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« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. » © Éditions Robert Laffont, S.A.S., Paris, 2017 EAN : 978-2-221-21927-0 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.
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PRÉFACE
En 2010 était publié le premier supplément du Guide des films dont la dernière édition en trois volumes remontait à 2005. Un nouveau supplément s’imposait six ans plus tard. En 2010 599 films sont sortis dans les salles parisiennes et en province, 609 en 2011, 638 en 2012, 677 en 2013, 679 en 2014 et plus de 600 en 2015, autant en 2016. Il faut y ajouter les films commercialisés directement en DVD ou en Blue Ray sans avoir été distribués en salle et quelques rares films proposés uniquement à la demande. En France des festivals nombreux (Cannes, Deauville, Amiens, Annecy, Beaune, Biarritz, Bastia, Nantes…) présentent des films qui ne trouveront pas ensuite de distributeurs. Les chaînes de télévision programment souvent de vieilles bandes oubliées ou jamais montrées. Au total c’est plus de huit cents films nouveaux offerts au cinéphile, pendant une année. Pour ceux qui sont sortis en salle, l’Annuel du cinéma dresse un bilan particulièrement précieux et incontournable, mais le cinéphile pressé ou le simple curieux a besoin d’un guide, de maniement commode, qui ne retienne que les œuvres importantes, notamment celles qui repasseront sur les chaînes de télévision et les cinéclubs ou seront reproduites en DVD.
C’est aussi un rôle d’aide-mémoire qui est assigné à ce guide : titres originaux ou noms d’acteurs. Sa supériorité sur Internet c’est qu’on peut le feuilleter et découvrir ainsi des œuvres que l’on ignorait et que la curiosité ou l’intérêt pousseront à rechercher. Près de deux mille films sont analysés dans ce volume, l’essentiel de la production des six dernières années, des grosses recettes aux œuvres d’art et d’essai. Une large part est faite aux films anciens sortis à la télévision ou en DVD chez Bach, Montparnasse ou Sidonis et absents dans les volumes précédents. La plupart étaient inédits ou oubliés et ont été découverts ou redécouverts ces cinq dernières années. On trouvera à la fin de ce livre un index général recensant tous les titres analysés dans les cinq volumes, soit plusieurs milliers de films, tout ce qui a compté, du point de vue occidental, dans l’histoire du cinéma. Ce livre a une dette envers l’Annuel du cinéma, les Fiches de Monsieur Cinéma, le Dictionnaire passionné du cinéma de Laurent Dandrieu et les comptes-rendus des revues spécialisées.
ONT COLLABORÉ À CE GUIDE
Erwan BARGAIN : E.B. Guy BELLINGER : G.B. Claude BOUNIQ-MERCIER : C.B.M. Florence BOUNIQ-MERCIER : F.B.M. François BOUNIQ-MERCIER : Fr. B.M. David CHANTERANNE : D.C. Nicolas CLENET : N.C. Raphaël DELPARD : R.D. Charles EL YAZIGI : C.E.Y. Danièle GRIVEL : D.G. Philippe d’HUGUES : P.H. Gauthier JURGENSEN : G.J. Roland LACOURBE : R.L.
Éric LEDRU : E.L. Ombline LEY : O.L. Frank LIPSIK : F.L. Alexandre MILHAT : A.M. Jean-Claude MISSIAEN : J.C.M. Ugo SCOTTO : U.S. Emilie SILMAR : E.S. Serge SUR : S.S. Bernard TROUT : B.T. Jean TULARD : J.T. Marin TULARD : M.T. Claude VALLENTE : C.V. Anne VILLEPREUX : A.V.
NOTE TECHNIQUE
Liste des abréviations Pays Afghanistan : Afghan. Algérie : Alg. Allemagne : All. Argentine : Arg. Arménie : Arm. Australie : Austr. Belgique : Belg. Bulgarie : Bulg. Canada : Can. Danemark : Dan. Espagne : Esp. Etats-Unis : USA France : Fr.
Grande-Bretagne : GB Italie : Ital. Japon : Jap. Kazakhstan : Kazakh. Kirghizistan : Kirghiz. Philippines : Ph. Pologne : Pol. Portugal : Port. Roumanie : Roum. Slovaquie : Slov. Tadjikstan : Tadj. Thaïlande : Thaïl.
Générique Réalisateur : R. Scénariste : Sc. Dialoguiste : Dial.
Chorégraphie : Chor. Décorateur : Déc. Maquilleur : Maq.
Directeur de la photographie : Ph. Monteur : Mont. Compositeur : M. Auteur de chansons : Ch.
Effets spéciaux : Eff. Sp. Effets visuels : Eff. Vis. Producteur : Pr. Interprètes : Int.
Les titres sont classés selon le même ordre que dans les volumes précédents. Les dates sont celles du copyright quand il est connu, sinon ce sera la date du tournage ou de la sortie en France. L’index final renvoie aux cinq tomes du guide.
GUIDE DES FILMS
A
À BOUT PORTANT** (Fr., 2010.) R. : Fred Cavayé ; Sc. : Fred Cavayé et Guillaume Lemans ; Ph. : Alain Duplantier ; M. : Klaus Badelt ; Pr. : Gaumont ; Int. : Gilles Lellouche (Samuel Pierret), Roschdy Zem (Hugo Startet), Gérard Lanvin (Patrick Werner), Elena Anaya (Nadia Pierret). Couleurs, 85 min. Un accident. La victime est ranimée par un aide-soignant, Samuel Pierret, qui le fait transférer à l’hôpital, malgré l’intervention d’un tueur. Rentré chez lui, Pierret est assommé et sa femme enlevée. S’il veut la revoir, il doit faire sortir de l’hôpital le blessé, un gangster surveillé par la police. Pierret y parvient, mais sans récupérer sa femme. En effet, un ripoux, le commissaire Werner, est mêlé à l’affaire et fait accuser Pierret du meurtre d’un autre policier qu’il a lui-même tué. Pierret sera disculpé par l’homme qu’il avait aidé à sortir de l’hôpital et retrouvera sa femme. Après le succès de Pour elle, Cavayé tourne un nouveau suspense, particulièrement haletant et riche en rebondissements. En choisissant à nouveau un homme ordinaire qui doit tout faire pour sauver celle qu’il aime, il confirme son talent d’auteur de films à la Hitchcock.J.T.
A CAPELLA
(Han Gong-ju ; Corée du Sud, 2013.) R. et Sc. : Lee Su-jin ; Ph. : Jae-sik Hong ; M. : KimTae-Sung ; Pr. : Kim Jung-Hwan ; Int. : Chun Woo-hee (Han Gong-ju), Jung In-sun (Eun-hee), Lim So-Young (Hwa-ok), Lee Yeong-ran (Madame Lee). Couleurs, 112 min. La lycéenne Han Gong-ju est contrainte par la direction de son établissement de changer d’école. Dans sa nouvelle ville, elle emménage chez la mère d’un de ses professeurs. Mais qu’a bien pu faire cette jeune fille discrète, bien élevée et bonne élève pour être ainsi éloignée de son lycée d’origine ? … Le sujet (que nous ne révélerons pas ici pour ne pas le déflorer) est grave, la construction habile et la vision très noire de la société sud-coréenne sans concession. Mais pourquoi Lee Su-jin lance-t-il son « J’accuse ! » à la façon – mutique – de son héroïne, excellente actrice au demeurant ? Quelques pincées de lyrisme auraient relevé la sauce de ce plat goûteux mais au final trop rallongé.G.B.
À CŒUR OUVERT (Fr., 2012.) R. et Sc. : Marion Laine ; Ph. : Antoine Héberlé ; Pr. : Thelma Films ; Int. : Juliette Binoche (Mila), Edgar Ramirez (Javier), Hippolyte Girardot (Marc), Bernard Verley (Masson), Amandine Dewasmes (Christelle). Couleurs, 87 min. Un couple de chirurgiens du cœur est fragilisé par l’alcoolisme du mari et la grossesse de l’épouse. L’amour sera le plus fort. Adaptation d’un roman de Mathias Enard, Remonter l’Orénoque. Le monde de l’hôpital avec ses intrigues était en principe le thème central du film. Malheureusement ce dernier donne plutôt l’impression d’adapter un roman de la collection Harlequin. Juliette Binoche fait de son mieux pour sauver l’œuvre du ridicule.J.T.
À COUP SÛR**
(Fr., 2013.) R. et Sc. : Delphine de Vigan ; Ph. : Antoine Monod ; M. : Pascal Sangla ; Pr. : Épithète Films ; Int. : Laurence Arné (Emma Dorian), Éric Elmosnino (Tristan Fersen), Didier Bezace (Paul), Valérie Bonneton (Béné Dorian), Jérémy Lopez (Yann). Couleurs, 91 min. Brillante journaliste, Emma apprend de son dentiste et amant qu’elle est un mauvais coup au lit. Elle entend devenir « le meilleur ». Sa route croise celle de Tristan, son collègue au journal, qui mène une enquête sur le marché du sexe et qui est un séducteur né. Que va-t-il arriver ? Brillante romancière, habituée des gros tirages, Delphine de Vigan se lance derrière la caméra avec succès. L’intrigue est mince et la conclusion prévisible, mais le ton enjoué, évitant le glauque dans certaines scènes, emporte l’adhésion. Laurence Arné est merveilleuse et l’on salue, dans un petit rôle, François Morel. Un film joyeusement déluré.J.T.
A DANGEROUS METHOD** (A Dangerous Method ; GB, 2011.) R. : David Cronenberg ; Sc. : Christopher Hampton ; Ph. : Peter Suschitzky ; M. : Howard Shore ; Pr. : Lago Film et Prospero Picture ; Int. : Michael Fassbender (Jung), Viggo Mortensen (Freud), Keira Knightley (Sabina Spielrein), Sarah Gadon (Emma Jung), Vincent Cassel (Otto Gross). Couleurs, 99 min. En 1904, à Zurich où la psychanalyse prend son essor, le psychiatre Carl Jung a comme patiente une jeune Russe, Sabina Spielrein, atteinte d’hystérie. Aux traitements de choc il substitue la méthode de son maître Sigmund Freud. Progressivement Jung, qui attend pourtant un enfant de son épouse, se laisse gagner par le charme de sa cliente. Elle devient sa maîtresse tout en entretenant une correspondance avec Freud. Freud et Jung rompent et finalement Jung se sépare de Sabina. Il revient à sa femme et consulte désormais chez lui. Il reverra Sabina. Tiré d’une pièce de Christopher Hampton, The Talking Cure, que l’auteur a lui-même adaptée pour l’écran, le film de Cronenberg souffre de cette origine. Il
a déçu les admirateurs du metteur en scène qui attendaient une œuvre moins sage, plus délirante. Les acteurs eux-mêmes dont l’admirable Keira Knightley, semblent compassés, se contentant de débiter leurs tirades. Reste un témoignage intéressant et sérieux sur les débuts de la psychanalyse et sur la rivalité entre Freud et Jung.J.T.
A GIRL AT MY DOOR* (Dohee-ya ; Corée du Sud, 2014.) R. et Sc. : July Jung ; Ph. : Kim Hyungseok ; M. : JangYoung-gyu ; Pr. : Lee Chang-don ; Int. : Doona Bae (Youngnam), Kim Sae-ron (Do-hee), Song Sae-byeok (Yong-ha). Couleurs, 119 min. Par mesure disciplinaire, la jeune commissaire Young-nam est mutée dans un village côtier. Elle y croise Do-hee, une adolescente battue par son père. Un soir, celle-ci vient se réfugier chez elle. Young-nam la recueille. Young-nam est une étrangère dans cette communauté rurale où les ragots vont bon train. À juste titre parfois, comme le révèle un scénario à tiroirs. Images lumineuses d’un petit port de pêche où les immigrés sont exploités. Transgression et violences sous une douceur apparente et inquiétante.C.B.M.
À JAMAIS** (Fr., 2016.) R. : Benoît Jacquot ; Sc. : Julia Roy d’après Body Art de Don DeLillo ; Ph. : Julien Hirsch ; M. : Bruno Coulais ; Pr. : Alfama Films ; Int. : Mathieu Amalric (Jacques Rey), Julia Roy (Laura), Jeanne Balibar (Isabelle), Victoria Guerra (Marie). Couleurs, 86 min. Le cinéaste Rey est partagé entre deux femmes : Isabelle, son interprète, et Laura qui l’a supplantée et avec laquelle il vit en couple. Rey se tue dans un accident et Laura, désormais seule, s’efforce de le faire revivre par tous les moyens. Elle finit par s’en donner pleinement l’illusion.
Fantastique ? Psychologique ? Freudien ? Une œuvre insolite, mais parfaitement maîtrisée. Superbe interprétation. Mais le personnage de Laura peut irriter à force d’excès. J.T.
À LA MERVEILLE (To the Wonder ; USA, 2012.) R. et Sc. : Terrence Malick ; Ph. : Emmanuel Lubezki ; M. : Hanan Townshend ; Pr. : Brothers K. Productions ; Int. : Ben Affleck (Neil), Olga Kurylenko (Marina), Rachel McAdams (Jane), Javier Bardem (le père Quintana), Tatiana Chiline (Tatiana). Couleurs, 112 min. À Paris, Neil, un Américain, fait la connaissance de Marina, une Ukrainienne. Ils s’aiment. Elle a une fille, Tatiana. Neil propose de les emmener aux États-Unis. Marina voudrait épouser Neil mais celui-ci hésite. Leur ménage bat de l’aile. Finalement Marina rentre en France avec Tatiana. Mais celle-ci abandonne sa mère pour rejoindre son père aux Canaries. Seule et sans travail, Marina revient auprès de Neil qui rompt avec sa dernière liaison, Jane. Ils se marient mais, très vite, se disputent. Marina trompe Neil et finit par quitter les États-Unis. Un film sur les difficultés de l’amour et, en arrière-plan, de la foi que représente le père Quintana, incarné de façon inattendue par Javier Bardem. Mais comment s’intéresser à des personnages qui passent leur temps à hésiter, se quittent et se retrouvent sans véritables motifs ? Ben Affleck et Olga Kurylenko n’y peuvent rien, malgré leur beauté et leur talent, mais ils ne suscitent aucune empathie. Nous sommes loin de The Tree of Life. De là l’échec de l’œuvre.J.T.
À LA POURSUITE DE DEMAIN*
(Tomorrowland ; USA, 2015.) R. : Brad Bird ; Sc. : Damon Lindelof et Brad Bird ; Ph. : Claudio Miranda ; M. : Michael Giacchino ; Pr. : Walt Disney ; Int. : George Clooney (Frank Walker), Britt Robertson (Casey Newton), Hugh Laurie (David Nix), Tim McGraw (Eddie Newton). Couleurs, 125 min. Frank Walker, inventeur de génie, assisté de la jeune Casey, se lance dans un voyage dans un monde parallèle où rien n’est impossible. Science-fiction à la Walt Disney où George Clooney s’efforce d’être crédible en inventeur de machine à voyager dans le temps.J.T.
À L’AVEUGLE* (Fr., 2012.) R. : Xavier Palud ; Sc. : Éric Besnard et Luc Besson ; Ph. : Michel Amathieu ; M. : Laurent Couson ; Pr. : EuropaCorps ; Int. : Jacques Gamblin (Lassalle), Lambert Wilson (Narvik), Raphaëlle Agogué (Héloïse), Arnaud Cosson (Vermulen). Couleurs, 94 min. Une jeune femme est assassinée à Paris. Le commandant Lassalle mène l’enquête, assisté de son adjointe, Héloïse. Ses soupçons se portent sur un accordeur de piano aveugle, du nom de Narvik. Soupçons renforcés après la mort dans une explosion d’un magnat russe puis celle d’un videur. Lassalle trouve le point commun : les trois victimes étaient liées à un agent des services secrets pakistanais. Et c’est en Afghanistan que Narvik a perdu la vue alors qu’il était membre des forces spéciales. Lassalle et Narvik s’affrontent… Polar à la Hitchcock ? Thriller politique ? Affrontement entre deux grands acteurs ? Le film hésite et mêle un peu tout. La fin déçoit. J.T.
À L’OUEST DU PECOS*
(West of the Pecos ; USA, 1945.) R. : Edward Killy ; Sc. : Norman Houston d’après Zane Grey ; Ph. : Harry J. Wild ; M. : Paul Sawtell ; Pr. : RKO ; Int. : Robert Mitchum (Pecos Smith), Barbara Hale (Rill Lambeth), Thurston Hall, Harry Woods. NB, 92 min. Le colonel Lambeth et sa filleRill, en route pour leur ranch du Texas, voient leur diligence attaquée et leur convoyeur tué. Celui-ci a le temps de confier à son ami Pecos Smith le soin de le venger. Un western de série, remake d’un film ancien inspiré de Zane Grey, qui voit les débuts de Robert Mitchum appelé à remplacer dans ces productions mineures Tim Holt parti au service militaire. Oublié, West of the Pecos a été réhabilité par Patrick Brion en 2015 dans sa série de DVD « Westerns de légende. » J.T.
A MOST VIOLENT YEAR*** (A Most Violent Year ; USA, 2014.) R. et Sc. : J.C. Chandor ; Ph. : Bradford Young et Robert Levi ; M. : Alex Ebert ; Pr. : Before the Door Productions et Washington Square ; Int. : Oscar Isaac (Abel Morales), Jessica Chastain (Anna Morales), Albert Brooks (Andrew Walsh), David Oyelowo (le procureur Lawrence), Elyes Gabel (Julian), Alessandro Nivola (Peter). Couleurs, 125 min. À New York en 1981, des camionneurs travaillant pour l’entreprise pétrolière d’Abel Morales sont agressés et les camions volés. Pourtant Morales est résolu à acheter un terrain avec cuves pour étendre ses activités. Mais lui et Anna, sa femme, sont menacés de poursuites pour fraude fiscale par le procureur Lawrence. L’un des transporteurs, Julian, à nouveau attaqué, fait feu et la police le traque. Du coup la banque refuse le prêt qu’elle allait lui consentir pour l’acquisition du terrain. Morales se lance dans une série de démarches parfois violentes pour obtenir l’argent. C’est alors qu’Anna lui révèle qu’elle a truqué les comptes et mis de l’argent de côté. L’achat peut se faire. Julian, abandonné,
se donne la mort devant Morales. Qu’importe. Morales est devenu trop important pour que le procureur Lawrence se lance dans de nouvelles poursuites. Le film se situe en 1981, année où la violence atteignit son paroxysme à New York. Magouilles d’hommes d’affaires, tueurs déjantés, prêts à tout pour quelques dollars, policiers et juges corrompus : c’est dans ce contexte que Chandor lance son héros, Abel Morales (magistralement interprété par Oscar Isaac), un self-made man qui croit au rêve américain et veut développer son entreprise sans concessions mais en prenant des risques financiers qui le dépassent (l’achat d’un terrain pourvu de cuves). Il est Abel face aux Caïns de la pègre. Mais il est plus complexe qu’il n’y paraît. Sa femme (Jessica Chastain est excellente) le lui rappelle. Elle est plus réaliste, plus manipulatrice mais aussi plus attachée à sa famille. C’est elle en définitive qui a le rôle positif. Un grand film noir où Chandor confirme les qualités montrées dans Margin Call.J.T.
À PERDRE LA RAISON** (Fr., Belg., Lux., Suisse, 2012.) R. : Joachim Lafosse ; Sc. : Joachim Lafosse, Thomas Bidegain, Matthieu Reynaert ; Ph. : Jean-François Hensgens ; Pr. : Jacques-Henri Bronckart, Olivier Bronckart ; Int. : Emilie Dequenne (Murielle), Niels Arestrup (le docteur André Pinget), Tahar Rahim (Mounir), Stéphane Bissot (Françoise), Mounia Raoui (Fatma Pinget), Redouane Behache (Samir). Couleurs, 111 min. Murielle et Mounir s’aiment passionnément, se marient, ont quatre enfants. Ce devrait être le bonheur mais… Mais Mounir commet l’erreur d’installer Murielle sous le toit de son père adoptif chez qui il vit depuis l’enfance et le couple devient vite totalement dépendant de son « bienfaiteur ». Le temps passant, Murielle supporte de moins en moins cette relation toxique… Inspiré par l’affaire Geneviève Lhermitte, qui bouleversa la Belgique en 2007, le film profondément humain de Joachim Lafosse dissèque avec une
passion froide une terrible tragédie familiale, cherchant à comprendre les raisons qui ont poussé une femme aimante et bonne mère à commettre un acte insensé et non à la juger. Emilie Dequenne est bouleversante en mère courage et mater dolorosa se muant en Médée et Niels Arestrup effrayant en père adoptif et beaupère dont la générosité sans bornes se rembourse au prix fort.G.B.
À PLEINES MAINS* (Fr., 1959.) R. : Maurice Régamey ; Sc. : Michel Lebrun ; Ph. : Paul Coteret ; M. : Jean Bouchety ; Pr. : Donjon ; Int. : Georges Ulmer (Henri), Françoise Saint-Laurent (Alice Lancourt), Jean Brochard (le commissaire Marsay), Louis Seigner (l’inspecteur Toussaint). NB, 90 min. Une jeune journaliste enquête sur un trafic de faux-monnayeurs et entraîne son fiancé dans une fâcheuse aventure. Heureusement l’inspecteur Toussaint veille. Petite comédie policière qui vaut surtout pour Seigner et Brochard et pour le scénario de Michel Lebrun grand maître du polar. J.T.
À 14 ANS** (Fr., 2014.) R, Sc. et Dial. : Hélène Zimmer, Ph. : Caroline Champetier ; Pr. : Kristina Larsen ; Int. : Athalia Routier (Sarah), Galatéa Bellugi (Jade), Najaa Bensaid (Louise). Couleurs, 90 min. Automne, hiver, printemps, etc. C’est l’année du brevet pour les trois copines. Elles ont quatorze ans, c’est l’âge où l’on se cherche, où l’on se trouve parfois, entre révolte et soumission. L’adolescence, mode d’emploi ? Plus qu’une fiction, c’est une approche frontale, quasi documentaire, de cet âge difficile où l’on parle beaucoup plus
qu’on agit, où l’on s’interroge avec crudité sur la sexualité, où l’on fanfaronne face aux copains/copines, où l’on cherche à s’émanciper des parents (d’ailleurs, ici, peu présents). Le portrait de ces adolescentes paraît exact, même s’il n’en présente qu’un échantillonnage limité. Qui oserait prétendre que c’est le plus bel âge de la vie après avoir vu ce film à la réalité parfois violente – que tout parent responsable devrait voir ?C.B.M.
A SCANNER DARKLY** (A Scanner Darkly ; USA, 2006.) R. et Sc. : Richard Linklater ; Ph. : Shane F. Kelly ; M. : Graham Reynolds ; Pr. : Warner Bros ; Int. : Keanu Reeves (Bob Arctor), Robert Downey Jr (James Barris), Winona Ryder (Donna Hawthorne), Woody Harrelson (Ernie Luckman). Couleurs, 100 min. En Californie, dans les années 2000, se développe la lutte contre la drogue. Bob Arctor est un policier infiltré dans un groupe et qui reçoit mission de se surveiller lui-même… Le monde de Philip K. Dick est évoqué ici en prenant appui sur son roman Substance Mort. C’est le portrait d’un policier qui sombre dans la schizophrénie. Linklater, réalisateur indépendant, fait évoluer son action entre virtuel et réel, remodelant et numérisant les corps de ses personnages. Un accord réussi entre le parti pris esthétique du film et l’univers fou de Dick.J.T.
A TOUCH OF SIN** (Tian Zhu ding ; Chine, 2013.) R. et Sc. : Jia Zhang-ke ; Ph. : Yuk Lik-wai ; M. : Lim Giong ; Pr. : Xstream Pictures et Office Kitano ; Int. : Jiang Wu (Dahai), Wang Baoqjang (San’er/Zhou San), Zhao Tao (Xiao Yu), Lanshan Luo (Xiao Hui). Couleurs, 129 min. San’er, sur une route de Chine, en moto, est arrêté par trois malfaiteurs ; il les tue. Revenu dans sa ville natale, il abat un couple de riches. Un ouvrier,
Dahai, tue son patron qui mène grand train aux dépens de ses salariés. Xiao Yu, réceptionniste dans un sauna, saigne un client qui l’a humiliée. Le jeune Xiao Hui choisit la mort, faute de travail propre. À travers quatre destins, Jia Zhang-ke nous propose une vision plutôt noire de la Chine rongée par la corruption et la misère. Le titre renvoie au fameux A Touch of Zen de King Hu (1971).J.T.
À TROIS ON Y VA** (Fr., 2015.) R. et Sc. : Jérôme Bonnell ; Ph. : Pascal Lagriffoul ; M. : Mike Higbee ; Pr. : Edouard Weil ; Int. : Anaïs Demoustier (Mélodie), Félix Moati (Micha), Sophie Verbeeck (Charlotte), Patrick d’Assumçao (William), Olivier Broche (un prévenu), Laure Calamy (la prévenue) Couleurs, 86 min. Charlotte et Micha forment un jeune couple heureux. Or Charlotte tombe amoureuse de Mélodie, une avocate. Micha, à son tour, aime Mélodie. Quant à celle-ci, elle les aime tous deux avec autant de passion. Voici le triangle amoureux revisité d’agréable façon. Ce qui ne pourrait être qu’un banal vaudeville, devient un film d’une étonnante fraîcheur, grâce, entre autres, à ses jeunes interprètes et à une mise en scène légère. Un nouvel art d’aimer sans préjugés. C.B.M.
A VERY ENGLISHMAN (The Look of Love ; GB, 2013.) R. : Michael Winterbottom ; Sc. : Matt Greenhalgh ; Ph. : Hubert Taczanowski ; M. : Antony Genn et Martin Slattery ; Pr. : Revolution Film pour Film 4 ; Int. : Steve Coogan (Paul Raymond), Anna Friel (Jean Raymond), Imogen Poots (Debbie Raymond), Chris Addison (Tony Power). Couleurs, 101 min.
Parti de spectacles minables, Paul Raymond, à la faveur de la libération sexuelle, dans les années 60, monte un club de strip-tease à Soho qui rencontre un grand succès. Il fonde un magazine érotique à gros tirages. Devenu riche, il n’a d’yeux que pour sa fille Debbie, sa femme l’ayant abandonné. Debbie veut devenir chanteuse, mais c’est un échec. Elle doit soigner un cancer du sein, en guérit, mais meurt d’une overdose. Raymond est seul, mais toujours aussi riche. La vie d’une légende du Soho érotique, Paul Raymond qui fut un temps l’homme le plus riche d’Angleterre en fondant son empire sur l’érotisme (spectacles, journaux…) En fait d’érotisme, on a droit à l’histoire d’un père plein de tendresse pour sa fille et qui met son argent à sa disposition. En vain. Elle meurt, désespérée. La fin n’est même pas morale puisque Raymond est toujours aussi riche. Mais seul. Steve Coogan donne un peu d’épaisseur à son personnage et sauve le film. J.T.
ABRAHAM LINCOLN : CHASSEUR DE VAMPIRES* (Abraham Lincoln : vampire hunter ; USA, 2012.) R. : Timur Bekmambetov ; Sc. : Seth Grahame-Smith ; Ph. : Caleb Deschanel ; M. : Henry Jackman ; Pr. : Tim Burton ; Int. : Benjamin Walker (Abraham Lincoln), Dominic Cooper (Henry Sturges), Anthony Mackie (Will Johnson), Mary Elizabeth Winstead (Mary Todd Lincoln), Rufus Sewell (Adam). Couleurs, 105 min. Abraham Lincoln voit sa mère mourir de la morsure d’un vieil homme. Il jure de se venger. À l’âge adulte, il tue l’homme mais celui-ci ne meurt pas. Un ami, Henry, lui révèle qu’il s’agit d’un vampire. Les deux amis se lancent dans la chasse aux vampires. Puis Lincoln devient président des États-Unis et découvre que Henry est lui aussi un vampire. Lincoln en apprend tous les secrets. Lorsqu’éclate la guerre de Sécession les vampires entrent dans les rangs
de l’armée sudiste en formant une division particulière. Ils seront décimés grâce aux balles d’argent anti-vampires. Tim Burton, producteur de ce film extravagant qui nous propose une image inattendue de Lincoln, a cru pouvoir renouveler ainsi le film d’épouvante. C’est aux dépens de la figure mythique de Lincoln. De là l’échec du film. D’autant que Benjamin Walker n’est pas un Abraham Lincoln qui emporte l’adhésion. Mais Lincoln oublié, on a affaire à une honnête histoire de vampires.J.T.
ABSOLUTELY ANYTHING** (Absolutely Anything ; GB, 2015.) R. et Sc. : Terry Jones ; Ph. : Peter Hannan ; Eff. sp. : Bob Hollow ; Eff. vis. : Paddy Eason ; M. : George Fenton ; Pr. : Bill and Ben et GFM ; Int. : Simon Pegg (Neil Clarke), Kate Beckinsale (Catherine), Rob Riggle (Grant), Eddie Izzard (le proviseur) et les voix de Robin Williams, Terry Jones, Michael Palin, John Cleese, Terry Gilliam et Eric Idle (les extraterrestres). Couleurs, 85 min. Les extra-terrestres découvrant la terre, jugent ses habitants médiocres et décident de la détruire… à moins qu’un terrien, choisi au hasard, n’infirme leur jugement. Neil, professeur et écrivain raté, amoureux de sa voisine Catherine qu’il dispute à un officier, Grant, est choisi. Il dispose du pouvoir de faire tout ce qu’il veut, mais il en dispose mal. Lassé, au moment où les extra-terrestres se préparent à détruire la planète, Neil confie ses pouvoirs à son chien auquel il avait donné la parole. Celui-ci s’en sert pour détruire le pouvoir des extraterrestres. Le retour des Monty Python, ou du moins de Terry Jones derrière la caméra et les autres en extra-terrestres. Cette comédie retrouve le charme des anciens Monty Python, la dérision, le fantastique, le non-sens et un féroce humour. Jolie performance de Simon Pegg. J.T.
ABUS DE FAIBLESSE* (Fr., 2013.) R. et Sc. : Catherine Breillat ; Ph. : Alain Marcoen ; M. : Didier Lockwood ; Pr. : Flach Film ; Int. : Isabelle Huppert (Maud Schainberg), Kool Shen (Vilko Piran), Laurence Ursine (Andy), Christophe Sermet (Ezzé). Couleurs, 104 min. Maud Schainberg, réalisatrice réputée, est victime d’un AVC qui la laisse hémiplégique. Elle rencontre, par le biais d’une émission de télévision, Vilko, jeune escroc repenti et pense à lui pour un prochain film. Il va profiter de sa faiblesse pour lui soutirer de plus en plus d’argent. Catherine Breillat met en scène sa propre aventure avec Christophe Rocancourt qui a abouti à un procès qu’elle a gagné. On peut penser à d’autres abus de faiblesse comme dans le cas de Mme Bettencourt. L’intrigue est mince mais Isabelle Huppert la transfigure.J.T.
ACAB : ALL COPS ARE BASTARDS* (ACAB : All Cops are Bastards ; Ital., 2011.) R. : Stefano Sollima ; Sc. : Daniele Cesarano, Barbara Petronio, Leonardo Valenti ; Ph. : Paolo Carnera ; M. : Mokadelic ; Pr. : Cattleya, Babe Film, Rai Cinema ; Int. : Pierfrancesco Favino (Cobra), Filippo Nigro (Negro), Marco Giallini (Mazinga), Andrea Sartoretti (Carletto), Domenico Diele (Adriano). Couleurs, 112 min. Le quotidien des brigades mobiles – équivalent italien des CRS –, fait de confrontations à la violence urbaine, à l’excitation des supporters de football, aux émeutes et aux actes fascistes des skinheads, dans la crainte permanente de commettre une bavure ou d’être dénoncé par un collègue… La vie familiale des brigadiers en fait logiquement les frais. Tiré d’un livre écrit par le journaliste italien Carlo Bonini, ACAB : All Cops Are Bastards est le premier long métrage du réalisateur Stefano Sollima. Il filme ici avec efficacité le travail de ces policiers de base, métier qui a toujours eu du
mal à inspirer les artistes. Au centre de cette fiction, les forces de l’ordre ne sont ni des brutes, ni des héros : seulement des hommes confrontés à la réalité du maintien de l’ordre, au risque de la transgression. G.J.
ACACIAS (LES)*** (Los Acacias ; Arg., Esp., 2011.) R. : Pablo Giorgelli ; Sc. : Salvador Roselli, Pablo Giorgelli ; Ph. : Diego Poleri ; Pr. : Ariel Rotter, Veronica Cura, Alex Zito, Pablo Giorgelli ; Int. : German de Silva (Rubén), Hebe Duarte (Jacinta). Couleurs, 82 min. Ruben, un routier transporte un chargement de bois d’acacias du Paraguay vers Buenos-Aires. Son patron lui a demandé de prendre une passagère. Lorsqu’elle arrive avec son bébé, il l’accueille froidement. Caméra d’Or au festival de Cannes, c’est un magnifique premier film à la réalisation minimaliste, road-movie sur un grand axe routier d’Amérique du Sud. Quasi huis-clos dans la cabine du camion, peu de péripéties, peu de dialogues, pas de musique (seulement le bruit monotone de la circulation et le ronronnement du moteur)… Et pourtant l’attention ne se relâche pas, tendue par l’approche de ces deux solitaires : elle est mère célibataire, lui vit seul. Ils ne se livrent guère, on les découvre peu à peu. Un film aux beaux paysages changeants, pétri d’humanité, avec deux interprètes d’une grande vérité – plus un beau bébé joufflu !C.B.M.
ACCUSÉ, LEVEZ-VOUS** (Life for Ruth ; GB, 1962.) R. : Basil Dearden ; Sc. : Janet Green, John McCormack ; Ph. : Otto Heller ; M. : William Alwyn ; Pr. : Michael Relph pour Allied Artists ; Int. : Michael Craig (John Harris), Patrick McGoohan
(docteur Jim Brown), Janet Munro (Patricia Harris), Paul Rogers (Hart Davis), Malcolm Keen (le père de John), Norman Wooland (l’avocat de la Couronne), Michael Bryant (Kent, l’avocat de la défense), Megs Jenkins (Mrs. Gordon), John Barrie (Mr. Gordon). NB, 91 min. Par conviction religieuse, John Harris a refusé à l’hôpital la transfusion de sang qui aurait sauvé la vie de sa petite fille Ruth (huit ans) gravement accidentée. Malgré la désapprobation de ses collègues, le docteur Brown, agnostique, l’attaque en justice pour « cruauté envers enfant ayant entraîné la mort ». Contre toute attente, Harris qui a fait la preuve de la droiture de sa conscience, est acquitté. Mais pourra-t-il vivre avec la torture morale qui le ronge ? L’œuvre de l’honnête Basil Dearden – que l’on pourrait qualifier d’André Cayatte britannique (c’est un compliment !) – a souvent montré de louables préoccupations sociales. Opération Scotland Yard (1959) s’attaquait au racisme dans la société anglo-saxonne, La Victime (1961) dénonçait, avec un indéniable courage pour son époque, la condition difficile faite aux homosexuels. Accusé, levez-vous analyse les tragédies auxquelles peut conduire la croyance religieuse aveugle. Une grande partie de la critique s’est indignée devant le souci d’objectivité avec lequel le cinéaste a abordé son sujet, faisant du responsable de la mort de sa fille un homme honnête et profondément intègre : « Une prudence que l’on aimerait voir céder devant la saine indignation que suscitent les aberrations de la foi », écrivait Jacqueline Lajeunesse (dans « La Saison Cinématographique 1964 ».). Mais c’est précisément ce qui fait toute la valeur du plaidoyer : ne laisser à aucun moment place à l’indignation ou à la colère. L’ambition avouée des auteurs était en fin de compte prononcée par le juge au terme du procès : dans certains cas extrêmes, la promulgation d’une loi permettant de limiter l’autorité parentale, de façon que les sociétés modernes n’aient plus à faire face à de telles situations. Une œuvre rigoureuse, austère et hautement estimable.R.L.
ACROSS THE UNIVERSE***
(Across the Universe ; USA, 2007.) R. : Julie Taymor ; Sc. : Dick Clement, Ian La Frenais, Julie Taymor ; Ph. : Bruno Delbonnel ; M. : Elliot Goldenthal, The Beatles ; Pr. : Suzanne Todd, Jennifer Todd, Matthew Gross ; Int. : Evan Rachel Wood (Lucy Carrigan), Jim Sturgess (Jude), Joe Anderson (Max Carrigan), Martin Luther McCoy (Jo-Jo), Nicholas Lumley (Cyril). Couleurs, 134 min. Dans les années 1960, Jude, jeune docker de Liverpool, se rend aux ÉtatsUnis à la recherche de son géniteur. Il s’y éprend de Lucy, jeune fille de bonne famille dont le fiancé a été tué au Vietnam. Le jeune couple se retrouve à New York avec Max, le frère de Lucy devenu l’ami de Jude, au cœur des forces tumultueuses qui secouent l’époque… Film musical en hommage aux Beatles, « Across the Universe » se présente comme un objet inattendu dans la filmographie de Julie Taymor, spécialiste de Shakespeare à l’écran (Titus, La tempête, Le songe d’une nuit d’été), mais le barde de Stratford et les Quatre Petits Gars de Liverpool ne sont-ils pas deux facettes complémentaires du génie anglais ? Toujours est-il que, pour qui aime les Beatles (et même pour les autres), ce film est un véritable enchantement en ce sens qu’il saisit et restitue tout au long de la projection l’essence de leur art et de leur quête de sens. On peut y entendre la bagatelle de trente chansons harmonieusement intégrées à l’action, toutes interprétées – avec une sincérité vibrante – par les acteurs du film. Avec comme particularité que chacune d’entre elles est à la fois la chanson elle-même et quelque chose de différent (une ballade d’amour hétéro chantée par une lesbienne, « Strawberry Fields » métamorphosée en brûlot psychédélique anti-guerre du Vietnam digne de The Wall, etc.). Le pari n’était pas gagné d’avance, loin de là. Julie Taymor et son équipe de scénaristes, de musiciens et d’acteurs inspirés ont relevé le défi avec panache.G.B.
ACT OF KILLING (THE)***
(The Act of Killing ; Dan., Norvège, GB, 2012.) R. et Sc. : Joshua Oppenheimer ; Ph. : Carlos Mariano Arango de Montis, Lars Skree ; M. : Niels Pagh Andersen, Janus Billeskov Jansen, Mariko Montpetit, Charlotte Munch Bengtsen, Ariadna Fatjó-Vilas Mestre ; Pr. : Signe Byrge Sørensen ; Int. : Anwar Congo (exécuteur en 1965), Herman Koto (gangster et leader paramilitaire), Syamsul Arifin (gouverneur du Sumatra du Nord), Ibrahim Sinik (éditeur de journaux), Yapto Soerjosoemarno (leader des Jeunesses Pancasila), Safit Pardede (leader paramilitaire local), Couleurs, 116 min / 159 min (Director’s cut). Rien ne résume mieux ce film, que son préambule : « En 1965, le gouvernement indonésien a été renversé par la junte militaire. Tout opposant à la dictature militaire pouvait être accusé d’être communiste : membre d’un syndicat, fermier sans terre, intellectuel, personne d’ethnie chinoise. En moins d’un an et avec le soutien de gouvernements occidentaux, plus d’un million de « communistes » furent exécutés. L’armée se servit de gangsters et d’organisations paramilitaires pour exécuter ces meurtres. Depuis, ces hommes sont au pouvoir et continuent de persécuter leurs opposants. Quand nous avons rencontré les meurtriers, ils se sont vantés de leurs actes. Pour mieux comprendre, nous leur avons proposé de recréer les scènes de ces meurtres comme ils le souhaitaient. Ce film suit ce processus et en expose les conséquences. » Peu d’œuvres sont capables de donner au public à la fois l’envie de rire et de vomir. C’est le cas de The Act of Killing. Le film suit un personnage en particulier : Anwar Congo, un gangster vieillissant, cinéphile, et qui, en 1965, tua mille personnes à lui tout seul. Embarqués dans l’antre de la folie, nous suivons les bourreaux dans leur délire : réaliser un film de fiction qui leur rendrait hommage, qui raconterait toute la vérité sur leurs exploits de jeunesse. À travers des situations rejouées ahurissantes de grotesque, sur le thème du western, du film de gangster ou de la comédie musicale, nous observons cette escouade de tueurs impénitents se faire grimer et jouer aux victimes, se pavaner en montrant leurs trophées de chasse empaillés (« c’était peut-être le dernier ! », en parlant d’un animal en voie d’extinction), se glorifier d’avoir été les auteurs
de ce génocide, boudinés dans leur robes pailletées, dégoulinants de faux sang écarlate. Méticuleusement, avec beaucoup de précision, ils expliquent leurs méthodes meurtrières, apparemment inspirées de films hollywoodiens (« C’était comme si on tuait dans l’allégresse ! »). Avec une insistance effrayante sur la signification du mot « gangster » en indonésien, issu de l’anglais « free men ». Comme le dit très justement l’un des personnages : « Ce sont les gagnants qui définissent les crimes de guerre. Moi, je suis un gagnant, je fais mes propres définitions ». N’attendez donc aucune histoire de rédemption, nulle justice ne viendra soulager la réalité de cet enfer : ni procès, ni mémoriaux, simplement des hommes qui reviennent sur leurs souvenirs avec une horrifiante banalité. Probablement l’un des films les plus bouleversants qu’il ait été donné de voir, The Act of Killing fait la lumière sur l’un des plus sombres chapitres de l’histoire de l’humanité : le génocide impuni. Disponible en DVD.O.L.
ADIEU AU LANGAGE (Fr., Suisse, 2014.) R. et Sc. : Jean-Luc Godard ; Ph. : Fabrice Aragno ; Pr. : Vincent Maraval, Alain Sarde, Brahim Chioua ; Int. : Héloïse Godet (Josette), Kamel Abdeli (Gédéon), Richard Chevallier (Marcus). Couleurs, 70 min. « Une femme mariée et un homme libre se rencontrent. Ils s’aiment, se disputent, les coups pleuvent. Un chien erre entre ville et campagne. Les saisons passent. » (Godard) Ne pas se fier au résumé ci-dessus qui ne correspond pas à la vision du film tant il est restructuré, tant les images en 3 D (pourquoi pas ? même si ça paraît inutile) explosent, tant les sons restent a-synchrones. C’est un film abscons, expérimental, auquel on ne comprend rien, mais qui peut plaire aux inconditionnels. Avec son pessimisme habituel, Godard continue de surprendre. À 84 ans, il dit adieu au langage et sans doute au cinéma. Il a reçu le Prix du Jury au Festival de Cannes en 2014. Son chien Roxy a obtenu le Prix spécial de la Palme Dog (sic).C.B.M.
ADIEU BABYLONE* (Fr., 2001.) R., Sc. et Ph. : Raphaël Frydman ; M. : Jimmy Cliff, Septeto Nacional, Saian Supa Crew, …; Pr. : François Cuel ; Int. : Isild Le Besco (Anouk), Emmanuel Faventines (Laurel), Raphaël Frydman (Tchang), Stéphane Touly (Lola), Catherine Oudin (la mère), Frédéric Epaud (le responsable de la livraison des pizzas). Couleurs, 81 min. Laurel, jeune surveillant de lycée, plaque tout sur un coup de tête et prend un aller simple pour Salvador de Bahia. Fascinée par cette échappée belle dont elle a été témoin, Anouk, lycéenne de seize ans, prend à son tour un aller simple, à destination du Mexique cette fois… De facture très inégale, ce premier long métrage hésite entre des séquences étirées et foutraques et d’autres remarquablement maîtrisées (comme la longue descente de l’escalier par Laurel vue de deux points de vue différents). En revanche, ce road movie atypique est constamment intéressant sur le plan thématique, en ce sens qu’il met le rêve de l’ailleurs et de l’inconnu comme exutoire à un présent routinier et étouffant à l’épreuve de la réalité. C’est fait avec subtilité, sans tomber dans le naturalisme sordide ni dans le feelgood mièvre. Frydman promène ainsi ses personnages (l’ingénue Isild Le Besco, le timide et émouvant Emmanuel Faventines) dans un Brésil, un Mexique et des États-Unis qui sortent des sentiers battus du tourisme de masse. Sans oublier un troisième larron qui n’est autre que… le spectateur lui-même. G.B.
ADIEU BERTHE (L’ENTERREMENT DE MÉMÉ)*** (Fr., 2012.) R. : Bruno Podalydès ; Sc. : Bruno et Denis Podalydès ; Ph. : Pierre Cottereau ; Pr. : Why Not ; Int. : Denis Podalydès (Armand Lebrecq), Valérie Lemercier (Alix), Isabelle Candelier (Hélène Lebrecq),
Bruno Podalydès (Yvon Grinda), Michel Vuillermoz (Charles RovierBoubet), Samir Guesmi (Haroun Tazziouf), Catherine Hiegel (Suzanne), Pierre Arditi (le père d’Armand), Benoit Hamon (Vincent), Emelyne Bayart (l’infirmière), Judith Magre (Mme de Tandevou), Michel Robin (Salvini), Vimala Pons (Berthe). Couleurs, 100 min. Armand, un pharmacien féru de magie, apprend la mort de sa grand-mère, quelque peu oubliée. Alors que sa femme Hélène désire organiser les obsèques, lui-même accompagné de sa maîtresse Alix, se rend dans la maison de retraite où mémé est décédée ; dans ses papiers il découvre qu’elle eut autrefois un premier et grand amour. Alors qu’il est ici question de mort, de vieillesse, de rendez-vous manqués, de lassitude conjugale, voici un film qui n’engendre pas la morosité. C’est drôle, d’une observation très fine, empli de tendresse, de délicatesse, de poésie. Servi par de merveilleux comédiens, jusque dans le moindre rôle, on rit et on s’amuse avec ce petit bijou de comédie à l’humour noir.C.B.M.
ADIEUX À LA REINE (LES)*** (Fr., 2012.) R. : Benoît Jacquot ; Sc. : Benoît Jacquot et Gilles Taurand d’après le roman de Chantal Thomas ; Ph. : Romain Winding ; Déc. Katia Wyszkop ; M. : Bruno Coulais ; Pr. : GMT, Les films du lendemain ; Int. : Léa Seydoux (Sidonie Laborde), Diane Kruger (Marie-Antoinette), Virginie Ledoyen (Gabrielle de Polignac), Xavier Beauvois (Louis XVI) Noémie Lvovsky (Mme Campan), Michel Robin (Jacob Nicolas Moreau). Couleurs, 100 min. Été 1789, Versailles. Sidonie Laborde est lectrice de Marie-Antoinette qui l’apprécie. Mais la Révolution gronde, la Bastille tombe, des pamphlets circulent contre la Reine accusée d’une liaison avec la princesse de Polignac. L’émigration commence. La Reine veut sauver Gabrielle de Polignac. Celle-ci va fuir mais dans la voiture c’est Sidonie qui prendra sa place tandis que la
princesse sera déguisée en servante. Sidonie accepte. Elle n’en tirera aucune récompense. Remarquable évocation de Versailles en juillet 1789 vu du côté du monde des servantes d’après un roman qui eut le Prix Femina. Tout sonne juste, du mépris à la peur, de l’arrogance à l’affolement d’un monde raffiné mais condamné. La montée du mouvement révolutionnaire est parfaitement rendue. Excellente interprétation essentiellement féminine.J.T.
ADMIRABLE CRICHTON (L’)** (The Admirable Crichton ; GB, 1957.) R. : Lewis Gilbert ; Sc. : Vernon Harris, d’après la pièce de sir James Matthew Barrie ; Ph. : Wilkie Cooper ; M. : Douglas Gamley ; Pr. : Ian Dalrymple ; Int. : Kenneth More (William Crichton), Diane Cilento (Eliza Tweeny), Cecil Parker (lord Henry Loam), Sally Ann Howes (lady Mary), Martita Hunt (lady Brocklehurst), Jack Watling (John Treherne), Peter Graves (lord Brocklehurst), Miles Malleson (le vicaire), Eddie Byrne (le capitaine). Couleurs, 93 min. Londres, 1905. Incarnation idéale du serviteur diligent et zélé, William Crichton est le majordome de lord Loam et de ses trois filles, Mary, Catherine et Agatha. Tout le monde s’embarque à bord du « Bluebell » pour une croisière dans les Mers du Sud, mais le navire fait naufrage et les rescapés se retrouvent sur une île déserte. Tandis que, petit à petit, s’estompent toutes les conventions sociales, Crichton, grâce à son sens de l’organisation et son esprit d’initiative, va s’affirmer comme le nouveau maître de la petite communauté et inverser la hiérarchie communément admise, pour retrouver une société harmonieuse… Après deux adaptations américaines, une muette de Cecil B. DeMille (en 1919) avec Gloria Swanson et une musicale de Norman Taurog (en 1934) avec Bing Crosby, ce sujet typiquement britannique – « Les nécessités premières de la vie suppriment les distinctions de classe entre lords et maîtres d’hôtel, ladies et femmes de chambre » – se devait d’être mis en images par un prestigieux réalisateur anglais. Servie, entre autres, par un savoureux duo d’acteurs à
l’inénarrable humour pince-sans-rire (Kenneth More et Cecil Parker), il s’agit sans doute de la meilleure des trois. Rappelons que James Barrie est l’auteur du fameux « Peter Pan ».R.L.
ADOPTE UN VEUF** (Fr., 2016.) R. : François Desagnat ; Sc. : Jérôme Corcos, Catherine Diament, François Desagnat, Richard Pezet, Romain Protat et Mathieu Madenian ; M. : Fabien Cahen ; Pr. : Antoine Pezet et Jérôme Corcos, Nac Films et Someci ; Int. : André Dussollier (Hubert Jacquin), Bérengère Krief (Manuela Baudry), Arnaud Ducret (Paul-Gérard Langlois), Julia Piaton (Marion Legloux), Nicolas Marié (Samuel Edlemann), Mathieu Madénian (Arnaud), Vincent Desagnat (Roméro), Blanche Gardin (Rose), Panayotis Pascot (Julien). Couleurs, 97 min. Veuf et déprimé, Hubert suit les conseils de sa boulangère pour trouver une aide ménagère. Mais une jeune étudiante, qui cherche à se loger dans Paris, répond à une mauvaise annonce. Malgré la méprise, elle s’installe chez lui pour quelques jours et lui suggère de prendre des colocataires pour occuper son grand appartement désespérément vide. Mais les situations les plus loufoques s’enchaînent… André Dussollier, confronté à la jeune génération des comédiens (emmenée par la pétillante Bérangère Krief et le sautillant Arnaud Ducret), trouve un rôle à sa mesure. Tour à tour bougon et grand cœur, il incarne un bourgeois gagné par les bons sentiments. Une bonne comédie, avec quelques belles répliques, ayant connu un succès mérité. D.C.
ADOPTÉS (LES)**
(Fr., 2011.) R. : Mélanie Laurent ; Sc. : Mélanie Laurent, Morgan Perez et Chris Deslandes ; Ph. : Arnaud Potier ; Pr. : Bruno Levy ; Int. : Marie Denarnaud (Marine), Denis Ménochet (Alex), Clémentine Célarié (Millie), Mélanie Laurent (Luisa), Audrey Lamy (Clémence). Couleurs, 100 min. Adoptée par Millie, quand elle avait dix ans, Marine est la sœur idéale de Lisa. Les trois femmes forment une belle famille avec le petit Léo qu’a eu Luisa. Mais Marine s’éprend d’Alex, critique gastronomique. Doit-elle se marier ? Elle tombe enceinte et voilà qu’elle est renversée dans la rue. Elle meurt, mais laisse un bébé, Émilie. Ses cendres sont dispersées dans la neige. Premier film d’une excellente actrice qui se voudrait aussi réalisatrice après avoir tourné avec les grands. Pari en partie tenu, de l’aveu de la critique. Une première partie enlevée et surprenante (trois jolies femmes sans homme) puis le ton change et la comédie amoureuse se transforme en mélodrame. On peut, au choix, être touché ou déçu par la fin. Mais les débuts sont prometteurs.J.T.
ADVENTURES OF CAPTAIN MARVEL** (Adventures of Captain Marvel ; USA, 1941.) R. : John English et William Witney ; Sc. : Ronald Davidson, Norman S. Hall, Arch B. Heath, Joseph Poland et Sol Shor ; Ph. : William Nobles ; M. : Cy Feuer ; Pr. : Republic ; Int. : Tim Tyler (captain Marvel), Frank Coghlan Jr. (Billy Batson), William Benedict (Whitey Murphy), Louise Currie (Betty Wallace), Robert Strange (John Malcolm), Harry Worth (Luther Bentley). NB, serial (12 épisodes). En pleine jungle du Siam, l’expédition de John Malcolm découvre un fabuleux appareil composé de cinq lentilles géantes qui, réunies et traversées d’un faisceau lumineux, transforment tout en or, mais engendrent aussi un rayon mortel. Les cinq scientifiques reçoivent chacun une lentille. Alors qu’ils sont revenus aux États-Unis, un mystérieux criminel, qui se fait appeler le Scorpion, leur dérobe, tour à tour, à chacun leur lentille. C’est alors que se dresse contre lui
le journaliste Billy Batson, qui a reçu d’un vieux sage la faculté, en prononçant le mot magique « Shazam », de se transformer en Captain Marvel… Par la perpétuelle invention des péripéties et l’humour constant qui les accompagne, l’un des meilleurs serials de J. English et W. Witney. Et aussi le premier super-héros de l’histoire du cinéma. Édité par Fawcett Publication et dépassant « Superman », « Captain Marvel », vendu à un million d’exemplaires mensuels, fut le super-héros le plus populaire auprès des teenagers des années quarante. Redécouvert grâce à la vidéo.R.L.
ADVENTURES OF SMILIN’ JACK** (USA, 1942.) R. : Ray Taylor et Lewis Collins ; Sc. : Morgan B. Cox, d’après la bande dessinée de Zack Mosley ; Ph. : William Sickner ; M. : Milton Rosen ; Pr. : Ford Beebe pour Universal ; Int. : Tom Brown (« Smilin » Jack Martin), Rose Hobart (Fräulein Von Teufel), Edgar Barrier (Tommy Thompson), Majorie Lord (Janet Thompson), Keye Luke (capitaine Wing), Sidney Toler (général Kai Ling), Philip Ahn (Wu Tan), Turhan Bey (Kageyama). NB, serial (13 épisodes). Dans les mois qui précèdent l’entrée en guerre des États-Unis, la province chinoise de Mandon est le théâtre d’une lutte acharnée entre les Chinois aidés par leurs alliés américains et les agents de l’Axe, Japonais et Allemands, conduits par Kageyama, chef de la société secrète du Black Samourai, et la redoutable fräulein Von Teufel qui se cache sous l’identité de Trudy Miller, une insoupçonnable journaliste et correspondante de guerre. Adapté d’une bande dessinée très populaire aux États-Unis à l’époque et consacrée aux exploits d’un as de l’aviation, un serial qui sort des sentiers battus et qui s’adresse à un public plus adulte que celui auquel il est communément destiné. Exposition des enjeux stratégiques et propagande sont introduites sous une forme attractive qui rend le film souvent passionnant. En outre, les cliffhangers sont, pour la plupart, d’une grande originalité, et le déroulement de l’action d’une étonnante acuité en ce qui concerne les événements politiques :
tourné au printemps 1942, il dénonce dans sa continuité l’attaque japonaise contre Pearl Harbour sans déclaration de guerre. Il bénéficie même de stock shots empruntés à Correspondant 17 (1940) d’Alfred Hitchcock à la fin du chapitre six. Mais l’un de ses atouts majeurs est sa prestigieuse distribution avec, entre autres, Sidney Toler (le meilleur Charlie Chan après Warner Oland) en général chinois, Rose Hobart, grande actrice de théâtre en « evil woman », l’Autrichien Turhan Bey, habitué des rôles exotiques, en chef des agents nippons, Edgar Barrier, membre du Mercury Theatre d’Orson Welles, en fidèle compagnon du héros, ainsi que Keye Luke (le fils Numéro Un de Charlie Chan) et Philip Ahn, les inévitables Chinois d’Hollywood de la grande époque. Redécouvert grâce à la vidéo.R.L.
AFERIM !*** (Aferim ; Roum., 2015) R. : Radu Jude ; Sc. : Radu Jude, Florin Lazarescu ; Ph. : Marius Panduru ; M. : Anton Pann et Trei Parale ; Pr. : Ada Solomon et Ioana Draghici ; Int. : Teodor Corban (Costandin), Mihai Comanoiu (Ionita), Toma Cuzin (Carfin), Alexandru Dabija (le boyard). Scope, NB, 108 min. 1835, en Valachie. Costandin, un brigadier, et son fils un peu nigaud sont à la poursuite d’un esclave tzigane, Carfin, qui a séduit la femme de son maître, le boyard lordache. Ours d’argent à la Berlinade 2015, dans un somptueux noir et blanc, sur un écran large, avec de magnifiques paysages, c’est une sorte de « western » à l’européenne. Le monologue très présent du policier, ses aphorismes et ses sentences sont souvent très drôles, même si le film glace le sang : condition subie par les tziganes (ici nommés « corbeaux » ou « vermines ») qui renvoie aux roms d’aujourd’hui, racisme ordinaire, xénophobie bien pensante (la diatribe du pape) et surtout scène finale d’une rare violence. Une splendeur.C.B.M.
AFFAIRE DU COLLIER (L’)** (The Affair of the Necklace ; USA, 2001.) R. : Charles Shyer ; Sc. : John Sweet ; Ph. : Ashley Rowe ; M. : David Newman ; Pr. : Andrew A. Kosove, Broderick Johnson, Redmond Morris ; Int. : Hilary Swank (Jeanne de La Motte-Valois), Jonathan Pryce (Cardinal Louis de Rohan), Simon Baker (Rétaux de Vilette), Adrien Brody (Nicolas de La Motte), Brian Cox (De Breteuil), Joely Richardson (Marie-Antoinette), Christopher Walken (Cagliostro), Paul Brooke (Bohmer), Simon Shackleton (Louis XVI). Couleurs, 113 min. Mariée à un aristocrate débauché, Nicolas de La Motte, Jeanne de Valois n’a qu’une idée en tête, venger la mort de son père, dépossédé de ses biens et assassiné jadis sur ordre du Roi pour ses propos séditieux. En 1786, elle devient la maîtresse du chevalier Rétaux de Vilette qui l’introduit à la cour de Versailles, et lui suggère de se faire un allié du cardinal Louis de Rohan, Grand Aumônier de France en disgrâce auprès de la reine et qui voudrait reconquérir son estime. Bénéficiant de l’aide involontaire de Cagliostro, Grand Maître de la société secrète des Illuminati, et avec la complicité de son mari Nicolas, Jeanne organise une rencontre secrète entre le cardinal et une petite actrice qui ressemble à la reine, la nuit, dans les jardins de Versailles. Puis, elle propose à Rohan, convaincu que la reine est amoureuse de lui, de servir d’intermédiaire pour l’achat par la souveraine d’une superbe parure de diamants de 2 800 carats fabriquée par messieurs Bohmer et Bassenge, joailliers à Paris. Rohan accepte d’acheter le collier, qui devra être payé en espèces le jour de l’Assomption. Dès lors, en revendant les pierres une à une, Jeanne récupère le domaine de ses ancêtres, tandis que Rétaux et Nicolas vivent sur un grand train. Une fois le terme échu, Bohmer se rend chez la reine à Versailles pour demander le paiement du collier, provoquant le scandale et l’arrestation de Jeanne et du cardinal. Rohan sera acquitté par le Parlement mais banni du Royaume, tandis que Jeanne sera marquée au fer rouge du « V » de « Voleuse ». La dernière en date des adaptations relatant la fameuse affaire du collier de la reine qui, nous assure-t-on, accéléra la chute de la Monarchie et valut, ni plus
ni moins, à Marie-Antoinette de finir sur l’échafaud comme le montre la dernière scène… Doté d’un casting « haut de gamme » et de somptueux décors et costumes, le film est agréable à voir, mais, comme tous ses prédécesseurs, malmène sacrément l’Histoire pour des raisons de conventions dramatiques. Dans le personnage effacé de Rétaux de Vilette, on peut voir dans l’un de ses premiers rôles de cinéma Simon Baker (né en 1969 en Tasmanie), devenu mondialement célèbre comme tête d’affiche de la très populaire série télévisée The Mentalist (2008-2015). Film inédit en salles en France, diffusé à la télévision et disponible en vidéo.R.L.
AFFAIRE GARDEN (L’)* (The Garden Murder Case ; USA, 1936.) R. : Edwin L. Marin ; Sc. : Bertram Millhauser, d’après le roman de S. S. Van Dine (« La Mort au jardin ») ; Ph. : Charles Clark ; M. : William Axt ; Pr. : Lucien Hubbard et Ned Marin / Metro-Goldwyn-Mayer ; Int. : Edmund Lowe (Philo Vance), Virgina Bruce (Zalia Graem), Benita Hume (Gladys Beeton), Douglas Walton (Floyd Gordon), Nat Pendleton (sergent Heath), Gene Lockhart (Edgar Lowe Hammle), H. B. Warner (major Fenwicke-Ralston). NB, 61 min. Philo Vance enquête sur une curieuse série d’apparents suicides : un jockey qui tombe de cheval et se casse le cou au cours d’une course d’obstacles, un riche homme d’affaires qui se tire une balle dans la tête dans son bureau fermé et une femme qui se jette délibérément de l’impériale d’un autobus en marche… Les grands romans policiers de l’âge d’or n’ont que très rarement donné naissance à des films pouvant soutenir la comparaison avec leurs origines littéraires. Ainsi en est-il encore de celui-ci, adapté d’un auteur considéré comme l’un des plus intellectuels et des plus prétentieux du genre, dont la résolution mise en image n’emporte que difficilement l’adhésion. Film redécouvert grâce à la vidéo. Dans les premières années du parlant, le hautain et arrogant Philo Vance fut incarné, entre autres, une fois par Basil Rathbone – The Bishop Murder Case
(1930) –, quatre fois par William Powell – The Canary Murder Case (1929), L’Affaire Greene (1929), The Benson Murder Case (1930) et Meurtre au chenil (1933) –, deux fois par Warren William – The Dragon Murder Case (1934), The Gracie Allen Murder Case (1940) – une fois par Paul Lukas – The Casino Murder Case (1935) – et une fois par James Stephenson – Calling Philo Vance (1940). Edmund Lowe fut sans doute le moins convaincant des six. R.L.
AFFAIRE SK1(L’)** (Fr., 2013.) R. : Frédéric Tellier ; Sc. : Frédéric Tellier et David Oelhoffen ; Ph. : Mathias Boucard ; M. : Christophe La Pinta et Frédéric Tellier ; Pr. : Julien Leclercq ; Int. : Raphaël Personnaz (Magne), Adama Niane (Guy Georges), Nathalie Baye (Maître Pons), Michel Vuillermoz (Carbonnel), Olivier Gourmet (Bougon), Christa Théret (Elisabeth), Marianne Denicourt (le chef de la crim). Couleurs, 120 min. Paris, 1991. Franck Magne, dit Charlie, intégre la Brigade criminelle du 36 quai des orfèvres. On lui confie une enquête non résolue sur le meurtre d’une jeune femme violée, torturée et étranglée. L’enquête piétine jusqu’à ce que d’autres meurtres semblables mettent Charlie sur la piste du criminel. SK I pour Serial Killer no I, alias « le tueur de l’Est parisien » qui défraya la chronique judiciaire. Le film commence en 2001, lors de l’ouverture du procès, des flash-back reconstituant l’affaire : difficultés de l’enquête (souvent freinée par la bureaucratie), acharnement quasi obsessionnel du jeune inspecteur (excellent Raphaël Personnaz), personnalité complexe du criminel. C’est tendu, passionné et passionnant.C.B.M.
AFFICHE (L’)*
(Fr., 1924.) R. : Jean Epstein ; Sc. : Marie Epstein ; Ph. : Maurice Defassiaux ; Déc. : Boris Bilinsky, Lazare Meerson ; Pr. : Films Albatros ; Int. : Nathalie Lissenko (Marie, l’ouvrière), Génica Missirio (Richard), Camille Bardou (le père de Richard). N.B., muet, 96 min. Une jeune ouvrière est séduite lors d’un bal par Richard, le riche héritier d’une compagnie d’assurance. Il l’abandonne. Une enfant naît. Pour subvenir à leurs besoins, sa mère vend son portrait à un consortium de publicité. L’enfant meurt. Les affiches sont collées sur les murs de la ville. Hanté par ces images, la mère les déchire. Elle est emprisonnée. Un film récemment redécouvert. Un scénario mélodramatique qui ne convenait guère à Jean Epstein, de l’aveu même de sa sœur, la scénariste. Cependant, outre les décors monumentaux de style Art Déco qui écrasent les personnages, on peut retenir quelques beaux moments de pur cinéma, comme le bal populaire ou la scène de la Bourse. À signaler que le scénario fut inspiré par le célèbre Bébé Cadum. Film restauré.C.B.M.
AFFRANCHI (L’)** (Nel gorgo del peccato ; Ital., 1954.) R. : Vittorio Cottafavi ; Sc. : Oreste Biancoli, Giuseppe Mangione ; Ph. : Augusto Tiezzi ; M. : Marcello Abbado ; Pr. : Alberto Gilacone ; Int. : Fausto Tozzi (Alberto Valli), Elisa Cegani (Margherita Valli), Franco Fabrizi (Filippo), Gido Martufi (Gino Valli), Giulio Cali (le propriétaire de la station-service), Carlo Mariotti (le commissaire). NB, 84 min. Margherita Valli, veuve, vit modestement avec son fils cadet Gino en travaillant à domicile pour des maisons de mode. Le fils aîné, Alberto, parti dix ans plus tôt et n’ayant pas donné signe de vie depuis, réapparaît à l’improviste… La trame est celle de ces nombreux mélos italiens pseudo-édifiants des années 1950 où, dans un style chromo, cohabitaient pécheresses et séducteurs, crucifix et cornettes. Tout y est : une mère courageuse et vertueuse, un fils aîné qui a mal tourné mais qui revient repentant, son frère cadet infirme, une fille
facile assoiffée de luxe, un vilain coco jaloux et maître-chanteur. À partir d’une telle galerie, tout effort pour tirer ne serait-ce qu’un film regardable semble vain. Ce serait mal connaître Cottafavi, éminent maître es transcendance des sousgenres, qui se joue des conventions du genre pour faire des pantins attendus des êtres en trois dimensions. Margherita, Alberto, Gino et Germaine nous touchent par leur authenticité et par leur évolution psychologique alors qu’ils ne devraient aujourd’hui susciter que dédain et ricanements.G.B.
AFTER EARTH (After Earth ; USA, 2013.) R. : M. Night Shyamalan ; Sc. : Gary Whitta et M. Night Shyamalan ; Ph. : Peter Suschitzky ; Eff. sp. : John et Tommy Frazier ; Eff. vis. : Jonathan Rothbart ; M. : James Newton Howard ; Pr. : Columbia Pictures ; Int. : Jaden Smith (Kita Raige), Will Smith (Cypher Raige), Sophie Okonedo (Faia Raige). Couleurs, 100 min. À bord de son vaisseau, Cypher Raige, qu’accompagne son fils Kita, est percuté par des astéroïdes et contraint de se poser sur la terre devenue inhabitable. Cypher blessé, Kita doit aller chercher le signal de détresse tombé à 100 km de là. Il affronte des singes, un oiseau géant, des fauves… Il réussit à faire partir la balise. Beau sujet mais traité de façon peu crédible.J.T.
ÂGE DE GLACE (L’) : LA DÉRIVE DES CONTINENTS* (Ice Age 4 : Continental Drift ; USA, 2012.) R. : Steve Martino et Michael Thurmeier ; ; Sc. : Michael Berg et Jason Fuchs ; Ph. : Renato Falcao ; M. : John Powell ; Pr. : Blue Sky Studios et 20th Century Fox ; Int. : avec les voix de Ray Romano/Gérard Lanvin (Manny), John Leguizamo/Elie Semoun (Sid), Denis Leary/Vincent Cassel (Diego). Couleurs, 94 min.
Nouvelles aventures pour Sid, Manny et Diego, mammouths préhistoriques aux prises avec leurs ennuis familiaux et qui se retrouvent à la dérive sur un iceberg. On retrouve également Scrat et son gland et une grand-mère insupportable sans oublier de gentils petits rongeurs. Superbe animation. J.T.
ÂGE DE GLACE (L’) : LES LOIS DE L’UNIVERS* (Ice Age ; Collusion Course ; USA, 2016.) R. : Michael Thurmeier ; Sc. : Michael Wilson, Michael Berg et Yori Brenner ; Ph. : Renato Falcao ; M. : John Debney ; Pr. : Blue Sky Studios et 20th Century Fox Animation ; Int. : avec les voix de Ray Romano/Gérard Lanvin (Manny), John Leguizamo/Elie Semoun (Sid), Denis Leary/Vincent Cassel (Diego), Chris Wedge (Scrat), Jennifer Lopez/Laura Blanc (Kira). Couleurs, 94 min. Sid, Manny et Diego doivent sauver le monde de la chute d’une gigantesque météorite. Ils y parviendront en provoquant l’éruption d’un volcan qui détourne la course de la météorite. Cinquième épisode de la saga des mammifères préhistoriques Sid, Diego et Manny. L’effet d’usure se fait sentir.J.T.
ÂGE DE RAISON (L’) (Fr., 2010.) R. et Sc. : Yann Samuell ; Ph. : Antoine Roch ; M. : Cyrille Aufort ; Pr. : Nord-Ouest Films ; Int. : Sophie Marceau (Margaret), Marton Csokas (Malcom), Michel Duchaussoy (Mérignac), Jonathan Zaccaï (Philibert). Couleurs, 97 min.
Margaret a 40 ans et se trouve à la tête de nombreuses affaires, lorsqu’un notaire lui apporte un paquet contenant des lettres qu’elle a écrites à 7 ans pour s’assurer qu’elle aura respecté ses promesses d’enfant. C’est l’occasion de revenir sur son passé et de bâtir un autre avenir. L’idée est originale mais peu cinématographique sans recours au flash-back. Certes il y a Sophie Marceau dans tout l’éclat de sa beauté, mais une fin très morale et l’absence de cynisme font de cette comédie de mœurs une comédie à l’eau de rose.J.T.
AGENCE (L’)* (The Adjustment Bureau ; USA, 2011.) R. : George Nolfi ; Sc. : George Nolfi d’après Rajustement de Philip K. Dick ; Ph. : John Toll ; Eff. vis. : Mark Russell ; M. : Thomas Newman ; Pr. : Gambit Pictures ; Int. : Matt Damon (David Norris), Emily Blunt (Elise Sellas), Anthony Mackie (Harry Mitchell), John Slattery (Richardson), Terence Stamp (Thompson). Couleurs, 107 min. David Norris, jeune candidat au fauteuil de sénateur de New York battu, victime de photos compromettantes, sait-il qu’il est surveillé par l’Agence ? Celle-ci est chargée de surveiller l’application du Plan mis en place par le Patron. Il aime Elise mais cet amour n’est pas prévu dans le Plan. Finalement le Patron se laissera convaincre. L’amour a été plus fort que le déterminisme. Un film de science-fiction froid et terne malgré l’affrontement Matt DamonTerence Stamp et la caution de Philip K. Dick.J.T.
AGENCE TOUS RISQUES (L’) (The A-Team ; USA, 2010.) R. : Joe Carnahan ; Sc. : Joe Carnahan, Brian Bloom et Skip Woods ; Ph. : Mauro Fiore ; M. : Alan Silvestri ; Pr. : Stephen J. Cannell, 20th Century Fox ; Int. : Liam Neeson (colonel Smith),
Bradley Cooper (Templeton Peck), Sharito Copley (Murdock), Quinton Jackson (Baaracuda), Patrick Wilson (Mr Lynch). Couleurs, 114 min. Un commando emmené par le colonel Smith est chargé de récupérer en Irak des plaques d’impression de dollars volées par Saddam Hussein. La mission tourne mal, les plaques disparaissent et ils sont accusés de les avoir volées. Emprisonnés, ils s’évadent et retrouvent le vrai voleur. Mais ils demeurent suspects puisqu’ils se sont évadés ! Le film « macho » par excellence : des « gros bras » bourrus et sympathiques, des bagarres et des fusillades. La recette semble bien fonctionner puisque le public suit.J.T.
AGENT SECRET X-9* (Secret Agent X-9 ; USA, 1945.) R. : Ray Taylor et Lewis D. Collins ; Sc. : Joseph O’Donnell, Harold C. Wire et Patricia Harper, d’après la bande dessinée d’Alex Raymond et Dashiell Hammett ; Ph. : Maury Gertsman et Ernest Miller ; M. : William Lava, Milton Rosen, Hans J. Salter, Paul Sawtell, Frank Skinner ; Pr. : Universal ; Int. : Lloyd Bridges (Agent secret X-9), Keye Luke (Ah Fong), Jan Wiley (Lynn Moore), Victoria Horne (Nabura), Samuel S. Hinds (Solo), Cy Kendall (Lucky Kamber), Jack Overman (Marker), George Lynn (Bach), Clarence Young (Takahari), Benson Fong (docteur Hakahima), Arno Frey (capitaine Grut), Ferdinand Munier (papa Pierre Dupray), Ann Codee (maman Dupray). NB, 13 épisodes de 20 min. Au cœur du Pacifique, sur l’île de Shadow Island qui tente de conserver son indépendance, trois agents secrets – un Américain, un Chinois et une Australienne – luttent pour empêcher les Japonais et les Nazis de s’emparer de la formule secrète permettant de fabriquer de l’essence synthétique. L’une des innombrables adaptations en serials de bandes dessinées célèbres. « Adaptation » qui consistait uniquement à utiliser le titre et à payer les droits y afférents. La BD d’Alex Raymond avait déjà été transposée une première fois en
1937 dans un serial dirigé par Ford Beebe et Cliff Smith. Par bonheur, cette version est la meilleure des deux. Le style Universal fait bonne figure face à celui de la Republic imposé par John English et William Witney. Le scénario semble un peu plus adulte que de coutume, peut-être parce qu’il s’inscrit dans la vague des films de propagande de la Seconde Guerre mondiale. Les Japonais y sont toujours aussi fourbes, les Chinois aussi complaisants et les Américains aussi courageux. Inédit en salles en France et disponible en DVD.R.L.
AGENTS TRÈS SPÉCIAUX : CODE U.N.C.L.E.* (The Man from U.N.C.L.E. ; USA, 2015.) R. : Guy Ritchie ; Sc. : Guy Ritchie et Lionel Wigram d’après la série télévisée ; Ph. : John Mathieson ; Eff. sp. : Dominic Taohy ; M. : Daniel Pemberton ; Pr. : Davis Entertainment et Warner Bros ; Int. : Henry Cavill (Napoléon Solo), Armie Hammer (Illya Kuryakin), Alicia Vikander (Gaby Teller), Hugh Grant (Alexander Waverly), Elisabeth Debicki (Victoria Vinciguerra), Jared Harris (Sander). Couleurs, 116 min. À Berlin-Est, en 1963, Napoléon Solo réussit à exfiltrer Gaby Teller, fille d’un scientifique nazi Udo Teller, en dépit des efforts d’Illya Kuryakin, qui agit pour le KGB. Mais il apprend que l’oncle de Gaby, travaille pour des nazis sur un projet de bombe atomique. Cette fois Napoléon Solo et sa vieille ennemie Illya Kuryakin doivent collaborer… Résurrection de la série télévisée dont le héros Napoléon Solo était interprété par Robert Vaughn. Délaissant Sherlock Holmes, Guy Ritchie en reprend les thèmes, l’humour et le rythme. Moriarty fait place aux méchants nazis dans une reconstitution des années 60 assez soignée. Si l’on oublie l’original, on suivra avec plaisir le déroulement de ce classique film d’espionnage. Pour les nostalgiques Henry Cavill ne fait pas oublier en Napoléon Solo Robert Vaughn.J.T.
AIGLE DE LA NEUVIÈME LÉGION (L’)* (The Eagle ; USA, 2010.) R. : Kevin MacDonald ; Sc. : Jeremy Brock d’après le roman de Rosemary Sutcliff ; Ph. : Anthony Dod Mantle ; M. : Atli Orvarson ; Déc. : Michael Carlin ; Pr. : Focus Features, Film 4 ; Int. : Channing Tatum (Marcus Aquila), Jamie Bell (Esca), Donald Sutherland (Aquila), Mark Strong (Guern). Couleurs, 111 min. Soucieux de restaurer l’honneur familial, Marcus Aquila prend le commandement d’une légion en Grande-Bretagne, Hadrien étant empereur. Son père, à la tête de la IXème légion a disparu vingt ans plus tôt avec son aigle d’or. Aidé de son esclave Esca, Marcus s’enfonce dans le Nord du pays, après avoir franchi le mur d’Hadrien. Ils reprennent l’aigle aux guerriers Seal. L’honneur de la famille est sauf. Rigoureux sur le plan historique et servi par de splendides images des Highlands, ce film est supérieur aux peplums ordinaires. Kevin MacDonald est en effet l’auteur du Dernier roi d’Écosse et de Jeux de pouvoir et insiste sur certains thèmes comme le rapport maître-esclave (Marcus-Esca) et l’originalité de la civilisation celte par rapport à l’impérialisme romain.J. T.
AIGLE NOIR (L’)* (The Eagle ; USA, 1924.) R. : Clarence Brown ; Sc. : Hans Kräly, d’après le roman d’Alexandre Pouchkine (« Dubrosvky », 1841) ; Ph. : George Barnes et Devereaux Jennings ; Dir. Art. : William Cameron Menzies ; Pr. : John W. Considine Jr. et Joseph M. Schenck pour Unites Artists ; Int. : Rudolph Valentino (Vladimir Dubrovsky), Vilma Bánky (Mascha Troekouroff), Louise Dresser (la tsarine Catherine II), Albert Conti (Kuschka), James Marcus (Kyrilla Troekouroff), Michael Pleschkoff (général Kuschka), Spottiswoode Aitken (le père de Dubrovsky). NB, 7 bobines (environ 71 min.).
En Russie, sous le règne de Catherine II, Vladimir Dubrovsky, lieutenant de la Garde Impériale, prend la tête d’un groupe de rebelles et, sous le nom d’Aigle Noir, défend les paysans contre les exactions des nobles avant de tomber amoureux de la fille de l’assassin de son père. L’un des films les plus célèbres de Rudolph Valentino. Intéressant, à son corps défendant, pour bon nombre de curiosités et d’anachronismes. Alors que l’histoire se passe sous le règne de la Grande Catherine qui mourut en 1796, les costumes dessinés par Adrian appartiennent à la mode du XIXe siècle, et Dubrovsky allume une bougie avec une allumette dont l’invention ne date que de… 1826. L’un des moments les plus spectaculaires du film est un long travelling arrière sur une immense table recouverte de victuailles. On aperçoit en maître de poste Mack Swain qui sera le partenaire de Charles Chaplin dans La Ruée vers l’or (1925), et la légende veut que l’un des cosaques ait été interprété par un certain… Gary Cooper. Le couple vedette sera à nouveau réuni au générique du Fils du Cheik (1926) de George Fitzmaurice, le dernier film de Rudolph Valentino. Disponible en DVD. R.L.
AIMER, BOIRE ET CHANTER** (Fr., 2014.) R. : Alain Resnais ; Sc. : Laurent Herbiet, Alain Resnais d’après Alan Ayckbourn ; Dialogues : Jean-Marie Besset ; Ph. : Dominique Bouilleret ; M. : Mark Snow ; Pr. : Jean-Louis Livi ; Int. : Sabine Azéma (Kathryn), Hippolyte Girardot (Colin), Sandrine Kiberlain (Monica), André Dussollier (Siméon), Catherine Sihol (Tamara), Michel Vuillermoz (Jack). Couleurs, 108 min. Dans le Yorkshire une troupe de théâtre amateur répète une pièce. En font partie le couple Colin-Kathryn, Tamara, épouse de Jack, un affairiste volage, et George Riley, un grand séducteur. Colin, son médecin, sait que ce dernier,
atteint d’un cancer, mourra dans quelques mois. Monica, l’ex-femme de George, vit maintenant avec Siméon, un agriculteur. Ces trois femmes l’ont aimé… Le titre français (célèbre valse de Johann Strauss fils) renvoie au personnage de George, omniprésent et pourtant absent à l’écran. C’est du théâtre filmé – et même du théâtre de boulevard – avec ses dialogues brillants, ses acteurs qui jouent (et surjouent) frontalement, et surtout ses décors – de Jacques Saulnier – de toiles peintes. Resnais s’en empare avec originalité, s’en amuse et nous amuse, nous surprenant encore à 90 ans. De sorte que ce film où plane l’ombre de la mort (elle apparaît à la fin) est une œuvre joyeuse et jubilatoire. Avec ce dernier film, Resnais quitte la scène avec brio.C.B.M.
AINSI VA LA VIE (And So It Goes ; USA, 2014.) R. : Bob Reiner ; Sc. : Mark Andrus ; Ph. : Reed Morano ; M. : Marc Shaiman ; Pr. : Castle Rock Entertainment, Envision, Foresight Unlimited et Knightsbridge Entertainment ; Int. : Michael Douglas (Oren Little), Diane Keaton (Leah), Sterling Jerins (Sarah). Couleurs, 97 min. Vieil agent immobilier, Oren Little se voit confier par son fils qui doit aller pour plusieurs mois en prison, sa fille Sarah qu’il a eue d’une femme dont il ne se souvient plus. Dérangé dans ses habitudes de veuf, Little va appeler au secours sa voisine sexagénaire Leah. Comédie à l’eau de rose servie par deux vieux « cabots » qui n’en font pas trop.J.T.
AJAMI*** (Ajami ; Israël, All., GB, 2009.) R. : Scandar Copti, Yaron Shani ; Sc. : Scabdar Copti, Yaron Shani ; Ph. : Boaz Yehonatan Yaacov ; M. : Rabiah Buchari. Pr. : Moshe Danon, Tanassis Karathanos, Tania Kleinhendler ;
Int. : Shahir Kabaha (Omar), Ibrahim Frege (Malek), Eran Naïm (Dando Ben David), Fouad Abash (Nasri), Nisrine Rihan (Ilham). Couleurs, 120 min. Trois destins croisés au cœur d’Ajami, quartier de Jaffa où cohabitent Juifs, Musulmans et Chrétiens, et où le chaos s’installe. Omar, Arabe israélien, et sa famille y sont en danger depuis que leur oncle a tiré sur un membre d’une autre famille… Malek, jeune réfugié palestinien, doit y travailler illégalement pour financer l’opération que doit subir sa mère… Quant à Dando, policier juif, son unique désir est de venger la mort de son frère… Pour les réalisateurs-scénaristes Copti et Shani, Israël (et en particulier le quartier multiconfessionnel d’Ajami à Jaffa) est un territoire qui suscite la tragédie. Pour ses trois protagonistes, Omar, Malek et Dando, la tension est permanente car la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres. Et qu’ils soient arabe israélien, clandestin palestinien ou flic israélien n’y change rien : la violence et l’iniquité règnent en maîtres et le malheur s’ensuit inéluctablement. La vision est noire et le film interpelle. Côté cinéma pur, louons les deux auteurs pour leurs qualités d’écriture et de construction du récit (complexe mais accessible), leur talent de directeurs d’acteurs (tous amateurs) et leur aptitude à créer une atmosphère. Sombre mais beau, Ajami n’est pas recommandé par le Ministère du Tourisme Israélien.G.B.
ALABAMA MONROE* (The Broken Circle Breakdown ; Belg., Pays-Bas, 2012.) R. : Felix Van Groeningen ; Sc. : Felix Van Groeningen, Carl Joos, d’après la pièce de Johan Heldenbergh et Mieke Dobbels ; Ph. : Ruben Impens ; M. : Bjorn Eriksson ; Pr. : Dirk Impens ; Int. : Veerle Baetens (Elise Vandevelde/Alabama), Johan Heldenbergh (Didier Bontinck/Monroe), Nell
Cattrysse (Maybelle), Geert Van Rampelberg (William), Nils De Caster (Jock). Couleurs, 111 min. Joueur de banjo dans un orchestre de bluegrass, Didier s’éprend follement d’Elise, une jeune femme qui tient une boutique de tatouage. Elise lui rend son amour passionné et de leurs ardents ébats naît la petite Maybelle. Malheureusement le cancer la frappe et, pour ne rien arranger, ce malheur provoque la mésentente et la désunion du couple. Le réalisateur flamand Van Groeningen a du talent : c’est un grand directeur d’acteurs (le couple vedette est sensationnel) ; sa caméra reste au plus proche des personnages ; son montage est brillant. Mais il charge tellement la barque de son mélo qu’à un moment il prend l’eau. On n’en peut plus des ces personnages et de leurs engueulades, de leur hystérie permanente, de leur volonté jamais démentie de faire mal et de se faire mal. De très beaux moments de musique country viennent épisodiquement mettre un peu de baume mais trop c’est trop.G.B.
ALBERT À L’OUEST (A Million Ways to Die in the West ; USA, 2014.) R. et Sc. : Seth MacFarlane ; Ph. : Michael Barrett ; M. : Joel McNeely ; Pr. : Universal Pictures ; Int. : Seth MacFarlane (Albert), Charlize Theron (Anna), Amanda Seyfried (Louise), Liam Neeson (Clinch). Couleurs, 117 min. Albert, doux éleveur de moutons, s’accommode mal des mœurs de l’Arizona de 1880. Son amie Louise l’abandonne. Il sympathise avec Anna, qui est en réalité l’épouse du redoutable bandit Clinch. Albert échappe à un duel au pistolet mais doit affronter Clinch devenu jaloux… Le thème du bon jeune homme égaré dans le rude monde du Far West a déjà largement été traité. Rien de nouveau ici. Mais de magnifiques paysages et des scènes scatologiques (la diarrhée qui saisit un gunfighter trouillard).J.T.
ALCESTE À BICYCLETTE***
(Fr., 2013.) R. : Philippe Le Guay ; Sc. : Philippe Le Guay d’après une idée de Fabrice Luchini ; Ph. : Jean-Claude Larrieu ; M. : Jorge Arriagada ; Chanson : « À bicyclette » de Francis Lai ; Pr. : Anne-Dominique Toussaint ; Int. : Fabrice Luchini (Serge Tanneur), Lambert Wilson (Gauthier Valence), Maya Sansa (Francesca), Camille Japy (Christine), Ged Marlon (l’agent immobilier), Stéphane Wojtowicz (le chauffeur de taxi), Annie Mercier (Tamara, l’agent artistique). Couleurs, 105 min. Lassé par le métier de comédien de théâtre qu’il exècre à cause d’un climat de trahison et d’individualisme, Serge Tanneur a quitté les planches et s’est retiré sur l’île de Ré. Son ami Gauthier Valence, acteur de série à grand succès populaire, le retrouve pour lui proposer le rôle de Philinte dans Le Misanthrope. Serge veut celui d’Alceste qu’il gagne à pile ou face mais reste réticent. Survient une belle Italienne qui complique le projet de Valence. Célimène ? Philippe Le Guay avait déjà séduit dans sa belle comédie, Les femmes du sixième étage. Dans ce film il réussit à combiner cinéma et théâtre avec beaucoup d’humanité et d’émotion, servi par deux prodigieux acteurs Luchini et Wilson qui se livrent, et souvent en vélo, à un fascinant duel.C.V.
ALEX CROSS* (Alex Cross ; USA, 2012.) R. : Rob Cohen ; Sc. : Marc Moss et Kerry Williamson d’après James Patterson ; Ph. : Ricardo Della Rosa ; M. : John Debney ; Pr. : Emmet Furia, QED International, James Patterson ; Int. : Tyler Perry (Docteur Alex Cross), Matthew Fox (Picasso), Edward Burns (Thomas Kane), Jean Reno (Gilles Mercier), Rachel Nichols (Monica Ashe), Giancarlo Esposito (Daramus Holiday). Couleurs, 101 min. À Detroit l’inspecteur Alex Cross, qui est aussi psychologue, doit affronter un redoutable tueur qui se fait appeler Picasso. Celui-ci a tué une femme d’affaires puis menace son adjoint et enfin Gilles Mercier, un important magnat. Il tue Maria, l’épouse de Cross. Au cours d’un combat avec Cross, il tombe dans le vide. Cross va découvrir qui était derrière le tueur.
Revoici Alex Cross, l’enquêteur de James Patterson (Le collectionneur, Le masque de l’araignée). Après Morgan Freeman, c’est Tyler Perry qui reprend le rôle. Acteur comique, il est peu à l’aise dans la peau du personnage. Matthew Fox, en tueur psychopathe, l’éclipse facilement. Rob Cohen ne retrouve pas le punch de ses précédents films (Fast and Furious, Daylight…)J.T.
ALICE AU PAYS DES MERVEILLES** (Alice in Wonderland ; USA, 2010.) R. : Tim Burton ; Sc. : Linda Woolverton d’après Lewis Carroll ; Ph. : Dariusz Wolski, Animation : David Schaub ; M. : Danny Elfman ; Pr. : Roth Films, Team Todd et Zanuck Company ; Int. : Mia Waskowska (Alice), Johnny Depp (le chapelier fou), Helena Bonham Carter (la Reine rouge), Anne Hathaway (la Reine blanche), Stephen Fry (Chess le chat), Crispin Glover (le valet de cœur) Matt Lucas (Tweedledee/Tweedledum). Couleurs, 109 min. Alice, 19 ans, se rend à une fête où Hamish, un noble hideux veut l’épouser. Suivant un lapin, elle tombe dans le pays des Merveilles. Elle participe à la lutte entre la méchante Reine rouge et la gentille Reine blanche et entend délivrer son ami le chapelier fou avec l’aide du chat Chess. L’ordre rétabli, Alice revient chez elle et répond par la négative à la demande d’Hamish. En 3 D, son dolby, le film fait impression, servi par les décors de Robert Stromberg et les costumes de Colleen Atwood : comment le délirant Tim Burton ne serait-il pas à l’aise dans l’univers de Lewis Caroll. Une atmosphère inquiétante, des personnages bizarres, un vent de folie. Cette version est supérieure à celle de McLeod en 1933 ou de Sterling en 1972 par son côté onirique à la fois fidèle et infidèle à l’œuvre, Burton ne cessant d’inventer images et situations sans jamais trahir Caroll.J.T.
ALICE DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR* (Alice Through the Looking Glace ; USA, 2016.) R. : James Bobin ; Sc. : Linda Woolverton, d’après Lewis Carroll ; Ph. : Stuart Dryburgh ; Eff. sp. : Neil Corbould ; Eff. vis. : Jay Redd ; M. : Danny Elfman ; Pr. : Walt Disney Pictures ; Int. : Mia Wasikowska (Alice), Johnny Depp (le chapelier fou), Helena Bonham Carter (la Reine rouge), Anne Hathaway (la Reine blanche), Sacha Baron Cohen (Temps), Andrew Scott (Bennett). Couleurs, 108 min. De retour d’un voyage sur toutes les mers du monde, Alice découvre l’accès au Pays des Merveilles par un miroir de sa maison. Elle retrouve ses amis, sauve la famille du Chapelier que détenait la Reine de cœur, puis revient dans le monde réel. Suite de l’Alice au Pays des Merveilles de Disney-Burton, ce second volet montre Alice en conflit avec le mysogine Lord Ascot qui veut s’emparer de ses biens. Malgré la présence de Johnny Depp et Sacha Baron Cohen, le Pays des Merveilles n’a pas le charme de celui de Carroll. La critique a été glaciale, mais l’on peut néanmoins se laisser tenter et franchir le miroir avec Alice.J.T.
ALL CHEERLEADERS DIE (USA, 2013.) R. : Lucky McKee et Chris Sivertson ; Sc. : Lucky McKee et Chris Sivertson ; Ph. : Greg Ephraim ; M. : Mads Heldtberg ; Pr. : Robert Tonino et Andrew van den Houten ; Int. : Sidney Allison (Taylor), Brooke Butler (Tracy), Sam Bean (Moochie), Nadia Boceski (Kayle). Couleurs, 89 min. Considérées comme des femmes objets par les joueurs de l’équipe de foot, des pom-pom girls se retrouvent dotées de pouvoirs surnaturels suite une soirée trop arrosée. Elles vont alors se venger de la gent masculine…
En un peu plus d’une décennie, Lucky McKee s’est fait une place de choix dans le paysage du cinéma horrifique indépendant. Avec des films comme le troublant et fascinant May ou encore l’insoutenable The Woman, il a acquis une belle renommée auprès des amateurs de sueurs froides et d’univers sombres et désespérés. Des univers dont il s’est momentanément éloigné avec All Cheerleaders Die. Remake du film éponyme de 2001 qu’il avait coréalisé avec son ami Chris Sivertson (qui cosigne aussi cette nouvelle version), All Cheerleaders Die est en effet bien loin des atmosphères vénéneuses des précédentes œuvres de McKee et explore une veine nettement plus légère s’imposant au final comme une agréable petite comédie horrifique, aux accents féministes et à l’humour noir assez pertinent.E.B.
ALLIANCE / LE CARAVAGE (Fr., 2015.) R., Sc., Ph. : Alain Cavalier ; Pr. : Michel Seydoux ; Int. : Bartabas(lui-même). Couleurs 70 min. Bartabas, cavalier émérite, a pour cheval le Caravage qu’il entraîne chaque jour. Il « murmure » à son oreille, le bichonne, le dresse jusqu’à atteindre la perfection afin de le monter lors de son nouveau spectacle. Avec une attention complice et un regard avisé, Alain Cavalier (avec la complicité d’Emmanuel Manzano) filme souvent en gros plan ce magnifique cheval. Pas de commentaire, ni de musique. Seulement l’animal en majesté et le travail de son dresseur. À réserver à un public passionné par l’équitation – des hippophiles – sinon l’ennui guette. C.B.M.
ALLIÉS**
(Allied ; USA, 2016.) R. : Robert Zemeckis ; Sc. : Steven Knight ; Ph. : Don Burgess ; M. : Alan Silvestri ; Pr. : Paramount ; Int. : Brad Pitt (Max Vatan), Marion Cotillard (Marianne Beauséjour), Jared Harris (Frank Hestop), Daniel Betts (Kavanagh). Couleurs, 124 min. En 1942, l’agent secret Max Vatan retrouve à Marrakech une résistante française Marianne Beauséjour. Ils ont pour mission d’assassiner l’ambassadeur d’Allemagne. Ils tombent amoureux… Un film d’espionnage qui louche vers Casablanca et Hitchcock et le cinéma romanesque des années 40-50, servi par un couple mythique Pitt-Cotillard. On ne sera pas insensible à cet hommage au vieil Hollywood. J.T.
ALL IS LOST** (All Is Lost ; USA, 2013.) R. et Sc. : J. C. Chandor ; Ph. : Frank G. DeMarco et Peter Zuccarini ; M. : Alex Ebert ; Eff. sp. : Brendon O’Dell Pr. : Black Bear Pictures et Treehouse Pictures ; Int. : Robert Redford (le marin). Couleurs, 106 min. Le voilier d’un navigateur solitaire est percuté au large de Sumatra par un container. Suit un gros grain. L’homme n’a plus de radio, plus de mât et doit faire face à une grave avarie. Il se réfugie sur un radeau pendant que coule le voilier. Il dérive, manquant bientôt d’eau, de provisions et de fusées de détresse. Ultime ressource : faire un feu sur le radeau. Mais le radeau brûle. C’est fini, quand… Un film épuré sur les efforts d’un homme (admirable Robert Redford !) pour ne pas couler en pleine mer. Tout est concentré sur ses gestes. L’homme est âgé, solitaire, désabusé, mais il veut vivre. Y parviendra-t-il ? Remarqué pour Margin Call. Chandor nous livre un film bressonien. Seule réserve : beaucoup d’erreurs au niveau de la technique maritime.J.T.
ALOÏS NEBEL** (Aloïs Nebel ; Rép. Tch., 2011.) R. : Tomas Lunak ; Sc. : Jaroslav Rudis et Jaromir Svejdik ; Ph. : Jan Baset Stritezsky ; Animation : Pavla, Dudova ; M. : Petr Kruzik ; Int. (Rotoscopie) : Miroslav Krobot (Aloïs Nebel), Marie Ludvikova (Kveta), Karel Roden (le muet). N.B., 84 min. 1989. Aloïs Nebel est chef de gare dans une petite ville en bordure de forêt. Un jour, un muet fuyant la police vient s’y réfugier. Aloïs est obsédé par une image : lors du départ des Allemands, en 1945, chassés par les Sudètes, il vit partir sa mère adoptive… Superbe film d’animation pour adultes réalisé en un somptueux noir et blanc selon le procédé rotoscopique (« technique cinématographique qui consiste à relever image par image les contours d’une figure filmée en prise de vue réelle pour en transcrire la forme et les actions dans un film d’animation », selon Wikipédia). Inspirée des B.D. de Jaroslav Ludis et Jaromir 99, l’intrigue est ardue, souvent obscure pour qui n’est pas familier des albums ainsi que de l’histoire de la République tchécoslovaque de 1945 à 1993 (élection de Vaclav Havel).C.B.M.
AMANTS DE CARACAS (LES)* (Desde Alla ; Venezuela, 2015) ; R. : Lorenzo Vigas ; Sc. : Lorenzo Vigas et Guillermo Arriaga ; Ph. : Sergio Armstrong ; Pr. : Guillermo Arriaga, Lorenzo Vigas, Michel Franco, Rodolfo Cova ; Int. : Alfredo Castro (Armando), Luis Silva (Elder), Catherina Cardozo (Maria). Couleurs, 93 min. Armando, la cinquantaine, prothésiste dentaire, paie de jeunes hommes pour les regarder se dévêtir. Elder, petite frappe à la belle gueule, se dérobe à ces jeux pervers en l’assommant après avoir empoché l’argent. Armando le revoit et l’accueille même chez lui après qu’il ait été sérieusement blessé…
Ce lion d’or du festival de Venise laisse perplexe. La réalisation, banale, est au service d’un scénario glauque où le transfert paternel, mâtiné d’homosexualité, est l’essentiel. Les images ternes d’une ville sinistre, ainsi qu’un acteur sans charisme, plombent ce film à la conclusion particulièrement amère.C.B.M.
AMANTS DE LA VILLA BORGHESE (LES)* (Villa Borghese ; Ital., 1953.) R. : Gianni Franciolini ; Sc. : Sergio Amidei, Armando Curcio, Furio Scarpelli et alii ; Ph. : Mario Bava ; M. : Mario Nascimbene ; Pr. : Astoria Film, Sigma Vog ; Int. : François Périer (le professeur), Anna-Maria Ferrero (l’étudiante), Vittorio De Sica (l’avocat), Gérard Philipe (Carlon l’amant de Valeria), Micheline Presle (Valeria Valenzano). NB, 89 min. Dans le parc de la Villa Borghese, une étudiante apprend que son professeur qu’elle aime, va devenir aveugle. Un avocat doit faire face au fiancé de la jeune fille qu’il courtise. Une femme trop exigeante met fin, en larmes, à une liaison. Deux êtres disgraciés décident de se marier. Film à sketches ayant pour cadre le parc de la villa Borghese durant une journée. Bons numéros d’acteurs dans des scènes qui mêlent le rire à l’émotion. Un film oublié qui méritait d’être redécouvert.J. T.
AMANTS DU TEXAS (LES)* (Ain’t Them Bodies Saints ; USA, 2012.) R. et Sc. : David Lowery ; Ph. : Bradford Young ; M. : Daniel Hart ; Pr. : Sailor Bear, Parts and Labor ; Int. : Rooney Mara (Ruth Guthriel), Casey Affleck (Bob Muldoon), Ben Foster (Patrick Wheeler), Jacklynn Smith (Sylvie Guthrie). Couleurs, 96 min.
Bob et Ruth (enceinte) manquent un braquage et sont encerclés par la police. Ils se rendent. Bob est en prison. Ruth trouve refuge dans une petite demeure grâce à un ami de Bob. Mais Bob s’évade. Il finira dans les bras de Ruth. Tous les charmes retrouvés du film noir, du B-movie avec deux merveilleux interprètes, Rooney Mara et Casey Affleck.J.T.
AMANTS MAUDITS (LES)** (Fr., 1951.) R. : Willy Rozier ; Sc. : Xavier Vallier ; Ph. : Fred Langenfeld ; M. : Alain Romance, Jean Yatove ; Pr. : Cocinor ; Int. : Robert Berri (Paul), Danielle Roy (Jacky), Jacques Dynam. N.B., 97 min. Garçon de café, Paul se plaît à jouer les durs. Il séduit une fille, Jacky, et l’emmène sur la route de l’aventure. Serré de près par la police, il utilise Jacky comme bouclier et l’abandonne alors qu’elle est blessée. Elle jure de se venger mais ne résiste pas au charme de Pierre. Ils sont à nouveau encerclés et cette fois, mortellement blessé, Pierre tue Jacky avant de mourir. Grâce au DVD on redécouvre Rozier. Les amants maudits est un superbe film noir, lyrique et désespéré dans la grande tradition. J.T.
AMANTS PASSAGERS (LES)* (Los amantes pasajeros ; Esp., 2013.) R. et Sc. : Pedro Almodovar ; Ph. : José Luis Alcaine ; M. : Alberto Iglesias ; Pr. : Agustin Almodovar et Esther Garcia ; Int. : Antonio de la Torre (Alex Acero), Javier Camara (Joserra), Hugo Silva (Benito Moroni), Raul Arevalo (Ulloa). Couleurs, 90 min. Dans un avion cherchant vainement à atterir après avoir eu une grave avarie chacun réagit à sa manière : les pilotes, les stewards, les passagers de la classe
affaires (ceux de la classe économique ont été endormis). Alcool et sexe pour calmer les angoisses. Tout finira bien. À travers les passagers d’un avion en perdition c’est une image de la société espagnole que nous propose Almodovar. Mais, en dépit de quelques images délirantes, la vision est convenue (stewards gays, vieille fille qui souffre d’être encore vierge…) Ce n’est pas du grand Almodovar.J.T.
AMAZING SPIDER-MAN (THE)* (The Amazing Spider-Man ; USA, 2012.) R. : Marc Webb ; Sc. : James Vanderbilt, Alvin Sargent et Steve Kloves, d’après les bandes dessinées de Stan Lee et Steve Dikto ; Ph. : John Schwartzman ; Eff. sp. : John Frazier ; Eff. vis. : Jerome Chen ; M. : James Horner ; Pr. : Marvel Entertainment et Columbia ; Int. : Andrew Garfield (Peter Parker/Spider-Man), Emma Stone (Gwen Stacy), Rhys Ifans (le docteur Connors/le Lézard), Denis Leary (Capitaine Stacy) Irrfan Khan (Rajit Ratha), Sally Field (Tante May). Couleurs, 147 min. Peter Parker à 6 ans est abandonné par ses parents et recueilli par un oncle. À la recherche des travaux de son père sur les croisements d’ADN entre humains et animaux, il se fait piquer par une araignée dans le laboratoire du docteur Connors qui poursuit les mêmes recherches. Son corps se transforme : il devient un homme araignée qui va utiliser ses pouvoirs pour jouer le rôle de justicier. De son côté le docteur Connors qui s’est injecté du sang de lézard (ou du moins son ADN) devient un criminel fou et dangereux. L’affrontement est inéluctable. Revoici le héros en bandes dessinées de Stan Lee et Steve Ditko, déjà porté à l’écran par Sam Raimi. C’est la naissance du superhéros qui est ici évoquée et le premier volet d’une trilogie. Andrew Garfield est un Spider-Man convaincant, plus nuancé que son prédécesseur chez Raimi. Les effets spéciaux font impression mais semblent plus limités qu’à l’habitude pour tout centrer sur le drame humain de Parker.J. T.
AMAZING SPIDER-MAN (THE) : LE DESTIN D’UN HÉROS* (The Amazing Spider-Man ; USA, 2014.) R. : Marc Webb ; Sc. : Alex Kurtzman, Roberto Orci et Jeff Pinkner, d’après les bandes dessinées de Stan Lee et Steve Dikto ; Ph. : Dan Mindel ; Eff. sp. : John Frazier ; Eff. vis. : Jerome Chen et Gregory McMurry ; Déc. : Mark Friedberg ; M. : Hans Zimmer ; Pr. : Marvel Enterprises, Columbia ; Int. : Andrew Garfield (Peter Parker/Spider Man), Emma Stone (Gwen Stacy), Jamie Foxx (Max Dillon/Electro), Dane DeHaan (Harry Osborn/le bouffon vert), Campbell Scott (Richard Parker), Embeth Davidtz (Mary Parker). Couleurs, 142 min. L’homme-araignée est abandonné par la belle Gwen Stacy, son passé lui pèse et un nouvel ennemi se dresse devant lui : Electro, alias Max Dillon, un technicien devenu un monstre électrique. L’homme-araignée l’emportera mais perdra définitivement Gwen. Il se retire. Deuxième volet des exploits de Spider-Man, le héros des bandes dessinées de Lee et Dikto, avec le même metteur en scène. Le scénario est d’un médiocre intérêt mais les trucages sont extraordinaires, encore plus forts que dans le précédent. Le méchant, interprété cette fois par Jamie Foxx, fera frissonner petits et grands et la belle Emma Stone est toujours aussi émouvante.J. T.
AMBASSADOR (THE)* (The Ambassador ; USA, 1984.) R. : J. Lee Thompson ; Sc. : Max Jack ; Ph. : Adam Greenberg ; M. : Dov Seltzer ; Mont. : Mark Goldblatt ; Pr. : Menahem Golan, Yoram Globus ; Int. : Robert Mitchum (Peter Hacker), Ellen Burstyn (Alex Hacker), Rock Hudson (Frank Stevenson), Fabio Testi (Mustapha Hashimi), Donald Pleasence (Eretz), Heli Goldenberg (Rachel), Michal Bat-Adam (Tova), Ori Levy (Abe), Uri Gavriel (Assad), Zachi Noy
(Ze’ev), Joseph Shiloah (Shimon), Shmulik Kraus (Stone). Couleurs, 97 min. Ambassadeur des États-Unis en Israël, Peter Hacker s’emploie à favoriser le dialogue entre autorités palestiniennes et israéliennes. Pendant ce temps, son épouse entretient une liaison avec Mustapha Hashimi, un membre de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine). Les deux amants ayant été filmés en plein ébat à leur insu, un chantage financier est exercé à l’encontre de Hacker, dont la vie est par ailleurs menacée par un complot d’extrémistes. Chantage et complot seront finalement déjoués par Stevenson, chargé de la sécurité du diplomate. Hacker et Hashimi s’entendent pour organiser une réunion d’étudiants appartenant aux deux communautés. Lors de la rencontre, nocturne et clandestine, des terroristes surgissent et massacrent les participants. Au cours de la fusillade, Hashimi est abattu. De retour à l’ambassade, Hacker, accablé de désespoir, s’émeut en apercevant une foule de jeunes pacifistes rassemblés devant les grilles du bâtiment. Une œuvre intègre et sincère (comble des paradoxes pour une production Cannon !) qui détonne dans la filmographie déclinante de J. Lee Thompson, dont l’inspiration semblait alors s’être tarie depuis une bonne décennie. Aussi naïf et simplificateur soit-il, le film n’en aborde pas moins la question israélopalestinienne avec dignité et se garde de tout parti pris envers l’un ou l’autre camp (effort d’autant plus louable que le tournage se déroula en Israël). Pour couper court à une affirmation erronée (et souvent réitérée), précisons que The Ambassador n’est en rien une adaptation de Fifty-Two Pickup (1974) d’Elmore Leonard. En effet, bien qu’initialement associé au projet, l’écrivain s’en était par la suite désisté : deux ans plus tard, son roman devait finalement être porté à l’écran par John Frankenheimer (Paiement cash, 1986), pour le compte du même tandem Golan/Globus. A.M.
AMERICAN (THE)**
(The American ; USA, 2010.) R. : Anton Corbijn ; Sc. : Rowan Joffe d’après un roman de Martin Booth ; Ph. : Martin Ruhe ; M. : Herbert Grönemeyer ; Pr. : This Is That, Greenlit Rights, Smokehouse Pictures, Focus Pictures ; Int. : George Clooney (Jack/Edward), Violante Placido (Clara), Thekla Reuten (Mathilde), Paolo Bonacelli (le Père Benedetto), Filippo Timi (Fabio). Couleurs, 103 min. Jack, tueur professionnel, après un sanglant règlement de comptes dans le Dalarna, vient se cacher dans un village des Abruzzes, Castelvecchio, sous le nom d’Edward, photographe. Il rencontre Mathilde qui exerce la même profession et lui commande une arme. Il se lie dans un bordel avec Clara. Peu à peu l’inquiétude le gagne : il se sent découvert. En effet le contrat de Mathilde est de l’abattre mais l’arme que Jack a trafiquée, lui explose dans les mains. Jack affronte le commanditaire du contrat et le tue mais est grièvement blessé dans l’affrontement avec lui et meurt dans les bras de Clara. Portrait d’un tueur à gages fin et nuancé, interprété par un George Clooney au mieux de sa forme. Les personnages sont tous bien campés, de la tueuse froide et déterminée à la prostituée sentimentale et candide. L’atmosphère d’une petite bourgade des Abruzzes avec son curé, ses commerces et ses filles de joie, est bien rendue. Deuxième réussite de Corbjin après Control.J. T.
AMERICAN BLUFF** (American Hustle ; USA, 2013.) R. : David O. Russell ; Sc. : Eric Warren Singer et David O. Russell ; Ph. : Linus Sandgren ; M. : Danny Elfman ; Pr. : Columbia Pictures ; Int. : Christian Bale (Irving Rosenfeld), Bradley Cooper (Richie DiMaso), Amy Adams (Sidney Prosser), Jeremy Renner (le maire). Couleurs, 147 min. Irving et Sydney forment un couple d’escrocs ingénieux. Mais Sydney se fait prendre par un agent du FBI, DiMaso. Celui-ci propose à Sydney et Irving un marché : Sydney ne sera pas inquiétée si nos deux escrocs aident le policier à coincer des flics corrompus.
Ce film s’inspire de la réalité : dans les années 70, l’opération ABSCAM fut montée par le FBI et des escrocs pour coincer des politiciens et hommes d’affaires corrompus. De là une suite de numéros d’acteurs dont Robert De Niro en parrain pour un passage éclair. Les intrigues habilement entremêlées (et qui ne sont pas résumées ici) sont ingénieuses et expliquent que le film ait reçu plusieurs Golden Globes.J. T.
AMERICAN MARY** (Can., 2012.). R. : Jen et Sylvia Soska ; Sc. : Jen Soska et Sylvia Soska ; Ph. : Brian Pearson ; M. : Peter Allen ; Pr. : Evan Tylor, John A. Curtis, Sylvia Soska et Jen Soska ; Int. : Katharine Isabelle (Mary Mason), Antonio Cupo (Billy Barker), Tristan Risk (Beatress Johnson). Couleurs, 103 min. Cherchant à se faire un peu d’argent afin de payer ses études de médecine, Mary accepte d’utiliser ses talents de chirurgienne de manière clandestine. Les sœurs Soska seraient-elles en train de devenir les nouvelles prêtresses du cinéma d’horreur indépendant ? En visionnant American Mary, la question mérite d’être posée. Remarqué en 2009 avec le déjanté Dead Hooker in a Trunk et ayant réalisé depuis See No Evil 2, l’inséparable tandem confirme son talent avec American Mary, un deuxième long métrage aussi sanglant que troublant. L’histoire de cette chirurgienne aux pratiques extrêmes ne laisse effectivement pas indifférent et génère son lot de séquences choc, dont certaines à la limite du soutenable (cf. : la séquence où Grant est suspendu par la peau). Cette violence graphique vient ainsi appuyer un propos féministe sur les ravages de la chirurgie esthétique et sur la relation aux corps. Ce goût pour les transformations et anomalies corporelles évoque d’ailleurs, par moment, les obsessions de David Cronenberg et confère au film une dimension malsaine indéniable, dimension qui est néanmoins atténuée par un humour noir de salvateur. Peuplé de freaks et reposant sur une atmosphère vénéneuse, American Mary offre également l’occasion à Katharine Isabelle (les séries « Being Human » et « Hannibal ») de crever l’écran. Fabuleuse dans le rôle de Mary Mason, elle porte le film sur ses
épaules et s’impose au sein d’une distribution de qualité. Gore, dérangeant, mais aussi réjouissant et plus abouti que le précédent film des sœurs Soska, ce deuxième long métrage est une perle noire à découvrir sans plus attendre. E.B.
AMERICAN NIGHTMARE* (The Purge ; USA, Fr., 2013.). R. et Sc. : James DeMonaco ; Ph. : Jacques Jouffret ; M. : Nathan Whitehead ; Pr. : Michael Bay, Jason Blum, Andrew Form, Bradley Fuller, Sébastien Lemercier. Int. : Ethan Hawke (James Sandin), Lena Headey (Mary Sandin), Adelaide Kane (Zoey Sandin). Couleurs, 85 min. Dans un futur proche, afin d’endiguer la violence, le gouvernement américain a instauré une nouvelle loi, La Purge, où durant toute une nuit, la population peut laisser libre cours à ses pulsions criminelles. Un riche entrepreneur va voir sa vie basculer quand, au cours de cette nuit de violence, un sans abri pris pour cible par de jeunes nantis, trouve refuge dans sa maison. Les scénarios originaux qui tentent de renouveler le genre horrifique ne courent pas les rues à Hollywood. Raison de plus pour s’intéresser à The Purge, deuxième long métrage de James DeMonaco (jusque là surtout connu pour avoir signé les scripts du Négociateur et d’Assaut sur le Central 13, le remake de Jean-François Richet) qui se base sur un concept aussi passionnant que prometteur. Imaginer que durant une nuit tous les crimes sont autorisés par le gouvernement est en effet une idée particulièrement tordue qui, dans un pays comme les États-Unis, où les armes à feu sont reines, était susceptible d’engendrer une belle réflexion sur la société américaine actuelle. Une réflexion qui, et c’est sans doute le principal défaut du film, n’est ici qu’esquissée, le cinéaste préférant rester à la surface de son sujet pour privilégier le suspens et la terreur. Ce choix, contestable, est néanmoins parfaitement assumé et aboutit à un thriller horrifique efficace qui met les nerfs du spectateur à rude épreuve. Rodé à
la mécanique du huis clos, DeMonaco dévoile un indéniable talent pour distiller l’effroi et nous livre une œuvre qui, sans exploiter toutes les possibilités de son concept, réserve de belles sueurs froides, à l’image des scènes avec les assaillants, dont les visages sont dissimulés sous des masques inquiétants à souhait. Le tout étant interprété par un casting convaincant, dominé par l’excellent Ethan Hawke. E.B.
AMERICAN SNIPER*** (American Sniper ; USA, 2014.) R. : Clint Eastwood ; Sc. : Jason Hall d’après l’ouvrage de Chris Kile ; Ph. : Tom Stern ; Pr. : Warner Bros ; Int. : Bradley Cooper (Chris Kyle), Sienna Miler (Tania Kyle), Luke Grimes (Marc Lee), Jake McDorman (Biggles), Kevin Lacz (Dauber), Ravid Negahban (Sheikh al-Obeidil). Couleurs, 132 min. Tiré d’une autobiographie remarquée, le film retrace la vie d’un champion texan de rodéo, Chris Kyle, qui s’engage dans l’US Navy après les attentats de Nairobi. Accepté dans les Navy Seals – commandos de marine –, il devient tireur d’élite et participe à plusieurs opérations extérieures en Irak. Son épouse constate que Chris revient à chaque fois plus épuisé et nerveux. Mais son devoir l’appelle encore sur le front de la « Liberté ». Enfin, après un quatrième et ultime combat remporté contre un autre sniper, Mustapha – ancien champion olympique syrien ayant choisi la lutte armée –, il se retire et se consacre au soutien psychologique auprès d’anciens combattants américains. Il meurt assassiné par l’un d’entre eux. Clint Eastwood fait dire à son héros : « il y a trois sortes d’êtres : les moutons, les loups et les chiens de bergers. Je suis l’un de ces derniers. » Toute la philosophie du metteur en scène est ainsi résumée. Le sniper syrien – qui a aussi charge de famille – se bat dans la meute des loups (mais curieusement dans le camp sunnite, puis chiite). Chris Kyle, interprété magistralement par Bradley
Cooper, ne remet jamais essentiellement en cause les valeurs qu’il défend, même si cela lui coûte parfois psychologiquement, en particulier lorsqu’il doit abattre une mère et son fils. La solitude du tireur semble au contraire conforter ses convictions de lutter contre le « Mal ». Un message sans ambiguïté du réalisateur, cow boy du monde, qui sait que l’altérité détruit les sociétés qui s’y laissent prendre. E. L.
AMERICANO** (Fr., 2011.) R. et Sc. : Mathieu Demy ; Ph. : Georges Lechaptois ; M. : Georges Delerue et Grégoire Hetzel ; Pr. : Mathieu Demy, Angeline Massonni, Arte et Agnès Varda ; Int. : Mathieu Demy (Martin), Salma Hayek (Lola), Geraldine Chaplin (Linda), Chiara Mastroianni (Claire), Jean-Pierre Mocky (le père), Carlos Bardem (Luis). Couleurs, 105 min. Après la séparation de ses parents, Martin, enfant, a quitté Los Angeles pour suivre son père à Paris. Devenu adulte, il vit avec Claire. Apprenant la mort de sa mère, il retourne à Los Angeles pour régler sa succession et rapatrier le corps en France. Il découvre qu’elle avait pour amie une certaine Lola avec laquelle il partageait autrefois ses jeux. Elle est maintenant au Mexique. Martin part sur ses traces : elle est devenue coco-girl dans un bar à putes de Tijuana. Nul n’ignore que Mathieu Demy est le fils d’Agnès Varda et de Jacques Demy. Avec ce premier film, il rend hommage à sa mère avec des extraits de Documenteur (réalisé à L.A. en 1981) et à son père avec ce personnage de Lola mais aussi à Model Shop tourné à L.A. Americano se divise donc en deux parties : Los Angeles avec un retour nostalgique vers le passé et Tijuana dans un climat beaucoup plus noir et glauque. Mathieu Demy parvient néanmoins à réaliser une œuvre personnelle, attachante, aidé en cela par l’interprétation de Salma Hayek.C.B.M.
ÂMES NOIRES (LES)* (Anime nere ; Ital., 2014.) R. : Francesco Munzi ; Sc. : F. Munzi, Fabrizio Ruggirello, Maurizio Braucci ; Ph. : Vladan Radovic ; M. : Giuliano Taviani ; Pr. : Luigi et Olivia Musini ; Int. : Marco Leonardi (Luigi), Peppino Mazzotta (Rocco), Fabrizio Ferracane (Luciano), Giuseppe Fumo (Leo), Barbara Bobulova (Valera). Couleurs, 103 min. Luigi et Rocco, proches de la mafia calabraise, sont dans le trafic international de la drogue. Leur frère Luciano a décidé de rester berger et de s’occuper des terres familiales. Mais son propre fils Léo est attiré par ce monde de violence où priment la loi du sang et de la vengeance… Le film est rude, à l’image des paysages montagneux de la Calabre. Il est aussi violent avec vendettas et règlements de comptes familiaux. Construit comme une tragédie grecque, il ne parvient cependant pas à son intensité en raison de baisse de tension narrative. Il conserve néanmoins de forts impacts visuels. C.B.M.
ÂMES NUES (LES)* (Dial 119 ; USA, 1950.) R. : Gerald Mayer ; Sc. : J. Monks Jr. ; Ph. : Paul Vogel ; M. : André Provin ; Pr. : MGM ; Int. : Marshall Thompson (Gunther Wyckoff), Virginia Field (Freddy), Andrea King (Helen), Sam Levene (le docteur Faron). NB, 75 min. Un meurtrier, Wyckoff, s’échappe de l’asile où il était enfermé, décidé à tuer le docteur Faron qu’il juge responsable de sa condamnation. Entré dans un bar, il prend cinq personnes en otage. Alerté, le docteur Faron vient le raisonner. La prise d’otages offre toujours un superbe suspense. Ce petit film noir, aujourd’hui injustement oublié, joue le jeu avec conviction, servi par des acteurs peu connus, ce qui le rend plus crédible.J.T.
ÂMES SILENCIEUSES (LES) (The Quiet Ones ; USA, GB, 2014.) R. : John Pogue. Sc. : Craig Rosenberg, Oren Moverman, John Pogue et Tom de Ville ; Ph. : Mátyás Erdély ; M. : Lucas Vidal ; Pr. : Tobin Armbrust, Ben Holden, James Gay-Rees, Steven Chester Prince, Simon Oakes. Int. : Jared Harris (Professeur Joseph Coupland), Sam Claflin (Brian McNeil), Erin Richards (Krissi Dalton), Rory Fleck-Byrne (Harry Abrams). Couleurs, 98 min. S’adonnant à des recherches controversées, le professeur Coupland, deux étudiants et un cameraman quittent l’université pour se livrer à des expériences sur une jeune fille souffrant visiblement de problèmes psychiques. Depuis sa renaissance en 2007, la Hammer tente de retrouver sa splendeur d’antan et s’efforce d’offrir aux amateurs de cinéma fantastique des œuvres de qualité. Une ambition qui a, d’ores et déjà, porté ses fruits et engendré des films comme les excellents Laisse-moi entrer ou encore La dame en noir. Deux titres au niveau desquels Les Âmes silencieuses ne parvient à aucun moment à se hisser. Le script, inspiré de faits réels, se contente ici d’aligner tous les clichés du genre et la mise en scène de John Pogue (scénariste de The Skulls et Le vaisseau de l’Angoisse) manque parfois de conviction (notamment dans les scènes d’effroi). À cela s’ajoutent des longueurs et facilités scénaristiques qui altèrent considérablement l’intensité que pouvait engendrer une telle histoire et qui irriteront sans aucun doute plus d’un spectateur avide de sensations fortes. Heureusement, l’interprétation, solide et convaincante (mention spéciale à Olivia Cooke, aperçue dans la série « Bates Motel » et parfaite dans le rôle de Jane Harper), et l’esprit « vintage » qui se dégage de l’ensemble constituent un point fort du film. Le fait que l’action se situe dans les années 70 mais aussi la volonté affichée du réalisateur de susciter la peur en misant sur la suggestion plutôt que sur la démonstration ne sont pas pour rien dans le charme désuet qui émane du métrage et parviennent à conférer un peu d’intérêt à cette production sans grande envergure.E.B.
ÂMES VAGABONDES (LES)** (The Host ; USA, 2013.) R. Andrew Niccol ; Sc. : Andrew Niccol, d’après le roman éponyme de Stephenie Meyer ; Ph. : Roberto Schaefer ; M. : Antonio Pinto ; Pr. : Nick Weschler, Stephenie Meyer, Paula Mae Schwartz, Steve Schwartz ; Int. : Saoirse Ronan (Mélanie Stryder/Gaby), Jake Abel (Ian O’Sheal), Max Irons (Jared Howe), Diane Kruger (Traqueuse/Lacey), William Hurt (Jeb). Couleurs, 124 min. La Terre est envahie par les Âmes qui pénètrent dans les corps et en chassent le passé. Mélanie se voit implanter une âme du nom de Vagabonde. Celle-ci, en accord avec Mélanie, quitte le corps de Mélanie pour rejoindre un groupe de résistants. Elle tombe amoureuse de Jared, le fiancé de Mélanie. Elle intégrera le corps d’une femme décédée. Andrew Niccol est devenu rapidement, depuis Bienvenue à Gattacal, l’un des grands maîtres de la science-fiction. Toujours à la recherche de sujets originaux, il trouve dans ce type d’invasion, un thème dans lequel il se sent à l’aise. Moins fort que Time-Out, Les âmes vagabondes sont néanmoins un excellent film fantastique.J.T.
AMNESIA* (Suisse, Fr., 2015.) R. : Barbet Schroeder ; Sc. : Emilie Bikerton, Peter F. Steinbach, Susan Hoffman, B. Schroeder ; Ph. : Luciano Tovoli ; M. : Lucien Nicolet ; Pr. : Vega. Films, Films du Losange ; Int. : Marthe Keller (Martha), Max Riemelt (Jo), Bruno Ganz (Bruno). Couleurs, 96 min. Depuis 40 ans, Martha, une violoncelliste d’origine allemande, s’est retirée à Ibiza. Elle fait la connaissance de son voisin, Jo, un jeune musicien berlinois féru d’électronique. Elle refuse cependant de parler avec lui la langue de Goethe qui évoque pour elle un passé douloureux ; elle choisit l’anglais. Une amitié naît entre eux.
Comment « du passé faire table rase » ? Comment oublier l’attitude du peuple allemand face au nazisme ? Le propos est, certes, intéressant, mais le film laisse insatisfait ; tout y est trop souligné (la discothèque nommée « Amnesia », le personnage larmoyant de Bruno, l’opposition entre musique classique et électronique…). On retient surtout la beauté lumineuse de Marthe Keller ainsi que celle, évidemment, des paysages d’Ibiza baignés de soleil.C.B.M.
AMORE (Io sono l’Amore ; Ital., 2009.) R. : Luca Guadagnino ; Sc. : Luca Guadagnino, Barbara Alberti, Ivan Cotroneo, Walter Fasano ; Ph. : Yorick Le Saux ; M. : John Adams ; Pr. : Luca Guadagnino, Tilda Swinton, Aaron Simpson ; Int. : Tilda Swinton (Emma Recchi), Flavio Parenti (Edoardo « Edo » Recchi Jr.), Edoardo Gabbriellini (Antonio Biscaglia), Alba Rohrwacher (Elisabetta « Betta » Recchi), Pippo Delbono (Tancredi Recchi). Couleurs, 120 min. Dans la propriété des Recchi, riche famille d’industriels milanais, Emma coule des jours monotones, enfermée dans son mariage et son sens du devoir. Au printemps, elle fait la connaissance d’Antonio, surdoué en cuisine et meilleur ami de son fils. Leur rencontre déclenche des passions longtemps réprimées et conduit Emma vers un retour à la vie… Ça commence comme du Visconti. Ah ! ce repas de famille chez les nantis qui ouvre le film ; tout y est : un décor au luxe étouffant où le moindre élément est à sa place ; une situation lourde de non-dit et de menace ; des regards et des gestes furtifs qui s’échangent… Cette excellente ouverture, où le réalisateur fait preuve de maestria dans la création d’atmosphère, laisse espérer un grand film, pourquoi pas un chef-d’œuvre. Hélas, l’illusion est de courte durée, malgré la performance impressionnante de Tilda Swinton : le ton vire vite au mélodrame affreusement surligné que vient boursoufler encore une musique pesante et désagréablement insistante. Quant au finale – ridicule –, il marque le nadir absolu de ce film décidément frustrant. Luca Guadagnino est un très bon
réalisateur (Amore est confectionné avec une grande minutie) mais un mauvais metteur en scène (il n’a ni style ni sens du rythme, encore moins celui du ridicule). G.B.
AMOUR*** (Fr., 2012.) R. : Michael Haneke ; Sc. : Michael Haneke ; Ph. : Darius Khondji ; Pr. : Les Films du Losange, France 3 Cinéma, ARD Degeto, Bayerischer Rundfunk, Westdeutscher Rundfunk, Wega Film ; Int. : JeanLouis Trintignant (Georges), Emmanuelle Riva (Anne), Isabelle Huppert (Eva), Alexandre Tharaud (Alexandre), William Shimell (Geoff). Couleurs, 125 min. Georges et Anne, bien que très âgés, s’aiment comme au premier jour. Ils vivent dans un appartement parisien, au rythme des visites de leur fille Eva et de son compagnon Geoff, ou des concerts donnés notamment par le jeune pianiste Alexandre, ancien élève d’Anne. Leur bonheur est interrompu quand Anne est victime d’une première attaque. Sa santé se dégrade et, après un court séjour à l’hôpital, elle revient chez elle en fauteuil roulant. Elle ne marchera plus. Malgré les soins que Georges lui porte elle perd peu à peu son autonomie et ses capacités intellectuelles. Seul face à son chagrin et aux difficultés de la vie quotidienne, exaspéré par l’incompréhension de sa fille et l’incompétence des aides-soignantes, Georges se résout à étouffer Anne à l’aide de son oreiller, avant de disparaître mystérieusement. Le corps d’Anne est retrouvé par la police, sur son lit, joliment vêtu et recouvert de fleurs. Une fois l’appartement de ses parents vidé, Eva revient s’assoir dans le salon inhabité. Avec Amour, Michael Haneke remporte une deuxième Palme d’Or, trois ans après celle qui lui fut décernée pour Le Ruban Blanc. Dernier rôle au cinéma pour Jean-Louis Trintignant, il forme avec Emmanuelle Riva l’un des plus beaux couples du cinéma : en miroir de Roméo et Juliette, ces amoureux au crépuscule
de leur vie continuent de s’aimer tendrement malgré le temps passé ensemble, l’absence de mystère et de désir, les frustrations enfouies et les reproches qui n’ont jamais été entendus. Isabelle Huppert apporte beaucoup de justesse au récit dans son rôle de fille très occupée, dépassée par la tragédie, étrangère à la sagesse et la dévotion de son père. Le pianiste Alexandre Tharaud, dans son seul rôle au cinéma, compose brièvement une adorable figure de fils rêvé, idéalisé. L’utilisation de la musique, toujours à l’intérieur de la narration et interrompue brutalement, préfigure la fin de cette histoire d’amour en un arrachement cruel. Plus que vers le déclin d’Anne, Michael Haneke tourne sa caméra vers la compassion exprimée par Georges pour sa femme qui le quitte peu à peu. Ainsi le cinéaste signe-t-il en effet un incroyable film sur l’amour et non sur la mort, en s’inspirant du décès de sa propre tante, qui l’a élevé à la place de ses parents, et dont l’appartement fut minutieusement reconstitué dans un studio de cinéma.G.J.
AMOUR A SES RAISONS (L’)* (Manuele d’amore 3 ; Ital., 2011.) R. : Giovanni Veronesi ; Sc. : Giovanni Veronsei, Ugo Chiti et Andrea Agnello ; Ph. : Giovanni Canevari ; M. : Paolo Buonvino ; Pr. : Filmauro ; Int. : Carlo Verdone (Fabio), Robert De Niro (Adrian), Monica Bellucci (Viola), Riccardo Scarmaccio (Roberto), Laura Chiatti (Micol), Valeria Solarino (Sara). Couleurs, 125 min. L’amour à différents âges de la vie selon Cupidon : 1. La jeunesse : Roberto, fiancé à Sara, est envoyé dans un petit village où il se laisse séduire par la belle Micol. Mais elle est mariée. 2. Présentateur du journal télévisé et mari fidèle, Fabio est harcelé par une nymphomane. Il cède une fois et elle le fait chanter. Il perd ses moyens lors de la présentation du journal et se retrouve muté en Afrique. C’est l’amour à la maturité. 3. L’âge de raison : Adrian, un professeur contraint à la sagesse à la suite d’une greffe du cœur, est subjugué par la splendide Viola, fille de son concierge.
Il l’épouse et en a un fils. Dans la lignée des films italiens à sketchs. C’est le troisième et le meilleur des Manuele d’amore. Carlo Verdone et Robert De Niro ne font pas oublier Gassman et Sordi. Mais le deuxième sketch est très drôle.J.T.
AMOUR C’EST MIEUX À DEUX (L’)* (Fr., 2010.) R. : Arnaud Lemort et Dominique Farrugia ; Sc. : Franck Dubosc et Arnaud Lemort ; Ph. : Eric Guichard ; Pr. : Few ; Int. : Clovis Cornillac (Michel), Virginie Efira (Angèle), Annelise Hesme (Nathalie), Manu Payet (Vincent). Couleurs, 100 min. D’un côté Michel, qui divorce parce qu’il croit que l’amour ne peut être que le fruit du hasard ; de l’autre Vincent, un notaire qui séduit les femmes dont il a préparé le divorce. Vincent décide de faire connaître à Michel, Angèle, une célibataire. Il s’arrange pour que la rencontre ait lieu « par hasard ». Coup de foudre de Michel pour Angèle. Mais il apprend que c’est Vincent qui a imaginé la rencontre. Il rompt avec ce dernier et avec Angèle. Mais il ne peut oublier la jeune femme. Ces tentatives de dragage tournent court. Il retrouve Angèle et finit par lui déclarer, au moment où elle quitte Paris, qu’elle est la femme de sa vie. Petite comédie sentimentale sans prétentions, bien enlevée par Clovis Cornillac et Virginie Efira sur un scénario de Franck Dubosc mais où se reconnaît la patte de Dominique Ferrugia.J.T.
AMOUR DURE TROIS ANS (L’)*** (Fr., 2011.) R. : Frédéric Beigbeder ; Sc. : Frédéric Beigbeder, Eugénie Grandval, Christophe Turpin, Gilles Verdiani ; Ph. : Yves Cape ; M. : Martin Rappeneau ; Pr. : The Film, Akn, EuropaCorpet, Fr.2, Scope Pictures ; Int. : Gaspard Proust (Marc Marronnier), Louise Bourgoin
(Alice), JoeyStarr (Jean-Georges), Jonathan Lambert (Pierre), Nicolas Bedos (Antoine). Couleurs, 98 min. Critique littéraire, Marc Marronnier divorce d’Anne et cette séparation lui inspire une théorie : l’amour dure trois ans. Il en fait un roman. Il le publie sous pseudonyme. C’est qu’il est tombé amoureux d’Alice qu’il oblige à quitter Antoine. Le roman est un gros succès mais quand l’éditrice révèle le véritable nom de l’auteur, Alice, furieuse, quitte Marc. Celui-ci déprime, fait un scandale au mariage de son ami Pierre, fréquente l’homosexuel Jean-Georges, et envisage de partir pour l’Australie. L’apprenant, Alice le rejoint. Beigbeder adapte pour l’écran son roman publié en 1997 et en fait une comédie romantique pleine de charme mais rien du film explosif que l’on attendait de l’auteur. À son actif toutefois une autodérision qui pimente l’histoire.J.T.
AMOUR EST UN CRIME PARFAIT (L’)** (Fr., 2013.) R. et Sc. : Jean-Marie et Arnaud Larrieu ; Ph. : Guillaume Deffontaines ; M. : Caravaggio ; Pr. : Arena Films ; Int. : Mathieu Amalric (Marc), Karin Viard (Marianne), Maïwenn (Anna), Sara Forestier (Annie), Denis Podalydès (Richard), Marion Duval (Barbara), Damien Dorsaz (l’inspecteur). Couleurs, 111 min. Marc, professeur de littérature dans une grande université, ramène chez lui une étudiante, Barbara. On ne la reverra plus. Un inspecteur aborde Marc, puis la belle-mère de Barbara lui tourne autour. Marc doit compter aussi avec la jalousie de sa sœur Marianne et les remontrances de son supérieur Richard, par ailleurs amoureux de Marianne. Malgré tous ses efforts, il doit enfin compter avec les avances d’une étudiante, Annie, qui réclame des leçons particulières et se trouve être la fille d’un chef de la mafia. S’il repousse Annie c’est qu’il aime Anna. Annie se venge en lui révélant qu’Anna est un flic qui mène l’enquête sur la
disparition de Barbara. Marc avoue son crime à Anna. Il tue dans des crises de somnanbulisme. Il choisit le suicide. Inspiré d’un roman de Philippe Djian, Incidences, ce faux polar pimenté d’érotisme n’est pas sans charme et dépeint avec bonheur les tourments d’un professeur trop brillant poursuivi par les avances de ses étudiantes, au demeurant ravissantes. Sur fond de vues des Alpes à couper le souffle, le film va de rebondissements en rebondissements, parfois, il est vrai, prévisibles. Brillante interprétation d’Amalric, inquiétant sous ses airs naïfs à Karin Viard en passant par Podalydès, parfait faux-naïf.J.T.
AMOUR FOU* (Amour fou ; Autriche, 2014.) R. et Sc. : Jessica Haussner ; Ph. : Martin Geschlacht ; Pr. : Coop 99 ; Int. : Christian Friedel (Heinrich von Kleist), Birte Schnoeink (Henriette), Sandra Hüller (Marie), Stephan Grossmann (Vogel). Couleurs, 96 min. Au début du XIXe siècle, le romancier Heinrich von Kleist (auteur de « La Marquise d’O ») traîne son ennui et son mal-être dans les salons de la haute société berlinoise. Il ne pense qu’au suicide, ou plutôt à un double suicide qu’il propose d’abord à sa cousine Marie ; elle refuse. Henriette Vogel, une femme mariée, grande admiratrice, atteinte d’une maladie dite incurable, accepte de le suivre dans la mort. S’inspirant de la peinture de la Renaissance italienne et de Vermeer, Jessica Haussner réalise un film visuellement splendide. « Je voulais, dit-elle, suggérer par les images que les personnages sont coincés dans le carcan imposé par la société ». Ainsi chaque cadrage, frontal, fixe, les fige dans des décors aux couleurs vives, des costumes stricts, des attitudes guindées. Chaque plan est un tableau animé. Mais, malgré quelques touches ironiques (von Kleist est passablement ridicule), ce très beau film est d’un redoutable ennui.C.B.M.
AMOURS CANNIBALES*** (Canibal ; Esp., 2013.) R. : Manuel Martin Cuenca ; Sc. : Alejandro Hernandez Diaz et Manuel Martin Cuenca ; Ph. : Pau Esteve Birba ; Pr. : La Loma blanca et Mod Produciones ; Int. : Antonio de la Torre (Carlos), Olimpia Melinte (Alexandra), Maria Alfonsa Rosso (Aurora), Florin Fildan (Bogdan). Couleurs, 116 min. Carlos est un tailleur réputé mais qui vit seul, servi par Aurora, une femme plus âgée. En réalité il attire dans sa maison de campagne des femmes qu’il découpe et mange. Une voisine, roumaine d’origine, lui fait des avances. Il commence par se dérober, puis l’invite dans sa maison. Quelques jours plus tard, une certaine Nina, la jumelle d’Alexandra, se présente chez lui. Elle cherche sa sœur. Carlos la recueille, l’emmène dans la fameuse maison. Va-t-il la tuer et la manger ? Une extraordinaire ouverture : un corps nu de femme sur une table, qui va être découpé selon un rituel impressionnant. Celui qui va la manger ne traduit aucune joie cruelle, aucun plaisir sadique. Ce mets délicat est comme un poulet ou un gigot, mais c’est une femme. Un rituel qui va être troublé par l’arrivée de Nina. Carlos découvre alors que la femme peut procurer un autre plaisir que celui du palais. Le sexe supplante la gastronomie, un autre rituel se substitue au premier. Superbe interprétation d’Antonio de la Torre et mise en scène glaçante de Cuenca. Dans la grande tradition de Bunuel.J.T.
AMOURS DIFFICILES (LES)* (Fr., 1975.) R et Sc. : Raphaël Delpard ; Ph. : Claude Becognée ; Pr. : Pierre Juin et Bernard Harispuru ; Int. : Jacqueline Doyen, Elisabeth Graine, Jacques Insermini. Couleurs, 90 min. Suite de sketches sur le thème de l’amour contrarié. Cette comédie érotique a été influencée par le cinéma italien maître dans le genre. Par la suite le film fut exploité en France et dans de nombreux pays sous
les titres de Perversions ou La grande perversion avec des rajouts pornographiques aux scènes érotiques pleines de charme et de poésie. À redécouvrir dans la version originale.R.D.
AMOURS IMAGINAIRES (LES)** (Can., 2010.) R. et Sc., Dial. Mont., Cost. Xavier Dolan ; Ph. : Stéphanie Weber-Biron ; Pr. : X. Dolan, Daniel Morin, Carole Mondello ; Int. : Xavier Dolan (Francis), Monia Chokri (Marie), Niels Schneider (Nicolas), Anne Dorval (la mère), Louis Garrel (un invité). Couleurs, 100 min. Francis et Marie sont amis. Lors d’une soirée, ils remarquent tous deux un beau blond bouclé aux yeux bleus, dont ils s’éprennent l’un et l’autre. Ils se revoient tous trois. Lors d’un séjour au bord d’un lac, Marie se rend compte de l’attirance des deux garçons. Furieuse, elle préfère s’éclipser. Xavier Dolan a 21 ans lorsqu’il réalise ce film, revendiquant son homosexualité. « Homo ? hétéro ? qu’importe pourvu que l’on ait une chaude présence à ses côtés » fait-il dire (de mémoire) à l’un de ses personnages. Cependant cette variation sur le dépit amoureux est moins provocatrice dans son propos que la réalisation « tape-à-l’œil » de ce petit génie du cinéma canadien. Caméra hyper mobile qui accompagne les personnages en gros plans, recadrages saccadés, couleurs flashes des costumes, montage cut et l’omniprésence narcissique de Dolan lui-même. On aime – ou pas ! mais on ne peut rester indifférent ! Le clin d’œil final (Louis Garrel) est plaisant.C.B.M.
ANA ARABIA** (Ana Arabia ; Israël, 2013.) R. : Amos Gitaï ; Sc. : Amos Gitaï et Marie-José Sanselme ; Ph. : Giora Bejach ; Pr. : Agav Films ; Int. : Yuval Scharf (Yael), Yussuf Abu Warda (Yussuf), Sarah Adler (Miriam), Assi Levy (Sarah). Couleurs, 85 min.
Yael, une jeune journaliste israélienne, a l’intention d’écrire un article sur une femme juive, survivante de l’Holocauste et récemment décédée. Elle avait épousé par amour un musulman et, était surnommée Ana Arabia (Moi l’Arabe). Yael rencontre son mari Yussuf, sa fille Miriam, son fils Walid, chacun disant ses difficultés, ainsi que Sarah, la belle-fille qui, elle aussi, a fait un mariage mixte. Tourné dans les ruelles d’un quartier déshérité des environs de Tel-Aviv, ce film est un remarquable (et unique) exploit technique puisqu’il fut réalisé à la steadycam, en un seul plan, soigneusement préparé entre 16 h. et 17 h. 30 pour assister au soleil couchant. Il entend ainsi signifier que ce qui sépare Israéliens et Palestiniens n’est peut-être pas insurmontable. Belle idée.C.B.M.
ANARCHISTES (LES)** (Fr., 2015.) R. Elie Wajeman ; Sc. : Elie Wajeman et Gaëlle Macé ; Ph. : David Chizallet ; M. : Gloria Jacobsen ; Pr. : 24 mai Production ; Int. : Tahar Rahim (Jean Albertini), Adèle Exarchopoulos (Judith), Swann Arlaud (Elisée Mayer), Guillaume Gouix (Eugène Levèque), Cédric Kahn (Gaspard), Emilie de Preissac (Clothilde), Sarah Le Picard (Marie-Louise). Couleurs, 101 min. Simple gardien de la paix, Jean Albertini est chargé par ses supérieurs d’infiltrer un groupe d’anarchistes. Il y rencontre la belle Judith dont il tombe amoureux. Nous sommes en 1899, après les exploits de Ravachol. L’anarchie croit moins à la révolution sociale qu’à la reprise individuelle et s’oriente vers l’action à la manière de la bande à Bonnot. Le groupe dirigé par Elisée Mayer, prépare un attentat contre un magistrat quand il est donné à la police par Albertini qui s’arrange pour épargner Judith. Elisée se donne la mort. Partant pour l’Amérique, Judith exprime à Albertini son total dégoût. Belle reconstitution du Paris des anarchistes à la fin du XIXe siècle : mise en scène soignée, acteurs crédibles, empathie évidente pour ces anarchistes qui
sombrent pourtant dans la délinquance justifiée par « la reprise individuelle ». Un bon film mais loin du fameux Casque d’or de Becker.J.T.
ANGE BLANC (L’)* (Night Nurse ; USA, 1931.) R. : William Wellman ; Sc. : Oliver H. P. Garrett et Charles Kenyon, d’après le roman de Dora Macy ; Ph. : Barney McGill ; M. : Leo F. Forbstein ; Pr. : Warner Brothers Picture ; Int. : Barbara Stanwyck (Lora Hart), Ben Lyon (Mortie), Joan Blondell (Maloney), Charles Winninger (Dr. Arthur Bell), Clark Gable (Nick), Blanche Friderici (Mrs. Maxwell), Charlotte Merriam (Mrs. Ritchey), Ralf Harolde (Dr. Milton Ranger). NB, 72 min. Jeune infirmière engagée pour veiller, à domicile, sur deux petites filles, Lora Hart se rend compte que le criminel docteur Ranger, avec l’aide du chauffeur de la famille, veut provoquer la mort des deux enfants en les affamant pour épouser leur mère alcoolique et hériter de leur fortune. Un film hybride et inabouti qui commence par une première partie presque documentaire sur la vie quotidienne des infirmières dans un grand hôpital, et bifurque soudain vers une histoire criminelle et mélodramatique peu crédible. Seuls la présence et le jeu des comédiens sauvent l’entreprise : Barbara Stanwyck qui joue avec chaleur et passion, la toujours sémillante Joan Blondell et surtout un nouveau venu qui donne beaucoup de relief à son personnage de chauffeur sans scrupules, un certain Clark Gable. Redécouvert en DVD. R.L.
ANGE ET GABRIELLE (Fr., 2015.) R. : Anne Giafferi ; Sc. : Anne Gaffieri et Anne Le Ny d’après Murielle Magellan ; Ph. : Stéphane Cami ; M. : Jean-Michel Bernard ; Pr. :
Benoît Jaubert et Marc Olla ; Int. : Patrick Bruel (Ange), Isabelle Carré (Gabrielle), Alice De Lencquesaing (Claire), Laurent Stocker (Guillaume), Thomas Solivérès (Simon), Carole Franck (Caroline). Couleurs, 91 min. Lorsque Gabrielle, une pharmacienne, apprend que sa fille Claire est enceinte et que son compagnon Simon l’a quittée, elle décide de rencontrer Ange, le père du garçon, chef de chantiers. Or celui-ci ne s’est jamais senti responsable de son fils, qu’il ne connaît même pas. Une bluette sentimentale, avec une nuance de rose layette, dans l’air du temps, avec l’homosexuel de service. Ça ne prête pas à conséquence, mais, au demeurant, ce n’est pas désagréable à regarder tant le couple formé par Patrick Bruel et Isabelle Carré séduit par son brio.C.B.M.
ANGÈLE ET TONY** (Fr., 2010.) R. : Alix Delaporte ; Sc. : Alix Delaporte ; Ph. : Claire Mathon ; M. : Mathieu Maestracci ; Pr. : Hélène Cases ; Int. : Clotilde Hesme (Angèle), Grégory Gadebois (Tony Vialet), Evelyne Didi (Myriam Vialet), Antoine Couleau (Yohan), Patrick Descamps (le grand-père de Yohan), Lola Duenas (Anabel). Couleurs, 87 min. Un port de pêche en Normandie. Angèle a de bonnes raisons de se construire une nouvelle vie lorsqu’elle débarque dans celle de Tony, marin pêcheur en quête de sentiments. Malgré le désir qu’il a pour elle, Tony garde ses distances. Angèle le cherche. Trop belle, trop crue, trop déroutante, il ne peut croire qu’elle est là pour lui… Le décor d’un petit port de pêche (Port-en-Bessin) et la vie quotidienne d’un des derniers marins pêcheurs de l’hexagone, pas si courant que ça en ce début de troisième millénaire. C’est qu’Alix Delaporte a été journaliste et documentariste avant de passer à la fiction. Résultat, Angèle et Tony est tellement mouillé d’embruns et sent tellement le poisson qu’on se prend à regretter de ne pas être venu en ciré ! C’est sur ce fond réaliste (mais jamais naturaliste) que la scénariste-réalisatrice parvient à greffer une romance inédite qui réunit – ou du
moins tente de réunir – une femme plutôt libre et jolie et un homme de la mer plutôt coincé et pas très beau (Clotilde Hesme et Grégory Gadebois, parfaits). Cependant, si le couple est attachant, la réalisatrice a tendance à accumuler les temps faibles (on y voit trop Angèle à vélo par exemple) au détriment de scènes qui auraient pu donner plus de relief à ses personnages. Ce sont ces quelques longueurs qui font qu’Angèle et Tony n’atteint pas à l’excellence. C’est néanmoins une œuvre intéressante qui mérite d’être vue.G.B.
ANGÉLIQUE MARQUISE DES ANGES (Fr., 2013.) R. : Ariel Zeitoun ; Sc. : Nadia Golon, Philippe Blasband et Ariel Zeitoun, d’après le roman d’Anne et Serge Golon ; Ph. : Peter Zeitlinger ; M. : Nathaniel Méchaly ; Pr. : Ajoz ; Int. : Nora Arnezeder (Angélique), Gérard Lanvin (Peyrac), David Kross (Louis XIV), Tomer Sisley (Philippe de Plessis-Bellière), Matthieu Boujenah (marquis d’Andijos), Julian Weigand (Fouquet), Rainer Frieb (Mazarin). Couleurs, 113 min. Contrainte d’épouser le comte de Peyrac, Angélique s’y refuse, cède puis tombe amoureuse de son mari. Mais la richesse de celui-ci excite les convoitises. Victime d’une intrigue, il est arrêté, condamné pour sorcellerie et brûlé vif. Angélique elle-même doit trouver refuge dans la Cour des miracles. Elle jure de se venger. Les premières adaptations des aventures de la célèbre marquise avaient connu un grand succès grâce à la beauté de Michèle Mercier. Mais le temps a passé et la pauvre Angélique parait quelque peu démodée en 2013. D’autant que le retournement de ses sentiments pour Peyrac est ici mal expliqué, pour ne pas dire invraisemblable. Un remake inutile.J.T.
ANIMAL KINGDOM (THE)**
(The Animal Kingdom ; USA, 1932.) R. : Edward H. Griffith (et George Cukor, non crédité) ; Sc. : Horace Jackson, d’après la pièce de Philip Barry ; Ph. : George Folsey ; Dir. mus. : Max Steiner ; Pr. : David O. Selznick ; Int. : Leslie Howard (Thomas “Tom” Collier), Ann Harding (Daisy Sage), Myrna Loy (Cecilia Henry Collier), William Gargan (“Red” Regan-le majordome), Neil Hamilton (Owen Fiske). Couleurs, 85 min. Éditeur tenté par la richesse, Thomas Collier se marie pour cette raison avec Cecilia, une femme de la haute société. Ce faisant, il a mis au rebut Daisy Sage, talentueuse designer de mode. Pendant que celle-ci, artiste intègre, commence à percer, Thomas, sous l’influence de sa femme, édite de plus en plus de livres médiocres destinés à un public nombreux mais peu exigeant. Un jour, Daisy réapparaît dans la vie de son ancienne flamme. Est-il trop tard pour revenir en arrière ? Le DVD nous permet de découvrir cette production Selznick du début du parlant. Et de constater avec plaisir qu’elle a bien traversé les décennies. La riche thématique, empruntée à la pièce de Philip Barry (épouser la bonne personne, rester fidèle à ses idéaux, refuser la facilité), n’a pas vieilli. Pas plus que le jeu du trio d’acteurs, Leslie Howard, Ann Harding et Myrna Loy, dirigé d’une main sûre par Edward H. Griffith, auquel s’ajoute un amusant quatrième mousquetaire, William Gargan, désopilant en ancien boxeur devenu majordome.G.B.
ANIMAUX FANTASTIQUES (LES)** (Fantastic Beasts and Where to Find Them ; USA, 2016.) R. : David Yates ; Sc. : J.R. Rowling ; Ph. : Philippe Rousselot ; M. : James Newton Howard ; Eff. vis. : Tim Burke et Christian Manz ; Pr. : Warner Bros ; Int. : Eddie Redmayne (Norbert Dragonneau), Katherine Waterson (Porpentina « Tina » Goldstein), Dan Fogler (Jacob Kowalski), Colin Farell (Percival Graves), Ezra Miller (Croyance Bellebosse). Couleurs, 130 min.
En 1926, Norbert Dragonneau arrive à New York où s’affrontent non-mages et sorciers. Il est dénoncé par une sorcière pour avoir introduit des animaux fantastiques. Et voilà qu’un virus destructeur, L’Obscursus, s’est échappé… La guerre menace. Dans la lignée d’Harry Potter et son monde de sorciers. Début d’une nouvelle saga fantastique au succès assuré.J.T.
ANNA KARENINE*** (Anna Karenina ; GB, 2012.) R. : Joe Wright ; Sc. : Tom Stoppard d’après le roman éponyme de Tolstoï ; Ph. : Seamus McGarvey ; Eff. vis. : Richard Briscoe ; Déc. : Sarah Greenwood ; Eff. sp. : Mark Holt ; M. : Dario Marinelli ; Pr. : Working Title ; Int. : Keira Knightley (Anna Karenine), Jude Law (Alexis Karenine), Aaron Taylor-Johnson (Alexis Vronski), Kelly Macdonald (Daria « Dolly » Oblonski), Ruth Wilson (Princesse Tverskoï), Matthew Macfayden (Stépane « Stiva » Arcadievitch), Domhnall Gleeson (Constantin « Kostia » Levine), Alicia Vikander (Kitty Cherbatsky). Couleurs, 129 min. Épouse d’un haut fonctionnaire, Anna Karenine sombre dans l’adultère avec un officier de cavalerie Vronski. Elle se voit exclue de la haute société et finit par se jeter sous un train. Tout en restant fidèle à la trame du roman, déjà de nombreuses fois adapté à l’écran, Joe Wright en propose une version originale et somptueuse : l’action se déroule dans l’enceinte d’un théâtre avec changements de décors, tous luxueux et raffinés. Images éblouissantes d’une Russie à son apogée et déjà victime de ses préjugés sociaux. La Révolution approche. La distribution est non moins brillante : Keira Knightley retrouve Wright qui l’avait dirigée dans une admirable adaptation d’Orgueil et préjugés. Belle et vulnérable elle compose une mémorable Anna Karenine. Jude Law en époux pétri de préjugés mais néanmoins compréhensif, est excellent. Enfin Aaron Taylor-Johnson n’est pas moins remarquable en Vronski. Certes on pourra juger que devant tant de
splendeurs, l’histoire de Tolstoï perd un peu de son âme. Ce n’en est pas moins la meilleure version de son roman.J.T.
ANNABELLE (Annabelle ; USA, 2014.) R. : John R. Leonetti. Sc. : Gary Dauberman ; Ph. : James Kniest ; M. : Joseph Bishara ; Pr. : Peter Safran et James Wan. Int. : Annabelle Wallis (Mia), Ward Horton (John Gordon), Tony Amendola (le père Perez). Couleurs, 98 min. Années 70. John et Mia forme un couple heureux et sans histoire qui s’apprête à avoir son premier enfant. Un soir, John offre une étrange poupée en porcelaine à son épouse. D’Annabelle, on retiendra surtout l’agitation et les projections annulées qui ont accompagné sa sortie en France. Des évènements qui, à la vision du film, laissent perplexe tant le métrage de John R. Leonetti n’a absolument rien de remarquable et n’est, au fond, qu’une série B d’épouvante de plus, un pur produit marketing destiné à exploiter le filon de Conjuring (137 de millions de dollars au box-office US) et à remplir les tiroirs-caisses des producteurs. Peu de choses, en effet, distinguent Annabelle d’un autre métrage abordant le thème des poupées maléfiques, si ce n’est l’époque où se déroule l’action, à savoir les années 70, dont la reconstitution est d’ailleurs l’un des atouts majeurs du film. Pour le reste, John R. Leonetti, directeur photo confirmé, se contente d’appliquer des recettes maintes fois éprouvées (porte qui grince, rocking-chair se balançant tout seul, etc.) sans jamais les transcender. La première partie du film manque ainsi cruellement de rythme et ne procure aucune sueur froide préférant se concentrer sur des personnages trop lisses. Il faut attendre les 40 dernières minutes pour que le récit s’emballe et se tende, distillant un suspens relativement efficace ponctué d’une ou deux apparitions démoniaques pertinentes. « En dépit de son application (cf. le plan séquence lors de l’attaque des deux membres de la secte), John R. Leonetti signe, avec Annabelle, un produit de consommation
courante, qui ne risque pas de susciter l’euphorie ni de provoquer des crises de folie chez les fantasticophiles » (in L’Écran Fantastique). E.B.
ANOMALISA*** (Anomalisa ; USA, 2015.) R. : Duke Johnson, Charlie Kaufman ; Sc. : Ch. Kaufman ; Ph. : Joe Passarelli ; M. : Carter Burwell ; Pr. : Paramount Pict., Starburns industries ; Voix : Jennifer Jason Leigh (Lisa Hesselman), David Thewlis (Michael Stone), Tom Noonan (toutes les autres voix). Couleurs, 90 min. Michael Stone, marié, un enfant, est un auteur à succès. Il arrive à Cincinnati pour donner une conférence à propos de son livre « Comment puis-je vous aider à les aider ». Il passe la soirée dans son hôtel, essaie de renouer avec une ancienne petite amie ; en vain. Dans le couloir, il croise Lisa, petite provinciale mal dans sa peau, fan de son livre ; elle accepte de passer la nuit avec lui. Ce film est réalisé en « stop-motion » (marionnettes animées image par image), évidemment réservé à un public adulte. Baigné dans un éclairage de fin du monde, c’est un film mélancolique et désespéré, une sorte de fable existentielle où l’on s’interroge sur le sens de la vie au tournant de la quarantaine. Un film au sourire triste, comme celui de Mona Lisa, étrange et original. Grand prix au festival de Venise.C.B.M.
ANONYMOUS** (Anonymous ; USA, 2011.) R. : Roland Emmerich ; Sc. : John Orloff ; Ph. : Anna Foerster ; Déc. : Sebastian T. Krawinkel ; Cost. : Lisy Christl ; M. : Thomas Wanker et Harald Kloser ; Pr. : Columbia ; Int. : Rhys Ifans (le comte d’Oxford), Vanessa Redgrave (la reine Elizabeth I) Rafe Spall
(William Shakespeare), Sebastian Armesto (Ben Jonson), David Thewlis (William Cecil), Edward Hogg (Robert Cecil). Couleurs, 130 min. Fin du XVIe siècle, le comte d’Oxford qui a écrit une pièce de théâtre propose à Ben Johnson de la monter sous son nom. Ben Jonson refuse, mais Shakespeare un comédien sans grande notoriété accepte. La pièce a du succès. Le comte continuera et ses pièces seront le reflet des intrigues de la cour d’Elizabeth, notamment son Richard III. Qui est en définitive cet Edward de Vere, comte d’Oxford, qui se cache derrière Shakespeare ? Un batard d’Elizabeth. Shakespeare a-t-il lui-même écrit les chefs d’œuvre qu’il a signés ? Comme pour Molière la question a été posée. Ce film répond par la négative dans le cas de Shakespeare. Ce serait le comte d’Oxford le véritable auteur. La démonstration n’emporte pas l’adhésion mais on a droit à un magnifique livre d’images signé par Roland Emmerich connu jusqu’alors pour de « grosses machines » dont un Godzilla.J.T.
ANOTHER EARTH* (Another Earth ; USA, 2011.) R. : Mike Cahill. Sc. : Mike Cahill et Brit Marling ; Ph. : Mike Cahill ; Mont. : Mike Cahill ; M. : Fall On Your Sword (Will Bates, Philip Mossman) ; Pr. : Mike Cahill, Brit Marling et Hunter Gray. Int. : Brit Marling (Rhoda Williams), William Mapother (John Burroughs), Matthew-Lee Erlbach (Alex). Couleurs, 92 min. Alors qu’une autre Terre vient d’apparaître dans le ciel, Rhoda, une étudiante ambitieuse entre en collision avec la voiture de John Burroughs, un célèbre compositeur. Ce dernier tombe dans le coma et perd sa femme et son fils présents dans le véhicule. Rhoda est incarcérée. Quatre ans plus tard, elle sort de prison et rêve de partir sur l’autre Terre. Mais son chemin recroise celui de Burroughs, dont la vie est ravagée depuis l’accident. La jeune femme va alors, en secret, tout mettre en œuvre pour lui redonner le goût à la vie. Jusqu’au jour où elle lui avoue son identité.
De la S.F. d’auteur. Voilà ce que propose le cinéaste Mike Cahill avec Another Earth, son premier long métrage de fiction. Et le résultat, malgré un budget modeste et quelques longueurs, est des plus séduisants, le film, variation autour du thème de l’univers parallèle, nous entraînant en effet dans une histoire envoûtante, empreinte de mélancolie et de poésie. Se concentrant sur les deux personnages principaux, deux êtres solitaires brisés par la même tragédie, Cahill tisse un drame intimiste ponctué d’éléments de SF propices à une réflexion sur le deuil, la culpabilité et la rédemption. Soutenu par un magnifique travail photographique (les plans sur l’autre Terre sont mémorables) et une interprétation exceptionnelle dominée par la comédienne Brit Marling, également productrice et co-scénariste, Another Earth souffre néanmoins de petites redondances mais également d’une certaine froideur qui rebutera probablement un bon nombre de spectateurs. Reste qu’au final, et en dépit de ses faiblesses, cette production indépendante, récompensée à Sundance, s’impose comme une belle expérience cinématographique mais aussi comme l’acte de naissance d’un cinéaste dont on suivra avec intérêt les futurs projets.E.B.
ANOTHER SILENCE** (Fr., Arg., Can., Br., 2011.) R. : Santiago Amigorena ; Sc. : Santiago Amigorena et Nicolas Buenaventura ; Ph. : Lucio Bonelli ; M. : Yves Desrosiers ; Pr. : Gloria Films ; Int. : Marie-Josée Croze (Marie), Ignacio Rogers (Pablito), Tony Nardi (Tony), Benz Antoine (Joshua). Couleurs, 90 min. Marie voit son mari et son fils abattus par un tueur en voiture. Officier de police, elle utilise ses réseaux, retrouve le conducteur qu’elle torture et lui fait avouer le nom du tueur, Pablito, lié au patron de la drogue en Argentine. Elle part pour ce pays, mais Pablito a fui en Bolivie. Elle l’y poursuit. Elle est enfin face à lui. Elle abat ses gardes du corps mais l’épargne car il a un jeune fils et lui demande pardon.
Le thème de la vengeance a beaucoup servi dans le film policier et le western. Il est traité ici à travers un dépaysement géographique qui attache le spectateur et un dénouement qui le laisse pantois, dans le désert bolivien où finit par errer l’héroïne. Belle interprétation de Marie-Josée Croze.J.T.
ANOTHER YEAR*** (Another Year, GB, 2010.) ; R. et Sc. : Mike Leigh ; Ph. : Dick Pope ; M. : Gary Yershon ; Pr. : Georgina Lowe ; Int. : Jim Broadbent (Tom), Ruth Sheen (Gerri), Lesley Manville (Mary). Couleurs, 129 min. Tom et Gerri, la soixantaine, forment un couple heureux, sans histoires, attentifs à leur entourage, à leur fils Joe, encore célibataire, mais aussi à Mary, une collègue, seule et volubile, toujours en quête d’une âme sœur après ses multiples mésaventures sentimentales. La perfection d’un cinéma anglais, précis jusqu’au moindre détail, dans une narration à la fois classique et distancée – et, bien sûr, une note d’humour malgré la morosité ambiante. C’est un film chaleureux comme ses personnages, tout en sachant garder un regard critique. Une grande réussite de Mike Leigh, portraitiste attentif de la société de son époque.C.B.M.
ANTBOY (Dan., 2013.) R. : Ask Hasselbalch ; sc. : Anders Ølholm, Nikolaj Arcel et Torbjorn Rafn d’après les livres de Kenneth Bøgh Andersen ; Ph. : Niels Reedtz Johansen ; M. : Peter Peter ; Pr. : Eva Jakobsen et Lea Løbger. Int. : Oscar Dietz (Pelle Nøhrmann / Antboy, Amalie Kruse Jensen (Ida), Samuel Ting Graf (Wilhelm). Couleurs, 77 min. Pelle, garçon solitaire passant inaperçu, voit son existence bouleversée le jour où il se fait mordre par une fourmi génétiquement modifiée. Il se découvre
alors des supers-pouvoirs et, avec l’aide de Wilhelm, son nouvel ami, devient Antboy. N’ayant rien à voir avec Ant-man, personnage estampillé Marvel, Antboy est un super-héros nordique imaginé par l’auteur danois Kenneth Bøgh Andersen. Portées à l’écran par Ask Hasselbalch, ses aventures destinées à un public familial, feront la joie des plus jeunes. Car si le film ne brille pas par son originalité et ne sort jamais des sentiers battus, il inspire néanmoins la sympathie et ce, grâce à une bonne humeur communicative et un véritable respect pour le genre. Débutant par un générique dessiné et animé qui plante le décor, Antboy assume ses influences et nous entraîne dans une histoire balisée mais truffée de clins d’œil et de séquences amusantes (cf. le refus de Pelle de porter un collant ridicule en guise de costume) qui font de cette production un agréable spectacle. Les pouvoirs dont hérite le jeune héros (force surhumaine, ouïe ultra développée et… urine acide) donnent ainsi lieu à quelques scènes bien senties. De plus, et en dépit du manque de charisme d’Oscar Dietz, qui incarne le rôle-titre, le film, mené à un train d’enfer, est peuplé de personnages semblant tout droit sorti d’une BD. En résulte un divertissement sans prétention mais appréciable ayant déjà donné naissance à deux suites.E.B.
ANTECHRIST (L’) (L’Anticristo ; Ital. ; 1974.) R. : Alberto De Martino ; Sc. : Alberto De Martino, Gianfranco Clerici et Vicenzo Mannino ; Ph. : Aristide Massaccessi ; M. : Ennio Morricone et Bruno Nicolai ; Pr. : Edmondo Amati ; Int. : Carla Gravina (Hippolita), Mel Ferrer (Prince Massimo Oderisi), Arthur Kennedy (Padre Ascanio Oderisi), Alida Valli (Irene), Anita Strindberg (Gretel). Couleurs, 106 min. Victime d’un accident, Hippolita, fille du prince Oderisi, retrouve ses jambes grâce à des pratiques démoniaques et prise d’une libido diabolique, devient enceinte et doit accoucher de l’Antechrist. Y parviendra-t-elle malgré les efforts de son oncle, exorciste fameux ?
Variations italiennes sur L’exorciste. Un film oublié mais qu’on peut redécouvrir en raison de la présence au générique d’Arthur Kennedy et d’Alida Valli.J.T.
ANTHONY AND CLEOPATRA** (Anthony and Cleopatra ; GB, Esp., S.,1972.) R. : Charlton Heston ; Sc. : Charlton Heston et Federico de Urrutia d’après la pièce de Shakespeare ; Ph. : Rafael Pacheco ; M. : John Scott ; Pr. : Folio Film (Londres), Transac (Zurich) et Izaro (Madrid) ; Int. : Charlton Heston (Marc-Antoine), Hildegard Neil (Cléopâtre), John Castle (Octave), Carmen Sevilla (Octavie), Eric Porter (Enobarbus), Freddie Jones (Sextus Pompée), Fernando Rey (Lépidus). Couleurs, Todd aC, 170 min. Le déclin d’Antoine entraîné dans la défaite à Actium et dans la mort par Cléopâtre. Pour cette adaptation de la pièce de Shakespeare, Charlton Heston avait songé à Orson Welles ou à Peter Glenville, avant de la mettre en scène luimême, conseillé par Laurence Olivier. Un important budget a permis de tourner la bataille d’Actium dans le port de Roquetas avec en supplément des images de galères tirées de Ben-Hur. Le tombeau de Cléopâtre a été situé dans le désert d’Alméria. Heston plaque un combat de gladiateurs en contrepoint de l’affrontement verbal entre Octave et Antoine : ce qui donne plus de force à leur affrontement. Malheureusement Hildegard Neil n’est pas Cléopâtre, ce qui a contribué à l’échec du film qui ne fut pas distribué en France.J.T.
ANTIGANG* (Fr., 2015.) R. : Benjamin Rocher ; Sc. : Tristan Schulmann et François Loubeyre ; Ph. : Jean-François Hensgens ; Pr. : SND ; Int. : Jean Reno
(Serge Buren), Alban Lenoir (Cartier), Caterina Murino (Margaux), Oumar Diaw (Manu). Couleurs, 90 min. L’Antigang lutte contre un gang de braqueurs en utilisant des méthodes pas très légales. Ce polar louche vers la série télévisée Engrenages avec des morceaux de bravoure très spectaculaires comme le règlement de comptes final. Toujours merveilleux acteur, Jean Reno commence à accuser son âge. Il devrait désormais passer derrière un bureau. J.T.
ANTIQUAIRE (L’)* (Fr., 2014.) R. : François Margolin ; Sc. : Sophie Seligmann, François Margolin, Vincent Mariette, Jean-Claude Grumberg ; Ph. : Olivier Guerbois et Caroline Champetier ; M. : Bernard Herrmann ; Pr. : MargoCinéma ; Int. : Anna Sigalevitch (Esther), François Berléand (Simon), Michel Bouquet (Raoul), Robert Hirsch (Claude Weinstein), Louis-Do de Lencquesaing (Melchior). Couleurs, 96 min. Esther Stegmann décide d’enquêter sur le sort des tableaux enlevés à sa famille comme juive. Elle questionne son grand-oncle Raoul, marchand d’art, qui se dérobe, comme les musées, tandis que son père, Simon, reste silencieux. Elle découvrira un terrible secret. Après Monuments Men et La femme au tableau, un nouveau film sur les œuvres d’art enlevées aux Juifs. Celui-ci vaut pour les numéros d’acteur de Michel Bouquet, Robert Hirsch et François Berléand.J.T.
ANT-MAN*
(Ant-Man ; USA, 2015.) R. : Peyton Reed ; Sc. : Edgar Wright, Joe Cornish, Adam McKay et Paul Rudd, d’après les comics de Stan Lee, Larry Lieber et Jack Kirkby ; Ph. : Russell Carpenter ; M. : Christophe Beck ; Eff. sp. : Daniel Sudik ; Eff. vis. : Jake Morrison, Alex Wuttke ; Pr. : Marvel Studios ; Int. : Paul Rudd (Scott Lang/Ant Man), Evangeline Lily (Hope van Dyne), Michael Douglas (Docteur Pym), Corey Stoll (Darren Cross/Yellowjacket). Couleurs, 117 min. En faisant un cambriolage, un repris de justice, voleur pour pouvoir revoir sa fille, trouve dans un coffre-fort une combinaison et un casque. Il l’enfile et se trouve miniaturisé. Dans le casque il entend la voix du professeur Pym qui l’invite à empêcher les recherches de Mitchell Carson sur « la particule Pym » à des fins militaires. Scott Lang passe à l’action… Nouveau super-héros capable de changer de taille à tout moment, Ant-Man enrichit ainsi la collection Marvel où il fut créé par Stan Lee. Mais le film ne vaut pas L’homme qui rétrécit de Jack Arnold.C.E.Y.
ANTON TCHEKHOV, 1890* (Fr., 2014.) R., Sc. et Pr. : René Féret ; Ph. : Lucas Bernard ; M. : MarieJeanne Serero ; Pr. : Les films Alyne ; Int. : Nicolas Giraud (Anton Tchekhov), Lolita Chammah (Macha Tchekhov), Brontis Jodorowski (Alexandre Tchekhov), Robinson Stévenin (Kolia Tchekhov), Jacques Bonnaffé (Alexei Souvorine), Frédéric Pierrot (Léon Tolstoï), Marie Féret (Anna). Couleurs, 96 min. Anton Tchékhov vit heureux au sein de sa famille, écrivant des nouvelles qui attirent l’attention sur lui (il obtient le prix Pouchkine). En tant que médecin, il soigne la tuberculose de l’un de ses frères ; ce dernier meurt, il vit très mal cet échec et part alors pour l’île de Sakhaline afin d’y étudier la vie des bagnards. Un film modeste réalisé avec de faibles moyens, mais avec sincérité en une peinture quasi impressionniste de l’époque. Nicolas Giraud interprète avec finesse celui qui deviendra plus tard le grand dramaturge.
C.B.M.
AO, LE DERNIER NÉANDERTAL* (Fr., 2010.) R. : Jacques Malaterre ; Sc. : Philippe Isard, Michel Fessler, d’après le livre de Marc Klapczynski ; Ph. : Sabine Lancelin ; M. : Armand Amar ; Pr. : Yves Marmion ; Int. : Simon Paul Sutton (Ao), Aruna Shields (Aki), Craig Morris (Boorh/Itkio), Helmi Dridi (Aguk), Vesela Kazakova (Unak). Couleurs, 84 min. Pendant plus de 300 000 ans, l’homme de Néandertal règne sur la planète. Il y a moins de 30 000 ans, il disparaît à tout jamais. Son sang coule-t-il encore dans nos veines ? Nul ne le sait… sauf Ao… le dernier des Néandertaliens… Réalisateur à succès de séries documentaires TV sur l’origine de l’homme moderne (« L’odyssée de l’espèce », « Homo Sapiens », « Le sacre de l’homme »), Jacques Malaterre s’est essayé à la fiction cinématographique avec cette évocation plus ou moins réussie de la disparition de l’homme de Néandertal. Souvent spectaculaire, son film rend bien la beauté et la cruauté de la nature ; il trouve par ailleurs en Simon Paul Sutton un interprète qui sait faire passer ses émotions sans passer par une langue directement compréhensible par le spectateur. Mais de gros défauts empêchent d’adhérer autant qu’on le voudrait à l’histoire. Il faudrait pour cela que, dramatiquement parlant, l’ensemble soit autre chose qu’une banale « boy meets girl story », avec tous les clichés du genre – particulièrement mal venus dans un tel contexte. En outre, la joliesse très 21e siècle d’Aruna Shields – bonne actrice par ailleurs – est gênante. Le pire est que, ne faisant pas confiance à la langue créée de toutes pièces pour l’occasion – le réalisateur se croit obligé de tout nous expliquer en voix off. Jean-Jacques Annaud avait été plus audacieux avec ses grognements sans sous-titres de La guerre du feu. Et il avait eu raison. G.B.
APNÉE** (Fr., 2016.) R. et Sc. : Jean-Christophe Meurisse ; Ph. : Javier Ruiz Gomez ; Pr. : Ecce Film ; Int. : Céline Fuhrer (Céline), Thomas Scimeca (Thomas), Maxence Tual (Maxence). Couleurs, 89 min. Ils veulent se marier à trois, prennent un bain dans la baignoire en vente dans un grand magasin, veulent emprunter pour créer un parc d’attractions où les enfants seraient exposés à la violence… Bref, une suite d’extravagances imaginées par la troupe des Chiens de Navarre, créée en 2005. Dans la lignée des Branquignols.J.T.
APOLLONIDE : SOUVENIRS DE LA MAISON CLOSE (L’)** (Fr., 2011.) R. et Sc. : Bertrand Bonello ; Ph. : Josée Deshaies ; M. : Bertrand Bonello ; Déc. : Alain Guffroy ; Pr. : Les films du Lendemain et My New Picture ; Int. : Alice Barnole (Madeleine « la juive »), Céline Sallette (Clotilde), Hafsia Herzi (Samira), Jasmine Trinca (Julie dite Caca), Adèle Haenel (Léa dite Poils longs). Couleurs, 122 min. La vie d’une maison close à Paris en 1899. La violence des clients, les dettes, la syphilis, les humiliations et finalement la fermeture. Les amateurs de scènes érotiques seront déçus : tout est dans la reconstitution du décor et dans la peinture sociale. La splendeur des images ne masque pas le côté sordide de la prostitution. Un monde fermé mais où parviennent les échos de l’extérieur : les travaux de Paris, la menace de la guerre. L’élégance n’exclut pas la misère, misère physique et sociale des filles dont les portraits sont esquissés avec leurs surnoms. Vision nostalgique que conforte la dernière image : aujourd’hui la prostituée racole sur le périphérique.J.T.
APÔTRE (L’)** (Fr., 2014.) R. et Sc. : Cheyenne Carron ; Ph. : Prune Brenguier ; M. : Patrick Martens ; Pr. : Carron Production ; Int. : Fayçal Safi (Akim), Brahim Tekfa (Youssef), Sarah Zaher (Hafsa), Salah Sassi (Abdellah). Couleurs, 117 min. Akim doit devenir iman. Il est bouleversé par le meurtre d’une femme du quartier et par le comportement du frère de la victime, un prêtre, qui se rapproche de la famille du tueur, alors que son frère Youssef refuse de serrer la main d’un apostat. Akim se rapproche du prêtre et finit par se convertir au catholicisme après avoir subi reproches et violences. C’est son frère Youssouf qui deviendra iman. Dernière image : les deux frères prient ensemble. Un film estimable car courageux et prêchant la tolérance. Le cas d’une conversion de l’Islam vers le Catholicisme semble plus rare que l’inverse et exposait l’œuvre à des représailles qui ne semblent pas avoir eu lieu. Cheyenne Carron respecte d’ailleurs la foi musulmane. Une œuvre insolite dans la production courante. Elle mérite d’être saluée. J.T.
APPARITION DE LA JOCONDE (L’) (Fr., 2011.) R. : François Lunel ; Sc. : François Lunel, Viviane Zingg et Arnaud Bougoin ; Ph. : Christophe Debraize-Bois ; M. : Mathieu Lamboley et Tal Hadad ; Pr. : La vie est belle et Promenade Films ; Int. : Serge Riaboukine (Frank Brettnacher), Vanessa Glodjo (Lisa), Grégoire Colin (Paul), Dominique Besnehard (le producteur). Couleurs, 81 min. Frank, un écrivain, écrit la suite d’un film pour un producteur, Paul. Il lit dans la presse qu’on a tenté de voler la Joconde. Les malfaiteurs ont été arrêtés sauf une femme. Et voilà qu’une femme frappe à sa porte, s’incruste dans sa vie et s’appelle Lisa…
Une œuvre déroutante sur les rapports entre la peinture et le réel, trop ambitieuse peut-être et mal servie par des acteurs qui ne s’imposent pas. Dommage car l’idée d’un tableau, ici la Joconde, qui, tout à coup, prend vie, était séduisante.J.T.
APPRENTI GIGOLO* (Fading Gigolo ; USA, 2013.) R. et Sc. : John Turturo ; Ph. : Marco Pontecorvo ; M. : Chris Robertson ; Pr. : Antidote Films ; Int. : John Turturo (Fioravante), Woody Allen (Murray), Vanessa Paradis (Avigal), Sharon Stone (Docteur Parker), Liev Schreiber (Dovil). Couleurs, 90 min. Faute de clients, Murray doit fermer sa librairie. Il va voir son ami célibataire Fioravante, un fleuriste, et lui propose de jouer le gigolo. Ils partageront les bénéfices. Première cliente le docteur Parker. Puis ce sera Avigal, une juive othodoxe, sans oublier l’ardente Selima. Un marivaudage sexy avec un Woody Allen en pleine forme et une superbe revenante, Sharon Stone.J.T.
APPRENTISSAGE DE DUDDY KRAVITZ (L’)*** (The Apprenticeship of Duddy Kravitz ; Can., 1974.) R. : Ted Kotcheff ; Sc. : Mordecai Richler et Lionel Chetwynd, d’après le roman de Mordecai Richler ; Ph. : Brian West ; M. : Stanley Myers ; Pr. : John Kemeny ; Int. : Richard Dreyfuss (Duddy Kravitz), Micheline Lanctôt (Yvette), Jack Warden (Max), Randy Quaid (Virgil), Joseph Wiseman (oncle Benjy) ; Denholm Elliott (Friar). Couleurs, 120 min. Fils d’un modeste chauffeur de taxi de Montréal, Dudley Kravitz rêve de bâtir un vaste complexe hôtelier autour d’un lac qu’il a découvert en travaillant comme serveur dans un bar. Comme les fermiers canadiens refusent de vendre à
un juif, Duddy se sert de sa petite amie Yvette comme prête-nom, et rachète un à un les lopins de terre vendus autour du lac. Pour trouver de l’argent, il fonde une société de production de films, se lance dans le commerce des machines à sous et passe de la drogue sur le territoire américain pour le compte d’un grand ponte du milieu. Il n’hésite devant rien pour arriver à ses fins, va même jusqu’à dérober les économies de Virgil, un jeune épileptique devenu paralysé par sa faute, et Yvette finit par le quitter… Rien n’est jamais plus drôle et plus décapant qu’une communauté se moquant d’elle-même, témoin le court métrage projeté au milieu du film et réalisé sur la Bar-Mitzvah par Friar, le réalisateur ivrogne qui a fui les États-Unis et le MacCarthysme. Bourré d’une autodérision totalement dépourvue du moindre esprit antisémite, donc, et récompensé par l’Ours d’Or au Festival de Berlin 1974, le film est une critique à la fois féroce et divertissante de l’arrivisme, de la morale du profit à tout prix et des travers de la société bourgeoise, qui valut à son interprète principal un important succès d’estime : c’est en le voyant que Steven Spielberg pensa à Richard Dreyfuss pour incarner le jeune ichtyologiste des Dents de la mer (1975) avant de le reprendre pour le rôle de Roy Neary, le héros de Rencontres du troisième type (1977). Méconnu à sa sortie, le film a été remis en lumière lors de sa présentation au festival de Cannes dans la section Cannes Classics, en 2013.R.L.
APRÈS MAI (Fr., 2012.) R. et Sc. : Olivier Assayas ; Ph. : Eric Gautier ; Pr. : MK2 ; Int. : Clément Métayer (Gilles), Lola Creton (Christine), Félix Armand (Alain), Carole Combes (Laure). Couleurs, 122 min. Un groupe de jeunes lors des manifestations étudiantes de 1971. Les slogans anarchistes, la drogue, les actes de vandalisme, le suicide, les poursuites… Pas de message, pas de véritables violences dans ce portrait d’une génération qui, à force de simplicité et d’objectivité, risque de décevoir.J.T.
APRÈS MEIN KAMPF, MES CRIMES* (Fr., 1940) R. : Alexandre Ryder (sous le nom de Jean-Jacques Valjean) ; Sc. : José Lacaze ; Pr. : Les films Régent ; Int. : Line Noro (Frieda), Roger Karl (le colonel), Alain Cuny (Marinus Van der Lubbe), George Fronval (Adolf Hitler), Albert Monys (Adolf Hitler jeune). NB, 83 min. Collaborateur en 1936 de Sacha Guitry, Ryder tourna rapidement en 1939 ce film de propagande antinazie. C’est une suite d’épisodes criminels, dont Adolf Hitler est le moteur. Docu fiction avant la lettre, Ryder s’arrête à la déclaration de guerre, qu’il souhaite rapidement gagnée par l’armée française. Quelques séquences sont tirées d’images d’archives, d’autres, comme celle où excelle le trentenaire Alain Cuny, dans le rôle du présumé incendiaire du Reichstag, ou bien cette autre où un acteur corpulent revit l’exécution d’Ernst Röhm lors de la Nuit des Longs Couteaux. Tout est reconstitué avec soin et un louable souci de vérité. La séquence finale, qui voit un membre des Jeunesses Hitlériennes avouer à sa mère qu’il a dénoncé son propre père, l’envoyant à la mort, nous rappelle la pièce Misère et grand’peur du Troisième Reich de Bertolt Brecht. Si tous les crimes du nazisme, tels les chambres à gaz, ne sont pas encore décrits dans le film, c’est que l’on ne pouvait pas, en 1939, concevoir qu’on irait aussi loin dans l’horreur.U.S.
AQUARIUS*** (Aquarius ; Brésil, 2015.) R. et Sc. : Kleber Mendonça Filho ; Ph. : Pedro Sotero et Fabricio Tadeu ; Pr. : Saïd Ben Saïd, Emilie Lesclaux et Michel Merkt ; Int. : Sonia Braga (Clara), Maeve Jinkings (Ana Paula), Humberto Carrao (Diego), Irandhir Santos (Roberval). Couleurs, 142 min. Clara, la soixantaine, a survécu à un cancer du sein. Critique musicale reconnue, elle est dans le souvenir d’un mari aimant, maintenant décédé. Elle vit seule, avec sa vieille bonne, dans un bel immeuble des années 40,
« l’Aquarius », sur le front de mer. Un puissant promoteur immobilier voudrait l’en déloger. Elle résiste… Malgré sa durée, le film maintient une attention constante. Subdivisé en trois parties, c’est le beau portrait d’une femme exceptionnelle qui a su vivre sa vie en toute liberté. Sonia Braga en est la magnifique interprète. Mais, au-delà, c’est aussi le tableau de la classe moyenne brésilienne au fil des décennies qui est ici évoqué, avec nombre documents d’archives — tableau d’une société face à la montée du capitalisme. Et n’oublions pas la musique d’époque qui s’insère parfaitement. C.B.M.
ARAIGNÉE D’EAU (L’)** (Fr., 1968.) R. et Sc. : Jean-Daniel Verhaeghe, d’après l’œuvre de Marcel Béalu ; Ph. : Jean Gonnet ; M. : Serge Kaufman ; Pr. : Bernard Paris ; Int. : Elisabeth Wiener (Nadie), Marc Eyraud (Bernard), Marie-Ange Dutheil (Catherine), André Julien (le paysan), Pierre Meyrand (le curé), Juliet Berto. Couleurs, 80 min. Au retour d’une promenade à la campagne, Bernard, passionné d’entomologie, ramène au foyer une petite araignée d’eau qu’il a prélevée sur un étang. Le lendemain, le frêle hémiptère s’est métamorphosé en une splendide jeune fille nue… Beau film fantastique français, adapté avec finesse du recueil du maître du genre Marcel Béalu. Malheureusement le public n’a pas suivi, la splendide Élisabeth Wiener n’est pas devenue la vedette mythique qu’elle aurait dû être et Jean-Daniel Verhaeghe a dit adieu au cinéma. Heureusement, il a trouvé sa place à la télévision dont il est devenu l’un des plus talentueux réalisateurs (La métamorphose, La controverse de Valladolid, La bataille d’Hernani…). Nouvelle sortie en salle en 2015. G.B.
ARBRE ET LA FORÊT (L’)** (Fr., 2008.) R. et Sc. : Olivier Ducastel, Jacques Martineau ; Ph. : Matthieu Poirot-Delpech ; Pr. : Gilles Sandoz, Kristina Larsen ; Int. : Guy Marchand (Frédérick Muller), Françoise Fabian (Marianne Muller), François Négret (Guillaume Muller), Catherine Mouchet (Françoise Muller), Yannick Rénier (Rémi), Sabrina Seyvecou (Delphine Muller). Couleurs, 97 min. Frederick, 77 ans, n’assiste pas aux obsèques de son fils Charles ; son cadet, Guillaume, s’en indigne. Frederick, un ancien déporté, s’est marié en secondes noces avec Marianne. Lors de la soirée d’anniversaire de celle-ci, il va révéler le secret de son passé devant la famille réunie… Ce majestueux tilleul planté dans la propriété symbolise la force de vie après les camps de la mort. D’une réalisation classique, avec ses beaux plans larges sur la forêt ou plus resserrés dans le confinement feutré d’une maison bourgeoise, c’est une œuvre humaniste où Guy Marchand, en contre-emploi, est excellent.C.B.M.
ARDOISE (L’)* (Fr., Ital., 1970.) R. : Claude Bernard-Aubert ; Sc. : C. Bernard-Aubert, Jean-Marie Durand, d’après le roman L’ardoise d’un apache de Pierre-Vial Lesou ; Dial. : Pascal Jardin ; Ph. : Jean Tournier ; M. : Salvatore Adamo ; Pr. : Michel Ardan ; Int. : Salvatore Adamo (Philippe), Élisabeth Wiener (Élisabeth), Michel Constantin (Théo Gilani), Jess Hahn (Bob Daniels), Simone Valère (Louisa), Fernand Sardou (Ricky), Max Amyl (le gardienchef), Bobby Lapointe (le fermier), Paul Pavel (Bastien), Jean Desailly (le commissaire Clair), Jacques Legras (le passant), Guy Delorme (un détenu). Couleurs, 85 min. Condamné pour coups et blessures sur la personne de l’associé de son défunt père, Philippe a pour compagnons de cellule Théo Gilani et Bob Daniels, deux truands avec lesquels il ne tarde pas à sympathiser. Le père de Philippe était
diamantaire et subissait un odieux chantage de la part de son collaborateur. De son côté, Théo rumine sa vengeance contre un nommé Bastien, qu’il soupçonne de l’avoir autrefois doublé. À leur sortie de prison, Théo et Bob s’en vont liquider Bastien. Libéré à son tour, Philippe retrouve ses deux amis et met au point le casse de la villa du maître-chanteur ayant causé la mort de son père. Le coup réussit de justesse : Philippe met la main sur un document innocentant, de manière posthume, l’auteur de ses jours et abandonne à ses deux complices les diamants et l’argent liquide dérobés dans le coffre de la villa. Les trois compères se séparent. Chargé de convoyer billets et bijoux en lieu sûr, Philippe est victime d’un accident de la route provoqué par un chauffard ivre, qui s’empresse de dérober le sac contenant le butin. Persuadé d’avoir été une nouvelle fois possédé, Théo retrouve Philippe, qu’il tabasse sans réfléchir, laissant ce dernier à l’agonie. Contacté entre temps par la fiancée du chauffard, Bob récupère le magot. Pris de remords, Théo – qui apprend incidemment que Bastien ne l’a jamais trahi – se suicide. Bob se rend chez Louisa, la veuve de Bastien, afin de lui remettre une grosse somme d’argent, à titre de « réparation ». Louisa l’abat. Percutants et acérés, les romans – plus noirs que l’encre – de Pierre-Vial Lesou ont connu une heureuse postérité à l’écran, tant sous la férule de JeanPierre Melville (Le Doulos, 1962) et de Michel Deville (Lucky Jo, 1964) que de Raoul Lévy (Je vous salue Mafia, 1965) ou d’Yves Boisset (Un condé, 1970). Adaptée de L’Ardoise d’un apache (1967), l’œuvre de Claude Bernard-Aubert – dont la carrière s’est hélas abîmée par la suite – ne déroge pas à ce constat et mérite assurément le détour. Montage nerveux, intrigue ramassée, dialogues sans fioritures : le cinéaste va droit au but, épargnant au spectateur les traditionnels poncifs sur l’amitié virile entre truands. L’interprétation, dominée par Michel Constantin (égal à lui-même en malfrat taciturne) et l’imposant Jess Hahn, ne manque pas de justesse. Sobre et naturel, Adamo défend son rôle avec les honneurs, tout en signant une magnifique B.O. (plaisamment arrangée et orchestrée par Alain Goraguer). Si les dernières images laissent entrevoir une discrète note d’espoir (totalement absente du récit original), le film demeure cependant fidèle à l’esprit du livre et en illustre bien la morale : « Quand on a
jugé quelqu’un – quelles que soient les apparences ou les preuves – la seule certitude que l’on peut avoir c’est qu’on s’est trompé. »A.M.
ARÈS** (Fr., 2015.) R. Jean-Patrick Benes ; Sc. : Jean-Patrick Benes, Allan Mauduit et Benjamin Dupas (collaboration) ; Ph. : Jérôme Alméras ; M. : Alex Cortés et Christophe Julien ; Pr. : Albertine et Gaumont ; Int. : Ola Rapace (Arès), Micha Lescot (Myosotis), Thierry Nancisse (Coach). Couleurs, 80 min. En 2035 dans une France de 15 millions de chômeurs, on se passionne pour un sport de combat, l’Arena, qui oppose des gladiateurs dopés. Arès est l’un de ceux-là... Une vision apocalyptique de l’avenir de la France, impressionnante et singulièrement noire.J.T.
ARGO*** (Argo ; USA, 2012.) R. : Ben Affleck ; Sc. : Chris Terrio, d’après des extraits de Master of Disguise : My Secret Life in the CIA d’Antonio J. Mendez et d’un article de Joshuau Bearman “The Great Escape” ; Ph. : Rodrigo Prieto ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. : Warner Bros ; Int. : Ben Affleck (Tony Mendez), Bryan Cranston (Jack O’Donnell), Alan Arkin (Lester Siegel), John Goodman (John Chambers), Victor Garber (Ken Taylor), Clea DuVall (Cora Lijek). Couleurs, 120 min. En 1979 l’ambassade américaine en Iran est attaquée par des manifestants. Six membres du personnel parviennent à s’échapper et à trouver refuge à l’ambassade du Canada. À Washington le Département d’État et la CIA cherchent un moyen de les sortir d’Iran. Un spécialiste, Tony Mendez suggère de tourner un faux film américain en Iran et de les exfiltrer comme techniciens de
l’équipe. Ce film sera Argo, un long métrage de science-fiction. Mendez part pour Téhéran. Mais de leur côté les autorités iraniennes sont lancées à la poursuite des fuyards qu’ils ont identifiés. Au dernier moment, Washington décide l’annulation de l’opération mais Mendez passe outre. Il réussira de justesse l’exfiltration. Incroyable mais vrai : ce prodigieux suspense qui tient haletant jusqu’au bout le spectateur, repose sur des événements réels. L’excellent acteur Ben Affleck, pour son troisième film, nous livre un formidable thriller couronné de l’oscar du meilleur film 2012. À déconseiller aux anxieux et aux cardiaques. J.T.
ARMES SECRÈTES* (Q Planes ; GB, 1939.) R. : Tim Whelan ; Sc. : Ian Dalrymple, d’après une histoire de Brock Williams, Jack Whittingham et Arthur Wimperis ; Ph. : Harry Stradling ; M. : Muir Mathieson ; Pr. : Irving Asher ; Int. : Laurence Olivier (Tony McVane), Ralph Richardson (Major Hammond), Valerie Hobson (Kay), George Curzon (Jenkins), George Merritt (Barrett), Gus McNaughton (Blenkinsop), John Longden (John Peters). NB, 82 min. Au large de Bordeaux, Toulon et des côtes de Cornouailles, des prototypes d’avions transportant du matériel expérimental secret ont disparu sans laisser de traces. Le major Hammond, de Scotland Yard, enquête après de la compagnie d’aviation Barrett & Ward. Précisément, un nouveau prototype décolle, piloté par John Peters, avec à son bord un co-pilote, un navigateur et un radio. Après quinze kilomètres de vol au large de la Cournouailles, le E.97 entre dans une zone contrôlée par un mystérieux rayon émis depuis le dragueur « Le Viking » qui détruit la radio et endommage gravement le moteur. Contraint d’amerrir à proximité du navire, l’avion est aussitôt récupéré par treuil, et l’équipage fait prisonnier. Tandis que Hammond apprend que « Le Viking » se trouvait déjà à proximité de l’endroit où le dernier prototype a disparu, le pilote d’essai Tony
McVane est désigné pour piloter le prochain appareil qui doit s’envoler avec un nouveau modèle de compresseur. McVane va vivre la même mésaventure que Peters : lui et ses collaborateurs se retrouvent prisonniers à bord du « Viking »… Les scénaristes ont tenté d’insuffler à l’histoire un peu d’humour et de distanciation dans le style des « screwball comedies » américaines dans ce qui reste l’une des premières tentatives de film de propagande au cours de la période qui précède la Seconde Guerre mondiale. D’abord scénariste et gagman pour Harold Lloyd, Tim Whelan était passé réalisateur en 1928 et, après un premier film aux États-Unis, était venu travailler en Angleterre où il tournera ses films les plus célèbres dont Le Divorce de Lady X (1938) où il avait déjà Laurence Olivier comme interprète.R. L.
ARNACŒUR (L’)** (Fr., 2009.) R. : Pascal Chaumeil, Sc. : Laurent Zeitoun, Jeremy Doner, Yoann Gromb ; Ph. : Thierry Arbogast ; Int. : Romain Duris (Alex), Vanessa Paradis (Juliette), Julie Ferrier (Mélanie), François Damiens (Marc), Helena Noguerra (Sophie). Couleurs, 105 min. Alex est un « briseur de couples » professionnel, aidé par sa sœur et son beau-frère. Un homme d’affaires (qui a quelque accointance avec la mafia) lui demande d’intervenir pour briser l’idylle de sa fille Juliette avec un fils de famille londonien. Mais la belle est vraiment amoureuse. Alex et cie vont avoir fort à faire… Une pétillante comédie romantique emmenée sur un train d’enfer par un Romain Duris plus charmeur que jamais. Les rôles secondaires apportent la note comique (Hélène Noguerra en nymphomane est hilarante) et Vanessa Paradis est vraiment craquante. Dans un genre, certes, mineur, ce film est une réussite.C.B.M.
ARNAUD FAIT SON 2E FILM*
(Fr., 2015.) R. et Sc. : Arnaud Viard ; Ph. : Isabelle Dumas ; M. : Mathieu Boogaerts ; Pr. : Les 1001 marches ; Int. : Irène Jacob (Chloé Artaud), Arnaud Viard (lui-même), Louise Coldefy (Gabrielle Ducorail), Nadine Alari (la mère d’Arnaud), Chris Esquerre (le coach sexuel). Couleurs, 80 min. Les malheurs d’un réalisateur et comédien. Il ne peut avoir d’enfant avec Chloé et la quitte ; il peine sur le scénario de son deuxième long métrage ; il rencontre une fille par annonces et c’est un fiasco ; sa mère meurt ; sa belle interprète pour le film qu’il doit enfin tourner, le plaque. Heureusement Chloé accouche. Enfin. Il sera là. Après Clara et moi, nouveau film autobiographique de Viard. C’est drôle, émouvant, parfois féroce.J.T.
ARRÊTE DE PLEURER PÉNÉLOPE* (Fr., 2012.) R. et Sc. : Juliette Arnaud, Corinne Puget et Christine Anglio ; Ph. : Robert Alazraki ; Pr. : Sunrise Films ; Int. : Juliette Arnaud (Chloé), Corinne Puget (Léonie), Christine Anglio (Pénélope), Jacques Weber (Aimé Badaroux), Marie Pacôme (Lise). Couleurs, 84 min. Trois jeunes femmes, Chloé, la sage Léonie et la fantaisiste Pénélope, héritent de la maison de la tante de Chloé. Celle-ci est en mauvais état. Faut-il la restaurer ou la vendre ? Les souvenirs d’enfance affluent chez les trois héritières… Après le succès de leur pièce, Juliette Arnaud et Corinne Puget, assistées de Christine Anglio, ont décidé d’en faire un film. Cela donne une bluette avec états d’âme, Chloé regrette sa plastique d’antan, Léonie rumine ses humiliations et Pénélope rêve à de nouvelles amours. Le film plaira à ceux qui ont aimé la pièce.J.T.
ARRÊTE OU JE CONTINUE**
(Fr., 2014.). R., Sc. et Dial. : Sophie Fillières ; Ph. : Emmanuelle Collinot ; M. : Christophe ; Pr. : Maurice Trachant et Martine Marignac ; Int. : Emmanuelle Devos (Pomme), Mathieu Amalric (Pierre), Anne Brochet (Sonija), Joséphine de la Baume (Mellie), Nelson Delapalme (Romain). Couleurs, 102 min. Pomme et Pierre s’aiment encore mais forment un couple désaccordé. Lors d’une randonnée (sous la pluie !) ils se disputent et se séparent. Restée seule, Pomme s’égare dans la forêt… La première partie est prestement enlevée avec des situations cocasses, voire saugrenues, et des dialogues étincelants. Puis vient la (trop) longue partie centrale où Pomme se cherche – au sens propre comme au figuré. Et c’est enfin la résolution d’une amertume lucide. Une approche originale et vraisemblable de la vie d’un couple, celui-ci étant brillamment interprété par Emmanuelle Devos (avec son grain de folie douce) et Mathieu Amalric.C.B.M.
ARRÊTEZ LE MASSACRE (Fr., 1959.) R. : André Hunebelle ; Sc. : Jean Halain ; Ph. : Lucien Joulin ; M : Jean Wiener ; Pr. : André Halley des Fontaines, André Hunebelle ; Int. : Jean Richard (Antoine Martin dit Le Bourreau de l’Ardèche), Corinne Marchand (Wanda), Harold Kay (Bob), Max Révol (Bigoudi), Geneviève Cluny (Solange), Florence Blot (l’infirmière). NB, 83 min. Devenu par hasard champion de catch en Ardèche, Antoine Martin se fait recruter à Paris par Bob, son ancien copain de régiment devenu manager. Le naïf entrevoit déjà une brillante carrière nationale et internationale. Ce qu’il ignore c’est que Bob cache son jeu : redoutable gangster, il est à la recherche d’un homme de paille au casier vierge. Et le brave Antoine fait à ses yeux figure de pigeon idéal. Pitoyable comédie comme on en faisait à la pelle à l’époque. Et Jean Richard en catcheur, il faut s’accrocher : c’est aussi crédible que Lino Ventura en tutu !G.B.
ART D’AIMER (L’)** (Fr., 2011.) R. et Sc. : Emmanuel Mouret ; Ph. : Laurent Desmet ; M. : Frédéric Norel ; Pr. : Moby Dick Films ; Int. : Pascale Arbillot (Zoé), Ariane Ascaride (Emmanuelle), Frédérique Bel (la voisine d‘Achille), François Cluzet (Achille), Julie Depardieu (Isabelle), Judith Godrèche (Amélie), Philippe Magnan (Paul), Emmanuel Mouret (Louis), Louis-Do Lencquesaing (Ludovic). Couleurs, 85 min. Une suite de petites fables légères qui mettent en scène Achille, Isabelle, Zoé et autres. Ainsi : « il ne faut pas refuser ce que l’on nous offre » où l’on voit Zoé proposer à son amie Isabelle, célibataire, de coucher avec son compagnon. Elle refuse. Sous le signe d’Ovide, une série de variations sur l’amour, fines, légères, interprétées par des acteurs confirmés mais encore neufs. C’est crédible, amusant, érotique, finalement réussi.J.T.
ART DE LA FUGUE (L’)* (Fr., 2014.) R. : Brice Cauvin ; Sc. : Brice Cauvin et Raphaëlle DesplechinValbrune, d’après le roman de Stephen McCauley ; Ph. : Marc Tevanian ; M. : François Perony ; Pr. : Georges Fernandez ; Int. : Laurent Lafitte (Antoine), Bruno Putzulu (Adar), Agnès Jaoui (Ariel), Benjamin Biolay (Gérard), Nicolas Bedos (Louis), Marie-Christine Barrault (Nelly), Guy Marchand (Francis), Elodie Frégé (Julie), Irene Jacob (Mathilde), Didier Flamand (Chastenet). Couleurs, 98 min. Nelly et Francis, un couple de commerçants âgés, ont trois fils. Louis, l’aîné, devrait épouser Julie alors qu’il aime Mathilde. Gérard, qui aide ses parents au magasin, déprime depuis le départ de sa femme ; Ariel saura-t-elle le consoler ? Quant à Antoine, le cadet, il a une liaison homosexuelle avec Adar, même s’il n’a pas oublié Zoltan.
Une comédie chorale, commet on dit, dans l’air du temps, avec une douzaine de personnages pittoresques et attachants. Une comédie qui n’a aucun message à délivrer – sinon celui d’être heureux (mais c’est tellement banal !). Une comédie où l’on se sent bien en compagnie de cette bande d’excellents acteurs, tous à l’unisson.C.B.M.
ART DE SE DÉBROUILLER (L’)* (L’arte di arrangiarsi ; ltal., 1954.) R. : Luigi Zampa ; Sc. : Vitaliano Brancati, L. Zampa ; Ph. : Marco Scarpelli ; M. : Alessandro Cicognini ; Pr. : Gianni Hecht Lucari ; Int. : Alberto Sordi (Rosario « Sasa » Scimoni), Marco Guglielmi (l’avocat Giardini), Franco Coop (le maire), Luisa della Noce (Paola Toscano). N.B., 85 min. Rosario Scimoni, dit Sasa, est un jeune Sicilien sans conviction particulière. Dans les années 1910, il devient socialiste pour les beaux yeux d’une femme. Puis, sous Mussolini, il épouse la cause du fascisme en même temps qu’une femme assez laide. À la libération, par opportunisme, il devient communiste… Une fresque réjouissante — mais bien superficielle — sur la société italienne de la première moitié du XXe siècle, où la politique est vue par le petit bout de la lorgnette. Le film doit beaucoup à Alberto Sordi, interprète idéal pour ce type de personnage veule, opportuniste, faux jeton, mais, à tout prendre, plutôt sympathique.C.B.M.
ARTHUR 3 : LA GUERRE DES DEUX MONDES (Fr., 2010.) R. : Luc Besson ; Sc. : Luc Besson, Céline Garcia et Patrice Garcia (d’après la série romanesque Arthur et les Monimoys de Luc Besson et Céline Garcia) ; Ph. : Thierry Arbogast ; M. : Eric Serra ; Pr. :
EuropaCorp ; Voix : Gérard Darmon (Maltazard), Mylène Farmer (Sélénia), Marc Lavoine (Darkos), Jean-Paul Rouve (Armand), Yann Loubatière (voix d’Arthur). Couleurs, 101 min. Arthur et les Minimoys recherchent un élixir qui les fera grandir leur permettant de vaincre Maltazard, qui se fait refaire le visage, et son fils Darkos. Arthur, avec l’aide de Sélénia et de Bétamèche, l’emporte et met Maltazard sous cloche. Fin des aventures d’Arthur qui conserve la voix de Freddie Highmore dans toutes les versions. Pour public d’enfants.J.T.
ARTIST (THE)** (Fr., 2011.) R. et Sc. : Michel Hazanavicius ; Ph. : Guillaume Schiffman ; M. : Ludovic Bource ; Pr. : Thomas Langmann ; Int. : Jean Dujardin (George Valentin), Bérénice Bejo (Peppy Miller), John Goodman (Al Zimmer), James Cromwell (Clifton, le chauffeur), Penelope Ann Miller (Doris). NB, 100 min. 1927. George Valentin, une grande vedette du cinéma muet, rencontre à la sortie de son nouveau triomphe l’une de ses admiratrices, Peppy Miller. Amoureux d’elle, il la fait engager comme figurante aux studios Kinograph. Alors que George ne croit pas en l’avenir du cinéma parlant et produit un film muet qui va le ruiner, Peppy accède au vedettariat dans un film parlant. Énorme succès publique et critique (peut-être inespéré) pour ce film qui ne manque pas d’un charme nostalgique. Superbe photo en noir et blanc au format I.33, musique d’accompagnement « ad hoc », fabuleux numéro d’acteurs – tant Jean Dujardin que Bérénice Bejo – amplement récompensés. Vaguement inspiré par la carrière de John Gilbert (partenaire habituel de Greta Garbo), au delà d’une brillante comédie avec « tap-dance », c’est un agréable mélodrame, très habilement réalisé. C.B.M.
ARTISTE ET SON MODÈLE (L’)*** (El artista y lo modelo ; Esp., Fr., 2011.) R. et Pr. : Fernando Trueba ; Sc. : Fernando Trueba, Jean-Claude Carrière ; Ph. : Daniel Vilar ; M. : Gustav Mahler, Juan Tizol ; Int. : Jean Rochefort (Marc Cros), Aida Folch (Mercè), Claudia Cardinale (Léa Cros), Chus Lampreave (María), Götz Otto (Werner). NB, 105 min. Été 1943, dans la campagne non loin de la frontière espagnole. Marc Cros, célèbre sculpteur octogénaire, vit une retraite paisible en marge de la guerre, avec Léa, sa femme et ancien modèle. Mais l’inspiration le fuit : il semblerait qu’il n’ait plus rien à dire… Jusqu’au jour où Léa revient accompagnée d’une très jeune et très jolie jeune fille, qu’elle propose d’héberger dans leur maison. Mercé, échappée d’un camp de réfugiés espagnols, petit animal rétif et sensuel, va devenir sa dernière muse… On a connu Fernando Trueba (Belle époque, Two Much) plaisant mais superficiel. C’est un reproche qu’il serait malvenu de lui adresser ici, tant le réalisateur espagnol y fait preuve d’ambition et… s’y montre à la hauteur. On ne peut dès lors que le suivre dans sa quête esthétique et philosophique. C’est le regard de l’artiste qu’il nous propose d’adopter : ne plus laisser nos yeux glisser sur les choses et les êtres, mais s’y poser et les considérer jusqu’à en appréhender leur quintessence, comme dans cette étonnante séquence où Marc apprend à Mercè à regarder vraiment un dessin de Rembrandt. Le tout sur un rythme contemplatif mais jamais ennuyeux et dans un noir et blanc de toute beauté. Jean Rochefort est sublime dans le rôle de Marc Cros (inspiré par le sculpteur Aristide Maillol dans ses vieux jours) tandis que dans celui de son modèle, Aida Folch convainc par sa beauté sensuelle et sauvage.G.B.
ASCENSION D’UN HOMME DE MAIN (L’)*
(Rise of the Footsoldier ; Irlande. 2007.) R. et Sc. : Julian Gilbey et Will Gilbey ; Ph. : Ali Asad ; M. : Sandy McLelland et Ross Cullum ; Pr. : Michael Loveday et David Shead ; Int. : Ricci Harnett (Carlton Leach), Craig Fairbass (Pat Tate), Terry Stone (Tony Tucker). Couleurs, 119 min. L’histoire vraie de Carlton Leach, jeune hooligan dans les stades de football, devenu homme de main dans un gang connu à la fin des années 80 puis criminel le plus respecté du Royaume-Uni pendant deux décennies. Ou comment la violence dans les stades conduit au grand banditisme. Ce film d’une extrême brutalité semble n’être sorti qu’en DVD et en VOD en 2016.J.T.
AS DE CŒUR (L’)** (The Ace of Hearts ; USA, 1921. Sortie DVD en France en 2009.) R. : Wallace Worsley ; Sc. : Ruth Wightman, d’après le roman de Gouverneur Morris The Purple Mask ; Ph. : Don Short ; Pr. : Goldwyn Pictures ; Int. : Leatrice Joy (Lilith), John Bowers (Forrest), Lon Chaney (Farralone), Hardee Kirkland (Morgridge), Raymond Hatton (La Menace). NB, film muet 6 bobines (environ 75 min). Ils sont huit hommes et une femme, Lilith, à faire partie d’une confrérie secrète qui vient de décider de la mort d’un homme puissant et sans scrupules consacrant sa fortune à faire le mal : celui qui tire l’as de cœur sera chargé de la sentence. Forrest est désigné par le sort, mais, au dernier moment, sursoit à l’exécution de peur de blesser un couple d’amoureux innocents qui se trouvent à proximité de la cible. La Confrérie a ses règles, et quiconque a failli à sa mission doit périr de la main d’un de ses frères. Cette fois, c’est Farralone qui tire l’as de cœur et doit l’exécuter. Mais, amoureux lui aussi de Lilith, il préférera se sacrifier plutôt que de compromettre le bonheur de celle qu’il aime désespérément. Grand maître du maquillage, Lon Chaney, qui venait de triompher l’année précédente dans Satan (1921) dirigé par le même réalisateur, apparaît ici sous
son vrai visage et incarne le personnage qui, en dehors de ses créations diaboliques, va devenir le prototype de sa carrière : l’amoureux éconduit qui s’efface au profit de son rival. Il retrouvera trois autres fois Wallace Worsley : pour Le Prince des ténèbres (Voices of the City, 1921), Le Rival de Dieu (A Blind Bargain, 1922) – tous deux considérés comme perdus – et surtout NotreDame de Paris (The Hunchback of Notre-Dame, 1923). Film ressuscité par la vidéo.R.L.
ASPHALTE** (Fr., 2015.) R. : Samuel Benchetrit ; Sc. : Samuel Benchetrit et Gabor Rassov ; Ph. : Pierre Aïm ; M. : Raphaël ; Pr. : Ivan Taïeb, Marie Savare et Julien Madon ; Int. : Isabelle Huppert (Jeanne Meyer), Gustav Kervern (Sterkowitz), Valérie Bruni-Tedeschi (l’infirmière de nuit), Michael Pitt (John McKenzie), Jules Benchetrit (Charly). Couleurs, 100 min. Une HLM délabrée d’une périphérie urbaine. Sterkowitz, qui n’a pas voulu participer au renouvellement de l’ascenseur car il habite au premier étage, se retrouve en fauteuil roulant. Il lie connaissance avec une infirmière de nuit. Charly, un adolescent esseulé, a pour voisine de palier Jeanne Meyer, une actrice oubliée dont il veut relancer la carrière. John Mackenzie, un cosmonaute américain attérit avec sa capsule spéciale sur le toit de l’immeuble. Il est hébergé par une vieille dame d’origine maghrébine. Trois intrigues s’enchevêtrent qui sont autant de rencontres chaleureuses. La mise en scène se contente principalement de plans fixes. La photo est terne ; les décors sont délabrés : rien d’enthousiasmant a priori. Et pourtant l’on rit beaucoup devant ces scènes absurdes et surprenantes, teintées de mélancolie. Un film drôle et tendre qui donne une image inhabituelle, loin des stéréotypes, de la banlieue.C.B.M.
ASSASSIN (THE)***
(Cikè Niè Yinniang ; Chine, Hong Kong, Taïwan, 2015.) R. : Hou HsiaoHsien ; Sc. : Hou Hsiao-Hsien, Cheng Ah, T’ien-wen Chu, Hai-Meng Hsieh, d’après une nouvelle de Sing Pei (Histoire de Nie Yinniang) ; Int. : Qi Shu (Nie Yinniang), Chen Chang (Tian Ji’an), Yun Zhou (Lady Tian). Couleurs, 105 min. Dans la Chine du IXe siècle, Nie Yinniang revient dans sa famille après un long exil. Elle a été initiée aux arts martiaux par une nonne pour devenir une justicière qui a pour mission d’éliminer les tyrans. Elle reçoit l’ordre d’éliminer son cousin Tian Ji’an, gouverneur d’une province dissidente. Hou Hsiao-hsien, chef de file de la nouvelle vague taïwanaise, revisite l’histoire de la Chine dans de somptueuses fresques. Il explique : « Dès le lycée, j’ai dévoré toute la littérature des « chuanqui », ces romans qui fleurissaient en Chine au IXe siècle. Je me suis énormément documenté en lisant les chroniques de cette époque. C’est une période chaotique où la puissance de l’empire Tang est menacée par des gouverneurs de province ». On trouve aussi des références aux films d’arts martiaux, le Kung-fu, mais ces scènes, explique le réalisateur, ne sont que ponctuelles et font office de citations. Une réalisation magnifique qui a reçu le prix de la mise en scène à Cannes en 2015. J.T.
ASSASSIN’S CREED** (Assassin’s Creed ; USA, 2016.) R. : Justin Kurzel ; Sc. : Michael Lesslie, Adam Cooper et Bill Collage, d’après le jeu vidéo créé par Patrick Désilets, Corey May et Jade Raymond ; Ph. : Adam Arkapaw ; M. : Jed Kurzel ; Pr. : Ubisoft Motion Picture, New Regency et DMC ; Int. : Michael Fassbender (Callum Lynch/Aguilar), Marion Cotillard (Sofia), Jeremy Irons (Rikkin), Brendan Gleeson (Joseph Lynch). Couleurs, 115 min. De nouvelles techniques libérant la mémoire génétique permettent à Callum Lynch de revivre le passé de son ancêtre Aguilar dans l’Espagne de l’Inquisition.
Il découvre l’existence de la société secrète des Assassins et doit affronter une redoutable organisation : l’Ordre des Templiers. Film à grand spectacle inspiré d’un jeu d’action créé en 2007 par Ubisoft. Kurzel avait déjà tourné un Macbeth avec Fassbender et Marion Cotillard. Les adeptes du jeu vidéo semblent avoir été déçus par cette adaptation ; pour les autres il s’agit d’une œuvre mêlant sans ennui aventures, science fiction et reconstitution historique.J.T.
ASSASSIN S’ÉTAIT TROMPÉ (L’)** (Cast a Dark Shadow ; GB, 1955.) R. : Lewis Gilbert ; Sc. : John Cresswell, d’après la pièce de Janet Green (Murder Mistaken) ; Ph. : Jack Asher ; M. : Ant ony Hopkins ; Pr. : Daniel M. Angel ; Int. : Dirk Bogarde (Edward Bare), Margaret Lockwood (Freda Jeffries), Kay Walsh (Charlotte Young), Kathleen Harrison (Emmie), Robert Flemyng (Peter Mortimer), Mona Washbourne (Monica Bare), Walter Hudd (le coroner), Philip Stainton (Charlie Mann), Lita Rozza (la chanteuse). NB, 82 min. Edward Bare a épousé Monica, beaucoup plus âgée que lui, pour sa fortune. Lorsqu’il apprend que son épouse veut modifier son testament et faire de sa sœur sa seule héritière, il décide de l’assassiner. La police conclut à un accident, mais Edward, spolié de son héritage par une clause dont il n’avait pas connaissance, se rend à La Jamaïque en quête d’une nouvelle proie. Après avoir épousé Freda, une riche veuve, il fait la connaissance de Charlotte à qui il fait une cour assidue, sans savoir qu’il s’agit de la sœur de sa première épouse venue enquêter incognito sur les circonstances de la disparition de Monica… Un thriller psychologique de bonne tenue. L’essentiel de l’intérêt tient dans le jeu remarquable de nuances de Dirk Bogarde, pimenté par le duel verbal qui l’oppose à Margaret Lockwood, où l’humour occupe une bonne place. Humour que vient encore renforcer la composition de Kathleen Harrison en domestique d’une naïveté confondante. Seule la fin, terriblement conventionnelle, tempère sérieusement le plaisir pervers qu’on peut prendre au comportement de ce
Landru moderne et bon enfant dans les rapports ambigus qu’il entretient avec celle dont il projette de faire sa nouvelle victime. La réalisation de Lewis Gilbert, que certains pourront qualifier d’académique, est remarquable de maîtrise et de minutie dans sa recherche systématique des beaux cadrages, magnifiés par une photo lumineuse et contrastée du futur grand opérateur de la Hammer, Jack Asher.R.L.
ASSOCIÉS CONTRE LE CRIME** (Fr., 2012.) R. : Pascal Thomas ; Sc. : Clémence de Biéville, Nathalie Lafaurie et Pascal Thomas d’après L’affaire de la femme disparue d’Agatha Christie ; Ph. : Renan Pollès ; M. : Reinhardt Wagner ; Pr. : Les Films français ; Int. : Catherine Frot (Prudence Beresford), André Dussollier (Bélisaire Beresford), Linh-Dan Pham (Marie Van Dinh), Nicolas Marié (Docteur Nicoles Roscoff), Agathe de la Boulaye (Docteur Matarazzi), Eric Naggar (Docteur Jünger), Bernard Verley (le général). Couleurs, 104 min. Bélisaire Beresford ouvre un nouveau cabinet de détective. Il doit retrouver Ludmila, richissime cliente d’une clinique de chirurgie esthétique qui détiendrait le secret de la jeunesse éternelle. Après Mon petit doigt m’a dit et Le crime est notre affaire, voici une nouvelle aventure du couple Bélisaire et Prudence Beresford, avec un dénouement inattendu et fantastique. Pascal Thomas est toujours aussi à l’aise dans ces histoires policières pleines de fantaisie et empreintes d’une certaine nonchalance qui en fait le charme.J.T.
ASSOMMEUR (L’)** (Thunderbolt ; USA, 1929.) R. : Joseph von Sternberg ; Sc. : Jules Furthman, Charles Furthman, Joseph von Sternberg, Herman J. Mankiewicz ; Ph. : Henry Gerrard ; Pr. : Paramount ; Int. : George
Bancroft (Thunderbolt), Fay Wray (Ritzy), Richard Arlen (Bob Morgan). N.B., 97 min. Pour sauver la vie de Bob Morgan qui l’aime, elle dénonce Thunderbolt que Ritzy a décidé d’abandonner. Thunderbolt se venge en faisant impliquer Morgan dans un coup monté. Celui-ci est aussi condamné à mort. Son sort est entre les mains de Thunderbolt. Premier film sonore de Sternberg, L’assommeur est ressorti à Paris sous le titre de La rafle. D’où la confusion, dans le tome III, avec The Dragnet, film de Sternberg aujourd’hui perdu. Tourné en 1928, The Dragnet, sur un scénario également de Jules Furthman, voyait le même George Bancroft, en détective privé, Two-Gun Nolan, affronter un gang dirigé par Dapper Frank Trent, alias William Powell. On sait peu de choses de cette œuvre en huit bobines.J.T.
ASTÉRIX ET OBÉLIX : AU SERVICE DE SA MAJESTÉ* (Fr., 2013.) R. : Laurent Tirard ; Sc. : Laurent Tirard et Grégoire Vigneron d’après Astérix chez les Bretons et Astérix chez les Normands de Goscinny et Uderzo ; Ph. : Denis Rouden et Catherine Pujol ; M. : Klaus Badelt ; Eff. sp. : Julien Poncet de la Grave ; Pr. : Fidélité Films ; Int. : Gérard Depardieu (Obélix), Edouard Baer (Astérix), Guillaume Gallienne (Jolitorax), Vincent Lacoste (Goudurix), Valérie Lemercier (Miss Macintosh), Catherine Deneuve (la Reine Cordelia), Fabrice Luchini (Jules César). Couleurs, 110 min. César envahit la Grande Bretagne. La Reine appelle au secours Astérix et Obélix qui vont lui livrer de la potion magique, accompagnés par Jolitorax. Ils se retrouvent à Londinium après avoir aidé un sans-papyrus, Pindépis… Le dessin animé est toujours plus fidèle aux albums de Goscinny et Uderzo, mais ici, comme à l’habitude, la distribution est éclatante avec Depardieu stupéfiant Obélix comme toujours. Un bon divertissement pour tous publics.J.T.
ASTÉRIX : LE DOMAINE DES DIEUX** (Fr., 2014.) R. : Louis Clichy et Alexandre Astier ; Sc. : Alexandre Astier d’après Le domaine des Dieux de Goscinny et Uderzo ; Animation : Patrick Delage ; Musique : Philippe Rombi ; Pr. : Editions Albert René ; Voix : Roger Carel (Astérix), Guillaume Briat (Obélix) Lorànt Deutsch (Anglaigus), Laurent Lafitte (Duplicatha), Alain Chabat (le sénateur Prospectus), Elie Semoun (Cubitus). Couleurs, 85 min. César veut faire construire un grand domaine confié à l’architecte Anglaigus. Mais il est à côté du dernier village gaulois et Astérix et ses amis ne veulent pas en entendre parler. Néanmoins la forêt est rasée et des logements construits avec grand succès car la vie est moins chère qu’à Rome. Les Gaulois eux-mêmes se laissent séduire mais Astérix n’a pas dit son dernier mot. Dessin animé très fidèle à l’album. Il enchantera tous les publics.J.T.
ASTRAGALE (L’)** (Fr., 2014.) R. : Brigitte Sy ; Sc. : Brigitte Sy, Serge Le Peron d’après Albertine Sarrazin ; Ph. : Frédéric Serge ; M. : Béatrice Thiriet ; Pr. : Paulo Branco ; Int. : Leïla Bekhti (Albertine), Reda Kateb (Julien) Esther Garrel (Marie), Jocelyne Desverchère (Nini), Delphine Chuillot (Catherine). NB, 97 min. Albertine, 19 ans, se casse l’astragale en s’évadant de prison. Elle est secourue par Julien, un repris de justice qui la cache à Paris chez son amie Nini. Albertine s’éprend de Julien, interdit de séjour, qui a une autre femme dans sa vie. Belle adaptation, supérieure à celle de 1968 (malgré le talent de Marlène Jobert), du sulfureux roman autobiographique d’Albertine Sarrazin. Un
magnifique noir et blanc évoque avec pertinence le cinéma français des années 50-60, et le couple vedette brûle l’écran par l’intensité de leur amour.C.B.M.
ATTENTAT (L’)** (The Attack ; Fr., Bel., Liban, Qatar, 2012.) R. : Ziad Doueiri ; Sc. : Ziad Doueiri et Joelle Touma, d’après le roman éponyme de Yasmina Khadra ; Ph. : Tommaso Fiorilli ; M. : Eric Neveux ; Pr. : 3 B Productions ; Int. : Ali Suliman (Amine Jaafari), Reymonde Amsellem (Siham Jaafari), Evgenia Dodina (Kim), Karim Saleh (Adel). Couleurs, 102 min. Un attentat a lieu dans un restaurant de Tel-Aviv. Jaafari, chirurgien israélien d’origine arabe, en soignant les blessés, découvre que son épouse, qu’il croyait à Naplouse, serait l’auteur de l’attentat. On a découvert son corps déchiqueté. Jaafari apprend qu’elle est désormais une martyre de la cause palestienne. D’après un roman de Yasmina Khadra, le parcours d’une femme de milieu aisé, progressivement endoctrinée et qui se fait sauter dans un restaurant peuplé d’enfants. Toutefois l’analyse psychologique et le contexte religieux sont en retrait par rapport au roman. Doueiri est pourtant un réalisateur libanais qui connaît son sujet. Il fut couronné au Festival de Marrakech.J.T.
ATTENTE (L’)* (L’attesa ; Ital., Fr., 2015.) R. : Piero Messina ; Sc. : Giacomo Bendotti, Ilaria Macchia, Andrea Paolo Massara, P. Messina ; Ph. : Francesco di Giacoma ; Pr. : Nicola Giulano, Francesca Cima, Carlotta Calori, Fabio Conversi, Jérôme Seydoux ; Int. : Juliette Binoche (Anna), Lou De Laâge (Jeanne), Giorgio Colangeli (Pietro). Couleurs, 110 min. Sicile. Anna se replie sur sa douleur depuis la mort récente de son fils Giuseppe. Elle reçoit un appel de Jeanne lui disant que ce dernier l’a invité à
venir passer quelques jours de vacances dans leur belle villa. Anna accepte de la recevoir expliquant l’absence de son fils par de fallacieux prétextes. Inspiré par une pièce de Luigi Pirandello, ce premier long métrage de Piero Messina est un film visuellement beau (presque trop, frisant l’esthétisme) avec une superbe photo, des paysages et surtout des décors magnifiques. Juliette Binoche est une femme douloureuse, marquée par son deuil. Lou de Lâage a la spontanéité de la jeunesse. La procession des pénitents du Vendredi Saint est spectaculaire. Pourquoi alors faut-il que l’on s’ennuie ? Le rythme, sans doute… C.B.M.
ATTENTION, CHIENS MÉCHANTS*** (Ain’t She Tweet ; USA, 1951.) R. : I. Freleng ; Sc. : Warren Foster ; Animation : Virgil Ross ; M. : Carl Stalling ; Pr. : Warner Bros. Couleurs, 7 min. Comment traverser une cour remplie de chiens féroces quand on est un chat qui veut attraper un gentil (?) petit oiseau. Dans la série de dessins animés consacrée à Sylvestre [Grosminet] le chat et à Tweetie Pie [Titi] par Freleng, c’est le plus sadique. Le pire moment : Sylvestre a échappé aux féroces dogues qui sont derrière la porte. Il est de l’autre côté, épuisé, hagard, lorsque passe un vieux monsieur qui, croyant qu’il est à la porte, par compassion, le remet de l’autre côté ! Combien la charité est souvent aveugle ! Considéré aujourd’hui comme le meilleur dessin animé de la série.J.T.
ATTILA MARCEL* (Fr., 2013.) R. et Sc. : Sylvain Chomet ; Ph. : Antoine Roch ; M. : S. Chomet, Franck Monbaylet ; Pr. : Claudie Ossard, Chris Bolzli ; Int. : Guillaume Gouix (Paul/Attila Marcel) Anne Le Ny (Mme Proust), Bernadette Lafont
(tante Annie), Hélène Vincent (tante Anna), Luis Rego (M. Coelho). Couleurs 106 m. Paul, 30 ans, est muet depuis qu’il a vu la mort de ses parents lorsqu’il avait 2 ans. Il vit avec ses tantes Annie et Anna qu’il accompagne au piano pendant leurs cours de danse. Une voisine, madame Proust, lui conseille des tisanes de sa fabrication afin de lui faire revivre son passé – et peut-être, ainsi, lui rendre la parole. Un film mélancolique et passéiste situé dans le vieux Paris. Une réalisation de bric et de broc, un peu décousue, et de jolies trouvailles ajoutent du charme à ce film léger. Dernier rôle de Bernadette Lafont.C.B.M.
AU BOUT DU CONTE** (Fr., 2013.) R. : Agnès Jaoui ; Sc. : A. Jaoui, Jean-Pierre Bacri ; Ph. : Lubomir Bakchev ; M. : Fernando Fiszbein ; Pr. : Jean-Philippe Andraca, Christian Bérard ; Int. : Jean-Pierre Bacri (Pierre), Agnès Jaoui (Marianne), Agathe Bonitzer (Laure), Arthur Dupont (Sandro), Benjamin Biolay (Maxime Wolf), Dominique Valadié (Jacqueline), Didier Sandre (Guillaume Casseul). Couleurs 112 min. Sandro, un jeune compositeur, est le fils de Pierre et Jacqueline ; Pierre, même s’il n’y croit pas, est obsédé par la prédiction d’une voyante lui ayant annoncé sa mort prochaine. Laura est la fille de Marianne et Guillaume ; Marianne, une comédienne, monte un spectacle pour enfants à base de contes ; Sandro et Laura se rencontrent : coup de foudre. Ils annoncent leurs fiançailles… S’inspirant des contes de leur enfance (Cendrillon, le petit chaperon rouge, etc…) les auteurs réalisent une comédie dramatique bien réelle où il n’est pas toujours bon, justement, de croire aux fées et au prince charmant – mais plutôt, en la puissance d’un amour simple et sincère. Le film s’éparpille un peu entre les divers personnages, souvent réjouissants (tel J-P Bacri en vieux bougon hypocondriaque) ou attendrissants (tels les amoureux). Décors et musiques parfaitement choisis.C.B.M.
AU CAS OÙ JE N’AURAIS PAS LA PALME D’OR* (Fr., 2011.) R., Sc. et Pr. : Renaud Cohen ; Ph. : Marc Tévanian, Hervé Cohen ; M. : Yan Volsy ; Int. : Renaud Cohen (Simon), Emmanuel Salinger (le médecin), Frédéric Pierrot (le producteur), Julie Gayet (Julia), Maurice Bénichou (Dieu/l’acteur/le rabbin), Samir Guesmi (Yossef). Couleurs, 80 min. Tourner un premier film, c’est difficile mais on peut y arriver et même avoir de bonnes critiques. Mais pour le deuxième, ça peut être l’enfer. Simon en sait quelque chose, qui depuis dix ans, rame, se fait refuser tous ses scénarios par son producteur, voit l’inspiration le quitter. Un jour, il se découvre une grosseur sur le crâne : persuadé qu’il va mourir, il se lance à fond et dans l’urgence dans la réalisation d’un deuxième film, aussi sincère que fauché… Renaud Cohen parle de Renaud Cohen, de ses soucis, de sa carrière en panne, de son hypocondrie… Mais il le fait avec une telle fantaisie et une telle auto-dérision qu’on rit constamment. Ce n’est pas du niveau de Woody Allen ni de Nanni Moretti mais ça se déguste à la façon d’un petit rosé frais et fruité sans prétention.G.B.
AU CŒUR DE L’ARIZONA** (Heart of Arizona ; USA, 1938.) R. : Lesley Selander ; Sc. : Norman Houston, d’après les personnages créés par Clarence E. Mulford ; Ph. : Russell Harlan ; M. : Victor Young ; Pr. : Harry Sherman pour Paramount ; Int. : William Boyd (Hopalong « Hoppy » Cassidy), George « Gabby » Hayes (Windy Halliday), Russell Hayden (Lucky Jenkins), John Elliott (Buck Peters), Billy King (Artie Peters), Natalie Moorhead (Belle Starr), Dorothy Short (Jacqueline Starr), Stephen Chase (Dan Ringo). NB, 68 min.
À cause de son passé – elle vient de purger une peine de cinq ans de pénitencier –, Belle Starr, qui exploite un ranch en Arizona avec sa fille, est suspectée d’appartenir à une bande de voleurs de bétails que dirige en réalité son contremaître, Dan Ringo, ancien complice de son mari qui était voleur de chevaux. Aidé de ses amis fidèles, Lucky Jenkins et le vieux Windy Halliday, Hopalong Cassidy arrêtera les bandits et réussira à innocenter Belle Starr qui perdra la vie dans la bataille. On a trop tendance à mépriser ces dizaines de westerns à petits budgets pour double programme (environ une heure de projection) tournés durant l’entre-deux guerres. Sans se rendre compte que la plupart étaient très soignés sur le plan technique (celui-ci est signé par un vieux routier qui en aura plus d’une centaine à son actif) et qu’ils furent, à leur époque, l’équivalent des séries télévisées si prisées aujourd’hui, tant les spectateurs avaient plaisir à retrouver les personnages récurrents d’un épisode à l’autre. La saga de Hopalong Cassidy et de ses amis du « Bar 20 » est la création du romancier Clarence Edward Mulford (1883-1956). Entre 1907 et 1941, Mulford publia 28 romans consacrés à ses personnages dont le cinéma s’empara dès 1924. Mais ce n’est vraiment qu’en 1935 que la série démarra avec Hopalong Cassidy dirigé par Howard Bretherton. Sa vedette, William Boyd (1895-1972), allait, du jour en lendemain, devenir l’une des stars les plus populaires des ÉtatsUnis. Soixante-six films furent ainsi tournés de 1935 à 1948 (quarante-et-un pour Paramount, vingt-cinq pour United Artists à partir de 1942). Les seize premiers étant des adaptations plus ou moins fidèles des romans ; à partir du suivant (Au cœur de l’Arizona), des scripts originaux furent écrits dans le même esprit. Le nombre total de films de la série distribués en France ne dépasse pas la douzaine. Celui-ci a l’originalité de faire intervenir Belle Starr (1848-1889), un personnage authentique de l’Ouest qui sera jouée, entre autres, par Gene Tierney (La Reine des rebelles, 1941) et par Jane Russell (La Belle du Montana, 1952). Revu à la télévision. Voir aussi Bataille rangée.R.L.
AU CŒUR DE L’OCÉAN**
(In the Heart of the Sea ; USA, 2015.) R. : Ron Howard ; Sc. : Charles Leavitt, Rick Jaffa, Amanda Silver, d’après le roman éponyme de Nathaniel Philbrick ; Ph. : Anthony Dod Mantle ; M. : Roque Banos ; Pr. : Warner Bros ; Int. : Chris Hermsworth (Owen Chase), Benjamin Walker (George Pollard), Ben Whishaw (Herman Melville), Cillian Murphy (Matthew Goy). Couleurs, 122 min. Vers 1850, l’écrivain Herman Melville demande à Thomas Nickerson, survivant de l’Essex, de lui raconter l’expédition du balainier. C’était en 1819, Owen Chase et George Pollard s’en disputaient le commandement quand surgit un monstrueux cachalot. L’histoire de la genèse de Moby Dick conté par Ron Howard, solide réalisateur hollywoodien. Belles scènes maritimes n’excluant pas une certaine rigueur historique.J.T.
AU-DELÀ (Hereafter ; USA, 2010.) R. : Clint Eastwood ; Sc. : Paul Morgan ; Ph. : Tom Stern ; M. : Clint Eastwood ; Pr. : Malpaso Prod. ; Int. : Matt Damon (George Lonegan), Cécile de France (Marie Lelay), Frankie et George McLaren (Marcus/Jason), Jay Mohr (Billy). Couleurs, 129 min. Passant ses vacances en Asie du Sud-Est, la journaliste française Marie Lelay échappe de peu à un tsunami et a une brève vision de l’au-delà. Elle publie un livre. De son côté George Lonegan a le pouvoir d’entrer en contact avec les morts mais ne souhaite qu’une chose : avoir la vie normale d’un ouvrier. Enfin deux jumeaux, Jason et Marcus sont très unis. Mais Jason est tué par une voiture et son frère cherche un médium pour retrouver le contact avec lui. Les trois personnages se retrouvent dans un salon littéraire où Marie présente son livre. Y a-t-il une vie après la mort ? Déjà le sujet n’était guère pour Clint Eastwood. Difficulté supplémentaire : trois histoires qu’il faut entrecroiser. Ajoutons des acteurs mal à l’aise avec leur rôle. Certes la mise en scène est
brillante (les scènes du tsunami, les rapports entre jumeaux) mais on ne trouve pas dans cette œuvre qui frôle tantôt le banal, tantôt le ridicule, le Clint Eastwood qu’on aime tant. J.T.
AU-DELÀ DE L’ILLUSION* (Death Defying Deaths ; GB, Austr., 2007.) R. : Gillian Armstrong ; Sc. : Tony Grisoni, Brian Ward ; Ph. : Haris Zamberkoulos ; M. : Cezary Skubiszewski ; Pr. : Chris Curling, Marian Mcgowan ; Int. : Guy Pearce (Harry Houdini), Catherine Zeta-Jones (Mary McGarvie), Timothy Spall (Sugarman), Saoirse Ronan (Benji McGarvie), Malcolm Shields (Leith Romero), Leni Harper (sa femme). Couleurs, 97 min. 1926. Harry Houdini est le plus grand prestidigitateur au monde. Mais l’homme derrière la légende est une âme torturée d’avoir raté les derniers mots de sa mère mourante. Il est prêt à offrir une récompense de 10.000 $ à quiconque pourra le mettre en contact avec l’esprit de sa mère. Quand une mystérieuse femme, Mary McGarvie, prétend avoir ce pouvoir, le scepticisme d’Houdini est troublé. Plus il passe du temps avec Mary, plus il est attiré par elle. Houdini ne se doute alors pas qu’il se trouve au cœur du tour de magie le plus dangereux de sa carrière… Intrigant, et bien mené, ce film de l’Australienne Gillian Armstrong vaut surtout pour le portrait inusité qu’il dresse d’Houdini, le grand maître de l’illusion, au moment où, en fin de carrière et torturé par le doute et la mauvaise conscience, il n’est plus que l’ombre de lui-même.G.B.
AU-DELÀ DES COLLINES***
(Dupa dealuri ; Roum., Fr., Belg., 2011.) R. et Pr. : Cristian Mungiu ; Sc. : Cristian Mungiu, d’après deux livres de Tatiana Niculescu-Bran ; Ph. : Oleg Mutu ; Int. : Cosmina Stratan (Voichita), Cristina Flutur (Alina Ringhis), Valeriu Andriuta (le pope), Dana Tapalaga (Mère Elena), Catalina Harabagiu (Antonia). Couleurs, 150 min. Alina, barmaid en Allemagne, se présente dans un couvent de la campagne roumaine. Elle vient rendre visite à Voichita, une jeune religieuse, son amie de toujours depuis le temps de l’orphelinat… du moins avant que cette dernière n’entende l’appel de Dieu. Très vite, il s’avère qu’il ne s’agit pas d’une simple visite de courtoisie. Alina, qui rejette Dieu avec désespoir et avec rage, est là en réalité pour tirer Voichita des griffes de son rival divin. Car Voichita fut la maîtresse d’Alina, qui l’a toujours dans la peau et qui n’a pas l’intention de la laisser au Seigneur… Le sujet est à la fois insolite et sulfureux. On pouvait tirer de ces prémices une œuvre à thèse (rationalisme vs. croyances), un ricanement blasphématoire à la Buñuel, un film érotique ou pornographique et même un film gore (la longue séquence de l’exorcisme s’en rapproche mais sans tomber dans le racolage)… Cristian Mungiu, le plus grand cinéaste roumain actuel, choisit, lui, la limpidité et l’humanité. Ce qu’il nous conte en réalité, c’est la tragédie de celle qui n’y croyait pas et de la retombée sur terre de celle qui y croyait ; c’est l’horreur d’un amour fou contrarié qui mène à la folie. Le résultat est bouleversant : tourné en longs plans-séquences, ce film poignant (mais sans sentimentalisme) est porté par ses actrices principales, l’une douce (Cosmina Stratan), l’autre tendue et butée (Cristina Flutur). Toutes deux ont été (justement) récompensées à Cannes pour leur mémorable prestation.G.B.
AU-DELÀ DES MONTAGNES** (Shan he gu ren ; Chine, 2015.) R. et Sc. : Jia Zhang-ke ; Ph. : Yu Lik-Wai ; M. : Yoshihiro Hanno ; Pr. : Xstream Pictures, Shanghai Films, MK 2 ;
Int. : Zhao tao Zhao (Tao), Zhang Yi (Zhang Jinsheng), Liang Jing Dong (Liang-zi), Dong Zi (Dollar). Couleurs, 131 min. Dans les années 2000, la ville chinoise de Fenyang abrite la charmante Tao courtisée par Zhang, propriétaire d’une station service et par le mineur Liang-zi. Lequel choisir au moment où la population chinoise déserte les campagnes pour les villes ? Tous quitteront Fenyang et reviendront, Tao y finissant seule. Mélo nostalgique qui vaut pour l’évocation d’une Chine en profonde transformation. « Même si les montagnes disparaissent, les émotions demeurent » dit un proverbe chinois qui guide l’évolution chronologique de cette œuvre majeure du grand réalisateur chinois. J.T.
AU FIL D’ARIANE** (Fr., 2014.) R., Robert Guédiguian ; Sc. : R. Guédiguian, Serge Valletti ; Ph. : Pierre Milon ; M. : Eduardo Makaroff, Christophe Müller ; Pr. : R. Guediguian, Marc Bordure ; Int. : Ariane Ascaride (Ariane), Gérard Meylan (Denis), Jacques Boudet (Jack), Jean-Pierre Darroussin (le chauffeur de taxi), Anaïs Demoustier (Martine), Adrien Jolivet (Raphaël). Couleur, 92 min. Ariane est dépitée : personne n’est venu pour son anniversaire. Elle prend sa petite voiture et se dirige vers le port de Marseille. Coincée dans un embouteillage, un jeune garçon la prend sur sa Vespa pour la conduire dans un sympathique restaurant où elle est accueillie chaleureusement. Un film sans queue ni tête (où des automobilistes se mettent à danser, où une tortue parle, etc.…) qui n’a que la logique d’un rêve – ce qu’il est d’ailleurs. Guédiguian propose un petit film chaleureux, dans des décors d’opérettes, aux nombreuses références littéraires, musicales (Jean Ferrat) ou cinématographiques. Une agréable fantaisie, un peu longuette, aérienne comme une bulle de savon… de Marseille !C.B.M.
AU FOND DES BOIS** (Fr., 2010.) R. : Benoît Jacquot ; Sc. : Benoît Jacquot, Julien Boivent. Ph. : Julien Hirsch, M. : Bruno Coulais ; Pr. : Matthieu Tarot, Philippe Carcassonne, Jean Meurer ; Int. : Isild Le Besco (Joséphine), Nahuel Pérez Biscayart (Thimotée), Jérôme Kircher (Capitaine Langlois), Bernard Rouquette (Dr. Hughes), Mathieu Simonet (Paul). Couleurs 102 min. 1865, dans un village du midi, Thimotée, un vagabond se disant « fils de Dieu » envoûte Joséphine, la fille du médecin. Il la viole et l’entraîne avec lui au fond des bois. Le film, inspiré d’un fait divers réel, fut réalisé dans les beaux paysages de l’Ardèche. Joséphine a-t-elle agi sous contrainte, comme elle le prétend ? ou bien était-elle consentante, ainsi que l’affirme Thimotée, afin de fuir une existence morne. Qui manipule qui ? C’est tout l’enjeu et toute l’ambiguité de ce beau film, prenant, fort bien interprété par les deux principaux comédiens.C.B.M.
AU GALOP** (Fr., 2012.) R. et Sc. : Louis-Do de Lencquesaing ; Ph. : Jean-René Duveau ; M. : Emmanuel Deruty ; Pr. : Gaëlle Bayssière, Didier Creste ; Int. : LouisDo de Lencquesaing (Paul Bastherlain), Valentina Cervi (Ada Savigné), Marthe Keller (Mina), Alice de Lencquesaing (Camille Bastherlain), Xavier Beauvois (François), Laurent Capelluto (Christian), Bernard Verley (Bonpapa) Ralph Amoussou (Louis), Denis Podalydès (l’éditeur), André Marcon (le conseiller financier). Couleurs, 93 min. Paul, un écrivain qui vit seul avec sa fille Camille, tombe sous le charme d’Ada, une attachée d’édition. À la mort de son père, il se rend dans la maison avec son frère François. Leur mère commence à perdre la tête ; elle organise la cérémonie funèbre comme une réception. Paul retrouve Ada au salon du livre de
Brive. Ils deviennent amants. Ada ne peut se décider à rompre avec son compagnon, Christian, le père de sa fille. Certes on pourrait reprocher à Louis-Do de Lencquesaing de se mettre complaisamment en scène. De plus il situe l’intrigue dans le milieu intello de l’édition et dans un cadre bourgeois. Cependant son film a bien du charme, sorte de marivaudage léger sur les aléas de l’amour, sur les emballements du cœur (qui bat au galop en présence de l’être aimé), sur la difficulté des choix amoureux. Quelques scènes souvent drôles contribuent à faire de ce film une délicieuse et délicate comédie sentimentale.C.B.M.
AU NOM DE MA FILLE* (Fr., 2014.) R. : Vincent Garenq ; Sc. : V. Garenq, Julien Rappeneau ; Ph. : Renaud Chassaing ; M. : Nicolas Errèra ; Pr. : Hugo Bergson-Vuillaume, Cyril Colbeau-Justin, Jean-Baptiste Dupont ; Int. : Daniel Auteuil (André Bamberski), Sébastian Koch (Dieter Krombach), Marie-Josée Croze (Dany), Christelle Cornil (Cécile), Serge Feuillard (maître Gibault). Couleurs, 87 min. Alors qu’elle est en vacances en Allemagne chez sa mère et son beau-père, le docteur Krombach, Kalinka, 14 ans, meurt, soi-disant à la suite d’un accident. Son père, André Bamberski, n’en est pas convaincu, persuadé de la culpabilité de Krombach. Pendant trente ans, il mène un combat sans relâche afin de le confondre. Inspiré d’une histoire vraie qui finit par envoyer le meurtrier en prison en France, ce film a la sécheresse d’une enquête. Il se voit sans passion, ni émotion, malgré l’interprétation vigoureuse de Daniel Auteuil.C.B.M.
AU SUD DE MOMBASA
(Beyond Mombasa ; USA, 1956.) R. : George Marshall ; Sc. : Richard English et Gene Levitt, d’après une nouvelle de James Eastwood, La marque du léopard ; Ph. : Freddie Young ; M. : Humphrey Searle ; Pr. : Hemisphere pour Columbia ; Int. : Cornel Wilde (Matt Campbell), Donna Reed (Ann Wilson), Leo Genn (Ralph Hoyt), Ron Randell (Eliot Hastings), Christopher Lee (Gil Rossi), Dan Jackson (Ketimi). Couleurs, 92 min. Venu à Mombasa rejoindre son frère George pour exploiter une mine d’uranium, Matt Campbell apprend qu’il a été assassiné par un homme-léopard. Matt, les deux associés de son frère, le prospecteur Hastings et le chasseur Gil Rossi, ainsi que le « missionnaire » Ralph Hoyt et sa nièce anthropologue, Ann Wilson, s’enfoncent dans la jungle à la recherche de la mine. Tout en faisant la cour à Ann, Matt soupçonne l’un des deux associés d’être l’instigateur du meurtre. Le film « exotique » tel que le concevait Hollywood dans les années cinquante, avec son lot de stock-shots, de transparences, de danses folkloriques et quelques plans tournés dans l’Afrique profonde. La fin, qui se veut surprenante en révélant un criminel inattendu, dépasse allègrement les bornes du ridicule. À voir néanmoins pour Christopher Lee en chasseur pittoresque, ambigu et inquiétant à souhait, un an avant ses premiers rôles emblématiques à la Hammer.R.L.
AU VOLEUR** (Fr., 1960.) R. : Ralph Habib ; Sc. : Jean-Bernard Luc d’après Sacha Guitry ; Ph. : Pierre Petit ; M. : Jean Wiener ; Pr. : Del Duca et Record ; Int. : Paul Guers (Serge Fornari), Perette Pradier (Amenita), O.-E. Hasse (le prince). NB, 90 min. Gentleman cambrioleur, Fornari, essaie de voler l’un des plus gros diamants du monde, « le Nabob » qui appartient à un prince qu’accompagne la jolie Amenita. Mais qui est ce mystérieux prince ?
On va dans ce film de coup de théâtre en coup de théâtre. C’est mené sans temps mort et l’on devine la patte de Sacha Guitry dans ces divers rebondissements. À redécouvrir. J.T.
AUBE** (Morgenrot ; All., 1933.) R. : Gustav Ucicky ; Sc. : Gerhard Menzel ; Ph. : Carl Hoffman ; Pr. : UFA ; Int. : Rudolf Forster (Capitaine Liers), Adele Sandrock (Sa mère), Fritz Genchow (Lieutenant Fredericks). NB, 85 min. Les exploits du sous-marin U Boot 21 sont suivis par la population du port de Meerskirchen. Un voilier-piège, de façon déloyale, l’expédie par le fond avec de lourdes pertes. Le capitaine et les marins, grâce au sacrifice de deux d’entre eux, seront sauvés par un navire norvégien. Dernier film de la République de Weimar, projeté juste un jour après la prise du pouvoir par Hitler. Le traité de Versailles interdisant à l’Allemagne les sousmarins, c’est un submersible finnois qui fut utilisé. Quelques réflexions jugées défaitistes de la part de la mère du capitaine furent censurées. Par la suite Ucicky tourna des films de propagande comme Flüchtlinge (Au bout du monde), Das Mädchen Johanna et Heimkehr (Retour au pays). Aube est ressorti en DVD.U.S.
AUGUSTINE** (Fr., 2012.) R. et Sc. : Alice Winocour ; Ph. : Georges Lechaptois ; M. : Jocelyn Pook ; Pr. : Émilie Tisné, Isabelle Madelaine ; Int. : Vincent Lindon (le professeur Jean Martin Charcot), Soko (Augustine), Chiara Mastroianni (Constance Charcot), Olivier Rabourdin (Bourneville), Roxane Duran (Rosalie), Grégoire Colin (Verdan). Couleurs, 101 min.
Augustine, bonne à tout faire souffrant de troubles nerveux, devient à son corps défendant, le sujet d’étude favori du professeur Charcot, célèbre spécialiste de l’hystérie et de l’hypnose. C’est en partie grâce à cette jeune femme simple mais intelligente, et malgré ses réticences, que le grand savant entrera enfin à l’Académie des Sciences. Situer son premier film au XIXe siècle, proposer une incarnation du célèbre professeur Charcot tout en dépeignant les mœurs étouffantes et la répression sexuelle de l’époque…, Alice Winocour n’a pas choisi la facilité ! Mais le résultat ne manque pas d’intérêt. Un duo d’acteurs très convaincant (Soko, remarquable Augustine, butée et rageuse ; Vincent Lindon, complexe Charcot, cassant mais fragile), une création d’atmosphère réussie (les relations troubles Charcot-Augustine ; l’inversion progressive de la relation dominant-dominé) ainsi qu’une dénonciation à l’eau-forte de l’hypocrisie bien-pensante (ces messieurs de l’Académie des Sciences ; Charcot manipulant, tripotant et exhibant à tout va son « sujet d’étude ») font d’Augustine une œuvre intrigante et accrocheuse.G.B.
AUTOMATA** (Autómata ; Esp., USA, Bulg., Can., 2014.) R. : Gabe Ibáñez ; Sc. : Gabe Ibáñez, Igor Legarreta, Javier Sánchez Donate ; Ph. : Alejandro Martínez ; M. : Zacarías M. de la Riva ; Pr. : Antonio Banderas, Sandra Hermida, Danny Lerner, Les Weldon ; Int. : Antonio Banderas (Jacq Vaucan), Javier Bardem (la voix du Robot Bleu), Dylan McDermott (Sean Wallace), Melanie Griffith (Duprè). Couleurs, 109 min. En 2044, la Terre est devenue une planète invivable à laquelle les humains, réfugiés dans des cités high-tech, tentent de s’adapter tant bien que mal. Ils sont aidés en cela par des milliers de robots sensés les protéger et les servir. Mais le jour où l’un de ces androïdes outrepasse ses droits, c’est l’Humanité toute entière qui s’en trouve menacée…
Automata représente une belle surprise. Deuxième long métrage de Gabe Ibáñez après l’efficace Hierro, sorti en 2009, cette production qui s’articule autour des thèmes de l’intelligence artificielle et de la révolte des robots, mérite en effet le détour. À mi-chemin entre Blade Runner et I, Robot, le film nous entraîne dans un récit passionnant mêlant, avec subtilité, drame et SF, récit qui nous interroge sur la notion d’humanité et qui repose sur un personnage principal complexe et torturé auquel Antonio Banderas (également coproducteur) prête admirablement ses traits. Tirant profit des limites d’un budget relativement modeste, Ibáñez creuse la psychologie de son héros, un homme qui s’interroge sur sa future paternité et qui se questionne sur le monde à venir. Cette dimension intimiste confère à Automata sa force et sa puissance. Tout comme l’univers, glauque, réaliste et étouffant, dépeint par le réalisateur et qui renforce l’impression de mélancolie se dégageant de l’histoire. Une histoire sur laquelle plane l’ombre d’Asimov (dont elle reprend certaines lois) et qui s’achève par une dernière partie aussi poignante que crépusculaire. Cette intensité fait ainsi oublier les quelques petits défauts du métrage, à commencer par des personnages secondaires tout juste esquissés et parfois même un peu caricaturaux. De légères faiblesses qui, heureusement, n’altèrent en rien le plaisir que l’on peut prendre à regarder ce film, intelligent et envoûtant, et qui, dans le genre, s’impose comme une incontestable réussite.E.B.
AUTRE MONDE (L’)* (Fr., 2010.) R. : Gilles Marchand ; Sc. : Gilles Marchand et Dominik Moll ; Ph. : Céline Bozon ; Eff. vis. : Nicolas Rey ; M. : Anthony Gonzalez et Emmanuel D’Orlando ; Pr. : Haut et court, Versus Production, France 2 ; Int. : Grégoire Leprince-Ringuet (Gaspard), Louise Bourgoin (Audrey), Melvil Poupaud (Vincent), Pierre Niney (Yann), Pauline Etienne (Marion). Couleurs, 105 min. Les amours de Gaspard et Marion sont perturbées par Audrey, une inquiétante blonde qui entraîne Gaspard dans le cybermonde mais, celui-ci
finalement reviendra à Marion. L’excellent scénariste Gilles Marchand joue dans ce thriller sur deux mondes : le réel et le virtuel. Mais on finit par se perdre dans une histoire un peu trop compliquée qui renvoie au Vertigo d’Hitchcock.J.T.
AUTRE VIE DE RICHARD KEMP (L’)** (Fr., 2013.) R. : Germinal Alvarez ; Sc. : Germinal Alvarez, Nathalie Saugeon et Vanessa Lepinard ; Ph. : Vincent Mathias ; M. : Evgueni Galperine et Sacha Galperine ; Pr. : Haut et court ; Int. : JeanHugues Anglade (Richard Kemp), Mélanie Thierry (Hélène Batistelli), Philippe Berodot (Verbeck), Jean-Henri Compère (Simon Rouannec). Couleurs, 102 min. L’officier de police Richard Kemp enquête sur un crime qui rappelle celui commis par un tueur en série le « Perce-Oreille », une enquête qu’il avait menée vingt ans auparavant et qui avait été un échec. Alors qu’il vient de dîner avec une psychologue Hélène Batistelli, il est précipité dans l’eau et en ressort vingt ans en arrière. Il va pouvoir reprendre l’enquête et arrêter le tueur. Il ressort alors de l’eau pour faire le bilan d’une carrière réussie. Et Hélène est jours là. L’uchronie est un genre difficile. Pour son premier film Germinal Alvarez fait un parcours sans faute : pas d’erreurs de raccords ni d’invraisemblances dans ce retour dans le passé. On pense à Barjavel et à son Voyageur imprudent (l’inventeur d’une machine à remonter le temps partait au siège de Toulon tuer Bonaparte pour éviter une longue suite de guerres, mais il manquait le général et tuait son propre ancêtre, du coup il cessait d’exister) mais cette fois la conclusion est optimiste. La réalisation est souple et le montage d’Alexandro Rodriguez et Yannick Kergoat irréprochable. Un polar fantastique d’excellente facture.J.T.
AVANT L’AUBE** (Fr., Lux., 2010.) R. : Raphaël Jacoulot ; Sc. : Raphaël Jacoulot, Lise Machebœuf ; Ph. : Benoît Chamaillard ; M. : André Dziezuk ; Pr. : Dominique Besnehard, Michel Feller, Nicolas Steil, Anne Derré ; Int. : JeanPierre Bacri (Jacques Couvreur), Vincent Rottiers (Frédéric Boissier), Ludmila Mikaël (Michèle Couvreur), Sylvie Testud (l’inspectrice de police Sylvie Poncet), Céline Sallette (Julie Couvreur), François Perrot (Paul Couvreur). Couleurs, 104 min. Frédéric, un jeune en réinsertion, travaille dans un grand hôtel à la montagne. C’est l’hiver, il neige et un client disparaît. Frédéric suspecte la famille qui l’emploie mais il protège son patron, Jacques Couvreur, cet homme certes un peu bourru mais qui est le seul à lui donner l’affection qu’il n’a jamais connue. Bientôt, il est mis en danger… Très maîtrisé ce film de Raphaël Jacoulot. Faux polar, c’est en réalité un sombre drame à la manière de Chabrol, où l’intime, le familial et le social comptent davantage que la résolution de l’enquête (l’élucidation du mystère de la disparition d’un client dans un hôtel des Pyrénées). Les relations complexes entre l’hôtelier en quête de fils idéal et son employé à la recherche du père fantasmé sont rendues avec une fascinante complexité par Bacri et le jeune Vincent Rottiers. Jouant à l’inverse dans un registre ultra extraverti, Sylvie Testud, impayable Columbo féminin, vient joyeusement jeter son pavé dans la mare stagnante du non dit. Pour rajouter du plaisir au plaisir du spectateur, le Cirque de Gavarnie et ses pentes enneigées, étouffant écrin naturel de l’hôtel Couvreur, est superbement filmé. G.B.
AVANT L’HIVER**
(Fr., 2013.) R et Sc. : Philippe Claudel ; Ph. : Denis Lenoir ; M. : André Dziezuk ; Pr. : UGC ; Int. : Daniel Auteuil (Paul), Kristin Scott Thomas (Lucie), Leïla Bekhti (Lou), Richard Berry (Gérard), Vicky Krieps (Caroline). Couleurs, 103 min. Une vie aisée et réglée, celle de Paul, neurochirurgien réputé qui travaille en association avec son ami Gérard, psychiatre, et dont l’épouse a délaissé la médecine pour se consacrer à l’entretien de leur splendide villa et de leur magnifique parc. Cette vie est soudain troublée par des envois anonymes de fleurs et par des rencontres insolites avec une jeune serveuse marocaine du café où Paul à ses habitudes. Qui est cette Lou qui se prétend étudiante en histoire de l’art mais qui fait le trottoir ? Il est envoûté au point de mettre en danger sa carrière de chirurgien, son ménage et sa vie de famille. La police va lui révéler à quel péril il a échappé. La vie reprend, mais reste le souvenir. Ce pourrait être un thriller (qui envoie des fleurs ? qui manipule Lou ? qui veut séparer Paul de son épouse Lucie ?) mais c’est surtout une méditation sur l’entrée dans la vieillesse dont la prise de conscience est hâtée par la rencontre avec la jeunesse de Lou. Daniel Auteuil rend admirablement le trouble qui saisit ce grand patron, plus humain qu’on ne le croit. Mais cela ne va pas jusqu’à l’adultère : Paul refuse dans une scène-clef du film de coucher avec Lou, ce qui le sauvera. En épouse étonnée puis compréhensive, Kristin Thomas Scott est non moins excellente. Philippe Claudel confirme qu’il n’est pas seulement un excellent romancier mais un très bon réalisateur.J.T.
AVE, CÉSAR !*** (Hail Caesar ! ; USA, GB, 2016.) R. et Sc. : Joel et Ethan Coen ; Pr. : Mike Zoss Productions, Working Title Films ; M. : Carter Burwell ; Int. : Josh Brolin (Eddie Mannix), George Clooney (Baird Whitlock), Alden Ehrenreich (Hobie Doyle), Ralph Fiennes (Laurence Laurentz), Scarlett Johansson (DeeAnna Moran), Christopher Lambert (Arne Seslum), Frances McDormand (C.C. Calhoun), Tilda Swinton (Thora
Thacker/Thessaly Thacker), Channing Tatum (Burt Gurney). Couleurs, 106 mn. Ave César ! est une comédie des frères Coen qui s’inscrit dans la « La trilogie des idiots », ou deconstructing Clooney, dans lequels le personnage central, incarné par l’acteur, est tourné en ridicule, ce qu’il paraît jouer avec jubilation. On songe par exemple à Intolérable cruauté, mais celui-ci n’est pas un vaudeville à la française. Il est une satire du cinéma hollywoodien des années cinquante, durant lesquelles l’action se déroule, et un hommage à sa diversité. On peut en effet le voir sur deux registres différents. Le premier est celui d’une comédie dont le fil rouge est le rapt de Clooney, acteur vedette, par une cellule communiste animée par Herbert Marcuse, théoricien californien du freudo-marxisme célèbre en 1968. C’est l’occasion de tourner dans les plateaux et autour des acteurs pour une série de sketchs illustrant les genres variés du cinéma de l’époque : peplums, et Clooney en centurion, jupette et glaive, est désopilant ; westerns, avec un acteur virtuose façon Zorro ; policier et espionnage avec l’enlèvement de Clooney, scènes caractéristiques de la guerre froide ; comédies musicales ; ballets aquatiques à la Esther Williams ; making of des films, avec des scènes de tournage et le portrait de divers réalisateurs et vedettes. Il n’y manque pas les journalistes commères spécialistes des gossips. Tout ce monde est sous le contrôle d’une sorte de superviseur qui règle les problèmes avec maestria, lui-même sous les ordres d’un Dieu invisible, un producteur new-yorkais qui ne se manifeste qu’au téléphone. Film très vivant et rapide, amusant, avec des acteurs de grande qualité. Le second registre est plutôt celui des cinéphiles, qui admirent les références nombreuses au cinéma imité et peuvent se distraire à retrouver les films et les réalisateurs qui en sont la source, les plus célèbres de la période. Ils sont également sensibles aux thèmes de fond qui sont traités : place de la religion au cinéma — merveilleux pastiche de Ben Hur ; homosexualité, tabou d’une réalité cachée à l’époque ; alcool et sexe ; marxisme rampant dans le bas clergé d’Hollywood, scénaristes, figurants et quelques acteurs ; maccarthisme, triomphe des valeurs américaines, incarnées par un cow-boy qui retrouve le captif ; faux-semblants et manipulations du monde du cinéma ; une illustration
du mot prêté à Alfred Hitchcock, les acteurs sont du bétail. De quelque manière qu’on le goûte, un classique que l’on a plaisir à voir et à revoir pour y découvrir toujours quelque chose de nouveau.S.S.
AVEC DJANGO, LA MORT EST LÀ* (Joko invoca Dio… e muori ; Ital., RFA, 1968.) R. : Antonio Margheriti ; Sc. : Antonio Margheriti, Renato Savino ; Ph. : Riccardo Pallottini ; M. : Carlo Savina ; Pr. : Alfredo Leone, Renato Savino ; Int. : Richard Harrison (Django/Rocco Barrett), Claudio Camaso (Mendoza), Spela Rozin (Jane), Werner Pochath (Kid), Paolo Gozlino (le policier Lester), Alberto Dell’Acqua (Richie Barrett). Couleurs, 81 min. Django et sa bande ont réussi à s’emparer d’une importante cargaison d’or. Mais notre héros a été trahi par l’un d’eux ou peut-être par tous. En tout cas Django traque le coupable et il sera sans pitié pour le traître… Antonio Margheriti est un agréable petit maître, particulièrement à l’aise dans le film d’horreur et dans le western spaghetti. Pourtant, la première moitié de ce « Django », histoire de vengeance bien faite mais rebattue, n’impressionne guère. En revanche, la deuxième partie s’avère du Margheriti pur jus, lequel mélange avec délectation western et film fantastique (la longue séquence finale dans la mine de souffre aux cadrages et aux éclairages baroques), tout en l’assaisonnant d’une pincée de thriller (la découverte tardive du coupable ; le flash-back surprenant révélant les dessous de l’exécution du braquage). Il convient donc de faire preuve d’un peu de patience pour être récompensé ; comme Django en somme !G.B.
AVENGERS* (The Avengers ; USA, 2012.) R.: Joss Whedon ; Sc. : Joss Whedon, Zak Penn ; Ph. : Seamus McGarvey ; Eff. sp. : Daniel Sudick ; Eff. vis. : Janek
Sirrs ; M. : Alan Silvestri ; Pr. : Marvel Studios ; Int. : Robert Downey Jr. (Tony Stark / Iron Man), Chris Evans (Steve Rogers / Captain America), Mark Ruffalo (Bruce Banner / Hulk), Chris Hemsworth (Thor), Scarlett Johansson (Natacha Romanoff / la Veuve noire), Tom Hiddleston (Loki), Jeremy Renner (Clint Barton/Hawkeye). Couleurs, 142 min. Pour sauver le monde un seul super-héros ne suffit plus. Il faut réunir Iron Man, Captain America, Hulk, bref tous les personnages des studios Marvel, autour du S.H.I.E.L.D. que dirige Nick Fury. Les Avengers parviendront à neutraliser l’ennemi, alias Loki. Belle réunion de super-héros mais l’imagination des scénaristes quant à elle semble en panne.J.T.
AVENGERS : L’ÈRE D’ULTRON* (Avengers : Age of Ultron ; USA, 2015.) R. : Joss Whedon ; Sc. : Joss Whedon d’après les bandes dessinées de Stan Lee et Jack Kirby ; Ph. : Ben Davis ; Eff. sp. : Paul Corbould ; M. : Danny Elfman et Brian Tyler ; Pr. : Marvel Studios ; Int. : Robert Downey Jr. (Tony Stark / Iron Man), Chris Hemsworth (Thor), Mark Ruffalo (Bruce Banner / Hulk), Chris Evans (Steve Rogers / Captain America), Scarlett Johansson (Natasha Romanoff / Black Widow), Jeremy Renner (Clint Barton/Hawkeye), Thomas Kretschmann (von Strucker), Aaron Taylor Johnson (Pietro Maximoff / Quicksilver), Elizabeth Olsen (Wanda Maximoff/Scarlet Witch). Couleurs, 141 min. Les Avengers s’emparent du sceptre de Loki. À partir de là peut être développée une intelligence artificielle, Ultron. Ultron devient autonome et prend la tête d’une armée de robots. La lutte commence avec les Avengers… Revoici les Avengers, cette réunion de super-héros des studios Marvel. Ils combattent Ultron, nouveau venu dans la riche galerie des méchants. Gros succès qui confirme la suprématie des productions Marvel.J.T.
AVENIR (L’)*** (Fr., 2015.) R. et Sc. : Mia Hansen-Love ; Ph. : Denis Lenoir ; M. : The Fleetwoods, Woody Guthrie, Donovan ; Pr. : Charles Gillibert ; Int. : Isabelle Huppert (Nathalie Chazeaux), Roman Kolinka (Fabien), Edith Scob (Yvette Lavastre), André Marcon (Heinz). Couleurs, 102 min. Nathalie, la cinquantaine, est prof de philo ; mariée depuis 25 ans avec Heinz, elle partage avec lui une union complice. Leurs enfants sont maintenant assez grands pour vivre leur propre vie. Le seul point noir pour Nathalie est sa mère, fantasque, qui perd la tête. C’est alors que survient l’inattendu : son mari en aime une autre, il la quitte… Un film splendide, tout en finesse, en retenue, en sensibilité (et non en sensiblerie). La philosophie et la littérature en sont parties intégrantes, sans lourdeur, avec naturel. Les très beaux paysages, de la Bretagne au Vercors, s’accordent avec les sentiments en toute harmonie. Les acteurs sont parfaits avec Isabelle Huppert fragile, une fois de plus magnifique, au jeu intense et retenu. Enfin — et surtout — il y a le propos même du film : et si la vraie vie ne commençait qu’après 50 ans, lorsque tout est apaisé, lorsque l’on peut retrouver sa propre liberté ? Un avenir ouvert…C.B.M.
AVENTURE COMMENCE DEMAIN (L’)* (Fr., 1948.) R. : Richard Pottier ; Sc. : Norbert Carbonnaux, Gérard Carlier, Herbert Victor ; Dial : Norbert Carbonnaux ; Ph. : André Germain ; Mont : Martine Velle ; M. : Raymond Legrand ; Pr. : Les films Tellus ; Int. : Isa Miranda (Clarence Holbane), Raymond Rouleau (Claude Largeais), André Luguet (Monsieur Bentley / Maxime Delcroix), Alexino
(Samba), Jacques Berlioz (le Président), Raymonde de Bief (la patineuse), Henry Murray (le bijoutier), NB, 101 min. Une riche aventurière (Clarence) ruinée est prête à tout pour soutenir son rang. Elle rencontre un élégant escroc (Claude) qui lui offre ses services pour la sortir de cette mauvaise passe. Ils élaborent un plan qui consiste à abuser de la confiance d’un ami (Maxime), follement amoureux d’elle lors d’un voyage d’exploration en Afrique. Malgré une excellente distribution, cette comédie sentimentale et un brin dramatico-policière souffre d’un scénario trop convenu et moralisateur. À rappeler que c’est grâce au « cinéma de minuit » du dimanche soir sur France 3 que l’on peut découvrir encore quelques films rares comme celui-ci sur la chaîne publique. C.V.
AVENTURES DE TINTIN : LE SECRET DE LA LICORNE (LES)* (The Adventures of Tintin ; USA, 2011.) R. : Steven Spielberg ; Sc. : Edgar Wright, Steven Moffat et Joe Cornish d’après Hergé ; Ph. : Janusz Kaminski ; Eff. vis. : Joe Letter ; M. : John Williams ; Pr. : Paramount et Columbia ; Int. : Jamie Bell (Tintin), Andy Serkis (Capitaine Haddock / François de Haddoque), Daniel Craig (Sakharine / Rackham le Rouge), Nick Frost (Dupont), Simon Pegg (Dupond). Couleurs, 107 min. Au marché aux puces, Tintin acquiert une maquette du bateau La Licorne qui a coulé au XVIIe siècle. On la lui vole et le voilà lancé dans une folle enquête sur un trésor caché, avec le capitaine Haddock et les Dupont-Dupond. Ils en retrouveront une partie dans une cave du château de Moulinsart, propriété du sinistre Sakharine.
Bel exploit technique permettant de ne pas être infidèle au graphisme de trois albums d’Hergé : Le crabe aux pinces d’or, Le secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge. Hergé aurait donné son accord en 1983 ; il a fallu attendre de nombreuses années pour mettre les techniques d’adaptation au niveau nécessaire. De là la supériorité de ce film sur les versions précédentes : Tintin et le lac aux requins, Tintin et les oranges bleues, Tintin et le mystère de la Toison d’or…J.T.
AVENTURES EXTRAORDINAIRES D’ADÈLE BLANC-SEC (LES)* (Fr., 2010.) R., Sc. et Pr. : Luc Besson d’après les bandes dessinées de Jacques Tardi ; Ph. : Thierry Arbogast ; M. : Eric Serra ; Int. : Louise Bourgoin (Adèle), Mathieu Amalric (Dieuleveut), Gilles Lellouche (Inspecteur Caponi), Jacky Nercessian (Espérandieu), Philippe Nahon (Professeur Ménard), Jean-Paul Rouve (Justin de Saint-Hubert). Couleurs, 107 min. Paris, 1911. Au Museum d’Histoire naturelle, un savant, Espérandieu, fait éclore un œuf de ptérodactyle. L’inspecteur Caponi est chargé de neutraliser le monstrueux volatile. Pendant ce temps, en Egypte, Adèle Blanc-Sec, une journaliste délurée, recherche la momie de Ramsès II. Peut-être Espérandieu pourra-t-il la ressusciter afin de guérir sa sœur Agathe atteinte de catalepsie. Or, lorsqu’elle rentre à Paris, ce dernier a été arrêté et va être guillotiné, Caponi ayant découvert le ptérodactyle chez lui… Agréable film aux aventures rocambolesques qui adapte assez fidèlement l’univers de Tardi, ce dernier ayant confié au décorateur Hughes Tissandier les documents préparatoires à ses albums transposés à l’écran (Adèle et la Bête et Momies en folie). C’est mouvementé, invraisemblable, cocasse et les décors de Paris 1900 séduisent toujours. C.B.M.
AVENTURES EXTRAORDINAIRES DE CERVANTES (LES) (Cervantes ; Esp., Ital., Fr., 1967.) R. : Vincent Sherman ; Sc. : Enrique Llovet, Enrico Bomba et David Karp, d’après le roman de Bruno Frank, Un nommé Cervantes ; Ph. : Edmond Richard ; M. : Jean Ledrut, Angel Arteaga ; Pr. : Prisma / Procinex (Salkind) ; Int. : Horst Buchholz (Cervantès), Gina Lollobrigida (Giulia), Louis Jourdan (Cardinal Acquaviva), Francisco Rabal (Rodrigo Cervantes). Couleurs, 90↔127 min. Secrétaire d’un cardinal, envoyé auprès du Pape pour l’inciter à soutenir la Sainte Ligue contre les Turcs, il participe à la bataille de Lépante. Fait prisonnier, il devient l’homme de confiance du bey d’Alger avant de retrouver l’Espagne et d’écrire Don Quichotte. Décevant. Une interprétation médiocre (Bucholtz notamment), une reconstitution approximative, celle de la bataille de Lépante et une mise en scène académique. Cervantès méritait mieux.J.T.
AVENTURES DE PHILIBERT CAPITAINE PUCEAU (LES)* (Fr., 2011.) R. : Sylvain Fusée ; Sc. : Jean-François Halin et Karine Angeli ; Ph. : Régis Blondeau ; Eff. sp. : David Danesi ; Déc. : Jean-Jacques Gernolle ; M. : Jean-Louis Blanchina ; Pr. : Mandarin Cinéma, Gaumont ; Int. : Jéremie Renier (Philibert), Alexandre Astier (Clotindre d’Artois), Manu Payet (Martin), Élodie Navarre (Inès), Aurélie Montea (Pénélope). Couleurs, 103 min. Philibert apprend de son père mourant qu’il est en réalité le fils du comte de Saint-Avoise, assassiné par le comte d’Artois. Il l’invite à se venger. Philibert part aussitôt : il croise sur sa route un bandit de grands chemins dont il fait son domestique et la belle Ines que le comte d’Artois fait enlever pour s’emparer de
sa dot et l’épouser. Après de nombreuses tribulations, dont un passage aux galères, Philibert arrivera à temps pour empêcher le mariage du comte d’Artois et d’Inès. Il tue le comte et épouse sa dulcinée. L’action se situe au milieu du XVIe siècle et il s’agit d’une parodie des films de cape et d’épée comme Le Capitan. Parodie mais aussi hommage car le film n’est jamais caricatural, même lorsqu’il nous montre Gaspard Proust en troubadour. Le rythme est celui des « Jean Marais » de l’époque Hunebelle, sans temps morts et avec de multiples rebondissements. On peut voir Philibert, capitaine Puceau, en famille. J.T.
AVENTURIERS DU BOUT DU MONDE (LES)** (High Road to China ; USA, Youg., Hong Kong, 1983.) R. : Brian G. Hutton ; Sc. : Sandra Weintraub Roland, S. Lee Pogostin, d’après le roman de Jon Cleary ; Ph. : Ronnie Taylor ; M. : John Barry ; Pr. : Fred Weintraub ; Int. : Tom Selleck (Patrick O’Malley), Bess Armstrong (Ève Tozer), Jack Weston (Struts), Wilford Brimley (Bradley Tozer), Robert Morley (Bentik), Brian Blessed (Suleiman Khan), Cassandra Gava (Alessa), Michael Sheard (Charlie), Lynda Marchal (Lina), Timothy Carlton. Couleurs, 105 min. 1920. Ève Tozer, belle et riche jeune femme traversant l’existence au rythme trépidant des « Années folles », apprend que son père, Bradley Tozer, parti à l’autre bout du monde, est sur le point d’être déclaré mort s’il ne se présente pas, sous douze jours, devant une cour britannique pour prouver qu’il est toujours en vie. Tout ceci résulte des manœuvres frauduleuses d’un certain Bentik, désireux de faire main basse sur la fortune de Tozer, son ancien associé. Sur les conseils d’une amie, Ève loue les services de l’aviateur Patrick O’Malley (Tom Selleck), héros de la Première Guerre mondiale ayant depuis trouvé refuge dans la dive bouteille. Flanquée du réfractaire O’Malley, lui-même secondé par son acolyte
Struts, Ève s’envole vers les confins de l’Orient, à la recherche de son père. Au terme de mille et une aventures qui les mèneront de la Turquie à la Chine, en passant par l’Afghanistan, l’Inde et le Népal, Ève et O’Malley retrouveront l’exilé volontaire, « reconverti » dans la lutte contre un redoutable et cruel seigneur de la guerre. Produit dans la foulée du succès des Aventuriers de l’Arche perdue (Steven Spielberg, 1981), ce neuvième et dernier long métrage de Brian G. Hutton – rehaussé par une superbe partition de John Barry (évoquant tour à tour La Vallée perdue [James Clavell, 1971] et Out of Africa [Sydney Pollack, 1985]) – possède toutes les qualités d’un certain cinéma « artisanal » de pur divertissement aujourd’hui défunt : mise en scène ample, photographie léchée, humour de bon aloi, rythme enlevé. De surcroît, le choix, judicieux, des deux interprètes principaux contribue résolument à la réussite de l’entreprise. En jeune héritière « pourrie gâtée », aussi charmante que téméraire, Bess Armstrong forme ainsi avec Tom Selleck (un temps pressenti pour incarner Indiana Jones) un duo suffisamment attachant pour emporter pleinement l’adhésion du spectateur… de 7 à 77 ans.A.M.
AVOCAT (L’)* (Fr., 2010.) R. et Sc. : Cédric Anger ; Ph. : Guillaume Schifman ; M. : Grégoire Hetzel ; Pr. : Thomas Klotz ; Int. : Benoît Magimel (Léo Demarsan), Gilbert Meki (Paul Vanoni), Aïssa Maïga (Ève Demasan), Samir Guesmi (Ben Corey), Éric Caravaca (l’inspecteur de la DNRED), Barbet Schroeder (Maître Jacques Meco). Couleurs, 102 min. Tout juste reçu au barreau, Léo est un jeune avocat de talent promis à un grand avenir. Malheureusement, Vanoni, un sulfureux client, l’entraîne sournoisement dans la spirale de l’illégalité, du danger et de la violence… Un agréable petit film au thème intéressant (comment les goûts de luxe peuvent mener à la catastrophe quand on ne s’interdit pas de passer par la case mafia). Dommage que la réalisation manque de puissance et que le jeu de Benoît
Magimel soit plus appliqué que convaincant. Mais Gilbert Melki et Samir Guesmi sont effrayants à souhait dans le rôle des méchants.G.B.
AVRIL ET LE MONDE TRUQUÉ** (Fr., Belg., 2013.) R. : Franck Ekinci, Christian Desmares ; Sc. : Franck Ekinci, Benjamin Legrand, d’après Jacues Tardi ; Animation : Patrick Imbert, Nicolas Lemay, Nicolas Debray ; M. : Valentin Hadjadj ; Pr. : Michel Dutheil, Franck Ekinci, Bruce Garnier, Marc Jousset ; Voix : Marion Cotillard (Avril), Jean Rochefort (Pops), Olivier Gourmet (Paul), Marc-André Grondin (Julius), Anne Coesens (Chimène), Philippe Katerine (Darwin). Couleurs, 105 min. À Paris, en 1941, sous le règne de l’empereur Napoléon V. L’électricité n’a pas encore été maîtrisée : tout fonctionne à la vapeur due au charbon de bois (d’où une déforestation : le seul arbre parisien est conservé sous la verrière du Grand Palais.) Les savants ont été enlevés par une mystérieuse organisation. Avril, intrépide jeune fille, part à leur recherche, en compagnie de son chat, Darwin, et d’un jeune voyou au grand cœur, Julius… La réalisation est superbe. C’est l’univers graphique du grand dessinateur de B.D. Jacques Tardi qui est ici magnifiquement mis à contribution. Avril est la sœur de la célèbre Adèle Blanc-Sec. L’image récèle mille trouvailles dans ce Paris rétrofuturiste qui en est resté au temps du XIXe siècle : voitures à vapeur, double Tour Eiffel, gare de départ d’un téléphérique Paris-Berlin, immense statue néo-napoléonienne sur la butte Montmartre à la place du Sacré Cœur… L’esprit de Jules Verne est aussi convoqué, tout comme celui d’Hergé dans la seconde partie. Un petit bémol à ce beau film : le scénario paraît un peu longuet bien que truffé de rebondissements, et pas toujours passionnant. Casting vocal parfait.C.B.M.
B
BAAL* (Baal ; All., 1969.) R. et Sc. : Volker Schlondorff d’après Bertold Brecht ; Ph. : Dietrich Lohmann ; M. : Klaus Doldinger ; Pr. : Hans Fries ; Int. : Rainer Werner Fassbinder (Baal), Margarethe von Trotta (Sylvie), Sigi Grave (Ekart), Hanna Schygulla (Luise). Couleurs, 88 min. Baal est un jeune poète anarchiste qui noie son mal de vivre dans l’alcool. Lors d’une réception donnée en son honneur, il dit son mépris pour cette société bourgeoise, séduit l’épouse de son mécène – qu’il abandonne peu après. Il devient ensuite l’amant de Sophie qu’il quittera également. Première pièce écrite par Bertold Brecht au lendemain de 14-18 pour dénoncer les fauteurs de guerre, pièce maintes fois remaniée par la suite. Volker Schlondorff adapta cette œuvre violente et anarchiste pour la télévision, en 16 mm, révélant ainsi Fassbinder et provoquant la fureur d’Hélène Weigel, la veuve de Brecht lors de sa diffusion (« Il ne suffit pas de se mettre une clope au bec et de porter un blouson de cuir, aurait-elle dit, pour faire croire qu’on est Brecht »). De sorte que le film resta inédit sur le grand écran jusqu’en… 2014 ! et a pu sortir grâce à l’autorisation de la fille d’Hélène Weigel. Même si c’est une œuvre âpre, souvent déplaisante, elle n’en reste pas moins importante. C.B.M.
BABYSITTING* (Fr., 2013.) R. : Philippe Lacheau et Nicolas Benamou ; Sc. : Philippe et Pierre Lacheau ; Ph. : Antoine Marteau ; M. : Michael Tordjman et Maxime Desprez ; Pr. : Marc Fiszman et Christophe Cervoni ; Int. : Philippe Lacheau (Franck), Alice David (Sonia), Vincent Desagnat (Ernest), Tarek Boudali (Sam). Couleurs, 85 min. Chargé de garder le fils de son patron, Franck, dont c’est l’anniversaire, invite ses amis, l’enfant ayant été endormi avec un sédatif. La fête dégénère et le jeune garçon, réveillé, s’enfuit… Joyeuse pochade où l’on sent l’improvisation. Le succès a entraîné un Babysitting 2, plus délirant en 2015.J.T.
BACCALAURÉAT** (Baccalaureat ; Roum., 2016.) R. et Sc. : Cristian Mungiu ; Ph. : Tudor Vladimir Panduru ; Pr. : Mobra Films ; Int. : Adrian Titieni (Romeo), Maria Dragus (Eliza), Lia Bugnar (Magda), Malina Manovici (Sandra), Vlad Ivanov (l’inspecteur). Couleurs, 127 min. Excellente élève, Eliza, victime d’un viol, réussira-t-elle, à la suite de ce traumatisme un examen capital pour la suite de ses études ? Son père, médecin réputé, va accorder un passe-droit pour une transplantation rapide d’un foie, en échange d’un piston pour sa fille. Mais celle-ci vit mal cette forme de corruption. Un tableau sans concessions de la société roumaine, récompensé à Cannes. Ce tableau d’un père prêt à tout pour permettre à sa fille d’aller étudier dans une prestigieuse université anglaise a, au demeurant, une portée générale. J.T.
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(Louder than Bombs ; Norvège, 2015.) R. : Joachim Trier ; Sc. : Joachim Trier et Eskil Vogt ; Ph. : Jakob Ihre ; M. : Ola Flattum ; Pr. : Motlys, Animal Kingdom et Memento Films ; Int. : Gabriel Byrne (Gene Reed), Isabelle Huppert (Isabelle Reed), Jesse Eisenberg (Jonah Reed), Devin Druid (Conrad Reed), Amy Ryan (Hannah), David Strathairn (Richard). Couleurs, 109 min. Isabelle Reid, célèbre photographe et reporter, meurt tragiquement laissant son mari et ses deux fils meurtris. Trois ans plus tard, l’agence pour laquelle elle travaillait, organise une rétrospective de ses photos et fait appel à la famille. Or celle-ci découvre une photo d’Isabelle nue dans une chambre d’hôtel avec un autre homme… Après Oslo, 31 août, Trier poursuit sa recherche d’une voie originale dans la construction du récit qui rend admirablement la complexité des relations familiales et les secrets d’une épouse. Derrière la façade du deuil se profile la vérité découverte peu à peu. Superbe interprétation de Gabriel Byrne. J.T.
BAD LIEUTENANT : ESCALE À LA NOUVELLE-ORLÉANS*** (Bad Lieutenant : Port of Call New Orleans ; USA, 2009.) R. : Werner Herzog ; Sc. : William M. Finkelstein ; Ph. : Peter Zeitlinger ; M. : Mark Isham ; Pr. : Millennium Films ; Int. : Nicolas Cage (Terence McDonagh), Eva Mendes (Frankie Donnenfield), Val Kilmer (Stevie Pruit), Alvin’Xzibit’ Joiner (Big Fate), Shea Whigham (Justin). Couleurs, 122 min. Inspecteur de police corrompu jusqu’à l’os, Terence McDonagh boite depuis qu’il a sauvé un détenu de la noyade pendant les inondations de 2005 à la Nouvelle-Orléans. Une enquête sur plusieurs homicides dans les quartiers défavorisés de la ville va le conduire jusqu’à un réseau de narcotrafiquants. Tantôt policier consciencieux, tantôt crapule abusant de son pouvoir, Terence va
y voir l’occasion d’un complément lucratif aux gains de sa compagne Frankie, à laquelle il impose de se prostituer. Plus rien ne va lorsque sa famille s’écharpe, ses dettes de jeu s’accumulant et son implication dans le trafic de drogue remontant à la surface. Un beau matin, tous ses problèmes s’arrangent. Terence est promu, jure de devenir un citoyen modèle et de ne plus toucher ni à la drogue ni à l’alcool. Mais ses excès le rattraperont, jusqu’à ce qu’il croise à nouveau la route du prisonnier qu’il avait jadis sauvé. Celui-ci lui propose de l’aider à son tour. L’insaisissable Werner Herzog quitte un instant ses documentaires pour entreprendre sa version du célèbre Bad Lieutenant d’Abel Ferrara (1993). Même si le thème de la rédemption est toujours au cœur de l’intrigue, Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans n’a rien d’un simple remake. Nicolas Cage, boudé depuis longtemps par le public, prouve qu’il n’a pas vendu son âme aux séries Z et livre une de ses meilleures performances. Dans le rôle de son coéquipier, Val Kilmer fait aussi preuve d’un certain talent pour réinventer sa carrière. La vamp Eva Mendes compose un personnage remarquable, à la fois maman et putain. Fidèle à ses obsessions reptiliennes, Herzog s’équipe parfois d’une mini DV pour filmer de tout près des iguanes ou un caïman, dotant d’une touche psychédélique ce film sombre et cynique. Ces brèves incises nous ramènent aussi aux origines du héros, guidé par ses instincts primitifs. Alors que le chefd’œuvre de Ferrara se concentrait sur la descente aux enfers d’un policier possédé par le stupre et complexé par la religion, cette variante du personnage fait le choix d’une légèreté de ton qui confère à cette œuvre singulière le statut d’un film aussi noir que drôle, aussi violent qu’optimiste, aussi désespéré que charmant. Les premiers plans, qui montrent un serpent dans l’eau, slalomant entre les barreaux d’une cellule, résument cette danse des contraires et posent la question : peut-on avancer droit lorsqu’on ne cesse de franchir la ligne ?G.J.
BADGE OF MARSHALL BRENNAN (THE)*
(USA, 1957.) R. : Albert Gannaway ; Sc. : Thomas G. Hubbard ; Ph. : Charles Straumer ; M. : Ramez Idriss ; Pr. : Allied Artists ; Int. : Jim Davis (Matt Brennan), Arleen Whelan, Lee Van Cleef. NB, 74 min. Poursuivi par une patrouille puis par des Indiens, un homme traqué recueille, mourant, un shérif Brennan, agent fédéral dont il prend le nom et le rôle. Il sauve ainsi du lynchage un médecin accusé de la mort d’un Indien et des pertes de bétail dues à une épidémie. Petit western resté inédit en France où Lee Van Cleef joue une nouvelle fois les méchants. Gannaway confirme un talent mineur.J.T.
BAGARRE À APACHE WELLS (Duel at Apache Wells ; USA, 1957.) R. : Joe Kane ; Sc. : Bob Williams ; Ph. : Jack Marta ; M. : Gerald Roberts ; Pr. : Republic Pictures ; Int. : Anna Maria Alberghetti (Anita Valdez), Ben Cooper (Johnny Shattuck), Jim Davis (Cannary). Couleurs, 69 min. Jimmy Shattuck vient récupérer le ranch de son père dont tente de s’emparer Dean Cannary. Un duel final les oppose. Honnête western solidement mis en scène par Kane. Découvert en DVD.J.T.
BALADA TRISTE (Balada Triste De Trompeta, Esp., 2011.) R. : Álex de la Iglesia ; Ph. : Kiko de la Rica ; M. : Alejandro Lázaro ; Pr. : Tornesol Films, La Fabrique 2, uFilm, Canal+ España, Castafiore Films ; Int. : Carlos Areces (Javier), Antonio de la Torre (Sergio), Carolina Bang (Natalia), Sancho Gracia (Colonel Salcedo), Juan Luis Galiardo (Monsieur Loyal). Couleurs, 107 min. Pendant la guerre civile espagnole, un clown est recruté de force par les nationalistes. À sa mort, il fait promettre à son fils Javier de le venger. En 1973,
dans les derniers temps de la dictature franquiste, Javier est engagé comme clown triste par un cirque ambulant. Il dispute à Sergio, l’Auguste et patron de la troupe, l’amour de l’acrobate Natalia. Peu à peu, cette querelle se transforme en une lutte à mort à laquelle succombera la belle Natalia, tandis que les deux clowns seront arrêtés par la police. Film complexe aux multiples aspirations (hommage aux films d’horreur des années 1930, réflexion sur l’héritage de franquisme, brûlot nihiliste), Balada Triste emprunte son titre à la célèbre complainte que le clown Raphael chantait en 1970 dans Sin un adios. La brutalité et la noirceur, toujours croissantes, dont le cinéaste fait preuve enlève au spectateur tout espoir de salut dans un monde où chacun est voué à devenir monstrueux et corrompu.G.J.
BANDE DE FILLES* (Fr., 2014.) R. et Sc. : Céline Sciamma ; Ph. : Crystel Fournier ; M. : Para One ; Pr. : Bénédicte Couvreur ; Int. : Karidja Touré (Marième), Assa Sylla (Lady), Lindsay Karamoh (Adiatou), Marietou Touré (Fily), Idrissa Diabaté (Ismaël). Couleurs, 112 min. Marième, 16 ans, vit en banlieue parisienne avec sa mère et ses sœurs. Elle intègre une bande de filles dégourdies qui imposent leurs lois et vont participer à son émancipation. Tableau pertinent d’une banlieue dite difficile avec ces filles au caractère bien trempé. Mais aussi des facilités dans les rapports entre filles et garçons – ceux-ci étant vus comme des prédateurs sexuels aux actes violents. La musique tonitruante est envahissante. Quant aux quatre comédiennes noires, elles débordent d’une énergie vivifiante.C.B.M.
BANK (THE)***
(The Bank ; Austr., 2001.) R. et Sc. : Robert Connolly, d’après une idée de Brian Price et Mike Betar ; Ph. : Tristan Milani ; M. : Alan John ; Pr. : John Maynard ; Int. : David Wenham (James Doyle), Anthony Lapaglia (Simon O’Reilly), Sibylla Budd (Michelle), Steve Rodgers (Wayne Davis), Mitchell Butel (Stephen), Mandy McElhinney (Diane), Greg Stone (Vincent). Couleurs, 104 min. Jeune mathématicien prodige, James Doyle a mis au point un programme informatique baptisé BTSE (Bank Trading Simulation Experiment), basé sur la théorie des fractales et permettant, par l’étude des variations du marché des actions dans le monde, de prédire à court terme les prochaines transactions boursières dans leur globalité. Il est embauché par Simon O’Reilly, « maître voltigeur » et grand patron de Centabank, l’une des banques les plus importantes d’Australie dont l’avoir se chiffre en milliards de dollars. En engageant dix millions, une première expérience permet à la banque de faire un bénéfice de près d’un million de dollars en moins d’une demi-heure. Persuadé d’avoir enfin mis la main sur le « Saint Graal des transactions financières », le cynique et sans scrupules O’Reilly, peu soucieux de ruiner de petits épargnants, est désormais prêt à soutenir son poulain dans toutes les aventures. Et justement, Doyle vient de prévoir la date exacte d’un prochain krach boursier d’une ampleur sans précédent. Un moyen, pour la banque, en enfreignant toutes les lois internationales du marché, de doubler son capital en quelques heures. O’Reilly obtient l’aval de son conseil d’administration… Mais Doyle est-il vraiment celui qu’il prétend être ? Parallèlement à l’ascension de James Doyle, on suit les tentatives vouées à l’échec d’un couple ruiné pour faire valoir ses droits, et dont le jeune fils a été conduit au suicide par de douteuses pratiques bancaires. La force exceptionnelle du film est sa mise en images stylisée qui permet de rendre vraisemblable et accessible à des non initiés un script avant tout basé sur des théories très abstraites rendues compréhensibles par une traduction formelle d’une grande beauté plastique. Diagrammes, tableaux, graphiques et images fractales défilent, s’animent, se succèdent et s’entrecroisent en un ballet fascinant, reléguant un peu au second plan les affrontements humains qui paraissent accessoires, peu
crédibles et nullement à la hauteur des enjeux évoqués. Malheureusement inédite en salle et uniquement disponible en DVD, cette dénonciation virulente de l’absence d’éthique des milieux financiers est l’une des grandes réussites méconnues du cinéma australien de ces deux dernières décennies. Prix du meilleur scénario aux AFI Awards 2001.R.L.
BARBARA** (Barbara ; All., 2011.) R. et Sc. : Christian Petzold ; Ph. : Hans Fromm ; Pr. : Schramm Film Koerner ; Int. : Nina Hoss (Barbara), Rainer Bock (Hans Schütz), Christina Hecke (l’interne), Claudia Gessler (l’infirmière en chef). Couleurs, 105 min. Dans l’Allemagne de l’Est de 1980, Barbara, pédiatre, doit compter avec la Stasi, la police allemande, dirigée par Schütz, qui la soupçonne de vouloir passer à l’Ouest. Un bon témoignage sur la division de l’Allemagne. Le film est aujourd’hui daté mais son intérêt documentaire est réel. Tout est exact et au demeurant bien connu depuis un chef-d’œuvre comme La vie des autres. Mais ici le témoignage se fait plus concret, touche davantage, à travers la médecine, à la vie quotidienne. Belle interprétation de Nina Hoss, actrice fétiche de Christian Petzold.J.T.
BARBECUE (Fr., 2014.) R. : Eric Lavaine ; Sc. : Eric Lavaine et Hector Cabello Reyes ; Ph. : François Hernandez ; M. : Gregory Louis et Romain Tranchart ; Pr. : StudioCanal et TF 1 ; Int. : Lambert Wilson (Antoine), Franck Dubosc (Baptiste), Florence Foresti (Olivia), Guillaume de Tonquédec (Yves), Jérôme Commandeur (Jean-Michel), Sophie Duez (Véronique). Couleurs, 98 min.
À 50 ans, Antoine est victime d’un infarctus. Toute sa petite bande d’amis se retrouve autour d’un barbecue. Antoine comprend alors qu’il faut profiter de la vie et convie les copains à venir passer les vacances d’été dans une luxueuse maison. Le séjour tourne à l’aigre et Antoine se sépare de son épouse Véronique. Ils se retrouveront plus tard quand Antoine se décidera enfin à assumer son âge. Film tourné à l’intention du public du dimanche soir sur TF 1. Sans autre intérêt. Eric Lavaine et ses interprètes valent mieux. J.T.
BATAILLE DE LA MONTAGNE DU TIGRE (LA)* (Zhi qu weihu shan ; Chine, 2014.) R. : Tsui Hark ; Sc. : Huang Jianxian, Tsui Hark, Yang-Li et Wu Bing ; Ph. et Eff. vis. : Sam et Gupte ; M. : Wu Wai-Lap ; Pr. : Bona Film Group, Huaxia et Youku ; Int. : Hanyu Zhang (Yang), Gengxin Lin (le capitaine), Liya Tong (Petite colombe). Couleurs, 140 min. La lutte d’une unité de l’Armée de Libération du Peuple pour défendre la population de la Chine du Nord-Est contre le gang de la Montagne du Tigre dirigé par le féroce Hawk. D’après un roman qui a connu un grand succès en Chine, Tracks in the Snowy Forest de Qu Bo (1957), un film d’action et d’espionnage mis en scène par Tsui Hark (Il était une fois en Chine) moins à l’aise qu’à l’habitude, victime de deux scénarios mélangés dans le cours de l’action. Trop d’effets visuels aggravent encore la confusion du récit et sa longueur. Mais la peinture des gangs n’est pas sans intérêt.J.T.
BATAILLE DE SOLFÉRINO (LA)***
(Fr., 2013.) R. et Sc. : Justine Triet ; Ph. : Tom Harari ; M. : Damien Maestraggi ; Pr. : Emmanuel Chaumel ; Int. : Laetitia Dosch (Laetitia), Vincent Macaigne (Vincent), Arthur Harari (Arthur), Virgil Vernier (Virgil), Marc-Antoine Vaugeois (Marc). Couleurs, 94 min. 2012, second tour de l’élection présidentielle, tout se joue entre Hollande et Sarkozy. Des milliers de sympathisants / militants de gauche se réunissent dans Paris pour l’événement. Laetitia, journaliste télé, doit faire garder ses deux filles pendant qu’elle couvre l’événement au cœur de la foule. C’est le moment qu’a choisi Vincent, le père de ses enfants, pour faire valoir son droit de visite. Commence alors une cavalcade absurde dans la rue de Solférino, avec les deux gamines en pleurs, le baby-sitter dépassé par les évènements, le nouveau copain émotif et un peu collant, l’ami avocat transformé en justicier du couple et les milliers de Français déchaînés. Prenez une comédie de mœurs mélodramatique et plongez-la dans une foule en liesse, vous obtiendrez peut-être La Bataille de Solférino. Un film qui vous happe dès la première scène dans un récit intime et vous propulse d’un même mouvement au cœur d’un événement collectif ; une séquence qui a d’ailleurs véritablement été tournée le 6 mai 2012, à l’aide de huit caméras disséminées entre les sièges du PS, de l’UMP et la Bastille. Le film nous entraîne au cœur d’une aventure où toutes les tensions se mélangent, jonglant entre les registres, du personnel au général, superposant les péripéties drolatiques (faut-il en rire ?), le tout accompagné par des acteurs au jeu d’une grande justesse. Justine Triet n’hésite pas à plonger ses personnages hystériques dans le bain exalté de la réalité, et nous offre un film d’une force vitale enthousiasmante : brut, bruyant, tragique et drôle, pas loin de notre quotidien à tous.O.L.
BATAILLE RANGÉE** (Range War ; USA, 1939.) R. : Lesley Selander ; Sc. : Sam Robbins, d’après une histoire de Josef Montiague et les personnages créés par Clarence E. Mulford ; Ph. : Russell Harlan ; M. : Victor Young ; Pr. : Harry Sherman
pour Paramount ; Int. : William Boyd (Hopalong « Hoppy » Cassidy), Russell Hayden (Lucky Jenkins), Willard Robertson (Buck Collins), Matt Moore (Jim Marlow), Pedro de Cordoba (padre José), Betty Moran (Ellen Marlow), Britt Wood (Speedy MacGinnis), Russell Harlan (Charles Higgins). NB, 66 min. Une bande de hors-la-loi terrorise la région de Tonto Valley où se construit un chemin de fer. Le banquier Higgins fait appel à son ami Hopalong Cassidy. Arrêtés pour avoir attaqué une diligence, Hoppy et Lucky Jenkins s’évadent et entre dans la bande de pillards… L’un des plus connus parmi les westerns d’Hopalong Cassidy et l’un des douze distribués en France, et qui contient sa dose attendue de chevauchées, de bagarres et d’humour. Quatre metteur en scène se sont partagés la réalisation de soixante-et-un des soixante-six films de la série : Nate Wyatt (sept films entre 1936 et 1939), Howard Bretherton (dix entre 1935 et 1941), George Archainbaud (seize entre 1942 et 1948) et le plus prolifique d’entre eux, Lesley Selander (vingt-huit entre 1937 et 1944). Revu à la télévision. Voir aussi Au cœur de l’Arizona.R.L.
BATAILLON DES SANS-AMOURS (LE)* (The Mayor of Hell ; USA, 1933.) R. : Archie Mayo ; Sc. : Edward Chodorov, d’après une histoire d’Islin Auster ; Ph. : Barney « Chick » McGill ; M. : Leo F. Forbstein ; Pr. : Warner Bros. ; Int. : James Cagney (Patsy Gargan), Madge Evans (Dorothy Griffith), Allen Jenkins (Mike), Dudley Digges (Mr. Thompson), Frankie Darro (Jimmy Smith), Arthur Byron (juge Gilbert). NB, 87 min. Grâce à la complicité d’hommes politiques corrompus, Patsy Gargan, un racketeur, obtient un poste d’inspecteur général des prisons. En visitant une maison de correction pour adolescents, il est touché par les conditions difficiles et la discipline rigoureuse mises en place par le sadique Mr. Thompson, et
décide d’imposer ses réformes en donnant aux garçons internés plus de responsabilités pour leur permettre de gérer leurs propres problèmes. Au bout de quelque temps, l’expérience porte ses fruits, mais impliqué dans une bagarre qui a mal tourné, Patsy doit fuir la justice. Aussitôt, Thompson reprend ses fonctions et, par sa rigueur, provoque une révolte au sein de l’établissement. Les jeunes détenus réclament le retour de Patsy… Pétrie de générosité, la démarche des auteurs est singulière mais laisse perplexe : pourquoi avoir fait du réformateur incarné par James Cagney un personnage de hors-la-loi ? Sa jeunesse dans les bas quartiers de la ville le rapprochait de ces jeunes dévoyés, certes, mais il pouvait très bien être devenu un personnage respectable… Le scénario sera retourné cinq ans plus tard avec un peu plus de discernement par Lewis Seiler dans L’École du crime (1938) avec Humphrey Bogart dans le rôle principal. C’était aussi l’un des premiers films sur la délinquance juvénile, et le petit groupe conduit par Frankie Darro inspirera les « Dead End Kids » (Gabriel Dell, Leo Gorcey, Billy Hallop, Bobby Jordan, Huntz Hall et Bernard Punsley) quatre ans plus tard. Disponible en DVD.R. L.
BATMAN V SUPERMAN : L’AUBE DE LA JUSTICE (Batman v Superman : Dawn of Justice ; USA, 2016.) R. : Zack Snyder ; Sc. : Chris Terrio et David S. Goyer ; Ph. : Larry Fong ; Déc. : Patrick Tatopoulos ; Eff. sp. : Joel Whist ; Eff. vis. : John Des Jardin ; M. : Junkie XL et Hans Zimmer ; Pr. : Warner Bros ; Int. : Ben Affleck (Bruce Wayne/Batman), Henry Cavill (Clarck Kent, Superman), Amy Adams (Lois Lane), Diana Lans (Martha Kent), Jeremy Irons (Alfred Pennyworth), Gal Gadot (Diana Prince/Wonder Woman) Couleurs, 3 D, 153 min. Suite des événements de Man of Steel au cours desquels fut détruite la ville de Metropolis. Batman assiste, impuissant, à la destruction du building de Wayne Enterprise, ce qui entraine chez lui une vive rancœur à l’égard de Superman. Batman voit en lui une menace qu’il ne peut plus accepter : il faut
l’éliminer. Néanmoins les deux héros devront s’allier afin de combattre une créature ayant les mêmes capacités que Superman, créée par le savant fou Luthor. Ils seront aidés par Wonder Woman dans un combat qui s’achève par la mort de Superman. Mais est-il mort ? Ce film annonce la série Justice League : y apparaissent les héros des œuvres à venir : Flash, Aquaman, Cyborg. La première heure est excellente, évoquant la rancœur de Batman à l’égard de Superman qui l’a précédé dans le cœur des cinéphiles. On y voit Bruce Wayne, vieillissant, l’air sombre ; ce n’est plus le Batman proposé par Nolan. Malgré cette dépression, il fait passer Superman au second plan. Leur lutte est en réalité destinée à relancer les superhéros de la Warner. C.E.Y.
BATTLESHIP (USA, 2012.) R. : Peter Berg. Sc. : Jon et Erich Hoeber ; Ph. : Tobias A. Schliessler ; M. : Steve Jablonsky ; Pr. : Scott Stuber, Peter Berg, Brian Goldner, Sarah Aubrey, Duncan Henderson. Int. : Liam Neeson (Amiral Shane), Taylor Kitsch (Alex Hopper), Rihanna (Cora « Weps » Raikes). Couleurs, 131 min. Réunies dans le Pacifique afin de se livrer à une série d’exercices, les forces militaires de différents pays se retrouvent confrontées à un ennemi venu de l’espace et qui menace l’humanité toute entière. S’engage alors une impitoyable bataille navale… Après les Transformers, Hasbro poursuit l’exploitation de son catalogue de jouets en portant à l’écran la Bataille Navale. Un choix qui à de quoi laisser perplexe tant le principe de ce jeu mondialement connu, semble sur le papier, bien maigre pour en tirer un scénario digne de ce nom. De scénario il n’en est d’ailleurs nullement question ici, le script servant ici de prétexte à un déferlement d’action et d’effets spéciaux étourdissants, ayant pour seul objectif
d’en mettre plein la vue des spectateurs. Une mission que Peter Berg remplit haut la main en engendrant un blockbuster spectaculaire et bien exécuté qui aligne les clins d’œil (en particulier à Transformers) mais qui peine à cacher sa vacuité. L’histoire, à la gloire de l’US Navy (qui une fois de plus sauve l’Humanité), est cousue de fil blanc et met en scène une galerie de personnages stéréotypés sans relief ni profondeur et auxquels il est difficile de s’attacher. Une approche certes assumée par le réalisateur mais qui malheureusement fixe, en parallèle, les limites de l’entreprise.E.B.
BATTLES OF CHIEF PONTIAC** (Battles of chief Pontiac ; USA, 1952.) R. : Félix E. Feist, Sc. : Jack Dewitt, Ph. : Charles Van Enger, Maq : William Woods, M. : Elmer Bernstein, Pr. : Irving Starr Int. : Lex Barker (Lt Kent Mc Intire), Helen Westcott (Winifred Lancaster), Lon Chaney Jr (Chief Pontiac), Berry Kroeger (Col Von Weber), Roy Roberts (Maj Gladwin), Larry Chance (Hawkbill), Katherine Warren (Chia), NB, 72 min. Les efforts d’un officier colonial qui essaie de négocier un accord de paix entre le chef Indien Pontiac et les colons Américains et Britanniques. Ceux-ci sont menacés par le commandant d’une unité de mercenaires qui se lance dans une campagne d’extermination d’Indiens. Ce film, western « historique » est dans la tradition de Fort Apache et de La porte du diable. Le cinéma américain devenait peu à peu plus « sympathique » avec les Indiens. Inédit en France, sauf à la télévision.C.V.
BAY (THE) (USA, 2012.) R. : Barry Levinson ; Sc. : Barry Levinson et Michael Wallach ; Ph. : Josh Nussbaum ; M. : Marcelo Zarvos ; Pr. : Jason Blum, Oren Peli, Steven Schneider et Barry Levinson. Int. : Nansi Aluka
(Jaquline), Christopher Denham (Sam), Stephen Kunken (Dr. Abrams). Couleurs, 84 min. La baie du Maryland est contaminée par une étrange bactérie. Une journaliste et son caméraman, présents sur les lieux, filment les conséquences de cette contamination. Réalisateur oscarisé pour Rain Main, Barry Levinson s’attaque au found footage. Avec The Bay, l’auteur de Sleepers et de Sphere cède en effet à la mode du micro-budget et tente de s’approprier les règles de ce sous-genre, qui, depuis déjà quelques années, peine à se renouveler. Et ce n’est pas avec The Bay que les choses vont changer. Loin d’être déshonorant, le film de Levinson ne révolutionne en rien le petit monde des documenteurs et, se basant sur une idée de départ pourtant intéressante, se contente d’appliquer des recettes maintes fois éprouvées. Débutant par un prologue bavard et un peu long, le métrage gagne en rythme et en intensité dans sa deuxième partie et nous gratifie de quelques scènes particulièrement convaincantes (cf. : les ravages causés par le parasite) avant un dénouement expéditif qui laissera sur sa faim plus d’un spectateur. Des défauts qui atténuent considérablement l’impact de The Bay qui, entre deux effets gore, ne parvient que de temps à autre à distiller une angoisse digne de ce nom. Dommage car le propos, écologique, développé par le cinéaste et son scénariste et les allusions aux enjeux politiques qui apparaissent en filigrane dans le déroulement de l’intrigue, sont intéressants et témoignent d’une intelligence trop rare dans ce type de production.E.B.
BEAU MONDE (LE)** (Fr., 2014.) R. : Julie Lopez-Curval ; Sc. : Julie Lopez-Curval et Sophie Hiet ; Ph. : Céline Bozon ; M. : Sebastien Schuller ; Pr. : Fabienne Vonier, Francis Boespflug, Stéphane Parthenay ; Int. : Ana Girardot (Alice), Bastien Bouillon (Antoine), Baptiste Lecaplain (Kevin), Aurélia Petit (Agnès), Sergi Lopez (Harold). Couleurs, 95 min.
Alice, 20 ans, est issue d’un milieu modeste. Douée pour le travail de la laine et des tissus, elle est remarquée par Agnès, une riche bourgeoise qui la prend sous sa protection et l’emmène à Paris pour l’inscrire dans une école d’arts appliqués. Elle quitte Bayeux et son copain Kevin. Elle s’éprend d’Antoine, le fils de famille en révolte contre son milieu, photographe amateur. Mais Alice ne se sent pas à sa place dans ce beau monde… Beau portrait de deux jeunes adultes en quête de leur identité. Le film est sensible, interprété avec justesse par deux jeunes comédiens. Une discrète et belle réussite.C.B.M.
BEAU-PÈRE (LE)** (The Stepfather ; USA, 2009.) R. : Nelson McCormick ; Sc. : J.S. Cardame d’après Donald Westlake ; Ph. : Patrick Cady ; M. : Charlie Clouser ; Pr. : Maverick Films ; Int. : Dylan Walsh (David Harris), Sela Ward (Susan Harding), Amber Heard (Kelly Porter), Sherry Stringfield (Lean). Couleurs, 101 min. David est un psychopathe qui séduit les mères célibataires et s’intègre dans leur famille. Quand il en a assez il tue toute la famille et passe à une autre. Un portrait de psychopathe fascinant, remake d’un thriller des années 80. À voir. J.T.
BEAU RIVAGE* (Fr., 2010.) R. et Sc. : Julien Donada ; Ph. : Nicolas Guicheteau ; M. : Cvantez ; Pr. : Local Films ; Int. : Daniel Duval (Michel Matarasso), Chiara Caselli (Sandra Bandini), Thomas Gonzalez (Marco), Françoise Arnoul (Marie-Hélène), Cyril Guei (Dr. Sosnol). Couleurs, 90 min.
Flic déprimé, Michel Matarasso, regarde de son balcon une jeune femme sur une terrasse en train de bronzer. Le soir, elle n’a pas bougé. Matarasso s’introduit chez elle et découvre qu’elle est morte. Elle s’appelait Sandra et a mis fin à ses jours. Dès lors l’image de la morte l’obsède. Il rompt avec sa compagne et ne pense qu’à elle. Il monte sur le bateau duquel la famille doit disperser les cendres de Sandra et lorsqu’elles sont répandues, il se jette à l’eau. Comment ne pas penser à Laura ou à La chambre verte ? Peinture d’une fascination morbide qui s’empare d’un policier déjà dépressif. Un premier film fascinant joué par un excellent Daniel Duval.J.T.
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN** (Much Ado About Nothing ; USA, 2012.) R. : Joss Whedon ; Sc. : Joss Whedon d’après Shakespeare ; Ph. : Jay Hunter ; M. : Joss et Jed Whedon ; Pr. : Bellwether Pictures ; Int. : Amy Acker (Béatrice), Alexis Denisol (Benedick), Clark Gregg (Leonato), Reed Diamond (Don Pedro), Fran Kranz (Claudio), Jilian Morgese (Hero). NB, 109 min. Don Pedro, son frère et deux hommes de leur entourage, Benedick et Claudio, sont reçus par Leonato. Claudio, épris de Hero, la fille de Leonato, obtient sa main. Par ailleurs Béatrice et Benedick, jadis brouillés, se prennent de passion l’un pour l’autre. Mais au moment du mariage de Claudio et de Hero, le premier, victime de fausses rumeurs propagées par le frère de Don Pedro, croit Hero infidèle et la récuse. Hero s’évanouit et on la fait passer pour morte. Découvrant la calomnie, Claudio, bouleversé, s’engage à épouser la nièce de Don Pedro sans l’avoir vue. C’est Hero qui se présente : elle n’était pas morte. Béatrice et Benedick se marient à leur tour. Oui, c’est Jess Whedon, le metteur en scène d’Avengers qui adapte la pièce de Shakespeare et non Kenneth Branagh ! Il la modernise et la tourne en noir et blanc avec ses acteurs de Buffy contre les vampires et Angel. On s’attendrait au pire et pourtant la réussite est au rendez-vous : Shakespeare n’est pas trahi, texte et esprit sont respectés et l’on ne s’ennuie jamais.J.T.
BEAUX JOURS (LES)** (Fr., 2013.) R. : Marion Vernoux ; Sc. : Marion Vernoux et Fanny Chesnel ; Ph. : Nicolas Gaurin ; M. : Quentin Sirjacq ; Pr. : Les films du Kiosque ; Int. : Fanny Ardant (Caroline), Laurent Lafitte (Julien), Patrick Chesnais (Philippe), Jean-François Stévenin (Roger), Fanny Cottençon (Chantal), Catherine Lachens (Sylvia), Marie Rivière (Jocelyne), Feodor Atkine (Paul). Couleurs, 94 min. Caroline, la soixantaine, dentiste à la retraite, mariée avec Philippe, se rend au centre de loisirs pour seniors, « les beaux jours ». Elle y rencontre Julien, la trentaine, animateur en informatique, qui la drague. Après quelque réticence, elle succombe à son charme. Marion Vernoux filme avec une certaine ironie ces centres de loisirs pour retraités et ces « feux de l’amour » du troisième âge. Si le personnage de Julien, ce tombeur de femmes tous azimuts, est conventionnel et assez méprisable, le film bénéficie surtout de l’interprétation sensible et magnifique de l’immense Fanny Ardant avec laquelle Patrick Chesnais forme un couple tout en finesse. Et il y a la superbe photographie de Nicolas Gaurin qui met en valeur les paysages du Nord, ses plages à perte de vue. La dernière séquence, attendue, nous semble superflue et bien inutile.C.B.M.
BEAUX JOURS D’ARANJUEZ (LES)* (Fr., All., 2016.) R. : Wim Wenders ; Sc. : Wim Wenders, Peter Handke ; Ph. : Benoit Debie ; Pr. : Paolo Branco ; Int. : Reda Kateb (l’homme), Sophie Semin (la femme), Jens Harzer (l’écrivain). Couleurs, 97 min. Par une belle journée ensoleillée, dans un jardin dominant Paris, un couple devise, sous une tonnelle fleurie, d’amour et de sexualité. Un écrivain les regarde, les écoute transcrivant leurs propos – à moins qu’il ne les imagine. Peter Handke (qui apparaît dans le rôle furtif d’un jardinier) écrivit cette pièce directement en français. Son ami Wim Wenders le porte à l’écran utilisant,
sans doute pour la dernière fois, le procédé 3D (ce qui d’ailleurs n’apporte rien au film). Sa caméra est légère, caressante, filmant ses interprètes avec délicatesse dans un décor raffiné et lumineux. Cependant, le dialogue très littéraire, même servi par deux bons comédiens, finit pas lasser et même ennuyer.C.B.M.
BÉBÉ TIGRE** (Fr., 2014.) R. et Sc. : Cyprien Vial ; Ph. : PierreCottereau ; M. : Léonce Pernet ; Pr. : Isabelle Madelaine, Émilie Tisné ; Int. : Harmandeep Palminder (Many), Vikram Sharma (Kamal), Elisabeth Lando (Elisabeth). Couleurs, 87 min. Many, 17 ans, originaire du Nord de l’Inde, vit en France grâce à son statut de « mineur étranger isolé » parfaitement légal. Il est placé dans une famille d’accueil et suit des cours dans un lycée de Bagnolet. Ses parents lui réclament de l’argent afin de rembourser son voyage. Many s’adresse à Kamal, son passeur, pour obtenir de petits boulots illégaux qui seront de plus en plus risqués. Il va lui falloir choisir. Pour sa première réalisation, Cyprien Vial part de la réalité de faits qu’il a connus, même si son film n’est en rien autobiographique. Il est fort bien secondé par la fraîcheur et le talent de ses jeunes interprètes, qu’il cadre en gros plans. Et le titre ? Cyprien Vial s’en explique « Le tigre est un animal instinctif qui protège les siens. Le bébé a des crocs, des griffes, mais il ne sait pas encore s’en servir ». Tel Many…C.B.M.
BEFORE MIDNIGHT** (Before Midnight ; USA, Grèce, 2012.) R. : Richard Linklater ; Sc. : Richard Linklater, Ethan Hawke, Julie Delpy ; Ph. : Christos Voudouris ; M. : Graham Reynolds ; Pr. : Richard Linklater, Christos V. Konstantakopoulos, Sarah Woodhatch ; Int. : Julie Delpy (Céline Wallace),
Ethan Hawke (Jesse Wallace), Seamus Davey-Fitzpatrick (Henry « Hank » Wallace), Walter Lassally (Patrick), Ariane Labed (Anna), Xenia Kalogeropoulo (Natalia). Couleurs, 109 min. Céline, son mari américain et leurs deux filles passent leurs vacances d’août dans une villa magnifique sur une île grecque paradisiaque. On se baigne, on mange et on boit frais, on prend du bon temps avec les amis. Ce qui n’empêche pas les bulles fétides de la rancœur et de l’incompréhension de remonter à la surface… On retrouve Jesse, l’écrivain américain velléitaire et Céline, sa blonde et féministe compagne française, quatorze ans après leur rencontre romantique de « Before Sunrise » et cinq ans après leurs retrouvailles à Paris dans « Before Sunset ». Le couple est à présent installé, après le divorce de Jesse, a deux jumelles et passe des vacances de rêve en Grèce. Mais l’harmonie est plus apparente que réelle et la crise menace. Élégant croisement entre Rohmer et Woody Allen, ce film très écrit de Linklater aborde de nombreux grands sujets (le couple, les choix de vie, la mort, la vieillesse…) avec recul et ironie mais non sans profondeur. Les dialogues, subtils, ne donnent jamais l’impression de bavardage, surtout quand ils sont dits avec naturel par le couple Julie Delpy-Ethan Hawke.G.B.
BEGINNERS (Beginners ; USA, 2010.) R. et Sc. : Mike Mills ; Ph. : Kasper Tuxen ; M. : Roger Neill, Dave Palmer, Brian Reitzell ; Pr. : Leslie Urdang, Jay Van Hoy, Dean Vanech ; Int. : Ewan McGregor (Oliver Fields), Mélanie Laurent (Anna), Christopher Plummer (Hal Fields), Goran Visnjc (Andy), Kai Lennox (Elliot). Couleurs, 105 min. Oliver, illustrateur à Los Angeles, collectionne les ex et les déceptions amoureuses. Quand son père Hal meurt à 75 ans après avoir fait son coming out et rejoint la communauté homosexuelle, Oliver s’interroge sur lui-même, ses
échecs familiaux et sentimentaux. La dépression guette… Jusqu’au jour où il rencontre Anna, jeune actrice française pétillante et imprévisible… Film chichiteux, typique du cinéma indépendant américain quand il n’est pas sublimé par un grand metteur en scène. Le couple Oliver-Anna est particulièrement plombant à force de nombrilisme et de complaisance dans un mal-être qu’ils entretiennent à qui mieux mieux. Heureusement, il y a quelques petits à côtés plus satisfaisants : une formidable composition de Christopher Plummer en père qui, peu avant de mourir, revendique son homosexualité, un chien Jack Russell craquant, quelques idées de mise en scène (les repères temporels en images) et de belles vues de Los Angeles. Si le cœur vous en dit… G.B.
BEHIND LOCKED DOORS** (Behind Locked Doors ; USA, 1948.) R. : Oscar [Budd] Boetticher ; Sc. : Malvin Wald, Eugene Ling, d’après M. Wald ; Ph. : Guy Roe ; Déc. : Edward L. Ilou ; M. : Irving Friedman ; Pr. : Eugene Ling ; Int. : Lucille Bremer (Kathy Lawrence), Richard Carlson (Ross Stewart/Harry Horton), Douglas Fowley (Larson), Ralf Harolde (Hopps), Tom Brown Henry (Dr Clifford Porter), Herbert Heyes (Drake), Gwen Donovan (Madge Bennett), Trevor Bardette (Purvis), Tor Johnson (« Champion »). NB, 62 min. En quête de sensationnel, Kathy Lawrence, journaliste aussi ravissante qu’intrépide, fait appel à un jeune détective novice et désinvolte, Ross Stewart, pour débusquer un nommé Drake. Ancien magistrat désormais en cavale, celuici aurait trouvé refuge dans un établissement psychiatrique privé dirigé par le Dr Porter. Parvenu à se faire interner, Stewart réussit à localiser Drake, qui se terre dans une section du bâtiment à l’abri des regards. Dans le même temps, il découvre les mauvais traitements infligés aux malades par le sadique gardienchef Larson, par ailleurs complice de Drake et de Porter. Trahi par son comportement, Stewart est jeté dans la cellule d’un colosse aliéné qui le roue de
coups. Craignant pour la vie du détective, Kathy s’introduit par ruse dans la clinique et délivre Stewart, qui neutralise aussitôt Drake et Porter, avant l’arrivée de la police. Parmi les œuvres de jeunesse de Boetticher, Behind Locked Doors s’impose comme l’une des plus remarquables. Adepte d’un style dépouillé qui, par la suite, fera merveille dans Le Tueur s’est évadé (1956) et La Chute d’un caïd (1960), Boetticher confère un subtil équilibre à son récit, lequel possède à la fois les caractéristiques du film noir (angles inhabituels, photographie au noir et blanc très contrasté), du thriller psychologique (atmosphère de confinement imprégnée d’une sourde menace) et de la screwball comedy (vivacité des répliques, chargées de sous-entendus, entre le détective et la journaliste). Sur un canevas proche de celui que développera quinze ans plus tard Samuel Fuller dans Shock Corridor (1963), le film ne recèle toutefois aucune charge politique contre l’Amérique de son temps ni n’affiche la moindre frénésie baroque sur le plan formel. Seul prime ici le divertissement, auquel le cinéaste confère un rythme des plus enlevés, palliant non sans brio un budget dérisoire et une intrigue policière relativement convenue. Interrogé, des années plus tard, sur ses premiers travaux de mise en scène, le réalisateur déclarait les tenir en piètre estime. À la vue d’une telle perle, on peut se demander pourquoi.A.M.
BEL AMI* (GB, 2012.) R. : Declan Donnellan et Nick Ormerod ; Sc. : d’après le roman de Guy de Maupassant ; Ph. : Stefano Falivene ; M. : Rachel Portman ; Pr. : Red Wave ; Int. : Robert Pattinson (Georges Duroy), Uma Thurman (Madeleine Forestier), Kristin Scott Thomas (Virginie Rousset), Christina Ricci (Clotilde de Marelle). Couleurs, 103 min. Dans le Paris de 1900 un ancien maréchal des logis, profitant d’un physique avantageux, utilise les femmes qu’il séduit pour s’élever dans l’échelle sociale et devenir riche.
Premier film de deux réalisateurs anglais, à l’aise dans la reconstitution du Paris de la Belle Époque mais qui édulcorent le roman de Maupassant en le limitant aux « coucheries » mais en négligeant les spéculations des milieux financiers, à peine évoquées à propos du Maroc. Loin de ses personnages de vampire, Robert Pattinson est un Bel Ami convainquant.J.T.
BELGICA** (Belg., 2014.) R. : Felix van Groeningen ; Sc. : Arne Sierens, F. van Groeningen ; M. : Soulwax ; Pr. : Dirk Impens ; Int. Stef Aerts (Jo), Tom Wermeir (Frank), Hélène de Vos (Marieke), Charlotte Vandermeer (Isabelle), Dominique Van Malder (Manu), Stefaan de Winter (Ferre). Couleurs, 127 min. À Gand, Jo, passionné de musique, reprend un magasin à l’abandon pour ouvrir un cabaret, le « Belgica ». Frank, son frère aîné, vient lui donner un coup de main ; il rachète le bâtiment voisin pour agrandir le cabaret qui devient une discothèque à succès. Un film électrisant porté par une musique surpuissante et une mise en scène à l’énergie débordante. Ce « Belgica » est aussi une métaphore sur une société en évolution où la violence et, partant, la sécurité et la répression transforment la belle utopie d’un lieu d’accueil chaleureux en un monde très sombre miné par le sexe, la drogue et les magouilles. C.B.M.
BÉLIERS** (Rams ; Islande, 2015.) R. et Sc. : Grimur Hakonarson ; Ph. : Sturla Brandth Grøvlen ; M. : Atli Örvarsson ; Pr. : Grimar Jónsson ; Int. :
Sigurdur Sijurjónsson (Gummi), Théodór Juliusson (Kiddi). Couleurs, 92 min. Dans une vallée isolée de l’Islande du Nord, Gummi et Kiddi, deux frères, ne se parlent plus depuis quarante ans. Ils sont éleveurs de moutons et habitent deux fermes voisines. Lorsque la tremblante du mouton (une maladie qui entraîne l’abattage du troupeau) frappe leur cheptel, ils vont devoir se parler à nouveau… Le premier plan est une superbe photo en scope sur cette vallée du bout du monde où sont disséminées des fermes isolées. Il donne le ton de ce film original, aux rares dialogues, aux personnages bourrus. « Dans un certain sens, dit le réalisateur, c’est un film typiquement scandinave (…). Mais même s’il peut être perçu comme une comédie amère, je voulais raconter une histoire universelle liée à la nature humaine ». Un film beau et chaleureux qui obtint le prix « un Certain regard » au festival de Cannes.C.B.M.
BELLE* (Belle ; GB, 2013.) R. : Amma Asante ; Sc. : Misan Sagay ; Ph. : Ben Smithard ; M. : Rachel Portman ; Déc. : Simon Bowles ; Cost. : Anushia Nieradzik ; Pr. : Fox Searchlight Pictures ; Int. : Gugu Mbata Raw (Dido Elizabeth Belle), Tom Wilkinson (Lord Mansfield), Sam Reid (John Davinier), Sarah Gadon (Elizabeth Murray), James Norton (Ashford). Couleurs, 105 min. Fille illégitime d’un amiral de la flotte anglaise, Dido Elizabeth Bell est élevée par Lord Mansfield, en même temps que sa cousine Elizabeth Murray, mais la couleur de sa peau (elle est métisse) l’éloigne de la cour. Pourtant elle hérite d’une grosse fortune, ce qui change la donne par rapport à sa cousine qui est, quant à elle, pauvre. Un jeu d’intrigues matrimoniales se déroule sur fond de procès anti-esclavagiste dans cette Angleterre de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Plaidoyer anti-esclavagiste et mise en cause de la haute société anglaise à travers une reconstitution très réussie de l’époque (décors et costumes). La réalisatrice Amma Asante dont c’est le deuxième film, est elle-même métisse. Elle s’est inspirée d’une histoire authentique.J.T.
BELLE AUX CHEVEUX ROUGES (LA)*** (Red Headed Woman ; USA, 1932.) R. : Jack Conway ; Sc. : Anita Loos, d’après le roman de Katharine Brush (1931) ; Ph. : Harold Rosson ; M. : Raymond B. Egan et Richard A. Whiting ; Pr. : Albert Lewyn pour MetroGoldwyn-Mayer ; Int. : Jean Harlow (Lil Andrews), Chester Morris (Bill Legendre Jr.), Lewis Stone (William Legendre Sr.), Leila Hyams (Irene Legendre), Una Merkel (Sally), Henry Stephenson (Charles Gaerste), May Robson (tante Jane), Charles Boyer (Albert). NB, 74 min. Dans la petite localité de Renwood, jouant de ses charmes et de sa séduction, Lil Andrews, « la belle aux cheveux rouges », a réussi à briser le riche ménage de Bill et Irene Legendre. Elle épouse Bill à peine divorcé, avant de jeter son dévolu sur le vieux Charles Gaerste, encore plus riche. Elle le suit à New York et parvient à le séduire sans peine tout en entretenant une liaison (beaucoup plus sincère et sensuelle) avec son chauffeur français, Albert. Délivré de son emprise et encouragé par son père William – qui a signé à la briseuse de ménage un chèque de cinq cents dollars –, Bill Legendre divorce et récupère sa femme. Deux ans plus tard, de passage à Paris, Bill et Irene aperçoivent Lil sur un champ de courses au bras d’un inconnu, vieux et barbu. Lil et sa nouvelle conquête rentrent dans leur luxueuse demeure, conduits par Albert… Animée d’un bout à l’autre par un amoralisme réjouissant et uniquement préoccupée par son ascension sociale – « Je ne vais pas passer toute ma vie dans les bas quartiers », répète-t-elle à plusieurs reprises –, Jean Harlow écrase littéralement ses partenaires dans cette tragi-comédie qui symbolise idéalement la période Pré Code Hayes à Hollywood. Bourré de raccourcis saisissants ou
d’ellipses audacieuses, le film se joue de tous les tabous moraux et sexuels avec une désinvolture que l’on ne retrouvera plus dans le cinéma américain avant plusieurs décennies. « Qui a dit que les hommes préfèrent les blondes ? » s’exclame Jean Harlow dans le premier plan du film. On ne s’étonnera donc pas que le script ait été écrit par Anita Loos dont le roman qui fit sa gloire avait déjà été adapté au théâtre et à l’écran (une version muette avait été réalisée en 1928 par Malcolm Saint-Clair). Le duo sulfureux Loos-Harlow se reformera d’ailleurs par deux fois pour Dans tes bras (Hold Your Man, 1933) de Sam Wood et Saratoga (Saratoga, 1937) de Jack Conway. Tandis que Barbara Stanwyck jouera, l’année suivante, un rôle similaire de « chercheuse d’or » arriviste dans le tout aussi audacieux Liliane (Baby Face, 1933) d’Alfred E. Green. Disponible en DVD sous le titre Red-Headed Woman.R.L.
BELLE COMME LA FEMME D’UN AUTRE* (Fr., 2013.) R. et Sc. : Catherine Castel ; Ph. : Gilles Henry ; Pr. : La mouche du coche ; Int. : Olivier Marchal (Gabriel Amaudin), Zabou Breitman (Clémence Garnier), Audrey Fleurot (Olivia/Agathe), Yves Jacques (Nolan Smith), Isabelle Candelier (Sophie Liancourt). Couleurs, 90 min. Agathe est aussi Olivia, testeuse pour la compagnie Darling Trap : elle vérifie que les maris sont fidèles ou non à leurs épouses. Au moment d’épouser Gabriel, Clémence, qui est magistrat, fait appel aux services d’Agathe pour tester Gabriel qui part en voyage d’affaires à la Réunion. Puis, prise de remords, Clémence part à son tour pour la Réunion. Elle découvre que Gabriel qui n’a pu résister au charme d’Agathe, la fait passer pour sa femme afin d’obtenir un contrat d’un client puritain… Amusant marivaudage, fort bien enlevé, délicieusement immoral et joué par un trio (Marchal-Breitman-Fleurot) irrésistible. Un bon moment à passer dans le décor luxueux d’un grand hôtel de la Réunion.J.T.
BELLE DU SEIGNEUR (Lux., Fr., 2013.) R. : Glenio Bonder ; Sc. : Glenio Bonder, James Daarden, Vincenzo Cerami, Richard Bodin d’après le roman d’Albert Cohen ; Ph. : Eduardo Serra ; M. : Gabriel Yared ; Pr. : TNVO, Delux et BDS ; Int. : Jonathan Rhys Meyers (Solal), Natalia Vodianova (Ariane), Marianne Faithfull (Mariette), Ed Stoppard (Adrien Deume). Couleurs, 104 min. Solal, haut fonctionnaire de la Société des Nations, a toutes les femmes qu’il désire. Il fixe sa nouvelle proie : Ariane, épouse d’Adrien Demeure, l’un de ses subordonnés. Il le fait envoyer en mission : Solal et Ariane deviennent amants. Ayant quitté la Société des Nations, faute d’être écouté sur la montée des fascismes et devenu apatride, Solal se retire avec Ariane dans une villa en Italie où ils continuent à vivre leur passion. Mais l’ennui, le doute, la jalousie conduisent cette passion au suicide. Adaptation tronquée et édulcorée du célèbre roman d’Albert Cohen dont l’achat des droits fut laborieux. Bien filmé mais glacé.J.T.
BELLE ENDORMIE (LA)** (Bella addormentata ; Ital., 2012.) R. et Sc. : Marco Bellochio ; Ph. : Daniele Cipri ; M. : Carlo Crivelli ; Pr. : Cattleya ; Int. : Toni Servillo (Uliano Beffardi), Isabelle Huppert (Divina Madre), Alba Rohrwacher (Maria), Michele Riondino (Roberto), Maya Sansa (Rossa), Pier Giorgio Bellochio (Docteur Pallido). Couleurs, 110 min. Après dix-sept ans de coma, Eluana Englaro est transportée dans une clinique d’Udine pour être euthanasiée. Le sénateur Beffardi hésite. Maria est contre l’euthanasie mais Roberto pour, mais l’amour va les rapprocher. L’actrice Divina Madre suit avec passion le débat : elle a une fille dans le coma. La
toxicomane Rossa s’entaille les veines puis veut se jeter par la fenêtre ; le docteur Pallido la sauve Eluna Englaro décède. Plusieurs destins face au débat sur l’euthanasie. Tous sont confrontés à ce problème mais réagissent selon leur personnalité. Bellochio s’inspire d’un cas réel, survenu dans l’Italie de février 2009, qui partagea l’Italie en deux camps. Bellochio ne tranche pas, mais les cas qu’il évoque posent le problème de la liberté du choix, liberté que Bellochio semble placer au dessus de la loi et de la religion. J.T.
BELLE EPINE* (Fr., 2010.) R. : Rebecca Zlotowski ; Sc. : R. Zlotowski, Gaëlle Macé ; Ph. : Georges Lechaptois ; M. : Rob ; Pr. : Frédéric Jouve, Frédéric Niermayer ; Int. : Léa Seydoux (Prudence), Anaïs Demoustier (Sonia), Johan Libéreau (Franck), Agathe Schlencker (Marilyne), Guillaume Gouix (Reynald). Couleurs, 80 min. Prudence, 17 ans, se retrouve livrée à elle-même après la mort de sa mère. Par l’intermédiaire d’une copine de lycée, Marilyne, elle se rapproche d’une bande de motards qui tournent sur le circuit de Rungis, à Belle Épine. Pour son premier film, la réalisatrice s’empare de sujets rebattus : le mal de la jeunesse, la difficulté de faire son deuil, la première fois avec un garçon… Climat réaliste sombre, présence boudeuse de Léa Seydoux dans l’un de ses premiers rôles, un film très intellectualisé qui sape toute émotion et qui obtint, néanmoins, le prix Louis-Delluc 2010. C.B.M.
BELLE ET LA BÊTE (LA)*
(Fr., All., USA, 2014.) R. : Christophe Gans ; Sc. : Christophe Gans et Sandra Vo-Anh d’après le livre de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont ; Ph. : Christophe Beaucarne ; M. : Pierre Adenot ; Pr. : Richard Grandpierre, Romain Le Grand, Henning Molfenter, Charlie Woebcken, Christoph Fisser. Int. : Vincent Cassel (la Bête/le prince), Léa Seydoux (Belle), André Dussollier (le père de Belle). Parce qu’il a cueilli une rose dans le domaine magique de la Bête, le père de Belle est condamné à mort. Mais pour éviter un tel sort à son géniteur, la jeune fille accepte d’être retenue prisonnière à jamais dans le château de la créature… Avec quatre longs métrages en 20 ans, Christophe Gans est un cinéaste rare. Le réalisateur français, en effet, tourne peu et s’investit dans des projets souvent très ambitieux. C’est à nouveau le cas avec La Belle et la Bête, son nouveau film, adaptation, comme son titre l’indique, du célèbre conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, publié en 1757. Le défi était de taille car, dans la mémoire des cinéphiles, la version de Jean Cocteau, datant de 1946, est considérée à juste titre comme un monument du septième art. Parfaitement conscient qu’il ne pourra éviter la comparaison avec l’œuvre du poète, Gans, sans en renier l’influence, décide de s’en éloigner et de s’approprier à sa façon cette histoire que tout le monde connaît. Et pour cela, il agrémente le récit de références qui lui sont propres à commencer par celles liées à Hayao Miyazaki dont l’univers visuel et les préoccupations écologiques se retrouvent dans le film. Un film, servi par des effets spéciaux magnifiques, qui se caractérise, d’ailleurs, par son incontestable beauté plastique, par son esthétique féérique et flamboyante qui sied parfaitement à l’univers du conte et qui représente l’un des principaux atouts du métrage. Les images créées par Gans sont magnifiques et confèrent une dimension supplémentaire à un récit qui prend quelques libertés par rapport au roman original (apparition de nouveaux personnages, etc.). De plus, « certains choix irriteront sans doute bon nombre de spectateurs à l’instar des étranges chiens lémuriens qui peuplent le château et qui donnent par moment au film une dimension “Disneyenne” dont on aurait pu se passer. Autres réserves : le manque d’intensité dramatique qui altère certaines scènes (notamment dans la troisième partie) mais aussi le peu d’épaisseur
psychologique de la Bête, reléguée au second plan par rapport à Belle. Malgré ces réserves, cette production s’impose comme un grand spectacle familial conçu par un cinéaste talentueux et à l’imagination débordante » (in L’Écran Fantastique).E.B.
BELLE ET SÉBASTIEN (Fr., 2013.) R. : Nicolas Vanier ; Sc. : Juliette Sales, Fabien Suarez et Nicolas Vanier ; M. : Armand Amar ; Pr. : Radar Films et Épithète Films ; Int. : Félix Bossuet (Sébastien), Tcheky Karyo (César), Margaux Chatelier (Angélina), Dimitri Storoge (Dr Guillaume). Couleurs, 98 min. Dans les Alpes, le berger César élève son petit-fils Sébastien, devenu orphelin. Une bête décime les troupeaux : Sébastien la rencontre et l’apprivoise : il s’agit d’un gros chien errant victime de mauvais traitements. Il l’appelle Belle. Il sauvera une famille juive en l’aidant à passer en Suisse. D’après un feuilleton télévisé de Cécile Aubry dans les années 60, transposé sous l’occupation allemande. De beaux paysages et de bons sentiments.J.T.
BELLE ET SÉBASTIEN : L’AVENTURE CONTINUE (Fr., 2015.) R. : Christian Duguay ; Sc. : Juliette Sales et Fabien Suarez ; Ph. : Christophe Graillot ; M. : Armand Amar ; Pr. : Radar Films et Épithète Films ; Int. : Félix Bossuet (Sébastien), Tcheky Karyo (César), Margaux Chatelier (Angélina). Couleurs, 99 min. Héroïne du film précédent, Angélina est victime d’un accident d’avion dans la montagne. Belle et Sébastien vont s’y employer. Moins niais et plus mouvementé que le film précédent. Sébastien s’y découvre un père et Belle une nouvelle maîtresse.J.T.
BELLE PROMISE (LA) (Villa Touma ; Pal., Israël, 2014.) R., Sc. et Pr. : Suha Arraf ; Ph. : Yaron Scharf ; M. : Boaz Schory ; Int. : Nisreen Faour (Juliette) Ula Tabari (Violette), Cherien Dabis (Antoinette), Maria Zreik (Badia). Couleurs, 85 min. À Ramallah, les trois sœurs Touma, des aristocrates, ont perdu leur statut social après la guerre des Six Jours. Elles vivent enfermées dans leur vaste demeure. L’arrivée de leur jeune nièce Badia bouscule leur routine. Elles veulent lui trouver un mari digne de leur rang. Corsetées, gantées et chapeautées, ces femmes sont la caricature d’un passé révolu. Et la réalisation accentue lourdement le propos ôtant ainsi tout impact social. On se croirait dans une mauvaise adaptation d’un vieux roman d’Hervé Bazin.C.B.M.
BELLE SAISON (LA)** (Fr., 2015.) R. : Catherine Corsini ; Sc. : Catherine Corsini et Laurette Polmanss ; Ph. : Jeanne Lapoirie ; M. : Grégoire Hetzel ; Pr. : Elisabeth Perez ; Int. : Cecile de France (Carole), Izïa Higelin (Delphine), Noémie Lvovsky (Monique), Kevin Azaïs (Antoine). Couleurs, 105 min. 1971 : Delphine aide au travail de la ferme de ses parents en Corrèze. Ceuxci voudraient la voir épouser Antoine, mais elle préfère la compagnie des femmes. Déçue par sa première liaison féminine, elle monte à Paris. Lors d’une manifestation du MLF, elle rencontre Carole, une femme indépendante : elles s’aiment. Delphine doit retourner à la ferme pour remplacer son père victime d’un AVC. Carole la rejoint. « Un film avec des femmes, autour du mouvement des femmes, avec une histoire d’amour entre deux femmes » (Catherine Corsini). Comment vivre son homosexualité ? Comment assumer son indépendance et sa liberté ? Situé dans les années 70, le film rend hommage aux mouvements féministes de l’époque
qui, en dépit parfois de leurs excès, ont ouvert une voie pas encore refermée. De plus, c’est une belle approche de la vie paysanne. Les deux comédiennes sont superbes : Cécile de France, crinière au vent, nue et libre, Izïa Higelin plus terrienne et sauvage. C.B.M.
BELLES FAMILLES* (Fr., 2015.) R. et Sc. : Jean-Paul Rappeneau ; Ph. : Thierry Argobast ; M. : Martin Rappeneau ; Pr. : Michèle et Laurent Pétin ; Int. : Mathieu Amalric (Jérôme), Gilles Lellouche (Grégoire), Marine Vacteh (Louise), Karin Viard (Florence), Nicole Garcia (Suzanne), André Dussollier (Pierre), Guillaume de Tonquedec (Jean-Louis), Claude Perron (Fabienne), Gemma Chan (Lin), Yves Jaques (le notaire). Couleurs, 114 min. Jérôme Varenne qui vit à Shanghaï depuis dix ans, arrive à Paris pour présenter sa fiancée, Lin, à sa mère. Il apprend que le château familial a été vendu et se trouve au cœur d’un conflit local. Tandis que Lin part à Londres, il se rend à Ambray où il retrouve son copain Grégoire qui s’est occupé de la vente. Il fait la connaissance de Louise, la jeune compagne de ce dernier… Certes la mise en scène est alerte et Rappeneau n’a rien perdu de son énergie. Certes le casting est de haut niveau (encore qu’inégal). Mais cela ne suffit pas pour faire un grand film tant l’intrigue manque d’intérêt. Ces histoires d’héritage, de secrets de famille, de relations sentimentales sont trop prévisibles et banales.C.B.M.
BENDA BILILI !*** (Fr., 2004-2010.) R., Pr., Sc. et Ph. : Renaud Barret, Florent de La Tullaye ; M. : Staff Benda Bilili ; Int. : Cubain Kabeya, Roger Landu, Paulain Kiara
Maigi, Léon Likabu, Montana, Coco Ngambali, Théo Nsituvuidi, Djunana Tanga-Suele (eux-mêmes). Couleurs, 87 min. Ricky rêve de faire de Staff Benda Bilili le meilleur orchestre du Congo ; Roger, enfant des rues, rêve de rejoindre ces stars du ghetto noir en… fauteuil roulant ! Un jour, leur rêve devient réalité… Kinshasa, sa misère rampante, sa violence endémique, sa déliquescence effarante : cadre idéal pour un récit bien naturaliste et bien déprimant. Sauf qu’ici, avec Staff Benda Bilili, c’est tout l’opposé. Jugez plutôt : un orchestre de rue, composé pour le plupart de ses membres de vieux poliomyélitiques en fauteuil, qui parvient non seulement au succès local mais réussit en prime à enregistrer un disque et à se produire sur la scène internationale, malgré l’adversité, malgré l’incendie de leur centre pour handicapés… ! C’est aussi tonique qu’inattendu. Et délicieux à écouter. Un petit miracle dans la lignée de « Buena Vista Social Club ».G.B.
BENGAZI*** (Bengasi ; Ital., 1942.) R. : Augusto Genina ; Sc. : Ugo Betti, Alessandro de Stefano, A. Genina Edoardo Anton ; Ph. : Aldo Tonti ; M. : Antonio Veretti ; Pr. : Films Bassoli ; Int. : Fosco Giachetti (capitaine Enric Berti), Amedeo Nazzari (ingénieur Filippo), Fedele Gentile (Antonio), Laura Redi (Fanny) Vivi Gioi, Maria de Tasnady, Guido Notari Rossi Bisi. NB, 92 min. Le titre original était Bengasi anno 1941. En effet le film commence par les combats entre les artilleurs italiens et les chars anglais qui s’emparèrent de la métropole libyenne en 1941. Les occupants australiens sont montrés sous un jour très sombre : oppresseurs, tueurs, pillards, vandales, alcooliques invétérés, il leur suffit de trouver une bouteille de whisky pour tout abandonner… Ce film de propagande réunit deux acteurs virils pour le prix d’un : Fosco Giachetti, que, la perte d’un bras n’empêche pas d’envoyer des messages secrets à l’État-Major italien, et Amedeo Nazzari, surnommé Errol Flit. Il feint si bien de collaborer avec les occupants qu’il risque de se faire lyncher par les Italiens alors qu’il est
lui aussi un agent secret qui renseigne ses compatriotes. Mais toutes choses ont une fin. Les Anglais font exploser les principaux quartiers de Bengazi et abandonnent la ville. Des bersaglieri italiens quadrillent les rues de la ville à motocyclette dans un ordre parfait. L’enthousiasme des habitants se déchaîne parmi une apothéose de musique et de drapeaux italiens et allemands. Ceci pour la copie originale. Il y en eut une autre, caviardée, dans les années cinquante, pour exploiter Bengazi en le redistribuant après avoir coupé au montage les scènes anglophobes. On rajouta même deux séquences, au début et à la fin, qui prêchaient la réconciliation et les mariages anglo-italiens. Les coupures effectuées après la guerre nuisent au plaisir qu’on a à la vision complète du film, car le talent de Genina est certain, ainsi que sa direction d’acteurs. Il s’est admirablement servi des moyens considérables mis à sa disposition : figurants, camions, avions, de vrais chars anglais, un quartier arabe, exotique en diable, reconstruit à Cinecittà avec son bordel. Le scénario fut écrit et remanié en Afrique au fur et à mesure des événements militaires. Les maquettes qui servent à représenter la destruction de la ville sont très en avance en Italie sur le plan technique, et anticipent sur les films catastrophes. Même s’il s’agit surtout d’une œuvre de propagande, et que la « libération » de la ville est due aux seuls Italiens, Rommel n’étant même pas nommé, c’est aussi une belle réussite. En 1942 Bengazi obtint la Coupe Mussolini du meilleur film, et Fosco Giachetti la Coupe Volpi du meilleur acteur. (Notice refaite)U.S.
BEN-HUR* (Ben-Hur ; USA, 2016.) R. : Timur Bekmambetov ; Sc. : Keith Clarke et John Ridley ; Ph. : Oliver Wood ; Eff. sp. : Andy Williams ; Mont. : Dody Dorn ; M. : Marco Beltrami ; Pr. : Paramount Pictures et MGM ; Int. : Jack Huston (Ben-Hur), Toby Kebbell (Messala), Nazanin Boniadi (Esther), Morgan Freeman (le cheikh Ilderim), Rodrigo Santoro (Jésus de Nazareth), Ayelet Zurer (Naomi), David Wamsley (Decimus). Couleurs, 126 min.
Prince judéen, Ben-Hur est accusé à tort par Messala d’être l’auteur d’un attentat contre un tribun romain. Condamné aux galères et rescapé d’une bataille navale, il revient pour se venger tandis que dans les collines de Galilée un curieux prophète prêche un message d’amour. Une course de chars sera l’occasion pour Ben-Hur d’affronter Messala… Troisième adaptation du fameux roman de Lewis Wallace et la plus mauvaise. Celle de Niblo, au temps du muet, avait forte impression : la bataille navale, la course de chars étaient extraordinaires pour l’époque. Elle fut surpassée par celle de William Wyler avec Charlton Heston, couverte d’oscars. Pourquoi refaire un nouveau Ben-Hur et le confier au Kazakh Timur Bekmambetov dont l’œuvre la plus connue jusque là était un Abraham Lincoln chasseur de vampires ! Dialogues riches en anachronismes, rivalité entre BenHur et Messala affaiblie par leur fratrie, interprétation médiocre ou proche du ridicule (Freeman et sa perruque de reggae), effets spéciaux trop appuyés. Quant au personnage de Jésus, jusque là suggéré, il devient une sorte de défenseur des droits de l’homme. La critique a été féroce : « Tournez Kazakh ! » « Faut pas Charier ! » Mais soyons juste : les amateurs de péplums goûteront la bataille navale et la course de chars dignes d’un vieux Blasetti ou Freda.J.T.
BENOIT BRISEFER : LES TAXIS ROUGES** (Fr., Belg., 2014.) R. : Manuel Pradal ; Sc. : Manuel Pradal, Thierry Clech, Thierry de Ganay, Yvan Guyot d’après la bande dessinée de Peyo ; Ph. : Antoine Roch ; M. : Michael Tordjman ; Eff. sp. : Rodolphe Chabrier ; Pr. : Thierry de Ganay ; Int. : Léopold Huet (Benoit Brisefer), Gérard Jugnot (Jules Dussillard), Jean Reno (Poilonez), Thierry Lhermitte (Arsène Duval), Hippolyte Girardot (le commissaire). Couleurs, 77 min. À Vivejoie la Grande, Jules Dussillard, un conducteur de taxi, fait la cour à Adolphine qui a recueilli le petit Benoît Brisefer qui, à 10 ans, est d’une force
herculéenne. Or voilà que le méchant Poilonez vient installer sa compagnie de taxis rouges et veut éliminer Dussillard. Benoît Brisefer prend parti pour ce dernier et grâce à sa force pourrait tenir tête au vilain Poilonez et à son gang, s’il ne perdait ses pouvoirs quand il est enrhumé… Un film d’une grande fidélité à la bande dessinée de Peyo qui date des années 60. Pour ceux qui la découvrent l’histoire paraîtra bien mince en regard des super héros d’aujourd’hui, pour les fidèles, elle ne leur apportera que des souvenirs et un peu de nostalgie. La mise en scène sans prétention contribue au charme désuet de l’œuvre.J.T.
BERKMAN SE SÉPARENT (LES)** (The Squid and the Whale ; USA, 2005.) R., Sc. : Noah Baumbach ; Ph. : Robert D. Yeaman ; M. : Britta Phillips, Dean Wareham ; Pr. : Peter Newman, Wes Anderson, Charlie Corwin ; Int. : Owen Kline (Frank Berkman), Jeff Daniels (Bernard Berkman), Laura Linney (Joan Berkman), Jesse Eisenberg (Walt Berkman), William Baldwin (Ivan), David Benger (Carl). Couleurs, 81 min. Brooklyn, 1986. Le syndrome « Une étoile est née » frappe de plein fouet le couple Berkman : en effet Bernard, prof de fac et écrivain, est de moins en moins lu alors que sa femme Joan, qui écrit elle aussi, rencontre le succès. Rien ne va plus entre eux et ils décident de divorcer. Ce qui n’arrange pas leurs deux garçons, Walt, 16 ans et Frank, 12 ans, qui du jour au lendemain perdent tous leurs repères. Le divorce chez les cols blancs n’a rien à envier à celui des cols bleus. Noah Baumbach en sait quelque chose qui fut victime adolescent en même temps que son jeune frère de la séparation de ses parents. Expérience douloureuse qui a eu au moins une conséquence heureuse : cette comédie acide (légèrement atténuée par un soupçon d’empathie) sur ce qui sape le couple et la famille, à savoir l’égoïsme, la vanité, l’irresponsabilité, en résumé, pour paraphraser Kundera, l’insoutenable légèreté d’êtres censés faire partie de l’élite intellectuelle.
Excellente interprétation de la part de tous – avec une mention spéciale pour Jesse Eisenberg, future star de « The Social Network », dans l’un de ses premiers grands rôlesG.B.
BEST OFFER (THE)*** (La migliore offerta ; Ital., 2013.) R. et Sc. : Giuseppe Tornatore ; Ph. : Fabio Zamarion ; M. : Ennio Morricone ; Déc. : Maurizio Sabatini ; Pr. : Paco cinematographica ; Int. : Geoffrey Rush (Virgil Oldman), Sylvia Hoeks (Claire Ibbetson), Jim Sturges (Robert), Donald Sutherland (Billy), Philip Jackson (Fred), Dermot Crowley (Lambert), Liya Kebede (Sarah). Couleurs, 130 min. Virgil Oldman est un commissaire-priseur réputé qui vit seul au milieu d’une collection de portraits de femmes acquis de façon louche lors des ventes avec la complicité de Billy, un peintre dont il ne veut pas reconnaître les mérites. Une certaine Claire Ibbetson le contacte pour vendre dans une belle demeure tableaux, meubles et livres de ses parents. Mais elle ne vient pas aux rendezvous et ne se montre jamais. Oldman est progressivement subjugué par cette femme qui affirme souffrir d’agoraphobie. Il la voit enfin par surprise puis dans un dîner et en tombe amoureux. Elle lui porte secours lors d’une agression, ce qui achève de le séduire. Elle vient vivre chez lui. Il décide de prendre sa retraite. Au soir de sa dernière vente, lorsqu’il rentre dans la pièce où il gardait ses portraits de femmes, elle est vide. C’était un coup monté par Billy, Claire et Robert, un jeune horloger qui lui donnait des conseils et construisait pour lui un automate. Chef-d’œuvre : Hitchcock + le Visconti de Violence et passion. Un dandy cynique et raffiné magistralement composé par Geoffrey Rush, voit sa vie bouleversée par une romance sentimentale dont il est la dupe. Magistral Donald Sutherland, maître d’œuvre de cette géniale supercherie et très belle Syvia Hoeks, l’appât. Un régal.J.T.
BÊTES DU SUD SAUVAGE (LES)*** (Beasts of the Southern Wild ; USA, 2010.) R. : Benh Zeitlin ; Sc. : Benh Zeitlin, Lucy Alibar d’après la pièce de cette dernière ; Ph. : Ben Richardson ; M. : Dan Romer, Benh Zeitlin ; Pr. : Dan Janvey, Josh Penn, Michael Gottwald ; Int. : Quvenzhané Wallis (Hush Puppy), Dwight Henry (Wink), Levy Easterly (Jean Battiste), Pamela Harper (Little Jo), Gina Montana (Miss Bathseba). Couleurs, 93 min. Hush Puppy, 6 ans, vit dans le Bathtub, une partie isolée du delta du Mississippi, avec Wink, son père malade. Celui-ci, qui l’aime mais qui sait qu’il ne va pas faire de vieux os, l’élève avec dureté pour l’aider à survivre maintenant et après lui dans ce milieu inhospitalier. Il n’a pas tort car, venant compliquer une vie quotidienne déjà difficile, survient une tornade… Benh Zeitlin n’a aucun goût pour la convention et l’expérience cinématographique à laquelle il nous convie ici est totalement inédite. Dans Les bêtes du Sud sauvage il évoque certes un événement connu de tous (les ravages de l’ouragan Katrina en 2005) mais il n’entend pas se servir de cette catastrophe naturelle comme prétexte à un énième film catastrophe. Cet événement, il va en réalité nous le faire vivre au travers de la psyché d’une fillette de 6 ans (époustouflante Quvenzhané Wallis !), parti-pris qui lui permet de nous plonger corps et âme dans un monde étrange et fascinant où la frontière entre le réel et l’imaginaire n’existe plus. Il y aura bien sûr le déchaînement des vents et la montée des eaux mais il y aura aussi ce que l’imagination de la petite greffe sur cet environnement hostile, le plus étonnant étant d’y voir défiler d’antédiluviens et mystérieux aurochs. Amateurs d’œuvres atypiques, ce film halluciné et hallucinant est pour vous ! G.B.
BÊTISES (LES)**
(Fr., 2015.) R. et Sc. : Rose et Alice Philippon ; Ph. : Nicolas Gaurin ; M. : Fred Avril ; Pr. : Asa Films ; Int. : Jérémie Elkaïm (François), Sara Giraudeau (Sonia), Jonathan Lambert (Fabrice), Anne Alvaro (Elise), Jacques Weber (André), Alexandre Steiger (Philippe). Couleurs, 79 min. François est le gaffeur type, le maladroit par excellence. Enfant adopté, il veut connaître sa mère biologique et se fait passer pour serveur afin de s’introduire dans une fête organisée par elle. Il va multiplier les catastrophes, mais découvrira que sa mère l’a eu avec un amant. Il finira en courant après la barmaid de la fête. Pour leur premier film Rose et Alice Philippon montrent leur goût pour le burlesque : les gags sont nombreux. Certes on pense à The Party et on estime que Jérémie Elkaïm est loin de Peter Sellers, mais ne boudons pas notre plaisir.J.T.
BEYOND THE SEA*** (Beyond the Sea ; USA, 2004.) R. : Kevin Spacey ; Sc. : Kevin Spacey, James Toback, Lewis Colick ; Ph. : Eduardo Serra ; M. : Christopher Slaski ; Pr. : Kevin Spacey, Mark Damon, Arthur Friedman ; Int. : Kevin Spacey (Bobby Darin), Kate Bosworth (Sandra Dee), Brenda Blethyn (Polly Cassotto), John Goodwin (Steve Blauner), Bob Hoskins (Charlie Cassotto Maffia), Greta Scacchi (Mary Duvan). Couleurs, 118 min. Évocation de la vie du chanteur et musicien américain Bobby Darin. Rocker et crooner, il enregistra au cours des années 1950 les chansons « My First Love », « Mack The Knife » ou encore « Queen Of The Hop » et « Things ». Son premier disque d’or « Splish Splash », en 1958, lui permit d’accéder à la célébrité. Dans les années soixante, il s’orienta davantage vers le cinéma. Il décéda en 1973 lors d’une opération chirurgicale à cœur ouvert. Kevin Spacey est un formidable acteur ; il est aussi un réalisateur hyperdoué. Témoin cette biographie tout sauf linéaire et guindée du chanteur et acteur Bobby Darin, que la star de « Usual Suspects » incarne de surcroît avec un
naturel stupéfiant. Optant pour une forme non linéaire, flirtant même avec le surréalisme, Beyond the Sea est digne de All That Jazz, le chef-d’œuvre de Bob Fosse. Ce qui n’empêche nullement Spacey de nous conter la vraie vie de Darin : il lui ajoute simplement ce supplément d’âme qui fait toute la différence avec un récit purement illustratif. G.B.
BEYROUTH HÔTEL* (Beirut Bel Layl ; Liban, Fr., Suède, 2011.) R. : Danielle Arbid ; Sc. : D. Arbid, Vincent Dieutre, Percy Kemp ; Ph. : Pierrick Gantelmi d’Ille ; M. : Zeïd Hamdan, Vincent Epplay ; Pr. : Pelléas Pr. ; Int. : Charles Berling (Mathieu), Darine Hamzé (Zoha), Rodney El Haddad (Hicham), Fadi Abi Samra (Abbas). Couleurs, 94 min. Mathieu, un avocat d’affaires français, est de passage à Beyrouth pour régler un contrat en Syrie. Il rencontre Zoha, la voluptueuse chanteuse de cabaret de l’hôtel. Ils sont attirés l’un vers l’autre. Mathieu est soupçonné d’espionnage. « Si tu crois avoir tout compris du Liban, est-il dit dans le film, c’est qu’on t’aura mal expliqué ». Effectivement le scénario est assez complexe. Mais l’attention est captée par la relation passionnelle qui s’établit entre cet avocat qui ne se livre guère et cette ravageuse beauté libanaise incarnée par la sensuelle et splendide Darine Hamzé. Bien qu’ayant obtenu un Léopard d’Or à Locarno en 2011, le film ne connut en France qu’une diffusion télévisée.C.B.M.
BIDASSES AUX GRANDES MANŒUVRES (LES)* (Fr., 1981.) R. : Raphaël Delpard ; Sc. : Raphaël Delpard et Jean Rossi ; Ph. : Roger Fellous ; M. : Jack Ledru ; Chansons : André Hornez ; Pr. :
Naja Films et Darcy Cinéma ; Int. : Michel Galabru (Colonel Desjument), Paul Préboist (Colonel Beaudoin), Jacques Iéguera, Jean Reno. Couleurs, 90 min. Ce film de bidasses a fait oublier les autres et mérite d’être redécouvert pour plusieurs raisons : le sujet est abordé sous l’angle de la comédie musicale avec musique de Jack Ledru et paroles d’André Hornez (auteur de « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? », repris dans le film.) L’assistant du metteur en scène est Luc Besson et Jean Reno y tourne l’un de ses premiers longs métrages. Besson et Reno vont se lier sur le plateau. R.D.
BIEN-AIMÉS (LES)* (Fr., 2011.) R. et Sc. : Christophe Honoré ; Ph. : Remy Chevrin ; M. : Alex Beaupain ; Pr. : Pascal Caucheteux ; Int. : Chiara Mastroianni (Véra), Catherine Deneuve (Madeleine), Ludivine Sagnier (Madeleine jeune), Louis Garrel (Clément), Milos Forman (Jaromil), Paul Schneider (Henderson), Michel Delpech (François). Couleurs, 135 min. De 1964 à 2007, de Paris à Prague, puis à Londres ou Montreal, chassécroisé amoureux entre Madeleine et Jaromil, un médecin tchèque dont Madeleine a une fille, Vera, entre celle-ci et Henderson, un batteur de jazz américain, homosexuel et sidaïque. « Je t’aime, moi non plus » : éternelle rengaine des chansons d’amour égrenées au fil du temps et, ici des événements historiques en arrière-plan. Cependant, malgré la musique et les chansons, ce drame « en-chanté » est loin d’avoir le charme aérien d’un film de Demy (Les parapluies de Cherbourg) ou même du précédent opus de Christophe Honoré (La chanson d’amour). Une redite en mineur. Bien sûr, il reste l’interprétation de haut niveau, les comédiens étant là pour donner chair et intérêt au film.C.B.M.
BIEN JOUÉ, MESDAMES (Hoppla, jetzt kommt Eddie ; All., 1958.) R. : Werner Klingler ; Sc. : Curt J. Braun, d’après une idée de Hans Friz Köllner ; Ph. : Erich Claunigk ; M. : Hansom Milde-Meissner, Michael Jary ; Pr. : Kurt Ulrich ; Int. : Eddie Constantine (Eddie Petersen), Günther Lüders (Fred Uhlmann), Maria Sebaldt (Maria Mattoni), Margit Saad (Juanita Perez), Peter Mosbacher (Manuel Fanton), Bum Krüger (le consul Almeida). NB, 92 min. Eddie Petersen, un joyeux marin américain, est chargé de veiller sur Carmen et Stella, deux jeunes filles riches qui voyagent en compagnie de Maria Mattoni et de Juanita, fille d’un chimiste qui a mis au point un carburant révolutionnaire. À peine notre homme a-t-il posé le pied sur les quais du port d’Hambourg qu’il est enlevé… Pour la première fois Eddie Constantine (alias Lemmy Caution), notre import américain, s’exporte en Allemagne. À part cela, rien à signaler, c’est toujours coups de poing, whisky, décontraction, cigarettes et p’tites pépées… G.B.
BIENVENUE À BORD (Fr., 2011.) R. et Sc. : Eric Lavaine ; Ph. : Stéphane Le Parc ; M. : JeanMichel Bernard ; Pr. : Same Player, Pathé, M 6 ; Int. : Franck Dubosc (Rémy Pasquier), Valérie Lemercier (Isabelle), Gérard Darmon (Richard Morena), Luisa Ranieri (Margarita Cavallieri), Philippe Lellouche (William). Couleurs, 95 min. La DRH d’une compagnie maritime, licenciée par son patron et amant, réussit à faire embaucher comme animateur, un parfait imbécile, Rémy Pasquier, pour saboter la croisière qu’ils organisaient. Le résultat ne sera pas celui attendu. Un des nombreux films consacrés aux croisières : celui-là n’est pas pire que les autres et comment ne pas aimer Valérie Lemercier ?
J.T.
BIENVENUE À ZOMBIELAND* (Zombieland ; USA, 2009.) R. : Ruben Fleischer ; Sc. : Rhett Reese ; Ph. : Michael Bonvillain ; M. : David Sardy ; Pr. : Columbia ; Int. : Jesse Eisenberg (Columbus), Woody Harrelson (Tallahassee), Emma Stone (Wichita), Bill Murray (Lui-même). Couleurs, 88 min. La planète est aux mains des zombies. Quatre survivants, deux hommes et deux femmes se retrouvent à Hollywood et s’installent dans la maison de Bill Murray. Celui-ci a survécu en se faisant passer pour un zombie mais il sera abattu par un des survivants qui a cru qu’il était l’un d’eux. Après une dure bataille contre les zombies, le groupe doit quitter Hollywood. Un film qui renouvèle le thème des zombies par un aspect décalé et un humour efficace dû à l’introduction dans l’histoire de Bill Murray se faisant passer pour un mort-vivant !J.T.
BIENVENUE DANS L’ÂGE INGRAT** (Welcome to the Dollhouse ; USA, 1995.) R., Sc., et Pr., : Todd Solondz ; Ph. : Randy Drummond ; M. : Alan Oxman ; Int. : Heather Matarazzo (Dawn Wiener), Brendan Sexton Jr. (Brendon McCarthy), Daria Kalinina (Missy Wiener), Matthew Faber (Mark Wiener), Angela Pietropinto (Mrs. Wiener), Eric Mabius (Steve Rodgers). Couleurs, 88 min. Le quotidien de Dawn Wiener, douze ans, collégienne à Benjamin Franklin Junior High, n’est pas rose tous les jours. Impopulaire, elle doit à la fois étudier et survivre, dans cette jungle dangereuse et impitoyable qu’est le collège, et tâcher de supporter la cohabitation familiale avec son frère geek particulièrement désagréable, et sa petite sœur parfaite dans son tutu rose, que tout le monde semble lui préférer. Amoureuse du beau Steve, bien plus âgé qu’elle, elle est la
cible de Brandon, le petit dealer du collège, qui ne cesse de la harceler avec une hostilité proche de l’affection… Deuxième long métrage de Todd Solondz, qui continuera son portrait de la jeunesse et de la misère sociale au sein des familles avec Happiness en 1998. Histoire de mettre un grand coup de pied dans les souvenirs faussés des adultes sur leur jeunesse passée, Bienvenue dans l’âge ingrat raconte l’enfer de cette période infâme, où l’on cherche son identité tout en essayant de se fondre le plus possible dans la masse. Entre les bandes de pestes, les intellos ringards, les planqués, les petits voyous, Dawn est en décalage : pas le bon look, pas la bonne tête. Todd Solondz démolit le mythe de la préadolescence insouciante, avec cynisme et un humour féroce, sans donner dans la caricature ; se faisant le peintre du supplice social de ceux qui n’entrent pas dans le moule. Dawn, c’est nous. C’est ce pantalon à motif que nous n’aurions jamais dû mettre, et les tourments – heureusement loin et enterrés – de l’adolescence.O.L.
BIENVENUE PARMI NOUS (Fr., 2012.) R. : Jean Becker ; Sc. : François d’Epernoux et Jean Becker ; Ph. : Arthur Cloquet ; Pr. : StudioCanal, FR 3 ; Int. : Patrick Chesnais (Taillandier), Jeanne Lambert (Marylou), Miou-Miou (Alice), Jacques Weber (Max), Xavier Gallais (le maître d’hôtel). Couleurs, 90 min. Taillandier n’arrive plus à peindre et envisage le suicide. La rencontre avec une jeune fille de 15 ans, que son beau-père a tenté de violer, va lui redonner le goût de vivre et de peindre. Belle interprétation de Patrick Chesnais mais tout est convenu dans ce récit, du personnage de la fille qui cumule les malheurs, à la fin qui est bien sûr heureuse. Décevant de la part de Jean Becker.J.T.
BIG EYES**
(Big Eyes ; USA, 2015.) R. : Tim Burton ; Sc. : Scott Alexander et Larry Karaszewski ; Ph. : Bruno Delbonnel ; M. : Danny Ellman ; Pr. : Weinstein Company ; Int. : Amy Adams (Margaret Keane), Christoph Waltz (Walter Keane), Danny Huston (Dick Nolan) ; Krysten Ritter (Dee Ann), Terence Stamp (John Canaday). Couleurs, 105 min. Margaret est peintre ; elle représente des enfants aux yeux trop grands et vit mal de son art. Elle épouse un peintre, Walter Keane. Ils exposent ensemble. Les œuvres de Margaret sont remarquées par un riche collectionneur. Seulement c’est Walter qui s’en attribue la paternité. Margaret l’accepte et c’est elle qui peint les toiles que s’attribue Walter. Margaret finit par se lasser mais son mari devenant menaçant, elle s’enfuit et fait un procès à son mari en se déclarant l’auteur des toiles. Son mari maintient qu’il est le peintre des tableaux, mais lorsqu’on lui demande d’en peindre un devant le tribunal, il s’en révèle incapable. Pas du grand Tim Burton mais une amusante comédie qui prend sur la fin un tour inquiétant mais que Burton n’exploite guère. L’idée de tableaux représentant des enfants aux yeux trop grands est certainement de lui. Mais on ne retrouve pas sa patte des grandes œuvres. Néanmoins c’est un bon divertissement.J.T.
BELLS OF CORONADO* (USA, 1950.) R. : William Witney ; Sc. : Sloane Nibley ; Ph. : John MacBurnie ; Dir. Ar. : Frank Hotaling ; M. : Dale Butts ; Maq. : Bob Mark ; Eff. sp. : Howard et Theodore Lydecker ; Pr. : Edward J. White ; Int. : Roy Rogers (Roy Rogers), Dale Evans (Pam Reynolds), Pat Brady (Sparrow Biffle), Grant Withers (Craig Bennett), Clitfton Young (Ross), Robert Bice (Jim Russell), Stuart Randall (Sheriff), John Hamilton (Mr Linden), Edmund Cobb (Rafferty), Eddie Lee (le cuisinier). Couleurs, 65 min. Le propriétaire d’une mine est attaqué lors d’un transport d’uranium. Un wagon plein de minerai est volé durant ce complot mais parvient tout de même à
destination. La compagnie d’assurance Coronado Light and Power Company engage Roy pour enquêter sur les circonstances de ce vol. William Witney, réalisateur, considéré comme le « roi du sérial » américain, est moins convaincant que dans ses productions à épisodes, car le scénario est trop basique. Le rythme sauve toutefois le film.C.V.
BIG SHORT (THE). LE CASSE DU SIÈCLE*** (The Big Short ; USA, 2015.) R. : Adam McKay ; Sc. : Adam McKay et Charles Randolph d’après Michael Lewis ; Ph. : Barry Ackroyd ; M. : Nicholas Britell ; Pr. : Plan B Entertainment et Regency Enterprises ; Int. : Christian Bale (Michael Burry), Ryan Gosling (Jared Vennett), Steve Carell (Mark Baum), John Magarro (Charlie Geller), Brad Pitt (Ben Rickert). Couleurs, 130 min. Directeur d’un hedge fund, Mike Burry découvre que le laxisme des prêts immobiliers est tel qu’une simple baisse des prix pourrait provoquer un krach bancaire mondial. Il parie là dessus et achète des assurances aux banques. Il est suivi par Jared, un trader et Steve, un homme d’affaires qui hait Wall Street. Les événements vont leur donner raison. Une comédie noire inspirée de faits vrais (hélas !) et d’un livre de Michael Lewis sur la crise de 2008 où il interroge ceux qui avaient vu venir le krach. Une mise en lumière de l’aveuglement des grandes banques servie par une brillante distribution.J.T.
BILL DOOLIN LE HORS-LA-LOI* (Cattle Annie and Little Britches, USA, 1981.) R. : Lamont Johnson ; Sc. : David Eyre et Robert Ward ; Pr. : Monday Films ; Int. : Burt Lancaster
(Bill Doolin), Rod Steiger (Tighman), Diane Lane (Jenny), Amanda Plummer (Annie), John Savage, Scott Glenn. Couleurs, 97 min. Deux adolescentes, Annie et Jenny rêvent des exploits du fameux hors-la-loi Bill Doolin. Elles font tout pour être admises dans son gang malgré les réticences de Bill qui n’ignore pas que sa bande est en voie de désagrégation, surtout lorsque le shérif Tilghman prend la situation en main. Malgré une brillante distribution et une mise en scène efficace, ce film amorce le déclin du western, un genre qui, à partir de 1980, ne produit plus que quelques œuvres. Ici Burt Lancaster, dont c’est le dernier western, est excellent, comme d’habitude.J.T.
BIRDMAN OU (LA SURPRENANTE VERTU DE L’IGNORANCE)*** (Birdman or (The Unexpected Virtue of Ignorance), USA, 2014.) R. : Alejandro Gonzalez Iñarritu ; Sc. : Alejandro Gonzalez Iñarritu, Nicolas Giacobone et Alexander Dinelaris ; Ph. : Emmanuel Lubezki ; M. : Antonio Sanchez ; Pr. : Fox Searchlight Entertainment ; Int. : Michael Keaton (Riggan Thomson/Birdman), Edward Norton (Mike Shiner), Emma Stone (Sam Thomson), Naomi Watts (Lesley), Zach Galifianakis (Jake), Andrea Riseborough (Laura), Amy Ryan (Sylvia Thompson). Couleurs, 119 min. Riggan Thomson, adaptateur, metteur en scène et interprète d’une pièce de Carver, ne parvient pas à oublier qu’il fut, à ses débuts, le super-héros Birdman. Au moment de la répétition, un acteur blessé doit être remplacé par Mike Shiner, que Thomson ne supporte pas et ce dernier doit s’occuper de sa fille qu’il a embauchée pour la sortir de la drogue, d’une maîtresse qui le poursuit et de son ex-femme. Il perd la tête. Le soir de la générale, il se retrouve dans la rue, en slip et se fait humilier par une critique. Lors de la première, il prend une armée chargée et se suicide. Birdman est le plus fort et il finit par s’envoler. Iñarritu est un cinéaste original qui développe une œuvre personnelle (21 grammes). Ici c’est une ancienne star d’Hollywood, vouée aux super-héros,
qui voudrait commencer une nouvelle carrière au théâtre mais qui, dans sa tête, ne peut échapper au personnage qui l’a rendu célèbre. Progressivement il s’identifie à cet homme-oiseau au point d’en mourir. La force du film c’est que l’interprète, Michael Keaton, fut à l’écran Batman, avant de voir sa carrière s’essouffler. S’y ajoute la virtuosité technique du réalisateur dans l’utilisation du plan-séquence. Superbe.J.T.
BIS (Fr., 2015.) R. : Dominique Farrugia ; Sc. : Nans Delgado, Dominique Farrugia, Frédéric Hazan d’après une idée originale de Julien Rappeneau, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte ; Ph. : Remy Chevrin ; M. : Julien Jaouen ; Pr. : Dominique Farrugia. Int. : Franck Dubosc (Eric Drigeard), Kad Merad (Patrice Olesky), Alexandra Lamy (Caroline), Gérard Darmon (le père d’Eric), Julien Boisselier (le père de Patrice). Couleurs, 98 min. Eric et Patrice sont deux amis d’enfance aux tempéraments opposés. L’un est un célibataire endurci et endetté, l’autre, un médecin à la vie bien rangée. Lors d’une soirée un peu trop arrosée, ils se retrouvent, comme par magie, catapultés dans les années 80, époque de leur adolescence. Ils se voient ainsi offrir l’occasion de changer le cours de leur existence. Catapulter deux quarantenaires aux caractères antagonistes dans les années 80 et leur faire revivre leur adolescence avait sur le papier, un joli potentiel même si le concept évidemment n’est pas nouveau. Un potentiel qui, ici, n’est malheureusement pas toujours bien exploité, l’élément fantastique servant surtout de prétexte à un récit trop prévisible. Cependant, si le film peine à trouver son rythme avec une première partie sans relief, il faut avouer que, par la suite, certaines situations et certains gags font mouche (cf. : le moment où les deux héros tentent en 1986 de vendre, à la boîte de production de Claude Berri, le scénario de Bienvenue Chez les Ch’tis et des Visiteurs). Farrugia ponctue en outre son film de nombreux clins d’œil (les débuts de David Guetta, les métrages
de Luc Besson dont les affiches décorent la chambre de Patrice) et la reconstitution des années 80, est plutôt convaincante, renforçant ainsi la nostalgie qui émane de l’entreprise. Quant aux deux comédiens principaux, ils sont en roue libre et sont pour beaucoup dans le capital sympathie qu’inspire cette petite comédie fantastique inaboutie et sans prétention.E.B.
BIUTIFUL* (Biutiful ; Esp., Mex., 2010.) R. : Alejandro Gonzalez Iñarritu ; Sc. : A. Gonzalez Iñarritu, Armando Bo, Nicolas Giacobone ; Ph. : Rodrigo Prieto ; M. : Gustavo Santaolalla ; Pr. : A. Gonzalez Iñarritu, Jon Kilik, Fernando Bovaira ; Int. : Javier Bardem (Uxbal), Maricel Alvarez (Marambra), Eduard Fernandez (Tito). Couleurs, 147 min. Barcelone. Uxbal accompagne les mourants dans leurs derniers moments. Il est atteint d’un cancer, sa femme le trompe avec son frère, il exploite des immigrés clandestins, il paie des policiers corrompus pour écouler de la drogue… N’en jetez plus ! C’est un film noir de noir, un mélodrame où tout s’acharne contre cet homme – à commencer par lui-même. Il faut la puissante mise en scène d’Iñarritu et la magnifique prestation de Javier Bardem (prix d’interprétation à Cannes) pour accepter de voir cette très longue descente aux enfers, ce film aux ambitions métaphysiques.C.B.M.
BLACK COAL** (Bai ri yan huo ; Chine, 2014.) R. et Sc. : Diao Yinan ; Ph. : Dong Jinsong ; M. : Wen Zi ; Pr. : Omnijoi Media ; Int. : Liao Fan (Zhang Zili), Gwei Lun Mei (Zhizen), Wang Jinchun (le patron). Couleurs, 106 min. Des cadavres dépecés sont découverts dans des entreprises de minerai en Mandchourie. L’inspecteur Zhang mène l’enquête mais il est blessé lors d’une
fusillade. Quelques années plus tard, nouvelles découvertes. Zhang reprend l’enquête. Il est confronté à un drame de la jalousie. Un remarquable polar chinois qui offre en même temps une image sombre de certains milieux provinciaux. Réalisateur et scénariste, Dian Yinan, dont c’est le deuxième film, fait preuve d’une grande maîtrise technique (la scène de la fusillade dans la première partie). Ours d’or au Festival de Berlin.J.T.
BLACK DAKOTAS (THE) * (The Black Dakotas ; USA, 1954.) R. : Ray Nazarro ; Sc. : Ray Buffum et DeVallon Scott ; Ph. : Ellis W. Carter ; M. : Mischa Bakaleinikoff ; Pr. : Columbia ; Int. : Gary Merrill (Zachary Paige), Wanda Hendrix (Ruth Lawrence), John Bromfield (Mike Daugherty). Couleurs, 65 min. Dans la guerre de Sécession, les Nordistes essaient de faire la paix avec les Sioux pour pouvoir engager des forces supplémentaires dans les combats avec le Sud. Mais un aventurier tente de s’emparer de l’or qui était destiné aux Indiens. Beaucoup de chevauchées mais l’intrigue est plutôt confuse : on se perd entre Sudistes et Nordistes. Ce western, inédit en France, est finalement sorti en 2016 à la télévision.J.T.
BLACK STORM* (Into The Storm ; USA, 2014.) R. : Steven Quale ; Sc. : John Swetnam ; Ph. : Brian Pearson ; M. : Brian Tyler ; Pr. : Todd Gardner ; Int. : Richard Armitage (Gary), Sarah Wayne Callies (Allison), Matt Walsh (Pete). Couleurs, 89 min. À la tête d’un groupe de chasseurs de tornade, Pete se rend à Silverton dans l’espoir de réaliser un documentaire sur ces violents phénomènes météorologiques.
Collaborant depuis de nombreuses années avec James Cameron et ayant notamment supervisé les effets visuels d’Avatar, Steven Quale s’est fait connaître en 2005 avec le documentaire Aliens of The Deep, coréalisé avec l’auteur de Titanic. Après avoir signé le cinquième opus de la franchise Destination finale, le cinéaste se frotte avec Black Storm au film catastrophe tempétueux et décoiffant. Comme Jan de Bont l’avait fait avant lui avec Twister, Quale nous relate ici les mésaventures d’un groupe de chasseurs de tornades en quête de sensationnel et qui vont devoir faire face à des phénomènes météorologiques aussi inhabituels que dévastateurs. Des phénomènes qui représentent d’ailleurs l’atout majeur du métrage et qui, illustrés par des effets visuels impressionnants, engendrent des images rarement vues sur un écran (cf. : le cyclone de feu). Le récit ; en outre, ne manque pas de rythme et ne souffre d’aucun temps mort, la mise en scène de Quale, qui adopte le point de vue des personnages, se révélant même particulièrement efficace, notamment lors des nombreuses scènes de destruction massive. Très spectaculaire dans sa forme, Black Storm est, en revanche, nettement moins convaincant dans son fond. Le scénario est effectivement prévisible à souhait et repose sur des personnages stéréotypés auquel on peine à s’identifier. Le manque d’enjeux dramatiques se fait ainsi cruellement sentir et altère quelque peu l’intérêt de cette production certes divertissante mais dénuée d’originalité.E.B.
BLACK SWAN*** (Black Swan ; USA, 2010.) R. : Darren Aronofsky ; Sc. : Mark Heyman, Andrès Heinz, John McLaughlin ; Ph. : Matthew Libatique ; M. : Clint Mansell ; Chorégraphie : Benjamin Millepied ; Eff. vis. : Dan Schrecker, Pr. : Protozoa et Phoenix Pictures ; Int. : Natalie Portman (Nina Sayers), Vincent Cassel (Thomas Leroy), Mila Kunis (Lily), Barbara Hershey (Erica Sayers), Benjamin Millepied (David), Winona Ryder (Beth Macintyr). Couleurs, 110 min.
Danseuse au New York City Ballet, Nina apprend que Thomas Leroy, voulant rajeunir Le lac des cygnes, a évincé sa danseuse étoile Beth et cherche une remplaçante capable d’interpréter les deux cygnes, le noir et le blanc. Elle se propose. Thomas lui préférerait Lily, une nouvelle. Mais Erica, la mère de Nina, persuade Thomas. Toutefois Nina est victime de troubles : elle se dédouble, sa peau se détache. Elle jalouse Lily qui la remplace à la répétition générale et la poignarde dans sa loge pour s’apercevoir qu’elle s’est poignardée elle-même. Elle danse finalement à la perfection et meurt heureuse. Un film déroutant qui mêle la grâce de la danse à l’horreur de la folie. Rien à voir avec Les chaussons rouges : les scènes de folie sont terrifiantes et pourtant elles alternent avec d’admirables images du Lac des cygnes. Ce mélange des genres a fait le succès du film. Natalie Portman est éblouissante, mais Winona Ryder en étoile déchue, Barbara Hershey en mère abusive, et Mila Kunis en astre montant sont non moins remarquables.J.T.
BLACKTHORN** (Blackthorn ; Esp., 2011.) R. : Mateo Gil ; Sc. : Miguel Barros ; Ph. : Juan Antonio Ruiz Anchia ; M. : Lucio Godoy ; Eff. sp. : Reyes Abades ; Pr. : Arcadia Motion Pictures ; Int. : Sam Shepard (James Blackthorn), Eduardo Noriega (Apocada), Stephen Rea (Mackinley), Magali Solier (Yana). Couleurs, 98 min. Butch Cassidy, le célèbre bandit, n’est pas mort. Il s’est retiré dans une ferme en Bolivie sous le nom de James Blackthorn. Apprenant la mort de sa vieille complice Etta Place, il décide de se rendre aux États-Unis. En route au retour d’El Paso il est attaqué par le jeune Eduardo qui vient de voler l’argent d’une mine et qui est poursuivi par les chasseurs de primes. Les deux hommes vont s’entendre, mais trompé par Eduardo sur la provenance de l’argent, Blackthorn le blesse et le livre aux mineurs. Butch Cassidy revient dans ce western espagnol tourné en Bolivie : grands espaces, chevauchées, coups de feu et Sam Shepard maintiennent l’illusion que
le genre n’est pas mort.J.T.
BLACK WHIP (THE)* (USA, 1956.) R. : Charles Marquis Warren ; Sc. : Orville Hampton ; Ph. : Joseph Biroc ; Pr. : Regalfilm Fox ; Int. : Hugh Marlowe (Lorn Crawford), Angie Dickinson (Sally Morrow), Coleen Gray (Jeannie). NB., 77 min. Une diligence occupée par quatre ravissantes créatures est attaquée par une bande de hors-la-loi. Le patron d’un relais intervient. Western resté malheureusement inédit en France malgré la présence d’Angie Dickinson et Coleen Gray.J.T.
BLAGUE DANS LE COIN** (Fr., 1963.) R. : Maurice Labro, Sc. : Carter Brown, d’après son roman ; Dial. : Charles Spaak ; Ph. : Robert Lefebvre ; Mont. : Germaine Artus ; M. : Alain Goraguer, Déc. : Maurice Colasson ; Maq. : Michel Bordenave ; Pr. : Roger de Broin ; Int. : Fernandel (Jeff Burlington, le comique), Perrette Pradier (Betty, la sœur de Dolly, maîtresse de Bradford), Eliane d’Ali (Dolly Tompson, danseuse), François Maistre (Franck « Sammy » Bradford, patron du cabaret l’« Eldorado »), Jacques Monod (Jerry Steinberg, le chef de bande), Roger Dutoit (Lippy, l’autre chef de bande). NB, 100 min. Jeff Burlington, vedette du comique en fin de carrière arrive à « Las Perlas », se fait engager comme chauffeur de salle pour un casino. Pour faire rire le public, il crée un numéro en ridiculisant les deux chefs de bande qui dirigent l’établissement. L’un et l’autre chercheront à l’enlever. Même si ce n’est pas un des meilleurs films avec Fernandel, on pourra noter qu’il est dans une évolution de sa carrière, qu’il s’inscrit dans une certaine modernité, l’air du temps : ambiance musicale très jazz durant de nombreuses
séquences, personnages féminins libérés et Fernandel lui-même esquisse quelques pas de danse entre le twist et le charleston. Cette comédie policière n’a pas pour but de créer un vrai suspens mais de rappeler que Fernandel sait encore être drôle en jouant le rôle d’un comique sur le retour. Redécouvert en CD.C.V.
BLAIR WITCH** (Blair Witch ; USA, 2016.) R. : Adam Wingard ; Sc. : Simon Barrett ; Ph. : Robby Baumgartner ; M. : Adam Wingard ; Eff. sp. : Tony Lazarowich ; Eff. vis. : Takash Takeoka et Andrew Karr ; Pr. : Lionsgate, Room IOI, Vertigo Entertainment ; Int. : James Allen McCune (James), Callie Hernandez (Lisa Arlington), Corbin Reid (Ashley). Couleurs, 90 min. Dans une forêt, un groupe de vidéastes recherche la sœur de l’un d’eux disparus en 1999 alors qu’elle enquêtait sur la sorcière de Blair. Suite d’un film culte de 1999. Un budget dix fois plus élevé, de l’humour à partir de fausses peurs, une technique supérieure (avec un drone) et davantage de gore.J.T.
BLANC COMME NEIGE* (Fr., 2010.) R. : Christophe Blanc ; Sc. : Ch. Blanc, Roger Bohbot ; Ph. : Laurent Brunet ; M. : Krishna Lévy ; Pr. : Bertrand Gore ; Int. : François Cluzet (Maxime), Olivier Gourmet (Grégoire), Louise Bourgoin (Michèle), Jonathan Zaccaï (Abel), Bouli Lanners (Simon). Couleurs, 114 min. Maxime, concessionnaire de voitures dans le Midi, a tout pour être heureux jusqu’au jour où son associé Simon se livre à des malversations. Ce dernier est assassiné par des malfrats finlandais qui viennent réclamer une forte somme à Maxime en dédommagement. Ce dernier refuse et fait appel à ses frères Grégoire et Abel pour régler ses problèmes…
Le scénario n’est pas toujours évident, le rythme n’est pas toujours soutenu. Cluzet n’est pas toujours crédible… Cependant ce thriller ne manque pas d’atouts comme les relations entre les trois frères, comme la présence de Louise Bourgoin, comme le final plutôt réussi dans la neige…C.B.M.
BLANCANIEVES*** (Blancanieves ; Esp., 2012.) R. et Sc. : Pablo Berger ; Ph. : Kiko de la Rica ; M. : Alfonso de Vilallonga ; Eff. sp. : Ferran Piquer ; Pr. : Arcadia, Nix, Sisifo ; Int. : Maribel Verdu (Encarna), Macarena Garcia (Carmen/Blancanieves), Daniel Gimenez Cacho (le père), Angela Molina (la grand-mère), Sofia Oria (Carmencita). NB, 104 min. Dans l’Espagne de 1920, un toréador devient tétraplégique après un coup de corne. Son épouse meurt en couches. Reste une petite fille, Carmen, élevé par sa grand-mère. Le père se remarie avec son infirmière Encarna qui déteste Carmen et tente de s’en débarrasser. Elle est recueillie par des nains toreros et devient elle-même toréador, ayant de qui tenir. Jalouse de sa célébrité, Encarna l’empoisonne. Dans un cirque on paie pour la réveiller par un baiser. L’histoire de Blanche-Neige filmée en noir et blanc et muet, hommage au cinéma des origines. Blanche-Neige est toréador et il n’y a que six nains ! Beaucoup de gros plans dans la grande tradition du vieux cinéma ! Et le miroir magique c’est maintenant la presse people ! Et tous les bons sentiments sont au rendez-vous. Dans la lignée de The Artist, une œuvre insolite et magnifique ; dont les scènes finales sont dignes de Freaks de Tod Browning et de Sleeping Beauty d’Harris. P.H.
BLANCHE ET MARIE*
(Fr., 1985.) R. : Jacques Renard ; Sc. : Sophie Goupil et Jacques Renard ; Ph. : Gérard de Battista ; M. : François Bréant ; Pr. : FR 3, Canal Plus ; Int. : Miou-Miou (Blanche), Sandrine Bonnaire (Marie), Gérard Klein (Victor), Patrick Chesnais (Germinal). Couleurs, 92 min. Victor, un cheminot, et Germinal, un coiffeur, animent un réseau de résistance dans le Nord. Ils sont pris mais l’épouse de Victor et la fille de Germinal, Blanche et Marie, reprennent le flambeau. À la Libération elles resteront dans l’ombre laissant la place aux résistants de la dernière heure. La Résistance vue au quotidien. Trop de grisaille, pas assez d’héroïsme. Le film n’eut pas de succès. La chaîne de télévision Histoire l’a réhabilité en 2016.J.T.
BLANCHE-NEIGE (Mirror, Mirror USA, Can., 2012.) R. : Tarsem Singh ; Sc. : Marc Klein, Jason Keller et Melisa Wallack d’après le conte des frères Grimm ; Ph. : Brendan Galvin ; Cost. : Eiko Ishioka ; M. : Alan Menken ; Pr. : Bernie Goldmann, Ryan Kavanaugh et Brett Ratner. Int. : Julia Roberts (La Reine), Lily Collins (Blanche-Neige), Nathan Lane (Brighton), Sean Bean (le Roi). Couleurs, 106 min. À la mort de son père, le Roi, Blanche-Neige se retrouve menacée par sa belle-mère qui jalouse sa beauté et souhaite l’évincer du royaume afin de s’emparer du trône. Bannie, la jeune fille trouve refuge dans la forêt et est accueillie par une bande de nains hors-la-loi. Après avoir revisité la mythologie antique avec les Immortels, Tarsem Singh s’attaque à l’œuvre des frères Grimm pour nous livrer une libre relecture de Blanche-Neige, l’un des contes les plus populaires de la littérature. Cinéaste à l’univers visuel aussi personnel qu’affirmé, Singh se réapproprie ainsi l’histoire originale et, optant pour le ton de l’humour (qui n’est pas toujours des plus fins comme en témoigne le mauvais sort jeté au Prince), livre un film esthétiquement impressionnant mais qui manque cruellement de profondeur. On retrouve en
effet dans cette production la plupart des travers de l’auteur de The Cell, qui semble plus porté sur l’aspect visuel de son métrage que sur la dramaturgie et la psychologie de ses personnages. Des décors, somptueux, à la photographie, extrêmement soignée, en passant par les costumes, splendides (quoiqu’un peu kitsch parfois) et une mise en scène fluide et précise (Singh possède un sens épatant du cadre qui confère à ses images une dimension quasi picturale), Blanche-Neige est d’une beauté incontestable et plonge le spectateur dans un monde féérique et fantastique qui n’est pas sans évoquer, par moment, celui de Tim Burton. Malheureusement, cette attention portée à l’esthétique camoufle, comme souvent chez Singh, des lacunes narratives et des difficultés à conférer une réelle épaisseur à son histoire. En résulte des comédiens en roue libre s’en donnant à cœur joie, à l’image de Julia Roberts qui s’amuse comme une folle dans le rôle de la méchante reine et dont la prestation mérite à elle seule le détour. Au final, cette adaptation, ponctuée de séquences magnifiques, telles la scène d’introduction ou celle de l’attaque de la Bête, mais dénuée de consistance, laisse au spectateur un sentiment mitigé et s’adresse en priorité au jeune public. E.B.
BLANCHE-NEIGE ET LE CHASSEUR** (Snow White and the Huntsman ; USA, 2012.) R. : Rupert Sanders ; Sc. : Evan Daugherty, John Lee Hancock et Hossein Amini ; Ph. : Greig Fraser ; Eff. sp. : Neil Corbould et Michael Dawson ; Eff. vis. : Cedric NicolasTroyan et Philip Brennan ; M. : James Newton Howard ; Pr. : Universal Pictures ; Int. : Kristen Stewart (Blanche-Neige), Charlize Theron (Ravenna), Chris Hemsworth (le chasseur), Sam Claflin (William) Nick Frost (Nion), Bob Hoskins (Muir), Ian McShane (Beith). Couleurs, 126 min.
Ravenna usurpe le trône du père de Blanche-Neige qu’elle fait jeter dans un cachot. Les années passent. Son miroir annonce à Ravenna qu’elle n’est plus la plus belle du royaume : c’est Blanche-Neige qui a grandi dans son cachot. Pour devenir immortelle, Ravenna doit arracher le cœur de Blanche-Neige. Mais celle-ci s’évade. Ravenna lance un chasseur à sa poursuite. Mais celui-ci finit par s’allier à la jeune fille. Ils sont capturés par des nains menés par Muir. Celui-ci à son tour prend le parti de Blanche-Neige. Toutefois Ravenna, en se métamorphosant, réussit à empoisonner Blanche-Neige que le chasseur ressuscite par un baiser. Ravenna sera vaincue et tuée. Une vision originale du célèbre conte où le chasseur joue un rôle primordial aux dépens des nains. C’est le moteur de l’action. Mais l’ouverture du film est également intéressante, évoquant les intrigues de palais qui vont conduire à l’éviction de Blanche-Neige de la succession de son père. Si Kristen Stewart est un peu pâle en Blanche-Neige, Charlies Theron est éblouissante en reine maléfique. Une Blanche-Neige très supérieure à celle de Singh sortie la même année.J.T.
BLANCHE NUIT, NI L’INVERSE, NI LE CONTRAIRE* (Fr., 2013.) R. et Sc. : Fabrice Seville ; Ph. : Bernard Gemahling ; M. : Guillaume et Benjamin Farley ; Pr. : Les films de la Butte ; Int. : Fabrice Abraham (Arthur), Pascal Demolon (le commissaire Moulinette), Delphine Rollin (Blanche Rippolin), Philippe Duquesne (Gégé). Couleurs 87 min. Dans le Paris des années 60 où sévit le redoutable cambrioleur La Malice, un commissariat de quatre policiers doit infiltrer le collectif Poing Noir qui met des laxatifs dans les pop-corn des salles de cinéma. Pour l’amour de la belle chanteuse Blanche Rippolin, le flic Arthur va changer de vocation et passer du « violon » de son commissariat au « one man show » à l’Olympia. Sympathique pochade. Pour un premier film c’est plutôt réussi.J.T.
BLEEDER* (Bleeder ; Dan., 1999.) R. et Sc. : Nicolas Winding Refn ; Ph. : Morten Soborg ; M. : Peter Peter ; Pr. : Kamikaze ; Int. : Kim Bodnia (Leo), Mads Mikkelsen (Lenny), Rikke Louise Andersson (Louise). Couleurs, 98 min. L’itinéraire de deux amis et de la belle Louise, jalonné de violences. Une curiosité : le deuxième film de Refn sorti seulement en 2016. La violence est au rendez-vous.J.T.
BLIND*** (Blind ; Norv., 2014.) R., et Sc. : Eskil Vogt ; Ph. : Thimios Bakatakis ; M. : Henk Hofstede ; Pr. : Hans-Jorgen Osnes ; Int. : Ellen Dorrit Petersen (Ingrid), Henrik Rafaelsen (Morten), Vera Vitali (Elin), Marius Kolbenstved (Einar). Couleurs, 96 min. Ingrid, atteinte d’une brusque cécité, reste cloîtrée chez elle, faisant le point sur sa vie conjugale avec Morten qu’elle soupçonne d’avoir une liaison avec son amie Elin. Elle repense aussi à son voisin d’en face, un pornocrate, qu’elle a souvent observé dans des situations scabreuses. Le début du film déconcerte tant il faut lui prêter une attention soutenue, d’autant que les deux actrices ont une ressemblance (voulue). Un bref insert apporte la clé : Ingrid est atteinte d’amaurose (cécité psychique). Elle n’est pas physiquement aveugle, mais se comporte comme telle. Son cas relève de la psychiatrie et non de l’ophtalmologie. Un montage virtuose et une réalisation stricte nous plongent ainsi dans l’univers mental d’une femme en pleine crise de la quarantaine. Mise en abîme passionnante, premier film, d’un jeune cinéaste brillant qui obtint le grand prix au festival d’Annonay 2015.C.B.M.
BLIND GODDESS (THE)**
(GB, 1948.) R. : Harold French ; Sc. : Muriel et Sydney Box, d’après la pièce de Patrick Hastings ; Ph. : Ray Alton ; Pr. : Betty Box ; Int. : Eric Portman (sir John Dearing), Ann Crawford (lady Helen Brasted), Hugh Williams (lord Arthur Brasted), Michael Denison (Derek Waterhouse), Nora Swinburne (lady Dearing), Claire Bloom (Mary Dearing), Raymond Lovell (Frank Mainwaring), Frank Cellier (le juge), Clive Morton (Mersel), Maurice Denham (Johnson), Martin Benson (comte Stephan Mikla). NB, 87 min. Secrétaire de lord Arthur Brasted, Derek Waterhouse, qui fut jadis l’amant d’Helen, la femme de son patron, a découvert que des fonds importants ont été détournés de l’organisme d’accueil des réfugiés et déportés dont il s’occupe. Lord Brasted lui ayant proposé £ 10,000 pour son silence, Waterhouse en rend compte au Premier Ministre. Lord Brasted n’a d’autre ressource que d’attaquer son détracteur en diffamation. Il se trouve que Waterhouse va être confronté à un brillant avocat de la Couronne qui n’est autre que sir John Dearing, le père de Mary, la jeune femme qu’il aime. En l’absence de preuves étayant ses accusations, Waterhouse va être condamné à cause d’une lettre qu’il a écrite à Mary Dearing et que lady Brasted a réussi à se procurer… À l’égal du chef-d’œuvre du genre, Winslow contre le roi (1948) d’Anthony Asquith sorti à la même époque, le procès occupe les trois quarts du film qui sont, naturellement, très bavards. Mais le déroulement est captivant et la construction dramatique d’une subtilité rare : la lettre qui perd Waterhouse – et sur laquelle n’est inscrit aucun nom propre – a été écrite en termes si ambigus qu’elle peut s’interpréter de deux manières différentes et complètement opposées. En outre, lady Helen Brasted, issue d’une classe modeste, est prête à tout pour faire innocenter son mari, même au prix de son honneur, en acceptant de se laisser accuser d’infidélité alors qu’elle n’est en rien coupable. Seule la fin reste décevante en sacrifiant un peu trop aux conventions en vigueur : la mort du coupable dans un accident trop opportun. C’est en découvrant la jeune Claire Bloom dans The Blind Goddess – sa première apparition à l’écran – que Charles Chaplin l’engagea pour être sa partenaire dans Les Feux de la rampe (1952). Inédit en France et découvert à la télévision.R.L.
BLING RING (THE)* (The Bling Ring ; USA, 2013.) R. et Sc. : Sofia Coppola ; Ph. : Harris Savides et Christopher Blauvelt ; M. : Brian Reitzell et Daniel Lopatin ; Pr. : American Zoetrop ; Int. : Israël Broussard (Mark), Katie Chang (Rebecca), Taissa Farmiga (Sam), Claire Julien (Chloé), Gavin Rossdale (Ricky). Couleurs, 90 min. À Los Angeles, cinq adolescents californiens, entre 2008 et 2009, cambriolent les riches villas des stars. C’est « la Bling Ring ». La police a fini par les arrêter. Sofia Coppola adore filmer des groupes d’adolescents, mais nous sommes loin ici de Virgin Suicides. La cinéaste part d’un fait divers authentique mais introduit un élément sentimental, l’amitié de Mark et Rebecca, et surtout une fascination, relevée par tous les critiques, pour le luxe et la célébrité. D’ailleurs n’a-t-elle pas avoué avoir pris son idée de film dans un article de Vanity Fair : Les suspects portaient des Louboutin. Pourquoi le spectateur s’en plaindraientils ? Et l’on saluera l’exploit de l’opérateur filmant en temps réel le cambriolage d’une villa transparente.J.T.
BLITZ* (Blitz ; USA, 2011.) R. : Elliott Lester ; Sc. : Nathan Parker ; Ph. : Robert Hardy ; M. : Llan Eshkeri ; Pr. : LionsGate UK et Current Entertainment ; Int. : Jason Statham (Inspecteur Brant), Paddy Considine (Inspecteur chef Nash), Aidan Gillen (Blitz), Zawe Ashton (l’agent Elisabeth Falls). Couleurs, 96 min. Un tueur de flics, qui s’est surnommé Blitz, deux policiers qui le traquent, l’un Brant, musclé et l’autre Nash, connu pour son homosexualité. Le tandem parvient à faire arrêter Blitz, mais celui-ci, faute de preuves, est libéré. Il veut se venger mais il est exécuté par Brant et Nash.
Tourné en Angleterre, ce film est à la gloire de Jason Statham, lui-même anglais et qui prend ici la succession de l’inspecteur Harry de Clint Eastwood. Blitz exalte, sans le moindre état d’âme l’auto-justice. On devine qu’il a été mal accueilli par la critique politiquement correcte.J.T.
BLOCKHOUSE (THE)** (The Blockhouse ; GB, 1973.) R. : Clive Rees ; Sc. : John Gould, Clive Rees, d’après Jean-Paul Clébert ; Ph. : Keith Goddard ; M. : Stanley Myers ; Pr. : Antony Rufus-Isaacs, Edgar M. Bronfman, Jr. ; Int. : Peter Sellers (Rouquet), Charles Aznavour (Visconti), Jeremy Kemp (Grabinski), Per Oscarsson (Lund), Peter Vaughan (Aufret), Nicholas Jones (Kramer), Leon Lissek (Khozek). Panavision-couleurs, 93 min. 6 juin 1944. Des prisonniers assignés à la construction de fortifications se trouvent pris sous les bombardements du Débarquement. Sept d’entre eux se réfugient alors dans un bunker dont l’entrée s’éboule. Faits comme des rats, ils ne doivent leur provisoire survie qu’aux réserves de boisson et de nourriture entassées dans le blockhaus. Les semaines et les mois passent. Oubliés du monde, privés de toute source de lumière naturelle, les sept compagnons d’infortune sont peu à peu réduits à l’état de morts-vivants. Ayant perdu toute notion du temps, les malheureux sont lentement rongés par une torpeur morbide débouchant sur la folie suicidaire. À l’instar des bougies qui les éclairent, ils s’éteignent lentement, les uns après les autres. Seuls deux hommes, Lund et Visconti, trouveront la force de végéter plus longtemps. Le film s’achève par le commentaire suivant : « En juin 1951, des ouvriers détruisant des fortifications allemandes découvrirent un blockhaus souterrain… Deux hommes en sortirent, seuls survivants d’un groupe qui y était resté enfermé pendant six ans… Ils avaient passé au moins quatre ans dans l’obscurité totale. » Servie par une troupe d’acteurs remarquables et une mise en scène au diapason, cette adaptation d’un roman éponyme de Jean-Paul Clébert (Le Blockhaus, 1955) – lui-même tiré d’une histoire dramatiquement authentique –
illustre avec une sensibilité digne d’éloges l’incommensurable détresse d’un petit groupe de prisonniers de guerre condamnés, par une cruelle ironie du sort, à périr dans une casemate, véritable tombeau fortifié où ils pensaient d’abord trouver leur salut. À travers la lente et inexorable déchéance de ces victimes du destin, c’est toute la misère de la condition humaine qui jaillit à la face du spectateur éprouvé. Avec empathie et dignité, Clive Rees parvient à saisir l’insoutenable angoisse de ces êtres confrontés à une situation d’enfermement collectif mortifère, sans jamais sombrer dans l’édification larmoyante ou l’imagerie racoleuse. Il n’est pas jusqu’au dernier plan, d’une noirceur toute sépulcrale, dont on ne puisse saluer la bouleversante sobriété.A.M.
BLONDIE JOHNSON* (Blondie Johnson ; USA, 1933.) R. : Ray Enright ; Sc. : Earl Baldwin ; Ph. : Tony Gaudio ; Dir. Mus. : Leo Forbstein ; Pr. : Warner Brothers Picture ; Int. : Joan Blondell (Blondie Johnson), Chester Morris (Danny), Allen Jenkins (Louis), Earle Foxe (Scanell), Claire Dodd (Gladys), Mae Busch (Mae), Joe Cawthorne (le bijoutier), Olin Howland (Eddie), Sterling Holloway (Red), Toshia Mori (Lulu), Arthur Vinton (Max), Donald Kirke (Joe). NB, 68 min. À la mort de sa mère, « Blondie » Johnson, au chômage et sans ressources, se jure de s’élever dans la société sans se préoccuper des moyens pour y parvenir. Évoluant au sein de la pègre, elle finit à la tête d’une bande de racketters, et n’a plus qu’une faiblesse, l’amour qu’elle porte à Danny, un petit gangster sans envergure. Et lorsque Danny est soupçonné d’avoir parlé au district attorney et que ses complices estiment qu’il faut le faire taire, saura-t-elle prendre la bonne décision ? Féministe en diable, un petit film insatisfaisant dont la volonté iconoclaste n’atteint pas vraiment ses objectifs à cause du manque de rigueur d’un script souvent obscur. L’irrésistible ascension de Blondie Johnson semble trop rapide, trop facile, presque surréaliste à force d’ellipses et d’approximations. Quant à la
fin, morale et trop convenue, elle contribue à en affaiblir la portée : la menace du futur code Hayes commençait sans doute à planer sur la production hollywoodienne. Mais la pétillante Joan Blondell est éblouissante de charme et de duplicité. Une scène à savourer, celle de la mise en place d’une subtile escroquerie prenant un bijoutier pour cible et qui aurait pu parfaitement trouver sa place dans le brillant Assassins et voleurs (1956) de Sacha Guitry. Disponible en DVD.R.L.
BLOOD REICH (Blood Reich ; USA, 2012.) R. : Uwe Boll ; Sc. : Michael Nachoff ; Ph. : Mathias Neumann ; M. : Jessica de Rooif ; Pr. : Uwe Boll ; Int. : Natasia Malte (Rayne), Michael Pare, Clint Howard. Couleurs, 120 min. Rayne, une femme vampire s’oppose en 1942 à Hitler. Celui-ci veut accaparer son immortalité pour construire un Reich éternel. Du délire au ridicule, la marge est faible. Le film est seulement sorti en DVD.J.T.
BLOOD TIES* (Fr., USA, 2013.) R. : Guillaume Canet ; Sc. : Guillaume Canet et James Gray d’après un livre de Michel et Bruno Papet ; Ph. : Christophe Offenstein ; M. : Yodelice ; Pr. : Les Productions du Trésor ; Int. : Clive Owen (Chris) Billy Crudup (Frank), Marion Cotillard (Monica), Mila Kunis (Natalie), James Caan (Leon), Zoe Saldana (Vanessa). Couleurs, 127 min. À New York, Frank, officier de police, accueille son frère Chris à sa sortie de prison. Il lui trouve un emploi dans un garage où Chris se lie avec une jeune secrétaire Natalie. Pour subvenir aux besoins du ménage, il replonge dans le crime. Meurtres, ouverture d’une maison close, trafics divers… De son côté
Frank recueille la femme d’un caïd, Scarfo, qu’il a fait mettre en prison. Vanessa et lui deviennent amants. Libéré Scarfo entend se venger de Frank. Mais Chris l’abat et se rend à la police, sous l’œil de Frank. Remake d’un film de Jacques Maillot, Les Liens du sang, et premier film américain de Guillaume Canet assisté pour le scénario de James Gray et pour la distribution de Clive Owen et Marion Cotillard. Avec un tel générique on espérait mieux que ce banal film de gangsters qui se voit au demeurant sans ennui. J.T.
BLUE JASMINE*** (Blue Jasmine ; USA, 2013.) R. et Sc. : Woody Allen ; Ph. : Javier Aguirresarobe ; M. : Armstrong, Hart, Rodgers, Handy ; Pr. : Letty Aronson, Stephen Tenebaum, Edward Walson ; Int. : Cate Blanchett (Jeanette French dite Jasmine), Alec Baldwin (Hal French), Sally Hawkins (Ginger), Peter Sarsgaard (Dwight Westlake), Michael Stuhlbarg (le docteur Flicker), Bobby Cannavale (Chili). Couleurs, 98 min. Habituée à la vie facile, Jasmine (de son vrai prénom Jeanette, mais ça fait moins classe !) a toujours vécu dans le luxe à New York. Elle ne s’est jamais souciée de la provenance de l’argent gagné par son financier de mari ; tout ce qui compte pour elle c’est d’en avoir assez pour pouvoir faire ses petites emplettes chez Cartier, Vuitton ou Mauboussin. Elle tombe de haut lorsqu’elle apprend, d’une part les infidélités de Hal, de l’autre l’arrestation de son époux infidèle pour escroquerie. Du moins le devrait-elle…, n’était son cerveau rebelle qui la pousse à nier la réalité et à tenter de continuer à vivre comme si de rien n’était. N’empêche qu’elle est ruinée et qu’il lui faut bien trouver un endroit où atterrir. Et il n’y a que sa sœur Ginger, caissière à San Francisco pour jouer les bons Samaritains. Le problème c’est que Jasmine méprise profondément sa prolo de sœur et qu’elle débarque chez elle avec morgue et supériorité…
Depuis une vingtaine d’années, la critique fait systématiquement la fine bouche sur les comédies de Woody – et, la plupart du temps, ils ont tort ! En revanche, lorsqu’Allen aborde le film noir façon Match Point, ils lui trouvent toutes les qualités – et ils ont bien raison ! Est-ce parce que, dépourvus de leur loufoquerie habituelle de Woody-Jekyll, les films d’Allen-Mister Hyde laissent apparaître plus immédiatement le pessimisme profond de leur auteur et, par voie de conséquence, la gravité de son propos ? Toujours est-il que Woody Allen a mis tout le monde d’accord avec ce « Blue Jasmine » impressionnant de maîtrise aussi bien dans le domaine de l’écriture, de la facture que de la direction d’acteurs. Outre le portrait saisissant d’une femme que l’argent a rendue hautaine et méprisante et qui fuit toute remise en question, le scénaristeréalisateur dresse le portrait au vitriol de notre triste époque qui propose le veau d’or comme unique référence morale. Ce qu’il nous montre des rapports de classe en particulier fait froid dans le dos et ce n’est pas la déconfiture de cette pauvre Jasmine qui va faire office de catharsis pour le spectateur. La seule lueur d’espoir – car il y en a tout de même une – n’est plus à trouver au niveau de la société, gangrenée par la corruption généralisée et décomplexée, mais à celui d’individus qui échappent – sciemment ou non – aux diktats de l’ultralibéralisme (Ginger, son amoureux et ses amis). Cate Blanchett est absolument prodigieuse dans le rôle de cette Jeanette déguisée en Jasmine, son élégance extérieure faisant contraste avec cette vulgarité intérieure qu’elle laisse échapper à intervalles réguliers. Cette grande actrice fait de son chemin de croix – car c’en est un malgré tout – un parcours inoubliable.G.B.
BLUE RUIN** (Blue Ruin ; USA, Fr., 2014.) R. : Jeremy Saulnier ; Sc. : Jeremy Saulnier ; Ph. : Jeremy Saulnier ; M. : Brooke Blair, Will Blair ; Pr. : The Lab of Madness, Film Science, Neighborhood Watch, Paradise City ; Int. : Macon Blair (Dwight), Devin Ratray (Ben Gaffney), Amy Hargreaves (Sam), Kevin Kolack (Teddy Cleland), Eve Plumb (Kris Cleland). Couleurs, 90 min.
Quand celui qui a abattu ses parents sort de prison, Ben Gaffney fait démarrer la vieille voiture bleue dans laquelle il a, depuis, élu domicile et part l’assassiner. Cet évènement relance la guerre sans merci opposant les deux familles, qui s’entretueront jusqu’au dernier pour laver leur honneur. Le deuxième long métrage de Jeremy Saulnier est une parabole sur l’absurdité de la violence qui s’exprime sans frein, au mépris des lois. Sous ses allures de film indépendant américain sombre et crasseux, Blue Ruin remet au goût du jour la question du contrôle de l’individu par l’ordre que garantit l’État. Pour ce qui est des émotions, le film trouve une note très inspirée en soulignant l’importance du travail effectué sur l’acteur principal Macon Blair, immonde vagabond rendu à l’état sauvage, qui retrouve forme humaine en faisant le deuil de ses parents par le meurtre de leur assassin.G.J.
BOB L’ÉPONGE : LE FILM* (The SpongeBob Movie : Sponge out of Water ; USA, 2014.) R. : Paul Tibbitt ; Sc. : Glenn Berger et Jonathan Aibel ; Ph. : Phil Meheux ; Animation : James Baxter et Tom Yasumi ; M. : John Debney ; Pr. : Paramount et Nickel Odeon Movies ; Voix : Tom Kenny / Sébastien Desjours (Bob l’éponge), Bill Fagerbakke (Patrick Étoile de Mer), Clancy Brown / Michel Bedetti (Eugène Krabs). Couleurs, 92 min. Bob est l’auteur d’un sandwich qui fait la réputation du restaurant de Krabs. Un rival tente de le lui voler mais le sandwich s’évapore. Plankton s’introduit dans le cerveau de Bob pour y retrouver la recette, puis il construit une machine à remonter le temps. Finalement Bob se transforme en super-héros et tout rentre dans l’ordre. Inspiré d’une bande dessinée de Stephen Hillenburg et Paul Tibbitt, le personnage de Bob l’éponge avait donné naissance à un premier film passé inaperçu en 2005. Celui-ci est meilleur, rempli de références à Kubrick et à Star Wars, mais il n’est pas sûr qu’il séduise un jeune public.J.T.
BODYBUILDER* (Fr., 2014.) R. : Roschdy Zem ; Sc. : Roschdy Zem et Julie Peyr ; Ph. : Thomas Letellier ; Pr. : Hole in One Films ; Int. : Vincent Rottiers (Antoine Morel), Yolin François Gauvin (Vincent Morel), Marina Foïs (Lea), Nicolas Duvauchelle (Fred Morel), Dominique Reymond (Muriel), Roschdy Zem (Vadim). Couleurs, 104 min. Fuyant ses créanciers, Antoine Morel se retrouve à balayer les vestiaires du club de musculation que tient son père. Mais il commet quelques vols dont sont victimes les clients du club et il s’enfuit. Finalement ses dettes seront remboursées par sa famille et il trouvera du travail. Le personnage central est peu attachant, ce qui peut expliquer l’échec du film par ailleurs très précis sur les clubs de musculation. Le personnage du père est d’ailleurs interprété par Yolin François Gauvin qui fut champion du monde de bodybuilding. Les autres interprètes sont tout aussi convaincants. Mais l’on peut ne pas s’intéresser au bodybuilding.J.T.
BON À TIRER** (Hall Pass ; USA, 2011.) R. : Peter et Bobby Farrelly ; Sc. : Pete Jones, Peter et Bobby Farrelly ; Ph. : Matthew F. Leonetti ; Pr. : Peter et Bobby Farrelly ; Int. : Owen Wilson (Rick), Jason Sudeikis (Fred), Jenna Fischer (Maggie), Christina Applegate (Grace), Nicky Whelan (Eigh). Couleurs, 105 min. Rick et Fred, deux maris comme les autres, très épris de leurs épouses Maggie et Grace, ont aussi tendance à regarder autour d’eux, notamment la charmante Lucy. Leurs épouses leur rendent la liberté pour une semaine. Les jours passent : bonne bouffe, golf, boîte de nuit… mais rien tandis que Grace et Maggie ont des aventures. Tout finit bien. Depuis Mary à tout prix, les frères Farrelly ont un style à eux, mélange de finesse et de vulgarité auquel il est difficile de résister. Pour une fois les bons
sentiments l’emportent à la fin et ce « bon à tirer » a des conséquences purement morales inattendues chez ces auteurs. C’est en tout cas bien joué et bien enlevé.J.T.
BONHEUR DE PIERRE (LE) (Can., 2008.) R. : Robert Ménard ; Sc. : Guy Bonnier ; Ph. : Pierre Mignot ; M. : Sébastien Souchois ; Pr. : Guy Bonnier, Claude Bonin ; Int. : Pierre Richard (Pierre Martin), Sylvie Testud (Catherine Martin), Rémy Girard (Michel Dolbec), Louise Portal (Louise Dolbec), Gaston Lepage (Ti-Guy). Couleurs, 106 min. On peut être professeur de physique quantique à Paris et hériter d’une auberge perdue au milieu des neiges du Québec. C’est en tout cas ce qui arrive à Pierre qui, contre toute attente, accepte d’aller sur place exploiter le modeste établissement. Le hic, c’est que Michel, le maire de Sainte-Simone-du-Nord, a des vues sur l’auberge de Pierre… Transposer le comique lunaire de notre Distrait national et la gouaille acide de Sylvie Testud chez nos cousins canadiens était une bonne idée. Mais par la faute de Robert Ménard et surtout du scénariste Guy Bonnier, « Le bonheur de Pierre » n’est pas celui du spectateur. Le comique est lourd et répétitif et l’insolite qui devait naître du choc des cultures se réduit à bien peu de choses.G.B.
BONJOUR TOUBIB** (Fr., 1957.) R. : Louis Cuny ; Sc. : Jean Cosmos et Louis Cuny ; Dial : Jean Cosmos ; Ph. : Paul Cotteret ; M. : René Cloërec ; Pr. : Célia films-Hélène L. Cuny ; Int. : Noël-Noël (Dr Forget), Georges Descrières, (Julien Forget, son fils), Jacqueline Pierreux (Sonia Flo), Ginette Pigeon (Bernadette, la fiancée de Julien), Georges Wilson (Timbarelle), Jean Galland (le médecin
mondain), Berthe Bovy (Madame Cohen), Jack Ary (le garçon de café). NB, 90 min. Le docteur Forget (Noël-Noël), sympatique médecin de quartier espère que son fils Julien (Georges Descrières) prendra sa succession. Il l’emmène avec lui aux visites à domicile. Tout l’intérêt du film, ressuscité par la chaîne Histoire, réside dans le personnage et dans les rencontres avec ses patients.C.V.
BON PETIT DIABLE (LE) / UN DÉLICIEUX PETIT DIABLE* (The Delicious Little Devil ; USA, 1919.) R. : Robert Z. Leonard ; Sc. : John B. Clymer et Harvey F. Thew ; Ph. : Allan Zeigler ; Pr. : Carl Laemmle / Universal ; Int. : Mae Murray (Mary McGuire), Harry Rattenbury (Patrick McGuire), Richard Cummings (l’oncle Barney), Rudolpho de Valintini (Jimmy Calhoun), Bertram Grasby (le duc de Sauterne), Edward Jobson (Michael Calhoun). NB, 6 bobines (environ 55 min). Lorsqu’elle perd son emploi de dame du vestiaire, Mary prend l’identité de Gloria de Moine, célèbre danseuse espagnole à la vie sentimentale orageuse. Elle devient la coqueluche d’un cabaret réputé et Jimmy Calhoun, fils d’un riche homme d’affaires, en tombe amoureux et veut l’épouser. Persuadé que la jeune femme n’en veut qu’à son argent, M. Calhoun décide de la discréditer aux yeux de son fils. Avant de découvrir que le père de Gloria n’est autre que Patrick, un compagnon de jeunesse, du temps où ils étaient tous deux au bas de l’échelle sociale et travaillaient comme maçons. L’un des films dirigé par son mari d’alors, Robert Z. Leonard, qui ont contribué à faire de Mae Murray, ancienne danseuse des Ziegfeld Follies, l’un des premiers sex symbols du cinéma muet. Elle triomphera six ans plus tard dans La Veuve joyeuse (1925) de Stroheim. À voir pour mesurer le chemin parcouru par les comédies sophistiquées typiquement hollywoodiennes. Et aussi pour découvrir le jeune Rudolpho de Valintini alors à ses débuts, timide et plein de
retenue, et qui deviendra célèbre un peu plus tard comme Latin Lover sous le pseudonyme de Rudolph Valentino. Film ressuscité par la vidéo.(R. L.)
BON RÉTABLISSEMENT !** (Fr., 2013.) R. : Jean Becker ; Sc. : Jean-Loup Dabadie, Marie-Sabine Roger, Jean Becker, d’après le roman de Marie-Sabine Roger ; Ph. : JeanClaude Larrieu ; M. : Nathaniel Mechaly ; Pr. : Louis Becker, Jean Becker ; Int. : Gérard Lanvin (Pierre Laurent), Fred Testot (Maxime Leroy), Swann Arlaud (Camille), Claudia Tagbo (Myriam), Anne-Sophie Lapix (Florence), Jean-Pierre Darroussin (Hervé Laurent). Couleurs, 81 min. Pierre Laurent, sexagénaire atrabilaire et misanthrope, se retrouve cloué sur un lit d’hôpital suite à un accident. Jaloux de son intimité et amoureux du silence, il se trouve prisonnier – et pour longtemps – d’un univers clos où il est exposé à tous regards et au bruit permanent. Il exècre les visites de ses proches, vomit le personnel hospitalier, voue aux gémonies Maëva, une ado un peu bouboule et sans gêne qui envahit en permanence son espace vital. Mais, petit à petit, et contre toute attente, ce séjour à l’hôpital finit par prendre des airs de renaissance… Seconde adaptation après La tête en friche d’un roman de Marie-Sabine Roger par Jean Becker, Bon rétablissement ! est de la même veine. Cette fois, au lieu d’un Depardieu inculte qui s’ouvre à la lecture nous avons droit à un Lanvin revêche qui se découvre un cœur. Il est parfait dans le rôle. Outre cette excellente interprétation, on a droit à une série de notations très justes sur l’hôpital, que ce soit du côté des patients ou des soignants. Avec en toile de fond la grande humanité de Jean Becker.G.B.
BONE TOMAHAWK*
(Bone Tomahawk ; USA, 2015.) R. et Sc. : S. Craig Zahler ; Ph. : Benji Backshi ; M. : Jeff Herriott ; Pr. : Caliber Media ; Int. : Ken Russell (le shérif Hunt), Patrick Wilson (Arthur), Matthew Fox (Brooder), Richard Jenkins (Chicory). Couleurs, 127 min. En 1850, dans la bourgade de Bright Hope, près du Texas. De mystérieux Indiens enlèvent des habitants. Le shérif accompagné de trois hommes dont un blessé, se lance à leur poursuite. Commence un voyage en enfer… Inédit en salle, couronné au festival de Gérardmer et sorti en DVD, ce western louche vers le fantastique. Remarquable séance d’ouverture où deux pillards s’égarent dans un étrange cimetière.J.T.
BONS À RIEN** (Buoni a nulla ; Ital., 2014.) R. : Gianni Di Gregorio ; Sc. : Gianni Di Gregorio et Pietro Albino Di Pasquale ; Ph. : Gogo Bianchi ; M. : Enrico Melozzi ; Pr. : Bibi Films ; Int. : Gianni Di Gregorio (Gianni), Marco Marzocca (Marco), Valentina Lodovini (Cinzia), Daniela Gordano (Marta). Couleurs, 87 min. Les malheurs d’un sexagénaire proche de la retraite et qui voit celle-ci retardée de trois ans tandis qu’il est affecté à un nouvel emploi en grande banlieue. Mais il va savoir s’adapter. La comédie italienne n’est pas morte : Di Gregorio en est la preuve qui se constitue un univers cinématographique plein de drôlerie et de sagesse. Ici on voit comment un faible peut devenir retors et prendre sa revanche sur un sort contraire. Un film à la fois léger et grave qu’il faut prendre au sérieux.J.T.
BOOGIE* (Boogie, el aceitoso ; Arg., 2010.) R. : Gustavo Cova ; Sc. : Marcelo Paez Cubells d’après la bande dessinée de Fontanarrosa ; Animation : Sebastian
Ramseg ; M. : Diego Monk ; Pr. : Illusion Studios et Proceso ; Voix : Fabio Echarri/Liane Foly (Boogie), Nancy Duplaa/Laure Préjean (Marcia), Nicolas Frias/Gilles Morvan (Jim Blackburn). Couleurs, 83 min. Tueur à gages impitoyable, Boogie est embauché par un parrain pour abattre un témoin gênant. Boogie accepte mais quand il arrive au Grand Hôtel pour remplir son contrat, le travail a été fait par un autre tueur, Blackburn… Cette rivalité entre deux tueurs avec comme enjeu la belle Marcia, est tirée de la BD argentine de Fontanarrosa, plus connu comme El Negro. Ce n’est pas un film d’animation pour enfants, mais un univers de violences et d’humour noir ; il a semé l’effroi au festival d’Annecy. Le personnage de Boogie est un peu trop provocateur pour le public habituel de l’animation. De là l’échec de l’œuvre. J.T.
BOOM (IL)** (Il Boom ; Ital., 1963.) R. : Vittorio De Sica ; Sc : Cesare Zavattini ; Ph. : Armando Nannuzzi ; M. : Piero Piccini ; Pr. : Dino de Laurentiis ; Int. : Alberto Sordi (Giovanni Alberti), Gianna Maria Canale (Silvia Alberti), Ettore Geri (Bausetti), Elena Nicolai (Mme Bausetti), Alceo Barnabei (Baratti). NB, 89 min. Giovanni Alberti mène un train de vie trop élevé en regard de ses ressources et ruiné, s’aperçoit qu’il va perdre sa femme. Un grand patron lui refuse un prêt à moins qu’il ne lui cède un œil, car ce patron est borgne. Alberti refuse, puis se laisse convaincre. Cette comédie était inédite en France jusqu’à sa sortie en 2016. Le portrait du jeune entrepreneur qui souhaite profiter dans les années 60 du boom économique reste très moderne, magnifiquement interprété par l’immense Alberto Sordi. Un De Sica inattendu qui méritait cette sortie tardive.J.T.
BOOMERANG** (Fr., 2014.) R. et Sc. : François Favrat ; Ph. : Laurent Brunet ; M. : Eric Neveux ; Pr. : Les films du kiosque ; Int. : Laurent Lafitte (Antoine Rey), Mélanie Laurent (Agathe Rey, Audrey Dana (Angèle), Wladimir Yordanoff (Charles Rey), Bulle Ogier (Blanche Rey), Anne Loiret (Anne-Sophia). Couleurs, 101 min. Antoine qui vient d’être laissé par son épouse, vit avec sa sœur Agathe et s’entend mal avec son père, Charles. Il est obsédé par la disparition de sa mère, trente ans plus tôt. Sa sœur et son père se dérobent, mais une jeune femme, Angèle, va l’aider à découvrir la vérité sur la fin de sa mère. Inspiré d’un roman de Tatiana de Rosnay, Boomerang reprend le thème inépuisable des secrets de famille avec pour décor l’arrière-saison à Noirmoutier. Laurent Lafitte est ce quadragénaire qui veut comprendre comment sa mère a disparu trente ans plus tôt ; Mélanie Laurent est la sœur, attentive et inquiète, qui craint pour son frère déjà marqué par la vie. Yordanoff est un père au comportement ambigu et Audrey Dana est un rayon de soleil dans la brume noirmoutrine. Si le suspense est faible, la réalisation de Favrat est toujours juste et prenante.J.T.
BORGIA (LES)* (Los Borgias, Esp., 2006.) R. : Antonio Hernandez ; Sc. : Piero Bodrato ; Ph. : Javier Salmones ; M. : Angel Illaramendi ; Pr. : Antena Aragon ; Int. : Sergio Paris-Mencheta (César Borgia), Maria Valverde (Lucrèce Borgia), Luis Homar (Alexandre VI), Sergio Muniz (Juan Borgia). Couleurs, 146 min. Alexandre VI, à peine élu pape, appelle auprès de lui les enfants qu’il a eus de sa maîtresse Vanozza : Juan, César, Lucrèce et Jofré. Il compte sur eux pour agrandir le territoire du Vatican et faire du Pape le souverain d’une Italie unifiée. Juan commande les forces du Vatican, César est fait cardinal, Lucrèce sert une
politique matrimoniale d’alliances avec les voisins de Rome. César en faisant (probablement) assassiner son frère Juan, s’impose comme l’homme fort de la famille. Machiavel dans Le Prince voit en lui l’unificateur tant attendu de la péninsule italienne. Mais la mort subite d’Alexandre VI, peut-être empoisonné, ruine ces ambitions. Une fresque historique qui a pris de vitesse les séries télévisées de Neil Jordan et de Canal+, mais leur reste inférieure. Le film se veut rigoureux par rapport aux œuvres de Gance, King ou Christian Jaque. Le personnage de Lucrèce est présentée en victime plutôt qu’en empoisonneuse diabolique et dépravée comme chez Hugo. Le film souffre toutefois d’avoir d’abord été conçu pour la télévision : la distribution est médiocre, la mise en scène molle et l’érotisme plutôt « soft ».J.T.
BORGMAN*** (Borgman ; Pays-Bas, Belg., Dan., 2013.) R. et Sc. : Alex van Warmerdam ; Pr. : Graniet Film, Angel film, Epidemic Film ; Int. : Jan Bijroet (Borgman), Hadewych Minis (Marina), Jergen Perceval (Richard). Couleurs, 116 min. Borgman, un être hirsute, est chassé par des hommes armés. Il fuit et arrive dans un quartier résidentiel. Il sonne à la porte d’un beau pavillon demandant à son propriétaire, Richard, l’autorisation de prendre un bain. Il est évincé. Après le départ du mari, il revient et son épouse, Marina, accepte sa présence et le cache. Borgman tue le jardinier ; propre et bien rasé, il se présente pour prendre sa place. Richard ne le reconnaît pas et l’embauche… Une fable apocalyptique noire, très noire à l’humour décapant et surréaliste. Borgman serait-il l’ange exterminateur brandissant son glaive à l’encontre d’une société trop sûre de ses privilèges et de son bon droit ? Nulle explication logique, mais des images très fortes. Un film implacable pour un cri de révolte.C.B.M.
BOSS (Boss Niger ; USA, 1975.) R. : Jack Arnold ; Sc. : Fred Williamson ; Ph. : Bob Caramico ; M. : Leon Moore ; Pr. : Arnold, Jacs ; Int. : Fred Williamson (Boss Niger), D’Urville Martin (Armstrong), William Smith (Jed Clayton). Couleurs, 92 min. Deux chasseurs de primes s’autoproclament shérif et shérif adjoint de la ville de San Miguel. Mais ils sont noirs… Un western de « la Blacksploitation » signé Jack Arnold, plus à l’aise dans d’autres westerns.
BOSS (THE)* (USA, 1956.) R. : Byron Haskin ; Sc. : Ben L. Parry ; Ph. : Hal Mohr ; Pr. : United Artists ; Int. : John Payne (le boss), William Bishop, Gloria McGhee, Joe Flynn. NB, 89 min. L’ascension d’un homme corrompu dans une petite ville après la Première Guerre mondiale. Un excellent film noir, non distribué en France et révélé grâce à la télévision. Le thème a été souvent traité mais Haskin sait se montrer efficace.J.T.
BOUBOULE** (Bel., 2014.) R. : Bruno Deville ; Sc. : Bruno Deville et Antoine Jaccoud ; Ph. : Jean-François Hensgens ; M. et Pr. : CAB Productions et Versus Productions ; Int. : David Thielemans (Kevin dit Bouboule), Swann Arlaud (Pat), Julie Ferrier (Brigitte Trichon), Lisa Harder (Alice), Amélie Peterli (Jennifer Trichon). Couleurs, 84 min. À douze ans, Kevin pèse déjà cent kilos. Sa mère l’élève seule avec ses deux sœurs et voudrait qu’il perde du poids. Bouboule, comme le surnomment ses
camarades, a de mauvaises fréquentations mais une amoureuse, Alice. Elle le sauvera. Ce n’est pas un film comique, mais, venu de Belgique, une œuvre noire sur le malaise des milieux populaires : misère, racisme, désespoir suicidaire. Seule la fin est optimiste. Un premier long métrage réussi.J.T.
BOUCHE COUSUE* (Fr., 1960.) R. : Jean Boyer ; Sc. : Jean-Pierre Feydeau ; Ad. : Jean Boyer ; Dial. : Serge Veber ; Déc. : Robert Giordani ; Mont. : Jacquelies Brachet ; Ph. : Gaston Thonnart ; M. : Louiguy ; Pr. : Jean Boyer et Robert Dorfmann ; Int. : Darry Cowl (l’infirmier Martin), Jacques Hilling (Polo), Sacha Pitoëff (Jo), Fernand Sardou (Marius, le chef des gangsters), Judith Magre (Barbara), Edmond Radisson (Titin), Georges Audoubert (Rapha), Jacques Mancier (Inspecteur Dubois), Alain Feydeau (le médecin de la clinique). NB, 88 min. Deux clochards emmènent dans la clinique la plus proche un blessé nommé Jo (Sacha Pitoeff) et le confient à Martin (Darry Cowl). Jo, fait partie d’une bande de voleurs de bijoux, devenu amnésique suite à une commotion cérébrale, causée par un accident. Il se fait enlever par de faux policiers, qui sont en fait ses complices qui essaient de le faire parler pour essayer de retrouver les bijoux. Comédie policière sans prétention, Jean Boyer sans être un cinéaste majeur, a parfois fait mieux quand il tourna entre les années 30 et 50 avec Bourvil, Fernandel, Raimu, Arletty, Michel Simon… !C.V.
BOULE ET BILL* (Fr., 2012.) R. et Sc. : Alexandre Charlot et Franck Magnier ; Ph. : Axel Cosnefroy ; M. : Alexandre Azaria ; Pr. : LGM et TF 1 ; Int. : Franck Dubosc (le père de Boule), Marina Foïs (la mère de Boule), Charles
Crombez (Boule), Nicola Vaude (le voisin), Lionel Abelanski (le directeur d’école). Couleurs, 82 min. Boule veut un chien malgré les réticences de son père : ce sera Bill un bâtard au poil roux comme son maître. Lorsque le père de Boule doit déménager, il oublie volontairement Bill sur le trottoir mais celui-ci saute sur le marchepied du camion. Tous se retrouvent dans une tour où Bill s’ennuie. Boule l’emmène à l’école mais il est découvert. Le père veut se débarrasser du chien. L’entendant, Boule fugue avec Bill. Après bien des tribulations, tous se retrouveront dans une maison à la campagne. Bill est enfin heureux. Sympathique adaptation d’une bande dessinée de Jean Roba. Un bon film pour enfants. J.T.
BOULEVARD DE L’ESPÉRANCE*** (Viale della speranza ; Ital., 1953.) R. : Dino Risi ; Sc. : Dino Risi, Gino De Santis, Franco Cannarosso ; Ph. : Mario Bava ; M. : Mario Nascimene ; Pr. : Mambretti-Enic ; Int. : Marcello Mastroianni (Mario), Cosetta Greco (Luisa), Pierra Simoni (Franca), Liliana Bonfatti (Giuditta), Achille Majeroni (le professeur), Maria Pia Castillo (la bonne). NB, 84 min. Trois jeunes femmes viennent tenter leur chance à Cinecitta. Seule Luisa parviendra à obtenir un rôle. Franca deviendra une femme entretenue. Quant à Giuditta qui rêvait d’être une nouvelle Anna Magnani, elle retournera en Émilie pour y épouser un robuste et rustique fiancé, le tout sous l’œil de l’opérateur Mario. Deuxième film de Risi, resté inédit en France jusqu’à sa sortie en DVD en 2015 grâce à Jean A. Gili. Un petit bijou, « l’approche souriante d’une réalité plus amère qu’il ne semble » (Gili). Tout Risi est déjà dans ce deuxième long métrage : les figurants pittoresques à la recherche d’un petit rôle, le professeur d’expressions, les scénaristes ridicules, les bouts d’essai ratés… Le tram qui
conduit à Cinecitta est porteur de rêves mais aussi de tristes désillusions. Il porte, dit le commentaire, « ceux qui aspirent à faire du cinéma, des acteurs jeunes et vieux, ceux pour qui ça commence et ceux pour qui ça finit. » C’est sur ces derniers, évoqués en second plan, que Risi révèle déjà son sens de la caricature (notamment le vieillard en smoking qui « fait des provisions » lors d’une réception, ou celui qui est prêt à jouer le rôle d’un diplomate, mais n’a pas le costume nécessaire et propose de jouer un diplomate négligé sur lui ! On remarquera un tout jeune Mastroianni qui fait ses débuts de séducteur. Le film vaut Bellissima de Visconti.J.T.
BOUVARD ET PECUCHET*** (Fr., 1989.) R. : Jean-Daniel Verhaeghe ; Sc. : Jean-Claude Carrière d’après Flaubert ; Ph. : Gérard Vigneron ; M. : Michel Portal ; Pr. : FR 3, Vamp Productions ; Int. : Jean Carmet (Pécuchet), Jean-Pierre Marielle (Bouvard), Pierre Etaix (le notaire), Catherine Ferran. Couleurs, 170 minutes. Deux modestes copistes se rencontrent par hasard et se lient d’amitié. Bouvard hérite d’un vieil oncle, Pécuchet apporte ses économies et ils achètent un manoir en Normandie, quittant leur emploi pour faire le tour de toutes les connaissances et de tous les savoirs. Au bout du compte, ils se contenteront de recenser toutes les bêtises qu’ils ont entendues. Magnifique adaptation par Jean-Claude Carrière, qui tient le rôle du narrateur, du roman de Flaubert. L’interprétation de Marielle et Carmet est éblouissante. À l’origine un téléfilm.J.T.
BOVINES OU LA VRAIE VIE DES VACHES*
(Fr., 2011.) R. : Emmanuel Gras ; Ph. : Emmanuel Gras ; Mont. : Karen Benainous ; Pr. : Nicolas Anthomé et Jérémie Jorrand. Couleurs, 64 min. La vie d’un troupeau de vaches dans le Bocage normand. Un remarquable documentaire sur le monde bovin, poétique et émouvant, notamment le départ des veaux pour l’abattoir.J.T.
BOX (THE)** (The Box ; USA, 2009.) R. et Sc. : Richard Kelly ; Ph. : Steven B. Poster ; M. : Win Butler et Régine Chassagne ; Pr. : Darko et Radar ; Int. : Cameron Diaz (Norma Lewis), James Marsden (Arthur Lewis), Frank Langella (Arlington), Gillian Jacobs (Dana Steward). Couleurs, 115 min. Un couple reçoit une boite dotée simplement d’un bouton. Un certain Arlington leur fait savoir que s’ils appuient sur le bouton, un inconnu mourra et ils recevront un million de dollars. Hésitation puis l’épouse appuie. Arlington revient avec une valise pleine de dollars. Il reparaît avec un nouveau choix : soit le mari tue sa femme, soit leur enfant deviendra sourd et aveugle. Que faire ? Le mari tue Arlington. Au même moment un autre couple appuie sur le bouton de la boîte. Excellente adaptation d’une nouvelle de Matheson, Le jeu du bouton. Du très bon fantastique par un réalisateur réputé (Donnie Darko).J.T.
BOY (THE) (USA, Chine, Can., 2016.) R. : William Brent Bell ; Sc. : Stacey Menear ; Ph. : Daniel Pearl ; M. : Bear McCreary ; Pr. : Matt Berenson, Roy Lee, Gary Lucchesi, Tom Rosenberg, Jim Weeda ; Int. : Lauren Cohan (Greta Evans), Rupert Evans (Malcolm), Ben Robson (Cole), James Russell (James). Couleurs, 97 min.
Greta, une nourrice américaine, est embauchée en Angleterre par le couple Heelshire afin de prendre soin de Brahms, une étrange poupée que ses parents traitent comme un véritable enfant. Après avoir enfreint certaines règles qu’elle devait respecter, la jeune femme est témoin de phénomènes terrifiants qui la poussent à croire que la poupée est réellement vivante. The Boy représente une agréable surprise. Réalisé par William Brent Bell (le décevant Devil Inside), cette histoire de poupée maléfique repose en effet sur un scénario aussi troublan qu’astucieux qui jongle avec les codes du genre. Optant pour une réalisation sobre et classique, William Brent Bell entraîne le spectateur dans une histoire étrange et offre une première heure de film réussie, ponctuée de beaux moments d’effroi. Le mystère qui entoure Brahms, la poupée, sert ainsi de moteur au récit imaginé par Stacey Menear (dont c’est le premier script) et plonge le public dans le doute jusqu’au dénouement qui, malheureusement trop prévisible, gâche quelque peu le plaisir que l’on peut érpouver à la vision du métrage. Le suspens cependant monte crescendo et Bell, en cinéaste appliqué, parvient à façonner une atmosphère inquiétante. Il exploite avec un certain savoir-faire ses décors, tire profit d’une belle photographie signée Daniel Pearl (Massacre à la tronçonneuse) et, tout en jouant sur des effets éprouvés (porte qui claque, ombre qui passe au second plan…), offre des séquences particulièrement tendues (cf. : la scène se déroulant dans les murs de la demeure). On peut certes reprocher au cinéaste de ne pas exploiter au mieux la poésie macabre que pouvait générer un tel sujet mais le résultat, au final, reste plus qu’honorable, The Boy s’imposant comme une solide série B, nettement plus réjouissante qu’Annabelle.E.B.
BOYHOOD*** (Boyhood ; USA, 2014.) R. et Sc. : Richard Linklater ; Ph. : Lee Daniel, Shane F. Kelly ; Mont. : Sandra Adair ; Pr. : IFC Productions / Detour Film production) ; Int. : Ellar Coltrane (Mason Jr), Patricia Arquette (Olivia, la mère), Ethan Hawke (Mason Sr, le père), Lorelei Linklater (Samantha, la
sœur), Marco Perella (Bill Welbrock), Brad Hawkins (Jim), Libby Villari (la grand-mère). Couleurs, 165 min. L’enfance et l’adolescence, de six à dix-huit ans, de Mason. Expérience unique, le film observe pendant douze ans – le temps de la scolarité obligatoire aux États-Unis –, la vie d’un jeune garçon élevé, avec sa sœur aînée, par une mère célibataire. L’enfant, qu’on pourrait qualifier de « petit américain moyen », verra souvent son existence bouleversée par les séparations, divorces, recompositions familiales et déménagements soudains. Le récit suit à la manière d’un documentaire, à raison de quatre jours de tournage par an, l’évolution de Mason, entre une mère courage, qui reprend ses études pour offrir une meilleure situation sociale à ses enfants, un père affectueux mais absent et les nouveaux compagnons de la mère qu’elle ne choisit pas toujours avec discernement. Bien que scénarisé, le film a un indéniable ton d’authenticité auquel ont contribué des acteurs professionnels pour la plupart, qui ont accepté de vieillir à l’écran sans artifice. Il a été récompensé par l’Ours d’argent à Berlin et l’Oscar de la meilleure actrice de second rôle pour Patricia Arquette. Il a également été nommé pour les Oscars du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et meilleur acteur de second rôle pour Ethan Hawke. La sœur de Mason est interprétée par la fille du réalisateur.D.G.
BRAINSTORM** (Brainstorm ; USA, 1965.) R. : William Conrad ; Sc. : Mann Rubin ; Ph. : Sam Leavitt ; M. : George Duning ; Pr. : Warner Bros ; Int. : Jeff Hunter James Gravam), Anne Francis (Lorrie Benson), Dana Andrews (Cort Benson), Viveca Lindfors (Lisabeth Larstedt), Michael Pate (Dr. Mills), Stacy Harris (Josh Reynolds). NB, 114 min. James Gravam, un scientifique, sauve du suicide Lorrie Benson et il tombe amoureux. Or Lorrie est l’épouse de l’employeur de Gravam, un industriel violent et jaloux. Pour briser la liaison de Lorrie et James, il tente de faire passer Gravam pour fou. Celui-ci va voir le docteur Larstedt. Chez elle il est pris d’une
crise et s’efforce de la convaincre qu’il est malade. Elle cède. Il tue alors le mari de Lorrie en public, comptant sur la circonstance atténuante de la folie. Il est interné, mais Lorrie le laisse tomber. Il devient alors vraiment fou. Inédit en salle, mais découvert à la télévision. « Petit chef-d’œuvre des années 60. Avec Psychose, il est l’un des films noirs les plus représentatifs de l’époque » (Alain Silver et Elizabeth Ward, Encyclopédie du film noir). Une peinture de la folie saisissante et une superbe interprétation de Jeff Hunter opposé à Dana Andrews.J.T.
BRAQUEUR (LE)** (Der Raüber ; Aut., 2009.) R. : Benjamin Heisenberg ; Sc. : Benjamin Heisenberg et Martin Prinz ; Ph. : Reinhold Vorschneider ; M. : Lorenz Dangel ; Pr. : Nikolaus Geyrhalter ; Int. : Andreas Lust (Johann), Franziska Weisz (Erica), Florian Wotruba (Markus). Couleurs, 97 min. À sa sortie de prison où il continuait de s’entraîner, Johann Rettenberger participe au marathon de Vienne qu’il remporte, devenant ainsi une célébrité. Continuant son entraînement en solitaire, il reprend aussi les activités qui l’avaient fait condamner – le braquage de banques. Il revoit Erika, son ex-amie, avec laquelle il a une brève liaison… Ses braquages ne servent à rien et sa liaison tourne court, mais il court, il court à perdre haleine, avide d’espace et de liberté dans une société ankylosée. Dans un style sobre et efficace, avec un personnage taciturne, un acteur au visage volontairement inexpressif, voilà un film que l’on suit avec un intérêt constant pour aboutir à une fin, certes prévisible, inéluctable et tragique. Aucune explication psychologique, ou autre, n’est avancée. N’est-il pas permis alors d’y voir une métaphore ? C.B.M.
BRAQUEURS* (Fr., 2016.) R. et Sc. : Julien Leclercq ; Ph. : Philip Lozano ; Pr. : Labyrinthe Films ; Int. : Sam Bouajila (Yanis Zeri), Guillaume Goulx (Eric), Youssef Hajdi (Nasser), Alice de Lencquesaing (Audrey). Couleurs, 81 min. Un gang de braqueurs, renforcé d’un nouveau venu Eric, réussit son coup mais doit prendre contact avec une bande de dealers. Les choses tournent mal. Un polar nerveux et efficace. Guillaume Goulx, le héros, veut profiter d’un gros coup pour refaire sa vie : il est au centre d’une action toujours crédible bien que riche en rebondissements.J.T.
BRASIERS DE LA COLÈRE (LES)** (Out of the Furnace ; USA, 2013.) R. : Scott Cooper ; Sc. : Brad Ingelsby et Scott Cooper ; Ph. : Masanobu Takayanagi ; M. : Dickon Hinchliffe ; Pr. : Appian Way, Energy Ent et Red Granite Pictures ; Int. : Christian Bale (Russel Baze), Woody Harrelson (Harlan DeGroat), Casey Affleck (Rodney Baze Jr.), Forest Whitaker (Wesley Barnes), William Dafoe (John Petty). Couleurs, 116 min. Chronique de la petite ville américaine de Braddock au moment de la guerre d’Irak et de la dépression qui frappe la sidérurgie, activité principale de la ville. Plusieurs destins s’y croisent, dont ceux de la famille Baze (l’un est soldat, l’autre provoque un accident qui l’envoie en prison). De retour d’Irak, le militaire se mêle au monde des paris truqués qui l’entraîne dans la violence… Évocation de l’Amérique profonde sur fond de film noir. Au service d’un bon connaisseur de la société américaine, déjà remarqué par son film sur la country music (Crazy Heart), de grands acteurs : Bale, Affleck, Whitaker, Dafoe. Le tout donne un témoignage plutôt sombre sur « l’autre Amérique ». Un film à ne pas manquer.J.T.
BRASS LEGEND (THE) (USA, 1956.) R. : Gerd Oswald ; Sc. : Don Martin ; Ph. : Charles Van Enger ; Pr. : United Artists ; Int. : Hugh O’Brian (le shérif), Raymond Burr (Hatten), Nancy Gates (Linda). NB, 79 min. Un policier capture un bandit. Mais ensuite ? Un western mythique (« marvellous » selon Phil Hardy) mais toujours inédit en France. J.T.
BRÈVES DE COMPTOIR* (Fr., 2014.) R. : Jean-Michel Ribes ; Sc. : Jean-Michel Ribes et Jean-Marie Gourio ; Ph. : Philippe Guilbert ; M. : Reinhardt Wagner ; Pr. : Mon Voisin et Ulysse ; Int. : Chantal Neuwirth (la patronne), Didier Bénureau (le patron), Christian Pereira (le garçon), André Dussollier (l’homme politique), Valérie Mairesse (Mme Pelton). Couleurs, 100 min. La vie quotidienne d’un bistrot qui ouvre à 6 h 30 et ferme à 22 h 30. Conversations d’habitués sur les sujets les plus divers. Des éboueurs, la factrice, des peintres en bâtiment, des ivrognes, des employés de Monofixe… Lancées dans la série télévisée Palace, les Brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio sont célèbres. Fallait-il en faire un film ? Sans doute car il s’agit d’un témoignage sur notre époque que Ribes a su habilement mettre en scène.J.T.
BRICE 3** (Fr., 2016.) R. : James Huth ; Sc. : James Huth, Jean Dujardin et Christophe Duthuron ; Ph. : Stéphane Le Parc ; M. : Bruno Coulais ; Pr. : Mandarin et JD ; Int. : Jean Dujardin (Brice), Clovis Cornillac (Marius),
Bruno Salomone (Igor), Alban Lenoir (Gregor), Noelle Perna (Edwige). Couleurs, 95 min. Chassé de son mobil-home sur la plage de Nice, Brice part à la recherche de son ami Marius. Il le croit à Hossegor où il affronte son vieil ennemi Igor. Réconcilié avec lui, il se retrouve à Tahiti où Marius lui apprend qu’une tribu est expulsée pour permettre un parc d’attractions à la gloire de Brice. Ou plus exactement d’un sosie. L’affrontement est rude… C’est Dujardin qui a souhaité tourner ce nouveau Brice. On l’espérait dans des œuvres plus ambitieuses, mais on ne boudera pas son plaisir. Le charme du personnage agit toujours…J.T.
BRICK MANSIONS* (Fr., 2014.) R. : Camille Delamarre ; Sc. : Luc Besson ; Ph. : Christian Collette ; M. : Marc Bell ; Pr. : EuropaCorp ; Int. : Paul Walker (Damien Collier), David Belle (Lino), Gouchy Boy (K2), Catalina Denis (Lola). Couleurs, 98 min. Un policier est introduit par le maire de Detroit dans le quartier de Brick Mansions pour y désamorcer une bombe à neutrons que détient un trafiquant qui s’oppose au projet du maire de raser le quartier. Remake de Banlieue 13 de Pierre Morel. Du Luc Besson : de l’action, encore de l’action, toujours de l’action.J.T.
BRIDE CAME C.O.D. (THE)*** (The Bride Came C.O.D. ; USA, 1941.) R. : William Keighley ; Sc. : Julius J. et Philip G. Epstein, d’après une histoire de Kenneth Earl et M. M. Musselman ; Ph. : Ernest Haller ; M. : Max Steiner ; Pr. : Hal B. Wallis pour Warner Bros. ; Int. : James Cagney (Steve Collins), Bette Davis (Joan Winfield), Stuart Erwin (Tommy Keenan), Jack Carson (Allen Brice),
George Tobias (Peewee), Eugene Pallette (Lucius K. Winfield), Harry Davenport (Pop Tolliver), William Frawley (shérif McGee), Harry Holman (juge Sobler). NB, 92 min. Fille d’un magnat du pétrole texan, capricieuse et fantasque, Joan Winfield a décidé, sur un coup de tête, d’épouser Allen Brice, un chef d’orchestre de cabaret. Tous deux doivent s’envoler le soir même pour Las Vegas où aura lieu la cérémonie. Résolu à empêcher cette union, son père Lucius engage le pilote Steve Collins pour enlever Joan et l’amener, seule, sur le petit aéroport d’Amarillo, mais l’avion se crashe dans le désert. Indemnes, Steve et Joan se retrouvent dans une petite ville fantôme, Bonanza, où vit en solitaire l’ancien shérif, Pop Tolliver. Tout le monde part alors à la recherche des deux disparus : le fiancé Brice, accompagné d’un juge pour célébrer le mariage, le père de Joan, Lucius, toujours bien décidé à intervenir, Tommy Keenan, un journaliste de radio spécialisé dans les potins mondains, le shérif McGee porteur d’un mandat d’amener sur la personne de Steve, accusé de kidnapping… Pendant ce temps, à la suite d’un éboulement, Steve et Joan se retrouvent prisonniers dans un tunnel de mine désaffectée… Très mal accueilli aux États-Unis à sa sortie, le film dut à sa mauvaise réputation de n’être jamais distribué en France. On s’en étonne lorsqu’on le découvre aujourd’hui. En effet, la réunion inattendue de la meilleure actrice dramatique de son temps et du plus grand tough guy des films de gangsters, s’avère des plus réjouissantes ! Concocté par les jumeaux futurs auteurs de Casablanca (1943), le script est non seulement astucieux mais intègre parfaitement la personnalité de ses deux principaux interprètes et ne ménage pas les péripéties inventives et les retournements inattendus, dans la plus pure tradition des « screwball comedies ». On rit souvent de bon cœur et on sent que les deux stars, réunies pour la seconde et dernière fois – la première dans un film demeuré, lui aussi, inédit en France, Jimmy the Gent (1934) de Michael Curtiz –, se sont sincèrement amusées à jouer ensemble dans des registres où elles se révèlent parfaitement à leur aise. Disponible en DVD sous le titre La Fiancée contre remboursement.R.L.
BRIGHTON ROCK (Brighton Rock ; GB, 2011.) R. : Rowan Joffe ; Sc. : Rowan Joffe d’après Graham Greene ; Ph. : John Mathieson ; Pr. : BBC films ; Int. : Sam Riley (Pinkie Brown), Andrea Riseborough (Rose), Helen Mirren (Ida), John Hurt (Phil Corkery), Phil Davis (Spicer), Craig Parkinson (Cubitt). Couleurs, 111 min. À Brighton, au début des années 60, le chef d’un gang, Kite, est abattu. Le jeune Pinkie lui succède et veut le venger. Un certain Hale, de la bande rivale, est tué à son tour. Rose, une jeune serveuse, était présente. Elle aime Pinkie et Pinkie feint de l’aimer pour qu’elle ne parle pas à la police. Ils se marient. Mais Pinkie, trahi par un homme de sa bande, emmène Rose au bord d’une falaise et lui ordonne de sauter, promettant de la suivre. Ida, ancien patronne de Rose survient à temps et c’est Pinkie qui tombe. Rose se retrouve en maison de redressement, croyant toujours dans l’amour de Pinkie. Ce pourrait être un beau film s’il n’y avait eu Le gang des tueurs première adaptation du roman de Graham Greene, adapté par lui-même avec le concours de Terence Rattignan, en 1947, avec Richard Attenborough en Pinkie et Carol Marsh en Rose. Une œuvre éblouissante avec laquelle il était impossible de rivaliser. Joffe, fils du réalisateur Roland Joffe, fait de son mieux, bien servi par une Helen Mirren admirable, comme à l’habitude. Il situe l’intrigue du roman dans les années 60 et non plus 30, fait couler l’hémoglobine, oppose les « Mods » aux « Rockers », supprime les références religieuses… En vain. Ce n’est qu’une pâle copie.J.T.
BRINGING UP FATHER (USA, 1946.) R. : Eddie Cline ; Sc. : Jerry Warner d’après la bande dessinée de George McManus ; Ph. : L.W. O’Connell ; M. : Barney Gerard ; Pr. : Monogram ; Int. : Joe Yule (Jiggs), Renie Riano (Maggie), Tim Ryan (Dinty Moore), June Harrison (Nora). NB, 68 min.
Un ménage mal assorti, celui de Jiggs et Maggie, malgré leur ravissante fille. Médiocre et confuse adaptation de la célèbre bande dessinée, la famille Illico de McManus qui faisait la première page de Robinson dans les années 1930. Le film n’est jamais sorti en France.J.T.
BROADWAY THERAPY* (She’s Funny That Way ; USA, 2014.) R. et Sc. : Peter Bogdanovich ; Ph. : Yaron Orbach ; M. : Ed Shearmur ; Pr. : Lagniappe Films, Lailaps Pictures et Venture Forth ; Int. : Imogen Poots (Isabella Patterson), Owen Wilson (Arnold Albertson), Rhys Hans (Seith Gilbert), Will Forte (Joshua Fleet), Jennifer Aniston (Jane). Couleurs, 93 min. La star Isabella Patterson raconte sa carrière à un journaliste. Alors qu’elle était call-girl, elle passe une nuit avec Arnold, metteur en scène réputé, qui lui propose un marché : 30 000 dollars contre l’abandon de son emploi de call-girl pour devenir actrice. Mais elle obsède le juge Pendergast, trouble Jane, sa psy, et le compagnon de cette dernière. Finalement elle obtiendra le rôle qui va lancer sa carrière. Peter Bogdanovich n’est plus le wonder-boy de La dernière séance, il s’en faut de beaucoup avec cette comédie tarabiscotée qui marque son retour derrière la caméra. Tout est convenu, du monde des psys aux planches de Broadway. Mais on peut se laisser prendre aux charmes d’Imogen Poots.J.T.
BROKEN CITY** (Broken City ; USA, 2013.) R. : Allen Hughes ; Sc. : Brian Tucker ; Ph. : Ben Seresin ; Pr. : New Regency Pictures ; Int. : Mark Wahlberg (Billy Taggart), Russell Crowe (le maire Hostetler), Catherine Zeta-Jones (Cathleen Hostetler), Jeffrey Wright (Fairbanks), Barry Pepper (Valliant). Couleurs, 109 min.
Ancien policier révoqué pour s’être fait justice lui-même, Taggart, devenu détective privé, est embauché par le maire de sa ville, Hostetler, dont la réélection est menacée par le jeune Valliant, pour suivre son épouse, Cathleen, qui aurait un amant. Taggart l’identifie en la personne d’un conseiller de Valliant, Andrews, et remet des photos au maire. Peu après Andrews est assassiné. Cathleen révèle à Taggart qu’elle n’a jamais été la maîtresse d’Andrews et Valliant lui apprend qu’Andrews savait beaucoup de choses sur une énorme mamagouille du maire (tout un quartier rasé pour de juteux bénéfices). Taggart en réunit les preuves mais le maire pense le tenir car il a des documents qui confirment la culpabilité de Taggart lors de l’affaire qui a entraîné sa révocation et pourraient l’envoyer en prison. Taggart ira en prison mais n’en dénonce pas moins le maire. Excellent film noir (crimes et corruption) dû à l’un des frères Hughes qui s’est séparé pour l’occasion de son jumeau. Parfaite maîtrise de la mise en scène et interprétation brillante : Catherine Zeta-Jones superbe, Russell Crowe méchant plein de séduction et Mark Wahlberg en ex-policier imbibé de bons principes. Un régal.J.T.
BROOKLYN** (Brooklyn ; GB, Can., 2015.) R. : John Crowley ; Sc. : Nick Horby, d’après Colm Toibin ; Ph. : Yves Belanger ; M. : Michael Brook ; Pr. : Irish Film Board, Parallel Film Pr., Item 7 ; Int. : Saoirse Renan (Eilis), Domhnall Gleeson (Jim), Emory Cohen (Antonio), Fiona Glascott (Rose), Jim Broadbent (le père Flood). Couleurs, 111 min. Dans les années 50, la jeune Eilis Lacey quitte sa famille et son Irlande natale pour émigrer aux États Unis. À Brooklyn, grâce au père Flood, elle suit des cours du soir pour devenir vendeuse. Lors d’une soirée paroissiale, elle rencontre Antonio, un jeune plombier italien ; ils s’aiment et se marient. Lorsque sa sœur meurt, Eilis retourne en Irlande où Jim, un fils de famille, s’éprend d’elle à son tour.
Quel joli film ! Porté par le charme de sa ravissante interprète et par une belle et minutieuse reconstitution des années 50. Ce n’est qu’une délicieuse romance sentimentale, entre sourires et larmes, mais qui, en filigrane, évoque le drame de l’émigration et de la rupture avec ses origines.C.B.M.
BROOKLYN* (Fr., 2014.) R. et Sc.: Pascal Tessaud ; Ph. : Fabien Rodesch et Sébastien Bages ; Mont. : Amandine Normand et Nicolas Milteau ; M. : Khulibaï ; Son : Alexandre Abrard ; Pr. : Les Enfants de la dalle ; Int. : KT Gorique (Coralie), Rafal Uchiwa (Issa), Jalil Naciri (Yazid), Liliane Rovère (Odette), Véronique Ruggia (Elisabeth), Despee Gonzales (Diego), Blade MC (Toni). Couleurs, 83 min. Quittant sa Suisse natale, Coralie rejoint la banlieue parisienne et s’installe à Saint-Denis dans l’espoir d’y construire une nouvelle vie. Là, elle travaille dans une association de quartier qui repère rapidement son talent… Sélectionné dans de nombreux festivals internationaux, notamment par l’ACID au Festival de Cannes en 2014, Brooklyn a reçu aussi un bel accueil du public. Autoproduit au début du tournage, il parvient, grâce à une campagne de crowdfunding réussie, à conquérir les salles obscures un an plus tard. Les personnages sont tendres, à mille lieux des clichés sur la banlieue et l’univers du hip-hop. KT Gorique, championne du monde de freestyle 2012, nous scotche par la richesse de son interprétation, tantôt douce, tantôt fougueuse. Chez Pascal Tessaud, la banlieue est plurielle, solidaire, opiniâtre. Lorsque la délinquance et le matérialisme y sont dépeints, ils ne font pas loi. Pascal Tessaud dit avoir voulu « rendre sa dignité à la culture hip-hop », et c’est un pari réussi. On passe un bon moment devant le premier long-métrage de ce réalisateur.E.S.
BRUEGEL, LE MOULIN ET LA CROIX*** (The Mill and the Cross ; Pol., 2010.) R. : Lech Majewski ; Sc. : Leck Majewski et Michael Francis Gibson ; Ph. : Lech Majewski et Adam Sikora ; M. : Lech Majewski et Jozef Skrzek ; Pr. : Angelus Silesius ; Int. : Rutger Hauer (Pieter Bruegel), Michael York (Jacques Jonghelinck), Charlotte Rampling (Marie), Joanna Litwin (Marijken Bruegel). Couleurs, 91 min. Bruegel se promène dans le décor et parmi les personnages de son futur tableau Le portement de croix. Tout se met en place, la scène étant dominée par un moulin. La violence est partout présente, au figuré et dans la réalité. Une œuvre unique nous faisant assister à la genèse d’un tableau peint en 1564 par Bruegel. Majewski s’est inspiré de l’étude d’un historien d’art Michael F. Gibson qui a participé à l’élaboration du scénario. Comment n’être pas ébloui par l’audace du projet et la beauté des images.J.T.
BRUIT DES GLAÇONS (LE)** (Fr., 2010.) R. et Sc. : Bertrand Blier ; Ph. : François Catonné ; M. : Pascal Dusapin ; Pr. : Christine Gozlan, Catherine Bozorgan ; Int. : Jean Dujardin (Charles), Anne Alvaro (Louisa), Albert Dupontel (le cancer de Charles), Myriam Boyer (le cancer de Louisa), Audrey Dana (Carole), Christa Théret (Evguenia), Eric Prat (le cancérologue). Couleurs, 87 min. Charles, un écrivain alcoolique, déprime depuis que sa femme l’a quitté. Dans sa maison des Cévennes, il partage sa vie entre Evguenia, une jeune prostituée russe, et Louisa, sa domestique secrètement amoureuse de lui. Un homme frappe à la porte et se présente : c’est son cancer ! D’abord incrédule, Charles finit par admettre sa présence. Arrive un autre cancer : celui de Louisa.
Cette double infortune les rapproche, mais comment se débarrasser de son cancer ? Le bruit des glaçons est celui fait dans le seau à glace où rafraîchit une bouteille de blanc. Le ton du film est d’emblée défini. Le postulat du départ est totalement absurde et Dupontel s’en donne à cœur-joie pour jouer les importuns, ô combien ! Blier lui-même prend un plaisir évident (partagé par le spectateur), par ses pirouettes et ses bons mots, à se moquer et à désamorcer l’angoisse de la Mort. Le pari n’était pas évident, c’est plutôt gagné. C’est une bonne blague !C.B.M.
BRÛLE, SORCIÈRE, BRÛLE** (Night of the Eagle ; GB, 1962.) R. : Sidney Hayers ; Sc. : Charles Beaumont, Richard Matheson et George Baxt (non crédité), d’après le roman de Fritz Leiber Ballet de sorcières (Conjure Wife, 1953) ; Ph. : Reginald Wyer ; M. : William Alwyn ; Pr. : Albert Fennell ; Int. : Janet Blair (Tansy Taylor), Peter Wyngarde (Norman Taylor), Margaret Johnston (Flora Carr), Anthony Nicholls (Harvey Sawtelle), Colin Gordon (professeur Lindsay Carr), Kathleen Byron (Evelyn Sawtelle), Reginald Beckwith (Harold Gunnison), Jessica Dunning (Hilda Gunnison), Norman Bird (le docteur). NB, 87 min. Épouse de Norman Taylor, professeur à l’école de médecine de Hempnell, Tansy pratique secrètement la sorcellerie pour favoriser la carrière de son mari. Lorsqu’il le découvre, Norman détruit tous ses fétiches, reliques et amulettes. Dès lors, le mauvais sort s’acharne sur lui, une élève l’accuse de l’avoir violée et un étudiant jaloux le menace d’une arme. Il finira par se rendre compte que Flora Carr, l’épouse boiteuse de Lindsay, son rival à la chaire de sociologie, est également une adepte des sciences occultes et a entrepris de briser son couple par envoûtement… La sorcellerie est un sujet particulièrement difficile à traiter au cinéma sans sombrer dans le ridicule. S’il faut citer The Witches (1966), réussite estimable de
Cyril Frankel, Rendez-vous avec la peur (1957) de Jacques Tourneur reste toujours le chef-d’œuvre du genre, et Brûle, sorcière, brûle ne risque pas de lui ravir le titre. Mais, malgré un acteur principal sans aucun charisme et une musique un peu trop envahissante, et sans atteindre à la puissance évocatrice du roman, le film est honorable et ménage quelques bons moments grâce à un script astucieux qui gagne en crédibilité en jouant très habilement sur l’ambiguïté de certaines situations. Il faut dire que les trois adaptateurs avaient de l’expérience en ce domaine : Richard Matheson (L’homme qui rétrécit, Je suis une légende, La Maison des damnés) et Charles Beaumont ont signé plusieurs adaptations libres d’Edgar Poe pour Roger Corman, et le romancier George Baxt avait écrit le scénario original de l’excellent Spectre du chat (1961) de John Gilling, et les scripts des tout aussi remarquables Cirque des horreurs (1960) et Les Gangsters (1961), tous deux déjà réalisés par Sidney Hayers. Redécouvert à la télévision.R.L.
BUBBA HO-TEP*** (USA, 2002.) R. : Don Coscarelli ; Sc. : Don Coscarelli d’après une nouvelle de Joe R. Lansdale ; Ph. : Adam Janeiro ; Eff. sp de maq. : Robert Kurtzman, Greg Nicotero et Howard Berger (KNB) ; M. : Brian Tyler ; Pr. : Dac Coscarelli, Don Coscarelli et Jason R. Savage ; Int. : Bruce Campbell (Elvis Presley/Sebastian Haff), Ossie Davies (Jack Kennedy), Ella Joyce (l’infirmière), Bob Ivy (Bubba Ho-Tep), Reggie Bannister (l’administrateur). Couleurs, 92 min. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Elvis n’est pas mort. Après s’être retiré du milieu du spectacle au profit d’un sosie, il vit désormais dans une maison de retraite au fin fond du Texas. Vieux et impuissant, il va, avec son ami Jack, retrouver le goût de vivre en essayant de mettre un terme aux agissements d’une momie maléfique qui se nourrit des âmes des pensionnaires de l’établissement.
Comme il l’a démontré avec la série des Phantasm, Don Coscarelli aime l’humour gentiment décalé, humour qui est d’ailleurs l’une de ses marques de fabrique et qui sur Bubba Ho-Tep fait une fois de plus des merveilles. Entre un Elvis impuissant qui renoue peu à peu avec sa virilité (lors d’une irrésistible scène de massage), une galerie de personnages azimutés, des scarabées agressifs et des accidents de barbecue, le cinéaste nous offre une succession de séquences désopilantes qui font mouche. D’autant que l’auteur adopte le point de vue d’Elvis dont les pensées et les émotions nous sont dévoilées par une voix off amusante et jamais envahissante. Quant aux comédiens, ils sont tout simplement admirables. Face à Ossie Davies qui apporte une belle humanité à Jack Kennedy, Bruce Campbell, méconnaissable sous son maquillage, trouve sans aucun doute l’un de ses plus rôles les plus marquants et incarne, avec justesse en sensibilité, un King vieillissant et désabusé. Car au-delà de son aspect farfelu et décalé, Bubba Ho-Tep est aussi et surtout une œuvre singulière et inclassable qui aborde, avec beaucoup de pertinence, des thèmes tels que l’amitié, la vieillesse et la peur de mourir. Hormis Cocoon et quelques autres titres, peu de films fantastiques prennent en effet pour décor une maison de retraite et osent se frotter à un sujet aussi délicat que la fin de vie. En s’emparant de cette histoire de momie et de rédemption morale (Elvis est conscient de ne pas avoir fait grand-chose de bien durant son existence), Don Coscarelli signe ainsi une production drôle, sensible et surtout beaucoup plus profonde qu’elle n’y parait.E.B.
BULLDOG DRUMMOND S’ÉVADE** (Bulldog Drummond Escapes ; USA, 1937.) R. : James Hogan ; Sc. : Edward T. Lowe, d’après la pièce de H. C. McNeile et Gerard Fairlie ; Ph. : Victor Milner ; M. : Borris Morros ; Pr. : Adolph Zukor pour Paramount ; Int. : Raymond Milland (Bulldog Drummond), sir Guy Standing (inspecteur Nielson), Heather Angel (Phyllis Clavering), Reginald Denny (Algy
Langworth), E. E. Clive (Tenny), Porter Hall (Norman Merridew), Fay Holden (Natalie). NB, 65 min. Bulldog Drummond vient en aide à la belle Phyllis Clavering, gardée en otage dans sa résidence de Greystone Manor par son oncle Norman Merridew et sa sœur Natalie aidés de deux complices. Contacté par Drummond, l’inspecteur Nielson de Scotland Yard, en vacances dans la région, ne croit pas à la culpabilité de Merridew qu’il prétend connaître depuis des années… Le premier de la série de huit films que la Paramount tournera entre 1937 et 1939, inspirés des exploits de Bulldog Drummond, le prototype de l’agent secret du type « James Bond », imaginé par H. C. McNeile qui signa ses aventures du pseudonyme de « Sapper ». Après Ronald Colman, Ray Milland incarnait le personnage pour la seule fois de sa carrière. Dans les sept films suivants, il sera remplacé par John Howard. Mais Reginald Denny (Algy) et E. E. Clive (Tenny) reviendront dans tous les autres films, Heather Angel (Phyllis) dans quatre d’entre eux, tandis que Louise Campbell reprendra le rôle de Phyllis trois fois de suite, et que l’inspecteur Nielson serait joué deux fois par John Barrymore, puis par H. B. Warner dans les cinq derniers films. Toute la série est désormais disponible dans un coffret DVD.R. L.
BULLHEAD** (Rundskop ; Belg., 2011.) R. et Sc. : Michaël R. Roskam ; Ph. : Nicolas Karakatsanis ; M. : Raf Keunev ; Pr. : Bart van Langundonck ; Int. : Mattias Schoenaerts (Jacky), Jeroen Perceval (Diederik), Jeanne Dandoy (Lucia), Barbara Sarafian (Eva). Couleurs, 124 min. Jacky, dans sa ferme d’élevage de bovins, participe à un trafic d’hormones de croissance. Un flic qui surveillait sa filière, a été abattu et la police enquête. 20 ans plus tôt, Jacky, alors gamin, était amoureux de Lucia qu’il observait avec son copain Diederik. Bruno, le frère aîné de Lucia, un attardé mental, l’avait surpris, attrapé, chatré et la famille de Diederik lui avait interdit de témoigner pour dénoncer le coupable. Jacky, pour devenir un homme, dut, chaque jour, se
faire des injections de testostérone. Il retrouve Diederik, indic de police et Lucia dont il reste un amoureux frustré. Un thriller original, situé en milieu rural, dans un pays où coexistent parfois difficilement, Flamands et Wallons. D’un rythme soutenu, on suit intensément ce film dur, violent, sauvage, voire même bestial, où Mattias Schoenaerts, avide de vengeance, buté, le front bas, fonce comme un taureau. Un remarquable premier film qui évolue du polar traditionnel vers une tragédie existentielle avec ce touchant personnage de brute épaisse, blessé dans tout son être, à la vie brisée.C.B.M.
BURIED*** (Buried ; Esp., USA, 2010.) R. : Rodrigo Cortès ; Sc. : Chris Sparling ; Ph. : Eduard Grau ; M. : Victor Reyes ; Pr. : Versus Ent. ; Int. : Bryan Reynolds (Paul Conroy) et les voix de Robert Paterson (Brenner), Samantha Mathis (Linda Conroy), Stephen Tobolowsky (Davenport). Couleurs, 94 min. Paul Conroy, camionneur américain en Irak, est capturé dans une embuscade et enterré vivant dans un grand cercueil. Il n’a que son briquet et un téléphone portable. Il doit réunir cinq millions de dollars d’ici une heure… Un exercice de style et un suspense impressionnants : unité de temps et de lieu, aucune image hors du cercueil, un seul lien avec l’extérieur : le téléphone : on n’a donc que les voix des autres personnages mais pas leur image. Remarquable performance de Rodrigo Cortès, seul à l’écran et parfois dans le noir. Une belle réussite technique et un témoignage accablant sur la guerre en Irak.J.T.
BURYING THE EX** (USA. 2014.) R. : Joe Dante ; Sc. : Alan Trezza ; Ph. : Jonathan Hall ; M. : Joseph LoDuca ; Pr. : Alan Trezza, Kyle Tekiela ; Frankie Lindquist, David
Johnson, Carl Effenson ; Mary Cybriwsky. Int. : Anton Yelchin (Max), Alexandra Daddario (Olivia), Ashley Green (Evelyn). Couleurs, 89 min. Max, un fan de films fantastiques, entretient une relation complexe avec sa petite amie, Evelyn, femme végétarienne, manipulatrice et possessive. Quand cette dernière meurt accidentellement, le jeune homme pense pouvoir mener sa vie comme il le souhaite. Mais Evelyn, qui est revenue d’entre les morts, ne l’entend pas de cette oreille. Comptant parmi les maîtres du fantastique américain, Joe Dante est un cinéaste génial que le système a malheureusement cantonné à réaliser des épisodes de séries télé, depuis une douzaine d’années. Ses projets de longs métrages se font de plus en plus rares mais suscitent toujours le même engouement auprès de cinéphiles éclairés. Un intérêt que renforce Burying The Ex, petit film de commande qui explore avec énergie et brio le genre de la ZomCom. Se basant sur un script simple mais efficace (tiré d’un court métrage datant de 2008 et mis en boite par Alan Trezza, qui se charge ici du scénario), ce BMovie renoue avec l’esprit du cinéma des années 80 et, mené à un train d’enfer, s’avère réjouissant de bout en bout. On retrouve en effet ici l’humour délirant et dévastateur de l’auteur de Gremlins (cf. : les dialogues savoureux et les jeux de mots malicieux, comme la boutique de glace d’Olivia qui se nomme I Scream) couplé à une mise en scène solide et inspirée. Multipliant les clins d’œil, notamment par le biais des décors, Dante parvient à trouver le juste équilibre entre horreur et comédie et dépeint un univers empreint de nostalgie, qui ravira bon nombre de spectateurs. Le cinéaste nous gratifie en outre de quelques scènes gore particulièrement bien senties et qui démontrent qu’il n’a rien perdu de son mordant. Un mordant qui s’incarne également à travers le personnage d’Evelyn, végétarienne bornée, intolérante et jalouse qui semble représenter à elle seule une société contemporaine en quête de sens. La relation qu’elle entretient avec Max, geek attachant mais ayant du mal a affirmé sa personnalité, devient dès lors une métaphore sur la vie de couple et la dépendance affective. Servi par une excellente distribution dominée par Anton Yelchin et Alexandra Daddario (plus craquante que jamais), Burying The Ex est un divertissement fun et désopilant doublé d’une magnifique déclaration d’amour au cinéma fantastique.E.B.
BUS PALLADIUM (Fr., 2010.) R. : Christopher Thompson ; Sc. : Thierry Klifa et Christopher Thompson ; Ph. : Rémy Chevrin ; M. : Yard Poupaud ; Pr. : Jean-Baptiste Dupont et Cyril Colbeau-Justin ; Int. : Marc-André Grondin (Lucas), Arthur Dupont (Manu), Elisa Sednaoui (Laure), Géraldine Pailhas (Prune), Noémie Lvovsky (la psy), Agathe Bonitzer (Myriam). Couleurs, 102 min. 1985. De retour de Londres, Lucas retrouve ses copains d’enfance pour reformer leur groupe de rock, Lust. Mario, le manager, leur obtient un concert au prestigieux Bus Palladium. Lucas y croise Laura, mais elle part avec Manu, le chanteur du groupe. Prune, une directrice artistique, leur permet d’enregistrer un 45 tours. Amours, drogues et rock’n roll. Rien de bien nouveau dans cette œuvre qui reprend les clichés du film musical des années 70-80. Bien sûr, la nostalgie peut jouer, le Bus Palladium étant un lieu mythique de la jeunesse dorée de l’époque, mais, avec la musique, c’est bien le seul intérêt de ce film d’une grande banalité.C.B.M.
BUSHWACKERS (THE)* (USA, 1952.) R. : Rod Amateau ; Sc. : Rod Amateau et Thomas Gries ; Ph. : John Mac Burnie ; Pr. : Jack Broder ; Int. : Lon Chaney Jr. (Artemus Taylor), John Ireland (Jefferson Waring), Dorothy Malone (Cathy Sharp), Jack Elam (Cree), Lawrence Tierney (Tobin). NB, 70 min. Un tueur à gages se retourne contre son employeur quand celui-ci ordonne un crime qu’il désapprouve. Western réputé tourné par Rod Amateau qui en écrivit aussi le scénario, et hélas, film invisible en France.J.T.
BUZZARD**
(Buzzard ; USA, 2014.) Sc., M. et R. : Joel Potrykus ; Ph. : Adam J. Minnick ; Pr. : Michael Saunders, Ashley Young ; Int. : Joshua Burge (Marty Jackitansky), Joel Potrykus (Derek), Teri Ann Nelson (Carol), Jason Roth (Kubiak), Joe Anderson (Craig Kowalczyk). Couleurs, 97 min. Intérimaire flemmard et sardonique employé de la banque Fed’s Federal, Marty Jackitansky est adepte des petites arnaques, afin de profiter du système pour compenser sa frustration et ses neuf dollars de l’heure. Il s’arrange pour prendre des pauses de trois heures, ouvrir des comptes bancaires pour toucher la prime d’ouverture, revendre les fournitures de bureau qu’il a commandées à son entreprise, ou même appeler le service consommateur pour se faire rembourser ses pizzas surgelées. Quand on lui demande de s’occuper d’une pile de chèques de remboursement de la société, Marty tente la nième escroquerie qui va signer le début de sa malchance. Commence alors une folle cavalcade paranoïaque, qui le mènera jusqu’à la dangereuse ville de Detroit, en passant par le sous-sol (la « party-zone » !) de son ami geek Derek, avec en poche son Power Glove Nitendo converti en accessoire à la Freddy Krueger. Après Coyote (2010), un court-métrage tourné en super 8, et son premier long métrage Ape (2012), Buzzard est le dernier opus de l’Animal Trilogy de Joel Potrykus. Ces trois films mettent en scène le comédien Joshua Burge, dans un personnage similaire ; indolent, antihéros looser mais charismatique, pyromane ou geek au sale caractère, il subit une suite d’insuccès jusqu’à se révolter de manière violente et radicale. Si le film a été tourné avec un appareil photo, un budget aussi dérisoire qu’inavouable et parfois même sans autorisations, c’est le cadrage original et le jeu des acteurs qui lui donnent toute sa saveur jouissive et survoltée. Buzzard a demandé 8 mois de répétitions avec les acteurs, chose utile lorsque les scènes sont tournées à la volée, pratiquement sur le mode du documentaire. Le film s’inspire d’ailleurs de la propre expérience du réalisateur qui a testé et éprouvé ces arnaques en tant qu’intérimaire. Imprégné de réalisme, ponctué de blasts musicaux hardcore, Buzzard est une comédie noire empreinte de cynisme, un portrait absurde d’une Amérique vue de l’intérieur. Disponible en DVD.O.L.
BYZANTIUM** (Byzantium ; GB, 2012.) R. : Neil Jordan ; Sc. : Movia Buffini ; Ph. : Sean Bobbit ; Pr. : Demarest Film ; Int. : Gemma Arterton (Clara), Saoirse Ronan (Eleanor), Robert Fowlds (Barry), Warren Brown (Gareth). Couleurs, 116 min. Clara et Eléanor, après un meurtre, vivent cachées dans un hôtel d’une petite ville côtière. Ce sont des vampires, et, leur secret révélé, d’autres vampires se lancent à leur poursuite. Neil Jordan, en grande forme, rend hommage au film de vampire (avec un clin d’œil à Terence Fisher) dans un superbe récit gothique, aux splendides images, servi par deux actrices fascinantes.J.T.
C
C’EST LA VIE PARISIENNE** (Fr., 1954.) R. : Alfred Rode ; Sc. : Jacques Companeez ; Ph. : Marcel Villet ; M. : Roger-Roger ; Pr. : A. Rode ; Int. : Claudine Dupuis (CriCri/Christine) Philippe Lemaire (Paul de Barfleur/Patrick), Saturnin Fabre (le père de Paul), Jean Tissier (Weston), Noël Roquevert. Couleurs, 101 min. Paul de Barfleur voudrait épouser la chanteuse de cabaret Cri-Cri. Mais nous sommes en 1900 et son père s’y oppose. Vers 1950, Christine, petite-fille de CriCri et fille du riche éleveur Weston, tombe amoureuse de Patrick, musicien de jazz. Cette fois tout finira par un mariage. Charmante comédie : dialogues éblouissants d’Yves Mirande, interprétation extraordinaire avec deux monstres sacrés, Saturnin Fabre et Jean Tissier, beauté de Claudine Dupuis et, en prime, Alfred Rode et son orchestre. Comment avaiton pu oublier ce petit bijou redécouvert sur la chaîne Histoire en 2014 ?J.T.
C’EST PAS PARCE QU’ON A RIEN À DIRE QU’IL FAUT FERMER SA GUEULE**
(Fr., 1974.) R. : Jacques Besnard ; Sc. : Jean Halain et Albert Kantoff d’après une idée de Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Christian Clavier ; Ph. : Jean-Pierre Baux ; M. : Gérard Calvi ; Pr. : Tinacra ; Int. : Bernard Blier (M. Phano), Michel Serrault (Max), Jean Lefebvre (Riton), Tsilla Chelton (la dame pipi). Couleurs, 90 min. M. Phano, un receleur, a imaginé un gros casse. Le coffre contenant la caisse vieillesse de la SNCF se trouve dans un local mitoyen des toilettes de la Gare de l’Est. Il suffit de percer le mur des toilettes. Il a besoin de deux comparses pour faire le travail et détourner l’attention de la dame qui s’occupe des toilettes De là diverses ruses dont la dame n’est pas dupe et entend avoir droit au butin… Une comédie hilarante, admirablement jouée par un formidable trio Passée inaperçue à sa sortie, elle a été redécouverte grâce à plusieurs passages à la télévision.J.T.
CABANE DANS LES BOIS (LA)** (The Cabin in The Woods, 2012. USA). R. : Drew Goddard. Sc. : Joss Whedon et Drew Goddard ; Ph. : Peter Deming ; M. : David Julyan ; Pr. : Joss Whedon. Int. : Kristen Connolly (Dana), Chris Hemsworth (Curt), Anna Hutchison (Jules), Sigourney Weaver (la directrice). Couleurs, 95 min. Cinq étudiants partent pour un week-end dans les bois et s’installent dans une mystérieuse cabane. Ils vont rapidement être témoins d’étranges évènements et la proie d’une bande de zombies surgis de nulle part. Voici probablement l’un des films d’horreur les plus originaux de ces dernières années. Difficile, en effet, de contester la singularité de cette Cabane dans les bois qui, sur un scénario astucieux, réinventent les règles du genre avec malice et talent. Loin d’être des débutants, les deux auteurs du script, Joss Whedon (The Avengers) et Drew Goddard (scénariste de Cloverfield), livrent une histoire surprenante (qu’il est difficile d’évoquer en détail sans en altérer l’intérêt) qui détourne les codes et les conventions et entraîne les spectateurs
dans une expérience cinématographique aussi délirante que passionnante. Le tandem s’amuse ainsi à brouiller les pistes dès les premières minutes en nous dévoilant des personnages principaux à priori stéréotypés mais qui, en réalité, ne manquent pas d’épaisseur et tisse un récit qui, truffé de détails troublants, joue sur différents registres et multiplie les clins d’œil aux classiques du Fantastique. Un parti pris terriblement réjouissant qui ravira les amateurs de cinéma d’horreur mais qui, par moment, altère quelque peu le sentiment de peur susceptible d’être généré par certaines séquences. Un petit bémol qui ne gâche en rien, cependant, le plaisir que l’on prend à la vision de cette œuvre étonnante qui, à la croisée des chemins entre Evil Dead et The Truman Show, a d’ores et déjà acquis ses galons de film culte.E.B.
CADAVRES À LA PELLE** (Burke & Hare ; G.-B., 2010.) R. : John Landis ; Sc. : Piers Ashworth et Nick Moorcroft ; Ph. : John Mathieson ; M. : Joby Talbot ; Pr. : Fragile Films ; Int. : Simon Pegg (William Burke), Andy Serkis (William Hare), Isla Fisher (Gimmy Hawkins), Tom Wilkinson (Docteur Knox), Jessica Hynes (Lucky Hare). Couleurs, 91 min. Burke et Hare sont deux malfaiteurs qui tuent et vendent des cadavres à la Faculté de médecine d’Edimbourg. Finalement Hare fera fortune dans les pompes funèbres tandis que Burke sera pendu et son cadavre disséqué. Après quinze années ou presque d’absence, Landis, l’auteur des Blues Brothers revient derrière la caméra avec un film noir, particulièrement macabre et d’un parfait cynisme. Le thème avait déjà été traité dans The Body Snatcher (Le récupérateur de cadavres) avec Boris Karloff. Landis en donne une nouvelle version particulièrement fascinante grâce à l’interprétation de Simon Pegg et Andy Serkis et à une reconstitution soignée de l’époque. À découvrir.J.T.
CADENCES OBSTINÉES**
(Fr., 2013.) R. et Sc. : Fanny Ardant ; Ph. : André Szankowski ; M. : Jean Michel Bernard ; Pr. : Alfama Films ; Int. : Asia Argento (Margo), Franco Nero (Carmine), Gérard Depardieu (le Père Villedieu), Nuno Lopes (Furio), Tudor Aaron Istodor (Gabriel). Couleurs, 2013. Margo, brillante violoncelliste a renoncé à ses concerts par amour pour l’architecte Furio occupé à transformer un vieil hôtel délabré en établissement de luxe avec la complicité d’administrateurs corrompus. Mais elle souffre d’être délaissée par Furio trop absorbé par les travaux. Celui-ci ira trop loin dans l’illégalité et Margo se retrouvera seule avec son violoncelle. Cadences obstinées : celles d’un cœur amoureux (Margo) et des journées de travail d’un architecte trop ambitieux. Ces cadences menacent de séparer deux êtres qui devaient s’aimer. Bientôt Furio, tout à sa passion, oublie Margo qui ne parvient pas à le reconquérir. Une déchirure bien rendue par Asia Argento et Nuno Lopes. Apparition inattendue de Gérard Depardieu en curé bon vivant. Fanny Ardant qui rend ici indirectement hommage à Truffaut et à La femme d’à côté, dessine peu à peu, après Cendres et sang, une œuvre cinématographique attachante.J.T.
CAFARD* (Belgique, 2015.) R. et Sc. : Jan Bultheel ; Ph. : Emmanuel Linot ; Animation : Philippe Arnaud et Jean-François Szlapka ; M. : Hans Helewaut ; Pr. : Tarentula ; Voix : Benoît Magimel (Jean Mordant), Julie Gayet (Jelena Dimitrieva), Jean-Hugues Anglade (Victor). Couleurs, 86 min. En 1914, Jean Mordant, champion du monde de lutte gréco-romaine, apprenant que sa fille a été violée par les Allemands, s’engage dans l’unité blindée, l’ACM. Il combat sur l’Yser puis en Russie. Sa fille accouche d’un fils avant de mourir de la grippe espagnole. Mordant le recueille. Inspiré de faits authentiques et réalisé en motion capture (les mouvements des acteurs sont traités sur ordinateur), ce film pourra dérouter mais présente un
réel intérêt historique puisqu’il évoque le premier bataillon Auto-CanonsMitrailleuses, ancêtre des régiments de blindés.J.T.
CAFÉ DU PORT (LE)* (Fr., 2010.) R. et Sc. : Manuel Poirier ; Ph. : Serge Dell’Amico ; M. : Bernardo Sandoval ; Pr. : Récifilms et Axel Films ; Int. : Bernard Campan (Maurice Perret), Cécile Rebboah (Claudia Perret), Thomas Durastel (Pierre Perret), Julien Demarry (Jean Perret). Couleurs, 95 min. La vie quotidienne d’une famille qui tient un café dans les années 40 sur les bords de la Garonne. Jolie évocation de la vie provinciale pendant la guerre et dans l’après-guerre. Le récit est inspiré des souvenirs de Pierre Perret, le célèbre chanteur. La critique a trouvé le film lent, monotone et dépourvu de scènes d’action : mais telle était la vie quotidienne en dépit d’un contexte guerrier. Plus grave : Perret a pris ses distances par rapport au projet. Aucune de ses chansons. Pourtant l’œuvre devrait séduire les nostalgiques de ces années et les amateurs d’évocations bucoliques.J.T.
CAFÉ SOCIETY*** (Café Society ; USA, 2016.) R. et Sc. : Woody Allen ; Ph. : Vittorio Storaro ; Pr. : Gravier Productions ; Int. : Jesse Eisenberg (Bobby), Kristen Stewart (Vonnie), Steve Carell (Phil), Blake Lively (Veronica), Corey Stoll (Ben). Couleurs, 96 min. Bobby n’a pas envie de reprendre la bijouterie de ses parents. Il fuit New York pour la Californie et Hollywood où il compte sur un oncle, agent des stars. Il y fait le pied de grue pour apprendre de l’oncle Phil qu’il faut commencer par la base et se retrouve coursier. Il s’éprend de la secrétaire de l’oncle, Vonnie. Hélas ! la belle secrétaire finit par épouser l’oncle. Et voilà Bobby de retour à
New York où son frère, Ben, un gangster, a ouvert une boite de nuit. Bobby est chargé d’y attirer la « café society. » Il fait la connaissance de Veronica et l’épouse. Et il retrouve Vonnie venue avec Phil à New York. C’est l’occasion d’un baiser. Ce sera tout. Du pur Woody Allen où les condamnés à mort juifs se convertissent au Christianisme pour s’assurer une vie éternelle et où les producteurs citent Socrate. Servie par une image douce, orangée, une atmosphère de nostalgie : nostalgie de l’Hollywood de Gary Cooper et Fred Astaire, nostalgie des occasions amoureuses manquées, nostalgie d’un humour tendre et cocasse. Tout est résumé par ce mot de Woody Allen : « La célébrité m’a apporté un gros avantage : les femmes qui me disent non sont plus belles qu’autrefois. »J.T.
CAGE DORÉE (LA)** (Fr., 2012.) R. : Ruben Alves ; Sc. : Ruben Alves, Hugo Gélin, Jean-André Yerlès, Luc-Olivier Veuve ; Ph. : André Szankowski ; M. : Rodrigo Leão ; Pr. : Danièle Delorme, Hugo Gélin, Lætitia Galitzine ; Int. : Rita Blanco (Maria Ribeiro), Joaquim de Almeida (José Ribeiro), Roland Giraud (Francis Caillaux), Chantal Lauby (Solange Caillaux), Barbara Cabrita (Paula Ribeiro), Lannick Gautry (Charles Caillaux). Couleurs, 92 min. Dans les beaux quartiers de Paris, Maria et José Ribeiro, couple d’immigrés portugais, vivent depuis bientôt trente ans au rez-de-chaussée d’un bel immeuble haussmannien, dans leur chère petite loge. Elle, excellente concierge, lui, chef de chantier hors pair, sont devenus des figures incontournables du quartier. Mais la perspective d’un retour au Portugal se présente inopinément. Répondront-ils à l’appel du Douro ? Et comment réagiront leurs enfants ? Et ceux à qui ils sont devenus indispensables ? Sous des dehors de comédie consensuelle, le film de Ruben Alves cache une œuvre plus profonde qu’il n’y paraît : quasi documentaire sur la vie d’une famille portugaise à Paris, importance de l’émigration pour l’économie de notre pays, exploitation de ces mêmes émigrés, conséquences de leur retour éventuel
au pays. Mais c’est aussi et surtout un film bon enfant plein d’humour, servi par d’excellents comédiens portugais (Rita Blanco et Joaquim de Almeida) et français (le couple de bourgeois Roland Giraud-Chantal Lauby).G.B.
CALL (THE)** (The Call ; USA, 2013.) R. : Brad Anderson ; Sc. : Richard d’Ovidio ; Ph. : Tom Yatsko ; M. : John Debney ; Pr. : Troika Pictures et WWE Studios ; Int. : Halle Berry (Jordan Turner), Abigail Breslin (Casey), David Otunga (Paul Philips), Michael Eklund (Michael Foster), Roma Maffia (Maddy). Couleurs, 95 min. Employée dans un centre d’appels d’urgence, Jordan Turner, ne peut empêcher, par maladresse, le meurtre d’une adolescente par un inconnu. À nouveau, alors qu’elle n’est plus en service, elle doit remplacer une opératrice qui panique. La jeune Casey, enfermée dans le coffre d’une voiture, appelle d’un portable. Jordan lui donne les indications pour faire repérer la voiture. Mais l’homme vole une autre voiture. La police finit par identifier l’homme, un certain Michael Foster, mais ne trouve rien à son domicile. Son service fini, Jordan se rend dans la zone des recherches. Elle découvre une trappe qui la conduit à Foster qui se préparait à tuer Casey. Elle la tire des griffes du sadique. À la fois un documentaire sur le service des appels d’urgence de Los Angeles et sur la manière de laisser des traces pour identifier la voiture d’un kidnappeur à partir d’un téléphone portable, et un excellent suspense : le sadique découvrira-t-il que sa victime a un téléphone ? Un bon et solide thriller.J.T.
CALOMNIES* (Fr, 2013.) R. : Jean-Pierre Mocky ; Sc. : André Ruellan, J.-P. Mocky ; Ph. : Jean-Paul Sargent ; M. Pr. : Vladimir Cosma ; Int. : Marius Colucci
(Xavier), Guy Marchand (Horace), Philippe Duquesne (David), Agnès Soral (Kenou), J.-P. Mocky (Armand). Couleurs, 80 min. Xavier, nouvellement élu député, est placé par David, inspecteur de la Cour des Comptes, auprès du ministre Horace qui aurait détourné des fonds publics lors de l’attribution d’une déchètterie. Ce dernier, ayant quelque soupçon à l’encontre de Xavier, demande à une agence de calomnies de détruire sa réputation… Mocky – l’homme qui filme plus vite que son ombre – réalise ici un film plutôt sympa où, avec sa rage habituelle et son anarchisme, il s’en prend à ceux qui nous gouvernent. Il ne fait pas dans la dentelle, c’est parfois bâclé et peu vraisemblable – mais ça fait du bien ! Et quels comédiens !C.B.M.
CALVARY*** (Calvary ; Irlande, 2014.) R. et Sc. : John Michael McDonagh ; Ph. : Larry Smith ; M. : Patrick Cassidy ; Pr. : Bord Scannan Héireann, Irish Film Board et BFI ; Int. : Brendan Gleeson (le Père James), Chris O’Dowd (Jack Brennan), Kelly Reilly (Fiona Lavelle), Aidan Gillen (Dr Hartel), Emmet Walsh (Gerald Ryan), Dylan Moran (Michael Fitzgerald). Couleurs, 99 min. Prêtre d’une paroisse irlandaise, au bord de la mer, le Père James reçoit une lettre lui annonçant que l’auteur le tuera dans une semaine, lui donnant rendezvous sur la plage. La raison : il a été abusé sexuellement par un religieux entre huit et douze ans. Le Père James n’y est pour rien mais il doit servir de victime expiatoire. Il a une semaine pour mettre ses affaires (il a une fille car il a été marié avant d’entrer dans les ordres après son veuvage) en ordre ainsi que celles de sa paroisse (les divers conflits entre paroissiens). Le jour venu, le Père James se présente sur la plage face à celui qui doit l’exécuter… Un film étonnant, impressionnant même par l’originalité du sujet, l’ambiguïté du prêtre (il a une fille et un penchant pour l’alcool) magistralement interprété par Brendan Gleeson, et la beauté des paysages irlandais. C’est un calvaire de sept jours que connaît le Père James, un calvaire où il conserve sa
dignité, où il va racheter les péchés d’un autre par le sacrifice de sa vie. McDonagh, à travers son film précédent, L’Irlandais, s’était déjà fait le cinéaste de l’Irlande. Elle est tout entière dans ce très beau film.J.T.
CAMÉLÉON (LE)** (Fr., 2010.) R. : Jean-Paul Salomé ; Sc. : Jean-Paul Salomé et Natalie Carter ; Ph. : Pascal Ridao ; M. : Bruno Coulais ; Pr. : Loma Nasha Films, Gordon Street Pictures, Vendredi Films ; Int. : Marc-André Grondin (Frédéric Fortin/Nicholas Randall), Famke Janssen (Jennifer Johnson), Ellen Barkin (Kimberly Miller), Tory Kittles (Dan Price), Emilie De Ravin (Kathy Jansen). Couleurs, 106 min. Pour échapper à la prison pour délinquants mineurs, en Espagne, Frédéric Fortin se fait passer pour un adolescent américain, Mark Randall disparu il y a cinq ans. Sa prétendue sœur le reconnaît et, rapatrié à Bâton-Rouge, il est accepté par sa soi-disante famille. En fait la famille dissimule un terrible secret que va découvrir Jennifer Johnson, agent du FBI qui ne croit pas Frédéric Fortin se prétendant Mark Randall… Tourné aux États-Unis avec un titre anglais, The Chameleon, ce film de Jean-Paul Salomé s’inspire de l’histoire authentique de Frédéric Bourdin. Le thème est joli : le héros échappe à la prison pour se retrouver dans une famille nettement plus dangereuse que ses anciens co-détenus. Marc-André Grondin est excellent en caméléon pris à son propre piège.J.T.
CAMILLE CLAUDEL 1915*** (Fr., 2012.) R. et Sc. : Bruno Dumont ; Ph. : Guillaume Deffontaines ; Pr. : Jean Brehat, Rachid Bouchareb et Muriel Merlin ; Int. : Juliette Binoche (Camille Claudel), Jean-Luc Vincent (Paul Claudel), Robert Leroy (le médecin). Couleurs, 95 min.
Camille Claudel, celle qui fut l’élève et la maîtresse d’Auguste Rodin, est internée à la demande de sa famille dans un asile psychiatrique près de Montfavet pour troubles mentaux et délire de la persécution. Elle espère la visite de son frère Paul. Juliette Binoche, le visage défait, sans fard, souvent cadrée en gros plans fixes, est prodigieuse. Ce n’est plus une actrice dans un rôle de composition, mais une femme vraie qui souffre et pour laquelle on compatit. Le film, d’une beauté austère, ose montrer ce que l’on préfère ignorer : la réalité intérieure d’un asile et l’isolement de ces grands débiles mentaux (ce sont ici de vrais patients et non des figurants). Soleil hivernal, souffle du mistral, arbres dénudés, habits noirs des religieuses : la mise en scène est splendide, dépouillée, quasi bressonienne mais sans la moindre lueur d’espoir. Paul Claudel, le grand poète catholique, face à ce drame, apparaît comme un homme froid et suffisant. Sa sœur Camille est morte en 1943, après 29 années d’internement dans cet asile.C.B.M.
CAMILLE REDOUBLE** (Fr., 2012.) R. et Sc. : Noémie Lvovsky ; Ph. : Jean-Marc Fabre ; M. : Gaetan Roussel ; Pr. : Gaumont ; Int. : Noémie Lvovsky (Camille Vaillant), Samir Guesmi (Eric), Judith Chemia (Josepha), India Hair (Alice), Julia Faure (Louise), Yolande Moreau (la mère de Camille), Michel Vuillermoz (le père), Denis Podalydès (Alphonse), Jean-Pierre Léaud (l’horloger). Couleurs, 118 min. Camille, quarante ans, abandonnée par Eric dont elle a une fille, se rend chez un horloger, plutôt étrange, pour faire réparer une montre. À minuit, elle s’évanouit et se retrouve à seize ans, poursuivie par Eric dont elle sait maintenant qu’il l’abandonnera. Connaissant l’avenir, elle va tenter de le modifier. Joli titre pour une histoire de machine à remonter le temps en apparence bien usée mais à laquelle par un certain nombre d’astuces (Camille est la même
adulte et jeune fille ; la mort de la mère…) Pittoresques compositions dans de petits rôles de Yolande Moreau, Denis Podalydès, Jean-Pierre Léaud, Mathieu Amalric en professeur de français… Une comédie plus nostalgique que fantastique.J.T.
CAMPING 2 (Fr., 2010.) R. : Fabien Onteniente ; Sc. : F. Onteniente, Philippe Guillard, Franck Dubosc, Emmanuel Booz ; Ph. : Jérôme Robert ; M. : Frederic Botton, Jean-Yves d’Angelo ; Pr. : Patrice Ledoux ; Int. : Franck Dubosc (Patrick), Mathilde Seigner (Sophie), Claude Brasseur (Jacky), Mylène Demongeot (Laurette), Antoine Duléry (Paulo), Richard Anconina (JeanPierre), Christine Citti (Mme Chatel), Marilyn Canto (Valérie). Couleurs, 99 min. Comme chaque été, les habitués du camping des « Flots Bleus » se retrouvent sur les bords du bassin d’arcachon. Jean-Pierre Savelli, un courtier en assurances, y arrive avec sa fille ; il a du mal à s’intégrer. On apprend que le camping doit être vendu à des promoteurs immobiliers… On prend les mêmes et on recommence (Anconina, le courtier, remplaçant Lanvin, le chirurgien). Mais autant Camping était une heureuse surprise dans l’univers tristement codifié de la comédie franchouillarde, autant ce deuxième opus est médiocre, n’ayant d’autre intérêt que commercial. Et encore… C.B.M.
CAMPING 3* (Fr., 2016.) R. : Fabien Onteniente ; Sc. : F. Onteniente, Franck Dubosc ; Ph. : Pierre Gantelmi d’Ille ; M. : Jean-Yves Angelo ; Pr. : Patrick Godeau, Jérôme Seydoux ; Int. : Franck Dubosc (Patrick), Antoine Duléry (Paulo),
Claude Brasseur (Jacky), Mylène Demongeot (Laurette), Stéphane Lellouche (Carello), Gérard Jugnot (Chamillard), Michèle Laroque (AnneSo), Leslie Médina (Morgane), Cyril Mondy (Robert), Louka Meliava (Benji), Jules Ritmanic (José). Couleurs, 98 min. Comme chaque été, Patrick arrive au « Camping des Flots Bleus » sur le bassin d’Arcachon ; il a pris en covoiturage trois jeunes gars qui vont taper l’incruste sous sa tente. Un peu bedonnant, il n’est plus le séducteur d’autrefois. Il y retrouve ses copains, tels Jacky – toujours amateur de pastis, toujours accompagné par Laurette – qui perd maintenant la boule, ou Paulo qui, lui, se demande s’il n’est pas devenu gay. Depuis le premier opus, en 2005, le temps a passé pour nos compères devenus grisonnants. Quant au film, il reste égal avec ses grosses blagues de potache pas vraiment drôles, avec ses scènes de drague infructueuses, avec cette même « beaufitude » ; miroir, certes déformant mais hélas !, assez juste de cette France profonde. Un film plus pathétique que drôle. Bonnes vacances, quand même !C.B.M.
CANCRE (LE)** (Fr., 2016.) R. : Paul Vecchiali ; Sc. : P. Vecchiali, Noël Simsolo ; Ph. : Philippe Bottiglione ; M. : Roland Vincent ; Pr. : P. Vecchialli, Thomas Ordonneau ; Int. : Paul Vecchiali (Rodolphe), Pascal Cervo (Laurent), Catherine Deneuve (Marguerite), Annie Cordy (Christiane), Françoise Arnoul (Mimi), Françoise Lebrun (Valentine), Mathieu Amalric (Boris), Edith Scob (Sarah), Marianne Basler (Suzanne) ; Couleurs, 116 min. Rodolphe est un vieil homme qui porte beau. Son fils Laurent, un homosexuel, le rejoint pour s'occuper de lui dans la maison où désormais, il vit seul. Rodolphe se souvient des femmes qu'il a aimées… Sous-titrés « Carnet de Belles » (en référence au Carnet de bal de Duvivier) et avec la complicité de comédiennes vieillissantes, Paul Vecchiali réussit un beau film avec quelques scènes splendides, telles celles avec Annie Cordy, d'une
grande tendresse, ou avec Françoise Arnoul, enjouée et bouleversante. Il réalise peut-être un film testamentaire, fidèle à son style épuré et au « parfum » de Danielle Darrieux – à peine évoquée. Le dernier plan où il s'éteint sur la plage, face à la mer avec le beau visage de Catherine Deneuve en surimpression (celleci toujours magistrale, incarnant avec mélancolie un amour idéalisé) est poignant. Dommage que quelques scories (l'homosexuel, le religieux, l'huissier…) affaiblissent la portée de ce film sensible.C.B.M.
CANYONS (THE) (The Canyons ; USA, 2013.) R. : Paul Schrader ; Sc. : Bret Easton Ellis ; Ph. : John DeFazio ; M. : Brendan Canning ; Pr. : Post Empire Films, Sodium Fox ; Int. : Lindsay Lohan (Tara), James Deen (Christian), Nolan Funk (Ryan), Amanda Brooks (Gina), Gus van Sant (Docteur Campbell). Couleurs, 99 min. Ryan et Gina dînent avec Tara et Christian. Ryan remercie Christian de lui avoir permis d’être embauché pour le tournage d’un film. Toutefois Christian soupçonnant que Tara continue de coucher avec Ryan s’arrange pour que, pour pouvoir être accepté sur le casting, Ryan accepte une fellation du producteur. Cela ne suffit pas à Christian. Sa maîtresse, Cynthia, l’ayant éconduit, il l’égorge puis interdit à Tara qui entend le quitter, de revoir Ryan. Avec Paul Schrader, rien n’est simple : tout est sexuel et morbide. Il propose une peinture particulièrement noire du monde hollywoodien, une galerie de dépravés, drogués, cyniques et assassins, où l’on reconnaît la griffe de Bret Easton Ellis. En tête de la distribution : James Deen (sic), star du porno, et la sensuelle Amanda Brooks. The Canyons est rangé, un peu abusivement, dans le genre du thriller. C’est surtout une œuvre d’un total immoralisme.J.T.
CAPITAINE PHILLIPS*
(Captain Phillips ; USA, 2013.) R. : Paul Greengrass ; Sc. : Billy Ray ; Ph. : Barry Ackroyd ; M. : Henry Jackman ; Pr. : Columbia ; Int. : Tom Hanks (Capitaine Phillips), Barkhad Abdirahman (Bilal), Faysal Ahmed (Najee), Mahat M. Ali (Elmi), Michael Chernus (Shane Murphy). Couleurs, 134 min. Un cargo américain, commandé par le capitaine Phillips, remplit une mission le long des côtes somaliennes lorsqu’il est attaqué par des pirates sous le commandement d’un certain Bilal. Ils doivent l’évacuer emmenant avec eux en otage Phillips. Celui-ci sera libéré par les SEAL. Le film est inspiré par un fait divers qui eut lieu au large de la Somalie en 2009. L’expérimenté Paul Greengrass sait nous tenir en haleine et Tom Hanks donne beaucoup d’humanité au personnage du capitaine.J.T.
CAPITAL (LE)*** (Fr., 2012.) R. : Costa-Gavras ; Sc. : Costa-Gavras, Jean-Claude Grumberg et Karim Boukercha d’après un roman de Stéphane Osmont ; Ph. : Eric Gaultier ; M. : Armand Amar ; Pr. : KG Productions et France 2 ; Int. : Gad Elmaleh (Marc Tourneuil), Gabriel Byrne (Dittmar Rigule), Natacha Régnier ((Diane Tourneuil), Hippolyte Girardot (Raphael Sieg), Céline Sallette (Maud), Bernard Le Coq (Antoine de Suze), Daniel Mesguish (Marmande). Couleurs, 113 min. Patron de la banque Phénix, Jack Marmande, atteint d’un cancer, prend du recul et confie la gestion à un employé fidèle mais terne, Marc Tourneuil. Il a l’accord du plus gros actionnaire, Antoine de Suze qui attend la mort de Marmande pour prendre sa place. Surprise : Tourneuil prend les commandes avec énergie et engage un vaste plan de licenciements. Sous l’influence d’un actionnaire américain, Rigule, il lance une OPA sur une entreprise japonaise, mais il découvre que cette entreprise est pourrie et que Rigule veut faire baisser ainsi les actions de Phénix pour s’en emparer. Avec la complicité d’Antoine de Suze, il fait échouer la manœuvre, et, Marmande étant mort, reste PDG.
Amusante satire des milieux financiers, soucieuse de vraisemblance et évitant la caricature outrancière, de là un certain impact. Depuis Le couperet, Costa-Gavras change de registre. Il donne dans la comédie se moquant de la société contemporaine, et il faut avouer que l’on rit franchement aux exploits de ce jeune financier parfaitement incarné par Gad Elmaleh.J.T.
CAPRICE* (Fr., 2015.) R. et Sc. : Emmanuel Mouret ; Ph. : Laurent Desmet ; M. : Giovanni Mirabassi ; Pr. : Fred Niedermayer ; Int. : Emmanuel Mouret (Clément), Virginie Efira (Alice), Anaïs Demoustier (Caprice), Laurent Stocker (Thomas). Couleurs, 100 min. Clément, un instituteur, est fasciné par Alice, une actrice de théâtre qui finit par le remarquer. Par ailleurs, Caprice, sa voisine dans la salle, jette son dévolu sur lui. Voilà Clément pris entre deux femmes qu’il aime autant l’une que l’autre… Le début du film séduit beaucoup. C’est léger, délicieux – d’autant que les deux actrices sont d’une finesse et d’une beauté remarquables. Et puis ce marivaudage devient répétitif, on commence à s’en désintéresser et on finit même par s’ennuyer. Un comble pour une comédie !C.B.M.
CAPTAIN AMERICA** (USA, 1944.) R. : John English et Elmer Clifton ; Sc. : Royal Cole, Ronald Davidson, Basil Dickey, Jesse Duffy, Harry Fraser, Grant Nelson et Joseph Poland ; Ph. : John MacBurnie ; M. : Mort Glickman ; Pr. : W.J. O’Sullivan pour Republic Pictures ; Int. : Dick Purcell (Grant Gardner/Captain America), Lorna Gray (Gail Richards), Lionel Atwill (Dr. Cyrus Maldor), Charles Trowbridge (commissaire Dryden), George J.
Lewis (Bart Matson), Russell Hicks (le maire Randolph), John Davidson (Gruber). NB, serial (15 épisodes). La lutte entreprise par Captain America, alias le district attorney Grant Gardner, contre les activités criminelles du « Scarabée », le Dr. Maldor, qui est entré en possession d’une arme terrifiante et menace la (très relative) paix du monde… Une adaptation réussie d’une bande dessinée patriotique très populaire outreAtlantique, même si la fidélité n’est pas au rendez-vous : alors que dans la BD, le personnage possède des super-pouvoirs grâce à l’injection d’un sérum expérimental inventé par un médecin militaire, le héros de cinéma ne dispose d’aucune qualité de cette sorte et l’on se demande bien pour quelle raison il éprouve le besoin de se déguiser ! Toutefois, indépendamment de ses origines, le film fonctionne par lui-même grâce à son style, son invention et son rythme percutant. Redécouvert grâce à la vidéo.R.L.
CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR (Captain America : Civil War ; USA, 2016.) R. : Anthony et Joe Russo ; Sc. : Christopher Markus et Stephen McFeely d’après la bande dessinée de Mark Millar ; Ph. : Trent Opaloch ; Eff. sp. : Carl Perez et Daniel Sudick ; Eff. vis. : Husseyn Caner et Dan Deleeuw ; M. : Henry Jackman ; Pr. : Marvel Studios ; Int. : Chris Evans (Steve Rogers/Captain America), Robert Downey Jr (Tony Stark/Iron Man), Scarlett Johansson (Natacha Romanoff/Black Widow), Sebastian Stan (Bucky Barnes/Le Soldat de l’hiver), Anthony Mackie (Sam Wilson/Falcon). Couleurs, 146 min. Une bavure des Avengers conduit les Nations Unies à les placer sous leur contrôle. Iron Man accepte mais Captain America s’y oppose. Voilà les Avengers scindés en deux camps… Après Superman contre Batman, les super-héros de la Warner, voici Captain America contre Iron Man, super-héros des studios Marvel, en attendant
Spiderman contre Catwoman. Le manque d’imagination des scénaristes américains est confondant. Restent les effets spéciaux toujours réussis.J.T.
CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER* (Captain America : The First Avenger ; USA, 2011.) R. : Joe Johnston ; Sc. : Christopher Markus et Stephen McFeely ; Ph. : Shelly Johnson ; Eff. vis. : Christopher Townsend ; M. : Alan Silvestri ; Pr. : Marvel Studios ; Int. : Chris Evans (Steve Rogers/Captain America), Hayley Atwell (Peggy Carter), Sebastien Stan (James Bucky Barnes), Tommy Lee Jones (le colonel Phillips), Hugo Weaving (le Crâne rouge) Couleurs, 123 min. Refusé par l’armée, Steve Rogers est engagé dans une unité spéciale pour être le cobaye d’un sérum qui doit créer des super-soldats. Il devient un surhomme mais le sérum est détruit par un saboteur. Steve va affronter le redoutable Crâne rouge et le vaincre. Héros de la bande dessinée de Joe Simon et Jack Kirby, Captain America est un pur produit des studios Marvel. À la fois film de guerre et film de sciencefiction, il joue le retro non sans un certain charme. Une première version avait été tournée en 1944.J.T.
CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER (Captain America : The Winter Soldier ; USA, 2014.) R. : Joe et Anthony Russo ; Sc. : Christopher Markus et Stephen McFeely ; Ph. : Trent Opaloch ; Eff. sp. : Daniel Sudick ; M. : Henry Jackman ; Pr. : Marvel Studios ; Int. : Chris Evans (Steve Rogers/Captain America), Scarlett Johansson (Natacha Romanoff/ La veuve noire), Sebastian Stan (Bucky
Barnes/ le soldat de l’hiver), Anthony Mackie (Sam Wilson/ le Faucon), Robert Redford (Alexander Pierce), Samuel L. Jackson (Nick Fury). Couleurs, 137 min. Le S.H.I.E.L.D. charge Captain America et la Veuve noire, de délivrer des otages. Nos deux héros vont découvrir que le S.H.I.E.L.D. est en réalité manœuvré par le redoutable Soldat de l’hiver qui n’est autre que Bucky, un ami du Captain America. Tout va se jouer autour du lancement de vaisseaux destinés à surveiller le monde. Un nouveau visage, moins retro, du héros de Joe Simon et Jack Kirby Moins d’effets spéciaux et un peu d’humour.J.T.
CAPTAIN FANTASTIC (Captain Fantastic ; USA, 2016.) R. et Sc. : Matt Ross ; Ph. : Stéphane Fontaine ; M. : Alex Somers ; Pr. : Electric City Entertainment et Shivhanse Pictures ; Int. : Viggo Mortensen (Ben), Frank Langella (Jack), George MacKay (Bol), Samantha Isler (Kielyr). Couleurs, 120 min. Ben et ses six enfants vivent dans la forêt. Leur mère étant morte, tous partent à son enterrement. Mais elle voulait être incinérée… Comédie familiale écologique. Nombreux prix à Cannes, Deauville et Sundance.J.T.
CAPTIFS (Fr., 2010.) R. et Sc. : Yann Gozlan ; Ph. : Vincent Mathias ; M. : Guillaume Feyler ; Pr. : Sombrero Films ; Int. : Zoé Felix (Carole), Eric Savin (Mathias), Arié Elmaleh (Samiri), Philippe Krhajac (le médecin). Couleurs, 84 min. Dans un pays des Balkans, trois médecins humanitaires sont enlevés par de mystérieux hommes armés. Samir est tué et vidé de ses organes. Carole tue le
médecin qui allait lui faire subir le même sort et s’enfuit avec Mathias. Ils sont poursuivis par des chiens. Mathias se sacrifie. Bien que blessée, Carole sera sauvée. Le film d’horreur à la française. Gozlan ne choisit pas un sujet original pour son premier film mais il montre du savoir-faire et on finit par marcher.J.T.
CAPTIVES* (The captives ; Can., 2013.) R. : Atom Egoyan, Sc. : A. Egoyan, David Frazer ; Ph. : Paul Sarossy ; M. : Mychael Danna ; Pr. : Ego film Arts, The Film Farm, Int. : Ryan Reynolds (Matthew), Scott Speedman (Jeffrey), Mireille Enos (Tina) Rosario Dawson (Nicole), Kevin Durand (Mika), Alexia Fast (Cass). Couleurs, 112 min. Il y a 8 ans que la jeune Cassandra a été enlevée quasiment sous les yeux de son père, Matthew un architecte paysagiste – faisant craindre un réseau pédophile. Depuis, il vit dans la culpabilité. Il est séparé de sa femme Tina qui est, maintenant, femme de ménage dans un hôtel. Des indices laissent supposer que Cassandra est toujours en vie. L’enquête reprend sous la férule des inspecteurs Nicole Dunlop et Jeffrey Speedman. Matthew y est associé. Il s’éprend de Nicole qui disparaît à son tour. L’intrigue est complexe, pas toujours facile à comprendre, d’autant que le récit est éclaté. Heureusement la réalisation feutrée, dans cet univers cotonneux des hivers canadiens, sauve la mise. Cependant sur un sujet voisin (le deuil impossible de parents d’enfants disparus), on a connu Atom Egoyan mieux inspiré (cf. De Beaux Lendemains).C.B.M.
CARANCHO* (Carancho ; Arg., Chili, Fr., Corée du Sud, 2010.) R., Sc. et Pr. : Pablo Trapero ; Sc. : Alejandro Fadel, Martín Mauregui et Santiago Mitre ; Ph. :
Julián Apezteguia ; M. : Lim Giong ; Int. : Ricardo Darín (Sosa), Martina Gusman (Luján), Carlos Weber (El Perro), José Luis Arias (Casal), Fabio Ronzano (Pico). Couleurs, 107 min. Radié du barreau, Sosa est un avocat marron spécialisé dans les accidents de la circulation dans les rues de Buenos Aires. Son travail consiste à encaisser aux noms des victimes les indemnités versées par les compagnies d’assurances, puis à les spolier au bénéfice d’un groupe d’hommes de loi sans scrupules. C’est dans ces circonstances qu’il rencontre Luján, une jeune urgentiste qui se drogue pour tenir le coup durant les longues nuits de garde, et essaie de se faire titulariser. À son contact, Sosa va s’humaniser et décider de renoncer à sa vie d’escroc pour reprendre sa fonction première d’avocat. Mais on n’échappe pas si facilement à une mafia qui étend son emprise grâce à des forces de police également corrompues. Leur tentative pour se sortir ensemble de ce monde de l’arnaque et refaire leur vie va très mal se terminer… Un « Carancho » est un prédateur qui se nourrit de cadavres d’animaux écrasés sur les routes de la pampa. Par extension, le terme désigne aussi ces avocats véreux qui lèsent les victimes d’accidents. Car les accidents de la route sont un véritable fléau en Argentine et la première cause de mortalité du pays (plus de vingt morts par jour). Jeune prodige du cinéma argentin, Pablo Trapero a traité son sujet avec une volonté de réalisme qui se veut proche du style du film noir américain. Mais un certain maniérisme dans la mise en image et quelques obscurités dans le script nuisent beaucoup au propos sincère et généreux du film qui, néanmoins, marqua suffisamment les esprits dans son pays d’origine pour qu’un projet de loi « anti-Carancho » soit initié après sa sortie.R.L.
CARIBOO TRAIL (THE)* (USA, 1950.) R. : Edwin L. Marin ; Sc. : Frank Gruber ; Ph. : Fred Jackman Jr. ; M. : Paul Sawtell ; Pr. : Twenty Century Fox ; Int. : Randolph Scott (Jim Redfern), George Gabby Hayes (Grizzly), Victor Jory (Frank Walsh), Karin Booth (Francie). Couleurs, 80 min.
Jim Redfern, chercheur d’or prospecte pour s’acheter un ranch. Il se heurte à Frank Walsh qui tient la ville de Carson Creek. Western bien routinier, inédit en France, sauf à la télévision, qui vaut surtout pour ses splendides extérieurs (la Colombie britannique) et pour le duel Randolph Scott-Victor Jory.J.T.
CARLOS : LE FILM*** (Fr., All., 2010.) R. : Olivier Assayas ; Sc. : Dan Frank, Olivier Assayas ; Ph. : Yorick Le Saux, Denis Lenoir ; Pr. : Daniel Lecourbe ; Int. : Edgar Ramirez (Carlos), Ahmed Kaabour (Haddad), Nora von Waldstatten (Magdalena), André Marcon (Général Rondot). Couleurs, 165 min. Après la mort du leader de Septembre noir, Ramirez dit Carlos, propose ses services à Haddad, le chef du Front populaire de Libération de la Palestine. Celui-ci accepte et, pour le mettre à l’épreuve, lui confie une mission à Londres : assassiner le vice-président de Mark and Spencer, proche des Israëliens. Trahi par ses informateurs, il échoue. Néanmoins, Haddad lui garde sa confiance. Ce n’est que le début d’une action terroriste (dont il sera exclu dix ans plus tard, accusé de trahison) qui le mènera jusqu’en 1994 où il sera arrêté à Khartoum. Le film est réduit de moitié par rapport à la série réalisée par Assayas pour Canal+ (5 heures 38 en trois parties), mais il n’en dénature pas l’intérêt, peutêtre même en renforce-t-il l’impact. Malgré des zones d’ombre, il montre bien la complexité des enjeux politiques de l’époque à travers le personnage de Carlos. Un film passionnant, réalisé de main de maître, sur un personnage sombre et fascinant.C.B.M.
CARNAGE* (Fr., 2011.) R. : Roman Polanski ; Sc. : Roman Polanski et Yasmina Reza d’après sa pièce ; Ph. : Pawell Edelman ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. :
SBS ; Int. : Jodie Foster (Penelope Longstreet), Kate Winslet (Nancy Cowan), John C. Reilly (Michael Longstreet), Christoph Waltz (Alain Cowan), Elvis Polanski (Zachery). Couleurs, 80 min. Deux enfants se battent et l’un d’eux, onze ans, est blessé. Les parents de la victime reçoivent chez eux les parents de l’agresseur pour un règlement à l’amiable. Le ton monte et c’est l’affrontement. Malgré le génie de Polanski, cela reste du théâtre filmé.J.T.
CARNAVAL DES ÂMES (LE)* (Carnival of souls ; USA, 1962.) R. et Pr : Herk Harvey ; Sc. : John Clifford ; Ph. : Maurice Prather ; M. : Gene Moore ; Int. : Candace Hilligoss (Mary), Frances Feist (la logeuse), Sidney Berger (John), Art Ellison (le pasteur). NB, 78 min. Lors d’une poursuite automobile improvisée, la conductrice de l’un des véhicules perd le contrôle en passant sur un vieux pont. La voiture dérape et d’enfonce dans la rivière engloutissant ses passagères. L’une d’elle, Mary, en réchappe. Elle gagne la ville voisine où elle est organiste professionnelle. Sur la route, elle aperçoit un fantôme au visage cadavérique… Unique réalisation de Herk Harvey, c’est un petit film devenu culte aux USA, précurseur de tout un courant fantastique illustré par George A. Romero ou Wes Craven. Des scènes « terrifiantes » réalisées dans un parc d’attractions abandonné, une partition musicale entièrement jouée à l’orgue, un noir et blanc contrasté, ce film à petit budget ne manque pas de charme, même s’il ne suscite plus guère de frayeurs. On en a vu d’autres depuis !C.B.M.
CAROL* (Carol ; USA, 2015.) R. : Todd Haynes ; Sc. : Phyllis Nagy d’après Patricia Highsmith ; Ph. : Ed Lachmann ; M. : Carter Burwell ; Pr. : Films 4 ; Int. :
Cate Blanchett (Carol Aird), Rooney Mara (Therese Belivet), Kyle Chandler (Harge Aird), Jake Lacy (Richard Semco) Couleurs, 118 min. Coup de foudre, dans le New York de 1950, entre Carol, femme riche et mariée, et Thérese, jeune vendeuse d’origine tchèque. Le mari de Carol, rendu furieux par cette liaison saphique de son épouse, tente de lui faire retirer la garde de sa fille puis de lui faire suivre un traitement psychiatrique. En vain. Adaptation des Eaux dérobées de Patricia Highsmith, un roman publié sous pseudonyme en 1952. Mise en scène soignée pour cette histoire qui paraissait sulfureuse en 1950 mais ne l’est plus guère aujourd’hui. Cate Blanchett nous donne son grand numéro et Rooney Mara, moins en valeur, n’en est pas moins convaincante.J.T.
CARS 2* (Cars 2 ; USA, 2011.) R. : John Lasseter ; Sc. : Ben Queen ; Ph. : Sharon Calahan et Jeremy Lasky ; Animation : Shawn Krause et Dave Mullins ; M. : Michael Giacchino ; Pr. : Pixar Animation Productions ; Voix : Larry the Cable/Gilles Lellouche (Martin), Owen Wilson/Guillaume Canet (Flash McQueen), Michael Caine/Lambert Wilson (FinnMcMissile). Couleurs, 106 min. Martin accompagne son ami Flash McQueen à une course automobile. Il va se trouver compromis dans une affaire d’espionnage que suit l’agent secret McMissile. Suite de Cars, gros succès pour ce film d’animation sur le monde de l’automobile. Cars 2 reprend les mêmes recettes mais l’effet de surprise ne joue plus, malgré une technique exceptionnelle.J.T.
CARTEL**
(The Counselor ; USA, 2013.) R. : Ridley Scott ; Sc. : Cormac McCarthy ; Ph. : Dariusz Wolski ; M. : Daniel Pemberton ; Pr. : Scott Free et Nick Wechsler ; Int. : Michael Fassbender (l’avocat), Javier Bardem (Reiner) Brad Pitt (Westray), Penelope Cruz (Laura), Cameron Diaz (Malkina). Couleurs, 117 min. Un avocat de Juarez, à la frontière du Mexique et des États-Unis, souhaite épouser la belle Laura à laquelle il offre un magnifique diamant. Grisé par ses succès, l’avocat, en cheville avec un patron de boîtes de nuit Reiner et sa compagne Malkina, investit son argent dans une grosse opération de trafic de drogue. Un intermédiaire, Westray, l’avertit du danger car le cartel de la drogue est sans pitié. Or l’affaire tourne mal dans des conditions mystérieuses : Reiner et Westray sont assassinés, Laura est enlevée et sert de victime dans un snuff movie tandis que l’avocat se cache. Derrière cette intrigue : Malkina. Excellent thriller situé dans le monde de la drogue et son cartel de Juarez. Le scénario du romancier McCarthy exige l’attention du spectateur car on risque de perdre le fil tant l’intrigue est subtile. Distribution éblouissante : Javier Bardem en patron de boîtes de nuit vautré dans son luxe, Brad Pitt en intermédiaire plus que douteux, Cameron Diaz dans un numéro d’exhibtion sexuelle sur le capot d’une voiture à couper le souffle, Fassbender en avocat trop sûr de lui et vite dépassé (on ne donne jamais son nom)… Ils sont éclipsés toutefois par deux magnifiques guépards qui permettent à Cameron Diaz de tirer à la fin la philosophie de cette histoire. J.T.
CASANOVA VARIATIONS* (Fr., 2014.) R. et Sc. : Michael Sturminger ; Ph. : André Szankowski ; Mont. : Evi Roman ; Eff. vis. : Jean-François Michelas ; Pr. : Alfama Films ; Int. : John Malkovich (Casanova), Veronica Ferres (Elisa von der Reckel), Florian Boesch (Casanova II), Miah Persson (Elisa von der Reckell II), Kate
Lindsey (Bellino), Anna Prohaska (Caterina), Barbara Hannigan (Sofia). Couleurs, 118 min. Le Don Juan de Mozart : ouverture. Puis le rideau s’écarte et paraît Casanova qui s’écroule, secouru par une cantatrice infirmière. Défile la vie de Casanova qu’écrit Elisa von der Recke d’un côté, Casanova de l’autre dans ses mémoires. Ce sont bien des variations où se mêlent hier et aujourd’hui, Malkovich et Casanova, vus par le metteur en scène d’œuvres lyriques Michael Sturminger. Mozart est toujours présent et a le dernier mot. John Malkovich se confond avec son personnage. Mais le film s’adresse à un public familier de l’œuvre de Casanova.J.T.
CASE DÉPART** (Fr., 2010.) R. : Fabrice Eboué, Thomas N’Gijol, Lionel Steketee ; Sc. : Fabrice Eboué, Thomas N’Gijol, Jérôme L’Hotsky ; Ph. : Jean-Claude Aumont ; M. : Alexandre Azaria ; Pr. : Alain Goldman ; Int. : Fabrice Eboué (Régis), Thomas N’Gijol (Joël Grosdésir), Stefi Celma (Rosalie), Eriq Ebouaney (Isidore), Etienne Chicot (M. Jourdain). Couleurs, 94 min. Régis Lebon, est un Français d’origine antillaise. Trop bien intégré, il renie ses racines. Son demi-frère Joël déteste les blancs, et les Français en particulier, qu’il rend responsables de son malheur alors qu’il n’est qu’un glandeur de banlieue. Réclamés au chevet de leur père mourant aux Antilles, ils reçoivent pour tout héritage l’acte d’affranchissement qui a rendu la liberté à leurs ancêtres esclaves. Se fichant comme de l’an quarante de la valeur symbolique de ce document, ils le déchirent par dépit. Ce que voyant, une mystérieuse vieille tante, un peu sorcière sur les bords, décide de les punir en leur faisant remonter le temps. Et voici nos deux hurluberlus parachutés en 1780, en pleine période esclavagiste, alors qu’on s’apprête à les vendre comme esclaves… Depuis quelques années sont apparues dans le cinéma français d’intéressantes comédies ayant la vertu de faire réfléchir le public sur des
questions qui remuent la société contemporaine tout en le divertissant (La cage dorée, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?,…). Case départ fait partie de ce courant et mérite d’être vu pour cette raison. Côté réflexion : l’intégration des populations immigrées dans notre pays. Jusqu’où doivent-elles s’intégrer ? La solution est-elle dans le communautarisme ? La réponse des auteurs est mesurée et prône l’intégration dans le respect des origines. Évident peut-être, mais pas pour tout le monde. Côté comédie, on est servi : le conflit permanent entre deux héros diamétralement opposés, leurs tribulations loufoques et leurs réactions totalement inadaptées au lieu et à l’époque garantissent un rire permanent… Aux côtés d’Eboué et de N’Gijol, révélations du Djamel Comedy Club, on remarque Etienne Chicot dans le rôle agréablement nuancé du planteur et Franck de Lapersonne en prêtre bouffon.G.B.
CASH ON DEMAND*** (Cash on Demand ; GB, 1963.) R. : Quentin Lawrence ; Sc. : David T. Chantler et Lewis Greifer, d’après une pièce de Jacques Gillies ; Ph. : Arthur Grant ; M. : Wilfred Josephs ; Pr. : Anthony Nelson-Keys pour Hammer Film Productions ; Int. : Peter Cushing (M. Fordyce), André Morell (Hepburn), Richard Vernon (Pearson), Barry Lowe (Harvill), Norman Bird (Sanderson), Edith Sharpe (Miss Pringle). NB, 80 min. Autoritaire et intransigeant directeur de l’agence d’une petite banque d’Haversham, M. Fordyce reçoit, la veille de Noël, la visite du colonel Gore Hepburn, qui se dit enquêteur pour une compagnie d’assurances venu contrôler les systèmes de sécurité. Mais peu après, un coup de téléphone de son épouse lui fait prendre conscience de la situation : elle et leur fils sont retenus en otages par un complice de Hepburn et seront impitoyablement exécutés s’il ne remet pas à son visiteur les £ 90.000 que contient le coffre au sous-sol… L’un de ces rares films qui respectent scrupuleusement la règle des trois unités : un hold-up « calme et intime » selon les propres termes de l’audacieux voleur, qui se déroule entièrement dans les locaux de la petite banque et dure très
exactement le temps de la projection. Un suspense mené sans aucun temps mort, mais surtout un exceptionnel duel d’acteurs hors pairs dans un registre complètement différent de leurs spécialités respectives : Peter Cushing en directeur glacial et rigoriste, méticuleux jusqu’à la maniaquerie, qui perd soudain toute assurance et retrouve une parcelle d’humanité, et le flegmatique André Morell jouant au chat et à la souris avec une autorité et un humour qu’il eut rarement l’occasion d’extérioriser. Au terme de l’aventure, Fordyce/Cushing apprendra la bienveillance et l’humilité envers ses employés auparavant allègrement malmenés. La pièce que l’on peut considérer comme une transposition moderne et audacieuse du célèbre conte de Charles Dickens A Christmas Carol (1843) avait fait l’objet d’une dramatique télévisée diffusée par la télévision anglaise en septembre 1960. Film vu à la télévision.R.L.
CASSE DE CENTRAL PARK (LE)** (Tower Heist ; USA, 2011.) R. : Brett Retner ; Sc. : Ted Griffin et Jeff Nathanson ; Ph. : Dante Spinotti ; M. : Christopher Beck ; Pr. : Brian Grazer, Eddie Murphy et Kim Roth ; Int. : Ben Stiller (Josh Kovaks), Eddie Murphy (Slide), Casey Affleck (Charlie Gibbs), Alan Alda (Arthur Shaw), Matthew Broderick (Mr. Fitzhugh), Téa Leoni (agent spécial Claire Denham), Judd Hirsch (Mr. Simon), Gabourey Sidibe (Odessa). Couleurs, 105 min. Propriétaire d’un luxueux penthouse au sommet d’un gratte-ciel de Manhattan, le milliardaire Arthur Shaw a arnaqué ses employés en spéculant et en perdant en Bourse tout l’argent de leurs retraites. Après le licenciement du chef de la sécurité, qui a tenté en vain de faire pression sur le magnat, le petit groupe lésé et aussi éclectique que déterminé va donc fomenter sa vengeance et récupérer son dû : une fortune colossale, cachée dans l’appartement du spéculateur… qu’il lui est interdit de quitter car il y est assigné à résidence, et surveillé 24 heures sur 24 par des agents du FBI. Le casse devra donc être réalisé dans cet immense bâtiment doté d’un système de surveillance sophistiqué, et
littéralement truffé d’agents de sécurité et autres gardiens mobiles qui changent leur itinéraire de patrouille tous les jours. Une véritable gageure. D’autant plus que la récupération, qui doit se dérouler au cours de la parade du « Thanksgiving », s’annonce difficile car le butin se révèle un peu plus encombrant que prévu : une Ferrari en or massif ! « Un pur produit de divertissement qui alterne moments de franche hilarité et véritables morceaux de bravoure, et qui a le mérite d’inscrire son intrigue dans un contexte social plutôt sympathique. D’autant plus que certains des moyens mis en œuvre pour la réalisation de ce hold-up aussi improbable qu’éminemment spectaculaire s’avèrent des plus réjouissants ! » (Vincent Bourgeois, 1001 Chambres closes – Annexes).R.L.
CASSE DU SIÈCLE (LE)*** (Flawless ; USA, 2006.) R. : Michael Radford ; Sc. : Edward Anderson ; Ph. : Richard Greatrex ; M. : Stephen Warbeck ; Pr. : Mark Williams et Michael Pierce ; Int. : Demi Moore (Laura Quinn), Michael Caine (Mr. Hobbs), Christopher Lambert (Finch), Josh Ackland (sir Milton Kendrick Ashtoncroft), Derren Nesbitt (sir Clifton Siclair). Couleurs, 105 min. Modeste homme à tout faire de la London Diamond Company, la plus grande compagnie de diamantaires du monde, Mr. Hobbs a un plan sans faille pour dévaliser le coffre ultra-protégé de ses employeurs. Il lui suffit d’une complice bien placée, Laura Quinn, révoltée que ses qualités et ses services ne soient pas reconnus à leur juste valeur. Ils vont donc s’associer pour un casse audacieux. Et, un matin, on découvre le coffre gigantesque du sous-sol entièrement vidé de ses pierres précieuses. Mais comment Hobbs s’y est-il pris pour faire disparaître en une nuit… quatre tonnes de diamants bruts qui n’ont pu franchir les portes du bâtiment ? Bien qu’on nous affirme que l’histoire s’inspire d’un fait divers authentique, la solution manque quelque peu de vraisemblance. Mais, sur le plan théorique, l’idée est subtile et le film soutient l’intérêt jusqu’à la fin grâce, entre autres, à la
révélation de la motivation secrète du mystérieux Mr. Hobbs, joué avec jubilation par le toujours savoureux Michael Caine. Inédit en salles en France, mais disponible en DVD.R.L.
CASSE-TÊTE CHINOIS** (Fr., 2013.) R. et Sc. : Cédric Klapisch ; Ph. : Natasha Braier ; M. : Loïc Dury, Christophe Minck ; Pr. : Bruno Lévy ; Int. : Romain Duris (Xavier), Audrey Tautou (Martine), Cécile de France (Isabelle), Kelly Reilly (Wendy) Sandrine Holt (Ju). Couleurs, 114 min. Xavier, la quarantaine, est marié avec Wendy. Elle le quitte avec leurs deux enfants (pour aller vivre à New York avec un Américain). Xavier la suit. Il est provisoirement hébergé par son amie Isabelle, une homosexuelle, qui lui avait demandé de faire un enfant par don du sperme. Elle vit maintenant en couple avec Ju, une belle américaine, pour obtenir la carte verte exigée pour rester aux U.S.A, Xavier contracte un mariage blanc avec une sino-américaine. C’est alors que débarque Martine, son ex-petite amie. Après l’Auberge espagnole et les Poupées russes, on retrouve donc Xavier, toujours interprété par Romain Duris, toujours aussi charmeur pour ses nouvelles tribulations sentimentales. On retrouve aussi la plupart de ses belles partenaires (superbe Cécile de France…). Cependant, si le plaisir des retrouvailles est lui toujours intact, il s’est un peu émoussé, donnant une impression de redites. C’est sans doute le dernier opus que Cédric Klapisch consacre à Xavier que l’on quitte, enfin adulte (?). So long !C.B.M.
CASTLE OF FU MANCHU (THE) (The Castle of Fu Manchu/El castillo de Fu-Manchú ; Esp., RFA, GB, Ital., 1969.) R. : Jess [Jesús] Franco ; Sc. : Peter Welbeck [Harry Alan Towers], d’après Sax Rohmer ; Ph. : Manuel Merino ; M. : Charles Camilleri ; Pr. :
Harry Alan Towers ; Int. : Christopher Lee (Fu Manchu), Richard Greene (Nayland Smith), Howard Marion Crawford (Dr Petrie), Gunther Stoll (Dr Curt Kessler), Rosalba Neri (Lisa), Maria Perschy (Marie), José Manuel Martín (Omar Pasha), Werner Aprelat [Werner Abrolat] (Melnik), Tsai Chin (Lin Tang), Gustavo Re (Pr Heracles). Couleurs, 92 min. L’indestructible Fu Manchu met au point une arme redoutable, capable de transformer l’eau des océans en glace. Il menace à nouveau l’humanité, à laquelle il laisse deux semaines pour choisir entre l’obéissance absolue à ses désirs ou l’anéantissement total. Une fois encore, Nayland Smith se dresse contre le génie du mal chinois, qui opère cette fois-ci depuis la Turquie. Ses machinations seront finalement déjouées par le policier britannique. Cinquième et dernier volet de la série, qui atteint ici son nadir. Torché dans la foulée de The Blood of Fu Manchu (1968), déjà exsangue, Jes[ú]s Franco rempile derrière la caméra (en s’offrant au passage une petite apparition, dans le rôle d’un policier turc). Le résultat, d’une rare indigence, achève le spectateur dès les premières images, composées de stock-shots issus d’Atlantique latitude 41° (Roy Ward Baker, 1958) et des 13 Fiancées de Fu Manchu (Don Sharp, 1966) ! À des années-lumière de l’univers conspirationniste et envoûtant imaginé par Sax Rohmer, le reste n’est qu’une suite de séquences anémiques et bâclées distillant un ennui profond. Même la réjouissante – quoique discrète – pointe d’érotisme sadique dont nous gratifiait l’incorrigible Franco dans l’opus précédent a disparu. Littéralement fossilisés, Christopher Lee, Richard Greene et tous les autres comédiens n’en peuvent mais. Ainsi s’achève une série certes sympathique, mais dont l’inégalité d’inspiration et le manque de moyens chronique auront très vite eu raison.A.M.
CAT, THE REVEREND AND THE SLAVE (THE)** (Fr., 2010.) Sc. et R. : Alain Della Negra et Kaori Kinoshita ; Ph. : Kaori Kinoshita, Michael Pessah ; M. : Sébastien de Sainte Croix ; Pr. : Capricci,
Alain Della Negra, Kaori Kinoshita ; Int. : Patrick Teal [Marcus Damone] (le chat), Benjamin L. Faust [Benjamin Psaltery] (le révérend), Jennifer R. Faust [Mariposa Psaltery] (la femme du révérend), Krista Kenneth [Lisa Yokogania] (l’esclave). Couleurs, 80 min. Nous sommes aux États Unis. Une femme se dispute avec son mari parce qu’il a fait construire un bar à hôtesses au dessus de son magasin d’articles pour enfants. Ailleurs, un révérend et sa femme prêchent dans leur église virtuelle, tandis qu’un maître goréen (adepte de la philosophie du romancier de science fiction John Norman) contrôle la vie sexuelle de ses esclaves et qu’un groupe de jeunes femmes activistes se réunit pour planter des arbres sur internet. De son côté, Markus préfère être considéré comme un chat, il fait partie de la communauté des « furries ». Où sommes nous ? Dans le monde réel ou l’autre, ce monde « augmenté » que représente Second Life ? Second Life est un réseau social en ligne, un jeu de simulation où chacun peut s’inventer une autre existence et interagir avec les autres. C’est pour partir à la rencontre des personnes avec lesquelles ils étaient entrés en contact sur Second Life, que les deux réalisateurs ont sillonné les USA pendant trois mois. Sorte de cyber road movie passant d’un personnage à l’autre, nous découvrons de multiples identités, réelles ou fictives, imbriquées les unes dans les autres. Pour embrumer davantage les limites de la fiction, la société de production Capricci avait même loué une salle de cinéma sur SL pour préparer le tournage et montrer des rushes. Le film s’intéresse à différentes communautés emblématiques du jeu, comme Burning Man (dont le créateur de SL s’est inspiré pour créer son désert des possibles) et nous emmène dans un voyage où la nécessité de s’extraire du monde, de se réinventer au travers de l’avatar semble nécessaire, où le virtuel transforme le réel, rendant ces deux mondes pratiquement inextricables. Disponible en DVD.O.L.
CATACOMBES*
(As Above, So Below ; USA, 2014.) R. et Sc. : John Eric Dowdle ; Ph. : Leo Hinstin ; Pr. : Legendary Pictures ; Int. : Perdita Weeks (Scarlet Ben Feldman (Georges), Edwin Hodges (Benji), François Civil (Papillon), Marion Lambert (Souxie). Couleurs, 93 min. À la recherche de la pierre philosophale du fameux alchimiste Nicolas Flamel, Scarlett, une archélogue, découvre que la pierre serait enfouie sous le sol de Paris. Avec un groupe d’amis, elle s’enfonce dans les catacombres de Paris : couloirs étroits, puits profonds, créatures de la nuit… attendent sa visite. Un bon petit film d’horreur inspiré de The Descent. Le mythe des catacombes avait déjà suscité Histoires extraordinaires de Faurez. J.T.
CAUCHEMARS ET SUPERSTITIONS* (When the Clouds Roll By ; USA, 1919.) R. : Victor Fleming ; Sc. : Thomas J. Geraghty, d’après une histoire de Douglas Fairbanks ; Ph. : Harry Thorpe et William McGann ; Pr. : Douglas Fairbanks ; Int. : Douglas Fairbanks (Daniel Boone Brown), Kathleen Clifford (Lucette Bancroft), Frank Campeau (Mark Drake), Ralph Lewis (Curtis Brown), Herbert Grimwood (docteur Ulrich Metz), Albert McQuarrie (Hobson). NB, 6 bobines (environ 82 min.). Le docteur Ulrich Metz professe devant une assemblée de savants qu’il est préférable d’utiliser des cobayes humains plutôt que des animaux pour faire avancer la science du comportement. Sans en être conscient, Daniel Boone Brown, déjà hypocondriaque, est devenu son sujet d’expérience : à l’aide de l’hypnotisme et d’une alimentation appropriée, il lui implante dans le cerveau l’inquiétude, la superstition et la peur, et espère ainsi le conduire au suicide. Employé chez son oncle agent de change, Daniel est d’abord mis à pied pour être toujours en retard. Puis, tombé amoureux d’une jeune femme rencontrée dans un parc, sa félicité se mue en désespoir lorsqu’un rival escroc, toujours
favorisé par le docteur Metz, devient le favori de celle qu’il aime. Cette fois, il est sur le point de mettre fin à ses jours. Mais le docteur Metz, échappé d’un asile psychiatrique, est enfin appréhendé par deux gardiens. Il ne restera plus à l’infortuné Daniel qu’à reconquérir celle qu’il aime à la faveur d’une gigantesque inondation. Première réalisation d’un ancien directeur de la photo promis à une retentissante carrière de cinéaste (La Belle de Saïgon, L’Île au trésor, Le Magicien d’Oz, Autant en emporte le vent, Docteur Jekyll et M. Hyde), et bien qu’il s’agisse de l’une des œuvres les plus célèbres de Douglas Fairbanks, le film n’est guère enthousiasmant. Toutefois, il surprendra plus d’un cinéphile par quelques très audacieuses séquences surréalistes pour l’époque, illustrant les cauchemars du héros, et notamment un plan où l’acteur évolue sur le mur et le plafond d’un décor de maison, préfigurant la célébrissime séquence de Fred Astaire dansant autour de sa chambre dans Mariage royal (Royal Wedding, 1950) de Stanley Donen. Disponible en DVD.R.L.
CAVALIER NOIR (LE)*** (The Singer not the Song ; GB, 1960.) R. : Roy Ward Baker ; Sc. : Nigel Balchin d’après le livre de Audrey Erskine Lindop ; Ph. : Otto Heller, M. : Philip Green ; Pr. : Roy Ward Baker, Rank ; Int. : Dirk Bogarde (Anacleto), John Mills (Le père Keogh), Mylène Demongeot (Locha). Couleurs, 132 min. Un bandit cruel et tout puissant fait régner la terreur dans un village. Le curé nouvellement arrivé dans cette paroisse est persuadé qu’il peut réformer le hors la loi. La lutte classique du bien et du mal sous les yeux d’une jeune fille troublée par ce duel. Simple et classique… sauf que… rien dans ce film n’est exactement ce que l’on pourrait croire. Il s’agit sans doute du cas unique d’un film où chaque phrase du scénario est systématiquement contredite à la fois par le jeu de l’acteur
principal et par la mise en scène. C’est le sous-texte qui évince le sujet même de ce film. Et l’on se retrouve plongé dans l’histoire ahurissante d’un curé troublé par un bandit tout de cuir noir vêtu, d’un hors la loi qui n’est pas insensible au charme de ce curé et d’une jeune fille dont le cœur balance entre ces deux hommes en noir. Une ahurissante réflexion sur l’athéisme sur fond d’homosexualité pas vraiment latente. Et si personne ne dévoile jamais ses vrais sentiments avant la phrase finale, ce « Jules et Jim » en habit de cow boy et en soutane n’en demeure pas moins une perle rare qu’il faut absolument avoir vue pour assister à une leçon de détournement de scénario par un Dirk Bogarde qui se complait dans un kitsch absolu. En fait il se venge d’avoir été obligé par contrat de faire ce film, et en outre de jouer avec John Mills qu’il détestait, alors que Richard Burton, Marlon Brando et Paul Newman, avaient été envisagés au début. Mylène Demongeot se souvient d’ailleurs que le tournage fut épouvantable, personne ne se parlant entre les prises ! À signaler que la version française gomme totalement le double sens du film et également que pour la première fois depuis sa sortie on a pu en voir (enfin) une version non recadrée à la télévision. (Notice refaite)F.L.
CE SACRÉ CONFRÈRE* (Brothers in Law ; GB, 1957.) R. : Roy Boulting ; Sc. : Roy Boulting, Frank Harvey et Jeffrey Dell, d’après le roman de Henry Cecil (1955) ; Ph. : Max Greene ; M. : Benjamin Frankel ; Pr. : John Boulting pour Tudor-Charter ; Int. : Richard Attenborough (Henry Marshall), Ian Carmichael (Roger Thursby), Jill Adams (Sally Smith), Miles Malleson (Kendall Grimes), Raymond Huntley (Tatlock), Eric Barker (Alec Blair), Terry-Thomas (Alfred Greene), John Le Mesurier (juge Ryman), Irene Handl (Mrs. Potter). NB, 94 min.
Parce que son oncle, sir Reginald Barrington Thursby, fut un brillant représentant du barreau, le jeune Roger, poussé par ses parents, n’a pas eu d’autre choix que d’épouser la carrière d’avocat. Malgré des débuts difficiles, il finira par remporter ses premiers succès dans sa ville natale, après être entré en compétition avec un confrère pour conquérir une jeune coquette qui les laissera en plan pour épouser un troisième larron. Les frères Boulting avaient entamé l’année précédente leur critique des principales institutions anglaises – l’armée en l’occurrence – avec Ce sacré z’héros. Mais le présent film est loin d’avoir le même attrait et ne se permet pas d’aller aussi loin dans la virulence satirique. En outre, comme les vertus comiques d’Ian Carmichael sont, aux yeux d’un Français, source de la plus grande perplexité, les rares moments réjouissants se cantonnent aux apparitions toujours savoureuses de Miles Malleson en avocat distrait, de John Le Mesurier en juge irascible, et de Terry-Thomas en escroc de haut vol.R.L.
CE SACRÉ Z’HÉROS*** (Private’s Progress ; GB, 1956.) R. : John Boulting ; Sc. : John Boulting, Frank Harvey, d’après le roman d’Alan Hackney (1954) ; Ph. : Eric Cross ; M. : John Addison ; Pr. : Roy Boulting ; Int. : Ian Carmichael (Stanley Windrush), Richard Attenborough (Percy Cox), Dennis Price (colonel Bertram Tracepurcel), Terry-Thomas (major Hitchcock), Peter Jones (Egan), William Hartnell (sergent Sutton), Thorley Walters (capitaine Bootle), Jill Adams (Prudence Greenslade), Ian Bannen (Horrocks), George Coulouris (le pasteur), Miles Malleson (Mr. Windrush), John le Mesurier (le psychiatre), Christopher Lee (un officier allemand). NB, 102 min. Les mésaventures de Stanley Windrush qui accumule maladresses et incompétences dans le métier de soldat. Grâce à l’appui de son oncle, le colonel Tracepurcel qui dirige une section du contre-espionnage, il participe à l’Opération « Hatrack » qui consiste à aller récupérer, derrière les lignes, une cargaison d’œuvres d’art confisquées par les Allemands dans toute l’Europe au
début de la guerre. Mais ce que Stanley ne sait pas, c’est que son oncle est un filou qui, avec un complice, a détourné un camion rempli de tableaux pour son bénéfice personnel… Ce sacré z’héros, qui eut un succès considérable à sa sortie et bénéficia même en France d’un avis critique très favorable – c’était rare à l’époque pour un film anglais ! –, marque une date dans l’histoire du cinéma britannique : dix ans avant La Charge de la Brigade légère (1968) de Tony Richardson et Ah ! Dieu que la guerre est jolie ! (1969) de Richard Attenborough, c’était la première fois qu’un film allait à contre-courant des œuvres de propagande guerrière exaltant les hauts faits d’armes, le courage et le patriotisme. Bien que le schéma traditionnel soit le même – entraînement de la jeune recrue, puis participation à une opération audacieuse en territoire ennemi –, tout est matière à satire et à dérision. Du premier au dernier rôle, tous les personnages sont des aigrefins, des escrocs, des soldats roublards, des officiers véreux, des brutes bornées, des vieillards séniles, ou au mieux, comme le personnage central, des naïfs pitoyables et incompétents. Un jeu de massacre acéré, désabusé et novateur qui enchanta les intellectuels à l’époque. Depuis, le genre a produit quantité de bandes plus ou moins similaires. Dans le genre « sérieux », cela donne Les Douze Salopards (1968) de Robert Aldrich, dans le style parodique, De l’or pour les braves (1970) de Brian G. Hutton ; deux exemples où le cinéma finit par admettre que la seule manière de lutter contre un ennemi qui ne respecte pas les règles, c’est d’être plus roué et plus impitoyable que lui. Comme le dit encore une phrase du dialogue : « La guerre est le temps des débrouillards. » Un an après, la France allait produire La Traversée de Paris qui participe du même discours. Ce fut le premier d’une série de comédies satiriques signées des frères Boulting (indifféremment John ou Roy), brocardant les grandes institutions britanniques, avec Ian Carmichael en vedette, dont les principales seront Ce sacré confrère (Brothers in Law, 1957), Sept jours de malheur (Lucky Jim, 1957), Gai, gai, marions-nous (Happy Is the Bride, 1958) et Après moi le déluge (I’m All Right, Jack, 1959).R.L.
CE SENTIMENT DE L’ÉTÉ** (Fr., All., 2015.) R. : Mikhaël Hers ; Sc. : M. Hers, Mariette Désert ; Ph. : Sébastien Buchmann ; M. : Thomas Jamois ; Pr. : Vanessa Ciszewski, Olivier Père, Rémi Burah ; Int. : Anders Danielsen Lie (Lawrence), Judith Chemla (Zoé), Marie Rivière (Adélaïde), Féodor Atkine (Vladimir), Dounia Sichov (Ida), Stéphane Dehel (Sasha), Lana Cooper (June). Couleurs, 106min. Berlin. Par une belle journée d’été, Sasha, la compagne de Lawrence, s’effondre dans un parc. Après son décès, la famille se réunit pour les obsèques. Lawrence fait la connaissance de sa sœur Zoé. Ils se revoient à Paris l’été suivant. Puis à New-York… Comment faire son deuil après la perte de l’être aimé ? Pour les parents ? Pour la sœur ? Pour l’ami proche ? En trois étés, en trois villes magnifiquement photographiées, loin de tout cliché, Mikaël Hers tente et réussit cette approche. Son film est pudique, serein, apaisé : au-delà de la mort persiste la vie. Musique particulièrement bien choisie.C.B.M.
CELLE QUE J’AIME (Fr., 2009.) R. et Sc. : Elie Chouraqui ; Ph. : Guillaume Schiffman ; M. : Nathaniel Mechaly et Jimmy Darling ; Pr. : Manda Production ; Int. : Marc Lavoine (Antoine), Barbara Schulz (Isabelle), Gérard Darmon (Jean), JeanPierre Malo (Brice). Couleurs, 103 min. Les angoisses d’un enfant de 10 ans devant les nouvelles amours de sa mère divorcée. Comédie familiale sans grand intérêt mais sympathique.J.T.
CELLES QUI AIMAIENT RICHARD WAGNER (Fr., 2011.) R. : Jean-Louis Guillermou ; Sc. : Anne-Christine Caro ; Ph. : Michel Cinque ; Pr. : Richard Wagner Productions ; Int. : Jean-François Balmer (Wagner), Stéphane Bern (Louis II de Bavière), Anne-Christine Caro (Judith Gautier), Robin Renucci (Frantz Liszt) Roberto Alagna (Joseph Tichatschek), Michèle Mercier (Brigitte), Elisabeth Duda (Cosima von Bulow), Arielle Dombasle (Lili), Christian Vadim (von Bulow). Couleurs, 80 min. Après l’échec de Tannhauser, Wagner est ruiné et son ménage bat de l’aile. Il finit par séduire Cosima von Bulow, fille de Liszt. Mais le mari l’apprend et il doit fuire à Munich où il est accueilli par le roi Louis II de Bavière. Mais le roi est furieux quand il apprend la liaison de Wagner et de Cosima. Wagner se réfugie en Suisse où il couche avec Judith Gautier. Wagner revient à Munich. En 1883 il meurt lors d’un voyage à Venise. Après Bach et Vivaldi, Guillermou s’attaque à Wagner. Le résultat est catastrophique. Le compositeur n’est vu qu’à travers les femmes avec lesquelles il couche. Sa musique est absente sauf un moment avec Roberto Alagna. Les décors sont hideux. Ne parlons pas des interprètes : malgré tout son talent Balmer n’est pas Wagner. On reste confondu par le reste de la distribution. Et finalement Stéphane Bern, inattendu Louis II de Bavière, est peut-être par ses outrances le seul personnage crédible de ce film écrasé par les versions de Kautner et Visconti.J.T.
CELUI QUI N’EXISTAIT PAS*** (The Night Walker ; USA, 1964.) Pr. et R. : William Castle ; Sc. : Robert Bloch ; Ph. : Harold Stine ; M. : Vic Mizzy ; Int. : Robert Taylor (Barry Morland), Barbara Stanwyck (Irene Trent), Judi Meredith (Joyce), Hayden
Rorke (Howard Trent), Rochelle Hudson (Hilda), Jess Barker (Malone), Lloyd Bochner (l’homme du rêve). NB, 86 min. Ingénieur en électronique et aveugle, Howard Trent vient de périr dans l’explosion de son laboratoire. Après sa mort, traumatisée par un homme qui hante ses rêves, Irene, sa veuve, demande l’aide de Barry Morland, l’avocat de son mari que Howard soupçonnait, à tort, d’être l’amant de sa femme. Toujours sujette à son rêve récurrent qui semble de plus en plus réel et tourne au cauchemar, Irene entend le bruit de la canne de son mari et le rencontre périodiquement, le visage défiguré par l’explosion… « La dégringolade au box-office », constate amèrement William Castle dans ses mémoires : « The Night Walker fut projeté dans des salles presque vides. » Pourtant, parmi la dizaine de films d’épouvante que le cinéaste avait tournés à partir de 1958, c’est sans doute le plus réussi et le plus captivant avec Homicide (1961) qui, lui, avait connu un succès honorable et mérité. Alors que la majorité des autres films étaient, la plupart du temps, désamorcés par un humour ravageur qui en atténuait fortement l’impact, l’atmosphère de celui-ci est lourde et étouffante et bénéficie, en plus d’un script astucieux de Robert Bloch, d’une mise en image virtuose, d’une musique envoûtante et d’un couple de stars hors norme. Barbara Stanwyck n’avait accepté de participer au film qu’avec réticences, après avoir vu Bette Davis, Olivia de Havilland et Joan Crawford interpréter tour à tour des rôles similaires sous la direction de Robert Aldrich (Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, Chut… Chut chère Charlotte) ou de William Castle lui-même (La Meurtrière diabolique). Ce sera sa dernière apparition au cinéma, avant un come back dans une célébrissime série télévisée (Les oiseaux se cachent pour mourir).R.L.
CEMETERY OF SPLENDOR** (Rak ti Khon Kaen ; Thaïlande, 2015.) R., Sc. et Pr. : Apichatpong Weerasethakul ; Ph. : Diego Garcia ; Int. : Jenzira Pongpas Widener
(Jenjira), Banlop Lomnoi (Itt), Jarinpattra Rurangram (Keng). Couleurs, 122 min. Dans un hôpital provisoire installé au-dessus d’un site mythique ancien, des militaires sont atteints d’une mystérieuse maladie du sommeil. Jenjira, une bénévole d’âge mûr, se propose pour veiller l’un d’eux, le beau soldat Itt que personne ne visite. Par l’intermédiaire de Keng, une médium, elle tente d’entrer en contact avec ses pensées les plus intimes… « Est-ce un rêve éveillé ou comme une réalité ressemblant à un rêve ? » s’interroge le réalisateur de ce film d’un abord beaucoup plus facile que ses œuvres précédentes. Son film, mélancolique, à l’image un peu terne, se veut le reflet d’une Thaïlande « entre peur et tristesse ». Des échappées oniriques, une étrange luminothérapie en font une œuvre magique.C.B.M.
CENDRILLON (Cinderella ; USA, 2015.) R. : Kenneth Brannagh ; Sc. : Chris Weitz ; Ph. : Haris Zambarloukos ; M. : Patrick Doyle ; Pr. : Walt Disney Pictures ; Int. : Lily James (Ella/Cendrillon), Cate Blanchett (la marâtre) Richard Madden (le prince charmant), Stellan Skarsgard (le Grand Duc). Couleurs, 112 min. Ella est victime de la deuxième épouse de son père et des deux filles de celle-ci. Remarquée par le prince héritier du royaume, elle est invitée au bal qu’il organise, mais la marâtre déchire sa robe. Heureusement la bonne fée, sa marraine, lui en fournit une, mais sous condition d’être rentrée avant minuit. Dans sa précipitation elle perd une pantoufle. C’est cette pantoufle qui permettra au prince de la retrouver. Version revisitée du conte de Perrault par les studios Walt Disney. Loin de Shakespeare, Kenneth Brannagh fait de son mieux pour tirer son épingle du jeu.J.T.
100 % CACHEMIRE**
(Fr., 2013.) R. et Sc. : Valérie Lemercier ; Ph. : Denis Lenoir ; Pr. : Rectangle Production ; Int. : Valérie Lemercier (Aleksandra), Gilles Lellouche (Cyrille), Marina Foïs (Sophie), Nanou Garcia (Eliette), Brigitte Roüan (Martine), Pierre Vernier (Monsieur de la Chaise). Couleurs, 98 min. Aleksandra, bobo et rédactrice en chef du journal Elle, décide d’adopter avec son mari, un enfant russe. Elle va vite jeter l’éponge et rendre l’enfant. Mais tout finira bien. Comédie désopilante qui repose sur la personnalité de Valérie Lemercier, éblouissante comme à l’habitude. C’est à la fois une comédie déjantée et une satire de mœurs qui épingle le milieu « bobo ». On rit beaucoup sur un sujet pourtant grave, le propre de la satire.J.T.
CENTURION* (Centurion ; GB, 2010.) R. et Sc. : Neil Marshall ; Ph. : Sam McCurdy ; Déc. : Somin Bowles ; M. : Ilan Eshkeri ; Cost. : Keith Madden ; Pr. : Celador Films ; Int. : Michael Fassbender (Quintus Dias), Dominic West (le général Titus Virilus), David Morrissey (Bothos), Olga Kurylenko (Étain). Couleurs, 97 min. Nous sommes en 117 après Jésus-Christ. Les Romains se heurtent en Grande-Bretagne à la résistance des Pictes. Fait prisonnier, le centurion Quintus Dias s’évade. Il rejoint l’armée de Titus Virilus, mais celle-ci est décimée par la trahison de son guide, Etain, une femme gagnée à la cause des Pictes. Poursuivi par elle, il regroupe les survivants et tente de rejoindre les lignes romaines. Un thème cher au cinéma : un groupe perdu dans un milieu hostile, ici des légionnaires romains au milieu des barbares. Ce n’est donc pas à proprement parler un péplum avec décors gigantesques et gladiateurs, mais un film d’action bien mené par un spécialiste du genre (Dog Soldiers, The Descent…)J.T.
127 HEURES***
(127 Hours ; USA, GB, 2010.) R. : Danny Boyle ; Sc. : Simon Beaufoy, Danny Boyle ; Ph. : Anthony Dod Mantle, Enrique Chediak ; M. : A.R. Rahman ; Pr. : Fox Searchlight Pictures, Pathé, Decibel Films, Big Screen Productions, Darlow Smithson, Cloud Eight ; Int. : James Franco (Aron Ralston), Kate Mara (Kristi), Amber Tamblyn (Megan), Clémence Poésy (Rana), Lizzy Caplan (Sonja). Couleurs, 94 min. Parti en randonnée sans prévenir personne, Aron Ralston se coince le bras droit sous un rocher dans un canyon de l’Utah. Pris au piège pendant 127 heures (soit plus de cinq jours), il devra se résoudre à s’amputer avec son canif. Tournée dans le détail avec beaucoup de réalisme, la scène de l’amputation est devenue célèbre pour les malaises qu’elle a provoqués dans les salles de cinéma. La mise en scène de Danny Boyle, souvent montrée du doigt pour son côté tape-à-l’œil, illustre par son dynamisme la frustration d’un jeune homme hyperactif, stoppé en plein élan. Cette mésaventure authentique est arrivée à Aron Ralston en 2003. Fou d’alpinisme, cet ingénieur américain de 27 ans avait fait le sacrifice de son bras pour assurer sa survie. Le cinéaste anglais brosse un portrait subversif de ce chien fou asocial. Son addiction à l’adrénaline, qui se traduit dans les premières scènes du film par un tourbillon de split-screens, de plans de foule accélérés et de prouesses sportives, est un plaisir solitaire auquel le héros ne peut renoncer. La décision de s’amputer de son bras, métaphore évidente de la masturbation, est aussi celle de retourner vers la société et de devenir altruiste. Avec 127 Heures, Danny Boyle démontre une fois de plus qu’il comprend mieux que tout autre les préoccupations des jeunes esprits, et enrichit son langage cinématographique en détournant cette fois le genre du film de survie. Par cette reconstitution aux allures de vidéo-clip passe un adieu à la mégalomanie et à l’arrogance de la jeunesse et la douleur, aussi physique que psychique, du passage à l’âge adulte.G.J.
CERFS-VOLANTS DE KABOUL (LES)***
(The Kite Runner ; USA, 2006.) R. : Marc Forster ; Sc. : David Benioff, d’après le roman graphique de Khaled Hosseini ; Ph. : Roberto Schaefer ; M. : Alberto Iglesias ; Pr. : William Horberg, Walter Parkes, Rebecca Yeldham ; Int. : Khalid Abdalla (Amir Gadiri), Homayouh Ershadi (Baba Gadiri), Zekiria Ebrahimi (Amir Gadiri enfant), Ahmad Khan Mahmoodzada (Hassan enfant), Atossa Leoni (Soraya Taheri). Couleurs, 129 min. Kaboul 1979. Amir, fils d’un notable afghan, passe ses après-midis avec Hassan, le fils du domestique de la famille, qui le protège contre la bande d’Assef et l’aide à remporter la compétition de cerfs-volants. Mais Hassan, parti ramasser le cerf-volant du perdant pour le ramener comme trophée à Amir, est attrapé et violé par Assef. Amir, lui, ne dit rien… Adaptation très réussie du best-seller de Khaled Hosseini. Le réalisateur a beau être suisse, le tournage s’être déroulé en Chine, l’impression d’authenticité s’impose, que l’action se passe dans l’Afghanistan plus ouvert de la fin des années 1970, aux États-Unis ou dans l’Afghanistan « talibanisé ». Les acteurs, tous convaincants, permettent une adhésion permanente au récit ainsi qu’une empathie permanente pour les deux personnages principaux. Le conflit d’Hassan, qui ne se remet pas de son acte de lâcheté malgré le passage des années, est rendu avec justesse. On n’oubliera pas non plus la séquence de la compétition de cerfs-volants, magnifiquement réalisée.G.B.
CERISE** (Fr., 2014.) R. : Jérôme Enrico ; Sc. : Jérôme Enrico et Irina Gontchar ; Ph. : Bruno Privat ; M. : Gisèle Gérard ; Pr. : Lian Goldman, Catherine Morisse-Monceau ; Int. : Zoé Adjani-Vallat (Cerise) Jonathan Zaccaï (Fred), Tania Vichkova (Nina), Pierre Derenne (Matt/Kyril). Couleurs, 90 min. Cerise est une pétasse de 14 ans, rebelle et insolente que sa mère (qui l’a élevée seule) décide d’envoyer rejoindre son père à Kiev. Après une prise de
contact difficile, Cerise découvre qu’il existe une autre vie, une autre culture, grâce à Nina, la femme de ménage, une babouchka au grand cœur. Le film, tourné à Sofia, a été réalisé pendant la révolution ukrainienne. Aussi Jérôme introduit-il des images télévisées pour donner plus de force à son film. C’est une œuvre généreuse où le plus important est de quitter son petit univers égoïste pour aller au devant des autres. Un petit film drôle, parfois émouvant, une jolie réussite.C.B.M.
CES AMOURS-LÀ* (Fr., 2010.) R. : Claude Lelouch ; Sc. : C. Lelouch, Pierre Uytterhoeven ; Ph. : Gérard de Battista ; M. : Francis Laï, Laurent Couson ; Pr. : C. Lelouch, Francis Kraus ; Int. : Audrey Dana (Ilva), Francis Couson (Simon), Samuel Labarthe (Horst), Dominique Pinon (Maurice), Gisèle Casadesus (Ilva agée), Anouk Aimée (Mme Blum), Judith Magre (la mère de Simon), Liane Foly (la chanteuse). Couleurs, 120 min. 1937. Ilva a 15 ans lorsqu’elle arrive en France. Elle s’éprend de Maurice, projectionniste à l’« Eden-Cinema ». Ce dernier fait de la Résistance pendant l’Occupation. Lorsqu’il est arrêté, Elle va demander sa grâce auprès d’un officier allemand, Horst, dont elle tombe amoureuse. Par ailleurs, Simon, un jeune juif, hésite entre devenir avocat ou pianiste. Il ne doit sa survie en camp de concentration qu’à ses talents de pianiste. Et puis arrive la Libération… « Ce film, dit Claude Lelouch, est une somme de toutes les émotions que j’ai pu avoir au cours de ma vie. Il est un peu l’aboutissement de cinquante ans de rêves et émotions ». Ainsi son dernier film est-il un film-testament où il reprend les grands thèmes qui ont irrigué son œuvre – modeste, certes, mais bien réelle, mêlant le romanesque des sentiments à la fresque historique, fidèle à son style et à ses interprètes ainsi qu’à son compositeur, avec des moyens visiblement insuffisants, il quitte l’écran avec sa même passion pour le cinéma.C.B.M.
CÉSAR DOIT MOURIR** (Cesare deve morire ; Ital., 2011.) R. et Sc. : Paolo et Vittorio Tavini ; Ph. : Simone Zampagni ; M. : Giuliano Taviani ; Pr. : Kaos ; Int. : Cosimo Rega (Cassius), Salvatore Striano (Brutus), Giovanni Arcuri (César), Antonio Frasca (Marc-Antoine), Francesco Carusone (le devin). NB et Couleurs, 77 min. Choix des acteurs, répétitions et représentation du Jules César de Shakespeare dans une prison, les interprètes étant des condamnés à de lourdes peines. La morale de cette représentation, convaincante, de la pièce de Shakespeare par des détenus, est tirée par l’acteur qui joue Cassius : « Depuis que j’ai connu l’art, cette cellule est devenue une prison ». Ours d’or au Festival de Berlin 2012 et nombreux prix en Italie.J.T.
CEUX DU CIEL (Fr., 1940.) R. et Sc. : Yvan Noé ; Ph. : Nicolas Toporkoff ; M. : C.P. Simon ; Pr. : Fana Films ; Int. : Marie Bell (Hélène), Pierre Renoir (Pierron) Jean Galland (Bournier), Jean Servais (Monval), Aimos (Potel). NB, 86 min. Rivalité amoureuse entre deux pilotes autour de la fille d’un constructeur d’avions. Ce film qui souffre d’être l’adaptation d’une pièce de théâtre, L’as, sorti en 1940, fut victime des événements. Redécouvert en 2014 grâce au DVD et à la chaîne Histoire.J.T.
CÉZANNE ET MOI* (Fr., 2016.) R. et Sc. : Danièle Thompson ; Ph. : Jean-Marie Dreujou ; M. : Eric Neveux ; Pr. : Albert Koski ; Int. : Guillaume Gallienne (Paul
Cézanne), Guillaume Canet (Emile Zola), Deborah François (Hortense Cézanne), Alice Pol (Alexandrine Zola) ; Sabine Azema (mère de Cézanne), Isabelle Candelier (mère de Zola), Laurent Stocker (Ambroise Vollard), Christian Hecq (père Tanguy). Couleurs, 103 min. Paul, issu de la riche bourgeoisie d’Aix-en-Provence et Emile, un fils de pauvres, sont copains et courent la garrigue. Plus tard Emile Zola connaîtra la gloire grâce à ses écrits, alors que Paul Cézanne, très novateur en peinture, peine à faire reconnaître l’originalité de ses œuvres. Un film que l’on pourrait désigner sous l’appellation « qualité France ». Tout est parfaitement beau, parfaitement pensé, parfaitement écrit. Le hic, ce n’est qu’aucun des clichés tant artistiques (picturaux notamment) que sociaux ou historiques ne nous sont épargnés. C’est un film, certes visuellement agréable à regarder, mais académique, sans âme.C.B.M.
CHACUN SON TOUR** (Fr., 1951.) R. : André Berthomieu, Sc. : Paul Vandenberghe, André Berthomieu ; Ph. : Fred Langenfeld ; M. : Michel Emer ; Mont. : Louis Hautecœur, Henri Taverna ; Déc. : Raymond Nègre ; Cost : Jacques Costet ; Pr. : Pierre Gérin ; Int. : Robert Lamoureux (Robert Montford), Michèle Philippe (Solange Montford), Jane Marken (Mme Lepage), Charles Deschamps (Mr Lepage), Marthe Mercadier (Ketty), Robert Arnoux (Raoul), Jeanne Fusier-Gir (la baronne), Paul Faivre (Dubourg), NB, 103 min. Robert, fonctionnaire qui s’ennuie est passionné de spectacle et conscient de ses dons de drôlerie. Grâce à une amie de son épouse, il débute au cabaret et devient très vite un artiste incontournable et gagne beaucoup d’argent. Il est ainsi mieux accepté par ses beaux-parents qui le prenaient pour un raté. C’est sans doute ce film qui a permis à Robert Lamoureux d’affirmer plus tard ses nombreux talents d’acteur, chanteur, conteur d’histoires et réalisateur. Il
est un peu oublié aujourd’hui sans doute parce que son humour et les sujets qu’il abordait sont en décalage par rapport à notre époque.C.V.
CHAISES MUSICALES (LES)** (Fr., 2015.) R. : Marie Belhomme ; Sc. : Marie Belhomme et Michel Leclerc ; Ph. : Pénélope Pourriat ; M. : Alex HK ; Pr. : 31 juin Film ; Int. : Isabelle Carré (Perrine), Carmen Maura (Lucie), Philippe Rebbot (Fabrice), Nina Meurisse (Solène), Camille Loubens (Arsène). Couleurs, 81 min. Animant des spectacles pour personnes âgées, Perrine provoque involontairement la chute d’un homme dans une déchèterie. Elle le croit mort et s’enfuit. Elle apprend son nom : il est dans le coma. Perrine se retrouve avec son fils, Arsène, qu’elle doit garder. Elle rend visite au père, toujours dans le coma en se faisant passer pour une cousine. Quand il sort du coma, il découvre que c’est elle qui venait lui parler et jouer du violon… La fin est prévisible. Charmante et même émouvante comédie qui doit beaucoup à Isabelle Carré, naïve quadragénaire, prof de chant et animatrice déguisée en légume ou en ours pour fêtes de personnes âgées. Elle va s’attacher à l’homme qu’elle a précipité dans le coma, mais aussi à son fils et même à son chien. Belle réussite pour un premier long-métrage. J.T.
CHAMBRE BLEUE (LA)* (Fr., 2014.) R. : Mathieu Amalric ; Sc. : Mathieu Amalric et Stéphanie Cléau d’après Georges Simenon ; Ph. : Christophe Beaucarne ; M. : Grégoire Hetzel ; Pr. : Paulo Branco ; Int. : Mathieu Amalric (Julien), Léa
Drucker (Delphine), Stéphanie Cléau (Esther), Laurent Poitrenaud (le juge d’instruction). Couleurs, 75 min. Julien, marié avec Delphine dont il a un enfant, est l’amant d’Esther, une amie d’enfance, épouse de Nicolas, un pharmacien gravement malade. Lorsque celui-ci meurt (est-ce une mort naturelle ?) rien ne sépare plus ces « amants frénétiques », sauf Delphine. Elle meurt empoisonnée. Sont-ils les coupables ? Du roman complexe de Simenon, Mathieu Amalric tire un film également complexe qui joue avec la chronologie, un film froid comme un rapport de police, presque toujours cadré en plans fixes, souvent même en gros plans, dans un format maintenant inhabituel (1.33). Il fait par ailleurs une composition très sobre, toute en intériorité, assez remarquable.C.B.M.
CHAMBRE INTERDITE (LA) (The forbidden room ; Can., 2015.) R. et Pr. : Guy Maddin, Ewan Johnson ; Sc. : G. Maddin, E. Johnson, Robert Kotyk ; M. : G. Maddin, Jason Staczek, Galen Johnson ; Int. : Mathieu Amalric, Maria de Medeiros, Clara Furey, Roy Dupuis, Amira Casar, Udo Kier, Jacques Nolot, Charlotte Rampling, Géraldine Chaplin, Louis Negin, Adèle Haenel, Jean-François Stévenin. Couleurs, 128 min. Dans le sous-marin « SS Plunger », l’oxygène se fait rare… le capitaine a disparu… C’est alors que surgit un bûcheron perdu (?!) ; il raconte à l’équipage comment il a échappé à de féroces hommes des cavernes (?!). Mais Margot, sa fiancée a été enlevée par ceux-ci. Comment la sauver ? De toute évidence ce scénario farfelu n’est qu’un prétexte à une série de sketches inégaux, où des auteurs s’inspirent d’un cinéma à jamais disparu. C’est ainsi qu’ils évoquent Méliès, Murnau et Fritz Lang, ou encore Stroheim, Lubitsch et Hitchcock en images abimées, rayées, tressautantes. Du cinéma expérimental bien trop long pour retenir durablement l’attention.C.B.M.
CHANCE DE MA VIE (LA)* (Fr., 2010.) R. : Nicolas Cuche ; Sc. : Luc Bossi et Laurent Turner ; Ph. : José Gerel ; M. : Christophe LaPinta ; Pr. : Fidélité Films ; Int. : FrançoisXavier Demaison (Julien Monnier), Virginie Efira (Joanna), Armelle Deutsch (Sophie), Raphaël Personnaz (Martin Dupont). Couleurs, 87 min. Julien Monnier est un conseiller conjugal qui porte la poisse à ses clientes. Alors, quand il tombe amoureux de la belle Joanna… Une comédie sans prétention, bien enlevée et interprétée par des acteurs attachants.J.T.
CHANSON DU DÉSERT (LA) (Das Lied der Waste ; All., 1939.) R. : Paul Martin ; Sc. : Walther von Hollander ; Ph. : Franz Weihmayr ; M. : Nico Dorstal ; Pr. : UFA ; Int. : Zarah Leander (Grace Collins), Herbert Wilk, Gustav Knuth. NB, 90 min. Sabotages dans des mines en Egypte. Hitler, dans Mein Kampf, avait lourdement insisté sur le fait que les Anglais étaient aryens, donc de même race que les Allemands. Cela explique que, jusqu’avant la Seconde Guerre mondiale, on produisait des films favorables aux Britanniques comme Maracajo ou Le château dans les Flandres. Bien d’autres films sont situés dans une Angleterre amie. Mais, en 1939, la guerre va éclater et les nazis jouent la carte arabe. La chanson du désert, au scénario assez tordu, montre une Egypte où des attentats ont continuellement lieu dans les mines de cuivre de Rocky Camp. C’est l’œuvre d’un officier britannique, ami des fellahs et amoureux de Grace Collins, chanteuse de charme. Par ses chansons elle essaie d’éviter le peloton d’exécution à son amant. Ce sont les Bédouins qui y parviennent. Grace ira vivre avec lui chez les Anglais si sympathiques. Pour le moment. Bientôt on tournera des films de propagande contre la perfide Albion. Ce film a été réédité aujourd’hui en raison de son intérêt historique.U.S.
CHANSONS QUE MES FRÈRES M’ONT APPRISES (LES)** (Songs My Brothers Taught Me ; USA, 2014.) R. et Sc. : Chloé Zhao ; Ph. : Joshua James Richards ; M. : Peter Golub ; Pr. : Chloé Zhao, Forest Whitaker, Michael Y. Chow ; Int. : John Reddy (Johnny Winters), Jashaun St. John (Jashaun Winters), Irene Bedard (Lisa Winters), Kevin Hunter (Kevin Winters), Taysha Fuller (Aurelia Clifford), Jorge Dullknife (Jorge Iron Bear). Couleurs, 94 min. Johnny Winters, un jeune Indien Oglala, vient de terminer ses études secondaires et survit pour le moment en vendant clandestinement de l’alcool. Il a cependant un minimum d’ambition et compte quitter la réserve en suivant sa petite amie Aurelia Clifford à Los Angeles où elle doit étudier et où il espère trouver du travail. Mais Johnny a aussi une petite sœur, Joshaun, 13 ans, avec laquelle il est très lié. Supportera-t-elle son départ ? Tranche de vie mélancolique, ce regard sur une poignée d’habitants d’une réserve indienne est – curieusement – celui d’une émigrée chinoise, Chloé Zhao. Elle y dépeint avec un talent d’ethnographe consommé la vie sans perspective de divers personnages parmi lesquels une préadolescente attachante, son frère partagé entre son amour pour elle et pour celui de sa fiancée sans oublier leur mère seule et éperdue. Le côté improvisé de la réalisation apporte de l’authenticité au propos mais l’ensemble aurait été plus prenant si les boulons avaient été serrés davantage. On peut toutefois trouver du charme à ce rythme contemplatif.G.B.
CHANT D’HIVER* (Fr., Géorgie, 2015.) R. et Sc. : Otar Iosseliani ; Ph. : Julie Grünebaum ; M. : Nicolas Zourabichvili ; Pr. : Pastorale Production ; Int. : Rufus (le
concierge), Amiran Amiranashvili (l’anthropogue), Mathias Jung (le préfet), Enrico Ghezzi (le baron). Couleurs, 117 min. Une scène d’exécution capitale sous la Terreur. Des soldats pillant des maisons et violant seulement les personnes âgées. Un vol à l’arraché en plein Paris. Un homme écrasé par un rouleau compresseur. Des SDF… Tout un monde se croise dans Paris principalement. Les situations sont insolites, charmantes et poétiques. Leur point commun : une chanson géorgienne qui dit : « C’est l’hiver, ça va mal, les fleurs sont fanées, mais rien ne nous empêchera de chanter. »J.T.
CHANT DE LA FLEUR ÉCARLATE (LE)** (Laulu tulipunaisesta kukasta ; Finlande, 1938.) R. et Pr. : Teuvio Tulio ; Ph. : Fred Runeberg ; M. : Toivo Lampen ; Int. : Kaarlo Oksanen (Olavi), Rakel Linnanheime (Kyllikki), Mirjami Kuosmanen (Annikki), Nora Mäkinen (Elli), Sylvie Palo (la prostituée). NB, 110 min. Olavi, fils d’un riche propriétaire terrien, est coureur de jupons. Rejeté par sa famille, il quitte la ferme familiale pour devenir flotteur de bois. Déjà porté à l’écran par Mauritz Stiller (Dans les remous), le roman de Linnankovski ne serait qu’un mélodrame s’il n’était magnifié par le lyrisme de la réalisation qui exalte la nature avec de belles envolées bucoliques. Ce fleuron du cinéma finnois, au splendide noir et blanc, est resté célèbre pour ses scènes de flottaisons dans les rapides. À signaler aussi une délicate séance naturiste. La seconde partie prend des accents féministes avec la longue diatribe d’une femme poussée à la prostitution à cause de l’inconséquence d’Olavi. À regretter l’interprétation médiocre de Kaarlo Oksanen, un sportif avant d’être acteur.C.B.M.
CHANT DE LA MER (LE)** (Song of the Sea ; Irl., Lux., Fr., Belg., Dan., 2014.) R. : Tomm Moore ; Sc. : Will Collins ; Animation : Frederik Willumsen, Fabian Erlinghauser ; M. : Bruno Coulais ; Pr. : Tomm Moore, Ross Murray, Paul Young ; Voix : Brendan Gleesor (Conor), Fionnula Flanagan (Macha/la sorcière), Lucy O’Connell (Marina), David Rawle (Ben). Couleurs, 93 min. Ben et ses parents habitent dans un phare. Sa mère lui donne un coquillage magique dont s’empare sa petite sœur Maïna, 6 ans. Il produit des flocons de neige qui la conduisent jusqu’à un coffre contenant un manteau. En le revêtant Maïna se transforme en phoque et peut nager dans la mer. La grand-mère s’en inquiète et préfère emmener les enfants à la ville. Inspiré de contes celtiques, ce voyage initiatique de Ben et Maïsa est quelque peu alambiqué. Mais qu’importe ! Ce n’est qu’une fable ! Ce qui a plus d’importance, ce sont la splendeur des images, la luxuriance des couleurs, la magie des décors qui émanent de ce beau film d’animation en 2D. De quoi ravir les yeux des petits et des grands. Chansons de Nolwenn Leroy.C.B.M.
CHANTE TON BAC D’ABORD*** (Fr., 2013.) R. et Sc. : David André ; Ph. : Thibault Delavigne ; M. : Bruno Joucla ; Pr. : Emmanuel François ; Int. : Gaëlle Bridoux (Gaëlle), Caroline Brimeux (Caroline), Nicolas Dourdin (Nico), Alex Margollé (Alex), Alice Dutertre (Alice), Rachel Motte (Rachel). Couleurs, 82 min. À Boulogne-sur-Mer, une ville du Nord-Pas-de-Calais durement touchée par la crise économique, une bande de copains s’apprête à passer le baccalauréat. Nous les accompagnons sur une année, dans leurs doutes, leurs rêves et leurs désillusions, que partagent également leurs parents, inquiets pour l’avenir de leurs enfants. Quand soudain, la comédie musicale s’infiltre dans le documentaire, donnant voix à ces adolescents issus du monde ouvrier ou de la classe moyenne.
À l’origine destiné à la télévision, Chante ton bac d’abord est une œuvre hybride, étrange et ambitieuse : un documentaire social en forme de comédie musicale. « Ils le savent très bien, l’avenir n’est pas brillant. » dit l’une des mères. Le monde a changé depuis que les parents de cette bande d’amis ont eu dix-sept ans : plus de perspective de carrière dans cette ville de bord de mer touchée par le chômage. Il faut partir, mais quand Gaëlle annonce à son père qui travaille sur le port depuis de nombreuses années, qu’elle veut faire les BeauxArts, c’est l’affolement. David André recrute sa « bande » devant un lycée public, et, assailli par le doute concernant son projet fou, n’ose leur avouer son ambition de réaliser un film musical qu’après quatre mois de tournage. Coécrites par le réalisateur et les personnages qui les interprètent, les chansons qui ponctuent le film accompagnent le récit, drôles, sincères et touchantes. Un pari réussi, qui saisit avec une grande justesse la fragilité du monde adolescent.O.L.
CHANTRAPAS** (Fr., Géorgie, 2010.) R. et Sc. : Otar Iosseliani ; Ph. : Lionel Cousion et Julie Grünebaum ; M. : Djardi Balantchivadze ; Pr. : Pierre Grise et Sanguko Films ; Int. : Dato Tatielasshvili (Nicolas), Tamuna Karumidze (Barbara), Fanny Gonin (Fanny), Bulle Ogier (Catherine). Couleurs, 122 min. Jeune réalisateur georgien, Nicolas veut tourner un film dans son pays mais il se heurte à la censure. Furieux, il part en France avec ses rushes. Mais là c’est aux producteurs qu’il se heurte : le film n’est pas assez commercial et antisoviétique. Nicolas renonce. Pour son retour au cinéma, après une longue absence, Iosseliani nous livre une comédie qui renvoie dos à dos censeurs et producteurs, économie dirigée et économie libérale. C’est charmant, cocasse et profond. J.T.
CHANTS DE MANDRIN (LES)** (Fr., 2011.) R. et Sc. : Rabah Ameur-Zaïmeche ; Ph. : Irina Lubtchansky ; M. : Valentin Clastrier ; Pr. : Rabah Ameur-Zaïmeche ; Int. : Jacques Nolot (le marquis), Christian Milia-Darmezin (le colporteur), Kenji Levan (Courttoujours), Rabah Ameur-Zaïmeche (Bélissard). Couleurs, 97 min. Après l’exécution de Mandrin, la bande ne renonce pas. Bélissard la dirige et un colporteur, Sérati, continue à diffuser le Livre de Mandrin. Un marquis rejoint les contrebandiers. Il veut écrire la vie de Mandrin et partage leurs combats. Vainqueurs des soldats du roi, les Mandrins chantent la Complainte de Mandrin que vient de composer le marquis. Derrière une reconstitution historique un manifeste politique appelant à la révolte contre les riches et les puissants. Cela ne va pas sans libertés avec la réalité du temps mais nous permet d’assister à la naissance d’une littérature populaire à travers le colportage. J.T.
CHAOS (LE)* (Left Behind ; Can., 2014.) R. : Vic Armstrong ; Sc. : Paul Lalonde et John Patus d’après le roman de Jerry B. Jenkins et Tim LaHaye ; Ph. : Jack N. Green ; M. : Jack Lenz ; Pr. : Ed Clydesdale, Paul Lalonde, Michael Walker. Int. : Nicolas Cage (Rayford Steele), Chad Michael Murray (Buck Williams), Lea Thompson (Irene Steele), Cassi Thomson (Chloe Steele). Couleurs, La planète entière est soumise à d’étranges phénomènes : des personnes, et notamment des enfants, disparaissent comme par enchantement. À 30 000 mètres d’altitude, dans un vol en direction de Londres, le pilote et les passagers d’un avion tentent de survivre à cette terrible situation.
La carrière de Nicolas Cage est chute libre depuis quelques années. Et les choses ne vont pas en s’arrangeant, comme l’illustre Le Chaos, adaptation d’un best-seller de Jerry B. Jenkins et Tim LaHaye. Ce film réalisé par Vic Armstrong (cascadeur et réalisateur de seconde équipe réputé) porte en effet bien son titre et résume parfaitement ce qui nous est donné à voir sur l’écran. L’histoire, qui s’inspire des écritures saintes et des évangiles, est pavée de bonnes intentions et de bons sentiments mais aussi de partis pris mystiques qui ne manqueront pas d’en irriter certains. Car Le Chaos s’impose vite, sous ses dehors de film fantastique, comme un éloge de la Foi, ce qui atténue évidemment le suspens mais aussi le mystère susceptible de découler du récit. La mise en scène, très premier degré, ne parvient pas à trouver la distance nécessaire et use de ficelles mélodramatiques si grosses qu’elles en deviennent risibles. Un ridicule que vient appuyer l’interprétation de Nicolas Cage dont la prestation est pathétique.E.B.
CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR** (The Avengers ; USA, 1998.) R. : Jeremiah Chechik ; Sc. : Don MacPherson Ph. : Roger Pratt ; M. : Joel McNeeley ; Pr. : JW Productions et Jerry Weintraub ; Int. : Ralph Fiennes (John Steed), Uma Thurman (Emma Peel), Sean Connery (Sir August de Winter). Couleurs, 95 min. Londres en 1999 voit se succéder ouragans pluvieux et tempêtes de neige sans rapport avec la saison. Les services secrets soupçonnent un complot. L’agent Steed est chargé d’enquêter et découvre que l’homme qui détraque le temps est le richissime. Sir August de Winter qui réclame une énorme rançon pour ne pas détruire l’Angleterre. Steed le ramènera à la raison. Excellent petit film d’espionnage où, pour une fois, Sean Connery joue le méchant. Mais avec quelle élégance !J.T.
CHAQUE JOUR QUE DIEU FAIT** (Tutti i santi giorni ; Ital., 2012.) R. : Paolo Virzi ; Sc. : Francesco Bruni, Paolo Virzi, Simone Lenzi, d’après le roman de ce dernier ; Ph. : Vladan Badovic ; M. : Federica Victoria Caiozzo ; Pr. : Elisabetta Olmi ; Int. : Luca Marinelli (Guido Caselli), Federica Victoria Caiozzo dite Thony (Antonia), Micol Azzuro (Patrizia Caiozzi), Claudio Pallitto (Marcello Caiozzi), Stefania Felicioli (la gynécologue progressiste), Franco Gargia (le professeur Savarese). Couleurs, 102 min. Guido, jeune homme érudit et timide, réceptionniste de nuit dans un hôtel de luxe, tombe amoureux d’Antonia, employée dans une agence de location de voitures et chanteuse amateur. La jeune femme est aussi instable et susceptible que Guido est calme et doux, ce qui ne l’empêche pas de lui rendre son amour. Un jour, ils décident d’avoir un enfant… Chronique d’un jeune couple d’aujourd’hui, à la fois réaliste (description minutieuse de leur vie quotidienne, en particulier de leur parcours du combattant sur la voie de la procréation assistée) et imaginative (l’obsession de l’Asiatique libidineux ; la visite de l’utérus de la future maman). C’est drôle, parfois émouvant, jamais gnangnan. Luca Marinelli, craquant, et la chanteuse Thony, au tempérament de feu, savent rendre leur personnage respectif attachant.G.B.
CHAQUE SOIR À NEUF HEURES*** (Our Mother’s House ; GB, 1967.) R. : Jack Clayton ; Sc. : Jeremy Brooks et Haya Harareet, d’après un roman de Julian Gloag (1963) ; Ph. : Larry Pizer (Metrocolor) ; M. : Georges Delerue ; Pr. : Martin Ransohoff et Jack Clayton ; Int. : Dirk Bogarde (Charlie Hook), Margaret Brooks (Elsa), Pamela Franklin (Diana), Louis Sheldon Williams (Hubert), John Gugolka (Dunstan), Mark Lester (Jiminee), Sarah Nicholls (Gerty), Gustav Henry (Willy). Couleurs, 105 min.
Sept enfants victimes d’une éducation mystique et puritaine cachent aux adultes, par peur de l’orphelinat, le brusque décès de leur mère et vivent ainsi, refermés sur leur monde, dans une modeste maison de la banlieue londonienne. Et petit à petit s’instaure une petite communauté « parallèle » au monde structuré des adultes, avec ses lois, sa religion, ses rites. L’un des jeunes garçons, faussaire en herbe, contrefait la signature de la mère sur les papiers officiels pour ne pas interrompre le versement de la pension. Chaque soir à neuf heures, les enfants se recueillent dans l’abri du jardin et, afin de connaître les directives maternelles, évoquent l’esprit de la disparue dans une séance de spiritisme. Jusqu’au jour où le père qui les a abandonnés surgit du passé et vient, par sa violence et ses principes d’adulte, menacer l’existence du petit groupe… L’œuvre est un jalon considérable dans le genre délicat et inusité du « film d’enfants pour adultes ». Nous sommes loin du prétexte à exercice de style, moments de cinéma, éclatements dramatiques et complaisances spectaculaires. Ici, tout est nuance, pudeur, ellipse et suggestion. Autant dire un film à contrecourant du cinéma populaire et commercial. Mais qui laisse une marque indélébile dans l’intellect. Sans oublier la plus stupéfiante direction d’acteurs de l’histoire du cinéma : sept jeunes comédiens et comédiennes – dont les âges s’échelonnent de 4 à 13 ans ! – confondants de justesse et de naturel dans une œuvre étrange, morbide, inquiétante, inclassable. Présenté au Festival de Venise en 1967, le film ne sortit en France que six années plus tard et resta deux semaines à l’affiche dans un cinéma parisien, avant de disparaître totalement des circuits de distribution. Par bonheur, la vidéo lui a ménagé une nouvelle carrière. On avait déjà pu apprécier le talent de la jeune Pamela Franklin dans Les Innocents (1961) de Jack Clayton ; quant à Mark Lester, il sera, un an plus tard, la star juvénile de Oliver ! (1968) sous la férule de Carol Reed.R.L.
CHARLIE CHAN EN ÉGYPTE***
(Charlie Chan in Egypt ; USA, 1935.) R. : Louis King ; Sc. : Robert Ellis et Helen Logan, d’après le personnage créé par Earl Derr Biggers ; Ph. : Daniel B. Clark ; M. : Samuel Kaylin ; Pr. : Edward T. Lowe ; Int. : Warner Oland (Charlie Chan), Pat Paterson (Carol Arnold), Thomas Beck (Tom Evans), Rita Cansino (Nayda), Frank Conroy (professeur Thurston), Nigel de Brulier (Edfu Ahmad), Stepin Fetchit (Snowshoes). NB, 72 min. En Égypte, alors qu’il enquête sur le vol d’objets d’art provenant d’un tombeau récemment mis à jour par le professeur Arnold, Charlie Chan découvre dans le laboratoire de l’archéologue que le cadavre du professeur a été substitué à la momie d’Ameti, grand-prêtre de la 21e Dynastie. Carol et son frère Barry, enfants du professeur, sont persuadés que la mort de leur père résulte de la malédiction de Sekhmet, la déesse de la vengeance de l’Égypte antique. Mais Charlie Chan démontrera que la magie des pharaons n’a rien à voir avec les dramatiques événements qui viennent de se produire et qu’un criminel bien humain agit dans l’ombre. L’un des plus gros succès et l’un des meilleurs Charlie Chan incarné par Warner Oland avec Charlie Chan à l’opéra. Le script flirte allègrement avec le fantastique, avec apparitions fantomatiques et malédiction venue du fond des temps. Sans compter les savoureux et inénarrables aphorismes proférés par le suave détective chinois : « Conclusion hâtive aussi facile à faire que trou dans l’eau », « Conseil après erreur est comme médecine après funérailles », « Esprit comme parachute : ne fonctionne que lorsqu’il est ouvert », ou encore « Théorie, comme buée sur les lunettes, obscurcit souvent les faits ». C’était la seconde apparition d’une certaine Rita Cansino qui ne s’appelait pas encore Rita Hayworth. Enfin, se rappelle-t-on que Stepin Fetchit (1898-1986) fut, au milieu des années trente, l’acteur noir le plus populaire et le plus riche d’Hollywood ? (Il était alors propriétaire de six maisons et posséda jusqu’à… seize limousines !). A redécouvrir.R.L.
CHASSEUR (LE)***
(The Hunter ; Austr., 2011.) R. : Daniel Nettheim ; Sc. : Alice Addison et Wain Fimeri, d’après le roman de Julia Leigh ; Ph. : Robert Humphreys ; M. : Andrew Lancaster, Michael Lira et Matteo Zingales ; Pr. : Vincent Sheehan ; Int. : Willem Dafoe (Martin David), Frances O’Connor (Lucy Armstrong), Sam Neill (Jack Mindy), Morgana Davies (Sass Armstrong), Finn Woodlock (Bike Armstrong), Callan Mulvey (le chasseur rival). Couleurs, 98 min. Chasseur engagé par un laboratoire pharmaceutique européen, Martin David arrive en Tasmanie pour trouver la trace du thylacine, le tigre de Tasmanie. Se présentant comme un chercheur de l’université, il loue une chambre à Lucy Armstrong qui vit en lisière de la forêt avec ses deux enfants Sass et Bike. Parti à la recherche du tigre six mois plus tôt, son mari, Jarrah, n’est jamais revenu. Martin pose des pièges dans les vastes territoires inhabités sans grand résultat et revient périodiquement chez les Armstrong. Mais les responsables du laboratoire qui l’ont engagé s’impatientent et décident de tout mettre en œuvre pour obtenir ce qu’ils veulent… Un film sur la recherche de la possible survie du thylacine, le mythique tigre de Tasmanie – son espèce semble avoir disparu depuis les années trente –, avait de quoi séduire les amoureux de la nature, d’autant que la démarche des auteurs est éminemment sympathique. Le héros est un mercenaire qui a toujours vendu ses services sans le moindre état d’âme. Mais, au contact d’une jeune veuve et de ses deux enfants, il va s’humaniser et se révolter contre le lobby pharmaceutique qui l’emploie. Car les motivations de son employeur sont plus que douteuses : découvrir la formule de la toxine secrétée par le thylacine pour endormir ses proies, qui permettra sans doute de mettre au point une arme nouvelle. Ainsi, sous la forme d’une quête désespérée se dessine le sort du monde, et la révolte finale de Martin David au cours de laquelle il retrouve son âme – il finira par tuer le (dernier ?) thylacine, puis détruira sa dépouille en sanglotant – s’apparente à la révolte de tous les hommes de bonne volonté contre les dérives de la science qui rendent la survie de la planète de plus en plus problématique. Un film d’autant plus estimable donc que les images tournées en plein cœur de la Tasmanie sont de toute beauté. Et qu’il nous donne à voir quelques secondes
durant les images du dernier thylacine encore vivant, filmé dans le zoo de Hobart en 1933 (ce dernier spécimen est mort en 1936). Le film a obtenu le Prix de la Critique Internationale au Festival de Toronto 2011. Sorti en France hélas uniquement en vidéo.R.L.
CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES (LE)* (The Huntsman : Winter’s War ; USA, 2016.) R. : Cedric Nicolas-Troyan ; Sc. : Evan Spiliotopoulos et Craig Mazin ; Ph. : Phedon Papamichael ; M. : James Newton Howard ; Eff. spéc. : Dominic Tuchy ; Pr. : Universal Pictures ; Int. : Chris Hemsworth (Eric le chasseur), Charlize Theron (Ravenna), Emily Blunt (Freya), Jessica Chastain (Sarah), Sam Claflin (William), Nick Frost (Nion) Couleurs, 114 min. Ravenna la maléfique règne sur le royaume du Sud. Sa sœur Freya, tombée amoureuse d’un chevalier dont elle a un enfant. Mais le chevalier tue l’enfant et, brisée, Freya se refugie dans le royaume du Nord avec une troupe de chasseurs. Ravenna avait ensorcelé le chevalier pour qu’il tue l’enfant. Parmi les chasseurs qui entourent Freya, il y a Eric qui aime Sara malgré les ordres de Freya. Déçu Eric va aider Blanche-Neige à récupérer le royaume de Ravenna. Freya le combat mais finalement comprend le rôle maléfique de sa sœur et fait disparaître Ravenna avant de mourir de la blessure que lui a infligée cette dernière. Suite de Blanche-Neige et le chasseur, c’est un nouveau beau livre d’images qui nous est offert : photos somptueuses, effets comiques assurés par les nains de Blanche-Neige, interprétation brillante.J.T.
CHAT DU RABBIN (LE)** (Fr., 2010.) R. : Joann Sfar et Antoine Delesvaux ; Sc. : Sandrine Jardel et Joann Sfar ; Animation : Jean-Christophe Dessaint ; M. : Olivier Daviaud ;
Pr. : Autochenille Production ; Voix : François Morel (le chat), Maurice Benichou (le rabbin/le lion), Hafsia Herzi (Zlabya), Jean-Pierre Kalfon (le Malka des lions). Couleurs, 90 min. Après avoir avalé un perroquet, le chat du rabbin Sfar se met à parler. Il perd la parole après avoir invoqué le nom de Dieu et la retrouve après avoir été piqué par un scorpion. Venu du monde de la bande dessinée, le chat philosophe de Joann Sfar devient héros du septième art. C’est charmant, pittoresque, exotique (le Congo) et plein d’humour.J.T.
CHAT POTTÉ (LE)** (Puss in Boots ; USA, 2011.) R. : Chris Miller ; Sc. : Tom Wheeler ; Animation : Fabio Lignini ; M. : Henry Jackman et Rodrigo y Gabriela ; Pr. : Dreamworks Animation : Voix : Antonio Banderas / Boris Rehlinger (le Chat Potté), Salma Hayek / Virginie Efira (Kitty Pattes de velours), Zach Galifianakis / Vincent Ropion (Humpty Alexandre Dumpty). Couleurs, 90 min. Le Chat Potté veut dérober aux méchants Jack et Jill les haricots magiques qui permettent d’approcher l’Oie aux œufs d’or. Mais il a une rivale, Kitty Pattes de velours… Elle travaille pour l’œuf Humpty Alexandre Dumpty, en froid avec le Chat Potté. Venu de Shrek, le Chat Potté, détourné des contes populaires, est le nouveau personnage des films d’animations, mêlé à des aventures picaresques destinées à tous les publics.J.T.
CHATRAK (Chatrak ; Inde, 2011.) R. et Sc. : Vimukthi Jayasundara ; Ph. : Channa Deshapriya ; M. : Roman Dimny ; Pr. : Vandana Trading Company ; Int. :
Sudip Mukherjee (Rahul), Paoli Dam (Paoli), Sumeel Thakur (le frère). Couleurs, 90 min. Un architecte Rahul construit une tour. En même temps, aidé de son épouse, il cherche son frère qui a disparu et serait devenu fou. Il le retrouve dans une forêt mais son comportement est tellement étrange qu’il le laisse repartir. Rahul à son tour devient fou. S’ouvrant sur un étrange prologue (un jeune homme dérobe son fusil à un soldat puis ils fraternisent) sans lien apparent avec la suite Chatrak est une œuvre déroutante. Sans doute l’auteur a-t-il voulu condamner la modernité, mais son réquisitoire manque de clarté. La lenteur du montage achève le spectateur qui perd vite pied.J.T.
CHATEAU DES CARPATHES (LE) (Tajemstui hradu v Karpatech ; Tchéc., 1983.) R. : Oldrich Lipsky ; Sc. : George Brdecka d’après Jules Verne ; Int. : Michael Docolomansky (le comte Teleka de Toloko), Evelyna Steimorava, Milo Kopecky. NB, 100 min. Les inventions du professeur Orfanik dans un mystérieux château excitent la curiosité du comte Teleka de Toloko qui tente d’y pénétrer après l’accident d’un garde forestier. Adaptation ratée d’un beau roman fantastique de Jules Verne. Connu seulement en France par le DVD.J.T.
CHATS PERSANS (LES)*** (Kasi az gorbehaye irani khabar nadareh ; Iran, 2009.) R. : Bahman Ghobadi ; Sc. : Bahman Ghobadi, Hossein Mortezaeiyan, Roxan Saberi ; Ph. : Turaj Aslani ; M. : Ash Koosha ; Pr. : Bahman Ghobadi ; Int. : Hamed Bedad (Nader), Ashkan Koshanejad (Ashkan), Negar Shaghaghi (Negar Shaghaghi), Rana Farhan (Rana Farhan), Bahman Gobadi (Bahman Gobadi). Couleurs, 106 min.
À leur sortie de prison, Negar et Ashkan, deux jeunes musiciens iraniens, décident de monter un groupe underground. Lassés de ne pas pouvoir s’exprimer librement dans leur pays, ils tentent par ailleurs de se procurer clandestinement des papiers pour rejoindre l’Europe. Ils font la rencontre d’Hamed, qui les accompagne dans leurs démarches, et parcourent avec lui Téhéran à la rencontre d’autres musiciens, essayant de les convaincre de quitter le pays avec eux. Les chats persans ou comment s’exprimer envers et contre tout quand on est jeune et qu’on a quelque chose à dire dans un pays dont le régime s’emploie à vous museler pour imposer sa pensée unique. Filmée dans l’urgence avec une caméra fiévreuse (mais – excusez du peu – en format scope), cette balade dans Téhéran nous donne à voir (et à entendre) la scène underground de la capitale iranienne telle qu’elle existe au moment du tournage, allant du rock alternatif au rap, et telle qu’elle s’écoute et s’enregistre (dans des caves, dans une étable ou dans des appartements – si bien sûr les voisins ne vous dénoncent pas !). Bahman Gobadi enregistre cet état des lieux avec beaucoup de passion, de sincérité, de culot et… d’humour. Ses deux acteurs principaux, les chanteurs Ashkan Koshanejad et Negar Shaghaghi, sont de bons musiciens mais des acteurs un peu pâlichons. En revanche, dans le rôle de leur impresario, Hamed Bedad emporte le morceau grâce à sa tchatche d’enfer.G.B.
CHEMINS DE LA LIBERTÉ (LES)** (The Way Back ; USA, 2011.) R. : Peter Weir ; Sc. : Peter Weir et Keith Clarke d’après un livre de Slavomir Rawicz ; Ph. : Russell Boyd ; M. : Burckhard Dallvitz ; Pr. : Joni Levin, Peter Weir, Duncan Henderson ; Int. : Jim Sturgess (Janusz), Ed Harris (Mr Smith), Colin Farrell (Valka), Saoirse Ronan (Irene), Mark Strong (Kabarov). Couleurs, 134 min. En 1940, un officier polonais, Janusz, est envoyé au goulag par l’armée rouge. Il y prépare une évasion. À la faveur d’une tempête, il s’échappe avec deux compatriotes, un ingénieur américain, Smith, et Valka, un Urki. Ils seront rejoints près du lac Baïkal par la jeune Irene. Ils passent par la Mongolie, la
Chine, le désert de Gobi où Irene meurt, puis le Népal où Smith s’établit. Janusz atteint enfin l’Inde. Il reviendra en Pologne après l’effondrement de l’URSS. Inspiré d’un récit vrai, mais controversé de Slavomir Rawicz, c’est l’histoire d’un voyage de 10 000 kilomètres par un groupe d’évadés du Goulag. Belle occasion d’évoquer de splendides paysages, témoins muets et indifférents des souffrances d’un groupe de rescapés de l’enfer stalinien. Belle réalisation de Peter Weir qui n’avait plus rien tourné depuis Master and Commander, et superbe casting. J.T.
CHEMISES ROUGES (LES)** (Camicie rosse ; Ital., 1952.) R. : Goffredo Alessandrini et Francesco Rosi ; Sc. : E. Biagi, R. Renzi et S. Bolchi ; Ph. : M. Scarpelli ; M. : Enzo Masetti ; Pr. : Cine Films ; Int. : Raf Vallone (Garibaldi), Anna Magnani (Anita Garibaldi), Alain Cuny, Jacques Sernas, Serge Reggiani. NB, 100 min. Rome 1849. La République romaine, défendue par Garibaldi, agonise. Ne voulant pas entendre parler de capitulation, le héros décide de quitter la ville avec sa femme brésilienne, Anita, et deux mille hommes, les Chemises Rouges, pour rejoindre la République sœur, Venise, qui seule résiste aux Autrichiens, et continuer de se battre là bas pour l’unité italienne. Traqué par des armées pontificales, françaises, espagnoles et austro-hongroises, le grand tacticien, parvient, par des manœuvres hardies, pendant de longues semaines, à mettre les ennemis dans sa poche. Anita est enceinte, il y a un traître parmi les volontaires, tout le monde est à bout à la suite de marches et contre-marches harassantes, qu’importe ! Quand les Autrichiens croient enfin tenir les Chemises Rouges profitant d’une absence de leur chef, Anita empoigne un fusil et rallie fougueusement les indécis. Garibaldi revient à point nommé et, par une charge de cavalerie, disperse les Autrichiens. Réfugié dans la minuscule République neutre de San Marino, le patriote dissout sa petite armée et avec quelques
volontaires, se dirige à marches forcées sur Venise. Des hommes sont capturés, doivent creuser leur tombe et sont fusillés, dans une scène poignante qui nous rappelle les SS. Anita meurt tragiquement dans une ferme. Son mari part pour continuer la lutte. Goffredo Alessandrini, qui par ailleurs avait réalisé des films de propagande fasciste, tomba malade pendant le tournage. Il fut remplacé au pied levé par son assistant, Francesco Rosi, qui acheva le tournage. Des esprits moroses trouvèrent donc qu’il y avait des ruptures de rythme dans Les Chemises Rouges. Cette opinion nous paraît très contestable. Pourquoi bouder le plaisir ? Ce film à la fois historique et d’aventures, est mené à un train d’enfer, sans aucun temps mort. Il retrace une page de gloire de Garibaldi et du Risorgimento italien, bien mieux que ne le fit Rossellini avec son médiocre Viva l’Italia.U.S.
CHERCHEZ HORTENSE*** (Fr., 2012.) R. : Pascal Bonitzer ; Sc. : Pascal Bonitzer et Agnès de Sacy ; Déc. : Manu de Chauvigny ; Cost. : Marielle Robaut ; Son : Serge Arthus ; Mont. : Elise Fievet ; M. : Alexei Aigui ; Pr.. : Saïd Ben Saïd ; Société de production ; SBS Productions ; Int. : Jean-Pierre Bacri (Damien Hauer), Kristin Scott Thomas (Iva), Isabelle Carré (Aurore ou Zorica), Claude Rich (Sébastien Hauer), Philippe Duclos (Henri Hortense), Masahiro Kashiwagi (le serveur japonais), Marin Orcand Tourres (Noé), Jackie Berroyer (Lobatch), Agathe Bonitzer (Laetitia, la jeune actrice). Couleurs, 100 min. La tragi-comédie du couple est encore au centre de Cherchez Hortense, mais son contexte est sans doute plus important. Un professeur de civilisation chinoise, Damien Hauer et une metteuse en scène de théâtre, Iva, parents d’un garçonnet doué et redoutablement personnel, vivent dans une sorte de marasme psychologique une relation en voie de perdition. Elle lui demande de soutenir la demande d’une jeune immigrée Serbe proche de sa famille, Zorica, sans papiers et menacée d’expulsion, auprès de son père, qui est président de section au Conseil d’État et homosexuel sans coming out. Tâche quasi-impossible pour lui,
fils méprisé d’un père lointain. Tout cependant repose sur un certain Henri Hortense, ami du père, maître clandestin des décisions délicates, que l’on ne saurait déranger. Joint par un subterfuge, il se dérobe avec une effroyable condescendance à l’égard de Damien comme de son père. Passons sur les intrigues secondaires, fugues et variations où l’on retrouve les personnages incertains et nomades de Pascal Bonitzer (entre autres, le toujours remarquable Jackie Berroyer). Entre ces êtres isolés et un peu perdus, les liens sont plus étroits qu’il n’y paraît, rencontres et malentendus, émotions et raison, mensonges, incertitudes, tromperies, tendances suicidaires – chez Bonitzer, toujours la mort circule sous forme de revolver –, recherche du bonheur, qui se dérobe. Mais la sagesse orientale triomphe, la jeune Serbe obtient ses papiers et peut filer le parfait amour avec Damien, séparé de sa femme infidèle. À l’instar des précédentes, et au-delà des conflits entre sexes et générations, Pascal Bonitzer entrecroise dans sa sixième réalisation les fils subtils d’un récit intimiste qui touche aux grandes questions politiques et sociétales du moment – l’immigration, la montée en puissance de l’Asie. Comme dans Rien sur Robert, entre catholicisme et judaïsme, et la recherche de Dieu qui se tait, Petites coupures, fin du communisme et retour des religions, l’auteur développe un marivaudage métaphysique, affectif et sensuel. Qui aurait envie d’expulser Isabelle Carré ? On admire l’intelligence du scénario, l’acuité du regard sur la société française, la terreur et l’arbitraire du pouvoir – Hortense personnalise un réseau homosexuel puissant et opaque –, le charme des acteurs, la qualité des images, l’humour voire une certaine allégresse : ils donnent à l’ensemble une légèreté qui renforce sa profondeur. Les films de Pascal Bonitzer sont des millefeuilles, et l’on éprouve autant de plaisir intellectuel à les feuilleter que cinématographique à les voir se développer. Au fond, une constante humaine : chaque conscience cherche la mort de l’autre mais cette fois le film finit bien, ce qui est une nouveauté pour l’auteur et réalisateur. À lire sur le film : Raphaëlle Leblanc, « L’identité est une fable : Cherchez Hortense de Pascal Bonitzer – De la carte d’identité à la carte du Tendre », Questions internationales, no 66, marsavril 2014, p. 115-121.S.S.
CHEVAL DE BOIS (LE)*** (The Wooden Horse ; GB, 1950.) R. : Jack Lee ; Sc. : Eric Williams, d’après son livre ; Ph. : G. Pennington-Richards ; M. : Muir Mathieson ; Pr. : Ian Dalrymple ; Int. : Leo Genn (lieutenant Peter Howard), Anthony Steel (capitaine John Clinton), David Tomlinson (Phil Roe), Michael Goodliffe (Robbie), Anthony Dawson (Pomfret), Bryan Forbes (Paul), Jacques B. Brunius (André), Walter Gotell (François), Peter Finch (le prisonnier australien). NB, 101 min. L’obsession (et le devoir) de tout prisonnier de guerre est de s’évader. Les aviateurs de la R.A.F. détenus dans le Stalag Luft III en 1943, ne font pas exception à la règle. Le capitaine John Clinton fait part à ses camarades d’infortune Peter Howard, Phil Roe, Nick Bennet, Nigel, Robbie, Paul et Pomfret, de l’idée qui vient de germer dans son esprit : construire un cheval d’arçon en bois et le porter tous les jours sur le terrain de l’oflag proche des barbelés. Pour les Allemands qui les surveillent, il s’agira tout bonnement pour les prisonniers d’un moyen de s’entretenir physiquement pour garder la forme. Mais la structure cachera un homme qui, sous elle, pourra creuser un tunnel vers la liberté… Grâce à cette astuce, trois volontaires, Phil, John et Peter, réussiront à s’enfuir. L’histoire d’Eric Williams, ancien officier de la R.A.F., est rigoureusement authentique et l’évasion dont il est question, après quatre mois de travail, date du 29 octobre 1943. Tout juste précédé par le film de Basil Dearden J’étais un prisonnier (1947), il s’agit du prototype des films d’évasion dont le cinéma britannique se fera une spécialité dans les années cinquante. Saluant l’intensité du sujet et les qualités humaines de l’interprétation par des acteurs qui jouissaient encore, à l’époque, de l’incognito, la critique française, contre toute attente, fut très élogieuse : « Le film est simple, vrai, pathétique, pur de toute surcharge. Avouons qu’il nous tient en haleine, magnifiquement, et qu’il y a plus d’émotion dans chaque mètre obscur de ce tunnel que dans les dix mille hectares des studios de la Paramount. » (Michel de Saint-Pierre). Redécouvert en vidéo.R.L.
CHEVAL DE GUERRE (War Horse ; USA, 2011.) R. : Steven Spielberg ; Sc. : Lee Hall et Richard Curtis ; Ph. : Janusz Kaminski ; M. : John Williams ; Pr. : Dream-Works et Reliance Ent. ; Int. : Jeremy Irvine (Albert Narracott), Peter Mullan (Ted Narracott), Emily Watson (Rosie Narracott), Niels Arestrup (le grandpère), David Thewlis (Lyons). Couleurs, 147 min. Dans le Devon, un jeune paysan s’efforce de dresser un cheval magnifique, mais les parents, trop pauvres, vendent le cheval à l’armée. Or nous sommes en 1914 et le cheval va traverser toute la guerre avant de retrouver son maître. Malgré quelques scènes guerrières où l’on retrouve la patte du maître, ce torrent de bons sentiments servi par une musique sirupeuse semble destiné à un public juvénile. Nous sommes loin de Duel.J.T.
CHEVAL DE TURIN (LE)**** (A Torinoi Lo ; Hongrie, Fr., Suisse, All,, 2011.) R. : Bela Tarr, Agnes Hranitzky ; Sc. : Laszlo Krasznahorka, Bela Tarr ; Ph. : Fred Kelemen ; M. : Mihaly Vig ; Pr. : TT Filmmûhely, Vega Film, Zero Fiction Film, MPH Film ; Int. : Janos Derzsi (Ohlsdorfer), Erika Bok (sa fille), Mihaly Kormos (Bernhard). NB, 148 min. Fin du XIXème siècle, une misérable ferme dans une campagne désolée. Le vent souffle en tempête. C’est là que vivent un homme – sexagénaire, veuf, paralysé d’un bras – et sa fille mutique. Elle l’aide à se vêtir, se dévêtir et s’acquitte des tâches journalières (chercher l’eau au puits, préparer un chiche repas). Lux, un cocher, se rend quotidiennement à la ville, leur unique bien étant un cheval. Or, ce jour là, celui-ci refuse d’être attelé et va bientôt se laisser dépérir. L’eau du puits va se tarir. Selon la Bible, Dieu créa le monde en sept jours ; Bela Tarr le déconstruit en six, le septième n’étant que néant. Son film se divise donc en six journées, six chapitres où le même quotidien se répète en de très longs plans séquences se
concluant par un zoom très lent ou se figeant en un plan fixe. Dialogues succints voire absents… long monologue du voisin… musique lancinante… souffle du vent en continu – sauf à la fin où tout n’est plus que nuit et silence. Le vieux est tel un gisant sur son grabat, le voisin parle de la terre souillée par les hommes, d’apocalypse, de mort de Dieu. Ce film testamentaire, qui fait référence à Nietzsche, pourrait susciter l’ennui alors que, bien au contraire, il fascine et maintient l’attention par la plénitude de sa réalisation, la beauté de ses images, une superbe noir et blanc, la pertinence de son propos. Un film austère et exigeant sur la résignation du « dernier homme » et la fin annoncée de notre monde. Une œuvre magnifique, essentielle, indispensable. Le titre renvoie à l’incident qui se produisit à Turin en 1889, où Nietzsche, prenant la défense de son cheval battu par son cocher, en perdit la raison.C.B.M.
CHEVALIERS BLANCS (LES)* (Fr., 2015.) R. : Joachim Lafosse ; Sc. : Joachim Lafosse, Bulle Decarpentries et Thomas Van Zuylen, d’après Sarkozy dans l’avion ? de Pinte et d’Ursel ; Ph. : Jean-François Hansgens ; M. : Apparat ; Pr. : Versus Production et Les Films de Worso ; Int. : Vincent Lindon (Jacques Arnault), Louise Bourgoin (Laura Turine), Valérie Donzetti (Françoise Dubois), Redia Kateb (Libert), Bintou Rimtobaye (l’interprète). Couleurs, 112 min. Dans le Tchad ensanglanté par la guerre civile, Arnault, à la tête de l’ONG Move for Kids, s’efforce de sauver des orphelins. En réalité ils sont destinés à des couples en mal d’adoption et qui ont versé une somme d’argent pour les accueillir. L’entreprise tourne mal (panne d’avion, dissensions, fraudes diverses…) et l’armée finit par arrêter Arnault. Sous un titre ironique, c’est l’épopée qui finit en désastre de l’Arche de Zoé, qui est mise en scène avec toutes ses ambiguïtés. Une telle expédition, en apparence généreuse, se justifiait-elle ? Le scénario ne tranche pas. Reste alors un film d’aventures exotiques que l’on voit sans ennui mais sans états d’âme.
J.T.
CHEVAUCHÉE TERRIBLE (LA) (Take a Hard Ride ; USA, 1975.) R. : Anthony Dawson (Margheriti) ; Sc. : Eric Bercovici et Jerry Ludwig ; Ph. : Riccardo Pallotini ; M. : Jerry Goldsmith ; Pr. : 20th Century Fox ; Int. : Lee Van Cleef (Kiefer), Jim Brown (Pike), Jim Kelly (Tiny), Catherine Spaak (Rafaele), Fred Williams (le joueur). Couleurs, 105 min. Pike doit convoyer une somme de 80 000 dollars. Elle tente un autre noir, Tiry, et un chasseur de primes Kiefer. Western spaghetti ? Production américaine ? Black Cinema ? Où classer cette œuvre redécouverte en DVD en 2015 grâce à Patrick Brion ? Vaut surtout pour la présence de Lee Van Cleef.J.T.
CHEVAUX DE DIEU (LES)** (Fr., Maroc, 2013.) R. : Nabil Ayouch ; Sc. : Jamal Belmahi ; Ph. : Hichame Alaouie ; M. : Meinier ; Pr. : Les films du Nouveau Monde ; Int. : Abdelhakim Rachid (Yachine), Abdelilah Rachid (Hamid), Hamza Souidek (Nabil). Couleurs, 115 min. Yachine, enfant d’un bidonville de Casablanca, admire son frère Hamid. Celui-ci est condamné pour viol. Au sortir de prison, devenu un islamiste radical, il persuade Yachine de rejoindre l’iman Abou Zoubeir. Yachine et trois de ses amis, sous l’influence de l’iman, acceptent de devenir des martyrs et se font sauter, malgré les supplications d’Hamid, dans un restaurant espagnol du centre de Casablanca. Ayouch, futur réalisateur de Much Loved, s’inspire des attentats meurtriers de Casablanca en 2003 en reconstituant l’itinéraire de l’un de ces jeunes terroristes que rien ne destinait à devenir un martyr de sa foi. Critiqué et oublié,
ce film retrouve son actualité en 2015 à Paris et mérite d’être revu avec attention tant il explique bien la radicalisation de certains esprits.J.T.
CHIEN DES BASKERVILLE (LE)* (The Hound of the Baskervilles ; GB, 1983.) R. : Douglas Hickox ; Sc. : Charles Edward Pogue d’après Conan Doyle ; Ph. : Ronnie Taylor ; M. : Michael J. Lewis ; Pr. : Plashkies ; Int. : Ian Richardson (Sherlock Holmes), Donald Churchill (Dr Watson), Ronald Lacey (Inspecteur Lestrade), Denholm Elliott (Dr Mortimer), Martin Shaw (Sir Baskerville). Couleurs, 96 min. Sir Charles Baskerville est mort d’une crise cardiaque. Aurait-elle été provoquée par un chien monstrueux ? Une vieille légende veut qu’une malédiction pèse sur la famille à la suite du viol d’une jeune fille. Or il ne reste qu’un descendant. Sherlock Holmes, à la demande du docteur Mortimer, enquête… Bonne version du fameux roman restée inédite en France et sortie en DVD en 2015. J.T.
CHIEN JAUNE DE MONGOLIE (LE)*** (Die Höhle des gelben Hundes ; All., Mongolie, 2005.) R. : Byambasuren Davaa ; Sc. : Byambasuren Davaa, d’après le conte de Ganbuya Lhavga ; Ph. : Daniel Schönauer ; M. : Dagvan Ganpurev ; Pr. : Byambasuren Davaa ; Int. : Nansal Batchuluun (la petite Nansal), Buyandulam Daramdi Batchuluun (Buyandulam, la mère), Urjindorj Batchuluun (Urjindorj, le père), Tserenpuntsaa Ish (la vieille dame). Couleurs, 93 min.
Âgée de 6 ans, la petite Nansa, fille d’éleveurs nomades, découvre un jour un chiot abandonné, dont son père ne veut pas car il pourrait attirer les loups qui rôdent autour de la yourte familiale… Ce film qui nous vient de la lointaine Mongolie sait allier la simplicité (l’histoire toute bête d’une petite fille qui trouve un chien qu’elle adore mais dont son père ne veut pas) à l’universalité (une famille qui élève ses enfants avec ses difficultés et ses joies), le particulier (le quotidien d’une famille d’éleveurs nomades de Mongolie, la vie sous la yourte et son démontage à la fin de la saison) au général (les sentiments d’un enfant doivent-ils être respectés à tout prix ou celui-ci doit-il invariablement se plier à l’intérêt supérieur des grands ?). La réalisatrice avance ses pions avec modestie mais avec une subtilité telle qu’au bout de quelques minutes d’adaptation on se retrouve aussi proche de cette famille (une vraie en plus !) que si l’on était des cousins en visite. Et miracle ! c’est sur les frêles épaules de la petite Nansal, merveilleuse de gravité enfantine, que le film repose tout entier.G.B.
CHLOÉ (Chloe ; USA, 2009.) R. : Atom Egoyan ; Sc. : Erin Cressida Wilson ; Ph. : Paul Sarossy ; M. : Mychael Danna ; Pr. : Montecito Picture company ; Int. : Julianne Moore (Catherine), Liam Neeson (David), Amanda Seyfried (Chloé), Max Thiériot (Michael). Couleurs, 99 min. Catherine, la quarantaine, une gynécologue, est mariée avec David, un professeur de musique. Un jour, elle pense que son mari la trompe. Pour en avoir la certitude, elle engage Chloé, une escort-girl chargée de séduire David et de tout lui raconter. Chloé s’exécute, mais s’éprend… de Catherine. Un film déplaisant dont le seul intérêt est d’être situé à Toronto. Pourquoi Atom Egoyan, qui fut un cinéaste estimable, a-t-il accepté la réalisation de ce remake de Nathalie… d’Anne Fontaine, autrement plus intéressant dans les rapports troubles qui unissent les personnages. Ici, on est plutôt dans un érotisme chic et racoleur.C.B.M.
CHOC DES TITANS (LE)* (Clash of the Titans ; USA, 2010.) R. : Louis Leterrier ; Sc. : Travis Beacham, Phil Hay et Matt Manfredi ; Ph. : Peter Menzies Jr. ; Eff. sp. : Nick Davis ; M. : Craig Armstrong ; Pr. : Thunder Road Film, The Zanuck Company, Legendary Pict. et Warner Bros Pictures ; Int. : Sam Worthington (Persée), Liam Neeson (Zeus), Ralph Fiennes (Hedès), Gemma Aterton (Io), Alexa Davalos (Andromède), Tine Stapelfeldt (Danae), Luke Evans (Apollon). Couleurs, 118 min. Des pêcheurs recueillent un bébé : Persée. Il est le fils de Zeus. La révolte gronde contre les Dieux et la famille adoptive de Persée est massacrée par Hadès en représailles. Hadès, après avoir tué Cassiopée, exige que sa fille, Andromède, soit sacrifiée au Kraken sinon Argos sera détruit. Cette fois Persée prend les choses en main : pour vaincre le Kraken, les Sorcières lui apprennent qu’il devra tuer Méduse et présenter sa tête au monstre. Persée réussit et sauve Andromède du Kraken. Remake d’un film de Desmond Davis en 1981. La mythologie grecque y est revue mais sans entorses trop graves et la distribution est brillante, moins toutefois que dans la version de 1981. Le film a été tourné en scope par Leterrier, bon spécialiste des films d’action, mais a été diffusé en 3D, ce qui n’a rien ajouté à sa qualité artistique. Le revoir sans les 3D risque de décevoir.J.T.
CHOCOLAT** (Fr., 2015.) R. : Roschdy Zem ; Sc. : Roschdy Zem, Cyril Gely, Olivier Gorce ; Ph. : Thomas Letellier ; M. : Gabriel Yared ; Pr. : Mandarin Cinema ; Int. : Omar Sy (Chocolat), James Thierrée (Footit), Clotilde Hesme (Marie), Olivier Gourmet (Olier). Couleurs, 110 min. Le clown Footit propose à un colosse africain, employé de cirque, de faire un duo avec lui. Dans ce numéro le clown blanc humilie le clown noir. Gros succès. Mais Chocolat ne résiste pas au succès et à un racisme inévitable.
L’histoire est vraie et les frères Lumière ont filmé Footit et Chocolat. Si les acteurs sont excellents et la reconstitution de l’époque réussie, le message antiraciste a paru à certains critiques un peu trop appuyé. Mais la révolte de Chocolat fut bien réelle et justifiée. J.T.
CHOIX DE LUNA (LE)* (Na Putu ; Bosnie-Herzegovine, 2011.) R. et Sc. : Jasmila Zbanic ; Ph. : Christine A. Maier ; M. : Brano Jakubovic ; Pr. : Deblokada ; Int. : Zrinka Cvitesic (Luna), Leon Lucev (Amar), Ermin Bravo (Bahrija). Couleurs, 100 min. Luna et Amar forment un couple heureux à Sarajevo. Amar perd son travail à cause de son alcoolisme. Un ami, gagné au wahhabisme, lui procure un poste dans une communauté de Jablanica. Il va renoncer au vin mais devenir un musulman radical. Leur couple va se défaire. Un film maladroit mais d’une brûlante actualité sur le fondamentalisme religieux. Après Sarajevo mon amour, Jasmina Zbanic pose un regard lucide sur les problèmes religieux qui secouent l’Europe. On pourra en discuter mais ce film, à la mise en scène plate, mérite attention par les questions qu’il pose. J.T.
CHÔMEUR DE CLOCHEMERLE (LE)* (Fr., 1957.) R. : Jean Boyer ; Sc. : Jean Boyer, Jean Manse ; Dial. : Gabriel Chevallier, d’après le roman de ce dernier ; Ph. : Charles Suin ; M. : René Sylviano ; Pr. : Ernest Rupp ; Int. : Fernandel (Baptistin Lachaud dit Tistin), Ginette Leclerc (Zozotte), Maria Mauban (Jeannette Masurat),
Georges Chamarat (le curé Patard), Rellys (le bedeau Coffenave), Henri Vilbert (le maire Piéchut). NB, 92 min. À Clochemerle, il est un citoyen pas comme les autres : c’est Tistin, joyeux drille et fainéant patenté, qui braconne éhontément et provoque les grenouilles de bénitier sèches comme les coups de triques qu’elles méritent. Le « scandaleux » personnage ne compte donc pas que des amis dans la bourgade, on s’en doute. À fortiori lorsqu’il s’avise de réclamer à la mairie une carte de chômeur avec l’indemnité y afférente… Sans prétention mais plaisant. Et grâce à la plume de Gabriel Chevallier, une petite dose d’insolence relève cette « Fernandellerie » : on y voit par exemple le comique consensuel embrasser Maria Mauban sur la bouche, Ginette Leclerc montrer ses seins, un curé se livrer au mensonge et la laveuse Béatrice Bretty, à qui le maire croit lui faire compliment en lui disant qu’elle pourrait faire de la politique, lui répondre : « J’ai déjà assez avec mon linge sale ».G.B.
CHORUS*** (Can., 2014.) R., Sc. et Ph. : François Delisle ; M. : Robert Marcel Lepage ; Pr. : Films 53/12 ; Int. : Fanny Mallette (Irène), Sébastien Ricard (Christophe), Geneviève Bujold (la mère), Pierre Curzi (le père). NB, 96 min. Hugo avait 8 ans lorsqu’il a disparu ; les recherches pour le retrouver sont restées vaines. Le couple de parents formé par Irène et Christophe en a été brisé. Lui s’est exilé au Mexique, elle est restée à Montréal et a repris sa carrière d’alto au sein d’une chorale. Alors qu’ils sont séparés depuis plusieurs années, ils apprennent que les restes d’un corps d’enfant ont été exhumés à la suite des aveux d’un pédophile. Il leur faut se revoir… Le film commence par la longue confession du pédophile en plan fixe, sans musique, moment d’une terrible intensité. La suite sera d’autant plus poignante qu’elle est narrée avec une grande sobriété, l’image scope, le noir et blanc, les
gros plans accentuant la solitude et la douleur de ces parents qui sont contraints d’affronter un double deuil. Un film bouleversant.C.B.M.
CHOUF (Fr., 2016.) R. et Sc. : Karim Dridi ; Ph. : Patrick Ghiringelli ; M. : Chkrrr ; Pr. : Rachid Bouchareb et Jean Bréhat ; Int. : Sofian Khammes (Sofiane), Foued Nabba (Reda), Zine Darar (Marteau), Nailia Harzoune (Najette), Simon Abkarian (le Libanais), Oussama Abdul Aal (Rachid). Couleurs, 97 min. Sofiane, un jeune français d’origine maghrébine vit au sein de sa famille dans un quartier « difficile » de Marseille. Grâce à ses parents, il a pu faire de bonnes études et doit intégrer la fac. Cependant lorsque son frère aîné, « guetteur » pour des trafiquants de drogue est abattu, il décide de le venger. Il intègre sa bande et devient « guetteur » à son tour ; malgré sa répugnance pour les armes, il va devoir passer à l’acte. Scénario basique où cette descente aux enfers dans l’univers de la drogue est par trop prévisible. La violence explose, souvent magnifiée, telles les scènes situées sur les hauteurs de Marseille. Les acteurs non professionnels ont une présence physique certaine, mais ils « boulent » les dialogues qu’ils rendent souvent peu compréhensibles. C.B.M.
CHRONIQUE D’UN HOMICIDE* (Imputazione di omicidio per uno studente ; Ital., 1972.) R. : Mauro Bolognini ; Sc. : Ugo Pirro, Ugo Liberatore ; Ph. : Giuseppe Ruzzolini ; M. : Ennio Morricone ; Pr. : Giani Hecht Lucari ; Int. : Martin Balsam (Sola), Massimo Ranieri (Fabio), Valentina Cortese (Mme Sola), Salvo Randone (le
Procureur général), Turi Ferro (le commissaire Malacarne), Giuseppe Colizzi (le commissaire Cottone). Couleurs, 99 min. À Rome, lors d’une manifestation, un étudiant et un policier sont tués dans un affrontement. L’arme qui a tué l’étudiant n’appartenait pas à la police. Quant au policier il aurait été abattu par un jeune extrémiste révolutionnaire. Le juge Aldo Sola mène l’enquête. Son fils Fabio est impliqué dans cette affaire… Après un prologue vivement mené, le film se poursuit en gros plans avec d’abondants dialogues, parfois fastidieux, qui alourdissent la mise en scène. Le principal intérêt reste le scénario de Ugo Pirro qui inscrit ce film dans le climat politique des années de Plomb. C.B.M.
CHRONIQUES DE TCHERNOBYL (Chernobyl Diaries, USA. 2012.) R. : Bradley Parker ; Sc. : Oren Peli, Carey Van Dyke, Shane Van Dyke d’après une histoire d’Oren Peli ; Ph. : Morten Søborg ; M. : Diego Stocco ; Pr. : Oren Peli et Brian Witten ; Int. : Ingrid Bolsø Berdal (Zoe), Dimitri Diatchenko (Uri), Devin Kelley (Amanda). Couleurs, 86 min. Alors qu’ils effectuent un voyage en Europe, trois jeunes débarquent à Kiev afin de rendre visite au frère de l’un d’entre eux. De là, ils entrent en contact avec une agence de tourisme de l’extrême et prennent part à une excursion à Pripyat, une ville fantôme située aux abords de la centrale de Tchernobyl. Auteur, avec Paranormal Activity, d’un des films d’épouvante les plus rentables de l’Histoire et considéré, un peu hâtivement, comme l’une des nouvelles figures du cinéma d’horreur contemporain, Oren Peli, en as du marketing, fait aujourd’hui fructifier sa petite entreprise, en tant que réalisateur mais aussi et surtout en tant que producteur, fonction qu’il a assumé sur la franchise qu’il a créée mais aussi sur d’autres œuvres telle l’excellent Insidious. Une casquette de producteur qu’il revêt, couplée avec celle de scénariste, sur ces
Chroniques de Tchernobyl, réalisées par Bradley Parker. Or, si sur le papier, le concept est intéressant (une ville fantôme proche de la centrale de Tchernobyl est un environnement propice à l’angoisse et à la terreur), le résultat est quant à lui décevant, Peli retombant dans ses travers et réduisant à néant aussi bien les enjeux dramatiques de l’histoire que la psychologie des personnages.E.B.
CHUTE DE LA MAISON BLANCHE (LA)* (Olympus Has Fallen ; USA, 2013.) R. : Antoine Fuqua ; Sc. : Creighton Rothenberger et Katrin Benedikt ; Ph. : Conrad W. Hall ; M. : Trevor Morris ; Pr. : Millenium Films ; Int. : Gerard Butler (Mike Banning), Aaron Eckhart (le président), Angela Bassett (Lynn Jacobs), Morgan Freeman (le speaker), Dylan McDermott (Forbes). Couleurs, 111 min. À la Maison Blanche le président est pris en otage par des terroristes nordcoréens. Ceux-ci veulent que les États-Unis cessent leur soutien à la Corée du Sud. Ils disposent du code commandant le feu nucléaire. Mais Banning, un agent des services secrets, qui avait déjà sauvé le président lors d’un accident, intervient, sauve à nouveau le président et stoppe in extremis l’explosion nucléaire que voulaient déclencher les terroristes. Dans un rôle de sauveur des États-Unis et de l’Humanité, Gerard Butler prend la succession de Bruce Willis. Le film met en lumière les faiblesses de la protection de la Maison Blanche et l’incapacité à réagir de l’administration américaine. Inquiétant. C’est le seul intérêt de ce film.J.T.
CHUTE DE LONDRES (LA)* (London Is Falling ; GB, USA, 2015.) R. : Babak Najafi ; Sc. : Christian Gudegast et Chad St John ; Ph. : Ed Wild Montague ; M. : Trevor Morris ; Pr. : SND ; Int. : Gerard Butler (Mike Banning), Aaron Eckhart (le
président Asher), Morgan Freeman (le vice-président Trumbull), Charlotte Riley (l’agent Marshall). Couleurs, 98 min. A l’occasion des obsèques du Premier ministre britannique, une attaque terroriste tue le président français, la chancelière allemande et d’autres chefs d’Etat. L’agent Banning doit protéger le président des Etats-Unis. Celui-ci peut compter sur lui… Après le succès de La chute de la Maison Blanche, un nouveau film inspiré par les attentats terroristes. Mais l’agent Banning ne vaut pas James Bond et le film est sympathiquement fauché.J.T.
CIEL ATTENDRA (LE)** (Fr., 2016.) R. et Pr. : Marie-Castille Mention-Schaar ; Sc. : Emilie Frèche, M.C. Mention-Schaar ; Ph. : Myriam Vinocour ; M. : Pascal Mayer ; Int. : Noémie Merlant (Sonia), Naomi Amarger (Mélanie), Sandrine Bonnaire (Catherine), Zinedine Soualem (Samir), Clotilde Courau (Sylvie), Yvan Attal (Yvan), Ariane Ascaride (le juge). Couleurs, 100 min. Une équipe du RAID pénètre dans le pavillon de Catherine et Samir pour arrêter leur fille Sonia, 17 ans, qui s’apprête à embarquer pour la Syrie. Catherine essaie de la comprendre afin de la dissuader. Par ailleurs, Mélanie, une autre lycéenne succombe au charme d’un beau « prince arabe » rencontré sur Facebook qui parvient à la convaincre de rejoindre le djihad. « Ils voulaient le paradis, ils ont connu l’enfer ». Le film s’intéresse à un sujet très fort (en une approche peut-être discutable), celui de la radicalisation de jeunes prêts à rejoindre le djihad par idéal ou par endoctrinement. C’est un film nécessaire où deux destins de lycéennes s’entrecroisent, un film avec quelques excès, mais selon Jean-Christophe Buisson, « un film de salut public, troublant, effrayant, percutant, éclairant, inquiétant, émouvant. »C.B.M.
CINGLÉE**
(Nuts ; USA, 1997.) R. : Martin Ritt ; Sc. : Tom Topor, Darryl Ponicsan, Alvin Sargent, d’après la pièce de Tom Topor ; Ph. : Andrzej Bartkowiak ; M., Pr. : Barbara Sreisand ; Int. : Barbra Streisand (Claudia Draper), Richard Dreyfuss (Aaron Levinsky), Maureen Stapleton (Rose Kirk), Karl Malden (Arthur Kirk), Eli Wallach (le docteur Herbert A. Morrison), Leslie Nielsen (Allen Green). Couleurs, 116 min. Claudia Draper, une call-girl, tue un client en état de légitime défense. Ses parents, qui tiennent à éviter un procès public et le scandale qu’il engendrerait, tentent de la faire reconnaître mentalement irresponsable. Malheureusement pour eux, la créature n’est pas du genre à se laisser manipuler. Claudia revendique au contraire haut et fort sa lucidité au moment du meurtre et veut à tout prix s’en faire innocenter. D’un autre côté, sa langue bien pendue et son attitude provocante jouent contre elle. Quant à Aaron Levinsky, son défenseur commis d’office, elle le méprise et ne trouve rien de mieux que de lui mettre des bâtons dans les roues… Puissant, tonique, fertile en émotions fortes, pourquoi ce film enthousiasmant reste-t-il méconnu ? Ode sans emphase à la dignité humaine, critique non sans drôlerie de l’oppression et de l’injustice qui se cache sous les atours de la démocratie américaine, l’avant-dernier film de Martin Ritt fait oublier son origine théâtrale par la vivacité de sa mise en scène et de son montage. Barbara Streisand, investie dans l’entreprise à un point tel qu’elle en a assuré la production et la musique originale, est éblouissante dans le rôle de cette « cinglée », aussi irrévérencieuse que provocatrice. Pour ne rien gâcher, elle est entourée d’une distribution de haut vol qui achève de faire de cette œuvre intelligente un spectacle en tous points jouissif…G.B.
CINQ LÉGENDES (LES)*** (Rise of the Guardians ; USA. 2012.) R. : Peter Ramsey ; Sc. : David Lindsay-Abaire d’après le livre The Guardians of Childhood de William Joyce ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. ex. : Guillermo del Toro, William Joyce
et Michael Siegel ; Pr. : Christina Steinberg et Nancy Bernstein ; Int (voix en v.o.) : Jude Law (le croquemitaine), Alec Baldwin (le Père Noël), Chris Pine (Jack Frost), Hugh Jackman (Le Lapin de Pâques). Couleurs, 97 min. Le Père Noël, le Lapin de Pâques, la fée des dents, le marchand de sable et Jack Frost, cinq légendes de l’enfance, décident d’unir leur force pour contrarier les plans de Pitch, le croquemitaine, désireux de répandre la peur dans le monde. Avec les Cinq Légendes, les studios Dreamworks accrochent un nouveau chef-d’œuvre du cinéma d’animation à leur palmarès. Impossible pour les spectateurs ayant conservé leur âme d’enfant, de rester de marbre devant ce film aussi réjouissant que spectaculaire et qui marie avec maestria action, poésie, humour et merveilleux. Il faut dire que l’histoire concoctée par le scénariste David Lindsay-Abaire (Le monde fantastique d’Oz) et l’écrivain William Joyce ne manque pas de ressort et met en scène des personnages mythiques dont elle dépoussière l’image. Ici, le père Noël est en effet une armoire à glace tatouée jusqu’aux épaules et le lapin de Pâques, un animal au caractère bien trempé et rôdé aux techniques de combat. Des détails qui confèrent ainsi aux cinq légendes des allures de super-héros, en lutte contre un ennemi commun, à savoir le Boogeyman, bien décidé à faire en sorte que les enfants ne croient plus en leur existence. En résulte un film qui oscille, avec justesse, entre suspens, noirceur (les cauchemars accompagnant le croquemitaine), fantastique et comédie et qui dresse en filigrane, avec le personnage de Jack Frost, le portrait sensible d’un adolescent en quête de sens et de reconnaissance. Voilà donc une œuvre magistrale et épatante à plus d’un titre, destinée à devenir un futur classique du cinéma d’animation.E.B.
CINQUANTE NUANCES DE GREY (Fifty Shades of Grey ; USA, 2015.) R. : Sam Taylor-Johnson ; Sc. : Kelly Marcel et Sam Taylor-Johnson d’après le roman de E.L. James ; Ph. : Seamus McGarvey ; M. : Danny Elfman ; Pr. : Focus Features ; Int. : Dakota Johnson (Anastasia Steel), Jamie Dornan (Christian Grey), Jennifer
Ehle (Carla May Wilks), Eloise Mumford (Kate), Victor Rasuk (José Rodriguez). Couleurs, 125 min. Ana doit interviewer le milliardaire Grey. De fil en aiguille, celui-ci fait signer un contrat par lequel Ana accepte d’être son esclave sexuelle dans sa salle de jeux du vendredi au dimanche. Elle hésite mais il la possède. Elle finit par se laisser entraîner. Ce sont de légères fessées, puis, après avoir tenté de lui échapper, elle se soumet à Grey. C’est le fouet. Elle le quitte. C’est le premier épisode d’un roman qui a connu un énorme (et inattendu) succès en librairie. L’adaptation est fidèle et ne cache rien (mais rapidement). En réalité pas de quoi fouetter un chat !J.T.
CINQUIÈME POUVOIR (LE)** (The Fith Estate ; USA, 2013.) R. : Bill Condon ; Sc. : Josh Singer ; Ph. : Tobias A. Schliessler ; M. : Carter Burwell ; Pr. : Dremaworks Pictures ; Int. : Benedict Cumberbatch (Julian Assange), Daniel Brühl (Daniel Berg), Caprice Van Houten (Birgitta), Moritz Bleibtreu (Marcus). Couleurs, 129 min. Julian Assange a créé un site Internet, WikiLeaks, qui révèle des secrets d’État. À l’issue d’une rencontre en 2007, il associe à son projet un informaticien doué, Berg. Le site devient de plus en plus important. Une affaire va le perdre. Un soldat, Bradley Manning, lui apporte des documents secrets ultra-sensibles. Au Pentagone on s’inquiète. Berg refuse de suivre Assange lorsque celui-ci publie les textes. Il est licencié mais sabote WikiLeaks. Une affaire qui a défrayé la chronique : la publication de documents utraconfidentiels par le site WikiLeaks. Le soldat auteur des fuites a été jugé et Assange est toujours en fuite. Le film de Bill Condon (déjà auteur d’un film sur la mort mystérieuse de James Whale) est fondé sur les ouvrages de Berg (Inside WikiLeaks) et de David Leigh et Luke Harding sur Julian Assange. Ce dernier a d’ailleurs tenté de faire interdire le film. C’est dire son intérêt, non sur le plan cinématographique (mise en scène plate) mais sur celui de l’Histoire.J.T.
CITÉ DES TUEURS (LA)** (City of Bad Men ; USA, 1953.) R. : Harmon Jones ; Sc. : George W. George et George Slavin ; Ph. : Charles G. Clarke ; M. : Lionel Newman ; Pr. : Twenty Century Fox ; Int. : Dale Robertson (Brett Stanton), Lloyd Bridges (Gar Stanton), Jeanne Crain (Linda), Richard Boone (Johnny Ringo). Couleurs, 82 min. À Carson City, au moment où est organisé le combat de boxe entre Corbett et Fitzsimmons, la bande de Stanton, venue attaquer la banque, convoite désormais la recette du match. Mais la bande de Johnny Ringo est aussi là. Fusillade garantie. Inédit en France, révélé par Patrick Brion en DVD, ce séduisant western qui relève aussi du film noir, montre le talent du méconnu Harmon Jones.J.T.
CLASH** (Fr., 1984.) R. et Sc. : Raphaël Delpard ; Ph. : Sacha Vierny ; M. : JeanClaude et Angélique Nachon ; Pr. : Promundi, Devenir Productions, Cinéthèque, Croatie Films ; Int. : Pierre Clémenti (l’inconnu), Catherine Alric (Martine), Bernard Fresson (Bé). Couleurs, NB, 92 min. Martine, jeune ouvrière solitaire, par amitié pour Bé, accepte de faire passer la frontière au butin d’un hold-up. Elle va se cacher dans une usine désaffectée avec l’argent en attendant les braqueurs. Là elle rencontre un jeune et mystérieux inconnu dont elle va rêver qu’il se transforme en dragon. Un cauchemar. Bé la réveille, s’empare de l’argent et lui tire dessus. Au moment de mourir, Martine revoit l’inconnu qui la prend dans ses bras. Fantastique dans la lignée de La nuit de la mort. Présenté au festival d’Avoriaz, le film fut victime d’un malentendu et vivement critiqué. Ce n’est que récemment que son importance a été reconnue, notamment par Jean-Pierre Putters dans le magazine Mad-Movies.R.D.
CLIENT (LE)** (Forushende ; Iran, 2016.) R. et Sc. : Asghar Farhadi ; Ph. : Hossein Jafarian ; M. : Sattar Oraki ; Pr. : Asghar Faradi Productions et Memento Films ; Int. : Shabab Hosseini (Emad), Taraneh Alidoosh (Rana), Babak Karimi (Babak), Farid Sajjadihosseini (le client). Couleurs, 123 min. Emad et Rana, qui répètent au théâtre Mort d’un commis voyageur, s’installent dans un nouvel appartement. Un soir, en l’absence d’Emad, Rana est agressée sous sa douche. Elle est traumatisée. Emad se lance à la recherche du coupable, probablement un client de l’ancienne locataire qui se prostituait… Un polar sur la désagrégation d’un couple sur fond de vie quotidienne en Iran et de répétitions de Mort d’un commis voyageur. Un scénario banal sur la vengeance mais que transcende Farhadi par sa maîtrise de l’image et du montage.J.T.
CLOCLO* (Fr., 2012.) R. : Florent Emilio Siri ; Sc. : Julien Rappeneau et Florent Emilio Siri ; Ph. : Giovanni Fiore-Coltelaccio ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. : LGM Cinema, Studio Canal, TF1, Flèche ; Int. : Jérémie Renier (Claude François), Benoît Magimel (Paul Lederman) Sabrina Seyvecou (Josette François), Ana Girardot (Isabelle Forêt), Joséphine Japy (France Gall), Robert Knepper (Sinatra). Couleurs, 148 min. La vie de Claude François : enfance en Égypte où son père travaille au canal de Suez ; après la nationalisation : retour en France ; difficultés financières ; débuts dans l’orchestre de RMC ; mariage avec une danseuse ; premier disque et échec ; lancement par Lederman avec Belles belles belles en 1962 ; succès à l’Olympia en 1964 ; rencontre avec France Gall ; Sinatra reprend My Way en 1968 ; création de sa maison de production ; découverte du disco ; un fils caché ; mort accidentelle.
Les vedettes de la chanson ont plus de chance à l’écran que les personnages historiques : comme dans le cas de Piaf, rien à redire à cette biographie filmée qui se veut exacte sans être complaisante et Jérémie Renier est un Claude François très ressemblant. Les fans n’ont pas protesté et même approuvé. Pourquoi ne pas faire de même. Le biopic a de beaux jours devant lui.J.T.
CLOSED CIRCUIT*** (Closed Circuit ; GB, USA, 2013.) R. : John Crowley ; Sc. : Steven Knight ; Ph. : Adriano Goldman ; M. : Jody Talbot ; Pr. : Focus Features-Working Title Films ; Int. : Eric Bana (Martin Rose), Rebecca Hall (Claudia Simmons-Howe), Ciarán Hinds (Devlin), Denis Moschitto (Farroukh Erdogan), Hasancan Cifci (Emir Erdogan), Jim Broadbent (le procureur général), Anne-Marie Duff (Melissa Fairbright), Kenneth Cranham (le juge Cameron Fischer). Couleurs, 96 min. Accusé d’être le cerveau d’un attentat à la bombe dans un marché londonien qui a fait plus de cent victimes, Farroukh Erdogan, d’origine turque, doit passer en jugement à l’Old Bailey. Après le suicide de son avocat de la défense, Simon Fellowes, Martin Rose est désigné pour lui succéder et seconder l’avocate spéciale désignée par Fellowes, Claudia Simmons-Howe. Il apparaît très vite à Martin que le rôle d’Erdogan, qui refuse obstinément de parler, n’est pas aussi clair que le prétend l’accusation et que le MI.6 a organisé son entrée en GrandeBretagne après un séjour en Allemagne où il avait été impliqué dans un autre attentat. Pour Martin, il n’y a plus de doute : Erdogan était un agent du MI.6 infiltré dans un groupe terroriste et l’opération organisée par les Services Secrets a tourné au désastre. Accosté par le procureur général de la Couronne qui est aussi Conseiller du Premier Ministre, Martin va très vite se rendre compte que les autorités tiennent à garder l’affaire secrète, et qu’elles sont prêtes à tout pour que la vérité n’éclate pas au grand jour… Un très habile film d’espionnage qui analyse avec une froide logique jusqu’où la raison d’Etat peut s’affranchir de toute morale et de toute valeur
humaine. Et, en fin de compte, les méchants gagnent car… force reste à la loi ! Pour convaincre les citoyens britanniques qu’ils sont bien défendus, il faut effacer les erreurs et les échecs de leurs dirigeants, quitte à supprimer quelques vies somme toute négligeables en regard de la majorité. Un scénario original remarquablement conçu par Steven Knight qui, rappelons-le, avait déjà signé celui des Promesses de l’ombre (2007) de David Cronenberg.R.L.
CLOUD ATLAS (Cloud Atlas ; USA, All., 2013.) R. et Sc. : Lana et Andy Wachowski, et Tom Tykwer ; Ph. : John Toll et Frank Griebe ; M. : Tom Tykwer ; Pr. : Cloud Atlas, X-Filme et Anarchos ; Int. : Tom Hanks (Henry Goose, Isaac Sachs, Dermot Hogins, Zachry), Halle Berry (Jocasta Ayrs, Luisa Rey, Ovid, Meronym), Jim Broadbent (Molyneux, Vivyan Ayrs, Timothy Cavendish, Hugo Weaving), Jim Sturgess (Adam Ewing, Hae-joo Chang, Adam), Doona Bae (Tilda, Somni). Couleurs, 165 min. 1849 : Adam de retour du Pacifique aide un esclave caché dans sa cabine. 1936 : Robert, en Écosse, rentre au service d’un grand compositeur. 1973 : à San Francisco une journaliste enquête sur une affaire de corruption. 2012 : Timothy, éditeur criblé de dettes, se retrouve dans une maison de retraite. 2144 : Sonmi, un clone échappe à ses dirigeants. 2321 : retour à la vie primitive après un cataclysme. Retour à Adam qui combat pour l’émancipation des noirs. Robert, après avoir achevé sa symphonie, se suicide. Timothy s’échappe et trouve l’amour. L’enquête de Luisa aboutit. Sonmi se justifie avant son exécution et les survivants du cataclysme partent pour une autre planète. Six films en un. L’adaptation de Cartographie des nuages roman de David Michell nous vaut un film à la structure narrative complexe où l’on passe d’un genre à l’autre : de l’aventure à la comédie, du thriller à la science-fiction. On s’y perd. Heureusement il y a Tom Hanks, au talent solide, qui assure le fil conducteur. Trop ambitieux le film a été un échec commercial.J.T.
CLOVERFIELD (Cloverfield ; USA, 2007.) R. : Matt Reeves ; Sc. : Drew Goddard ; Ph. : Michael Bonvillain ; Eff. sp. : John Hakian ; Eff. vis. : John Kilshaw ; Pr. : J.J. Abrams et Bryan Burk ; Int. : Lizzy Kaplan (Marlena Diamond), Jessica Lucas (Lily Ford), T.J. Miller (Hud), Odette Yusman (Beth McIntyre). Couleurs, 90 min. De jeunes New-Yorkais sont confrontés à l’apparition dans la ville d’une créature monstrueuse qui détruit tout sur son passage et qui crée le chaos. Un scénario banal qui veut renvoyer à l’attentat du 11 septembre. Le producteur J.J. Abrams exploite un filon qui commence à s’user.J.T.
CLUB DES CHÔMEURS (LE)** (Lux., Suisse, 2001.) R. : Andy Bausch ; Sc. : Andy Bausch, Jean-Louis Schlesser ; Ph. : Jacques Raybaut ; M. : Serge Tonnar ; Pr. : Nicolas Steil ; Int. : Thierry Van Werveke (Jérôme Klein dit Géronimo), Myriam Muller (Angèle dite Angie), André Jung (Theodor Linari dit Théid), Marco Lorenzini (Frunnes), Luc Feit (Franz Welwerding dit Sonny Boy). Couleurs, 98 min. Cinq hommes du sud du Luxembourg, tous victimes d’un licenciement, décident de fonder le Club des Chômeurs. Selon le règlement librement consenti par les intéressés, il leur est formellement interdit de reprendre un emploi, même en cas d’opportunité. Mais il faut bien vivre : petits délits, escroqueries, etc. font l’affaire, même s’ils ne vont pas sans inconvénients… Connaissez-vous le cinéma luxembourgeois ? Dans la négative (plus que probable), commencez par ce film. Il est drôle, les personnages sont hauts en couleur et le commentaire social fait penser à Ken Loach. Sauf que ce n’est pas le pays de sa majesté The Queen qu’Andy Bausch passe à la moulinette mais celui du Grand-Duc, qui fait aux banques un piédestal et laisse pourrir dans la marge ses sidérurgistes et mineurs devenus superflus après avoir reconstruit le
pays. Se refusant toutefois à jouer les Fouquier-Tinville, Bausch traite son sujet avec légèreté et allégresse et, qu’on ne s’y trompe pas, avec une réelle empathie pour les personnages, joués avec faconde par d’excellents acteurs locaux. Le cinéma luxembourgeois existe : Andy Bausch en donne ici la preuve par neuf. Il ne reste plus qu’à le découvrir.G.B.
CLUB DES TROIS (LE)*** (The Unholy Three ; USA, 1930.) R. : Jack Conway ; Sc. : J. Conway et Elliott Nugent, d’après le roman de Clarence Aaron Robbins (The Terrible Three) ; Ph. : Percy Hilburn ; Pr. : Irving G. Thalberg / Metro-GoldwynMayer ; Int. : Lon Chaney (professeur Echo/Mrs. O’Grady), Lila Lee (Rosie O’Grady), Elliott Nugent (Hector Mac Donald), Harry Earles (Tweedledee/Willie, le nain), Ivan Linow (Herman/Hercule). NB, 72 min. Le Club des Trois se compose de trois phénomènes de cirque qui s’unissent après la fermeture de la baraque foraine qui les employait : le professeur Echo, un ventriloque, Tweedledee, un nain, et Hercule, un colosse. Déguisé en la vieille Mrs. O’Grady, Écho ouvre une oisellerie et vend des perroquets auxquels il donne la parole par ventriloquie ; le nain joue le rôle d’un bébé, son « petitfils », tandis qu’Hercule devient son « gendre » et Rosie, la petite amie d’Écho, sa « fille ». Les clients, mécontents du mutisme des perroquets qu’ils ont achetés, reçoivent la visite de Mrs. O’Grady, accompagné du « bébé » qui repèrent ainsi les lieux pour un futur cambriolage… Le remake, presque plan par plan, d’un classique muet de Tod Browning. Aussi bon que l’original et le seul film parlant de Lon Chaney, qui reprenait son rôle de travesti, tandis que le nain Harry Earles – ami personnel de Tod Browning et futur interprète de La Monstrueuse Parade (1932) – jouait à nouveau son complice. Au moins égal sinon supérieur à l’original. Fils de sourds-muets, Chaney, qui avait tardé à tourner un film parlant, dut faire constater par huissier sur le plateau que c’était bien lui qui parlait pour mettre un terme à certaines rumeurs prétendant que, par hérédité, il était incapable
d’articuler un mot ! Il joue, dans le film, avec pas moins de… cinq voix différentes : celle d’Écho, de sa marionnette, de la jeune Rosie, de la vieille Mrs. O’Grady et imite enfin la voix des perroquets… Le jeune Hector est joué par le co-scénariste Elliott Nugent qui sera le réalisateur d’une trentaine de films entre 1932 et 1952. Film redécouvert en vidéo.R.L.
COBRA** (Cobra ; USA, 1925.) R. : Joseph Henabery ; Sc. : Anthony Coldeway, d’après la pièce de Martin Brown ; Ph. : J. D. Jennings et Harry Fischbeck ; Déc. : William Cameron Menzies ; Pr. : Ritz-Carlton Pictures ; Int. : Rudolph Valentino (comte Rodrigo Torriani), Nita Naldi (Elise Van Zile), Casson Ferguson (Jack Dorning), Gertrude Olmstead (Mary Drake), Hector V. Sarno (Victor Minardi), Claire De Lorez (Rosa Minardi). NB, 7 bobines (environ 73 min.) Aristocrate italien ruiné et grand séducteur, le comte Rodrigo Torriani a suivi aux États-Unis son ami Jack Dorning, directeur d’une société de vente d’antiquités. À New York, s’immergeant dans le travail, Rodrigo tombe amoureux de la séduisante et ingénue Mary Drake, la secrétaire de son employeur, tandis que Jack Dorning épouse l’ambitieuse et cupide Elise Van Zile. À la faveur d’un voyage d’affaires de son mari, Elise l’invite dans la chambre qu’elle occupe à l’hôtel Van Cleve, mais Rodrigo, par égard pour son ami, refuse ses avances. Peu après, la jeune femme périt dans l’incendie qui ravage l’hôtel, et Rodrigo se refuse à révéler la vérité sur son épouse à Jack. Lorsqu’il se rendra compte que son ami a fini par la connaître et a trouvé dans les bras de sa secrétaire une nouvelle raison de vivre, Rodrigo feindra l’indifférence et retournera en Italie. L’un des films les plus méconnus du grand séducteur de l’écran et qui, près d’un siècle plus tard, exerce encore une irrésistible fascination. Rudolph Valentino y est d’autant plus convaincant qu’il joue, avec une mesure et une sobriété exemplaires, un homme de son époque et contrairement à ses films les
plus célèbres qui sont tous en costumes. Après Arènes Sanglantes de Fred Niblo (1922) et L’Hacienda Rouge (À Sainted Devil) de Joseph Henabery (1924), c’était la troisième fois qu’il était réuni à Nita Naldi (1894-1961), l’une des Reines de beauté du muet. Le cinéaste Joseph Henabery (1888-1976) qui avait fait ses débuts comme assistant de Griffith sur Naissance d’une Nation (1915) et Intolérance (1916), eut un destin singulier. Respecté et très bien considéré dans les années vingt, il fut contraint, malade de la tuberculose, de s’éloigner des studios durant plus d’un an, alors qu’une violente dispute l’avait opposé tour à tour à Louis B. Mayer de la MGM et Adolph Zukor de la Paramount. À son retour, on ne lui offrit plus que de diriger des productions mineures à la Columbia ou chez Universal. Il finira par réaliser cent cinquante courts métrages de 1930 à 1940 pour la Vitaphone et un seul long métrage, Terreur dans la vallée (The Leather Burners, 1943), un petit western de série B indigne de son réel talent, avec William Boyd (Hopalong Cassidy). Film disponible en DVD.R.L.
COCHON DE GAZA (LE)* (Fr., All., Belg., 2011.) R. et Sc. : Sylvain Estibal, Ph. : Romain Winding, M. : Aqualactica, Boogie Balaban ; Pr. : Frank Chorot ; Int. : Sasson Gabay (Jafaar), Baya Belal (Fatima), Myriam Tekaïa (Yelena). Couleurs, 99 min. Jafaar, pêcheur palestinien, remonte dans ses filets… un cochon ! Il essaie d’abord de se débarrasser de cet animal impur. Puis il est orienté vers la communauté juive où Yelena pratique l’insémination artificielle sur des truies. Un fructueux commerce s’instaure qui éveille bientôt la suspicion des autorités. Une grosse farce souvent réjouissante (il faut voir Jafaar faisant prendre du Viagra à son cochon et ornant son réduit de photos « cochonnes » ou encore lui faisant porter des chaussettes pour mieux recueillir son sperme (pour ne pas souiller la Terre Sainte de son impureté). Mais aussi une fable humaniste où il faudrait si peu pour que Palestiniens et Israéliens cohabitent. Une bonne blague, en somme.C.B.M.
CŒUR DE PÈRE** (Flesh and Blood ; USA, 1922.) R. : Irving Cummings ; Sc. : Louis Duryea Lighton ; Int. : Lon Chaney (David Webster), Edith Roberts (l’Ange), De Witt Jennings (détective Doyle), Noah Beery (Li Fang), Ralph Lewis (Fletcher Burton), Jack Mulhall (Ted Burton). NB, 6 bobines (environ 74 min.) Injustement condamné à quinze ans de détention, David Webster s’évade du bagne grâce à la complicité de son ami chinois Li Fang, maître de Chinatown, et, sa femme malade venant de mourir, il ne songe plus qu’à se venger de celui dont le faux témoignage a conduit à son incarcération, l’homme d’affaires Fletcher Burton. Déguisé en mendiant infirme et difforme, il erre dans les rues à l’insu de la police et du détective Doyle toujours à sa recherche, et fait ainsi la connaissance de l’Ange qui s’occupe des pauvres et des déshérités dans la mission établie dans le quartier, et qui n’est autre que sa propre fille. Mais l’Ange est amoureuse de Ted Burton, le fils de celui à qui il doit son infortune. Opposé à toute mésalliance, Fletcher Burton refuse catégoriquement son consentement au mariage. Dès lors, Webster va tout faire pour assurer le bonheur de sa fille… Un splendide mélodrame comme on osait en tourner à l’époque, avec un père déchiré et meurtri veillant incognito au bonheur de sa progéniture : une œuvre typique du genre de films qui fit la gloire de Lon Chaney, « l’Homme aux mille visages ». L’occasion aussi, pour lui, de jouer un infirme, spécialité dans laquelle il excellait. Les jambes repliées sur elles-mêmes, il campe ici un homme se déplaçant avec des béquilles, exactement dans la même position inconfortable qu’il adoptera quatre ans plus tard pour sa composition du pasteur de L’Oiseau noir (1926) de Tod Browning. Disponible en DVD.R.L.
CŒUR DES HOMMES (LE) 3
(Fr., 2013.) R. et Sc. : Marc Esposito ; Ph. : Pascal Caubère ; M. : Béatrice Thiriet et Philippe Montparnasse ; Pr. : Pierre Javaux ; Int. : Bernard Campan (Antoine), Jean-Pierre Darroussin (Manu), Eric Elmosnino (Jean), Marc Lavoine (Alex), Florence Thomassin (Juliette), Catherine Wilkening (Nanou), Lucie Phan (Estelle). Couleurs, 114 min. Les quatre amis, Alex, Manu, Antoine et Jeff ne sont plus que trois, Jeff étant parti aux États-Unis. Antoine va lui substituer son directeur au ministère de la jeunesse et des sports, Jean. Et c’est reparti pour le footing matinal et la drague. Jean, divorcé, saute sur tout ce qui passe, Antoine a une liaison avec Estelle et Manu épouse Juliette rescapée d’un cancer du sein. Tout finit dans une piscine. Acteurs et personnages ont pris un coup de vieux.J.T.
COGAN*** (Killing Them Softly ; USA, 2012.) R. : Andrew Dominik ; Sc. : Andrew Dominik d’après L’art et la manière de George V. Higgins ; Ph. : Greig Fraser ; Pr. : Plan B Entertainment et Chockstone ; Int. : Brad Pitt (Jackie Cogan), Scoot Mc Nairy (Frankie), James Gandolfini (Micke), Ben Mendelsohn (Russell), Ray Liotta (Markie). Couleurs, 98 min. En pleine crise financière et élection présidentielle opposant Obama à McCain deux tueurs Frankie et Russell sont envoyés par Amato braquer un tripot. Le tenancier, Trattman est soupçonné d’avoir déjà organisé à son profit le casse de son tripot pour ne rien payer à la mafia. Ce second casse devrait le condamner. Le responsable de la mafia, Dillon, malade, envoie à sa place Cogan. Celui-ci remonte jusqu’à Russell. Bien qu’il ait la preuve de l’innocence de Trattman, il l’abat. Pour éliminer Amato, il fait appel à un tueur, Micke. Mais celui-ci déprime et Cogan doit s’en débarrasser et tuer lui-même Amato avec l’aide de Frankie qu’il descend à son tour. Quand l’intermédiaire de la mafia essaie de l’arnaquer sur son salaire, Cogan lui fait comprendre qu’il est l’un des patrons, Dillon étant mort le matin même. Obama est élu.
Cogan n’est pas seulement l’un des films noirs les plus violents de l’histoire du genre, mais aussi une fable politique mettant en parallèle les luttes d’influence de la mafia et l’élection présidentielle qui oppose Obama à McCain, la crise des cercles de jeu clandestins et la crise bancaire qui secoue alors les États-Unis. Parallèle plein d’ironie servi par un Brad Pitt au mieux de sa forme. Ce film méritait mieux que l’accueil méprisant (« du sous-Tarentino ») qui lui fut réservé à Cannes. Éblouissant.J.T.
COLD IN JULY** (Cold in July ; USA, 2014.) R. : Jim Mickle ; Sc. : Jim Mickle et Nick Damici d’après un roman de Joe Lansdale ; Ph. : Uyan Samul ; M. : Jeff Grace ; Pr. : Belladonna Productions et Bullet Pictures ; Int. : Michael C. Hall (Richard Daniel), Sam Shepard (Ben Russel), Vinessa Shaw (Anne Bane), Don Johnson (Jim Bob), Nick Damici (Ray Price), Lanny Flaherty (Jack Crow). Couleurs, 107 min. Au Texas, à la fin des années 1980, Richard Dane, père de famille, abat un cambrioleur et invoque la légitime défense. Il n’est pas inquiété. Toutefois Ben Russel, père du cambrioleur, le menace, lui et sa famille. Richard Dane appelle la police : Russel sera arrêté au Mexique. Mais, en consultant des avis de recherche, Dane découvre que l’homme qu’il a tué, n’est pas le fils de Russel. La police l’a fait croire pour mieux le protéger. Qu’est-il devenu ? En réalité il tourne des snuff-movies où il tue des jeunes filles. Son père l’abat. Un solide thriller au début classique et à la fin déroutante. D’une affaire de légitime défense on passe à une histoire de films X. Sans doute est-ce voulu par le scénariste qui a souhaité pimenter la fin de son histoire. Mais celle-ci y perd en vraisemblance. Reste une mise en scène maîtrisée, ce que l’on n’attendait guère de Jim Mickle spécialiste de films d’épouvante un peu bâclés.J.T.
COLÈRE DES TITANS (LA)*
(Wrath of the Titans ; USA, 2012.) R. : Jonathan Liebesman ; Sc. : Dan Mazeau et David Johnson ; Ph. : Ben Davis ; Eff. sp. : Neil Corbould ; Eff. vis. : Olivier Dumont ; M. : Javier Navarrete ; Pr. : Warner Bros ; Int. : Sam Worthington (Persée), Liam Neeson (Zeus), Ralph Fiennes (Hadès), Edgar Ramirez (Arès), Rosamund Pike (Andromède), Danny Huston (Poséidon). Couleurs, 99 min. Zeus supplie Persée de quitter le monde des hommes pour venir à son secours. Persée refuse. Zeus, appuyé par Poséidon et Arès part pour les enfers mais il est fait prisonnier par Hadès qui règne sur ce monde infernal. Poséidon, blessé, s’échappe et prévient Persée. Celui-ci se décide à agir, aidé par Agenor. Il neutralise Cronos, le père des Dieux, après avoir libéré Zeus. Tout rentre dans l’ordre mais Zeus annonce à Persée la fin des dieux antiques. Après Le choc des Titans en 2010, voici la suite des aventures de Persée et cette fois la fin des Dieux de l’Antiquité. Beaucoup d’effets spéciaux et une distribution brillante. On peut se laisser prendre à ce sympathique n’importe quoi mythologique.J.T.
COLLÈGE ENDIABLÉ (LE)* (It’s Great To Be Young ; GB, 1956.) R. : Cyril Frankel ; Sc. : Ted Lewis ; Ph. : Gilbert Taylor ; M. : Ray Martin ; Pr. : Victor Skutezki pour Marble Arch ; Int. : John Mills (Mr. Dingle), Cecil Parker (Mr. Frome), Jeremy Spenser (Nicky), Dorothy Bromiley (Paulette), Eleanor Summerfield (la barmaid), John Salew (Mr. Routledge), Bryan Forbes (Mr. Pox), Carole Shelley (Peggy), Richard O’Sullivan (Lawson), Mary Merrall (miss Wyvern), Eddie Byrne (Morris), Russell Waters (Mr. Scott, l’inspecteur). Couleurs, 93 min. Mr. Frome vient d’être nommé principal au collège mixte d’Angel Hill. Très rigide et inflexible sur la discipline, il se heurte d’emblée à l’attitude très permissive de Mr. Dingle, un jeune professeur qui s’attire la sympathie des élèves en les encourageant à former un orchestre. Comme, par ailleurs, il a été
informé par Mr. Routledge, un autre professeur détesté des étudiants, que Dingle joue du piano le soir dans un pub pour arrondir ses fins de mois, Mr. Frome convoque Mr. Dingle dans son bureau ; entrevue au cours de laquelle Mr. Dingle lui remet sa démission. L’événement provoque une grève des étudiants qui occupent les lieux. Mr. Frome devra revenir sur sa décision et faire amende honorable. Il y a quelque chose de pathétique dans les efforts que montrent les artisans du film à tenter d’égaler tant bien que mal leurs homologues américains dans le domaine si particulier de la comédie musicale. Tout le monde rivalise d’enthousiasme pour donner un sentiment d’allégresse et de joie de vivre. Devant tant de bonne volonté et de bonne humeur, on éprouve beaucoup de réticence à avouer que la mayonnaise prend difficilement. Mais le film est bien rythmé et ne laisse pas passer cinq minutes sans intercaler un numéro musical. Et même si le script ne ménage aucune surprise, on ne saurait dire du mal de l’entreprise : au moins, ils ont essayé ! Et puis voir John Mills dans un rôle peu coutumier se démener comme un beau diable et montrer son aptitude incontestable à jouer du piano-jazz n’est pas le moindre charme de cette bande sympathique mais terriblement kitsch. R.L.
COLLINES NUES (LES)** (The Naked Hills ; USA, 1956) R., Sc. et Pr. : Josef Shaftel ; Ph. : Frederick Gately ; M. : Herschel Burke Gilbert ; Int. : David Wayne (Tracy Powell), Marcia Henderson (Julie), Keenan Wynn (Bert Killian). Couleurs, 70 min. La fièvre de l’or en Californie vers 1849. Tracy Powell y sacrifie l’amour, la morale et même son fils, avant de devenir raisonnable sur ses vieux jours. Beau western resté inédit en France et enfin révélé par le DVD en 2016.J.T.
COLOMBA** (Fr., 1933.) R. : Jacques Séverac ; Sc. : d’après Prosper Mérimée ; Ph. : Jean Isnard ; M. : Henri Casadesus ; Pr. : Compagnie autonome cinématographique ; Int. : Genica Athanasiou (Colomba), Jean Angelo (Orso), Josette Day (Miss Lydia), Gaston Modot (Brando Savelli), Georges Terof (le préfet). NB, 80 min. Orso, jeune officier des armées de Napoléon, regagne sa Corse natale après une longue absence. Il y est attendu par sa sœur Colomba qui compte sur lui pour une vendetta classique : venger la mort de leur père assassiné. Mais cette coutume lui paraît aujourd’hui primitive et barbare. Belle adaptation de la célèbre nouvelle de Mérimée. Disparue des écrans puis restaurée, elle se révèle supérieure à celle de Jean Hervé (1920) et à celle de Couzinet, la plus connue. P.H.
COLOMBIANA* (Fr., 2011.) R. : Olivier Megaton ; Sc. : Luc Besson et Robert Mark Kamen ; Ph. : Romain Lacourbas ; M. : Nathaniel Méchaly ; Pr. : Europa-Copp ; Int. : Zoe Saldana (Cataleya Restrepo), Jordi Molla (Marco), Lennie James (Ross). Couleurs, 107 min. Une tueuse à gages traque le meurtrier de ses parents, un trafiquant colombien. Pour qui aime les productions de Luc Besson, voici un film d’action bien mené mais sans surprises.J.T.
COLOSSE DE ROME (LE)
(Il Colosso di Roma ; Ital., 1964.) R. : Giorgio Ferroni ; Ph. : Augusto Tierri ; Pr. : Daruca ; Int. : Gordon Scott (Mucius Scaevola), Gabriella Pallota, Massirao Serrato. Couleurs, 88 min. Mucius Scaevola, farouche romain, affronte le roi des Étrusques Porsenna. Comment l’histoire de Mucius Scaevola qui se brûla volontairement la main est transformée par ce péplum au demeurant nullement dépourvu de charme, en récit des aventures d’un Tarzan romain.J.T.
COLT 45* (Fr., 2012.) R. : Fabrice du Welz ; Sc. : Fathi Beddiar et Fabrice du Welz ; Ph. : Benoît Debie ; Eff. sp. : Philippe Hubin : Pr. : La Petite Reine et Entre Chien et loup ; Int. : Ymanol Perset (Vincent Milès), Gérard Lanvin (Commandant Chavez), JoeyStarr (Milo Cardena) Alice Taglioni (Capitaine LeFranc), Simon Abkarian (Luc Denard). Couleurs, 84 min. Milès est armurier au Centre national de Tir et par ailleurs remarquable tireur. Il est remarqué par le chef de la Brigade de répression du banditisme mais refuse de quitter son poste pour être plus actif. Il a mis au point des balles explosives mais victime d’un chantage du policier Cardena (il a tué un voyou qui le menaçait), il livre balles et armes au policier. Celles-ci se retrouvent dans la guerre des gangs et leur provenance inquiète le chef de la BRB qui doit compter avec la BRI (brigade de recherche et d’intervention) dans son enquête. Pour l’aider le chef de la BRB embauche Milès mais est abattu sous les yeux de ce dernier. Milès va remonter jusqu’à Cardena. Excellent polar dans la lignée des films d’Olivier Marchal : le milieu de la police est parfaitement mis en scène avec rivalité des polices et aussi corruption, mais courage de certains policiers qui paient de leur vie une enquête menée jusqu’au bout. Gérard Lanvin devient un habitué du rôle du grand flic et l’on ne s’en plaindra pas. Mise en scène nerveuse et efficace.J.T.
COLTS AU SOLEIL (LES)* (The Man Called Noon ; USA, 1973.) R. : Peter Collinson ; Sc. : Scot Finch ; Ph. : John Cabrera ; M. : Luis Bacalov ; Pr. : Frontier Film, Montana ; Int. : Richard Crenna (Jonas), Stephen Boyd (Rimes), Rosanna Schiaffino (Fan). Couleurs, 98 min. Blessé par un tueur, un homme devenu amnésique et se nommant Jonas est recueilli par Rimes. Ensemble ils gagnent un ranch dont la propriétaire est menacée par le gang de Ben Janish. Progressivement il va découvrir son passé : il était le tueur Ruben Noon, un pseudonyme derrière lequel se cachait un homme d’affaires Jonas Mandrin dont la femme et la fille avaient été tuées. Western un peu confus et un peu mou qui amorce le déclin du genre.J.T.
COLTS DE LA VIOLENCE (LES) (Mille dolari sul nero ; Ital., 1966.) R. : Alberto Cardone (sous le pseudonyme A. Cardiff) ; Pr. : Metheus Film ; Int. : Anthony Steffen (Johnny), Giarmi Garko (Sartana). Couleurs, 90 min. Johnny entre en lutte contre Sartana qui lui a tout pris. Pâle western-spaghetti, passé inaperçu et dont on comprend mal qu’il ait fait l’objet d’une édition en DVD.J.T.
COLTS DE L’OR NOIR (LES)* (Fr., 2010.) R. et Sc. : Pierre Romanello ; Ph. : Jaky Bohere et Jacques Baris ; M. : Damien Deshayes ; Pr. : Paradisio Prod et Les films à fleur de peau ; Int. : Frédéric Ferrer (Mike), Romain Bertrand (Killer Bob), Lionel Tavera (John), Severine Salom (Marie McDandie). Couleurs, 107 min. Paisible fermier, Mike, sa femme ayant été violée et assassinée, se lance à la poursuite des meurtriers et devient chasseur de primes. Il passe au service d’un
homme d’affaires véreux pour chasser de leurs fermes les exploitants dont les terres sont riches en pétrole. Il va bientôt changer de camp et tuera le chef des hommes de main quand il découvrira qu’il est l’assassin de sa femme. Puisque les Américains ne font plus de westerns, le français Romello a souhaité ressusciter le genre avec de faibles moyens et une équipe d’amis. Toutes les recettes du genre s’y retrouvent mais pas l’esprit. Néanmoins cette tentative mérite la sympathie et le respect.J.T.
COMANCHERIA*** (Comancheria, Hell or High Water ; USA, 2016.) R. David Mackenzie ; Sc. : Taylor Sheridan ; Pr. : Jim Tauber, John Penotti, Braden Aftergood ; Ph : Giles Nutgens ; M. : Nick Cabe et Warren Ellis ; Int. : Ben Foster (Tanner Howard, le frère aîné), Chris Pine (Toby Howard, le frère cadet), Jeff Bridges (Marcus Hamilton, le vieux Ranger), Gil Birmingham (Alberto Parker, le Ranger Comanche), John-Paul Howard (Justin Howard, fils de Toby), Marin Ireland (Debbie), Margaret Bowman (la serveuse de T Bone), Dela Dickey (Elsie). Couleurs 102 min. Voici un film selon les codes de l’asociabilité américaine, qui conduit au retour à l’état de nature selon Hobbes, chacun ennemi de tous – ce qui serait la signification de Comanche d’où le titre, Comancheria étant l’ancien territoire de ces tribus. Ce sont aussi les codes du cinéma américain, spécialement du western. L’on conquiert et reprend son honneur ou son bien par la violence armée, jusqu’aux meurtres. L’injustice entraîne la Némésis, et la Bible pour tous, le monde comme géhenne. En l’occurrence les variations sur ce thème classique se déroulent au Texas, dans un contexte rural et pétrolifère, marqué par la Grande Récession des années 2000 après la crise des subprimes. Deux frères se retrouvent dans leur ranch quasi abandonné, lourdement hypothéqué après la mort misérable de leur mère. Ils entreprennent de braquer les banques locales pour récupérer leur bien, dont les banques se préparaient à les spolier. En face, deux Texas Rangers, l’un expérimenté et proche de la
retraite, l’autre d’origine Comanche. Le quatuor s’affronte à distance au fil des braquages jusqu’à ce que le frère aîné tue le Comanche lorsque les voleurs sont poursuivis par la police. Ce frère est à son tour tué, de sorte que le quatuor se réduit à un duel. Le jeune frère, qui s’échappe grâce au sacrifice de son aîné, n’est pas inquiété. Il a sécurisé ses gains au profit de ses enfants et les a mis hors d’atteinte en les blanchissant dans les casinos. Mais le vieux Ranger, quoique retraité et donc personne privée, connaît la vérité et continue à suivre le dossier. Il entend venger son collège Comanche. Les institutions ne comptent guère, seuls les individus qui s’affrontent face à face. Chacun est porteur d’une forme de justice, le bien et le mal ne sont pas pertinents, d’où une tragédie qui ne saurait avoir de happy end ; Les deux frères évoquent Bonnie and Clyde. Ils sont solidaires mais dévoués à leur famille. Les deux Rangers ne le sont pas moins, même s’ils s’asticotent sur leurs différences de race. C’est le Comanche qui tire la morale du film : toutes ces terres étaient à nous, des conquérants étrangers sont venus et nous ont soumis par la force armée ; aujourd’hui ce sont leurs descendants qui sont dépossédés par des banques, par contrainte légale. Cela n’empêche pas les Rangers de chercher à détruire les voleurs. Quant au jeune frère, le plus intelligent, celui qui a conçu les attaques, il explique ses actes par la volonté d’échapper à une pauvreté héréditaire. Un film de genre classique, d’excellents acteurs, un scénario solide, une réalisation lumineuse et spectaculaire, une vision de l’Amérique dure et violente qui en rappelle beaucoup d’autres, mais qui actualise des conflits récurrents dans un cadre contemporain et sait leur donner une certaine intemporalité.S.S.
COMBAT ORDINAIRE (LE)* (Fr., 2015.) R. et Sc. : Laurent Tuel d’après Manu Larcenet ; Ph. : Thomas Bataille ; M. : Cascadeur ; Pr. : Christophe Rossignon, Philippe Boëffard ; Int. : Nicolas Duvauchelle (Marco), Maud Wyler (Emilie), André Wilms
(Moret), Liliane Rovere et Olivier Perrier (les parents de Marco). Couleurs, 100 min. Marco, la trentaine, est un ancien photographe de guerre. Tourmenté par son passé, il vit seul avec son chat. Il rencontre Emilie, une jeune vétérinaire avec laquelle il refuse de s’engager. Son voisin, Hubert Moret, est un ancien militaire ; lorsqu’il découvre qu’il a pratiqué la torture en Algérie, il se brouille avec lui. Dès lors il se consacre à la photo. Il expose à Paris et revoit Emilie. Le film se divise en deux parties qui reprennent les titres de deux des quatre albums B.D. de l’excellente série de Manu Larcenet. Malgré le soin apporté à la réalisation, malgré la qualité de l’interprétation – en particulier Nicolas Duvauchelle – le résultat est décevant. On a la fâcheuse impression d’assister à une sorte de digest, à un condensé de l’intrigue qui ne capte plus l’attention. C.B.M.
COMBATTANTS (LES)** (Fr., 2014.) R. : Thomas Cailley ; Sc. : Thomas Cailley et Claude Le Pape Ph. : David Cailley ; Pr. : Nord-Ouest Films ; Int. : Adèle Haenel (Madeleine), Kevin Azaïs (Arnaud), Antoine Laurent (Manu Labrède), Brigitte Roüan (Hélène Labrède), Thibaut Berducat (Victor). Couleurs, 98 min. Mésaventures d’une jeune fille férue d’arts martiaux qui s’inscrit dans un stage militaire pour troupes de choc. Elle ne craquera qu’à la fin où la force virile finira par triompher comme de juste. Premier film très réussi d’un nouveau venu qui confirme le talent d’Adèle Haenel, l’héroïne volontaire d’une histoire peu banale. Beaux paysages landais (le pays de Born) et pyrénéens bien photographiés par le frère du cinéaste.P.H.
COMMANDO DANS LA GIRONDE**
(The Cockleshell Heroes ; GB, 1955.) R. : José Ferrer ; Sc. : Richard Maibaum et Bryan Forbes, d’après le récit de George Kent ; Ph. : John Wilcox et Ted Moore ; M. : John Addison ; Pr. : Irving Allen, Albert R. Broccoli et Phil C. Samuel ; Int. : José Ferrer (major Stringer), Trevor Howard (capitaine Thompson), Victor Maddern (sergent Craig), Peter Arne (caporal Stephens), Anthony Newley (Clarke). Couleurs, 98 min. En décembre 1942, un commando anglais de dix hommes répartis dans cinq kayaks pénètre dans l’estuaire ultra protégé de la Gironde. Trois équipes de deux hommes arriveront à destination et réussiront à faire sauter six bâtiments de guerre allemands ancrés dans le port de Bordeaux. L’un de ces films de guerre typiquement anglais relatant avec un souci légendaire d’authenticité un exploit de la marine britannique et dispensant dans sa dernière partie, comme il se doit, son lot d’exploits héroïques et de suspense. Mais la séquence la plus savoureuse et pleine d’humour est celle où le major (José Ferrer) qui va diriger l’opération choisit son équipe parmi des volontaires : parachutés au beau milieu de la campagne anglaise, les postulants revêtus d’uniformes allemands doivent rallier leur base au plus vite…R.L.
COMME LE VENT (Come il vento ; Ital., Fr., 2012.) R. : Marco Simon Puccioni ; Sc. : Heidrun Schleif, Marco Simon Puccioni, Nicola Lusuardi ; Ph. : Gherardo Gossi ; M. : Shigeru Umebayashi ; Pr. : Giampietro Preziosa, Marco Simon Puccioni ; Int. : Valeria Golino (Armida Miserere), Filippo Timi (Umberto Mormile), Francesco Scianna (Riccardo Rauso), Chiara Caselli (Rita Rauso), Marcello Mazzarella (l’adjudant Stefano Prati). Couleurs, 110 min. Armida Miserere est l’une des premières et l’une des seules femmes directrices de prison d’Italie. À la fois pugnace et sensible, elle tente d’allier la fermeté indispensable à la tenue de ses divers établissements à l’humanité dans le traitement des prisonniers. Une tâche ardue qui n’est pas sans conséquences sur son quotidien…
Il s’agit d’une histoire vraie et le courage et l’opiniâtreté d’Armida Miserere méritaient bien qu’on lui consacre un film. Mais pas celui de Puccioni, péniblement doloriste. Pourquoi diable demande-t-il à cette pauvre Valeria Golino de tirer la tronche de la première à la dernière minute ? D’accord il s’agit d’un drame, mais on s’en serait aperçu même avec une respiration ou deux !G.B.
COMME LES CINQ DOIGTS DE LA MAIN (Fr., 2010.) R. : Alexandre Arcady ; Sc. : Alexandre Arcady, Eric Assous et Daniel Saint-Hamond ; Ph. : Gilles Henry ; M. : Armand Amar ; Pr. : Alexandre Films ; Int. : Patrick Bruel (Dan Hayoun), Vincent Elbaz (David Hayoun), Pascal Elbé (Jonathan Hayoun), Mathieu Delarive (Michael Hayoun), Françoise Fabian (Suzie Hayoun), Michel Aumont (Maurice Atlan). Couleurs, 117 min. Suzie Hayoun a plusieurs fils au destin contrasté. Voici que surgit David, blessé à la suite d’un hold-up qui a mal tourné. Il est poursuivi par la police et par le Gitan qu’il a doublé… La violence s’installe dans la famille. Arcady sait raconter une histoire mais c’est souvent la même : une famille de juifs aisés où s’introduit la violence. Après les Bettoun les Hayoun : on pille, on triche, on tue, mais la famille reste sacrée. Un peu de racisme, beaucoup de machisme et le public du dimanche soir de TF 1 sera comblé. Que vient faire Michel Aumont dans cette saga qui est par ailleurs tout sauf ennuyeuse ?J.T.
COMME UN AVION*** (Fr., 2014.) R. et Sc. : Bruno Podalydes ; Ph. : Claire Mathon ; Pr. : Pascal Caucheteux ; Int. : Bruno Podalydes (Michel), Sandrine Kiberlain (Rachelle), Agnès Jaoui (Laetitia), Denis Podalydes (Remi) Vimala Pons
(Mila), Michel Vuillermoz (Christophe), Pierre Arditi (le pêcheur), JeanNoël Brouté (Damien). Couleurs, 105 min. Michel, un infographiste passionné par l’aéropostale, constate que le fuselage d’un kayak évoque celui d’un avion. Il achète donc un kayak qu’il assemble sur le toit de son immeuble. Sa femme Rachelle, le découvrant, lui conseille de partir au fil de l’eau sur une rivière. Cet apprenti kayatiste n’ira pas loin : il échoue près d’une auberge tenue par Laetitia, une accorte personne… Les petits bonheurs ne sont pas si fréquents, aussi serait-il dommage de ne pas voir ce film qui rend heureux. Chaleureux, poétique, drôle, on y fait la rencontre de personnages sympathiques qui savent prendre le temps de vivre. Et l’on n’oubliera pas de sitôt cette généreuse et plantureuse odalisque incarnée par Agnès Jaoui (et son piquant jeu de piste !) Un régal !C.B.M.
COMME UN HOMME** (Fr., Belg., Lux., 2011.) R. : Safy Nebbou ; Sc. : S. Nebbou, Gilles Taurand d’après Boileau-Narcejac ; Ph. : Pierre Cottereau ; M. : Jérôme Reuter ; Pr. : Michel Saint-Jean ; Int. : Charles Berling (Pierre), Emile Berling (Louis), Sarah Stern (Camille), Mireille Perrier (Nathalie), Kevin Azaïs (Greg). Couleurs, 95 min. Par vengeance envers sa prof d’anglais qui veut le faire renvoyer du lycée, Greg, 17 ans, l’enlève avec la complicité de son copain Louis, le fils du proviseur. Ils la séquestrent dans une cabane isolée dans les marais. Greg, victime d’un accident automobile, est dans le coma. Désormais seul, Louis doit prendre en charge la séquestrée : la libérer ? Ou la tuer ? Narration retenue, presque étouffée, dans le cadre désolé du marais poitevin en hiver. Au-delà d’un film noir, l’intrigue met en avant la relation difficile entre un père et son fils (Charles et Emile Berling), ce dernier ayant été traumatisé par la mort accidentelle de sa mère – tout comme celle de Greg. Sans éclats, c’est un film à la tension soutenue et efficace.
C.B.M.
COMMENT TUER SON BOSS ?** (Horrible Bosses ; USA, 2011.) R. : Seth Gordon ; Sc. : Michael Markowitz ; Ph. : David Hennings ; M. : Christopher Lennertz ; Pr. : New Line Cinema et Rat Entertainment ; Int. : Jason Bateman (Nick Hendricks), Jason Sudekis (Kurt Buckman), Charly Day (Dale Arbus), Kevin Spacey (Dave Harken) Jennifer Aniston (Docteur Harris), Colin Farrell (Pellitt). Couleurs, 98 min. Nick travaille d’arrache-pied pour obtenir une promotion mais c’est son patron, l’odieux Dave Harken, qui se la réserve. Kurt s’entendait bien avec son patron mais celui-ci meurt et son fils, antipathique, le remplace. Dale est l’assistant du docteur Harris, une nymphomane qui le harcèle au moment où il va se marier. Nick, Dale et Kurt vont se concerter pour se débarrasser de leurs patrons. Et s’inspirer de L’Inconnu du Nord-Express. Comédie noire qui n’est pas sans charme. Mais dans la distribution ce sont les patrons qui volent la vedette aux trois employés : Kevin Spacey, Colin Farrell et Jennifer Aniston sont les vrais héros du film ! Suite avec Comment tuer mon boss 2 en 2014.J.T.
COMMIS D’OFFICE* (Fr., 2008.) R. : Hannelore Cayre ; Sc. : Hannelore Cayre, d’après son roman ; Ph. : Benoît Chamaillard ; M. : Charlie Nguyen Kim ; Pr. : Marc Irmer, Nathalie Irmer ; Int. : Roschdy Zem (Maître Antoine Lahoud), JeanPhilippe Ecoffey (Maître Henry Marsac), Mathias Mlekuz (Bertrand), Sophie Guillemin (Garance Leclerc), Hannelore Cayre (la première présidente du tribunal). Couleurs, 87 min.
Antoine Lahoud, avocat généraliste à Paris, vivote de petites affaires et de commissions d’office. Lors d’une plaidoirie, il est remarqué par un ténor du barreau, Maître Henry Marsac, connu pour ses arrangements douteux avec le milieu. Antoine, idéaliste au départ mais las de sa vie de bâton de chaise, accepte de devenir le collaborateur de Marsac. Bientôt l’argent et la reconnaissance affluent mais aussi… les ennuis. Son patron ne l’a-t-il vraiment embauché que pour ses talents oratoires ? Ancienne magistrate, Hannelore Cayre connaît le monde de la justice sur le bout des doigts. Ce qui rend captivant la première moitié de son « Commis d’office », où elle se contente de décrire avec minutie le quotidien de l’un de ces nombreux avocats n’ayant jamais accès aux grands dossiers. Pourquoi faut-il qu’ensuite elle se lance dans un sous-polar alambiqué et abracadabrant ? L’interprétation est à l’image de ce scénario bancal : Roschdy Zem, sobre, est remarquable de sobriété alors que face à lui Jean-Philippe Ecoffey cabotine à outrance.G.B.
COMMUNION* (Communion ; USA, 1989.) R. et CoProd. : Philippe Mora ; Sc. : Whitley Strieber, d’après son livre ; Ph. : Louis Irving ; M. : Eric Clapton et Allan Zavod ; Pr. : Whitley Strieber et Dan Allingham ; Int. : Christopher Walken (Whitley Strieber), Lindsay Crouse (Anne Strieber), Frances Sternhagen (Dr. Janet Duffy), Andreas Katsulas (Alex), Terri Hanauer (Sarah), Joel Carlson (Andrew Strieber). Couleurs, 101 min. Alors que, accompagnés de leur jeune garçon Andrew, Whitley Strieber et sa femme ont invité un couple d’amis, Alex et Sarah, à venir passer le réveillon de Noël dans leur maison de campagne en pleine forêt, tous sont réveillés la nuit par une étrange lumière qui baigne les environs. À partir de cette date, le comportement de Whitley devient de plus en plus irrationnel et déraisonnable. Il se met à voir des intrus chez lui la nuit et inquiète son épouse. Soumis à des
séances d’hypnose par le docteur Janet Duffy, il va découvrir qu’il a été enlevé plusieurs fois par d’étranges créatures qui n’ont rien d’humain… Né à Paris en 1949 et filleul du mime Marceau, Philippe Mora, qui émigra en Australie dès son plus jeune âge, est peu connu en France. Son film s’est fait le porte-parole de ces innombrables Américains – un million selon certaines estimations ! – qui prétendent depuis plusieurs décennies avoir été enlevés par des aliens. Écrivain de fantastique et de science fiction, Whitley Strieber a toujours affirmé que son livre autobiographique relatait des événements authentiques. Basé sur un « témoignage » qui a toutes les apparences de l’invraisemblance, Communion n’est pas d’un abord facile et aurait plutôt tendance à déranger et irriter le spectateur par son écriture surréaliste et son caractère franchement assumé de tentative expérimentale. Philippe Mora réalisera dix ans plus tard un documentaire plus traditionnel dans sa facture, mais tout aussi déconcertant, According to Occam’s Razor (1999). Si vous aimez les expériences filmiques hors du commun, voyez Communion qui a la bonne idée d’avoir pour tête d’affiche le plus insolite et le plus singulier – bref, le plus… extraterrestre des comédiens américains de son époque, Christopher Walken. Inédit en salle en France, le film est sorti uniquement en vidéo.R.L.
COMPAGNONS DE LA POMPONNETTE (LES) (Fr., 2015.) R. et Pr. : Jean-Pierre Mocky ; Sc. : J.P. Mocky, André Ruellan ; Ph. : Jean Pierre Sergent ; M. : Vladimir Cosma ; Int. : Arthur DeFays (Père Victor), Priscilla Andréani ((Sœur Marie-Ernestine) Jean Abeillé (Pr. Epstein), Jean-Pierre Mocky (l’Ange Léonard), Guillaume Delaunay (Insp. Lebœuf), Lionel Laget (le commissaire Boyard), Françoise Michaud (la baronne), Olivier Hemond (le cardinal Trouduc), Raphaël Scheer (le maire), Pascal Dozier (le pape François). Couleurs, 80 min. Le jeune vicaire Victor est défroqué pour avoir été surpris faisant l’amour avec sœur Marie-Ernestine. Une nuit un ange du Seigneur lui apparaît et le
charge d’une mission : favoriser le libre-échangisme entre couples consentants afin de diminuer l’adultère. Avec Soeur Marie-Ernestine il crée l’association des « Compagnons de la Pomponnette » dont le succès est tel qu’elle alarme bientôt la brigade des mœurs et les intégristes. Et voilà maintenant que Mocky, en envoyé du Ciel, prêche la bonne Parole ! En bon anar, il dézingue une fois de plus la bourgeoisie de province. Mais il le fait de façon tellement caricaturale qu’il manque, en partie, sa cible, ne prêchant que des convaincus. La réalisation est bâclée, bourrée d’incohérences et d’à-peuprès ; il laisse la bride sur le cou aux figurants. Bien sûr on retrouve avec plaisir des comédiens habituels aux gueules pas possibles, ainsi que sa verve iconoclaste. Mais – que diable – ou plutôt ô ciel ! – ce n’est pas suffisant.C.B.M.
COMPANY MEN (THE)*** (The Company Men ; USA, 2011.) R. et Sc. : John Wells ; Ph. : Roger Deakins ; Pr. : Company Men Productions, Battle Mountain Films ; Int. : Ben Affleck (Bobby Walker), Tommy Lee Jones (Gene McClary), Chris Cooper (Phil Woodward), Maria Bello (Sally Wilcox), Rosemarie DeWitt (Maggie Walker), Kevin Costner (Jack Dolan), Craig T. Nelson (le président Salinger). Couleurs, 112 min. La crise de 2008 frappe durement GTX. Les licenciements sont nombreux Bobby Walker, directeur des ventes, est l’un des premiers. Il menait grand train (belle maison, porsche, golf). Faute de retrouver du travail, il doit aller vivre avec sa famille chez ses parents et finit par accepter un boulot de maçon chez son beau-frère, Dolan, petit entrepreneur en bâtiment touché à son tour par la crise. Phil Woodward, entré chez GTX comme ouvrier avant de devenir cadre supérieur, est à son tour licencié. Se sachant trop vieux pour retrouver du travail, il choisit le suicide. Quant au vice-président McClary, hostile aux licenciements, il est à son tour écarté. Il décide de fonder sa société et embauche Walker. Un film remarquable sur la crise de 2008, s’attachant aux licenciements des cadres – trois individus de générations différentes – et analyse de leurs réactions.
Une analyse froide, ne cherchant pas à créer une émotion facile (le plan où Walker regarde s’éloigner sa porsche qu’il a dû vendre est admirable : pas de musique, pas de larmes). C’est l’écroulement d’un monde pour des gens qui ne cessaient de s’enrichir facilement et qui connaissent la déchéance sociale. Mais aucun message de revendication. Seulement la découverte de la dignité du travail manuel et la volonté de repartir à zéro. Formidable interprétation de Ben Affleck, Tommy Lee Jones et Chris Cooper.J.T.
COMPLICES* (Fr., 2010.) R. et Sc. : Frédéric Mermoud ; Ph. : Thomas Hardmeier ; M. : Grégoire Hetzel ; Pr. : Tabo Tabo Films et Saga productions ; Int. : Cyril Descours (Vincent), Gilbert Melki (Hervé Cagan), Emmanuelle Devos (Karine Mangin), Nina Meurisse (Rebecca), Jérémy Capone (Thomas), Marc Rioufol (Tardieu). Couleurs, 93 min. Le corps de Vincent est retrouvé étranglé. La police découvre qu’il se prostituait. Est-ce Thomas, son compagnon, qui l’a tué ? Est-ce Rebecca, dont il était tombé amoureux et qui participait à ses rendez-vous ? Est-ce Tardieu, un médecin, client de Vincent ? Bon premier film de Frédéric Mermoud qui signe un polar subtil et superbement joué avec un zeste d’érotisme.J.T.
COMTESSE (LA)** (Fr., 2010.) R. et Sc. : Julie Delpy ; Ph. : Martin Ruhe ; M. : July Delpy et Mark Streitenfeld ; Déc. : Hubert Pouille ; Pr. : X Films et Celluloïd Dreams ; Int. : Julie Delpy (Comtesse Bathory), Daniel Brühl (Istvan Thurzo), William Hurt (Georgy Thurzo), Anamaria Marinca (Anna Darvulia), Sebastian Blomberg (Dominic Vizakna), Anna Maria Mühe (Bertha). Couleurs, 94 min.
La comtesse Bathory pense trouver le secret de l’éternelle jeunesse au XVIe siècle grâce au sang des vierges. Mais elle est aussi une riche propriétaire dont les terres sont convoitées par le clan des Thurzo. Une liaison s’esquisse entre Istvan, l’un des membres du clan, et la comtesse. Le père d’Istvan s’y oppose. L’éloignement d’Istvan fait croire à la comtesse qu’elle est trop âgée pour le jeune homme. Elle va donc, pour se rajeunir, faire appel au sang de jeunes filles enlevées et tuées. L’affaire découverte, la comtesse est condamnée à être emmurée vivante. Elle s’ouvre les veines. Nouvelle interprétation du fameux mythe de la comtesse sanglante, mais en évitant le gore. Julie Delpy, excellente Erzebeth Bathory, donne aussi une dimension politique à l’affaire en rappelant les luttes de clan dans la Hongrie du XVIe siècle. Intelligente mise en scène.J.T.
CONAN (Conan the Barbarian ; USA, 2011.) R. : Marcus Nispel ; Sc. : Joshua Oppenheimer, Thomas Dean Donnelly et Sean Hood ; Ph. : Thomas Kloss ; M. : Tyler Bates ; Pr. : Millenium Films, Davis Films, Nu Image ; Int. : Jason Momoa (Conan), Rachel Nichols (Tamara), Stephen Lang (Khalar Zym) Rose McGowan (Marique). Couleurs, 112 min. Dès l’adolescence Conan veut prouver à son père qu’il est un guerrier. Celui-ci est victime de Khalar Zym qui recherche le masque d’Acheron aux pouvoirs magiques. Conan vengera son père et sauvera la vierge Tamara des griffes de Zym. Remake d’un premier Conan, assez réussi par John Millius, en 1981. Ici, sauf la 3D mettant en valeur les pectoraux de Jason Momoa, l’histoire est sans grand intérêt mais correctement filmée.J.T.
CONDAMNÉ DE LA CELLULE 5 (LE)
(I Would’nt Be in Your Shoes ; USA, 1948.) R. : William Nigh ; Sc. : Steve Fisher d’après Cornell Woolrich ; Ph. : Mack Stengler ; M. : Edward J.Kay ; Pr. : Monogram ; Int. : Don Castle (Tom), Elyse Knox (Ann), Regis Toomey (Judd), Charles D.Brown (Inspecteur Stevens). NB, 70 min. Tom, un danseur, est accusé et condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Son épouse Ann essaie de le faire innocenter grâce l’aide de l’inspecteur Judd. Or c’est Judd qui a commis le meurtre. Médiocre adaptation d’une nouvelle de William Irish.J.T.
CONDUCT UNBECOMING** (Conduct Unbecoming ; GB, 1976.) R. : Michael Anderson ; Sc. : Robert Enders, d’après la pièce de Barry England ; Ph. : Bob Huke ; M. : Stanley Myers ; Pr. : Michael Deeley, Barry Spinkings et Andrew Donally pour Individual / Lion International / Crown ; Int. : Michael York (lieutenant Arthur Drake), Richard Attenborough (major Lionel Roach), Trevor Howard (colonel Benjamin Strang), Stacy Keach (capitaine Harper), Christopher Plummer (major Alastair Winbourne), Susannah York (Marjorie Scarlett), James Faulkner (lieutenant Edward Millington), James Donald (le médecin), Michael Culver (lieutenant Richard Fothergill), Helen Cherry (Mrs. Strang). Couleurs, 107 min. Au Bengale, en 1878, un jeune officier de la Cavalerie Légère passe en jugement pour conduite inconvenante au cours d’une soirée donnée par le colonel Strang, le commandant du régiment, intransigeant sur la discipline. Marjorie Scarlett, jeune et ravissante veuve, prétend avoir été agressée par lui. Or, il s’avère rapidement que le témoignage de la jeune femme est un tissu d’incohérences… Un carton final accompagné d’une photo nous informe que cette histoire surprenante et improbable est vraie. La précision a son importance, car si la plus grande partie du procès se déroule selon les lois bien connues du genre, le retournement final a tout du roman-feuilleton. Et l’on s’interroge sur l’intérêt
que pouvait présenter, dans la seconde moitié du XXe siècle, les problèmes d’honneur au sein de l’armée victorienne si ce n’est de pouvoir aborder certaines questions délicates de comportements des officiers de sa Majesté avec un réalisme et une crudité dans les dialogues impensables vingt ou trente ans plus tôt. Mais le film se laisse voir sans ennui parce qu’il répond à une structure narrative éprouvée que soutiennent des dialogues incisifs et un découpage particulièrement soigné. Sans doute aussi parce qu’il est servi par une pléiade de comédiens dont le talent n’est plus à démontrer : une demi-douzaine de têtes d’affiche de carrure internationale dominée par un Stacy Keach impressionnant d’autorité. R.L.
CONFESSION D’UN ENFANT DU SIÈCLE* (Fr., 2012.) R. : Sylvie Verheyde ; Sc. : Sylvie Verheyde d’après le roman d’Alfred de Musset ; Ph. : Nicolas Gaurin ; Déc. : Thomas Grézaud ; Pr. : Les films du Veyrier ; Int. : Peter Doherty (Octave), Charlotte Gainsbourg (Brigitte), August Diehl (Desgenais), Lily Cole (Elise), Volker Bruch (Henri Smith), Guillaume Gallienne (Mercanson). Couleurs, 120 min. Trahi par sa maîtresse, Octave se bat en duel avec son rival qui le blesse. Désespéré, Octave écoute son ami Desgenais et mène un temps une vie de débauche. Mais son caractère dépressif l’empêche d’y prendre plaisir. La mort de son père le ramène en province. Il s’éprend d’une veuve de dix ans plus âgée que lui. Ils deviennent amants, malgré les réticences de Brigitte. Mais l’arrivée d’Henri, un amant de Brigitte, remet tout en cause. Octave qui envisageait d’emmener Brigitte à Paris, part seul. Manque de moyens (la mise en scène est pauvre) et erreur de casting (Peter Doherty est une rock-star et Charlotte Gainsbourg est peu crédible dans le rôle qui lui a été attribué) font que cette adaptation de Musset (dont le texte est lu en
off) déçoit. On le regrette car, à défaut de Lorenzaccio, les comédies et proverbes du cher Alfred ont donné lieu à de charmantes adaptations à l’écran.J.T.
CONFESSIONS OF A PIT FIGHTER (Confessions of a Pit Fighter ; USA, 2005.) R. : Art Camacho ; Sc. : Art Camacho, R. Ellis Frazier ; Ph. : Curtis Petersen ; Pr. : Todd Chamberlain, Hector Echevarria, Mike Karkeh ; Int. : Armand Assante (Argento), Gizelle D’Cole (Gizelle), James Russo (Sharkey), Flavor Fav (Lucky), John Savage (McGee). Couleurs, 95 min. Dans les rues d’East Los Angeles, on se tarte, on se castagne, on se bourre de coups – parfois mortels – pour de l’argent. Lorsque David, le frère du « héros », récemment sorti de prison, est envoyé ad patres, Eddie, le « héros », a une idée des plus originales : se venger ! Uniquement exploité en DVD en France, ce film de gros bras superpose à son propos archi primaire un côté religioso-moralisateur et des velléités arty qui le rendent parfaitement imbuvable.G.B.
CONJURING : LES DOSSIERS WARREN** (The Conjuring ; USA, 2013.) R. : James Wan ; Sc. : Chad Hayes et Carey Hayes ; Ph. : John R. Leonetti ; M. : Jospeh Bishara ; Pr. : Rob Cowan, Tony DeRosa-Grund, Peter Safran. Int. : Patrick Wilson (Ed Warren), Vera Farmiga (Lorraine Warren), Lili Taylor (Carolyn Perron). Couleurs, 112 min. En 1971, Ed et Lorraine Warren, célèbres enquêteurs paranormaux, viennent en aide aux membres de la famille Perron qui, ayant emménagé dans une maison isolée, sont victimes de phénomènes terrifiants.
Une fois de plus, le réalisateur d’Insidious et de Dead Silence démontre qu’il est passé maître dans l’orchestration de la peur. Inspiré de faits réels, ce Dossier Warren atteint en effet sans mal son but et procure de belles sueurs froides. S’appuyant sur une mise en scène sobre et intelligente, le cinéaste livre une partition toute en finesse, jouant avec maestria sur la suggestion et laissant ainsi l’imagination du spectateur faire le reste. Il instaure, par petite touche, une atmosphère qui, inquiétante dans un premier temps, devient peu à peu angoissante conduisant ainsi le public vers un dénouement tendu et parfaitement exécuté. On pense évidemment, en visionnant The Conjuring, à Poltergeist et à Amityville, deux classiques du genre, dans la lignée desquels s’inscrit clairement cette histoire de démons, dont l’originalité est d’être vue par les yeux de ceux qui les combattent. Car les deux héros du film sont les époux Warren, qui ont décidé de vouer leur vie à chasser les esprits maléfiques, au risque de mettre en danger leur couple et leur famille. Et c’est peut-être là le principal défaut du script : ne pas suffisamment s’intéresser à la relation qui unit ces deux protagonistes, visiblement complexes, ce qui atténue par moment l’impact dramatique de l’histoire. Une petite faiblesse qui cependant n’altère en rien le plaisir que l’on peut prendre à regarder cet excellent film d’épouvante « old school », qui, n’est pas resté sans suite.E.B.
CONNASSE, PRINCESSE DES CŒURS (Fr., 2015.) R. et Sc. : Éloise Lang et Noémie Saglio ; Ph. : Thomas Brémond ; M. : Fred Avril ; Pr. : Gaumont, TF 1 ; Int. : Camille Cottin (Camilla) Couleurs, 80 min. Camilla, lassée d’être renvoyée de ses nombreux emplois, décide de faire une fin en épousant un prince. Stéphane Bern lui indique le prince Harry, frère cadet du futur successeur de la reine Élisabeth. Elle se rend à Londres pour pénétrer au palais de Buckingham. Elle est arrêtée plusieurs fois et va jusqu’à lancer à Harry sa culotte avec son numéro de portable. Quand elle pense arriver
au but, elle découvre que la vie de princesse serait ennuyeuse. De son aventure elle fera un livre. Adaptation d’une série télévisée de Canal+, avec beaucoup de caméra cachée. Amusant sur petit écran, pitoyable en long métrage.J.T.
CONQUÊTE (LA)** (Fr., 2011.) R. : Xavier Durringer ; Sc. : Patrick Rotman et Xavier Durringer ; Ph. : Gilles Portes ; M. : Nicola Piovani ; Pr. : Mandarin Cinéma et Gaumont ; Int. : Denis Podalydès (Nicolas Sarkozy), Florence Pernel (Cécilia Sarkozy), Bernard Le Coq (Jacques Chirac), Hippolyte Girardot (Claude Guéant), Samuel Labarthe (Dominique de Villepin), Michelle Moretti (Mme Chirac), Michel Bompoil (Henri Guaino), Saïda Jawad (Rachida Dati). Couleurs, 105 min. La conquête du pouvoir par Sarkozy avec en contre-point son amour pour Cécilia qui lui préfère le publiciste Richard Attias. Triomphant de ses rivaux, Nicolas Sarkozy devient président de la République mais perd Cécilia. Si l’on éprouve une certaine gêne à voir des personnages connus interprétés par des acteurs, le scénario respecte les faits historiques et évite la caricature. Un bon film politique et un honnête cours d’histoire.J.T.
CONQUÊTE DE L’AIR (LA)* (Conquest of the Air ; GB, 1936-1940.) R. : Zoltan Korda, Alexander Esway, Donald Taylor, Alexander Shaw, John Monk Saunders et William Cameron Menzies (tous non crédités) ; Sc. : Hugh Gray et Peter Bezencenet, d’après des histoires de John Monk Saunders et SaintExupéry ; Ph. : Wilkie Cooper, Hans Schneeberger, George Noble et Lee Garmes ; M. : Arthur Bliss ; Pr. : Alexander Korda ; Int. : Charles Frend (le narrateur), Laurence Olivier (Vincent Lunardi), Franklyn Dyall (Jerome de Ascoli), Henry Victor
(Otto Lilienthal), Hay Petrie (Tiberius Cavalo), John Turnbull (Von Zeppelin), Charles Lefaux (Louis Blériot), Frederick Culley (Roger Bacon), Alan Wheatley (Borelli). NB, 62 min. Une histoire de la naissance de l’aviation, depuis la légende d’Icare jusqu’aux avions modernes, en passant par les grands théoriciens (Roger Bacon, Leonard de Vinci), les grands pionniers (les frères Wright, Louis Blériot), sans oublier les bricoleurs plus ou moins farfelus des temps passés. Même s’il a un peu vieilli, le film a beaucoup de qualités didactiques en donnant à voir quelques « drôles de machines », des maquettes audacieuses pour leur époque – le XVIIIe et le xixe siècles – scrupuleusement reconstituées et, en enchaînant avec des stock shots des premiers essais, de « merveilleux fous volants » immortalisés par le cinéma naissant. Distribué une première fois en 1936, il fut remonté et complété par une séquence finale de propagande en 1940 donnant à voir la catastrophe du Hindenburg, suivie d’une courte intervention de Winston Churchill et d’un envol des Hurricane et des Spitfire. C’est cette version qui est désormais disponible en DVD.R.L.
CONSEILLER (LE)* (Il consigliori ; Ital., 1973.) R. : Alberto De Martino ; Sc. : Alberto De Martino, Adriano Bolzoni, Leonard Martin ; Ph. : Aristide Lassaccessi ; M. : Riz Ortolani ; Pr. : Capitolina Produzioni, Roma et Star Film ; Int. : Martin Balsam (Don Antonio), Tomas Milian (Tommaso), Francisco Rabal (Garofalo), Dagmar Lessander (Laura). Couleurs, 103 min. Don Antonio, puissant chef de la Mafia, autorise son filleul, l’avocat Tommasso à se séparer de la Mafia pour mener une vie rangée avec son épouse Laura. Mais Garofalo se dressant contre Don Antonio, Tommasso reprend du service et y laisse la vie. Une version italienne du Parrain par un solide artisan du septième art. À redécouvrir ainsi que Le Boss de Di Leo.J.T.
CONSPIRACY (THE) (The Conspiracy ; Can., 2012.) R. et Sc. : Christopher MacBride ; Ph. : Ian Anderson ; M. : Darren Baker ; Pr. : Resolute Films ; Int. : Aaron Poole (Aaron), Jim Gilbert (Jim), Ian Anderson (Ian), Bruce Clayton (Mark Tucker). Couleurs, 85 min. Deux amis, Aaron et Jim décident de tourner un documentaire sur un chercheur Terrance G. qui voit derrière plusieurs événements mondiaux la main de conspirateurs. Terrance G. disparaît subitement. En cherchant à expliquer cette disparition, Aaron remonte jusqu’à une société secrète le club Tarsus formé de personnalités du monde politique et économique qui prétendent imposer un nouvel ordre mondial. L’appartement d’Aaron est fouillé et lui-même, après avoir tenté d’être initié, est assassiné. Jim gardera le silence. Un premier film consacré à la fameuse thèse du complot affirmant qu’un petit groupe d’hommes importants influe sur le cours du monde. Une théorie en plein développement aux États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. Le thème est traité en thriller et en documentaire, sans infirmer ni confirmer cette théorie, Aaron étant présenté comme paranoïaque.J.T.
CONSPIRATEURS DU PLAISIR (LES)* (Spiklenci slasti ; Rép. Tchèque, Suisse, GB, 1996.) Sc. et R. : Jan Svankmajer ; Ph. : Miloslav Spála ; M. : Marie Zemanová ; Pr. : Jaromír Kallista ; Int. : Barbara Hrzanova (la postière), Jiri Labus (le vendeur de journaux), Petr Meissel (Mr. Pivoine), Anna Wetlinska (Mme Beltinska), Pavel Novy (Mr. Beltinski), Gabriela Wilhelmová (Mme Loubalova). Couleurs, 75 min. Six personnages sont affairés à collecter des matières ou fabriquer des objets. Six projets secrets et compliqués, qu’ils préparent dès qu’ils en ont l’occasion. Égorger un poulet, collectionner des protèges doigt en latex, fabriquer une poupée de chiffon à l’effigie du voisin, rouler des boulettes de mie
de pain… Dimanche arrive, et l’heure est enfin venue de tester ces dispositifs érotiques délirants et inattendus. Cet ovni est le troisième long métrage de Jan Svankmajer, après la réalisation de nombreux courts-métrages utilisant la technique de l’animation en stop-motion, les marionnettes et l’argile modelée. Une comédie muette en portraits croisés s’intéressant à des personnages mystérieux, occupés à une étrange et délirante quête du plaisir solitaire. La finalité de leurs actions est révélée au compte-goutte, nous tenant dans un suspens irrésistible. Inspiré des écrits de Freud, de Sacher-Masoch, ou du Marquis de Sade, comme l’indique le générique, nous suivons la fabrication fiévreuse de ces ouvrages bizarres ; de la machine géniale pourvue de cinq mains caresseuses (dont les doigts de l’une sont recourbés de manière suggestive), le tout relié à l’image de la présentatrice à la télévision, ou ces insolites objets d’autostimulation sensorielle, composés de multiples textures (la recette : prenez les pansements en latex et combinez-les à une queue d’hermine). Ceux qui sont aussi à la recherche de l’extase personnelle et auto-procurée, sauront piocher des idées dans ce film drôle et surréaliste. O.L.
CONSPIRATION (LA)** (The conspirator ; USA, 2010.) R. : Robert Redford ; Sc. : James D. Solomon d’après une histoire de Grégory Bernstein et James D. Solomon Ph. : Newton Thomas Sigel ; Mont. : Craig Mc Kay ; M. : Mark Hisham ; Déc. : Kalina Ivanov ; Cost. : Louise Frogley ; Int. : James Mc Avoy (Frédéric Aiken) Robin Wright (Mary Surratt) Kevin Kline (Edwin M. Stanton) Evan Rachel Wood (Anna Surratt) Tom Wilkinson (Reverdy Johnson) Justin Long (Nicolas Baker) Danny Huston (Joseph Holt) James Badge Dale (William Hamilton) Colm Meany (David Hunter) Alexis Bledel (Sarah Weston) Jonathan Groff (Louis J. Weichman) Stephen Root (John M Lloyd). Couleurs, 100 min.
Ce film retrace les conséquences de l’assassinat du Président Américain Abraham Lincoln. Il se focalise sur l’histoire du procès de Marry Surrat impliquée dans la conspiration menant à l’assassinat. Directement édité en DVD sans passer par une programmation en salles, il fut pourtant présent dans la sélection du festival du cinéma américain de Deauville en 2011. Robert Redford s’attache à mieux faire connaître cette page de l’histoire américaine plutôt méconnue. On sent la volonté et le soin de la restitution historique et des détails dans le déroulement des faits.C.V.
CONSPIRATRICES (LES) (Conspiracy of Hearts ; GB, 1960.) R. : Ralph Thomas ; Sc. : Robert Presnell Jr., d’après une histoire d’Adrian Scott ; Ph. : Ernest Steward ; M. : Angelo Lavagnino ; Pr. : Betty E. Box ; Int. : Lilli Palmer (mère Katherine), Sylvia Syms (sœur Mitya), Yvonne Mitchell (sœur Gerta), Ronald Lewis (major Spoletti), Albert Lieven (colonel Horsten), Peter Arne (lieutenant Schmidt), Nora Swinburne (sœur Tia), Michael Goodliffe (père Desmaines), Megs Jenkins (sœur Constance), David Kossof (le rabbin), Jenny Laird (sœur Honoria), George Coulouris (Petrelli). NB, 113 min. En Italie, en 1943, sous l’autorité de la mère supérieure, les nonnes d’un couvent aident à l’évasion d’enfants juifs emprisonnés dans un camp de concentration situé à proximité. Alors que tout était facilité par la présence des soldats italiens, les opérations deviennent difficiles lorsque, peu après la chute de Mussolini, sous le gouvernement de Badoglio, les Allemands prennent possession du camp et que le colonel Horsten, impitoyable officier de la Wehrmacht, ordonne des mesures de représailles pour tous ceux qui apporteront de l’aide aux jeunes évadés… On éprouve bien des remords à dire du mal de ce genre de film a priori plein de générosité et de compassion. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas et l’insistance des auteurs à tirer sur la corde sensible, en jouant systématiquement la carte du pathétique, finit par lasser le spectateur le plus indulgent. D’autant
plus que la fin, mélodramatique à souhait, atteint des sommets d’invraisemblance pour déboucher sur le plus ridicule des happy ends. Disponible en DVD sous le titre Conspiration. R.L.
CONTAGION** (Contagion ; USA, 2011.) R. : Steven Soderbergh ; Sc. : Scott Z. Burns ; Ph. : Steven Soderberghe sous le pseudonyme de Peter Andrews ; M. : Clif Martinez ; Pr. : Warner Bros ; Int. : Matt Damon (Mitch Emhoff), Laurence Fishburne (Docteur Cheaver), Jude Law (Alan Krumwiede), Gwynet Paltrow (Beth Emhoff), Kate Winslet (Docteur Mears), Marion Cotillard (Docteur Orantes). Couleurs, 106 min. Un virus inconnu, venu de Hong Kong, ravage Minneapolis. Le centre de prévention et de contrôle des maladies est alerté. Le docteur Mears qui enquête à Minneapolis, meurt contaminée. Le docteur Orantes est prise en otage par des villageois qui ne veulent la libérer que contre un vaccin. Finalement le docteur Hextall essaie avec succès un vaccin sur elle-même. Dès lors une campagne peut-être entreprise. L’origine du virus est découverte. Histoire d’une pandémie à l’échelle mondiale vue à travers quelques destins individuels de médecins, sur fond de peur, de désinformation et de violence. Le film catastrophe revu et enrichi par Soderbergh. C’est brillant, fascinant, plausible, vertigineux même par les perspectives qu’il ouvre sur un monde de réseaux et de connexions. Ce n’est plus le choléra de 1830 ni la grippe espagnole de 1918. La planète entière est atteinte. Vue prophétique ?J.T.
CONTES ITALIENS**
(Maravaglioso boccaccio ; Ital., 2015.) R. : Paolo et Vittorio Taviani ; Sc. : Paolo et Vittorio Taviani d’après le Décaméron de Boccace ; Ph. : Simone Zampa ; M. : Giuliano Tavani et Carmelo Travia ; Déc. : Emita Frigato ; Cost. : Lina Nerli Taviani ; Pr. : Cinemaundici et Sternal Entertainment ; Int. : Lelio Arena (le duc Tancredi), Paola Cortellesi (l’abesse), Carolina Crescentini (Isabetta), Flavio Parenti (Nicoluccio Cacciamanico), Vittoria Puccini (Catalina), Michele Riondino (Guiscardo). Couleurs, 115 min. Pour échapper à la peste qui sévit à Florence en 1348, dix jeunes gens, sept filles et trois garçons, se réfugient dans un endroit écarté. Pour tuer le temps, chacun racontera une histoire. À la fin d’une dizaine de jours, ils regagnent Florence, la peste passée. Belle adaptation du Decameron de Boccace mais qui souffre de la comparaison moins avec Les pages galantes de Boccace de Fregonese qu’avec Le Decameron de Pasolini. Esthétique raffinée, crudités écartées, décors soignés, hommage aux femmes : rien à voir avec la violence de Pasolini, violence érotique très adoucie ici.J.T.
CONTRAT (LE) (Raw Deal ; USA, 1986.) R. : John Irvin ; Sc. : Gary DeVore et Norman Wexler ; Ph. : Alex Thomson ; M. : Cinemascore ; Pr. : De Laurentiis ; Int. : Arnold Schwarzenegger (Mark Kaminsky), Kathryn Harrold (Monique Tyler), Darren McGavin (Harry Shannon), Sam Wanamaker (Luigi Patrovita). Couleurs, 105 min. Viré du FBI pour une bavure, Kaminsky s’ennuie comme shérif d’un bled perdu. Son ancien chef Shannon lui propose un contrat : son fils a été tué par « la famille » de Luigi Patrovita. Qu’il venge sa mort et il retrouvera sa place au FBI. Comment Kainsky ne réussirait-il pas quand on a les biceps de Schwarzenegger. Encore un film sur la mafia, ni meilleur ni pire que la production courante. Irvin connaît son métier.J.T.
CONTRE-ESPIONNAGE* (They Met in the Dark ; GB, 1943.) R. : Karel Lamac ; Sc. : Anatole de Grunwald et Miles Malleson, Basil Bartlett, Victor MacClure et James Seymour, d’après une histoire d’Anthony Gilbert (The Vanishing Corpse) ; Ph. : Otto Heller ; M. : Benjamin Frankel ; Mont. : Terence Fisher ; Pr. : Marcel Hellman pour Independent Producers / Excelsior ; Int. : James Mason (commandant Heritage), Joyce Howard (Laura Verity), Tom Walls (Christopher Child), Phyllis Stanley (Lily Bernard), Edward Rigby (Mansel), Ronald Ward (Carter), David Farrar (commandant Lippinscott), Karel Stepanek (le Grand Riccardo), Finlay Currie (un capitaine de la marine marchande), Éric Mason (Benson, l’illusionniste) NB, 104 min. (Copie américaine visionnée : 94 mn.) Accusé d’avoir divulgué par imprudence des ordres secrets qui ont provoqué la perte d’un navire marchand, le commandant Heritage est démis de ses fonctions. Persuadé qu’une bande d’espions a réussi à lui soutirer ces renseignements afin de permettre aux U-Boats allemands d’attaquer son convoi, Heritage mène sa propre enquête. Il finira par démasquer le réseau de la cinquième colonne qui officie sous le couvert d’une agence de spectacles, avec la complicité d’un illusionniste qui soutire des informations secrètes par hypnose tandis qu’un artiste transmet les positions secrètes de navires en jouant de l’harmonica. Convention, clichés : tout semble déjà vu et rabâché dans cette bande qui lorgne du côté d’Hitchcock avec le dosage de suspense, de romance et d’humour qui s’impose. Impossible de ne pas songer aux Trente-Neuf Marches (1935) avec la rivalité amoureuse du couple vedette Joyce Howard-James Mason, la première soupçonnant le second de meurtre tandis que lui se demande si la jeune femme ne fait pas partie de la bande qu’il traque. Quant à la scène finale au cabaret, elle fait inévitablement penser à la séquence similaire du même film avec la performance de Mr. Memory… Mais James Mason y gagnait ses galons de vedette en faisant la preuve qu’il pouvait aisément incarner les jeunes premiers séduisants et dynamiques.R.L.
CONVOI (LE)** (Fr., 2015.) R. et Sc. : Frédéric Schoendoerffer ; Ph. : Vincent Gallot ; M. : Thibault Quillet ; Pr. : Carcharodon ; Int. : Benoît Magimel (Alex), Reem Kherici (Nadia), Tewlik Jallab (Imad). Couleurs, 102 min. De Malaga part un convoi de quatre véhicules chargés de cannabis. Il est destiné à Creil. Mais barrages de police, accident avec prise d’otage, fusillade… ne font pas de ce voyage une promenade de santé. Bon « go fast » où le volant est tenu par un excellent spécialiste du polar.J.T.
CONVICT STAGE* (USA, 1965.) R. : Lesly Selander ; Sc. : Daniel Mainwaring ; Ph. : Gordon Avil ; M. : Richard LaSalle ; Pr. : Twentieth Century Fox ; Int. : Harry Lauter (Ben Lattimore), Donald Barry (le shérif Karmin), Jodi Mitchell (Sally). NB, 71 min. Ben Lattimore jure de venger sa sœur tuée lors de l’attaque d’une diligence par une bande de hors-la-loi. Petit western sans prétention, jamais sorti en France mais découvert à la télévision.J.T.
COPACABANA** (Fr., 2009.) R. : Marc Fitoussi ; Sc. : Marc Fitoussi ; Ph. : Hélène Louvart ; M. : Sean O’Hagan, Tim Gane ; Pr. : Caroline Bonmarchand ; Int. : Isabelle Huppert (Elisabeth « Babou » Delmotte), Aure Atika (Lydie), Lolitah Chammah (Esméralda « Esmé » Delmotte), Jurgen Delnaet (Bart), Chantal Banlier (Irène), Magali Woch (Sophie). Couleurs, 107 min. La fantasque Babou, qui ne s’est jamais souciée de réussite sociale, décide de rentrer dans le droit chemin quand elle se rend compte que sa fille Esmé a
trop honte d’elle pour l’inviter à son mariage. Elle choisit de vendre à Ostende – et en plein hiver – des appartements en copropriété… Une jolie réussite. Avec Copacabana, le réalisateur-scénariste Marc Fitoussi a accompli une sorte d’exploit. Il parvient à trousser une comédie authentiquement drôle et optimiste et à l’enrichir en parallèle – et sans jamais gâter la sauce – de notations plus profondes : philosophiques (comment rester libre dans une société ultra normée ?), psychologiques (le conflit entre une mère libertaire et sa fille empreinte de valeurs bourgeoises), satiriques (la dénonciation des dérives de l’immobilier), documentaires (la Côte Belge hors saison) et sociales (le jeune couple de S.D.F.)… Porté par une Isabelle Huppert qui se délecte de l’excentricité tous azimuts de son personnage, Copacabana ne pourra que vous séduire. Du rire intelligent, ça ne se refuse pas !G.B.
COPIE CONFORME*** (Fr., Ital., 2010.) R. et Sc. : Abbas Kiarostami ; Ph. : Luca Biggazzi ; Pr. : Martin et Nathanaël Karmitz, Charles Gillibert et Angelo Barbagallo ; Int. : Juliette Binoche (Elle), William Shimell (James Miller). Couleurs, 106 min. Dans une ville de Toscane, une galeriste française assiste à la conférence de James Miller, critique d’art anglais qui présente son dernier essai Copie conforme. Ils se revoient. Elle l’emmène en voiture à Lucignano où, au musée, est exposée une copie de la Joconde… Tel est le début de ce film qui s’annonce comme une banale comédie romantique sous le beau ciel de Toscane. Et puis brutalement : est-ce bien le début d’une histoire d’amour que nous venons de voir ? Ou bien n’en est-ce qu’une copie, un faux ? Avec une subtilité extraordinaire, un jeu de miroirs étonnant, Kiarostami dépeint ainsi un couple peut-être finissant, comme le ferait Roberto Rossellini dans Voyage en Italie qui sert de référence (copie conforme ? ou non ?) Un film qui n’est pas qu’un jeu intellectuel, mais qui est une copie de
la vie, à moins qu’il n’en soit que l’amère réalité. Juliette Binoche a reçu à Cannes un prix d’interprétation amplement mérité.C.B.M.
CORPO CELESTE** (Corpo celeste ; Ital., 2011.) R. et Sc. : Alice Rohrwacher ; Ph. : Hélène Louvart ; M. : Pierro Crucitti ; Pr. : Tempesta, JBA Prod., Amka Film Pr ; Int. : Yile Viangelo (Marta), Salvatore Cantalupo (don Mario), Pasqualina Scuncia (Santa), Anita Caprioli (Rita). Couleurs, 100 min. Marta, 13 ans, arrive avec sa mère et sa sœur à Reggio Calabria, au sud de l’Italie. Sa tante Santa l’incite à venir au catéchisme, dont elle s’occupe, pour se préparer à sa confirmation. Don Mario, le prêtre qui dirige cette paroisse déshéritée, opère sa mutation avec la venue de l’évêque… La confirmation est un sacrement qui, symboliquement, marque le passage de l’enfance à l’adolescence. Une caméra portée accompagne sa remarquable jeune interprète dans sa découverte d’une misère matérielle autant que spîrituelle. « Eli, Eli, lama sabachtani (Mon dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné) ». Le Christ est mort sur la croix, dans le doute. Constat amer que porte ce film passionnant ? Même si elle s’en défend, la réalisatrice brosse en filigrane la condamnation d’une Église à l’agonie (l’évêque), dominée par l’arrivisme (don Mario) ou des futilités de mise en scène (la cérémonie de confirmation). C.B.M.
COSMOPOLIS** (Cosmopolis ; Can., 2012.) R. : David Cronenberg ; Sc. : David Cronenberg d’après le roman de Don DeLitto ; Ph. : Peter Suschitzky ; M. : Howard Shore ; Pr. : Alfama Films et Prospero Pictures ; Int. : Robert Pattinson
(Eric Packer), Sarah Gadon (Elise Shifrin), Juliette Binoche (Didi Fancher), Paul Giamatti (Benno Levin), Mathieu Amalric (Andre Petrescu) Samantha Morton (Vija Kinsky), Kevin Durand (Torval). Couleurs, 108 min. Jeune ponte des milieux financiers, Eric Packer prend sa limousine, malgré les menaces que lui transmet son garde du corps. Parcourant les rues de New York, Packer reçoit dans sa somptueuse voiture, un collaborateur, puis sa maîtresse Didi Fancher, ensuite sa femme, une poétesse, enfin une assistante Vija Kinsky. Il quitte un moment sa voiture pour aller coucher avec une responsable de sa sécurité. Dans le même temps, pour s’être trompé sur le cours du Yuen, il voit une partie de son empire financier s’écrouler. Il se fait, la nuit tombée, « entarter » par un personnage bizarre, puis se fait tirer dessus par un ancien employé mécontent, Benno Levin. Ils se retrouvent dans un face à face indécis. Du Cronenberg à l’état pur, adaptation d’un roman qui entendait annoncer en 2003 la décomposition du capitalisme et les désordres dans New York à travers l’esprit quelque peu dérangé d’un jeune magnat de la finance. Un espace clos, la limousine, une grande partie de l’action, avant une confrontation finale avec la mort, conclusion d’un voyage dans New York où se mèlent l’argent et le sexe. Moins fou peut-être que d’autres Cronenberg, mais quand même…J.T.
COSMOS** (Fr., 2015.) R. et Sc. : Andrzej Zulawski ; Ph. : André Szankowski ; M. : Andrzej Korzynski ; Pr. : Alfama Films ; Int. : Jonathan Genet (Witold), Victoria Guerra (Lena), Sabine Azema (Mme Woytis), Johan Libéreau (Fuchs). Couleurs, 103 min. Witold, étudiant en droit et écrivain, et Fuchs, un spécialiste de la mode, se retrouvent dans la pension de famille de Mme Woytis, située dans une petite ville du bord de mer. Les pensionnaires sont étranges et de mystérieuses pendaisons vont alourdir l’atmosphère.
Retour sur les écrans de Zulawski avec une adaptation de Cosmos de Gombrowicz. Zulawski reste fidèle au roman mais y ajoute sa touche personnelle, servi par d’excellents acteurs dont Jean-François Balmer dans un petit rôle. Le ton hésite entre le fantastique, la farce et le lyrisme, contribuant à dérouter le spectateur. De là l’échec du film.J.T.
COULEUR DE PEAU : MIEL** (Fr., Belg., 2011.) R. : Laurent Boileau ; Sc. : Jung ; Animation : Christophe Devaux, Zoltan Hervath ; M. : Siegfried Canto, Little Comet ; Pr. : Thomas Schmitt ; Voix : Willliam Coryn (le narrateur), Christelle Cornil (la mère), Arthur Dubois (Jung, 8 ans), David Macaluso (Jung, 17 ans). Couleurs, 75 min. À la fin de la guerre de Corée, comme beaucoup d’autres petits coréens, Jung fut adopté par une famille belge. Il est bien accueilli, mais ne se sent pas vraiment intégré. Il pense souvent à sa mère biologique qu’il ne connaît pas. Jung est un auteur apprécié qui a déjà raconté son histoire dans une bande dessinée (« Recommandé pour l’adoption »). Il collabore ici avec le réalisateur Laurent Boileau et intervient en images réelles. Les évocations du passé sont faites en animation ou en documents d’archives. C’est un film délicat qui pose avec pertinence le problème d’une quête identitaire. « (…) ni blanc, ni noir, dit Jung, la couleur de ma peau est miel »C.B.M.
COULEUR DES SENTIMENTS (LA)*** (The Help ; USA, 2010.) R. : Tate Taylor ; Sc. : Tate Taylor, d’après le roman de Kathryn Stockett ; Ph. : Stephen Goldblatt ; M. : Thomas Newman ; Pr. : Brunson Green, Chris Columbus, Michael Barnathan ; Int. : Emma Stone (Eugenia « Skeeter » Phelan), Viola Davis (Aibileen « Aibi »
Clark), Bryce Dallas Howard (Hilly Holbrook), Octavia Spencer (Minny Jackson), Jessica Chastain (Celia Foote). Couleurs, 146 min. Jackson, dans le Mississippi, au début des années 1960. Eugenia Phelan, 23 ans, journaliste issue de la bonne société blanche, entreprend d’écrire un livre sur les domestiques noires. Une idée qui ne plaît ni aux blancs (on ne donne pas la parole aux inférieurs) ni aux intéressées (qui ont peur de parler). Mais, la détermination d’Eugenia, épaulée plus tard par deux de ses amies, Aibileen et Minny, finira par porter ses fruits… Descendu en flammes par la critique française, ce beau film méritait un autre accueil. Nullement pleurnichard comme on l’a dit mais au contraire d’une sensibilité vibrante et d’une retenue exemplaire, cette adaptation du roman à succès de Kathryn Stockett convainc dans tous les domaines : le thème (donner la parole à ceux qui en sont privés), le suspense (Eugenia parviendra-t-elle à abattre le mur du silence ?), la photographie (des couleurs chatoyantes dans le style des films de Douglas Sirk), les décors et costumes (ceux évidemment de la bonne société blanche, le luxe étant inaccessible aux noirs) et même l’humour (à recommander la scène des toilettes dans le jardin et celle de la tarte « très spéciale » offerte à Hilly par une bonne rebelle). Mais ce qui emporte définitivement l’adhésion c’est l’excellence d’une interprétation presque exclusivement féminine – ce qui n’est pas si fréquent – en particulier de la part d’Emma Stone, très attachante dans le rôle principal ; de Viola Davis et d’Octavia Spencer, parfaites en bonnes noires ; de Bryce Dallas Howard, imbuvable pimbêche blanche ; et de la merveilleuse Jessica Chastain, naïve, sexy et touchante à la façon de Marilyn Monroe. S’il s’agit vraiment là d’un mélo dégoulinant de bons sentiments, alors désolé, on en redemande.G.B.
COUNT THE HOURS* (Count the Hours ; USA, 1953.) R. : Don Siegel ; Sc. : Doane R. Hoag, Karen DeWolf, d’après D. R. Hoag ; Ph. : John Alton ; M. : Louis Forbes ; Pr. :
Benedict Bogeaus/RKO ; Int. : Teresa Wright (Ellen Braden), Macdonald Carey (Doug Madison), Dolores Moran (Paula Mitchener), Adele Mara (Gracie Sager), Edgar Barrier (district attorney Gillespie), John Craven (George Braden), Jack Elam (Max Verne), Ralph Sanford (Alvin Taylor). NB, 76 min. Le fermier Fred Morgan et de sa gouvernante Sarah Watson sont tués en pleine nuit par un mystérieux cambrioleur. George Braden, paisible travailleur saisonnier employé par Morgan à diverses tâches de récolte, est rapidement accusé de ce double meurtre. Tout semble accabler le malheureux, particulièrement depuis que son épouse, Ellen, s’est imprudemment débarrassée d’une arme à feu lui appartenant en la jetant dans un lac. D’abord réticent, l’avocat Doug Madison, chargé de défendre Braden, finit par croire à l’innocence de son client, dont il ne peut cependant empêcher la condamnation à mort. Au cours de ses investigations, Madison apprend que le fermier Morgan avait renvoyé un nommé Max Verne, quelque temps avant l’arrivée de Braden. Interpellé par la police, Verne, qui se révèle être un dangereux déséquilibré, passe aux aveux avant de se rétracter. Rien ne paraît plus pouvoir sauver Braden. Par chance, le témoignage de dernière minute d’un brave barman vient définitivement innocenter le condamné et confirmer la culpabilité de Verne, lequel est arrêté in extremis. Nanti d’un budget dérisoire, le réalisateur tire le meilleur parti d’une intrigue minimaliste et ultra-conventionnelle. Cultivant un style dépouillé, vif et tranchant (auquel la photo de John Alton confère tout son relief), le cinéaste met en boîte un solide suspense, mâtiné çà et là de critique sociale (fait rare chez Siegel, lequel témoigne ici d’une réelle compassion pour les petites gens, en dénonçant clairement la suspicion et les préjugés envers les travailleurs migrants, de même que l’acharnement judiciaire et médiatique sur les faux coupables). En bon maverick du cinéma de série B, le metteur en scène n’a jamais cessé de nourrir la même ambition : celle, disait-il, de « pouvoir retranscrire l’histoire d’hommes seuls dans leur lutte, et ce, même s’ils se trompent ». À cet égard, le personnage interprété par Macdonald Carey – qui tenait déjà un rôle semblable dans Haines (1950) de Joseph Losey – entretient
une filiation certaine avec ses lointains cousins Madigan (Police sur la ville, 1968), Coogan (Un shérif à New York, 1968) et Callahan (L’Inspecteur Harry, 1971), autres irréductibles en marge du « système », ne transigeant pas avec leurs convictions. Mention particulière à Jack Elam, dont la présence savoureusement torve et malsaine donne un cachet supplémentaire au métrage.A.M.
COUP DE CHAUD** (Fr., 2015.) R. : Raphaël Jacoulot ; Sc. : Lise Machebœuf et Raphaël Jacoulot ; Ph. : Benoît Chamaillard ; M. : André Dziezuk ; Pr. : Milena Poylo et Gilles Saluto ; Int. : Jean-Pierre Darroussin (Daniel HuotMarchand), Gregory Gadebois (Rodolphe Blin), Karim Leklou (Josef Boussou), Carole Franck (Diana), Isabelle Sadoyan (Odette). Couleurs, 102 min. Par un été caniculaire, dans un village d’agriculteurs du Sud-Ouest de la France, Josef Boussou, le fils du ferrailleur, un débile non violent, est retrouvé assassiné dans la cour de la maison familiale. Qui l’a tué ? Pourquoi ? Ce n’est pas vraiment la résolution de l’enquête qui retient l’intérêt, mais plutôt le tableau de ces hommes et de ces femmes saisis dans leur quotidien, soudain face à l’intrus, ici ce benêt lourdaud à la libido refoulée, interprété avec puissance par Karim Leklou. Un film à l’atmosphère pesante qui dénonce le racisme ordinaire de tout un chacun.C.B.M.
COUR DE BABEL (LA)** (Fr., 2011-2012.) R., Sc. et Ph. : Julie Bertuccelli ; M. : Olivier Daviaud ; Pr. : Yael Fogiel, Laetitia Gonzalez ; Int. : Brigitte Cervoni, Abir Gares, Agniezka Zych, Alassane Couattara, Andréa Drazic, Andromeda Havrincea (eux-mêmes). Couleurs, 89 min.
Ils ont entre 11 et 15 ans et sont élèves au collège de La Grange aux Belles à Paris. Mais ce ne sont pas des collégiens comme les autres. Ils viennent du Maroc, de Pologne, du Mali, de Croatie, du Chili, d’Irlande du Nord, etc. et ils sont en classe d’accueil, sous la bienveillante férule de Madame Cervoni, leur professeur de français qui les aide à trouver leur voie sur la route de l’intégration… Comment fonctionne une classe d’accueil ? Comment les enfants d’origine, de langue, de culture et de religion différentes cohabitent-ils, apprennent-ils le français et découvrent-ils notre civilisation ? Quels sont leurs craintes et leurs espoirs ? C’est pour répondre à ces questions que la documentariste Julie Bertuccelli s’est immergée dans une classe d’accueil tout au long de l’année scolaire 2011-2012. Il en ressort un petit miracle d’humanité, beaucoup d’échanges inter-communautaires, quelques moments de tension et d’autres de pure magie. Brigitte Cervoni, qui mène la classe avec rigueur, tendresse et une ouverture d’esprit formidable, est tout aussi inoubliable que Georges Lopez dans Être et avoir, autre grand documentaire sur l’éducation.G.B.
COURS SANS TE RETOURNER** (Lauf Junge lauf ; All., 2013.) R. : Pepe Danquart ; Sc. : Henrich Hadding d’après le roman d’Uri Orlev ; Ph. : Daniel Gottschalk ; M. : Stéphane Moucha ; Pr. : Bittersuess Pictures, Ciné-Sud Promotion ; Int. : Andrzej et Kamil Tkacz (Srulik/Jurek Staniak), Elisabeth Duda (Magda Janczyk), Itay Tiran (Moschel), Jeannette Hain (Mme Herman). Couleurs, 107 min. En 1942, Srulik, juif polonais de 9 ans, s’enfuit du ghetto de Varsovie. Il assure sa survie en échappant aux pires dangers. Il y laissera toutefois un bras. Il tiendra la promesse faite à ses parents de dire qui ils étaient. Inspiré d’une histoire vraie, un film sobre et émouvant par un réalisateur allemand.J.T.
COUVENT DE LA BÊTE SACRÉE (LE) (Seiju gakuen ; Jap., 1974.) R. : Norifumi Suzuki ; Sc. : Masahiro Kakefuda et Norifumi Suzuki ; Ph. : Masao Shimizu ; M. : Masao Yagi ; Pr. : Kenii Takamura ; Int. : Yumi Takigana (Maya), Emiko Yammuchi (Matsuko), Yayoi Watanabe (Hisako), Fumio Watanabe (le Révérend Père) Couleurs, 91 min. À la recherche de ses origines, Maya, une jeune japonaise, entre comme novice au couvent du Sacré Cœur où sa mère, une religieuse, se serait suicidée. Elle y fait de surprenantes découvertes. Ce film appartient au genre des « nunsploitations » qui fit florès dans les années 70 (dans la lignée des romans porno). On apprend qu’il s’en passe de belles dans ces couvents catholiques où sévices et tortures seraient courants, en particulier la flagellation. La caméra, aux cadrages parfois insensés, filme des scènes érotiques (mais jamais pornographiques) où tout est prétexte à dénuder de ravissantes nonnettes. Sur fond de musique liturgique, c’est un film, récemment découvert, sulfureux, sadique, blasphématoire, à l’esthétisme assumé.C.B.M.
COVER UP / L’INDÉSIRABLE MR DONOVAN** (Cover Up ; USA, 1949.) R. : Alfred E. Green ; Sc. : Jerome Adlum et Dennis O’Keffe ; Ph. : Ernest Laszlo ; M. : Ans J. Slair ; Pr. : Strand Productions ; Int. : Dennis O’Keefe (Sam Donovan), William Bendix (Sherif Best), Barbara Britton (Anita Weatherby) ; Art Baker (Stu Weatherby). NB, 83 min. Au moment de Noël, Sam Donovan, enquêteur pour les assurances arrive dans une petite ville vérifier que l’un des clients de la compagnie s’est bien suicidé. Il est accueilli avec réticence par le shérif et les notables et tout porte à croire qu’il s’agit d’un meurtre. Mais qui et pourquoi ? Sam Donovan va
comprendre qu’il vaut mieux dans l’intérêt de tous conclure au suicide surtout quand on a de surcroît rencontré l’amour. Film noir de la grande époque, oublié pourtant des ouvrages de Noël Simsolo et Alain Silver et Elizabeth Ward, inédit en France jusqu’à sa sortie en DVD par Patrick Brion en 2015. Certes Alfred Green n’est qu’un solide artisan du Septième Art mais comme l’écrit Patrick Brion il s’agit « d’un film noir comme on les aime au suspense qui nous tient en haleine jusqu’au bout » grâce à « un scénario habile qui nous laisse croire que tous les habitants de la ville sont des coupables possibles. » Belle prestation de William Bendix qui sait toujours créer une atmosphère trouble et angoissante.J.T.
COWBOYS (LES)** (Fr., 2015.) R. : Thomas Bidegain ; Sc. : Thomas Bidegain et Noé Debré ; Ph. : Arnaud Potier ; M. : Raphaël ; Pr. : Les productions du Trésor ; Int. : François Damiens (Alain), Finnegan Oldfield (Kid), Agathe Dronne (Nicole), Ellora Torchia (Shahzana). Couleurs, 114 min. Alain a une fille, Kelly, qui disparaît brusquement. Elle avait un petit ami Ahmed et laisse des documents en arabe. Avec l’aide de son fils, Kid, Alain se lance à sa recherche. En vain. Il semble certain qu’elle a rejoint le djihad. Alain ne désespère pas mais se tue dans un accident de voiture. Kid continue. De ses recherches il ramènera la jeune Shahzana qu’il épousera. Quant à Kelly, retrouvée, elle n’a plus rien de la première Kelly. La quête d’une fille enlevée chez les « barbares » par un vieux « cowboy » : comment ne pas penser à la Prisonnière du désert de Ford. C’est peut-être à ce film que renvoie le titre. Un film en prise avec l’actualité, de là l’intérêt qu’il suscite. Bidegain a travaillé avec Audiard avant de se lancer dans ce premier film. Mais pourquoi avoir fait mourir le père à la mi-film ? Un père qu’incarne superbement François Damiens. Celui-ci disparu, l’intérêt tombe car une histoire se développe, la relation entre Kid et Shahzana, moins émouvante, qui fait oublier la fille disparue.
J.T.
COWBOYS ET ENVAHISSEURS* (Cowboys and Aliens ; USA, 2011.) R. : Jon Favreau ; Sc. : Roberto Orci, Alex Kurtzman, Damon Didelot ; Ph. : Matthew Libatique ; M. : Harry Gregson-Williams ; Pr. : Dreamworks et Universal ; Int. : Daniel Craig (Jake Lonergan), Harrison Ford (Woodrow Dolarhyde), Olivia Wilde (Ella Swenson) Sam Rockwell (Doc). Couleurs, 117 min. Un village du Far West est envahi par des extra-terrestres. Cowboys et Indiens luttent avec succès contre de mystérieux engins volants. Rencontre entre deux genres : le western et la science-fiction. Le film est inspiré d’un roman graphique de Scott Michel Rosenberg. Le résultat est plutôt déroutant mais il y a Daniel Graig et Harrison Ford.J.T.
CRACKS* (Cracks ; GB, 2008.) R. : Jordan Scott ; Sc. : Ben Court d’après Sheila Kohler ; Ph. : John Mathieson ; M. : Javier Navarrete ; Pr. : Element Pictures et Future Films ; Int. : Eva Green (Miss G.), Juno Temple (Di Radfield), Maria Valverde (Fiamma). Couleurs, 104 min. En 1934, une nouvelle venue bouleverse un pensionnat de jeunes filles. Elles admiraient Miss G., championne de plongeon, mais celle-ci se heurte désormais à Fiamma, la nouvelle venue. La vengeance de Miss G. sera terrible. Jordan Scott, fille de Ridley Scott signe un film quelque peu trouble sur le monde d’un pensionnat de jeunes filles. Vision un peu convenue peut-être mais néanmoins fascinante grâce à d’excellentes interprètes.J.T.
CRASHOUT**
(USA, 1955.) R. : Lewis R. Foster ; Sc. : Hall E. Chester et Lewis R. Foster ; Ph. : Russell Metty ; M. : Leith Stevens ; Pr. : Hall E. Chester ; Int. : William Bendix (Vance Morgan Duff), Arthur Kennedy, Gene Evans, Luther Adler. NB, 89 min. Un groupe de condamnés s’évade de prison, se cache dans une grotte, vole une voiture et sème la terreur dans les environs. Ils se cachent dans une famille puis sont pris dans une tempête de neige. Il ne reste qu’un survivant. Considéré comme l’un des meilleurs films sur le thème de l’évasion. Resté pourtant inédit en France sauf à la Cinémathèque.J.T.
CRÉATEUR DE MONSTRES* (The Monster Maker ; USA, 1944.) R. : Sam Newfield ; Sc. : Pierre Gendron et Martin Mooney, d’après une histoire de Lawrence Williams ; Ph. : Robert Cline ; M. : Albert Glasser ; Pr. : Sigmund Neufeld pour PRC ; Int. : J. Carrol Naish (Dr. Igor Markoff), Ralph Morgan (Anthony Lawrence), Tala Birell (Maxime), Wanda McKay (Patricia Lawrence), Glenn Strange (Steve). NB, 63 min. Inconsolable depuis le suicide de son épouse Lenore, le docteur Igor Markoff retrouve en la personne de Patricia, la fille du pianiste de concert Anthony Lawrence, sa vivante image et n’a plus qu’une idée : épouser celle qui est pour lui la réincarnation de sa femme disparue. Sa fille se plaignant d’être sans cesse importunée par le praticien, Lawrence se rend chez Markoff et une altercation a lieu. Et Markoff, à l’insu du pianiste, lui inocule le germe d’une maladie très rare, l’acromégalie. Peu de temps après, son apparence interdit au concertiste de se produire en public et ses mains déformées sont incapables de jouer du piano… Pour concurrencer la production « haut de gamme » de films d’épouvante Universal, les firmes « fauchées » d’Hollywood (la « Poverty Row » : Republic, Monogram et PRC) se mirent à sortir, elles aussi, au début des années quarante, d’innombrables bandes similaires. Produit par la PRC, Créateur de monstres fut
sans doute l’un des films les plus célèbres de ce courant cinématographique. Il garde, aujourd’hui encore, une indéniable force grâce à une ligne dramatique simple et une atmosphère morbide particulièrement réussie. Il se trouve qu’il eut une réelle influence sur l’évolution ultérieure du cinéma de genre. Deux mois après sa sortie, Universal engagea un acteur réellement atteint d’acromégalie, Rondon Hatton, pour incarner un monstre criminel dans La Perle des Borgia (1944) de Roy William Neill, sixième film de la série « Sherlock Holmes » avec Basil Rathbone. Et dix ans plus tard, on retrouvera un médecin fou atteint d’acromégalie dans le célèbre Tarantula (1955) de Jack Arnold… Redécouvert en vidéo.R.L.
CRÉATURE DU DIABLE (Dead Man Walk ; USA, 1943.) R. : Sam Newfield ; Sc. : Fred Myton ; Ph. : Jack Greenhalgh ; M. : Leo Erdody ; Pr. : Sigmund Neufeld pour PRC ; Int. : George Zucco (Lloyd Clayton / Elwyn Clayton), Mary Carlisle (Gayle), Nedrick Young (David Bentley), Dwight Frye (Zolarr), Hal Price (le shérif). NB, 63 min. Adepte des sciences occultes et de la démonologie, le docteur Elwyn Clayton, qui vient de mourir, est devenu un vampire que Zolarr, son âme damnée, protège en cachant son corps le jour dans une crypte secrète. La nuit, Elwyn s’attaque à sa nièce Gayle et le fiancé de celle-ci soupçonne son oncle Lloyd, le frère jumeau d’Elwyn, de vouloir l’assassiner à petit feu pour s’emparer de sa fortune… Le « Dracula du pauvre », tourné en six jours par la PRC (Producers Releasing Corporation), une des maisons de production à petits budgets de la « Poverty Row » d’Hollywood. L’une des dernières apparitions de Dwight Frye qui fut un mémorable Renfield dans Dracula (1931). Grand méchant du cinéma américain de l’époque – il venait d’être Moriarty dans le Sherlock Holmes (1939) de Stuart Walker –, George Zucco n’a pas l’envergure ni l’aura de Bela
Lugosi. Et, surtout, Sam Newfield n’est pas Tod Browning ! Film ressuscité par la vidéo.R.L.
CRÉDIT POUR TOUS* (Fr., 2011.) R. : Jean-Pierre Mocky ; Sc. : Jean-Pierre Mocky et Patrick Rambaud ; Ph. : Jean-Paul Sergent ; M. : Vladimir Cosma ; Pr. : JeanPierre Mocky ; Int. : Dominique Pinon (Gobert), Arielle Dombasle (Mme Gobert), Michèle Bernier (Mme Rombaldi), Rufus (Pistille), Jean Abeillé (le commissaire). Couleurs, 90 min. Un chômeur qui croule sous les dettes, met au point avec un escroc du nom de Pistille, un nouveau système de crédit. Un Mocky moins provocateur et plus élaboré.J.T.
CREED* (Creed ; USA, 2015.) R. et Sc. : Ryan Coogler ; Ph. : Maryse Alberti ; M. : Ludwig Göransson ; Pr. : MGM et Warner Bros ; Int. : Michael B. Jordan (Adonis Johnson), Sylvester Stallone (Rocky Balboa), Tessa Thompson (Bianca), Phylicia Rashad (Mary Creed). Couleurs, 133 min. Adonis Johnson, adolescent bagarreur, apprend qu’il est le fils d’Apollo Creed, champion du monde de boxe, décédé peu après sa naissance. Entraîné par Rocky Balboa, ancien adversaire de son père, et porté par l’amour de Bianca, il va affronter le champion du monde en titre et prendre le nom de Creed. Nouveau film sur la boxe et suite de la série des Rocky avec Sylvester Stallone. Coogler reprend les vieilles recettes.J.T.
CRI DU HIBOU (LE)
(Cry of the Owl ; GB, 2008.) R. et Sc. : Jamie Thraves ; Ph. : Luc Montpellier ; M. : Jeff Dana ; Pr. : Myriad Pictures et Sienna Films ; Int. : Paddy Considine (Robert Forrester), Julia Stilles (Jenny Thierolft), Caroline Dhavernas (Nickie Grace), James Gilbert (Greg). Couleurs, 99 min. Comment épier une jeune femme dans une maison isolée peut conduire aux pires ennuis. Une adaptation du fameux roman de Patricia Highsmith de 1962 qui ne vaut pas la version de Claude Chabrol en 1987.J.T.
CRIME D’AMOUR* (Fr., 2009.) R. : Alain Corneau ; Sc. : Alain Corneau, Nathalie Carter ; Ph. : Yves Angelo ; M. : Pharoah Sanders Pr. : Saïd Ben Saïd ; Int. : Ludivine Sagnier (Isabelle Guérin), Kristin Scott Thomas (Christine Rivière), Patrick Mille (Philippe Deschamps), Guillaume Marquet (Daniel), Gérald Laroche (Gérard). Couleurs, 104 min. Suite à une pénible séance d’humiliation publique, Isabelle, jeune cadre de la multinationale Barney & Johnson, décide de se venger de sa supérieure hiérarchique, l’autocratique et manipulatrice Christine Rivière. L’ennui c’est que si elle passe à l’acte ouvertement, elle sera immédiatement désignée comme la suspecte idéale. Elle met alors en place un plan diabolique de crime parfait… Il s’agit du dernier film d’Alain Corneau, mort au moment de sa sortie en 2010. On a connu le réalisateur plus ambitieux (« Série noire », « Nocturne indien », « Tous les matins du monde »…). On n’a droit ici qu’à un divertissement policier aimable mais qui s’oublie aussitôt vu. La première partie, décortiquant l’univers policé, froid et hypocrite des multinationales, n’est pas sans qualités mais par la suite on nous régurgite une histoire de crime parfait qui amuserait si l’on ne nous l’avait pas déjà contée cent mille fois. G.B.
CRIME DOCTOR* (Crime Doctor ; USA, 1943.) R. : Michael Gordon ; Sc. : Graham Baker, Louis Lantz et Jerome Odlum, d’après la série radiophonique créée par Max Marcin pour la CBS (1940-1947) ; Ph. : James S. Brown Jr. ; M. : Lee Zahler ; Pr. : Ralph Cohn pour Columbia ; Int. : Warner Baxter (Phil Morgan/Robert Ordway), Margaret Lindsay (Grace Fielding), John Litel (Emilio Caspari), Ray Collins (Dr. John Carey), Harold Huber (Joe Dylan), Don Costello (Nick Ferris), Leon Ames (capitaine William Wheeler), Constance Worth (Betty). NB, 66 min. Un inconnu jeté d’une voiture en marche est retrouvé inconscient sur le bord d’une route. Devenu amnésique, il est baptisé Robert Ordway par les infirmières, du nom du bienfaiteur de l’hôpital où il est soigné. Le Dr. Carey le prend sous sa protection et, pour l’empêcher de céder à ses tendances suicidaires, l’encourage à faire des études. Dix ans plus tard, Ordway est devenu un psychiatre renommé et, avec l’aide de son protecteur, s’est spécialisé dans le domaine carcéral. Il finit par diriger le comité qui accorde la libération sur parole à des détenus en passe d’être réinséré dans la société. Mais Ordway qui n’a jamais retrouvé la mémoire, est suivi par des inconnus qu’il se décide à rencontrer. Il apprendra ainsi qu’il s’appelait jadis Phil Morgan et était un chef de bande qui, en compagnie de trois hommes, a cambriolé une banque la veille de son accident. Ses trois complices arrêtés, Morgan/Ordway passe en jugement. Sera-t-il condamné pour son passé criminel ou acquitté pour sa nouvelle vie ? Un curieux sujet inspiré par une série radiophonique très populaire aux États-Unis dans les années quarante. Le film aura une bonne audience et sera ainsi le premier d’une série de dix films tournés jusqu’en 1949 et tous interprétés par Warner Baxter. Trois seront réalisés par William Castle, deux par Eugene Forde, les trois autres étant signés George Sherman, George Archainbaud et Seymour Friedman. Tous sont des petits thrillers sans prétention mais astucieux et bien construits et qui peuvent aisément prétendre à un divertissement de qualité. Découvert en vidéo.R.L.
CRIME DU SOMMELIER (LE)** (Vinodentro ; Ital., 2013.) R. : Ferdinando Vicentini Orgnani ; Sc. : Ferdinando Vicentini Orgnani et Heidrun Schleel d’après un roman de Fabio Marcotto ; Ph. : Dante Spinotti ; M. : Paolo Fresu ; Pr. : Alba Productions ; Int. : Vincenzo Amato (Giovanni), Lambert Wilson (le professeur), Daniela Virgilio (la femme inconnue), Giovanna Mezzogiorno (Adèle), Pierro Sermonti (le commissaire). Couleurs, 100 min. Timide employé de banque, Giovanni est arrêté pour le meurtre de sa femme. Il tente de s’expliquer : il ne buvait que de l’eau quand un mystérieux « professeur » l’a initié à l’œnologie, changeant sa situation et sa vie privée, lui faisant notamment connaître une étrange femme aux boucles d’oreilles rouges. Dès lors sa vie change… Film policier ? Œuvre onirique ? Long métrage sur l’œnologie et le célèbre Mezermino que chante Don Juan ? Le crime du sommelier part dans toutes les directions et laisse le spectateur ahuri et insatisfait. Lambert Wilson compose un personnage de professeur énigmatique, mystérieux et inquiétant qui sauve le film.J.T.
CRIMES DE GUERRE*** (Emperor ; Jap., USA, 2012.) R. : Peter Webber ; Sc. : David Klass et Vera Blasi, d’après le roman de Shiro Okamoto (His Majesty’s Salvation) ; Ph. : Stuart Dryburg ; M. : Alex Heffes ; Pr. : Yoko Narahashi, Gary Foster, Eugene Nomura et Russ Krasnoff ; Int. : Matthew Fox (général Bonner Fellers), Tommy Lee Jones (général Douglas MacArthur), Eriko Hatsune (Aya Shimada), Toshiyuki Nishida (général Kajima), Masahoshi Haneda (Takahashi), Colin Moy (général Richter), Masatoshi (prince Konoe), Masatô Ibu (Koichi Kido), Shôhei Hino (Hideki Tojo), Takatarô Kataoka (empereur Hiro-Hito). Couleurs, 101 min.
Le 30 août 1945, vingt jours après la reddition du Japon, le général Douglas MacArthur et son état-major débarquent à Tokyo et s’installent dans le quartier général de l’armée d’occupation situé en face du Palais Impérial. Dès lors se pose la question de la responsabilité de l’empereur Hiro Hito dans la guerre qui vient de se terminer. Faut-il le faire passer en jugement et l’inculper de crimes de guerre, sachant qu’une telle décision pourrait provoquer le chaos et un soulèvement général de la population ? MacArthur désigne le général Fellers pour enquêter sur cette question. Par sa connaissance du pays et de sa culture, amoureux d’une Japonaise rencontrée aux États-Unis et devenue enseignante, Fellers semble un excellent choix… Une belle leçon d’histoire pour un sujet qui n’avait jusqu’alors jamais été abordé par le cinéma. Le script évoque avec lucidité les écueils politiques et culturels qui surgissent au fur et à mesure que Fellers progresse dans son enquête. MacArthur, d’évidence, a de l’ambition et envisage de participer à la prochaine course à la présidence ; ne risque-t-il pas, alors, d’exiger une condamnation de l’Empereur pour satisfaire le Congrès et la classe politique à Washington ? Fellers rencontre quelques-uns des hauts politiciens nippons (le prince Konoe, au pouvoir dans les derniers mois qui ont précédé la guerre et qui se suicidera en décembre 1945, le premier ministre Tojo qui l’évinça et prit sa place, ordonna l’attaque de Pearl Harbour et sera pendu en décembre 1948 pour crimes de guerre). On apprendra aussi que la phalange extrémiste au pouvoir avait attaqué le Palais impérial au lendemain des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki pour tenter de tuer l’empereur et de poursuivre la guerre… Enfin, tout se termine par l’entrevue historique entre Hiro Hito et MacArthur, peu soucieux de protocole. Seule faiblesse d’un film par ailleurs audacieux et exemplaire, une love story superflue qui, comme il se doit, se terminera très mal, et qui morcelle une intrigue passionnante d’incessants flashes back (alors que le vrai Fellers était marié à une Américaine). Malgré cette maladresse, un film à voir absolument pour les amateurs d’histoire contemporaine. Peter Webber est le réalisateur du subtil et très remarqué Jeune Fille à la perle (2003). Disponible uniquement en vidéo.R.L.
CRIMINAL (Criminal ; GB, 2016.) R. : Ariel Vromen ; Sc. : Douglas Cook et David Weisberg ; Ph. : Dana Gonzales ; M. : Brian Tyler ; Pr. : Davis et Millenium ; Int. : Kevin Costner (Jerico Stewart), Gary Oldman (Quaker Wells), Tommy Lee Jones (Dr Franks), Alice Eve (Marta Lynch), Michael Pitt (Jan Stroop). Couleurs, 113 min. Un condamné à mort, Jerico Stewart, se fait implanter l’ADN de Pope, un agent de la CIA abattu par des anarchistes espagnols, pour retrouver la trace du hacker Strook qui possède un programme informatique permettant de se rendre maître du pouvoir nucléaire américain. Malgré une pléiade d’acteurs, ce film d’espionnage reste confus et invraisemblable.J.T.
CRIMINAL GANG** (Gang Related ; USA, 1996.) R. et Sc. : Jim Kouf ; Ph. : Brian J. Reynolds ; M. : Misckey Hart ; Pr. : Brad Krevoy, Steve Stabler ; Int. : James Belushi (l’inspecteur Frank Divinci), Tupac Shakur (l’inspecteur Jake Rodriguez), Lela Rochon (Cynthia Webb), Dennis Quaid (William Dave McCall), James Earl Jones (Arthur Baylor), David Paymer (Elliott Goff). Couleurs, 106 min. Divinci et Rodriguez, deux flics pourris, vendent de la drogue à des dealers. Puis ils tuent leurs « clients » et recyclent la marchandise. Un jour, celui qu’ils abattent s’avère être une femme, agent de la brigade des stupéfiants. C’est plus qu’ennuyeux mais Divinci croit avoir trouvé la parade : faire endosser le crime à un sans-abri… Un duo de flics ; de la drogue ; un rappeur qu’on transforme en vedette de cinéma : tout semble réuni pour aboutir au pire des nanars. Crainte infondée, se dit-on dès les premières minutes. Et on a raison. Tout d’abord, parce que si duo de flics il y a, ils sont ripoux, ce qui induit un malaise rarement associé au genre.
Autre originalité : des deux, le pire est le blanc (James Belushi, au cynisme décomplexé insupportable) alors que le noir (Tupac Shakur, peu avant qu’il ne soit tué dans la vraie vie), sans être un ange, a au moins un minimum de sens moral. Dernier atout : son scénario brillamment agencé qui entraîne les deux personnages dans une fuite en avant désespérée, tout en relançant l’action avec une régularité métronomique. À découvrir. G.B.
CRIMSON GHOST (THE)** (The Crimson Ghost ; USA, 1946.) R. : William Witney et Fred C. Brannon ; Sc. : Albert DeMond, Basil Dickey, Jesse Duffy et Sol Shor ; Ph. : Bud Thackery ; M. : Mort Glickman ; Pr. : Ronald Davidson pour Republic Pictures ; Int. : Charles Quigley (Duncan Richards), Linda Stirling (Diana Farnsworth), Clayton Moore (Louis Ashe), I. Stanford Jolley (Blackton), Kenneth Duncan (Chambers). NB, serial (12 épisodes). Inventé par le professeur Chambers, le Cyclotrode, un engin qui détecte et repousse toute attaque nucléaire, est convoité par le « Spectre Écarlate » qui projette de l’utiliser pour paralyser les activités de la police. Mais c’est sans compter sur la détermination de Duncan Richards, assistant du professeur Chambers et criminologue, qui a juré de réduire à l’impuissance le mystérieux criminel. Qui est « The Crimson Ghost » qui apparaît périodiquement revêtu d’une immense cape noire et d’un masque de tête de mort emprunté au Masque de la mort rouge du Fantôme de l’opéra (1925) de Lon Chaney ? Il vous faudra attendre douze chapitres pour le savoir, mais soyez-en sûrs : c’est l’un des familiers qui côtoient quotidiennement le professeur Chambers… Réputé le « premier serial post-atomique », les adieux de William Witney au genre, et une sortie en beauté : son Chant du Cygne en quelque sorte. Redécouvert grâce à la vidéo.R.L.
CRIMSON PEAK** (Crimson Peak ; USA, 2015.) R. : Guillermo Del Toro ; Sc. : Guillermo Del Toro et Matthew Robbins ; Ph. : Dan Laustsen ; Déc. : Tom Sanders ; Cost. : Kate Hawley ; Eff. sp. : Michael Innanen ; Eff. vis. : Dennis Berardi ; M. : Fernando Velazquez ; Pr. : Universal Pictures ; Int. : Mia Wasikowska (Edith Cushing), Jessica Chastain (Lucille Sharpe), Tom Hiddleston (Thomas Sharpe), Charlie Hunnam (docteur McMichael), Jim Beaver (Carter Cushing), Burn Gorman (Holly). Couleurs, 119 min. Edith a écrit une histoire de fantômes et cherche un éditeur. Elle rencontre Sir Thomas Sharpe et sa sœur Lucille suscitant le mécontentement de son père, le riche Carter Cushing, qui, après enquête par un policier privé, somme Sharpe de s’en aller. Il est assassiné et Edith part en Angleterre avec Sir Thomas Sharpe et sa sœur. Le trio va vivre dans un château délabré où la santé d’Edith décline peu à peu, empoisonnée par Thomas qui convoite la fortune qu’elle a héritée de son père. Alan, ami d’enfance d’Edith, surgit pour la sauver. Thomas, devenu amoureux d’Edith, s’oppose à sa sœur qui veut la mort d’Edith. Lucille tue accidentellement son frère et elle-même est tuée par Edith et le fantôme de Thomas. Edith s’enfuit avec Allan. Film gothique superbe d’un maître du genre (L’échine du diable) : héroïne belle et fragile, châtelain mystérieux, sœur inquiétante, manoir délabré et hanté, paysages nocturnes… Tous les ingrédients de l’épouvante sont réunis mais dans un mélange subtil et raffiné, œuvre d’un esthète pour une fois libéré des contraintes hollywoodiennes.J.T.
CRISTEROS** (For Greater Glory ; Mexique, 2013.) R. : Dean Wright ; Sc. : Michael Love ; Ph. : Eduardo Martinez Solares ; M. : James Horner ; Pr. : Dos Corazones Films et Newland Films ; Int. : Andy Garcia (Enrique Gorostieta), Oscar Isaac (Ramirez dit Quatorze), Catalina Sandino Moreno (Adriana),
Santiago Cabrera (le Père Vega), Ruben Blades (le président Calles), Peter O’Toole (le Père Christopher), Bruce McGill (Président Coolidge). Couleurs, 143 min. Au Mexique, en 1926, le président Calles interdit les pratiques religieuses. Les catholiques protestent, d’abord de façon pacifique, puis, devant la répression de plus en plus sanglante (le père Christopher fusillé dans le film), en prenant les armes. C’est la guerre civile avec son cortège d’horreurs. En 1929 le culte catholique est à nouveau autorisé. Western épique sur un épisode historique qui secoua le Mexique. Le réalisateur évite le manichéisme sans dissimuler ses sympathies. Il oppose deux chefs des Cristeros : Andy Garcia, le modéré, et Oscar Isaac, l’enthousiaste, pour soutenir l’intérêt. Une belle scène de bataille et quelques scènes sadiques pour pimenter le tout.J.T.
CROISIÈRE (LA) (Fr., 2010.) R. et Sc. : Pascale Pouzadoux ; Ph. : Pascal Ridao ; Pr. : Fidélité Films, Wild Bunch et Mars Films ; Int. : Charlotte de Turckheim (Hortense), Antoine Dulery (Raphaël/Raphie), Line Renaud (Simone), Jean Benguigui (le commandant), Armelle (Marie-Dol). Couleurs, 100 min. Hortense, qui élève des porcs, gagne une croisière et se retrouve avec son mari sur le MSC Fantasia. Raphaël est monté à bord déguisé en femme pour espionner son épouse. Simone, forte femme, rassemble autour d’elle tout le monde. Hortense tombe amoureuse de Raphaël se croyant lesbienne. Elle retrouve son mari tombé dans les toilettes et lui préfère Raphaël redevenu un homme. Nanar qui eût réjoui jadis le public du samedi soir et séduira aujourd’hui les téléspectateurs de TF1 le dimanche.J.T.
CUORE GRANDE DELLE RAGAZZE (IL)** (Il cuore grande delle ragazze ; Ital., 2011.) R. et Sc. : Pupi Avati ; Ph. : Pasquale Rachini ; M. : Lucio Dalla ; Pr. : Antonio Avati ; Int. : Cesare Cremonini (Carlino Vigetti), Micaela Ramazzotti (Francesca Osti), Gianni Cavina (Sisto Osti), Andrea Roncato (Adolfo Vigetti), Erica Blanc (Eugenia Vigetti), Manuela Morabito (Rosalia Osti). Couleurs, 85 min. Carlino, grand coureur de filles, à la suite d’un accord entre son père, métayer, et un grand propriétaire foncier, Osti, doit épouser l’une des filles Osti. Le mariage n’ira pas sans péripéties et manque de devenir un enterrement. Tout finira bien. Du pur Pupi Avati qui situe son histoire à Bologne dans les années 30 pour se moquer des mœurs de l’époque.J.T.
CUT (THE)* (Fr., All., 2014.) R. : Fatih Akin ; Sc. : F. Akin, Mardik Martin ; Ph. : Rainer Klausman ; M. : Alexander Hacke ; Pr. : F. Akin, Karl Baumgartner, Richard Brundig, Fabienne Vonier ; Int. : Tahar Rahim (Nazaret), Simon Abkarian (Krikor), Makram J. Khoury (Omar), Hindi Zahra (Rakel). Couleurs, 138 min. Anatolie, 1915 – L’armée turque attaque les Arméniens. Fait prisonnier, séparé de sa famille, Nazaret parvient à s’échapper. Deux ans plus tard, il apprend que ses filles sont encore en vie : elles seraient à Cuba. Il va tenter de les retrouver. Le génocide arménien n’est que le point de départ de cette épopée, de cette grande aventure qui voit le héros traverser maints magnifiques paysages. Un film généreux, humaniste, épique, mais qui manque d’une force narrative – et, Tahar Rahim est bien terne.C.B.M.
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DAKOTA LIL* (Dakota Lil ; USA, 1950.) R. : Lesley Selender ; Sc. : Maurice Geraghty ; Ph. : Jack Greenhalgh ; Pr. : Fox ; Int. : George Montgomery (Tom Horn), Marie Windsor (Dakota Lil), Rod Cameron, Wallace Ford, Jack Lambert. Couleurs, 88 min. Un agent secret est envoyé dans l’Ouest pour mettre fin aux agissements d’une bande. Il reçoit l’appui d’une danseuse de saloon. Une série B, bien enlevée par Selander. Le film était resté inédit en France, sauf à la télévision.C.V.
DALLAS BUYERS CLUB*** (Dallas Buyers Club ; USA, 2013.) R. : Jean-Marc Vallée ; Sc. : Craig Borten et Meisa Wallack ; Ph. : Yves Bélanger ; Pr. : Robbie Brenner et Rachel Winter pour Voltage Pictures ; Int. : Matthew McConaughey (Ron Woodroof), Jennifer Garner (docteur Eve Saks), Jared Leto (Rayon), Steve Zahn (Tucker), Dennis O’Hare (docteur Sevard), Michael O’Neill (Richard Barkley), Dallas Roberts (David Wayne), Griffin Dunne (docteur Vass). Couleurs, 117 min.
Dallas, Texas, 1985. Alcoolique, drogué et accro au sexe, Ron Woodroof est testé séropositif, et ses médecins, les Drs Sevard et Saks, lui donnent trente jours à vivre. Refusant le diagnostic, il fait des recherches et découvre que la maladie n’est pas réservée aux seuls homosexuels qu’il abhorre. Traité par l’AZT, seul produit autorisé par la Food and Drug Administration, dont il expérimente l’inefficacité et la dangerosité, il se rend au Mexique auprès du Dr Vass, qui utilise des médicaments alternatifs moins agressifs. Une nette amélioration de sa santé le pousse à se lancer dans la contrebande de médicaments en association avec Rayon, transgenre et lui aussi séropositif, et ils fondent en 1988 le « Dallas Buyers Club » auquel adhèrent rapidement de nombreux malades du sida. Harcelé par la FDA, en la personne de Richard Barkley, il perd son procès contre l’administration et finit par succomber en 1992 après avoir survécu 2557 jours à la maladie. Inspiré par le combat de Ron Woodroof, à la fois contre la maladie, les laboratoires pharmaceutiques et l’administration américaine, ce film nous fait vivre les débuts du sida, avec la découverte brutale de ce nouveau fléau et les difficultés du public et du monde médical à le reconnaître comme une véritable épidémie, non réservée aux seuls homosexuels. Par ce côté, il est à rapprocher de The Normal Heart (2014), téléfilm produit par la chaîne câblée américaine HBO et basé sur la pièce de Larry Kramer, le fondateur d’Act Up. La sécheresse du propos et le traitement du sujet, donnent à Dallas Buyers Club un aspect presque documentaire que renforce encore la formidable prestation de ses acteurs principaux. Mathew McConaughey et Jared Leto ont été récompensés respectivement par l’Oscar et le Golden Globe du meilleur acteur et du meilleur acteur de second rôle, et Adruitha Lee et Robin Matthews par l’Oscar du maquillage.D.G.
DALTON TRUMBO** (Trumbo ; USA, 2015.) R. : Jay Roach ; Sc. : John McNamara ; Ph. : Jim Denault ; M. : Theodore Shapiro ; Pr. : Groundswell Productions et
ShivHans Pictures ; Int. : Bryan Cranston (Trumbo), Diane Lane (Cleo Trumbo, Helen Mirren (Hedda Hopper), David James Elliott (John Wayne), Michael Stuhlbarg (Edward G. Robinson), Dean O’Gorman (Kirk Douglas), Christian Berkel (Otto Preminger), Richard Portnow (Louis B. Mayer). Couleurs, 124 min. Pour avoir refusé de répondre aux questions de la Commission des Activités anti-américaines, le scénariste célèbre Dalton Trumbo est mis sur la liste noire. Il écrit sous pseudonyme et gagne des oscars. Malgré l’opposition de la journaliste Hedda Hopper, Kirk Douglas met le nom de Trumbo au générique de Spartacus. Preminger suit avec Exodus. Trumbo retrouve sa place à Hollywood. L’histoire vraie du scénariste Dalton Trumbo (sa fille Nikola a collaboré au scénario) victime de la chasse aux communistes qui frappa Hollywood en 1947. Bryan Cranston est le portrait craché de Trumbo et sait rendre à merveille l’humour de son héros. Un témoignage intéressant (mais peut-être partial) sur la crise que connut alors Hollywood.J.T.
DAME DANS L’AUTO AVEC DES LUNETTES ET UN FUSIL (LA)** (Fr., 2015.) R. : Joann Sfar ; Sc. : Gilles Marchand, Patrick Godeau d’après Sébastien Japrisot ; Ph. : Manuel Dacosse ; M. : Agnès Olier ; Pr. : Patrick Godeau, Karen Monluc ; Int. : Freya Mavor (Dany), Benjamin Biolay (Michel), Stacy Martin (Anita), Elia Germano (Vincenzo). Couleurs, 93 min. Alors qu’elle accompagne son patron, avec femme et enfant, à l’aéroport d’Orly, celui-ci demande à sa secrétaire, Dany, de reconduire la voiture chez eux. Sur un coup de tête, Dany décide d’aller voir la mer et prend la route du Midi. À diverses haltes, plusieurs personnes affirment l’avoir déjà vue au volant de cette belle américaine (Thunderbird). Ce n’est pas possible ! Et pourtant… Après celle d’Anatole Litvak en 1970, voici une nouvelle adaptation du « diabolique » roman de Sébastien Japrisot : thriller astucieux où la raison chavire. Ce film quant à lui, bénéficie d’une superbe et flamboyante actrice, la
sculpturale Freya Mavor. Il bénéficie également d’une mise en scène fluide et énergique (split screen et autres) qui mène l’action à vive allure dans de beaux décors. Alors prenons la route avec cette belle rousse pour un voyage riche en surprises.C.B.M.
DAME DE FER (LA)* (The Iron Lady ; GB, Fr., 2011.) R. : Phyllida Lloyd ; Sc. : Abi Morgan ; Ph. : Elliot Davis ; M. : Thomas Newman ; Pr. : DJ Films et Pathé ; Int. : Meryl Streep (Margaret Thatcher), Jim Broadbent (Denis Thatcher), Olivia Colman (Carol Thatcher), Roger Allam (Gordon Reese), Susan Brown (June), Nick Dunning (Jim Prior), Nicholas Farrell (Airey Neave), Iain Glen (Alfred Roberts), Richard E. Grant (Michael Heseltine), Alexandra Roach (Margaret jeune), Harry Lloyd (Denis jeune). Couleurs, 104 min. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, Margaret Thatcher voit toujours auprès d’elle son mari, Denis, décédé il y a de nombreuses années, avec qui elle parle et se chamaille. Des épisodes de sa vie et de sa carrière politique lui reviennent parfois à la mémoire, provoqués par une image à la télévision, une mélodie, une photo sur un journal ou une conversation… Taillé sur mesure pour Meryl Streep afin de lui obtenir un Oscar – qu’elle a d’ailleurs remporté. Mais hormis cela, quel intérêt y avait-il à faire cette biographie en forme de puzzle digne du pire soap opera, dont on ne sait pas si elle veut rendre hommage à la « dame de fer » et défendre ses actions politiques, ou montrer sa déchéance, une fois la vieillesse venue. Si les événements importants, qui ont marqué ses onze années au poste de Premier Ministre, sont tous cités, aucune analyse politique n’en est proposée, et on ne sait jamais ce qu’a pu ressentir « Maggie », femme et épouse. Tout juste la voit-on écrire aux parents des soldats morts à la guerre des Malouines. Mais comme elle le dit ellemême au cours du film : aujourd’hui, la mode est de « ressentir », moi, « je pense et j’agis ». On aurait souhaité un portrait moins lisse et moins hagiographique de ce personnage encore très controversé de nos jours.D.G.
DAME DE TRÈFLE (LA)** (Fr., 2010.) R. et Sc. : Jérôme Bonnell ; Ph. : Pascal Lagriffoul ; M. : Marc Marder ; Pr. : Laurent Lavolé ; Isabelle Pragier ; Int. : Malik Zidi (Aurélien), Florence Loiret-Caille (Argine), Jean-Pierre Darroussin (Simon), Marc Barbé (Loïc), Nathalie Boutefeu (Judith), Marc Citti (Pujol). Couleurs, 100 min. Depuis la mort accidentelle de leurs parents, Aurélien et Argine, le frère et la sœur, ne se sont jamais quittés. Argine mène une vie libre entre plusieurs amants. Aurélien refourgue du matériel volé ; il a pour acolyte Simon. Une altercation entre les deux finit mal. Un trafic, des personnages louches, des meurtres, la police, une enquête. Ce n’est pourtant pas vraiment un polar. Le réalisateur s’inspire d’un genre codifié pour s’intéresser davantage aux rapports fusionnels – voire incestueux – qui unissent le frère et la sœur perdus dans un monde hostile (Hansen et Gretel ?). Un film noir, poisseux, avec quelques lueurs, magnifiquement interprété.C.B.M.
DAME EN NOIR* (LA) (The Woman in Black ; GB, Can., Suède, 2012.). R. : James Watkins ; Sc. : Jane Goldman d’après le roman de Susan Hill ; Ph. : Tim Maurice-Jones ; M. : Marco Beltrami ; Pr. : Richard Jackson, Simon Oakes, Brian Oliver ; Int. : Daniel Radcliffe (Arthur Kipps), Ciarán Hinds (Daily), Liz White (Jennet). Couleurs, 95 min. Arthur Kipps, un jeune notaire londonien endeuillé par la mort de sa femme, est envoyé à Crythin Gifford pour régler une affaire de succession. Arrivé sur place, il se heurte à la défiance des habitants, persuadés d’être victimes d’une malédiction ancestrale. Quatrième long métrage de la Hammer (en tenant compte de Wake Wood, resté inédit dans nos salles) depuis sa renaissance en 2007, La Dame en Noir renoue avec le fantastique gothique ayant fait le renommée du célèbre studio
anglais. Et ce, en grande partie grâce au formidable travail du réalisateur James Watkins, révélé grâce à l’excellent Eden Lake, qui opte ici pour une mise en scène à la fois fluide et posée, et dont la sobriété force le respect. Privilégiant l’atmosphère et la dimension psychologique du récit, le cinéaste nous entraîne ainsi avec brio dans cette histoire de fantôme qui, en dépit d’un sentiment de déjà-vu, ravira sans aucun doute les nostalgiques d’une époque révolue, où l’art de la suggestion avait encore un sens. Tirant parti de magnifiques décors (naturels et fabriqués) et ne perdant jamais de vue ses personnages, Watkins, ménage ses effets (ce qui ne veut pas dire que le métrage ne procure pas quelques frissons) et tisse un drame fantastique intelligent et bien senti, doublé d’une belle réflexion sur le deuil. Entouré d’une troupe de comédiens fabuleux, dominée par le génial Ciarán Hinds (John Carter, Le Rite), Daniel Radcliffe, qui tourne ici la page Harry Potter, réussit, dans l’ensemble, à tirer son épingle du jeu, même s’il paraîtra peu crédible, aux yeux de certains, dans la peau d’un jeune père meurtri par l’existence. E.B.
DAMSELS IN DISTRESS (Damsels in Distress ; USA, 2011.) R. et Sc. : Whit Stillman ; Ph. : Doug Emmett ; M. : Mark Suozzo et Adam Schlesinger ; Chorégraphie : Justin Cerne ; Pr. : Sony Pictures ; Int. : Greta Gerwig (Violet), Carrie MacLemore (Rose), Megalyn Echikunwoke (Heather), Analeigh Tipton (Lily), Ryan Metcall (Frank). Couleurs, 99 min. Sur le campus de Seven Oaks, un groupe d’étudiantes entend faire le bien grâce aux beignets et aux claquettes et prendre pour amis des étudiants masculins médiocres pour en élever le niveau. Ces bonnes intentions vont vite dériver… Inspiré de faits authentiques, ce film vaut surtout par ses numéros musicaux qui dissipent heureusement l’agacement du spectateur devant tant de niaiserie
idéaliste que Stillman semble parfois prendre au sérieux. J.T.
DANGEROUSLY THEY LIVE** (Dangerously They Live ; USA, 1941.) R. : Robert Florey ; Sc. : Marion Parsonnet ; Ph. : L.O’Connell ; Pr. : Warner Bros ; Int. : John Garfield (Dr Lewis), Nancy Coleman (Jane Greystone), Raymond Massey (Dr Ingersoll), Lee Patric (l’infirmière Johnson), John Ridgely (John). NB, 78 min. Agent secret anglais, Jane Greystone est victime d’un accident, et, sous couvert de soigner son amnésie, est prise en mains par le docteur Ingersoll, chef des espions allemands. Remarquable film d’espionnage redécouvert, faute d’être sorti en salle, par la télévision.J.T.
DANS LA BRUME*** (V. tumane ; Biélorussie, Russie, Lettonie, 2012.) R. et Sc : Sergeï Loznitsa ; Ph : Oleg Mutu ; Pr : Heino Deckert ; Int. : Vladimir Svirski (Souchenia), Vlad Abashin (Bourov), Sergeï Kolesov (Voïtik), Yulia Peresild (Anelya). Couleurs, 127 min. 1942, en Biélorussie. Des Allemands dirigent un camp de prisonniers. Quatre d’entre eux sabotent une voie ferrée. Par rétorsion, trois sont pendus ; le quatrième, Souchenia, est relâché. Deux résistants, Bourov et Voïtik, le soupçonnent de trahison malgré ses dénégations. Ils l’emmènent dans la forêt avec l’intention de l’exécuter… « Le film interroge les ressorts de la culpabilité, du remord et du courage au cœur du chaos. Et tente de retrouver ce qu’il reste d’humain dans un monde où la
barbarie règne. » (Samuel Bouhaire in « Télérama »). Le film est magnifique dans sa réalisation au rythme lent, en ses longs plans-séquences au plus près des personnages souvent filmés (de dos) en caméra portée. Peu de dialogues, pas de musique. Et puis Souchenia, sa blondeur, ses yeux clairs, et innocent perdu dans un univers inhumain.CBM
DANS LA COUR** (Fr., 2012.) R. : Pierre Salvadori ; Sc. : Pierre Salvadori, David ColomboLéotard, Benoît Graffin ; Ph. : Gilles Henry ; M. : Stephin Merritt, Grégoire Hetzel ; Pr. : Philippe Martin ; Int. : Catherine Deneuve (Mathilde), Gustave Kervern (Antoine Le Garrec), Féodor Atkine (Serge), Pio Marmaï (Stéphane), Michèle Moretti (Colette), Garance Clavel (l’ex d’Antoine). Couleurs, 97 min. Antoine, rockeur dépressif, met fin à sa carrière et se retrouve concierge d’un immeuble de l’Est parisien, où vit entre autres Mathilde, jeune retraitée impliquée dans l’humanitaire. Cette dernière découvre un jour une fissure dans le mur de son salon, qui l’intrigue d’abord puis l’obsède de plus en plus. Elle requiert les services d’Antoine contre cette irruption de l’inexpliqué. Celui-ci, qui la voit glisser vers la folie, tente de l’aider à traverser cette mauvaise passe. Un film riche et insolite, qui peut se lire à deux niveaux : la description d’un immeuble haussmannien et de ses habitants tous plus ou moins en souffrance ou, si l’on préfère, celle de la France tout entière dont le tissu social identitaire se fissure. C’est aussi le portrait touchant de deux êtres marginalisés (l’une par son état de santé et l’autre par la société) qui se rapprochent et tentent de s’entraider. Et même si le fond est un rien tristounet le ton est à la drôlerie voire à la loufoquerie (la réunion ratée dans la cour ; Mathilde s’en prenant à la dame qui ose vivre dans la maison de SON enfance). Salvadori maîtrise parfaitement le mélange des genres, aidé en cela par Catherine Deneuve et Gustave Kervern qui trouvent toujours le ton juste.G.B.
DANS LA MAISON*** (Fr., 2012.) R. et Sc. : François Ozon ; Ph. : Jérôme Almeras ; M. : Philippe Rombi ; Pr. : Mandarin Cinema ; Int. : Fabrice Luchini (Germain), Ernst Umhauer (Claude), Kristin Scott Thomas (Jeanne), Emmanuelle Seigner (Esther), Denis Ménochet (Rapha père), Bastien Ughetto (Rapha fils), JeanFrançois Balmer (le proviseur). Yolande Moreau (les jumelles). Couleurs, 103 min. Professeur blasé, Germain a l’attention attirée par la copie de l’un de ses élèves, Claude, qui raconte comment il s’est lié d’amitié avec un condisciple, Rapha, pour mieux s’introduire dans sa maison. Séduit, Germain l’encourage à ce qui devient progressivement une création littéraire. Claude a séduit la famille de Rapha en l’aidant dans ses devoirs de mathématiques. Germain va jusqu’à voler le sujet de la composition pour que Claude fasse obtenir à Rapha le 18 qui permettra à Claude de n’être pas remplacé par un vrai professeur. C’est que Claude est en train de séduire Esther la mère de Rapha, mais celui-ci les surprend. Humilié par Germain qui lit l’une de ses copies, Rapha se venge et de Claude qui avait rédigé la copie et du professeur qui l’a lue : il dénonce le vol du sujet de la composition par Germain au proviseur. Germain est suspendu, sa femme qui s’occupait d’une galerie d’art qu’elle doit abandonner, le quitte. Germain voit surgir Claude prêt à lui raconter une nouvelle histoire en s’introduisant dans une nouvelle maison. Un scénario d’une extrême richesse touchant aussi bien au voyeurisme qu’à la satire de la classe moyenne provinciale, une interprétation éblouissante dont Ernst Umhauer est la révélation soulignant le côté inquiétant de son personnage qui s’introduit dans les maisons pour y faire sourdre le mal, une intrigue complexe et un procédé narratif exigeant, parfaitement maîtrisés, tout cela fait de l’œuvre d’Ozon une nouvelle réussite.J.T.
DANS LE NOIR
(Lights Out ; USA, 2016.) R. : David F. Sandberg ; Sc. : Eric Heisserer ; Ph. : Marc Spicer ; M. : Benjamin Wallfisch ; Pr. : New Line Cinema ; Int. : Teresa Palmer (Rebecca), Gabriel Bateman (Martin), Alexander DiPersia (Bret), Maria Bello (Sophie), Alicia Vela-Bailey (Diana). Couleurs, 81 min. Paul est assassiné par une créature cachée dans le noir. Il laisse un fils Martin que recueille sa demi-sœur Rebecca. Or la menace continue. C’est une certaine Diana, amie de la mère de Martin, allergique à la lumière, qui sème la terreur. Comment la détruire ? Nouveau venu dans le fantastique, Sandberg, remarqué par le grand spécialiste du genre James Wan, pour un court métrage très réussi, a compris que le noir fait peur. Sur le thème de l’obscurité comme source de menace, il a greffé une analyse psychanalytique. Diana, le monstre des ténébres est née de la névrose de la mère. En définitive, pas de quoi avoir peur…J.T.
DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE* (Fr., 2016.) R. : Safy Nebbou ; Sc. : S. Nebbou, David Oelhoffen d’après Sylvain Tesson ; Ph. : Gilles Porte ; M. : Ibrahim Maalouf ; Pr. : Philip Boëffard, Christophe Rossignon ; Int. : Raphaël Personnaz (Teddy), Evgueni Sidikhine (Aleksei). Couleurs, 105 min. Teddy éprouve le besoin de quitter la ville et de se ressourcer au contact de la nature. Il achète une cabane délabrée et isolée au bord du lac Baïkal où il vit en ermite. Un jour de blizzard il est secouru par un vieux Russe qui fuit la police depuis dix ans. Une amitié va naître entre eux. Que la nature est belle et qu’il est agréable de se baigner nu dans l’eau glacée du lac ! Mais aussi qu’elle peut être dangereuse lorsqu’on se retrouve face à un ours ou pris dans la tourmente ! Cette ode à la pureté, à l’authenticité d’une vie simple, à la chaleur d’une amitié virile, est malheureusement gâchée par une voix off envahissante qui n’apporte rien aux images. Cependant, malgré ses clichés, il reste une belle aventure agréablement contée.
C.B.M.
DANS SES YEUX*** (El Secreto de Sus Ojos, Arg., 2009.) R. : Juan José Campanella ; Sc. : Eduardo Sacheri, Juan José Campanella ; Ph. : Félix Monti ; M. : Federico Jusid, Emilio Kauderer ; Pr. : Tornasol Films, Haddock Films ; Int. : Soledad Villamil (Irene Menéndez Hastings), Ricardo Darín (Benjamín Esposito), Guillermo Francella (Pablo Sandoval), Javier Godino (Isidoro Gómez), Pablo Rago (Ricardo Morales). Couleurs, 129 min. En 1999, Benjamin Esposito, retraité du ministère de la Justice, tente d’écrire un livre sur une affaire jamais élucidée, survenue vingt-cinq ans plus tôt. Il renoue contact avec sa supérieure de l’époque, Irene Menéndez Hastings, dont il est toujours éperdument amoureux. Ensemble, ils reviennent sur le viol d’une jeune femme tout juste mariée, dont l’assassin, pourtant démasqué, n’a jamais été condamné. Pour que le dossier ne soit pas classé, Benjamin et son collègue de l’époque, Pablo Sandoval, alcoolique notoire, ont défié leur hiérarchie à plusieurs reprises et mené l’enquête en toute illégalité. Après l’assassinat de Pablo, Benjamin a lâché prise et le coupable, Isidoro Gómes, est resté impuni. Plusieurs dizaines d’années plus tard, alors qu’il évoque à nouveau certains détails de l’affaire avec Irene, le chagrin de Ricardo Morales, mari de la victime, et sa détermination à punir le meurtrier lui reviennent à l’esprit. En allant lui rendre visite, Benjamin découvre que Ricardo a kidnappé Isidoro et le détient dans une cellule fabriquée chez lui… depuis un quart de siècle. En 2010, Juan José Campanella décroche l’Oscar du meilleur film étranger pour Dans ses Yeux, au nez et à la barbe de Jacques Audiard pour Un Prophète et de Michael Haneke et de son Ruban Blanc. Force est de reconnaître que ce thriller argentin habilement scénarisé réussit la prouesse d’être aussi efficace sur le ton de la comédie que celui du mélodrame. En tête d’affiche, la star internationale Ricardo Darin n’a plus à démontrer son talent. Mais l’humoriste argentin Guillermo Francella lui vole la vedette en composant un adorable
personnage malicieux, aussi fidèle à la bouteille que loyal en toutes choses. Pièce maîtresse de ce suspense juridique : la scène de l’arrestation d’Isidoro Gómez dans un stade, pendant que se déroule un match de football, tournée en un (faux) plan séquence vertigineux.G.J.
DANSE DE LA RÉALITÉ (LA)*** (La Danza de la Realidad ; Chili, 2013.) R. et Sc. : Alejandro Jodorowsky ; Ph. : Jean-Marie Dreujou ; M. : Adam Jodorowsky Pr. : Michel Seydoux, Moïses Cosio, Alejandro Jodorowsky ; Int. : Brontis Jodorowsky (Jamie), Pamela Flores (Sara), Jeremiah Herskovits (Alejandro enfant), Alejandro Jodorowsky (lui-même). Couleurs, 130 min. Alejandro, fils d’exilés juifs russes, raconte son enfance à la fin des années 30 à Tocopilla, petite ville du Chili, où sévissent la misère et la dictature. Son père, Jaime, athée, communiste et autoritaire, veut faire de lui un homme et lui fait subir toutes sortes d’épreuves physiques ou psychologiques. Sa mère, Sara, croyante, douce, plantureuse, chante en parlant et veut garder près d’elle son petit garçon avec ses belles boucles blondes. Jaime est capable aussi bien de chasser les indigents devant son commerce que d’aller braver le danger en allant donner de l’eau aux lépreux. Son idéal le ménera à la décision de tuer le dictateur Ibanez. Jodorowsky adapte pour la cinéma ses romans autobiographiques et choisit le titre de l’un d’eux, La danse de la réalité qui illustre parfaitement ce qu’est le film : une vision fantasmée, symbolique et poétique des souvenirs de son enfance. Il aborde avec finesse des thèmes comme le passage à l’adolescence, la différence aux autres, le fascisme, la religion… et bien entendu la famille. Car tout est souvent histoire de famille avec Jodorowsky dont trois fils participent au casting : Brontis joue le rôle de son père, Axel un philosophe et Adam un anarchiste. Ce dernier compose également la très belle musique du film. Les nostalgiques de ses films-cultes des années 70, tels La montagne sacrée ou EL
Topo ne seront pas déçus. Ils retrouveront cette ambiance mystique teintée de sagesse, mais avec une vision plus apaisée, plus sereine. À 64 ans, Jodorowsky a fait appel à un financement participatif pour amorcer son projet : « L’argent apporte la lumière à qui l’emploie pour ouvrir la fleur du monde. » F.B.M.
DANSEUSE (LA) * (Fr., 2016.) R. : Stéphanie Di Giusto ; Sc. : S. Di Giusto et Sarah Thibau, d’après le roman de Giovanni Lista ; Ph. : Benoît Debie ; Chorégraphie : Jody Sperling ; Pr. : Alain Attal, Emma Javaux, Marie Jardillier ; Int. : Soko (Loïe Fuller), Gaspard Ulliel (Louis), Lily-Rose Depp (Isadora Duncan), Mélanie Thierry (Gabrielle), François Damiens (Marchand). Couleurs, 108 min. Marie-Louise Fuller est une fille de ferme de l’ouest américain. A la mort de son père, elle rejoint sa mère à New York. Son rêve est de devenir artiste. Elle dérobe quelque argent à Louis, un noble mélancolique et impuissant qui la courtise, pour s’embarquer vers Paris. L’originalité de sa danse serpentine avec ses grands voiles la fait engager sous le nom de Loïe Fuller, d’abord aux FoliesBergère, puis à l’Opéra de Paris où elle obtient un vif succès. Sa rencontre avec Isadora Duncan bouleverse sa vie… Le film, esthétiquement réussi, est une variation sur cette grande danseuse que fut, à la Belle Epoque, Loïe Fuller, surnommée « la fée électricité » en raison de ses envolées de voiles savamment éclairés. Un film bien fait sur une artiste quelque peu oubliée qui, cependant, ne suscite pas l’enthousiasme. On le regarde agréablement, tout comme on apprécie l’interprétation – à la fois « hommasse » et aérienne – de Soko.C.B.M.
DARK KNIGHT RISES (THE)*** (The Dark Knight Rises ; USA, 2012.) R. : Christopher Nolan ; Sc. : Jonathan Nolan, David S. Goyer d’après les personnages créés par Bob Kane ; Ph. : Wally Pfister ; M. : Hans Zimmer ; Pr. : Christopher Nolan, Charles Roven, Emma Thomas ; Int : Christian Bale (Bruce Wayne), Tom Hardy (Bane), Gary Oldman (Gordon), Anne Hathaway (Selina), Michael Caine (Alfred), Marion Cotillard (Miranda). Couleurs, 165 min. Huit ans ont passé depuis la mort de Harvey Dent, dont Batman a endossé les meurtres. Bruce Wayne vit désormais reclus, chez lui, évitant tout contact avec le monde extérieur. Jusqu’au jour où un certain Bane débarque à Gotham… Avec ce troisième opus, Christopher Nolan poursuit son exploration de la face sombre du personnage créé par Bob Kane et tend, à travers ses aventures, un miroir à notre société et au monde qui est le notre. Car au-delà d’être un film de super-heros intense et spectaculaire, The Dark Knight Rises s’impose comme un blockbuster d’auteur qui, tout en s’avérant terriblement divertissant, invite le public à réfléchir sur les maux de notre époque. Sous le regard de Nolan qui en fait un personnage trahi (Judas a ici le visage féminin de Miranda Tate) et prêt à se sacrifier pour sauver le peuple de Gotham, Batman, prend des allures de figure christique et donne à ce troisième volet une dimension non seulement métaphysique (la question du pouvoir et les interrogations morales, déjà présentes dans le précédents volet, sont à nouveau au cœur du récit) mais également mystique. C’est ainsi à une véritable tragédie qu’est exposé le justicier masqué dans ce film où mensonges, non-dits et manipulation servent de ressorts à une intrigue parfaitement ficelée et ponctuée de séquences d’anthologie (la scène d’ouverture, ou encore celle de l’effondrement de la ville de Gotham). Durant plus de deux heures et demie, Christopher Nolan nous transporte dans un univers complexe et torturé, dense et tendu, et ce tout en distillant un suspens à couper le souffle, et qui tient le spectateur en haleine jusqu’au dénouement. Un dénouement impressionnant et clôturant de fort belle manière ce qui restera probablement la meilleure trilogie consacrée à un héros de comics de toute l’Histoire du septième art.E.B.
DARK PLACES* (Dark Places ; USA, 2014.) R. et Sc. : Gilles Paquet-Brenner ; Ph. : Barry Ackroyd, M. : Gregory Tripi ; Pr. : Exclusive media Group, Mandalay Vision, Hugo Productions ; Int. : Charlize Theron (Libby Day), Chloé Grace Moretz (Diondra), Nicholas Hoult (Lyle), Tye Sheridan (Ben Day) Couleurs, 114 min. Libby Day, huit ans, survit au massacre de sa mère et de ses deux sœurs dans leur ferme. Elle accuse son frère Ben dont l’esprit est dérangé. Celui-ci est condamné à la prison à perpétuité. 30 ans plus tard, Libby est contactée par le président du KILL Club, Lyle, pour reprendre l’enquête contre une grosse somme. Elle retrouve Diondra, la petite amie de Ben qui essaie de la tuer pour qu’elle ne découvre pas la vérité sur elle, car Ben s’était accusé pour la protéger. Bon thriller inspiré par un roman de Gillian Flynn, Les lieux sombres. Le suspense est habilement maintenu même si l’on a deviné assez vite le ou les coupables. À l’arrière plan une vision de l’Amérique des campagnes dans les années 1980.J.T.
DARK SHADOWS* (USA, 2012.) R. : Tim Burton. Sc. : Seth Grahame-Smith d’après une histoire de Seth Grahame-Smith et John August et la série télé créée par Dan Curtis ; Ph. : Bruno Delbonnel ; Déc. : Rick Heinrichs ; M. : Danny Elfman ; Pr. : Richard D. Zanuck, Johnny Depp, David Kennedy, Christi Dembrowski ; Int. : Johnny Depp (Barnabas Collins), Michelle Pfeiffer (Elizabeth Collins Stoddard), Helena Bonham Carter (Dr. Julia Hoffman), Eva Green (Angelique Bouchard), Christopher Lee (Malloy), Chloë Grace Moretz (Carolyn Stoddard). Couleurs, 133 min. Aristocrate transformé en vampire suite à une malédiction, Barnabas Collins a été enterré vivant par l’une de ses amantes revanchardes. Libéré par
inadvertance en 1972, après avoir passé deux siècles dans son cercueil, il entend bien redonner à la famille Collins le prestige d’antan. Un film de Tim Burton est toujours un évènement. L’auteur de Beetlejuice compte en effet parmi les plus grands cinéastes contemporains et sa filmographie est pavée de chefs d’œuvres. Une catégorie à laquelle n’appartient pas Dark Shadows qui s’impose en effet comme un film mineur dans la carrière du réalisateur. Reste que, même en mode mineur, une production Burton ne ressemble à aucune autre et se révèle nettement supérieure à la majorité de la production américaine actuelle. Et Dark Shadows ne fait pas exception à la règle. En dépit d’un script quelque peu convenu, le métrage, qui s’inspire de la série télé éponyme créée par Dan Curtis, est un divertissement haute-gamme au charme désuet et à l’humour mordant qui illustre une fois de plus l’incroyable virtuosité du cinéaste. Une virtuosité qui saute aux yeux de la séquence prégénérique, d’une beauté à couper le souffle, et qui nous vaut par la suite quelques scènes aussi époustouflantes que mémorables. D’autant que la distribution dominée par un Johnny Depp (également producteur du film) qui s’en donne à cœur joie, est magistrale et donne corps à une galerie de personnages tous plus surprenants les uns que les autres. Drôle, visuellement splendide et truffé de références au cinéma fantastique d’antan, Dark Shadows est un spectacle somptueux, empreint de nostalgie qui, en dépit de quelques longueurs, procure un réel plaisir cinématographique.E.B.
DAVID ET MADAME HANSEN* (Fr., 2012.) R., Sc. et M. : Alexandre Astier ; Ph. : Fabrice Moindrot ; Pr. : Jérôme Seydoux ; Int. : Isabelle Adjani (Mme Hansen), Alexandre Astier (David), Julie-Anne Roth (Clémence), Victor Chambon (Hugo), JeanCharles Simon (Dr. Reiner). Couleurs, 89 min. Madame Hansen, femme richissime, a perdu la raison à la suite d’un grave traumatisme ; elle est hospitalisée dans une clinique suisse. David, jeune ergothérapeute, est chargé de l’accompagner en ville pour faire des achats. Elle
lui fausse compagnie au volant d’une voiture. David, aidé par sa fiancée Clémence et Hugo son jeune frère part à sa poursuite. Ils arrivent à Aix-lesBains dans une belle demeure abandonnée où madame Hansen semble se retrouver. Quelle est la cause de cette amnésie ? Cela a peu d’importance. Mieux vaut s’intéresser aux bizarreries des personnages, à commencer par ce médecin-chef féru de grande musique interprété par Jean-Charles Simon, grandiose de drôlerie. Alexandre Astier, factotum du film, ne manque ni de présence, ni d’énergie. Quant à Isabelle Adjani on est heureux de la retrouver dans ce personnage fantasque, le visage en partie dissimulé par une perruque grise et des lunettes noires – que fort heureusement, elle quitte à la fin. Un film illogique – que l’on peut même trouver idiot ! C’est aussi ce qui fait son charme discret.C.B.M.
DAVID HARUM* (David Harum ; USA, 1934.) R. : James Cruze ; Sc. : Walter Woods, d’après le roman d’Edward Noyes Westcott (1898) ; Ph. : Hal Mohr ; M. : Louis DeFrancesco ; Pr. : Winfield R. Sheehan pour Fox Film Corp. ; Int. : Will Rogers (David Harum), Louise Dresser (Polly Harum), Evelyn Venable (Ann Madison), Kent Taylor (John Lennox), Stepin Fetchit (Swifty), Noah Beery (général Woolsey), Charles Middleton (Deacon Perkins), Frank Melton (Caruthers). NB, 83 min. Son père étant ruiné, John Lennox est engagé par David Harum, banquier de la petite localité de Homeville. Une amitié profonde finit par lier John à son nouveau patron lorsqu’il se rend que, oubliant son rôle de banquier et négligeant les traites et les dettes des petites gens, il ne pense qu’à leur venir en aide. La riche Ann Madison, amie de David, s’intéresse beaucoup à John, mais celui-ci, sans le sou, refuse de s’engager. David conseille à son employé de miser toutes ses économies sur Cupid, le cheval qu’Ann vient de lui acheter et qui, lorsqu’on lui chante certaines chansons, bat tous les records de vitesse… Cupid gagne la
course de Danchester et John, désormais riche et devenu l’associé de David, n’hésite plus à demander la main d’Ann. Le « feel good movie » américain type du début du parlant. Le phénomène Will Rogers n’a guère franchi les frontières des États-Unis : il fut pourtant l’acteur américain le plus aimé de son pays, et l’un des mieux payés de son temps. Issu du music-hall – c’était un virtuose du lasso et il avait été champion de rodéo –, il était devenu une star de la radio avant de se mêler de politique – il aida à l’élection de Franklin D. Roosevelt – et de venir au cinéma, et c’est avec l’avènement du parlant que sa popularité fut portée au pinacle. Le rêve américain s’effondra un peu avec lui lorsqu’il mourut en pleine gloire en août 1935, à 55 ans, dans un accident d’avion. David Harum n’est peut-être pas son meilleur film. Mais il est sans doute le plus caractéristique de son talent singulier. Sourire aux lèvres et œil pétillant, Will Rogers dégage une profonde humanité, et sa philosophie simple de Monsieur Tout le Monde était religieusement écoutée. Tout son être respire la bienveillance et la philanthropie – il était réputé pour ses innombrables dons aux bonnes œuvres –, mais en revanche, les arnaqueurs et les filous de tous poils n’ont droit à aucune pitié. Il faut le voir discuter le prix d’un cheval avec Charles Middleton qui lui a un jour vendu un cheval aveugle, taillant un bout de bois avec son couteau et tournant autour de son interlocuteur comme un rapace lorgnant sa proie : c’est la scène récurrente du film au cours de laquelle les deux compères s’achètent et se revendent le même cheval tour à tour baptisé Abdul, Amos, Moses, puis Cupid. À déguster aussi, les nombreuses apparitions de Stepin Fetchit qui fut, lui, l’acteur noir le mieux payé de son époque, avec son fameux débit de parole intensément larmoyant. Découvert en vidéo. R.L.
DAYBREAKERS
(Daybreakers ; USA, 2010.) R. et Sc. : Michael et Peter Spiering ; Ph. : Ben Nott ; M. : Christopher Gordon ; Eff. sp. : Clint Ingram ; Pr. : Lionsgate et Paradise Production ; Int. : Ethan Hawke (Edward Dalton), Willem Dafoe (Lionel Cormac), Claudia Karvan (Audrey Bennett), Michael Dorman (Frankie Dalton). Couleurs, 98 min. La planète est désormais peuplée en majorité de vampires. Du coup les stocks de sang humain diminuent. Les vampires n’ont plus rien à se mettre sous la dent. Un postulat original, mais le scénario se limite à évoquer la résistance humaine face aux vampires à travers un petit groupe. On tombe vite dans le déjà vu, loin de Je suis une légende.J.T.
DE BON MATIN** (Fr., 2011.) R. : Jean-Marc Moutout ; Sc. ; Jean-Marc Moutout, Olivier Gorce, Sophie Fillières ; Ph. : Pierre Intelmi d’Ille ; Pr. : Margaret Menegoz et Régine Vial ; Int. Jean-Pierre Darroussin (Paul Wertret), Xavier Beauvois (Fisher), Laurent Delbecque (Benoit). Couleurs, 91 min. De bon matin Paul Wertret quitte son pavillon, sa femme et son fils pour se rendre à la banque qui l’emploie comme cadre. Il sort un revolver et abat froidement deux de ses supérieurs. Puis il s’installe dans son bureau et attend. Comment en est-il arrivé là ? En une narration en flash-backs non chronologiques, le réalisateur propose le portrait d’un homme ordinaire (magnifique Darroussin), totalement investi dans son travail, qui subit humiliations et progressive mise à l’écart. Un film d’une terrible réalité oui décrit avec pertinence une facette de notre moderne société. Que ce soit une dépression, un pétage de plombs, un burn-out, peu importe le terme : le mal est là, trop présent à tous les niveaux.C.B.M.
DE GUERRE LASSE**
(Fr., 2013.) R. : Olivier Panchot ; Sc. : Olivier Panchot et Cédric Anger ; Ph. : Thomas Hardmeier ; M. : Eric Neveux ; Pr. : Elvézir Films ; Int. : Jalil Lespert (Alex), Tcheky Karyo (Armand), Hiam Abbass (Raissa), Mhamed Arezki (Rachid). Couleurs, 94 min. Alex, après avoir tué le frère du parrain d’un quartier de Marseille, s’enfuit et s’engage dans la Légion étrangère. Quatre ans plus tard, il déserte et revient à Marseille, déclenchant la tempête. Un bon film de gangsters qui vaut par une intrigue solide et surtout par une peinture précise du milieu marseillais : pieds-noirs, arabes, corses entremêlés dans des réseaux aux règles complexes.J.T.
DE L’AUTRE CÔTÉ DU MUR* (Westen ; All., 2013.) R. : Christian Schwochow ; Sc. : Heide Schwochow ; Ph. : Frank Lamm ; M. : Lorenz Dangel ; Pr. : Thomas Kufus, Barbara Buhl ; Int. : Jördis Triebel (Nelly), Tristan Göbel (Alexeï), Alexander Scheer (Hans), Jacky Ido (John), Anja Antonowiez (Krystina). Couleurs, 102 min. Dans les années 70, Nelly parvient à fuir la RDA avec son fils Alexeï ; elle veut oublier son mari Vassili, un scientifique soviétique porté disparu. A BerlinOuest, elle est hébergée avec son fils dans un centre d’accueil aux conditions précaires, en proie aux tracasseries administratives ; elle est soupçonnée d’être une espionne à la solde de l’URSS… On se perd parfois dans les méandres de l’intrigue, mais le film retient l’attention par la peinture nullement idyllique de la RFA avec les décors sinistres du centre d’accueil et les humiliations tant pour Nelly que pour son fils (traité de « déchet de l’Est ». Le film doit beaucoup à Jördis Triebel (prix d’interprétation à Berlin) en femme harcelée et perdue, mais aussi en femme décidée et courageuse. C.B.M.
DE L’EAU POUR LES ÉLÉPHANTS** (Water for Elephants ; USA, 2011.) R. : Francis Lawrence ; Sc. : Richard LaGravenese ; Ph. : Rodrigo Prieto ; M. : James Newton Howard ; Pr. : Fox 2000 Pictures ; Int. : Reese Witherspoon (Marlena), Robert Pattinson (Jacob Jankowski), Christoph Waltz (August), Paul Schneider (Charlie), Jim Norton (Camel). Couleurs, 115 min. Un jeune étudiant vétérinaire, Jacob Jankowski, doit rentrer chez lui, à la mort de ses parents. Il se retrouve dans le train d’un cirque itinérant. Il soigne le cheval blessé de la belle écuyère Marlena, qui est l’épouse du directeur August. Celui-ci embauche Jacob. Des difficultés financières surgissent. Pour faire des économies, August jette du train certains employés. Puis il fait appel à une vieille éléphante que Jacob doit dresser. Les affaires vont mieux mais August devient jaloux et bat Marlena. Jacob et Marlena décident de s’enfuir. Rattrapés, August va étrangler Marlena lorsqu’il est tué par l’éléphante. Jacob et Marlena se marient. Devenu veuf, Jacob garde la nostalgie du cirque. Dans la grande tradition hollywoodienne : un cirque itinérant, une passion, des crimes, le tout filmé en couleurs chatoyantes. Pourquoi bouder notre plaisir ? J.T.
DE ROUILLE ET D’OS*** (Fr., 2012.) R. : Jacques Audiard ; Sc. : Jacques Audiard et Thomas Bidegain d’après Craig Davidson ; Ph. : Stephane Fontaine ; M. : Alexandre Desplats ; Pr. : Pascal Caucheteux ; Int. : Matthias Schoenaerts (Ali), Marion Cotillard (Stéphanie), Armand Verdure (Sam), CorinneMasiero (Anna), Céline Sallette (Louise), Bouli Lanners (Martial). Couleurs, 123 min. Ali, boxeur amateur, quitte le Nord, accompagné de Sem, un gamin de cinq ans. Il rejoint sa sœur Anna à Antibes. Après lui avoir confié l’enfant, il trouve un travail de videur dans une boîte de nuit où il croise Stéphanie. Celle-ci est
dresseuse d’orques au Marinaland. Un accident lui sectionne les deux jambes ; elle déprime et fait appel à Ali. Ils se revoient, se baignent à la plage, font l’amour. La vie reprend pour Stéphanie. Ali, devenu agent de sécurité dans une grande surface où sa sœur est caissière, se livre à des combats clandestins à poings nus. Il est la cause indirecte du licenciement d’Anna. Elle le chasse. Ali part en Alsace, laissant tout derrière lui. Situé en milieu prolétarien, ce film est âpre, rude, avec des personnages peu attachants, du moins au début. Sans être larmoyant, c’est un mélodrame intense, « trash » a-t-on dit, où chacun est marqué par un destin hostile qui l’entraîne vers les bas-fonds (avec les combats de boxe très violents). Paradoxalement ces épreuves humanisent ces êtres cabossés jusqu’à la résurrection finale, trop attendue. Des trucages numériques montrant l’amputation de Stéphanie puis sa rééducation avec des prothèses métalliques sont particulièrement réussis. Quant aux deux comédiens, Matthias Schoenaerts et Marion Cotillard, ils ont un jeu intense qui rend ce film captivant, sans parler de la mise en scène très maîtrisée de Jacques Audiard.C.B.M.
DE VRAIS MENSONGES** (Fr., 2010.) R. : Pierre Salvadori ; Sc. : Pierre Salvadori et Benoit Graffin ; Ph. : Gilles Henry ; M. : Philippe Eidel ; Pr. : Philipp ; Martin ; Int. : Audrey Tautou (Emilie), Nathalie Baye (Maddy), Sami Bouajila (Jean), Stéphanie Lagarde (Sylvia), Judith Chemla (Paulette), Daniel Duval (Marc). Couleurs, 105 min. Emilie dirige un salon de coiffure. Jean, son employé, un garçon timide, n’ose lui déclarer son amour. Il le lui déclare dans une lettre anonyme. Emilie la néglige, mais la fait parvenir à sa mère, Maddy, afin de la guérir de sa dépression depuis que son mari l’a quittée. Le stratagème réussit. Emilie, imitant l’écriture de Jean, envoie d’autres lettres. Maddy finit par avoir des doutes ; elle rencontre Jean qui devient son amant…
L’imbroglio s’étoffe et les quiproquos s’accumulent. C’est une comédie sentimentale dans la grande tradition des « screwball comedies » de l’âge d’or du cinéma américain, réalisée avec élégance et finesse. Le scénario « tient la route » malgré ses incohérences. Les trois comédiens sont parfaits ; on passe un bon moment en leur compagnie. C.B.M.
DEADPOOL* (Deadfool ; USA, 2015.) R. : Tim Miller ; Sc. : Reth Reese et Warnick ; Ph. : Ken Seng ; Eff. sp. : Alex Burdett ; Eff. vis. : Jonathan Rothbart ; M. : Tom Holkenborg ; Pr. : Marvel Enterprises et 20th Century Fox ; Int. : Ryan Reynolds (Wade Wilson/Deadpool), Morena Baccarin (Vanessa/Copycat), Ed Skrein (Francis/Ajax), J.T. Miller (Weasel). Couleurs, 107 min. Wade Wilson est un mercenaire exécutant de petits contrats qui l’amèneront à rencontrer dans un bar, où se retrouvent tueurs à gages et mercenaires, Vanessa, la femme de sa vie. Il apprend peu après qu’il est atteint d’un cancer et accepte de participer à un programme pouvant le guérir. Ces expériences vont le rendre immortel mais défiguré. Il devient Deadpool. Il part, avec deux X-men à la recherche de celui qui en a fait un mutant et a enlevé Vanessa. Il le tuera. Deadpool est un anti-héros qui vient d’une bande dessinée de Fabien Nicieza et Rob Liefeld et était très attendu dans la galerie des personnages des studios de Marvel Enterprise. Un petit budget mais le succès rend une suite inévitable.C.E.Y.
DEEP (THE)*** (USA, 1967.) R. : Orson Welles ; Sc. : Orson Welles d’après Charles Williams ; Ph. : Willie Kurant ; Int. : Laurence Harvey (Hugh Warner),
Oja Kodar (Rae Ingram), Orson Welles (Brewer), Jeanne Moreau (Mme Warner). NB-Couleurs, 126 min (copie de travail). Le couple Ingram passe sa lune de miel en mer. Il recueille Hugh Warner sur un pneumatique. Il a quitté son bateau qui menace de couler car les trois autres passagers sont morts, intoxiqués par du saumon. Il y a beaucoup de contradictions dans son récit. Ingram se rend sur le bateau et y découvre deux passagers, Brewer et une femme qui avouera être l’épouse de Warner. Que s’estil passé ? Mme Brewer, en se baignant, a été tuée par un requin. Warner se croit responsable de sa mort et pense que Brewer veut se venger. Il l’assomme ainsi que son épouse et s’enfuit. Mais quand Ingram veut regagner son propre bateau, Warner l’a mis en marche et s’en va avec l’épouse qui tente de lui résister. Une poursuite s’engage. Mais le bateau où se trouve Ingram prend l’eau, tandis que sur l’autre Rae Ingram essaie de paralyser Warner. Double suspense. Film mythique qu’Orson Welles ne put achever. Stefen Drössler du Film Museum de Munich a fait un montage cohérent des rushes, avec plusieurs manques, des séquences en noir et parfois l’absence de son. On découvre ainsi ce que devait être l’œuvre de Welles tournée en Croatie sans grands moyens. Y a-t-il cru ? Son interprétation est caricaturale. Mais Oja Kodar, souvent entièrement nue, est rayonnante de beauté. Welles n’a pu le terminer pour des raisons financières, parce que la douane française aurait détruit le négatif et que Jeanne Moreau, mécontente de son rôle, refusa la postsynchronisation. Tel quel le film a été montré à la Cinémathèque française, lors de la rétrospective Welles, en juillet 2015. On peut espérer la sortie d’un DVD.J.T.
DEEPWATER*** (Deepwater Horizon ; USA, 2016.) R. : Peter Berg ; Sc. : Matthew Michael Carnahan et Matthew Sand ; Ph. : Enrique Chediak ; Eff. sp. : Burt Dalton et Matt Kutcher ; Eff. vis. : Mark Russell ; M. : Steve Jablonsjy ; Pr. : Summit Entertainment ; Int. : Mark Wahlberg (Mike Williams), Kurt
Russell (Jimmy Harrell), John Malkovich (Donald Vidrine), Gina Rodriguez (Andrea Fleytas). Couleurs, 107 min. En 2010, sur une plateforme du golfe du Mexique, le responsable de BP, Vidrine, décide de procéder au plus vite au forage. Les ingénieurs de la plateforme, Harrell et Williams formulent des réserves, les mesures de sécurité n’ayant pas été respectées. Ce sera l’explosion. Inspiré d’une tragédie réelle, ce film catastrophe est d’une grande rigueur dans la reconstitution de la plateforme Deepwater Horizon et d’une grande clarté dans les causes de l’accident. « Il fallait, dit Berg, que le spectateur soit au fait des enjeux avant que la tragédie se produise ». Peter Berg a bénéficié des conseils du vrai Mike Williams et a partagé l’intimité des marins. De là l’authenticité du film. C’est aussi une mise en accusation des compagnies pétrolières. Bref « un film didactique, réaliste et édifiant ». J.T.
DEERSLAYER (THE)* (USA, 1957.) R. : Kurt Neumann ; Sc. : Carroll Young ; Ph. : Karl Struss ; Pr. : Fox ; Int. : Lex Barker (le chasseur de daims), Jay C. Flippen (le trafiquant), Rita Moreno, Cathy O’Donnell, Forrest Tucker. Couleurs, 76 min. Un trafiquant et ses deux filles sont poursuivis par les Hurons et sauvés par un chasseur de daims. Honnête adaptation d’un roman de Fenimore Cooper, supérieure à la version 1943 de Lew Landers. Inédit en France sauf en DVD. J.T.
DÉFENSE LINCOLN (LA)**
(The Lincoln Lawyer ; USA, 2011.) R. : Brad Furman ; Sc. : John Romano d’après le roman de Michael Connelly ; Ph. : Lukas Ettlin ; M. : Cliff Martinez ; Pr. : Lakeshore Entertainment ; Int. : Matthew McConaughey (Mick Haller), Marisa Tomei (Maggie McPherson), Ryan Phillippe (Louis Roulet), William H. Macy (Frank Levin) ; Josh Lucas (Ted Minton). Couleurs, 118 min. Avocat sans scrupules, Michael Haller va d’un tribunal à l’autre au volant de sa Lincoln qui lui sert de bureau. On lui propose une très bonne affaire : défendre Louis Roulet, fils d’une riche veuve, accusé d’agression sur une prostituée. Son ex-femme cède le dossier du procureur à son collègue Minton. Michael Haller constate que le dossier ne comprend pas de preuves accablantes mais a été falsifié. Roulet n’est pas innocent comme il l’affirme ; pire, il est l’auteur d’une autre agression pour laquelle a été condamné un innocent. Haller va faire acquitter Roulet pour l’affaire où il est son défenseur, mais le faire arrêter pour l’autre viol. Excellent suspense tiré d’un roman du maître du genre Michael Connelly : comment l’avocat Haller pourra-t-il faire condamner son abject client tout en restant fidèle à son serment d’avocat ? Un remarquable témoignage sur la justice américaine et un grand numéro du génial McConaughey.J.T.
DÉFILÉ SAUVAGE (LE) (Black Horse Canyon ; USA, 1954.) R. : Jesse Hibbs ; Sc. : Geoffrey Homes ; Ph. : George Robinson ; Pr. : Universal ; Int. : Joel McCrea (Ded Rockwell), Mari Blanchard (Aldia), Murvyn Vie. Couleurs, 82 min. Un éleveur de chevaux rêve de capturer un suberbe mustang noir appelé Outlaw. Les westerns de Jesse Hibbs sont généralement médiocres, surtout ceux interprétés par Audie Murphy. Bien qu’il ait pour vedette. Mc Crea, celui-ci n’echappe pas à la règle. Inédit en France, il a été diffusé en DVD par Patrick Brion dans sa fameuse collection.J.T.
DÉLICATESSE (LA)* (Fr., 2011.) R. et Sc. : David et Stéphane Foenkinos-Robert ; Int. : Audrey Tautou (Nathalie), François Damiens (Markus), Bruno Todeschini (Charles), Mélanie Bernier (Chloé), Joséphine de Meaux (Sophie), Pio Marmaï (François), Monique Chaumette (Madeleine), Marc Citti (Pierre), Ariane Ascaride, Christophe Malavoy (les parents de Nathalie). Couleurs, 108 min. Après la mort accidentelle de François, son compagnon, Nathalie reste prostrée dans son deuil. Trois ans plus tard, elle est responsable d’un groupe de travail dans une entreprise suédoise à Paris. Dans un état second, elle embrasse Markus, l’un de ses subordonnés. Ce dernier en tombe amoureux – mais Nathalie a tout oublié… David Foenkinos porte à l’écran son succès de librairie qui devient ainsi un gentil roman-photo. Réalisé avec… délicatesse – mais aussi des joliesses agaçantes (le jardin de grand-mère…) le film doit beaucoup à l’interprétation de François Damiens, bon gros nounours, et d’Audrey Tautou, adorable et sensible. C.B.M.
DÉLICES DE TOKYO (LES)** (An ; Jap., 2015.) ; R. et Sc. : Naomi Kawase ; Ph. : Shigeki Akiyama ; M. : David Hadjaj ; Pr. : Kaïchiro Fukushima ; Int. : Kirin Kiki (Tokue), Masatoshi Nagase (Sentaro), Kyara Uchida (Wakana). Couleurs, 113 min. À Tokyo, sous les cerisiers en fleurs, Sentaro, la quarantaine austère, tient une petite échoppe où il vend – essentiellement à des lycéennes délurées, telle Wakana – des dorayakis, sortes de pancakes fourrés d’une pâte de haricots rouges. Tokue, une vieille dame, vient lui proposer ses talents de cuisinière. D’abord réticent, il finit par accepter. Et c’est la réussite, la clientèle afflue…
Cette vieille femme, au doux visage candide, nous donne une leçon de vie et de courage ; on découvrira que, atteinte physiquement dans son corps, elle va audelà de son handicap. C’est un film serein et lumineux, léger et savoureux. On aimerait bien goûter à cette pâte de haricots rouges confits tant la réalisatrice nous met l’eau à la bouche ! C.B.M.
DÉLICIEUSE** (Mad about music ; USA, 1938.), R : Norman Taurog ; Sc : Bruce Manning, Félix Jackson, Marcella Burke, Frédérick Kohner ; Ph : Joseph A. Valentine ; Pr : Universal Pictures ; Int : Deanna Durbin (Gloria Harkinson), Herbert Marshall (Mr Harkinson), Gail Patrick (Gwen Taylor), Arthur Treacher (Trips), William Fawley (Dusty Turner), Marcia Mae Jones (Olga), Helen Parissh (Felice). NB, 100 min. Star à Hollywood, Gloria sur le conseil de son agent ne peut pas avouer à son public qu’elle est déjà veuve, qu’elle a une fille et vit dans un pensionnat de jeunes filles en Suisse ! Cela aurait un impact négatif sur la suite de sa carrière. Elle décide alors de tout miser sur le mensonge auprès de ses camarades artistes en s’inventant des parents qu’elle n’a jamais connus, du courrier qu’elle s’envoie elle-même pour faire croire à ses mensonges. Cette comédie musicale plaira aux amateurs qui apprécieront Deanna Durbin, adolescente star de la Métro Goldwin Mayer. Comme souvent dans les films de ce genre très hollywoodien, le scénario est fait de grosses ficelles et l’on a hâte de passer aux scènes chantées et dansées.C.V.
DÉLIVRE-NOUS DU MAL*
(Deliver Us From Evil ; USA, 2014). R. : Scott Derrickson ; Sc. : Scott Derrickson et Paul Harris Boardman d’après le livre de Ralph Sarchie et Lisa Collier Cool ; Ph. : Scott Kevan ; M. : Christopher Young ; Pr. : Jerry Bruckheimer. lnt. : Eric Bana (Sarchie), Édgar Ramirez (Mendoza), Olivia Munn (Jen), Sean Harris (Santino). Couleurs, 118 min. Policier dans le Bronx, Ralph Sarchie est, avec son co-équipier, chargé d’une étrange affaire où les différents protagonistes semblent être sous l’emprise d’une force maléfique. Discrètement et avec talent, Scott Derrickson est en train de s’imposer comme l’une des nouvelles figures du cinéma fantastique américain. Depuis la sortie d’Hellraiser : Inferno en 2000, le réalisateur ne cesse de démontrer son amour pour le genre et a offert aux amateurs de sensations fortes des œuvres aussi intenses que L’Exorcisme d’Emily Rose ou encore le terrifiant Sinister. Avec Délivre-nous du mal, Derrickson persiste dans le domaine de l’épouvante et signe un film de possession solide et efficace qui, sans renouveler le thème, tente de l’aborder de manière « réaliste ». Pour cela, le cinéaste s’inspire très librement du livre coécrit par Ralph Sarchie, ancien policier convaincu d’avoir été confronté, au cours de sa carrière, à des présences démoniaques. Se glissant dans la peau du héros, Eric Bana campe ainsi avec conviction un inspecteur athée qui voit sa vie chamboulée par les exactions d’un ancien Marine. Le comédien, parfait dans le rôle, apporte de la crédibilité à ce personnage qui, au fur et à mesure de l’enquête, va peu à peu renouer avec Dieu. Et là est sans doute le point faible du film qui, par moment, fait l’apologie de la Foi, au risque de paraître prosélyte aux yeux de certains spectateurs. Pourtant, malgré ce mysticisme exacerbé (d’une certaine manière inhérent au thème) et un récit balisé et sans grande surprise, Délivre-nous du Mal mérite largement le détour. La mise en scène maîtrisée et tendue de Derrickson, l’atmosphère malsaine de certaines scènes (cf. : dans l’hôpital psychiatrique ou au commissariat), les effets de maquillages saisissants et la bande son angoissante au possible font de ce métrage une production de qualité et confirment le savoirfaire du cinéaste en matière d’horreur et de suspens. E.B.
DEMAIN TOUT COMMENCE** (Fr., 2016.) R. : Hugo Gélin ; Sc. : Hugo Gélin, Mathieu Oullion, JeanAndré Yerlès ; Ph. : Nicolas Massart ; M. : Rob Simonsen ; Pr. : Mars Distribution ; Int. : Omar Sy (Samuel), Clémence Poésy (Kristin), Antoine Bertrand (Bernie), Gloria Colston (Gloria). Couleurs, 118 min. Samuel Abilli est un joyeux célibataire qui promène le jour des touristes en mer et le soir fait la fête. Mais voilà qu’une ancienne maîtresse, Kristin, reparaît, lui colle sa fille dans les bras (en lui assenant qu’elle est aussi la sienne) et disparaît. Notre célibataire se transforme alors en papa gâteau. Remake d’un film mexicain. Ce pourrait n’être qu’une attendrissante romance, mais la forte personnalité d’Omar Sy lui donne un brio remarquable et une belle intensité dramatique.J.T.
DEMI-SŒUR* (Fr., 2013.) R. et Sc. : Josiane Balasko ; Ph. : Sabine Lancelin ; M. : Christophe Julien ; Pr. : LGM : Cinéma, StudioCanal, Fr2 ; Int. : Michel Blanc (Paul Bérard), Josiane Balasko (Nénette), Brigitte Roüan (Véronique), Françoise Lépine (Françoise), George Aguilar (Silver). Couleurs, 90 min. Nénette, handicapée mentale, la soixantaine bien sonnée, s’enfuit de l’institution où elle est hébergée, pour retrouver sa famille à Angers. Elle est aidée par deux drogués. À Angers, elle découvre son demi-frère, Paul, un pharmacien qui finit par la recueillir. Involontairement Nénette sucre le café de son demi-frère avec des pilules d’ecstasy que lui avaient confiées les deux drogués pour échapper à la police. Du coup, sous l’effet de la drogue, Paul emmène Nénette à la mer. Quand il comprend qu’il a été drogué, il remet Nénette au train. Il rentre ensuite, déprimé, et décide de s’empoisonner. Mais Nénette qui a confondu les trains et revient chez lui, le découvre à temps et appelle les pompiers. Apprenant qu’elle l’a sauvé, il la rejoint dans son
institution. Ils travailleront ensemble dans un hôtel, lui comme pianiste, elle à la plonge. Comédie à l’eau de rose, loin des provocations qu’affectionne parfois Josiane Balasko. Michel Blanc est comme d’habitude épatant. J.T.
DÉMONS (LES)* (Can., 2015.) R. et Sc. : Philippe Lesage ; Ph. : Nicolas Canniccioni ; M. : Pye Corner audio ; Pr. : Galilé Marion-Gauvin et Philippe Lesage ; Int. : Edouard Tremblay-Grenier (Félix), Pier-Luc Funk (Ben), Yannick GobeilDugas (Mathieu), Mathis Thomas (Patrick), Vassili Schneider (François), Laurent Lucas (Marc), Pascale Bussières (Claire), Victoria Diamond (Rebecca). Couleurs, 118 min. Félix, un gamin d’une dizaine d’années, habite un beau quartier de Montréal. A l’école, il a pour copain, Mathieu ; il y est secrètement amoureux de Rebecca. Pourtant, il est en proie à ses démons et à ses craintes, telle une éventuelle séparation de ses parents, telle cette disparition d’un enfant du quartier, et même, telle cette peur (bien sûr infondée) d’avoir le sida ! « C’est une histoire, dit le réalisateur, inspirée d’un mélange de faits réels et de perceptions pas toujours ancrées dans la réalité qui ont marqué mon enfance à la fin des années 80 ». Le film se place à hauteur d’un regard d’enfant et constitue une approche assez juste de cette période de la vie où tout n’est pas tendresse et innocence, il y a ces rivalités et cruautés entre gamins, cette incompréhension des adultes, ces dangers – telle la pédophilie. C.B.M.
DENTS DE LA MER 3 (LES)
(Jaws, 3 ; USA, 1983.) R. : Joe Alves ; Sc. : Richard Matheson, Carl Gottlieb, d’après Guerdon Trueblood et Peter Benchley ; Ph. : James A. Contner ; M. : Alan Parker ; Pr. : Rupert Hitzig ; Int. : Dennis Quaid (Mike Brody), Bess Armstrong (Kathryn Morgan), Simon MacCorkindale (Philip FitzRoyce), Louis Gossett, Jr. (Calvin Bouchard), John Putch (Sean Brody), Lea Thompson (Kelly Ann Bukowski), P.H. Moriarty (Jack Tate), Dan Blasko (Dan), Liz Morris (Liz), Lisa Maurer (Ethel), Harry Grant (Shelby Overman). 3D-couleurs, 99 min. Un dangereux requin s’introduit accidentellement dans un parc d’attraction sous-marin de Floride, semant la panique et la mort sur son passage. L’ingénieur Mike Brody, employé au sein du vaste complexe aquatique, devra affronter et détruire le redoutable monstre, comme l’avait autrefois fait son père à Amity. Les spectateurs de la saison cinématographique 1982/1983 n’eurent pas seulement à subir les pugilats de Rocky III – L’Œil du Tigre (Sylvester Stallone, 1982), les carnages de Meurtres en 3 Dimensions (Steve Miner, 1982), les galéjades de Superman III (Richard Lester, 1983) et les horreurs d’Amityville 3D (Richard Fleischer, 1983). Ils durent également résister au troisième assaut des Dents de la mer, déjà bien émoussées après le sequel de Jeannot Szwarc (Les Dents de la mer – 2e Partie, 1978). Louchant vers le film-catastrophe, le scénario accumule les plus folles invraisemblances (à commencer par cet ineffable requin, capable de rugir et de nager à reculons !) et se complaît dans un infantilisme navrant (voir les séquences « romantiques » entre les frères Brody et leurs compagnes respectives ou celles montrant un couple de dauphins bravant les attaques du squale). Défauts rédhibitoires que ne rachètent à aucun moment une mise en scène indigente et des trucages optiques totalement ratés (la version « plate » se révélant, à cet égard, plus laide encore que la copie 3D).A.M.
DENTS DE LA MER 4 : LA REVANCHE (LES) (Jaws : The Revenge ; USA, 1987.) R., Pr. : Joseph Sargent ; Sc. : Michael de
Guzman, d’après Peter Benchley ; Ph. : John McPherson ; M. : Michael Small ; Int. : Lorraine Gary (Ellen Brody), Lance Guest (Michael Brody), Mario Van Peebles (Jake), Karen Young (Carla), Michael Caine (Hoagie), Judith Barsi (Thea), Lynn Whitfield (Louisa), Mitchell Anderson (Sean Brody). Couleurs, 89 min. Des années ont passé depuis la dernière attaque du grand requin blanc à Amity. Ayant repris le flambeau paternel, Sean Brody est devenu chef de la police locale. Lors d’une patrouille de routine dans un chenal, le malheureux Sean est attaqué et déchiqueté par un gigantesque squale. Inconsolable, sa mère, Ellen, quitte la petite ville et part rejoindre son autre fils, Michael, établi aux Bahamas. Mais le monstre – qui a décidément plus d’une dent contre la famille Brody – « retrouve » Ellen et les siens dans les eaux de l’archipel… Unanimement considéré comme un désastre artistique, cette énième variation sur le thème du requin tueur a littéralement coulé la carrière cinématographique de Joseph Sargent (1925-2014). Plus que d’une mise en scène routinière (quoique honorable), le film souffre d’un script passablement anémique et d’un dernier quart d’heure confondant d’idiotie. Le spectateur, médusé, y découvre en effet comment un Carcharodon carcharias en caoutchouc peut successivement jaillir des flots en rugissant (!), s’empaler sur un mât de beaupré puis exploser telle une bonbonne d’air comprimé (!!), pour finalement régurgiter sa dernière victime… saine et sauve (!!!) : preuve que d’aucuns squales, tout en buvant la tasse, savent se montrer grands s(a)igneurs… A.M.
DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES (LE) (The Last Witch Hunter ; USA, Chine, Can., 2015.) R. : Breck Eisner ; Sc. : Cory Goodman, Matt Sazama, Burk Sharpless ; Ph. : Dean Semler ; M. : Steve Jablonsky ; Pr. : Vin Diesel, Bernie Goldmann et Mark Canton ; Int. :
Vin Diesel (Kaulder), Elijah Wood (Dolan 37e), Rose Leslie (Chloe), Michael Caine (Dolan 36e). Couleurs, 106 min. Chassant les forces maléfiques depuis 800 ans, Kaulder veille à l’équilibre du monde actuel, qui repose sur un pacte fragile régissant la paix entre les humains et les sorcières. Série B dans l’air du temps, Le dernier Chasseur de Sorcières est un film spectaculaire qui se caractérise par son manque d’originalité. Aux commandes de cette production, on retrouve Breck Eisner, réalisateur appliqué qui après un épisode de « Fear Itself », l’anthologie de Mick Garris, et le remake de The Crazies, d’après Romero, creuse peu à peu son sillon dans le paysage du cinéma fantastique. S’appuyant sur une mise en scène stylisée et tirant parti de décors impressionnants et d’effets visuels, dans l’ensemble, convaincants, Eisner filme avec un certain savoir-faire cette histoire qui malheureusement ne brille pas par sa singularité. Gros point faible du métrage, le scénario ne sort en effet jamais des sentiers battus et exploite des filons ayant déjà fait leurs preuves par ailleurs. De la cohabitation entre sorcières et humains aux complots qui se trament en passant par les alliances contre nature… le script repose sur des concepts éculés et, à mi-chemin entre Underworld et Twilight, brasse les influences actuelles. En résulte un pop corn movie sans prétention qui bénéficie d’une distribution alléchante, Vin Diesel partageant ici l’affiche avec Elijah Wood mais aussi et surtout avec Michael Caine, dont la présence illumine quelques scènes.E.B.
DERNIER CHÂTEAU (LE)*** (The Last Castle ; USA, 2001.) R. : Rod Lurie ; Sc. : David Scarpa et Graham Yost ; Ph. : Shelly Johnson ; M. : Jerry Goldsmith ; Pr. : Robert Lawrence pour Dreamworks ; Int. : Robert Redford (général Eugene Irwin), James Gandolfini (colonel Winter), Mark Ruffalo (Yates), Steve Burton (capitaine Peretz), Delroy Lindo (général Wheeler), Clifton Collins Jr. (Aguilar). Couleurs, 131 min.
Pour avoir désobéi au commandant suprême de toutes les armées – le Président lui-même – afin de sauver ses hommes au cours d’une mission dangereuse, le général Eugene Irwin est passé en cour martiale et a été dégradé et condamné à plusieurs années de forteresse. Il devient le détenu le plus respecté du « Château », la prison militaire dirigée par le colonel Winter. Révolté par les méthodes impitoyables du commandant de la prison, Irwin va redonner à ses compagnons la fierté d’être soldat et réussir à faire révoquer le colonel Winter en prouvant – par son propre sacrifice – que son commandement est défaillant. Réussir à renouveler complètement le thème de la révolte dans un pénitencier n’était pas une mince performance. On peut critiquer le manichéisme de la démarche et fortement contester l’idéologie douteuse qui s’en dégage : paternalisme, élitisme, militarisme, patriotisme, vénération du drapeau, bref tous les relents fascistes que le film véhicule. On ne saurait en aucun cas nier son efficacité. La partie d’échecs qui s’engage entre le trop charismatique Robert Redford et le surprenant James Gandolfini (le célèbre Tony Soprano) qui réussit à se faire mépriser avec un art qui confine au masochisme, est passionnante à suivre, remplie de surprises et de subtilités stratégiques qui culminent au cours de la dernière demi-heure où les idées de script et de mise en scène se succèdent à un rythme soutenu dans un assaut que l’on pourrait qualifier de « médiéval ». « Je voulais écrire un film de guerre moderne, expliquait le scénariste David Scarpa dont c’était le premier script. J’étais alors en train de voir Patton, lorsque l’idée m’est venue : qu’arriverait-il si un général de légende était emprisonné pour un délit grave et envoyé en forteresse ? En me rendant compte que le général tomberait sous les ordres d’un officier de rang inférieur – le gardien de la prison –, ma première pensée fut : « Qui saluerait l’autre ? » Il m’apparut alors que c’était un superbe sujet : l’histoire de deux hommes entraînés dans un jeu d’échecs psychologique, chacun d’eux cherchant à dominer l’autre. » Rod Lurie s’était déjà fait connaître en signant l’étonnant Manipulations (2000) dont il avait écrit le scénario original. R.L.
DERNIER COUP DE MARTEAU (LE) (Fr., 2014.) R. et Sc. : Alix Delaporte ; Ph. : Claire Mathon, M. : Ergueni et Sacha Galpérine, ; Pr : Hélène Cases ; Int : Romain Paul (Victor), Grégory Gadebois (Samuel Rivinski), Clotilde Hesme (Nadia). Couleurs, 83 min. Romain, 13 ans, vit avec sa mère, atteinte d’un cancer, dans une caravane sur une plage près de Montpellier. Il n’a jamais connu son père. Lorsque celui-ci, un chef d’orchestre célèbre, vient donner un concert au Corum, il décide de le rencontrer. La réalisatrice évite les pièges qu’un tel scénario pouvait faire craindre. Son film, loin d’être larmoyant, est au contraire subtil, léger, délicat, porté par l’énergie du personnage de la mère. Les acteurs – et tout particulièrement le jeune Romain Paul – sont à l’unisson. Quant au dernier coup de marteau du titre, c’est celui, asséné ou non lors de l’exécution de la 6ème symphonie de Mahler, qui symbolise le destin (pessimiste ? ou optimiste ?). CBM.
DERNIER DES TEMPLIERS (LE)* (Season of the Witch ; USA, 2011.) R. : Dominic Sena ; Sc. : Bragi F. Schut Jr ; Ph. : Amir Mokti ; M. : Atli Orvarsson ; Pr. : Atlas Entertainment ; Int. : Nicolas Cage (Behmen), Ron Perlman (Felson), Stephen Campbell (Debelzeq), Claire Foy (la fille). Couleurs, 95 min. De retour des croisades, deux chevaliers découvrent que leur pays est ravagé par la peste. Les habitants accusent une jeune sorcière. Les deux chevaliers sont chargés de la conduire devant un tribunal de religieux. Voyage plus que mouvementé et à l’arrivée le monastère est désert. Tous les moines sont morts. En réalité le Diable est maître de la sorcière : il faut le chasser du corps de celleci… Une reconstitution historique mêlée de fantastique où se débat un Nicolas Cage à court de grands rôles et voué aux séries B. Série B sans doute mais que
Dominic Sena soigne en bon spécialiste du genre. C’est enlevé, nourri par un budget convenable et proposant un Moyen-Age finalement crédible.J.T.
DERNIER DIAMANT (LE)* (Fr., 2014.) R. : Eric Barbier ; Sc. : Eric Barbier, Tran-Minh Nam et Marie Eynard ; Ph. : Denis Rouden ; M. : Renaud Barbier ; Pr. : Vertigo Productions, Indefilms et B. Media Export ; Int. : Yvan Attal (Simon), Bérénice Bejo (Julia), Jean-François Stévenin (Albert), Antoine Basler (Scylla), Annie Cordy (Ines de Boissière). Couleurs, 108 min. Simon, un cambrioleur réputé, a décidé de voler un diamant, le Florentin, dont la vente aux enchères doit être assurée par Julia, experte en bijoux. Il se fait passer auprès de Julia pour un spécialiste de la sécurité. Le vol réussit mais surgit un rival, Scylla… Un polar bien mené mêlant Arsène Lupin à Du Riffifi chez les hommes. Les rebondissements parviennent à surprendre malgré le côté convenu de l’intrigue.J.T.
DERNIER LOUP (LE)* (Wolf Totem ; Chine, Fr., 2015.) R. : Jean-Jacques Annaud ; Sc. : Jean Jacques Annaud, Alain Godard, Lu Wei et John Collee ; Ph. : Jean-Marie Dreujou ; M. : James Horner ; Pr. : Chino Film, Répérage, Beijing Forbidden, Mars Film… ; Int. : Feng Shaofeng (Chen Zhen), Shawn Dou (Yang Ke), Ankhnyam Ragchaa (Gasma). Couleurs, 118 min. Un jeune étudiant de Pékin, en 1969, est envoyé en Mongolie, pour éduquer une tribu de bergers. A travers eux il va découvrir le monde des loups. Il recueille un louveteau qui va lui valoir quelques ennuis. Inspiré d’un roman de Jiang Rong, Le totem du loup, ce magnifique film confirme le goût de Jean-Jacques Annaud pour le monde animal. Après un
admirable Ours, voici le loup et les grands espaces de Mongolie où il règne encore. D’une commande de la Chine qui veut rappeler au reste du monde qu’elle mène une politique écologique, Annaud tire une grande fresque épique doublée d’un très beau livre d’images.J.T.
DERNIER MAÎTRE DE L’AIR (LE) (The Last Airbender ; USA, 2010.) R. : M. Night Shyamalan ; Sc. : M. Night Shyamalan d’après la série animée de Michael Dante DiMartino Ph. : Andrew Lesnie ; Eff. vis. : Pablo Helman ; M. : James Newton Howard ; Pr. : Paramount Pictures ; Int. : Noah Ringer (Aang), Dev Patel (le prince Zuko), Nicole Peltz (Katara), Shaun Toub (Oncle Iroh). Couleurs, 103 min. Jadis régnait l’Avatar, maître des quatre éléments. Depuis Zuko, le Feu a attaqué Katara, l’Eau. Tous les nomades de l’Air ont été tués sauf Aang qui va devenir le maître de l’Eau. Shyamalan a paru mieux inspiré que dans cette saga des éléments tirée d’une série télévisée. Fantastique de pacotille et pas toujours compréhensible. Les fidèles de la série ont boudé le film.J.T.
DERNIER PUB AVANT LA FIN DU MONDE (LE)** (The World’s End ; GB, 2013.) R. : Edgar Wright ; Sc. : Simon Pegge et Edgar Wright ; Ph. : Bill Pope ; M. : Steven Price ; Pr. : Nira Park, Tim Bevan, Eric Fellner ; Int. : Simon Pegg (Gary), Martin Freeman (Oliver), Nick Frost (Andy), Pierce Brosnan (Guy Shepherd), Paddy Considine (Steven Prince). Couleurs, 109 min. Après avoir échoué à faire la tournée des pubs de leur ville natale, cinq amis tentent, vingt ans plus tard, de relever à nouveau le défi. Mais une fois sur place, il constate que les gens ne sont plus les mêmes…
Après avoir revisité, avec panache, le zombie movie avec Shaun of The dead et le cinéma d’action avec Hot Fuzz, Edgar Wright et Simon Pegg remettent le couvert et s’attaquent aujourd’hui, avec l’entrain et l’inspiration qu’on leur connait, au thème de l’invasion extraterrestre. Et une fois de plus, le tandem rafle la mise et emporte aisément les suffrages tant ce Dernier Pub avant la Fin du Monde s’avère aussi rafraichissant que désopilant. Avec un indéniable respect vis à vis du genre, Wright et Pegg imaginent une incroyable virée entre copains qui dégénère, les cinq complices découvrant que leur ville natale est devenue le repère d’aliens belliqueux au tempérament totalitaire. En voyant ce dernier Pub, on pense évidemment à Invasion Of The Body Snatchers (les extraterrestres conçoivent des « copies » d’humain) mais aussi à l’excellent les Femmes de Stepford (comme dans le film de Bryan Forbes, ces copies parfaites sont des robots). Sans aligner les clins d’œil mais ne cachant pas leurs influences, les deux auteurs du script imaginent ainsi une série de péripéties délirantes et tissent en filigrane une belle histoire d’amitiés mais dresse aussi et surtout le portrait sensible et intelligent d’un héros nostalgique de son adolescence et noyé dans ses illusions perdues. Un personnage auquel Simon Pegg prête avec talent ses traits donnant la réplique à quatre comédiens épatants (parmi lequel le fidèle Nick Frost et Martin Freeman) et à quelques seconds rôles savoureux. À l’image de Pierce Brosnan, qui n’avait pas été aussi drôle depuis Mars Attacks !.E.B.
DERNIER REMPART (LE) (The Last Stand ; USA, 2013.) R. : Kim Jee-woon ; Sc. : Andrew Knauer ; Ph. : Kim Ji-yong ; M. : Mowg ; Pr. : Lorenzo di Bonaventura ; Int. : Arnold Schwarzenegger (Ray Owens), Peter Stormare (Burrell), Luis Guzmán (Mike Figuerola), Eduardo Noriega (Gabriel Cortez), Forest Whitaker (Agent John Bannister). Couleurs, 107 min. Épaulé par ses adjoints, Ray Owens, shérif d’une petite ville d’Arizona, met tout en oeuvre afin d’arrêter un dangereux trafiquant de drogue qui tente de franchir la frontière mexicaine.
Premier film américain du cinéaste coréen Kim Jee-woon (A Bittersweet Life), Le dernier rempart est une série B d’action efficace mais sans surprise dont le principal intérêt réside dans un casting quatre étoiles dominé par la présence d’Arnold Schwarzenegger. Ce dernier, après avoir mis sa carrière d’acteur entre parenthèse pendant plusieurs années pour se consacrer à la politique, renoue ici avec le genre qui a fait son succès et sa popularité. E.B.
DERNIER TRAIN POUR BUSAN* (Busanhaeng ; Corée du Sud, 2016.) R. : Yeon Sang-ho ; Sc. : Park Joo-suk ; Ph. : Lee Hyung-deok ; M. : Jang Young-gyu ; Pr. : Next Entertainment World ; Int. : Gong Yoo (Seok-woo), Jung Yu-mi (la femme enceinte), Ma Dong-seok (le mari), Choi Woo-sik (le joueur de baseball). Couleurs, 118 min. Une étrange épidémie frappe la Corée du Sud. Quelques rescapés ont pris place dans un train pour Busan, ville épargnée. Mais au dernier moment monte une jeune femme contaminée qui se met à mordre les passagers. Ceux-ci sont à leur tour atteints. Seok-woo et une passagère enceinte parviennent à échapper à la contamination. Un film de zombies, accueilli avec enthousiasme à Cannes : huis-clos du train, oppression et vitesse, noir des tunnels et masques grimacants des zombies. S’y ajoute un discours anti-capitaliste : c’est la Bourse qui serait responsable de l’épidémie. Pour fans du genre.J.T.
DERNIÈRE GRENADE (LA)* (The Last Grenade ; GB, 1970.) R. : Gordon Flemyng ; Sc. : Kenneth Ware et James Mitchell, d’après le roman de John Sherlock ; Ph. : Alan Hume ;
M. : John Dankworth ; Pr. : Dimitri de Grunwald et Josef Shaftel ; Int. : Stanley Baker (major Harry Grigsby), Alex Cord (Kip Thompson), Honor Blackman (Katherine Whitely), Richard Attenborough (général Charles Whitely), Andrew Keir (Gordon Mackenzie), Julian Glover (Andy Royal). Couleurs, 94 min. Mercenaire professionnel, le major Harry Grigsby poursuit de sa haine Kip Thompson, qui fut son élève jadis et qui a lâchement trahi ses camarades en changeant de camp au cours d’une mission au Congo, ce qui a conduit au massacre de la plus grande partie de ses hommes. De retour en Angleterre, Grigsby reçoit la mission officielle d’éliminer Thompson qui, désormais, travaille pour les communistes chinois et mène la guérilla dans les territoires proches de Hong Kong. Durant une quinzaine d’années, les aventures de mercenaires, qui se vendaient à des armées régulières pour les aider dans leurs combats, furent presque un genre à part entière du cinéma d’aventures. Réalisé par un cinéaste surtout spécialisé dans la science fiction (il est à l’origine de la franchise des Daleks qui demeure la plus longue série de SF de la télévision britannique, avec près de sept cents épisodes entre 1963 et 1988), le film fait bonne figure en regard des plus réussis du genre, Le Dernier Train du Katanga (1968) de Jack Cardiff, Les Oies sauvages (1978) d’Andrew McLaglen et Les Chiens de guerre (1980) de John Irvin.R.L.
DERNIÈRE LEÇON (LA) (Fr., 2015.) R. : Pascale Pouzadoux ; Sc. : Pascale Pouzadoux et Laurent de Bartillat d’après Noëlle Chatelet ; Ph. : Nicole Brunet ; M. : Eric Neveux ; Pr. : Olivier Delbosc et Marc Missonnier ; Int. : Marthe Villalonga (Madeleine), Sandrine Bonnaire (Diane), Antoine Duléry (Pierre), Gilles Cohen (Clovis), Grégoire Montana (Max), Charles Gérard (Charlie), Sabine Pakora (l’aide à la personne). Couleurs, 105 min.
Madeleine, 92 ans, annonce à ses enfants Diane et Pierre sa décision de mettre prochainement fin à ses jours afin de mourir dans la dignité. Pierre se révolte contre cette idée, tandis que Diane finit par la comprendre et l’admettre. Le droit de mourir debout afin d’éviter la déchéance : importante question que chacun est amené à se poser un jour, important débat de société. Malheureusement, ce film maladroit ne fait que l’esquisser, se perdant dans l’anecdotique et le spectaculaire : évocation du passé, cauchemars, sensiblerie… À souligner la performance de Marthe Villalonga. C.B.M.
DERNIÈRE PISTE (LA) (Meek’s Cutoff ; USA, 2010.) R. : Kelly Reichardt ; Sc. : Jon Raymond ; Ph. : Christopher Blauvelt ; M. : Jeff Grace ; Pr. : Harmony Production et Film Science ; Int. : Michelle Williams (Emily Tetherow), Bruce Greenwood (Stephen Meek), Will Patton (Solomon Tetherow), Zoe Kazan (Millie Gattely), Paul Dano (Thomas Gattely). Couleurs, 102 min. Trois familles et leurs chariots perdus dans l’Oregon en dépit d’un guide expérimenté, Meek. Il y a le problème de l’eau, celui des Indiens et plus encore l’entretien des chariots. Le metteur en scène Kelly Reichardt a voulu délivrer un message derrière ce western classique aux belles images, mais lequel ? J.T.
DERNIÈRE RECRUE (LA)* (Fr., 2012.) R. et Sc. : Luc Murat ; Ph. : Thierry Forand ; M. : Christophe Alvarez ; Pr. : Dopamyne Films ; Int. : Moussa Maaskri (Ben Fischer)
Pierre Murat (Kevin Novac), Aymen Saïdi (Youssef Akhbir), Malik Browens (Aaron Jacobs). Couleurs, 98 min. Un entrepreneur, Kevin Novac, est menacé par un certain Fischer qui lui rappelle qu’ils avaient fait partie d’un commando en Afghanistan chargé de liquider un général. Au retour, l’un des membres du commando, Lee, blessé, avait été achevé par Fischer, suscitant l’indignation de Novac qui avait parlé de le dénoncer… Beaucoup de fusillades dans ce thriller sorti à la sauvette et des renversements de situations souvent invraisemblables (Fischer et Novac s’allient contre un certain Berman qui avait gardé l’argent du commando pour ensuite se séparer…) mais font rebondir une action qui menace à tout moment de s’enliser. J.T.
DERNIERS JOURS DE POMPEI (LES)* (Gli ultimi giorni di Pompei ; Ital., 1913.) R. : Eleuterio Rodolfi ; Sc. : d’après Edward George Bulwer-Lytton ; Pr. : Ambrosio ; Int. : Fernanda Negri Pouget (Nidia), Eugenia Tettoni Fior (Jone), Ubaldo Stefani (Glauco), Antonio Grisanti (Arbace). NB, muet, 97 min. En 79, à Pompéi, Glauco, secrètement aimé de la jeune aveugle Nidia, est accusé injustement de meurtre et jeté dans l’arène aux lions. Au même moment le Vésuve entre en éruption… L’une des premières adaptations du fameux roman de Bulwer-Lytton, attribuée par erreur, selon Jean A. Gili, à Caserini et qui a été rééditée en 2015 par Bach dans une version teintée. Ce n’est pas la version la plus spectaculaire mais lions et lave sont au rendez-vous. J.T.
DERRIÈRE LA COLLINE**
(Tepenin Ardi ; Turquie, 2011.) R. et Sc. : Emin Alper ; Ph. : George Chiper-Lillemaak ; M. : Inanç Sanver, Volkan Akmehmet ; Pr. : Enis Köstepen, Seyfi Teoman, Emin Alper ; Int. : Tamer Levent (Faik), Mehmet Osgur (Mehmet), Reha Ozcan (Nusret), Berk Hakman (Zafer), Banu Fotocan (Meryem), Furkan Berk Kiran (Djaner). Couleurs, 94 min. Faik, un fermier, vit dans sa maison au fond de la vallée, avec son fils Mehmet et sa belle-fille Meryem. Arrivent Nusret, un autre fils, et ses deux garçons, Djaner, un adolescent impatient de manier le fusil, et Zafer, un ancien soldat traumatisé par la guerre. Faik les met en garde contre des nomades, derrière la colline, qui voudraient s’en prendre à ses chèvres… Les personnages sont souvent perdus dans l’image en scope qui magnifie de loin d’immenses paysages verdoyants et bucoliques au début avec la rivière qui coule en contrebas, puis de plus en plus rocailleux et inquiétants. Pas de musique (sauf une marche martiale à la fin), mais une bande sonore très riche (glouglou de l’eau, bruissement des feuilles, bruits d’animaux). Et surtout on entend des coups de fusil lointains, mal localisés, qui font monter l’inquiétude dans un crescendo très maîtrisé. Un beau film qui est aussi une parabole sur le déclenchement d’un conflit par la seule folie d’un homme.C.B.M.
DES APACHES* (Fr., 2014.) R. : Nassim Amaouche ; Sc. : Nassim Amaouche, Guillaume Bréaud ; Ph. : Céline Bozon ; Pr. : Alexandra Henoschberg ; Int. : Nassim Amaouche (Samir), Laetitia Casta (Jeanne), André Dussollier (Jean), Hammou Graia (Belkacem). Couleurs, 97 min. Lors de l’enterrement de sa mère, Samir, la trentaine, découvre un père qu’il n’a jamais connu. Celui-ci, un chef de clan mafieux, l’entraîne au cœur de la population kabyle de Belleville où se trament des magouilles immobilières. Samir fait connaissance de Jeanne, une mère célibataire, qui va changer sa vie. Émergence d’un néocapitalisme marginal dans le quartier interlope de Paris. Par ailleurs, grâce au personnage interprété par Laetitia Casta – et à son enfant –
le film apporte une note d’espoir. Des clichés, mais aussi un film sensible et généreux.C.B.M.
DES CHEVAUX ET DES HOMMES** (Hross i oss ; Islande, All., 2013.) R. et Sc. : Benedict Erlingsson ; Ph. : Bergstein Björgülfsson ; M. : David Thor Jonsson ; Pr. : Fridrik Thor Fridiksson ; Int. : Ingvar Eggert Sigurdsson (Kolbeinn), Charlotte Boving (Solveig), Helgi Bjornsson (Egill). Couleurs, 81 min. Un village islandais. Kolbein courtise Solveig ; sa jument l’humilie, il la tue… Un homme va dans l’eau sur son cheval acheter un alcool frelaté à un chalutier ; il en meurt… Des voisins se querellent à propos d’une clôture… Un touriste égaré dans la neige ne doit sa survie qu’à la carcasse de son cheval. Il s’agit de petites histoires à l’ironie cruelle qui s’imbriquent l’une dans l’autre. Le réalisateur, cavalier islandais émérite, connaît bien les équidés, et particulièrement les chevaux islandais petits et robustes, qu’il montre ici comme les témoins des exactions des hommes. Très peu de dialogues, des plans larges et sobres dans les beaux paysages d’une toundra désertique et glacée.C.B.M.
DES FILLES EN NOIR** (Fr., 2010.) R. et Sc. : Jean-Paul Civeyrac ; Ph. : Hichame Alaouie ; Pr. : Les films Pelleas ; Int. : Elise Lhomeau (Noémie), Léa Tissier (Priscilla), Elise Caron (Martha), Isabelle Sadoyan (Sonia), Roger Jendly (Toni). Couleurs, 85 min. Deux adolescentes, Noémie et Priscilla se lient d’une amitié profonde. Bouleversées par le récit du suicide de Kleist, elles décident de se donner la mort ensemble et l’annoncent publiquement. Affolement des parents. Finalement, au même moment, l’une saute d’une fenêtre, l’autre pas.
Un film sur les tourments de l’adolescence, plutôt réussi malgré quelques outrances (la voiture abîmée, la tentative de viol…)J.T.
DES GENS QUI S’EMBRASSENT (Fr., 2013.) R. et Sc. : Danièle Thompson ; Ph. : Jean-Marc Fabre ; M. : Stephen Warbeck ; Pr. : G Films et Pathé ; Int. : Eric Elmosnino (Zef Melkowich), Lou de Laâge (Noga Melkowich), Kad Merad (Roni Melkowich), Monica Bellucci (Giovanna), Max Boublil (Sami), Clara Ponsot (Melita Melkowich). Couleurs, 100 min. Mariage et décès s’entrecroisent dans une famille juive. D’un côté le mariage de Melita, de l’autre prières et musique autour de la défunte Irène. Ce n’est pas, il s’en faut, la meilleure comédie de Danièle Thompson, assistée de son fils Christopher. Du moins nous introduit-elle dans la communauté juive en évitant caricature et outrance à l’inverse du Rabbi Jacob de son père Gérard Oury.J.T.
DES HOMMES ET DES DIEUX*** (Fr., 2010.) R. : Xavier Beauvois ; Sc. : Xavier Beauvois, Etienne Comar ; Ph. : Caroline Champetier ; Pr. : Pascal Caucheteux ; Int. : Lambert Wilson (Christian), Michael Lonsdale (Luc), Olivier Rabourdin (Christophe), Philippe Laudenbach (Célestin), Jacques Herlin (Amédée), Olivier Perrier (Bruno). Couleurs, 120 min. Dans un monastère isolé de l’Atlas, huit moines cisterciens, sous la responsabilité de frère Christian, vivent en permanence avec les musulmans du village voisin. Le frère Luc, un médecin, leur prodigue ses soins et ses conseils. Lorsqu’une menace terroriste islamiste se précise, les moines refusent de quitter le monastère, malgré les injonctions du gouvernement français…
Un film admirable tant par son propos (inspiré par l’enlèvement des moines de Tibhirin en 1996) profondément humain et généreux que par sa réalisation rigoureuse et son interprétation homogène, au diapason avec le rituel religieux et à l’écoute des moines. Rappelons que le réalisateur, Xavier Beauvois, se dit luimême athée. Un film qui est – et malheureusement restera sans doute – d’une dramatique actualité.C.B.M.
DES HOMMES SANS LOI** (Lawless ; USA, 2012.) R. : John Hillcoat ; Sc. : Nick Cave ; Ph. : Benoît Delhomme ; M. : Nick Cave et Warren Ellis ; Pr. : Benaroya Pictures et Filmnation Enter. : Int. : Shia LaBéouf (Jack Bondurant), Tom Hardy (Forrest Bondurant), Jason Clarke (Howard Bondurant), Jessica Chastain (Maggie), Guy Pearce (l’agent Rakes), Gary Oldman (Floyd Banner), Mia Wasikowska (Bertha Minnix). Couleurs, 115 min. Dans les années 30, à l’époque de la Prohibition, les frères Bondurant s’adonnent au trafic de l’alcool : Forrest est le chef, Howard son second tandis que Jack, encore jeune, hésite sur son avenir et courtise la fille du pasteur. La police ferme les yeux jusqu’à l’arrivée de l’agent spécial Charlie Rakes. Par la suite Forrest se laisse séduire par la belle Maggie de retour de Chicago. Une nuit deux hommes pénétrent dans la maison, égorgent Forrest et violent Maggie. Forrest survit et avec Jack retrouve et tue les agresseurs. Trop c’est trop. Rakes donne l’assaut à la distillerie clandestine des trois frères qui prennent la fuite. Un barrage policier met en face Rakes et les trois frères. Rakes s’apprête à liquider les Bondurant quand un policier lui tire une balle dans le dos. Jack l’achève. Des années plus tard, les trois frères sont toujours ensemble. Un excellent scénario de Nick Cave tiré du témoignage de l’un des Bondurant (Pour quelques gouttes d’alcool), une mise en scène nerveuse et efficace de l’excellent John Hillcoat, toujours aussi séduisant dans son travail, et une distribution brillante, de Tom Hardy à Guy Pearce, une nouvelle fois
formidable en méchant, autant d’éléments qui font de Lawless une œuvre attachante et un très bon film noir.J.T.
DES INSECTES ET DES HOMMES*** (The Hellstrom Chronicle ; USA, 1971.) R. : Walon Green ; Sc. : David Seltzer ; Ph. : Ken Middleham, H. Barth, V. Lapenieks et Walon Green ; M. : Lalo Schifrin ; Pr. : David L. Wolper. Couleurs, 90 min. L’entomologiste Nils Hellstrom a consacré sa vie à l’étude des insectes. Et ses recherches ont abouti à une surprenante conclusion : ce sont les rivaux les plus redoutables de l’homme sur la Terre et l’expérience accumulée au cours de cinquante millions d’années d’évolution les a rendus les plus aptes à survivre aux cataclysmes naturels aussi bien qu’artificiels, alors que la race humaine éprouve de plus en plus de difficultés à lutter contre leur nombre croissant. Les invasions de fourmis, les nuages de sauterelles et les destructions de termites sont des fléaux aussi dévastateurs que les ouragans ou les tremblements de terre. Nul doute ne subsiste : les insectes sont tout simplement en train de supplanter l’homme et de prendre possession de la Terre. Ils domineront la planète un jour ou l’autre… C’est plus terrifiant que tous les films de science fiction : sous l’apparence d’un banal documentaire, le film soutient – et défend brillamment – une thèse qui semble avoir tout du délire. Et, au bout d’une heure et demie d’argumentation soulignée par des images saisissantes, le doute n’est plus permis : le professeur Hellstrom a raison ! La partie technique était composée de huit équipes d’opérateurs qui ont tourné durant deux ans dans onze pays répartis sur quatre continents, et la formidable « distribution » comprend cent millions de sauterelles, vingt millions de fourmis, trois millions de termites africains… Walon Green, rappelons-le, fut le scénariste de Sam Peckinpah pour La Horde sauvage (1969) et de William Friedkin pour Le Convoi de la peur (1977). Et le film remporta l’Oscar 1971 du meilleur documentaire devant Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophuls.R.L.
DES LENDEMAINS QUI CHANTENT* • (Fr., 2014.) R. et Sc : Nicolas Castro ; Ph : Pierre Aïm ; M. : Jeanne Cherhal ; Pr. : Fabrice Goldstein, Antoine Rein, Caroline Adrian ; Int. : Pio Marmaï (Léon), Laetitia Casta (Noémie), Gaspard Proust (Olivier), Ramzy Bédia (Sylvain), André Dussollier (Raymond). Couleurs, 94 min. 10 mai 1981. À Saint-Etienne, Léon et Olivier, deux frères, assistent devant la télé à la victoire de François Mitterand avec leur copain Sylvain. Noémie se joint à eux et, dans l’euphorie couche avec Léon. Puis elle part à Paris pour préparer l’ENA. 1988. Léon est journaliste, fidèle à ses convictions de gauche. Olivier, plus opportuniste, a rejoint la sphère politique. Noémie est conseillère présidentielle. Sylvain a réussi dans le Minitel rose… 20 ans de socialisme en France entre espoirs et désillusions. Le film fait appel à des documents d’archives (pour faire vrai) qu’il entrelace au destin individuel des deux frères que tout oppose de façon un peu simpliste : leur idéal politique comme leur vie sentimentale. Le tableau politico-social n’est que survolé ; c’est à la fois maladroit et frustrant.C.B.M.
DES NOUVELLES DE LA PLANÈTE MARS* (Fr., Belg., 2015.) R. : Dominik Moll ; Sc. : D. Moll, Gilles Marchand ; Ph. : Jean-François Hensgens ; M. : Adrian Johnson ; Pr. : Michel Saint-Jean, Patrick Quinet ; Int. : François Damiens (Philippe Mars), Vincent Macaigne (Jérôme), Veerle Baetens (Chloé), Jeanne Guittet (Sarah). Couleurs, 101 min. Philippe Mars est un informaticien sérieux dont la famille part à vau-l’eau. Tout s’aggrave lorsque Jérôme, son collègue de bureau, lui demande l’hospitalité – qu’il n’ose refuser – bientôt suivi de Chloé, la copine écolo de ce dernier. Et
ses parents, décédés depuis longtemps, qui interviennent avec leurs commentaires acerbes ! C’est un univers de doux dingues que Dominik Moll filme à la paresseuse avec tous ces personnages brindezingues qui gravitent autour de la planète (Philippe) Mars. Les comédiens ont presque l’air de s’en excuser, mais on s’amuse bien en leur compagnie.C.B.M.
DES VENTS CONTRAIRES** (Fr., 2011.) R. : Jalil Lespert ; Sc. : J. Lespert, Olivier Adam, Marion Laine, d’après O. Adam ; Ph. : Josée Deshaies ; M. : DJ Pone, David-François Moreau ; Pr. : Wassim Beji, Yannick Bolloré ; Int. : Benoît Magimel (Paul), Isabelle Carré (Cap. Combe), Antoine Duléry (Alex), Ramzy Bedia (Samir), Bouli Lanners (Brehel), Marie-Ange Casta (Justine), Aurore Clément (Mme Person), Lubna Azabal (mère de Yasmine), Audrey Tautou (Sarah), Daniel Duval (l’éditeur), Nicolas Briançon (le commissaire). Couleurs, 91 min. À la suite de la disparition inexpliquée de sa femme Sarah, Paul, un écrivain, se réfugie avec ses enfants dans leur maison familiale de Bretagne. Il renoue avec son frère Alex et tente de se reconstruire avec le temps. La disparition de Sarah (qui sera résolue brièvement à la fin) reste au second plan. Ce qui intéresse principalement les auteurs (Jalil Lespert étant fidèle au roman d’Olivier Adam), ce sont ces rencontres successives avec des personnages pittoresques, sympathiques, attachants, même s’ils ne sont pas très bien fouillés, qui vont aider Paul dans sa démarche. Un film émouvant, généreux, servi par d’excellents comédiens et de magnifiques paysages bretons.C.B.M.
DESCENDANTS (THE)**
(The Descendants ; USA, 2011.) R. : Alexander Payne ; Sc. : Alexander Payne, Nat Faxonet Jim Rash d’après le roman de Kaui Hart Hemmings ; Ph. : Phaedon Papmichael ; M. : Dondi Bastone ; Pr. : Ad Hominem Enterprises ; Int. : George Clooney (Matt King), Shailene Woodley (Alexandra King), Amara Miller (Scottie King), Nick Krause (Sid), Beau Bridges (Hugh). Couleurs, 114 min. Avocat à Honolulu, Matt King doit s’occuper de son épouse mourante (dont il apprend qu’elle l’avait trompé), de ses deux filles et de l’une des dernières terres vierges de l’ile de Kauai qui lui vient, en indivision avec de nombreux cousins, de ses lointains ascendants. La vente les rendrait fort riches et justement un promoteur bien sous tous rapports se présente… Que de soucis pour le pauvre George Clooney pour une fois dépassé par les événements. Mais que l’on se rassure : il triomphera avec l’aide de ses filles. Saga familiale et message social : un film dans la plus pure tradition hollywoodienne. J.T.
DESERT GOLD (Desert Gold ; USA, 1936.) R. : James P. Hogan ; Sc. : Stuart Anthony et Robert Yost ; Ph. : George Clemens ; Pr. : Paramount ; Int. : Buster Crabbe (Moya), Monte Blue (Chet Kasedon), Robert Cummings. NB, 58 min. Moya, élevé par des Blancs, reste fidèle aux traditions de sa tribu et refuse les propositions du véreux Kasedon d’exploiter une mine d’or. Elle est située sur un territoire sacré. Torturé, Moya persiste. L’ingénieur Gale, engagé par Kasedon, lui donnera raison. Western vieillot, d’après Zane Grey, interprété par Buster Crabbe, ex-Tarzan et ressuscité en DVD par Patrick Brion.J.T.
DESIERTO** (Desertio ; Mexique, 2015.) R. et Sc. : Jonàs Cuaron ; Ph. : Damian Garcia ; M. : Woodkid ; Pr. : Esperanto Kinto ; Int. : Gael Garcia Bernal (Moises), Jeffrey Dean Morgan (Sam), Alondra Hidalgo (Adela). Couleur 94 min. Un groupe de migrants mexicains tente de franchir la frontière des EtatsUnis. Ils sont tués les uns après les autres par un Américain hostile à cette immigration. L’un des survivants, Moises, l’affronte… Magnifique affrontement dans la grande tradition du cinéma américain, Mann ou Boetticher. Un style nerveux servi par des magnifiques images et un sujet brûlant si l’on en croit les déclarations de Donald Trump et le rôle des « minutemen », sortes de milices qui gardent la frontière américaine.J.T.
DÉSINTÉGRATION (LA)** (Fr., 2011.) R. : Philippe Faucon ; Sc. : Eric Nebot, Mohamed Sifaoui et Philippe Faucon ; Ph. : Laurent Fénart ; M. : Benoît Schlosberg ; Pr. : Screen Runner ; Int. : Rashid Debbouze (Ali), Yassine Azzouz (Djamel), Ymanol Perset (Hamza), Mohamed Nachit (Nasser). Couleurs, 78 min. Ali vit dans la banlieue lilloise avec sa mère, femme de ménage. Il fait des études sérieuses mais se heurte à d’innombrables difficultés pour trouver un stage. Il se rapproche de Nasser, sans emploi et de Hamza, alias Nicolas, converti à l’Islam. Les trois sont pris en main par Djamel, tenant d’un Islam radical. Ali et Hamza vont commettre un attentat-suicide contre l’OTAN à Bruxelles. Nasser se dérobe mais sera arrêté. Un film-témoignage sur les problèmes des banlieues : le racisme d’un côté qui freine les bonnes volontés et provoque la déception de ne pouvoir s’intégrer, de l’autre l’Islam radical qui récupère cette déception au service du djihad. Faucon a mené son enquête auprès des éducateurs et des policiers dans un esprit objectif. Sauf Rashid Debbouze, frère de Djamel, les acteurs sont non professionnels et donnent de la consistance à leur personnage. Rashid Debbouze
avec son expérience prête encore plus de relief au personnage d’Ali, celui qui aurait pu s’intégrer.J.T.
DESPUÈS DE LUCIA*** (Despuès de Lucia ; Mex., 2012.) R. et Sc. : Michel Franco ; Ph. : Guy Chavez ; Pr. : M. Franco, Marco Polo Costandze, Elias Menassé, Fernando Rovzar ; Int. : Tessa la (Alejandra), Hernan Mendoza (Roberto), Gonzalo Vega Sisto (José). Couleurs, 108 min. Après la mort accidentelle de sa femme Lucia, Roberto part à Mexico avec sa fille Alejandra (dite Ale), 16 ans, pour travailler dans un restaurant. Ale s’intègre bien avec une bande de copains de sa classe. Lors d’une soirée arrosée, elle fait l’amour avec José. La scène est filmée avec un portable et diffusée. Ale devient alors le souffre-douleur du lycée subissant des brimades de plus en plus humiliantes. Elle ne dit rien à son père… Le réalisateur nous introduit en douceur dans cette intrigue sordide en une descente aux enfers de plus en plus éprouvante jusqu’à l’abject le plus total. C’est porté par une réalisation d’autant plus implacable qu’elle reste sobre, sans effets inutiles, sans musique redondante. Cette dénonciation d’un fascisme ordinaire est une œuvre forte et puissante. La dernière séquence est glaçante.C.B.M.
DESTINATION LOVE (Baggage Claim ; USA, 2013.) R. et Sc. : David E. Talbert ; Ph. : Anastas N. Michos ; M. : Aaron Zigman ; Pr. : Sneak Preview Productions ; Int. : Paula Patton (Montana Moore), Derek Luke (William Wright), Taye Diggs (Langston), Adam Brody (Sam), Boris Kodjoe (Graham). Couleurs, 96 min. Montana Moore, une hôtesse de l’air dans la trentaine, n’est toujours pas mariée. Sa mère la presse d’autant que la petite sœur va, quant à elle, convoler
en justes noces. Montana passe en revue tous les partis possibles et, chaque fois, c’est l’échec. Elle confie ses malheurs à son meilleur ami, William. Et pourquoi pas lui ? Mais il a une compagne… Une suite de clichés et de situations convenues, de gags éculés et de coups de théâtre trop prévisibles. Que l’on se rassure : Montana trouvera un mari.J.T.
DESTINATION MURDER* (USA, 1950.) R. : Edward L. Cahn ; Sc. : Don Martin ; Ph. : Jackson Rose ; M. : Irving Gertz ; Pr. : RKO ; Int. : Joyce Mac Kenzie (Laura Mansfield), Stanley Clemens (Jackie Wales), Hurd Hatfield (Stretch Norton), Albert Dekker (Armitage). NB, 72 min. Laura Mansfield est témoin du meurtre de son père. Plus tard elle croit reconnaître l’assassin en la personne de Jackie Wales. Elle l’approche pour en savoir plus sur ses motifs. Il l’entraîne dans un nightclub dont le propriétaire est un certain Armitage et le gérant Strecht Norton. Wales est tué, mais Norton s’efforce de convaincre Laura que l’assassin est en fait Armitage. Il le tue et tente de faire croire à Laura qu’elle est la meurtrière… Inédit en France. « Destination Murder est un de ces thrillers de série B tout à fait dans la manière RKO avec une intrigue encore plus compliquée que celle du Grand sommeil. Albert Dekker joue ici un rôle qui devait devenir un de ses classiques dans le cycle noir, celui du criminel esthète ». (Alain Silver et Elizabeth Ward, Encyclopédie du film noir).J.T.
DÉTECTIVE DEE : LE MYSTÈRE DE LA FLAMME FANTÔME* (Di Renjie ; Chine (Hong Kong), 2011.) R. : Tsui Hark ; Sc. : Chang ChiaLu ; Ph. : Chang Chi-ying ; M. : Peter Kam ; Pr. : Huayi Brothers ; Int. : Andy Lau (Di Renjie dit Détective Dee), Carina Lau (l’Impératrice), Li
Binging (Shagguan Jing-en), Jean-Michel Casanova (Génral Aspari). Couleurs, 122 min. La Chine au VIIe siècle. Le couronnement de l’impératrice est retardé par de mystérieux accidents qui affectent un Bouddha géant en cours de construction et dont le maître d’œuvre lui-même a pris feu sans explication. Pour résoudre l’énigme, l’Impératrice fait sortir de prison le détective Dee. Il découvrira l’assassin, un ami, lui aussi contestataire qui espérait que le Bouddha s’écroulerait sur le palais et tuerait l’Impératrice. Tsui Hank renoue ici avec l’inspiration du Secret des poignards volants avec chorégraphie et effets spéciaux de Phil Jones. Il met en scène Dee (inspiré du juge Ti des romans de van Gulik), sorte de Charlie Chan de Hong-Kong. Images splendides, arts martiaux et enquête policière subtile : un régal.J.T.
DÉTECTIVE DEE II : LA LÉGENDE DU DRAGON DES MERS* (Die Renjie : Shen du long wang ; Chine, 2013.) R. et Sc. : Tsui Hark ; Ph. : Choi Sung Fai ; M. : Kenji Kawai ; Pr. : Huayi Brothers ; Int. : Mark Chao (Dee Renjie), William Feng Shaofeng (Yuchi Zhenjin), Carina Lau (l’impératrice), Lin Gengwin (Shatuo Zhong). Couleurs, 134 min. La flotte chinoise ayant été détruite par un dragon des mers, Dee est chargé de mener l’enquête : il met à jour un complot contre la cour. Quant au dragon : on s’en débarrasse avec des poissons empoisonnés. Moins réussi que le précédent : intrigue plus faible et moyens dans les décors et de façon générale dans la mise en scène plus limités.J.T.
DEUX AMIS (LES)*
(Fr., 2015.) R. : Louis Garrel ; Sc. : Louis Garrel et Christophe Honoré ; Ph. : Claire Mathon ; M. : Philippe Sarde ; Pr. : Anne-Dominique Toussaint ; Int. : Louis Garrel (Abel), Vincent Macaigne (Clément), Golshifteh Farahani (Mona). Couleurs, 100 min. Clément, un figurant de cinéma, est amoureux de Mona, vendeuse dans une sandwicherie de la Gare du Nord. Mais la belle a un secret qui la rend insaisissable. Aussi Clément fait-il appel à son ami Abel pour l’aider à la conquérir. Ce premier film réalisé par Louis Garrel est inspiré par Les caprices de Marianne d’Alfred de Musset. Selon Olivier Père, c’est « une balade poètique et buissonnière à travers nos souvenirs du cinéma français dont Claude Sautet pour le triangle amoureux et les ambiances parisiennes, et certaines comédies populaires reposant sur des duos masculins antagonistes où les partenaires sont à la fois inséparables et mal assortis. » Un film sans prétention, bien réalisé, agréable à regarder. Vincent Macaigne est touchant avec ses airs de chien battu.C.B.M.
DEUX AUTOMNES, TROIS HIVERS** (Fr., 2013.) R. et Sc. : Sébastien Betbeder ; Ph. : Sylvain Verdet ; M. : Bertrand Betsch ; Pr. : Frédéric Dubreuil ; Int. : Vincent Macaigne (Arman), Maud Wyler (Amélie), Bastien Bouillon (Benjamin), Audrey Bastien (Katia), Pauline Etienne (Lucie). Couleurs, 91 min. Arman, 33 ans, célibataire dépressif, décide de reprendre sa vie en main. Faisant du jogging aux Buttes Chaumont, il croise Amélie qu’il espère revoir. En vain. Lors d’une promenade nocturne avec son copain, il s’interpose pour défendre une jeune femme agressée par deux voyous. C’est Amélie. Il reçoit un coup de couteau. Il est hospitalisé. Amélie vient à son chevet. Benjamin fait un A.V.C. Rééduqué par Katia, l’orthophoniste, il en tombe amoureux. Arman, Amélie, Benjamin et Katia partent en Suisse pour faire du ski.
Une comédie romantique douce amère, réalisée au format I. 33 dans un style littéraire intimiste. Elle est divisée en deux parties, chacune étant composée de chapitres numérotés de 1 à 20 pour le premier, puis de 20 à 1 pour la seconde avec l’épilogue. Chacun des protagonistes s’adresse au spectateur, face à la caméra, pour commenter faits et sentiments, de là une certaine connivence. Un film original, plein de charme, de tendresse et d’humour, magnifiquement porté par ses interprètes, à commencer par Vincent Macaigne, bon gros nounours mal rasé.C.B.M.
DEUX ÊTRES* (Tva manniskor ; Suède, 1945.) R. : Carl Th. Dreyer ; Sc. : Carl Dreyer, Martin Glanner d’après W.O. Somin ; Ph. : Gunnar Fischer ; M. : LarsErik Larsson ; Pr. : Svensk Filmindustri ; Int. : Georg Rydeberg (Dr Arne Lundell), Wanda Rothgardt (Marianne). NB, 78 min. Le docteur Arne Lundell, un éminent psychiatre est accusé d’avoir plagié la thèse du Pr Sander. Lorsque ce dernier est assassiné, les soupçons se portent sur lui, bien qu’il soit innocent. Il avait en effet menacé Sander lorsqu’il avait appris que Marianne, son épouse, était sa maîtresse. « L’assassinat lui-même, écrit Dreyer, n’avait qu’une importance secondaire. Il n’était que le moyen pour ce qui était, à mes yeux, le but – à savoir montrer les événements psychologiques corollaires du meurtre ». Réalisé en Suède, c’est une sorte de huis clos à deux personnages, tout en grisailles, aux décors banals, à la musique envahissante, montrant les souffrances d’une femme malheureuse. Un film mineur dans l’œuvre du maître danois.C.B.M.
DEUX JOURS, UNE NUIT** (Fr., Belg., Ital. ; 2014.) R. et Sc. : Jean-Pierre et Luc Dardenne ; Ph. : Alain Marcoen ; Pr : J.P. et Luc Dardenne, Denis Freyd ; Int. : Marion Cotillard
(Sandra), Fabrizio Rongione (Manu), Pili Groyne (Estelle), Olivier Gourmet (Jean-Marc). Couleurs, 95 min. Sandra, qui sort d’une dépression, est menacée de licenciement : elle ne conservera son emploi que si ses collègues renoncent à leur prime. Soutenue par son mari, il ne lui reste que le temps d’un week-end pour essayer de les convaincre… Les frères Dardenne proposent un large tableau de la condition ouvrière confrontée à la crise, tableau parfois quelque peu manichéen en raison de la situation particulière de chacun des employés. Cependant leur film est réalisé avec une telle énergie qu’il emporte l’adhésion, même si c’est l’énergie du désespoir pour Sandra magnifiquement interprété par Marion Cotillard (il eut toutefois peut-être été préférable qu’un tel rôle ne soit pas confié à une star de l’écran : une actrice anonyme aurait été plus crédible.).C.B.M.
DEUXIÈME HOMME (LE)* (The Running Man ; GB, 1963.) Pr. et R. : Carol Reed ; Sc. : John Mortimer, d’après le roman de Shelley Smith (The Ballad of the Running Man, 1961) ; Ph. : Robert Krasker ; M. : William Alwyn ; Int. : Laurence Harvey (Rex Black), Lee Remick (Stella Black), Alan Bates (Stephen Maddox), Felix Aylmer (le pasteur), Eleanor Summerfield (Hilda Tanner), Allan Cuthbertson (Jenkins), Noel Purcell (Miles Bleeker), Fernando Rey (officier de police de Gibraltar). Couleurs, 103 min. Furieux d’apprendre qu’en raison d’un retard dans le paiement de sa cotisation, la compagnie Excelsior a refusé de l’indemniser pour la perte de son avion de fret qui s’est écrasé en Allemagne, Rex Black décide de se faire rembourser autrement. Il contracte une assurance-vie, crashe son planeur dans la mer et disparaît. Quelques semaines plus tard, un chèque de £ 50 000 en poche, son épouse Stella rejoint son mari qui l’attend dans un hôtel de Malaga sous l’identité d’un richissime éleveur de moutons australien. À la banque, Rex apprend qu’il devra attendre une semaine pour recevoir la lettre de change qui
lui permettra de toucher son magot. Mais, quelques jours plus tard, Stella a la surprise de rencontrer Stephen Maddox, l’agent d’Excelsior qui était venu la voir pour une enquête de routine, et qui prétend être venu à Malaga en vacances… Un point de départ des plus classiques d’escroquerie à l’assurance, et un développement qui ménage son lot de retournements et de surprises. Mais on est étonné de voir Carol Reed, réalisateur prestigieux, signer ce modeste thriller sans réelle ampleur. À noter que le film bénéficie d’un générique de Maurice Binder.R.L.
DEVIL INSIDE (The Devil Inside ; 2012.) R. : William Brent Bell ; Sc. : William Brent Bell et Matthew Peterman ; Ph. : Gonzalo Amat ; M. : Brett Detar, Ben Romans ; Pr. : Matthew Peterman, Morris Paulson ; Int. : Fernanda Andrade (Isabella Rossi), Simon Quarterman (Père Ben Rawlings), Evan Helmuth (Père David Keane). Couleurs, 83 min. En 1989, Maria Rossi téléphone à la police et avoue le meurtre de trois personnes qui pratiquaient, sur elle, un exorcisme. 20 ans plus tard, sa fille, Isabella, cherche à comprendre ce qui s’est passé cette nuit là et se rend en compagnie d’un réalisateur de documentaire, en Italie, où sa mère est internée. « Le film que le Vatican ne veut pas que vous voyiez ». Tel est le slogan trouvé par les producteurs de Devil Inside afin de lancer sur le marché ce nouveau « documenteur » ayant cartonné au box-office américain (plus de 53 millions de dollars de recettes pour un budget d’1 million). Un succès qui laisse perplexe tant le métrage de William Brent Bell (auteur en 2006 du dispensable Stay Alive) n’apporte absolument rien au genre horrifique, se contentant de resservir des recettes maintes fois éprouvées et auxquelles le spectateur averti s’est désormais habitué. Misant sur un certain réalisme qui par moment fait mouche (cf. la scène avec la jeune possédé contorsionniste), le réalisateur signe un métrage certes appliqué mais terriblement prévisible, à l’image du dénouement au parfum de déjà-vu. Le script, rédigé par William
Brent Bell et Matthew Peterman, ne surprendra en effet personne et altère le suspens et la terreur qui aurait pu découler d’un sujet à priori porteur. Autant de réserves qui font de Devil Inside une série B de facture très moyenne comme Hollywood en produit à la chaîne.E.B.
DEVIL THUMBS A RIDE (THE)* (USA, 1947.) R. et Sc. : Felix Feist ; Ph. : Roy Hunt ; M. : Paul Sawtell ; Pr. : RKO ; Int. : Lawrence Tierney (Steve Morgan), Ted North (Jimmy Ferguson) Nan Leslie (Carol Hemming). NB, 67 min. Un assassin se fait prendre en autostop par un conducteur qui ignore son nom et ses intentions… Bon film noir interprété par un magnifique Lawrence Tierney. Vu seulement en France à la Cinémathèque dans une rétrospective « Perles noires ».J.T.
DHARMA GUNS* (Fr., 2009.) R. et Sc. : F.J. Ossang ; Ph. : Gleb Teleshov ; M. : Jack Belsen, Little Drake et MKB Fraction Provisoire ; Pr. : F.J. Ossang ; Int. : Guy McNight (Stan), Elvire (Délie), Lionel Tua (Jon). NB, 93 min. Les malheurs de Stan, victime d’un accident en ski nautique puis du vol de son scénario par les Dharma Guns, un groupe de hackers, et qui se retrouve dans une zone irradiée. Celle qu’il aime, Délie, meurt puis ressuscite mais ne le reconnaît pas. L’univers filmique d’Ossang est très particulier. Ce quatrième film est de la même facture que les précédents, mêlant aventures, science-fiction, thriller, fantastique et philosophie. On perd pied assez vite mais on peut se laisser séduire par l’extravagance des images. J.T.
DHEEPAN** (Fr., 2015.) R. : Jacques Audiard ; Sc. : Jacques Audiard, Thomas Bidegain, Noé Debré ; Ph. : Eponine Momenceau ; M. : Nicolas Jaar ; Pr. : Why Not, Page 114, Fr. 2 ; Int. : Anthonythasan Jesuthasan (Dheepan), Vincent Rottiers (Brahim), Kalieraswari Srinivasan (Yalini). Couleurs, 109 min. Dheepan, un réfugié sri-lankais, arrive en France avec Yalini, une femme qu’il ne connaît pas, qu’il fait passer pour son épouse. Il trouve un emploi de gardien d’immeuble dans une HLM de banlieue, tandis que Yalini devient aide ménagère d’un vieux monsieur, habitant avec Brahim, un dealer. La violence va bientôt rattraper Dheepan. À peine un film sur l’immigration tant l’intégration facile des protagonistes élude vite la question. Beaucoup plus apparentes sont les scènes très spectaculaires, réalisées avec vigueur, qui submergent le film par leur violence, à la limite du soutenable. Mais cette œuvre ne pourrait-elle pas être plus simplement une belle histoire d’amour entre deux êtres que rien ne disposait à être réunis ? Le rôle de Yalini est essentiel, superbement interprété. Ce film qui a obtenu une (surprenante) Palme d’or à Cannes en 2015, aurait pu s’intituler Dheepan et Yalini.C.B.M.
DIAMANT NOIR** (Fr., Belg., 2016.) R. : Arthur Harari ; Sc. : A. Harari, Vincent Poymiro, Olivier Seror, Agnès Feuvre ; Ph. : Tom Harari ; M. : Olivier Marguerit ; Pr. : Philippe Martin, David Thion ; Int. : Niels Schneider (Pier), August Diehl (Gaby), Hans-Peter Cloos (Joseph), Abdel Hafed Benotman (Rachid), Raphaële Godin (Luisa). Scope-Couleurs, 115 min. Pier, un petit truand issu d’une famille de diamantaires d’Anvers, a vu son père mourir dans des conditions misérables ; blessé par une facetteuse qui lui avait broyé la main, il avait été abandonné par sa famille. Pier en tient son oncle
responsable. Avec la complicité de Rachid, il s’introduit dans l’atelier de taillage pour voler un superbe diamant… Un premier film qui est une réussite, tant au niveau du scénario, passionnant, qui évolue implacablement telle une tragédie, que de la réalisation nerveuse située dans un cadre original. Les couleurs sont saturées, la photo est belle et les acteurs, peu ou pas connus, sont excellents. Aucun manichéisme entre « bons et méchants » dans ce film très maîtrisé dans la grande tradition des thrillers américains, au titre particulièrement bien choisi.C.B.M.
DIANA* (Diana ; GB, Fr., Belg., 2013.) R. : Oliver Hirschbiegel ; Sc. : Stephen Jeffreys, d’après le livre de Kate Snell (Le dernier amour de Diana, 2001) ; Ph. : Rainer Klausmann ; M : David Holmes et Keefus Cincia ; Pr. : Robert Bernstein et Douglas Rae pour Écosse Films ; Int. : Naomi Watts (Diana), Naveen Andrews (docteur Hasnat Khan), Douglas Hodge (Paul Burrell), Charles Edwards (Patrick Jephson), Geraldine James (Oonagh Toffolo), Julet Stevenson (Sonia), Cas Anvar (Dodi Al-Fayed), Daniel Pirrie (Jason Fraser), Michael Byrne (docteur Barnard). Couleurs, 108 min. 1995. Séparée du prince Charles, Diana vit au palais de Kensington. En septembre, en rendant visite à l’hôpital au mari de sa thérapeute, Oonagh, elle fait la connaissance du chirurgien qui l’a opéré, le docteur Hasnat Kahn, d’origine pakistanaise. Le coup de foudre est immédiat, et ils entament une liaison qu’ils s’attachent à garder secrète. Une fois le divorce d’avec Charles prononcé, en août 1996, ils envisagent de se marier, et Diana se rend au Pakistan afin de rencontrer la famille d’Hasnat. Mais la mère d’Hasnat s’oppose à leur union. Puis les journaux à scandale révèlent leur liaison, et Hasnat, craignant les retombées sur sa profession, met fin à leur relation. Dès lors, Diana fait tout pour le reconquérir. Elle accepte l’invitation de Dodi Al-Fayed pour une croisière sur son yacht et prévient la presse pour être prise en photo avec lui afin de rendre Hasnat jaloux. Mais il reste inflexible. La nuit du 31 août 1997, à Paris, Diana et
Dodi quittent leur hôtel, poursuivis par les paparazzi. Leur voiture s’écrase sous le tunnel du pont de l’Alma. Le lendemain matin, Hasnat vient déposer un bouquet de fleurs devant les grilles du palais de Kensington. S’efforçant, à travers un épisode moins connu de sa vie, de tracer le portrait de Diana, la femme, plutôt que de Lady Di, la princesse des « cœurs », le film peine cependant à ne pas basculer rapidement dans le roman-photo. Le personnage, fragile, attachant et humain du début – l’épouse bafouée qui a ému le monde par son interview confession à la BBC –, redevient alors l’icône surmédiatisée, victime parfois complice – les photos sur le yacht de Dodi – et consentante de la presse à scandale. Même le talent de Naomi Watts, qui personnifie Diana avec un parfait mimétisme, ne réussit pas à sortir le film de l’ornière des reconstitutions (la croisade contre les mines antipersonnelles, les discours officiels et les inaugurations), et nous laisse le sentiment un peu frustrant de feuilleter un magazine sur papier glacé.D.G.
DIAZ : UN CRIME D’ÉTAT*** (Diaz – Non pulire questo sangre ; Ital., Fr., Roum., 2012.) R. : Daniele Vicari ; Sc. : Daniele Vicari, Laura Paolucci, Alessandro Bandinelli, Emanuele Scaringi ; Ph. : Gherardo Gossi ; M. : Theo Teardo ; Pr. : Domenico Procacci ; Int. : Claudio Santamaria (Max Flamini), Jennifer Ulrich (Alma Koch), Elio Germano (Luca Gualtieri), Davide Iacopini (Marco), Ralph Amoussou (Étienne), Fabrizio Rongione (Nick Janssen). Couleurs, 127 min. La prise d’assaut durant la dernière journée du G8 de Gênes, le 22 juillet 2001 peu avant minuit, de l’école Diaz par trois cents policiers au cours de laquelle les représentants de la loi, casqués, bottés, armés de gourdins, se livrèrent sur les quatre-vingt-dix activistes présents, la plupart étudiants, à des exactions d’une violence aussi inouïe que gratuite. Montrer la violence sur un écran, c’est un problème que les cinéastes, les producteurs et la censure se posent (ou évitent de se poser) depuis les tout débuts
du septième art. La suggérer ; la dépeindre telle qu’elle est ; faire un spectacle de la mort d’ennemis réduits à la dimension de silhouettes lointaines tout en exposant sans retenue les souffrances d’un blessé du camp des élus ; se complaire dans la description détaillée d’actes barbares ; faire évoluer ses personnages dans un monde de bisounours déconnecté de la réalité… : les options sont variées, la pire étant l’étalage d’exactions physiques sous prétexte de les dénoncer. Dans le cas présent, si Daniele Vicari prend le parti de ne nous faire grâce d’aucun détail (rarement aura-t-on vu un tel assaut de sauvagerie pendant un temps de projection aussi long), on ne peut l’accuser de vouloir faire naître en nous le plaisir de ce spectacle. C’est que le réalisateur nous met délibérément du côté des victimes innocentes, la terrifiante séquence de tabassage ne débutant qu’après que nous ayons appris à les connaître. Le processus d’identification rend dès lors impossible toute jouissance devant cet étalage de brutalités. A contrario, ce sont la révolte et l’écœurement qui nous envahissent : les coups, les humiliations, nous les ressentons quasi physiquement par pure empathie avec les réfugiés de l’école. Et l’effet est ravageur : plus le temps s’écoule, plus on a envie que cesse cette ignominie. Et plus on hait les policiers anti-émeute et ceux qui les ont laissé faire. L’œuvre est forte et belle mais attention, elle secoue : âmes sensibles s’abstenir.G.B.
DICTATOR (THE)* (The Dictator ; USA, 2012.) R. : Larry Charles ; Sc. : Sacha Baron-Cohen ; Ph. : Lawrence Sher ; M. : Erran Baron Cohen ; Pr. : Four by Two Films, Berg Mandel Schaffer et Scott Rudin Production ; Int. : Sacha Baron Cohen (le général Aladeen/Efawadh), Anna Faris (Zoe), Ben Kingsley (Oncle Tamir), Jason Mandzoukas (Nadal), Sayed Badreya (Omar), Michele Berg (la mère d’Aladeen). Couleurs, 83 min. Le général Aladeen règne par la terreur sur son pays. Il est victime d’un coup d’État fomenté par son oncle Tamir qui lui substitue un simple d’esprit Efawadh. Voilà Aladeen, ayant survécu à un assassinat réduit, à New York à
vivre aux crochets de Zoe, une hippie. Mais celle-ci, découvrant sa véritable identité, l’abandonne. Il va se suicider quant à la suite d’un quiproquo il retrouve son pouvoir. Il épouse Zoe mais découvre alors qu’elle est juive. Ce n’est pas le Dictateur de Chaplin, mais Saddam Hussein et Kadhafi qui prêtent leurs traits à ce dictateur ne sont pas très éloignés d’Hitler. Les plaisanteries sont souvent très lourdes (l’accouchement) et le jeu de Sacha Baron Cohen outré, toutefois on rit franchement à certains moments de pur comique. S’il est loin des grands burlesques, Sacha Baron Cohen est en train de composer un personnage qui prend peu à peu place, après Borat et ce film, dans leur panthéon.J.T.
DIFRET** (Difret ; Éthiopie, USA, 2013.) R. et Sc. : Zeresenay Mehari ; Ph. : Monica Lenczewska ; M. : David Schommer, David Eggar ; Pr. : Zeresenay Mehari, Leelai Demoz, Angelina Jolie ; Int. : Meron Getnet (Meaza Ashenafi), Tizita Agere (Hirut Assefa), Haregewine Assefa (Membere Yohannes), Brook Sheferaw (le substitut du procureur), Mekonen Laeake (Assefa Bekele). Couleurs, 99 min. 1996, à trois heures de route d’Addis Abeba, Hirut, 14 ans, est kidnappée en rentrant de l’école : une tradition ancestrale veut que si un homme enlève et viole celle qu’il convoite, elle devient de fait sa femme légitime. Mais Hirut, choquée, abat son agresseur à l’aide d’un fusil trouvé dans la cabane où elle était enfermée… Qui dit film africain pense budget étriqué, comédiens amateurs et intrigue frisant la naïveté. Ce n’est pas du tout le cas de Difret : couleurs, écran large et cadrages soignés, interprétation convaincante, le tout étant rendu possible par l’injection de capitaux américains dans le projet. Tout le talent de Zeresenay Mehari a ainsi l’occasion de s’exprimer, avec l’ampleur indispensable à cette passionnante histoire brassant entre autres les notions de tradition, de droit des femmes et de corruption. L’auteur-réalisateur montre également suffisamment
de doigté pour ne pas tomber dans le militantisme stérile : il y a pour soutenir l’intérêt du spectateur un véritable suspense (Hirut sera-t-elle ou non condamnée ?), un refus du schématisme (Hirut a bel et bien tué un homme ; le combat de son avocate est rempli d’embûches) et une interprétation confondante de vérité de la part de la jeune Tizita Agere.G.B.
DINDON (LE)** (Fr., 1951.) R. : Claude Barma ; Sc. : Claude Barma, d’après la pièce de Georges Feydeau ; Ad. : Jean Luc ; Ph. : Jacques Mercanton ; Mont. : Florence Manier ; M. : Gérard Calvi ; Déc. : Henri Schmitt ; Cost. : Noepel et Marcelle Scaiola ; Maq. : Maguy Vernadet ; Pr : Silver films, Armor films ; Int : Nadine Alari (Lucienne Vatelin, femme du notaire), Jacqueline Pierreux (Armandine), Denise Provence (Clotilde de Pontagnac), Gisèle Préville (Maguy Pacarel), Jane Marken (Madame Pinchard), Louis Seigner (Monsieur Pinchard), Jacques Charon (Monsieur de Pontagnac), Robert Hirsch (Monsieur Rédillon), Jacques Morel (Maître Vatelin, notaire et mari de Lucienne), Louis de Funès (le gérant). NB, 85 min. Dans le Paris de la « belle époque », Monsieur de Pontagnac est un coureur invétéré. Il courtise Lucienne Vatelin, jusqu’à son domicile, alors que débarque son époux Monsieur Vatelin. À peine le temps de s’expliquer qu’arrive Maguy, la maîtresse de Vatelin. Les personnages se rencontrent, s’évitent, se croisent, se retrouvent… Qui sera le « Dindon » de la farce ? Non ! Ce n’est pas du théâtre filmé, c’est l’adaptation cinéma de la célèbre pièce de Georges Feydeau. Les acteurs de la distribution sont tous des comédiens de théâtre expérimentés. Même si on a vu mille fois toutes ces situations, on ne s’ennuie pas une seconde.C.V.
DINNER (THE)
(Dinner for Schmucks ; USA, 2010.) R. : Jay Roach ; Sc. : Michael Handelman et David Guion d’après Francis Veber ; Ph. : Jim Denault ; M. : Theodore Shapiro ; Pr. : DreamWorks Pictures et Paramount ; Int. : Steve Carell (Barry), Paul Rudd (Tim), Jemaine Clement (Kieran), Zach Galifianakis (Therman). Couleurs, 114 min. Tim, jeune ambitieux, est convié par son patron à un « dîner de cons » où chaque convive doit être accompagné d’une personne dont on pourra se moquer. Sa femme lui déconseille de participer à cet exercice humiliant mais Tim trouve l’invité idéal en Barry. Furieuse, sa femme le quitte. Barry triomphe lors du dîner, mais Tim s’est attaché à lui. Il renonce à ses ambitions et retrouve sa femme. Le dîner de cons à la sauce hollywoodienne. Préférer l’original.J.T.
DIPLOMATIE*** (Fr., 2014.) R. : Volker Schlöndorff ; Sc. : Cyril Gely ; Ph. : Michel Amathieu ; Mont. : Virginie Bruant ; Pr. : Gaumont et Film oblige ; Int. : André Dussollier (le consul de Suède Nordling), Niels Arestrup (Von Choltitz), Jean-Marc Roulot (Jacques Lanvin), Burghart Klaussner (Capitaine Ebernach), Robert Stadlober (Lieutenant Bressensdorf), Thomas Arnold (Lieutenant Hegger). Couleurs et NB, 84 min. 25 août 1944. Les Alliés approchent de Paris. De l’Hôtel Meurice, le général von Choltitz se prépare à faire sauter monuments et ponts de Paris, sur ordre d’Hitler. Tout a été miné et il envoie l’ingénieur français Lanvin et un capitaine préparer ses instructions dans le QG établi à l’Assemblée nationale. C’est alors qu’il voit surgir par un escalier dérobé le consul de Suède Nordling. Il lui apporte une lettre du général Leclerc qui lui demande de renoncer à faire détruire Paris. Choltitz refuse. Il fait même fusiller des résistants qui essayaient de désamorcer les explosifs. Mais Nordling se fait pressant. Choltitz lui révèle que s’il n’exécute pas les ordres d’Hitler sa famille en subira les représailles. Nordling s’engage à la faire passer en Suisse. Choltitz cède. Au même moment
Lanvin, au QG, abat l’officier qui allait appuyer sur les détonateurs. Paris est sauvé. Choltitz est arrêté. Le consul révèle à un maître d’hôtel qu’il n’avait pas l’intention de sauver la famille de Choltitz. Formidable huis clos en une nuit, adapté d’une pièce de Cyril Gély, joué par deux monstres sacrés : André Dussollier et Nils Arestrup. La rencontre des deux hommes a bien eu lieu, mais malgré le récit du consul et les mémoires de Choltitz, gouverneur de Paris, nous ne savons pas exactement ce qui fut dit. La reconstitution évoque le jeu du chat et de la souris, l’un se drapant derrière les ordres, mais faiblissant devant la peur d’être un nouveau Néron, l’autre sachant utiliser tous les arguments, même de mauvaise foi. Images d’actualités.J.T.
DIRTY PICTURE (THE)** (The Dirty Picture ; Inde, 2011.) R. : Milan Luthria ; Sc. : Rajat Arora ; Ph. : Bobby Singh ; M. : Vishal Shekhar ; Pr. : Balaji Motion Pictures et ALT Entertainment ; Int. : Vidya Balan (Reshma/Silk), Emraan Hashmi (Abraham), Tusshar (Ramakant), Imran Hasnee (Vijayan). Couleurs, 144 min. Issue d’un pauvre village des environs de Madras, Reshma tente de devenir une actrice. Elle se fait connaître par une danse lascive et prend le nom de Silk. Elle devient la maîtresse d’un acteur vieillissant puis d’un scénariste Ramakant. Mais ses caprices précipitent sa chute. Elle se donne la mort. Cette biographie, sous un autre nom, de l’actrice Silk Smitha, star indienne des années 80, nous fait regretter la rareté des productions bollywoodiennes qui parviennent en France. Voilà un superbe mélo, chanté et dansé dans d’extravagants décors, pimenté d’un érotisme aimable et bien servi par l’interprétation de Vidya Balan dont on aimerait connaître les autres films.J.T.
DISCOPATH*
(Discopath ; Can., 2013.) R. : Renaud Gauthier ; Sc. : Renaud Gauthier ; Ph. : John Londono ; M. : Bruce Cameron ; Pr. : Sebastien Bouloc, Renaud Gauthier, Marie-Claire Lalonde ; Int. : Jérémie Earp-Lavergne (Duane Lewis), Sandrine Bisson (Francine Léveillée), Ivan Freud (Paul Stevens), Ingrid Falaise (Mirielle Gervais). Couleurs, 81 min. Traumatisé durant son enfance, Duane Lewis se métamorphose en meurtrier sanguinaire quand il est exposé à la musique disco. Incapable de contenir ses pulsions, il devient, malgré lui, un dangereux psychopathe. Issu de l’univers du clip et des web séries, Renaud Gauthier signe avec Discopath, son premier long métrage. Un métrage qui s’impose comme un bel hommage au cinéma des années 70 et 80 et qui, prenant la forme d’un slasher, possède d’incontestables qualités visuelles. Sur une trame assez classique mais parfois inutilement alambiquée (certains flash back sont maladroits), le réalisateur canadien tisse en effet un film très esthétique et s’adonne à une splendide reconstitution d’une époque révolue. Des couleurs du Giallo à certains plans évoquant De Palma, en passant par l’atmosphère oppressante et poisseuse des œuvres de Lustig… Renaud Gauthier mêle avec un plaisir évident les influences et multiplie les références au genre. Il conçoit, au passage, quelques scènes admirables, comme en témoignent le massacre perpétré aux 45 tours par le tueur et cette incroyable séquence de meurtre sous les stroboscopes. L’ensemble, en outre, ne manque pas d’humour et repose sur un jeu volontairement appuyé des comédiens et des répliques parfois irrévérencieuses. Rythmé par une bande son décoiffante, le dernier quart d’heure possède même une dimension cartoonesque que ne renierait pas Tobe Hooper. Ainsi, malgré ses imperfections et quelques longueurs, Discopath s’impose comme une surprenante série B, acte de naissance d’un cinéaste francophone très prometteur.E.B.
DISCOUNT*
(Fr., 2013.) R. : Louis-Julien Petit ; Sc. : Louis-Julien Petit, Samuel Doux ; Ph. : David Chambille ; M. : Chkrrr ; Pr. : Liza Benguigui ; Int. : Olivier Barthélémy (Gilles), Corinne Masiero (Christiane Gendron), Pascal Demolon (Alfred), Sarah Suco (Emma), Zabou Breitman (Sofia Benhaoui), Pablo Pauly (Hervé). Couleurs, 105 min. Mauvaise nouvelle pour Gilles, Christiane, Alfred, Emma, Momo et Hervé : ils vont être licenciés du hard discount dans lequel ils sont employés pour être remplacés par des caisses automatiques. Doute et déprime s’ensuivent mais ils décident de réagir. Sous la direction de Gilles, ils entreprennent d’ouvrir une épicerie associative… plutôt originale. Comédie sociale sympathique qui lorgne du côté de l’Angleterre (Ken Loach, The Full Monty). Malheureusement, en dépit d’un sujet alléchant (la création d’une épicerie solidaire clandestine en guise de pied de nez à l’ultralibéralisme déshumanisant) et d’une distribution de bonne tenue, Discount peine à égaler ses modèles : Louis-Julien n’a pas trouvé le rythme adéquat et ses dialogues n’accrochent pas. Dommage.G.B.
DISCOURS D’UN ROI (LE)*** (The King’s Speech ; GB, Austr., 2010.) R. : Tom Hooper ; Sc. : David Seidler ; Ph. : Danny Cohen ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. : See-Saw Films et Bedlam Productions ; Int. : Colin Firth (le prince Albert, duc d’York / le roi George VII), Geoffrey Rush (Lionel Logue), Helena Bonham-Carter (Elizabeth Bowes-Lyon / la reine Elizabeth), Guy Pearce (le prince David / le roi Edward VIII), Timothy Spall (Winston Churchill), Derek Jacobi (l’archevêque Cosmo Lang), Jennifer Ehle (Myrtle Logue), Anthony Andrews (Stanley Baldwin), Micheal Gambon (le roi George VI), Claire Bloom (la reine Mary), Eve Best (Wallis Simpson). Couleurs, 118 min. En 1925, le prince Albert doit, à la demande de son père, le roi George VI, prononcer le discours de clôture de l’exposition coloniale à Wembley. Son bégaiement fait de cet événement une épreuve, tant pour le prince que pour le
public. En 1934, après l’échec de plusieurs médecins à le soigner, Elizabeth, son épouse, se tourne vers un orthophoniste aux méthodes peu orthodoxes, Lionel Logue. La première rencontre entre les deux hommes est houleuse, le prince ne supportant pas les règles que Lionel veut lui imposer, ni sa familiarité ; il accepte néanmoins de se soumettre au traitement. En 1936, George VI meurt. Son fils aîné, David, lui succède sous le nom d’Edward VIII. Les relations entre Albert et Lionel sont devenues amicales ; cependant, devant l’absence de véritables résultats et après une violente dispute, le prince le congédie. Le scandale de la liaison du nouveau roi avec une Américaine divorcée, Wallis Simpson, qu’il veut épouser, l’oblige à abdiquer et Albert, malgré ses réticences, accède au trône, devenant George VII. Il fait à nouveau appel à Lionel pour les cérémonies du couronnement. Le 3 septembre 1939, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne. Le roi doit annoncer la nouvelle à son peuple. Assisté de Lionel, il prononcera avec succès un discours de neuf minutes à la radio. Ne s’attardant ni sur la « grande » Histoire ni sur la « petite », Tom Hooper s’attache à présenter, loin des dorures des palais ou des rigueurs du protocole, le futur couple royal comme un homme et une femme qui s’aiment et qui cherchent ensemble à surmonter leurs problèmes. Dans ces rôles, Colin Firth et Helena Bonham-Carter sont parfaits de retenue et d’humanité et nous montrent un aspect de leurs personnages très éloigné de la presse dite « people ». Geoffrey Rush, quant à lui, n’est pas en reste et incarne avec justesse et mesure ce comédien raté et cabotin, devenu thérapeute malgré lui, de la même manière qu’est devenu roi l’homme dont il est resté l’ami jusqu’à sa mort. Le film a obtenu 119 récompenses à travers le monde, dont l’Oscar et le Golden Globe de la meilleure interprétation masculine pour Colin Firth, et les Oscars du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario original.D.G.
DISPARUE EN HIVER** (Fr., 2014.) R. : Christophe Lamotte ; Sc. : Christophe Lamotte et Pierre Chosson ; Ph. : Philippe Guilbert ; M. : André Dziezuk ; Pr. : Hugo
Productions et Iris Productions ; Int. : Kad Merad (Daniel), Géraldine Pailhas (Christine), Lola Creton (Laura), Pierre Perrier (David). Couleurs, 100 min. Daniel, ancien flic devenu recouvreur de dettes, est dragué par la jeune Laura. Il l’écarte sans ménagement. Quand, saisi de remords, il veut lui parler. Elle a disparu. Ému, il mène une enquête qui le conduit à Daniel Fauchard, fils d’un riche industriel de la région. Premier long métrage de Christophe Lamotte : un film noir, glauque, éprouvant. À contre-emploi, Kad Merad est émouvant dans ce rôle de justicier cabossé par la vie mais déterminé à aller jusqu’au bout.J.T.
DIVAN DE STALINE (LE)* (Fr., 2016.) R. et Sc. : Fanny Ardant ; Ph. : Renaud Personnaz et Renato Berta ; Pr. : Alfama Films ; Int. : Gérard Depardieu (Staline), Emmanuelle Seigner (Lidia), Paul Hamy (Danilou), François Chattot (Vlassik). Couleurs, 92 min. Les dernières années de Staline emporté par sa paranoïa. Sa maîtresse Lidia doit le psychanalyser sur un divan comparable à celui de Freud. Depardieu compose un Staline inattendu. Mais l’atmosphère de crainte qui entourait Staline est bien rendue, même si manque Beria remplacé par le général Vlassik.J.T.
DIVERGENTE (Divergent ; USA, 2014.) R. : Neil Burger ; Sc. : Evan Gaugherty et Vanessa Taylor d’après le roman de Veronica Roth ; Ph. : Alwin H. Küchler ; Eff. sp. : Yves DeBono ; M. : Junkie XI ; Pr. : Summit Entertainment ; Int. : Shailene Woodley (Beatrice « Tris » Prior), Theo James (Quatre), Kate
Winslet (Jeanine Matthews), Jai Courtney (Eric), Miles Teller (Peter). Couleurs, 139 min. Un siècle après une guerre qui a pris une importance mondiale, sorte d’apocalypse, la jeune Tris doit choisir entre les factions qui règnent sur les ruines de Chicago. Elle se sent en réalité « divergente » et donc exclue de tout. Elle choisit pourtant les Audacieux. Elle est entraînée par Quatre. Elle réussit le premier examen, surtout physique, puis le second, mental. Quatre la devine divergente mais ils s’aiment et résistent au sérum qui doit les transformer en robots guerriers. Tris réussira à conquérir sa liberté mais devient marginale. Ce film, bien fait et sympathique, est surtout destiné à un public d’adolescents, comme Twilight, porté par un fantastique de pacotille. Les interprètes paraîtront fades, à l’exception de Kate Winslet, vouée à un rôle de méchante. Seule l’idée d’un monde post-apocalyptique divisé en castes est originale dans son traitement avec ses Érudits, ses Altruistes, ses Sincères, ses Audacieux…J.T.
DIVERGENTE 2 : L’INSURRECTION (Insurgent ; USA, 2015.) R. : Robert Schwentke ; Sc. : Brian Duffield, Akiva Goldsman et Mark Bomback ; Ph. : Florian Ballhaus ; M. : Joseph Trapanese ; Pr. : SND ; Int. : Shailene Woodley (Beatrice Tris Prior), Theo James (Quatre), Octavia Spencer (Johanna), Jai Courtney (Eric). Couleurs, 119 min. Jeanine qui commande les Érudits, recherche un groupe de divergents dont Tris et Quatre. Ceux-ci ont été recueillis par les Fraternels, à la recherche du message des Fondateurs, pères de la Cité et que seul un Divergent peut décrypter. Inspiré du roman de Veronica Roth, ce film aussi naïf, aussi bavard et aussi long que le précédent, ne mérite guère un intérêt approfondi. On s’étonne du succès de cette histoire.
J.T.
DIVERGENTE 3 : AU-DELÀ DU MUR (The Divergent Series Allegiant ; USA, 2016.) R. : Robert Schwentke ; Sc. : Noah Oppenheim d’après Veronica Roth ; Ph. : Florian Ballhaus ; M. : Joseph Trapanese ; Pr. : Lionsgate ; Int. : Shailene Woodley (Beatrice Prior), Theo James (Quatre/Tobias), Miles Teller (Peter), Naomi Watts (Evelelyn). Couleurs, 121 min. Une bande d’adolescents affronte de nombreux périls pour ramener la paix sur la terre. A leur tête Beatrice dite Tris, aidée de Tobias. Troisième épisode de cette saga pour adolescents. Quelques effets spéciaux ne sauvent pas le film de l’ennui.J.T.
DIVINES* (Fr., 2016.) R : Uda Benyamina ; Sc. : U. Benyamina, Romain Compingt, Malik Rumeau ; Ph. Julien Poupard ; M. : Demusmaker ; Pr. : Marc-Benoît Créancier ; Int. Oulaya Amamra (Dounia), Deborah Lukumuena (Maimouna), Jisca Kalvanda (Rebecca), Kévin Mischel (Djigui). Couleurs, 105 min. Dans une banlieue parisienne déshéritée, Dounia et Maimouna, deux copines, décident d’abandonner le lycée professionnel pour se faire du fric au plus vite. Sous la coupe de Rébecca, une dealeuse violente, elles se livrent alors au trafic de drogue. Ce film a obtenu la caméra d’or à Cannes en 2016 et, de fait, sa réalisatrice n’a pas volé son trophée. Elle sait manier sa caméra qu’elle brandit à bout de poing dans un geste rageur. Son film, survitaminé, est bourré d’énergie, part dans tous les sens, en un tourbillon épuisant, ne s’accordant aucun répit. Cette mise en scène « tape à l’œil » en devient superficielle. Dommage, ses
comédiennes, elles aussi, crèvent l’écran. Quant à la musique classique religieuse (Vivaldi, Haendel, Mozart), elle paraît déplacée – comme un alibi culturel. C.B.M.
DIVORCE À LA FINLANDAISE** (Haarautuvan rakkauden talo ; Finlande, 2010.) R. : Mike Kaurismäki ; Sc. : Mika Kaurismäki, Petri Karra, Sami Keski-Vähälä d’après un roman de Petri Karra ; Ph. : Rauno Ronkainen ; M. : Jarmo Saari ; Pr. : Marianna Films ; Int. : Elina Knihtilä (Tuula), Hannu PekkaBjörkman (Juhani), Inna Björklund (Marjut). Couleurs, 102 min. Juhani et Tuula, la trentaine passée, décident de divorcer mais de continuer la vie commune jusqu’à la vente de leur maison. Une amusante comédie qui frôle le burlesque et s’achève en happy end après avoir failli sombrer dans le drame. Un bon témoignage également sur la vie en Finlande.J.T.
DIX JOURS D’ANGOISSE* (Ten Days to Tulara ; USA, 1958.) R. : George Sherman ; Sc. : Laurence Mascott ; Ph. : Alex Philipps ; M. : Lou Adomian ; Int. : Sterling Hayden (McBride), Grace Raynor (Laura), Rodolfo Hoyos (Cesar). NB, 90 min. Le pilote McBride doit, sous la menace, favoriser l’évasion du gangster Cesar et le conduire jusqu’à une plage du Pacifique où un bateau doit le prendre. Bonne série B, bon film d’action révélé par la télévision en 2015 car il était resté inédit en France.J.T.
DJANGO PORTE SA CROIX (Quella sporca storia nel West ; Ital., 1968.) R. : Enzo G. Castellari ; Sc. : Tito Carpi, Francesco Scarmadaglia, Enzo G. Castellari, d’après l’histoire de Sergio Corbucci et la pièce de William Shakespeare ; Ph. : Angelo Filippini ; M. : Francesco De Masi ; Pr. : Giuseppe Bordogni, Elio Scarmadaglia ; Int. : Andrea Giordana (Johnny Hamilton), Gilbert Roland (Horace), Horst Frank (Claude Hamilton), Françoise Prévost (Gertrude), Enio Girolami (Ross). Couleurs, 91 min. Johnny Hamilton, soldat confédéré, apprend le meurtre de son père et a tout lieu de penser que le coupable n’est autre que son oncle Claude, un ranchero avec qui sa mère vient de se remarier. Dès lors, épaulé par son indéfectible ami Horace mais poursuivi par les pistoleros Ross et Guild, Johnny n’a plus qu’une idée en tête, venger son géniteur… Transposer Shakespeare dans une époque plus récente, pourquoi pas ! Certains s’y sont collectés avec bonheur comme Cukor (« Othello »), Kurosawa (« Les salauds dorment en paix »), Wise (« West Side Story »), et même Ken Hughes (« Joe Macbeth »). Alors quand quelqu’un comme Sergio Corbucci annonce qu’il va faire un western de la tragédie d’« Hamlet », on est en droit de concevoir quelques espoirs. Malheureusement, la réalisation a finalement a été confiée au tâcheron Castellari et le résultat est navrant. Tout ce qu’il a retiré d’un chef-d’œuvre éternel c’est que… si on vous tue votre papa il faut se venger ! Les personnages extrêmement complexes de la pièce sont ainsi réduits à la dimension de pantins dans la carcasse desquels s’agitent des acteurs nullissimes (à l’exception d’Horst Frank, acceptable méchant). Au bout du compte, Shakespeare ne grandit pas ce western italien, il le rapetisse.G.B.
DJANGO UNCHAINED*** (USA, 2011.) R. : Quentin Tarantino ; Sc. : Quentin Tarantino ; Ph. : Robert Richardson ; Pr. : The Weinstein Company, Columbia Pictures ;
Int. : Jamie Foxx (Django), Christoph Waltz (Dr. King Schultz), Leonardo DiCaprio (Calvin Candie), Kerry Washington (Broomhilda von Shaft), Samuel L. Jackson (Stephen). Couleurs, 165 min. Le Dr King Schultz, chasseur de primes, achète l’esclave Django pour l’aider à retrouver deux assassins en cavale. En échange, il affranchira Django. Ce dernier recherche sa propre femme, Broomhilda, dont il a été séparé lors d’une vente d’esclaves. Django et Schultz infiltrent la plantation du puissant Calvin Candie, mais ils sont démasqués, et le Dr Schultz assassine Calvin avant d’être abattu à son tour. Django n’a plus d’autre choix que d’anéantir la plantation Candie pour sauver Broomhilda. Certes, Django Unchained n’est rien d’autre qu’un hommage cinéphile au western, qu’il soit classique, spaghetti, crépusculaire ou parodique. En élève appliqué, Quentin Tarantino, tire son chapeau à ses maîtres et leur emprunte chaque élément de mise en scène. Django Unchained fait pourtant figure de western fou, débordant de surprises et de séquences ingénieuses. La plus réussie est sans doute la charge dérisoire du Ku Klux Klan, dont les cagoules ont été mal tricotées, gênant les assaillants qui n’y voient plus qu’à moitié. En ignoble esclavagiste du sud, Leonardo DiCaprio livre une des plus spectaculaires performances de sa carrière.G.J.
DOCTEUR FRANKENSTEIN** (Victor Frankenstein ; USA, 2015.) R. : Paul McGuigan ; Sc. : Max Landis ; Ph. : Fabian Wagner ; M. : Craig Armstrong ; Pr. : 20th Century Fox ; Int. : Charles Dance (Frankenstein), Daniel Radcliffe (Igor), James McAvoy (Victor Frankenstein), Jessica Brown Findlay (Lorelei). Couleurs, 109 min. À Londres au début du XIXe siècle, dans un cirque, le docteur Victor Frankenstein remarque un clown difforme mais aux connaissances scientifiques immenses. Il va en faire son collaborateur pour des expériences inavouables. Le mythe de Frankenstein revisité dans le Londres du XIXe siècle. Belle mise en scène mais qui ne fera pas oublier Whale et Fisher.
J.T.
DOCTOR’S DILEMMA (THE)** (The Doctor’s Dilemma ; GB, 1959.) R. : Anthony Asquith ; Sc. : Anatole de Grunwald, d’après la pièce de George Bernard Shaw Le Dilemme du Docteur (The Doctor’s Dilemma, 1906) ; Ph. : Robert Krasker ; M. : Joseph Kosma ; Pr. : Anatole de Grunwald pour Comet Films / Metro Goldwyn Mayer ; Int. : Leslie Caron (Jennifer Dubedat), Dirk Bogarde (Louis Dubedat), John Robinson (sir Colenso Ridgeon), Robert Morley (sir Ralph Bloomfield-Bonington), Alastair Sim (Cutler Walpole), Felix Aylmer (sir Patrick Cullen), Michael Gwynn (Dr. Blenkinsop), Maureen Delaney (Emmy), Alec McCowen (Redpenny). Couleurs, 99 min. Sir Colenso Ridgeon a découvert un remède contre la tuberculose, mais ne dispose que de dix doses salvatrices. Il reçoit la visite de Jennifer qui lui montre le travail de son mari, le peintre Louis Dubedat, et le supplie de l’accueillir parmi ses patients car il est condamné. Impressionné par les qualités plastiques des œuvres de l’artiste, et séduit par la beauté de Jennifer, sir Colenso promet de l’aider. Mais, au cours d’une soirée, il va découvrir que le peintre est un débauché sans le sou et peu scrupuleux. Il favorisera donc quelqu’un d’autre et, peu après, Dubedat meurt d’épuisement… La pièce de Bernard Shaw dont s’inspire le film contenait, semble-t-il, une charge satirique contre la corporation médicale dans le style de Molière ou du Jules Romains de Knock – Jacques Belmans parle des praticiens de Shaw comme d’un « beau ramassis d’ambitieux cyniques, d’assassins légaux et de crétins solennels » (Anthologie du cinéma no 67, mars-avril 1972). L’adaptateur, Anatole de Grunwald, a effacé cet aspect pour privilégier le dilemme auquel se trouve confronté sir Colenso : doit-il sacrifier un autre malade pour sauver ce peintre à l’incontestable talent mais aux qualités humaines plus que discutables, ou est-il préférable pour lui de le confier à des mains concurrentes – avec l’assurance d’une issue fatale à plus ou moins brève
échéance – et d’en tirer un bénéfice en épousant sa si séduisante veuve ? Comme à son habitude, Anthony Asquith fait son travail le mieux possible, mais dans les limites d’un respectueux classicisme, et le film on ne peut plus statique, est presque un prototype du théâtre filmé. Par bonheur, la distribution se compose d’une galerie de comédiens délectables et permet d’éviter l’ennui qu’un sujet sans envergure ne manquait pas de susciter. Mais ce sont les costumes, le décor et la couleur qui sont les vraies vedettes de cette œuvre austère et déroutante certes, mais d’une éblouissante beauté plastique.R.L.
DOCTEUR X (LE)* (The Monster ; USA, 1925.) R. : Roland West ; Sc. : Willard Mack et Albert Kenyon, d’après la pièce de Crane Wilbur ; Ph. : Hal Mohr ; Int. : Lon Chaney (docteur Ziska), Johnny Arthur (Johnny Goodlittle), Gertrude Olmsted (Betty Watson), Hallam Cooley (Amos Rugg), Walter James (Caliban). NB, 7 bobines (environ 85 min.) Au cours d’une promenade nocturne en voiture dans la campagne, Amos Rugg et Betty Watson sont victimes d’un accident provoqué par un étrange personnage au visage blafard, Rigo, qui pose un énorme miroir sur la chaussée pour tromper les automobilistes. Ils trouvent refuge à proximité, dans une clinique où ils sont reçus par l’inquiétant docteur Ziska. Au matin, ils vont se rendre compte que les pensionnaires fous de la clinique ont pris possession des lieux et que le docteur Ziska est un dangereux maniaque qui a décidé de transposer le cerveau de Betty dans la tête d’Amos… Une curieuse parodie des films d’épouvante dont la vedette est un apprenti détective qui sauve la situation malgré ses gaffes et ses maladresses, et dans laquelle Lon Chaney, engagé en raison de sa légende de comédien spécialisé dans le bizarre, ne fait que quelques apparitions limitées dans le temps. Mais aussi un prototype : celui du petit groupe de gens innocents confrontés à un danger inconnu dans une maison isolée. C’est souvent plus inquiétant que réellement drôle. Film disponible en DVD.R.L.
DOG POUND** (Fr., Can., GB, 2010.) R. : Kim Chapiron ; Sc. : Kim Chapiron, Jeremie Delon ; Ph. : Andre Chemetoff ; M. : Balmorhea, K’Naan, Nikkfurie ; Pr. : Partizan, Mars Films, Grana Productions ; Int. : Adam Butcher (Butch), Shane Kippel (Davis), Mateo Morales (Angel), Slim Twig (Max), Taylor Poulin (Banks). Couleurs, 91 min. Incarcéré dans un établissement canadien accueillant de jeunes délinquants, Butch va tenter de survivre à un univers particulièrement hostile. Après le meurtre de ses camarades Davis et Angel par les gardiens de la prison et leurs codétenus, Butch déclenche une émeute à la faveur de laquelle il espère s’évader. Elle sera malheureusement vite contenue. Kim Chapiron a courageusement distribué les rôles principaux de son film à de véritables délinquants juvéniles, dont la plupart sont retournés sous les verrous après le tournage. Remake du film Scum d’Alan Clarke (1980), Dog Pound est un film violent et sans concession où celui qui survit, c’est celui qui frappe le premier. La lumière grise d’André Chemetoff éclaire crument les accès de violence de ces adolescents, dont la réinsertion, dès les premières minutes de leur détention, semble une cause perdue.G.J.
DOM HEMINGWAY* (Dom Hemingway ; GB, 2013.) R. et Sc. : Richard Shepard ; Ph. : Gilles Nuttgens ; M. : Rolfe Kent ; Pr. : RPC BBC Films, Pinewood Studios ; Int. : Jude Law (Dom Hemingway), Richard E. Grant (Dickie Black), Demian Bichir (Mr. Fontaine), Emilia Clarke (Evelyn), Kerry Condon (Melody). Couleurs, 93 min. Au sortir de prison, Dom Hemingway retrouve son vieux complice Dickie Black. Avec lui, il va voir son « patron », M. Fontaine qui, en remerciement du silence qu’il a observé lors de son arrestation, lui octroie 500 000 livres que
Dom Hemingway se fait voler par une prostituée. Il réussit à se réconcilier avec sa fille et récupère une partie de l’argent. Petit film de gangsters qui vaut pour l’interprétation de Jude Law.J.T.
DOMINO VERT (LE)* (Fr., All., 1935.) R. : Herbert Selpin et Henri Decoin ; Sc. : Harald Bratt d’après une pièce d’Erich Ebermayer ; Dial. : Marcel Aymé ; Ph. : Günther Rittau ; M. : Gottfried Hupperts ; Pr. : UFA (Alfred Graven) ; Int. : Danielle Darrieux (Hélène et Marianne de Richmond), Maurice Escande (Henri Bruquier), Charles Vanel (Nebel), Jany Holt (Lily Bruquier). NB, 90 min. Une riche héritière s’éprend d’un critique d’art. Mais il est marié. Sa femme est assassinée et le mari croit que le coupable est sa maîtresse. Il s’accuse pour l’épargner. Vingt ans plus tard, la fille née de cette liaison, reprend l’enquête. Une co-production franco-allemande qui vaut surtout pour Danielle Darrieux, ressuscitée en DVD par René Chateau.J.T.
DON GIOVANNI, NAISSANCE D’UN OPÉRA*** (Io, Don Giovanni ; Ital., Esp., 2009.) R. et Sc. : Carlos Saura ; Ph. : Vittorio Storaro ; M. : Nicola Tescari ; Pr. : Intervenciones Novo Film ; Int. : Lorenzo Balducci (Da Ponte), Emilia Verginelli (Annetta), Lino Guanciale (Mozart), Tobias Moretti (Casanova), Ennio Fantastichini (Salieri), Ketevan Kemoklidze (Adriana Ferrarese Dona Elvira). Couleurs, 127 min. En 1763, un jeune juif du nom de Conegliano se convertit et devient Lorenzo da Ponte. Devenu prêtre, il se lie avec Casanova, entre dans la Franc-Maçonnerie et mène une vie de libertin. Inquiété par l’Inquisition, il quitte Venise pour Vienne, abandonnant Annetta, pure jeune fille dont il est épris. À Vienne il
rencontre Mozart et écrit pour lui le livret des Noces de Figaro. Puis il choisit le personnage de Don Juan. Il prend pour modèle Casanova. Il découvre qu’Annetta venue à Vienne, y est l’élève de Mozart. À la surprise de Casanova, il la demande en mariage. Un grand film sur Mozart et son librettiste Da Ponte à travers la création de Don Juan. Admirable mise en scène et parfaite interprétation situent ce film dans la lignée d’Amadeus de Forman et du Don Juan de Losey.J.T.
DONNE-MOI LA MAIN* (Fr., 2008.) R. et Sc. : Pascal-Alex Vincent ; Ph. : Alexis Kavyrchine ; M. ; Tarwater ; Pr. : Local Films ; Int. : Alexandre Carril (Antoine), Victor Carril (Quentin), Anaïs Demoustier (Clémentine), Samir Harrag (Hakim), Michel Grateau (Julian). Couleurs, 80 min. Deux frères jumeaux, Antoine et Quentin, décident de se rendre en Espagne aux obsèques de leur mère qu’ils n’ont pas connue. Ils ont peu d’argent. Leur voyage est ponctué de rencontres avec des filles et de bagarres. Antoine découvre que Quentin est homosexuel. Brouille. Antoine continue son voyage seul. Lorsqu’il arrive au cimetière, Quentin est déjà là. Nouvelle bagarre. Quentin s’éloigne finalement d’Antoine. Jusqu’à quand ? Inspirée d’une chanson de Colette Magny, cette œuvre est une sorte de voyage initiatique où deux jumeaux découvrent leurs différences. Superbement filmée, jouée par deux vrais jumeaux, évitant une psychologie trop facile, elle n’a pourtant pas rencontré son public. À revoir.J.T.
DORIAN GRAY** (Dorian Gray ; GB, 2009.) R. : Olivier Parker ; Sc. : Toby Finlay d’après Oscar Wilde ; Ph. : Roger Pratt ; M. : Charlie Mole ; Pr. : Ealing Studios ;
Int. : Ben Barnes (Dorian Gray), Colin Firth (Henry Wotton), Ben Chaplin (Basil Hollward), Rebecca Hall, Douglas Henshall. Couleurs, 108 min. Jeune, beau et pur, Dorian Gray s’installe à Londres et Henry Wotton lui fait découvrir les plaisirs de la ville. Dorian accepte que Basil Hollward, un ami de Wotton, fasse son portrait. Il ignore qu’il vient de passer un pacte avec une force démoniaque : c’est son portrait qui vieillira à sa place, et portera les stigmates de ces vices. Jusqu’au jour où… Somptueuse adaptation du Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, avec une fin modifiée qui tire trop l’histoire vers le pur film d’horreur.J.T.
DORS MON LAPIN (Fr., 2013.) R., Sc. et Pr. : Jean-Pierre Mocky ; Ph. : Jean-Paul Sergent ; M. : Vladimir Cosma ; Int. : Frédéric Diefenthal (Lionel), Richard Bohringer (Commissaire Bolzer), Sarah Binsini (la femme de Lionel). Couleurs, 83 min. Ne pouvant payer les traites de son appartement, Lionel enlève le bébé d’un riche notable avec demande de rançon. Jean-Pierre Mocky semble dormir derrière la camera tant il filme « pépére » sans la moindre idée de mise en scène. C’est baclé et sans intérêt. Où est passé l’anarchisme stimulant et souvent jouissif de Mocky ?C.B.M.
DOS ROUGE (LE) (Fr., 2015.) R. et Sc : Antoine Barraud ; Ph : Antoine Parouty ; Pr : Vincent Wang, Cécile Walter, A. Barraud ; Int : Bertrand Bonello (Bertrand), Jeanne Balibar (Celia), Géraldine Pailhas (Celia), Valérie Dréville (Alice), Pascal Greggory (Pascal). Couleurs, 127 min. Bertrand, un célèbre cinéaste, prépare son prochain film consacré à la monstruosité dans la peinture. Célia Bhy, une historienne d’art, le guide dans ses
recherches ; il entame avec elle des discussions passionnées et étranges. Des plaques rouges apparaissent dans son dos… Une bizarrerie ésotérique destinée à un public d’initiés. Le cinéaste (du film) avoue d’ailleurs qu’il ne sait pas où il va et s’endort au cours d’une projection ! Et c’est long… c’est long ou, du moins, ça parait tel.C.B.M.
DOSSIERS SECRETS DU VATICAN (LES) (The Vatican Tapes ; USA, 2015.) R. : Mark Neveldine ; Sc. : Christopher Borrelli et Michael C. Martin ; Ph. : Gerardo Mateo Madrazo ; M. : Joseph Bishara ; Pr. : Tom Rosenberg, Chris Morgan, Gary Lucchesi, Chris Cowles ; Int. : Olivia Taylor Dudley (Angela), Michael Peña (Père Lozano), Dougray Scott (Roger Holmes). Couleurs, 91 min. Angela Holmes, une jeune femme de 27 ans, développe depuis quelques temps un étrange comportement. Devant l’incapacité des médecins à la guérir, son père accepte la pratique d’un exorcisme. Le Vatican possède les preuves de l’existence du Diable. C’est sur ce postulat que se base Les dossiers secrets du Vatican, énième film s’articulant autour du thème de l’exorcisme, produit par Tom Rosenberg et Gary Lucchesi, de Lakeshore Entertainement. Ces derniers ne sont pas des néophytes en matière de démons comme en témoigne L’exorcisme d’Emily Rose, qui renouvelait le sujet et en l’abordant d’un point de vue judiciaire. Or, si le métrage de Scott Derrickson était une réussite, ce n’est malheureusement pas le cas de ces Dossiers Secrets, qui ne sortent jamais des sentiers balisés. Après des premières images qui laissent à penser que nous sommes face à un énième found footage, le film revient très vite à une mise en scène plus classique (même si des images de vidéo surveillance et d’archives sont régulièrement intégrées au récit) et nous entraîne sur les pas de la malheureuse Angela, une jeune femme possédée. Contorsions, lévitations, vomissements, obscénités verbales et langues anciennes sont ainsi au programme. En gros, rien de neuf sous le soleil de Satan. Et c’est
bien là le problème. Tout comme le manque d’intensité qui caractérise la narration, Mark Neveldine (Hypertension et Ghost rider 2 coréalisés avec Brian Taylor) ne réussissant qu’en de rares moments à susciter un semblant d’effroi (cf. la scène d’hystérie dans l’hôpital). Reste une interprétation assez solide, dominée par Dougray Scott, très bien dans le rôle de Roger Homes, et Michael Peña, impeccable dans le costume du Père Lozano.E.B.
12** (12 ; Russie, 2007.) R. et Sc. : Nikita Mikhalkov ; Ph. : Vladislav Opeliants ; M. : Edward Artemiev ; Pr. : Studio Trite ; Int. : Serge Makovetsky (le juré no 1), Nikita Mikhalkov (le président du jury) Sergey Garmash (le juré no 3). Couleurs, 150 min. Douze jurés doivent se prononcer sur le sort d’un jeune Tchétchène accusé du meurtre de son père adoptif, un officier russe. Ils sont convaincus qu’il est coupable, sauf l’un d’eux qui va s’acharner à le disculper. Remake de 12 hommes en colère avec toutefois un dénouement, décidé par Mikhalkov lui-même, interprète du président, dont le cynisme laisse pantois : la prison serait la meilleure solution pour cet innocent. Il vote finalement l’acquittement. Cette version est plus mouvementée que le film américain et plonge dans l’actualité russe d’où l’incontestable intérêt de ce remake.J.T.
12 HEURES (Stolen ; USA, 2012.) R. : Simon West ; Sc. : David Guggenheim ; Ph. : James Whitaker ; M. : Mark Isham ; Pr. : Millenium Films ; Int. : Nicolas Cage (Will Montgomery), Josh Lucas (Vincent), Danny Huston (Tim). Couleurs, 96 min. Will, un cambrioleur qui sort de prison, est victime du chantage de Vincent, son complice. Celui-ci a enlevé sa fille et ne la libérera que contre l’argent caché
par Will avant son arrestation. Le délai est de douze heures. Petit polar sans grande originalité. On attendait mieux du tandem Nicolas Cage-Simon West.J.T.
DOUZE HEURES D’HORLOGE* (Fr., RFA, 1958.) R. : Geza Radvanyi ; Sc. : Pierre Boileau, Thomas Narcejac ; Ph. : Henri Alekan ; M. : Léo Ferré ; Pr. : Suzy Prim, Fernand Rivers, René Saurel ; Int. : Lino Ventura (Albert Fourbieux), Eva Bartok (Barbara), Hannes Messemer (Serge), Suzy Prim (Madame César), Laurent Terzieff (Kopetsky), Gert Froebe (Monsieur Blanche). NB, 96 min. Fourbieux, Serge et Kopetsky, trois redoutables gangsters, s’évadent d’un pénitencier du Midi de la France. Kopetsky, blessé, contacte Barbare, son amie, et lui demande de l’accompagner dans sa fuite. Les trois hommes décident alors de se procurer l’argent nécessaire à la fabrication de faux papiers et à l’embarquement sur un cargo pour d’autres cieux. Ils ne disposent que de douze heures à cet effet et les choses se compliquent lorsque Serge tombe amoureux de Barbara et qu’un gendarme particulièrement collant, s’attache aux pas de Fourbieux… Un bon début qui fait croire à une œuvre majeure mais Radvanyi n’est ni Becker ni Sautet et son film se met à tourner en rond au bout d’une demi-heure. Autre défaut, inhérent à la coproduction avec l’Allemagne, trois de ses protagonistes principaux censés être méridionaux sont en fait incarnés par… des acteurs germaniques doublés. On peut toutefois prendre plaisir à la belle photo d’Alekan, à la musique de Léo Ferré (du moins à ce qu’il en reste) et à une série de scènes cocasses entre Ventura le macho et Guy Tréjean, le gendarme efféminé qui colle à ses basques.G.B.
DRACULA
(Dario Argentos’s Dracula ; Ital., 2012.) R. : Dario Argento ; Sc. : Dario Argento, Antonio Tentoro, Stefano Piani ; Ph. : Luciano Tovoli ; M. : Claudio Simonetti ; Pr. : Enrique Cerezo ; Int. : Thomas Kretschmann (Dracula), Maria Gastina (Mina Harker), Unax Ugalde (Jonathan Harker), Rutger Hauer (Van Helsing), Asia Argento (Lucy Kisslinger). Couleurs, 106 min. Le jeune bibliothécaire Jonathan Harker arrive à Passburg afin de travailler pour le seigneur du village, le comte Dracula. Il loge chez Lucy, la fille du maire. C’est là que vient le rejoindre son épouse Mina. Celle-ci découvre un environnement étrange (Lucy est un vampire comme la jeune Tanja) et veut prévenir Jonathan en se rendant au château de Dracula. Elle est poursuivie par des loups et se retrouve chez Dracula sans trouver trace de son époux. Inquiète, elle fait appel à Van Helsing un chasseur de vampires qui va affronter le comte. Dario Argento a-t-il voulu se faire plaisir en tournant son Dracula ? A-t-il voulu, comme on l’a dit, rendre hommage à la firme anglaise Hammer ? Avait-il à l’origine une certaine conception du mythe qui devait le révolutionner ? En tout cas c’est une déception. Le grand maître du fantastique italien nous livre une œuvre convenue, sans grands acteurs (Thomas Kretschmann est loin de Bela Lugosi ou de Christopher Lee) et sans coups d’éclat.J.T.
DRACULA UNTOLD** (Dracula Untold ; USA, 2014.) R. : Gary Shore ; Sc. : Matt Samaza et Burk Sharpless ; Ph. : John Schwartzmann ; Déc. : François Audouy ; Eff. sp. : Uli Nefzer ; Eff. vis. : Christian Manz ; M. : Ramin Djawadi ; Pr. : Universal Pictures et Legendary Pictures ; Int. : Luke Evans (Vlad Tepes), Sarah Gadon (Mirena), Dominic Cooper (Mehmet), Art Parkinson (Ingeras), Charles Dance (le maître vampire). Couleurs, 92 min. Souverain de la Transylvanie, le prince Vlad Tepes a découvert par hasard, dans une grotte une terrible créature assoiffée de sang. Au même moment les Turcs, sous l’autorité de Mehmet, lui réclament mille enfants dont son propre
fils, pour les enrôler. Vlad refuse. La guerre est inévitable. Vlad ne peut l’emporter que s’il conclut un accord avec le monstre de la grotte. En échange d’immenses pouvoirs, il deviendra à son tour un être assoiffé de sang, un vampire, sauf s’il résiste à la tentation de boire du sang… On sait que Vlad dit l’empaleur, a été à l’origine du mythe de Dracula, le plus célèbre des vampires. Un premier film avait été tourné sur Vlad, comme adversaire des Turcs, en Roumanie, sous Ceaucescu. Il s’agissait d’un film purement historique et patriotique. Ici le fantastique se mêle à l’histoire pour expliquer la liaison entre le personnage réel de Vlad et Dracula, le vampire mythique. Les scènes de combat sont bien filmées et l’interprétation de Luke Evans en souverain torturé emporte l’adhésion.C.E.Y.
DRAGONBALL ÉVOLUTION (Dragonball Evolution ; USA, 2008.) R. : James Wong ; Sc. : Ben Ramsey d’après les mangas d’Akira Toriyama ; Ph. : Robert McLachlan ; M. : Brian Tyler ; Pr. : Star Overseas ; Int. : Justin Chatwin (Sangoku), Emmy Rossum (Bulma), Jamie Chung (Chi-Chi), Chow Yun-Fat (le maître Roshi). Couleurs, 89 min. Un démon qui domina la planète jadis, est à la recherche des six boules de cristal. Sangoku s’oppose à lui. Un film destiné aux amateurs de mangas. J.T.
DRAGONS (How to Train Your Dragon ; USA, 2010.) R. : Chris Sanders et Dean DeBlois ; Sc. : William Davies, Chris Sanders et Dean DeBlois d’après Cressida Cowell ; Animation : Mad Hatter ; M. : John Powell ; Pr. : Dream-
Works ; Voix : Jan Baruchel/Donald Reignoux (Harold), Gerard Butler/Emmanuel Jacomy (Stoïk), America Ferrera/Florine Orphelin (Astrid). Couleurs, 93 min. Les Vikings combattent les dragons. Harold lui va en capturer et en dresser un qu’il appellera Krokmou. Charmant film d’animation louchant vers l’heroic fantasy. Il y aura une suite, Dragons 2, en 2014 avec le seul Dean DeBlois. J.T.
DREAMERS (THE)*** (USA, 1980.) R. : Orson Welles ; Sc. : Orson Welles d’après Karen Blixen ; Ph. : Gary Graver ; Pr. : Orson Welles ; Int. : Orson Welles (Marcus), Oja Kodar (la Pellegrina). NB et couleurs, 25 min. Le vieux Marcus évoque la Pellegrina, cantatrice célèbre, qu’il découvrit mais qui perdit la voix lors d’un incendie du théâtre. Elle mourut. Mais est-elle morte ? Ne connaît-elle pas plusieurs vies ? C’est l’une des œuvres inachevées de Welles. Les rushes laissés par lui ont été montés en fonction du travail du réalisateur par Stefan Drössler pour le Film Museum de Munich. Éblouissant, malgré des manques, dans la lignée d’Une histoire immortelle. Présenté à la Cinémathèque française en juillet 2015 dans la rétrospective Orson Welles. Il pourrait sortir en DVD.J.T.
DRIVE*** (USA, 2011.) R. : Nicolas Winding Refn ; Sc. : Hossein Amini ; Ph. : Newton Thomas Sigel ; M. : Cliff Martinez ; Pr. : FilmDistrict, Marc Platt, Motel Movies ; Int. : Ryan Gosling (Le pilote), Carey Mulligan (Irene), Oscar
Isaac (Standard), Bryan Cranston (Shannon), Ron Perlman (Nino). Couleurs, 100 min. Un as du volant qui accomplit des cascades pour Hollywood arrondit ses fins de mois en participant à des casses. Il tombe amoureux de sa voisine Irene, jeune mère célibataire dont l’époux, Standard, est en prison. À son retour, Standard est agressé par d’anciens complices qui le contraignent à participer à un nouveau braquage. Le pilote se joint à lui pour l’aider à rompre avec le banditisme. Mais Standard meurt pendant le casse, piégé par son employeur. Détenteur du magot, le pilote essaie de persuader le chef de la mafia, Nino, de ne pas s’en prendre à lui, ni à Irene et son fils. Il devra se résoudre à tuer ses propres employeurs pour éliminer toute menace. Après avoir noyé Nino dans l’océan Pacifique, il se rend à un rendez-vous avec Bernie Rose, son bras droit, pour lui rendre l’argent du casse. Bernie tente tout de même de l’assassiner avant de mourir à son tour, d’un coup de couteau. Blessé, mais encore en vie, sûr qu’Irène et son fils Benicio sont en sécurité, le cascadeur monte en voiture et quitte la ville. Après avoir éveillé la curiosité des cinéphiles avec ses précédents films (en particulier la trilogie danoise Pusher, ainsi que ses deux OVNIs Branson et Le Guerrier Silencieux), Nicolas Winding Refn obtient le Prix de la mise en scène à Cannes en 2011 pour l’adaptation du roman de James Sallis Drive. Dans le rôle du pilote sans nom, Ryan Gosling livre une performance d’under-acting rappelant les meilleures interprétations d’Humphrey Bogart. Véritable héros de cinéma au blouson improbable et au cure-dent éternellement au bord des lèvres, ce mur de brique au cœur tendre vit sa voiture comme une extension de luimême. Il travaille avec, se déplace avec, se cache avec, séduit avec, tue avec. Drive, dès son générique écrit au néon rose sur des plans aériens de nuit à Los Angeles, s’annonce comme un film d’atmosphère. Sa violence, bien qu’extrême, est elle aussi stylisée comme l’exige le cinéma de genre. Mais deux scènes élèvent le film au rang de chef-d’œuvre du thriller. D’abord, la séquence prégénérique, dans laquelle le cascadeur échappe à la police en exploitant l’espace et le temps plutôt qu’en versant dans le sensationnel, comme dans la plupart des films hollywoodiens. Ensuite, une scène d’ascenseur dans laquelle il sauve Irene d’un homme de main de la mafia. La lumière de Newton Thomas Siegel découpe
l’espace, pourtant étroit, et offre au couple de héros un instant d’intimité pour échanger le seul baiser du film, avant que la fureur ne se déchaine et qu’Irene découvre qu’elle est amoureuse d’un monstre. En contrepoint de ces effusions de violence, la bande son sobre du film, ponctuée par les morceaux « Nightcall » de Kavinski et « A Real Hero » de College, souligne la tendresse pure et sincère du héros pour sa voisine, permettant à Drive d’offrir au spectateur de beaux moments de douceur. Le trouble qui traverse ce film aux allures de polar des années 1980 résulte du mélange étonnant entre une bluette délibérément naïve et une agressivité digne des plus cruels films coréens. Derrière la caméra, à chaque scène, Nicolas Winding Refn s’approprie la virtuosité de Michael Mann, de William Friedkin et de Jean-Pierre Melville.G.J.
DRÔLES DE ZÈBRES !* (They’re a Weird Mob ; Austr., 1966.) R. et Pr. : Michael Powell ; Sc. : Richard Imrie, d’après un roman de John O’Grady ; Ph. : Arthur Grant ; M. : Laurence Leonard et Alan Boustead ; Int. : Walter Chiari (Nino Culotta), Clare Dunne (Kay Kelly), Chips Rafferty (Harry Kelly), Alida Chelli (Guilliana), Ed Devereaux (Joe), John Meillon (Dennis). Couleurs, 112 min. Invité par un cousin à travailler dans « La Seconde Madre », un journal d’expression italienne en Australie, Nino (Giovanni) Culotta débarque à Sydney pour découvrir que son parent, criblé de dettes, a fui au Canada. Il va devoir s’intégrer à la société sans connaître les mœurs et les coutumes du pays… « Je n’ai jamais été un bon réalisateur de la comédie humaine comme Leo McCarey, reconnaissait Michael Powell. Il y a peu de McCarey dans le film, mais il possède quelques qualités de cet ordre et je n’en suis pas mécontent. » Outre une scène savoureuse où Walter Chiari rencontre pour la première fois le père (Chips Rafferty) de celle qu’il désire épouser, la meilleure partie du film se situe au début, lorsque le nouveau venu parlant un anglais classique ne comprend pas les bizarreries et le slang des autochtones, provoquant
malentendus et confusions : une suite de séquences, hélas, seulement appréciées par les anglophones. Disponible en DVD sous deux éditions, la seconde sous le titre La Conquête du bout du monde.R.L.
DU PLOMB DANS LA TÊTE* (Bullet to the Head ; USA, 2012.) R. : Walter Hill ; Sc. : Alessandro Camon ; Ph. : Lloyd Ahern ; M. : Steve Mazzaro ; Pr. : Silver Reed, Millar Gough ; Int. : Sylverster Stallone (Jimmy Bobo), Sarah Shahi (Lisa), Sung Kang (Taylor Kwan), Jason Momoa (Keegan), Jon Seda (Louis Blanchard). Couleurs, 91 min. Assisté de son fidèle Louis, Jimmy Bobo exécute un contrat à la Nouvelle Orléans. Peu après Louis est abattu et Jimmy échappe de peu à une fusillade. L’homme abattu était un policier. Taylor Kwan enquête et propose à Bobo de faire équipe pour remonter à la source du contrat Bobo retrouve l’intermédiaire et, avant de l’abattre, lui fait avouer l’auteur du contrat, Marcus Baptiste ? Enlevé par les deux hommes, l’avocat leur livre une liste de personnalités corrompues dont Keegan, l’assassin de Louis, et Moret à la tête du réseau. Ce dernier est tué par Keegan qui refusait de lui obéir. Mais Bobo abat Keegan que Kwan achève. De la bonne série B mise en scène par le talentueux vétéran Walter Hill de retour sur le grand écran. C’est enlevé, décontracté et emmené sans temps mort par un Sylver Stallone remis à neuf par la chirurgie esthétique. J.T.
DU SANG ET DES LARMES*** (Lone Survivor ; USA, 2013.) R : Peter Berg ; Sc : Peter Berg ; Ph. : Tobias A. Schliessler ; Cost. : Casey Storm ; Déc. : Austin Gorg ; M. : Steve
Jablonsky ; Pr. : Sarah Aubrey Randall Emmett ; Int : Mark Wahlberg (Marcus Luttrell, le quartier-maître), Taylor Kitsch (Lieutenant Michaèl P. Murphy), Emile Hirst (Danny Dietz), Ben Foster (Mattew Axelson), Eric Bana (le Capitaine de corvette Erik S. Kristensen), Alexander Ludwig (le quartier-maître Shane Patton), Ali Sulaiman (Gulab). Couleurs, 122 min. Ce récit très prenant s’inspire de faits réels relatant l’expédition d’un commando de quatre soldats américains en Afghanistan. Fin Juin 2005, ils avaient pour mission de venger l’assassinat de soldats américains par le responsable d’un groupe de talibans. Film de guerre impressionnant de réalisme, d’angoisse, qui ne vous lâche plus durant deux heures. Incontestablement, une œuvre qui fait date et qui s’installe parmi les meilleurs films de guerre contemporains.C.V.
DU SOLEIL DANS LES YEUX* (Il sole negli occhi ; Ital., 1953.) R. : Antonio Petrangeli ; Sc. : A. Petrangeli, Ugo Pirro, Suso Cecchi d’Amico, Lucio Battistrada ; Ph. : Domenico Scala ; M. : Franco Mannino ; Pr. : Titanus ; Int. : Irène Galter (Celestina), Gabriele Ferzetti (Fernandino), Paolo Stoppa (Egisto), Lea di Leo (Gina). NB, 98 min. Celestina, une jeune paysanne, arrive à Rome pour travailler. Elle est engagée comme domestique par divers employeurs qui abusent de son innocence. Elle s’éprend de Fernandino, un jeune plombier beau parleur…. Le choix du prénom de Celestina, en femme de chambre, fait évidemment penser à Octave Mirbeau – en beaucoup moins noir ! Antonio Petrangeli réalise en effet une comédie fraîche et souriante dans la lignée du cinéma néoréaliste d’Alessandro Blasetti (avec lequel il a précédemment collaboré). Cet aimable mélodrame est aussi un beau portrait de femme. Il n’est sorti en France qu’en 2016.C.B.M.
DU SOLEIL POUR LES GUEUX** (Fr., 2000.) R. et Sc. : Alain Guiraudie ; Ph. : Antoine Herbelé ; M. : Victor Betti ; Pr. : K Production ; Int. : Isabelle Girardet (Natalie), Michel Turquin (Djema Gaouda Lon), Alain Guiraudie (Carol Izba), Jean-Paul Jordaa (Pool Oxanosas Dai). Couleurs, 55 min. Nathalie, une coiffeuse au chômage, arrive, par un beau matin d’été, sur un grand causse en quête de bergers d’ounayes. Elle rencontre l’un d’eux ; il a perdu ses bêtes. Ensemble, ils partent à leur recherche. Ils croisent un meurtrier en cavale et un « guerrier de poursuite ». Les ounayes sont des animaux mythiques qui, bien sûr, n’existent pas. Filmé dans les beaux paysages des causses du Sud, c’est, selon Serge Kaganski « un western contemporain à deux balles, une saga d’aventures revue par le Crédit Agricole ». Un film léger et lumineux qui prend le temps de vivre au fil du temps qui passe, avec des personnages improbables et attachants. Un petit film (peut-être) pour rien – juste pour le plaisir. Et c’est tant mieux !C.B.M.
DU VENT DANS MES MOLLETS* (Fr., 2011.) R : Carine Tardieu ; Sc : C. Tardieu, Raphaële Moussafir ; Ph : Antoine Moned ; M : Eric Slabiak ; Pr : Fabrice Goldstein, Antoine Rein ; Int : Agnès Jaoui (Colette), Denis Podalydès (Michel), Isabelle Carré (Catherine), Juliette Gombert (Rachel), Anna Lemarchand (Valérie), Isabella Rossellini (Mme Trebla), Judith Magre (la grand-mère) Elsa Lepoivre (Mme Danielle). Couleurs, 89 min. Rachel, 9 ans, vit au sein d’une famille juive marquée par la shoah. Elle a pour copine Valérie, une gamine délurée. Colette et Michel, les parents de Rachel, font la connaissance de Catherine, mère divorcée de Valérie. Michel n’est pas indifférent au charme un peu bohème de celle-ci. Une comédie familiale aux rebondissements souvent attendus qui, cependant, ne manque pas d’originalité. Dans un style alerte, et même un peu
foutraque, elle aborde le thème a priori douloureux de l’enfance confrontée à la mort tout en restant joyeuse. Si les gamines sont agaçantes – comme souvent les fillettes de cet âge – les parents sont interprétés avec beaucoup de vérité, en particulier par Agnès Jaoui.C.B.M.
DUCHESSE DE VARSOVIE (LA) (Fr., 2014.) R. et Sc. Joseph Morder ; Ph. : Benjamin Chartier ; Peintre : Juliette Schwartz ; M. : Jacques Davidovici ; Pr. : Céline Maugis ; Int. : Alexandra Stewart (Nina), Andy Gillet (Valentin). Couleurs, 86 min. Valentin, un jeune peintre, accueille à Paris sa grand-mère Nina, une émigrée juive polonaise. Il lui confie sa solitude et souhaite mieux connaître ce passé que Nina a toujours occulté. Deux films en un qui ont quelque mal à coexister. D’abord le parti-pris d’une réalisation toute en décors de toiles peintes et de personnages secondaires en carton-pâte qui fantasment un Paris proche des comédies musicales de Vincente Minnelli (Un Américain à Paris, Gigi) ; c’est beau, mais tellement artificiel que ça en paraît vain. Et puis il y a le très long monologue, en gros plan sur fond noir, dit par Alexandra Stewart, sans maquillage, digne et magnifique, pour évoquer la Shoah et l’horreur des camps. C’est alors poignant.C.B.M.
DUKE OF BURGUNDY (THE) (The Duke of Burgundy ; GB, 2014.) R. et Sc. : Peter Strickland ; Ph. : Nic Knowland ; M. : Cat’s Eyes ; Pr. : Rook Films et Pioneer Pictures ; Int. : Sidse Babett Knudsen (Cynthia), Chiara D’Anna (Evelyn), Kate Bartsch (Docteur Lurida), Monica Swinn (Lorna). Couleurs, 106 min. Jeux sado-masochistes dominante-dominée entre deux femmes. Pour amateurs ou curieux.J.T.
DUMB ET DUMBER DE* (Dumb and Dumber De ; USA, 2014.) R. et Sc. : Bobby et Peter Farrelly ; Ph. : Matthew F. Leonetti ; M. : Empire of the Sun ; Pr. : Red Granite et Universal Pictures ; Int. : Jim Carrey (Lloyd Christmas), Jeff Daniels (Harry Dune), Rob Riggle (Travis), Laurie Holden (Adele), Kathleen Turner (Fraida). Couleurs, 108 min. Harry retrouve Lloyd qui lui avoue que depuis vingt ans, il s’est fait passer pour paralytique dans un hôpital psychiatrique. Harry a besoin d’une greffe du rein et les voilà lancés à la recherche d’un donneur. Ils pensent le trouver avec une fille que le bon Harry aurait d’une certaine Fraida. Mais Fraida l’a fait adopter par un docteur que sa femme empoisonne à petit feu. Finalement il s’avère que la greffe de rein d’Harry n’était qu’une blague comme la paralysie de Lloyd. Les frères Farrelly retrouvent le duo de leur premier Dum and Dumber De de 1994. Mais l’aimable loufoquerie de l’original paraît aujourd’hui un peu dépassée et les pitreries de Jim Carrey et Jeff Daniels n’amusent plus guère. Nous sommes loin de la folie initiale, de là l’échec relatif de ce second opus.J.T.
DUE FOSCARI (I)* (Ital., 1942.) R. : Enrico Fulchignoni ; Sc. : Michel Angelo Antonioni ; Int. : Carlo Ninchi (Foscari, doge de Venise), Rossano Brazzi (le fils du Doge), Nemo Benassi. NB, 85 min. Le fils du Doge de Venise est accusé de meurtre et de trahison. Mais est-il coupable ? Film historique de l’époque fasciste, resté inédit en France et découvert lors de la rétrospective Antonioni à la Cinémathèque française. Dans la lignée de Blasetti et de Gallone. J.T.
DUEL DES HÉROS (LE)** (Draw ! ; USA, 1983.) R. : Steven Hilliard Stern ; Ph. : Laszlo George ; M. : Ken Wannberg ; Pr. : Astral Film ; Int. : Kirk Douglas (Harry Holland), James Coburn (Sam Starrett), Alexandra Bastedo (Bessy). Couleurs, 98 min. Joueur et tueur, Harry Holland tue en état de légitime défense le shérif d’une petite ville. Il est assiégé dans un hôtel avec une actrice prise en otage. La ville charge l’ex-shérif Sam Starrett, devenu alcoolique, de l’obliger à se rendre. Les deux hommes se connaissent bien et décident de s’affronter, en pleine rue, dans un duel à mort. À mort ? Téléfilm, sorti en salles, mais pas en France. Révélé par Patrick Brion en DVD. Deux acteurs vieillissants et géniaux interprètent deux légendes de l’Ouest sur le déclin mais à la gachette encore efficace. Un régal. C’est Burt Lancaster qui devait tenir le rôle de Coburn, mais très malade, il dut renoncer. On eût reformé le couple d’OK Corral. Coburn n’en est pas moins excellent en exshérif ivrogne.J.T.
DUO D’ESCROCS* (The Love Punch ; GB, 2014.) R. et Sc. : Joel Hopkins ; Ph. : Jérôme Alméras ; M. : Jean-Michel Bernard Son ; Pr. : Radar Film ; Int. : Emma Thompson (Kate), Pierce Brosnan (Richard), Célia Imrie (Penelope), Timothy Spall (Jerry), Louise Bourgoin (Manon Fontaine). Couleurs, 94 min. Un couple séparé se reforme pour dérober à la fiancée de l’homme qui a ruiné le mari un diamant prestigieux. Il suffit de se mêler aux invités du mariage… Charmante comédie pleine de péripéties. Ne pas en demander plus.J.T.
DUPLICITY (Duplicity ; USA, 2009.) R. et Sc. : Tony Gilroy ; Ph. : Robert Elswit ; M. : James Newton Howard ; Pr. : Universal ; Int. : Clive Owen (Ray Koval), Julia Roberts (Claire Stenwick), Tom Wilkinson (Howard Tully), Paul Glamatti (Richard Gersick). Couleurs, 122 min. Deux agents secrets s’affrontent à Dubai avant de devenir amants pour une nuit. Ils se retrouvent comme adversaires dans l’espionnage industriel. Ils finissent par s’entendre pour dérober une formule qui guérit de la calvitie. Bien mal acquis ne profite jamais. Cela aurait pu être une exquise comédie ou un solide film d’espionnage. Tous les critiques considèrent qu’il s’agit d’un film raté faute d’avoir choisi entre différents genres. J.T.
E
EAGLE (THE) AND THE HAWK** (USA, 1933.) R. : Stuart Walker ; Sc. : John Monk Saunders, Ph. : Harry Fischbeck ; Int. : Fredric March (Jerry Young), Cary Grant (Henry Crocker), Jack Oakie (Mike Richards), Carole Lombard. NB, 74 min. En France, en 1918, la rivalité entre deux pilotes de guerre américains. Bon film de guerre avec des images exceptionnelles dues à Farciot Edouart et une brillante distribution. Pourtant il est resté inédit en France, sauf à la télévision. Ne pas confondre avec The Eagle and the Hawk de Foster.J.T.
EAGLE’S WING* (Eagle’s Wing ; GB., 1979.) R. : Anthony Harvey ; Sc. : Michael Syson, John Briley ; Ph. : Billy Williams ; M. : Marc Wilkinson ; Pr. : Ben Arbeid ; Int. : Martin Sheen (Pike), Sam Waterston (White Bull), Harvey Keitel (Henry), Stéphane Audran (la veuve), Caroline Langshire (Judith). Couleurs, 111 min. Les trappeurs Pike et Henry tombent dans une embuscade tendue par les Kiowas. Au cours de l’attaque, Henry est tué et son compagnon se retrouve seul dans le désert aride, sans même son cheval qui lui a été dérobé. Désireux de se
venger, Pike parvient à s’emparer du magnifique étalon du chef White Bull, qu’il considère comme responsable de la mort de son ami. Une course-poursuite s’engage entre les deux hommes pour la possession du cheval… Western étrange qui sort des sentiers battus mais dont on ne sait pas très bien où il veut en venir, dont l’essentiel tient à une course obsessionnelle à la « Moby Dick », avec pour objectif non pas la destruction d’une baleine blanche mais la possession d’un étalon de la même couleur. Il ne s’en dégage malheureusement pas la dimension mythique qui transcendait l’œuvre de Melville. Néanmoins il y a un Martin Sheen habité en trappeur tenace et teigneux, un Sam Waterston méconnaissable en chef kiowa, de superbes images et des scènes insolites (dont l’attaque d’un corbillard !)…G.B.
EASTERN BOYS** Fr., 2013.) R. et Sc. : Robin Campillo ; Ph. : Jeanne Lapoirie ; M. : Arnaud Rebotini ; Pr. : Hugues Charbonneau, Marie-Ange Luciani ; Int. : Olivier Rabourdin (Daniel), Kirill Emelyanov (Marek), Danil Vorobjev (Boss). Couleurs, 128 min. Lors d’une drague homosexuelle à la gare du Nord, Daniel, la trentaine, remarque un jeune adolescent, Marek, qu’il invite à le rejoindre chez lui le lendemain. Mais c’est une bande de loubards, conduite par Boss, qui se présente et dévaste son appartement. Marek se présente à nouveau. Ils deviennent amants. Leurs relations vont peu à peu évoluer… Rien de particulièrement choquant dans ce film, même si les scènes sexuelles sont montrées avec crudité. Divisé en quatre parties, c’est presque un huis clos aux nombreux gros plans cadrant les personnages (surtout leurs yeux) aux dialogues succincts. Ce qui demeure passionnant, c’est l’évolution – sans doute idéalisée – qui s’établit entre cet homme et cet ado. Olivier Rabourdin a une immense présence. P.S. : Mais pourquoi ce titre anglais ?C.B.M.
EASY MONEY** (Snabba Cash ; Suède, 2009.) R. : Daniel Espinosa ; Sc. : Daniel Espinosa et Maria Karlsson d’après Stockholm noir : l’argent facile de Jens Lapidus : Ph. : Aril Wretblad ; M. : Jon Ekstrand ; Pr. : Tre Vänner ; Int. : Joel Kinnaman (Johan Westlund), Matias Padin Varela (Jorge), Dragomir Mrsic (Mrado), Lisa Hennie (Sophie). Couleurs, 124 min. Johan « JW » Westlund, venu d’un milieu modeste, mène grand train malgré de médiocres ressources. Son patron lui propose d’aider un certain Jorge, évadé de prison, puis de l’héberger contre une coquette somme. Westlund est pris dans un engrenage : il doit blanchir l’argent d’un trafic de cocaïne, préparer l’importation de drogue en Suède, assurer le rachat d’une banque comme couverture, bref ce qu’on appelle l’argent facile. Un film suédois particulièrement noir : l’ascension d’un jeune loup qui évolue au milieu de la mafia serbe et des requins de la finance. Espinosa adapte assez fidèlement un roman à succès de Jens Lapidus. Ce film a ouvert à son metteur en scène les portes d’Hollywood qui n’a pas été insensible non plus au charme vénéneux de Joel Kinnaman. J.T.
ÉCHAPPÉE BELLE (L’)* (Fr., 2015.) R. et Sc. : Emilie Cherpitel ; Ph. : Laurent Machuel ; M. : Jonathan Morali ; Pr. : Eliane Antoinette ; Int. : Clotilde Hesme (Eva), Florian Lemaire (Léon), Yannick Choirat (Simon), Clotilde Courau (Lucie), Peter Coyote (le père d’Eva). Couleurs, 72 min. Léon, un gamin fugueur, débarque dans la vie d’Eva, une jeune femme oisive. Elle tarde à le ramener dans son orphelinat, préférant partir avec lui en Italie en quête d’une mère hypothétique (né sous X, il fut abandonné à sa naissance).
Le gamin est attachant, Clotilde Hesme est superbe, il fait toujours beau, il n’y a aucun problème de fric… Ce joli conte bleu, en tous points prévisible, bourré de clichés (le voyage en Italie !!) n’est qu’un film un peu mièvre et souvent nunuche – mais sympa.C.B.M.
ÉCONOMIE DU COUPLE (L’)*** (Fr., Belg., 2016.) R. : Joachim Lafosse ; Sc. : J. Lafosse, Fanny Burdino, Mazarine Pingeot, Thomas van Zuylen ; Ph. : Jean-François Hensgens ; M. : J.-S. Bach ; Pr. : Jacques-Henri et Olivier Brockart ; Int. : Bérénice Bejo (Marie), Cédric Kahn (Boris), Marthe Keller (Christine), Jade et Margaux Soentjens (les fillettes). Couleurs, 100 min. Marie, issue d’une famille aisée, et Boris, d’un milieu plus modeste, se sont aimés. Ils se sont mariés, ont eu des jumelles, ont vécu ensemble pendant 15 ans. Maintenant, ils décident de se quitter. Mais comment évaluer la maison (Marie en est propriétaire grâce à un apport familial, Boris a effectué des travaux lui donnant une plus-value) ? Comment se partager la garde des enfants ? À quoi se résume une vie où ce n’est plus qu’une question d’argent, loin de tout sentiment ? L’usure du temps mène au désamour, à la perte du désir – et, quand il n’y a plus de désir, comme le dit la mère de Marie (excellente Marthe Keller), on jette. Le film est un huis clos dans une belle maison fleurie qui contraste avec l’atmosphère lourde, pesante, qui y règne, avec ses violentes disputes, suivies de moments d’apaisement. La référence à Maurice Pialat est évidente avec ce film qui renvoie, hélas, pour beaucoup à un vécu bien réel. Bérénice Bejo et Cédric Kahn sont tous deux parfaits, elle plus réfléchie et introvertie, lui plus infantile et extraverti.C.B.M.
ÉCUME DES JOURS (L’)
(Fr., 2013.) R. : Michel Gondry ; Sc. : Michel Gondry et Luc Bossi d’après l’œuvre de Boris Vian ; Ph. : Christophe Beaucarne ; M. : Etienne Chary ; Pr. : Brio Films et Studio Canal ; Int. : Romain Duris (Colin) Audrey Tautou (Chloé), Gad Elmaleh (Chick), Omar Sy (Nicolas), Philippe Torreton (le directeur), Alain Chabat (Jules Gouffé), Natacha Régnier (la marchande de remèdes). Couleurs, 125 min. Colin, riche et oisif, s’ennuie avec sa souris, son cuisinier et son ami Chick admirateur du philosophe Jean-Sol Partre. Il veut tomber amoureux. Ce sera Chloé. Ils se marient. Mais Chloé aspire un flocon de neige et tombe malade. Dans le poumon de Chloé pousse un nénuphar puis l’autre est atteint. Elle meurt. Au chômage, ruiné Colin n’a pas de quoi payer son enterrement. Le cercueil est jeté par la fenêtre de l’appartement. Le chef-d’œuvre de Boris Vian est-il transposable à l’écran ? En 1968 Charles Belmont avait échoué à en rendre la couleur poétique. Après une première partie assez enlevée, Gondry échoue à son tour à rendre l’atmosphère de ce qui est avant tout un roman d’amour. L’auteur de La science des rêves le noie sous les effets et les trouvailles visuels. Un film charmant mais loin de l’original.J.T.
EDGE OF TOMORROW** (Edge of Tomorrow ; USA, 2014.) R. : Doug Liman ; Sc. : Christopher McQuarrie, Jez Butterworth et John-Henry Butterworth d’après le roman All You Need Is Kill de Hiroshi Sakurazaka ; Ph. : Dion Beebe ; Mont. : James Herbert ; M. : Christophe Beck ; Pr. : Jason Hoffs, Tom Lassally, Jeffrey Silver et Erwin Stoff ; Int. : Tom Cruise (Major William Cage), Emily Blunt (Rita Vrataski) Brendan Gleeson (Général Brigham), Bill Paxton (sergent maître Farell Bartolome). Couleurs, 113 min. Alors que le monde est envahi par une race d’extraterrestres invincibles, le major William Cage est envoyé au front lors d’une mission suicide. Tué durant
l’assaut, le soldat, qui se retrouve pris dans une boucle temporelle, va se réveiller et revivre sans cesse la même journée. Depuis la Mémoire dans la peau, Doug Liman est logiquement considéré comme un expert du cinéma d’action. Un statut que vient encore confirmer Edge Of Tomorrow, sa nouvelle incursion dans la science fiction, après le divertissant Jumper. Avec ce film, Liman démontre une fois encore son sens de la mise en scène et signe un métrage fantastique enthousiasmant. Le scénario, qui reprend le concept d’Un jour sans fin mais en le transposant dans un monde en guerre et envahi par des aliens, nous entraîne dans les pas de Bill Cage, un soldat qui revit sans cesse la même journée de combat. Une histoire qui, en quelque sorte, exploite le thème de l’Eternel retour, cher à Nietzsche, en l’appliquant au blockbuster. Jouant avec brio sur l’effet de répétition et agrémentant son récit d’un humour savamment dosé, Liman multiplie les moments de bravoures (cf. : les débarquements successifs sur la plage) et ne laisse aucun répit au spectateur. Durant près de deux heures, le public est effectivement tenu en haleine et suspendu au destin de Cage, un héros auquel Tom Cruise prête ses traits avec beaucoup d’autodérision, affirmant ainsi encore un peu plus son goût pour la comédie (déjà assumé dans des films comme Tonnerre sous les Tropiques et Rock Forever). Face à lui, Emily Blunt, parfaite dans son rôle de militaire intrépide, apporte un peu de sensualité dans ce monde de brutes et achève de faire d’Edge of Tomorrow un spectacle époustouflant dont les nombreuses qualités font oublier une fin aussi précipitée que prévisible.E.B.
EFFET AQUATIQUE (L’)** (Fr., 2015.) R. : Solveig Anspach ; Sc. : S. Anspach, Jean-Luc Gaget ; Ph. : Isabelle Razavet ; M. : Martin Wheeler ; Int. : Samir Guesmi (Samir), Florence Loiret-Caille (Agathe), Philippe Rebbot (Reboute). Couleurs, 83 min. À Montreuil, Samir, un grutier, tombe sous le charme d’Agathe. Elle est maître-nageuse à la piscine municipale. Pour mieux la draguer – et même s’il
sait parfaitement nager – il s’inscrit à des cours de natation. Une brève liaison s’engage. Lorsqu’elle découvre son mensonge, elle le quitte. Elle part en Islande pour un congrès des maîtres-nageurs. Il l’y suit, un quiproquo le faisant passer pour le représentant d’Israël. Une comédie sentimentale au happy-end bien prévisible. Oui, mais… il y a le ton original et farfelu de la réalisation… il y a l’interprétation énergique et décalée… il y a une vision chaleureuse et pleine d’humour incongru du peuple islandais… il y a nombre de scènes et de situations hilarantes… Solveig Anspach, que l’on a tant aimée dans le drame intimiste (cf. « Hauts les cœurs ») tire sa révérence avec ce dernier film sur un éclat de rire et de bonne humeur.C.B.M.
EFFETS SECONDAIRES** (Side Effects ; USA, 2013.) R. : Steven Soderbergh ; Sc. : Scott Z. Burns ; Ph. : Peter Andrews (Soderbergh) ; M. : Thomas Newman ; Pr. : Di Bonaventura Pictures et Endgame Entertainment ; Int. : Jude Law (Dr Banks), Catherine Zeta-Jones (Dr Siebert), Rooney Mara (Emily Taylor), Channing Tatum (Martin Taylor). Couleurs, 106 min. Déprimée, Emily Taylor se fait préscrire un anti-dépresseur qui lui provoque une crise de somnanbulisme au cours de laquelle elle poignarde son mari. Le médecin se voit accusé. Mais l’affaire est-elle aussi simple et quel rôle joue un autre médecin, une femme qui s’acharne contre son confrère ? Un bon polar : Emily a-t-elle inconsciemment tué son mari sous l’effet d’un médicament ? Le dénouement est habile. Que dire de l’interprétation : Jude Law et Catherine Zeta-Jones réunis !J.T.
EFFRACTION
(Trespass ; USA, 2011.) R. : Joel Schumacher ; Sc. : Karl Gadjusek ; Ph. : Andrzej Bartkowiak ; M. : David Buckley ; Pr. : Winkler Film, Millennium et Nu Images ; Int. : Nicolas Cage (Kyle Miller), Nicole Kidman (Sarah Miller), Ben Mendelsohn (Elias), Liana Liberato (Avery Miller), Cam Gigandet (Jonah), Dash Mihok (Ty). Couleurs, 91 min. Des cambrioleurs s’introduisent dans la grande maison où vit la famille Miller. Ils exigent du père qu’il ouvre le coffre. Il refuse puis finalement cède. Il n’y a rien dans le coffre. Kyle Miller se dit ruiné. En réalité son argent est dans une autre cachette que découvre l’un des cambrioleurs avant d’être abattu par Sarah Miller. Tout s’achève dans l’incendie de la maison. Sur un thème archi-usé, dans une mise en scène poussive, s’affrontent quelques acteurs sur le retour. Décevant.J.T.
EL CLAN** (El clan ; Arg., 2015.) R. : Pablo Trapero ; Sc. : Pablo Trapero, Julián Loyola, Esteban Student ; Ph. : Julián Apezteguia ; M. : Sebastián Escofet ; Pr. : Agustín Almodovar, Pedro Almodovar, Hugo Sigman ; Int. : Guillermo Francella (Arquimedes Puccio), Peter Lanzani (Alejandro Puccio), Lili Popovich (Epifanía Puccio), Stefanía Koessel (Mónica), Gastón Cocchiarale (Maguila Puccio). Couleurs, 110 min. De 1983 à 1985, à Buenos Aires, alors que s’installe la démocratie, la vie quotidienne d’une famille bien sous tous rapports, Puccio. Le père, honorable commerçant, vit sa petite vie en compagnie de sa femme, tout à la fois professeur et fée du logis, et de ses cinq enfants, bien élevés et promis à un avenir radieux. À l’image d’Alejandro, l’aîné, beau gosse et déjà star du rugby… Pourtant, à y regarder de plus près, les choses pourraient être moins lisses qu’il n’y paraît. Que signifient par exemple ces cris étouffés provenant d’une pièce de l’étage ? « Une famille formidable ! », serait-on tenté de s’écrier lors des toutes premières scènes. Mais l’écran de fumée de la respectabilité se dissipe
rapidement à mesure qu’on découvre les activités secrètes d’Arquimedes, le chef de famille, qui sont loin d’être « formidables », sauf à considérer comme tels le kidnapping, la torture et l’exécution de riches otages après récupération de la rançon. Et que dire du fait qu’il soit épaulé (plus ou moins volontairement selon les cas) par sa femme et ses enfants ! Cynique, manipulateur et sadique, Arquimedes Puccio a réellement existé et commis des horreurs sans nom dans lesquelles il a entraîné les siens. Ce monstre est interprété avec une vérité glaçante (on se remet difficilement de la froideur de son regard) par l’extraordinaire Guillermo Francella, plus habitué pourtant au registre de la comédie. Il est l’un des atouts majeurs de ce film coup de poing de Pablo Trapero qui, tout en évitant le sensationnalisme racoleur, nous trouble au plus haut point. Un petit défaut tout de même, l’utilisation de succès de la pop anglaise qui ne fonctionne pas et rend moins immédiate l’adhésion du spectateur à des scènes pourtant mémorables.G.B.
EL CLUB*** (El Club ; Chili, 2015.) R. : Pablo Larrain ; Sc. : Guillermo Calderon, Daniel Villalogos, Pablo Larrain ; Ph. : Sergio Armstrong ; M. : Arno Part, Bach ; Pr. : Juan de Dios Larrain ; Int. : Alfredo Castro (Père Vidal), Roberto Farias (Soudokan), Antonia Zeger (Sœur Monique), Jaime Vadell (Père Silva). Couleurs, 98 min. Dans une petite ville côtière du Chili, un foyer abrite quatre hommes et une femme passionnés de courses de lévriers. Un nouveau pensionnaire arrive, le Père Lascano, accusé de pédophilie par Sandokan, un pauvre bougre hirsute. Il se suicide. Le Père Vidal, délégué par l’Église, vient enquêter sur ce club où sont marginalisés des religieux en raison de leurs exactions et de leurs abus sexuels. « Dieu vit que la lumière était bonne et Il sépara la lumière des ténébres » : citation extraite de la Genèse et mise en exergue. Dans ce film nous sommes au milieu d’un monde de ténébres, d’une extrême noirceur. Ces prêtres, cette religieuse que l’on voit, sont quasiment des monstres, en toute bonne conscience,
dans ce club de villégiature, au bord de l’océan. Le réalisateur, implacable, les filme soit en gros plans, soit en face à face. Il utilise la lumière naturelle, ce qui donne des images ternes de fin du monde. Et l’Église est là pour étouffer le scandale, pendant que Sandokan, abusé dans son enfance, hurle sa douleur et sa blessure.C.B.M.
EL GRECO*** (El Greco ; Grèce, 2007.) R. et Sc. : Yannis Smaragdis ; Ph. : Aris Stavrou ; M. : Vangelis ; Pr. : Alexandros Films ; Int. : Nick Ashdon (Le Greco), Laia Marull (Jerônima de las Cuevas), Juan Diego Botto (Nino de Guevara), Sotiris Moustaka (Le Titien), Miquel Gelabert (le cardinal). Couleurs, 117 min. En 1580, Le Greco, avant de comparaître devant le tribunal de l’Inquisition rédige ses mémoires. C’est en 1566, dans la Crète sous domination vénitienne que se joue son destin. Peintre, l’une de ses œuvres est remarquée par la sœur du gouverneur de l’île. Il décide de la suivre lorsqu’elle rentre à Venise. Il s’y lie avec un jeune prêtre ambitieux, Nino de Guevara et travaille pour Le Titien. Alors que la sœur du gouverneur entre au couvent, plus rien ne le rattachant à Venise, il part pour Madrid. Il s’y fait connaître sous le nom du Greco, oubliant le vrai Domenicos Theotokopoulos. Guevara devient Grand Inquisiteur à Madrid : Le Greco s’oppose à lui lorsqu’il étouffe la liberté de création. Traduit devant le tribunal de l’Inquisition il est acquitté. Superbe et opulante mise en scène, avec de grands morceaux de bravoure comme la reconstitution de l’atelier du Titien ou le tribunal de l’Inquisition. Le Greco est présenté comme un artiste en avance sur son temps et qui n’hésite pas à s’exposer aux persécutions. Pour lui c’est l’art qui passe avant tout. Le metteur en scène, auteur déjà d’une biographie filmée du poète Cavafy, évite erreurs et anachronismes, renvoyant souvent aux œuvres les plus célèbres du peintre.J.T.
ELEFANTE BLANCO** (Elefante blanco ; Arg., 2012.) R : Pablo Trapero ; Sc : P. Trapero, Santiago Mitre, Martin Mauregui, Alejandro Fadel ; Ph : Guillermo Nieto ; M : Michael Nyman ; Pr : Morena films, Matanza Ciné, Patagonik ; Int : Ricardo Darin (Julian), Jérémie Renier (Nicolas), Martina Guzman (Luciana). Couleurs, 105 min. Le père Julian, responsable de la paroisse d’un bidonville à Elefante Blanco, quartier périphérique de Buenos Aires, se sait atteint d’un cancer. Pour le seconder dans son action en faveur des plus déshérités, il fait appel à un jeune prêtre belge, le père Nicolas. Ce dernier est attiré par Luciana, l’assistante sociale en charge de construction de nouveaux logements. Le bidonville est sous la coupe de deux familles mafieuses rivales… Pablo Trapero voulait réaliser un documentaire pour dénoncer la misère et les magouilles qui gangrènent les banlieues argentines. Il a préféré opter pour une fiction (quasi documentaire) particulièrement efficace grâce à l’énergie qu’il déploie dans sa mise en scène. Et il pose des questions à ce jour non résolues quant au rôle de l’Église en Amérique latine, quant au mariage des prêtres.C.B.M.
ELENA*** (Elena ; Russie, 2011.) R. : Andrei Zviaguintsev ; Sc. : Oleg Neguine, Andrei Zviaguintsev ; Ph. : Mikhaïl Kritchman ; M. : Philip Glass ; Pr. : Non Stop Production ; Int. : Nadejda Markina (Elena), Andrei Smirnov (Vladimir), Elena Liadova (Katia), Alexei Rozine (Sergueï). Couleurs, 109 min. Elena, une ancienne infirmière, a épousé en secondes noces Vladimir, plus âgé qu’elle et très riche. Elle a un fils au chômage et bon à rien, Sergueï. Ce dernier voudrait de l’argent pour que son fils Sacha puisse aller à la fac afin d’éviter l’armée et d’être envoyé en Ossétie. Elena demande à son mari qui refuse. Même si sa fille Katia est très distante et ne le voit guère, il prend son
parti. Vladimir fait un infarctus et veut rédiger son testament léguant sa fortune à sa fille. Elena force la dose de viagra… Peu de dialogues, pas d’explications superflues, une belle musique et une réalisation sereine. Tout serait donc pour le mieux si maints détails ne venaient le contredire (ce cheval mort, cette télévision omniprésente, ces tuyères d’une centrale nucléaire se découpant à l’horizon…) Le réalisateur prend soin de ne jamais caricaturer ses personnages ; cependant la rupture sociale y est flagrante. Un film magnifique malgré la noirceur du propos.C.B.M.
ÉLÈVE DE BEETHOVEN (L’)** (Copying Beethoven ; USA, All., Hongrie, 2006.) R. : Agnieszka Holland ; Sc. : Stephen J. Rivele, Christopher Wilkinson ; Ph. : Ashley Rowe ; M. : Ludwig van Beethoven ; Pr. : Stephen J. Rivele, Christopher Wilkinson, Sidney Kimmel ; Int. : Ed Harris (Ludwig van Beethoven), Diane Kruger (Anna Holtz), Joe Anderson (Karl van Beethoven), Gábor Bohus (Schuppanzigh), Bill Stewart (Rudy), Nicholas Jones (l’archiduc Rodolphe). Couleurs, 104 min. Nous sommes en 1824 à Vienne. Le grand Beethoven a besoin d’un copiste pour fournir à temps les partitions à l’orchestre qui doit interpréter sa « Neuvième symphonie ». C’est en fait une jeune femme de 23 ans, Anna Holtz, qui lui est dépêchée pour effectuer le travail, ce qui l’indispose d’abord au plus haut point. Mais la jeune femme, brillante et déterminée, s’avère bientôt indispensable au vieux compositeur sourd et atrabilaire… Certains ont critiqué ce film pour les libertés qu’il prendrait avec la véritable histoire de Beethoven à la fin de sa vie. Ils n’ont pas compris qu’il s’agissait d’une fable dont le thème est en réalité : « Et si Beethoven avait eu pour copiste une femme rêvant de devenir compositrice ? » C’est en prenant sous cet angle l’œuvre d’Agnieszka Holland (dont le talent de conteuse gagnerait à être reconnu) qu’elle prend tout son sens. Ce n’est qu’à partir de ce postulat qu’on peut apprécier à sa juste valeur cette exploration des rapports houleux entre un
grand maître et une créatrice dont, pas plus que la sœur de Shakespeare ou de Mozart la société ne veut. C’est également de cette façon qu’on tirera profit du questionnement que propose le film sur le mystère de la composition, de la direction d’orchestre, de l’inspiration, du rapport avec Dieu et avec la nature. De plus on ne peut être qu’emporté par l’exécution génialement tournée, montée et mixée de la « Neuvième symphonie », qu’ébloui par la luminosité de Diane Kruger et que sidéré par la performance d’Ed Harris, cet Américain bon teint qui fait plus vrai en Beethoven que Ludwig en personne.G.B.
ÉLÈVE DUCOBU (L’) (Fr., 2011.) R. : Philippe de Chauveron ; Sc. : Marc et Philippe de Chauveron d’après les bandes dessinées de Godi et Zidrou ; Ph. : Christophe Paturange ; Chorégraphie : Céline Dupuy ; Pr. : UGC ; Int. : Vincent Claude (Ducobu), Elie Semoun (Latouche), Joséphine de Meaux (Mademoiselle Rateau), Juliette Chappey (Léonie Gratin), Hélèna Noguerra (léonie Gratin). Couleurs, 96 min. Cancre parfait, Ducobu, se retrouve dans la classe de M. Latouche, un maître exigeant, à côté de Léonie Gratin, une forte en thème. Il n’a qu’à copier sur elle pour avoir de bonnes notes… Dans la veine de Profs : gros succès pour ces comédies qui mettent en scène des potaches irrespectueux et des profs amoureux. Succès d’audience garanti pour les chaînes de télévision.J.T.
ELITE DE BROOKLYN (L’)* (Brooklyn’s Finest ; USA, 2009.) R. : Antoine Fuqua ; Sc. : Michael C. Martin ; Ph. : Patrick Murguia ; M. : Marcelo Zarvos ; Pr. : Thunder Road et Nu Images ; Int. : Richard Gere (Eddie), Don Cheadle (Tango),
Ethan Hawke (Sal), Vincent d’Onofrio (Carol), Wesley Snipes (Caz). Couleurs, 127 min. La vie d’un commissariat de Brooklyn. Eddie compte les jours qui le séparent de la retraite, Sal voudrait déménager pour offrir à sa femme des conditions de vie décente, Tango, policier noir infiltré chez les dealers, veut être loyal avec un gangster, ami de longue date, Caz… Antoine Fuqua est un très bon spécialiste du film d’action. Il déçoit rarement. Ici trois histoires dont deux finiront mal, sont imbriquées de façon habile pour ménager jusqu’au bout le suspense. Certes ce n’est pas du Ellroy mais la vraisemblance est sauvegardée. Bonne interprétation et mise en scène vigoureuse : que demander de plus à ce polar aux aspects documentaires.J.T.
ELLE (Fr., All., 2016.) R. : Paul Verhoeven ; Sc. : David Birke, d’apès Philippe Djian ; Ph. : Stéphane Fontaine ; M. : Anne Dudley ; Pr. : Saïd ben Saïd, Michel Merkt ; Int. : Isabelle Huppert (Michèle), Laurent Lafitte (Patrick), Virginie Efira (Rebecca), Anne Consigny (Anna), Charles Berling (Richard), Alice Isaaz (Josie), Judith Magre (Irène). Couleurs, 130 min. Michèle Leblanc dirige avec autorité une maison d’édition de jeux vidéo. Traumatisée dans son enfance par un père meurtrier, elle vit maintenant seule avec son chat dans une grande demeure. Son mari l’a quittée, son fils emménage ailleurs avec sa copine, sa mère envisage de se remarier avec un gigolo… Quant à elle, elle prend pour amant le mari de sa meilleure amie. Un soir, rentrant chez elle dans l’obscurité, elle est agressée et violée. Isabelle Huppert phagocyte le film de son immense talent. Il est dommage qu’elle le mette une fois de plus (comme dans « la Pianiste ») au service d’une femme névrosée. L’intrigue glauque, peu vraisemblable, baignant dans un climat malsain, est mise en scène avec vigueur. Cependant, ce film, entre violences (le viol est montré….cinq fois) et scènes frôlant le grotesque, finit par lasser –
d’autant que l’on soupçonne assez tôt l’identité du violeur dans ses rapports sadomasochistes.C.B.M.
ELLE L’ADORE** (Fr., 2014.) R. et Sc. : Jeanne Herry ; Ph. : Axel Cosnefroy ; M. : Pascal Sangla ; Pr. : Trésor et Chi-Fou-Mi ; Int. : Sandrine Kiberlain (Muriel Bayen), Laurent Lafitte (Vincent Lacroix), Pascal Demolon (Antoine), Olivia Côte (Coline), Nicolas Bridet (Nicolas). Couleurs, 105 min. Muriel, une esthéticienne, mère de deux enfants, est une fan du chanteur Vincent Lacroix. Elle assiste à tous ses concerts et le bombarde de lettres. Lors d’une dispute avec le chanteur, sa compagne se tue accidentellement. Pris de panique, Lacroix enroule le corps dans une couverture, le met dans le coffre de sa voiture et fait appel à Muriel qu’il sait être une admiratrice inconditionnelle. Celle-ci accepte de transporter le corps en Suisse chez la sœur du chanteur qui possède un incinérateur d’animaux. À son retour, Muriel fait savoir au chanteur qu’elle a rempli sa mission. Coup de théâtre : le corps est retrouvé dans le Doubs. En fait, renonçant à franchir la frontière à cause des contrôles douaniers, Muriel a enterré le corps près de la maison de sa mère. Et la voilà soupçonnée comme fan de Lacroix : n’aurait-elle pas tué par jalousie la compagne de son idole. L’enquête est menée par un couple de policiers aux relations orageuses. Elle n’aboutira pas. Et Muriel ira désormais au cinéma. Très belle réussite pour un premier film mêlant satire des chanteurs à succès et trame policière. D’un côté un chanteur célèbre qui se révèle médiocre, lâche et égoïste, de l’autre une modeste esthéticienne qui tient parole et fait preuve de sang-froid lors de sa garde à vue. Jeanne Herry est la fille du chanteur Julien Clerc : elle connaît le sujet. Sandrine Kiberlain est admirable : le mot n’est pas trop fort.J.T.
ELLE S’APPELLE SABINE***
(Fr., Suisse, 2006-2007.) R. : Sandrine Bonnaire ; Sc. : Sandrine Bonnaire, Catherine Cabrol ; Ph. : Sandrine Bonnaire, Catherine Cabrol ; M. : Nicola Piovani, Hervé Christiani ; Pr. : Thomas Schmitt ; Int. : Sabine Bonnaire, Sandrine Bonnaire, les patients et éducateurs du Foyer d’Accueil de Montmoreau-Saint-Cybard. Couleurs, 85 min. La comédienne Sandrine Bonnaire a une sœur d’un an sa cadette, Sabine, qui a depuis l’enfance des problèmes psychiatriques. Pourtant, jeune fille, grâce à l’amour de ses proches, elle fait des progrès : son autisme est sous contrôle et elle peut profiter de la vie, rire, voyager, se déplacer de manière autonome, jouer des pièces de Bach au piano. Malheureusement, sa condition se détériore suite au départ du domicile de ses frères et sœurs. Cinq ans dans un établissement psychiatrique la laissent dans un état déplorable : elle a forci, perdu beaucoup de tonicité, présente des troubles d’élocution, fait des crises d’angoisse assortis de gestes agressifs. Placée à présent dans un foyer médicalisé pour handicapés mentaux, son état général s’améliore quelque peu. Pendant sept mois, Sandrine Bonnaire la filme au milieu des autres patients et de leurs éducateurs… Sur un sujet très difficile, Sandrine Bonnaire réalise un très, très beau documentaire. Sincère, bourrée d’empathie pour sa malheureuse sœur, rageuse contre l’institution psychiatrique et la gestion catastrophique de son cas pendant son internement, la comédienne devenue réalisatrice trouve toujours le ton juste. Sans rien cacher de l’état physique et mental de sa sœur, qui peut se montrer agressive ou violente par moments, elle sait nous la rendre proche et émouvante. Ce qu’accentue la juxtaposition à espaces réguliers d’une Sabine (mince, joyeuse et aux beaux cheveux longs) filmée autrefois en 8 mm et celle (épaissie, informe et souvent angoissée) qu’elle est devenue.G.B.
ELLE S’EN VA** (Fr., 2012.) R. : Emmanuelle Bercot ; Sc. : E. Bercot, Jérome Tonnerre ; Ph. : Guillaume Schiffman ; Pr : Olivier Delbosc, Marc Meissonnier ; Int. : Catherine Deneuve (Bettie), Gérard Garouste (Alain), Nemo Schiffman
(Charly), Claude Gensac (Annie), Mylène Demongeot (Fanfan), Camille (Annie), Paul Hamy (Marco), Hafsia Herzi (Jeanne), Valérie Lagrange (Miss France 69). Couleurs, 113 min. Bettie, restauratrice à Concarneau, apprend que son amant la quitte pour une femme plus jeune. Désemparée, elle prend sa voiture, laissant le restaurant aux soins de sa mère et de sa serveuse. Elle s’en va sans but précis, fait des rencontres – jusqu’à ce que sa fille Muriel (avec laquelle elle ne s’entend pas) lui demande de conduire son fils Charly chez son grand-père paternel dans les Alpes. Ce road-movie au féminin, malgré quelques longueurs, quelques clichés et une fin trop consensuelle, est une œuvre revigorante et euphorisante. Les rencontres sont autant de saynètes qui constituent une ouverture aux autres en même temps qu’une découverte de soi. Deneuve, cheveux au vent, libre, rayonnante, est superbe.C.B.M.
ELSER UN HÉROS ORDINAIRE** (Elser ; All., 2015.) R. : Olivier Hirschbiegel ; Sc. : Fred et Léonie-Claire Breinersdorfer ; Ph. : Judith Kaufman ; M. : David Holmes ; Pr. : Lucky Bird Pictures ; Int. : Christian Friedel (Georg Elser), Katharina Schuttler (Elsa), Burghart Klaussner (Arthur Nebe), Johann von Bülow (Heinrich Muller), Felix Eitner (Eberle). Couleurs, 114 min. Le 8 novembre 1939, Elser, un menuisier, pose une bombe dans la brasserie Bürgerbraü où, comme chaque année, Hitler et ses partisans viennent célébrer le putsch manqué de 1923. Hitler échappe à l’attentat. Elser qui a tenté de fuir vers la Suisse, est arrêté par la Gestapo. Interrogé par la chef de la Gestapo, Muller, et le directeur de la police judiciaire, Nebe, il se souvient de son passé : son amour pour Elsa, la montée du nazisme affrontant le communisme. Il est envoyé à Dachau et exécuté le 9 avril 1945. Après La chute, sur les derniers jours d’Hitler, Hirschbiegel s’attache avec ce film à évoquer la résistance à la montée du Nazisme. Personnage réel, Georg Elser a, par pacifisme et par horreur de la
violence (il s’éprend d’Elsa maltraitée par son mari), tenté de tuer Hitler en 1939. Le portrait du personnage est fouillé et son acte expliqué : en face Muller et Nabe, représentants de la répression sont également présentés en profondeur, jamais caricaturés. Un témoignage passionnant sur l’Allemagne de 1939.J.T.
ELUSIVE PIMPERNEL (THE)* (GB, 1950.) R., Sc. et Prod. : Michael Powell et Emeric Pressburger, d’après le roman de la baronne Orczy ; Ph. : Christopher Challis ; M. : Brian Easdale ; Int. : David Niven (sir Percy Blakeney), Margaret Leighton (Marguerite Blakeney), Jack Hawkins (le Prince de Galles), Cyril Cusack (Chauvelin), Robert Coote (sir Andrew Ffoulkes), Edmond Audran (Armand St. Just), Danielle Godet (Suzanne de Tournai). Couleurs, 109 min. Les traditionnelles aventures de sir Percy Blakeney, maître du déguisement surnommé « Le Mouron Rouge », qui vient en aide aux aristocrates persécutés dans la France de la Terreur. Bien que tourné partiellement en France (dans la Loire et, notamment, au Mont-Saint-Michel), le film ne fut jamais distribué chez nous. Alexandre Korda avait déjà produit une première version en 1935 (Le Chevalier de Londres) et Michael Powell, qui jugeait inutile de faire un remake (« un tel film était impossible après la guerre de 1939-1945 »), finit par céder à l’insistance de Korda, mais détestait le film (« a really terrible mess »). Reste le chatoyant technicolor de l’époque. R.L.
ELVIS ET NIXON*
(Elvis and Nixon ; USA, 2016.) R. : Liza Johnson ; Sc. : Joey Sagal, Hanala Sagal et Cary Elwes ; Ph. : Terry Stacey ; M. : Ed Shearmur ; Pr. : Amazon Studios ; Int. : Michael Shannon (Elvis Presley), Kevin Spacey (Richard Nixon), Alex Pettyfer (Jerry Schilling), Sky Ferreira (Charlotte), Evan Peters (Dwight Chapin). Couleurs, 86 min. En décembre 1970, Elvis Presley, inquiet des désordres que connaissent les Etats-Unis, demande à rencontrer le président Nixon. Celui-ci, d’abord hésitant, se laisse convaincre. Les deux hommes sympathisent. Une rencontre longtemps tenue secrète mais historique. Tout serait rigoureux dans la reconstitution. Michael Shannon nous offre un « King » crédible et Kevin Spacey en Nixon se souvient de son rôle dans House of Cards. Une curiosité.J.T.
ELYSIUM** (Elysium ; USA, 2013.) R. et Sc. : Neill Blomkamp ; Ph. : Trent Opaloch ; Eff. vis. : Peter Muyzers ; M. : Ryan Amon ; Pr. : TriStar Pictures ; Int. : Matt Damon (Max Da Costa), Jodie Foster (le ministre de la Défense), Sharlto Copley (Kruger), Alice Braga (Frey Santiago, Diego Luna (Julio), Wagner Moura (Spider). Couleurs, 109 min. Alors que les pauvres végètent sur la Terre, les nantis sont installés sur le satellite Elysium où ils jouissent d’énormes avantages. Max, après un accident, rêve d’aller se faire soigner sur Elysium. Le ministre de la Défense y prépare un coup d’Etat dont les plans vont se retrouver par téléchargement dans le cerveau de Max. Celui-ci est poursuivi par Kruger, l’agent du ministre qui veut empêcher Max de révéler son plan. Max tue Kruger et permet de renouer des liens entre Elysium et la Terre : Tous seront désormais égaux. La lutte des classes introduite dans la science-fiction : nantis d’Elysium contre pauvres sur la Terre. Le message est naïf mais les effets visuels réussis. Pas de temps morts et une note sentimentale avec les efforts de la mère pour
aller soigner sa fille sur Elysium. Copley compose un méchant dont on se souviendra.J.T.
ÉMOTIFS ANONYMES (LES)** (Fr., 2009.) R. : Jean-Pierre Améris ; Sc. : Jean-Pierre Améris, Philippe Blasband ; Ph. : Gérard Simon ; M. : Pierre Adenot ; Pr. : Philippe Godeau, Nathalie Gastaldo ; Int. : Isabelle Carré (Angélique Delange), Benoît Poelvoorde (Jean-René Van Den Huyde), Lorella Cravotta (Magda), Lise Lamétrie (Suzanne), Swann Arlaud (Antoine), Pierre Niney (Ludo). Couleurs, 80 min. Jean-René est le patron d’une petite chocolaterie en perte de vitesse ; Angélique est une chocolatière aussi charmante que douée. Tous deux sont célibataires. Mettons-les en présence l’un de l’autre et c’est le bonheur garanti… ! Sauf qu’il y a un hic : tous deux sont d’une timidité maladive… Habitué des drames sur la vie et la mort, l’innocence et la culpabilité et autres thèmes graves, Jean-Pierre Améris fait ici dans la légèreté. Et cela lui réussit. Il faut dire que l’auteur-réalisateur ne confond nullement légèreté et superficialité. Avec « Les Émotifs Anonymes », il nous livre certes une vraie comédie romantique en faisant se réunir contre vents et marées deux êtres faits l’un pour l’autre (la toujours fraîche Isabelle Carré et un Benoît Poelvoorde tout en retenue) mais il n’en aborde pas moins un thème important, celui de l’hyperémotivité (problème dont il souffre lui-même) et comment cette disposition pourrit la vie de ceux qui en sont affectés. Avec son coscénariste Philippe Blasband, il parvient à faire le tour du problème tout en suggérant des pistes pour s’en sortir. Autre intérêt du film, son côté documentaire : on y voit comment fonctionne une chocolaterie artisanale ; on nous y décrit aussi par le menu le parcours du combattant de l’hyperémotif désireux de sortir de la prison de son handicap : les consultations chez un psychologue du comportement, les exercices à faire pour acquérir de la confiance en soi, etc. À noter enfin quelques scènes troussées avec tant d’adresse et jouées avec tant de sincérité par le couple
vedette qu’elles s’impriment dans la mémoire : le dîner-catastrophe au restaurant, Jean-René chantant « Les yeux noirs » à Angélique à l’hôtel, la déclaration d’amour lors de la réunion des Émotifs Anonymes… Au bout du compte, un film utile pour les spectateurs trop timides, divertissant et touchant pour les autres.G.B.
EMPRISE (L’)* (The Hunted ; USA, 1948.) R. : Jack Bernhard ; Sc. : Steve Fisher ; Ph. : Harry Neuman ; M. : Edward J. Kay ; Pr. : Allied Artists ; Int. : Belita (Laura), Preston Foster (Saxon), Pierre Watkins. NB, 67 min. Laura a été condamnée pour vol à quatre ans de prison. À sa sortie elle retrouve le policier qui l’avait arrêtée. Tous les deux vont démasquer le vrai coupable du vol. Bon petit film noir oublié dans les histoires du genre et redécouvert à la faveur d’une rétrospective à la Cinémathèque française.J.T.
EN CLOQUE, MODE D’EMPLOI* (Knocked Up ; USA, 2007.) R. et Sc. : Judd Apatow ; Ph. Eric Alan Edwards : Pr. : Universal ; Int. : Seth Rogen (Ben), Katherine Heigl (Allison), Paul Rudd (Pete), Leslie Mann (Debbie). Couleurs, 128 mn. Bien que tout oppose Allison présentatrice de télévision promise à un bel avenir et Ben, fêtard et internaute impénitent, une soirée trop arrosée les rapproche sous la couette. S’en suivent neuf mois d’incertitude sur la possibilité d’un couple aussi peu assorti. Une plaisante comédie sentimentale qui se termine en rose.A.V.
EN ÉQUILIBRE*
(Fr., 2014.) R. : Denis Dercourt ; Sc. : Denis Dercourt, Véronique Pellerin, d’après le livre de Bernard Sachsé ; Ph. : Julien Hirsch ; M. : Jérôme Lemonnier ; Pr. : Isabelle Grellat Doublet, Eric Altmayer, Nicolas Altmayer ; Int. : Albert Dupontel (Marc Guermont), Cécile de France (Florence Kernel), Patrick Mille (Julien Kernel), Carole Franck (Catherine), Antonin Gabrielli (Antoine), Philippe Duclos (le directeur de la compagnie d’assurances). Couleurs, 90 min. Cascadeur équestre apprécié, Marc Guermont est devenu paraplégique à la suite d’une chute survenue lors du tournage d’un film historique. Brisé et amer, il se bat contre sa compagnie d’assurances, qui s’emploie à l’arnaquer. Devant son refus de plier, le directeur de la compagnie dépêche pour le circonvenir par le charme la belle Florence. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu… Denis Dercourt a ajouté une histoire d’amour à celle – biographique – de Bernard Sachsé, cascadeur de cinéma devenu paraplégique à la suite d’une chute de cheval. Malgré ce qu’en a dit la critique, le mélange se fait plutôt bien, notamment grâce à l’authenticité du couple que forment Albert Dupontel et Cécile de France. Le film est agréable dans l’ensemble et comporte quelques très jolies scènes (Florence montant pour la première fois à cheval, l’époustouflante cascade de Dupontel) ; il ne lui manque juste qu’un peu de lyrisme pour en faire une œuvre mémorable.G.B.
EN MAI FAIS CE QU’IL TE PLAÎT** (Fr., 2014.) R. : Christian Carion ; Sc. : Christian Carion, Laure Irrmann et Andrew Bampfield ; Ph. : Pierre Cottereau ; M. : Ennio Morricone ; Pr. : Nord-Ouest Filsm ; Int. : August Diehl (Hans), Olivier Gourmet (le maire), Mathilde Seigner (Mado), Alice Issaaz (Suzanne), Laurent Gerra (Albert), Matthew Rhys (Percy). Couleurs, 114 min. Fuyant le régime nazi, Hans et son fils Max, huit ans, trouvent refuge dans un petit village où le maire emploie Hans comme ouvrier agricole. La guerre
rattrape Hans. Le village fuit le Wehrmacht et Hans, un instant arrêté comme allemand, aide un soldat écossais et revient au village pour y chercher son fils. Mais celui-ci a été emporté dans l’exode et Hans s’efforce de le retrouver. Reconstitution de l’exode de mai 1940 et de l’effondrement des autorités françaises. C’est vu à travers un village et le destin d’un réfugié allemand qui avait fui l’hitlerisme. On peut y voir une suite à Joyeux Noël sur la fraternisation franco-allemande de la guerre précédente. Même idéalisme, même empathie pour les humbles acteurs pris dans le naufrage de 40 comme ils avaient été pris dans la précédente guerre. Ce sont les mêmes milieux, une France encore rurale. Dans la distribution qui manque un peu de relief, on découvrira Laurent Gerra en amateur de grands crus, en l’occurence un Petrus de 1908.J.T.
EN ROUTE !** (Home ; USA, 2015.) R. : Tim Johnson. Sc. : Tom J. Astle, Matt Ember d’après le livre d’Adam Rex The True Meaning of Smekday ; Mont. : Nick Fletcher ; M. : Lorne Balfe ; Pr. : Suzanne Buirgy, Christopher Jenkins et Mireille Soria ; Voix (en v.o.) : Jim Parsons (Oh), Rihanna (Tip Tucci), Steve Martin (Capitaine Smek), Jennifer Lopez (Lucy). Couleurs, 94 min. Oh, un extraterrestre, arrive avec son peuple, Les Boovs, sur Terre afin de fuir les Gorgs, des aliens qui ne cessent de les pourchasser à travers la Galaxie. Après avoir par inadvertance transmis leur position à leurs ennemis de toujours, Oh est contraint de faire équipe avec une fillette dans l’espoir de réparer son erreur. Mariant science-fiction, buddy movie et comédie, En route ! est un spectacle familial réjouissant. DreamWorks nous offre en effet avec ce film un divertissement de haute volée qui séduira autant les enfants que leurs parents. Mené à un train d’enfer et empreint d’un humour souvent désopilant (le personnage d’Oh possède un potentiel comique que les scénaristes exploitent ici à merveille), le métrage mêle avec brio action et émotions tout en respectant les codes du cinéma de genre et en enchainant les clins d’œil. Voir les Boovs,
peuple lâche et aseptisé, parquer les humains dans des zones spécialement conçues pour l’occasion, évoque ainsi quelques classiques de la SF. Des classiques auxquels le film fait référence de temps à autre sans jamais être assommant. Si le graphisme et le design des personnages tout en rondeur rebuteront probablement certains spectateurs qui jugeront l’esthétique générale quelque peu enfantine, l’univers mis en scène par Tim Johnson (Fourmiz) est suffisamment inventif et coloré pour emporter l’adhésion d’une large partie du public qui verra, dans En route !, une très belle fable véhiculant un message de liberté et tolérance.E.B.
EN SOLITAIRE* (Fr., Belg., Esp., 2013.) R. : Christophe Offenstein ; Sc. : Christophe Offenstein et Jean Cottin ; Ph. : Guillaume Schiffman ; M. : Victor Reyes, Patrice Ranson ; Pr. : Jean Cottin, Laurent Taieb et Sidonie Dumas ; Int. : François Cluzet (Yann), Samy Seghir (Mano), Guillaume Canet (Franck), Virginie Efira (Marie). Couleurs 96 min. Blessé dans un accident de moto, le skipper Franck Drevil doit renoncer à participer au Vendée Globe. C’est son équipier Yann Kermadec qui le remplace pour cette course autour du monde en solitaire. Après une escale imprévue à la suite d’une avarie, Yann découvre à bord du voilier un passager clandestin, un jeune Mauritanien. Sur un scénario trop consensuel, certes généraux dans son propos, Christophe Offenstein réalise un beau film sur le sport nautique, sur une course mythique, véritable exploit d’endurance et de savoir faire, qui devrait passionner tous les amateurs de voile. Réalisé sur un vrai voilier (ayant appartenu à Marc Tiercelin), avec une belle énergie dans les séquences maritimes, c’est un film sur le courage et la solidarité.C.B.M.
ENCORE HEUREUX*
(Fr., 2015.) R. : Benoit Graffin ; Sc. : Mika Tard, Deborah Saïag, Nicolas Bedos, B. Graffin ; Ph. : Antoine Héberlé ; M. : Stephen Coates ; Pr. : Pauline Duhaut, Christophe Lambert ; Int. : Sandrine Kiberlain (Marie), Edouard Baer (Sam), Guilaine Londez (la concierge), Anna Gaylor (Madeleine), Florence Viala (Cathy), Bulle Ogier (la grand-mère), Benjamin Biolay (le prince charmant). Couleurs, 93 min. Sam, un cadre supérieur au chômage depuis deux ans, a abdiqué dans ses recherches d’un emploi. Marie, sa femme, doit se débrouiller (plus ou moins honnêtement) pour subvenir aux besoins de la famille. La mort d’une voisine acariâtre, sans héritier, prof de piano de leur fille, survient bien à propos… Une comédie sociale amorale et réjouissante, mais qui souffre de facilités scénaristiques et d’une réalisation sans relief. La concierge envahissante avec son bonnet, le « prince charmant » incarné par Benjamin Biolay sont bien inutiles. Heureusement, il y a des dialogues bien assénés, des situations (parfois) inattendues et surtout, surtout l’interprétation fofolle et drôlissime de Sandrine Kiberlain, toujours parfaite.C.B.M.
ENEMY** (Enemy ; Can., 2013.) R. : Denis Villeneuve ; Sc. : Javier Gullon d’après un roman de José Saramago ; Ph. : Nicolas Bolduc ; M. : Danny Bensi et Saunder Jurriaans ; Pr. : Rhombus Media et Roxbury Pictures ; Int. : Jake Gyllenhaal (Adam/Anthony), Mélanie Laurent (Mary), Sarah Gadon (Helen), Isabella Rossellini (la mère d’Adam). Couleurs, 90 min. Professeur d’université, Adam mène une vie obscure en compagnie de Mary. En voyant un film, il découvre son double parfait en la personne d’Anthony. Il cherche à se rapprocher de lui et finit par le rencontrer. Se faisant passer pour Adam, Anthony part en week-end avec Mary tandis qu’Adam finit par troubler Helen, épouse d’Anthony. Tandis qu’Anthony et Mary périssent dans un accident de voiture, Adam et Helen font l’amour.
Tout s’ouvre sur une araignée écrasée par une femme et s’achève sur une femme transformée en araignée. Ce film fantastique est d’une grande complexité : s’agit-il des délires d’un seul et même personnage, schizophrène (de là les araignées) partagé entre son épouse enceinte et sa maîtresse ? Nulle explication ne nous est fournie et le jeu, très riche, de Jake Gyllenhaal brouille les pistes dans son double rôle. En tout cas un film étonnant.J.T.
ENFANCE CLANDESTINE** (Infancia clandestina ; Arg., 2012.) R. : Benjamin Avila ; Sc. : Benjamin Avila et Marcelo Muller ; Ph. : Ivan Gierasinchuk ; M. : Pedro Onetto ; Pr. : Luis Puenzo ; Int. : Teo Gutierrez Moreno (Juan/Ernesto), Ernesto Alterio (Beto), Natalia Oreiro (Gustina), Cesar Troncoso (Horacio), Cristina Banegas (Amalia), Violeta Palukas (Maria). Couleurs, 110 min. Après un long exil, les parents de Juan, 12 ans, reviennent à Buenos-Aires pour reprendre la lutte clandestine contre la junte militaire. Ils habitent chez l’oncle Beto, sous couverture d’un commerce de cacahuetes. Juan, qui s’appelle maintenant Ernesto (comme Guevara), fréquente l’école où il s’éprend de la jolie Maria, une élève de sa classe. Le réalisateur s’inspire de ses propres souvenirs – affirmant que tout est vrai – pour narrer sous un angle original, ce que fut la dictature militaire. Elle est d’ailleurs ici plus suggérée que montrée, la découverte se faisant par le regard d’un enfant. Les scènes les plus violentes sont représentées par des cases de B.D. Un film bouleversant, d’une grande puissance émotionnelle.C.B.M.
ENFANCE DU MAL (L’)** (Fr., 2010.) R. et Sc. : Olivier Coussemacq ; Ph. : Alexis Kavyrchine ; M. : Sarah Murcia ; Pr. : Nicolas Brevière ; Int. : Anaïs Demoustier (Céline),
Pascal Greggory (Henry), Ludmila Mikaël (Nathalie), Sylvain Dieuaide (Romain), Aurélia Petit (la mère). Couleurs, 90 min. Céline, une adolescente qui se dit orpheline, squatte la cave du juge Henry Van Eyck. Lorsqu’il la découvre, il la prend en pitié et l’introduit en sa demeure. Sa femme, Nathalie d’abord réticente, sans enfant, éprouve bientôt pour elle un élan maternel. Henry, lui, est attiré par sa jeune beauté ; il couche avec elle… Un huis-clos étouffant dans cette belle et grande demeure bourgeoise de province où la jeune Céline, cette adolescente ingénue et perverse, s’introduit en manipulatrice. Un scénario bien construit, riche en rebondissements, un film à la mise en scène dense et un remarquable trio d’acteurs, en particulier la jeune Anaïs Demoustier.C.B.M.
ENFANT DE LA FORÊT (L’)** (M’liss ; USA, 1918.) R. : Marshall Neilan ; Sc. : Frances Marion, d’après le roman de Brett Hart ; Ph. : Walter Stradling ; Pr. : Pickford Film Corporation ; Int. : Mary Pickford (Melissa « M’liss » Smith), Theodore Roberts (John Benson « Bummer » Smith), Thomas Meighan (Charles Gray), Charles Ogle (Yuba Bill), Monte Blue (Dominguez dit Joe le Mexicain), Winifred Greenwood (Clara Peterson), Tully Marshall (juge Joshua McSnagley). NB, 6 bobines (environ 73 min.) À l’époque de la ruée vers l’or, dans la petite ville minière de Red Gulch, Melissa Smith dite « M’liss » – « suppôt de Satan » dans le patois local – qui a été élevée par son père alcoolique John dit « Bummer », tombe amoureuse de Charles Gray, le nouvel instituteur. Bummer est assassiné peu après, et lorsque Charles Gray est accusé du meurtre et passe en jugement, elle prend sa défense et le cache dans sa cabane pour lui éviter d’être lynché… Un nouveau mélodrame de « la petite fiancée de l’Amérique ». Si vous aimez le genre, celui-ci, situé dans un décor de western et mâtiné d’une intrigue policière, est une incontestable réussite. C’était déjà le cinquième film successif que Mary Pickford tournait avec son réalisateur favori, Marshall Neilan, qui la
dirigera à nouveau deux autres fois par la suite. Apparu dans plus de trois cents films de 1908 à 1926, Charles Ogle est surtout connu pour avoir été le premier acteur à incarner la créature de Frankenstein dans la version réalisée en 1910 par S. Searle Dawley. Disponible en DVD.R.L.
ENFANT D’EN HAUT (L’)** (Fr., Suisse, 2011.) R. : Ursula Meier ; Sc. : Antoine Jaccoud et Ursula Meier ; Ph. : Agnès Godard ; M. : John Parrish ; Pr. : Denis Freyd et Ruth Waldburger ; Int. : Léa Sydoux (Louise), Kacey Mottet Klein (Simon), Martin Compston (Mike), Jean-François Stévenin (le chef cuistot). Couleurs, 97 min. Tandis que Louise, sa sœur, reste dans la vallée entre petits boulots et amourettes, Simon, un gamin de 12 ans, monte en téléphérique jusqu’à la station de ski alpin où il se livre à de menus larcins. Il fourgue ainsi skis, casques et lunettes, ce qui lui permet de survivre. Deux enfants perdus. HLM et précarité pour Louise et Simon ; luxe et insouciance pour les skieurs. La réalisatrice film ses deux personnages avec attention, sans apitoiement, bien secondée par l’interprétation boudeuse de Lea Seydoux et, surtout, par celle de son jeune partenaire, sorte de « Poil de carotte » en mal d’affection. Si la montagne est belle (région de Bourg Maur), elle n’écrase ja1ais les personnages.C.B.M.
ENFANT DU DIABLE (L’)*** (The Changeling ; Can., 1979.) R. : Peter Medak ; Sc. : William Gray et Diana Maddox, d’après une histoire de Russell Hunter ; Ph. : John Coquillon ; M. : Rick Wilkins ; Pr. : Joel B. Michael et Garth H. Drabinsky ; Int. : George C. Scott (John Russell), Trish Van Devere (Claire Norman), Melvyn Douglas (sénateur Joseph Carmichael), John
Colicos (inspecteur DeWitt), Jean Marsh (Joanna Russell), Barry Morse (Dr. Pemberton), Madeleine Sherwood (Mrs. Norman). Couleurs, 106 min. Compositeur et professeur de musique, John Russell a perdu sa femme et sa petite fille dans un accident de la route. Six mois plus tard, il quitte l’État de New York pour s’installer à Seattle et loue une grande demeure inhabitée depuis des années. Il ne tarde pas à constater que la maison est le théâtre continuel de nombreux faits insolites : portes qui s’ouvrent et se ferment toutes seules, coups sourds frappés dans les murs, vitres qui se brisent sans raison… Il finira par découvrir qu’au début du siècle, un jeune garçon paralytique est mort dans une petite chambre mansardée au dernier étage. Mais quel message veut transmettre à son nouveau locataire le mystérieux habitant des lieux ? Pendant les trois premiers quarts de la projection, l’un des plus beaux, des plus étonnants, des plus captivants – et des plus inquiétants – films fantastiques de la seconde moitié du XXe siècle. La création d’atmosphère s’installe insidieusement par une série de petits faits anodins et soigneusement dosés qui rappellent, à certains moments, ce chef-d’œuvre de l’épouvante que fut La Maison du Diable (1963) de Robert Wise. Ça se gâte un peu ensuite par une enquête policière qui tente de répondre aux interrogations légitimes que le spectateur est en droit de se poser ; et surtout par une séquence finale d’une soudaine démesure – sans doute imposée par la production pour des raisons commerciales –, inutilement encombrée d’une suite d’effets granguignolesques auxquels ne manque même pas le feu purificateur. Mais pour sa majeure partie, un film qui comblera les amateurs de fantastique sensibles aux subtilités psychologiques et allergiques aux effets gore qui envahissent désormais le genre. Martin Scorsese et Alejandro Amenábar ont cité plusieurs fois ce film parmi leurs préférés dans la catégorie horrifique. Russell Hunter s’inspira d’un véritable cas de hantise qui eut lieu dans une maison de Denver (Colorado) au début des années soixante.R.L.
ENFANTS DES DAMNÉS (LES)**
(Children of the Damned ; GB, 1963.) R. : Anton M. Leader ; Sc. : John Briley, d’après les personnages créés par John Wyndham ; Ph. : Davis Boulton ; M. : Ron Goodwin ; Pr. : Lawrence P. Bachmann ; Int. : Ian Hendry (le colonel Tom Llewellyn), Alan Badel (le docteur David Naville), Barbara Ferris (Susan Eliot), Alfred Burke (Colin Webster), Sheila Allen (Diana Looran), Patrick Wymark (le commandant). Couleurs, 86 min. Six enfants surdoués, vivant à Londres mais nés aux quatre coins du monde, se font remarquer non seulement par leurs capacités bien au-dessus de la moyenne mais aussi par un comportement étrange. Ils se montrent de plus en plus menaçants, pour leurs proches d’abord, et bientôt même pour la race humaine toute entière… Suite (ou plutôt variation sur le thème) du chef-d’œuvre de Wolf Rilla, Le village des damnés mettant en scène des enfants blonds aux intentions diaboliques. Comme Rilla, Leader tire parti d’un budget serré : les rues désespérément vides de Londres filmées en noir et blanc contrasté suffisent pour inquiéter. De même montrer des enfants beaux et propres sur eux mais ne riant, ne souriant et ne jouant jamais à des jeux de leur âge suscite l’inquiétude sans qu’il soit besoin d’expédients. Le ton est froid et tranchant, pas de sentimentalisme à la hollywoodienne. Quant au finale, il est des plus déstabilisants.G.B.
ENFER (L’)** (Inferno ; Ital., 1911.) R. : Francesco Bertolini et Adolfo Padovan ; Sc. : d’après Dante ; Pr. : SAFI-Comerio ; Int. : Salvatore Anzelmo Papa (Dante), Arturo Pirovano (Virgole), Guiseppe De Liguoro (Ugolin). NB, muet, 65 min. Dante est conduit par Virgile en Enfer et le poète y découvre des gens connus. Film récemment restauré et distribué en DVD grâce à Jean A. Gili. En cinquante-quatre scènes est évoqué l’Enfer de Dante en s’inspirant des gravures
de Gustave Doré et des trucages de Méliès. Impressionnant.J.T.
ÉNIGMATIQUE MONSIEUR MOTO (L’)** (Think Fast, Mr. Moto ; USA, 1937.) R. : Norman Foster ; Sc. : Ellis Smith et Norman Foster, d’après une histoire de J. P. Marquand ; Ph. : Harry Jackson ; M. : Samuel Kaylin ; Pr. : Sol M. Wurtzel pour 20th. CenturyFox ; Int. : Peter Lorre (Kentaro Moto), Virginia Field (Gloria Danton), Thomas Beck (Bob Hitchings), Sig Rumann (Nicolas Marloff), Murray Kinnell (Joseph Wilkie), John Rogers (Carson), J. Carrol Naish (Adram). NB, 66 min. Venant de San Francisco sur le paquebot « Marco Polo », Mr. Moto débarque à Shanghai sur les traces d’un gang de trafiquants de diamants et de drogue dont le quartier général est un cabaret très fréquenté par les Occidentaux et appartenant à un Russe blanc, Nicolas Marloff. L’un de ces innombrables petits films d’aventures policières, agréables et sans prétention, qui fleurirent durant l’entre-deux guerres. Imaginé après le succès populaire rencontré par Charlie Chan, le policier chinois d’Earl Derr Biggers, le personnage du limier japonais Mr. Moto a été le héros de six romans publiés entre 1935 et 1957, écrits par l’écrivain américain John Phillips Marquand, lauréat du Prix Pulitzer 1938 pour sa pièce, « The Late George Apley » qui sera portée à l’écran en 1946 par Joseph L. Mankiewicz. La 20th. Century-Fox entreprit dès 1937 la production d’une série de films avec Peter Lorre en vedette. Sept suivirent le présent épisode (dont cinq également réalisés par Norman Foster) : Le Serment de Monsieur Moto (1938), Monsieur Moto sur le ring (1938) de James Tinling, Monsieur Moto court sa chance (1938), Monsieur Moto dans les bas-fonds (1938), Mr. Moto’s Last Warning (1939), Monsieur Moto en péril (1939) de Herbert I. Leeds et Mr. Moto Takes a Vacation (1939). Redécouvert en vidéo.R.L.
ENNEMI SILENCIEUX (L’)* (The Silent Enemy ; GB, 1957.) R. et Sc. : William Fairchild ; Sc. : d’après le livre de Marshall Pugh (Commander Crabb) ; Ph. : Otto Heller ; M. : William Alwyn ; Pr. : John et James Woolf ; Int. : Laurence Harvey (lieutenant Lionel Crabb), Dawn Addams (Jill Masters), John Clements (l’amiral), Michael Craig (quartier-maître Sidney Knowles), Gianna Maria Canale (Conchita Tomolino), Massimo Serato (Forzellini), Sidney James (chef Thorpe). NB, 112 min. À Gibraltar en 1943, les exploits du légendaire commandant Crabb qui fut le premier Anglais, durant la guerre, à initier un commando d’hommes-grenouilles. Un film de guerre sans surprise et bien dans la tradition anglaise. Un an plus tard, Laurence Harvey triomphera dans son rôle de moderne Rastignac des Chemins de la haute ville (1958) de Jack Clayton. Né en 1909, Lionel Kenneth Philip Crabb a disparu le 19 avril 1956 dans les eaux de la baie de Stokes, à proximité du croiseur soviétique « Orzonikidze » qui avait amené en mission diplomatique en Occident – c’était une grande première – Nikolai Boulganine et Nikita Khroutchtchev.R.L.
ENNEMIS AMOUREUX (LES)* (The Woman Hater ; GB, 1948.) R. : Terence Young ; Sc. : Robert Westerby et Nicholas Phipps, d’après une histoire d’Alec Coppel ; Ph. : André Thomas ; Pr. : William Sistrom ; Int. : Stewart Granger (Lord Terence Datchett), Edwige Feuillère (Colette Marly), Ronald Squire (Jameson), Jeanne de Casalis (Claire), Mary Jerrold (Lady Datchett), David Hutcheson (Robert), Miles Malleson (le pasteur). NB, 105 min. Lui est un aristocrate qui tient farouchement à son indépendance vis-à-vis des femmes ; elle, une star d’origine française mais de carrure internationale, qui vient séjourner en Angleterre et se dit publiquement lasse des hommes, n’aspirant désormais qu’à la solitude. Persuadé qu’il s’agit d’une déclaration
« publicitaire » à l’usage des journaux à scandale, il l’invite à passer quelque temps dans sa propriété en se faisant passer pour l’administrateur de son domaine, bien décidé à la conquérir pour lui prouver qu’il n’est pas dupe. Il se fera naturellement prendre à son propre jeu tandis qu’elle, se rendant compte qu’elle a été manipulée, se vengera en lui tendant à son tour un piège amoureux. Une comédie légère qui vaut surtout par la séduction de ses deux principaux interprètes. Pour le cinéphile français, la présence d’Edwige Feuillère, s’exprimant dans un anglais impeccable, est une curiosité, tout comme de voir Stewart Granger évoluer dans le décor suranné de la comédie sophistiquée dont les Américains s’étaient faits les maîtres une décennie plus tôt. Mais les scènes les plus drôles sont celles où la star française se trouve confrontée à d’autres protagonistes dont le savoureux majordome incarné par Ronald Squire, et surtout l’inévitable Miles Malleson en pasteur dans une (trop) courte séquence. Mais on reconnaît difficilement dans ce film de commande inégal et sans saveur le Terence Young qui s’était fait remarquer un an plus tôt avec le raffiné et fascinant Étrange Rendez-vous (1947).R.L.
ENQUÊTE (L’)** (Fr., Belg., Lux., 2013.) R. : Vincent Garenq ; Sc. : Vincent Garenq et Stéphane Cabel ; Ph. : Renaud Chassaing ; M. : Erwann Kermovant ; Pr. : Christophe Rossignon et Philip Boeffard ; Int. : Gilles Lellouche (Denis Robert), Charles Berling (le juge Van Ruyembeke), Florence Loiret-Caille (Géraldine), Laurent Capelluto (Imad Lahoud), Eric Naggar (Gergorin), Hervé Falloux (D. de Villepin), Laurent d’Olce (Vincent Peillon), Grégoire Bonnet (Beccaria). Couleurs, 106 min. En 2001, le journaliste Denis Robert enquête en free-lance sur la société bancaire luxembourgeoise Clearstream, mettant à jour un scandale financier qui éclabousse le pouvoir politique. Où la réalité dépasse la fiction. Dans ce film en forme de thriller, les auteurs narrent avec rigueur une affaire réelle, particulièrement complexe. C’est un film
politique au meilleur sens du terme, bien documenté, qui se suit avec un intérêt constant, d’autant que Gilles Lellouche qui mène l’action, a une force de conviction remarquable.C.B.M.
ENSEMBLE NOUS ALLONS VIVRE UNE TRÈS, TRÈS GRANDE HISTOIRE D’AMOUR** (Fr., 2010.) R. et Sc. : Pascal Thomas ; Ph. : Renan Pollès ; M. : Reinhardt Wagner ; Pr. : Yvan Chanvillard, Nadim Cheikhrouna ; Int. : Marina Hands (Dorothée), Julien Doré (Nicolas), Guillaume Gallienne (Hubert), Laure de Clermont-Tonnerre (Caroline), Noémie Lvovsky (Mme Adélaïde). Couleurs, 99 min. Dorothée et Nicolas se sont rencontrés au festival de Confolenc. Ils se sont vus, ils se sont plu. C’est le coup de foudre. Ils sont persuadés de « vivre une très, très grande histoire d’amour. » Bien sûr, il en ira autrement. Ce remake du film de Dino Risi, Fais-moi très mal et couvre-moi de baisers, est loin d’égaler son modèle. Pascal Thomas se contente de réaliser une comédie gentiment farfelue, burlesque, même si l’on ne rit que par moments. Question de rythme. Heureusement les acteurs sont là pour sauver la mise. Julien Doré n’est vraiment pas mal et Guillaume Gallienne en tailleur sourd-muet est irrésistible de drôlerie.C.B.M.
ENTER ARSENE LUPIN* (USA, 1944.) R. : Ford Beebe ; Sc. : Bertram Millhauser ; Ph. : Hal Mohr ; M. : Milton Rosen ; Pr. : Universal ; Int. : Charles Korvin (Arsène Lupin), Ella Raines (Stacie), J. Carrol Naish (Ganimard). NB, 72 min.
Dans l’Orient Express, Arsène Lupin vole une émeraude magnifique à une riche héritière, Stacie Kanares, puis un Rembrandt à Londres. Il est traqué par la police anglaise et par l’inspecteur français Ganimard. Il s’agit d’une histoire originale et non d’une adaptation d’un roman de Maurice Leblanc. Le dénouement est bien dans la lignée des aventures du gentleman cambrioleur. Inédit en France.J.T.
ENTRE NOS MAINS* (Fr., 2010.) R., Sc. et Ph. : Mariana Otero ; M. : Fred Fresson ; Pr. : Denis Freyd. Couleurs, 80 min. Une usine de sous vêtements féminins près d’Orléans est sur le point de déposer son bilan. Les ouvrières se mobilisent pour sauver leur emploi en essayant de créer une coopérative. C’est surtout l’occasion pour elles de se mieux connaître. Un documentaire bien fait sur la crise de l’emploi, sans misérabilisme, réalisé avec une belle vigueur et même une pointe d’humour malgré le contexte. Un film digne et nécessaire.C.B.M.
EPIC** (Epic ; USA, 2013.) R. : Chris Wedge ; Sc. : James V. Hart et William Joyce ; Ph. : Renato Falcao ; M. : Danny Elfman ; Pr. : 20 th Century Fox ; Voix française de Mélanie Laurent (Mary-Katherine), Jérémie Renier (Nod), Dominique Collignon-Maurin (Mandrake). Couleurs, 104 min. Mary-Katherine vient chez son père qui croit qu’il existe un peuple des petits hommes dans la forêt où il vit. C’est sa fille qui va entrer dans le monde des hommes-feuilles et les aider à résister à l’attaque de Mandrake et des destructeurs de forêts.
Un très joli conte inspiré d’un album de William Joyce, Les hommes-feuilles et les braves petits cloportes, et plein de colibris, d’escargots et de limaces. Idéal pour un public enfantin.J.T.
EQUALIZER* (The Equalizer ; USA, 2014.) R. : Antoine Fuqua ; Sc. : Richard Wenk ; Ph. : Mauro Fioro ; M. : Harry Gregson-Williams ; Pr. : Escape Artists ; Int. : Denzel Washington (Robert McCall), Marton Csokas (Teddy), Chloe Grace Moretz (Teri), David Harbour (Masters). Couleurs, 131 min. Un ancien agent des forces spéciales, McCall, veut tirer des griffes de son proxénéte une jeune prostituée russe, Teri. Il doit finalement le tuer. La police met cette mort sur le compte de la guerre des gangs. Mais, à Moscou, le chef de la mafia russe, Pushkin, envoie son meilleur tueur, Teddy, mener l’enquête. Teddy remonte jusqu’à McCall qui le tue, puis part à Moscou abattre Pushkin. Teri est libre. Antoine Fuqua est l’un des meilleurs réalisateurs de films d’action. Scènes de violence garanties et absence de temps morts assurée. Ici il s’inspire d’une série télévisée sur le thème du justicier dans la ville, thème depuis longtemps usé mais auquel Fuqua donne un peu de sang neuf, c’est le cas de le dire vu l’hécatombe qu’il laisse sur son passage.J.T.
ERNEST ET CÉLESTINE** (Fr., Belg., Lux., 2012.) R. : Benjamin Renner, Vincent Patar, Stéphane Aubier ; Sc. : Daniel Pennac, d’après Gabrielle Vincent ; Animation : Patrick Imbert ; M. : Vincent Courtois ; Chansons : Thomas Fersen ; Pr. : les Armateurs ; Voix : Lambert Wilson (Ernest), Pauline Brunner (Célestine), Anne-Marie Loop (la Grise), Feodor Atkine (le juge). Couleurs, 79 min.
Le monde d’en haut – celui des ours – et le monde d’en bas – celui des souris – sont inconciliables. Célestine, une petite souris artiste peintre, est chargée de récolter des dents (pour les glisser sous les oreillers). Ernest, un gros ours bougon, doit gagner sa croûte en faisant de la musique. Affamé, il fouille une poubelle où Célestine s’est endormie. Elle le raisonne ; ils se rendent mutuellement service. Une œuvre délicate inspirée par l’abondante production de livres pour enfants de Gabrielle Vincent (qui, de son vivant, refusait toute adaptation). Dessins aquarellisés, fluidité de la narration… Humour, poésie et tendresse… Une réussite, beau message d’amitié, qui remporta le César des Meilleurs Films d’Animation en 2012.C.B.M.
ESSENTIAL KILLING** (Essential Killing ; Pol., 2011.) R. et Sc. : Jerzy Skolimowski ; Ph. : Adam Sikora ; M. : Pawel Mykietyn ; Pr. : Skopia Film, Cylinder, Element Pictures ; Int. : Vincent Gallo (Mohammed), Emmanuelle Seigner (Margaret), Zach Cohen (un employé américain), David Price (l’interrogateur). Couleurs, 83 min. Lors de la guerre en Afghanistan, Mohammed est capturé par les Américains. Il parvient à s’évader. Suit une longue et féroce traque où Mohammed doit tuer pour survivre. Il se retrouve dans la maison de Margaret, sourde-muette, qui ne peut le garder. L’errance continue. Skolimowski se retrouve dans cette chasse à l’homme impitoyable où le héros tue sans hésitation tout ce qui peut gêner sa fuite, hommes ou animaux. Une fuite sans espoir où seul l’instinct de survie guide le fugitif. Vincent Gallo réussit une composition impressionnante. Dans un petit rôle, Emmanuelle Seigner est émouvante.J.T.
ET VIVA LA RÉVOLUTION !
(Viva la muerte… tua ! ; Ital., Esp., RFA, 1971.) R. : Duccio Tessari ; Sc. : Dino Maiuri, Massimo De Rita, Juan De Orduna y Fernandez, Gunter Eber, d’après Lewis B. Patten ; Ph. : Josè F. Aguayo ; M. : Gianni Ferrio ; Pr. : Tritone Filmindustria Roma (Rome)/P.O.F. (Madrid)/Terra Filmkunst GmbH (Berlin) ; Int. : Franco Nero (prince Dmitri Vassilovich Orlowsky), Eli Wallach (Lozoya), Lynn Redgrave (Mary O’Donnell), Horst Janson (shérif Randall), Eduardo Fajardo (général Huerta), Josè Moreno (le gardien de prison), Victor Israel (Manuel Mendoza), Gisela Hahn (l’épouse d’Orlowsky), Josè Jaspes (le vieil homme), Enrique Espinosa (Manolito), Gunda Hiller (la jeune mariée), Marilù Tolo (Lupita). Couleurs, 103 min. Orlowsky, prince russe d’opérette, parcourt le Mexique à la recherche d’un trésor d’un million de dollars caché dans le petit village de Piedras Negras. Au cours de son périple, l’aristocrate cupide s’associe avec un bandit, Lozoya, et une journaliste irlandaise en quête de sensationnel. L’improbable trio devra affronter un général cruel ainsi qu’un shérif en armure désireux de se venger de son cousin, qui n’est autre qu’Orlowsky ! Du grand n’importe quoi ! Symptomatique de la dérive du western « made in Cinecittà » vers la pitrerie la plus éhontée, ce confondant nanar assume sa bêtise et sa vulgarité avec un entrain typiquement transalpin. À la vision d’un tel salmigondis, on comprend mieux pourquoi Sergio Leone (désigné comme le « père » du western spaghetti) déclarait sans aménité n’avoir eu, en guise de descendance, « que des enfants tarés ». Saluons néanmoins la partition très enjouée de Gianni Ferrio, digne des meilleures compositions de Morricone dans le genre.A.M.
ÉTAGE DU DESSOUS (L’)** (Un etaj mai jos ; Roum., 2015.) R. : Radu Muntean ; Sc. : Razvan Andulescu, Alexandru Baciu, Radu Muntean ; Ph. : Tudor Lucaciu ; M. : Cristian Stefanescu ; Pr. : Dragos Vileu, François d’Artemare, Alexander
Ris ; Int. : Teodor Corban (Patrascu), Julian Postelnicu (Vali), Oxana Moravec (Olga), Ionut Bora (Matei). Couleurs, 93 min. En rentrant chez lui, Patrascu entend derrière une porte du deuxième étage de son immeuble les bruits d’une violente dispute amoureuse. Il croise même Vali, le voisin du 1er, qui sort de l’appartement. Quelques heures plus tard, il apprend que Laura, la jeune femme de l’étage en dessous de chez lui, a été assassinée. Ses soupçons se portent sur Vali, qui, par ailleurs, lui demande de s’occuper du dossier d’immatriculation de sa voiture. Cependant il ne dit rien au commissaire venu recueillir son témoignage… Une sorte de jeu du chat et de la souris s’instaure entre ces deux hommes. Vali s’immisce dans la vie tranquille de Patrascu. Ce quinquagénaire, bon père de famille, organisé, préfère fuir les histoires. Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. D’ailleurs est-il certain de la culpabilité de Vali ? La réalisation est simple, sans suspense inutile, au diapason de cet homme ordinaire. Pas question de le juger. D’ailleurs que ferions-nous à sa place ? Aucune réponse n’est apportée par cette œuvre maîtrisée, qui maintient l’intérêt par son ambiguité même.C.B.M.
ÉTERNITÉ (Fr., 2015.) R. et Sc. : Tran Anh Hung d’après Alice Ferney ; Ph. : Mark Lee Ping Bin ; Pr. : Christophe Rossignon, Philip Boëffard ; Int. : Audrey Tautou (Valentine), Bérénice Bejo (Gabrielle), Mélanie Laurent (Mathilde), Jérémie Renier (Henri), Pierre Deladonchamps (Charles), Arieh Worthalter (Jules). Couleurs, 118 min. Fin du XIXe siècle. Valentine a 20 ans lorsqu’elle épouse Jules qui lui donnera trois enfants. Son fils Henri, épousera Mathilde… Ainsi se succèdent les générations… Un siècle plus tard, Valentine aura eu 167 descendants. Une voix off évoque cette saga familiale, accompagnée par un piano omniprésent qui égrène le répertoire des grands compositeurs du début du XXe siècle, période où se limite la narration. Tout n’est que beauté et élégance
pour cette famille privilégiée dans sa grande villa au jardin luxuriant qui domine une crique à l’eau transparente. Les journées sont ensoleillées… Le temps s’écoule au rythme des deuils et des naissances, loin des événements du siècle. Décors, mobiliers, costumes… tout est superbe. Les bouquets sont artistiquement composés… les enfants sont sages… les baisers effleurés, les étreintes chastes, les pulsions homosexuelles refoulées… Un film trop beau, trop lisse pour inspirer la moindre émotion devant ces personnages vidés d’intérêt. Un film-musée, anachronique, beau comme un tableau de Renoir ou de Monet – mais tellement vain.C.B.
ÉTRANGE AFFAIRE ANGELICA (L’)*** (O Estranho caso de Angelica ; Port., 2011.) R. et Sc. : Manoel de Oliveira ; Ph. : Sabine Lancelin ; Déc. : Christian Marti et José Pedro Pena ; Pr. : Les Films de l’après-midi, Filmes do Tejo ; Int. : Ricardo Trepa (Isaac), Pilar Lopez de Ayala (Angelica), Leonor Silveira (la mère), Luis Miguel Cintra (l’ingénieur). Couleurs, 95 min. Un jeune photographe, Isaac, est appelé au chevet d’une jeune femme morte. Sa famille veut des photos avant la mise dans le cercueil. Elle est belle et Isaac est un peu troublé. Il la voit bouger dans l’objectif. Illusion ? Il passe des heures à contempler les photos qu’il a prises. L’obsession le gagne : il a des visions et se rend sur sa tombe en criant son nom. Il s’affaiblit et au moment de mourir, il la voit entrer dans sa chambre. Il la rejoint. Oliveira a passé les cent ans lorsqu’il tourne ce film. En fait le scénario était écrit depuis 1954. Mais ni le réalisateur ni l’histoire n’ont vieilli. C’est un magnifique film onirique et une méditation sur la mort que nous livre Oliveira, sans effets visuels recherchés et sans pathos. Une œuvre magnifique avant la fin.J.T.
ÉTRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS (L’)* (Belg., 2013.) R. et Sc. : Hélène Cattet et Bruno Forzani ; Ph. : Manu Dacosse ; Mont. : Bernard Beets ; Eff. vis. : Daniel Bruyland ; Pr. : Anonymes Films ; Int. : Klaus Tange (Dan Kristensen), Sam Louwyk, Anna d’Annunzio, Manon Beuchot. Couleurs, 102 min. De retour d’une longue absence, Dan Kristensen ne retrouve pas sa femme à son domicile. Il multiplie les rencontres étranges : un barbu, une femme nue sur un toit, un curieux inspecteur… Finalement Dan et l’inspecteur sont assassinés par un serial killer. Le titre tient ses promesses : un polar surréaliste et expressionniste, le cauchemar d’un esprit dérangé, égaré dans un immeuble labyrinthique. Pour amateurs.J.T.
ÉTRANGE DESTIN (Fr., 1945.) R. : Louis Cuny ; Sc. : Marcelle Maurette et Jean Sarment ; Ph. : Léonce-Henry Burel ; M. : René Cloerec ; Pr. : André Paulvé ; Int. : Renée Saint-Cyr (Patricia), Nathalie Nattier (Germaine), Henri Vidal (Alain de Saulieu), Aimé Clariond (le professeur Gallois). NB, 110 min. Le mari de la belle Patricia disparaît lors de la Grande Guerre. Elle le retrouve amnésique vivant avec son infirmière. Il ne la reconnaît pas. Tous les efforts sont vains jusqu’à la mort accidentelle de l’infirmière. Il reviendra vivre avec Patricia. Honnête mélo de l’après-guerre, à redécouvrir pour Renée Saint-Cyr.J.T.
ÉTUDIANTE ET MONSIEUR HENRI (L’)*
(Fr., 2015.) R. et Sc. : Ivan Calbérac ; Ph. : Vincent Mathias ; M. : Laurent Aknin ; Pr. : Mandarin Cinema ; Int. : Claude Brasseur (Henri), Guillaume de Tonquédec (Paul), Noémie Schmidt (Constance), Frédérique Bel (Valérie). Couleurs, 98 min. Le vieux Monsieur Henri n’accepte de louer une chambre à une étudiante, Constance, que pour entraîner la rupture du mariage de son fils Paul, avec la jolie Valérie. Une pièce de théâtre charmante adaptée par son auteur à l’écran. Tout vaut pour les acteurs, excellents, et les répliques (« elle a un QI de poisson rouge ») souvent percutantes. J.T.
ÉVASION** (Escape Plan ; USA, 2013.) R. : Mikael Håfström ; Sc. : Miles Chapman et Jason Keller ; Ph. : Brendan Galvin ; M. : Alex Heffes ; Pr. : Robbie Brenner, Mark Canton, Remington Chase et Randall Emmett ; Int. : Sylvester Stallone (Ray Breslin), Arnold Schwarzenegger (Rottmayer), Jim Caviezel (Hobbes), Faran Tahir (Javed), Amy Ryan (Abigail), Sam Neill (Dr. Kyrie), Vincent d’Onofrio (Lester Clark). Couleurs, 115 min. Ray Breslin est contrôleur des systèmes de sécurité des milieux carcéraux. Pour un gros salaire, il se fait enfermer volontairement dans une cellule de prison et cherche tous les moyens pour s’en évader, afin de mettre en évidence d’éventuelles failles. La CIA lui demande de tester une nouvelle prison de haute sécurité d’une conception révolutionnaire où tout le monde est surveillé 24 heures sur 24 dans des cellules de verre. Cette fois, Breslin va devoir s’associer à un autre prisonnier qu’il ne connaît pas pour réussir mais, tandis que ses associés ignorent totalement le lieu de son incarcération, il va aller de surprise en surprise en découvrant où il se trouve vraiment et… qui l’a fait enfermer.
La réunion des deux icônes du cinéma d’action (« Schwarzy & Sly ») ne doit surtout pas décourager les amateurs de spectacles sophistiqués : il y a en quelque sorte tromperie sur la marchandise, car même si la dernière partie sacrifie aux séquences musclées, le reste du film se hisse à un niveau supérieur. Le défi que doit relever cet Houdini moderne est hors du commun et les auteurs ont su faire preuve d’une imagination débordante grâce à une succession fort bien dosée de retournements. Quant à la très habile mise en image, elle sait mettre en valeur un décor extraordinaire tout en maintenant le suspense jusqu’à la dernière image.R.L.
EVENT HORIZON : LE VAISSEAU DE L’AU-DELÀ (Event Horizon ; USA, 1997.) R. : Paul Anderson ; Sc. : Philip Eisner ; Ph. : Adrian Biddle ; M. : Michael Kamen ; Pr. : Lawrence Gordon, Lloyd Levin et Jeremy Bolt pour Paramount ; Int. : Laurence Fishburne (capitaine Miller), Sam Neill (docteur William Weir), Kathleen Quinlan (Peters), Joely Richardson (navigateur Starck), Richard T. Jones (Cooper), Jack Noseworthy (mécanicien Justin), Jason Isaacs (docteur D.J.). Couleurs, 96 min. Le physicien William Weir est le concepteur de « l’Event Horizon », un navire interstellaire révolutionnaire capable de se rendre presque instantanément aux confins de la galaxie grâce au Trou Noir artificiel créé en son sein. Mis en service en 2040 et parti explorer les limites du système solaire, « l’Event Horizon » avait disparu sans laisser de traces et vient de faire sa réapparition, sept ans plus tard, à proximité de la planète Neptune. Le capitaine Miller, commandant le vaisseau spatial « Lewis & Clark », reçoit l’ordre de prendre à son bord le docteur Weir et de se rendre sur place avec mission de visiter l’épave et de sauver d’éventuels survivants. On se doute que ça ne sera pas de tout repos : revenu d’une autre dimension et désormais habité par une force
démoniaque, le vaisseau inspire d’étranges visions dans l’esprit de ses occupants… Selon Paul Anderson dont c’était le troisième film, Le Vaisseau de l’au-delà, malgré son apparence de film de science-fiction, se rattache plutôt au genre de l’épouvante gothique : ses modèles sont La Maison du Diable (1963) de Robert Wise, L’Exorciste (1973) de William Friedkin et Shining (1980) de Stanley Kubrick, et pour renforcer l’atmosphère morbide, le cinéaste avait fait appel à la collaboration (non créditée) d’Andrew Kevin Walker, le scénariste de Seven (1995). Le moins que l’on puisse dire est que l’élève est loin d’atteindre le niveau de ses maîtres ! Malgré une affiche alléchante, de superbes décors (au cœur du vaisseau spatial, le mécanisme de création de la distorsion spatiotemporelle est de toute beauté) et un début plutôt prometteur, le script accumule très vite les clichés les plus plats et les plus insipides qui vont s’accélérant jusqu’à un final qui ne nous épargne rien, dans le gore et la pyrotechnie. « Event Horizon » (« l’Horizon » du Trou Noir) est un terme technique qui désigne la vitesse de libération que devrait atteindre un objet pour « s’échapper » d’un Trou Noir.R.L.
EVEREST** (Everest ; GB, 2015.) R. : Baltasar Kormakur ; Sc. : William Nicholson et Simon Beaufoy ; Ph. : Salvatore Totino ; M. : Mike Audsley ; Pr. : Universal Pictures et Cross Creek ; Int. : Jason Clarke (Rob Hall), Josh Brolin (Beck Weathers), John Hawkes (Doug Hansen), Michael Kelly (Jon Krakauer). Couleurs, 122 min. Une équipe d’alpinistes amateurs tente l’ascension de l’Everest. Il faut compter avec l’orage, la bourrasque, le gel… Brillante mise en scène de Kormakur avec des images impressionnantes sur un fait réel : une ascension de l’Everest en 1996 où périrent huit alpinistes. La montagne a toujours le dernier mot.J.T.
EVERY THING WILL BE FINE (Every thing will be fine ; All., Fr., Can., 2015.) R. : Wim Wenders ; Sc. : Bjorn Olaf Johannessen ; Ph. : Benoît Debie ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. : Gian Piero Ringel ; Int. : James Franco (Tomas), Charlotte Gainsbourg (Kate), Rachel McAdams (Sara), Marie-Josée Croze (Ann), Robert Naylor (Christopher), Patrick Bauchau (le père). Couleurs, 3 D, 118 min. Au Canada, sur une route enneigée, un écrivain, Tomas Eldan, provoque accidentellement la mort d’un enfant, son père Christopher étant indemne. Tomas sombre dans la dépression, songeant même au suicide. Puis il se remet à écrire, se basant sur cet accident. Son roman est un succès. Lors d’une dédicace, il rencontre Kate, la mère de la victime qui ne lui reproche rien, ce qui ne sera pas le cas, plus tard, de Christopher. Culpabilité et rédemption. Le film s’étire sur plusieurs années narrant les diverses étapes de cet écrivain vers la lumière. On s’en désinteresse assez vite. Quant à l’utilisation de la 3 D – qui assombrit l’image – on n’en voit guère l’intérêt.C.B.M.
EVIDENCE* (USA, 2013.) R. : Olatunde Osunsanni ; Sc. : John Swetnam ; Ph. : Lukas Ettlin ; M. : Atli Orvarsson ; Pr. : David Lancaster ; Int. : Stephen Moyer (Detective Reese), Rhada Mitchell (Burquez). Couleurs, 94 min. Des bandes vides sur le lieu d’un crime. Repéré en 2009, avec Phénomènes Paranormaux, son deuxième long métrage, Olatunde Osunsanmi continue d’explorer les possibilités du found footage avec Evidence, un thriller horrifique à la fois roublard et efficace qui met en scène un tueur en série maîtrisant parfaitement la grammaire audiovisuelle. Reposant sur un script assez malin rédigé par John Swetnam, cette production indépendante débute comme un documenteur classique avec des bandes vidéo retrouvées sur les lieux d’un crime et qui servent de base à l’enquête menée par
la police. Et ce, avant que le récit, dans sa dernière demi-heure, emprunte une nouvelle direction jetant ainsi volontairement le trouble dans l’esprit des spectateurs jusqu’à un twist final surprenant quoiqu’un tantinet invraisemblable. Grâce à une réalisation solide et appliquée d’Osunsanmi, les amateurs se prendront néanmoins facilement au jeu et, tout comme les enquêteurs, tenteront de deviner l’identité du tueur. Un tueur qui ne fait pas dans la dentelle et qui manie avec dextérité le chalumeau, offrant ainsi quelques scènes de découpe gratinées. Bénéficiant, en outre, d’une distribution convaincante dominée par la présence de Stephen Moyer (True Blood), Radha Mitchell (Silent Hill) et Caitlin Stasey (I, Frankenstein).E.B.
EVIL DEAD** (USA, 2013.) R. : Fede Alvarez ; Sc. : Fede Alvarez, Rodo Sayagues, Sam Raimi d’après le film Evil dead de Sam Raimi ; Ph. : Aaron Morton ; M. : Roque Baños ; Pr. : Sam Raimi, Bruce Campbell, Robert G. Tapert ; Int. : Jane Levy (Mia), Jessica Lucas (Olivia), Lou Taylor Pucci (Eric). Couleurs, 91 min. Afin d’aider Mia à décrocher de son addiction à la drogue et à se sevrer, ses amis et son frère l’emmènent dans la cabane familiale, perdue au fond des bois. Dans la cave de la demeure, le petit groupe découvre un étrange autel et un livre d’incantations démoniaques… Voilà encore un remake qui était attendu avec appréhension par certains cinéphiles. Quand le projet de relecture du film culte de Sam Raimi a été lancé, les amateurs de cinéma d’horreur sont en effet restés circonspects. Et il y avait de quoi tant le défi semblait difficile à relever. Or c’est avec les honneurs que Fede Alvarez, réalisateur uruguayen dont c’est le premier long métrage, se tire de cette aventure. À mi-chemin entre le reboot et la réappropriation du mythe, le jeune cinéaste réussi à trouver sa voie et signe une bande d’une incroyable efficacité qui tout en rendant régulièrement hommage au film original (cf. de nombreuses références y sont faites tels l’aspect de la cabane et de ses environs,
mais aussi via certaines séquences), prend ses distances et offre une variation personnelle autour du même thème. Si la trame du récit reste sensiblement la même, les personnages, quant à eux, ont complètement changé. Exit Ash, place à une bande de copains venus s’installer dans les bois afin d’aider Mia, une toxicomane, à se sevrer définitivement. Autre évolution : le réalisme de l’ensemble qui rompt avec la poésie macabre du film de 1981 et qui efface tout second degré. En optant pour une approche sérieuse du récit, Alvarez nous entraîne dans un cauchemar excessivement gore réservé aux spectateurs ayant le cœur bien accroché, certaines séquences étant à la limite du supportable (cf. : les scènes d’automutilation). Des changements qui, évidemment, ne plairont pas à tous les fans du film de Raimi mais qui permettent d’élever ce remake, d’excellente tenue, au rang des réussites du genre.E.B.
EXCENTRIQUE GINGER TED (L’)** (Vessel of Wrath ; GB, 1938.) R. et CoPr. : Erich Pommer ; Sc. : Bartlett Cormack et B. Van Thal, d’après une histoire de Somerset Maugham ; Ph. : Jules Kruger ; M. : Richard Addinsell ; Pr. : Charles Laughton pour Mayflower ; Int. : Charles Laughton (Edward C. Wilson, dit « Ginger Ted »), Elsa Lanchester (Martha Jones), Robert Newton (contrôleur Groiter), Tyrone Guthrie (révérend Owen Jones), Dolly Mollinger (Lia). NB, 92 min. Vieille fille et institutrice qui tente d’évangéliser les natifs d’une île de Malaisie avec l’aide de son frère Owen, un pasteur protestant, Martha Jones a décidé de sauver une âme en péril, celle d’Edward C. Wilson dit « Ginger Ted », aristocrate débauché rejeté par sa famille, mécréant, incorrigible fainéant et ivrogne invétéré toujours suivi de son chien fidèle Tessie, et bénéficiant de la sympathie du contrôleur Groiter, représentant du gouvernement britannique. C’est à l’occasion d’une épidémie de typhoïde sur l’île de Guanaphobo qu’Edward va faire preuve de son courage, de sa détermination et de son esprit d’initiative en accompagnant Martha partie vacciner les populations.
Un personnage en or pour Charles Laughton qui peut s’adonner sans réserve aux outrances de jeu dont il était coutumier, sachant que les monstres sacrés de sa trempe transcendent le cabotinage pour le transformer en art suprême du comédien. Rappelons que lui et Elsa Lanchester étaient mari et femme à la ville (il avaient convolé en 1929 et ne s’étaient plus jamais quittés). Par bien des aspects, le film préfigure The African Queen, qui sera tourné quatorze ans plus tard, et dans lequel les deux personnages principaux sont tout à fait similaires. Un remake du film sera tourné en 1954 par Muriel Box, Le Vagabond des îles, et c’est Robert Newton, représentant du gouvernement dans le présent film, qui incarnera Ginger Ted rebaptisé Ted Wilson, tandis que Glynis Johns jouera Martha.R.L.
EXERCICE DE L’ÉTAT (L’)*** (Fr., Belg., 2011.) R. et Sc. : Pierre Schoeller ; Ph. : Julien Hirsch ; M. : Philippe Schoeller ; Pr. : Archipel et Les Films du Fleuve ; Int. : Olivier Gourmet (Saint-Jean), Michel Blanc (Gilles), Zabou Breitman (Pauline), Laurent Stocker (Yan), Sylvain Deblé (Kuypens), Didier Bezace (Woessner), François Chattot (le ministre de la Santé), Jacques Boudet (le sénateur), Stefan Wojtowicz (le président de la République). Couleurs, 112 min. Bertrand Saint-Jean, le ministre des Transports, annonce haut et fort qu’il ne sera pas celui qui privatisera les gares. Il trouve cependant de très vives oppositions au sein même du gouvernement. Un excellent film politique au meilleur sens du terme qui nous entraîne dans les arcanes du Pouvoir. A l’image de son ministre toujours en mouvement (au risque de compromettre sa propre vie privée) c’est un film bourré d’énergie avec quelques séquences spectaculaires, un film qui se regarde avec passion et qui ne paraît que trop vrai. Olivier Gourmet est, une fois encore, excellent.C.B.M.
EXODUS (Gods and Kings ; USA, GB, Esp., 2014.) R. : Ridley Scott ; Sc. : Adam Cooper ; Ph. : Dariusz Wolski ; M. : Alberto Iglesias ; Pr. : Ridley Scott ; Int. Christian Bale (Moïse), Joel Edgerton (Ramsès), John Turturro (Sethi), Aaron Paul (Josué), Sigourney Weaver (Tuya). Couleurs, 150 mn. Dédié au frère du réalisateur, Tony Scott, qui s’est donné la mort en 2012. Moïse contre Ramses. On connaît l’éclectisme de Ridley Scott entre le fantastique, la sciencefiction et le péplum, ainsi que sa remise en cause permanente au long de ses différents films. Entre Les duellistes et Alien, il s’attache aux relations de couples improbables, qu’il pousse à l’extrême des passions. Sautant d’un genre à l’autre, il a connu des succès inégaux, témoins et aliments de son inquiétude créatrice. Exodus est à l’articulation de ses obsessions. Le couple, c’est Ramsès et Moïse – et c’est aussi le péplum – élevés comme des frères puis opposés autant par leurs caractères que par leur destin. Fantastique et science fiction, les libertés que le réalisateur prend avec la Bible. Bref, ce récit trop long illustre d’abord la proximité et la rupture des deux personnages, ensuite l’errance des Hébreux vers la terre promise, qui s’achève par une rude bataille lors du passage de la Mer Rouge. Le film est en 3 D – peut-être le voir dans des conditions ordinaires le dessert-il. Comment cacher sa déception et son ennui devant ces images d’Epinal, cette lumière pauvre, cette pénombre jaunâtre, ces effets spéciaux trop visibles, cette épopée statique comme un roman photo, la pauvreté psychologique de personnages hiératiques, comme figés dans une histoire déjà écrite, la violence comme seul mode de communication, le mélange de bande dessinée et de jeu vidéo ? La niaiserie bien pensante de la représentation d’un Dieu enfant qui guide silencieusement le héros et son peuple vers sa liberté ? On ne nous épargne pas non plus le coup du buisson ardent. Le ridicule solennel n’est pas loin. Un film simpliste, comme robotisé, sans doute destiné à un public militant, ou à des adolescents férus de belles bagarres et de cruautés irrationnelles. Epuisement d’un genre. Cinéphiles s’abstenir.S.S.
EXPENDABLES (The Expendables ; USA, 2010.) R. : Sylvester Stallone ; Sc. : David Callaham et Sylvester Stallone ; Ph. : Jeffrey Kimball ; Eff. sp. : Andy Weder ; M. : Brian Tyler ; Pr. : Millenium Films et Nu Images ; Int. : Sylvester Stallone (Barney Ross), Jason Statham (Lee Christmas), Jet Li (Yin Yang), Dolph Lundgren (Jensen), Eric Roberts (James Monroe). Couleurs, 100 min. Les Expendables, groupe de mercenaires, sont appelés à intervenir dans une île de l’Amérique latine soumise à la dictature du général Garza. C’est sa fille, Sandra, qui leur demande d’intervenir. En réalité Garza est manipulé par un trafiquant de drogue James Monroe. Celui-ci fait torturer Sandra et tue Garza. Mais les Expendables auront le dernier mot. Rien que du gros bras. Pour admirateurs de Stallone.J.T.
EXPENDABLES 2 : UNITÉ SPÉCIALE (The Expendables 2 ; USA, 2012.) R. : Simon West ; Sc. : Richard Wenk et Sylvester Stallone ; Ph. : Shelly Johnson ; M. : Brian Tyler ; Pr. : Millenium Films ; Int. : Sylvester Stallone (Barney Ross), Jason Statham (Lee Christmas), Dolph Lundgren (Gunnar Jensen), Chuck Norris (Booker), Jean-Claude Van Damme (Jean Vilain), Jet Li (Yin Yang), Bruce Willis (Church), Arnold Schwarzenegger (Trench), Randy Couture (Toll Road). Couleurs, 102 min. Les Expendables effectuent une mission au Nepal puis doivent localiser l’épave d’un avion militaire chinois du côté de l’Albanie. Un précieux document localisant les réserves de plutonium des Russes est l’enjeu de cette mission où ils doivent compter avec la bande d’un certain Vilain. Ils réussiront. Ils sont tous là les gros bras des années 80-90 : un véritable musée. Divisés mais présents, muscles bien tendus. L’histoire ne présente aucun intérêt mais
l’on s’émeut de les voir courir, tirer, combattre, plus ou moins vaillants mais heureux d’être sortis de leur maison de retraite.J.T.
EXPENDABLES 3 (The Expendables 3 ; USA, 2014.) R. : Patrick Hughes ; Sc. : Sylvester Stallone, Creighton Rothenberger et Katrin Benedikt ; Ph. : Peter Menzies Jr ; M. : Brian Tyler ; Pr. : Nu Images Films, Millenium Films, Ex3 ; Int. : Sylvester Stallone (Barney Ross), Jason Statham (Lee Christmas), Arnold Schwarzenegger (Trench), Harrison Ford (Max), Mel Gibson (Conrad Stonebanks), Dolph Lundgren (Gunner Jensen), Wesley Snipes (Doc). Couleurs, 127 min. Barney et ses camarades libèrent un membre de l’équipe, Doc, puis, avec lui se lancent dans une mission qui échoue. Du coup, Barney met les anciens à la retraite et part combattre le redoutable Conrad Stonebanks avec de jeunes recrues. Après bien des péripéties, Conrad et Barney s’affrontent à mains nues… La recette : réunir des gros bras et proposer un générique particulièrement riche. Cette fois Bruce Willis est absent mais Mel Gibson en méchant met dans sa poche les vieux « expendables », au moins jusqu’au dénouement. Cela sera-til suffisant pour nous épargner un quatrième volet ?J.T.
EXPIATION (L’) (Fr., 1918.) R. : Camille de Morlhon ; Sc. : d’après Guy de Maupassant ; Pr. : Pathé Frères ; Int. : Gabrielle Robinne (Francine Gray), Jean Croué (Jacques Vilbois), Jean Angelo (Armand Pravallon), Maurice Lagrenée (Philippe). NB/teinté, 77 min. : Restauré par la Cinémathèque française. Francine Gray, célèbre comédienne, est la maîtresse du docteur Jacques Vilbois. Elle se laisse séduire par Armand Pravallon, un peintre, le meilleur ami de ce dernier. Lorsque Vilbois découvre leur trahison, il chasse Francine. Elle est
enceinte. Duquel ? Vingt deux ans plus tard, elle vit avec Pravallon lorsque réapparait son fils Philippe qui sort de prison. Pravallon l’accueille néanmoins tout en devinant qu’il n’est pas son père ; mais devant ses exactions, il le chasse. Après un nouveau séjour en prison, Philippe apprend de sa mère, sur son lit de mort, qui est son vrai père. Il va le voir… Camille de Morlhon (1896-1952) fut l’un des plus prolifiques réalisateurs français au temps du cinéma muet ; on lui attribue une centaine de films dont peu subsistent. Celui-ci est sauvegardé par la Cinémathèque Française. Dans la tradition des adaptations littéraires, ce film permet de découvrir un metteur en scène très classique, voire académique, mais à la réalisation d’une solide tenue. C’est de plus un reflet de son époque avec ses décors d’intérieurs bourgeois surchargés (peu de prises de vue en extérieurs) et sa morale conventionnelle (au titre très explicite) surtout dans l’après-guerre. Enfin, il y a ces acteurs qui eurent leurs heures de gloire, souvent issus de la Comédie Française (d’où une interprétation quelque peu théâtrale).C.B.M.
EXTRAVAGANT VOYAGE DU JEUNE ET PRODIGIEUX T.S. SPIVET (L’)** (Fr., 2013.) R. : Jean-Pierre Jeunet ; Sc. : Jean-Pierre Jeunet et Guillaume Laurant ; Ph. : Thomas Hardmeier ; M. : Denis Sanacore ; Pr. : Epithète Films, Tapioca Films et Filmarto ; Int. : Kyle Catlett (T.S. Spivet), Helena Bonham Carter (la mère), Callum Keith Rennie (le père), Judy Davis (G.H. Jibsen). Couleurs, 105 min. Histoire d’un enfant surdoué dont le frère jumeau s’est tué accidentellement. Il vit dans une ferme où il apprend qu’il a gagné un prix prestigieux et doit prononcer un discours à Washington. Il quitte le Montana à l’insu de ses parents et fait un extravagant voyage avant de recevoir son prix. Après l’échec de son film précédent, Micmacs à tire-larigot, Jeunet a décidé de tourner en Amérique du Nord cette adaptation d’un roman de Reif Larsen. Il y utilise habilement la 3 D pour filmer les grands espaces du Montana (en réalité
le Canada.) et le voyage en train. L’œuvre n’a pas rencontré le succès qu’elle méritait.J.T.
EYJAFJALLAJOKULL* (Fr., 2013.) R. : Alexandre Coffre ; Sc. : Alexandre Coffre et Yoann Gromb ; Ph. : Pierre Cottereau ; M. : Thomas Roussel ; Pr. : TF 1, Mars Films, Ch’timi ; Int. : Valérie Bonneton (Valérie), Dany Boon (Alain), Denis Menochet (Ezechiel), Albert Delpy (Tonton Roger). Couleurs, 92 min. Par suite de l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajokull, perturbant le trafic aérien, Valérie et Alain, divorcés et ne se supportant pas, vont être contraints de voyager ensemble et d’affronter de nombreux dangers, pour pouvoir assister au mariage de leur fille en Grèce. Comédie à la française aux effets éprouvés et servie par un couple d’acteurs populaires. J.T.
F
FAIR GAME** (Fair Game ; USA, 2010.) R. : Doug Liman ; Sc. : Jez et John-Henry Butterworth d’après l’ouvrage de Valerie Plane Wilson ; Ph. : Doug Liman ; M. : John Powell ; Pr. : Zucker Pr., Weed Road Pr. et River Road Entertainment ; Int. : Naomi Watts (Valerie Plane), Sean Penn (Joseph Wilson), Sam Shepard (Sam Plane), Noah Emmerich (Bill Johnson). Couleurs, 105 min. Valerie Plane est, à la CIA, chargée d’une enquête sur l’existence d’armes de destruction massive en Irak. C’est son mari, le diplomate Joseph Wilson, qui doit en apporter les preuves. Elles sont négatives. Mais le président Bush n’en tient pas compte et déclenche la guerre contre l’Irak. Wilson fait connaître ses conclusions dans le New York Times. De là une polémique qui atteint l’épouse Valerie Plane. Un film politique sur des événements récents : il est d’ailleurs aujourd’hui prouvé que la Maison Blanche a menti : il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak. Le suspense fait donc défaut. Mais le film est bien conduit par un Doug Liman déjà remarqué pour La mort dans la peau, et l’interprétation de Naomi Watts et Sean Penn emporte l’adhésion. Néanmoins l’œuvre n’a pas eu le retentissement que l’on aurait pu croire. Il reste à en chercher les raisons.J.T.
FAIS DE BEAUX RÊVES*** (Fai bei sogni ; Ital., 2016.) R. : Marco Bellocchio ; Sc. : Valeria Santella, Edoardo Albinati, M. Bellocchio d’après Massimo Gramellini ; Ph. : Daniele Cipri ; M. : Carlo Crivelli ; Pr. : IBC Movie, Kavac Films, RAI ; Int. : Bérénice Bejo (Elisa), Valerio Mastandrea (Massimo), Guido Caprino (le père), Emmanuelle Devos (la mère d’Enrico). Couleurs, 133 min. Turin. En 1969, Massimo a 9 ans lorsqu’il perd sa mère dans des conditions mystérieuses. En 1990, devenu journaliste sportif, puis reporter de guerre, il continue à être hanté par cette disparition qui perturbe sa vie sentimentale. À l’occasion de la vente de l’appartement de ses parents, il tente de découvrir la vérité et de faire le point. Réalisé en flash-backs, malgré sa complexité, le film est d’une grande limpidité narrative en raison de la rigueur de sa construction. Ce récit, inspiré par l’autobiographie de Massimo Gramellini, est d’une « intelligence du cœur et de l’esprit » (selon Jacques Morice) en tout point remarquable. Le film est passionnant. Quant à Berenice Bejo, elle illumine l’écran par une intense présence ; un très grand rôle pour cette belle comédienne.C.B.M.
FAMILLE BÉLIER (LA)* (Fr., 2014.) R. : Eric Lartigau ; Sc. : Victoria Bedos, Stanislas Carré de Malberg d’après Véronique Poulain ; Ph. : Romain Winding, Alice Delva ; M. : Evguen et Sacha Galperine ; Pr. : Stephane Bermann, Eric Jehelmann, Philippe Rousselet ; Int. : Karin Viard (Gigi), François Damiens (Rodolphe), Louana Emera (Paula), Eric Elmosnino (Thomasson), Roxane Duran (Mathilde). Couleurs, 105 min. Dans la famille Bélier, des agriculteurs en Mayenne, seule la fille Paula est entendante et douée de la parole. Son père, Rodolphe, sa mère, Gigi, et son petitfrère sont sourds-muets de naissance. Paula fait partie d’une chorale où son
professeur de musique, Fabien Thomasson, remarque sa voix exceptionnelle. Il la présente au concours de la Maîtrise de Radio-France. Sur fond de chansons de Michel Sardou, c’est un film consensuel, bien dans l’air du temps sur les handicapés physiques (cf. Intouchables). La langue des signes utilisée ici est fantaisiste. Louana Emera est alors considérée comme un espoir de la chanson française. Quant à Eric Elmosnino, il est tout bonnement épatant.C.B.M.
FANNY* (Fr., 2013.) R. : Daniel Auteuil ; Sc. : Marcel Pagnol ; Ph. : Jean-François Robin ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. : Alain Sarde et Jérôme Seydoux ; Int. : Daniel Auteuil (César), Jean-Pierre Darroussin (Panisse), Victoire Bélézy (Fanny), Raphaël Personnaz (Marius), Daniel Russo (Escartefigue). Couleurs, 102 min. Après le départ de Marius, Fanny découvre qu’elle est enceinte. Pour sauver son honneur, elle accepte d’épouser Panisse. César lui demande d’attendre le retour de Marius, mais elle lui révèle son état et César s’incline. Comme pour Marius, Daniel Auteuil respecte le texte de Pagnol et donne plus de crédibilité aux personnages en les situant dans notre époque.J.T.
FANTASTIC MR FOX** (Fantastic Mr. Fox ; USA, 2010.) R. et Sc. : Wes Anderson ; Ph. : Tristan Oliver ; Animation : Mark Gustafson ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. : American Emperical ; Voix : George Clooney/ Mathieu Amalric (Mr. Fox) Meryl Streep/ Isabelle Huppert (Mrs Felicity Fox), Jason Schwartzman (Ash), Bill Murray (Blaireau), Eric Anderson (Kristofferson). Couleurs, 88 min.
Le célèbre voleur de poules, Mr Fox, s’est retiré des affaires. Mais il s’ennuie entre sa femme et son fils. Un dernier vol lui attire l’hostilité du gros Boggis, du maigre Bean et du petit Bruce. Mais Mr Fox est rusé. Film de marionnettes illustrant une version modernisée du Roman de Renart. Avec Wes Anderson on est sûr de ne pas s’ennuyer.J.T.
FANTÔME DE CANTERVILLE (LE)* (Fr., 2015.) R. : Yann Samuell ; Sc. : Yann Samuell d’après Oscar Wilde ; Ph. : Antoine Roch ; M. : Mathieu Gonet ; Eff. vis. : Benoît de Longlée et Thierry Delobel ; Pr. : Les films du 24 ; Int. : Audrey Fleurot (Aliénor de Canterville), Michael Youn (Gwilherm), Michèle Laroque (Elisabeth), Lionnel Astier (Alain). Couleurs, 90 min. Aliénor d’Aquitaine hante le château de Canterville depuis trois siècles. Il lui faudrait verser une larme pour mettre fin à la malédiction qui pèse sur elle. Mais voilà que s’installe dans le château une famille qui se moque des fantômes mais dont les enfants s’intéressent à Aliénor. La malédiction sera levée. Cette version est très inférieure à celle tournée par Dassin en 1944, mais elle se laisse voir avec amusement notamment grâce à Audrey Fleurot et Michèle Laroque.J.T.
FANTÔMES EN VADROUILLE** (Hold that Ghost ; USA, 1941.) R. : Arthur Lubin ; Sc. : Robert Lees, Frederic Rinaldo et John Grant ; Ph. : Elwood Bredell ; M. : Hans J. Salter ; Pr. : Alex Gottlieb pour Universal ; Int. : Bud Abbott (Chuck Murray), Lou Costello (Ferdinand Jones), Richard Carlson (docteur Jackson), Joan Davis (Camille Brewster), Mischa Auer (Gregory), Evelyn Ankers (Norma Lind), Marc Lawrence (Charlie Smith). NB, 86 min.
Pris en otages par « Moose » Matson, abattu peu après par la police, Chuck Murray et Ferdie Jones se retrouvent propriétaires d’une maison ayant appartenu au gangster, ce dernier s’étant juré de faire don d’une partie de ses biens aux personnes qui l’assisteraient à sa mort. Accompagnés de quelques héritiers, les deux compères arrivent au manoir, alors que les membres du gang de Matson à la recherche de son magot, entreprennent de jouer les fantômes pour faire fuir les intrus… Injustement méprisés par la critique française, Abbott et Costello, baptisés les deux Nigauds chez nous, ne méritaient pas cet ostracisme. Ils ont été les héros de quelques bonnes parodies, notamment policières et fantastiques. Ce film, qui mélange les deux genres, se situe dans la meilleure partie de leur filmographie. Secondés ici par la présence d’Evelyn Ankers, surnommée « La Reine de l’horreur » (Le Loup-garou, Le Spectre de Frankenstein, Son of Dracula) et de Richard Carlson, déjà partenaire l’année précédente de Bob Hope (Le Mystère du château maudit) et qui devait apparaître dans les années cinquante dans plusieurs films de science fiction célèbres (Le Monstre magnétique, Le Météore de la nuit, La Créature du lagon noir).R.L.
FAST AND FURIOUS : TOKYO DRIFT (The Fast and the Furious : Tokyo Drift ; USA, 2006.) R. : Justin Lin ; Sc. : Chris Morgan ; Ph. : Stephen F. Windon ; M. : Brian Tyler ; Pr. : Universal ; Int. : Lucas Black (Sean Boswell), Bow Wowe (Twinkie), J.J. Sonny (Kamata), Brian Tee (D.K.), Zachery Bryan (Clay). Couleurs, 104 min. Sean Boswell, après son nouvel accident de voiture, est envoyé chez son père en garnison à Tokyo. Erreur : Sean est initié par son ami Twinkie et la séduisant Nelle à la course de « drifing ». Il va battre les meilleurs. Ce ne sont plus les personnages habituels et tout est centré dans ce troisième épisode de Fast and Furious sur le « drifting », course de vitesse en ville avec
dérapage spectaculaire. Bel exploit technique de Justin Lin qui filme ces courses sans rien manquer. L’histoire en revanche ne présente guère d’intérêt.J.T.
FAST AND FURIOUS 4 (Fast and Furious ; USA, 2009.) R. : Justin Lin ; Sc. : Chris Morgan ; Ph. : Amir Mokri ; M. : Bryan Tyler ; Pr. : Universal ; Int. : Vin Diesel (Dominic Toretto), Paul Walker (Brian O’Comner), Jordana Brewster (Mia Toretto), Michelle Rodriguez (Letty), John Ortiz (Campos). Couleurs, 99 min. Dominic Toretto continue ses coups en République Dominicaine avec sa compagne Letty puis va se planquer à Los Angeles. Mais il apprend que Letty a été assassinée. Il mène l’enquête, s’appuyant sur le policier Brian O’Conner Les deux hommes remontent jusqu’au trafiquant de drogue Braga. Ils s’introduisent dans son équipe de pilotes qui transportaient la drogue en plein désert… Revoici Dominic Toretto qui fait désormais équipe avec Brian, le policier. La recette est toujours la même : folles poursuites en voiture avec musique tonitruante. Gros succès pour cet épisode.J.T.
FAST AND FURIOUS 5 (Fast Five ; USA, 2011.) R. : Justin Lin ; Sc. : Chris Morgan ; Ph. : Stephen F. Windon ; Mont. : Christian Wagner ; M. : Bryan Tyler ; Pr. : Universal ; Int. : Vin Diesel (Dominic « Dom » Toretto), Paul Walker (Brian O’Conner), Dwayne Johnson (l’agent Hobbes), Jordana Brewster (Mia), Tyrese Gibson (Roman Pearce). Couleurs, 120 min. Brian, Mia et Dom, qui s’est évadé, se retrouvent à Rio. On leur propose de voler des voitures de luxes en transit. Mais ils sont trahis et accusés du meurtre d’agents fédéraux. Le policier Hobbes est à leurs trousses. Il s’allie avec eux pour mettre fin aux activités du trafiquant Reyes et, celui-ci éliminé, les laisse s’enfuir.
Toujours la même recette : grosses voitures, motos et pas de temps morts. L’intrigue est ici un peu plus élaborée.J.T.
FAST AND FURIOUS 6 (Fast and Furious 6 ; USA, 2013.) R. : Justin Lin ; Sc. : Chris Morgan ; Ph. : Stephen F. Windon ; Eff. sp. : Joss Williams ; Eff. vis. : David Vickery ; M. : Lucas Vidal ; Pr. : Universal Pictures ; Int. : Vin Diesel (Dominic Toretto), Paul Walker (Brian O’Conner), Michelle Rodriguez (Letty Ortiz). Couleurs, 130 min. Alors que Dominic semble retiré des affaires, le policer qui l’a longtemps traqué, lui demande son aide pour enquêter sur un certain Owen Shaw qui fait le trafic d’armes de destruction massive… Et c’est reparti pour un sixième épisode inférieur au précédent.J.T.
FAST AND FURIOUS 7 (Furious 7 ; USA, 2015.) R. : James Wan ; Sc. : Chris Morgan ; Ph. : Stephen F. Window et Marc Spicer ; Eff. sp. : Michael Wassel et Kelvin Mcllwain ; Eff. vis. : Daniel Sudick ; M. : Brian Tyler ; Pr. : Universal Pictures ; Int. : Vin Diesel (Dominic Toretto), Paul Walker (Brian O’Conner), Jason Statham (Deckard Shaw), Michelle Rodriguez (Letty), Kurt Russel (Mr Nobody), Tyrese Gibson (Roman Pearce). Couleurs, 137 min. Deckard Shaw, ancien des forces spéciales britanniques, veut venger son frère Luke. Pour se défendre, Dominic Toretto a besoin d’un logiciel lui permettant de localiser Shaw. Pour l’obtenir, il doit sauver une hackeuse, Ramsey, aux mains du chef de guerre Jakande… Et bien sûr, Dominic l’emportera en duel sur Jakande. Septième épisode de la série qui aurait besoin de se renouveler, même si Wan a remplacé Justin Lin.
Rappelons que Paul Walker est mort pendant le tournage. Pour le reste ce sont les mêmes effets spéciaux, les mêmes méchants, les mêmes carambolages. J.T.
FAST WALKING** (Fast Walking ; USA, 1982.) R. et Sc. : James B. Harris ; Ph. : King Baggot ; M. : L. Schifrin ; Pr. : James B. Harris ; Int. : James Wood (Frank Miniver), Tim McIntire (Wasco), Kay Lenz (Moke). Couleurs, 111 min. Gardien cynique et décontracté dans un pénitencier, Miniver, dit « Fast Walking », l’Antilope, se trouve confronté d’abord à un homicide raciste au cœur de la prison, puis mêlé à un double complot, faire évader un leader noir puis l’abattre. Il sera joué par la belle Moke. Tourné dix ans après Sleeping Beauty, Fast Walking confirme l’originalité du talent de James Harris qui signe là un chef-d’œuvre du film policier américain inspiré d’un roman d’un ancien gardien de prison, Ernest Brawley. Atmosphère trouble du pénitencier, sexe et drogue, et surtout un James Woods, alors à ses débuts, fascinantJ.T.
FASTER* (Faster ; USA, 2010.) R. : George Tillman Jr. ; Sc. : Joe et Tony Gayton ; Ph. : Michael Grady ; M. : Clint Mansell ; Pr. : TriStar Pictures ; Int. : Dwayne « The Rock » Johnson (le Conducteur), Billy Boy Thornton (le flic), Carla Gugino (Cicero), Olivier Jackson-Cohen (le tueur). Couleurs, 98 min. Le Conducteur sort de prison. Il va venger son frère, laissé pour mort après un braquage. On ira de rebondissements en rebondissements car le justicier est poursuivi par deux flics et un tueur.
Bon petit film d’action conçu pour Dwayne Johnson. Pas de temps morts et une distribution à la hauteur du sujet.J.T.
FATIMA*** (Fr., 2015.) R. et Sc. : Philippe Faucon ; Ph. : Laurent Fénart ; M. : Robert Marcel Lepage ; Pr. : Philippe Faucon, Serge Noël ; Int. : Soria Zeroual (Fatima), Zita Hanrot (Souad), Kenza-Noah Aiche (Nessrine). Couleurs, 79 min. Fatima, une Algérienne séparée de son mari, arrive en France pour s’occuper de ses deux filles élevées par leur père. Il y a Souad, 15 ans, une adolescente en révolte et Nesrine, 18 ans, qui entreprend des études de médecine. Parlant mal le français, Fatima ne trouve qu’un emploi de femme de ménage. Adapté d’un recueil de poèmes écrits en arabe par Fahma Elayoubi, c’est l’admirable portrait d’une mère courageuse maghrébine. Film vrai, ancré dans son époque, sur les difficultés d’une intégration lorsque l’on ne possède pas les clés du langage. Avec une remarquable interprète non professionnelle, Philippe Faucon réussit, grâce à sa mise en scène sobre, un film juste où l’impossible devient possible : très beau plan final.C.B.M.
FAUST** (Faust ; Russie, 2011.) R. et Sc. : Alexandre Sokourov ; Ph. : Bruno Delbonnel ; Déc. : Yelena Zhukova ; M. : Andrev Sigle ; Pr. : Roline Film ; Int. : Johannes Zeiler (Fraust), Anton Adansinskly (l’usurier), Isolda Dychauk (Margarete), Georg Friedrich (Wagner), Hanna Schygulla (la femme de l’usurier), Florian Brückner (Valentin). Couleurs, 134 min. Le docteur Faust s’interroge en disséquant un cadavre sur l’emplacement de l’homme. Son père, également médecin, mais moins porté sur les interrogations métaphysiques, le rabroue lorsqu’il lui demande de l’argent. Faust est contraint
d’aller voir un vieil usurier qui est en réalité Satan. L’usurier lui fait découvrir Margarete dont Faust s’éprend, puis l’oblige à tuer dans une rixe le frère de Margarete. Par contrat il vend son âme au Diable en échange d’une nuit avec Margarete. Le lendemain l’usurier exige l’exécution du contrat. Refus de Faust qui déchire le contrat et s’en va. Poursuivant sa galerie de grands personnages confrontés au pouvoir : Hitler, Lénine et Hirohito, Sokourov y ajoute un héros mythique, Faust. Il suit la pièce de Goethe dans ses grandes lignes mais lui substitue sa propre philosophie que l’on trouvera tantôt naïve, tantôt absconse. L’ennui n’est pas loin, mais l’originalité des décors, aussi labyrinthiques que la pensée de Sokourov, et une interprétation insolite où l’on ne découvre qu’un visage familier, celui d’Anna Schygulla, créent un incontestable envoûtement. Mais nous sommes loin de l’admirable Faust de Murnau.J.T.
FEAR* (Fear ; USA, 1997.) R. : James Foley ; Sc. : Christopher Crowe ; Ph. : Thomas Cross ; M. : Carter Bunwell ; Pr. : Universal ; Int. : Mark Wahlberg (David McCall), Reese Witherspoon (Nicole Walker), William Petersen (Steve Walker), Amy Brenneman (Laura Walker). Couleurs, 95 min. Steve Walker a une fille Nicole qui supporte mal son autorité et s’éprend de David, qui se révèle un dangereux psychopathe. Une lutte s’engage entre le père et le prétendant. Méconnu, ce petit film est terrifiant dans son apparente banalité : un conflit père-fille. Mais la composition de Mark Wahlberg lui donne une dimension inquiétante.J.T.
FEAR AND DESIRE**
(Fear and Desire ; USA, 1953.) R., Ph. et Pr. : Stanley Kubrick ; Sc. : Howard Sackler ; M. : Gerald Fried ; Int. : Virginia Leith (la fille), Frank Silvera (Sergent Mac), Paul Mazursky (Sidney), Stephen Colt (Fletcher/The Captain), Kenneth Harp (Corby/The General). NB, 63 min. Quatre soldats, pendant la guerre, en territoire ennemi. Ils rencontrent une fille et, pour éviter sa fuite, la tuent. Ils sont localisés et l’un des soldats décide de tuer un général. Premier film de Kubrick dont il a longtemps interdit la projection. Ce n’est que récemment qu’on a pu le découvrir, notamment en DVD. Film de guerre à faible budget mais où s’annonce déjà le style de Kubrick : l’attaque de l’ennemi en train de dîner, l’enlèvement de la fille proche du viol. Certains gros plans font penser au cinéma russe.J.T.
FÉE (LA)* (Fr., Belg., 2011.) R. et Sc. : Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy ; Ph. : Clovis Childéric ; Pr. : MK2, Courage mon amour ; Int. : Dominique Abel (Dom), Fiona Gordon (Fiona), Philippe Martz (John), Bruno Romy (le patron du café). Couleurs, 94 min. Dom est veilleur de nuit dans un petit hôtel du Havre. Arrive une jeune femme aux pieds nus ; c’est Fiona. Elle prétend être une fée pouvant exaucer trois vœux. Dom lui demande un scooter et l’essence à vie – il hésite quant au troisième. Ils se revoient sur la plage de galets où ils prennent un bain de minuit. Ils font l’amour au fond de l’eau dans un grand coquillage. Jimmy en naîtra… Mais pourquoi raconter la suite de ce film saugrenu où la trame narrative n’est qu’un prétexte pour rendre hommage au cinéma burlesque de la grande époque ? Peu de dialogues, pas de musique (sinon en situation), une réalisation au budget modeste, mais riche en trouvailles comiques insensées.C.B.M.
FÉLIX ET MEIRA**
(Can., 2014.) R. : Maxime Giroux ; Sc. : M. Giroux, Alexandre Laferrierre ; Ph. : Sara Mishara ; M. : Olivier Alary ; Pr. : Sylvain Corbeil, Nancy Grant ; Int. : Martin Dubreuil (Félix), Hadas Yaron (Meira), Luzer Twersky (Shulem). Couleurs, 106 min. Meira, jeune mère juive, mariée à Shulem, son époux aimant, étouffe sous le carcan de la loi hassidique. Félix, athée, solitaire, dilettante, cherche encore l’amour. Ils se croisent, se rencontrent et vont bientôt s’aimer, bravant tous les interdits. Au delà de cette histoire d’un amour impossible, narrée avec une infinie délicatesse, ne caricaturant aucun personnage – pas plus le mari que les deux amoureux, Maxime Giroux montre aussi « la rencontre, dit-il, entre la société québécoise francophone et la communauté juive ultra-orthodoxe de Montréal ». Son film est pudique, sensible, d’une lumineuse beauté, magnifiquement interprété. C.B.M.
FEMME ABANDONNÉE (LA)** (Fr., 1992.) R. : Edouard Molinaro ; Sc. : Madeleine Chapsal et Edouard Molinaro d’après Balzac ; Ph. : Michael Epp ; M. : Vladimir Cosma ; Pr. : Progefi-Fr3 ; Int. : Charlotte Rampling (Fanny de Lussange), Niels Arestrup (Oscar), Charles Denner (M. de Lussange), Christopher Thompson (Louis de Nueil). Couleurs, 90 min environ. Jouée par son amant, Fanny de Lussange décide de se cloîtrer à la campagne. Envoyé en cure dans la même ville de province, le jeune Louis de Nueil est intrigué par cette femme, la plus belle de Paris disait-on, retirée volontairement de la haute société parisienne. Il veut la séduire, y parvient, mais, les années passant, la différence d’âge apparaît comme un obstacle entre eux. Le dénouement est tragique.
Excellente adaptation de la nouvelle de Balzac, avec une Charlotte Rampling fascinante et un Niels Arestrup parfait libertin dont on regrette qu’il n’ait pas joué le rôle du Valmont des Liaisons dangereuses.J.T.
FEMME À L’ORCHIDÉE (LA)* (Fr., 1951.) R. : Raymond Leboursier ; Sc. : R.G. Méra ; Ph. : Michel Rocca ; Pr. : Paris-Nice Productions ; Int. : Tilda Thamar (Léna), Lucien Gallas (Commissaire Renaudin), Georges Rollin (Karl), NB, 80 min. Sur la côte d’Azur, en 1951, le commissaire Renaudin infiltre une bande de gangsters, fasciné par une superbe blonde qui n’est autre que l’épouse du chef du gang. Il mettra ce dernier hors de nuire, mais laissera filer la belle Léna, ne gardant d’elle qu’une orchidée. Honnête polar redécouvert grâce à la télévision, banal mais bien fait.J.T.
FEMME AU TABLEAU (LA)* (Woman in Gold ; GB, USA, 2014.) R. : Simon Curtis ; Sc. : Alexi Kaye Campbell, d’après le livre de Maria Altmann et E. Randol Schoenberg ; Ph. : Ross Emery ; M. : Hans Zimmer, Martin Phipps ; Pr. : David Thompson ; Int. : Helen Mirren (Maria Altmann), Ryan Reynolds (E. Randolf « Randy » Schoenberg), Daniel Brühl (Hubertus Czernin), Katie Holmes (Pam Schoenberg), Tatiana Maslany (Maria Altmann jeune), Max Irons (Fritz Altmann). Couleurs, 109 min. Née en Autriche, Maria Altmann vit exilée en Californie depuis des années. Sa famille a autrefois été spoliée de ses biens par les Nazis, en particulier de cinq tableaux de Klimt, dont un représentant sa sœur. Ils sont à présent la « propriété » d’un grand musée viennois, donc de l’état autrichien. Déterminée à les récupérer, elle confie à Randy Schoenberg, jeune avocat de Los Angeles, l’extravagante mission de l’aider dans son entreprise.
Un spectacle complet, qui satisfait le spectateur à tous les niveaux : histoire vraie, propos intéressant (la spoliation des œuvres d’art par les Nazis, la collusion autrichienne avec ces derniers), personnage principal pugnace et un peu excentrique, actrice de grande qualité (Helen Mirren), bonne reconstitution historique (Vienne dans les années 1920 et 30), suspense efficace (la fuite de Maria et de son mari, les incertitudes des procès). Le genre de film qui ne prend pas les spectateurs pour des idiots et se consomme donc sans modération. G.B.
FEMME DE COMPAGNIE (LA)* (She’s Lost Control ; USA, 2014.) R. et Sc. : Anja Marquardt ; Ph. : Zachary Galler ; M. : Simon Taufique ; Pr. : SLC Film, Rotor film ; Int. : Brooke Bloom (Ronah), Marc Menchaca (Johnny), Dennis Boutsikaris (Dr. Cassidy). Couleurs, 90 min. Ronah, étudiante en psychologie, travaille comme assistante sexuelle du docteur Cassidy, un psychiatre. Elle aide des hommes à la timidité maladive à remonter leur handicap affectif. C’est ainsi qu’elle a pour patient Johnny, un infirmier anesthésiste qui craint l’approche des femmes – jusqu’à en devenir violent. Bien que ce film traite de relations sexuelles, c’est une œuvre austère. Une image terne, des rues new-yorkaise vides, un cadrage serré des visages déterminent « une zone grise », traduisant la solitude des personnages (à commencer par celui de Ronah). Premier long métrage d’une réalisatrice exigeante, il est porté par l’interprétation de Brooke Bloom. C.B.M.
FEMME PARFAITE (LA)
(The perfect Woman ; GB, 1949.) R. et CoSc. : Bernard Knowles ; Sc. : George Black et J. Basil Boothroyd, d’après la pièce de Wallace Geoffrey et Basil Mitchell ; Ph. : Jack Hildyard ; M. : Arthur Wilkinson ; Pr. : George et Alfred Black ; Int. : Patricia Roc (Penelope Belman), Nigel Patrick (Roger Cavendish), Stanley Holloway (Ramshead), Irene Handl (Mrs. Butters), Miles Malleson (professeur Ernest Belman), Fred Berger (Farini), David Hurst (Wolfgang Winkel), Pamela Devis (Olga, le robot). NB, 89 min. Le très distrait professeur Ernest Belman a engagé Roger Cavendish pour accompagner son invention, Olga, une femme robot, et la montrer dans le monde avant de faire une communication à l’Amicale des Scientifiques. Flanqué de son majordome, le fidèle Ramshead, Cavendish s’installe donc avec Olga à l’Hôtel Splendid et, faute de place, loue la suite nuptiale, sans savoir que Penelope Belman, la nièce du professeur, pour s’amuser, s’est substituée au robot. La situation échappant très vite à son contrôle, il va s’ensuivre une suite de péripéties inattendues, étant donné qu’Olga ne parle pas et ne mange pas, mais répond à la lettre à des ordres simples… … Des ordres constitués de mots que l’on rencontre dans les phrases les plus banales de la vie courante, ce qui ménage bon nombre de quiproquos que risquent de n’apprécier que les seuls anglophones. Une farce improbable sauvée par l’apparition de Miles Malleson, éternel hurluberlu du cinéma anglais, et la ravissante Patricia Roc qui semble beaucoup s’amuser à jouer son personnage de fausse androïde. Mais Nigel Patrick et Stanley Holloway, malgré leur talent, ont bien du mal à tirer leur épingle du jeu. Revu à la télévision. R.L.
FEMMES DU CAIRE*** (Ehky ya Scheherazad ; Egypte, 2009.) R. : Yousry Nasrallah ; Sc. : Wahid Hamid ; Ph. : Samir Bahzan ; M. : Tamer Karawan ; Pr. : Kamel Abou-
Ali ; Int. : Mona Zaki (Hebba Younes), Hassan El Raddad (Karim), Mahmoud Hemida (Adham El Garaboui), Sawsan Badr (Amany), Hussein El Imam (Ahmed). Couleurs, 134 min. Le Caire, fin des années 2000. Hebba, présentatrice d’un talk-show populaire, se voit contrainte de renoncer aux sujets politiques afin de ne pas faire obstacle à la carrière de son mari, qui brigue le poste de rédacteur-en-chef d’un journal proche du pouvoir. Elle décide alors de se consacrer à trois histoires de femmes. Mais celles-ci s’avèrent tout aussi politiques, et Hebba va se retrouver en terrain miné, fait de tromperie et de répression sexuelle, religieuse et morale… Avec L’immeuble Yacoubian, le chef-d’œuvre du cinéma égyptien des années 2000, celui qui précède et annonce de Printemps arabe mais que l’ère de glaciation actuelle rendrait – malheureusement – impossible à tourner à l’heure qu’il est. Porté par une conviction rare et par l’espoir d’une société plus juste, sous-tendu par une rage qui lui donne la pulsation vibrante d’un cœur qui bat à cent à l’heure, le film de Yoursy Nasrallah, à la fois allégorique et hyperréaliste, choisit la femme égyptienne comme porte-parole de son propos progressiste. Articulés autour de Hebba, la présentatrice vedette qui refuse de plier l’échine, le scénariste Wahid Hamid nous présente trois autres cas permettant un large tour d’horizon de la situation de la femme égyptienne et de son assujettissement au mâle prédateur ou dominateur. La réalisation de Nasrallah, outre son rythme parfait, fait preuve d’une belle inventivité (le générique en nature morte ; le cauchemar initial ; l’attention portée aux détails, tout particulièrement aux pieds). D’une franchise absolue (pas de voile pudique sur la sexualité, aucun tabou dans son attaque frontale de la corruption des élites), « Femmes du Caire » emporte aussi l’adhésion du spectateur occidental par son interprétation, moins languissante, plus « moderne » que dans les films arabes traditionnels.G.B.
FEMMES DU SIXIÈME ÉTAGE (LES)*
(Fr., 2011.) R. : Philippe Le Guay ; Sc. : Philippe Le Guay et Jérôme Tonnerre ; Ph. : Jean-Claude Larrieu ; M. : Jorge Arriagad ; Pr. : Philippe Rousselet ; Int. : Fabrice Luchini (Jean-Louis), Sandrine Kiberlain (Suzanne), Carmen Maura (Concepcion), Natalia Verbeke (Maria). Couleurs, 106 min. Paris, début des années 60. Jean-Louis Joubert, un agent de change, partage son ennui avec sa femme Suzanne. Leur bonne bretonne ayant rendu son tablier, Suzanne engage Maria, une Espagnole qui se révèle être une perle. Sa beauté, sa gaieté ne laissent pas Jean-Louis insensible. Pour régler un problème de toilettes bouchées, il monte au 6ème étage où il rencontre les amies de Maria, toutes espagnoles et employées de maison. Il découvre aussi une autre vie. Délicieuse comédie sociale avec un merveilleux Luchini au regard innocent et pétillant d’intelligence, ainsi qu’un panel de comédiennes espagnoles vives et délurées. Sandrine Kiberlain n’est pas mal non plus ! L’arrière plan social de l’époque – avant mai 68 – montre bien que chacun se devait de rester à sa place.C.B.M.
FEMMES SONT MARRANTES (LES) (Fr., 1957.) R. : André Hunebelle ; Sc. et Dial. : Jean Halain d’après la pièce Ami-Ami de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy ; Ph. : Paul Cotteret ; M. : Pierre Dudan ; Pr. : U.G.C., P.A.C., Kerfrance ; Int. : Micheline Presle (Nicole), Marthe Mercadier (Yolande), Pierre Dudan (Alexandre), Yves Robert (Christian), Sophie Daumier (Marie-Joseph), Jacques Dynam (Max). NB, 75 min. Des scènes de ménage entre Nicole, qui a du caractère, et son mari Christian qui serait plutôt d’un naturel paisible. Quant à Alexandre, l’ami d’enfance de Nicole, qui vient d’épouser Marie-Joseph, une petite provinciale, leurs querelles sont tout aussi fréquentes… À l’origine la pièce connut un réel succès. Adapté pour le cinéma par le prolifique Jean Halain, collaborateur fidèle d’André Hunebelle, cette comédie
est du bon théâtre filmé.J.T.
FIDELIO, L’ODYSSÉE D’ALICE** (Fr., 2014.) R. : Lucie Borleteau ; Sc. : Lucie Borleteau et Clara Bourreau ; Ph. : Simon Beaufils ; M. : Thomas de Pourgery ; Pr. : Why Not, Apsara Films ; Int. : Ariane Labed (Alice), Melvil Poupaud (Gaël), Anders Danielsen Lie (Félix), Pascal Tagnati (Antoine), Jean-Louis Coulloc’h (Barbereau). Couleurs, 97 min. Le Fidelio est un vieux cargo de la marine marchande. Alice embarque comme mécanicienne. Le capitaine est Gaël, son premier amour qui va à nouveau la séduire, même si elle a déjà dans sa vie un autre homme, Félix, qui l’attend. Elle découvre dans sa cabine un carnet laissé par son prédécesseur mort accidentellement, lui faisant découvrir l’insécurité du rafiot. Ce cargo vétuste qui effectue sa dernière traversée symboliserait-il la fin de sa fidélité à Félix ? Alice se veut une femme libre, sans entraves. Le propos n’est pas nouveau mais il est tenu ici par une femme qui accomplit un métier d’homme dans un univers masculin. Cette traversée en mer devient l’odyssée intime d’une femme libre magnifiquement incarnée par la la belle Ariane Labed.C.B.M.
FIGHTER* (The Fighter ; USA, 2011.) R. : David O. Russell ; Sc. : Scott Silver, Paul Tamasy et Eric Johnson ; Ph. : Hoyte Van Hoteyma ; M. : Michael Brook ; Pr. : Relativity Media, Mandeville ; Int. : Mark Wahlberg (Micky Ward), Christian Bale (Dicky Eklund), Amy Adams (Charlene), Melissa Leo (Alice Ward). Couleurs, 115 min. Ancien adversaire de Sugar Ray Leonard, le boxeur Dicky entraîne son demi-frère Micky qui a sa mère pour manager. Micky est amoureux de Charlene, ce qui n’arrange pas sa carrière. Dicky monte plusieurs combines qui le
conduisent en prison. Mais rien n’arrête l’ascension de Micky qui deviendra champion du monde. Destins contrastés : le déclin d’un boxeur, l’ascension de l’autre. Un film que voulait tourner Mark Wahlberg, en insistant sur le milieu familial un peu dans l’esprit de Ken Loach. C’est ce qui fait l’originalité de cette œuvre, encore une, sur la boxe. Russell, plus à l’aise dans la comédie, se tire au mieux de cette histoire.J.T.
FIGHTING DEVIL DOGS (THE)* (The Fighting Devil Dogs ; USA, 1938.) R. : John English et William Witney ; Sc. : Barry Shipman, Franklyn Adreon, Ronald Davidson et Sol Shor ; Ph. : William Nobles ; M. : Alberto Colombo ; Pr. : Republic ; Int. : Lee Powell (Tom Grayson), Herman Brix (Frank Corby), Eleanor Stewart (Janet Warfield), Montagu Love (général White), Hugh Sothern (Ben Warfield), Sam Flint (colonel Grayson), John Picorri (Gould). NB, serial (12 épisodes). Un mystérieux criminel qui se fait appeler « L’Éclair » (The Lightning) dispose d’un rayon d’une puissance terrifiante qui frappe où il veut depuis une gigantesque aile volante géante, « The Wing ». Un groupe de scientifiques lutte contre lui, avec l’aide de deux lieutenants de marine. Mais il est évident que l’un des scientifiques est « L’Éclair »… Réputée être le serial le plus « fauché » de la Republic Pictures (il abuse des stock shots, des transparences et des « economy chapters » où l’on reprend in extenso dans les ultimes chapitres des séquences antérieures pour prétendument raviver la mémoire des spectateurs), la troisième collaboration de John English et William Witney et qui va changer à jamais le style du film à épisodes : création d’atmosphère angoissante et mystérieuse, nervosité du découpage, humour sous-jacent. Et aussi l’un des plus inoubliables méchants des grands Serials de l’époque : George Lucas a reconnu lui-même que son Darth Vader lui fut inspiré par « The Lightning ». Redécouvert en vidéo.R.L.
FILLE D’ÉCOSSE* (The Pride of the Clan ; USA, 1917.) R. : Maurice Tourneur ; Sc. : Elaine Sterne et Charles E. Whittaker ; Ph. : John van den Broek et Lucien Andriot ; Pr. : Mary Pickford Film Corporation ; Int. : Mary Pickford (Marget McTavish), Matt Moore (Jamie Campbell), Kathryn Browne Decker (comtesse de Dunstable), Warren Cook (Robert, comte de Dunstable), Ed Roseman (David Pitcairn), Joel Day (le pasteur). NB, 8 bobines (environ 84 min.) Dans l’île de Killean, sur la côte occidentale de l’Écosse, Marget devenue chef du clan des MacTavish à la mort de son père, est fiancée à Jamie Campbell. Mais Jamie est en réalité le fils d’une femme de la noblesse qui vit à Londres et qui le croyait disparu en mer. Remariée au comte de Dunstable, elle revient le chercher en compagnie de son époux qui a accepté d’adopter Jamie. Après bien des hésitations, le comte et la comtesse accepteront que Marget l’accompagne et consentiront à leur mariage. « Mary Pickford tournait d’agréables comédies sentimentales dans lesquelles ses malheurs étaient toujours compensés – et récompensés – par une fin heureuse, écrit Jean Mitry. L’enfant abandonnée retrouvait ses parents – fort riches comme il se doit – après avoir mené une existence misérable, et la petite paralytique retrouvait miraculeusement vigueur et santé grâce à l’amour d’un beau jeune homme et au sacrifice d’une tante hypocondriaque. » (« Anthologie du Cinéma » no 36, juin 1968). Mais, cette fois, la tonalité extrêmement dramatique du film et sa noirceur déconcertèrent le public, et ce fut un échec financier. Ce qui n’empêcha pas Mary Pickford, productrice, d’engager à nouveau Maurice Tourneur pour son film suivant, Pauvre petite fille riche. La plupart des extérieurs furent tournés dans le Massachusetts, sur la côte de la Nouvelle Angleterre. Le 12 novembre 1916, au cours d’une tempête que Maurice Tourneur voulait filmer au milieu des éléments déchaînés, le bateau à bord duquel se trouvaient Mary Pickford, le réalisateur et plusieurs membres de l’équipe, coula ; deux caméras furent perdues et Tourneur sauva la vie de Mary Pickford qui avait été emportée par une vague. Disponible en DVD.R.L.
FILLE DE BREST (LA)** (Fr., 2016.) R. : Emmanuelle Bercot ; Sc. : Severine Bosschem et Emmanuelle Bercot ; Ph. : Guillaume Schiffmann ; M. : Martin Weller ; Pr. : Haut et Court ; Int. : Sidse Babett Knudsen (Irène Frachon), Benoit Magimel (Antoine Le Bihan), Charlotte Laemmel (Patoche), Philippe Vehan (Aubert). Couleurs, 128 min. Irène Frachon est pneumologue à l’hôpital de Brest. Elle remarque un lien entre des valvulopathies mortelles et la prise d’un médicament antidiabétique, le Mediator. Elle alerte les medias et met en cause le laboratoire Servier qui commercialise ce médicament depuis une trentaine d’années. Le scandale du Mediator est bien réel (un procès est en cours à ce jour). Le film est d’une grande précision technique et médicale tout en étant abordable pour les non-initiés. Un film passionnant sur la lutte entre les petits et les puissants.C.B.M.
FILLE DE NULLE PART (LA)* (Fr., 2012.) R. et Sc. : Jean-Claude Brisseau ; Ph. : David Chambille ; Pr. : La sorcière rouge ; Int. : Jean-Claude Brisseau (Michel Devilliers), Virginie Legeay (Dora), Claude Morel (Denis). Couleurs, 91 min. Veuf et retraité, Michel Devilliers, n’a qu’un but : terminer un livre sur les croyances. Il recueille la jeune Dora qui a été victime d’une agression. Dès lors apparitions et bruits étranges se multiplient. Une séance de spiritisme tourne mal. L’auteur doit même affronter une présence féminine hostile. Il finit quand même son livre et au moment où il l’a terminé, il meurt victime d’une agression. Jean-Claude Brisseau a son style et son public. Ici il délaisse l’érotisme pour le fantastique. Si l’on accepte sa vision du cinéma, on marchera à ces histoires d’apparitions et de guéridon qui se meut tout seul. Sinon… J.T.
FILLE DES MONTS (LA)*** (Heart O’the Hills ; USA, 1919.) R. : Sidney A. Franklin ; Sc. : Bernard McConville, d’après le roman de John Fox, Jr. ; Ph. : Charles Rosher ; Pr. : Mary Pickford ; Int. : Mary Pickford (Mavis Hawn), Allan Sears (Jason « Jasie » Honeycutt), Harold Goodwin (Jasie adolescent), Clare McDowell (Martha Hawn), Sam De Grasse (Steve Honeycutt), William Bainbridge (colonel Pendleton), Henry J. Herbert (Norton Sanders). NB, 6 bobines (environ 77 min.) Envoyé par des capitalistes du Nord pour exploiter la houille des montagnes du Kentucky, Norton Sanders cherche à s’emparer des terres par des expropriations auxquelles les montagnards ne savent pas faire face. La nuit, un groupe de cavaliers masqués menace Sanders devant le seuil de sa cabane lorsqu’il est tué par une balle perdue. Accusée à tort, la jeune sauvageonne Mavis Hawn (13 ans) qui cherche désespérément à venger son père lâchement assassiné, passe en jugement et attire la compassion du généreux colonel Pendleton qui lui offre de la protéger et de faire son éducation. Six ans plus tard, Mavis découvrira que le meurtrier de Sanders était aussi celui de son père, et trouvera l’amour dans les bras d’un ami d’enfance. Un film captivant et l’un des rôles les plus emblématiques de Mary Pickford qui, à près de trente ans, s’obstinait encore à jouer des adolescentes ! 1919 fut une année importante dans sa carrière. Femme d’affaires avisée, elle était devenue avec Charles Chaplin, l’une des vedettes les mieux payées d’Hollywood, et venait de fonder sa maison de production. C’est aussi au printemps 1919 que fut créée la société des United Artists, en association avec Chaplin, Griffith et Douglas Fairbanks qu’elle épousera, toujours la même année, après avoir divorcé de son premier mari devenu alcoolique. Un autre roman de John Fox Jr a donné naissance à quatre adaptations dont la plus célèbre est La Fille du bois maudit (The Trail of the Lonesome Pïne, 1936) de Henry Hathaway, l’un des premiers technicolor trichrome. Disponible en vidéo.R.L.
FILLE DU PATRON (LA)** (Fr., 2015.) R. : Olivier Loustau ; Sc. : Olivier Loustau, Bérénice André et Agnès Caffin ; Ph. : Crystel Fournier ; M. : Fixi ; Pr. : Rouge International, France 2, Emaël Films… ; Int. : Olivier Loustau (Vital), Christa Théret (Alix), Florence Thomassin (Madeleine), Patrick Descamps (Beretti). Couleurs, 98 min. Venue faire une étude ergonomique dans une fabrique de tissus, Alix, qui est la fille du patron, tombe amoureuse de Vital, un ouvrier, marié et entraîneur de l’équipe de rugby de l’entreprise. Une entreprise qui va mal. Rares sont les films consacrés à la vie d’une entreprise : ses ouvriers, ses problèmes financiers, ses comptes. Olivier Loustau, excellent comédien, a osé aborder ce sujet sur fond de crise économique. Certains lui reprocheront une vision simpliste de la vie économique et une histoire d’amour convenue, mais son film n’en reste pas moins un témoignage sur l’année 2015. Il a été soutenu par Julie Gayet, productrice déléguée.J.T.
FILLE DU PUISATIER (LA)** (Fr., 2011.) R. : Daniel Auteuil ; Sc. : Daniel Auteuil d’après Marcel Pagnol ; Ph. : Jean-François Robin ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. : Alain Sarde et Jérôme Seydoux ; Int. : Daniel Auteuil (Pascal Amoretti), Kad Merad (Felipe), Jean-Pierre Darroussin (Mazel), Sabine Azema (Mme Mazel), Astrid Bergès-Fisbey (Patricia), Nicolas Duvauchelle (Jacques). Couleurs, 107 min. Le puisatier a sept filles. L’aînée Patricia tombe amoureuse d’un fils de bourgeois, Jacques Mazel qui lui fait un enfant avant de mourir à la guerre. Les Mazel qui avaient dédaigné Patricia, voudront connaître l’enfant. S’inspirant de l’œuvre écrite de Marcel Pagnol, plus que de son film, supprimant mes scories de celui-ci (le discours de Pétain/DeGaulle selon la circonstance), conservant ses savoureux (et très littéraires) dialogues sans forcer
sur l’accent méridional, Daniel Auteuil, pour son premier film, rend un très bel hommage au maître. Pour rendre acceptable ce mélodrame obsolète (la fillemère), il maintient l’intrigue « en son jus », celui des années 40 avec un soin méticuleux, dans une réalisation très classique. Beauté des paysages provençaux inondés de soleil (montagnes bleutées, platanes séculaires, champs d’oliviers). Un excellent casting : Astrid Bergès-Frisbey (bien plus que Josette Day) et Nicolas Duvauchelle ont la jeunesse et la fraîcheur de leurs rôles. Auteuil est un magnifique puisatier (sans le cabotinage de Raimu). Un beau film humain et généreux.C.B.M.
FILLE DU SAMOURAI (LA)** (Die Tochter der Samurai ; All., 1937.) R. et Sc. : Arnold Fanck ; Ph. : Richard Angst ; M. : Kosak et Yamada ; Pr. : Arnold Fanck et Towa Shoizi ; Int. : Setsuko Hara (Tervo), Ruth Eweler, Sessue Hayakawa, Isamu Kusogi. NB, 120 min. Les amours contrariées d’un jeune Japonais. Arnold Fanck, qui était, avec Luis Trenker, un spécialiste des films sur la haute montagne, et, d’après Leni Riefenstahl, nullement un tendre, a réalisé Die Tochter des Samurai au Japon en 1937. C’est à la fois un beau livre d’images, un film d’amour, un hymne au sumo, au théâtre, au Japon exotique et traditionnel face à son inévitable industrialisation. C’est surtout une réconciliation entre Occident et Extrême Orient. En effet nous voyons Tervo, un jeune Nippon, rentrer chez lui après un long séjour à l’Ouest. Il rencontre à bord d’un paquebot une blonde Allemande dont il s’éprend. Hélas, les parents du jeune homme, traditionalistes, lui ont choisi d’office, lors de son retour, une fiancée, Mitsu, issue du pays du Soleil Levant. La jeune fille, se croyant abandonnée, joue la Butterfly et court sur un volcan, pour se jeter au fond du gouffre. Tervo s’aperçoit que c’est elle qu’il aime et, dans un crescendo à la Fanck, escalade le volcan en chaussettes, traverse un lac de lave, et, les pieds en sang, sauve in extremis sa fiancée. Happy end ? Pas vraiment : Tervo et Mitsu vont en
Manchourie, avec leur bébé, coloniser le pays, sans demander leur avis aux habitants. Connaissant les massacres épouvantables que les Japonais ont commis dans la région, la fin du film ne peut pas être considérée comme une fin heureuse. Une redécouverte en DVD.U.S.
FILLE DU TRAIN (LA)* (The Girl on the Train ; USA, 2016.) R. : Tate Taylor ; Sc. : Erin Cressida Wilson d’après le roman de Paula Hawkins ; Ph. : Charlotte Brutus Christensen ; M. : Dany Elfman ; Pr. : Dreamworks SKG ; Int. : Emily Blunt (Rachel Watson), Rebecca Ferguson (Anna), Haley Bennett (Megan), Justin Theroux (Tom). Couleurs, 105 min. Rachel emprunte deux fois par jour un train de banlieue et observe par la vitre un couple dans sa maison. Un jour elle découvre que la femme est avec un autre homme. Ayant un peu forcé sur l’alcool, elle descend du train et se dirige vers la demeure. Elle croise une femme qu’elle pense être celle du couple et subitement s’évanouit. Quand elle se réveille, elle est couverte de sang… Et elle apprendra par la télévision la disparition de la femme. L’intrigue, inspirée d’un roman à succès, repose sur le destin entrecroisé de trois femmes dont la principale est alcoolique. On comprend que l’histoire soit si embrouillée. La violence du dénouement rachète un ensemble un peu décevant.J.T.
FILLE INCONNUE (LA)*** (Belg., 2016.) R. et Sc. : Jean-Pierre et Luc Dardenne ; Ph. : Alain Marcoen ; Pr. : Archipel 35 ; Int. : Adèle Haenel (Jenny), Olivier Bonnaud (Julien), Louka Minnella (Bryan), Jérémie Renier et Christelle Cornil (ses parents), Olivier Gourmet (Lambert fils), Fabrizio Longione (Dr Riga), Ben Hamidou (insp. Ben Malmoud). Couleurs, 106 min.
Jenny Davin, jeune médecin généraliste, très attentive à ses patients, n’ouvre cependant pas, par lassitude, la porte de son cabinet à une jeune femme noire, affolée, qui se présente après la fermeture. Le lendemain matin, elle est retrouvée morte sur le quai en face. Qui était cette inconnue ? Rongée par le remord, Jenny décide de mener sa propre enquête afin de lui offrir au moins un nom dans le cimetière… Jenny est le bon petit soldat de la médecine qui a refusé l’aisance d’un cabinet de groupe pour s’installer dans un quartier populaire. Chacun de ses actes médicaux est précis, d’un parfait réalisme, empli de compassion. Cependant le film va au-delà de ce portrait. Pour cette jeune femme sa quête doit être une absolution pour sa « faute » morale. Le film, très fluide, se déroule dans une ambiance sombre et tendue, « à la Simenon » auquel le décor fait penser. Adèle Haenel, en toute simplicité, avec son front buté, est remarquable. Une fois encore, les Dardenne nous offrent un très grand film et un très beau personnage. C.B.M.
FILLE QUI AVAIT TOUT (LA)* (The Girl Who Had Everything ; USA, 1953.) R. : Richard Thorpe ; Sc. : Art Cohn, d’après la pièce de Willard Mack et le roman d’Adela Rogers St. John ; Ph. : Paul Vogel ; M. : André Previn ; Pr. : Armand Deutsch ; Int. : Elizabeth Taylor (Jean Latimer), Fernando Lamas (Victor Y. Raimondi), William Powell (Steve Latimer), Gig Young (Vance Court), James Whitmore (Charles « Chico » Menlow), Robert Burton (John Almond). Couleurs, 69 min. Steve Latimer, avocat réputé, ne dédaigne pas de défendre des canailles de haut vol pour peu qu’elles contribuent à son aisance financière et à la respectabilité qu’elle confère. Mais lorsque sa fille Jean s’avise de tomber amoureuse d’un de ses clients, le séduisant gangster Victor Raimondi, il éprouve
soudain de singuliers scrupules : pas question d’ouvrir les portes de sa famille à ce déplorable individu… Intéressante dénonciation de l’hypocrisie morale des puissants, malheureusement un peu édulcorée par les exigences de la censure de l’époque. Ce film peu connu de l’efficace Richard Thorpe présente en outre la particularité de nous y montrer William Powell dans son dernier rôle à la MGM ainsi qu’Elizabeth Taylor dans son premier rôle adulte.G.B.
FILLES SANS JOIE** (The Weak and the Wicked ; GB, 1954.) R. : J. Lee Thompson ; Sc. : J. Lee Thompson et Anne Burnaby, d’après le livre de Joan Henry (Who Lie in Gaol) ; Ph. : Gilbert Taylor ; M. : Louis Levy ; Pr. : Victor Skutezky ; Int. : Glynis Johns (Jean Raymond), John Gregson (Michael), Jane Hylton (Babs), Diana Dors (Betty Brown), Sidney James (Sid Baden), A. E. Matthews (Harry Wicks), Anthony Nichols (le pasteur), Olive Sloane (Nellie Baden), Sybil Thorndyke (Mabel), Ursula Howells (Pam), Mary Merrall (Mrs. Skinner), Rachel Roberts (Pat), Paul Carpenter (Joe), Bessie Love (une détenue). NB, 88 min. Joueuse invétérée, Jean Raymond a été piégée par le directeur d’une maison de jeu à qui elle devait de l’argent, et condamnée à un an de réclusion pour une escroquerie à l’assurance dont elle n’est pas responsable. En prison, elle devient l’amie de Betty Brown qui ne peut se consoler d’avoir été trompée et abandonnée par celui qu’elle aimait ; elle rencontre aussi Nellie, une voleuse à l’étalage professionnelle ; Babs, une femme qui aimait trop danser et a provoqué la mort accidentelle de son bébé ; Millie, une vieille fille qui a tenté de faire chanter une amie qui avait empoisonné son encombrant vieux mari. Avoir sauvé la vie d’une gardienne attaquée par une détenue armée d’une paire de ciseaux lui vaut de terminer sa peine dans une prison sans barreaux qui expérimente une nouvelle politique sociale pour les prisonnières dociles et montrant une sérieuse volonté de s’amender…
C’était le troisième film de J. Lee Thompson qui s’applique à construire sa narration avec un soin méticuleux et souvent inspiré, dans une réalisation tenant à la fois du documentaire romancé et du film expérimental. Le drame social présent dans les conditions d’internement y côtoie à la fois le tragique et l’humour dans l’observation, parfois sévère parfois chaleureux, du comportement humain. Périodiquement, quelques cas de détenues donnent lieu à des séquences de flashes back humoristiques (la voleuse dont toute la famille est en prison) ou dramatiques (la maman dont le bébé meurt étouffé). La comparaison mérite d’être faite entre le film de J. Lee Thompson et celui de John Cromwell Femmes en cage (1950) avec Eleanor Parker et Agnes Moorehead, pour apprécier la compassion du système carcéral anglais en regard de son homologue américain. Il s’agit de deux visions radicalement opposées, et le réalisateur n’a cédé à aucune concession à la mode ou à la complaisance morbide. Empreint d’une chaleur humaine toujours présente, le film est simplement sobre et réaliste comme savait l’être le cinéma anglais de l’époque.R.L.
FILM MAUDIT (LE) : JUD SUSS** (Jude Suss ; Autriche, 2010.) R. : Oskar Roehler ; Sc. : Klaus Richter, Oskar Roehler, Franz Novotny, Michael Essen ; Ph. : Carl Friedrich Koschnick ; M. : Martin Todsharow ; Pr. : Clasart Film ; Int. : Tobias Moretti (Ferdinand Marian), Martina Gedeck (Anna Marian), Moritz Bleibtreu (Joseph Goebbels), Justus von Dohnanyi (Veit Harlan). Couleurs, 110 min. Excellent acteur de théâtre (dont un remarquable Iago) il est choisi par Goebbels, ministre nazi de la propagande pour interpréter le rôle de Süss Oppenheimer, ministre du duc de Wuretemberg, dans un film dit « d’art », en réalité de propagande antisémite. Marian essaie de refuser d’autant que sa femme est juive et qu’il cache un acteur juif. Mais face à la pression de Goebbels, il doit céder. Il devient l’un des grands interprètes du cinéma nazi. Sa
femme n’en est pas moins arrêtée. Avec l’effondrement du Reich, il sombre dans l’alcoolisme et se tue en voiture sur une route allemande. Solide et objective évocation du cinéma nazi à travers le tournage de l’œuvre la plus célèbre de ce cinéma, Le juif Süss. Le personnage de Marian est bien rendu avec ses doutes et ses faiblesses, mais il est éclipsé par l’extraordinaire Goebbels que campe Moritz Bleibtreu. Des extraits du vrai film se mêlent à ceux qui ont été reconstitués. Une scène où le film est montré à des soldats souligne l’impact terrible de l’œuvre sur le public.J.T.
FILM SOCIALISME* (Fr., Suisse, 2010.) R. et Sc. : Jean-Luc Godard ; Ph. : Fabrice Aragno et Paul Grivas ; M. : Thierry Machuel ; Pr. : Vega Film, OFC, TSR et Wild Bunch ; Int. : Jean-Marie Stehlé (Goldberg), Christian Sinniger (le père), Catherine Tanvier (la mère), Nadine Beausson-Diagne (Constance), Quentin Grosset (Lucien). Couleurs, 102 min. Des choses comme ça : un paquebot effectue une croisière en Méditerranée. À bord le milliardaire Goldberg qui aurait acquis sa fortune lors de la guerre d’Espagne et l’Occupation. Notre Europe : un garagiste se présente à une élection cantonale. Comme sa femme, il est contesté par leurs enfants qui réclament leur part de liberté et de pouvoir. Nos humanités : la Grèce où résident nos origines culturelles et démocratiques, l’Europe et ses rendez-vous manqués ? Comment rester indifférent devant un film de Jean-Luc Godard ? On peut être en admiration devant sa liberté de pensée, devant la perspicacité de son analyse, devant sa maîtrise de la langue cinématographique… Mais on peut aussi renacler devant ce maelstrom d’images, de sons, de musiques, de paroles, devant cet écran pris de folie, devant une ligne politique parfois absconse. Le vieil ermite, toujours jeune, sort de son silence pour dire le chaos de l’Europe dans un film lui-même chaotique. À prendre ou à laisser avec autant de passion.C.B.M.
FILS DE JEAN (LE)** (Fr., Can., 2016.) R. : Philippe Lioret ; Sc. : Ph. Lioret, Nathalie Carter ; Ph. : Philippe Guilbert ; M. : Flemming Nordkrog ; Pr. : Ph. Lioret, Marielle Duigou ; Int. : Pierre Deladonchamps (Mathieu), Gabriel Arcand (Pierre), Catherine de Léan (Bettina). Couleurs, 98 min. Mathieu, 33 ans, parisien, reçoit un mail lui annonçant la mort de Jean, ce père qu’il n’a jamais connu. Il décide de se rendre au Québec pour en savoir plus. Il est plutôt mal accueilli par Pierre, l’ami de Jean, qui lui apprend que son père aurait disparu, noyé, au cours d’une partie de pêche… Inspiré d’un roman de Jean-Paul Dubois, Philippe Lioret réalise un film d’une extrême sensibilité, tourné, en partie dans ces beaux paysages proches du lac où il s’agirait de retrouver le corps du disparu. Au-delà de cette intrigue secondaire, le film relate avec pudeur la relation qui s’établit entre Mathieu et Pierre où il suffit d’un regard, d’un silence pour faire naître l’émotion sans aucun pathos. Les deux interprètes principaux sont magnifiques, tout particulièrement Gabriel Arcand tour à tour bougon ou chaleureux.C.B.M.
FILS DE JOSEPH (LE) (Fr., Belg., 2016.) R. et Sc. : Eugène Green ; Ph. : Raphaël O’Byrn ; M. : Adam Michna, Z. Otradovic, Emilio Cavalieri, Domenico Mazzochi ; Pr. : Francine et Didier Jacob ; Int. : Victor Ezenfis (Vincent), Natacha Régnier (Marie), Fabrizio Rongione (Joseph), Mathieu Amalric (Pormenor), Maria de Medeiros (Violetta), Jacques Bonnaffé (le paysan). Couleurs, 115 min. Vincent, un adolescent, a été élevé par une mère protectrice qui a toujours refusé de lui révéler l’identité de son père. Il découvre cependant qu’il s’agit d’Oscar Pormenor, un éditeur parisien, cynique et égoïste, qui le rejette. Ce dernier a un frère, Joseph, duquel Vincent va se rapprocher. Le film se divise en cinq parties aux titres d’inspiration biblique (« le sacrifice d’Abraham », « veau d’or », etc.). Les acteurs parfois inexpérimentés,
tel Victor Ezenfis, disent en gros plans, face à la caméra, d’une voix atone, un dialogue affecté où les liaisons sont surlignées. Certaines scènes sont d’un grotesque qui le dispute à un ridicule plus ou moins assumé. Un film très littéraire, germanopratin, précieux autant que prétentieux.C.B.M.
FILS DE SAUL (LE) (Saul Fia ; Hongrie, 2015.) R. : Laszlo Nemes ; Sc. : Laszlo Nemes et Clara Royer ; Ph. : Matyas Erdely ; M. : Laszlo Melis ; Pr. : Laokoon Filmgroup ; Int. : Geza Röhrig (Saul), Levente Molnar (Abraham), Urs Rechn (Biedermann), Todd Charmont (Braun). Couleurs, 107 min. Octobre 1944, Camp d’Auschwitz-Birkenau. Saul Aüslander, un juif, fait partie d’un sonderkummando, c’est-à-dire qu’il est contraint par les Nazis d’exterminer ses propres congénères. Parmi les victimes de la chambre à gaz, il croit reconnaître le cadavre de son fils. Il parvient à le récupérer afin de lui éviter la crémation et de l’ensevelir selon le rite kaddish. Réalisée en caméra portée, l’œuvre cadre au plus près Aüslander (le juif errant) en un format 1. 33 qui accentue encore plus la proximité. Réaliste dans ses moindres détails sur l’extermination (arrivée du convoi, chambre à gaz, four crématoire, etc.) le film est difficilement regardable. Le spectateur est obligé d’adhérer à la quête d’Aüslander en un suspense artificiel, alors qu’elle est vaine. C’est un film-choc, un spectacle inadmissible sur ce qui fut l’un des pires crimes contre l’Humanité. On est loin de l’admirable Nuit et brouillard de Resnais qui dénonçait en un film digne, très loin aussi du film-témoignage de Claude Lanzmann (Shoah). Néanmoins ce film a obtenu le Grand Prix du Jury à Cannes en 2015.C.B.M. Autre point de vue :
FILS DE SAUL (LE)**
(Saul fia, Hongrie, 2015.) R. : László Nemes ; Sc. : László Nemes, Clara Royer ; Ph. : Mátyás Erdély ; M. : László Melis ; Pr. : Laokoon Filmgroup, Hungarian Film Fund ; Int. : Géza Röhrig (Saul Ausländer), Levente Molnár (Abraham), Urs Rechn (Biedermann), Todd Charmont (L’homme barbu), Sándor Zsótér (Le docteur). Couleurs, 107 min. Octobre 1944. Membre d’un Sonderkommando, Saul Ausländer est un des prisonniers d’Auschwitz chargé de l’entretien d’un des fours crématoires du camp, tout en attendant son exécution prochaine. Il croit reconnaître son fils en l’une des dernières victimes des chambres à gaz, et se promet de lui offrir un enterrement conforme à la confession juive. Il se met alors en quête d’un rabbin qui pourra dire le Kaddish, la prière des morts, au moment de mettre le corps en terre. Parallèlement, d’autres membres du Sonderkommando contraignent Saul à préparer un soulèvement. Alors que l’insurrection bat son plein, Saul s’évade avec le corps de son fils présumé. Malgré sa détermination, il doit abandonner la dépouille pour échapper à ses poursuivants avec un groupe de détenus en fuite. Ils seront rattrapés et exécutés à leur première halte. Comment imaginer des costumiers cousant des uniformes de déportés tandis que des décorateurs travestissent un plateau de tournage en théâtre de l’horreur suprême ? Comment admettre ces figurants qui jouent les kapos tandis que d’autres jouent les gazés ? Comment s’accommoder de l’idée qu’un scénariste tisse la trame d’une fiction dans un tel contexte, et qu’un cinéaste la mette en images en criant des « Action ! » et des « Coupez, on se remet en place » ? Et pourtant, comment souscrire à toute restriction du droit de l’artiste à relever ce défi, s’il le souhaite ? En prenant ce pari, László Nemes sait qu’il doit marcher en équilibre sur le fil le plus mince que la morale puisse tendre dans l’histoire de l’art. En se démarquant de la tentative spielbergienne – qui parvenait avec La Liste de Schindler à comprendre une partie du processus de déshumanisation tout en se prenant les pieds dans le tapis hollywoodien – le cinéaste hongrois met à profit les leçons sans doute apprises en observant Béla Tarr, qu’il assistait. Il emploie ici le format 1 : 37 en lui ajoutant une distance focale très courte pour restituer l’enfermement du héros, qui fait volontairement abstraction de son environnement pour survivre. Cette proposition cinématographique dévoile
l’horreur autant qu’elle la masque, invitant le spectateur à reconstituer à sa façon le hors-champ, s’il le souhaite ou le peut. Ainsi, Le Fils de Saul parvient-il à se hisser au rang des films dignes du sujet, quoiqu’en pensent ceux, censeurs à bien des égards, qui refusent au cinéma le droit de s’en approcher autrement que par la voie du documentaire. Si sa vision de la Solution finale ne peut être qu’incomplète, romancée, peu satisfaisante et aux portes de l’indécence, László Nemes met en scène une reconstitution documentée, talentueuse, acceptable et optimiste, en ce qu’elle s’intéresse à ce qui, chez l’humain, résiste en toutes circonstances.G.J.
FINANCE NOIRE (Fr., 1940-1943.) R. : Félix Gandéra ; Sc. : Paul Darcy ; Ph. : Nicolas Hayer ; M. : Maurice Bellecour ; Pr. : Jean Mugeli ; Int. : Marie Déa (Hélène), Jean Max (Maurice Arvers), Alice Field (Anna Bellau), Jean Servais (François Carré), Jacques Varennes (Stilz, le chef de la police), René Bergeron (Stany Bellau), Raoul Marco (Reybart), Camille Bert (Burcq). NB, 84 min. Une équipe de faussaires établie dans la petite principauté de Kuos risque de ruiner le commerce mondial en inondant le monde de faux billets. L’agent secret Maurice Arvers est dépêché sur place pour récupérer des documents compromettants permettant d’arrêter la bande. Il s’envole de nuit dans un avion piloté par son ami François Carré. Mais tous deux sont attendus à l’arrivée par la police prévenue par Hélène, la maîtresse de François qui fait partie de la bande… Une banale histoire d’espionnage plutôt insipide. Tourné en 1940, le film ne fut distribué qu’en 1943, les occupants eux-mêmes l’ayant trouvé parfaitement… inoffensif. Pourtant, la principauté imaginaire dans laquelle s’introduisent les deux héros est un pays totalitaire et le chef de la police (l’excellent Jacques Varennes) a tout d’un agent de la Gestapo, mais les auteurs prendront bien soin de préciser qu’il n’était pas du tout au courant des activités coupables de sa
hiérarchie. En outre, l’agent secret en place au cœur de la bande de faussaires est désigné par le terme… « X 27 » : comme quoi, les scénaristes sont parfois cinéphiles ! Avant tout producteur mais faisant preuve d’une incontestable maîtrise technique, Félix Gandéra tentait vainement de retrouver la (relative) inspiration dont il avait fait preuve dans son honorable Double Crime sur la ligne Maginot (1937).R.L.
FIRE IN THE SKY / VISITEURS EXTRATERRESTRES** (Fire in the Sky ; USA, 1993.) R. : Robert Lieberman ; Sc. : Tracy Tormé, d’après le livre de Travis Walton (The Walton Experience, 1978) ; Ph. : Bill Pope ; M. : Mark Isham ; Pr. : Joe Wizan et Todd Black ; Int. : D. B. Sweeney (Travis Walton), Robert Patrick (Mike Rogers), Craig Sheffer (Allan Dallis), Peter Berg (David Whitlock), James Garner (Frank Watters). C, 109 min. Six bûcherons ont été mandatés par l’Office Forestier pour nettoyer une parcelle de forêt au nord-est de l’Arizona. Mais, ce soir-là, ils ne sont que cinq à rentrer dans la petite localité de Snowflake. Attirés par une mystérieuse lumière, expliquent-ils, ils ont cru voir un engin extraterrestre qui survolait une clairière et l’un d’eux, Travis Walton, s’est aventuré sous le faisceau lumineux où il a été terrassé par une force invisible. Après un minutieux ratissage de la région, le fait est qu’il a disparu sans laisser de traces. Pour beaucoup, se pose alors la question : les cinq bûcherons ne se seraient-ils pas rendus coupables d’un meurtre ? Jusqu’à ce que, cinq jours plus tard, Travis Walton, titubant, blessé, ayant perdu la mémoire et visiblement traumatisé, réapparaisse… Le cas de Travis Walton, « enlevé par un engin extraterrestre d’origine inconnue » le 5 novembre 1975 dans les White Mountains, est l’un des grands classiques de l’Ufologie (la discipline qui collecte les informations concernant les OVNIs : les Objets Volants Non Identifiés). Et l’un des cas les moins contestés par les chercheurs, dont le fameux J. Allen Hynek qui apporta sa
caution scientifique aux Rencontres du troisième type (1975) de Steven Spielberg. Le vrai Travis Walton et ses compagnons ont d’ailleurs passé avec succès le test du Détecteur de Mensonges. Fort de sa caution d’authenticité, le film est construit comme un suspense policier mené avec rigueur et vraisemblance. Et, mise à part une séquence surréaliste dans le vaisseau spatial à l’impact traumatisant (qui, de surcroît, n’est en rien fidèle au témoignage de Travis Walton dans son livre), sa force tient peut-être au fait qu’il laisse beaucoup de questions sans réponse… En tout cas, l’une des œuvres les plus convaincantes traitant d’un sujet rarement abordé à l’écran avec un tel sérieux. Deux ans plus tôt, Robert Patrick avait été le terrifiant T-1000, le cyborg poursuivant Sarah Connor et le Terminator (Arnold Schwartzenegger) dans Terminator 2 – Le Jugement dernier (1991) de James Cameron. Film inédit en salles en France, mais disponible en vidéo.R.L.
FIRE RAISERS (THE) / LES INCENDIAIRES** (The Fire Raisers ; GB, 1934.) R. et Sc. : Michael Powell ; Ph. : Leslie Rowson ; Pr. : Gaumont British ; Int. : Leslie Banks (Jim Bronson), Anne Grey (Arden Brent), Carol Goodner (Helen Vaughan), Franck Cellier (Brent). NB, 66 min. L’escroquerie à l’incendie : une arnaque que connaît bien Jim Bronson, expert pour les compagnies d’assurances et qui s’associe, par appât du gain avec un gang d’incendiaires. Remarquable film noir, signé par Powell seul. Il est resté inédit en France jusqu’à sa sortie en DVD.J.T.
FISTON
(Fr., 2013.) R. : Pascal Bourdiaux ; Sc. : Daive Cohen ; Ph. : Yannick Ressigeac ; M. : Alexis Rault ; Pr. : Monkey Pack Films ; Int. : Kev Adams (Alex), Frank Dubosc (Antoine Chamoine), Nora Arnezeder (Sandra), Valérie Benguigui (Sophie), Helena Noguerra (Monica). Couleurs, 88 min. Alex, jeune homme timide et emprunté, aime Sandra, mais n’ose déclarer sa flamme. Il prend conseil auprès d’Antoine Chamoine, un écrivain raté qui, autrefois, avait séduit la mère de Sandra. Rien ne se passera comme prévu. Alex laissera Sandra pour une autre fille et Antoine Chamoine se révélera le père de Sandra. Gentille comédie dont le seul but est d’attirer les inconditionnels adolescents de Kev Adams et les inconditionnels plus âgés de Franck Dubosc. Mission accomplie. Quant au Septième Art…J.T.
FIVE CAME BACK / QUELS SERONT LES CINQ ?** (Five Came Back ; USA, 1939.) R. : John Farrow ; Sc. : Dalton Trumbo ; Ph. : Nicholas Musuraca ; Pr. : RKO ; Int. : Chester Morris (Bill), Lucille Ball (Peggy), John Carradine (Crimp), Allen Jenkins (Pete), Joseph Calleia (Vasquez). NB, 74 min. Victime d’un accident mécanique, un avion de tourisme doit se poser au milieu de la jungle amazonienne, au milieu d’une peuplade de coupeurs de têtes. Le pilote, Bill, parvient à réparer mais ne peut prendre que cinq passagers. Lesquels ? Superbe film d’aventures resté inédit en France jusqu’à sa sortie en DVD. Lucille Ball est un peu égarée dans cette histoire mais John Carradine est sublime comme toujours. J.T.
FIVE STAR FINAL*** (Five Star Final ; USA, 1931.) R. : Mervyn LeRoy ; Sc. : Robert Lord, d’après la pièce de Louis Weitzenkorn ; Ph. : Sol Polito ; M. : Leo F. Forbstein ; Pr. : First National Pictures ; Int. : Edward G. Robinson (Joseph Randall), Marian Marsh (Jenny Townsend), Frances Starr (Nancy [Vorhees] Townsend), H.B. Warner (Michael Townsend), Anthony Bushell (Phillip Weeks), Ona Munson (Kitty Carmody), Boris Karloff (T. Vernon Isopod), Oscar Apfel (Bernard Hinchecliffe), George E. Stone (Ziggy Feinstein), Aline MacMahon (miss Taylor). NB, 89 min. Patron du « New York Evening Gazette », Hinchecliffe a été mis en demeure par les actionnaires d’augmenter à tout prix le tirage du journal. Une aubaine se présente à Joseph Randall, le rédacteur en chef : révéler le passé oublié de Nancy Vorhees, remariée à Michael Townsend et qui, vingt ans auparavant, tua son premier mari infidèle et purgea une longue peine de prison. Or, cela risque de bouleverser le destin de sa fille Jenny, qui doit épouser le lendemain Phillip Weeks, fils d’un riche industriel. La parution de l’article va entraîner une spectaculaire augmentation des ventes, mais provoquera aussi le suicide de Nancy et de son mari Michael, et l’opposition des parents de Phillip à l’union de leur fils avec la fille d’une criminelle… L’un des premiers films à dénoncer les méfaits du journalisme à scandale, thème qui va devenir l’un des grands leitmotivs du cinéma américain. Le film est d’autant plus remarquable qu’il étale au grand jour le cynisme des patrons de la presse autant que l’amoralisme des journalistes avides de « scoops » – étonnant Boris Karloff en faux pasteur hypocrite et libidineux, quelques mois avant sa révélation dans le rôle du monstre de Frankenstein – avec une amertume et une virulence que l’on ne retrouvera plus guère avant le poignant Gouffre aux chimères (1951) de Billy Wilder. Seul le rédacteur en chef incarné par Edward G. Robinson éprouvera quelques remords, constatant amèrement, à la veille de l’abolition de la Prohibition, que « Dieu nous donne le chagrin, et le diable le whisky ». Seul défaut du film, commun à beaucoup de bandes de cette époque où le cinéma commençait à parler et ne savait pas encore se contenir : son
incessant bavardage qui trahit l’origine théâtrale du sujet. Mais l’image finale marquera longtemps les esprits : celle d’un exemplaire du journal dans le caniveau que le balai d’un agent de la voierie pousse dans l’égout au beau milieu d’un tas d’immondices. Cinq ans plus tard, le film fera l’objet d’un remake transposé dans le monde de la radio, Two Against the World (1936) de William McGann, avec Humphrey Bogart, qui sera loin d’avoir le même impact. Disponible en DVD.R.L.
FIVE** (Fr., 2016.) R. et Sc. : Igor Gotesman ; Ph. : Julien Roux ; M. : Gush, Nekfeu ; Pr. : François Kraus et Denis Pineau-Valencienne, Les Films du Kiosque, Cinéfrance 1888, France 2 Cinéma et Studiocanal ; Int. : Pierre Niney (Samuel), François Civil (Timothée), Margot Bancilhon (Julia), Igor Gotesman (Vadim), Idrissa Hanrot (Nestor), Philippe Duclos, Lucie Boujenah, Fanny Ardant, Pascal Demolon. Couleurs, 102 min. Cinq jeunes d’origines différentes mais qu’une solide amitié réunit, décident de prendre une colocation dans un beau quartier parisien. Mais le « fils à papa » se fâche avec son entourage et, pour subvenir au loyer, décide de se lancer dans un trafic de drogue qui tourne mal. Un Vincent, François, Paul et les autres dans les années 2010, où saucisson, vin rouge et vie de famille seraient remplacés par cannabis, vodka et bons potes. Un Friends à la française réussi, avec un duo Pierre Niney – François Civil de feu et une apparition de Fanny Ardant.D.C.
FLEUR DE CACTUS* (Cactus Flower ; USA, 1969.) R. : Gene Saks ; Sc. : I.A.L. Diamond d’après la pièce de Barillet et Gredy ; Ph. : Charles Lang ; M. : Quincy Jones ; Pr. : Columbia ; Int. : Walter Matthau (Julian Winston), Ingrid Bergman
(Stéphanie Dickinson), Goldie Hawn (Toni Simmons), Jack Weston (Harvey Greenfield). Couleurs, 100 min. Un dentiste, célibataire endurci, fait croire à une amie qu’il veut séduire, qu’il est marié. Et le voilà contraint de faire passer son assistante pour son épouse et les enfants de l’assistante pour ses propres enfants. Il finira par se marier avec cette dernière. Adaptation platement filmée d’une pièce de Barillet et Gredy. Du bon théâtre de boulevard. Remake en 2010 sous le titre français : Le mytho.J.T.
FLEURS BLEUES (LES)*** (Powidoki ; Pol., 2016.) R. : Andrzej Wajda ; Sc. : Andrzej Mularczyk ; Ph. : Pawel Edelman ; M. : Andrzej Panufnik ; Pr. : Akson Studio, Nina et Tumult Fondation ; Int. : Boguslaw Linda (Wladyslaw Strzeminski), Aleksandra Justa (Katarzyna Kobro), Bronislawa Zamachowska (Nika Strzeminska). Couleurs, 98 min. Les persécutions dont fut victime le grand peintre polonais Strzeminski de la part des staliniens et des tenants du réalisme socialiste. Il mourut d’épuisement en 1952. Wajda est mort quelques jours après la sortie du film en septembre 2016. C’est un testament : il y défend la liberté de l’artiste face au totalitarisme. Wajda s’est projeté lui-même dans ce personnage ayant réellement existé : il retrouve les accents de L’Homme de fer. L’oeuvre eût mérité un meilleur accueil de la critique.J.T.
FLIGHT* (Flight ; USA, 2012.) R. : Robert Zemeckis ; Sc. : John Gatins ; Ph. : Don Burgess ; M. : Alan Silvestri ; Pr. : Paramount ; Int. : Denzel Washington
(Witaker), Don Cheadle (Lang), Kelly Reilly (Nicole), John Goodman (Harling Mays), Melissa Leo (Ellen). Couleurs, 148 min. Imbibé d’alcool et s’étant endormi, un pilote ne peut éviter un crash. Il se réveille à l’hôpital face à une enquête qui s’annonce accablante. Sa liaison avec Nicole, elle-même droguée, tourne court. Pourtant elle lui revient à la veille du procès. À l’audience les experts concluent finalement à une avarie matérielle (l’avion avait dû traverser un orage). Mais le pilote avoue son alcoolisme. Il ira en prison. Le personnage du film est attachant : victime de son alcoolisme, s’il ne peut éviter le crash, sa manœuvre (faire voler l’avion à l’envers pour arrêter la descente) permet de sauver la vie d’un certain nombre de passagers. C’est un pilote remarquable qui prend conscience du danger que représente sa passion pour l’alcool, mais trop tard. Zemeckis sait éviter un ton moralisateur, laissant son héros (Denzel Washington est excellent) à ses faiblesses et ne lui épargnent pas la prison. Il montre aussi son savoir-faire dans les scènes du crash.J.T.
FLINGUEUR (LE)* (The Mechanic ; USA, 2011.) R. : Simon West ; Sc. : Richard Wenck et Lewis John Carlino ; Ph. : Eric Schmidt ; M. : Mark Isham ; Pr. : Nu Image et Millenium ; Int. : Jason Statham (Arthur Bishop), Ben Foster (Steve McKenna) Donald Sutherland (Harry McKenna), Tony Goldwyn (Dean Sanderson), Jeff Chase (Burke). Couleurs, 92 min. Un tueur d’expérience, Arthur Bishop, prend sous sa protection le fils d’un vieil ami, Steve McKenna, dont il a exécuté le père. Mais Steve, l’apprenant, ne voudrait-il pas venger son père ? La confrontation est inévitable. Honnête remake d’un film de Michael Winner, sous le même titre. On peut préférer l’original à la copie.J.T.
FLORENCE FOSTER JENKINS**
(Florence Foster Jenkins ; GB, 2016.) R. : Stephen Frears ; Sc. : Nicholas Martin ; Ph. : Danny Cohen ; M. : Alexandre Desplat ; Pr. : Pathé et BBC Films ; Int. : Meryl Streep (Florence Foster Jenkins), Hugh Grant (St Clair Bayfield), Simon Helberg (Cosmé McMoon), Rebecca Ferguson (Kathleen). Couleurs, 110 min. Florence Foster Jenkins, soutenue par son mari l’acteur St. Clair Bayfield (qui a une deuxième compagne Kathleen), se croit une grande chanteuse et répète avec un pianiste qu’elle a engagé, McMoon. Elle décide de se produire au Carnegie Hall. Dans le public ses amis font la claque mais la critique est féroce. La découvrant, elle meurt de désespoir. Malgré la mise en scène de Frears, cette version est très inférieure à la Marguerite de Xavier Giannoli située à Paris en 1920 (ici à New York en 1944) sur le même thème. Une histoire vraie d’une grande cruauté.J.T.
FLORIDE** (Fr., 2015.) R. : Philippe LeGuay ; Sc. : Jérôme Tonnerre, Philippe LeGuay d’après Florent Zeller ; Ph. : Jean-Claude Larrieu ; M. : Jorge Arriagada ; Pr. : Jean-Louis Livi, Philippe Carcassone ; Int. : Jean Rochefort (Claude Lherminier), Sandrine Kiberlain (Carole), Laurent Lucas (Thomas) Anamaria Marinca (Ivona), Clément Métayer (Robbin). Couleurs, 110 min. À 81 ans, Claude Lherminier, un ancien industriel, est un vieux râleur ; il ne supporte aucune aide à domicile. Et pourtant il commence à avoir des absences de mémoire et ne peut rester seul dans une grande demeure. Sa fille aînée, Carole, s’en inquiète et envisage un établissement particulier et spécialisé pour l’accueillir. Lui s’y refuse. Ce qu’il veut c’est rejoindre sa fille cadette en Floride. Or celle-ci est morte dans un accident de voiture et il ne s’en souvient plus. Ses proches ne veulent pas le lui rappeler. L’atout essentiel du film, c’est la présence de Jean Rochefort (85 ans), toujours aussi vert, l’œil brillant, le sourire égrillard, les mains baladeuses, aimant les femmes et la bonne vie. Autre intérêt : l’évolution insidieuse de cette
maladie d’Alzheimer, ici fort bien décrite. Et enfin les relations houleuses entre le père et sa fille, Sandrine Kiberlain, toujours parfaite, ayant le rôle ingrat de gérer le quotidien d’un vieillard. Adaptation réussie d’un succès théâtral, aérée dans de beaux décors. Un film drôle et revigorant malgré le thème abordé.C.B.M.
FOLIE ALMAYER (LA)* (Fr., 2011.) R. : Chantal Akerman ; Sc. : Chantal Akerman d’après Joseph Conrad ; Ph. : Rémon Fromont ; Pr. : Chantal Akerman ; Int. : Stanislas Merhar (Almayer), Aurora Marion (Nina), Yucheng Sun (le capitaine Li) Sakhna Oum (Zahira), Marc Barbé (Le capitaine Lingard), Zac Andrianasolo. (Daïn). Couleurs, 127 min. Un bordel d’Asie du Sud Est : un chanteur est assassiné, Daïn. Sa compagne Nina reste seule. Elle avait vécu avec sa mère Zahira et un marchand Almayer jusqu’au jour où elle avait été envoyée en pension pour recevoir une éducation européenne par le capitaine Lingard. Mais Almayer est épris de Nina. Refusant le pensionnat, Nina s’enfuit avec sa mère. Elles sont retrouvées par Amayer et Lingard. Finalement Nina est expulsée de son école. Almayer, devenu chercheur d’or, la revoit avec plaisir. Il en est fou. Mais, refusant son mode de vie, Nina s’enfuit avec un jeune proxénète Daïn qui est finalement assassiné. Parfaite adaptation du roman de Conrad, rendant bien la façon dont la jungle malaisienne détruit les occidentaux : la recherche de l’or, la confusion des sentiments chez Almayer vis à vis de Nina… Un monde névrosé que ressuscitent les images du début dans le bordel où Daïn est assassiné. Chantal Akerman reste fidèle à un style où les recherches formelles l’emportent sur le récit.J.T.
FOLLE DES HOMMES*
(Mad about Men ; GB, 1954.) R. : Ralph Thomas ; Sc. : Peter Blackmore ; Ph. : Ernest Steward ; M. : Benjamin Frankel ; Pr. : Betty Box et Earl St. John pour General Film Distributors ; Int. : Glynis Johns (Caroline Trewella / Miranda), Donald Sinden (Jeffrey Saunders), Anne Crawford (Barbara), Margaret Rutherford (Angelina Carey), Dora Bryan (Berengaria), Noel Purcell (Old Salt), Peter Martyn (Ronald), Nicholas Phipps (Barclay Sutton), Joan Hickson (Mrs. Fosters), Judith Furse (Viola), Irene Handl (Madame Blanche), Martin Miller (Dr Fergus). Couleurs, 90 min. Caroline Trewella a hérité d’une vieille demeure située au bord de la mer, en Cornouailles. Elle y rencontre Miranda, une sirène qui lui ressemble comme… deux gouttes d’eau, et apprend que son oncle, jadis, fut séduit par la superbe créature. Comme Miranda voudrait goûter quelque temps à la vie terrestre, Caroline consent à lui laisser la place et laisse courir le bruit qu’elle a fait une chute et qu’elle est coulée pour un bon moment dans une chaise roulante où Miranda pourra aisément cacher sa queue de poisson. Mais Miranda, littéralement folle des hommes, se met à flirter avec tous ceux qui passent à sa portée, provoquant conflits, colères, et rupture de fiançailles. Sur le point d’être démasquée par une fiancée éconduite et jalouse, sa véritable nature demeurera secrète grâce à Caroline, et elle devra retourner à la mer. Le film se veut la suite du fameux Miranda (1948) de Ken Annakin que jouait déjà Glynis Johns, adaptation d’une pièce qui avai