Bac - Épreuve de Spécialité SES - Sujet Et Corrigé N°1 [PDF]

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Zitiervorschau

Épreuve de spécialité sciences économiques et sociales terminale Sujet A Structure L'épreuve est composée de deux exercices, il faudra en traiter 1 au choix : ● une dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire ; ● une épreuve composée de 3 parties.

EXERCICE 1 - Dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire Sujet : en vous appuyant sur les documents à votre disposition, montrez quels sont les effets du progrès technique et de l’innovation sur la croissance.

Document 1. « Le fabricant des Mercedes-Benz, Daimler, a annoncé vendredi la suppression d’au moins 10 000 emplois dans le monde d’ici 2022 pour financer la coûteuse transition électrique qui pèse sur l’ensemble du secteur automobile allemand, frappé par une vague de restructurations. […] Les principaux constructeurs et équipementiers ont annoncé ces derniers mois près de 30 000 suppressions d’emplois en raison de la conjoncture dégradée et de la baisse en popularité du diesel au profit des moteurs électriques moins complexes à produire. Audi, filiale du groupe Volkswagen, veut supprimer 9 500 emplois d’ici 2025 sur le seul territoire allemand, Volkswagen compte en supprimer 5 000, l’équipementier Continental 5 500 et son rival Bosch plus de 2 000, tandis que l’américain Ford prévoit 5 000 réductions de postes dans ses usines allemandes. Selon une étude publiée l’an dernier par l’agence allemande pour l’emploi, quelque 114 000 emplois disparaîtront d’ici 2035 en raison du passage aux voitures électriques. Le secteur représente en Allemagne un cinquième de l’industrie, près de 5 % du PIB et plus de 800 000 emplois directs. » « Crise de l’auto allemande : Daimler supprime au moins 10 000 emplois », David Christian Koskas, Le blog auto, 2019.

Document 2.

« |...] Dans son étude, l'INSEE s'intéresse aussi à la capacité d'innovation - pas seulement technologique - des entreprises européennes. « Entre 2014 et 2016, dans l’Union européenne à 15 pays (UE15), 57% des sociétés de 10 salariés ou plus ont réalisé des innovations au sens large. Cette part varie de 37% en Espagne à 68% en Belgique. Elle est proche de la moyenne pour la France (58%), supérieure pour l’Allemagne (64%) », indique l'organisme. « Dans les 15 pays étudiés, la proportion de sociétés innovantes varie de 37 % à 68 %. La dispersion est donc importante. Elle s’explique en faible partie par des effets de structure (répartition des sociétés par bulles et secteurs d’activités) et de manière plus importante par des protocoles d’enquêtes différents selon les pays ». Parmi les autres enseignements du rapport de l'INSEE, on apprend par ailleurs que 69% des sociétés françaises de 10 personnes et plus disposent d'un site web et que 14% reçoivent des commandes via celui-ci. » « La France à la 10e place de l’innovation technologique en Europe », Dominique Filippone, Le Monde Informatique, 2019.

Document 3. « Parler d’innovation de rupture impose que quelque chose rompe. L’idée admise le plus souvent aujourd’hui est que ce qui change radicalement face à une innovation de rupture, ce sont les usages et les habitudes de consommation. Ce changement radical bouleverse le marché et fait de l’initiateur de l’innovation la référence à suivre. Ce changement radical bouleverse le marché et fait de l’initiateur de l’innovation la référence à suivre. Par exemple, pour savoir si la « carte à puces » est une innovation de rupture, il ne faut donc pas se

demander s’il s’agissait d’une performance technologique mais se poser la question : qu’estce que son adoption a révolutionné dans les usages des consommateurs, des commerçants et des réseaux bancaires ? Pour prendre un autre exemple très classique, Facebook (et plus globalement les réseaux sociaux) ne sont pas nés d’une rupture technologique mais de l’invention d’un nouvel usage déjà rendu possible par l’état des technologies de l’époque. Il s’agissait de permettre aux internautes d’utiliser internet et les technologies déjà à disposition, mais d’une façon radicalement nouvelle : ils allaient pouvoir simplement produire eux-même du contenu à partager, entretenir et augmenter le réseau de leur relations. Les internautes pouvaient déjà produire leur contenu (créer un site internet, des espaces personnalisés sur des sites comme MySpace, …) mais de nouvelles possibilités leur ont été offertes, qui répondaient à un besoin (contact, lien social, narcissisme, …) et étaient valorisées par une ergonomie très balisée (simplicité d’usage). Il est donc tout à fait possible d’envisager une innovation de rupture sans rupture technologique. Il faut se départir complètement de l’idée que l’innovation de rupture a forcément son origine dans la recherche et ses résultats, dans les ingénieurs et les avancées technologiques. Une fois cela dit, nous pouvons essayer de nuancer et de mieux comprendre les liens entre l’innovation de rupture et les technologies de rupture. [...] ». « L’innovation de rupture, c’est quoi ? », Jean-Pierre Leac, Les cahiers de l’innovation.

EXERCICE 2 - Épreuve composée en 3 parties Partie I : mobilisation des connaissances (4 points) Présentez deux mécanismes par lesquels le progrès technique peut entraîner des inégalités de revenus. Partie II : étude d’un document (6 points) À l’aide des données du document et de vos connaissances, expliquez les compétences et les conséquences du numérique dans la transformation des emplois.

Document 1. « [...] Le numérique transforme les emplois et les marchés du travail dans les pays de l’OCDE et au-delà. Sous l’effet de l’automatisation, certains postes disparaissent, quand d’autres voient évoluer leur nature et les tâches qui leur sont inhérentes ; enfin, l’avènement de technologies comme l’intelligence artificielle (IA), l’internet des objets (IdO) ou l’analytique des données massives débouchera sur de nouveaux métiers. Les salariés des secteurs les plus exposés à la transformation numérique aujourd’hui, sont dotés de plus fortes compétences cognitives, non cognitives et sociales. À mesure que la transformation

numérique progresse vers d’autres pans de l’économie jusqu’alors plutôt épargnés, la maind'œuvre devra disposer de solides compétences cognitives et sociales en adéquation avec les besoins futurs. [...] ». Science, technologie et industrie : tableau de bord de l’OCDE 2017 - La transformation numérique, OCDE (2018), Éditions OCDE, Paris.

Niveaux de compétences dans les secteurs à plus ou moins forte intensité numérique, 2012 ou 2015 Moyenne des différents pays

Source: Calculs de l’OCDE d’après la Base de données du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), juin 2017.

Partie III : raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points) Cette partie comporte 3 documents. À l’aide du dossier documentaire et de vos connaissances, vous montrerez comment le numérique transforme l’emploi.

Document 1. « Le terme « ubérisation » fait son apparition pour la première fois dans le dictionnaire. Le Petit Larousse 2017 […] le définit comme la « remise en cause du modèle économique d’une entreprise ou d’un secteur d’activité par l’arrivée d’un nouvel acteur proposant les mêmes services à des prix moindres, effectués par des indépendants plutôt que des salariés, le plus souvent via des plateformes de réservation sur Internet ». […] L’ubérisation est un processus économique qui, grâce aux nouvelles technologies numériques, contourne les secteurs

classiques de l’économie en créant un nouvel intermédiaire. Cet intermédiaire, qui permet de mettre en relation directe les utilisateurs et les prestataires, se matérialise sous la forme d’une plateforme numérique. Intervenant dans de multiples domaines (voitures de transport avec chauffeur, tourisme, services à la personne, etc.), ces plateformes sont monétisées de diverses manières : en prélevant une commission sur les transactions (Uber, Airbnb, La Ruche qui dit oui) ; en vendant des encarts publicitaires (Leboncoin) ; en offrant des services complémentaires payants (Homexchange, GuestoGuest). […] L’ubérisation remet en cause le salariat comme norme. Les prestataires effectuent des « missions », ils sont rémunérés à la tâche. On parle de « revenu », de « chiffre d’affaires » et non plus de « salaire ». Les prestataires sont enregistrés sous le statut d’auto-entrepreneur (ou microentrepreneur). Ce statut créé en 2008 propose un régime simplifié de l’entreprise individuelle. […] Si le travail indépendant permet davantage de liberté dans l’organisation de son temps de travail, il est aussi vecteur d’incertitudes et d’insécurité. La précarisation des indépendants « ubérisés », qui ne bénéficient pas des protections liées au statut de salarié, est régulièrement dénoncée. La loi Travail du 8 août 2016 a introduit l’obligation pour les plateformes de prendre en charge une partie de la protection sociale des indépendants qui leur sont affiliés. Les critiques dénoncent également un « salariat déguisé » qui accentuerait la sous-traitance et serait un moyen pour les entreprises de se libérer des charges patronales en employant de la main-d’œuvre bon marché. » « Qu'est-ce que l'ubérisation ? », www.vie-publique.fr, 2018.

Document 2. « L'OCDE publie un document de travail qui examine la proportion d’emplois fortement exposés au risque d'automatisation par des ordinateurs et des algorithmes. Cette étude, qui couvre 32 pays, estime que 14 % environ des emplois dans les pays considérés sont fortement automatisables. En France c'est 16% des emplois. Par ailleurs, 32 % de l’ensemble des emplois pourraient subir d’importantes transformations, ce qui signifie qu’une proportion considérable des tâches qui leur sont associées, mais non la totalité, pourraient être automatisées, avec à la clé une nette évolution des compétences requises pour exercer ces emplois. On observe des variations marquées entre les pays : 33 % de tous les emplois en Slovaquie sont fortement automatisables, contre 6 % seulement en Norvège. D’une manière plus générale, les emplois dans les pays anglo-saxons et nordiques et aux Pays-Bas sont moins exposés au risque d’automatisation que les emplois dans les pays d’Europe de l’Est et d’Europe du Sud, en Allemagne, au Chili et au Japon. En France, 16.4% de tous les emplois sont fortement automatisables, juste au-dessus de la moyenne de l’OCDE de 14%. Il ressort de cette étude que les personnes peu qualifiées et les jeunes sont parmi les plus vulnérables. Les emplois les plus exposés sont essentiellement les emplois peu qualifiés,

dans les secteurs de l’alimentation, du nettoyage, de l’extraction minière, de la construction et des transports. »

« SES : Quel impact du numérique sur l'emploi ? », www.cafepedagogique.net, 2018.

Document 3. « C’est confirmé ! Le géant américain des magasins de jouets va mettre en liquidation ses 735 magasins aux Etats-Unis. [...] Mais comment le roi du jouet en est-il arrivé là ? [...} Le plus gros distributeur de jouets au monde, avec quelque 1 600 magasins, dont la moitié aux Etats-Unis et 48 en France, avait en effet été placé dès la mi-septembre sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Ce qui lui laissait environ un an pour restructurer la dette de 4,2 milliards d’euros [...]. Un changement majeur a chamboulé la distribution du jouet depuis une quinzaine d’années : toute la croissance du secteur – soit 14% depuis 2012 sur les cinq grands pays européens, selon NPD – est accaparée par les ventes en ligne, celles du monstre Amazon en tête, au détriment des enseignes classiques. Internet a quasiment doublé son emprise sur la distribution et contrôle, toujours selon NPD, 30% des parts de marché en Europe de l’Ouest et 25% aux Etats-Unis. Toys’R’Us, qui réalise, selon les pays, entre 5 et 8% de son chiffre d’affaires sur la Toile, risquait ainsi de se retrouver progressivement poussé hors du jeu. L’Américain n’était d’ailleurs pas le seul à souffrir de cette situation. Aux Etats-Unis, toutes les autres enseignes nationales ont fermé. Plusieurs chaînes françaises connaissent aussi des coups de mou, dont La Grande Récré, qui vient d’être placée en redressement judiciaire, ou Maxi Toys, qui, selon de bonnes sources, serait à vendre.

Autre tendance de fond qui explique la chute du chiffre d’affaires de Toys’R’Us, les loisirs numériques détournent les jeunes du jouet proprement dit. Ainsi, selon les études du CNC sur Les pratiques de consommation des jeux vidéo des Français, 78% des 7 à 9 ans s’y adonnent déjà et 84% des 10-14 ans. Et à chaque fois, ils y passent entre 1 heure 25 et 1 heure 48. Ce phénomène est observable partout, au point que les ventes mondiales de jeux vidéo (64 milliards d’euros en 2016) croissent trois fois plus vite que celles du jouet (76 milliards d’euros) et sont désormais en passe de les rattraper. Ce n’est pas un hasard si les emblématiques Lego et Mattel connaissent des difficultés commerciales. «Même les dépenses de jouets pour les plus petits diminuent, note Frédérique Tutt, analyste monde pour le jouet, du cabinet NPD. Alors qu’elles représentent près de 30% du business des enseignes spécialisées.» Pour le distributeur américain, dont le rayon numérique pèse pour moins de 10% des ventes, ce n’était donc pas vraiment une bonne nouvelle. Faute d’avoir appréhendé le virage numérique, le géant américain n’a pas su non plus utiliser Internet pour sa promotion. «Toutes les enseignes de jouets, Toys’R’Us en tête, continuent de distribuer des catalogues papier pour Noël, alors que 70% des acheteurs de jouets vont sur le Net pour repérer les bonnes affaires», déplore Dan Gomplewicz, cofondateur d’Armis Tech, spécialiste de la communication numérique locale. Même si elle ne revient pas trop cher (le coût d’un prospectus, distribution comprise, est de l’ordre de 1 euro), cette façon de faire de la «réclame» semble totalement dépassée. Et le ciblage est très aléatoire, comme le confirme le taux de transformation : seuls 2% des destinataires des prospectus distribués dans les boîtes aux lettres passent à l’acte d’achat, selon une étude de Balmétrie, groupement des professionnels du courrier publicitaire. » « Faillite de Toys’R’us : comment le géant du jouet en est arrivé là ! », Eric Wattez, www.capital.fr, le 25 mars 2018.

Correction EXERCICE 1 - Dissertation Sujet : en vous appuyant sur les documents à votre disposition, montrez quels sont les effets du progrès technique et de l’innovation sur la croissance.

Questionnement

Objectifs d’apprentissage

Quels sont les effets du progrès technique et de l’innovation sur la croissance ?

- Comprendre le lien entre le progrès technique et l'accroissement de la productivité globale des facteurs. - Savoir que l'innovation s'accompagne d'un processus de destruction créatrice. - Comprendre comment le progrès technique peut engendrer des inégalités de revenus.

Étude documentaire : Document 1

- Effets de l’innovation sur la croissance non garantis. - Le progrès est source de destruction de valeurs : des qualifications perdent leur valeur.

Document 2

- Les entreprises ne s'approprient pas les innovations technologiques de la même façon. - Il y a des écarts significatifs : des pays se démarquent, la Belgique (62%), le Portugal (59%) et la Finlande (58%). - En queue de peloton, l'Espagne (22%) et le Danemark (38%). - Trois pays ressortent ex aequo (43%) : la Suède, l'Irlande et la France.

Document 3

- Le document permet d’établir le rôle du progrès technique et de l’innovation sur la croissance. - Il montre aussi que progrès et innovation sont à la fois source et conséquence et apparaissent comme interdépendants.

Choix de la problématique : Le progrès technique, né de l’innovation, pourrait-il ne pas être facteur de croissance ? Croissance et progrès technique s’auto-entretiennent et résultent de processus endogènes. Mais l’innovation engendre aussi un mécanisme de destruction créatrice qui peut nuire à la croissance. Le progrès technique est aussi en partie exogène car il est lié aux découvertes scientifiques. L’innovation modifie les conditions dans lesquelles les entreprises exercent leurs activités et les rendent plus productives. Les concepts d'investissement et de progrès technique (innovation) sont fondamentaux pour appréhender des aspects plus globaux tels que la croissance et l'emploi. Ces notions sont indissociables. Afin de souligner l'importance des investissements et du progrès technique sur la croissance, et donc sur les emplois, rappelons une citation économique de Helmut Schmidt (ancien chancelier allemand) qui disait : « Les profits d'aujourd'hui, sont les investissements de demain, et les emplois d'après-demain ».

Exemple de plan détaillé : Introduction Le progrès technique est constitué par l'ensemble des innovations. Il accroît l’efficacité du travail et du capital. Il se traduit aussi par le perpétuel renouvellement de biens nouveaux et des modes de vie. Son rôle dans la croissance est décisif, ne serait-ce qu’en permettant l’accumulation de capital de se poursuivre. L’innovation, définie comme l’ensemble des idées nouvelles, a un effet sur la production et les échanges. Elle s’accélère dans la branche des TIC (techniques de l’information et de la communication) et à travers le processus de mondialisation, un aspect du progrès technique. La théorie économique comme l’expérience historique devraient nous conduire à envisager en conséquence une croissance économique plus rapide, l’innovation entraînant des gains de productivité et, finalement, plus de croissance. Le progrès technique dépend de manière croissante des investissements en recherche et développement faits par les entreprises, que les pouvoirs publics encouragent à innover. La croissance est liée aux aléas des découvertes scientifiques, mais dépend aussi des investissements en recherche, qui dépendent eux-mêmes des moyens financiers dégagés par l’activité économique. Par conséquent, le progrès technique n’entraîne pas automatiquement la croissance, même s’il en est une condition nécessaire. D’autre part, l’innovation est également à l’origine d’un mécanisme de destruction créatrice analysé par Joseph Schumpeter. Les innovations rendent obsolètes les générations précédentes de techniques ; les entrepreneurs hésitent alors parfois à développer de nouveaux produits ou procédés, par peur de nouveautés radicales qui annuleraient le bénéfice attendu de ces investissements. Modélisée par les théoriciens de la croissance endogène, cette destruction créatrice implique que, dans certains cas, les effets négatifs de l’innovation peuvent l’emporter sur ses

effets positifs. Nous verrons donc que l’innovation est le moteur de la croissance économique, mais que cet effet positif n’est nullement garanti. I.

Progrès technique et innovation : moteurs de la croissance économique. 1. Origine des gains de productivité. ● Une variété croissante des biens : - les consommateurs préfèrent la variété ; - on note une grande efficacité productive qui offre cette diversité des biens. 2. Augmentation de l’efficience. ● Innovations de produits. ● Innovation de procédés. 3. Gains de productivité : source de la croissance. ● Effet sur l’offre. ● Effet sur la demande.

II.

Effets de l’innovation sur la croissance nullement garantis. 1. Une destruction créatrice. ● Une source d’incertitudes : - L’innovation rend les techniques précédentes obsolètes (document 3). - Quels investissements mener ? Et dans quelles techniques ? ● Une source de destruction de valeur : - Les entreprises doivent continuellement se renouveler. - Les qualifications perdent de leurs valeurs. 2. Les incertitudes d’un lien entre croissance et innovation. ● La cohérence des techniques : - Le rendement de la recherche est en baisse et il y a un faible lien entre la recherche/développement et la croissance (document 3). ● Quelle demande pour une offre accrue ? - Le risque de baisse de l’emploi existe, sans que la hausse des salaires compense forcément. - Les gains de productivité ne garantissent pas la progression de la demande.

Conclusion Le progrès technique ne peut engendrer de la croissance économique que si certaines conditions sont réunies, en raison de la nature particulière du « capital technologique », en particulier du fait que les innovations dégagent des externalités positives et que la recherche fondamentale constitue un « bien public ». L’innovation est donc indispensable à la croissance, car elle est la principale source des gains de productivité, permettant de produire plus et de produire de nouveaux biens. Elle élargit les possibilités, libère du temps. Mais elle n’engendre pas mécaniquement la croissance. L’innovation est cause de destruction et de création : la balance des deux n’est pas toujours

positive. Les effets positifs sont soumis à l’existence d’une cohérence interne ainsi qu’aux mécanismes de répartition assurant la dynamique de la demande. L’activité économique se déroule dans un cadre institutionnel : le droit de propriété, la fiscalité, la monnaie, les normes commerciales, le système de formation sont autant d’institutions qui peuvent inciter à innover ou décourager à le faire. Ainsi, une stabilité politique, des droits de propriété clairs, des impôts bien conçus et une répartition des richesses suffisamment égalitaire incitent à innover, en sécurisant les entrepreneurs.

EXERCICE 2 - Épreuve composée en 3 parties Partie I : mobilisation des connaissances (4 points) Présentez deux mécanismes par lesquels le progrès technique peut entraîner des inégalités de revenus. Le rôle du progrès technique accroît la demande de travail qualifié par rapport à celle de travail peu qualifié. Il a des effets différenciés sur le travail selon les qualifications : il réduit le besoin de certaines compétences, pour des emplois mécanisés, et accroît la demande de qualifications essentielles dans les nouvelles combinaisons productives (informatique, etc.). Le progrès technique peut également expliquer pourquoi les inégalités augmentent à l'intérieur de chaque branche professionnelle. D’autre part, le progrès technique accroît la productivité de certains emplois, en réduisant le temps nécessaire pour effectuer certaines tâches. La rémunération de ces emplois, qui évolue en moyenne comme la productivité, augmente alors. C’est ainsi que l’automatisation des opérations financières permet une hausse des salaires des opérateurs sur les marchés, par exemple, car chacun d’entre eux gère plus de comptes ou d’opérations. Par conséquent, les rémunérations de certains emplois, souvent les plus qualifiés, augmentent, alors que la rémunération d’autres emplois, souvent peu qualifiés, diminue. Ainsi, les inégalités se creusent entre les détenteurs de ces qualifications.

Partie II : étude d’un document (6 points) À l’aide des données du document et de vos connaissances, expliquez les compétences et les conséquences du numérique dans la transformation des emplois. Ce graphique permet d’identifier les compétences cognitives c’est-à-dire les compétences qui, en règle générale, ne sont acquises que partiellement à l’école et ont trait à l’attitude et à la personnalité des individus (maîtrise de la langue, du calcul, résolution de problème, organisation autonome, volonté d’apprendre). La mesure des compétences non cognitives et des compétences sociales se fonde sur les informations relatives aux tâches que les travailleurs exécutent dans le cadre de leurs fonctions, On distingue 4 groupes de compétences fonctionnelles liées aux performances professionnelles et aux résultats économiques, à savoir : • les compétences liées aux (TIC) technologies de l’information et des communications ; • les compétences en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM) et en analyse quantitative ; • les compétences non cognitives telles que l’encadrement, la communication et l’organisation autonome ;

• les compétences socio-émotionnelles comme la volonté d’apprendre et la résolution créative de problèmes. Pour identifier les compétences nécessaires à la transformation des emplois, il faut pouvoir appréhender quelles qualifications sont particulièrement demandées et appellent une augmentation salariale dans les secteurs plus ou moins exposés au numérique. Un certain nombre de compétences ont une incidence notable sur la performance des entreprises. Les secteurs à forte intensité numérique ont de meilleurs rendements du marché du travail que les autres secteurs. Par ailleurs, certaines compétences semblent jouer un rôle particulièrement important dans les activités à forte intensité numérique, en particulier celles ayant trait à l’analyse quantitative, à l’utilisation des TIC, à la maîtrise du calcul ainsi qu’à l’organisation autonome, aux qualités d’encadrement, et à la communication. Les personnes exerçant dans ces domaines travaillent de façon plus indépendante et décentralisée (en général en télétravail), exécutent une proportion relativement plus élevée de tâches non routinières, ou sont confrontées à des environnements en constante évolution, dans lesquels les compétences techniques, alliées aux qualités de communication et d’organisation, gagnent en puissance. Si elles veulent développer leurs activités, les entreprises doivent s’emparer des technologies et comprendre comment celles-ci transforment leurs marchés. La question n’est pas tant la disparition des emplois mais leur transformation. Le progrès technique nécessite des profils de plus en plus qualifiés et polyvalents, capables de s’adapter en permanence, ce qui implique de développer de nouvelles compétences et qualifications.

Partie III : raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points) Cette partie comporte 3 documents. À l’aide du dossier documentaire et de vos connaissances, vous montrerez comment le numérique transforme l’emploi.

Questionnement

Objectifs d’apprentissage

Quelles sont les mutations du travail et de l’emploi ?

- Comprendre comment le numérique brouille les frontières du travail (télétravail, travail/hors travail), transforme les relations d'emploi et accroît les risques de polarisation des emplois. - Schumpeter : destruction créatrice.

Étude documentaire : Document 1

- Définit les contours du processus de l'ubérisation : mise en relation des utilisateurs et les prestataires via une plateforme numérique. - Illustre les différents domaines dans lesquels ce processus est à l’œuvre (voitures de transport avec chauffeur, tourisme, services à la personne, etc.) et les modalités de monétisation. - Explique comment le processus de l’ubérisation remet en cause le salariat comme norme d’emploi avec le développement du statut d’autoentrepreneur. - Souligne les enjeux autour du statut des indépendants « ubérisés », un statut entre salariat et non-salariat (parfois mentionné comme « salariat déguisé »).

Document 2

- Étude couvrant 32 pays : 14 % environ des emplois dans les pays considérés sont fortement automatisables. En France c'est 16%. - 32 % de l’ensemble des emplois pourraient subir d’importantes transformations, une proportion considérable des tâches qui leur sont associées, mais non la totalité, pourraient être automatisées, d’où une nette évolution des compétences. - Les emplois les plus exposés sont essentiellement les emplois peu qualifiés, dans les secteurs de l’alimentation, du nettoyage, de l’extraction minière, de la construction et des transports.

Document 3

- 2 raisons majeures des difficultés de l’entreprise Toys’R’US mises en avant : incapacité à s’adapter au virage de la vente en ligne (entre 5 et 8 % de son activité alors que la totalité de la croissance de ce secteur se trouve sur la Toile) et érosion de la vente de jouets traditionnels au profit des jeux vidéo que l’enseigne vend peu. - De nouvelles entreprises développent leurs activités dans le secteur en s’appuyant

sur des innovations technologiques (vente en ligne, nouveau concept de magasins…). - Manque d’innovation pour renouveler les procédés de distribution.

Le progrès technique a transformé les activités ordinaires et le travail. Le numérique renvoie à l’introduction des (TIC) technologies de l’information et de la communication au sein des entreprises dans les années 2000, mais également dans nos vies. On ne peut plus imaginer nos activités sans smartphones ou sans les réseaux sociaux. Ces nouveaux usages génèrent des masses énormes de données et d’informations (big data) qu’il faut être capable de traiter. Si le numérique modifie nos activités, il change en même temps notre façon de comprendre et de penser. Notre univers entier est transformé par cet ensemble de technologies. Le numérique brouille les frontières du travail (télétravail, travail/hors travail), transforme les relations d’emploi et accroît les risques de polarisation des emplois. Le numérique vient brouiller la frontière entre temps consacré à la vie privée et à l’activité professionnelle. La généralisation des TIC s’inscrit dans un contexte macroéconomique très concurrentiel, marqué par le renforcement des contraintes d’adaptabilité, de réactivité et de rentabilité des entreprises. Le numérique a profondément transformé le rapport au temps en participant à l’accélération du rythme de la vie sociale. Cette révolution du numérique a bouleversé notre économie et notre relation d’emploi. Le numérique transforme l’emploi en brouillant les frontières entre salariat et non-salariat. En effet le processus « d’ubérisation » s’est accompagné de la hausse du nombre d’autoentrepreneurs, statut des prestataires de ces services. On constate une hausse de 43,4 % des emplois non-salariés entre 2007 et 2016, qui représentent 13,1 % des emplois dans ce secteur en 2016 (document 1). Ce processus « d’ubérisation » interroge la nature de la relation d’emploi entre ces prestataires et les plateformes ; ils sont juridiquement indépendants, ils sont « rémunérés à la tâche », ils perçoivent « un revenu », réalisent même un « chiffre d’affaires », ils sont libres d’organiser leur temps de travail, etc. La relation entretenue avec les plateformes témoigne d’une part d’une très forte dépendance économique et d’autre part de l’existence de nombreuses obligationscontraintes rappelant davantage le statut de salariat (exemples : temps de travail imposé, obligation de connexion...). Cette situation a conduit le législateur à agir pour requalifier certains contrats et pour encadrer davantage ces nouvelles relations d’emploi (document 1). Le numérique agit sur la qualité des emplois avec des effets ambigus selon l’organisation du travail mise en place. Lorsqu’il est utilisé comme un outil de contrôle et de surveillanceévaluation des performances, la qualité des emplois s’en trouve affectée. Si l’entreprise utilise le numérique pour développer l’autonomie, l’initiative des salariés et un management participatif, cela se traduit par une amélioration de la qualité des emplois, notamment en ce qui concerne les conditions de travail.

Le numérique transforme l’emploi en polarisant le marché du travail autour de deux catégories d’emplois : des emplois très qualifiés et des emplois peu ou pas qualifiés. Il s’accompagne d’une montée des qualifications et de l’apparition de nouvelles compétences, mais il n’a pas fait disparaître les emplois non qualifiés. Les emplois peu ou pas qualifiés qui ne sont pas automatisables (ni délocalisables) perdurent. Il s’agit surtout d’emplois « concentrés dans les services à la personne, qui sont peu rémunérés car leur productivité reste faible », par exemple les « chauffeurs de VTC, les emplois logistiques de la vente en ligne, les particuliers qui offrent des prestations touristiques, des travaux de réparation... » (document 2). Enfin, l’apparition du numérique réduit les possibilités de profit des entreprises routinières (celles qui n’innovent pas), qui vont progressivement disparaître à mesure que l’innovation se diffuse. C’est ce qui entraine un processus permanent de destruction créatrice où les anciennes activités sont remplacées par de nouvelles activités nées de l’innovation. Par exemple, l’explosion d’Internet et de la vente en ligne (portée notamment par Amazon) a mis de nombreuses entreprises en difficulté (comme c’est le cas pour Toys’R’Us mais bien d’autres également). Ces entreprises dites « routinières » sont contraintes de revoir leur technique de ventes pour attirer à nouveaux les consommateurs, sous peine de mettre la clé sous la porte (document 3). Ainsi, la destruction créatrice est un processus « qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement les éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs ».