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PROJET D’APPUI A LA PROMOTION ET LA VALORISATION DES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX AU BENIN (PA‐PFNL/BEN)
FICHE TECHNIQUE
Procédés de transformation artisanale des fruits et graines du baobab (Adansonia digitata) au Bénin
Dr Ir. S. Gaston AKOUEHOU, Maître de recherche (CAMES) Point Focal National de la Convention sur la Diversité Biologique Enseignant FSA/UAC
Dr Ir. Paulin AZOKPOTA, Enseignant‐Chercheur, Maître de Conférences des Universités au CAMES, en Technologie et Microbiologie Alimentaires, FSA/UAC
Dr Ir. Achille ASSOGBADJO, Maître de Conférences des Universités au CAMES
Dépôt légal N° 8221 du 30/10/2015 Bibliothèque Nationale du Bénin, 4ème Trimestre ISBN 978 – 99919 – 0 – 810 - 6
Dépôt légal N° 8221 du 30/10/2015
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Dépôt légal N° 8221 du 30/10/2015 Bibliothèque Nationale du Bénin, 4ème Trimestre ISBN 978 – 99919 – 0 – 810 - 6 2
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6.5. Procédés et équipements de transformation
Introduction
Certaines opérations telles que le décorticage, le concassage/ dépulpage, la mouture sont, non seulement primordiales, mais très contraignantes et nécessitent d’être mécanisées. Il faut qu’un plan d’acquisition (décortiqueuses, concasseurs, dépulpeurs, moulin approprié…), soit mis en œuvre au profit des groupements de transformation. Cette disposition leur permettrait d’améliorer la productivité et de ce fait, les revenus de façon substantielle.
Le baobab (Adansonia digitata) est un grand arbre de la famille des Malvaceae qui a une grande importance au plan économique dans les régions situées dans les zones sèches (FAO, 2002 ; FAO, 2010). Au Bénin, le baobab est principalement disponible dans la partie septentrionale du pays où il est utilisé par les populations locales aussi bien à des fins alimentaires que médicinales, notamment à Natitingou, Ouaké et Boukoumbé qui constituent les zones de fort peuplement. Pour ces populations, les produits dérivés de baobab constituent une importante source de revenus (Assogbadjo, 2006 ; Assogbadjo, 2011 ; Akouèhou, 2012).
Conclusion Les perspectives sont prometteuses pour la production de la pulpe de baobab dont la demande est de plus en plus forte notamment, aussi bien au plan national qu’international. Mais le séchage des feuilles, la transformation de la pulpe en poudre de façon artisanale constituent un frein important et une source de contamination microbienne qui méritent d’être réglés afin de mieux valoriser la filière.
Références bibliographiques Akouêhou G. S. (2008). Agrosystèmes forestiers et gestion du karité (Vitellaria paradoxa) et du néré (Parkia biglobosa) dans les terroirs villageois de Partago au Nord-Bénin », in BRAB, N° 62, 16p. Akouêhou G. S. (2012). Evaluation et analyse socio économique des marchés des produits forestiers non ligneux, cas du Néré, du Karité, du Rônier, du Baobab, du Pommier sauvage et de l’Arbre à Pain : les chaines de commercialisation, les différents maillons, les caractéristiques, les différents acteurs directs et indirects, les interrelations et les différents flux dans les zones d’intervention du projet. Rapport FAO. Cotonou. (PA-PFNL) au Bénin : (PCT/BEN/3305), 118p. Azokpota, P. (2012). Technologie de transformation de six espèces forestières prioritaires non ligneuses : Néré, Karité, Rônier, Baobab, Pommier sauvage et Arbre à Pain. Deuxième rapport de consultation. Rapport FAO. Projet d’Appui à la promotion et à la valorisation des Produits Forestiers Non Ligneux» (PA-PFNL) au Bénin : (PCT/BEN/3303, Bénin, 82p. Assogbadjo, A. E. (2006). Importance socio-économique et étude de la variabilité écologique, morphologique, génétique et biochimique du baobab (adansonia digitata l.) au Bénin. Thèse de doctorat. Faculty of Bioscience Engineering, Ghent University, Belgium. 213 Assogbadjo A.E. (2010). Le baobab africain (Adansonia digitata L.): Techniques de propagation. Manuel Technique 3. Rufford Small Grants Foundation. 15p. Assogbadjo A.E., Adomou A., Lougbegnon T., Fandohan B & Sinsin B. (2011). Réalisation de la monographie des sites identifiés d’aire de conservation communautaire de la biodiversité et élaboration de la stratégie du gel du foncier. Volet biodiversité et conservation. Agence béninoise pour l’Environnement, 56p.
Les organes de baobab ont une haute valeur nutritionnelle. En effet, les feuilles constituent une excellente source de protéines avec une composition en Vitamines C et en acides aminés essentiels importants. Les organes sont utilisés sous la forme fraîche comme légume ou sous forme séchée, moulue et tamisée donnant une poudre utilisée pour les sauces. Les amandes, les graines et la pulpe de baobab sont fermentées pour donner, respectivement du Tayohounta, du Dikouanyouri, et du Mutchayan, trois condiments locaux très consommés dans la partie septentrionale du Bénin (Assogbadjo, 2006 ; Assogbadjo, 2011 ; Akouêhou, 2008 ; Azokpota, 2012). Parmi les organes du baobab, la pulpe est la principale source de revenus pour les populations. Elle fait l’objet d’une importante transaction commerciale entre le Nord et le Sud du Bénin, générant ainsi d’importances ressources financières. Certaines entreprises sur le plan artisanal utilisent la pulpe de baobab comme matière principale pour la production de jus, de sirop, de purée (yaourt) et d’alcool (Akouèhou, 2012 ; Azokpota, 2012). Cependant, de nombreuses difficultés freinent encore le développement de la filière baobab au Bénin. Dans le contexte actuel menacé par les contraintes environnementales avec les effets des changements climatiques, aucune information précise n’existe à ce jour sur la disponibilité de la ressource. L’offre des produits dérivés dans les terroirs de disponibilité ainsi que les revenus générés par son exploitation sont peu connus. Par rapport aux technologies de transformation du baobab, la non maîtrise de la qualité des produits finis, la mauvaise présentation des produits, l’absence d’équipements appropriés pour certaines opérations difficiles telles que le décorticage, le concassage/dépulpage et la mouture, le faible rendement de la production du fait de l’ignorance des bonnes pratiques de Fabrication sont autant de défis à relever afin de mieux valoriser la filière «baobab» (Azokpota, 2012). La présente fiche technique a été élaborée à partir des enquêtes de filières réalisées dans le cadre du Projet Produits Forestiers Non Ligneux. Elle vise à amener les différents acteurs des maillons de commercialisation des produits du Baobab à appréhender l’état des parcs à Baobab et leur production dans la zone cible du Projet, les voies de vulgarisation des différents produits ainsi que les principales contraintes de leur valorisation (Azokpota, 2012).
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1. Composition physico-chimique et valeur nutritionnelle du baobab Les caractéristiques physico-chimiques et nutritionnelles du baobab en comparaison avec d’autres fruits classiques sont indiquées dans le tableau 1.
Tableau 1. Caractéristiques physico-chimiques et valeur nutritionnelles de la pulpe de baobab, comparées aux fruits classiques Fruits classiques
Energie Kcal Baobab 371,4 Avocat 121,0 Banane 88,0 Agrumes 49,0 Goyave 64,0 Mangue 60,0 Papaye 32,0 Ananas 47,0 Source : Assogbadjo (2006)
Eléments constitutifs et nutritifs (/100 g) Protéines Lipides Calcium Fer g g mg mg 3,3 0,4 0,3 928,0 1,4 11,3 19,0 1,4 1,5 0,1 9,0 1,4 0,8 0,3 38,0 1,1 1,1 0,4 24,0 1,3 0,6 0,2 24,0 1,2 0,4 0,1 21,0 0,6 0,4 0,1 16,0 0,4
Vit A µg 0,03 265,0 60,0 115,0 145,0 1600,0 475,0 45,0
Vit C mg 2,2 18,0 9,0 46,0 326,0 42,0 52,0 34,0
2. Valeur thérapeutique Les différentes utilisations de la ressource au plan médicinal sont mentionnées dans le tableau 2. Tableau 2. Usages thérapeutiques du baobab Organes du baobab Pulpe
Usages thérapeutiques
Maux de ventre, ulcère, perte de virilité, tonifiant et stimulant, paludisme, inappétence, diarrhée, rhume ou toux, grippe, purge, aphrodisiaque, hémorroïde, piqûre d’insecte Graines Toux, maux de ventre, hypertension artérielle, rougeole, paludisme, stimulant de la sécrétion du lait chez la nourrisse et lutte contre la carie dentaire. Feuilles Anémie, stimulant et tonifiant, perte de virilité, hémorroïde, aphrodisiaque, asthme, dentition chez le nourrisson, diurétique, traitement des maladies liées aux yeux. Ecorce Diarrhée, plaies incurables et béantes, maux de dent, brulure, vigueur chez le bébé et le nourrisson, calme les douleurs du bas de dos Racines Epilepsie (racine associée à d’autres feuilles) croissance normale et protection des bébés, fortifiant, paludisme Fleurs Facilité l’expulsion du fœtus lors de l’accouchement chez la femme Capsules Indigestion, nausée, plaie Sources : Assogbadjo (2006) ; Azokpota (2012)
Photo 12: Fruits de baobab récoltés et entassés
6.3. Technique de récolte de l’écorce Le prélèvement pour la fabrication des cordes constitue la principale raison de mutilation des baobabs. La récolte se fait en prélevant à coup de machette l’écorce de l’arbre. Celle-ci est tressée et devient de la corde mais cette activité est peu développée voire même absente dans la commune de Ouaké. Seuls les guérisseurs prélèvent des bouts d’écorces pour le traitement de certains maux comme la diarrhée, les maux de dent, les maux de ventre. D’une façon générale, les techniques de récolte des différents organes du baobab sont manuelles, rudimentaires et souvent dangereuses lorsqu’il s’agit de grimper des arbres de très grandes hauteurs. Aussi, toutes les femmes enquêtées travaillent-elles de façon individuelle. Pour une raison ou une autre, les groupements qui existaient se sont disloqués et d’autres ont du mal à se mettre en place. Ce qui rend encore plus difficile l’exploitation des diverses organes. 6.4. Conditionnement et stockage des fruits La conservation des fruits de baobab se fait dans des conditions qui n’assurent toujours pas la qualité du produit fini. Une mauvaise conservation peut engendrer des cas de contamination par les moisissures dont certaines espèces sont productrices d’aflatoxine. A cet effet, on peut construire des espaces cimentés à des endroits indiqués. Il est important que les fruits soient bien séchés, de préférence sur des aires de séchage qu’on peut construire pour la circonstance. Il en est de même que les amandes extraites et qui doivent être conservées pendant un temps relativement long. Par ailleurs, les fruits pourris ou en voie de pourrissement doivent être isolés pour éviter la contamination de tout un lot. Ce sont autant de bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication qui doivent faire partie du programme de renforcement des capacités.
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Usage des organes
3. Parcs à baobab
0,5% Les feuilles
22,5%
Les fruits L'écorce
La zone soudanienne de la Donga est un domaine de savanes avec de rares galeries forestières avec des arbres recouvrant faiblement le sol au Bénin. On y retrouve le baobab en densité plus élevée et dans la plupart des modelés géomorphologiques et types de formation végétale. Bien qu’étant dans une zone à forte densité de peuplement, le baobab n’est pas aussi abondant dans la commune de Ouaké comme c’est le cas à Boukoumbè, à Karimama ou à Porga au Bénin, tous situés dans la même zone agro- climatique où la densité dépasse 5 pieds de baobab au km2 (Assogbadjo ; 2010, Akouehou 2008, Akouehou 2012). A Ouaké, la densité est de 2 individus au km2. Le diamètre des arbres est compris entre 96 et 199 cm. Dans l’ensemble du paysage ou système agraire, les repousses et la régénération sont inexistants voir nulles. Alors qu’un arbre produit en moyenne 137 capsules de baobab et une capsule de baobab pèse 204 g et produit 32 g de pulpe et 23 g d’amande dans cette zone agro-climatique soudanienne (Assogbadjo, 2006 ; Akouêhou (2012). Une estimation de la production fruitière dans la zone en fonction des relevés forestiers est consignée dans le tableau 3.
77,0%
Figure 4. Pourcentage d’utilisation des organes du baobab
Tableau 3. Production fruitière de baobab en capsule, en pulpe et en amande à Ouaké (Bénin) Variable
Un total de 77% des enquêtées exploitent principalement les fruits. En effet, c’est l’organe du baobab qui apporte le plus de valeur ajoutée après transformation. Son importance tant alimentaire que médicinale va au delà des frontières locales et nationales. A la suite des fruits, viennent les feuilles avec 22,5% et les écorces en troisième position avec moins de 1% de l’échantillonnage enquêté.
Capsule Pulpe Amande
Production estimé d’un pied de baobab (kg) 28 4,4 3,15
Production estimée de la zone d’étude (kg) 1876 294,8 211,05
Source : Assogbadjo (2006) Technique de récolte des fruits
0,6% Baton 32,9%
4. Voies de valorisation du Baobab au plan technologique
Jet de pierre
4.1. Valorisation des Feuilles de baobab
Baton muni de crochet
Les feuilles de baobab constituent une excellente source de protéines alimentaires à Ouaké qui contient tous les acides aminés, principalement les acides aminés essentiels. Elles contiennent également une forte teneur en oligoéléments tels que les minéraux et les vitamines (principalement la vitamine C). Les feuilles peuvent être consommées comme légume. Les extraits de feuilles fraîches seraient très efficaces contre la dysenterie. Ils seraient aussi diurétiques, diaphorétiques, tonifiants. Ils serviraient également à soigner la fièvre, la diarrhée, la dysenterie, les coliques, les lumbagos ou l’ophtalmie et les infections des voies urinaires, et l’asthme. Les feuilles séchées peuvent être également réduites en poudre et utilisée comme un ingrédient d’assaisonnement des sauces. La production de la poudre à partir des feuilles de baobab est réalisée comme indiqué à la figure 1 (Azokpota, 2012).
66,5%
Figure 5. Pourcentage d’utilisation des techniques de récolte
Après un long séchage, les feuilles sont pilées pour donner une poudre verte localement appelée dans la langue Ouaké « Kouka ». Cette poudre est tamisée pour être débarrassée
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des déchets. Pour mieux la conserver, les populations utilisent des sachets en plastique propres, des récipients en plastique ou des pots en verre hermétiquement fermés. La poudre de «Kouka» sert à la préparation de sauce très prisée en milieu « Lokpa » au Bénin (Fig. 1). Séchage à l’ombre
Tamisage
Pilage
Poudre de feuilles de baobab « Kouka »
Consommation sous forme de légume-feuilles
Feuilles fraiches de baobab
Consommation domestique ou commercialisation
Figure 1. Technologie de production de la poudre à base des feuilles de baobab (Kouka) Source : Azokpota (2012)
4.2. Valorisation de la pulpe de baobab Les fruits à maturité donnent une pulpe qui est une poudre sèche et granuleuse. Cette poudre peut être consommée fraîche ou ajoutée à du gruau cuit. Elle est utilisée comme complément aux farines de maïs et de manioc. Le commerce de la pulpe de baobab est très florissant pour les populations de la partie septentrionale du Bénin qui la distribuent régulièrement sur les marchés du centre et du sud du pays qui s’approvisionnent pour la production de Jus, du sirop, de l’alcool, de la purée, etc. (Akouèhou 2012 ; Azokpota, 2012). La pulpe est obtenue suivant le procédé mentionnée à la figure 2. En effet, les fruits de baobab récoltés sont concassés pour en extraire la pulpe. Lorsqu’elle n’est pas immédiatement utilisée, la pulpe est régulièrement séchée et pilée. Un premier niveau de pilage donne un mélange de graines, de poudre et de fibres. Ce mélange est tamisé en deux étapes : un tamisage grossier et un tamisage fin qui conduit à une pulpe plus raffinée localement appelée « Telîm » tant recherchée au plan international. Cette transformation occupe les femmes en période de fructification. Extraction de la pulpe
Concassage
Fruit du baobab
Pilage
Tamisage
Graines de baobab
6. Techniques de collecte, de conditionnement et de stockage des fruits 6.1 Technique de récolte des feuilles La récolte des feuilles se fait selon que l’arbre soit grand ou petit. Lorsque l’arbre est petit les jeunes garçons y grimpent pour cueillir les feuilles fraiches pour une consommation sous forme de légume. Parfois, pour la récolte, les jeunes garçons montent simplement sur des tabourets ou sur des échelles et coupent les feuilles à porter de main. Par contre, lorsque celui-ci est très haut, ils utilisent un bâton au bout duquel est attaché un couteau pour la cueillette. Les jeunes feuilles sont celles qui sont collectées. Pour les collecteurs, il est préférable de récolter les feuilles sans taches noires et sans trous car ces dernières sont abîmées et sont inutilisables. La collecte des feuilles se fait généralement pendant la saison sèche, de préférence, de Janvier à Avril. Les feuilles sont ensuite séchées pour une utilisation postérieure (Azokpota, 2012). Pour la consommation sous forme de légume, une faible quantité est récoltée mais pour la commercialisation, de très grandes quantités sont prélevées pour être transformées. Une femme qui souhaite récolter les feuilles d’un baobab qui ne lui appartient pas doit avoir l’autorisation du propriétaire. En effet, selon Akouêhou (2008) et Akouehou (2002), le baobab est un arbre jardinier qui appartient à un héritier mais, cette espèce rare en zone guinéenne et soudano guinéenne est considérée comme un arbre sacré qui abrite selon le même auteur des esprits.
6.2 Techniques de récolte des fruits Encore appelés « pain de singe », les fruits sont récoltés, soit par ramassage ou par cueillette. A maturité, les fruits mûrs tombent d’eux même sous l’effet du vent. Les fruits restés sur l’arbre sont cueillis à l’aide de bâton ou par des jets de pierres. La récolte des fruits au Bénin se fait pendant la saison sèche c'est-à-dire de décembre à mars. Très régulièrement, les fruits se cassent lorsqu’ils arrivent au sol à cause de la hauteur de l’arbre qui peut atteindre trente (30) mètres de haut. En attendant que tous les fruits ne soient cueillis, ceux tombés sont entassés au pied de l’arbre comme moyen de stockage. Contrairement aux autres organes du baobab, les fruits sont très protégés car ce sont eux qui procurent le plus de revenus après transformation. C’est d’ailleurs l’organe le plus exploité dans la commune de Ouaké, comme indiqué sur l’histogramme de la figure 4.
Poudre de baobab
Commercialisation ou consommation domestique
Figure 2. Technologie de production de la poudre à base de la pulpe de baobab (Telîm) Source : Azokpota (2012) 6
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Tableau 5. Bénéfice réalisé après la vente au prix de gros Organes ou produits du baobab Poudre de feuilles de baobab Amande de la graine de baobab
Quantité achetée ou vendue 1 mesure (agoué)
Différentes actions réalisées (FCFA) Achat Vente Bénéfice 500 2100 1600
1 mesure (agoué)
1350
2100
A partir de la pulpe, on peut obtenir du jus (jus de pulpe de baobab) qui, ajouté à la pâte de sorgho, donne le Mutchayan un condiment très consommé au plan local (Planche 1).
750 Fermentation (24h)
Source : Akouêhou (2012)
5.2. Commercialisation de la poudre Les transformatrices vendent la poudre de baobab à des collectrices à un prix qui varie entre 500 et 750 francs CFA en fonction de la période. A Kassoua, c’est une rude bataille entre les collectrices pour acheter le maximum de poudre possible. Parfois, les collectrices font des partenariats avec les transformatrices pour éviter de se rendre au marché. Les collectrices à leur tour, vont revendre à des détaillants ou souvent à d’autres grossistes qui ont un marché d’écoulement plus large au plan national (Malanville, Parakou, Cotonou, Porto-Novo…) ou régional (Togo, Niger et Burkina Faso). Les collectrices achètent la poudre de baobab à 500 francs CFA la mesure et les revendent à 800 francs CFA. Dans un sac de 100 kilogrammes, ces collectrices arrivent à concentrer l’équivalent de 40 « agoués » soit environ 120 kilogrammes. Pour 120 kilogrammes achetés à 28000 francs CFA, elles les revendent à 32000 francs CFA réalisant ainsi un bénéfice de 4000 francs par sac vendu. Les plus anciennes collectrices qui ont plus de contacts avec les productrices peuvent acheter entre 2 et 3 sacs par jour de marché durant toute la période de la campagne. Un tel bénéfice est apprécié à sa juste valeur par les populations rurales qui arrivent à subvenir à leurs besoins familiaux et parfois s’en servent également pour d’autres activités champêtres. Arrivée dans certains supermarchés de la place, la poudre est vendue à 800 francs CFA, le demi-kilogramme. Ainsi, un sac de 100 kg acheté à Ouaké à 32000f CFA est commercialisé en ville en détails à 168000f CFA.
Photo 1 : Jus de pulpe de baobab + pâte de sorgho
Photo 2 : Mutchayan
Planche 1. Technologie de production de Mutchayan Source : Azokpota (2012)
4.3. Valorisation des graines et amandes de baobab Les graines fermentées donnent un condiment localement appelé Dikouayouri qui sert traditionnellement d’ingrédient pour les sauces. Les étapes de la production de Dikouayouri est décrite comme suit: les graines crues subissent une cuisson pendant 5 à 8 h. Les graines cuites sont égouttées avant d’être soumises à une première fermentation pendant 72 h. Le produit issu de cette première fermentation est pilé. De la potasse est ajoutée au produit pilé et l’ensemble est soumis à une deuxième fermentation pendant 24h pour obtenir le Dikouayouri (planche 2).
Photo 3 : Graines crues
Photo 4 : Cuisson (5-8h)
Photo 5 : Graines cuites
Photo 6 : Egouttage
Photo 7 : Fermentation 1 (72h)
Photo 8 : Pilage
Photo 9 : Ajout de potasse (solution), et fermentation 2 (24h)
Photo 10 : Dikouanyouri
Planche 2. Technologie de production du Dikouanyouri (Graines fermentées de baobab) Photo 11. Opération de remplissage d’un sac de 100 kg
Source : Azokpota (2012)
Source : Azokpota (2012) 10
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5. Revenus de la commercialisation des produits du baobab dans la commune de Ouaké 5.1. Circuit de transaction de baobab entre campagnes et villes Le baobab est l’une des principales sources de revenus des femmes de la commune de Ouaké au Bénin. Il permet d’améliorer les finances familiales des ménages. L’exploitation du baobab a lieu en saison sèche qui, pour certains paysans, est le moment idéal de réaliser assez d’économies. Environ 80 % des femmes commercialisent les produits du baobab. Les feuilles fraiches de baobab, la poudre de feuille séchée de baobab, la poudre de baobab, les graines et les amandes fermentées de baobab sont les produits que l’on trouve fréquemment sur les marchés locaux. Parmi ces produits, la poudre de baobab fait plus l’objet d’exportation vers les grandes villes du pays et de la sous région (Assogbadjo, 2006 ; Akouèhou, 2012). Planche 3. Technologie de production de Tayohounta (Amandes de baobab fermentées) Source : Azokpota (2012)
A Ouaké, le Tayohounta est obtenu à partir des amandes fermentées de baobab. La technologie d’obtention de ce produit consiste à griller les amandes pendant 20 à 30 minutes. Les amandes ainsi grillées sont soumises à une fermentation pendant 48 h. Le produit obtenu (Tayohounta) peut-être consommé tel ou mis en boules (Planche 3). Les amandes utilisées pour le Tayohounta ou pour d’autres préparations sont obtenues de la façon suivante : les graines sont bouillies pendant 15 minutes environ. Les graines ainsi cuites sont décortiquées pour extraire l’amande qui est séchée (Figure 3). Graine de baobab
Les feuilles fraiches sont vendues surtout à raison de 25 francs CFA le tas et sont à 80% commercialisées par les jeunes. La poudre de feuilles séchées de baobab est vendue à la mesure par les grossistes et en des sachets de 50 francs CFA par les détaillants. Le prix de la mesure de poudre varie entre 350 et 500 francs CFA en fonction de la période. Les graines de baobab sont vendues entre 350 et 500 francs CFA selon qu’on soit en période d’abondance ou de soudure. Pour trois mesures de graines achetées et décortiquées, une revendeuse pourrait obtenir deux mesures d’amande pour laquelle elle réalise un bénéfice d’au moins 500 francs CFA. Dans le Département de la Donga au Bénin, les produits de baobab sont également vendus à « Kassoua » qui est un marché international (Azokpota, 2012). Ainsi, les produits du baobab participent activement à l’économie locale. Le prix moyen par mesure pratiqué pour les produits au plan local est présenté dans le tableau 4
Cuisson pendant 15 minutes
Tableau 4. Récapitulatif des prix de vente des produits du baobab livrés sur le marché local de « Kassoua » Décorticage et extraction de l’amande
Séchage de l’amande
Figure 3. Diagramme d’extraction des amandes à partir des graines de baobab Source : Azokpota (2012)
Produits Poudre de feuilles séchées Graines de baobab Amandes
Prix moyen par mesure* (F CFA) 350 425 1350
* L’unité de mesure est l’ «agoué» qui fait environ 3 kg Source : Akouêhou (2012)
Les sachets de 50 FCFA sont mesurés à l’aide de petites boites de concentrées de tomates de 70g de capacité. Dans une mesure de poudre de feuille ou d’amande, on peut tuer 42 boites de tomates de 70g. La commercialisation en détails est encore plus rentable que la vente en gros. Le tableau 5 renseigne sur les bénéfices engendrés par la commercialisation. 8
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