Chapitre II Le Modèle IS-LM [PDF]

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Zitiervorschau

Chapitre II : Le modèle IS-LM

La publication de la Théorie générale de Keynes a suscité de nombreuses controverses théoriques entre les classiques, néoclassiques et les keynésiens au sujet de l’efficacité des politiques économiques. Ceci a poussé un certain nombre d’économistes à chercher un rapprochement entre les deux courants. L’un des travaux les plus connus est celui de John Hicks, 1937 qui a intégré la pensée de Keynes au cadre néoclassique. Il montre comment un équilibre est obtenue simultanément sur le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie par la détermination d’un certain niveau du revenu et du taux d’intérêt ; cette présentation sera développée par de nombreux auteurs A.H.Hansen, A.Lerner et P.Samuelson mais elle sera connue plus tard sous l’appellation de Hansen et Hicks. Ce modèle tente de concilier les approches keynésienne et néoclassique. Le modèle IS-LM montre l’interaction entre le secteur réel et le secteur monétaire. C’est un outil d’analyse des effets des politiques économiques conjoncturelles sur l’activité économique.

I-

La courbe IS : l’équilibre sur le marché des biens et services

Il y’a équilibre sur le marché des biens et services si l’offre globale, c’est-àdire le niveau de production, est égale à la demande globale. L’offre globale (la production) Y correspond au revenu qui se partage entre la consommation C et l’épargne S. on peut donc écrire que Y=C+S

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Nous avons vu par ailleurs que le modèle keynésien, la demande globale D est une demande de biens de consommation C et de biens d’investissement I. on a donc l’égalité D=C+I Dès lors affirmer que l’offre globale est égale à la demande globale revient à écrire : Y=D C+S=C+I → S=I La condition d’équilibre sur le marché des biens et services est donc l’égalité entre l’épargne et l’investissement d’où le nom de la courbe IS. L’équilibre entre l’offre et la demande dépend donc de l’équilibre entre l’investissement et l’épargne I=S Comment épargne et investissement sont-ils déterminés ? - L’épargne est une fonction croissante du revenu - L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt car la hausse des taux d’intérêt augmentent le cout de financement pour les entreprises et réduit le montant d’investissements rentables. Si i Si i

→ l’investissement

(fonction décroissance du taux d’intérêt)

→ l’investissement

Ainsi la courbe IS représente les couples de valeurs (y, i) compatibles avec la réalisation de l’équilibre sur le marché des biens et services pour lesquels l’épargne est égale à l’investissement S=I La pente de IS est négative Si i diminue → l’investissement augmente alors S doit aussi augmenter cela présuppose que le revenu augmente également. Si i augmente → l’investissement sera faible, il faut donc que le revenu diminue de façon ç ce que l’épargne soit elle-même faible. La courbe IS représente tous les couples (y, i) revenue et taux d’intérêt qui permettent l’égalisation entre S=I Elle est décroissante et présente tous les points d’égalité entre l’épargne et l’investissement. IS est l’ensemble des combinaisons des taux d’intérêt i et de revenu y qui assure l’équilibre du marché des biens et services. 2

i

IS A

E

y

F

La courbe IS

Le point A représente le couple taux d’intérêt E et le niveau de revenu F qui vérifie l’équilibre entre l’épargne et l’investissement. II-

La courbe LM : l’équilibre sur le marché de la monnaie De la même façon que la courbe IS permet de visualiser les situations d’équilibre sur le marché des biens et services, l’équilibre sur le marché la courbe LM permet de repérer les situations d’équilibre sur le marché de la monnaie. L’équilibre correspond à une situation où l’offre de la monnaie est égale à la demande de monnaie. Sur ce marché, l’offre de monnaie M est exogène c’est-à-dire qu’elle dépend des autorités monétaires. La demande de monnaie L quant à elle dépend de deux éléments qui sont le taux d’intérêt i et le revenu y plus précisément, la demande de monnaie se partage en : -Demande de monnaie pour les motifs de transaction et de précaution qui dépend du revenu L1(y) ; -Demande de monnaie pour motif de spéculation qui dépend du taux d’intérêt L2(i) L’équilibre sur le marché de la monnaie correspond donc à l’égalité entre l’offre de la monnaie et la demande de la monnaie : 3

M= L1(y) + L2(i) L’offre de monnaie M est une variable autonome qui est indépendante de la variation du revenu et du taux d’intérêt. Cela veut dire qu’une fois fixée la valeur M, une variation de la demande de monnaie de transaction et de précaution L1(y) devra être compensée par une variation inverse de la demande de monnaie de spéculation L2(i). Or, la première composante de la demande de monnaie est une fonction croissante du revenu alors que la seconde composante de la demande de monnaie est une fonction décroissante du taux d’intérêt. Donc pour que les variations des deux composantes de la demande de monnaie se compensent, il faut donc qu’à une augmentation du revenu correspond à une augmentation du taux d’intérêt. De la même façon une diminution du revenu doit être accompagnée par une baisse du taux d’intérêt. L’équilibre sur le marché de la monnaie implique ainsi qu’à un niveau déterminé du revenu correspond un certain niveau du taux d’intérêt. La courbe LM représente les couples de valeurs (y, i) qui assurent l’équilibre sur le marché de la monnaie. LM a une pente positive.

i

LM Phase classique

i max Phase normale

i min

Trappe à liquidité

y1

y

La courbe LM

4

Cette courbe se compose de trois parties : - La partie horizontale correspond à la trappe à liquidité où toute augmentation du revenu n’aura aucun effet sur le taux d’intérêt. Le taux d’intérêt est tellement faible que la monnaie est thésaurisée. Toute émission supplémentaire de monnaie serait absorbée dans des encaisses oisives. - La partie normale, la courbe LM a une pente positive zone de désaccord, il y’a ceux qui achètent des titres et ceux qui thésaurisent la monnaie. la demande de monnaie est imparfaitement élastique au taux d’intérêt, il faut une augmentation de i pour réduire les encaisses spéculatives et financer le développement de l’activité économique. - La partie verticale correspond à la phase classique se caractérise par le placement entier de l’argent. Le taux d’intérêt atteint son maximum y ne varie pas quel que soit le niveau du taux d’intérêt. Toute offre supplémentaire de monnaie sera consacrée à l’achat d’actifs financiers.

III-

L’équilibre IS-LM : l’équilibre simultané sur le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie

Le diagramme IS-LM permet de visualiser un équilibre sur le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie ; cet équilibre simultanée n’implique pas nécessairement un équilibre sur le marché du travail, d’où la nécessité de chercher une solution permettant la réalisation de l’équilibre sur ce troisième marché. En construisant la courbe IS, nous avons montré que des couples de valeurs (revenu, intérêt) assurent l’équilibre sur le marché des biens et services. De même, la construction de LM a été réalisé à partir des couples (revenu, taux d’intérêt) qui correspondent à une situation d’équilibre sur le marché de la monnaie. Comme la courbe IS est décroissante et la courbe LM croissante, les deux courbes se croisent. Le point d’intersection entre les deux courbes correspond au couple de valeurs du revenu et taux d’intérêt qui assure l’équilibre à la fois sur le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie. Il n’existe ainsi qu’une seule valeur de y et i qui permette d’obtenir cet équilibre simultané. L’équilibre global correspond à l’intersection à l’intersection des deux courbes IS et LM et qui donne le couple de valeurs (y, i) compatible avec 5

l’équilibre sur le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie, graphiquement on aura :

LM

Taux i

ie

B

IS

ye

y

L’équilibre IS-LM Le point d’intersection B correspond au couple de valeurs (y, i) du revenu et du taux d’intérêt qui assure l’équilibre à la fois sur le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie (entre IS et LM). Il n’existe ainsi qu’une seule valeur du revenu et du taux d’intérêt qui permet d’obtenir cet équilibre simultané. Toutefois cet équilibre ne correspond pas à un niveau d’activité suffisant pour garantir le plein emploi de la force de travail. Cela signifie que le couple (y, i) qui égalise IS et LM est caractérisé soit par un revenu trop faible et/ou un taux d’intérêt trop élevé. L’accroissement de la demande globale, nécessaire pour espérer une réduction du chômage, passe par un accroissement du revenu susceptible de favoriser la consommation et/ou une baisse du taux d’intérêt pouvant dynamiser l’investissement. La politique économique doit viser ces objectifs en mettant en œuvre des actions conduisant à des variations appropriées de IS ou de LM.

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IV-

Le déplacement de l’équilibre

Si l’équilibre obtenu sur le marché des biens et services et sur le marché de la monnaie ne correspond pas à un équilibre de plein emploi, la politique économique permet d’atteindre un nouvel équilibre, elle vise à rapprocher l’équilibre de sous-emploi de celui de plein emploi. Plus précisément, la politique budgétaire conduit au déplacement de la courbe IS, tandis que la politique monétaire agit sur la courbe LM. Le déplacement de l’équilibre provient soit du déplacement de la courbe IS, soit de la courbe LM. C’est-àdire suite à la politique monétaire ou suite à une politique budgétaire. A- La politique monétaire et le déplacement de la courbe LM La politique monétaire est l’ensemble des mesures visant à réguler la demande globale en agissant sur le volume de la masse monétaire en circulation. Keynes a attribué un rôle très précis à la politique monétaire sur le court terme elle constitue un outil de régulation conjoncturelle lors des phases passagères de ralentissement ou de surchauffe de l’économie. Ainsi, un accroissement de la masse monétaire décidée par les autorités monétaires a pour effet de réduire le taux d’intérêt, qui aboutit à une relance de l’investissement et du revenu global (politique monétaire expansive). A l’inverse, une politique monétaire restrictive peut aboutir à une baisse de l’investissement et par conséquent un ralentissement de l’activité économique. Pour stimuler l’activité économique, lors de ralentissement économique, les autorités monétaires peuvent mener une politique monétaire expansionniste (politique monétaire de relance) qui se traduit par une augmentation de l’offre de monnaie c’est-à-dire par une augmentation de la quantité de monnaie disponible dans l’économie. M → du taux d’intérêt → I et donc un effet multiplicateur d’investissement ce qui stimulera la production et provoquera une hausse de l’emploi et de la demande. L’accroissement de l’offre de monnaie déplace la courbe LM vers la droite. L’efficacité de cette mesure dépend du point d’intersection de la courbe IS avec la courbe LM.  Si la courbe IS croise la courbe LM dans sa partie horizontale qui correspond à la situation de la trappe à liquidité. Une relance de l’activité économique reposant sur la politique monétaire se révèle totalement inefficace. Le supplément de monnaie ne conduit pas à une baisse du taux 7

d’intérêt (le taux d’intérêt d’équilibre correspond toujours au taux minimum). il est sans effet sur l’activité (le revenu national n’est pas modifié). ce supplément de monnaie est entièrement absorbé par les encaisses de spéculation. La politique monétaire est donc inefficace lorsque la courbe IS croise LM dans sa partie horizontale.

i

LM0

LM1

IS

ie

ye

y

 Si la courbe IS coupe la courbe LM dans sa partie croissante. L’augmentation de la quantité de monnaie conduit à une baisse du taux d’intérêt. Cette baisse a un effet favorable sur l’activité économique, l’analyse keynésienne nous enseigne en effet qu’elle contribue à augmenter l’investissement ce qui accroit la demande effective, d’où un supplément de production et par là même de revenu. Le nouveau point d’intersection correspond à un taux d’intérêt faible et un revenu plus élevé. La politique monétaire devient efficace lorsque la courbe IS coupe la courbe LM en un point où celle-ci est croissante.

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i

LM0

LM1

IS

i2 i1

y1

y2

y

 Si la courbe IS coupe la courbe LM dans sa partie verticale, l’augmentation de la quantité de monnaie conduit au déplacement de la courbe LM vers la droite ce qui entraine une chute du taux d’intérêt beaucoup plus forte ainsi qu’une amélioration beaucoup plus marquée du revenu. La politique monétaire devient très efficace lorsque la courbe IS coupe la courbe LM dans sa partie verticale.

i

LM0

LM1

i1 i2 IS

y1

y2

y

L’injection d’une monnaie additionnelle dans l’économie est suivie d’effets particulièrement favorables sur l’activité à travers la baisse du taux d’intérêt et 9

l’augmentation de l’investissement qui entraine une augmentation du y sauf dans la partie trappe à liquidité. Dans le cas d’une phase passagère de surchauffe économique, la mise en œuvre d’une politique monétaire restrictive entraine une baisse de l’offre de monnaie et une augmentation du taux d’intérêt ce qui va baisser les investissements et l’emploi et le revenu et donc stabiliser la demande. Cette politique restrictive déplacera la courbe LM vers la gauche. Le mécanisme inverse va se produire. B- La politique budgétaire et le déplacement de la courbe IS La politique budgétaire peut être définie comme l’ensemble des mesures visant à réguler la demande globale en agissant sur la consommation des ménages et sur l’investissement des entreprises par une augmentation (ou une baisse) des dépenses publiques) ou par une baisse (ou une hausse) de la fiscalité. Ce type de politique relève donc du rôle de l’Etat. Le déplacement de la courbe IS provient soit de la mise en œuvre d’une politique budgétaire de relance ce qui déplacera la courbe IS vers la droite, soit d’une politique budgétaire restrictive qui déplacera la courbe IS vers la gauche. Une politique budgétaire est possible pour obtenir l’augmentation du revenu indispensable pour réduire le sous-emploi. Une politique d’accroissement des dépenses exerce un effet multiplicateur sur le revenu. L’effet sur l’activité économique diffère selon le point d’intersection entre la courbe IS et la courbe LM.  Si la courbe IS coupe la courbe LM dans sa partie horizontale, la politique budgétaire entraine le déplacement de la courbe IS vers la droite. La politique budgétaire est pleinement efficace le taux d’intérêt reste à son niveau minimum alors que le revenu s’accroit. une hausse des dépenses publiques (­G) induit une relance de l’activité économique (­Y) sans augmenter le taux d’intérêt (i reste inchangé). Donc l’effet d’éviction à ce niveau de la courbe LM est nul.

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i

LM

i min IS1 y1

IS2

y2

y

 Si la courbe IS coupe la courbe LM dans sa partie oblique, un déplacement de IS procure un moindre accroissement du revenu national et amène une augmentation du taux d’intérêt. L’accroissement du revenu national induit par l’accroissement des dépenses publiques est moins important que dans la partie horizontale de LM car l’effet du multiplicateur d’investissement va se trouver freiner par l’insuffisance de la masse monétaire et la hausse des taux d’intérêts. C’est l’effet d’éviction, l’investissement public évince l’investissement privé L’efficacité de la politique budgétaire est moins forte.

i

LM

i2 i1

IS2 IS1

y1

y2

y

11

 Si la courbe IS coupe la courbe LM dans sa partie verticale, la politique budgétaire devient totalement inefficace. La quantité de monnaie disponible ne permet pas d’assurer un supplément de transaction et les dépenses publiques au lieu de conduire à un accroissement du revenu national créent un besoin supplémentaire de monnaie qui élève le taux d’intérêt.

i

LM

i2 i1

IS2 IS1

y

y

Lorsque IS coupe LM dans sa partie oblique, l’effet positif sur l’activité économique est freiné par l’insuffisance de la monnaie, la recherche de l’efficacité maximale peut conduire l’Etat à combiner politique budgétaire et politique monétaire. Le déplacement des deux courbes vers la droite, consécutif à un supplément de dépenses publiques accompagné d’une création monétaire, permet d’obtenir un revenu supérieur sans élévation du taux d’intérêt. C- Politiques économiques combinées : policy mix La combinaison des deux politiques est une manière d’atteindre l’objectif de plein emploi sur un marché des biens et services et sur un marché de la monnaie équilibrés. C’est le cas lorsque le déficit public occasionné par la politique budgétaire de relance est financé par une émission de monnaie, la politique budgétaire engendre un déplacement de IS vers la droite, dès lors l’effet pervers de la politique budgétaire qui se caractérise par la hausse du taux d’intérêt et qui 12

entraine un effet d’éviction baisse des investissements privés peut être neutralisée par la politique monétaire qui maintiendra le taux d’intérêt constant. Ainsi, au fur et à mesure que la relance de l’activité économique par la dépense publique entraine une hausse de la demande de monnaie, la banque centrale alimente le marché monétaire. i

LM1

IS1

LM2

IS2

i2 i1

y1

y2 y3

y

Le déplacement des deux courbes vers la droite consécutif à un supplément de dépenses publiques accompagné d’une création monétaire, permet d’obtenir un revenu supérieur sans élévation du taux d’intérêt. Si Le modèle IS-LM permet d’appréhender les conséquences d’une intervention de l’Etat (budget, Monnaie) dans l’économie, il convient toutefois de signaler les limites d’une telle approche. - Premièrement tous les ajustements se font sans variation du niveau général des prix, l’analyse keynésienne fait l’hypothèse que les prix sont fixes à court terme et que ce sont les quantités qui s’ajustent, le plein emploi est atteint par une hausse de la demande globale. - Deuxièmement, la création de monnaie est considérée comme exogène, les autorités ont les possibilités de varier l’offre de monnaie à leur guise. En réalité la plupart des banques centrale préfèrent jouer sur le taux d’intérêt plutôt que sur la quantité de monnaie en circulation. - Troisièmement, malgré leur place dans l’œuvre de Keynes, aucun rôle n’est donné aux anticipations, or, ces dernières ont des conséquences importantes en matière d’investissement. C’est en effet la demande anticipée (efficacité 13

marginale du capital) qui va conditionner l’investissement et occasionner un effet multiplicateur sur l’activité économique. - Quatrièmement, le modèle IS-LM est présenté en économie fermée.

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