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French Pages 263 [278] Year 2003
MESURER L’INSAISISSABLE MÉTHODE D’ANALYSE DU DISCOURS DE PRESSE
2003 – Presses de l’Université du Québec ©© 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le DeltaÉdifice I, 2875, boul.I, 2875, Laurier, G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Le Delta boul.bureau Laurier, 450, bureauSainte-Foy, 450, Québec, Québec Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de : Mesurer l'insaisissable, Lise Chartier, ISBN 2-7605-1220-7 • D1220N
Tiré de : Mesurer l’insaisissable Lise Chartier, ISBN 2-7605-1220-7 Tous droits de reproduction, de ,traduction et d’adaptation réservés
DANS LA MÊME COLLECTION Les relations publiques dans une société en mouvance, 3e édition Danielle Maisonneuve, Jean-François Lamarche et Yves St-Amand 2003, ISBN 2-7605-1217-7, 428 pages
Un monde sans fil Les promesses des mobiles à l’ère de la convergence Magda Fusaro 2002, ISBN 2-7605-1183-9, 258 pages
Comme on fait son lead, on écrit Antoine Char 2002, ISBN 2-7605-1155-3, 218 pages
Le commerce électronique Y a-t-il un modèle québécois ? Jean-Paul Lafrance et Pierre Brouillard 2002, ISBN 2-7605-1154-5, 310 pages
Communications en temps de crise Sous la direction de Danielle Maisonneuve, Catherine Saouter et Antoine Char 1999, ISBN 2-7605-1028-X, 410 pages
La guerre mondiale de l’information Antoine Char 1999, ISBN 2-7605-1029-8, 168 pages
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MESURER L’INSAISISSABLE MÉTHODE D’ANALYSE DU DISCOURS DE PRESSE
Lise Chartier
2003
Presses de l’Université du Québec Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bur. 450 Sainte-Foy (Québec) Canada G1V 2M2
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Données de catalogage avant publication (Canada) Chartier, Lise, 1945Mesurer l’insaisissable : méthode d’analyse du discours de presse (Collection Communication et relations publiques) Comprend des réf. bibliogr. ISBN 2-7605-1220-7 1. Analyse de contenu (Communication). 2. Télévision – Émissions de nouvelles. 3. Analyse du discours. 4. Journalisme – Art d’écrire. 5. Québec (Province) – Histoire – 1980 (Référendum constitutionnel). I. Titre. II. Collection. P93.C42 2003
302.2
C2003-940320-3
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Par-delà la presse, il y a son discours Par-delà le texte, il y a le contexte Par-delà l’information, il y a le sujet Par-delà la nouvelle, il y a sa tendance Par-delà la mouvance des nouvelles, il y a leur rémanence Par-delà le contenu, il y a le courant Par-delà le fait, il y a l’apprêt Par-delà le récit, il y a le sens Par-delà les apparences, il y a la réalité Par-delà l’énoncé, il y a le suggéré Par-delà l’image qu’on émet, il y a l’image qui est perçue Par-delà la cacophonie des nouvelles qui s’entrechoquent, il y a l’harmonie d’un récit unique qui s’écrit Par-delà les sondages d’opinion, il y a les idées qui cheminent Par-delà l’émission, il y a la réception Par-delà l’image qu’on veut projeter, il y a l’image qu’on projette Par-delà le journal qui chaque soir se meurt, il y a son discours qui demeure
Jean-Guy PRIMEAU (1935-1997) Analyste Caisse, Chartier et associés, inc.
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S O P O R P T N
Créatrice d’un mode de discours – certains diront d’écriture – s’adaptant à l’évolution de ses moyens de transmission, la presse offre aujourd’hui un champ de recherche inépuisable pour toutes les disciplines. Le contenu de presse est inlassablement scruté selon des méthodes généralement spécifiques aux disciplines qui s’y intéressent. Sans sous-estimer le mérite de ces recherches sur le contenu de presse, le présent ouvrage décrit une méthode d’analyse du discours de presse mise au point pour les communicateurs et plus particulièrement pour les praticiens en relations publiques. Son application à des revues de presse en fait un outil de mesure et d’évaluation de la perception des idées véhiculées par la presse. Elle tient compte à la fois du contenu, du mode d’écriture et des habitudes de lecture de la presse, dans son sens le plus large.
A
V
A
L’analyse du discours est un domaine d’étude relativement récent. Issue de travaux menés dans plusieurs autres disciplines reconnues, notamment la linguistique, la sociologie, la philosophie, la psychologie, les sciences politiques et même les sciences de la gestion, elle est en voie de reconnaissance comme une discipline à part entière. Elle résulte d’un décloisonnement entre divers domaines qui, depuis les années 1980, en ont accéléré le développement par les utilisations variées dont elle a fait l’objet. C’est dans ce mouvement de diversification que l’analyse du discours de presse se situe.
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R E M E R C I E M E N T S
Je voudrais rendre hommage à Jean-Guy Primeau, analyste et ami qui, entre 1988 et 1997, fut un observateur attentif de l’évolution de la presse et qui a grandement contribué au perfectionnement de la méthode par ses observations judicieuses dans la pratique quotidienne de l’analyse de presse. Mes remerciements vont aussi aux analystes de la première heure, Hughette Malo et Lucie Fiset ; aux réviseures des données référendaires Hélène Caisse et Luce Beauchamp ; à Martine Di Loretto, pour les notes et les recherches ; à Christian Leray pour le montage final du manuscrit. Un merci tout spécial à Solange Cormier et à André-A. Lafrance, dont les patientes relectures et les judicieux conseils ont permis d’améliorer le contenu et la présentation de cet ouvrage. Un merci majuscule à Danielle Maisonneuve, titulaire de la Chaire en relations publiques de l’Université du Québec à Montréal, dont l’appui indéfectible permet à cet ouvrage de voir le jour. Je rends un crédit particulier à mon conjoint Gilles-L. Caisse qui, au milieu des années 1970, a découvert les travaux de Violette Naville-Morin et m’a convaincue qu’il y avait trouvé les fondements d’une méthode d’analyse pour évaluer les couvertures de presse et supporter son propre travail auprès de ses clients en relations publiques.
LISE CHARTIER Décembre 2002
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M A T I È R E S D E S T A B L E
Avant-propos ...............................................................
IX
Remerciements ............................................................
X
INTRODUCTION De l’observation à l’analyse ........................................ Une passion commune ................................................
1 3
CHAPITRE 1 Le discours de presse – Un récit évolutif ....................
7
1.1. 1.2.
8
1.3.
Chaperon Rouge, le lendemain... ...................... Suite immédiate de l’événement chez les acteurs .................................................. Suite à long terme de l’événement dans les médias ..................................................
10 10
CHAPITRE 2 La revue de presse – Une anthologie informe ............
13
2.1. 2.2. 2.3. 2.4. 2.5.
15 16 16 17 18
Étude de la valeur publicitaire ........................... Résumés pour la direction ................................. Évaluation par arpentage-chronométrage ......... Relevés et statistiques ........................................ Simple rangement ..............................................
CHAPITRE 3 L’analyse de presse – Une évaluation informative ....
19
3.1. 3.2. 3.3. 3.4. 3.5.
20 21 22 24 25
La recherche d’un surplus d’information ......... Une approche scientifique ................................. Un corpus représentatif ..................................... Un surplus d’information utile ......................... Chaperon Rouge dans les médias ......................
CHAPITRE 4 Les tendances de la presse – De l’exhaustivité à l’uniformisation .......................................................
27
4.1. 4.2. 4.3. 4.4. 4.5. 4.6.
29 31 33 34 35 36
L’exhaustivité ..................................................... L’information subsiste ....................................... La variété ............................................................ L’actualisation .................................................... La dramatisation ................................................ L’uniformisation ................................................
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
XII
CHAPITRE 5 Le discours de presse – Ingrédients et techniques .....................
43
5.1. 5.2. 5.3. 5.4. 5.5. 5.6.
44 45 48 52 53 56
Qu’est-ce que la presse ? ................................................... De quoi la presse nous parle-t-elle ? ................................ Comment la presse apprête-t-elle la nouvelle ? .............. Le style ............................................................................. Le format .......................................................................... Quelques exemples ..........................................................
CHAPITRE 6 La mesure du discours de presse – L’unité d’information .......
61
6.1. 6.2. 6.3. 6.4. 6.5. 6.6.
62 63 64 66 67 67
De la Résistance à l’analyse de presse .............................. Origine de l’unité d’information ..................................... Survol de recherches antérieures ..................................... L’unité de sens ................................................................. Définition de l’unité d’information (UI) ........................ Les idées émises et leur rémanence .................................
CHAPITRE 7 L’unité d’information – Découpage et classification ...............
69
7.1. 7.2. 7.3. 7.4. 7.5. 7.6. 7.7. 7.8. 7.9. 7.10. 7.11.
70 71 71 73 74 75 76 77 79 81 83
Comment déterminer les unités ? ................................... Règles de segmentation des unités d’information .......... Première étape : énumérer les sujets ................................ Les sujets : une parenté d’idées ........................................ Deuxième étape : définir les sujets .................................. Troisième étape : détailler les catégories ......................... Le dossier: une catégorie indispensable .......................... Autres catégories de classification ................................... Étude d’un cas fictif ......................................................... Le découpage des documents .......................................... Autres utilisations du découpage ....................................
CHAPITRE 8 L’unité d’information – Évaluation de son contenu ................ 8.1. 8.2. 8.3. 8.4. 8.5. 8.6.
Le contexte ....................................................................... La question ....................................................................... La réponse ........................................................................ Le neutre .......................................................................... Exercices de découpage et d’évaluation .......................... Aperçu du décodage .........................................................
85 86 89 90 93 94 102
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Table des matières
XIII
CHAPITRE 9 L’analyse des résultats – Les tableaux indiciels ......................
105
9.1. 9.2. 9.3. 9.4. 9.5.
106 109 110 111 118
Les indices originaux ....................................................... Les nouveaux indices ....................................................... Comparaison .................................................................... La signification des indices et leur interprétation .......... Chaque analyse comporte son histoire ...........................
CHAPITRE 10 Plans d’analyse de presse – Relations publiques et recherche ...
119
10.1. Plan de travail détaillé ..................................................... 10.2. Recommandations et validité de la méthode .................
120 132
CHAPITRE 11 Le référendum de 1980 – Application de la méthode .........................................................
135
11.1. 11.2. 11.3. 11.4. 11.5. 11.6. 11.7. 11.8.
136 142 143 144 145 145 146 147
Choix du corpus .............................................................. Mise en application de la méthode ................................. Consultation à Paris ......................................................... La « règle du 10 secondes » .............................................. La « spectacularisation » comme support d’évaluation ... Échantillonnage du corpus .............................................. Les sondages et les résultats de l’analyse ......................... En 1981, deuxième validation .........................................
CHAPITRE 12 Analyse du référendum de 1980 – Les thèmes référendaires ...
151
12.1. 12.2. 12.3. 12.4. 12.5. 12.6. 12.7. 12.8. 12.9. 12.10. 12.11.
152 153 155 155 160 162 164 165 167 168 169
Le corpus analysé ............................................................. Définition des thèmes et des dossiers ............................. Vue d’ensemble de la couverture .................................... Premier thème : les arguments ........................................ Deuxième thème : le comité du NON ............................. Troisième thème : les interférents divers ......................... Quatrième thème : la campagne du OUI ......................... Cinquième thème : le cadre général ................................ Sixième thème : les interventions fédérales .................... Septième thème : les intentions de vote ......................... Huitième thème : les enjeux futurs .................................
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
XIV
CHAPITRE 13 Analyse du référendum de 1980 – Examen de catégories de contenu .............................................. 13.1. 13.2. 13.3. 13.4. 13.5.
Les intervenants dans les entrevues télévisées ................ La couverture des stations de télévision ......................... Le contenu sans les entrevues ......................................... Les dossiers référendaires plus visibles ............................ L’orientation et la tendance au quotidien dans les actualités télévisées .............................................
171 172 174 177 178 184
CHAPITRE 14 Analyse du référendum de 1980 – Faits saillants et conclusion ......................................................
187
Faits saillants ............................................................................... Conclusion ..................................................................................
188 190
CONCLUSION Une mine de renseignements .....................................................
191
ANNEXES ET APPENDICES Annexe 1
1. Plan de travail pour les chercheurs ..................... 2. Plan de travail à des fins pédagogiques ...............
195 196 203
Annexe 2
Communiqués relatifs aux analyses de 1980-1981 ...
207
Annexe 3
Référendum de 1980 – Ordre chronologique des événements selon leur diffusion .........................
221
Référendum de 1980 – Tableaux complets des intervenants et des dossiers ...............................
231
Appendice A Correspondance ......................................................
237
Appendice B Extraits de presse 1980-1981 ..................................
243
LEXIQUE ..................................................................................
251
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................
257
Annexe 4
Plans pour les chercheurs et les enseignants .............
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LISTE
DES
FIGURES
ET
TABLEAUX
Table des matières
Figure Figure Figure Figure Figure Figure Figure Figure Figure Figure Figure
XV
4.1. L’uniformisation par lien direct au sein du groupe PRE ......................... 4.2. L’uniformisation transversale ............. 4.3. L’uniformisation transmédiale ........... 11.1. Le référendum de 1980 à la télévision 11.2. Le référendum de 1980 à CBFT ........... 11.3. Le référendum de 1980 à CFTM ......... 11.4. Le référendum de 1980 à CBMT ......... 11.5. Le référendum de 1980 à CFCF-TV ..... 11.6. Tendance: les actualités télévisées et la campagne électorale de 1981 ...... 13.1. Évolution de l’orientation au quotidien 13.2. Évolution de la tendance au cours des 34 jours de campagne référendaire .
Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau
7.1. 8.1. 9.1. 9.2. 9.3.
Tableau
9.4.
Tableau 10.1. Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau
10.2. 10.3. 10.4. 11.1. 11.2. 11.3. 11.4. 12.1. 12.2. 13.1.
Préparation au découpage du contenu .. Résumé du décodage des nouvelles .... Compilation des évaluations .............. Indices globaux ................................... Tableau indiciel des thèmes référendaires, version Naville-Morin ... Tableau indiciel des thèmes référendaires, selon notre méthode .... Plan d’analyse pour les relations publiques ................ Corpus de 500 documents .................. Corpus de 200 documents .................. Exemple de bordereau de décodage .... Auditoires et électeurs ......................... Nouvelles référendaires télévisées ....... Les sondages, le vote et l’analyse ........ Campagne électorale de 1981 ............. Corpus d’analyse du référendum ........ Les thèmes référendaires ..................... Les intervenants ..................................
38 40 41 139 140 140 141 141 148 185 186
72 103 110 110 112 113 121 127 127 130 137 138 147 149 152 154 172
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Tableau 13.2. Comparaison : Lévesque – Ryan – Trudeau .............................. Tableau 13.3. Comparaison entre les stations........................ Tableau 13.4. Thèmes et dossiers selon les stations ............... Tableau 13.5. Introductions, reportages et citations ............. Tableau 13.6. Les dossiers de plus de 50 unités ....................... Tableau 13.7. Le suspense Trudeau à la télévision ................... Tableau 13.8. Les dossiers de 24 à 49 unités ............................ Tableau 13.9. Les dossiers de 19 à 23 unités ............................ Tableau A1.1. Plan d’analyse pour les chercheurs .................... Tableau A1.2 Bordereau de décodage sans évaluation ............ Tableau A1.3. Plan de travail à des fins pédagogiques ............. Tableau A1.4. Feuille d’exercice ................................................ Tableau A2.1. Les élections générales (13 avril 1981) Résultats pour l’ensemble des circonscriptions .. Tableau A4.1. Tableau indiciel des intervenants dans les actualités télévisées .............................. Tableau A4.2. Tableau indiciel des dossiers dans les actualités télévisées ..............................
173 175 176 177 178 181 182 183 196 200 203 204 220 232 234
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DE L’OBSERVATION À L’ANALYSE
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Par-delà la presse, il y a son discours.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
La recherche d’une méthode d’analyse de presse pouvant satisfaire aux besoins des communicateurs et particulièrement des praticiens en relations publiques a servi de ligne directrice à notre réflexion sur le discours de presse pendant un peu plus de 20 ans. L’examen d’une variété de méthodes d’analyse de contenu et notre participation à la préparation de travaux de nature fort différente, mais tous apparentés par un contenu tiré des médias, nous ont progressivement amenée à définir quatre points déterminants dans le choix d’une méthode d’analyse du discours de presse. Ce sont : l’application d’un découpage propre au mode discursif du contenu, l’évaluation basée sur l’idée exprimée, l’obtention de résultats révélant simultanément le quantitatif et le qualitatif, et la capacité de comparer entre eux les indices généraux de divers rapports d’analyses. Nous avons finalement opté pour une méthode basée sur le découpage du discours de presse en unités de sens, appelées unités d’information, d’où émergent les supports qui en précisent l’orientation ; en l’absence de ces derniers, la neutralité du contenu prévaut. Dans l’application de la méthode, une couverture de presse est systématiquement découpée, classée, codée et compilée jusqu’à l’obtention de tableaux indiciels dont les données en résument et précisent les caractéristiques sous divers angles. Les résultats permettent de comparer entre eux des dossiers de presse traitant de sujets totalement différents. Notre méthode aborde le contenu des nouvelles en détail et en profondeur, laissant peu de place à l’interprétation. Elle permet d’évaluer à la fois quantitativement et qualitativement un corpus de presse par une lecture rigoureuse et systématique des documents qui la composent, par un décodage précis de leur contenu, par la compilation et le traitement mathématique des données recueillies et par une fine analyse des tableaux indiciels en résultant. Après une démarche aussi méthodique, se dégage d’un dossier de presse tout le surplus de sens, dans un contexte objectif supporté par des statistiques. Depuis 1971, l’observation quotidienne et intensive de la presse à travers la collecte des nouvelles servant à la fabrication de revues de presse pour des milliers d’abonnés a constitué le point d’appui de nos recheches visant à mieux en comprendre le contenu, d’abord à titre personnel, puis dans le cadre d’une utilisation commerciale avec des collaborateurs que nous avons formés. L’application pratique à plusieurs centaines de dossiers de presse pour des clients soucieux d’évaluer le traitement médiatique dont ils faisaient l’objet a subséquemment renforcé nos convictions quant à la valeur de notre méthode d’analyse du discours de presse.
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Introduction
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Tout au long de ces années, nous avons scruté des dizaines de milliers de nouvelles1, éditoriaux, chroniques, entrevues télévisées, reportages radiodiffusés, émissions d’affaires publiques, etc., dont l’analyse minutieuse a servi à la préparation d’une grande variété de rapports. En parallèle avec ces travaux, nous avons mis au point et développé le traitement informatique des données nécessaire pour accélérer et faciliter la production des rapports. Pour ceux qui connaissent L’écriture de presse2, nous en avons revu le concept en y ajoutant plusieurs nouveaux éléments, tels les indices généraux de partialité, d’orientation et de tendance-impact d’une couverture de presse3. Nous avons établi un large éventail de catégories pour classifier le contenu avec plus de précision. Et nous avons créé un nouvel indicateur, l’indice de poids-tendance destiné à mieux saisir l’impact de chacune des classifications du contenu sur l’ensemble d’un corpus d’analyse. Divers emprunts méthodologiques à des domaines connexes, notamment les sondages d’opinion et l’évaluation publicitaire, nous ont permis d’élargir les fonctions d’analyse pour mieux répondre aux besoins exprimés. Au fur et à mesure de la progression de notre démarche, nous avons simplifié le vocabulaire et repensé les définitions de la méthode pour en faciliter la compréhension, particulièrement dans les cas où certaines expressions dérivant de la linguistique et de la sémiologie semblaient un peu arides.
UNE PASSION COMMUNE Les relationnistes et les journalistes vivent entre eux une situation de dépendance, alternant entre l’amour et la haine, la confiance et la méfiance, le contentement et la déception, le bonheur et le malheur. Semblable à celle d’un couple d’amants, leur liaison se poursuit, un jour complice, le lendemain hostile, comme pour beaucoup de professionnels qui partagent une même passion. 1.
2. 3.
Nous avons fait don en 2001, et avec l’autorisation de nos clients, de 250 de nos analyses de presse exécutées entre 1982 et 2000, au Laboratoire d’analyse de presse de la Chaire en relations publiques de l’Université du Québec à Montréal. En les répertoriant, nous avons établi qu’elles portaient sur 46 570 nouvelles et contenaient 292 156 unités d’information. Violette (Naville dit) Morin, L’écriture de presse, Paris, Mouton, 1969. Lors d’une visite à Montréal, en 1984, Naville-Morin se montra « impressionnée » par les modifications que nous avions apportées à ses « modestes manipulations ».
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Les relationnistes dont la profession s’est bâtie et adaptée au rythme de l’apparition et du développement de nouveaux types de médias au XXe siècle ont vu, en moins de 40 ans, leur rôle de « représentation » ou de « consultation stratégique » auprès de la direction d’organismes évoluer, s’enrichir, se complexifier, et fréquemment se muter en une fonction de « porte-parole » ou de « voix intermédiaire » tout autant que de « porteur et concepteur de l’image publique » de ces mêmes organisations. Les journalistes ont appris durant la même période, avec beaucoup de regret et presque du ressentiment, à côtoyer et travailler avec ces nouveaux intermédiaires, souvent d’anciens collègues de travail, pour recueillir de l’information, pour documenter leurs nouvelles et pour obtenir un point de vue, dans toutes les occasions où la direction n’est pas disponible, c’est-à-dire presque toujours. Frustrés de ne plus parler à Dieu quand bon leur semble, les journalistes ont parfois l’impression d’arracher aux relationnistes des réponses à leurs questions quand ils ne cherchent tout simplement pas auprès d’autres sources des renseignements plus révélatrices. De telles démarches créent de profondes tensions chez les relationnistes et mettent leur crédibilité, quand ce n’est pas leur poste, en péril. En conséquence, les relations entre les deux groupes fluctuent au gré des événements. Autant les journalistes se montrent empressés à couvrir les crises et insatiables dans leur quête de nouveaux faits, autant les relationnistes se montrent discrets et prudents dans leurs propos. Autant les relationnistes sont disposés à fournir des renseignements, autant les journalistes peuvent faire preuve d’inconstance ou de retenue quand vient le temps de diffuser des informations. Entre les deux groupes plane toujours une grande inconnue, une question quasi existentielle pour chacun : l’information que l’on tient sera-t-elle encore suffisamment importante et intéressante parmi la centaine d’autres qui se présenteront en même temps au guichet du chef de pupitre à l’heure de tombée ? Et de quoi aura-t-elle l’air, quelles réactions suscitera-elle une fois franchie l’étape fatidique de la diffusion ou de l’impression ? Inconscient de la polémique engagée entre les frères ennemis, le public composé de lecteurs, d’auditeurs et de téléspectateurs insatiables s’abreuve à diverses sources d’information. Sa mémoire collective ingurgite et digère les menus copieux qu’on lui sert et retient de ce flot continu des nouvelles une certaine rémanence parmi tout ce que déverse chaque jour l’ensemble des médias dans leurs actualités.
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Introduction
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Dès la fin des années 1950, la sociologue et philosophe NavilleMorin avait saisi ce phénomène, le qualifiant d’intuition. Il a guidé et nourri pendant fort longtemps ses travaux de recherche sur la presse et, par la suite, les nôtres. Il a servi d’assise dans l’application et le développement de la méthode d’analyse destinée aux communicateurs que nous présentons en deux volets dans le présent ouvrage. Nous nous intéressons tout d’abord au discours de presse en général, tant du point de vue du relationniste que du journaliste. Puis nous détaillons notre méthode de mesure et d’évaluation de ce discours. Dans la seconde partie, nous présentons l’analyse des actualités télévisées du référendum de 1980 dont les résultats, tout comme ceux d’un deuxième essai méthodologique en 1981, ont validé, à nos yeux, la pertinence et la qualité de la méthode. Cet ouvrage répondra, espérons-nous, aux interrogations exprimées tout autant par les communicateurs que nos autres lecteurs, à savoir qu’il est possible de déceler dans la mouvance de l’information un surplus de signification et d’en mesurer la rémanence, ce qui peut se révéler fort utile dans l’évaluation de nos démarches de communications et dans nos études consacrées à la presse.
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LE DISCOURS DE PRESSE UN RÉCIT ÉVOLUTIF
E R T I
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1 Par-delà le texte, il y a le contexte.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Journalistes et relationnistes savent pertinemment qu’un événement se poursuit bien au-delà de sa narration au jour le jour. Pour illustrer cet état de fait, nous allons imaginer comment les médias auraient pu couvrir l’histoire du Chaperon Rouge, tout en tenant compte du contexte où évoluaient les principaux acteurs. Nous vous proposons donc une suite dont Charles Perrault se serait sûrement étonné, nous en convenons. Mais il ne connaissait pas encore l’interaction entre les relationnistes et les journalistes. La presse, selon ses habitudes, aurait suivi l’histoire sur une très longue période, lui accordant une attention plus ou moins grande à travers les mille et une nouvelles dont elle dispose chaque jour. Notre histoire, présentée à la manière des médias de ce début de XXIe siècle, tient compte des relationnistes, des stratèges, des acteurs, de la présence d’un groupe de pression et s’inspire de situations qui nous sont familières.
1.1.
CHAPERON ROUGE, LE LENDEMAIN...
L’arrestation de Méchant Loup, coupable de s’en être pris à Chaperon Rouge et à Mère Grand, fit la manchette dans tous les médias. Les principaux acteurs de cette histoire prirent connaissance de leur revue de presse dans les heures qui suivirent l’événement, chacun y recherchait les détails qui le touchaient plus particulièrement. Voici un survol de ce que contenaient les nouvelles, le lendemain de l’événement. Le journal Tout Dire narrait sur quatre pages le long siège de la Brigade d’urgence qui, après 10 heures de pénibles tractations et surtout, grâce à l’intervention du fameux reporter Désiré Laforêt, avait réussi à capturer Méchant Loup, un repris de justice bénéficiant d’une libération temporaire. Le tout était abondamment illustré de scènes montrant la lointaine banlieue où vivait madame Mère Grand. La légende, sous la photo d’une voisine interviewée par le journal, expliquait que la jeune fille avait gagné, lors d’un tirage de Loto-du-rêve au profit de la Société contre les maladies, le manteau Pantron qu’elle portait ce jour-là, un modèle unique. Un encadré présentait le voisin d’à-côté qui connaissait intimement la famille Rouge ; il avait fréquenté la même école que la mère de la petite. En sa qualité d’ingénieur en pétrochimie, il révéla que, grâce à ce manteau taillé dans un tissu contenant une nouvelle fibre super-résistante mise au point par la grande multinationale, la petite fille avait été protégée des griffes de Méchant Loup. Dans un premier article, l’Aujourd’hui rapportait à peu près la même histoire que le Tout Dire, insistant moins sur les détails. Cependant un deuxième article déplorait le délai de 75 minutes entre
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Chapitre 1 ❖ Le discours de presse – Un récit évolutif
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l’appel de secours logé par Chaperon Rouge et l’arrivée des brigadiers ; on y voyait la photo d’un porte-parole du Service des communications de la Brigade d’urgence. Pour sa part, dans le Droit Chemin, journal plus intellectuel, le chroniqueur David LaPensée s’interrogeait sur la qualité des évaluations des détenus et sur la courte période de détention qui avait précédé la mise en liberté temporaire de Méchant Loup. Il citait les propos du Chef de la sécurité qui, au cours de la campagne électorale, avait déclaré qu’il resserrait les procédures du Service des libérations temporaires à la suite des plaintes du Comité pour la protection des honnêtes citoyens. La chaîne de télévision Vitedi avait envoyé un reportercaméraman qui avait couvert le long siège en livrant un nouveau topo de 30 secondes toutes les quinze minutes. Il y avait eu en tout 40 reportages. Six d’entre eux comportaient des entrevues diverses avec des voisins inquiets. Un brigadier y avait aussi expliqué pourquoi on n’utilisait pas de gaz lacrymogène et le célèbre reporter-négociateur Désiré Laforest avait couronné le tout par un long exposé décrivant la libération de la petite. La caméra avait alors montré quelques images de mademoiselle Rouge, rapidement emmenée par les ambulanciers à l’Hôpital du Buisson, et du corps de madame Grand, enveloppé d’un linceul et emporté vers le laboratoire médico-légal. Le reporter Jean Dilon de la chaîne Douze-Mois avait, entre autres nouvelles, produit trois interviews inédites : la première avec un représentant de la Brigade d’urgence décrivant le processus de traitement des appels au 9-1-1 ; la deuxième avec le chimiste Alain Letissu, de la compagnie Pantron, et une troisième avec un représentant du Comité pour la protection des honnêtes citoyens (CPHC). Celles-ci émaillaient le bulletin du Méga-Journal du très populaire animateur Gérard-Denis Grausieu. La chaîne Public rapportait laconiquement qu’une tragédie familiale était survenue à Grande Banlieue, occasionnant la mort d’une personne âgée, des blessures à une enfant et l’arrestation d’un suspect, en libération temporaire. La Brigade avait tenté pendant plus de 10 heures d’éviter la tragédie. Le Chef de la sécurité avait demandé une enquête, révéla la station, en citant une source proche du chef dont elle tut le nom. Quant aux diverses stations de radio, elles avaient, par de brefs topos de 20 secondes, donné un état de la situation d’heure en heure. Seule la station de radio RICO, où travaillait le célèbre reporter Désiré Laforest, avait consacré à l’événement plusieurs émissions spéciales en direct durant le déroulement de la tragédie.
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1.2.
Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
SUITE IMMÉDIATE DE L’ÉVÉNEMENT CHEZ LES ACTEURS
Dès 7 heures, le Chef de la justice Albert Albert convoqua d’urgence son comité des stratégies pour préparer ses réponses à la presse, pressentant une réaction rapide du Comité pour la protection des honnêtes citoyens. Le Chef de la sécurité fit de même, à la suite des propos indiscrets tenus dans son entourage au sujet d’une enquête, et parce que le SLT (Service des libérations temporaires) relevait de sa juridiction. À la Brigade d’urgence, on prépara la revue de presse comme d’habitude et on la distribua, dans l’attente des instructions de la haute direction. Le climat était à l’incertitude. Au SLT, bien que débordée par les appels des journalistes, la direction se refusa à tout commentaire. Une enquête interne allait débuter, à la suite d’un appel du bureau du Chef de la sécurité reçu durant la nuit. Tous les porte-parole furent avisés de garder le silence pour les 48 prochaines heures. Jubilant, le Comité pour la protection des honnêtes citoyens, décida de préparer une manifestation qui se tiendrait le jour même pour augmenter la pression sur le Chef de la justice. À la compagnie Pantron, c’était l’effervescence. La directrice des communications et le directeur du marketing recevaient des demandes de partout. Le tissu Prototype-Pantron suscitait des appels d’information de la presse internationale. On s’attendait à ce que la fameux manteau fasse la une partout dans les prochaines heures. On avisait le président Tom Harris et le chimiste Letissu de se tenir prêt pour une conférence de presse durant l’après-midi. La Loto-du-rêve et la Société contre les maladies se consultèrent et décidèrent, le cas échéant, de répondre simplement aux questions que leur poseraient les médias, sans commenter le tragique événement.
1.3.
SUITE À LONG TERME DE L’ÉVÉNEMENT DANS LES MÉDIAS
Les funérailles de madame Grand firent la manchette partout, cinq jours plus tard. L’autopsie révéla qu’elle était décédée d’une crise cardiaque. Les parents de Chaperon Rouge interdirent toute publication de photographies les représentant ainsi que leur fille pour préserver leur vie privée. Ils intentèrent même une poursuite contre la revue Hebdo qui avait publié une photo de classe où apparaissait la
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Chapitre 1 ❖ Le discours de presse – Un récit évolutif
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jeune fille. On apprit ultérieurement que son père, monsieur Rouge, avait vendu les droits sur l’histoire à la puissante multinationale du cinéma Movie & Co. Durant les jours et les semaines qui suivirent, l’histoire de Chaperon Rouge continua à faire son chemin dans les médias, sans la présence de l’héroïne. Lors d’une manifestation, le CPHC dévoila que deux détenus en libération temporaire avaient commis des méfaits graves au cours des deux derniers mois. Il exigeait que le Chef de la justice retire la loi ou qu’il démissionne. La nouvelle fut reprise et commentée par tous les médias. Le Chef de la justice, le Chef de la sécurité et le directeur du SLT rencontrèrent ultérieurement les médias. Ils confirmèrent qu’une enquête interne doublée d’une évaluation psychiatrique de Méchant Loup avait conclu que ce dernier souffrait d’un problème de double personnalité. Ce problème n’avait pas été détecté par les agents d’évaluation mais avait, tout de même, fait l’objet d’une brève note de la part du directeur du service de psychiatrie. La Chefferie de la sécurité suspendit toute libération temporaire afin de revoir la mission et les processus d’évaluation du SLT, dans l’attente d’une décision de la part de la Chefferie de la justice. Le journal Tout Dire et la revue Violence firent une série de reportages à sensation, décrivant les problèmes de comportement de Méchant Loup et retraçant les détails des méfaits commis par les autres détenus dont les cas avaient été rapportés par le CPHC. À la suite de ces articles, le CPHC intensifia sa campagne pour l’abolition des libérations temporaires et présenta au Grand Chef du pays de Perreault une nouvelle pétition. Le SLT porta plainte à l’Association des journalistes sur appel pour le vol de documents confidentiels par un de ses reporters. La plainte fut rejetée. Les documents avaient été coulés, dans une enveloppe brune, par un employé du SLT, mécontent de ses conditions de travail. Le fameux tissu Pantron fut choisi par deux grands couturiers de Paris et New York pour leurs défilés d’automne. La compagnie fit, cette année-là, des profits mirobolants, se retrouvant pour la première fois dans la liste de Fortune. Elle fut aussi l’objet d’une poursuite pour utilisation illégale d’un brevet par son principal concurrent, la compagnie ChimNew où Alain Letissu avait commencé sa carrière de chimiste.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Plusieurs mois plus tard, le service des communications de chacun de ces groupes regarda sa pile d’articles et de nouvelles. Il y avait eu tant d’autres événements dans chaque organisation depuis l’histoire de Chaperon Rouge que personne ne se souvenait précisément de la tournure qu’elle avait prise dans les médias et de ce que le public avait pu en retenir. Et chacun se demandait quelle leçon en tirer.
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LA REVUE DE PRESSE UNE ANTHOLOGIE INFORME
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2 Par-delà l’information, il y a le sujet.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Poursuivons notre récit et voyons comment chacun utilisait ses extraits de presse traitant de Chaperon Rouge. La direction des communications de chaque organisation faisait circuler à l’interne une sélection d’articles auprès de groupes ciblés, la haute direction recevant tout alors que chacune des sections avait droit aux nouvelles se rattachant à ses préoccupations. Au bout de six mois, les piles d’articles se rattachant à cet événement augmentaient. Voici donc le décompte de chaque pile de nouvelles par organisation : Brigade d’urgence : Chefferie de la justice : Société des libérations temporaires : Chefferie de la sécurité : Comité pour la protection des honnêtes citoyens : Pantron : ChimNew : Loto-du-rêve : Société pour vaincre les maladies : Movie & Co : Famille Rouge :
187 1 453 917 1 027 433 13 540 (de 43 pays) 3 230 142 180 75 Personne n’avait eu le temps de les compter
Quand tout, ou presque, fut terminé, une fois l’émotion et les réactions calmées, qu’a fait chacun des acteurs avec ses revues de presse ? Fort probablement a-t-il, selon ses besoins et ses moyens, voulu en tirer un peu plus de matière. Comme le note Jean-François Bazin : « les faits et les opinions ne sont connus qu’après la lecture de plusieurs publications. Mais ils ne seront connus avec précision qu’après l’examen attentif et comparé des divers articles publiés, des illustrations reproduites, des titres, de la place réservée aux informations1 ». Afin d’illustrer les utilisations les plus fréquemment réservées aux revues de presse, nous citerons des exemples en les appliquant aux acteurs de notre fabuleuse suite médiatisée. Nous utilisons ici l’expression « types de rapports » pour qualifier ce que plusieurs appellent des « analyses de presse », l’analyse étant, comme chacun le sait et selon la définition du Petit Robert, « une opération intellectuelle consistant à décomposer une œuvre en ses éléments essentiels afin d’en saisir les rapports et de donner un schéma de l’ensemble ». C’est donc à tort que certains utilisent le mot « analyse » pour désigner diverses opérations effectuées à partir de leurs
1.
Jean-François Bazin, La revue de presse, Paris, Chotard et associés, éditeurs, 1971, p. 14.
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Chapitre 2 ❖ La revue de presse – Une anthologie informe
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revues de presse tels les relevés comptables, les évaluations commerciales ou les « arpentages2 » et les chronométrages de nouvelles.
2.1.
ÉTUDE DE LA VALEUR PUBLICITAIRE
À la compagnie Pantron, le service de marketing fit mesurer tous les articles en lignes agates et toutes les nouvelles radio-télévisées en minutes et secondes afin d’obtenir un rapport d’équivalence en valeur publicitaire. Le décompte permit d’apprendre que le dossier de presse atteignait plusieurs millions de dollars en équivalence d’espace et de temps publicitaire, incluant tout ce qui touchait à la poursuite judiciaire intentée par ChimNew. Dans ce genre d’étude, des techniciens, munis des plus récentes statistiques préparées par des maisons spécialisées3, mesurent articles et nouvelles et jumellent les données descriptives à celles provenant de banques de données sur les médias. Généralement, un logiciel d’évaluation publicitaire effectue les calculs appropriés, en tenant compte du média, du jour de publication d’un article, de sa position dans le journal et de sa taille. Dans le cas des stations de radio-télévision, les tarifs varient selon la station, la durée, le jour et la tranche horaire de chaque diffusion.
Commentaire Ce type de rapport est fréquemment utilisé par les services de marketing, de publicité et de commercialisation. Relativement simple, il tient rarement compte des contenus, sauf pour les mentions d’un nom de produit ou d’entreprise, le « branding ». Il présente des lacunes sur le plan méthodologique, puisque la valeur commerciale du discours de presse se compare mal, et même pas du tout, à celle du discours publicitaire tant par la conception du message que par sa fréquence de diffusion. Une « pub » est finement ciselée selon les règles du marketing et inlassablement répétée. Une nouvelle, comme on le verra plus loin, est préparée selon des règles très différentes. L’évaluation publicitaire base ses calculs sur toute nouvelle dont le « sujet », généralement un nom d’entreprise ou d’organisation, fait l’objet d’une mention, sans tenir compte de la pertinence du contenu ni de son orientation, qu’elle soit favorable, neutre ou totalement négative.
2.
3.
Expression employée par Naville-Morin pour qualifier les exercices de mesures de superficie appliquées à la presse écrite (L’écriture de presse, Paris, Mouton, 1969, p. 23). Au Canada, le magazine CARD publie chaque mois une mise à jour des tarifs publicitaires de tous les médias. Certaines sociétés de monitoring de presse effectuent ces compilations pour leurs clients.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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2.2.
RÉSUMÉS POUR LA DIRECTION
À la Chefferie de la justice, un analyste préparait quotidiennement un résumé de nouvelles comportant deux pages de faits saillants. Il extirpait de la revue de presse les extraits plus représentatifs diffusés par certains médias. Le document était accompagné de quelques nouvelles sélectionnées spécifiquement pour le Chef et lui était expédié à domicile pour qu’il en prenne connaissance au petit déjeuner ou pendant le trajet vers le bureau. Pendant ce temps, une équipe de conseillers préparait une synthèse sur ce qui se passait à l’interne. À 7 heures 30, tous se réunissaient avec le Chef pendant 20 minutes pour le préparer à l’aide de ces deux documents, à affronter les « scrums4 » de presse et la période de questions des parlementaires.
Commentaire Ce travail est fait au jour le jour, à l’intérieur de délais très serrés, souvent sous le coup d’une certaine émotion. Sans prendre beaucoup de recul, on essaie de prévoir plusieurs scénarios. On cherche surtout à informer rapidement la direction sur ce qui a été rendu public par les médias et sur ce qui risque de devenir public. Sachant que la révision d’un dossier traitant d’une crise demande temps et recul, le suivi risque de s’arrêter avec le classement chronologique des nouvelles qui seront déposées aux archives avec d’autres documents du même genre. Assez souvent vidés par le stress et les heures de tombée quotidienne, les analystes ne voient plus rien à ajouter à un dossier en fin de crise. Certains sont irrités par le traitement intransigeant des médias et se sentent incapables de prendre le recul nécessaire pour objectiver l’événement. Quelques-uns, profondément blessés par certains propos de leurs partenaires, démissionnent et, enfin, les plus fragiles se culpabilisent à propos de la tournure des événements. Les communicateurs de la Chefferie de la sécurité ont pu, par exemple, se sentir trahis à la suite de la divulgation par la station Public d’une information privilégiée saisie par hasard dans une conversation nocturne entre amis à la porte d’un restaurant. La personne, coincée par cette indiscrétion tout à fait innocente, pourrait être écartée de son poste.
2.3.
ÉVALUATION PAR ARPENTAGE-CHRONOMÉTRAGE
À la Chefferie de la sécurité, une équipe d’analystes lisait chaque nouvelle et enregistrait avec précision, dans un logiciel d’évaluation 4.
Plusieurs communicateurs utilisent le mot « briefing » pour désigner ces réunions. En campagne électorale, les « briefings » se déroulent dans le « war room », un lieu où sont regroupés les moyens de communication mis à la disposition des stratèges et des planificateurs. Un « scrum » désigne communément l’attroupement de journalistes, de photographes et de cameramen en quête d’une déclaration improvisée d’une personnalité politique, à la sortie d’une session ou d’une réunion.
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Chapitre 2 ❖ La revue de presse – Une anthologie informe
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médiatique de conception maison, les données relatives à l’espace en centimètres occupé par les articles et à la durée des émissions radiotélévisées tout en notant l’orientation de chaque extrait, le journaliste, le média, les personnes citées et le principal sujet abordé. Une savante cote variant de + 10 à – 10 servait à déterminer l’orientation observée par rapport à la Chefferie de la sécurité.
Commentaire Ce type de rapport (il en existe plusieurs variantes5) produit des résultats aléatoires et engendre maintes distorsions au chapitre de l’évaluation. En voici quelques exemples : la cote accordée aux titres et illustrations accompagnant les articles peut varier selon le jour de la semaine tout comme la position d’un article ; certaines méthodes n’en tiennent pas toujours compte. Ainsi en est-il de certaines émissions d’affaires publiques dont l’auditoire change d’une saison à l’autre et d’une journée à l’autre, selon l’influence des programmations des autres stations. Ces cotes, généralement basées sur des rapports d’écoute et de tirage, sont souvent déphasées par rapport à la disponibilité de ces mêmes rapports. La cote accordée à la taille d’un article ou à la durée d’une nouvelle électronique peut faire basculer une analyse entière si un très long document provient d’un média dont le rayonnement est réduit. L’importante couverture régionale accordée à une grève déclenchée dans une filiale peut avoir pour effet d’annihiler tout le reste de la couverture généralement favorable à l’entreprise sur l’ensemble d’un territoire. Enfin, l’évaluation basée sur une échelle de type + 10 à – 10 est souvent tributaire de la perception personnelle de chaque analyste : taille du titre, article en haut ou en bas de page, au début ou à la fin d’un cahier, nouvelle au début ou au milieu d’un bulletin, avant ou après un message publicitaire, etc.
2.4.
RELEVÉS ET STATISTIQUES
Le CPHC ne disposant pas de très grandes ressources, un bénévole dressait simplement la liste des médias et des journalistes qui avaient parlé du Comité. « Les relevés de presse sont constitués de tous les articles et de tous les reportages portant sur votre organisation [...]. La meilleure façon de vous y retrouver, c’est de faire un tableau informatisé intégrant les notions suivantes : journalistes, média, date, sujet, résumé, votre commentaire », précise Maisonneuve et al.6.
5.
6.
Dans son ouvrage L’analyse de contenu des médias (Paris et Bruxelles, DeBoeck et Larcier, 2000, p. 140 à 143), Jean de Bonville illustre d’un exemple une « formule de mise en valeur dans la presse quotidienne » . Dans Les relations publiques dans une société en mouvance (Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 1998, p. 170-171), Danielle Maisonneuve et al. décrivent la préparation de relevés de presse.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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Commentaire Cet exercice a généralement pour but de documenter sommairement des rapports d’activités.
2.5.
SIMPLE RANGEMENT
Les autres organisations rangèrent simplement leurs revues de presse dans des classeurs.
Commentaire La collecte sans suivi est la pratique la plus courante et la moins rentable pour un organisme qui investit dans une revue de presse. Quelques personnes consultent rapidement les documents, conservent un ou deux articles, et le reste tombe dans l’oubli. Malheureusement la plupart des services de revue de presse internes ne systématisent pas la classification des articles et des nouvelles, ce qui occasionne une perte considérable de temps et d’énergie lorsque quelqu’un a besoin de se référer à un dossier de presse pour fins d’évaluation ou pour retracer des citations. Une façon simple de remédier au problème consiste à systématiser le mode de présentation de la revue de presse. On équipe le personnel affecté à la collecte ou le fournisseur du service d’un profil d’intérêts détaillant les sujets recherchés et leur ordre de présentation. Le regroupement des extraits de presse par thèmes ou par dossiers accélère le temps de traitement pour la personne attitrée au classement des documents. Et comme le suggèrent Maisonneuve et al. Vous pouvez bonifier ces archives en ajoutant des notes personnelles que vous aurez prises lors des conférences de presse et des entrevues que vous avez organisées. Ces notes deviendront partie intégrante des archives. Elles seront utiles, à vous comme à vos collègues ou à vos successeurs, pour vous remémorer ce que les médias avaient diffusé sur tel ou tel sujet, surtout si vous devez en traiter à nouveau7.
Il existe plusieurs autres variantes à l’utilisation des revues de presse, selon les fonctions propres à chaque lecteur, ou groupe de lecteurs, au sein d’une organisation. Les rédacteurs de discours et de communiqués voudront y retracer les segments retenus par les médias et tirés de leurs écrits. Les conseillers en relations de presse pourront y puiser des éléments pour mieux former leurs porte-parole. Les administrateurs et les investisseurs noteront la précision des chiffres et des noms d’entreprises. Les gestionnaires en ressources humaines retiendront les extraits pertinents pour documenter les évaluations de performance de certains cadres.
7.
Ibid., p. 170-171.
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L’ANALYSE DE PRESSE UNE ÉVALUATION INFORMATIVE
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3 Par-delà la nouvelle, il y a sa tendance.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
L’expression « analyse de presse » désigne des méthodes d’analyse de contenu appliquées à la presse. Le Dictionnaire d’analyse du discours1 énumère différents types d’analyses de contenu : linguistique, sémantique, automatique, textuelle, etc. Le même ouvrage reprend une définition célèbre, empruntée à Berelson : « l’analyse de contenu est une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste de la communication2 ». Dans L’analyse de contenu des médias3, de Bonville commente un à un les éléments de cette définition et relève que « nombre d’auteurs [l’]ont par la suite critiquée mais [...] n’ont cessé de s’en inspirer ». À notre avis, cette définition correspond très bien à la méthode d’analyse de presse que nous décrivons dans le présent ouvrage. Elle permet de découvrir par une analyse minutieuse ce que recèle le contenu des nouvelles. Comme l’écrit de Bonville, « l’analyse de contenu [est] une technique attrayante pour les chercheurs intéressés au contenu des communications et à leur contexte de production et de réception ; [ses qualités] la recommandent particulièrement pour l’étude du contenu des médias de masse, lequel est, par définition, très abondant et stéréotypé ». Et il ajoute : « l’analyse de contenu s’intéresse à tous les types de messages, écrits (presse), oraux (radio), visuels (affiches, annonces, etc.), audiovisuels (télévision, cinéma, etc.), audioscriptovisuels (multimédia, internet, etc.)4 ».
3.1.
LA RECHERCHE D’UN SURPLUS D’INFORMATION
Quand le communicateur regarde l’impressionnant dossier de presse sur le coin de sa table de travail, il revit plusieurs moments forts dans la vie de son organisation. La pile de nouvelles le renvoie à de multiples images : un gros diamant à l’état brut, un bloc d’énergie latente, un volcan qui sommeille ou une jungle où fourmillent de multiples inconnues. Il lui est difficile de se distancier par rapport au quotidien. « Avec le temps, le suivi des revues de presse guidera l’analyse de presse vers une démarche plus complexe où les clients (en relations publiques)
1. 2. 3. 4.
Patrick Charaudeau et Dominique Mainguenau, Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, Éditions du Seuil, 2002, p. 39. Bernard Berelson, Content Analysis in Communication Research, Glencoe, III., Free Press, 1952, p. 18. Jean de Bonville, L’analyse de contenu des médias, Paris, Bruxelles, De Boeck Université, 2000, p. 9-14. Idem, p. 16-17.
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Chapitre 3 ❖ L’analyse de presse – Une évaluation informative
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exigeront la mise en place de mesures semblables à celles qui existent dans d’autres domaines de gestion », prévoit David Phillips (1992)5. L’information est truffée d’astuces, identifiables certes à la première lecture, mais impondérables sans le recours à une analyse rigoureuse. L’analyse de couverture de presse, exécutée avec méthode, permet de découvrir un surplus de sens à l’information rendue publique. Quels thèmes se rapportant à une organisation ont davantage été abordés dans les nouvelles et avec quelle fréquence ? Qui sont les intervenants les plus sollicités par la presse ? Quels types de médias et quels journalistes ont manifesté davantage d’intérêt et sur quel sujet ? Étaient-ils passionnés par un thème en particulier ? Quels dossiers ont davantage intéressé les reporters ? Au cours de quelle période la couverture a-t-elle été la plus controversée ? Quelle orientation a marqué le plus profondément une organisation dans ses rapports avec les médias ? Quel a été le poids de chaque événement par rapport à l’ensemble d’une couverture au cours d’un semestre ? Un rapport d’analyse de presse fournit un compte rendu objectif répondant à toutes ces questions et à beaucoup d’autres, basé sur un ensemble de nouvelles diffusées par des médias à propos d’une organisation ou d’un sujet déterminé pendant une période donnée.
3.2.
UNE APPROCHE SCIENTIFIQUE
L’analyse de couverture de presse est une étude, une recherche qui, à l’aide d’une méthode scientifique éprouvée, vise à discerner, à saisir le sens et l’impact de l’information transmise par les médias en scrutant tant sa quantité que sa qualité. La méthode d’analyse de presse qui fait l’objet de cet ouvrage se distingue par l’unité de contenu qui lui sert de mesure : l’unité d’information. Le découpage du contenu de presse en unités d’information correspond à son mode discursif : l’écriture de presse repose sur l’énoncé d’idées basées sur des faits. En décortiquant ce contenu en unités de sens, ou plus précisément en unités d’information, notre méthode permet non seulement de déceler et décoder les significations habituelles de l’information, mais aussi de répondre à plusieurs questions pour en tirer un surplus de sens, souvent maquillé par un contenant en apparence innocent. Selon une formule bien connue dans le monde des communications, l’analyse de presse doit s’appliquer à comprendre « qui dit quoi 5.
Traduction libre. David Phillips, Evaluating Press Coverage. A practical guide to measurement and cost effectiveness, Londres, Kogan Page, 1992, p. 198.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
à qui et comment ». En paraphrasant cette formule, notre méthode qui décortique les contenus de presse en unités d’information va plus loin et décode : « qui réellement, dit quoi exactement, à qui précisément, et comment, vraiment ». Une analyse de presse selon ce modèle s’adresse à ceux qui désirent une évaluation scientifique de la perception véhiculée par les médias à propos d’un thème abordé. Elle cerne l’impact d’un événement, d’une nouvelle, d’une prise de décision, d’un projet, d’une politique, d’une image, dans l’information transmise par les médias et auprès de la population qu’ils rejoignent. Elle ne vise pas à juger du travail des communicateurs, qu’ils soient journalistes ou relationnistes, mais à évaluer la rémanence qui subsiste d’un sujet médiatisé après sa diffusion. L’analyse permet de voir avec plus d’objectivité les impressions qui demeurent quand un événement est terminé et de scruter plus profondément un récit de presse afin d’y retracer un surplus de signification dans l’information que les médias transmettent. Elle s’adresse aussi et surtout à ceux qui désirent évaluer les éléments qui persistent quand la poussière soulevée par la mouvance de l’information est retombée.
3.3.
UN CORPUS REPRÉSENTATIF
Une analyse de couverture de presse se base sur l’étude rigoureuse et systématique d’un corpus constitué de nouvelles diffusées par la presse en général durant une période précise à propos d’un sujet donné, d’une entreprise, ou d’une organisation, etc. Le corpus regroupe des documents se présentant sous formes diverses et provenant de sources variées comme des articles publiés par des quotidiens, des hebdomadaires et des magazines, des extraits sonores tirés des émissions d’information diffusées à la radio, des segments vidéos provenant de la télévision, des nouvelles diffusées sur des sites Internet d’information. Dans le cas de la radio-télévision, les extraits sont généralement transcrits, ce qui en facilite le traitement par les analystes. Le corpus provient souvent de revues de presse internes fournies par les organismes qui commandent ces études. En général, la collecte des nouvelles se situe à l’intérieur d’une période déterminée : un mois, une année, un trimestre, ou la durée d’un événement. Les documents à analyser doivent être complets et pertinents et représenter fidèlement l’ensemble de la matière diffusée sur un territoire donné.
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Chapitre 3 ❖ L’analyse de presse – Une évaluation informative
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3.3.1. DES DOCUMENTS COMPLETS Les documents insérés dans un corpus d’analyse doivent obligatoirement reproduire le contenu intégral des articles et des nouvelles traitant d’un sujet pour fins d’analyse. Un reportage écrit comprend le titre, tous les paragraphes ainsi que les photos et légendes les accompagnant6. Un segment d’émission d’affaires publiques comprend l’introduction, les questions et les réponses des invités qui y participent.
3.3.2. DES DOCUMENTS PERTINENTS Les documents faisant partie d’une analyse de presse doivent traiter du sujet faisant l’objet de l’analyse ou de l’organisation concernée par la couverture de presse. Tous les documents qui n’ont pas un lien direct avec le thème d’une étude et qui ne se situent pas sur le territoire défini dans un mandat d’analyse doivent être rejetés. On éliminera, par exemple, les articles provenant de la presse étrangère si le sujet traité se limite à une province ou à une communauté régionale.
3.3.3. UN ENSEMBLE DE LA MATIÈRE DIFFUSÉE Selon le sujet et l’envergure territoriale d’une analyse, un corpus doit inclure suffisamment de documents pour représenter l’ensemble des nouvelles diffusées. En général, un corpus comprenant des extraits tirés de la presse quotidienne, des bulletins majeurs d’informations télévisées et radiodiffusées, et des grands magazines, complété par des entrevues et des reportages provenant d’émissions d’affaires publiques reconnues par le grand public, permet d’obtenir une vue d’ensemble assez fidèle de la matière diffusée. Certains thèmes d’analyse nécessitent l’apport d’articles et de nouvelles provenant de magazines et de médias spécialisés dans tous les cas où les médias grand public ne consacrent que très peu de temps ou d’espace à certains sujets plus pointus. Lorsque des études sont consacrées à des enjeux régionaux ou locaux, les corpus pourront se
6.
Certaines analyses de presse utilisent des corpus provenant de banques de données informatisées. Les nouvelles y sont repérées par mots clés incluant des variables tels les noms d’organismes et d’entreprises, des secteurs d’activités, des lieux géographiques. Or les banques de données ne fournissent pas encore les photos qui accompagnent ces articles. Dans certains cas, l’article sera accompagné d’une note indiquant qu’il y a une photo ou un élément graphique. Par ailleurs, des contraintes relatives au droit d’auteur empêchent les banques de données de rendre disponibles par voie électronique des articles signés par certains journalistes et collaborateurs-pigistes.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
limiter aux médias présents à l’intérieur du territoire concerné. Il y a peu d’intérêt à analyser un article du Wall Street Journal, si l’analyse porte sur la pertinence d’ouvrir un supermarché à Saguenay.
3.4.
UN SURPLUS D’INFORMATION UTILE
On se plaît à affirmer qu’une information de qualité prépare le terrain à une action adéquate et efficace. Dans cette optique, l’analyse de presse révèle le meilleur d’elle-même, car en même temps qu’elle décèle le surplus de signification d’un récit de presse, elle le quantifie et l’évalue, dégageant par cette méthode plusieurs renseignements à propos du contenu étudié. Instrument conçu pour les communicateurs et les chercheurs, l’analyse de couverture de presse peut discerner les indices d’impact d’un sujet d’information, d’un projet, d’une politique, d’une décision, d’une image et révéler : • leur performance et leur contre-performance ; • leur popularité et leur impopularité ; • leurs alliés et leurs opposants ; • l’approbation et la désapprobation qu’ils suscitent ; • l’appui sur lequel compter ou la contestation à affronter ; • le degré d’émotivité suscité dans les médias ou le cœfficient de rationalité exprimé ; • leur opportunité ou les ajustements qui s’imposent ; • leurs forces et leurs faiblesses. Une analyse de couverture de presse peut déceler et révéler l’image qui se dessine dans les médias d’information, le sens persistant qui en subsistera par le discours médiatique, après que le lecteur aura replié son journal et que l’auditeur aura fermé son appareil. Une image transformée, très souvent inconsciente, non exprimée, mais une image qui demeure. L’analyse de presse quantifie et qualifie cette persistance partielle de l’événement quand tout est terminé7. Elle en mesure la rémanence. Par son processus méthodologique, l’analyse décrypte objectivement le contenu de l’information diffusée par la presse. Faisant appel
7.
En physique, on appelle « hystérésis » ce phénomène de retard de l’effet sur la cause dans le comportement des corps soumis à une action croissante, puis décroissante.
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Chapitre 3 ❖ L’analyse de presse – Une évaluation informative
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à un découpage méthodique en unités d’information répondant à la question « Qu’est-ce qui est dit ? », elle y recherche les supports d’orientation par une deuxième interrogation « Comment le dit-on ? ». La procédure d’analyse fait abstraction des émotions ressenties, des interprétations personnelles et des références propres à chaque analyste. Elle l’oblige à poser un regard neutre sur le contenu d’un type de discours : celui utilisé par la presse. Les résultats d’une telle analyse dévoilent de manière factuelle toutes les données de base nécessaires à la planification plus efficace d’un plan de communication, au redressement d’une campagne de presse en plein cours d’exécution, ou à la mise en place d’une toute nouvelle démarche de communication en fonction du rendement d’une précédente. Les résultats d’analyses de presse se comparent dans le domaine des médias d’information à ceux obtenus par la consultation de groupes témoins dans d’autres domaines. Comme on le verra plus loin dans le chapitre traitant de la presse, cette dernière transmet à divers publics des informations qui les rejoignent et les intéressent. Ce faisant, la presse crée des tendances dont plusieurs auteurs se sont inspirés pour prévoir les changements dans notre société8. En fait, la presse constitue en soi un « groupe témoin » inépuisable.
3.5.
CHAPERON ROUGE DANS LES MÉDIAS
Tout rapport d’analyse de presse diffère selon le point de vue de chaque acteur ou de chaque organisation pour qui l’étude est entreprise et selon le moment où elle a lieu. Si l’on revient à notre exemple de Chaperon Rouge, le dossier de presse de la Brigade d’urgence ne dégagera pas les mêmes résultats que celui de la compagnie Pantron, car leurs intérêts divergent totalement. Par contre, les résultats d’analyses entreprises pour la Société des libérations temporaires et pour la Chefferie de la justice devraient comporter certains, sinon plusieurs, éléments communs, notamment au chapitre de la Loi sur les libérations temporaires et de son application. Dans l’exemple ci-dessus, nous sommes témoins de réactions immédiates du Comité pour la protection des honnêtes citoyens et du manufacturier Pantron aux médias, et des réactions à plus long terme
8.
John Naisbitt, dans Megatrends, explore l’éclosion de tendances sociales par l’analyse d’articles des grands quotidiens.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
des Chefferies de la justice et de la sécurité. Par contre, la Brigade d’urgence, la Société contre les maladies et la Loto-du-rêve semblent relativement impassibles ; peut-être étaient-elles sous d’autres feux médiatiques à débattre d’histoires bien différentes. Ce qui amène à relativiser un dossier parmi d’autres qui, pour une même organisation, auront des impacts plus ou moins intenses et plus ou moins prolongés, selon l’ensemble des événements qui ne cessent d’accaparer la presse. Après tout, Chaperon Rouge est une histoire parmi tant d’autres, qui aurait pu ce jour-là passer complètement inaperçue si elle s’était déroulée un certain 11 septembre9. Comment les uns et les autres ont-ils « performé » dans les médias et quelle rémanence s’en dégage ? Ce n’est que par l’analyse approfondie des idées contenues et véhiculées dans les nouvelles que viendront les réponses à ces questions.
9.
Le 11 septembre 2001 : destruction du World Trade Centre à New York lorsque deux avions détournés par des pirates de l’air s’écrasent à quelques minutes d’intervalle sur chacune des tours.
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LES TENDANCES DE LA PRESSE DE L’EXHAUSTIVITÉ À L’UNIFORMISATION
E R T I
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4 Par-delà le contenu, il y a le courant.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Au cours des années 1950 et 1960, la formation d’un journaliste se fait la plupart du temps sur le tas, par apprentissages successifs au sein d’entreprises de presse en région, puis dans les grands centres urbains. L’aptitude rédactionnelle, la culture générale, la vivacité d’esprit et la curiosité sont les principaux critères de sélection d’un futur reporter. Rares sont les candidats qui détiennent un diplôme universitaire. La formation et l’expérience qu’acquièrent les journalistes dans la pratique de leur profession jouissent d’une reconnaissance particulière. Les praticiens des années 1960 ont d’ailleurs adopté un adage galvaudé : « le journalisme mène à tout pourvu qu’on en sorte ». Ceci explique pourquoi, vers la même époque, beaucoup de journalistes migrent vers les relations publiques, une nouvelle avenue professionnelle qu’ils tracent dans un territoire presque vierge, y mettant en application leurs connaissances fraîchement acquises. Naville-Morin fait preuve d’avant-gardisme lorsqu’elle identifie une nouvelle forme de discours dans l’écriture de presse alors que les universités de l’époque ouvrent timidement leurs portes à des cours d’introduction au journalisme et que s’ébauchent les premiers corpus traitant de ce nouveau métier qu’on n’ose toujours pas qualifier de profession. Les trois tendances qu’elle relève dans les médias écrits s’appliquent encore en ce début de XXIe siècle à l’ensemble des médias, anciens ou nouveaux. Ce n’est que dans la présentation des nouvelles, dont les caractéristiques sont propres à chaque type de média, que l’on note des différences. Leurs contenus se rejoignent ou se complètent par les idées transmises et les techniques générales qui en guident la présentation. Et paradoxalement, ils se ressemblent davantage au fur et à mesure que le nombre de médias augmente1. Ce phénomène met en relief deux tendances récentes de plus en plus perceptibles dans le discours de presse actuel. De l’ensemble de ces cinq tendances, trois sous-tendent le travail des diffuseurs d’information et font l’unanimité chez ces derniers, deux soulèvent des discussions auprès du public et sèment la controverse auprès des médias. Ce sont : « l’exhaustivité (le besoin de tout dire), la variété (la promesse de dire tout sur tout), l’actualisation 1.
Le nombre de stations de radio et de chaînes de télévision n’a cessé de croître à travers le monde depuis l’avènement de la télévision. Entre 1990 et 2000, dans le sillage de CNN, des chaînes de nouvelles continues ont vu le jour un peu partout ; au Canada, se sont ajoutées Newsworld, RDI, News1 et LCN, sans compter une vingtaine de chaînes spécialisées. Souvent apparentées aux chaînes traditionnelles par la propriété, les chaînes continues rediffusent à plusieurs reprises durant une même journée les mêmes segments d’information, ainsi que des bulletins de nouvelles et des émissions d’affaires publiques provenant de leurs stations sœurs.
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Chapitre 4 ❖ Les tendances de la presse – De l’exhaustivité à l’uniformisation
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(l’obligation de dire tout sur tout au moment où cela se passe)2 », la dramatisation (la spectacularisation du dire) et l’uniformisation (le conformisme entre les tout dire).
4.1.
L’EXHAUSTIVITÉ
Afin de satisfaire aux besoins de leurs différents publics, de rallier et de captiver un auditoire qu’ils souhaitent sans cesse croissant, et pour faire face à la concurrence effrénée qu’ils se livrent entre eux, les médias se font un devoir de parler de tout. Ils traitent de tous les sujets qui font la nouvelle et donnent sur chacun le plus de renseignements possibles, tout en tenant compte du mode de diffusion et du style qui leur est propre. Pris dans leur ensemble, les médias nous apprennent à peu près tout à propos d’un événement. Déjà, en 1960, les médias sont obsédés par la couverture de la visite du leader soviétique Nikita Krouchtchev en France et veulent absolument tout rapporter : « l’information veut toujours être complète3 ». Que dire des médias de ce début du XXIe siècle qui veulent tellement tout dire d’un événement qu’ils le couvrent en direct à l’échelle planétaire comme ce fut le cas lors de la guerre du Golfe en 1991, ou des attentats du 11 septembre 2001 à New York. L’Événement se répand telle une grande déferlante sur tous les rivages médiatiques. Non seulement les réseaux de nouvelles continues, nés vers la fin du siècle précédent, nous abreuvent-ils sans arrêt de l’Événement mais une majorité parmi les autres, soudainement pris par une effervescente obligation de complaisance, n’hésitent pas à modifier leur programmation régulière pour le couvrir en direct. Quant à la presse écrite, elle modifie ses pages en conséquence et n’hésite pas à consacrer des sections entières pendant plusieurs jours, sinon plusieurs semaines, au même Événement. Lors d’un Événement comme l’attentat à New York, autant les grands diffuseurs mondiaux comme CNN ou nationaux comme RDI et Newsworld au Canada que les chaînes d’envergure régionale ou locale de la plupart des pays se placent en mode « direct » et inondent leurs auditoires, avec moult redites et jusqu’à plus soif, des plus infimes détails touchant les victimes, les amis des victimes, les New-Yorkais, les parents et les amis en visite à New York, les amis des amis des parents des New-Yorkais, les tours, leur histoire, le chronométrage de 2. 3.
Violette (Naville dit) Morin, L’écriture de presse, Paris, Mouton, p. 13. Idem.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
l’Événement, les répercussions psychologiques, économiques, politiques et militaires, les enquêtes, les confidences et les rumeurs. Tout est recensé. La moindre petite parcelle de nouveauté reliée à l’Événement fait l’objet d’une nouvelle. D’innombrables témoignages venant de partout sont retransmis pendant des semaines en direct, en différé, avec du neuf ou en reprise, et même pendant les mois suivants. Parfois on y ajoute des suites en direct ou des segments récapitulatifs, réactualisant sans cesse l’Événement du jour fatidique. Pour n’être pas en reste, les médias écrits ont également produit cahiers et numéros spéciaux, à l’échelle de la planète. On a fait appel à toutes les ressources mondiales versées en science géopolitique, à tous les enquêteurs et tous les spécialistes du terrorisme, à tous ceux qui avaient un tant soit peu de connaissance de la culture musulmane pour documenter ce que les radios et télévisions pouvaient difficilement montrer ou décrire à cause de l’aridité des propos. Cette volonté des médias de tout dire n’est ni récente, ni réservée à des événements mondiaux. Que l’on pense à la crise amérindienne de 1990 au Québec. Du début juillet à la mi-septembre, ne trouvant d’autre sujet majeur d’information en cette période aride en nouvelles qu’est l’été, les médias lui ont affecté la majorité de leurs effectifs. Les reporters des médias électroniques ont la plupart du temps couvert l’Événement en direct tandis que les journalistes de la presse écrite ont produit d’innombrables pages de reportages. En janvier 1998, lors de la crise du verglas qui a causé des pannes majeures d’électricité au Québec et en Ontario, de nombreuses stations de radio de la région de Montréal se sont mises en mode direct pendant une dizaine de jours pour informer en continu les auditeurs qui pouvaient encore les capter. La radio à pile est alors devenue pour de nombreuses familles victimes de longues pannes d’électricité le seul moyen d’information les reliant au monde extérieur. Et la télévision n’a jamais hésité à se brancher directement sur la centrale de gestion de crise quand les porte-parole annonçaient une communication importante. Pendant ce temps, les quotidiens du Québec ont consacré des cahiers entiers, jour après jour, pendant près de trois semaines, afin de ne rien laisser échapper de l’Événement québécois de cette fin de siècle. Du 5 au 29 janvier 1998, la société d’État Hydro-Québec a cumulé une revue de presse totalisant au-delà de 12 000 documents4, incluant 4.
Danielle Maisonneuve et al., Communications en temps de crise, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 1999, p. 129.
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Chapitre 4 ❖ Les tendances de la presse – De l’exhaustivité à l’uniformisation
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les nouvelles radio-télévisés et les articles de la presse écrite quotidienne traitant du phénomène atmosphérique survenu durant la semaine du 4 janvier. Le système de distribution d’électricité avait été interrompu sur une très grande partie du territoire en raison de l’accumulation de verglas sur les équipements, sur les lignes et sur les pylônes. Des pannes d’électricité majeures ont touché plus de quatre millions de personnes. Certaines pannes ont d’ailleurs perduré pendant un mois, ce qui eut pour effet de captiver les médias jusqu’au milieu du mois de mars. « L’exhaustivité relève de l’obsession : l’information veut toujours être complète5. » Si la presse se veut exhaustive en s’agrippant à un même sujet de nouvelle comme un chien à un os, elle l’est également par l’ensemble des sujets qu’elle aborde même si elle traite très rapidement, trop brièvement, ou rarement de certains d’entre eux. Les médias nous parlent de tout ; la liberté d’information le préconise.
4.2.
L’INFORMATION SUBSISTE
Tout communicateur reconnaît que la diffusion d’une nouvelle par un média, quel qu’il soit, implique qu’un nombre indéterminé de personnes savent, même s’il ne s’agit que d’une rumeur ou, pire encore, d’une fausse nouvelle. Comme l’explique Kapferer, « l’homme a du mal à effacer une information une fois celle-ci acquise ; la psychologie cognitive enseigne que l’homme ne soustrait jamais d’informations6 ». De la même façon, les médias ajoutent des informations, ils n’en soustraient jamais. Et toute information transmise à un ou plusieurs publics aura sa propre vie une fois diffusée. Voilà pourquoi l’analyse d’une revue de presse ne peut avec certitude baser l’impact de la couverture d’un Événement sur des données reliées aux auditoires des stations de radio et de télévision, et aux tirages de journaux. D’une part, les clientèles des médias varient d’un jour à l’autre, d’une saison à l’autre, et selon les événements. D’autre part, les publics des médias appartiennent à des milieux très diversifiés et leurs intérêts collectifs, professionnels ou simplement personnels varient constamment. Lorsque vient le temps de s’informer, la fidélité à un seul média ou à un seul type de média est pour le moins illusoire.
5. 6.
Morin, op. cit., p. 13. Jean Noël Kapferer, « Le contrôle des rumeurs », Communications 52, EHESS, Paris, Éditions du Seuil, 1990, p. 116.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Si le monde de la publicité utilise avec succès les données reliées aux tirages et aux auditoires depuis nombre d’années, c’est qu’il s’intéresse avant tout à l’aspect « consommation » des médias pour atteindre des acheteurs de biens et de services, des électeurs lors de campagnes électorales ou des groupes particuliers par des campagnes spécialisées. Essentiellement, les publicitaires voudront cibler les médias où telle campagne sera susceptible de s’adresser au public auquel elle est destinée et leur répéter jour après jour pendant un certain temps le même message. Voilà pourquoi ces rapports établissent des catégories d’auditoire et de lectorat en les répartissant selon des tranches de population établies d’après le sexe, l’âge, l’état civil, le statut, les revenus, le style de vie, les valeurs, etc. Il devient alors facile pour les annonceurs de transmettre un message identique, préparé selon les standards propres à la publicité, à la bonne heure sur la chaîne la plus écoutée du public ciblé ou le jour le plus propice à ce même public dans la publication la plus lue. La démarche publicitaire repose sur des principes relativement stables et largement reconnus. Il n’en va pas de même pour les actualités dont le contenu change d’heure en heure pour lesquelles l’intérêt des publics peut varier selon les préoccupations du moment. Certains groupes de population seront plus exposés à certains types d’informations. Mais la mouvance des événements a pour effet de modifier constamment les centres d’intérêt de ces mêmes auditoires. Prenons comme exemple le hockey. En principe, les amateurs de hockey s’intéressent aux équipes, aux joueurs et aux résultats des joutes tout au long de la saison. Plusieurs font de la section des sports leur première lecture. Si un joueur est victime d’un cancer, comme ce fut le cas pour Saku Koivu, à l’automne 2001, tout un nouveau public suivra avec curiosité ou compassion le cheminement du joueur, incluant son retour sur la patinoire et sa première présence au jeu. Le sujet débordera les pages de sport pour faire la « une » à cause de la notoriété de Koivu. Il filtrera dans les pages consacrées à la santé, dans les émissions à caractère scientifique où l’on décrira sa maladie et les recherches dans le domaine, les pages dites « human interest » et les tribunes téléphoniques (« Croyez-vous que Koivu reviendra au jeu s’il est guéri de son cancer ? »), les pages d’opinion où les lecteurs échangent à propos du « cas Koivu » et parfois même la chronique d’humeur consacrée à « la détermination Koivu ». En quelques semaines, le lecteur de sports aura, grâce à son héros Koivu, fait le tour de toutes les pages de son journal préféré. Il aura regardé et écouté plusieurs émissions d’information traitant de la maladie de son héros, et peutêtre développé un nouvel intérêt pour la chronique d’humeur et les
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Chapitre 4 ❖ Les tendances de la presse – De l’exhaustivité à l’uniformisation
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reportages d’intérêt humain. De son côté, le lecteur n’appréciant pas le sport mais compatissant face au cancer de Koivu sera peut-être plus curieux de suivre le cheminement de ce nouveau héros lors des prochaines joutes de son équipe et dès lors s’intéressera momentanément aux nouvelles du sport. Cela nous mène à la diversité des sujets abordés par les médias pour atteindre et intéresser le plus large public possible.
4.3.
LA VARIÉTÉ
Les médias nous informent sur tout, du moins ceux qui œuvrent dans une société démocratique. Le Canada compte 4 500 médias7, tous genres confondus, incluant ceux d’Internet. Aux États-Unis, la plus importante société de « monitoring » dépouille plus de 14 000 publications, son personnel est branché sur 800 stations de télévision et écoute près d’un millier de stations de radio. L’information est omniprésente et provient de sources infiniment variées. Cette diversité se manifeste non seulement par l’offre dans le choix des médias mais aussi par leurs contenus élaborés pour joindre une clientèle très éclatée. Lors d’une recherche effectuée auprès d’ingénieurs et de techniciens en ingénierie par la Chaire en relations publiques de l’UQAM au printemps 2002, 200 répondants ont identifié 200 titres de publications qui les intéressaient au plan professionnel. Les titres variaient du journal quotidien à l’hebdomadaire d’affaires, en passant par le mensuel d’intérêt général et la revue ultra spécialisée. C’est pour cette raison que les médias grand public n’ont de cesse de varier leur contenu pour retenir le plus vaste auditoire possible. Lors d’un décompte rapide effectué au printemps 2002, nous avons noté, sur semaine, que La Presse, le Journal de Montréal et le Globe & Mail publiaient quotidiennement entre 125 et 175 articles chacun, allant du simple entrefilet au grand titre à la une. Naville-Morin (1969) fait état de cette variété en décortiquant les 21 titres8 d’une même page de France-Soir, et note que « même si le lecteur impatient parcourt distraitement cette page, il enregistre néanmoins l’ensemble et il n’a pas vu ce jour-là les mêmes événements que 7. 8.
Décompte fourni par Bowdens MediaSource au 31 juillet 2002. En 2002, la plupart des quotidiens ont réduit le nombre d’informations dans chaque page. Un décompte rapide au cours de la dernière semaine du mois d’août 2002 situe entre un et quinze le nombre de titres qu’on retrouve dans une page de La Presse et du Journal de Montréal.
2003– –Presses Presses l’Université Québec ©©2003 de de l’Université du du Québec Édifice Le DeltaÉdifice I, 2875, boul. I,Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec Tél.: (418) : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Le Delta 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, QuébecG1V G1V 2M2 2M2 ••Tél. 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Mesurer l’insaisissable, Lise Chartier, ISBN 2-7605-1220-7 • D1220N
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
le lecteur de l’Humanité ». Il en va de même pour chaque lecteur et chaque auditeur pour tout journal et pour toute émission. La diversité se manifeste également par la présentation visuelle des informations. Certaines publications plus populaires privilégieront la photographie explicite pour informer alors que le texte sera mis en évidence ailleurs par la répétition amplifiée d’extraits mis en exergue entre les colonnes. La titraille sous toutes ses formes pique la curiosité et incite l’œil baladeur à retrouver dans le texte ce fragment de discours racoleur, cette citation étonnante ou tout simplement ce nom inattendu accolé au sujet. Si le titre ne convainc pas toujours le lecteur de prendre connaissance des détails d’une nouvelle, il l’en informe tout de même sommairement au passage. Il en est de même pour les manchettes placées au début d’un bulletin d’information. Peu importe sa taille ou sa position, le titre, tout comme la photo, est une invitation à lire. C’est ce même procédé qu’applique, dans la presse électronique, le lecteur de nouvelles qui annonce, juste avant une pause publicitaire, les nouvelles à venir. Ces pirouettes et agaceries font partie des subterfuges utilisés pour séduire et retenir l’attention du public, tout comme le troisième : l’actualisation de l’information.
4.4.
L’ACTUALISATION
Présentée, après l’exhaustivité et la variété, comme troisième tendance commune à tous les médias, l’actualisation de l’information a atteint son paroxysme avec la création des chaînes de nouvelles continue. Désormais, ces dernières livrent la nouvelle en direct. Disposant de correspondants ou d’affiliations un peu partout, ces chaînes meublent leurs journées d’informations en boucles provenant de partout quand l’actualité se fait avare de crises et de grands événements à couvrir de toute urgence. Malgré la présence de ces médias centrés sur l’information, la presse écrite et la presse électronique traditionnelle ont tout de même conservé ce troisième principe. On nous raconte les nouvelles comme si on y était. L’animation des bulletins de nouvelles par des personnalités répond à ce principe tout comme le nombre croissant de chroniques écrites à la première personne. Des vedettes récemment converties en journalistes invitent le public à partager leurs impressions sur l’actualité, la politique, la pluie, la bourse, le sexe, les sports, la
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Chapitre 4 ❖ Les tendances de la presse – De l’exhaustivité à l’uniformisation
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société, le temps qui passe. Et les médias ouvrent de plus en plus généreusement leurs portes à tous, donnant l’impression qu’ils font preuve d’accessibilité. En fait, ces pratiques masquent souvent le mercantilisme, le laisser faire ou le manque d’imagination : émissions d’information provenant d’un quelconque lancement, tribunes téléphoniques, sondages instantanés dans la rue, entrevues promotionnelles en direct, publications à gogo de commentaires adressés aux médias. L’actualisation s’est peu à peu transformée en interactivité : le journaliste raconte, le public commente. Bien souvent à tort et à travers. Peu importe, c’est du direct et c’est vivant.
4.5.
LA DRAMATISATION
Inventée pour vaincre la concurrence, l’actualisation s’est peu à peu transformée en dramatisation de l’information. Cette quatrième tendance, d’origine récente, ne s’applique pas à tous les médias mais elle est quand même partagée par un nombre important de ceux qui s’adressent au grand public pour qui la popularité constitue fréquemment le principal critère d’excellence. C’est au milieu des années 1960 que se manifestent les premiers essais de dramatisation de l’information lorsque sont mises en ondes les tribunes téléphoniques traitant de sujets d’actualité. Fortement critiqués, les pionniers de ces émissions subiront les foudres des organismes de réglementation. Certains seront forcés de s’expatrier sous les pressions du public. D’autres adopteront un mode d’animation plus modéré, un peu plus en ligne avec les standards journalistiques de l’époque. Une fois lancée, la vogue de ces émissions dramaticoinformatives ou informatico-dramatiques, tout comme celle des publications « à sensation » ne devait plus disparaître mais se répandre et se diversifier. Avec le temps, l’habitude créant un climat de permissivité, la dramatisation de l’actualité prit de nouvelles formes : enquêtes, conseils, dossiers, panels où spécialistes et grand public échangent sur des sujets, animation-inquisition. L’émission de pseudo-information se permet jusqu’aux questions les plus intimes. À la personnalité politique, culturelle, scientifique ou d’affaires, il est même permis en cours d’entrevue de s’enquérir de ses préférences sexuelles ou de ses talents culinaires. Cette nouvelle étape qu’ont franchie les médias constitue tout probablement une réaction à la venue des stations de nouvelles continues dans un effort pour masquer l’homogénéité qui gagne peu à peu le secteur de l’information.
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4.6.
Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
L’UNIFORMISATION
Entre le début et la fin du XXe siècle, le monde de l’information s’est adapté aux pressions exercées par la radio sur l’imprimé, puis par la télévision sur la radio, et par Internet sur les médias dits « conventionnels ». Les journaux quotidiens, au Canada du moins, en concurrence avec la radio dont les salles de nouvelles offraient une information instantanée et continue, ont graduellement cessé, entre 1970 et 1990, la publication d’éditions d’après-midi ; certains quotidiens sont disparus ; les éditions matinales sont maintenant livrées dès l’aurore. Au début de l’année 2002, les quotidiens les plus tardifs étaient distribués vers l’heure du lunch et se comptaient sur les doigts d’une main. Parallèlement à ce changement d’horaire de l’imprimé, la radio privée s’est peu à peu départie de ses nouvelles maison entre 18 heures le soir et 5 heures le matin, pour retransmettre des bulletins « feed 9 » provenant des agences de nouvelles. La vogue s’est aussi étendue à la tranche-horaire de fin de semaine. Durant la même période, victimes des coupures budgétaires, les radios publiques en région ont suivi le mouvement, s’approvisionnant auprès des têtes de réseaux, dans les métropoles. Aujourd’hui, plusieurs stations de radio FM n’hésitent pas à diffuser des bulletins d’agences de nouvelles ou en provenance des réseaux auxquels ils s’affilient ou appartiennent, et ce, tout au long de la journée. Accaparant des auditoires de plus en plus considérables à partir des années 1980 et bénéficiant des technologies de la diffusion en direct, les bulletins télévisés de début de soirée ont finalement imposé leur cadence à la nouvelle. Désormais, tous les événements d’importance doivent avoir lieu à temps pour la tombée de 17 heures des salles de nouvelles des stations de télévision et, autant que faire se peut, entre le lundi matin, 8 heures et le vendredi après-midi, 16 heures. Les terroristes du World Trade Centre avaient astucieusement calculé les retombées médiatiques de leur méfait en le programmant à 9 heures le mardi matin sur la côte est des États-Unis. Ils s’assuraient ainsi d’une abondante couverture immédiate, en Amérique et en Europe, qui n’aurait pas été si impressionnante si l’événement s’était déroulé en fin de journée ou en fin de semaine.
9.
Certaines agences de presse préparent des bulletins de nouvelles prêts pour diffusion à la radio, communément appelés des « feed ». L’agence Presse Canadienne offre un tel service aux diffuseurs francophones par son service de Nouvelles télé-radio ; Canadian Press fait de même pour le marché anglophone sous le nom de Newsradio.
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Chapitre 4 ❖ Les tendances de la presse – De l’exhaustivité à l’uniformisation
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La multiplication des stations de radio et de télévision, l’avènement des chaînes de nouvelles continues et, dans une moindre mesure, l’arrivée d’Internet ont contribué à chambarder le monde de l’information. Les médias traditionnels se sont adaptés à ces divers changements, ont repensé leur rôle, ont revu leurs contenus et leur approche afin d’attirer un public alléché par l’attrait de la nouveauté. Aux coupures budgétaires des années 1980 a succédé l’implantation de nouvelles technologies, auxquelles s’est greffé Internet, cette nouvelle source d’information personnalisée. Convaincus que Internet allait complètement changer leur vocation, plusieurs médias ont dès lors diminué l’apport humain pour valoriser les nouvelles technologies et la mise en commun de leurs ressources. Dans plusieurs pays dont le Canada, les entreprises ont tiré partie de la déréglementation progressive du secteur des communications favorisant un accroissement de la concurrence pour instaurer un mouvement de regroupement, au sein d’une même entité, de plusieurs activités similaires ou apparentées, dans le but de faire face à de nouveaux joueurs. C’est ainsi que sont nés des consortiums se spécialisant dans le secteur des communications, ainsi que des multinationales de l’information. Au Canada, ce mouvement de « convergence » a engendré une diminution importante du nombre de propriétaires de médias et, paradoxalement, une croissance du nombre de médias spécialisés, en particulier au chapitre des stations disponibles par câblodistribution ou par satellites, et des magazines de tous genres. Ces changements dans la nature même des entreprises de communications ont eu un effet majeur sur la qualité et la diversité des contenus. Plusieurs des propriétaires-fondateurs de journaux, de stations de radio et de télévision en avaient fait un lieu de création et d’innovation où la croissance des profits n’avait pas toujours été l’objectif fondamental motivant l’existence de leur entreprise. Dans bien des cas, ils espéraient avant tout en tirer un revenu acceptable en faisant ce qu’ils aimaient, entourés de collaborateurs qui partageaient leur philosophie. Parmi les nombreux facteurs qui ont contribué à leur désintéressement ou leur démotivation on compte le vieillissement, l’absence de relève prête à se « dévouer » d’aussi longues heures, l’imposition de pratiques professionnelles uniformisées et régies par des conventions collectives de travail, l’arrivée de nouvelles technologies souvent coûteuses et compliquées, l’augmentation de la concurrence par la déréglementation dans un marché somme toute assez limité, et l’ajout incessant de nouvelles obligations administratives et fiscales.
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Film tourné par Groupe PRE-Cine La fabuleuse conversion de Méchant Loup
Publication du roman Méchant Loup, le converti par PRE-Book
Résumés pour journaux européens du Groupe PRE.SA
Manchettes sur la page d’accueil et dossier détaillé sur le site Internet www.pre.com
Reportage sur « L’affaire Rouge » par l’équipe de reporters du Groupe PRE pour le bulletin réseau
Disque tiré du film La fabuleuse conversion de Méchant Loup par PRE-Disk
Articles dans PRE-Law, bulletin d’info pour les avocats publié par Groupe PRE
Capsules vidéo et audio pour les filiales du réseau PRE
Source : La Presse, « Ici Radio Jean Coutu » , par Stéphanie Bérubé, 17 août 2002, page D1.
DIVERTISSEMENT
5e niveau
LITTÉRATURE
4e niveau
PRODUITS DÉRIVÉS
3e niveau
SOUS-PRODUITS
2e niveau
RÉSEAU PRE
1er niveau
Droits et sous-produits vendus à des stations spécialisées par agence PRE-News*
FIGURE 4.1 L’uniformisation par lien direct au sein du groupe PRE
*
À propos des sous-produits, un article publié dans le quotidien montréalais La Presse rapporte que : « la programmation de la télé des salles d’attente est très éclectique. Des émissions traitant de santé, évidemment, mais aussi de sports, de bricolage et de voyages. Au Québec où on trouve déjà PHSN (Professional Health Service Network, une chaîne de télévision réservée aux publics des salles d’attente des médecins), en version française dans une quarantaine de salles d’attente, l’un des partenaires est le réseau TVA. Mais le contenu a été modifié afin de présenter des segments de trois minutes. »
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Chapitre 4 ❖ Les tendances de la presse – De l’exhaustivité à l’uniformisation
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4.6.1. L’UNIFORMISATION PAR LIEN DIRECT Le regroupement de plusieurs médias au sein de consortiums a engendré la systématisation de la production, l’instauration de « modèles » à partir desquels les unités d’un groupe doivent se conformer pour projeter un « air de famille » et partager leurs produits. C’est ainsi qu’au chapitre de l’information, d’un substrat de nouvelle produit pour un premier média, on étire la sauce pour en extraire divers sous-produits utilisés dans les unités convergentes. C’est l’uniformisation en ligne droite, puis par un retour de balancier, le mouvement recommence. Le Réseau PRE, composante du consortium Groupe PRE, produit une série de reportages sur l’affaire Rouge pour diffusion par les stations membres du réseau. Les reportages sont ensuite retravaillés et insérés sur la page d’accueil du site Internet www.pre.com du Réseau PRE où les abonnés peuvent les lire et les visionner. Des extraits ou des résumés de ces reportages sont ensuite préparés pour publication par les journaux européens membres du Groupe PRE. Le cas Rouge sert à illustrer une chronique de PRE-Law qu’édite le Groupe PRE. Un journaliste du consortium se voit confier le mandat d’écrire un livre « Méchant Loup, le converti » qui sera édité par PRE-Book, membre du Groupe PRE. Une autre filiale, PRE-Cine, achète les droits sur le livre et tourne le film « La fabuleuse conversion de Méchant Loup ». La filiale Pre-Disk sort un disque tiré de la bande sonore du film. Et l’histoire recommence : le livre, le film et le disque redeviennent des sujets de reportages que traiteront les journalistes du Groupe PRE pour diffusion par les stations membres du...
4.6.2. L’UNIFORMISATION TRANSVERSALE De façon générale, les médias ont modifié leurs façons de faire, éliminant en de nombreuses occasions les journalistes de premier niveau pour utiliser les services de techniciens-journalistes ou de fournisseurs externes, experts en recyclage de nouvelles. C’est l’uniformisation transversale. L’information diffusée par divers médias avec ou sans lien de parenté est puisée à des sources apparentées. Dans ce cas-ci, trois médias indépendants, une station de radio, un journal et une station de télévision ainsi qu’une station affiliée au Groupe-PRE s’alimentent à deux sources de nouvelles contrôlées par le Groupe PRE : l’agence PRE-News et le site Internet www. pre.com.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
FIGURE 4.2 L’uniformisation transversale SOURCES Consulte www.pre.com
Abonnement à Agence PRE-News
Radio indépendante
Télévision indépendante
Affilié à Groupe PRE-News
Journal indépendant
RÉSULTATS Diffusent ou publient les mêmes nouvelles
4.6.3. L’UNIFORMISATION TRANSMÉDIALE Au fur et à mesure que le temps passe, les reporters sortent de moins et moins et les journalistes s’épient de plus en plus. La presse écrite commente le travail de sa sœur radio-télévisuelle et cette dernière, par la voie des revues de presse et de citations, rapporte les écrits de sa consœur. Et pour chapeauter ces amitiés et connivences, le fréquent va-et-vient des journalistes, animateurs et commentateurs entre la presse écrite et la presse électronique contribue lui aussi à colorer d’un « monoton » l’information qu’on nous sert. C’est l’uniformisation transmédiale. Le journaliste 3 (Journal C) prépare un topo matinal pour la station de Radio A (avec l’animateur 1) et commente dans une chronique de son journal les émissions de Radio A et de Télévision B. Le Reporter 2 (de Télévision B) fournit des topos hebdomadaires à la station de Radio A et interviewe régulièrement le journaliste 3 (Journal C). La station de Radio A fournit des reportages quotidiens à la salle de nouvelles de la station de Télévision B. Le journaliste 3 (du Journal C) signe la chronique du livre à une émission de Radio A.
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Chapitre 4 ❖ Les tendances de la presse – De l’exhaustivité à l’uniformisation
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FIGURE 4.3 L’uniformisation transmédiale
RADIO A ANIMATEUR 1 anime l’émission du matin
JOURNAL C REPORTER 2 signe régulièrement certains articles
JOURNALISTE 3 prépare un topo quotidien pour l’émission du matin
REPORTER 2 résume les grands moments de la semaine à l’émission du week-end
ANIMATEUR 1 signe la chronique du livre
TÉLÉVISION B REPORTER 2 présente des reportages aux Nouvelles du midi
JOURNALISTE 3 est invité régulièrement à commenter l’actualité
JOURNALISTE 3 signe une chronique dans laquelle il commente les émissions de Radio A et de Télévision B
RADIO A fournit des reportages quotidiens à la salle des nouvelles
PERSONNES ET CONTENUS INTERCHANGEABLES
4.6.4. L’UNIFORMISATION PAR LA REDONDANCE Ces divers types d’uniformisation se multiplient d’un bulletin de nouvelles à l’autre et d’une émission à l’autre par la réutilisation des mêmes images d’agences, des mêmes extraits d’entrevues, et souvent par la simultanéité de présentation des mêmes sujets de nouvelles d’une station à l’autre. Combien de fois nous arrive-t-il de voguer d’une chaîne télévisée à une autre et de noter qu’à la minute même, on y parle du même sujet ? Dès 1979, Friedmann, appréhende les effets usants de la surinformation :
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Les communications de masse, grâce à l’image, au son, aux informations écrites et parlées ouvrent de vastes brèches sur l’Événement, frappent immédiatement, puissamment les sensibilités et les intellects, suscitent, au même instant, à travers les groupes humains et jusque dans les isolats les plus reculés, des prises de conscience collectives et, en des circonstances exceptionnelles, des explosions de ferveur quasi mystiques [...]. Mais ce sont là des moments rares. L’enthousiasme de l’auditeur, du spectateur, qui ne s’accompagne d’aucune action, est labile. La mobilisation des foules est suivie de brusques passages à vide. L’étreinte des masses par la Mondovision se solde par une rapide usure des émotions10.
4.6.5. L’UNIFORMISATION MERCANTILE Comme on l’a vu avec la convergence, la nouvelle est devenue un bien de consommation au même titre que les légumes, les réfrigérateurs, les automobiles, les articles de maison et tout le reste, mais un bien, ô combien rentable. Les nouvelles s’achètent et se revendent. Que CNN paie trente mille dollars américains11 pour des cassettes sur Al-Qaeda, les nouvelles que cet investissement génère doivent rapporter : en auditeurs, en lecteurs, en téléspectateurs, par un accroissement de la publicité basée sur l’auditoire et en réutilisations diverses. Et comme certaines nouvelles plus que d’autres intéressent le public, tous les médias s’empressent d’en parler de peur de déplaire à leurs clients. « Si l’approche marketing (qui tient compte des motivations du récepteur) donne l’impression à ce dernier de contrôler ce que les médias lui offrent, elle a le désavantage de l’enfermer très rapidement dans un système de démagogie gratifiante dont il n’apprend que ce qu’il croit déjà », déplore Ravault12. Et c’est ainsi que, de l’un à l’autre média, du matin au soir, d’un jour à l’autre, la nouvelle se propage et se répète. En somme, chaque diffuseur d’information est un grand supermarché offrant au public un large éventail de produits d’information qui se veulent populaires, y compris au rayon des nouvelles.
10. 11. 12.
Georges Friedmann, Ces merveilleux instruments, Paris, Éditions Denoël/Gonthier, 1979, p. 119. D’après un article du New York Times cité dans La Presse du 25 août 2002, « Ronrons », p. A 11. René-Jean Ravault, « Exhibitionnisme naïf ou stratégie de communication », Communication, vol. 6, n° 1, Québec, Université Laval, 1984.
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LE DISCOURS DE PRESSE INGRÉDIENTS ET TECHNIQUES
E R T I
C
H
A
P
5 Par-delà le fait, il y a l’apprêt.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Les contenus dits d’information sont des biens de consommation comparables à beaucoup d’autres. Les médias le savent ; ils n’ont pas lésiné sur les études et les analyses pour déterminer les meilleures pratiques et les incontournables recettes destinées à attirer les clients et cultiver leur fidélité. Les unes et les autres font l’objet d’une abondante littérature et se transmettent par l’enseignement spécialisé, généralement universitaire, où tous les aspects techniques du journalisme sont examinés en profondeur. De nombreux traités approfondissent les principes qui soustendent la technique d’écriture de presse et les ingrédients qui façonnent l’information. Dans le présent chapitre, nous en tirons les grandes lignes dans un survol rapide, en tenant compte des deux principaux types de discours médiatiques : l’écrit et l’électronique. Nous compléterons ce survol de la pratique journalistique par quelques extraits inventés, bien sûr, à partir de notre dossier de presse sur Chaperon Rouge.
5.1.
QU’EST-CE QUE LA PRESSE ?
Le mot « presse » tire son origine des débuts de l’imprimerie, d’abord pour désigner une machine à pression utilisée au XVe siècle, puis le nombre de feuilles tirées en un jour (1690), puis l’ensemble des journaux et périodiques (au XXe siècle), puis par métonymie l’ensemble des activités journalistiques1. La presse a parcouru un long chemin entre le lancement de La Gazette de Théophraste Renaudot, premier journal publié en France le 30 mai 16312, et la page sans cesse renouvelée des actualités sur le site Internet de la Société Radio-Canada. Au Canada, en 2002, ce que l’on classe sous la dénomination de « la presse » regroupe quelque 4 500 médias, dont 110 journaux quotidiens, environ 1 000 hebdomadaires régionaux, autant de magazines de tous genres, aux alentours de 850 stations de radio et de télévision, et environ 1 500 sites Internet spécialisés en information. Tous ces types de médias contribuent à disséminer des nouvelles relatant des faits mais également une bonne part de contenus plus partiaux comme des éditoriaux, des chroniques, des entrevues d’actualités, des tribunes téléphoniques, des lettres et des commentaires du public, dont plusieurs proviennent des innombrables sites de discussion sur Internet.
1. 2.
Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, tome 2, nouvelle édition 1993, Paris, Montréal, p. 1623. Georges Jean, L’écriture, mémoire des hommes, Paris, Gallimard, coll. Découvertes, 1987, p. 112.
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Chapitre 5 ❖ Le discours de presse – Ingrédients et techniques
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En dépit de ces multiples avenues médiatiques sur lesquelles se font entendre toutes ces voix cacophoniques, le journaliste demeure malgré tout le premier maillon d’une chaîne de montage qui assemble les faits pour les livrer au public consommateur. Son rôle consiste à chercher quel fait parmi plusieurs deviendra une nouvelle, puis, par la suite, à le narrer efficacement.
5.2.
DE QUOI LA PRESSE NOUS PARLE-T-ELLE ?
La presse rapporte des faits en utilisant certaines techniques du discours. Comme le mentionne Martin-Lagardette « le journaliste est devenu un technicien – ou un artiste – travaillant sur une matière première : les faits. Il les recherche, les trie et les traite pour les rendre assimilables et attrayants3 ». Cette démarche du journaliste s’applique tout aussi bien à la presse généraliste que spécialisée. Un reportage traitant de l’ostéoporose dans une revue scientifique passe à travers un processus de sélection et d’écriture qui s’apparente fortement à celui parcouru dans un journal quotidien, par un texte décrivant l’adoption d’une nouvelle loi. Dans sa recherche des faits, le journaliste suit une recette reconnue contenant un ou plusieurs des ingrédients (certains auteurs utilisent le mot « choix ») suivants : la proximité, la domesticité, l’importance, la célébrité, l’insolite, le conflit, l’intérêt humain et le sexe. Certains médias populaires ne les appliquent qu’aux faits pouvant se classer sous un des quatre « S » : sang, star, sexe et sports. La qualité de ces ingrédients fluctue selon les publics, comme le remarquent Garvey et Rivers : « Notons la singulière contradiction inhérente au choix des informations : le public a beaucoup plus besoin d’informations profitables à longue échéance, mais il préfère nettement s’intéresser à celles qui lui apportent une gratification immédiate4 ».
3. 4.
Jean-Luc Martin-Lagardette, Guide. Informer, convaincre. Les secrets de l’écriture journalistique, Ardèche, Éditions Syros, 1987, p. 15. Daniel E. Garvey et William L. Rivers, L’information radiotélévisée, Bruxelles, DeBoeck-Wesmael s.a., 1987, p. 5.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
5.2.1. DE PROXIMITÉ C’est une règle universelle. Tous les traités de journalisme citent la proximité comme premier ingrédient pour rejoindre le public. Nous sommes tous plus touchés par des événements qui cadrent avec notre environnement que ce soit par la géographie, par la culture, par la langue ou par le champ d’intérêt. C’est souvent ce qui détermine nos préférences dans nos choix de sources d’information. L’amateur de sports adopte le quotidien qui couvre le mieux son principal champ d’intérêt tandis que le cadre aux horaires surchargés choisira le bulletin télévisé de fin de soirée, pour savoir ce qui se passe dans le monde, et le magazine publié par son ordre professionnel, pour maintenir un tant soit peu à jour ses connaissances de son milieu.
5.2.2. DE DOMESTICITÉ Les théoriciens en journalisme ne font pas l’unanimité à propos de la domesticité. Certains l’amalgament avec la proximité, d’autres, tel Larue-Langlois, l’appellent « autoidentification ». La domesticité se définit dans les sujets de nouvelles qui nous « touchent personnellement, toute hausse de prix, toute modification des services publics, toute catastrophe proche [...]5 ». C’est ainsi que les prévisions météorologiques, les pannes dans les services publics, les changements aux horaires d’autobus, les travaux routiers, les ressources communautaires et toutes les tracasseries de la vie courante deviennent l’objet d’importantes couvertures de presse.
5.2.3. D’IMPORTANCE Cela va de soi. Tout le monde s’intéresse aux nouvelles importantes, peu importe où elles surviennent et, surtout, si elles risquent d’avoir un impact sur nous ou sur des personnes auxquelles nous nous intéressons. Une éruption volcanique sur la côte ouest des États-Unis peut signifier une hausse du prix des légumes importés l’hiver prochain, tout comme l’annulation d’un échange culturel ou la remise sine die d’une importante transaction entre un groupe d’affaires connu dans la région et une société étrangère.
5.2.4. DE CÉLÉBRITÉ Cet ingrédient n’a pas besoin de présentation. À lui seul, il fait vivre la plupart des « talk shows », des journaux et des revues « people », et 5.
Jacques Larue-Langlois, Manuel de journalisme radio-télé, Montréal, Éditions SaintMartin, 1989, p. 117.
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Chapitre 5 ❖ Le discours de presse – Ingrédients et techniques
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accourir tous les reporters et leurs unités mobiles par l’attrait qu’il exerce et les ventes qu’il récolte. Que la presse couvre la visite du Pape aux Journées mondiales de la jeunesse de Toronto, rapporte le retour sur scène de Céline Dion à Las Vegas, résume le discours de Bill Clinton sur la mondialisation à Montréal ou qu’elle s’arrête sur la vedette accompagnant un premier ministre à un dîner-bénéfice, la célébrité du sujet ciblé lui assure un flot de lecteurs, d’auditeurs et de téléspectateurs.
5.2.5. D’INSOLITE L’insolite, c’est un ingrédient pour les voyeurs, les curieux, et les amateurs de statistiques. On le rencontre plus particulièrement dans les nouvelles du sport lorsque les athlètes dépassent les records établis. Mais il produit aussi sa large part de nouvelles décrivant tous les accomplissements inusités des espèces humaine, animale ou végétale. Que ce soit la traversée du lac Érié en pédalo ou le record annuel de culture de la plus grosse citrouille, l’insolite et l’événement inhabituel suscitent la curiosité et attirent l’œil et l’oreille.
5.2.6. DE CONFLITS Les événements de nature conflictuelle alimentent la presse tant par leur existence que par leur durée. Le mégaprocès des Hells Angels au Québec constitue un exemple typique. Une super intervention policière en 2000 mène à l’arrestation de dizaines de motards. En prévision du procès qui suivra, le ministère de la Justice fait aménager des locaux appropriés qui seront livrés en 2001. Un premier procès se termine abruptement par le départ du juge à l’été 2002. Quelle en sera la suite ? La presse, comme le public, demeure en attente. Tout comme pour une télésérie dont le dernier épisode du printemps se termine sur un suspense dont on parlera tout l’été. Que réserve l’avenir ?
5.2.7. DE GENS Quel ingrédient est aussi simple et facile à trouver que des personnes sur qui parler ? Les reportages dont le contenu traite des humains sont prisés du public parce qu’ils rejoignent une fibre intime de notre personnalité : l’identification à autrui6. Dans certains cas, cela se compare
6.
Garvey et Rivers citent à ce propos le théoricien Daniel Lerner qui suggère que la race humaine a acquis au fil de son évolution la faculté de s’identifier à autrui (op. cit., p. 8).
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à du commérage de quartier. L’utilisation de personnes comme objets de reportage se traduit en hommages à « une personnalité de la semaine », en chroniques périodiques consacrées à des gens qui se démarquent par leurs accomplissements ou leurs prises de position, en entrevues radiotélévisées à intérêt humain faisant découvrir les activités de personnes méconnues à travers des émissions d’actualité littéraire ou communautaire, des « talk shows », des portraits, des confidences, etc.
5.2.8. DE SEXE De plus en plus présent dans les médias contemporains, le sexe est un ingrédient universel qui a gagné du galon grâce à l’ex-président des États-Unis, Bill Clinton. D’abord considéré comme un sujet délicat à aborder à côté de nouvelles d’intérêt général, il était surtout relié à la vie des stars et des vedettes. L’intérêt pour les histoires de sexe a véritablement été déclenché par la couverture de l’affaire Lewinsky-Clinton aux États-Unis et s’est rapidement propagé à l’ensemble de la planète.
5.3.
COMMENT LA PRESSE APPRÊTE-T-ELLE LA NOUVELLE ?
Les principaux ingrédients reconnus par la presse ont besoin d’être apprêtés correctement pour répondre aux goûts du public et combler de façon satisfaisante sa curiosité. Les faits recueillis par le journaliste sont donc présentés selon des recettes éprouvées. C’est à ce moment que l’aspect technique du discours de presse se précise et que se confirme que « la presse innove une certaine forme d’expression ». Fortement talonnés par les investisseurs publicitaires, les médias bénéficient des résultats de nombreuses recherches destinées à comprendre les choix de leurs publics pour les fidéliser et en recruter de nouveaux. La presse écrite aussi bien qu’audiovisuelle consulte et sonde régulièrement son auditoire pour découvrir ce qui répond à ses attentes7, à sa curiosité, comment son intérêt se manifeste et par quelles techniques conserver son attention. Car une fois attirée, l’attention d’un public doit demeurer soutenue. Là réside la principale caractéristique du discours de presse : intéresser.
7.
Dans une publicité d’août 2002, la station de télévision TQS de Montréal citait à ce propos l’animateur Jean-Luc Mongrain : « Je vous retrouve ce soir dès 17 h parce que vous avez le droit de savoir ! »
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Chapitre 5 ❖ Le discours de presse – Ingrédients et techniques
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Comme le rapporte Leonard, une recherche menée aux ÉtatsUnis dans les années 1980 a permis, grâce à un appareil appelé le Eye Trac, d’observer le mouvement des yeux de lecteurs de journaux quotidiens et de comprendre leurs habitudes de lecture. Le public ne prend pas connaissance, comme les éditeurs l’ont longtemps cru, de la première page en lisant la manchette à droite sur la une. Même si un résumé d’articles et un index apparaissent en première page, sous le pli de la majorité des quotidiens, très peu de lecteurs les regardent en premier. Même une photo couleur n’incitera pas le lecteur à regarder le bas de la une en premier. Les titres et les graphiques sont la porte d’entrée de la une comme ils le seront pour les pages suivantes d’un journal. Le public balaie d’abord la page de droite d’un journal étalé devant soi. Puis il répète le même processus dans la page de gauche. Ces découvertes suggèrent que les lecteurs sont parfois attirés par la qualité de présentation d’une page de nouvelles mais le plus souvent, ils agissent à leur guise. Aucun graphique, aucun titre n’incite le lecteur à commencer sa lecture par une publicité. Le lecteur regarde un peu plus de la moitié des titres d’un journal et décide ensuite de prendre connaissance de la moitié des articles ainsi repérés. Un lecteur fait par la suite un autre choix, ce qui le conduit à ne lire au complet qu’un article sur huit8.
Les éléments qui contribuent à susciter l’intérêt comprennent : le titrage à l’écrit ou l’introduction à la radio-télévision, l’attaque, le corps, le style et le format. Pour paraphraser Martin-Lagardette, une bonne nouvelle est celle qui laisse le lecteur ou l’auditeur sur l’impression qu’il est devenu soudain plus intelligent9. Voici donc un bref survol de ces cinq éléments.
5.3.1. LA TITRAILLE ET L’INTRODUCTION Dans un journal ou un magazine, c’est par le titre que l’œil prend rapidement connaissance des mets qu’on lui propose pour assouvir sa faim de connaissances. Qu’un mot, un thème ou un événement l’incite à lire plus avant, voilà l’objectif du titre. Lire un journal ou un magazine, c’est voyager en tenant le volant. Au fil des pages, les titres guident l’œil dans son parcours, l’incitent à s’arrêter ou à poursuivre sa route ; les photos et les graphiques en ralentissent momentanément la vitesse tandis que la publicité lui ajoute un élément de distraction et, occasionnellement, l’arrête.
8. 9.
Thomas C. Leonard, News for all, New York, Oxford University Press, 1995, extrait en traduction libre, p. 135-136. Martin-Lagardette, op. cit., p. 48.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
À la radio-télévision, le voyageur est assis dans le train et regarde défiler le paysage ou écoute le bruit qui l’entoure. Comme il ne peut tourner la page, il s’évade en pensée de sa captivité ou change de station. Les manchettes du début d’un bulletin ou précédant une pause publicitaire jouent le rôle du titre : attirer l’attention, tout comme les premiers mots d’introduction de chaque nouvelle qui en annoncent le contenu. Quand, dans un journal, le titre suscite l’intérêt, l’attaque, aussi appelé « lead » ou entrée en matière, convainc le lecteur qu’il a bien choisi son sujet.
5.3.2. LE LEAD OU L’ATTAQUE Dans les journaux, l’attaque confirme le choix du lecteur et le retient accroché par le résumé qu’il présente des points importants dont le développement suivra dans le corps de la nouvelle. L’attaque, à l’écrit, répond succinctement aux six questions suivantes : Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Où ? Quand ? Comment ? Dans un ouvrage entièrement consacré à l’art du lead, Char le décrit avec précision et humour : Le lead n’est pas seulement une introduction. Il doit être introduction, développement et conclusion. Ce n’est bien sûr pas toujours facile de tout dire d’un seul trait en quelques mots. Le lead a un rôle de stimulus. Il doit susciter l’intérêt du lecteur. C’est un « hameçon psychologique » annonçant clairement le sujet. C’est là une honnêteté à l’égard du lecteur (ô combien paresseux !) qui peut sur-le-champ renoncer à la lecture (souvent panoramique) si le sujet ne l’intéresse pas. Il faut donc harponner le lecteur dès le départ. Le ferrer gentiment pour qu’il morde à votre histoire et plonge dans votre récit. Tout se joue en quelques secondes10.
L’attaque radio-télévisée est différente. Contrairement au lecteur, l’auditeur d’un bulletin d’information ne peut tourner la page ou passer rapidement à la nouvelle suivante (à moins d’écouter les nouvelles en différé et d’utiliser une zapette). Le danger qui guette, c’est de ne pas savoir susciter son intérêt et de le perdre par la pensée. L’attaque, dans ce cas, sert à capter l’attention et interpelle l’esprit vagabond de l’auditeur-spectateur un peu à la manière d’un début de conversation téléphonique11. L’attaque présente sommairement le sujet (Quoi ?) et répond généralement à deux questions : Où ? et Quand ?
10.
Antoine Char, Comme on fait son lead, on écrit, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 2002, p. 4.
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5.3.3. LE CORPS Dans la suite logique de l’attaque, le corps de la nouvelle est soumis à quelques impératifs de production selon l’importance du sujet traité. Que la nouvelle soit écrite ou radio-télévisée, elle est l’objet de contraintes imposées par l’espace et le temps. À l’imprimé, les rédactions limitent le nombre de caractères ou de mots par article, à cause de la pagination ou, tout simplement, du style adopté par le journal. C’est ainsi que les quotidiens de la chaîne Quebecor publient de courts articles chapeautés par de gros titres. La photographie y joue souvent le rôle d’un article. La Presse Canadienne recommande à ses journalistes de se conformer à une longueur appropriée, facile à acheminer sur ses divers circuits12. À la radio-télévision, la durée constitue un facteur décisif car la priorisation hiérarchique des informations peut, jusqu’à la mise en ondes, signifier la diffusion ou non d’une nouvelle. Dans les deux cas, le corps de la nouvelle sera constitué d’éléments visant à expliciter l’énoncé de l’attaque. Dans la presse écrite, le journaliste développe la nouvelle selon une logique tenant compte de l’importance et de l’intérêt du sujet13. À la radio-télévision, le même ordre s’impose. Larue-Langlois suggère même de dresser la liste des éléments d’une nouvelle et de les classer par ordre d’importance avant d’effectuer le montage chronométré de façon à omettre les moins importants, si l’on manque de temps14. En général, les nouvelles sont composées de phrases courtes, formées de mots simples, comptant au maximum trois syllabes et utilisés avec économie15. Selon Loïc Hervouet, « avec 3 000 mots, on couvre 97 % du vocabulaire usuel16 ».
11. 12. 13. 14. 15.
16.
Garvey et Rivers, op. cit., p. 27. Presse Canadienne, Guide du journaliste, p. 12. Ibid., p.12. Larue-Langlois, op. cit., p. 91. La presse anglophone présente une particularité intéressante au chapitre de l’efficacité et cela se vérifie par la transcription de nouvelles radio-télévisées : pour deux nouvelles de même durée, la nouvelle en langue anglaise compte plus de mots que celle en langue française, les mots y étant plus courts. En pratique, les nouvelles radio-télévisées en langue anglaise sont généralement plus brèves que celles en français. Loïc Hervouet, Écrire pour son lecteur, Lille, École supérieure de journalisme de Lille, 1979, p. 22.
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L’information transmise suppose la narration de faits rapportés avec objectivité, précision et un maximum d’efficacité. Pour accélérer la compréhension d’éléments de nouvelles, les médias utilisent des éléments visuels sous forme de mots clés pour synthétiser les grands moments d’un événement ou de graphiques pour résumer les données statistiques d’une nouvelle (chômage, coût de la vie, budgets, etc.).
5.4.
LE STYLE
Chaque média adopte un style qui lui est propre et lui donne sa couleur. Chaque type de média se conforme à un macrostyle que lui impose le support sur lequel il diffuse. C’est ainsi que la presse quotidienne diffère de la presse régionale par ses choix de contenus et par son approche. La première aborde les nouvelles internationales, nationales, provinciales et générales, et les présente généralement avec plus de distance et de froideur que la seconde. Cette dernière se concentre sur les informations à caractère régional et local. Elle le fait bien souvent dans un cadre plus intime et chaleureux. La radio, tout comme le journal, s’adresse à des individus ; elle les accompagne au cours de leurs déplacements ou tout simplement là où ils se trouvent. Il est rare de recevoir une invitation à partager l’écoute d’une émission de radio mais c’est un geste plus courant au sein d’une famille ou d’un groupe d’amis pour une émission télévisée. Par son approche intimiste et par une plus grande souplesse que l’imprimé et la télévision, la radio s’adapte aux événements et aux personnes. Les nouvelles y seront brèves, là où la musique domine ; plus substantielles, là où l’information y joue un rôle majeur ; et continues, là où elle en a fait sa vocation. Quant à la télévision, elle se divise entre les anciens et les modernes, pourrait-on dire. Chez les anciens, l’information y circule à heures fixes à l’intérieur de paramètres bien précis : le matin, le midi, le soir et en fin de soirée. C’est généralement le présentateur/animateur (anchorman) qui en définit le style. Chez les modernes, les nouvelles y coulent de façon continue avec moult redondances et répétitions. Comme on l’a vu précédemment, on y présente l’événement en direct, pendant qu’il se déroule : visites officielles, discours du Trône, enquêtes, etc.
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Chapitre 5 ❖ Le discours de presse – Ingrédients et techniques
5.5.
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LE FORMAT
Nous ne pouvons terminer cette brève présentation des techniques de l’écriture de presse sans énumérer les formats de présentation de la nouvelle qui servent à définir les types de documents à insérer dans une analyse de presse. On peut classer l’information sous les catégories de formats suivants : la nouvelle et le reportage, l’éditorial, la chronique, les affaires publiques, la tribune téléphonique et le courrier du lecteur. Nous ajoutons en fin de chapitre cinq exemples illustrant notre revue de presse consacrée à la suite de Chaperon Rouge.
5.5.1. LA NOUVELLE ET LE REPORTAGE La nouvelle ou le reportage est la relation écrite ou audio-visuelle d’un événement avec ou sans inclusion d’entrevues et de citations.
5.5.2. L’ÉDITORIAL Le texte à caractère éditorial exprime la ligne de pensée du journal sur la société, les événements, les gouvernements. Dans la presse francophone canadienne, il est signé et anonyme dans sa contrepartie anglophone. La radio et la télévision insèrent occasionnellement des commentaires de type éditorial à travers leurs émissions d’information. Ces documents appartiennent davantage à la catégorie des chroniques ; ils n’expriment pas la pensée du diffuseur mais de leur auteur.
5.5.3. LA CHRONIQUE La chronique est un commentaire personnel et périodique, signé la plupart du temps par un journaliste maison à l’imprimé17 et, dans bien des cas, préparé par un commentateur invité par la station, à la radiotélé. L’auteur est généralement spécialisé dans un domaine particulier : musique, économie, société, politique, humeur, sports, religion, cinéma, média et conseils divers tels le courrier du cœur ou la chronique sur le sexe.
5.5.4. LES AFFAIRES PUBLIQUES Ce type particulier de format se retrouve essentiellement à la radio ou à la télévision. Il consiste en un long reportage, parfois toute une émission,
17.
Aussi appelé « columnist », chez les anglophones, parce que son texte occupe généralement une ou deux colonnes d’un journal.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
consacré à un seul thème. Il se décline de différentes façons. Sous forme d’une longue entrevue avec un seul invité, illustrée ou non d’extraits sonores à la radio ou de courtes séquences vidéos à la télévision. Par un reportage spécial où toute une équipe enquête sur un événement particulier et ramène entrevues, séquences sonores et vidéos, puise dans les archives, assemble le tout en un quasi documentaire dont le sujet colle à l’actualité. Dans le cadre d’une discussion entre invités débattant de l’actualité de l’heure : les élections, une loi, une fusion d’entreprises, une découverte scientifique, etc. Le type « affaires publiques » est applicable aux extraits de la radiotélévision ; on pourrait, dans les journaux et particulièrement les magazines, classer sous cette catégorie les grands reportages. Dans une analyse de presse, ces derniers sont généralement codés sous les nouvelles et reportages, la catégorie « affaires publiques » étant réservée à la radio-télévision.
5.5.5. LA TRIBUNE TÉLÉPHONIQUE Émission généralement diffusée à la radio, la tribune téléphonique donne la parole au public sur un thème (la plupart du temps) d’actualité. L’animateur présente le sujet de discussion, fait appel ou non à un spécialiste, en studio ou au téléphone, et l’invite à exprimer un point de vue ; puis il ouvre les lignes téléphoniques du studio à la population afin d’y recueillir les commentaires de chacun pendant une minute ou deux. L’émission se résume parfois à un vox populi où l’on effectue un décompte des appels favorables ou défavorables sur une question d’actualité telle dans le cas de notre version de Chaperon Rouge : « Êtesvous pour ou contre l’abolition de la loi sur les libérations temporaires ? »
5.5.6. LE COURRIER DU LECTEUR Le courrier du lecteur se présente sous forme de lettre ou de texte d’opinion, signé par un lecteur ou occasionnellement par un groupe.
5.6.
QUELQUES EXEMPLES
Voici cinq exemples illustrant trois des définitions précédentes ; ils ont été créés à partir de la suite de Chaperon Rouge… Nous vous présentons : une nouvelle télévisée comprenant deux reportages et trois entrevues ; une nouvelle provenant d’un quotidien, une lettre tirée du courrier du lecteur et signée par un groupe de pression, et finalement, une chronique et un éditorial. Nous y identifions, dans les deux premières, les trois divisions constituant l’attaque, le corps et la chute.
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Chapitre 5 ❖ Le discours de presse – Ingrédients et techniques
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5.6.1. NOUVELLE TÉLÉVISÉE STATION DOUZE-MOIS
22 h 18
Le méga soir
LECTEUR – Des vies brisées à cause de la violence, il y en a encore beaucoup trop souvent et de tels incidents pourraient parfois être évités, comme nous le rapporte Jean Dilon, en direct de Grande Banlieue.
INTRODUCTION ET ATTAQUE DE LA NOUVELLE
JEAN DILON (Reporter) : C’est par l’arrestation, à 4 heures ce matin, d’un détenu en libération temporaire, que s’est terminée la plus longue prise d’otages dans l’histoire de la Brigade d’urgence de Grande Banlieue. Deux personnes, madame Mère Grand, et sa petite-fille, Chaperon Rouge, ont été retenues prisonnières durant toute la nuit alors que leur geôlier demandait une rançon d’un million de dollars. C’est grâce à la médiation de mon confrère Désiré Laforêt, de la station RICO, qu’a pris fin la crise. La vieille dame est malheureusement décédée avant sa libération et sa dépouille a été transportée au Laboratoire médico-légal pour une autopsie. Quant à la fillette, elle est présentement sous observation à l’Hôpital du Buisson où son état n’inspire aucune crainte. L’auteur du drame, identifié comme M. Loup, a été arrêté et ramené à la prison de Bouleauville. Nous avons appris, cet après-midi, que le Service des libérations temporaires lui avait accordé une permission de 48 heures, et ce, malgré un avis contraire émis par les services psychiatriques de l’institution. Nous avons également découvert que le détenu avait manqué à son engagement de se rapporter aux autorités dans les délais prévus. Tant à la Chefferie de la justice qu’à celle de la sécurité et au Service des libérations temporaires, personne n’a voulu confirmer ces informations.
CORPS DU PREMIER REPORTAGE
PORTE-PAROLE (Chefferie de la sécurité) : C’est un dossier confidentiel. JEAN DILON (Reporter) : Entre-temps, la Chefferie de la justice a entrepris une enquête afin de déterminer les circonstances qui ont mené à la libération temporaire du détenu.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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ALBERT ALBERT (Chef de la justice) : Dans un premier temps, nous avons demandé à la Chefferie de la sécurité, euh, un rapport complet sur cette libération, parce qu’elle gère l’application de la loi, euh, par son Service des libérations temporaires. Nous aviserons, euh, pour la suite. JEAN DILON : Ici Jean Dilon, à Grande Banlieue. LECTEUR : Nous nous transportons maintenant à Ville-Centre où vient de se terminer une manifestation du Comité pour la protection des honnêtes citoyens. Julie Ditout, que se passe-t-il, la Bridage disperse les manifestants ?
DEUXIÈME ATTAQUE
CORPS DU DEUXIÈME REPORTAGE
JULIE DITOUT (Reporter) : Depuis 3 heures cet après-midi, le Comité pour la protection des honnêtes citoyens manifeste devant l’édifice de la Chefferie de la justice ; il réclame l’abolition des libérations temporaires et demande au Chef de la justice de tenir l’engagement qu’il avait pris au cours de la dernière campagne électorale. La Bridage est intervenue quand un petit groupe parmi les 2 à 3 000 manifestants a voulu entrer dans l’édifice. Le président du Comité, Pierre Lancer, dénonce l’inaction du Chef de la justice : PIERRE LANCER (Président du Comité pour la protection des honnêtes citoyens) : Il est temps que le Chef tienne sa parole... c’est sa faute ce qui est arrivé aujourd’hui. C’est pas le premier détenu en libération temporaire qui cause des problèmes. DITOUT : Avez-vous d’autres exemples de cas ? LANCER : On en a rapporté deux autres au bureau du Chef, la semaine dernière. DITOUT : Comme vous en a fait part mon confrère Jean Dilon, une enquête a été demandée par la Chefferie de la justice à celle de la Sécurité pour faire toute la lumière sur ce dossier. Julie Ditout, à Ville-Centre, pour la station Douze-Mois. (30)18
18.
Le symbole (30) est une convention journalistique et typographique indiquant la fin d’une nouvelle.
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Chapitre 5 ❖ Le discours de presse – Ingrédients et techniques
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5.6.2. NOUVELLE DANS UN JOURNAL QUOTIDIEN JOURNAL TOUT DIRE
Page A3
Mort d’une grand-mère TITRE SUR PLUSIEURS COLONNES
Albert n’a pas tenu parole, dit le CPHC, qu’il démissionne
Au cours d’une manifestation réunissant 2 000 citoyens de Ville-Centre devant la Chefferie de la justice, hier, le président du comité, Pierre Lancer, a déclaré que le Chef Albert avait « fait des promesses en l’air qui lui retombent sur le nez et [qu’]il devrait démissionner, s’il ne veut pas prendre ses responsabilités ». Depuis plus d’un an, le comité réclame l’abolition des libérations temporaires instituées par l’ancien gouvernement du Parti pour la liberté. Après avoir recueilli 8 000 signatures et obtenu du Parti des citoyens une promesse de s’occuper de ce dossier en priorité, le CPHC avait incité ses membres à appuyer les candidats du PC.
La manifestation d’hier après-midi avait été organisée à quelques heures d’avis, pour augmenter la pression sur la Chefferie et le gouvernement. Un petit groupe parmi les manifestants a tenté de pénétrer dans l’édifice de la Justice mais l’intervention de la Brigade d’urgence a rapidement dispersé la foule au début de la soirée. Un peu plus tôt au cours de la journée, le chef Albert avait confirmé avoir demandé à la Chefferie de la sécurité une enquête sur la libération temporaire du triste individu qui a pris en otage madame Mère Grand et sa petite-fille Chaperon Rouge durant la nuit de mardi à mercredi. La grandmère est décédée avant sa libération et les circonstances de sa mort ne sont pas encore connues. Selon un premier intervenant, elle aurait été victime d’une crise cardiaque. La jeune Rouge, pour sa part, est toujours sous observation à l’hôpital du Buisson. Sa vie n’est pas en danger.
ATTAQUE
Selon le Comité pour la protection des honnêtes citoyens, le Chef de la justice Albert Albert serait responsable de la mort d’une grand-mère parce qu’il n’a pas tenu sa promesse d’abolir les libérations temporaires, comme il s’y était engagé lors de la campagne électorale.
CORPS DE L’ARTICLE
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Le détenu n’a pas tenu sa promesse
CHUTE
On se souvient que Mme Grand et sa petite-fille ont été détenues en otage pendant plus de dix heures par un individu en libération temporaire. Méchant Loup est présentement incarcéré à la prison de Bouleauville. Il était en liberté temporaire pour un congé de 48 heures. Selon la station Douze-Mois, il aurait manqué à sa promesse de se rapporter dans les délais prévus. Le congé lui aurait été accordé malgré une note défavorable des services psychiatriques de l’institution.
Selon Pierre Lancer, président du Comité, cet incident serait le troisième en autant de semaines mettant en cause des individus en libération temporaire ; le CPHC aurait, en effet, rapporté à la Chefferie deux autres événements violents reliés à des pensionnaires libérés pour un ou deux jours du centre de détention de Bouleauville. Le Chef Albert Albert n’a pu être joint avant l’heure de tombée pour répondre aux accusations du CPHC. (30)
5.6.3. COURRIER DU LECTEUR JOURNAL TOUT DIRE
Page 23
Lettre à Albert Albert La Chefferie de la justice se demande comment améliorer le sort des citoyens et commande étude sur étude et rapport sur rapport. Cela a assez duré. Nous sommes 8 000 personnes, pères et mères de familles, étudiants, entrepreneurs, chômeurs, travailleurs, jeunes et vieux, à avoir signé la pétition demandant l’abolition des libérations temporaires.
Hier une grand-mère est décédée et une petite fille restera traumatisée toute sa vie par un incident déplorable qui aurait pu être évité. Qu’attendez-vous pour agir ? Angéla Durand Membre du conseil du CPHC (30)
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Chapitre 5 ❖ Le discours de presse – Ingrédients et techniques
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5.6.4. CHRONIQUE JOURNAL L’AUJOURD’HUI
Page B3
La colonne de Lamy
Photo de Paul Lamy
La ligne était-elle occupée? La Brigade d’urgence a mis 75 minutes à se rendre à la maison de madame Mère Grand, après deux appels au secours de la petite Chaperon Rouge au 9-1-1, mardi soir. C’est inacceptable. Dans une déclaration à mon confrère Roger Lavallée, le directeur de la Bridage a expliqué le processus de triage des appels au 9-1-1. Il a aussi admis que la personne qui était préposée aux urgences dans la nuit de mardi à mercredi était débordée par le nombre d’appels. C’est inacceptable. On se croirait à la campagne, avec le téléphone rural et la standardiste de 1940 ! Tant qu’à faire, pourquoi pas un répondeur automatisé ? Dans le cas d’un accident
d’auto, appuyez sur le 2, si vous êtes victime d’un viol, faites le 3, pour les braquages de banque, faites le 4, et ainsi de suite. Le petite fille chuchotait. Le préposé n’a rien compris au premier appel. Avec tous les moyens techniques dont disposent les services de sécurité publique, il est inacceptable que notre Brigade d’urgence ne soit pas mieux équipée et ne dispose pas de personnel suffisant pour faire face aux urgences, comme ce fut le cas, mardi dernier. Si on a une Bridage pour les urgences, il est urgent qu’elle soit équipée convenablement et qu’elle dispose du personnel adéquat. Autrement qu’elle change de nom et de mission.
(30)
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5.4.5. ÉDITORIAL LE DROIT CHEMIN
Page éditoriale 6
La modération a meilleur goût Depuis bientôt douze ans, la tolérance et l’ouverture d’esprit dont a fait preuve la population de notre région a permis la réintégration d’un millier de citoyens dans notre société grâce à la pratique des libérations temporaires. Tous connaissent le plus visible d’entre eux, M. Laurier Défi, conférencier émérite et valeureux médecin, qui n’hésite pas à partager publiquement son expérience à cet égard. Avons-nous les moyens de nous priver de tous les Laurier Défi à qui la Loi des libérations temporaires a permis de se reprendre en mains au fil des ans : ces pères qui ont retrouvé leur famille, ces adolescents qui sont retournés aux études, ces éclopés de la vie qui, avec un peu de soutien, ont pu réintégrer la société et s’y rendre utiles ? Le problème se situe davantage au niveau de la gestion quotidienne des permissions de sortie par des employés insatisfaits de leurs conditions de travail et par une réglementation beaucoup trop laxiste. D’une part, les employés se plaignent du manque d’effectifs pour assurer un suivi adéquat de tous les dossiers et
réagir rapidement dans des situations délicates. D’autre part, le flou artistique qui entoure les conditions et la durée des permissions de sortie n’a rien de rassurant. En fait, si le détenu a purgé le tiers de sa peine, il peut obtenir la permission de sortir une fois par mois, sur simple autorisation du chef d’équipe en poste à l’heure où il dépose sa demande par écrit. Tant que les chefs d’équipe étaient appuyés par les employés, ils pouvaient se permettre de refuser ou de retarder une autorisation de sortie. Or depuis six mois, le personnel de soutien refuse de s’impliquer auprès des chefs d’équipe et des détenus, remet des rapports incomplets sur la conduite des détenus et jette le blâme sur la direction qui n’aurait pas comblé les postes vacants. L’enquête demandée par la Chefferie de la justice à celle de la sécurité nous apparaît logique dans les circonstances, et ce, en dépit de la campagne de protestation menée tambour battant par le Comité pour la protection des honnêtes citoyens. Frank Loyal
(30)
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E R T I H
A
P
6 LA MESURE DU DISCOURS DE PRESSE
C
L’UNITÉ D’INFORMATION
Par-delà le récit, il y a le sens.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
La mesure du discours de presse que nous avons choisie repose sur l’unité d’information, une unité de mesure par laquelle il devient possible de diviser le contenu des nouvelles en ce qui a trait au sens et aux idées, pour ensuite les classer et les compter et, subséquemment, procéder à leur évaluation objective. Cette unité s’apparente au concept narratif du journaliste et du reporter. L’unité d’information, définie comme « unité signifiante » en 1960-1961, a été dévoilée dans un premier essai publié par Naville-Morin en 19611 et officialisée par sa thèse de doctorat en sociologie en 19652. Elle lui a ensuite consacré un ouvrage en 19693, y expliquant la philosophie d’application de son concept et y définissant un calcul indiciel visant à qualifier statistiquement les informations transmises par les médias.
6.1.
DE LA RÉSISTANCE À L’ANALYSE DE PRESSE
C’est dans le cheminement personnel de la chercheuse et de son appartenance au Réseau Charette des Forces résistantes françaises, en 1943-1944, qu’il faut retracer l’origine de son intérêt pour l’écriture de presse et l’acharnement dont elle a fait preuve pour comprendre et mettre en évidence les « surplus de signification contenus dans les nouvelles4 ». Elle l’explique d’ailleurs clairement en introduction de son étude de 1969 : « une analyse de contenu qui ne vise pas, dans la presse, l’événement transmis mais la manière de le transmettre ». L’importance qu’ont pu prendre dans sa vie quotidienne de résistante les messages transmis par la radio5 et la presse écrite durant la guerre 1939-1945 a guidé ses pas de philosophe et de sociologue dans sa quête d’une plus-value signifiante des informations que véhiculaient les médias, de leur orientation et de leur engagement.
1.
2.
3. 4. 5.
Violette (Naville dit) Morin, « Le voyage de Khroutchev en France : essai d’une méthode d’analyse de presse », Communications 1, EHESS, Paris, Éditions du Seuil, 1961, p. 81 à 107. La thèse de doctorat de troisième cycle qu’a présentée Violette Nahoum-Morin sur le même sujet avait comme directeur Georges Friedmann et comme membres du jury MM. Barthes et Girard, source : Annuaire EHESS – 1965-1966, p. 348. Violette (Naville dit) Morin, L’écriture de presse, Paris, Mouton, 1969. Cf. Lettres de V. Naville-Morin, février 2002 et correspondance du Service historique de l’Armée de terre, mars 2002, dans l’Appendice A. René Lévesque, ancien premier ministre du Québec, a expliqué dans une série diffusée par la société Radio-Canada, son rôle comme correspondant de guerre. À cette époque, à partir de l’Angleterre, il préparait quotidiennement des bulletins d’information destinés à la France. Lévesque y précise que le contenu de chaque nouvelle était révisé et élagué par les autorités militaires pour éviter de fournir des renseignements stratégiques à l’ennemi. Il est plus que probable que Violette Chapellaubeau, agent P1 et P2 dans la Résistance entre mai 1943 et septembre 1944, a écouté quelques bulletins préparés par René Lévesque.
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Chapitre 6 ❖ La mesure du discours de presse – L’unité d’information
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La mise au point d’un modèle de découpage du discours de presse répond à une interrogation de la chercheuse : « Peut-on lire, comprendre et étudier cette écriture [de presse] comme une écriture ordinaire ? Ne peut-on pas la considérer comme capable de transmettre des significations supplémentaires, voire différentes de celles que transmettent les écritures ordinaires6 » ? L’application de ce mode d’analyse à la couverture télévisée du Référendum québécois de 1980, puis à celle des Élections provinciales de 19817, et subséquemment à plusieurs centaines de dossiers de presse, nous a convaincue de toute la richesse que recelait la méthode, adaptée aux besoins des communicateurs, dans un cadre objectif d’exécution. Au fil des analyses et des ans, d’un dossier de presse à l’autre, en collaboration avec les chercheurs qui nous ont entourée, nous l’avons enrichie de nouveaux éléments pour faciliter la segmentation et le décodage des unités, la compréhension du texte, le traitement des données et l’analyse des résultats selon les besoins spécifiques de chaque mandat. L’un de nos chercheurs, le socio-pédagogue Jean-Guy Primeau, a mis au point un certain nombre de techniques visant à simplifier l’exécution de tout le processus. Il a aussi, par la pratique continue de la méthode et l’observation des résultats de plusieurs centaines d’analyses entre 1988 et 1997, formulé des constats à propos de la presse d’ici. D’une couverture de presse à l’autre, tous ceux qui ont maîtrisé la méthode en ont apprécié la finesse et ont constaté avec quelle justesse son application rigoureuse révèle le surplus d’information que recèle tout dossier de presse.
6.2.
ORIGINE DE L’UNITÉ D’INFORMATION
S’inspirant des recherches antérieures consacrées au découpage de contenu, réalisées aux États-Unis par Lasswell (1949)8, Berelson (1952),
6. 7. 8.
Étudiante en dernière année de philosophie à l’Université de Toulouse, Violette Chappellaubeau s’opposa au limogeage des professeurs d’université décrété sous l’Occupation. C’est au cours d’une manifestation étudiante qu’elle rencontra son futur mari Edgar Nahoum dit Morin. Elle cacha l’étudiant Nahoum et son professeur de philosophie, Georges Friedmann, chez ses parents Marie et Joseph Chapellaubeau, à Hautefort, en Dordogne. À la fin de la guerre, elle monta une exposition internationale sur les atrocités de la guerre, sous l’égide du ministère de l’Information et de la Propagande du gouvernement français. Morin, op. cit., 1969, Introduction. Cf. Annexes 1 et 2. Le travail de recherche effectué par Lasswell et son équipe à l’Université de Chicago était commandité par le « War Communications Research Project at the Library of Congress ».
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Osgood (1957) et Ithiel de Sola Pool (1959), Naville-Morin a appliqué à la presse écrite le concept décrit dans L’analyse structurale du récit (Barthes, 1966), développé et testé au sein du groupe de chercheurs de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, auquel elle appartenait. Le travail de déblayage effectué par ce groupe s’insère dans un mouvement que les spécialistes d’analyse du discours ont depuis qualifié de « tendances françaises9 ». En 1959-1960, un groupe de recherche se constitua autour de Violette Nahoum-Morin, Edgar Morin, Roland Barthes et Georges Friedman, directeur d’études à l’EHESS. Fort actif, le groupe créa le Centre d’études des communications de masse (CECMAS). La sociologue y occupa le poste de secrétaire générale et chef de travaux pendant de nombreuses années. En 1961, le groupe lança la revue Communications dans le but de publier les travaux et les réflexions des chercheurs du CECMAS. On y trouvait des exposés de spécialistes du monde entier10 dont certains sont devenus très célèbres11. La revue a rapidement connu une grande notoriété et ses chercheurs ont présenté les résultats de leurs travaux partout dans le monde comme en font foi les « Rapports d’activités du CETSAS, appelé aussi le CET (Centre d’études transdisciplinaires) » publiés périodiquement dans les 37 numéros de la revue Communications entre 1961 et 1984. Au cours de la décennie 1960, les chercheurs du Centre d’études ont effectué avec leurs étudiants d’innombrables travaux pratiques et publié des études très variées traitant de la structure de divers types de récits, définissant chaque fois avec plus de précision l’unité de contenu et sa segmentation. Dès 1964, Roland Barthes, s’inspirant du linguiste Saussure, considéré comme le père de la sémiologie (1910), écrira que: « les unités qui ont entre elles quelque chose de commun s’associent dans la mémoire et forment ainsi des groupes où règnent des rapports divers12 ».
6.3.
SURVOL DE RECHERCHES ANTÉRIEURES
À compter des années 1930, plusieurs chercheurs américains ont élaboré des méthodes variées d’analyse de contenu de l’information à caractère politique. L’une de ces équipes regroupait, sous la direction
9. 10. 11. 12.
Patrick Charaudeau et Dominique Mainguenau, Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, Éditions du Seuil, 2002, p. 44, p. 201-202. Communications 4, EHESS,CETSAS, Paris, Éditions du Seuil, 1964, couverture arrière. Umberto Eco compte parmi les premiers collaborateurs. Roland Barthes, « Éléments de sémiologie », Communications 4, EHESS, CETSAS, Paris, Éditions du Seuil, 1964, p. 115.
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Chapitre 6 ❖ La mesure du discours de presse – L’unité d’information
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de Harold D. Lasswell, des chercheurs dont le mandat émanait de la Bibliothèque du Congrès, dans le cadre d’un projet relié aux communications de guerre. Ces pionniers de l’analyse ont d’abord travaillé avec quatre unités de découpage de textes associées à des symboles (ce qu’on appellerait des mots clés) dont ils ont fait l’essai : la phrase, le groupe de trois phrases, le paragraphe et l’article complet. La comparaison des résultats provenant de la classification du contenu selon ces quatre types d’unités de mesure se révéla particulièrement instructive pour retracer, dans la presse, dans les discours politiques et dans divers autres types de communications écrites, le vocabulaire de propagande et la terminologie politique. Elle démontra aussi que plus l’unité de mesure était petite, plus les résultats recherchés étaient précis13. À la suite des travaux de Lasswell paraîtront plusieurs autres essais méthodologiques, tels ceux de Berelson et Janowitz (1950), Guirand (1954), Osgood, Suci et Tannenbaum (1957), Merton (1959), Sola-Pool (1959) et Kayser (1963), utilisant une infinie variété de découpages et de classifications (mots, phrases, paragraphes, unitésthèmes, taille des mots, valeur des mots) dont Naville-Morin dresse l’inventaire et résume l’essence14. Tous les chercheurs du CECMAS étaient familiarisés avec les études américaines et partageaient leurs connaissances sur le sujet au cours de séminaires tenus chaque année, entre novembre et mars, à l’EHESS. Inspirée par ces prédécesseurs d’outre-Atlantique, la sociologue s’en éloigne tout au long de ses travaux d’analyse de la couverture de presse traitant du « Voyage de Khrouchtchev en France » en utilisant une mesure qu’avait à peine osé effleurer Berelson, l’unité de sens telle que définie au sein de la cellule française de recherche, une méthode d’analyse de discours qui la distingue de l’École américaine. Barthes notera d’ailleurs la spécificité culturelle de l’exercice appliqué à l’analyse de texte, soulignant que c’est là [...] un exercice très engagé dans un certain type de culture, et par suite de pédagogie, héritée, en gros, des Jésuites. On verra une preuve de spécificité culturelle, et l’on pourrait presque dire nationale, tant l’exercice est français, dans la rétivité des étudiants étrangers à se conformer à l’esprit de l’exercice, qu’ils accusent souvent de tuer le texte sous un excès de « dissection »15. 13. 14. 15.
Harold D. Lasswell, Nathan Lietes et al., Language of Politics, Cambridge, The M.I.T. Press, Georges W. Stewart, Publisher, Inc., 1949, p. 113-126. Morin, op. cit., 1969, notes, p. 21-27. Roland Barthes, « Œuvre de masse et explication de texte », Communications 1, EHESS, CETSAS, Paris, Éditions du Seuil, 1961, p. 170.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Bien que très riches par la quantité de découvertes qu’elles ont engendrées, les analyses réalisées par les chercheurs américains utilisaient des modes de mesure et de découpage qui n’allaient pas sans leur lot de difficulté au moment de l’application pratique. Par exemple, l’unanimité ne se faisait pas toujours lors de la sélection des symboles ou des mots clés. En cours de projet, la césure entre les unités de contenu et l’attribution d’un symbole identifiant chaque découpage pouvaient varier et parfois même se contredire, selon les interprétations des analystes. Et c’est, sans contredit, l’incertitude quant à la constance des codifications pendant la lecture des documents et la comparabilité des résultats entre des analyses utilisant diverses unités de mesure qui ont suscité la recherche d’autres méthodes de travail. En fait, une question se posait : symboles, mots, longueur des mots, valeur des mots, mots clés, unités-thèmes, poids de l’unité étaient-ils vraiment compris de la même façon par tous les analystes16, et ce, tout au long d’une même analyse. Et comment comparer ces analyses utilisant des unités de mesure si peu semblables ? Enfin, trop peu de ces analyses avaient été réalisées dans des contextes de nature générale. Les résultats de la plupart des travaux menés au cours de cette période semblaient répondre davantage aux besoins exprimés par les spécialistes de la propagande et les stratèges politiques qu’à une utilisation universelle dans un cadre apolitique.
6.4.
L’UNITÉ DE SENS
De leur côté, les chercheurs de l’EHESS utilisaient une mesure commune pour supporter les travaux que chacun menait dans l’analyse de différents types de récit : l’unité de sens17. En 1966, Barthes définit ainsi ce qui détermine l’unité : tout système étant la combinaison d’unités dont les classes sont connues, il faut d’abord découper le récit et déterminer les segments du discours narratif que l’on puisse distribuer dans un
16. 17.
Lasswell, op. cit., p. 74-75. Le découpage par unités de sens fut appliqué par les chercheurs de l’EHESS à divers types de récits : le récit mythique, le roman, la presse, le discours, la photographie, l’histoire drôle, le film, la caricature, etc. Naville-Morin se spécialisa dans la recherche appliquée aux communications de masse qu’elle enseigna à Paris, et propagea ailleurs en participant à des colloques et congrès un peu partout en France, en Italie, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Belgique, dans les pays nordiques, ainsi qu’au Canada (Université de Montréal – 1967), aux ÉtatsUnis et au Chili. Certains de ses élèves et émules poursuivirent ses recherches et en publièrent les résultats, notamment Hans Hörling, « L’Allemagne dans la presse française », L’Écho de la presse et de la publicité, octobre 1978, p. 14-23.
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Chapitre 6 ❖ La mesure du discours de presse – L’unité d’information
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petit nombre de classes ; en un mot il faut définir les plus petites unités narratives [...], il faut que le sens soit d’abord le critère de l’unité18.
Contrairement à l’unité de contenu linguistique qui établit ce que veut dire un énoncé mais exclut la façon dont cela est dit, l’unité de contenu du récit englobe les deux. Donc l’unité narrative diffère de l’unité linguistique par la définition de ce qu’elle représente. Elle s’en distingue également par son contenu qui peut comprendre quelques mots, quelques phrases ou même de grands pans d’un récit. Enfin, la classification des unités de sens est évolutive et constitue un autre critère déterminant pour en définir la segmentation, puisqu’elle suppose leur découpage fonctionnel et circonstanciel. Chaque unité de sens est isolée selon des paramètres très précis qui correspondent au type de récit analysé.
6.5.
DÉFINITION DE L’UNITÉ D’INFORMATION (UI)
C’est donc dans la continuité des expériences américaines et en utilisant un étalon de mesure plus satisfaisant au point de vue méthodologique que la chercheuse entreprend un premier essai de découpage par « unités de signification » sur la couverture de presse traitant de la naissance du prince Andrew en février 196019. Nous ne nous faisons pas d’illusions sur la simplicité de ce codage... il est bien évident qu’il y a toujours en analyse de contenu un jugement à formuler au départ, même si ce jugement est réduit à sa fonction la plus élémentaire, et s’il n’engage pas fondamentalement le texte. Nous nous sommes justifié chaque choix d’UI en fonction d’une simplification maxima et d’une utilisation maxima20.
6.6.
LES IDÉES ÉMISES ET LEUR RÉMANENCE
À la même époque, le groupe de chercheurs français oriente ses études sur les médias et produit plusieurs rapports pour l’UNESCO en collaboration avec le Centre de national de la recherche scientifique de France. Il s’intéresse à la télévision, à la culture, au rôle des médias dans l’épanouissement culturel en France et dans plusieurs autres pays.
18. 19. 20.
Roland Barthes, « Introduction à l’analyse structurale du récit », Communications 8, Paris, EHESS, CETSAS, Éditions du Seuil, 1966, p. 6-7. Troisième enfant d’Élizabeth II et du duc d’Édimbourg, d’Angleterre, né le 19 février 1960. Morin, op. cit., 1961, p. 87.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Nourrie par l’effervescent apport de nouvelles données provenant de ces recherches consacrées aux médias, Naville-Morin établit un parallèle entre le mode de découpage de l’unité d’information et le mode de sélection des informations par l’informé : L’unité d’information s’adapte au mode de lecture [...]. Les nouvelles, réduites spatialement à un minimum de mots (puisque dans une surface donnée il faut en caser le plus possible), finissent notamment à la une, par former, répétons-le, une sorte d’écran sur lequel l’œil du lecteur ne peut que glisser de bout en bout : chaque nouvelle est trop visible pour ne pas l’attirer et trop brève pour le retenir. Sur cette pente, le lecteur cumule les nouvelles avant de les sélectionner et les simplifie avant de les concrétiser. C’est cette simplification initiale que l’unité d’information, dépouillée de ses prédicats, tente de retrouver21.
Son compatriote Voyenne ne vient-il pas tout juste d’écrire que la presse, cet instrument essentiel, a changé le monde en « établissant, par-dessus les frontières et les océans, le réseau d’une conversation ininterrompue et indéfinie [qui] fait connaître à chacun ce qu’il désire ou doit savoir, et beaucoup plus encore22 ». Ce défi d’en découvrir beaucoup plus encore conduit la chercheuse à associer la mesure du contenu de presse à sa réception. L’analyse a respecté les modes de lecture imposés par le système de transmission lui-même. Tout journal invite le lecteur à fragmenter sa lecture en nouvelles « indépendantes », au gré des déplacements de l’œil. Voulant rester au plus près de ce mode de parcours, nous avons installé en nous un lecteur « innocent » et l’avons chargé de fragmenter l’information recueillie en unités « indépendantes » que nous avons appelées des unités d’information23.
Cette analogie entre les modes de lecture et de découpage de l’information nous amène à en observer une autre, dont nous avons traité précédemment. Le découpage des unités d’information se rapproche du mode d’écriture du journaliste qui rapporte, sous forme de récit, un certain nombre d’idées qu’il a retenues à propos de faits et d’événements auxquels il s’intéresse et qu’il choisit de livrer à son auditoire. L’ensemble des idées circulant au sein d’une population journalistique et diffusé par les médias recèle une information supplémentaire qu’un décryptage méthodique traduit et clarifie. Nous verrons comment dans les prochains chapitres.
21. 22. 23.
Morin, op. cit., 1969, p. 27. Bernard Voyenne, La presse dans la société contemporaine, Paris, Librairie Armand Colin, coll. U, 1962, p. 6. Morin, op. cit., 1969, p. 10.
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L’UNITÉ D’INFORMATION DÉCOUPAGE ET CLASSIFICATION
E R T I
C
H
A
P
7 Par-delà les apparences, il y a la réalité
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Dans tout document de presse, qu’il soit écrit, lu, dit, récité, cité ou dialogué, l’unité d’information correspond à une idée provenant d’une source quelconque, mise en forme et acheminée par un média et comprise par des membres de son auditoire. L’ensemble des unités d’information constitue un magma informel dans lequel nous baignons tous. Isolément, la compréhension de chacune des idées extraites des nouvelles peut varier selon l’acteur, le transmetteur ou le récepteur. Le travail d’analyse consiste à décoder objectivement le récit médiatisé en utilisant un étalon de mesure constant. Voilà un élément essentiel dans une analyse de presse. L’unité d’information est donc constituée d’un contenu informatif circonscrit à l’intérieur d’une nouvelle, peu importe qu’il se répète ou qu’il change. Elle relève à la fois de la logique et de la linguistique (Morin, 1969). Au chapitre de la logique, elle incarne le niveau le plus général de compréhension d’une idée, ce qui correspond à la réalité concrétisée chez le lecteur ou l’auditeur. Au chapitre de la sémantique, elle peut comporter quelques mots, une phrase complète et parfois même quelques phrases ou paragraphes se rattachant à une même idée, et sans y ajouter de nouvel élément informatif quant à sa classification, précisonsnous. L’unité « est donc extraite de l’écriture pour désigner les éléments persistants d’une information à l’autre et objectiver le dénombrement de ce qui se répète à travers ce qui change1 », se conformant ainsi au processus de sélection et de simplification auquel se livre l’auditoire.
7.1.
COMMENT DÉTERMINER LES UNITÉS ?
Afin de bien définir le processus de décodage des informations en unités de sens, trois étapes préparatoires précèdent toute démarche d’analyse : l’identification des sujets à retracer, leur définition et leur catégorisation. Chacune de ces étapes précise et établit les règles strictes d’encadrement du découpage des unités. L’évaluation subséquente de ces dernières fera l’objet d’un chapitre distinct. La démarche de préparation est indispensable pour situer correctement le processus d’analyse, uniformiser le découpage des contenus d’un corpus, assurer la fiabilité des résultats et en faciliter l’analyse. Comme l’explique Lasswell, « les procédures d’analyse doivent être identiques et claires pour tous les analystes2 » afin que ne subsiste aucun doute quant à la validité des résultats. 1. 2.
Violette (Naville dit) Morin, L’écriture de presse, Paris, Mouton, 1969, p. 31. Harold D. Lasswell, Nathan Lietes et al., Language of Politics, Cambridge, The M.I.T. Press, Georges W. Stewart, Publisher, Inc., 1949, p. 75.
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Chapitre 7 ❖ L’unité d’information – Découpage et classification
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Dans un cadre clairement défini, le travail de chaque codeur consiste d’abord à relever chacun des prédicats d’une nouvelle puis à l’apparier à un des sujets choisis. Au fur et à mesure qu’il prend connaissance du contenu d’une nouvelle, il l’interroge : de quoi me parle-t-elle ici, que m’apprend-elle maintenant à propos de ce sujet, où dois-je classer cette information, et que vaut-elle ? Chaque nouveau prédicat fera donc naître une nouvelle unité correspondant à un des sujets choisis, lui assurant un bulletin de présence et augmentant ainsi sa fréquence d’apparition. Avec logique et méthode, l’analyste déterminera, en isolant l’unité, le sujet dont elle traite, la catégorie à laquelle elle appartient et la taille de son contenu. L’évaluation suivra.
7.2.
RÈGLES DE SEGMENTATION DES UNITÉS D’INFORMATION
Trois éléments contribuent à définir les règles de découpage d’un texte de nouvelle en unités d’information (UI) : l’identification des idées à retracer, leur définition précise et la sélection des catégories de classification du contenu. Chacun de ces éléments fait obligatoirement l’objet d’une étape préalable à tout travail d’analyse, que ce soit lors de la préparation d’un devis pour un client ou simplement pour se doter d’une méthode rigoureuse de travail. Le processus de segmentation et de mesure du contenu de l’unité d’information se précise donc à partir des trois étapes préparatoires présentées au tableau 7.1.
7.3.
PREMIÈRE ÉTAPE : ÉNUMÉRER LES SUJETS
La première étape préparatoire consiste donc à choisir les sujets relatifs au thème central d’une analyse et en fonction des résultats recherchés. Une fois identifiés, ces sujets orienteront la première phase de découpage du contenu. Pour retracer les unités d’information contenues dans les nouvelles (ou dans tout type de récit), il faut dénombrer les idées qu’elles recèlent. Pour repérer ces idées de façon systématique, il faut les associer aux sujets choisis en fonction d’un objectif général de segmentation et d’évaluation. La sélection des sujets répondra donc à la question suivante : que cherche-t-on à savoir précisément à propos d’une couverture de presse ? En général, le thème central d’un projet d’analyse ou d’une couverture de presse se détaille à travers des sous-thèmes ou des sujets
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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TABLEAU 7.1 Préparation au découpage du contenu Étape 1
Étape 2
Étape 3
Objet
Énumération des idées Définition de l’aire de à retracer en relation signification de chaque avec le thème central. sujet. Regroupement des idées par sujet.
Sélection des catégories de classification des unités selon les besoins de la recherche.
Action
Déterminer les sujets. Définir chaque sujet.
Détailler la classification.
Question de l’analyste
De quoi parle-t-on ?
L’idée énoncée correspond-elle vraiment au sujet ?
Qui ? Où ? Quand ? Dans quel dossier ? Quel média ? Quel journaliste ? Quel porte-parole cité ? Quel type de média ? Etc.
Règles à observer
Garder chaque sujet à son niveau de compréhension le plus général. Viser au maximum 10 sujets.
Définir clairement ce que signifie et ce qui compose chaque sujet.
Établir suffisamment de catégories utiles à l’analyse des résultats. Définir des catégories simples à comprendre.
Effet
Faciliter le repérage des idées.
Assurer une classifica- Guider le découpage tion homogène des de chaque unité, en idées par sujet. préciser le contenu et la taille.
Astuces
L’inclassable a besoin Dans certains cas, la d’un sujet . classification de l’unité aide à en déterminer le sujet.
Trop de catégories ralentit le décodage. La catégorie facilite le décodage des sujets. Isoler un élément majeur dans sa catégorie fait gagner du temps.
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Chapitre 7 ❖ L’unité d’information – Découpage et classification
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(certains les appelleront des enjeux) qui établissent les premiers paramètres du décodage. Chaque sujet est déterminé dans un sens général, de façon simple et claire, utilisant un ou deux mots qui serviront de dénominateur commun pour y rattacher toutes les idées qui lui seront associées.
Règle 1 Chaque sujet à retracer dans une couverture de presse sera identifié à son niveau de compréhension le plus général pour assurer un décodage uniforme. En général, tout au plus dix sujets suffisent à regrouper l’ensemble des idées transmises dans une couverture de presse. Il vaut mieux prévoir un sujet « divers » ou « autre » pour éviter de perdre certaines informations inclassables mais utiles.
Nous verrons plus loin comment la sélection des catégories de classification raffinera la compréhension de chacun de ces sujets.
7.4.
LES SUJETS : UNE PARENTÉ D’IDÉES
L’acteur principal d’une couverture de presse est généralement l’objet d’une analyse, et les sujets qui le concernent serviront à la fois à mesurer et à classifier des unités de contenu ; ces dernières correspondent aussi bien à ce que sait l’informateur qu’à ce qu’apprend l’informé. À ce propos, Naville-Morin précise que « l’indice de fréquence dont chaque unité est dotée (lors du décodage) et qui servira de point de départ à toutes les analyses, ne porte pas sur « ce » qui a été écrit par l’émetteur-journaliste, ou « lu » par le récepteur-lecteur, mais sur le sujet de ce qui a été écrit et lu, quels que soient les modes prédicatifs d’écriture et de lecture3 ». Lorsque le nouvelliste prépare un topo, il dispose d’un certain nombre d’informations qu’il doit livrer à son auditoire à propos de la nouvelle qu’il « couvre ». En principe, son travail consiste à rendre public le maximum d’informations qu’il connaît soit en écrivant un article, en préparant un reportage ou une entrevue pour diffusion, ou en commentant un événement. Bien que la présentation physique d’une nouvelle et son mode de livraison varient d’un type de média à l’autre, les informations transmises par plusieurs médias ont de nombreux points communs au chapitre des idées qu’elles contiennent. Sachant que le format d’écriture d’une nouvelle diffère selon le média qui la diffuse, que ce soit un reportage télévisé, un topo 3.
Morin, op. cit., 1969, p. 31.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
radiodiffusé, un article de journal, une dépêche d’agence de presse ou un dossier sur Internet, le journaliste transmet tout de même des idées, en fait tout ce qu’il sait d’une nouvelle, utilisant des mots et des phrases selon des principes propres au média pour lequel il travaille. D’un média à l’autre, d’un journaliste à l’autre, les idées ainsi émises dans chaque nouvelle se rattachent à un commun dénominateur : l’unité d’information. Pour sa part, l’informé qui lit, regarde ou écoute les nouvelles, souhaite qu’on lui apprenne les plus récents détails relatifs aux sujets abordés. Chaque nouvelle qu’on lui présente constitue une petite histoire comprenant un lieu, un temps, des acteurs et un scénario. Inconsciemment son esprit conservera un certain nombre d’informations qui, peu importe le média consulté, pourront être classées au chapitre des idées portées à sa connaissance selon un commun dénominateur : l’unité d’information. Et enfin, les acteurs qui font l’objet de la nouvelle s’interrogent à propos du contenu des informations que les médias ont transmises à leur sujet. Ils souhaitent connaître la teneur des idées qui circulent, autant pour leur traitement médiatique que pour leur valeur rémanente auprès de divers auditoires. Encore une fois, les éléments de nouvelles se rattachant à un même acteur auront un commun dénominateur : l’unité d’information. Pour le journaliste-émetteur, l’informé-récepteur et l’acteur principal de chaque sujet de nouvelle, le dénominateur commun en ce qui a trait à la mesure des idées est donc l’unité d’information. La différence entre les trois se situe davantage au plan de l’intérêt, de la rémanence et de l’usage. Mais il n’est pas possible d’évaluer objectivement ces trois critères, puisqu’il faudrait constamment faire appel aux trois groupes pour obtenir leur avis, sous forme de sondage ou autrement. Nous retiendrons donc comme premier principe de mesure des idées transmises par les médias, celui de la présence de sujets identifiables par tous.
7.5.
DEUXIÈME ÉTAPE : DÉFINIR LES SUJETS
Chaque sujet fera l’objet d’une description précise, préférablement validée par le client au moment de la définition d’un mandat, puis communiquée à l’équipe d’analyse avant d’entamer la réalisation d’un projet. La définition de chacun des sujets comporte généralement une série de descriptifs apparentés, qui tiennent compte des intérêts spécifiques d’un client ou d’un sujet d’étude.
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Chapitre 7 ❖ L’unité d’information – Découpage et classification
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Prenons par exemple les deux sujets suivants : « administration » et « finances et budget » et définissons-les en fonction d’une entreprise dont on analyse la couverture de presse. Le sujet « administration » pourrait inclure tout ce qui se rapporte à l’aspect administratif de cette entreprise et à sa gestion en général, y compris la haute direction, le conseil d’administration, les membres du conseil, les élections au C.A. dont le poste de trésorier, les ressources humaines, le personnel de direction, l’emplacement physique, les règlements d’entreprise, la planification générale, la sélection de la firme comptable, etc. Le sujet « finances et budget » regrouperait tout l’aspect comptable de l’entreprise, les états financiers, les prévisions budgétaires, les conditions salariales, les résultats financiers, l’émission, le rachat, la vente d’actions, les rapports annuels aux actionnaires, les investissements, etc. L’établissement d’une même compréhension de chaque sujet assure une codification uniforme et fiable du contenu. En général, les définitions de sujets sont élaborées dans un devis de travail, revues et approuvées par le client, puis expliquées et adoptées par les codeurs. Si, après un prétest effectué par chaque codeur sur une vingtaine de nouvelles, un sujet présente des difficultés d’interprétation auprès des analystes, il est fortement recommandé d’en réviser la définition avec le client avant de poursuivre le travail de codage.
Règle 2 L’unanimité de sens à propos de chaque sujet établira un mode de décodage clair où il deviendra facile d’isoler et d’apparier correctement chaque unité d’information à un sujet en éliminant toute forme d’interprétation de la part des analystes et toute ambiguïté avec le client.
7.6.
TROISIÈME ÉTAPE : DÉTAILLER LES CATÉGORIES
L’étape suivante est à la fois simple et complexe : elle consiste à choisir les catégories de classification des unités qui produiront ultérieurement, lors de la compilation informatisée des données par triages et par croisements, des résultats présentés sous forme de « tableaux indiciels ». Les tableaux de croisements entre les sujets et les catégories enrichissent l’analyse de résultats statistiques et s’avèrent très révélateurs de l’ensemble de la couverture analysée. Ils en procurent une lecture plus fine et déterminent les points forts, les points faibles et leur influence sur les sujets dont le poids a vraiment marqué l’ensemble d’un corpus.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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Les catégories de classification sont infinies. Plus nombreuses sont les catégories sélectionnées, plus long est le travail des codeurs et, ultérieurement, l’interprétation des résultats et la rédaction du rapport final. Leur sélection devra donc répondre exactement aux attentes du client et tenir compte des échéanciers et des budgets disponibles. Les catégories (certains les appelleront des « variables » par analogie avec les sondages d’opinion) permettent de diviser et subdiviser le contenu des différents documents d’un corpus d’analyse pour répondre adéquatement aux attentes des clients. On trouve des classifications d’unités selon la chronologie, le média, le type de média, la ville, la région, le type de document, le journaliste, la citation, l’intervenant, la source, le titre, la langue, le dossier de presse, etc. Dans certains cas où l’on souhaite repérer un seul élément pour en suivre le cheminement, il est parfois utile de créer une catégorie qui ne contiendra qu’un code. Cela s’applique par exemple aux titres, ou à un intervenant dont on veut connaître l’impact s’il est également reporter, ou si l’on souhaite réunir plusieurs dossiers ou plusieurs intervenants dans un groupe et obtenir les informations se rapportant à l’ensemble tout en conservant les détails sur chacun. Par exemple, il est possible qu’un organisme ou une société ait tenu plusieurs campagnes de presse durant la période analysée. Ces campagnes pourront être codées séparément dans la catégorie des « dossiers », puis regroupées sous le sujet « communications en général » où se retrouveraient également les efforts de marketing et de publicité.
Règle 3 Plus il y a de catégories de classification, plus long sera le travail de décodage et d’interprétation des résultats. S’en tenir aux catégories vraiment utiles ou signifiantes. La codification isolée dans une catégorie particulière d’un élément majeur de contenu permet d’en garder trace en vue de l’écriture du rapport final.
7.7.
LE DOSSIER : UNE CATÉGORIE INDISPENSABLE
La pratique continue de l’analyse de presse a démontré que l’utilisation du « dossier » ou « événement » de presse en combinaison avec le sujet facilitait et accélérait le décodage des unités. Le dossier est devenu, par la force des choses, une catégorie de classification incontournable. Son utilisation s’avère presque indispensable lorsque se présentent des ambiguïtés au moment de la segmentation des unités d’information par
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Chapitre 7 ❖ L’unité d’information – Découpage et classification
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sujet. Dans les cas où subsiste un doute au chapitre de l’appartenance d’une idée, c’est en la classant d’abord dans le dossier ou l’événement approprié qu’on arrivera à établir le sujet dominant. Au rythme de progression de l’analyse, les dossiers de presse se classeront parfois sous deux ou trois sujets différents selon le contexte. Le nombre de dossiers varie selon les corpus d’analyse. Une lecture en diagonale d’un corpus de presse, précédée d’une consultation avec le client, permet généralement d’en identifier un certain nombre parmi ceux à retracer. Les autres s’ajouteront selon la progression du décodage des unités. Il y a peu d’utilité à créer des dossiers s’il y a moins de 10 unités d’information qui s’y rapportent.
7.8.
AUTRES CATÉGORIES DE CLASSIFICATION
Quelques catégories de classification s’avèrent plus populaires que d’autres auprès des clients ou plus utiles pour la compréhension de l’évolution d’une couverture de presse. C’est le cas des périodes chronologiques, des types de médias, des types de documents, des citations et des titres.
7.8.1. LE CLASSEMENT CHRONOLOGIQUE Cette catégorie est surtout utilisée pour évaluer le cheminement des idées dans le temps. Le décodage d’une couverture de presse étendue sur plusieurs années permettra d’en saisir l’évolution, chaque année par exemple. Si le dossier porte sur une année entière, on voudra peut-être le découper par tranches mensuelles ou par trimestres. Dans le cas d’une consultation populaire, on préférera classer quotidiennement le contenu.
7.8.2. LE CLASSEMENT PAR TYPE DE MÉDIAS Les types de média se définissent par la presse écrite (quotidiens, hebdomadaires et magazines), la radio, la télévision et Internet.
7.8.3. LE CLASSEMENT PAR TYPE DE DOCUMENTS Comme nous l’avons vu au chapitre 4, les cinq principaux types de documents sont : • les nouvelles et les reportages, • les éditoriaux et les chroniques, • les lettres de lecteurs,
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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•
les commentaires d’auditeurs-téléspectateurs (vox populi) et les interventions du public dans les tribunes téléphoniques, et les émissions d’affaires publiques.
7.8.4. LES INTERVENANTS OU PORTE-PAROLE Sous la catégorie des intervenants, les unités d’information peuvent être classées par individu cité dans les journaux et interviewé à la radiotélévision, ou par groupes de personnes dont les propos sont rapportés, tels les porte-parole d’une entreprise, d’un organisme public, d’un groupe communautaire, etc.
7.8.5. LES TITRES, LÉGENDES ET SOUS-TITRES Même s’ils n’ont pas une valeur plus grande que le contenu, les titres, légendes et sous-titres, lorsque codés, permettent de découvrir s’ils ont été plus partiaux que les contenus qu’ils coiffent et comment leur orientation a pu se démarquer par rapport au reste du contenu.
7.8.6. LES AUTRES CATÉGORIES Parmi les autres catégories les plus fréquemment utilisées, on rencontre : les médias, les reporters et journalistes, la langue, les territoires et régions.
7.8.7. SOUS-CATÉGORIES PARTICULIÈRES Lorsqu’on détermine les grandes catégories de classification du contenu, principalement dans des groupes ou des ensembles, il peut s’avérer utile de créer une sous-catégorie particulière en instituant une nouvelle classification afin de mieux repérer un élément particulier lors de la rédaction du rapport final. Par exemple, si toutes les unités d’information rapportant les propos des porte-parole d’une entreprise sont codées sous la classification « porte-parole cie X », il peut s’avérer utile de coder dans une catégorie spécifique toutes les unités se rapportant au président ou à toute autre personne. Lors de la production des tableaux indiciels, cette opération permettra de connaître l’impact des interventions du président, ou de toute personne parlant au nom d’une entreprise, par rapport à l’ensemble des intervenants retracés dans une couverture de presse.
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Chapitre 7 ❖ L’unité d’information – Découpage et classification
7.9.
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ÉTUDE D’UN CAS FICTIF
Planification d’un devis pour Le Bureau de vérification de l’air (BVA)
7.9.1. CONTEXTE DU PROJET D’ANALYSE Prenons comme exemple un organisme public appelé « BVA » dont la mission est de surveiller la qualité de l’air. Cet organisme est chapeauté par un conseil d’administration nommé par le gouvernement. Son budget provient d’une contribution annuelle imposée à tous les propriétaires d’édifices avec une cheminée. BVA peut sévir contre les propriétaires de cheminées polluantes. Au cours de l’année écoulée, BVA a fait l’objet d’une importante couverture de presse à la suite de dépassements budgétaires, de plaintes de propriétaires et du succès du concept qui a incité d’autres provinces à s’en inspirer. Le directeur des communications, contraint de naviguer entre un ministre qui talonne son président et la renommée extra-territoriale de BVA, souhaite connaître ce qui a circulé dans les 3 000 nouvelles accumulées. Le rapport servira à documenter une future tournée de son président, à redéfinir, avant de le combler, un poste d’adjoint en communication et à fournir des réponses au ministre.
7.9.2. ÉTAPE 1 : CHOIX DES SUJETS Voici, à titre indicatif pour cette couverture de presse, quelques-uns des sujets qui devraient permettre de regrouper la majorité des informations transmises par les médias à propos de BVA : –– –– –– ––
l’organisation ; les finances ; les permis ; l’évaluation de l’air ;
–– –– –– ––
les délinquances ; la loi ; le gouvernement ; le rayonnement.
7.9.3. ÉTAPE 2 : DÉFINITION DES SUJETS •
•
BVA en général : son organisation, sa gestion, son président et tout son personnel, son fonctionnement ; la gestion des ressources humaires, l’emplacement des bureaux, le personnel de direction, les nominations, les négociations salariales, etc. BVA finances : le budget, les revenus et les dépenses de BVA, la perception des revenus, les procédures d’achats, les appels d’offres, les dépassements budgétaires, les salaires, etc.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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Les permis : leur émission, leur renouvellement, la confidentialité des informations, la procédure de demande de permis, la suspension. Les tests d’évaluation de l’air, le travail d’inspection, les recherches dans le domaine, le rôle de consultation de l’organisme, la santé et la qualité de l’air. La délinquance : les infractions, les fraudes, les poursuites, les contestations, les dénonciations, etc. Les pénalités : leur durée, le recouvrement. La loi qui régit BVA, sa révision, les contestations de certaines dispositions, les amendements proposés, les consultations publiques. Les relations avec le gouvernement : les interventions gouvernementales de ministres, de députés, de fonctionnaires ou de divers autres représentants gouvernementaux, le rapport annuel du Vérificateur général, les interventions du Protecteur du citoyen. Le rayonnement hors territoire et les communications, dépliants, renseignements divers, campagnes de presse, numéro 1-800, partenariat avec les entreprises.
7.9.4. ÉTAPE 3 : SÉLECTION DES CATÉGORIES DE CLASSIFICATION Pour les besoins de sa planification des communications, le directeur des communications de BVA indique qu’il aimerait savoir : • quels médias ont traité de son entreprise et quels types de média ont suivi les différents dossiers de presse ; • quels dossiers ont pris le plus d’importance dans la presse durant l’année ; • quels porte-parole se sont exprimés le plus souvent sur son entreprise et comment les médias ont relayé leurs propos ; • s’il y a eu un traitement différent selon que la presse était locale ou hors du territoire ; • si la campagne publicitaire a eu un certain rayonnement dans les nouvelles. Pour obtenir réponse à ces questions, en accord avec BVA, les catégories suivantes ont été choisies : • les dossiers de presse comprenant entre autres : la commission parlementaire, la renommée en Ontario, la poursuite inten-
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Chapitre 7 ❖ L’unité d’information – Découpage et classification
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tée contre un inspecteur, le rapport du Vérificateur général, la nomination du nouveau président, la campagne publicitaire, et autres au besoin ; la campagne publicitaire faisant l’objet d’une autre catégorie pour y retracer les mentions de la publicité, de la chanson et des artistes ; les médias identifiés individuellement ; l’origine géographique du média comprenant deux subdivisions : locale et hors-territoire ; les types de média permettant de distinguer entre la radio, la télévision, la presse écrite quotidienne, la presse écrite régionale et les magazines ; les intervenants cités ou interviewés, limités aux choix suivants à cause de leur grand nombre : le président, le ministre, les autres porte-parole de BVA, les autres porte-parole gouvernementaux, les porte-parole des groupes de pression, les intervenants extérieurs, le public, les spécialistes tels ingénieurs et médecins, et toutes les autres citations en bloc.
7.10. LE DÉCOUPAGE DES DOCUMENTS Le découpage de l’unité d’information est donc tributaire de deux paramètres : sa correspondance avec un sujet identifié et sa classification dans une catégorie. De façon pratique, l’analyse détaillée du contenu de chaque nouvelle permettra de « classer » ou de « rattacher » chaque idée énoncée par un journaliste, par un porte-parole cité dans un article, ou par un invité lors d’une entrevue d’affaires publiques, de la classer sous l’un des sujets choisis et de lui donner son « bulletin de présence » à titre d’unité d’information. Toute idée émise qui n’a aucun lien avec les sujets choisis ne sera donc pas retenue dans le cadre de cette analyse. Toute idée qui en répète une déjà émise en y ajoutant un nouvel élément est à nouveau identifiée comme unité d’information. Au chapitre des éléments nouveaux, on pourra, par exemple, définir sa taille et circonscrire son contenu à la citation textuelle d’un porte-parole, à la portion rapportant un élément différent de la précédente, à la répétition dans un encadré d’une phrase tirée du texte de l’article, à la répétition par le reporter, dans une entrevue télévisée, des propos déjà tenus par une personne interviewée.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Ces répétitions d’unités traitant d’un même sujet mais avec l’ajout d’un élément nouveau doivent faire l’objet d’un nouveau découpage. « Si l’on peut considérer comme déterminante l’idée de Lasswell que le contenu des communications actuelles dépend de plus en plus de l’attention que le public prête aux répétitions4 », les sujets les plus visibles dans une analyse auront davantage retenu l’attention du public. Voilà pourquoi les unités répétitives à l’intérieur des documents analysés procurent des significations nouvelles par leur nombre lorsqu’elles sont confrontées à toutes les autres. Si plusieurs nouvelles comportent plusieurs répétitions provenant d’une même dépêche d’agence de presse, par exemple, la codification de ces unités répétitives indiquera jusqu’à quel point le contenu de la dépêche originale aura rayonné auprès d’auditoires différents, probablement localisés dans des territoires tout aussi variés. Lors de l’analyse des résultats globaux, le nombre d’unités d’information se rattachant à un sujet largement répété, jumelé à la partialité qu’il dégage, donnera une idée précise de la rémanence qu’aura suscitée la couverture de presse de ce sujet auprès de la population. Cette rémanence sera d’autant plus intense qu’un sujet aura obtenu une forte visibilité. Si ce dernier, comme on le verra plus loin, a fait l’objet d’une couverture très partiale, il aura suscité encore plus de passion pour ou contre par l’effet combiné de l’orientation exprimée et de son indice élevé de fréquence. Des indices de visibilité, de partialité et d’orientation élevés renseigneront sur l’effet persistant attribuable à un tel sujet qui continuera de flotter dans la mémoire collective. Comme l’explique Kapferer, « la psychologie cognitive nous enseigne que l’homme ne soustrait jamais d’informations5 ». C’est pour cette raison qu’existent les revues de presse, consultées rapidement au quotidien et reléguées au grenier des souvenirs une fois les crises terminées. Le décodage minutieux de leur contenu permet donc d’en quantifier les significations. Mais n’y a-t-il pas d’autre sens à en tirer au-delà du nombre ? C’est ce que nous apprendra la prochaine étape.
4. 5.
Morin, op. cit., 1969, p. 21. Jean Noël Kapferer, « Le contrôle des rumeurs », Communications 52, EHESS, Paris, Éditions du Seuil, 1990, p. 100.
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Chapitre 7 ❖ L’unité d’information – Découpage et classification
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7.11. AUTRES UTILISATIONS DU DÉCOUPAGE La méthode de découpage en unités d’information peut être appliquée avec aisance à tout type de discours ou de récit dans le cadre de travaux nécessitant l’analyse de documents de diverses natures. Les enseignants pourront la mettre en pratique en classe, tout comme les étudiants et les chercheurs, dans le cadre de travaux où ils doivent retracer les significations et leur récurrence dans des témoignages, des textes de conférences, des discours et des entrevues de tous genres. Le décodage du contenu pourra, dans un tel contexte, se limiter à segmenter le texte selon les sujets abordés et à préparer une synthèse quantitative des récurrences. Nous présentons en Annexe 1 quelques modèles de grilles d’analyses applicables à cette fin.
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L’UNITÉ D’INFORMATION ÉVALUATION DE SON CONTENU
E R T I
C
H
A
P
8 Par-delà l’énoncé, il y a le suggéré.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Comme nous l’avons vu au chapitre consacré à la presse, celle-ci rapporte des faits en utilisant des techniques de discours qui lui sont propres. Le journaliste, le reporter et l’animateur s’en servent dans la poursuite de deux objectifs. Ils veulent d’abord nous intéresser à leur narration de l’événement, puis, nous garder captifs. Car chaque lecteur ou auditeur est en lien direct avec le journaliste à travers la matière diffusée, même si dans bien des cas le chef de pupitre, le monteur ou d’autres spécialistes sont intervenus entre l’un et l’autre. En se conformant aux préceptes du discours journalistique, le narrateur respecte son obligation de présenter sa matière dans la forme prévue par le média pour lequel il travaille, tout en gardant ses distances par rapport aux faits qu’il présente dans un emballage accrocheur. Les journalistes, les reporters et les animateurs s’ingénient à présenter, le plus objectivement possible, les faits qu’ils partagent avec leur public. C’est à tout le moins le discours officiel qu’ils tiennent. Cela n’empêche pas la presse de faire preuve d’une certaine partialité, quand ce n’est pas d’une partialité certaine. Cette dernière se manifeste par le choix des mots et des citations, par l’angle de présentation d’un événement ou tout simplement par le type de document d’information : un éditorial ou une chronique comportera toujours des jugements et des prises de position. L’évaluation de l’orientation vise à retracer dans les nouvelles les éléments de couverture où s’expriment tout autant la partialité que la neutralité de la presse. Cette étape suit immédiatement le découpage de chacune des unités d’information. Elle consiste à poser une même question à chaque unité : est-ce que ce que le média dit, ici, à propos de tel sujet (auquel l’unité se rattache) est positif, négatif ou neutre en regard de ce qui fait l’objet de l’étude ? La tonalité du contenu de l’unité détermine la réponse. Cette tonalité s’appuie sur des supports identifiables : mots, expressions, citations, qualificatifs, sens. Nous en verrons plus loin les diverses formes.
8.1.
LE CONTEXTE
La plupart des analyses de presse comportent deux objectifs : dénombrer les idées énoncées et découvrir les tendances qu’elles recèlent. Le découpage répond au premier objectif, l’évaluation de l’orientation au second. La méthode proposée est simple : le couple positif/négatif peut répondre à cette exigence [d’évaluer l’orientation de l’unité] dans la mesure où sa présence n’impose à la tendance désignée aucune qualité d’ordre subjectif ou
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Chapitre 8 ❖ L’unité d’information – Évaluation de son contenu
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idéologique [...]. Entre ces deux oppositions, aucune nuance intermédiaire n’est envisagée. Seule la tonalité neutre sert de degré limite aux deux premières ; elle est le degré zéro de leur intensité1.
Au chapitre de l’évaluation de l’orientation, la sociologue se distingue ainsi de plusieurs autres chercheurs ; elle préconise une méthode simple, exempte des aléas d’interprétation que peuvent susciter des échelles d’évaluation. L’une d’entre elles proposée, par Osgood (1957), utilise une gradation de sept degrés de part et d’autre du zéro (entre – 7 et + 7). Certaines méthodes d’analyse commerciales définissent des éléments de gradation de la tonalité sur des échelles encore plus complexes, allant parfois de – 20 à + 202. De Bonville se penche sur une formule de mise en valeur tenant compte de l’emplacement, du titrage et de la présentation (Mv = E + T + P)3. De telles stratégies d’évaluation comportent des variables qui complexifient le traitement d’un corpus et handicapent l’homogénéité d’appréciation lorsque plusieurs codeurs travaillent à une même étude. Le même risque se présente lorsqu’un analyste travaille seul sur une longue période ; un contenu apprécié à – 7 au début de l’analyse risque de se retrouver à – 1, l’année suivante. Il y a, bien sûr, plusieurs façons de s’assurer de la validité de l’analyse. De Bonville propose d’effectuer d’abord des prétests, puis de procéder par des vérifications aléatoires systématiques en cours d’analyse4. Selon les circonstances et les projets, des méthodes d’évaluation proposent de tenir compte de la célébrité d’un lecteur de nouvelles, de la position de l’article dans un journal, de la fonction d’une personne citée, de l’heure de diffusion d’un bulletin de nouvelles, du type de média, du tirage ou de l’auditoire, etc.5. Il devient nécessaire de valider constamment le processus de travail de toute une équipe chaque fois qu’une couverture de presse aborde un nouveau dossier ou chaque fois qu’un critère d’évaluation est modifié. Par exemple, les auditoires des téléjournaux fluctuent durant une saison de programmation à la suite
1. 2.
3. 4. 5.
Violete (Navile dit) Morin, L’écriture de presse, Paris, Mouton, 1969, p. 33. Une de ces approches attribuait aux articles de journaux une série de valeurs tenant compte du tirage (4 niveaux), de la position dans le journal (une, début, milieu ou fin de section) et dans la page (gauche ou droite, en haut ou en bas), de la taille de l’article (en lignes agates), de la présence d’illustrations et de sous-titres, du jour de publication, de la notoriété du rédacteur (3 niveaux), de l’inclusion de citations, du type d’articles, et finalement du ton. Jean de Bonville, L’analyse de contenu des médias, Paris, Bruxelles, De Boeck University, 2000, p. 140. Ibidem, p. 28. Jean de Bonville cite un exemple de formule de mise en valeur mise au point par Jacques Kayser (Le quotidien français), ibidem, p. 140-143.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
des guerres que se livrent les stations pour augmenter leur cote d’écoute. Les médias modifient en cours d’année leur présentation visuelle ou l’ordonnance hiérarchique des nouvelles, ajoutent ou suppriment des éléments, embauchent de nouveaux collaborateurs ; des personnes citées changent de statut, leur crédibilité est affectée, leur valeur change d’échelle. Cette perpétuelle mouvance dans les médias affecte les critères d’évaluation et nécessite de constantes mises à jour auprès des codeurs. Il devient dès lors pratiquement impossible d’établir des comparaisons utiles et valables entre plusieurs analyses consacrées à un même sujet sur une longue période. Et comment comparer entre elles des analyses dont toutes les variables d’appréciation ont été personnalisées à chaque nouveau projet ? La méthode proposée réduit considérablement la marge d’erreur dans le jugement que portent les analystes sur chaque unité découpée. En effet, si le libellé de chaque unité découpée ne comporte aucun élément positif ou négatif par rapport à la question posée, il est automatiquement classé neutre. Si le contenu de l’unité déterminée n’est pas clair, sème le doute, ne comporte aucune indication appuyant son orientation ou exige une longue discussion pour en déterminer la valeur, il est également classé neutre. Pour les codeurs, les consignes sont claires quant à la méthode à suivre : si ce n’est ni oui, ni non, c’est neutre. L’unité n’est pas un peu plus positive parce qu’elle origine de tel journal ou a été diffusée à telle heure de grande écoute ; et elle n’est pas un peu plus négative parce qu’on y cite un intervenant à la pensée plus radicale, ou parce qu’elle est exprimée dans un titre ou sous une photo. Le choix se fait entre le positif ou le négatif supporté par la manière de dire ou d’écrire ; toute hésitation à reconnaître l’un ou l’autre décrète le neutre. Cette façon d’interpréter le doute par le neutre correspond bien à la nature du discours de presse et au contexte dans lequel se situe le matériel analysé. Le lecteur d’un journal consacre environ 20 à 25 minutes6 à prendre connaissance du contenu qui l’intéresse dans son quotidien préféré. L’auditeur ou le téléspectateur écoute plus ou moins attentivement les nouvelles qu’on lui présente, car sa pensée vagabonde et décroche facilement quand un sujet ne l’intéresse pas. Bien peu d’entre eux réfléchiront longtemps, si le sujet les intéresse,
6.
Loïc Hervouet, Écrire pour son lecteur, guide de l’écriture journalistique, Lille, École supérieure de journalisme de Lille, 1979, citant diverses études sur les quotidiens, p. 9.
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Chapitre 8 ❖ L’unité d’information – Évaluation de son contenu
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au segment de nouvelle sur lequel le codeur se questionne. Si ce prédicat n’était pas clairement pour ou contre, positif ou négatif, favorable ou défavorable, lors de sa diffusion originale, le lecteur ou l’auditeur n’aura rien retenu de son orientation.
8.2.
LA QUESTION
L’évaluation de l’orientation d’une unité d’information se fait donc en lui posant une question offrant trois choix de réponses : le positif, le négatif ou le neutre. Tous s’entendent pour dire qu’il n’est pas facile d’évaluer des idées et que ce travail exige beaucoup de rigueur et de constance de la part des analystes. À tout moment, la subjectivité risque de modifier le raisonnement si on ne maintient pas un cadre clair et précis d’objectivité dans l’exécution du travail. Pour cette raison, la formulation d’une question simple permet de dégager une réponse claire. En général, l’énoncé de la question se rattache au sujet de l’étude, par exemple le commanditaire d’une étude à propos de son image publique, de ses projets ou de ses intentions. La question posée peut porter sur un projet dont on veut évaluer la réception par les médias, ou sur une démarche de société dont on veut connaître les retombées médiatiques. Voici quelques exemples de questions simples : • Est-ce que ce qu’on (le média étudié ou l’auteur du document) dit ici (l’unité découpée) à propos du « budget » (le sujet de l’unité) est positif ou négatif pour la compagnie Machin (le thème général de l’analyse) ? • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos du « ministre de l’Énergie » est positif ou négatif pour le gouvernement ? • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos des « sans-abris » est positif ou négatif pour le projet de loi sur la pauvreté ? • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos de « l’entreprise X » est positif ou négatif pour l’Association des constructeurs ? • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos du « projet d’édifice au centreville » est positif ou négatif pour le Plan de développement ? • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos de « tel syndicat » est positif ou négatif pour la Centrale ? • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos de « telle découverte » est positif ou négatif pour la création d’un partenariat Cie X – banque – gouvernement ?
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•
Est-ce ce qu’on dit ici à propos du « taux de diplomation » est positif ou négatif pour les universités ?
Dans le cas d’études entreprises à des fins de recherche universitaire, des travaux de maîtrise ou de doctorat, les questions peuvent être d’ordre plus général : • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos des nouvelles technologies est positif ou négatif pour Internet ? • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos des actionnaires favorise ou défavorise la fusion de la compagnie X et de la compagnie Y ? • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos des médecins est positif ou négatif en regard de la prévention du cancer du sein ? • Est-ce que ce qu’on dit ici à propos des commandites est positif ou négatif par rapport aux dispositions de la Loi sur le tabac ?
8.3.
LA RÉPONSE
Pour paraphraser Naville-Morin7, on peut considérer comme neutre toute information qui reconnaît simplement le fait se rapportant au sujet traité. Devient positive toute information qui encourage, favorise, supporte, vante, appuie, adhère, approuve, souscrit, soutient, consent, penche vers le sujet de l’étude. Devient négative toute information qui décourage, défavorise, s’oppose, dénigre, désavoue, rejette, désapprouve, obstrue, détruit, réfute, nie, milite contre le sujet de l’étude. C’est donc par la lecture attentive de l’unité découpée que la réponse se précise. Avec quelle tonalité ce segment traite-t-il du sujet abordé ? Quels mots ou quelles expressions déterminantes font pencher la balance d’un côté ou de l’autre ? Quelles citations d’intervenants favorisent ou défavorisent le sujet ? Quel segment d’entrevue a-t-on choisi de diffuser : les adhérents ou les opposants ? Quels arguments ont été évoqués ? Voilà autant de supports ou d’indices qui assurent une réponse valable pour décoder l’orientation du discours médiatique. Le décodage, selon la sociologue, se précise à partir de trois niveaux d’assertion où le discours de presse dévoile son orientation : l’énonciatif, le suggestif et l’allusif. C’est souvent par le suggestif que la presse, les journalistes ou les animateurs d’émissions dévoilent, de manière discrète et rusée, leurs prises de position.
7.
Morin, op. cit., 1969, p. 33.
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8.3.1. L’ÉNONCÉ Énoncer, dit le Petit Robert, c’est « exprimer en termes nets, sous une forme arrêtée ce qu’on a à dire ». Pour l’analyste, l’orientation d’une unité se décode sans ambiguïté dans les énoncés. En voici quelques exemples : • M. Clark a tout à fait raison : tout le monde l’aime bien, il est respecté et admiré pour son intégrité mais hélas ! cela ne rapporte pas de votes à son parti8. • En réalité, le fardeau fiscal des Québécois est encore plus élevé que les chiffres le laissent supposer, puisqu’ils doivent payer une taxe de vente provinciale non seulement sur leurs achats de bien (comme en Ontario), mais aussi sur leurs achats de services9. • Le service à la clientèle laisse à désirer10. • Ces grands travaux endettent une société et la rendent donc plus vulnérable et comportent des risquent, incalculables, comme tous les méga-projets rigides en période de mouvance11. • Le travail au noir a pris tellement d’ampleur dans la construction que même les grands chantiers gouvernementaux n’y échappent pas12. • Il y a peu d’endroits au monde où on a fait autant d’études sur l’environnement qu’ici13.
8.3.2. LE SUGGÉRÉ Suggérer, dit le Petit Robert, c’est « faire concevoir, penser quelque chose sans l’exprimer ni le formuler ». Autrement dit : insinuer, inspirer, souffler et sous-entendre. On rencontre deux formes de discours suggestifs : la première provient en droite ligne du média ; la seconde se base sur l’utilisation d’un relais par le média. « C’est au niveau de la suggestion indirecte que les médias montrent le plus de ruse, avec le plus d’innocence apparente et d’efficacité réelle : l’objectivité obtenue par le détour du fait accompli est la résultante artificieuse d’une série de sélections et réfections éclectiques très minutieusement organisées14 ». Voici quelques unités suggestives directes : 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14.
Michel C. Auger, à propos du départ de Joe Clark de la direction du Parti conservateur, Journal de Montréal, 7 août 2002, p. 18. Claude Picher, à propos des impôts, La Presse, 30 juillet 2002, p. D3. Titre à propos du débrayage dans les hôtels de la région de Montréal, Journal de Montréal, 27 juillet 2002, p. 16. Éditorial d’Alain Dubuc, La Presse, 10 mars 1994. Société Radio-Canada, Le téléjournal, 9 novembre 1993. Pierre Nadeau, en entrevue à CKAC, à titre de délégué du Québec à Boston, le 1er novembre 1994. Morin, op. cit., 1969, p. 35-36.
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• Mais Giscard n’est pas venu dans la capitale andalouse pour passer un « grand oral ». Au contraire : habilement, avant son exposé, il glisse quelques mots à Aznar en se penchant vers lui. L’équipe de football espagnole affronte au même moment la Corée du Sud et VGE n’y résiste pas : il encourage les joueurs de son hôte15. • ... les bien-pensants ont décidé de créer une table de concertation qui porte un nom qui sent le bureaucrate à plein nez, soit le Groupe de travail sur les problématiques sociales présentes au Square Viger16. • Beaucoup d’entreprises américaines n’accordent que deux semaines de congés payés annuels à leurs employés. M. Bush, amoureux de la nature sauvage de son ranch, y passe le plus clair de son temps à débroussailler à la tronçonneuse les canyons traversant sa propriété, à pêcher, faire du sport, et à recevoir des amis17. • Ensuite, il faut le rappeler aux sonneurs de charge, comme tous les modèles économiques, celui de la FED n’a pas les vertus d’un talisman18. • Le staff médical de la Grande Boucle a d’ailleurs de quoi être fier : au départ de ce Tour 2002, l’ahurissant taux de plus de 30 % d’asthmatiques présents sur la ligne de départ les années précédentes (ce qui permet d’utiliser des produits interdits, dopants, sous couvert médical) a été ramené aux alentours de 15 %, proche de celui d’une population « normale »19.
Voici des exemples d’unités suggestives indirectes : • L’espagnol Sergi Bruguera, double vainqueur de Roland-Garros, prend moins de gants [à propos du dopage dans le sport] : « C’est sûr, il y a du dopage dans tous les sports et dans le tennis aussi. En réalité, il y a déjà eu plusieurs cas de joueurs positifs. Parfois, quand un cas est apparu, la sanction n’est arrivée que sept mois plus tard...20 ». • Albert J. Nantel met un bémol au ton rassurant de Santé Canada concernant la toxicité de la cire enrobant les fruits et légumes. Le médecin toxicologue, qui a dirigé pendant 28 ans le Centre de toxicologie du Québec, montre du doigt les propos contradictoires du ministère et dénonce les « arguments fallacieux21 ». 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21.
Reportage sur Valéry Giscard d’Estaing, président de la Convention européenne, Le Point, 12 juillet 2002, p. 36. Éditorial de Michèle Ouimet à propos des squatteurs du Carré Viger, à Montréal, La Presse, 10 août 2002, p. A12. Dépêche de l’AFP sur le départ en vacances du président George W. Bush, des États-Unis, publiée par le Journal de Montréal, 3 août 2002, p. 21. Rubrique Affaires, analyse de Rudy LeCours sur l’état des marchés boursiers, La Presse, 4 août 2002, p. A10. Reportage du Figaro magazine, « Le sport en faillite ? », 10 août 2002, p. 13. Ibidem, Le Figaro, p. 14. Article publié par Le Soleil et repris par La Presse, 17 août 2002, p. A9, à la suite d’un premier article publié en manchette de La Presse le 15 août, à propos des fruits et légumes cirés.
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• La chasteté devrait être optionnelle selon un prêtre : « L’abstinence est quelque chose de très exigeant »22. • Arafat : « Les Palestiniens ont besoin du Canada »23.
8.3.3. L’ALLUSIF L’allusion, dit le Petit Robert, c’est la « manière d’éveiller l’idée d’une personne ou d’une chose sans en faire expressément mention ». Naville-Morin précise que l’orientation provenant d’un prédicat allusif se retrouve plus fréquemment codé au neutre en cours d’analyse. Cela s’explique par le contexte parfois douteux qui incite l’analyste à coder l’incertitude au neutre. Les allusions peuvent perdre tout leur sens lorsqu’elles réfèrent à des connaissances culturelles, sociales, historiques, géographiques ou spécialisées. Voici quelques exemples d’unités allusives : • Pour résumer, nous dirons que c’est sa table et sa langue [de la France] qui sont dans le collimateur de Bruxelles24 ! (Cette phrase fait référence à un arrêt de la Commission européenne demandant à Paris de ne plus imposer l’usage du français sur les étiquettes de produits alimentaires.) • Les cathédrales hydroélectriques seraient une semence de mauvais sort25. (À propos de la construction de nouveaux barrages.) • Dans leur discours politique, les Cris se drapent du drapeau de l’environnement et de la protection de la faune26. (À propos de la contestation des Cris à New York en 1992.) • Le tunnel du Mont-Blanc rouvrira dans quelques jours. Si à Rome on respire, à Chamonix on s’inquiète27. (Le tunnel avait été fermé le 24 mars 1999 alors que 39 personnes y avaient péri dans un incendie.)
8.4.
LE NEUTRE
La presse s’efforce de présenter les faits dans un contexte qui se veut neutre et exempt de biais, un contexte qui donne toutes les apparences d’objectivité. Ceci explique que la neutralité occupe une place majeure dans l’évaluation des unités d’information et les analystes ne doivent
22. 23. 24. 25. 26. 27.
Titre d’un article consécutif à un autre traitant de l’arrestation de deux prêtres dans le Village gai, Journal de Montréal, 28 juillet 2002. Titre à la une, La Presse, 10 août 2002. Le Figaro Magazine, 10 août 2002, p. 16. Extrait du New York Times rapporté dans Le Devoir, 25 avril 1994. Journal de Montréal, 19 février 1992. Le Figaro Magazine, 2 février 2002.
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pas craindre d’y recourir. La neutralité de la presse se manifeste dans les énoncés factuels, dans la narration linéaire d’un incident, dans la communication d’informations statistiques, dans la relation de faits divers, dans l’annonce d’un événement, etc. La majorité des couvertures de presse que nous avons étudiées en 20 ans présentent un taux moyen de partialité de 40 %. La presse prend position ou manifeste une certaine passion à propos du sujet traité deux fois sur cinq. Le reste du temps, elle rapporte tout simplement. Dans le contexte de l’évaluation des unités d’information, Naville-Morin rappelle que « la neutralité est une marge de sécurité entre les orientations extrêmes. Elle réduit, voire élimine les erreurs de décodage. Elle est l’élément de pondération28 ». L’évaluation neutre accordée à une unité ne lui retire aucunement sa valeur puisque le simple fait de l’avoir identifiée lui accorde un « bulletin de présence » qui permettra de la récupérer à travers l’ensemble des données traitées. Voici quelques cas où l’on trouve fréquemment des unités neutres : • Liste des heures d’ouverture des services publics durant les périodes de congés. • Rapport mensuel des statistiques de consommation. • Légende identifiant des personnes apparaissant sur une photo. • Résultats de scrutins. • Bilan des accidents de la route en fin de semaine. • Titres et intertitres composés d’un seul mot. et un exemple tiré d’un titre : « Les auteurs québécois fondent une société de gestion de leurs droits29 ».
8.5.
EXERCICES DE DÉCOUPAGE ET D’ÉVALUATION
Afin de bien saisir comment se passe l’évaluation, nous allons examiner les cinq documents tirés du dossier Chaperon Rouge, en imaginant que le Chef de la justice a commandé une étude de la couverture de presse consacrée à la Loi sur les libérations temporaires, dont son bureau est responsable. Malheureusement, cette journée-là, les événements
28. 29.
Morin, op. cit., 1969, p. 37. Titre d’article, La Presse, 14 juillet 1980, p. A9.
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Chapitre 8 ❖ L’unité d’information – Évaluation de son contenu
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ne plaidaient pas en faveur de la loi comme nous le verrons plus loin. Nous proposons une grille d’analyse simple comprenant : la question qui sous-tend notre analyse, cinq sujets, deux intervenants et deux types de médias.
8.5.1. LA QUESTION QUI SOUS-TEND L’ANALYSE Est-ce que ce qu’on me dit ici à propos de (sujet) est favorable, défavorable ou neutre envers la Loi sur les libérations temporaires ?
8.5.2. IDENTIFICATION DES CATÉGORIES DE CLASSIFICATION
a) Sujets Chefferie de la justice Service des libérations temporaires Loi sur les libérations temporaires, en général Application de la Loi sur les libérations temporaires CPHC – Comité pour la protection des honnêtes citoyens b) Intervenants Chef de la justice, Albert Albert Comité pour la protection des honnêtes citoyens (CPHC) c) Types de médias Imprimé Électronique d) Évaluation Neutre Positif Négatif
8.5.3. EXAMEN DU CORPUS La revue de presse comprend les cinq documents déjà vus au chapitre 5. Le corpus en retient quatre pour fin d’analyse puisque le cinquième, la chronique du journal L’aujourd’hui, ne traite pas des libérations temporaires. Ce document est donc éliminé.
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8.5.4. DÉCOUPAGE ET ÉVALUATION DU PREMIER DOCUMENT Nouvelle de la STATION DOUZE-MOIS
UNITÉ 1 Sujet : Divers Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
UNITÉ 2 Sujet : Application de la loi Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
UNITÉ 3 Sujet : Service des libérations temporaires Type de média : électronique Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 4 Sujet : Application de la loi Type de média : électronique Évaluation : négatif (–)
LECTEUR – Des vies brisées à cause de la violence, il y en a encore beaucoup trop souvent et de tels incidents pourraient parfois être évités, comme nous le rapporte Jean Dilon, en direct de Grande Banlieue. REPORTER – C’est par l’arrestation, à 4 heures ce matin, d’un détenu en libération temporaire, que s’est terminée la plus longue prise d’otages dans l’histoire de la Brigade d’urgence de Grande Banlieue. Deux personnes, madame Mère Grand, et sa petite-fille, Chaperon Rouge, ont été retenues prisonnières durant toute la nuit alors que leur geôlier demandait une rançon d’un million de dollars. C’est grâce à la médiation de mon confrère Désiré Laforêt, de la station RICO, qu’a pris fin la crise. La vieille dame est malheureusement décédée avant sa libération et sa dépouille a été transportée au Laboratoire médico-légal pour une autopsie. Quant à la fillette, elle est présentement sous observation à l’Hôpital du Buisson où son état n’inspire aucune crainte. L’auteur du drame, identifié comme M. Loup, a été arrêté et ramené à la prison de Bouleauville. Nous avons appris, cet après-midi, que le Service des libérations temporaires lui avait accordé une permission de 48 heures, il y a trois jours, et ce, malgré un avis contraire émis par les services psychiatriques de l’institution. Nous avons également découvert que le détenu avait manqué à son engagement de se rapporter aux autorités dans les délais prévus. Tant à la Chefferie de la justice...
UNITÉ 5 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
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Chapitre 8 ❖ L’unité d’information – Évaluation de son contenu
... qu’à celle de la Sécurité et au Service des libérations temporaires, personne n’a voulu confirmer ces informations.
PORTE-PAROLE DE confidentiel.
LA
UNITÉ 6 Sujet : Service des libérations temporaires Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
SÉCURITÉ – C’est un dossier
UNITÉ 7 Sujet : Service des libérations temporaires Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
REPORTER – Entre-temps, la Chefferie de la justice a entrepris une enquête afin de déterminer les circonstances qui ont mené à la libération temporaire du détenu. CHEF
97
DE LA JUSTICE – Dans un premier temps, nous avons demandé à la Chefferie de la sécurité, euh, un rapport complet sur cette libération, parce qu’elle gère l’application de la loi, euh, par son Service des libérations temporaires. Nous aviserons, euh, pour la suite.
UNITÉ 8 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
UNITÉ 9 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : électronique Intervenant : chefferie Évaluation : neutre (0)
Ici Jean Dilon, à Grande Banlieue. LECTEUR – Nous nous transportons maintenant à VilleCentre où vient de se terminer une manifestation du Comité pour la protection des honnêtes citoyens. Julie Ditout, que se passe-t-il, la Bridage disperse les manifestants ? REPORTER – Depuis 3 heures cet après-midi, le Comité pour la protection des honnêtes citoyens manifeste devant l’édifice de la Chefferie de la justice ; il réclame l’abolition des libérations temporaires ... ... et demande au Chef de la justice de tenir l’engagement qu’il avait pris au cours de la dernière campagne électorale. La Bridage est intervenue quand un petit groupe parmi les 2 à 3 000 manifestants a voulu entrer dans l’édifice.
NON CODÉ UNITÉ 10 Sujet : CPHC Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
UNITÉ 11 Sujet : Loi sur les libérations temporaires, en général Type de média : électronique Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 12 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : électronique Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 13 Sujet : CPHC Type de média : électronique Évaluation : neutre(0)
2003– –Presses Presses l’Université Québec ©©2003 de de l’Université du du Québec Édifice Le DeltaÉdifice I, 2875, boul. I,Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec Tél.: (418) : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Le Delta 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, QuébecG1V G1V 2M2 2M2 ••Tél. 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Mesurer l’insaisissable, Lise Chartier, ISBN 2-7605-1220-7 • D1220N
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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UNITÉ 14 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
UNITÉ 15 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : électronique Intervenant : CPHC Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 16 Sujet : Application de la loi Type de média : électronique Intervenant : CPHC Évaluation : négatif (–)
Le président du Comité, Pierre Lancer, dénonce l’inaction du Chef de la justice.
Il est temps que le Chef tienne sa parole... c’est sa faute ce qui est arrivé aujourd’hui.
C’est pas le premier détenu en libération temporaire qui cause des problèmes.
REPORTER – Avez-vous d’autres exemples de cas ?
UNITÉ 17 Sujet : Application de la loi Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
UNITÉ 18 Sujet : Application de la loi Type de média : électronique Intervenant : Pierre Lancer Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 19 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : électronique Évaluation : neutre (0)
On en a rapporté deux autres au bureau du Chef, la semaine dernière.
REPORTER – Comme vous en a fait part mon confrère Jean Dilon, une enquête a été annoncée par la Chefferie de la justice pour faire toute la lumière sur ce dossier. Julie Ditout, à Ville-Centre, pour la station A.
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Chapitre 8 ❖ L’unité d’information – Évaluation de son contenu
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8.5.5. DÉCOUPAGE ET ÉVALUATION DU DEUXIÈME DOCUMENT Journal TOUT DIRE
Mort d’une grand-mère
Albert n’a pas tenu parole, dit le CPHC, qu’il démissionne Selon le Comité pour la protection des honnêtes citoyens, le Chef de la justice Albert Albert serait responsable de la mort d’une grand-mère parce qu’il n’a pas tenu sa promesse d’abolir les libérations temporaires, comme il s’y était engagé lors de la dernière campagne électorale. Au cours d’une manifestation réunissant 2 000 citoyens de Ville-Centre devant la Chefferie de la justice, hier ... ... le président du comité, Pierre Lancer, a déclaré que le Chef Albert avait « fait des promesses en l’air qui lui retombent sur le nez et [qu’]il devrait démissionner, s’il ne veut pas prendre ses responsabilités ». Depuis plus d’un an, le comité réclame l’abolition des libérations temporaires instituées par l’ancien gouvernement du Parti pour la liberté. Après avoir recueilli 8 000 signatures et obtenu du Parti des citoyens une promesse de s’occuper de ce dossier en priorité, le CPHC avait incité ses membres à appuyer les candidats du PC.
La manifestation d’hier après-midi avait été organisée à quelques heures d’avis, pour augmenter la pression sur la Chefferie et le gouvernement. Un petit groupe parmi les manifestants a tenté de pénétrer dans l’édifice de la Justice mais l’intervention de la Brigade d’urgence a rapidement dispersé la foule au début de la soirée.
UNITÉ 20 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : imprimé Intervenant : CPHC Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 21 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : imprimé Intervenant : CPHC Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 22 Sujet : CPHC Type de média : imprimé Évaluation : neutre (0)
UNITÉ 23 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : imprimé Intervenant : CPHC Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 24 Sujet : CPHC Type de média : imprimé Évaluation : neutre (0)
UNITÉ 25 Sujet : CPHC Type de média : imprimé Évaluation : neutre (0)
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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UNITÉ 26 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : Imprimé Évaluation : neutre (0)
Un peu plus tôt au cours de la journée, Albert Albert avait annoncé une enquête sur la libération temporaire du triste individu qui a pris en otage une grand-mère et sa petite-fille durant la nuit de mardi à mercredi. La grand-mêre est décédée avant sa libération et les circonstances de sa mort ne sont pas encore connues. Selon un premier intervenant, elle aurait été victime d’une crise cardiaque. La petite Rouge, pour sa part, est toujours sous observation à l’hôpital du Buisson. Sa vie n’est pas en danger.
Le détenu n’a pas tenu sa promesse
UNITÉ 27 Sujet : Application de la loi Type de média : Imprimé Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 28 Sujet : Application de la loi Type de média : Imprimé Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 29 Sujet : Service des libérations temporaires Type de média : Imprimé Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 30 Sujet : Application de la loi Type de média : Imprimé Intervenant : CPHC Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 31 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : Imprimé Évaluation : neutre (0)
On se souvient que Mme Grand et sa petite-fille Chaperon ont été détenues en otage pendant plus de dix heures par un individu en libération temporaire. Méchant Loup est présentement incarcéré à la prison de Bouleauville. L’individu était en liberté temporaire pour un congé de 48 heures. Selon la station Douze-Mois, il aurait manqué à sa promesse de se rapporter dans les délais prévus et le congé lui aurait été accordé malgré une note défavorable des services psychiatriques de l’institution. Selon Pierre Lancer, cet incident serait le troisième en autant de semaines mettant en cause des individus en libération temporaire ; le CPHC aurait, en effet, rapporté à la Chefferie deux autres événements violents reliés à des pensionnaires libérés pour un ou deux jours de Bouleauville. Le Chef Albert Albert n’a pu être joint avant l’heure de tombée pour répondre aux accusations du CPHC.
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Chapitre 8 ❖ L’unité d’information – Évaluation de son contenu
101
8.5.6. DÉCOUPAGE ET ÉVALUATION DU TROISIÈME DOCUMENT Journal TOUT DIRE
Lettre à Albert Albert La Chefferie de la justice se demande comment améliorer le sort des citoyens et commande étude sur étude et rapport sur rapport. Cela a assez duré. Nous sommes 8 000 personnes, pères et mères de familles, étudiants, chômeurs, travailleurs, jeunes et vieux, à avoir signé la pétition demandant l’abolition des libérations temporaires. Hier une grand-mère est décédée et une petite fille restera traumatisée toute sa vie par un incident déplorable qui aurait pu être évité. Qu’attendez-vous pour agir ?
UNITÉ 32 Sujet : Loi sur les libérations temporaires Type de média : Imprimé Intervenant : CPHC (le signataire de la lettre) Évaluation : négatif (–)
UNITÉ 33 Sujet : Chefferie de la justice Type de média : imprimé Intervenant : CPHC Évaluation : négatif (–)
Angéla Durand Membre du conseil du CPHC
8.5.7. DÉCOUPAGE ET ÉVALUATION DU QUATRIÈME DOCUMENT LE DROIT CHEMIN
La modération a meilleur goût Depuis bientôt douze ans, la tolérance et l’ouverture d’esprit dont a fait preuve la population de notre région a permis la réintégration d’un millier de citoyens dans notre société grâce à la pratique des libérations temporaires. Tous connaissent le plus visible d’entre eux, M. Laurier Défi, conférencier émérite et valeureux médecin, qui n’hésite pas à partager publiquement son expérience à cet égard. Avons-nous les moyens de nous priver de tous les Laurier Défi à qui la Loi des libérations temporaires a permis de se reprendre en mains au fil des ans : ces pères qui ont retrouvé leur famille, ces adolescents qui
UNITÉ 34 Sujet : Loi sur les libérations temporaires Type de média : imprimé Évaluation : positif (+)
UNITÉ 35 Sujet : Loi sur les libérations temporaires Type de média : imprimé Évaluation : positif (+)
2003– –Presses Presses l’Université Québec ©©2003 de de l’Université du du Québec Édifice Le DeltaÉdifice I, 2875, boul. I,Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec Tél.: (418) : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Le Delta 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, QuébecG1V G1V 2M2 2M2 ••Tél. 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Mesurer l’insaisissable, Lise Chartier, ISBN 2-7605-1220-7 • D1220N
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
sont retournés aux études, ces éclopés de la vie qui, avec un peu de soutien, ont pu réintégrer la société et s’y rendre utiles ? UNITÉ 36 Le problème se situe davantage au niveau de la gestion
quotidienne des permissions de sortie par des employés insatisfaits de leurs conditions de travail et par une réglementation beaucoup trop laxiste.
Sujet : Application de la loi Type de média : imprimé Évaluation : positif (+)
UNITÉ 37 Sujet : Application de la loi Type de média : imprimé Évaluation : positif (+)
D’autre part, les employés se plaignent du manque d’effectifs pour assurer un suivi adéquat de tous les dossiers et réagir rapidement dans des situations délicates. D’autre part, le flou artistique qui entoure les conditions et la durée des permissions de sortie n’a rien de rassurant.
UNITÉ 38 En fait, si le détenu a purgé le tiers de sa peine, il peut Sujet : Application de la loi Type de média : imprimé Évaluation : positif (+)
obtenir la permission de sortir une fois par mois, sur simple autorisation du chef d’équipe en poste à l’heure où il dépose sa demande par écrit.
Tant que les chefs d’équipe étaient appuyés par les employés, ils pouvaient se permettre de refuser ou de retarder une autorisation de sortie. Or depuis six mois, le personnel de soutien refuse de s’impliquer auprès des chefs d’équipe et des détenus, remet des rapports incomplets sur la conduite des détenus et jette le blâme sur la direction qui n’aurait pas comblé les postes vacants. UNITÉ 39 L’enquête demandée par la Chefferie de la justice à Sujet : Application de la loi Type de média : imprimé Évaluation : positif (+)
celle de la Sécurité nous apparaît logique dans les circonstances, et ce, en dépit de la campagne de protestation menée tambour battant par le Comité pour la protection des honnêtes citoyens. Frank Loyal
8.6.
APERÇU DU DÉCODAGE
Le tableau 8.1 présente le décodage des articles précédents.
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Chapitre 8 ❖ L’unité d’information – Évaluation de son contenu
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TABLEAU 8.1 Résumé du décodage des nouvelles Numéro d’unité 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39
Intervenant
Type de média
Sujet
Évaluation
4 2 4 1 2 2 1 1 5 3 1 5 1 1 4 4 4 1 1 1 5 1 5 5 1 4 4 2 4 1 3 1 3 3 4 4 4 4
0 0 – – 0 0 0 0 0 0 – – 0 0 – – 0 – 0 – – 0 – 0 0 0 – – – – 0 – – + + + + + +
21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 21 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20
10
11 11 11 11 11 11
11 11 11
Légende des codes Les sujets Chefferie de la justice Service des libérations temporaires Loi sur les libérations temporaires Application de la loi CPHC Les intervenants Chef de la justice CPHC
1 2 3 4 5 10 11
Types de médias Imprimé Électronique Évaluation Neutre Positif Négatif
20 21 0 + –
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L’ANALYSE DES RÉSULTATS LES TABLEAUX INDICIELS
E R T I
C
H
A
P
9 Par-delà l’image qu’on émet, il y a l’image qui est perçue.
2003– –Presses Presses l’Université Québec ©©2003 de de l’Université du du Québec Édifice Le DeltaÉdifice I, 2875, boul. I,Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec Tél.: (418) : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Le Delta 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, QuébecG1V G1V 2M2 2M2 ••Tél. 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Mesurer l’insaisissable, Lise Chartier, ISBN 2-7605-1220-7 • D1220N
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Les unités d’information découpées dans les documents étudiés ont d’abord été identifiées selon leur appartenance aux sujets prédéterminés d’une analyse, classées par catégories, puis évaluées et codées. Ces données sont ensuite saisies et accumulées dans une banque informatisée, puis compilées pour obtenir des résultats qui se présentent sous forme de tableaux indiciels à trois niveaux : une série de tableaux simples correspondant à chacune des catégories de classification et deux séries de tableaux par croisements entre les catégories de classification. Naville-Morin avait proposé six indices résultant de la compilation des données : la fréquence, la politisation absolue, la politisation pondérée, l’orientation absolue, l’orientation pondérée et l’engagement pour chaque catégorie de classification des unités d’une analyse. Avec l’instauration du traitement informatisé des données et au fur et à mesure que nous avons progressé dans la maîtrise et le développement de la méthode, nous avons – par la pratique – réussi à alléger la présentation des calculs indiciels et à simplifier l’analyse des résultats. Trois des indices énumérés précédemment, soit la politisation pondérée, l’orientation pondérée et l’engagement, alourdissent, à notre avis, la présentation des résultats. Chaque pourcentage ne dévoile pas de renseignements statistiques éclairants sans être confronté à tous les autres. Grâce à l’informatique, nous avons pu les remplacer par un seul qui regroupe les éléments des trois autres ; nous l’appelons l’indice de poids-tendance. Les calculs définis pour chacun des indices nous ont toutefois incitée à en ajouter trois nouveaux servant à évaluer l’ensemble d’un corpus de presse. Les trois avaient d’ailleurs été utilisés dès le début de nos essais en 1980-1981. Ils présentent un aperçu général du corpus analysé en chiffrant par un pourcentage la partialité et l’orientation d’une couverture de presse et en précisant la tendance-impact qui en ressort. Examinons chacun d’entre eux et l’utilisation que nous en avons faite au fil de notre expérimentation à travers quelques centaines d’analyses. Nous regarderons d’abord les indices tels qu’ils se présentaient à l’origine. Puis nous transiterons vers les indices tels que nous les utilisons maintenant.
9.1.
LES INDICES ORIGINAUX
Lorsque Naville-Morin décrit les calculs de ses six indices, elle insiste sur la nécessité de procéder à l’analyse comparée de trois catégories « la fréquence, la politisation pondérée et l’orientation pondérée1 ». De plus, 1.
Violette (Naville dit) Morin, L’écriture de presse, Paris, Mouton, p. 42-43.
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Chapitre 9 ❖ L’analyse des résultats – Les tableaux indiciels
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lorsqu’elle entreprend l’analyse des résultats, elle tient compte des moyennes pour déterminer les indices majeurs et mineurs en sélectionnant les « unité ayant au moins trois indices-majeurs-fondamentaux2 ». Voici donc la description des six indices tels qu’originellement présentés accompagnée de nos commentaires quant à leur utilisation.
9.1.1. L’INDICE DE FRÉQUENCE L’indice de fréquence « d’une catégorie d’unités, dans un groupe donné, est le pourcentage des répétitions par rapport aux autres catégories ». Ce qui veut dire que l’indice représente le pourcentage de présence d’une catégorie d’unités par rapport à la totalité d’une couverture de presse.
9.1.2. L’INDICE DE POLITISATION ABSOLUE L’indice de politisation absolue « d’une catégorie d’unités, est, indépendamment de son groupe, le pourcentage de ses unités orientées quelle que que soit leur orientation », précise-t-on à l’origine. Nous avons remplacé le mot « politisation3 » par le mot « partialité » pour éviter toute confusion sémantique, particulièrement lorsque le mot est employé dans le cadre d’une analyse de couverture de presse à caractère politique. Cet indice établit le pourcentage d’unités favorables et défavorables dans une catégorie donnée. Son corollaire est le pourcentage d’unités neutres de la même catégorie. Cet indice permet de quantifier en pourcentage l’intérêt, la passion ou les prises de position retracées dans une couverture de presse à propos de n’importe quelle catégorie de classification et de confronter ce chiffre avec celui de toute autre catégorie.
9.1.3. L’INDICE DE POLITISATION PONDÉRÉE L’indice de politisation pondérée « d’une catégorie d’unités, dans un groupe donné, est le produit de l’indice de politisation absolue par celui de la fréquence. Cette opération permet de relativiser dans un groupe la politisation d’une catégorie d’unités par rapport aux autres », souligne la sociologue. En d’autres mots, elle avait créé cet indice pour évaluer la partialité d’une catégorie donnée par rapport à l’ensemble d’une couverture de presse.
2. 3.
Morin, op. cit., 1969, p. 42-43. Le mot politisation était employé par Naville-Morin dans son sens d’« engagement » du contenu pour ou contre, favorable ou défavorable, en somme d’une prise de position.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
À l’usage, nous avons constaté que cet indicateur procurait peu d’informations nouvelles lors de l’analyse des résultats, qu’il augmentait et compliquait le nombre de données à confronter.
9.1.4. L’INDICE D’ORIENTATION ABSOLUE L’indice d’orientation absolue « d’une catégorie d’unités est, indépendamment de son groupe, le pourcentage des unités qui l’emportent positivement ou négativement dans l’ensemble des unités de la catégorie ». En d’autres mots, il donne le pourcentage par lequel un groupe majoritaire d’unités orientées positivement ou négativement l’emporte sur l’ensemble. Ce pourcentage se confronte et se compare aux indices d’orientation des autres unités classées selon diverses catégories.
9.1.5. L’INDICE D’ORIENTATION PONDÉRÉE À l’origine, l’indice d’orientation pondérée « d’une catégorie d’unités, dans un groupe donné, est le produit de l’orientation absolue par la fréquence ». En d’autres mots, l’indice avait été créé pour évaluer l’orientation d’une catégorie donnée par rapport à l’ensemble d’une couverture de presse. À l’usage, nous avons constaté qu’il présentait les mêmes désavantages que l’indice de politisation pondérée.
9.1.6. L’INDICE D’ENGAGEMENT L’indice d’engagement « précise la dénivellation existant entre la politisation et l’orientation ». En d’autres mots, ce chiffre indique, dans une catégorie donnée, par quel pourcentage les unités orientées (+ ou – ) l’emportent sur l’ensemble des unités orientées de cette même catégorie. Nous avons utilisé cet indice tel quel pendant une quinzaine d’années, avec un certain inconfort. Le pourcentage qu’il détermine est généralement très élevé, ce qui suscite beaucoup d’interrogations lors de la présentation des résultats. Son calcul propulse l’indice d’orientation absolu puisqu’il ne tient compte que des unités orientées (+ et –) dans une catégorie spécifique, faisant complètement abstraction des unités neutres. Pour obtenir sa juste valeur, il devait nécessairement être confronté aux indices pondérés de partialité et d’orientation.
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Chapitre 9 ❖ L’analyse des résultats – Les tableaux indiciels
9.2.
109
LES NOUVEAUX INDICES
Le traitement informatique des données a court-circuité la confrontation entre les trois indices majeurs par l’utilisation de formules de calcul où les unités sont toutes retenues. Autre avantage dérivé de l’informatique, la création de quatre nouveaux indices a facilité la compréhension des tableaux de résultats. Ces statistiques procurent une vue d’ensemble beaucoup plus limpide d’une couverture de presse.
9.2.1. L’INDICE GLOBAL DE PARTIALITÉ L’indice global de partialité représente le pourcentage d’unités orientées pour toute une analyse. Il indique la partialité moyenne d’une couverture de presse. Il sert de base de comparaison pour déterminer si une catégorie d’unités est plus ou moins partiale que la moyenne de la couverture. Après avoir complété environ 300 études, nous avons établi que la partialité moyenne d’une couverture de presse se situe à 40 %.
9.2.2. L’INDICE GLOBAL D’ORIENTATION L’indice global d’orientation précise, pour l’ensemble d’une analyse, le pourcentage par lequel les unités positives ou négatives l’emportent sur toutes les autres. Si le nombre des unités positives est égal à celui des négatives, l’orientation globale est égale à zéro, ce qui n’est arrivé qu’une seule fois au fil de plus de 300 analyses de presse réalisées entre 1984 et 20024.
9.2.3. L’INDICE GLOBAL DE TENDANCE-IMPACT L’indice global de tendance-impact comprend deux informations. La tendance est déjà connue par le calcul de l’orientation puisqu’il révèle si une couverture de presse est positive ou négative. Quand à l’impact, il représente le pourcentage gagnant entre les unités positives et négatives par rapport à l’ensemble des unités partiales.
9.2.4. ILLUSTRATION PRATIQUE DES INDICES GLOBAUX Afin d’illustrer les trois indices globaux que nous venons de présenter, prenons l’exemple de l’analyse des actualités télévisées du référendum de 1980. Le tableau 9.1 donne la compilation de l’évaluation des unités après leur découpage et codification ; le tableau 9.2 présente les indices qui ressortent de cette compilation.
4.
L’analyse de la couverture de presse canadienne consacrée à Statistique Canada au cours de l’année 1984 révéla que les médias ne commentaient ni ne remettaient en question les résultats des enquêtes de cette agence du gouvernement fédéral.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
110
TABLEAU 9.1 Compilation des évaluations
Quantité
Unités positives
Unités négatives
Unités neutres
Total des unités
440
602
766
1 808
TABLEAU 9.2 Indices globaux Vue d’ensemble de la couverture des actualités télévisées traitant du référendum de 1980
•
•
•
Indice de partialité
57,6 %
Indice d’orientation
9% –
Indice de tendanceimpact
Total des unités
15,5 % –
100 %
On y dénombre 1 042 unités orientées (les + et les – ), ce qui indique que 57,6 % de toute la couverture était partiale. Le nombre d’unités négatives dépasse de 162 celui des unités positives ; l’orientation générale de la couverture en tenant compte du contenu neutre atteint 9 % –. Ce total de 162 unités négatives dégage une tendance-impact de 15,5 % –, ce qui quantifie l’effet dominant de ces unités sur l’ensemble des unités partiales et en qualifie l’effet rémanent.
9.2.5. L’INDICE DE POIDS-TENDANCE PAR CATÉGORIE Nous avons créé l’indice de poids-tendance pour connaître l’impact d’une catégorie d’unités sur l’ensemble d’une couverture de presse. C’est le pourcentage des unités qui l’emportent positivement ou négativement dans une catégorie donnée d’unités par rapport à l’ensemble des unités partiales d’une analyse. L’indice révèle quel a été le poids-tendance de chaque catégorie d’unités sur la tendance-impact générale d’une couverture.
9.3.
COMPARAISON
Afin d’illustrer les différences entre les tableaux indiciels originaux et les nôtres, nous présentons leur application aux résultats de l’analyse des actualités télévisées traitant du référendum de 1980, selon chacune des versions (voir tableaux 9.3 et 9.4)
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Chapitre 9 ❖ L’analyse des résultats – Les tableaux indiciels
9.4.
111
LA SIGNIFICATION DES INDICES ET LEUR INTERPRÉTATION
Lorsque arrivent les tableaux indiciels, tout chauds sortis de l’imprimante après leur traitement informatisé, la curiosité hante les analystes. Le corpus analysé était-il favorable ou négatif ? Quels étaient les sujets majeurs ? Quels intervenants ont été les plus visibles et dans quels médias ? De quoi ont-ils parlé ? La couverture contenait-elle beaucoup d’informations ? La radio a-elle été plus critique que la presse hebdomadaire ? La crise du mois de mars a-t-elle refait surface au cours de l’année ? Si oui, a-t-elle été abordée moins négativement par la presse ? L’analyse méthodique des tableaux indiciels permet de répondre à toutes ces interrogations. À l’origine, trois indices étaient qualifiés de fondamentaux pour l’interprétation des résultats : la fréquence ou visibilité, la partialité pondérée et l’orientation pondérée. Et c’est en comparant une multitude de chiffres sous ces trois colonnes que Naville-Morin arrive à dégager « les unités répétées, politisées et orientées au-dessus de la moyenne, dans un groupe donné5 ». L’avènement du traitement informatique a grandement simplifié et accéléré l’analyse des résultats de ces diverses « manipulations », en particulier par la mise en place de l’indice du poids-tendance et par l’ajout de triages et de croisements entre les catégories d’unités. Ces nouveaux tableaux permettent de dégager rapidement les éléments les plus révélateurs d’une couverture de presse. Nous présentons ci-après les indices selon l’ordre logique de leur analyse et la préparation au travail de rédaction.
9.4.1. LES INDICES GÉNÉRAUX L’impact, la partialité et l’orientation d’un corpus de presse Trois pourcentages permettent de saisir en un coup d’œil l’essentiel d’une couverture de presse. Tout au bas du tableau 9.4, la tendanceimpact indique par un chiffre la rémanence et la tendance se dégageant d’une couverture de presse. La partialité révèle la ferveur avec laquelle la presse s’est emparée du sujet et l’orientation chiffre le penchant exprimé.
5.
Morin, op. cit., 1969, p. 51-52 et tableau 9.3.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
112
TABLEAU 9.3 Tableau indiciel des thèmes référendaires, version Naville-Morin Répartition des unités
Quantité Fréquence Politisation Politisation Orientation Orientation Engagement % absolue pondérée* absolue pondérée* % % % %
Arguments
557
30,8**
81,9
25,2
17,6 –
5,4 –
21,5 –
Comité du NON
273
15,1
52,4
7,9
26,0 –
3,9 –
49,7 –
Interférents divers
251
13,9
48,2
6,7
10,0 –
1,4 –
20,7 –
Comité du OUI
218
12,1
51,4
6,2
13,8 +
1,7 +
26,8 +
Cadre du référendum
175
9,7
9,1
0,8
Interventions fédérales
159
8,8
48,4
4,3
19,5 –
1,7 –
40,3 –
Intentions de vote
132
7,3
72,0
5,3
23,5 +
1,7 +
32,6 +
Enjeux futurs
43
2,4
51,2
1,2
4,7 +
0,1
Moyennes
226
12,5
56,6
7,2
9,0 –
1,1 –
0
0
0
9,1 +
** Les indices pondérés représentent un pourcentage par rapport à l’ensemble ; les autres indices expriment un pourcentage par catégorie. ** Les chiffres en italique sont au-dessus de la moyenne et considérés par Naville-Morin comme nécessaires pour déterminer les indices majeurs.
L’indice de tendance-impact L’indice de tendance-impact repose sur l’évaluation de la couverture partiale, celle où la presse a manifesté son engagement face au sujet analysé. Elle peut avoir exprimé directement sa pensée dans les éditoriaux, les chroniques ou les commentaires. Elle peut aussi avoir levé le voile sur ses préférences à travers ceux à qui elle donne la parole par les propos, plus ou moins abondants et fréquents qu’elle rapporte de différentes sources au moyen d’entrevues ou de citations. En dernier lieu, la presse peut, tout simplement par sa manière de traiter un sujet, par l’angle avec lequel elle l’aborde, révéler les orientations qui l’inspirent et dégager dans la tenue de son discours les tendances qui l’habitent. La tendance-impact qualifie le discours général qui circule, la tendance rémanente qu’il engendre, bref l’impression que l’opinion
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Chapitre 9 ❖ L’analyse des résultats – Les tableaux indiciels
113
TABLEAU 9.4 Tableau indiciel des thèmes référendaires, selon notre méthode Répartition des unités
Indices par rapport à l’ensemble
Catégories
Quantité
Visibilité %
Arguments
557
30,8
Comité du NON
273
Interférents divers
Poids-tendance %
Indices par catégories Partialité %
Orientation %
9,4 –
81,9
17,6 –
15,1
6,8 –
52,4
26,0 –
251
13,9
2,4 –
48,2
10,0 –
Comité du OUI
218
12,1
2,9 +
51,4
13,8 +
Cadre du référendum
175
9,7
0,0
9,1
0,0
Interventions fédérales
159
8,8
2,9-
48,4
19,5 –
Intentions de vote
132
7,3
2,9+
72,0
23,5 +
Enjeux futurs
43
2,4
0,2 +
51,2
4,7 +
57,6
9,0 –
Aperçu général de la couverture Totaux
1 808
100,0
Partialité et Orientation Impact et tendance de la couverture
15,5 –
publique retient d’un sujet donné à partir de ce qu’en révèlent les médias. Comme nous l’avons vu précédemment, la presse, dans ses choix de sujets et ses modes de présentation, s’efforce de répondre aux goûts et aux besoins exprimés par ses auditoires pour qu’ils lui restent fidèles. Ce faisant, elle en dévoile, par une sorte de symbiose, les états d’âme. Les médias entretiennent des liens serrés avec leur environnement social et vivent en lien direct avec leurs publics par une interactivité de plus en plus efficace : courriers, télécopies, communications téléphoniques, courriels. Ils ne peuvent faire abstraction des idées qui circulent, ne serait-ce que par reconnaissance de l’attachement que le public leur témoigne. Voilà ce qu’exprime l’indice de tendance-impact.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
L’étude de 300 analyses nous a permis de déterminer que les couvertures de presse positives se situent en moyenne à 25 % + et les couvertures de presse négatives à 25 % –, le degré 0 représentant une couverture neutre, sans état d’âme, sans prise de position, sans engagement. Plus l’indice s’écarte du degré zéro, plus l’image que révèle la presse d’une entreprise, d’un projet, d’un événement s’embellit ou se détériore. Plus l’indice s’éloigne du neutre pour s’enfoncer du côté négatif, plus l’empreinte négative du discours de presse laisse une rémanence défavorable dans l’opinion publique. Il devient alors fort utile de consulter l’indice de poids-tendance de chacune des catégories de l’analyse pour découvrir là où le bât blesse. Naville-Morin concluait à propos des tendances observées dans la presse et dans la société que « de performances en performances, les informateurs et les informés arrivent paradoxalement à s’identifier au monde, et leur commune revendication à être tout le monde [...]. Toute individualité étant respectée, les informateurs et les informés se nivellent osmotiquement6 ». L’indice de tendance-impact d’une couverture de presse donne la mesure de ce nivellement avec d’autant plus de précision que le corpus sera représentatif de l’ensemble des médias d’un territoire donné en tenant compte du sujet étudié. En bref, la tendance-impact précise la valeur rémanente d’une couverture de presse dans l’opinion publique. L’indice de partialité La partialité, comme on l’a vu précédemment, indique avec quelle ferveur la presse a couvert un sujet, avec quelle passion tout autant positive que négative elle en a parlé, quels éléments favorables ou non y ont été évoqués, et par quel pourcentage les voix pour et contre ont su se mettre en valeur. La contrepartie à la partialité, c’est la neutralité, l’énoncé factuel, le discours sans état d’âme, l’information quasi indifférente. La partialité d’une couverture de presse provient du contenu orienté, comme nous l’avons vu au chapitre précédent. Il ne faut donc pas confondre « partialité », « orienté » et « biais ». Entre 1982 et 2002, nous avons établi, à partir des analyses que nous avons réalisées, qu’une couverture de presse dégage une partialité moyenne de 40 %. 6.
Morin, op. cit., 1969, p. 151-152.
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Chapitre 9 ❖ L’analyse des résultats – Les tableaux indiciels
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Nous avons noté que la partialité se retrouve fréquemment dans les citations et entrevues de divers porte-parole interviewés par les journalistes, dans les éditoriaux, dans les lettres des lecteurs et, il va de soi, dans les tribunes téléphoniques. La partialité mesure la ferveur manifestée par la presse dans la couverture d’un sujet. L’indice d’orientation L’indice d’orientation révèle dans quelle mesure l’ensemble d’une couverture de presse présente les aspects favorables ou négatifs du sujet à l’étude. L’orientation précise avec quelle conviction la presse s’est appliquée à traiter d’un sujet.
9.4.2. LES INDICES PAR CATÉGORIES L’analyse des indices par catégories d’unités se fait en abscisse et en ordonnée car c’est par la confrontation de ces chiffres entre eux qu’on saisit toute la matière que recèle le tableau d’une catégorie donnée. Afin de mieux comprendre les implications du contenu, il est également nécessaire de consulter les tableaux par croisements de chacune et de toutes les catégories. Par exemple, pour mieux comprendre les thèmes, il sera utile de consulter les tableaux de croisements des thèmes par stations, des thèmes par intervenants ou des thèmes par langues. L’indice de visibilité Originellement défini comme un indicateur du « degré de verbalisme d’une catégorie d’unités par rapport aux autres », l’indice de visibilité ou de présence révèle clairement, par un pourcentage, quelle a été la fréquence d’apparition de toute catégorie d’unités. Pour faciliter la compréhension, lors de la présentation de rapports, nous intitulons cet indice, selon le type de catégorie d’unités : la fréquence, la présence ou la visibilité. Le terme « visibilité » caractérise davantage les unités regroupées par sujets, par thèmes, par dossiers de presse, par événements ou par porte-parole. On écrira que tel porte-parole a été plus visible que tel autre. Les termes « fréquence » ou « présence » s’emploient pour désigner les unités relevant de catégories telles les périodes, les régions, les médias, les journalistes, la langue, etc. On parlera d’une plus grande
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
fréquence de couverture dans tel journal ou d’une présence plus importante d’une catégorie donnée dans la presse écrite comparée à l’électronique ou à Internet. Dans le cadre de l’analyse, cet indice permet de chiffrer, par ordre décroissant d’apparition, le pourcentage de chaque catégorie d’unités classées et codifiées sous chacun des sujets abordés, selon chacune des régions définies, selon chaque période de couverture, selon chacun des porte-parole déterminés, selon chacune des sources étudiées, etc. En se référant au tableau 9.4, on constate que les arguments ont été, sous la catégorie des thèmes du référendum de 1980, le plus fréquemment abordés dans les actualités télévisées de 1980 : 557 unités d’information s’y rapportent, soit 30,8 % de toute la couverture analysée. Suivent : les unités se rattachant au comité du NON (15,1 %), les interférents divers (13,9 %), etc. En général, lors de l’analyse d’un tableau indiciel, on tient compte de l’indice de visibilité pour retracer les éléments majeurs d’une analyse de presse. Pour déterminer ce qui est majeur, on divise le nombre total d’unités par le nombre de classifications dans une catégorie. Par exemple, au tableau 9.4, 1 808 unités référendaires divisées par 8 thèmes = 226 ou 8 %. Dans ce cas, les thèmes se situant au-dessus de cette moyenne seront considérés comme majeurs (arguments, comité du NON, interférents divers et comité du OUI). Ceux qui se situent entre 110 (4 % ou la moitié de la moyenne) et 226 (ou 8 %) seront des éléments de moyenne importance : cadre du référendum, interventions fédérales et intentions de vote. Enfin les autres éléments moins visibles deviennent mineurs (enjeux futurs). Le poids-tendance L’indice de poids-tendance permet de visualiser le poids de chaque classification sous une catégorie donnée par rapport à la tendance-impact caractérisant l’ensemble d’une couverture de presse. On comprend alors, en les comparant avec les autres catégories, dans quelle mesure un sujet, un média, un intervenant ou un reporter peut avoir joué un rôle majeur dans un dossier de presse. En confrontant la visibilité et le poids-tendance, on remarque occasionnellement que certains groupes d’unités génèrent un impact plus déterminant que d’autres dans une couverture de presse même si leur présence est moindre.
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Chapitre 9 ❖ L’analyse des résultats – Les tableaux indiciels
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Dans l’analyse des thèmes du référendum, au tableau 9.4, on observe que les thèmes interventions fédérales et intentions de vote ont un impact aussi grand sur l’ensemble de l’analyse que les thèmes interférents divers et comité du OUI, même si leur fréquence d’apparition est moindre. C’est en examinant la partialité et l’orientation qu’on en saisit la raison. La partialité Tout comme pour l’ensemble d’une couverture, la partialité d’une catégorie indique avec quelle ferveur la presse a couvert ladite catégorie. Avec quelle passion, à la fois positive et négative, elle l’a traitée. Quels éléments favorables ou non y ont été abordés, et par quel pourcentage les voix pour et contre ont su la mettre en valeur. Dans l’analyse des thèmes du référendum, on remarque un indice très élevé de partialité au chapitre des arguments référendaires. Explication logique : l’argumentation utilisée par les forces en présence pour inciter le vote pour le OUI ou pour le NON constituait en ellemême un contenu politisé que les médias ne pouvaient que rarement transmettre au neutre, surtout lorsqu’ils donnaient la parole aux intervenants. En fait, seuls les énoncés neutres du type « il a été question de fascisme à la réunion de tel comité hier soir » pouvaient se classer au neutre sous la catégorie des arguments. L’orientation Jumelée à la partialité, l’orientation d’une catégorie explique pourquoi son poids-tendance peut avoir un impact plus ou moins grand sur l’ensemble d’une analyse. Plus la partialité est forte et l’orientation élevée dans une catégorie donnée, plus elle aura d’impact sur la totalité d’une couverture. Examinons au tableau 9.4, trois thèmes du référendum, le premier défavorable et les deux autres favorables à la question référendaire. Au départ, les arguments donnent le ton à la couverture : presque le tiers des unités s’y rapportent (30,8 %), dans un contexte de très haute partialité (81,9 %), l’orientation y atteint un quasi sommet négatif à hauteur de 17,6 % –, presque deux fois l’orientation moyenne de toute la couverture (9 % –). Il n’est donc pas étonnant que ce sujet à lui seul ait contribué avec son poids-tendance de 9,4– à presque la moitié de l’impact négatif de l’ensemble (lequel totalisait 21,5–).
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Si l’on compare deux des thèmes favorables, le comité du OUI et les intentions de vote, en dépit d’une partialité élevée (51,4 % et 72 %) et d’une orientation favorable (13,8 % et 23,5 %) ils ne réussissent à soustraire que 5,8 points + du total de l’impact négatif qui culminait à 21,5 (chiffre obtenu par l’addition de tous les poids défavorables, à cause de leur faible présence (respectivement 12,1 % et 7,3 %). Au cours de nos études, nous avons noté qu’un ou deux sujets (ou thèmes) comportant une orientation hautement négative faisaient basculer toute une couverture de presse autrement favorable, par les effets néfastes qu’ils propagent sur les autres, un peu comme un vêtement coloré tache celui qui le côtoie dans une brassée de linge.
9.5.
CHAQUE ANALYSE COMPORTE SON HISTOIRE
Chaque dossier de presse comporte une telle variété d’éléments d’informations en supplément du discours diffusé qu’on ne se lasse jamais d’en examiner les détails. Cet exercice permet de mieux comprendre l’ensemble des événements et d’en obtenir une vue globale et détachée, libérée des émotions qu’ils ont pu engendrer. Afin de mieux saisir la richesse de notre méthode d’analyse et les surplus d’information qu’elle dévoile, nous vous livrons aux chapitres 11 à 14 l’analyse détaillée des actualités télévisées traitant du référendum de 1980 au Québec.
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PLANS D’ANALYSE DE PRESSE RELATIONS PUBLIQUES ET RECHERCHE
E R T I
C
H
A
P
10 Par-delà la cacophonie des nouvelles qui s’entrechoquent, il y a l’harmonie d’un unique récit qui s’écrit.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Le présent chapitre propose d’abord un plan de travail pour les relations publiques, basé sur notre méthode d’analyse1. Nous formulons ensuite diverses recommandations pour éviter les erreurs les plus fréquentes et relevons les facteurs de validité de la méthode jusqu’à la présentation des résultats.
10.1. PLAN DE TRAVAIL DÉTAILLÉ À partir de notre méthode d’analyse, trois plans de travail ont été élaborés pour répondre à différents objectifs d’utilisation. Chaque plan comprend un tableau-synthèse. Le premier tableau énumère les étapes de la méthode en fonction de son utilisation en relations publiques. Le deuxième définit un plan de travail pour un étudiant ou un chercheur. Le troisième propose un plan d’étude de texte pour utilisation pédagogique au secondaire ou au collégial. On trouvera les détails de ces deux derniers plans à l’Annexe 1. La planification d’un travail d’analyse assure la cohérence dans le suivi d’un projet et l’harmonie entre les personnes qui y sont rattachées, que ce soit le chef de projet, les codeurs et le client dans le cadre d’un mandat de recherche en relations publiques, le chercheur et son directeur de thèse dans le cadre d’une recherche universitaire, ou le professeur et ses élèves dans une classe d’étude de textes de presse. Comme l’exprimait avec justesse de Bonville : Dans la réalité quotidienne du commun des chercheurs, pour un gramme de génie, il faut plus d’un kilo de savoir-faire technique. Pour le « chercheur ordinaire », au sens où Thomas Khun parle de « science ordinaire », la recherche se résume à des opérations solidement fondées sur le plan conceptuel, bien menées sur le plan technique, mais d’un certain point de vue prévisibles et routinières. C’est du travail d’artisan qui se soucie de la « belle ouvrage ». Travail souvent invisible, mais qui fait avancer la science, ne serait-ce que de quelques millimètres2.
Les explications appropriées pour chaque étape de chaque plan suivent la présentation de chacun des tableaux.
1. 2.
Des variations de ce plan pour utilisation par les chercheurs et les enseignants sont présentées à l’Annexe 1. Jean de Bonville, L’analyse de contenu des médias, Paris et Bruxelles, De Boeck University, 2000, p. 395.
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Chapitre 10 ❖ Plans d’analyse de presse – Relations publiques et recherche
121
TABLEAU 10.1 Plan d’analyse pour les relations publiques
1
2
MISE EN PLACE D’UN PROJET
Préparation et validation du devis de travail
Concertation avec le client
Définition des sujets et des catégories pour l’équipe d’analystes
Réception du corpus de presse, vérification et classification du contenu, échantillonnage, selon le budget ou le volume
Instructions aux analystes – Analyse en groupe de quelques documents
Prétest, rodage et ajustements individuels
DÉCODAGE DU CONTENU (découpage des unités, évaluation et codification)
3
10.1.1.
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
Traitement des données
Analyse des tableaux indiciels
Production du rapport
Livraison et présentation des résultats
LA PRÉPARATION
Élaboration d’un devis de travail Tout projet d’analyse de presse doit faire l’objet d’un devis de travail mis par écrit. À partir de ce plan, on décrira le mandat, les objectifs et la méthode suivie. Nous vous proposons l’exemple suivant.
Exemple de devis d’analyse de couverture de presse Dans cet exemple, la formulation des parties en italique fera l’objet d’adaptation pour chaque projet. Le reste du texte fait partie des explications normalement intégrées dans une proposition d’analyse.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
A) DESCRIPTION
DU MANDAT
Le but général de l’analyse de presse proposée est de fournir un rapport visant à évaluer l’image de l’organisation X véhiculée à travers une sélection d’articles, de nouvelles et de reportages traitant de cette organisation et de ses composantes selon des sujets et des dossiers qui ont fait l’objet d’une couverture de presse au cours de la période du (date de début) au (date de la fin). a.1) Objectif général Cette analyse propose d’établir la valeur positive, négative ou neutre de la couverture de presse traitant de l’organisation X, de retracer et d’évaluer l’impact... (des propos rapportés de ses principaux porteparole, de déterminer quel genre de traitement médiatique a été accordé à l’ensemble du dossier selon divers critères et catégories de classification de leur contenu dont les détails, schématisés ci-après, seront précisés avec les personnes responsables). a.2) Évaluation objective de la rétroaction de presse : Qui dit quoi ? À qui ? Et comment ? Cette analyse permettra : d’interpréter de façon objective la couverture de presse, de scruter plus profondément ce qu’elle contient et de décoder certaines données et références qui se dégagent dans l’information véhiculée par la presse. À cette fin, le contenu des nouvelles est découpé en unités d’information (UI) qui correspondent aux sujets et aux catégories de classification élaborées avec les représentants de X. a.3) Indices de référence L’analyse propose des indices en pourcentage et diverses statistiques, notamment la fréquence, l’orientation, l’impact de l’ensemble de la couverture et le poids d’éléments spécifiques, le tout à partir de la couverture de presse. Disséquer le dossier de presse permet de retracer les sujets abordés, en les classant selon les besoins de l’organisation. a.4) Un rapport d’analyse sera présenté en n parties : – Les faits saillants – L’introduction et le contexte général de l’analyse – Les sujets et leurs traitements par catégories de classification – La conclusion – Les annexes (Les annexes peuvent comprendre tous les tableaux indiciels ou une sélection, des morceaux choisis extraits du corpus analysé, des statistiques sur la couverture générale lorsqu’on effectue un échantillonnage systématique, des listes détaillées d’intervenants, etc.)
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Chapitre 10 ❖ Plans d’analyse de presse – Relations publiques et recherche
B) NOTES
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MÉTHODOLOGIQUES
b.1) La question La question préalable sera formulée de la manière suivante : Est-ce que ce qui est dit à propos de tel sujet (traitant de X) est favorable, défavorable ou neutre en regard de l’organisation X ? b.2) Les sujets Voici pour réflexion quelques sujets soumis à titre indicatif : – X en général – Les concurrents de X – Les finances, les revenus de X, etc. – Les communications, les campagnes de marketing, etc. b.3) Les intervenants cités par la presse Identifier les intervenants à titre individuel ou les groupes d’intervenants b.4) Les médias Identifier chacun des médias b.5) Les titres, sous-titres, légendes sous photo, graphiques ou autres éléments de spectacularisation Au besoin b.6) Les types de document – Nouvelles, reportages, entrevues – Éditoriaux, chroniques – Affaires publiques – Lettres de lecteurs, témoignages, tribunes téléphoniques b.7) Les dossiers À déterminer, les plus connus d’abord et les autres définis en cours d’analyse.
C) LE
CORPUS DE L’ANALYSE
Les corpus de chaque analyse comprendront approximativement n documents à traiter par période et seront tirés des revues de presse de X.
D) LE
RAPPORT D’ANALYSE DE LA COUVERTURE DE PRESSE
Dans la préparation du rapport, les principales étapes du traitement de l’information sont : l’élaboration et la validation de la grille d’analyse, la lecture de chaque nouvelle, l’analyse des textes pour diviser le contenu en unités d’information selon les classifications retenues, la codification des unités d’information, le traitement informatique des données (saisie des données et sortie des rapports indiciels), l’analyse des rapports indiciels, la rédaction et la livraison du rapport.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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Concertation avec le client Que le client soit professeur, étudiant de maîtrise ou de doctorat ou client commanditant une étude de couverture de presse, il est primordial de discuter sérieusement du devis avant d’entreprendre un projet de recherche. Il faut s’assurer que toutes les catégories de classification du contenu aient été déterminées adéquatement et que les définitions des sujets et des dossiers de presse aient été approuvées et comprises par tous.
Mise en garde Il est très coûteux et inefficace de revenir sur une analyse pour ajouter une catégorie, redéfinir un sujet ou subdiviser une catégorie. En général, de telles interventions obligent à réviser toute la codification des contenus.
Directives de codification Une fois le devis entériné par le client, le chef de projet doit transmettre à l’équipe d’analystes toutes les directives concernant la codification, expliquer en détails le sens des définitions des sujets, des dossiers et des classifications. Il s’assure que tous disposent des mêmes outils de travail, prévoit des modes d’échange de renseignements et planifie des rencontres périodiques, surtout dans les cas où une étude est réalisée par plusieurs analystes sur une longue période. Validation du corpus En général, un client fournit les documents devant faire l’objet d’un mandat d’analyse. Dès leur réception, il faut les vérifier afin de s’assurer de leur intégralité, de leur pertinence et de leur correspondance au territoire déterminé dans le mandat. Les articles, transcriptions de nouvelles et autres documents incomplets devront être redemandés. Les articles qui ne traitent pas de l’organisation faisant l’objet de l’analyse seront éliminés tout comme les nouvelles se situant hors du contexte géographique.
Compléter les revues de presse Dans les cas où les documents apparaissent incomplets, il est recommandé de suggérer au client d’étoffer ses revues de presse en consultant des banques de données informatisées pour récupérer certains éléments manquants. On peut lui demander la permission d’accéder à ses dossiers de presse.
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Chapitre 10 ❖ Plans d’analyse de presse – Relations publiques et recherche
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Préparation du corpus Les documents sont ensuite classés par média, par ordre chronologique et hiérarchique de diffusion. Journal : 18 mai, page 1 ; 19 mai, page 1 ; 20 mai, page 3, page 5 ; 21 mai, page 25 ; etc. Station de radio ou de télévision : 18 mai, 7 heures ; 19 mai, 18 heures ; 20 mai, midi et 22 heures ; etc. Échantillonnage Dans les cas où les revues de presse sont très abondantes, comportent de nombreuses répétitions, ou si le temps de traitement des documents dépasse le budget alloué ou ne permet pas de respecter les échéances de livraison, on peut procéder par échantillonnage systématique. C’est un « mode d’échantillonnage dans lequel le premier individu ou groupe d’individus est choisi de manière aléatoire et tous les individus ou groupes d’individus suivants à un intervalle fixe prédéterminé2 ». Au Québec, une revue de presse abondante compte entre 200 à 500 nouvelles par mois ; au Canada, elle se situe au-delà de mille nouvelles par mois. Un codeur d’expérience peut traiter environ 10 documents de 500 mots à l’heure. En général, les éditoriaux et les chroniques seront mis en réserve pour fin d’analyse. Ce type de documents a rarement dépassé 5 % du contenu global d’une analyse de presse, selon les centaines d’analyses que nous avons effectuées. Comme ils véhiculent des opinions, il est important de les conserver. Le reste du contenu classé par média, par date et par ordre hiérarchique de diffusion sera sélectionné à raison de 1 sur 2, ou 1 sur 3, ou 1 sur 4, selon le nombre total de documents disponibles et l’objectif fixé. Il n’est pas obligatoire de commencer un échantillonnage en prenant le premier jour d’une période comme point de départ. On peut choisir une date de départ au hasard et procéder à la sélection systématique en conservant le même intervalle à partir du jour choisi et pour chacun des médias présents dans le corpus. En général, un échantillonnage retenant de 100 à 125 documents par mois constitue un corpus d’analyse fort représentatif sur une base mensuelle d’une couverture de presse plus abondante.
3.
De Bonville, op. cit., 2000, p. 404.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Déterminer l’intervalle Lors d’un échantillonnage systématique, prédéterminer l’intervalle de sélection selon le nombre de documents par média plutôt que selon le nombre total de documents d’un corpus permet d’obtenir une sélection plus précise. Les tableaux ci-dessous illustrent la légère disproportion que risque d’engendrer un échantillonnage prédéterminé à partir d’un corpus global. On y remarquera que plus le nombre d’extraits par média est minime et l’échantillonnage espacé, plus la différence s’amplifie. Si un corpus d’analyse repose sur un grand nombre de médias ayant diffusé un petit nombre de nouvelles, la disproportion s’accroîtra. Dans un tel cas, il serait souhaitable d’examiner comment certains médias peuvent être regroupés pour fins d’échantillonnage. On peut penser, par exemple, réunir tous les articles de la radio si l’on dispose de 28 nouvelles provenant de 21 stations à rayonnement limité, procédant à un échantillonnage là où la population par média est plus abondante ou quand le rayonnement le justifie. Les tableaux qui suivent montrent aussi les variations dans l’échantillonnage effectué selon 4 intervalles sur deux corpus disposant de 500 et 200 documents et provenant de 10 médias. Si l’on augmente la nombre de médias comportant un petit nombre de documents, on constate que l’écart augmente. Ce qui justifie leur regroupement basé sur une décision éclairée qui devrait faire l’objet d’une note insérée dans le rapport final. Enfin, lorsque les mandats d’analyses commandent des rapports sur une base annuelle ou trimestrielle, l’échantillonnage s’étalera sur toute l’année de façon à obtenir un bon aperçu de la couverture globale. Encore une fois, il est recommandé de conserver séparément les éditoriaux et chroniques des journaux et les commentaires à la radio-télé. Analyse en groupe Une fois le corpus d’analyse prêt, les codeurs procéderont en groupe au décodage de quelques documents afin de tester les éléments contenus dans le devis et d’ajuster leur compréhension des définitions de classification. L’analyse en groupe, supervisée par le chargé de projet, devrait permettre à tous de débattre de certains points litigieux, de bien saisir les détails d’application pratique de la méthode et d’établir un consensus sur l’application de tous les éléments d’un devis de travail3.
3.
Cette étape se compare à un « accord interjuges ». Au besoin, elle sera reprise en cours d’analyse lorsque les codeurs éprouvent des difficultés ou sont en désaccord.
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Chapitre 10 ❖ Plans d’analyse de presse – Relations publiques et recherche
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TABLEAU 10.2 Corpus de 500 documents Distribution par média Intervalle Objectif visé Journal-1 Journal-2 Journal-3 Journal-4 Radio-1 Radio-2 Télé-1 Télé-2 Télé-3 Télé-4
= = = = = = = = = =
Total
1/2
Échantillonnage 1/3 1/4
1/5
250
166
125
100
60 35 70 150 88 43 17 27 4 6
30 18 35 75 44 22 9 13 2 3
20 11 23 50 29 14 5 9 1 2
15 8 17 37 22 10 4 6 1 1
12 7 14 30 17 8 3 5 1 1
500
251
164
121
98
Échantillonnage 1/3 1/4
1/5
TABLEAU 10.3 Corpus de 200 documents Distribution par média Intervalle Objectif visé Journal-1 Journal-2 Journal-3 Journal-4 Radio-1 Radio-2 Télé-1 Télé-2 Télé-3 Télé-4 Total
= = = = = = = = = =
1/2 100
66
50
40
43 35 14 47 4 4 17 16 13 6
22 18 7 24 2 2 9 8 7 3
14 11 4 15 1 1 5 5 4 2
10 8 3 11 1 1 4 4 3 1
8 7 2 9 1 1 3 3 1 1
200
102
62
45
37
Prétest Le rodage ou le prétest s’étale sur la période requise par chaque analyste pour découper et évaluer une vingtaine de documents de nature
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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différente. Pendant ce temps, chacun posera les questions appropriées au chargé de projet afin de confirmer les codifications ou les classifications de contenu. Au besoin, le chargé de projet vérifiera le travail des analystes de façon aléatoire pour s’assurer de la concordance entre eux.
10.1.2.
DÉCODAGE DU CONTENU
Nous entrons dans la période la moins visible où chaque analyste, retiré dans le calme et concentré sur son corpus, plonge dans le discours de presse lui-même, qu’il examine par le menu détail. Au cours de cette retraite fermée, l’analyste segmente, trie, classe, juge et code avec méthode, rigueur et précision. Seule une extrême rigueur de la part des analystes à cette étape pemet d’assurer la validité des résultats. Chaque élément de classification est important. Chaque code joue son rôle. C’est ici qu’on saura dans quelle mesure les médias ont été volubiles ou discrets, neutres ou passionnés, intéressés ou ennuyés par le sujet analysé. Il est recommandé aux codeurs de noter les passages particulièrement révélateurs qui pourront faire l’objet de citations lors de la production du rapport final. On signalera au chargé de projet et aux autres membres du groupe les unités posant problème pour obtenir un consensus.
Trucs •
• •
• •
• •
•
Numéroter chaque document décodé (initiales du codeur suivies de 1, 2, 3). Séparer et numéroter chaque unité découpée. Enluminer les passages révélateurs pour y faire référence sous forme de citations dans le rapport. Alterner le travail entre des documents longs et courts. Élucider les doutes auprès du chargé de projet et des collègues. Regrouper les documents qui traitent d’un même dossier. Adopter un système de travail qui soit commode et efficace. Se concentrer : les fréquentes interruptions doublent la durée du travail.
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Chapitre 10 ❖ Plans d’analyse de presse – Relations publiques et recherche
129
Cheminement du décodage Tout au cours du processus de lecture et de découpage du contenu, l’analyste effectuera la saisie des données en utilisant un système de codification propre à chaque projet. Le tableau 10.3 présente un exemple de bordereau de décodage. On y repère selon l’ordre des colonnes et pour chaque unité : • le numéro du document analysé ; • le numéro de l’unité découpée ; • l’indication de la présence d’un titre ; • le code précisant le type de document ; • le nom du média ; • le nom du reporter ; • le nom de l’intervenant cité ; • le dossier retracé ; • le sujet défini ; • et finalement l’évaluation positive, négative ou neutre de l’unité.
10.1.3.
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
Dernière étape de l’analyse de presse, la présentation des résultats comprend le traitement et la compilation des données, l’impression des tableaux indiciels, leur classification et leur analyse, la production du rapport et sa livraison à destination. Traitement des données Les données d’analyse sont traitées par un logiciel programmé à cette fin. En général, les données codées et saisies par les analystes font l’objet d’une révision préalable à la sortie des tableaux indiciels, ce qui permet de retracer les erreurs possibles : oublis de codes, erreurs dans les identifications, etc. Un bon logiciel détecte la plupart des erreurs de saisie. Les codeurs sont invités à retracer ces dernières à partir des documents analysés et à produire les corrections. Analyse des tableaux indiciels Les tableaux indiciels sont classés en trois catégories et numérotés, ce qui en facilite le repérage : A) Les tableaux simples regroupent tous les calculs effectués sur chacune des grandes catégories de classification, en commençant
2003– –Presses Presses l’Université Québec ©©2003 de de l’Université du du Québec Édifice Le DeltaÉdifice I, 2875, boul. I,Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec Tél.: (418) : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Le Delta 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, QuébecG1V G1V 2M2 2M2 ••Tél. 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Mesurer l’insaisissable, Lise Chartier, ISBN 2-7605-1220-7 • D1220N
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+ finances rapport annuel
– XYZ en général embauche
0 communications rapport annuel
0 XYZ en général
finances
F. Long Le Jour édit 6
2
5
oui
édit.
Le Jour
J. Dilon nouv. 4
La Vér.
nouv. 3
La Vér.
J. Dilon La Vér. nouv. 2
La Vér. 1
1
oui
nouv.
J. Dilon
présid.
rapport annuel
rapport annuel
rapport annuel
finances
0 (neutre)
Évaluation Sujet Dossier Intervenant Reporter Média Type Titre de document Numéro du document
Numéro de l’unité
TABLEAU 10.4 Exemple de bordereau de décodage
+
Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
130
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Chapitre 10 ❖ Plans d’analyse de presse – Relations publiques et recherche
131
par les sujets (Tableau 1), leur décodage (Tableau 1A), les dossiers (Tableau 2), les intervenants (Tableau 3), les médias (Tableau 4), et ainsi de suite. B) Les tableaux par croisements (sujets croisés par catégories) sont classés en suivant l’ordre du classement précédent. On obtient ainsi : les sujets par les dossiers (Tableau 2A), les sujets par les intervenants (Tableau 3A), les sujets par les médias (Tableau 4 A), et ainsi de suite. C) Les tableaux par croisements inversés (catégories par sujets) sont classés en suivant le même ordre. On obtient ainsi : les dossiers croisés par les sujets (Tableau 2B), les intervenants par les sujets (Tableau 3B), les médias par les sujets (Tableau 4B), et ainsi de suite. Quand tous les tableaux ont été placés en ordre, le chef de projet et les analystes désignés pour participer à la rédaction du rapport examinent les divers tableaux indiciels, comparent et confrontent les données pour en tirer les éléments majeurs au chapitre de la visibilité, de la partialité, de l’orientation et de la tendance-impact. Production du rapport En général, un rapport d’analyse comprend quatre parties : l’introduction, les faits saillants, l’analyse et la conclusion. L’introduction situe le contexte du mandat, décrit le corpus analysé et présente des observations générales sur les résultats de l’analyse, illustrées par quelques graphiques. Les faits saillants exposent, en une ou deux pages, les points les plus marquants révélés par l’analyse de presse. L’analyse détaille par sujets et catégories les faits majeurs relevés dans l’analyse. Enfin, la conclusion dégage les grandes lignes des tendances observées dans les médias à propos du sujet général de l’étude. Il est fortement suggéré d’archiver les tableaux indiciels avec la copie finale de chaque rapport pour référence ultérieure. Livraison et présentation du rapport Le travail se termine avec l’acceptation du rapport final par le client, qui peut demander différentes versions d’un même rapport, avec l’ajout ou la suppression de certaines sections. Dans certains cas, le rapport peut faire l’objet d’une présentation orale auprès de la direction des communications ou d’un conseil d’administration.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
132
10.2. RECOMMANDATIONS ET VALIDITÉ DE LA MÉTHODE 10.2.1. RECOMMANDATIONS Rigueur, rigueur, rigueur. Voilà notre première recommandation. Quelques autres, formulées sous le signe de la rigueur, sont énumérées dans le but d’obtenir des résultats fiables : 1. Suivre rigoureusement les étapes d’un projet. 2. S’assurer que le corpus est constitué de documents complets et représentatifs d’un ensemble. 3. Valider avec le client ou l’autorité compétente tout changement au mandat ou toute modification au plan méthodologique établi en début d’analyse, pour éviter les pertes de temps obligeant un retour à la case départ lors de la production du rapport final. 4. Vérifier de façon aléatoire le travail des codeurs lorsqu’un projet requiert la participation de plusieurs personnes. 5. Discuter en groupe les points soulevant des incertitudes à propos de la codification ou de l’évaluation en vue d’obtenir un consensus. Transmettre et expliquer la décision rendue à tous les codeurs. 6. Se rappeler, au moment du découpage et de l’évaluation d’une unité, que tout doute quant à son orientation se conclut par une codification neutre. 7. En période de décodage, faire abstraction de ses opinions personnelles et s’en tenir strictement à la question qui soustend l’analyse. 8. Noter les passages significatifs pour fin de citations. 9. Procéder rigoureusement et systématiquement à l’analyse des tableaux indiciels avant de commencer la rédaction. 10. Supporter les résultats par des citations tirées du corpus. 11. Les données finales procurent une vue d’ensemble objective d’une couverture de presse : ne pas essayer d’en atténuer les résultats par complaisance.
10.2.2. VALIDITÉ Comme pour toute méthode ou étude scientifique, l’absence de rigueur dans l’élaboration d’une méthodologie et de son application justifie un questionnement à propos de la justesse des résultats obtenus. De Bonville précise que la validité d’une analyse repose sur deux éléments :
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Chapitre 10 ❖ Plans d’analyse de presse – Relations publiques et recherche
133
De manière générale, la validité d’une analyse de contenu peut être définie comme la probabilité que ses résultats soient conformes à la réalité. Plus précisément, une analyse de contenu est valide si ses résultats possèdent, par rapport à l’hypothèse, à l’univers des messages et au contexte social de la communication, la signification que le chercheur attribue. En distinguant les rapports entre théorie et catégorisation d’une part et entre théorie et contexte de la communication d’autre part, nous pourrons définir deux types de validité : la validité interne et la validité externe4.
La validité interne En poursuivant son explication, de Bonville précise que la validité interne d’une analyse repose sur l’échantillonnage, le concept, la sémantique, la catégorisation et la statistique. Comme nous avons longuement décrit chacun de ces éléments précédemment, leur mise en pratique rigoureuse s’impose. Nous n’insisterons jamais assez sur le soin à apporter aux points suivants : • disposer d’un corpus fiable et complet ; • mettre en place une base de travail solide et bien définie ; • procéder avec méthode et patience ; • établir des consensus de la part de tous les membres d’une équipe dans les moments de doute ; • vérifier de façon aléatoire le travail de codification ; • étudier attentivement les résultats avant de tirer des conclusions et de rédiger un rapport. La validité externe Au chapitre de la validité externe de l’analyse, De Bonville note que « le problème de la validité externe le plus fondamental peut découler de l’emploi même des techniques d’analyse de contenu et que le degré de validité externe est étroitement dépendant de la validité interne5 ». Il insiste par la suite sur les éléments de statistique. Dans le cas de notre méthode d’analyse, tous les résultats statistiques sont supportés par l’obligation imposée aux codeurs de valider méthodiquement chacun de leur découpage, chacune des catégorisations et chaque évaluation au fur et à mesure de la progression du travail. Les analystes doivent s’autocontrôler tout au long de leur activité. En premier lieu, par l’adéquation du découpage du contenu
4. 5.
De Bonville, op. cit., 2000, p. 315 à 336. Ibidem, p. 327.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
avec les sujets prédéterminés et avec leur catégorie d’appartenance, et en second lieu, par la réponse positive ou négative à la question qui sous-tend l’analyse, supportée par une preuve émanant du discours lui-même, à défaut de laquelle preuve l’unité découpée est évaluée au neutre. L’interprétation des résultats Les tableaux indiciels générés par traitement informatique des données présentent des résultats statistiques en pourcentages. Ces derniers quantifient et qualifient tous les éléments de la couverture de presse. L’interprétation de ces résultats offre l’étape ultime de validation de l’analyse par la confrontation des statistiques entre elles. La comparaison des pourcentages entre les différents tableaux indiciels conforte et documente l’explication des résultats et l’écriture du rapport6. Tous les chiffres et pourcentages d’une précision extrêmement éloquente guideront l’analyste dans la présentation de son rapport, tout au long supportée par des exemples provenant de la matière analysée.
6.
Jean de Bonville explique en détail le processus d’interprétation des résultats en analyse de contenu (op. cit., p. 337 à 377).
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LE RÉFÉRENDUM DE 1980 APPLICATION DE LA MÉTHODE
E R T I
C
H
A
P
11 Par-delà les sondages d’opinion, il y a les idées qui cheminent.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
L’analyse de la couverture de la presse télévisée du référendum québécois de 1980 s’est déroulée entre les mois de mars et août 1980 aux bureaux de Caisse, Chartier, une entreprise de Montréal. Cette société se spécialisait dans l’enregistrement et l’écoute des émissions d’actualités des stations de radio et de télévision au Québec. Elle avait été la première au monde à offrir à sa clientèle, dès sa fondation en 1971, une revue quotidienne de la presse radio-télévisée. Elle inaugura dix ans plus tard la livraison matinale des revues de presse intégrant les journaux quotidiens aux relevés de nouvelles radio-télévisées, grâce au télécopieur. En mars 1980, Caisse, Chartier commence la collecte sur cassettes des nouvelles radio-télédiffusées traitant de la prochaine campagne référendaire. En même temps, quatre analystes1 se mettent à l’étude intensive de L’écriture de presse2 dans le but d’en appliquer le modèle à la couverture référendaire radio-télévisée. Très tôt, l’équipe se rend compte que la couverture électronique, diffusée par une vingtaine de stations de Montréal et de Québec, s’avère tellement volumineuse qu’il sera impossible de la traiter dans des délais raisonnables et à des coûts de recherche justifiables pour une PME. Au surplus, cette couverture est extrêmement répétitive, d’une heure à l’autre et d’une station à l’autre. Dès la fin de mars, l’équipe décide donc de s’en tenir strictement à la couverture des actualités télévisées, dans ses bulletins de nouvelles de 18 heures et de fin de soirée. L’analyse systématique des nouvelles à la fin du mois de mars permet de commencer la mise en application de la méthode, à partir des enregistrements vidéos et des transcriptions des nouvelles référendaires. L’équipe consacre plusieurs journées complètes à la mise en place de l’analyse ; elle discute vivement à la fois de l’application de la méthode et de la définition des grands thèmes du référendum tels qu’ils sont abordés par les médias, en prévision de la campagne dont le début est prévu pour la mi-avril.
11.1. CHOIX DU CORPUS Voyant le temps requis pour terminer l’analyse d’une seule journée de couverture télévisée et constatant que le contenu des nouvelles de fin de soirée donne une vue d’ensemble beaucoup plus complète de 1.
2.
L’équipe d’analystes comprenait Gilles-L. Caisse et Lise Chartier, associés de l’entreprise, et deux chefs de service, Hughette Malo, directrice générale, et Lucie Fiset, superviseure de la salle d’écoute. Violette (Naville dit) Morin, L’écriture de presse, Paris, Mouton, 1969.
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Chapitre 11 ❖ Le référendum de 1980 – Application de la méthode
137
chaque journée écoulée, l’équipe prend la décision de ne retenir que les bulletins de 22 heures 30 et 23 heures sur les quatre stations / réseaux qui diffusent le plus largement à travers le Québec. Les bulletins tardifs comportent plus de nouvelles référendaires que les bulletins de 18 heures, les comités3 du OUI et du NON planifiant leurs activités pour obtenir le maximum de couverture télévisée en fin de soirée. Combinés, les auditoires de ces bulletins rejoignent un électeur sur trois inscrits sur les listes de scrutin, comme le démontre le tableau 11.1 ci-dessous. TABLEAU 11.1 Auditoires et électeurs Auditoire des quatre stations/réseaux québécois
CBFT + 10 stations affiliées ou relais en province
679 000
CFTM + Abitibi, Hull et Québec
345 000
CBMT + Hull et Québec
115 500
CFCF-TV Montréal
160 200
Total de l’auditoire de fin de soirée
1 299 700
Nombre d’électeurs inscrits au scrutin du 20 mai 1980
4 367 134
Source : Cahier BBM – Hiver 1980 et Cahier BBM – Automne 1980, moyenne du lundi au vendredi. Pour Radio-Canada, nous avons ajouté à celles de Montréal, les données disponibles pour Carleton, Chicoutimi, Matane, Québec, Rimouski, Rivière-du-Loup, Rouyn-Noranda, Sept-Îles, Sherbrooke et Trois-Rivières ; pour CFTM, nous disposions de Montréal, Québec, Hull et Rouyn ; pour CBMT, de Montréal, Québec et Hull ; et pour CFCF-TV, nous ne disposions que de Montréal.
La campagne référendaire débute par décret le 15 avril et se termine le 19 mai 1980. Selon un avis public daté du 18 avril 1980 émanant du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, il est stipulé que « … les titulaires qui desservent la province de Québec devront cesser de diffuser toutes les émissions de nature partisane qui se rapportent à ce référendum à minuit le 18 mai 1980 ». En conséquence, nous retenons pour fins d’analyse les nouvelles diffusées durant ces 34 jours. Après avoir visionné celles du dimanche 19 mai, nous avons d’ailleurs constaté qu’elles étaient de nature générale, offrant un aperçu 3.
Tout au long de ce chapitre, nous avons adopté l’expression « comité du OUI » et « comité du NON » pour désigner le Regroupement national pour le NON et le comité national des Québécois pour le NON.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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TABLEAU 11.2 Nouvelles référendaires télévisées Date
CBFT
CFTM
CBMT
CFCF-TV
Total combiné
1980
R
T
R
T
R
T
R
T
R
T
15 avril 16 17 18 19 20 dim. 21 22 23 24 25 26 27 dim. 28 29 30 1 mai 2 3 4 dim. 5 6 7 8 9 10 11 dim. 12 13 14 15 16 17 18
8 6
7 4 6 3 3 6 4 8 5 5 6 6 8 4 5 4 6 3 5
22 27 G 34 16 15 27 27 G 21 G G G G G 42 19 28 14 8 28 23 27 21 23 15 16 30 23 18 24 24 10 16
6 9 8 7 6 4 5 3 4 7 5 4 3 5 5 3 5 4 4 2 3 6 7 8 5 3 5 8 6 6 7 6 5 3
13 20 20 10 17 7 16 15 14 20 15 22 8 13 18 24 11 18 19 8 16 19 17 17 17 18 8 19 15 19 11 11 16 9
5 4 3 3 6 6 5 6 3 3 2 2 2 5 6 10 4 4 6 2 7 10 9 4 8 4 8 8 11 10 5 8 8 8
10 22 19 18 13 17 24 23 19 20 11 14 12 26 26 26 25 19 18 15 22 26 28 17 19 12 16 20 33 24 21 20 20 21
11 7 6 6 6 5 5 7 5 9 7 3 5 5 7 3 9 6 6 4 6 9 7 8 7 9 7 10 9 5 5 11 8 8
20 20 22 21 18 15 20 19 20 23 21 16 18 18 24 22 19 18 20 21 24 21 19 19 16 18 18 30 24 18 19 19 19 19
30 26 17 26 24 20 19 21 12 23 24 9 10 15 18 23 22 20 19 11 22 29 31 25 25 22 26 34 30 26 21 31 24 24
65 89 61 83 64 54 87 84 53 84 47 52 38 57 68 114 74 83 71 52 90 89 81 74 75 63 58 99 95 79 75 74 65 65
146
598
177
520
195
676
231
678
10 6 5 4 5 4
Total Moyenne
24,4 %
34 %
28,8 %
749 2472
34 %
30,2 %
Note : le dimanche, 19 mai, veille du référendum, n’a pas été inclus. Il y eut toutefois des nouvelles traitant du référendum : CBFT 5/15 au total, CFTM 5/18, CBMT 3/17, CFCF-TV 3/18. R = nombre de nouvelles référendaires du bulletin de fin de soirée ; T = nombre total de nouvelles du bulletin de fin de soirée ; G = jour de grève à Radio-Canada : aucun bulletin diffusé.
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Chapitre 11 ❖ Le référendum de 1980 – Application de la méthode
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de l’ensemble de la campagne et n’apportant aucun élément susceptible d’influencer l’électorat, et ce, en stricte concordance avec la réglementation du CRTC incitant à ne pas diffuser de contenu partisan. Les stations interprétèrent de manières diverses ce règlement sur la diffusion : CFCF-TV aborda en ondes les limites qu’imposait le règlement et censura sa propre couverture tandis que les stations CBFT, CBMT et CFTM présentèrent un bilan général de la campagne, montrant pancartes et partisans du OUI et du NON. Se référer à l’article de La Presse, « Une loi ambiguë que nos diffuseurs interprètent différemment », à l’Appendice B.
Présence du référendum à la télévision Voici un aperçu global de la couverture référendaire dans les bulletins de fin de soirée sur les quatre chaînes de télévision. Le tableau 11.2 présente le décompte quotidien en unités de nouvelles. Sous chaque station, le chiffre de gauche se réfère aux unités de nouvelles traitant du référendum, le chiffre de droite représente le total des unités de nouvelles de chaque bulletin. Les figures 11.1 à 11.5 illustrent la place qu’occupaient les nouvelles référendaires dans les bulletins de fin de soirée en 1980. À noter qu’il y a eu sept jours de grève à Radio-Canada, entraînant le silence à CBVT et la suppression de la portion régionale des nouvelles à CBMT. FIGURE 11.1 Le référendum de 1980 à la télévision 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 %
CBFT
CFTM
CBMT
17 mai
15 mai
13 mai
11 mai
9 mai
7 mai
5 mai
3 mai
1 mai
29 avr.
27 avr.
25 avr.
23 avr.
21 avr.
19 avr.
17 avr.
15 avr.
0%
CFCF
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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FIGURE 11.2 Le référendum de 1980 à CBFT 70% 70 % 60% 60 % 50% 50 % 40% 40 % 30 % 30% 20 % 20%
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FIGURE 11.3 Le référendum de 1980 à CFTM
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Chapitre 11 ❖ Le référendum de 1980 – Application de la méthode
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FIGURE 11.4 Le référendumde 1980 à CBMT 70% 70 % 60% 60 % 50% 50 % 40% 40 % 30% 30 % 20% 20 %
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FIGURE 11.5 Le référendum de 1980 à CFCF-TV 70% 70 % 60% 60 % 50% 50 % 40% 40 % 30% 30 % 20 % 20%
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
11.2. MISE EN APPLICATION DE LA MÉTHODE Tout au cours des essais méthodologiques effectués durant les deux premières semaines d’avril, les analystes éprouvent d’énormes difficultés à établir un consensus pour découper les unités d’information, les ajuster aux sujets traités par les médias et les évaluer correctement. Le débat référendaire se déroule à partir d’une longue question comportant de nombreux éléments, ce qui rend la tâche d’autant plus difficile pour des analystes néophytes. Voici le libellé de la question, suivi de son découpage. La question référendaire Le gouvernement du Québec a fait connaître sa proposition d’en arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente fondée sur le principe de l’égalité des peuples ; cette entente permettrait au Québec d’acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d’établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté et, en même temps, de maintenir avec le Canada une association économique comportant l’utilisation de la même monnaie; aucun changement de statut politique résultant de ces négociations ne sera réalisé sans l’accord de la population lors d’un autre référendum ; en conséquence, accordez-vous au gouvernement du Québec le mandat de négocier l’entente proposée entre le Québec et le Canada ? Référendum du 20 mai 1980
Découpage de la question référendaire La question référendaire compte sept éléments et se divise en quatre parties. 1. La première partie aborde le contexte de cet exercice référendaire, alors que le Québec souhaite une nouvelle entente avec le ROC4 4.
Le gouvernement du Québec a fait connaître sa proposition d’en arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente...
ROC : acronyme de « Rest Of Canada », une expression désignant les neuf autres provinces canadiennes et les territoires, majoritairement anglophones.
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Chapitre 11 ❖ Le référendum de 1980 – Application de la méthode
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La deuxième partie englobe quatre points qui se rattachent à la négociation d’une entente : 2.A L’égalité entre le Québec et le ROC
entente fondée sur le principe de l’égalité des peuples ;
2.B La souveraineté du Québec
cette entente permettrait au Québec d’acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d’établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté…
2.C L’association économique avec le ROC
et, en même temps, de maintenir avec le Canada une association économique…
2.D Le statu quo pour le dollar canadien
comportant l’utilisation de la même monnaie ;
3.
La troisième partie comporte une promesse : celle d’un autre référendum
aucun changement de statut politique résultant de ces négociations ne sera réalisé sans l’accord de la population lors d’un autre référendum ;
4.
La quatrième partie pose la question en revenant sur les éléments qui précèdent
en conséquence (référence aux parties 1 et 3 : contexte et promesse), accordez-vous au gouvernement du Québec le mandat de négocier (référence aux points 2.A à 2.D) l’entente proposée (retour à la première partie)
entre le Québec et le Canada ?
11.3. CONSULTATION À PARIS Comment définir les sujets abordés par les médias par rapport à une question contenant autant d’éléments d’information ? À bout de ressources après d’innombrables heures de discussions pour établir la
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
façon de décoder les nouvelles et d’en évaluer correctement les idées transmises, l’équipe décide de demander à la Violette Morin une consultation personnelle5. Cette rencontre fait la lumière sur le découpage des unités d’information. La sociologue suggère deux pistes à suivre, sous forme de questions, pour découper rigoureusement chaque unité : que dit la station ? (sujet abordé), et par qui le dit-elle, le lecteur, le reporter ou la personne interviewée ? Chaque sujet différent abordé par la même personne ou chaque sujet identique abordé par une personne différente devenait ainsi une unité délimitée de deux façons : l’idée énoncée et son narrateur. Au chapitre de l’évaluation, la sociologue propose une question simple basée sur la question référendaire : Est-ce que ce qui est dit ici, à propos de tel thème (ou sujet), est favorable, défavorable ou neutre par rapport à la question référendaire ? Tout énoncé qui, dans la couverture, présente un aspect favorable à la question et à la démarche référendaire est codé positif ; tout énoncé qui contredit ou présente l’une ou l’autre dans un contexte d’opposition est codé négatif. Dans tous les autres cas, l’énoncé sera évalué neutre. La sociologue valide la démarche déjà entreprise par les analystes, à savoir examiner attentivement l’énoncé de chaque unité d’information et y retracer les éléments de support favorables ou défavorables à l’un des points contenus dans la question ou autrement, à la question toute entière, et en dernier lieu à la tenue du référendum lui-même. Quand aucun support négatif ou positif ne sera clairement repéré, l’unité sera neutre.
11.4. LA « RÈGLE DU 10 SECONDES » L’équipe propose d’établir une règle d’usage pour faciliter et accélérer la prise de décision en cas de doute : lorsqu’il y a une trop longue hésitation pour évaluer une unité d’information, l’unité sera automatiquement
5.
Cette dernière propose une rencontre à son domicile pour visionner un échantillon de nouvelles, à la suite de quoi elle suggérerait des pistes de solution. C’est ainsi qu’au cours de la semaine du 20 avril 1980, avec son outil de travail le plus important : une cassette contenant les nouvelles du lancement de la campagne référendaire diffusées par CFTM et Radio-Canada, le 15 avril 1980, Lise Chartier rencontre à Paris Naville-Morin qui lui consacre deux sessions de formation, entrecoupées d’exercices et de lectures documentaires.
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Chapitre 11 ❖ Le référendum de 1980 – Application de la méthode
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classée neutre puisque le téléspectateur, ou le lecteur dans le cas des journaux, ne dispose pas (et ne prend généralement pas) de temps prolongé de réflexion pour se faire une idée sur l’orientation du contenu d’un extrait de nouvelle. La période de « doute » est plafonnée à 10 secondes. Cette règle a depuis été adoptée pour toutes les autres analyses.
11.5. LA « SPECTACULARISATION » COMME SUPPORT D’ÉVALUATION Enfin, le dernier élément nébuleux pour les analystes portait sur la façon de déterminer la « spectacularisation6 », laquelle ajoutait un apport supplémentaire au décryptage favorable ou défavorable d’une unité d’information. Naville-Morin recommande de ne pas y attacher une importance trop grande et de s’attarder davantage au « contenu du discours ». Elle conseille d’utiliser six éléments comme support pour valider l’orientation de chaque unité. Nous les avons intitulés « supports de galerie » en référence aux stratagèmes utilisés pour « épater la galerie » : l’utilisation du temps présent, le direct (insertions d’entrevues, de bouts de film ou d’images mobiles), la combativité des porteparole des deux camps, la présence des leaders des deux camps en entrevue ou sur film, les images de foule et les applaudissements dans les reportages traitant des deux comités. L’équipe se remet donc à la tâche et applique sans tarder ces nouvelles connaissances à l’analyse des nouvelles du 27 avril 1980, décrété Jour 1 de l’analyse. Elle décide également de travailler rétroactivement la couverture des journées précédentes, pour rattraper le temps écoulé.
11.6. ÉCHANTILLONNAGE DU CORPUS La tâche s’avère plus exigeante que prévu notamment en raison de la complexité de la question référendaire qui oblige les analystes à peser plusieurs éléments de support, à les comparer au contenu de la question et à faire l’unanimité. Rapidement, le nombre d’heures nécessaire pour le projet de recherche dépasse le temps que l’équipe peut consacrer quotidiennement à cette l’analyse, le reste de la journée étant affecté aux occupations quotidiennes de l’entreprise. 6.
Morin, op. cit., 1969, p. 38-39 : « Un événement rapporté a, dans l’actualité de presse, une valeur spectaculaire plus ou moins grande selon certains modes de présentation ».
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Au bout de quelques jours, le groupe décide de s’inspirer des méthodes de sélection utilisées par les firmes de sondage d’opinion et d’appliquer aux nouvelles référendaires un échantillonnage systématique par média, dans l’espoir de terminer l’analyse en même temps que la campagne référendaire7. Au début du mois de mai, l’équipe se plonge pour de bon dans l’analyse en suivant rigoureusement toutes les consignes testées et adoptées au cours de la période préparatoire. Mais le nombre de nouvelles à analyser quotidiennement augmente en raison de la fin de la grève à Radio-Canada. L’équipe qui doit aussi accomplir d’autres tâches régulières de travail avant de se consacrer à l’analyse privilégie la rigueur et laisse tomber l’échéance. Le travail d’analyse se termine vers la fin du mois de juin 1980, tous les découpages et codifications ayant été discutés et approuvés par les quatre analystes jusqu’à la fin pour respecter le processus d’analyse et éviter toute distorsion. Les notes descriptives se rapportant aux codifications des nouvelles analysées sont manuscrites tout au long du travail d’analyse pour ensuite être converties en codes de saisie pour traitement informatique par une firme spécialisée. Les formules originales du calcul8 sont transmises aux informaticiens responsables de la production des statistiques et des diagrammes indiciels9.
11.7. LES SONDAGES ET LES RÉSULTATS DE L’ANALYSE Les résultats finaux de l’analyse des actualités télévisées de fin de soirée indiquent une victoire du NON par 15,5 % sur le OUI. Le résultat du référendum répartit le vote comme suit : 59,56 % au NON, et 40,44 % au OUI, soit un écart de 19,12 %. Comparés aux différents sondages tenus entre le début de 1980 et au vote référendaire, les résultats de l’analyse des actualités télévisées représentent une éloquente démonstration de la validité de la méthode, comme le montre le tableau 11.3. 7.
8. 9.
Les nouvelles référendaires furent classées par diffuseur, par date et par ordre hiérarchique de diffusion à compter du 27 avril 1980 (Jour 1). Elles furent ensuite numérotées 1, 2, 3, etc. par station à partir du « Jour 1 » jusqu’au 18 mai et rétroactivement 2, 3, 4, etc., par station entre le 26 et le 15 avril. Par la suite, une nouvelle sur trois par station a fait l’objet d’une analyse rigoureuse, et a été décodée, discutée et validée par l’équipe de quatre personnes. Ces calculs et leurs résultats sont expliqués dans L’écriture de presse, p. 42 à 53. Toutes les données de cette analyse ont été à nouveau saisies et traitées ; les résultats ont ainsi été validés une deuxième fois, selon le modèle original, en prévision du présent ouvrage. Par la suite, nous les avons reprises selon notre dernière version méthodologique (cf. Chapitre 9).
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Chapitre 11 ❖ Le référendum de 1980 – Application de la méthode
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TABLEAU 11.3 Les sondages, le vote et l’analyse Tableau comparant les intentions de vote à travers les sondages réalisés en 1980, les résultats du référendum et la tendance révélée par l’analyse des actualités télévisées Date
Maison
Diffuseur
Résultats OUI +
NON –
SOD
Écart O/N
7 mars
CROP
Radio-Canada
41,0
52,0
7,0
– 11,0
16 mars
IQOP
Dimanche-Matin
47,4
43,6
9,0
+ 3,8
20 avril
IQOP
Dimanche-Matin
41,2
40,9
17,9
+ 0,3
25 avril
CROP
Radio-Canada
44,4
43,9
11,7
+ 0,5
9 mai
CROP
Radio-Canada
39,6
45,5
14,9
– 5,9
11 mai
IQOP
Dimanche-Matin
37,0
40,0
23,0
– 3,0
16 mai
PinardHamilton
Le Soleil Le Devoir Toronto Sun
37,0
49,0
14,0
– 12,0
18 mai
IQOP
Dimanche-Matin
40,4
36,5
23,1
+ 3,9
20 mai
Référendum
La réponse
40,5
59,5
Été 1980
Caisse, Chartier
Analyse télévisée
Note :
– 19,12 – 15,5
Ce tableau indique l’évolution du vote des Québécois(ses) depuis le début de l’année 1980. Ces données sont tirées des différents sondages. Par SOD (sans opinion déclarée), on entend ceux et celles qui ne savent pas quoi répondre ou qui refusent de déclarer leurs intentions de vote. Par écart O-N, on entend la différence entre les opinions NON (+) et NON (–).
Sources : Le Soleil, 21 mai 1980, et Services documentaires de Radio-Canada, 17 mars 1995.
11.8. EN 1981, DEUXIÈME VALIDATION Afin de valider la méthode, l’équipe de Caisse, Chartier a effectué une seconde analyse portant sur les actualités télévisées consacrées à la campagne électorale de 1981, en utilisant le même processus de travail. Les résultats ont d’ailleurs fait l’objet de communiqués diffusés sur une base hebdomadaire. Ils s’avéreront encore une fois aussi convaincants quant à la valeur de la méthode.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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La figure 11.6 illustre la tendance relevée dans la couverture télévisée des trois principaux partis en lice entre le 13 mars et le 11 avril 1981. Au terme de la campagne, les résultats de l’analyse transposés en pourcentage de votes démontraient clairement l’avance du Parti québécois sur le Parti libéral et l’Union nationale. À noter que cette dernière occupait encore une place importante dans les médias à cette époque. FIGURE 11.6 Tendance : les actualités télévisées et la campagne électorale de 1981 % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 10 avril
8 avril
6 avril
4 avril
2 avril
31 mars
29 mars
27 mars
25 mars
23 mars
21 mars
19 mars
17 mars
15 mars
13 mars
PQ PLQ UN
L’analyse de la campagne électorale 1981 révéla un indice de partialité de 40 %10 de la couverture télévisée. Une quinzaine d’années plus tard, nous avons déterminé, par la compilation des statistiques de 300 analyses de presse, que ce pourcentage représentait le taux moyen de partialité des médias. Le tableau 11.4 compare les résultats des sondages Sorécom et CROP et de l’analyse Caisse, Chartier, en date du 11 avril, et la répartition des votes au scrutin du 13 avril 1981.
10.
Annexe 2, page 207.
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Chapitre 11 ❖ Le référendum de 1980 – Application de la méthode
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TABLEAU 11.4 Campagne électorale de 1981 Sondages, analyse et répartition des votes Date
11 avril
13 avril
Maison
PQ
PLQ
UN
%
%
%
Sorécom CROP Caisse, Chartier
45 49 45
37 25 40
4 3 15
Résultats du vote
49
46
4
Autres partis %
Indécis
Discrets
%
%
14 11
2
1
L’analyse de 1981 a porté sur les 285 nouvelles traitant de la campagne électorale dans les bulletins de fin de soirée de CFTM, CFCFTV et CBMT (il y avait grève à CBFT) et a permis d’y retracer 1 362 unités d’information réparties sous 129 sujets. Les communiqués décrivant les résultats hebdomadaires de l’analyse Caisse, Chartier sont regroupés à l’Annexe 2.
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E R T I H
A
P
12 ANALYSE DU RÉFÉRENDUM DE 1980
C
LES THÈMES RÉFÉRENDAIRES
Par-delà l’émission, il y a la réception.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
152
Le présent chapitre détaille les thèmes abordés par les chaînes de télévision dans leur couverture du référendum de 1980. Il explique le cheminement méthodologique qui conduit à l’analyse des résultats en décrivant le corpus étudié et en définissant les thèmes et les dossiers retracés. Il illustre ensuite l’analyse des résultats traitant des thèmes par des citations tirées des nouvelles. Il insère des statistiques et diverses précisions relatives au contenu, tirées de la confrontation des tableaux indiciels obtenus par croisements des données se rattachant aux thèmes.
12.1. LE CORPUS ANALYSÉ L’étude du référendum de 1980 s’est appuyée sur l’analyse de 254 nouvelles provenant des bulletins de fin de soirée diffusés par les quatre grandes chaînes de télévision : CBFT, Le Téléjournal, 22 heures 30 ; CBMT, The National / The City News, 23 heures ; CFCF-TV, CTV National / Pulse News, 23 heures ; et CFTM, Les nouvelles TVA, 22 heures 30. Le tableau 12.1 présente pour chaque station la distribution du corpus de nouvelles analysées, le nombre d’unités d’informations décodées et la densité du contenu. TABLEAU 12.1 Corpus d’analyse du référendum Station
CBFT CBMT CFCF-TV CFTM Total
Nombre de nouvelles analysées
Nombre d’unités d’information
Unités par document (densité du contenu)
51 64 80 59
427 449 560 372
8,4 7,0 7,0 6,3
254
1 808
Moyenne : 7,2
Les extraits de nouvelles traitant du référendum ont été découpés en 1808 unités d’information se rattachant à huit thèmes majeurs : le cadre général de la campagne, le comité du OUI, le comité du NON, les enjeux futurs, les arguments, les interventions fédérales, les intentions de vote et les interférents divers. Les segments d’actualité télévisés étaient exceptionnellement longs et denses, comptant en moyenne 7,2 unités d’information. Lors d’analyses subséquentes, nous avons noté que les nouvelles télévisées comportaient moins d’unités d’information, généralement entre 4 et 6.
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Chapitre 12 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Les thèmes référendaires
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Les unités ont été répertoriées sous 76 dossiers (ou sous-thèmes), ce qui a permis de mieux saisir la présence et l’impact de certains détails de couverture ; elles ont aussi fait l’objet d’une classification par station, par langue, par jour et par personne interviewée.
12.2. DÉFINITION DES THÈMES ET DES DOSSIERS Le thème arguments regroupe tous les éléments abordés dans ce débat de fonds que constituait le référendum de 1980, tels la question référendaire, la langue, le mandat de négocier, l’unité nationale, l’histoire, l’économie, la souveraineté, l’association, la souveraineté-association, la monnaie, l’énergie, les institutions fédérales, les services à la population, les promesses, la constitution canadienne, les relations fédérales-provinciales, le budget de l’« An 1 », les relations de travail, la notion de pays, etc. Les unités ont été classées comme arguments dans toutes les occasions où il était question d’un de ces sujets de discussion, quels que soit la personne ou le groupe qui l’abordait. Le thème comité du NON rassemble tous les éléments descripteurs repérés à la télévision à propos du « comité national des Québécois pour le NON », entre autres le leader Claude Ryan, la campagne, l’accueil, les hommes politiques travaillant au sein du comité, la stratégie, les horaires nationaux et régionaux, les Yvette1, la victoire du NON en tant qu’enjeu du comité et le recrutement de membres. Le thème interférents divers réunit des événements en marge de la campagne référendaire, entre autres le dévoilement des sondages, le rôle des médias, divers incidents dont le plus visible a été la démission d’Éric Kierans de la Caisse de dépôt du Québec, la tenue d’un débat sur le référendum à Queens Park, la destruction d’affiches référendaires, la dénonciation de la « violence » et tout ce qui n’était pas classable sous un des autres thèmes. Le thème comité du OUI contient tous les éléments descripteurs repérés dans les nouvelles à propos du « Regroupement national pour le OUI », entre autres le leader René Lévesque, la campagne, les horaires nationaux et régionaux, la stratégie, l’accueil, les adhésions de groupes, la victoire du OUI en tant qu’enjeu du comité et la présence de Corinne Côté, épouse de René Lévesque. 1.
Né d’une déclaration de la ministre Lise Payette faisant référence à l’un des personnages types des manuels scolaires des années 1950, le personnage d’Yvette était associé à la jeune fille rangée dont les activités étaient centrées sur la famille et les tâches domestiques. Le personnage a été récupéré par le comité du NON et a donné naissance au Rassemblement des Yvette pour le NON.
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Le thème cadre du référendum inclut l’organisation générale du référendum sous l’égide du Directeur général des élections, son cadre réglementaire et financier, ainsi que toute information d’intérêt général relative à la campagne, incluant toute unité combinant les deux comités dans le même énoncé : « Les comités du OUI et du NON font pause aujourd’hui ». Le thème interventions fédérales réunit les informations contextuelles des interventions des hommes politiques fédéraux, du premier ministre Pierre Elliott Trudeau, de l’Opposition, des hommes politiques fédéraux, des autres partis fédéraux, la proposition de tenir un « parlement du Canada au Québec » ainsi que les débats de la Chambre des communes consacrés à la tenue du référendum. Le thème intentions de vote cumule les déclarations d’intention ou d’abstention de vote de la part d’individus, de groupes, de régions ou de circonscriptions, provenant autant du Québec que de l’extérieur de la province. Le thème enjeux futurs englobe la possibilité d’un second référendum, la tenue d’élections provinciales, l’après-référendum en général, le processus démocratique du vote. TABLEAU 12.2 Les thèmes référendaires Tableau indiciel des thèmes du référendum de 1980 Thèmes
Nombre d’unités
Arguments Comité du NON Interférents divers Comité du OUI Cadre du référendum Interventions fédérales Intentions de vote Enjeux
557 273 251 218 175 159 132 43
Visibilité %
Partialité %
Orientation %
30,8 15,1 13,9 12,1 9,7 8,8 7,3 2,4
81,9 52,4 48,2 51,4 9,1 48,4 72,0 51,2
17,6 – 26,0 – 10,0 – 13,8 + 0,0 19,5 – 23,5 + 4,7 +
100,0
57,6
9,0 –
Poidstendance
9,4 – 6,8 – 2,4 – 2,9 + 0,0 2,9 – 2,9 + 0,2 +
+ – 0 440 602 766
Détails Total
1 808
Indices généraux Tendance-impact (rémanence)
15,5 –
Pour la définition des indices, se référer au lexique.
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Chapitre 12 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Les thèmes référendaires
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12.3. VUE D’ENSEMBLE DE LA COUVERTURE Les huit thèmes énumérés au tableau 12.2 ont fait l’objet d’un traitement fort partial dans leur couverture aux actualités télévisées : 1 041 des 1 808 unités d’information étaient orientées pour ou contre, soit 3 unités sur 5 (57,6 % du contenu). Cet indice démontre que les médias télévisés ont suivi la campagne référendaire avec énormément de passion, un peu comme les rencontres d’une finale de ligue de hockey. L’importante couverture consacrée au référendum l’avait déjà démontré, son indice élevé de partialité en est une autre preuve. L’intérêt suscité par le référendum dans les actualités télévisées s’est révélé porteur d’une orientation négative de 9 %, laquelle a propulsé la tendance de l’engagement médiatique négatif à 15,5 –. Cet indice précise à la fois le poids de l’ensemble des éléments orientés dans ce corpus d’analyse et l’impact de l’orientation gagnante ; c’est ce qu’on appelle la tendance-impact ou l’indice de rémanence que le sujet a dégagé auprès du public. L’examen du poids et de l’orientation de chaque thème sur l’ensemble de cette couverture de presse télévisuelle montre, au tableau 12.2, quatre des huit thèmes défavorables à la question référendaire, trois qui l’ont servie et un seul l’abordant au neutre. L’impact général de 15,5 – se dégageant de l’ensemble de cette couverture est très proche des résultats du référendum où le NON dépassait le OUI par une marge de 19 points.
12.4. PREMIER THÈME : LES ARGUMENTS L’ensemble des arguments débattus durant la campagne constitue le thème le plus visible dans les actualités télévisées (557 unités) et le plus défavorable à la question référendaire (9,4 –). Par contre, si l’on considère que le référendum constitue un débat d’idées où la population doit exprimer un choix, les arguments n’occupent que 31 % de toute la couverture consacrée au référendum. Tout le reste, en fait 69 % du contenu, traite du décor, des acteurs, de la mise en scène, des stratégies de vente, des règlements à suivre, des incidents parallèles et, pourraiton ajouter, des horaires et des lieux de représentation. Invité par CFTM à présenter une opinion sur la campagne référendaire, le journaliste Jean Vigneault, de Sherbrooke, aura tenté d’éveiller les politiciens à cet état de fait par un commentaire très critique sur le peu de contenu du débat :
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Les politiciens en campagne référendaire paraissent attendre davantage des Québécois un acte de foi qu’un acte d’intelligence. Serait-ce trop exiger d’eux qu’ils se concentrent au cours des dix derniers jours du débat à nous aligner d’autres raisons que la peur, l’incertitude ou la fierté comme motif suffisant pour tracer notre croix sur le OUI ou le NON ? Les Québécois n’ont pas véritablement été soumis à un barrage d’arguments solides […]. La campagne a été à ce jour sentimentale. Il serait temps qu’elle devienne rationnelle […]. Évidemment ça demande plus de courage aux politiciens de s’adresser à l’intelligence des électeurs, mais n’est-ce pas le prix de la démocratie ?2
12.4.1.
TRENTE-TROIS SUJETS D’ARGUMENTATION
Les médias télévisés ont retenu 33 sujets d’argumentation entre les acteurs de ce référendum ; 17 de ces arguments favorisaient une réponse positive à la question référendaire, 16 lui étaient défavorables. Les huit dossiers argumentaires les plus visibles totalisent les trois quarts de la couverture regroupée sous ce thème ; ce sont par ordre de fréquence : • la constitution canadienne (–) ; • l’économie/la monnaie (+) ; • la souveraineté-association (–) ; • le fédéralisme (–) ; • le gouvernement péquiste (–) ; • le mandat de négocier (+) ; • le pays (–) ; • l’identité québécoise (+). Les arguments ont fait l’objet de 150 entrevues accordées par 45 porte-parole différents. C’est d’ailleurs le thème qui a suscité dans les actualités télévisées le plus grand nombre de commentaires provenant de l’éventail le plus diversifié d’intervenants de toute la campagne référendaire. L’intervenant majeur et favorable à la question au chapitre des arguments aura été René Lévesque, à 33 reprises ; il dut faire face aux interventions négatives de Claude Ryan (25), Pierre Elliott Trudeau (19), Joe Clark (8) et Jean Chrétien (5). Toutes les autres personnes identifiées dans ce corpus n’ont fait l’objet d’entrevues qu’à une ou deux reprises, et la magie télévisuelle a même fait revivre Maurice Duplessis pour l’occasion. L’argumentation référendaire a occupé l’avant-scène des actualités télévisées les 15 et 30 avril ainsi que les 7, 9, 12 et 14 mai ; elle a été un peu plus souvent évoquée dans les médias anglophones que 2.
CFTM – 9 mai 1980.
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francophones. La distribution par média est la suivante : CFCF-TV : 9,5 % ; CBMT : 7,7 % ; CBFT : 7 % ; et CFTM : 6,6 %. Les 30 avril et 12 mai ont connu des sommets par la couverture que les médias ont consacrée aux arguments, et plus spécialement à la constitution, à la suite de deux des discours du premier ministre Trudeau au Québec. Au dernier jour d’avril, outre la constitution, on retrouve plusieurs énoncés portant sur les minorités, les personnes handicapées, l’énergie, l’économie et les PME. Le 12 mai est une autre journée majeure au chapitre de l’argumentation, à cause du nombre et de la variété des événements de la journée : discours du premier ministre Bill Bennett de Colombie Britannique au « Montreal Board of Trade » ; déclaration de Joe Clark, chef de l’Opposition à Ottawa ; conférence de Claude Ryan à un groupe de médecins ; visite de René Lévesque à des employés du secteur des pâtes et papier ; discours de René Lévesque à des milliers de partisans du OUI (une station indiquait 2000 partisans, une autre 6000) ; accusation portée par P.E. Trudeau contre René Lévesque de vouloir prolonger le statu quo ; contestation de la publicité fédérale ; départ de Solange Chaput-Rolland du Journal de Montréal3 ; débat Pierre De Bané – Yves Bérubé4 en Gaspésie.
12.4.2.
LES HUIT ARGUMENTS LES PLUS FRÉQUENTS
Les huit points d’argumentation les plus fréquemment évoqués sont présentés selon leur ordre de fréquence, accompagnés de citations tirées des nouvelles5. La constitution À la suite d’une résolution surprise adoptée à l’unanimité à la Chambre des communes demandant à Londres le droit de rapatrier la constitution, le premier ministre Trudeau déclare : « Nous nous sommes engagés, comme vous vous le rappelez, à donner au Canada une constitution nouvelle. Je pense qu’il faudra s’y mettre tout de suite après une victoire du NON6 ». 3.
4.
5. 6.
Mme Chaput-Rolland, auteure de plusieurs ouvrages sur le fédéralisme, signait une chronique dans le Journal de Montréal, un quotidien de Montréal dont le propriétaire, Pierre Péladeau, s’était prononcé pour le OUI. Pierre DeBané était le ministre fédéral de l’Expansion économique régionale ; Yves Bérubé était ministre des Richesses naturelles du Québec. Le débat fut diffusé sur les stations régionales de la Gaspésie et du Bas Saint-Laurent. Pour connaître les indices détaillés de chacun d’entre eux, se référer au tableau indiciel des dossiers (voir Annexe 4). CBFT – 9 mai 1980.
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L’économie – la monnaie Claude Ryan défend les avantages économiques retirés par le Québec au sein de la fédération canadienne : « […] we have received in Quebec, only in this particular area since 1974, well over 8 billions. At this moment, 8 billlions in social justice, in redistribution of wealth in this country [...]7 ». Dans cet autre exemple, René Lévesque se fait rassurant à la suite d’un éventuel OUI : « The contracts and the jobs, whatever they are and whatever their size would normally remain here8 ». L’argumentation à propos de la monnaie a également suscité quelques controverses, comme le rapporte CBMT, le 15 mai. Ce reportage est un rare exemple où le journaliste termine son topo par un jugement de valeur. Narrateur : Finance minister Jacques Parizeau has been accused of threatening Quebec with economic disaster. The accusation was made by André Raynault9 tonight as he spoke to a group of 500 chartered accountants. Trevor Row reports : André Raynault’s charges centre on the issue of what kind of currency a sovereign Québec would have. Jacques Parizeau, he said, gave the impression of favouring a common Canadian currency. But he said this was misleading because Parizeau really favours a separate currency. Raynault based his charges on statements made by Parizeau in 1977 and 1978. Parizeau was quoted as saying that a monetary union with the rest of Canada would be a serious impediment to sovereignty and that he was ready to have a separate Québec currency. Raynault says a separate Québec currency would be disastrous for Québec. (Suit un extrait du discours de Raynault que le reporter commente en ce mots :) One weakness in Raynault’s argument is that it is based on statements made by Parizeau two years ago. Whether Parizeau still favours a separate Québec currency is hard to say, or at least the Finance minister hasn’t said so. Trevor Row, CBC News, Montreal.
La souveraineté-association Le reporter Gilles Liboiron résume le cheminement de René Lévesque dans ce bref historique du 15 avril à CBFT : « René Lévesque défend la souveraineté-association depuis bientôt 13 ans. Ce chapitre de l’histoire du Québec qui est sur le point de s’achever s’est ouvert il y a exactement 20 ans, avec l’entrée en politique de René Lévesque ». Et il
7. 8. 9.
CFCF-TV – 17 mai 1980. CFCF-TV – 16 avril 1980. André Raynault était un économiste en vue au Québec.
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Chapitre 12 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Les thèmes référendaires
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ajoute plus loin : « En novembre 1976, le Parti québécois est porté au pouvoir. Aussitôt il se met à la tâche pour préparer ce référendum qu’il a promis sur son projet de souveraineté-association ». Le fédéralisme « Quant à M. Bourassa10, le système fédéral pour lui demeure la formule la plus souple et la plus adéquate au triple point de vue du progrès social, du développement économique et de l’autodétermination culturelle11 ». Le gouvernement péquiste Au cours d’un débat télévisé en Gaspésie, Pierre De Bané, ministre fédéral de l’Expansion économique régionale, s’en prend à son vis-à-vis Yves Bérubé, ministre des Richesses naturelles dans le gouvernement du Parti québécois, en ces termes : « …Ça fait trois ans et demi qu’il est ministre des Terres et Forêts, ça fait six ans que la population de la Vallée demande une papeterie, ça fait trois ans et demi qu’il étudie et aujourd’hui, il nous dit : je ne sais pas !12 ». Le mandat de négocier À la suite de l’adhésion de la Fédération des travailleurs du Québec au comité du OUI, le chef syndical participe à des assemblées publiques de promotion du OUI : « QFL leader Louis Laberge appealed for the Yes vote saying it was neither a vote for the Parti québécois nor for independence. It was, he said, a vote for negotiation13 ». Le pays Le jour même où René Lévesque annonçait à l’Assemblée nationale à Québec la date de la tenue du référendum, il y avait ouverture de la session parlementaire à Ottawa, lecture du discours du Trône et réponse de l’Opposition. Dès que la nouvelle provenant de Québec est parvenue à Ottawa, tous les partis, délaissant momentanément le traditionnel débat sur le discours du Trône, se sont unis dans un front commun pour défendre le Canada : « L’Opposition est donc derrière le 10. 11. 12. 13.
M. Robert Bourassa a été premier ministre du Québec de 1969 à 1976. Il sera de nouveau élu en 1985. Extrait d’un reportage de Serge Rivest, à CFTM, le 17 avril 1980. CBFT – 12 mai 1980. CBMT – 19 avril 1980, extrait d’un reportage de David Basey.
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gouvernement [fédéral] dans sa quête pour sauvegarder l’intégrité du pays ». « In his prime ministerial role, he [Trudeau] laid out his familiar vision of Canada, as a country where the national interest must prevail14 ». La notion de pays était un thème cher à M. Trudeau, qu’il reprit en d’autres occasions dont celle-ci : Bien au-delà de l’administration, bien au-delà de la question des gros sous, le Canada est une noble entreprise. Ce n’est pas une entreprise mesquine d’avoir mis ensemble, dans la moitié d’un continent, deux cultures qui sont parmi les plus importantes du monde occidental, du monde actuel, deux cultures qui vivent ensemble dans un pays immense de façon fraternelle…15
L’identité québécoise Jean Lesage déclare, lors de l’annonce de son adhésion au NON, que « Personne n’apprécie plus que moi la fierté du Québec, oui, la fierté du Québec16 ».
12.5. DEUXIÈME THÈME : LE COMITÉ DU NON Le comité du NON a obtenu un peu plus de mentions que le comité du OUI dans la couverture télévisée : 15,1 % contre 12,1 % ; globalement le poids négatif du NON est plus que le double de celui positif du OUI : 6,8 – contre 2,9 +. En fait, le poids total (6 +) des trois thèmes favorables à la question référendaire, soit comité du OUI, intentions de vote, et enjeux ne contrebalance pas celui du comité du NON (6,9 –). Bien que le comité du NON ait tenu moins de rassemblements à grand déploiement que le comité du OUI, où les télévisions rapportaient fréquemment la présence de plusieurs milliers de personne, le style personnel de campagne du chef du NON17 auprès de groupes restreints semble lui avoir assuré une visibilité plus constante. Le Regroupement pour le NON comptait, en plus de tout l’effectif du Parti libéral du Québec, de nombreux autres alliés politiques dont le chef de l’Union nationale Roch LaSalle, le premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau, tous les députés et ministres fédéraux du Québec, les chefs des partis fédéraux dont celui de l’Opposition officielle Joe Clark et du NPD Ed Broadbent, et quelques premiers ministres des autres provinces. 14. 15. 16. 17.
Extraits de CBFT et CBMT – 15 avril 1980. CFTM – 24 avril 1980. CFTM – 17 avril 1980. Il s’agit de Claude Ryan, qui était le chef de l’Opposition à l’Assemblée nationale et dirigeait les forces du « NON ».
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Chapitre 12 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Les thèmes référendaires
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Les horaires, la campagne et l’accueil sont les éléments propres au comité du NON qui ont fait l’objet d’un achalandage plus perceptible dans les nouvelles télévisées. Le reporter John Wildgust décrit le style de campagne du chef du NON : Ryan worked the crowd in a Québec City shopping center. A relatively relaxed day in the campaign, now that most Quebecers have probably made up their mind. This is the kind of politicizing Ryan likes best : the direct sales pitch to the voters. So even in the final hours of this campaign, Claude Ryan is sticking to his personalized approach, trying to shake every hand, and knock on every door to get the message through himself. Strolling through the suburbs, Ryan looked relaxed but his message to the referendum voters was intense18.
Claude Ryan a été l’intervenant le plus fréquemment sollicité à propos de son comité à 15 reprises. Les 12 autres personnes citées en entrevue à propos du comité du NON ne compteront que pour une entrevue chacune, soit Camille Samson, du Parti créditiste, Ed Broadbent, chef du NPD, le député Jean Alfred, le ministre québécois des Finances Jacques Parizeau, la ministre québécoise Lise Payette, Robert Bourassa, René Lévesque, Solange Chaput-Rolland, deux membres du comité du NON et deux « hommes de la rue ». Les journées du 17 mai et du 24 avril ont signifié davantage de présence du comité du NON dans les nouvelles télévisées ; dans le premier cas, les derniers moments très intensifs de la campagne ont fait augmenter le rythme des activités. Pour ce qui est du 24 avril, cela s’explique tout d’abord par une déclaration du premier ministre Trudeau déplorant certaines faiblesses dans la stratégie des tenants du NON comparée à celle du OUI. Ces propos rapportés par plusieurs médias en témoignent : P.E. TRUDEAU : Je sens peut-être une lacune chez les gens que j’ai rencontrés et qui disent, « eh bien oui, on voudrait des raisons d’être fiers de votre… » n’est-ce pas un rejet ? Parce que le PQ a été assez habile de faire croire à beaucoup de Canadiens qui croient au Canada et au fédéralisme, leur faire croire que c’était seulement un OUI à la négociation, un OUI au renouvellement. Et quiconque avait un peu de fierté, se tenait debout et avait un peu de courage voterait OUI.
Et ensuite par ces quelques commentaires à propos du style de campagne du NON et de son chef, extraits d’un reportage de Gisèle Gallichan à CBFT : GALLICHAN : Parfois il est huitième ou dixième à parler, mais cela ne l’ennuie pas, puisqu’il ne se préoccupe plus des heures de tombée des journaux, non plus que du téléjournal du soir.
18.
CFCF-TV – 17 mai 1980.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
CLAUDE RYAN (extrait d’un discours) : [...] le président parlera à 10 heures 30 alors que le bulletin de nouvelles est passé [...] Si y [les médias] veulent pas en parler [le lendemain], on se le transmettra, de bouche en bouche [sic], à travers le Québec [applaudissements de la foule]. Il faut que les politiciens cessent de s’imaginer qu’en mettant tout dans la presse, ils vont améliorer le processus démocratique de notre belle province. Il y a des choses que nous devons faire de part et d’autre. Moi, je suis prêt à un dialogue vigoureux. Mais les histoires de se mettre à genoux devant quelque pouvoir que ce soit, je n’ai jamais connu cela de toute ma vie et je ne commencerai pas à l’âge de 55 ans [applaudissements de la foule]. GALLICHAN : Aujourd’hui, un léger bémol à une réunion d’un club sportif et à un restaurant où il n’était visiblement pas attendu, sa présence a un peu gêné. L’accueil a été cordial quand même mais les gens qui étaient là préféraient ne pas s’identifier à la politique. Présentement il est à Granby avec Monique Bégin et Marcel Masse. Une autre très bonne salle pour lui [Musique]. Ici Gisèle Galichan, à Granby.
12.6. TROISIÈME THÈME : LES INTERFÉRENTS DIVERS Le thème regroupant les interférents divers se répartit principalement entre les sondages, les événements divers se déroulant au Québec et à l’extérieur en marge de la campagne référendaire. La presse anglophone a fait de ce thème son deuxième sujet de prédilection. Cela s’explique par la couverture plus intense accordée aux événements para-référendaires se déroulant dans les autres provinces : visites ou déclarations de premiers ministres provinciaux, appuis, messages, marches, etc. Les sondages occupent la place dominante dans les deux langues en tant que dossier le plus visible de toute la couverture référendaire et, par extension, sous le thème des interférents divers. Parmi les sondages rendus publics, cinq ont été commandés par des médias écrits, un par CTV, deux par Radio-Canada, un certain nombre par le Conseil pour l’unité canadienne et par d’autres sources intéressées aux opinions de groupes disparates ou de régions, par exemple, les femmes, les personnes handicapées, les Canadiens hors Québec et les citoyens de l’ouest de Montréal. Les médias télévisés ont traité des résultats de divers sondages un jour sur deux durant la campagne référendaire, plus précisément pendant 18 des 35 jours de la campagne. Les 20 avril, 11, 13 et 18 mai ont été des journées plus marquantes pour la couverture des sondages à cause de l’accent mis sur le dévoilement des résultats et sur les réactions suscitées. En voici deux exemples. Le premier est extrait d’un reportage de Lynn Desjardins ; la journaliste
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Chapitre 12 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Les thèmes référendaires
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de CFCF-TV traite d’un sondage, commandé et devant être dévoilé plus tard par la station concurrente CBC, dont Claude Ryan a dévoilé plus tôt les résultats ! LYNN DESJARDINS : The survey was conducted by CROP – Le Centre de recherche d’opinion publique [sic]. These items – to be used tonight by the CBC – were mentioned earlier by Claude Ryan. He said the poll says 44 % voting yes, 44 % voting no, and 12 % undecided. The survey was conducted between March 22nd and April 4th, about ten days before the poll published in Dimanche-Matin, and the results were similar to it19.
Claude Ryan n’aura pas été le seul chef à connaître avant publication des résultats de sondages commandés par des médias, comme l’avait déjà remarqué le reporter Daniel L’Heureux, de CBFT, un certain samedi d’avril : DANIEL L’HEUREUX : Dès aujourd’hui, M. Lévesque avait déjà eu des échos du sondage de l’IQOP que publie demain le Dimanche-Matin. Le chef du comité du OUI s’est contenté d’afficher une satisfaction prudente. RENÉ LÉVESQUE : La très légère avance, semble-t-il, que nous donne le sondage IQOP, est peut-être plus modeste que ce qu’on croit, nous, percevoir20.
Dans cet autre extrait de la même station, un sondage, commandé par le même journal, évalue l’impact du discours du premier ministre Trudeau à Montréal : JEAN-FRANÇOIS LÉPINE (reporter) : Le sondage d’aujourd’hui est important puisqu’il mesure l’état de l’opinion publique après la première intervention au Québec du premier ministre fédéral Pierre Elliott Trudeau à la Chambre de commerce de Montréal. Or, selon IQOP, ce passage de M. Trudeau n’a rien apporté, semble-t-il, au camp du NON, qui perd un peu de terrain : de 40,9 % à la mi-avril à 40 % la semaine dernière…21
Enfin les sondages ont eux-mêmes fait l’objet de panels télévisés abordant leur contenu, leur précision et leur pertinence. Extraite de l’émission d’affaires publiques Les gens qui font l’événement, cette entrevue de Jean-Pierre Nadeau, de la maison de sondages IQOP, a été reprise dans le cadre des nouvelles de fin de soirée : JEAN-PIERRE NADEAU (IQOP) : L’opinion semble très fragile, c’est-à-dire que, de plus en plus, à mon avis, dans le débat référendaire, ce ne seront pas… tellement des choses de contenu qui vont faire que la personne va être… les indécis vont s’orienter d’un côté ou de
19. 20. 21.
CFCF-TV – 25 avril 1980. CBFT – 19 avril 1980. CBFT – 11 mai 1980. Le sondage avait été publié par l’hebdomadaire DimancheMatin.
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l’autre – je sais que mon ami Cloutier22 ne sera peut-être pas d’accord avec moi – mais on voit que c’est plutôt des choses événementielles, émotionnelles qui vont faire que les gens vont se diriger vers le OUI ou vers le NON23.
12.7. QUATRIÈME THÈME : LA CAMPAGNE DU OUI La campagne du Regroupement pour le OUI, les horaires, la stratégie et l’accueil sont les éléments les plus visibles du comité du OUI. Deux points plus spécifiques au OUI à noter : la présence de Corinne Lévesque dans les médias et les nombreuses confirmations d’adhésion au Regroupement pour le OUI. Ce reportage de Gisèle Gallichan illustre le premier point : Corinne Côté-Lévesque est un phénomène. Son panache, c’est l’effacement, la discrétion. C’est invraisemblable, mais c’est avec ça qu’elle fait sa renommée. Quand, pour la première fois, elle a prononcé un bref discours, on s’est demandé quel argument avait bien pu la convaincre. C’était rien de moins que les travailleurs de la baie James24.
D’autre part, les annonces d’adhésion au OUI ont été beaucoup plus fréquentes et médiatisées que celles pour le NON. On dénombre 13 journées fastes pour le OUI : les 16, 18, 19, 22, 24 avril, 5, 7, 8, 9, 11, 13, 15 et 17 mai, et 5 pour le NON : 12, 13, 15, 16, 17 mai. En voici quelques échantillons : Pour sa part, la FTQ vient de donner son appui au OUI dans la campagne référendaire. Réunis à Québec en congrès extraordinaire, les 2 200 délégués de la FTQ se sont prononcés à 90 % en faveur du OUI le 20 mai prochain25. Les souvenirs sont parfois faits pour être oubliés et c’est ce que le Syndicat des employés de la SAQ a voulu démontrer au chef du OUI en lui présentant l’adhésion d’au-delà de mille employés en faveur du OUI26. Lévesque picked up some support from the federal government, sort of. Postmen in a Québec City suburb said they’d be voting YES in the referendum27.
René Lévesque aura été l’intervenant du OUI le plus fréquemment cité à propos de son comité, à 9 reprises, ce qui représente 6 interventions
22. 23. 24. 25. 26. 27.
Il s’agit du professeur Edward Cloutier, de l’Université de Montréal, ex-conseiller spécial au ministère des Affaires intergouvernementales du Québec. CFTM – 26 avril 1980. CBFT – 3 mai 1980. CBFT – 19 avril 1980. CFTM – 8 mai 1980. CFCF-TV – 15 mai 1980.
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Chapitre 12 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Les thèmes référendaires
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de moins que les 15 de Claude Ryan pour le NON. Les 8 autres personnes qui ont parlé du comité du OUI sont par ordre de fréquence : Claude Ryan, Corinne Côté-Lévesque, le premier ministre Trudeau, le ministre québécois Jacques Léonard, Jacques Proulx, de l’Union des producteurs agricoles, 2 porte-parole du OUI et 1 « homme de la rue ». Le comité du OUI a obtenu la plus de visibilité le 17 et le 15 mai, alors que le sprint final était en marche. Tout comme pour le comité du NON, la journée du 17 mai 1980 comportait un horaire très chargé pour le OUI. Quant à la journée du 15 mai, elle a été marquée par la réponse de Lévesque au discours du premier ministre Trudeau, la veille : BERNARD CHABOT (reporter) : C’est devant le Conseil des gens d’affaires du Québec que le chef des troupes du OUI a donné la réplique au discours que prononçait hier soir le premier ministre canadien à Montréal. Selon lui, en déclarant qu’il s’engageait solennellement à mettre en marche le mécanisme de renouvellement de la constitution aussitôt après une victoire du NON au référendum, M. Trudeau s’est moqué encore une fois des Québécois […]. RENÉ LÉVESQUE : Y [les fédéraux] sont sur le billot avec le bilan qu’ils ont déjà, depuis quelques années, de la même façon cynique, fondamentalement dédaigneuse de la démocratie28.
12.8. CINQUIÈME THÈME : LE CADRE GÉNÉRAL La couverture traitant du cadre général de la campagne référendaire se présente au neutre ; le contraire aurait signifié un parti pris à propos de l’organisation générale. Ce thème aborde surtout la réglementation qui régit la tenue du référendum. En plus des instructions générales relatives au processus du vote, les nouvelles télévisées ont fait état de discussions relatives au vote des détenus et des malades hospitalisés, de la révision des listes référendaires et de l’ouverture de 800 bureaux de vote par anticipation pendant deux jours. Quelques statistiques à propos du référendum. Selon le Directeur général des élections du Québec, 4 363 588 citoyens auront le droit de vote au référendum. Il y a 22 026 bureaux de scrutin réguliers dans les 110 circonscriptions et, de ce nombre, 805 seront ouverts demain et samedi pour le vote par anticipation29.
Le lendemain, 16 mai, aura connu un sommet de couverture à propos du cadre général, particulièrement associé au dossier de la
28. 29.
Reportage de Bernard Chabot, CFTM – 15 mai 1980. CFTM – 15 mai 1980.
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réglementation, à la suite du jugement du Conseil du référendum, comme l’explique CBFT, ce même jour : Pour la seconde fois cette semaine, le directeur général du financement des partis politiques, M. Pierre-Olivier Boucher, échoue dans sa tentative de réglementer la publicité fédérale à saveur référendaire… NORMAND MESSIER (reporter) : La raison majeure, c’est que la requête de M. Boucher a été jugée mal fondée en droit. En ce sens, elle mettait à l’écart un vieux principe de droit voulant qu’aucune loi n’ait d’effet sur la Couronne, donc sur le gouvernement, sans sa volonté30.
Ce thème regroupe aussi tout ce qui touche à la campagne référendaire en général. Plusieurs analyses de régions et de comtés ont largement alimenté le contenu des bulletins de nouvelles, à un rythme quotidien vers la fin de la campagne, tout comme quelques reportages traitant de la campagne référendaire vue de l’étranger. MADELEINE POULIN (reporter à Paris) : Pour les Français ordinaires, le référendum québécois n’existe pas encore, même quand une de leurs vedettes politiques, le socialiste Michel Rocard, a pris position sur la souveraineté-association. L’affaire, ici, est plus ou moins passée inaperçue. C’est à peu près de la même façon qu’on traite les interventions Michaud-Pelletier31 quand on en parle32.
Les courts extraits qui suivent présentent de façon différente le cadre général de la campagne. Le premier est tiré du discours de René Lévesque à l’Assemblée nationale, lors de l’annonce de la date du référendum et a été repris sur la plupart des chaînes le 15 avril : « C’est donc mardi, le 20 mai prochain, que les Québécois et les Québécoises seront appelés à dire si OUI ou NON… » Le second résume la fin de campagne des deux comités : René Lévesque and Claude Ryan brought their yes and no campaign to a halt today […]. As the referendum campaign draws to a close, there’s one sentiment which is being ultimately expressed by campaign leaders, campaign organizers, journalists and Québec voters alike, that is : thank God, it will all soon be over. Cynthia Drummond, CTV News, Montreal33.
On relève également, à la fin, quelques commentaires relatifs à la diffusion, ou non, de nouvelles à caractère partisan la veille du référendum, le 19 mai, selon l’interprétation que faisaient les stations de l’avis émis par le Conseil de la radio et de la télévision canadienne.
30. 31. 32. 33.
CBFT – 16 mai 1980. En 1980, Yves Michaud était délégué général du Québec à Paris et Gérard Pelletier était ambassadeur du Canada en France. CBFT – 15 mai 1980. CFCF-TV – 18 mai 1980.
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12.9. SIXIÈME THÈME : LES INTERVENTIONS FÉDÉRALES Sous le thème des interventions fédérales, c’est le calendrier des visites et des discours du premier ministre Trudeau qui semble avoir suscité le plus d’intérêt. Viennent ensuite les participations des députés fédéraux du Québec à diverses manifestations publiques. Tout au long de la campagne, les pérégrinations de M. Trudeau au Québec feront l’objet de spéculations et d’affirmations diverses. Dès le 15 avril, le reporter Luc Lavoie prévient les téléspectateurs de CFTM : « Il faut donc s’attendre à ce qu’au cours de la campagne référendaire, le premier ministre Trudeau se rende très souvent au Québec ». En fait, il y aura trois interventions du premier ministre canadien sur le territoire du Québec. L’attente de la confirmation de la première fut digne d’un suspense. Dès le 18 avril, CBFT rapporte que « M. Ryan comment(ait) une information selon laquelle M. Trudeau pourrait intervenir dans les quatre prochains jours. M. Ryan a dit qu’une telle éventualité est fort peu probable. » Toutefois, le 22 avril, soit quatre jours plus tard, c’est officiel, trois des quatre réseaux (CBC, SRC et TVA) confirment que le premier ministre Trudeau sera l’invité de la Chambre de commerce de Montréal… le 2 mai. Le 25 avril, CFTM rappelle aux auditeurs qu’« il prendra la parole pour la première fois vendredi prochain… » Les interventions subséquentes du premier ministre canadien au Québec seront annoncées à l’avance par les médias mais avec plus de discrétion34 ; la presse télévisuelle traitera plus longuement des visites des 2 et 14 mai. CBMT est la seule station qui a annoncé à l’avance (la veille) la présence de M. Trudeau le 7 mai35. Dès le début du mois de mai, les interventions et les propos de M. Trudeau prendront de plus en plus de place dans la campagne référendaire. Le 9 mai, Serge Rivest, reporter à CFTM, fait le constat suivant : Depuis quelques jours déjà, M. Lévesque parle beaucoup plus, dans ses discours, de M. Trudeau que de M. Ryan. Et avec cette dernière intervention [de René Lévesque]36, maintenant que le chef du OUI vient de relancer la balle dans le camp du premier ministre canadien, la bataille référendaire dans son dernier tournant, devient plus que jamais un affrontement entre M. Lévesque et M. Trudeau37. 34. 35. 36. 37.
Les trois interventions eurent lieu à la Chambre de commerce de Montréal le 2 mai, au Centre des congrès de Québec le 7 et au Centre Paul-Sauvé le 14 mai 1980. Pour pouvoir participer à la campagne référendaire, M. Trudeau ne se rendit pas aux funérailles de Tito, en Tchécoslovaquie, au début de mai 1980. M. Lévesque avait demandé à M. Trudeau : « Si les québécois disent OUI le 20 mai, accepterez-vous démocratiquement de respecter leur volonté ? » CFTM – 10 mai 1980
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12.10. SEPTIÈME THÈME : LES INTENTIONS DE VOTE Au chapitre des intentions de vote, les groupes annonçant leur adhésion au OUI ont obtenu la plus grande visibilité, suivis des régions et comtés favorables et des déclarations individuelles. Le 16 avril 1980, les Nouvelles TVA à CFTM traitent longuement de la position du professeur Léon Dion38 : « Même s’il dit avoir perdu confiance dans le Parti québécois et le Parti libéral du Québec, le professeur Léon Dion, de l’Université Laval, rejette l’abstention et votera malgré tout OUI, lors du référendum sur la souveraineté du Québec… » À la suite de l’introduction de la nouvelle, la station donne la parole au professeur Dion, qui explique sa décision de voter pour le OUI par des arguments se rattachant au contenu des livres blanc (PQ) et beige (PLQ) publiés peu avant le référendum : Ma position actuellement, c’est une proposition qui indique le sens du travail que j’entends poursuivre, avant le référendum et après le référendum. Je dis que je préfère travailler dans le cadre du Livre blanc en dépit du fait que ce Livre blanc ne me convient pas dans toutes ses orientations. Mais elles me conviennent du point de vue de l’essentiel39. Et je suis incapable de travailler dans le cadre du Livre beige qui, lui, ne me convient pas dans l’essentiel, en ce sens qu’il ne reconnaît pas les structures sociales du Québec, ni celles d’ailleurs du Canada… Ce que je trouve – c’est un Canada purement imaginaire, irréel, un texte qui suggère ça – au Livre beige qui ne reconnaît pas non plus les principes d’intégration. Et en ce sens-là, c’est d’accord que ma position reste stratégique. Opportuniste, je ne vois pas en quoi, parce que je n’ai rien à gagner et rien à perdre. Je devrais me dire que si j’avais vraiment été opportuniste, j’aurais pensé à me mettre d’accord avec le Livre beige, parce que ça aurait été une orientation plus facile pour moi40.
Le même sujet fera l’objet d’une couverture plus succincte au Téléjournal de la station d’État : À Québec aujourd’hui a eu lieu le lancement du dernier ouvrage du professeur Léon Dion, Le Québec et le Canada, les voies de l’avenir. M. Dion a reconnu que ce sera un OUI stratégique qu’il inscrira sur son bulletin le 20 mai. M. Dion soutient que le rapport de la commission Pépin-Robarts41 sera un excellent point de départ d’une négociation constitutionnelle entre Québec et Ottawa. Quant à la fin de non-
38. 39. 40. 41.
Professeur et politologue reconnu, Léon Dion enseignait à l’Université Laval. Notes pour le classement : thème = argument ; dossier = livre blanc ; évaluation = favorable au OUI. Notes pour le classement : thème = argument ; dossier = livre beige ; évaluation = favorable au OUI. Commission d’enquête mise en place par le Gouvernement fédéral et dirigée par Jean-Luc Pépin et John Robarts.
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Chapitre 12 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Les thèmes référendaires
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recevoir que M. Trudeau présentait au Québec advenant une victoire du OUI, M. Dion estime que cette déclaration du premier ministre du pays nie le droit des peuples à l’autodétermination et aggrave encore davantage la crise canadienne42.
12.11. HUITIÈME THÈME : LES ENJEUX FUTURS Le débat référendaire guidait les regards de tous vers l’avenir. Qu’arriverait-il après un OUI ou un NON le 20 mai 1980 ? Les éléments de couverture se rattachant aux enjeux futurs avantageaient la question référendaire même s’ils n’obtiennent qu’une faible visibilité : 43 unités d’information abordent « l’après référendum » dans un contexte favorisant le OUI. Les médias anglophones ont davantage traité de ce thème que les francophones, dans un contexte très faiblement négatif (1,7 % –). Par contre, chez les francophones, le thème des enjeux futurs était clairement favorable (6,7 % +) à la question. Dès le lancement de la campagne, René Lévesque avait établi de façon rassurante et avec fierté ce que représenterait un vote pour le OUI : RENÉ LÉVESQUE : Ce jour-là, le 20 mai, nous aurons l’occasion de réaffirmer tous ensemble notre volonté de voir le Québec poursuivre en l’accélérant de manière décisive sa marche vers la complète reconnaissance de ses droits. Ce sera un moment historique où les yeux, non seulement du reste du Canada mais d’une bonne partie du monde également, seront fixés sur nous43.
« L’après référendum » ne soulève pas d’inquiétude particulière pour les tenants du NON. En fait, il s’ensuivra une continuité pour le gouvernement actuel, comme le précisent les derniers propos publics tenus par le premier ministre Trudeau sur les ondes de la station CFTM44 et rapportés par CFCF-TV, dont le bulletin de nouvelles était le dernier en ondes le 18 mai :
42. 43. 44.
CBFT –16 avril 1980. CFTM – 15 avril 1980. M. Trudeau avait participé à l’émission « Les gens qui font l’événement ».
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
The last word of the campaign prior to that radio and television black out45 goes to Prime Minister Trudeau. During an interview tonight on the French language TVA network, Trudeau says the Québec government won’t be weaker if it loses on Tuesday. A majority for the federalists will discredit the government’s attempt to obtain sovereignty-association but he adds it would not prevent it from continuing as the legitimate government until the next election46.
45.
46.
L’expression « black out » fait référence à l’interprétation qu’avait faite la station de l’Avis du CRTC. CFCF-TV avait décidé de s’abstenir de diffuser des informations pouvant avoir un « caractère partisan », le 19 mai 1980, veille du référendum. CFCF-TV – 18 mai 1980.
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E R T I H
ANALYSE DU RÉFÉRENDUM DE 1980
C
A
P
13 EXAMEN DE CATÉGORIES DE CONTENU
Par-delà l’image qu’on veut projeter, il y a l’image qu’on projette.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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Le présent chapitre poursuit l’analyse des actualités télévisées consacrées à la couverture du référendum de 1980 en examinant les entrevues et les citations, la couverture présentée par chaque station, le contenu des nouvelles sans les entrevues, les dossiers et l’évolution de la tendance au quotidien.
13.1. LES INTERVENANTS DANS LES ENTREVUES TÉLÉVISÉES Les 76 personnes interviewées ou citées dans les actualités télévisées ont contribué au cinquième de la couverture référendaire et six d’entre elles ont fourni la moitié du contenu de ces entrevues. TABLEAU 13.1 Les intervenants Tableau des intervenants les plus visibles dans les actualités télévisées Les 6 intervenants les plus visibles
Nombre d’unités
Visibilité %
Partialité %
Orientation %
Poidstendance
1 – René Lévesque
65
3,6
80,0
73,8 +
4,6 +
2 – Claude Ryan
57
3,2
73,7
70,2 –
3,8 –
3 – P.E. Trudeau
23
1,3
87,0
87,0 –
1,9 –
4 – Joe Clark
13
0,7
84,6
84,6 –
1,1 –
5 – Jean Chrétien
8
0,4
75,0
75,0 –
0,6 –
6 – Eric Kierans
5
0,3
60,0
60,0 –
0,3 –
L’impact favorable des entrevues accordées par le chef du OUI René Lévesque (4,6 +) est plus élevé que celui de son comité (2,9 +). Lévesque tire avantage des arguments référendaires se rattachant notamment à l’identité québécoise, au mandat de négocier et au fédéralisme. Ses autres interventions majeures portent sur la réglementation entourant la tenue du référendum et sur les activités du comité du OUI. La constitution canadienne a été le sujet le plus fréquemment abordé dans les extraits de discours ou d’entrevues de Claude Ryan ; le comité du NON représente le deuxième champ d’intérêt de ses entrevues. Claude Ryan a davantage été interviewé à propos du comité du NON que ne l’a été René Lévesque à propos du comité du OUI. La presse télévisée s’est davantage préoccupée du leadership de Claude Ryan au sein du comité du NON, notamment à cause de la forte présence du premier ministre Trudeau, qu’elle ne l’a fait pour le chef du OUI, René Lévesque, dont le rôle de leader n’a jamais été remis en question.
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Chapitre 13 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Catégories de contenu
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TABLEAU 13.2 Comparaison : Lévesque – Ryan – Trudeau Comparaison des tendances pour les principaux dossiers abordés (à deux occasions ou plus) dans les extraits d’entrevues de MM. Lévesque, Ryan et Trudeau René Lévesque
Claude Ryan
Réglementation (6) Interventions fédérales (5) Identité québécoise (5) Mandat de négocier (4) Fédéralisme (4) Comité du OUI / Stratégie (3) Gouvernement Trudeau (3) Minorités (2) Budget (2) Comité du OUI / Leader (2) Interférents divers extérieurs au Québec (2) Comité du OUI / Lévesque (l’homme) (2) Campagne générale (2) Entente (2) Processus démocratique du vote (2) Fascisme(2)
+ + + + + + + – + + + 0 + +
Constitution (7) Comité du NON / Leader (4) Comité du NON / Stratégie (3) Comité du NON / hommes politiques Gouvernement péquiste Processus démocratique du vote Réglementation (2) Pays (2) Intimidation (2) Fédéralisme (2) Fascisme (2) Comité du NON / Campagne (2) Comité du OUI / Campagne (2)
Pierre Elliot Trudeau
– 0 – –
Constitution (5) Question référendaire (4) Pays (3) Souveraineté-association (3)
– – – –
– – 0 – – – – – –
+ +
Le premier ministre canadien, Pierre Elliott Trudeau, est le troisième acteur de ce référendum en importance. C’est à propos de la constitution canadienne, de la question référendaire, de la souverainetéassociation ainsi que du pays que les médias l’ont interviewé ou ont plus fréquemment utilisé des extraits de ses discours. Le fait que René Lévesque l’ait interpellé directement vers la fin de la campagne a également eu pour conséquence d’augmenter la visibilité de ses déclarations, à tel point que le territoire de la joute s’est élargi vers Ottawa. Trois autres intervenants reviennent un peu plus fréquemment dans les nouvelles : Joe Clark, chef du Parti conservateur et de l’Opposition à Ottawa, Jean Chrétien, ministre fédéral de la Justice, et Eric Kierans, président-directeur général de la Caisse de dépôt du Québec. Joe Clark a abordé son rôle en tant que chef de l’Opposition officielle au Canada face au référendum, a discouru sur la constitution
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
et sur la notion d’un pays, le Canada. Jean Chrétien a commenté des propos de P.E. Trudeau critiquant le comité du NON « qui ne parlait pas assez du Canada de façon positive ». Eric Kierans a envisagé la possibilité d’un Parlement du Canada au Québec et a, en démissionnant de la Caisse de dépôt du Québec, vivement critiqué l’ingérence du gouvernement péquiste dans les affaires de cette institution.
13.2. LA COUVERTURE DES STATIONS DE TÉLÉVISION Comme nous l’avons vu précédemment (tableau 11.2), les stations ont diffusé 749 nouvelles sur un total de 2 472 dénombrées dans leurs bulletins majeurs de fin de soirée pendant toute la durée du référendum. Cela équivaut à 30 % des informations diffusées durant ce créneau horaire et représente une moyenne de 5,5 nouvelles à contenu référendaire par station, par jour. L’analyse de cette importante couverture dévoile des indices de partialité assez similaires d’une station à l’autre comme on le note au tableau 13.3. La moyenne de 57,6 % démontre le très grand intérêt manifesté par chacune pour cet événement. Cette partialité relativement élevée1 dans le traitement accordé par chaque station à la couverture référendaire laisse percer les tendances majoritairement défavorables à la question ; trois stations sur quatre présentent un contenu négatif. À l’examen, les tableaux indiciels permettent de retracer les tendances dominantes issues des dossiers que chaque station a rendues les plus visibles et des thèmes qu’elle a privilégiés. Le tableau 13.4 présente les huit thèmes et les différents dossiers dépassant un pour cent en fréquence, selon leur visibilité sur chaque chaîne.
1.
La partialité moyenne d’une couverture de presse a été établie à 40 % à partir de la compilation des résultats d’environ 300 analyses entre 1980 et 2000.
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15,5 – 9,0 – 57,6 100,0 1 8081 30,2
254
177
749
CFTM
Total
Moyenne
1,2 + 3,2 + 55,4 20,6 372 59
146 CBFT
34,8
0,7 – 1,6 – 56,9 23,6 427 51
195 CBMT
24,4
4,6 – 10,7 – 57,9 24,8 449 64
59,5 31,0
Fréquence % Nombre
560 80 34,8 231 CFCF-TV
28,8
11,4 – 21,3 –
Orientation % Nombre
% du bulletin de nouvelles
Nouvelles analysées
Unités d’information
Partialité %
Aperçu de l’analyse de la couverture référendaire Nouvelles référendaires dans les bulletins
Les stations selon leur indice de fréquence et leur poids
TABLEAU 13.3 Comparaison entre les stations
Poidstendance
Chapitre 13 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Catégories de contenu
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TABLEAU 13.4 Thèmes et dossiers selon les stations Les thèmes et les dossiers référendaires privilégiés par les stations, leur visibilité et leur tendance
Thèmes
%
Arguments Comité du NON Interférents divers Interventions fédérales Comité du OUI Cadre Intentions de vote Enjeux futurs
9,5 4,6 4,4 3,5 3,2 2,7 2,0 1,0
Thèmes
CFCF-TV : 31 % + ou – Dossiers – – – – – 0 + –
Arguments Interférents divers Comité du NON Comité du OUI Cadre
7,7 4,0 3,4 3,3 2,9
– – – – 0
Interventions fédérales Intentions de vote Enjeux futurs
1,7 1,3 0,6
– + +
Thèmes
*
7,0 3,7 2,9 2,9 2,9 2,2 2,0 0,2
– – 0 + – – + –
+ ou – 2,2 1,9 1,5 1,4 1,3 1,3 1,2 1,2
%
Réglementation Sondages Cadre en général Constitution Interférents divers au Québec
CBFT : 23,6 %* + ou – Dossiers
%
Arguments Interférents divers Cadre Comité du OUI Comité du NON Interventions fédérales Intentions de vote Enjeux futurs
Constitution Sondages Horaires du NON Cadre en général Réglementation Campagne du NON Adhésions Interventions de Trudeau
CBMT : 24,8 % + ou – Dossiers
%
%
+ ou – 1,7 1,7 1,3 1,0 1,0
%
Réglementation Sondages Constitution Cadre en général Interventions Trudeau
– – – 0 0 – + –
+ – – – 0
+ ou – 1,7 1,5 1,4 1,2 1,2
0 – – – –
Il y eut 7 jours de grève à CBFT où le bulletin de 22 heures 30 ne fut pas diffusé.
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TABLEAU 13.4 (suite)
Thèmes
%
Arguments Comité du NON Comité du OUI Intentions de vote Interférents divers Interventions fédérales Cadre Enjeux futurs
CFTM : 20,6 % + ou – Dossiers 6,6 4,3 2,8 2,0 1,8 1,4 1,1 0,6
+ – + + – – 0 +
%
Analyse des comtés Campagne du NON
+ ou – 1,1 1,0
+ +
13.3. LE CONTENU SANS LES ENTREVUES L’examen des types de contenu produit par les stations, à savoir les introductions et les reportages sans l’apport d’intervenants extérieurs, montre qu’ils ont généré la majorité des unités se rattachant aux sondages (5,3 %), à la réglementation (4,4), à la constitution (4,2 %), au cadre en général (3,9 %), aux horaires (3,8 %), à la campagne du comité du NON (3,5 %), aux adhésions de groupes au OUI (3,3 %) et aux interventions du premier ministre Trudeau (2,9 %). L’étude des segments lus par les chefs d’antenne (anchorman) révèle que leurs textes, qui totalisent 41,9 % de tout le contenu référendaire, ont davantage porté sur la réglementation (3,2 %), les sondages (2,7 %), la constitution (2,3 %), le cadre général du référendum (2,4 %) et les interférents divers au Québec (1,7 %). Le contenu des introductions était aussi défavorable à la question référendaire que celui provenant des entrevues. Par contre, le contenu des reportages était légèrement moins négatif. TABLEAU 13.5 Introductions, reportages et citations Comparaison des types de contenu traitant du référendum Type
Quantité
Introduction Reportage Interview (entrevues et extraits divers)
757 739 312
Fréquence %
Partialité %
Orientation %
Poidstendance
41,9 40,8 17,3
56,1 55,1 66,7
8,1 – 5,3 – 19,9 –
5,9 – 3,7 – 5,9 –
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13.4. LES DOSSIERS RÉFÉRENDAIRES PLUS VISIBLES Parmi les 75 dossiers identifiés dans la couverture télévisée, la moyenne générale d’occurrence se situe à 24 unités ; 26 dossiers égalent ou dépassent cette moyenne. Pour fins d’analyse, nous avons divisé les dossiers en trois groupes : 50 unités et plus, 24 à 49 unités, et 19 à 23 unités, de façon à inclure les données portant sur la « question ». Ces 34 dossiers représentent 1 % et plus de couverture chacun, et totalisent 82,5 % de tout le contenu des nouvelles télévisées traitant du référendum2. TABLEAU 13.6 Les dossiers de plus de 50 unités Dossiers de 50 unités et plus
1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.
Nombre d’unités
Sondages 101 Constitution 97 Réglementation 94 Cadre en général 81 Horaires du NON 70 Campagne du NON 68 Adhésions de groupes 61 Interventions 59 du PM Trudeau 9. Économie-monnaie 54 10. Souveraineté-association 50
Visibilité %
Partialité %
Orientation Poids% tendance
5,6 5,4 5,2 4,5 3,9 3,8 3,4 3,3
74,3 64,9 13,8 2,5 24,3 52,9 83,6 45,8
26,7 – 42,3 – 1,1 + 2,5 – 10,0 – 20,6 – 50,8+ 22,0 –
2,6 – 3,9 – 0,1 + 0,2 – 0,7 – 1,3 – 2,9 + 1,2 –
3,0 2,8
64,8 94,0
5,6 + 42,0 –
0,3 + 2,0 –
Les sondages Le dossier des sondages compte pour presque la moitié du thème « interférents divers » et pèse lourd dans la balance négative (2,6 –) ; les informations qui en sont tirées s’avèrent le plus souvent pessimistes pour le camp du OUI, et par conséquent défavorables à la question. Les médias ont créé la majorité des informations qui s’y rapportent, ne faisant appel qu’en de rares occasions à des intervenants pour les commenter. En fait, les médias ont commandé presque tous ces
2.
Le tableau complet des dossiers est inséré à l’Annexe 4.
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Chapitre 13 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Catégories de contenu
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sondages qui ajoutent à la masse des pronostics et prédictions accumulées au cours des six derniers mois, plus précisément depuis le dépôt de la question référendaire à l’Assemblée nationale, le 20 décembre. La constitution La constitution aura fait l’objet de la plus importante couverture au chapitre des arguments débattus par les parties (à 97 reprises), la tenue même du référendum la remettant en question. Elle devint par la suite l’objet d’un projet de rapatriement piloté par Pierre Elliot Trudeau. Claude Ryan, P.E. Trudeau et Joe Clark totalisent 15 entrevues sur le sujet. Les médias ont abordé le dossier constitutionnel pendant 22 des 35 jours que durait la campagne référendaire, et plus intensément entre le 9 et le 15 mai, dans le prolongement du discours de Pierre Elliott Trudeau à un rallye du comité du NON le 9 mai. C’est le sujet-vedette autant dans les médias anglophones que francophones. Les chaînes s’en partagent la couverture à raison de trois stations dans un contexte négatif : CFCF-TV (40 unités), CBFT (26), et CBMT (18) ; et une seule positivement : CFTM (13 unités). La réglementation Le cadre réglementaire comporte une importante couverture dans un contexte relativement neutre avec quelques éléments très discrètement positifs provenant surtout des médias anglophones. Ces derniers ont donné plus d’importance aux objections entourant l’affichage publicitaire par le fédéral et par des entreprises privées pour inciter de diverses façons les électeurs à voter pour le NON3. À deux reprises, la Cour eut à se prononcer sur la légalité de démarches publicitaires quant à la réglementation régissant la publicité partisane. Les annonceurs obtinrent gain de cause dans les deux cas. Le cadre général CBFT, CBMT et CFCF-TV ont consacré des couvertures équivalentes en volume au cadre général de la campagne tandis que CFTM en a parlé la moitié moins souvent. Tous les médias l’ont fait dans un contexte 3.
« Une des manifestations les plus contestées du gouvernement fédéral au Québec, rapporte Jean-François Lépine le 9 mai, à CBFT, c’est ce placard publicitaire d’une campagne du ministère de la Santé contre l’alcoolisme, qui refait surface après un an d’absence. Coïncidence, le thème de l’époque correspond à la lettre, maintenant, au slogan du comité du NON. »
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tout à fait neutre. Mises à part les informations générales sur la campagne, il s’agissait la plupart du temps d’analyses dressant le portrait d’une ville ou d’une région, et résumant les habitudes de vote observées sur le territoire en question. Le premier et le dernier jour de la campagne sont ceux qui recèlent le plus d’informations se rattachant au cadre général de la campagne. Les horaires du NON Les diverses activités à l’horaire du NON ont fait l’objet de fréquentes mentions, sans grande passion, de la part des médias ; ceci explique le faible poids négatif du sujet. CFCF-TV domine par le nombre de mentions. La campagne du NON Moins nombreuses mais plus partiales que celles traitant des horaires du NON, les unités se rattachant à la campagne du NON pèsent plus lourd sur l’ensemble de la couverture télévisée à la faveur d’une tendance plus négative générée par la presse anglophone. Les adhésions de groupes Premier sujet majeur favorable à la question, les adhésions de groupes au OUI, telles celle de la Fédération des travailleurs du Québec, ont réussi à créer l’unanimité dans tous les médias : tous l’ont abordé favorablement par rapport à la question référendaire. CFCF-TV a été la plus volubile sur ce sujet. La journée du 19 avril marque un sommet de couverture consacrée aux adhésions : c’était le jour de l’annonce de la FTQ pour le OUI. Les interventions du premier ministre Trudeau Il ne s’agit pas ici des entrevues accordées par M. Trudeau mais bien du contexte dans lequel ses déclarations et ses interventions se sont déroulées, de ses allées et venues et de son emploi du temps dans le cadre de la campagne référendaire. Comme nous l’avons vu précédemment, l’horaire des interventions de M. Trudeau au Québec a constitué un suspense qu’alimentaient régulièrement les actualités télévisées. Et quand interventions il y a eu, leur contenu et leurs répercussions ont alimenté d’abondance les médias. Sur les 35 jours de campagne, 18 réfèrent à des interventions de M. Trudeau. Le traitement de ce sujet diffère énormément d’une station à l’autre au chapitre du volume, de la partialité et de l’orientation, comme le démontre le tableau suivant :
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Chapitre 13 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Catégories de contenu
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TABLEAU 13.7 Le suspense Trudeau à la télévision Popularité des horaires de M. Trudeau dans les actualités télévisées* Station
Nombre d’unités
Partialité
Orientation
Poidstendance
CBFT
21
61,9
23,8 –
0,5 –
CFCF-TV
20
50,0
60,0 –
0,6 –
CBMT
13
23,1
23,1 –
0,3 –
CFTM
5
20,0
20,0 +
0,1 +
* Comme nous l’avons vu au chapitre 5, les « personnalités » constituent un des huit ingrédients favoris des médias.
L’économie et la monnaie La presse francophone a privilégié le sujet de l’économie et de la monnaie ; CBFT, CBMT et CFTM l’ont traité sous un angle favorable à la question référendaire. Le 30 avril, l’économie a été abordée dans le cadre des marchés financiers et des PME, le 7 mai a vu un survol des entreprises beauceronnes peu touchées par la campagne référendaire, et le 17 mai, on assiste à une révision des comptes économiques entre les provinces et le fédéral. La souveraineté-association Dixième dossier par la fréquence, la souveraineté-association prônée par René Lévesque n’a pas fait long feu dans la couverture télévisée. Le dossier a certes soulevé les passions comme le démontre l’indice record de partialité de 94 %. Mais tous les médias l’ont abordé sous un angle désavantageux pour la question, CFCF-TV étant la moins défavorable avec un indice d’orientation de 21 % –, suivie de CFTM à 50 % –, de CBMT à 53 % – et de CBFT à 58 % –. Pierre Trudeau a tapé sur le clou de la souveraineté-association à trois reprises. Pour sa part, René Lévesque n’est interviewé qu’une fois à ce sujet. CFTM a ressuscité Maurice Duplessis le 17 avril à la faveur du lancement du disque Maurice Duplessis et l’autonomie provinciale, pour décrire à sa manière le concept inventé par Lévesque : « En d’autres termes, donnons la main à Ottawa, non pas comme un serviteur à un maître, non pas comme un inférieur à un supérieur, donnons la main
2003– –Presses Presses l’Université Québec ©©2003 de de l’Université du du Québec Édifice Le DeltaÉdifice I, 2875, boul. I,Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec Tél.: (418) : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Le Delta 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, QuébecG1V G1V 2M2 2M2 ••Tél. 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Mesurer l’insaisissable, Lise Chartier, ISBN 2-7605-1220-7 • D1220N
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
182
à Ottawa, nous descendons d’une race fière, d’égaux à égaux, pour le bien du pays et pour le bien des provinces…4 » René Lévesque et Maurice Duplessis sont les seuls intervenants dont les propos favorables à la souveraineté-association ont été retracés à l’intérieur de nouvelles télévisées. Les seize dossiers énumérés au tableau 13.8 représentent des aspects moins visibles de la couverture. Ils se répartissent entre 9 favorables à la question, 6 défavorables et 1 neutre. À noter que trois d’entre eux qui auraient dû contribuer au OUI l’ont au contraire désavantagé : la couverture de la campagne du OUI, le gouvernement du Parti québécois et la notion de pays. D’autre part, le fédéralisme a fait l’objet d’un débat controversé (88,9 % de partialité) qui s’est soldé par une tendance neutre. TABLEAU 13.8 Les dossiers de 24 à 49 unités Dossiers de 24 à 49 unités
11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23.
Nombre d’unités
Accueil du NON Horaires du OUI Campagne du OUI Le fédéralisme Interférents du Québec Stratégie du OUI Gouvernement péquiste Mandat de négocier La notion de pays Accueil du OUI Identité québécoise Opinions hors Québec Interventions de députés fédéraux du Québec 24. Intentions de vote : régions ou comtés 25. Opinions d’individus 26. Incidents divers
4.
Visibilité %
Partialité %
Orientation Poids% tendance
49 46 45 45 44 43 43 41 41 39 39 31 30
2,7 2,5 2,5 2,5 2,4 2,4 2,4 2,3 2,3 2,2 2,2 1,7 1,7
75,5 19,6 42,2 88,9 13,6 67,4 93,0 87,8 92,7 84,6 87,2 35,5 70,0
34,7 – 2,2 + 2,2 – 0,0 4,5 + 39,5 + 55,8 – 24,4 + 82,9 – 33,3 + 20,5 + 3,2 + 30,0 –
1,6 – 0,1 + 0,1 – 0,0 0,2 + 1,6 + 2,3 – 1,0 + 3,3 – 1,2+ 0,8 + 0,1 + 0,9 –
29
1,6
37,9
17,2 +
0,5 +
28 24
1,5 1,3
78,6 20,8
7,1 – 12,5 +
0,2 + 0,3 +
Extrait d’un discours de Maurice Duplessis, prononcé à l’Hôtel Windsor le 16 octobre 1946.
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Chapitre 13 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Catégories de contenu
183
Les incidents divers Les incidents divers comprennent différents événements et incidents traités en parallèle avec la campagne par les médias tels l’annonce du départ d’Eric Kierans de la Caisse de dépôt, la tenue d’un colloque consacré à la question des néo-québécois, le report du rapport Malouf, quelques actes de vandalisme reliés à la destruction d’affiches, le vote des actionnaires de la Sun Life, etc. TABLEAU 13.9 Les dossiers de 19 à 23 unités Dossiers de 19 à 23 unités
Nombre d’unités
27. Publicité 28. L’après référendum 29. Interventions fédérales en général 30. Les médias 31. Stratégie du NON 32. Interventions fédérales: partis d’opposition 33. Minorités (argument) 34. Question référendaire
Visibilité %
Partialité %
Orientation Poids% tendance
23 22 22
1,3 1,2 1,2
65,2 59,1 59,1
13,0 – 13,6 + 22,7 +
0,3 – 0,3 + 0,5 +
22 21 21
1,2 1,2 1,2
27,3 76,2 38,1
9,1 – 66,7 – 38,1 –
0,2 – 1,3 – 0,8 –
19 19
1,1 1,1
78,9 100,0
5,3 + 78,9 –
0,1 + 1,4 –
La question référendaire La question référendaire occupe la 34e place sur les 75 repérés dans cette couverture, avec un pour cent de présence. Elle a été fortement malmenée comme en témoigne l’indice de poids-tendance de 1,4 – si on le compare à sa fréquence relativement faible totalisant 19 unités. Toutes les unités la concernant étaient orientées (100 % de partialité) et l’orientation négative atteint un sommet que seule la notion de pays a dépassé. Pierre Elliot Trudeau est l’intervenant qui a le plus critiqué la question référendaire. À CFCF-TV, le 15 avril, Craig Oliver rapporte que « Trudeau reasoned that since Lévesque’s own question was asking for sovereignty linked to economic association and since the provinces and Ottawa unanimously rejected the latter already, Ottawa would refuse to negotiate with Lévesque who had no mandate for sovereignty alone. » Suit alors cet extrait où P.E. Trudeau déclare : « That is presented by the kind of question that we have. If the answer to the question of the referendum is yes, we are in a dead-end. »
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
En bref, les 34 dossiers les plus visibles Comme on le note à l’examen des tableaux 13.7, 13.8 et 13.9 détaillant les 34 sujets précédents, bien peu d’entre eux ont suscité un élan favorable à la question référendaire, et quand ils l’ont fait, leurs poids étaient tellement faibles que même additionnés (9,4 +), ils n’atteignent pas les deux cinquièmes du poids du NON (23,6 –).
13.5. L’ORIENTATION ET LA TENDANCE AU QUOTIDIEN DANS LES ACTUALITÉS TÉLÉVISÉES La figure 13.1 sur l’évolution quotidienne de l’orientation, telle qu’elle a été observée dans la couverture de presse référendaire des actualités télévisées, montre avec éloquence le cheminement parcouru par tout ce qui entourait le référendum et le débat sur la question. Un contexte déjà défavorable à la question marque le début de campagne. Malgré un sursaut positif au deuxième jour, s’amorce une période où, pendant 10 jours, l’indice de tendance décline doucement (figure 13.2). Puis survient une accalmie d’une semaine : la période du 29 avril au 6 mai montre une remontée favorable à la question qui correspond à une recrudescence des adhésions au OUI. À compter du 6 mai, jour de la démission d’Éric Kierans de la Caisse de dépôt, et du 7 mai, deuxième discours de Trudeau, au Québec, la tendance se remet à chuter de façon assez spectaculaire jusqu’au 12 mai. À noter que le 7, un sondage CROP révèle que le NON est en avance. La pente s’accentuera les 11 et 12 mai alors qu’un sondage IQOP révèle, lui aussi, que le NON est en avance. Le 13 mai apportera un petit répit avec quelques nouvelles adhésions au OUI. La tendance ne diminuera que d’un point dans la dernière semaine avant le vote.
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Chapitre 13 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Catégories de contenu
185
FIGURE 13.1 Évolution de l’orientation au quotidien du 15 avril au 18 mai 1980 % 60
40
Adhésions au OUI
Adhésions au OUI
20
Démission d’Eric Kierans de la CDQ
0 1er discours de Trudeau
– 20
Sondages : NON en avance
2e discours de Trudeau
– 40
Jour de relâche de René Lévesque
13
15
17
19
21
23
25
27
29
31 33
18 mai
11
15 mai
9
9 mai
7
5 mai
5
25 avril
3
20 avril
15 avril
1
30 avril
– 60
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186
FIGURE 13.2 Évolution de la tendance au cours des 34 jours de campagne référendaire du 15 avril au 18 mai 1980 0 –5
– 10 – 15 – 20 9
11
13
15
17
19
21
23
25
27
29
31
33
18 mai
7
9 mai
5
29 avril
3
23 avril
15 avril
1
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E R T I H
A
P
14 ANALYSE DU RÉFÉRENDUM DE 1980
C
FAITS SAILLANTS ET CONCLUSION
Par-delà le journal qui chaque soir se meurt, il y a son discours qui demeure.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
188
FAITS SAILLANTS •
En 1980, les bulletins de nouvelles de fin de soirée des quatre stations de télévision du Québec rejoignent 29,8 % des électeurs inscrits sur les listes de scrutin. Ces stations étaient les suivantes : CBFT (Radio-Canada), CFTM (TVA), CFCF-TV (CTV) et CBMT (CBC).
•
Entre le 15 avril et le 18 mai 1980, 749 nouvelles sur 2 472, soit 30 % des unités de nouvelles diffusées en fin de soirée, traitent du référendum.
•
Les résultats finaux de l’analyse des actualités télévisées à propos du référendum indiquent une victoire du NON par 15,5 % sur le OUI. Pour sa part, le résultat du vote référendaire se répartit entre 59,56 % pour le NON et 40,44 % pour le OUI, soit un écart de 19,12 %. Aucun des sondages publiés en 1980 ne démontre aussi clairement une victoire du NON.
•
La couverture télévisée traitant du référendum est fort partiale ; 60 % du contenu est orienté favorablement ou défavorablement par rapport à la question référendaire. Cet indice dénote une forte passion médiatique face à la tenue du référendum, non seulement par le volume des nouvelles mais par l’approche journalistique.
•
Sur les huit thèmes retracés dans la couverture référendaire, les éléments de nouvelles traitant des « arguments » référendaires ont monopolisé 31 % du contenu, dans un cadre de haute partialité (82 %) dégageant une orientation défavorisant le OUI à la question référendaire. Leur poids négatif de 9,4 – pèse lourd sur l’impact de l’ensemble de la couverture télévisée dont la tendance générale s’élève à 15,5 –.
•
Les autres thèmes abordés dans les actualités télévisées, selon leur visibilité décroissante, et leur poids-tendance respectif, qui représente leur impact sur l’ensemble de la couverture : – le « comité du NON » avec un poids-tendance de 6,8 – ; – les « interférents divers » avec un poids-tendance de 2,4 – ; – le « comité du OUI » avec un poids-tendance de 2,9 + ; – le « cadre du référendum » au neutre ; – les « interventions fédérales » avec un poids-tendance de 2,9 – ; – les « intentions de vote » avec un poids-tendance de 2,9 + ; – et les « enjeux futurs » avec un poids-tendance de 0,2 +.
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Chapitre 14 ❖ Analyse du référendum de 1980 – Faits saillants
189
•
Au chapitre des arguments, huit d’entre eux font plus fréquemment l’objet de nouvelles ; il s’agit de la constitution canadienne (–). de l’économie/la monnaie (+), de la souveraineté-association (–), du fédéralisme (–), du gouvernement péquiste (–), du mandat de négocier (+), du pays (–) et de l’identité québécoise (+).
•
Les 76 personnes interviewées ou citées dans les actualités télévisées ont contribué au cinquième de la couverture référendaire ; six d’entre elles ont fourni la moitié du contenu de ces entrevues. Ce sont par fréquence d’apparition : René Lévesque (3,6 %), Claude Ryan (3,2 %), P.E. Trudeau (1,3 %), Joe Clark (0,7 %), Jean Chrétien (0,4 %) et Eric Kierans (0,3 %).
•
René Lévesque est davantage intervenu à propos de la réglementation, des interventions fédérales, de l’identité québécoise et du mandat de négocier ; Claude Ryan à propos de la constitution et du comité du NON, dont il était le leader, et P.E. Trudeau à propos de la constitution et de la question référendaire.
•
Le contenu de la couverture référendaire par station se répartit entre : – – – –
CFCF-TV (31 %), avec un poids-tendance de 11,4 – ; CBMT (24,8 %), et un poids-tendance de 4,6 – ; CBFT (23,6 %) et un poids-tendance de 0,7 – ; et CFTM (20,6 %) et un poids-tendance de 1,2 +.
•
De façon globale, les introductions ainsi que les entrevues contenaient plus d’éléments négatifs que les reportages.
•
Parmi les 75 dossiers abordés par les actualités télévisées durant la campagne référendaire, 14 ont monopolisé la moitié de leur contenu (51 % des unités d’information) : 9 étaient négatifs, 4 positifs et 1 neutre. Les trois plus visibles ont obtenu une fréquence de 5 % chacun : les sondages (–) la constitution canadienne (–) et la réglementation (+).
•
Observée au quotidien, la tendance dans la couverture des actualités référendaires à la télévision de fin de soirée s’avère négative par rapport à la question référendaire, tout au long de la période : l’indice de départ se situait à 2 –, il atteindra 15,5 – après 34 jours.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
190
CONCLUSION Cette analyse détaillée de la couverture télévisée du référendum québécois de 1980 illustre clairement comment les indices majeurs des différentes catégories de classification des unités d’information enrichissent la compréhension d’une couverture de presse, dans ce cas-ci celle consacrée au référendum de 1980. Si les actualités télévisées durant cette campagne reflètent un moment d’Histoire vécu au quotidien, elles dressent aussi un aperçu rapide de l’Histoire en devenir et captent l’impression que cette portion d’Histoire, à la fois vécue et en progression, laisse dans la mémoire collective au fur et à mesure de son développement. Dans ce cas-ci, la réalité quotidienne de la presse télévisuelle de 1980 révèle son adéquation avec l’issue d’un vote que n’avaient pas dévoilé avec autant de précision les sondages. Comme l’évoque Naville-Morin (1969), « on peut imaginer que la presse fait preuve d’objectivité en reconnaissant les causes en présence1 ». C’est-à-dire que la presse a reconnu implicitement, sans avoir besoin de l’exprimer, tout au long de sa narration de la campagne référendaire, quelle en serait l’issue. L’ensemble d’un dossier de presse recèle tant d’informations, tout à la fois complémentaires, maintes fois répétitives et paradoxalement si diversifiées, que leur décodage minutieux contribue à mieux comprendre sa rémanence auprès du public en général.
1.
Violette (Naville dit) Morin, L’écriture de presse, Paris, Mouton, 1969, p. 156.
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O N C L U S I O N
C
UNE MINE DE RENSEIGNEMENTS
Par-delà la mouvance des nouvelles, il y a leur valeur rémanente.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Parce qu’elle occupe une place de plus en plus grande dans nos vies, la presse est devenue une présence si familière que nous confondons fréquemment ce qu’elle nous raconte avec ce qui se passe dans la vraie vie, sans y penser vraiment, par habitude, par nonchalance, par facilité. Parce qu’elle est là et qu’elle nous parle sans arrêt, elle nous soustrait du temps et nous épargne la tâche de réfléchir. Sans cesse alimentés par le flot de ses discours qui nous accompagnent jusque dans nos retraites les plus intimes, bien souvent nous ne faisons plus la distinction entre ce que les nouvelles racontent et ce que les gens qui nous entourent disent. Les gens de la presse, ou qui se prétendent tels, ne nous sont-ils pas aussi, sinon plus, familiers et crédibles que ceux avec qui nous vivons ? Tant dans notre vie personnelle que professionnelle. Et comme nous écoutons et lisons si mal1, que nous comprenons bien peu ou bien mal ce que nous en apprenons, à quoi ressemble le mince filet de ce que nous en retenons entre le journal que nous lisons au café du coin et la radio d’ambiance qui nous instille ses informations ? Nous tenons souvent la presse pour acquise, nous la considérons comme fiable et honnête, nous la croyons renseignée, nous l’imaginons disponible, fidèle, prête à tout pour nous plaire et nous satisfaire. Qu’elle nous emmène avec elle partager ses découvertes, ses émotions, ses expériences, ses moments de frayeur, ses élans de bonheur et, plus souvent qu’autrement, qu’elle nous inonde d’un lot de nouvelles généralement de peu d’intérêt ne nous affecte pas, ou si peu. Nous en redemandons même ! De ce débordement de connaissances et d’informations qu’elle nous sert, bien peu résisteront au temps pour prendre place parmi nos souvenirs. Tout au plus laisseront-elles une trace quelconque, plutôt imprécise, variant selon l’intensité de l’impression laissée par un événement ou un fait dans notre esprit. Tant et si bien que chacun d’entre nous a peu de chance d’en retenir la même signification que son voisin. Parce que les connaissances et les informations mises à notre disposition par la presse sont si nombreuses, si variées et en même temps si souvent répétées, notre mémoire collective en absorbe un 1.
À ce propos, le chroniqueur Pierre Foglia commentait l’aptitude de ses lecteurs à comprendre ce qu’il écrit : « Je veux revenir, par contre, pour la 400 000e fois sans doute depuis que je signe cette chronique, sur l’empressement que mettent certains lecteurs à débattre à côté du sujet, soit parce qu’emportés par leur fâcherie, ils lisent trop vite, soit le contraire : qu’ils lisent à n’importe quelle vitesse, ils seront toujours un peu lents… » (« Vente au détail », La Presse, A5, 31 août 2002).
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Conclusion ❖ Une mine de renseignements
193
quantité phénoménale. Tout le monde sait tout sur tout, en fait. Mais bien peu savent comment ou quoi. L’analyse de presse offre l’occasion d’observer ce quoi et ce comment par petites portions, centrées sur des dossiers de presse à l’intérieur d’une période précise, et de les évaluer. Elle accorde le temps utile pour regarder par le détail les idées transmises et la manière employée. Elle donne la distance nécessaire pour examiner les orientations exprimées et la tendance véhiculée. Par son approche méthodique. Et par la notion de mesure qui l’inspire. La presse révèle par ce qu’elle raconte l’état de ce qui se produit au moment où elle en parle, elle en dévoile inconsciemment la tendance par une sorte d’osmose entre le récit de l’événement et la description de sa mouvance pendant que le public observe et se délecte. Il n’est ici nullement question d’influence de la presse mais de confluence entre ce que raconte la presse et ce qui intéresse son public, l’un et l’autre évoluant ensemble à propos d’un événement comme un couple de danseurs sur une musique de tango. L’analyse de presse permet de regarder et de comprendre ce phénomène avec le recul de l’observateur neutre qui dissèque le contenu d’un dossier en autant d’idées qu’il contient, en les classant, en les évaluant, et en comparant les données ainsi colligées. Les compilations qui en résultent dévoilent et mesurent objectivement ce que la presse a révélé au public de façon directe et indirecte, explicite et implicite, l’information évidente et le surplus qui en émane. Pour les communicateurs, l’analyse de presse représente un outil d’évaluation servant à déterminer où ils en sont dans leurs relations de presse par une approche méthodique permettant de discerner ce que les médias ont véhiculé comme information à propos des dossiers qu’ils traitent, d’en mesurer les composantes, et d’en évaluer l’impact et la rémanence. Autant pour les plus visibles que les plus obscurs. Pour les chercheurs et les étudiants, l’analyse représente une méthode rationnelle d’aborder le contenu de la presse, ou de tout document de communication, dans un cadre rigoureux et scientifique. « Dans les information reconnues comme vivantes, déplorait Naville-Morin, le temps de réflexion est un temps perdu2. » Mais combien ce temps est précieux, croyons-nous, par le surplus de connaissances qu’il procure à propos de ce que la presse nous incite à penser mais aussi à propos de ce que nous en retenons. 2.
Morin, op. cit., 1969, p. 153.
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PLANS POUR LES CHERCHEURS ET LES ENSEIGNANTS
E X E
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N
1
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
196
Le contenu de la présente annexe illustre deux utilisations différentes de notre méthode d’analyse. Il s’adresse aux chercheurs et aux enseignants. Ces plans d’analyse sont présentés comme des modèles. Ils se distinguent du plan détaillé pour les relations publiques sous plusieurs aspects. Les sections similaires, déjà détaillées au chapitre 10, ont été répétées pour faciliter la consultation. Dans la première partie, nous avons élaboré, pour les étudiants et les chercheurs, un plan de travail basé sur un contenu provenant de la presse, de discours, d’entrevues, de communiqués ou de divers autres documents reliés aux communications. Dans la deuxième, nous présentons un plan de cours pour les enseignants désireux d’utiliser cette méthode pour l’analyse de nouvelles, de reportages, de chroniques ou de tout autre contenu d’information.
1.
PLAN DE TRAVAIL POUR LES CHERCHEURS
1.1.
PLAN DE D’ANALYSE POUR LES CHERCHEURS TABLEAU A1.1 Plan d’analyse pour les chercheurs
1
MISE EN PLACE D’UN PROJET
2
Préparation du devis de travail, définition des sujets et des catégories Préparation du corpus, classification du contenu, échantillonnage Analyse de quelques documents Validation auprès de l’autorité compétente
DÉCODAGE DU CONTENU (découpage des unités, évaluation et codification)
3
TRAITEMENT DES DONNÉES
Analyse des statistiques et utilisation des résultats
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Annexe 1 ❖ Plan pour les chercheurs et les enseignants
197
1.1.1. PRÉPARATION DU DEVIS Tout comme pour un projet d’analyse de presse en relations publiques, l’étudiant ou le chercheur doit se doter d’un devis de travail auquel il se référera en cours d’exécution et qu’il incorporera à son rapport final. Dans le cadre d’un travail universitaire ou d’une recherche générale, la méthode peut être utilisée pour décortiquer un discours, des entrevues ou divers documents de communication sans nécessairement en évaluer le contenu. Nous proposons l’exemple qui suit à titre indicatif. Les parties en italique devraient être reformulées avant d’être insérées dans des travaux. Exemple de devis d’analyse de documents de communication pour un chercheur Utilisation de l’outil : L’analyse des documents discursifs retenus pour cette étude fournit un aperçu de leur contenu par rapport à l’objectif général de démontrer que....
Objectif général Cette analyse permet de relever dans les communiqués émis par l’organisation X et les discours du président... les sujets et les dossiers abordés selon divers critères et catégories de classification dont les détails, schématisés ci-après, ont été discutés avec le directeur de recherche. Découpage du contenu Cette analyse permet de classer de façon méthodique le contenu des communiqués et des discours se rapportant à tel événement, ou tel sujet, ou telle période, de scruter plus profondément ce qu’ils contiennent et de décoder certaines données et références qui se dégagent dans l’information transmise. À cette fin, le contenu de chaque document est découpé en unités de sens (US) qui correspondent aux sujets et aux catégories de classification élaborées pour ce mémoire de maîtrise ou de doctorat ou cette recherche. Indices de référence L’analyse propose des indices en pourcentage et diverses statistiques notamment la fréquence d’apparition de chaque sujet et dossier. Cette section du rapport comprend : • • •
Le devis méthodologique de l’analyse La description du corpus La procédure d’analyse
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
198
• • •
La compilation des données L’analyse des résultats La conclusion par rapport au but général de l’étude ou de la recherche.
1.1.2. NOTES MÉTHODOLOGIQUES La question La question préalable sera formulée de la manière suivante : Est-ce que ce qui est ici dit correspond à tel sujet (traitant de X) ? (et accessoirement, ce contenu est-il orienté par rapport au thème général étudié ?).
Les sujets Voici pour réflexion quelques sujets soumis à titre indicatif Les finances, les revenus de X, etc. Les communications, les campagnes de marketing, etc.
Les sources Identifier les sources à titre individuel tels les citations du président, les citations des communiqués ou les discours du président.
Les types de documents Communiqués Discours Rapport annuel
Les dossiers Déterminer les plus connus d’abord et les autres en cours d’analyse.
1.1.3. LE CORPUS DE L’ANALYSE Le corpus de l’analyse comprend approximativement « n » documents provenant des archives de l’organisation X entre telle date et telle date.
1.1.4. PLAN D’ANALYSE ET DE RÉDACTION Les principales étapes du traitement de l’information sont : l’élaboration et la validation de la grille d’analyse, la lecture de chaque document et leur décodage en unités de sens selon les classifications retenues, la codification de ces unités, la saisie des données (leur traitement et la sortie des rapports indiciels), l’analyse de ces rapports, la rédaction.
FIN DU DEVIS
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Annexe 1 ❖ Plan pour les chercheurs et les enseignants
1.2.
199
ACCEPTATION DU PLAN DE TRAVAIL
Que ce soit pour un professeur ou un directeur de maîtrise ou de doctorat, ou pour un client commanditant une étude, il est primordial d’obtenir un consensus sur le devis avant d’entreprendre un projet de recherche. Il faut s’assurer que toutes les catégories de classification du contenu ont été déterminées adéquatement. Il faut également valider les définitions des sujets et des dossiers de presse.
Mise en garde Il est très inefficace et coûteux de revenir sur une analyse pour ajouter une catégorie, redéfinir un sujet ou subdiviser une catégorie. En général, de telles interventions obligent à réviser toute la codification des contenus.
1.3.
DÉFINITION DES SUJETS ET DES CATÉGORIES
Lorsque le devis est entériné par le client, le chef de projet doit transmettre (s’il y a lieu) à l’équipe de codeurs toutes les directives concernant la codification, expliquer en détails le sens des définitions des sujets, des dossiers et des classifications et s’assurer que tous disposent des mêmes outils de travail, prévoir des modes d’échange de renseignements et planifier des rencontres périodiques, surtout dans les cas où une étude est réalisée par plusieurs personnes sur une longue période.
1.4.
CORPUS D’ANALYSE
En principe, les documents font l’objet d’une sélection en fonction de l’étude globale. Dès leur réception, il faut les vérifier afin de s’assurer de leur intégralité, de leur pertinence et de leur correspondance avec le thème étudié. Les documents incomplets devront être retracés, ceux qui ne sont pas pertinents seront éliminés tout comme ceux qui sont hors du contexte pour des raisons géographiques ou historiques.
1.4.1. CLASSER LA DOCUMENTATION Les documents sont ensuite classés par média ou type (discours, rapports annuels, brochures, entrevues, etc.), par date et par ordre hiérarchique de date.
1.4.2. ÉCHANTILLONNER Quand la documentation est trop abondante, on peut procéder à un échantillonnage systématique selon un intervalle prédéterminé.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
200
Les documents étant classés par type (ou par média) et par date, on pourra sélectionner ceux qui sont à retenir selon un intervalle régulier, par exemple, 1 sur 2, ou 1 sur 3, ou 1 sur 4, en tenant compte du nombre de documents disponibles et de l’objectif visé.
1.5.
ANALYSE EN GROUPE
Quand le corpus d’analyse est prêt, les codeurs, s’ils travaillent en groupe à un même projet, procéderont collectivement au décodage de quelques documents afin de tester les éléments contenus dans le devis et de partager leur compréhension des définitions de classification. L’analyse en groupe, supervisée par un chargé de projet, devrait permettre à tous de débattre de certains points litigieux, de bien saisir les détails d’application pratique de la méthode et d’établir un consensus sur la mise en application de tous les éléments d’un devis de travail. Prétest, rodage et ajustements individuels au sein d’un groupe : Le rodage ou le prétest s’étale sur la période requise par chaque codeur pour identifier, découper et évaluer une vingtaine de documents de nature différente. Pendant ce temps, chacun posera les questions appropriées au chargé de projet afin de confirmer les codifications ou les classifications de contenu. Au besoin, le chargé de projet vérifiera le travail des codeurs de façon aléatoire pour s’assurer de la concordance entre eux.
1.6.
DÉCODAGE DU CONTENU
Nous entrons dans la période la moins visible où le codeur, retiré dans le calme et concentré sur son corpus, décortique chaque document. Au TABLEAU A1.2 Bordereau de décodage sans évaluation Numéro de document
1
2
Numéro d’unité
Type de document
1 2
communiqué communiqué
3 4 5 6
communiqué communiqué discours discours
Intervenant
citation v.-p. Finances
président président
Dossier
Sujet
rapport annuel résultats régionaux
finances finances
rapport annuel nouveau président nouveau contrat embauche
X en général X en général R&D finances
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Annexe 1 ❖ Plan pour les chercheurs et les enseignants
201
cours de cette retraite fermée, l’analyste coupe, trie, classe, juge et code avec méthode, rigueur et précision. Seule une extrême rigueur à cette étape permet de s’assurer de la validité des résultats. Chaque élément de classification est important. Chaque code joue son rôle. En cours d’analyse, on note les passages particulièrement révélateurs qui pourront peut-être faire l’objet de citations. Les cas problèmes non résolus seront signalés et feront l’objet d’une note dans la thèse ou le rapport final.
1.7.
SUGGESTIONS • • • • • • •
1.8.
Numéroter chaque document décodé (initiales de l’analyste suivies de 1, 2, 3). Séparer et numéroter chaque unité découpée. Enluminer les passages révélateurs. Alterner le travail entre des documents longs et courts. Valider les doutes auprès d’une ressource extérieure compétente. Adopter un système de travail qui soit commode et efficace. Se concentrer : les fréquentes interruptions doublent la durée du travail.
LES RÉSULTATS
Dernière étape de l’analyse de presse, la présentation des résultats comprend le traitement des données, l’impression, la classification des tableaux indiciels, leur analyse et la rédaction des conclusions.
1.8.1. TRAITEMENT DES DONNÉES Règle générale, les données codées et saisies par les codeurs font l’objet d’une révision préalable à la sortie des tableaux indiciels, ce qui permet de retracer les erreurs possibles : oublis de codes, erreurs dans les identifications, etc. Les codeurs sont invités à retracer ces dernières à partir des documents analysés et à insérer leurs corrections.
1.8.2. ANALYSE DES TABLEAUX INDICIELS Les tableaux indiciels sont classés en trois catégories et numérotés, ce qui en facilite le repérage : A.
Les tableaux simples regroupent tous les calculs effectués sur chacune des grandes catégories de classification, en commençant par les sujets (Tableau 1), leur décodage (Tableau 1A), les dossiers
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
(Tableau 2), les intervenants (Tableau 3), les types de documents (Tableau 4), et ainsi de suite. B. Les tableaux par croisements (sujets croisés par catégories) sont classés en suivant l’ordre du classement précédent. On obtient ainsi : les sujets par les dossiers (tableau 2A), les sujets par les intervenants (Tableau 3A), les sujets par les types de documents (Tableau 4A), et ainsi de suite. C. Les tableaux par croisements inversés (catégories par sujets) sont classés en suivant le même ordre. On obtient ainsi : les dossiers croisés par les sujets (Tableau 2B), les intervenants par les sujets (Tableau 3B), les types de documents par les sujets (Tableau 4B), et ainsi de suite.
Quand tous les tableaux ont été placés en ordre, l’analyste les examine, les compare et confronte les données pour en tirer les éléments majeurs au chapitre de la visibilité et de toute autre statistique pertinente pour son projet.
1.9.
RÉDACTION
En général, la section consacrée à ce type de rapport et incluse dans une recherche comprend cinq parties : l’introduction, la méthodologie et la description du travail, l’analyse des résultats accompagnée de tableaux ou graphiques, et la conclusion. L’introduction situe le contexte d’utilisation de la méthode, décrit le corpus analysé et présente des observations générales sur la pertinence de l’un et de l’autre. La méthodologie reprend le devis de travail et ajoute quelques notes sur le cheminement du travail de découpage. L’analyse développe et explique par sujets et catégories les résultats de l’étude. La conclusion dégage les grandes lignes des résultats en relation avec le sujet général de l’étude.
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Annexe 1 ❖ Plan pour les chercheurs et les enseignants
2.
PLAN DE TRAVAIL À DES FINS PÉDAGOGIQUES
2.1.
SÉLECTION D’ARTICLES ET DE NOUVELLES
203
Le professeur pourra, seul ou avec la participation de ses élèves, se constituer un corpus de presse comportant une dizaine d’articles de journaux ou de périodiques, de reportages de la radio-télévision traitant d’un sujet d’actualité récente. Ce corpus pourra inclure un ou deux articles de fonds, chronique et éditorial, selon l’âge des étudiants, le thème choisi et la durée du projet. De préférence, choisir un thème qui touche les élèves : la sortie d’un film ou d’une chanson, la vitesse au volant, une cause humanitaire, une personne connue, etc.
TABLEAU A1.3 Plan de travail à des fins pédagogiques
1
PRÉPARATION
2
3
Sélection d’articles et de nouvelles sur un même thème Préparation d’un plan de travail en groupe Formation des équipes Instructions aux élèves et définition des sujets Lecture et découpage d’une nouvelle en unité de sens par toute la classe Recherche de supports partiaux dans le contenu de chaque unité
EXÉCUTION
Découpage du contenu d’un document différent par équipe (découpage des unités, évaluation et codification)
Traitement manuel des données par chaque équipe
CONCLUSION
Présentation des résultats de chaque équipe – commentaires et discussion Explication sur le rôle de la presse par le professeur ou un invité
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
204
2.2
PRÉPARATION D’UN PLAN DE TRAVAIL
Le professeur, seul ou avec la participation des élèves selon le temps qu’il prévoit allouer au projet, prépare un plan de travail à partir du thème central du corpus de presse. Suggestion de plan de travail A. Déterminer le résultat recherché : par exemple, retracer combien de fois une personne est citée dans un dossier de presse, examiner si la presse a pris position, trouver quelle nouvelle contenait le plus grand nombre d’informations, compter combien de fois un même sujet a été repris sous différents prédicats, etc. B. Énumérer les sujets à retracer dans les nouvelles faisant partie du dossier de presse choisi, par exemple, la compagnie ou l’organisation étudiée dans le dossier de presse en général, l’aspect culturel (s’il s’agit de la couverture de presse consacrée à un film), l’aspect financier (si on étudie une entreprise), la réglementation (si on étudie une loi), les employés (si on étudie un conflit de travail), etc. TABLEAU A1.4 Feuille d’exercice Document numéro
Unité numéro
1
1 2 3
Titre
X
4 5 6 7
2
Personne citée (nom)
X
Sujet
A
nouvelle loi nouvelle loi la pauvreté
B
la pauvreté
A
les coûts les coûts la pauvreté
Factuel ou partiel (explication)
1 1 2 (il est contre à cause de...) 2 (elle est pour à cause de ...) 1 1 1
Résultats Code pour chaque catégorie
Quantité (à compléter)
Légende :
X A B
= titre = le ministre cité = une personne identifiée (Mme X)
2 2 1
Évaluation :
1 2
= contenu neutre = contenu avec une prise de position dont on tire l’explication dans l’unité découpée
5 2
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Annexe 1 ❖ Plan pour les chercheurs et les enseignants
205
C. Énumérer les catégories de classement, si on souhaite raffiner l’étude, par exemple journal vs radio, nouvelle vs éditorial, un média par rapport à un autre, ou une personne citée comparée à une autre. Chaque catégorie sera identifiée par une lettre ou un chiffre pour faciliter le décompte des unités. D. Établir une question pour interroger chaque unité : de quoi parlet-on ici ? est-ce que ce qu’on me dit est factuel, ou penche-t-on en faveur ou en défaveur du sujet traité ? E. Préparer une feuille de travail comprenant une simple grille d’analyse accompagnée de sa légende et prévoir l’espace pour la compilation des résultats de l’analyse d’un document.
2.3.
FORMATION DES ÉQUIPES
La formation des équipes peut précéder la sélection des articles. Les équipes de trois ou quatre élèves procéderont ensemble à l’analyse d’une ou de plusieurs nouvelles.
2.4.
INSTRUCTIONS AUX ÉLÈVES
Au cours de cette étape, le professeur explique aux élèves ce qu’est une idée en élaborant à propos de la notion d’unité de sens, d’unité d’information et de sujet. Comme exercice, la classe procède à la définition des sujets déterminés dans le plan de travail.
2.5.
LECTURE ET CODAGE D’UNE NOUVELLE EN GROUPE
L’exercice suivant consiste à lire ensemble un des articles choisis et à le découper selon les sujets définis. On évalue ensuite chaque unité retenue en cherchant dans son contenu les supports servant à déterminer s’il y a eu partialité ou non (mots, expressions, idées favorables ou défavorables).
2.6.
TRAVAIL EN ÉQUIPE
Chaque équipe dispose de 30 minutes pour découper une nouvelle de 200 mots environ. Un membre de l’équipe utilise la feuille d’exercice pour inscrire la décision du groupe à propos de chaque unité décodée. À la fin, le secrétaire du groupe effectue les totaux par catégorie, puis remet ses totaux au professeur qui effectue une somme de tous les totaux de tous les groupes et garde les résultats pour la fin.
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206
2.7.
Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
Chaque équipe résume le contenu de sa nouvelle et explique les statistiques compilées, en citant un extrait de sa nouvelle.
2.8.
CONCLUSION DE L’EXERCICE
À la fin, le professeur donne les résultats totaux. Il peut à cette occasion expliquer le rôle de la presse, et inviter les élèves à continuer à lire régulièrement un article ou à écouter une nouvelle en refaisant le même exercice pour aiguiser leur sens critique.
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COMMUNIQUÉS RELATIFS AUX ANALYSES DE 1980-1981
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
COMMUNIQUÉ ÉMIS EN 1980
CFCF-TV et CBMT ont offert la plus importante couverture à Montréal Montréal, 20 mai 1980 – Ce sont les deux stations de télévision anglophones de Montréal, CFCF-TV d’abord, suivi de près par CBMT, qui ont offert aux téléspectateurs de leurs bulletins de nouvelles nationales et régionales la plus importante couverture de la campagne référendaire au cours des 20 derniers jours de cette dernière. C’est là le résultat partiel d’une étude effectuée par la maison Caisse, Chartier et associés, inc. sur la politisation des actualités télévisées diffusées quotidiennement aux principaux bulletins de nouvelles dans chacune des quatre stations de télévision de Montréal pendant la campagne référendaire. De toutes les actualités présentées à la télévision depuis le 30 avril 1980, 28,46 % ont été consacrées au référendum québécois. De ce chiffre, 8,54 % et 8,12 % ont été présentées par CFCF-TV et CBMT, respectivement. Les stations CFTM-TV et CBFT se sont partagé le reste, soit 6,3 % et 5,5 %. Quand à la proportion des actualités référendaires de chaque station sur le total des nouvelles concernant le référendum pendant la période étudiée, les deux mêmes stations (et dans le même ordre) se partagent aussi les deux premières positions, avec 30,03 % et 28,52 %, CFTM-TV et CBFT étant respectivement à 22,14 % et 19,32 %. Étudiées individuellement par rapport au contenu total de leur bloc quotidien d’information le plus important, c’est la station CFTM-TV qui remplace cette fois CBMT au second rang, avec une moyenne de 31,98 % de nouvelles consacrées au référendum. Télé-Métropole est précédée de CFCF-TV, avec 33,54 %, et suivie de CBMT et CBFT, qui se situent à 31,66 % et 24,29 %. Au chapitre de la diffusion quotidienne de chaque station, c’est CFTMTV qui semble avoir fait le plus d’efforts de couverture en consacrant, au moins à quatre reprises, plus de 45 % d’un bloc d’information à la campagne référendaire et allant jusqu’à 63,64 % le 15 mai. Ce niveau de 45 % de contenu référendaire dans un seul bulletin d’information a été dépassé à deux reprises par CFCF-TV, le 30 avril et le 16 mai, et une fois, le 11 mai, par CBMT. Un fait intéressant à remarquer : alors que trois stations de télévision ont eu tendance à diminuer quotidiennement le contenu référendaire dans les derniers jours qui ont précédé le vote, CBFT a accru le sien de 16,67 % le 15 mai à 33,3 %
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Annexe 2 ❖ Communiqués relatifs aux analyses de 1980-1981
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le 19. CFTM-TV était passé, pendant la même période de temps, de 63,64 % à 27,78 %. Dans les stations anglophones, la couverture référendaire quotidienne est passée de 54,55 % le 16 mai à 17,65 % le 19, à CFCF-TV, et de 40 à 17,65 % aux mêmes dates à CBMT. Le contenu référendaire le plus important de CBFT a été celui du 10 mai, se situant à 40 % de son bulletin majeur de la journée. L’analyse effectuée par la maison Caisse, Chartier et associés, inc. est basée sur l’étude des unités de nouvelles, pour l’établissement de ses statistiques de fréquence, et sur l’unité d’information pour ses évaluations de politisation, d’orientation et d’engagement de chacun des stations. Les chiffres ci-dessus ne concernent que la fréquence, la partie politisation ne devant être disponible que dans une quinzaine de jours. (30)
COMMUNIQUÉS ADRESSÉS À LA CLIENTÈLE DE CAISSE, CHARTIER EN MARS ET AVRIL 1981 RELATIVEMENT À L’ANALYSE DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
Mercredi, 25 mars 1981 Cher abonné, À titre de recherche, nous avons effectué l’an dernier une analyse d’impact des actualités télévisées au Québec à l’occasion du référendum. Ce travail nous a permis, entre autres choses, de suivre quotidiennement l’évolution générale de la campagne et, d’une façon particulière, l’efficacité des thèmes abordés par les partis en présence. La méthode d’évaluation que nous avons utilisée nous a aussi amenés à établir de façon assez précise la position relative de ces partis tout au cours de la campagne référendaire. Nous avons entrepris une étude semblable à l’occasion de la campagne électorale actuellement en cours au Québec. Nous avons pensé qu’il serait intéressant, à quelques reprises au cours de cette campagne, de faire part de nos recherches à nos abonnés. Les premières remarques que nous vous transmettrons seront modestes mais devraient s’étoffer proportionnellement au cheminement de la campagne. Nous les accompagnerons quelquefois de commentaires pertinents à l’exercice du métier de communicateur.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
COMMUNIQUÉ NO 1 Source : Indice d’impact Caisse, Chartier Campagne électorale 1981 Mercredi, 25 mars 1981
1. Présence de la campagne dans les actualités télévisées Après douze jours de campagne (du 12 au 23 mars, minuit) les données que nous avons recueillies et analysées permettent d’établir de façon évidente que la campagne en cours suscite dans les actualités télévisées substantiellement moins de couverture que celle du référendum au Québec. Jusqu’ici, les trois stations de télévision qui font l’objet de notre étude (CBMT, CFCF-TV et CFTM) ont consacré 16,27 % de leurs bulletins de nouvelles à des sujets (unités de nouvelles) directement reliés aux activités de la campagne. (Les employés du Québec de Radio-Canada étant en grève, il n’y a pas de bulletins de nouvelles à CBFT ni de nouvelles régionales à CBMT). Ce pourcentage était à 29,28 % au même point de la campagne référendaire de l’an dernier. Il faut toutefois préciser que la couverture accordée au référendum fut exceptionnellement intense, probablement en vertu de l’importance de l’événement. Quoique nous ne possédions pas de données sur de précédentes campagnes, nous avions jugé fort exceptionnel que l’ensemble des stations aient accordé jusqu’à 41,9 % de leurs nouvelles au référendum alors que certaines stations y sont allées jusqu’à 70 % (CFTM), en certaines occasions. C’est CFTM, encore une fois cette année, qui semble faire le plus d’effort de couverture ayant jusqu’ici consacré 25,6 % de l’ensemble de ses nouvelles à la campagne. CFCF-TV suit avec 16,04 % et CBMT avec 3,95 % (cette station ne diffuse présentement que son bulletin national). C’est aussi CFTM qui se place au premier rang quant à cet effort de couverture sur le plan quotidien, ayant atteint un pourcentage de 33,3 % le mardi, 17 mars, CFCF-TV suivant de près avec 31,58 % deux jours plus tôt. On a, jusqu’au 25 mars, diffusé 102 nouvelles électorales sur un total général de 627 nouvelles de tous genres : CFTM, 52,7 % ; CFCF-TV, 40,9 % et CBMT, 6,4 %.
2. La matière diffusée Même s’il est tôt dans la campagne pour déceler toute tendance en ce qui a trait aux sujets couverts par les stations, nous n’en avons pas moins relevé jusqu’ici 98, sans qu’aucun ne se dégage encore de façon particulière. Le plus fréquent est celui des « horaires des partis », suivi du « déroulement général de la campagne de chaque parti ».
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Annexe 2 ❖ Communiqués relatifs aux analyses de 1980-1981
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Voici dans leur ordre de fréquence, les 15 premiers sujets abordés à la télévision : 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15.
Le calendrier du Parti libéral La campagne des divers partis Les candidats des divers partis Roch Lasalle (l’homme) Claude Ryan (l’homme) Les travailleurs Les politiques sociales L’Union nationale Le calendrier du Parti québécois L’économie La langue René Lévesque (l’homme) Les députés libéraux fédéraux La loi 101 L’immigration
Nous avons remarqué que les sondages sont presque absents cette année en début de campagne alors qu’ils occupaient le premier rang des sujets diffusés lors du référendum. L’évaluation de la matière diffusée Toutefois le 40 % de matière à caractère partial permet de déceler une légère avance du Parti libéral (16,8 points) par rapport au Parti québécois (14,2 points) et à l’Union nationale (9,7 points). On notera toutefois que le Parti libéral qui avait commencé avec une confortable avance sur le Parti québécois rejoint peu à peu les performances de celui-ci. En ce qui concerne l’Union nationale, à part une pointe les 15,16 et 17 mars dépassant le Parti québécois, elle se maintient sur une constante de 9 à 10 points. Les sujets qui ont favorisé les partis, depuis le 12 mars, sont les suivants : Parti québécois : la santé, l’économie, l’accueil, l’amiante (Asbestos), l’environnement, l’entreprise et les candidats ; Parti libéral : Ryan (l’homme), les prédictions de résultat de scrutin, la langue, le Parti québécois, le calendrier et le nouveau gouvernement ; Union nationale : les travailleurs, Roch Lasalle (l’homme), le parti de l’Union nationale, la ceinture de sécurité et l’agriculture. (30)
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COMMUNIQUÉ NO 2 Source : Indice d’impact Caisse, Chartier Campagne électorale 1981 Mardi, 31 mars 1981, minuit
Le Parti québécois en avance Transposés en termes de vote populaire, les résultats de notre indice d’impact, au mardi 31 mars, placent le Parti québécois en avance de 10,7 % sur le Parti libéral du Québec, le pourcentage de vote pour chacune des trois principales équipes s’établissant ainsi : PQ, 45,1 % ; PLQ, 34,4 % ; UN, 20,5 %. Cette avance du PQ s’est concrétisée le mercredi 24 mars quand la tendance, qui avait jusque là été favorable aux libéraux, partis bons premiers, dans les actualités télévisées, a commencé à décroître légèrement mais de façon régulière. Elle avait commencé à croître une semaine plus tôt, le mardi 17 mars et n’a cessé de le faire jusqu’à hier, mardi 31 mars. La performance de l’Union nationale, de son côté, demeure à peu près stable depuis le mercredi 18 mars, ayant connu quelques pointes les 15 (10 %), 20 (9,9 %) et 22 mars (9,5 %). La campagne des chefs La couverture télévisée de la campagne a d’autre part été axée jusqu’ici dans une très forte proportion sur les activités des chefs de parti, un peu plus d’une centaine d’extraits d’allocutions ou d’entrevues leur ayant été consacrés comparativement à 36 pour d’autres candidats ou des personnes plus ou moins reliées à la campagne électorale. Les sondages : nouveau souffle dans la campagne L’annonce et la publication de deux sondages d’opinion (SORECOM et CROP) au cours du dernier week-end a correspondu à un regain d’activités électorales dans les actualités télévisées. Le contenu électoral des bulletins de nouvelles est passé en moyenne à 21,1 %, 25 %, 27,7 % et 25 % du vendredi 27 mars au lundi 30. Cette moyenne s’était stabilisée à environ 16 % depuis le début de la campagne. Les sujets traités Les sujets le plus souvent traités, à ce jour, concernent par ordre de fréquence : 1. 2. 3. 4.
Les minorités Le déroulement général de la campagne Les candidats péquistes Les horaires de campagne du PLQ
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Annexe 2 ❖ Communiqués relatifs aux analyses de 1980-1981
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Les sondages Claude Ryan (l’homme) René Lévesque (l’homme) Roch Lasalle (l’homme) L’Union nationale Les horaires de campagne du PQ
La matière analysée Sur un total de 984 nouvelles télédiffusées jusqu’ici, 170 concernaient la campagne électorale ; l’analyse de ces dernières a permis de décoder 741 unités d’information. Quelques précisions sur la mécanique de l’indice d’impact L’indice d’impact que nous obtenons à la suite de l’analyse des actualités télévisées de la présente campagne électorale est essentiellement établi à partir d’une hypothèse de Lasswell : celle qui prétend que « le contenu des communications actuelles dépend de plus en plus de l’attention que le public prête aux répétitions ». Ce sont donc les « significations rémanentes » de l’information qui servent à l’établir, c’est-à-dire ces significations que le téléspectateur (dans le cas de notre étude) est le plus susceptible de retenir après avoir été mis en présence de toute l’information, une fois le poste de télé éteint et les détails des événements oubliés. L’outil de mesure que nous utilisons est « l’unité d’information » à laquelle les chercheurs européens semblent accorder plus de potentiel que l’unité de temps américaine – le chronomètre – et qui n’en arrive pas moins à des résultats semblables de mesure quantitative, le nombre d’unités d’information contenues dans une nouvelle étant proportionnel à la durée de celle-ci et, consécutivement, aussi à sa répétition dans un bulletin de nouvelles nationales, régionales et locales. Les blocs d’actualités que nous analysons sont divisés en « unités de nouvelles », chacune de ces dernières étant ensuite partagée en unités d’information (les sujets véhiculés par la nouvelle). Ce sont ces unités d’information, auxquelles nous donnons une valeur neutre, positive ou négative, qui servent à l’établissement de l’indice d’impact. L’objectif de notre recherche est de perfectionner à l’intention de nos abonnés une technique d’évaluation de leur image publique qui soit à la fois, exacte, rapide et économique, à laquelle un spécialiste des communications peut avoir recours quotidiennement ou en n’importe quelle occasion. En raison de la nature fort concrète des résultats d’un vote populaire, nous avons cru que le référendum de mai dernier et la présente campagne électorale constituaient des occasions par excellence de mettre ce nouvel outil de travail à l’œuvre. ((30)
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COMMUNIQUÉ NO 3 Source : Indice d’impact Caisse, Chartier Campagne électorale 1981 Lundi, 6 avril 1981, minuit
1. La position des partis : Le PQ toujours en tête Le seul fait à noter concerne la performance : le PQ a diminué son rythme de croissance, après une semaine de plus en plus stable ; le PLQ a, lui, cessé sa descente pour entreprendre une légère hausse, qui s’est amorcée vendredi dernier et qui semble vouloir se poursuivre ; l’UN est significativement à la baisse, presque à son plus bas niveau depuis le début de la campagne.
2. Un enthousiasme qui risque de durer jusqu’à la fin ? Après un regain d’activité à la fin de semaine dernière, qui n’a duré que le temps du week-end et s’est effacé par la suite, la campagne a repris du rythme au cours des trois derniers jours. La proportion quotidienne de contenu électoral des actualités télévisées a grimpé jusqu’à 37,5 % dimanche (elle avait atteint 27,7 % le dimanche précédent), faisant monter la moyenne générale à 18,3 %, soit la plus élevée depuis le début de la campagne, mis à part son lancement. Ce regain d’enthousiasme devrait normalement se poursuivre d’ici la fin de la campagne, bien sûr parce qu’il s’agit de sa dernière semaine, mais aussi parce qu’on a noté des changements marqués dans l’analyse des images : attitude plus dynamique des chefs, opinions accentuées chez les partisans, enthousiasme des foules dont la présence est de plus en plus fréquente à l’écran.
3. Parenthèse : Ryan préoccupé par son image ? M. Claude Ryan, à qui on attribue une totale indifférence quant à son image personnelle, s’est toutefois préoccupé de cette dernière depuis quelques jours. Deux extraits que nous avons notés : Claude Ryan : « His (Camille Laurin) smile doesn’t seem to attract too many people and the ugly man (parlant de lui-même), whom they depict as a very dangerous monster across the province, is liked by everyone... and his candidates too... » (CFCF-TV, entrevue diffusée le samedi, 4 avril 1981) Claude Ryan : « ...le plus beau compliment que j’ai reçu hier dans Bourget, dans Anjou et dans le comté de Lafontaine, c’est des gens qui venaient me voir et qui m’ont dit : vous avez l’air sévère, mais maudit que vous dites la vérité quand vous parlez… Ils ajoutent assez malicieusement : vous avez l’air d’avoir de la poigne, ça fera pas de tort non plus ».
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Annexe 2 ❖ Communiqués relatifs aux analyses de 1980-1981
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4. NDLR : Une victoire libérale serait un OUI aux contacts personnels À ce stade de notre analyse des actualités télévisées de la campagne électorale et à moins d’un changement radical dans le comportement de la couverture, une victoire libérale donnerait raison à la thèse défendue par Claude Ryan au sujet de l’efficacité des contacts personnels. Un fait qu’il serait intéressant d’analyser lorsqu’une communication s’adresse à une population de 6,5 millions.
5. La matière favorable aux partis Une constante s’est établie au cours de notre analyse : environ 60 % de toute la matière électorale présentée aux actualités télévisées est totalement neutre. Le 40 % qui reste est partagé, aux fins de notre étude, en faveur de l’un ou l’autre des trois partis en lice (ce qui n’illustre pas nécessairement l’orientation politique des diffuseurs). Au 6 avril et d’une façon globale, les trois stations qui font l’objet de notre analyse ont véhiculé 16,4 % de cette matière favorable au PQ ; 13 % au PLQ ; et 6,2 % à l’UN. Ce sont ces chiffres que nous transposons en vote populaire. La matière favorable au PQ se situait à 10 % au lendemain de l’annonce des élections. Ce pourcentage a été à la baisse jusqu’au 16 mars (2,4 %), puis à la hausse pendant 14 jours, atteignant 18 % le lundi 30 mars. Elle était, cette semaine, légèrement à la baisse, atteignant 16,4 % hier soir à minuit. La matière favorable au PLQ, quoiqu’au départ en forte position (33,3 %) n’a cessé de décroître jusqu’au samedi 4 avril (13,3 %). Elle fut dépassée par celle favorable au PQ, le jeudi 26 mars (PQ : 16,9 % ; PLQ : 16,3 %) et est actuellement plus ou moins stable à 13 %. La matière favorable à l’UN est à la baisse depuis vendredi (6,2 %).
6. Les libéraux fédéraux Bien qu’on ait fait mention de l’intervention des députés libéraux dans la présente campagne, aucun n’a encore fait l’objet de couverture de la part des stations de télévision.
7. Du nouveau À suivre : la première d’une série de cinq analyses des programmes des partis (PQ et PLQ) qui placent le débat à un autre niveau : les options fondamentales de chacun de ces partis au sujet de l’économie (hier), du travail (demain), etc. Si toutes les nouvelles électorales étaient bâties sur ce modèle, nous n’aurions pas de résultats à annoncer, à moins de changer les prémisses de base de notre analyse. Nous avons compté jusqu’ici 1 258 unités de nouvelles dont 229 traitaient de la campagne électorale. De ces dernières, nous avons dégagé 1 051 unités d’information, traitant de 128 sujets.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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Télé-Métropole a consacré 28,4 % de ses actualités télévisées à la campagne ; CFCF-TV, 18,3 % ; CBMT, 3,6 % ; la station CBFT est toujours muette en raison d’une grève de ses employés.
8. La matière diffusée Des 128 sujets abordés dans les actualités télévisées depuis le début de la campagne électorale, les plus fréquemment répétés sont les suivants (entre parenthèses, le parti qu’ils favorisent) : 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15.
Claude Ryan, l’homme (PLQ) Les candidats du Parti québécois (PQ) René Lévesque, l’homme (PQ) Les minorités (PQ) Les emplois (PQ) Le résultat des élections (PLQ) L’Union nationale (UN) La santé (PQ) Les travailleurs (UN) Le Parti québécois (PQ) L’économie (PQ) Le calendrier du Parti libéral (PLQ) Les circonscriptions (PLQ) L’environnement (PQ) Roch Lasalle, l’homme (UN) (30)
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Annexe 2 ❖ Communiqués relatifs aux analyses de 1980-1981
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COMMUNIQUÉ NO 4 Source : Indice d’impact Caisse, Chartier Campagne électorale 1981 Samedi, 11 avril 1981, minuit
1. La position des partis : peu de changement La position des partis, établie en fonction de la diffusion des actualités télévisées, n’avait à peu près pas changé à minuit, le samedi 11 avril, depuis notre rapport du 6 avril : en termes de vote populaire, le Parti québécois se situerait à 45,7 % (46,1 % le 6 avril) ; le Parti libéral a quelque peu amélioré sa performance qui s’établit aujourd’hui à 39, 8 % (36,5 % le 6) ; l’Union nationale a poursuivi sa descente à 14,5 % (17,5 % le 6). Le point tournant de la campagne se serait donc situé autour du 31 mars alors que le PQ a cessé d’accroître sa performance (ce qu’il accomplissait depuis le début de la campagne) pour s’installer dans la stabilité ; que le PLQ a mis fin à sa descente vertigineuse pour reprendre une croissance modérée jusqu’à aujourd’hui ; que l’UN a laissé la stabilité des premiers jours pour descendre assez rapidement.
2. Les sondages et l’indice d’impact Caisse, Chartier Date
Société
PQ
PLQ
UN
Indécis
Discrets
25 mars
CCA
41
39
20
–
–
28 mars
Sorécom CROP
44 41
38 32
5 3
12 21
1 3
29 mars
CCA
45
34
21
–
–
6 avril
CCA
46
37
17
–
–
11 avril
Sorécom CROP CCA
45 49 45
37 25 40
4 3 15
14 11 –
– 2 –
À surveiller, le pointage du PLQ que défend avec assurance Claude Ryan et sa théorie du contact personnel : la consultation de deux millions de Québécois donnerait 47 % du vote aux libéraux et 27 % aux péquistes.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
D’autre part, René Lévesque déclare remporter 72 comtés. Roch Lasalle place les péquistes et les libéraux nez à nez, avec une balance du pouvoir pour son parti.
3. L’influence de la télé sur l’opinion publique, selon L’Express (11 avril 1981) : Nouvelle défaite pour Gutenberg Télé politique, dites-vous. Oui, et plus que jamais. En 1978, à l’occasion des législatives, cette question avait été posée aux Français : « Quels sont les moyens d’information les plus utiles pour vous aider à savoir comment voter ? » Ils étaient 58 % à répondre : la télé. Aujourd’hui, pour la présidentielle, ils sont 68 %. C’est l’une des leçons du sondage Louis Harris France-Télérama qui sera publié le 8 avril. De quoi justifier cette réflexion que François Mitterrand faisait le 31 mars, après son «Grand débat » de TF1 : « Songez à ce qu’aurait donné, dans le passé, avec la télévision, une élection au suffrage universel : Thiers aurait été élu triomphalement et Richelieu battu. Quant à Mazarin, avec son accent... »
4. La matière diffusée Des 1 507 unités de nouvelles diffusées jusqu’ici aux actualités télévisées de CFTM, CFCF-TV et CBMT, 285 ou 18,9 % ont été consacrées à la couverture de la campagne électorale. De ces 285, Caisse-Chartier a disséqué 1 362 unités d’information se rattachant à 129 sujets différents. C’est encore CFTM qui se situe au premier rang des efforts de couverture de campagne, ayant consacré en moyenne 39,4 % de ses nouvelles aux activités électorales, contre 19,6 % à CFCF-TV et 3,3 % à CBMT. Télé-Métropole a atteint un sommet de 55,6 % sur le plan quotidien.
5. Quelques statistiques de couverture (chiffres provisoires)
Analyse des circonscriptions Analyse des programmes Présence de René Lévesque Présence de Claude Ryan Présence de Roch LaSalle Entrevues ou extraits de René Lévesque Entrevues ou extraits de Claude Ryan Entrevues ou extraits de Roch Lasalle Autres participations péquistes Autres participations libérales Autres participations unionistes Participations diverses : électeurs, P.E. Trudeau, etc.
CFTM
CFCF
CBMT
22 0 32 33 26 32 29 25 13 10 4 14
6 6 39 44 5 40 43 3 13 9 0 13
0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Note : il y a toujours grève des employés à CBFT.
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Annexe 2 ❖ Communiqués relatifs aux analyses de 1980-1981
219
6. La matière favorable aux partis La matière le plus souvent traitée au cours de la présente campagne électorale était, au 11 avril, minuit (entre parenthèses le parti qu’elle favorisait) : 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.
9.
10.
Les candidats péquistes (PQ) Claude Ryan, l’homme (PLQ) René Lévesque, l’homme (PQ) Accueil du Parti québécois (PQ) Accueil du Parti libéral (PLQ) Campagne libérale (PLQ) Les minorités (PQ) Le Parti québécois (PQ) Les résultats des élections (PLQ) Les circonscriptions (PLQ) Le calendrier du PLQ (PLQ) Les candidats libéraux (PLQ) L’Union nationale (UN) La campagne du PQ (PQ) Les travailleurs (UN) Les emplois (PQ) Les sondages (PQ) La santé (PQ) (30)
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220
TABLEAU A2.1 Les élections générales (13 avril 1981) Résultats pour l’ensemble des circonscriptions
Partis politiques
(N)
Votes1 (% B.V.)
(% E.I.)
Candidats
Parti québécois
1 773 237
49,26
40,2
122
80
Parti libéral du Québec
1 658 743
46,07
37,6
122
42
144 070
4,00
3,3
121
0
Parti communiste ouvrier
4 956
0,14
0,1
33
0
Parti de la liberté de choix
4 955
0,14
0,1
12
0
Parti marxiste-léniniste (Québec)
3 229
0,09
0,1
40
0
Parti libertarien
3 178
0,09
0,1
10
0
Crédit social uni (Québec)
1 284
0,04
0,0
16
0
Parti des travailleurs du Québec
1 027
0,03
0,0
10
0
768
0,02
0,0
10
0
Indépendants et Sans désignation2
4 570
0,12
0,1
29
0
Total
3 600 097
525
122
Bulletins valides
3 600 097
Union nationale
Parti communiste du Québec
Bulletins rejetés
Élus
98,94
38 523
1,06
Vote exercé et taux de participation
3 638 575
82,52
Électeurs inscrits
4 410 880
Élus sans opposition
0
Source : Site Internet du Directeur général des élections du Québec (1981) http://www.quebecpolitique.com/francais/election/elect32.html Rapport des résultats officiels du scrutin : Élections générales du 13 avril 1981. 1. La colonne intitulée « % E.I. » correspond au nombre de voix obtenues par chaque parti politique exprimé en pourcentage des électeurs inscrits. 2. Incluant « Groupe socialiste des travailleurs du Québec ».
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E X E N
3
A
N
RÉFÉRENDUM DE 1980 ORDRE CHRONOLOGIQUE DES ÉVÉNEMENTS SELON LEUR DIFFUSION
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NOMENCLATURE DES ÉVÉNEMENTS ET SUJETS RÉFÉRENDAIRES COUVERTS DANS LES ACTUALITÉS TÉLÉVISÉES DE CBFT, CFTM, CBMT ET CFCF-TV EN 1980 Quelques mots clés résument le contenu. Le même sujet a pu être traité par plusieurs stations. Chaque jour, les horaires et activités des deux comités ont été abordés. Ils ne sont pas énumérés dans la liste s’ils ne se rattachaient pas à un événement spécifique, afin d’éviter les répétitions.
Avril 1980 15
Lancement de la campagne : description et réactions. Ajournement des travaux de l’Assemblée nationale au 3 juin. Discours du trône aux Communes et référendum. Informations générales sur le référendum. Accusations contre Rodrigue Biron par Monique Bégin. Ministre Ouellet déclare que les journalistes de RC sont infiltrés. Suite de l’affaire des Yvettes.
16
Biron et Bégin – suite. Léon Dion se prononce pour le OUI. Ouellet et infiltration – suite. Toronto, Saskatchewan et référendum. Les femmes du OUI. Lalonde et la facture énergétique (pétrole). Campagnes du OUI et du NON. Cols blancs pour le OUI. 40e anniversaire du vote des femmes.
17
Contestation légale de la loi 92. Lesage et Bourassa – adhésion au NON. Biron-Bégin – suite. Disque avec Maurice Duplessis, ancien PM du Québec. Menaces du fédéral – Monique Bégin. Intervention du PM de l’Ontario – Davis. Réplique de Lévesque à Trudeau concernant la question référendaire. Activités des comités.
18
Trudeau et référendum. Davis et référendum. Proposition d’un comité de surveillance de la presse (Claude Ryan). M. Bégin retire ses propos sur Biron. Pas d’exercice militaire au Québec pendant le référendum. Un ancien de l’Union nationale votera OUI. Certification d’adhésion au OUI. Message de Trudeau aux Québécois (d’Ottawa). SCFP dira OUI. Activités des comités.
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Annexe 3 ❖ Référendum de 1980 – Ordre chronologique des événements
223
19
Sondages. Solange Chaput-Rolland mécontente du comité de surveillance de la presse. FTQ pour le OUI. Activités des comités. Les maires de Montréal et Québec ne se prononceront pas. Joe Clark et référendum. Les néo-québécois se tiendront à l’écart (colloque).
20
Sondage : le NON et le OUI à égalité ou presque. Eric Kierans et la Caisse de dépôt.
21
Discours du trône : suspension des débats. Guerre des sondages. Pas de rapport Malouf avant le référendum. Le ministre Lazure et les vieillards. Comité spécial du Conseil de presse. St-Georges de Beauce pour le NON. La publicité et le référendum. Aperçu du OUI dans 4 comtés.
22
Démission d’une députée du Parti conservateur. Vote des détenus. Commissaire aux langues officielles et le OUI. Trudeau sera au Québec le 2 mai. Position des premiers ministres de l’Ouest. Les ingénieurs pour le OUI. Réaction de Ryan au report du rapport Malouf.
23
Condition féminine et les Yvettes. Clark au Québec. Règlements financiers pour les deux comités. Posters du référendum.
24
Déclaration de Trudeau sur la campagne référendaire. Étudiants pour le OUI à The Gazette. Le 20 mai = congé dans les écoles. Ed Broadbent : NPD et le référendum. CSD demeure neutre. Campagne du OUI visite la Davie Ship. The Blue House – reportage. Sondage hors Québec – Conseil de l’unité canadienne.
25
Ottawa et les organisateurs. Parizeau : le fédéral et les impôts. La guerre des macarons référendaires. Nouveau sondage – Radio-Canada. Gaspésiens et référendum. Jean Chrétien commente l’intervention de Trudeau et le référendum.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
224
26
40e anniversaire du vote des femmes célébré Place Desjardins – présence du OUI. Sondages – commentaires divers. Prix du pétrole – Guy Joron. Commentaires sur sondage au Canada anglais.
27
Clark à Rimouski pour le NON. Coût du référendum. Biron accuse Monique Bégin. Lévesque en congé.
28
Demande d’un Parlement du Canada à Québec par un député conservateur à Ottawa. Menaces d’employeurs auprès d’employés partisans trop visibles. Manitoba et référendum. L’Église et le référendum. Communisme et référendum.
29
Les tribus amérindiennes ne voteront pas. Pas de session spéciale du parlement du Canada à Montréal. Nouvelle stratégie fédérale. Sondage Gallup – résultats serrés. Fenêtre brisée (affiche du OUI). Conférence de Trudeau devant des groupes autochtones à Ottawa.
30
Revue au Canada : les comédiens et les coopérations. Sondage. Davis, PM de l’Ontario et le référendum. Minorités et référendum. Énergie et Québec souverain – commentaires de Marc Lalonde. Sondage Gallup hors Québec. Pollution visuelle des posters OUI et NON. Le marché financier et les effets du référendum. Les PME et le référendum – analyse.
Mai 1980 1
Brochure explicative sur le référendum. Budget de l’An 1 pour le OUI. Tournée possible du PM ontarien au Québec. Le référendum = sujet majeur au Québec. Les « unions » et le référendum. Étude américaine sur les conséquences économiques d’un OUI. The Gazette : le NON veut plus de couverture. Trudeau et changements constitutionnels – blâme Lévesque. Révision électorale.
2
Premier discours de Trudeau au Québec. Réponse de Lévesque à Trudeau. Ryan commente le discours de Trudeau.
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Annexe 3 ❖ Référendum de 1980 – Ordre chronologique des événements
225
Jean Alfred et racisme. Francophones hors Québec et référendum. Révision électorale – pas d’extension de la date-butoir : plaintes. Publicité référendaire, clarification. Power et le référendum : déclaration de Paul Desmarais. Le vote dans les hôpitaux. 3
Parizeau content de la cote de crédit du Québec aux USA. Corinne Côté-Lévesque à la Baie James. Discours de Trudeau, commentaires de Lévesque. Bilan de la semaine. Camille Laurin : plus de publicité pour le OUI. Sondage dans la Mauricie. Petite bagarre entre sympatisants du OUI et du NON. Le DGE décrète qu’il n’y aura pas de vote dans les hôpitaux.
4
Cote de crédit du Québec AA : Parizeau content. Accrochage entre des tenants du OUI et du NON. Corinne Lévesque à la baie James. Bilan référendaire : Trudeau vs Lévesque. Publicité du NON et du OUI. BDGE : pas de vote dans les hôpitaux. Lévesque et l’agriculture. Ryan avec Camille Samson à Sherbrooke. Pas de budget de l’An 1 pour le NON. Forces armées et messages référendaires par avion.
5
L’est de Montréal pour le OUI. Le référendum vu de Toronto : débat. Canadian Labor Congress et référendum. Les pompiers pour le OUI. L’énergie et le référendum. Débat sur le référendum à Toronto. Le Journal de Québec : un X sur la case OUI. Vote des personnes hospitalisées le 20 mai. Jean Drapeau ne se prononce pas. Les créditistes et le OUI. Analyse de la Gaspésie.
6
Sûreté du Québec et employé du J. de Québec. L’ouest de Montréal – les juifs. Démission de Kierans de la Caisse de dépôt du Québec. Étudiants et souveraineté au secondaire. Lévesque souhaite débat télévisé avec Trudeau. La question référendaire. Annonce de la venue de Trudeau au Québec.
7
Trudeau pourra voter. Société des Acadiens = OUI. Rive-Sud et référendum.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Analyse Outaouais et référendum. Ed Broadbent et le référendum. Domtar et référendum. Sondage CROP : le NON en avance. St-Georges de Beauce : business as usual. Roch Lasalle et le référendum. Le clergé. Tribunes téléphoniques (René Lévesque accuse le NON). 8
Ryan au Canadian Club. Lougheed ne viendra pas au Québec (PM Alberta). Sondage CROP qualifié de sondage douteux. Parade des artistes pour le OUI. Analyse : île Jésus et référendum. Refus par Trudeau d’un débat avec Lévesque. Congrès du Barreau – référendum et libertés individuelles. La culture québécoise et le référendum.
9
Chrétien devant le Barreau. Analyse référendum et Abitibi. Référendum et Canada anglais. Rapatriement de la constitution – Trudeau. Poursuites possibles concernant la publicité fédérale. Réactions des franco-ontariens. Pétition des Canadiens pour le NON. Historique de l’expression « indépendance du Québec ». Le référendum et les jeunes. Enseigne du OUI à New York. Cols blancs pour le OUI. Personnes handicapées et référendum.
10
Rapatriement de la constitution (suite). Analyse : la Vieille capitale. Sondage IQOP. Bilan général. Enseigne du OUI à Times Square. Francophones de N.-E. et référendum. Trudeau ne demande pas de temps gratuit à Radio-Canada. La publicité. J’annule – débat et campagne. Distribution d’un dépliant pour le OUI : 1,5 million de copies. Critique par Lévesque d’un prêt à Chrysler.
11
Sondage IQOP – NON en avance. 8 000 partisans du OUI au centre des Congrès de Québec et au parc Jarry. Clark – campagne. Broadbent et renouvellement de la constitution. Le référendum : retour d’anciens ministres. Les artistes et le OUI.
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Annexe 3 ❖ Référendum de 1980 – Ordre chronologique des événements
227
Analyse : Îles-de-la-Madeleine et est du Québec. Toronto Star : confusion dans les sondages. 12
Injonction demandée sur publicité fédérale. Maire de PAT pour le OUI. Médecins pour le NON. Chambre des communes et débat. Bill Bennet de Colombie-Britanique au Montréal Board of Trade. Analyse de l’Estrie. Publicité fédérale avec les chèques d’allocation familiale – Lévesque réagit. Ligue des droits de l’homme critique Trudeau. Débat télévisé De Bané-Bérubé dans l’est du Québec. Fonctionnaires fédéraux et référendum. Référendum et le monde des affaires. Un pari de boxe référendaire. Solange Chaput-Rolland démissionne du J. de M. (Ryan critique J. M.). Trudeau accuse Lévesque de perpétuer le statu quo. Vote des actionnaires de la Sun Life pour déménager le siège social à Toronto.
13
Les économistes pour le OUI. Injonction sur plaidoyers des avocats concernant la publicité référendaire – Plainte refusée pour publicité fédérale. Union nationale, mémoires de Duplessis. Annonce d’une venue de Trudeau au Québec. Dix mille partisans du OUI à Sherbrooke. Les travailleurs de la baie James vont voter. Débat télévisé à Trois-Rivières. Réunion du OUI à Sept-Îles. La Presse, refus de réunion du OUI dans ses locaux. Sondage dans l’ouest de Montréal : les gens formeraient une autre province. Le Journal de Montréal au centre d’une controverse. Hors Québec : le référendum. Analyse : Pincourt pour le NON.
14
Pipeline vers Québec (annonce d’Ottawa). Trudeau au Québec : dix mille auditeurs, 3e et dernière visite. Analyse Rive-Sud et Saint-Jean. Conseil du référendum et publicité du fédéral, commentaires : un autre cas. Le référendum et les étudiants pour le OUI. La France et le référendum. Guerre du NON contre publicité du OUI – affichage. Rallye du OUI à Sherbrooke. Publicité : bannière OUI sur édifice FTQ. Analyse : les francophones de l’Ouest canadien et le référendum.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
15
Sondage – groupe de sociologues, anthropologues et sciences politiques. Circulaire FTQ et les dépenses référendaires. Statistiques du BDGE. Analyse des Laurentides. Sondage Pinard-Hamilton. Avion de l’Air Force avec message NON. Les États-Unis et le référendum : émissions spéciales à CBS et NBC. Cégep St-Laurent : OUI. L’économiste Raynault et l’économie. Les Inuits voteraient NON. Sondage au Témiscamingue. Sondage en Ontario. La France et le référendum.
16
Jugement sur publicité fédérale : c’est légal. Analyse du comté de Saint-Jean (baromètre). Le référendum et le monde financier. Pétition pour le NON (universitaires). Vote par anticipation le 16 et le 17 : 800 bureaux ouverts. Portrait de la région de Québec. Commentaires sur les sondages. La Presse pour le NON. Trudeau et réforme de la constitution. Historique du mot « indépendance ». Sondage Pinard-Hamilton – résultats publiés le matin. Le OUI à Verdun réunit 9 000 personnes. Les Italiens et le NON : 600 personnes. Les autochtones invités à voter. Messages d’amitié du reste du Canada. 20 000 travailleurs de la santé pour le OUI. À Ottawa, le parlement est au ralenti.
17
Comité pour l’unité canadienne à Toronto : marche. Analyse Bas-Saint-Laurent et référendum. Comptes économiques du fédéral et les provinces. Les groupes ethniques et le NON. Les États-Unis et le référendum. La Presse et The Gazette pour le NON. Les sportifs pour le OUI. Analyse générale. Fin du vote anticipé. Analyse Côte-Nord, Gaspésie. L’ouest de l’île de Montréal pour le NON.
18
Sondage IQOP. Aperçu général du référendum. Dernier jour de campagne : René Lévesque ne se sent pas bien. Ryan fatigué, fiévreux et grippé.
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Annexe 3 ❖ Référendum de 1980 – Ordre chronologique des événements
229
Vue d’Ottawa sur le référendum. Trudeau à l’émission « Les gens qui font l’événement ». Saturation chez le public. Opinion de gens à des cafés-terrasses. Le Vermont et le référendum. Le bœuf de l’Ouest et le référendum : inquiétudes des fermiers albertains. Activités annulées à cause de la pluie. L’Église et la politique. Combat de boxe gagné pour le OUI. Analyse de la région de Québec.
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E X E N
4
A
N
RÉFÉRENDUM DE 1980 TABLEAUX COMPLETS DES INTERVENANTS ET DES DOSSIERS
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232
Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
TABLEAU A4.1 Tableau indiciel des intervenants dans les actualités télévisées Quantité %
AUCUN INTERVENANT R. LÉVESQUE C. RYAN P.E. TRUDEAU HOMME DE LA RUE J. CLARK J. CHRÉTIEN DIVERS E. KIERANS Mme DEGUIRE P. DICK B. BENNETT E. BROADBENT J. LESAGE J. TURCOTTE L. DION L. LABERGE M. ALLAIRE M. DUNTON M. LALONDE P. BURTON P. DE BANÉ R. BOURASSA S. CHAPUT-ROLLAND B. DAVIS C.-E. DIONNE C. CÔTE-LÉVESQUE C. LAURIN C. SAMSON G. LÉGER J.-P. NADEAU J. PARIZEAU L. PAYETTE M. VERREAULT P.-O. BOUCHER PORTE-PAROLE DU OUI
1496 65 57 23 19 13 8 7 5 4 4 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
Fréquence %
82,7 3,6 3,2 1,3 1,1 0,7 0,4 0,4 0,3 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Partialité %
Orientation %
Poidstendance
7,4 – 73,8 + 70,2 – 87,0 – 0,0 84,6 – 75,0 – 28,6 – 60,0 – 75,0 + 75,0 – 100,0 – 0,0 100,0 – 0,0 66,7 + 100,0 + 0,0 66,7 – 100,0 – 66,7 – 100,0 – 66,7 – 33,3 – 100,0 – 100,0 + 50,0 + 50,0 + 100,0 – 100,0 + 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
10,6 – 4,6 + 3,8 – 1,9 – 0,0 1,1 – 0,6 – 0,2 – 0,3 – 0,3 + 0,3 – 0,3 – 0,0 0,3 – 0,0 0,2 + 0,3 + 0,0 0,2 – 0,3 – 0,2 – 0,3 – 0,2 – 0,1 – 0,2 – 0,2 + 0,1 + 0,1 + 0,2 – 0,2 + 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
55,1 80,0 73,7 87,0 52,6 84,6 75,0 57,1 60,0 75,0 75,0 100,0 66,7 100,0 0,0 66,7 100,0 0,0 66,7 100,0 66,7 100,0 66,7 33,3 100,0 100,0 50,0 50,0 100,0 100,0 0,0 100,0 0,0 0,0 0,0 0,0
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Annexe 4 ❖ Référendum de 1980 – Tableaux
RÉVÉREND W. RUSSELL SÉNATEUR LAMONTAGNE T. WELLS B. CEMEN B. LANDRY C. PESTIAU F. CANNON G. DOUCET G. JORON G. LECLERC H.-P. BAILLARGEON J.-C. MOISAN J. ALFRED J. CARTEN J. LÉONARD J. OLIVIER J. PELLETIER J. PROULX J. VEILLEUX M. BÉGIN M. BOUDREAULT M. DEQUIER M. DUPLESSIS M. MALONE M. RICHARD M. WATKINS MARY SIMON MAX YALDEN Me J.-P. LUSSIER Me M. ROBERT P.-F. CÔTÉ P. BOULANGER R. JEAN-MARIE R. LAFONTAINE R. LASALLE R. RESSE S. ROY W. WALL Y. BÉRUBÉ Y. IPPERCIEL Y. PINARD TOTAL
233
2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
1 808
100,0
100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 0,0 100,0 100,0 100,0 0,0 0,0 100,0 100,0 100,0 100,0 0,0 0,0 0,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 0,0 100,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,0 100,0 0,0 0,0 100,0 0,0 0,0 100,0 0,0 0,0
100,0 – 100,0 – 100,0 – 100,0 – 100,0 + 0,0 100,0 – 100,0 – 100,0 + 0,0 0,0 100,0 + 100,0 + 100,0 + 100,0 + 0,0 0,0 0,0 100,0 – 100,0 – 100,0 – 100,0 + 100,0 + 100,0 – 0,0 100,0 + 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,0 – 100,0 – 0,0 0,0 100,0 – 0,0 0,0 100,0 + 0,0 0,0
0,2 – 0,2 – 0,2 – 0,1 – 0,1 + 0,0 0,1 – 0,1 – 0,1 + 0,0 0,0 0,1 + 0,1 + 0,1 + 0,1 + 0,0 0,0 0,0 0,1 – 0,1 – 0,1 – 0,1 + 0,1 + 0,1 – 0,0 0,1 + 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 – 0,1 – 0,0 0,0 0,1 – 0,0 0,0 0,1 + 0,0 0,0
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234
Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
TABLEAU A4.2 Tableau indiciel des dossiers dans les actualités télévisées Quantité %
SONDAGES CONSTITUTION CANADIENNE RÉGLEMENTATION CAMPAGNE GÉNÉRALE CN – HORAIRES GÉN.-RÉG. CN – CAMPAGNE GROUPES TRUDEAU ÉCONOMIE – MONNAIE SOUVERAINETÉ-ASSOCIATION CN – ACCUEIL CO – HORAIRES GÉN.-RÉG. CO – CAMPAGNE FÉDÉRALISME INT. DIVERS AU QUÉBEC CO – STRATÉGIE GOUV. PÉQUISTE NÉGOCIATIONS – MANDAT NOTION DE PAYS CO – ACCUEIL NATIONALISME – ID. QUÉBEC AUTRES – EXT. AU QUÉBEC DÉPUTES QUÉBÉCOIS RÉGIONS/COMTÉS, CIRCONSC. INDIVIDUS INCIDENTS DIVERS PUBLICITÉ APRÈS RÉFÉRENDUM GÉNÉRALE LA PRESSE EN GÉNÉRAL CN – STRATÉGIE OPPOSITION MINORITÉS QUESTION RÉFÉRENDAIRE CN – HOMMES POLITIQUES GOUVERNEMENT TRUDEAU CN – LEADER
101 97 94 81 70 68 61 59 54 50 49 46 45 45 44 43 43 41 41 39 39 31 30 29 28 24 23 22 22 22 21 21 19 19 17 17 16
Fréquence %
5,6 5,4 5,2 4,5 3,9 3,8 3,4 3,3 3,0 2,8 2,7 2,5 2,5 2,5 2,4 2,4 2,4 2,3 2,3 2,2 2,2 1,7 1,7 1,6 1,5 1,3 1,3 1,2 1,2 1,2 1,2 1,2 1,1 1,1 0,9 0,9 0,9
Partialité %
Orientation %
Poidstendance
26,7 – 42,3 – 1,1 + 2,5 – 10,0 – 20,6 – 50,8 + 22,0 – 5,6 + 42,034,7 – 2,2 + 2,2 – 0,0 4,5 + 39,5 + 55,8 – 24,4 + 82,9 – 33,3 + 20,5 + 3,2 + 30,0 – 17,2 + 7,1 – 12,5 + 13,0 – 13,6 + 22,7 + 9,1 – 66,7 – 38,1 – 5,3 + 78,9 – 17,6 – 47,1 + 6,3 –
2,6 – 3,9 – 0,1 + 0,2 – 0,7 – 1,3 – 3,0 + 1,2 – 0,3 + 2,0 – 1,6 – 0,1 + 0,1 – 0,0 0,2 + 1,6 + 2,3 – 1,0 + 3,3 – 1,2 + 0,8 + 0,1 + 0,9 – 0,5 + 0,2 – 0,3 + 0,3 – 0,3 + 0,5 + 0,2 – 1,3 – 0,8 – 0,1 + 1,4 – 0,3 – 0,8 + 0,1 –
74,3 64,9 13,8 2,5 24,3 52,9 83,6 45,8 64,8 94,0 75,5 19,6 42,2 88,9 13,6 67,4 93,0 87,8 92,7 84,6 87,2 35,5 70,0 37,9 78,6 20,8 65,2 59,1 59,1 27,3 76,2 38,1 78,9 100,0 29,4 70,6 56,3
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Annexe 4 ❖ Référendum de 1980 – Tableaux
CO – LEADER ÉNERGIE PARLEMENT CAN. AU QC CN – VICTOIRE DU NON CO – GROUPES INDÉPENDANCE-SÉPARATION PROMESSES CN – LES YVETTES CO – MEMBERSHIP ÉLECT. PROVINCIALES EXTÉRIEURS FACISME INTIMIDATION CO – ÉPOUSE PROCESUS DÉM. VOTE BUDGET CN – RYAN (L’HOMME) LIVRE BEIGE ABSTENTION-ANNULATION UNITÉ NATIONALE VIOLENCE AUTRES PARTIS AU FÉDÉRAL HISTOIRE SOUVERAINETÉ-ASS/INDÉPEND. SUBVENTIONS CN – MEMBERSHIP CO – LÉVESQUE (L’HOMME) LES MÉDIAS, EN GÉNÉRAL RELATIONS FÉD.-PROV. SECOND RÉFÉRENDUM AUTODÉTERMINATION ENTENTE LANGUE – LOI 101 CO – VICTOIRE DU OUI LIVRE BLANC LUTTE DES CLASSES POLITIQUE INTERNATIONALE REL. DE TRAVAIL (SYND.) SOLIDARITÉ TOTAL
235
16 15 15 14 11 10 10 9 9 9 9 9 9 8 8 6 6 6 5 5 5 4 4 4 4 3 3 3 3 3 2 2 2 1 1 1 1 1 1
0,9 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,4 0,4 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
1 808
100,0
68,8 80,0 26,7 85,7 9,1 100,0 80,0 66,7 66,7 33,3 77,8 88,9 55,6 37,5 50,0 100,0 83,3 50,0 80,0 100,0 40,0 0,0 75,0 100,0 100,0 33,3 0,0 100,0 33,3 33,3 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
31,3 – 13,3 + 26,7 – 57,1 – 9,1 + 100,0 – 20,0 + 22,2 – 44,4 + 33,3 – 11,1 + 22,2 – 11,1 – 37,5 + 25,0 + 66,7 + 83,3 – 50,0 + 80,0 – 60,0 – 0,0 0,0 75,0 + 50,0 – 100,0 + 33,3 – 0,0 33,3 – 33,3 – 33,3 + 100,0 + 100,0 + 100,0 + 100,0 – 100,0 + 100,0 + 100,0 – 100,0 – 100,0 +
0,5 – 0,2 + 0,4 – 0,8 – 0,1 + 1,0 – 0,2 + 0,2 – 0,4 + 0,3 – 0,1 + 0,2 – 0,1 – 0,3 + 0,2 + 0,4 + 0,5 – 0,3 + 0,4 – 0,3 – 0,0 0,0 0,3 + 0,2 – 0,4 + 0,1 – 0,0 0,1 – 0,1 – 0,1 + 0,2 + 0,2 + 0,2 + 0,1 – 0,1 + 0,1 + 0,1 – 0,1 – 0,1 +
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CORRESPONDANCE
E C I D
A
P
P
E
N
A
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
238
LETTRE – VIOLETTE NAVILLE-MORIN 18 février 2002
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Appendice A ❖ Correspondance
239
LETTRE – VIOLETTE NAVILLE-MORIN 18 février 2002
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
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LETTRE – MINISTÈRE DE LA DÉFENSE, GOUVERNEMENT FRANÇAIS 25 mars 2002
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Appendice A ❖ Correspondance
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LETTRE – MINISTÈRE DE LA DÉFENSE, GOUVERNEMENT FRANÇAIS 25 mars 2002
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EXTRAITS DE PRESSE 1980-1981
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Appendice B ❖ Extraits de presse 1980-1981
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ARTICLE – LOUISE COUSINEAU La Presse, 28 mai 1980
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
ARTICLE – MIKE BOONE The Gazette, 29 mai 1980
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Appendice B ❖ Extraits de presse 1980-1981
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
EXTRAIT DE NOUVELLE – CAISSE, CHARTIER Télé-Métropole – Le TVA 22:30, 26 mars 1981
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Appendice B ❖ Extraits de presse 1980-1981
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ARTICLE Journal de Montréal, 26 mars 1981
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
ARTICLE – JEAN-GUY MARTIN Journal de Montréal, 8 avril 1981
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E U Q I X E
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Affaires publiques – Type de document désignant des segments d’information, généralement de 5 minutes ou plus, diffusés par la radio ou la télévision sous forme d’entrevues, de reportages ou de dossiers, illustrés ou non par des références sonores ou visuelles. Analyse du discours – Discipline récente, connexe à la linguistique, à la sociologie, à la philosophie et à la psychologie (Charaudeau et al., 2002, p. 45) qui étudie les énoncés d’une société. Bordereau d’analyse – Formulaire informatisé ou matériel prévoyant l’ordre et la structure de saisie des données d’une analyse par les codeurs. Catégorie – Classe sous laquelle les unités d’information découpées par sujet sont codées, tels les titres, les médias, les dossiers, les types de documents, les porte-parole, les types de média, etc. Employé dans son sens générique, le mot désigne toute classe de même nature à laquelle appartiennent des unités d’information : sujets, médias, jour, périodes, éditoriaux, dossiers, etc. Catégorisation – Opération mentale qui consiste à classer des unités d’information. Chargé de projet – Analyste responsable d’un projet d’analyse.
Les mots de ce lexique de l’analyse de presse sont définis en tenant compte des définitions qu’en donne Le petit Robert.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Chronique – Type de document de presse publié ou diffusé périodiquement, présentant une opinion personnelle signée ou commentée par la même personne qui aborde un sujet spécialisé : économie, vie urbaine, événement du jour, etc. La chronique est généralement classée avec l’éditorial dans une analyse de presse. Classification – Action d’attribuer une ou plusieurs catégories à chaque unité d’information au moment de son découpage : média, reportage, dossier, sujet, etc. Codeur – Personne chargée du découpage, de l’identification, de l’évaluation et de la saisie des unités d’information tirées de l’analyse des documents contenus dans un corpus. Codification – Action de saisir les données de classification de chacune et de toutes les unités d’information selon le système propre à chaque analyse. Corpus – Ensemble des documents faisant l’objet d’une analyse de presse. Découpage – Action de diviser un document en unités d’information selon le sujet abordé, en tenant compte des catégories de classification. Devis – Document de référence généralement préparé avec ou pour un client, définissant le mandat et le thème général d’une étude, la question qui la sous-tend, les sujets et les catégories de l’analyse, et le type de rapport requis. Document – Extrait intégral de presse, présenté sous forme écrite, sonore, visuelle ou électronique. Dossier – Catégorie de classification des unités d’information permettant de codifier des événements, des thèmes, des campagnes, ou toute autre affaire qui, dans une couverture de presse, a fait l’objet d’un traitement particulièrement intensif. Échantillonnage – Méthode de sélection des documents qui composeront le corpus final d’une analyse de presse. Échantillonnage systématique – Méthode de sélection privilégiée pour l’analyse de presse. Elle consiste à sélectionner, de façon systématique, selon un intervalle prédéterminé par média (1 sur 2, 1 sur 3, 1 sur 4, etc.), les documents qui feront partie d’un corpus parmi ceux qui ont été retenus comme pertinents conformément au devis d’analyse. Éditorial – Type de document qui émane de la direction d’un journal, d’une revue, et qui définit ou reflète une orientation générale.
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Lexique
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Évaluation – Action de déterminer l’orientation de chaque unité d’information après son découpage. Fréquence – Indice qui, dans l’analyse de presse, quantifie en pourcentage les unités d’information se rattachant à une catégorie ou souscatégorie de contenu. Indice – Chiffre, généralement exprimé en pourcentage, indiquant la valeur de la visibilité, de la partialité, de l’orientation, du poidstendance et de la tendance-impact. Intervenant – Personne ou groupe de personnes citées dans la presse écrite, ou citées ou interviewées à la radio et à la télévision. Journaliste – Signataire d’un document de presse : reporter, chroniqueur, éditorialiste, correspondant, collaborateur, envoyé spécial, etc. Légende – Texte sous une photo ou un graphique. Lettre à l’éditeur – Type de document de presse provenant du public et signé par son auteur. Média – Journal, station de radio, station de télévision ou source Internet identifiés individuellement sous cette catégorie. Nouvelle – Type de document d’information comprenant les articles, dans la presse écrite, et les reportages avec ou sans entrevue, à la radio et à la télévision, généralement assez brefs. Orientation – Indice qui, dans l’analyse de presse, précise en pourcentage l’orientation dominante, positive ou négative, d’une catégorie ou d’une sous-catégorie par rapport à l’ensemble des unités d’information contenues dans un corpus. Partialité – Indice qui, dans l’analyse de presse, précise en pourcentage la quantité d’unités d’information orientées par catégories et sous-catégories. Période – Catégorie de classification des unités d’information par jours, par mois, par trimestres ou toute autre période. Plan d’échantillonnage – Plan des opérations à effectuer avant de procéder à l’échantillonnage : classification des articles, vérification de la pertinence et comptabilisation. Poids-tendance – Indice qui, dans l’analyse de presse, précise en pourcentage le poids d’une catégorie de contenu par rapport à l’impact global d’une couverture de presse, ainsi que son orientation positive ou négative, ou sa neutralité. Le poids-tendance est un indicateur de la rémanence que dégage un élément spécifique de couverture de presse, par exemple, un sujet, un dossier, un type de document, un intervenant, etc.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
Presse – (La, document de, discours de) Terme générique pour désigner l’ensemble des activités journalistiques, sans tenir compte du type de média. Règles de catégorisation – Définitions remises au codeur par le chargé de projet à partir du devis d’analyse. Rémanence – Idées qui persistent, impressions qui demeurent. Reportage – Article dans un journal ou nouvelle à la radio-télévision où le journaliste relate ce qu’il a vu et entendu. Reporter – Journaliste, auteur d’un reportage. Sous-catégorie – Subdivision d’une catégorie. Par exemple, sous la catégorie « type de média », les unités d’information se classent sous l’un des quatre types suivants : journal quotidien ; revues, magazines, périodiques ; radio ; télévision. Sujet – Mot, mot-clef ou terme descripteur utilisé dans un sens général et qui sert à identifier les idées contenues dans une couverture de presse par rapport à l’objet de l’étude. La précision dans la description des sujets à repérer dans l’analyse d’un corpus de presse assure un décodage uniforme de son contenu en unités d’information. Tableau indiciel – Tableau présentant les résultats d’une analyse sous forme de données statistiques. Tableau indiciel par croisement – Tableau présentant les résultats d’une analyse sous forme de données statistiques croisant une catégorie de classification du contenu avec une autre. Tableau indiciel simple – Tableau présentant les résultats d’une analyse sous forme de données statistiques classées par catégorie de classification du contenu. Tendance-impact – Indice qui, dans l’analyse de presse, précise par quel pourcentage une orientation a dominé le contenu partial d’un corpus de presse. La tendance-impact est un indicateur de la rémanence que dégage une couverture de presse. Titre – En-tête ou inter-titre dans un journal ou une publication. Tri – Action de choisir les documents soumis pour analyse et d’en valider la pertinence par rapport à un devis. Classement de ces documents par médias pour fin d’échantillonnage. Tribune téléphonique – Type de document de presse, diffusé à la radio ou à la télévision, où le public est invité à s’exprimer. Ce type de document est généralement classé avec les lettres à l’éditeur. Type de document – Catégorie de classification regroupant les éditoriaux, chroniques, nouvelles, reportages, affaires publiques, lettres de lecteurs.
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Lexique
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Type de média – Catégorie de classification regroupant l’imprimé et l’électronique. Certains mandats exigent des catégories plus fines pour déterminer les types de médias, tels les journaux quotidiens, les hebdomadaires, les revues et magazines, la radio, la télévision et Internet. Unité d’information – Unité de mesure correspondant à une portion de texte découpée à partir d’un document de presse faisant partie d’un corpus d’analyse, et dont le contenu traite d’un sujet déterminé et s’insère sous une ou plusieurs classifications. Visibilité – Synonyme de fréquence. Indice qui, dans l’analyse de presse, quantifie en pourcentage la fréquence d’apparition des unités d’information se rattachant à une catégorie ou sous-catégorie de contenu.
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I B L I O G R A P H I E
B
ADAM, Jean-Michel, T. HERMAN et al. Genres de la presse écrite et analyse de discours, Besançon, Presses universitaires franccomtoises, 2001, 204 p. BARTHES, Roland. « Introduction à l’analyse structurale du récit », dans Communications, 8, « L’analyse structurale du récit », p. 1-28, École des hautes études en sciences sociales, Paris, Seuil, 1966. BARTHES, Roland. « Éléments de sémiologie », dans Communications, 4, p. 91-135, Paris, École des hautes études en sciences sociales, Seuil, 1964. BAZIN, Jean-François. La revue de presse, Paris, Chotard et associés, 1971, 133 p. BBM. Cahiers et rapports saisonniers, hiver 1980 et automne 1980. BEAUCHAMP, Colette. Le silence des médias, Montréal, Les éditions du remue-ménage, 1987, 281 p. BERELSON, Bernard. Content Analysis in Communication Research, Glencoe, Illinois, Free Press, 1952, 220 p. BÉRUBÉ, Stéphanie. « Ici Radio Jean-Coutu », La Presse, 17 août 2002, p. D1. BOONE, Mike. « Surprising results in referendum study, RadioTV », The Gazette, 29 mai 1980, p. 28. CAISSE, CHARTIER ET ASSOCIÉS, INC. Brochure documentaire sur l’analyse des médias, 1996.
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Mesurer l’insaisissable – Méthode d’analyse du discours de presse
CHAR, Antoine. Comme on fait son lead, on écrit, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 2002, 218 p. CHARAUDEAU, Patrick. Le discours de l’information médiatique, Paris, F. Nathan, Institut national de l’audiovisuel, 1997, 187 p. CHARAUDEAU, Patrick, Dominique MAINGUENEAU et al. Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, EHESS, 2002, 666 p. CHARON, Jean-Marie. L’état des médias, en collaboration, Montréal et Paris, Boréal – La Découverte – Médiaspouvoirs – CFPJ, 1991, 461 p. CHARTIER, Lise. « Les médias en masse, La multiplication des médias assure-t-elle la diversité de l’information ? », Le Devoir, 11 avril 1994. COMMUNICATIONS, 1. Enseignement et culture de masse, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1961, 239 p. COMMUNICATIONS, 2. Industrie culturelle et littérature économique, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1963, 128 p. COMMUNICATIONS, 3. La typologie du jeu à deux appliquée aux communications de masse – La télévision vécue, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1964, 128 p. COMMUNICATIONS, 4. Recherches sémiologiques et éléments de sémiologie, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1964, 144 p. COMMUNICATIONS, 7. Radio-télévision, réflexions et recherches, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1966, 176 p. COMMUNICATIONS, 8. L’analyse structurale du récit, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1966, 172 p. COMMUNICATIONS, 9. La censure et le censurable, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1967, 160 p. COMMUNICATIONS, 10. Vacances et tourisme, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1967, 192 p. COMMUNICATIONS, 11. Recherches sémiologiques, Le vraisemblable, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1968, 167 p. COMMUNICATIONS, 12. Mai 1968. La prise de la parole, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1968, 184 p. COMMUNICATIONS, 13. Les objets, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1969, 144 p. COMMUNICATIONS, 14. La politique culturelle, Paris, EHESS, Éditions du Seuil, 1969, 214 p.
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Bibliographie
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