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Zitiervorschau

L’essentiel

La photographie dentaire Étape par étape Coordination Hervé Maréchal

Editions ESPACE id 40 avenue Bugeaud - 75784 Paris cedex 16

LA PHOTOGRAPHIE DENTAIRE ETAPE PAR ÉTAPE

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Chapitre 1

Table des matières

Préface - La photographie, un art majeur Hervé MARÉCHAL

1 Et si l’image avait une âme ?

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Hervé MARÉCHAL

2 La photo dentaire en bref

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Bernard PETITJEAN En quoi la photo dentaire diffère-t-elle de la photo traditionnelle ? Quels sont les outils indispensables ? Qu’est-ce qu’une bonne photo ? Comment faire le bon choix dans le matériel ?

3 Photographies des modèles et des petites pièces.

Comment mettre en valeur nos travaux ?

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 Hervé PLARD, Jérémie PERRIN, Guillaume LANCE, Jean LECERF Pourquoi photographier des petits objets en odontologie ? Comment choisir son matériel ? Quelles techniques employer ?

4 La photographie dentaire au quotidien, que faut-il faire et ne pas faire ?

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 Romain ELIE

Peut-on utiliser un smartphone en photographie dentaire ? Comment employer un appareil compact ou un appareil reflex ? Quelles sont les précautions simples à respecter pour obtenir des photos exploitables ?

5 Juste un peu de technique

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 Romain ELIE

Connaître les éléments des appareils photos ? Quelles sont les erreurs à éviter ? Comment faire les réglages selon la situation clinique ?

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1 2 1. Travailler les contrastes, faire vivre la lumière, les couleurs et les textures (2) et les associer à notre maîtrise de la technique, nous permet des rendus impossibles auparavant

La photographie, un art majeur Hervé MARÉCHAL

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lle traverse les époques et les sociétés en s’adaptant aux environnements qui la font vivre. D’abord en noir et blanc, puis couleur, argentique, puis numérique, elle se sert des outils qui nourrissent son attrait. En art dentaire, d’abord élitiste, elle n’a de cesse de se vulgariser pour contribuer à nous aider au quotidien. Elle est le lien entre nous, la mémoire du regard qui nous importe pour être meilleur. Au travers de ce numéro spécial de Stratégie prothétique, nous avons tenté d’éclairer au mieux les attentes de tous les utilisateurs. Conseillers vertueux pour certains des rédacteurs des articles qui suivent, inspirateurs avisés pour d’autres. Tous tenteront au travers de ces pages de vous transmettre une passion qui se nourrit du partage. Mais c’est en s’affranchissant de la technique que l’on peut se focaliser sur l’essentiel. C’est ainsi que certains de ces textes tenteront de vous montrer comment faire, pour que vous n’ayez plus comme question que « quoi faire ? ». D’autres, comme cet édito un peu particulier sont tout aussi ambitieux puisqu’ils essaieront de vous donner envie, au profit de rencontres avec d’autres visions, d’autres regards, comme si le fait de scruter au travers de ce petit trou agrandissait le monde que l’on y voit.

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Nous n’aborderons pas le traitement numérique qui mériterait un numéro à lui seul, mais on peut effleurer les questions que l’on se pose à son sujet. En effet, si les qualités de prise de vue sont sans cesse grandissantes, les possibilités de posttraitement se développent de même. Ces moyens, longtemps tabous dans nos métiers, deviennent des compléments indispensables qui permettent de magnifier notre dextérité et notre excellence de travail. Les nier reviendrait à réfuter les téléphones GSM sous prétexte que le son est plus juste sur un téléphone filaire. Ce serait refuser l’évolution. Travailler les contrastes, faire vivre la lumière, les couleurs et les textures, et les associer à notre maîtrise de la technique nous permet des rendus, impossibles auparavant ! Mais ces programmes sont de bons et de mauvais amis. S’il est facile et utile de redonner un peu de lumière ou de saturation à une photo, il est également aisé de la retoucher. Enlever le cheveu oublié sur un modèle est légitime, mais modifier un état de surface l’est beaucoup moins. La retouche photo est un spectre bienveillant, une chance qui peut se

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Vraies ou fausses ? Lesquelles ? La réponse est dans l’image, quoi qu’il arrive ! (3, 4, 5, 6)

transformer en tentation. La peur évite-t-elle le danger… ? Si l’on n’en parle pas, cela existe-t-il ? Il est indispensable que chacun des acteurs de communication d’un métier donné assume la responsabilité de ses choix. Dans le monde de la mode, tout le monde connaît le travail important de posttraitement photo et maintenant vidéo qui peut être réalisé pour sublimer un mannequin, un acteur, un chanteur. Ces pratiques font partie du jeu. Personne ne les nie ou n’essaye de s’en cacher. Mais ces retouches presque irréelles poussent les mannequins à payer le prix des excès de ce métier. À créer un idéal virtuel, on tente ensuite d’y ressembler, quitte à plonger dans l’anorexie, intellectuelle ou non. Pour nos métiers, il en est - pour l’instant - tout autre. Les publications sont toujours plus belles, les cas plus parfaits. Si les retouches sont faites dans l’idée de donner un look à nos clichés, un peu de vignetage, du flou pour recentrer notre discours, voire un aspect un peu vintage qui nous rappelle ces vieux clichés imparfaits mais si attachants, où est le mal ? Si les retouches sont faites pour gommer une bulle ou un fil de salive, un trait de poussière, un résidu de light coincé entre deux centrales, un fragment de fil dentaire ayant servi pour le réglage des

points de contact, où est le mal ? Mais l’excès de retouches sera l’anorexie et l’abus de confiance de nos métiers. Il y va de notre crédibilité de les assumer honnêtement par la façon dont nous faisons vivre nos images. Ainsi, elles deviennent le reflet de nos passions, de nos capacités, de nos connaissances mais aussi de nous-mêmes, de notre honnêteté, de notre intégrité. La photo dentaire s’envisage également à différents niveaux. Est-ce juste pour communiquer des informations entre le cabinet et le laboratoire, pour échanger sur la couleur par exemple, pour une forme à modifier ? Est-ce juste pour poser une question rapide au praticien, transmise par SMS au sujet d’un problème rencontré au détour d’une réalisation ? Parler d’un état de surface à envisager, d’un niveau de brillance à reproduire ? La prise de vue se conçoit également comme une excellence à atteindre, un mont de grâce qui se gravit à la vitesse d’un regard, d’une attention sur un cliché. Internet, Facebook, Linkedin, pour ne citer qu’eux, s’en font le relais. Avalanche d’images, d’informations, desquelles sortent quelques flocons fugaces et si beaux, vite rattrapés par la masse qui

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7. L’émail est très abîmé par la fluorose sévère de cette patiente. 8. Finesse retrouvée mais pas encore dévoilée. L’écarteur comme le rideau d’un théâtre sur un autre “elle”. Notre quotidien donne du bonheur, soyons-en sûr ! 9. Une goutte d’eau chasse la colle comme un sourire chasse un mauvais souvenir ! car sourire, reste le meilleur moyen de montrer les dents à l’avenir. (11)

dévale la pente de cette montagne d’informations alimentée par ces réseaux sociaux. Des dizaines de « j’aime » qui ravissent celui qui est à l’origine du « coup de doigt » sur le bouton, mais aussi durable que la fortune amassée durant une partie de Monopoly. Le partage est immense, sincère et réservé au plus grand nombre, et donc à personne. Il est aussi éphémère que futile et seul le papier, tel que celui qui porte ces lignes, peut espérer porter plus loin le souvenir de nos images. Alors, publiez, puisque le Graal est là ! Partagez, puisqu’il s’agit bien de cela. Finalement, s’il ne devait rester que quelques mots, ce serait « lumière » pour qualifier le secret de la photographie, et « communication » pour ce pour quoi elle est faite. L’avenir est plus que jamais incertain, mais si nous voulons continuer à partager une certaine idée de la qualité, du service, de l’esthétique et du plaisir de bien faire, il faudra communiquer. Communiquer avec nos patients, car si l’idée va vers le prix le plus bas, cette idée trouve sa limite dans la qualité de ce que nous pourrons leur proposer pour manger et sourire. N’espérons pas la trouver dans la facilité, elle ne nous mènera qu’à la dépendance et à la médiocrité. C’est pour cette raison en particulier, qu’il nous faudra leur raconter de belles histoires : « com-

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ment pouvons-nous vous faire sourire à nouveau, comment l’expression de ce que nous savons faire peut s’exprimer pour vous mettre en confiance, en totale harmonie avec cette fenêtre de l’esprit que représente votre sourire que nous souhaiterions vous rendre ? ». Jusqu’ici il fallait payer pour voir, comme au poker, ce sera de plus en plus le contraire, ce qui est bien légitime. Quel autre instrument complétera le plus toutes les techniques que cette équipe dentiste-assistante-prothésiste, quel miroir magique prolongera aussi bien nos yeux et nos mains qu’un appareil photo ? Ainsi je vous livre en toute humilité, l’histoire d’un sourire retrouvé, gâté par le fluor d’une eau trop riche, gratté par des mains impuissantes, que des facettes tenteront de faire revivre. Au travers de quelques photos, c’est ce genre d’histoire qu’il nous faut raconter à nos patients et à ceux qui écrivent le cadre de nos métiers. Si l’esprit est le sourire de l’intelligence, il nous faudra beaucoup en faire pour espérer être considérés en retour. Remerciements au Dr Pierre Beurrier (27 - Gaillon)

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1 Et si l’image Hervé MARÉCHAL Prothésiste dentaire

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l est des personnes qui ne font partie d’aucun monde. Certains les considèrent « border line », d’autres comme des génies, d’autres comme des hérétiques… Chaque époque célèbre les meilleures. Chaque pays s’enorgueillit des plus médiatiques. Chaque métier compte les siennes. Dans la mode, tel créateur, au cinéma, tel réalisateur, au sein même de nos villes, des artisans se distinguent. Un boulanger chez qui le pain est sans égal, un peintre au coup de patte magnifique… Partout où s’exerce la créativité des hommes, y compris et peut être surtout dans nos métiers, il est de ces êtres qui rendent les choses belles, belles à être et belles à regarder. C’est sur ce dernier

concept que nos professions ont ce petit supplément d’âme, celui de devenir partie de ceux qui les portent, les transformant de l’intérieur, pour les rendre beaux à regarder et à côtoyer. Dino Li fait partie de ces êtres particuliers, indépendants et créatifs. Il fait des photos comme certains peignent des tableaux. Inventeur génial de concept servant son art, de lumières détournées, rebondissantes, s’étalant comme on s’allonge doucement sur les sujets qu’il photographie. Il prend ce qu’on lui livre, comme un Gandhi baisserait les fusils pointés vers lui, avec confiance et sérénité. Et avec cette bienveillance, il est en train de donner un autre souffle à toute

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une partie de nos professions. Il suffit de naviguer dans les revues, les réseaux sociaux, pour voir les prophètes du beau se rallier à son image. Et que c’est bon de voir enfin de belles choses illustrées avec beauté. Comme il le dit si bien, « je n’ai pas inventé la photographie, j’essaye de créer la mienne pour la partager, donner envie… » (fig. 1).

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Cela fait une dizaine d’années qu’il a la photo dans la peau, pour ce qu’elle prend, mais surtout pour ce qu’elle donne. Partage est un mot qui revient souvent dans son discours. Photo de bouche, de portrait, pour saisir ce que l’on souhaite, il faut la complicité de celui qui est en face de l’objectif. Il ne faut pas qu’il s’adresse aux morceaux de verre, d’aluminium et d’acier qui cliquettent, mais à celui qui les anime sous ses doigts. Pièces sans vie qui créent un échange, un partage grâce au marionnettiste qui les anime… Car le plus beau portrait témoigne de ce partage, de cette relation, de cet échange de vie qui passe dans l’objectif.

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4 Il parle du même parallèle avec la photo dentaire. Il a passé du temps pour stratifier une céramique, pour réaliser cette illusion de dent. Pour la rendre parfaite, crédible, créant l’envie d’être vue, reproduite, observée, il sait ce qu’il doit mettre en valeur, comme pour un portrait. Créer la lumière qui donnera vie au modèle, comme il crée le partage qui donne sens à son portrait. La lumière reste le facteur déterminant (fig. 2). Ce que l’on observe est changé du fait qu’on le regarde. Changé par notre vue, nos regards, notre cerveau qui interprète à son aise pour magnifier ou accentuer les traits ou les couleurs. De même, la lumière permet de cacher ou révéler ce que l’on souhaite, montrer par sa présence, cacher par son absence. L’illusion par la lumière… Illusion de la symétrie… la symétrie est illusoire. Cette phrase l’est-elle ? En dentisterie esthétique, c’est un concept presque philosophique, car irréaliste et irréalisable. Une utopie qui est source d’ennui, réductrice dans son extrême expression, puisqu’obligeant à la simplification, dernier frein de la création (fig. 3). Pourtant, dans la photographie dentaire, elle peut servir à créer autre chose, ne serait-ce qu’illustrer l’aspect artificiel de ce concept. Magnifier dans le cliché l’extrême naturel de l’unité cachée par le convenu de la symétrie.

5 Vient enfin la technique, la maîtrise diront certains. Comprendre c’est dominer en paix. La connaissance mène à la liberté. C’est quand on s’affranchit de la technique que l’on peut se concentrer sur le futile, terreau de l’originalité. Profondeur de champ, point de vue, bokeh servent à mettre en avant l’essentiel du futile, l’état de surface improbable, la fêlure infiltrée, la fluorose discrète qui hausse la luminosité, la brillance relative qui flatte… (fig. 4). Le futile, essentiel au portrait qui exacerbe la peau burinée, la ride des ennuis, la gueule cassée par la vie, le cuir froissé comme un chiffon mouillé et laisse apparaître le restant d’âme (fig. 5).

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Le détail encourage à la vision d’ensemble. Mais il ne se voit que si cet ensemble est contrôlé, sinon il le dévore. C’est ainsi que la transcription de la teinte, de la saturation et de la transparence sont essentielles à la communication. Reste ensuite la beauté des formes qui les réunit toutes et donne vie à la dent ou au portrait (fig. 6). Le point de vue raconte ou change une histoire. C’est lui qui montrera le détail à copier ou à admirer. Le macrocosme qui raconte le microcosme, la prise de vue qui

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met en scène et qui raconte une histoire. Chacun a la sienne, un prothésiste y verra le récit du travail qui mène au résultat, le dentiste l’illusion d’une perfection (fig. 7). Mais chacun projettera son vécu dans ce qu’il y voit, son référentiel, son opinion, voire son jugement. C’est en cela que les photographies de Dino racontent une histoire dans l’histoire, basée sur ses expériences propres, sur ses capacités intrinsèques. Il reste finalement la douceur des formes et la simplicité qui envisage la cohésion des volumes. La lumière douce révèle l’harmonie entre les dents, un ensemble qui, bien qu’imparfait, crée une unité. Cette même unité d’un quatuor qui travaille de concert pour l’occlusion… (fig. 8). C o u r b e s , ro n d e u r s , a r a b e s q u e s , cambrures, galbes révèlent toute la sensualité d’une dent. Le plat de la photo s’oppose a priori à son volume, et pourtant… (fig. 9). Pourtant deux dimensions matérialisent une photo, trois pour ce qu’elle montre, quatre pour ce qu’elle inspire. Nous ne sommes pas tous égaux face au temps qui passe mais que fige la photographie. Comme une virgule qui retient les aiguilles, juste pour reprendre son souffle, pour un instant d’observation, d’inquiétude, d’étude, ou simplement pour le plaisir (fig. 10). Le Graal s’envisage dans son élément. La photo de bouche concentre les 2 mondes,

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les croisées du portrait le plus intime et de la magnificence de la dent dans son élément. La bouche s’entrouvre, laisse échapper un sourire qui s’envole aussitôt et se vole à l’instant (fig. 11).

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12 Puis la quête s’emballe pour trouver la lumière où elle ne se glisse pas, éclairer avec brio ce qui se cache. Par-delà l’aventure se cache aussi tous les instants, toutes les épreuves, toutes les souffrances et les joies, les déconvenues convenues et les découvertes inespérées, improbabilité de cet art de la photo qui rejoint celle de nos vies d’acteur de celui que l’on voudrait dentaire (fig. 12).

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S’il ne devait rester qu’une chose… la lumière. C’est elle qui donne forme, couleur, contraste qui nous permet de travailler au quotidien, ou vibrer quelques fois. Comme le dit Dino, « Elle donne vie à une reproduction de ce que j’ai en tête, ou dans le cœur » (fig. 13). Deux résultats différents à l’arrivée : l’esprit crée un outil ou un objet de plaisir et de beauté. L’un pour travailler, l’autre pour inspirer. La photo d’identité pour travailler, les portraits pour rendre transparents les hommes et les femmes qu’ils révèlent. Au-delà des images, c’est un voyage initiatique dont l’issue sert à mettre en avant nos métiers, à les sublimer au travers de son regard de photographe et ainsi, pour de bon, a marqué l’art dentaire (fig. 14). Avec mes remerciements au Dr Laurent Di Ferro pour son soutien et sa collaboration.

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La photo dentaire en bref B. PETITJEAN Industriel

En quoi la photo dentaire diffère-t-elle de la photo traditionnelle ? Quels sont les outils indispensables ? Qu’est-ce qu’une bonne photo ? Comment faire le bon choix dans le matériel ?

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a photographie dentaire… Vaste sujet en théorie puisque ses fondements relèvent de la photographie « générale ». Il n’existe évidemment pas de produits spécifiquement étudiés pour cette utilisation toute particulière, et même si la généralisation du numérique et ses outils nous ont considérablement facilité la vie, il convient de se poser les bonnes questions pour rendre pratique et conviviale l’exploitation de la photo au cabinet et au laboratoire. Comme toute connaissance est une réponse à une question, et que les questions montrent l’étendue de

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• très fort pouvoir de réflexion (la dent est la partie du corps qui renvoie le plus de lumière), • situé à l’intérieur d’une cavité. Ce sont ces caractéristiques qui amènent à utiliser un matériel photo spécifique (fig. 1) : • de par la taille, nous sommes dans le domaine de la macrophotographie, • le fort pouvoir de réflexion impose un dosage précis de la lumière qui se fera de manière automatique (TTL) ou manuel pour les photographes expérimentés, • l’éclairage de la cavité impose une source lumineuse assez proche de l’axe optique : le flash annulaire. Cette appellation est actuellement fausse, car l’éclairage annulaire (tube à éclat circulaire) est remplacé par 2 fenêtres (1 de part et d’autre de l’objectif).

LES DIFFÉRENTS APPAREILS NUMÉRIQUES Les compacts

Tous les appareils compacts qui ont un réglage macro, sont-ils utilisables ?

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Fig. 1 Exemple d’appareil photo. Fig. 2a, b Appareil Canon.

l’esprit, gageons que les réponses vous en démontreront la finesse.

EN QUOI LA PHOTO DENTAIRE DIFFÈRE-T-ELLE DE LA PHOTO TRADITIONNELLE ?

Sa particularité vient du sujet à photographier aux caractéristiques suivantes : • sujet de petite taille,

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Non, à quelques rares exceptions près. Les compacts ont tous un zoom et la position macro se fait toujours sur la position grand-angle. Ceci entraîne une succession d’inconvénients majeurs : • le grand-angle, à courte distance, accentue très fortement l’effet de perspective. L’arcade dentaire devient une « étrave de bateau » et le portrait de face produit un effet « Pinocchio » désastreux, • ce réglage particulier permet une distance de prise de vue très courte pouvant même dans certains cas aller presque au contact de la lentille frontale. Cette caractéristique peut convenir pour la photo d’une pâquerette mais en aucun cas pour une photo dentaire. En effet, plus on se rapproche du sujet, moins il est éclairé puisque l’on projette son ombre. N’oublions pas que la dent est dans une cavité,

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alors que la pâquerette, est entourée de lumière. Aucun espoir de compenser avec le flash, car aucun ne peut fonctionner correctement à une aussi courte distance, • il n’y a qu’une seule solution pour contourner cette difficulté : l’adjonction de 2 accessoires. Un complément optique également appelé « bonnette » placé devant le zoom rend l’appareil « myope ». Le principe est simple : cette optique est un système convergent qui a un foyer (point où convergent les rayons lumineux). Un foyer de 1 mètre correspond à + 1 dioptrie, un foyer de 25 cm correspond à + 4 dioptries. Cela peut convenir en dentaire. Le sujet à 25 cm de l’objectif sera considéré par le système autofocus de l’appareil comme étant à l’infini. Ainsi, le zoom pourra être utilisé sur les focales les plus longues. Plus on est “en télé”, plus le sujet est grossi. Par contre, le problème de l’éclairage n’est pas réglé. Cette fois il va falloir mettre devant le flash, vers l’avant de l’objectif, un produit diffusant comme du plastique blanc laiteux qui aura pour but d’absorber une partie de la lumière et d’élargir le faisceau lumineux à pratiquement 180° évitant ainsi toute ombre portée sur le sujet. Autre argument, à cette distance nous sommes suffisamment loin du sujet pour permettre à la lumière du flash de pénétrer dans la cavité buccale.

Comment faire tenir tout cela sur un compact ? L’idéal est quand le fabricant a prévu un système d’accrochage. Malheureusement ils sont peu nombreux à y penser. De plus, les compacts se renouvellent à très vite et, pour attirer le client, on remplit l’appareil de gadgets plus ou moins utiles, voire sans intérêt dans notre cas. Seul un fabricant a intégré un système de baïonnette qui sera fort utile, il s’agit du Canon avec les PowerShot G15 et G16 (fig. 2). Les Canon G15 et G16 sont les plus conviviaux. N’oubliez jamais que vous allez faire l’achat d’un outil et non pas du dernier gadget à la mode. Le côté fonctionnel est donc à privilégier absolument.

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Les « bridges », avec un zoom hyperpuissant (fig. 3)

Fig. 3 Coupe d’un appareil bridge caméra.

Il vaut mieux oublier ce type d’appareil, presque aussi volumineux qu’un reflex, un zoom beaucoup trop puissant à commande, la plupart du temps, électrique, trop compliqué.

Qu’en est-il des nouveaux appareils hybrides ? Ces nouvelles générations, pour l’instant, n’apportent pas grand-chose. Ces produits sont surtout le résultat d’un marketing à outrance dans le but de séduire le consommateur avec les derniers produits mis sur le marché par des techniciens dont on se demande s’ils les ont utilisés un jour ! Il n’y a donc pas d’urgence à se précipiter.

Les reflex Là, nous sommes dans le domaine du sérieux. Le choix se complique par le fait que nous sommes dans un assemblage de 3 produits différents : 1. Le boîtier 2. L’objectif 3. Le flash

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Fig. 4 Appareil Canon flash Metz. Fig. 5 Micro Nikkor 105 mm stabilisé, mise au point ultrasons.

Il n’est absolument pas nécessaire que ces 3 éléments soient de la même marque (fig. 4). En revanche, il faut bien s’assurer qu’ils sont compatibles.

LES CRITÈRES DE CHOIX Le boîtier Tous les boîtiers conviennent. Le plus cher ne fera pas obligatoirement les meilleures photos, au contraire, il est plus délicat à régler et le néophyte est rapidement perdu. Le prix ne se ressent pas forcément dans la photo. Par exemple, un appareil traité « tous temps » survivra sans peine à une averse. C’est très utile pour un reporter, parfaitement inutile en dentaire. Un produit « entrée de gamme » fera donc l’affaire. Un critère peut se révéler intéressant : le flash « pilote » ou « contrôleur ». Autrement dit le flash de l’appareil n’est pas utilisé pour éclairer le sujet, mais pour envoyer un message lumineux qui télécommandera un flash distant à la manière d’une télécommande de télévision. L’avantage de ce système est qu’il n’y a plus de fil entre l’appareil et le flash. Du coup l’ensemble est plus compact et plus

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léger. En revanche, il n’y aura aucune différence sur la photo.

L’objectif Ici le choix est très simple. Sachant que nous devons photographier dans une cavité, il nous faudra être suffisamment éloignés du sujet pour que la lumière puisse pénétrer. La distance minimum raisonnable est de l’ordre de 12 cm. Nous sommes dans le domaine de la macrophotographie. On pourra obtenir un grossissement suffisant à cette distance à condition d’utiliser un objectif macro d’une focale comprise entre 90 mm et 105 mm. Une focale plus courte ne permettra que des vues d’ensemble à cette distance, c’est acceptable en orthodontie. Attention ! Un objectif macro ne doit pas être confondu avec un zoom. Le zoom a une focale variable, autrement dit un angle de champ de vision plus ou moins large. Un champ de vision large est appelé « grand-angle » et un champ de vison étroit « télé objectif ». Plus le chiffre de la focale en mm est élevé, plus l’angle de champ est étroit. L’objectif macro a donc un angle de champ de vision fixe. Sa construction optique particulière lui permet de photographier de l’infini jusqu’à

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une douzaine de centimètres. Chaque marque a l’objectif macro qui convient. On peut aussi se tourner vers des fabricants indépendants tels que Tamron, Tokina ou Sigma. Chaque marque ayant son propre système de baïonnette aucun objectif ne sera universel. Rendre le client captif est le but du marketing (fig. 5).

Le flash (fig. 6) Ici au moins le choix est assez vite fait, car il est très restreint. Pentax, Sony, Canon, Nikon ont un flash macro, mais paradoxalement ce dernier n’est pas facilement utilisable en dentaire. Au niveau des fabricants indépendants, il y en a 2 principaux : • Sigma, modèle EM-140DG disponible pour Canon, Nikon, Pentax et Sony. Flash du type deux corps : un, sur le boîtier, il contient les piles et le générateur, le second est la tête éclairante qui se fixe sur l’objectif. Les 2 sont reliés par un cordon spiralé. Il est donc compatible avec tous les types de boîtiers. • Metz, modèle 15 MS-1. C’est le seul à être multi marques Canon, Nikon, Olympus, Pentax, Samsung, Sony. Chaque marque est préprogrammée, il suffit de

choisir par le menu. Pour tirer le meilleur parti de ce flash, il faudra avoir un boîtier avec un flash « contrôleur » par exemple Nikon D90, D300s, D7000 ou Canon EOS 7D, 60 D, 600 D, 70D. Ce flash est donc autonome et sans fil (fig. 7). Attention ! Tous ces flashs se fixent à l’avant de l’objectif au moyen d’une bague spécifique qui se visse à la place d’un filtre. Ils ne sont pas toujours livrés avec la bague qui correspond à votre objectif. Les diamètres les plus fréquents sont : 52 mm, 55 mm, 58 mm, 62 mm, 67 mm, 72 mm. Vérifiez le diamètre de votre objectif, il est gravé dans le bouchon avant. Une technique ancienne semble refaire surface pour la photo dentaire, il s’agit de la photo en lumière polarisée croisée. Principe : on polarise la lumière issue du flash avec un film polarisant et on équipe l’objectif également d’un filtre polarisant. Ces 2 filtres seront croisés. En d’autres termes, si nous les superposons en tournant l’un par rapport à l’autre, l’image deviendra de plus en plus sombre. Quand l’image atteint le niveau le plus sombre (proche du noir), la polarisation est dite croisée. Par opposition, une polarisation parallèle est sans effet. Si par exemple le flash est polarisé verticalement et l’ob-

Fig. 6 Supports de flashs modulables. Fig. 7 Flash Metz.

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8a b Fig. 8a Photo en lumière polarisée : référence de teinte non visible. b. Photo lumière traditionnelle. Référence de teinte visible.

jectif horizontalement, l’appareil n’enregistrera pas la lumière du flash. Si nous photographions un sujet brillant (dent ou gravure sous verre), la source lumineuse réfléchie sera invisible ou très réduite. La dent n’aura plus le reflet de la lumière du flash et donc sera sans zones brillantes. De même avec le sous-verre, la gravure sera visible sans la réflexion du flash dans la vitre. L’absence des zones brillantes donne un résultat esthétiquement étrange, car la dent sera mate. En revanche, n’étant plus parasitées par les reflets, les transparences et opalescences seront parfaitement visibles. Cette particularité sera très appréciée des prothésistes. Les reflets, eux, informent sur la surface de la dent. Pour un bilan, il faudra donc faire des photos à la fois en lumière normale et lumière polarisée, les deux procédés étant complémentaires (fig. 8).

Les réglages de l’appareil sont-ils difficiles ? La réponse est NON. En fait un appareil photo est destiné à être utilisé dans des circonstances très variées. C’est pour cette raison qu’il offre de très nombreux réglages. La photo dentaire nécessite avant tout d’avoir les accessoires adaptés qui ont été décrits plus haut. Elle est répétitive, ce qui va singulièrement faciliter les choses.

Qu’est-ce qu’une bonne photo ? Avant tout ce sera une image qui répondra à 3 critères :

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1. La netteté, une photo floue est déplaisante sauf à vouloir créer un effet esthétique. 2. La luminosité, une bonne photo doit être ni trop claire, ni trop foncée. 3. Le cadrage, là nous ne sommes plus dans la technique, mais dans le talent. Un non-pianiste jouera faux avec un instrument pourtant bien accordé ! Le photographe en a donc la seule responsabilité.

COMMENT GÉRER CES CRITÈRES ? La netteté

Elle se gère avec la « mise au point ». Ne pensez surtout pas : « Fastoche, mon appareil est automatique, l’autofocus fera le boulot pour moi ». Grave erreur, on va vous demander d’oublier l’autofocus, cette mise au point automatique que vous avez pourtant dans votre appareil. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous sommes dans un domaine scientifique et une grande rigueur s’impose. Souvenez-vous de ce qui précède : « répétitivité », « cadrage ». Un type de photo donné doit toujours être cadré de la même manière et surtout à la même échelle, donc à la même distance. L’autofocus s’adaptera à votre distance qui sera très variable, vous risquez donc de générer une iconographie qui sera bancale comme un texte écrit avec des mots de tailles différentes. La méthode est simple, vous prédéterminez le grossissement dont vous avez besoin (les rapports

Chapitre 2

de grossissement figurent en clair sur les objectifs macro). En fait vous vous imposez une distance de mise au point (MAP). Il vous suffira de vous rapprocher ou de vous éloigner de manière à ce que l’image vous paraisse bien nette dans le viseur. Ceci demande un peu d’entraînement et deviendra rapidement machinal. Vient immédiatement se greffer un autre critère : « La profondeur de champ » (PDC), c’est la zone nette en profondeur. Par exemple si les centrales sont nettes qu’en sera-t-il des molaires ? La gestion de la profondeur de champ (PDC) (fig. 9) se gère par l’ouverture du diaphragme qui est l’équivalent de la pupille de notre œil. Que faites-vous quand vous avez un travail fin à exécuter ? Vous éclairez (scialytique). En éclairant, le diamètre de la pupille de votre œil se réduit, la PDC de votre vision augmente. C’est donc avec le diaphragme de l’objectif que vous allez gérer cette PDC. Ce diaphragme, que l’on peut aussi appeler ouverture, est gradué en valeurs bien étranges précédées de f : 2.8, 3.5, 5.6, 8, 11, 22, 32. C’est comme un robinet à lumière, à 2.8 il est très ouvert, à 32 il est très fermé. Nous allons donc le fermer, la limite raisonnable est f/22, à f/32 l’image va se dégrader. Donc pas besoin de se creuser la tête on affichera f/22. Cette PDC est donc une sorte de droit à l’erreur, mais par rapport à quoi ? Imaginons… Nous avons une profondeur de champ de 6 cm, en macro elle se répartit moitié devant, moitié derrière. Vous faites la MAP sur les centrales, elles seront nettes, 3 cm en arrière ce sera encore net, mais les molaires seront floues. Vous avez gâché votre droit à l’erreur en avant, il est parti dans le vide. Il faut dans ce cas faire la MAP à mi-distance, soit sur les premières prémolaires.

La luminosité Elle se règle automatiquement, ouf ! Les appareils reflex fonctionnent en mode TTL (Through The Lens en anglais) autrement dit à travers l’objectif. La mesure se fait donc sur ce que vous photographiez. C’est donc très précis et extrêmement rapide. L’appareil envoie un premier éclair

pour mesurer la lumière, immédiatement après il en envoie un second dont la durée sera régulée pour avoir la bonne exposition.

L’importance du réglage des ISO Les ISO correspondent à la sensibilité du capteur à la lumière. La plupart du temps la sensibilité nominale d’un capteur est de 100 à 200 ISO. En fait elle est directement liée à la surface de chaque pixel. Cette sensibilité native peut être amplifiée par voie de logiciel. Plus on amplifie, plus on dégrade l’image. À l’époque de l’argentique, plus on augmentait la sensibilité du film, plus on augmentait le grain occasionnant une perte de netteté. C’est un peu pareil en numérique. On notera qu’au fil du temps cette amplification associée à de nouvelles conceptions de capteurs réduit de plus en plus cette dégradation. Malgré tout on s’en tiendra à une sensibilité de 100 à 200 ISO, le flash travaillant à courte distance, nous avons une puissance lumineuse très confortable. Une montée en sensibilité est surtout nécessaire lorsque les conditions lumineuses sont peu favorables pour photographier avec un diaphragme très fermé (ex. f/22) et une vitesse d’obturation courte (ex. 1/125). Pour les appareils compacts type Canon G15 ou Nikon P7700 avec le kit macro dentaire ce sera l’inverse, car ils possèdent un zoom. Le grossissement ne sera pas géré par la distance de prise de vue mais par la focale du zoom. Plus on va vers le télé, plus on grossit. Avec le complément optique macro du kit, la distance objectif/sujet reste constante : 13 cm. La PDC sera aussi gérée par l’ouverture, dans le cas présent f/8.0. NOTA : l’ouverture minimum varie en fonction de la taille du capteur. Pour les appareils compacts à petit capteur, ce sera f/8.0, pour les appareils à capteur moyen f/11 et pour les grands capteurs (reflex) f/32.

9a b

Fig. 9a La profondeur de champ est réduite avec une grande ouverture (F4) comparée avec F11. b. Pour augmenter la profondeur de champ, il faut réduire le grossissement.

Les pièges à éviter Avec les reflex, pour les objectifs, on parle de coefficient multiplicateur. Il faut

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LA PHOTOGRAPHIE DENTAIRE ETAPE PAR ÉTAPE

10a b

Fig. 10 Vue intrabuccale photographiée avec différents appareils dont les règlages diffèrent.

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savoir que peu de reflex ont un capteur au format de la diapositive soit 24 mm x 36 mm. On les appelle « Full frame » soit plein format. Les autres sont au format APS-C soit 22,3 mm x 14,9 mm chez Canon et 23,2 mm x 15,4 mm chez Nikon. Un objectif issu du 24 x 36 va fournir une image à ce format. Monté sur un boîtier à capteur APS-C l’image récupérée sera donc plus petite, cela donne l’impression que l’angle de champ de l’objectif est plus étroit. Par exemple, avec un objectif de 100 mm, on a l’impression d’avoir utilisé un 150 mm ou 160 mm : le coefficient multiplicateur étant de 1.5 chez Nikon et 1.6 chez Canon. Cette notion est donc exacte si l’on considère l’angle de champ. En revanche, s’agissant du grossissement, c’est différent. Le grossissement est le rapport entre la taille du sujet et celle de son image sur le capteur. Prenons l’exemple le plus simple de 1/1. Une dent de 1 cm de hauteur aura son image de 1 cm de haut sur le capteur. Peu importe la taille de ce capteur. Avec un objectif de courte focale 50 mm, la distance de l’objectif par rapport au sujet est de 40 cm et avec un 105 mm, elle sera alors de 15 cm. Il faut déduire l’épaisseur du flash monté sur l’objectif, en général 3 cm. On voit tout de suite que l’objectif de 50 mm aura le flash à 1 cm du sujet, c’est beaucoup trop près et avec le 105 mm il sera à 12 cm. Cette fois la distance est raisonnable et la lumière peut pénétrer dans la cavité buccale.

Dans une photo dentaire, l’horizontalité est le plan d’occlusion, pas le sol. Aussi il convient d’y penser quand vous cadrez. Un viseur quadrillé est d’un grand secours, vous vous repérez sur les lignes horizontales, les lignes verticales permettent un centrage précis. La stabilité du photographe est importante, sur ses 2 pieds on est instable. Avoir un 3e point d’appui tel que la jambe contre le fauteuil suffit pour qu’immédiatement on soit stable, c’est le principe du trépied. Éclairer avec le scialytique : on oublie, c’est le meilleur moyen de faire une mauvaise photo (ombre trop marquée, couleur à dominante jaune).

La couleur Soyons clairs, en photographie, la vérité des couleurs n’existe pas. Déjà à l’époque de l’argentique il y avait les couleurs Kodachrome, Ektachrome, Agfa, Fuji. La couleur est une appréciation subjective, c’est pourquoi nous nous limiterons à dire que la bonne couleur est celle « qui contente l’œil ». Pour preuve les appareils actuels permettent de jouer sur la saturation des couleurs, sur le renforcement de certaines telles que le bleu, le rouge ou le vert. Disons simplement que pour avoir le meilleur rendu possible il faudra mettre tous les réglages à zéro, autrement dit avoir les couleurs les plus neutres possible (fig. 10a et b).

Chapitre 2

défaut précisée dans un texte d’accompagnement. Partant de cette image, le prothésiste connaissant la couleur de base cherchera alors les caractérisations présentes sur la photo. C’est précisément sur ce point que la photo est précieuse et indispensable.

Fig. 11 Le blanchiment.

LES PHOTOS DE BLANCHIMENT

11 L’appareil photo a enregistré des couleurs à sa façon, mais l’écran d’ordinateur les restitue, lui aussi, à sa façon. Ils sont loin d’être égaux entre eux d’où de forts écarts de prix. L’impression est une autre source de dérive de couleurs, cette fois c’est très complexe, cela va dépendre du type d’imprimante, du type d’encre en encore plus du type de papier utilisé. Avoir sur le papier les couleurs de l’écran est la quadrature du cercle. La seule façon de s’en sortir est d’utiliser une sonde. Un programme envoie des couleurs très précises et compare avec ce qui a été vu par la sonde, cela est valable et assez simple pour un écran, c’est beaucoup plus complexe pour une impression. Le gros avantage de la sonde est qu’elle n’a aucune subjectivité. En fait, une fois habitué à son écran, on ne fait plus attention à la couleur.

COMMENT TRANSMETTRE UNE TEINTE AU PROTHÉSISTE ?

Ici encore, c’est très simple. Dans un premier temps c’est le praticien qui détermine la teinte en fonction du teintier. Cette opération doit se faire très rapidement, pas plus de 10 secondes, car l’œil fatigue très vite. Le choix étant fait, on photographie la dent du teintier en veillant à ce qu’elle soit dans le même plan et en opposition à la dent du patient. Il faudra que la référence du teintier soit visible sur la photo ou à

C’est une vraie « peau de banane » à utiliser avec d’infinies précautions. Il est indispensable que pour chaque photo prise exactement de la même manière, il y ait systématiquement un témoin déterminé au moment du début de traitement. Faute de la présence de ce témoin et d’une grande rigueur au niveau du cadrage, les photos n’auront aucune valeur probante. Autre point capital pour les patientes : rouge à lèvres interdit. Plus il est rouge, plus les dents semblent blanches (fig. 11).

QUELLE EST LA VALEUR JURIDIQUE D’UNE PHOTO ?

Il est vrai qu’une photo peut être facilement retouchée. Aussi, elle ne sera qu’un élément de preuve parmi d’autres. En cas de contestation, c’est un croisement entre ces différents éléments qui permettra d’établir une vérité. Il y a cependant un moyen d’avoir des photos incontestables c’est de les enregistrer en RAW, c’est-à-dire « brute de sortie de capteur ». Le RAW modifié n’est plus RAW. En cas de contestation il suffit de sortir le fichier RAW qui aura été soigneusement archivé. Dans ce cas, l’idéal est d’avoir un appareil qui enregistre à la fois en RAW et JPEG. On conserve le RAW et on exploite le JPEG qui est lu par n’importe quelle machine. Pour les photographes exigeants, le RAW permet une infinité de manipulations sur l’image (pas dans le sens tricherie, mais contentement de l’œil !). C’est beau sur le papier mais c’est terriblement chronophage.

ARCHIVAGE DE L’ICONOGRAPHIE

Avant d’aller plus loin, un élément important est à prendre en compte : la taille de l’image. Prenons un exemple simple.

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LA PHOTOGRAPHIE DENTAIRE ETAPE PAR ÉTAPE

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Fig. 12 Le plus gros ordinateur du monde. Fig. 13 Les miroirs.

Nous avons un appareil avec 10 millions de pixels. Nous pourrons enregistrer une image constituée de 3648 x 2736 points et une carte mémoire de 2 Go en contiendra 734. Nous pourrons réduire la taille à 6 Mpixels soit 2816 x 2112 points, la carte pourra alors en absorber 1158. Si nous réduisons à 2 Mpixels soit 1600 x 1200 nous pourrons stocker 3171 images (fig. 12).

LE MATÉRIEL

Un bel écran sera du type Wuxga soit 1920 x 1200 points. Notre image prise avec 2Mpixels remplira toute la hauteur de l’écran et il y aura 2 bandes verticales noires de chaque côté ce qui n’est absolument pas gênant. Par contre, il faudra que cette image soit bien cadrée, car vous

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n’aurez aucune possibilité de la rogner (ou la recadrer) sauf à l’afficher plus petite ensuite. Plus l’image au départ aura de points, plus vous pourrez la recadrer. Sachant qu’à 100 % nous avons 1 pointimage qui correspond à 1 point-écran. Nous sommes au maximum ; au-delà il y aura un phénomène de pixellisation s’il y a moins de pixels image que de pixelsécran. Si vous devez projeter vos images sur un grand écran, vous n’avez pas besoin de plus de pixels ! Un vidéo projecteur va rarement au-delà de 1920 x 1080 ce qui correspond à la TV HD. Dans le doute, vous pouvez partir de grandes images, car vous pourrez toujours les réduire ultérieurement ; l’inverse est impossible. Il est inutile de surcharger votre disque dur. En prime, plus vous ouvrirez de grosses images donc de gros fichiers, plus vous solliciterez la mémoire vive de votre ordinateur qui va beaucoup ralentir. La taille de l’image n’est qu’un choix de dimensions, il n’est que quantitatif. Si votre appareil vous donne des choix de qualité par exemple « standard », « fine » ou « superfine », vous jouez directement sur la qualité. Ne prenez jamais l’option la plus basse, un mauvais choix qualitatif pourra être désastreux. L’archivage est le gros point faible du numérique. Non pas en termes de capacité, car les disques durs sont de moins en moins chers, mais en termes de pérennité. Un disque dur peut « planter » à tout moment. Dans ce cas, il faut l’envoyer dans des sociétés spécialisées dans ce type de sauvetage, mais le prix est très élevé et l’on n’est jamais sûr de tout récupérer. Une double sauvegarde est donc à conseiller et surtout dans 2 locaux différents en cas d’incendie, d’inondation ou même de vol. Il existe des logiciels qui permettent le classement des images. Mais sans aller jusque-là, vous pouvez créer vos propres fichiers avec la fonction « enregistrer sous ». Au niveau datation, les dates à la japonaise sont plus utiles, soit année, mois jour.

Chapitre 2

Votre logiciel de gestion du cabinet gère les images, assurez-vous auprès de votre fournisseur qu’il ne les compresse pas systématiquement pour gagner de la place.

LES ACCESSOIRES

Nous distinguerons 2 types d’accessoires.

Les indispensables Les miroirs sont nombreux (fig. 13). Il y a 3 familles en fonction des secteurs à photographier dans l’ordre des fréquences d’utilisation : faces occlusales, faces vestibulaires et faces linguales. Chaque famille se décompose en tailles différentes qui seront choisies en fonction de la morphologie du patient. Plus le miroir est grand, plus c’est confortable pour le photographe, mais cela peut vite être le contraire pour le patient. Aussi, en cas de doute, le mieux est d’opter pour la petite taille, il est beaucoup plus « passe-partout ». Il y a 3 types de métallisation : chrome, titanium et rhodium (plus rare). Le second a un pouvoir de réflexion supérieur. Cette différence ne se verra pas sur la photo. Une meilleure réflexion est plus confortable pour l’utilisateur et améliore la réactivité de l’autofocus avec les appareils compacts. Il va sans dire que tous sont autoclavables. Le premier miroir est dédié aux faces occlusales. Il est associé à des écarteurs de commissures. Un petit miroir occlusal sera à réserver aux enfants ou aux très petites morphologies. Pour les adultes, on distinguera des miroirs courts et longs. Un court sera moins cher puisque plus petit, mais on risque de photographier les doigts qui le tiennent. Cet inconvénient peut être évité en utilisant un manche pince. Un long sera utilisé seul sans problème. Pour les faces vestibulaires, le miroir va être utilisé également comme écarteur, il va donc falloir une certaine force. Un miroir simple offre une préhension inférieure à un modèle avec manche, il sera moins confortable d’emploi qu’un miroir associé à un manche. Ici aussi il devra être associé à un écarteur sur le côté opposé.

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Pour les faces linguales, le miroir doit repousser la langue pour dégager la face linguale, il a en gros la forme d’une grosse cuiller. Son utilisation est moins fréquente. Ce type de miroir doit être métallisé sur la face avant et non pas la face arrière comme les miroirs classiques. Cette caractéristique évite le phénomène de double réflexion qui génère une image fantôme. La bouche est un milieu très humide, le miroir peut donc s’embuer très rapidement. Pour éviter cet inconvénient, il pourra être préchauffé, un jet d’air sec sera également très efficace. Les écarteurs seront de préférence en plastique autoclavable transparent et surtout incolore. Les écarteurs automatiques sont à éviter. Les écarteurs individuels sont les plus adaptés. Si vous travaillez à 2 mains, le patient pourra facilement les tenir.

Fig. 14 Le manche porte miroir.

Les utiles Le manche pince est une aide appréciable à la tenue de tous les types de miroirs photo. L’angulation du miroir par rapport au manche est réglable et blocable sur un angle de 35° (fig. 14). Les « Contrastor » sont des dispositifs destinés à occulter des éléments nuisibles à la bonne lecture d’une photo en les remplaçant par une surface noire qui augmente le contraste et met donc en évidence les dents. Il en existe de 3 types pour occulter respectivement la langue pour les vues de face, la langue pour les faces latérales et enfin les narines, les

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LA PHOTOGRAPHIE DENTAIRE ETAPE PAR ÉTAPE

15 16a

Fig. 15  Contrastor. Fig. 16 Sans contrastor (a). Avec contrastor (b).

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b

Chapitre 2

moustaches et les cils pour les photos prises avec un miroir occlusal. Ces éléments simples évitent de fastidieuses retouches sur Photoshop. Ils sont particulièrement destinés aux photos qui seront utilisées comme moyen de communication. Ils sont soit en aluminium anodisé noir, soit en silicone noir rigidifié avec une âme interne en acier inoxydable malléable. Ces derniers sont beaucoup plus confortables pour le patient. Tous sont autoclavables (fig. 15 et 16).

CONCLUSION

Avant tout, il faut bien identifier ses besoins réels et immédiats. On évitera le rêve engendré par le marketing et on ne surdose pas son choix au motif que plus tard cela pourra servir. Car ce jour-là, le produit disponible sera encore plus performant et très probablement moins cher. Ne pas surestimer ses compétences en photo. Un appareil sophistiqué aura tôt fait de vous noyer dans l’abondance de ses réglages. Tenir compte du poids et du volume de l’équipement. Un appareil trop lourd sera plus fatigant à utiliser. Ceci est d’autant plus vrai pour la majorité des femmes. Le prix ne devra pas être le critère déterminant. Un important écart de prix pourra

simplement être justifié par la construction de l’appareil. Un appareil en alliage de magnésium traité tous temps sera plus cher qu’un autre en polycarbonate. Pourtant vous ne verrez pas la différence sur vos photos. Un compact est séduisant pour son prix, son poids et son encombrement. Il convient à beaucoup de cas, en particulier avec les débutants, les orthodontistes et les omnipraticiens. En revanche, si vous envisagez de faire des photos en cours de chirurgie, le passage par le reflex est impératif. Ce type d’appareil réagit instantanément au déclenchement alors que le compact a un temps de latence de l’ordre de la ½ seconde. De plus, en chirurgie, l’autofocus peut être en difficulté sur une muqueuse, car il n’y trouvera pas le contraste dont il a besoin. Il se mettra à « pomper » et la photo, ne pourra pas être prise au bon moment. Concernant le prix, n’oubliez pas qu’un modèle vieillissant est moins cher que le nouveau venu qui lui, n’aura peut-être pas toutes les options dont vous avez besoin. C’est un critère à retenir dans l’évaluation du rapport qualité/prix.

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Chapitre 3

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Photographie des modèles et des petites pièces Comment mettre en valeur nos travaux ? H. PLARD, J. PERRIN, G. LANCE, J. LECERF Chirurgiens-dentistes

Pourquoi photographier des petits objets en odontologie ? Comment choisir son matériel ? Quelles techniques employer ?

Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt

L

es objets de petite taille occupent une place essentielle en odontologie. Parmi eux, on peut citer, l’instrumentation dentaire, les dents, le matériel d’hygiène bucco-dentaire, les modèles de travail, les prothèses lors des phases d’élaboration au laboratoire. Les matériaux métalliques ou céramiques, très réfléchissants entrent très fréquemment dans la composition de ces objets. Ce dernier aspect rend leur photographie difficile.

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LA PHOTOGRAPHIE DENTAIRE ETAPE PAR ÉTAPE

1 2 Fig. 1 Photographie d’une armature de bridge usinée en zircone. Elle permet d’expliquer au patient les différentes étapes de l’élaboration prothétique au laboratoire de prothèse. Fig. 2 Photographie de racines artificielles. Là encore, la photographie permet au patient de comprendre l’intérêt des différentes formes et des différents pas de vis des implants.

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POURQUOI PHOTOGRAPHIER LES PETITS OBJETS EN ODONTOLOGIE ?

Le praticien qui souhaite photographier les petits objets le fait avec les intentions suivantes : • informer son patient des nouvelles technologies mises en œuvre lors de la réalisation prothétique, • produire des illustrations à visée pédagogique, soit au sein de son cabinet, soit dans un objectif, purement pédagogique (fig. 1 et 2), • produire des illustrations ayant pour finalité une publication, un travail de recherche clinique ou fondamentale, • documenter le dossier médical de son patient. À l’heure où les demandes esthétiques ne cessent de croître, la documentation pré, per et postopératoire revêt un aspect essentiel, en particulier dans le cadre médico-légal. Bien que délicate, la photographie de petits objets s’est trouvée considérablement facilitée par l’emploi des appareils photo numériques. En effet, la visualisation directe de l’image sur les écrans situés à l’arrière des boîtiers donne très rapidement une idée du résultat obtenu. Si ce dernier est médiocre, la photographie pourra être reprise après avoir apporté les corrections nécessaires, et ce sans surcoût supplémentaire.

La majorité des appareils photo numériques actuellement commercialisés mettent à la disposition de l’utilisateur un « histogramme », courbe qui donne des informations précises sur la répartition des pixels (clairs ou foncés). Ces mêmes appareils offrent un réglage de la « balance des blancs ». Ces informations permettent une optimisation rapide et précise des images présentant de petites imperfections d’exposition. Lors de la réalisation de photographies de petits objets, les points suivants ont une importance particulière : - le matériel - le placement de l’objet - le choix de l’arrière-plan - l’éclairage correct de l’objet à photographier

LE CHOIX DU MATÉRIEL

La plupart des pièces de dentisterie sont souvent de forme complexe et présentent des surfaces brillantes ou réfléchissantes. Les photographies de ces objets sont difficiles à réaliser. Les clichés devront être détaillés, précis et permettre à l’observateur de comprendre facilement de quoi il s’agit. Dans notre spécialité, la majorité des photographies « en gros plan » le sont avec un grossissement d’environ 1X. Rappelons ici les notions de grossissement et de ratio d’agrandissement.

Chapitre 3

Le ratio d’agrandissement ou rapport de reproduction est la relation entre la dimension de l’image (sur le capteur photographique) et la dimension réelle du sujet. La notation commune est par exemple « 1:2 » (fig. 3). Le grossissement est l’inverse du ratio d’agrandissement. La notation commune est par exemple « 2X ». Pour obtenir une bonne image, il faudra par ailleurs : • fermer le diaphragme de l’appareil pour obtenir une profondeur de champ étendue (zone nette en avant et en arrière du plan de mise au point), • éviter les phénomènes de diffraction qui altèrent la qualité de l’image. Pour obtenir ce résultat, il ne faut pas fermer totalement le diaphragme (à f/32), mais rester à f/22 pour limiter ce phénomène, • régler une vitesse d’obturation supérieure à 1/100s pour éviter tout risque de « flou de bougé », • maintenir le réglage de sensibilité entre 100 et 200 ISO maximum pour éviter toute perte de qualité d’image due au bruit numérique, • mettre en œuvre un éclairage adapté à la situation. Ces contraintes imposent l’utilisation de matériels photographiques spécifiques.

L’utilisation d’un « compact » avec kit pour macrophotographie présente malgré tout de nombreux avantages : • grande simplicité d’utilisation et temps d’apprentissage réduit, • excellente qualité des clichés, • reproductibilité des images réalisées, • encombrement et poids réduits. Ces matériels présentent cependant des inconvénients parmi lesquels on relèvera principalement : • la difficulté de paramétrage total pour s’adapter aux conditions difficiles d’éclairage,

QUEL APPAREIL PHOTO NUMÉRIQUE (A.P.N) ACQUÉRIR ?

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Fig. 3 Schéma du grossissement. Fig. 4 Canon Powershot G16 avec kit macro Photomed (bonnette et diffuseur de flash associé) (d’après documentation commerciale).

Plusieurs modèles sont actuellement disponibles.

APN Compact

Les appareils photographiques numériques compacts et les « bridges » ne permettent pas seuls de réaliser des photographies pour les petites pièces de qualité. En effet, le flash intégré produit souvent une lumière décentrée et non homogène lors des prises de vue en gros plan. Par contre, des kits composés d’un diffuseur de flash et d’une bonnette à adapter sur l’objectif sont disponibles pour de nombreux appareils (fig. 4). Ils permettent d’adapter ces boîtiers simples aux contraintes des photographies rapprochées.

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LA PHOTOGRAPHIE DENTAIRE ETAPE PAR ÉTAPE

qu’un flash spécifique. L’appareil photo reflex est à conseiller aux utilisateurs exigeants, ayant des connaissances en photographie ou souhaitant s’initier.

QUELS OBJECTIFS CHOISIR ?

5 6 Fig. 5 Objectif Canon macro lens EF 100 mm f/2.8 (d’après documentation commerciale). Fig. 6 Flash annulaire Canon MR-14 EX II (d’après documentation commerciale).

• la mise au point uniquement sous le mode « autofocus » qui est souvent lente et imprécise, • l’impossibilité de faire évoluer le matériel, les kits macro n’étant adaptés qu’à un seul type d’appareil compact, • les possibilités d’éclairage limitées. Les APN « compacts » ou « bridges » avec les kits macro sont à conseiller pour les utilisateurs qui souhaitent un système simple, efficace, d’un coût moyen et qui donne de bons résultats.

APN Reflex Les boîtiers « reflex » SLR (Single Lens Reflex) numériques sont les appareils photographiques les plus performants pour les clichés en odontologie. Ils présentent de nombreux avantages : • ils sont entièrement paramétrables et peuvent donc s’adapter à toutes les situations, • la mise au point peut être manuelle et précise, • les images sont d’une excellente qualité, • gamme d’utilisation très étendue grâce aux objectifs interchangeables et aux nombreux accessoires disponibles, • évolutivité du matériel. En contrepartie, ils présentent eux aussi des contraintes parmi lesquelles : • leur relative complexité d’utilisation, les prises de vues demandant une certaine expérience, • leur encombrement et leur poids important. Les boîtiers d’entrée ou de milieu de gamme sont maintenant très performants et adaptés pour l’utilisation en odontologie. Il faut leur adjoindre un objectif ainsi

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Les objectifs classiques sont conçus pour travailler et donner les meilleurs résultats pour les distances de mise au point courantes. Lorsque la distance de mise au point est faible, ils sont moins performants : la netteté diminue et les aberrations augmentent. Pour pallier ces baisses de performances, les fabricants proposent des objectifs spécifiques dits « macros » conçus pour compenser ces défauts lors des prises de vue rapprochées. Certains objectifs possèdent un réglage « macro » débrayable. Ils permettent d’avoir un ratio d’agrandissement d’environ 1:4, ce qui est insuffisant pour réaliser des clichés de petits objets. La qualité des images obtenue n’est pas optimale. Les objectifs macros présentent un ratio d’agrandissement d’environ 1:1 (1X). Ils permettent de réaliser des photographies avec une bonne qualité d’image, un bon rendu des couleurs et un minimum d’aberrations. Les objectifs de focales 50 mm à 100 mm macro sont adaptés pour notre pratique. Pour pouvoir photographier de petits détails, les objectifs de 100 mm nous semblent les plus pertinents, car ils permettent de prendre du recul par rapport à l’objet à photographier (fig. 5).

QUELS ACCESSOIRES UTILISER ?

Afin d’éclairer correctement les modèles ou les petites pièces prothétiques, il est indispensable d’utiliser un flash. Les flashs intégrés ou les flashs dits « cobra » produisent une lumière décentrée, dure et non homogène en photographie de gros plan. Il est donc nécessaire d’avoir recours à un équipement spécifique et adapté à la réalisation de photographies rapprochées. La solution idéale est d’avoir recours à un flash macrospécifique. Il en existe deux versions : le flash macro-annulaire et le flash macro à double réflecteur. Le flash annulaire, classiquement utilisé en photo-

Chapitre 3

graphie dentaire se compose d’un boîtier de commande fixé sur la griffe du boîtier reflex et d’un anneau, comportant les tubes flash, qui se fixe autour de l’objectif (fig. 6). Le flash à double réflecteur se compose aussi d’un boîtier fixé sur la griffe du boîtier reflex et généralement de deux réflecteurs indépendants orientables et disposés autour de l’objectif. Il produit des images avec plus de relief grâce aux réglages possibles de l’orientation des sources lumineuses (fig. 7). D’autres accessoires complètent l’équipement nécessaire : • il peut s’agir de cales pour surélever l’objet, d’une troisième main ou de stick collant, • des flashs accessoires pouvant être asservis et synchronisés, • des accessoires plus spécifiques pour la lumière comme les diffuseurs de flash, ou les tentes de prise de vue.

QUEL TYPE D’ARRIÈRE-PLAN UTILISER ?

Le choix de la couleur de l’arrière-plan joue un rôle essentiel dans la perception de l’objet. Un fond correct isole le sujet de reste de l’image. Dans la majorité des cas, le fond sera de teinte uniforme, bien que les arrière-plans dégradés puissent eux aussi être séduisants. Cependant, il n’y a pas de fond universel pouvant être utilisé dans toutes les situations. En effet, il faudra tenir compte de la couleur de l’objet pour que ce dernier puisse être isolé optiquement de l’arrièreplan. Il faudra également tenir compte de la destination finale de l’image (publication, présentation audiovisuelle, information du patient). Les arrière-plans les plus employés sont : • le fond noir qui présente plusieurs avantages : - il permet une perception pseudo-tridimensionnelle, - il évite les ombres portées toujours difficiles à contrôler, - il apporte « du caractère » au sujet photographié, - il donne un contraste riche et prononcé aux objets clairs.

Fig. 7 Flash à double réflecteurs Nikon R1C1 (d’après documentation commerciale). Fig. 8 Photographie de prothèses céramométalliques sur un miroir, avant assemblage.

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8 Plusieurs techniques permettent l’obtention d’un fond noir : - l’utilisation en arrière-plan d’un matériau permettant l’obtention d’un fond aussi noir que possible. L’utilisation de « papier Canson® » ou de tissu de velours noir permet à peu de frais de créer un fond noir parfaitement uniforme, - éclairer l’objet de telle sorte que la lumière n’atteigne pas le fond, - l’utilisation d’un miroir de prises de vues intrabuccales sur lequel est posé l’objet à photographier. Cette méthode présente cependant un inconvénient, c’est que l’image obtenue est double (fig. 8). • le fond blanc Pour obtenir un fond absent, le blanc uni est une solution très intéressante mais parfois difficile à obtenir, car un fond blanc « ordinaire », bien qu’il soit un élément utile ne donnera pas toujours un résultat satisfaisant, car très souvent à l’origine d’ombres portées. En effet, l’obtention d’un blanc sans ombres nécessite un

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LA PHOTOGRAPHIE DENTAIRE ETAPE PAR ÉTAPE

montage spécifique et en particulier un rétro éclairage. Le fond devra être bien éclairé et diffuser la lumière de manière homogène. Un flash accessoire (type cobra) asservi est synchronisé et dirigé sur le fond blanc afin de l’éclairer. Si le fond blanc est peu opaque, la source de lumière (flash accessoire) peut être placée derrière le fond. • le fond dégradé Le fond dégradé (fond évoluant progressivement d’une couleur vers le blanc ou

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10 11 12 Fig. 9. Schéma de prise de vue d’un modèle sur fond noir. Le modèle est placé à distance du fond (b) et surélevé sur une « cale » afin de le détacher du fond. La distance entre l’appareil et le modèle (a) doit être constant afin d’obtenir un ratio d’agrandissement constant et de pouvoir standardiser les prises de vues.

vers une autre couleur) permet de donner à l’image une certaine profondeur. Le meilleur résultat sera obtenu en plaçant la couleur la plus claire vers le haut de l’image, la plus sombre vers le bas de l’image.

QUELLES TECHNIQUES EMPLOYER ? 13

Fig. 10 à 14 Vues standards de modèles : profil droit, face, profil gauche, occlusale maxillaire occlusale mandibulaire.

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La photographie des modèles L’analyse des modèles est un moment important pour établir le diagnostic et planifier nos traitements plus particulièrement en orthopédie dento-faciale et en prothèse. Pour des raisons d’organisation, de stockage et de documentation des cas cliniques, il paraît intéressant de photographier les modèles. Ces derniers sont généralement en plâtre blanc ou beige, matériau offrant un faible niveau de contraste. Une attention toute particulière doit être apportée à la lumière et à l’exposition afin de rendre compte du relief des moulages. Afin de pouvoir juger de la taille des moulages à partir des photos, il est intéressant de les réaliser toujours avec le même ratio

Chapitre 3

d’agrandissement ou d’y inclure une règle millimétrée. Le fond généralement utilisé est noir, il donne des images contrastées dont la lecture est facile (fig. 9). Un fond gris peut convenir également. Le fond blanc très esthétique rend la lecture moins facile à cause du faible contraste. Il est à réserver pour les modèles en plâtre de couleur. Les vues standards correspondent aux vues standards intrabuccales à savoir : profil droit (fig. 10), face (fig. 11), profil gauche (fig. 12), occlusale maxillaire (fig. 13), occlusale mandibulaire (fig. 14). Les photographies sont réalisées en format horizontal. Le modèle est placé à distance du fond (b) et surélevé sur une « cale » afin de le détacher du fond. La distance entre l’appareil et le modèle (a) doit être constante

15 Fig. 15 Schéma de prise de vue d’un modèle sur fond blanc. Le fond blanc est éclairé à l’aide d’un flash cobra asservi et synchronisé, afin qu’il n’apparaisse pas gris sur la photo. Fig. 16 Modèle sur fond noir.

Fig. 17 Modèle sur fond blanc. Fig. 18 Modèle de travail sur fond noir. Fig. 19 Modèle de travail sur fond blanc. La couleur du fond influence notre perception, sur fond blanc les contrastes sont diminués.

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Fig. 20 à 22 Modèle avec wax up sur fond noir, gris et vert. Fig. 23 et 24 Double flash sans fils asservis placé de part et d’autre de l’objectif sur un bras spécifique. Le positionnement de chaque flash est indépendant. Des diffuseurs de flash type « casquettes » permettent d’obtenir une lumière plus douce. Boitier et flash Nikon. Bras support Photomed. Diffuseurs de flash LumiQuest. (d’après documentation commerciale).

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afin d’obtenir un ratio d’agrandissement linéaire et de pouvoir standardiser les prises de vues (fig. 9). La réalisation de clichés sur fond blanc nécessite une technique spécifique. Le fond blanc doit être éclairé afin qu’il n’apparaisse pas gris sur la photo (fig. 15).

Spécificités de l’éclairage des modèles Les flashs annulaires ont tendance à produire des photographies sans ombres. Les images paraissent donc plates, sans relief et peu brillantes. Généralement, les flashs annulaires disposent de deux tubes indépendants droit et gauche. Pour créer des ombres et donc du relief dans les clichés, il est intéressant de régler avec une puissance différente ces tubes. Une autre solution consiste à utiliser des flashs à doubles déflecteurs. Il s’agit en fait de petits flashs sans fils indépendants et synchronisés par le boîtier reflex. Ils sont placés de part et d’autre de l’objectif sur un bras spécifique permettant de modifier leur position et donc l’éclairage (fig. 23). Généralement, des diffuseurs de flash sont adjoints afin d’obtenir une lumière plus douce (fig. 24). À l’aide de cet équipement, les possibilités d’éclairage sont

nombreuses et permettent de s’adapter au résultat souhaité.

La photographie des petits objets Les matériaux métalliques ou les matériaux présentant un fort pouvoir réfléchissant tels que la céramique dentaire rendent difficile la prise de macrophotographies. La projection directe de la lumière accentuant ce phénomène, il faudra privilégier un éclairage indirect permettant une diffusion plus flatteuse de la lumière. À ce stade, l’utilisation de boîtes à lumières permettant une diffusion de l’énergie lumineuse apporte une amélioration importante de la qualité des images. En odontologie, l’utilisation de demisphères opalescentes en plexiglas translucide est très aisée (fig. 29 et 30). Employées en association avec des flashs cobra asservis dirigés vers le sommet de la demi-sphère, elles permettent une parfaite diffusion de la lumière et évitent les reflets intenses nuisant à la qualité de l’image.

Comment placer l’objet à photographier ? Lorsqu’un objet de petite taille est photographié, son identification doit être immédiate et sans ambiguïté. Le posi-

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tionnement de l’objet et l’orientation de la prise de vue jouent un rôle essentiel. Ainsi, on évitera de photographier un objet du dessus ou du dessous, cette vue ne permettant pas une perception tridimensionnelle. De manière générale et dans la plupart des cas, on lui préférera une vue oblique et légèrement au-dessus de l’objet (fig. 31 et 32).

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La « vraie » macrophotographie La meilleure façon d’agrandir une image est d’éloigner l’objectif du capteur (fig. 33 et 34). Les éléments n’ont pas besoin d’être beaucoup éloignés pour une mise au point entre un mètre et l’infini. Pour une mise au point rapprochée, la distance centre optique – capteur doit être plus grande. Il existe pour augmenter la distance entre le capteur et le centre optique de l’objectif des tubes allonges (fig. 35) et des soufflets (fig. 36).

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Fig. 25 Photographie de modèle avec wax up réalisée avec un flash annulaire. L’éclairage est homogène avec peu de relief. Fig. 26 Photographie de modèle avec wax up réalisée avec un double flash et diffuseurs. Il y a plus de relief, la lumière est plus douce. Fig. 27 Il est possible de modifier l’éclairage pour créer de la dynamique en éloignant l’un des deux flashs. Le côté gauche est plus éclairé. Fig. 28 Même cliché côté droit plus éclairé, la dynamique n’est pas la même. Fig. 29 Boite à lumière hémisphérique employée pour la photographie de petits objets. Fig. 30 Tente de lumière (documentation commerciale).

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Fig. 31 et 32 Photographie d’un tenon de prise d’empreinte en vue du dessus et en vue latérale oblique. On remarquera la différence de perception entre les deux photographies. Dans le premier cas, l’identification est quasi impossible, dans l’autre, l’identification est immédiate.

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Fig. 33 et 34 La meilleure façon d’agrandir une image est d’éloigner l’objectif du capteur (distance b > a). Fig. 35 Bague allonge Canon à placer entre le boitier reflex et l’objectif (d’après documentation commerciale). Fig. 36 Soufflet Novoflex à placer entre le reflex et l’objectif (d’après documentation commerciale). Fig. 37 à 40. Macrophotographies.

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À l’aide de ces accessoires, il est possible de réaliser de véritables photomacrographies, généralement appelées macro avec des grossissements de 1,0 X à 5,0 X environ. En éloignant l’objectif du capteur, on diminue la quantité de lumière qui arrive sur le capteur de l’appareil photographique. Il est donc indispensable d’optimiser les réglages d’exposition et de flash empiriquement jusqu’à obtention du résultat souhaité. Ces photographies permettent d’observer et de comprendre de petits détails des objets : forme d’une fraise (fig. 37 et 38), tricotage d’un fil d’ouver-

Chapitre 3

ture sulculaire (fig. 39 ), agencement des poils de pinceau (fig. 40), détail de l’état de surface d’une dent (périchématies, fêlures) (fig. 41), etc.

CONCLUSION

La photographie en gros plan des petits objets quotidiennement utilisés en odontologie est une occasion unique de révéler les détails cachés pour les documenter et les analyser. Elle représente un facteur important pour valoriser nos travaux auprès de nos patients, pour fluidifier les relations cabinet laboratoire. C’est une discipline exigeante mais qui peut être facilement maîtrisée en appliquant quelques règles aisées à reproduire.

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Fig. 41. Macrophotographie d’une dent extraite. Noter l’éclairage des reliefs.

Lectures conseillées 1. Zuemuhle M. Le guide complet de la photographie numérique. Micro application, 2008. 2. Freeman M. Photographie numérique en gros plan. Evergreen, 2005. 3. Bouillot R. Cours de photographie numérique ; 2eme édition. Dunod, 2006. 4. Benslama L, Chossegros C. Photographie numérique médicale et dentaire. Elsevier Ed, 2007. 5. Farmakis L, Marcon JL. Bilan photographique en orthodontie.EMC, 2007. 6. Christensen, G. Important clinical uses for digital photography. J Am Denr Assoc. Mai 2005 ; 136, 1 : 77-79. 7. Loiacono P, Pascoletti L. La photographie en odontologie. Théorie et pratique pour une documentation moderne. Quintessence International, 2011. 9.Engel W. Mastering digital dental photography. Quintessence Publishing, 2006.

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Chapitre 4

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La photographie dentaire au quotidien

que faut-il faire et ne pas faire ? R. ELIE Chirurgien-dentiste H. MARECHAL Prothésiste dentaire

Peut-on utiliser un smartphone en photographie dentaire ? Comment employer un appareil compact ou un appareil reflex ? Quelles sont les précautions simples à respecter pour obtenir des photos exploitables ?

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt

L

a photographie est devenue, avec l’avènement du numérique et la démocratisation des matériels photographiques, un outil essentiel dans l’aide au diagnostic et à la documentation en odontologie. Elle permet pour un coût modéré de favoriser la communication et l’analyse de la couleur et de la structure des dents en odontologie, et ainsi d’améliorer considérablement la communication avec le laboratoire de prothèse. De la qualité des photographies réalisées par le praticien, dépendra la communication avec le laboratoire de prothèse dont découlera la qualité de la réalisation prothétique. Les photographies permettent de transmettre des informations qu’il serait difficile

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1 2 Fig. 1 Image difficilement exploitable obtenue grâce à un iPhone 5S non calibré. Fig. 2 Autre image inexploitable obtenue cette fois-ci grâce à un Samsung Galaxy S4 Mini, inadapté à la photographie dentaire.

de représenter au moyen d’un simple schéma sur papier. Aussi, afin que le travail produit par le laboratoire soit le plus esthétique possible, il faut lui fournir des photographies de qualité. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas, et il semble intéressant d’expliquer pourquoi ces photos ne sont pas interprétables et ne permettent pas au prothésiste de travailler de façon optimum. Essayons d’analyser quelques photographies, issues de plusieurs cabinets, pour en faire l’analyse et juger si elles sont exploitables. Nous pourrons en tirer ainsi quelques règles simples pour faciliter nos prises de vues et le travail du prothésiste.

PHOTOGRAPHIES AVEC SMARTPHONE

Il est possible de prendre des photographies acceptables au moyen d’un smartphone, sous certaines conditions très strictes. Il est indispensable d’utiliser un flash spécialement conçu pour de la photographie intrabuccale (Smile Lite développé par Smile Line, Suisse) qui sera adapté au téléphone (à ce jour, seuls les iPhone 4, 4S, 5 et 5S peuvent recevoir ce flash). Ensuite il faudra utiliser l’application de photographie dentaire dédiée (Smile Capture by Smile Line), après avoir pris soin de calibrer le téléphone. En dehors de ces 4 modèles de smartphones calibrés, on observe systématiquement une déformation de l’image réalisée ainsi qu’un éclairage de l’objet

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photographié qui ne permet pas d’exploiter les images obtenues. L’image a été prise avec un iPhone 5S (Apple) qui n’a pas été calibré (fig. 1) et ne disposait pas du logiciel et de l’éclairage adéquats. L’image est floue (la profondeur de champ était minimale), photographiée de trop loin, sans écarteurs. La dent que le praticien souhaite monter (31) est difficilement analysable d’un point de vue colorimétrique, l’éclairage étant essentiellement celui du scialytique, on obtient une image surexposée. La bouche étant photographiée de trop loin, l’analyse de la structure des dents y est également impossible. La présence de la main du praticien sur une partie de la photographie est un élément de perturbation visuelle qui gène la transmission des informations. Cette photographie (fig. 2) a également été prise avec un smartphone (ici, Samsung Galaxy S4 Mini). Elle est inexploitable pour la réalisation de la couronne de la 11 car : • prise de trop loin et avec une faible profondeur de champ, elle est floue, • l’absence d’écarteurs empêche d’analyser correctement les dents, car elles sont insuffisamment dégagées et que la lèvre crée une ombre portée sur le collet, • des dents le flash intégré de ce téléphone ne permet pas la réalisation d’une photographie correctement exposée avec un éclairage “lumière du jour” (s’il est désactivé, la source de lumière sera insuffisante et s’il est activé, elle sera trop importante),

Chapitre 4

3 • la pastille servant de référence de teinte est en retrait par rapport à la dent à copier. Elle est donc éclairée de manière différente par rapport à la dent ce qui entraînera une source d’erreurs lors de la réalisation de la prothèse, • le cadrage de la photographie est incorrect : la zone étudiée ici est la partie antérieure de l’arcade maxillaire, celle-ci devrait se trouver au centre de la photographie. Or, elle est ici sur la bordure de la photo, alors que c’est la partie présentant le plus de déformations • la photographie étant prise en contreplongée (du bas vers le haut) uniquement, elle ne permet pas une analyse correcte de la bouche. Il est indispensable d’avoir la même vue prise dans l’axe de la dent, ainsi qu’en plongée (du haut vers le bas), • la structure de la dent à copier est invisible sur ce cliché. Cette image (fig. 3) présente le défaut majeur d’avoir été compressée avant envoi au céramiste, elle est donc illisible et inutile pour la réalisation d’une prothèse. De plus, elle présente les défauts suivants : • absence d’écarteurs et d’éclairage adéquat : lumière qui provient du dessus et génère une ombre portée très importante sur la dent de référence, • mauvais cadrage (photographie prise de trop loin), • mauvais axe de la photographie (prise en contre-plongée uniquement, de côté), • la dent symétrique (23) à la dent à réaliser (13) n’étant présente sur aucune photographie, il est donc difficile de la reproduire

4 correctement, et la dent choisie pour être la référence est partiellement cachée par la pastille de teinte. Il est donc indispensable de prendre soin à ne pas compresser les photos envoyées. Si l’on affiche cette image au format réel, elle est de la taille d’un timbre-poste. De plus, les photos réalisées doivent être effectuées avec la meilleure définition possible.

Fig. 3 Image présentant une compression trop importante la rendant ininterprétable. Fig. 4 Image inexploitable d’un enregistrement de la couleur.

PHOTOGRAPHIES AVEC UN APPAREIL PHOTO COMPACT

Cette photographie (fig. 4) d’un enregistrement de la couleur des dents est inexploitable par le laboratoire de prothèse car : • elle a été prise de trop près, ce qui ne permet pas d’avoir une vue d’ensemble de la bouche, ni même d’une seule dent dans son ensemble, • la bouche est photographiée sans écarteurs ce qui est source d’ombres portées dans la bouche, • la photo est décentrée et en contre-plongée, ce qui entraîne un éclairage différent des dents. C’est d’autant plus préjudiciable que c’est l’unique photo transmise au laboratoire, • la pastille de référence de couleur aurait dû être dans le sens inverse afin de coïncider avec les couronnes dentaires mandibulaires, • la dent à copier n’est pas la contre latérale de référence. On prend conscience ici de la difficulté à choisir la bonne base dentinaire puisque le choix de la pastille ne correspond pas à la dent à reproduire.

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5 Fig. 5 Autres erreurs à éviter : la non élimination du rouge à lèvres ainsi que le mauvais positionnement de la pastille de référence de couleur. Fig. 6 Photo inexploitable principalement en raison du rouge à lèvres qui perturbe la balance des blancs de l’appareil photo et entraine des reflets sur les dents. Fig. 7 Autres erreurs lors de l’essayage des couronnes sur 21 et 22 : les gants apparaissant devant et empêchent l’analyse de la photo

6 Cette photo (fig. 5), prise dans le but de transmettre des informations sur la couleur afin de construire la 14, montre les défauts majeurs suivants : • elle a été enregistrée sans enlever totalement le rouge à lèvres, ce qui cause des reflets sur les dents, • la pastille de référence de couleur est positionnée à l’envers, et placée devant la canine (NB : l’utilisation de la canine pour le choix de la couleur de référence est erroné, la canine étant plus saturée que les autres dents),

• la lèvre inférieure repose sur le bas des dents maxillaires, • la photographie est prise en contre-plongée et est décentrée avec un éclairage qui vient à l’avant du patient, • la dent symétrique n’a pas été photographiée, ce qui aurait été utile pour la reproduire et élaborer la 14, • la vue de la bouche est trop limitée en raison d’une distance de prise de vue trop faible, • il n’y a pas d’écarteurs, la lèvre supérieure est tractée sur le côté, ce qui entraîne des ombres sur les dents.

PHOTOGRAPHIES AVEC UN APPAREIL PHOTO REFLEX

Cette photographie (fig. 6) n’est pas exploitable par le prothésiste pour les raisons suivantes : • le rouge à lèvres de la patiente n’a pas été enlevé, ce qui perturbe la balance des blancs par l’appareil photo et entraîne un léger reflet rouge sur les dents modifiant ainsi leur teinte. On peut le voir à la carnation de la peau qui est très sombre et rouge, • l’absence d’écarteurs empêche de voir correctement la bouche de la patiente, • la dent de référence n’est pas la bonne, • la photo est décentrée et en contre-plongée, ce qui est insuffisant comme seule référence pour élaborer une prothèse.

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Chapitre 4

Cette photographie (fig. 7) a été prise lors de l’essayage des couronnes sur 21 et 22, dans le but d’effectuer des corrections, particulièrement de couleur. Réaliser une photo des prothèses en bouche lorsqu’une correction est nécessaire est en effet indispensable, néanmoins la photo est inexploitable pour les raisons suivantes : • présence des gants devant les dents, empêchant ainsi d’analyser les modifications à effectuer, • absence d’écarteurs, • photo non cadrée et prise dans un mauvais axe (contre-plongée et orientée vers la gauche), • les dents à reproduire ne sont pas visibles, • la référence de la pastille n’est pas visible, • les dents adjacentes à copier ne sont pas visibles. Même si le matériel de photographie utilisé pour la réaliser est bon, et que le praticien a employé des écarteurs pour dégager les lèvres, la photo (fig. 8) prise pour la réalisation d’une couronne sur 21 est difficilement exploitable par le prothésiste : •le cadrage de la photo devrait être orienté plus sur l’arcade maxillaire, • toute la partie basse de la photo ne sert à rien, la partie mandibulaire ainsi que le manche des pastilles, plus que le groupe incisivo-canin maxillaire. Il aurait été suffisant de n’avoir que l’extrémité des pastilles de référence, et d’ajouter

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8 ultérieurement avec un simple logiciel de retouches d’images à quelle couleur correspondait chaque pastille, ou de tourner les manches pour les avoir à l’horizontale et pouvoir recentrer le cliché, • la photographie est prise en contre-plongée, ce qui entraîne un éclairage incorrect des dents et rend difficile l’analyse de la couleur et de la structure profonde des dents, • la photographie est surexposée. Ces deux photos (fig. 9a et b) peuvent être utilisées pour communiquer avec le laboratoire de prothèse, même si elles ne

Fig. 8 Erreurs à éviter : un mauvais cadrage accompagné d’un mauvais axe et d’un éclairage incorrect. Fig. 9 Images exploitables mais dont la qualité pourrait être améliorée.

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10 11 Fig. 10 Photo correcte. Fig. 11 Le scyalitique perturbe le résultat.

sont pas « parfaites », elles sont exploitables pour les raisons suivantes : • cadrées et avec un axe correct, • correctement exposées, voire légèrement sous exposées, • peu de salive sur la surface des dents (ce qui pourrait gêner la lecture de l’état de surface), • le reflet sur les centrales masque la structure profonde mais renseigne bien sur la macro et microgéographie, • pas d’éléments de perturbation (couleur, ombre, lumière, objet), • la pastille de référence de teinte, bien qu’un peu excentrée, est située dans le même axe et plan que les incisives. On ne voit pas la référence. Sont-elles suffisantes à la réalisation d’un travail de qualité par le prothésiste ? Elles sont utilisables certes, mais imparfaites. Nous avons vu les principales erreurs sur différents clichés issus du quotidien d’un laboratoire, maintenant, quelle serait la conduite constructive à tenir ?

DES PHOTOGRAPHIES EXPLOITABLES

Choisir un matériel adapté Les différentes photographies réalisées avec le matériel adéquat, correctement réglé permettront au céramiste d’analyser l’état de surface des dents, leur brillance, translucidité, luminosité, caractérisations, macrostructure ou microstructure. • Appareil photo Reflex • Objectif Macro de 100 ou 105 mm

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• Flash pour macrophotographie (ne jamais utiliser le flash intégré de l’appareil). • Écarteurs transparents ou de couleur neutre. • Proscrire les appareils photo compacts. • Ne pas utiliser de smartphone (sauf à la rigueur dans les conditions précises décrites précédemment). Il est possible de régler l’appareil simplement (voir article du même auteur dans ce numéro) afin de permettre la reproductibilité de photographies de qualité. Il n’est pas indispensable d’acquérir du matériel haut de gamme pour communiquer avec son laboratoire de prothèse, il suffit qu’il soit bien adapté.

Avant de prendre une photo • Penser à ce que l’on désire montrer et si le cadrage effectué permet de le faire. Attention à la déshydratation des dents en fin de séance si l’on souhaite transmettre la couleur des dents. La photographie transmettra alors une couleur qui sera fausse. L’idéal est d’enregistrer la couleur en début de séance, sur des dents séchées non déshydratées pour montrer les états de surface sans film salivaire. • Si l’on souhaite demander au céramiste l’élaboration d’une prothèse, toujours photographier la dent symétrique afin de lui permettre de la reproduire. Par exemple, si l’on refait une canine, prendre plutôt la canine controlatérale que la centrale.

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• Penser néanmoins aux dents adjacentes. • Pour une postérieure, penser à une vue occlusale. • Pour une centrale, éviter de mettre la pastille devant celle à copier. • Vérifier les axes de prise de vue et ceux des pastilles de teinte. • Savoir si un élément présent dans la scène cadrée peut perturber ce que l’on souhaite montrer : - rouge à lèvres, sur les lèvres et sur les dents, - gants (attention à la couleur s’ils sont visibles), - écarteurs de couleur, - salive (sécher afin de permettre l’étude de l’état de surface des dents), - colorations extrinsèques, plaque dentaire, dépôts alimentaires, - pastille de référence de teinte mal placée (devant les dents), - reflets d’éclairage, même volontaires qui peuvent être très flatteurs à l’œil mais desservant l’analyse de la structure de la dent (fig. 10). • Savoir si un élément présent dans l’environnement peut perturber la qualité de la photographie : - scialytique allumé, - vêtements du patient colorés, - serviettes colorées pouvant créer des reflets, - couleur du fauteuil ou de l’environnement trop « envahissant ». • Se stabiliser en prenant appui sur le patient, le pouce étant placé en butée contre l’appareil photo et le majeur s’appuyant sur la joue du patient. • Poser la jambe ou le genou contre le fauteuil. Le scialytique « écrase » la photo et gomme la courbe chromatique vers les jaunes orangers (fig. 11).

Lors de la réalisation de la photo • Fournir au moins une vue d’ensemble en essayant de cadrer le plus large possible à la largeur de la bouche. • Effectuer la mise au point sur les incisives pour une prise de vue large (ou mieux encore sur les canines en décalant

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le spot de mise au point ou en le verrouillant dessus avant la prise de vue). • Utiliser la profondeur de champ (PDC) la plus grande possible (F22 sur reflex) (fig. 12 et 13). • Utiliser le spot de mise au point présent dans le viseur, et le centrer sur les dents étudiées. • Faire plusieurs clichés différents : si vous en ratez un, un autre sera peut-être plus exploitable, l’idéal étant la réalisation de 5 clichés : dans l’axe du sourire, en plongée, en contre-plongée, prise orientée à droite et à gauche. Chaque angle de prise de vue révèle des éléments différents, de l’état de surface aux transparents, des caractérisations aux épaisseurs des différentes masses à monter. La durée moyenne d’une prise de vue avec un peu d’habitude est de 5 secondes, 25 secondes pour les 5 clichés, avec une bonne marge d’erreur, on peut arriver à 1 minute. C’est bien sûr sans commune mesure avec le temps perdu si la prothèse ne va pas.

Fig. 12 Grande ouverture (F2.8-5.6) = petite PDC. Fig. 13 Petite ouverture (f22) = grande PDC.

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LA PHOTOGRAPHIE DENTAIRE ETAPE PAR ÉTAPE

La liste de ces règles de bonne conduite est non exhaustive, et est essentiellement basée sur l’observation des erreurs de prises de vues présentées précédemment. C’est la force de l’expérience, des outils qui évoluent ou régressent avec leurs utilisateurs.

CONCLUSION

Les appareils numériques nous permettent de réaliser de manière simple et reproductible des photographies dentaires exploitables. Ils sont devenus très abordables, tant du point de vue du prix que de la facilité d’utilisation. Cette technique est devenue incontournable dans nos cabinets et laboratoires pour un travail de qualité. Il est essentiel de comprendre également que celle-ci est au service de

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la communication ascendante, mais aussi descendante. S’il est évident de bien communiquer avec son prothésiste, il est aussi très constructif de bien le faire avec sa patientèle, ne serait-ce qu’à des fins démonstratives et éducatives. L’esthétique dentaire ne s’improvise pas, elle se conçoit, s’envisage et se crée sur un terrain fertile d’informations précises et judicieuses. En ce sens, la liste de ces règles de bonne conduite n’est jamais exhaustive, et est essentiellement basée sur l’observation des erreurs de prise de vues présentées précédemment. C’est d’une utilisation et d’une concertation réfléchie par le duo dentiste-prothésiste que pourra se concevoir une évolution dans l’échange des clichés et des informations.