Abus Des Biens Sociaux [PDF]

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Zitiervorschau

L’ABUS DES BIENS SOCIAUX

Encadré par : Pr.SABIK Naim Réalisé par : -Mohamed Liman MALIK -BOUKILI Firdaouss -MAHBOUB ALAA -ERRIHANI Sara

PLAN Partie1 : le fondement légal de l’abus des biens sociaux et cadre jurisprudentiel Chapitre1 : champ d’application du délit d’abus des biens sociaux. Chapitre2 : les éléments de qualification du délit d’abus des biens sociaux.

Partie2 : les effets juridiques d’abus des biens sociaux à la lumière de la jurisprudence Chapitre1 : le dispositif répressif de l’abus des biens sociaux. Chapitre2 : l’incidence du temps sur la qualification de l’infraction.

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INTRODUCTION L’abus des biens sociaux est l’un des délits les plus importants en matière de droit des sociétés, il a pour finalité de protéger la société contre la tentation de son dirigeant de la considérer comme sa propre chose et d’user des biens contrairement à l’intérêt social. En effet dans le système économique et commercial, l’on distingue deux types d’acteurs : le commerçant personne physique et le commerçant personne morale. Ce dernier est connu par le public sous le nom de « société ». Les sociétés consistent donc en personne morales auxquelles on affecte des biens et des industries, et ce en vertu d’une convention conclue entre au moins deux personnes. Dans toute forme de société, il y a ce qu’on appelle le « capital social », lequel réside dans l’ensemble des biens appartenant à la société. Même si toute société a des fondateurs qui apportent leurs biens personnels afin de les mettre au service de la société, le capital social n’appartient en aucun cas aux actionnaires. L’abus des biens sociaux est l’infraction la plus connue du droit pénal des affaires, en raison de sa médiatisation très importante dans la presse à la suite de multiples scandales politico- financiers. Cette infraction n’existait pas au XIX e siècle. Elle fut créée à la suite de l’affaire dite « Stavisky » qui intervient en plein marasme économique provoquée par la crise de 1929. Ainsi commettre un abus de biens sociaux, pour un dirigeant, c’est « faire de mauvaise foi, des biens ou du crédit de la société, un usage que l’on sait contraire a l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle l’on est intéressé directement ou indirectement. Le délit d’abus des biens sociaux occupe de ce fait une place centrale dans la délinquance d’affaires. Le problème de ces infractions réside dans leur caractère néfaste pour la société, mais aussi a l’économie du pays toute entière, et c’est ce qui explique la forte pénalisation du domaine économique. Actuellement le délit d’abus des biens sociaux est réglementé au Maroc par la loi N 17-95 relative aux sociétés anonymes (modifiée et complétée par le dahir n 1-08-18 du 17 JOUWADA I (23 mai 2008), portant promulgation de la loi n 20-05). Ce délit est également réglementé par la loi n 5-96. C’est donc face a cette réalité indéniable, c’est à dire l’influence néfaste de cette infraction tant au niveau de la société qu’a l’échelle de l’économie nationale que l’on a été amener a traiter ce sujet et a s’interroger principalement sur les questions suivantes : Dans quels cas sommes nous en présences d’un abus de biens sociaux, quelles sont les sanctions encourues et enfin quelle est la ligne de démarcation entre le délit d’abus de biens sociaux et les infractions voisines ? Dans la suite de notre travail il s’agira pour nous de voir dans un premier temps le cadre juridique du délit d’abus de biens sociaux pour ensuite souligner dans la seconde partie les effets juridiques du délit d’abus de biens sociaux.

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Partie 1 : Le fondement légal de l’abus des biens sociaux et cadre jurisprudentiel La dénomination de ce délit n’est pas législative, c’est la jurisprudence qui s’est déployée pour donner un nom à cette infraction. Cependant, l’étude du cadre juridique de ce délit nécessite d’évoquer successivement le champ d’application de ce dernier « Chapitre 1» et les éléments constitutifs d’ABS « Chapitre 2 »

Chapitre premier : le champ d’application du délit des biens sociaux Lorsqu’on est en présence d’un délit d’abus de biens sociaux, le réflexe est de rechercher et de poursuivre celui qui l’a commis, c’est-à-dire l’auteur de l’infraction. En droit des sociétés, on distingue deux types de personnes : les personnes physiques et les personnes morales. Logiquement, ces deux catégories de personnes devraient pouvoir être accusées d’un tel délit, ce qui signifierait que tous les types de personnes peuvent être responsables. Toutefois, dans le cas du délit d’abus de biens sociaux, on exclut la personne morale. Même sicelle-ci fait le sujet de plusieurs condamnations en droit pénal l’article127, aucun texte ne mentionne des sanctions envers elle pour ladite infraction. Est donc sujet à condamnations, selon les textes,les dirigeants, les complices et les receleurs. Pour la détermination du champ d’application de ce délit appelé (abus aux biens sociaux), nous allons devoir déterminé dans une première section les personnes responsables du dit délit, et en suite dans une seconde section les victimes selon les illustrations jurisprudentielles.

Section1 : les auteurs du délit d’abus aux biens sociaux Les dirigeants constituent la première catégorie de personnes susceptibles d’être condamnées pour le délit d’abus de biens sociaux. Parfois, il existe au sein d’une même société deux types de dirigeants : le dirigeant de droit, qui est le dirigeant officiel de la société, et le dirigeant de fait, qui lui, agit dans l’ombre. -

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Les dirigeants

Le dirigeant de droit est le dirigeant reconnu officiellement par la société et même parles tiers, qu’ils soient créanciers ou pas. Ce dirigeant est mentionné dans les statuts de la société, et est aussi considéré comme étant son représentant légal. Le dirigeant de droit diffère d’une forme de société à une autre. Dans une société à responsabilité limitée ou dans une société à responsabilité limitée à associé unique, le dirigeant est appelé gérant. Il faut toutefois préciser que le gérant peut être un des associés d’une de ces sociétés. A l’inverse le dirigeant de fait n’est pas investi du pouvoir de représentation, il n’est pas le représentant légal, mais il va exercer un réel pouvoir de gestion dans la société. Il n’existe pas de définition légale du dirigeant de fait, mais la jurisprudence s'y est intéressée. Ainsi, selon les divers arrêts rendus par la Cour de cassation, le dirigeant de fait se définit comme « celui qui en toute indépendance et liberté exerce une activité positive de gestion et de direction et se comporte, sans partage, comme « maître de l’affaire ». En quelques mots, le dirigeant de fait va exercer toutes les attributions qui sont dévolues au dirigeant de droit alors qu’il n’en a pas le pouvoir. Cette notion relève du pouvoir souverain des juges du fond ; ils vont regarder la réalité des faits pour retenir ou non l’existence d’un dirigeant de fait. Ils vont devoir caractériser un faisceau d’indices. Il n’existe pas un seul critère permettant de détecter formellement un dirigeant de fait. Ces indices sont de plusieurs ordres ; il s’agit de voir si la personne a la signature bancaire, si elle signe les documents commerciaux et administratifs, si elle peut traiter avec la clientèle des contrats d’une grande importance,… Toute personne peut être considérée comme un dirigeant de fait. Souvent il va s’agir de l’époux, qui sous le coup d’une interdiction, ne peut pas être le gérant de droit. Cette personne peut être ou non rémunérée, associée ou non. C’est véritablement une problématique de fait. La gestion de la société peut être attribuée au dirigeant de fait, en ce cas le dirigeant de droit n’est qu’un « homme de paille », ou elle peut résulter de l’action de concert entre ces deux personnes. En tout état de cause, dès lors qu’il existe un dirigeant de droit et un dirigeant de fait, leurs responsabilités peuvent se cumuler, l’une n’excluant pas l’autre. En effet, le statut de dirigeant de droit ne fait pas écran et n’empêche pas de rechercher la responsabilité du dirigeant de fait. Bien au contraire, en présence d’un dirigeant de fait, les juges vont également engager la responsabilité du dirigeant de droit puisqu’il n’a pas su conserver ses pouvoirs. Toutes les fautes susceptibles d’engager la responsabilité du dirigeant de droit sont également imputables à un dirigeant de fait. Il est possible en effet d’engager la responsabilité personnelle du dirigeant de fait en vertu du droit commun.

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Ainsi, l’article 100 sur la loi 05-96 sur la société en non collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par action, la société à responsabilité limité, et la société en participation dispose que son titre 7 relatif aux infraction et sanction pénales : « visant les gérants des sociétés objet de la présente loi seront applicables à toute personne qui directement ou par personne interposée , aura en fait, exercé la gestion de ces sociétés sous le couvert ou aux lieu et place de leurs représentant légaux.» -

Le complice

Le droit positif marocain combine les 2 systèmes, premièrement celui de la pluralité de l’infraction là ou la complicité est un délit distinct de l’infraction principale. Et dans un second lieu La théorie de la criminalité d’emprunt, en droit français au contraire, ou il y a unité d’infraction et l’acte de complicité se greffe sur celui de l’auteur principal, punissable au même titre. De ce fait Par EX : ART130 :( un complice d’un crime ou délit, est punissable de la peine réprimant ce crime ou délit peine identique pour les 2) Concernant le délit d’abus de biens sociaux, la règle précitée est parfaitement applicable. En effet, la nature de délit de fonction de l’abus de biens sociaux, dirige larépression du délit vers l’auteur principal qui peut être soit un dirigeant de droit, soit undirigeant de fait. Cependant, la loi pénale et selon l’article 129 du code pénal, de manière générale, permet que des personnesqui ont eu connaissance de certains éléments de l’infraction commise par l’auteur principal, etqui ont posé quelques actes positifs, soient poursuivies pour complicité. En principe la personne morale ne peut pas être accusée d’abus de biens sociaux en qualité d’auteur de ladite infraction, Il serait donc logique d’en faire de même en ce qu’il s’agit de la complicité. -

les receleurs

Tous ceux qui détiendront, transmettront un bien ou qui en bénéficieront en sachant que ce bien provient d’un délit d’abus des biens sociaux pourront être poursuivis comme receleurs Par application des dispositions des articles de 571 à 574 du code pénal marocain.

Section2 : les victimes de cet abus selon l’illustration jurisprudentielle Il apparaît clairement que l’infraction tend à protéger la société elle-même et les associés dans les Sociétés de capitaux et dans les sociétés mixtes, car le délit les prive

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nécessairement d’une partie du Capital social ou d’une partie des bénéfices qui doit en définitive leur revenir. Dans le même contexte, la cour de cassation a rendu l’arrêt numéro 2207/3 en date du 16/07/2003 relatif à une affaire d’abus de confiance et de détournement des biens sociaux d’une société ou est impliqué un gérant en plein responsabilité qui procède à la vente des machines à coudre appartenant à ladite société à l’insu du propriétaire prétendant que la somme retenu a été dépenser au profit de la société. Alors qu’il n’a pu présenter des preuves probantes. De plus, il a avoué la vente de ces biens sans émarger leur sortie sur le registre assigné à cet effet. D’autre part, le gérant a présenté des arguments dont la cour de cassation a jugée insuffisants tel que ; -

le prix de la vente desdites machines a fait l’objet des dépenses relevant aux charges quotidiennes de la société. Et les autres machines à coudre ont été déposées dans un autre local appartenant à la même société. le demandeur n’a pu préciser le degré de la lésion dont il a subi. Les déclarations de témoins démentent l’intention de détournement desdites machines par le gérant dans la mesure où l’opération de vente est publique et même le propriétaire est au courant de ceci.

En dépit de tout moyen de défense précités ; la cour de cassation a fondé sont arrêt sur ; -

l’avoue du gérant relatif à la vente sans procédé aux enregistrements qui s’imposent sur le registre des (entrées/ sorties). L’absence de toute pièce justificative, l’intéressé n’a prétendu que la gestion au sein de ladite société caractérisée par une sorte d’anarchie.

A cet effet, suivant le bien-fondé de la cour de cassation, elle déclare coupables d’abus des biens des biens sociaux et de confiance le dirigeant ayant avoué avoir personnellement signé l’autorisation de sortie de cinq machines à coudre de l’usine. En insistant sur le fait qu’il n’ya pas eu de retour de ces dites machines. La cour de cassation relève aussi l’absence d’une quelconque organisation ou d’une comptabilité fiable au sein de la structure en cause. Sont de plus, recueillis des témoignages ainsi que des preuves d’abus de confiance et de mauvaise foi du dirigeant.

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A partir des illustrations jurisprudentielles nous pouvons constater que les actions intentées par les sociétés victimes d’abus des biens sociaux, sont le plus souvent recevables. Dans le sens où elles subissent un préjudice direct. Et selon l’exigence des textes, le délit d’abus des biens sociaux suppose nécessairement l’accomplissement d’un acte contraire à ses intérêts.

Chapitre2 : Les éléments de la qualification du délit d’abus des biens sociaux Les éléments constitutifs de l’abus de biens sociaux : Les éléments constitutifs du délit sont les éléments légale , matériel et l’élément moral .

Section 1 : l’élément légale

Le délit d’abus des biens sociaux est régis si l’action est intenté devant un tribunal commercial les articles qui vont être appliqué sont Art 384 de la loi 78-12 et l’art 107 la loi 596. Si l’action est porté devant les juridictions de droit commun à savoir le TPI c’est l’article 523 code pénal al 2.

Section 2 : L’élément matériel

Si l’on reprend la définition de l’infraction, commettre un abus de biens sociaux , pour un dirigeant social , c’est faire , de mauvaise foi , des biens ou de crédit de la société mais également du pouvoir ou des voix et un usage qu’il est contraire à l’intérêt de celle-ci et un usage réalisé dans un intérêt personnel . -

Un acte d’usage des biens, du crédit, de pouvoirs ou des voix :

L’acte d’usage incriminé signifie en premier lieu l’appropriation directe des biens appartenant à la société. Les biens sociaux regroupent l’ensemble des meubles et des immeubles qui constitue le patrimoine de la société, les biens en question pouvant simplement être « détenus » comme c’est le cas quand il y a détournement de la force de travail des salariés. Parmi ces actes d’usage des biens, on peut citer par exemple, le fait pour le dirigeant de se faire virer sur son compte personnel des sommes dues à la société ou de lui faire supporter des dépenses à caractère strictement personnel ou encore d’utiliser des véhicules, du matériel, du personnel de la société de façon indue.

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D’une manière générale, l’acte d’usage illicite vise à réprimer le fait pour le dirigeant social d’avoir confondu le patrimoine de la société avec son patrimoine personnel. Il en va ainsi, lorsqu’il fait régler par la société des amendes auxquelles il a été condamné ou lorsqu’il lui fait rembourser, sans aucun intérêt pour elle, les dettes d’une autre entreprise dans laquelle il est intéressé . L’usage délictueux en question peut également consister en un simple acte d’administration, tel que les prêts, les avances consentis par la société. Le crédit de la société est sa surface financière mais aussi sa réputation, la confiance qu’elle inspire. Faire ainsi du crédit de la société un usage contraire à son intérêt, c’est l’exposer à un risque de perte qu’elle ne devrait pas courir. Par exemple, dans le cas où le dirigeant fait cautionner ses dettes personnelles par la société, le préjudice n’est certes qu’éventuel mais le risque, quant à lui, est bien réel et actuel. Les pouvoirs dont il doit être fait un usage abusif dans le cadre de l’ infraction sont ceux que la loi où les statuts attribuent aux dirigeants. -

Un usage contraire à l’intérêt social :

La notion de l’intérêt social est difficile à préciser . En principe la détermination de l’intérêt social appartient normalement aux organes sociaux compétents d‘après la loi et les statuts ,mais le juge a un pouvoir souverain d’appréciation de l’intérêt social . Les auteurs ont essayé de délimiter la notion de contrariété à l’intérêt social , dans le sens où « quelque soit l’avantage à court terme qu’il peut procurer l’utilisation des fonds sociaux ayant pour seul objet commettre un délits tels que la corruption est contraire à l’intérêt social en ce qu’il expose la personne morale au risque anormal de sanctions pénales ou fiscales contre elle-même et ses dirigeants et porte atteinte à son crédit et à sa réputation. -

Un acte réalisé dans un intérêt personnel :

L’élément moral de l’abus de biens sociaux est donc complexe puisqu’il est nécessaire de prouver que l’acte a été accompli non seulement de mauvaise foi, en sachant qu’il était contraire à l’intérêt social, mais aussi dans un intérêt personnel. Seulement, depuis quelques années les tribunaux ont une approche extensive de ce dol spécial. Ainsi, le tribunal raisonne par présomption à partir du moment où l’acte contraire à l’intérêt social est établi, facilitant la preuve du dol spécial du fait que : « s’il n’est pas justifié qu’ils ont été utilisés dans le seul intérêt de la société, les biens sociaux, cédés de manière occulte par un dirigeant social, l’ont nécessairement été dans son intérêt personnel ». De plus, il n’est pas nécessaire que le dirigeant ait agi à des fins exclusivement personnelles , Cet intérêt peut être matériel ou simplement moral (par ex., la volonté de sauvegarder la réputation familiale du dirigeant ou ses intérêts électoraux). L’intérêt personnel peut donc également consister dans la recherche d’un prestige ou d’une notoriété politique comme dans les affaires politico-financières. Signalons que le délit d’abus de biens sociaux ne sera pas écarté en cas de commission d’infractions ne profitant pas personnellement aux dirigeants mais à la société, telles que la corruption d’élus afin d’obtenir un marché.

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Section 3 : élément moral L’élément moral de l’abus de biens sociaux est complexe , contrairement à la majorité des infractions, celui-ci caractérise par un acte effectué de mauvaise fois , et que celui-ci soit réalisé dans un intérêt personnel -

Un acte effectué de mauvaise foi :

l’infraction est intentionnelle puisque les textes exigent du coupable qu’il ait agi de mauvaise foi, en sachant que l’acte d’usage des biens, du crédit ou des pouvoirs qu’il détenait était contraire à l’intérêt de la société. L’infraction suppose que l’agent ait su que l’acte incriminé était contraire à l’intérêt social . une erreur ou une faute même lourde ne suffit pas. La mauvaise foi signifie la simple conscience qu’a le dirigeant que l’acte a été contraire à l’intérêt social tout en lui étant bénéfique. Cette conscience, élément intime de la démarche du dirigeant , pourrait semblée difficile à démontrer . en réalité les juges la déduisent souverainement des circonstances même dans laquelle le délit a été commis. Ainsi il suffit que celle-ci découle implicitement mais nécessairement des faits matériels .

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Partie 2 : les effets juridiques de l’abus des biens sociaux à la lumière de la jurisprudence En ce qui concerne La répression du délit d’abus de biens sociaux il convient de s’intéresser aux sanctions du délit d’abus de biens sociaux (chapitre 1) pour ensuite se pencher sur l’impact temporel de l’infraction (chapitre2)

Chapitre 1 : Le dispositif répressif de l’abus des biens sociaux La répression de l'infraction repose sur des règles du droit pénal ainsi que sur les règles de la Loi 78-12 modifiant et complétant la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes. Dans ce domaine, l'infraction ne se distingue pas des autres délits et devrait faire l'objet de l'application pure et simple des règles du droit pénal. En se plaçant dans une logique judiciaire, le premier chapitre sera consacré aux sanctions du délit d'abus de biens sociaux, le second chapitre à la prescription de l’action publique, cette Sanction intervenant naturellement au terme de la poursuite. Le droit des affaires marocain, comme son homologue Français, a adopté la notion de l’abus de Biens sociaux, dans l’objectif de protéger le patrimoine propre de l’entreprise. S’agissant de l’article 384 de la loi 78-12 , les membres des organes d'administration, de direction ou de gestion d'une société anonyme encourent une peine d’emprisonnement allant de un à six mois et une amende de 100 000 à 1 000 000 de dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement. -

L’article 384 de la loi 78-12

« Seront punis d'un emprisonnement de un à six mois et d'une amende de 100 000 à 1 000 000 de dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement les membres des organes d'administration, de direction ou de gestion d'une société anonyme : qui, de mauvaise foi, auront fait, des biens ou du crédit de la société, un usage qu'ils savaient Contraire aux intérêts économiques de celle-ci à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils étaient intéressés directement ou indirectement ;

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qui, de mauvaise foi, auront fait des pouvoirs qu'ils possédaient et/ou des voix dont ils disposaient, en cette qualité, un usage qu'ils savaient contraire aux intérêts économiques de la société, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils étaient intéressés directement ou indirectement. » Et d'après l’article 107 de la loi 5-96:

« Seront punis d'un emprisonnement de un à six mois et d'une amende de 10 000 à 100 000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement : -

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les gérants qui, de mauvaise foi, auront fait, des biens ou du crédit de la société, un usage qu'ils savent contraire à l'intérêt économique de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils sont intéressés directement ou indirectement ; les gérants qui, de mauvaise foi, auront fait, des pouvoirs qu'ils possèdent ou des voix dont ils disposent, en cette qualité, un usage qu'ils savent contraire aux intérêts économiques de la société, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils sont intéressés directement ou indirectement. »

chapitre 2 : l’incidence du temps sur la qualification de l’infraction Au nom du principe de la légalité, il appartient au législateur d’intervenir en matière d’abus de biens sociaux mais également pour les autres délits d’affaires rencontrant le même problème de qualification. Une solution est donc nécessaire afin de maintenir une certaine cohérence. Par ailleurs, il faut souligner que dans le domaine de l’abus des biens sociaux, compte tenu du particularisme de l’infraction et de son contexte, des solutions dérogatoires par rapport au droit commun se sont très vite imposé, à savoir la prescription. Ainsi il s’agira pour nous ici d’examiner successivement la qualification chronologique

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d’abus des biens sociaux et la banqueroute à titre d’illustration et la prescription en matière d’anus des biens sociaux.

Section1 : La qualification chronologique d’abus des biens sociaux/Banqueroute : Tout d’abord, les délits d’abus des biens sociaux et de banqueroute constituent, sans nul doute, les deux infractions les plus importantes du droit pénal de l’entreprise. La banqueroute, quant à elle, n’est pas moins connue du grand public. Elle fait l’objet d’un délit réprimé par le code de commerce et par le code pénal marocain, et peut sanctionner tout commerçant en état de cessation de paiement qui, soit par négligence, soit intentionnellement, a accompli des actes coupables de nature à nuire à l’intérêt social. Ces deux délits présentent de nombreux traits communs. Tout d’abord, il s’agit d’incriminations sanctionnant, le plus souvent, des détournements et appropriations jugés frauduleux par le législateur. De plus leurs champs d’application respectifs sont parfois tres proches. Enfin, ces délits ont pour caractéristiques d’être particulièrement techniques, et de donner lieu à une jurisprudence abondante, tant certains de leurs éléments manquent encore cruellement de clarté. Par conséquence il se peut qu’on puisse confondre ces deux infractions, donc en présence de faits susceptibles de recevoir les qualifications de ces deux infractions, c’est semble-t-il, l’état d’une qualification chronologique qui peut marquer la frontière entre les deux infractions. -

Le domaine de la qualification (ABS/BANQUEROUTE)

chronologique

de

l’infraction

Le délit le plus proche de l’abus des biens sociaux est celui de la banqueroute par le détournement de l’actif de la société. Les faits permettant de qualifier les deux infractions et de poursuivre le dirigeant sont pratiquement identiques. Pour cela il est important de ne pas confondre ces deux infractions. Le délit de la banqueroute par détournement d’actif suppose pour etre constitué à l’égard d’un dirigeant l’existence d’une dissipation volontaire d’un élément du patrimoine d’une société en état de cessation de paiement. L’abus des biens sociaux suppose l’usage de biens de la société dans l’intérêt contraire à celui de la société. Comme il se peut qu’une même personne soit poursuivie pour les mêmes faits qu’une seule fois. En effet les deux sont pratiquement identiques. Toutefois le délit de banqueroute est un délit spécifique aux sociétés en difficultés : il ne peut être évoqué qu’avec un jugement déclaratif de cessation de paiement.

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Donc à partir de quelle date l’abus de biens sociaux devient-il banqueroute ? Les faits doivent-ils nécessairement avoir été commis âpres la date de cessation de paiement pour pouvoir tomber sous le coup de la qualification de banqueroute ? Le critère chronologique de la qualification du délit d’abus des biens sociaux/banqueroute aurait le mérite de la simplicité. Cette qualification chronologique ne fait pas l’unanimité. On retiendra, pour simplifier, bien que la jurisprudence ne semble pas définitivement arrêté, que : -Avant la cessation de paiements : Les détournements sont constitutifs du délita d’abus de biens, la jurisprudence majoritaire considère qu’avant la cessation de paiement seuls l’abus de biens sociaux peuvent réprimer les détournements effectuer par le dirigeant. Sauf si : « les détournements en cause on conduit à la cessation de paiements, la qualification de banqueroute peut être retenue1. » « Toutefois certains arrêts postérieurs de la chambre criminelle de la cour de cassation semblent privilégier la chronologie en excluant la commission du délit de banqueroute avant la cessation des paiements2 ». -Apres la cessation de paiements : Pour tout détournement de mauvaise foi des actifs de la société par ses dirigeants, l’infraction spéciale de la banqueroute est la qualification qui doit être retenue, par conséquent : « si les faits peuvent recevoir la qualification d’ABS et banqueroute, c’est la qualification de banqueroute qui devra être retenue en vertu du principe de spécialité. ». C’est pourquoi la cour de cassation impose aux juges du fond de préciser la date des détournements poursuivis. Ainsi le délit de banqueroute suppose toujours l’ouverture de la procédure de redressement ou liquidation judiciaire, c’est a à dire entre la cessation de paiements, il faut qu’elle soit constatée par le tribunal compétent. « toutefois, il est aussi admis dans la jurisprudence que le juge répressif a le pouvoir de retenir, en tenant compte des éléments soumis à son appréciation, une date de cessation de paiements autre que celle fixée par le tribunal de commerce3. »

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Section 2 : LA PRESCRIPTION

L’abus de biens sociaux a toujours été considéré comme un délit instantané consomme au moment de l’accomplissement de l’acte délicieux. Mais les dirigeants sont parfois discrets, et l’infraction commise ne sera découverte qu’ultérieurement soit à l’occasion du dépôt du bilant, ou à l’occasion du changement des dirigeants, c’est ce que l’on appelle légalement la prescription. La prescription est un mécanisme de « pardon légal », la prescription puise sa source dans la nature même des choses. On sait que le temps émousse tout : souvenirs, indignations, ressentiments. En droit pénal, la prescription est un instrument de politique pénale, « elle est le moyen légal de se libérer d’une charge et constitue un véritable droit à l’oubli » L’étude de la répression de l’abus de biens sociaux conduit à déterminer « le point de départ de la prescription de l’action publique, mais également d’envisager les difficultés d’application des règles procédurales inhérentes au moment de la consommation de l’infraction » En principe, le délit d’abus d’abus de biens sociaux est un délit instantané, dont le délai devrait ouvrir à compter du jour de la commission du délit, conformément aux dispositions du code de procédure pénale marocain. Mais le problème réside dans le calcul de la date de départ du délai de la prescription de cette infraction. Toutefois, l’abus de biens sociaux est un délit astucieux, en effet « la pratique des comptes occultes, des fausses factures, rend difficile la découverte des faits constitutifs de ce type de délit ». de même, les coupables sont en bonne place au sein de la société pour masquer leurs agissements frauduleux4. Cependant si le droit commun, prévoit que le délai de la prescription court a partir du jour ou l’infraction est commise, quelle est donc la réelle date de « découverte » des faits délicieux, retenue en pratique ? En effet le délit d’abus des biens sociaux commence à se prescrire au jour ou le délit était apparu et avait pu être constaté, dans les conditions permettant l’exercice de l’action publique. Ceci s’explique par la nature clandestine et occulte du délit. En effet, l’auteur de ce délit dispose en général d’une majorité confortable au sein de la société, ce qui lui permet de masquer les actes frauduleux. Néanmoins la haute juridiction depuis l’arrêt du 5 main 1997, a écarté l’exception tirée de la prescription de l’action publique du chef d’abus de biens sociaux court a compter de la présentation des comptes annuels par lesquels les dépenses litigeuses sont mises indument à la charge de la société.

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Par conséquent la révélation de l’infraction est le nouveau critère à prendre en considération pour la prescription de ce délit. En ce sens la victime est tenue de le faire savoir aux services de la justice une fois qu’elle a pris connaissance des faits litigieux.

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Bibliographie  Ouvrages généraux -

M.Véron, ‘’Droit pénal des affaires’’ , 11 ème éd Dalloz 2016 . J.Larguier ,P.Conte ,’’ Droit pénal des affaires’’ , 11ème Armand Colin 2004 . J.Wilfrid Droit pénal des affaires Ed. 6 2005 .

 Ouvrage spéciaux - C.AmbroiseCastérot ‘’Droit pénal spécial des affaires’’ 2ème éd Gualino2014 .

 Thèses et monographies - mémoire de fin d’etude master de recherche abus de biens sociaux 2017( Asmaa JADID) - Jean-François Renucci Abus de biens sociaux et abus de confiance 2003 A.Bisbau La notion d'abus de biens sociaux 2000 - mémoire de ANNEMalika d’abus des biens sociaux

 Jurisprudences : -

Cour de cassation de Rabat, arrêt n 2207/13 du 16/07/2013 Cass. Crim. 05/10/1992, n 91-86.770 Cass. Crim. 27/02/1995 Cass. Crim. 11/05/2015

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Webographie

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https://www.lavieeco.com/economie/plus-de-7-000-abus-de-biens-sociaux-qualifies-par-lestribunaux-en-4-ans/

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https://www.leconomiste.com/article/abus-des-biens-sociaux-adieu-le-paradis-penal

-

https://aafir.ma/responsabilite-dirigeants-maroc/

-

http://cours-de-droit.net/l-abus-de-biens-sociaux-a127467002/ http://univ-jurisocial.over-blog.com/article-droit-penale-des-affaires-delit-d-abus-de-biens-sociaux113416936.html https://www.entreprendre.ma/Abus-de-bien-social-les-precautions-a-prendre_a2100.html http://www.sba-avocats.com/avocat-droit-penal-des-affaires-abus-de-bienssociaux.

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SOMMAIRE PLAN ............................................................................................................................................................ 2 INTRODUCTION ......................................................................................................................................... 3

Première partie : le cadre juridique du délit d’abus des biens sociaux ... 4 Chapitre premier : le champ d’application du délit des biens sociaux .......................................................... 4 Section1 : les auteurs du délit d’abus aux biens sociaux .......................................................................... 4 Section2 : les victimes de cet abus selon l’illustration jurisprudentielle .................................................... 6 Chapitre2 : Les éléments constitutifs de l’abus de biens sociaux ................................................................. 8 Section 1 : l’élément légale..................................................................................................................... 8 Section 2 : L’élément matériel ................................................................................................................ 8 Section 3 : élément moral ......................................................................................................................10

Deuxième partie : les effets juridiques de l’abus des biens sociaux ....... 11 Chapitre 1 : Les sanctions du délit d'abus de biens sociaux ........................................................................11 CHAPITRE II : L’INCIDENCE DU TEMPS SUR LA QUALIFICATION DE L’INFRACTION ..............12 Section1 : La qualification chronologique d’abus des biens sociaux/Banqueroute ...................................13 Section 2 : LA PRESCRIPTION ...........................................................................................................14 Bibliographie ................................................................................................................................................16 Webographie ................................................................................................................................................17

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