Dpf-Uds-Fseg-Bab 2020 [PDF]

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Zitiervorschau

UNIVERSITE DE DSCHANG ---------------------------------------------------

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

-------------------------------ANNEE ACADEMIQUE 2019-2020

Master professionnel Banque, Assurance, Bourse.

COURS DE

DROIT PATRIMONIAL DE LA FAMILLE ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 1. ABOMO (M. L.), Le divorce au Cameroun: pour une réforme, Thèse, Toulouse I, 1998. 2. ALLIOT (M.), Le droit des successions dans les Etats africains francophones, RJPIC, 1972, p. 45 Conçu, et dispensé par (S.), 3. ANOUKAHA (F.) ELOMO-NTONGA (L.) rédigé et OMBIONO Moïse TIMTCHUENG Tendances Jurisprudentielles et doctrinales du droit des personnes et de la AgrégéPolycopie de droit privé1989. et sciences criminelles famille dans l’Ex-Cameroun oriental, Yaoundé, Email : [email protected] 4. ANOUKAHA (F.) et POUGOUE (P. G.), Régimes matrimoniaux, Successions, Droit des conflits, Editions du Jurisclasseur, 1996, Législation comparée, Fascicule n° 3. 5. ANOUKAHA (F.), La détermination du régime matrimonial légal au Cameroun, RJA, 1990, pp. 6. ANOUKAHA (F.). la filiation naturelle au Cameroun après l’ordonnance n° 81/02 du 29 Juin 1981. Penant 1987, p. 7 s. Page 1 sur 40

I.

OBJECTIFS DU COURS

Objectif général : Le cours de droit patrimonial de la famille a pour objectif général de faire connaître à l’apprenant, les garanties dont bénéficient les créanciers sur les parents de leurs débiteurs, même en l’absence d’un engagement formel de ces derniers. Le cours complète ainsi utilement celui du droit des sûretés (garanties), en faisant découvrir aux apprenants les obligations qu’impose la loi entre les membres de la famille par le sang ou par alliance. En révélant aux créanciers le fait que les membres de la famille peuvent, sous certaines conditions, être appelés, de par la loi, à répondre des engagements de leurs parents, ce cours contribue à renforcer le crédit. Son ancrage dans le Master Banque, Assurance, Bourse se justifie donc pleinement. Objectifs spécifiques : A la fin du cours, - L’apprenant connaît les devoirs patrimoniaux respectifs des époux et leurs pouvoirs réciproques de représentation à l’égard des tiers ; - L’apprenant comprend les mécanismes qui engagent les héritiers à assumer les créances et dettes de leurs parents ; - L’apprenant sait désormais que même en l’absence d’une garantie contractuelle, le créancier peut, dans certaines conditions, recouvrer sa dette sur un tiers avec lequel il n’a pourtant pas contracté. II.

CONTENU DU COURS

Le cours se divise en deux parties, la première s’intéressant spécialement aux rapports pécuniaires découlant du mariage entre les époux et avec les tiers dans le cadre des régimes matrimoniaux, la seconde étant focalisée sur les rapports patrimoniaux qui se nouent entre les membres d’une même famille unis soit par le lien de sang, soit par le lien du mariage, dans le cadre des successions et des libéralités. D’où le plan suivant : Première partie : Les régimes matrimoniaux Chapitre 1 : Le régime matrimonial primaire Section 1 : Les devoirs patrimoniaux des époux § 1 : Le devoir de secours § 2 : Le devoir de contribution aux charges du ménage Section 2 : Les pouvoirs respectifs des époux §1 : La domination du mari § 2 : Les prérogatives de la femme Chapitre 2 : Le régime matrimonial convention Section 1 : Règles de choix du régime conventionnel §1 : La forme du choix §2 : L’expression du choix Section 2 : Le contenu du choix §1 : Les régimes séparatistes §2 : Les régimes communautaires Section 3 : Le régime supplétif §1 : La communauté légale des meubles et acquêts §2 : Le régime prétorien du partage-rémunération

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Deuxième partie : Les successions et libéralités Chapitre 1 : Les successions ab intestat Section 1 : L’ouverture de la succession §1 : Les causes d’ouverture §2 : Les date et lieu d’ouverture Section 2 : La vocation successorale §1 : Les conditions générales pour succéder §2 : Le rang du successible §3 : Les droits successoraux Chapitre 2 : Les libéralités Section 1 : Les donations §1 : La forme des donations §2 : Les règles de fond des donations Section 2 : Les successions testamentaires §1 : Les différentes formes de testaments §2 : Le contenu des testaments IV : REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Parce qu’un enseignement magistral ne peut avoir la prétention de répondre de manière exhaustive à toutes les questions qu’il peut susciter, l’étudiant est appelé à approfondir les horizons ouverts par le cours en procédant, au besoin, à des lectures complémentaires. A titre purement indicatif, les références ci-dessous pourraient être sollicitées à cet effet : 1. ANOUKAKA (F.) (dir), Les grandes décisions de la jurisprudence civile camerounaise, Dschang, LERDA, 2008, pp. 529-587. 2. CAPITANT (H.), TERRE (F.) et LEQUETTE (Y.), Les grands arrêts de la jurisprudence civile, Tome 1, 12e éd., Paris, Dalloz, 2007. 3. CORNU (G.), Droit civil, La Famille, 9e éd., Paris, Montchrestien, 2006 4. CORNU (G.), Les régimes matrimoniaux, Paris, PUF, 1977. 5. EWANE (J.), « Les droits patrimoniaux de la femme mariée », Annales africaines, 1967, pp. 81-126. 6. FENOUILLET (D.), Droit de la famille, 2e éd., Paris, Dalloz, 2008. 7. FIPA (J.), La vocation successorale ab intestat devant les tribunaux de Dschang et la Cour d’appel de l’Ouest, Mémoire Maîtrise, Dschang, 1998. 8. FLOUR (J.) et SOULEAU (J.), Droit civil, Les successions, Paris, Armand Colin, 1991. 9. GRIMALDI (M.), Droit civil, Successions, 2e éd., Paris, Litec, 1992. 10. MALAURIE (Ph.) et FULCHIRON (H.), La Famille, 2e éd., Paris, Defrénois, 2006. 11. MALAURIE (Ph.) et AYNES(L.), Les successions, Les libéralités, Paris, Defrénois, 2004. 12. MARTY (G.) et RAYNAUD (P.), Droit civil, Les régimes matrimoniaux, Paris, Sirey, 1978. 13. MARTY (G.) et RAYNAUD (P.), Les successions et les libéralités, Paris, SIREY, 1983.

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14. MBEM AKOA (Y. L.), « La mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) », Miroir du droit, n° 002, juillet-août-septembre 2009, p. 49 s 15. MEKE MEZE (C.), La problématique des biens de la femme mariée en droit positif camerounais, Thèse de 3e cycle, Yaoundé, 1981. 16. MELONE (S.), « Régimes matrimoniaux et droits fonciers en Afrique », Penant 1971, pp. 141 et s. 17. MELONE (S.), « Le code civil contre la coutume : la fin d’une suprématie, à propos des effets patrimoniaux du mariage », RCD, n° 1, pp. 12 et s. 18. MELONE (S.), « Le droit successoral camerounais : étude de quelques points en jurisprudence », RCD n° 17-18, 1986, p. 55 s 19. MOMO SOFFACK (G. B.), Le partage des successions en droit positif camerounais, Mémoire Maîtrise, Dschang, 1999. 20. NDOKO (N. C.), « L’idée d’égalité dans le droit successoral camerounais, dernières tendances de la jurisprudence en matière de successions ab intestat », Yaoundé, 1988, inédit. 21. NGONGANG OUANDJI (A.), « La dévolution successorale au Cameroun », Penant, 1973, p. 303 s 22. NGUEBOU TOUKAM (J.), « Notion et originalité du partage-rémunération dans la construction du droit camerounais des régimes matrimoniaux », Juridis Périodique, n° 30, pP. 57 et s. 23. NICOLE (D.), Réussir les successions et les donations, Guide pratique, Paris, Editions DE VICCHI, 1993 24. NKOUENDJIN YOTNDA (M.), La Cameroun à la recherche de son droit de la famille, Paris, L.G.D.J, 1975. 25. NZENANG NGONGANG (B.), Le principe d’égalité en matière successorale, étude de la jurisprudence des tribunaux de la Menoua et de la Mifi, Mémoire, Maîtrise, 1997 26. POUGOUE (P. G.) et ANOUKAHA (F.), « Mariage- Filiation », Ed. du Jurisclasseur 1996, Fascicule 2. 27. SERIAUX (A.), Manuel de droit des successions et des libéralités, 1e éd., Paris, PUF, 2003 28. TERRE (F.) et SIMLER (Ph.), Droit civil, les régimes matrimoniaux, Paris, Dalloz, 1989. 29. TERRE (F.) et LEQUETTE (Y.), Successions et libéralités, Paris, Précis Dalloz, 1988. 30. TIMTCHUENG (M.), « La juridiction compétente en matière de contentieux des obsèques et de l’inhumation opposant des membres de la famille du défunt, RRJDroit prospectif, Université d’Aix-Marseille, n° 01/2015. 31. TIMTCHUENG (M.), « Le droit camerounais des successions dépouillé des considérations civilistes », Revue générale de droit, Université d’Ottawa, vol. 41 n° 2, novembre 2011. 32. TIMTCHUENG (M.), Le droit camerounais de la famille entre son passé et son avenir, Thèse Yaoundé, 2000. 33. TIMTCHUENG (M.), Note sous CA Ouest, Arrêt n° 19/cout du 26 janvier 1995, JP n° 40, p. 51 s 34. YOUEGO (C.), Sources et évolution du droit des successions au Cameroun, Thèse Paris II, 1994 35. YOUEGO (C.), « La situation juridique du conjoint survivant au Cameroun », RJA, n° 2, 1990, p. 37 s.

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INTRODUCTION GENERALE I.

LES DIFFERENTES ACCEPTIONS DE LA FAMILLE

Le mot famille peut avoir 3 sens : Dans un sens premier ou sens large, il désigne l’ensemble de personnes unies par un lien de parenté ou d’alliance, la parenté produisant ses effets jusqu’au douzième degré. Ce qui fonde la famille ici c’est le lien de sang ou le mariage ou l’adoption. Dans un second sens plus étroit, la famille se limite aux personnes vivant sous le même toit et soumises à l’autorité d’un chef. Dans une telle acceptation, la famille comprend non seulement les parents et leurs enfants, mais des frères ou même des étrangers, avec cette particularité qu’ils cohabitent. Dans un dernier sens, le sens le plus étroit, la famille ne comprend que l’ensemble constitué par le père, la mère et leurs enfants, que ces derniers soient encore sous le toit parental ou qu’ils en soient sortis. La famille n’est pas seulement un groupe de personnes. Elle se caractérise aussi par l’existence des biens que les époux mettent ensemble par leur mariage ou que les parents laissent à leur décès. Les biens jouent un rôle primordial dans la stabilité de l’unité familiale. On ne compte pas le nombre de divorces dont la survenance résulte des difficultés matérielles du foyer ou de la mauvaise répartition des pouvoirs de gestion entre le mari et sa femme. En effet, les difficultés matérielles génèrent les mauvaises humeurs ou incitent la femme notamment à la prostitution. Les conflits de pouvoirs de gestion provoquent l’adversité et la méfiance. De l’autre côté, la manière par laquelle les parents disposent de leurs biens peuvent frustrer certains enfants et engendrer des attitudes d’irrespect ou alors de retrait du cercle familial. La convoitise des biens par les enfants poussent souvent ceux-ci à précipiter la mort de leurs parents. Autant de problèmes matériels dont la répercussion sur la solidité du lien extra patrimonial entre les membres de la famille, est évidente. Les biens font donc partie de la famille, mais ils ne peuvent pas être réglementés de manière globale et unique. Il y a donc lieu de distinguer les problèmes concernant le couple, de ceux intéressant les parents et leurs enfants. Les premiers sont liés aux régimes matrimoniaux, et les seconds portent sur les successions et libéralités. Le droit patrimonial de la famille est cette sous division du droit de la famille qui s’intéresse spécialement aux rapports pécuniaires entre les membres de la famille, prise tantôt au sens strict, notamment dans le volet concernant les régimes matrimoniaux, ou alors prise dans son sens large, notamment lorsqu’il s’agira d’aborder les successions. L’objet du cours est donc de présenter la manière dont les règles en vigueur organisent les rapports entre époux ou entre les membres de la famille, relativement aux biens qu’ils ont acquis. II.

IMPORTANCE DE LA FAMILLE

Le préambule de la constitution du 18 janvier 1996 énonce que « la nation protège et encourage la famille, base naturelle de la société humaine ». Cette disposition illustre bien la place que la structure familiale occupe dans l’avènement d’une société ordonnée et paisible. En effet, le Chef de famille, de part l’autorité qu’il exerce, contribue au niveau de la base à assurer la paix, la sécurité et la tranquillité, lesquelles constituent les finalités que poursuit le droit. Les tâches de l’Etat seraient amplement compliquées s’il ne pouvait compter sur l’apport de la structure familiale.

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C’est pour cette raison que le droit civil a consacré une bonne part de son œuvre à la réglementation, à l’organisation de cette base naturelle de la société. On devra aussi relever que c’est d’une famille que toute personne humaine tire son existence. Pour les étudiants en économie en particulier, outre qu’il est issu d’une famille dont il doit s’intéresser à la transmission des biens, il est un potentiel candidat au mariage dont les effets affectent parfois le crédit que les créanciers peuvent lui accorder ou à son conjoint. III. SOURCES DU DROIT PATRIMONIAL DE LA FAMILLE Depuis la colonisation, le droit de la famille est devenu dualiste quant à ses sources, avec d’une part un droit coutumier de la famille et d’autre part un droit d’inspiration occidentale porté essentiellement par le code civil. Normalement, chacune de ces deux sources ont des domaines d’application propres, la première étant du ressort des juridictions traditionnelles, et la seconde l’apanage des tribunaux modernes. Peu à peu, ce dualisme s’est estompé, avec une forte emprise des considérations occidentales sur les conceptions traditionnelles. Utilisant divers subterfuges, la Cour suprême a réussi à neutraliser le droit coutumier pour consacrer l’application quasi-exclusive des dispositions du code civil. Les sources du droit de la famille au Cameroun restent néanmoins les lois et règlements notamment le code civil de 1804 rendu applicable au Cameroun par l’arrêté du 22 mai 1924, l’arrêté du 16 mars 1935 et l’ordonnance n° 81/02 du 29/06/1981. A côté de ces sources dites écrites, on a la jurisprudence, la doctrine et la coutume dans les maigres domaines où elle est encore prise en considération. De l’exploitation de ces différentes sources, le cours sera organisé suivant les deux aspects qu’il comporte à savoir d’une part, les régimes matrimoniaux et d’autre part, les successions et libéralités.

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PREMIERE PARTIE : LES REGIMES MATRIMONIAUX Les régimes matrimoniaux sont l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports pécuniaires des époux entre eux d’une part et avec les tiers d’autre part. Le caractère institutionnel du mariage a conduit le législateur à aménager des règles minimales applicables à tous les couples, indépendamment de l’option matrimoniale (monogamie ou polygamie) et du régime matrimonial secondaire applicable. On distinguera alors le régime matrimonial primaire du régime matrimonial secondaire. CHAPITRE I : LE REGIME MATRIMONIAL PRIMAIRE Quel que soit le foyer considéré, les époux sont tenus de deux devoirs patrimoniaux l’un envers l’autre. Il s’agit du devoir de secours et celui de contribution aux charges du mariage. C’est un minimum de devoirs pécuniaires auxquels sont soumises toutes les personnes mariées, quel que soit le régime matrimonial choisi. C’est pourquoi ils constituent ce qu’on appelle le régime matrimonial primaire. Il comprend non seulement des devoirs, mais aussi des pouvoirs. SECTION I : LES DEVOIRS RECIPROQUES DES EPOUX L’exécution des devoirs pécuniaires dont les époux sont tenus varient selon que le foyer est en harmonie ou en crise. I.

EN TEMPS D’HARMONIE

On analysera successivement le devoir de secours et le devoir de contribution aux charges du ménage. A. Le devoir de secours Il est prévu par l’article 212 du code civil. Il consiste dans l’obligation qu’a un époux, de fournir à son conjoint, selon ses ressources, de quoi vivre. A la différence donc du devoir d’assistance qui est moral, le devoir de secours est matériel. Pour qu’il soit dû, il faut d’une part que l’époux créancier soit dans le besoin et d’autre part, que l’autre époux débiteur dispose des ressources. Le devoir de secours n’existe qu’entre les époux, c’est-à-dire entre l’homme et la femme. Aussi dans un foyer polygamique, l’homme ne saurait utiliser les revenus d’une de ses épouses pour subvenir aux besoins de l’autre. En temps normal, le devoir de secours s’exécute en même temps que celui de contribution aux charges ménagères. B. La contribution aux charges du ménage Elle est prévue non seulement par l’article 214 du code civil, mais encore par l’article 75 de l’ordonnance de 1981. Ce devoir implique que les époux doivent, proportionnellement à leurs ressources, pourvoir à l’entretien du ménage et à l’éducation des enfants. Les charges du ménage dont il est question concernent les charges de nourriture, de logement (habitation, eau, électricité), de vêtements des enfants et des époux, les frais de justice, et toutes dépenses faites dans l’intérêt du ménage comme les frais de funérailles, de vacances etc…

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L’exécution de la contribution n’est pas, comme le devoir de secours, subordonnée à l’état de besoin d’un époux. Mais au moins chacun doit avoir des ressources. 1. La mesure de la contribution Elle est réglée par l’article 214 du code civil. L’alinéa 1er dispose que: « si le contrat de mariage ne règle pas la contribution des époux aux charges du mariage, ils contribuent à celles-ci en proportion de leurs facultés respectives ». Les époux peuvent donc, à l’intérieur du contrat de mariage, s’il y en a eu, s’entendre au sujet de la répartition des ressources respectives et préciser comment chacun participera aux charges de ménage. Ils peuvent convenir par exemple, qu’une fraction déterminée des charges incombera à chacun des époux, ou bien que chacun versera telle somme fixe. Il convient de noter que l’obligation d’assurer les charges du mariage pèse avant tout sur le mari que le Code civil fait le chef du ménage. C’est donc lui qui cherchera à obtenir la contribution de sa femme et se chargera du reste. A. Les formes de la contribution La contribution peut se faire en numéraire. Dans ce cas, la femme verse au mari de l’argent en guise de sa contribution. Mais elle peut bien être faite en nature (par ex., fournir le logement familial, apporter des vivres). On peut enfin imaginer d’autres formes de contribution. Ce sera la contribution en industrie, prenant en compte l’activité de la femme ou du mari à la maison, surtout en temps de chômage, ou la collaboration bénévole de l’époux à l’activité de l’autre. La jurisprudence, quand elle a eu à apprécier la contribution de la femme dans l’acquisition des biens de la communauté, n’a pas hésité à tenir compte de son activité au foyer (C. S. arrêt n° 87/L du 28 mai 1972. R.C.D. n° 5 p. 71). Si la femme est en dehors du foyer, on imagine mal une contribution en industrie. La collaboration n’est plus envisageable notamment en situation de crise au foyer. II.

L’EXECUTION DES DEVOIRS PATRIMONIAUX EN TEMPS DE CRISE

Les devoirs de secours et de contribution aux charges du ménage s’exécutent, en période de crise, par le versement par le débiteur, d’une pension alimentaire. En tant que devoirs liés au mariage, les devoirs patrimoniaux continuent de s’exécuter tant que dure le ménage. Il en est ainsi si le ménage est simplement relâché en fait ou en droit. L’article 76 al. 1 de l’ordonnance de 1981 permet ainsi à la femme abandonnée par son mari, de saisir la juridiction compétente aux fins d’obtenir une pension alimentaire tant pour les enfants laissés à sa charge que pour elle-même. L’alinéa 5 du même article veut que « dans les mêmes conditions, à la requête du mari, la femme exerçant une profession séparée ou ayant des revenus personnels peut être contrainte à contribuer aux charges du ménage ». Lorsque la pension est exigée par l’épouse pour elle-même, elle vient en substitut du devoir de secours. Par contre lorsqu’elle est allouée pour le compte des enfants, la pension alimentaire remplace le devoir de contribution aux charges ménagères. A la dissolution du mariage, les devoirs patrimoniaux peuvent continuer. L’article 301 du code civil accorde une pension alimentaire à l’époux nécessiteux qui a eu gain de cause au divorce. Normalement, le mariage étant dissous, une telle pension ne méritait

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plus d’être accordée. Mais elle se justifie plus par des considérations morales que juridiques. Quel que soit l’époux qui a la garde des enfants, il peut obtenir de l’autre une pension alimentaire pour ces derniers. C’est encore la contribution aux charges ménagères. Une procédure expéditive de recouvrement de la pension alimentaire est organisée par les articles 462 du code de procédure civile et commerciale (C.P.C.C), 213 et suivants de l’acte Uniforme OHADA n° 6 et 76 de l’ordonnance de 1981. La procédure est dispensée de tout frais, et la décision à intervenir doit être assortie de l’exécution provisoire, nonobstant opposition ou appel. L’époux condamné qui reste plus de 2 mois sans verser la totalité de la pension peut être poursuivi pour abandon de famille, infraction prévue et réprimée par l’article 180 du code pénal, d’un emprisonnement de 1 mois à 1 an et d’une amende de 20.000 à 400.000 Francs. SECTION II : LES POUVOIRS RESPECTIFS DES EPOUX Même si on pense qu’avec la ratification par le Cameroun, de la Convention des Nations Unies pour l’Elimination de toutes les formes de Discriminations à l’Egard des Femmes (CEDEF) les conjoints doivent être traités avec égalité, le Code civil encore en vigueur préfère la prépondérance du mari, même si la femme peut être appelée à le seconder. I.

LA DOMINATION DU MARI

Elle est tirée de l’article 213 alinéa 1 du code civil qui dispose que « le mari est le chef de famille. Il exerce cette fonction dans l’intérêt commun du ménage et des enfants ». La permanence de la qualité de chef revenant au mari est encore corroborée par les multiples autres dispositions du code civil qui parlent tantôt d’autorité paternelle ou de puissance paternelle. L’ordonnance de 1981 ne fait pas exception à cette règle lorsqu’à l’article 47 elle désigne l’autorité parentale par l’expression « puissance paternelle ». La puissance du mari ou mieux du père, se révèle plus clairement lorsqu’on l’analyse aussi bien dans la gestion des biens que dans la gestion des personnes. A.

La domination du mari dans la gestion des biens

Le mari exerce son pouvoir aussi bien sur les biens des époux que sur ceux des enfants. 1.

Sur les biens des époux

Le statut des biens est en principe défini par le régime matrimonial secondaire que les époux auront choisi. Cependant, lorsque les époux n’ont pas établi de contrat de mariage (et c’est fréquent dans notre contexte) ils sont soumis en principe au régime légal de la communauté des meubles et acquêts des articles 1400 et suivants du code civil. Dans un tel régime l’homme est le gérant de la masse commune. L’article 1421 du code civil dispose justement que « le mari administre seul les biens de la communauté. Il peut les vendre, aliéner et hypothéquer sans le concours de la femme ». La jurisprudence a néanmoins jugé cette disposition discriminatoire et dangereuse et exige désormais, pour la validité des actes de disposition sur un bien commun, le consentement de la femme, sous peine de nullité de l’acte. Page 9 sur 40

La qualité de chef de famille reconnu au mari lui permet encore d’être l’ordonnateur principal du mariage, la femme n’étant que son délégué, conformément à 214 alinéa 3 du code civil. C’est encore au droit du mari en tant que chef de famille qu’il faut rattacher le droit qui lui revient de choisir la résidence familiale. C’est ce qui ressort de l’article 215 du code civil qui précise que « le choix de la résidence de la famille appartient au mari. la femme est obligée d’habiter avec lui et il est tenu de la recevoir ». La femme ne peut s’opposer au choix du mari que si elle prouve que la résidence ainsi choisie présente de graves dangers d’ordre physique ou moral pour la famille. Elle devra alors saisir le juge qui pourrait l’autoriser à résider séparément. Noter que le texte ne dit pas que le mari peut être enjoint de changer de résidence, mais prévoit seulement la séparation du couple. A notre sens, si l’évidence des dangers est établie, le juge devrait astreindre le mari à abandonner son choix initial. Même séparée dans un tel contexte (qui n’est pas une séparation de corps à proprement parlé), la femme est considérée en droit comme ayant toujours son domicile chez son mari (article 108 c. cv.). L’autorité de l’homme est ainsi très grande sur les biens des époux. Il en est de même sur les biens des enfants. 2.

Sur les biens des enfants

Comme le veut l’article 389 du code civil, « le père est, du vivant des époux, administrateur légal des biens de leurs enfants mineurs non émancipés… ». L’article 384 al. 1 du c.civ. ajoute que « le père durant le mariage, et après la dissolution, le survivant des père et mère, auront la jouissance des biens de leurs enfants jusqu’à l’âge de 18 ans accomplis… ». C’est dire que le mari a de plein droit le pouvoir de la gestion des biens des enfants, et pourrait d’ailleurs au titre du droit de jouissance légale, utiliser les revenus des biens de ces enfants pour la satisfaction de ses besoins personnels jusqu’à l’âge de 18 ans. Le pouvoir d’administration légale lui donne aussi des pouvoirs sur la personne des enfants mineurs. B.

La domination du mari dans la gestion des personnes

Le mari gère aussi bien la femme que les enfants. 1.

La gestion de la femme

Avant l’abrogation de l’ancien article 213 du code civil par la loi du 18 février 1938, cet article donnait au mari le pouvoir de surveiller la conduite personnelle de sa femme. Il pouvait ainsi contrôler ses relations avec les tiers, ses correspondances, ses voyages, etc. La femme ne pouvait entreprendre aucune profession sans le consentement de son mari. L’homme exerçait ce qu’on a appelé la puissance maritale. La loi de 1938 a supprimé la puissance maritale en donnant plus de liberté à la femme pour l’exercice d’une profession. Mais celle-ci reste soumise à son mari. L’article 74 de l’ordonnance de 1981 ainsi que l’article 223 du code civil permettent aujourd’hui à la femme de travailler sans le consentement préalable de son mari. Mais ces textes ont conservé le pouvoir du mari de s’opposer à l’exercice d’une telle profession. Si la femme estime que son opposition est abusive, elle devra solliciter l’arbitrage du juge. En ce qui concerne la liberté de sortie du territoire national, la loi n° 74/21 du 5 décembre 1974 exigeait de toute femme mariée, outre la présentation d’un passeport et d’un visa en cours de validité, l’autorisation écrite du mari. Cette dernière exigence a été supprimée par la loi n° 90/043 du 19 décembre 1990 relative aux conditions d’entrée, de Page 10 sur 40

séjour et de sortie du territoire camerounais. Mais il demeure que si le mari a de justes motifs de s’opposer au voyage de sa femme, il pourrait toujours les faire valoir aux autorités compétentes. 2.

Le pouvoir sur la personne des enfants

Ce pouvoir résulte de l’autorité paternelle exercée par le mari. Au delà des pouvoirs qu’il exerce sur les biens, le mari contrôle la vie des enfants. L’article 374 du Code civil dispose dans ce sens que « l’enfant ne peut quitter la maison paternelle sans la permission de son père, si ce n’est pour enrôlement volontaire, après l’âge de 18 ans révolus ». En vertu de l’article 375, lorsque le père a des motifs de mécontentement très graves sur la conduite d’un enfant, il pourra le faire corriger par tous les moyens, à condition de ne pas nuire à son intégrité physique. C’est le droit de correction. Conscient de la lourdeur des tâches du mari, le législateur a néanmoins prévu qu’il puisse parfois bénéficier du concours ou de la suppléance de sa femme. II.

LES PREROGATVES DE LA FEMME

Il faut envisager différemment l’assistance en temps de paix et celle en tant de trouble dans le foyer. A. En période de paix En temps d’harmonie, chacun des époux peut donner à l’autre le pouvoir de le représenter dans l’exercice des prérogatives que le contrat de mariage lui confère (art. 218 c.civ.). En dehors de ce mandat, chaque époux étant tenu par un devoir d’entraide, peut valablement s’occuper des intérêts de l’autre dans les conditions de la théorie de la gestion d’affaires de l’article 1375 c.civ. Il faut aussi noter que sur le plan personnel, l’art. 213 du c.civ. al. 2 dispose que « la femme concourt avec le mari à assurer la direction morale et matérielle de la famille, à pourvoir à son entretien, à élever les enfants et à préparer leur établissement ». Tous les cas cités ci-dessus permettent une représentation conventionnelle ou quasi-conventionnelle. Dans d’autres cas, la femme dispose d’un pouvoir propre, à elle conférée par la loi. Il s’agit du mandat domestique et de l’exercice de la profession séparée. 1.

Le mandat domestique de la femme.

La femme dispose, en vertu de l’article 220 c.civ. du pouvoir de remplacer le mari sous tous les régimes, pour les besoins du ménage et d’employer pour cet objet, les fonds qu’il laisse entre ses mains. Seulement pour éviter que la femme ne dilapide les fonds ainsi laissés entre ses mains, l’article 221 lui permet d’ouvrir un compte de ménage pour y déposer ou en retirer les fonds. L’ouverture de ce compte doit être notifiée au mari, et la balance ne peut être débitrice qu’en vertu d’un mandat exprès du mari. Le pouvoir domestique reconnu à la femme l’autorise à faire des emprunts dont le mari sera tenu, à la condition que ceux-ci soient faits dans l’intérêt du ménage ou destinés à l’entretien des enfants. Si alors les dépenses engagées ne l’ont pas été dans l’intérêt du ménage ou ont excédé les besoins du ménage, l’homme n’en est plus tenu. La femme devra alors désintéresser les créanciers par ses moyens propres. Mais, il est toujours présumé que les dettes ménagères contractées par la femme sont normales et engagent Page 11 sur 40

naturellement le mari. Pour que ce dernier en soit dispensé, il lui incombe d’apporter la preuve que ces dépenses ont été excessives. 2.

L’exercice par la femme mariée d’une profession séparée

Comme déjà signalé, la femme mariée peut de nos jours, en vertu des articles 74 de l’ordonnance de 1981 et 223 du code civil, exercer une profession séparée de celle de son mari. Certes, le mari peut s’y opposer, mais si l’opposition ne se justifie pas par l’intérêt du ménage, le juge (TPD ou TGI) peut autoriser la femme à passer outre. Lorsqu’elle exerce donc une profession salariée, la femme dispose d’une pleine autonomie de gestion des biens acquis par le fruit de son travail. Ces biens sont dits réservés. L’article 224 du code civil dit à ce propos que lorsqu’une femme exerce une profession séparée de celle de son mari, les biens acquis par l’exercice de son activité professionnelle sont, sur tous les régimes, réservés à son administration et à sa jouissance pendant la durée du ménage. Afin de lui faciliter la gestion, l’article 222 du code civil et l’article75 de l’ordonnance de 1981 permettent à la femme d’ouvrir un compte en son propre nom pour y déposer ou en retirer les fonds dont elle a la libre disposition. Etant investie d’une autonomie de gestion, la femme peut évidemment engager ses biens. L’article 225 du code civil, donne la possibilité à ses créanciers personnels de saisir les biens réservés de la femme, même si l’obligation n’a pas été contractée dans l’exercice de sa profession. En revanche, les créanciers du mari ou de la communauté ne peuvent exercer leurs poursuites sur les fonds ou les biens réservés de la femme que s’ils établissent que l’obligation a été contractée dans l’intérêt du ménage (article 75 al 2 ordonnance 1981). Tels sont les pouvoirs que la femme exerce en temps d’harmonie, en période de crise, ses pouvoirs vont même être étendus. B.

LES POUVOIRS DE LA FEMME EN TEMPS DE CRISE.

En laissant de côté les hypothèses des articles 217 et 219 du code civil où le juge peut autoriser chacun des époux (y compris la femme) à agir seul alors que le concours de l’autre était nécessaire, on citera surtout le cas où la femme peut devenir chef de famille en lieu et place de son mari. Elle accomplit ainsi toutes les attributions lorsque, comme le veut l’article 213 al 3 du c.civ, le mari est hors d’état de manifester sa volonté en raison de son incapacité, de son absence, de son éloignement ou de toute autre cause. C’est ainsi que la femme devient de plein droit administratrice des biens des enfants lorsque le mari est frappé de déchéance. Elle est alors investie des prérogatives attachées à la puissance paternelle tant sur les biens que les personnes des enfants (article 389 al 2 civil). CHAPITRE II : LE REGIME MATRIMONIAL CONVENTIONNEL 245- Le régime matrimonial doit normalement être déterminé par un acte de volonté non équivoque des époux appelé contrat de mariage. Mais dans le droit applicable au Cameroun anglophone, la manifestation d’une volonté expresse perd tout son intérêt, puisqu’il n’est reconnu qu’un seul type de régime matrimonial, à savoir le régime séparatiste. La réglementation d’un choix ne se fait donc jusqu’ici sentir que dans la zone francophone, où les dispositions du code civil imposent un contrat de mariage, dans lequel on peut désigner un des multiples régimes offerts. Page 12 sur 40

SECTION I : REGLES DU CHOIX DU REGIME MATRIMONIAL D’après les dispositions légales en vigueur et notamment l’article 1394 du Code civil, le régime matrimonial doit être choisi par contrat de mariage. Celui-ci est une convention passée impérativement avant le mariage et reçue par le ministère d’un notaire, par laquelle le régime est déterminé. La réglementation actuelle est en déphasage avec notre société et il importe d’une part de varier les formes du choix, et d’étendre la période où ce choix peut-être fait. I.

LA FORME DU CHOIX.

Si les époux veulent déroger au régime légal, ils doivent nécessairement passer par un notaire. C’est en ce sens que se prononce la jurisprudence camerounaise, laquelle refuse de faire produire quelque effet à tout choix opéré expressément par les époux, en une forme autre que notariée. Elle a eu à le rappeler à plusieurs occasions. D’abord dans l’arrêt Asso’o Benoît1, la Cour Suprême déclare que : « mais attendu que l’article 1394 du code civil exige que le contrat de mariage soit fait par acte notarié ; que la prétendue stipulation concernant la mise à la disposition de la solde de l’épouse à la mère de celle-ci ne saurait dès lors consacrer l’existence d’un régime séparatiste en l’espèce ». La rigueur en l’espèce se comprend aisément, du fait que les époux n’avaient pas expressément dit se soumettre au régime de la séparation. Dans l’affaire TCHANA KWEZE François2, où les époux, sans avoir établi un contrat de mariage en la forme notariée, avaient néanmoins pris le soin de faire mentionner dans leur acte de mariage, qu’ils entendaient être régis par le régime de communauté. Il y avait là une véritable déclaration qu’on se marie sous le régime de la communauté telle que le prévoit l’article 1400 du code civil. Ce cas était donc distinct des autres, où les époux réclamaient la communauté sans avoir manifesté une volonté claire, et où la jurisprudence a pu développer la fameuse théorie de la communauté sous condition de participation. Le fait d’avoir expressément choisi la communauté aurait conforté le juge dans le recours à l’article 1400 du code civil, surtout lorsqu’il agit en tant que juge de droit écrit. Paradoxalement, le juge déniera tout droit sur la communauté à la dame TCHANA née MALIZEU, se référant implicitement aux solutions antérieurement dégagées lorsque les époux étaient restés muets, c’est-à-dire à une communauté sous condition de participation. En pratique, on se rend compte que malgré la rigueur du juge, les époux résistent à se rendre chez le notaire, préférant exprimer leur choix plutôt dans leur acte de mariage. C’est une modalité de choix plus pratique que celle qui vise à aller chez le notaire. Il s’agit d’abord d’un mode non coûteux, car le service de l’officier est gratuit, contrairement au recours chez un notaire, dont on sait que tous les actes donnent lieu au paiement de divers frais 3 . L’atout majeur accordé à la présence d’un notaire est la complexité des questions en cause, qui mérite dès lors d’être abordée par un spécialiste .Mais on est bien obligé de relativiser cet atout, dans un contexte camerounais où les époux se bornent généralement à choisir entre le régime séparatiste et le régime communautaire, sans autres détails. On attribue aussi à l’acte notarié, l’avantage d’assurer la conservation d’un acte important. Or, on ne voit pas comment le choix exprimé dans l’acte de mariage ne serait 1

C.S. arrêt N° 120/cc du 16 Septembre 1982. Tendances P. 90. T.G.I. Wouri. Jugement N° 52 du 03 Novembre 1995. J. P. N° 27. P. 03. 3 Décret n° 95/038 du 28 Février 1995 fixant les tarifs des actes notariés . J.I. n°22, P.30 s. 2

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pas aussi bien tenu. Les règles d’établissement et de conservation des actes d’état civil permettent aussi une très grande sécurité des pièces établies par l’officier de l’état civil. Donc sur le plan de la conservation, il n’y a pas plus de garantie chez le notaire que chez l’officier d’état civil. Le choix exprimé devant l’officier d’état civil présente encore un avantage très considérable par rapport à celui reçu par le notaire : c’est celui de sa facilité. En effet, les centres d’état civil sont créés un au moins par commune et par mission diplomatique ou consulaire du Cameroun à l’étranger, avec même l’existence de centres secondaires dans une commune lorsque l’étendue de celle-ci, la densité de sa population ou les difficultés de sa communication justifient leur création4. En d’autres termes, les officiers d’état civil sont rapprochés des populations. Les notaires par contre sont encore très distants. Ils sont pour l’essentiel concentrés dans les grandes métropoles de Douala et Yaoundé. L’unique notaire de Dschang couvre jusqu’ici en situation de monopole, les départements de la Menoua et des Bamboutos. Ce qui fait que pour accéder à ses services, les usagers de Mbouda sont obligés de supporter des frais supplémentaires de déplacement. Cette circonstance ne peut qu’accentuer l’absence des contrats de mariage, puisque l’acte de mariage même n’est pas régulièrement sollicité malgré sa garantie et sa proximité. En raison de tous ces paramètres, il est convenable de diversifier les formes du choix du régime matrimonial. Le recours chez le notaire ne devrait pas être supprimé. Les avantages reconnus aux actes notariés devraient justifier le maintien de cette forme comme le principe. Mais à côté, on doit pouvoir reconnaître la valeur du choix opéré devant l’officier d’état civil. Le contrat fait devant le notaire pourrait être détaillé, alors que la volonté exprimée au moment du mariage se bornerait à indiquer qu’on opte soit pour la séparation des biens, soit pour la communauté ; ce qui obligera alors à retourner aux dispositions légales pour les détails. La solution que nous préconisons a déjà été retenue par d’autres pays5 et accueillie favorablement. L’élan de simplification devrait aussi se poursuivre par un assouplissement du moment de l’adoption d’un régime matrimonial conventionnel définitif. II.

L’EXPRESSION DU CHOIX

Le choix du régime matrimonial se fait à un moment précis, et est en principe immuable. A. Le moment du choix Le moment du choix du régime matrimonial est déterminé par l’article 1394 du code civil selon lequel « toutes conventions matrimoniales seront rédigées, avant le mariage, par acte devant notaire ». Le caractère absolu de ce texte est tel que l’article 1395 ne permet aucune modification après la célébration. Pendant toute la période qui précède le mariage, les parties peuvent apporter à leur contrat toutes les modifications qu’elles jugent utiles. Mais une fois le mariage célébré, aucune autre modification ne peut y être apportée. C’est le principe de 4

Article 10 alinéa 1 et 2 de l’ordonnance de 1981. Le Togo, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Voir MELONE (S). Les effets du mariage dans l’ordre de rapports patrimoniaux : E.J.A. Tome 6. P. 233 s ; ILOT (L) : Le nouveau droit Ivoirien des régimes matrimoniaux. Une réforme inachevée ? R.C.D. n° 29. P. 15 s. 5

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l’immutabilité des conventions matrimoniales, rappelé par la jurisprudence 6 . On le justifie par trois raisons. La première est le respect de volontés qui ont concouru à la conclusion du contrat, puisqu’on avance que le contrat de mariage est un pacte de famille auquel sont intervenants, outre les futurs époux, leurs parents et d’éventuels donateurs. La seconde raison est l’intérêt des époux eux-mêmes, car on veut éviter qu’une fois tenus par les liens du mariage, l’un ne doive céder à l’influence de l’autre pour lui concéder des avantages injustes. Enfin, on songe à l’intérêt des tiers intéressés à connaître le contrat de mariage, qui risqueraient d’être trompés par les époux si les modifications pouvaient facilement être opérées. On est aujourd’hui obligé de constater que la plupart des raisons ci-dessus avancées pour justifier la nécessité de faire le contrat avant le mariage une fois pour toutes ne tiennent pas. D’abord, le contrat de mariage ne voit la participation des personnes autres que les époux que dans des cas très exceptionnels notamment lorsque l’un ou les deux époux sont mineurs ou lorsqu’il y a constitution de la dot. Or, dans le contexte camerounais, déjà on ne songe pas souvent au contrat de mariage, et lorsqu’on y pense, c’est souvent entre personnes majeures. Et puis, l’idée occidentale de la dot est presque inconnue chez nous. La dot ici n’a rien à voir avec une masse de biens qui serait attribuée à l’épouse par ses parents, mais correspond à une prestation que doit fournir l’époux pour obtenir de ses beaux-parents la libération de sa femme. Toutes ces réalités font donc que la première justification du moment et de l’immutabilité du contrat de mariage devienne très fragile. S’agissant ensuite de l’intérêt des époux, il est difficile d’admettre que celui-ci soit mieux protégé avant le mariage. On a relevé ce que représente pour la camerounaise, le mariage. La fille n’a de considération sociale que lorsqu’elle est mariée. Ce qui fait qu’elle est prête à tout concéder, dans le seul espoir que le mariage ait lieu. Donc pendant les fiançailles, elle fait tout pour plaire à son fiancé, évitant surtout de lui parler des biens de leur futur ménage. Elle est alors tellement obnubilée par l’espoir du mariage, que les questionnements sur la vie au foyer lui paraissent secondaires. C’est même à l’actif de ce paramètre qu’on pourrait attribuer la rareté des contrats de mariage. Si donc le fiancé désire dans ces conditions établir un contrat de mariage, il est évident qu’il pourra se voir concéder tous les avantages souhaités. Ce n’est qu’après le mariage que l’épouse, désormais sécurisée, parce que se trouvant dans un foyer et contrariée par les réalités du ménage, peut vraiment se prononcer sur le sens de ses intérêts pécuniaires. L’expérience du ménage va alors lui montrer les lacunes et les vices du contrat, et lui donner plus de liberté, plus de courage et plus de sagesse pour négocier à nouveau si l’occasion lui était offerte. B. La nécessité d’une possibilité de remise en cause du choix Un contrat de mariage immuable peut se retourner contre les époux. Le ménage peut en effet subir des changements dans sa situation patrimoniale, tel que les époux éprouvent le besoin soit de voyager, soit de s’expatrier. Et pour le faire, ils peuvent avoir besoin de vendre certains biens et ne pas y parvenir à cause d’un régime matrimonial inflexible. Par rapport à l’intérêt des tiers, ceux-ci s’intéressent très peu au régime matrimonial, vu sa rareté. C’est souvent dans le cadre des relations commerciales que le régime des relations matrimoniales trouve un peu de place. Mais là, les créanciers préfèrent asseoir leur garantie sur des sûretés réelles, plutôt que de s’exposer aux surprises 6

C.S. cor. Arrêt n° 86 du 25 Mai 1971. Affaire BOLLO. Tendances. P. 87. Page 15 sur 40

éventuelles d’appartenir à la catégorie des créanciers chirographaires. De plus, on peut très bien conjurer le risque de fraude par des mesures assez strictes de publicité, afin de s’assurer que les tiers ont été informés des modifications intervenues. En fin de compte, le contexte camerounais, plus que celui de l’occident, autorise la mutabilité du contrat de mariage. Comme en France, on doit admettre une mutabilité contrôlée.. La latitude devrait être laissée aux époux, de décider du moment où ils feront leur contrat de mariage. Ils pourraient donc bien se marier sans en avoir fait un. Cela n’impliquerait pas immédiatement qu’ils n’ont pas un régime conventionnel. Il est vrai que si le mariage venait à prendre fin entre temps, on leur appliquerait le régime légal. Si les époux ne se sentent pas prêts à avoir un contrat avant le mariage, on devrait leur permettre de toujours choisir un dans les dix années du mariage. Et puis, qu’ils aient établi un avant le mariage ou pendant les dix années, on devrait permettre la modification du contrat initial lorsque le justifie l’intérêt de la famille. La modification interviendrait en cas d’unanimité entre les conjoints, par acte notarié, avec la participation de deux témoins. A défaut, d’accord entre l’homme et sa femme, la modification devrait être demandée au juge, qui apprécierait la réalité de l’intérêt de la famille allégué, et se prononcerait sur la demande introduite par l’époux diligent. Evidemment quelques précautions devront être prises pour les intérêts des tiers. Quelle soit consensuelle ou judiciaire, la modification devrait être portée en marge de l’ancien contrat et des actes de mariage de chacun des époux. Si l’un des époux est commerçant, mention doit aussi être faite dans le registre de commerce et de crédit mobilier du lieu d’immatriculation. En outre, la modification devrait être publiée dans un journal d’annonces légales. Elle ne produirait d’effets à l’égard des tiers que trois mois après la publication. Dans tous les cas, les créanciers antérieurs à la modification pourraient toujours se prévaloir des dispositions nouvelles du contrat si elles leur semblent plus favorables. SECTION II : LE CONTENU DU CONTRAT DE MARIAGE Dans le choix de leur régime matrimonial, les époux bénéficient d’une marge de liberté très étendue. Aussi, ils ont la possibilité de déterminer librement les clauses de leur contrat en imaginant même des régimes non prévus par les lois, sauf la réserve de ne pas porter atteinte aux règles d’ordre public. Dans l’imagerie populaire, on pense pourtant que les époux n’ont de choix qu’entre la séparation et la communauté des biens. Pourtant, ces deux catégories renferme une telle variété qu’en l’état actuel du droit camerounais, on dénombre au moins onze régimes matrimoniaux proposés par la loi, groupés en régimes séparatistes et en régimes communautaires. I.

LES REGIMES SEPARATISTES

Les régimes séparatistes sont de trois types à savoir le régime sans communauté 7 , le régime dotal8 et le régime de séparation9 pure et simple. Les deux premiers régimes sont aujourd’hui dépassés 10 et même si les époux pourraient toujours les adopter en les

7

Les articles 1530 à 1535 du code civil. Les articles 1540 à 1581 du code civil 9 articles 1536 à 1539 10 Les contrats établis au Cameroun jusqu’en 2001 portaient uniquement sur le régime de séparation pure et simple. 8

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décrivant dans les détails de leur contrat, ces régimes ne méritent plus d’être spécialement proposés par le législateur. Le régime sans communauté plus perpétue l’incapacité de la femme, alors que tant la constitution que la jurisprudence consacrent aujourd’hui légalité entre l’homme et la femme. Dans ce régime, si la femme conserve le droit de disposer de ses biens, elle ne peut en réalité les vendre que si elle est autorisée, préalablement par son mari, et sur son refus, celle de la justice, faute de quoi la vente est nulle. L’appellation du régime donne pourtant à penser que la femme ne serait pas si rabaissée. Si donc la femme n’est pas très avisée, elle pourrait facilement accepter ce régime en pensant qu’elle opte pour une séparation tant des biens que des pouvoirs de gestion, de jouissance et de disposition. A un moment où l’émancipation de la femme, manifestée par son degré d’instruction et son aptitude à s’occuper d’autant de responsabilités que l’homme est réelle, le législateur devrait se garder de proposer un tel régime, qui s’apparente en la négation de la personnalité de la femme. Le régime dotal est un régime dans lequel chacun a la propriété de ses biens, mais où ceux de la femme sont divisés en deux catégories, avec d’une part ce qu’on appelle les biens dotaux et d’autre part, ce qu’on appelle les biens paraphernaux. Les biens dotaux sont ceux que la femme laisse à l’administration et à la jouissance du mari dans le contrat de mariage. Leur liste n’est pas spécifiée par la loi. Il appartient donc au constituant de faire d’un bien un bien dotal, par une clause expresse du contrat. Par contre, les biens dits paraphernaux comprennent normalement des biens de moindre importance sur lesquels la femme garde un relatif pouvoir d’autonomie. Il faut dire que le régime dotal a été abandonné par plusieurs législations11 sur la base des arguments qui sont pleinement valables au Cameroun. On reproche à ce régime d’être inadapté à l’évolution des mœurs 12 , eu égard surtout à son caractère antiéconomique. En effet les biens dotaux sont en principe frappés d’inaliénabilité. Il existe certes des hypothèses où les meubles peuvent être vendus par le mari13. Mais les immeubles sont caractérisés par une inaliénabilité quasi absolue. L’article 1554 du code civil prévoit en substance que « les immeubles constitués en dot ne peuvent être aliénés ou hypothéqués pendant le mariage, ni par le mari, ni par la femme, ni par les deux conjointement, sauf les exceptions qui suivent ». Cette inaliénabilité est contraire tant à une saine gestion des biens qu’aux principes gouvernant la propriété et le contrat. L’impossibilité d’aliéner les biens ne permet pas aux époux d’adapter leur régime aux réalités de leurs vies, dans la mesure où face à une difficulté, ils ne peuvent même de commun accord, pendant le mariage, vendre un bien pour la surmonter. De plus, la durée et la généralité de l’inaliénabilité heurtent une solution de droit commun suivant laquelle une inaliénabilité doit être temporaire et limitée dans son objet, compte tenu de l’intérêt légitime qui doit la justifier. Ajouté à tous ces griefs, le fait que le régime dotal ne frappe d’inaliénabilité que les biens de la femme, ce qui est inégalitaire, on comprend aisément pourquoi ce régime mérite d’être purement et simplement supprimé.

11

Depuis la réforme des régimes matrimoniaux en France par la loi du 13 Juillet 1965 ce régime a disparu. La Côte d’Ivoire, le Togo, le Mali, le Gabon l’ont aussi abandonné. Seul le Sénégal l’a reconduit. Voir GUINCHARD (S). Le droit de la famille au Sénégal, Paris. LGDJ. 1980 ; Réflexions critiques sur les grandes orientations du code sénégalais de la famille. Penant 1978. P. 345. 12 MELONE (S). Les effets du mariage dans l’ordre des rapports patrimoniaux. E.J.A. tome 6. P. 272. 13 Lorsque l’homme en est devenu propriétaire, ou lorsque l’entretien de ces biens est onéreuse pour la dot. Page 17 sur 40

Finalement, il ne resterait des régimes séparatistes que le régime de séparation pure et simple, caractérisé par une séparation de principe des actifs et des passifs, sauf obligation pour chacun des conjoints de contribuer aux charges du ménage. C’est le régime séparatiste auquel l’on se réfère habituellement et qu’une partie de la doctrine suggère comme devant être le régime supplétif notamment dans les foyers polygamiques. II.

LES REGIMES COMMUNAUTAIRES

La catégorie des régimes communautaires est très étendue. Le législateur offre ainsi aux époux, le loisir de choisir, à côté de la communauté légale des meubles et acquêts, la communauté réduite aux acquêts, la communauté exclusive du mobilier présent ou futur ou une partie seulement, la communauté réduite aux immeubles présents ou futurs, la communauté d’actifs avec séparation de dettes, la communauté avec partage inégal, la communauté universelle, etc. Il importe d’analyser la communauté universelle et la communauté d’acquêts. A. La communauté universelle La communauté universelle exprime une communion parfaite entre les époux qui sont alors solidaires copropriétaires de tous les biens à l’exception de ceux attachés à la personne (habits notamment, linge à l’usage personnel de l’époux, de l’action et de l’indemnité en réparation d’un dommage moral et corporel, bref de tous les biens et droits ayant un caractère personnel) et ceux nécessaires au travail de l’époux, mais aussi solidaires de toutes les dettes contractées par l’autre. Il est néanmoins reconnu la possibilité pour un donateur de stipuler qu’un bien reste la propriété exclusive de l’un des époux. Cela suppose que la libéralité ait été faite suivant les formes légales, et particulièrement suivant la forme notariée, afin que toute ambiguïté soit levée. Les biens propres sont librement gérés par chacun des époux. L’avantage de ce régime est d’éviter les difficultés de preuve de la propriété des biens, dont on sait que malgré les dispositions rigoureuses de la loi 14 , elle n’est pas toujours facile. B. Les communautés d’acquêts Le Code civil propose deux communautés comportant des acquêts. Il s’agit ainsi de la communauté réduite aux acquêts et de la communauté légale des meubles et acquêts. Le terme acquêts signifie normalement dans les régimes de communauté, les biens que les époux acquièrent pendant le mariage et à titre onéreux. Il y a donc deux éléments qui caractérisent les acquêts, à savoir d’une part, le mode d’acquisition qui est à titre onéreux, et d’autre part, le moment de l’acquisition qui se situe pendant le mariage. Etymologiquement synonyme d’acquisition, le terme acquêt a dans le langage juridique un sens plus précis et plus restreint. A contrario, les biens qui seraient recueillis en dehors du mariage ou acquis pendant le mariage par succession, testament ou donation, bref à titre gratuit, forment la catégorie des « biens à venir », constitutifs dans le régime de communauté des meubles et acquêts, des propres. 14

En matière immobilière notamment, l’article 8 de l’ordonnance n° 74/1 du 06 Juillet 1974 fixant le régime foncier veut que les actes constitutifs, translatifs ou extinctifs de droits réels immobiliers soient à peine de nullité établis en forme notarié. Malgré ce texte, les transactions immobilières se font souvent sans écrit, même sous seing privé. Page 18 sur 40

La notion d’acquêt ainsi définie n’est pas cependant mise en œuvre de manière rigide et systématique. La masse commune peut comprendre des biens qui ne satisfont pas aux critères ci-dessus ou être amputée des biens qui remplissent pourtant ces conditions. C’est ainsi que l’article 1498 du code civil donne de l’acquêt un tout autre sens en disposant que « lorsque les époux stipulent qu’il n’y aura entre eux qu’une communauté d’acquêts, ils sont censés exclure de la communauté et les dettes de chacun d’eux actuelles et futures, et leur mobilier respectif présent et futur ». D’après cette disposition donc, l’acquêt serait une catégorie encore plus restreinte, ne comprenant que les immeubles acquis à titre onéreux pendant le mariage. Ce n’est que par extension que les meubles échus depuis le mariage sont réputés acquêts s’il n’y a pas de preuve contraire. Ainsi entendue, la notion d’acquêt ne dispense pas d’un inventaire approfondi de la composition active des masses propres et communes. Comme dans le régime de communauté universelle, à défaut de clauses spécifiques, le partage de la masse commune se ferait sur la proportion de moitié pour chacun des protagonistes de la communauté, étant entendu qu’en foyer polygamique, le mari pourrait adopter un régime matrimonial communautaire avec sa première épouse avant de poursuivre par la séparation lors des mariages subséquents. On observe malheureusement qu’au Cameroun, les contrats de mariage sont rares. La très grande majorité de couples se marient sans avoir choisi expressément un régime matrimonial précis. Néanmoins, en cas de difficulté, on leur applique le régime matrimonial supplétif. SECTION III : LE REGIME MATRIMONIAL SUPPLETIF Le Code civil avait offert un régime supplétif encore dit légal, adapté au contexte européen monogamique, qui présente des limites et des difficultés d’application sérieuse au Cameroun où la polygamie est pratiquée. Après avoir rappelé le régime légal, il convient d’épiloguer sur le meilleur régime supplétif applicable au Cameroun. I. LE REGIME LEGAL DE LA COMMUNAUTE DES MEUBLES ET ACQUETS Normalement, le régime matrimonial devrait résulter d’une volonté expresse des époux. Mais très souvent, obnubilés par l’élan d’amour réciproque, les conjoints ne songent toujours pas à se donner un, n’envisageant pas encore les difficultés qui naîtraient de la gestion, de la jouissance ou de la disposition des biens. Et même, si l’un y pense, le contexte social lui interdit de faire du contrat un préalable au mariage, puisque le fait de poser le problème des biens avant le mariage laisse penser que l’amour ne serait pas sincère. Une fois le mariage célébré, il se fait déjà trop tard. Il est ainsi très rare au Cameroun, de voir des futurs époux qui se sont faits établir un contrat de mariage. Conscient de cette carence des époux, le législateur a prévu un régime matrimonial qui s’appliquerait en l’absence de choix exprimé . C’est ainsi que de l’article 1400 du code civil, on retient que le régime qui s’applique à défaut de contrat est le régime de communauté des meubles et des acquêts, comprenant dans la masse commune tous les biens meubles antérieurs et ceux acquis pendant le mariage à quelque titre que ce soit, et les immeubles acquis pendant le mariage à titre onéreux. La masse commune, à la dissolution du mariage, se partage par moitié pour chacun des époux. Page 19 sur 40

Malgré la clarté des textes, la jurisprudence ne les a pas toujours appliqués. Il se dégage des décisions rendues que la Cour suprême semble par contre préférer un type original de communauté sous condition de participation. II. LA RECHERCHE D’UN REGIME SUPPLETIF ADAPTE L’avant-projet du code civil retient pour sa part à l’article 180 alinéa 1 que : « le régime matrimonial légal est : - Pour le mariage monogamique, la communauté des biens réduite aux acquêts et la séparation des biens. - Pour le mariage polygamique, la séparation des biens ». Malheureusement, le texte même de l’avant projet remet par la suite en cause cette disposition en précisant à l’article 181 qu’« il ne peut être fait application du régime matrimonial légal aux époux qui ne l’ont pas expressément choisi » et qu’« en l’absence de convention spéciale, le juge statue sur la demande de partage de biens selon les principes d’équité et de justice naturelle ». A notre sens, il est inapproprié de prévoir un régime supplétif unique. Plusieurs hypothèses doivent être envisagées, qui tiennent compte de deux paramètres, à savoir la forme du mariage et l’état de la cohabitation du couple. A. L’incidence de la forme du mariage. L’article 1400 du code civil a institué un régime unique, applicable quelle que soit la forme du mariage. Mais à la vérité, ce régime n’était conçu que pour s’appliquer à la monogamie puisque la France d’où nous est venu ce texte ignore la polygamie 15 . Et pourtant, c’est pour cette forme de mariage que la Cour Suprême a consacré le régime supplétif de la communauté des meubles et acquêts. Dans les affaires NGOUANDJIO16 et CHIMI 17, le mari s’était lié à deux épouses, et le divorce fut prononcé d’avec l’une d’elles. Saisis pour procéder à la liquidation et au partage du régime matrimonial ayant existé entre les époux, les juges du fond, plus soucieux de l’équité, ordonnèrent le partage des biens, dans la proportion de 1/3 pour l’épouse et 2/3 pour le mari, ayant surtout tenu compte des dates d’entrée de chaque épouse dans le foyer, pour la première affaire, et des revenus respectifs des époux pour la seconde affaire, et mus certainement par l’idée que l’épouse restée en mariage récupérerait le second tiers de la part dévolue au mari lorsque son union viendrait aussi à son terme. Saisis par les pourvois des maris, la Cour Suprême ne remettra pas en cause le fait que les Cours d’Appel aient visé l’article 1400 du code civil. Ce qui a le plus motivé les cassations des deux arrêts, est que l’application des articles 1400 et suivants du code civil impliquent nécessairement le partage entre les deux conjoints en parts égales, des biens communs acquis durant l’union dissoute par divorce. On doit reprocher à ces arrêts de la Cour Suprême de ne pas du tout se soucier d’un minimum de justice. Le partage systématique par moitié conduit à une injustice, puisqu’on imagine surtout l’hypothèse où c’est la dernière épouse qui prend l’initiative de s’en aller la première. Elle se retirera avec la moitié d’un patrimoine constitué 15

CARBONNIER (J) : Droit civil. Tome 2. La famille 17e éd. Thémis P.U.F. 1995. P.82. C.S. arrêt n° 66/L du 18 Juillet 1985. inédit 17 C.S. arrêt n° 68/L du 18 Juillet 1985. Inédit. 16

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essentiellement par l’effort des précédentes épouses, celles-ci n’ayant de prétention à élever que sur la part du mari18. Nous pensons que si l’article 1400 devrait s’appliquer, la donne polygamique nécessitait une adaptation telle que les Cours d’Appel l’ont faite, en tenant compte soit des dates d’entrée dans le foyer, soit de l’état réel de fortune des divers époux. C’est pourquoi nous nous rallions à la thèse qui pense que le mariage polygamique, compte tenu de la complexité des réseaux de relations interpersonnelles et des rapports patrimoniaux qu’il engendre, est inconciliable avec la communauté19. La polygamie est un système matrimonial purement coutumier, et ne peut facilement aller qu’avec la séparation des biens. Certains législateurs l’ont si bien compris qu’ils ont imposés le régime séparatiste à tous les couples polygames c’est le cas des législateurs Sénégalais, Ivoirien, Malien et Togolais20. Un auteur pense qu’il faut rechercher dans tous les cas la volonté expresse ou implicite des parties. Cette volonté, lorsqu’elle n’est pas clairement exprimée, découlerait soit des correspondances ou de tout autre document que pourraient s’échanger les époux tout au long de leur mariage, soit des modalités de célébration du mariage. Ainsi, lorsque le mariage a été célébré par un officier d’état civil alors que les époux pouvaient le faire célébrer coutumièrement, le régime applicable serait le régime de droit écrit à savoir la communauté des meubles et acquêts, alors que si le mariage a été célébré coutumièrement, on devrait retenir la communauté sous condition de participation démontrée par la femme21. Or il se pourrait que les couples polygames choisissent de solliciter l’officier d’état civil. Les mêmes difficultés relevées pour l’application de la communauté resurgiraient. En outre, si l’application de ces critères renvoie au partage-rénumération, l’obligation imposée sur le conjoint d’établir sa participation ne facilite toujours rien, notamment en polygamie. Pour notre part, nous pensons que le critère premier devrait rester le choix entre la forme polygamique et la forme monogamique. La polygamie serait régie en l’absence de contrat par le régime de séparation pur et simple. La monogamie pourrait alors être soumise à la communauté réduite aux acquêts, mais à condition que le second paramètre ne l’interdise à savoir l’état de la cohabitation. B. L’état de la cohabitation L’application du régime de communauté réduite aux acquêts à la monogamie ne serait pas automatique. La communauté légale serait adaptée à un foyer où la communion entre le mari et la femme est parfaite, puisqu’elle permet de participer à la répartition sociale 22 .Or tous les foyers monogamiques ne sont pas harmonieux. Il est habituel de voir que l’homme et la femme, du fait de certaines incompatibilités, vivent séparés de fait. Cet état de cohabitation développe en chacun un élan d’égoïsme et de repli sur soi, tel qu’il devient injuste d’appliquer le régime communautaire. Il est normal que dans ces cas, on retienne le régime séparatiste, lequel correspond le mieux à l’état du foyer. En effet, les époux vivant séparés, chacun se constitue un patrimoine propre, il n’y a pas de doute que seul le souci d’élever et d’éduquer les enfants réunit encore le couple. 18

C.A. Douala. 30 Avril 1971. R.C.D. n° 3. P.95. Arrêt WAMBO. POUGOUE (P.G) : Thèse op cit P.46 20 NKOLLO (P) : L’option matrimoniale au Cameroun. R.C.D. n° 37/32 P. 85 21 ANOUKAHA (F) . Une nouvelle étape de l’évolution de la jurisprudence camerounaise en matière de régime matrimonial supplétif (à propos des affaires KEMADJOU et KOUM). Tendances P. 127 s. 22 NKOUENDJIN YOTNDA (M) : Le Cameroun à la recherche de son droit de la famille. Op Cit. P. 234. 19

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Mais un minimum de précaution mérite d’être pris. Si l’absence de cohabitation a commencé seulement dans les deux ans précédant la demande en divorce, on devra retenir que la communauté a existé jusqu'à la date de la séparation. Mais s’il est établi que la séparation dure depuis plus de 2 ans, le fait de ne pas porter la crise devant le juge, soit pour demander le divorce, soit pour solliciter la séparation de corps entraînant interversion de la communauté, permettra de comprendre que le couple se plaît dans son état qui devrait s’interpréter comme une volonté implicite de demeurer séparé en chair et en biens. Dans tous les cas, comme dans le système anglophone, la séparation des biens ne serait pas absolue. Il peut toujours arriver que le couple se mette ensemble pour acquérir un bien. Bien que les titres de propriété soient au nom d’un conjoint, si l’autre justifie qu’il a contribué à son acquisition, le partage devrait se faire suivant la théorie de la société de fait23. La participation pourrait être soit financière, soit matérielle, soit même physique. De plus, on devrait déduire de l’opposition du mari à ce que son épouse exerce une profession séparée, qu’il accepte de faire partager les acquêts avec sa femme, dans la proportion de la contribution de cette dernière, déterminée d’après la qualification professionnelle et les salaires en cours dont elle aurait bénéficié si elle travaillait.

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Article 17 de la Married Women’s Property Act 1882. Et pour application Hine c/ Hine (1962) All E.R. 345 Page 22 sur 40

DEUXIEME PARTIE : LES SUCCESSIONS ET LIBERALITES Dans la conception traditionnelle, la propriété individuelle n’existe que très rarement. Les richesses constituées essentiellement de la terre étaient la propriété de toute la collectivité. L’individu n’existait qu’a partir du moment où il s’intégrait dans la collectivité familiale. La famille lignagère était donc l’unique bénéficiaire de l’activité économique. Le collectivisme qui caractérisait la société traditionnelle était encore marqué par l’exo - intransmissibilité qui interdisait d’aliéner définitivement les lopins de terre en dehors de la famille. La conséquence de cette conception de la propriété des biens sur le droit successoral allait être évidente. Les biens ne pouvaient pas être partagés au décès du chef de famille, puisque cela équivaudrait à instituer la propriété individuelle. Un seul successeur était alors désigné, qui devait s’accaparer de tous les biens en qualité de simple mandataire, dans la mesure où il gère dans l’intérêt de tous. La succession est donc moins une succession aux biens qu’à la personne. Avec l’arrivée des Occidentaux, l’idée de la propriété individuelle va être introduite dans notre environnement juridique. Le colonisateur Allemand avait tenté d’introduire la propriété privée individuelle en organisant un système d’appropriation proche de celui du livre foncier que connaît le droit germanique. Les Français viendront avec le code civil qui reconnaît la propriété comme « le droit de disposer des choses de la manière la plus absolue... »24. Dès lors est reconnue la possibilité de vendre en dehors de la famille. La conception même des successions qu’introduit le code civil est toute différente. Il est d’abord question de transmettre les biens laissés par un individu à ceux qui lui survivent et qui vont acquérir sur lesdits biens un droit de propriété tout aussi absolu. L’aspect extra-patrimonial des successions qui porte à organiser la substitution du défunt dans ses tâches extra - patrimoniales est ignoré. Face à ces conceptions différentes, la jurisprudence se devait de dire laquelle des positions allait triompher. Elle a opéré un compromis. Car s’il est reconnu que la jurisprudence a détruit le fondement communautaire des successions au Cameroun, on doit encore reconnaître qu’elle a systématisé la notion d’héritier principal qu’on dit être une des facettes les plus visibles du système coutumier des successions. Toujours est-il que fondamentalement, les règles inspirées de l’occident triomphent. CHAPITRE I : LES SUCCESSIONS AB INTESTAT On peut définir la succession ab intestat comme le transfert du patrimoine d’une personne qui est décédée sans testament, par application des règles légales. L’étude des successions ab intestat passe par l’examen des règles relatives à son ouverture et la vocation de chaque successible (section II). SECTION I : L’OUVERTURE DE LA SUCCESSION On ne peut envisager la transmission légale du patrimoine d’une personne que si certaines conditions sont réunies. En premier lieu, il faut que la personne ne soit plus en vie. Mais il faut aussi s’intéresser au moment et au lieu d’ouverture de la succession.

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Article 544 du code civil. Page 23 sur 40

I.

LES CAUSES D’OUVERTURE DE LA SUCCESSION

La succession ne peut être ouverte que si la personne dont le patrimoine est concerné n’a plus d’existence juridique. Car c’est alors que les biens qui lui appartenaient deviennent sans maîtres et nécessitent qu’ils en soient pourvus. La perte de l’existence légale résulte normalement du décès. Mais, elle peut exceptionnellement provenir de l’absence et de la disparition. A. LA MORT La mort se définit en langage ordinaire comme la cessation de la vie. Il ressort de l’article 718 du Code civil que « les successions s’ouvrent par la mort naturelle ». Il peut être tentant de croire que le qualificatif de naturelle qui doit caractériser la mort ne permettrait l’ouverture de la succession qu’en cas de décès par maladie, et exclurait toute autre cause telle que la mort accidentelle ou par cause mystique. Or, peu importe que la personne soit morte du fait d’un tiers, ou même par son association à un cercle mystique ou même par agression. Le plus important c’est la certitude du décès. B. L’ABSENCE ET LA DISPARITION L’absence se définit comme l’état d’une personne qui est restée si longtemps sans donner de ses nouvelles, que l’on commence à douter de son existence. Le doute provient simplement du prolongement du mutisme. Donc aucun événement ne permet de pencher plus pour la mort que pour la survie. C’est pourquoi le droit préserve les intérêts de l’absent pendant les 30 années qui suivent les dernières nouvelles ou pendant les cent ans depuis sa naissance. Pendant ce temps, les biens font simplement l’objet d’un envoi en possession provisoire (Art 120 C.civ) dont les bénéficiaires sont tenus des obligations des dépositaires. C’est 30 ans après les dernières nouvelles ou 100 ans après la naissance de l’absent que l’envoi en possession devient définitif. La disparition correspond à l’état d’une personne qui a cessé de donner de ses nouvelles à la suite d’un événement où sa vie était exposée à un danger, mais dont le corps n’a pas été trouvé (Article 88 C.civ). Ici, la probabilité du décès est grande, en raison de l’existence d’une cause mortelle. C'est pourquoi le droit n’hésite pas à ouvrir la succession du disparu après une année d’enquête infructueuse ayant abouti à un jugement déclaratif de décès dont les effets sont identiques à ceux de la mort. En cas de répartition des biens pour cause d’absence ou de disparition, les droits des successibles sont précaires, puisqu’en cas de retour de la personne, elle récupère ses biens dans l’état où ils se trouvent. II.

LA DATE D’OUVERTURE DE LA SUCCESSION

Apparemment, la date de la succession ne semble pas très préoccupante. Pourtant, elle est de nature à créer plusieurs problèmes si elle est mal fixée. En effet, la date permet d’apprécier la capacité des successibles, la loi applicable en cas de succession de textes, et éventuellement le lieu, dans la mesure où le domicile peut avoir été déplacé. La succession est ouverte dès l’instant du décès, et c’est à partir de ce moment que les successibles sont en principe saisis des biens du de cujus. Leur vocation étant fixée, ils excluent tous ceux qui ne naîtraient ou ne seraient conçus que postérieurement. Les Page 24 sur 40

opérations juridiques de règlement de la succession pourraient mettre un temps assez élastique pour commencer ou pour s’achever, mais ne sauraient jamais servir de point de départ de la succession. III.

LE LIEU D’OUVERTURE DE LA SUCCESSION

C’est le lieu par rapport auquel on déterminera la compétence de la juridiction saisie et où seront concentrées les opérations juridiques relatives à la succession. Il résulte de l’article 110 du Code civil et de l’article 2 alinéa b du décret n° 69/DF/544 du 19.12.69 que le lieu où la succession s’ouvrira sera déterminé par le domicile du de cujus. Il s’agit bien du lieu du principal établissement conformément à l’art 102 du Code civil. On sait ainsi que le domicile ne coïncide pas toujours avec le lieu de résidence ou le lieu du décès. SECTION II : LA VOCATION SUCCESSORALE Pour pouvoir succéder, il faut remplir certaines conditions : venir en rang utile et être digne pour prétendre recevoir quelque droit. I.

LES CONDITIONS GENERALES POUR SUCCEDER

En droit traditionnel, un seul héritier coutumier avait vocation à être désigné pour prendre la place et les prérogatives du de cujus. Dans le droit actuel, on préfère parler de l’héritier principal. Au regard des fonctions qu’est appelé à accomplir l’héritier coutumier, sa sélection tient surtout compte des critères qui le prédisposent à réussir sa mission. La volonté du défunt bénéficie en cette matière d’une considération quasi absolue. Mais en son absence, on recourait en droit traditionnel aux principes de la primogéniture et du privilège de masculinité. Ces principes coutumiers sont sans valeur en cas de succession aux biens, puisque pour être éligible, il suffit d’avoir la personnalité juridique au jour de la succession et d’être digne. A. LA PERSONALITE JURIDIQUE L’article 725 du Code civil veut que pour succéder, il faut nécessairement exister à l’instant de l’ouverture de la succession, et précise en passant que l’enfant qui n’est pas encore conçu ou qui ne naît pas vivant et viable est inapte à succéder. Les termes de l’article 725 équivalent en réalité en l’exigence qu’il faut avoir la personnalité juridique au moment où intervient le décès. On sait que la personnalité juridique apparaît normalement avec la naissance lorsque l’enfant est né vivant et viable. Mais l’article 725 consacre aussi la règle ‘‘infans conceptus…’’ laquelle permet d’étendre le bénéfice de la personnalité à tout enfant simplement conçu au moment où survient le décès. B. LA DIGNITE Pour succéder au de cujus, il faut être digne. La dignité se présume, ce qui fait que l’intérêt de l’étude est d’analyser les cas d’indignité. Cette dernière est définie comme une déchéance qui frappe un héritier coupable d’une faute grave envers le défunt. Elle entraîne l’exclusion totale du successible de la succession de celui envers qui il s’est montré indigne.

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1. Les cas d’indignité Le code civil a limitativement énuméré les circonstances pouvant entraîner une indignité. Mais la coutume les a complétées en créant des causes additives. a. Les causes d’indignité en droit écrit

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L’article 727 du code civil frappe d’indignité : Celui qui sera condamné pour avoir donné ou tenté de donner la mort au défunt. Celui qui a porté contre le défunt une accusation capitale jugée calomnieuse. L’article 727 alinéa 2 vise ici une dénonciation ou une plainte ou même un faux témoignage contre le de cujus et l’exposant à subir la peine de mort. L’héritier majeur qui, instruit du meurtre du défunt, ne l’aura pas dénoncé à la justice. En réalité, son mutisme s’apparente en un acte de complicité. Cette cause ne concerne pas les mineurs.

b. Les causes d’indignité en droit coutumier Jugées trop restreintes par le juge coutumier camerounais, les causes légales d’indignité ont connu des extensions. C’est ainsi qu’ont été érigées au rang de faits privant du droit de succéder, à côté des causes ci-dessus : - Le fait d’avoir eu des relations sexuelles avec une épouse du de cujus de son vivant ; - Les altercations avec le de cujus non suivies de réconciliation ; - Le fait de se marier en violation des exigences du de cujus. 2. Effets de l’indignité successorale La constatation de l’indignité peut être soulevée devant le juge par toutes les personnes intéressées et particulièrement les cohéritiers de l’indigne ou les héritiers de rang subséquent. Lorsqu’elle est constatée, elle produit des effets énergiques, mais limités. L’indigne est exclu totalement de la succession ab intestat, mais continue de jouir des donations et legs qui auraient été faits à son profit et qui s’imputent plutôt sur la quotité disponible. Il ne peut aussi perdre le bénéfice des libéralités que si une action en révocation est intentée. La relativité de l’indignité peut se révéler à plusieurs titres. L’indignité n’existe qu’à l’égard d’une succession, celle de la personne envers laquelle l’indigne a causé du tort. Cela entraîne comme effet que l’indigne pourrait être appelé à une succession en représentation de celui auquel il ne pouvait succéder. Ensuite, l’indignité n’entraîne qu’une déchéance personnelle à l’indigne. Ainsi, les enfants de l’indigne peuvent succéder à leur grand-père de leur propre chef et les droits qu’ils recueillent sont soustraits à la jouissance légale. Mais les enfants de l’indigne ne peuvent le représenter, puisque ce dernier n’a aucun droit. II.

LE RANG DU SUCCESSIBLE

Les multiples prétendants aux biens laissés par le de cujus ne peuvent pas tous lui succéder. Il existe des principes de dévolution.

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A. LES PRINCIPES DE L’ORDRE ET DU DEGRE Il convient avant tout de signaler que la vocation successorale dépend des liens de famille. Sont donc déjà mis à l’écart, les personnes avec qui le de cujus n’a que des relations d’amitié ou même d’alliance. A l’intérieur même de la famille, on tiendra ensuite compte de l’ordre et du degré. Les successibles sont ainsi classés par catégories appelées ordre. L’ordre prioritaire exclut les ordres secondaires. Puis à l’intérieur de chaque ordre, on tient compte du degré, entendu comme la proximité au de cujus. Le degré le plus proche exclut les degrés les plus éloignés, et à égalité de degré, les héritiers viennent en concours. L’ordre normal des successibles comprend cinq groupes d’héritiers. 1. Les descendants Ce sont tous les descendants en ligne directe, qu’ils soient légitime ou naturels (à condition d’être légalement reconnu par le de cujus), du premier, du second ou même du troisième degré, ceux du degré le plus proche, excluant ceux des degrés subséquents. Les descendants constituent le 1er ordre. Leur position privilégiée leur permet d’exclure tout autre, à l’exception du conjoint survivant. 2. Les ascendants et les collatéraux privilégiés C’est un ordre composé de deux groupes de personnes, à savoir les ascendants privilégiés d’une part et les collatéraux privilégiés d’autre part. Les ascendants privilégiés sont constitués par les père et mère directs du de cujus, autrement dit, des parents du premier degré, qu’ils soient naturels ou légitimes. Les collatéraux privilégiés sont les frères et sœurs directs du de cujus et leurs descendants, ces derniers venant à la succession par représentation de leurs auteurs. En cas d’adoption, les enfants de l’adoptant sont traités comme les frères et sœurs de l’adopté. 3. Les ascendants et les collatéraux ordinaires Il s’agit des grands-parents et des oncles et cousins. Ils peuvent être appelés à succéder en l’absence des autres ordres. 4. Le conjoint survivant Bien que venant en 4e rang, le conjoint survivant n’est pas exclu par les ordres cidessus. Son rang s’explique seulement par le fait selon lequel il recueille toute la succession s’il n’existe pas d’héritier dans les autres ordres. Face aux privilégiés, le conjoint survivant a un droit d’usufruit et non de pleine propriété. Mais sa vocation successorale est subordonnée à 2 conditions, à savoir l’existence d’un mariage valable et la subsistance du mariage au moment du décès. 5. L’Etat L’article 768 dispose : « A défaut de conjoint survivant, la succession est acquise à l’Etat ». L’Etat est un successeur exceptionnel, puisqu’à la différence des autres, il n’a avec le de cujus ni lien de parenté, ni lien d’alliance. Mais pour que l’Etat recueille la Page 27 sur 40

succession, il faut qu’il n’y ait ni successeur, ni légataire universel. On dit alors que la succession est en déshérence. L’Etat exerce sa vocation successorale par l’entremise du service des domaines. B. LES EXCEPTIONS AU PRINCIPE DE SUCCESSION PAR L’ORDRE ET LE DEGRE

DEVOLUTION

DE

LA

L’ordre ci-dessus décrit peut être remis en cause soit par la fente, soit par la représentation. 1. La fente La fente est une modalité d’affectation de biens lorsque les personnes appelées à la succession sont des ascendants ou des collatéraux. Elle permet de diviser la succession entre les deux lignes paternelle et maternelle. L’ascendant qui se trouve au degré le plus proche recueille la moitié affectée à sa ligne, et à l’exclusion de tous autres. Les principales applications de la fente sont indiquées aux articles 733 et 752 du Code civil. L’article 733 du Code civil dispose que : « Toute succession échue à des ascendants ou à des collatéraux, se divise en deux parts égales : l’une pour les parents de la ligne paternelle, l’autre pour les parents de la ligne maternelle. Les parents utérins ou consanguins ne sont pas exclus par les germains ; mais ils ne prennent part que dans leur ligne, sauf ce qui sera dit à l’article 752. Les germains prennent part dans les deux lignes. Il ne se fait aucune dévolution d’une ligne à l’autre, que lorsqu’il ne se trouve aucun ascendant ni collatéral de l’une des deux lignes ». L’article 752 du Code civil quant à lui énonce ce qui suit : « Le partage de la moitié ou des trois quarts dévolus aux frères ou sœurs, aux termes de l’article précédent, s’opère entre eux par égales portions, s’ils sont tous du même lit ; s’ils sont de lits différents, la division se fait par moitié entre les deux lignes paternelle et maternelle du défunt ; les germains prennent part dans les deux lignes, et les utérins ou consanguins chacun dans leur ligne seulement ; s’il n’y a de frères ou sœurs que d’un côté, ils succèdent à la totalité, à l’exclusion de tous autres parents de l’autre ligne ». La fente déroge au principe que la succession est tout entière attribuée au parent du degré le plus proche dans l’ordre le plus proche, dans la mesure où elle fait intervenir dans la succession un parent éloigné appelé à concourir avec un plus proche. Le même effet peut se produire par le mécanisme de la représentation. 2. La représentation La représentation est une fiction de la loi, dont l’effet est de faire entrer les représentants dans la place, dans le degré et dans les droits du représenté. C’est une dérogation au principe de la dévolution successorale par l’ordre et le degré. Elle permet aux fils d’une personne prédécédée, de recueillir dans la succession à laquelle leur auteur aurait été appelé, la part de celui-ci lorsqu’il est en concours avec d’autres successibles du même degré. Par le jeu de la représentation, une personne plus éloignée est appelée à exercer les droits d’un héritier plus proche, mort avant le de cujus. La représentation ne joue que pour les enfants et les frères et sœurs du de cujus. On ne représente donc pas les ascendants et les collatéraux ordinaires. En outre, Ne peuvent être représentés que ceux qui auraient eu droit à la succession s’ils avaient survécu. La représentation n’est donc pas possible pour l’indigne ou l’héritier renonçant. S’agissant du représentant, il doit être un descendant du représenté. Mais il n’est pas nécessaire que le représentant soit l’héritier du représenté. C’est ainsi que celui qui a

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renoncé à la succession du représenté, peut représenter celui-ci, de même que celui qui a été écarté pour indignité. Ainsi se présente la classification des divers prétendants à la même succession. Les qualités ayant été clarifiées, il reste maintenant à voir, ce à quoi chacun pourrait prétendre. III.

LES DROITS SUCCESSORAUX Leur consistance dépend de l’ordre de chaque héritier.

A. LES DROITS HERIDITAIRES DES DESCENDANTS Jusqu’ici, le Code civil distinguait selon que le de cujus n’avait laissé que des descendants légitimes ou s’il y a aussi des naturels. Si le de cujus n’avait laissé que des enfants légitimes, ils recueillaient toute la succession, et les parts étaient réparties également entre eux. S’il avait laissé des descendants légitimes et naturels, les deux catégories venaient en concours, mais comme le voulait l’article 758 du Code civil, l’enfant naturel ne pouvait prétendre qu’à la moitié de ce qu’il aurait eu s’il eût été légitime. La prise en compte des textes internationaux et de la jurisprudence internationale oblige désormais à voir les choses autrement. Dans un jugement rendu par le tribunal de premier degré de Dschang 25 on a assisté une invocation directe de ces textes pour admettre l’égalité en droits des enfants naturels et légitimes. En substance, pour dénier à la défenderesse l’éviction de la coutume bamiléké qu’elle jugeait contraire à la loi (le Code civil) et à l’ordre public, le juge a posé que « la coutume bamiléké qui prône implicitement l’égalité de tous les enfants se fonde sur ce que l’enfant reste et demeure un don du ciel ; qu’il n’a pas demandé à naître ; qu’il ne doit pas être sanctionné en raison d’une faute qu’il n’a pas commise » ; … « que ces règles coutumières qui prônent l’égalité du traitement entre les enfants sont plutôt en phase avec les conventions internationales relatives aux droits des enfants » ; … « que notamment, la Convention internationale relative aux droits de l’enfant adoptée par l’AG ONU le 20 novembre 1989 énonce en son article 2 que [les Etats parties s’engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente convention et à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune] » ; … « qu’il s’ensuit que les enfants ne doivent pas être victimes d’un traitement inégal dont ils ne sont en rien responsables » ; … « attendu que la susdite convention a été relayée en toutes ses dispositions par la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant adoptée à Addis-Abeba en 1990 ; que la ratification s’est faite par le Cameroun le 05 septembre 1997 ; que la valeur supralégislative des traités et accords internationaux régulièrement approuvés ou ratifiés par le Cameroun est affirmée par l’article 45 de la loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972 » ; … « qu’on ne peut, sans exposer à la précarité, les enfants à l’égard desquels les mesures discriminatoires sont demandées par la défenderesse, réduire leur part successorale aux aliments ou à la moitié de celle des enfants légitimes qui n’ont pas plus de mérite » ; … « qu’il y a lieu … d’ordonner le partage par parts égales des biens de feu Nangmo François entre tous ses enfants ».

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Jugement n° 122/DL du 11 mai 2006, inédit Page 29 sur 40

B. DROITS HEREDITAIRES DES ASCENDANTS ET COLLATERAUX PRIVILEGIES Ils ne viennent à la succession qu’à défaut d’enfant légitime ou naturel reconnu. L’article 746 du C.civ veut que lorsque le de cujus n’a laissé ni frère, ni sœur, la succession soit divisée par moitié entre les deux lignes paternelle et maternelle. L’héritier le plus proche de chaque ligne recueille la part dévolue à celle-ci. Lorsqu’il existe des frères et sœurs, en concours avec les père et mère, le partage se fait moitié pour les ascendants privilégiés et moitié pour les collatéraux privilégiés. Mais s’il ne subsiste qu’un seul des ascendants directs, la part dévolue à l’autre ligne accroît celle des collatéraux privilégiés. L’ascendant recueille donc le ¼ tandis que les collatéraux se partagent les ¾. L’abrogation implicite de l’article 766 du Code civil par la CIDE et la CADBEE permet désormais à l’enfant naturel de succéder à son frère légitime et vice-versa, de même qu’il peut aussi venir de son propre chef à la succession de ses grands-parents naturels. C. DROITS HEREDITAIRES DES ASCENDANTS ET COLLATERAUX ORDINAIRES A défaut d’ascendants et de collatéraux privilégiés, la succession est repartie entre les ascendants et collatéraux ordinaires par moitié. La part des ascendants est toujours soumise à la fente. En l’absence d’ascendants, les collatéraux succèdent jusqu’au 12e degré. D. LES DROITS DU CONJOINT SURVIVANT Les droits héréditaires du conjoint survivant doivent être distingués des droits qu’il tire du régime matrimonial. En effet, la mort entraîne la dissolution conséquente du régime matrimonial qu’il faut normalement liquider et partager avant la succession (voir TIMTCHUENG M. Le droit camerounais de la famille entre son passé et son avenir, thèse Ydé, 2000 n° 283s). Cela permet d’isoler les droits ayant appartenu en propre au défunt qui seuls, feront l’objet de la transmission successorale. Selon les cas, le conjoint survivant succède soit en usufruit, soit en pleine propriété. 1. L’usufruit du conjoint survivant Aux termes de l’article 767 al 4 du C.civ, lorsque le conjoint survivant est face aux descendants du de cujus, il a droit à ¼ des biens successoraux en usufruit. Mais si les descendants sont d’un autre lit, l’usufruit équivaut à la part d’un enfant, sans qu’elle puisse excéder un quart. En présence des ascendants et collatéraux privilégiés du de cujus, l’usufruit passe à la moitié des biens. Le conjoint survivant recueille la totalité de la succession en usufruit face aux autres successibles (ascendants et collatéraux ordinaires). Les proportions ci-dessus doivent être partagées à égalité en cas de pluralité de conjoints survivants, donc en contexte de polygamie. L’usufruit accordé au conjoint survivant cesse toutes les fois que des ressources suffisantes sont déjà à la disposition du bénéficiaire. Le Code civil cite notamment le remariage du conjoint survivant s’il existe des descendants du défunt, et le fait que le

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conjoint survivant ait reçu du de cujus, des libéralités dont le montant atteint celui de l’usufruit. 2. Les droits de propriété du conjoint survivant Dans 2 cas, le conjoint survivant succédera en pleine propriété. C’est d’abord le cas où le de cujus n’a laissé ni parent au degré successible, ni enfant. Alors, la totalité des biens va au conjoint survivant en pleine propriété. Le second cas est celui où le défunt n’a laissé de parent successible que dans une ligne. La part qui aurait dû être attribuée à l’autre ligne est dévolue en pleine propriété au conjoint survivant. Toutes ces deux hypothèses sont d’application rare, eu égard à la taille de la famille en Afrique. Il convient de signaler que la jurisprudence, puisant dans la coutume, a reconnu au conjoint survivant un droit supplémentaire qui vient s’ajouter à son usufruit normal. Il s’agit du droit d’habiter la maison conjugale ou mieux d’occuper la concession de son ex-conjoint. SECTION III : LA TRANSMISSION DE LA SUCCESSION La transmission de l’hérédité est acquise dès l’instant de l’ouverture de la succession. Ainsi, l’héritier acquiert de plein droit, par l’effet de la loi, les droits compris dans la succession. Mais l’acquisition de la possession des biens connaît un régime dualiste, et diffère selon qu’on est héritier légitime ou irrégulier. Les héritiers légitimes, c’est-à-dire ceux qui ont avec le de cujus, un lien de parenté, bénéficient de la saisine. L’héritier qui en bénéficie n’a besoin d’aucune autre investiture, il est censé avoir été saisi directement par le défunt. En vertu de la saisine, il bénéficie de toutes les prérogatives d’un possesseur sur les biens de la succession. Les héritiers irréguliers ou illégitimes qui n’ont pas ce lien avec le de cujus, à savoir précisément le conjoint survivant et l’Etat doivent solliciter l’envoi en possession pour avoir accès aux biens de la succession. Quoiqu’il en soit, la situation de l’héritier ne lui confère pas que des droits. Il a aussi des obligations, et c’est pour en limiter la portée qu’il bénéficie d’un droit d’option. I. LES OBLIGATIONS DES HERITIERS Au terme de l’article 1220 du Code civil, si en cas de pluralités d’héritiers, les biens corporels sont soumis à l’indivision, les dettes et les créances du défunt se divisent de plein droit entre les héritiers, du moins lorsqu’il s’agit des dettes ou créances divisibles. L’idée que les héritiers continuent la personne du de cujus fait qu’ils doivent supporter ses dettes. La succession ab intestat est une transmission universelle. L’héritier est appelé à recueillir un patrimoine ou une quote-part de ce patrimoine. C’est donc un ayant cause universel ou à titre universel. Il en résulte qu’il est tenu du passif qui grève la succession. En effet, l’héritier apparaît comme le continuateur de la personne du défunt et assume non seulement ses dettes, mais aussi les legs et les charges de la succession. A. L’obligation aux dettes L’héritier est tenu de toutes les dettes du de cujus. S’ils sont plusieurs, elles se divisent entre eux. Leur obligation ultra vires peut-être poursuivie sur leurs biens Page 31 sur 40

personnels en cas d’insuffisance des biens recueillis dans la succession. Les dettes dont les héritiers sont ainsi tenus concernent toutes les dettes, même si elles sont nées d’un fait ou d’un engagement personnel du défunt. Cependant, certains contrats conclus intuitu personae cessent de produire effet avec la mort du débiteur. C’est le cas du mandat ou de certains cas de société. De même l’obligation alimentaire n’est pas transmise. B. L’obligation aux legs L’obligation aux legs est l’obligation qu’ont les héritiers d’exécuter les dispositions testamentaires laissées par le de cujus en délivrant aux légataires ce auquel ils ont droit. L’obligation aux legs vient s’ajouter à l’obligation aux dettes. Un adage ancien « nemo liberalis nisi liberatus » (on ne saurait faire de libéralité avant d’avoir payé ses dettes) veut que les créanciers de la succession soient préférés aux légataires. L’héritier doit donc acquitter les dettes avant d’exécuter les legs. Mais une fois le passif liquidé, il peut ne plus rester grand-chose pour exécuter les legs, notamment les legs de somme d’argent qui sont aussi assimilées aux dettes. Les héritiers doivent donc pouvoir les acquitter sur leurs propres biens. C. L’obligation aux charges Les charges de la succession sont des dettes qui incombent à l’héritier alors qu’elles n’existaient pas encore du vivant du de cujus. Les charges s’apparentent aux dettes et non aux legs, car elles ne proviennent pas du testament. Il en résulte qu’elles doivent être acquittées avant les legs en vertu de l’adage ‘‘nemo liberalis nisi liberatus’’. Elles comprennent notamment les frais funéraires, les frais de gestion des biens de la succession et de liquidation de celle-ci, ainsi que les frais de scellés et d’inventaire, etc. En règle générale les héritiers en sont encore tenus ultra vires heriditatis. II.

L’OPTION DE L’HERITIER

L’héritier peut prendre l’une des options suivantes : A. L’acceptation pure et simple Aucune condition de forme n’est exigée. Il résulte de l’art 778cc qu’elle peut être expresse ou tacite. Elle est expresse quand on prend le titre ou la qualité d’héritier dans un acte authentique ou privé . Il s’agit donc d’un écrit quelconque. L’essentiel est que l’écrit exprime formellement et sans réserve la volonté de prendre la qualité d’héritier. L’acceptation est tacite, dit l’art 778cc encore ‘‘quand l’héritier fait un acte qui suppose nécessairement son intention d’accepter, et qu’il n’aurait droit de faire qu’en sa qualité d’héritier’’ Comme actes impliquant une acceptation tacite, on cite l’appropriation d’un bien en l’affectant à son usage exclusif, l’exercice d’une action en partage, les actes de disposition sur les biens successoraux, etc. Il est des cas où l’héritier peut être forcé d’accepter la succession. C’est notamment lorsqu’il s’est montré coupable d’un acte de recel successoral. L’art 792cc dispose en ce sens que « les héritiers qui auraient diverti ou recelé des effets d’une succession sont déchus de la faculté d’y renoncer : ils demeurent héritiers purs et simples, nonobstant leur renonciation, sans pouvoir prétendre aucune part dans les objets divertis ou recelés ». L’article 801cc ajoute : « l’héritier qui s’est rendu coupable de recel, ou qui a omis sciemment et de mauvaise foi, de Page 32 sur 40

comprendre dans l’inventaire des effets de la succession est déchu du bénéfice d’inventaire ». On remarque que dans tous ces cas, l’héritier sera forcé de succéder purement et simplement. L’héritier est non seulement contraint à l’acceptation, mais il ne peut prétendre à aucun droit sur les objets recelés ou divertis. Comme tout acte juridique, l’acceptation est susceptible de connaître des vices de consentement. L’article 783cciv reconnaît même la lésion de ½ à trois conditions : la découverte d’un testament inconnu de l’héritier au moment où il a accepté la succession, l’absorption de plus de ½ de la succession par les legs contenus dans ce testament, et la lésion résultant de ce testament. B. La renonciation Elle est plus grave que l’acceptation, et est par conséquent soumise à un régime plus complexe. Tout héritier a en principe la faculté de renoncer, sauf s’il a préalablement accepté ou si le délai d’option est expiré ou enfin si avant ce délai, il a été condamné. Sur la forme, à la différence de l’acceptation, la renonciation est un acte solennel. Aux termes de l’article 784 du Code civil, elle doit être expresse et elle ne peut se faire qu’au greffe du TPI, dans un registre spécial tenu à cet effet. Au fond, la renonciation est soumise aux conditions des actes unilatéraux. Quant aux effets, la renonciation accroît la part des autres cohéritiers et en l’absence de cohéritiers de même rang, profite aux héritiers subséquents. La renonciation est révocable. L’article 790 du code civil permet à l’héritier qui a renoncé, de se raviser et d’accepter encore, à la double condition que le droit d’option ne soit pas éteint par la prescription ou que les autres héritiers n’aient déjà accepté la succession. La rétractation de la renonciation fait de l’héritier un acceptant pur et simple. C. L’acceptation bénéficiaire Encore appelée acceptation sous bénéfice d’inventaire, l’acceptation bénéficiaire est un troisième parti qui permet à l’héritier d’échapper à l’obligation ultra vires. L’acceptation bénéficiaire fait de l’héritier un simple successeur aux biens. Pour qu’elle soit possible il faut que l’héritier n’ait ni accepté purement et simplement, ni renoncé. Au fond, elle est soumise au régime général des actes unilatéraux. Sur la forme, il y a deux conditions ; à savoir d’une part, la déclaration au greffe du TPI de l’art 793 du code civil et l’inventaire de l’art 794cc. La déclaration au greffe est une formalité substantielle dont dépend la validité de l’acceptation bénéficiaire. L’inventaire doit être fait avant ou après la déclaration. L’inventaire est fait par un notaire dans le délai de trois mois depuis l’ouverture de la succession. L’acceptation bénéficiaire fait obstacle à la confusion des patrimoines. Il y a donc séparation ou dualité des patrimoines. Certes les biens de la succession demeurent la propriété de l’héritier, mais cette masse demeure isolée des biens personnels de celui-ci pour les besoins de la liquidation. L’héritier bénéficiaire est titulaire de deux patrimoines, chacun ayant son passif. Les créanciers personnels de l’héritier peuvent exercer leurs poursuites sur les biens recueillis par leur débiteur, mais seront primés par les créanciers du défunt. Ces derniers n’auront aucun droit sur les biens personnels de l’héritier.

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CHAPITRE II : LES LIBERALITES Les libéralités sont des transmissions d’une valeur patrimoniale à titre gratuit. Elles peuvent se faire sous deux formes : - Elles peuvent d’abord se faire entre vifs : dans ce cas, le disposant se dépouille immédiatement et irrévocablement de la chose donnée en faveur du donataire qui l’accepte. La libéralité en question est une donation. - Elles peuvent aussi se faire à cause de mort et se réalisent sous la forme de testament, défini comme l’acte par lequel le cédant dispose, pour le temps où il n’existera plus, de tout ou partie de ses biens, et qu’il peut révoquer. Les donations et les testaments ont en principe des régimes juridiques distincts, mais un minimum de règles communes leur est applicable. SECTION I :

REGLES APPLICABLES A TOUTES LES LIBERALITES

Les libéralités sont des actes juridiques : la donation est un contrat, et le testament est un acte unilatéral. Ace titre, les libéralités sont toutes soumises aux conditions générales de validité des actes juridiques posées par l’article 1108 du code civil. Mais la méfiance entretenue par le droit à l’égard des libéralités fait qu’elles sont soumises à une restriction importante à savoir le respect de la quotité disponible. L’article 1108 du Code civil veut que tout acte juridique ne soit valable que si les parties ont la capacité, si elles y consentent et s’il y a un objet et une cause licite. Mais s’agissant des libéralités, elles sont des actes solennels et donc soumis à des conditions de forme rigoureuses qui seront étudiées dans les règles particulières à chaque type de libéralités. Il reste donc les conditions de fond. Mais à ce niveau aussi, les libéralités connaissent des limites très importantes s’agissant de leur objet. L’importance de ces limitations justifie que l’objet soit traité à part. En fin de compte, il reste à envisager ici la capacité, la volonté et la cause. I. LA CAPACITE Comme tous les actes juridiques, les libéralités sont soumises à des conditions de capacité. Le disposant doit avoir la capacité ou du moins être émancipé au moment de l’acte. Ces principes connaissent quelques atténuations. C’est ainsi que l’article 1095 C. civ permet au mineur de faire des donations à son partenaire dans le contrat de mariage, à condition d’avoir le consentement de ses représentants légaux. De plus, dès l’âge de 16 ans, chacun peut valablement tester sans intervention de quelque représentant ou curateur. II. LA VOLONTE Les libéralités étant des actes juridiques, elles ne sauraient être valables que si la volonté de leurs auteurs a été librement exprimée et sans quelque vice. Il n’y a donc de volonté si l’auteur au moment de l’acte n’était pas sain d’esprit. Le consentement peut aussi être vicié par l’erreur, le dol ou la violence dans les conditions du droit commun. Le défaut de volonté ou une volonté viciée entraîne la nullité de la libéralité.

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III. LA CAUSE Les articles 1131 et 1133 du c.civ sont des textes de portée générale et s’appliquent de la sorte tant aux actes onéreux qu’aux libéralités. Il en résulte que l’obligation engendrée par ces actes ne peut avoir aucun effet si elle est sans cause ou sur une fausse cause ou sur une cause illicite. IV.

L’OBJET DES LIBERALITES

Si le de cujus peut de son vivant disposer de ses biens à titre gratuit, la liberté dont il jouit n’est pas absolue. Il y a une partie de son patrimoine dont il peut librement disposer par les libéralités. Il s’agit de ce qu’on appelle la quotité disponible. L’autre partie doit demeurer sauve. Il s’agit de la réserve légale ou réserve héréditaire, destinée à assurer la protection de la famille du de cujus. La réserve s’impose lorsqu’on laisse soit des descendants, soit des ascendants. A. La réserve des descendants L’article 913 du C.civ fixe le montant de la quotité disponible et indirectement celui de la réserve à un taux variable suivant le nombre d’enfants laissés par le de cujus. Ainsi : - Si le de cujus ne laisse qu’un enfant, la quotité disponible est de la moitié, la réserve étant l’autre moitié. - S’il laisse 2 enfants, la quotité disponible passe au 1/3 et la réserve revenant au 2/3 soit 1/3 par enfant. - Si le défunt laisse trois enfants ou un plus grand nombre, la quotité disponible est du ¼ et la réserve de ¾. - Si l’un des enfants était prédécédé et était représenté par ses propres enfants, la souche représentée ne compterait que pour un enfant. B. La réserve des ascendants En règle générale, lorsqu’il n’y a pas de descendants, l’ordre suivant appelé à la succession est celui des ascendants et collatéraux privilégiés. Mais la réserve ne protégeant que la famille en ligne directe, seuls les ascendants auront droit à la réserve. Si donc le défunt avait fait des libéralités qui avaient absorbé toute la quotité disponible, les collatéraux seront entièrement exclus de la succession. Si elles ne l’absorbent pas, les collatéraux ne pourront prétendre qu’au restant de la quotité disponible, assurant aux ascendants, la totalité de leur réserve. S’agissant du montant de la réserve des ascendants, les articles 914 et 915cc le fixent ainsi qu’il suit : la quotité disponible est fixée à la moitié des biens si le défunt laisse des ascendants dans les deux lignes et de ¾ s’il n’en laisse que dans une seule ligne. C’est donc dire que la réserve est du quart pour chaque ligne. SECTION II : REGLES PARTICULIERES A CHAQUE TYPE DE LIBERALITE Les deux types de libéralité que sont les donations et les testaments présentent audelà des conditions générales de validité sus étudiées, de grandes différences, tirées de leur nature même. La donation est un contrat et le testament un acte unilatéral. Cela suffit à comprendre que les deux notions ne puissent pas toujours être soumises aux mêmes règles. Page 35 sur 40

I. LES DONATIONS Il s’agit de contrats solennels, nécessitant l’observation des conditions de forme pour produire leurs pleins effets. A. L’EXIGENCE DE LA FORME AUTHENTIQUE Elle résulte expressément de l’article 931 du c. civ qui dispose que : « tous actes portant donation entre vifs seront passés devant notaires, dans la forme ordinaire des contrats ; et il en restera minute sous peine de nullité ». L’inobservation de la forme notariée entraîne la nullité absolue de l’acte et l’article 1339 du Code civil interdit au donateur de réparer le vice par un acte confirmatif, d’une donation nulle en la forme. Il exige que la donation soit refaite en la forme légale. L’acceptation elle-même doit être faite suivant la forme authentique. Outre l’exigence de l’authenticité, la donation doit aussi donner lieu à d’autres actes qui doivent accompagner la minute de la donation. B. LES ACTES ACCOMPAGNANT LA MINUTE DE LA DONATION Ils diffèrent selon que la donation porte sur un meuble ou sur un immeuble. 1. L’état estimatif des donations mobilières L’article 948 du Code civil exige pour la validité des donations d’effets mobiliers, un état estimatif annexé à la minute de la donation. Il s’agit d’un acte contenant la description et l’estimation des meubles donnés. Cet acte sert également de titre pour le donataire et ses héritiers lorsqu’il y a lieu à rapport ou à réduction de la donation. Le défaut d’état estimatif est sanctionné par la nullité. 2. La publicité des donations immobilières L’article 939cciv prescrit cette publicité lorsque la donation porte sur un immeuble. La transcription de la donation se fait alors à la conservation des hypothèques dans l’arrondissement où se trouvent les biens donnés. A la différence de l’état estimatif qui est une condition de validité, la publicité des donations immobilières est une simple condition de publicité sanctionnée par l’inopposabilité de la donation aux tiers. 3. La règle « donner et retenir ne vaut ». En principe, les libéralités sont définitives, en ce sens que le disposant perd tout pouvoir de revenir sur son offre une fois que celle-ci a été acceptée par le bénéficiaire. Toutefois, les donations peuvent faire l’objet de révocation pour diverses raisons. a. La révocation de la donation pour inexécution des charges Aux termes de l’article 953 du c.civ, la donation pourra être révoquée pour cause d’inexécution des conditions sous lesquelles elle aura été faite… C’est le cas des donations qui ont mis des charges sur le donataire et que ce dernier n’a pas exécuté : par exemple, l’obligation de payer une rente. Page 36 sur 40

b. La révocation pour cause d’ingratitude L’article 955 du Code civil cite trois causes d’ingratitude, entraînant la révocation de la donation. Il s’agit de : • L’attentat à la vie du donateur, mais à la différence de la cause d’indignité, celleci peut s’appliquer même si le donataire n’a été ni poursuivi, ni condamné pénalement. • Les sévices, délits ou injures graves dont le donataire se serait rendu coupable envers le donateur. • Le refus d’aliments au donateur. c. La révocation des donations pour survenance d’enfant au donateur A la différence des autres causes de révocation, la survenance d’enfant n’est pas une cause de révocation judiciaire. Elle joue de plein droit (art 960 civ). La donation est révoquée de plein droit à la double condition que le donateur n’ait pas d’enfant au moment de la donation, et qu’il lui soit survenu un après celle-ci. L’existence d’un seul enfant ou descendant vivant au moment de la donation suffirait à faire obstacle à la révocation, même s’il est décédé après. La révocation a lieu par la seule survenance d’enfant, et la mort de cet enfant ne ferait pas revivre la donation révoquée (art 964 civ). Il appartient donc au donateur de recommencer la donation en observant toutes les conditions de sa validité. II. LES TESTAMENTS Le testament est défini par l’art 895 du c.civ comme un acte par lequel le testateur dispose pour le temps où il n’existera plus, de tout ou partie de ses biens et qu’il peut révoquer. A. LES CONDITIONS DE FORME DES TESTAMENTS On dénombre plusieurs types de testaments, dont les particularités tiennent en leurs formes spécifiques. Le formalisme est ici absolu, dans la mesure où le testament n’est pas valable lorsqu’il est établi en dehors des formes légales. Ce n’est qu’en droit traditionnel qu’on reconnaît le testament oral. Le testament doit être fait par acte séparé entre les époux. Autrement dit le testament conjonctif est nul, en application de l’art 1097 du Code civil. 1. Le testament olographe Si l’on s’en tient à l’art 970 du Code civil, le testament olographe est un acte solennel et sous seing privé qui doit être écrit, daté et signé de la main du testateur. En dehors de ces trois exigences, aucune autre forme n’est nécessaire. a. L’écrit L’article 970cciv veut que le testament soit écrit en entier de la main du testateur, d’où le qualificatif ‘‘olographe’’. Ainsi, est nul en principe le testament rédigé par un tiers sous la dictée du testateur même si c’est ce dernier qui l’a signé et daté. Ne peuvent opter pour cette forme que des personnes instruites. Page 37 sur 40

La loi interdit les testaments préfabriqués où le testateur se borne à compléter les imprimés. Les mentions portées par un tiers n’invalident pas le testament, mais sont réputées non écrites. Le moyen et le support de l’écriture n’importent pas. On peut donc se servir de l’encre, du sang, du charbon, la sténo, du braille, etc. l’essentiel étant qu’on reconnaisse la main du testateur. Le support peut être le bois, le papier, le cuir, le mur, la vitre, etc. l’essentiel étant qu’on y décèle une volonté de tester. La jurisprudence écarte l’usage de la dactylographie. La jurisprudence a admis la possibilité de faire préparer le testament par un tiers. Exemple : Ce dernier écrit et le testateur recopie, ou un tiers écrit au crayon et le testateur repasse à l’encre. Mais si ultérieurement il s’avère que le testateur ne savait ni lire ou écrire, le testament doit être annulé, puisque ce n’est plus la volonté de ce dernier qui ne comprenait pas ce qu’il écrivait. b. La date La date est importante pour l’appréciation de la validité du testament (capacité du testateur, choix en cas de testaments successifs), etc. De même que le texte, la date doit être écrite de la main du testateur. Est donc nul le testament olographe dont la date est écrite par un tiers, imprimée ou apposée à l’aide d’un composteur. La date peut être placée à n’importe quel endroit du testament (au début, dans le corps, à la fin, en marge, etc.). De plus, la date doit être complète, c'est-à-dire comporter le jour, mois et année du testament. Mais des dates telles que Noël 1995 ou Pâques 2002 sont valables. La jurisprudence se montre de plus en plus souple dans la sanction de la date, en régularisant certaines erreurs de datation des testaments. Ainsi, la jurisprudence a pu dater un testament en relevant la mention d’une opération chirurgicale que le testateur venait de subir et qui pouvait être elle-même datée. De même, une erreur de date peut-être rectifiée. C’est ainsi qu’on a pu rectifier une date du 20 mai 1950 sur le testament d’un individu mort en février 1950. L’année a été ramenée à 1949, date que les services d’enregistrement avaient apposée. Dans tous les cas, la fausse date annule l’acte. Mais la preuve de cette fausseté doit résulter du testament même. c. La signature L’absence de signature donne au testament la valeur de simple brouillon ou de projet. C’est donc la signature qui confère à l’acte sa valeur de testament. Sa place est libre. Aussi admet-on qu’elle puisse même être apposée sur l’enveloppe contenant le testament, à condition qu’il n’y ait aucun doute sur l’identité et sur l’intention de tester de l’auteur. L’article 1007 du Code civil règle les formalités postérieures au décès du testateur. Celui-ci, après l’avoir écrit peut le confier au notaire. Mais la loi ne le lui impose pas. Il pourrait donc le faire conserver à son gré. Mais avant son exécution, le testament sera présenté au président du TPI du lieu d’ouverture de la succession. Le testament sera ouvert, s’il est cacheté. Le président dressera un procès-verbal de la présentation, de l’ouverture et de l’état du testament, dont il ordonnera le dépôt entre les mains du notaire qu’il aura commis.

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2. Le testament authentique Il est régi par l’article 971 civ. On l’appelle encore testament par acte public. Il s’agit du testament dicté par le testateur lui-même à 2 ou 1 notaire, en présence de deux témoins. Ce testament a cet avantage que la présence de notaire met le testateur à l’abri de pressions extérieures et qu’il peut avoir d’eux des conseils ou des précisions sur certaines formules. De plus, l’acte qui le constate est authentique et ne peut par conséquent être attaqué que par l’inscription en faux. Cependant, ses inconvénients viennent surtout de l’absence de secret du fait de la présence des témoins et de l’obligation d’enregistrement. Le testament doit être dicté par le testateur, ce qui exclut cette forme aux muets. Il doit s’agir d’une dictée et non de réponses à des questions, sinon le testament est nul. Ensuite le testament doit être lu au testateur, de manière à ce que les témoins l’entendent aussi. Ces derniers doivent être des Camerounais majeurs et doivent savoir signer. En principe le testament doit être signé du testateur, des témoins et des notaires. Si le testateur ne peut ou ne sait signer, mention de cette circonstance doit être portée dans l’acte. Ne peuvent être témoins : le légataire, les parents et alliés jusqu’au 4e degré. Les époux ne peuvent être témoins dans le même acte. Les inconvénients (la publicité) du testament notarié poussent les testateurs à rechercher une autre forme offrant les mêmes garanties de conservation tout en restant secrète. C’est le testament mystique. 3. Le testament mystique C’est la combinaison du testament olographe et du testament authentique. Il est régi par les arts 976 et suivants du Code civil. Il donne lieu à la rédaction de 2 actes, le premier étant l’œuvre du testateur seul, comme l’olographe, le second étant établi par un notaire, comme le testament authentique. Mais le notaire ignore le contenu de l’acte privé. L’acte privé est le testament proprement dit. Il est rédigé par le testateur ou par toute autre personne, à la main ou mécaniquement et est signé du testateur. L’art 978 exclut cette forme aux personnes incapables de lire. Si celui-ci ne sait signer, il doit le déclarer au notaire au moment de la remise de l’acte. L’acte privé est ensuite présenté clos, cacheté et scellé à un notaire en présence de deux témoins. Le testateur déclarera au notaire que le contenu de l’enveloppe est son testament. En recevant l’acte, le notaire établit un acte de suscription. Cet acte est écrit sur le papier contenant le testament ou sur l’enveloppe qui le renferme. Cet acte porte la date et l’indication du lieu où il est dressé, la description du pli et du sceau qui le clôt, les formalités accomplies et la déclaration éventuelle du testateur qu’il ne sait pas signer. L’acte de suscription est signé par le testateur, le notaire et les témoins (art 976 al 3 C.civ). 4. Les testaments privilégiés Ce sont les testaments faits par des personnes qui se trouvent dans des conditions exceptionnelles ne leur permettant pas de recourir à un notaire. Ces testaments, pour être valables, doivent au moins être signés par le testateur, celui qui le reçoit et les témoins (art 997 civ). Page 39 sur 40

Ils cessent d’être valables six mois depuis le moment où cessent les circonstances particulières qui ont permis d’y recourir (art 984.civ 987 et 994 Code civil). Les hypothèses pouvant donner lieu à ce type de testaments sont : l’existence d’une maladie contagieuse à caractère endémique, l’impossibilité de communication avec l’extérieur (cas des marins et voyageurs), l’occupation armée. Le testament est reçu par un officier d’armée, un médecin, un magistrat, un officier d’état civil. Dès que la communication sera possible, le testament sera expédié chez un notaire. B. LE CONTENU DES TESTAMENTS Le testament peut contenir des dispositions diverses. Mais le plus important est la désignation des légataires. En principe ceux-ci doivent être désignés avec précision. Audelà de la désignation du légataire, le testament peut contenir trois sortes de legs : • le legs universel concerne la disposition testamentaire par laquelle le testateur donne à une ou plusieurs personnes, la totalité (l’universalité)des biens qu’il laissera à son décès. • Le legs à titre universel concerne la transmission d’une quote-part de biens, non nommément définis. • Le legs à titre particulier concerne chaque bien particulier. Chacun de ces legs ayant un régime propre, il convient de leur consacrer quelques développements séparés.

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