Modele Is LM [PDF]

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Zitiervorschau

Thèmes d'histoire des idées économiques : Le modèle IS-LM

Le modèle IS-LM Dernière mise à jour le 19 décembre 2010 Le modèle IS-LM, fut popularisé en 1939 par John HICKS1 (1904-1989) et en 1949, par Alvin HANSEN2 (1887-1975). Depuis lors, ce modèle forme la base de tous les manuels de macroéconomie. Ceci est peut-être en train de changer, mais les alternatives sérieuses sont assez peu populaires. 1) Explication de la courbe IS Cette courbe décrit les combinaisons du taux d'intérêt et du revenu qui sont compatibles avec l'égalité entre l'épargne et l'investissement (voir figure).  

Son nom vient du fait que dans une économie fermée (sans échanges extérieurs), l'investissement doit être égal à l'épargne. Cette courbe est décroissante car dans l'analyse keynésienne, l'investissement est (toutes choses égales par ailleurs et notamment les anticipations des investisseurs) une fonction décroissante du taux d'intérêt. o plus le taux d'intérêt est bas, et plus les projets d'investissement dont l'efficacité marginale (profit escompté de l'investissement) est faible peuvent être entrepris. Donc, quand le taux d'intérêt baisse, l'investissement privé augmente, ce qui augmente le revenu par le jeu de l'effet multiplicateur. o Plus le taux d’intérêt est élevé et moins les projets d’investissement dont l’efficacité marginale (profit escompté de l’investissement) est faible peuvent être entrepris. Donc, quand le taux d’intérêt augmente, l’investissement privé baisse, ce qui réduit le revenu par le jeu de l’effet multiplicateur.

On peut démontrer que la pente de la courbe IS dépend de deux facteurs : 



l'élasticité de l'investissement au taux d'intérêt. Si l’investissement est très élastique au taux d’intérêt, toute variation du taux d’intérêt aura un fort impact sur l’investissement et la pente de la courbe IS sera faible (horizontale à la limite). Si au contraire l’investissement est faiblement élastique au taux d’intérêt, toute variation du taux d’intérêt n’aura qu’un faible impact sur l’investissement et la pente de la courbe IS sera forte (verticale à la limite) l'importance de l'effet multiplicateur. (quand i baisse, l'investissement augmente d'un montant donné, il s'ensuit un effet multiplicateur qui augmente Y d'un montant inversement proportionnel à la propension à épargner s=1-c). Plus s est faible et plus l’impact multiplicateur est fort et la courbe IS faiblement pentue (horizontale à la limite). Plus s est élevé et plus l’impact multiplicateur est faible et la courbe IS fortement pentue (verticale à la limite) En pratique, le cas qui nous intéressera plus particulièrement dans la suite est celui d’inélasticité de l’investissement au taux d’intérêt et donc celui d’une courbe IS verticale qui en résulte. La figure ci-après illustre néanmoins les différentes possibilités.

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John R. HICKS, 1939, Mr. Keynes and the Classics: A suggested Interpretation" , Econometrica. Alvin HANSEN, 1949, Monetary Theory and Fiscal Policy , McGraw-Hill

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La courbe IS

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2) Explication de la courbe LM Cette courbe décrit les combinaisons du taux d'intérêt et du revenu qui sont compatibles avec l'égalité entre l'offre et la demande de monnaie. Son nom vient du fait que la demande de monnaie s'écrit L et l'offre de monnaie s'écrit M. Nous avons vu que dans l'analyse keynésienne l'offre de monnaie était exogène et que la demande de monnaie : 

dépendait positivement du revenu (demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution) négativement du taux d'intérêt (demande de monnaie à des fins spéculatives).



Donc, toutes choses égales par ailleurs (c’est-à-dire si l’offre de monnaie ne change pas), lorsque le revenu augmente, la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution augmente ce qui - à offre de monnaie constante -nécessite une hausse du taux d'intérêt pour permettre une réduction de la demande de monnaie à des fins spéculatives. La courbe LM est donc croissante. On peut démontrer ensuite que la pente de la courbe LM dépend de deux facteurs : 



l'élasticité de la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution par rapport au revenu. Si la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution est très élastique par rapport au revenu, une faible augmentation de revenu entraînera une forte hausse de la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution et nécessitera une forte hausse du taux d’intérêt pour dégager les liquidités jusque-là conservées pour la spéculation. La pente de la courbe LM sera donc d’autant plus forte et verticale à la limite. Si en revanche la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution est faiblement élastique au revenu alors une augmentation de revenu entraînera une faible hausse de la demande de monnaie à des fins de transaction et de précaution et nécessitera seulement une faible hausse du taux d’intérêt. La pente de la courbe LM sera faible et même horizontale à la limite. l'élasticité de la demande de monnaie à des fins de spéculation par rapport au taux d'intérêt. Si la demande de monnaie à des fins spéculatives est fortement élastique au taux d’intérêt, une hausse de revenu créera une demande de monnaie supplémentaire et entraînera une hausse du taux d’intérêt. Cette hausse du taux d’intérêt libérera une forte quantité de monnaie jusque-là conservée à des fins spéculatives. En d’autres termes, une augmentation donnée de revenu ne nécessitera qu’une faible hausse du taux d’intérêt pour satisfaire les besoins en monnaie détenue à des fins de transaction et de précaution. Dès lors, cela signifie que lorsque la demande de monnaie à des fins spéculatives est fortement élastique au taux d’intérêt la pente de la courbe LM sera assez forte et même verticale à la limite. En revanche, si la demande de monnaie à des fins spéculatives est peu sensible au taux d’intérêt, la pente de la courbe LM sera faible et même horizontale à la limite. C’est ce dernier cas, dit de « trappe à liquidité », qui nous intéressera par la suite.

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La courbe LM

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3) L'équilibre de sous-emploi

Le taux d'intérêt et le revenu d'équilibre sont donnés par l'intersection des deux courbes. Cet équilibre du marché des biens et services (IS) et du marché monétaire (LM) ne correspond pas nécessairement au plein emploi. En fait, il est même peu probable qu'il corresponde spontanément au plein emploi. Il convient de revenir ici à l'idée mentionnée en introduction, selon laquelle l’économie est, selon les keynésiens orthodoxes, intrinsèquement instable et sujette à des chocs erratiques. Ces chocs proviennent principalement des variations de l’efficacité marginale du capital qui résultent elles-mêmes d’une modification de l’état d’esprit des chefs d’entreprise (les « esprits animaux » de KEYNES). De ce fait, un point tel que E peut être déplacé sous l'effet de ces chocs et n'a aucune raison particulière d'être au niveau de plein-emploi. D’où l’intérêt de faire intervenir l’Etat dans l’économie au moyen des deux politiques conjoncturelles principales qui sont :  

La politique budgétaire La politique monétaire

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C– Les politiques économiques dans le modèle IS/LM 1) La politique budgétaire Il s’agira en fait d’une politique de relance de la demande globale par l'investissement autonome. Si l'Etat investit par exemple d'un montant M, la courbe IS sera déplacée vers la droite (sans que le taux d'intérêt soit modifié car il s'agit d'un investissement autonome). Le problème de la politique économique se résume donc à choisir le niveau de M de telle sorte que l'on se rapproche le plus possible du plein emploi. Comme ces courbes ne sont pas connues des décideurs (ce ne sont que des modèles), on parle de « pilotage budgétaire ». 3 cas sont à envisager :   

En supposant que la dépense autonome tombe « juste », on pourra obtenir exactement le niveau de plein emploi. Sinon on pourra au moins s’en rapprocher. Enfin, si les agents économiques dépensent « trop », il y a alors une conséquence indésirable : l’inflation. Ces 3 cas sont illustrés par les figures ci-dessous.

Cas numéro 1 : le pilotage optimal de la demande aboutit au plein emploi

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Cas numéro 2 : le pilotage de la demande a rapproché l’économie du plein emploi, mais sans atteindre le plein emploi

Cas numéro 3 : l’excès de dépense autonome a conduit l’économie au-delà du niveau de plein emploi et déclenche l’inflation (mais néanmoins il n’y a plus de chômage)

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2 ) La politique monétaire On peut également s'approcher du plein emploi par une politique monétaire appropriée. Par exemple, si les autorités monétaires augmentent la quantité de monnaie disponible dans l'économie d'un montant M, on obtiendra un équilibre E’. On supposera ici pour simplifier que l’injection de monnaie réalise exactement le plein emploi, mais en fait, on pourrait à nouveau distinguer 3 cas comme pour le pilotage de la demande par la politique budgétaire. La réalisation du plein emploi grâce à une politique monétaire expansionniste

À ce niveau, la seule différence entre la politique monétaire et la politique budgétaire est que la politique monétaire expansionniste réduit le taux d'intérêt d'équilibre alors que la politique budgétaire augmente le taux d'intérêt d'équilibre. Toutefois ces résultats simples dépendent d’hypothèses discutables en ce qui concerne les pentes respectives de courbes IS et LM et des points où elles entrent en intersection.

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D – Approfondissements et controverses 1) L'effet KEYNES a) Un retour automatique à l’équilibre est-il possible ? Revenons à la situation initiale dans laquelle aucune politique n’est menée et où l’on est donc dans un équilibre de sous-emploi. Peut-on imaginer, comme le pensaient les classiques et les néoclassiques, que l’économie puisse revenir d’elle-même au plein emploi, sans aucune intervention ? Pour KEYNES, comme pour les keynésiens orthodoxes, le retour à l'équilibre automatique est trop hypothétique pour que l'on s’attende à ce qu'il se produise. À la suite d’une crise, l’économie peut s'éterniser dans le sous-emploi ou, ce qui revient au même, mettre très longtemps pour revenir spontanément au plein-emploi : "À long terme, nous serons tous morts" écrivait KEYNES à ce sujet. La lenteur de l’ajustement économique spontané nécessite l'intervention de l'Etat. On trouve cependant dans la "Théorie générale" une analyse du retour automatique à l'équilibre et c'est ce que l'on a par la suite appelé "l'effet KEYNES". b) En quoi consiste l'effet KEYNES ? Lorsque l'économie est en sous-emploi, KEYNES admet que cela fait baisser les salaires nominaux (c'est-à-dire les salaires monétaires) du fait de l'excès d'offre sur le marché du travail. Il s'ensuivra une baisse des coûts de production pour les entreprises qui seront dans la possibilité de baisser leur prix, et qui le feront si la concurrence est suffisamment vive. La baisse des prix se traduit par une revalorisation du stock de monnaie disponible (l'offre de monnaie) et donc cela équivaut, toutes choses égales par ailleurs, à un déplacement vers la droite de la courbe LM3. Pour une courbe IS inchangée, l'équilibre passe alors de E à E'' et l'on atteint le plein emploi automatiquement, sans que l'Etat n'ait besoin d'intervenir dans l'économie. A noter que l’impact de la revalorisation du stock de monnaie affecte la demande globale via une baisse du taux d’intérêt (et sans que la courbe IS ne se déplace).

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Il faut s'imaginer la quantité de monnaie disponible comme étant fixe à un moment donné (elle peut augmenter, mais de façon exogène, par création monétaire par exemple). Cette quantité de monnaie permet d'acheter des biens et services. Donc si le niveau des prix de ces biens et services baisse, c'est comme s'il y avait plus de monnaie. Il y a équivalence entre l'augmentation réelle de la quantité de monnaie et l'augmentation du pouvoir d'achat de la monnaie du fait de la baisse des prix. Or comme l'augmentation réelle de la quantité de monnaie déplace la courbe LM vers la droite (ceci est expliqué dans l’encadré sur la courbe LM), il s'ensuit que l'augmentation du pouvoir d'achat déplace elle aussi la courbe LM vers la droite. "Revalorisation du stock de monnaie disponible" signifie augmentation du pouvoir d'achat de la monnaie disponible". Si vous avez 50 euros et qu'un place de cinéma coûte 10 euros, vous pouvez inviter 4 amis (plus vous). Si le prix des places baisse à 8 euros, vous pouvez inviter 5 amis (plus vous) et il vous reste en plus 2 euros. Donc, du fait de la baisse du prix des places, le pouvoir d'achat de votre billet de 50 euros a augmenté. En effet, si le prix des places n'avait pas baissé, il vous aurait fallu 60 euros pour inviter 5 amis (plus vous) et même 62 euros, pour cadrer avec notre exemple. Donc la baisse du prix des places de ((10-8)/10)*100 = 20% a le même effet que l'augmentation de la quantité de monnaie dans votre portefeuille de 50 à 62 euros. En théorie, cela conduit donc à un déplacement vers la droite de la courbe LM. Pourquoi un déplacement ? Et pourquoi vers la droite ? Relisez l’encadré sur la courbe LM.

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L'effet KEYNES

Cependant, ce mécanisme de retour automatique à l'équilibre se heurte au scepticisme de KEYNES et des keynésiens orthodoxes. S'il existe bel et bien, il met trop de temps à se réaliser, et entre temps, il faut gérer le chômage. De plus, ainsi que KEYNES le précise, ce mécanisme, outre sa lenteur, se heurte en pratique à deux obstacles :  

la trappe à liquidité L’insuffisante élasticité de l'investissement privé au taux d'intérêt.

2) La trappe à liquidité Pour KEYNES, l'élasticité de la demande spéculative de monnaie par rapport au taux d'intérêt devient infinie quand le taux d'intérêt est très bas. Par exemple, tant que le taux d'intérêt est supérieur à 3%, la demande de monnaie a une élasticité au taux d'intérêt "normale". Ainsi, plus le taux d'intérêt baisse, plus la demande de monnaie à des fins spéculatives est importante. Lorsque le taux d’intérêt est inférieur à un certain seuil (3% selon KEYNES), les agents ne se soucient plus du coût d’opportunité de la monnaie, ils pensent que le taux d’intérêt ne peut qu’augmenter et en attendant ils gardent leurs encaisses monétaires sous forme spéculative.

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La trappe à liquidité peut empêcher le retour au plein emploi via l’effet KEYNES

Ceci signifie que la courbe LM est horizontale car une augmentation de revenu peut bien augmenter la demande à des fins de transaction/précaution, cette demande supplémentaire ne pourra pas être satisfaite par une réduction des encaisses spéculatives puisque celles-ci sont insensibles au taux d’intérêt (on rappelle que l’offre de monnaie totale est supposée constante). Cette situation de bas taux d’intérêt est d’autant plus plausible que l’économie connaît un marasme et donc que le revenu est faible. Il est donc probable qu’à partir d’un certain niveau de revenu, le taux d’intérêt se remette à croitre avec le revenu. On a alors à nouveau une courbe LM qui croît normalement. Graphiquement, cela signifie que si la courbe IS croise la courbe LM dans sa partie horizontale, l'accroissement de la quantité de monnaie (que ce soit du fait d'une politique monétaire ou, comme ici, du fait de la revalorisation du stock de monnaie liée à la baisse des prix [elle-même causée par la baisse des coûts salariaux]) n'a aucun effet sur le niveau d'équilibre du revenu et ne peut donc pas ramener l'économie vers le plein emploi. En d’autres termes, l'effet KEYNES ne peut pas jouer du fait de la trappe à liquidité (élasticité infinie de la demande de monnaie au taux d'intérêt lorsque celui-ci devient très bas)4.

4 Sur l'actualité de la trappe à liquidité dans le cas du Japon en 1999, lire l'article de Paul KRUGMAN : « Thinking about the liquidity trap », http://web.mit.edu/krugman/www/trioshrt.html .

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3) L'inélasticité de l'investissement au taux d'intérêt On retrouve aussi le scepticisme keynésien s'agissant des influences qui s'exercent sur l'investissement. Les keynésiens orthodoxes admettent bien une relation négative entre l'investissement privé et le taux d'intérêt monétaire, mais ils pensent que cette relation est peu élastique, voire peut-être inexistante dans certains cas. Dès lors, si l'investissement ne réagit pas aux variations du taux d'intérêt, la courbe IS est verticale. De ce fait, l'effet KEYNES qui joue à travers la revalorisation de l'offre de monnaie, n'a pas d'impact sur le niveau du revenu et ne permet pas le retour au plein-emploi en cas d'équilibre initial situé à un niveau de sous-emploi. L'inélasticité de l'investissement au taux d'intérêt peut empêcher le retour automatique au plein emploi via l’effet KEYNES

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4) L'effet PIGOU Pour les néo-classiques, la trappe à liquidité et l’inélasticité de l’investissement au taux d’intérêt ne sont cependant pas le fin mot de l'histoire du retour à l'ajustement automatique. En effet, selon PIGOU (1877-1959), le contemporain de KEYNES et comme lui élève d'Alfred MARSHALL, le retour automatique à l’équilibre (sans intervention de l’Etat via une politique monétaire ou budgétaire), est possible même si :  

l'économie est dans la trappe à liquidité (LM horizontale) et/ou si l’investissement privé est inélastique au taux d’intérêt (IS verticale)

C’est L'effet PIGOU ou "effet d'encaisses réelles"5, déjà évoqué à propos de la contribution de PIGOU à l’édifice néo-classique. L'effet PIGOU repose sur l'observation que la baisse des prix (liée au marasme de la demande) a aussi un effet sur les encaisses monétaires privées (ou "encaisses réelles ») qu'elle revalorise. Dès lors, la consommation augmente, ce qui a pour effet d'engendrer un déplacement autonome de la courbe IS vers la droite, ce qui peut permettre un retour au plein emploi, même quand la courbe IS croise au départ LM dans sa partie horizontale (trappe à liquidité) et que la courbe IS est verticale (inélasticité de l’investissement au taux d’intérêt). Il est important de noter que la seule différence entre l’effet KEYNES et l’effet PIGOU réside dans le fait que l’effet KEYNES déplace la courbe LM vers la droite alors que l’effet PIGOU déplace la courbe IS vers la droite. Donc … comprenne qui pourra ! L'effet PIGOU (effet d'encaisses réelles)

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L’effet PIGOU est aussi souvent appelé « effet PIGOU-PATINKIN » et même « effet FISHER, quoique d’autres économistes en ait aussi évoqué la possibilité, tels que de SCITOVSKI (1941), HABERLER (1946). La contribution de PATINKIN, date de 1965, et est généralement considérée comme majeure. Voir PATINKIN, Don. Money, Interest, and Prices 2nd ed. New York: Harper and Row, 1965. Don PATINKIN (1922-1995) est un économiste américain, spécialiste de théorie monétaire et auteur, notamment, de deux livres sur John Maynard KEYNES. Il fut professeur à l'Université de Chicago puis à l'université hébraïque de Jérusalem. En savoir plus sur Wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/Don_Patinkin

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La controverse sur la possibilité d’un retour automatique à l’équilibre dans un contexte d’équilibre de sous-emploi ne fut jamais tranchée, chacun acceptant les arguments théoriques de l’autre, mais se retranchant derrière la force respective des effets en jeu pour pencher l’un en faveur de l’impossibilité d’un retour automatique à l’équilibre dans un temps raisonnable (KEYNES) et l’autre au contraire en faveur de la possibilité d’un retour automatique à l’équilibre de plein emploi quel que soit le temps nécessaire (PIGOU). Les faits ont cependant donné raison à KEYNES et ceci doublement. D’une part parce que le retour automatique à l’équilibre supposé ne s’est jamais produit et ensuite parce que tous les gouvernements se sont empressés de s’appuyer sur les préconisations de KEYNES pour piloter leurs économies au moyen des politiques budgétaires et monétaires. La controverse allait alors se déplacer sur la question de l’efficacité relative de ces deux politiques et opposer cette fois keynésiens orthodoxes (HICKS, TOBIN, entre autres) et monétaristes (FRIEDMAN, encore que celui-ci ait finalement récusé l’utilisation du schéma IS-LM pour régler les différents théoriques, soulignant que celui-ci était de toute façon construit sur des hypothèses contestables à la base, notamment s’agissant de la fonction de consommation, voir plus loin la théorie du revenu permanent proposée par FRIEDMAN comme alternative). 5) La controverse sur l'efficacité respective des politiques monétaire et budgétaire Ainsi, l'une des grandes controverses de la fin des années 1960, qui allait opposer les keynésiens orthodoxes comme James TOBIN (prix Nobel d'économie en 1981, formé à Harvard, puis professeur à l'université de Yale) aux monétaristes comme Milton FRIEDMAN, fut-elle de savoir laquelle des deux politiques, budgétaire ou monétaire, serait la plus efficace pour piloter l'économie américaine au plein emploi (les économies des autres pays tels que la Royaume-Uni, l’Allemagne ou la France s’essayant avec plus ou moins de retard et de succès à mimer les débats qu’ils observaient outreAtlantique)6. La politique budgétaire était généralement préférée par les keynésiens orthodoxes à la politique monétaire, parce que les effets des mesures de politique budgétaire étaient considérés comme plus directs, plus prévisibles et plus rapides que ceux de la politique monétaire. Nous allons maintenant voir comment ces conceptions ont été justifiées dans le cadre du modèle IS-LM. a) L’inefficacité de la politique monétaire pour les keynésiens orthodoxes Pour les keynésiens orthodoxes, la politique monétaire était inefficace soit à cause de la trappe à liquidité (dont nous ne parlerons plus ici car le sujet n’était plus d’actualité dans les années 1950 et 1960)7, soit parce que l'investissement est inélastique aux variations du taux d'intérêt et donc parce que la courbe IS est verticale ou très pentue (c’est le cas que nous retiendrons ici). On a ainsi le même schéma que celui décrit dans un graphique précédent. La seule différence est que le déplacement de LM n'est pas causé par la baisse des prix, mais par l'augmentation de l'offre de monnaie (politique monétaire). Le résultat est cependant éloquent : la politique monétaire expansionniste n'a aucun impact sur l'activité. Ou alors, son impact est trop faible car la courbe IS est trop inélastique. Par contre la politique budgétaire à un impact maximum (faire l’expérience de déplacer IS vers la droite à la place de LM).

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D’où le grotesque de certains cours d’économie que l’on pouvait suivre dans les années 1970 en France, cours qui se donnaient doctement comme étant de la plus vive actualité, alors qu’ils se référaient en fait à des débats ayant eu lieu dans les années 1960 aux Etats-Unis. 7 La trappe à liquidité est cependant revenue au cœur de l’actualité dans le contexte du marasme de l’économie japonaise des années 1990, ainsi que nous l’avons déjà indiqué en suggérant de lire l'article de Paul KRUGMAN : « Thinking about the liquidity trap ».

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La controverse sur l'efficacité respective des politiques monétaire et budgétaire

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b) L’inefficacité de la politique budgétaire pour les monétaristes Pour les monétaristes, c'est l'inverse : ce n'est pas l'investissement qui est inélastique au taux d'intérêt, c'est la demande de monnaie. Il s'ensuit que c'est la courbe LM qui est verticale. Dès lors, c'est la politique budgétaire qui n'a aucun effet sur l'activité. Elle ne fait qu'augmenter le taux d'intérêt, ce qui décourage l'investissement privé (c'est l'effet d'éviction). Par contre, la politique monétaire a un impact maximum (faire l‘expérience de déplacer LM vers la droite à la place de IS quand IS est verticale – ou voir le schéma présenté plus loin). 6 ) La courbe de PHILLIPS et l'inflation par les coûts La courbe (ou relation) de PHILLIPS traite de la relation entre l’inflation et le chômage, l’une des plus fameuses et des plus controversées de la macroéconomie. Elle résulte d’une étude statistique, faite par l’économiste néo-zélandais Alban William PHILLIPS (1958), de la relation entre le niveau du chômage et le taux de variation des salaires nominaux, au Royaume-Uni, au cours de la période 1861-1957. Comme l’illustre le graphique ci-après, la relation qu’il a trouvée est non linéaire et inverse. Pour un niveau de chômage d’environ 5,5 %, le taux de variation des salaires nominaux était égal à 0 %, tandis que lorsque le niveau de chômage était égal à 2,5 %, le taux de variation des salaires nominaux était d’environ 2,0 %. À la suite du travail novateur de A. W. PHILLIPS, l'idée s'est développée chez les keynésiens qu'il existait une relation inverse entre l'inflation et le chômage8. Dans le cadre du modèle ISLM, les variations de la demande globale affectent le niveau réel de revenu et l’emploi, tant que le pleinemploi n’est pas atteint. Jusqu’à ce que le plein-emploi soit atteint, les salaires nominaux sont supposés insensibles aux variations de la demande globale. La courbe de PHILLIPS permet de relier la théorie keynésienne orthodoxe de la production et de l’emploi à une théorie des salaires et de l’inflation, par l'intermédiaire de la théorie de l'inflation par les coûts. L'inflation par les coûts c'est tout bonnement l'idée que les prix sont fixés en ajoutant une marge de profit au coût de production. Donc quand les salaires augmentent, les prix augmentent aussi. Par conséquent, sur la figure ci-dessous, le taux de croissance des salaires a été remplacé par celui des prix, ce qui fait de la courbe de PHILLIPS une relation inverse entre l'inflation et les salaires9.

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L’article de PHILLIPS fut publié en 1958 dans la revue Economica et s’intitulait « "The Relation Between Unemployment and the Rate of Change of Money Wage Rates in the United Kingdom, 1861-1957". 9 Le premier à avoir remplacé le taux de croissance des salaires par le taux d’inflation dans la relation de PHILLIPS fut l’économiste américain Richard LIPSEY en 1960, dans un article publié dans « Economica » et intitulé "The Relation Bewteen Unemployment and the Rate of Change of Money Wage Rates in the United Kingdom, 1862-1957: A further analysis". Par la suite, Paul SAMUELSON et Robert SOLOW ont développé la notion d’arbitrage entre inflation et chômage.

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La courbe découverte par A. W. PHILLIPS

La relation inflation-chômage qui se déduit de la courbe de PHILLIPS

Cette courbe a connu un grand succès car elle semblait indiquer que l'on pouvait réduire le chômage en acceptant un peu plus d'inflation et, réciproquement, qu'on ne pouvait réduire l'inflation qu'au prix d'une augmentation du chômage. Retour à l'index thématique

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