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organisation, il faut qu’ils bénéficient d’un statut leur permettant cela . En général ils sont soumis mutatis mutandis (les choses évoluant, mais dans une évolution logique) aux règles applicables aux représentants des Etats. CHAPITRE II : DROIT INTERNATIONAL ET CONTRAINTE L'engagement de non- recours à la force présent dans la chartre des Nations Unies est tempéré par deux exceptions auxquelles il est largement fait recours dans le monde contemporain. Le rôle de Conseil de sécurité a élargi et assoupli les conditions dans lesquelles il autorise le recours à la force pour répondre à des circonstances très variées. Le recours à la force est au c°ur de la relation entre les Etats souverains et de son encadrement par le droit international public. Deux doctrines nouvelles sont apparues, celle de l'intervention humanitaire et celle du droit à l'action préventive qui n'ont pas encore trouvées leur place dans les normes admises en droit positif. Les relations entre les rapports de force interétatiques et le droit international sont particulièrement complexes et fluctuants dans ce domaine. Il ya l'interdiction de recourir à la force qui est consacré comme un principe fondamental du droit international contemporain et l'obligation de régler les différends à travers les modes pacifiques. Section 1 : Le principe de l’interdiction du recours à la force L’emploi de la force tout court est interdit en droit international et pas seulement la guerre. De surcroît, la prohibition s’étend non seulement à l’usage effectif de la force mais également à la menace de celle-ci. Paragraphe 1 : L’affirmation évolutive du principe : a) La première atteinte portée par le droit des gens à la compétence de guerre (jus belli ou jus ad bellum) vint d'Amérique du Sud où naquit la doctrine Drago (du nom du Ministre des Affaires Etrangères argentin) selon laquelle la force ne pouvait être employée pour recouvrer les emprunts publics; cette idée fut consacrée par la Convention Drago - Porter du 18 octobre 1907 qui en pareille hypothèse n'autorise le recours à la force que contre l'Etat refusant l'arbitrage ou refusant d'exécuter une sentence arbitrale (la Belgique n’y fut point partie). b) Ce n'est qu'avec le Pacte de la SDN reproduit dans le Traité de Versailles et divers autres traités de paix, que les Etats vont accepter « certaines obligations de ne pas recourir à la guerre ». La compétence de guerre subsiste, mais elle est fort réduite et réglementée dans son utilisation. c) Par le Traité de garantie mutuelle dit Pacte Rhénan (1925), « l’Allemagne et la Belgique/France s’engagent réciproquement à ne recourir de part et d’autre en aucun cas à la guerre (art. 2). d) Un pas de plus allait être franchi par le Pacte de Paris du 27 août 1928, communément appelé Pacte Briand-Kellog, car il avait été négocié par Aristide Briand et le secrétaire d'Etat américain F. B. Kellog. On a dit que ce texte mettait la guerre hors-la-loi. Il est plus exact de dire qu'il a mis fin à la compétence de guerre des Etats signataires. Il était généralement admis que la guerre restait permise contre un Etat en rupture du Pacte (déclaration de guerre en 1939 de la France à l'Allemagne suite à l'agression de cette dernière contre la Pologne) et en cas de légitime défense.
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1. la limitation de l’emploi de la force pour le recouvrement des dettes contractuelles – la Convention Drago-Porter de 1907. Lors de la première conférence, fut adoptée une convention pour le règlement pacifique des conflits internationaux dont l’objectif était « de prévenir autant que possible le recours à la force dans les rapports entre les Etats ». Puis, lors de la seconde, fut notamment conclue une convention aux termes de laquelle les Etats parties s’engageaient à n’ouvrir les hostilités qu’après avoir procédé « à un avertissement préalable et non équivoque » prenant « soit la forme d’une déclaration de guerre motivée, soit celle d’un ultimatum avec déclaration de guerre conditionnelle ». Mais, surtout, au cours de cette même conférence, fut adoptée la convention Drago-Porter qui interdit aux Etats de recourir à la force pour recouvrer des dettes si l’Etat débiteur ne rejette pas l’offre de règlement arbitral et s’engage à respecter la décision. Bien que modeste dans ses ambitions, cette convention n’en demeure pas moins marquante dans la mesure où elle est venue limiter pour la première fois le recours à la force. 2. la limitation du droit de recourir à la guerre – Pacte de la SDN de 1919 (et limites). La seconde limitation du droit de recourir à la force est issue du Pacte de la SDN qui distingue les guerres illicites, celles d’agression, des guerres licites, c’est-à-dire toutes celles qui n’entrent pas dans cette première catégorie, en prévoyant le respect de procédures dans l’usage de la force. 3. la mise hors-la-loi de la guerre – le Pacte Briand-Kellogg de 1928. Un pas décisif a été fait par le célèbre Pacte Briand-Kellog du 26 août 1928 qui met fin à la règle de la compétence discrétionnaire de guerre des Etats, sans interdire pour autant de manière générale et absolue le recours à la force. Après la première guerre mondiale, cette question va logiquement connaître un regain d’intérêt. Si le Pacte de la Société des Nations impose à ses membres dans son préambule « certaines obligations de ne pas recourir à la guerre », il n’en interdit pas pour autant l’usage. C’est le pacte Briand-Kellogg du 27 août 1928 qui va s’en charger. Celui-ci met la guerre hors-la-loi, il prohibe le recours à la guerre comme moyen de politique nationale. Ce pacte « constitue la première dénonciation de la guerre par un instrument international d’une concision notable ». Son talon d’Achille résidait cependant dans le fait qu’il n’était assorti d’aucune sanction. En raison de cette lacune, le pacte Briand-Kellogg ne put parvenir à son objectif. Il n’empêcha évidemment pas la seconde guerre mondiale et son cortège d’atrocités. Fortement traumatisés par ces événements tragiques, les Etats décident de s’entendre pour ne plus faire du recours à la guerre un acte discrétionnaire. C’est pourquoi lors de la Conférence de San Francisco est adopté l’article 2 § 4 qui consacre l’interdiction du recours à la force tout comme la menace d’y recourir. Il ne s’agit toutefois pas d’une interdiction absolue. Deux bémols, d’inégale importance, doivent d’emblée y être ajoutés.
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4. L’interdiction du recours à la force dans les relations internationales – l’article 2 Paragraphe 4 de la Charte des Nations Unies. L’article 2§ 4 de la Charte des Nations Unies, élaborée pendant la seconde guerre mondiale, prévoit que “ Les membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ”. Comme le montrent les travaux préparatoires de la Charte, le terme force ne vise que la force armée même si, au cours des années soixante, les Etats du tiers-monde ont cherché à l’étendre à toutes les mesures de pression y compris les mesures politiques et économiques prises par les Pays développés. D’ailleurs, les termes du Préambule de la Charte sont sans équivoque puisqu’il se réfère à “ la force des armes ”. En interdisant ainsi l’utilisation et la menace du recours à la force armée dans les relations internationales, l’article 2 § 4 de la Charte des Nations Unies constitue, à lui seul, une véritable révolution dans l’ordre juridique international. En mettant un terme à la reconnaissance d’un droit subjectif à la guerre, il contribue à l’abandon du modèle westphalien. Cette interdiction a désormais valeur coutumière et impérative en droit international contemporain. 5. la valeur coutumière et impérative du principe (C.I.J., Arrêt du 27 juin 1986, Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. Etats- Unis). Comme l’a souligné la CIJ dans l’affaire des Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua (Arrêt du 27 juin 1987) « La Charte et le droit international coutumier procèdent tous deux d’un principe fondamental commun bannissant l’emploi de la force des relations internationales. Le principe de l’interdiction du recours à la force est une pièce maîtresse dans l’édifice du système de sécurité collective mis en place en 1945. De nombreuses résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies ont rappelé l’existence de ce principe qui, d’après la Cour internationale de Justice, constitue une « pierre angulaire de la Charte des Nations Unies ». Ce faisant, la CIJ a constaté que ce principe avait acquis valeur coutumière. Le principe de l’interdiction du recours à la force a donc le double statut de norme conventionnelle et de norme coutumière. Enfin, eu égard à son importance, cette norme est souvent citée comme exemple de règle de jus cogens autrement dit comme un principe intransgressible, une règle insusceptible de dérogation. Cette interdiction générale du recours à la force ne s’applique pas seulement dans le cadre onusien puisqu’elle a été reprise par tous les pactes régionaux de sécurité et de défense mutuelle. Paragraphe 2 : La portée du principe La consécration de l’interdiction du recours à la force ne s’est pas traduite par la cessation de tout conflit armé. Ce n’était néanmoins pas l’objectif que les Etats s’étaient fixé en adoptant l’article 2 § 4. En effet, celui-ci ne concerne pas les conflits internes et permet de rendre licite le recours à la force lorsque celui-ci intervient dans le cadre de la légitime défense ou lorsqu’il est autorisé par le Conseil de sécurité. Le problème toutefois est que ces dernières années, on a pu observer un recours à la force dans les relations internationales sans que l’une ou l’autre de ces deux conditions ne soient remplies. A l’heure actuelle, les violations de la règle se multiplient. Cette dérive est d’autant plus inquiétante qu’elle est pour partie le fait de la principale puissance mondiale. La guerre du bien contre le mal conduit à une réminiscence de la veille conception messianique de la guerre juste. 18
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A – Le recours ou la menace du recours à la force armée 1. Le « droit naturel » de légitime défense – article 51 de la Charte des Nations Unies (CIJ, 1996, Licéité de l’emploi des armes nucléaires ; 2003, Plates-formes pétrolières (Iran c. Etats-Unis) ; 2005, RDC c. Ouganda). Cette interdiction s’accompagne, du moins dans le texte de la CNU, d’un système de sécurité collective à l’encontre de tout violateur de la légalité (arts. 39-51). Par conséquent, le contenu et l’étendue de la mise au ban de la force en droit international contemporain ne peuvent pas être correctement interprétés par référence uniquement à l’art. 2 § 4. En revanche, cette disposition doit être examinée conjointement et à la lumière des arts. 39, 51 et 53. .L’affirmation du droit de légitime défense Selon les termes de l’article 51 de la Charte des Nations Unies, « Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans l’exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité et n’affectent en rien le pouvoir et le devoir qu’a le Conseil, en vertu de la présente Charte, d’agir à tout moment de la manière qu’il juge nécessaire pour maintenir la paix et la sécurité internationales ». Cette disposition exprime le droit commun de la légitime défense. L’économie de l’article 51 est assez simple dans son principe. Tout État qui entend réagir à une agression armée peut recourir à la force à la double condition toutefois que ce recours soit nécessaire et proportionné. Pour autant, aussi simple cet article soit-il dans son énoncé, il n’en soulève pas moins un certain nombre de difficultés dans sa mise en °uvre. Elle est opposable à l’ensemble des États en tant qu’élément constitutif de la règle impérative de l’interdiction du recours à la force, à la fois à titre conventionnel et, si l’on réserve ses aspects purement procéduraux, à titre coutumier4. Son objet est de régir les relations entre Etats, les relations entre particuliers mettant en jeu la légitime défense à un autre titre, à déterminer en fonction du droit matériel applicable. Le jus contra bellum, dans le cadre duquel doit être replacé l’article 51 de la Charte, suppose en effet que l’on soit dans l’hypothèse de l’attaque d’un Etat contre un autre Etat Le principal problème qui se pose est que l’article 51 ne définit pas l’expression « agression armée ». Lors de la conférence de San Francisco, les Etats ont renoncé à en donner une définition, tout comme à en dresser une liste. En 1974, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 3314 aux termes de laquelle l’agression est définie comme « l’emploi de la force armée par un Etat contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre Etat, ou de toute autre manière incompatible avec la Charte des Nations Unies ». De son côté, la CIJ exige que l’attaque soit attribuable à l’Etat contre le territoire duquel est dirigée l’action en légitime défense. Partant, au regard de ces différents éléments, il apparaît que l’acte d’agression, qui conditionne le recours à la légitime défense individuelle ou collective, est forcément le fait d’un Etat.
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Dans le cas de la guerre en Afghanistan en 2001 et dans celui de la guerre au Liban en 2006, les Etats-Unis et Israël se sont considérés en état de légitime défense à la suite d’actes commis par des groupes terroristes sur leur territoire. Aux termes de la résolution 3314 précitée, les actes des groupes non étatiques ne peuvent être constitutifs d’une agression que dans la mesure où ils sont imputables à un Etat. Or, dans ces deux affaires, cette exigence n’était pas forcément satisfaite. Il convient de revenir brièvement sur chacune de ces deux interventions armées. A la suite des attentats du 11 septembre, les Etats-Unis ont déclenché l’opération « liberté immuable » contre l’Afghanistan à partir du 6 octobre 2001. La question se pose toutefois de savoir si les Etats-Unis pouvaient, en toute légalité, faire valoir leur droit de légitime défense. Dans l’affaire des Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, la Cour internationale de Justice a estimé que dans l’hypothèse où elle revêt une ampleur particulière, l’action de bandes armées pouvait être considérée comme une agression. En l’espèce, nul ne peut contester la gravité de l’attaque dont les Etats-Unis ont fait l’objet. Mais, encore fallait-il pouvoir, d’une façon ou d’une autre, imputer les actions suicides contre les tours jumelles aux Taliban, démontrer que le régime des Mollahs pouvait être considéré comme le « commanditaire » d’Al-Qaida. Aucune preuve de l’existence d’un tel lien ne pouvant être rapportée, il en résulte que les attentats du 11 septembre ne pouvaient être considérés comme une agression de l’Afghanistan. Quelle que soit l’hypothèse invoquée, la possibilité pour les Etats-Unis de se prévaloir de la légitime défense ne pouvait se faire que par une interprétation extensive des différents critères en conditionnant l’exercice. Une autre possibilité parfois évoquée était de fonder l’opération « liberté immuable » en faisant appel à la théorie de l’Etat défaillant, c’està-dire de considérer que la situation sur le terrain est tellement anarchique que l’Etat a disparu. Dans une telle hypothèse, l’ONU estime néanmoins que la souveraineté de l’Etat demeure, tout comme son intégrité territoriale. Comme cela s’est produit en Somalie, les Etats qui entendent mener une opération militaire ne peuvent intervenir qu’après avoir obtenu une autorisation du Conseil de sécurité. Ce qui, dans le cadre de l’intervention en Afghanistan, n’était manifestement pas le cas. .L’exercice de la légitime défense L'exercice de la légitime défense doit répondre à certaines conditions: 1° Elle doit être nécessaire, indispensable pour repousser l'attaque et proportionnelle. Ainsi, dans l’affaire des Plates formes pétrolières, la CIJ a considéré que la destruction de deux frégates iranienne et d’un certain nombre d’autres navires et aéronefs, ainsi que le bombardement de 2 plates formes pétrolières « ne sauraient être considérées, dans les circonstances de l’espèce, comme un emploi proportionné de la force au titre de la légitime défense ». 2° Le droit de légitime défense est un droit de l'Etat attaqué (légitime défense individuelle), mais aussi des Etats tiers (légitime défense collective). La légitime défense collective peut jouer en l'absence d'engagements préexistants, lorsque des Etats tiers viennent en aide à l'Etat attaqué sur demande de ce dernier ou en vertus d'accords préalables, bilatéraux ou multilatéraux. Les Etats-Unis notamment ont passé de nombreux accords bilatéraux de défense mutuelle. Sur le plan multilatéral, les art. 52 et 53 de la Charte prévoient le jeu d’accords ou d’organismes régionaux pour le maintien de la paix et de la sécurité et pour régler les affaires qui se prêtent à une action de caractère régional.
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Dans l’affaire des Activités militaires, la CIJ a estimé que la légitime défense collective ne pouvait être exercée que si la victime avait elle-même déclaré qu’elle faisait l’objet d’une agression et que si elle demandait de l’aide. Ces précisions sont importantes. Elles font bonne mesure des invocations sans fondement par des Etats tiers de soi-disant situations de légitime défense collective comme le fit l’URSS pour justifier l’invasion de la Hongrie en 1956, de la Tchécoslovaquie en 1968 et de l’Afghanistan en 1979 et comme le firent les Etats-Unis pour justifier l’invasion de la Grenade en 1983 et du Panama en 1989. Selon l'art. 51, le Conseil de sécurité doit être immédiatement averti des mesures prises dans l'exercice de ce droit. 2. Le recours à la force armée par le Conseil de sécurité ou avec son autorisation – art. 42 de la Charte. En vertu des dispositions de la Charte de l’O.N.U., l'usage de la force armée est autorisée dans deux cas seulement : d'une part, s'il y a « légitime défense » et, d'autre part, lorsque l’O.N.U. elle-même, par l'intermédiaire du seul Conseil de sécurité, en a décidé ainsi au titre des dispositions du Chapitre VII. Le recours à la légitime défense est à la fois conditionné ratione materiae et ratione temporis. a- Ratione materiae Suivant les termes de l’article 51 de la Charte, c’est uniquement une agression armée qui justifie le recours à la force au titre de la légitime défense. Or, c’est près de trente ans après l’entrée en vigueur de la Charte que l’agression a été définie par la résolution 3314 de l’Assemblée générale. Cette définition est très incomplète car l’Assemblée générale n’établit pas une liste exhaustive des actes d’agression, se contentant de donner une liste non limitative comprenant l’invasion, l’attaque territoriale, le bombardement, le blocus maritime ou l’attaque par les forces armées d’un Etat contre les forces armées d’un autre Etat. Ce droit de légitime défense, qu’il soit exercé de manière individuelle ou dans le cadre d’une alliance militaire permettant à un Etat qui n’est pas directement atteint d’intervenir au nom d’un accord de défense le liant au pays agressé, ce qui peut être un alibi à une intervention non consentie, est un droit naturel selon la Charte ce qui signifie que l’article 51 ne fait que reconnaître son existence dans un cadre conventionnel mais qu’il a aussi une valeur coutumière. A ce titre, la Cour internationale de justice dans l’affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua l’a reconnu en précisant que “ la Charte n’en réglemente pas directement la substance sous tous ses aspects… et ne comporte pas la règle spécifique, pourtant bien établie en droit international coutumier, selon laquelle la légitime défense ne justifierait que des mesures proportionnées à l’agression armée subie, et nécessaires pour y mettre fin ”. Dans son arrêt du 6 novembre 2003, Affaire des plates-formes pétrolières (République islamique d’Iran c. Etats-Unis d’Amérique), la Cour internationale de justice a d’ailleurs réaffirmé que les caractères de nécessité et de proportionnalité constituaient deux conditions sine qua non dans l’exercice de la légitime défense, tout en écartant implicitement, puisqu’elle n’y fait pas allusion, le concept de légitime défense préventive, cette interprétation étant d’ailleurs confirmée par l’avis de la Cour internationale de justice relatif aux Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé. Ces conditions restrictives renforcent le caractère d’exception de la légitime défense qui ne peut être invoqué qu’aussi longtemps que le Conseil de sécurité n’a pas pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix, selon l’article 51 de la Charte. N’ayant qu’un caractère provisoire, la légitime défense est, par conséquent, aussi limitée ratione temporis.
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b- Ratione temporis Les rédacteurs de la Charte des Nations Unies ont conçu la légitime défense comme une sorte de parenthèse limitée dans le temps, permettant aux Etats de réagir immédiatement face à une agression armée jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait eu le temps de prendre les mesures nécessaires au maintien de la paix, qu’elles soient coercitives ou non. En outre, et toujours selon l’article 51 de la Charte, les mesures prises par les Membres dans l’exercice de ce droit de légitime défense doivent être immédiatement portées à la connaissance de cet organe afin qu’il puisse exercer un contrôle sur ces mesures. Cependant, la pratique montre que le veto d’un des cinq membres du Conseil de sécurité a eu pour effet de paralyser son action, le rendant incapable de qualifier une situation ou de prendre les mesures nécessaires au rétablissement de la paix. Ces mesures sont cependant fortement encadrées. .Le Conseil de sécurité des Nations Unies et le chapitre VII de la Charte Si le Conseil de sécurité « constate l'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression » (art. 39 de la Charte), il peut décider toutes mesures d'ordre militaire qu'il jugerait nécessaires (art. 42 de la Charte). Cela étant, la Charte s'abstient de définir les expressions cardinales qui se trouvent insérées dans l'article 39 : « menaces contre la paix », « rupture de la paix » ou « rétablissement de la paix ». Le Conseil de sécurité, en tant qu’organe principal du maintien de la paix, se voit investi de toute une série de compétences dans le cadre du Chapitre VII relatif au système de sécurité collective. D’abord, selon l’article 39 de la Charte, il peut constater “ l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix, ou d’un acte d’agression ”. Cette qualification juridique des faits est parfois équivoque, la frontière entre la menace contre la paix et la rupture contre la paix n’étant pas, en particulier, des plus étanches, d’autant plus que le Conseil de sécurité a élargi cette notion de menace contre la paix aux domaines humanitaire et sanitaire. De plus, le terme agression n’est pas utilisé par le Conseil dans les conflits inter- étatiques récents qui voit en l’agresseur une “ menace contre la paix ”. En principe, le Conseil de sécurité ne peut pas déléguer son pouvoir de qualification, le système de sécurité collective ayant à la base un caractère très centralisé. Ensuite, selon l’article 40 de la Charte, “ afin d’empêcher la situation de s’aggraver ”, il peut aussi “ inviter les parties intéressées à se conformer aux mesures provisoires qu’il juge nécessaires et souhaitables ”. Le terme “ invitation ” est dépourvu de caractère juridique obligatoire, ce qui est ambigu eu égard au pouvoir de décision reconnu au Conseil de sécurité par le Chapitre VII. Ce pouvoir de décision lui sert notamment à prendre des mesures qui ont un caractère opérationnel. . Le schéma originel d’une action armée du Conseil de sécurité Les mesures prises par le Conseil de sécurité peuvent revêtir deux formes différentes. La première, prévue par l’article 41 de la Charte, a un caractère non coercitif. Il s’agit de mesures telles que l’interruption complète ou partielle des relations économiques, des communications ou la rupture des relations diplomatiques. En principe, ces mesures ont un caractère
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obligatoire pour les Etats mais peuvent faire aussi l’objet de recommandations et visent les “ menaces à la paix ” même si des “ ruptures ” à la paix ont également justifié leur utilisation. La seconde catégorie est celle des mesures coercitives. En effet, selon l’article 42 de la Charte, le Conseil peut “ entreprendre, au moyen de forces aériennes, navales ou terrestres toutes actions qu’il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix ”, ces forces étant issues des contingents nationaux, sans toutefois que le Comité d’Etat-major, prévu par l’article 45 de la Charte et chargé de leur préparation, n’ait jamais été mis en place. Ce pouvoir de sanctions reconnu au Conseil de sécurité résulte de l’abandon par les Etats membres de leur droit individuel de recourir à la force, puisque ce dernier s’est reconnu, dans la pratique, le droit d’autoriser le recours à la force, alors que formellement la Charte ne lui reconnaît pas une telle compétence à l’égard des Etats, et d’encadrer les opérations de maintien de la paix subséquentes. Ces sanctions sont d’ailleurs tout à fait symptomatiques des finalités du système de sécurité collective onusien qui vise à la limitation du recours à la force par le droit et à faire primer l’institutionnel sur le relationnel, selon une terminologie chère à René-Jean Dupuy. Mais la pratique la plus récente en la matière montre que le relationnel prime l’institutionnel et que, par conséquent, le recours à la force transgresse le droit international. . La pratique de l’habilitation donnée par le Conseil de sécurité Le cadre juridique prévu dans le domaine de la sécurité collective s’avère être inadapté en raison des très nombreuses transgressions constatées dans la pratique. A deux reprises, une coalition d’Etats a eu recours à la force armée sans être placée en état de légitime défense, ni bénéficier d’une autorisation du Conseil de sécurité. Il s’agit des interventions armées au Kosovo en 1999 et en Irak en 2003. Ces deux interventions ont été considérées comme illégales sur le plan international par une partie de la doctrine. Il n’en existe pas moins une différence substantielle entre elles. Alors que la première était susceptible de se parer du sceau de la légitimité, la seconde, en revanche, ne le pouvait même pas. Entre mars 1998 et mars 1999, le Conseil de sécurité avait adopté un certain nombre de résolutions dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies visant à ce que les autorités de Belgrade mettent un terme à la répression des Kosovars albanais. Certaines de ces résolutions imposaient des obligations très précises à la Serbie. 3. Le droit des peuples colonisés ou occupés ou soumis à un régime raciste de recourir à la force armée Le droit international n’a pas forgé un concept autonome de guerre de libération nationale. C’est à travers d’autres concepts, plusieurs, que cette réalité est appréhendée. Il faut tout d’abord se souvenir que toute la matière du droit de la guerre est dominée par la dichotomie des conflits internationaux et des conflits internes, ou plus exactement non-internationaux. Le concept de « guerre de libération nationale », avant d’être appréhendé par le droit, puise ses racines dans la réalité et l’histoire. Nul ne contestera que la guerre de libération nationale est une situation politique avant d’être un concept juridique. Il y a tout d’abord les guerres coloniales : Indonésie, Indochine, Algérie, Kenya, Mozambique, Guinée Bissau, Angola (jusqu’en 1974), etc. Dans ce premier groupe de conflits, le peuple colonisé lutte pour son indépendance contre l’oppression coloniale. Il y a aussi les guerres de libération contre l’occupation étrangère : la lutte des peuples arabes contre l’occupation israélienne est l’exemple contemporain le plus fréquemment avancé. C’est 23
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bien une lutte de libération nationale que la lutte d ’un peuple pour se débarrasser de l’occupation étrangère. Il y a encore les guerres de sécession : le Katanga, le Biafra, le Bangladesh en ont été des exemples connaissant des fortunes diverses, mais où l’entité sécessionniste se revendiquait comme peuple et déclarait mener une lutte de libération nationale dans l’exercice du droit à l’autodétermination. Il y a aussi les luttes de libération envisagées d'un point de vue marxiste lorsque la lutte des classes prend la forme d ’un conflit armé; lorsqu’une partie de la population d ’un pays tente de prendre le pouvoir détenu par la bourgeoisie nationale liée au capitalisme étranger. C ’est la guerre populaire ou guerre révolutionnaire. L’Amérique latine a été le témoin de plusieurs conflits de ce genre. Cuba en fut un exemple-type. Le Vietnam, le Cambodge et le Laos en furent d ’autres. Il y a enfin les conflits où, au sein d’un même pays, une minorité raciale oppresse le reste de la population. Dans le cadre des Nations Unies, les luttes de libération des peuples d’Afrique australe : Zimbabwe, Namibien, etc. sont des exemples communément admis de ce type de lutte de libération nationale. Ces catégories n’ont rien d’étanche. Certains conflits peuvent tom ber dans deux ou plusieurs des catégories qui précèdent. Ainsi la lutte de libération nationale en Rhodésie est à la fois une lutte contre une minorité raciste, contre le colonialisme et contre l’occupation étrangère (dans la mesure où les colons blancs refusent l’intégration dans l’environnement africain. La lutte du peuple palestinien est également une lutte contre le colonialisme (mandat international détourné de son but), le sionisme (dont le caractère raciste a été récemment consacré à l’O.N.U.) et l’étranger (dans la mesure où les Juifs venus de divers pays du m onde refusent l’intégration dans le monde arabe). B – Le recours à la contrainte non armée Il existe des moyens de pression et des simples mesures de rétorsion. 1. Les « sanctions » décidées par le Conseil de sécurité Le recours aux sanctions ciblées relève de l’histoire récente de l’ONU. D’abord, parce que l’usage par le Conseil de sécurité du « pouvoir de sanction » qu’il détient au titre du chapitre VII est lui-même récent. En effet, si l’on excepte les sanctions économiques infligées au milieu des années 60 à la Rhodésie et à l’Afrique du Sud, le Conseil de sécurité n’a adopté ses premières mesures coercitives non militaires qu’à partir de la décennie 90, c’est-à-dire dans le contexte d’après guerre froide. Il en fit d’ailleurs un usage intensif puisqu’il adopta treize régimes de sanctions en seulement dix ans. Libre dans le choix des mesures, le Conseil de sécurité a, dans un premier temps, opté pour des mesures s’appliquant à l’Etat qui semblait en être le destinataire naturel. Les premières sanctions présentaient un caractère global prenant la forme de sanctions économiques plus ou moins étendues, de rupture des relations diplomatiques, ou de rupture des voies de communication terrestre, maritime, aérienne, postale... L’objectif était l’isolement de l’Etat à l’origine de la menace, isolement destiné à exercer sur lui une pression suffisamment forte pour l’inciter à modifier son comportement. Ces sanctions firent rapidement l’objet de critiques. Tout d’abord, en raison de leur impact humanitaire sur la population civile de l’Etat sanctionné. Ensuite, en raison de leur efficacité incertaine. Il pouvait arriver qu’au lieu de déstabiliser le gouvernement responsable, les mesures ne renforcent au contraire le soutien de la population à son gouvernement, créant une forme de solidarité nationale. En outre, l’efficacité des sanctions économiques restait par ailleurs conditionnée à leur pleine application par les Etats membres de l’ONU. Or, il est apparu qu’il pouvait être difficile pour un Etat d’interrompre ses relations commerciales avec l’Etat sanctionné ou, du moins, que 24
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cela pouvait créer un manque à gagner susceptible de fragiliser son économie. Les articles 49 et 50 de la Charte des Nations unies n’ont pas permis de résoudre cette difficulté. S’il est arrivé que des consultations se tiennent au Conseil de sécurité en application de l’article 50, la question du financement de l’assistance aux Etats mis en difficulté n’a pas été résolue. Ainsi, les incidences tant humanitaires qu’économiques ont milité en faveur de mesures plus sélectives, voire plus ciblées, de nature à produire moins de dommages collatéraux pour une efficacité au moins équivalente. 2. La compatibilité des sanctions avec le respect des droits de l’homme Imaginée pour répondre à une exigence de respect des droits de l’homme et du droit humanitaire en même temps qu’à un souci d’efficacité, l’application des sanctions ciblées à des personnes privées constitue une évolution positive de la pratique des sanctions par le Conseil de sécurité. Toutefois, il s’agit d’une évolution inachevée dans la mesure où, si la question du respect des droits fondamentaux a changé d’échelle, elle n’a pas complètement disparu. Le risque humanitaire est écarté mais pas le risque d’une violation des droits des personnes visées par la sanction. La sanction ciblée les prive incontestablement de certaines libertés fondamentales (droit de se déplacer, libre exercice du droit de propriété) mais également de certains droits fondamentaux procéduraux (droit à un recours effectif, droit à un procès équitable…) en raison du mécanisme d’élaboration et d’application de la sanction. Sur ce point, tout dépend en réalité des modalités d’élaboration et de levée de ces sanctions, c’est-à-dire du cadre juridique onusien des sanctions ciblées. Dès le milieu des années 90, le Conseil de sécurité renonce à l’application de sanctions économiques globales se contentant de sanctions sélectives prenant la forme d’embargos partiels portant généralement sur les armes, parfois sur des richesses naturelles du pays sanctionné (pétrole, diamants, bois) ou prenant la forme de restrictions des relations diplomatiques. Après 1995, seul l’Irak faisait encore l’objet de sanctions économiques globales dont le programme « pétrole contre nourriture »5, à partir de 1996, tente d’atténuer les incidences humanitaires. L’idée de recourir à des « sanctions ciblées » ou « sanctions intelligentes » émerge progressivement à partir de cette époque, d’abord dans le cadre du processus d’Interlaken (1998), réunissant à l’initiative de la Suisse, des représentants de l’ONU, des représentants de gouvernements et de la société civile pour travailler sur le concept. Le raisonnement soutenu par les promoteurs de ce nouveau type de sanctions est simple. Il est préférable de faire pression directement sur les responsables de la menace contre la paix et la sécurité internationales plutôt que sur l’Etat qui les abrite. Les sanctions ciblées prennent alors la forme de sanctions financières (gels des fonds) et d’interdictions de déplacement (interdiction d’entrée ou de transit sur le territoire d’autres Etats). Le fait que ces responsables puissent être des personnes privées, physiques ou morales, ne pose d’ailleurs aucune difficulté juridique de principe, puisque l’article 41 de la Charte ne précise pas que les mesures prises par le Conseil de sécurité doivent impérativement viser des Etats. La réflexion se poursuit ensuite dans le cadre des processus de Bonn-Berlin en 2001 (consacré aux restrictions de déplacement, aux sanctions appliquées au trafic aérien et aux embargos sur les armes) et Stockholm en 2003 (consacré au contrôle des sanctions ciblées). De son côté, le Conseil de sécurité confie en 2000 à un « groupe de travail officieux sur les questions générales relatives aux sanctions », le soin de se pencher sur les problématiques 25
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soulevées par ce nouveau type de mesures. Deux ans auparavant, il en a fait usage pour la première fois à l’encontre de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA), de ses dirigeants et de leur famille proche. Depuis, le recours aux sanctions ciblées est systématique dans la pratique du Conseil de sécurité. Selon les cas, elles sont utilisées seules ou couplées à une sanction économique sélective comme un embargo sur les armes ou l’interdiction de certains transferts de technologie (programme nucléaire et missiles). On dénombre actuellement neuf Etats soumis à ce type de sanctions. a. les contre-mesures : leur caractère inévitable faute d’un dispositif efficace de sanctions internationales. Littéralement, selon le "Petit Larousse (2005)", le mot « contre-mesure » (emprunté à l'anglais countermeasure) signifie « une disposition prise pour s'opposer à une action, un événement, ou pour les prévenir ». Mais, faut-il bien le souligner, cette nouvelle expression ne sera consacrée juridiquement en droit français que vers 1978 à l'occasion de la décision du tribunal arbitral intervenue à l'occasion du litige opposant les Etats-Unis à la France dans « l'affaire concernant l'accord relatif aux services aériens du 27 mars 1946 ». Sur le plan juridique, les contre-mesures désignent un « nom générique donné, dans les relations internationales (politiques ou économiques), à diverses initiatives prises unilatéralement par un Etat pour faire respecter ses droits en réponse aux agissements licites ou illicites d'un autre Etat qui lèsent ses intérêts, mesures dont la vocation légitime, comme moyens temporaires de pression, est de déboucher sur les procédures de règlement pacifique des différends, sans les supplanter ». Cependant, même si les Etats recouraient souvent à de telles pratiques, la terminologie de contre-mesures n'était pas encore consacrée dans la pratique juridique. On se contentait de qualifier ces actes d'« embargos, sanctions économiques ou boycott ». Par extension, en droit international public, l'embargo est un acte d'autorité d'un Etat qui peut s'appliquer à tout moyen de transport ou à toute catégorie de marchandises ou de produits. Ces derniers peuvent être les armes, les produits stratégiques ou pétroliers. L'embargo consistera alors, soit à bloquer les moyens de transport sur le territoire de l'Etat qui le décide, soit à interdire l'importation des marchandises vers l'Etat sur lequel on entend faire pression. Cette interdiction peut frapper aussi bien les importations que les exportations. Les contre-mesures sont des mesures illicites, rendues licite du fait qu’elles répondent à un acte illicite. Elles sont basées sur le principe de réciprocité et visent à faire cesser un comportement fautif, et à terme à faire cesser le différend, afin de faire prévaloir le droit international, en contribuant à son respect. Les contre-mesures non armées. a_ Les conditions. · Conditions de procédure : l’Etat qui prend la contre-mesure non-armée doit notifier sa position aux Etats intéressés, et la contre-mesure ne peut entrer en vigueur qu’après une sommation préalable. Il n’y a pas d’obligation de recourir préalablement à un mode pacifique de règlement du différend, et la contre-mesure non armée peut être utilisée parallèlement à un mode pacifique. 26