La Mondialisation n'est pas coupable : Vertus et Limites du libre-échange
 270713113X, 9782707131133 [PDF]

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Zitiervorschau

La mondialisation

n'est pas coupable

Paul R. Krugman

La mondialisation n'est pas coupable Vertus et limites du libre-échange Traduit de l'anglais par Anne Saint-Girons avec le concours de Francisco Vergara Ouvrage traduit avec le concours du Centre national du livre

! a Découverte / Poche 9 bis, rue Abel-Hovelacque 75013 Paris

Titre de l'édition originale: Pop Internationalism. En accord avec l'auteur et l'éditeur, les chapitres 7 et 13 de l'édition originale n'ont pas été repris dans la présente édition, qui comporte en revanche un épilogue complémentaire, « Le libre échange est-il dépassé? », traduction d'un article de l'auteur publié dans la revue Economie Perspectives (vol. l, n° 2, automne 1997). La première édition de la traduction française de cet ouvrage a été publiée aux Éditions La Découverte en 1998 dans la collection « Textes à l'appui 1 série économie » dirigée par Robert Boyer et Pierre Salama.

Catalogage Électre-Bibliographie KRUGMAN, Paul R. La mondialisation n'est pas coupable: vertus et limites du libre échange / trad. de l'anglais Anne Saint-Girons, avec le concours de Francisco Vergara. - Paris: La Découverte, 2000. - (La DécouvertelPoche ; 81. Essais) ISBN 2-7071-3113-X

RAMEAU: DEWEY: Public concerné:

libre échange mondial!sation (économie politique) 337.1 : Economie internationale. Généralités. Tout public

En application des articles L 122-10 à L 122-12 du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction à usage collectif par photocopie, intégralement ou partiellement, du présent ouvrage est interdite sans autorisation du Centre français d'exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris). Toute autre forme de reproduction, intégrale ou partielle, est également interdite sans autorisation de l'éditeur. Si vous désirez être tenu réguli..è rement informé de nos parutions, il vous suffit d'envoyer vos nom et adresse aux Editions La Découverte, 9 bis, rue Abel-Hovelacque, 75013 Paris. Vous recevrez gratuitement notre bulletin trimestriel À La Découverte. Vous pouvez également nous contacter sur notre site www.editionsladecouverte.fr.

© Massachusetts Institute of Technology, 1996. © Éditions La Découverte & Syros, Paris, 1998, 2000, pour la traduction française.

Introduction

Un jour de décembre, à Little Rock, j'ai eu une soudaine révélation en écoutant le discours de John Sculley. Ce n'est sans doute pas exactement le genre de révélation qu'aurait espéré l'orateur. Sculley était à l'époque directeur général d'Apple Computer mais il s'était surtout fait connaître par ses déclarations tous azimuts sur l'avenir du numérique. Ses nombreux discours sur le sujet ne lui avaient pas seulement fait une réputation de visionnaire de la haute technologie, mais l'avaient aussi propulsé au premier rang des grands chefs d'industrie dans l'opinion du président élu, Bill Clinton. De sorte que lorsque les membres de la future administration réunirent un sommet économique à Little Rock, l'introduction de Robert Solow, du MIT 1, fut suivie de l'exposé de Sculley sur les nouvelles donnes de l'économie mondiale. Sculley y décrivait un monde dans lequel les États, comme les entreprises, sont engagés dans une compétition 2 sauvage sur les marchés mondiaux. Manifestement, l'auditoire souscrivait à cette vision du monde, y compris Bill Clinton. 1. Massachusetts Institute of Technology (NOT). 2. Nous traduisons le mot anglais competition (qui joue un rôle central dans ce livre) par «concurrence» lorsque l'auteur s'en sert pour faire allusion à la rivalité entre producteurs dont parlent les économistes et dans laquelle tout

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Moi pas. Je crois posséder quelques notions sur·la question du commerce international, et il m'apparaissait que Sculley ne savait pas de quoi il parlait Ge l'ignorais à l'époque, mais le livre de Steven Levy sur l'ordinateur Macintosh, Insanely Great - « Follement grand» -, laisse à penser que sa vision du tout-technologique est partagée par nombre d'informaticiens). Mais le plus grave est que Sculley ne semblait pas être seul à se complaire dans l'erreur. Si certains des intervenants à la conférence étaient des économistes sensés et bien informés, la majorité ne l'était pas; et ce sont ceux-là qui, manifestement, étaient le mieux entendus de l'auditoire et de la nouvelle administration. C'est dire que la doctrine prêchée à Little Rock n'était qu'une contrefaçon de la théorie du commerce international, une contrefaçon en apparence très brillante et sophistiquée, mais qui ne ressemblait en rien à la vraie théorie. J'avais une sensation tout à fait étrange. On aurait dit que cette conférence très médiatisée avait été réunie pour rassembler les plus grands experts mondiaux en psychologie, et que, là-bas, sur le podium, John Bradshaw discourait pour m'apprendre à retrouver l'enfant qui est en moi. Mais en y repensant, je réalisai que la prééminence de cet ersatz de théorie économique ne devait rien au hasard. Imaginons un instant que vous êtes un Américain intelligent, sans connaissances particulières en économie, et que vous essayez de vous tenir au courant de l'actualité en regardant le McNeilLehrer Newshour et en lisant The Atlantic et la New York Review of Books; imaginons maintenant que vous décidiez d'améliorer vos connaissances sur les questions touchant à l'économie mondiale. Que pourriez-vous lire? Dans le chapitre 5, je présente une liste de sept ouvrages récents, en commençant par celui de Lester Thurow, Head to Head (