’entreprendre et de la garantie de la propriété privée. En outre, elle a interdit certaines pratiques anticoncurrentielles, et a contrôlé les opérations de concentrations économiques. Elle a enfin encadré la liberté de la concurrence en confiant au conseil de la concurrence un rôle de régulateur extrajudiciaire68. Cependant, cette loi malgré ces grandes aspirations dont l’objet était le maintien d’une concurrence saine et équilibrée, a fait l’objet de certaines insuffisances remarquables. Certains auteurs disent même que cette loi : « a contribué à la mise à niveau juridique du marché national pour une meilleure interaction avec le marché international déjà remué par de nouvelles mesures douanières et de réglementation de change. Dans cette optique, elle ignore purement et simplement les faiblesses des opérateurs moyens nationaux dans une concurrence nationale et internationale féroce. »69. C’est ce qui a motivé sa réforme par la loi n°104-12 du 30 juillet 2014 sur la liberté des prix et de la concurrence, promulguée par le Dahir n°1-14-116 du 2 ramadan 1435 du 30 juin 2014, abrogeant la loi 06-99. Cette loi vient compléter l’arsenal juridique du droit des affaires. Cet amendement tend à corriger les dysfonctionnements observés par l'administration et ainsi confirmer les engagements du Maroc envers les organisations internationales et ses partenaires commerciaux. Le préambule de cette loi indique qu’elle a pour objet de stimuler l’efficience économique, définir les dispositions régissant la liberté des prix, d’améliorer le bien-être des consommateurs et d’assurer la transparence et la loyauté dans les relations commerciales. Toutefois, elle impose l’obligation de la libre concurrence qui vient s’ajouter à l’obligation traditionnelle de loyale concurrence prévue par l’art 84 du D.O.C. Ainsi, la constitution du 29 juillet 2011 a consacré dans son article 35 le principe de la libre concurrence70 et a érigé le conseil de la concurrence en institution constitutionnelle71. Cette 67

A la différence des accords de libre échange qui lient le Maroc à d’autres pays, l’accord de libre échange et de partenariat avec l’union Européenne a consacré un titre aux questions de la concurrence. Voir le quatrième chapitre – les articles 36-41 de l’accord de partenariat. 68 ALAMI MACHICHI Driss, Concurrence, Droit et obligations des entreprises au Maroc, éd EDDIF, 2004, p. 35. 69 Op.cit., p. n 36. 70 « L'Etat garantit la liberté d'entreprendre et la libre concurrence ». 71 Le Conseil de la concurrence est une autorité administrative indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques, notamment à travers l’´analyse et la régulation de la concurrence sur les marchés, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole. L’article premier de loi n° 20-13 relative au Conseil de la concurrence précise que « Le Conseil de la concurrence est une institution indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques, notamment à travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur les marchés, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole. Le conseil est doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.

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évolution a pour objectif de donner plus de pouvoirs et de moyens à cette institution pour lui permettre d’assurer une régulation du marché et d’accompagner les mesures de modernisation du tissu économique national. La nomination d’un nouveau président, Driss Guerraoui, vise la redynamisation du conseil à travers la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs, l’amélioration du climat des affaires et l’efficacité des investissements et de l’économie72. De ce fait, cette constitution de 2011 dans son titre XII : « De la bonne gouvernance », et dans le cadre réservé aux instances de bonne gouvernance, et de régulation, l’article 166 dispose que : « le Conseil de la concurrence est une institution indépendante »73. Il importe donc de faire le point sur l’historique de cette institution de régulation de la concurrence, au regard des autres organismes l’ayant précédée dans le domaine de la police des pratiques anticoncurrentielles, en constatant la rupture provoquée par cette instance avec l’exercice de l’économie administrée. D’après Mohamed EL MERGHADI : « la prise en compte des règles de la concurrence et des modalités de sa régulation a émergé comme préoccupation à la fin des années 80. Une préoccupation consécutive à l’application du programme d’ajustement structurel que les autorités publiques ont été conduites à mettre en chantier afin de permettre à l’économie marocaine de renouer avec l’équilibre macroéconomique et de l’ouverture grandissante sur l’extérieur »74. Les lois de la concurrence ont pour origine les États-Unis, qui jouent un grand rôle dans la mondialisation de l’économie aujourd’hui, explique l’engagement d’aujourd’hui du Maroc dans cette direction. Toutefois, l’existence d’un contrôle relatif des prix, des planifications, des monopoles et un certain interventionnisme hérité du colbertisme français est bien présent. En fait, pendant longtemps, la police des prix, vu le contexte florissant de l’économie nationale a assuré cette mission négligeant celle de la concurrence. Progressivement, cette dernière a pris le relais. Incontestablement, le Conseil de la concurrence désormais fort de sa constitutionnalisation en 2011 n’est pas qu’un piètre héritier de son ancien. Bien qu’investi d’un rôle consultatif, il s’en éloigne par sa valeur et son statut constitutionnel, son pouvoir décisionnel en matière de la régulation de la concurrence, son indépendance ou au moins son aspiration à cette indépendance, et l’attribution de larges pouvoirs d’enquête et de sanction. Cette différenciation s’explique par la volonté de rompre avec le modèle dirigiste et administré de l’économie, au profit d’une instance de régulation indépendante dont le rôle est élargi et diversifié : 

D’une part, elle peut s’associer aux pouvoirs publics dans l’élaboration de la politique de la concurrence (fonction consultative, études, relations avec le Parlement, etc.)  D’autre part, elle jouit d’une fonction répressive à l’égard des pratiques faussant le libre jeu du marché75. Par ailleurs, la complexité de la régulation impose que le Conseil soit le garant impartial des règles de l’économie de marché : il n’a pas à prendre position en faveur de tel ou tel opérateur. Réprimant les pratiques anticoncurrentielles, et contrôlant les concentrations. Il doit 72

« L'Etat garantit la liberté d'entreprendre et la libre concurrence ». Publiée au Bulletin officiel n° 5964 du 30 juillet 2011, p. 1902. 74 EL MERGHADI Mohamed, « La régulation de la concurrence au Maroc, Évolution du cadre législatif et réglementaire », in [en ligne], 2011, consulté le 30 mai 2017. 75 EL BAZZIM Rachid, « Le Conseil de la concurrence Marocain », Revue de droit des affaires internationales/International Business Law Journal, n° 1 -2016, pp.73-83. 73

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garantir par sa force juridique la compétition entre les entités, en s’affirmant comme le gardien veillant à la concurrence des marchés. L’analyse juridique a pris comme point de départ la nouvelle législation de la concurrence, son statut et ses pouvoirs au regard, notamment, du droit français. Elle a conduit à recueillir des indices, qui ont mobilisé plusieurs grilles d’analyse, dans une approche pluridisciplinaire. La régulation76 semble être assumée par des institutions indépendantes de régulation représentatives d’une certaine mutation des principes traditionnels gouvernant l’organisation administrative. Conscients des limites de la réglementation et du commandement par voie de l’acte unilatéral « les pouvoirs publics semblent renoncer excessivement aux modalités classiques d’intervention, et se dirigent peu à peu vers la consécration consciente et volontaire d’un certain nombre de procédés dont la plupart sont tout à fait nouveaux. Il est de plus en plus question de consultation, de concertation, de partenariat, de contractualisation... prenant le relais des politiques, le législateur a entamé depuis peu une institutionnalisation de ces procédés qui ont très vite connu une large promotion. Parmi ces procédés, il en est un qui présente un intérêt particulier à savoir la régulation »77. Pour mener à bien une analyse objective du thème, il est nécessaire de la fonder autour d’une problématique claire et solide. Bien que Pour conserver une concurrence saine et loyale au sein d’un marché, il convient à l’Etat de créer une institution de recours en cas de problèmes concurrentiels et de régulation, d’où la création du Conseil de la Concurrence qui sans lui on est dans une impuissance total, incapable d’agir et il n’y a aucune autorité pour régler la question. La question principale à poser est : bien qu'il représente un enrichissement de la catégorie des instances de la régulation, l'instauration d'un Conseil de la concurrence dans un environnement économique en cours de libéralisation n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît, car au cœur de la controverse se trouvent des doutes et des questions sur sa capacité de réaliser un travail indépendant dans une institution bénéficiant de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Cette complexité de fonctions et la multitude de tâches évoquent une idée de contrôle de l’économie par l’utilisation de moyens d’action variée plus ou moins contraignante. C'est-àdire, une compétence juridique et technique et une capacité de réaction que ne possèderaient ni le gouvernement ni le juge qui, après tout, ne sont pas institutionnellement proches des milieux économiques C’est la raison pour laquelle la mise en place de nombreuses institutions de régulations à été nécessaire et permettant d’instaurer et veiller à une concurrence saine et loyale au sein de plusieurs secteurs. Ce sujet est aussi ardu que sa délimitation nous impose bien évidemment à poser plusieurs questions, Alors Qu’elles sont donc les principales institutions de régulation de concurrence ? Quel est leur rôle en matière de concurrence ? Et Quelles sont leurs pouvoirs ainsi que leurs limites ? Afin de répondre à cette série de question et pour mieux cerner ce sujet, nous souhaitions répartir notre sujet à deux axes principaux, la première partie sera réservée à l’institution 76

« La définition du concept de régulation semble se composer d’un élément permanent : la référence à l’idée d’équilibre, de constance ou de régularité ». Voir CALANDRI Laurence, Recherche sur la notion de régulation en droit administratif français, Paris, LGDJ, 2008, p. 7. 77 MECHRAFI Amal, « Les organes de régulation au Maroc », Op. cit., p. 35

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régulation principale en matière de concurrence à savoir le conseil de concurrence, alors que la seconde sera consacrée aux autres institutions de régulations telles que L’AMMC, les institutions de régulation de la concurrence en matière de la communication audiovisuelle et la télécommunication.

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Partie 1 : le conseil de la concurrence Le Maroc s’était doté de son premier conseil de concurrence par la loi n° 06-99 relative à la liberté des prix et de la concurrence mise en œuvre depuis le début de l’année 2001,dont volet concernent le conseil de la concurrence est resté sans application effective « stand-by » jusqu’à sa réactivation en 2009 avec un rôle principalement et foncièrement consultatif78 . Le « redémarrage » de cette institution, en 2018 et 2019, notamment traduite par la production de plusieurs rapports et d’avis sur des questions économiques centrales, notamment celle afférente au marché des hydrocarbures.

Chapitre1 : le conseil de concurrence : composition, organisation, attributions et missions : Conformément aux dispositions de l’article 166 de la Constitution79, le conseil de la concurrence, dénommé «le conseil» dans la présente loi, est une institution indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques, notamment à travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur les marchés, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole. Le conseil est doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.

Section 1 : composition et organisation du conseil de concurrence Sous-section 1 : Composition Le conseil se compose du président, de quatre vice-présidents et de huit membres conseillers80. Le conseil comprend, outre le président, les membres compétents suivants :    

deux (2) membres magistrats, vice-présidents ; quatre (4) membres choisis en raison de leur compétence en matière économique ou de concurrence, dont un vice-président ; deux (2) membres choisis en raison de leur compétence en matière juridique, dont un vice-président ; trois (3) membres exerçant ou ayant exercé leurs activités dans les secteurs de production, de distribution ou de services ;

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N .BARAKA intervention en tant aue ministre délégue aupés du premier ministre chargés des affaires économiques et générales (2010) 68 revue marocaine de l’administration locale et de développement ,serie themes actuels 79 Dahir n° 1-11-91 du 27 chaabane 1432 (29 juillet 2011) portant promulgation du texte de la Constitution; Bulletin Officiel n° 5964 bis du 28 chaabane 1432 (30 juillet 2011), p. 1902. 80 Voir article premier du décret n° 2-15-109, précité. Article premier « Pour l'application des dispositions des articles 9 et 10 de la loi susvisée n°20-13 les membres du Conseil de la concurrence, autres que les magistrats, sont nommés par décret sur proposition des autorités gouvernementales concernées par le domaine de compétence desdits membres. »

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un (1) membre choisi en raison de sa compétence en matière de protection du consommateur81 . Le président est nommé par dahir, pour une durée de cinq (5) ans renouvelable une seule

fois. Les autres membres du conseil sont nommés, pour une durée de cinq ans renouvelable une seule fois, par décret, sur proposition : 

du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, en ce qui concerne les deux membres magistrats ;  de l’autorité gouvernementale compétente en ce qui concerne les autres membres. Les membres du conseil non assermentés prêtent serment devant la Cour d’appel de Rabat.

Sous-section 2 : Organisation administrative et financière du conseil de concurrence Paragraphe 1 : Organisation administrative Le conseil dispose de services d’instruction et d’enquête dirigés par un rapporteur général assisté de rapporteurs généraux adjoints. Ces services procèdent aux enquêtes et investigations nécessaires à l’application des dispositions de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence concernant les pratiques anticoncurrentielles et le contrôle des opérations de concentration économique dans les conditions relatives aux investigations prévues par ladite loi82. Les services administratifs du Conseil sont dirigés, sous l'autorité du président, par un secrétaire général. Le secrétaire général du conseil de la concurrence est chargé de l’enregistrement des saisines et des requêtes en matière de concurrence et de la transmission des décisions et des avis du conseil. Il est responsable des services administratifs et financiers ainsi que de la tenue et de la conservation des dossiers et des archives du conseil. Le secrétaire général peut recevoir délégation du président du conseil pour signer tous actes et décisions d’ordre administratif. Il prépare le projet de budget qui est approuvé par le conseil83.

§1 : Nomination des membres  

Le président est nommé par dahir, pour une durée de cinq (5) ans renouvelable une seule fois. Les autres membres du conseil sont nommés, pour une durée de cinq ans renouvelable une seule fois, par décret, sur proposition :  du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, en ce qui concerne les deux membres magistrats

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Dahir n° 1-11-03 du 14 rabii I 1432 (18 février 2011) portant promulgation de la loi n° 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur; Bulletin Officiel n° 5932 du 3 joumada I 1432 (7 avril 2011), p. 347. 82 Article 16 du loi n 20-13 relative au conseil de concurrence. 83 Aritcle17 du loi n 20-13 relative au conseil de concurrence.

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 de l’autorité gouvernementale compétente en ce qui concerne les autres membres  Le secrétaire général est nommé par dahir pour une durée de cinq (5) ans renouvelable une seule fois.  Le rapporteur général et les rapporteurs généraux adjoints sont nommés par le président du conseil, après appel à candidatures parmi les personnes relevant des cadres supérieurs de l'Etat, des collectivités territoriales, des établissements publics ou du secteur privé, justifiant d’une expérience dans les domaines économique, juridique, de concurrence et de protection du consommateur. Il doit être tenu compte, lors du choix du rapporteur général et des rapporteurs généraux adjoints, des principes d’égalité des chances, du mérite, de la transparence et de l’égalité à l’égard de l’ensemble des candidates et candidats. Les candidates et candidats doivent jouir de leurs droits civils et politiques, disposer d’un haut niveau d’enseignement et de la qualification exigible et être connus pour leur intégrité et probité84. Les rapporteurs et les enquêteurs des services d’instruction sont nommés par décision du président, sur proposition du rapporteur général après avis du conseil. Ils peuvent être détachés de l’administration auprès du conseil, mis à la disposition de celui-ci par : 

Les rapporteurs et les enquêteurs des services d’instruction sont nommés par décision du président, sur proposition du rapporteur général après avis du conseil. Ils peuvent être détachés de l’administration auprès du conseil, mis à la disposition de celuici par l’administration ou recrutés par le conseil85.  Le rapporteur général et les rapporteurs généraux adjoints assurent le suivi des travaux des rapporteurs et des enquêteurs.  Le président et les vice-présidents exercent leurs fonctions à plein temps. Le président et les vice-présidents autres que magistrats doivent, pendant la durée d’exercice de leurs fonctions, suspendre toute activité professionnelle ou commerciale dans le secteur privé. Ils doivent également suspendre leur participation dans les organes de direction, de gestion et d’administration des entreprises privées ou publiques poursuivant un but lucratif86. Les droits et devoirs du rapporteur général, des rapporteurs généraux adjoints, des rapporteurs et des enquêteurs sont régis par du dahir n° 1-58-008 du 4 chaabane 1377 (24 février 1958) portant statut général de la fonction publique87 .

§2 : Les obligations membres du conseil de concurrence 

Obligations d'information : certes, selon l'article 20 de la loi 06 /99 et l'article 11 de la loi 20/13 sus désignée, tout membre du conseil est obligé d'informer le président des intérêts quel détient et des fonctions qu'il exerce dans une activité économique. Cependant cette obligation d'information n'est observée par aucune sanction et ne précise aucune date pour l'accomplissement de l'information du président.

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Article18 du loi n 20-13 relative au conseil de concurrence. Article19 du loi n 20-13 relative au conseil de concurrence. 86 Mohammed EL MERNISSI, « le conseil de la concurrence organe de régulation de la concurrence », revue marocaine de droit et d’économie de développement, N°49, 2004, page237 . 87 Dahir n° 1-58-008 du 4 chaabane 1377 (24 février 1958) portant statut de la fonction publique; Bulletin Officiel n° 2372 du 11 avril 1958, p. 631.Tel qu’il a été modifié et complété. 85

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l'observation du secret professionnel : La loi 104 - 12 dans son article 21 fait preuve d'un mimétisme à propos des obligations de secret professionnel ; rien n'interdit aux membres du conseil de prendre des positions public ou de faire des communications publiques des commentaires et des critiques qu'ils souhaitent publier à propos des missions du conseil, des affaires dont ils saisi, de ces rapports avec les pouvoirs publics88.

§3 : La cessation des fonctions des membres du conseil de la concurrence Les fonctions de membre du conseil prennent fin par : 1. l’expiration de leur durée 2. le décès 3. la démission volontaire qui doit être présentée au président du conseil et ne prend effet qu’à compter de la nomination du remplaçant du membre démissionnaire La démission qui doit être constatée par le conseil saisi par son président ou le cas échéant un vice-président, dans les cas suivants : 

exercice d’une activité ou acceptation d’une fonction incompatible avec la qualité de membre du conseil  perte de la jouissance des droits civils et politiques  survenance d’une incapacité physique ou mentale permanente empêchant définitivement un membre du conseil d’exercer ses fonctions89 Il est pourvu au remplacement des membres du conseil quinze jours au moins avant l’expiration normale de leur mandat et en cas de décès, de démission volontaire ou de démission dans un délai de quinze jours à compter de la notification de ces faits au Chef du gouvernement. Les membres du conseil nommés en remplacement de ceux dont les fonctions ont pris fin pour quelque cause que ce soit avant leur terme normal achèvent le mandat de ceux qu’ils remplacent.

Section 2 : les attributions et missions de conseil de concurrence La concurrence est considérée comme la compétition économique qui se joue sur un même marché pour atteindre une fin économique déterminée90. Et le Conseil de la concurrence deviendra de fait, un organisme indépendant jouissant des pouvoirs (sous-section1), pour mener bien à ses missions (sous-section 2) en vue d'assurer l'équité, la transparence et la concurrence loyale de l'économie nationale.

Sous-section 1 : les attributions de conseil de concurrence D’après la loi 20-13 le conseil de la concurrence est désormais en mesure de s’autosaisir de toutes les questions affectant la concurrence au Maroc. En plus des chambres professionnelles, le Gouvernement et les collectivités territoriales, les entreprises sont désormais habilitées à saisir directement le Conseil de la concurrence afin que celui statue sur des pratiques anticoncurrentielles.

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Le theme sur le conseil de concurrence preparé par : AZEROUAL Badallah BOUDIZE walid 2016-2017 PR ALLALI. Article 12 de la loi 20-13 relative au conseil de la concurrence 90 Mohammed EL MERNISSI, « le conseil de la concurrence organe de régulation de la concurrence », revue marocaine de droit et d’économie de développement, N°49, 2004, page249. 89

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Elles ne sont plus dépendantes de l’assentiment de leurs concurrents pour que les chambres professionnelles saisissent le Conseil de la concurrence. Le Maroc s'est doté d'un Conseil de la concurrence en 2009, mais ses pouvoirs étaient limités. La nouvelle loi lui en donne davantage ; trois nouveaux pouvoirs conférés au conseil de la concurrence : Pouvoir décisionnel, pouvoir d'enquête et pouvoir de sanction. L'ensemble du nouveau fonctionnement du Conseil de la concurrence a pour objectif de pallier les écueils constatés lorsque cette institution n'était qu'un organe consultatif. 

Le Conseil de la Concurrence dispose dorénavant également d'un véritable pouvoir décisionnel91 en matière de concentrations et de pratiques anticoncurrentielles (ententes anticoncurrentielles et abus de position dominante, pratiques de prix abusivement bas).  Outre le pouvoir d'instruire, le Conseil de la concurrence peut mener des enquêtes concernant les pratiques anticoncurrentielles et le contrôle des opérations de concentration économique92 . Enfin, le Conseil de la concurrence est dorénavant habilité à prendre des mesures conservatoires et à prononcer des sanctions pécuniaires pouvant représenter jusqu'à 10% du chiffre d'affaires mondial ou national de l'entreprise contrevenante (ou des parties impliquées). Le maintien définitif du principe du contrôle des prix pour certains services et produits : La réforme a passé sous silence l'aspect temporaire du maintien de la liste de produits et services dont les prix sont réglementés par l'Administration après consultation du Conseil de la concurrence. Pourtant, la loi n°06-99 relative à la liberté des prix et de la concurrence avait été amendée en vue de limiter à quatre ans l'établissement d'une liste de produits et de services dont les prix seraient réglementés. Le pouvoir de recommander à l'Administration des mesures d'amélioration de la concurrence sur le marché : Le Conseil de la concurrence est en mesure de donner son avis ou entreprendre toute étude concernant la concurrence et surtout, de recommander à l'administration de mettre en œuvre les mesures nécessaires à l'ouverture des monopoles de fait ou de droit à la concurrence93

Sous-section 2 : Les missions du conseil de la concurrence Son champ et ses moyens d’action : 

Veiller au respect du libre jeu de la concurrence dans le cadre de l'économie de marché, afin de garantir la compétitivité du tissu économique national et assurer un bon rapport qualité prix pour le bien être du consommateur.

Agir, à son initiative, pour :  informer et sensibiliser l'opinion publique et les acteurs économiques et sociaux (Colloques, séminaires, conférences,...)  étudier la concurrentiabilité de différents secteurs et branches d'activité.  élaborer le rapport annuel 91

Article 2 de la loi n° 20-13 relative au conseil de la concurrence. Article 16 de la loi n° 20-13 relative au conseil de la concurrence. 93 www.usinenouvelle.com consulté le 15/04/2020. 92

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Intervenir, quand il est saisi, en cas : D'ententes anticoncurrentielles pouvant empêcher, restreindre ou fausser le jeu de la concurrence (fixation des prix, partage géographique du marché...)  D'abus de position dominante ou de situation de dépendance économique (ventes liées, refus de vente,...)  De concentration de nature à porter atteinte à la concurrence.

Chapitre 2 : conseil de concurrence marocain- compétence renforcée La loi n° 06-99 promulguée par le Dahir du 6 juin 2000 relative à la liberté des prix et de la concurrence qui était censée être l'un des facteurs de mise à niveau de l'environnement des affaires au Maroc en stimulant sa compétitivité et son efficience n'était plus adaptée aux réalités économiques nationales et internationales. Ce texte de loi ne conférait au Conseil de Ia Concurrence qu'un statut d'organe consultatif dénué de tout pouvoir de décision attribue jusquelà à la Direction des Prix et de Ia Concurrence rattachée au Chef du Gouvernement. Le droit de la concurrence marocain a été reforme en 2014 à travers deux nouvelles lois : la loi 104-12 relative A la liberté des prix et de la concurrence et la loi 20-03 relative au Conseil de Ia concurrence, promulguées par le Dahir n° 1-14-116 et le Dahir 1-14-117 du 30 juin 2014.

Section 1 : le renforcement des prérogatives de de conseil de concurrence. Le conseil de la concurrence, au Maroc, est une institution constitutionnelle94 indépendante dotée de la personnalité juridique, de l’autonomie financière et investie de larges pouvoirs de décision, d’enquête et de sanction. Ces dernières prérogatives ne lui sont pas reconnues qu’après l’entrée en vigueur, en 2014, des lois 104-1295 et 20-1396 relatives, successivement, à la liberté des prix et de la concurrence et au conseil de la concurrence sachant que cette institution était déjà prévue par la loi 06-9997 relative à la liberté des prix et de la concurrence, remplacée. En effet, La dite Loi lui a conféré, en plus du pouvoir consultatif trois nouveaux pouvoirs à savoir le pouvoir décisionnaire, le pouvoir d'enquête (Sous-section 1) at le pouvoir de sanction (Sous-section 2)

Sous-section 1 : pouvoir décisionnaire et d’enquête Le Conseil de la concurrence est désormais habilité à mener des enquêtes en matière de pratiques anti-concurrentielles soit par le biais de Ia saisine d'office ou auto saisine, soit par les entreprises, le gouvernement, les juridictions du royaume at autres établissements comma les autorités de régulation sectorielle, les commissions parlementaires permanentes, les chambres et associations professionnelles et les associations de consommateurs reconnues d'utilité publique notamment. 94

L’article 166 de la constitution marocaine, portée par le Dahir n˚ 1-11-91 du 29 juillet 2011, dispose : « le conseil de la concurrence est une institution indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques, notamment à travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur le marché, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole ». 95 La loi n˚ 104-12, portée par le Dahir n˚ 1-14-116 du 30 juin 2014, publiée au Bulletin Officiel n˚ 6280 du 7 Août 2014. 96 La loi n˚ 20-13, portée par le Dahir n˚ 1-14-117 du 30 juin 2014, relative au conseil de la concurrence. 97 La loi n˚ 06-99 est la première loi, au Maroc, sur la liberté des prix et de la concurrence. Elle a été apportée par le Dahir n˚ 1-00-25 du 5 juin 2000, publiée au Bulletin Officiel de 6 juillet 2000.

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Le Conseil de la concurrence serait en mesure de mener des investigations sur place ou en exigeant la communication de documents, pièces et informations sous astreinte voire même par voie de perquisitions ou saisies, dans le cadre d’une procédure contradictoire à l’issue de laquelle le Conseil rendrait sa décision.

Sous-section 2 : pouvoir de sanction Le CC a des pouvoirs de sanction particulièrement larges, lui permettant d’imposer :  

 

Des mesures conservatoires visant à remédier aux atteintes graves et immédiates causées par les pratiques à l’économie du pays, à celle du secteur intéressé, à l’intérêt des consommateurs ou à l’entreprise plaignante ; Une amende administrative pouvant atteindre 10% du chiffre d’affaires consolidé le plus élevé de l’entreprise concernée d’un exercice précédant la mise en œuvre des pratiques (ou 4 millions de dirhams si l’auteur des pratiques est une personne physique). Cette amende pourra être doublée en cas de récidive dans un délai de 5 ans ; Des injonctions, accompagnées d’une astreinte pouvant atteindre 5% du chiffre d’affaires journalier moyen, par jour de retard dans la mise en conformité ; Des mesures de publicité (publication d’un extrait ou de la décision complète du CC). En particulier, la lourdeur de l’amende administrative pourrait bien inciter les entreprises à faire usage des deux procédures de coopération créées par la nouvelle loi :  La procédure de clémence, par laquelle une entreprise peut obtenir une immunité totale ou partielle d’amende si elle dénonce sa participation à une entente et apporte des éléments de preuve au CC lui permettant d’établir la réalité de la pratique et d’identifier ses auteurs. Dans bon nombre de juridictions, cette procédure est devenue l’une des principales sources de dossiers des autorités de la concurrence ;  La procédure de non contestation des griefs, par laquelle une entreprise peut obtenir une réduction d’amende (le plafond est réduit de moitié) si elle ne conteste pas la réalité des griefs qui lui sont notifiés.

Section 2 : le control de concentrations économiques. Selon l’article 1198 de la loi 104-12, Les concentrations, qu’il s’agisse de fusions, acquisitions ou de création d’entreprises communes, permettent aux entreprises d’améliorer leur compétitivité en dégageant des gains d’efficacité économique, qui peuvent se répercuter 98

Article 11 de la loi 104-12 : Une opération de concentration est réalisée: 1- lorsque deux ou plusieurs entreprises antérieurement indépendantes fusionnent ; 2- lorsqu’une ou plusieurs personnes, détenant déjà le contrôle d’une entreprise au moins, acquièrent, directement ou indirectement, que ce soit par prise de participation au capital ou achat d’éléments d’actifs, contrat ou tout autre moyen, le contrôle de l’ensemble ou d’une partie d’une autre entreprise ou de l’ensemble ou de parties de plusieurs autres entreprises ; 3- lorsqu’une ou plusieurs entreprises acquièrent, directement ou indirectement, que ce soit par prise de participation au capital ou achat d’éléments d’actifs, contrat ou tout autre moyen, le contrôle de l’ensemble ou d’une partie d’une autre entreprise ou de l’ensemble ou de parties de plusieurs autres entreprises. La création d’une entreprise commune accomplissant de manière durable toutes les fonctions d’une entité économique autonome constitue une concentration au sens du présent article. Aux fins de l'application du présent titre, le contrôle découle des droits, contrats ou autres moyens qui confèrent, seuls ou conjointement et compte tenu des circonstances de fait ou de droit, la possibilité d’exercer une influence déterminante sur l’activité d’une entreprise, et notamment : - des droits de propriété ou de jouissance sur tout ou partie des biens d'une entreprise ; - des droits ou des contrats qui confèrent une influence déterminante sur la composition, les délibérations ou les décisions des organes d’une entreprise.

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positivement sur la compétitivité globale de l’économie, sur la capacité d’innovation ainsi que sur le bien-être et le pouvoir d’achat des consommateurs. Ceux-ci peuvent alors bénéficier de prix plus bas, d’une amélioration de la qualité des produits, ou d’un élargissement du choix qui leur est offert.

Sous-section 1 : les opérations notifiables Les opérations sont soumises au contrôle des concentrations si l’un des trois seuils suivants est rempli : 

1er seuil : les entreprises réalisent un chiffre d’affaires cumulé de plus de 750 millions de dirhams au niveau mondial ;  2e seuil : au moins deux entreprises réalisent un chiffre d’affaires individuel de plus de 250 millions de dirhams au Maroc ;  3e seuil : les parties ont une part de marché cumulée d’au moins 40% au Maroc. Ces seuils de chiffre d’affaires et de part de marché sont alternatifs. Il suffit donc qu’un seul de ces seuils soit rempli pour que l’opération soit soumise à notification. Cependant, conformément à l’article 199 de la loi n°104-12, il est nécessaire que l’opération puisse avoir un effet sur le marché marocain. Il serait donc possible d’argumenter que ne seraient pas soumises à notification les opérations impliquant des parties sans aucune présence ni chiffre d’affaires au Maroc, même si elles atteignent le seuil mondial de 750 millions de dirhams. En pratique, en revanche, devraient être soumises à notification :  

Les opérations atteignant le 2e seuil de chiffre d’affaires (local), indépendamment du chiffre d’affaires réalisé par les parties au niveau mondial ; Les opérations atteignant le 1er seuil de chiffre d’affaires (mondial) sans remplir le 2e seuil (local), mais dont l’une au moins des parties est implantée ou réalise un chiffre d’affaires au Maroc.

Sous-section 2 : nouvelle procédure de notification La réforme fait peser l’obligation de notification sur l’acquéreur du contrôle (en cas d’acquisition de contrôle exclusif), ou sur toutes les parties concernées, conjointement (en cas de fusion ou de création d’une entreprise commune). Il faut souligner qu’une sanction financière de 5% du chiffre d’affaires des parties réalisé au Maroc (lors du dernier exercice fiscal) peut être imposée aux entreprises en cas de défaut de notification, de violation de l’obligation de suspension (à moins d’avoir obtenu l’accord exprès du CC pour réaliser l’opération avant l’autorisation), de non-respect d’engagements ou injonctions, ou d’informations incomplètes ou inexactes dans la notification.

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Article1 de la loi 104-12: La présente loi s’applique : 1. à toutes les personnes physiques ou morales qu’elles aient ou non leur siège ou des établissements au Maroc, dès lors que leurs opérations ou comportements ont pour objet ou peuvent avoir un effet sur la concurrence sur le marché marocain ou une partie substantielle de celui-ci ; 2. à toutes les activités de production, de distribution et de services, y compris celles qui sont le fait de personnes morales de droit public lorsqu’elles agissent comme opérateurs économiques et non dans l’exercice de prérogatives de puissance publique ou de missions de service public ; 3. aux accords à l'exportation dans la mesure où leur application a une incidence sur la concurrence sur le marché intérieur marocain.

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Toutes les notifications doivent désormais être déposées au CC et non plus aux services du Chef du gouvernement, à l’exception de celles concernant des entreprises actives dans le secteur des télécommunications qui relèvent de la compétence de l’ANRT. Dans le cas d’opérations concernant des établissements financiers (ou organismes agréés assimilés), le CC devra saisir la Bank Al-Maghrib pour avis préalable avant toute décision. Toutefois, la Primature conservera un droit d’évocation, qui permettra au Chef du gouvernement de se saisir d’opérations pour des motifs d’intérêt général, autres que le maintien de la concurrence (voir ci-dessous en Phase II). Bien que peu utilisé dans certains pays (notamment en France où il n’a été mis en œuvre qu’une fois), il ne faudra pas perdre de vue ce pouvoir au Maroc, en particulier pour les opérations sensibles.

Sous-section 3 : les nouveaux délais procéduraux dans le calendrier de l’opération La réforme prévoit un délai d’examen de 5 mois, incluant une Phase I de 2 mois (60 jours à compter de la réception d’une notification complète) et une Phase II de 3 mois (90 jours), mais ces délais peuvent être étendus ou suspendus dans un certain nombre de cas (pouvant porter la Phase I à 120 jours, et la Phase II à 180 jours ou plus) Ces phases sont détaillées ci-après : Phase I En cas de présentation d’engagements, le délai de 60 jours sera étendu de 20 jours. En outre, une procédure de suspension a été créé. Les parties peuvent demander la suspension de la période d’examen pour un maximum de 20 jours en cas de « nécessité particulière » (par exemple, pour finaliser des engagements). Dans les 20 jours de la réception de la décision du CC, ou si le CC ne prend aucune décision avant la fin de la première période de 60 jours, le Chef du gouvernement (ou un délégué) aura le pouvoir de demander au CC d’ouvrir une Phase II. Par conséquent, la Phase I pourrait théoriquement durer entre 60 et 100 jours, plus 20 jours additionnels pour attendre la réaction du Chef du gouvernement. Phase II En cas de présentation d’engagements moins de 30 jours avant la fin du délai de 90 jours, ce délai de 90 jours sera étendu de 30 jours à compter de la réception des engagements par le CC. En outre, il existe deux nouvelles options de suspension :  

Les parties peuvent demander de suspendre l’examen de l’opération pendant 30 jours en cas de « nécessité particulière » (par exemple, pour finaliser des engagements) ; et Une suspension (sans délai déterminé) peut également être décidée d’office par le CC en vue d’obtenir des informations (nouveaux événements, retard des parties ou de tiers dans l’envoi des informations), et ce jusqu’à ce que la cause de la suspension ait cessé.

Dans un délai de 30 jours à compter de la réception de la décision du CC, le Chef du gouvernement (ou un délégué) a un droit d’évocation qui lui permet de se saisir d’opérations pour des motifs d’intérêt général, autres que le maintien de la concurrence, notamment, le 41

développement industriel, la compétitivité des entreprises en cause au regard de la concurrence internationale ou la création ou le maintien de l’emploi. Cette décision peut être soumise à des engagements. Aucun délai n’est prévu pour la décision du Chef du gouvernement. Par conséquent, la Phase II pourrait théoriquement durer de 90 à 150 jours (ou plus si une suspension est décidée d’office par le CC), plus au moins 30 jours additionnels pour attendre la réaction du gouvernement (ou plus dans la mesure où la prise de cette décision n’est encadrée par aucun délai)

Section 3 : compétence renforcée ms toujours limité. La première limite apportée aux pouvoirs du Conseil de la Concurrence et celle prévue par les dispositions de ('article 18 du Loi n° 104-12 qui accorde au Chef du Gouvernement un droit d'évocation sur les décisions du Conseil concernant les opérations de concentrations économiques. La deuxième limite importante concerne les secteurs soumis à une régulation sectorielle at qui échappent au champ d'intervention du Conseil de La Concurrence comme en particulier celui des télécommunications, domaine réservé à l'Agence Nationale de Règlementation des Télécommunications (ANRT) at celui des établissements bancaires soumis à BANK AlMaghrib (la banque centrale du Maroc).

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Partie 2 : Autres Institutions de régulation de la concurrence Chapitre 1 : l’autorité marocaine des marches de capitaux L’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux est une personne morale publique chargée de la supervision et du contrôle du marché des capitaux en vertu des dispositions de la loi n° 43-12. Née de la transformation du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières, l’AMMC dispose d’une plus grande autonomie et de prérogatives élargies. L’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux a pour missions de :     

S’assurer de la protection de l’épargne investie en instruments financiers Veiller à l'égalité de traitement des épargnants, à la transparence et à l'intégrité du marché des capitaux et à l'information des investisseurs ; S'assurer du bon fonctionnement du marché des capitaux et veiller à l'application des dispositions législatives et réglementaires S’assurer du respect de la législation et de la réglementation en vigueur relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux, par les personnes et les organismes placés sous son contrôle Contribuer à la promotion de l'éducation financière des épargnants.

Section 1 : le plan stratégique 2017-2020 de l’AMMC L’année 2016 a vu la transformation du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières en Autorité Marocaine du Marché des Capitaux. Cette transformation a apporté une construction nouvelle, en ligne avec les meilleurs standards en matière de régulation avec une indépendance renforcée de l’Autorité, des pouvoirs et des missions élargis. Dès la mise en place des organes de gouvernance de l’AMMC, le premier plan stratégique a été élaboré couvrant la période 2017-2020. L’élaboration du plan stratégique de l’AMMC repose sur deux piliers essentiels : la conformité et le développement. Ainsi, le programme d’action qui en découle vise à refléter les nouveaux rôles de régulation attribués à l’Autorité, mais inscrit aussi le plan dans une dynamique qui contribue au développement du marché afin de le positionner comme levier important du financement de l’économie. La confection du plan tient également compte du contexte. L’évolution contrastée du marché des capitaux marocain durant la dernière décennie, combinée à la complexité croissante des instruments financiers qui arrivent progressivement sur le marché réclament des actions à plusieurs niveaux autour de quelques objectifs fédérateurs. Il s’agit pour cela de restaurer la confiance, d’insuffler au marché une dynamique nouvelle, de renforcer les compétences des opérateurs et les connaissances du public en matière financière et, enfin, d’être une autorité performante et influente dotée de tous les moyens nécessaires pour porter la vision et les nouvelles missions. Ainsi il convient de souligner que l’élaboration de ce plan stratégique est le fruit d’une réflexion interne enrichie par la contribution de l’ensemble des acteurs du marché des capitaux afin d’être au plus près des attentes du marché. Le plan stratégique de l’AMMC se décline en 4 axes visant 15 objectifs différents qui renvoient à 32 actions spécifiques. Le détail du plan d’actions est présenté en annexe 3

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AXE N°1 – RENFORCER LA CONFIANCE DANSLE MARCHÉ DES CAPITAUX : La protection des épargnants est la mission centrale de l’AMMC. Elle est également une attente majeure du public à l’endroit du régulateur et une condition indispensable pour la redynamisation du marché, le renforcement de son attractivité et le renforcement de la confiance des acteurs qui y opèrent. Alimentée par les outils de suivi et d’écoute des intervenants ainsi que les résultats des évaluations réalisées dans le cadre du programme FSAP2 en (2015), l’AMMC a identifié des leviers d’amélioration de nature à influer sensiblement sur la confiance des investisseurs. Ils abordent deux dimensions fondamentales de tout marché financier : 1. le niveau de transparence, sous l’angle de la communication financière des émetteurs et des fonds ; 2. l’efficacité et le degré de dissuasion du dispositif des sanctions. L’ensemble de ces éléments, conjugué à la volonté de converger davantage vers les normes internationales a conduit à ériger le renforcement de la confiance dans les marchés de capitaux comme un axe stratégique prioritaire, décliné en plusieurs objectifs. 1.1 Bâtir un marché transparent Vecteur essentiel pour un fonctionnement efficient du marché, la transparence procure aux investisseurs l’assurance de prendre des décisions en connaissance de cause et dans des conditions d’égalité d’accès aux informations. Elle interpelle en premier lieu les émetteurs de titres faisant appel public à l’épargne, assujettis à une série d’obligations d’information. L’information constitue une composante essentielle de la qualité d’un marché et justifie de lui consacrer tout un volet dans l’objectif de favoriser la dissémination sure marché d’informations financières en temps opportun, selon les meilleurs standards et largement accessibles. 1.2 Renforcer les contrôles et déployer une approche préventive basée sur les risques Le contrôle des acteurs du marché est au centre des préoccupations de l’AMMC. Le déploiement d’une approche par les risques, l’intensification et l’élargissement du périmètre de contrôle sont au nombre des actions identifiées. L’intensification des contrôles passera également par le renforcement des moyens humains avec notamment le recrutement d’inspecteurs-contrôleurs afin d’assurer davantage de présence sur le terrain, ainsi que par la mise en place de nouveaux moyens techniques. 1.3 Promouvoir les actions qui contribuent à un traitement équitable des épargnants La mission centrale de l’AMMC étant la protection de l’épargne investie en instruments financiers, il en découle que l’ensemble des actions menées par l’autorité ont, directement ou indirectement, trait à la protection des épargnants et à leur traitement équitable. Concernant cet objectif, deux actions prioritaires sont programmées. 

La première est orientée vers la sensibilisation et l’éducation des épargnants par rapport à leurs droits, dans le cadre de la stratégie globale de l’éducation financière.  La seconde vise le renforcement du cadre contractuel liant les épargnants aux intervenants à travers notamment l’encadrement légal et réglementaire de la commercialisation des instruments financiers et du conseil en investissement. 1.4 Renforcer le dispositif des sanctions Dans la lignée des dernières évolutions au niveau international, l’approche dite de «dissuasion crédible» a récemment émergé en matière de régulation des marchés financiers. L’idée sous-jacente à cette approche est de limiter l’ampleur et la portée des comportements frauduleux sur les marchés, à travers l’adoption de mécanismes de sanction suffisamment efficaces et dissuasifs.

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Des sanctions sont efficaces lorsqu’elles permettent, de manière effective, de faire respecter les textes législatifs et réglementaires, proportionnées lorsqu’elles reflètent adéquatement la gravité de l’infraction commise et ne vont pas au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs visés, et dissuasives lorsqu’elles sont suffisamment sévères pour décourager les auteurs d’une infraction de récidiver et tout contrevenant potentiel de passer à l’acte Pour converger vers cet objectif, trois leviers sont prévus :   

Adopter des sanctions hiérarchisées et dissuasives ; Favoriser un mécanisme de sanction rapide et efficace ; Accroitre la transparence des sanctions 1.5 Renforcer la communication institutionnelle de l’AMMC Une autorité de marché a également un rôle d’interaction et d’accompagnement des acteurs. Ses décisions et ses actes doivent être lisibles et compréhensibles pour une régulation plus efficace, soucieuse de l’adhésion des intervenants aux actions de l’Autorité. A ce titre, l’AMMC entreprendra une série d’actions visant à renforcer sa communication institutionnelle pour consolider le sentiment de confiance des investisseurs. AXE N°2 -DÉVELOPPER UNE RÉGULATION AU SERVICE DE LA DYNAMIQUE DE MARCHÉ Aujourd’hui, il est incontestable que le marché des capitaux marocain traverse une phase de compression qui interpelle les intervenants de marché, opérateurs et autorités, quant à la nécessité d’œuvrer pour l’amorçage d’une nouvelle impulsion afin de permettre au marché de jouer pleinement son rôle dans le financement de l’économie et d’accompagner ainsi le développement du pays. Du point de vue de l’AMMC, la régulation peut jouer un rôle de dynamisation si elle est suffisamment orientée, par des actions favorisant la création d’un environnement qui stimule l’innovation financière. Aussi, l’AMMC œuvrera pour la mise en place d’un cadre réglementaire clair permettant d’encadrer les différents risques liés à l’activité, mais suffisamment souple pour répondre aux nouveaux besoins. 2.1 Favoriser l’innovation financière et la diversification des instruments financiers Trois leviers ont été priorisés pour soutenir l’innovation financière en ciblant les actions pouvant engendrer des effets d’entrainement à savoir : (i) soutenir les alternatives de financement par le marché dont notamment le marché alternatif dédié aux émetteurs de taille moyenne et petite et les organismes de placement collectif immobilier100; (ii) accélérer la mise en place de nouveaux instruments financiers (ETF, Sukuk etc.) ; (iii) proposer et mettre en œuvre des mesures en faveur de la liquidité du marché. 2.2 Edifier un cadre de régulation flexible et adapté L’AMMC veillera à la promotion et à l’encadrement de l’innovation financière. A cet effet, la mise en place d’un cadre de régulation suffisamment souple et adapté aux évolutions du marché s’impose avec force, afin de favoriser la créativité et l’innovation tout en préservant un cadre sécurisé. Pour une plus grande flexibilité en matière de régulation, l’AMMC soutient l’approche qui consiste à consolider les grands principes au niveau des lois et renvoyer aux textes réglementaires les aspects pratiques et de déploiement

100

(OPCI)

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AXE N°3 - ÊTRE UNE AUTORITÉ PERFORMANTE ET INFLUENTE SUR LE PLAN NATIONAL ET RÉGIONAL L’ouverture à l’international à travers ses multiples canaux101 doit en définitive servir au développement de notre place financière et améliorer son pouvoir d’attraction pour les investisseurs locaux et internationaux. Déclinés en objectifs intermédiaires, les niveaux d’intervention sont multiples :  

Accompagner la politique économique du pays ; Œuvrer à la convergence de notre place financière vers les standards et normes internationaux ;  Construire un réseau d’experts internationaux afin de tirer bénéfice des expériences des homologues étrangers dans les domaines d’intérêt pour l’AMMC. Pour une meilleure efficacité, l’AMMC compte privilégier une approche de coopération différenciée à travers une redéfinition de son rôle dans les instances internationales et ses différents organes, et un renforcement de sa présence régionale avec des actions ciblées de nature à aboutir rapidement à des résultats palpables Parallèlement, et compte tenu de la complexification croissante du paysage financier national et son corollaire qu’est l’émergence de risques systémiques potentiels, l’AMMC compte également renforcer la coopération au niveau national, en intensifiant ses interactions avec les régulateurs et autres acteurs du système financier. 3-1 Renforcer le positionnement régional de l’AMMC et œuvrer pour une plus grande intégration des marchés financiers en Afrique La dimension régionale des actions de coopération internationale occupe une place de choix dans la stratégie de l’AMMC. L’objectif fédérateur est de faire émerger la place financière marocaine, avec toutes ses composantes (marchés, opérateurs, régulateur, etc.), en un centre de référence pour les marchés africains. Les actions prévues dans ce cadre investissent principalement les accords de coopération et d’assistance avec l’ambition de recentrage sur les sujets qui favorisent une plus grande intégration des marchés102 3.2 Être une force de propositions en matière de développement réglementaire En termes de développement réglementaire, il semble essentiel d’adopter une démarche proactive, basée sur l’anticipation de l’évolution du marché et de ses attentes, par l’édiction de règles de marché adaptées, avec flexibilité et célérité. L’AMMC, de par son expertise et sa connaissance approfondie du marché des capitaux continuera à être une force de proposition en matière législative et réglementaire AXE N°4 -RENFORCERLES CAPACITÉS DE L'ENSEMBLE DES OPÉRATEURS/ACTEURS ET DES ÉPARGNANTS L’objectif de développement du marché des capitaux marocain et son alignement, d’un point de vue fonctionnel et normatif, aux meilleurs standards internationaux, ne saurait être atteint sans un renforcement des capacités de l’ensemble des opérateurs et des épargnants. D’une manière générale, les moyens des intermédiaires financiers et des entreprises de marché seront réexaminés de manière à les aligner aux évolutions réglementaires, aux normes internationales et à les calibrer de façon appropriée face aux risques encourus et potentiels.

101

(Mémorandum d’entente, adhésion aux instances internationales, présence dans les comités techniques de l’OICV, etc.) 102 (Convergence réglementaire, comités techniques mixtes pour la promotion de la double cotation etc.).

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Parallèlement, l’AMMC juge prioritaire de sensibiliser l’ensemble des acteurs de la place aux meilleures pratiques. Par ailleurs, un travail de fond sera mené pour développer la stratégie de l’AMMC en matière d’éducation financière du public.

Section 2 :l’AMMC et la supervision du marché des capitaux Sous-section 1 : le contrôle de l’information financière : Paragraphe 1 : L’information périodique L’information périodique exigée des émetteurs est une information comptable et financière publiée sur une base semestrielle et annuelle, renseignant les investisseurs sur les performances réalisées. Cette information fait l’objet de contrôles réguliers par l’AMMC, notamment sur  

Le respect des délais et supports de publication l’exhaustivité du contenu exigé par la réglementation la clarté, la cohérence et la pertinence de l’information publiée. A savoir Le contrôle du respect des délais de publication des états financiers publiés en 2017, révèle ce qui suit Un dépassement de 20 jours de la part d’un émetteur au titre de la publication des comptes annuels 2016. Il s’agit de la société Alliances Darna. Un dépassement de 3 jours pour la publication des comptes au titre du 1er semestre 2017 par la société Ciments du Maroc Par ailleurs, en termes d’exhaustivité, un manquement a été enregistré par 3 émetteurs qui ont publié leurs comptes annuels 2016, accompagnés d’une attestation d’examen limité au lieu du résumé du rapport définitif des commissaires aux comptes. Les émetteurs concernés sont : Crédit Agricole du Maroc, DLM et Stroc Industrie. Suite à la demande de l’AMMC, les sociétés concernées ont régularisé leur situation.

Paragraphe 2. L’information importante Les personnes morales faisant appel public à l’épargne sont soumises à une obligation d’information, de tout fait intervenant dans leur organisation, leur situation commerciale, technique ou financière, et pouvant avoir une influence significative sur les cours en bourse de leurs titres ou une incidence sur le patrimoine des porteurs de titres et ce, aussitôt qu’elles en ont pris connaissance.

Paragraphe 3 : Les programmes de rachat des sociétés cotées Les sociétés cotées qui ont un programme de rachat sont soumises à une obligation de transmission à l’AMMC d’une déclaration mensuelle, informant sur les cessions et les acquisitions effectuées directement ou à travers leurs filiales, pendant le mois précédent. Au titre de l’année 2017, l’analyse des programmes de rachat en cours révèle les constats suivants :  

4 sociétés n’ont procédé à aucune transaction. Il s’agit des sociétés Addoha, Atlanta, Salafin et SNEP. 3 sociétés, à savoir BCP, Maroc Telecom et Label’vie, procèdent à des transactions aussi bien dans le cadre du programme de rachat que dans celui du contrat de liquidité qui lui est adossé.

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Paragraphe 4 : La déontologie des sociétés cotées Au titre de l’année 2017, toutes les sociétés cotées ont transmis leurs rapports déontologiques semestriels. Le nombre de sociétés cotées ayant dépassé le délai de transmission du rapport déontologique a baissé, passant de 10 au titre du 1er semestre 2017 à 6 au titre du second semestre 2017. Cette baisse est due essentiellement à une meilleure maitrise par les sociétés cotées du nouveau mode de transmission des reportings à l’AMMC via la plateforme électronique d’échange SESAM. Quant à l’exhaustivité des rapports, les contrôles effectués ont révélé qu’à l’exception de certaines anomalies mineures, un seul rapport présentait un caractère incomplet au titre du 1er semestre 2017.Toutes les anomalies ont été régularisées suite à la demande de l’AMMC.

Paragraphe 5 : Reporting sur la responsabilité sociétale des entreprises Dans le cadre de ses engagements en faveur de la finance durable et dans l’objectif de préparer les émetteurs à leurs obligations futures en matière de reporting ESG, l’AMMC a publié conjointement avec la Bourse de Casablanca, en mai 2017, un guide didactique103 (RSE) et du reporting ESG. Ledit guide a fait l’objet d’une consultation publique suivie d’un évènement réunissant les opérateurs du marché au cours duquel, l’AMMC a répondu aux différentes interrogations sur le sujet. L’AMMC, à travers le guide, encourage les émetteurs à mettre en place une démarche RSE en rappelant ses multiples avantages (notamment en matière de gestion des risques, d’accessibilité aux marchés, d’avantage concurrentiel et de réputation), et décrit les principes devant régir le rapport ESG, en précisant les éléments d’information généraux et spécifiques devant y figurer

Sous-section 2 : le contrôle des intervenants et des infrastructures de marché L’AMMC contrôle les activités, l’organisation et les moyens des intervenants et entreprises de marché pour s’assurer qu’ils exercent leurs activités dans des conditions sécurisées et dans le respect des dispositions légales et réglementaires auxquelles ils sont assujettis. 

Ce contrôle se décline sous deux formes complémentaires : le contrôle sur place à travers des inspections au sein des locaux des intervenants,  le contrôle sur pièces à travers l’analyse des états adressés à l’AMMC qui en fixe le contenu et la périodicité Dans le cadre du contrôle et de l’analyse des reportings transmis par les intervenants, l’AMMC accorde une importance particulière au suivi des incidents déclarés par lesdits intervenants. L’Autorité assure un suivi minutieux de l’ensemble de ces incidents afin d’en apprécier la criticité, la fréquence, l’impact et d’assurer le suivi du plan d’action mis en place par l’intervenant afin d’y remédier

Paragraphe 1 : Le contrôle des sociétés de gestion Le contrôle et suivi sur pièces des sociétés de gestion consistent en une série de contrôles des documents transmis par les sociétés de gestion. Ces contrôles ont pour objet de s’assurer du respect des différentes dispositions légales et réglementaires en vigueur et, en particulier, des règles déontologiques et de pratique professionnelle Depuis la mise en œuvre de la plateforme SESAM104 le suivi sur pièces des 103 104

La responsabilité sociétale des entreprises (Système d’Echange et de Supervision de l’Autorité du Marché),

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sociétés de gestion d’OPCVM est effectué à travers le contrôle, structuré et harmonisé, de la conformité des reportings transmis conformément à la réglementation en vigueur, l’analyse desdits reportings et l’exploitation des données et informations reçues et traitées pour l’évaluation des risques encourus par les sociétés de gestion. Outre l’évaluation et le suivi des risques encourus par les sociétés de gestion, le contrôle sur pièces se traduit également par :     

Le contrôle des obligations d’information et l’analyse des reportings des sociétés de gestion Le suivi des changements organisationnels opérés au sein des sociétés de gestion et le contrôle de l’adéquation des moyens organisationnels aux activités exercées ; L’appréciation des moyens financiers, humains, techniques et organisationnels des sociétés de gestion dans le cadre du processus d’agrément des fonds ; Le contrôle et la validation des communications publicitaires des sociétés de gestion ou des produits qu’elles comptent commercialiser (29 communications publicitaires et communiqués de presse validés en 2017) La sensibilisation et l’encadrement des sociétés de gestion et des contrôleurs internes en matière de compréhension et d’interprétation des textes législatifs et réglementaires régissant leurs activités.

Paragraphe 2 : Le contrôle des sociétés de bourse et des teneurs de comptes Missions d’inspection Durant l’année 2017, l’AMMC a conduit 9 missions de contrôle auprès des intervenants de marché réparties entre deux (2) missions ponctuelles dans le cadre de demandes d’autorisation pour transfert des locaux, six (6) missions d’inspection thématiques et une (1) mission d’inspection générale 



Missions thématiques Les missions d’inspection thématiques menées auprès des teneurs de comptes ont porté sur les activités de prêt de titres, de gestion sous mandat, de dépositaire OPCVM et de gestion des comptes des clients étrangers. Ces missions ont été menées auprès d’Attijariwafa bank, BCP, BMCE, CFG Bank, et Médiafinance. En outre, une mission thématique a été menée auprès de l’ensemble des sociétés de bourse pour la mise en place d’une codification unique des ordres clients. Mission générale Une mission d’inspection générale a été menée auprès de CDG Capital Bourse et a porté principalement sur les modalités de traitement des ordres de bourse, sur l’organisation de la société de bourse et sur la relation avec la clientèle

Sous-section 3 le développement institutionnelle Paragraphe 1 : la gestion des risques Dans le cadre de la politique de bonne gouvernance de l’AMMC, il a été institué un comité des risques et du contrôle interne. Ce comité est chargé de définir la politique de gestion des risques de l’AMMC et de veiller à sa mise en œuvre. L’objectif est de maîtriser les risques pouvant impacter négativement les objectifs stratégiques de l’AMMC par la mise en place d’un dispositif de contrôle interne adéquat. La politique de gestion des risques couvre l’ensemble des domaines de risques à savoir :  

Les risques internes : il s’agit des risques opérationnels, stratégiques et financiers émanant des processus internes de l’institution ; Les risques externes : il s’agit des risques émanant de l’environnement externe de l’institution et dans lequel l’AMMC exerce sa mission. L’environnement 50

externe se compose du marché des capitaux et de tout élément pouvant avoir des effets sur le bon fonctionnement de ce marché et sur la protection de l’épargne en général, lié à l’environnement macroéconomique national et international. Parmi les risques externes, les risques systémiques occupent une place importante pour l’AMMC en sa qualité de membre du Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques105). Ces risques sont définis par l’OICV comme un « Evénement, action ou série d’événements ou d’actions ayant un effet défavorable général sur le système financier et, par conséquent, sur l’économie... Le risque systémique ne se limite pas aux événements catastrophiques soudains. Il peut également prendre la forme d’une érosion plus progressive de la confiance du marché. Le comité s’acquitte des fonctions suivantes :      

Etablir et mettre à jour la politique de gestion des risques de l’AMMC ; Veiller à la mise en œuvre de la politique de gestion des risques ; Veiller à la mise en place des moyens humains, organisationnels et techniques nécessaires à la mise en œuvre de la politique de gestion des risques de l’AMMC ; Constituer des comités spécialisés pour la gestion de certaines catégories de risques spécifiques ; Valider les rapports d’analyse des risques, notamment les rapports d’analyse des risques systémiques Valider les plans d’action visant à maitriser les risques et s’assurer de leur mise en œuvre

Paragraphe 2 : le diagnostic organisationnel Dans le prolongement des travaux lancés en 2016, le projet de diagnostic organisationnel était poursuivi en 2017 enregistrant l’achèvement des phases de cadrage et de diagnostic La réalisation complète du projet était prévue en 2018 selon les objectifs qui se traduire dans une nouvelle organisation des structures internes de l’AMMC, en phase avec ses prérogatives élargies et intégrant les objectifs stratégiques de l’institution.

Chapitre 2 : Les institutions de régulation de la concurrence en matière de la communication audiovisuelle et la télécommunication La communication audiovisuelle et la télécommunication représentent une nécessité du développement du monde des affaires dans un Etat, une exigence pour l’évolution culturelle dans la société et, une obligation pour une révolution intellectuelle et technologique dans un pays. C’est pour cette raison que le législateur doit élaborer tout un arsenal juridique qui réglemente ces domaines, et lutter contre toute activité illicite qui peut nuire la bonne pratique et la bonne marche de ces nouveaux manières de communication, notamment la lutte contre toute activité anti-concurrentielle. En effet, pour mieux contrôler et réglementer ces communications, deux grandes institutions ont vu le jour afin de régulariser la communication audiovisuelle d’une part et la télécommunication d’autre part.

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(CCSRS

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Alors qu’elles sont ces institutions ? Et quel est le rôle joué par ces deux organisations dans la matière de concurrence ?

Section 1 : La communication audio visuelle D’après l’art 165 de la constitution marocaine de 2011, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) est une institution chargée de la régulation du secteur de la communication audiovisuelle. Elle est chargée d’assurer le libre exercice de la communication audiovisuelle, comme principe fondamental. Ainsi, elle est aussi chargée de veiller au respect du pluralisme linguistique, culturel et politique de la société marocaine et de l’expression pluraliste des courants d’opinion et de pensée et le droit à l’information, dans le domaine de l’audiovisuel106 comme étant une autorité de régulation et de contrôle de l’audiovisuel. Elle joue un rôle très important au niveau de la régulation de la concurrence en matière audiovisuel. Donc quelle est la composition de la HACA et ses pouvoirs et les attributs ?

Sous-section 1 : La composition de la Haute autorité de la communication audiovisuelle En vertu de l’article 2 de la loi 11-15 portantes réorganisations de la Haute autorité de la communication audiovisuelle107, La Haute autorité de la communication audiovisuelle est composée du conseil supérieur de la communication audiovisuelle (Paragraphe 1), et de la direction générale de la communication audiovisuelle. (Paragraphe 2)

Paragraphe 1 : La composition de du conseil supérieur de communication audiovisuel Selon l’article 9 de la loi 11-15, qui organise la composition du conseil supérieur, selon les termes du ledit article ce dernier est composé d’un président, président de la haute autorité et de huit membres, choisis selon un ensemble des critères qui sont   

Des personnalités notoirement connues pour leur expertise leur compétence leur probité dans les domaines de compétence Tout ça dans le respect des dispositions de l'article 19 de la Constitution.108

§1 : Nomination   

Le président et quatre membres nommés par Sa Majesté le Roi Deux membres nommés par le Chef du gouvernement pour une durée de cinq ans renouvelable une fois Deux membres nommés, l'un par le président de la Chambre des représentants et l'autre par le président de la Chambre des conseillers pour une durée de cinq ans renouvelable une fois109

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Article 1 de la loi n° 11-15 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle 107 Article 2 de la loi n° 11-15 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle 108 Article 9 al 1 loi n° 11-15 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle 109 Article 9 al 2 loi n° 11-15 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle

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§2 : La cessation de la fonction des membres du conseil supérieur peut être sois   

L'expiration de leur durée ; Le décès ; La démission volontaire qui doit être présentée au président du Conseil supérieur et ne prend effet qu'à compter de la nomination du remplaçant du membre démissionnaire Dans les cas qui ont été cité, le conseil a une durée de 15 jours a compté de la date de la notification du fait qui a causé la cessation de fonction pour procédé au remplacement du poste pour la continuation du service, ainsi que les remplaçants de ces dernier doit achever le mandat de ceux qui ont été remplacé

Paragraphe 2 : La composition de la direction générale de la communication audiovisuel La Direction Générale de la Communication Audiovisuelle :   

Le directeur général Technostructure d’appui 126 personnes dont 48% de femmes qui occupent 1/3 des postes de responsabilité110 La direction générale est dotée d’un service administratif, technique et personnel Afin de remplir les missions qui lui sont dévolues par la loi 111

§1 : Nomination et le recrutement Le directeur général : est nommé par dahir, en dehors des membres du Conseil supérieur, pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.112 Le recrutement du personnel au niveau de la HACA est effectué conformément à son statut du personnel, qui est   

établi par le directeur général, approuvé par le Conseil supérieur publié au « Bulletin officiel »113

§2 : La cessation de fonction Sont les mêmes que le conseil supérieurs à savoir   

l'expiration de leur durée pour le directeur général le décès ; la démission volontaire

Sous-section 2 : Les pouvoirs et les attributions de la Haute Autorité de Communication Audiovisuel On distingue entre les attributions générales du conseil supérieur et les attributions qui ont une relation directe avec la régulation de la concurrence en matière de l’audiovisuel

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http://www.haca.ma/fr/pr%C3%A9sentation consulté le 04/05/19 Arti 17 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle 112 Article 16 al1 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle 113 Article 18 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle 111

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Paragraphe 1 : Les attributions générales du conseil supérieur Parmi les pouvoirs attribués au conseil supérieur on trouve que ce dernier : 

Veille au respect de la liberté de la communication audiovisuelle, la liberté d'expression et sa protection, dans le cadre du respect des valeurs civilisationnelles fondamentales du Royaume, de l'ordre public et promouvoir les principes de la démocratie et des droits de l'Homme, dans le domaine de la communication audiovisuelle  il veille au respect du droit des citoyennes et citoyens sur le droit à l'information dans le domaine de l'audiovisuel conformément à la législation en vigueur et aux cahiers des charges  il veille à l'instauration d'un paysage audiovisuel diversifié, pluraliste, équilibré et complémentaire  il veille à l'impartialité des sociétés nationales de la communication audiovisuelle dans l'exercice de leurs missions en toute liberté en tant que service public  il contribue à promouvoir la culture d'égalité et de parité entre l'homme et la femme et à lutter contre toutes formes de discrimination114 Le conseil a un rôle sanctionnateur pour toutes les infractions commises par les opérateurs de communication audiovisuelle115 Ainsi que le conseil à un rôle de donner son avis à titre consultatif ou proportionnel les missions précisé dans l’article 5 de ladite loi qui est : 

A toute question relative au secteur de la communication audiovisuelle dont il est saisi par Sa Majesté le Roi ;  Au gouvernement et au Parlement sur toute question dont il serait saisi par le Chef du gouvernement ou les présidents des chambres du Parlement  Le conseil donne obligatoirement avis au Chef du gouvernement sur les projets de lois ou projets de décrets concernant le secteur de la communication audiovisuelle, avant leur présentation au Conseil du gouvernement  Il donne obligatoirement avis aux présidents des deux chambres du Parlement sur les propositions de lois relatives au secteur de la communication audiovisuelle, avant leur présentation à la chambre concernée Le Conseil supérieur est tenu d'émettre son avis en ce qui concerne les projets, propositions et questions qui lui sont soumis, selon le cas, dans un délai n'excédant pas soixante jours à compter de la date de sa saisine116

Paragraphe 2 : L’attribution du conseil supérieur qui a une relation avec la concurrence Le conseil a un rôle très important pour la régulation des rapports entres les entreprises privées et publiques qui diffuse le contenu audiovisuel, notamment sur la protection des moyens et des petites et les très petites entreprises audiovisuelles pour garder la concurrence loyale et équitable de ces entreprises par rapport aux grandes entreprises audiovisuelles, et veiller sur la concurrences libre entre ces derniers117

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Article 3 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle Article 4 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle 116 Article 5 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle 117 Article 3 al 5 et 11 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle 115

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Ainsi, le conseil est compétant pour connaître des pratiques contraires à la loi sur la liberté des prix et la concurrence selon les termes de l’article 7 de ladite loi118. En 2013, une étude établie par le conseil de concurrence sur « La concurrence dans le secteur audiovisuel » a recommandé la révision de la décision de suspendre le processus d’ouverture du marché de la télévision sur de nouvelles initiatives privées, prise par la Haute autorité de la communication et de l’audiovisuel (HACA), en février 2009. L’étude base sa recommandation sur le fait que la majeure partie de l’audience marocaine va vers les chaînes étrangères. En effet, elle relève qu’en février 2013, 2M a canalisé 24,4% de parts d’audience, les chaînes de la SNRT un peu plus de 13% et Médi1 TV 7,8%, alors que 60% de l’audience marocaine est allée vers des chaînes étrangères. Ladite étude a aussi constaté que «le secteur de la communication télévisuelle et radiophonique est doté d’une législation qui a favorisé sa libéralisation et qui incite au pluralisme et à la multiplicité de l’offre et donc à la concurrence», mais les faits sont autres. « Selon les expériences privées de chaînes telles que 2M et Medi1 TV se sont avérées être des échecs. Ce qui a conduit l’Etat à intervenir pour renflouer les caisses de ces deux chaînes c’est-à-dire que ces deux chaînes sont devenues, de nouveau, des chaînes publiques». En matière de TV, on est revenu à la case de départ, c’est-à-dire à un monopole de l’Etat. Cela étant, l’étude a relevé l’existence de plusieurs obstacles qui entravent l’accès au marché et plus précisément à celui de la télévision, décourageant les intentions d’investissement et bloquant de ce fait le développement de la concurrence du secteur119. Nous constatons que la HACA autant qu’une institution de régulation en matière de la concurrence dans le secteur de l’audiovisuel doit prendre un autre et important nouveau concurrent qui est le marché de l’audiovisuel payant, qui est l’un des nouveautés introduites par la numérisation. Selon le Rapport de l’IDATE120 «Les enjeux du monde numérique » souligne que « si le numérique n’est pas exclusivement dédié à la télévision à péage, il est un puissant moteur, notamment en offrant un accès étendu de chaînes ainsi qu’à une gamme de services à valeur ajoutée121». Ainsi, l’arrivée de nouvelles plates-formes de distribution de télévision payante, principalement, modifie essentiellement la structure de marché de l’audiovisuel payant, notamment en induisant de nouvelles modalités de concurrence.

Section 2 : La télécommunication Dans le secteur de la télécommunication, c’est l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) qui régularise le domaine de la concurrence, pour y répondre on va présenter dans une première sous-section la composition de l’agence et dans une seconde sous-section les mesures prises et adaptées par cette institution afin de régulariser la concurrence

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Article 7 de la Loi n° 11-15 relative la réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle https://www.libe.ma/Le-Conseil-de-la-concurrence-tacle-la-HACA_a42519.html 120 L'IDATE DigiWorld, nom commercial de l'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe, créé en 1977 121 Idate, 2011, p. 50 119

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Sous-section 1 : Instance et administration de l’ANRT Paragraphe 1 : Instance de l’ANRT122 Plusieurs instances concourent à la bonne gouvernance de l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) : le Conseil d’Administration présidé par M. le Chef du Gouvernement et le Comité de Gestion.

§1 : Un Conseil d’Administration pour orienter les actions de l’Agence… Le Conseil d’Administration de l’ANRT est présidé par le Chef du Gouvernement ou par l’autorité gouvernementale à laquelle il aura choisi de déléguer cette fonction.

I- Réunions du Conseil d’Administration Le Conseil d’Administration se réunit à chaque fois que les circonstances l’exigent et au moins deux fois par an :  

Avant le 31 mai pour arrêter les états de synthèse de l’exercice clos ; Avant le 31 octobre pour arrêter le budget de l’exercice suivant.

II- Attributions du Conseil d’Administration Le Conseil d’Administration de l’Agence, conformément à l’article 34 de la loi n° 24-96, exerce tous les pouvoirs et dispose des attributions nécessaires à la réalisation des missions confiées à l’ANRT. Il fixe ainsi, lors de ses délibérations, les pouvoirs délégués au Comité de Gestion et au Directeur Général de l’ANRT pour la préparation et la mise en œuvre des actions objets des délibérations. Il délibère notamment sur les moyens d'action de l'Agence et en particulier :   

Sur le statut du personnel ; Sur le budget de l'ANRT et son exécution ; Sur les dépenses de fonctionnement et d'équipement de l’Institut National des Postes et Télécommunications  Sur les modalités de gestion et de surveillance du spectre des fréquences radioélectriques. Le Conseil d'Administration peut également décider de la création de tout comité dont il fixe la composition et les modalités de fonctionnement et auquel il peut déléguer partie de ses pouvoirs.

III- Membres du Conseil d’Administration Présidé par le Chef du Gouvernement, ou l’autorité à laquelle il choisit de déléguer cette fonction, le Conseil d’Administration de l’ANRT comprend des représentants de l'Etat et des personnalités nommées intuitu personae. Les représentants de l’Etat membres du Conseil d’Administration de l’ANRT sont :    

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Le Chef du Gouvernement, Président du Conseil d'administration de l’ANRT ; Le Ministre chargé de l'Intérieur ; Le Secrétaire Général du Gouvernement ; Le Ministre de l'Economie et des Finances ;

https://anrt.ma/lagence/organisation/instances

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Le Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Formation des Cadres ;  Le Ministre de l'Industrie du Commerce, de l'investissement et de l'Economie Numérique ;  Le Ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement ;  Le Ministre délégué auprès du Chef du Gouvernement chargé de l'Administration de la Défense Nationale ;  Le Ministre délégué auprès du Chef du Gouvernement chargé des Affaires Générales et de la Gouvernance ; En cas d'absence ou d'empêchement, les autorités gouvernementales peuvent se faire représenter par le secrétaire général de leur département ou un fonctionnaire ayant rang de Directeur. Par ailleurs, les membres nommés au Conseil pour un mandat de cinq ans sont au nombre de cinq. Ces personnalités, issues des secteurs public et privé, sont choisies en raison de leur compétence technique, juridique et économique dans le domaine des technologies des télécommunications et de l'information. Leur qualité de membre du Conseil d'Administration est incompatible avec tout intérêt personnel lié au domaine des technologies des télécommunications et de l'information.

§2 : Le Comité de Gestion Le Comité de Gestion de l’ANRT est chargé de régler, par ses délibérations, les questions pour lesquelles il a reçu délégation du Conseil d'Administration et notamment celles relatives au règlement des litiges liés à l'interconnexion. Les membres du Comité sont nommés par le Conseil d'Administration.

Paragraphe 2 : Administration de l’ANRT123 L’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) est représentée par son Directeur Général, qui agit en son nom. Il est assisté dans ses fonctions par les responsables des différents entités de l'Agence. Un Conseil d’Administration encadre les missions de l’Agence, et un Comité de Gestions règle les questions pour lesquelles il a reçu délégation du Conseil d’Administration. Une direction générale dotée des attributions nécessaires à la bonne gouvernance de l’Agence Nommé par Dahir, le Directeur Général de l’ANRT dispose des pouvoirs et attributions nécessaires à l’administration de l’Agence et la mise en œuvre de toutes les actions relevant des compétences de celle-ci, dans les respects des décisions du Conseil d’Administration et du Comité de Gestion. Agissant au nom de l’Agence, le Directeur Général est le représentant de l’institution auprès de l’Etat, des administrations publiques, des tiers et des parties prenantes, ainsi que devant la justice pour intenter toute action ayant pour objet la défense des intérêts de l’Agence. Le Directeur Général de l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications établit tous les ans au mois de mai au plus tard, un rapport annuel des activités de l’Agence contenant durant l’année écoulée, notamment un état des lieux de l’application de la

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https://anrt.ma/lagence/organisation/administration

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réglementation en vigueur dans le secteur des technologies de l’information au Maroc. Ce rapport, transmis au Chef du Gouvernement, est publié au Bulletin Officiel. Le Directeur Général, peut déléguer une partie des pouvoirs qui lui sont conférés, aux responsables de l’Agence pour les activités dont ils ont la charge. Des services opérationnels et fonctionnels. Pour mener à bien les missions qui lui sont confiées, l’ANRT s’est dotée de ressources humaines de haut niveau, multidisciplinaires et efficaces, maitrisant les aspects techniques et juridiques propres au secteur des télécommunications, à même d’en assurer une régulation propice au développement favorable des conditions du marché. L’organisation de l’ANRT répond aux impératifs de son métier, mais également à ceux de la bonne gouvernance. Simple et fonctionnelle, la structure de l’Agence permet la planification, la mise en œuvre et l’appui de la stratégie de régulation du secteur.

Sous-section 2 : Attributions et missions en matière de la concurrence Paragraphe 1 : Concurrence124 L’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) est le garant des conditions d’une concurrence saine et loyale sur les différents segments du marché des télécommunications. Pour cela, elle a été dotée des attributions et des outils nécessaires en vue de veiller au respect des règles en vigueur. De la création de conditions favorables au développement du secteur L’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications s’est vue attribuer, en vertu de la loi n° 55-01 modifiant et complétant la loi n° 24-96 relative à la poste et aux télécommunications, des prérogatives spéciales en matière de régulation de la concurrence. Si à sa création, les attributions de l’ANRT en matière de régulation concurrentielle étaient destinées à préparer le marché des télécommunications à l’accueil de nouveaux entrants, la loi n° 55-01 (entrée en vigueur le 4 novembre 2004) a renforcé les prérogatives de l’Agence, en la chargeant notamment de veiller au respect de la concurrence loyale et de trancher les litiges y afférents. A la garantie d’une concurrence saine et loyale Dans l’objectif de maintenir la viabilité concurrentielle des opérateurs sur le marché, l’Agence a désormais la possibilité d’agir en ex-post. Cet élargissement des compétences fait ainsi de l’Agence le garant d’une concurrence saine, et lui confère également des outils pour sanctionner toute atteinte aux règles de bon fonctionnement du marché. En effet, l’Agence est appelée à superviser la conduite des opérateurs, notamment en termes d’offres commerciales, pour relever les risques d’atteinte à la concurrence et veiller au respect de la réglementation en vigueur. Ces nouvelles attributions sont justifiées d’une part, par la complexité et la technicité de la régulation dans le secteur des télécommunications, et par le souci d’assurer des actions efficaces et une célérité procédurale d’autre part. Conformément aux dispositions du décret n° 2-05-772 relatif à la procédure suivie devant l’ANRT en matière de litiges, de pratiques anticoncurrentielles et d’opérations de 124

https://anrt.ma/missions/concurrence

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concentrations économiques, l’Agence a pour mission d’instruire les litiges dont elle est saisie; elle peut également s’autosaisir lorsqu’elle constate des irrégularités sur le marché et prendre les mesures qui s’imposent à cet effet.

Paragraphe 2 : Régulation de la concurrence125 L’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) est chargée de conserver un équilibre concurrentiel sur le marché des télécommunications, de façon à permettre un développement du secteur, profitable tant aux acteurs du marché qu’aux consommateurs. L’ANRT, régulateur du marché des télécommunications Pour assurer une concurrence loyale dans le secteur des télécommunications profitable aux acteurs du marché et aux consommateurs, l’ANRT, en tant que garant du respect des règles du marché dans le secteur, est appelée à prendre un certain nombre de mesures en amont et en aval pour permettre l’évolution du marché et pour prévenir toute entrave à la concurrence. Dans ce cadre, l’ANRT est appelée à suivre de près l’environnement concurrentiel des opérateurs et fournisseurs de services ainsi que les doléances et attentes du consommateur. Ainsi, un certain nombre de leviers ont été instaurés par l’Agence, notamment en matière de publicité et de promotion, dans l’objectif d’accompagner les acteurs du marché par des règles de jeu équitables et efficaces.

Paragraphe 3 : Saisines concurrentielles126 De par ses attributions, l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) est chargée d’instruire les saisines et de régler les litiges en matière de pratiques anticoncurrentielles et d’opérations de concentration économique. Saisines concurrentielles Le législateur marocain a conféré à l’ANRT le rôle d’instruction des litiges entre opérateurs en matière de concurrence et saisines pour pratiques anticoncurrentielles. Conformément au décret n° 2-05-772 relatif à la procédure suivie devant l’ANRT en matière de litiges, de pratiques anticoncurrentielles et d’opérations de concentration économique, les procédures de règlement et d’instruction diffèrent selon qu’il s’agit d’un litige en matière de concurrence ou d’une saisine pour pratique anticoncurrentielle. Pour l’instruction des litiges, l’ANRT se base sur le principe du contradictoire, en ce sens qu’elle procède à l’audition des parties en causes et au recueil d’informations, par la suite l’ANRT établit son analyse motivée et cherche la voie de conciliation en les parties pour aboutir à une résolution à l’amiable du litige, en cas d’échec du processus de conciliation, le Directeur de l’ANRT présente son rapport d’instruction au comité de gestion de l’ANRT pour trancher le différend. Pour les saisines pour pratiques anticoncurrentielles, le Directeur de l’ANRT désigne un rapporteur qui a la charge d’instruire la saisine et de recueillir tous les éléments utiles pour le traitement du dossier. Une fois le rapport du rapporteur est terminé, il est transmis aux parties

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https://anrt.ma/missions/concurrence/regulation-de-la-concurrence https://anrt.ma/missions/concurrence/saisines-concurrentielles

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en causes qui disposent d’un délai d’un mois ferme pour fournir leurs commentaires. Par la suite, le directeur de l’ANRT rend sa décision. L’ANRT par sa méthode d’arbitrage a pu résoudre un certain nombre de litiges et saisines en matière de concurrence dans le respect des conditions posées par la réglementation en vigueur. Décisions relatives aux saisines pour pratiques anti-concurrentielles 

Décision ANRT/CG/n°01/2020 du Comité de Gestion de l’ANRT relative à des pratiques mises en œuvre dans le secteur des télécommunications et plus spécifiquement dans la mise en œuvre des offres de dégroupage par Itissalat Al-Maghrib127  Décision n° 08/11 du 24/02/2011 relative à la saisine introduite par Wana Corporate (Wana) à l’encontre d’Itissalat Al-Maghrib (IAM) et de Medi Telecom pour pratiques anticoncurrentielles inhérentes à la durée et aux clauses de sortie des contrats mobiles post payés128  Décision n° 11/07 du 28/08/2007 relative à la saisine de Wana Corporate au sujet des pratiques mises en œuvre par Itissalat Al-Maghrib129  Décision n° 04/07 du 09/04/2007 complétant la décision ANRT/DG/ n° 02/07 du 23 février 2007 relative à la saisine de Medi Telecom sur l’offre «illimite phony» d’IAM 130  Décision n° 02/07 du 23/02/2007 relative à la saisine de Medi Telecom sur l’offre «illimite phony» d’IAM131 Quatre autres saisines pour pratiques anticoncurrentielles ont été résolues par voie de conciliation132.

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https://www.anrt.ma/sites/default/files/paragraphe/docs/2020-01-decision-cg_-saisine-fr.pdf https://anrt.ma/sites/default/files/documentation/2011-08-11-saisine-Wana-prat-anti-concur-clauses-sortiecontrat-fr.pdf 129 https://anrt.ma/sites/default/files/2007-11-07-saisine-litige-pratiq-anti-conc-Wana-IAM-fr.pdf 130 https://anrt.ma/sites/default/files/documentation/2007-04-07-litige-IAM-Meditelecom-phony-fr.pdf 131 https://anrt.ma/sites/default/files/documentation/2007-02-07-litige-IAM-Meditelecom-phony-fr.pdf 132 https://anrt.ma/missions/concurrence/saisines-concurrentielles 128

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Conclusion La réforme du système de régulation de la concurrence suppose d’avantage de concentration des responsabilités, d’attributions et de moyens à fin de rapprocher la situation du Maroc de celle des pays ayant adopté les meilleurs standards, renforcée son pouvoir d’enquête et se dotée de compétences nouvelles et des procédures de régulation plus intégrées pour permettre aux pouvoirs publics, aux entreprises et aux consommateurs de bénéficier du concours d’une autorité indépendante apte à répondre aux défis posés par le fonctionnement concurrentiel des marchés. L’Etat a choisi l’économie du marché en encourageant l’initiative privé et en laissant aux opérateurs la liberté d’entreprendre. Les prix des produits ont définis par la logique du demandeur. Le marché se fait de la concurrence à travers la qualité d’un produit. En guise de conclusion, pour conserver une concurrence saine et loyale au sein d’un marché, il convient à l’Etat de créer une institution de recours en cas de problèmes concurrentiels et de régulation, d’où la création du Conseil de la Concurrence qui sans lui on est dans une impuissance total, incapable d’agir et il n’y a aucune autorité pour régler la question. La réforme du droit de la concurrence, représente un saut très important pour le Maroc, en ce qui concerne les relations économiques que ce soit entre les professionnels ou professionnels-consommateurs afin de développer la production et de garantir la bonne concurrence ce qui est toujours bénéfique pour les consommateurs. Cela va améliorer favorablement l'environnement d’investissement et de la concurrence entre l’ensemble des intervenants sur le tissu économique. En tant qu’autorité indépendante qui jouit de l’autonomie financière, le conseil de la concurrence dispose de nouveaux pouvoirs d'auto-saisine, d'instruction, de sanctions et surtout un pouvoir décisionnaire qui justifie son indépendance. En matière de concentrations et de pratiques anticoncurrentielles le conseil peut mener des enquêtes et d’instruire une pratique qui lui semble déloyale oui qui représente une entrave à la concurrence nationale par sa propre volonté sans avoir autorisation du gouvernement ou qu’il soit saisi par une partie, comme il peut émettre des avis dur toute question qui est en rapport avec la concurrence. Finalement la réactivation du Conseil de la Concurrence en tant qu’une institution indépendante ayant un pouvoir de décision va-t-elle faire preuve d’effectivité !

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Département Droit Privé Master « Juriste d’AffAires » Semestre Deuxième Exposé N°3

Les pratiques anticoncurrentielles Professeur : Mr. Driss JOUIDI Année Universitaire : 2019-2020 62

Thème 3 : Les pratiques anti-concurrentielles Introduction ‘’Retour à une concurrence saine’’ est ce qui était attendu par les entreprises et les consommateurs marocains après la décision de condamnation de ‘’Maroc Telecom’’ à une sanction pécuniaire de 3,3 milliards de dirhams par l’ANRT et qui devrait être versée au Trésor Public133. Il s’agit d’une affaire qui a bouleversé le monde des affaires marocain dans la mesure où le montant de l’amende constitue approximativement 10 % du chiffre d’affaire de la société. La décision de régulateur a été incitée par une saisine déposée par ‘’Wana Corporate’’ à l’encontre de l’opérateur historique pour des comportements imputés à ‘’Maroc Telecom’’, ayant pour objectif d’empêcher et de retarder l’accès des concurrents au dégroupage de la boucle locale en ce qui concerne le marché du téléphone fixe et d’internet. Des comportements jugés en tant que pratiques anticoncurrentielles et plus spécifiquement qualifiés en tant que abus de position dominante, qui ont motivé l’ANRT à rendre sa décision à noter qu’elle s’agit de l’organe compétent à réguler la concurrence dans le secteur des télécommunications. Cette décision a constitué une victoire pour les entreprises et les consommateurs marocains dans un contexte marqué par la hausse des prix et par l’absence d’une concurrence réelle dans le marché. En effet, dans une sphère économique marquée par la liberté d’entreprendre et la libre concurrence134, les différents opérateurs économiques cherchent à conquérir le maximum de clientèle ce qui provoque donc une concurrence de plus en plus intensifiée dans divers secteurs d’activités. Cependant, certaines entreprises choisissent de recourir à des pratiques qui faussent le jeu de la concurrence à leurs profits (comme l’augmentation de part de marché, éviction d’un concurrent…) et cela au détriment d’un agent plus faible qui est le consommateur. On parle spécifiquement des ‘’pratiques anticoncurrentielles’’ qui peuvent se définir comme étant des comportements ayant pour objectif de porter atteinte à l’intérêt général de la concurrence entre les entreprises afin d’entraver le bon fonctionnement du marché. Cependant, il ne faut pas confondre entre la concurrence déloyale et les pratiques anticoncurrentielles. L’ancienne présidente de la chambre commerciale de la Cour de cassation française madame ‘’Claire Favre’’ considère la première comme un phénomène qui est strictement jurisprudentiel c’est-à-dire reconnue au cas par cas par les juges alors que la deuxième est régie par le droit parce qu’elle met en scène un ordre public économique négativement défini qui est de la libreconcurrence135. Historiquement, les Etats-Unis était le premier pays à encadrer juridiquement la concurrence par le biais du ‘’Sherman Anti-Trust Act’’ en 1890 ayant pur objectif de limiter les comportements anticoncurrentiels. Le Maroc, suivant le modèle libéral, a aussi mis en place un dispositif légal visant à permettre une concurrence saine et à assurer la protection des 133

Décision ANRT/CG/n°01/2020 relative à des pratiques mises en œuvre dans le secteur des télécommunications et plus spécifiquement dans la mise en œuvre des offres de dégroupage par Itissalat Al-Maghrib, disponible sur le site Web de l’ANRT (www.anrt.ma). 134 Article 35 de la Constitution marocaine de 2011 135 L’intervention de ‘’Claire Favre’’ l’ancienne présidente de chambre commerciale, financière et économique de la Cour de cassation française lors de la conférence intitulée ‘’droit et économie de la concurrence’’ organisée en 2007 par la Cour elle-même.

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consommateurs. On parle notamment de la loi n° 06-99 relative à la liberté des prix et de la concurrence ayant pour objectif la sanction des pratiques anticoncurrentielles et la mise en place du Conseil de la concurrence. Cependant et selon cette loi, le Conseil n’était qu’un simple organe consultatif, dénué de tout pouvoir de décision ou de sanction. Face aux critiques adressées à cette institution, le législateur marocain et par la promulgation de la loi n° 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence ainsi que la loi n° 20-13 relative au conseil de concurrence a élargi ses prérogatives et a renforcé ses pouvoirs. Ce sujet est d’une importance incontestable d’un point de vue théorique ainsi que pratique. Au niveau théorique, ces pratiques constituent une menace sur la concurrence saine et par conséquent elles affectent l’économie en raison du déséquilibre entre l’offre et la demande. Alors que sur le plan pratique, il existe des pratiques qui peuvent être permises et selon des circonstances spéciales prévues par l’article 9 de la loi n° 104-12. Mais la question qui se pose est : à quel point le législateur marocain a-t-il réussi à cerner juridiquement les pratiques anticoncurrentielles ? Pour répondre à cela, il convient d’étudier en premier lieu les pratiques anticoncurrentielles entre prohibition et tolérance alors qu’en deuxième lieu la lutte contre ces pratiques anticoncurrentielles.

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Partie 1 : Les pratiques anticoncurrentielles entre prohibition et tolérance La liberté du commerce et de l’industrie suppose la liberté de la concurrence, c’est-à-dire la libre compétition entre les agents économique, qui offrent des produit ou services identique, ou similaires, susceptibles de satisfaire une même clientèle. La concurrence est légitime mais peut dans certaines mesures devenir un acte déloyal par l’utilisation de moyens et d’outils contraire aux pratiques du commerce et de la bonne foi. Au sein de cette partie nous allons mettre la lumière dans un premier temps sur les contours de la concurrence : les pratiques prohibées (chapitre 1), et dans un deuxième temps nous allons étudier les pratiques tolérés (chapitre 2).

Chapitre 1 : Les contours de la concurrence Les pratiques anticoncurrentielles sont des pratiques qui faussent le mécanisme du marché en affectant globalement le degré de concurrence, les pratiques anticoncurrentielles porte atteinte à l’intérêt général de la concurrence et ont un impact sur le marché pertinent concerné. 136 Il apparait nécessaire dans ce chapitre de traiter dans une 1ère section les ententes illicites et l’abus de position dominante pour se pencher ensuite sur l’abus de dépendance économiques et la pratiques des prix abusivement bas en seconde section.

Section 1 : Les ententes illicites et l’abus de position dominante Les pratiques anticoncurrentielles sont des comportements qui ont pour objet ou pour effet d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur le marché. A titre de cette pratique nous allons voir deux cas principaux : les ententes illicites (Sous-section 1) et l'abus de position dominante (Sous-section 2).

Sous-section 1 : Les ententes illicites L’entente peut être définie comme l’action concertée ayant pour objet ou pouvant avoir pour effet de limiter l’accès au marché, ce que réalise précisément la discrimination illicite, ce sont des actions, des conventions, des ententes express ou tacites, ou même coalitions qui ont un effet anticoncurrentiel. L’article 6 se contente d’en énumérer une liste indicative. Selon ledit article distingue 4 types d'entente : 

137

on

Limiter l'accès au marché ou le libre exercice de la concurrence par d'autres entreprises ; Par exemple la distribution sélective quand un fournisseur choisi les distributeurs en fonction d'une image qualitative pour faire la promo de son produit. Faire obstacle à la fixation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur hausse ou leur baisse ; Exemple La diffusion d'un barème de prix par des organismes professionnels qui va entraîner un alignement des prix participants à l'entente.

136

SamirHADRI, « Le droit de la concurrence au Maroc : la voix du web juridique », http : //www.legavox.fr, publié le 29/11/2012, dernier vu le 10/05/2019. 137 Dahir n° 1-14-116 du 2 ramadan 1435 (30 juin 2014) portant promulgation de la loi n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence.

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Limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le progrès techniques ; Exemple un accord qui aurait pour conséquence de ralentir la diffusion d'un produit nouveau car ce produit serait nuisible à l'écoulement du stock d'un produit ancien et moins performant. Répartir les marchés ou les sources d'approvisionnement138 ; Exemple les entreprises vont se mettre d'accord pour désigner sel qui remportera le marché les autres feront des autres inférieurs volontairement.

On peut remarquer que le texte de loi retient une notion extensive de l’entente, quelque que soit son appellation, sa forme expresse ou tacite, son mécanisme contractuel ou institutionnel, son motif légitime ou illicite ou immoral. L’entente tombe sous l’interdiction et partant la sanction, même quand elle ne porte pas automatiquement atteinte à la liberté. En effet, dès qu’elle peut avoir des conséquences attentatoires à cette liberté, elle devient illicite. Autrement dit, la majeure partie des ententes ont à la fois pour objet et pour effet de nuire à la concurrence, on peut remarquer que, selon l’article précité, ce cumul n’est pas nécessaire pour que la pratique en cause revêtisse le caractère illicite. L’intention anticoncurrentielle, en l’occurrence l’objet, suffit à elle seule à conférer ce caractère même en l’absence d’effet attentatoire à la concurrence et, de la même manière, un effet anticoncurrentiel est réprimé même s’il n’a pas été recherché par les auteurs de l’entente.

Sous-section 2 : l’abus de position dominante Il s’agit d’une situation de puissance économique détenue par une entreprise qui lui donne le pouvoir de faire obstacle au maintien d’une concurrence effective sur le marché en cause, en lui fournissant la possibilité de comportements indépendants dans une mesure appréciable visà-vis de ses concurrents, de ses clients et finalement des consommateurs. Aux termes de l’article 7 de la loi 104-12 , est prohibée, lorsqu'elle a pour objet ou peut avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence, l’exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d’entreprises d'une position dominante sur le marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci, d'une situation de dépendance économique dans laquelle se trouve un client ou un fournisseur ne disposant d’aucune autre alternative équivalente. Là aussi, on constate que la conception de l’infraction est très large. Elle englobe à la fois le comportement conscient, voulu par l’auteur, et le fait qui peut engendrer la violation de la liberté sans qu’il soit sciemment recherché par l’auteur du comportement. Le droit de la concurrence n’interdit pas l’état de position dominante en elle-même, en effet, on ne saurait condamner une entreprise, qui grâce à ses performances économiques a dépassé ses concurrents au point de dominer le marché. La notion d’exploitation abusive est appliquée aux comportements d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprise qui en, étant en position dominante sur le marché considéré, cherche à obtenir un avantage économique ou concurrentiel injustifié grâce à sa domination du marché au détriment de ses partenaires économiques.

138

Abdelali EL HOURRI, « Loi sur la concurrence: ce qui est permis, ce qui est interdit », Le 21 mai 2018 à16:39 ; Modifié le 21 mai 2018 à 16:39 dernière consultation 05mai 2019,https://www.medias24.com

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Section 2 : L’abus de dépendance économiques et la pratique des prix abusivement bas Comme on a mentionné à l’avance les pratiques anticoncurrentielles sont les atteintes à l'intérêt général de la concurrence qui ont un impact sur le marché pertinent concerné, à ce titre on va ajouter deux autres cas qui sont interdit par la loi l’abus de dépendance économique (Sous-section 1) et le prix abusivement bas (Sous-section 2).

Sous-section 1 : L’abus de dépendance économique A la différence de l’abus de position dominante qui résulte d’un pouvoir du marché, les abus de dépendance économique sont mises en œuvre par une entreprise ou un groupe d’entreprises qui exercent une domination sur un ou des partenaires commerciaux sans toutefois détenir de position dominante sur le marché dans son ensemble. L’état de dépendance économique n’est pas en lui-même interdit ; encore faut-il que son exploitation soit abusive. Notion d’état de dépendance économique L’état de dépendance économique caractérise une situation dans laquelle une entreprise est obligée de poursuivre des relations commerciales avec une autre, lorsqu’il lui est impossible de commercer par ailleurs sur des produits substituables dans des conditions équivalentes139. L’état de dépendance économique se rencontre dans deux hypothèses : la dépendance économique du distributeur à l’égard du fournisseur et la dépendance économique du fournisseur à l’égard du distributeur. Exploitation abusive d’un état de dépendance économique Seul l’abus (comportement de nature à affecter le libre jeu de la concurrence) dans l’exploitation d’un état de dépendance économique est prohibé. Cet abus peut notamment consister en refus injustifiés de vente, en ventes liées ou en conditions de vente discriminatoires(accords qui offrent un avantage, financier ou autre, en contrepartie de la mise en linéaire d’une gamme de produits) ,ainsi que dans la rupture de relations commerciales établies, imposer directement ou indirectement un caractère minimal au prix de revente d’un produit ou d’un bien …etc140. Donc l’état de dépendance économique suppose d’une entreprise à l’égard d’une autre, l’absence d’une alternative équivalente et l’existence d’un abus commis.

Sous-section 2 : Prix abusivement bas L’article 8 de la loi 104-12 prohibe : «Les offres de prix abusivement bas par rapport aux couts de production, de transformation et de commercialisation, dès lors que ces offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d’éliminer un marché, ou d’empêcher d’accéder à un marché, une entreprise ou l’un de ses produits. Les coûts de commercialisation comportent également et impérativement tous les frais résultant des obligations légales et réglementaires liées à la sécurité des produits.

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Jean-Bernard Blaise, « Droit des affaires – commerçant, concurrence, distribution » (Les pratiques anticoncurrentielles), Chapitre 6, LGDJ, 7édition 2013. 140 Abdelali EL HOURRI, « Loi sur la concurrence: ce qui est permis, ce qui est interdit », Le 21 mai 2018 à16:39 ; Modifié le 21 mai 2018 à 16:39 dernière consultation 05mai 2019,https://www.medias24.com

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Les dispositions du présent article ne sont pas applicables en cas de revente en l’état» Cette pratique était déjà interdite par la loi 06-99 qui la considérait comme une forme d’abus de position dominante. La nouvelle loi, quant à elle, traite des prix abusivement bas comme pratique anticoncurrentielle à part entière. Elle se trouve de ce fait interdite sans qu’il soit nécessaire de prouver la position dominante de son auteur.

Chapitre 2 : Les exemptions à l’interdiction des pratiques restrictives de concurrence Une pratique anticoncurrentielle est un comportement émanant d'une entreprise, d'un groupe d'entreprises ou d'un commerçant, et qui fausse, entrave ou annihile la concurrence entre entreprises ou entre commerçants.141 Un règlement d'exemption donne un cadre juridique général, directement applicable dans chaque État-membre de l'Union européenne. Il permet d'exempter de sanctions des pratiques qui restreignent normalement la concurrence sur le marché intérieur, telles que les aides d'état ou les pratiques concertées entre entreprises. Elle institue une dérogation à la règle prohibitive. Dans une certaine mesure, l’exemption apparaît comme une injonction non coercitive. L’entente est exemptée (Union européenne) ou justifiée (Maroc et France).

Section 1 : Les pratiques tolérées L’article 9 de la loi 06-99 qui répond à ces considérations en prévoyant des raisons essentielles pour écarter la prohibition des pratiques anticoncurrentielles en dictant que :Tout engagement ou convention se rapportant à une pratique prohibée en application des articles 6 et 7 ci-dessus est nul de plein droit. Cette nullité peut être invoquée par les parties et par les tiers; elle ne peut être opposée aux tiers par les parties; elle est éventuellement constatée par les tribunaux compétents à qui l'avis du Conseil de la concurrence, s'il en est intervenu un, doit être communiqué.142

Sous-section 1 : Autorisation des textes législatifs et réglementaires En dictant l’article 9 de ladite loi, il en va de même pour des activités soumises à des autorisations administratives qui imposent ou octroient des secteurs géographiques d’exploitation, ou conditionnent l’exercice d’activités précises, telles que celles qui concernent la recherche pétrolière et ainsi de suite. En revanche, pour qu’un texte réglementaire puisse exempter une pratique restrictive de concurrence, il doit être interprété d’une manière explicite en évitant les doubles sens et l’implicite143.

Sous-section 2 : Une initiative des professionnels Comme le stipule le paragraphe 2 du premier alinéa de l’article 9 que les auteurs des pratiques anticoncurrentielles peuvent justifier qu’elles ont pour effet de contribuer au progrès économique et/ou technique, y compris par la création ou le maintien d’emplois, et qu’ils réservent aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte, sans donner aux entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence pour une partie substantielle des biens, produits et services en cause. Ces pratiques ne doivent imposer des restrictions à la

141

https://defense-du-consommateur.ooreka.fr/astuce/voir/658681/pratiques-anticoncurrentielles, consulté le 26.04.2020 142 L’article 9 de la loi 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence 143 MALAURIE-VIGNAL Marie, « Droit de la concurrence », 2ème Edition, Armand colin, Paris-2003, page 78.

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concurrence que dans la mesure où elles sont indispensables pour atteindre cet objectif de progrès144. En premier lieu, les pratiques justifiées doivent traduire une proportionnalité entre le profit escompté et la restriction de la concurrence. Dans ce sens, la loi exige qu’elles se limitent à l’indispensable nécessaire pour aboutir au progrès souhaité, notons que l’appréciation de la limite indispensable demeure difficile, faite de critères objectifs et d’uniformité des circonstances de chaque hypothèse. De plus, les pratiques visées ne doivent nullement donner aux entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence pour une partie substantielle des produits et services en cause. Ces exigences imposent une comparaison rigoureuse entre la gravité de l’atteinte à la concurrence, c’est-à-dire l’importance de ses effets préjudiciables d’une part, et le profit économique réalisé ou à réaliser d’autre part145. Ainsi que l’innovation technologique économiquement exploitable jusqu’à l’amélioration des conditions de l’emploi par son développement, sa stabilisation ou la satisfaction de ses revendications permet aussi d’y retenir une adaptation des prix favorables aux consommateurs, une mise en valeur de la qualité des produits et services. En effet, le conseil de la concurrence peut à tout moment être consulté et même alerté par les commissions permanentes du Parlement, pour les propositions de lois relatives à la concurrence, le gouvernement, pour toute question concernant la concurrence ou dans la limite des intérêts dont ils ont la charge, les conseils de régions, les communautés urbaines, les chambres de commerce, d'industrie et de services, les chambres d'agriculture, les chambres d'artisanat, les chambres de pêches maritimes, les organisations syndicales et professionnelles ou les associations de consommateurs reconnues d'utilité publique, sur toute question de principe concernant la concurrence. Sous cet angle, les organisations syndicales ou professionnelles et les associations des consommateurs ne semblent pas devoir hésiter à le consulter sur toute question concernant la concurrence.

Section 2 : Prorogations relatives à certaines entreprises et la proposition d’une coopération américaine Le dernier alinéa de l’article 9 de la loi 06-99 s’intéresse expressément à certains secteurs économiques profondément marqués par des contraintes sociales. Qu’il Il s’agit notamment des petites et moyennes entreprises de manière générale, et des activités de commercialisation par les agriculteurs de leurs produits. Observons que les secteurs d’activité des entreprises concernées ne sont point déterminés, elles bénéficient alors d’une condition plus favorable que les autres, les accords les concernant peuvent porter à la fois sur l’amélioration de leur gestion, à l’instar des autres types d’entreprises. Notant que ces derniers prennent l’attention des pouvoirs publics et obéissent des réglementations spécifiques qui permettent ou justifient parfois à la restriction de manière légale et l’article 6 du décret d’applications de la loi précise que l’admission de ces accords obéit à l’autorisation après avis du conseil de la concurrence et dispose que « les accords visés peuvent être reconnus comme satisfaisant aux conditions prévues à l’article 9 de la loi, par décision du Premier ministre, après avis du Conseil de la concurrence146 »

144

L’article 9 de la loi 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence MALAURIE-VIGNAL Marie, « Droit de la concurrence », 2ème Edition, Armand colin, Paris-2003, page 130. 146 DECRET N° 2-14-652 pris pour l’application de la loi n° 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence. 145

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Par conséquent, Les procureurs des départements américains de la Justice étaient tout aussi intéressés que leurs homologues marocains. L’un de ses objectifs est de «professionnaliser les donneurs d’ordre en créant un poste d’acheteur public dans les administrations. Il devra concentrer la gestion des appels d’offres lancés par son établissement, notons que sa proposition de coopération diplomatique intervient au moment où les appels d’offres et les marchés publics suscitent encore des critiques et des plaintes. C’est dans cette optique qu’il est recommandé de se focaliser sur toutes les étapes de réalisation d’un marché public afin de garantir la concurrence loyale, aussi la définition des délais d’exécution que cette exigence contractuelle peut servir à écarter un concurrent. Une échéance courte profitera beaucoup plus aux grands opérateurs ayant plus de moyens. La pratique a démontré les insuffisances du décret du 20 mars 2013 sur les marchés publics. En effet, obliger une société de fournir des références peut être discriminatoire. C’est ce qu’a constaté la Commission durant ces deux années d’activité. Elle donne pour exemple une administration ayant exigé aux candidats d’avoir réalisé 15 millions de DH de chiffre d’affaires durant les trois dernières années. Or le projet pour lequel les entreprises soumissionnent est d’un million de DH.

Section 3 : Adaptation des règles en matière de contrôle de concentration économique et pratiques anticoncurrentielles. Face à l'épidémie de Covid-19, les entreprises ainsi que les régulateurs sont confrontés à des défis importants. La présente alerte synthétise les adaptations en matière de concentrations et pratiques anticoncurrentielles mises en œuvre par les autorités européennes et nationales de concurrence afin de continuer leurs activités durant cette période, ainsi que pour répondre aux interrogations sur la façon dont les entreprises peuvent faire face à la crise, sans pour autant méconnaître le droit de la concurrence.

Sous-section 1 : Adaptation des règles de contrôle des concentrations au niveau européen En premier temps, la concentration économique est l'opération juridique résultant généralement d'une entente conclue entre deux ou plusieurs entreprises ou entre des groupes d'entreprises qui, soit par voie de fusion, soit par le jeu du contrôle qu'exercent certains de leurs dirigeants ou par la création d'une entreprise ou d'un groupement commun ou de toutes autres manières qui parviennent à contrôler tout ou partie de l'ensemble de ces entreprises et donc les activités économiques qu'elles exercent.147 En sphère européen, la Commission européenne a publié des Orientations visant à garantir l'application d'une approche résolue, à l'échelle de l'Union, en matière de filtrage des Investissements Directs Etrangers. Elle invite aussi les Etats membres qui sont déjà dotés d'un mécanisme de filtrage à exploiter toutes les possibilités des outils à leur disposition148. Ladite commission invite en outre les autres Etats membres à mettre en place un mécanisme de filtrage complet et dans l'intervalle, à envisager toutes les solutions possibles dans le respect du droit de l'Union et des obligations internationales.149

147

L’article 11 de la loi 104-12 sur la liberté des prix et concurrence https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/IP_20_618, consulté le 08.05.2020 149 https://www.gide.com/fr/actualites/covid-19-adaptation-des-regles-en-matiere-de-controle-desconcentrations-et-pratiques, consulté le 08.05.2020 148

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Sous-section 2 : Adaptation des règles en matière des pratiques anticoncurrentiels Un communiqué du réseau européen de concurrence qui regroupe la commission européenne et l'ensemble des autorités nationales de concurrence des Etats membres de l'Union européenne, a publié un communiqué à l'attention des entreprises concernant l'impact de l'épidémie de Covid-19 sur l'application des règles de concurrence.150 Ce communiqué comprend que la situation extraordinaire liée à l'épidémie de Covid19 peut nécessiter pour les entreprises de coopérer afin de garantir la production et la distribution équitable de produits de première nécessité à l'ensemble des consommateurs. Ainsi que dans le même sens l’autorité britannique a mis en garde les acteurs économiques contre des pratiques de prix excessifs et de déclarations trompeuses.151 La Commission européenne encourage également les entreprises et les citoyens à continuer à signaler les ententes et autres pratiques anticoncurrentielles, y compris les abus de position dominante, qui pourraient être portés à leur connaissance. Au même sens, l'autorité italienne de concurrence enquête sur l'existence d'éventuelles pratiques anticoncurrentielles dans le secteur de la vente de produits désinfectants pour les mains et de masques de protection respiratoire jetables, dont une demande d'informations a ainsi été envoyée aux principales plateformes de vente en ligne, notamment Amazon et eBay, ainsi qu'à d'autres sites de vente concernant la commercialisation de ces produits. Cette dite enquête italienne fait suite à de nombreuses plaintes déposées par des consommateurs et associations.

150 151

Ibid. Ibid.

71

Partie 2 : La lutte contre les pratiques anticoncurrentielles Le législateur a assisté à l’instauration des instances et des organes chargés de l’application des dispositions de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence dont le principal et le conseil de concurrence (chapitre 1), tout en imposant des sanctions en cas de découverte des pratiques anticoncurrentielles (chapitre 2).

Chapitre 1 : L’organe relatif à la lutte contre les pratiques anticoncurrentiels Le Maroc soucieux de préserver et de promouvoir l'économie de marché par le biais du jeu de la libre concurrence qui assure une diversification de l'offre, l'amélioration de la qualité et l'assurance du meilleur prix, est doté d’une institution qui veille au respect du jeu de libre concurrence (section 1).

Section 1 : La refonte du conseil de la concurrence Le conseil de la concurrence est une institution constitutionnelle indépendante dotée de la personnalité juridique, de l’autonomie financière et investie de larges pouvoirs de décision, d’enquête et de sanction. Le Maroc s'est doté d'un Conseil de la concurrence en 2009, mais ses pouvoirs étaient limités. De ce fait, il est incontestable que pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, il faut offrir á l’institution qui s’en occupe, des moyens et pouvoirs nécessaires à cet effet. Or, les moyens et les outils dont disposait le, sous l’égide de la loi 06-99 n’étaient pas de la même importance que ceux dont dispose aujourd’hui. Désormais, la réforme du droit de la concurrence marocaine de 2014 apporte de nouveautés considérables sur le plan décisionnel et fonctionnel. L’implantation au Maroc de grands opérateurs économiques internationaux, la multiplication des opérations de fusionacquisition, la croissance des acteurs économiques nationaux, le recours, à outrance, aux pratiques anticoncurrentielles et le souci de la protection des consommateurs sont poussé les pouvoirs publics à s’intéresser davantage au domaine de la concurrence en général et à la lutte contre toutes les pratiques économiques illicites en particulier.152 Ainsi, l’article 2 al.1 de la loi 20-13 dispose que : « le conseil a un pouvoir décisionnel en matière de la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles et de contrôle des opérations de concentration économique telles que définies dans la loi relative à la liberté des prix et de la concurrence ».On peut déduire de cet article que le conseil de concurrence dispose désormais d’un vrai pouvoir décisionnel et d’un large pouvoir pour mener des enquêtes dans son combat contre les pratiques concurrentielles déloyales. Par ailleurs, concernant les prérogatives du conseil relatif à la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles le conseil dispose de l’aptitude d'intervenir sur trois plans : 

Il a d'abord, la possibilité de mener des études sur le degré de concurrentiabilité des principaux secteurs d'activité économique.

152

L’article 166 de la constitution marocaine, portée par le Dahir n˚ 1-11-91 du 29 juillet 2011, dispose : « Le conseil de la concurrence est une institution indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques, notamment à travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur le marché, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole ».

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 

Il a pour tâche, en second lieu, de mener des actions de sensibilisation, de communication et de formation destinées à divulguer et à faire rayonner la culture de la concurrence auprès des différentes institutions qui peuvent demander son avis. En troisième lieu, et c'est là où réside son rôle consultatif et sa fonction essentielle, le conseil est habilité à émettre des avis et des recommandations suite à des consultations émanant des autorités gouvernementales, des commissions du parlement, de la justice, des régions, des associations professionnelles, des chambres de commerce, des syndicats et des associations de consommateurs reconnues d'utilité publique.

Toutefois, la perfection des textes juridiques ne peut pas, à elle seule, contraindre les opérateurs économiques, actifs sur le marché marocain, à se conformer aux règles de jeu en la matière. Il faut que le conseil, avec tous les pouvoirs dont il dispose aujourd’hui et en tant qu’institution de régulation de la concurrence de faire preuve d’une volonté réelle dans tout ce qui concerne la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles en usant de ses pouvoirs.

Section 2 : La procédure d’enquête Depuis sa réactivation en 2009, le conseil de la concurrence marocain a amorcé une campagne active de sensibilisation du droit de la concurrence et a rendu plus d'une quarantaine d'avis en matière de pratiques anticoncurrentielles. Mais il ne pouvait intervenir de son propre chef et n'exerçait de fait qu'un rôle consultatif sans aucun pouvoir de sanction. En lui conférant la qualité « d’institution administrative Indépendante chargée d'assurer la transparence et l'équité dans les relations économiques». De surcroit, la nouvelle constitution du Maroc avait marqué la première étape importante d'une évolution sensible du droit de la concurrence au Maroc. Cette évolution a été confirmée par la publication de deux lois le 7 août 2014 : la loi n°104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence et la loi n°20-13 relative au Conseil de la concurrence, lesquelles consacrent les missions du conseil de la concurrence marocain et l'érigent en véritable organe régulateur de la concurrence au Maroc153. En effet, lorsque le conseil décide d’entamer une procédure, la première étape est celle de l’enquête. Pour rivaliser face à l’ingéniosité que pourraient déployer les entreprises pour bafouer le droit de la concurrence. Le conseil dispose de deux pouvoirs : celui de demander des renseignements aux entreprises, et celui de faire des inspections, sans préavis. En abordant le sujet des enquêtes de concurrence au Maroc, on est en mesure de se pencher sur l'étude des règles et dispositions relatives aux entités et personnes ayant la compétence de les déclencher, celles qui auront la tâche de les mettre en œuvre et les institutions qui auront à décider de leur sort. Ainsi, le droit marocain a déterminé qui pourra provoquer et déclencher ces enquêtes, les agents habilités à les effectuer, leurs attributions et les procès- verbaux établis par ceux-ci, il n'a pas défini les enquêtes de la concurrence, laissant ainsi la tâche au soin de la doctrine. A cet effet, M. DRISSI ALAMI MACHICHI avance que l'enquête peut d'abord être définie comme une procédure administrative, tendant à la recherche et la constatation des faits et des indices, à la constitution et la conservation des moyens de preuve, et de manière générale à la collecte

153

Art. 4 de la loi n°20-13 : "Le conseil peut, sur proposition de son rapporteur général, se saisir d'office de toutes les pratiques susceptibles d'affecter le libre jeu de la concurrence [....]."

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d'informations nécessaires à l'éclairage d'une question obscure, équivoque ou controversée, avant de prendre la décision nécessaire154. La loi prévoit une nouvelle procédure d’enquête qui permet de protéger le consommateur et les entreprises victimes de pratiques anticoncurrentielles. Les enquêteurs jouent un rôle primordial dans la démarche de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, c’est pour cette raison que le législateur marocain dans le cadre de la loi 104-12 a défini cet organe ainsi que ses missions et prérogatives. Cela dit, les enquêtes sont diligentées par un corps d’enquêteurs rattaché au conseil de concurrence ; Ces enquêteurs sont principalement des rapporteurs, des fonctionnaires de l’administration et des agents du corps des contrôleurs des prix, et ce en vertu des dispositions de l’article 68 de la loi 104-12 qui dispose dans son premier alinéa : « les rapporteurs et les enquêteurs du conseil de la concurrence, les fonctionnaires de l’administration habilités spécialement à cet effet et les agents du corps des contrôleurs des prix, appelés tous « enquêteurs » dans la suite de la présente loi, peuvent procéder aux enquêtes nécessaires. » Le rapporteur général et les rapporteurs généraux sont nommés par le président du conseil155 . En ce qui concerne les autres enquêteurs, quant à eux, sont nommés par décision du président du conseil, sur proposition du rapporteur général après avis du conseil156. En outre, ces enquêteurs doivent être assermentés et porteurs d’une carte professionnelle délivré par le président du conseil de la concurrence ou par l’administration conformément aux modalités fixées par voie réglementaire.157 Ce qui signifie que ces enquêteurs sont des experts du monde juridique mais également et surtout dans le domaine économique, chose qui assure une efficacité lors de la procédure menés par ces derniers. A cet égard, il faut noter que lesdits enquêteurs sont astreints au secret professionnel. D’ailleurs, les enquêteurs, tâchent respectivement à lutter contre les ententes illicites et les abus de position dominante qui faussent le bon fonctionnement du marché, surveiller les opérations de concentration risquant d'aboutir à un déséquilibre excessif du marché et assurent la loyauté et la transparence dans les relations commerciales entre les entreprises, et entre ces dernières et les consommateurs en supervisant, en coordination avec les autres administrations concernées. Il en découle, que des procès-verbaux et des rapports d’enquêtes sont dressé par les enquêteurs et ce concernant les pratiques anticoncurrentielles visées aux articles 6,7 et 8 de la loi 104-12. Ces procès-verbaux et rapports sont transmis à l’autorité qui les a demandés. Ainsi, les procès-verbaux énoncent la nature, la date et le lieu des constatations ou des contrôles effectués. Ils sont signés par les enquêteurs et par la ou les personnes concernées par les investigations.158 Les enquêteurs sont autorisés, dans le cadre de leurs missions à accéder à tout local, moyen de transport, ainsi qu’à examiner les marchandises pouvant indiquer des éléments de réponses. Dans ce même sens, ils sont en droit de communiquer les documents et en prendre copie conformément, le cas échéant dans les conditions prévues par la loi104-12. En France,

154

DrissiALAMI MACHICHI op. cit. p. 15. Article 18 de la loi 20-13 relative au conseil de la concurrence. 156 Article 19 de la loi 20-13relative au conseil de la concurrence. 157 Article 68 alinéa 2 de la loi 104-12 relative á la liberté des prix et de la concurrence. 158 Article 70 de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence. 155

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les rapporteurs du conseil de la concurrence disposent des mêmes pouvoirs d'enquête, mais ne réalisent que rarement eux-mêmes les inspections au sein des entreprises. En somme, ils ont un rôle très important dans la mesure où les avis du conseil de la concurrence sont tributaires des enquêtes réalisées par les enquêteurs de la concurrence en général, et des rapporteurs du conseil en particulier. Pour procéder aux visites, et aux saisis des documents pendant les enquêtes demandées par le président du conseil de la concurrence, une autorisation motivée du procureur du Roi, dans le ressort duquel sont situés les lieux à visiter est exigé. De ce fait, un ou plusieurs officiers de la police judiciaires peuvent assister les enquêteurs à ces opérations. Le repos nocturne concernant les perquisitions est appliqué dans des cas de visites des enquêteurs159. Ainsi, le Conseil de la concurrence prévoit la « procédure de clémence » que la loi met à sa disposition pour dénicher et sanctionner les ententes entre les entreprises. La procédure de clémence permet d’accorder un traitement avantageux aux entreprises qui coopèrent avec l’autorité de la concurrence afin de mettre à jour les ententes anticoncurrentielles. Selon la loi marocaine160 qui s’inspire du droit européen, une entreprise qui participe à une entente avec ses concurrents, peut échapper à la sanction en dénonçant cette infraction au conseil de la concurrence et en lui fournissant des éléments de preuve. La procédure de clémence connaît un succès incontestable aux États-Unis et en Europe, en permettant de détecter et de mettre fin à de nombreuses ententes anticoncurrentielles. Devant l’insuffisance de ses moyens pour mener les enquêtes, le conseil de la concurrence a tout intérêt à encourager les entreprises à recourir à cette procédure.

Chapitre 2 : Le régime répressif des pratiques anticoncurrentielles Les pratiques anticoncurrentielles recouvrent un large éventail des pratiques de gravités diverses, (abus de position dominante, ententes verticales ou horizontales….). Et puisque le droit de la concurrence est un droit répressif, de nombreuses sanctions sont donc attachées à sa violation. On peut distinguer deux grands types de sanctions pouvant être utilisées distinctement ou conjointement, et les sanctions prononcées soit par les juridictions civiles soit par les juridictions pénales. Cette dualité de sanction vise le même objectif (remédier ou trouble concurrentiel) sans utilises le même moyen. En effet, après constations, le conseil de la concurrence apprécie si les pratiques anticoncurrentielles sont ou non passibles d’une sanction. Quel sera donc le type de sanction approprié à ces pratiques ? Par cette question, on essayera de montrer dans ce chapitre, le régime répressif en droit marocain par le biais de 3 sections, d’abord on verra les sanctions administratives (section 1), ensuite les sanctions civiles (section 2) et enfin les sanctions pénales (section 3).

Section 1 : Sanctions administratives Tout d’abord, une sanction administrative est une sanction qui émane d’une autorité administrative est qui vise à réprimer un comportement fautif. L’autorité administrative en question est bien sur le conseil de la concurrence.

159

Article 72 de la loi 104-12. Article 41 104-12.

160

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L’éventualité de sanctions administratives est susceptible d’avoir une incidence à la fois sur la constatation et sur la poursuite de l’infraction pénale. Tout au long de cette procédure, nombreuses sont les sanctions administratives qui peuvent être prononcées, parmi lesquelles on peut trouver les mesures conservatoires. En vertu de l’article 35 de la loi 104-12 « le conseil de la concurrence peut, à la demande des entreprises, de l’administration ou tout autre acteur comme enquêteur, rapporteur et après avoir entendu les parties et le commissaire du gouvernement, ordonner les mesures conservatoires qui lui sont demandées ou celles qui lui apparaissent nécessaire ». On entend par mesures conservatoires, toute disposition par laquelle, le juge saisi décide de placer un bien du débiteur sous les mains de la justice en attendant une décision définitive. Ceci a pour but d’assurer l’efficacité des mesures d’exécution qui seront prises une fois les délais de recours sont passés. Ce genre de sanction rend indisponible les biens saisis mais ne deviennent plus la propriété du saisissant. Ce qui veut tout simplement dire la personne ayant subi une telle sanction, ne peut exploiter les biens saisis ou tirer profit à leur égard. A noter que la demande de mesures conservatoires peut être demandée à n’importe quel moment de la procédure mais à condition qu’elle soit motivée. Les demandeurs ont le plein droit durant la procédure de demander ces mesures, une fois les faits formant pratiques anticoncurrentielles portent atteinte grave et immédiate à l’économie du pays, ou aux intérêts des consommateurs ou seulement portent atteinte à l’entreprise concernée.161 A côté de cela, à travers cette mesure, le conseil de la concurrence peut suspendre la pratique concernée et faire une injonction aux parties de revenir à l’état qu’elles se trouvaient avant. A cela s’ajoute d’autres mesures, il s’agit d’engagements. Le conseil de la concurrence, si les parties arrivent à prendre des engagements162 de nature à mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles, va bien sur les accepter. Ainsi, la cessation des pratiques anticoncurrentielles peuvent venir des engagements pris par les parties comme ça peut être ordonné par le conseil de la concurrence dans un délai bien déterminé. Toutefois, si ces trois sanctions administratives à savoir : les mesures conservatoires, les injonctions et les engagements ne sont pas respectées le conseil de la concurrence se trouve dans l’obligation de prononcer des sanctions pécuniaires à l’égard de l’entreprise ou organisme auteur des pratiques anticoncurrentielles selon l’article 38 de la loi 104-12.

Section 2 : Les sanctions civiles Parlant de sanctions civiles, revient de dire qu’on est face à une responsabilité civile qui est ici engagée. Or la responsabilité civile est engagée soit en raison d’une inexécution de la part d’une des parties sur ses engagements que ce soit inexécution totale ou partielle, soit en raison d’une mauvaise exécution ou retard dans l’exécution. Quand est ce que la responsabilité civile d’une entreprise ou un organisme auteur de pratiques anticoncurrentielles peut-elle être engagée ? En effet, l’article 39 prévoit deux cas : en cas d’inexécution des injonctions, soit en cas de non-respect des engagements pris par les parties. Par ces deux cas, on constate une raison 161 162

Article 35 de la loi 104-12 relative à la concurrence et la liberté des prix. Article 36 de la loi 104-12relative à la concurrence et la liberté des prix.

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valable pour engager une responsabilité civile. Et selon ce même article la sanction est de nature pécuniaire versée au profit de la victime de l’inexécution des injonctions ou le non-respect des engagements sous forme de dommages-intérêts. Cependant, et selon les termes du 2e alinéa de ce même article : « les sanctions pécuniaires sont proportionnées de la gravité des faits rapprochés, à l’importance du dommage causé à l’économie, à la situation de l’entreprise ou organisme sanctionné ou du groupe auquel l’entreprise appartient… » Il en découle que ces sanctions sont appréciées selon une entreprise à une autre. Pour une entreprise, le montant de la sanction est de 10% du chiffre d’affaire. Contrairement aux autres organismes, le montant de la sanction s’élève à 4.000.000de dirhams. A préciser qu’une fois l’entreprise ou l’organisme sanctionné, récidive dans un délai de 5ans, le montant de la sanction sera doublé. Autrement dit, après être sanctionnée, le montant de la sanction que doit payer l’entreprise sera 2 fois 10% de son chiffre d’affaire. Pour une entité autre qu’une entreprise ça sera 2 fois 4.000.000 de dirhams. En plus de ça, s’ajoute d’autres sanctions prévues par l’article 58, il s’agit des astreintes. Celles sont des obligations de payer une certaine somme d’argent pour chaque jour de retard dans l’exécution d’un contrat. En effet, une entreprise qui ne respecte pas les engagements ou injonctions à temps, sera contrainte, par le conseil de la concurrence, de verser des astreintes s’élevant à 5% de son chiffre d’affaire journalier pour chaque jour de retard163. Toutefois, pour les organismes, l’astreinte est fixée de 5.000dh par chaque jour de retard.164 Arrivé jusqu’à là, on passe aux autres types de sanctions à savoir les sanctions pénales.

Section 3 : Les sanctions pénales S’agissant des sanctions pénales, ça se caractérise non pas par l’inexécution d’un engagement, mais plutôt par la commission d’un acte interdit par un texte légal. En ce qui concerne les pratiques anticoncurrentielles, la loi 104-12 a réservé un chapitre à part entier qui traite seulement les sanctions pénales. C’est ainsi qu’on analysera schématiquement à travers un tableau illustratif, chaque acte interdit avec bien sur la sanction à son encontre. Les différentes infractions ainsi que leurs sanctions respectives :

 Toute personne physique qui aura pris une part personnelle et déterminante dans la conception, l’organisation, la mise en œuvre ou le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, de façon frauduleuse ou en connaissance de cause, il sera sanctionné de 2 mois à 1 an de prison plus une amande de 10.000 à 500.000 DH ou l’une des deux peines (Article 75 de la loi 104-12).  Selon l’article 76 de la même loi, La divulgation d’informations mensongère ou calomnieuses en jetant sur le marché des offres destinés à troubler les cours ou les suroffres faites aux prix demandés par les vendeurs et cela selon les moyens empruntés pour la divulgation, Ainsi que l’opération ou la tentative d’opération sur la hausse ou la baisse artificielle du prix des biens ou des services ou des effets publics ou privés est une infraction sanctionné de 2 mois à 2 ans de prison plus une amande de 10.000 à 500.000 DH ou l’une des deux peines. 163 164

Article 40 al 1 de la loi 104-12 relative à la concurrence et à la liberté des prix. Article 40 al 5 de la loi 104-12relative à la concurrence et à la liberté des prix.

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 Si la hausse ou la baisse des prix était portée à l’égard des denrées alimentaires, des grains, produits pharmaceutiques, engrais commerciaux, la sanction est de 1 à 3ans de prison et une amande de 800.000 DH, et d’un an à 5 ans de prison et une amande allant jusqu’à 1.000.000 DH en cas ou les denrées alimentaires ou les marchandises faisant objet de hausse ou baisse de prix ne rentrent pas dans l’exercice habituel de la profession du contrevenant.  Une amande de 100.000 à 500.000 DH plus 2 mois à 2 ans de prison, sur les stockages clandestins prévu aux articles 62 et 66 de cette loi, et sur la détention par des commerçants industriels, artisans ou agriculteurs de stocks de marchandises ou des produits qui sont dissimulés par eux à des fins spéculatives et en quelque local que ce soit, ainsi que sur la détention, le transport ou la vente de produits subventionnés dans des préfectures ou provinces autres que celles pour lesquelles ces produits sont destinés.  En cas de commission d’une infraction pendant la période de la fermeture des magasins ou interdiction d’exercer sa profession, une amende de 1200 à 200.000 DH et un emprisonnement de 1 mois à 2 ans est prévue par l’article 81, et la fermeture des magasins ou bureau du condamné pour une durée ne dépassant pas 3 mois, plus interdiction de l’exercice de la profession du condamné voir même l’exercice de tout acte de commerce pendant une durée de 1 an suite à une condamnation suite à un stockage clandestin.  Selon l’article 82 de la même loi, un emprisonnement de 1 mois à 2 ans plus une amande de 1200 à 200.000 DH pour toute interdiction d’être un employé des magasins ou bureaux qu’il exploitait même après les avoir vendus ou loués,. Ainsi l’article 83 de cette même loi prononce que toute personne qui fait opposition aux fonctions des enquêteurs, ou qui refuse de leur communiquer les documents afférents à l’exercice de leur activité ainsi que la dissimulation et la falsification de ces documents, et toute personne qui donne des faux renseignements ou fait des fausses déclarations aux organismes habilités à constater les infractions ou qui refuse de les fournir les informations qu’elle a connaissance ou qu’elle a seulement la garde d’un emprisonnement de 2 mois à 2 ans plus une amande de 5.000 à 200.000dh Il convient de rappeler que les infractions et sanctions prévues par la loi 104-12 sont nombreuses, on a essayé d’énumérer les plus importantes. Selon les dispositions de l’article 85, une fois une condamnation est prononcée, elle devient irrévocable et ne peut, en aucun cas, faire l’objet d’un recours. Et puis un extrait du jugement sera adressé au Président du conseil de la concurrence à titre d’information. Après cela, le tribunal peut ordonner la publication de sa décision et cela en vertu de l’article 86 de la loi 104-12 portant sur la liberté des prix et de la concurrence.

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CONCLUSION Il est certain que le marché peut exister sans concurrence, mais il n’est dit « parfait » que lorsque la concurrence y tient un rôle de choix, car l’efficience économique ne peut être au rendez-vous que s’il existe sur le marché plusieurs opérateurs et que certaines règles de droit dites règles de droit de la concurrence interviennent pour discipliner les comportements de ces opérateurs afin de faire respecter le libre jeu de la concurrence. Les règles du droit de la concurrence ne sont, elles-mêmes, dans leur conception et dans leur application, que la traduction de ce qui est communément appelé la politique de la concurrence. Autrement dit, les solutions fournies par le droit de la concurrence ne peuvent être des solutions contraintes, mais des solutions cadrant avec l’évolution des comportements et l’évolution du marché. Les impératifs de la politique de la concurrence imposent donc au droit de la concurrence de privilégier la politique de la concurrence en en faisant son référentiel dans ses interventions plutôt que de se contenter de traduire dans les solutions qu’il apporte, ou qu’il inspire, de simples notions ou de simples règles juridiques ; sinon il risque de faire figure d’un droit mort-né. Etant à la fois en amont et en aval des règles du droit de la concurrence, en ce sens qu’elle sert de point de départ pour leur conception et préside à leur application, la politique de la concurrence conditionne en même temps la raison d’être du droit de la concurrence et son utilité et constitue, par conséquent, l’épine dorsal de ce droit hautement économique, car que serait le droit de la concurrence sans politique de la concurrence ? Il serait immanquablement un simple droit existant sans réellement exister par manque d’effectivité.

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Département Droit Privé Master « Juriste d’AffAires » Semestre Deuxième Exposé N°4

Présentation de la loi 31-08 sur l’information et la protection du consommateur Professeur : Mr. Driss JOUIDI Année Universitaire : 2019-2020 80

Thème 4 : Présentation de la loi 31-08 sur l’information et la protection du consommateur Introduction Nul ne peut nier que la protection, et la prévention du consommateur sont indispensables. On est tous des consommateurs, on consomme plusieurs types de produits et de marchandises dont les modalités de fabrication et de production sont inconnues. On est donc exposés à un risque d’où la nécessité de mettre en place une régulation stricte ainsi que des moyens nécessaires de protection du consommateur. Le consommateur est une personne physique ou morale qui acquiert ou utilise à des fins privées excluant tout caractère professionnel des produits ou services mis sur le marché. Les droits du consommateur font partie d’un ensemble de droits dont l’individu peut se prévaloir dans toute société moderne. La protection du consommateur est un droit de l’homme, une responsabilité du citoyen et un devoir de l’autorité, cette protection se base sur des référents internationaux, et nationaux. Au niveau international : il s’agit des référents relatifs à l’ONU et l’UE essentiellement :

 la déclaration internationale des droits de l’Homme,  le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels,  la résolution de l’assemblée générale des Nation Unis n° 248/39 DU 914/85 relative à l’adoption des droits fondamentaux du consommateur,  la convention de la protection des droits de l’Homme dans le cadre du conseil d’Europe,  la convention de la création de la communauté européenne chapitre 14 « protection du consommateur », les directives, émanant du parlement européen, et du conseil de l’UE, relatives à la protection du consommateur et la Directive n° 83/2011 relative aux droits des consommateurs Au niveau national, il est riche avec un arsenal de plus de 300 textes juridiques et réglementaires dans le domaine de la protection du consommateur composé de textes de droit public et ceux du droit privé. Il y en a ceux qui sont apparus avant la loi 31/08 et depuis 1914 ; comme le dahir du 14/10/1914 relatif aux recherches des infractions, et ceux qui sont apparus après la loi 31/08. Ainsi que d’autres lois qui viennent après la loi 31/08 et constituent un cadre complémentaire du système juridique en matière de protection du consommateur à travers laquelle sont renforcés quelques droits fondamentaux. D’autres dispositions légales et réglementaires spécifiques viennent aussi contribuer au renforcement de la protection du consommateur dans de multiples secteurs. Le consommateur doit aussi être responsable, et doit observer certaines obligations : il doit être averti, actif, socialement responsable, écologiquement responsable et solidaire. Et pour lui permettre de préserver ses droits, le législateur a confirmé l’exercice et le rôle de ses représentants « les associations des consommateurs », et y a réservé tout un chapitre dans la loi 31-08 En remontant dans l’histoire, l’idée de protection du consommateur en France est ancienne. Vers 1905, avec la loi du premier août sur les fraudes et falsifications en matière de produits et de services, des sanctions sont prévues lorsqu’il existe des fraudes dans les ventes de marchandises. 81

Du point de vue juridique la protection des consommateurs se fonde depuis 1992 sur l’article 169 du Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne selon lequel « L’union contribue à la protection de la santé de la sécurité et des intérêts économiques des consommateurs ainsi qu’à la promotion de leur droit à l’information et à l’éducation et à s’organiser afin de préserver leurs intérêts ». Cela « afin de promouvoir les intérêts des consommateurs et d’assurer un niveau élevé de protection des consommateurs. Au Maroc, le mouvement consumériste a vu le jour durant les années 90, mais il ne s’est renforcé que pendant les 10 dernières années. Le consumérisme est un mouvement de défense des intérêts des consommateurs qui veille à ce que les produits ou services fassent l’objet d’une information adaptée et qui aide à une rationalisation des comportements d’achat. Par ses attributions, le mouvement consumériste contribue à : l’information du consommateur, la représentation du consommateur, la résolution de ses litiges par les moyens extra judiciaires et l’action en justice. Selon P. Kotler : « le consumérisme est un mouvement social qui cherche à accroître les droits et la force des acheteurs vis à vis des vendeurs ». Selon Perrier : « c’est un mouvement social qui vise à modifier les relations entre l’entreprise et le consommateur de façon à accroître le pouvoir de ces derniers » C’est dans cette optique, le Maroc a instauré la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur. Elle complète le dispositif juridique existant en matière de protection du consommateur et met en place un cadre favorable pour la promotion du rôle des associations de protection du consommateur Cette loi est composée de 10 titres, de 206 articles, et de 21 chapitres. Les droits du consommateur : La loi 31-08 est un texte juridique qui renforce les droits fondamentaux du consommateur, à savoir :

 Le droit d’être informé : Le droit nous octroie la possibilité de disposer des



  

informations nécessaires concernant le produit, le service ou bien à acheter et ce, pour permettre de faire un choix raisonné, en toute transparence et de faire de vous un « consommateur ». Ce droit nous protège également des informations trompeuses qui ont pour but de vous induire en erreur. Le droit de préserver ses droits économiques : Ce droit assure une qualité convenable du produit, du service ou bien correspondant au prix payé et à la protection contre les clauses abusives lors de la signature des contrats. Le fournisseur ou le prêteur doit établir une version écrite du contrat et doit se conformer aux clauses indiquées dans ledit contrat. Le droit à l’écoute et à la représentation : Il permet au consommateur, lors d’un litige avec un fournisseur, d’être conseillé, orienté et de se faire représenter par une association de protection des droits de consommateur. Le droit de se rétracter : Offrir dans certains cas de figure, au consommateur un délai de 7 jours pour changer son avis. Le droit de choisir : Garantir la liberté d’achat en fonction des besoins et des moyens du consommateur

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Les objectifs de la loi 31-08 Cette loi a pour principal objectif, le renforcement et la protection des droits des consommateurs, et ce en leur garantissant une meilleure information en les protégeant contre les clauses abusives et certaines pratiques commerciales, et prévoyant des dispositions complémentaires relatives à la garantie conventionnelle, au service après-vente et au surendettement. Cette loi accorde aux associations de consommation reconnues d’utilité publique, le droit d’ester en justice en représentation des intérêts collectifs des consommateurs. Cette loi a pour finalité :

 D’assurer une information claire, objective et loyale au consommateur (prix, étiquetage, conditions de vente) ;  Renforcer la protection des intérêts économiques du consommateur (interdiction ou réglementation de certaines pratiques commerciales) ;  Rééquilibrer les relations consommateur-fournisseur (interdiction des clauses abusives, garantie, crédit) ;  Renforcer le mouvement consommateur en permettant aux associations de protections de consommateurs d’être reconnues d’utilité publique et autorisés à ester en justice Notre sujet présente deux intérêts, l’un théorique, l’autre pratique, en ce qui concerne le premier intérêt, il s’agit de présenter le cadre légal et le régime juridique applicable dans le domaine de la consommation et notamment la protection des consommateurs. Concernant le deuxième intérêt, il s’agit d’analyser et d’interpréter le rôle de la loi 31-08 dans la protection des droits des consommateurs. Le problème qui se pose avec force est de savoir comment la loi 31-08 assure une protection efficace des consommateurs, et quels sont les droits garantis par ladite loi aux consommateurs. Pour ce faire, notre travail sera divisé en deux parties : la première sera consacrée à la présentation de la loi 31-08 tandis que la deuxième partie sera réservée à l’étude des mesures protectionnistes et insuffisances de la loi 31-08.

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Partie I : La présentation de la loi 31-08 sur la protection du consommateur. CHAPITRE I : Les objectifs de la loi 31-08 La loi 31.08 édictant des mesures de protection du consommateur est considérée comme un dispositif complémentaire à des réglementations existantes (notamment le texte sur la répression des fraudes) pour combler certains vides juridiques. Elle est issue d’une large concertation entre les départements ministériels, les associations de consommateurs, des organisations et Chambres professionnelles ainsi que compétences universitaires pour le but de garantir une meilleure protection au consommateur marocain. Comptant 203 articles, ce texte se fixe pour principal objectif le renforcement et la protection des droits des consommateurs, et ce, en leur garantissant plusieurs prérogatives.

Section 1 : Rééquilibrer la relation entre le consommateur et le fournisseur. La loi 31-08 cherche en premier lieu à équilibrer les relations entre professionnels et consommateurs en mettant à la charge des premiers des obligations qui sont autant de droits pour les seconds. Professionnels d’un côté, consommateur de l’autre sont les sujets de cette loi. C’est ainsi la loi a pour principale objectif accorder au consommateur une meilleur information appropriée et claire sur les produits, biens ou services qu’il acquiert ou utilise. Dans ce cadre, dans son article 38, le législateur marocain impose aux fournisseurs d’informer le consommateur sur certains points qu’il estime fondamentaux avant même la formation du contrat de consommation et ce afin de mieux protéger cet acteur économique vulnérable. Alors, il s’agit d’un formalisme informatif qui vise la protection du consommateur, et de rétablir l’équilibre des rapports entre professionnels et consommateurs. Deux objectifs sont donc poursuivis par l’obligation d’information et de renseignement du consommateur, celui de protéger son consentement c'est-à-dire de faire en sorte que son consentement ne soit pas vicié par des mensonges, tromperies ou de simples omissions sur ses droits ou sur les caractéristiques essentielles d’un bien ou d’un service d’une part, mais aussi de protéger sa santé et sa sécurité, d’autre part. En effet un consommateur averti en vaut deux. Une information claire est donc un principe fondamental tel que reconnu par les différents organismes internationaux. Le dernier point et non moins important : les associations de consommateurs sont enfin consacrées dans leur mission. Celles-ci consistent à assurer l’information, la défense et la promotion des intérêts des consommateurs. La loi exclut les associations qui comptent parmi leurs membres des personnes morales ayant une activité à but non lucratif, perçoivent des aides ou subventions d’entreprises ou de groupements d’entreprises fournissant des produits ou services aux consommateurs, font de la publicité commerciale ou qui n’a pas un caractère purement informatif, se consacrent à des activités autres que la défense des intérêts et poursuivent un but à caractère politique. Elles peuvent être reconnues d’utilité publique et doivent se constituer en fédération nationale. Seules ces deux structures ont la possibilité d’ester en justice pour des faits qui portent préjudice à l’intérêt collectif des consommateurs. Elles peuvent engager une action de leur propre initiative ou être mandatées par au moins deux consommateurs. Toutefois, la loi détermine par le menu la procédure à suivre, tant du point de vue de l’action en justice que des procédures de recherche et de constatation des infractions.

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En dernière analyse et dans la foulée des points précédents les objectifs de la loi 31-08 peuvent être résumés comme suit :

 L’obligation d’informer le consommateur par le fournisseur de biens ou le prestataire      

de services avant la conclusion d’un contrat de vente L’obligation d’utiliser la langue arabe pour garantir une meilleure information du consommateur La protection des intérêts économiques du consommateur notamment en ce qui concerne les clauses abusives La réglementation de certaines pratiques commerciales utilisées par les fournisseurs La protection des consommateurs contre les défauts de la chose vendue, et la détermination de l’étendue de la garantie conventionnelle et du service après-vente La mise en place de dispositions réglementant les crédits à la consommation et immobilier Le renforcement et le développement du mouvement associatif.

Section 2 : La protection du consommateur en matière des contrats conclus à distance. Les marocains modernisent leur consommation, en effet ils procèdent à des achats à distance en concluant avec des commerçants professionnels des contrats de vente à distance, ces contrats sont généralement qualifiés comme des contrats déséquilibrés puisqu’ils mettent en relation contractuelle un simple consommateur ayant pour but de satisfaire son besoin de consommation et un commerçant plus fort économiquement et ayant pour but de générer des profits. En effet, le contrat de vente à distance est qualifié comme un contrat d’adhésion qui nécessite l’intervention du législateur en vue de maintenir l’équilibre contractuel et de protéger la partie faible au contrat qui est le consommateur. C’est à ce niveau la loi 31-08 intervient pour le but de renforcer les contrats conclus à distance ou en dehors des magasins ou des points de ventes. Tout d’abord le texte impose aux cybercommerçants aux termes de l’article 29 de la loi 31-08 une obligation d’information relative à leur identité et à leur profession, ainsi ces informations peuvent éclairer cyberconsommateur avant la conclusion du contrat en lui permettant de connaitre avec qui il contracte. En outre, en cas de litige entre le fournisseur et le consommateur relative à la communication de ces informations, la preuve incombe au fournisseur, c’est donc au fournisseur qui doit prouver qu’il informé le consommateur de toutes ces informations obligatoires et toute erreur ou omission entrainera la nullité du contrat en se basant sur le fondement de l’erreur ou celui du dol, notamment la réticence. Sur le plan pénal le Maroc a prévu de très lourdes sanctions en cas d’inexécution de l’obligation d’information. Ainsi, l’article 17313 de cette loi prévoit pour toutes les infractions qui sont liées au titre II (relative à l’obligation d’information) de la loi 31-08 et les textes pris pour son application, une répression par une amende de 2000 à 5000 dirhams. En ce qui concerne l’obligation d’information édictée dans les articles 29, 30 et 32 pour les contrats à distance, l’article 177 de la loi 31-0814 précise que : « Les infractions aux dispositions des articles 29, 30 et 32 sont punies d’une amende de 1.200 à 10.000 dirhams. En cas de récidive, l’amende est portée au double ... ». 85

Enfin le législateur a mis en place depuis 2016, une cellule de contrôle des sites internet marchands pour veiller à l’application des dispositions de la loi n° 31-08 en matière de vente à distance pour éviter tout acte de fraude de la part du cybercommerçant. Il convient également de préciser que le ministère de tutelle a prévu en raison de la pandémie Covid-19, la digitalisation des réclamations en matière de la protection du consommateur, via le portail www.khidmatealmostahlik.ma afin d’éviter aux consommateurs de se déplacer à l’administration pour déposer leurs réclamations et surtout dans cet état d’urgence sanitaire annoncé sur l’ensemble du territoire marocain pour faire face à la propagation du coronavirus (Covid-19).

CHAPITRE II : Les droits garantis aux consommateurs. La loi 31-08 sur la protection des consommateurs a été publiée, dans laquelle le législateur a pris un certain nombre de mesures nécessaires pour protéger le consommateur contre les excès de professionnels qui possèdent le pouvoir et les capacités qui les qualifient pour exploiter les groupes vulnérables dans le domaine de la consommation. Dans le cadre du renforcement de la satisfaction du consommateur, toute procédure qui l'éclairerait et l'informerait sur le service ou le bien à lui fournir, et lui donnerait une opportunité suffisante pour exprimer son avis afin que l'acceptation des termes du contrat avec son plein consentement, ainsi que l'amélioration de la satisfaction du consommateur en le renforçant avec des associations pour le défendre et le représenter devant le pouvoir judiciaire, en plus d'empêcher Fausse publicité pour assurer la sécurité de la satisfaction et pour assurer la véritable volonté du consommateur et non délirante ou trompeuse.

Section 1 : Le droit à l’information Compte tenu de la domination économique des fournisseurs et du manque d'expérience des consommateurs dans le domaine de la vente, le législateur tenu d’informer le consommateur de la nature et des spécificités du bien ou du service qui lui est proposé, ainsi que d'indiquer son prix afin que la volonté de ce dernier soit claire sur le type de contrat qui lui sera soumis. Informer le consommateur du bien ou du service est considéré comme l'une des obligations fondamentales du professionnel, comme le stipule le premier article de la loi 31-08 sur la protection des consommateurs : «D’assurer l’information appropriée et claire du consommateur sur les produits, biens ou services qu’il acquiert ou utilise ...» En outre, le troisième article de la même loi obligeait le fournisseur à informer le consommateur des caractéristiques de base du bien ou du service, en particulier sa source et sa date d'expiration, et en général toutes les informations s'y rapportant qui aideraient le consommateur à faire un choix raisonnable en fonction de ses besoins et de ses capacités matérielles. Mais les caractéristiques de la chose sont nombreuses et donc le professionnel n'est pas obligé de présenter au consommateur toutes ces caractéristiques, mais cet engagement se limite aux caractéristiques essentielles. Ainsi Le fournisseur doit informer le consommateur du prix de l'article vendu et de la date de livraison. Informer le consommateur du prix d'un bien ou d'un service est considéré comme l'un des services de base d'un professionnel. Ainsi, selon la loi n ° 008.71 promulguée par le dahir du 12 octobre 1971, le législateur marocain a organisé la question de la publicité des prix à l’article cinq de cette loi : « Les prix, réglementés ou non, des marchandises ou des produits exposés ou mis en vente, doivent être affichés.» 86

Il a également été mentionné à l'article cinq de la loi sur la protection des consommateurs : L’indication du prix ou du tarif, dont l’information est obligatoire en application de l’article 3 ci-dessus, doit comprendre le prix ou le tarif global à payer par le consommateur y compris la taxe sur la valeur ajoutée, toutes autres taxes, ainsi que le coût de tous les services à payer obligatoirement en supplément par le consommateur. L'article 4 de la loi 31-08 ajoutait que : Le fournisseur est tenu également de délivrer une facture, quittance, ticket de caisse ou tout autre document en tenant lieu à tout consommateur ayant effectué une opération d’achat et ce, conformément aux dispositions fiscales en vigueur. Il ressort clairement du texte de cet article que le législateur a tenté de réduire les chances de manipulation professionnelle du prix que le consommateur doit payer, mais cette restriction est liée à la demande du consommateur pour la facture, ce qui a réduit l'efficacité de cet article en raison du manque de familiarité avec les textes juridiques Par une grande partie de la société marocaine, négligeant la facture. En conséquence, le fournisseur, doit informer le consommateur du prix de manière claire et sans ambiguïté, dans le respect des droits fondamentaux des consommateurs, afin que la vente se déroule dans les meilleures conditions appropriées pour les deux parties. Dans de nombreux contrats conclus avec des consommateurs, la livraison n'est pas immédiate, soit en raison de la nature du bien ou du service, soit pour des raisons spécifiques au fournisseur, le consommateur restant en attente de livraison en fonction des circonstances et de la volonté du fournisseur, malgré le respect total ou partiel de son obligation de payer le prix du bien ou du service. Ainsi, conformément à l'article 12 de la loi sur la protection des consommateurs : « Dans tout contrat ayant pour objet la vente de produits ou de biens ou la fourniture d’une prestation de service à un consommateur, le fournisseur doit, lorsque le prix ou le tarif convenu excède un seuil fixé par voie réglementaire et que la livraison des produits ou des biens ou l’exécution de la prestation n’est pas immédiate, préciser par écrit la date limite à laquelle il s’engage à livrer de produits ou les biens ou à exécuter la prestation au niveau du contrat, de la facture, du ticket de caisse, de la quittance ou de tout autre document délivré au consommateur. »

Section 2 : Le droit aux choix. Le choix est naturel et peut être instinctif chez l'être humain qui essaie toujours de choisir le meilleur en termes de qualité et de prix, donc lorsque vous achetez un fruit spécifique, vous essayez toujours de choisir le meilleur disponible parmi eux. Ainsi, l'un des droits des consommateurs les plus importants était le droit de choix, ce qui signifie que le consommateur a le droit de choisir et de différencier un groupe d'articles et de produits dont il a besoin et de ne pas l'obliger à acheter ce qu'il ne veut pas. Pour que le consommateur ait la possibilité de jouir de ce droit, il doit y avoir un large éventail de choix entre les variétés et les produits proposés, et ce choix est la forte motivation de l'usine ou du produit à innover et à développer et améliorer la qualité de la marchandise qui est produite en continu afin d'assurer sa survie, ou elle disparaîtra Du marché et remplacé par de nouvelles marques privilégiées par le consommateur. Le législateur a approuvé un ensemble de dispositions concernant certaines obligations contractuelles imposées au produit. Ces dispositions visent dans leur ensemble à aider ce consommateur et lui donnent le temps de réfléchir aux accords à conclure, y compris le démarchage ou la vente à distance. 87

Selon l’article 25 on entend par technique de communication à distance : tout moyen utilisé pour la conclusion d’un contrat entre un fournisseur et un consommateur sans la présence simultanée des parties. Et L'article 45 de la loi n ° 31-08 a défini le démarchage comme une technique commerciale qui oblige le professionnel à rechercher la résidence du consommateur, le lieu de travail, afin de lui proposer afin de lui proposer l'achat, la vente, la location, la location-vente ou la location avec option d'achat de produits, biens ou la fourniture de services. Étant donné qu'il existe une crainte que le consommateur ait acceptée l'accord sous l'influence de la tentation du fournisseur, et que ce dernier l'ait poussé à se précipiter pour accepter le contrat l'article 47 de la loi 31-08 dispose : Les opérations de démarchage visées à l’article 45 doivent faire l'objet d'un contrat écrit dont un exemplaire doit être remis au consommateur au moment de la conclusion de ce contrat. De plus, le consommateur peut résilier son accord et résilier le contrat dans un délai de sept jours à compter de la date de la commande ou s'engager à acheter, en envoyant le formulaire détachable au contrat par n’importe quel moyen justifiant la réception.

Section 3 : Le droit à la rétractation. Le droit de rétractation est le droit d'un consommateur d'annuler un contrat de vente, accordé pour une durée limitée. Il peut être contractuel ou légal. (C'est-à-dire d'en annuler l'achat, de retourner les produits, sans motif, et d'en obtenir le remboursement17. Ce retour n'entraîne pas d'amendes ou de frais supplémentaires, à l'exception des frais de retour du consommateur. L’article 36 de la loi 31-08 mentionne : il est possible pour le consommateur de retirer son acceptation sans encourir aucune obligation ; Le consommateur dispose d’un délai :

 de sept jours pour exercer son droit de rétractation ;  de trente jours pour exercer son droit de rétractation, si le fournisseur n’honore pas son engagement de confirme, par écrit les informations prévues dans les articles 29 et 32. Et cela, sans avoir à se justifier, ni à payer des pénalités, à l’exception, le cas échéant, des frais de retour. Les délais mentionnés à l’alinéa précédent courent à compter de la date de réception du bien ou de l’acceptation de l’offre pour les prestations de services. Lorsque le droit de rétractation est exercé, le fournisseur est tenu de rembourser, sans délai, au consommateur le montant total payé et au plus tard dans les 15 jours suivant la date à laquelle ce droit a été exercé. Au-delà, la somme due est, de plein droit, productive d’intérêts au taux légal en vigueur. L’article 13 dispose que si le délai mentionné à l’article 12 ci-dessus est dépassé de 7 jours et lorsque le retard n’est pas dû à un cas de force majeure, le consommateur dispose, sans recours à la justice, de la faculté de résoudre de plein droit l’engagement le liant au fournisseur portant sur le bien non livré ou la prestation non exécutée, par tout moyen justifiant la réception. Le consommateur exerce ce droit dans un délai maximum de 5 jours après expiration du délai de 7 jours prévu au premier alinéa ci-dessus. Ce droit est subordonné à la notification par le consommateur au fournisseur, et le contrat est considéré comme résilié dans ce cas à compter de la date de réception, et à condition que la livraison ou la présentation n'ait pas été effectuée pendant la période comprise entre l'envoi du message et sa réception. 88

En cas de résiliation de l'obligation selon les conditions prévues à l'article 13, le fournisseur doit restituer les avances au consommateur dans un délai n'excédant pas sept jours, à compter de la date de réception de l'avis précité. A partir du 8ème jour, cette somme est productive d’intérêt de plein droit, au taux légal en vigueur au bénéfice du consommateur, sans préjudice du droit qu’à ce dernier de réclamer des dommages et intérêts. Le consommateur a également la possibilité de se rétracter lorsque la vente est effectuée à distance là où la loi exige dans ce cas de fournir une offre préalable indiquant le nom de fournisseur, son e-mail et son numéro d'enregistrement commercial, ou une identification fiscale ainsi qu'une identification adéquate du bien ou du service offert, comment payer le prix, les méthodes de livraison et la durée L'offre, y stipulant le droit du consommateur de se rétracter de l'achèvement du contrat dans un délai de sept jours. Cependant, ces exigences de protection des consommateurs liées aux délais de livraison ne s'appliquent pas à tous les contrats de consommation, mais sont limitées aux contrats privés de valeur financière spécifique en vertu d'un décret en 3000Dh.

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Partie II : Mesures protectionnistes et insuffisances de la loi 31-08 CHAPITRE I : La protection du consommateur contre les clauses abusives. La pratique contractuelle marocaine est marquée par un développement sans précédent de contrats d’adhésion, c’est-à-dire de contrats préparés à l’avance par les professionnelles et soumis à l’adhésion des consommateurs qui n’ont aucune possibilités réelles de négociation et de discussion. Exigence de rationalisation de la gestion des entreprises, les contrats d’adhésion présentent cependant de nombreux dangers pour les consommateurs. Les professionnels y insèrent souvent des clauses abusives qui perturbent l’équilibre des contrats au détriment des consommateurs. Les exemples sont nombreux : imposer au consommateur qui n’exécute pas ses obligations une indemnité d’un montant disproportionnellement élevé, autoriser le fournisseur à modifier unilatéralement les termes du contrat sans raison valable et spécifiée dans le contrat et sans en informer le consommateur, obliger le consommateur à exécuter ses obligations alors même que le fournisseur n’exécuterait pas les siennes,... Il fallait une intervention du législateur pour limiter les abus nés de telles pratiques. C’est aujourd’hui chose faite. La loi 31-0821 consacre en effet un titre spécial à la protection des consommateurs contre les clauses abusives. Le législateur va agir directement sur le contenu du contrat en réagissant contre les risques d’abus de nature à perturber l’équilibre du contrat au détriment des consommateurs en proposant, pour la première fois, une réglementation d’ensemble des clauses abusives. Le contrat ne doit pas obliger uniquement parce qu’il a été voulu et encore moins parce qu’une « adhésion » a permis sa conclusion mais parce qu’il réalise un minimum de justice et d’équilibre.

Section 1 : Les critères d’identification d’une clause abusive. Le législateur marocain a opté à travers la loi 31-08 dans son art 19 pour la fixation d’une liste exhaustive des clauses abusives, facilitant ainsi la tâche aux juridictions qui seront appelées à assainir les contrats de ce type de clause. De façon indicative et non exhaustive, peuvent être regardées comme abusives, les clauses ayant pour objet ou pour effet : 1. dans les contrats de vente de supprimer ou de réduire le droit à réparation du consommateur en cas de manquement par le fournisseur à l’une quelconque de ses obligations ; 2. de réserver au fournisseur le droit de modifier unilatéralement les caractéristiques du produit, du bien à livrer ou du service à fournir. 3. D’exclure ou de limiter la responsabilité légale du fournisseur en cas de mort d’un consommateur ou de dommages corporels causés à celui-ci, résultant d’un acte ou d’une omission du fournisseur. 4. D’exclure ou de limiter de façon inappropriée les droits légaux du consommateur. 5. De prévoir un engagement ferme du consommateur, alors que l’exécution de l’engagement du fournisseur est assujettie à une condition dont la réalisation dépend de sa seule volonté. 6. D’imposer au consommateur qui n’exécute pas ses obligations une indemnité d’un montant disproportionnellement élevé. 90

7. D’autoriser le fournisseur à résilier le contrat de façon discrétionnaire si la même faculté n’est pas reconnue au consommateur. 8. D’autoriser le fournisseur à mettre fin sans un préavis raisonnable à un contrat à durée indéterminée, sauf en cas de motif grave. 9. De proroger automatiquement un contrat à durée déterminée en l’absence d’expression contraire du consommateur. 10. De constater de manière irréfragable l’adhésion du consommateur à des clauses dont il n’a pas eu, effectivement, l’occasion de prendre connaissance avant la conclusion du contrat. 11. D’autoriser le fournisseur à modifier unilatéralement les termes du contrat et sans en informer le consommateur ; 12. De prévoir ou d’augmenter le prix ou le tarif des produits, biens et services au moment de la livraison ou au début de l’exécution du service, sans que, le consommateur n’ait de droit correspondant lui permettant de rompre le contrat. 13. D’accorder au fournisseur, seul, le droit de déterminer si le produit ou bien livré ou le service fourni est conforme aux stipulations du contrat ou de lui conférer le droit exclusif d’interpréter une quelconque clause du contrat. 14. De restreindre l’obligation du fournisseur de respecter les engagements pris par ses mandataires ou de soumettre ses engagements au respect d’une formalité particulière. 15. D’obliger le consommateur à exécuter ses obligations alors même que le fournisseur n’exécuterait pas les siennes. 16. De prévoir la possibilité de cession du contrat de la part du fournisseur, lorsqu’elle est susceptible d’engendrer une diminution des garanties pour le consommateur. 17. De supprimer ou d’entraver l’exercice d’actions en justice ou des voies de recours consommateur. La liste est donc limitative et le juge pourra toujours considérer une clause abusive même si elle ne figure pas parmi les 17 clauses de la liste indicative légale. La loi 31-08 prévoit également qu’en cas de litige concernant une clause abusive, le fournisseur doit apporter la preuve du caractère non abusif de la clause objet du litige. Cela semble a priori favorable au consommateur mais cela signifie aussi qu’il est toujours possible au professionnel de contester le caractère abusif de la clause qu’elle figure ou pas sur la liste indicative. En droit français, sur le terrain probatoire, le consommateur est dans une situation plus confortable.

Section 2 : L’interdiction des clauses abusives, une nouveauté en droit marocain Depuis 2009 en effet, on distingue deux listes :

 la liste noire des clauses abusives : clauses qui sont toujours abusives, et même interdites. En cas de conflit, le juge les déclarera automatiquement non écrites, sans contestation possible de la part du professionnel. Il s’agit de clauses présumées abusives de manière irréfragable.  la liste grise des clauses présumées abusives : Ces clauses sont présumées abusives de manière irréfragable : juridiquement, cela signifie qu’elles sont abusives, à moins que le professionnel ne démontre le contraire. La loi considère nulles et de nul effet les clauses abusives contenues dans les contrats conclus entre fournisseurs et consommateurs. Cependant, le contrat restera applicable dans toutes ses dispositions autres que celles jugées abusives s’il peut subsister sans lesdites clauses. 91

Cette possibilité est originale car traditionnellement le contrat basé sur une volonté altérée était frappé de nullité dans sa globalité. Cette sanction classique de la nullité de tout le contrat était inopportun ; le consommateur a besoin du contrat mais ne veut pas se voir imposer des clauses léonines. C’est désormais possible. Ces dispositions de la loi concernant les clauses abusives sont d’ordre public, c’est-à-dire qu’elles s’imposent aux parties -et en particulier aux fournisseurs- qui ne peuvent pas les écarter. Cette mise en conformité implique notamment que les contrats de consommation soient débarrassés des clauses abusives qui y seraient actuellement insérées. On constate ainsi que la loi 38-01 procède d’une vision plus réaliste des relations contractuelles modernes et d’une approche plus objective du contrat où les éléments de loyauté, de justice et d’équilibre doivent désormais trouver leur place au côté de la volonté. Il est à noter que l’appréciation du caractère abusif d’une clause ne doit porter ni sur la définition de l’objet principal du contrat ni sur l’adéquation du prix ou de la rémunération au bien vendu ou au service offert pour autant que les clauses soient rédigées de façon claire et compréhensible. Cette restriction légale implique notamment le maintien de l’exclusion de la lésion comme cause autonome de nullité des obligations. Le concept de clause abusive est, en droit des contrats, distinct de celui de lésion qui est une différence entre le prix porté au contrat et la valeur effective de la chose.

CHAPITRE II : La protection du consommateur face aux nouvelles pratiques commerciales et endettement. Pour nous procurer des biens ou des services, nous tous consommateurs entrons en relation avec des personnes, physiques ou morales, qui font profession de vendre des biens ou de fournir des services. Or la relation entre professionnel et consommateur est naturellement déséquilibrée. La compétence du professionnel, les informations dont il dispose, et souvent sa dimension financière, lui permettent de dicter sa loi au consommateur. Cela ne signifie pas que les professionnels sont par hypothèse gens malhonnêtes, cherchant à abuser de la situation. Il n’en est pas moins vrai que les professionnels sont, par la nature des choses, en position de supériorité, et que les consommateurs risquent d’en être les victimes. Ce déséquilibre a toujours existé. Déjà, en droit romain et dans l’ancien droit, diverses règles tendaient à protéger les acheteurs contre les tromperies. Simultanément, le principe de l’autonomie de la volonté devient la base du système juridique. Tous les contractants sont réputés également lucides et raisonnables. Le droit de la consommation cherche à équilibrer les relations entre professionnels et consommateurs : il met à la charge des premiers des obligations qui sont autant de droits pour les seconds. Professionnels d’un côté, consommateur de l’autre sont les sujets du droit de la consommation. De ce fait la loi 31-08 est venue protéger le consommateur marocain contre toute sorte d’atteinte selon qu’il s’agit de nouvelle pratique (1) ou d’endettement (2)

Section 1 : La protection du consommateur face aux nouvelles pratiques. Sous-section 1 : la protection du consommateur en matière de publicité La loi marocaine ne définit pas le mot publicité, qu’elle emploie pourtant à diverse reprise, il faut considérer comme publicité tout message adressé par un professionnel au public dans le but de stimuler la demande de biens ou de services. Constituent des publicités, par exemple, l’affiche dans la rue, la page d’un magazine ou l’annonce à la télévision, soulignant 92

les mérites de tel ou tel produit. L’émission d’un message publicitaire suppose généralement la collaboration de trois personnes : l’annonceur, qui cherche à attirer les clients ; l’agence qui, sur la demande de l’annonceur, élabore un message ; le support qui transmet le message au public. Les professionnels présentent la publicité comme une méthode d’information des consommateurs. Cette affirmation contient une part de vérité : il est possible que, sans publicité, les consommateurs ne sauraient que choisir entre les multiples biens et services qui leur sont proposés. Mais la publicité n’a pas pour but essentiel d’informer. Faite pour inciter et pour créer la mode, elle présente quelque danger pour les consommateurs, car le dessein de séduire est difficilement compatible avec une information complète et objective. Il n’est pas question, dans un système libéral, d’interdire la publicité. La libre concurrence suppose que chaque entreprise ait le droit de présenter ses produits et d’en vanter les mérites. Avant d’aborder la réglementation de la Publicité comparative il s’avère opportun de traiter dans un premier lieu l’interdiction de la Publicité mensongère Il est interdit à un professionnel ou à un particulier de mentir sur les qualités d’un produit mis en vente. L’annonceur pour le compte duquel la publicité est diffusée est considéré comme principal responsable de l’infraction commise. Si l’infraction est commise par une personne morale, dans le cadre d’une entreprise, la responsabilité incombe à ses dirigeants.

Sous-section 2 : Protection du consommateur contre le démarchage et les types de ventes prohibées. Paragraphe 1 : Le démarchage d’après la loi 31-08 Le démarchage consiste à aller au-devant de la clientèle pour lui proposer des biens ou des services. Il suppose la présence physique du démarcheur, ce qui le distingue de la vente à distance. Le démarchage se fait, le plus souvent, au domicile du consommateur : il prend, pour cette raison, le nom de vente à domicile ou de porte à porte. Il est particulièrement développé pour les appareils domestiques, les produits d’entretien, les livres, les assurances. I peut aussi concerner des prestations de services. La vente par démarchage reçoit, dans la pratique professionnelle, le nom de vente directe : ainsi il existe un syndicat de la vente directe. Cette méthode de distribution présente un avantage pour le consommateur : elle lui évite tout déplacement. Mais le démarchage est un procédé qui peut devenir agressif : certains démarcheurs savent forcer les portes et les consentements grâce à des discours ou la vérité et le mensonge sont adroitement mêlés. Les consommateurs les plus faibles sont leurs victimes désignées : surpris chez eux, ils ne savent pas résister aux sollicitations et achètent sans réfléchir des objets inutiles et dispendieux. Les démarcheurs, en cette affaire, sont moins critiquables que ceux qui les emploient et qui les poussent à utiliser des moyens agressifs.

Paragraphe 2 : Les ventes prohibées analysé par la loi 31-08 Certaines méthodes de vente ou de prestation de service font l’objet d’une réglementation plus poussée. De même, le crédit destiné aux consommateurs fait plus particulièrement l’objet de toutes les attentions du législateur. Si tous ces contrats de consommation sont au cœur du droit de la consommation, c’est parce qu’ils reposent sur la surprise, la séduction, la pression ou la manipulation du consommateur. Leur danger est donc évident et le législateur intervient pour limiter les risques d’atteinte au libre arbitre des consommateurs, voire pour interdire certains procédés qui vont trop loin dans la déstabilisation des consommateurs Ces méthodes en principe interdites sont Ventes en solde le refus de vente ou de prestation de services les ventes ou prestations de services avec prime les ventes à la boule de neige et les loteries 93

 Ventes en solde. Les annonces de soldes font naitre chez les consommateurs l’espoir, réel ou illusoire, d’un prix réduit dont il faut rapidement profiter. Les foules qu’attirent les soldes démontrent l’efficacité du procédé. Et aussi son danger, à la fois pour les concurrents, dont la clientèle est détournée, et pour les consommateurs, qui procèdent à des achats inconsidérés. Ce type de vente n’est pas interdit, mais il est réglementé. Selon la loi 31-08 : « la vente en solde ne peut être pratiquée que si elle est accompagnée d’un affichage clair et lisible du terme solde.

 Loteries publicitaires. La loi 31- 08 annonce dans son article 61 que : « Toute opération de loterie publicitaire répondant à la définition prévue au premier alinéa de l’article 60 doit faire l’objet d’un règlement particulier. Les organisateurs de loterie publicitaire doivent déposer auprès de l’administration compétente le règlement précité et un exemplaire des annonces ou documents adressés au public. L’administration concernée s’assure de leur régularité et du déroulement de l’opération publicitaire. La loterie est un jeu qui entraine l’espérance d’un gain du totalement ou partialement à l’intervention du hasard. Elle a souvent un but publicitaire : une entreprise organise une loterie et invite les consommateurs à y participer, au moyen d’une publicité mettant en relief les lots qui seront attribués aux gagnants. Le procédé sert à promouvoir l’entreprise et ses produits. Mais il n’est pas sans danger pour les consommateurs et a suscité l’intervention du législateur. Celle-ci conduit à distinguer deux catégories de loteries publicitaires, les loteries exigeant une contrepartie sont en principe prohibées.

Section 2 : La protection du consommateur face à l’endettement. Avant de prendre son caractère international, le crédit bancaire a connu ses premiers pas aux Etats- Unis qui peuvent être considérés comme étant le berceau des prêts bancaires. Mais tout en considérant les divers risques qui sont inhérents à de telles opérations. Les hommes de la loi ont pris conscience, que ce produit peut mettre en dangers les droits du consommateur. Pour cela, ils ont mis tout un corpus juridique adéquat encadrant la matière. Face à ce courant consumériste, Le Maroc était condamné à y adhérer, en élaborant une loi édictent des mesures de protection du consommateur en consacrant le titre VI à fournir certaines protections au consommateur des produits bancaire. Le crédit à la consommation En garantissant la protection du consommateur quant aux clauses contenues dans les contrats de consommation notamment les clauses abusives et celles relatives aux services financiers, aux crédits à la consommation, aux ventes à distance et aux démarchages. De même, cette loi fixe les conditions et les procédures relatives à l’indemnisation ou à la réparation des dommages ou préjudices touchant le consommateur. Elle permet également d’assurer la représentation et la défense des intérêts des consommateurs à travers les associations de consommateurs constituées conformément aux dispositions de la présente loi.

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Dans le cadre des contrats de crédit à la consommation, la loi en vigueur a renforcé les droits des emprunteurs et imposé aux prêteurs une règle la loi n°31-08 édicte les mesures de protection des consommateurs. Ses principaux axes sont : Une plus grande protection En garantissant la protection du consommateur quant aux clauses contenues dans les contrats de consommation notamment les clauses abusives et celles relatives aux services financiers, aux crédits à la consommation, aux ventes à distance et aux démarchages. De même, cette loi fixe les conditions et les procédures relatives à l’indemnisation ou à la réparation des dommages ou préjudices touchant le consommateur. Elle permet également d’assurer la représentation et la défense des intérêts des consommateurs à travers les associations de consommateurs constituées conformément aux dispositions de la présente loi. La loi n°31-08 édicte les mesures de protection des consommateurs. Ses principaux axes sont : Une meilleure information ; Notamment en obligeant les établissements financiers à donner une information appropriée et claire au consommateur sur les produits, biens ou services qu’il acquiert ou utilise. Dans le cadre des contrats de crédit à la consommation, la loi en vigueur a renforcé les droits des emprunteurs et imposé aux prêteurs.

CHAPITRE 3 : Les lacunes et les insuffisances de la loi 31-08. Tant attendue, notamment par les professionnels de l'import-export et par le peu de consommateurs marocains soucieux du respect de leurs droits, la loi de protection du consommateur n'en a pas fini de faire parler d'elle. Publiée au bulletin officiel du 7 avril dernier, la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur n'en reste pas moins encore à ses balbutiements. «Malgré le caractère innovateur de la loi 31-08, elle reste imparfaite du fait des lacunes juridiques et des insuffisances qu'il faudra combler à l'avenir», résume ainsi Mehdi Diouri, avocat au barreau de p et spécialiste du droit des affaires. Invité à intervenir à un séminaire organisé par la Chambre allemande de commerce et d'industrie au Maroc, l'avocat n'a pas mâché ses mots quant au contenu de cette loi. «Sur les 206 articles que contient cette loi, 17% (articles 69-105) portent sur les crédits de consommation et 19% sur les crédits immobiliers (106-146). En groupant ces deux domaines et en y ajoutant les dispositions générales, le texte consacre 60% de son contenu aux crédits comme si le crédit était une fatalité de la société marocaine», précise ainsi l'avocat. Et pourtant, c'est dans ce seul domaine que la loi a fixé un délai de mise en conformité : les contrats de crédits à la consommation doivent en effet inclure les nouvelles dispositions fixées par la loi, au plus tard à la fin de ce mois-ci. De l'avis d'un responsable de Crédit du Maroc, les nouveaux contrats de crédits à la consommation et de location avec option d'achat sont pratiquement finalisés au sein du GPBM. Restent en suspens les offres préalables de crédit immobilier. D'un autre côté, les dispositions protégeant la sécurité et la santé du consommateur sont le parent pauvre de cette loi.

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Section 1 : Référence et recours à d’autres lois et règlements Parmi les remarques qu’on peut faire c’est le recours impératif et immédiat aux textes réglementaires pour préciser et compléter les dispositions de la loi 31-08, à cet effet on peut citer à titre d’exemple :

 Décret n°2.12.503 (publié au BO, n°6192 du 3 octobre 2013)  Décret n 2.12.462 (publié au Bo, n°6110 du 20/12/2012)  Arrêté du ministre de l'industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique n°3-14 fixant les mentions du formulaire détachable destiné à faciliter l'exercice de la faculté de rétractation en matière de démarchage ( publié au BO, n°6274 du 17-7-2014)  Arrêté du ministre de l'industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique n°06-14 fixant les mentions obligatoires, la forme et les modalités d'apposition de l'étiquette sur les biens ou les produits dans le secteur du commerce et de l'industrie (publié au BO, n° 6288 du 4-9-2014)  Arrêté conjoint du ministre de l'industrie du commerce de l'investissement et de l'économie numérique et du ministre de l'économie et des finances n°4035-14 fixant le montant de l'indemnité exigée au titre des intérêts non encore échus en cas de remboursement par anticipation du crédit immobilier. Ces décrets et arrêtés ont pour objet de compléter la loi 31-08 soit à travers la réglementation ou bien par le fait d’apporter des définitions, mais le problème qui se pose c’est le retard pour la promulgation et la mise en œuvre de ces règlements, chose qui rend la loi inapplicable puisque de nombreuses dispositions doivent être précisées pour être appliquées, à titre d’exemple les modalités de dépôt et d’instruction des demandes d’instruction spéciale pour ester en justice pour les associations de protection du consommateur arrêté numéro 895.18 du 22 mars 2018, donc il y a un retard entre la promulgation de la loi et la mise en œuvre des décrets et des arrêtés A ce propos il faut noter que jusqu’à maintenant plusieurs décrets et règlements n’ont pas encore vu le jour tel que le décret N°2-11-427 pris pour l’application de certaines dispositions de la 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur ainsi le décret N°2-12-176 édictant le modèle des statuts-type des associations de protection du consommateur susceptibles d’être reconnues d’utilité publique Ainsi la loi 31-08 fait référence à d’autres lois pour la réglementation de certaines opérations à savoir le dahir formant code des obligations et des contrats à titre d’exemple pour les garanties légales et défauts de la chose vendue La loi n°7703 relative à la communication audiovisuelle notamment pour la règlementation de la publicité, et la loi n° 53- 05 relative à l'échange électronique de données juridiques en ce qui concerne les contrats conclus à distance.

Section 2 : Application de la loi 31-08 Certaines dispositions de la loi 31-08 n’ont pas été appliquées, à savoir la création d’un Fonds national pour la protection du consommateur prévu à l’article 156, destiné à financer les activités et les projets visant à la protection du consommateur, à développer la culture consumériste et à soutenir les associations de protection du consommateur constituées, ce fonds n’a toujours pas été mis en place, faute de décret d’application. Dans le même sens le conseil consultatif supérieur de la consommation prévu à l’article 204 il s’agit d’un conseil sous forme d'institution indépendante, chargé notamment de proposer

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et de donner son avis sur les mesures destinées à promouvoir la culture consumériste et à augmenter le niveau de protection du consommateur. Selon le Projet de Décret portant création du Conseil Consultatif Supérieur de la Consommation, ce conseil aura pour rôle de :

 procéder à titre consultatif à l’examen préalable des projets de textes relatifs à la protection du consommateur qui lui sont soumis par les pouvoirs publics  émettre des avis consultatifs sur les questions d'ordre général ou spécial se rapportant à la défense, à la protection, au respect et au renforcement des droits du consommateur  conseiller les pouvoirs législatifs et exécutifs sur les questions intéressant le consommateur  étudier et proposer les orientations susceptibles de renforcer l'action gouvernementale dans le domaine de la consommation et la protection du consommateur. Ce conseil sera présidé par le Ministre chargé du Commerce et de l’Industrie, ou par son représentant.

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Conclusion En guise de conclusion, il parait évident de mettre en place de nouvelles techniques ainsi que l’instauration de nouveaux amendements en vue de renforcer l’efficacité de la loi 31-08 dans la protection des consommateurs. L’amendement de la loi permettra également de « renforcer substantiellement le contrôle et de mettre en place les organes consultatifs » En effet, l’article 204 de la loi existante ne dispose qu’un conseil consultatif supérieur de la consommation sera institué sous forme d’institution indépendante, chargé notamment de proposer et de donner son avis sur les mesures destinées à promouvoir la culture consumériste et à augmenter le niveau de la protection du consommateur. Ce conseil, dont la composition et les modalités de fonctionnement doivent être fixées conformément à la législation en vigueur, n’a toujours pas vu le jour. Il est à noter que la meilleure des façons à travers laquelle on peut protéger le consommateur, est l’imposition de la facturation non seulement entre professionnels c’est-àdire entre producteurs grossistes, grossistes détaillants (comme la mentionne la loi 104.12) mais aussi entre professionnels et consommateurs. La facture est la source de garantie, de sécurité et de santé pour le consommateur. Elle constitue un moyen tangible de protection.

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Département Droit Privé Master « Juriste d’AffAires » Semestre Deuxième Exposé N°5

La protection du consommateur contre les clauses abusives Professeur : Mr. Driss JOUIDI Année Universitaire : 2019-2020 99

Thème 5 : La protection du consommateur contre les clauses abusives Introduction La protection du consommateur est une préoccupation ancienne qui se renouvelle au fil des siècles. En effet, « on a toujours consommé et le consommateur existe depuis des millénaires. Ses problèmes se perdent dans la nuit des temps. Ses luttes datent de l’apparition du commerce ». Or, les commerçants ou professionnels sont généralement en position de supériorité par rapport aux consommateurs en raison des meilleures connaissances techniques et des capacités financières plus importantes. Ce déséquilibre s’étant accentué avec l’accroissement de la taille des entreprises, la complexité des produits et des services, le développement du crédit et de la publicité, il a paru souhaitable de faire bénéficier les consommateurs de certaines mesures de protection afin de contrebalancer les avantages que les professionnels retirent de leur position. La protection du consommateur est donc née de la volonté de protéger la partie faible. La clause abusive est une stipulation contractuelle qui a pour effet ou pour objet de créer au détriment du consommateur un déséquilibre significatif entre les droits et les obligations des parties au contrat. L’abus du professionnel est présumé, mais l’appréciation du caractère abusif ne peut porter ni sur la définition de l’objet principal du contrat ni sur le prix ou la rémunération La notion de concurrence est aujourd'hui légalement encadrée afin de conduire l'économie vers ce qui serait son objectif ultime : le bien être des individus. Cependant, malgré ce dispositif législatif, les intérêts de ces individus ont souvent été mis à mal. Le droit s'empare alors de la notion de consommateur, considéré jusqu'alors comme un agent économique et instaure les lois de sa protection. Le consommateur est une personne physique qui agit à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale ou libérale Au sens de la théorie classique le consommateur demeure un agent final : un individu qui gagne un certain revenu, doté d'un certain nombre de besoins qu'il essaie de satisfaire et achetant sur le marché un certain nombre de biens et services. A l'inverse, les théoristes modernes appréhendent le consommateur comme un individu qui anticipe : le consommateur est caractérisé par sa faculté de choisir sur un marché concurrentiel. Économiquement le consommateur est donc considéré comme le moteur de la compétition entre les entreprises concurrentes Ainsi désormais deux politiques et deux corps de règles se confortent et se complètent : le droit de la concurrence et le droit de la consommation. Ce que John Vickers exprime de la manière suivante : «competitive market forces are forces that work for consumers ». Pour le référentiel international, il s’agit des référents relatifs à l’ONU et l’UE essentiellement : la déclaration internationale des droits de l’homme, le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la résolution de l’assemblée générale des Nation Unis n° 248/39 DU 914/85 relative à l’adoption des droits fondamentaux du 100

consommateur, la convention de la protection des droits de l’homme dans le cadre du conseil d’Europe, la convention de la création de la communauté européenne chapitre 14 « protection du consommateur », les directives, émanant du parlement européen, et du conseil de l’UE, relatives à la protection du consommateur et la Directive n° 83/2011 relative aux droits des consommateurs. S’ajoute à cela un référent politico-économique qui a accéléré la mise en place du cadre juridique de la protection du consommateur chez nous, et c’est le statut avancé que le Maroc a souhaité avoir avec l’Union Européenne, qui imposait certaines mesures formant un ensemble indivisible et cohérent et dont la protection du consommateur en est une de ces principes. En effet, Le droit de la consommation désigne le droit régissant la relation marquée par un déséquilibre entre les consommateurs et les professionnels. Il rassemble l’ensemble des dispositions spécifiques qui protègent les premiers face aux pratiques des seconds. La loi 31-08 comportes des dispositions protectrices des consommateurs. Cette loi, partant de l’existence d’une inégalité de situation entre le professionnel et le consommateur, a pour finalité de :

 Corriger et assurer l’équilibre dans la relation contractuelle liant le professionnel au     

consommateur Garantir la protection du consommateur quant aux clauses contenues dans le contrat lors de sa formation et de son existence, notamment les clauses abusives Et de reconnaitre le mouvement associatif en matière de défense des intérêts des consommateurs. D’assurer l’information appropriée et claire du consommateur sur les produits, biens ou services qu’il acquiert ou utilise De fixer les garanties légales et contractuelle des défauts de la chose vendue et du service après-vente et de fixer les conditions et les procédures relatives à l’indemnisation des dommages ou préjudices qui peuvent toucher le consommateur ; Définir les relations entre le consommateur et le fournisseur.

On entend par consommateur toute personne physique ou morale qui acquiert ou utilise pour la satisfaction de ses besoins non professionnels des produits, biens ou services qui sont destinés à son usage personnel ou familial. Le fournisseur est défini comme toute personne physique ou morale qui agit dans le cadre d’une activité professionnelle ou commerciale. Les personnes de droit privé, délégataires de la gestion d’un service public, sont soumises aux obligations imposées au fournisseur par la présente loi. Les personnes morales de droit public sont soumises aux obligations imposées au fournisseur, sous réserve des règles et principes qui régissent l’activité de service public qu’elles gèrent. Il est à rappeler que cette législation protectrice des intérêts de la partie faible ne s’applique que pour les contrats conclus entre un professionnel et un non professionnel ou consommateur civil. Il va sans dire que la loi n° 31-08 a introduit la notion de « clause abusive », afin de mieux protéger le consommateur.

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La clause abusive est une clause ayant pour objet ou pour effet de créer un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat, au détriment du nonprofessionnel ou du consommateur. Quant au référent national, il est riche avec un arsenal de plus de 300 textes juridiques et réglementaires dans le domaine de la protection du consommateur composé de textes de droit public et ceux du droit privé. Il y en a ceux qui sont apparus avant la loi 31/08 et depuis 1914 ; comme le dahir du 14/10/1914 relatif aux recherches des infractions, et ceux qui sont apparus après la loi 31/08. Ainsi que d’autres lois qui viennent après la loi 31/08 et constituent un cadre complémentaire du système juridique en matière de protection du consommateur à travers laquelle sont renforcés quelques droits fondamentaux. D’autres dispositions légales et réglementaires spécifiques viennent aussi contribuer au renforcement de la protection du consommateur dans de multiples secteurs. Cela étant, le consommateur doit aussi être responsable, et doit observer certaines obligations : il doit être averti, actif, socialement responsable, écologiquement responsable et solidaire. Et pour lui permettre de préserver ses droits, le législateur a confirmé l’exercice et le rôle de ses représentants « les associations des consommateurs », et y a réservé tout un chapitre dans la loi 31/08. Les associations de consommateurs marocaines font partie d’un corps mondialement connu sous le nom du mouvement consumériste, qui est apparu au XX siècle après le discours du président American John.F. Kennedy le 15 mars 1962, qui a proclamé les quatre droits fondamentaux du consommateur. Le mouvement consumériste a vu le jour au Maroc aux années 90, mais il ne s’est renforcé que pendant les 10 dernières années. Leur cadre légal est défini par le dahir n° 1-58-378 du 15 novembre 1958, et ses modifications qui réglementent les associations ainsi que la loi 31/08 qui définit les organisations de protection du consommateur comme les seuls représentants des consommateurs, s’ajoutent à cela le décret d’application n° 2-12-462 qui définit le statut type des ADC reconnues d’utilité publique. Le mouvement consumériste partage et défend les mêmes valeurs reconnues mondialement. Le mouvement consumériste contribue à la transformation sociale et économique, il éduque le consommateur à être responsable, négocie et ester en justice. Par ses attributions le mouvement consumériste contribue à : l’information du consommateur, la représentation du consommateur, la résolution de ses litiges par les moyens extra judiciaires et l’action en justice. Ainsi le législateur marocain à travers la loi 31/08, veille à garantir une information appropriée et claire du consommateur sur les produits, biens ou services qu’il acquiert ou utilise; à garantir la protection du consommateur quant aux clauses contenues dans les contrats de consommation notamment les clauses abusives et celles relatives aux services financiers, aux crédits à la consommation et immobiliers, ainsi qu’aux clauses relatives à la publicité, aux ventes à distance et aux démarchages ; fixer les garanties légales et contractuelles des défauts de la chose vendue et du service après-vente et de fixer les conditions et les procédures relatives à l’indemnisation des dommages ou préjudices qui peuvent toucher le consommateur et à assurer la représentation et la défense des intérêts des consommateurs à travers les associations de protection du consommateur opérant conformément aux dispositions de la présente loi.

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Les prémices de la protection du consommateur se situent aux États-Unis sous l’impulsion du mouvement consumériste. Le consumérisme est une réaction contre les excès de la société de consommation et les abus de certains professionnels. Il repose sur l’idée que le consommateur est manipulé par la publicité et le marketing, générateurs de besoins artificiels et d’illusions d’une fausse abondance. La protection du consommateur trouve ainsi ses origines en Amérique, et donc hors d’Afrique À ce jour, cette protection reste timide sur le continent africain. Après les États-Unis, le mouvement a pris corps en Europe, notamment en France, avant de trouver sa consécration sur le plan mondial par l’Organisation des Nations Unies (ONU). La définition de la notion de consommateur a constitué le premier défi de cette transposition transatlantique. D’un côté, Il est important d’encourager les investisseurs pour répondre aux attentes de la population. De l’autre, il n’est pas souhaitable que les droits qui sont accordés aux investisseurs leur permettent, en abusant de ceux-ci, de remettre en cause les droits des consommateurs. A ce stade et après avoir introduire notre sujet, la problématique qui se pose est la suivante : Comment se manifeste les aspects de la protection du consommateur, par la loi et les organismes chargés en la matière ? Pour répondre à cette problématique, on va traiter la question de la protection du consommateur durant les phases de la vie du contrat à savoir, la phase précontractuelle (partie1), et durant son exécution et après son extinction (partie2).

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Partie 1 : la protection précontractuelle du consommateur contre les clauses abusives Chapitre 1 : la détection des clauses abusives Section 1 : la notion de la clause abusive Dans les contrats conclus entre fournisseur et consommateur, est considérée comme abusive toute clause qui a pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat. De ce fait on va déterminer dans cette partie, les personnes et les contrats concernés, le déséquilibre significatif, et on citera des illustrations en la matière.

Sous-section 1 : Les personnes et les contrats concernés Professionnel, consommateur ... et non professionnel Il a déjà été vu que l’une des difficultés majeures du droit de la consommation résidait dans le fait que cette législation, ayant vocation à s’appliquer à des catégories de personnes, ne les définissait pas, ou alors très imparfaitement C’est d’ailleurs précisément à propos de la législation sur les clauses abusives que les débats ont été les plus nourris et que la jurisprudence a tenté de montrer la voie. S’agissant du consommateur, il s’agit classiquement de celui qui contracte pour des besoins privés ou, pour définir par le contraire, qui ne se rattache pas à son activité professionnelle, en effet On entend par consommateur toute personne physique ou morale qui acquiert ou utilise pour la satisfaction de ses besoins non professionnels des produits, biens ou services qui sont destinés à son usage personnel ou familial S’agissant du professionnel l’art 2 de la loi 31-08 précise que le fournisseur est défini comme toute personne physique ou morale qui agit dans le cadre d’une activité professionnelle ou commerciale La question, fondamentale et plus générale, est alors de savoir si ces efforts de définition, propre à la matière des clauses abusives, peuvent être étendus à tout le droit de consommation. La définition du consommateur, du professionnel et du non-professionnel serait alors unitaire... La définition légale du consommateur répond pour partie à la question, mais laisse intacte la question du non-professionnel. L’application parfois à géométrie variable des dispositions du code, et notamment en matière de clause abusive, nous conduit à souhaiter une disparition pure et simple de la notion de non-professionnel, d’autant plus que les perspectives d’évolution du droit commun pourraient assurer une protection efficace aux personnes qui sont aujourd’hui qualifiées de non-professionnelles. La législation consumériste sur les clauses abusives :

 profite au consommateur et au non-professionnel. Sont exclus les contrats entre particuliers ou entre professionnels, quelle que soit leur taille ou leur structure, entre deux sociétés commerciales  même si le contrat sort de leur domaine d’activité

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 s’applique aux contrats de consommation, quelle que soit leur objet ou leur qualification vente, prestations de services, locations...  concerne tant les contrats d’adhésion, comme le contrat standardisé de services juridiques conclus entre un avocat et son client  vise des clauses abusives et non des contrats de consommation abusifs  vaut tant pour les clauses stipulées dans les contrats individuels que pour celles figurant dans les modèles de contrats, contrats types ou conditions générales pré-rédigés par les professionnels ou par leurs organisations de rattachement servant de base à des contrats futurs et souvent scrutés par les associations de consommateurs De surcroit plusieurs précisions doivent ici être apportées. S’agissant des contrats dans lesquelles peuvent figurer des clauses abusives, le texte ne fait ici aucune distinction, et par conséquent il n’y a pas lieu d’en faire. Il en résulte que tous les types de contrat peuvent être concernés par la réglementation sur les clauses abusives : vente, louage, prestation de service, etc. La loi prend même le soin de préciser que la protection s’étend quel que soit le support de la convention, ou de la clause... Et de donner une liste, non exhaustive : bon de commande, facture, bon de garantie, bordereau ou bon de livraison, billet ou ticket, dès lors qu’ils contiennent des stipulations négociées (librement ou non) ou des références à des conditions générales préétablies. La précision n’était sans doute pas nécessaire, mais elle a le mérite de mettre l’accent sur un élément important : ce n’est pas le contrat en lui-même et dans son entier, qui est abusif, mais bien certaines de ses clauses seulement. Il est alors logique d’admettre le régime protecteur, quel que soit le support de la clause. Ce qui compte, c’est que la stipulation ait été introduite dans le champ contractuel, qu’elle soit porteuse d’une obligation. Peu importe alors l’instrumentum, le moyen utilisé pour lui donner force obligatoire. En revanche, si la notion de contrat est largement entendue, elle n’est appréhendée qu’en tant qu’elle est le support des clauses qui seront examinées. En effet, c’est sur elles que le contrôle sera opéré, et non sur le contrat dans son ensemble. Autrement dit, le support de la clause peut être très divers mais en tout état de cause, seule la clause est abusive. C’est ainsi que le contrôle, s’il peut éventuellement porter sur une clause compromissoire, ne peut en revanche porter sur un compromis. Ce qui est contrôlé, c’est une clause dans un contrat, non le contrat lui-même. Cette précision permet également discerner la finalité pratique de ce système de contrôle : il ne s’agit pas de remettre en question la validité de la convention mais, au contraire, de la maintenir mais expurgée de ses causes de déséquilibre. C’est aussi pourquoi le contrôle ne peut porter sur l’ensemble d’un contrat : il ne s’agit pas de vérifier l’équilibre d’ensemble du contrat, voire de ses prestations mais de rechercher, au sein de celui-ci, les clauses elles-mêmes déséquilibrantes. Mais la différence est parfois bien ténue...

Sous-section 2 : Le critère du déséquilibre significatif En premier lieu, il n’est pas nécessaire que la clause ait effectivement créé le déséquilibre ; il suffit qu’elle ait été rédigée en ce sens ou qu’elle soit seulement susceptible de le produire. Plus que l’effet réellement produit, c’est bien le déséquilibre, au moins potentiel, qui est sanctionné. Et ce déséquilibre peut trouver sa source dans une clause principale, ou bien accessoire, peu importe. En deuxième lieu, l’appréciation du caractère abusif d’une clause doit être globale. 105

Certes, le déséquilibre doit s’apprécier au jour de conclusion du contrat, mais au regard, notamment, de toutes les circonstances qui entourent sa conclusion. Allant plus loin, le texte précise encore que cette appréciation doit se faire en contemplation de l’ensemble du contrat. En effet, bien souvent, il est difficile de déterminer si une clause, en elle-même, crée le déséquilibre caractéristique de l’abus ; il faut alors examiner les autres stipulations de la convention pour voir si leur rapprochement fait naître le déséquilibre. La technique se rapproche ici de celle qui est propre à l’interprétation des contrats : comprendre la partie en embrassant le tout. Pour autant, il ne s’agit pas d’interprétation, ou plus exactement pas nécessairement. Une clause peut-être obscure doit alors être interprétée : en cas de doute, le juge doit faire pencher le plateau de la balance du côté du consommateur, et il serait surprenant que le résultat d’une telle démarche conduise à conférer à la clause une telle qualification... sauf à ce que cette interprétation ait précisément pour but de reconnaître le caractère abusif de la clause à seule fin de la reconnaître abusive, et donc non écrite ! Plus généralement, la clause litigieuse est parfaitement claire, et il n’y a pas de doute sur son contenu. La question est seulement de savoir si ce contenu entraîne un déséquilibre significatif et, pour ce faire, le juge devra examiner l’ensemble du contrat. La méthode utilisée est donc la même, mais la fin est différente : non pas donner un sens à la clause, mais s’attacher à ses effets En troisième lieu, il faut remarquer que le texte vise le déséquilibre significatif. Autrement dit, tout déséquilibre ne rend pas une clause abusive : il faut qu’il soit significatif. La solution est logique, à plus d’un titre. En effet, même si le droit de la consommation a pour vocation de protéger le consommateur, il ne faut pas qu’il devienne en quelque sorte une prime à la mauvaise foi. Il ne s’agit pas de permettre au consommateur, qui est avant tout un contractant, de pouvoir, non pas se libérer du lien contractuel dans son ensemble, mais d’invoquer indûment le caractère abusif d’une clause afin de se soustraire à une ou plusieurs de ses obligations. Il faut donc rechercher un équilibre, afin de préserver tout de même, autant que faire se peut, un minimum de sécurité juridique. Le contrat, en effet, est fondamentalement un acte prévu (par les stipulations qu’il contient) et de prévision : il s’agit pour les parties de se projeter dans l’avenir, de prévoir la portée de leurs obligations, bref d’encadrer leurs relations dans le temps. Si les clauses peuvent être trop facilement remises en cause, cette stabilité s’effondre. Ensuite, l’équivalence, l’équilibre voire l’égalité n’ont jamais été des conditions de validité des contrats. En quatrième et dernier lieu, le déséquilibre doit l’être au détriment du consommateur ou non-professionnel. Cela est conforme à l’esprit du droit de la consommation qui privilégie l’un seulement des contractants. Cela signifie également, même si l’hypothèse est d’école, qu’une clause qui créerait un déséquilibre significatif au détriment du professionnel, et donc à l’avantage du consommateur, ne pourrait être qualifiée d’abusive. De toute façon, le seul qui pourrait s’en plaindre serait le professionnel qui, par hypothèse, ne pourrait invoquer le Code de la consommation à son profit (du moins dans ce cas) Il est à ajouter à ce stade une clarification du déséquilibre et son ampleur Le déséquilibre juridique Seul est sanctionné le contenu contractuel déséquilibré résultant d’une clause, autrement dit un déséquilibre juridique et non pas économique. Le droit de la consommation ne protège pas les consommateurs ou les non-professionnels contre une lésion

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Le contrôle de l’abus n’est en effet écarté que si ces clauses tarifaires ou relatives à l’objet principal sont rédigées de façon claire et compréhensible. A contrario, si elles ont une forme inintelligible et sont équivoques, le contrôle sur le fond de l’abus est rouvert. Le défaut d’équivalence entre le prix et l’objet du contrat peut donc, dans cette hypothèse, être sanctionné sur le fondement des clauses abusives Ampleur du déséquilibre N’est sanctionné que le déséquilibre significatif entre les droits et les obligations des parties au contrat, soit celui qui est suffisamment manifeste ou excessif pour le partenaire du professionnel. Ce déséquilibre s’apprécie :

 au moment de la conclusion du contrat, par référence au contexte  de manière globale, en prenant en compte toutes les clauses du contrat, voire celles d’un autre contrat avec lequel il est interdépendant, comme dans le cas d’une vente doublée d’une prestation d’assistance En l’absence de seuil et de définition légale, on retiendra de la jurisprudence et des exemples réglementaires deux formes de déséquilibre significatif. Une clause est abusive :

 soit parce qu’elle réserve au professionnel un avantage ou un droit dont est réciproquement privé le consommateur, ou le non-professionnel tel un droit de rupture anticipé ou de rupture du contrat  soit parce qu’elle impose au partenaire du professionnel une obligation excessive ou lui refuse un droit, comme c’est le cas pour une durée minimale d’engagement ou une exclusion de garantie.

Sous-section 3 : Illustrations Une fois que le champ opératoire du contrôle est précisé, il reste encore à déterminer le contenu qu’il faut donner à cette notion de déséquilibre significatif. Tout est une question d’espèce, mais quelques lignes directrices se dégagent cependant. Bien souvent, la clause sera abusive lorsqu’elle révèle une emprise du professionnel sur le contrat, ou bien lorsqu’elle manque de réciprocité, les deux étant en réalité complémentaires. L’emprise du professionnel sur le contrat peut se traduire de différentes manières. Il peut s’agir d’une clause par laquelle le professionnel présume irréfragablement l’adhésion du consommateur à des conditions générales, même si ce dernier en réalité n’en a pas eu connaissance. Ainsi en est-il de la clause par laquelle la remise par le consommateur de documents (renseignements bancaires par exemple) vaut acceptation des conditions générales du contrat. C’est également le cas lorsque le contrat impose au consommateur une durée minimale d’engagement sans qu’existe, pour lui, la possibilité de se dégager de la convention pour motif légitime. Ici, ce n’est pas tellement le fait que le contrat soit à durée déterminée qui pose difficulté (ce qui serait en effet surprenant), mais plutôt le fait que la règle contractuellement posée ne souffre aucune exception : le consommateur est, quoiqu’il arrive, prisonnier du contrat. Il en sera de même de la clause (assez fréquente) qui prévoit que les conditions générales en ligne prévalent sur les conditions générales imprimées. Dans ce cas, le déséquilibre significatif tient à la nature évolutive du document électronique : les conditions générales en ligne peuvent en effet être modifiées par le professionnel, parfois sans que le consommateur en soit informé. 107

Citons encore la clause, très courante dans les contrats d’accès à l’internet, selon laquelle le consommateur s’engage à respecter un code de bonne conduite, fréquemment appelé la Netiquette ; la référence à un code de bonne conduite n’est sans doute pas en soi source d’un déséquilibre. Elle le devient lorsque le contrat se borne à viser ce code dans une clause, sans en préciser le contenu, qui reste donc ignoré de l’internaute Bien souvent, le caractère abusif d’une clause découlera, non pas du contenu de la clause elle-même, mais de la comparaison entre les droits et obligations du consommateur d’une part, et ceux du professionnel d’autre part. Cela est parfaitement dans le droit fil de l’analyse globale de la convention à laquelle il faut procéder. Précisons le propos : la clause, qui impose telle ou telle obligation n’est pas en elle-même abusive, mais elle le devient lorsque la contrainte ne pèse que sur une seule des parties, le consommateur. Autrement dit, c’est l’absence de réciprocité qui rend la clause abusive. Si les deux parties étaient soumises au même régime, la clause serait valable, mais comme elle ne pèse que sur le consommateur, cela déséquilibre le contrat. Tel est bien entendu le cas de la clause par laquelle le professionnel se reconnaît le droit de modifier unilatéralement, en cours de contrat, le contenu de la convention Il faut cependant apporter deux précisions… Un dernier exemple sera donné. Un certain nombre de contrats contiennent une clause aux termes de laquelle la convention sera résiliée de plein droit en cas de manquement du consommateur à l’une quelconque de ses obligations. Cette stipulation, en elle-même, est parfaitement valable et ne présente pas, intrinsèquement, un caractère abusif. Elle le devient lorsque cette sanction ne joue pas à l’encontre du professionnel qui ne respecterait pas ses propres obligations. Encore une fois, c’est l’absence de réciprocité qui la rend abusive.

Section 2 : l’identification des clauses abusives Une fois que l’idée générale, la notion de clause abusive, est cernée, il reste encore à mettre en œuvre le système de lutte, ce qui n’est pas une mince affaire ! En effet, malgré les précisions qui peuvent être données, sur le champ d’application des clauses abusives, ou leur critère, l’ensemble demeure tout de même quelque peu empirique. Cette mise en application du système est rendue un peu complexe par la diversité des acteurs qui interviennent dans le processus d’identification des clauses abusives. Autrement dit, une fois donnée la définition de la clause abusive, il reste encore à déterminer qui sera compétent pour la reconnaître comme telle, et de quelle façon. La loi reposait essentiellement sur un acteur : les pouvoirs publics. C’est à eux qu’il revenait de déclarer telle ou telle clause abusive, par voie réglementaire. Au fond, dans ce système peu importait que la définition de la clause abusive fût précise ou pas, qu’elle pût être mise facilement en œuvre ou pas, puisque c’était l’autorité publique qui était compétente pour identifier les clauses abusives. Cette première voie toujours d’actualité, montra cependant assez rapidement ses limites, ce qui conduisit à une évolution spectaculaire : le juge s’accorda le droit de reconnaître, de lui-même, le caractère abusif d’une clause. Ainsi, aux côtés des clauses déclarées abusives, apparurent des clauses jugées abusives, et ces deux sources, ces deux voies coexistent à présent.

Sous-section 1 : la voie réglementaire : les clauses déclarées réglementaires Dans les contrats conclus entre fournisseur et consommateur, est considérée comme abusive toute clause qui a pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat. 108

De façon indicative et non exhaustive, peuvent être regardées comme abusives, les clauses ayant pour objet ou pour effet : 1. dans les contrats de vente de supprimer ou de réduire le droit à réparation du consommateur en cas de manquement par le fournisseur à l'une quelconque de ses obligations ; 2. de réserver au fournisseur le droit de modifier unilatéralement les caractéristiques du produit, du bien à livrer ou du service à fournir. Toutefois, il peut être stipulé que le fournisseur peut apporter des modifications liées à l'évolution technique, à condition qu'il n'en résulte ni augmentation des prix ni altération de qualité et que la clause réserve au consommateur la possibilité de mentionner les caractéristiques auxquelles il subordonne son engagement ; 3. D’exclure ou de limiter la responsabilité légale du fournisseur en cas de mort d’un consommateur ou de dommages corporels causés à celui-ci, résultant d’un acte ou d’une omission du fournisseur ; 4. D’exclure ou de limiter de façon inappropriée les droits légaux du consommateur vis-àvis du fournisseur ou d’une autre partie en cas de non-exécution totale ou partielle ou d’exécution défectueuse par le fournisseur d’une quelconque des obligations contractuelles, y compris la possibilité de compenser une dette envers le fournisseur avec une créance qu’il aurait contre lui ; 5. De prévoir un engagement ferme du consommateur, alors que l’exécution de l’engagement du fournisseur est assujettie à une condition dont la réalisation dépend de sa seule volonté ; 6. D’imposer au consommateur qui n’exécute pas ses obligations une indemnité d’un montant disproportionnellement élevé ou le cumul de plusieurs indemnités ; 7. D’autoriser le fournisseur à résilier le contrat de façon discrétionnaire si la même faculté n’est pas reconnue au consommateur, ainsi que de permettre au fournisseur de retenir les sommes versées au titre de prestations non encore réalisées par lui, lorsque c’est le fournisseur lui-même qui résilie le contrat ; 8. D’autoriser le fournisseur à mettre fin sans un préavis raisonnable à un contrat à durée indéterminée, sauf en cas de motif grave ; 9. De proroger automatiquement un contrat à durée déterminée en l’absence d’expression contraire du consommateur, alors qu’une date excessivement éloignée de la fin du contrat a été fixée comme date limite pour exprimer cette volonté de non-prorogation de la part du consommateur ; 10. De constater de manière irréfragable l’adhésion du consommateur à des clauses dont il n’a pas eu, effectivement, l’occasion de prendre connaissance avant la conclusion du contrat ; 11. D’autoriser le fournisseur à modifier unilatéralement les termes du contrat sans raison valable et spécifiée dans le contrat et sans en informer le consommateur ; 12. De prévoir que le prix ou le tarif des produits, biens et services est déterminé au moment de la livraison ou au début de l’exécution du service, ou d’accorder au fournisseur le droit d’augmenter leur prix ou leur tarif sans que, dans les deux cas, le consommateur n’ait de droit correspondant lui permettant de rompre le contrat au cas où le prix ou le tarif final est trop élevé par rapport au prix ou tarif convenu lors de la conclusion du contrat ; 13. D’accorder au fournisseur, seul, le droit de déterminer si le produit ou bien livré ou le service fourni est conforme aux stipulations du contrat ou de lui conférer le droit exclusif d’interpréter une quelconque clause du contrat ;

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14. De restreindre l’obligation du fournisseur de respecter les engagements pris par ses mandataires ou de soumettre ses engagements au respect d’une formalité particulière ; 15. D’obliger le consommateur à exécuter ses obligations alors même que le fournisseur n’exécuterait pas les siennes ; 16. De prévoir la possibilité de cession du contrat de la part du fournisseur, lorsqu’elle est susceptible d’engendrer une diminution des garanties pour le consommateur sans l’accord de celui-ci ; 17. De supprimer ou d’entraver l’exercice d’actions en justice ou des voies de recours par le consommateur, en limitant indûment les moyens de preuves à la disposition du consommateur ou en imposant à celui-ci une charge de preuve qui, en vertu du droit applicable, devrait revenir normalement à une autre partie au contrat.

Sous-section 2 : la voie judiciaire : les clauses jugées abusives Le Tribunal de première instance de Tanger a jugé abusives certaines clauses dans les conventions de compte. Parmi ces dernières, la clause indiquant qu’aucune contestation sur le relevé de compte ne peut être acceptée après un délai de 3 mois suivant son envoi. Il en va de même pour la clause précisant qu’un titulaire de compte ne bénéficie que d’un mois pour refuser des modifications de la convention de compte ou de celle tendant à faire croire au détenteur d’une carte bancaire que seule une opposition écrite soit efficace en cas de perte ou de vol. Quelques décisions sporadiques des juges des TPI ou de Cours d’appel, qui ont annulé des clauses de contrats d’assurance jugées abusives, viennent confirmer cette tendance. L’une d’entre elles est celle qu’a rendue la Cour d’appel de Casablanca et qui a annulé la définition du sinistre comme l’invalidité médicalement constatée durant la durée de la garantie. La Cour a en effet considéré qu’une telle clause permettait à l’assureur, informé d’un événement de santé pouvant ultérieurement conduire à une invalidité, de résilier le contrat avant toute constatation médicale de cette dernière, donc d’échapper à son obligation de garantie. De ce fait, elle était abusive. La Cour d’appel de Casablanca a par ailleurs reconnu qu’une clause, dans le contrat d’octroi d’une carte de crédit, était nulle puisque illisible et incompréhensible. En effet, la compagnie émettrice n’avait pas fourni d’explications adéquates sur les termes utilisés et sur les conséquences en découlant, soit la responsabilité conjointe et solidaire du solde de la carte de crédit. De son côté, la Cour d’appel de Rabat a qualifié d’abusives des clauses présentes dans les contrats de leasing. La Cour jugeait en effet qu’une clause relative à la restitution immédiate du véhicule en cas de résiliation d’un contrat de location de véhicule assorti d’une promesse de vente était abusive. «Ces professionnels jouissant des capacités techniques nécessaires et des connaissances très étendues leurs permettant de contracter en toute connaissance de cause- n’hésitent pas à imposer dans leur contrat d’adhésion des clauses de nature à leur apporter des avantages excessifs, au préjudice du consommateur marocain, qui adhère sans discussion ou négociation. De même, le jargon juridique utilisé dans les contrats de crédits reste inaccessible à la plupart des consommateurs, même avertis. Cela crée un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties, d’où la nécessité de la protection de la partie faible dans la relation contractuelle», explique un avocat du barreau de Casablanca.

Chapitre 2 : Mécanismes généraux de la protection précontractuelle Avec la standardisation et la multiplication des contrats de consommation ces documents sont, pour la plupart aujourd’hui, unilatéralement pré-rédigés par les professionnels et soumis à l’adhésion des consommateurs sans qu’aucune modification ne soit permise.

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Cependant, le contrat que le professionnel propose au consommateur contient bien souvent des clauses abusives, des clauses qui, aménageant la situation contractuelle des deux parties, de la conclusion du contrat jusqu’à son terme, prévoient les obligations réciproques des contractants ainsi que toutes les difficultés éventuelles, toujours résolus conventionnellement à l’avantage exclusif du professionnel. Toutefois la loi 31-08 sur l’information et la protection du consommateur contient des dispositions impératives interdisant certaines clauses contractuelles, considérées illicites ou abusives. Ces interdictions dépendent parfois de la nature du contrat et de ses parties, pensons ici au contrat de consommation. Sont ainsi interdites, les clauses pénales dans certains contrats de consommation22. Par cette loi le législateur marocain assure une information claire, objective et loyale au consommateur, il vise ainsi à renforcer la protection de ses intérêts économiques. C’est ainsi qu’il cherche à éviter le déséquilibre créé par les clauses d’un contrat par l’interdiction des clauses abusives.

Section 1 : La publicité à destination du consommateur Les professionnels sont tenus de délivrer des informations essentielles au consommateur, ils sont également eux qui mettent au point des campagnes publicitaires pour, dans un contexte concurrentiel, attirer la clientèle. À la différence des obligations objectives et légales d’information, la publicité est une information engagée et partisane. Le terme « publicité » ne fait l’objet d’aucune définition juridique. Celle-ci peut être considérée comme toute forme de communication faite dans le cadre d’une activité commerciale, industrielle, artisanale ou libérale dans le but de promouvoir la fourniture de biens ou de services. Autrement elle peut être considérée comme tout moyen d’information destiné à permettre au client potentiel de se faire une opinion sur les caractéristiques des biens ou services qui lui sont proposés. Cette conception est considérée extensive, elle est indépendante d’une finalité promotionnelle ou incitative, les supports publicitaires sont multiples, on peut citer alors les écrans de télévision ou de cinéma, web, affiches ou pages d’un magazine, étiquette apposée sur une marchandise, emballage, document commercial, etc. Un message incitatif à consommer de l’alcool diffusé sur le réseau social Face book a été assimilé à une publicité interdite pour de l’alcool. La publicité ne doit guère être une information fausse de nature à induire en erreur le consommateur. La publicité est par principe licite. Elle est toutefois parfois encadrée expressément par la loi, voire interdite.

Sous-section 1 : L’interdiction de publicité trompeuse Le droit marocain a encadré les offres publicitaires à destination des consommateurs afin qu’elles ne soient pas « mensongères », inexactes ou fausse ou de nature à induire en erreur. C’est ainsi que ces offres publicitaires ne doivent pas créer une confusion avec un concurrent ou un bien ou service concurrent, ou comporter des allégations fausses ou au moins susceptibles d’induire le public en erreur. L’appréciation de ce caractère doit s’opérer par rapport à un consommateur moyen, capable d’attention et de réflexion.

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En cas de litige, il appartient au demandeur d’apporter la preuve que la publicité critiquée est trompeuse et non au professionnel de prouver la véracité des éléments de publicité qu’il utilise.

Sous-section 2 : L’encadrement de la publicité comparative La publicité comparative, comme elle est a été définie par l’article 22 de la loi 31-08 sur l’information et la consommation, est toute publication qui met en comparaison les caractéristiques les ou tarifs des biens, produits ou services en utilisant soit la citation soit la représentation de la marque de fabrique de commerce ou de service d’autrui, soit la citation ou la représentation de la raison sociale ou la dénomination sociale, du nom commercial ou de l’enseigne d’autrui. La publicité comparative est encadrée dans sa conception et dans les effets qu’elle peut provoquer. L’encadrement de la réalisation d’une publicité comparative : Pour qu’une publicité comparative soit licite trois conditions positives doivent nécessairement être réunies. S’agissant de la première elle concerne la nature de la publication Celle-ci ne doit pas être trompeuse ou de nature à induire en erreur, les affirmations des annonceurs doivent être vraies, authentiques et la comparaison honnête. L’annonceur doit donc être en mesure de prouver dans un bref délai l’exactitude matérielle des énonciations, indications et présentations contenues dans la publicité Exemple : « La société Philips, ayant mis sur le marché une friteuse Airfryer trois ans après son concurrent, la société SEB connue pour son modèle Actifry, a été condamnée. Elle affirmait que des frites croustillantes pouvaient être cuites « sans huile » « en 12 minutes », alors qu’une quantité minimale d’huile est nécessaire et que le temps réel de cuisson est de 30 minutes (CA Paris, 5 févr. 2015 : JurisData, nº 2015-002000). Le concurrent n’était qu’identifiable. Philips n’avait cité ni la marque SEB, ni son modèle Actifry. Mais compte-tenu de son antériorité sur le marché, le consommateur moyen pouvait l’identifier ». En second lieu la publication comparative doit porter sur des biens ou services répondant aux mêmes besoins ou ayant le même objectif : ne peuvent être comparés que des biens ou services similaires, appartenant à la même gamme de prix et de qualité. Ne pourraient être confrontés des produits « 1er prix » d’un côté et de luxe de l’autre. C’est pourquoi pour des produits ayant une appellation d’origine (ou autre label) la comparaison n’est autorisée qu’avec des produits bénéficiant de la même appellation Dernièrement, la publicité doit comparer objectivement une ou « plusieurs caractéristiques essentielles, pertinentes, vérifiables et représentatives » des biens ou services dont le prix : les éléments de comparaison doivent être vérifiables, faire l’objet de transparence et les critères ne doivent pas être subjectifs en reposant sur le goût ou l’odorat par exemple.

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Section 2 : L’obligation d’information du consommateur Sous-section 1 : L’information comme mesure de protection du consommateur Informer les consommateurs, c'est admettre qu'ils sont capables de défendre eux-mêmes leurs intérêts. En cette matière la loi se limite à leur donner les moyens de le faire. Protéger les consommateurs, c'est reconnaître que ceux-ci, même informés, sont victimes d'abus contre lesquels ils ne peuvent lutter la loi a pour but alors de supprimer directement ces abus. C’est dans ce sens qu’elle met les professionnels dans l'obligation d'informer le consommateur, ainsi elle interdit les clauses abusives du contenu du contrat. Ces mesures de protection dépendent, à la fois, de la catégorie de consommateur concernée et de la nature de l'abus constaté.

Sous-section 2 : l’obligation d’information incombe aussi bien au vendeur qu’au fabricant En droit marocain de la consommation, le législateur amplifie l’obligation d’information en imposant aux professionnels la communication d’informations nombreuses et complexes alourdissant le processus contractuel. Il est indispensable d’indiquer que ces obligations d’information précontractuelles, ont pour but de parfaire le consentement des consommateurs, c’est-à-dire faire en sorte que les consommateurs s’engagent en pleine connaissance de cause. Il s’agit de leur faire prendre conscience du contenu du contrat qu’on leur propose. Bien souvent, la loi contraint les professionnels à rédiger un écrit qui comporte des mentions informatives précises. C’est ce que l’on appelle le formalisme informatif. En pratique, ces obligations spéciales ont les mêmes fonctions préventives que les obligations générales : leur intensité varie selon la dangerosité du contrat pour la personne ou pour ses biens et certaines d’entre elles semblent même participer de la sécurité de la personne. En matière médicale par exemple, le médecin a l’obligation d’informer son patient, avant une opération, un traitement médical ou un acte de soin, sur tous les risques encourus, même exceptionnels. De la même façon, le fabricant doit informer l’utilisateur des dangers, des précautions d’emploi, de la composition ou des contre-indications du produit. C’est dans ce sens qu’il est dans l’obligation de mettre le consommateur avant la conclusion du contrat en mesure de connaitre les caractéristiques principales du bien ou services, ainsi que les conditions du contrat lors de sa formation, c’est -à dire avant son exécution pour l’unique but de lui permettre d’en profiter pleinement. Il est tenu de délivrer au consommateur des informations sur les caractéristiques essentielles du bien ou du service, on parle alors de sa qualité, son utilité et même sa composition, aussi les conditions de son fonctionnement, les risques d’utilisation comme les effets secondaires du produit, son origine, et sans oublier bien sûr de déterminer le prix et les conditions de vente. Ces caractéristiques diffèrent d’un produit à un autre selon sa nature. C’est donc au cas par cas que le juge apprécie les caractéristiques essentielles de celles qui ne le sont pas. Exemple : «Dans une affaire un couple achète des lits escamotables pour aménager un appartement. Une fois livrés et dépliés, la porte-fenêtre ne peut plus se fermer ! Le vendeur a manqué à l’obligation d’information de l’article L. 111-1 en ne les informant pas des dimensions (CA Versailles, 21 mai 2013 : Juris Data nº 2013-011725). Mais l’installateur d’un abri de piscine ne méconnaît pas ce texte en n’informant pas l’acheteur de la nécessité d’une autorisation

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administrative préalable en raison de l’augmentation de la surface de plancher occasionnée par les travaux ( Cass. 1re civ, 30 sept. 2015, nº 14-11761).»

Section 3 : les organismes chargés de former et d’informer le consommateur Les organismes jouent un rôle d’information et de protection de consommateurs profanes, en se pencher dans cette section sur les institutions publiques (paragraphe 1), et les organes consultatifs marocains (paragraphe 2).

Sous-section 1 : les institutions publiques Les institutions publiques au Maroc prédominent le secteur de formation et d’information du consommateur, on se focalise à savoir le rôle de ministère de commerce et d’industrie et des nouvelles technologies (A), ministère de l’agriculture et de la pêche maritime (B), et le ministère de l’intérieur ALMOHTASIB (C).

Paragraphe 1 : ministère de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique L’administration centrale de ce ministère comprend deux principales directions concernées par la consommation et par le consommateur, à savoir la direction de la normalisation et la promotion de la qualité, d’une part, et la direction de commerce intérieur d’autre part. La direction de normalisation et de la promotion de la qualité fait partie intégrante de l’administration de l’industrie .elle est chargé en particulier :

 Etudier, proposer et veiller à l’application des mesures législatives et réglementaires en matière de normalisation et de promotion de la qualité.  Veiller à l’application de la législation et de la réglementation relative à la répression de fraudes et des falsifications en procédant au contrôle de la qualité et de la quantité des produits de l’industrie agricole, qui sont du ressort de la division de l’industrie alimentaire et agricole dépendant de la direction de la production industrielle, et de l’industrie pharmaceutique .elle s’assure en générale de la conformité des produits relevant de sa compétence aux normes prescrites par la législation relative à la normalisation industrielle.  Elaborer les mesures législatives et réglementaires relatives à la métrologie légale et industrielle et de veiller à leur application.  Instaurer et de gérer un système national d’agrément des laboratoires d’essais, de coordonner leur action et d’encourager leur développement. Cette direction comprend ainsi les divisions de la normalisation, de la promotion de la qualité, de la métrologie légale et industrielle, des laboratoires, et de la propriété industrielle. Mais du fait de ses prérogatives, ses rapports avec les consommateurs sont assez distants, comme c’est également le cas de l’autre structure principale chargée du commerce intérieur. Ce n’est donc qu’indirectement, par le biais de la réglementation et du contrôle des activités des professionnels de la consommation, que ces deux directions pourraient, eu égard à la volonté politique, à leurs moyens et à l’intégrité de leurs personnels, contribuer à une protection efficace des consommateurs. La direction du commerce intérieur est tenue de : 114

 De veiller à l’adaptation de la législation et de la réglementation en matière commerciale.

 De participer avec les administrations concernées à l’adaptation et à l’application de la législation et la réglementation en matière de prix et de stocks de sécurité.

 Participer à l’élaboration et à l’exécution de la politique de formation dans le secteur commercial en liaison avec les départements ministériels intéressés. Le ministère de commerce de l’industrie et des nouvelles technologies a mis en oeuvre le plan RAWAJ qui développe la vision et le plan d’action de ce département pour la période 2008-2012.le volet relatif à la protection et l’information des consommateurs y occupe une place privilégiée dans la mesure où il en constitue l’un des deux axes stratégiques. Le cadre juridique « adaptation de la loi 31-08 édictant des mesures de protection de consommateurs et ses textes d’application »et le renforcement du rôle des associations de consommateurs représentent les deux leviers par lesquels le département compte aborder le volet du consumérisme.

Paragraphe 2 : Ministère de l’agriculture et de la pêche maritime Plusieurs services de ce département, dont les attributions et l’organisation sont régies par le décret n-2-93-23 du mai 1993,sont chargés des questions pouvant intéresser la consommation ou les consommateurs ,dont la division de la répression des fraudes et la division vétérinaire. Elle est actuellement chargée de l’élaboration et de l’application sur l’ensemble du territoire et aux frontières de la législation et de la réglementation en matière de répression de fraudes et des falsifications. A ce titre elle procède au contrôle de la qualité et de la quantité des produits alimentaires et s’assure, en outre, de la conformité de ces produits aux normes prescrites par la législation relative à la normalisation industrielle. Cette division assure, d’une part, le secrétariat de la commission interministérielle pour le contrôle alimentaire et la répression des fraudes dans la vente des marchandises et participe, d’autre part, aux travaux du codex alimentarius. Mais malgré ses attributions diversifiées, de par dénomination même, son activité principale demeure le contrôle et la répression des fraudes de produits alimentaires.

Paragraphe 3 : ALMOHTASSIB Le mohtassib est considéré comme une institution du droit musulman, il semble que tant la hisba que le mohtasib ne se sont pas développés qu’avec l’avènement de la dynastie Ommeyade et surtout de la dynastie Abasside. Le mohtassib est chargé, à l’exclusion de toute autre autorité, du contrôle de la qualité et du prix des produits et services de l’artisanat ainsi que des produits agricoles, des denrées alimentaires, des boissons et des produits de toilette d’hygiène. Il est rare que le consommateur s’adresse à cet institution, sachant pertinemment son manque d’autorité, d’autant plus qu’il est seulement appelé à dénoncer aux autorités concernées les faits et les actes contraires aux bonnes mœurs, à la moralité ou à la vertu commis dans un lieu public ou ouvert au public.

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Malgré l’insuffisance de son pouvoir décisionnel, le mohtasib peut parfois donner son avis en ce qui concerne la fixation des prix des produits et services soumis à son contrôle, bien qu’il siège à cet effet dans le comité local, provincial ou préfectoral des prix.

Sous-section 2 : les organismes consultatifs Le rôle de certains organes pouvant être sollicités par les administrations chargés de protéger et d’informer le consommateur a ses droits demeure prépondérant, afin de donner leur avis en matière de la consommation, le conseil de concurrence (A), et le centre marocain de la consommation (B).

Paragraphe 1 : Le conseil de concurrence Le conseil de concurrence est appelé a joué un rôle consultatif exceptionnel par les représentants de consommateurs; cette orientation est confirmé par sa nouvelle composition dans la loi 20-13, on rappelle en effet que si ce conseil de la concurrence est « un organe indépendant », il comprend seulement douze membres, sont nommés par le Chef de gouvernement, sur proposition de l’autorité dont ils relèvent, pour un mandant de 5 ans renouvelable une fois. Il s’agit de deux magistrats vice-présidents, quatre membres choisis en raison de leur compétence en matière économique ou de concurrence, dont un vice- président, deux membres choisis en raison de leur compétence en matière juridique dont un vice-président, trois membres représentant le secteur de la production, de la distribution et des services, et un membre choisi en raison de sa compétence en matière de protection du consommateur. A l’instar du président, les vices président sont soumis aux règles d’incompatibilités, à l’exception des magistrats qui demeurent soumis aux règles prévues par l’article 15 du dahir portant loi n 1 -74-467 du 26 chaoual 1394(11 novembre 1974) formant statut de la magistrature. Les membres du conseil sont astreints au secret des délibérations et des réunions (art 11, loi, 20.13) Si ces domaines de consultation n intéressent qu’indirectement les consommateurs, les associations de ces derniers peuvent saisir le conseil de concurrence sur les questions qui les sensibilisent et dont elles ont la charge, , et ce au même titre que les chambres de métiers (commerce, service, industrie, agriculture, artisanat, pêche maritime) ou d’autre organisation syndicales et professionnelles.il peut également être consulté par le gouvernement, les commissions parlementaires et les juridictions compétentes devant se prononcer sur l’interdiction des pratiques anticoncurrentielles. En tout cas, si les organisations de consommateurs ont la possibilité de s’adresser à cet organe, cela ne signifie pas que ces associations soient représentées en son sein, ils trouvent multiples difficultés, d’une part la condition de l’utilité publique, d’autre part tout dépendra en fin de compte d’une volonté politique clairement affirmée en ce sens.

Paragraphe 2 : Le centre marocain de consommation La création d’un centre marocain de consommation était dictée par le besoin d’orientation en matière de la consommation. La définition de ses missions a fait l’objet d’une étude détaillée des domaines d’intervention des différents acteurs, organisations, et administrations, intervenant dans le domaine de la consommation et de la protection des consommateurs. Cette fondation dont le siège est établi à Rabat, est dirigée par un directeur, et administrée par un 116

conseil d’administration composé de 13 membres, six membres fondateurs désignés par le ministre chargé de commerce et d’industrie, six membres représentant des associations de consommateurs, et un membre représentant le comité d’expert choisi parmi les membres extérieurs aux représentants des administrations publiques de la production ou de la distribution ou des partenaires financiers de la fondation. A ce titre, le centre marocain de la consommation a pour missions de

     

La recherche consumériste. La gestion d’un fond documentaire. La gestion des litiges et la médiation. La labellisation des produits et services. La veille consumériste et l’alerte rapide. L’appui à la représentation des associations de consommateurs.

Mais malgré ce pas institutionnel considérable, cette institution est demeure inactive, inefficace depuis sa création jusqu’à nos jours. Ce qui fait que malgré ces dispositifs institutionnels consacrés à la protection et l’information des consommateurs, leurs rôle est demeure insuffisant.

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Partie 2 : la protection du consommateur durant l’exécution du contrat et après son extinction Les parties à un contrat peuvent tomber en litige, pour cause de clause abusive durant l’exécution du contrat ou après son extinction, de ce fait, dans ce cas il est primordial de prouver cette clause pour passer à ses conséquences

Chapitre 1 : la preuve de l’abus en cas de détection des clauses abusives « En cas de litige entre le fournisseur et le consommateur, la charge de la preuve incombe au fournisseur » art 34 de la loi 31-08. Les clauses invoquées par les professionnels à l’encontre des consommateurs peuvent être neutralisées parce qu’elles sont présumées abusives par voie réglementaire ou déclarées abusives par le juge

Section 1 : le rôle de présomption Pour faciliter la traque des clauses abusives et alléger la charge probatoire des justiciables, le droit de la consommation recourt aux listes réglementaires recensant les clauses devant être réputées comme telles La loi 31/08 du 18 février 2011 édictant des mesures de protection des consommateurs consacre en effet un titre spécial à la protection des consommateurs contre les clauses abusives. Le législateur va agir directement sur le contenu du contrat en réagissant contre les risques d’abus de nature à perturber l’équilibre du contrat au détriment des consommateurs en proposant, pour la première fois, une réglementation d’ensemble des clauses abusives. Le contrat ne doit pas obliger uniquement parce qu’il a été voulu et encore moins parce qu’une «adhésion» a permis sa conclusion mais parce qu’il réalise un minimum de justice et d’équilibre. C’est dans cet esprit que la loi 31/08 définit tout d’abord la clause abusive comme étant toute clause ayant pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat. Elle présente ensuite une liste indicative, non exhaustive, de 17 clauses pouvant être regardées comme abusives : de celles qui dans les contrats de vente supprimeraient ou réduiraient le droit à réparation du consommateur en cas de manquement par le fournisseur à l’une quelconque de ses obligations à celles qui supprimeraient ou entraveraient l’exercice d’actions en justice ou des voies de recours par le consommateur en passant par celles qui constateraient de manière irréfragable l’adhésion du consommateur à des clauses dont il n’a pas eu, effectivement, l’occasion de prendre connaissance avant la conclusion du contrat. La liste est donc limitative et le juge pourra toujours considérer une clause abusive même si elle ne figure pas parmi les 17 clauses de la liste indicative légale. La loi 31/08 prévoit également qu’en cas de litige concernant une clause abusive, le fournisseur doit apporter la preuve du caractère non abusif de la clause objet du litige. Cela semble a priori favorable au consommateur mais cela signifie aussi qu’il est toujours possible au professionnel de contester le caractère abusif de la clause qu’elle figure ou pas sur la liste indicative. En droit français, sur le terrain probatoire, le consommateur est dans une situation plus confortable. 118

Depuis 2009 en effet, on distingue deux listes :

 la liste noire des clauses abusives, clauses qui sont toujours abusives, et même interdites. En cas de conflit, le juge les déclarera automatiquement non écrites, sans contestation possible de la part du professionnel. Il s’agit de clauses présumées abusives de manière irréfragable.  la liste grise des clauses présumées abusives. Ces clauses sont présumées abusives de manière réfragable : juridiquement, cela signifie qu’elles sont abusives, à moins que le professionnel ne démontre le contraire. Ainsi, en droit français par exemple, la clause de la liste indicative de la loi 31/08 qui autorise le fournisseur à modifier unilatéralement les termes du contrat sans raison valable et spécifiée dans le contrat et sans en informer le consommateur figure sur la liste noire. Au Maroc, le professionnel pourra donc toujours tenter de la déclarer non abusive. Une telle possibilité n’est pas permise en droit français. Quant au sort des clauses abusives, l’article 19 de la loi 31/08 considère nulles et de nul effet les clauses abusives contenues dans les contrats conclus entre fournisseurs et consommateurs. Cependant, le contrat restera applicable dans toutes ses dispositions autres que celles jugées abusives s’il peut subsister sans lesdites clauses. Cette possibilité est originale car traditionnellement le contrat basé sur une volonté altérée était frappée de nullité dans sa globalité. Cette sanction classique de la nullité de tout le contrat était inopportun ; le consommateur a besoin du contrat mais ne veut pas se voir imposer des clauses léonines. C’est désormais possible.

Section 2 : le rôle du juge Les listes de clauses présumées abusives ne sont pas fermées. Cela signifie que si un plaideur invoque une clause non visée par la loi le juge conserve le pouvoir de la déclarer abusive. Il en va ainsi de la clause d’un contrat d’enseignement faisant du paiement du prix total de la scolarité en BTS un forfait acquis à l’établissement à la signature du contrat, sans prévoir la possibilité d’une résiliation avec remboursement pour motif légitime et sérieux, comme une raison médicale tenant à une grossesse compliquée Dans ce cadre deux questions se posent :

 Quelle est l’étendue du pouvoir du juge ?  Le juge peut-il relever d’office le caractère abusif d’une clause ? Sous-section 1 : L’étendue du pouvoir du juge S’agissant du pouvoir du juge en matière de clause abusive, il peut être observé qu’il est d’inégale étendue selon que la clause qui lui est soumise figure ou non dans l’une des deux listes établies par décret. Trois hypothèses doivent être distinguées :

 La clause figure dans la liste noire : le juge ne dispose d’aucun pouvoir d’appréciation. Il n’a d’autre choix que de constater le caractère abusif de la clause qui lui est soumise  La clause figure dans la liste grise : le juge dispose d’un pouvoir d’appréciation réduit. La clause qui lui est soumise est présumée abusive. Sauf à ce que le professionnel rapporte la preuve contraire, il devra la réputer non-écrite. 119

 La clause ne figure dans aucune liste : le juge recouvre son plein pouvoir d’appréciation. Il pourra qualifier la clause abusive dès lors qu’il constate l’existence d’un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties.

Sous-section 2 : Le relevé d’office d’une clause abusive Le juge peut-il relever d’office le caractère abusif d’une clause stipulée dans un contrat conclu entre un professionnel et un consommateur, alors même que le moyen n’a pas été soulevé par l’une des parties au litige ? L’examen de la jurisprudence révèle que la position de la Cour de cassation a considérablement évolué sur cette question, rappelons à ce stade que Le Tribunal de première instance de Tanger a jugé abusives certaines clauses dans les conventions de compte. Parmi ces dernières, la clause indiquant qu’aucune contestation sur le relevé de compte ne peut être acceptée après un délai de 3 mois suivant son envoi. Il en va de même pour la clause précisant qu’un titulaire de compte ne bénéficie que d’un mois pour refuser des modifications de la convention de compte ou de celle tendant à faire croire au détenteur d’une carte bancaire que seule une opposition écrite soit efficace en cas de perte ou de vol. Quelques décisions sporadiques des juges des TPI ou de Cours d’appel, qui ont annulé des clauses de contrats d’assurance jugées abusives, viennent confirmer cette tendance. L’une d’entre elles est celle qu’a rendue la Cour d’appel de Casablanca et qui a annulé la définition du sinistre comme l’invalidité médicalement constatée durant la durée de la garantie. La Cour a en effet considéré qu’une telle clause permettait à l’assureur, informé d’un événement de santé pouvant ultérieurement conduire à une invalidité, de résilier le contrat avant toute constatation médicale de cette dernière, donc d’échapper à son obligation de garantie. De ce fait, elle était abusive. La Cour d’appel de Casablanca a par ailleurs reconnu qu’une clause, dans le contrat d’octroi d’une carte de crédit, était nulle puisque illisible et incompréhensible. En effet, la compagnie émettrice n’avait pas fourni d’explications adéquates sur les termes utilisés et sur les conséquences en découlant, soit la responsabilité conjointe et solidaire du solde de la carte de crédit. De son côté, la Cour d’appel de Rabat a qualifié d’abusives des clauses présentes dans les contrats de leasing. La Cour jugeait en effet qu’une clause relative à la restitution immédiate du véhicule en cas de résiliation d’un contrat de location de véhicule assorti d’une promesse de vente était abusive. «Ces professionnels jouissant des capacités techniques nécessaires et des connaissances très étendues leurs permettant de contracter en toute connaissance de cause- n’hésitent pas à imposer dans leur contrat d’adhésion des clauses de nature à leur apporter des avantages excessifs, au préjudice du consommateur marocain, qui adhère sans discussion ou négociation. De même, le jargon juridique utilisé dans les contrats de crédits reste inaccessible à la plupart des consommateurs, même avertis. Cela crée un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties, d’où la nécessité de la protection de la partie faible dans la relation contractuelle», explique un avocat du barreau de Casablanca.

Chapitre 2 : les conséquences de la qualification des clauses abusives Le législateur essaye de protéger la partie faible par la mise en œuvre des sanctions pour lutter contre les clauses abusives. Il a mis l’accent sur la nécessité de la rédaction des conditions 120

et modalités du contrat d’une manière claire et explicite, pour permettre à l’emprunteur d’être au courant de toutes ses obligations contractuelles.

Section 1 : les sanctions administratives Sous-section 1 : Sanctions du professionnel Les rédacteurs du Code civil ont imaginé le contrat comme devant être naturellement conclu entre deux « bons pères de famille » également prudents et diligents. La réalité de la vie économique a montré qu’il n’en était pas toujours ainsi. Les contrats d’adhésion se multiplient ; ils contiennent des stipulations souvent imposées d’emblée à la partie économiquement plus faible. Le risque est d’y voir figurer des clauses limitatives ou exonératoires de responsabilité du professionnel au détriment du particulier, de voir appliquer des pénalités de retard au particulier et de les voir exclues à l‘égard du particulier. Déjà, la jurisprudence avait, dans un premier temps, refusé de faire application de clauses exonérant le professionnel de sa responsabilité en cas de dol, de faute intentionnelle, ou de faute lourde. La présence d’une ou de plusieurs clauses abusives est passible d’une amende de 2.000 à 5.000 dirhams. Les dispositions pénales prévues par la loi 31-08 ne s’appliquent que s’il s’avère difficile de donner aux faits punissables une qualification pénale plus sévère en application des dispositions du code pénal.

Section 2 : les sanctions judiciaires Pour la protection de consommateur conte les clauses abusives, le juge est un acteur clé dans cette opération. La sanction susceptible d’être prononcée par le juge lorsqu’il constate le caractère abusif d’une clause varie entre :

 Suppression de la clause abusive réputée non écrite  La nullité partielle du contrat Sous-section 1 : Suppression de la clause abusive réputée non écrite Le juge ne peut pas annuler un contrat mais il peut déclarer une clause abusive et la réputée non écrite donc lorsque le juge saisi d’un litige entre un consommateur et un fournisseur, il pourra relever que l’une de ses clauses s’avère abusive et refuser de la faire appliquer par les parties, en le déclarant non écrit. Le réputé non-écrit a pour conséquence de supprimer la clause abusive de l’acte, sans anéantir, pour autant, le contrat, pris dans sa globalité. La clause abusive entraîne leur seule suppression, sans remettre en cause l'existence du contrat. 121

Sous-section 2 : la nullité partielle du contrat La contenance des clauses abusives entraîne la nullité partielle du contrat. Les clauses abusives dans les contrats conclus entre fournisseur et consommateur sont nulles et de nul effet. Et Le contrat restera applicable dans toutes ses autres dispositions s’il peut subsister sans la clause abusive précitée. Le juge peut annuler la clause sans annuler le contrat. Le législateur marocain est intervenu en vertu de l’article 16 de DOC en accordant au juge un pouvoir d’appréciation très large, en se référant au moment de la conclusion du contrat à toutes les circonstances qui entrent dans sa conclusion, pour déterminer le déséquilibre entre les droits et obligations des parties. Toutefois, en cas de doute sur le sens d’une clause qui manque de clarté et de transparence, l’interprétation la plus favorable au consommateur prévaut. La liberté de se désengager "Chacun est libre de contracter ou de ne pas contracter, de choisir son cocontractant et de déterminer le contenu et la forme du contrat dans les limites fixées par la loi. La volonté des parties garde un rôle majeur dans la conclusion des contrats. En matière contractuelle, une large place est laissée à l’autonomie de la volonté. Les parties disposent d’une grande liberté. Elles peuvent décider de recourir ou non au jeu de la condition, déterminer dans quel contexte elle doit se réaliser, ou encore choisir l’événement qui va conditionner la naissance de leurs obligations. La possibilité leur est également offerte de concevoir cet événement de façon positive ou négative, de décider de fixer un terme ou non. Chacun a la liberté d’engager ou de se désengager. Les parties à un contrat peuvent décider d'y mettre fin. L’être humain est capable de promettre, de s’engager. Cette aptitude apparaît in fine comme une condition de la vie en société. Faire une promesse, s’engager, s’obliger, se lier pour l’avenir ; c’est vouloir encore ce que l’on a voulu un jour : « chose promise, chose due ! ». Ainsi, parce que l’engagement est au coeur du lien social, les juristes lui ont accordé une place considérable au sein de la sphère juridique ; le droit des contrats est le premier concerné. Droit de se désengagement désigne le droit de renonciation, de repentir, de retour, de rétractation, de réflexion, de revenir sur son engagement. Le désengagement constitue une technique essentielle du droit de la consommation. Aussi la trouvons-nous presque partout. Le désengagement est devenu la règle, aussi bien que l’engagement. Le consommateur a la faculté de se désengager et de renonciation. Le consommateur dispose d’un délai : de sept jours pour exercer son droit de rétractation, de trente jours pour exercer son droit de rétractation, si le fournisseur n’honore pas son engagement de confirme, par écrit.

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Section 3 : Les associations de protection du consommateur Elles se constituent et fonctionnent conformément à la législation et à la réglementation en vigueur relatives au droit d’association, assurent l’information, la défense et la promotion des intérêts du consommateur. On ne peut pas considérer comme association de protection du consommateur, l’association qui :

 compte parmi ses membres des personnes morales ayant une activité à but lucratif  perçoit des aides ou subventions d’entreprises ou de groupements d’entreprises fournissant des produits, biens ou services au consommateur  fait de la publicité commerciale ou qui n’a pas un caractère purement informatif, pour des biens, produits ou services ;  se consacre à des activités autres que la défense des intérêts du consommateur  poursuit, un but à caractère politique. Les associations de protection du consommateur peuvent être reconnues d’utilité publique si elles satisfont à la législation et la réglementation en vigueur et relatives au droit d’association. Selon l’article 156 de la loi 31-08 : « Est institué, un Fonds national pour la protection du consommateur en vue de financer les activités et les projets visant à la protection du consommateur. Le Ministère chargé du Commerce, de l’Industrie et des Nouvelles Technologies est chargé de la gestion de ce fonds. Les ressources du fonds sont constituées des dotations du budget général, d’un pourcentage des amendes perçues à la suite des contentieux sur lesquelles il a été statué des dons et legs au profit du fonds, de toutes autres ressources obtenues légalement. Le régime d’administration du fonds, de gestion de ses finances ainsi que le pourcentage des amendes et la nature des ressources seront fixés par décret ». La Fédération nationale et les associations de protection du consommateur reconnues d’utilité publique peuvent former des actions en justice, intervenir dans les actions en cours, se constituer partie civile devant le juge d’instruction pour la défense des intérêts du consommateur et exercer tous les droits reconnus à la partie civile relatifs aux faits et agissements qui portent préjudice à l’intérêt collectif des consommateurs, peut demander à la juridiction statuant sur l’action civile ou sur l’action accessoire d’enjoindre au défendeur ou au prévenu, de cesser les agissements illicites ou de supprimer dans le contrat ou le contrat-type proposé ou adressé aux consommateurs une clause illicite ou abusive.

Section 4 : les recommandations de la commission des clauses abusives La commission des clauses abusive est placée auprès du ministre français chargé de la consommation. C’est une institution française. Elle contient 13 membres, son président est Monsieur Vincent VINGEAU, vice-président est Etienne Rigal. 123

Elle est composée de magistrats, de personnalités qualifiées en droit ou technique des contrats, de représentants des consommateurs, de représentants des professionnels. La commission examine les modèles de conventions habituellement proposés par les professionnels et recommande la suppression ou la modification des clauses qui ont pour objet ou pour effet de créer, au détriment du non-professionnel ou du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat. Son rôle porte sur l’examen de l’ensemble des contrats d’un secteur professionnel afin d’émettre des recommandations qui recensent les clauses abusives relevées dans un nombre représentatif de contrats collectés. A ce titre, la loi est parfaitement claire : la Commission ne peut intervenir dans un litige et, par conséquent, régler des situations individuelles La commission peut être saisie par un juge à l’occasion d’une instance pour donner son avis sur le caractère abusif d’une clause contractuelle. Chaque année la Commission établit un rapport d’activité. La commission des clauses abusives peut être saisie pour recommandation par le ministre chargé de la consommation, par des associations agréées de défense des consommateurs ou par le professionnel intéressé. Elle peut également se saisir d’office. La commission peut être saisie par un juge à l’occasion d’une instance pour donner son avis sur le caractère abusif d’une clause contractuelle. Cependant, il faut noter que l’avis ne lie pas le juge. La Commission fait connaitre son avis dans un délai maximum de trois mois à compter de sa saisine. La CCA est aussi en mesure d’émettre les propositions de modifications législatives ou réglementaires qui lui paraissent souhaitables. La Commission se réunit en formation plénière. Lorsqu’elle est saisie, ou de sa propre initiative, la Commission peut demander à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de procéder à la collecte des modèles de contrats proposés dans un secteur économique déterminé. Ces contrats sont remis au rapporteur désigné par la Commission. Elle examine ainsi le pré-rapport établi par le rapporteur. Le rapport adopté est ensuite communiqué aux parties intéressées du secteur concerné, qui sont invitées à présenter leurs observations à la Commission en présence du rapporteur. A la suite de cette audition, le rapporteur élabore un projet de recommandation. Ce projet est soumis à la Commission qui en arrête le texte définitif. Les recommandations de la Commission des clauses abusives n’ont valeur que de soft law, et sont émises à titre indicatif. Cependant, il ne faut pas en sous-estimer la portée car elles sont susceptibles de constituer une base implicite pour le juge chargé d’apprécier le caractère abusif d’une clause dans le cadre d’un litige. Une recommandation de la Commission des clauses abusives, relative aux contrats proposés par les fournisseurs de services de réseaux sociaux (Recommandation CAA n°2014-

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02 du 3 décembre 2014, « Recommandation ») est formellement, comme l’indique d’ailleurs son titre, destinée aux fournisseurs de réseaux sociaux. Des recommandations qui ont pour but d’éliminer les clauses exclusives de responsabilité ou limitant le droit de rétractation de 14 jours octroyé au consommateur pour les ventes à distance. La Recommandation vise toutefois aussi à écarter certaines clauses ou pratiques dont le caractère abusif n’était pas évident et ne ressortait pas directement des textes applicables. On trouve quatre recommandations sont particulièrement intéressantes pour des sites Internet de vente à distance de par leur caractère novateur :

 Les documents contractuels doivent être lisibles tant à l’écran qu’à l’impression. La CCA entre dans la technicité de l’outil informatique et critique des conditions générales qui seraient « difficilement lisibles à l’écran comme sur papier après impression *…+ en raison de la charte graphique de l’interface du [site Internet] »  Les clauses de renvoi à des documents externes ou entre clauses dans le même document sont admises sous réserve qu’elles ne soient excessives. Ceci heurte, notamment, la pratique de séparation des clauses contractuelles traditionnelles de la politique de confidentialité, également de nature contractuelle, mais souvent exprimée sous une forme différente  La valeur contractuelle des documents présentés sous les termes de « charte » ou « politique » doit être précisée  La seule navigation sur le site ne peut emporter adhésion implicite et immédiate du nonprofessionnel aux conditions générales d’utilisation du site. Le consommateur doit pouvoir prendre connaissance des conditions avant d’y adhérer. La clause contraire est présumée abusive de manière irréfragable. Ces recommandations, par la généralité de leurs termes, semblent largement déborder le champ des réseaux sociaux et sont susceptibles d’être relayées par la jurisprudence ou le pouvoir législatif et réglementaire pour l’ensemble des contrats conclus par voie électronique avec des non-professionnels. Parmi les recommandations pour les contrats d’assurance : Des recommandes doit être éloignes : Des clauses stipulées dans les contrats régis par le code de la mutualité, les clauses ayant pour objet ou pour effet :

 De permettre au professionnel de se dispenser de la notification préalable à l’adhérent de la modification d’éléments essentiels du contrat  D’autoriser le professionnel à prévoir l’exclusion d’un adhérent pour des motifs étrangers à l’exécution du contrat ou insuffisamment précis  De permettre à la mutuelle de percevoir la totalité de la cotisation mensuelle en cas de décès de l’adhérent en cours de mois, sans aucune contrepartie, en l’absence d’autre bénéficiaire de la couverture

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 D’autoriser le professionnel à modifier unilatéralement le tarif déterminant les cotisations, indépendamment de toute demande de modification des garanties émanant du consommateur et hors l’échéance annuelle de reconduction du contrat Des clauses communes aux contrats régis par le code de la mutualité, le code des assurances et le code de la sécurité sociale, les clauses ayant pour objet ou pour effet :

 De ne pas remettre au consommateur par écrit ou sur un autre support durable les 

           

documents contractuels De laisser croire à la conclusion immédiate du contrat d’assurance souscrit par téléphone à la date de l’entretien téléphonique sans communication préalable du dossier d’adhésion par écrit ou sur un autre support durable, hors l’hypothèse où la demande d’assurance est à l’initiative du consommateur D’entretenir l’ambiguïté sur la date de la conclusion du contrat, pendant un délai indéfini laissé à la discrétion du professionnel De prévoir un engagement ferme du consommateur, alors que l’exécution des prestations du professionnel est assujettie à une condition dont la réalisation dépend de sa seule volonté De laisser croire au consommateur qu’il ne dispose pas du délai légal de renonciation De sanctionner une fraude non précisément définie par la privation du droit aux prestations, hors les cas d’omission ou de fausse déclaration intentionnelle dûment établie par l’assureur De prévoir que le consommateur ne sera pas remboursé de ses frais antérieurs de deux ans à la date de leur présentation, sans préciser le point de départ de ce délai quant à la date des frais (consultation, soins, facturation) D’autoriser l’assureur à laisser le consommateur ne pas bénéficier du remboursement dû au titre de la garantie par lui souscrite, pendant un délai indéterminé D’imposer le prélèvement automatique comme unique mode de paiement ; 25°) D’imposer des frais au consommateur en cas de paiement par chèque De mettre à la charge du consommateur des frais indéfinis, en cas d’impayés, à la convenance du professionnel De donner une information imprécise, au regard des prescriptions légales, sur les frais mis à la charge du consommateur en cas de non-paiement De priver le consommateur de son droit d’accès à la télétransmission de ses demandes de remboursement direct auprès de son nouvel organisme d’assurance complémentaire, en cas de défaut de paiement des cotisations De donner une information imprécise et incomplète au regard des prescriptions légales sur les modes de règlement amiable et contentieux des litiges De prévoir un délai de réponse du médiateur de la consommation supérieur à celui prévu par la réglementation, de soumettre le recours au juge à un préalable de médiation de la consommation et de prévoir que l’avis du médiateur s’impose aux parties.

Les consommateurs peuvent s'appuyer sur les avis et les recommandations émis par la Commission des clauses abusives afin de régler un litige avec un professionnel.

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Conclusion En guise de conclusion on constate que, le consommateur est un sujet protégé par le droit de la concurrence. Cette protection découle principalement du bon fonctionnement du marché qui profite au consommateur, la concurrence entre les opérateurs économiques étant assurée. L'application du droit de la concurrence protège en outre le consommateur de nombreux préjudices. Cependant, alors que cette étude devait porter exclusivement sur la protection du consommateur par le droit de la concurrence, il est apparu évident qu'au-delà d'être un sujet protégé, le consommateur demeure un élément, un concept utilisé par le droit de la concurrence. Inséré dans les textes de concurrence, l'intérêt du consommateur représente un critère d'exemption, un indice de l'efficacité d'une pratique sur le marché. Il apparaît donc que la protection du consommateur ne semble pas constituer une des préoccupations principales du droit de la concurrence. En effet, il existe une certaine incohérence entre la volonté de protection du consommateur dont se prévaut parfois le droit de la concurrence d'une part, et l'impossibilité d'action du consommateur en concurrence déloyale ou le refus de la mise en place d'une véritable action de groupe d'autre part. La protection du consommateur est ici mise à l'écart, d'où la nécessité d'un droit séparé de la consommation, dont l'objet est d'assurer une protection effective du consommateur contre l'existence de toute stipulation abusive au niveau de ses actes avec le professionnel pour s’il puisse lutter, à armes égales, avec les professionnels dans le cadre de manquement aux règles de concurrence et voir, enfin, son préjudice réparé. A ajouter également que, les dispositions de la loi concernant les clauses abusives sont d’ordre public, c’est-à-dire qu’elles s’imposent aux parties -et en particulier aux fournisseursqui ne peuvent pas les écarter. Les fournisseurs ont jusqu’au mois de décembre prochain pour mettre les contrats en conformité avec la loi. Cette mise en conformité implique notamment que les contrats de consommation soient débarrassés des clauses abusives qui y seraient actuellement insérées. Il y a là un travail d’information et de sensibilisation à mener auprès des entreprises qui doivent également savoir que, sous peine de sanction, tous les actes/contrats de consommation rédigés dans une langue étrangère devront désormais être obligatoirement accompagnés de leur traduction en langue arabe (article 206 de la loi). On constate ainsi que la loi 38/01 procède d’une vision plus réaliste des relations contractuelles modernes et d’une approche plus objective du contrat où les éléments de loyauté, de justice et d’équilibre doivent désormais trouver leur place au côté de la volonté.

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Table des matières Thème 1 : Présentation de la loi 104-12 sur la concurrence et la réglementation des prix ............................. 4 Introduction ........................................................................................................................................................... 4 Partie 1 : Le Droit substantiel de la concurrence et son application à la lumière de la loi 104-12 : .............. 6 Chapitre 1 : Pratiques liées à la concurrence ...................................................................................................... 6 Section 1 : Pratiques anticoncurrentielles ....................................................................................................... 6 Sous-section 1 : Les pratiques collectives .................................................................................................. 6 Paragraphe 1 : Au plan du fond ............................................................................................................. 6 Paragraphe 2 : Au plan de la forme ....................................................................................................... 7 Sous-section 2 : Les pratiques individuelles .............................................................................................. 7 Paragraphe 1 : Eléments communs ........................................................................................................ 7 Paragraphe 2 : Eléments spécifiques ..................................................................................................... 8 §1 : Notion d’abus ............................................................................................................................. 8 §2 : Notions de domination et de dépendance économique : ............................................................ 8 I- La Position dominante ............................................................................................................... 8 II-La situation de dépendance économique : ................................................................................ 9 Section 2 : Pratiques restrictives de la concurrence : ..................................................................................... 9 Sous-section 1 : De la transparence dans les relations commerciales entre professionnels ....................... 9 Sous-section 2 : Du stockage clandestin .................................................................................................. 12 Chapitre 2 : le contrôle des prix et le contrôle des concentrations :.................................................................. 13 Section 1 : Le contrôle des prix .................................................................................................................... 13 Section 2 : le contrôle des concentrations .................................................................................................... 13 Partie 2 : Le Dispositif institutionnel et répressif de mise en œuvre de la loi 104-12 .................................... 15 Chapitre 1 : L’efficacité du conseil de la concurrence ...................................................................................... 15 Section 1 : L’activation du conseil ............................................................................................................... 17 Section 2 : L’aménagement du Conseil ........................................................................................................ 18 Sous-section 1 : La clarification de la mission ......................................................................................... 18 Paragraphe 1 : La transparence dans les relations économiques.......................................................... 18 Paragraphe 2 : L’équité dans les relations économiques ..................................................................... 18 Sous-section 2 : L’indépendance ............................................................................................................. 19 Sous-section 3 : Statut décisionnel ........................................................................................................... 20 Paragraphe 1 : Sur le plan de la régulation et du contrôle ................................................................... 20 Paragraphe 2 : Sur le plan des sanctions .............................................................................................. 21 Chapitre 2 : Dispositif répressif de mise en œuvre de la loi 104-12 ................................................................. 22 Section 1 : Dispositif administratif ............................................................................................................... 22 Section 2 : Dispositif pénal........................................................................................................................... 23 Conclusion ........................................................................................................................................................... 24 Thème 2 : Les institutions de régulation en matière de la concurrence ......................................................... 26 Introduction ......................................................................................................................................................... 26 Partie 1 : le conseil de la concurrence ............................................................................................................... 33 Chapitre1 : le conseil de concurrence : composition, organisation, attributions et missions : .......................... 33 Section 1 : composition et organisation du conseil de concurrence ............................................................. 33 Sous-section 1 : Composition .................................................................................................................. 33

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Sous-section 2 : Organisation administrative et financière du conseil de concurrence ............................ 34 Paragraphe 1 : Organisation administrative ......................................................................................... 34 §1 : Nomination des membres ......................................................................................................... 34 §2 : Les obligations membres du conseil de concurrence ............................................................... 35 §3 : La cessation des fonctions des membres du conseil de la concurrence .................................... 36 Section 2 : les attributions et missions de conseil de concurrence ............................................................... 36 Sous-section 1 : les attributions de conseil de concurrence ..................................................................... 36 Sous-section 2 : Les missions du conseil de la concurrence .................................................................... 37 Chapitre 2 : conseil de concurrence marocain- compétence renforcée ............................................................. 38 Section 1 : le renforcement des prérogatives de de conseil de concurrence. ................................................ 38 Sous-section 1 : pouvoir décisionnaire et d’enquête ................................................................................ 38 Sous-section 2 : pouvoir de sanction ........................................................................................................ 39 Section 2 : le control de concentrations économiques. ................................................................................. 39 Sous-section 1 : les opérations notifiables ............................................................................................... 40 Sous-section 2 : nouvelle procédure de notification ................................................................................ 40 Sous-section 3 : les nouveaux délais procéduraux dans le calendrier de l’opération ............................... 41 Phase II ........................................................................................................................................................ 41 Section 3 : compétence renforcée ms toujours limité. .................................................................................. 42 Partie 2 : Autres Institutions de régulation de la concurrence ........................................................................ 44 Chapitre 1 : l’autorité marocaine des marches de capitaux ............................................................................... 44 Section 1 : le plan stratégique 2017-2020 de l’AMMC ................................................................................ 44 Section 2 :l’AMMC et la supervision du marché des capitaux .................................................................... 48 Sous-section 1 : le contrôle de l’information financière : ........................................................................ 48 Paragraphe 1 : L’information périodique............................................................................................. 48 Paragraphe 2. L’information importante ............................................................................................. 48 Paragraphe 3 : Les programmes de rachat des sociétés cotées ............................................................ 48 Paragraphe 4 : La déontologie des sociétés cotées .............................................................................. 49 Paragraphe 5 : Reporting sur la responsabilité sociétale des entreprises ............................................. 49 Sous-section 2 : le contrôle des intervenants et des infrastructures de marché ........................................ 49 Paragraphe 1 : Le contrôle des sociétés de gestion .............................................................................. 49 Paragraphe 2 : Le contrôle des sociétés de bourse et des teneurs de comptes ..................................... 50 Sous-section 3 le développement institutionnelle .................................................................................... 50 Paragraphe 1 : la gestion des risques ................................................................................................... 50 Paragraphe 2 : le diagnostic organisationnel ....................................................................................... 51 Chapitre 2 : Les institutions de régulation de la concurrence en matière de la communication audiovisuelle et la télécommunication ............................................................................................................................................ 51 Section 1 : La communication audio visuelle ............................................................................................... 52 Sous-section 1 : La composition de la Haute autorité de la communication audiovisuelle...................... 52 Paragraphe 1 : La composition de du conseil supérieur de communication audiovisuel ..................... 52 §1 : Nomination ............................................................................................................................... 52 §2 : La cessation de la fonction des membres du conseil supérieur peut être sois .......................... 53 Paragraphe 2 : La composition de la direction générale de la communication audiovisuel ................. 53 §1 : Nomination et le recrutement ................................................................................................... 53

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§2 : La cessation de fonction ........................................................................................................... 53 Sous-section 2 : Les pouvoirs et les attributions de la Haute Autorité de Communication Audiovisuel . 53 Paragraphe 1 : Les attributions générales du conseil supérieur ........................................................... 54 Paragraphe 2 : L’attribution du conseil supérieur qui a une relation avec la concurrence ................... 54 Section 2 : La télécommunication ................................................................................................................ 55 Sous-section 1 : Instance et administration de l’ANRT ........................................................................... 56 Paragraphe 1 : Instance de l’ANRT ..................................................................................................... 56 §1 : Un Conseil d’Administration pour orienter les actions de l’Agence… .................................... 56 I- Réunions du Conseil d’Administration ................................................................................... 56 II- Attributions du Conseil d’Administration .............................................................................. 56 III- Membres du Conseil d’Administration ................................................................................. 56 §2 : Le Comité de Gestion ............................................................................................................... 57 Paragraphe 2 : Administration de l’ANRT .......................................................................................... 57 Sous-section 2 : Attributions et missions en matière de la concurrence .................................................. 58 Paragraphe 1 : Concurrence ................................................................................................................. 58 Paragraphe 2 : Régulation de la concurrence ....................................................................................... 59 Paragraphe 3 : Saisines concurrentielles .............................................................................................. 59 Conclusion ........................................................................................................................................................... 61 Thème 3 : Les pratiques anti-concurrentielles ................................................................................................. 63 Introduction ......................................................................................................................................................... 63 Partie 1 : Les pratiques anticoncurrentielles entre prohibition et tolérance ................................................. 65 Chapitre 1 : Les contours de la concurrence ..................................................................................................... 65 Section 1 : Les ententes illicites et l’abus de position dominante................................................................. 65 Sous-section 1 : Les ententes illicites ....................................................................................................... 65 Sous-section 2 : l’abus de position dominante ......................................................................................... 66 Section 2 : L’abus de dépendance économiques et la pratique des prix abusivement bas ............................ 67 Sous-section 1 : L’abus de dépendance économique ............................................................................... 67 Sous-section 2 : Prix abusivement bas ..................................................................................................... 67 Chapitre 2 : Les exemptions à l’interdiction des pratiques restrictives de concurrence.................................... 68 Section 1 : Les pratiques tolérées ................................................................................................................. 68 Sous-section 1 : Autorisation des textes législatifs et réglementaires ...................................................... 68 Sous-section 2 : Une initiative des professionnels ................................................................................... 68 Section 2 : Prorogations relatives à certaines entreprises et la proposition d’une coopération américaine .. 69 Section 3 : Adaptation des règles en matière de contrôle de concentration économique et pratiques anticoncurrentielles. ..................................................................................................................................... 70 Sous-section 1 : Adaptation des règles de contrôle des concentrations au niveau européen .................... 70 Sous-section 2 : Adaptation des règles en matière des pratiques anticoncurrentiels ................................ 71 Partie 2 : La lutte contre les pratiques anticoncurrentielles ........................................................................... 72 Chapitre 1 : L’organe relatif à la lutte contre les pratiques anticoncurrentiels ................................................. 72 Section 1 : La refonte du conseil de la concurrence ..................................................................................... 72 Section 2 : La procédure d’enquête .............................................................................................................. 73 Chapitre 2 : Le régime répressif des pratiques anticoncurrentielles ................................................................. 75 Section 1 : Sanctions administratives ........................................................................................................... 75

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Section 2 : Les sanctions civiles ................................................................................................................... 76 Section 3 : Les sanctions pénales ................................................................................................................. 77 CONCLUSION.................................................................................................................................................... 79 Thème 4 : Présentation de la loi 31-08 sur l’information et la protection du consommateur ...................... 81 Introduction ......................................................................................................................................................... 81 Partie I : La présentation de la loi 31-08 sur la protection du consommateur. ............................................. 84 CHAPITRE I : Les objectifs de la loi 31-08 ..................................................................................................... 84 Section 1 : Rééquilibrer la relation entre le consommateur et le fournisseur. .............................................. 84 Section 2 : La protection du consommateur en matière des contrats conclus à distance. ............................. 85 CHAPITRE II : Les droits garantis aux consommateurs. ................................................................................. 86 Section 1 : Le droit à l’information .............................................................................................................. 86 Section 2 : Le droit aux choix. ...................................................................................................................... 87 Section 3 : Le droit à la rétractation. ............................................................................................................ 88 Partie II : Mesures protectionnistes et insuffisances de la loi 31-08 ............................................................... 90 CHAPITRE I : La protection du consommateur contre les clauses abusives. .................................................. 90 Section 1 : Les critères d’identification d’une clause abusive. ..................................................................... 90 Section 2 : L’interdiction des clauses abusives, une nouveauté en droit marocain ...................................... 91 CHAPITRE II : La protection du consommateur face aux nouvelles pratiques commerciales et endettement. 92 Section 1 : La protection du consommateur face aux nouvelles pratiques. .................................................. 92 Sous-section 1 : la protection du consommateur en matière de publicité ................................................ 92 Sous-section 2 : Protection du consommateur contre le démarchage et les types de ventes prohibées.... 93 Paragraphe 1 : Le démarchage d’après la loi 31-08 ............................................................................. 93 Paragraphe 2 : Les ventes prohibées analysé par la loi 31-08.............................................................. 93 Section 2 : La protection du consommateur face à l’endettement. ............................................................... 94 CHAPITRE 3 : Les lacunes et les insuffisances de la loi 31-08. ...................................................................... 95 Section 1 : Référence et recours à d’autres lois et règlements ...................................................................... 96 Section 2 : Application de la loi 31-08 ......................................................................................................... 96 Conclusion ........................................................................................................................................................... 98 Thème 5 : La protection du consommateur contre les clauses abusives....................................................... 100 Introduction ....................................................................................................................................................... 100 Partie 1 : la protection précontractuelle du consommateur contre les clauses abusives ............................. 104 Chapitre 1 : la détection des clauses abusives................................................................................................. 104 Section 1 : la notion de la clause abusive ................................................................................................... 104 Sous-section 1 : Les personnes et les contrats concernés ....................................................................... 104 Sous-section 2 : Le critère du déséquilibre significatif .......................................................................... 105 Sous-section 3 : Illustrations .................................................................................................................. 107 Section 2 : l’identification des clauses abusives ......................................................................................... 108 Sous-section 1 : la voie réglementaire : les clauses déclarées réglementaires ....................................... 108 Sous-section 2 : la voie judiciaire : les clauses jugées abusives ............................................................. 110 Chapitre 2 : Mécanismes généraux de la protection précontractuelle ............................................................. 110 Section 1 : La publicité à destination du consommateur ............................................................................ 111 Sous-section 1 : L’interdiction de publicité trompeuse .......................................................................... 111 Sous-section 2 : L’encadrement de la publicité comparative ................................................................. 112 Section 2 : L’obligation d’information du consommateur .......................................................................... 113

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Sous-section 1 : L’information comme mesure de protection du consommateur .................................. 113 Sous-section 2 : l’obligation d’information incombe aussi bien au vendeur qu’au fabricant ................ 113 Section 3 : les organismes chargés de former et d’informer le consommateur .......................................... 114 Sous-section 1 : les institutions publiques.............................................................................................. 114 Paragraphe 1 : ministère de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique ........................................................................................................................................................... 114 Paragraphe 2 : Ministère de l’agriculture et de la pêche maritime .................................................... 115 Paragraphe 3 : ALMOHTASSIB ....................................................................................................... 115 Sous-section 2 : les organismes consultatifs .......................................................................................... 116 Paragraphe 1 : Le conseil de concurrence.......................................................................................... 116 Paragraphe 2 : Le centre marocain de consommation ....................................................................... 116 Partie 2 : la protection du consommateur durant l’exécution du contrat et après son extinction ............. 118 Chapitre 1 : la preuve de l’abus en cas de détection des clauses abusives ...................................................... 118 Section 1 : le rôle de présomption .............................................................................................................. 118 Section 2 : le rôle du juge ........................................................................................................................... 119 Sous-section 1 : L’étendue du pouvoir du juge ...................................................................................... 119 Sous-section 2 : Le relevé d’office d’une clause abusive....................................................................... 120 Chapitre 2 : les conséquences de la qualification des clauses abusives .......................................................... 120 Section 1 : les sanctions administratives .................................................................................................... 121 Sous-section 1 : Sanctions du professionnel .......................................................................................... 121 Section 2 : les sanctions judiciaires ............................................................................................................ 121 Sous-section 1 : Suppression de la clause abusive réputée non écrite.................................................... 121 Sous-section 2 : la nullité partielle du contrat ........................................................................................ 122 Section 3 : Les associations de protection du consommateur ..................................................................... 123 Section 4 : les recommandations de la commission des clauses abusives .................................................. 123 Conclusion ......................................................................................................................................................... 127 Table des matières ............................................................................................................................................. 128

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