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Cours assuré : Pr. Amina ESSABER
Année universitaire : 2019/2020
Stratégies industrielles
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Plan Introduction Chapitre I : La stratégie de l’entreprise: Généralités. 1. Stratégie: définitions 2. Les niveaux de la stratégie 3. A quoi sert la stratégie 4. Le vocabulaire de la stratégie 5. La démarche de la stratégie Chapitre II: Les approches et modèles d’analyses stratégiques 1. Les deux principales approches stratégiques 2. Les analyses stratégiques de Porter 3. Représentation synthétique des outils d’analyse stratégique.
Chapitre III : Les stratégies industrielles 1. Stratégies globales 2. Stratégies concurrentielles 3. Les stratégies de mise en œuvre 4. Stratégies fonctionnelles Conclusion
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Chapitre I : La stratégie de l’entreprise: Généralités. I. II.
Stratégie: définitions Les niveaux de la stratégie
III.
A quoi sert la stratégie
IV.
Le vocabulaire de la stratégie
V.
La démarche de la stratégie
I- Définitions Définir le mot stratégie nécessite tout d’abord de revenir sur sa genèse. C’est un mot d’origine grec στρατηγός (strategós) stratos signifie «armée» et ageîn signifie «conduire ». Donc, la stratégie désignait l’art de celui qui mène les armées au combat et ecci à partir du Ve siècle av. J.-C. où ce mot renvoyait au « commandement d'une armée » où « aptitude à commander une armée, qualités d'un général ». L'émergence de la stratégie d'entreprise est beaucoup plus récente. Edith Penrose en a créé les bases dès 1959 mais la systématisation de son utilisation dans le contexte d'entreprise est due à Alfred Chandler avec la publication de son ouvrage de 19624. Différentes définitions de la stratégie de l’entreprise ont été ensuite proposées par des experts sans qu’il y ait un consensus sur une définition unique et précise, mais un éventail de définitions: Nous exposons ici quelques unes citées en fonction de leur ordre chronologique. - En 1963 A. Chandler était le premier à introduire le terme de «stratégie » dans le domaine de l’économie et de la gestion ; la stratégie pour lui était l’orientation des activités d’une entreprise à long terme, engageant fortement son avenir (notion d’irréversibilité). Elle consiste à obtenir un avantage concurrentiel grâce à la reconfiguration des ressources et compétences de l’entreprise dans un environnement changeant, afin de répondre aux besoins du marché et aux attentes des différentes parties prenantes (propriétaires, employés, financeurs, …). « La stratégie consiste en la détermination des buts et objectifs à long terme d’une entreprise, l’adoption des moyens d’action et d’allocation des ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs ».
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Chandler, 1962
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-
Pour
Porter,
la
stratégie
se
base
sur
la
possession
des
avantages
concurrentiels durables: « La stratégie est la combinaison d’objectifs que s’efforce d’atteindre une firme et les moyens par lesquels elle cherche à les atteindre ». Elle est, aussi, « l’art de construire des avantages concurrentiels durablement défendables»
Porter 1982
Un avantage est dit concurrentiel s'il permet à une organisation de devancer la concurrence et il est qualifié durable lorsque son possesseur est en mesure de le conserver durablement (contre l’imitation et l’obsolescence) comme un avantage compétitif. - Pour Desreumaux (1993), la stratégie doit s’inscrire dans le cadre de la mission et de la politique générale de l’entreprise : « La stratégie est l'ensemble des actions spécifiques devant permettre d'atteindre les buts et objectifs en s'inscrivant dans le cadre de missions et de la politique générale de l'entreprise »
Desreumaux (1993)
Cette définition met la lumière sur trois éléments: ▪ La mission de l’entreprise: Propos fondamental de l’organisation, en rapport avec les valeurs et les attentes des parties prenantes. Il s’agit de la raison d’être de l’entreprise ▪ La politique générale de l’entreprise: l'ensemble des principes directeurs et des grandes règles et normes qui orientent en permanence l'action. Elle est le fruit des motivations, de la formation et de la culture des dirigeants. ▪ Les domaines d’activités de l’entreprise : les triplés produits/marchés/technologies sur lesquels l'entreprise concentrera ses efforts
afin de définir le portefeuille d'activité de
l'entreprise qu'il convient d'équilibrer en termes de rentabilité, de risque et de perspective de développement. -
Dans STRATEGOR, l'ouvrage qui fait référence en matière de stratégie : «Elaborer une stratégie c’est choisir les domaines d’activité dans lesquels l’entreprise entend être présente et allouer les ressources de façon à ce qu’elle s’y maintienne et s’y développe. »
Stratégor (6ème édition 2013)
Cette définition permet d’identifier 2 niveaux de stratégie : •
• La stratégie de groupe (corporate strategy) ou stratégie d’entreprise qui consiste à choisir un ou plusieurs domaines d’activité de l’entreprise (ou du groupe dont appartient l’entreprise), s’engager dans un secteur plutôt qu’un autre, gérer le portefeuille des activités …
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•
• La stratégie concurrentielle (business strategy) qui vise à choisir des actions et des manœuvres pour avoir un positionnement permettant de faire face aux concurrents du secteur.
Pour résumer, nous pouvons dire que la stratégie est l’ensemble des réflexions, des décisions et des actions ayant pour objet de déterminer les buts généraux, les objectifs à L.T., de fixer le choix des moyens et ressources pour réaliser ces buts et mettre en œuvre les actions et activités et de contrôler les performances attachées à la réalisation de cette exécution et à la réalisation des buts. La stratégie possède donc quatre caractéristiques : ▪ elle engage l’entreprise à long terme (horizon temporel), ▪ elle concerne les relations de l’entreprise avec son environnement (horizon spatial), ▪ les décisions stratégiques sont du ressort de la direction générale ou du conseil d’administration (le centre de décision), ▪ les décisions stratégiques sont irréversibles (la nature de la décision stratégique).
II- LES NIVEAUX DE LA STRATÉGIE •
Stratégie d’entreprise ou de groupe (Corporate strategy)
•
Stratégie d’activité ou concurrentielle (Business strategy)
•
Stratégie fonctionnelle
1- Stratégie d’entreprise ou de groupe (Corporate strategy) : Elle est élaborée par la Haute Direction (conseil d’administration ou direction générale), qui détermine les domaines d’activité de l’entreprise et la répartition des ressources entre ces domaines. Il s’agit de l’orientation du portefeuille des triplés «produit-marché-technologie » et de la détermination de ce que l’organisation doit faire pour mettre en pratique cette organisation et constituer un portefeuille d’activités équilibré. Cette stratégie est très influencée par les parties prenantes et en particulier par les actionnaires N.B. : la technologie est l’application concrète des connaissances scientifiques et techniques à la conception, au développement et à la fabrication d’un produit. On distingue quatre niveaux de technologies. Chaque niveau impacte différemment l’avantage concurrentiel de l’entreprise (voir le tableau ci-dessous).
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Catégories technologiques et leur impact sur l’avantage concurrentiel Catégories technologiques
Impact sur l’avantage
Stades
concurrentiel (AC) Technologies de base
Technologies clés
Maitrisées
par
tous
les Ne constitue pas une source
concurrents
d’AC durable.
En cours d’exploitation
Source
d’AC
par
différenciation. Conditionne l’AC futur
Technologies de pointe
Expérimental
Technologies émergentes
Recherche/ expérimentation Impact scientifique
incertain
voire
probable.
Source : BALLANO B.et BOUVIER A.(2008), management des entreprises en 24 fiches, Dunod.
2- Stratégie d’activité ou concurrentielle (Business strategy) : Elle est mise en œuvre dans chaque domaine d’activité stratégique (DAS).et consiste à définir les manœuvres que l’entreprise doit accomplir afin de se positionner favorablement face à ses concurrents dans un secteur donné. Elle vise à identifier les facteurs clés de succès sur un marché particulier en définissant comment un avantage peut être obtenu par rapport aux concurrents et de savoir quels nouveaux marchés peuvent être identifiés ou construits. A ce niveau la stratégie permet de définir comment l’organisation doit s’y prendre pour faire face à la compétition au sein du domaine d’activité ou du secteur dans lequel elle opère. Il peut s’agir d’un avantage compétitif de coûts, d’une différentiation, d’une focalisation ou d’une niche de marché…
3- Stratégie fonctionnelle : Elle détermine comment les différentes composantes de l'organisation déploient effectivement les stratégies définies au niveau global et au niveau des DAS. Autrement dit, il va s'agir de définir les stratégies et des objectifs pour chaque fonction de l'entreprise. Exemples: stratégie de production (intégration ou sous-traitance), stratégie de finance (augmentation de capital ou endettement), stratégie de GRH (CDI ou intérim), stratégie de marketing (circuit intégré ou distributeur autonome), etc.
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III- L’Utilité DE LA STRATÉGIE? La stratégie donne une orientation La fonction essentielle de la stratégie est de servir de boussole à une organisation pour qu’elle maintienne son cap dans son environnement. (Où devons-nous aller ?) La stratégie concentre les efforts La stratégie favorise la coordination des activités. Sans elle on risque de tomber dans le chaos, tout le monde allant dans des directions différentes. (Qui fait quoi ?) La stratégie est source de cohérence La stratégie sert à simplifier et à appréhender le monde de l’entreprise. En cela elle facilite l’action (Que devons-nous faire?) La stratégie définit l’organisation Elle constitue pour les gens un moyen pratique de comprendre leur entreprise et de la distinguer des autres (Qui sommes-nous? Quelle est notre mission ?)
IV- LE VOCABULAIRE DE LA STRATÉGIE: DÉFINITIONS Les valeurs fondamentales sont les principes qui sous-tendent la stratégie de l'organisation. La mission est l'expression du but de l'organisation, de son intention fondamentale, de sa raison d‘être, en réponse à une question : « A quoi servons-nous ? » La vision ou intention stratégique est l‘état futur souhaité par l'organisation, ce qu'elle aspire à devenir. Les objectifs stratégiques sont plus précis et souvent quantitatifs. Ils constituent l'affirmation des résultats qui doivent être atteints. La ressource stratégique : est un actif organisationnel qui a en elle certaines potentialités d’usage. Elle peut être déployée dans une activité de la chaine de valeur de l’entreprise. Généralement, on distingue quatre types de ressources : ressources humaine, financière, matérielle et immatérielle. La compétence stratégique est, au niveau individuel, un ensemble d’aptitudes mobilisées qui utilisent un ensemble de ressources. On distingue trois niveaux de compétences : o Les
compétences de base à maîtriser pour survivre dans un secteur d’activité.
o Les
compétences distinctives qui permettent de construire un avantage concurrentiel
dans une logique de différentiation.
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o Les
compétences
émergentes
qui
sont
potentiellement
sources
d’avantage
concurrentiel dans le futur. La capacité stratégique repose sur les ressources uniques et les compétences fondamentales qui distinguent l'organisation de ses concurrents en termes d'activité, d'aptitudes et de savoir-faire. Le contrôle stratégique permet de vérifier dans quelle mesure les réalisations correspondent aux objectifs.
V- LA DEMARCHE STRATEGIQUE La démarche stratégique se résume principalement en cinq activités: 1.
Définition ou révision de la mission organisationnelle.
2.
Etablissement des buts et objectifs à long terme.
3.
Analyse et formulation des stratégies pour atteindre les objectifs.
4.
Mise en œuvre des stratégies au moyen des projets.
5.
Contrôle stratégique.
1- Définition ou révision de la mission organisationnelle. - La mission décrit « ce que nous voulons devenir » ou encore notre «raison d’être » et se traduit par un énoncé de mission. - Les éléments qui font généralement partie des énoncés de mission sont: les principaux produits et services, les clients et les marchés cibles, le territoire géographique, les technologies clés, l’image publique… - L’énoncé peut être changé lorsque la nature de l’entreprise change et c’est la raison pour laquelle nous parlons d’une révision de la mission.
2- Etablissement des buts et objectifs à long terme. ❖ Les buts: ce sont les intentions qui sous-tendent l’action, les aspirations fondamentales sur un horizon temporel généralement non bornés précisément. - Ils ne sont jamais véritablement atteints mais toujours à poursuivre. - Ils reflètent souvent des ambitions relatives au positionnement externe de l’entreprise (ex.: être le leader dans l’exploitation d’une technologie) ou interne (ex.: améliorer la productivité des salariés). ❖ Les objectifs traduisent la mission de façon précise, concrète et mesurable. - Ils établissent les cibles pour tous les niveaux de l’entreprise et indiquent l’orientation que les gestionnaires croient devoir donner à l’organisation. Stratégies industrielles
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- Ils doivent être SMART et leur définition doit respecter le principe « Cascade des objectifs». Toutefois, les buts et les objectifs doivent être cohérents avec ce que l’entreprise: - Veut faire (sa finalité). - A la capacité de faire (ses ressources et ses compétences). - Devrait faire (saisir les opportunités et éviter les menaces). - Est autorisée à faire (tenir compte des obligations et des pressions sociales qui s’exercent sur elle). 3- Analyse et formulation des stratégies pour atteindre les objectifs. L’analyse stratégique consiste à effectuer un diagnostic interne et externe afin de déterminer d’une part, les opportunités et menaces et d’autre part, les forces, les faiblesses et les compétences distinctives. Elle doit intégrer aussi les buts et attentes des parties prenantes. La formulation d’une stratégie répond à la question: « Que doit-on faire pour atteindre les objectifs? ». La stratégie consiste entre autres à déterminer et évaluer les solutions qui sont en accord avec les objectifs de l’organisation et à choisir la meilleure entre elles et ceci en intégrant les valeurs des dirigeants et celles de l’environnement de l’entreprise. Le processus de sélection des solutions (possibilités d’action) s’effectue en fonction de divers critères1 : ✓ Les risques (commercial, économique, financier, industriel, juridique, social…) inhérents à chaque action. ✓ La probabilité d’atteindre les objectifs en réalisant l’action. ✓ Le coût de l’action au regard de la création de la valeur espérée. ✓ Le degré de faisabilité de l’action compte tenu des contraintes internes (faiblesses) et externes (menaces). ✓ L’existence de synergie et de compatibilité avec des stratégies existantes.
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BALLANO B.et BOUVIER A.(2008), management des entreprises en 24 fiches, Dunod.
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4- La mise en œuvre (ou le déploiement) des stratégies La mise œuvre des stratégies porte sur la façon dont les stratégies seront réalisées en fonction des ressources disponibles et exige de s’attacher sur plusieurs éléments clés, à savoir : -
L’attribution des ressources.
-
Une organisation à la fois formelle et informelle.
-
Un système de planification et de contrôle.
-
La motivation du personnel
Le déploiement de la stratégie se fait à travers des plans opérationnels, des programmes et des budgets. 5- Le contrôle stratégique: Le contrôle stratégique permet aux dirigeants d’évaluer les stratégies retenues et d’adapter ou de remettre en cause les orientations initiales en cas d’un écart entre les résultats obtenus et les objectifs fixés. Cependant, il importe de mentionner qu’en plus de l’analyse de cet écart qui touche l’efficacité de l’organisation, le contrôle stratégique touche d’autres niveaux de performance qui sont : l’effectivité, l’efficience, la pertinence et la performance globale. N.B. : il est à noter que nous distinguons, au sein d’une organisation, entre trois niveaux de contrôle : le contrôle stratégique, le contrôle de gestion et le contrôle d’exécution.
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Chapitre II: Les approches et les modèles d’analyses stratégiques
I. II. III.
Les deux principales approches stratégiques Les analyses stratégiques de Porter Représentation synthétique des outils d’analyse stratégique
I- LES DEUX PRINCIPALES APPROCHES STRATÉGIQUE Nous référons dans cette section du cours à l’article de E. MÉTAIS (2001), Stratégie d’entreprise : évolution de la pensée, In Finance Contrôle Stratégie – Volume 4, N° 1, p. 183 213. 1- Approche de l’adaptation stratégique -
Basée sur le positionnement
-
Comment créer de la valeur plus que les concurrents ?
-
Origine : spécificités du secteur d’activité
-
Firme = portefeuille de domaine d’activité stratégique (DAS)
-
S’adapter à l’environnement (analyse)
-
Construire un avantage concurrentiel durable permettant d’améliorer son positionnement / concurrents.
-
Principaux outils : SWOT (LCAG 1965) et Avantage concurrentiel (Porter, 1982)
2- Approche de l’intention stratégique -
Basée sur le mouvement.
-
Comment créer de la valeur ?
-
Origine : spécificités de l’entreprise.
-
Firme = portefeuille de ressources et de compétences
-
Concilier des avantages concurrentiels multiples et non durables
-
La stratégie se base sur la capacité à la transformation et sur le mouvement.
-
Principaux outils : L’approche par les ressources et Transformation permanente
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II-
LES ANALYSES STRATÉGIQUES DE PORTER
Les analyses stratégiques de Porter cherchent à doter l’entreprise d’un avantage concurrentiel en analysant sa chaîne de valeur au regard de ses forces concurrentielles sur son marché et ceci à travers deux volets: -
L’analyse externe : 5+1 forces concurrentielles.
-
L’analyse interne: la chaîne de valeur
1- Les fondements du modèle de l’analyse externe de Porter (5+1 forces concurrentielles)
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L'analyse des cinq forces +1 aide à simuler une situation de la concurrence. La détermination de la structure concurrentielle d’une industrie passe par la mesure et la hiérarchisation de ces cinq forces. Dans ses derniers travaux, Porter a inclus une sixième force de la concurrence qui est la réglementation (pouvoir de l’Etat). Le pouvoir de réglementation, de subvention ou de taxation de l’Etat et plus généralement de toutes les instances de régulation (locales ou supranationales) peut réduire ou accroître l’avantage concurrentiel des entreprises. Les concurrents directs: sur quels éléments est fondée la concurrence entre entreprises ? Son intensité est-elle susceptible de s’accroître ? Y a-t-il un risque qu'une guerre des prix se déclenche ? Peut-on tirer avantage de cette concurrence ? ... La menace de nouveaux entrants : de nouveaux concurrents sur le marché visé ? Dans quelle mesure cela contraint-il l'attractivité du marché ? …Quelles sont les barrières à l’entrée ? (L’Intensité Capitalistique La maîtrise technologique Coûts de transfert, barrières commerciales, barrières douanières, difficulté d'accès aux réseaux de distribution, la réputation, la marque…), Quelles sont les barrières à la sortie ? (rigidité de l’Outil, rigidité des Hommes, rigidité culturelle sur un Bassin d’emploi). La menace de produits et services de remplacement : les substituts menacent-ils les biens d’obsolescence notamment en améliorant le rapport qualité/prix ? Quel est le coût de transfert pour les acheteurs qui choisissent le substitut ? L’entreprise concurrente qui introduit le substitut a-t-elle les moyens financiers d’assurer largement sa diffusion ? … Le pouvoir de négociation des fournisseurs (pression amont), les fournisseurs peuvent utiliser leur pouvoir de négociation en réduisant la qualité de l'offre ou en augmentant les prix. Le pouvoir de négociation des clients se traduit par une pression énorme sur les prix (pression aval) qui, pour les acteurs en amont de la filière, obère l'attractivité du secteur. Le pouvoir de l’Etat: Par ses décisions, l’Etat participe au paysage concurrentiel de l’entreprise à travers la réglementation (impôts et taxes, normes…), la participation au financement d’un projet (subventions…), les accords qu’il signe avec des partenaires internationaux…
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2- Les fondements du modèle de l’analyse interne ( la chaîne de valeur) de Porter
La chaîne de la valeur permet d’analyser les différentes activités d’une entreprise. Elle permet de voir comment chaque activité contribue à l’obtention d’un avantage compétitif. Elle permet également d’évaluer les coûts qu’occasionnent les différentes activités. Elle lie la performance globale de l’entreprise à la performance de chaque activité, et aussi à la performance des liaisons qui existent entre les activités. Une entreprise peut créer un avantage de coût en réduisant le coût des différentes activités de la chaîne de valeur ou en modifiant la chaîne de valeur. Pour Michael Porter, on peut distinguer parmi les activités impliquées dans la chaîne de valeur entre activités principales et activités de soutien: 1- Les activités principales : celles qui concourent directement à la création matérielle et à la vente du produit ; Logistique d’approvisionnement : réception, stock et distribution des matières premières. Fabrication : transforme la matière première en produits finis. Logistique de commercialisation: collecte, stock et distribue le produit fini au client. Le marketing et la vente :permettent au consommateur de connaître et d’acheter le produit fini.
Les services: regroupent tout ce qui permet d’augmenter et de maintenir la valeur du produit (installation, réparation…
2- Les activités de soutien ou support : elles viennent en appui de l’activité principale; a. Infrastructure de l’entreprise : regroupe tous les services nécessaires à une entreprise (administration, finances, contrôle de la qualité, planification…). Stratégies industrielles
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b. Gestion des ressources humaines :se retrouve dans toutes les activités de base). c. Recherche et le développement : utiles pour toutes les activités car toutes les activités nécessitent des technologies (savoir-faire, innovation…). d. Les achats : permettent aux activités de base d’acquérir les diverses ressources dont elles ont besoin.
III-
Représentation synthétique des outils d’analyse stratégique
Les outils présentés permettent à la fois de synthétiser les analyses diagnostiques et de guider ces mêmes analyses en induisant un questionnement et une démarche. 1- Analyse SWOT : Il s’agit d’analyser la situation interne et externe de l’entreprise en affectant les éléments qui les composent dans une matrice de 4 cases.
Facteur stratégique
Interne
Externe
Bon
Force (Strength)
Opportunité (Opportunity)
Mauvais
Faiblesse (Weakness)
Menace (Threat)
Une menace: un danger qui vient de l’extérieur de l’entreprise. Une opportunité: une rencontre heureuse entre des points forts de l’entreprise et un élément extérieur. Une faiblesse: un point faible interne à l’entreprise sur notre secteur. Une force: un point fort de notre entreprise sur notre secteur. Synthèse et recommandations. ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… Représentation synthétique des outils d’analyse stratégique
Forces
Opportunités
Menaces
Stratégie d’attaque
Stratégie d’ajustement
Tirer le maximum
Rétablir les points forts
Faiblesses Stratégie de défense Surveiller étroitement la concurrence Stratégies industrielles
Stratégie de survie Contourner les difficultés Page 15
-
Les atouts et limites du modèle SWOT Les avantages
- Elle permet de montrer l’adéquation (ou non) d’une stratégie à une problématique. C’est la confrontation entre les résultats du diagnostic externe et ceux du diagnostic interne. - Elle est simple, facilement compréhensible et peut s’appliquer à différents types d’organisations. Les limites - Distinction entre ce qui est interne et ce qui est externe pas toujours évidente. - La justesse des résultats dépend de la justesse de l’analyse sur le court, moyen et long terme, et de la conscience que l’environnement interne ou externe peut rapidement changer, ce qui nécessite de régulièrement mettre à jour la matrice SWOT. - L'analyse SWOT est une méthode subjective. La pertinence et l'efficacité de l'outil est fonction de la capacité des contributeurs à être aussi objectifs que possible vis-à-vis de la réalité qu'ils perçoivent.
2- Les matrices du positionnement concurrentiel Les matrices de positionnement complètent l’analyse SWOT, elles aident à évaluer la position concurrentielle et à remplir la matrice SWOT; elles visent le choix des activités et des DAS. Elles guident le raisonnement. Elles permettent d’apprécier un portefeuille d’activités en termes de composition et d’équilibre. Elles aident à cibler les investissements (activités prometteuses). Elles mettent en évidence les activités devant être abandonnées ou celles qui sont génératrices de marge. a- La matrice BCG Crée Boston Consulting Group en 1969. -
Elle part du constat qu’une entreprise diversifiée ne peut raisonner sur ces activités prises indépendamment mais doit avoir une vue globale sur son portefeuille d’activité afin de procéder à des transferts de ressources.
-
Elle schématise la position concurrentielle des DAS en fonction de la part de marché relative (atteinte par rapport au principal concurrent) et du taux de croissance du marché correspondant :
-
Cette analyse est axée sur le cash flow (liquidités) généré par les DAS ;
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-
A chaque position correspondent des choix stratégiques. La matrice BCG Fort
DAS vedettes/ étoiles - maintenir ou consolider la
- améliorer la position ou
position
consolider un segment
- investir
- investir
Taux de croissance
DAS dilemmes
- sinon abandonner Faible
du marché
DAS vaches à lait
DAS poids morts
- maintenir la position
- maintenir la position sans
- améliorer la productivité et
investir
les marges
- se retirer avant les pertes Forte
faible
Part de marché relative (/principal concurrent)
Les vedettes : leader sur un marché en croissance ou ayant encore un potentiel de développement intéressant : pression concurrentielle très forte. L’entreprise doit investir lourdement pour maintenir ses positions. Ces DAS ne produisent pas assez de rentabilité car l’outil industriel et les investissements marketing doivent parfois être amortis. Il s’agit théoriquement de futures « vaches à lait ». Vache à lait : C’est un DAS leader sur un marché mature. Ces activités génèrent des profits réguliers et substantiels. Ces DAS génèrent plus de ressources qu’ils n’en consomment, ce qui permet de financer les autres DAS. Dilemmes : position de suiveur sur un marché en forte croissance. Ces activités présentent un risque élevé car elles nécessitent des investissements élevés. D’où dilemme : faut il continuer ou arrêter ? Poids mort : suiveur sur un marché en déclin : coûte peu mais rapporte peu.
Prescriptions stratégiques Rentabiliser les vaches à lait. Arrivée en situation d’oligopole stable dans ces activités mûres, l’entreprise doit pratiquer une gestion rigoureuse pour dégager le flux financier le plus important possible et réinvestir dans des activités prometteuses.
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Abandonner ou maintenir sans investissement les poids morts. Si l’activité est encore bénéficiaire, la firme dominante créant une ombrelle de prix pour ses concurrents, l’entreprise peut la conserver à condition de ne procéder à aucun investissement et la transformer en activité génératrice de liquidités. Dans le cas inverse, mieux vaut l’abandonner, en la vendant ou en la laissant mourir. Dans cette dernière hypothèse, il faut se désengager en pratiquant de façon sélective des prix assurant une bonne rentabilité. Maintenir la position dominante pour les vedettes, en attendant que, l’activité vieillissant, cette vedette devienne une vache à lait. Doubler la mise, resegmenter ou abandonner pour les dilemmes, en fonction de critères tels que la taille future du marché, l’importance des investissements à réaliser, la synergie avec d’autres activités, le poids relatif au sein de l’entreprise, l’existence ou non de niches, les compétences propres de l’entreprise et sa capacité financière.
Les avantages et limites de la matrice BCG Avantages -
La matrice BCG est un outil très simple qui nécessite peu d’information.
-
Elle a un caractère quantitatif.
-
Elle se fonde sur des critères commerciaux (part de marché et taux de croissance) mais fournit des résultats en terme financiers (l’équilibre des cash flows). Limites
La matrice est difficile à établir en pratique en stratégie d’entreprise (calcul des parts de marché relatives, délimitation des marchés), mais elle est plus accessible en marketing où les marchés sont bien délimités. Elle ne prend pas en compte les interdépendances entre activités, les concurrents secondaires, le cas des entreprises débutantes ou à forte différenciation des produits. Elle suppose des DAS très homogènes.
b- La matrice McKinsey -
Elle est développée par le cabinet de conseil Mckinesy & Company dans les années
-
Elle analyse chaque DAS à partir de deux dimensions : l’attrait du marché et la
70.
position concurrentielle.
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-
L’attrait du marché dépend de sa taille, de sa croissance, de sa rentabilité, des barrières
à l’entrée, de l’intensité de la concurrence, du développement des technologies… -
La position concurrentielle (les atouts de l'entreprise) dépend de la part du marché de
l’entreprise, de l’évolution de cette part de marché, la qualité des produits vendus, la fidélité des clients, la structure des coûts.
Prescriptions stratégiques McKinsey Bien que préconisant une stratégie pour chacun des 9 couples valeur du secteur / position concurrentielle, la matrice recouvre en fait, 3 stratégies élémentaires : Se développer dans des zones où la valeur de l’activité et la position concurrentielle sont intéressantes. Si cette dernière condition n’est pas remplie, il convient soit de consentir un important investissement, soit d’abandonner purement et simplement; Se maintenir en rentabilisant dans les zones moyennes du fait de leur valeur ou de leur position concurrentielle ; Se retirer partiellement ou totalement des zones faibles.
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-
Les avantages et limites de la matrice McKinsey Avantages
Elle permet de gérer un portefeuille d'activité. Les décisions à prendre sont l'allocation des moyens et des stratégies à mener dans les centres de profits (business units). Comparée à la matrice BCG, elle repose sur un modèle multicritères. Ce qui lui confère un champ d'application beaucoup plus large que les outils cités précédemment. Limites Le choix et l'évaluation (pondération et notation) des critères sont très subjectifs. Il est important d'associer un maximum de personnes à sa conception afin d'être le plus précis possible. Il convient également de rester mesuré quant au nombre de critères utilisés. L'outil doit rester opérationnel.
-
La matrice Arthur D. Little
C’est une matrice complémentaire aux deux précédentes. Le modèle ADL est plus analytique. Il propose en effet d'analyser le portefeuille d'activités de l'entreprise en se basant sur les atouts et les attraits de l'entreprise et du secteur dans lequel celle-ci évolue, cela en tenant compte de la phase dans laquelle se trouve le cycle de vie du secteur. Deux critères sont donc utilisés : - Le cycle de vie du produit découpé selon ses 4 stades : démarrage, croissance, maturité et déclin. - La position concurrentielle de l'entreprise sur son domaine d'activité, qui va de dominante à marginale. Prescriptions stratégiques relatives à l’ADL
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Ce modèle retient 3 choix stratégiques possibles : Le développement naturel : l’entreprise est en position dominante et poursuit son développement Le développement sélectif : l’entreprise privilégie l’activité sur laquelle elle se trouve en position favorable L’abandon : l’entreprise doit changer de métier si elle veut survivre. Les atouts et limites de la matrice ADL Les avantages Elle est souplesse et adaptable. Elle respecte la dynamique et la diversité des structures concurrentielles. Les limites Elle est trop subjective de part son manque d’une méthode scientifique pour évaluer la position concurrentielle. Elle se base surtout sur l’empirisme.
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Chapitre 3 : les stratégies industrielles I. II.
Stratégies globales Stratégies concurrentielles
III.
Les stratégies de mise en œuvre
IV.
Stratégies fonctionnelles
Dans ce chapitre, nous distinguons entre quatre clatégories de stratégies : Les stratégies globales qui constituent des stratégies d’ensemble déterminant les
activités de l’organisation et fixant les options stratégiques applicables à l’ensemble des domaines d’activité. Elles encadrent le choix des DAS (équilibrés et cohérents) et les modes de développement et stratégie de mise en œuvre. Nous citons dans ce cadre : la spécialisation; la diversification; l’intégration; le recentrage et le dégagement et l’internationalisation.
Les stratégies concurrentielles qui consistent à déterminer comment un avantage
peut être obtenu par rapport aux concurrents et quels nouveaux marchés peuvent être identifiés ou construits. Elles définissent les manœuvres que l'entreprise doit accomplir afin de se positionner favorablement face à ses concurrents dans un secteur donné et se déclinent en termes de prix, de différenciation ou encore d'innovation. Ces stratégies concernent une partie de l'organisation appelée Domaine d'activité Stratégique (DAS) et visent, aussi, à allouer les ressources au sein des DAS. N.B. : Le découpage entre les stratégies de groupes et les stratégies d'activité n'est pertinent que lorsque l'entreprise s'engage dans une stratégie de diversification (développement d'un nouveau domaine d'activité. Les principales stratégies concurrentielles sont les stratégies génériques de Porter à savoir: la stratégie de domination par les coûts, la stratégie de différenciation et la stratégie de différenciation.
Les stratégies de mise en œuvre qui concernent des éléments ou des choix de moyens
qui peuvent concerner à la fois les stratégies corporate et les stratégies concurrentielles. Les principales stratégies de mise en œuvre sont les stratégies de croissance et les stratégies d'impartition.
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Les stratégies fonctionnelles déterminent comment les différentes composantes de
l'organisation déploient effectivement les stratégies définies au niveau global et au niveau des DAS. Autrement dit, il s'agit de définir les stratégies et des objectifs pour chaque fonction de l'entreprise. Ces stratégies recouvrent également les décisions prises par les responsables de fonction ou d'unité et le déploiement de la stratégie. Section I : les stratégies globales I.
La spécialisation
1. Définition La spécialisation consiste à axer les efforts de la firme sur un seul domaine ou secteur d’activité pout y développer et exploiter des compétences spécifiques, sans chercher à y adjoindre de nouvelles. Puisque l’activité ou le DAS est définit par le triplet : clients visés ; services rendus par le produit et technologie, la spécialisation peut prendre plusieurs formes. Il peut s’agir par exemple, de proposer un produit standard à différents types de clients, répondre aux besoins d’une catégorie de clients en se concentrant sur un segment particulier de la demande, ou encore exploiter la maîtrise d’une technologie particulière. La spécialisation peut se définir en termes de compétences : l’entreprise spécialisée est celle qui concentre son activité et ses ressources sur un métier défini comme un ensemble homogène de compétences. La spécialisation se rencontre plutôt dans les phases de lancement et de croissance du cycle de vie. L’entreprise peut, pour se développer dans son DAS, opter soit pour un développement géographique, soit pour un développement commercial par élargissement des gammes. Il ne s’agit pas de diversification : le métier reste le même. Il s’agit d’une spécialisation souple. 2. Les voies de spécialisation :
Les voies de la spécialisation sont les suivantes : a- La stratégie de pénétration de marché. Elle consiste à augmenter le CA et donc accroître la part de marché de l’entreprise au détriment de ses concurrents. Pour pénétrer le marché, l’entreprise peut y arriver de différentes manières : -
La stratégie de domination par les coûts : L’entreprise recherche un avantage en
termes de coûts par rapport à ses concurrents en pratiquant une vente de masse à des prix Stratégies industrielles
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inférieurs (prix agressifs du marché), ce qui lui permet de bénéficier d’économies d’échelle et d’effet d’expérience. -
La stratégie de différenciation : L’entreprise cherche à positionner son produit
comme différent de ceux de ses concurrents et unique pour le consommateur en jouant sur la créativité et l’innovation. -
La politique de niche : L’entreprise concentre ses efforts sur un segment du marché
non occupé par ses concurrents (besoins pas encore satisfaits) en proposant un produit particulier ou occuper des interstices du marché très peu attractifs pour les grandes entreprises. -
La politique de créneau : L’entreprise cherche également à conquérir un segment de
marché mais en s’adressant à une clientèle spécifique. Ex : produits pour gauchers. b- Le développement du marché (extension géographique ou nouveaux clients) -
Extension géographique : Il s’agit pour l’entreprise d’élargir l'horizon géographique
de ses marchés actuels. Exemple : extension nationale d’un marché local ou régional, extension international d’un marché national. -
L'extension à de nouveaux clients : Elle passe par la conquête d'une catégorie
d'individus qui était jusqu'à présent délaissée par l'entreprise. Par exemple, les banques orientent une partie de leur politique vers les jeunes pour instaurer un partenariat dès leur jeune âge. c-La stratégie de dégagement : Le dégagement signifie pour une entreprise diversifiée le retrait de certains marchés, ou tout simplement le retrait de certains produits de son marché. L’entreprise abandonne une ou plusieurs activités devenues peu rentables suite à l’apparition de produits de substitution ou l’augmentation de la pression concurrentielle. d- La stratégie de recentrage : L’entreprise choisit de se concentrer sur son métier en abandonnant des activités annexes. La technique utilisée est simple : Il s'agit de vendre des actifs généralement déficitaires ou peu rentables (locaux, équipements sans rapport avec le métier de base...), afin de dégager des liquidités qui seront réinvesties dans son activité d'origine. Ainsi, l'entreprise assure le redémarrage du secteur qu'elle connaît parfaitement. Sa maîtrise lui assurera des parts de marché plus importantes. Dans les deux cas (stratégie de dégagement et stratégie de recentrage), il s’agit d’un retour à une spécialisation.
Stratégies industrielles
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3-AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE SPECIALISATION:
Avantages
Inconvénients
▪ Acquisition d'une expérience.
▪ L’entreprise engage tous ses moyens sur
▪ Economies d'échelle.
un unique domaine : au moindre problème
▪ Diminution
des
coûts
(courbe
sur le secteur, l'entreprise ne possède pas
d’expérience).
d'autres activités pour compenser.
▪ Facilité de la prise de conscience de
▪ L'Entreprise est moins flexible car toutes
l’avantage sur lequel s’élabore la stratégie
les ressources sont focalisées sur une
compétitive de la firme
activité
▪ Évitement de la dispersion des ressources
▪ Une certaine limitation des capacités
et simplification la gestion
d'adaptation et de changement.
▪ Un développement aisément maîtrisable
▪ Positon concurrentielle difficile à tenir.
autour d’un métier.
▪ Risque de miser sur un DAS en déclin.
▪ Développement d'une image de marque.
II.
La diversification 1. Définition de la diversification
La diversification correspond à l'entrée de l'entreprise dans un nouveau domaine d'activité stratégique. Autrement dit, c’est l’engagement de l'entreprise sur des domaines d'activité qu'elle n'occupe pas encore et/ou de développer ses compétences sur des marchés nouveaux avec de nouvelles activités. Elle repose sur l’acquisition et l’utilisation de nouveaux savoir-faire dans des domaines d’activité différents, ce qui suppose que l’entreprise exercera plusieurs métiers2. Les stratégies de diversification dépendent de trois critères : - La position concurrentielle de l’entreprise sur son métier actuel (doit être assez solide). - La détention de moyens humains et financiers importants. - L’attrait du secteur concerné. NB : il ne faut pas confondre la diversification stratégique avec la diversification marketing ou commerciale. La diversification commerciale consiste pour une entreprise de diversifier sa gamme de produit tout en restant dans un même métier. Par exemple : une entreprise
Rappel : définition du métier : Le métier est l’ensemble des compétences que l’entreprise possède et sait mettre en œuvre pour s’implanter sur des marchés. C’est « son savoir-faire ». Une entreprise peut avoir plusieurs métiers. 2
Stratégies industrielles
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produisant des yaourts naturels peut élargir sa gamme de produits laitiers en proposant un nouveau yaourt à boire aux fruits. 2. Types de diversification Nous pouvons classer la stratégie de diversification selon son objectif en: -
Diversification de placement : le métier de l’entreprise est en pleine croissance, les
excédents de liquidités dégagés seront investis dans de nouveaux métiers. Cette forme de diversification caractérise les entreprises riches et particulièrement bien positionnées sur le marché. -
Diversification de redéploiement : le métier de l’entreprise arrive à maturité voire en
déclin, l’entreprise va rechercher d'activités qui assureront la reconversion de l'entreprise pour assurer sa pérennité. -
Diversification de confortement : La position de l’entreprise dans le secteur ne lui
offre aucun avantage concurrentiel face à des concurrents plus performants. De ce point de vue, même si l’entreprise investit, elle ne peut espérer améliorer de manière significative sa position sur le marché. L’entreprise va donc chercher à améliorer sa position en s’engageant dans des activités nouvelles, souvent complémentaires, ne nécessitant pas d’investissement coûteux. 3. Les Motivations de la diversification Motifs de la diversification 1. Gestion du portefeuille d’activités
Illustration ▪ Répartition des risques. ▪ Investissement dans des DAS plus rentables ou plus dynamiques ; ▪ Compensation du déclin d’un DAS. ▪ Compensation de la saisonnalité d’un DAS.
2. Valorisation de compétences distinctives (C.D.)
▪ C.D. techniques: l’entreprise valorise dans un autre secteur ses brevets ou un savoir-faire spécifique. ▪ C.D. commerciales: l’entreprise valorise son image sur un autre marché.
3. Recherche de synergies
▪ Sur toutes les fonctions de l’entreprise.
4. Investissement de ressources excédentaires
▪ Financières: l’entreprise se diversifie pour placer ses excédents issus de DAS « vaches à lait ». ▪ Humaines: l’entreprise se diversifie pour utiliser des effectifs devenus excédentaires ;
Stratégies industrielles
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▪ Techniques: l’entreprise se diversifie pour « faire tourner » un outil de production devenue surdimensionné. 5. Constitution d’avantages concurrentiels
▪ Intégration amont ou aval afin d’acquérir un avantage concurrentiel (sécurité d’approvisionnement ou de débouché). ▪ Rachat d’un fournisseur ou d’un client d’un concurrent, pour le contourner. ▪ Rachat dans des conditions avantageuses de fournisseurs,
6. Saisie d’opportunités
clients, concurrents, entreprises voisines. 7. Ressorts psychologiques des dirigeants
▪ Ambition des dirigeants grisés par un succès dans le DAS d’origine. ▪ Caractère valorisant des diversifications pour des cadres de direction.
4. Avantages et les limites de la diversification Avantages ▪ Amélioration
de
la
Inconvénients structure
du
▪ Ampleur des investissements.
portefeuille des DAS (notamment par
▪ Dispersion
l’acquisition et la maîtrise de nouvelles
ressources.
technologies et nouveaux métiers).
▪ Risque d'échec de la nouvelle activité
▪ Synergies avec le métier de base.
(répercussion sur l’ensemble des activités
▪ Répartition des risques.
de l’entreprise).
▪ Rentabilité, assurance d'une croissance
▪ Perte d’identité et affaiblissement de la
future. Saisir toutes les opportunités qui se
culture.
présentent sur le marché.
▪ Risque de perte du métier de base.
III.
des
compétences
et
des
Les stratégies de dégagement et recentrage
1. Définitions ▪
Le recentrage : consiste à orienter l'entreprise sur son métier d'origine par l'abandon
des activités connexes. C'est une forme de spécialisation. Il concerne notamment les activités pour lesquelles l’entreprise ne dispose pas d'avantages concurrentiels, qui ne sont pas rentables ou qui sont rentables mais éloignées du métier d'origine de l'entreprise. ▪
Le dégagement (désengagement ou désinvestissement stratégique): manœuvre qui
consiste pour une entreprise à abandonner un ou plusieurs domaine (s) d'activité(s). Il permet Stratégies industrielles
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de se procurer de nouvelles ressources financières par la vente d'activités « non stratégiques » afin de financer un nouveau projet lié aux activités existantes. L'entreprise utilise alors le produit de la vente de cette activité pour se financer au lieu d’utiliser d’autres sources de financement (emprunt, augmentation de capital). Ces stratégies peuvent en fait être assimilées à une certaine forme de spécialisation et elles sont plutôt défensives, voire imposées à l'entreprise. Recentrer sur son activité ne signifie pas forcément renoncer à toute acquisition ; l'entreprise peut continuer à grandir, mais de façon sélective. 2. Avantages et limites des stratégies de dégagement et recentrage
Avantages • • •
Inconvénients
Valoriser son métier ou sa notoriété en •
Risque de se retrouver enfermé dans un
liaison de son métier.
domaine d'activité restreint.
Se désengager d'une activité peu rentable •
Difficulté à trouver un acquéreur pour
ou déficitaire.
l'activité non rentable et donc obligation
Se recentrer sur le métier de l'entreprise
pour entreprise de consommer cette
(stratégie de recentrage) pour se refaire
activité.
une santé financière. •
Avoir un équilibre du portefeuille.
IV.
Les stratégies d’intégration
1. Définition Nous parlons de la stratégie de la stratégie d’intégration quand des entreprises dont les activités sont complémentaires se regroupent en faisant perdre à l’une d’entre elles son autonomie, ou en la faisant carrément disparaître. 2. Les niveaux de l’intégration -L’intégration horizontale représente un regroupement d’entreprises se situant dans le même stade de production. -L’intégration verticale représente un regroupement d’entreprises ayant des activités complémentaires dans le sens du cycle de production. L’intégration peut être plus au moins importante, elle peut concerner les activités: ▪ d’approvisionnement (avec des fournisseurs = position antérieure) : intégration en amont. ▪ de distribution (position ultérieure) : intégration en aval. Stratégies industrielles
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▪ de toute la filière : lorsque toutes les activités de production seront maîtrisées par la même entreprise, il y a constitution d’une filière ç.à.d. intégration en amont et en aval (filière = enchaînement des activités complémentaires depuis la matière première jusqu’à la distribution du produit fini, du fournisseur des fournisseurs au client des clients ou consommateur final). 3. Les Motivations de l’intégration Motifs de l’intégration
Illustration ▪ Appropriation des marges bénéficiaires des fournisseurs
1. Motifs financiers
et/ou des clients. ▪ Baisse des coûts de contrôle et de coordination. ▪ Baisse du coûts des stocks amont et/ou aval. 2. Motifs technologiques
▪ Acquisition des technologies amont et/ou aval. ▪ Amélioration de la maîtrise de la qualité. ▪ Simplification des process de fabrication.
3. Motifs stratégiques
▪ Accroissement de la taille de l’entreprise. ▪ Possibilité de jouer avec les prix de cession. ▪ Elévation des barrières à l’entrée pour d’éventuels nouveaux entrants. ▪ Sécurité
des
approvisionnements
ou
des
débouchés
(marchés captifs). ▪ Meilleure adéquation entre les aptitudes de la firme et les facteurs de réussite sur le marché (pour l’intégration aval). 4. Les modalités de l’intégration La fusion
Réunion et disparition de deux entreprises A et B de tailles voisines et appartenant à un même secteur pour donner naissance à une nouvelle entreprise C reprenant la totalité de leur patrimoine, aussi bien actif que passif. Possibilités de se fusionner avec plusieurs Entreprises : même principe.
L’absorption
Regroupement de deux entreprises de tailles différentes A et B : B « sociétés absorbées » disparaît en cédant ses titres à A : c’est la « société absorbante». Cette dernière réunit tous les actifs et les passifs étant auparavant propriété de B (effet de domination).
Stratégies industrielles
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Possibilités d’absorber plusieurs Entreprises : même principe Deux entreprises B et C se partagent la propriété d’une autre entreprise
La scission
A par achat de part égales 50 % chacune. L’Entreprise A est donc scindé en 2 parties et disparaît. Possibilités de transmission du patrimoine à plusieurs entreprises : éclatement du patrimoine de l’Entreprise 5. Avantages et limites de l’intégration Avantages
Inconvénients
▪ Maîtrise de toutes les étapes d’un cycle de
▪ Frein au développement du métier de base
production (logique industrielle).
de l’entreprise.
▪ Amélioration de la rentabilité (logique
▪ Réduction de l’incitation à l’efficacité car
financière) ;
la pression de la concurrence ne s’exerce
▪ Contrôle partiel ou total de la filière.
plus.
▪ Sécurité
▪ Difficulté de coordination.
des
approvisionnements
(intégration en amont) ou des débouchés
▪ Perte de l’identité, dilution de la culture
(intégration en aval) ;
d’entreprise.
▪ Economies d’échelle (baisse des coûts
▪ Problèmes
fixes).
réorganisation, conflits sociaux, cultures
▪ Barrière
à
l’entrée
de
nouveaux
divers
:
restructuration,
différentes des entreprises fusionnées…
concurrents. ▪ Elargissement de l’information.
NB : Lorsque des entreprises s'associent tout en restant indépendantes, il s'agit de stratégies d'impartition. Lorsqu’au contraire elles se regroupent, il s'agit de stratégies d'intégration. Les stratégies d’impartition et d’intégration ne s’opposent pas, au contraire, il peut être utile de les combiner pour augmenter leur efficacité.
Stratégies industrielles
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V.
La stratégie d’internationalisation 1. Définition
Une entreprise s’internationalise lorsqu’elle développe son activité (ou ses activités si elle est diversifiée) au delà de son territoire national. Il s’agit d’une stratégie de croissance hors du marché national de l’entreprise. Elle est l’aboutissement logique du processus de croissance de la firme ; le plus souvent, elle constitue même la seule solution qui permet à l’entreprise de survivre. 2. Les Motivations de l’internationalisation Nous dénombrons quatre ensembles de raisons poussant la firme à s’engager dans une expansion internationale : Motifs de
Illustration
l’internationalisation
Techniques
▪ Le progrès technique a permis de développer de nouveaux moyens de communication et de réduire les coûts et le temps de transport (frais de logistique).
Economiques
▪ Maîtriser l’approvisionnement à l’étranger (ressources disponibles), ▪ Surpasser la saturation du marché national ▪ Accéder à des pays où la concurrence est moins vive. ▪ Baisser les coûts de production par la recherche de main d’œuvre plus compétente et moins chère.
Politiques
▪ L’ouverture des frontières, la baisse des barrières douanières et des obstacles non tarifaires organisés dans le cadre de l’OMC ainsi que la création de zones de libre échange ou d’unions économiques ont incité les entreprises à s’expatrier.
Juridiques
▪ L’internationalisation peut aussi être le moyen de contourner des dispositions légales contraignantes pour l’entreprise (barrières douanières, protection de l’environnement).
3. Formes d’internationalisation D’après Desrumeaux, Lecocq et Warnier (2008), une entreprise peut avoir une à quatre formes d’internationalisation selon son lieu de production (à l’étranger ou non) et son investissements directs (à l’étranger ou non).
Stratégies industrielles
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production à l’étranger
Non
Oui
Investissements directs à l’étranger
Non
OUI
Opérations commerciales sans investissement direct (export direct ou indirect)
Opérations productives sans investissement direct (licence, contrat, clés en main)
Opérations commerciales avec investissement direct (filiale commerciale, stocks, services)
Opérations productives avec investissement direct (unités productives, participations, soustraitance.
4. Les étapes de l’internationalisation Au fur et à mesure de son développement et son succès à l’étranger. L’entreprise franchit des étapes dans l’internationalisation : a.
L’exportation indirecte : l’entreprise utilise les services d’un exportateur pour qu’il
commercialise à sa place son produit; b.
L’exportation directe : l’entreprise se dote d’un service exportation pour vendre ses
produits; c.
L’investissement direct : l’entreprise implante son propre réseau de distribution à
l’étranger par la création de filiales; Ce processus de l’internationalisation est appelé la multinationalisation. Il désigne le phénomène organisationnel, c’est-à-dire une entreprise devient multinationale par implantation directe à l’étranger via l’investissement direct à l’étranger. d.
La délocalisation de la production : le dernier stade de l’internationalisation ne touche
plus seulement la commercialisation mais aussi la production. L’entreprise choisit de fabrique tout ou partie de sa production dans ses usines qu’elle détient à l’étranger ou auxquelles elle sous-traite. Ce phénomène est désigné par le terme globalisation qui renvoie à des réseaux planétaires interconnectés grâce au développement des technologies, des communications, des services, des transports…
Stratégies industrielles
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5. Avantages et les limites de l’internationalisation Avantages
Inconvénients
▪ Un marché potentiel plus vaste. ▪ Diminution
aux
confrontée à des difficultés nouvelles : des
économies d’échelle et les coûts de main-
cadres juridiques différents, de nouvelles
d’œuvre plus faibles.
pratiques
▪ Cycles de vie des produits allongés.
d’organisation, des difficultés de gestion,
▪ Accès aux ressources naturelles locales,
des risques politiques, économiques et
opportunités de négociations locales
financiers, intégration des cultures difficile,
▪ Gains
des
fiscaux
coûts
(économie
d’impôts) et de change.
Stratégies industrielles
grâce
L’entreprise internationale risque d’être
en
termes
d’affaires,
une
complexité
évolution du coût des transports, contextes sociaux évolutifs, respect de la RSE…
Page 33
Section II : les stratégies business ou concurrentielles Fixer une stratégie concurrentielle revient à choisir une méthode parmi d’autres permettant d’obtenir un avantage concurrentiel sur l’ensemble de ses concurrents dans un DAS particulier. Afin de faire face à la concurrence dans un DAS particulier, Porter a identifié trois stratégies génériques de lutte contre la concurrence : Il s’agit de la stratégie de domination par les coûts, la stratégie de différenciation et la stratégie de focalisation ; Le caractère unique du produit est perçu par la clientèle Le secteur tout entier
Différenciation
Un segment particulier
La situation de la firme se caractérise par ses coûts faibles Domination globale par les coûts
Concentration
I. La stratégie de domination par les coûts 1. Définition La domination par les coûts est une stratégie qui consiste pour l’entreprise à obtenir des coûts plus faibles que ceux de ses concurrents pour pouvoir proposer un produit comparable à un prix de vente inférieur. L’entreprise vise ainsi l’obtention d’un avantage fondé sur les coûts en s’adressant à une cible large, c’est-à- dire en servant de nombreux segments. Cet avantage est, donc, fonction de la capacité de l’entreprise à faire baisser ses coûts. 2. Les fondements de la stratégie de domination par les coûts
Pour obtenir des coûts inférieurs à ceux de ses concurrents, une entreprise peut s’appuyer sur plusieurs facteurs qui font évoluer ses coûts à la baisse. A- Les économies d’échelle et l’effet d’expérience
La domination par les coûts est souvent associée à une stratégie de volume. Cette stratégie permet à l’entreprise de bénéficier d’économies d’échelle. Elle peut ainsi réduire son coût unitaire de production lorsqu’elle augmente la quantité produite car les coûts fixes sont répartis sur un nombre d’unités plus important. Cette recherche d’économies d’échelle pousse les entreprises à accroître leur taille pour atteindre la taille critique, c’est-à-dire la taille minimale pour pouvoir entrer, exister et se développer sur un marché (exemple des entreprises produisant des médicaments génériques). Stratégies industrielles
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L’effet d’expérience est lié à l’existence d’économies d’échelle mais aussi d’un effet d’apprentissage dans la réalisation d’une activité ou d’une tâche qui en accroît l’efficience. B- Le choix d’une stratégie d’efficience
La domination par les coûts suppose que l’entreprise soit en permanence à la recherche d’une réduction de tous ses coûts. Elle doit donc mener un diagnostic précis de sa chaîne de valeur de façon à identifier les activités créatrices de valeur et à continuer à les réaliser à un coût inférieur à celui de ses concurrents. Il s’agit donc de rationaliser et d’optimiser le fonctionnement de l’entreprise en agissant sur chaque activité mais aussi en tenant compte des liaisons (existantes et possibles) entre les activités pour en réduire le coût. 3. Exemples d’application possibles de la stratégie de domination par les coûts :
- La grande distribution : les stratégies des grands hypermarchés face à la montée en puissance des enseignes du discount - Le transport aérien : les stratégies des low cost. 4. Avantages et les limites de la stratégie de domination par les coûts
Avantages
Inconvénients
▪ Dégager une marge bénéficiaire
▪ Les choix de standardisation visant à
importante d’où une amélioration de la
réduire les coûts peuvent réduire les efforts
rentabilité.
d’innovation de l’entreprise.
▪ Améliorer l’autofinancement.
▪ Pour continuer à dominer, l'entreprise est
▪ Permettre de réinvestir dans de nouveaux
obligée d'innover en permanence quant à
équipements afin de renforcer la
ses processus de fabrication, ce qui
domination obtenue.
implique de lourdes charges fixes qu'il faut
▪ Eliminer du marché des entreprises dont
pouvoir dominer au début de cette stratégie,
les coûts sont trop élevés et ainsi de réduire
par la suite on utilisera les liquidités
la pression concurrentielle.
générées par la domination.
▪ Accroître les ventes et parts de marché.
▪ Mobilisation de ressources considérables. ▪ Si le marché a été mal analysé ou si l’entreprise ne perçoit pas les changements de la demande ou si la concurrence se différencie, la stratégie de domination par les coûts aboutira à un échec.
Stratégies industrielles
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II. La stratégie de différenciation 1. Définition
C’est une stratégie qui cherche à fonder l’avantage concurrentiel de l’entreprise sur la spécificité de son offre tant que cette spécificité est reconnue et valorisée par le marché. La différenciation permet à l’entreprise d’échapper à une concurrence directe par les prix en rendant son offre difficilement comparable à celle des concurrents. Il s’agit donc, pour l’entreprise, de lutter contre ses concurrents en mettant en œuvre des moyens autres que le prix, de faire percevoir son produit comme unique aux yeux des consommateurs. Ce caractère unique du produit pouvant éventuellement la conduire à faire accepter aux clients un prix supérieur à celui de la concurrence. 2. Les fondements de la stratégie de différenciation
Les démarches de différenciation peuvent prendre des formes très diverses, elles peuvent porter sur : - Les caractéristiques du produit lui-même : le positionnement du produit dans la gamme, le conditionnement ou l’apparence extérieure du produit, les services spécifiques rendus, la certification, etc. - La technologie : degré de technologie utilisée pour le produit. – Les services liés au produit (ex. : conseil personnalisé, service après-vente). – La marque et l’image. – Le mode de distribution (ex. : journal spécialisé dans la pâtisserie et qui se vend dans les pâtisseries ou dans les boulangeries) ; – Le conditionnement des produits (ex. : les dosettes de café). - L’entreprise elle-même : la marque, le circuit de distribution … Ainsi, les stratégies de différenciation peuvent être : - des stratégies de différenciation par le haut : en améliorant les caractéristiques de l’offre par rapport à l’offre de référence (différenciation d’amélioration) ou en l’adaptant à une catégorie particulière d’utilisateurs (différenciation de spécialisation) - Des stratégies de différenciation par le bas : en épurant l’offre pour diminuer son prix (différenciation d’épuration) ou en ciblant l’offre sur un segment particulier de marché pour lequel certaines caractéristiques de l’offre de référence sont superflues (différenciation de limitation).
Stratégies industrielles
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3. Les motivations d’une stratégie de différenciation
Si une entreprise mène une stratégie de différenciation, c’est parce qu’elle lui procure plusieurs avantages. Ainsi, dans la mesure où la différenciation permet à l’entreprise de fixer un prix plus élevé que celui de ses concurrents, celle-ci peut améliorer sa rentabilité et dégager des marges élevées. Par ailleurs, la différenciation permet à l’entreprise d’éviter une concurrence directe avec d’autres entreprises, en particulier avec celles qui mènent une stratégie de domination par les coûts. Le caractère spécifique de l’offre de l’entreprise lui procure une position unique qui la protège des concurrents, puisque la comparaison avec les autres produits est difficile. Cette position la protège aussi des entrants potentiels et des produits de substitution dans la mesure où elle lui permet de créer des barrières à l’entrée (avec des brevets ou une marque) et de fidéliser sa clientèle. 4. Quelles sont les conditions de réussite de la différenciation ?
Pour être réussie, c’est-à-dire conduire effectivement à l’obtention d’un avantage concurrentiel durable, la différenciation doit être : – visible par les clients : ceux-ci doivent percevoir nettement la différence entre l’offre de l’entreprise et l’offre existante ; sinon, ils ne seront pas prêts à payer un prix plus élevé ; – viable pour l’entreprise : l’entreprise doit pouvoir se développer et être rentable. Il faut pour cela que le surprix pratiqué soit supérieur aux coûts supplémentaires générés par la différenciation ; – défendable face aux concurrents potentiels : l’entreprise doit pouvoir préserver sa position unique en rendant ses facteurs de différenciation difficiles à imiter (par exemple en déposant des brevets ou en utilisant des compétences distinctives). 5. Exemples d’application possibles de la stratégie de différenciation
Différenciation par le haut : - Enseignes du luxe - Domaine de l’électroménager : la pluralité des marques pour un même constructeur. Différenciation par le bas : - Secteur de la presse : journaux gratuits - Secteur de l’automobile : la Logan de Renault
Stratégies industrielles
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6. Avantages et les limites de la stratégie de différenciation Avantages
Inconvénients
▪ La possibilité d’augmenter son prix comparé
▪ Surcoût trop important et diminution de la
aux autres produits.
rentabilité.
▪ La stratégie de différenciation doit procurer à
▪ Imitation par des concurrents à bas coûts et
l’entreprise un monopole temporaire sur le
contrefaçons.
segment
▪ Banalisation du facteur de différenciation.
de
marché
qu’elle
a
créé
en
différenciant ses produits.
▪ Concurrence des entreprises adoptant des
▪ Elle permet à l’entreprise de s’imposer sur un
stratégies de focalisation.
marché grâce à la conception d’un produit
▪ Pour la différenciation vers le haut, i faut que
original.
la différenciation soit assez importante pour justifier de la hausse de prix du produit. Si la différenciation est mineure, alors la hausse de prix devra être minime.
III. La stratégie de focalisation (voir première partie de ce chapitre). IV. Autres composantes de la stratégie business Les choix d’intégration et d’internationalisation présentés à la section précédente peuvent être placés au niveau business, donc dans le cadre de la stratégie de domaine.
Stratégies industrielles
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Section III : les stratégies de mise en œuvre Ce sont des stratégies qui concernent des éléments ou des choix de moyens qui peuvent concerner à la fois les stratégies corporate et les stratégies concurrentielles. I. Les stratégies de croissance 1. Définition La croissance est l’accroissement de la taille de l’entreprise. Elle se traduit par une augmentation de ses dimensions, notamment son chiffre d’affaires. Cette augmentation quantitative s’accompagne d’une évolution qualitative (au niveau des structures, de l’organisation…). Cette croissance, l’entreprise peut l’opérer seule, c’est la croissance interne, ou en s’associant à d’autres entreprises, c’est la croissance externe. 2. Généralités A- La nature de la croissance
L’entreprise peut grandir de 3 manières différentes : -
par croissance horizontale
L’entreprise développe des activités situées au même stade de production. Cette croissance permet de gagner des parts de marché. C’est la plus fréquente car elle n’oblige pas l’entreprise à changer de domaine technologique. -
par croissance verticale
L’entreprise développe des activités complémentaires ou s’oriente vers l’amont pour contrôler ses fournisseurs ou vers l’aval pour intégrer ses clients -
par croissance conglomérale
L’entreprise développe des activités complètement différentes et indépendantes les une des autres. Elle cherche à répartir ses risques ou répondre à des impératifs financiers ; les activités nouvelles étant choisies en fonction de leur capacité à générer des profits et non pas pour constituer un ensemble cohérent. B- Les raisons de la croissance Il existe de multiples raisons à une stratégie de croissance liées aux avantages de la dimension : - Sur certains marchés, il existe une taille minimale appelée taille critique. Elle est variable selon les domaines d’activité. L’entreprise doit l’atteindre si elle veut rester compétitive. Stratégies industrielles
Page 39
- La taille permet de réduire les coûts. Les économies d’échelle obtenues avec l’augmentation des quantités produites et vendues rendent les produits plus compétitifs et permettent de meilleures marges. - De manière générale, la taille confère un pouvoir plus important sur l’environnement, facilite les rapports avec les partenaires, clients, fournisseurs, banquiers… Une entreprise d’une taille importante possède des moyens financiers et matériels qui lui permettent d’améliorer la qualité de son travail : recherche – marketing – formation… 3. Les types de croissance A. La croissance interne La croissance interne résulte des seuls efforts de l’entreprise. C’est le mode de croissance type des PME. Elle résulte du développement du chiffre d’affaires suite à l’agrandissement des capacités de production ou à l’adjonction de circuits de distribution complémentaires. Elle repose sur les ressources propres de l’entreprise (augmentation de capital et autofinancement) et sur sa capacité d’endettement. Avantages et les limites de la stratégie de croissance interne
Avantages
Inconvénients
▪ Les responsables gardent la maîtrise du
▪ Elle est relativement lente et peut s’avérer peu
développement de leur affaire et préservent leur
réactive
indépendance.
l’environnement.
▪ La croissance interne n’implique pas de
▪ Elle est conditionnée par les ressources
bouleversements brutaux dans la structure de
financières de l’entreprise : fonds propres ou
l’entreprise.
capacité d’endettement.
▪ Elle induit des effets positifs sur le climat
▪ Elle est souvent associée à une stratégie de
social car elle est synonyme de bonne santé de
spécialisation et, dans ce cas, peut rendre
l’entreprise, de sécurité de l’emploi et de
l’entreprise
perspectives de carrière et de promotion qui
conjoncturelles ou de marché.
maintiennent
les
salariés
compétents
à
une
évolution
vulnérable
aux
brutale
de
évolutions
et
expérimentés
Stratégies industrielles
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B. La croissance externe Elle se réalise par le regroupement d’entreprises qui mettent en commun leurs actifs. 4. Les modalités de la croissance externe 4.1. LES MODALITES JURIDIQUES
Juridiquement, il s’agit d’un achat de droits de propriété ; la croissance externe a pour effet de regrouper des patrimoines. Pour cela, les entreprises peuvent utiliser 4 moyens : - La prise de participation : une société achète une partie du capital d’une autre de manière à la contrôler ; si la participation est supérieure à 50%, l’entreprise contrôlée devient filiale. Les 2 entreprises restent juridiquement distinctes.
A
B
- La fusion : elle peut prendre 2 formes : ✓ la fusion avec création d’une société nouvelle 2 sociétés A et B réunissent leurs actifs et disparaissent juridiquement pour donner naissance à une nouvelle société C.
A
C
B ✓ la fusion-absorption Une entreprise A, de dimension importante, en incorpore une autre B de dimension en général plus petite qui disparaît juridiquement ; la société qui absorbe augmente son capital.
A
A
B - L’apport partiel d’actifs : Il permet à une société A d’échanger une partie de son patrimoine contre des actions d’une société B ; aucune des 2 sociétés ne disparaît.
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A
A
B
B
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4.2.
LES MODALITES FINANCIERES
Les procédures financières les plus courantes sont : - La négociation : Une société A qui désire racheter une société B négocie directement avec ses actionnaires; c’est le cas des sociétés non cotées en bourse ou de celles dont le capital est concentré entre un petit nombre d’actionnaires. - Le ramassage boursier : L’entreprise achète discrètement en bourse les titres d’une autre. Quand le capital d’une société est dispersé entre un très grand nombre d’actionnaires, il est en effet possible de la diriger en détenant un faible pourcentage. La société acheteuse doit informer l’autre à partir d’une détention de 5% de son capital. - L’offre publique d’achat : OPA C’est une opération par laquelle une société offre publiquement de racheter les actions d’une autre, à un cours supérieur au cours boursier et pendant une période limitée. L’OPA doit porter sur la totalité du capital de la société convoitée ; elle peut être amicale ou inamicale quand la société est rachetée contre la volonté de ses dirigeants. - L’offre publique d’échange : OPE Les actionnaires de l’entreprise rachetée reçoivent en paiement, non pas des espèces comme pour l’OPA, mais des titres de la société initiatrice de l’opération. 5. Avantages et les limites de la stratégie de croissance externe Avantages ▪ Atteindre la taille critique (ou masse critique ou seuil dimensionnel).qui est propre à chaque entreprise. ▪ Bénéficier de réduction de prix des matières (fort pouvoir de négociation vis-à-vis des fournisseurs) ou de conditions financières avantageuses ▪ Acquisition rapide de parts de marché et de la taille. ▪ Réduction de la concurrence dans le secteur. ▪ La croissance externe est parfois un moyen de devenir leader sur un marché ▪ Accès aux marchés internationaux ▪ Un accès rapide à des technologies et des compétences nouvelles. ▪ Un meilleur contrôle des approvisionnements et/ou des débouchés si les entreprises concernées appartiennent à une même filière.
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Inconvénients ▪ L’importance des capitaux nécessaires pouvant entraîner un alourdissement important de l’endettement. ▪ Le risque d’une dilution du pouvoir avec l’arrivée des nouveaux partenaires). ▪ Des réorganisations compliquées qui nécessitent de restructurer les différentes activités. ▪ Des coûts sociaux car les opérations s’accompagnent souvent de licenciements en raison des doublons dans certains services. ▪ Des différences culturelles freinant l’intégration des salariés. ▪ La création de structures très lourdes manquant de flexibilité et de capacité de réaction rapide aux changements.
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II. Les stratégies d'impartition Nous parlons de stratégies d'impartition quand deux ou plusieurs entreprises s’associent dans un but stratégique bien précis, tout en restant indépendantes, voire même concurrentes. Donc, les stratégies d’impartition constituent des stratégies de partenariat et de coopération entre deux ou plusieurs partenaires qui disposent de potentiels complémentaires et qui cherchent à dégager des effets de synergies et ceci à partir de la mise en commun de leurs compétences propres où chacun des partenaires trouve son avantage. Les formes les plus répandues de l’impartition sont : ✓ La franchise. ✓ La sous-traitance. ✓ La concession. ✓ Le Groupement d'Intérêt Economique. ✓ La joint venture. 1. La franchise.
La franchise se définit comme un contrat par lequel une entreprise concède à une autre entreprise indépendante, en contrepartie d'une redevance, le droit de se présenter sous sa raison sociale ou sa marque pour vendre des produits ou des services. La franchise s'accompagne généralement d'une assistance technique du franchiseur et d'une adhésion totale du franchisé au concept de vente mis en place par le franchiseur. Il existe plusieurs types de franchise : -- la franchise industrielle : dans ce cas, le franchiseur est un industriel qui concède à un autre industriel un droit d'exploitation de sa marque et de son savoir-faire (Coca-Cola par exemple). -- la franchise de services : ici, le contrat se rapporte à la diffusion d'une méthode ou d'un savoir-faire (Mc Donald par exemple). Cette forme de franchise s'est très développée et représente aujourd'hui environ 40 % des points de vente franchisés -- la franchise de production : le franchiseur est un producteur qui commercialise ses produits dans des magasins qui exploitent sa marque et sa renommée (Yves Rocher ou Benetton par exemple). -- la franchise de distribution : le franchiseur est un grossiste qui développe un concept et diffuse une collection qu'il a sélectionnée auprès de fournisseurs ou qu'il a fait créer.
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2. La sous-traitance.
La sous-traitance correspond à un choix économique de production qui consiste, pour un donneur d'ordre à confier totalement ou partiellement à une autre entreprise (sous-traitant) un certain nombre d'activités, soit certaines étapes de la fabrication. Le sous-traitant doit réaliser le travail conformément au plan et spécifications précisées par le donneur d'ordre dans un cahier des charges et ceci dans le but de satisfaire les besoins du maitre de l’ouvrage (ou le client) qui est la personne à qui le produit final est destiné. Le maitre de l’ouvrage (client)
L’entrepreneur principal ou
Un sous-traitant
donneur d’ordres
Les caractéristiques de la sous-traitance : - Le sous-traitant a une garantie de débouchés (sauf si le donneur d'ordre est en difficulté). - La nature et les caractéristiques de la production du sous-traitant sont déterminées par le donneur d'ordres qui réalise les études dans ses propres services ; il précise au sous-traitant les spécifications du produit et les normes à respecter. - Le donneur d'ordre exerce fréquemment un effet de domination sur le sous-traitant (la soustraitance est généralement une source de vulnérabilité). - Pour les grandes entreprises la sous-traitance permet de bénéficier d'une compétence technique spécialisée et d'accroître la souplesse du fonctionnement de l'entreprise. - La sous-traitance permet de remédier à des insuffisances de capacité, que ces insuffisances soient conjoncturelles, saisonnières ou occasionnelles. Le recours à la sous-traitance permet de conserver le marché et de respecter les délais. - Elle permet au donneur d'ordre d'absorber les variations de la demande. Et par là, permet au donneur d'ordre d’améliorer la flexibilité ; toutefois, elle accroît la fragilité des sous-traitants.
Les types de la sous-traitance - La sous-traitance de spécialité : quand une entreprise ne disposant pas du savoir-faire nécessaire pour fabriquer un produit ou le réaliser, elle passe la commande à une autre entreprise. La sous-traitance de capacité : quand une entreprise se trouve dans l'incapacité de répondre, à un moment donné, à des commandes supplémentaires, elle est utilisé, occasionnellement, pour faire face à un surcroit d’activité.
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N.B. : la sous-traitance est différente de la co-traitance qui est une forme d’impartition qui relève de la coordination et la coopération entre plusieurs entreprises en vue d’une satisfaction mutuelle de celles-ci et de leurs clients. C’est un groupement de plusieurs opérateurs économiques, indépendants les uns des autres, mais volontairement placés sous la direction de l’un d’entre eux (mandataire commun), afin de réaliser un ouvrage commun auquel chacun participe dans le cadre du marché attribué. 3. La concession.
La concession est un contrat liant un fournisseur à un commerçant, auquel il réserve la vente de ses produits, à la condition qu'il accepte un contrôle commercial, comptable, voire financier de son entreprise est parfois s'engage à s'approvisionner, dans ce secteur, exclusivement chez le concédant. La concession peut-être un mode de distribution sélectif ou éventuellement exclusif. - La concession sélective. Dans ce cas, le producteur choisit soigneusement ses distributeurs et limite le nombre de points de vente où ses produits seront distribués. La sélection s'opère selon des critères de taille mais aussi et surtout d'accueil, de compétence et de conseils proposés à la clientèle. Côté producteur, cela aboutit à une diminution des coûts de distribution et permet un contrôle qualitatif des points de vente. Cependant, la couverture du marché reste limitée. Aucune exclusivité n'est toutefois imposée aux distributeurs. - La concession exclusive. Il s'agit d'une concession sélective mais qui s'accompagne d'une clause d'exclusivité, ç.à.d. que l'entreprise ne choisit plus un ensemble de points de vente mais quelques distributeurs ayant l'exclusivité de la distribution de ses produits sur un secteur géographique déterminé. L'objectif d'un tel choix stratégique est de permettre la création, le développement, et le renforcement d'une image de marque. C'est pourquoi la concession exclusive est souvent réservée à des produits de luxe ou des produits "haut de gamme". 4. Le Groupement d'Intérêt Economique (G. I. E.).
Un G. I. E. est un groupement de personnes physiques ou morales, de nature juridique originale, distincte de la société et de l'association, dont l'objet et de faciliter l'exercice de l'activité économique de ses membres par la mise en commun de certains aspects de cette activité : unités de vente, services d'importation ou d'exportation, laboratoire de recherche, etc. Le G. I. E. dispose, bien entendu, de la personnalité juridique.
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Un G. I. E. comprend deux membres minimums, aucun capital n'est exigé mais un contrat écrit est obligatoire avec la mention du siège, de la durée, de l'objet et de l'identification de chacun des membres. La responsabilité des membres d'un G. I. E. est indéfinie est solidaire. Les statuts déterminent librement la participation aux bénéfices et aux pertes. Sur le plan fiscal, les GIE ne sont pas soumis à l'impôt sur les sociétés mais sont imposés comme les sociétés de personnes (imposition de chaque membre pris isolément). 5. La joint venture.
La joint venture ou la coentreprise est un accord de collaboration entre deux ou plusieurs entreprises dont la durée est souvent déterminée. Elle peut être matérialisée par la création d’une succursale, d’une société en participation (sans personnalité morale) ou d’une véritable société en commun, dont les titres financiers seront partagés en fonction de leurs apports (sous forme de SA, SARL...). La joint venture s’utilise dans le cadre d’une stratégie commune de développement basée sur la mutualisation des coûts et des risques et peut toucher plusieurs domaines de collaboration comme la production, la recherche et développement, etc. Parmi les coentreprises les plus répandues, nous citons celles qui travaillent dans le domaine de la pharmacie, la chimie, les télécommunications…qui mettent en place un lieu commun de recherche scientifique entre les entreprises collaboratrices, en vue d’améliorer leurs produits respectifs et complémentaires sur une chaîne de valeur. Elles peuvent, aussi, mener à la fabrication commune d’un nouveau produit sur un même site ou viser un renforcement industriel dans un domaine en particulier ou encore le test en commun d’une nouvelle filière. Avantages et limites des stratégies d'impartition Avantages
Inconvénients
▪ Provoquer des effets de synergie
▪ Vol d'informations
▪ Réduire des coûts
▪ Risque de déséquilibre dans la
▪ Concentration sur les savoir-faire fondamentaux de
puissance des partenaires
l'entreprise
▪ Risque que le partenariat soit le
▪ Renforcer la compétitivité
prélude
▪ Accéder à de nouveaux marchés.
participation
d'une
prise ou
de d'une
absorption…
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Section IV : les stratégies fonctionnelles Les stratégies fonctionnelles déterminent comment les différentes composantes de l'organisation
(les fonctions) déploient effectivement les stratégies définies au niveau global et au niveau des DAS. Autrement dit, il s'agit de définir les stratégies et des objectifs pour chaque fonction de l'entreprise. Ces stratégies recouvrent, également, les décisions prises par les responsables des fonctions ou des unités et le déploiement de la stratégie. La préoccupation stratégique accordée à chaque fonction dépend du cycle de vie de chaque DAS. Par exemple, dans la phase d’introduction d’une activité, la principale préoccupation stratégique demeure la création du marché et la protection du produit et les autres fonctions mettent en place des stratégies dans le même sens. Ainsi, la fonction R&D se préoccupe de l’amélioration technique, la fonction production s’intéresse de la mise au point des procédés et le développement de standards, la fonction marketing cherche les voies de la mise au point d’une logistique appropriée, la fonction personnel forme le personnel d’encadrement et se préoccupe de l’intéressement des cadres supérieurs et la fonction finance cherche le financement des investissements et la gestion d’une perte importante éventuelle.
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Phases Principales préoccupations stratégiques Priorité fonctionnelle
Introduction
Croissance
Maturité
Déclin
Créer le marché et protéger le produit
Augmenter les ventes (stratégie de volume)
Réaliser un profit Arrêter au bon unitaire maximum moment, remplacer
Technique (développement du produit) Amélioration technique
Production
Marketing et distribution
Finance
Démarrage du produit suivant
Arrêt de toute recherche pour le produit initial
Production
Mise au point des procédés. Développement de standards
Centralisation de la production. Suppression éventuelle de la sous-traitance. Fabrication de longues séries.
Développement de variantes mineures Introduction de changements majeurs Réduction des coûts. Fabrication de petites séries. Décentralisation. Mise au point de procédure de routines.
Distribution physique
Mise au point d’une logistique appropriée
Intégration du système de livraison
Réduction du stock de produits finis. Réduction du service à la clientèle
Personnel
Formation de l’encadrement. Intéressement des cadres supérieurs.
Finance
Perte importante. Financement des investissements
Amélioration de l’encadrement de production. Utilisation des heures supplémentaires Profits importants, financement de la croissance.
Réduction des coûts, amélioration du service à la clientèle, contrôle du stock de produits finis. Amélioration de la productivité. Mise au point d’un système d’incitation pour plus d’efficacité. Profits en baisse. Réalisation des ressources financières.
R&D
Stratégies industrielles
Sous-traitance Simplification de la production. Contrôle précis de stock.
Transfert de personnel, incitation à la retraite anticipée.
Liquidité des actifs inutiles.
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Annexe : les principaux composants du macro environnement : PESTEL Les facteurs Politiques ▪ Organisation gouvernementale ▪ Pression gouvernementale ▪ Politique régionale ▪ Politique nationale ▪ Politique africaine, européenne… ▪ Politique monétaire ▪ Politique fiscale ▪ Citoyenneté et actions citoyennes ▪ Conscience politique ▪ Activités de lobbying ▪ Mécanismes de grève ▪ Stabilité politique ▪ Liberté d'expression Les facteurs Sociaux ou Socioculturels ▪ Croissance démographique ▪ Espérance de vie ▪ Pyramide des âges ▪ Système de la santé ▪ Sécurité des personnes et des biens ▪ Conflits internes et externes ▪ Répartition des revenus ▪ Conditions de vie ▪ Equilibre travail et loisir ▪ Egalité du genre ▪ Education (accès, diversité et qualité) ▪ Accès à l'information, internet et réseaux sociaux ▪ Mobilité sociale et des personnes ▪ Style de vie, mode et tendances ▪ Culture et traditions Les facteurs Environnementaux ou Ecologiques ▪ Météo et climat ▪ Impact des changements climatiques ▪ Réglementation en faveur de la protection de l’environnement ▪ Dépenses de l’Etat au niveau de l'environnement ▪ Agriculture, élevage et sylviculture ▪ Réglementations urbanisme ▪ Mobilité et transports ▪ Sécurité ▪ Balance énergétique (disponibilité, import/export) ▪ Balance énergétique (% renouvelables) ▪ Aides au financement du développement durable ▪ Popularité du développement durable ▪ Recyclage
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▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪
Les facteurs Economiques Etape dans le cycle économique Balance économique Taux de change des monnaies Taux de croissance économique Taux d’inflation Taux d’intérêt Taux d'imposition Evolution du PIB Distribution des richesses Situation immobilière Evolution du pouvoir d’achat Confiance des consommateurs Politique de l’emploi et du chômage Les facteurs Technologiques Niveau technologique Recherche & développement Aides au financement de la recherche et de l’innovation Dépenses de l’Etat au niveau de la recherche Réseaux de recherche et d'innovation Découvertes R&D Nouveaux brevets Taux de transfert technologique Cycle de vie des produits Vitesse d’obsolescence des innovations Impact des changements technologiques Niveau d’automatisation Communications, alphabétisation numérique
Les facteurs Législatifs ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪
Législation, Système normatif Système judiciaire Réglementation sur la sécurité Réglementation sur l’emploi Réglementations fiscales Réglementations douanières Réglementation des marchés Mécanismes de contrôle Protection des consommateurs Droit des contrats Propriété industrielle Immigration / émigration
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