Defis Et Enjeux E-Commerce - Revue Gestion - 2 [PDF]

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Zitiervorschau

Article publié dans Revue internationale de gestion, vol.24, no.3, Automne 1999, pp.20-33.

Commerce électronique et entreprises virtuelles : défis et enjeux

Par Louis A. Lefebvre Élisabeth Lefebvre Centre d’expertise en commerce électronique École Polytechnique de Montréal & CIRANO

1

Commerce électronique et entreprises virtuelles : défis et enjeux Le commerce électronique crée une vague de fonds dans les pays industrialisés et, dans une moindre mesure, dans les pays en voie de développement. S’agit-il d’un phénomène passager, d’un canal complémentaire de faire des affaires auquel les entreprises ont le choix d’adhérer ou, au contraire, la condition sine qua non de rester et prospérer en affaires? Cet article examine certains défis et enjeux liés au commerce électronique et à l’émergence d’entreprises virtuelles.

Commerce électronique : un moyen incontournable pour la conduite des affaires Le commerce électronique consiste en l’utilisation de moyens électroniques pour échanger de l’information et exécuter des activités et transactions. De cette définition proposée par plusieurs organismes nationaux et internationaux et acceptée par une vaste majorité d’entreprises (OECD/ICPP, 1999), il résulte que : •

Le commerce électronique recouvre toute une gamme d’applications diversifiées qu’elles soient de nature financière ou non financière, comme par exemple la diffusion et l’échange d'informations numériques, les transferts électroniques de fonds, les activités boursières électroniques, les enchères commerciales, la conception en collaboration et l'ingénierie, les soumissions électroniques, la vente directe aux consommateurs ou les services après-vente.



Il inclut les produits (biens de consommation ou composantes à usage industriel, par exemple), les services (services informationnels, financiers ou juridiques, par exemple). Il permet l’émergence de produits et services numériques, c’est-à-dire des produits et services entièrement « numérisés », intangibles et virtuels comme les livres, les périodiques, les disques compacts, les logiciels, les services bancaires, les émissions télévisées ou radiodiffusées, etc... ;



Il s’effectue entre et au sein de trois types d’entités : les entreprises, les gouvernements et les consommateurs/individus. Le commerce électronique inter-entreprises (entreprises à entreprises) domine largement et représente actuellement 80% des activités recensées (Forrester Research, 1999) ;



Il repose essentiellement sur l’existence des infrastructures nationales et mondiales de l’information (NII – National Information Infrastructures et GII – Global Information Infrastructure) qui ont fait et font encore l’objet d’efforts intensifs et d’investissements majeurs de la part de nombreux pays (Kahin et Wilson, 1997). Par ailleurs, l’infrastructure 2

de l’information va au-delà de l’infrastructure physique (c’est-à-dire les équipements, fibres optiques, satellites ou ordinateurs servant à transmettre, emmagasiner, traiter et déployer les voix, images, sons et données). Elle comprend également : (i) l’information elle-même de nature scientifique, commerciale ou culturelle ; (ii) les applications et les logiciels qui permettent de manipuler, organiser, analyser, transmettre la multitude d’informations et, surtout, d’assurer les transactions électroniques menant au commerce électronique ; (iii) les standards et protocoles qui assurent l’interopérabilité et l’interconnexion entre les réseaux. L’autoroute de l’information est un sous-élément essentiel du NII et l’usage d’Internet, qualifié du réseau des réseaux, est fortement publicisé. Si le commerce électronique basé sur Internet est certainement appelé à une forte croissance, les réseaux privés ou fermés ainsi que les réseaux hybrides jouent actuellement un rôle primordial au niveau du commerce électronique inter-entreprises. Le commerce électronique englobe donc l’usage d’Internet, des extranets, des intranets et des réseaux hybrides. Le commerce électronique : des avantages concurrentiels substantiels pour les entreprises Le commerce électronique est devenu un moyen incontourné voire révolutionnaire de faire des affaires. Les possibilités offertes par le commerce électronique en effet sont telles qu’un retour en arrière devient impensable. Certains avantages concurrentiels sont facilement chiffrables, en particulier les réductions de coûts et les gains en termes de précision et rapidité (tableau 1). Tableau 1 Avantages concurrentiels dérivés du commerce électronique Exemples de réduction des coûts de transactions commerciales Réservation d’un Transaction Règlement de billet d’avion1 bancaire 1 facture 1 Système traditionnel 8.00 $ 1.08 $ 2.22 $ à 3.32 $ Via Internet 1.00 $ 0.13 $ 0.65 $ à 1.10 $ Réduction des coûts 87% 89% 71% à 67%

Exemples d’avantages concurrentiels dans les entreprises manufacturières Coûts de Nombre de Rebuts et développement3 changements retouches 3 d’ingénierie 3 Réduction par rapport au système traditionnel Sources diverses :

1

25% à 35%

50% à 90%

75% à 95%

Distribution de logiciel1 15.00 $ 0.20 $ à 0.50 $ 97% à 99%

Courtage en valeurs mobilières 2 150 $ à 60 $ 10 $ 93% à 83%

Distribution de paperasse3

Réduction du temps de conception de nouveaux produits 3

80%

40% à 60%

OCDE, 1999 ; 2 Arthur Anderson, 1999 ; 3 NGM, vol.2, 1997, p.27

3

D’autres avantages concurrentiels plus difficilement chiffrables peuvent également être réalisés : un accès grâce à un médium peu coûteux (Internet) à des marchés internationaux et une visibilité mondiale ; la possibilité de personnaliser produits et services comme par exemple créer un journal selon les intérêts spécifiques d’un individu ou offrir un jean sur mesure selon la morphologie de chaque consommateur tel que le propose le site de Levis ; la possibilité d’offrir un marketing spécialisé ou micromarketing en misant sur les techniques du data mining ; une agilité accrue pour s’adapter à de nouvelles dynamiques concurrentielles comme celle que procure la soumission électronique 24 heures sur 24 ; la capacité d’optimiser la chaîne d’approvisionnement en temps réel et l’accès aux compétences clés des partenaires d’affaires. Les avantages sont également non négligeables du côté des consommateurs qui bénéficient d’un plus grand choix et de prix moins élevés grâce aux moteurs de recherche et agents ainsi que d’une certaine commodité (absence de déplacements inutiles ou d’heures d’ouverture limitatives). En raison de l’interactivité offerte par le commerce électronique, les avantages retirés par les entreprises et les individus/consommateurs sont mutuellement renforçants, contribuant ainsi à l’essor même du commerce électronique.

L’entreprise virtuelle Le commerce électronique tel que défini précédemment permet de faire des affaires électroniquement. Dès lors, une question se pose : comment les entreprises s’y prennent-elles? Il est possible d’apporter certains éléments de réponse en considérant les deux extrémités d’un continuum, soit l’entreprise virtuelle dans sa forme la plus simple et celle dans sa forme la plus complexe. L’entreprise virtuelle dans sa forme la plus simple Il existait déjà

en 1997 quelques 250 000 cyberentreprises aux États-Unis (Commission

Européenne, 1997).

Ce sont essentiellement des micro-entreprises qui ont su exploiter les

avantages de l’infrastructure de l’information et plus spécifiquement d’une de ses composantes soit l’Internet.

Dans la forme la plus simple, ces firmes ont choisi Internet comme moyen de

ventes, de promotion, de logistique pour la distribution et pour les transactions financières : elles sont par conséquent virtuelles puisque le consommateur final ne sait pas nécessairement où elles se situent et n’aura probablement jamais à rencontrer un membre de l’entreprise. Dans le cas d’un produit physique (ex : micro-ordinateur, …), la logistique de livraison est sous-traitée électroniquement à des organismes tels que UPS ou Fedex. d’une entreprise virtuelle dans sa forme la plus simple. 4

Amazon.com est le cas classique

Cette entreprise créée il y a quelques

années n’a pas de points de vente physiques et est quant même devenue une des librairies les plus importantes aux États-Unis avec 4.7 millions de titres. Amazon.com opère sur Internet et peut ainsi offrir des prix très compétitifs et une formule de livraison à domicile très rapide, généralement en moins de 48 heures.

De plus, Amazon.com est un chef de file du commerce

électronique aux consommateurs basé sur Internet avec 8.4 millions de clients enregistrés et des ventes de 610 millions $US en 1998 (Brown, 1999) Si l’on passe à des entreprises plus complexes, la chaîne de valeur d’une entreprise (figure 1) représente un moyen fort simple de visualiser les activités à valeur ajoutée d’une entreprise qu’elle soit manufacturière ou dans le secteur des services1 . Dans cette figure, nous remarquons que la majorité des activités peuvent être réalisées en mode électronique ou virtuel.

Lorsque

c’est le cas, l’entreprise devient virtuelle. Figure 1 Chaîne de valeur dans une entreprise manufacturière Directeur général

Divisions / Services

Production

Marketing

Relations publiques

Ressources humaines

Affaires légales

Entretien

R&D

Assurance Finance/ de la qualité comptabilité

Activités dans la chaîne de valeur*

R&D

Concep- Conception tion Ingédes des nierie procédés produits

Entreposage

Fabrication

Contrôle Étude Markede la de ting qualité marché

Publicité

Logistique

Ventes

Distribution

Réparation

Service à la clientèle

Activités pouvant être réalisées en mode virtuel

Activités partiellement ou totalement physique

*Tel que proposé par Porter

Par exemple, Dell Computer Corporation peut être qualifiée de virtuelle car elle a su capitaliser sur les avantages concurrentiels dérivés du commerce électrique. les caractéristiques suivantes :

Ainsi, on retrouve chez Dell

i) aucune pièce/composante n’est commandée de ses sous5

traitants avant qu’une commande soit passée ; ii) le micro-ordinateur se retrouve dans le camion de livraison moins de 24 heures après que la commande soit confirmée ; iii) les ventes réalisées sur Internet connaissent une croissance exponentielle et

représentent plus de 14 millions $ US

par jour ; iv) le temps moyen pour encaisser une vente est moins de 24 heures (comparé à 35 jours pour Compaq Computer Corporation) ; v) Dell offre également à ses clients corporatifs (plus de 5 000 entreprises américaines) un service personnalisé virtuel, connu sous le nom « Premier Page Program », une sorte de petit site web souvent relié à l’intranet de ses clients qui permet de configurer les micros, d’avoir un accès immédiat au soutien technique des spécialistes de Dell, d’effectuer le suivi de chaque commande et de payer en ligne. Le programme « Premier Page » génère à lui seul 5 millions $ US par jour (Brown, 1999). Dell a connu en 1998 des ventes records de plus de 18 milliards $ et une augmentation dans les rendements par action de 64%. Cette firme défit la concurrence avec des prix de vente qui sont de 10 à 15% moins élevés. Les exemples de ce type se multiplient et les succès connus par ces entreprises entraînent les autres dans la même voie. L’entreprise virtuelle dans la forme que nous venons de décrire se retrouve dans tous les secteurs de l’économie. Certains peuvent devenir complètement virtuels, d’autres partiellement, d’autres encore peuvent exclure d’une façon stratégique certaines activités du mode virtuel. Ce dernier cas est celui des banques où tous les services financiers journaliers et répétitifs sont déjà virtuels mais où les services spécialisés comme la planification financière (ex : REER) et les renégociations d’hypothèques pourraient s’effectuer dans le confort des foyers des clients. Ce contexte est celui qu’on pourrait appeler « High-Tech , High-Social Contact » (Lefebvre et al., 1997). Les banques deviennent quand même virtuelles car le lieu physique (comme la succursale) représente de moins en moins d’intérêt. L’entreprise virtuelle dans sa forme plus complexe L’émergence des entreprises virtuelles provient aussi en grande partie des multinationales responsables de produits complexes qui agissent à titre d’intégrateurs de produits. Dans sa forme la plus complexe, l’entreprise virtuelle désigne un regroupement souvent temporaire, de plusieurs intervenants fonctionnant sur une même plate-forme informationnelle, et ce, pour la durée du projet ou de la réalisation du produit (Lefebvre et Lefebvre, 1998). Ces intervenants ne font généralement pas partie de la même entreprise et ne se retrouvent pas nécessairement sur le même continent.

6

Figure 2 L’entreprise virtuelle Agences législatives internationales Entreprise virtuelle ENTERPRISE VIRTUELLE CONSOMMATEUR / CLIENT Individuel, industriel, commercial et gouvernemental NII

Accords commerciaux internationaux

GII

PLATES-FORMES D’AFFAIRES Détaillants, catalogues électroniques ... NII

Normes et standards internationaux

GII

INTEGRATEUR DE PRODUITS Information partagée Normes, standards et protocoles communs, Chaîne de valeur physique et virtuelle NII

GII

PLATES-FORMES D’AFFAIRES Courtiers en information, magistrats virtuels et autres intermédiaires électroniques NII

GII

PARTENAIRES D’AFFAIRES Sous-traitants/ fournisseurs/ vendeurs/distributeurs

banquiers et autres intervenants Cadre législatif national et transnational Information

Échanges de biens physiques et de services

Exigences

Source: Lefebvre et Lefebvre, 1998

L’entreprise virtuelle représentée schématiquement à la figure 2 est constituée des éléments suivants : • Au centre, un intégrateur de produit qui gère en parallèle la chaîne de valeur physique du produit et la chaîne de valeur virtuelle (figure 1) à l'aide des normes et standards communs à tous ses partenaires commerciaux (y compris les clients). Ces normes et standards permettent de partager l’information que se soit au niveau transactionnel, contractuel ou technique pour réaliser un projet ou concevoir, créer et vendre un produit.

7

• À l’extrémité

supérieure,

le

consommateur/client

qui

peut

transiger

directement

avec

l'intégrateur de produit lors de la conception même du produit ou par l'entremise de platesformes d'affaires qui sont des intermédiaires virtuels offrant des services à valeur ajoutée tels recherche, référence, agence de change, centres commerciaux virtuels ou même des sites-pays tels le site Web « Trade Uk » du gouvernement britannique. • À l'extrémité inférieure, on retrouve les divers partenaires d’affaires tels les sous-traitants, fournisseurs, distributeurs qui pourraient intervenir sur la chaîne de valeur du produit et offrir leurs compétences à l'intégrateur de produit. Ces différents partenaires peuvent se trouver dans les quatre coins du monde et travailler simultanément avec plusieurs intégrateurs de produit. Dans ce contexte, pouvoir répondre à des appels d’offres électroniques ou à toute autre requête électronique devient une compétence clé.

Encore ici, on retrouve des plates-formes d'affaires

qui peuvent agir comme intermédiaires entre l'intégrateur et les divers intervenants pour offrir divers services dont les services d'évaluation (par exemple l'évaluation de la compétence des sous-traitants) ou de recherche à la fois pour les intégrateurs et pour les sous-traitants. TPN Register est un exemple éloquent de genre de plates-formes d’affaires. • Les diverses entités (consommateurs/clients, intégrateurs de produits, partenaires commerciaux et plates-formes d’affaires) sont interreliées électroniquement par les infrastructures nationales et mondiales de l’information (NII/GII) où Internet, grâce au succès du protocole TCP/IP, peut y jouer le rôle d’une plate-forme de communication mondiale à prix abordable. Ceci n’exclut pas le recours à des intranets et extranets dans le cas d’interconnections intra- et interentreprises.

Le contexte externe dans lequel œuvre l’entreprise virtuelle (éléments encerclés dans la figure 2) doit tenir compte des règles du marché régis par les agences législatives nationales et internationales et accords commerciaux, des cadres juridiques et fiscaux, et des normes et standards internationaux. Lors de la conférence interministérielle de l’OCDE en octobre 1998, il a été convenu qu’un réexamen des pratiques et procédures traditionnelles s’avère nécessaire. L’entreprise virtuelle dans sa forme la plus complexe possède donc une structure organisationnelle sans frontière, sans espace temporel ou physique : elle existe de façon virtuelle, reposant essentiellement sur des interconnections électroniques. L’entreprise virtuelle remet en cause les structures internes, les relations clients-entreprises-fournisseurs, et les structures industrielles, ne retenant que l’adhérence à certaines normes et standards communs et les

8

performances en terme de prix/qualité/flexibilité/rapidité comme seuls critères de sélection et faisant fi, dans certaines circonstances, des relations de confiance établies historiquement. Commerce électronique et entreprise virtuelle : vue d’ensemble Quel lien existe-t-il entre commerce électronique et entreprise virtuelle ? La figure 3 propose selon le niveau de complexité quelques applications du commerce électronique ainsi que la perspective privilégiée et les utilisateurs ciblés. Notons que même les PME sont impliquées dans la forme la plus complexe de l’entreprise virtuelle. Figure 3 L’entreprise virtuelle de sa forme la plus simple à sa forme la plus complexe •Exemples d’activités:

Catalogues Cataloguesélectroniques électroniquesavec avecles lesliens liens électroniques multiples (ex: UK électroniques multiples (ex: UKTrade) Trade)

Publicité et promotion électronique interactive Publicité et promotion électronique interactive Services Servicesaprès-vente après-vente Services Servicesinformationnels informationnels (ex: (ex:renseignements renseignementssur surles lesservices services gouvernementaux) gouvernementaux) Transactions électroniques simples Transactions électroniques simples (ex: (ex:ventes ventes/ achats) / achats) Simple Simpleprésence présenceélectronique électronique etetpromotion promotionpassive passive (ex: site sur Internet) (ex: site sur Internet)

•Niveau de complexité:

•Utilisateurs ciblés

Approvisionnement Approvisionnement Approvisionnement Approvisionnement auauniveau auauniveau niveaunational national niveauinternational international (y(ycompris soumissions (y compris compris soumissions (y comprissoumissions soumissions électroniques) électroniques) électroniques) électroniques) Paiement au niveau Paiement au niveau national national

Paiement au niveau Paiement au niveau international international

Transactions électroniques plus complexes Transactions électroniques plus complexes (déclaration (déclarationd’impôts d’impôtsélectroniques électroniquesetet remises automatiques) remises automatiques)

Simple, standardisé, de nombreux cas

•L ’entreprise Dans sa forme la plus simple virtuelle: •Perspective privilégiée:

Processus Processusd d’affaires ’affairescommuns communsà à plusieurs entreprises plusieurs entreprises

Gestion des processus d ’affaires interentreprises tout au long de la vie d ’un produit ou d’un projet

Sur mesure, complexe, peu de cas Dans une forme plus complexe

Par de nombreux organismes. Cette perspective correspond à la vision généralisée de ce que l’on appelle le commerce électronique

Toutes les entreprises dans tous les secteurs d’activités (dont les PME), les organisations publiques et autres institutions

Dans sa forme la plus complexe Par divers pays, multinationales et grandes entreprises Les multinationales, les grandes entreprises et éventuellement tous les acteurs qui interviennent sur la chaîne de valeur (et donc les PME qui sont les sous-traitants / fournisseurs)

La partie gauche de la figure est fortement inspirée des travaux réalisés dans le cadre du programme ESPRIT (source : http://www.cordis.lu/esprit)

Ultimement, l’entreprise virtuelle exige la compréhension et la maîtrise de normes, standards et protocoles régissant les interconnections électroniques. Tel qu’indiqué à la figure 3, les entreprises, organismes publiques ou autres institutions devront se conformer aux choix 9

technologiques établis (ou ceux en voie de l’être) pour simplement participer au commerce électronique. Ceci est également vrai pour les PME qui devront travailler sur ces plates-formes technologiques lors de l’attribution de contrats ou la réalisation des activités de production ou de prestations de services. La prochaine section examine un modèle de transition de l’entreprise traditionnelle à l’entreprise virtuelle.

Le modèle de transition de l’entreprise traditionnelle à l’entreprise virtuelle Les développements rapides des technologies de l’information et des communications nous propulsent de façon accélérée vers une nouvelle dynamique commerciale et industrielle en mode virtuel. La transition de l’entreprise traditionnelle à l’entreprise virtuelle peut être envisagée sous forme de vagues technologiques (figure 4). Ce modèle de transition en cinq étapes a été élaboré en se basant : (i) sur des discussions et rencontres avec des experts américains, européens et japonais; (ii) sur les documents existants; (iii) sur des études de cas menées auprès de quatre PME québécoises sur une période de 3 ans; Figure 4 Modèle de transition de l’entreprise traditionnelle à l’entreprise virtuelle dans sa forme la plus complexe

4iè me va gu e

5iè me va gu e

MES (Manufacturing Execution Systems), Equipements manufacturiers flexibles, STEP

1èr ev agu e

2iè me vag ue

Gestion des données du portefeuille de produits PDM (Product Data Management), ERP Intégration des (Enterprise Ressource systèmes Planning),... internes et Communications entre d’échanges Internet, EDI(Electronic Data électroniques Interchange)… et MRP (Material Requirement Planning), CAD(Computer Aided Design), systèmes administratifs...

IM PA CT S

vag ue

co mp éte nc es dif fér en 3iè tes me

Les vagues technologiques

Tr an siti on s:

Entreprise virtuelle : Impartition Global Information en réseaux Infrastructure (GII), CALS (Continuous Ingénierie conjointe Acquisition in Life cycle et distribuée Support),... Prototypage rapide, VPDM (Virtual Product Opérations Data Management), « data driven » Whiteboarding ...

Entreposage Logistique

Contrôle qualité Fabrication

Ingénierie Design procédés Design produits

Réparation Distribution

Fonctions de l’entreprise

Recherche

Service clientèle Étude marché

Marketing Publicité Ventes

La figure 4 indique une progression, chaque vague étant plus complexe sur le plan technologique que la précédente.

Quelques exemples des technologies, normes et standards qui sous-tendent 10

chaque vague y sont indiqués.

Bien que l’on assiste à une forte poussée technologique

(« technology push »), la technologie ne peut être considérée comme une fin en elle-même. Il est impératif de considérer les incidences ou les diverses fonctions des entreprises et d’envisager l’évolution des compétences requises selon les différentes vagues technologiques (figure 4). Ainsi, la première vague requiert une communication entre divers systèmes internes des entreprises qu’ils soient administratifs (ex : facturation) ou non-administratifs (ex : contrôle des inventaires ou MRP). Des liens électroniques simples pour des activités de nature commerciale (ventes, achats, …) s’établissent à l’interne (entre les employés de l’entreprise) et à l’externe (avec les clients, fournisseurs et autres partenaires d’affaires).

Notons ici que les prérequis

technologiques ne demandent aucun investissement majeur pour la plupart des entreprises.

En

effet, seule la présence de micro-ordinateurs, d’un réseau interne (non obligatoire) et d’un accès à un réseau externe (accès à Internet ou ligne commerciale ou dédiée) est nécessaire. De plus, l’échange électronique de données (EDI) sur Internet (par exemple, EDI light) ne requiert qu’un fureteur.

Dès la première vague, il est nécessaire de connaître les rudiments du courrier

électronique et d’Internet (qui sont considérés même par les plus petites entreprises comme des moyens rapides et peu coûteux de communication).

Toute personne à la recherche de

renseignements comme par exemple les vendeurs ou les analystes de marché peut être appelée à accéder, naviguer et télécharger des données d’un site Web, consulter un catalogue électronique ou établir des liens électroniques avec les clients et les fournisseurs.

Ceci nécessite une

formation en langage de programmation comme Java et la connaissance de mesures élémentaires de sécurité comme par exemple l’existence de coupes-feux («fire walls»). Si la création de ces applications peut être confiée en sous-traitance à des firmes spécialisées, la mise à jour et les réponses aux diverses requêtes électroniques doivent être effectuées à l’interne.

La formation

des employés appelés à utiliser de telles applications est minimale. Les exigences en termes de compétences requises et les changements structurels s’alourdissent au fur et à mesure que l’on franchit chaque vague, la dernière et cinquième correspondant à l’entreprise virtuelle dans sa forme la plus complexe. Tous les partenaires se concentrent alors sur les activités de la chaîne de valeur d’un produit où ils excellent et travaillent simultanément et en temps réel sur la conception, la réalisation, la mise en marché, la distribution, les services après vente et, même, la récupération et le recyclage du produit et ce, quel que soit leur situation géographique ou leur pays d’origine. Cette cinquième vague correspond à l’ouverture totale des marchés électroniques et l’impartition en réseau. Les systèmes de chaque partenaire doivent être 11

interopérationnels, les données commerciales et les données techniques (ex : spécifications de produits) sont numérisées et échangées entre les partenaires et les appels d’offre et soumissions s’effectuent à l’échelle mondiale et de façon entièrement électronique.

CALS (Continuous

Acquisition and Life-cycle Support), connu aussi sous le nom de « Commerce at Light Speed » est une des stratégies mondiales qui soutient l’entreprise virtuelle.

CALS fait appel à une

utilisation intensive de l’infrastructure mondiale de l’information (GII) et à la maîtrise de normes, standards et protocoles internationaux. Peu de PME ont atteint la première vague et quelques multinationales, tout particulièrement dans les secteurs de l’aérospatial et de l’automobile, se situent déjà à la quatrième et même cinquième vague. Est-ce que toutes les entreprises de tous les secteurs sont appelées à franchir ces cinq vagues? Cela dépend du secteur d’activité et du produit/service offert. La figure 5 représente les vagues que les entreprises de certains secteurs auraient à maîtriser.

Impartition

Entreprise virtuelle :

5iè me vag ue

Entreprise virtuelle :

5iè me vag ue

Les vagues technologiques

5iè me vag ue

co mp éte nc es dif fér en tes 4iè

Figure 5 Modèle de transition dans divers secteurs d’activités

Impartition

Entreprise virtuelle : Impartition

1è rev ag ue

4iè me va gu e

1è re va gu e

2iè me vag ue

2iè me va gu e

3iè me va gu e

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Tr an siti on s:

Global Information InfraGlobal Information InfraGlobal Information Infraen réseaux en réseaux structure (GII),CALS structure (GII),CALS structure (GII),CALS (Continuous Acquisition (Continuous Acquisition (Continuous Acquisition Ingénierie conjointe Ingénierie conjointe Ingénierie conjointe et distribuée in Life cycleSupport),... et distribuée in Life cycleSupport),... et distribuée in Life cycleSupport),... Prototypage rapide, VPDM Prototypage rapide, VPDM Prototypage rapide, VPDM (Virtual Product Development (Virtual Product Development (Virtual Product Development Opérations Opérations Opérations Manager), Whiteboarding ... Manager), Whiteboarding ... Manager), Whiteboarding ... «data driven » «data driven » «data driven » MES ( Manufacturing Execution MES ( Manufacturing Execution MES (Manufacturing Execution Systems), Equipements Systems), Equipements Systems), Equipements Gestion des données manufacturiers flexibles, STEP Gestion des données manufacturiers flexibles, STEP Gestion des données manufacturiers flexibles, STEP du portefeuille (Standard for the Exchange of du portefeuille (Standard for the Exchange of du portefeuille (Standard for the Exchange of de produits Product),... de produits Product),... de produits Product),... PDM (Product Data PDM (Product Data PDM (Product Data Manager), ERP Enterprise Manager), ERP Enterprise Manager), ERP Enterprise Intégration des Intégration des Intégration des Ressource Planning),... Ressource Planning),... Ressource Planning),... systèmes systèmes systèmes Communications entre Internet, Communications entre Internet, Communications entre Internet, internes et internes et internes et EDI(Electronic Data Interchange)… EDI(Electronic Data Interchange)… EDI(Electronic Data Interchange )… d’échanges d’échanges d’échanges électroniques et MRP (Material Requirement électroniques et MRP (Material Requirement électroniques et MRP (Material Requirement Planning), CAD(Computer Planning), CAD(Computer Planning), CAD(Computer Aided Design), systèmes Aided Design), systèmes Aided Design), systèmes administratifs... administratifs... administratifs... en réseaux

Légende :

Assez simple Entreprises du secteur des services (services financiers, assurances, …) et du commerce de gros et de détail

Plus complexe

Très complexe

PME de divers secteurs qui agissent en tant que fournisseurs / sous-traitants

Multinationales, filiales et grandes entreprises responsables de produits et projets complexes

vague pour la quelle les normes, standards et technologies : Doivent être maîtrisés

Ne doivent pas nécessairement être maîtrisés

Cette figure démontre que les entreprises n’ayant pas à intervenir sur des produits manufacturés, et, n’ayant donc pas à échanger des données techniques, comme les entreprises dans le secteur des services (banques et assurances par exemple) ou dans le secteur du commerce de détail, ne seraient impliquées que dans la première vague. 12

Les grandes entreprises responsables de

produits complexes (avions, voitures, etc…) ainsi que celles en charge de projets intégrés du genre BOT (Build, Operate, Transfer) comme des projets de centrales thermiques ou hydroélectriques doivent nécessairement maîtriser les cinq vagues.

Tous leurs partenaires

d’affaires seront également appelés l’ensemble des cinq vagues ou tout au moins les vagues 1, 2 et 5 s’ils sont des PME qui agissent comme sous-traitants ou fournisseurs.

Les répercussions Le commerce électronique entraîne des bouleversements profonds dans les habitudes, les façons de faire, les compétences et les structures, ce qui exige une période d’ajustement et d’apprentissage aussi bien au niveau individuel qu’organisationnel et institutionnel. Parmi les changements appréhendés, mentionnons l’émergence de produits numériques ou virtuels, téléchargés chez les consommateurs ou clients où qu’ils soient et ce, en temps réel. Ces biens et services tels une trame sonore peuvent, au choix du client, demeurer virtuels ou encore être transposés sous forme physique.

Outre des litiges connus comme les difficultés de

soumettre de tels produits au contrôle douanier ou aux normes de propriété intellectuelle, il est difficile d’envisager l’évolution des produits numériques et des industries traditionnelles auxquelles ces derniers se rattachent comme l’industrie des loisirs (livres, disques, cinéma, etc.) ou celle du logiciel.

Il est encore plus difficile de prédire l’évolution d’industries toutes

nouvelles comme celle du multimédia dont les paramètres restent encore à être définis. Certains nouveaux secteurs comme celui des fournisseurs d’accès et de services à Internet sont également en pleine évolution ; on assiste actuellement à une forte rationalisation de ce secteur car les petits fournisseurs ne peuvent plus concurrencer, en termes de prix, les plus gros fournisseurs qui offrent modem, câble, technologies du LNPA (ADSL – Asymetric Digital Subscriber Line) ou liens satellites. Le commerce électronique permet également de reconfigurer de façon optimale les activités d’une chaîne de valeur et d’améliorer les processus d’affaires entre partenaires.

La structure

industrielle traditionnelle illustrée dans la partie supérieure de la figure 6 met en relation une entreprise avec un certain nombre de partenaires qui interviennent depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la commercialisation et la vente du produit au client / consommateur final.

13

Figure 6 Structure industrielle traditionnelle vs virtuelle Structure industrielle traditionnelle

Figure 5 Chaîne de valeur industrielle traditionnelle

Leurs fournisseurs de matières premières

Leurs fournisseurs / sous-traitants (pièces)

Ses fournisseurs / sous-traitants (composantes)

Entreprise X (avec produits X1, X2, X3…)

Ses distributeurs

Leurs détaillants de gros

Leurs détaillants de détail

Client / consommateur

Concurrent Y (avec produits Y1, Y2, Y3…) Concurrent Z (avec produits Z1, Z2, Z3…) etc. Information transmise de façon standard et/ou électronique Biens physiques Source: adapté de Kalakota et Whinston, 1996 Source : adapté de Kalakota et Wilson, 1996

Structure industrielle virtuelle

Figure 6 Chaîne de valeur industrielle virtuelle

Fournisseurs / sous-traitants (composantes, pièces, matières premières) Services financiers et autres services aux entreprises et aux consommateurs à l'échelle mondiale

Intégrateur de produit X1

Client / consommateur à l'échelle mondiale

Intégrateurs de produits concurrents Y2, Z5, ...

plateformes d'affaires Biens physiques

plateformes d'affaires Biens physiques

Information Informationnumérique digitale transmise transmise électroniquement électroniquement en tempsen réeltemps réel Source: Lefebvreetetal, Lefebvre Source : Lefebvre 1997

La structure industrielle virtuelle est centrée sur le produit par opposition à l’entreprise (partie inférieure de la figure 6). De nombreux intermédiaires traditionnels à faible valeur ajoutée, que ce soit en aval ou en amont, peuvent être alors remplacés par des intermédiaires électroniques.

14

La sélection effectuée, d’une part, par l’intégrateur de produit, et, d’autre part, par le client/consommateur se fait à l’échelle mondiale grâce aux plates-formes d’affaires ou même directement puisque les partenaires peuvent, dans certains cas, avoir directement accès à la plateforme de l’intégrateur (figure 7). Figure 7 Une nouvelle dynamique commerciale : entreprise virtuelle et commerce électronique Agences législatives internationales EntrepriseVIRTUELLE virtuelle ENTERPRISE CONSOMMATEUR / CLIENT Individuel, industriel, commercial et gouvernemental NII

GII

Normes et standards internationaux

Entreprise N

PLATES-FORMES D’AFFAIRES Détaillants, catalogues électroniques ...

Accords commerciaux internationaux

NII

GII DesignDesign Contrôle Étude Service Mise Ingé- FabriEntreMarkeLogis- Distri- RepaPubli- Ventes R&D du du de la de à la aux nierie cation posage ting cité tique bution ration produit procédé qualité marché clientèle rebut

INTEGRATEUR DE PRODUITS Information partagée Normes, standards et protocoles communs, Chaîne de valeur physique et virtuelle NII

Chaîne de Valeur Produit

GII Entreprise A

PLATES-FORMES D’AFFAIRES Courtiers en information, magistrats virtuels et autres intermédiaires électroniques NII

GII

Entreprise C

PARTENAIRES D’AFFAIRES Sous-traitants/ fournisseurs/ vendeurs/distributeurs

Entreprise D Entreprise E

Entreprise B

banquiers et autres intervenants

Cadre législatif national et transnational

Activités conduites par l ’intégrateur

Activités conduites par fournisseur/ sous-traitants

Source: Lefebvre et Lefebvre, 1998

La dynamique commerciale illustrée à la figure 7 peut affecter de diverses manières la structure du marché ainsi que remettre en cause la sous-traitance traditionnelle et la chaîne d’approvisionnement classique, et ce, même dans des secteurs aussi traditionnels que celui de l’agriculture2 .

Les conséquences de cette nouvelle dynamique (en particulier, les incidences sur

le nombre, le type et la nature des emplois) restent à être analysées avec précision. Une telle analyse dépasse largement le cadre de cet article et nécessitera l’implication de plusieurs intervenants clés.

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Défis et enjeux Afin de concrétiser pleinement le potentiel du commerce électronique, certains obstacles doivent être surmontés et plusieurs enjeux devraient être relevés par les intervenants publics et privés. Obstacles au commerce électronique : des barrières qui tombent peu à peu Plusieurs obstacles au commerce électronique existent.

Nous exposons très brièvement certains

d’entre eux en ordre croissant d’importance.

Jusqu’à quel point le monde électronique est-il accessible? Si auparavant les équipements et logiciels de réseautique étaient coûteux, et ce, même pour les grandes entreprises, mettre sur pied un intranet ou se brancher à un extranet est maintenant à la portée des PME : des solutions technologiques comme Office Connect de 3Com ou DSL 1401 de CISCO existent à prix modique.

Internet reste certainement le moyen le moins coûteux, tout spécialement au Canada

où les frais d’accès à Internet sont les plus bas parmi les pays membres du G7. Cependant, sa popularité même engendre des problèmes de capacité de transmission et d’accès. Là encore, les solutions technologiques existent.

Mentionnons ici, à titre d’exemples, la deuxième génération

d’Internet (CA* net 2) qui atteint déjà un débit de 2,5 Gb/s sur les grandes dorsales, débit qui devrait frôler le terabit à la seconde (1012 ) pour la troisième génération ou encore l’utilisation de « miroirs » et de « mise en cache de données » par les fournisseurs de services Internet qui réduisent la congestion.

L’accessibilité, que se soit sur le plan financier ou sur le plan

technologique, n’apparaît donc plus comme un obstacle majeur pour les entreprises de toutes tailles. Les problèmes d’incompatibilité et d’interopérabilité, même au niveau du format des données3 , sont plus préoccupants et restent en quête de solutions.

Il est encore difficile d’échanger, par

exemple, des dessins d’ingénierie entre entreprises qui utilisent des systèmes CAO différents. Par contre des progrès sont accomplis: le protocole ouvert TCP/IP a permis de faire d’Internet une plate-forme mondiale accessible universellement et le standard STEP émerge comme le design dominant pour échanger des données techniques entre entreprises situées aux quatre coins de la terre.

Les efforts entrepris régleront peu à peu les problèmes d’incompatibilité et

d’interopérabilité qui nuisent à un accès plus convivial au monde électronique.

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Jusqu’à quel point le commerce électronique est-il exempt de risques?

La protection

électronique exige quatre niveaux soit la confidentialité, l’intégrité, l’authentification et la nonrépudiation.

Les techniques de cryptographie, les signatures électroniques, les clés publiques et

privées ou l’utilisation de réseaux privés virtuels (passerelles privées et sécuritaires empruntant Internet pour relier intranets et/ou extranets) sont des moyens déjà utilisés pour atteindre un certain niveau de protection.

Certaines applications du commerce électronique tels que les

transferts électroniques de fonds sont classiques et éprouvées.

Grâce aux échanges

électroniques, un million de trillion de devises étrangères changent en effet de main chaque jour (Huber, 1997) de façon jugée sécuritaire. Toutefois, le monde électronique ouvre certainement la porte à des possibilités de fraude. Différents paliers de gouvernements, le secteur bancaire et plusieurs organismes de certification tentent de minimiser ces possibilités.

Entre temps, il est nécessaire d’évaluer et d’adopter les

moyens transactionnels sécuritaires existants. Jusqu’à quel point les compétences requises pour réaliser le commerce électronique sont-elles disponibles? La pénurie de main-d’œuvre spécialisée nous apparaît être de loin l’obstacle le plus préoccupant.

Le commerce électronique suscite des changements dans des professions comme

c’est le cas en marketing du à l’introduction d’outils promotionnels adaptés au Web. De plus, la pénurie des professionnels en technologies de l’information nuit à l’essor du commerce électronique.

L’écart entre l’offre et la demande est en effet fort important, ce que diverses

études corroborent (tableau 2). Selon le bureau américain de la statistique sur la main-d’œuvre (US Bureau of Labor Statistics), 1,3 millions d’emplois additionnels tous reliés au TI seraient Tableau 2 Pénurie de main-d’œuvre spécialisée dans les technologies de l’information (TI) Nombre d’emplois actuellement disponibles mais non comblés : Canada : Royaume-Uni : Allemagne : États-Unis :

disponibles aux États-Unis pour la période 1996-2006 (Margherio et al., 1998). pénurie

flagrante

entraîne

un

d’œuvre

exode

de

Cette

spécialisée professionnels

canadiens et québécois vers nos voisins du

20 000 - 30 000 20 000 60 000 346 000 - 450 000

Sud, ce qui creuse encore plus le déficit actuel des compétences requises en matière de

Source : OCDE, 1999, p. 139

commerce

entreprises.

17

électronique

par

nos

Le commerce électronique et le rôle des gouvernements Les gouvernements de nombreux pays mettent de plus en plus d’emphase sur le commerce électronique.

Quelles en sont les raisons?

Dans un premier temps, le commerce électronique

accapare une place de plus en plus importante.

Selon Forrester Research, le commerce

électronique basé sur Internet devrait passer de 50 milliards $US à 3 200 milliards $US 2002. Ces chiffres pourraient fort bien ne représenter que la pointe de l’iceberg puisqu’il ne s’agit que d’un médium (Internet) et d’une activité économique soit la vente de biens et services. Même s’il est difficile de prévoir avec exactitude l’ampleur de commerce électronique dans le futur, il est certain que le phénomène est réel et connaît une croissance exponentielle. Dans un deuxième temps, les gouvernements estiment que le commerce électronique est un outil primordial pour stimuler la croissance économique et générer des emplois.

Ainsi, la stratégie canadienne vise

comme objectif que le Canada devienne un chef de file mondial dans le développement du commerce électronique et dans son utilisation (Gouvernement du Canada, octobre 1998, p.iii). Les pays de l’OCDE ont également réitéré l’importance cruciale du commerce électronique et établi un agenda pour réaliser le plein potentiel du commerce électronique à l’échelle mondiale (OCDE, 1998).

Au niveau provincial, le Québec s’est également doté de moyens stratégiques

pour concrétiser les possibilités du commerce électronique.

Dans un troisième temps, il est

impensable de laisser l’émergence des règles fondamentales du commerce électronique dans les mains des multinationales et autres firmes.

Les gouvernements s’attaquent donc à un problème

complexe, soit le fait d’adapter les pratiques commerciales, le cadre législatif et les règles fiscales à un environnement électronique.

Ce problème, loin d’être résolu, exige une vision et

une concertation nationale et internationale. virtuelle ne se fera pas sans heurt.

Enfin, la transition vers l’économie numérique ou

Si des emplois sont créés, d’autres disparaîtront même si

l’impact total sera fort probablement positif. secteurs industriels seront restructurés.

Des nouvelles industries émergeront mais des

Les politiques gouvernementales peuvent tenter

d’amoindrir les effets négatifs du commerce électronique tout en misant sur les effets positifs. Le commerce électronique : un retard à combler? De très nombreuses entreprises, organismes et institutions réalisent déjà une ou des activités électroniquement. Le degré de sophistication de ces activités varie de la simple substitution (par exemple, courrier électronique vs téléphone) à la gestion des processus d’affaires interentreprises. Nos entreprises accusent-elles un retard? La réponse semble affirmative quoiqu’elle doit être nuancée en raison du peu d’information disponible et de l’absence d’indicateurs fiables. 18

Selon plusieurs organismes (OCDE, 1999; IDC, 1998 et 1999), les États-Unis accaparent actuellement environ 80% des recettes mondiales du commerce électronique basé sur Internet4 tandis que le Canada se place en deuxième position avec 5%. Notons que l’Europe de l’Ouest, où le Royaume-Uni et les pays nordiques agissent comme leaders, représente 10% des recettes mondiales.

Pour chacune des catégories majeures du commerce électronique grand public sur

Internet (divertissement, magasinage, finance, …), les États-Unis mènent avec 67 à 85% des sites les plus populaires, suivis du Canada (OCDE, 1999). La Finlande est le pays branché au monde, suivi des États-Unis, de la Norvège, de l’Islande et du Canada si l’on tient compte du nombre d’hôtes Internet par 1,000 habitants (OCDE, 1998).

Ces quelques chiffres ne

représentent que des indications partielles de l’ampleur du commerce électronique basé sur Internet et, même si le Canada occupe une place enviable relativement à son poids économique et démographique, ces chiffres indiquent quand même un retard par rapport aux États-Unis . De plus, l’essor du commerce électronique au Canada provient en partie de l’interdépendance économique des deux pays, le Canada bénéficiant en particulier de la présence de nombreuses filiales de multinationales américaines déjà engagées dans le commerce électronique. Si l’on se tourne du côté du Québec, le commerce électronique semble accuser un certain retard par rapport au reste de l’Amérique du Nord. Selon l’enquête menée par la FCEI (Fédération canadienne de l’entreprise indépendante), 28% des PME québécoises sont branchées alors que leurs contreparties ontariennes ont un taux de branchement de 47%.

L’ensemble des PME

canadiennes affichent un taux de 42%. D’autres études comme celle de cybermarketing Québec 1999 confirment que les entreprises québécoises hésitent à se lancer dans le commerce électronique : en effet, moins d’une centaine d’entreprises de secteur privé feraient véritablement du commerce électronique et 80% des sites n’offrent qu’une promotion passive en diffusant simplement de l’information sur l’entreprise et ses produits/services. Du côté des ménages québécois, on observe également un certain retard malgré une nette progression. L’enquête menée par le CEFRIO, le BSQ et le RISQ indique en effet que le taux de branchement est passé de 6% en novembre 1996 à 11% au printemps 1998. Parmi toutes les provinces

canadiennes,

Québec

présente

le

plus

bas

taux

d’utilisation

régulière

des

communications informatiques que ce soit à la maison, au travail, à l’école, dans les bibliothèques ou tout autre lieu (tableau 3).

19

Tableau 3 Utilisation des communications informatiques selon le lieu et la province

Québec Ontario Colombie-Britanique Canada

Maison 10.2% 19.3% 19.9% 16.0%

Travail 13.1% 23.3% 21.2% 19.9%

Lieu d’utilisation régulière1 École Bibliothèque 5.6% 2.1% 10.6% 4.4% 9.6% 4.5% 9.4% 3.7%

Autre 1.8% 3.1% 3.1% 2.8%

Tous 20.1% 33.2% 33.6% 29.4%

Source : Dickson et Sciadias, 1999, p.3.9 (Enquête de Statistiques Canada auprès des ménages canadiens) 1 utilisateur régulier défini comme ayant eu recours à des communications informatiques durant un mois normal.

Que les ménages québécois tardent à se brancher peut par contre ralentir les flux monétaires vers nos voisins du sud car les canadiens branchés ont tendance à effectuer des achats en ligne sur les sites américains plus nombreux et plus populaires que les sites canadiens et québécois, c’est du moins ce que semble indiquer l’analyse des transactions sur Internet (IDC, février 1999). Ainsi, sur le plan strictement économique, le retard des ménages québécois est moins inquiétant que celui des entreprises qui se doivent de concrétiser beaucoup plus rapidement les avantages concurrentiels du commerce électronique.

Les applications et outils du commerce électronique

étant moins coûteux et plus éprouvés qu’il y a deux ou trois ans, il est maintenant urgent de combler le retard des entreprises et surtout celui des PME québécoises. L’importance cruciale d’agir rapidement pour assurer la transition vers l’économie numérique Faut-il agir rapidement et pourquoi ? Il est absolument impératif que les divers acteurs clés des secteurs privé et public se positionnent face au nouvel ordre économique pour les raisons suivantes : •

l’économie canadienne et québécoise est fortement tributaire des exportations. entreprises n’ont guère le choix :

Nos

il faut se plier aux nouvelles règles de commerce

international et, si possible, participer à leur élaboration et définition.

Ce premier point est

crucial car les exportations sont une tendance à la hausse : selon la balance des paiements, les exportations canadiennes totalisaient en 1998, 323,4 milliards, une hausse de 7,4% par rapport à 1997 et le commerce extérieur du Québec a franchi en 1997 le cap des 100 milliards soit 56% du PIB de la province. De plus, les États-Unis qui sont notre partenaire 20

commercial de loin le plus important sont déjà fortement engagés dans la transition vers l’économie numérique et le commerce électronique.

Il ne fait aucun doute que nos

entreprises ont tout intérêt à connaître et maîtriser la nouvelle façon de faire des affaires à l’échelle internationale. •

La proportion importante des activités économiques notamment au Canada et au Québec sont des activités misant sur les connaissances et le savoir-faire ("knowledge-based activities") par opposition aux activités "physiques".

Or, c'est justement les activités misant

sur les connaissances et le savoir qui peuvent être réalisées en mode virtuel.

De plus,

l'économie virtuelle abolit les avantages liés à la proximité géographique et, par conséquent, les activités "physiques", comme l'assemblage par exemple, pourraient fort bien se déplacer vers les gros marchés de consommation. •

Les gains de productivité générés par le commerce électronique sont tels qu'un retour aux anciennes façons de faire des affaires devient impossible.



Des acteurs extrêmement puissants poussent l'accélération vers l'économie numérique. Citons, par exemple, les différents ministères du gouvernement américain tels le DOE et le DOD ou du gouvernement japonais, dont tout spécialement le MITI, qui favorisent clairement et même imposent (de par leurs politiques d'achat, par exemple) la transition vers l'économie

numérique.

Les

multinationales

sont

également

extrêmement

puissantes: 5

certaines d'entre elles générant des revenus qui dépassent le PIB de divers pays (UNDP, 1997). Ces multinationales défient la notion de territoires nationaux6 en opérant dans n'importe quel pays si les conditions y sont favorables. Elles réalisent déjà plusieurs activités en mode virtuel et exigeront de plus en plus de la part de leurs fournisseurs et sous-traitants qu’ils en fassent autant. Les gouvernements et les multinationales sont les deux fers de lance essentiels du commerce électronique. En résumé et pour quatre raisons principales, soit : la dépendance de notre économie face aux exportations, la prédominance d'activités du savoir qui contribuent fortement à la prospérité économique et qui peuvent être réalisées en mode virtuel, les gains de productivité substantiels générés par le commerce électronique et la présence d'acteurs très puissants déjà fortement engagés dans la transition vers l'économie, il nous apparaît essentiel d'agir rapidement.

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Conclusion Le commerce électronique, bien qu’à un stade embryonnaire, connaît une expansion rapide et devrait constituer une force majeure dans l’économie du savoir. Il a déjà très certainement une incidence économique supérieure à celle estimée à court terme car il ne peut se limiter à Internet qui joue bien sûr le rôle de catalyseur important mais qui ne représente qu’un des médiums utilisés. Les pouvoirs publics accordent une priorité élevée au commerce électronique qui représente un vecteur potentiel important de croissance économique et un moyen de générer des emplois. De leur côté, les entreprises ne peuvent rester en marge de cette nouvelle dynamique commerciale : elles se doivent de capitaliser sur les avantages substantiels dérivés du commerce électronique. Si les enjeux et défis sont considérables, l’exclusion n’est guère une solution viable et le retard actuel observé au niveau des entreprises et tout particulièrement des PME, devrait être comblé aussi rapidement que possible. Le commerce électronique est devenu un moyen incontournable pour la conduite des affaires.

Notes 1- Dans le cas d’une entreprise de service, certaines activités peuvent disparaître (par exemple, la recherche appliquée) et le terme « production » peut être remplacé par « opérations ». 2- Voir à ce sujet «Virtual Agriculture : Developping and Transfering Agricultural Technology in the 21st century, Illinois Agricultural Experiment Station, University of Illinois, 1997. 3- Le format même des données qui diffère d’entreprise en entreprise est un obstacle majeur selon une étude réalisée pour le NIST (National Institute of Standards and Technology) aux Etats-Unis (Hardwick et al., 1997). 4- Dû à un effet de « rattrapage » de la part de certains pays, la part relative des Etats-Unis pourrait représenter à court terme 75% ou même 67% des recettes mondiales sur Internet (OCDE, 1999). 5- Les revenus de GM, Ford, Toyota, Exxon ou Royal, Dutch/Shell (168.8, 137.1, 111.1, 110.0 et 109.8 milliards $ US respectivement se comparent aisément aux PIB de la Turquie, du Danemark, de l'Afrique du Sud, de la Norvège ou du Portugal (149.8, 146.1, 123.3, 109.6 et 91.6 milliards $ US respectivement). 6- Ces multinationales (ou plutôt transnationales) sont qualifiées de «Stateless». 22

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