Les Principaux Courants de Pensée Économique [PDF]

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Les principaux courants de pens•e •conomique

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Contenus Articles Histoire de la pens€e €conomique

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Chr€matistique

18

Mercantilisme

20

Physiocratie

34

•cole classique

38

Marxisme €conomique

41

Historicisme

46

Keyn€sianisme

49

Mon€tarisme

60

•cole autrichienne d'€conomie

61

•cole n€oclassique

66

N€okeyn€sianisme

72

•conomie de l'offre

74

Synth‚se n€oclassique

75

Nouvelle €conomie classique

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R€f€rences Sources et contributeurs de l€article

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Source des images, licences et contributeurs

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Licence des articles Licence

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Histoire de la pens€e €conomique

Histoire de la pens€e €conomique La pens€e €conomique peut ƒtre d€coup€e en trois grandes phases : les pr€curseurs (grecs, romains, arabes), les pr€-modernes (Mercantilisme, Physiocratie) et l'€conomie moderne (qui d€bute avec Adam Smith „ la fin du XVIIIe…si†cle). • [‚] les id€es, justes ou fausses, des philosophes de l€€conomie et de la politique ont plus d€importance qu€on ne le pense en g€n€ral. ‡ vrai dire le monde est presque exclusivement men€ par elles. Les hommes d€action qui se croient parfaitement affranchis des influences doctrinales sont d€ordinaire les esclaves de quelque €conomiste pass€. Les illumin€s du pouvoir qui se pr€tendent inspir€s par des voies c€lestes distillent en fait des utopies n€es quelques ann€es plus tˆt dans le cerveau de quelque €crivailleur de Facult€[1] . ‚ John Maynard Keynes, Th€orie g€n€rale de l'emploi, de l'int€r•t et de la monnaie, chapitre 24, 1936

Les pr€curseurs de l'€conomie Le Code d'Hammurabi L'arch€ologie a montr€ que la pens€e €conomique est tr†s ancienne, comme en t€moignent les lois et les principes €conomiques expos€s dans le code d'Hammurabi (roi de Babylone au XVIIIe…si†cle av.…J.ƒC.). L'‰tat fixe des salaires indicatifs, en fonction de la qualit€ de chaque Šuvre et du travail qu'elle n€cessite (notion de valeur), il r€glemente les emprunts, les locations, il €tablit la responsabilit€ professionnelle...

La pens€e €conomique de l'Antiquit€ orientale et grecque La r€flexion €conomique appara‹t d'abord en Gr†ce antique et en Chine antique, l„ ou une production marchande et une €conomie mon€taire semblent avoir €t€ d€velopp€es en premier. Le mot €conomie vient d'ailleurs du grec (de oikos, la maison, notamment en tant qu€unit€ sociale et €conomique, et nomos, l€ordre, la loi). Parmi les penseurs, souvent philosophes, qui se sont int€ress€s „ Code d'Hammurabi l€€conomie, Platon et son €l†ve Aristote sont probablement les plus connus. Les philosophes grecs subordonnent l€€conomie „ la politique : c€est l€art d€administrer ses biens ou sa cit€. La science €conomique n€existe pas, au contraire de la science politique, qui se rapporte „ la cit€ et est consid€r€e par bien des Grecs comme la premi†re des sciences. L€€conomie, que l'on envisage uniquement centr€e sur l€individu, est souvent vue de faŒon suspecte, et comme une activit€ servile. On peut observer la place de l€€conomie dans la soci€t€ antique et comment elle €tait perŒue „ ses d€buts „ partir de quatre figures : Thal†s, X€nophon, Platon et Aristote. Thal•s Thal†s de Milet (circa 625 „ 547 av. J.-C.) n€a jamais €crit sur l€€conomie, mais son histoire montre un des premiers exemples de sp€culation €conomique, un corner sur le pressage d'olives. Alors qu€on lui reprochait l€inutilit€ de la philosophie qui ne permettait aucune application avantageuse et que l€on raillait sa pauvret€ constante, il se livra „ diff€rents calculs astronomiques. Ceux-ci lui permirent de pr€voir une p€riode particuli†rement chaude et ensoleill€e, durant laquelle on ferait vraisemblablement une abondante r€colte d€olives. Il loua donc tous les pressoirs „ olives des r€gions de Milet et de Chios „ bas prix, quand ils n€int€ressaient personne. Ses pr€visions se r€v€l†rent exactes,

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Histoire de la pens€e €conomique

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et quand advint le moment de la r€colte, la demande en pressoirs se fit extrƒmement importante. Thal†s, qui d€tenait un monopole r€gional, put sous-louer les pressoirs aux conditions qu€il demandait, se plaŒant par l„ „ la tƒte d€une certaine fortune. Si cette anecdote ne r€v†le pas une analyse pouss€e des m€canismes €conomiques, elle les pr€figure en ce qu'elle montre une r€flexion sur des strat€gies financi†res, reposant sur des id€es diffuses de la loi de l'offre et de la demande, ou du monopole et de ses cons€quences. X€nophon Il est n€cessaire d€€voquer X€nophon (circa 426 „ 355 av. J.-C.), qui comme Platon fut €l†ve de Socrate, „ propos de l€histoire de la pens€e €conomique : non seulement parce qu€il est le premier „ employer ce terme, mais encore parce qu€il y consacrera tout un ouvrage, L€‚conomique (qui consiste en un dialogue entre Socrate et Ischomaque), autour d€un th†me unique, celui de l€administration d€un domaine agricole. On peut ainsi se rendre compte combien dans l€Antiquit€ le terme est li€ „ l€id€e de l€administration domestique ; cependant le dialogue en vient presque „ porter sur des strat€gies d€accroissement des richesses, le p†re d€Ischomaque achetant par exemple des terres „ bas prix pour les revendre bien plus cher apr†s les avoir d€frich€es. En v€rit€, celui qui conna‹t l€art „ ou la science „ de l€€conomie est de facto un bon gestionnaire, et ce dans toute situation. Le bon p†re de famille peut ainsi savoir ce qui est bon pour l€administration d€une cit€. C€est toutefois „ la femme que revient le rˆle de l€entretien de la maison (oikos), de mƒme la politique est l€affaire des hommes, et le travail, r€serv€ aux seuls esclaves. Dans L€‚conomique, Ischomaque enseigne cet art „ sa femme : ce sera le rˆle de celle-ci que d'en faire l'application.

X€nophon

Sur la fin de sa vie, X€nophon €crira €galement Les Revenus, ouvrage o• il propose de multiplier les exploitations agricoles et industrielles dans l€Attique, et notamment d€exploiter „ plein rendement les mines d€argent du Laurion. ‡ cette occasion, il aborde (mais de faŒon peu approfondie) des concepts comme ceux de la demande et de la valeur des biens, et du rapport qu€ils entretiennent entre eux. L'Šuvre est un projet politique et €conomique pour toute une r€gion, et tente de d€fendre un point de vue coh€rent. En d€finitive, les ouvrages de X€nophon portent sur la mani†re de g€rer un domaine agricole, et sur l'€conomie domestique (l'expression serait, en grec, tautologique) ; Les Revenus montre cependant bien que ces enseignements sont applicables ailleurs, et place l'€conomie comme art de satisfaire les besoins d€une soci€t€. On peut pour X€nophon extrapoler de l'€tude d'une microentit€ : n'est-ce pas la pr€misse de la micro€conomie ?[r€f.…n€cessaire]

Histoire de la pens€e €conomique

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Platon Platon (428 ou 427 „ 347 ou 346 av. J.-C.), qui „ travers son dialogue La R€publique expose sa vision de l€utopie, se trouve entra‹n€ „ aborder l€€conomie comme gestion des biens et des personnes de la faŒon la plus juste possible dans la cit€ id€ale. Il d€fend ainsi l€id€e d€une soci€t€ divis€e en trois classes (magistrats/philosophes, gardiens et travailleurs/producteurs, en ordre d€croissant) o• le droit de propri€t€ n€est r€serv€ qu€„ la classe inf€rieure des • producteurs ‚ : les autres classes ne doivent pas ƒtre tent€es par le lucre et l€accumulation des richesses. Le philosophe sait que la cit€ est sup€rieure „ l€individu ; pour pr€server l€€quilibre de la cit€ et parvenir au plus haut degr€ de la vertu politique, il est n€cessaire de poser une limitation de la fortune et des biens de chacun, d€autant Platon plus que pour Platon et son €poque la quantit€ totale de richesse est imagin€e comme „ peu pr†s fixe. Il expose de cette faŒon une forme d€organisation sociale bas€e sur la communaut€ des biens et propose mƒme dans Les Lois un partage €galitaire de la terre. L€€conomie platonicienne cherche ainsi „ r€gir la r€partition des ressources, et ce „ une fin politique et philosophique. Moins qu€un art, l€€conomie pour Platon se rapprocherait donc plutˆt de ces savoir-faire d€crits dans Gorgias ; il n'en demeure pas moins que ses tentatives d'organisation d'une cit€ parfaite impliquent souvent des pr€occupations qui sont purement de l'ordre de la science €conomique telle qu'on la conna‹t aujourd'hui. Platon, le premier, s'int€resse strictement au probl†me de la cit€ et de la mani†re dont il faut qu'elle soit r€gie, et ce sur tous les plans. Il tire de son €tude un mod†le social et €conomique bas€ sur le collectivisme „ plusieurs niveaux (biens, femmes, terres) tout en ne remettant pas en cause le principe de l'‰tat (la cit€ de Platon n'est donc pas socialiste). Dans d'autres Šuvres, il confirmera la validit€ du recours „ l'esclavage comme moyen technique. Il critique en revanche de faŒon g€n€rale la volont€ de possession, l'appŽt des richesses, l'esprit de lucre. Aristote Chez Aristote (circa 384 „ 322 av. J.-C.), on trouve une place beaucoup plus importante consacr€e „ l€€conomie : il s'agit de ce point de vue d'un auteur fondamental dans l'Antiquit€, et qui aura une tr†s grande influence durant toute la p€riode m€di€vale. Aristote montre avec Les €conomiques et l'‚thique ƒ Nicomaque la diff€rence fondamentale entre l'€conomique et la chr€matistique. La chr€matistique (de khr€ma, la richesse, la possession) est l'art de s'enrichir, d€acqu€rir des richesses. Selon Aristote, l'accumulation de la monnaie pour la monnaie est une activit€ contre nature et qui d€shumanise ceux qui s'y livrent : suivant l€exemple de Platon, il condamne ainsi le go•t du profit et l'accumulation de richesses. Le commerce substitue l€argent aux biens ; l€usure cr€e de l€argent „ partir de l€argent ; le marchand ne produit rien : tous sont condamnables d'un point de vue philosophique. Bien qu'Aristote traite de la chr€matistique comme ensemble de ruses et de strat€gies d€acquisition des richesses pour permettre un accroissement du pouvoir politique, il la condamnera toujours en tant que tel.

Aristote

Histoire de la pens€e €conomique Au contraire, l€agriculture et le • m€tier ‚ permettent de fonder une €conomie naturelle o• les €changes et la monnaie servent uniquement „ satisfaire les besoins de chacun, ce qu€il valorise. Aristote garde toujours le souci d€agir conform€ment „ la nature. Celle-ci fournit • la terre, la mer et le reste ‚ : l€€conomique est ainsi l€art d€administrer, d€utiliser les ressources naturelles, totalement „ l€oppos€ de l€art d€acqu€rir et de poss€der. Y est incluse l€id€e d€un rapport de r€ciprocit€ : Aristote ne s€pare pas l€€conomique du social, €tablissant l€€change comme un • retour sur €quivalence ‚ ; on comprend donc qu€il condamne la chr€matistique, qui substitue l€objet „ la relation sociale puis l€argent „ l€objet. De fait, l'€change, bas€ sur la monnaie, est toujours envisag€ chez Aristote comme permettant de renforcer le lien social : il €tablit son inexistence dans la tribu (o• seul le troc existe) et son apparition avec la cit€, c'est-„-dire la soci€t€. Car s'il n'y avait pas d'€changes, il ne saurait y avoir de vie sociale ; il n'y aurait pas davantage d'€change sans €galit€, ni d'€galit€ sans commune mesure. Ainsi, l€apport d€Aristote est tout d€abord une distinction fondamentale qu€il €tablit entre €conomie naturelle (€conomique) et €conomie d€argent (chr€matistique) ; de l„ une r€flexion fine sur le rˆle de l'€change dans le lien social. Un autre r€sultat original et remarquable des r€flexions d€Aristote est la diff€renciation qu€il fait entre valeur subjective et valeur commerciale d€un bien, que l€on peut facilement rapprocher des notions de valeur d'usage et de valeur d'€change qui appara‹tront chez Adam Smith au XVIIIe…si†cle. On trouve ainsi dans l'€thique ƒ Nicomaque des concepts comme les quatre causes (cause mat€rielle, cause formelle, cause efficiente, cause finale), qui sont, pour certaines de ces causes, des esquisses des notions de valeur d'€change et de valeur d'usage utilis€es dans les th€ories €conomiques modernes.

La pens€e €conomique jud€o-chr€tienne L'Ancien Testament contient de nombreux jugements et prescriptions €conomiques. Il ordonne l'absence de propri€t€ perp€tuelle sur la Terre et instaure une redistribution p€riodique. Il interdit les prƒts „ int€rƒt, et enfin il hi€rarchise selon leur honneur les activit€s €conomiques, faisant de l'agriculture la premi†re et du commerce la derni†re. Le Nouveau Testament encourage l'homme „ mettre en valeur ses talents, en faisant fructifier des placements (parabole des talents). Si l'homme travaille la terre, c'est un moyen de mettre en valeur ses talents en agriculture, et de mƒme dans tous les domaines de l'activit€ humaine, dans l'industrie et le commerce par exemple. Mais le Nouveau Testament pr€vient aussi contre les tentations mat€rielles li€es „ l'accumulation et „ l'utilisation superflue des richesses. Il insiste sur une r€partition €quitable des biens (Lazare). Au IVe…si†cle se produisit une s€paration nette entre le christianisme et le juda•sme sur les questions €conomiques : le juda•sme commenŒa „ €laborer une codification de l'€conomie (voir Int€rƒt de l'argent et religions monoth€istes), tandis que le christianisme resta fig€ dans l'interdiction du prƒt „ int€rƒt. Cette situation eut des cons€quences tr†s importantes par la suite sur les relations entre les chr€tiens et les juifs, ces derniers assurant souvent la fonction de banquier, interdite aux chr€tiens. Cela fut sans doute une des causes majeures de l'antijuda•sme au Moyen ‘ge.

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Histoire de la pens€e €conomique

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La pens€e €conomique ‚ l'€poque m€di€vale Les th€ologiens Le Moyen ‘ge voit un renouveau des €changes commerciaux et une multiplication des opportunit€s de profit. Les th€ologiens de l€€poque ne s€attachent pas alors „ d€crire des m€canismes €conomiques mais cherchent „ d€finir leur moralit€, leur caract†re licite ou illicite selon la morale chr€tienne. Pour Saint Thomas d'Aquin (1225-1274), les marchands doivent pratiquer un • juste prix ‚ d€coulant de la coutume et qui est cens€ les pr€venir d€un enrichissement exag€r€. L€activit€ commerciale doit ƒtre l€gitim€e par un apport r€el de richesse au produit via sa transformation, son transport ou „ la limite par son caract†re vital pour la survie du marchand et de sa famille. Il condamne par ailleurs le prƒt „ int€rƒt, car selon lui la reconnaissance de l€emprunteur ne doit pas se manifester par une r€compense financi†re, mais par l€estime, la gratitude ou l€amiti€. ‡ ce sujet, Saint Thomas d€Aquin pressent bien le futur argument selon lequel • time is money ‚, mais pour lui le temps ne peut ƒtre une marchandise : il n€appartient qu€„ Dieu. La pens€e €conomique orientale

Saint Thomas d'Aquin

‡ l'€poque m€di€vale, des penseurs arabes ont r€fl€chi aux probl†mes €conomiques. Notamment Ibn Khaldun (1332 - 1406) a €crit une th€orie €conomique et politique dans Prolegomena montrant par exemple, comment la densit€ de la population est li€e „ la division du travail qui conduit „ la croissance €conomique. Cette derni†re contribue „ accro‹tre la population, formant ainsi un cercle vertueux. Il apporte aussi des premi†res explications quant „ la formation des prix.

La pens€e €conomique de l'€poque moderne L'€poque moderne n€apporta pas v€ritablement une th€orie €conomique. La Renaissance fut une p€riode de changement radical des mentalit€s et de vision du monde, d• „ l'apparition de l'imprimerie et aux grandes d€couvertes. Le nouveau monde offrit brusquement des perspectives sur le plan €conomique. Les besoins de r€forme se faisaient sentir depuis le XIVe…si†cle, justement sur ces questions. En effet, certains aspects €conomiques pervers de cette €poque, comme le trafic des indulgences, €taient de plus en plus mal ressentis par la population, en particulier dans les pays du nord de l'Europe. Les grandes d€couvertes, qui permirent aux pays du sud de l'Europe de s'enrichir par le commerce transatlantique, ne fit qu'accentuer ce sentiment d'injustice. Le trait€ de Tordesillas excluait les pays du nord de l'Europe. La R€forme protestante de Luther se construisit ainsi autour d'une r€action contre le syst†me des indulgences. Parmi les r€formateurs protestants, Jean Calvin d€fendit le prƒt „ int€rƒt, en pr€conisant un taux mod€r€ de 5%. Le cr€dit put ainsi se d€velopper dans les villes protestantes. La R€forme protestante se d€veloppa donc dans ce climat de changement de mentalit€, dans lequel le travail prenait davantage de valeur par rapport au commerce pur. C€est la c€l†bre th†se de Max Weber (L€€thique protestante et l€esprit du capitalisme, 1905). Il explique qu€avec la R€forme, le travail devint une nouvelle vertu : auparavant destin€ „ la seule survie, il devint l€origine de la richesse et de son accumulation qui, selon la logique protestante de la pr€destination, serait un signe d€• €lection divine ‚. Le travail et la richesse qu€il produit concourent „ la gloire de Dieu ; le temps est pr€cieux et l€€pargne devient une vertu. La pens€e protestante transmettrait aussi selon lui

Histoire de la pens€e €conomique l€€thique du m€tier, mais assurerait surtout une rationalit€ plus grande que celle permise par la pens€e catholique. Ce faisant, elle l†ve de nombreux obstacles moraux „ l€activit€ €conomique. En 1516, Thomas More fit une premi†re critique des cons€quences sociales de la naissance de ce nouveau syst†me €conomique, que marquait le mouvement des enclosures[2] en Angleterre en d€crivant dans Utopia une soci€t€ imaginaire ou r†gnerait un r€gime de communautaire, sans aucune monnaie. Les €changes y €taient r€gis par un syst†me de troc. Toutefois, on ne peut consid€rer Utopia comme un trait€ d'€conomie, et encore moins r€duire la pens€e de Thomas More „ ce seul ouvrage : Thomas More n'€tait pas un €conomiste, mais plutˆt un juriste, un homme politique, et un th€ologien (voir l'Šuvre complet dans l'article Thomas More). Il est probable que, vu le peu de facilit€ dans l'impression, la traduction, et la diffusion des ouvrages „ l'€poque moderne, la post€rit€ ait effectu€ un biais sur la pens€e et l'Šuvre de Thomas More, prenant Utopia comme argument pour la satire d'un syst†me de privil†ges aux limites, puis pour la construction de pens€es uniformisantes, que nos contemporains assimilent vite, sans doute par un effet d'historicisme, au communisme. Parall†lement, en Espagne, l'‰cole de Salamanque, „ partir de la th€orie des droits naturels, propose une conception subjective de la valeur et justifie la propri€t€ priv€e et la libert€ des €changes. Ses auteurs principaux sont les j€suites Francisco de Vitoria (1483„1546), Mart’n de Azpilcueta (1493„1586), Domingo de Soto (1494„1560), et Luis de Molina (1535„1600). Cette tradition sera reprise par les classiques franŒais et l'Ecole autrichienne. Les guerres de religion „ la suite de la R€forme ont fait €merger l'id€e du libre-€change qui sera formul€e plus tard par Hugo de Groot (Grotius).

La naissance de l'€conomie moderne Origines Les premiers pr€curseurs de l'€conomie moderne sont Pierre de Boisguilbert et l'€conomiste irlandais Richard Cantillon. Ce dernier v€cut „ Paris. Il d€finit pour la premi†re fois les circuits €conomiques globaux, et inspira FranŒois Quesnay et les physiocrates. Adam Smith, dans son c€l†bre trait€ Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations publi€ en 1776, cite en r€f€rence Richard Cantillon (l'un des rares auteurs cit€s). Le trait€ d'Adam Smith est souvent reconnu comme l'acte de fondation de l'€conomie moderne. L'€conomie est d€sormais une branche distincte de la philosophie et de la th€ologie. Les penseurs en €conomie ne sont plus issus de l'‰glise ni des milieux politiques. Le mercantilisme et les id€es physiocrates contribueront „ l'autonomisation progressive de l'€conomie.

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Histoire de la pens€e €conomique

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Le mercantilisme Dans un contexte de capitalisme commercial, marqu€ par la multiplication des transports, les grandes d€couvertes et les monarchies absolues de France et d'Espagne se d€veloppe le courant mercantiliste, qui dominera la pens€e €conomique europ€enne entre le XVIe…si†cle et le milieu du XVIIIe…si†cle. Au cours de cette p€riode, une litt€rature €clat€e appara‹t, pendant laquelle les hypoth†ses ont €volu€, rendant l'id€e d'un courant unique assez vague. Il se r€pandra dans la plupart des nations europ€ennes en s'adaptant aux sp€cificit€s nationales. On distingue parmi les €coles mercantilistes : le bullionisme (ou • mercantilisme espagnol ‚) qui pr€conise l'accumulation de m€taux pr€cieux ; le colbertisme (ou • mercantilisme franŒais ‚) qui est tourn€ pour sa part vers l'industrialisation ; le commercialisme (ou • mercantilisme britannique ‚) qui voit dans le commerce ext€rieur la source de la richesse d'un pays et le chrysoh€donisme (le fait de placer le bonheur au sein de l'or).

William Petty

Jusqu'au Moyen ‘ge, les questions €conomiques €taient trait€es sous l'angle de la religion et les th€ologiens €taient les principaux penseurs des questions €conomiques. Cette rupture majeure sera r€alis€e par les conseillers des princes et des marchands. Cette rupture est marqu€e d†s 1513 avec la parution du Prince de Machiavel o• ce dernier va jusqu'„ expliquer que • dans un gouvernement bien organis€, l'‰tat doit ƒtre riche et les citoyens pauvres ‚. En 1615, Antoine de Montchrestien publie son Trait€ d'€conomie politique et utilise pour la premi†re fois l'expression d'€conomie politique. Avec lui, les plus c€l†bres mercantilistes sont le franŒais Jean Bodin, l'espagnol Luis de Ortiz et l'anglais William Petty. La th€orie €labor€e par les mercantilistes fait de l'accumulation de m€taux pr€cieux (comme l'or et l'argent) la source de la richesse et prˆne un exc€dent commercial. D'autre part, elle prend pour objectif le renforcement de la puissance de l'‰tat, repr€sent€ par le monarque absolu. Dans ce sens est prˆn€e une • guerre commerciale ‚, se basant sur le protectionnisme et l'interventionnisme. Les mercantilistes veulent une conquƒte des march€s ext€rieurs (ventes „ l'ext€rieur des produits manufactur€s) mais une pr€servation (ou une extension) du march€ int€rieur (restriction aux importations). On leur doit par ailleurs (et notamment „ William Petty) le d€veloppement et l'utilisation des statistiques et des m€thodes empiriques en €conomie. Celles-ci d€rivent de leur souci de surveiller la balance commerciale et les flux de m€taux pr€cieux, et parfois d'une sorte d'obsession du num€raire.

La th€orie physiocratique Par la suite, les physiocrates ou comme ils s'appelaient entre eux la secte des €conomistes, vont s'opposer aux id€es des mercantilistes. Le terme de physiocrate, d€velopp€ par Pierre Samuel du Pont de Nemours, signifie litt€ralement • gouvernement de la nature ‚ (du grec kratos et physio ). L'€cole des physiocrates est originaire de France et a eu son apog€e au cours de la seconde moiti€ du XVIIIe…si†cle. Le plus c€l†bre d'entre eux est FranŒois Quesnay, qui publie en 1758 son fameux Tableau €conomique. La th€orie physiocratique voit dans la terre la source de toute richesse, et s'€l†ve contre les politiques qui la d€laissent au profit de l'industrie naissante. Au contraire des mercantilistes, les physiocrates s'opposent „ l'intervention de l'‰tat. Ils mettent en avant l'existence de lois €conomiques, comme il existe des lois en physique. Du fait de l'existence d'un ordre naturel gouvern€ par des lois qui lui sont propres, le seul rˆle des €conomistes est de • r€v€ler ‚ ces lois de la nature.

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Autres contributions Bernard de Mandeville publie en 1714, La Fable des abeilles o• il tend „ opposer la vertu et la prosp€rit€. Selon cet auteur, la richesse €conomique collective d€coule des • vices priv€s ‚, en particulier de la consommation de biens de luxe condamn€ par les mercantilistes ou les physiocrates comme un gŽchis. Cette tentative de s€parer la morale de l'efficace montre la n€cessit€ de rompre avec l'influence des valeurs et de refuser les a priori dangereux. En effet, la conclusion provocatrice de cet auteur est que les vices priv€s se r€v†lent en fait ƒtre profitables „ la communaut€ et sont donc des • vertus collectives ‚. Son analyse qui tend „ faire de la consommation une action tout aussi utile que l'€pargne annonce les th†ses futures de John Maynard Keynes. Par d'autres aspects, elle pr€figure le lib€ralisme €conomique et, selon Friedrich Hayek, l'ordre spontan€[3] . Les philosophes des Lumi„res d€veloppent aussi des analyses €conomiques. Montesquieu est salu€ par Keynes pour avoir compris le premier le rˆle des taux d€int€rƒt comme instrument de la cr€ation mon€taire dans De l€esprit des lois (1748), mƒme si, avant lui, Jean-FranŒois Melon et surtout, Nicolas Dutot, dans ses R€flexions politiques sur les finances et le commerce (1738), avaient en partie d€j„ fond€ leurs analyses sur l'influence mon€taire des taux d'int€rƒt. Dans cette Šuvre, Montesquieu voit aussi le commerce comme source d'adoucissement des mŠurs et de paix entre les nations au contraire des mercantilistes qui en faisaient le • nerf de la guerre ‚. Jean-Jacques Rousseau d€crit quant „ lui le processus social de l€appropriation des terres, fondement de l€in€galit€ parmi les hommes et origine du Droit et de la soci€t€ civile. L'€cossais David Hume apporte la premi†re contribution majeure „ la th€orie du libre-€change en tentant de d€montrer que les d€s€quilibres commerciaux sont naturellement corrig€s par des m€canismes mon€taires.

L'€cole classique et les r€ponses au classicisme Les classiques L'€cole classique marque vraiment l'av†nement de l'€conomie moderne. La p€riode classique commence avec le trait€ d€Adam Smith sur la Richesse des Nations en 1776 et se termine avec la publication en 1848 des Principes de John Stuart Mill. Cette pens€e est historiquement d€velopp€e en Grande-Bretagne et en France. C'est Karl Marx qui inventera le terme classique en opposant les €conomistes classiques aux €conomistes vulgaires. Les classiques €tant ceux qui ont cherch€ „ d€terminer l'origine de la valeur. Keynes adopte une vision plus large lorsqu'il fait r€f€rence aux Classiques car il €tend cette €cole jusqu'aux travaux de Pigou (1930). Pour lui, l'ensemble des €conomistes qui adh†rent „ la loi de Say font partie de l'€cole Classique. Trois g€n€rations d'auteurs vont se succ€der : “ Adam Smith (1723 - 1790, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776)), Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781 R€flexions sur la formation et la distribution des richesses (1766))

Adam Smith

“ David Ricardo (1772 - 1823 Des principes de l'€conomie politique et de l'imp…t (1817)), Thomas Malthus (1776 - 1834 Essai sur le principe de population (1798)), Jean-Baptiste Say (1767 - 1832 Trait€ d'€conomie politique (1803)), “ et John Stuart Mill (1806 - 1873 Principes d'€conomie politique (1848)).

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Les classiques s'int€ressent principalement aux questions de production, de fixation des prix de r€partition, et de consommation. Il existe entre ces auteurs une grande communaut€ de pens€e. Lib€raux, contemporains de la r€volution industrielle en Grande-Bretagne, ils assistent „ la naissance du capitalisme industriel et en sont les fervents d€fenseurs. Plusieurs principes et postulats sont au centre de la pens€e de cette €cole. Tout d'abord, il existe un ordre relativement naturel dont les lois conduisent „ une relative harmonie des int€rƒts particuliers. Mais cet ordre est constamment menac€ et il revient „ la puissance publique de le prot€ger. Ainsi pour Jean-Baptiste Say, l€‰tat se doit absolument de prot€ger la propri€t€ priv€e qui ne va pas de soi. Pour Adam Smith, il doit empƒcher les conspirations des entrepreneurs qui tentent par des ententes de faire monter les prix, ou encore prendre en charge l€€ducation des ouvriers que la division du travail abrutit. Les lib€raux ont repris „ un physiocrate, Vincent de Gournay, la sentence • Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises ‚. Le march€ concurrentiel remplace donc l€‰tat comme r€gulateur de l€€conomie, mais l€‰tat garde son pouvoir comme garant de l€existence du march€. Il doit limiter ses autres interventions „ ses fonctions r€galiennes, ainsi qu'„ la fourniture de biens collectifs que l'initiative priv€e ne saurait fournir (routes, ponts, €ducation‚)

David Ricardo

Enfin, le moteur de l'activit€ €conomique est l'int€rƒt individuel : en ce sens, le lib€ralisme €conomique est un individualisme. Pour Adam Smith ou Turgot, l'int€rƒt de la collectivit€ est r€alis€ par la confrontation des int€rƒts individuels. • Ainsi [...], les motifs €go•stes de l'homme m†nent le jeu de leur interaction au plus inattendu des r€sultats : l'harmonie sociale ‚[4] (ph€nom†ne que Smith d€signe sous le terme de • main invisible[5] ‚). La diff€rence essentielle entre les classiques anglais et les classiques franŒais est dans leur conception de la valeur. Pour l'€cole anglaise, le travail est la seule source de la valeur (th€orie de la valeur travail[6] ). Pour l'€cole franŒaise, la valeur est l'expression du d€sir que les hommes €prouvent pour les choses (th€orie de la valeur-utilit€ chez Say). On trouve un autre clivage important dans l'€cole classique entre • le monde merveilleux d'Adam Smith ‚ [7] et les • funestes pressentiments du pasteur Malthus et de David Ricardo ‚[8] . Ainsi une partie des classiques d€crivent un monde autor€gul€ par la • main invisible ‚ o• les crises durables sont impossibles (selon la loi dite • de Say ‚) tandis que d'autres craignent de voir la surnatalit€ provoquer la famine, d• „ la croissance €conomique qui entraine un enrichissement de la population et donc un taux de mortalit€ d€croissant (chez Malthus et Ricardo), ou que l'€volution logique de la r€partition des richesses en faveur des rentiers entra‹ne l'€conomie vers la stagnation (chez Ricardo).

Pr€mices du socialisme Les classiques et leurs analyses ont €t€ rapidement critiqu€s. En 1818, Jean de Sismondi publie ses Nouveaux principes d€€conomie politique o• il critique les cons€quences sociales de l'industrialisation visibles dans l€Angleterre de son €poque : chˆmage, in€galit€, paup€risation‚ d€nonŒant un lib€ralisme qui ne se fait qu€„ sens unique, procurant des droits aux entrepreneurs et imposant des obligations aux ouvriers. Il cherche aussi „ d€velopper une th€orie €conomique montrant la possibilit€ de d€s€quilibres globaux dans l€€conomie, notamment des crises majeures de surproduction. Pour ce faire, il introduit la notion de d€lai entre la production et la consommation (un an dans le cas de l€agriculture par exemple) pour r€futer la loi de Say selon laquelle • les produits s€€changent contre des produits ‚. ‡ titre d€exemple l€introduction du progr†s technique n€accro‹t pas simultan€ment l€offre et la demande, car son premier effet est de permettre le licenciement des ouvriers qui ne seront r€embauch€s qu€„ moyen terme, „ condition que d€ici l„ les d€s€quilibres de court terme ne provoquent une crise de surproduction.

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Cette €poque est aussi celle de l€€mergence de la pens€e socialiste. Certains socialistes utopiques comme Charles Fourier d€noncent l€anarchie industrielle. Ce dernier rƒve de mettre en place des phalanst†res, communaut€ de 1620 personnes s€lectionn€es pour leurs caract†res et leurs aptitudes compl€mentaires afin que la communaut€ soit au mieux organis€e et puisse prosp€rer. De nombreux phalanst†res furent par exemple cr€€s aux ‰tats-Unis. Certains industriels philanthropes comme Robert Owen th€orisent et mettent en pratique des usines mod†les ou se d€veloppent les cours du soir, la hausse de la productivit€ par la r€duction du temps de travail, o• les familles sont prises en charges et jouissent de nombreux agr€ments : €coles, jardins d€enfants, etc. ‡ l€image de Fourier, il rƒve de mettre en place des • villages de coop€ration ‚. En France, Claude Henri de Saint-Simon d€veloppe le progressisme industriel et souhaite mettre en place une intervention technocratique de l€‰tat bas€e sur la planification industrielle et dont l€objectif serait l€am€lioration des conditions de la classe laborieuse. Autour de lui se forme une v€ritable • secte €conomique ‚, le saint-simonisme. De son cˆt€, Charles Brook Dupont-White d€veloppe une critique radicale du capitalisme qui annonce celle du marxisme, et propose l'intervention de l'‰tat comme r€gulateur du syst†me. Enfin, en Grande-Bretagne, le dernier des classiques anglais, John Stuart Mill prˆne que le lib€ralisme est la meilleure faŒon de produire des richesses mais indique qu€il n€est pas pour autant la meilleure faŒon de les r€partir‚

Le marxisme Au d€but des ann€es 1840, des universitaires de gauche se revendiquant d'une analyse critique de Hegel, appel€s • h€g€liens de gauche ‚, critiquent les €conomistes classiques. Les plus c€l†bres penseurs issus de ce groupe sont Karl Marx et Friedrich Engels, qui ont €crit ensemble ou s€par€ment de nombreux ouvrages €conomiques, le plus c€l†bre €tant Le Capital. Le marxisme repose sur une vision philosophique du monde, „ laquelle l'€conomie est intimement li€e. L'€conomie de Marx repose sur des concepts existants (le travail, la propri€t€, la consommation, la production, le capital, l'argent...) que Marx a compl€t€s et surtout red€finis. Il a notamment d€velopp€ la th€orie de la valeur et la valeur-travail, qu'il a repris aux classiques anglais (en particulier Ricardo).

Karl Marx

Le marxisme est rest€ une th€orie h€t€rodoxe f€conde surtout dans les domaines de la philosophie et de la sociologie, ainsi que de l'€conomie o• notamment Rosa Luxemburg avec L'Accumulation du capital[9] (1913), ou plus r€cemment Paul Baran ou Paul Sweezy…(en) ont continu€ les travaux des marxistes.

L'€cole historique L'€cole historique appara‹t dans les ann€es 1840 en r€action „ l'universalisme des classiques. Elle rejette l'id€e de • lois ‚ €conomiques dissoci€es de leur contexte historique, social et institutionnel. Wilhelm Roscher d€clare que la recherche €conomique doit ƒtre pluridisciplinaire, incorporant des m€thodes d'historiens et de sociologues en plus d'€conomistes. L'Allemagne est le pays o• la pens€e historiciste s'est le plus d€velopp€e et a eu le plus d'influence, allant mƒme jusqu'„ rendre ce pays plus ou moins imperm€able aux influences exerc€es par le courant marginaliste en Europe „ la fin du XIXe si†cle et au d€but du XXe si†cle. L'€cole historique allemande s'est form€e dans les ann€es 1840 avec les €crits de Bruno Hildenbrand (1812-1878), Karl Knies (1821-1898) et surtout de Wilhem Roscher…(en) (1817-1894). Par la suite, Gustav von Schmoller,

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Friedrich List et Max Weber entre autres contribueront „ cette €cole. L'€cole historique anglaise s'est d€velopp€e parall†lement et ind€pendamment de sa consŠur germanique. Bien que s'appuyant sur une importante tradition empiriste et inductiviste h€rit€e de Bacon et de Hume, elle n'aura pas la mƒme aura que cette derni†re. Il faut n€anmoins remarquer que durant la p€riode de transition s€parant la domination de l'€conomie classique ricardienne et l'€mergence du marginalisme dans les ann€es 1870, l'€cole historique anglaise constituera pour un temps l'orthodoxie de l'€conomie politique britannique. Ainsi, W.S. Jevons aura toutes les peines du monde „ s'imposer dans le milieu acad€mique. Tr†s influenc€e par les auteurs allemands, la version franŒaise de l'historicisme n'aura qu'une port€e limit€e et une unit€ contestable. Le principal €l€ment f€d€rateur sera un rejet de l'€cole de Lausanne de L€on Walras. Ses principaux auteurs seront Charles Gide (1847-1932) et FranŒois Simiand (1873-1935). Voir ‚cole des Annales : Fernand Braudel

L'€cole n€oclassique et les r€ponses au n€oclassicisme L'€cole n€oclassique et ses h€ritiers L'‰cole n€oclassique na‹t de la • r€volution marginaliste ‚ dans les ann€es 1870. Elle forme avec le keyn€sianisme l'essentiel de l'€conomie • orthodoxe ‚ qui domine l'enseignement et la pratique universitaire de la discipline €conomique depuis le d€but du XXe…si†cle. Le terme marginalisme vient du fait que cette €cole a €t€ la premi†re „ utiliser l'utilit€ marginale comme d€terminant de la valeur des biens et le calcul diff€rentiel comme instrument principal de raisonnement. Elle se caract€rise en particulier par une extrƒme math€matisation. Cette €cole s'est constitu€e „ partir des travaux de Stanley Jevons (1835-1882), Carl Menger (1840-1921) et L€on Walras (1834-1910).On peut distinguer trois €coles issues du marginalisme : l'‰cole de Lausanne, avec L€on Walras et Vilfredo Pareto; l'‰cole de Vienne, avec Carl Menger (voir ci-dessous) et l'‰cole de Cambridge, avec William Jevons.

Vilfredo Pareto

L'€cole autrichienne, d'abord assimil€e „ l'€cole n€oclassique, a toujours soutenu des positions tr†s diff€rentes de celles de Walras et Jevons et est maintenant consid€re comme h€t€rodoxe. Plusieurs courants n€oclassiques contemporains se r€clament des n€oclassiques : les N€o-walrasiens (Kenneth Arrow, G€rard Debreu), l'‰cole des choix publics (James M Buchanan, Gordon Tullock), les Nouveaux classiques (Robert Lucas Jr, Paul Romer), l'‰cole de Chicago (Frank Knight, Jacob Viner, George Stigler, Gary Becker) ou encore les mon€taristes (Milton Friedman).

L'ƒcole autrichienne L€‰cole autrichienne d€€conomie, issue de Carl Menger en 1871, se distingue de l'‰cole n€oclassique en rejetant l€application „ l€€conomie des m€thodes employ€es par les sciences naturelles, et en s€int€ressant aux relations causales entre les €v†nements et non aux €quilibres. Outre Carl Menger, ses repr€sentants les plus connus sont Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek. Elle d€fend le lib€ralisme en mati†re €conomique et plus g€n€ralement d€organisation de la soci€t€.

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La tradition autrichienne se rattache aux scolastiques espagnols du XVIe…si†cle (‰cole de Salamanque), via les €conomistes classiques franŒais. L€‰cole autrichienne s€est oppos€e „ l€‰cole historique allemande (suite „ la Methodenstreit), puis „ L€on Walras et aux n€oclassiques, „ la conception objective de la valeur et donc „ Karl Marx et au socialisme, et enfin „ Keynes et aux macro€conomistes. Ces controverses sont encore vivaces et mettent la tradition autrichienne en conflit avec presque toutes les autres €coles de la pens€e €conomique contemporaine.

L'institutionnalisme Thorstein Veblen publie en 1899 Why is Economics not an Evolutionary Science?, le document fondateur de l'‰cole institutionnaliste. Il rejette de nombreux postulats de l'€cole n€oclassique, comme l'h€donisme individuel justifiant la notion d'utilit€ marginale, ou l'existence d'un €quilibre stable vers lequel l'€conomie converge naturellement. L'‰cole institutionnaliste comprend des h€ritages de l'‰cole historique allemande ; elle se d€veloppe principalement aux ‰tats-Unis. Repr€sentants : Arthur R Burns, Simon Kuznets, Robert Heilbroner, Gunnar Myrdal, John Kenneth Galbraith.

La th€orie des cycles La croissance €conomique ne se fait pas de faŒon continue. Elle passe par des phases de croissance rapide et de croissance plus faible, voire de d€croissance momentan€e ou mƒme de crise €conomique.

Thorstein Veblen

L'€volution de l'activit€ €conomique sur des p€riodes courtes (typiquement sur quelques ann€es) est d€nomm€e la conjoncture €conomique. Cette notion permet de distinguer ces hauts et bas relativement rapproch€s des p€riodes d'€volutions plus longues de d€veloppement, stagnation, voire d€clin €conomique pouvant s'€taler sur des g€n€rations. Observant une certaine r€gularit€ dans ces fluctuations de la croissance, des auteurs ont bŽti la • th€orie des cycles ‚ afin de rendre compte des successions de phases, et ainsi d'envisager une pr€vision des crises et des reprises de l'€conomie.

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Le keyn€sianisme L'analyse de Keynes La crise de 1929 met en exergue la port€e limit€e des enseignements de la th€orie n€oclassique : ce courant ne peut en effet appr€hender et analyser l'existence dans les ann€es 1930 d'un ph€nom†ne de chˆmage massif. Les th€oriciens orthodoxes ne peuvent expliquer que la pr€sence d'un chˆmage volontaire (au taux de salaire fix€ par le march€ du travail, certains agents €conomiques ne pr€f€rent pas travailler). John Maynard Keynes d€veloppe au contraire une • th€orie g€n€rale ‚ car elle rend compte non seulement des situations d'€quilibre de sous-emploi, mais aussi de plein emploi de toutes les forces de travail et de capital, alors que l'existence d'au moins un €quilibre g€n€ral est l'unique r€sultat d€montr€ par la th€orie n€oclassique (encore aujourd'hui). Son approche th€orique est consid€r€e comme la premi†re th€orie macro€conomique, qui remet en question plusieurs des principes n€oclassiques : la monnaie n'est pas un voile des €changes, le montant de l'€pargne n'est pas d€termin€ sur le march€ des capitaux, la d€termination du taux d'int€rƒt est mon€taire et non r€elle.

Harry White saluant John Maynard Keynes (ƒ droite, 1946)

Keynes montre qu'une €conomie de march€ parvient le plus souvent „ un • €quilibre de sous-emploi ‚ durable des forces de travail et de capital. Il rompt ainsi avec l€analyse n€oclassique qui analysait le chˆmage comme • frictionnel ‚ ou • volontaire ‚, afin de montrer que l€€conomie peut durablement souffrir d€un chˆmage de masse que les m€canismes du march€ seuls ne peuvent r€soudre. Ainsi Keynes d€crit une dynamique qui empƒche toute reprise spontan€e de l€€conomie. Une offre exc€dentaire initiale provoque des licenciements. Keynes nie de la sorte qu'il occurera un ajustement par les salaires permettant en retour selon les n€oclassiques un r€ajustement des profits et un retour de l€investissement, de la croissance et en fin de l€emploi. La mont€e du chˆmage signifie au contraire la disparition des d€bouch€s. Et cette baisse de la demande effective provoque le scepticisme des entrepreneurs qui n€investissent plus induisant une aggravation de la crise. Il importe de ne pas oublier une autre partie de l'analyse : les taux d'int€rƒt mon€taire d€terminent principalement le niveau de l'activit€ €conomique (chapitre 17 de la th€orie G€n€rale). Pour sortir de cette situation non optimale, il est essentiel de stimuler la demande, ce qui permettra de redonner confiance aux investisseurs. Pour ce faire, l€‰tat dispose de plusieurs moyens. Il peut tout d€abord redistribuer les revenus des plus riches (qui ont une plus forte propension „ €pargner) aux plus pauvres (qui eux ont une forte propension „ consommer). L€‰tat peut aussi stimuler la cr€ation mon€taire via une baisse des taux d€int€rƒt qui encouragera les gens „ emprunter pour consommer et surtout rendra rentable des projets d'investissement dont l'Efficacit€ Marginale du Capital €tait inf€rieure au niveau du taux d'int€rƒt mon€taire. Enfin l€‰tat peut accro‹tre ses d€penses publiques induisant une augmentation de la demande globale en lanŒant des programmes de grands travaux par exemple. Pour ce faire, il peut mƒme recourir au d€ficit budg€taire dont il peut esp€rer qu€il sera „ moyen terme combl€ par la reprise €conomique. Le financement de cette politique interventionniste s'op†re soit par des pr€levements obligatoires suppl€mentaires, soit une €mission de titres sur les march€s des capitaux. Les m€thodes de Keynes qui s€appuient sur l€€tude des agr€gats €conomiques (entreprises, m€nages, ‰tat‚) et se distinguent de l€€tude n€oclassique des comportements individualistes, fondent la macro€conomie [10] .

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L'ƒtat-providence Beveridgien Alors que la Seconde Guerre mondiale a finalement succ€d€ „ la crise, un €conomiste et parlementaire britannique, William Beveridge, fait de nombreuses propositions visant „ red€finir le rˆle de l€‰tat d€apr†s-guerre. En 1942, il pr€conise dans le rapport Social Insurance and Allied Services un r€gime de s€curit€ sociale visant „ • lib€rer l€homme du besoin ‚ en garantissant la s€curit€ du revenu, sans cesse menac€e par les al€as de la vie : maternit€, maladie, d€c†s, chˆmage, accident du travail‚ Pour ce faire, il propose la mise en place d€un syst†me totalement g€n€ralis€, uniforme et centralis€. Il s'int€resse plus sp€cifiquement au probl†me du chˆmage qu€il consid†re comme le risque majeur dans nos soci€t€s (Full Employment in a Free Society, 1944), et comme l€aboutissement d€finitif de tous les autres risques (maladie, maternit€‚). Il assimile le devoir de l'‰tat de garantir le plein emploi aux fonctions r€galiennes : • Ce doit •tre une fonction de l€‚tat que de prot€ger ses citoyens contre le ch…mage de masse, aussi d€finitivement que c€est maintenant la fonction de l€‚tat que de prot€ger ses citoyens contre les attaques du dehors et contre les vols et les violences du dedans. ‚ Depuis, le rˆle de l'‰tat dans l'€conomie a €t€ profond€ment modifi€.

Les d€bats contemporains Les keyn€siens Les keyn€siens vont sortir l'analyse de Keynes de son contexte original, celui d'une crise €conomique, pour en faire une m€thode de r€gulation permanente des march€s. Les prolongements de l'€cole keyn€sienne sont : “ le keyn€sianisme ou macro€conomie traditionnelle “ la th€orie du d€s€quilibre : Edmond Malinvaud “ le courant post-keynesien : Michal Kalecki, Nicholas Kaldor, Joan Robinson, Roy Forbes Harrod, Evsey Domar…(en)... “ la nouvelle €conomie keyn€sienne : George Akerlof, Joseph Stiglitz, Janet Yellen…(en), Stanley Fischer... “ l'€cole de la r€gulation : Michel Aglietta, Robert Boyer, Alain Lipietz...

Les n€o-keyn€siens Le courant n€o-keyn€sien (appel€ aussi • €quilibres „ prix fixes ‚ ou • €cole du d€s€quilibre ‚) est une synth†se des th€ories keyn€siennes et n€oclassiques. Les €conomistes de cette €cole s'int€ressent aux fondements micro€conomiques de la macro€conomie. Sur certains points, tel la rationalit€, les n€okeyn€siens sont plus proches des conceptions de Friedman que de celles de Keynes. Mais ils conservent le caract†re non volontaire du chˆmage en int€grant les syst†mes de march€ des n€oclassiques auxquels ils ajoutent des imperfections du march€ du travail comme cause de non-r€alisation du plein emploi (asym€trie d'information. al€a moral, Th€orie des insiders-outsiders...). Ce courant a €t€ initi€ par John Hicks dans les ann€es 1930, qui a pr€sent€ un mod†le succinct de la Th€orie g€n€rale en termes n€oclassiques, le mod†le IS/LM. Ses repr€sentants comportent : Franco Modigliani, Paul Samuelson, Robert Mundell, Robert Solow ou encore Edmond Malinvaud en France. Il convient de ne pas confondre ce courant avec celui des nouveaux keyn€siens et les post-keyn€siens.

Paul Samuelson

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Les mon€taristes Au d€but des ann€es 1960, plusieurs €conomistes men€s par Milton Friedman (chef de file de l'€cole de Chicago) tentent de relancer la th€orie quantitative de la monnaie mise „ mal par les analyses keyn€siennes. ‰tudiant le cas am€ricain (M. Friedman et Anna Schwartz, Une histoire mon€taire des ‚tats-Unis) il remarque que toute €volution brutale de la masse mon€taire (aussi bien son augmentation pr€conis€e par les keyn€siens dans le cadre des politiques interventionnistes, que sa diminution dans le cadre de politique de rigueur) est synonyme de d€s€quilibres €conomiques. Renouant avec la th€orie quantitative de la monnaie, ils recommandent une politique mon€taire restrictive o• l'€mission de monnaie serait limit€e „ une proportion fixe de la croissance du PIB, assurant une expansion parall†le „ celle de l€activit€. Les mon€taristes pronent €galement la mise en place d'un change flottant permettant le r€€quilibrage automatique de la balance ext€rieure. Ces conclusions remettent en cause la base des politiques keyn€siennes et suscitent de nombreux d€bats depuis.

ƒcole des choix publics La th€orie des choix publics s'est impos€e comme une discipline de l'€conomie qui d€crit le rˆle de l'‰tat et le comportement des €lecteurs, hommes politiques et fonctionnaires. Elle entend ainsi appliquer la th€orie €conomique „ la science politique. Le texte fondateur de ce courant est The Calculus of Consent publi€ en 1962 par James M. Buchanan (• Prix Nobel ‚ d'€conomie 1986) et Gordon Tullock. La politique y est expliqu€e „ l'aide des outils d€velopp€s par la micro€conomie. Les hommes politiques et fonctionnaires se conduisent comme le feraient les consommateurs et producteurs de la th€orie €conomique, dans un contexte institutionnel diff€rent : entre autres diff€rences, l'argent en cause n'est g€n€ralement pas le leur (Cf. le probl†me principal-agent). La motivation du personnel politique est de maximiser son propre int€rƒt, ce qui inclut l'int€rƒt collectif (du moins, tel qu'ils peuvent le concevoir), mais pas seulement. Ainsi, les hommes politiques souhaitent maximiser leurs chances d'ƒtre €lus ou r€€lus, et les fonctionnaires souhaitent maximiser leur utilit€ (revenu, pouvoir, etc.)

Th€orie de l'Offre La th€orie de l'offre ou supply-side, est un courant d€velopp€ „ partir des ann€es 1970 aux ‰tats-Unis qui vise „ d€montrer que la d€r€glementation ainsi que la diminution de la fiscalit€ agissent sur l'offre favorablement et permettent d'agir en profondeur sur l'€conomie. Ce courant, bas€ en particulier sur la courbe de Laffer, a eu une influence certaine sur la politique €conomique de Ronald Reagan, les reaganeconomics ainsi que sur celle de Margaret Thatcher. L'€cole des choix publics est relativement proche de ce courant, les principaux repr€sentants en sont Arthur Laffer, Robert Mundell, sans en faire partie s'inscrit par certains aspects dans ce mouvement.

Th€orie du capital humain La th€orie du capital humain est une th€orie/concept €conomique introduit par Theodore W. Schultz, puis pr€cis€ par Gary Becker -dans Human Capital, 1964- visant „ rendre compte des cons€quences €conomiques de l'accumulation de connaissances et d'aptitudes par un individu ou une soci€t€. Il comprend donc non seulement le savoir, l'exp€rience et les talents (capital-savoir), mais aussi sa sant€ physique ou sa r€sistance aux maladies.

Th€orie des contrats implicites La th€orie des contrats implicites cherche „ expliquer la d€faillance du march€ suivante : les salaires ne varient pas en fonction de la productivit€ marginale des travailleurs. Les observations empiriques montrent une progression constante des salaires au cours de la carri†re. Cela s'explique par l'aversion au risque des travailleurs et par la peur de manquer de personnel de la part des employeurs. Cela conduit „ l'€tablissement d'un contrat implicite pass€ entre ces deux agents o• le salari€ accepte un salaire inf€rieur au march€ en p€riode de plein-emploi/haute conjoncture et un maintien de son salaire en p€riode de sous-emploi/basse conjoncture (Azariadis, Implicit contracts and

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unemployment equilibria, 1975). Selon Bernard Salani€, • l'objet de la th€orie des contrats est d'appr€hender les relations d'€change entre des parties en tenant compte des contraintes institutionnelles et informationnelles dans lesquelles elles €voluent. ‚

Nouvelle €conomie classique La Nouvelle €conomie classique ou Nouvelle macro€conomie classique est un courant de pens€e €conomique qui s'est d€velopp€ „ partir des ann€es 1970. Elle rejette le keyn€sianisme et se fonde enti†rement sur des principes n€oclassiques. Sa particularit€ est de reposer sur des fondations micro-€conomiques rigoureuses, et de d€duire des mod†les macro€conomiques „ partir des actions des agents eux-mƒmes mod€lis€s par la micro-€conomie. Les nouveaux classiques comprennent Robert Lucas Jr, Finn E. Kydland, Edward C. Prescott, Robert Barro, Neil Wallace…(en), Thomas Sargent

Nouvelle €conomie keyn€sienne ‰cole de pens€e €conomique se r€clamant de la pens€e keyn€sienne pour quelques id€es seulement et s'opposant „ l'intervention trop rigoureuse de l'‰tat chaque fois que le march€ est incapable d'assurer une situation efficace. Cette nouvelle €cole n'est pas un courant de pens€e unifi€, mais ses principaux participants, - George Akerlof, Joseph Eugene Stiglitz, Gregory Mankiw, Stanley Fischer, Bruce Greenwald, Janet Yellen et Paul Romer, sont d'accord sur deux points fondamentaux: la monnaie n'est pas neutre et les imperfections des march€s expliquent les fluctuations €conomiques[11] .

Diversification actuelle de la pens€e €conomique Depuis les apports de John Maynard Keynes (macro€conomie) dans les ann€es 1930, on note une grande diversification des courants de pens€e €conomiques de nos jours, notamment par l'application de nouvelles approches techniques :

Joseph Eugene Stiglitz en 2002

“ €conomie quantitative, l'un des supports de l'€conom€trie, utilisant des techniques de mod€lisation d€riv€es des sciences physiques, “ €conomie exp€rimentale appliqu€e notamment „ la micro€conomie, “ €conomie comportementale, n€e notamment de l'€tude des anomalies des march€s financiers, “ neuro€conomie €tude du processus mental de d€cision €conomique, “ th€orie des jeux, li€e aux probl†mes de coordination des agents €conomiques. Par ailleurs, l'essor des sciences de gestion (management, marketing, organisation, relations humaines, technologies de l'information) a perfus€ en €conomie, aboutissant en particulier „ la reconnaissance du savoir, de la comp€tence et de l'information comme facteur essentiel (€conomie de la connaissance) de production et de d€veloppement, en plus des trois • classiques ‚ : ressources naturelles, travail et capital.

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Notes et r€f€rences [1] [2] [3] [4] [5]

G.Lelarge, Dictionnaire th€matique de citations €conomiques et sociales, Hachette ‰ducation, Paris, 1993, pp.115 imposition de la propri€t€ priv€e des terres Friedrich Hayek, "Lecture on a Master Mind : Dr. Bernard Mandeville", Proceedings of the British Academy, 1966, vol. 52, p. 125-141 Robert L. Heilbroner, Les grands €conomistes, Points Seuil, p.55 cette r€f€rence est souvent abusive : l'expression n'appara‹t qu'une seule fois dans l'immense ouvrage que constitue La Richesse des Nations et ne sert „ d€crire que les activit€s du petit artisanat [6] Chez Smith, c'est la valeur travail command€ alors que Ricardo opte pour la valeur travail incorpor€ [7] R. Heilbroner, Les grands €conomistes, p. 41 [8] R. Heilbroner, Les grands €conomistes, p. 75 [9] Rosa Luxembourg : R. Luxemburg : L'accumulation du capital (http:/ / www. marxists. org/ francais/ luxembur/ works/ 1913/ index. htm) [10] on peut toutefois noter que Ricardo avait d€j„ fait des €tudes sur l€influence de la r€partition des revenus entre classes sociales [11] Marc Montouss€ (1999), Th€ories €conomiques, Paris, Br€al, p.242

Annexes Bibliographie “ Joseph Alois Schumpeter, Histoire de l€analyse €conomique, Traduit de l'anglais sous la direction de Jean-Claude Casanova, pr€face de Raymond Barre, trois tomes, Gallimard, 1983, collection Tel 2004 (1600 p. au total, une v€ritable mine, un monument d€€rudition et d€intelligence de la connaissance €conomique). “ Maurice Basl€, Histoire des pens€es €conomiques, Sirey, Paris, 1997. “ Ghislain Deleplace, Histoire de la pens€e €conomique, Sirey, Paris, Dunod, 1999, ISBN 2-10-004233-5 “ FranŒoise DubŠuf, Introduction aux th€ories €conomiques, Rep†res, La D€couverte, 1999, ISBN 2707129577 “ Philippe Steiner, Sociologie de la connaissance €conomique. Essai sur les rationalisations de la connaissance €conomique (1750-1850), PUF, 1998. “ Karl Pribram, Les fondements de la pens€e €conomique, Economica, 1986

Articles connexes “ “ “ “ “ “ “

Histoire €conomique ‰conomie Th€orie €conomique Chronologie de la pens€e €conomique Orthodoxie et h€t€rodoxie en €conomie Prix de la Banque de Su†de en sciences €conomiques en m€moire d'Alfred Nobel Chronologie des faits €conomiques

Liens externes “ (en) History of Economic Thought Website (http://cepa.newschool.edu/het/) “ Histoire des faits et des id€es €conomiques (VIII†me-XX†mes si†cles), Cours de l'Universit€ de Bretagne Occidentale (http://www.univ-lille1.fr/bustl-grisemine/pdf/cours-td/G2002-37.pdf) Pens€e €conomique orientale : “ • Islam and Science: Ibn Khaldun ‚ (http://web.archive.org/web/20000920053801/http://www.bath.ac.uk/ ~mamjr/ibnkhaldun.htm) “ • Ibn Jaldun: El Primer Sociplogo de la Historia ‚ par R.H. Shamsuddin Elia, Instituto Argentino de Cultura Islamica (http://web.archive.org/web/20030608172026/http://www.ryerson.ca/~lovewell/khaldun.html) “ The Sharia'h economic framework (http://www.financialislam.com/islamic-economics--finance.html) Pens€e scolastique:

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Histoire de la pens€e €conomique “ • Le "juste prix" dans la Scolastique ‚, Jean-Pierre Potier (http://ses.ens-lsh.fr/potier/index.php?arc=ht1a)

Chr€matistique La chr€matistique (de chr„matistikos, qui concerne la gestion ou la n€gociation des affaires et plus particuli†rement les affaires d'argent ; ta chr„mata, les richesses ou deniers) est une notion cr€€e par Aristote pour d€crire la pratique visant „ l'accumulation de moyens d'acquisition en g€n€ral, plus particuli†rement de celui qui accumule la monnaie pour elle-mƒme et non en vue d'une fin autre que son plaisir personnel[1] . Aristote condamne cette attitude.

Une notion aristot€licienne Aristote (vers 384 „ 322 av. J.-C.) montre dans de nombreux textes dont l'‚thique ƒ Nicomaque la diff€rence fondamentale entre l'€conomique et la chr€matistique. La chr€matistique est l'art de s'enrichir, d€acqu€rir des richesses. Elle s'oppose „ la notion d'€conomie (de o†kos, la maison donc la communaut€ au sens €largi, et nomia, la r†gle, la norme) qui d€signe, elle, la norme de conduite du bien-•tre de la communaut€, ou maison au sens tr†s €largi du terme. Aristote introduit deux formes possibles de chr€matistique.

La "chr€matistique naturelle" ou "n€cessaire" Aristote La premi†re est li€e „ la n€cessit€ de l'approvisionnement de l'o•kos, c'est-„-dire de la famille €largie au sens de communaut€. On ne peut pas la d€nigrer, car elle est n€cessaire „ la survie. On distingue dans cette chr€matistique naturelle l'art naturel au sens propre - celui reli€ „ la prise de possession directe ou „ l'utilisation du travail des esclaves pour s'autosuffire - de l'art naturel par l'€change n€cessaire. Ce dernier est indispensable puisque l'autosuffisance reste difficile „ maintenir. Aristote admet le troc et l'€change pratiqu€ par la monnaie comme important, mais insiste sur le fait que cette derni†re ne doit pas ƒtre accumul€e, qu'elle ne doit ƒtre utilis€e que pour r€aliser l'€change.

La "chr€matistique" proprement dite ou "commerciale" La seconde forme de chr€matistique est radicalement diff€rente et est li€e au fait de "placer la richesse dans la possession de monnaie en abondance". C'est l'accumulation de la monnaie pour la monnaie (la chr€matistique dite "commerciale") qui, selon Aristote, est une activit€ "contre nature" et qui d€shumanise ceux qui s'y livrent : en effet, toujours selon Aristote, l'homme est par nature un "zoon politikon" animal politique (politikos, citoyen, homme public) . Et dans de nombreux textes, Aristote pr€cise bien qu'il est "fait pour vivre ensemble" ou encore "en €tat de communaut€". C'est de ce point de vue qu'Aristote se place lorsqu'il d€clare que la politique consiste avant tout „ "organiser et maintenir l'€tat d'amiti€ entre les citoyens". Ainsi, suivant l€exemple de Platon, il condamne le go•t du profit et l'accumulation de richesses. En effet, la chr€matistique commerciale substitue l€argent aux biens ; l€usure cr€e de l€argent „ partir de l€argent ; le marchand ne produit rien : en l'absence de r†gles strictes visant leurs activit€s et d'un contrˆle de la communaut€ dans son ensemble, tous sont condamnables d'un point de vue politique, €thique et philosophique. Bien qu'Aristote traite la chr€matistique comme un ensemble de ruses et de strat€gies d€acquisition des richesses pour permettre un accroissement du pouvoir politique, il la condamnera toujours en tant que telle et donnera une place beaucoup plus importante „ l€€conomie : il s'agit de ce point de vue d'un auteur fondamental dans l'Antiquit€, et qui aura une tr†s grande influence durant toute la p€riode m€di€vale.

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Chr€matistique

Une reprise du concept par la chr€tient€ m€di€vale L'‰glise catholique tout au long du Moyen ‘ge reprend la critique aristot€licienne contre cette pratique €conomique et la d€clare contraire „ la religion. Thomas d'Aquin, dans sa Somme Th€ologique, affirme ainsi: •…Le n€goce consiste ƒ €changer des biens. Or Aristote distingue deux sortes d'€changes. L'une est comme naturelle et n€cessaire, et consiste ƒ €changer [...] pour les n€cessit€s de la vie." L'autre forme, au contraire, "consiste ƒ €changer [...] non plus pour subvenir aux n€cessit€s de la vie, mais pour le gain.[...] Voilƒ pourquoi le n€goce, envisag€ en lui-m•me, a quelque chose de honteux, car il ne se rapporte pas, de soi, ƒ une fin honn•te et n€cessaire.…‚ Cependant, Thomas d'Aquin rel†ve ensuite qu'il est possible que le gain dans l'€change puisse ƒtre tol€r€, d†s lors qu'entre l'achat et la revente, "soit que l'on ait am€lior€ cet objet, soit que les prix aient vari€s selon l'€poque [...], soit en raison des risques auxquels on s'expose en transportant cet objet [...]." Dans ce cas, le n€goce avec un gain est licite. De mƒme "quand un homme se propose d'employer le gain mod€r€ qu'il demande au n€goce, ƒ soutenir sa famille ou ƒ secourir les indigents, ou encore quand il s'adonne au n€goce pour l'utilit€ sociale [...]"[2] , il n'est pas illicite de r€aliser un gain dans l'€change. C'est donc le mobile du n€goce qui est condamnable ou licite pour Thomas d'Aquin. De nombreux auteurs estiment que la mise en Šuvre de cette doctrine de l'‰glise fut un obstacle au d€veloppement €conomique.

Condamnation de la chr€matistique commerciale par l'€conomie politique La critique aristot€licienne de la chr€matistique est reprise par de grands auteurs, notamment avec les analyses de l'€cole classique. Ainsi, Karl Marx, dans des pages fameuses du Capital reprend l'analyse des cons€quences sur les personnes de ce qu'il nomme, apr†s Virgile (‚n€ide, III, 57), auri sacra fames (maudite soif de l€or) du nom latin donn€ „ cette passion d€vorante de l'argent pour l'argent, c'est-„-dire de la chr€matistique commerciale instaur€e par ceux qu'il appelle • les €conomistes ‚. En €laborant une analyse de la "m€tamorphose" du capital, Marx montre que le capitalisme est un syst†me permettant avant tout de faire de l'argent pour de l'argent. Pour lui, la marchandise n'est plus qu'un moyen d'accro‹tre le capital, ce qu'il repr€sente par ce circuit: A - M - A' , o• une somme d'argent de d€part (A) permet, grŽce „ la production de marchandise (M), de cr€er une somme d'argent sup€rieure (A'), qui elle mƒme pourra g€n€rer encore plus d'argent grŽce „ une nouvelle production de marchandises. Par la suite, John Maynard Keynes n'aura de cesse de critiquer • l'amour de l'argent ‚ et de condamner l'appŽt du gain[3] . Keynes cherchera „ comprendre quels sont les m€canismes psychologiques poussant chacun „ accumuler la monnaie pour elle-mƒme, en reprenant les analyses freudiennes „ ce sujet. L'incertitude quant „ l'avenir, et plus g€n€ralement la peur de la mort en sont les principaux moteurs ; la possession de monnaie et l'accumulation sont alors l„ pour rassurer l'individu. On peut citer Keynes pour montrer sa condamnation ferme de ce que l'on peut clairement apparenter „ la chr€matistique : • L'amour de l'argent comme objet de possession - distinct de l'amour de l'argent comme moyen de go•ter aux plaisirs et aux r€alit€s de la vie - sera reconnu pour ce qu'il est, une passion morbide plutˆt r€pugnante, une de ces inclinations „ moiti€ criminelles, „ moiti€ pathologiques, dont on confie le soin en frissonnant aux sp€cialistes des maladies mentales[4] . ‚

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Critiques contemporaines Plus r€cemment d'autres auteurs ont consid€r€ que la pratique chr€matistique a usurp€ le nom d'€conomie pour agir sous couvert de recherche du bien-ƒtre g€n€ral et pour b€n€ficier d'une aura de scientificit€, l'€conomie €tant devenue une science. Les €conomistes n€oclassiques, avec la th€orie du management telle qu'elle est enseign€e aujourd'hui dans les €coles de gestion, auraient proc€d€ „ une v€ritable trahison chr€matistique, selon l'expression d'Omar Aktouf[5] . En 2010, l'€conomiste am€ricain Joseph Eugene Stiglitz publie son livre Le triomphe de la cupidit€.

R€f€rences [1] Les mercantilistes feront plus tard allusion „ la th€saurisation et „ l'accumulation des richesses, notamment de la monnaie m€tallique. [2] Thomas d'Aquin, Somme Th€ologique, €ditions du Cerf, lien (http:/ / bibliotheque. editionsducerf. fr/ par page/ 1411/ TM. htm) [3] Keynes et ses combats, G. Dostaler, Albin Michel, 2009. Dostaler affirme dans son ouvrage que Keynes a lu Aristote et tombe d'accords avec lui sur la condamnation de la chr€matistique commerciale. Keynes aurait ainsi affirm€, ƒ propos de l'Ethique ƒ Nicomaque: "on n'a jamais parl€ en si bon sens - avant ou apr„s. [4] Perspectives €conomiques pour nos petits enfants in Essais de Persuasion, J. M. Keynes, 1930, Les Classiques des Sciences Sociales, lien (http:/ / dx. doi. org/ doi:10. 1522/ cla. kej. ess) [5] in La Strat€gie de l'Autruche, Omar Aktouf, 2002

Mercantilisme Le mercantilisme est un courant de la pens€e €conomique, contemporain de la colonisation du Nouveau Monde et du triomphe de la monarchie absolue ( depuis le XVIe…si†cle jusqu'au milieu du XVIIIe…si†cle en Europe). Il consid†re que "le prince, dont la puissance repose sur l'or et sa collecte par l'imp…t, doit s'appuyer sur la classe des marchands et favoriser l'essor industriel et commercial de la Nation afin qu'un exc€dent commercial permette l'entr€e des m€taux pr€cieux[1] ". Cette croyance va se g€n€raliser et plaider en faveur d'une vision Le Lorrain, Port de mer avec la villa M€dicis, dynamique de la politique de l'€conomie nationale. Les tenants du 1638 mercantilisme prˆnent le d€veloppement €conomique par l'enrichissement des nations au moyen d'un commerce ext€rieur convenablement organis€ en vue de d€gager un exc€dent de la balance commerciale. R€sultat qui est obtenu par un investissement raisonn€ et volontaire dans des activit€s €conomiques „ rendement croissant, comme l'avait identifi€ l'€conomiste italien Antonio Serra d†s 1613. Pour ce faire l'‰tat se trouve investi de la responsabilit€ de d€velopper la richesse nationale, en adoptant des politiques pertinentes de nature d€fensive (protectionnisme) mais aussi offensive (Exportation et Industrialisation). De nos jours, la discussion de la pertinence et de la validit€ des id€es mercantilistes refait surface, notamment dans le d€bat tr€s contemporain sur la mondialisation. Se reporter ci dessous au chapitre final, en prenant garde „ ne pas r€duire ce mouvement „ ses seuls aspects d€fensifs (protectionnisme).

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Origines Le terme vient du latin mercari, •faire du commerce‚, et de la racine merx, •la marchandise‚. Le marquis de Mirabeau est le premier „ employer ce terme en 1763, popularis€ „ partir de 1776 par Adam Smith [2] . Certains auteurs font valoir que le mercantilisme n'est pas un courant de pens€e en tant que tel [3] , d'autres comme Georges Lefranc [4] sont d'un avis tout „ fait contraire. Pour ces derniers, nous sommes en pr€sence d'une rupture remarquable. Jusqu'au XVI” si†cle en effet,la th€orie €conomique tient peu de place. Mais , avec le •mercantilisme‚, celle-ci va commencer „ apparaitre dans le d€bat public . Et cette doctrine prend corps dans un contexte doublement favorable et porteur : D'une part au lendemain des d€couvertes maritimes , d'autre part „ l'€poque de l'€mergence des ‰tats-Nations. Du XVI” au XVIII”, le mercantilisme se constitue progressivement en formalisant et en unifiant les "usages et bonnes pratiques" de la th€orie mercantile. Par suite les formulations deviennent plus €labor€es et plus volontaristes, comme celle promue et syst€matis€e en France par Jean-Baptiste Colbert (le Colbertisme). Au cours de cette p€riode une litt€rature diversifi€e se r€pand dans la plupart des nations europ€ennes en s'adaptant aux sp€cificit€s nationales: Le bullionisme - influent en Espagne - pr€conise l'accumulation de m€taux pr€cieux ; Le colbertisme - mis en Šuvre en France - fait de l'‰tat un promoteur actif dans la sph†re du Commerce, mais aussi de l'Industrie ; Le commercialisme - mis en Šuvre en Hollande ou en Angleterre - voit dans le commerce ext€rieur la source de la richesse d'un pays. Cons€quence de cette rupture : les questions €conomiques €chappent aux th€ologiens, certains d'entre eux devenant eux-aussi th€oriciens du mercantilisme comme Giovanni Botero. L'autonomisation naissante de l'€conomie est r€alis€e par les conseillers des princes et des marchands : Cornelius Houtman est le fondateur en Hollande de la Compagnie des Pays lointains (1592), Montchrestien (1576-1621) est conseiller du prince, Jean Bodin (1530-1596) et Charles de Montesquieu sont des magistrats, Jean-Baptiste Colbert et Jacques Necker des ministres des Finances, Thomas Mun et Josiah Child sont dirigeants de la Compagnie anglaise des Indes orientales, William Petty (1623-1687) un homme d'affaires, John Law et Richard Cantillon financiers. (Etner 2005, p.3012).

Progr•s des savoirs, des techniques et des modes de vie Le mercantilisme se d€veloppe en pleine transition de l'€conomie europ€enne: progr†s techniques dans la navigation (gouvernail d'€tambot qui permet de piloter des navires d'une charge utile plus importante) d€veloppement des centres urbains qui provoque une forte demande de consommation et favorise une croissance rapide du commerce local et/ou international[5] introduction du principe de la comptabilit€ en partie double et de la comptabilit€ moderne. Cette comptabilit€ permet de pr€senter d'une faŒon claire les flux de commerce, et contribue „ l'€tude attentive de la balance commerciale[6] cr€ation de soci€t€s par actions permanentes(alors qu'autrefois elles ne vivaient que la dur€e d'une exp€dition) o• les associ€s n'ont qu'une responsabilit€ limit€e (les commanditaires des syst†mes pr€c€dents €taient engag€s de mani†re illimit€e)[7]

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Autonomisation de l'activit€ €conomique Jusqu'au XVI”s, la r€flexion €conomique en Europe est principalement l'Šuvre des th€oriciens scolastiques. L'objectif est de trouver un syst†me €conomique compatible avec les doctrines chr€tiennes de pi€t€ et justice. Les r€flexions portent principalement sur les €changes au niveau local entre individus.Inspir€es d'Aristote et Platon,et fortement influenc€es par l'‰glise, les conceptions €conomiques d'alors d€noncent la chr€matistique , l'accumulation des richesses et le prƒt „ int€rƒt. L'activit€ €conomique est consid€r€e comme un jeu plutˆt statique, „ somme nulle, dans lequel ce qui est gagn€ par l'un, est obtenu aux d€pens de l'autre. Les id€es mercantilistes marquent la fin de ces repr€sentations. Le mercantilisme appara‹t dans un contexte intellectuel o• l'homme, avec Copernic et Galil€e, passe • du monde clos „ l'univers infini ‚[8] . L'esprit de la Renaissance entend lib€rer la cr€ativit€ humaine de l'ordre cosmique pr€d€termin€. La nouvelle •mentalit€ mercantiliste‚ co•ncide avec cet objectif et met en avant la probl€matique de l'enrichissement „ partir d'activit€s ayant un rendement croissant ( fabriquer et vendre des produits manufactur€s plutˆt que de vendre des produits bruts ). Si la vision mercantiliste justifie les r€flexes d€fensifs (protectionnisme) il serait injuste de ne pas voir que certains de ses courants promeuvent l'id€e plus positive et offensive selon laquelle certaines activit€s €conomiques sont pr€f€rables „ d'autres (effets de rendements croissants ou comme dit „ l'€poque • plus que proportionnels ‚). D†s 1485, la formule d'Henri VII "exporter des biens manufactur€s et importer des produits bruts" r€sume l'essentiel de ce que sera la politique industrielle anglaise et sa future prosp€rit€.

Essor des ƒtats-nations Alors que les anciens pouvoirs f€odaux c†dent la place „ des ‰tat-nations centralis€s, le mercantilisme a su correspondre avec les besoins de l'€poque : Il recherche activement les meilleures conditions pour que les nouveaux ‰tats soient en mesure d'assurer leurs nouvelles responsabilit€s, notamment par le biais d'un commerce raisonn€ et b€n€fique L'€mergence d'id€es mercantilistes co•ncide avec la mont€e en puissance d'‰tats nations face „, d'un cˆt€ l'universalisme du pouvoir de l'‰glise, et, de l'autre, le localisme des structures du pouvoir f€odal[9] . La p€riode voit la naissance d'un • art du politique ‚, orient€ vers l'efficacit€ pratique, (cf.Nicolas Machiavel 1513 -1520) puis l'apparition de la primaut€ de la •raison d'‰tat‚ dont Giovanni Botero (1589) est le premier th€oricien - dans les relations internationales. Mais c'est surtout Jean Bodin, qui, dans Les Six Livres de la R€publique (1576) associe th€orie de la souverainet€ de l'‰tat aux id€es mercantilistes. “ Ces r€flexions se traduisent rapidement par la promulgation de r€glements et de l€gislations mercantilistes : ainsi, en Angleterre,les lois sur la navigation (Navigation Act, 1651) mises en place par le gouvernement d'Oliver Cromwell[10] grŽce auxquelles la puissance de la Royal Navy, assurera la pr€€minence de ce pays sur le commerce international. (Apr†s €limination du rival Hollandais par les quatre guerres anglo-hollandaises du XVIIIe…si†cle). “ Les id€es mercantilistes alimentent des conflits arm€s tout au long des XVIIe et XVIIIe…si†cle. Alors que le stock de richesses est consid€r€ comme relativement fixe, la seule faŒon d'accro‹tre la richesse d'un pays ne peut se faire qu'au d€triment d'un autre. De nombreuses guerres, dont les guerres anglo-hollandaise, franco-hollandaise, et franco-anglaise se d€clenchent sur la base d'un "nationalisme €conomique". “ Le mercantilisme contribue €galement au d€veloppement de relations €conomiques plus ou moins forc€es et/ou in€gales (Apparitions de l'imp€rialisme et du colonialisme): toute nation r€put€e forte doit chercher „ s'emparer de territoires pour obtenir un acc†s aux mati†res premi†res et/ou un d€bouch€ „ ses activit€s. Au cours de la p€riode, le pouvoir des nations europ€ennes s'€tend tout autour du globe. ‡ l'instar de l'€conomie int€rieure, cette expansion fut souvent le fait de monopoles, tels que les Compagnie des Indes ou la Compagnie de la Baie d'Hudson.

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Mont€e de l'esprit individualiste Cette vision pessimiste de la nature humaine,(int€gr€e par exemple aux travaux de Thomas Hobbes) selon laquelle chaque agent essaye de trouver son avantage, fut-ce aux d€triment des autres, se retrouve €galement dans la vision puritaine du monde. Pour les membres des nouvelles classes sociales et des nouveaux m€tiers, la r€ussite se r€v†le ƒtre une affaire d'action, d'initiative et de volont€ largement personnelle. Le "salut individuel" apparait de plus en plus conditionn€ par les „uvres, et moins par le statut ou le discours.

Politiques mercantilistes Elles sont l'illustration de la diffusion et de l'adaptation des id€es mercantilistes dans toute l'Europe au d€but de la p€riode moderne, avec cependant des destins divers[11] :

Echec en Espagne Le mercantilisme se r€sume „ un "bullionisme" (id€e selon laquelle la possession de m€taux pr€cieux fait la richesse et la puissance des nations). Selon CJ Gignoux cit€ par G Lefranc (op cit) : "la mentalit€ qui l'inspire n'est pas celle d'un commer‡ant, mais d'un propri€taire soucieux de ne rien laisser sortir de son domaine et qui d'ailleurs au terme de ce r€gime s'€puisera dans une lente et progressive an€mie". La d€cadence politique et €conomique de l'Espagne est consacr€e en 1588, suite „ la d€route de l'"Invincible Armada". Lors de la crise €conomique qui la touche au XVIIe…si†cle, l'Espagne met en place de nombreuses politiques €conomiques sans trop de coh€rence, mais l'adoption par Philippe V d'Espagne des mesures inspir€es du "mercantilisme „ la franŒaise" connait un succ†s relatif.

Br•ve h€g€monie hollandaise De 1588 jusque vers 1650, les Pays Bas du Nord sont des pr€curseurs: une bonne partie de l'empire portugais tombe entre leurs mains. Ils fondent les premi†res compagnies maritimes et augmentent la charge utile des navires : Vers 1650,on estime qu'ils disposent de 16.000 batiments (contre 4.000 anglais et 500 franŒais) qu'ils n'h€sitent pas „ rentabiliser tant „ l'export qu'„ l'import. L'activit€ commerciale est accompagn€e par une activit€ industrielle orient€e „ l'exportation. Simultan€ment, les premi†res soci€t€s par actions permanentes et „ responsabilit€ limit€e sont cr€€es. La place d'Amsterdam remplace celle d'Anvers, et la Banque d'Amsterdam est cr€€e en 1609. En 1611, est cr€€e la premi†re "Bourse" r€unissant les n€gociants en un lieu d€termin€ et „ heures fixes. Sur le plan du Droit, leur juriste Grotius(1609) formule le principe de la "libert€ des mers" et conteste toute id€e de "partage du monde". R€sultat de cette politique ? : " l'opulence parfois un peu vaniteuse des riches bourgeois hollandais frappe les contemporains. Huet, Ev•que d'Avranches admire qu'une poign€e de marchands r€fugi€s dans ce petit pays qui ne produit pas ƒ beaucoup pr„s de quoi nourrir ses habitants, aient abattu la puissance €norme de la monarchie d'Espagne et aient fond€ un ‚tat puissant qui fait €quilibre entre toutes les autres puissances[12] "

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Le Colbertisme En France, le mercantilisme aurait vu le jour au d€but du XVIe…si†cle, peu de temps apr†s l'affermissement de la monarchie. En 1539, un d€cret royal interdit l'importation de marchandises „ base de laine d'Espagne et d'une partie de la Flandre. L'ann€e suivante, des restrictions sont impos€es „ l'exportation d'or[13] . Des mesures protectionnistes se sont multipli€es tout au long du si†cle. Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), contrˆleur g€n€ral des finances pendant dix-huit ans (1665-1683), est le principal instigateur des id€es mercantilistes en France, ce qui conduit certains „ parler de colbertisme en d€signant le mercantilisme franŒais. Sous Colbert, le gouvernement franŒais s'implique de faŒon importante dans l'€conomie afin d'accro‹tre les exportations. Des Manufactures , voire des …villages-usines† sont cr€€s . Ainsi par exemple la • ville nouvelle ‚ de M         Villeneuvette ( dans l'H€rault , Voir site pr€sentation :[14] ) qui est construite mercantiliste, Jean-Baptiste Colbert pour fabriquer des draps adapt€s aux d€bouch€s orientaux de la m€diterran€e : ˆNous avons approuv€ l'€tablissement qui a €t€ fait sous notre bon plaisir d'une Manufacture de draps ƒ Villeneuve-lez-Clermont , dioc„se de Lod„ve en notre province de Languedoc .‰ [15] Colbert intervient €galement pour abaisser les obstacles au commerce en r€duisant les droits de douane int€rieurs et en construisant un important r€seau de routes et canaux. Les politiques men€es par Colbert sont dans l'ensemble efficaces, et permettent „ l'industrie et „ l'€conomie franŒaises de cro‹tre consid€rablement durant cette p€riode, faisant de la France une des plus grandes puissances europ€ennes. Malgr€ ces politiques efficaces, l'Angleterre et la Hollande devancent toujours la France[16] .

L'angleterre puissance commerciale En Angleterre, le mercantilisme atteint son apog€e durant la p€riode dite du Long Parliament (1640„1660). Les politiques mercantilistes ont aussi €t€ appliqu€es durant les p€riodes Tudor et Stuart, avec notamment Robert Walpole comme principal partisan. Le contrˆle du gouvernement sur l'€conomie domestique €tait moins important que dans le reste du continent, en raison de la tradition de la Common law et le pouvoir croissant du parlement[17] . Les monopoles contrˆl€s par l'‰tat n'€taient pas rares, notamment avant la premi†re r€volution anglaise. Mais leur existence fait l'objet de d€bats : Les auteurs mercantilistes anglais sont partag€s sur la n€cessit€ d'un contrˆle de l'€conomie int€rieure. Le mercantilisme anglais s'int€resse surtout au contrˆle du commerce international. Une large gamme de r€gulations encourage les William Petty exportations et d€courage les importations. Des droits de douane sont instaur€s sur les importations et des subventions „ l'exportation ont €t€ mises en place. L'exportation de certaines mati†res premi†res est interdite. Les Navigation Acts interdisent aux marchands €trangers de faire du commerce int€rieur en Angleterre. Lorsque l'Angleterre €tend ses colonies et les fait passer sous son contrˆle, des r†gles y sont €dict€es les autorisant „ produire seulement des mati†res premi†res et „ faire du commerce uniquement avec l'Angleterre. Cela conduit „ des tensions croissantes avec les habitants de ces colonies. Difficult€s qui seront par exemple une des causes majeures de la guerre d'ind€pendance des ‰tats-Unis. ( cf l'€pisode fameux de la Boston Tea Party )

Mercantilisme Ces politiques ont grandement contribu€ „ ce que l'Angleterre devienne le plus important commerŒant au monde, et une puissance €conomique internationale s'appuyant sur sa flotte de guerre, la Royal Navy, constitu€e grŽce „ la puissance fiscale de l'‰tat, comme le montre Patrick O'Brien. Sur le plan int€rieur, la conversion des terres non cultiv€es en terres agricoles a eu un effet durable. Les mercantilistes pensaient que pour maximiser le pouvoir d'une nation, toutes les terres et les ressources devaient ƒtre utilis€es au maximum, ce qui conduisit „ lancer des projets majeurs comme le drainage de la r€gion des Fens[18] .

Dans d'autres pays Les autres nations ont €pous€ les th†ses mercantilistes „ des degr€s divers. “ En Europe centrale et en Scandinavie apr†s la Guerre de Trente Ans (1618„1648), o• Christine de Su†de et Christian IV de Danemark deviennent de notables partisans du m€rcantilisme. Les empereurs d'Autriche-Hongrie Habsbourg ont longtemps €t€ int€ress€s par les id€es mercantilistes, mais l'€tendue et la relative d€centralisation de cet empire rendaient l'application de telles mesures difficiles. Certains ‰tats de l'empire ont embrass€ les th†ses mercantilistes, notamment la Prusse, qui sous Fr€d€ric le Grand a peut-ƒtre connu l'€conomie la plus rigide d'Europe. L'Allemagne allait ainsi donner, sur cette base doctrinale, naissance „ une €cole dite des • cam€ralistes ‚ qui allait garder une influence jusqu'au XIXe…si†cle. “ En Russie, o• Pierre Ier de Russie (Pierre le Grand) tente de le mettre en Šuvre sans trop de succ†s „ cause de l'absence d'une classe significative de commerŒants ou d'une base industrielle.

Th€orie mercantiliste Le mercantilisme n'est au d€part certainement pas un courant de pens€e homog†ne, et pas davantage une th€orie €conomique unifi€e. Il renvoie „ des pratiques et „ des politiques diverses d'‰tats naissants „ la recherche de l€gitimit€ dans des contextes diff€rents : Espagne, Hollande, Angleterre, France ... Si tous les €conomistes europ€ens qui ont €crit entre 1500 et 1750 sont, de nos jours, €tiquet€s comme mercantilistes, La bataille de Scheveningen, 10 ao•t 1653 par Jan Abrahamsz aucun d'eux ne se situe sur le plan de la th€orie Beerstraaten, dessin€ c. 1654, repr€sente la bataille finale de la €conomique: En revanche tous s'efforcent de d€gager les premi†re guerre anglo-hollandaise meilleures pratiques relatives „ un domaine particulier de l'€conomie [19] . Un certain degr€ de formalisation viendra par la suite, et de faŒon pragmatique, sous la conduite de personnalit€s fortes comme Jean Baptiste Colbert qui, pour forger la doctrine du Colbertisme, b€n€ficiera d'un champ d'action €tendu,d'une longue dur€e aux affaires, et d'un pouvoir quasi sans limite (comme ministre d'‰tat du "Roi-Soleil") Ce n'est que bien plus tard ( au XX”s) que des chercheurs s'efforcent - avec plus ou moins de succ†s- de regrouper ces diverses pratiques dans un corpus th€orique. Eli F. Heckscher[20] voit dans les €crits de l'€poque „ la fois un syst†me de pouvoir politique, un syst†me de r€glementation de l€activit€ €conomique, un syst†me protectionniste et aussi un syst†me mon€taire avec la th€orie de la balance du commerce. Toutefois d'autres auteurs rejettent l'id€e d'un syst†me mercantiliste pour la raison qu'il est fond€ sur une unit€ fictive de concepts disparates[21] L'historien de la pens€e €conomique, Mark Blaug, allant mƒme jusqu'„ qualifier le mercantilisme de • valise encombrante ‚, de • diversion d€historiographie ‚, et de • baudruche th€orique g€ante[22] ‚. Toutefois, on peut trouver des param†tres communs chez les diff€rents auteurs: “ Le commerce comme enjeu de puissance : Certains mercantilistes conŒoivent le syst†me €conomique comme un jeu „ somme nulle, o• le gain r€alis€ par un agent se traduit par la perte d'un autre agent . Comme le dit „

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Mercantilisme l'€poque Jean Bodin • il n€y a personne qui gagne qu€un autre n€y perde ‚ (Les Six livres de la R€publique). De ce fait, toute politique €conomique b€n€ficiant „ un groupe d'individus, €tant par d€finition n€faste „ un autre, l'€conomie int€rieure n'a que tr†s peu d'effet sur l'augmentation du bien-ƒtre social g€n€ral [23] . Et puisque le commerce int€rieur n'augmente pas ou peu la richesse nationale, il est donc justifi€ et souhaitable de donner la priorit€ au commerce ext€rieur pour r€pondre „ cet imp€ratif. “ Au d€but du XVIIIe…si†cle, la th•se de l'avantage mutuel est plus g€n€ralement accept€e : Elle assure que chaque pays qui prend part au commerce international peut pr€tendre y trouver avantage et profit [24] . Mais il semble que les €crits mercantilistes sont g€n€ralement produits pour justifier a posteriori des choix politiques, plutˆt que d'en €valuer l'impact a priori, en vue de d€terminer la meilleure option „ mettre en Šuvre[25] . “ La recherche de la richesse : Les premi†res th€ories mercantilistes d€velopp€es au d€but du XVIe…si†cle sont marqu€es par le bullionisme (de l'anglais bullion : or en lingots). • La double fonction que remplit l€Argent, comme instrument de commerce et comme mesure des valeurs, a naturellement livr€ cette id€e populaire que l€Argent fait la richesse, ou que la richesse consiste dans l€abondance de l€or et de l€argent [•]. On raisonne de la m•me mani„re ƒ l€€gard d€un pays. Un pays riche est celui qui abonde en argent, et le moyen le plus simple d€enrichir le sien, c€est d€y entasser l€or et l€argent [•]. Du fait du succ„s croissant de ces id€es, les diff€rentes nations d€Europe se sont appliqu€es, quoique sans beaucoup de succ„s, ƒ chercher tous les moyens possibles d€accumuler l€or et l€argent. L€Espagne et le Portugal, possesseurs des principales mines qui fournissent ces m€taux ƒ l€Europe, en ont prohib€ l€exportation sous les peines les plus graves, ou l€ont assujettie ƒ des droits €normes. Cette m•me prohibition a fait longtemps partie de la politique de la plupart des nations de l€Europe. On la trouve m•me lƒ oŠ l€on devrait le moins s€y attendre, dans quelques anciens actes du parlement d€‚cosse, qui d€fendent, sous de fortes peines, de transporter l€or et l€argent hors du royaume. La m•me politique a aussi €t€ mise en place en France et en Angleterre ‚ ……Richesse des nations, Adam Smith ,livre IV, chapitre I “ Le r‡le croissant des ƒtats-Nations : Durant cette p€riode, d'importantes quantit€s d'or et d'argent affluent des colonies espagnoles du Nouveau Monde vers l'Europe. Pour les €crivains bullionistes, tels que Jean Bodin ou Thomas Gresham, la richesse et le pouvoir de l'‰tat sont mesur€s par la quantit€ d'or qu'il poss†de. Chaque nation doit donc accro‹tre ses r€serves d'or aux d€pens des autres nations pour accro‹tre son pouvoir. La prosp€rit€ d'un ‰tat est cens€e ƒtre mesur€e par la richesse accumul€e par le gouvernement, sans r€f€rence au revenu national. Cet int€rƒt pour les r€serves d'or et d'argent s'explique en partie par l'importance de ces mati†res premi†res en temps de guerre. Les arm€es comprennent nombre de mercenaires qui sont pay€s en or. Sauf pour les quelques pays europ€ens qui contrˆlent les mines d'or et Thomas Gresham, marchand et financier anglais d'argent, le commerce international reste la principale m€thode d'acquisition de ces mati†res premi†res. Ainsi l'‰tat qui exporte davantage qu'il n'importe, enregistre une • balance du commerce ‚ (ce qui correspond, de nos jours, „ la balance commerciale) exc€dentaire. Ce qui se traduit par une entr€e nette d'argent. Les mercantilistes consid†rent donc l'exc€dent commercial comme objectif €conomique majeur et proscrivent l'exportation d'or . Les • bullionistes ‚ prescrivaient en outre la mise en place de taux d'int€rƒt €lev€s pour encourager les investisseurs „ investir leur argent dans le pays. Au XVIIe…si†cle se d€veloppe une version plus €labor€e des id€es mercantilistes, qui rejette la vision simpliste du bullionisme. Les auteurs, tel Thomas Mun, €largissent la d€finition de l'objectif principal : Certes l'or demeure la principale richesse , mais l'accroissement de la richesse peut aussi r€sulter de l'accumulation d'autres sources , telles que les marchandises par exemple .

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Mercantilisme • (...) ce n'est pas la grande quantit€ d'or et d'argent qui font les grandes et v€ritables richesses d'un ‚tat, puisqu€il y a de tr„s grands Pa†s dans le monde qui abondent en or et en argent, et qui n€en sont pas plus ƒ leur aise, ni plus heureux [•]. La vraye richesse d'un Royaume consiste dans l'abondance des Denr€es, dont l'usage est si n€cessaire au so‹tien de la vie des hommes, qu€ils ne s‡auroient s€en passer ; ‚ ……S€bastien Le Prestre de Vauban, Projet d€une dixme royale, 1707, p. 77-78 “ L'objectif d'une balance commerciale exc€dentaire est toujours recherch€ mais il peut ƒtre profitable d'importer des marchandises d'Asie, en contrepartie d'or, pour ensuite les revendre sur le march€ europ€en en faisant d'importants profits. Pour Antonio Serra (1613), l'exc€dent de la balance commerciale n'est qu'un †indicateur‡ de la richesse d'un pays et non une finalit€. Vue que partageront des auteurs comme Mun et Montchrestien. • Et pour rendre la chose encore plus claire, quand nous disons [•] que 100000 livres export€es en esp„ces peuvent faire importer l€€quivalent d€environ 500000 livres sterling en marchandises des Indes Orientales, il faut comprendre que la partie de cette somme qui peut proprement s€appeler notre importation, €tant consomm€e dans le royaume, est d€une valeur d€environ 120000 livres sterling par an. De sorte que le reste, soit 380000 livres, est mati„re export€e ƒ l€€tranger sous la forme de nos draps, de notre plomb, de notre €tain, ou de tout autre produit de notre pays, au grand accroissement du patrimoine du royaume et ce en tr€sor, si bien qu€on est en droit de conclure que le commerce des Indes Orientales pourvoit ƒ cette fin. ‚ ……Thomas Mun, A Discourse of Trade from England unto the East-Indies, 1621 Cette nouvelle vision rejette dor€navant l'exportation de mati†res premi†res, qui une fois transform€es en biens finaux peuvent constituer une importante source de richesse. Alors que le bullionisme avait soutenu l'exportation en masse de laine de Grande-Bretagne, la nouvelle g€n€ration de mercantilistes soutient l'interdiction totale de l'exportation de mati†res premi†res en vue de favoriser le d€veloppement d'industries manufacturi†res domestiques. D'autre part , comme les industries n€cessitent d€importants capitaux, le XVIIe…si†cle connait un all†gement g€n€ral des restrictions mises en place contre l'usure. Comme l'a fort bien d€montr€ William Petty, le taux d'int€rƒt est vu comme une compensation pour la gƒne occasionn€e au prƒteur lorsqu'il se d€munit de sa liquidit€. A partir de 1651, les Navigation Acts donnent aux navires anglais l'exclusivit€ des relations entre la m†re patrie et ses colonies, et interdisent aux bateaux €trangers transportant d'autres marchandises qu'anglaises d'entrer dans les ports anglais. Le but premier €tant de restreindre l'expansion des Pays-Bas en interdisant aux Hollandais l'acc†s „ certains ports. “ Les cons€quences en mati•re de politique int€rieure des th€ories mercantilistes €taient beaucoup plus fragment€es que leurs aspects de politique commerciale. Alors qu'Adam Smith - et surtout ses interpr†tes post€rieurs, comme Nassau Senior- a d€crit le mercantilisme comme appelant des contrˆles tr†s stricts de l'€conomie, les mercantilistes n'€taient pas d'accord entre eux. Certains soutenaient la cr€ation de monopoles et autres lettres patentes. Mais d'autres critiquaient le risque de corruption et de l'inefficacit€ de tels syst†mes. De nombreux mercantilistes ont €galement reconnu que la mise en place de quotas et du plafonnement des prix €tait source de march€s noirs. En revanche, la plupart des th€oriciens mercantilistes recommande un bas niveau de r€mun€ration des travailleurs et des agriculteurs, lesquels sont cens€s pouvoir vivre d'un revenu proche du niveau de subsistance, afin de maximiser la production. Un revenu, du temps libre suppl€mentaire ou une meilleure €ducation de ces populations ne pouvant que cr€er de la paresse et nuirait „ l'€conomie[26] . F€nelon illustre bien cette tendance en imaginant la cit€ id€ale : • Les lois que nous venons d'€tablir pour l'agriculture rendront leur vie laborieuse ; et, dans leur abondance, ils n'auront que le n€cessaire, parce que nous retrancherons tous les arts qui fournissent le superflu. Cette abondance m•me sera diminu€e par la facilit€ des mariages et par la grande multiplication des familles. Chaque famille, €tant nombreuse et ayant peu de terre, aura besoin de la cultiver par un travail sans relŒche.

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Mercantilisme C'est la mollesse et l'oisivet€ qui rendent les peuples insolents et rebelles. [...] il ne faut permettre ƒ chaque famille, dans chaque classe, de pouvoir poss€der que l'€tendue de terre absolument n€cessaire pour nourrir le nombre de personnes dont elle sera compos€e. [...] tous auront des terres, mais chacun en aura fort peu, et sera excit€ par lƒ ƒ la bien cultiver. ‚ ……F€nelon, Les aventures de T€l€maque, Livre X, 1699 Ces penseurs voient un double avantage dans le fait de disposer d'une main-d'Šuvre abondante : les industries qui se d€veloppent „ cette p€riode n€cessitent une importante main d'Šuvre et par ailleurs, cela renforce le potentiel militaire du pays. Les salaires sont donc maintenus „ un niveau bas pour inciter ƒ travailler. Les lois sur les pauvres (Poor Laws) en Angleterre pourchassent les vagabonds et rendent le travail obligatoire . En France, Le ministre Colbert fera travailler des enfants Žg€s de six ans dans les manufactures d€‰tat. Les historiens du mercantilisme insistent sur la place centrale de l'€tat dans le choix mercantiliste. Selon Eli Heckscher[27] • un des traits majeurs de l'€conomie politique [mercantiliste] sinon le plus important de tous [€tait] ce qui est appel€ en France • fiscalisme ‚... L'‰tat, par ses interventions, voulait cr€er de fortes sources de revenu pour lui-mƒme (...), [et] exploitait „ ses propres fins les avantages monopolistiques que les guildes avaient garantis „ leurs membres et que les propri€taires priv€s de moyens de production avaient reŒus pour eux-mƒmes ‚. Pour Ekelund et Tollison, des €conomistes de l'€cole des choix publics, le principal souci de Colbert €tait, d'abord et avant tout, de faire rentrer des impˆts. C'est parce qu'il ne put r€former la • taille r€elle ‚, tant cette r€forme €tait impopulaire, qu'il se lanŒa dans la cr€ation et la vente de droits de monopole[28] . Les th€ories mercantilistes ne sont pas seulement €conomique mais ont aussi une importante dimension politique qui ont eu des cons€quences historiques importantes. Max Weber dans son ouvrage[29] souligne combien les puritains anglais €taient oppos€s, „ la mƒme p€riode, „ la vente de monopoles par les Stuarts. En effet cela les aurait tenus „ l'€cart de secteurs o• ils pouvaient d€velopper au mieux les dons et la capacit€ que Dieu leur avait donn€s. Weber insiste €galement sur l'influence de cette opposition dans les r€volutions anglaises du XVIIe…si†cle. Plus tard Cette nouvelle discipline en devenir deviendra v€ritablement une science €conomique avec la physiocratie. Adam Smith, qui en fait une critique forte dans le livre IV de La Richesse des Nations, qualifie le mercantilisme d'• €conomie au service du Prince ‚. Il est le premier „ faire une description syst€matique du • syst†me mercantile[30] ‚, terme qui appara‹t dans la • philosophie rurale ‚ du marquis de Mirabeau en 1763, „ propos de la politique €conomique men€e „ cette €poque. Certains, repr€sent€s par Jacob Viner, consid†rent que les id€es mercantilistes qui semblaient de bon sens eurent une place importante et ont dur€ uniquement parce qu'„ l'€poque les chercheurs ne disposaient pas des outils analytiques leur permettant de mettre en cause ces th€ories. Une seconde €cole, comptant notamment Robert Ekelund, soutient que le mercantilisme n'est pas une erreur historique, mais plutˆt le meilleur syst†me que les th€oriciens €taient capables d'€laborer „ l'€poque. Cette €cole avance l'id€e que les politiques mercantilistes ont €t€ d€velopp€es et mises en Šuvre par des marchands et des hauts fonctionnaires „ la recherche de rentes. Les marchands ont grandement b€n€fici€ des monopoles, des interdictions de la concurrence €trang†re et du maintien d€lib€r€ au seuil de subsistance des travailleurs. Les gouvernements ont b€n€fici€ des droits de douane €lev€s et des achats r€alis€s par les marchands. Si les id€es €conomiques ult€rieures ont €t€ d€velopp€es par des chercheurs et des philosophes, pratiquement tous les auteurs mercantilistes €taient des marchands ou des fonctionnaires[31] .

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Critiques , €volution et disparition L'importance accord€e „ l'or fait l'objet de critiques, mƒme si de nombreux mercantilistes ont pris leurs distances avec le bullionisme (accumulation de m€taux pr€cieux). Adam Smith montre que l'or €tait une marchandise comme les autres, et ne m€rite donc pas un traitement sp€cial ; l'or n'est rien d'autre qu'un m€tal jaune qui a une valeur €lev€e uniquement du fait de sa raret€. De nombreux €conomistes ou philosophes, comme John Locke ou David Hume, font valoir que le commerce n'est pas un jeu „ somme nulle, mais comme un jeu „ somme positive. David Ricardo qui d€veloppe la notion d'avantage comparatif contribue „ faire mieux comprendre les effets de la sp€cialisation internationale: Ainsi le Portugal est un producteur beaucoup plus efficace de vin que l'Angleterre, alors que cette derni†re est relativement plus efficace dans la production de vƒtements. Ainsi, si le Portugal se sp€cialise dans le vin et l'Angleterre dans l'habillement, les deux pays sont gagnants des le cadre des €changes du commerce international. De ce point de vue, la mise en place de restrictions aux importations et de droits de douane, doit ƒtre conduite avec le plus grand discernement sous peine de contribuer „ un appauvrissement des pays. La critique de la "th€orie mercantile" vient en France de L'€cole des physiocrates et en Angleterre d'Adam Smith (Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations1776) qui d€nonce dans de nombreuses pages ce qu'il appelle le • syst†me mercantile ‚. Cependant les arguments des physiocrates reposent sur une incompr€hension et la pr€sentation faite par Smith des id€es mercantilistes s'av†re souvent simpliste[31] . Alors que le mercantilisme est assimil€ pour beaucoup de ses contemporains „ la d€fense d'int€rƒts particuliers, l'€volution survient „ la faveur d'un important changement de pouvoir. En Grande-Bretagne, le mercantilisme changea de nature apr†s la R€volution qui vit la venue au pouvoir d'une classe moyenne tr†s agressive, d€sireuse d'en d€coudre avec la supr€matie hollandaise. Le Parlement obtint le pouvoir de subventionner non plus des monopoles pour des individus - comme les Merchant adventurers…(en) - pouvoir jusqu'alors r€serv€ au monarque[32] , mais des activit€s €conomiques. Ainsi se mit en place une politique globale de protection des int€rƒts commerciaux de la Grande-Bretagne au sein de laquelle une comp€tition pouvait s'engager entre entreprises nationales[33] Les lois mercantilistes ont €t€ supprim€es tout au long du XVIIIe…si†cle en Grande Bretagne, au fur et „ mesure que s'affirmait son h€g€monie, notamment apr†s l'€limination de la supr€matie hollandaise sur le commerce maritime contre laquelle elles avaient €t€ conŒues. Au cours du XIXe…si†cle le gouvernement britannique choisit le libre-€change et le • laissez-faire ‚ en mati†re €conomique, attribu€s par le Premier ministre William Pitt aux travaux d'Adam Smith. Sur le continent, le processus fut diff€rent. En France, le contrˆle €conomique demeura entre les mains du pouvoir royal et le mercantilisme continua jusqu'au trait€ de commerce franco-anglais, dit Trait€ d'Eden, de 1786[34] . En Allemagne, le mercantilisme demeura une id€ologie importante au cours du XIXe…si†cle notamment du fait des travaux de l'€conomiste Friedrich List jusqu'au d€but du XXe…si†cle, p€riode durant laquelle l'‰cole historique allemande b€n€ficia d'une place importante[35] . Mais dans les faits, des historiens comme Patrick O'Brien ont montr€ que les droits de douane anglais €taient bien plus €lev€s en Angleterre qu'en France. Il faudra attendre le trait€ franco anglais de 1860, n€goci€ par le saint simonien Michel Chevalier, pour aller vers une €galisation progressive des droits de douane anglais et franŒais, avant un retour au protectionnisme avec la r€cession de la fin du XIXe…si†cle.

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Une semi-r€habilitation Les chercheurs restent divis€s sur la place et la port€e r€elle des id€es mercantilistes[36] . Les mercantilistes, qui sont g€n€ralement des praticiens, comme William Petty,rassemblent un nombre consid€rable de donn€es et les utilisent pour leur recherche. A ce titre Petty est g€n€ralement cr€dit€ d'avoir €t€ le premier „ utiliser des analyses empiriques pour €tudier l'€conomie. . Adam Smith au contraire rejette la m€thode, pr€textant que les raisonnements d€ductifs „ partir des principes de base sont la m€thode ad€quate pour mettre „ jour des v€rit€s €conomiques. On reconnait par ailleurs que des politiques d'inspiration mercantiliste ont eu un impact positif sur les ‰tats. Adam Smith loue les Actes de Navigation pour leur contribution „ l'expansion de la flotte de commerce britannique, ce qui joua un rˆle majeur dans la transformation de l'Angleterre en la superpuissance navale et €conomique qu'elle va devenir pour plus de deux si†cles. Aujourd'hui, les historiens de la pens€e €conomique s'€loignent d'une remise en cause totale des id€es mercantilistes, notamment en replaŒant ces th€ories dans leur contexte historique. Pour Schumpeter, Adam Smith a d€velopp€ une • critique inintelligente ‚ du mercantilisme, dans lequel il voit les pr€mices de la politique industrielle. Au XXe…si†cle,John Maynard Keynes soutient certains principes mercantilistes et d€nonce la vision d'Adam Smith qui ne voit les v€ritables causes de la prosp€rit€ que dans les marchandises, la population et les institutions. Keynes rappelle combien l'offre de monnaie, la balance commerciale et les taux d'int€rƒt jouent un rˆle majeur dans une €conomie : • Nous sommes tent€s de voir dans la monnaie un €lixir qui stimule l'activit€ du syst†me. ‚ ……John Maynard Keynes, Th€orie g€n€rale de l'emploi, de l'int€r•t et de la monnaie, chap. 13, III, 1936 • En un temps o• elles [les autorit€s] ne pouvaient agir directement sur le taux de l€int€rƒt int€rieur ou sur les autres motifs qui incitent „ l€investissement domestique, les mesures propres „ am€liorer la balance commerciale €taient leurs seuls moyens directs d€augmenter l€investissement ext€rieur ; et l€effet d€une balance commerciale favorable sur les entr€es de m€taux pr€cieux €tait en mƒme temps leur seul moyen indirect de r€duire le taux de l€int€rƒt int€rieur, c€est-„-dire d€accro‹tre l€incitation „ l€investissement domestique ‚ ……John Maynard Keynes, Th€orie g€n€rale de l'emploi, de l'int€r•t et de la monnaie, chap. 23, trad. fr. P. B. Payot, p. 332

Mercantilisme €clair€ ou n€o-mercantilisme ? Les efforts de Keynes pour r€habiliter les id€es mercantilistes n'ont cependant pas suffit „ redresser la tendance: Le Mercantilisme reste associ€ „ un mouvement historique ancien, avec une connotation p€jorative, en ce sens qu'il est souvent associ€ au seul volet d€fensif de ses pr€conisations ( „ savoir la promotion exclusive de mesures protectionnistes). A y regarder de plus pr†s, la post€rit€ du mercantilisme reste sans doute plus grande dans la pratique politique que dans la th€orie €conomique. Si la pens€e €conomique du XIXe…si†cle est domin€e par les €coles classique puis n€oclassique, plutˆt favorables au libre-€change, la pratique politique reste largement influenc€e par les id€es mercantilistes. Comme le note l€historien Paul Bairoch, bien que • les hommes commenc„rent ƒ plus raisonner en termes de niveau de d€veloppement ƒ atteindre plus ou moins rapidement qu€en termes d€appropriation d€une plus grande part de richesse ‰, en 1815 comme en 1913, le monde occidental est € un oc•an de protectionnisme cernant quelques ‚lots lib•raux[37] ‚.

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Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a assist€ „ une lib€ralisation continue du commerce mondial sous l€impulsion des grandes institutions libre-€changistes telles que l€Organisation mondiale du commerce (OMC), la Banque mondiale ou le Fonds mon€taire international (FMI). Pourtant certains €conomistes comme Paul Krugman ont d€crit ces institutions comme guid€es par un • mercantilisme €clair€ ‚, qui ne cherche pas „ promouvoir les principes du libre-€change, mais „ favoriser les concessions commerciales mutuellement avantageuses[38] . D€autres €conomistes radicaux vont jusqu€„ affirmer que ces organisations, sous le pr€texte du libre-€changisme, imposent la forme de commerce international souhait€e par les grandes puissances €conomiques qui les contrˆlent. Selon Daniel Cohen, les r€cents €checs des n€gociations au sein de l€OMC sont r€v€lateurs de ce • mercantilisme €clair€ ‚. Si les n€gociations des rounds ant€rieurs avaient pu aboutir, c€est grŽce „ des compromis, „ des concessions r€ciproques et €quitables. Les pays riches acceptaient par exemple de lib€raliser le secteur textile en €change d€avantages en mati†re de services financiers conc€d€s par les pays en voie de d€veloppement. Au contraire, lors du sommet de Cancun en 2003, les n€gociations entre pays riches et pauvres ont chang€ de nature. Les d€bats se sont focalis€s sur la question agricole o• les opportunit€s d€un €change mutuellement profitable ont paru inexistantes. Loin d€ƒtre un • jeu „ somme positive ‚, le commerce international est d†s lors apparu comme un • jeu „ somme nulle ‚, l€enjeu du sommet €tant devenu : • nos agriculteurs ou les vˆtres ‚, comme si les gains d€une nation signifiaient des pertes pour une autre[39] . “ Le terme n€o-mercantilisme sert „ d€signer, le plus souvent de mani†re p€jorative, les politiques contemporaines rappelant certaines des mercantilistes du XVIIIe si†cle: Avec leur volet d€fensif (mesures protectionnistes) et/ou leur volet offensif (politiques commerciales agressives o• l€‰tat s€implique afin d€accro‹tre la comp€titivit€ des entreprises nationales). Dans le contexte de la mondialisation, le n€o-mercantilisme invoque le concept de • comp€tition mondiale ‚, voire de • guerre €conomique ‚ entre les nations. Selon lui, la protection des entreprises nationales et le soutien „ leur comp€titivit€ sur les march€s mondiaux est n€cessaire parce que profitable „ l€€conomie nationale. Peuvent ƒtre tax€es de n€o-mercantilistes : -les soutiens „ l'industrie nationale par des subventions ou des commandes d€‰tat, -l'imposition de quotas, de taxes ou de normes „ l€importation, afin de prot€ger leur march€ int€rieur. Exemple: Le conflit Boeing-Airbus, li€ aux subventions attribu€es „ chacune de ses entreprises par les gouvernements am€ricain (sous la forme de commandes) et europ€ens, est une illustration de n€o-mercantilisme. -Le concept de • guerre €conomique ‚ vient alimenter les campagnes politiques des grandes puissances €conomiques : il faut • faire l€Europe pour faire le poids ‚ disait une affiche du Parti socialiste franŒais, pr€sentant l€Europe face „ un sumo japonais et un ob†se am€ricain lors de la campagne €lectorale pr€c€dant le r€f€rendum sur le trait€ de Maastricht en 1992. Selon certains, de telles politiques viennent contrebalancer les effets pr€sum€s n€gatifs de la globalisation €conomique sur la justice sociale, tandis que les €conomistes libre-€changistes pensent qu€elles viennent favoriser les int€rƒts particuliers de quelques industries en nuisant „ l€int€rƒt g€n€ral. Cependant, le concept de pr€f€rence communautaire n'est pas une r€alit€ juridique ou mƒme €conomique. S'il fut consacr€ par la Cour de justice des Communaut€s europ€ennes le 13 mars 1968 en mati†re de politique agricole commune (en fonction d'un droit de douane sur les produits provenant de pays tiers), il s'est rapidement heurt€ aux objectifs du GATT. ‡ l'heure actuelle subsiste un tarif ext€rieur commun suscitant souvent d'Žpres discussions entre les pays membres de l'Union europ€enne et l'Organisation mondiale du commerce. -Une minorit€ d'€conomistes, tels que Jean-Luc Gr€au ou Jacques Sapir en France, prˆnent la mise en place d'un protectionnisme €ducateur •…„ la Friedrich List…‚ au niveau europ€en et national pour assurer la croissance de l'€conomie continentale de la d€ferlante de produits bon march€ en provenance d'Asie, prenant comme contre-exemple les cons€quences socio€conomiques li€es „ la fin des accords

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32 multifibres pour le textile europ€en. ‡ d€faut, ils pr€voient l'entr€e dans un processus de • latinam€ricanisation ‚ de l'Europe, selon l'expression d'Erik Reinert, pour qui le principe ricardien de sp€cialisation dans des avantages comparatifs naturels enferme les pays dans des activit€s „ rendements d€croissants[40] .

Notes et r€f€rences [1] Dictionnaires d'‰conomie et des Sciences Sociales , C. Echaudemaison, Nathan 1993 [2] J•rg Niehans. A History of Economic Theory p. 6 [3] Pour plusieurs historiens de la pens€e €conomiques comme Joseph Schumpeter et Lars Magnusson Lars Magnusson, The Tradition of Free Trade, Routledge, 2004, le mercantilisme comme syst†me a €t€ invent€ au XIXe…si†cle pour justifier la naissance de la th€orie classique fond€e sur le libre €change, les rendements d€croissants et l'€quilibre g€n€ral : pour justifier la naissance d'un syst†me th€orique complet, il fallait qu'il s'inscrive en opposition „ une pens€e suppos€e tout aussi syst€matique [4] Histoire du Commerce, PUF Paris 1965 [5] Landreth et Colander. p. 43 [6] Charles Wilson, Mercantilism, p.…10. [7] Histoire du Commerce de G Lefranc , PUF 1965 [8] selon l'expression d'Alexandre Koyr€ [9] Alesandro Roncaglia, The Wealth of Ideas, Cambridge, 2006 [10] Landreth et Colander, p. 53 [11] Histoire du Commerce , G Lefranc , Puf Paris 1965 [12] Histoire du Commerce, G lefranc ,Puf paris 1965 [13] Hermann Kellenbenz, The Rise of the European Economy, p. 29 [14] http:/ / pat. hernandez. pagesperso-orange. fr/ villeneuvettevisite. htm [15] Louis XIV , Edit du 20 juillet 1677 [16] .E.N. Williams, The Ancien Regime in Europe, p. 177-83. [17] E. Damsgaard Hansen. European Economic History. p. 65 [18] Wilson, p. 15. [19] Harry Landreth et David C. Colander History of Economic Thought. p. 44 [20] Eli F. Heckscher, Mercantilism, trad. anglaise 1935, vol. I, p. 19 [21] Robert B. Ekelund et Robert D. Tollison. Mercantilism as a Rent-Seeking Society, p.…9. [22] Mark Blaug, 4e €dition, p.…11. [23] Landreth et Colander. p. 48 [24] Wiles, R, 1986, The Development of Mercantilist Thought, in Lowry Ed., p. 147-73 [25] David S. Landes The Unbound Prometheus., p. 31 [26] Robert B. Ekelund et Robert F. H€bert, A History of Economic Theory and Method p. 46. [27] Mercantilism, George Allen and Unwin Ltd, London, 1934 cit€ in Robert B. Ekelund, Jr., and Robert D.Tollison A Rent-Seeking Theory of French Mercantilism, in J.M Buchanan, Gordon Tullock, (eds) The Theory of Public Choice II, The University of Michigan Press, Ann Arbor, 1984, p.243 [28] (en) Robert B. Ekelund, Jr., and Robert D.Tollison, A Rent-Seeking Theory of French Mercantilism, Texas a & M Univ Pr; 1st edition, ibid, 1982, p.206-223 [29] L'‚thique protestante et l'esprit du capitalismeWeber 1985, p.…222 [30] A. Samuelson, Les Grands Courants €conomiques, PUF, p. 22 [31] Niehans. p. 19 [32] Ekelund et Tollison [33] Findlay &O'Rourke Power and Plenty, 2007, Princeton University Press, p. 240 [34] FranŒois Crouzet, La Guerre €conomique franco-anglaise du XVIIIe•si„cle, Fayard, 2008 [35] Wilson p. 6 [36] Ekelund and H€bert, p. 61. [37] Paul Bairoch, Mythes et paradoxes de l€histoire €conomique, La D€couverte, 1994 [38] P. R. Krugman, • Does the New Trade Theory Require a New Trade Policy ? ‚, The World Economy, vol 15, n” 4, juillet 1992, pp. 423 „ 441, pp. 429 „ 431. [39] Daniel Cohen, • L'OMC est morte ‚, Le Monde, 9 octobre 2003 [40] Erik Reinert, The Qualitative Shift in European Integration: Towards a permanent wage pressure and a latinamericanisation of Europe (http:/ / www. praxis. ee/ data/ WP_17_20042. pdf)

Mercantilisme

Annexes Bibliographie

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(fr) , La guerre €conomique franco-anglaise du XVIIIe•si„cle, Fayard, 2008 (en) Robert B. Ekelund et Robert D. Tollison, Mercantilism as a Rent-Seeking Society: Economic Regulation in Historical Perspective, College Station, Texas A&M University Press, 1981. (en) Robert B. Ekelund et Robert F. H€bert, A History of Economic Theory and Method. New York McGraw-Hill, 1997. (fr) FranŒois Etner, Mercantilisme, Encyclop€die th€matique Universalis, 2005 (en) Power and Plenty:Trade, War, and the World Economy in the Second Millennium, Ronald Findlay & Kevin H. O'Rourke (http://press.princeton.edu/titles/8493.html) (en) Eli F. Heckscher. Mercantilism. translation by Mendel Shapiro. Londres, Allen & Unwin. 1935. (en) John Maynard Keynes, Notes on Mercantilism, the Usury Laws, Stamped Money and the Theories of Under-Consumption (http://etext.library.adelaide.edu.au/k/keynes/john_maynard/k44g/chapter23.html). Th€orie g€n€rale de l'emploi, de l'int€r•t et de la monnaie. (en) Harry Landreth et David C. Colander. History of Economic Thought. Boston, Houghton Mifflin, 2002. (en) Eli Heckscher and Mercantilism An Introduction Lars Magnusson (http://www.diva-portal.org/diva/ getDocument?urn_nbn_se_uu_diva-2338-1__fulltext.pdf) (en) Mercantilism, the Enlightenment, and the Industrial Revolution (http://faculty.wcas.northwestern.edu/ ~jmokyr/stockholm.PDF) Jo–l Mokyr, (en) J•rg Niehans, A History of Economic Theory: Classic Contributions, 1720-1980. Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1990. (en) John V.C Nye, War, Wine, and Taxes:The Political Economy of Anglo-French Trade, 1689-1900e (http:// press.princeton.edu/titles/8444.html) (fr) Jean-Pierre Potier, Histoire de la pens€e €conomique (en) How Rich Nations Got Rich, ... and Why Poor Nations Stay Poor (http://www.othercanon.org/uploads/ How_rich_countries_got_rich_and_why_poor_countries_stay_poor.html) de Erik Reinert (en) Gianni Vaggi et Peter Groenewegen, A Concise History of Economic Thought: From Mercantilism to Monetarism. New York, Palgrave Macmillan, 2003. (en) Charles Wilson, Mercantilism. Londres, Historical Association, 1966

Articles connexes “ “ “ “ “ “ “ “ “

‰tatisme Protectionnisme Colbertisme Bullionisme Cam€ralisme Arbitrisme Histoire de la pens€e €conomique Histoire €conomique Monnaie d'Ancien R€gime („ propos du mercantilisme mon€taire) La version du 17 mars 2006 de cet article a €t€ reconnue comme • article de qualit€ ‚, c'est-„-dire qu'elle r€pond „ des crit†res de qualit€ concernant le style, la clart€, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.

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Physiocratie

Physiocratie La physiocratie (€tymologiquement : gouvernement par la nature en ancien grec) est une €cole de pens€e €conomique et politique n€e en France vers 1750, qui a connu son apog€e au cours de la seconde moiti€ du XVIIIe…si†cle, et qui est „ l'origine de la conception moderne de l'€conomie.

Historique On s'accorde „ penser que le fondateur de cette €cole est FranŒois Quesnay, qui en deviendra le chef de file incontest€ apr†s la publication du Tableau €conomique en 1758, o• il repr€sente la circulation des richesses dans l'€conomie. Les Physiocrates s'appelaient entre eux •…Les ‰conomistes…‚. Le terme de physiocrate, signifiant litt€ralement • gouvernement ‚ (du grec • kratein ‚) par la nature (du grec • phusis ‚) a €t€ forg€ par l'un d'entre eux, Pierre Samuel du Pont de Nemours. Le • Tableau €conomique ‚ de Quesnay s'inspire de la th€orie des cycles de FranŒois V€ron Duverger de Forbonnais et du • zig-zag[1] ‚ €labor€ sous la direction de Vincent de Gournay et Richard Cantillon. Ces travaux r€volutionnaires pour l'€poque anticipent ceux d'Adam Smith en s'int€ressant „ la cr€ation de la richesse, mais aussi et surtout „ sa r€partition via des diagrammes de flux et de stocks repr€sentant de FranŒois Quesnay mani†re tr†s €labor€e le fonctionnement de l'€conomie. Le but de ce groupe de marchands et de grands commis de l'‰tat est de mettre en place les outils qui permettront au Roi de France de mieux mesurer la cr€ation de richesse et ainsi pouvoir faire de meilleures lois permettant d'€viter les disettes via une production et une r€partition optimis€es des richesses. Cependant, en prenant pour hypoth†se que le travail est la source de toute cr€ation de richesse, cette analyse va heurter de plein front les int€rƒts de l'aristocratie franŒaise, pour laquelle le simple fait de travailler €tait synonyme de d€rogeance; si un Noble travaillait et que cela venait „ se savoir, il en perdait sa noblesse, et seule une lettre de r€habilitation du Roi pouvait la lui rendre. FranŒois de Quesnay en habile politique va dans le • Tableau €conomique ‚ faire reposer la source de la richesse non plus sur le travail, mais sur la capacit€ • miraculeuse ‚ de la terre „ produire de la nourriture „ chaque printemps. Il arrivera ainsi „ se concilier les bonnes grŽces des rentiers terriens tout en proposant un nouveau syst†me prenant en compte autant que se peut les id€es nouvelles et permettant de d€passer le mercantilisme (et le colbertisme) sans r€volutionner la soci€t€. Les physiocrates font €merger des principes fonci†rement anti-chr€tiens pour leur temps, notamment l'id€e selon laquelle les progr†s de l'agriculture permettraient „ Adam de se laver du p€ch€ originel en n'ayant plus „ travailler „ la sueur de son front pour assumer sa subsistance. Ils expriment ainsi des id€es, tr†s souterraines au XVIIIe si†cle -et pas uniquement franŒaises-, selon lesquelles l'homme individuel aurait acc†s „ l'int€gralit€ du bonheur suprƒme en tant que cr€ature limit€e, et qu'il n'aurait donc nul besoin de transcendance.[r€f.…n€cessaire] C'est Turgot, c€l†bre physiocrate, qui est l'auteur du texte d'une gravure sur bois „ l'effigie de Benjamin Franklin : • Eripuit coelo fulmen sceptrumque tyrannis ‚ (il arrache le feu des cieux et le sceptre de la tyrannie), phrase dont certains[Qui ?] ont not€ le caract†re particuli†rement • lucif€rien‚ pour l'€poque. Turgot, Catherine II la Grande, le roi Stanislas II font aussi partie de cette €cole de pens€e.

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Physiocratie

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Les principes de l'€cole physiocratique La richesse En opposition aux id€es mercantilistes, les physiocrates consid†rent que la richesse d'un pays consiste en la richesse de tous ses habitants et non seulement celle de l'‰tat. Cette richesse est form€e de tous les biens qui satisfont un besoin et non de m€taux pr€cieux qu'il faudrait th€sauriser. La richesse doit ƒtre produite par le travail. Pour les physiocrates, la seule activit€ r€ellement productive est l'agriculture. La terre multiplie les biens : une graine sem€e produit plusieurs graines. Au final, la terre laisse un produit net ou surplus. L'industrie et le commerce sont consid€r€s comme des activit€s st€riles car elles se contentent de transformer les mati†res premi†res produites par l'agriculture. La Physiocratie distingue trois classes d'agents €conomiques : 1. La classe des paysans, qui est la seule productive (producteurs terriens), 2. la deuxi†me classe est appel€e st€rile et est compos€e des marchands et "industriels". 3. la troisi†me classe est celle des propri€taires. Cette vision de l'€conomie est naturelle „ une €poque o• l'immense majorit€ de la population est form€e d'agriculteurs qui produisent tout juste de quoi assurer leur propre survie. La th†se selon laquelle la terre est la seule source de richesse, qui distingue les Physiocrates de leurs successeurs classiques, est n€anmoins secondaire par rapport aux autres apports par lesquels les Physiocrates se distinguent de leurs pr€d€cesseurs, qui ont €t€ repris par les classiques et qui fondent l'€conomie moderne.

Tableau €conomique de Quesnay

Vincent de Gournay et Turgot, souvent assimil€s „ l'€cole physiocratique, pensent au contraire que les manufactures et le commerce sont g€n€rateurs de richesses. Ils ne doivent donc pas ƒtre compt€s parmi les physiocrates mƒme si ces derniers leur ont fait beaucoup d'emprunts.

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Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises Dans la controverse sur le commerce des grains qui marque le milieu du , les Physiocrates prennent parti contre les restrictions gouvernementales au commerce des bl€s (qui sont „ l'€poque la base de l'alimentation). Plus g€n€ralement, ils affirment que la meilleure faŒon de maximiser la richesse de tous est de laisser chacun agir „ sa guise selon ses moyens et mettent ainsi au premier plan la libert€ du commerce comme principe de politique €conomique[2] . Vincent de Gournay a popularis€ la fameuse phrase • Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises ‚, probablement due au Marquis d'Argenson, et qui passera „ la post€rit€. Ce programme r€sum€ en une phrase conna‹tra un renouveau particulier avec la mise en avant des id€es lib€rales dans le dernier quart du XXe si†cle, les partisans du libre-€change reconnaissant les physiocrates comme des pr€curseurs du lib€ralisme €conomique[3] .

Portrait de Vincent de Gournay

Ordre naturel Selon les physiocrates, il existe un ordre naturel gouvern€ par des lois qui lui sont propres, et qui repose sur le droit naturel. Par exemple, chaque homme a droit „ ce qu'il acquiert librement par le travail et l'€change. Le rˆle des €conomistes est de r€v€ler ces lois de la nature. La libert€ et la propri€t€ sont des droits naturels que le souverain doit respecter et prot€ger en les consacrant dans le droit positif. Le rˆle du pouvoir est de garantir l'application du droit naturel. Les physiocrates ne remettent pas en question la monarchie, mais veulent que le souverain, loin de se comporter en monarque absolu ou en despote arbitraire, se soumette au droit naturel et le fasse respecter. En revanche, pour faire respecter ce droit naturel qui s'impose „ tous, il doit user de toute son autorit€. C'est le sens de l'expression •…despotisme l€gal…‚ utilis€e par Lemercier de la Rivi†re, qui s'apparente plus au concept lib€ral d'‰tat minimum qu'„ l'acception courante du mot despotisme.

Citations • La doctrine des physiocrates est un m€lange de lib€ralisme €conomique et de despotisme €clair€ [...] la pens€e des physiocrates s'ordonne autour de quatre grands th„mes : la nature, la libert€, la terre, le ˆ despotisme l€gal ‰ [...] L'‚tat doit •tre gouvern€ par des propri€taires fonciers ; eux seuls ont une patrie ; patrie et patrimoine sont joints. [...] Les physiocrates sont donc hostiles ƒ toute r€glementation. Leur formule est ˆ laissez faire, laissez passer ‰ [...] Les physiocrates sont partisans de la monarchie absolue. ‚ Histoire des id€es politiques, Tome2, Du XVIIIe si†cle „ nos jours, Jean Touchard, PUF, 1958.

Physiocratie

Liste (non exhaustive) de physiocrates Louis Paul Abeille Nicolas Baudeau Richard Cantillon Marquis de Casaux - Alexandre Cazeau de Roumillac Joseph-Michel Dutens Ange Goudar Vincent de Gournay

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Victor Riqueti de Mirabeau l'abb€ Roubaud Pierre Samuel du Pont de Nemours Gaspar Melchor de Jovellanos (Espagne) Le Trosne Jean-FranŒois Melon Andr€ Morellet Anne Robert Jacques Turgot

Notes et r€f€rences [1] Simone Meysonnier, La Balance et l'horloge, La gen„se de la pens€e lib€rale en France au XVIII eme si„cle, ed. Les €ditions de la passion. [2] Les physiocrates sont les premiers lib€raux ; ils consid„rent que l'‚tat ne doit pas intervenir dans l'€conomie et qu'il doit respecter les lois physiques qui la guident. Les int€r•ts individuels, et surtout ceux des agriculteurs, sont conformes ƒ l'int€r•t g€n€ral. Il faut respecter l'ordre naturel de l'€conomie et respecter la propri€t€ priv€e. Marc Montouss€, Th€ories €conomiques, Paris, Br€al, 1999, p. 11 [3] Idem

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ƒcole classique L€ƒcole classique en €conomie regroupe des €conomistes du XVIIIe…si†cle et du XIXe…si†cle. Ses membres les plus importants sont, en Grande-Bretagne, Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (1772-1823), Thomas Malthus (1766-1834), John Stuart Mill (1806-1873), et en France, ‰tienne Bonnot de Condillac (1715-1780), Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781), Jean-Baptiste Say (1767-1832) et Fr€d€ric Bastiat (1801-1850). Le terme a €t€ employ€ pour la premi†re fois par Marx dans Le Capital[1] . Il est impossible de fixer „ cette €cole de pens€e des contours pr€cis, que ce soit en termes de dates, d€auteurs ou de th†ses. Les auteurs post€rieurs en ont donn€ des d€finitions diff€rentes, incluant ou excluant certains auteurs et privil€giant certaines th†ses, selon qu€ils souhaitaient pr€senter leurs propres positions comme en rupture avec les positions pr€sum€es • classiques ‚ ou au contraire coh€rentes avec elles. Par exemple, Marx d€finit l€€cole classique par l€adh€sion au concept de la valeur travail. Il en exclut donc Say qu€il critique s€v†rement, et Bastiat. En se r€clamant de Smith et surtout de Ricardo, Karl Marx est consid€r€ par certains historiens de la pens€e €conomique comme le dernier des classiques. Carl Menger caract€rise lui aussi l€€cole classique par la notion de valeur travail, mais c€est pour s€en s€parer et proposer une th€orie subjective de la valeur qui est justement celle des classiques franŒais qu€il semble ignorer. Keynes d€finit l€€cole classique par l€adh€sion „ la • loi des d€bouch€s ‚ ou loi de Say dans la version popularis€e par James Mill. Joseph Schumpeter, en la d€finissant comme la p€riode 1790-1870, en exclut Turgot et Smith mais y inclut Marx[2] . En r€alit€, on ne peut pas caract€riser l€€cole classique par un ensemble coh€rent de th†ses partag€es par tous les auteurs de cette p€riode. Plutˆt que d€une €cole de pens€e „ proprement parler, il s€agit plutˆt d'une p€riode d€intense r€flexion €conomique qui a donn€ lieu „ une diversit€ de positions, et „ des controverses sur certaines.

La d€marche des €conomistes classiques La pens€e €conomique classique se d€veloppe en mƒme temps que naissent la soci€t€ industrielle et le capitalisme moderne. Ces penseurs sont principalement des philosophes (Condillac, Smith) ou des praticiens (Cantillon, Say, Turgot, Ricardo). Ils cherchent avant tout „ expliquer les ph€nom†nes de croissance, de d€veloppement et de r€partition des richesses entre les diff€rentes classes sociales. Les €conomistes classiques voient tous les ph€nom†nes €conomiques comme interd€pendants et veulent proposer une th€orie g€n€rale int€grant tous les ph€nom†nes €conomiques. ‡ la suite des Physiocrates, ils croient „ l'existence de lois valables „ toutes les €poques et dans toutes les r€gions du monde et cherchent „ les identifier. Leur analyse est dynamique. Ils s€int€ressent aux processus de production, d€€change, de formation des prix, de formation des revenus, et non „ d'hypoth€tiques €tats d'€quilibre. Ils utilisent pour cela l€observation et le raisonnement logique, et ne recourent que tr†s exceptionnellement aux math€matiques. Cette conception de la discipline €conomique est commune „ tous les classiques et les distingue de la plupart des €coles de pens€e apparues „ partir de la fin du XIXe…si†cle, notamment des n€oclassiques qui constituent aujourd'hui la tendance dominante.

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Les deux conceptions de la valeur Avant l'€cole classique, les Physiocrates cherchent „ donner un fondement objectif „ la valeur des choses, qu€ils placent d€abord dans la terre (Cantillon, Quesnay). Puis les €conomistes classiques placeront la valeur dans le travail (Adam Smith, David Ricardo et plus tard Karl Marx). Pour ces derniers, la valeur des marchandises doit ƒtre la valeur d'€change (facult€ d'une marchandise „ ƒtre €chang€e contre une autre marchandise), dont la mesure va ƒtre le co•t du travail (plus le co•t du travail sera important, plus la valeur d'€change augmentera). Apr†s Condillac et Turgot, les classiques franŒais se s€parent sur ce point des classiques anglais en adoptant une conception subjective de la valeur, qui repose sur l€utilit€ esp€r€e des biens (• le degr€ d€estime que l€homme attache aux diff€rents objets de ses d€sirs ‚ (Turgot)). Ils renoncent ainsi „ la notion de • prix naturel ‚ ou • juste prix ‚ et annoncent la position des €conomistes marginalistes de la fin du XIXe…si†cle.

La monnaie Pour les Classiques, la monnaie est fondamentalement un instrument d€€change. Ses autres fonctions d'expression de la valeur et de r€serve de valeur sont des aspects particuliers de sa fonction primaire. In fine les produits s€€changent toujours contre des produits (d€finition de Jean Baptiste Say, loi des d€bouch€s). La quantit€ de monnaie en circulation n€a pas d€importance : les prix s€ajustent „ la quantit€ de monnaie disponible. Cr€er de la monnaie n€augmente pas la masse des richesses r€elles disponibles. En ce sens, la monnaie n€est qu€un ˆvoile€. Il est n€anmoins inexact de dire que les classiques consid†rent que la monnaie est neutre. L'€conomie peut fonctionner avec une quantit€ quelconque de monnaie, mais les variations de cette quantit€, ou celles de la valeur de la monnaie, ne sont pas neutres. En effet, la monnaie nouvellement cr€€e se r€pand dans la soci€t€ „ partir de points pr€cis et de faŒon progressive, ce qui entra‹ne des effets diff€renci€s sur les prix et donc sur les comportements des agents €conomiques. C'est ce qu'on appelle l€effet Cantillon.

Le r‡le central de l'offre La probl€matique des classiques est principalement celle de la formation des richesses. Leur analyse est donc centr€e sur la production et l€offre. De plus, puisque leur €poque est encore domin€e par la p€nurie, ils postulent implicitement que tout produit r€pond „ un besoin. Jean Baptiste Say pose en principe que tout produit termin€ cr€e des d€bouch€s pour d€autres produits. En d'autres termes, chaque fois qu€un producteur augmente son activit€ il cr€e en mƒme temps de nouveaux d€bouch€s pour ses fournisseurs, il cr€e de nouveaux salaires pour ses employ€s, il cr€e un surcro‹t d€activit€ pour ses distributeurs. Cette • loi de Say ‚ ne veut toutefois pas dire que tout produit trouve n€cessairement une demande, ou comme l€a interpr€t€ Keynes que • l'offre cr€e sa propre demande. ‚ Il peut y avoir „ chaque instant une surproduction de tel ou tel bien, mais il ne peut pas y avoir de crises de surproduction g€n€rales et durables. Si un produit ne trouve pas preneur, ses producteurs cesseront de le produire et s€orienteront vers d€autres productions. Il ne peut y avoir que des engorgements sectoriels et momentan€s, r€sultant d'une mauvaise pr€vision du march€ par les entrepreneurs. Dans cette vision de l'€conomie, les crises ne peuvent ƒtre endog†nes au syst†me €conomique, mais sont le fruit de chocs exog†nes comme les guerres ou les s€cheresses. Cette opinion €mise par Say a €t€ soutenue par Ricardo et Mill, mais contest€e par Malthus et Sismondi.

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La place de l'€pargne Un objectif important des €conomistes classiques est d'expliquer les m€canismes du progr†s. Celui-ci ne peut r€sulter que de progr†s dans la division du travail et l'utilisation d'outils de plus en plus perfectionn€s. Ils conf†rent donc un rˆle essentiel „ l€investissement (augmentation du stock de capital), qui n€cessite l€€pargne. Pour Adam Smith, • l€industrie de la soci€t€ ne peut augmenter qu€autant que son capital augmente et ce capital ne peut augmenter qu€a proportion de ce qui peut ƒtre €pargn€ ‚. En d€autres termes, l€€pargne, comprise „ la fois comme l€€pargne des m€nages et comme l€€pargne des entreprises, est un pr€alable n€cessaire „ l€investissement et au progr†s.

Le r‡le de l'ƒtat Les €conomistes classiques sont g€n€ralement lib€raux. D'apr†s eux, les actions et interactions €conomiques aboutissent „ la formation d€un ordre spontan€, que Smith illustre par la m€taphore de la • main invisible ‚, et l'intervention de l'‰tat dans le fonctionnement de l'€conomie doit ƒtre minimale sinon nulle. Il assure tout de mƒme les fonctions r€galiennes (arm€e, justice, diplomatie) et prend en charge la production des services indispensables „ la collectivit€, et qui ne serait pas rentable pour la sph†re priv€e. Cet ordre spontan€ se caract€rise par la division du travail, ou sp€cialisation. Chaque individu, au lieu de fabriquer un objet enti†rement, se sp€cialise dans une tŽche particuli†re de sa fabrication, ce qui permet une augmentation de la production.

Bibliographie “ Samuel Hollander Classical Economics (Oxford: Blackwell, 1987) “ Evelyn L.Forget, Sandra Peart (eds) 2000, Reflections on the Classical Canon in Economics: Essays in Honor of Samuel Hollander, Roudlege. “ Daniel Villey, Petite histoire des grandes doctrines €conomiques, Premi†re €dition 1944.

Liens externes “ Classical economics [3], Encyclop—dia Britannica “ ‰cole Classique [4], Encyclop€die du CEPA Newschool

R€f€rences [1] • Je fais remarquer une fois pour toutes que j€entends par €conomie politique classique toute €conomie qui, „ partir de William Petty cherche „ p€n€trer l€ensemble r€el et intime des rapports de production dans la soci€t€ bourgeoise, par opposition „ l€€conomie vulgaire qui se contente des apparences‚et se borne „ €riger p€dantesquement en syst†me et „ proclamer comme v€rit€s €ternelles les illusions dont le bourgeois aime „ peupler son monde „ lui, le meilleur des mondes possibles. ‚ A.Samuelson, Les grands courants de la pens€e €conomique, €d. PUG, 1990, p. 46 [2] Joseph Schumpeter, Histoire de l'analyse €conomique, 1954 [3] http:/ / www. britannica. com/ eb/ article-9024233/ classical-economics [4] http:/ / cepa. newschool. edu/ het/ schools/ ricardian. htm

Marxisme €conomique

Marxisme €conomique Le marxisme €conomique est l'€conomie politique propos€e dans les travaux de Karl Marx, et par extension les th€ories qui s€en sont inspir€es. ‡ proprement parler, au sein du marxisme €conomique, il faut faire la distinction entre l'€conomie marxienne dont les repr€sentants se revendiquent directement de la pens€e de Marx, l'€conomie marxiste, qui appuie sa r€flexion sur le marxisme, et enfin les €crits €conomiques de Marx. Pour d€signer le marxisme €conomique, on parle alors suivant les cas de l'€conomie marxienne, de l'€conomie marxiste, de l'€conomie politique marxiste, de la science €conomique marxiste, de la th€orie €conomique de Marx, des €crits €conomiques de Marx, de l'€conomie politique de Marx, etc.

Pr€sentation des €crits €conomiques de Marx Conception mat€rialiste de l€histoire La conception mat€rialiste de l€histoire, inspir€e du mat€rialisme de Ludwig Feuerbach (parfois d€sign€e par l€expression • mat€rialisme historique ‚, et initialement appel€e par Marx • nouveau mat€rialisme ‚), s€applique „ l€€tude de la vie sociale, „ l€€tude de la soci€t€, „ l€€tude de l€histoire de la soci€t€. Les principaux points sont les suivants. Les hommes font leur propre histoire, mais sur la base de conditions donn€es, h€rit€es du pass€. Parmi celles-ci, les conditions de la reproduction mat€rielle de la soci€t€ sont d€terminantes. D'autre part, l'histoire humaine ne suit pas comme dans le positivisme comtien un d€roulement lin€aire vers le progr†s. Marx s'inspire de Hegel, qui consid†re que le devenir de toute r€alit€ se comprend dans la triade suivante : l'affirmation (la th†se), la n€gation (l'antith†se), et la n€gation de la n€gation (la synth†se). Toutefois, si pour Hegel cette €volution se d€duit de la nature de l'Esprit, pour Marx elle s'inscrit dans l€€volution de l€activit€ humaine. Aussi est-il amen€ „ penser que les conditions €conomiques et mat€rielles d€terminent l'anatomie d'une soci€t€. Et ce n'est pas la conscience des hommes qui d€termine la r€alit€, mais c'est la r€alit€ sociale qui d€termine leur conscience. Nous retrouvons donc l'id€e d'Auguste Comte selon laquelle l'Esprit est d€termin€ par des conditions historiques et sociales. Mais, l„ o• Marx se d€marque de Comte, c'est qu'il essaie de faire reposer cette id€e sur une base scientifique et mat€rielle. Il rattache en effet la conscience „ un mode de production, ensemble compos€ d'une infrastructure (nature des forces productives comme les outils et le travail, et rapports techniques et sociaux de travail) et de la superstructure (religion, Droit, morale, id€ologies, science,...) Pour Marx, l'€volution de la pens€e et de la soci€t€ humaine, suit donc une course dialectique. Plusieurs modes de productions (f€odalisme, esclavagisme, capitalisme...) se succ†dent. Chaque mode se heurtant „ un moment donn€ aux contradictions entre les institutions et les forces productives, qui trouvent leur r€solution dans le mode qui leur succ†de. ‡ terme, ces contradictions doivent, par l€action consciente de l€Humanit€ (et du prol€tariat en particulier), se r€concilier dans une synth†se : le communisme.

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Marxisme €conomique

Racines du marxisme €conomique Marx effectue une synth†se entre quatre grands courants €conomiques. “ La pens€e socialiste fran‡aise. ‡ la mani†re de Comte, Marx pense qu'il faut d€couvrir des lois socio-€conomiques historiques. De mƒme, comme Saint-Simon qui consid€rait qu'il existe un clivage entre la classe des producteurs et la classe des oisifs (bourgeois, militaires, juristes, ...) au fondement historique de tous les antagonismes de classe (antinomie qu'il voulait r€soudre en soumettant la soci€t€ „ l'int€rƒt des producteurs, ce qui n'exclurait pas la • dictature du prol€tariat ‚), Marx observe que la soci€t€ est divis€e en plusieurs classes sociales, les deux principales €tant la bourgeoisie et le prol€tariat. Bien s•r, il y a de nombreuses nuances entre la philosophie marxiste et la philosophie sociale de Saint-Simon. Mais dans tous les cas, le communisme vers lequel doit tendre la soci€t€ est pour une grande part inspir€ des penseurs utopistes franŒais. Marx pense que la soci€t€ doit se diriger vers l'abolition de la propri€t€ priv€e et l'appropriation des moyens de production par les travailleurs. “ L'€conomie politique Classique, avec la th€orie €conomique de la valeur-travail de David Ricardo. “ La th€orie du circuit qu'il emprunte aux physiocrates. “ La th€orie de la plus-value et de l'exploitation qu'il emprunte „ Pierre-Joseph Proudhon.

Principe de l'exploitation ‰tudiant le mode de production capitaliste, Marx consid†re qu'il r€v†le une opposition entre deux classes sociales (bien qu'il puisse y avoir d€autres classes) : la classe bourgeoise qui d€tient le capital, et la classe prol€tarienne, qui ne dispose que de sa force de travail. S'inspirant de l'id€e d'exploitation des travailleurs lanc€e par Proudhon, ainsi que de la pens€e ricardienne qui ram†ne la valeur €conomique „ la valeur-travail, Marx pense que le capitaliste exploite le travailleur en lui subtilisant une plus-value (c€est le • sur-travail ‚). En effet le capitaliste ne paye que la valeur de la force de travail. Or la valeur de la force de travail et la valeur que cette force produit sont deux choses diff€rentes. Ce que co•te un ouvrier pour pouvoir travailler et le co•t r€el de son produit diff†rent €norm€ment. Un travailleur produit plus de valeur qu'il ne lui en co•te pour travailler et vivre lui et sa famille. Le capitaliste tire son profit de cette diff€rence, qui est la plus-value. Dans la valeur du produit il y a ainsi : “ la valeur des moyens de production consomm€s dans la fabrication du produit ; “ la valeur du travail pay€ (constitu€ par la valeur de la force de travail utilis€e, donc le montant des salaires) ; “ et une autre partie du travail fourni par l'ouvrier qui n'est pas pay€e et qui constitue la plus value empoch€e par le propri€taire des moyens de production qui devient par ce m€canisme un capitaliste. Il tire de ces fondamentaux une th€orie selon laquelle les tendances internes du syst†me capitaliste rec†lent des contradictions ind€passables qui vont d€clencher syst€matiquement et de mani†re r€currente, des crises €conomiques. Le m€canisme €conomique qu'il d€crit est le suivant[1] . Circuit €conomique Marx emprunte certains €l€ments de r€flexion „ Ricardo. Il distingue tout d'abord, les biens qui sont produits et consomm€s par le producteur direct (et la communaut€ dans laquelle il vit) et les "marchandises qui sont produites pour l'€change direct ou le commerce. Ensuite, Marx utilise la distinction entre valeur d'usage d'une marchandise (subjective et variable d'un agent „ un autre et qui change aussi avec le d€veloppement technique) et valeur d'€change (acceptable par tous les agents, ceci pour permettre justement l'€change). Enfin, Marx suppose que "la valeur" d'une marchandise est une donn€e objective, fix€e par la quantit€ de travail incorpor€e en elle, c'est le temps socialement n€cessaire pour la produire. Elle prend forme ou se r€alise grŽce „ l'€change et apparait comme "valeur d'€change".

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Marxisme €conomique Ce qui int€resse Marx, c'est de comprendre la logique qui am†ne dans un premier temps la circulation simple des marchandises et celle du capital ensuite. Si la circulation simple de marchandises M-A-M (€change marchandise-argent et ensuite €change argent-marchandise) o• l'argent intervient comme moyen de circulation (moyen d'achat) et fonctionne comme €quivalent g€n€ral, le troc M-M (€change marchandise contre marchandise) est caract€ris€ par un €change direct de valeurs o• l'argent n'est pas n€cessaire. La circulation M-A-M aboutit „ €changer un produit contre un autre par l'interm€diaire de l'argent. Le but final de l'€changiste, qui apr†s avoir vendu quelque chose dont il n'a pas besoin, ach†te la marchandise qu'il d€sire, c'est de consommer mieux et plus. En revanche la circulation du capital A-M-A renferme en elle un objectif tout autre qui est celui d'acheter des marchandises pour les vendre plus cher. L„ le but final n'est pas la consommation mais l'enrichissement, faire avec l'argent plus d'argent, c'est faire du capital. Le capital est le r€sultat d'un long processus de d€veloppement social et n'apparait que l„ o• la circulation simple des marchandises est d€j„ tr†s d€velopp€e. Enfin au stade plus €volu€ le capital s'assujettit la production proprement dite pour la transformer en mode de production capitaliste c€est-„-dire produire non seulement des objets d'utilit€ sociale, des valeurs d'usage mais surtout des marchandises, des valeurs et par dessus tout de la plus value. Produire de la plus value est le but ultime du mode de production capitaliste. C'est sa raison d'ƒtre. Il ne stimule la production que l„ o• il y a de la plus value. Exploitation du travailleur et principe de la plus-value Marx consid†re que les capitaux engag€s A se d€composent en deux parts : le capital constant c (les machines, les mati†res premi†res et les mati†res auxiliaires) et le capital variable v (les salaires). La valeur de A est donc A = c + v. Il suppose de plus que le capital constant ne fournit aucun surplus au capitaliste, ce n'est que le capital variable qui est source de valeur, et cette valeur est proportionn€e au temps de travail social n€cessaire „ la production de la marchandise. Celui-ci comprend le travail indirect et le travail direct. L'exploitation des capitalistes s'exprime alors dans le fait que la force de travail utilis€e n'est pas pay€e par le capitaliste au prorata de sa valeur. Le travailleur est pay€, dans la logique de l'€conomie classique, au minimum vital qui permet sa subsistance. Sous la pression d'un chˆmage permanent, les salaires seront toujours ramen€s „ long terme vers le salaire minimum. Le capitaliste r€cup†re donc une diff€rence : la plus-value, not€e pl. On a donc : A' = c + v + pl. On peut d†s lors d€finir : “ le taux de plus value : pl/v qui exprime le niveau d'exploitation du travailleur. “ le taux de profit : pl/(c+v), qui mesure le gain du capitaliste sur le capital engag€. La valeur produite se r€partit alors dans : “ Les salaires qui tendent vers le minimum vital. “ Les profits, donn€s par la somme des plus-values, diff€rence entre le travail total mis en Šuvre et le travail n€cessaire. “ Les int€rƒts et les rentes. Ils sont consid€r€s par Marx comme une r€partition de second degr€ pr€lev€s sur les profits. Ils d€pendent de facteurs mon€taires ou financiers. Trois possibilit€s s'offrent aux capitalistes pour accro‹tre la plus value : “ Augmenter la dur€e du travail (c'est la plus-value absolue). “ Diminuer le temps de travail pour produire l'€quivalent du minimum de subsistance (c'est la plus-value relative), en pesant par exemple sur la production agricole, en am€liorant le progr†s technique ou en important de l'€tranger - ce qui expliquerait l'imp€rialisme. “ Produire une quantit€ de produit plus importante pour un mƒme temps de travail en d€couvrant une innovation technologique (c'est la plus-value diff€rentielle). Seulement, lorsque cette innovation est g€n€ralis€e, du fait de la concurrence, la plus-value relative dispara‹t, le prix de vente rejoint le prix de production.

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Marxisme €conomique Baisse tendancielle du taux de profit Marx explique donc la r€partition du capital et l'exploitation des travailleurs, mais il lui reste „ expliquer la contradiction fondamentale du capitalisme qui conduit „ l'apparition r€currente de crises. Il l'explique par le concept de baisse tendancielle du taux de profit. Marx consid†re que les capitalistes sont tent€s d'accro‹tre leurs capacit€s de production par des innovations technologiques pour obtenir un avantage temporaire sur leurs concurrents, appel€ plus-value relative. Il s'ensuit qu'ils substituent des machines „ la main d'Šuvre, autrement dit ils substituent du capital constant c „ du capital variable v, ce qui a pour cons€quence d'augmenter l'intensit€ capitalistique de la composition organique du capital (proportion de c et v dans le capital). Comme la plus-value est donn€e par l'utilisation de travail direct, et que le taux de profit est pl / (c + v), il vient une baisse tendancielle du taux de profit qui provoque des crises. Cependant, Marx dit qu'il existe des contre-tendances „ cette baisse. Les capitalistes tentent de la compenser en accroissant leur d€bouch€s (imp€rialisme), ou en augmentant le taux de plus-value (qui est le taux d'exploitation pl / v , donc en baissant les salaires par exemple), et on pourrait envisager un €tat stationnaire, mais le probl†me est que la substitution du travail par le capital engendre de plus en plus de chˆmage, une arm€e de r€serve de travailleurs, ce qui conduit inexorablement la soci€t€ vers des conflits sociaux. ‡ terme donc, le capitalisme croule sous le poids de ses contradictions, c'est l'€tat de crise permanent, qui ne peut ƒtre €vit€ que temporairement par l'expansion €conomique „ des march€s vierges, ou par l'emballement de la croissance technologique.

Le marxisme €conomique apr•s Marx Le marxisme €conomique a eu une grande influence sur la pens€e €conomique du 19e et du 20e si†cle. Celle-ci s'est exerc€e de diff€rentes mani†res.

Courants en prolongation directe de l'€conomie politique de Marx On distingue g€n€ralement les marxiens des marxistes (on introduit aussi parfois le terme de marxologue pour d€signer les chercheurs qui €tudient l'Šuvre de Marx). La d€limitation est cependant assez floue. ƒcoles marxiennes On englobe dans l'expression €coles marxiennes des th€ories directement inspir€es des travaux de Marx, mais qui s'en d€marquent de diff€rentes mani†res. Les auteurs marxiens reviennent aux travaux €conomiques de Marx tout en laissant le plus souvent de cˆt€ l'aspect id€ologique ou m€taphysique des €crits de Marx. L'€cole de la r€gulation s'inscrit dans cette lign€e. ƒcoles marxistes G€n€ralement, le marxisme renvoie „ une doctrine et un ensemble de propositions fondamentales qui ont €t€ tir€s de l'ex€g†se des travaux de Marx. On pourrait inclure dans le courant marxiste les travaux de Rosa Luxemburg, de L€nine, de Karl Kautsky, de Louis Althusser, et de nombreux autres penseurs. Ces travaux sont fortement teint€s de l'id€ologie communiste qui n'est pourtant qu'une partie de l'Šuvre de Marx. Diff€rents courants de pens€e semblent aujourd'hui d€velopper des approches qui s'appuient sur un marxisme €conomique r€nov€. C'est le cas notamment de certains courants de pens€e proches de l'altermondialisme. On peut penser par exemple „ l'apport r€cent de Michael Hardt et Antonio Negri.

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Courants qui s'inspirent du marxisme €conomique Le marxisme €conomique a inspir€ les travaux de nombreux €conomistes. Les concepts introduits par Marx se sont retrouv€s dans des travaux aux origines tr†s diverses. Il est donc devenu presque impossible de d€crire exhaustivement l'influence de son Šuvre. Voici quelques exemples de th€ories qui s'en sont inspir€es : “ ‚cole historique allemande. L'€conomie politique de Marx a fortement influenc€ l'€cole historique allemande. Les travaux de Joseph Schumpeter traduisent ainsi un int€rƒt marqu€ pour les €crits de Marx. “ ‚cole du circuit. L'€cole du circuit est un courant en partie d'inspiration marxiste qui insiste essentiellement sur les travaux de Marx qui sont relatifs „ sa conception du circuit €conomique. Un des principaux repr€sentants de ce courant est l'€conomiste Fr€d€ric Poulon. “ Post-marxisme.

Synth•ses entre le marxisme et d'autres courants Les travaux d'Oskar Lange ou Michio Morishima, dans la lign€e de ceux de John von Neumann sur l'€quilibre g€n€ral, ouvre des passerelles entre la pens€e de Marx et celle de Walras, jug€es jusque-l„ antagonistes. Le marxisme a donn€ lieu „ des synth†ses avec les travaux des keyn€siens. Par exemple, Micha˜ Kalecki introduira des concepts marxistes dans ses th€ories. Dans les pays anglo-saxons se profile un courant marxiste assez particulier, le marxisme analytique. Les marxistes analytiques r€interpr†tent les propositions fondamentales de Marx en les €clairant „ la lumi†re des th€ories individualistes (rationalit€, int€rƒt ...), de la micro€conomie et de la philosophie analytique. Gerald Cohen, John Roemer, Philippe Van Parijs, Jon Elster ont fait partie, „ des degr€s divers, de ce mouvement (Elster s'en €tant distanc€ dans les ann€es 1990 et Van Parijs ayant particip€ aux travaux du groupe de Septembre sans pour autant se proclamer marxiste). Le marxisme analytique prend place parmi les d€bats ouverts par la Th€orie de la justice (1971) de John Rawls et sa critique libertarienne par Robert Nozick dans Anarchie, ‚tat et utopie (1974).

Critiques du marxisme €conomique Critiques par les marxistes. La s€paration du marxisme en diff€rentes branches (marxisme €conomique, politique et sociologique) n'est pas consid€r€e comme pertinente par tous les marxistes. Karl Korsch la conteste par exemple vigoureusement. Critiques externes. Le marxisme €conomique a fait l'objet des interrogations suivantes : “ la th€orie de la valeur travail garde-t-elle un sens dans l'optique marginaliste utilis€e depuis la fin du XIXe…si†cle ? “ la notion de lutte des classes garde-t-elle une pertinence ? (voir Raymond Aron) ; “ la baisse tendancielle du taux de profit dans une technologie reste-t-elle aussi importante avec les renouvellements incessants de technologie ? “ les "pr€visions" de Marx telles que la paup€risation de la population et l'€croulement du syst†me capitaliste ne s'€tant pas r€alis€es, cela ne sugg†re-t-il pas l'oubli de facteurs dans son analyse, comme les notions de culture libre et de biens communs (voir Lawrence Lessig) ? “ Marx ne conf†re-t-il pas une intention collective „ une classe bourgeoise moins homog†ne et soud€e qu'il ne le pr€tend ? (voir cependant l'article ‰mergence)

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Notes et r€f€rences [1] Pour cette partie, voir Delfaud, 1997.

Historicisme L'historicisme est une doctrine philosophique qui affirme que les connaissances, les courants de pens€e ou les valeurs d'une soci€t€ sont li€es „ une situation historique contextuelle. Ses tenants privil€gient l'€tude du d€veloppement de ces connaissances, pens€es ou valeurs, •…plutˆt que celle de leur nature propre ‚[1] . C'est une notion pr€sente dans les d€bats n€s des discussions autour de la philosophie de l'histoire. L'historien Dilthey et les philosophes Edmund Husserl, Ernst Troeltsch, Martin Heidegger[2] et Karl Popper comptent parmi ses principaux critiques.

D€finition Le terme • historicisme ‚ recouvre plusieurs acceptions. L'historicisme (Historismus ou Historizismus) d€signe d'abord une p€riode de l'historiographie allemande incarn€e par Ranke, Droysen ou Meinecke[3] , mais aussi par les €conomistes List, Hildenbrand, Knies ou Schmoller, et dominante dans la seconde moiti€ du XIXe…si†cle. D€sireux d'€riger l'histoire au rang de science rigoureuse, ces auteurs d€fendent plusieurs principes communs : l'historien doit €tablir les faits tels qu'ils se sont produits et saisir le pass€ dans sa singularit€ par rapport aux autres €poques, sans chercher „ €mettre un jugement de valeur; toute entreprise de syst€matisation doit ƒtre rejet€e au profit d'une recherche des causes imm€diates des €v€nements. S'inspirant de la pens€e de Herder, ils appellent „ consid€rer chaque €poque en elle-mƒme et rejettent toute philosophie t€l€ogique de l'histoire. Cet historicisme applique „ la m€thode historique les concepts du positivisme[4] . Par ailleurs, rejetant l'universalisme de l'€cole classique, ils consid†rent que chaque cas national doit ƒtre €tudi€ „ part, pour parvenir „ la connaissance[5] . De son cˆt€, Ernst Troeltsch d€finit, en 1922, dans Der Historismus und seine Probleme, l'historicisme comme • l'historicisation fondamentale de toute notre pens€e sur l'homme, sa culture et ses valeurs. ‚ Selon lui, ce n'est pas l'esprit humain qui, en faŒonnant ses pens€es et ses valeurs, oriente l'histoire, mais le contexte historique qui les d€termine[6] . C'est cette seconde acception de l'historicisme que la plupart des penseurs du XXe…si†cle ont retenu. Ainsi, Raymond Aron en parle comme de • la doctrine qui proclame la relativit€ des valeurs et des philosophies aussi bien que de la connaissance historique ‚[7] . Pour sa part, Leo Strauss critique le relativisme de cet historicisme, dont il fait remonter l'origine „ l'€cole historique allemande du XIXe…si†cle[8] . En revanche, Louis Althusser vise la conception h€g€lienne de l'histoire quand il parle d'historicisme[9] ,[10] . Quant „ Karl Popper, mettant sous ce vocable les pens€es de Platon, Hegel et Marx[11] , il donne cette d€finition de l'historicisme dans Mis„re de l'historicisme (1944)[12] : • Qu'il me suffise de dire que j'entends par [historicisme] une th€orie, touchant toutes les sciences sociales, qui fait de la pr€diction historique leur principal but, et qui enseigne que ce but peut ƒtre atteint si l'on d€couvre les • rythmes ‚ ou les • motifs ‚ (patterns), les • lois ‚, ou les • tendances g€n€rales ‚ qui sous-tendent les d€veloppements historiques. ‚ Il s'agit donc d'envisager l'histoire comme le d€veloppement d'un processus identifi€ et d€termin€, que l'on devine „ l'aide du pass€, et qui permet de d€terminer le futur. Selon Karl Popper, le marxisme est l'historicisme le plus abouti, qui fait explicitement de la lutte des classes le moteur de l'histoire. Pour Christophe Bouton, • Popper s†me la confusion en d€finissant l'historicisme comme une doctrine qui affirme la pr€dictibilit€ de l'histoire „ partir de lois g€n€rales, ce que nient tant l'historicisme €pist€mologique que l'historicisme

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Historicisme relativiste[13] . ‚ Pour sa part, George W. Stocking reprend la d€finition de l'historicisme €pist€mologique dans son article • On the limits of "presentism" and "historicism" in the historiography of the behavioral sciences ‚ (1965), o• il met en garde les historiens contre l'abus des r€currences et des anachronismes propres au point de vue des vainqueurs et leur oppose l'historicisme m€thodologique, qui permet d'appr€hender une • raisonnabilit€ ‚ et des modalit€s du savoir distinctes[14] . De mƒme, en 1998, Laurent Mucchielli consid†re qu'• ƒtre historiciste ou tout simplement historien, c'est comprendre que les textes ont des contextes, que les discours ont €t€ pens€s et prononc€s „ l'intention d'un auditoire, que les articles et les livres ont €t€ pens€s et €crits „ l'intention d'un lectorat, que les grands hommes quels qu'ils furent ont eu des professeurs et n'ont pas tout invent€, qu'ils ont reproduit comme les autres les pr€jug€s et les st€r€otypes culturels les plus g€n€raux de leur €poque, qu'ils ont eu les mƒmes faiblesses narcissiques (bien souvent plus que les autres...), bref qu'ils furent simplement des hommes et surtout des hommes de leur temps[15] ,[16] . ‚

Discussion Certains auteurs font le lien entre le d€veloppement de l'historicisme et du positivisme et les €garements des id€ologies modernes de l'autonomisation de la volont€ du Sujet. Un Voegelin, un Karl L™with ou un Leo Strauss n'h€sitent pas „ voir dans la pens€e moderne l'expression d'un historicisme, r€alis€ par Hegel et Comte.

Les critiques de l'historicisme La notion La critique porte sur le fait que la repr€sentation d'un tel d€veloppement de la Raison dans l'Histoire, non seulement est contradictoire en soi (si chaque €poque r€v†le un particularisme qui doit ƒtre d€pass€, la modernit€ est une telle €poque), mais aboutit aussi „ rendre relatives les figures historiques dans lesquelles la raison s'est montr€e. Le relativisme propre „ l'historicisme tend „ d€consid€rer comme choses du pass€ les philosophies ant€rieures, pour ne privil€gier que ce qui arrive en dernier. Non seulement l'historicisme est ali€n€ „ la conscience historique, mais tend „ faire le lit de l'id€e selon laquelle les Modernes comprennent mieux les auteurs du pass€, que ceux-ci ne se comprenaient eux-mƒmes. Cette appr€hension surplombante du pass€, en tant qu'elle r€interpr†te l'histoire „ la faveur des opinions du pr€sent et sous le mode du relativisme, pr€figure le nihilisme, et par sa distinction entre faits et valeurs, l'€clatement de la philosophie en sciences humaines. Selon l'encyclique Fides et ratio, pour comprendre correctement une doctrine du pass€, il est n€cessaire que celle-ci soit replac€e dans son contexte historique et culturel. Toutefois, l'encyclique dit aussi que la connaissance historique ne peut pas aboutir „ la n€gation des v€rit€s immuables et €ternelles.

Les critiques lib€rales La critique de l'historicisme, proche de la critique du scientisme est un th†me r€current de la pens€e lib€rale contemporaine, Friedrich Hayek, en plus de Popper et Mises, s'en est fait l'€cho. L'€conomiste lib€ral Ludwig von Mises pr€sente en 1957[17] l€historicisme comme une doctrine €pist€mologique par essence hostile „ l€€conomie. D'apr†s lui, l€historicisme rejette toutes sources de connaissance - hormis les sciences naturelles, la logique et les math€matiques - qui ne seraient pas fond€es sur l€€tude de l€histoire, au premier rang desquelles l€€conomie. L€historiciste estime que l€erreur fondamentale de l€€conomie est de croire que l€homme recherche exclusivement son bien-ƒtre mat€riel. Mises conteste que l€€conomie prƒche une telle croyance : toute action humaine s€expliquerait par un jugement de valeur des individus. Ainsi le co•t, qui pour les historicistes est un €l€ment propre aux soci€t€s capitalistes, serait en r€alit€ • un €l€ment de tout type d'action humaine, quelles que soient les caract€ristiques du cas particulier. Le co•t est la valeur des choses auxquelles l'acteur renonce afin de

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Historicisme parvenir „ ce qu'il veut : c'est la valeur qu'il attache „ la satisfaction d€sir€e de faŒon la plus pressante parmi les satisfactions qu'ils ne peut avoir parce qu'il en a pr€f€r€ une autre. C'est le prix pay€ pour une chose ‚. Mises postule ainsi que, croyant pouvoir appliquer les m€thodes des sciences naturelles „ l€histoire, l€historiciste recherche les lois qui gouverneraient l€histoire. S€€tant fix€ un objectif impossible, les lois que l'historiciste €nonce ne sont d†s lors que le produit de son intuition, peu importe que • l'auteur de l'Apocalypse, Hegel et, par dessus tout, Marx se consid€raient comme parfaitement inform€s des lois de l'€volution historique. ‚

Historicisme (architecture) L'historicisme en architecture, appel€ aussi €clectisme d€signe la tendance apparue au XIXe si†cle de retrouver les racines nationales des diff€rensts style europ€ens, surtout allemand, bavarois, russe, scandinave, par opposition au style n€oclassique et de mani†re plus large que le n€ogothique ou le romantisme en vogue. Il se d€cline en p€riodes historiques et en style r€gionaux.

Notes et r€f€rences [1] Dictionnaire actuel de la langue fran‡aise, Paris, ‰ditions Flammarion, 1985, p. 552. [2] Pierre Gisel, V€rit€ et histoire: La th€ologie dans la modernit€, Ernst KŽsemann, ‰ditions Beauchesne, 1977, p. 62 (http:/ / books. google. fr/ books?id=7Nu3vQflNUkC& pg=PA62& dq=historicisme+ dš›finition& hl=fr& ei=Wx7ATOikD9KBswad3eidCA& sa=X& oi=book_result& ct=result& resnum=2& ved=0CDAQ6AEwAQ#v=onepage& q=historicisme dš›finition& f=false). [3] Friedrich Meinecke, Die Entstehung des Historismus, 1936. [4] Christophe Bouton, Le proc„s de l'histoire, fondements et post€rit€ de l'id€alisme historique, 2004, p. 254. [5] Mokhtar Lakehal, Dictionnaire de science politique. Les 1500 termes politiques et diplomatiques, Pairs, L'Harmattan, 2005, 430 pages, p. 206 (ISBN…2747587630). [6] Christophe Bouton, Le proc„s de l'histoire, fondements et post€rit€ de l'id€alisme historique, 2004, p. 254-255. [7] Raymond Aron, La Philosophie critique de l'histoire, 1938 [8] Christophe Bouton, Le proc„s de l'histoire, fondements et post€rit€ de l'id€alisme historique, 2004, p. 255. [9] Louis Althusser, • Le marxisme n'est pas historicisme ‚, Lire le Capital, tome 1, 1968. [10] Christophe Bouton, Op. cit., p. 255-256. [11] Mokhtar Lakehal, Op. cit., 2005, p. 206. [12] Karl Popper, Mis„re de l'historicisme, Plon, 1955. [13] Christophe Bouton, Op. cit., p. 255, note 2. [14] Claude Blanckaert (dir.), L'Histoire des sciences de l'Homme. Trajectoire, enjeux et questions vives, Paris, L'Harmattan, 1999, 308 pages, p. 13 (ISBN…2738483216). [15] Laurent Mucchielli, La d€couverte du social: naissance de la sociologie en France, 1870-1914, Paris, La D€couverte, 1998. [16] Claude Blanckaert (dir.), Op. cit., 1999, p. 13-14. [17] dans son livre Th€orie et histoire : une interpr€tation de l'€volution €conomique et sociale publi€ en 1957, consultable en ligne : site de Herv€ de Quengo (http:/ / herve. dequengo. free. fr/ Mises/ TH/ TH10. htm)

Bibliographie “ Karl Popper : Mis„re de l'historicisme et La soci€t€ ouverte et ses ennemis “ Ludwig von Mises : Th€orie et Histoire (Chapitre 10 de la troisi†me partie, L'historicisme), traduction en franŒais par Herv€ de Quengo (http://herve.dequengo.free.fr/Mises/TH/TH10.htm) “ Jean-FranŒois Malherbe, La philosophie de Karl Popper et le positivisme logique, Presses universitaires de Namur, 1976, 313 p. (ISBN…2870370016) “ Christophe Bouton, Le proc„s de l'histoire, fondements et post€rit€ de l'id€alisme historique, Vrin, 2004, 319 p. (ISBN…271161655X)

“ Adrien Barrot, • La Critique de l'historicisme ‚, in Laurent Jaffro, Leo Strauss, art d'€crire, politique, philosophie : texte de 1941 et €tudes, Vrin, 2001, 322 p. (ISBN…2711614697) “ Jean-Paul II : Fides et Ratio - encyclique publi€e le 14 septembre 1998 sur la faŒon d'interpr€ter l'Histoire, comportant une critique de l'historicisme.

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Historicisme

Liens internes Notions induites mill€narisme “ nihilisme “ positivisme “ Biographies concern€es “ “ “ “ “ “ “ “ “ “ “

Jean-Baptiste Vico Joachim de Flore Hegel Nietzsche Heidegger Karl L™with Eric Voegelin Leo Strauss Auguste Comte Michel Villey Benedetto Croce

“ Art connexe “ Peinture historique

Keyn€sianisme Le keyn€sianisme est une €cole de pens€e €conomique fond€e par l'€conomiste britannique John Maynard Keynes. Pour les keyn€siens, les march€s laiss€s „ eux-mƒmes ne conduisent pas forc€ment „ l'optimum €conomique. En outre, l€‰tat a un rˆle „ jouer dans le domaine €conomique notamment dans le cadre de politique de relance. Toutefois l'importance de ce rˆle varie avec les courants keyn€siens et avec les traditions €tatiques des diff€rents pays. Les courants dominants actuels sont la synth†se n€o-classique nomm€e aussi n€o-keyn€sianisme et la nouvelle €conomie keyn€sienne. L'influence du post-keyn€sianisme est plus limit€e mais non n€gligeable dans certains pays, notamment en France. Cette €cole se place en opposition radicale aux principaux courants actuels et veut conserver les aspects les plus contestataires et h€t€rodoxes du keyn€sianisme. Pour Alan Blinder[1] le keyn€sianisme s'articule autour de six principaux traits dont trois concernent le fonctionnement de l'€conomie et trois les politiques €conomiques. Les trois principes sur le fonctionnement de l'€conomie sont : (1) la demande agr€g€e est erratique ; (2) les inflexions de la demande ont une plus grande influence sur la production et l'emploi que sur les prix ; (3) les prix et sp€cialement les salaires r€agissent lentement au changement de l'offre et de la demande. ‡ partir de l„, les keyn€siens avancent trois principes de politique €conomique : (1) le niveau usuel de l'emploi n'est pas id€al car il est sujet „ la fois aux caprices de la demande et „ des ajustements des prix trop lents, (2) d'o• pour certains keyn€siens la n€cessit€ de politiques de stabilisation et (3), de faŒon encore moins unanime qu'au point pr€c€dent, les keyn€siens pr€f†rent les politiques visant „ soutenir l'emploi „ celles visant „ lutter contre l'inflation.

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Les grands traits du keyn€sianisme ‡ la suite de Keynes, les keyn€siens raisonnent d'embl€e au niveau macro-€conomique et consid†rent que la • th€orie classique n'est applicable qu'au cas du plein emploi[2] ‚. Or, €crivant durant la p€riode de crise de l'entre-deux guerres, ce qui l'int€resse, c'est ce qui se passe en p€riode de sous-emploi. De cela d€coulent deux points cl€s : l'offre ne cr€e pas comme chez Jean-Baptiste Say sa propre demande mais d€pend de la demande effective ; „ la diff€rence des classiques la monnaie n'est pas un •…voile…‚ mais influe sur l'€conomie r€elle.

Demande effective et loi de Say La demande effective est la demande anticip€e par les entrepreneurs. Ces derniers calculent la production qu'ils doivent r€aliser afin d'offrir la quantit€ optimale de biens et de services demand€e par les agents €conomiques. Le sous-emploi des facteurs de production est selon Keynes d• au fait que les entrepreneurs ont des anticipations pessimistes et sous-estiment la demande effective. Keynes „ la diff€rence de Jean-Baptiste Say et des n€o-classiques ne raisonne pas dans le cadre d'une • parfaite rationalit€ des agents et... d'une information parfaite sur la situation pr€sente et future[3] ‚ aussi la demande effective d€pend de pr€visions d'agents qui peuvent ne pas conduire au plein emploi. Demande effective et march€ du travail Pour Keynes, le salaire n'est pas seulement un co•t, c'est aussi un d€terminant important de la demande. Par ailleurs, pour Keynes, le m€canisme des prix sur le march€ du travail n'aboutit pas usuellement au plein emploi d'o• l'introduction de la notion de chˆmage involontaire. “ Pour les classiques, l'offre de travail par les salari€s d€pend du salaire r€el w/p. S'il y a du chˆmage c'est que le salaire r€el w/p (w salaire nominal et p indice des prix) est sup€rieur „ la productivit€ marginale du travail appel€e • PmL ‚. Le chˆmage ne peut ƒtre que volontaire c'est-„-dire venant du refus de travailler au nouveau salaire d'€quilibre. Pour Keynes au contraire le refus des salari€s de voir leur salaire baisser est finalement une bonne chose car elle €vite une spirale d€flationniste[4] . “ Pour Keynes, les salaires nominaux w ne peuvent pas baisser pour plusieurs raisons : “ il y a une viscosit€ des salaires nominaux li€s „ la n€gociation des contrats[4] ; “ une baisse des salaires nominaux entra‹nerait une contraction de la demande qui provoquerait „ son tour une baisse de la production. Alors que pour Jean-Baptiste Say l'offre cr€e sa propre demande[5] . Pour Keynes, une demande effective insuffisante va d€terminer une offre qui ne correspondra pas „ une situation de plein emploi. • le seul fait qu'il existe une insuffisance de la demande effective peut arrƒter et arrƒte souvent l'augmentation de l'emploi avant qu'il ait atteint son maximum ‚[6] . De sorte que pour lui le chˆmage peut ƒtre involontaire. Toutefois Keynes ne r€cuse pas totalement la th€orie classique[7] . En effet, s'il ne croit, ni possible, ni souhaitable une baisse du salaire nominal w, la baisse du salaire r€el w/p suite „ une mont€e de l'inflation symbolis€e par une hausse de p est pour lui possible[8] . Cela conduira le courant de la synth†se n€o-classique „ utiliser la courbe de Phillips dans le cadre d'arbitrages entre inflation et chˆmage.

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Les composantes de la demande effective En €conomie ferm€e[9] la demande effective D est €gale „ la somme de la consommation (C) et de l'investissement (I). Consommation et €pargne “ La fonction de Consommation (C) : C : consommation c : propension marginale „ consommer.• La loi psychologique fondamentale, „ laquelle nous pouvons faire toute confiance, „ la fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des enseignements d€taill€s de l'exp€rience, c'est qu'en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent „ accro‹tre leur consommation „ mesure que leur revenu cro‹t, mais non d'une quantit€ aussi grande que l'accroissement du revenu ‚[10] . Aussi pour Keynes[11] si C est la consommation et Y le revenu alors dC/dY, c'est-„-dire la propension marginale „ consommer, est positive et inf€rieure „ un. Y : revenu b : consommation incompressible ou revenu d€s€pargn€. “ La fonction d'‰pargne (S) : S = €pargne I = Investissement

et donc

ou

Alors que chez les classiques l'€pargne d€pend du taux d'int€rƒt (i) chez Keynes, elle d€pend du revenu Y. Le lien investissement„€pargne a donn€ lieu „ un d€bat entre John Maynard Keynes et les disciples de Knut Wicksell dont Dennis Robertson[12] . L'investissement Pour Keynes, l'investissement (I) d€pend du taux d'int€rƒt et de l'efficacit€ marginale du capital qu'il d€finit comme • le taux d'escompte qui, appliqu€ „ la s€rie d'annuit€s constitu€e par les rendements escompt€s de ce capital pendant son existence enti†re, rend la valeur actuelle des annuit€s €gale au prix d'offre de ce capital[13] ‚. Si l'efficacit€ marginale est sup€rieure au taux d'int€rƒt, l'entreprise investira sinon il vaudra mieux placer l'argent. Aussi plus le taux d'int€rƒt est faible et plus les entreprises auront tendance „ investir. La propension marginale ‚ consommer et le multiplicateur Le multiplicateur de l'investissement I dans le cas le plus simple est €gal 1/(1-c) C'est-„-dire qui si nous investissons 100…‰ et si c la propension marginale „ consommer est de 0,8 alors la demande effective sera augment€e de 100 œ 1/(1 Š 0,8) = 100 œ 5 = 500…‰ Keynes a repris l'id€e de multiplicateur „ l'€conomiste R. F. Kahn[14] .

La monnaie Pour Keynes, nous d€sirons de la monnaie pour trois raisons : “ motif de transaction • i.e. le besoin de monnaie pour la r€alisation courante des €changes personnels et professionnels ‚[15] . D'o• une distinction entre motif de revenu (m€nages) et motif d'entreprise (firmes)[r€f.…n€cessaire].

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“ motif de pr€caution • i.e. le d€sir de s€curit€ en ce qui concerne l'€quivalent futur en argent d'une certaine proportion de ses ressources totales ‚[15] “ motif de sp€culation • i.e. le d€sir de profiter d'une connaissance meilleure que celle du march€ de ce que r€serve l'avenir ‚[15] La demande de monnaie

(

pour Liquidity) pour motif de pr€caution ou de transaction d€pend du revenu Y

avec La demande de monnaie pour motif de sp€culation courant et l'€tat de la pr€vision ‚ avec

• d€pend principalement de la relation entre le taux d'int€rƒt

[16]

pour deux raisons :

“ plus le taux d'int€rƒt est faible et moins nous avons int€rƒt „ placer l'argent. “ plus le taux d'int€rƒt baisse • plus la probabilit€ que son mouvement se retourne „ la hausse augmente, ce qui incite „ d€tenir son €pargne sous forme d'encaisses mon€taires plutˆt que de prendre le risque croissant d'essuyer des moins-values sur les obligations, dont les cours sont en train d'atteindre les sommets... ‚[17] Pour Keynes l'offre de monnaie Mo est exog†ne et d€pend de la politique mon€taire men€e. L'€quilibre sur ce march€ s'€crit

Le mod•le IS-LM Le mod•le IS/LM est un mod†le €conomique propos€ par John Hicks en 1937[18] et am€nag€ par Alvin Hansen (d'o• son autre nom de mod•le Hicks-Hansen), pour transcrire de faŒon formalis€e la Th€orie g€n€rale de John Maynard Keynes. Il est devenu le • mod†le standard ‚ en macro€conomie. Il appartient au courant dit de la synth†se n€o-classique. En d€pit de sa relative simplicit€, et malgr€ les contestations dont il a €t€ l'objet notamment „ la fin des ann€es 1970, il reste le plus couramment enseign€. Ce mod†le se compose de deux courbes “ Une courbe IS repr€sentant tous les couples de valeurs d'€quilibre (i, Y) sur le march€ des biens et services, (investments and savings, d'o• IS), “ Une courbe LM repr€sentant tous les couples (i, Y) d'€quilibre sur le march€ mon€taire (liquidity preference and money supply, d'o• LM).

‰quilibre IS/LM

Les deux courbes IS et LM sont r€unies sur un mƒme graphe, qui est donc l'interface entre la vision • r€elle ‚ et la vision • mon€taire ‚ de l'€conomie. L'intersection des deux courbes repr€sente le point (unique) d'€quilibre sur le march€ des biens et services et de la monnaie. Il permet de d€terminer le taux d'int€rƒt d'€quilibre et le PIB d'€quilibre. Mais dans la th€orie keyn€sienne cet €quilibre peut s'€tablir „ un niveau inf€rieur au PIB potentiel de plein emploi de l'€conomie. Aussi dans ce cas des politiques budg€taires et mon€taires seront mises en Šuvre afin d'atteindre ce niveau qui correspond d'une certaine mani†re „ l'€quilibre g€n€ral des n€o-classiques qui n'est dans ce cas pas atteint automatiquement par le simple jeu des march€s.

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La r€volution keyn€sienne et les politiques €conomiques L'expression de • r€volution keyn€sienne ‚ est due au titre d'un livre de Lawrence Klein paru en 1947. R€volutionnaire, la th€orie keyn€sienne l'est sur bien des aspects par rapport „ la th€orie classique. Toutefois deux faits sont particuli†rement saillants : D'une part, dans le domaine de l'€conomie, pour Michel Beaud et Gilles Dostaler, la r€volution keyn€sienne en masque une autre : la math€matisation des sciences €conomiques[19] . D'autre part, la mise en Šuvre de la th€orie keyn€sienne intervient „ un moment o•, de faŒon ind€pendante, les juristes et les politiques d€veloppent, en suivant des voies diff€rentes selon les pays, de nouvelles approches du gouvernement, et plus largement de l'‰tat. De cette rencontre na‹t ce qu'on appelle le keyn€sianisme dont le contenu peut diff€rer selon l'approche qu'en ont les gouvernements nationaux[20] .

Justification g€n€rale des politiques €conomiques conjoncturelles Keynes, nous l'avons vu, r€cuse la loi de Say, convaincu que le march€ laiss€ „ lui-mƒme a peu de chance d'atteindre un optimum €conomique. Pour Don Patinkin[21] , le manque de confiance de Keynes dans le processus d'€quilibrage du march€ dans un contexte macro€conomique ne date pas de la Th€orie g€n€rale mais est €galement pr€sent dans The Economic Consequences of MrChurchill de 1925. Quoi qu'il en soit, dans un tel contexte, le gouvernement doit fournir un ensemble d'incitations au march€ „ travers des politiques €conomiques budg€taires et mon€taires afin d'arriver au meilleur €tat possible. Contre Lord Beveridge qui pensait qu'un taux de plein emploi inf€rieur „ 3 % pouvait d€clencher des pressions inflationnistes, Keynes fixait ce taux „ 4,5 %[22] . Durant la Seconde Guerre mondiale il fut en faveur d'une socialisation des investissements et pour un contrˆle assez large de l'activit€ €conomique par le gouvernement[23] . Si Keynes va donner un fondement th€orique „ la politique €conomique, son Šuvre sera approfondie par l'€cole de la synth†se n€o-classique qui doit beaucoup „ Harvard et au MIT. Alvin Hansen, professeur „ Harvard, plaide dans son livre de 1947 nomm€ Economic Policy and Full Employment, pour la reconstruction d€une €conomie de march€ dot€e de nouvelles institutions incluant une stabilisation des fluctuations €conomiques par la gestion de la demande globale[24] . Il est en phase avec les termes d€une conf€rence tenue par Walter Lippmann[25] . „ Harvard en 1934 et publi€e sous le titre de The Method of Freedom. Dans ce texte, dans une d€marche qu€il inscrit dans la m€thode exp€rimentale issue de Edmund Burke, Lippmann soutient que le standard de vie des citoyens et le • management ‚ de l€€conomie constituent une responsabilit€ collective et pas seulement individuelle[26] . Ces politiques, qui sont souvent qualifi€es de keyn€siennes, ont €t€ mises en place dans des cadres institutionnels tr†s diff€rents selon les pays : • €tatisme lib€ral au Japon et en Allemagne, tradition sociale-d€mocrate en Europe du Nord, interventionnisme et colbertisme en France ‚[27] .

Les grands courants du Keyn€sianisme L'influence de Keynes va principalement se faire sentir „ travers les divers courants keyn€siens. La Th€orie g€n€rale contenant deux projets : un projet radical et un projet pragmatique en faveur duquel Keynes aurait arbitr€ • lorsqu'il prit conscience (en 1933) du degr€ d'impr€gnation de l'orthodoxie classique[28] ‚, les disciples de Keynes peuvent ƒtre class€s en deux grands groupes selon qu'on consid†re qu'ils acceptent un partie de l'orthodoxie n€oclassique ou qu'ils la r€cusent. Incontestablement, les n€o-keyn€siens de l€€cole de la synth†se n€o-classique font partie du premier groupe. Ils ont constitu€ le courant dominant de la r€volution keyn€sienne de 1945 au d€but des ann€es soixante-dix. a eu „ lutter contre les postkeyn€siens de l€universit€ de Cambridge, Angleterre, ce qui donna lieu notamment „ la controverse des deux Cambridge.

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Les courants keyn€siens influenc€s par l'€cole n€oclassique Si le courant de la synth†se n€oclassique a €t€ dominant jusqu'aux ann€es soixante-dix, „ la fin des ann€es soixante, il a €t€ contest€ par la th€orie du d€s€quilibre, puis par l€€cole mon€tariste de Chicago et enfin par la nouvelle macro€conomie classique. Si la nouvelle €conomie keyn€sienne a pris la rel†ve, au niveau macro-€conomique leurs mod†les continuent d€ƒtre utilis€s par les gouvernements et les grandes institutions €conomiques[29] . Par ailleurs, au niveau universitaire, les principaux livres d€€conomie publi€s aux ‰tats-Unis portent encore leur empreinte[30] La synth•se n€o-classique La synth†se n€o-classique centr€e sur le mod†le IS/LM d€bute avec l€article de 1937 de John Hicks Mr Keynes and the ˆ classics ‰. L€article de 1944 de Franco Modigliani Liquidity Preference and the Theory of Interest and Money participe €galement „ l'architectonique g€n€rale du mod†le qui sera popularis€ par Alvin Hansen et par Paul Samuelson „ travers notamment son manuel intitul€ Economics dont la premi†re €dition date de 1948. Pour Walter Heller qui pr€sida le Council of Economic Advisers sous l'administration de John Fitzgerald Kennedy la r€volution keyn€sienne a trois sources : John Maynard Keynes, l'am€ricanisation de Keynes par Alvin Hansen et la • la "modernit€" des ann€es cinquante et soixante ‚[31] En 1962, le mod†le IS-LM s€est ouvert „ l€€conomie internationale avec ce qui est Paul Samuelson maintenant connu comme le mod†le de Mundell-Fleming. Tr†s vite des €conomistes comme Abba Lerner] ont compris le rˆle que pouvait jouer les politiques €conomiques. Se concevant plus selon Gregory Mankiw[32] comme des ing€nieurs que comme des scientifiques, ils ont d€velopp€ des outils „ aider les politiques „ prendre des d€cisions. C€est ainsi qu€ils ont contribu€ „ la construction de mod†les macro€conomiques destin€s „ aider les gouvernements „ €valuer les impacts des politiques budg€taires, mon€taires sur l€inflation et l€emploi. Parmi les €conomistes qui ont particip€ „ ce mouvement, nous pouvons citer : Jan Tinbergen, James Meade, Robert Mundell, Robert Solow et bien d€autres. Cette faŒon de penser l'€conomie plus en ing€nieur qu'en scientifique a permis „ de nombreux n€o-keyn€siens comme de nos jours aux nouveaux keyn€siens de devenir conseillers des gouvernements et des institutions internationales. La courbe de Phillips quant „ elle, est introduite dans le corpus n€o-keyn€sien „ partir de la fin 1959 par Paul Samuelson, Robert Solow et Robet Lipsey. Ils voient dans cette courbe la possibilit€ d'arbitrer entre l'inflation et le chˆmage. Initialement ce qui int€ressait Phillips c'€tait surtout d'€tudier l'influence du chˆmage sur le niveau des salaires[33] . Avec ce nouvel outil finit de se diffuser ce que Michel Beaud et Gilles Dostaler appellent un •…keyn€sianisme hydraulique…‚ c'est-„-dire • un keyn€sianisme simplifi€, r€duit „ une m€canique des quantit€s globales ou „ un hydraulique de flux et enti†rement vid€ des dimensions essentielles de Keynes : le temps, l'incertitude non probabilisable, les anticipations et donc la prise en compte des ph€nom†nes mon€taires.. ‚[34] .

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Les nouveaux keyn€siens Les nouveaux keyn€siens vont relever le d€fi lanc€ par l'€cole des anticipations rationnelles et de la nouvelle macro€conomie classique „ la th€orie de la synth†se n€o-classique. Gregory Mankiw[35] consid†re la Th€orie du d€s€quilibre comme constituant la premi†re vague de la nouvelle €conomie keyn€sienne. La seconde vague repr€sent€e par Stanley Fischer a cherch€ „ int€grer les anticipations rationnelles dans un contexte de d€s€quilibre de march€, tandis que l'objectif de la troisi†me vague a €t€ de comprendre pourquoi certains march€s sont d€s€quilibr€s. En r†gle g€n€rale, la nouvelle €conomie keyn€sienne comme les n€okeyn€siens se r€f†re „ la notion d'€quilibre g€n€ral de l' €cole n€oclassique mais elle en relŽche l'hypoth†se de l'information parfaite. Elle est €galement critique envers les politiques €conomiques usuellement prescrite par les n€okeyn€siens (d€ficit budg€taire et taux d'int€rƒts bas)[36] elles ne tiendraient pas assez compte des probl†mes structurels li€s au fonctionnement des march€s.

Joseph Eugene Stiglitz en 2002, un des cr€ateurs de la Nouvelle €conomie keyn€sienne

Par ailleurs, les nouveaux keyn€siens „ la diff€rence de la nouvelle €conomie classique ne croient pas que les march€s s'€quilibrent rapidement en suivant la loi de l'offre et de la demande. En effet, pour eux, les salaires et les prix ne sont pas flexibles mais visqueux. Pour expliquer cette viscosit€ est li€e pour eux „ des imperfections de l'information[37] . Alors que pour les nouveaux classiques, • les cycles s'expliquent par des chocs mon€taires ou r€els impr€visibles ‚[38] , pour la nouvelle €conomie keyn€sienne, les r€cessions sont provoqu€es par une ou plusieurs grandes d€faillances du march€. Ainsi, pour la nouvelle €conomie keyn€sienne „ la diff€rence de la nouvelle €conomie classique, certaines interventions €conomiques du gouvernement sont-elles justifi€es[39] . ‡ l'inverse des nouveaux classiques mais comme les mon€taristes[39] , ils pensent qu'une politique mon€taire peut influer „ court terme sur l'emploi et „ la production. Sont habituellement class€s parmi les nouveaux keyn€siens : Joseph Stiglitz, George Akerlof, James Mirrlees et Michael Spence, Janet Yellen, Gregory Mankiw Olivier Blanchard[40] l'actuel chef €conomiste du FMI, Lawrence Summers [41] etc.

Les post-keyn€siens Si lord Keynes a profond€ment boulevers€ l'analyse €conomique, sa pens€e reste tributaire de certains axiomes que l'on peut rattacher „ l'€cole n€oclassique. Depuis la parution de la Th€orie g€n€rale, l'originalit€ de son approche n'a cess€ de faire d€bat. Aussi l'€cole post-keyn€sienne se veut-elle la plus fid†le „ l'esprit de son Šuvre. Le point de savoir si Keynes n'€tait pas conscient de toute la radicalit€ de sa pens€e, de la f€condit€ des nouveaux concepts qu'il a forg€s, fait d€bat. Toujours est-il que l'on peut soutenir qu'il €tait rest€ prisonnier de trois axiomes principaux de l'€cole classique et n€oclassique : la loi des rendements d€croissants, l'exog€n€it€ de la monnaie ainsi que l'€galit€ de l'€pargne et de l'investissement. D'o• la facilit€ avec laquelle les analyses keyn€siennes ont pu ƒtre r€cup€r€es par l'orthodoxie, via le mod†le IS-LM qui, de l'aveu mƒme de son principal architecte, John Hicks, souffrait d'un d€faut majeur : • C'est relativement simple. Ces deux courbes [IS et LM] n'ont rien „ faire ensemble. L'une est un €quilibre de flux, l'autre est un €quilibre de stocks. Elles n'ont rien „ faire sur le mƒme sch€ma. ‚[42] On pourrait ajouter : IS n'a, selon certains post-keyn€siens, pas de sens. En effet, l'€galit€ de l'€pargne et de l'investissement correspondrait „ deux instants diff€rents : c'est le d€sir d'investir ex ante et l'€pargne r€alis€e ex post qui seraient n€cessairement €gaux[43] . Regrouper les deux sur un mƒme sch€ma, d€marche qui implique un horizon temporel commun, rel†verait donc d'une confusion. • De mani†re comptable, l€€pargne est €gale „ l€investissement, mais cette €galit€ ne vaut que pour ‚

Keyn€sianisme les grandeurs r€alis€es (ex post) • et ne signifie pas que n€importe quel niveau d€€pargne trouvera un niveau €quivalent d€investissement (ex ante) .‚[44] Par ailleurs, nombre de post-keyn€siens[45] soutiennent que la monnaie est essentiellement endog†ne. La monnaie serait cr€€e par les banques en vue de satisfaire les besoins de l'€conomie ; sa quantit€ ne saurait ƒtre fix€e par la banque centrale, quoique son intervention ne soit pas d€nu€e d'influence sur les comportements des agents. C€est le taux directeur de cette derni†re qui serait essentiellement exog†ne. • Les banques cr€ent des cr€dits et des d€pˆts, et elles se procurent ensuite les billets de banque €mis par la banque centrale et demand€s par leurs clients, ainsi que les r€serves obligatoires qui sont requises par la loi. ‚[46] De fait, les post-keyn€siens voient dans l'€chec des politiques mon€taristes men€es dans les ann€es 1980 notamment par Paul Volcker, pr€sident de la FED, une illustration de la justesse de leurs vues. Ce point est naturellement controvers€, tant les n€oclassiques pensent ƒtre sortis du cadre de la th€orie quantitative de la monnaie en menant des strat€gies de ciblage d'inflation et de cr€dibilit€[47] . Enfin, notons que les conclusions de Keynes ont pu rejoindre celles des orthodoxes, quoique avec des raisonnements diff€rents, en ce qu'elles se basaient sur une mƒme pr€misse : la loi des rendements d€croissants. Pour lui, une €l€vation de l'emploi se traduisant par une moindre productivit€ des facteurs employ€s „ la production, les salaires r€els devaient baisser afin d'assurer l'€quilibre de l'€conomie. Cette baisse ne pouvant s'op€rer par une diminution des salaires nominaux pour toutes sortes de raisons, il pr€conisait de laisser l'inflation grignoter les salaires r€els. Sans doute n'est-il pas inutile de pr€ciser que cette • loi ‚ est aujourd'hui contest€e, la r€alit€ €tant sans doute plus complexe. Aussi, selon Marc Lavoie : • le co•t moyen de fabrication et les co•ts marginaux d€un €tablissement sont[-ils] approximativement constants jusqu€au niveau de capacit€ pratique d€fini par les ing€nieurs ‚. Or, • les entreprises n€utilisent habituellement que 70 % „ 85 % de leur capacit€. ‚ En effet, • les entreprises doivent disposer d€un coussin afin de pouvoir r€pondre aux fluctuations [‚] de la demande [‚]. Le fait de disposer d€€tablissements ou de compartiments d€€tablissements temporairement inemploy€s permet de r€ajuster l€offre „ la demande plus facilement. ‚[48] Il s€ensuit logiquement qu€une hausse de la demande effective n€a pas de raison de se traduire m€caniquement, „ court terme, par une €l€vation du co•t des facteurs de production ou par leur moindre productivit€. Les post-keyn€siens reprennent pour ainsi dire ce qu'il y a de plus radical chez Keynes „ savoir l'incertitude radicale, l'analyse circuitiste, l'endog€n€it€ de la monnaie. Il est possible de distinguer plusieurs €coles dites post-keyn€siennes mƒme si la classification est plus ou moins changeante[49] ). “ les keyn€siens de longue p€riode comme Roy Forbes Harrod. “ les keyn€siens du chapitre XII comme G. L. S. Schackle. “ la macro€conomie kaleckienne qui part d'une synth†se entre le marxisme et le keyn€sianisme. Elle a €t€ initi€e par les travaux de Michal Kalecki. “ l'€cole de Cambridge ou post-cambridgiens. On y trouve des €conomistes renomm€s comme Nicholas Kaldor, Joan Robinson, Michal Kalecki, Piero Sraffa. “ l'€cole du circuit en France avec Fr€d€ric Poulon, Schmitt, Barr†re, Marc Lavoie, qui sch€matise le circuit de la monnaie, repr€sentation que l'on retrouve chez FranŒois Quesnay et Karl Marx. Ils d€veloppent en parall†le des r€flexions tr†s critiques envers la micro€conomie, notamment la pens€e n€o-classique et toutes les "synth†ses" d€j„ €voqu€es, comme le mod†le IS-LM.

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La perception du keyn€sianisme selon les pays La signification du keyn€sianisme varie selon les pays. Elle d€pend en autre des €conomistes qui en ont €t€ les introducteurs dans le pays et des traditions politiques et €conomiques des pays.

En France En France Keynes a €t€ introduit par des hauts fonctionnaires et il est parfois synonyme de colbertisme. C'est ainsi que dans le Monde, Alain Frachon parle de • de vrai keyn€sien ‚ pour le premier ministre de Singapour dont le gouvernement pratique • du colbertisme autoritaire ‚ o• • l'‰tat dirige le capitalisme ‚[50] . Notons que Keynes n'emploie pas ou peu le terme ‰tat utilisant le terme gouvernement ce qui n'est pas la mƒme chose.

Aux ƒtats-Unis Le keyn€sianisme est perŒu ici de faŒon plus sociale-lib€rale o• certes le gouvernement peut par des politiques conjoncturelles ou structurelles intervenir tant sur la conjoncture et tenter d'orienter le d€veloppement futur du pays mais o•, les citoyens et les agents ont vis-vis de l'administration une plus grande libert€ d'action

Les critiques Critiques de l€ƒcole autrichienne Friedrich Hayek critiqua les politiques €conomiques keyn€siennes pour ce qu€il appelait leur approche fondamentalement collectiviste, soutenant que de telles th€ories encouragent la planification centrale, qui m†ne au mauvais investissement du capital, ce qui est la cause des cycles €conomiques…(en)[51] . Hayek soutenait €galement que l€€tude faite par Keynes des relations agr€g€es dans une €conomie est fallacieuse, puisque les r€cessions sont dues „ des facteurs micro€conomiques. Hayek affirmait que ce qui commence comme des ajustements €tatiques temporaires devient en g€n€ral des programmes €tatiques permanents et grandissants, qui brident le secteur priv€ et la soci€t€ civile. D€autres €conomistes de l€‰cole autrichienne ont €galement attaqu€ le keyn€sianisme. Henry Hazlitt critiqua, paragraphe par paragraphe, la Th€orie g€n€rale de Keynes[52] . Murray Rothbard accuse le keyn€sianisme de puiser • ses racines profond€ment dans la pens€e m€di€vale et mercantiliste[53] . ‚

Les critiques adress€es aux n€o-keyn€siens Gregory Mankiw[54] distingue trois grandes vagues critiques. “ L€€cole mon€tariste de Chicago avec Milton Friedman a insist€ sur le fait que la courbe de Phillips ne permettait pas de rendre compte de la • stagflation ‚ ( inflation croissante sans r€duction du chˆmage) qui d€bute „ la fin des ann€es soixante. Milton Friedman dont la d€marche s'inscrit „ l'int€rieur du cadre IS/LM mettra en avant la notion de chˆmage naturel. Les n€o-keyn€siens pr€f†reront utiliser un autre concept : le taux de chˆmage n'acc€l€rant pas l'inflation NAIRU (voir Diff€rence entre le NAIRU et le taux de chˆmage naturel). Pour Franco Modigliani• le trait distinctif de l'€cole mon€tariste et le v€ritable sujet de d€saccord avec les non-mon€taristes n'est pas le mon€tarisme mais plutˆt le rˆle qu'on devrait probablement assigner aux politiques de stabilisation...le principal message d'ordre pratique de la Th€orie g€n€rale [est] qu'une €conomie d'entreprise priv€e utilisant une monnaie intangible a besoin d'ƒtre stabilis€e, et d†s lors devrait ƒtre stabilis€e par des politiques mon€taires et budg€taires appropri€es. Au contraire les mon€taristes consid†rent qu'il n'y a pas de besoin s€rieux de stabiliser l'€conomie ‚[55] “ La seconde attaque est venue de la nouvelle macro€conomie classique repr€sent€e notamment par Robert Lucas Jr-• Prix Nobel ‚ d'€conomie 1995-, Thomas Sargent, Robert Wallace etc. Elle repose sur trois grands principes[56] : 1) Les march€s sont en €quilibre car les prix y jouent le rˆle qui leur est assign€ par la th€orie

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Keyn€sianisme walrassienne; 2)les agents traitent de faŒon optimale une information imparfaite dont l'acquisition est co•teuse; 3)les agents font des anticipations rationnelles. Il r€sulte que contrairement „ la courbe de Phillips il n'y a pas d'arbitrage entre inflation et chˆmage. Pour Gregory Mankiw le point faible de cette th€orie, comme celle du cycle r€el, que nous allons €voquer, r€side dans leur m€fiance envers l'€conom€trie qui les prive du recours „ des pratiques proches de l'ing€nierie, tr†s appr€ci€es des politiques[57] . “ La troisi†me attaque fut celle de la th€orie des cycles r€els popularis€e par des €conomistes tels que Finn E. Kydland (• Prix Nobel ‚ d'€conomie 2004), Edward C. Prescott (• Prix Nobel ‚ d'€conomie 2004). Cette approche • consid†re que les fluctuations sont g€n€r€es par des chocs au niveau de la productivit€, heurtant des €conomies dans lesquelles les march€s sont continuellement en €quilibre ‚[58] . Kydland et Prescott dans leur article de 1977 Rules Rather than Discretion ont mis l'accent sur la cr€dibilit€ des politiques €conomiques qui supposent que les dirigeants n'abusent pas d'exp€dients.

Notes [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8]

Alan Blinder, Keynesian Economics Lire en ligne (http:/ / www. econlib. org/ library/ Enc/ KeynesianEconomics. html) Keynes, 1936, p. 45 Br€mond, 1987, p. 37 Combemale, 2006, p. 23 A noter que dans tout ce qui suit, on parle de la loi de Say telle qu'elle €tait conŒue par Keynes, et non telle qu'elle €tait €nonc€ par Say Keynes, 1936, p.57 Voir Combemale, 2006, pp.20-21 • alors que la main d'Šuvre r€siste ordinairement „ la baisse des salaires nominaux, il n'est pas dans ses habitudes de r€duire son travail „ chaque hausse du prix des biens de consommation ‚ citation de Keynes in Combemale, 2006, p.21 [9] Combemale, 2007, p.47 [10] Keynes, 1936, p.117 [11] Keynes, 1936, p. 117 [12] Voir les termes du d€bat sur l'encyclop€die du CEPA (http:/ / cepa. newschool. edu/ het/ essays/ keynes/ wicksellian. htm) [13] Keynes, 1936, p. 153 [14] Keynes, 1936, p. 133 [15] Keynes, 1936, p.184 [16] Keynes, 1936, p.211 [17] Combemale, 2006, p.35 [18] Vour l'article de Hicks Mr Keynes and the "Classics": A Suggested Interpretation. [19] Beaud et Dostaler, 1996, p. 84 [20] • Ces id€es ont pu ƒtre reŒus, apr†s la guerre, aussi bien par des lib€raux et des radicaux anglo-saxons que par des travaillistes britanniques, des sociaux-d€mocrates et socialistes r€formateurs d'Europe, ou encore par des chr€tiens d€mocrates, des r€formateurs sociaux, des tenants du d€veloppement €conomique national, h€ritiers de Colbert, List ou Carey ‚ cit€ in Beaud et Dostaler, 1996, p.86 [21] Don Patinkin, 1987, p.29 [22] Beaud et Dostaler, 1996, p.81 [23] Beaud et Dostaler, 1996, p.82 [24] Beaud et Dostaler, 1996, p.89 [25] Pour le professeur Goodwin, • In fact, the essential Keynesian policy message was delivred to a large Harvard audience in the Godkin lectures of May 1934 by Walter Lippmann published as a book entitled The Method of Freedon (1935) ‚ Goodwin C.D. (1995), "The Promise of expertise: Walter Lippmann and policy sciences", Policy Sciences, 28, Kluwer Academic Publishers, Netherlands, p.336 [26] Walter Lippmann W. (1934), The Method of Freedom, George Allen 1 Unwin LTD, London, pp.7 et 57 [27] Beaud et Dostaler, 1996, pp.89-90 [28] au sein du "jeu de langage" (au sens de Wittgenstein) que pratiquent les €conomistes voir Favereau, 1985, p. 29 [29] Mankiw, 2006, p.42 [30] Mankiw, 2006, p.43 [31] Voir livre de Heller Nouvelles Perspectives de la politique €conomique Paris Calman-L€vy, 1968. Citation extraite de Beaud et Dostaler, 1996, p.93 [32] Mankiw, 2006, p.29 [33] Jean-Marc Daniel, "La courbe de Phillips", Le Monde du 08/03/2005 [34] Beaud et Dostaler, 1996, p.96 [35] 2006, p.35 [36] Voir Clerc, , 1999, p.1

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Keyn€sianisme [37] Stiglitz, 2004, p.314 [38] Pascal Combemale, 2008, p.17 [39] Mankiw,2008, p.4, consult€ le 08/03/2009 [40] Clerc, 2007, p.1 [41] Clerc, 1999, p.2 [42] Klamer, A. (1989), • An Accountant Among Economists: Conversations with Sir John R. Hicks ‚, Journal of Economic Perspectives, 3(4) : 167-80 [43] voir par exemple Pierre-Bruno Ruffini, Les Th€ories mon€taires, Le Seuil, 1996 [44] Patrick Villeu, Macro€conomie : consommaton et €pargne, La D€couverte, 2002, p. 13 [45] on renvoiera encore aux ouvrages de Marc Lavoie pour une pr€sentation exhaustive [46] Marc Lavoie, L'‚conomie post-keyn€sienne, La D€couverte, 2004, p.55 [47] voir le d€bat entre Edwin Le H€ron et Philippe Moutot, Les Banques centrales doivent-elles •tre ind€pendantes ?, ‰ditions Prom€th€e, 2008 [48] Marc Lavoie, L'‚conomie post-keyn€sienne, La D€couverte, 2004, p.41-44 [49] On distingue parfois les fondamentalistes, les sraffiens et les kaleckiens [50] Alain Frachon "A Singapour, rencontre avec un vrai keyn€sien" Le Monde du 21 mai 2010 [51] (en) Friedrich Hayek, The Collected Works of F.A. Hayek, University of Chicago Press, 1989 (ISBN…978-0-226-32097-7), p.…202 [52] (en) Henry Hazlitt, The Failure of the 'New Economics': An Analysis of the Keynesian Fallacies, D. Van Nostrand, 1959 [53] Erreur dans la syntaxe du mod†le ArticleMurray Rothbard, •…Spotlight on Keynesian Economics…‚, dans , Ludwig von Mises Institute, 1947 [ texte int€gral (http:/ / mises. org/ story/ 2950)] [54] Mankiw, 2006, p. 32 [55] Modigliani discours pr€sidentiel de 1977 devant l'American Economic Association, cit€ dans Beaud et Dostaler, 1996, p.191 [56] Dostaler 1996, pp.195-196 [57] Mankiw, 2006, p.34 [58] Beaud et Dostaler, 1966, p.200

R€f€rences Bibliographie “ (fr) Keynes J.M, 1936, Th€orie g€n€rale de l'emploi, de l'int€r•t et de la monnaie, €dition utilis€e Biblioth†que scientifique Payot, 1990. “ (fr) Favereau, Olivier, 1985, • L'incertain dans la r€volution keyn€sienne, l'hypoth†se Wittgenstein ‚, ‚conomie et soci€t€, mars 1985. “ (fr) Br€mond Janine, 1987, Keynes et les keyn€siens aujourd'hui, Hatier. “ (en) Don Patinkin, 1987, • Keynes, John Maynard (1883-1943)‚ in New Palgrave, tome 3 “ (en) David Colander, "Was Keynes a Keynesian or a Lernerian" Journal of Economic Literature, Vo.XXII (D€cemmbre 1984) “ (fr)M. Beaud M. Dostaler, 1993, La pens€e €conomique depuis Keynes, Michel Beaud, Gilles Dostaler, Points €conomie €dition utilis€e 1996. “ (fr) Fr€d€ric Poulon, La pens€e €conomique de Keynes, Dunod, 2000 (ISBN…9782100042029), 2e €d. 2004 (ISBN…9782100487189)

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Keyn€sianisme “ (en) Gregory Mankiw, 2008,• New Keynesian Economics ‚, The Concise Encyclopedia of Economics Lire en ligne (http://www.econlib.org/library/Enc/NewKeynesianEconomics.html) Articles de vulgarisation “ (fr) Clerc D., 2000, • Deux Keynes pour le prix d'une th€orie ‚ Alternatives €conomiques de mars “ (fr) Denis Clerc, 1999, • Nouveaux keyn€siens, les chantres du salaire d'efficience ‚, Alternatives €conomiques, no…168, mars 1999. “ *(fr) Denis Clerc, 2007, • Les nouveaux keyn€siens ‚, 'Alternatives €conomiques Pratique, no•31, novembre 2007. “ (fr)Pascal Combemale, • Keynes et les keyn€siens ‚, Cahiers franŒais no…345, juillet-ao•t 2008.

Mon€tarisme Le mon€tarisme est un terme apparu „ la fin des ann€es 1960 pour qualifier un courant de pens€e €conomique pour lequel l'action de l'‰tat en mati†re mon€taire est inutile voire nuisible. Le chef de file de ce courant, Milton Friedman, a cherch€ „ r€habiliter la th€orie quantitative de la monnaie contre le paradigme dominant de l'€poque, le keyn€sianisme. La politique Mon€taire apparait depuis quelques ann€es comme un instrument essentiel de la politique €conomique.

Description Selon la th€orie mon€tariste : “ l'offre de monnaie est exog†ne (d€termin€e par la banque centrale) ; “ la demande de monnaie est stable ; “ l'inflation est • partout et toujours un ph€nom†ne mon€taire ‚, due „ l'augmentation trop rapide de la masse mon€taire (moyens de paiement mis en circulation) ; “ les agents font des anticipations adaptatives qui diminuent „ long terme l'effet des politiques conjoncturelles ; “ il existe un taux de chˆmage naturel en dessous duquel l'€conomie ne peut pas descendre durablement.

Taux de ch‡mage naturel La courbe de Phillips est une constatation empirique d'une corr€lation entre le chˆmage et l'inflation „ court terme uniquement. Le taux de chˆmage est en abscisse et l'inflation en ordonn€e, cette courbe est monotone convexe d€croissante. Friedman va modifier la lecture de cette courbe de la mani†re suivante : • en augmentant la masse mon€taire, les autorit€s font croire aux travailleurs que leur salaire r€el a augment€, ce qui les conduit „ augmenter leur offre de travail. ‡ court terme on a donc une diminution du chˆmage, mais rapidement les travailleurs s'aperŒoivent que les prix ont augment€ en mƒme temps, ils diminuent donc leur offre de travail. ‚ Deux cons€quences : “ Premi†rement, le niveau de chˆmage revient „ son niveau • naturel ‚, mais les prix ont augment€ ! La courbe de Phillips se d€place donc • vers le haut ‚. “ Deuxi†mement, Friedman en d€duit que la courbe de Phillips de long terme est une droite verticale avec comme abscisse le taux de chˆmage naturel, elle d€montrerait alors l'inefficacit€ des politiques €conomiques sur le long terme.

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Mon€tarisme

Politique mon€taire M. Friedman pr€conise l'abandon des politiques mon€taires discr€tionnaires pour mettre en place des r†gles fixes. Il sugg†re d'inscrire dans la constitution un taux de croissance fixe pour la masse mon€taire correspondant au taux de croissance moyen de la production „ long terme (par exemple 5 %), les taux d'int€rƒt €tant fix€s par la loi de l'offre et de la demande. Si la croissance €conomique ralentit, l'offre de monnaie sera exc€dentaire et les taux d'int€rƒt diminueront, permettant une reprise de la croissance. Si la croissance acc€l†re au del„ du rythme pr€vu (surchauffe), l'offre de monnaie sera insuffisante et les taux d'int€rƒt augmenteront, ce qui freinera la croissance. Ainsi les politiques conjoncturelles (politique de relance ou de rigueur) sont inutiles, et les risques d'inflation ou de r€cession sont €limin€s.

Les suites du mon€tarisme Le mon€tarisme a €t€ „ son tour contest€ par d'autres lib€raux. Les nouveaux classiques se sont oppos€s „ Friedman en d€fendant des hypoth†ses comportementales sensiblement diff€rentes. Les mon€taristes supposent des anticipations adaptatives, les agents s'adaptent en fonction de la situation pr€sente. Ils peuvent ƒtre tromp€s par une politique €conomique qui sera alors efficace „ court terme mais n€faste „ long terme quand les agents se rendront compte de leurs erreurs. Pour les nouveaux classiques, les anticipations sont rationnelles. Les agents raisonnent en termes r€els et ne peuvent ƒtre leurr€s par une politique mon€taire, qui sera donc inefficace „ court terme comme „ long terme.

ƒcole autrichienne d'€conomie L€ƒcole autrichienne d€€conomie, dite parfois ƒcole de Vienne, est une €cole de pens€e €conomique h€t€rodoxe qui prend comme point de d€part l'individualisme m€thodologique; elle rejette l€application „ l€€conomie des m€thodes employ€es par les sciences naturelles et s€int€resse aux relations causales entre les €v€nements, dont l€origine est l€action des individus, objet d'€tude de la prax€ologie. Hors l'individualisme m€thodologique, l'€cole autrichienne d€veloppe une conception subjective de la valeur et l'importance du march€ comme r€v€lateur des pr€f€rences individuelles et r€gulateur de la soci€t€. Ses partisans d€fendent g€n€ralement des id€es lib€rales en mati†re €conomique et plus g€n€ralement d€organisation de la soci€t€. On la fait g€n€ralement d€buter en 1871 avec la publication par Carl Menger de ses Principes d'€conomie. Ses principaux repr€sentants sont Carl Menger, Eugen von B™hm-Bawerk, Ludwig von Mises, Friedrich Hayek et Murray Rothbard. Le terme • €cole autrichienne ‚ a €t€ utilis€ pour la premi†re fois vers 1870 par les €conomistes allemands de l'€cole historique, comme terme de m€pris envers les th†ses de Carl Menger, oppos€es aux leurs.

Historique On consid†re habituellement que la tradition autrichienne est issue de Carl Menger, g€n€ralement associ€ „ L€on Walras et William Stanley Jevons dans l€invention du marginalisme. En r€alit€, ces trois auteurs ont soutenu des positions diff€rentes sur de nombreux sujets, et sont „ l€origine de trois €coles de pens€e distinctes. L'€cole autrichienne d€coule ainsi sp€cifiquement des id€es de Menger et elle prend corps progressivement, sous le nom d'€cole de Vienne ou d'• €cole psychologique ‚[1] . Plus anciennement, la tradition autrichienne se rattache „ une tradition ancienne qui passe par les scolastiques espagnols du XVIe…si†cle, (‰cole de Salamanque) et les €conomistes classiques franŒais comme Jean-Baptiste Say ou Fr€d€ric Bastiat. Sous l€impulsion de Carl Menger et de ses deux premiers disciples Eugen von B™hm-Bawerk et Friedrich von Wieser, la tradition €conomique autrichienne conna‹t un essor remarquable dans les trois premi†res d€cennies du

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‰cole autrichienne d'€conomie vingti†me si†cle, pour se diviser ensuite en plusieurs courants. Wieser s€oriente rapidement vers un rapprochement avec la th€orie walrasienne de l€€quilibre g€n€ral, voie sur laquelle le suivront des auteurs comme Schumpeter et Hayek qui fut son €tudiant avant de travailler pour Mises „ l'Institut f•r Konjunkturforschung ("Institut de Recherches sur la Conjoncture" devenu institut allemand pour la recherche €conomique) que celui-ci avait cr€€. Puis, fuyant la mont€e du nazisme dans les ann€es trente, les €conomistes autrichiens trouvent refuge dans le monde anglo-saxon, et beaucoup se rapprochent plus ou moins des th†ses dominantes dans les pays d€accueil, principalement la Grande Bretagne et les ‰tats-Unis. D€autres, au premier rang desquels Ludwig von Mises, restent fid†les „ la pens€e de Carl Menger en ce qu€elle se distingue de celle de Jevons et Walras, et ont des disciples locaux fid†les qui assurent la persistance jusqu€„ nos jours d€une €cole autrichienne sp€cifique. L€‰cole autrichienne s€est d€velopp€e „ travers un certain nombre de controverses portant sur la nature mƒme de la discipline €conomique. La premi†re de ces controverses connue sous le nom de Methodenstreit, oppose Menger „ l€‰cole historique allemande men€e par Gustav von Schmoller, qui soutient qu€il n€existe pas de lois g€n€rales des ph€nom†nes €conomiques. Sur l€autre aile, elle se double d€une opposition permanente „ L€on Walras et aux n€oclassiques, initialis€e par Menger et poursuivie par B™hm-Bawerk et Mises. La troisi†me, lanc€e par Menger contre la conception objective de la valeur, se prolonge contre Marx et le socialisme avec B™hm-Bawerk, Mises et Hayek. Enfin la quatri†me, contre Keynes et les macro-€conomistes, est lanc€e par Mises et d€velopp€e par Hayek. Ces controverses sont encore vivaces et mettent la tradition autrichienne en conflit avec presque toutes les autres €coles de la pens€e €conomique contemporaine.

La conception autrichienne de l€€conomie Surtout connue (et combattue) pour ses positions politiques lib€rales, qui condamnent l'intervention de l€‰tat dans l€€conomie, l€‰cole autrichienne se caract€rise en r€alit€ principalement par ses positions €pist€mologiques et m€thodologiques concernant la nature de la discipline €conomique. La mati†re qu€€tudie l€€conomie est faite de ph€nom†nes sociaux complexes r€sultant de l€action des ƒtres humains, qui consiste „ mettre en Šuvre des moyens pour atteindre des fins, les relations entre fins et moyens aussi bien que les fins elles-mƒmes €tant €tablies par chaque individu et faisant intervenir son libre arbitre et sa raison. L€‰cole autrichienne affiche donc une conception du jugement de valeur comme acte de la pens€e, ce qui a conduit „ la qualifier de "subjectiviste". La valeur d€un objet singulier - et non pas d'une classe d'objets - est le jugement qu€un ƒtre pensant porte sur la capacit€ de cet objet „ servir ses projets, et c'est l„ son seul lien avec les attributs mat€riels de la chose. La valeur ne se prƒte donc „ aucune mesure ni comparaison, ni addition entre les individus, r€alit€ que d'autres €conomistes reconnaissent verbalement, mais sans en tirer toutes les cons€quences. Elle varie suivant les projets, les personnes qui forment ces projets et la disponibilit€ des substituts. Chaque acte €conomique a un tr†s grand nombre d€effets, et chaque ph€nom†ne €conomique observable r€sulte de la conjonction des effets d€un tr†s grand nombre de causes. Il en r€sulte que l€€conomie est une discipline diff€rente des sciences physiques : l€exp€rimentation y est impossible, mais l'introspection nous permet de conna‹tre directement les faits fondamentaux de l'action, dont d€coulent la plupart des lois €conomiques : seule la complexit€ de leurs interactions fait donc obstacle „ l€analyse. Pour les €conomistes autrichiens, la m€thode de raisonnement applicable „ l€€conomie est donc de partir de notre connaissance de nous-mƒmes en tant qu€ƒtres humains agissants pour en d€river par simple d€duction logique les lois qui r€gissent les ph€nom†nes. Cette m€thode • a priori ‚ soutenue par la logique, est semblable „ celle des math€matiques. Elle s€oppose „ la m€thode exp€rimentale ou hypoth€tico-d€ductive des sciences physiques (dualisme m€thodologique). Par exemple, la proposition • l€homme agit ‚ est incontestablement vraie puisque nier que l€homme agit serait d€j„ une action (contradiction performative ou pratique). Dans L€Action humaine, Mises montre que cet • axiome de

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‰cole autrichienne d'€conomie l€action ‚ implique n€cessairement les cat€gories de fin, de moyen, de causalit€, d€incertitude, de pr€f€rence temporelle, et, de proche en proche, de valeur, de co•t, d€int€rƒt, etc., et engendre enfin toute la th€orie €conomique. Mais ces lois €conomiques sont purement qualitatives et d€crivent les effets d€une cause prise isol€ment. Les ph€nom†nes concrets, qui r€sultent de la conjonction d€une infinit€ de causes ind€pendantes, sont essentiellement impr€visibles. En particulier, le raisonnement math€matique leur est inapplicable. Cette conception est appel€e • r€alisme abstrait ‚ : abstrait car elle prend en compte les caract€ristiques des ƒtres humains r€els et de leurs actions une par une et non dans leur ensemble ; r€aliste parce que les caract€ristiques retenues sont effectivement pr€sentes chez les humains r€els, contrairement aux hypoth†ses constitutives de l€homo Šconomicus de la th€orie n€oclassique. Pour les • autrichiens ‚, une explication d€un ph€nom†ne €conomique n€est valide que si elle rattache logiquement ce ph€nom†ne „ ses causes ultimes, qui sont par d€finition les choix volontaires d€ƒtres pensants (individualisme m€thodologique). La tradition autrichienne r€cuse donc la distinction entre micro€conomie et macro€conomie : elle reconna‹t comme contradictoires et tient pour d€pourvus d'int€rƒt les agr€gats comme le niveau g€n€ral des prix, le taux d€inflation ou le produit int€rieur brut, ainsi bien s•r que les relations fonctionnelles postul€es entre ces statistiques.

Les positions substantielles L€‰cole autrichienne €tudie les processus de changement en plus des tendances „ l'ajustement, consid€rant les €tats d€•…€quilibre…‚ comme des constructions imaginaires utiles au raisonnement, notamment pour d€gager les effets de l'incertitude, mais irr€alisables et mƒme impensables et naturellement incapables de justifier aucune norme. Ses apports originaux se situent principalement dans les domaines o• elle se s€pare de l€€conomie n€oclassique, c€est-„-dire ceux o• le passage du temps, l€incertitude, les limitations intrins†ques de l€esprit humain et son libre arbitre jouent un rˆle crucial, en particulier : “ “ “ “

La th€orie de la monnaie et du cr€dit ; La th€orie de la production et du capital ; La th€orie des cycles et des crises €conomiques ; La th€orie de l€entrepreneur et du calcul €conomique.

Il faut n€anmoins se garder de voir ces apports comme de simples variantes ou des compl€ments par rapport aux autres th€ories, en oubliant que la tradition autrichienne repose sur des bases €pist€mologiques diff€rentes, qui impliquent des incompatibilit€s et des contestations radicales. ‡ titre d'exemple, voici un r€sum€ de la th€orie autrichienne des cycles €conomiques, qui repose sur les conceptions autrichiennes du capital, de l€entrepreneur, de la valeur, du march€ et de l€int€rƒt, illustre le mode de raisonnement des €conomistes autrichiens, et conduit „ des pr€conisations radicalement oppos€es „ celles de l€€conomie • orthodoxe ‚. Dans la conception autrichienne, le capital est un ensemble structur€ de biens utilis€s dans les processus de production et non une masse homog†ne r€sum€e par un €quivalent mon€taire macroscopique. ‡ chaque processus de production est associ€ un ensemble de biens capitaux particuliers, et chaque bien capital occupe une place particuli†re dans le processus de production. La liste des biens et la population des producteurs ne sont pas exog†nes ; leur formation et leur €volution sont des sujets fondamentaux de la th€orie €conomique. Une entreprise est un assemblage sp€cifique de moyens de production, notamment de biens capitaux, pour produire des biens ou services sp€cifiques. Ces assemblages n€existent pas a priori mais doivent ƒtre construits par des agents €conomiques. Cr€er et faire fonctionner de tels assemblages constitue la fonction d€entrepreneur. Cette fonction est distincte „ la fois de celle d€apporteur de travail et de celle d€apporteur de capitaux (avec lesquelles elle peut se combiner). Pour comparer des plans d€actions alternatifs, l€entrepreneur utilise un outil appel€ • calcul €conomique ‚, qui consiste essentiellement „ estimer la diff€rence entre les revenus tir€s de la production et le co•t des ressources

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‰cole autrichienne d'€conomie utilis€es dans cette production, la diff€rence constituant le profit de l€entrepreneur. Ce calcul utilise les prix de march€ observ€s ou pr€vus. Il peut ƒtre effectu€ ex ante pour €tablir les plans d€action de l€entreprise ou ex post pour en estimer les effets r€els, cette utilisation ex post €tant la base de la comptabilit€. Si les prix r€sultent du libre fonctionnement du march€, la th€orie autrichienne consid†re qu€ils repr€sentent correctement la valeur que la soci€t€ attache aux diff€rents biens. Le profit de l€entrepreneur est alors un indicateur de la valeur que la soci€t€ attache „ l€activit€ de l€entreprise, en mƒme temps que la r€mun€ration de l€activit€ propre de l€entrepreneur. Les entrepreneurs vont normalement lancer tous les projets dont la rentabilit€ pr€visionnelle est sup€rieure au taux d€int€rƒt du march€, et notamment proc€der aux investissements n€cessaires, compl€tant ainsi la structure du capital par l€acquisition de moyens de production plus ou moins sp€cifiques. Or l€entrepreneur ne peut pr€voir ni le comportement futur des consommateurs, ni celui des autres producteurs, qui sont soumis „ une incertitude radicale non probabilisable. Les r€sultats r€els peuvent donc ƒtre diff€rents des r€sultats attendus, et le profit attendu peut ne pas se mat€rialiser. Dans un march€ libre, cela indique que les consommateurs pr€f†rent les biens consomm€s par cette production aux biens qui en r€sultent. L€assemblage sp€cifique de moyens de production qui constitue l€entreprise doit alors ƒtre d€fait et les moyens, en particulier le personnel, rendus disponibles pour d€autres usages dans la mesure du possible. Dans le cas normal, les cons€quences de cet €chec sont limit€es „ l€entreprise, „ son environnement imm€diat et au march€ des biens concern€s. Pour qu€il y ait crise g€n€ralis€e, il faut que les calculs de tous les entrepreneurs soient fauss€s, ce qui ne peut r€sulter que de manipulations de la monnaie et/ou des taux d€int€rƒt qui servent de r€f€rence aux calculs de tous. Dans la th€orie autrichienne, les taux d€int€rƒt observ€s sur le march€ ont plusieurs composantes, dont le • taux originaire ‚ qui traduit la pr€f€rence pour le pr€sent des agents, c'est-„-dire leur propension „ consommer aujourd€hui plutˆt qu€„ l€avenir. Un taux faible indique une faible pr€f€rence pour le pr€sent, c'est-„-dire „ la fois une forte tendance „ €pargner et l€intention de consommer beaucoup dans le futur. Dans un march€ libre, le taux s€€tablira „ un niveau coh€rent avec les intentions r€elles des consommateurs. Si le taux d€int€rƒt est artificiellement maintenu trop bas, soit directement par d€cision des autorit€s, soit par cr€ation mon€taire abondante, les entrepreneurs croient que les consommateurs veulent investir plus que ce qu€ils souhaitent r€ellement. Ils vont donc engager des projets d€investissements qui ne sont pas justifi€s par les intentions r€elles des consommateurs, et qui devront donc tˆt ou tard ƒtre abandonn€s. Et comme cette erreur de pr€vision touche tous les entrepreneurs, l€abandon des projets entra‹ne une crise g€n€ralis€e. Les autrichiens voient donc les cycles €conomiques comme form€s d€une phase ascendante d€investissements provoqu€s par des manipulations de la monnaie et de l€int€rƒt, mais non justifi€s par la demande r€elle, suivie d€une phase descendante o• les investissements r€alis€s „ tort sont obligatoirement abandonn€s, entra‹nant baisse des revenus et chˆmage, mais n€cessaire pour r€tablir une structure de capital coh€rente avec la demande. Les crises €conomiques apparaissent ainsi comme la cons€quence in€vitable des booms artificiels. Ils en d€duisent que toute intervention €tatique pour empƒcher ou retarder la crise est contre-productive, et que le seul moyen d€empƒcher les crises est de ne pas cr€er de boom artificiel par la manipulation des taux d€int€rƒt et de la monnaie. Ils recommandent notamment de laisser le march€ fixer librement les taux d€int€rƒt. Sur les moyens de limiter la cr€ation mon€taire, les €conomistes de la tradition autrichienne se divisent en deux camps. Outre les taux de change flottants, les uns recommandent le r€gime de l€€talon-or et la limitation des cr€dits consentis par les banques au montant de leurs actifs. Les autres recommandent le syst†me de la banque libre, consid€rant que des banques libres de leurs d€cisions mais supportant pleinement les cons€quences de leurs actions, concurrentes entre elles pour l€€mission et le maintien en circulation de signes mon€taires et sans possibilit€ de recours „ une banque centrale, seraient oblig€es par leurs clients et par la concurrence de maintenir un taux de r€serve relativement €lev€ qui les garantirait contre le risque .

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‰cole autrichienne d'€conomie

Les positions politiques La th€orie €conomique ayant pour but de d€crire les effets des politiques et des institutions, les €conomistes autrichiens ont eu l'occasion de montrer que les interventions de l'Etat en €conomie n'ont que des effets destructeurs et le plus souvent contraires aux intentions de leurs auteurs. C'est ce qui a conduit la plupart des €conomistes de l€‰cole autrichienne „ soutenir le lib€ralisme dans le domaine €conomique. Cela les a conduits „ red€couvrir les philosophes politiques lib€raux, comme Locke l'inspirateur de Murray Rothbard. Cependant Ludwig von Mises tout en exposant le caract†re illusoire de la plupart des propositions €tatistes, ne croyait pas „ la possibilit€ d'une philosophie morale rationnelle et prˆnait la neutralit€ axiologique ch†re „ Max Weber.

Principaux €conomistes autrichiens ou s'inspirant de l'€cole autrichienne “ ‰cole autrichienne d'origine : Carl Menger (1840-1921), Eugen von B™hm-Bawerk (1851-1914), Friedrich von Wieser (1851-1926), Ludwig von Mises (1881-1973), Friedrich von Hayek (1899-1992), Ludwig Lachmann (1906-1990). “ Branche am€ricaine : Murray Rothbard, Israel Kirzner, Roger Garrison, Hans-Hermann Hoppe, Walter Block, Gene Callahan, Peter Boettke, J™rg Guido H•lsmann, Don Lavoie, George Reisman. “ Branche europ€enne :Jesus Huerta de Soto. “ FranŒais : Henri Lepage, Pascal Salin, Jacques Garello, Jean-Pierre Centi, G€rard Bramoull€, Jean-Louis Caccomo. “ Italiens : Giovanni Montemartini.

Pr€curseurs “ “ “ “ “

‰cole de Salamanque (XVIe…si†cle) ‰tienne Bonnot de Condillac (1715-1780) Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781) Jean-Baptiste Say (1767-1832) Fr€d€ric Bastiat (1801-1850)

ˆuvres fondatrices “ Carl Menger : Principes d€€conomie (GrundsŽtze der Volkswirtschaftslehre, 1871) “ Carl Menger : Recherches sur les m€thodes des sciences sociales, en particulier de l€€conomie politique (Untersuchungen •ber die Methode der Sozialwissenschaften, und der politischen •konomie insbesondere, 1883) “ Eugen von B™hm-Bawerk : Th€orie positive du capital (Kapital und Kapitalzins, 1884) “ Ludwig von Mises : La th€orie de la monnaie et du cr€dit (Theorie des Geldes und der Umlaufsmittel, 1912) “ Ludwig von Mises : L'Action humaine, trait€ d'€conomie (Human Action, a Treatise on Economics, 1949) “ Murray Rothbard : Man, Economy, and State (1962) suivi de Power and Market (1963)

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‰cole autrichienne d'€conomie

Notes et r€f€rences [1] Israel Kirzner (1987). "Austrian School of Economics," The New Palgrave: A Dictionary of Economics, v. 1, pp. 145-51

Bibliographie “ Cahiers d'€conomie politique n‘2006/2 (http://www.cairn.info/revue-cahiers-d-economie-politique-2006-2. htm), Les €conomistes autrichiens 1870„1940, L'Harmattan, collectif “ Robert Leroux (2009), "Ludwig von Mises. Vie , oeuvres, concepts", Paris, Ellipses. “ Thierry Aimar (2005), Les apports de l'€cole autrichienne d'€conomie. Subjectivisme, ignorance et coordination, Paris: Vuibert, 315 p., (ISBN…2-7117-7519-4) “ Thierry Aimar, • l'actualit€ th€orique de la pens€e €conomique autrichienne ‚, Soci€tal, 3e trimestre 2006, p.25-30 “ St€phane Longuet, Hayek et l'€cole autrichienne, Nathan, 1998, (ISBN…2-09-190115-6) “ Renaud Fillieule, L'€cole autrichienne d'€conomie. Une autre h€t€rodoxie, Presses Universitaires du Septentrion, 2010, 240 p., (ISBN…978-2-7574-0163-7)

Liens externes “ (fr) Les D€buts historiques de l'‰cole €conomique autrichienne (http://herve.dequengo.free.fr/Mises/EAE. htm), Ludwig von Mises “ (fr)[pdf] L'€cole autrichienne et son importance pour la science €conomique moderne (http://www.hanshoppe. com/wp-content/uploads/publications/Autrichienne.pdf), Hans-Hermann Hoppe “ (fr)[pdf] L'€cole autrichienne au tournant du XXe si†cle (http://www.guidohulsmann.com/pdf/ Histoire_Ecole_Autrichienne.pdf), J™rg Guido H•lsmann

ƒcole n€oclassique L'€cole n€oclassique est un terme g€n€rique utilis€ pour d€signer plusieurs courants €conomiques qui €tudient la formation des prix, de la production et de la distribution des revenus „ travers le m€canisme d'offre et de demande sur un march€. L'hypoth†se de maximisation de l'utilit€ qui sous-tend ses calculs €conomiques la rattachent au courant marginaliste n€ „ la fin du XIXe…si†cle. Des trois fondateurs du marginalisme „ savoir L€on Walras, Carl Menger et William Stanley Jevons, le premier nomm€ est celui qui a la plus forte influence sur l'€cole n€oclassique actuelle. Le mot n€oclassique a €t€ introduit „ l€origine par Thorstein Veblen[1] en 1900 pour d€signer des auteurs qui int†grent la r€volution marginaliste initi€e par Stanley Jevons et l'€cole autrichienne (il n'€voque pas L€on Walras). Il classe sous ce vocable notamment Alfred Marshall et les autrichiens. ‡ partir des ann€es trente suite aux travaux de John Hicks le courant walrasien va prendre une place croissante et incorporer une partie de l'apport keyn€sien „ travers la synth†se n€oclassique. Cette €volution va conduire les €conomistes dits "autrichiens" „ se consid€rer de plus en plus comme hors de l'€cole n€oclassique et „ approfondir ce qui les diff€rencie des autres courants marginalistes. ‡ la question • Qui n'est pas n€oclassique ? ‚, il est possible de r€pondre[2] : l'€conomie marxiste, le post-keyn€sianisme, l'€cole autrichienne et certains courants de la nouvelle €conomie institutionnelle ou de l'institutionnalisme. Pour E. Roy Weintraub[3] , si l'€cole n€oclassique repr€sente l'orthodoxie et est enseign€e dans les grandes universit€s, elle le doit „ sa capacit€ „ "math€matiser" et „ "scientifiser" l'€conomie ainsi qu'„ fournir des indications susceptibles de nous €clairer sur les conduites „ suivre.

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‰cole n€oclassique

Historique L'‰cole n€oclassique na‹t de la • r€volution marginaliste ‚ dans les ann€es 1870. Si elle connait avec Alfred Marshall et Arthur Cecil Pigou une forte influence, dans sa forme actuelle elle deviendra la principale €cole de pens€e au d€but des ann€es cinquante. Dans la troisi†me €dition de son livre Economics qui a €t€ un des manuels de r€f€rence alors, Paul Samuelson €crit en 1955, • ces derni†res ann€es, 90% des €conomistes am€ricains ont cess€ d'ƒtre des "€conomistes keyn€siens" ou "antikeyn€siens". Ils ont plutˆt travaill€ „ une synth†se de ce qui €tait valable aussi bien dans l'ancienne €conomie que dans les th€ories modernes de d€termination du revenu. Le r€sultat peut ƒtre appel€ l'€conomie n€o-classique et est accept€ dans ses grandes lignes par tous except€ par 5% d'auteurs „ l'extrƒme gauche et „ l'extrƒme droite ‚[4] . Malgr€ tout le courant n€oclassique reste travers€ par une tension entre ceux qui sont davantage keyn€siens ou proches du social-lib€ralisme et ceux qui sont plus proches du lib€ralisme classique dont l'influence grandira dans les ann€es soixante-dix avec notamment : les n€o-walrasiens (Kenneth Arrow, G€rard Debreu), l'‰cole des choix publics (James M. Buchanan, Gordon Tullock), les Nouveaux classiques (Robert Lucas Jr, Finn E. Kydland et Edward C. Prescott), l'‰cole de Chicago (George Stigler, Gary Becker) ou encore les mon€taristes (Milton Friedman). Les n€oclassiques sont parfois appel€s • n€olib€raux ‚. Les Šuvres fondatrices du courant n€oclassique sont : “ Carl Menger, Principes d€€conomie (GrundsŽtze der Volkswirthschaftslehre, Vienne, 1871) “ William Stanley Jevons, Th€orie de l€€conomie politique (The Theory of Political Economy, Manchester, 1871) “ L€on Walras, ‰l€ments d€€conomie politique pure (Lausanne, 1874). Apparemment, ces trois fondateurs du mouvement ne se sont jamais rencontr€s et n'ont €chang€ aucun €l€ment de leurs recherches respectives avant la publication de ces trois ouvrages. Ils ont donn€ naissance „ trois €coles distinctes : l'‰cole de Lausanne, avec L€on Walras et Vilfredo Pareto, l'‰cole de Vienne, avec Carl Menger et l'‰cole de Cambridge, avec William Jevons. Il existe n€anmoins des diff€rences importantes entre ces trois approches. Carl Menger s'est notamment oppos€ vigoureusement „ L€on Walras quant „ la conception mƒme de la discipline €conomique et en particulier l'usage des math€matiques, „ tel point qu'il est quelque peu abusif d'inclure la tradition autrichienne dans l'€cole n€oclassique. Le contexte est celui du tournant de la r€volution industrielle (on parle parfois de deuxi†me r€volution industrielle) mais aussi du triomphe du scientisme. La th€orie est donc compr€hensible dans le cadre des crises r€currentes au XIX”. La perspective historique est de construire l€€conomie politique sur de nouvelles bases. La pens€e n€o-classique cherche „ donner une l€gitimit€ scientifique „ l€€conomie. Ses partisans pr€f†rent souvent parler „ son propos de la th€orie €conomique, comme on dit • la ‚ physique ou • la ‚ biologie, car pour eux la th€orie n€oclassique est la seule „ avoir un statut scientifique en €conomie (notamment en raison de l€usage intensif qu€elle fait des math€matiques)[1]. Ce formalisme math€matique soul†ve l€enjeu scientifique et politique des math€matiques en €conomie. Tout d€abord, il s€agit de s€adapter „ la r€alit€ €conomique (Jevons utilise le calcul marginal pour €tudier la tarification des chemins de fer). La th€orie n€oclassique part donc d€une analyse micro€conomique et agr†ge les comportements individuels, „ la diff€rence des classiques et de Marx. La th€orie n€oclassique va chercher „ renforcer les conclusions lib€rales des penseurs classiques contest€es par d€autres penseurs comme Karl Marx, en remettant en cause ou en reformulant les hypoth†ses de base de l€analyse €conomique. Cette nouvelle approche passe par la d€finition d€une nouvelle th€orie de la valeur fond€e sur l€utilit€. • Le travail, une fois qu€il a €t€ d€pens€, n€a pas d€influence sur la valeur future d€un objet : il a disparu et est perdu pour toujours ‚ (Jevons). Les classiques anglais avaient fond€ leurs analyses sur la th€orie de la • valeur travail ‚ ouvrant par la mƒme la voie aux analyses marxistes. Leur analyse reposait sur des constats simples: l€eau par exemple est infiniment utile mais ne vaut rien. C€est pourquoi les n€oclassiques introduisent la notion d€utilit€ marginale: la valeur d€pend de l€utilit€ qu€apporte la derni†re unit€ consomm€e, utilit€ qui est elle-mƒme d€croissante. Si on reprend l€exemple de l€eau, le

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‰cole n€oclassique premier verre a une valeur sup€rieure au dixi†me. Ainsi c€est toute l€analyse n€oclassique qui d€rive d€une €tude „ la marge des ph€nom†nes €conomiques. Il y a une remise en cause des th€ories de la r€partition des €conomies classiques fond€es sur l€existence de classes sociales et la position de ces classes les unes par rapport aux autres. L€on Walras veut construire une science capable de distinguer dans l€activit€ humaine ce qui est le r€sultat des activit€s proprement €conomiques (concurrence) et ce qui rel†ve de la morale. La science €conomique (consid€r€e comme diff€rente de l'€conomie politique) ne doit s€occuper que de ce qui permet de comprendre l€activit€ humaine pour construire une • €conomie pure ‚ dont l€essence est que la valeur d'€change prend le caract†re d€un fait naturel. Elle €vacue ainsi les probl†mes de justice sociale (objet d€un autre combat).

L'analyse n€oclassique Dans l€acception la plus courante du terme, l€€conomie n€oclassique se fonde sur quatre postulats : 1. Les ph€nom†nes €conomiques peuvent et doivent ƒtre €tudi€s „ l€aide des mƒmes m€thodes que les ph€nom†nes physiques ; 2. Les agents sont rationnels, leurs pr€f€rences peuvent ƒtre identifi€es et quantifi€es ; 3. Les agents cherchent „ maximiser l'utilit€ des biens consomm€s, tandis que les entreprises cherchent „ maximiser leur profit ; 4. Les agents agissent chacun ind€pendamment, „ partir d'une information compl†te et pertinente. (Ce postulat est r€cus€ par l€€cole autrichienne, qui est fid†le au dualisme m€thodologique et utilise une conception plus faible de la rationalit€, et par certains autres courants qui peuvent parfois quand cette hypoth†se seule est relŽch€e ƒtre consid€r€s comme n€o-classiques (voir par exemple Th€orie de l'agence)). Le marginalisme red€finit la valeur d'un bien et modifie l'€valuation de son utilit€. Prenons le c€l†bre exemple du diamant et du verre d'eau. La valeur d'un diamant est bien sup€rieure „ la valeur d'un verre d'eau, bien que son utilit€ soit discutable. Cependant, si l'on raisonne en mati†re de valeur marginale, on se rend compte que le dernier diamant vaudra „ coup s•r beaucoup moins que le dernier verre d'eau disponible sur Terre. On voit ainsi que le marginalisme permet de mieux appr€hender la valeur des biens et services. Cette innovation m€thodologique, selon J. Schumpeter, ne caract€rise pas l€essentiel de la d€marche n€oclassique. Il €crit „ propos: • On en vient bient…t ƒ consid€rer que le marginalisme €tait le trait distinctif d€une €cole particuli„re : mieux encore on lui pr€tend une connotation politique• En bonne logique, il n€y a rien qui justifie cette interpr€tation. Le principe marginal est, en soi, un outil d€analyse ; on ne peut €viter de l€utiliser d„s lors qu€advient l€€poque de l€utiliser. Marx aurait eu recours sans la moindre h€sitation s€il €tait n€ cinquante ans plus tard. Il ne peut pas plus servir ƒ caract€riser une €cole d€€conomistes que l€usage du calcul ne permet de caract€riser une €cole ou un groupe des savants en math€matiques ou en physique ‚[5] . L'id€e de • valeur utilit€ ‚ (la valeur de la marchandise provient de l'utilit€ subjective propre „ chaque individu) est une rupture avec la • valeur travail ‚, inaugur€e par les classiques anglais puis reprise par Marx. C'est l'utilit€ qui d€termine la valeur. ‡ partir de ces postulats, les €conomistes n€oclassiques construisent une th€orie de l€allocation des ressources rares „ des fins alternatives, ce qu€ils consid†rent g€n€ralement comme la d€finition de la discipline €conomique. Les prix, les quantit€s produites et la distribution des revenus r€sultent du fonctionnement du march€ selon l€offre et la demande. ‡ titre d€exemples : “ Selon la th€orie n€oclassique du producteur, les entreprises embauchent tant que la productivit€ marginale du travail (c€est-„-dire la production du dernier salari€ embauch€) est sup€rieure au salaire. Ils ont une attitude similaire face „ l€investissement en capital dont les rendements sont d€abord croissants (voir €conomie d€€chelle) puis d€croissants ;

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‰cole n€oclassique “ Selon la th€orie du consommateur, l€individu adopte une attitude rationnelle visant „ maximiser son utilit€. ‡ chaque d€pense, il compare l€utilit€ marginale des biens afin de hi€rarchiser ses pr€f€rences et s€oriente vers le plus utile. Cette €tude de l€individu, comme producteur ou consommateur rationnel et autonome, rejoint le principe de l€individualisme m€thodologique ; “ Sur un march€ de concurrence pure et parfaite, chaque facteur de production reŒoit l€€gal de ce qu€il apporte, d'o• une juste r€mun€ration des facteurs de production. Cette d€monstration cherche donc „ infirmer la th€orie de la plus-value des marxistes. Dans de telles conditions, le profit tend „ s'annuler. L€€conomie n€oclassique met l€accent sur les situations d€€quilibre, consid€r€es comme les solutions aux probl†mes de maximisation des agents. Les ph€nom†nes g€n€raux sont d€termin€s par l€agr€gation des comportements individuels des agents, une position appel€e individualisme m€thodologique. Les institutions, dont on peut penser a priori qu€elles conditionnent les comportements individuels, ne reŒoivent que peu d€attention. L'analyse n€oclassique d€montre aussi („ partir des postulats fondateurs) que les m€canismes du march€ jouent un rˆle r€gulateur qui conduit „ un €quilibre optimal du syst†me €conomique. Pour les n€oclassiques, les crises €conomiques sont li€es „ des €v€nements ext€rieurs qui perturbent le bon fonctionnement du march€ (interventions publiques, chocs p€troliers‚), ces crises se r€solvant d'elles-mƒmes en situation de concurrence pure et parfaite. La croissance semble acquise, mais il y a une mont€e de l'insatiabilit€ d'o• la notion d'€quilibre. On n'est plus dans un cadre dynamique comme chez les classiques. Le rˆle de la monnaie est controvers€ : Les premiers auteurs n€oclassiques („ l'exception de Carl Menger) adoptent l'id€e de la neutralit€ de la monnaie (la monnaie n€affecte pas la production, le revenu r€el, l€[investissement], l€€pargne ou les prix relatifs). Fisher reconna‹t qu€il ne fait • qu€apporter une restauration et une amplification de la vieille th€orie quantitative de la monnaie ‚ avec son €quation (1911) : MV = PT (M = masse mon€taire, V = vitesse de circulation de la monnaie, P = niveau g€n€ral des prix, T = volume des transactions). L'€cole n€oclassique est fr€quemment consid€r€e comme essentiellement lib€rale. Toutefois, son lib€ralisme est temp€r€ par une volont€ d'encadrer la concurrence pour imposer les conditions de la concurrence dite • pure et parfaite ‚. Certains auteurs comme Oskar Lange ont mƒme utilis€ les th†ses n€oclassiques pour prˆner un contrˆle €tatique de l'€conomie, o• le jeu du march€ serait remplac€ par la planification centralis€e reposant sur un calcul d'optimisation.

Les math€matiques comme nouvelle approche de l'€conomie Les €conomistes de l€€cole n€oclassique d€veloppent une formalisation math€matique de l€€conomie. Leurs analyses math€matiques (la micro€conomie) reprises par la plupart des €conomistes depuis cette €poque, d€bouchent dans leur forme la plus aboutie sur la notion d€€quilibre €conomique : une formalisation math€matique abstraite pr€sentant des mod†les d€€conomies id€ales et optimales mais reposant sur des hypoth†ses th€oriques imparfaitement v€rifi€es dans la r€alit€. ‡ cette €poque, la pens€e €conomique tente de s€€carter des sciences humaines pour s€apparenter, par les m€thodes de formalisations math€matiques qu€elle utilise, aux sciences exactes. Il s€agit g€n€ralement d€une incompr€hension. On doit par exemple la notion d€€quilibre g€n€ral (certainement le concept le plus abstrait de la science €conomique) „ l€€conomiste L€on Walras dans son ouvrage Trait€ d€€conomie politique pure (1874). L€auteur, comme il l€indique dans le titre, s€attache „ d€velopper une formalisation d€une €conomie id€ale dont il sait qu€elle ne peut pas exister (d€o• l€usage du mot • pure ‚). Consid€rant les diff€rentes imperfections de l€€conomie r€elle par rapport au mod†le id€al, il d€finit un rˆle „ l€‰tat. De ces consid€rations d€coulent une • politique €conomique appliqu€e ‚ et une • €conomie sociale ‚ qui divergent de l€€conomie pure. Pour L€on Walras, il n€y a aucune sup€riorit€ du concept d€€quilibre g€n€ral sur les deux autres dimensions de l€€conomie. Il explique que • leurs crit†res respectifs sont le vrai pour l€€conomie pure, l€utile ou l€int€rƒt pour l€€conomie appliqu€e, le bien ou la justice pour l€€conomie sociale ‚. Les n€oclassiques vont introduire dans leurs th€ories un usage massif de d€riv€es (utilit€ marginale, productivit€ marginale‚). Cet usage est fortement critiqu€ par Carl Menger et les autrichiens, pour qui l'€conomie ne peut ƒtre

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‰cole n€oclassique que qualitative. Au moment o• cette d€marche rencontre des critiques, L€on Walras €crit dans l'une de ses correspondances : • l€introduction de la math€matique dans l€€conomie politique est une r€volution scientifique‚ ‚[6] .

Critiques L€hypoth†se selon laquelle les humains agissent de faŒon rationnelle ignore des aspects importants du comportement humain. L€• homme €conomique ‚ (homo economicus) peut ƒtre consid€r€ comme notablement diff€rent des hommes r€els dans le monde r€el. Mƒme l€hypoth†se des anticipations rationnelles introduite dans des mod†les n€oclassiques plus r€cents peut ƒtre consid€r€e comme non r€aliste. De plus, quelle que soit sa d€finition exacte, l€• homme €conomique ‚ est-il une premi†re approximation vers un mod†le plus r€aliste, un mod†le dont la validit€ est limit€e „ certaines sph†res de l€activit€ humaine, ou un principe m€thodologique g€n€ral applicable „ l€€conomie ? Les premiers €conomistes n€oclassiques penchaient vers les deux premi†res r€ponses, mais c€est la troisi†me qui semble ƒtre devenue dominante. La th€orie n€oclassique de la production est critiqu€e pour ses hypoth†ses erron€es quant aux motivations des producteurs. Elle suppose que les co•ts de production croissants sont la raison pour laquelle les producteurs ne d€passent pas un certain niveau de production. Or des arguments empiriques montrent que les producteurs ne font pas reposer leurs d€cisions de production sur l€hypoth†se de co•ts croissants. Par exemple, ils peuvent souvent disposer de capacit€s inutilis€es qui pourraient ƒtre mobilis€es s€il devenait d€sirable de produire plus. Il en va de mƒme du sch€ma id€al n€oclassique de maximisation du profit, que les entrepreneurs ne jugent pas syst€matiquement d€sirable si elle nuit „ la r€solution de questions sociales plus larges. La th€orie n€oclassique est €galement critiqu€e pour son biais normatif, alors que, selon ces critiques, elle ne cherche pas „ expliquer le monde r€el, mais „ d€crire une utopie peupl€e de zombies ou s€appliquerait le crit†re irr€el de Pareto-optimalit€. On reproche „ l€€conomie n€oclassique de reposer trop lourdement sur des mod†les math€matiques complexes comme ceux qu€utilise la th€orie de l€€quilibre g€n€ral, sans se demander si ces mod†les d€crivent bien l€€conomie r€elle. Nombreux sont ceux qui pensent que toute tentative de repr€senter un syst†me aussi complexe que l€€conomie moderne par un mod†le math€matique est irr€aliste et vou€e „ l€€chec. Une r€ponse „ cette critique a €t€ propos€e par Milton Friedman, pour qui les th€ories doivent ƒtre jug€es d€apr†s leur capacit€ „ pr€dire les €v†nements plutˆt que par le r€alisme de leurs hypoth†ses. Bien entendu, les critiques r€torquent que l€€conomie n€oclassique (comme d€autres branches de l€€conomie) n€a pas fait la preuve d€une grande r€ussite dans ses pr€dictions. Le mod†le de l€€quilibre g€n€ral est impuissant par construction „ d€crire une €conomie qui €volue dans le temps et o• le capital joue un rˆle essentiel. Ce fut l€objet dans les ann€es 1960 d€un d€bat entre des €conomistes du MIT (Cambridge (Massachusetts)) et de l'Universit€ de Cambridge (Angleterre) connu comme • la guerre des deux Cambridge ‚, o• Piero Sraffa et Joan Robinson remettaient en cause les th†ses n€oclassiques. D€autres €conomistes ont €tudi€ la stabilit€ et l€unicit€ de l€€quilibre g€n€ral. Le Th€or†me de Sonnenschein-Mantel-Debreu €nonce que l'€quilibre ne peut ƒtre stable qu'au prix d'hypoth†ses trop restrictives, ce qui tend „ montrer que l'€quilibre g€n€ral est une construction inutilisable. Ce th€or†me montre que les fonctions de demande et d€offre issues du mod†le de l'€quilibre g€n€ral de Kenneth Arrow et G€rard Debreu peuvent avoir une forme quelconque, ce qui r€fute le r€sultat de l€unicit€ et de la stabilit€ de l€€quilibre g€n€ral. Comme le r€sume un €conomiste, • le th€or†me de Sonnenschein-Mantel-Debreu montre que l'€quilibre g€n€ral n'est en d€finitive qu'une construction vide et inutilisable. ‚[7]

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Notes et r€f€rences [1] Veblen, 2003, p. 170 [2] voir E.Roy Weintraub, p.1 (http:/ / www. econlib. org/ Library/ Enc/ NeoclassicalEconomics. html) ( Roy Weintraub professeur d'€conomie „ Duke University et un des €diteurs de la revue History of Political Economy) [3] E.Roy Weintraub, p.5 (http:/ / www. econlib. org/ Library/ Enc/ NeoclassicalEconomics. html) [4] Paul Samuelson, 1955, p.212 [5] J. Schumpeter, Histoire de l€analyse €conomique, Paris, Galimard, 1983, Tome 3, pp.169-170 [6] Lettre „ E.de Foges, 3/5/1891. A. Samuelson, Les grands courants de la pens€e €conomique, PUG, 1990, p.133 [7] Claude Mouchot, M€thodologie €conomique, 1996.

Annexes Articles connexes “ “ “ “ “ “ “ “ “ “ “ “ “ “

Marginalisme Homo Šconomicus Utilit€ Th€orie du choix rationnel Rationalit€ limit€e Histoire de la pens€e €conomique ‰cole classique ‰cole autrichienne Keyn€sianisme Mon€tarisme Institutionnalisme Lib€ralisme €conomique Capitalisme N€olib€ralisme

Bibliographie Articles “ (en)Paul Samuelson, 1951, "Principles and rules in modern fiscal policy : a neoclassical reformulation" in Money, Trade and Economic Growth : Essays in Honor of John Henry Williams, ed. H.L Waitzman, Macmillan “ (en) Jaffe, William, "Menger, Jevons, and Walras De-Homogenized", Economic Inquiry, 14, d€cembre 1976, p. 511-524. “ (en) David Colander, 2000, "The Death of Neoclassical Economics" Journal of the History of Economic Thought, vol.22, juin. Livres “ (en) Veblen Thorstein, • The preconception of Economic Science ‚, article publi€ initialement dans l'American Economic Review de f€vrier 1900. Dans le pr€sent article, il a €t€ utilis€ la reprise figurante dans le livre The Place of Science in Modern Civilization, €dition 2003. “ (en) Paul Samuelson, 1955, Economics, McGraw-Hill “ (en)(en) Arrow, Kenneth J. and Frank Hahn, General Competitive Analysis, Holden-Day, San Francisco, 1971 Un livre important sur la th€orie de l'€quilibre g€n€ral de L€on Walras “ (en) E.Roy Weintraub (1974) General Equilibrium Theory “ (en) E.Roy Weintraub (2002) How Economics Became a Mathematical Science “ (en) Philip Mirowski (1989) More Heat than Light: Economics as Social Physics, Physics as Nature's Economics, Cambridge University Press

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N€okeyn€sianisme

N€okeyn€sianisme Le n€okeyn€sianisme est une €cole d'€conomie parmi les plus importantes. Son objectif est de r€aliser la synth†se entre les n€oclassiques et les id€es de Keynes, dont le keyn€sianisme est inspir€. Les tenants de cette €cole, appel€s n€okeyn€siens, sont cependant consid€r€s comme proches des n€oclassiques dont ils s'inspirent largement. On donne plus g€n€ralement le nom d'•…€cole de la synth†se…‚. Il convient de ne pas confondre ce courant avec celui des nouveaux keyn€siens et des post-keyn€siens, qui se r€clament de la m€thode holiste de Keynes.

Controverse scolaire sur l€ƒquilibre G€n€ral L'€cole n€okeyn€sienne se situe en deux temps, l'€cole n€okeyn€sienne d€marre d†s la publication de John Hicks[1] . Hicks va mod€liser les id€es keyn€siennes dans un cadre purement classique, ce qui vaudra „ cette €cole de se trouver entre keyn€siens et n€oclassiques. L'€cole va se scinder en deux branches compl€mentaires, la premi†re branche est celle de John Hicks qui postulait que l'€quilibre g€n€ral €tait la r†gle, et que le d€s€quilibre €tait un cas exceptionnel de l'€conomie, cela suppose qu'il y a une force endog†ne qui ram†ne l'€conomie „ l'€quilibre g€n€ral. Une seconde branche, apparue avec Robert Clower et Axel Leijonhufvud vont d€velopper le fait que l'€quilibre g€n€ral est un cas d'€cole, et que le d€s€quilibre est la r†gle, selon ces auteurs, il est rare que l'offre soit strictement €gale „ la demande. De cette faŒon, la demande ou l'offre sera naturellement rationn€e.

L'€quilibre g€n€ral walrasien, r•gle du syst•me €conomique (1937) De grands noms de l'€conomie font partie de cette branche de l'€cole keyn€sienne. Ils consid†rent l'€quilibre g€n€ral comme le cas normal de l'€conomie, et admettent des situations de d€s€quilibre possibles mais tr†s rares qui m†ne „ correction vers l'€quilibre g€n€ral qui est la r†gle. La macro€conomie n€okeyn€sienne John Hicks sera le premier de cette €cole, il va mod€liser la pens€e keyn€sienne en environnement classique via le c€l†bre IS-LM qui d€crit l'impact de politiques budg€taires de demande sur le PIB. Auparavant, toutes politiques n'€taient que d'offre et €taient d'inspiration classique. Paul Samuelson est probablement le plus grand macro€conomiste de cette €cole, il a en effet €crit un premier livre de macro€conomie qui a servi de base d'apprentissage pour les €tudiants en €conomie. Ses travaux sont extrƒmement larges: interpr€tation de la courbe de Phillips avec Robert Solow (chˆmage-inflation), formalisation de l'acc€l€rateur keyn€sien, mod†le en dotation factorielle pour expliquer le commerce international. Ces th€oriciens vont faire le lien entre fondements micro€conomiques pour les agr€ger et former la macro€conomie moderne. L'IS-LM en est l'exemple. Leurs implications macro€conomiques influenceront les politiques de relance des ann€es 60 aux ‰tats-Unis avec la relance Kennedy. Certains vont aussi €tendre le mod†le IS-LM pour le mettre „ prix flexibles. D'autres comme Robert Mundell vont €tendre l'IS-LM pour le mettre en €conomie ouverte. On pourra donc mod€liser les impacts des politiques mon€taires et budg€taires sur des variables externes comme le taux de change fixe ou flexible, les taux d'int€rƒts du monde etc. C'est le mod†le de Mundell qui retrace tout cela.

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N€okeyn€sianisme La croissance Robert Solow a th€oris€ la croissance €conomique en cr€ant son c€l†bre mod†le de Solow qui retrace l'accumulation du capital par tƒte d'un pays jusqu'„ un seuil, appel€ €quilibre stationnaire. Ce mod†le est tr†s ambigu, du fait qu'il est consid€r€ comme le mod†le universel n€oclassique alors que Solow €tait officiellement n€okeyn€sien. Celui-ci s'oppose aux mod†les keyn€siens d'Harrod-Domar, et „ ceux de croissance endog†ne. En effet, le mod†le de Solow se base sur l'exog€n€it€ de la croissance: celle-ci ne provient que de la hausse de la productivit€ des facteurs de production, les investissements de long terme comme le progr†s technique, ou le capital humain ne sont pas pris en compte. L'innovation est consid€r€e aussi comme une donn€e exog†ne. L'€conomie industrielle William Baumol va th€oriser avec Baynes, et Stigler la th€orie des march€s contestables. C'est un mod†le €conomique qui €tudie les industries de r€seaux, tels que les t€l€coms ou l'aviation, qui conduit „ une situation monopolistique du fait de couts fixes tr†s €lev€s qui constituent une barri†re „ l'entr€e. N€anmoins, la concurrence potentielle exerc€e par les firmes d€sireuses de p€n€trer un march€ monopolistique va forcer la firme en monopole „ maintenir ses prix suffisamment bas pour €viter l'entr€e de concurrents. Les conclusions de ce mod†le ont conduit „ la d€r†glementation des industries de r€seaux d€tenues par l'‰tat. La privatisation des entreprises de chemin de fer, d'aviation, de t€l€communications en sont la cons€quence.

L'€quilibre G€n€ral avec rationnement (EGR) L€E.G.R. est une nouvelle voie pour le keyn€sianisme. Il d€marre dans les ann€es 1970, d€velopp€ par des FranŒais. Le paradigme keyn€sien est remis en cause „ cette €poque, pourquoi ? “ Un chˆmage persistant commence „ appara‹tre ; “ Les politiques de relance sont inefficaces. Les mod†les keyn€siens consid€raient qu'on ne pouvait avoir chˆmage et inflation en mƒme temps. Pourtant, les chocs p€troliers se caract€risent pas une forte inflation et un fort chˆmage, et d'une croissance nulle, c'est la stagflation. On pense alors que les id€es de Keynes ont v€cu avec la Nouvelle ‰cole N€oclassique (NEC) et les mon€taristes. N€anmoins l€EGR est un nouvel espoir, elle d€veloppe deux id€es importantes : “ Le chˆmage n€est pas forcement volontaire, d€autant que quand le chˆmage devient tr†s important, il n€est plus volontaire. “ Les €conomies fonctionnent loin de l€€quilibre, cette notion d€€quilibre est alors remise en cause notamment l€€quilibre de plein-emploi. Des th€oriciens vont expliquer comment des €conomies vont fonctionner loin de l€€quilibre : c'est-„-dire expliquer le maintien durable du sous-emploi, alors que chez les n€oclassiques l€€quilibre revient instantan€ment sans cout (notion d'€quilibre g€n€ral). Les th€oriciens de l€EGR vont alors reprendre les bases du syst†me classique, mais on va diff€rencier les offres et demandes effectu€es par les agents et celles r€alis€es. Si les deux diff†rent on sera en situation de d€s€quilibre, notamment par les deux auteurs : Robert Clower (1965) et Axel Leijonhufvud (1967-68). Cette hypoth†se d€un d€s€quilibre entre l€offre et la demande va cr€er alors un courant appel€ th€orie (n€okeyn€sienne) du d€s€quilibre. Deux franŒais vont la d€velopper Edmond Malinvaud (1977) et J-P B€nassy (1976). Ils vont alors montrer que l€€quilibre Walrasien est un cas particulier, un cas d€€cole et que g€n€ralement on est en d€s€quilibre. Cette th€orie a pour but de rassembler les keyn€siens et les classiques autour d€une €cole. Ces deux FranŒais ont donc cr€€ une • €conomie „ la franŒaise ‚ (ou • french economics ‚). “ “ “ “

Franco Modigliani Robert Mundell Robert Clower Paul Samuelson

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N€okeyn€sianisme “ “ “ “

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Robert Solow Don Patinkin Edmond Malinvaud Paul Krugman

R€f€rences [1] "M. Keynes and The classics", 1937.

ƒconomie de l'offre L€€conomie de l'offre (on parle aussi de la • politique €conomique de l'offre ‚) est une €cole de pens€e macro€conomique selon laquelle la mani†re la plus effective d€obtention d€une croissance €conomique €lev€e sur le moyen et le long terme est d€aider les entreprises „ produire davantage de biens et services, de les inciter „ entrer sur de nouveaux march€s, et de lever le plus possible les freins fiscaux et r†glementaires qui entravent leur d€veloppement. Ces incitations passent par la diminution de l'imposition qui p†se sur les entreprises (impˆt sur les soci€t€s, taxe professionnelle, etc.), ou sur les revenus des travailleurs (comme lescotisations sociales). Elles passent aussi par des subventions accord€es aux entreprises dans certains secteurs €conomiques, en fonction des objectifs recherch€s. L'€conomie de l'offre s'oppose „ l'€conomie de la demande (le keyn€sianisme), pour laquelle il faut encourager la demande par la d€pense publique pour augmenter la production.

Historique Le terme fut forg€ par le journaliste am€ricain Jude Wanniski en 1975, et fut popularis€ davantage par les id€es des €conomistes Georges Gilder, Robert Mundell, Arthur Laffer, et auparavant par David Ricardo[1] . Mais la r€flexion €conomique explorait d€j„ dans cette direction, avec notamment les th€ories €conomiques de Jean-Baptiste Say, dont en particulier la Loi de Say, et qui pourraient se r€sumer en • l€offre cr€e sa propre demande ‚. Jean-Baptiste Say disait ainsi dans son Trait€ d'€conomie politique : • c€est la production qui ouvre des d€bouch€s aux produits ‚[2] . Cette €cole de pens€e a connu un fort d€veloppement dans les ann€es 1970, apr†s l'€chec de la politique de la demande keyn€sienne face aux chocs p€troliers et „ la stagflation dans les pays d€velopp€s.

La courbe de Laffer.

Cette €cole de pens€e met en garde contre les effets n€gatifs d'un pr€l†vement fiscal excessif. Une trop forte imposition risque de d€courager les op€rateurs €conomiques en abaissant l'attractivit€ du travail vis „ vis du loisir. Pourquoi travailler davantage si du fait de l'imposition, l'utilit€ marginale du travail d€croit ? Selon Arthur Laffer ( voir courbe de Laffer), un niveau d'imposition trop €lev€ risque „ terme de diminuer les recettes totales de l'‰tat. “ Suite „ hausse de l'impˆt, les recettes fiscales augmentent „ court terme. Mais dans le mƒme temps, les op€rateurs se d€motivent. “ Puis, l'activit€ se r€duit, et les recettes fiscales diminuent.

75 Il convient donc -a contrario- de diminuer le taux marginal d'imposition, pour favoriser l'activit€, et par suite constater la hausse des recettes fiscales. La fusion avec l'€conomie de la demande s'est faite au sein de la synth†se n€oclassique, o• l€€conomie r€agit en fonction de la demande „ court terme et de l€offre „ long terme.

Notes et r€f€rences [1] • David Ricardo (http:/ / www. lesechos. fr/ info/ inter/ 300195671. htm) ‚, Les ‚chos, 20 ao•t 2007, p. 13 [2] Jean-Baptiste Say, Trait€ d'€conomie politique, Livre I, chap. 15, €dition 1841, page 138

Synth•se n€oclassique La synth•se n€oclassique est un des courants de pens€e €conomique dont John Hicks est l'initiateur. Le mod†le IS/LM est au cŠur de ce courant. Il int†gre des m€canismes keyn€siens „ court terme et des €l€ments de l€€cole n€oclassique et de la th€orie des cycles r€els sur le long terme. Paul Samuelson a particip€ „ l€€laboration de cette synth†se. Au cours des ann€es 1990 et 2000, une • nouvelle synth†se n€oclassique ‚ est apparue, qui combine „ nouveau des €l€ments keyn€siens et des €l€ments n€oclassiques, mais qui int†gre €galement de nouveaux €l€ments issus de la critique de Lucas : mod†les d'€quilibre g€n€ral et la rationalit€ des agents[1] .

Notes et r€f€rences [1] Michel De Vroey, Pierre Malgrange, • La th€orie et la mod€lisation macro€conomiques, d€hier „ aujourd€hui (http:/ / www. pse. ens. fr/ document/ wp200633. pdf) ‚, Document de travail, PSE, 2006

Nouvelle €conomie classique

Nouvelle €conomie classique La Nouvelle €conomie classique ou Nouvelle macro€conomie classique ou Nouvelle €cole classique est un courant de pens€e €conomique qui s'est d€velopp€e „ partir des ann€es 1970. Elle rejette le keyn€sianisme et se fonde enti†rement sur des principes n€oclassiques. Sa particularit€ est de reposer sur des fondations micro-€conomiques rigoureuses, et de d€duire des mod†les macro€conomiques „ partir des actions des agents eux-mƒmes mod€lis€s par la micro-€conomie. Quelques hypoth†ses centrales de cette ‰cole sont : “ rationalit€ des agents (qui cherchent „ maximiser leur utilit€), “ anticipations rationnelles, “ „ chaque instant, l'€conomie poss†de un €quilibre unique (avec plein emploi et pleine utilisation des capacit€s de production) et cet €quilibre est atteint par un m€canisme d'ajustement des prix et des salaires. La th€orie des cycles r€els est une th€orie majeure d€velopp€e par ce courant. Les nouveaux classiques comprennent : “ “ “ “ “ “

Robert Lucas Jr (• Prix Nobel ‚ d'€conomie 1995) Finn E. Kydland (• Prix Nobel ‚ d'€conomie 2004) Edward C. Prescott (• Prix Nobel ‚ d'€conomie 2004) Robert Barro Neil Wallace Thomas Sargent

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Sources et contributeurs de l€article Histoire de la pens€e €conomique Source:

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Bell (1872). The original depiction of smith was created in 1787 By w:James TassieJames Tassie in the form of an enamel paste w:Image:Smith medallion portrait.jpgmedallion. Smith did not usually sit for his portrait, so a considerable number of engravings and busts of Smith were made not from observation but from the same enamel medallion produced by Tassie, an artist who could convince Smith to sit. Fichier:Ricardo.gif SourceA BCCDAFFGHIJKLKDNOKPIQHRFJFKSONTIDBDUCKCVNWXKYBKNHApKYPHOQIRKG LicenceA c^_VKY dQ]PKS Contributeurs: Kelson, Loveless, Stefan Bernd Fichier:Karl Marx.jpg SourceA BCCDAFFGHIJKLKDNOKPIQHRFJFKSONTIDBDUCKCVNWXKYBKNHAqPHVgrPHTIaDR LicenceA c^_VKY dQ]PKS Contributeurs: John Mayall Fichier:vilfredo pareto.jpeg SourceA BCCDAFFGHIJKLKDNOKPIQHRFJFKSONTIDBDUCKCVNWXKYBKNHAsKVGHNOQgDPHNCQIaDNR LicenceA c^_VKY dQ]PKS Contributeurs: Original uploader was Kelson at fr.wikipedia Fichier:Veblen3a.jpg SourceA BCCDAFFGHIJKLKDNOKPIQHRFJFKSONTIDBDUCKCVNWXKYBKNHAsN_VNStPIaDR LicenceA c^_VKY dQ]PKS Contributeurs: Denniss, EugeneZelenko, Pil56, Thierry Caro, 1 modifications anonymes Fichier:WhiteandKeynes.jpg SourceA BCCDAFFGHIJKLKDNOKPIQHRFJFKSONTIDBDUCKCVNWXKYBKNHAnBKCNPSOqNoSNfIaDR LicenceA KSYQSS^ Contributeurs: International Monetary Fund Fichier:Paul Samuelson.gif SourceA BCCDAFFGHIJKLKDNOKPIQHRFJFKSONTIDBDUCKCVNWXKYBKNHAcP^VgjP]^NVfQSIRKG LicenceA ZHNPCKiN ZQ]]QSf eCCHK_^CKQS Contributeurs: Innovation & Business Architectures, Inc. 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