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Zitiervorschau

Université de Tunis Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis

Etude de l’impact de la politique monétaire sur l’inflation en Tunisie 2011-2017.

PROJET DE FIN D’ÉTUDES POUR L’OBTENTION DU MASTÈRE PROFESSIONNEL EN INGÉNIERIE ET ANALYSE ÉCONOMIQUE Élaboré par : OUALI ARIJ Encadré par : Encadrant universitaire : Mme BEN SAID HAYET Encadrant professionnel : MR KHALFAOUI CHOKRI Société d’accueil : BANQUE CENTRALE DE TUNISIE

Année Universitaire 2017-2018

Attestation de stage

« L’ESSECT n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce projet de fin d’études. Les opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs »

Dédicaces

Je tiens à dédier cet humble travail à ma famille Mon père, ma mère, mes sœurs et mon fiancé, avec tous mes sentiments de respect, d’amour et de reconnaissance pour leur soutien et encouragement. À mes professeurs sans exception À tous mes amis À tous ceux pour qui ma réussite leur tient au cœur.

Remerciements

Ce projet est le fruit d’une formation de deux ans de mastère professionnel, bien que ce travail est personnel, beaucoup de personne y ont contribué que ce soit directement ou indirectement. Je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères à mon encadrant universitaire Mme BEN SAID HAYET, pour son suivi tout au long de l’élaboration de mon travail, ses conseils et sa disponibilité. Je remercie également mon maître de stage Mr KALFAOUI CHOKRI, pour leur disponibilité et pour la qualité de leurs conseils qui m’ont été très précieux pour réaliser ce travail. Finalement, j’adresse mes sincères remerciements à toutes les personnes qui m’ont aidé de prés ou de loin à effectuer mon stage au sein de la direction POLITIQUE MONETAIRE pour leurs accueils et leurs bonnes écoutes.

Sommaire Introduction générale Chapitre 1: LA BANQUE CENTRALE DE LA TUNISIE Introduction Section 1: Présentation du système bancaire tunisien et de BCT Section 2: présentation du département politique monétaire Conclusion du chapitre Chapitre 2: Politique monétaire et inflation : fondements théoriques Introduction Section 1: La conduite de la politique monétaire de la Tunisie Section 2: Etude de l’inflation Conclusion du chapitre Chapitre 3 : Politique monétaire sur l’inflation : analyse empirique Introduction Section 1 : Etude analytique Section 2: Etude empirique Conclusion du chapitre Conclusion générale Références bibliographiques Annexes

Liste des figures Figure 1: Organigramme de BCT………………………………………………………….13 Figure 2: Le processus de conduite de la Politique monétaire……………………………14 Figure 3 : Organigramme de la direction générale de la politique monétaire…………..15 Figure 4: Organigramme de la direction des opérations………………………………….17 Figure 5 : Organigramme de la direction du contrôle et de l’analyse des marchés……..18 Figure 6 : Le carré magique de Kaldor…………………………………………………….24 Figure 7: Les instruments de la politique monétaire……………………………………...31 Figure 8: Evolution de taux d’inflation…………………………………………………….40 Figure 9: Evolution de la masse monétaire………………………………………………...42 Figure 10: Evolution de taux d’intérêt……………………………………………………..43 Figure 11: Evolution de taux de change…………………………………………………...44

Liste des tableaux Tableau 1:Histoire du BCT…………………………………………………………………..8 Tableau 2: Les objectifs de la politique monétaire………………………………………..25 Tableau 3: Estimation du modèle linéaire par la méthode MCO………………………...50 Tableau 4: Matrice de corrélation………………………………………………………………50

Liste des abréviations

BCT : Banque Centrale de Tunisie CMF : Conseil de marché financier BVMT : Bourse des valeurs mobilières de Tunis STICODEVAM : Société Tunisienne interprofessionnelle pour la compensation et le dépôt des valeurs mobilière OPCVM : Organismes de placements collectifs en valeurs mobilières TMM : Taux du marché monétaire M3 : Masse monétaire TCH : Taux de change TI : Taux d’intérêt

Introduction générale L’inflation, interprétée comme une hausse générale du niveau des prix, est devenue phénomènes problématique dans l’économie. La maitrise de ce phénomène constitue préoccupation primordial de la politique économique de plusieurs pays. Car, la stabilité des prix est sensée créer un meilleur environnement pour le développement de l’activité économique depuis la fin des années soixante dix début des années quatre-vingts, les banques centrales de nombreux pays retiennent des objectifs d’inflation (stabilité des prix) pour guider leurs politiques monétaires, ces objectifs ont été schématisés par l’économiste Kaldor sous la forme d’un carré magique. Faisant leur cette préoccupation, plusieurs chercheurs ont menés des études sur les implications de la politique monétaire sur les composantes économique réelles et sur les déterminants de l'inflation dans le but de mesurer la performance économique atteint par notre économie à fin d'améliorer le bien-être de la population. Nous pouvons citer Milton Friedman dans son article « l'inflation est d’origine monétaire ». S'inscrivant dans le

cadre de la politique économique, la politique monétaire possède ses propres points d'action pour atteindre les objectifs ultime de la politique économique générale ; elle vise à agir sur les variables réelles de l'économie par le truchement des variables monétaires (l'offre et demande de monnaie, le taux de change et le taux d'intérêt). Dans cette perspective la politique monétaire a pour rôle de fournir au secteur réel la quantité de monnaie nécessaire à l'expansion des activités économiques sans engendrer le dérapage inflationniste ou déflationniste ; d'où la nécessité de veiller au niveau générale des prix qui est l'objectif ultime de toute politique monétaire. D'autant plus que l'inflation est un phénomène macroéconomique, c'est-à-dire mettant en jeu des interdépendances entre toutes les parties et tous les mécanismes de l'économie ; détermination des revenus, des prix, des productions,... un accident portant sur un prix, peut à travers ses mécanismes, être le facteur déclenchant de l'inflation. Notre travail cherche à répondre à la problématique suivante : Quel est l’impact de la politique monétaire sur l’inflation en Tunisie ? L’objet de notre travail est de déterminer les variables qui expliquent l'inflation en Tunisie et de Donner des suggestions à mettre en œuvre par les autorités monétaires en vue de conduire une politique monétaire efficace sur la stabilité du niveau général des prix.

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Intérêt de la recherche L’intention de se lancer dans ce sujet nos a été inspirée par le retour à la hausse inquiétant du taux d’inflation, notamment ces deux dernières années. L’institut National des Statistique a enregistré pour l’année 2011 un taux d’inflation de 3.5%, qui persiste et prend une ampleur dangereuse en 2012 avec un taux annuel de 5%. Plan de la recherche Pour répondre à notre problématique, on propose deux hypothèses : •

La politique monétaire aurait un impact sur l'inflation;



L'inflation serait expliquée par la masse monétaire en circulation, taux d’intérêt et le taux de change;

Pour répondre à notre problématique, nous allons adopter une méthodologie qui repose sur deux démarches. La première, consiste à faire une étude sur la conduite de la politique monétaire et l’inflation qui repose sur des documents, sites internet, rapport de la banque centrale, cadre légale du système bancaire tunisien. La deuxième démarche, nous allons chercher à expliquer empiriquement l’impact d’une variation de l’une des variables sur l’évolution du taux d’inflation, en estimant un modèle de régression linéaire multiple. Pour l’élaboration de notre travail, nous l’avons scindé en trois chapitres. Le premier chapitre consiste à présenter la banque centrale et la direction générale de la politique monétaire. Le deuxième chapitre consiste à présenter la conduite de la politique monétaire appliquée par la banque centrale de Tunisie et à appréhender l’inflation. En fin, dans le dernier chapitre, est essentiellement axé sur l'analyse empirique de l'incidence de la politique monétaire sur l'inflation en Tunisie de 2011 à 2017 ; tout en se focalisant sur la présentation des données, leur traitement par les outils économétriques, la présentation des résultats et leurs interprétations économiques.

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CHAPITRE 1 : BANQUE CENTRALE DE LA TUNISIE

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« Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien au système bancaire et monétaire. Car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin »… ….Henry Ford

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Introduction A travers ce chapitre et avant d’aborder les différentes étapes de notre sujet, il a bien fallu présenter le cadre général de notre travail. Au niveau de ce chapitre, nous allons présenter la banque qui nous a accueillis « La Banque Centrale de Tunisie ». Dans la section 1, nous allons présenter la banque de manière globale. Quant à la section 2, nous allons le consacrer à la description du service auquel on nous a affectés.

Section 1 : présentation du système bancaire tunisien et de BCT I.

Le système bancaire tunisien

A l’échelle nationale, depuis 2011, le rythme de l’activité économique a baissé suite à la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays et la poursuite des tensions sociopolitiques. Cette baisse s’est aggravée à cause de la récession dans la zone Euro, le principal partenaire de la Tunisie, suite à la crise de la dette souveraine. Pour faire face aux changements de l'environnement, le système bancaire tunisien n'a pas cessé de progresser. Son but est de consolider le secteur, d'améliorer la qualité des actifs, d'assainir le portefeuille des créances non performantes et limiter la baisse des taux et la faiblesse de l'activité économique. En fait, le secteur bancaire tunisien, s’articule autour de la banque centrale de Tunisie (BCT), qui sous sa supervision figurent : 21 banques de dépôt, 14 établissements financiers (dont 10 établissements de leasings, 2 sociétés de factoring et 2 banques d’affaires), 8 banques offshores et 11 bureaux de représentation. La banque centrale (BCT), crée en 1958, est une institution nationale à caractère public qui supervise et contrôle la politique monétaire et les crédits des banques. Elle assure ainsi la stabilité interne et externe de la monnaie. La BCT est privilégiée par l’exclusivité d’émission de monnaie, ses principales fonctions sont l’organisation des paiements et la circulation monétaire, la gestion des réserves en devises, la réglementation du crédit et la surveillance du système bancaire et financier. Dans le cadre de ces missions, la BCT a mis en place des normes spécifiques pour contrôler la politique de crédit des banques et leurs procédures de recouvrement des créances. Ainsi, la maîtrise du risque de crédit qui se fait à travers la diffusion de certains nombres de

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circulaires telles que la circulaire N° 87-47 du 23 décembre 19874 portant sur les modalités d’octroi, de contrôle et de refinancement de crédits. Ce système bancaire est étroitement lié au système financier qui est sous la tutelle du conseil de marché financier (CMF). Le système financier est composé de la bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), des intermédiaires en bourse et de la société Tunisienne interprofessionnelle

pour

la

compensation

et

le

dépôt

des

valeurs

mobilières

(STICODEVAM) ainsi que des organismes de placements collectifs en valeurs mobilières (OPCVM). Les banques de dépôt offrent des produits variés pour satisfaire les besoins de financement de l'économie. Elles jouent un rôle d'intermédiaire pour les opérations de bourse et de change. Parmi elles, onze sont cotées en bourse et leurs titres sont des valeurs-phares de la cote officielle de la BVMT. Elles assurent également, pour leur clientèle, le paiement et le recouvrement des chèques, effets, coupons ou toute autre valeur. Conformément à la réglementation en vigueur en Tunisie, ces banques peuvent octroyer des crédits à court, moyen et long terme et prendre des participations dans d’autres institutions.

II.

La banque centrale

1. Création de la Banque Centrale de Tunisie La banque centrale de Tunisie (BCT) dite l’institue d’émission ou la banque des banques. Elle à été créée deux ans après l’indépendance plus précisément 19 septembre 1958. La BCT est un établissement public, national, indépendant et doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière. C’est l’institut d’émission, les billets émis par la BCT ont seuls cours légal. Elle a pour mission générale de défendre la valeur de la monnaie et de veiller à sa stabilité. Dans ce cadre elle contrôle la circulation monétaire et la distribution du crédit et veille sur le bon fonctionnement du système bancaire et financier. Elle est responsable de la conduite de la politique monétaire. Elle gère les avoirs en monnaie étrangère du pays, elle effectue des opérations sur Or et devises et chargée de l’application de la législation et de la réglementation des changes. La banque centrale est la banque des banques, elle assure le refinancement des banques (par appel d’offre sur le marché monétaire), contrôle leur activité en édictant les règles de gestion comptable et les normes prudentielles (l’usage des fonds propres, les ratios entre les fonds propres et les engagements, les ratios de liquidité …etc.). 6

C’est aussi la banque de l’Etat, elle gère le compte du trésor public, peut lui consentir des crédits sous forme de découverts en compte-courant. Les opérations effectuées par la banque centrale et qui sont génératrice de l’émission monétaire sont : • Les opérations sur Or et devises • Le refinancement des banques • Les concours accordés au trésor Les principales publications de la BCT sont les suivantes: le rapport annuel d’activité économique et financière, la périodique de conjoncture, la brochure de la balance des paiements, le bulletin des statistiques financières, la brochure de la dette extérieur, le rapport sur la supervision bancaire et le rapport de l’observation des services bancaires. La BCT établit en onze comptoirs dans toutes les localités où elle le juge utile pour assurer la fluidité monétaire. La direction des affaires de la Banque Centrale est exercée par un Gouverneur nommé par décret et un vice-gouverneur chargé de veiller en permanence à la bonne marche de tous les services de la BCT.

2. Historique La Banque centrale de Tunisie est fondée deux ans après l'indépendance du pays. Le 19 septembre 1958, la loi n°58-90, portant création et organisation de la BCT, est promulguée. Le 18 octobre, la loi n°58-109, instituant le dinar tunisien en remplacement du franc tunisien, est à son tour promulguée. Les deux lois entrent en vigueur le 3 novembre 1958. Dans le tableau suivant on peut lire les principaux évènements ayant marqué l’histoire de l’institut d’émission.

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Tableau 3:Histoire du BCT Date

Evènements

19 septembre 1958 Promulgation de la loi n°58-90 portant création et organisation de la Banque Centrale de Tunisie Promulgation de la loi n°58-109 portant réforme monétaire. Institution d'une

18 octobre 1958

nouvelle unité monétaire : le Dinar 3 novembre 1958

Entrée en activité de la Banque Centrale de Tunisie et mise en circulation du Dinar tunisien

30 décembre 1958

Décrochage du dinar du franc français et sortie de la monnaie nationale de la zone franc

7 décembre 1967

Promulgation de la loi n°67-51 portant réglementation de la profession bancaire

3 novembre 1988

Réforme globale des textes organiques de la BCT, loi n°1988-119 du 3 novembre 1988

7 février1994

Modification de la législation régissant la profession bancaire apportée par la loi n° 94-25 du 7 février 1994 renforçant les pouvoirs de réglementation et de surveillance conférés à la Banque Centrale de Tunisie

25 avril2016

Promulgation de la loi n°2016-36 portant nouveau statut de la Banque Centrale de Tunisie attribuant en particulier à cette institution une nouvelle mission à savoir la stabilité financière et l’instauration de la fonction de secrétaire de la banque. (Source : Travail personnel)

3. Mission et attributions de la BCT a. Mission générale : la préservation de la stabilité des prix La Banque Centrale de Tunisie a pour mission générale de préserver la stabilité des prix. A cet effet, elle est chargée notamment : 

De veiller sur la politique monétaire ;



De contrôler la circulation monétaire et de veiller au bon fonctionnement des systèmes de paiement et garantir sa stabilité, sa solidité, son efficacité ainsi que sa sécurité ;



De superviser les établissements de crédit ;



De préserver la stabilité et la sécurité du système financier.

Par ailleurs, la conduite de la politique monétaire est considérée comme l’outil principal dont dispose la BCT afin d’atteindre les objectifs de la stabilité des prix.

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En effet, en vue de réguler le marché monétaire, la Banque Centrale de Tunisie peut acheter ou prendre en pension aux banques des effets publics négociables ainsi que toute

Créance ou valeur sur les entreprises et les particuliers figurant sur la liste arrêtée à cet effet par son Conseil d'Administration ;

b. Missions particulières Outre ses missions principales précitées, la BCT est chargée d’assurer d’autres tâches non moins importantes et qui rentrent pleinement dans ses fonctions légales telles que : •

L'émission de billets de banque et de pièces de monnaie

La Banque Centrale de Tunisie exerce, pour le compte de l'Etat, le privilège exclusif d'émettre, sur le territoire de la République tunisienne, des billets de banque et des pièces de monnaie métalliques qui, seuls, ont cours légal et pouvoir libératoire dans le pays. •

Les opérations sur devises

La Banque Centrale de Tunisie assure la garde et la gestion des réserves du pays en devises et en or ; Elle intervient sur le marché interbancaire et publie à titre indicatif, au plus tard le lendemain, le cours de change interbancaire des devises et des billets de banque ; Elle est chargée de veiller à l'application de la législation et de la réglementation des changes. •

La fonction de Banque de l'Etat

La Banque Centrale de Tunisie est l'agent financier de l'Etat pour toutes ses opérations de caisse et de banque ; Elle mobilise, pour le compte de l'Etat, des ressources en devises ;



La fonction "d'autorité" et la mise en place des normes prudentielles

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La Banque Centrale de Tunisie définit la réglementation prudentielle, exerce un contrôle sur les banques et les établissements financiers visant pour l'essentiel à assurer la sécurité des dépôts et celle du système bancaire et sanctionne les fautes disciplinaires. •

Prêter son appui à la politique économique de l'Etat

La Banque Centrale de Tunisie peut proposer au gouvernement toute mesure qui est de nature à exercer une action favorable sur la balance des paiements, l'évolution des prix, le mouvement des capitaux, la situation des finances publiques et d'une manière générale, le développement de l'économie nationale ; Elle informe le Président de la République de tout fait qui, de l'avis du Gouverneur ou du Conseil, peut porter atteinte à la stabilité monétaire. •

La fonction de suivi de la qualité des services bancaires

Issu de l’amendement apporté en mai 2006 à la loi organique portant création et organisation de la BCT, l’Observatoire des Services Bancaires incarne l’intérêt particulier assigné à l’amélioration de la qualité des services bancaires et à la compression des charges y afférentes supportées par les clients.

III.

Organisation de la BCT

La Banque Centrale de Tunisie est structurée en 15 Directions Générales assurant à la fois les métiers classiques de la banque tels que la politique monétaire et la stabilité financière et les métiers supports tels que Services Administratifs et les systèmes d’information.

1. Présentation des différentes directions de la BCT Direction Générale de la Caisse Générale, des Comptoirs et des Systèmes de Paiement : Assure toutes les opérations relatives aux billets de monnaies ainsi qu’aux billets de banques étrangères, exerce le contrôle de la circulation des billets de banques et des pièces de monnaies et conserve le stock d’or détenu par la banque. Directions Générale des Etudes : Participe à l’élaboration de la politique monétaire ; élabore les statiques monétaires et celles relatives à la balance des paiements, et publie le rapport annuel et gère le centre de documentation.

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Direction Générale des Transferts et du Commerce Extérieur : Traite les dossiers touchant les questions de change et du commerce extérieur et statue sur les demandes de participations des non-résidents à la réalisation des investissements en Tunisie et de transfert en découlant. La Direction Générale de la politique monétaire : Mène la politique monétaire visant la stabilité des prix. Direction Générale des Finances Extérieures : Gère les réserves en devises de la Tunisie, s’occupe des règlements des opérations en devises du pays et de toutes les questions afférentes au financement extérieur de l’économie Tunisienne ; et assure la cotation en devises du dinar tunisien et gère les relations avec les correspondants banquiers étrangers et les organismes internationaux à caractère monétaire et financier. Direction Générale de la Stabilité Financière et de la Prévention des Risques: S’occupe de la réglementation et du suivi de l’activité bancaire ; et contrôle a posteriori les dossiers du crédit présentés par les banques et assure leur refinancement sur le marché monétaire. Directions Générale de la Supervision Bancaire : Contrôle l’activité bancaire. Direction générale des comptoirs : Gère les comptoirs de BCT (11 comptoirs). Direction Générale de la Comptabilité et Budget : assure le suivi des opérations comptables de la banque. Direction Générale de Services Administratifs : S’occupe de la gestion et de la maintenance des biens meubles et immeubles de la banque et du bureau d’ordre, et élabore le budget annuel de la banque dont elle assure l’exécution et le contrôle. Direction Générale des Systèmes de l’Information : Conçoit le système de l’information de la banque, établit le plan informatique, assure l’évolution des applications et gère les équipements informatiques. Direction Générale des Services Juridiques, de l’Organisation et de l’Audit : Assure le rôle de conseiller juridique du gouverneur de la banque ; participe à l’étude des dossiers relatifs à l’élaboration et à l’application de la réglementation des changes ; s’occupe de

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l’organisation des services de la banque, de l’élaboration de manuels de procédure et de la formation professionnelle. Directions Générale des Ressources Humaines : Traite toutes les questions relatives à la gestion du personnel.

2. Organigramme de la BCT Le schéma suivant présente l’organigramme de la BCT

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Figure 3: Organigramme de BCT

(Source : Le site de la BCT)

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Section 2 : présentation du département politique monétaire I.

Présentation de la politique monétaire

1. Définition La politique monétaire est l’action par laquelle l’autorité monétaire, généralement la banque centrale, agit sur l’offre de la monnaie dans le but de remplir son objectif de stabilité des prix. En effet, La BCT a poursuivi, depuis les années 90, une politique monétaire discrétionnaire faisant recours à des multiples instruments. Cette orientation s’explique par l’attachement de l’institut à la réalisation de plusieurs objectifs à la fois en l’occurrence le soutien de l’activité économique, la préservation de la stabilité du système financier, la viabilité de la position extérieure et la maîtrise de l’évolution des prix. Cette démarche se justifiait non seulement par l’ambiguïté entourant la mission principale de la BCT qui consiste, selon l’ancienne loi portant sur la création et organisation de la BCT, en la préservation de la valeur interne et externe de la monnaie nationale, mais surtout par l’absence d’un cadre analytique fiable lui permettant de mener à bien sa politique monétaire. Chaque année, la BCT élabore un programme monétaire dans lequel est annoncé un objectif de croissance de la masse monétaire compte tenu d’un schéma macroéconomique préalablement établi par le Gouvernement. De ce fait, l’appréciation des tensions inflationnistes à travers le suivi de l’évolution du volume monétaire était plutôt à titre indicatif et n’a pas eu d’influence significative sur les décisions en matière de taux directeur. Ce n’est qu’à partir de l’année 2006 que l’ambigüité entourant la mission principale de la banque a été levée à travers la considération de la préservation de la stabilité des prix comme mission principale de la BCT. Figure 4: Le processus de conduite de la Politique monétaire

(Source : le site de la BCT)

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2. Organisation de la politique monétaire Figure 3 : Organigramme de la direction générale de la politique monétaire

(Source : le site de la BCT)

La direction générale de la politique monétaire, au sein de la BCT, est composée d’une direction de stratégie, une direction des opérations de la politique monétaire et une direction de contrôle et d’analyse des marchés : a. Direction de la stratégie de la politique monétaire La principale attribution de cette direction est le renforcement des capacités analytiques de la banque en matière d’études et de recherche notamment dans le domaine des mécanismes de transmission de la politique monétaire et des déterminants de l’inflation. Elle est chargée 15

également de la mise en place d’un cadre prévisionnel des principaux agrégats économiques et monétaire en vue de mieux orienter la stratégie de la politique monétaire vers la réalisation de la stabilité des prix. Cette direction est composée des deux sous-directions. Sous-direction analyse et prévision à cout terme : A pour objectif la réalisation des prévisions à court terme. Ses principales missions consistent au suivi et à l’analyse de la conjoncture économique et financière nationale, à la participation aux études et réflexions portant sur le cadre stratégique de la politique monétaire et à la contribution à la publication du rapport annuel (politique monétaire et ses déterminants…). Cette sous-direction est composée des deux services : ● Service de prévision à court terme : a pour principal rôle le développement des modèles de prévision de l’inflation à court et moyen terme. Il participe à l’élaboration des documents et des présentations adressés au comité de la politique monétaire et au conseil d’administration ; ● Service de diagnostic monétaire et conjoncturel : a pour attribution d’assurer le suivi et l’analyse de la conjoncture économique et financière nationale et la participation aux études et réflexions portant sur le cadre stratégique de la politique monétaire. Il a comme objectif de développer les modèles de prévision du PIB et de l’inflation. Sous-direction étude et modélisation de la politique monétaire : A pour mission notamment le suivi des travaux liés à l’étude des canaux de transmission de la politique monétaire et la contribution aux publications de la BCT dans ce domaine. Elle comprend également deux services. ● Service étude des canaux de transmission de la politique monétaire : est chargé de la présentation et de la mise à jour des bases de données d’ordres statistiques économiques et financières, de la réalisation des analyses périodiques sur les canaux de transmission de la politique monétaire et de la participation à l’élaboration de la stratégie de la politique monétaire ; ● Service de prévision à moyen terme : réalise les modèles et les prévisions dans le domaine macroéconomique et de l’inflation en Tunisie ainsi que les indicateurs d’appréciation de la politique monétaire.

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b. La direction des opérations de la politique monétaire Son organigramme se présente comme suit : Figure 4: Organigramme de la direction des opérations

(Source : le site de la BCT)

La direction des opérations est chargée de la mise en œuvre de la politique monétaire afin de réguler le niveau de la liquidité bancaire et d’atteindre la stabilité des prix à travers plusieurs instruments à des maturités différentes. Elle comprend deux sous-directions. Sous-direction de la prévision et de l’analyse de liquidité : La fonction principale de ce sous-direction est de collectée les informations nécessaires permettant à la BCT d’atténuer les fluctuations de la situation de la liquidité. Elle est devisée en deux services. ● Service de suivi et de l’analyse de la liquidité : analyse l’évolution des facteurs de liquidité, des opérations de marché, de taux d’intérêt et des mesures prises au niveau de la politique monétaire. Dans ce cadre, il participe au développement des nouvelles méthodes pour un meilleur suivi de la liquidité bancaire ; ● Service de prévision de la liquidité : réalise la collecte et le traitement des données d’enquêtes sur le commerce extérieur, le suivi et l’analyse des écarts de prévision et de l’’evolution des facteurs de la liquidité (billets et monnaies en circulation, solde du compte courant de trésor et des avoirs nets en devises). 17

Sous-direction des opérations de marché : A pour objectif d’assurer la gestion du marché monétaire, le suivi et l’analyse du marché des titres de créances négociables et du marché des bons du trésor ainsi que la collecte et le traitement des données relatives aux transactions sur le marché interbancaire. Ces travaux sont réalisés par les deux services suivants. ●services marché monétaire en dinars : est chargé de la gestion de la liquidité et du pilotage des taux d’intérêts par le biais des opérations de refinancement. Il assure le suivi des soldes des banques, de la réserve obligatoire et des transactions sur le marché interbancaire (volume et taux) ainsi que la communication au public des informations rétrospectives sur le taux du marché monétaire (TMM) ; ●service des opérations sur titres : a pour mission la réalisation des opérations d’open market et de pension livrée, l’analyse et le suivi de l’évolution du marché des titres de l’Etat et le transfert de la propriété des bons de trésor admis en contrepartie du refinancement. c. Direction du contrôle et de l’analyse des marchés Son organigramme se présente comme suit : Figure 5 : Organigramme de la direction du contrôle et de l’analyse des marchés

(Source : le site de la BCT)

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Elle veille sur le contrôle comptable des opérations réalisées par la direction des opérations et assure l’existence des collatéraux des opérations de refinancement de leur conformité et de leur éligibilité. Deux formes de contrôle sont effectuées au sein de cette direction. ● Le contrôle comptable : consiste à vérifier la conformité des titres et créances prises comme garanties par les banques et les montants demandés lors du refinancement avant de donner son accord au service de marché en dinars à exécuter l’opération qui devient irrécouvrable et la propriété des titres se transforme à la BCT. ● Le contrôle des collatéraux des banques titres et créances) : passe la vérification de la conformité des collatéraux aux normes du circulaire n° 87-47 qui consiste la référence de base pour le contrôle. A cet effet, les banques sont tenues de déclarer leurs portefeuilles éligibles au refinancement qui seront vérifiés avec la STICODEVAM en termes de propriétés des titres ainsi que leurs montants.

II.

Le déroulement du stage

Lors de mon passage à la Direction Générale de la politique monétaire, j’étais affectée au service marché monétaire en dinars. Selon le circulaire aux Banques N°2017-0 de la Mise en œuvre de la politique monétaire par la Banque Centrale de Tunisie, les principales attributions de ce service sont : •

L’implémentation des opérations d’intervention de la BCT sur le marché monétaire (appel d’offre hebdomadaire, mensuel et trimestriel, open market) ;



Gestion des avances intra-journalières accordées aux banques dans le cadre du SGMT ;



Publication mensuelle du TMM ;



Transmission des données relatives au marché monétaire aux organismes internationaux et aux agences de notation ;



Suivi quotidien de l’activité du marché interbancaire.

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Conclusion du chapitre L’objectif de ce chapitre était de présenter la banque (BCT) dans laquelle nous avons effectué notre stage. Dans cette optique, nous avons exposé le système bancaire tunisien et la BCT, présenté l’historique de la BCT ses missions et son organisation. Finalement, nous avons décrit la direction générale de politique monétaire afin de mieux appréhender le cadre de notre travail. Cette description nous a permis de comprendre le processus de conduite de la politique monétaire, de formuler notre problématique et de collecter les données nécessaires afin de déterminer quelles sont les variables significatives.

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Chapitre 2 : Politique monétaire et inflation : fondements théoriques

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Introduction . L’inflation est un phénomène qui constitue l’un des problèmes économiques contemporains. Il est tout à la fois, simple à constater, délicat à mesurer et difficile à expliquer. Sa maitrise, est une préoccupation majeure des autorités chargés de la politique économique en générale, et monétaire en particulier. Par ailleurs l’objectif final de la politique monétaire est la stabilité des prix, on trouve ainsi l’article 7 de la loi N° 2016-35 qui stipule : « l’objectif principal de la banque centrale consiste à maintenir la stabilité des prix. La banque centrale contribue au maintien de la stabilité financière de manière à soutenir la réalisation des objectifs de la politique de l’Etat, y compris dans les domaines de développement et de l’emploi. Elle œuvre pour une coordination optimale entre la politique monétaire et la politique économique de l’Etat ». Nous présenterons au cours de ce chapitre les fondements théoriques de la politique monétaire et de l’inflation. Mais, on présentera dans la première section, les différents objectifs, instruments et canaux de transmission de la politique monétaire utilisés pour les atteindre. Dans la deuxième section on présentera, l’inflation, les différents concepts de l’inflation, ses causes, ses conséquences pour mieux comprendre ce phénomène. Enfin les déterminants de l’inflation.

Section 1 : la conduite de la politique monétaire de la Tunisie Dans cette section on présentera les objectifs, les instruments de la politique monétaire et les canaux de transmission. I.

Définition

La politique monétaire est l’action mise en place par l’autorité monétaire (la banque centrale), agit sur l’offre de la monnaie dans l’objectif d’atteindre la stabilité des prix. En effet, depuis les années 90, la BCT a poursuivi une politique monétaire discrétionnaire fait recours à des multiples instruments. Cette orientation s’explique par la réalisation de l’objectif de carré magique de Kaldor1 c'est-à-dire : la stabilité des prix, la croissance, l’emploi et l’équilibre extérieur.

1

Jacques Généreux, « les politiques économiques », édition Seuil 1996, page 5.

22

Figure 6 : Le carré magique de Kaldor

(Source : Jézabel Couppey- Soubeyran, « monnaie, banque, finance », 1ere édition, Paris, 2010, P214.)

Et depuis cette période, la mission principale de BCT consiste, selon l’ancienne loi portant sur la création et organisation de la BCT, la préservation de la valeur interne et externe de la monnaie nationale, mais surtout par l’absence d’un cadre analytique fiable lui permettant de mener à bien sa politique monétaire. Chaque année, la BCT élabore un programme monétaire dans lequel est annoncé un objectif de croissance de la masse monétaire compte tenu d’un schéma macroéconomique préalablement établi par le Gouvernement. De ce fait, l’appréciation des tensions inflationnistes à travers le suivi de l’évolution du volume monétaire était plutôt à titre indicatif et n’a pas eu d’influence significative sur les décisions en matière de taux directeur. Ce n’est qu’à partir de l’année 2006 la mission principale de la banque a été levée à travers la considération de la préservation de la stabilité des prix comme mission principale de la BCT.

I.

Les objectifs de la politique monétaire

D’une façon générale, les objectifs finals de la politique monétaire sont ceux de la politique économique. Selon M. Friedman, c’est-à-dire le « carré magique » (N. Kaldor): -

la stabilité des prix ;

-

la croissance économique ;

-

le plein d’emploi ; 23

l’équilibre extérieur ;

-

Les cibles à court terme de la politique monétaire sont classées en des cibles opérationnelles et des cibles intermédiaires. Les cibles opérationnelles sont des buts tactiques que la banque centrale essaie d’atteindre à court terme. Si les banques centrales ne peuvent pas utiliser directement les outils de politique monétaire pour agir sur les cibles intermédiaires, elles peuvent s’en servir pour influer sur les cibles opérationnelles telles que la base monétaire et les taux d’intérêt à court terme qui influent à leur tour sur les fluctuations des variables intermédiaires (taux d’intérêt, taux de change etc.). Les cibles opérationnelles peuvent aussi être modifiées selon la situation économique à court terme. Les cibles intermédiaires sont des variables qui agissent sur les objectifs ultimes (finals) de la politique monétaire, et ne relèvent pas directement du contrôle par la banque centrale. Il s’agit de la monnaie centrale, de l’encours du crédit, des taux d’intérêt à long terme et des taux de changes. Ce sont des variables qui se situent entre les objectifs finals et ceux opérationnels de la politique monétaire. Les différents objectifs de la politique monétaire se résument dans le tableau suivant ;

Tableau 4: Les objectifs de la politique monétaire Objectifs Opérationnels _

Taux

du

Objectifs Intermédiaires marché _ Agrégats monétaires

Objectifs Finals _ Stabilité des prix

intermédiaire à court terme _ Agrégats de crédit

(TMM) _ Base monétaire

_ Croissance économique

_ Taux de change _ Taux d’intérêt à moyen et long terme (Source : site de la BCT)

Depuis l’indépendance, la politique monétaire en Tunisie a passé par deux phases remarquables : -

La première phase: avant la réforme de 1986, son objectif ultime était plutôt la croissance économique par le financement de l’investissement par les crédits 24

bancaires. La politique monétaire était plus laxiste par rapport à les autres objectifs à savoir la stabilité des prix et l’équilibre extérieur. -

la deuxième phase : Depuis 1987, les autorités monétaires, en suivant les péripéties qu’a connues le monde, ont changé de perspective pour devenu l’objectif prioritaire la stabilité des prix pour un grand nombre de banques centrales et pour la BCT.

Ce pendant, la préservation de la stabilité des prix a été explicitement mentionné dans le texte de la loi n° 2006-26 conformément, à l’article 33 amendant la loi organique de la Banque Centrale.

II.

Stratégie

La politique monétaire prend en compte des facteurs économiques suivants : 1- Le plein emploi. 2- Croissance économique positive non inflationniste. 3- Maitrise de l’équilibre extérieur. Actuellement, la BCT adopte une politique monétaire qui cible à la fois l’inflation et la croissance économique : •

Politique du ciblage de l’inflation : Dans l’objectif de mieux cibler l’inflation, la direction de la stratégie de la politique monétaire veille à travers les études et les recherches à mettre en place un cadre analytique favorable qui assure une certaine stabilité des prix. A cette fin, la BCT a signé un contrat de jumelage avec la banque de France qui s’étale sur deux ans et vise une politique monétaire plus crédible pour renforcer son rôle dans la préservation de la stabilité des prix et faire la comparaison entre l’évolution de l’inflation et les objectifs fixés et les anticipations des différents agents économiques. Deux indices sont susceptibles de calculer l’inflation l’indice des prix à la consommation (IPC) et le déflateur de la consommation (DC), or la plupart des banques centrales utilisent l’IPC car il est calculé mensuellement et il ne subit pas de révision au cours du temps.



Politique de ciblage du PIB : Le ciblage de la croissance économique vise à prévoir la variation du PIB sur un horizon de un à deux trimestres. Deux approches sont utilisées pour la modélisation du PIB, une approche directe (prévision directe de la croissance économique) et une approche indirecte (prévision des principales composantes de l’offre marchande)

25

III.

Les instruments de la politique monétaire

La BCT dispose d’un cadre opérationnel renouvelé ; elle cherche à piloter le taux d’intérêt interbancaire à l’aide d’un ensemble d’instruments d’intervention conformes aux mécanismes du marché. La stabilisation dudit taux représente l’objectif opérationnel de sa politique monétaire. Les instruments de la politique monétaire : l’objectif opérationnel de la BCT étant la fixation d’un corridor de taux au sein du marché monétaire sur lequel la stratégie mise en œuvre lui permettrait de mener à bien la mission qui lui est assignée visant à maintenir le taux interbancaire dans la limite du taux directeur fixé préalablement. Pour cela, la banque centrale doit recourir aux instruments d’intervention qui sont constitués par des opérations soit à son initiative soit à l’initiative des banques. L’efficacité du cadre opérationnel de la politique monétaire est renforcée par l’obligation de maintenir par les banques de disponibilités en compte auprès de la banque centrale au titre de la réserve obligatoire. La BCT peut également intervenir sur le marché monétaire pour l’achat ferme ou la prise en pension des effets publics et des effets privés. Les instruments utilisés par les autorités monétaires peuvent être des instruments quantitatifs ou des instruments qualitatifs.

1. Les réserves obligatoires Les réserves obligatoires sont les dépôts des réserves de liquidité que les banques doivent déposer auprès de la banque centrale. Le système de réserve obligatoire a comme objectif de stabiliser le TMM et de créer un besoin structurel de refinancement chez les banques pour maîtriser la croissance monétaire Le montant des réserves obligatoires est déterminé en fonction de pourcentage d’encours des dépôts par banque. Cet instrument est utilisé pour deux raisons, un souci prudentiel pour assurer le remboursement des dépôts aux clients et un souci de politique monétaire lorsque la BCT augmente le montant des réserves, les banques doivent réduire leurs offres des crédits et inversement en diminuant les réserves pour donner aux banques une marge pour se financer. La période de constitution des réserves obligatoires est d’un mois. En effet, chaque banque doit laisser le montant exact de sa réserve imposée sinon elle sera pénalisée d’un taux égal au TMM plus 2.5% et si le montant est supérieur à celui qui est imposé on parle des réserves excédentaires.

26

Actuellement, le taux appliqué pour le calcul du montant de la réserve obligatoire est de 1% de l’encours des dépôts à vue et de 30% pour l’augmentation de l’encours des crédits à la consommation.

2. Les instruments quantitatifs a. L’appel d’offre Il constitue la principale opération de refinancement des banques. En effet, conformément à l’article 45 de ses statuts de 1958, la BCT fait une estimation des besoins en liquidité sur le marché monétaire et informe les banques du volume de monnaie qu’elle prévoit fournir en cas de sous liquidité ou éponger en cas de surliquidité. Les banques intéressées présentent leurs soumissions, notamment le montant, le taux, la durée, l’échéance et la date de règlement. Pour le choix de meilleures offres, la BCT utilise, dans le cas d’injection de liquidité, la méthode du taux multiple c’est-à-dire qu’elle commence par le taux le plus élevé jusqu’au plus faible. A l’inverse, et en cas où elle se propose d’éponger l’excédent de liquidité sur le marché, elle commence par le taux le plus bas. Les étapes de l’appel d’offre sont : •

L’annonce : la BCT informe les banques de son attention d’alimenter en liquidité ou de retirer le surplus selon la situation du marché monétaire en indiquant la date valeur, le taux directeur et la durée.



Réception des soumissions : Chaque banque doit indiquer la date valeur, le montant, le taux de soumission, l’échéance et la date de règlement.



Traitement des soumissions : la BCT vérifie la conformité des soumissions avec les conditions de l’appel d’offre annoncée (date valeur, taux, durée…).



Dépouillement des soumissions : préparer un état qui résume toutes les soumissions par banque et par taux.



Résultat de l’appel d’offre : la BCT sert dans la limite des prévisions de liquidité à injecter (à retirer) la totalité ou un certain pourcentage des demandes (offres) exprimées par les banques selon la méthode de taux multiple.



Le service de marché informe chaque banque soumissionnaire de la décision prise par le comité de la politique monétaire qui se réunit chaque mardi et il informe également les banques non soumissionnaires des résultats globaux et des conditions retenues.



Il assure l’enregistrement comptable de l’opération en créditant le compte de banque. 27

b. L’open Market Les opérations d’open market consistent à acheter ou à vendre directement des titres, typiquement d’effets publics négociables (BTA, BTC), sur le marché monétaire. Par cette procédure le service des opérations sur titre cherche à modifier à la hausse ou à la baisse le taux de marché monétaire. L’open market a un double effet sur la liquidité bancaire : un effet quantité qui est direct en diminuant la quantité de monnaie en circulation par la vente des titres aux banques ou inversement par l’achat des titres pour fournir de la liquidité au secteur bancaire. Et un effet prix qui est indirect, quand la BCT achète les bons du Trésor, elle offre de la liquidité supplémentaire sur le marché et le taux d’intérêt baisse ce qui favorise le refinancement des banques au coût faible. Par contre si la BCT vend les bons de trésor, les taux augmentent ce qui crée des tensions sur le marché. La BCT utilise cet instrument irrégulièrement car le marché n’est pas vraiment sensible à ce genre d’instrument.

c. Les pensions livrées C’est une opération d’achat ou de vente de valeurs mobilières et d’effets de commerce à une échéance convenue avec engagement de revente. Ces opérations permettent que la BCT d’injecter ou d’éponger la liquidité sur le marché par l’achat ou la cession temporaire de bons du trésor. La durée de ces opérations peut aller jusqu’à trois mois. Selon la loi du 24 septembre 2012, la technique de la pension livrée se caractérise par l’échange des titres contre la liquidité dans les périodes des crises puisque la BCT sécurise le prêteur par la remise de titres contre l’argent et également elle permet à l’emprunteur de se refinancer dans les bonnes conditions de taux d’intérêt. La pension livrée est un support de transfert de propriété par l’intervention de la BCT sur le marché interbancaire.

d. Les opérations ponctuelles d’injection et de ponction à 24 heures Il s’agit d’opération de réglage fin de liquidité effectué par la BCT en fin de journée dans l’objectif d’orienter le taux au jour le jour. L’utilisation de cet instrument est très marginale. 28

e. Les opérations de swap Elles sont effectuées par voie d’appel d’offre à l’initiative de la BCT et consistent à l’achat ou la vente au comptant ou à terme du dinar tunisien contre des devises et ce à une date et un taux prédéterminé.

f. La facilité de prêt à 24h Les banques en déficit de trésorerie peuvent couvrir leurs besoins en fin de journée. En effet, la BCT assure aux banques les besoins en liquidité contre la présentation de garanties sous forme d’effets publics et privés (actes collatéraux), en leur accordant un prêt rémunéré à la journée contre un taux d’intérêt égal au taux directeur (5.75% actuellement) majoré de 1%. Il y a lieu de signaler que ce taux représente le taux plafond de la BCT.

g. La facilité de dépôt à 24h Ces opérations permettent aux établissements de crédit d’effectuer des dépôts à 24h auprès de la banque centrale de leurs excédents de liquidité à un taux d’intérêt égal au taux directeur minoré de 1%. On note qu’il s’ait du taux planché de la BCT. Cette opération s’effectue sans collatéraux.

3. Les instruments qualitatifs La révision à la hausse ou à la baisse du taux d’intérêt directeur a une répercussion directe sur les taux appliqués par les banques aux crédits accordés et aux dépôts de leurs clients. Le relèvement dudit taux peut ainsi entrainer un resserrement des crédits sous l’effet de l’accroissement de leur cout, tout en agissant négativement sur la réduction du taux d’intérêt directeur, elle entraine un impact inverse. Les principaux taux d’intérêt se présentent comme ci-après :

a. Le taux directeur de la banque centrale C’est le taux fixé par le conseil d’administration, sert à piloter tous les autres taux du marché et revêt une importance cruciale pour la conduite de la politique monétaire. Son relèvement signifie un resserrement de la politique monétaire suite notamment au niveau élevé de l’inflation et ou à l’accélération des crédits. Sa réduction indique une inflation maitrisée et une volonté de relance de l’activité économique et financière. Enfin, c’est le taux auquel les banques se refinancent auprès de la BCT afin d’avoir les liquidités nécessaires pour garantir leurs activités. Il se situe à 5,75% depuis le 06 Mars 2018. 29

b. Le taux du marché interbancaire C’est le taux des transactions interbancaires qui émanent des échanges de liquidité entre les banques au jour le jour ;

c. Le taux moyen mensuel du marché monétaire (TMM) C’est le taux mensuel moyen pondéré des taux interbancaires au jour le jour. Il sert de référence pour la détermination de la plupart des taux débiteurs et créditeurs appliqués par les banques aux agents économiques.

Figure 7: Les instruments de la politique monétaire

(Source : site de la BCT)

IV.

Les mécanismes de transmission

Le choix des instruments doit être considéré avec pertinence pour atteindre de meilleurs résultats cela implique qu’il existe une relation consistante entre les objectifs visés et ses 30

instruments. Cette relation ne peut pas se réaliser sans l’existence des mécanismes qualifiés des canaux de transmission qui constituent des liens spécifiques par lesquels les impulsions de la politique monétaire se répercutent sur l’activité économique et plus particulièrement, sur le niveau des prix. Quatre principaux canaux sont distingués à savoir ; le canal de taux d’intérêt, le canal du crédit, le canal du taux de change, le canal de prix des actifs.

1. Canal du taux d’intérêt Les mécanismes de transmission de la politique monétaire par les canaux de taux d’intérêt est un thème classique de la littérature économique depuis plus de cinquante ans et aussi du Le canal du taux d’intérêt est le principal mécanisme de transmission monétaire introduit dans le cadre de l’analyse keynésien (modèle IS-LM). Il décrit l'ensemble des moyens par lesquels la variation des taux directeurs affecte la sphère réelle, à travers les décisions d'investissement et de consommation des entreprises et des ménages. Une variation du taux d’intérêt produit trois types d’effets peuvent être mis en évidence sur les dépenses des ménages :

-

Un effet de substitution : les variations de taux d’intérêt mènent les agents à réviser l’arbitrage entre consommation immédiate et épargne. Une baisse de taux diminue la valeur de la consommation future et encourage à consommer aujourd’hui puisque l’épargne devient moins intéressante et le crédit moins cher.

-

Un effet de revenu: une baisse de taux conduite a une augmentation de la valeur actualisée des dépenses de consommation anticipées pour des périodes avenirs. Depuis, la consommation future est trop cher, toutes choses égales en outre. Les ménages choisis ainsi épargner d’avantage et limite leur consommation immédiate pour faire face à cette situation.

-

Un effet de richesse : une baisse de taux d’intérêt augmente la valeur actualisée des revenus futurs des ménages. Cette augmentation s’applique au capital humain et au capital physique, au capital financier. Ainsi, pour ce dernier, les agents ont la possibilité de vendre une partie du portefeuille de titres pour obtenir plus de biens et services. Ils consomment plus de biens et services.

A propos les effets sur l’investissement, une diminution de taux mènent un coût d’usage du capital plus faible et donc une hausse de la profitabilité de la production et une offre 31

supérieure de biens ; une substitution du capital au travail. Ces deux effets impliquent une hausse de l’investissement. Selon le modèle IS-LM, le taux d’intérêt réel à long terme représente le coût de capital et de financement pour les agents économiques. En effet, une hausse des investissements indique une hausse de la demande agrégée dans l’économie (courbe IS se déplace vers la droite) et une hausse de l’offre de la monnaie (courbe LM se déplace vers la droite). 2. Canal de crédit Dans une économie bancaire, le canal de crédits est établi sur l’idée que les banques jouent un rôle spécifique au sein du système financier puisqu’elles sont bien placées pour résoudre le problème de financement des agents économiques. La hausse des taux directeurs de la banque centrale mener les banques à accroître leurs taux d’intérêt débiteurs, mais aussi à rationner le crédit à cause de la montée des risques liés à des charges d’intérêt plus élevés. La hausse des taux d’intérêt, en raison de l’asymétrie d’information, risque de produire un aléa moral (les « bons emprunteurs » réduits leurs demandes de crédit et les « mauvais risques » continuent à s’endetter.) Cette situation incite aussi les banques à réduire leur offre de crédit. Ainsi les contraintes d'accès au crédit de certains agents tels que ménages ou petites et moyennes entreprises, peut conduire à des changements importants dans la transmission d'une politique monétaire par les taux d'intérêt. En fait, si les agents sont contraints dans leur demande de crédit, une hausse du taux d'intérêt, à supposer qu’elle soit réagi sur le coût du crédit, pourra procurer une baisse de la demande de crédit bancaire, mais s’il y a en situation initiale un excès de demande, cette hausse ne s’exprime pas par une baisse des crédits. De nombreuses études, liées au canal du crédit (Bernanke et Blinder, 1992 ; Barran, Coudert et Mojon, 1995) montrent qu’une hausse du taux d’intérêt n’est généralement pas suivie immédiatement d’une baisse du crédit bancaire.

3. Canal du taux de change La prise en compte des relations commerciales et financières avec l’extérieur permet d’entrer un nouveau mécanisme peut faire transmettre les décisions de la politique monétaire à savoir le canal du taux de change. le canal du taux de change se base sur une relation décroissante entre le taux d'intérêt et le taux de change. La hausse des taux d'intérêt attire les dépôts libellés en monnaies étrangères par rapport aux dépôts nationaux ce qui implique une chute de la valeur des dépôts en devises par rapport aux 32

dépôts en dinars. C’est-à-dire une l’appréciation de la monnaie nationale par rapport à la monnaie étrangère. L’appréciation de la monnaie nationale a augmenté les prix des exportations et la baisse des prix des importations ceci entraîne une contraction des exportations et un accroissement des importations. Cette situation est défavorable à la demande globale et au revenu qui diminue. Et inversement, un accroissement de l'offre de monnaie entraîne une baisse des taux d'intérêt et une dépréciation de la monnaie nationale d'où l'augmentation des exportations et la baisse des importations, et cette situation stimule la demande globale et le revenu.

4. Canal de prix des actifs Le canal des prix des actifs a assez un effet rapide du fait que les prix des actifs ont intention à s’ajuster plus rapidement que les prix des biens et services et sont plus sensibles aux variations du taux d’intérêts et aux changements d’anticipations. Ce canal impose un mécanisme de transmission à travers les effets positifs sur la richesse financière des ménages qui passe par le canal de la consommation. En fait, la baisse du taux d’intérêt est vulnérable d’avoir un effet favorable sur le cours des actifs financiers ou immobiliers entrainant une augmentation de la valeur du patrimoine des ménages et un soutient de leur consommation. En d’autres termes, les investissements des entreprises peuvent aussi tirer profit d’une baisse de taux d’intérêt dans la mesure d’où l’augmentation de prix des actions (obligation, bien immobilier) ce qui diminue le coût de ses fonds propres.

Section 2 : Etude de l’inflation L’inflation comme un déséquilibre économique qui engendre une hausse continue du niveau général des prix est un concept extrêmement large, diverses théories ont tenté d’expliquer le phénomène, elles ont été inspirées par les grands courants de pensée économique Dans cette présente section nous présenterons l’inflation en Tunisie. Nous identifions les causes, les conséquences de l’inflation sur l’équilibre économique et les déterminants de l’inflation.

33

I.

Définition de l’inflation

On dit qu’il y a inflation, lorsqu’il y a un état de hausse généralisée des prix des biens et des services qui entraine une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. On distingue quatre niveaux d’inflation : • stabilité des prix : taux d’inflation inférieur à 2% ; • inflation rampante : taux d’inflation de 3 à 4% par an ; • inflation ouverte : taux d’inflation de 5 à 20% ; • inflation galopante ou hyperinflation : taux d’inflation supérieur à 20%. Il est à noter que le taux d’inflation en Tunisie, peut être mesurée par l’indice des prix à la consommation, indice de référence ou par le déflateur de PIB. Dans cette étude, on s’intéressera uniquement à l’indice des prix à la consommation (IPC), car c’est le plus largement utilisé. Ce dernier, s’agit d’un indicateur de la variation des prix à la consommation payés par les ménages. L’institut national de la statistique (INS) a révisé l’année de base de cet indice en adoptant l’année 2005 comme nouvelle année de base au lieu de l’année 2000.la structure des pondération a aussi été révisée en s’appuyant sur les résultats de l’enquête nationale sur la consommation des ménages de l’année 2005, en vue de tenir compte des changements dans les habitudes de consommation des ménages et d’inclure de nouveaux biens et services. L’indice des prix à la consommation base 100 en 2005 est calculé donc selon la méthode de ″Laspeyres‶ qui se base sur les pondérations et les prix de l’année de base 2005. Pour établir cet indice, l’INS relève mensuellement le prix de 1010 produits au lieu de 975 produits dans l’ancien indice, auprès d’un échantillon de 3155 points de vente contre 2631 précédemment. Cette extension a touché plusieurs types de points de vente particulièrement les grands magasins vu leur importance dans le tissu commercial actuel. Les points de vente se répartissent sur toutes les localités, chefs-lieux des gouvernorats, ainsi que les grandes agglomérations urbaines. Ainsi les 1010 produits relevés sont regroupés en 46 sous-groupes qui constituent en fin les 12 groupes principaux à la place de 6 groupes auparavant comme le montre le tableau 1 et le tableau 2 dans l’annexe 34

L’indice des prix à la consommation sert principalement à étudier la dynamique de l’inflation en analysant ses composantes. Mais, avant de ce faire, on doit tout d’abord exposer les sources potentielles de l’inflation.

II.

Les causes de l’inflation

L’inflation est le résultat d’un désajustement général de l’économie d’un pays. Ce désajustement est dû suite à plusieurs phénomènes. 1. Déséquilibre entre l’offre et la demande Le déséquilibre entre l’offre globale et la demande globale peut trouver son origine soit du coté de la demande, on parle alors « d’inflation par la demande », soit du coté de l’offre, on parle « d’inflation par les couts ». a. Inflation par la demande L’inflation par la demande résulte d’une croissance de la demande non entièrement satisfaite par les producteurs. Le volume des biens et services demandés dépasse le volume des biens et services offerts. Cela peut être à cause d’une augmentation rapide des revenus (salaires ou transferts sociaux), ou encore, une expansion de la demande étrangère. Celle-ci est le cas avec le pays voisin, on peut remarquer absolument l’impact des incertitudes de la situation libyenne sur les prix des produits alimentaires en Tunisie. En effet, la crise libyenne a incité le marché noir destination de ce pays. Les pics des exportations à destination de la Libye et la contre bande aux frontières tuniso-libyenne ont entrainé des pénuries de plusieurs produits alimentaires de base. Pendant cette crise, certains tunisiens étaient enclin à vendre des produits aux libyens à des prix supérieur au marché tirant les prix vers le haut au niveau national. Ces exportations illégales étaient toujours évoquées comme moteur potentiel de l’inflation début 2012. L’inflation par la demande peut aussi être le résultat d’une politique de soutien de la consommation ou de l’investissement, la création monétaire, le marketing etc. la pression exercée par cette demande excédentaire entrainera une hausse des prix. b. Inflation par les coûts Le déséquilibre entre l’offre et la demande peut provenir d’un choc du coté de l’offre. 35

La hausse des coûts peut avoir différentes origines : hausse généralisée des salaires, augmentation des taxes grevant les produits, hausse du coût des matières premières ou énergies de base (choc pétrolier par exemple) et dépréciation de la monnaie nationale qui augmente le coût des importations, ces deux dernières constituent la source principale de l’inflation importée. La hausse des coûts va se répercuter dans les prix de revient, puis dans les prix de vente qui vont augmenter dans les mêmes proportions que le coût des matières premières. Ou bien trouver le moyen de réduire d’autres coûts de production (en abaissant les salaires, à titre exemple). Le problème majeur de l’inflation par les coûts tient à son caractère auto-entretenu et cumulatif. En effet, si les producteurs répercutent les hausses de coûts sur les prix. La hausse du niveau général des prix dégrade le pouvoir d’achat des ménages. Si ces derniers anticipent les effets de l’inflation en cours sur leur pouvoir d’achat, ils revendiquent des hausses de salaires pour compenser l’inflation. Les hausses des salaires ainsi obtenues viennent augmenter les coûts des producteurs, qui tentent alors de rétablir leurs marges en relevant leurs prix ; le pouvoir d’achat des salaires se dégrade à nouveau, provoquant de nouvelles revendications, et ainsi de suite. L’économie se trouve ainsi piégée dans une course-poursuite des prix et des salaires qui accélère indéfiniment l’inflation. 2. Inflation par augmentation de la masse monétaire Quelle que soit sa cause initiale, l’inflation est par nature un phénomène monétaire. L’approche monétariste préconise, à travers la théorie quantitative de la monnaie (basée sur l’équation de Fisher M.V=P.Q (où M : masse monétaire, V : vitesse de circulation de la monnaie, P : niveau moyen des prix et Q : quantité de la production finale de biens et services), que la masse monétaire ne doit pas croitre de manière plus importante que la croissance réelle de l’économie). Ainsi, elle attire l’attention sur le fait qu’en règle générale, l’inflation ne peut pas se développer sans une certaine expansion de la quantité de monnaie ; il faut bien que les agents trouvent quelque part les moyens de paiement nécessaires à l’achat de biens et services dont le prix moyen augmente. Mais, il faut évidemment éviter un excès de la masse monétaire. L’autre facteur monétaire qui contribue aussi à l’inflation est le taux de change.

36

Généralement, la dépréciation d’une monnaie quelconque génère mécaniquement de l’inflation et pourrait s’accélérer si les avoirs en devises continuent à s’amoindrir et que la balance commerciale se creuse, dans un contexte où les prix mondiaux des hydrocarbures sont en nette hausse. De plus, cette dépréciation du taux de change affecte fortement la facture énergétique et alimentaire qui risque de peser sur le budget de l’état (directement par les dépenses de fonctionnement et indirectement à travers la caisse compensation). 3. Inflation liée aux structures économiques Du fait des structures d’économie ouvertes du monde contemporain, l’inflation peut être importée par les plus d’échange internationaux, puisqu’elle provient des variations du taux de change nominal. En effet, une hausse du prix des importations aura un effet inflationniste, en particulier s’il s’ait de matières premières qui pèsent lourd dans les coûts de production. A titre d’illustration, on prend le cas de la Tunisie. Une augmentation du prix du baril de pétrole ainsi que les dévaluations successives du dinar se traduisent automatiquement si l’Etat décide de ne pas baisser ses taxes sur les produits pétroliers afin d’absorber cette hausse par une augmentation du prix du diesel. Cela mène évidemment à une hausse généralisée des prix, car le transport des biens et une multitude de produits et services dépendent de cette matière première et donc de son niveau de prix, et on se trouve alors rentrer dans une « spirale inflationniste ». Dans ce cas l’inflation et donc importée et sera de type inflation par les coûts. A la lumière de ce qui précède, on peut conclure que les causes de l’inflation sont multiples puisqu’elles sont reliées aux facteurs tributaires des chocs réels et nominaux affectant la demande et l’offre globale à court terme, d’où l’inflation par la demande et par les coûts. Or, à long terme, lorsque les prix et les salaires sont flexibles contrairement à la production et l’emploi, l’inflation est considérée comme un phénomène monétaire.

III.

les effets de l’inflation

L’inflation a sur l’économie des effets aussi bien bénéfiques que néfastes.

37

1. Les effets néfastes de l’inflation Une inflation peut conduire lorsqu’elle est forte, à un ralentissement de la croissance économique, du produit global, et à une détérioration de l’emploi. L’inflation chronique entraîne de nombreux effets néfastes : •

elle perturbe la répartition macroéconomique des revenus. Tous les agents économiques ne peuvent pas faire évoluer leurs revenus à la même vitesse que l’inflation. Celle-ci est favorable aux emprunteurs et aux titulaires de revenus flexibles, mais elle pénalise les épargnants, les créanciers et les titulaires de revenus indexables.



elle contribue à rendre l’avenir plus incertain. En rendant incertaine l’évolution des valeurs nominales des revenus et des prix, l’inflation complique les prévisions économiques et rend la croissance économique plus chaotique.



une inflation nationale plus forte qu’à l’étranger, réduit la compétitivité de l’économie et conduit à procéder à procéder à des réajustements monétaires.



l’inflation rend la croissance économique déséquilibrée et provoque la stagflation, situation où coexistent à la fois l’inflation et le chômage.

2. Les effets bénéfiques de l’inflation Caractérisée par une augmentation des revenus nominaux distribués, l’inflation favorise la croissance pour deux raisons principales. Elle contribue à alléger les dettes des agents économiques (l’inflation diminue le coût réel de l’endettement en fonction de la différence entre le niveau des taux d’intérêt nominaux et le niveau général des prix). Ainsi les ménages et les entreprises ont longtemps bénéficié de taux d’intérêt réels faibles, voire négatifs. Elle améliore la rentabilité financière des entreprises. En période d’inflation, les entreprises sont d’autant plus incitées à recourir au financement externe que leurs taux de profit internes sont supérieurs au taux d’intérêt des capitaux empruntés. Une telle situation élève la rentabilité de leurs fonds propres (effet de levier). Les entreprises se trouvent stimulées par les perspectives de gains et incitées à investir. L’inflation, moteur de l’investissement, induit ici une croissance de la production et de l’emploi. Un haut niveau d’emploi apparaît compatible avec un taux d’inflation élevé (ceci est décrit par la courbe de Phillips : relation inverse entre l’inflation et le chômage).

38

IV.

Les déterminants de l’inflation

Nous présentons les différentes évolutions ou mouvements qui ont eu au cours des années en études des variables exerçant une influence sur l'inflation. Dans la plupart de cas, l'inflation a comme déterminants traditionnels le TMM, la masse monétaire et le taux de change constituent autant des facteurs explicatifs de l'inflation en Tunisie. 1. Evolution de taux d’inflation en Tunisie Malgré la définition de l'inflation est controversée, il est en général admis qu'elle est constituée par une hausse cumulative et garde le niveau général des prix dans une économie. Figure 8: Evolution de taux d’inflation

taux d'inflation 7 6 5 4 taux d'inflation

3 2 1 0 2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017 (Source : Travail personnel)

A travers cette figure, on constate que le taux d’inflation s’est poursuivi en 2012 et 2013 atteignant des niveaux record, jamais enregistrés depuis 1995 (6.2%). Cette inflation élevée reflète une importante augmentation des prix des produits alimentaires, suite à l’insuffisance de l’offre de produits frais sur les marchés et à certaines perturbations au niveau de l’approvisionnement et des circuits de distribution. Il est à noter, en outre, que l’effet de la crise libyenne a été considérable sur l’évolution de l’inflation. D’une part, les exportations illégales à destination de ce pays ont entrainé une pénurie de plusieurs produits alimentaires de base. D’autre part, l’accès des milliers de refugiés au territoire national n’a fait qu’augmenter la demande.

39

Par ailleurs, d’autres facteurs en relation avec la révolution tunisienne pourraient expliquer cette tension inflationniste. En fait, les évènements qui ont accompagné la révolution en 2011 se sont traduits par une dégradation de la situation sécuritaire, une prolifération du secteur informel et l’instauration d’un nouveau rapport de forces, sur le plan social, aboutissant à des révisions disproportionnées des salaires. De plus, la politique monétaire préconisée par la BCT a aussi affecté l’évolution de l’inflation de deux manières : -

La dépréciation du dinar vis-à-vis des principales devises en particulier le dollar en 2012 et l’euro en 2013, a généré une augmentation de l’inflation à travers la hausse des prix à l’importation surtout celui de l’énergie durant la deuxième moitié de 2012 ;

-

La diminution du TMM en 2012, pour se retrouver à son plus bas niveau historique (soit 3.75% contre 4.43% et 4.03% en 2010 et 2011 respectivement), a affecté la liquidité bancaire. Ainsi et afin d’y remédier, la BCT a injecté de la monnaie,

-

contribuant, ainsi, à stimuler l’inflation par la demande notamment dans un contexte d’offre de produits raréfiés.

2. Evolution de la masse monétaire (M3) en Tunisie La masse monétaire est un agrégat monétaire qu'il est habituel d'assimiler à M3, c'est -à - dire M2 et divers placements monétaires. Toutefois, la notion reste très contraignante pour les spécialistes qui considèrent alors la masse monétaire comme l'ensemble des créances susceptible d'être contrôlée par la banque centrale. La définition de la masse monétaire est une définition comptable qui relève des conventions de nomenclature. La masse monétaire telle qu'elle est actuellement définie par la BCT comprend les actifs liquides qui sont susceptibles d'être convertis immédiatement en monnaie sans risque sensible en capital et qui donc représentent des moyens de paiement potentiels réalisables, sans effet de moins-value ou de plus-value. La décomposition de la masse monétaire en agrégats M1, M2, M3, est fondée sur la plus ou moins grande facilité de conversion en monnaie de leurs composantes. Celle-ci induit un comportement de détention plus ou moins stable de ces actifs par les agents non financiers. L'évolution de la masse monétaire en Tunisie est représentée par le graphique suivant

40

Figure 9: Evolution de la masse monétaire

masse monétaire 80000 70000 60000 50000 40000

masse monétaire

30000 20000 10000 0 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

(Source : Travail personnel)

A partir de cette figure on constate que, en 2015 la masse monétaire (M3) a cru à un rythme plus faible, cette décélération est due à la baisse de l’encours des billets et monnaies en circulation (6.8 % contre 12.6 % en 2014) et des dépôts à vue auprès des banques (1.6 % contre 4.9 %). Pour 2016 cette évolution est principalement, attribuée à la forte augmentation des créances nettes sur l’Etat (+21,8% ou +2.792 MDT) mais aussi à celle des concours à l’économie (+8,2% ou +5.247 MDT), selon la note sur “les Evolutions Economiques et Monétaires ainsi que les perspectives à moyen-terme”, que vient de publier la Banque Centrale de Tunisie (BCT). 3. Evolution de taux d’intérêt en Tunisie Après quatre ans d’augmentations successives, la Banque Centrale de Tunisie vient de décider de baisser le taux d’intérêt directeur, qui passe ainsi de 4,75% à 4,25%.

41

Figure 10: Evolution de taux d’intérêt

taux d'interet 6 5 4 3

taux d'interet

2 1 0 2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

(Source : Travail personnel)

Les taux directeurs sont les taux d’intérêt fixés par une banque centrale lorsqu’elle accorde des crédits à court terme aux banques commerciales. C’est donc ainsi que la banque centrale agit sur le coût du crédit et la rémunération des liquidités, dans le cadre de sa politique monétaire pour contrôler l’offre et la demande de crédit, l’évolution des prix (inflation) et le taux de change de sa monnaie. Ce taux avait entamé, sous la gouvernance de Chedly Ayari, une succession de hausses le faisant passer de 3,5% en septembre 2011 (du temps du gouverneur Mustapha Kamel Nabli) à un taux de 4,75% en octobre 2015. D’un point de vue macroéconomique, la baisse du taux d’intérêt a généralement un effet négatif sur l’épargne déjà souffrante de l’inflation et des niveaux de rémunération, mais elle est de nature à rehausser l’investissement, et dénote généralement un climat propice pour les affaires. Microéconomiquement parlant, cette baisse du taux d’intérêt directeur aura une incidence directe sur le coût des crédits bancaires et un impact sur les remboursements des crédits en cours dont les taux sont indexés sur le TMM (Taux moyen du marché monétaire).

42

4. Evolution de taux de change en Tunisie Le dinar tunisien (taux de change) a connu sous la gouverne de M. Ayari sa pire dévalorisation en si peu de temps. En juin 2012, l'Euro s'échangeait à 1,93 dinar tunisien, en janvier 2018, il s'échangeait à 3 dinars tunisiens. Face aux devises étrangères. le dinar aurait perdu 40% de sa valeur. Et la chute continue sans cesse, suite aux engagements pris envers le FMI, par la lettre d'intention consignée par Chahed et Ayari le 29 mai 2017. Figure 11: Evolution de taux de change

Taux de change 3.5 3 2.5

2 Taux de change

1.5 1 0.5

0 2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017 (Source : Travail personnel)

En même temps, les déficits commerciaux se creusaient de manière continue et la dévaluation du dinar n'arrive plus à impacter le déficit, tellement le marché informel a pris de l'ampleur et a mis la main sur l'essentiel des devises en circulation dans le pays. La BCT a perdu son contrôle sur au moins 45% de la devise en circulation et elle n'arrive plus à mobiliser la devise nécessaire pour financer les importations pour un seuil minimum de 90 jours. Les dotations actuelles ne peuvent financer que 75 jours d'importations, et la situation risque de se détériorer davantage.

Conclusion du chapitre L’intérêt de ce chapitre, était de préciser, la manière avec la quelle la Banque d’Algérie procède pour maintenir la stabilité des prix à travers sa politique monétaire. Nous nous sommes appuyés particulièrement sur, des statistiques liées à la politique monétaire. Puis, d’éclairer le phénomène de l’inflation en Tunisie. On a présenté les différents concepts de 43

l’inflation (la définition de l’inflation, les types de l’inflation), ses cause, ses conséquences et ses déterminants. Apres avoir abordé les théories générales sur la politique monétaire et l'inflation ainsi que certains aspects pratiques de la méthodologie ; il nous parait utile de vérifier empiriquement nos hypothèses de base, nous présenterons le troisième chapitre.

44

Chapitre 3 : Politique monétaire et inflation en Tunisie : Analyse empirique

45

« La confiance reviendra lorsque l’inflation aura finalement disparu, grâce à une saine administration financière et à la stabilité de la monnaie. »……………. Dr Alfred Zimmerman, Commissaire général de la SDN à Vienne, interview, 29 octobre 1923

46

Introduction Dans le chapitre précédent on a tiré comme postulat que, la politique monétaire tunisienne conduite par la BCT vise principalement la stabilité des prix. Nous allons chercher à expliquer empiriquement l’impact de la politique monétaire sur l’évolution du taux d’inflation. A cet effet, on estime un modèle de régression linéaire multiple. Notre étude empirique est articulée en deux sections. En premier, on présentera l’échantillon, les données collecté et les variables du modèle général de l’étude. Puis, on estimera un modèle par la méthode MCO où on utilisera ses outils d’analyse pour déterminer la relation existante entre la politique monétaire et l’inflation en Tunisie.

Section 1 : Etude analytique I.

Définition de l’échantillon et collecte de données Afin d’apprécier l’impact de politique monétaire sur l’inflation, nous avons eu recours à des données mensuelles qui s’étendent du 2011 jusqu’au 2017, soit un nombre d’observations égal à 84. Les données qui ont servi à cette étude ont été collectées à partir de site de l’INS et aussi a partir des périodiques de conjoncture qui se trouvent sur le site de la Banque Centrale de Tunisie.

II.

Présentation du modèle général de l’étude

Dans le but d’affirmer que la masse monétaire, le taux de change et le taux d’intérêt expliquent bel et bien le refinancement, nous avons spécifié un modèle de régression linéaire multiple où la variable endogène est l’inflation et les variables exogènes sont les facteurs qui déterminent ce dernier. Nous allons maintenant définir chacune des variables de notre modèle. Ensuite nous allons déterminer l’impact des variables explicatives sur l’inflation. 1. Définition des variables du modèle général de l’étude La variable à expliquer de notre modèle est l’inflation. Ce dernier, comme nous l’avons défini au niveau du chapitre 2 de la deuxième section, hausse généralisée des prix des biens et des services qui entraine une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. Passons maintenant aux variables explicatives : -

La masse monétaire (M3) : la masse monétaire est un indicateur suivi et publié par la BCT, qui mesure la variation de la quantité totale de la monnaie nationale en 47

circulation et déposée dans les banques, correspond à l'ensemble des moyens de paiement dont disposent les agents pour réaliser leurs opérations de consommation, d'investissement et d'épargne. Elle représente le volume de monnaie possédé par les agents non financiers. -

Le taux de change (TCH) : Il s'agit d'un prix directeur essentiel dont les fluctuations peuvent être très couteuses pour la stabilité interne. C'est une variable qui détermine à la fois les flux des échanges des biens et services et elle exerce une pression importante sur la balance de paiements, le taux de change est un instrument d'ajustement en cas de choc économique, car une modification du taux de change permet de modifier instantanément l'ensemble des prix relatifs du pays par rapport au reste du monde. Le gouvernement ne peut pas décider des prix de sa monnaie en monnaies étrangères (c'est-à-dire de ses taux de change). Ces prix résultent de la confrontation de l'offre et de la demande sur les marchés de changes.

-

Le taux d’intérêt (TI) : le taux d'intérêt d'un pays est défini par la banque centrale. C'est un outil qui permet de gérer l'économie - soit en augmentant le taux d'intérêt pour freiner l'inflation, ou en abaissant le taux d'intérêt pour promouvoir la croissance.

2. Impact des variables explicatives sur l’inflation Nous allons prendre chaque variable à part et étudier son incidence sur l’inflation. L'augmentation du volume de la masse monétaire incite les agents à consommer ou à investir. Lorsque la masse monétaire est importante, cela génère de l'activité économique et de la croissance, mais également de l'inflation (surchauffe de l'économie). Maintenant en ce qui concerne le taux de change. En effet, le taux de change affecte l’inflation soit indirectement, du fait que le taux de change réel affecte le prix relatif entre les biens domestiques et les biens étrangers et par conséquent affecte la demande domestique, soit directement, dans la mesure où le taux de change exerce une influence sur les prix des biens importés inclus entant qu’une composante de l’indice des prix à la consommation, et par conséquent sur l’ensemble des biens domestiques. Pour le taux d’intérêt, la baisse de taux d’intérêt fait augmenter l’inflation par les dépenses des agents économiques sur leurs projets personnels ou professionnels, ce qui augmente les dépenses de consommation et les investissements, ceci entraînant généralement une augmentation de la croissance et de l’inflation. A l’inverse, aux d’intérêt plus forts, les consommateurs ont tendance à épargner davantage pour profiter de rémunérations plus 48

importantes et leurs revenus disponibles sont donc plus faibles. Avec moins de dépenses, l’économie a tendance à ralentir et l’inflation à diminuer.

Section 2 : Etude empirique I.

Présentation des résultats du modèle général de l’étude

L’équation de notre modèle s’écrit comme suit : TINF(t)=β1+β2 M3(t)+β3 TI(t)+β4 TCH(t)+ε(t) En effectuant la régression par la méthode des moindres carrés ordinaires nous obtenons les résultats suivants (voir Annexe 1). Tableau 3: Estimation du modèle linéaire par la méthode MCO Variables

Coefficient

Std.error

t-statistic

Prob.

C

4.904105

1172.556

5.309030

0.0000

M3

0.750005

0.001115

7.678249

0.0000

TI

0.041773

0.155423

4.529576

0.0001

-1.037534 R-squared = 0.806108

0.561752

-5.461911

0.0000

TCH

F-statistic =127,5383 Prob (F-statistic) = 0.000000 (Source : élaboré par nos soins à partir du logiciel Eviews)

II.

Problème de colinéarité

Nous remarquons à partir de la matrice de corrélation (voir annexe 2) que nos variables explicatives sont faiblement corrélées alors pas de problème de corrélation. Tableau 4: Matrice de corrélation TINF

M3

TCH

TI

TINF

1.000000

0.174501

0.127921

0.298762

M3

0.174501

1.000000

0.272271

0.535954

TI

0.298762

0.535954

0.435386

1.000000

TCH

0.127921

0.272271

1.000000

0.435386

(Source : élaboré par nos soins à partir du logiciel Eviews)

49

Nous vous présentons dans ce qui suit la meilleure spécification qui est statistiquement et économiquement significative et qui mette en relation les trois variables explicatives suivantes : la masse monétaire, le taux de change et le taux d’intérêt. III.

Interprétation des résultats d’estimation

1. Analyse économétrique des résultats d’estimation Notre équation: TINF(t)= 4.904+ 0.750 M3(t)+ 0.041 TI(t) - 1.037 TCH(t) Analyse de la significativité des coefficients du modèle 

Qualité d’ajustement du modèle :

Pour apprécier la qualité d’ajustement du modèle, nous allons nous référer au 𝑹𝟐 qui est le coefficient de détermination du modèle. Ce dernier nous éclairci d’une part sur la part de la variabilité de la variable dépendante expliquée par la variabilité des variables indépendantes et d’autre part il nous renseigne sur la qualité d’ajustement du modèle. D’après les résultats d’estimation, le coefficient de détermination (𝑹𝟐 ) est égal à 0.8061donc nous pouvons conclure que notre modèle a une bonne qualité d’ajustement et que 80,61% de la variation du taux d’inflation est expliquée par la variation de la masse monétaire, le taux d’intérêt et le taux de change. 

Test de significativité globale du modèle :

Soit le test d’hypothèse suivant : H0 : Tous les coefficients du modèle sont nuls H1 : Il existe au moins un coefficient non nul Pour décider quelle hypothèse acceptée, nous allons comparer la statistique de Fisher(F) estimée avec celle tabulée2. Dans notre modèle, nous avons une statistique F-calculée égale à 127.53 et une probabilité associée à cette dernière égale à 0,0000 et donc inférieure à 5%. Nous pouvons donc rejeter H0 et conclure que le modèle est globalement significatif. Tests de significativité individuelles : Soit le test d’hypothèse suivant : Le logiciel EVIEWS 9 nous facilite amplement l’analyse en fournissant la probabilité jointe à la statistique de Fischer(F) estimée. Il suffira donc de la comparer au seuil de 5%. Si cette probabilité est inférieure à 5%, nous rejetterons H0 au profit de H1 selon laquelle le modèle est globalement significatif. 2

50

H0: a = 0

H0: b = 0

H0: c = 0

H1: a ≠ 0

H1: b ≠ 0

H1: c ≠ 0

Pour décider quelle hypothèse acceptée, nous allons comparer la statistique de Fisher(F) estimée avec celle tabulée. Prob (M3) = 0 < 0.05 Prob (TI) = 0 < 0.05 Prob (TCH) = 0 < 0.05 En effet les probabilités associées de 3 variables est inférieur à 5% alors on rejette l’hypothèse nulle et on accepter l’hypothèse qui stipule la significativité de la variable Test d’autocorrélation des erreurs : Test de Durbin-Watson (DW). D’après le résultat de ce test on remarque que notre modèle est bien spécifié, car la statistique DW est autour de 2, ce qui signifie que les erreurs ne sont pas autocorrélées. 2. Analyse économique des résultats d’estimation Après avoir fait une analyse économétrique du modèle, nous allons maintenant l’analyser économiquement. Nous allons nous assurer que les signes des coefficients de nos variables explicatives sont intuitifs puis nous allons les interpréter. Le coefficient de la variable «masse monétaire » est de signe positif, ce qui correspond au signe attendu. Ce coefficient indique que lorsque la masse monétaire augmente, l’inflation augmente. Le coefficient de la variable « taux d’intérêt » est de signe attendu. Ce dernier est positif. Ce coefficient montre que lorsque le taux d’intérêt augment, l’inflation augmente aussi. Le coefficient de la variable « taux de change » a un signe négatif, ce qui est conforme au signe escompté. Ainsi, quand le taux de change augmente l’inflation diminue.

51

Conclusion du chapitre Dans ce chapitre, nous avons principalement proposé l’étude de l’impact de la politique monétaire sur l’inflation. Les outils d’analyse étudiée, nous montrent que l’inflation est causée par l’augmentation de la masse monétaire et taux d’intérêt. A partir de ses résultats, on pourra conclure que, la masse monétaire et le taux d’intérêt causent l’inflation en Tunisie. Alors la masse monétaire, le taux d’intérêt et le taux de change ont bel et bien un impact sur le taux d’inflation. Nous avons également démontré que le taux de change et l’inflation varient dans le sens inverse tandis que la masse monétaire, le taux d’intérêt et l’inflation varient dans le même sens.

Conclusion générale 52

L’inflation est un sujet clé dans les débats économiques et la recherche scientifique et sa maitrise constitue une préoccupation majeure pour autorités chargées de la politique économique en général et monétaire en particulier. La politique monétaire consiste en un ensemble de moyens et d’actions dont disposent les autorités monétaires par lesquels elles agissent sur l’activité économique par l’intermédiaire de la masse monétaire. Elle a pour objectif de contrôler la liquidité de l’économie à travers le contrôle de l’offre de monnaie. Pour atteindre leurs objectifs finaux, les autorités monétaires se fixent des objectifs intermédiaires facilement contrôlables et maitrisables tout en adoptant des instruments en adéquation avec la situation financière de l’économie L’objet principal de notre travail est d’étudier l’impact de la politique monétaire sur l’inflation. Les résultats d’estimation du modèle économétrique montrent

que la masse

monétaire, le taux d’intérêt et le taux de change expliquent l’inflation. Ainsi, toute augmentation de taux de change entraine une baisse du taux d’inflation et inversement. De même, toute augmentation de la masse monétaire et taux d’intérêt engendre l’augmentation du taux d’inflation et vice versa.

Les limites de notre travail pourraient d’abord se situer au niveau du choix des variables prise en compte dans notre modèle. Nous estimons que la prise en compte de certaines variables aurait pu nous donner une explication assez pertinente du processus inflationniste. La contrainte du temps a aussi constitué une limite décisive qui a entravé le bon déroulement de notre travail. Notre travail se veut tout simplement une contribution à l’avancement de la recherche des déterminent de l’inflation dans le contexte de l’économie tunisien, Enfin, nous devons souligner que l’inflation n’est pas un problème en soi ; ce qui est important, c’est la capacité de la gérer de sorte qu’elle stimule la création de richesse et sa répartition plus ou moins équitable.

Références bibliographiques 53

Ouvrages :  Guinaudeau, C. et al., (2007), « les instruments et les objectifs de la politique monétaire européenne », regard croisé sur l’économie  F. Mishkin S. (1996) : « Les canaux de transmission monétaire : typologie et mesure», Bulletin de la Banque de France.  http://kapitalis.com/tunisie/2018/02/15/banque-centrale-de-tunisie-bilan-legs-de-lereayari/  Ragan, C., (2006), « l’importance de la politique monétaire : une perspective canadienne », revue de la banque du Canada.  Richard C. Barth, (2001), « Le cadre de la politique monétaire », Fonds monétaire international Washington, DC, 32P. Revues et rapports:  .BEAUDU « Les déterminants de l’inflation en France », Problèmes économiques, n°2.871,2005, pp.33-39.  Beaudu A. « les déterminants de l’inflation en France », Problèmes économiques n° 2871, 2005.  Circulaire aux Banques N°2017-02 relative à la « Mise en œuvre de la politique monétaire par la Banque Centrale de Tunisie » BCT, Mars 2017.  CIRCULAIRE AUX ETABLISSEMENTS DE CREDIT N° 2005 – 09 relative à « l’Organisation du marché monétaire » Banque Centrale de Tunisie (BCT), Juillet 2005.  Rapport annuel 2011 de la BCT  Rapport annuel 2012 de la BCT  Rapport annuel 2013 de la BCT  Rapport annuel 2014 de la BCT  Rapport annuel 2015 de la BCT  Rapport annuel 2016 de la BCT  Rapport annuel 2017 de la BCT

Mémoires :  (2014), « les réserves obligatoires », ESSEC 54

Webographie :  Arnaud Diemer, Grand problèmes économiques contemporains, Université d’Auvergne. Réf : Janvier2013, Disponible sur le site : www.oeconomia.net/private/cours/.../gepc%203%20-%20inflation.  Frederic S.Mishkin. Inflation Targeting, july 2001, p 10. Disponible sur le site : www.gsb.columbia.edu/faculty/fmishkin/PDFpapers/01ENCYC.pdf.20/03/2005.  http://www.bct.gov.tn

55

Annexes Annexe 1: Estimation par la méthode MCO

(Source : sortie EVIEWS)

Annexe 2: Matrice de corrélation

(Source : sortie EVIEWS)

56

Annexe 3 : Test de causalité au sens de grange

(Source : sortie EVIEWS)

57

Table des matières Introduction générale ................................................................................................................. 1 Chapitre 1 : LA BANQUE CENTRALE DE LA TUNISIE ...................................................... 3 Introduction ................................................................................................................................ 5 Section 1 : Présentation du système bancaire tunisien et de BCT .......................................... 5 I.

Le système bancaire tunisien ...................................................................................... 5

II.

Banque centrale ........................................................................................................... 6 1. Création de la banque centrale de Tunisie ...................................................... 6 2. Historique........................................................................................................ 7 3. Mission et attribution de la BCT..................................................................... 8 a. Mission générale : la préservation de la stabilité des prix........................................ 8 b. Missions particulières ............................................................................................... 9

III.

Organisation de la BCT ............................................................................................ 10 1. Présentation des différentes directions de la BCT ........................................ 10 2. Organigramme de la BCT ............................................................................. 12

Section 2 : Présentation du département politique monétaire .............................................. 14 I.

Présentation de la politique monétaire ...................................................................... 14 1. Définition ...................................................................................................... 14 2. Organisation de la politique monétaire ......................................................... 15

a. Direction e la stratégie de la politique monétaire ......................................................... 15 b. La direction des opérations de la politique monétaire .................................................. 17 c. Direction du contrôle et de l’analyse des marchés ....................................................... 18 II.

Le déroulement du stage ........................................................................................... 19

Conclusion du chapitre ............................................................................................................. 20 Chapitre 2 : Politique monétaire et inflation : fondements théoriques .................................... 21 Introduction .............................................................................................................................. 22 Section 1 : La conduite de la politique monétaire de la Tunisie ........................................ 22 I.

Définition de la politique monétaire ......................................................................... 22 58

II.

Les objectifs de la politique monétaire ..................................................................... 23

III.

Stratégie .................................................................................................................... 25

IV.

Les instruments de la politique monétaire ................................................................ 26 1. Les réserves obligatoires ............................................................................... 26 2. Les instruments quantitatifs .......................................................................... 27

a. L’appel d’offre ............................................................................................................. 27 b. L’open Market ............................................................................................................. 28 c. Les pensions livrées .................................................................................................... 28 d. Les opérations ponctuelles d’injection et de ponction à 24 heures .............................. 28 e. Les opérations de swap ............................................................................................... 29 f. La facilité de dépôt à 24h ............................................................................................. 29 g. La facilité de prêt à 24h ................................................................................................ 29 3. Les instruments qualitatifs ............................................................................ 29 a. Le taux directeur de la banque centrale ....................................................................... 29 b. Le taux du marché interbancaire ................................................................................. 30 c. Le taux moyen mensuel du marché monétaire (TMM) ............................................... 30 V.

Les mécanismes de transmission .............................................................................. 30 1. Canal du taux d’intérêt .................................................................................. 31 2. Canal de crédit .............................................................................................. 32 3. Canal du taux de change ............................................................................... 32 4. Canal de prix des actifs ............................................................................... 33

Section 2 : Etude de l’inflation ............................................................................................ 33 I.

Définition de l’inflation ........................................................................................... 34

II.

Les causes de l’inflation ........................................................................................... 35 1. Déséquilibre entre l’offre et la demande ....................................................... 35

a. Déséquilibre entre l’offre et la demande ...................................................................... 35 b. Inflation par la demande ............................................................................................... 35 2. Inflation par augmentation de la masse monétaire ...................................... 36 3. Inflation liée aux structures économiques .................................................... 37 III.

Les effets de l’inflation ............................................................................................. 37 1. Les effets néfastes de l’inflation ................................................................... 38 2. Les effets bénéfiques de l’inflation ............................................................... 38

IV.

Les déterminants de l’inflation ................................................................................. 39 59

1. Evolution de taux d’inflation en Tunisie ...................................................... 39 2. Evolution de la masse monétaire en Tunisie................................................. 40 3. Evolution de taux d’intérêt en Tunisie .......................................................... 41 4. Evolution de taux de change en Tunisie ....................................................... 43 Conclusion du chapitre ............................................................................................................. 43 Chapitre 3 : analyse empirique de l’impact de la politique monétaire sur l’inflation .............. 45 Introduction .............................................................................................................................. 47 Section 1 : Etude analytique ................................................................................................. 47 I.

Définition de l’échantillon et collecte de données .................................................... 47

II.

Présentation du modèle général de l’étude ..................................................................... 47 1. définition des variables du modèle général de l’étude .................................. 47 2. impact des variables explicatives sur l’inflation ........................................... 48

Section 2 : Etude empirique .................................................................................................. 49 I.

Présentation des résultats du modèle général de l’étude ............................................. 49

II.

Problème de colinéarité ............................................................................................... 49

III.

Interprétation des résultats d’estimation ...................................................................... 50 1. Analyse économétrique des résultats d’estimation ...................................................... 50 2. Analyse économique des résultats d’estimation ........................................................... 51

Conclusion du chapitre ............................................................................................................. 52 Conclusion général .................................................................................................................. 53 Références bibliographiques .................................................................................................... 54 Annexes .................................................................................................................................... 56

60

61