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Zitiervorschau

Cours de Droit fiscal 2019-2020

Par Adalbert Kitopi Kimpinde

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

FACULTE DE DROIT PREMIERE LICENCE

COURS DE DROIT FISCAL DESTINE AUX ETUDIANTS DE PREMIERE LICENCE

Mis à jour le 10 octobre 2019

Par Adalbert KITOPI Kimpinde Professeur

Année Académique 2019-2020

Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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Cours de Droit fiscal 2019-2020

Par Adalbert Kitopi Kimpinde

EPIGRAPHE

« L’impôt tue l’impôt... Une hypothèse saugrenue : l’impôt ne sert strictement à rien, l’argent prélevé est détruit et ne produit rien. Si l’impôt sert à financer des dépenses publiques elles-mêmes utiles, il n’a aucune chance de ‘‘tuer l’impôt’’ et il cesse d’être un ‘‘prélèvement sur les richesses’’ pour constituer seulement le coût de production d’une richesse. Or, précisément, s’il n’existe aucune preuve empirique d’une incidence négative de la pression fiscale sur le développement économique, les théories modernes de la croissance reconnaissent en revanche un rôle positif et essentiel aux infrastructures, à l’éducation, à la recherche fondamentale, tous facteurs très largement financés par l’impôt. Contrairement aux idées dans l’air du temps, l’impôt n’est pas un mal nécessaire, mais, un bien nécessaire. Le dénigrement de l’impôt et de l’Etat, fondé sur les effets pervers de la fiscalité, est l’exemple typique d’un processus de pensée qui part d’une idée juste (la pression fiscale peut réduire l’incitation à la création de richesses marchandes) pour aboutir à une extrapolation fantaisiste semant la confusion sur les concepts économiques les plus élémentaires » (Jacques GENEREUX, Les vraies lois de l’économie, Editions du Seuil, Paris, 2005, p.139-140)

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AVANT – PROPOS L’activité fiscale se ramène, grosso modo, à une série d’opérations fiscales comprenant à la fois des actes juridiques (notamment la réglementation des activités sujettes à imposition) et des actes matériels d’exécution de la loi fiscale (constatation et évaluation de la matière imposable, vérification des comptabilités à des fins de contrôle fiscal, communication d’informations ou de renseignements, enquêtes fiscales, visites de locaux professionnels et saisies de documents etc.). Ces opérations de gestion fiscale sont : l’opération d’imposition, celle de recouvrement et celle de contrôle impliquant des fois la répression des manquements à la loi fiscale. Mais, on ne peut pas maitriser les mécanismes de mise en œuvre de ces différentes opérations sans au préalable connaitre la théorie et la technique de l’impôt. Historiquement, la fiscalité n’est qu’un aspect des finances publiques. Mais, techniquement et suite à la frénésie affichée par les Etats modernes de tendre de plus en plus vers un développement tous azimuts (aux plans socio-économique, culturel, politico-militaire, scientifique, etc.), la fiscalité a pris une importance toute particulière, est devenue très complexe et justifie qu’elle soit étudiée comme une discipline scientifique tout à fait autonome. Le présent support est élaboré sur base des théories et concepts élaborés par la doctrine en général ainsi que de la législation et de la réglementation actuellement en vigueur en RDC. Il tient compte des récentes réformes du cadre institutionnel (de 2006 à ce jour) et fiscal (non seulement le fruit de la grande réforme enclenchée et mise en œuvre depuis 2003 mais aussi de toutes les améliorations apportées au cadre fiscal par les différentes lois de finances promulguées chaque année). Ce support a surtout l’avantage d’être présenté de manière moderne c’est-à-dire de façon plus cohérente et plus proche des présentations courantes dans la plupart des pays à système fiscal comparable (comme celui d’autres pays francophones d’Afrique). Ensuite, il prend également en compte l’instauration en RDC, par le constituant de 2006, du régionalisme politique dont la conséquence logique est celle de stratifier la fiscalité du pays la rendant ainsi un peu plus complexe. En effet, le cadre constitutionnel congolais actuel reconnait des fiscalités spécifiques à chaque palier d’exercice du pouvoir politique (Pouvoir Central - Niveau provincial et local). Voilà pourquoi il nous a paru tout à fait indiqué et rationnel d’accorder des développements spécifiques à la fiscalité nationale, provinciale et locale (Cf. Partie II, Titres I et II). Ce qui permettra à l’apprenant, au chercheur et au lecteur occasionnel d’avoir une vue d’ensemble de la structure de la fiscalité congolaise et de leur éviter les confusions découlant généralement de la mauvaise assimilation de cette discipline très peu vulgarisée en RDC. Enfin, dans une entreprise, toute gestion (financière, comptable, des stocks, des ressources humaines, des matériels et équipements d’exploitation etc.) implique nécessairement la connaissance de la matière à gérer, la planification de l’action (de gestion) et la maitrise des normes à respecter pour que la dite gestion soit jugée conforme. C’est pour cette raison que dans le présent support, il est prévu de rappeler d’abord quelques éléments de la théorie générale de l’impôt. S’ensuivra une synthèse des régimes d’imposition prévus en droit fiscal congolais. Enfin, un aperçu de la procédure fiscale et contentieuse mettra un terme à cette étude. De manière générale, ce cours poursuit comme objectifs : Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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1. Objectifs a. Objectif général Faire connaitre aux apprenants la science et la technique de prélèvements d’impôts c’est-à-dire leur faire connaitre les régimes d’imposition consacrés dans le système fiscal congolais, les initier à la procédure fiscale (des grandes opérations fiscales : imposition, recouvrement et contrôle) ainsi qu’au contentieux fiscal. b. Spécifiques 1) Circonscrire, à travers la théorie générale de l’impôt, les notions de base et des principes de droit fiscal généralement admis dans la plupart des systèmes fiscaux modernes (Définition de l’impôt, les sortes d’impôts, les rôles de l’impôt, la personnalisation de l’impôt, technique de l’impôt) ; 2) Présenter les régimes d’imposition en vigueur dans le système fiscal congolais, tant du niveau national que provincial et local : impôts sur les revenus (mobiliers, professionnels et locatifs), impôts sur les transactions (la TVA et les droits de consommation et d’accises) et imposition de patrimoine (impôts réels) 3) Faire connaitre aux apprenants les procédures fiscales et les grandes articulations du contentieux fiscal ; 4) Familiariser les apprenants, par des cas d’illustrations pratiques, au calcul des différents types d’impôts (tant nationaux, provinciaux que locaux) et à l’accomplissement des formalités fiscales (souscriptions des différents types de déclarations). c. Compétences et apprentissages visés par le cours A la fin du cours, l’apprenant sera capable de : 1) S’exprimer correctement en utilisant les concepts de base usités en matière fiscale et des principes généralement admis qui président à l’établissement et à la mise en œuvre d’un système fiscal dans un Etat moderne donné ; 2) Distinguer les différents régimes d’imposition et de catégoriser les impôts constituant les éléments de la stratification du système fiscal congolais actuel ; 3) Calculer aisément les différents impôts après en avoir maitrisé les différentes modalités d’évaluation ; 4) Démêler les différentes procédures à suivre pour l’accomplissement des obligations fiscales (souscription des déclarations - le système fiscal congolais étant déclaratif), pour le recouvrement et le contrôle de l’impôt ainsi que de soutenir et de résoudre un contentieux fiscal lorsqu’il s’agit de faire valoir les droits du contribuable/redevable en cas de leur violation par l’Administration. 2. Formules pédagogiques de formation a. Méthodes d’apprentissage  L’exégèse des textes sera privilégiée pour faciliter la traduction des textes en chiffres et faciliter la compréhension mathématique de la fiscalité:  Le recours aux méthodes des sciences sociales ;  Recours à l’interaction entre enseignant et apprenants pour les amener à participer activement à leur propre compréhension de la matière en prenant en compte les prérequis assimilés. b. Techniques d’apprentissage  Exercices d‘arithmétique : calcul des impôts en ateliers ou individuellement ;  Utilisation de la craie et du tableau noir ; Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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 Recours aux exposés ex-cathedra pour la partie introductive et théorique du cours. 3. Stratégies de formation Au minimum 10 relevés de présences seront effectués sporadiquement, durant la période d’enseignements théoriques. Ceci a été trouvé efficace pour contraindre indirectement les étudiants à s’absenter le moins possible aux séances de cours et à s’astreindre à une certaine discipline quant à l’assistance aux cours. 4. Procédures d’évaluation  Organisation des travaux dirigés notés après chaque impôt étudié (étude de cas et exercices de calcul d’impôts) afin d’en faciliter l’assimilation ;  Au minimum deux interrogations seront organisées respectivement après les premières 30 heures et ensuite après le reste d’heures d’enseignement théorique.  A la fin, il y aura l’organisation de l’épreuve semestrielle de Droit fiscal. 5. Plan sommaire du cours  Introduction générale  Théorie générale de l’impôt Concepts de base et sociologie de l’impôt ; Droit de l’impôt (sources de droit fiscal et régies financières); Technique générale de l’impôt  Régimes d’imposition en droit fiscal congolais 1. Fiscalité nationale Principes généraux de l’imposition des entreprises Imposition des revenus (mobiliers et professionnels); Imposition des transactions (TVA). 2. Fiscalité provinciale et locale Imposition des revenus locatifs Imposition des patrimoines (impôts réels) Imposition des personnes physiques (IPM).  Procédure fiscale et contentieuse 1. Cadre juridique général des procédures fiscales 2. Contentieux fiscal.  Conclusion générale.

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TABLES DES MATIERES Avant-propos …………………………………………………………………………………………………………. Table des matières………………………………………………………………………………………………….. INTRODUCTION GENERALE : rappel des prérequis et importance de l’impôt dans le financement des besoins dans l’action administrative de l’Etat…………………………………….

3 6 8

PARTIE I : THEORIE GENERALE DE L’IMPOT …

7

Chapitre 1 : Notions de base de Droit fiscal et sociologie de l’impôt Section 1 : Notions de base de droit fiscal Section 2 : La sociologie de l’impôt

Section 1 : Sources de droit fiscal

7 7 14 16 16

Section 2 : Les Régies financières

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Chapitre 3 : La technique générale de l’impôt Section 1 : Choix de la matière imposable Section 2 : Evaluation de la matière imposable Section 3 : Liquidation de l’impôt Section 4 : Recouvrement de l’impôt

29 29 30 31 37

PARTIE II : LES REGIMES D’IMPOSITION EN DROIT CONGOLAIS

39

Chapitre préliminaire : structure de la fiscalité congolaise et ses principes Section 1 : Structure de la fiscalité congolaise Section 2 : Des principes d’imposition

39 39 40 43 44 46 46 46 47 47

Chapitre 2 : le droit de l’impôt

TITRE I : LA FISCALITE NATIONALE

Introduction générale Sous-titre 1 : L’Imposition des revenus cédulaires Chapitre 1 : L’impôt mobilier Section 1 : Notion et fondement légal de l’impôt sur les revenus mobiliers Section 2 : La matière imposable Section 3 : le fait générateur, la base imposable et le taux Section 4 : Calcul de l’impôt, redevables, échéances de déclaration et de paiement, exonérations et exemptions Chapitre 2 : L’impôt sur les bénéfices et profits (IBP) Préliminaire : définition des bénéfices et profits Section 1 : L’IBP des grandes et moyennes entreprises Section 2 : L’IBP des entreprises de petite taille Section 3 : Dispositions particulières aux entreprises à résultats déficitaires Chapitre 3 : L’IPR et L’IERE Section 1 : L’impôt professionnel sur les rémunérations Section 2 : L’impôt exceptionnel sur les rémunérations versées aux expatriés

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Sous-titre 2 : L’Imposition de la dépense ou des transactions Chapitre unique : La taxe sur la valeur ajoutée Section 1 : définition, origine, histoire et principes de fonctionnement de la TVA Section 2 : L’institution de la taxe sur la valeur ajoutée en RDC TITRE II : LA FISCALITE PROVINCIALE ET LOCALE Introduction Chapitre 1 : L’impôt sur les revenus locatifs Section 1 : Définition, matière imposable, assiette de l’impôt et fait générateur Section 2 : Les redevables et le taux de l’impôt Section 3 : Les exemptions et exonérations Section 4 : Calcul, modalités de perception et échéance de l’IRL Exercices sur l’IRL

71 78 78 81 100 100 102 102 103 103 103 104

Chapitre 2 : L’Imposition de patrimoine ou les impôts réels §.1. L’impôt sur les véhicules et la taxe spéciale de circulation routière §.2. L’impôt foncier §.3. La taxe de superficie sur les concessions minières §.4. La taxe de superficie sur les concessions forestières §.5. Modalités de perception des impôts réels Chapitre 3 : L’impôt personnel minimum

105 105 108 111 112 113 114

PARTIE III : PROCEDURE FISCALE ET CONTENTIEUSE

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Titre I : L’opération d’imposition Chapitre 1 : La gestion des contribuables/redevables Chapitre 2 : Le recouvrement et la répression des infractions fiscales Titre II : L’opération de contrôle ou le Contrôle fiscal Chapitre 1 : La vérification fiscale Chapitre 2 : Le contentieux fiscal Addendum : Les attestations diverses Conclusion générale Annexes Annexe 1 : Notions sur les taxes administratives et la parafiscalité Annexe 2 : Les régimes fiscaux d’exception Références légales exploitées Bibliographie indicative

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INTRODUCTION GENERALE Rappel des prérequis Pour une meilleure assimilation du Cours de Droit fiscal, il est important de rappeler aux apprenants qu’hormis les cours transversaux introduits ces dernières années dans le programme d’enseignement supérieur et universitaire, plus spécialement les matières portant sur Hygiène et Environnement, VIH/Sida, Anglais et Informatique, toutes les autres matières enseignées depuis la 1ère année jusqu’en 3ème graduat sont des prérequis indispensables. Il est donc recommandé aux apprenants d’aller revoir ces matières afin de se rendre la vie facile par rapport au présent cours. Hormis ces matières du niveau supérieur et universitaire, certaines disciplines du niveau secondaire sont également indispensables telles que l’arithmétique, la géographie physique et économique, l’histoire… Importance de l’impôt dans le financement des besoins dans l’action administrative de l’Etat Pour une meilleure assimilation

PARTIE I : THEORIE GENERALE DE L’IMPOT « La théorie est la base de tout……La pratique est son complément indispensable » Michel Ceulemans (1)

Objectif spécifique de cette partie: Circonscrire, à travers la théorie générale de l’impôt, les notions de base et des principes de droit fiscal généralement admis dans la plupart des systèmes fiscaux modernes (Définition de l’impôt, les sortes d’impôts, les rôles de l’impôt, la personnalisation de l’impôt, technique de l’impôt) Formules pédagogiques (méthodes et outils) utilisés:  Exposés ex-cathedra et recours à la méthode interactive ;  Recherche individuelle (ou en ateliers) en bibliothèque.

Introduction La théorie générale de l’impôt s’articule autour de trois chapitres dont les objectifs spécifiques poursuivis sont, d’abord les notions de base et les sources de Droit fiscal ; ensuite la description des mécanismes d’élaboration de la loi fiscale, des principes qui président à son interprétation et à son application et, enfin, l’étude de la technique universellement admise pour la gestion de l’impôt (constatation de la matière imposable, liquidation et recouvrement/paiement de l’impôt). Ces trois chapitres portent ainsi sur : 1. Les notions de base et sociologie de l’impôt ; 2. Le droit de l’impôt ; 3. La technique générale de l’impôt. (1) Ceulemans (Michel), Apprendre la T.V.A Initiation au fonctionnement u système de la TVA et notions de base, Edipro (Editions des CCI SA), Liège, 2011 ; p.203.

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CHAPITRE 1 : NOTIONS DE BASE ET SOCIOLOGIE DE L’IMPOT Pour un meilleur apprentissage de la fiscalité, il est important de fixer le lecteur ou l’étudiant sur quelques éléments de base pouvant lui permettre de comprendre les mécanismes du droit fiscal congolais. Deux rubriques constituent l’ossature de ce chapitre : 1. Les notions de base de droit fiscal ; 2. La sociologie de l’impôt. Section 1 : notions de base de droit fiscal Chaque discipline scientifique a développé et consacré sa propre terminologie. Le droit fiscal ne fait pas exception à cette règle. Elle utilise une terminologie propre qui la fait distinguer partiellement des autres disciplines juridiques. Ainsi, sous cette rubrique, nous retiendrons quelques notions tout en laissant à l’étudiant le soin de l’enrichir au fur et à mesure de l’évolution de cet enseignement. Nous verrons successivement les notions de droit fiscal et de fiscalité (1.1), les notions et caractéristiques de l’impôt (1.2), les différentes sortes d’impôts (1.3) et le rôle de l’impôt (1.4). §.1. Notion de droit fiscal et de fiscalité La fiscalité est comprise comme étant l’ensemble des lois, règlements, procédures et pratiques administratives relatifs à l’impôt (2). C’est, en fait, un terme qui désigne généralement l’ensemble des textes légaux et réglementaires concernant les impôts. La fixation des règles concernant l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impôts relève du domaine de la loi et donc de la compétence du Parlement ( 3). Par contre, l’application de la loi fiscale est définie par voie réglementaire par le Gouvernement (Ministre des Finances). En fonction de l’entité territoriale concernée par une fiscalité donnée, on parle de fiscalité locale (entité locale – ville, commune, secteur ou chefferie), régionale (région, département ou province) ou nationale (nation). Le droit fiscal, par contre, est l’ensemble des règles juridiques qui régissent l’établissement et la perception des impôts auxquels sont assujettis les membres d’une collectivité étatique (4). A. Définition et caractéristiques de l’impôt Plusieurs auteurs aux profils divers (financiers, fiscalistes, économistes, historiens, sociologues et anthropologues, philosophes etc.) ont diversement défini l’impôt (5). Sans parti pris aucun, nous retenons de toutes ces définitions, celle de Barilari et Drapé, qui considèrent l’impôt comme « un prélèvement, en général pécuniaire, effectué d’autorité, à titre définitif et sans (2) Barilari, A; Drapé, R., Lexique fiscal. Dalloz, Paris (1992, p. 85. (3) Buabua Wa Kayembe, Traité de droit fiscal zaïrois, P.U.Z., Kinshasa, 1993, p. 13. (4) Ibidem p.13. (5) Gaston, Jèze, Traité des sciences des finances, Budget, PUF, Paris, 1910 Neurisse, A, Histoire de l’impôt, que sais-je ? PUF, Paris, 1978, p. 3. Deruel, Fr., Finances Publiques, Droit Fiscal, Mémentos, Dalloz, Paris, 1996, p.1.

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contrepartie immédiate afin de couvrir les charges publiques et plus accessoirement de servir d’instrument d’intervention économique et sociale » (6). C’est ainsi que pour permettre aux habitants d’un pays, comme la République Démocratique du Congo, de remplir adéquatement leur obligation civique de contribuer aux charges publiques (7), le législateur a institué l’impôt qui est considéré comme « le procédé de répartition des charges budgétaires entre les individus en fonction de leurs facultés contributives » (8). Eu égard à ce qui précède, l’impôt revêt les caractéristiques suivantes : Il est : 1) une prestation pécuniaire : l’impôt moderne est, sauf exception rarissime, toujours payé en argent (espèces ou titres valant espèces) ; 2) prestation effectuée d’autorité : l’impôt est un versement obligatoire que font les agents économiques (les ménages et les entreprises) qui, en cas de défaillance fautive, peut entrainer le recours à la contrainte pour amener les redevables des dettes fiscales en s’en acquitter par la force ; 3) perçu à titre définitif : l’impôt versé au Trésor public ne se rembourse pas comme on le ferait en cas de paiement d’un indu ; 4) perçu sans contrepartie: le paiement des impôts par les agents économiques (les contribuables/redevables) ne donne pas droit à des contreparties directes et immédiates. En revanche, ces agents bénéficient des services publics qui sont fournis gratuitement par la collectivité (éducation, routes, justice, défense, éclairage public, paix et bénéfices résultant de la coopération et de la politique de bon voisinage etc. ( 9). En réalité, la valorisation de tous les services rendus par la collectivité à un contribuable est de très loin supérieure au montant de l’impôt payé au cours d’un exercice fiscal donné. 5) prélevé sur les revenus des individus, membres de la collectivité, l’est en tenant compte de leurs capacités contributives : c’est la raison pour laquelle l’assiette en ce domaine n’est pas la même et que plusieurs taux existent parce que l’assiette de l’impôt a plusieurs valeurs différentes. Le taux appliqué est appelé « un barème d’imposition » ; 6) un instrument d’intervention économique et sociale : en modulant leurs taux, les impôts sont souvent utilisés, par les gouvernements des Etats modernes, pour intervenir, positivement ou négativement, dans certains secteurs économiques en vue soit de leur promotion (si elle s’avère nécessaire ou indispensable) soit de leur restriction (si leur expansion est estimé nuisible pour l’intérêt général. Par exemple, majoration des taux des Droits d’accises sur les tabacs et cigares ou alcools pour dissuader l’expansion de l’industrie du tabac et des spiritueux. Dans le cadre de ce cours, l’impôt doit être compris dans son sens le plus large possible. Monsieur Vincent SEPULCHRE signale « qu’on utilise, en Belgique, plusieurs termes pour définir la même réalité. On parle en effet indifféremment d’impôts, de taxes, de cotisations, de droits ou de contributions pour désigner le même type de prélèvement étatique » (10). Ceci explique, en partie, pourquoi le système juridique congolais en général et le système fiscal en particulier, tirant son origine du système juridique romano-germanique, ont hérité leur substrat du système belge et utilisent divers termes pour désigner la même réalité. (6) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 100. (7) Article 174 de la Constitution de la République Démocratique du Congo, In Journal Officiel de la RDC, Numéro Spécial, du 18 février 2006, Kinshasa, 2006. (8) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 100. (9 ) Capul (Jean-Yves) et Garnier (Olivier), Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Nouvelle édition, Hatier, Paris, 2011, p.236. (10) Vincent Sépulcre, Mémento de la fiscalité locale et régionale. Editions Kluwer. Bruxelles, 2004, 19.

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« On peut donc en conclure que les termes utilisés pour dénommer un impôt n’ont que peu de signification sur le contenu réel de cet impôt et qu’on peut donc regrouper tous ces prélèvements obligatoires, opérés par les pouvoirs publics, sous le terme générique d’« impôt », quel que soit le nom qui leur est donné légalement » (11). Le recours à cette définition de l’impôt permettra au lecteur de comprendre pourquoi sont abordés, dans le cadre de ce cours, les impôts intérieurs, les impôts frappant la dépense (droits d’entrée, Droits d’accises et accises, Taxe sur la valeur ajoutée) et taxes en appendice. B. Sortes d’impôts Plusieurs critères peuvent être retenus pour catégoriser les impôts. On distingue généralement : -

Impôt direct et impôt indirect ; Impôt général (ou universel) et impôt spécial (ou particulier) ; Impôt sur les revenus, impôt sur la dépense et impôt de solidarité sur la fortune ; Impôt spécifique et impôt ad valorem.

B.1.Impôt direct et impôt indirect L’impôt direct est celui dont la charge demeure définitivement supportée par celui qui en est assujetti, c’est-à-dire le contribuable. Dans le système fiscal congolais, les impôts directs désignent les impôts qui sont supportés par les personnes (contribuables) détenteurs ou bénéficiaires de la matière imposable (patrimoines ou revenus) mais versés au Trésor public par les redevables ou les personnes désignées par la loi comme devant en rendre compte. En principe, le contribuable d’un impôt direct n’a pas de possibilité de répercuter la charge fiscale sur autrui : cas des impôts réels et des impôts cédulaires sur les revenus. Dans le système fiscal congolais, les impôts sur les revenus locatifs (12), les impôts sur les revenus mobiliers (IM) ou professionnels (IBP et IPR), les impôts sur les patrimoines (IV, IF, TSCM, TSCF) ainsi que les impôts locaux sont des impôts directs. Les rapports entre ce dernier et l’Administration fiscale se présentent comme illustré dans le graphique ci-dessous : Rapports entre l’Administration des Impôts et le contribuable Recouvrement Contribuable = Redevable

Fisc Paiement

Exceptions : L’impôt mobilier et l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) pour lesquels le contribuable réel et le redevable légal sont deux personnes distinctes. L’impôt indirect, par contre, est celui dont la charge est répercutée sur autrui, le contribuable réel.

(11) Ibidem. (12) En droit étranger, notamment français et belge, les revenus locatifs sont appelés « revenus fonciers ».

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A l’inverse des impôts directs, « les impôts indirects sont supportés par certains agents et versés au fisc par d’autres agents » (13). Le recouvrement de cet impôt fait intervenir trois personnes : le fisc, chargé de la perception, le redevable légal (l’opérateur économique, collecteur de l’impôt), qui collecte l’impôt en amont et le verse au trésor public pour compte du contribuable réel (le consommateur) qui paye (ou supporte) véritablement l’impôt ou en subit le poids. En effet, par le mécanisme de la translation (ou répercussion) de l’impôt, à travers l’opération d’achat de la marchandise ou du service, l’impôt est ainsi répercuté dans le prix de la marchandise ou du service rendu : cas des droits de douane, des Droits d’accises, de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). L’illustration par un graphique donne la relation suivante entre l’Administration fiscale, le redevable légal (collecteur d’impôt) et le contribuable réel (consommateur final): Le fisc taxe le contribuable légal (redevable)

Régie Financière

Consommateur final (de biens et services) = Contribuable réel

Producteur local (de biens ou services)/Importate ur (biens) = Redevable légal

Le redevable légal paye l’impôt et le répercute sur le consommateur final en incorporant le montant de l’impôt dans le prix de vente de son bien ou service En achetant un bien ou un service, le consommateur final supporte le poids de l’impôt (contribuable réel)

B.2.Impôt général et impôt particulier L’impôt général (ou universel) tend à atteindre une situation dans son ensemble. Ex. : L’impôt sur les revenus est universel car il tend à frapper tout ce qui est revenu. L’impôt spécial (ou particulier) est plutôt sélectif et frappe la circulation ou la consommation. Ex. : L’impôt sur le chiffre d’affaires à l’intérieur et le droit de consommation. B.3.Impôt sur les revenus, impôt sur la dépense et impôt sur la fortune L’impôt sur les revenus est une ponction, un prélèvement sur une catégorie particulière des richesses des individus : Ex. En Droit fiscal congolais, les revenus sont classés en trois « cédules ». Cédule revenus locatifs qui donne lieu à l’impôt sur les revenus locatifs (IRL), l’impôt sur les revenus mobiliers qui donne lieu à l’impôt mobilier (IM) et l’impôt sur les revenus professionnels donnant lieu à deux types d’impôt professionnels. D’une part l’impôt frappant les revenus des salariés (rémunérations) donnant lieu à l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) et, d’autre part, l’impôt touchant les revenus professionnels des sociétés (bénéfices et profits) appelé « impôt sur les bénéfices et profits » (IBP) (14). L’impôt sur la dépense frappe la circulation des marchandises, les opérations d’achat ou de vente de certains biens et services, mieux, leur consommation. C’est un « impôt qui frappe le revenu au moment où il est affecté à l’achat de biens de consommation à l’occasion soit de (13) Capul (Jean-Yves) et Garnier (Olivier), Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Nouvelle édition, Hatier, Paris, 2011, p.237 (14) Attention : En droit étranger, belge et français par exemple, l’impôt sur le revenu est l’équivalent, en droit congolais, de l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR).

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transactions successives de la production à la livraison au consommateur, soit en une seule fois au cours de ce processus. La notion d’impôt sur la dépense est plus large que celle d’impôt sur la consommation. Elle inclut les impôts qui frappent les transactions portant sur les biens qui constituent un capital ; droits d’enregistrement, TVA immobilière » (15). Exemple :   

la TVA ; les Droits d’accises ; les droits de douane (DE, DS).

L’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). « Créé en 1988, l’ISF est un impôt annuel calculé sur l’ensemble du patrimoine des ménages (lorsque le patrimoine dépasse un certain seuil). L’assiette de l’impôt intègre la résidence principale, l’ensemble des actifs mais il exclut l’outil de travail ou le patrimoine professionnel (l’entreprise d’un entrepreneur) » (16). Bref, c’est un impôt sur le patrimoine des personnes physiques. Cet impôt n’existe pas en République Démocratique du Congo. Mais, il existe bien en droit étranger comme en Allemagne, en Belgique, en France etc. B.4.Impôt spécifique et impôt ad valorem L’impôt spécifique est établi, non en fonction de la valeur de la matière imposable, mais en fonction de la quantité de celle-ci. Il est exprimé en unités monétaires par quantité de matière imposable (17). Ex. le taux des Droits d’accises sur la bière de production locale est fixé en autant de francs congolais par hectolitre. L’impôt ad valorem frappe le produit taxable exprimé en pourcentage de la valeur de la matière imposable : Ex. : DE, DA, ICR, TVA, etc. 5. Rôles (ou fonctions) de l’impôt L’impôt joue à la fois un rôle financier, économique et social. 1) Fonction financière « La couverture des charges publiques est la raison essentielle de l’impôt. L’impôt est le seul procédé permettant de couvrir les dépenses des services publics qui ne peuvent être vendus : défense nationale, administration générale. Il est, en outre, le procédé permettant de faire fonctionner les services publics qui pourraient être vendus, sans que personne ne soit privé de ces services pour des raisons d’argent » (18). 2) La fonction économique La fonction économique de l’impôt permet à l’Etat d’intervenir efficacement dans la vie économique de la nation. En effet, l’interventionnisme de l’Etat en matière économique et sociale est devenu manifeste avec l’apparition de nouvelles fonctions lui reconnues. Pour jouer ce nouveau rôle qui peut s’inscrire soit dans le cadre d’une politique à moyen et long terme (planification, investissement), soit dans le cadre des mesures conjoncturelles (15) Barilari, A; Drapé, R., Lexique fiscal. Dalloz, Paris (1992, p. 63. (16) Capul (Jean-Yves) et Garnier (Olivier), Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Nouvelle édition, Hatier, 2011, p.240. Lire aussi Bienvenu (Jean-Jacques) et Lambert (Thierry), Droit fiscal, PUF, Paris, 2010, pp.435-443. (17) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 102. (18) Deruel, Fr., 1996, Op. Cit., p. 2.

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ou ponctuelles, l’Etat moderne utilise souvent l’impôt à des fins protectionnistes, d’incitation ou encore de dissuasion. L’action de l’Etat porte alors à la fois sur les structures économiques et sur la conjoncture. Ainsi, par l’impôt, il peut protéger un ou plusieurs secteurs économiques menacés par la concurrence étrangère (protection). En accordant des exonérations fiscales ou des allègements fiscaux (abattements d’impôts, réductions ou application des taux réduits, etc.), l’Etat cherche notamment à promouvoir l’épargne ou l’investissement (incitation). Enfin, l’accroissement du taux de l’impôt peut être utilisé comme moyen pour freiner l’expansion trop rapide d’un ou de plusieurs secteurs économiques ou pour dissuader les consommateurs de certains produits non indispensables comme les alcools, les tabacs ou certains parfums très recherchés mais non indispensables. Parlant des aspects économiques de l’impôt, MASOIN (J) lui attribue trois rôles de premier rang à savoir d’abord le rôle de régulateur, ensuite le rôle prohibitif et enfin, le rôle incitatif (19). Dans son rôle régulateur, l’impôt est utilisé pour organiser et répartir juridiquement les activités économiques, lesquelles sont envisagées aussi bien sous l’angle du secteur public que sous celui du secteur privé. D’autre part, dans ce même rôle de régulation, l’impôt se révèle être un instrument puissant au service des pouvoirs publics pour l’orientation générale des activités économiques nationales suivant l’idéologie politique qui sous-tend l’action du Gouvernement (ex. idéologie capitaliste, socialiste, communiste ou néo-marxiste). Ainsi, le prélèvement fiscal sera-t-il effectué d’après le modèle idéologique capitaliste ou socialiste par exemple, selon que le système économique considéré est soutenu par les lois du libéralisme ou par celles du dirigisme. Par ailleurs, dans son rôle prohibitif, l’impôt intervient dans le prélèvement des droits d’accises et de consommation sur les produits de luxe ou, tout simplement, certains produits déterminés. Ce rôle de prohibition se manifeste le plus souvent aux niveaux des entreprises – individuelles ou sociétaires – dont les produits fabriqués sont passibles de TVA, avec la sur taxation des produits jugés à vocation non sociale (ex. les tabacs, les bières, les spiritueux, les produits cosmétiques). En outre, dans son rôle incitatif, l’impôt intervient dans l’encouragement à la promotion de certains secteurs négligés ou compétitifs de l’économie. En résumé, le maniement habile et réfléchi de l’impôt (augmentation ou diminution de son taux), sa suppression ou encore en faisant jouer un rôle discriminatoire à l’impôt, l’Etat peut agir utilement sur la conjoncture ou sur les structures économiques : notamment encourager certains secteurs de l’économie délaissés mais générateurs de revenus ; décourager certains autres secteurs pour freiner leur expansion trop rapide et préjudiciable à l’économie générale du pays. 3) La fonction sociale Dans sa fonction sociale, l’impôt apparaît comme un instrument de politique sociale et d’équité entre citoyens. Comme on le sait, l’impôt est l’expression de la solidarité nationale. Il est « quelque chose de plus qu’un simple échange économique entre l’Etat (qui rend des services) et les contribuables (qui les payent) ; c’est le lien social même entre les membres de la communauté ;

(19) Masoin, J., Théorie économique des finances publiques. Bruylant, Bruxelles, 1946, pp.308 et SS

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c’est le tribut du citoyen à ses égaux ; c’est son apport ; c’est ce qui constate son droit de participation à la cité » (20). Considéré sous cet angle, l’impôt se voit attribuer par Maison J. (21) trois rôles d’importance à savoir le rôle distributeur des richesses et des revenus nationaux, le rôle de satisfaction de l’intérêt général et le rôle humanitaire. Dans son rôle distributeur, l’impôt permet d’écrêter le haut de la pyramide des revenus, pour les redistribuer aux catégories défavorisées de la société, en vue de réduire tant soit peu sensiblement les inégalités et autres disparités sur le plan social. En outre, l’impôt permet la réalisation de certaines tâches – ou travaux – profitables à la collectivité nationale. C’est souvent le cas pour la satisfaction des besoins collectifs à caractère économique (construction et entretien du réseau routier, érection des installations portuaires et aéroportuaires, PTT, ponts, etc.), social (hospices des vieillards, hôpitaux publics), éducatif (construction et entretien des écoles et universités officielles), sportif (construction et entretien des stades, des gymnases), culturel (construction, entretien et ravitaillement des musées et bibliothèques publics), etc. C’est le rôle d’intérêt général de l’impôt. Par ailleurs, du point de vue de ses manifestations au plan social, l’impôt prend en considération l’âge, la profession et surtout les conditions et genre de vie des personnes qui lui sont assujetties. C’est le rôle qui apparaît le plus souvent en matière d’impôt professionnel où il est tenu compte des majorations, des réductions et déductions selon que le contribuable est célibataire ou que l’on a affaire à un couple sans ou avec enfants et autres personnes à charge. Quoiqu’il en soit, un principe fondamental gouverne la fonction sociale de l’impôt à savoir celui reposant sur la notion de justice fiscale, un principe universellement admis et lequel veut que tous les citoyens membres d’une communauté donnée (nationale, provinciale ou locale) s’acquittent de leur devoir de contribuer aux charges publiques en fonction de leurs capacités contributives. C’est à ce titre que se justifie le rôle nataliste conféré aussi à l’impôt. Car, dans le cadre d’une politique démographique, les pouvoirs publics peuvent encourager la procréation des jeunes couples dans les régions à faible taux de natalité (ou à faible densité), en leur accordant de grands avantages sur le plan fiscal. Dans les pays à taux élevé de natalité comme la République de Chine, les pouvoirs publics imposent aux ménages la limitation des naissances (un enfant) à charge de l’Etat avec exonérations fiscales y attachées. Les enfants à naître au-delà de cette limitation sont à charge exclusive de leurs géniteurs avec des pénalités fiscales ou des accroissements fiscaux y afférents. En d’autres termes, nous pouvons dire que la fonction sociale de l’impôt touche la redistribution des revenus ou des richesses. En résumé, nous pouvons conclure avec J.M. ALBERTINI que : « Dans l’Etat moderne, l’impôt n’a pas seulement pour but de procurer des ressources au Trésor. Il est souvent utilisé pour obtenir certains effets économiques et sociaux regardés comme souhaitables. Parfois, le but de l’impôt est moins de remplir les caisses du Trésor que de réduire les distorsions sociales, afin de limiter leurs dépenses. Ainsi, l’impôt peut avoir, outre sa fonction financière, une fonction économique et une fonction sociale » (22).

(20) Mertens, J., Principes généraux de l’impôt In Revue belge des sciences commerciales, 1930, p.557. (21) Masoin, J., Op. Cit, p.253. (22) Albertini (J.M.), Cité par Mehl, L., Op. Cit. p. 84.

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Section 2 : La sociologie de l’impôt Pour établir un impôt, on doit tenir compte de plusieurs facteurs, parmi lesquels on peut citer notamment: a) les éléments techniques : modalités pratiques de perception (recouvrement) ; b) les éléments juridiques : règles fiscales ; c) les facteurs économiques, psychologiques, philosophiques et même politiques, etc. Les combinaisons qu’on peut obtenir ne sont ni le fruit du hasard ni tributaires de la volonté arbitraire des hommes. Mais, c’est le résultat de facteurs sociaux qui poussent à l’adoption de telle fiscalité ou de telle autre. Ainsi, les institutions fiscales ne sont pas le fruit d’une génération spontanée : il y a des éléments sociologiques qui les conditionnent. Voilà pourquoi, l’institution d’un impôt doit, pour être efficace, tenir compte des dimensions spirituelle, psychologique, culturelle, historique, économique, géographique et démographique (23). La sociologie de l’impôt est ainsi centrée sur la notion de « système fiscal » qui désigne l’ensemble des impôts effectivement appliqués dans une nation. a. Les systèmes fiscaux 1. Chaque Nation (ou Etat) a son système fiscal ; 2. Leur nature et leur organisation sont liées à l’histoire moderne et contemporaine des Etats ; 3. Ils s’inscrivent dans des systèmes sociaux plus larges, avec, pour chacun, des caractéristiques politiques, économiques ou culturelles ; 4. Ils sont influencés par :  le mode d’organisation politique : unitarisme, fédéralisme ;  le degré de centralisation ou de décentralisation des pouvoirs publics ;  la psychologie des agents ou groupes d’agents nationaux et celle des contribuables ;  dépendent également des formes plus ou moins développées et influentes des groupes de pression, de l’organisation budgétaire et fiscale des pays voisins ou des pays concurrents. N.B. Le système fiscal idéal et universel n’existe pas !! b. Eléments constitutifs des systèmes fiscaux. 1. Eléments de fiscalité : critères d’obligation et d’absence de contrepartie immédiate ; 2. Structures d’impôts : pluralité d’impôts ; 3. Organisation des prélèvements dans les circuits économiques. c. Typologie des systèmes fiscaux (24). Tout dépend des critères retenus.

(23 ) Bifumanu Nsompi, D, La spiritualité de l’impôt, Editions Cadicec, Kinshasa, 2009, p.53. (24) Baslé, M., Système fiscaux, Dalloz, Paris, 1989, pp. 84 – 96.

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1. La typologie des systèmes fiscaux classiques n’est pas relevant parce que les critères retenus ne permettent pas de dresser une typologie objective. Ces critères sont : a) L’ampleur du prélèvement fiscal qui considère les pays occidentaux comme pays à systèmes fiscaux lourds et les pays en développement comme ayant des systèmes fiscaux légers ; b) Nature des impôts dominants (directs et indirects, généraux et particuliers, intérieurs ou de douane). 2. La typologie moderne retient une variété de critères qui permettent de classer objectivement les systèmes fiscaux sans les calquer sur la division des pays en bloc de pays développés d’une part et en bloc de pays du tiers-mondiste ou moins développés d’autre part. L’existence, aujourd’hui, des pays émergeants est venue battre pratiquement en brèche les critères qui, jusque-là, étaient considérés comme pertinents. Ces critères modernes sont : a) b) c) d) e)

La dominante : « impôts sur les produits » et « impôts sur les biens et services » ; La dominante : « impôt sur les bénéfices des sociétés » ; La dominante : « cotisations sociales et impôts sur l’emploi de la main-d’œuvre » : La dominante : « impôts sur les revenus personnels » La dominante : « impôt sur la propriété et le patrimoine ».

Conclusion Que peut-on retenir du premier chapitre de cette première partie ? Il y a lieu de relever, d’ores et déjà, que cette introduction nous met en face d’une évidence prémonitoire : la corrélation qui existe entre le Droit fiscal et les sciences connexes de par son caractère pluridisciplinaire : les sciences économiques, la sociologie, l’économie politique, la psychologie, la philosophie, l’histoire, le Droit constitutionnel, le Droit administratif, le Droit budgétaire, la statistique etc. Pour permettre à l’étudiant d’arriver à comprendre le minimum de ce droit, le caractère pluridisciplinaire du Droit fiscal nous conduira, inéluctablement, par la suite, à recourir sporadiquement aux méthodes et techniques utilisées dans l’étude de ces différentes disciplines scientifiques. CHAPITRE 2 : LE DROIT DE L’IMPOT. Ce chapitre est subdivisé en deux sections : 1) Les sources du Droit fiscal congolais 2) Les Régies Financières. SECTION 1 : LES SOURCES DU DROIT FISCAL CONGOLAIS.

Les sources du Droit fiscal congolais sont de plusieurs ordres : -

les sources constitutionnelles ; les sources législatives ;

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les sources réglementaires et ; les sources conventionnelles.

Sous-section 1 : les sources constitutionnelles La source écrite, la loi dans son sens large, demeure la source fondamentale du Droit fiscal congolais. En effet, la constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que révisée à ce jour pose à la fois des règles de fond relatives à l’impôt et des règles de répartition des compétences en matière fiscale. §.1. Principes constitutionnels de fond: Il s’agit principalement des principes suivants : 1) le principe du respect des droits individuels et de l’inviolabilité du domicile. En effet, la mise en œuvre des opérations d’imposition et de contrôle permettent aux agents du Fisc de recourir, des fois, au droit de perquisition ou de visites domiciliaires ainsi que des locaux professionnels en cas de présomption de fraude. C’est pour sauvegarder le droit à l’inviolabilité du domicile que la Constitution a prévu des garde-fous. Ce principe est tiré de l’article 29 de la Constitution. 2) le principe de s’acquitter de ses obligations civiques en payant ses impôts et taxes, tiré de l’article 65 de la Constitution. En son alinéa 2, cet article stipule que « Tout Congolais est tenu de remplir loyalement ses obligations vis-à-vis de l’Etat. Il a en outre le devoir de s’acquitter de ses impôts et taxes ». 3) le principe de l’égalité devant l’impôt et celui de la légalité de l’impôt. Ces deux principes se dégagent de la combinaison des dispositions des articles 122, 174 et 175 de la Constitution de la République Démocratique du Congo. §.2. Règles constitutionnelles de répartition des compétences et de jouissance des recettes d’impôts et taxes. En consacrant le régionalisme politique, la constitution de la République Démocratique du Congo a consacré aussi le principe du fédéralisme fiscal en reconnaissant des compétences exclusives et des compétences concurrentes aux différents paliers d’exercice du pouvoir politique (Pouvoir central et Provinces). Ce principe est contenu dans les articles 202 à 204 de la constitution. Cependant, les compétences normatives qui, en 2006, étaient reconnues aussi bien au Parlement National qu’aux Assemblées Provinciales (25), ont été, par la suite, retirées à ces dernières et réservées uniquement au Parlement National (26). Sous-section 2 : les sources législatives En République Démocratique du Congo, les lois à objet fiscal ou relatives aux impôts sont aussi bien les lois ordinaires (Cf. Code général des impôts) que les lois de finances (Cf. articles 21 et 35 de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques).

(25) Article 204 de la Constitution et article 47 de la loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces. (26) Voir article 3 de la loi n° 13/008 du 22 janvier 2013 modifiant et complétant la loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces et article 9 de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques.

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Les lois fiscales nationales (ou lois ordinaires) sont prises en application des dispositions de la Constitution. Exemple : cas de l’article 9 de loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques qui reprend le principe constitutionnel de l’article 174 de la Constitution. Pour son existence et sa mise en œuvre, la loi fiscale soulève des problèmes quant à son élaboration, à son interprétation et à son application. §.1. L’élaboration de la loi fiscale. L’impôt est décidé par la loi. Ceci découle du consentement à l’impôt, « principe selon lequel l’impôt doit être décidé par le Parlement au moyen d’une loi et sa perception autorisée tous les ans au moyen du vote du budget. Historiquement, la volonté du Parlement britannique de faire admettre l’idée qu’il devait se réunir annuellement pour voter l’impôt est à l’origine, au XVIIIe siècle, des institutions parlementaires et de la démocratie en Grande Bretagne. En France, le principe du consentement populaire à l’impôt a été adopté avec la Révolution française » (27). Aujourd’hui, de manière générale et à travers le monde, l’établissement de l’impôt se fonde, à quelques exceptions près, sur deux règles : -

l’impôt relève de la compétence du pouvoir législatif ; sa perception doit être autorisée annuellement par la même instance.

A. L’impôt est une matière réservée au législateur. L’article 14 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 stipule que « Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ». Ce principe a été consacré dans la plupart des constitutions d’essence républicaine. La constitution de la République Démocratique du Congo, promulguée le 18 février 2006 dispose, en son article 5 alinéa 1er que « la souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants ». Par ailleurs, l’article 122 de la même Constitution précise que la loi fixe les règles concernant : 1. les finances publiques ; 2. l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toute nature, le régime d’émission de la monnaie ; 3. les emprunts et les engagements financiers de l’Etat. Enfin, à sa promulgation en 2008, la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux sur la libre administration des provinces avait disposé, en son article 47 que l’impôt est établi conformément à la législation fiscale provinciale. Mais, en 2011, la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques est venue ôter cette prérogative aux Provinces en disposant que « Les Assemblées provinciales, les organes délibérants des entités territoriales décentralisées ne peuvent créer ni impôt, ni taxe, ni droit ou redevance. Toutefois, dans les conditions prévues par la présente loi, l’Assemblée nationale et le Sénat peuvent, conformément à l’alinéa 2 de l’article 205 de la Constitution, habiliter par une loi, les Assemblées provinciales et les organes délibérants des entités territoriales décentralisées à fixer, par édit budgétaire ou par (27) Barilari, A; Drapé, R, R., Op. Cit. pp. 43–44.

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décision budgétaire le taux et/ou les modalités de recouvrement de certains impôts provinciaux et locaux » (28). B. L’autorisation annuelle de percevoir les impôts. Il ne suffit pas qu’une loi ait établi un impôt pour qu’il soit perçu. L’autorisation de percevoir les impôts établis doit être donnée chaque année, dans la loi budgétaire. L’étudiant est invité à aller lire à ce sujet :  L’article 172 de la Constitution  Les articles 5, 42, 155 etc. de la loi relative aux finances publiques (29). §.2. L’interprétation de la loi fiscale. Elle est dominée par un principe fondamental, à savoir celui de l’autonomie du droit fiscal. Cette notion d’autonomie revêt deux aspects complémentaires (30). 1) En droit fiscal, les situations juridiques sont définies de façon particulière et non par référence aux définitions générales du droit ; 2) Ces définitions particulières sont orientées dans le sens des intérêts de fisc (Trésor Public). A. Définition particulière des situations juridiques. Pour ne pas porter atteinte aux intérêts du fisc, le droit fiscal ne s’encombre pas de définitions générales du droit. Il en crée celles qui sont favorables au fisc. Cette autonomie va plus loin jusqu’à considérer comme normales, au regard de l’application de l’impôt, des situations que le droit refuse d’enregistrer parce qu’il les considère comme contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs ou même des situations réprimées par la loi. Exemple :  L’activité d’une prostituée n’est pas reconnue ni explicitement réprimée par le droit pénal congolais. De même, le droit pénal congolais ne réprime la prostitution que si elle est pratiquée dans certaines conditions. Par contre, si les revenus réalisés par le commerce de la prostitution ne sont pas imposables en RDA, ils le sont sous d’autres cieux.  En France, l’activité des mages, des guérisseurs et des devins est un délit d’exercice illégal de la médecine. Mais les revenus qu’ils réalisent sont imposables ! B. Les définitions particulières sont orientées dans le sens des intérêts du fisc. Le but poursuivi est triple : 1) Permettre de lutter contre l’évasion fiscale pratiquée au moyen d’artifices juridiques. Voilà pourquoi « la loi fiscale est de stricte interprétation » ; 2) Faire triompher l’esprit de la loi sur sa lettre ; 3) Faire échec à l’ingéniosité des fraudeurs légaux ou des contribuables/redevables qui essaient d’échapper à un impôt qu’ils devraient payer, non pas en transgressant la loi, mais en utilisant les dispositions mêmes de la loi. 28

Article 9 alinéa 5 de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques. (29) Loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques In J.O.RDC n° spécial du 25 juillet 2011 p.4. (30) Duverger, M., Finances Publiques, Coll. Thémis, PUF, Paris, 1968, pp. 423 – 425.

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En conclusion, les définitions juridiques particulières adoptées par le droit fiscal vont dans le sens des intérêts du fisc. Elles sont défavorables aux intérêts du contribuable qui aurait plus d’avantages à obtenir l’application des définitions juridiques de droit commun. Ainsi, les dispositions légales de droit privé ne pourront être prises en compte que si la loi fiscale elle-même y revoie explicitement. Par exemple, en matière d’interruption du droit de prescription de l’action en recouvrement, en son article 73 alinéa 2, la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales (telle que modifiée et complétée à ce jour) aux modalités prévues aux articles 636 et suivants du Code Civil Livre III (sous réserve de l’abrogation implicite de ces dispositions par le Droit OHADA). C. Portée de l’autonomie du droit fiscal. Elle est bien limitée car elle ne joue que : 1) Dans le silence de la loi fiscale, c’est-à-dire elle ne s’applique que si la loi fiscale n’a pas expressément décidé que la définition du droit commun devrait s’appliquer ; 2) Si elle est conforme à l’esprit de la loi. §.3. L’application de la loi fiscale. La loi fiscale, comme toute autre loi, s’applique dans le temps (passé – présent – avenir) et dans l’espace (territorialité – extra territorialité). A. Application dans le temps de la loi fiscale. Elle répond à quelques principes dont les plus patents sont: a) Le principe de l’application immédiate aux situations en cours, c’est-à-dire à celles non encore sanctionnées par l’acquittement de la dette d’impôt dans le délai légal. En matière d’impôt sur les revenus, la loi fiscale applicable est celle en vigueur au jour de la clôture de la période de réalisation des revenus. b) Le principe de non rétroactivité : la loi fiscale dispose pour l’avenir. Elle ne rétroagit pas (31). Cependant, de manière plus explicite, cette application de la loi fiscale dans le temps soulève plusieurs préoccupations dont les plus évidentes concernent (1) la date à partir de laquelle une loi fiscale nouvelle entrerait en vigueur ; (2) la loi de rattachement dans le temps des situations fiscales en cours ainsi que (3) l’exécution dans le temps de la loi fiscale. 1° Entrée en vigueur et rétroactivité de la loi fiscale Comme dit supra, la loi fiscale est, en principe, d’application immédiate (cas de lois modificatives des dispositions préexistantes) sauf si elle en dispose autrement : cas notamment de loi instituant un nouvel impôt. L’exemple le plus patent est celui de l’ordonnance-Loi n°10/001 du 20 août 2010 instituant la TVA en RDC dont l’entrée en vigueur ne devait intervenir que 18 mois plus tard (32). Dans certains cas l’entrée en vigueur de la loi fiscale peut être subordonnée à la prise de textes d’application (33).

(31) Pourquoi, par principe, la loi fiscale ne rétroagit-elle pas? (32) Article 78 de l’ordonnance-loi n° 10/001 du 20 aout 2010 portant institution de la taxe sur la valeur ajoutée. (33) Cas de la loi n°15/012 du 1er août 2015 portant régime général des hydrocarbures. Bien qu’entée en vigueur à la date de sa promulgation, les dispositions contenues dans cette loi et particulièrement celles d’ordre fiscal n’entreront en vigueur que six mois plus tard, soit au plus tôt fin janvier 2016, après la publication du décret portant Règlement d’hydrocarbures.

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Par ailleurs, en l’absence de créations jurisprudentielles connues à ce jour en Droit judiciaire congolais quant à cette question, la loi fiscale n’a pas d’effet rétroactif. Elle dispose pour l’avenir. Il va sans dire qu’une certaine logique s’inspirant de la loi de finances de l’année devrait faire admettre le fait que pour raison d’équité fiscale, « l’effet rétroactif d’un acte juridique ne peut faire échec à la règle de l’annualité de l’impôt et ne peut remettre en cause le principe selon lequel l’administration est dans l’obligation d’établir l’impôt en fonction de la situation de fait et de droit existant lors de son fait générateur » (34). 2° Conflits de lois dans le temps Pour éviter les conflits de lois dans le temps, les nouvelles lois fiscales prévoient généralement des dispositions transitoires relatives à l’assiette et aux taux, à la procédure d’imposition ainsi qu’au recouvrement de l’impôt. 3° Exécution de la loi fiscale dans le temps En Droit fiscal congolais, elle soulève quelques questions qui méritent d’être relevées ici. Il s’agit de : - Le rapport entre loi de finances de l’année et loi fiscale : les dispositions de ces deux types de lois restent en vigueur tant qu’elles n’ont pas été expressément abrogées. « En revanche, à la fin de chaque année civile ou budgétaire expire la compétence ratione temporis des agents du fisc pour exécuter les lois d’impôts » (35). - La prescription du droit de rappel : L’Administration des Impôts dispose d’un droit de rappel de cinq ans (exercice en cours et quatre années précédentes) pour rappeler les impôts ou suppléments d’impôts dus par les redevables. En matière de TVA, ce droit de rappel peut s’exercer même au-delà de ce délai lorsque le crédit ( de la TVA) dont le remboursement est sollicité trouve son origine au cours de la période antérieure au droit de rappel. Ce délai court à compter de la révélation des faits de fraude à incidence fiscale par une instance civile, commerciale ou pénale ( 36). - La prescription de l’action en recouvrement de l’impôt : Il y a prescription pour le recouvrement des impôts et autres droits dus après quinze ans à compter du dépôt de la déclaration ou de l’émission de l’avis de mise en recouvrement (37). - L’amnistie fiscale : c’est une « mesure de clémence à l’égard des fraudeurs, (laquelle) peut s’analyser juridiquement comme une prescription anticipée du droit de reprise (rappel) de l’administration qui fait obstacle au redressement des droits éludés » (38). L’amnistie fiscale (ou douanière) est en fait une mesure dont l’objectif est d’effacer a posteriori les infractions fiscales (ou douanières). Elle constitue une incitation pour les contribuables à se mettre volontairement en règle avec la loi fiscale sans que leur attitude passée puisse leur être opposée (39). (34) Bienvenu (Jean-Jacques) et Lambert (Thierry), Droit fiscal, PUF, Paris, 2010, p. 41. (35) Idem, p.46. (36) Article 43 de la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales telle que modifiée et complétée à ce jour. (37) Article 73 de la loi précitée. (38) Bienvenu (Jean-Jacques) et Lambert (Thierry), Droit fiscal, PUF, Paris, 2010, p. 54. . N.B. Pour inciter les redevables de l’impôt foncier à adopter un comportement empreint de civisme fiscal et en vue de les amener à s’acquitter sans pénalités de cet impôt, les autorités compétentes de l’ex-Province du Katanga ont décrété, en 2012, une amnistie fiscale. Mais, cette amnistie était subordonnée à la souscription, par les redevables de la déclaration y afférente. (39) (Lire aussi BARILARI A ; DRAPE, R., Lexique fiscal. Dalloz, Paris (1992, p. 10.

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B. L’application de la loi fiscale dans l’espace ou sur le territoire fiscal. C’est le problème de l’application territoriale des lois fiscales à cause, principalement, de l’exercice de la souveraineté fiscale des Etats. « Selon les principes du droit fiscal international, une entité territoriale déterminée bénéficiant ou non de la souveraineté politique et réputée jouir de la souveraineté fiscale dès lors qu’elle dispose d’un système fiscal présentant deux caractéristiques essentielles : une autonomie technique, c’est-à-dire qu’il contient toutes les règles d’assiette, de liquidation et de recouvrement nécessaires à sa mise en œuvre et une exclusivité d’application c’est-à-dire qu’il s’applique dans un territoire géographique déterminé à l’exclusion de tout système concurrent même si les impôts créés sont perçus au profit d’une collectivité subordonnée » (40). Ainsi, pour pouvoir atteindre toute la matière imposable et tous les contribuables, particulièrement les nationaux, les Etats définissent et retiennent, dans leurs systèmes fiscaux, divers critères pour pouvoir saisir au maximum la matière imposable. Le critère de domicile ou de résidence : qui vise l’imposition de tous les revenus perçus par les résidents, même ceux provenant de l’étranger (imposition sur ses revenus mondiaux) ; Le critère de l’origine de la matière imposable selon lequel n’est sujette à imposition que la seule matière imposable réalisée ou se trouvant sur son territoire (principe de la territorialité de l’impôt) ; La combinaison soit des critères de la territorialité et de domicile (résidence), soit des critères de domicile et de nationalité ; Le critère de la nationalité qui lie le contribuable au pays dont il détient la nationalité quel que soit son lieu de résidence ou d’exercice de l’activité génératrice de la matière imposable.

1) 2)

3) 4)

Toutefois, le droit fiscal international étudie minutieusement ces critères ainsi que les moyens destinés à éviter la double imposition. L’application de l’impôt soulève aussi des questions liées à la notion du poids de l’impôt et se heurte à trois grands problèmes : la double imposition, l’évasion fiscale et la répercussion de l’impôt. En effet, lorsque la charge fiscale est lourde ou grève substantiellement les revenus du contribuable, celui-ci cherche naturellement à échapper à l’impôt. L’application de la loi fiscale dans l’espace se heurte à trois grands problèmes : la double imposition, l’évasion fiscale et la répercussion de l’impôt. a) La double imposition résulte des définitions différentes de l’impôt données par les législations des Etats, donnant lieu à des contradictions. Exemple : -

Etat A : impose tous les revenus réalisés sur son territoire ; Etat B : impose tous les revenus perçus par ses résidants même ceux provenant de l’étranger, notamment de l’Etat A.

b) L’évasion fiscale : certains pays ont des législations fiscales plus favorables que d’autres ou n’en ont pas du tout (paradis fiscaux). D’où, la tentation pour les contribuables d’en profiter afin d’éluder une partie ou la totalité de l’impôt au moyen de la localisation fictive de leurs revenus dans ces pays à systèmes fiscaux favorables ou inexistants. C’est l’évasion fiscale internationale. (40) Bienvenu (Jean-Jacques) et Lambert (Thierry), Droit fiscal, PUF, Paris, 2010, p. 55.

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Au niveau interne des Etats, l’évasion fiscale s’opère lorsqu’on arrive à « soustraire à l’impôt tout ou partie de la matière imposable sans contrevenir formellement à la loi (41), c’est-à-dire en exploitant les faiblesses ou les lacunes de la loi (42). L’évasion fiscale peut être absolue ou relative. Elle est absolue lorsqu’elle résulte en un manque à gagner pour le fisc. Elle est relative lorsque la charge fiscale est répercutée sur un tiers. Elle revêt deux formes :  L’évasion fiscale non frauduleuse. Elle est favorisée ou rendue possible par deux facteurs : -

-

L’évasion fiscale organisée par la loi : « celui qui exerce le pouvoir politique tend à échapper à l’impôt par dissimulation ou camouflage » ; c’est l’évasion légale qui fournit des justifications aux privilégiés : exonérations et exemptions légales) (43). L’évasion fiscale due aux lacunes de la loi. Ce sont des brèches, des insuffisances de la loi que les contribuables exploitent pour échapper totalement ou partiellement à l’impôt.

 L’évasion fiscale frauduleuse ou la fraude fiscale. C’est une forme de délinquance consistant à réduire de manière illégale les impôts dus. C’est la manifestation d’une volonté délibérée d’enfreindre à la loi fiscale par : -

l’omission volontaire de déclaration ; la minoration de revenus ; la majoration de charges etc.

La fraude fiscale crée des inégalités entre contribuables. Voilà pourquoi une prévention, notamment dans le système d’établissement des impôts et, en cas de manifestation, une répression en vue de punir les fraudeurs et d’intimider les imitateurs. c) Répercussion et incidence de l’impôt.  Notion. La répercussion de l’impôt, c’est sa translation, du contribuable légal vers un tiers qui en supporte la charge. Par contre, l’incidence est le point de chute finale de l’impôt. Elle est directe lorsque celui qui paie l’impôt le supporte ; elle est indirecte s’il y a répercussion.  Formes de répercussion. 1. La répercussion simple (= qui se fait une seule fois) et la répercussion à plusieurs degrés (= plusieurs fois) ; 2. La répercussion en avant (la plus courante) et la répercussion en arrière (rare) ; 3. La double répercussion, c’est-à-dire celle qui, au lieu d’enlever de l’argent au contribuable a pour effet de lui en faire gagner. Exemple : Marchandise X - P.R. = 100 FC 1. 2.

M.B. = 20 % P.V. = 120 FC

(41) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 80. (42) En son article 24 bis, la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales telle que modifiée et complétée à ce jour à introduit des garde-fous pour réduire tant soit peu les possibilités d’évasion à l’impôt sur les bénéfices et profits et à la TVA par les mécanismes des prix de transfert. (43) Duverger, M., Op. Cit., pp. 396 – 398.

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3. B = 20 FC En cas d’institution d’une taxe indirecte à la production sur la marchandise (10 %) : - Incorporation au Prix de revient. = 110 FC - M.B. = 20 % - Nouveau prix de vente = 110 FC x 20 : (100) = 122 FC - B = 122 FC – 100 FC = 22 FC - Constat : 2 FC de plus.  Facteurs de répercussion. Les impôts indirects (impôts sur la dépense) sont plus faciles à répercuter et les facteurs en sont les suivants : 1) La liaison avec l’offre et la demande ; 2) L’élasticité de l’offre et de la demande ; 3) Le degré d’organisation corporative et de protection des consommateurs par l’Etat ; 4) Les variations de la conjoncture (pénurie – prospérité – inflation). Sous-section 3 : les sources réglementaires En droit fiscal congolais, il s’agit essentiellement du pouvoir réglementaire d’exécution des lois fiscales, reconnu au Pouvoir Exécutif (44). Mais, au stade actuel du droit fiscal congolais, ces sources ne sont pas génératrices d’impôts. Sous-section 4 : les sources conventionnelles Exceptionnellement, les conventions internationales ainsi que les accords bilatéraux et multilatéraux ratifiés par la République Démocratique du Congo, contenant des dispositions d’ordre fiscal ou douanier peuvent être sources de règles relatives aux impôts et, éventuellement, génératrices d’impôts. Si au stade actuel de la législation congolaise, les sources énumérées ci-avant peuvent secréter des règles applicables aux impôts en RDA, néanmoins seules les sources constitutionnelles et législatives sont seules génératrices d’impôts (45). SECTION 2 : LES REGIES FINANCIERES.

Selon le régime politique et l’organisation administrative de chaque pays, l’Administration fiscale peut être unique, compartimentée ou constituée de deux ou plusieurs entités autonomes ou non. En République Démocratique du Congo, la perception des droits, redevances et taxes est confiée, au niveau national, à trois Régies Financières, à savoir : -

La Direction Générale des Impôts (DGI) ; La Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) ; La Direction Générale des Recettes Administratives, Domaniales, Judiciaires et de Participation (DGRAD). Il faut retenir que chaque Province a créé sa propre Régie Financière (46). (44) Cas par exemple du Décret pris par le Premier Ministre référencé n° 011/46 portant mesures d’application de l’Ordonnance-loi n° 10/002 du 20 aout 2010 portant code des douanes. (45) Article 174 de la Constitution du 18 février 2006 telle modifiée par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de quelques articles de la Constitution de 2006. (46) Quelles sont les dénominations des différentes Régies Financières provinciales de la RDC ?

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Au niveau des ETD, il existe des services de mobilisation de leurs recettes propres, provenant d’impôts locaux et des taxes leur reconnues par les textes légaux en vigueur. Disons à présent, un mot sur l’organisation des trois Régies Financières nationales ainsi que sur leurs prérogatives. §.1. Organisation des Régies Financières. L’organisation administrative des Régies Financières est conçue et agencée de manière à leur permettre d’assurer la gestion du patrimoine et des ressources humaines, d’exercer leurs prérogatives en matière de taxation, de recouvrement ou de perception des impôts et taxes, de suivi de la législation et de la réglementation, de gestion fiscale et/ou douanière ainsi que de cas de contentieux. A. La Direction Générale des Impôts (DGI). Créée par le Décret n° 017/2003 du 02 mars 2003 tel que modifié et complété par le décret n°04/099 du 30 décembre 2004, la DGI jouit d’une autonomie administrative et financière mais sans personnalité juridique. C’est un service public. La structure de la Direction Générale des Impôts se présente actuellement comme suit : 1. La Direction Générale : le Directeur général et son Adjoint 2. Sept directions de l’Administration Centrale : Ressources Humaines, Gestion budgétaire et Services Généraux, Informatique, Etudes, Législation et Contentieux, Taxation et Documentation, Contrôle Fiscal, Recouvrement. N.B. Ces directions sont structurées en Divisions, Bureaux et un Secrétariat pour chacune d’elles. 3. Une Direction urbaine pour la Ville Province de Kinshasa et une Direction Provinciale pour chaque Province. La même structuration retenue pour les directions de l’administration centrale vaut, mutatis mutandis, pour les Directions Urbaines et provinciales. 4. Des Services extérieurs : la Direction des Grandes Entreprises (DGE) qui est une Direction Opérationnelle, les Centres des Impôts (CDI), les Centres des Impôts Synthétiques (CIS) et une Inspection des Services. Pour l’essentiel, les missions de la DGI comprennent les volets ci-après : 1) Exercer, dans le cadre des lois et règlements en vigueur, toutes les missions et prérogatives en matière fiscale (= assiette, contrôle, recouvrement et contentieux des impôts, taxes, redevances et prélèvements à caractère fiscal) ; 2) Etudier et soumettre à l’autorité compétente les projets de lois, de décrets et d’arrêtés en la matière ; 3) Etre consultée pour tout texte ou toute convention à incidence fiscale ou tout agrément d’un projet d’investissement à un régime fiscal dérogatoire. De manière générale, les structures (ou directions) opérationnelles de la DGI sont conçues de manière à lui permettre d’assumer pleinement les missions fiscales lui assignées. B. La Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA). Suite à la réforme des entreprises publiques, opérée en juillet 2008, l’Office des Douanes et Accises (OFIDA), créé le 15 mai 1979 par Ordonnance n° 79-114, sous forme d’un Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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établissement public personnalisé à caractère administratif, économique et financier, est redevenu un Etablissement public placé sous la tutelle du Ministère des Finances mais jouissant d’une autonomie administrative et financière, sous l’appellation de Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA), créée par Décret n°09/43 du 03 décembre 2009. La mission lui confiée consiste à s’occuper, à titre principal de : -

la perception des droits, taxes et redevances à caractère douanier et fiscal, présents et à venir ; la perception des droits d’accises ; la surveillance des frontières ; la recherche et la constatation des infractions en matière de douane et accises et aux législations connexes (47).

Sa structure et son organigramme sont articulés de manière à lui permettre d’accomplir les missions ci-dessus lui confiées. C. La Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participation (DGRAD) (48). 1) Création et mission. Elle a été créée par Décret n° 0058 du 27 décembre 1995. C’est un service public doté de l’autonomie administrative et financière. Elle est placée, comme la Direction Générale des Impôts, sous l’autorité directe du Ministre ayant les finances dans ses attributions. A titre principal, la DGRAD exerce toutes les missions et prérogatives en matière d’ordonnancement et de recouvrement des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation émergeant au budget général de l’Etat. 2) Structures et organisation. Les structures de la DGRAD sont : le Directeur Général et les Directions. Le Directeur Général qui coordonne et supervise l’ensemble des activités de la DGRAD est assisté d’un Directeur Adjoint. Les Directions Centrales s’occupent notamment de : -

Etudes et contentieux ; Contrôle et ordonnancement des recettes administratives, judiciaires et de participation ; Contrôle et ordonnancement des recettes administratives, judiciaires et de participation ; Contrôle et ordonnancement des recettes domaniales ; Recouvrement et suivi des régimes d’exception ; Administration et services généraux.

(47) Les Codes Larcier/ RDC, Op. Cit, p. 263. (48) Les Codes Larcier RDC, Tome VI, Droit public et administratif, Vol. 1. Droit public, Larcier-Afrique Edition, Bruxelles, 2003, pp. 307 – 309.

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Les Directions Provinciales (une direction par Province, hormis Kinshasa où il en existe deux, Kinshasa-Est et Kinshasa-Ouest), sont chargées dans leurs ressorts respectifs, des tâches non dévolues à l’Administration centrale concernant le personnel, les services généraux, l’ordonnancement, le contentieux et le recouvrement. D. Autres Régies financières. Les Provinces actuelles ont créé leurs propres Régies Financières chargées de la mobilisation de leurs recettes propres conformément à la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 fixant les principes fondamentaux relatifs à la libre administration des Provinces (49). Pour l’ex-Province du Katanga, il s’est agi de la Direction des Recettes du Katanga (DRKAT) créée par l’édit n°0004 du 25 septembre 2009 (50). De même, lorsque les Entités Territoriales Décentralisées deviendront opérationnelles, elles disposeront de leurs propres services de mobilisation des recettes en application de la loi n°08/016 du 07 octobre 2008 portant composition, organisation et fonctionnement des ETD et leurs rapports avec l’Etat et les Provinces (51). Ces Régies Financières provinciales et autres services des finances des ETD ne font pas ici l’objet d’une analyse particulière (52). Tableau synoptique des Régies financières nationales et provinciales Fiscalité nationale

Fiscalité provinciale et locale

DGI

DGDA

DGRAD

DRHKAT/DRLU…

I. Impôts/Revenus

I. Droits de douane

I. Taxes et frais

I. Impôt/Revenus

1° Impôt mobilier

1°Droits d’entrée

 IRL

2°Impot/B&P

2°Droits de sortie

1. Taxes administratives

3°IPR

(3°Droits de transit)

2. Taxes domaniales

II. Imposition des patrimoines

3. Frais judiciaires

 IF

4°IERE

II. Droits d’Accises II. Droits de participation II. Imposition des et droit d’accise 1. Dividendes spécial transactions 2. Revenus/parts IV. Droits connexes  TVA/Intérieur  TVA/Importation

 IV/TSCR  TSCM  TSCF III. IPM

(49) Cabinet du Président de la République, Journal Officiel, numéro spécial, Kinshasa, 2009, p. 5. (50) Il y a lieu de signaler que c’est en imitant servilement et erronément la Ville-Province de Kinshasa qu’un édit a été pris. S’agissant d’une Régie Financière (c.-à-d. un service administratif), sa création devait se faire par un acte réglementaire de l’Exécutif. Ceci est le résultat d’une simple querelle entre institutions provinciales. L’une des deux parties n’a pas tout simplement eu l’humilité de reconnaitre son erreur. (51) Cabinet du Président de la République, Journal Officiel, numéro spécial, Kinshasa, 2009, p. 29. (52) Hormis la DGRK (Ville Province de Kinshasa) et la DRHKAT (de la Province du Haut-Katanga), comment se dénomment les Régies Financières d’autres Provinces de la République ?

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§.2. Les prérogatives des administrations fiscales. Dans le souci de permettre aux administrations fiscales d’user des pouvoirs de contrainte dans la protection et le recouvrement des droits du Trésor, la loi confère à ces dernières des prérogatives qu’il sied de décrire pour une meilleure compréhension des mécanismes de contrôle et de recouvrement des impôts et taxes ainsi que de l’organisation du contentieux. Ces prérogatives sont de quatre ordres : -

les pouvoirs d’investigation ; les pouvoirs d’évaluation ; les pouvoirs de sanction ; les garanties et privilèges dans le recouvrement.

A. Les pouvoirs d’investigation. Il existe trois dont détails ci-dessous : 1. Le droit de visite : ce droit implique notamment : -

-

Le droit de recensement à domicile pour les impôts fonciers, la patente, la taxe parcellaire, etc. La visite dans les locaux professionnels en ce qui concerne les droits indirects (article 25 de l’Ordonnance-loi n° 68-010 du 5 janvier 1968 remplacée par l’Ordonnance-loi n° 90023 du 25 septembre 1990). La visite des marchandises, véhicules ou personnes par les agents de Douanes.

2. Le droit de communication : fournir toute documentation demandée par l’Administration Fiscale (articles 46 à 56 de la loi n° 004-2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales). 3. Les demandes d’éclaircissements et de justifications (article 26 de la loi susmentionnée) ; B. Les pouvoirs d’évaluation. 1. Le pouvoir d’interprétation juridique : il permet d’interpréter certains actes juridiques du contribuable ou du redevable afin de lui donner son véritable sens. Par exemple : En matière d’enregistrement immobilier une donation d’un immeuble camouflant une vente. 2. Le pouvoir d’évaluation financière : l’Administration Fiscale ou Douanière peut déterminer elle-même le montant de la matière imposable dans certaines circonstances. Par exemple dans le cas de taxation d’office ou de rectification (redressement) d’office. (Article 41 de la loi n° 004/2003 précitée). C. Pouvoirs de sanction : Ils permettent à l’Administration fiscale ou douanière de sanctionner le contribuable ou le redevable incivique. 1. Le pouvoir de préemption et de saisie. La saisie conservatoire et la saisie exécution s’opèrent conformément au droit civil. La préemption s’applique principalement en matière de ventes immobilières. C’est le droit, pour l’administration fiscale, d’acquérir, à la place de l’acheteur, l’immeuble vendu en payant 10 % en sus du prix déclaré dans l’acte. Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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2. Le pouvoir de majoration. C’est le pouvoir d’appliquer au contribuable/redevable défaillant des pénalités, des accroissements, des intérêts moratoires (ou intérêts de retard) ou des majorations. Ces pénalités sont prévues par la loi fiscale ou douanière. D. Garanties et privilèges dans le recouvrement. Il en existe quatre d’importance : 1. Le pouvoir d’exécution d’office : les administrations créent elles-mêmes le titre exécutoire et procèdent à l’exécution (avis de redressement, etc.). 2. Le caractère privilégié des créances du Trésor : les créances du Trésor ont un privilège général sur les biens du débiteur et viennent en préséance à toutes autres créances que le débiteur doit régler, à l’exception des créances salariales lorsque le débiteur est en liquidation. 3. La solidarité des débiteurs (articles 77 à 81 de la loi susmentionnée). Pour certains droits, la solidarité des débiteurs est d’application quand leur recouvrement est en péril. Exemples : a. Le de cujus et ses héritiers sont solidairement responsables du paiement des impôts et droits de succession ; b. Le bénéficiaire de l’assistance technique et le prestataire (TVA à l’intérieur) c. Les officiels ministériels sont solidairement responsables avec le redevable des droits d’enregistrement ; d. Le liquidateur et la société en liquidation ; e. Les transporteurs de marchandises et le destinataire (importateur – exportateur) pour les droits de douane ; f. La femme et le mari pour l’impôt établi à charge de ce dernier ; g. Le représentant et la société étrangère représentée pour les impôts dus par elle si elle n’a au Congo ni domicile, ni résidence, ni établissement quelconque. 4. Interdiction (dans le chef du débiteur d’impôt) de faire des compensations des dettes et des créances de l’Etat (53). Sauf dérogation expresse, les créances et les dettes de l’Etat ne font jamais l’objet de compensation entre elles. Pour assurer les missions leur confiées, les Régies Financières Provinciales et les Services des Finances des ETD sont organisés, mutatis mutandis, à l’image des Régies Financières nationales et jouissent, à quelques exceptions près, des privilèges et garanties ci-dessus développés dans le recouvrement des droits et taxes. CHAPITRE 3 : LA TECHNIQUE GENERALE DE L’IMPOT Ce chapitre poursuit un objectif spécifique, celui de circonscrire, de manière succincte, la technique généralement usitée dans l’établissement technique de l’impôt, mais que chaque système fiscal adapte en fonction des structures socio-économiques de chaque pays. (53) C’est le pendant de la « règle de non-affectation des recettes » selon laquelle une recette fiscale ne peut pas être affectée à une dépense particulière mais fait partie de la masse des recettes permettant l’exécution de l’ensemble des dépenses de l’Etat (Lire Barilari, A; Drapé, R., Lexique fiscal. Dalloz, Paris (1992, p. 143).

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La technique de l’impôt est l’ensemble des opérations par lesquelles l’impôt est établi et perçu. C’est donc une description des différentes opérations d’établissement et de perception de l’impôt (54). Cette technique porte essentiellement sur quatre préoccupations : 1) 2) 3) 4)

Le choix de la matière imposable ; L’évaluation de la matière imposable ; La liquidation de l’impôt ; Le recouvrement de l’impôt.

Section 1 : le choix de la matière imposable Pour pouvoir établir un impôt, il faut avant tout choisir et cerner la matière imposable, c’est-à-dire « l’élément sur lequel est assis l’impôt » (55). En d’autres termes, il s’agit de cerner ce qui peut être imposé, assujetti à l’impôt. A travers les âges, le choix de la matière imposable est passé de l’unicité (ou unité) de l’impôt à la pluralité d’impôts. §.1. Le problème de l’impôt unique Il a été périodiquement posé car l’impôt unique soulève le problème de la répartition entre les destinataires. Ainsi, on a connu successivement : 1. L’impôt unique des physiocrates : la terre, source des richesses. Les propriétaires terriens doivent payer seuls l’impôt ; 2. L’impôt unique sur l’énergie : le charbon, l’électricité, les produits pétroliers. Ce type d’impôt s’est heurté à l’extrême sensibilité de la conjoncture, à la hausse des prix ainsi qu’à l’encouragement à économiser l’énergie qui entraîne inévitablement la régression économique. 3. L’impôt unique sur la dépense, c’est-à-dire que l’impôt est supporté ou acquitté à l’occasion d’une dépense. L’on comprend aisément que pareille imposition entraîne la hausse inéluctable des prix. Dans ce cas, il est évident que l’impôt sera très sensible à la conjoncture. L’abstention de dépenser entraîne ipso facto la disparition de la recette et, par conséquent, les difficultés de financement du budget public. 4. L’impôt unique sur le revenu. Il est intéressant et bon car, d’une manière ou d’une autre, la plupart des contribuables réalisent des revenus. Cependant, cet impôt se heurte à l’extrême sensibilité des contribuables aux prélèvements fiscaux. En conclusion, l’impôt unique n’est guère pratiqué aujourd’hui, dans le monde entier. §.2. La pluralité d’impôts (54) Deruel, Fr., Finances Publiques – Droit fiscal, Dalloz, Paris, 1996, pp. 10 – 30. (55) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 113.

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Dans les systèmes fiscaux modernes de la quasi-totalité des pays, c’est la pluralité d’impôts qui est de mise. On a ainsi des impôts assis : 

soit sur un élément du patrimoine du contribuable : a) biens mobiliers et immobiliers : impôt sur les véhicules, impôts fonciers ; b) gains ou revenus (mobiliers, locatifs, professionnels) ;

 soit sur la dépense effectuée à un moment du circuit économique (impôts sur le chiffre d’affaires, Droits d’accises et d’accises, etc.) ;  soit à l’occasion de la mise en consommation des biens (droits d’entrée, droit de sortie, …) ;  soit enfin sur l’excédent du patrimoine (richesse) du contribuable (impôt sur le patrimoine). Section 2 : l’évaluation de la matière imposable Une fois définie, la matière imposable doit être évaluée, c’est-à-dire on doit en évaluer la quantité, en déterminer la quantité par un calcul. L’évaluation de la matière imposable permet de déterminer la base d’imposition ou l’assiette de l’impôt, en d’autres termes, le calcul de « ce sur quoi l’impôt est assis ». En effet, « asseoir l’impôt c’est déterminer les matières imposables et mesurer dans chaque cas la quantité de matière imposable à laquelle doit s’appliquer l’impôt » (56). Les méthodes d’évaluation de la matière imposable Plusieurs techniques sont utilisées pour l’évaluation de la matière imposable : la déclaration contrôlée, la méthode forfaitaire, la méthode indiciaire et l’évaluation par l’Administration fiscale. §.1. La déclaration contrôlée La plupart des régimes fiscaux sont déclaratifs. L’impôt est établi d’après les éléments déclarés par le contribuable. La déclaration permet de faire connaître au fisc la matière imposable, son montant, les éléments nécessaires au calcul et au contrôle. Elle est autrement appelée la « confession fiscale ». Cependant, lorsque la déclaration est remplie et déposée par le contribuable, on lui accorde seulement une présomption d’exactitude. Le contrôle a posteriori est indispensable pour maintenir un degré suffisant de sincérité aux déclarations. C’est pour cette raison qu’on l’appelle « déclaration contrôlée ». Elle est souscrite soit par le contribuable soit par les tiers. De manière générale, tous les impôts, à savoir les impôts indirects perçus par la DGDA (droits de douane, Droits d’accises et TVA à l’importation perçue pour compte de la DGI) et les impôts directs et indirects perçus à l’initiative de la DGI, font l’objet, en RDC, d’une déclaration : déclaration en douane (DGDA) ou déclaration fiscale (DGI). §.2. La méthode forfaitaire

(56) Duverger, M., Op. Cit., p. 367.

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Le forfait est une méthode consistant à déterminer la matière imposable, avec ou sans l’accord du contribuable, « lorsqu’une évaluation exacte apparaît comme pratiquement impossible ou trop difficile ou trop compliquée ou lorsqu’une donnée moyenne est plus adaptée qu’une évaluation moyenne » (57). Dans l’état actuel de l’économie de la République Démocratique du Congo caractérisée par une prolifération des petites activités artisanales et de petit commerce, le forfait s’y adapte mieux et convient comme technique de fiscalisation des petites activités qui évoluent dans le secteur dit « informel ». Mais, cette technique doit être utilisée dans une perspective d’amélioration progressive, car elle risquerait de déboucher sur de graves injustices fiscales entre contribuables. §.3. La méthode indiciaire Elle consiste à évaluer la quantité de la matière imposable en se référant aux signes extérieurs de richesse affichés par le contribuable, tels que consommation des produits de luxe (bijoux, alcools et vins, cigares…), la possession matérielle telle que les costumes ou vêtements de luxe de la dernière mode, le nombre de véhicules, de biens immobiliers, etc. Cependant, cette méthode est mieux utilisée dans les pays ayant une longue tradition fiscale, ayant développé une sorte de « police fiscale » quadrillant chaque agglomération urbaine et disposant d’un dossier pour chaque résidant dans ladite agglomération. §.4. L’évaluation par l’administration Elle revêt deux formes : -

la détermination directe de la matière imposable par l’administration ;

-

l’imposition (ou taxation) d’office ;

Pour une certaine catégorie d’impôts (impôts locaux, impôts sur les véhicules, impôts fonciers, …) autrement dit, en matière de fiscalité directe locale, l’administration (ou mieux les services fiscaux) évalue directement la matière imposable. Par ailleurs, le fisc détient, à l’égard des contribuables de mauvaise foi (c’est-à-dire ceux qui ne déclarent pas la matière imposable ou ne présentent pas les justificatifs ou documentation leur demandés ou qui ne répondent pas aux demandes d’informations supplémentaires leurs adressées…), le droit d’établir lui-même la matière imposable en se basant soit sur des signes extérieurs de richesse soit sur des éléments à sa disposition. Cet aspect de l’évaluation d’office est, en effet, une forme de sanction, car c’est au contribuable défaillant de fournir des chiffres contraires avec preuves. Section 3 : la liquidation de l’impôt

(57) Deruel, Fr., Op. Cit. pp. 20 - 21.

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« La liquidation est l’opération qui consiste à calculer la dette fiscale du contribuable par application d’un taux ou d’un tarif à la base imposable après prise en compte, le cas échéant, de réduction ou de majoration portant sur l’impôt brut » (58). Liquider un impôt, c’est calculer le montant exact de la dette d’impôt à payer par le contribuable, à définir le fait générateur ainsi que les modalités de taxation. Ainsi donc, pour liquider un impôt, il faut réunir les deux préalables que sont le fait générateur et les modalités de taxation. §.1. Le fait générateur Il désigne l’événement qui crée la dette fiscale. Il s’agit soit d’un fait matériel soit un acte juridique ou encore d’une situation économique qui donne naissance à la dette d’impôt ( 59).Il peut être défini comme tout acte ou tout événement qui, au terme de la loi, fait naitre l’obligation fiscale. C’est le fait par lequel sont réalisées les conditions légales nécessaires pour l’exigibilité des droits. Il varie en fonction des opérations taxables (60). Le fait générateur permet de déterminer le champ d’application de l’impôt dans le temps et dans l’espace (territorialité). Exemples de fait générateur pour certains impôts : Types d’impôts 1. Impôt sur les revenus mobiliers

Faits générateurs Paiement au bénéficiaire (ou mise à sa disposition) des revenus mobiliers 2. Impôt sur rémunération Paiement ou mise à disposition du salarié de sa rémunération 3. TVA sur les ventes Livraison des marchandises 4. Impôt sur les véhicules Immatriculation (mise en service) 5. Impôt foncier Propriété, jouissance, location… 6. Droits d’accises et Droit d’accise - Cession sur le territoire de la RDC des spécial marchandises sujettes aux droits ; - Fourniture sur le territoire de la RDC des services assujettis aux droits ; - Mise à la consommation des marchandises importées soumises aux droits. §.2. Les modalités de taxation « La taxation est le fait de soumettre un bien ou une opération à un impôt ou à une taxe. C’est, en d’autres termes, l’opération de calcul du montant de l’impôt par application à la base imposable d’un élément du tarif ou d’un taux » (61). La taxation s’effectue selon l’une des modalités ci-après : 1) impôt de répartition et impôt de quotité ; 2) impôt réel et impôt personnel.

(58) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 109. (59) Idem, pp. 83 – 84. (60) DGDA, Manuel de vulgarisation de l’ordonnance-loi n018/002 du 13 mars 2018 portant Code des Accises, Kinshasa, septembre 2018, p.13. (61) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 170.

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A. Impôt de répartition et impôt de quotité L’impôt de répartition est celui dont le produit attendu est déterminé à priori et dont le taux est fixé en fonction de l’étendue de la matière imposable (quotient du produit sur la base imposable). Avantage : mettre le trésor à l’abri de moins perçues ; Inconvénient : contraire à la justice fiscale : les sommes fraudées sont acquittées par les contribuables honnêtes ; Conséquence : cet impôt a pratiquement disparu dans les Etats modernes au profit de l’impôt de quotité. L’impôt de quotité est celui dont le taux, mais non le montant global, est déterminé à l’avance par l’administration. En d’autres termes, l’impôt de quotité est un « impôt dont le tarif est fixé à priori et pour lequel la matière imposable est préalablement définie. Son produit n’est donc pas connu avec précision à l’avance » (62). Aujourd’hui, on peut néanmoins en prévoir assez précisément le montant grâce au développement des techniques statistiques et économiques. Cet impôt est aujourd’hui le plus utilisé, de préférence à l’impôt de répartition. B. Impôt réel et impôt personnel L’impôt réel est assis sur un bien. Et il est calculé à partir de la seule matière imposable, abstraction faite de la situation personnelle du contribuable (réel provient du mot latin « res » qui signifie « une chose, un bien »). -

Cas de l’impôt foncier et de l’impôt sur les véhicules : le fonds ou terrain et les véhicules sont des choses.

L’impôt personnel, par contre, tient compte non seulement de la matière imposable mais également de la situation personnelle de son détenteur, pour adapter la charge fiscale à ses facultés contributives dans une perspective de justice fiscale. Dans la fiscalité moderne, l’impôt personnel est aménagé, « est personnalisé » en fonction du contribuable ou de son débiteur. Si tel est l’objectif poursuivi, qu’est-ce que la personnalisation de l’impôt ? Quels sont les procédés utilisés pour la personnalisation des impôts ? C. La personnalisation de l’impôt et ses procédés L’impôt peut être personnalisé afin d’adapter la charge selon les capacités contributives des redevables. Il existe plusieurs procédés de personnalisation. En effet, la personnalisation peut être faite en tenant compte soit de la quantité de matière imposable, soit de l’origine des revenus imposables, soit des charges de famille du redevable, soit encore une personnalisation fondée sur la discrimination. 1. La personnalisation de l’impôt. C’est l’ « aménagement des impôts en fonction de la personnalité de celui qui les supporte. En France, l’impôt sur le revenu (équivalent de l’impôt sur le revenu des personnes physiques en RDC) est le type d’impôt personnalisé. Il est établi en fonction de la capacité contributive et des charges de famille du contribuable » (63).

(62) Idem, p. 140. (63) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit, p. 129.

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La recherche d’une plus grande justice conduit à la personnalisation d’un nombre croissant d’impôts. C’est le cas, dans le système fiscal congolais, des impôts suivants : 1). Impôt sur le revenu locatif et 2) Impôt professionnel sur les rémunérations. 2. Procédés de personnalisation de l’impôt (64). Il existe, à ce jour, trois types de personnalisation de l’impôt avec des procédés spécifiques : -

La personnalisation d’après la quantité de la matière imposable ; La personnalisation à raison des charges de famille ; La personnalisation à raison de l’origine des revenus.

2.1. La personnalisation d’après la quantité de la matière imposable Ce type de personnalisation recourt à deux procédés, la proportionnalité et la progressivité, lesquels sont complétés par d’autres afin de les améliorer. 1) La proportionnalité Elle donne naissance à l’impôt proportionnel : c’est un prélèvement fiscal qui est opéré en appliquant à la base imposable un pourcentage, qui ne varie pas en fonction de l’importance de cette base. 

Ce procédé se caractérise par un taux constant ;



Il personnalise bien la charge fiscale parce que l’impôt croît régulièrement avec la matière imposable ;



Mais, c’est une personnalisation incomplète car la proportion de matière imposable prélevée par l’impôt reste la même. La représentation de cet impôt donne le graphique ci-dessous. Graphique 1 : la proportionnalité I

Tx = 20 % IP

R I = impôt R = revenus 2) La progressivité Elle donne naissance à l’impôt progressif. Dans sa technique, le procédé fait recours à des taux variables. Il en résulte que : 

la charge fiscale augmente lorsque la matière imposable augmente ;



la proportion de matière imposable prélevée augmente ;

Il existe deux types de progressivité : la progressivité globale et la progressivité par tranches.

(64) Deruel, Fr., Op. Cit. , p. 170

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A. La progressivité globale. Dans sa technique, ce procédé opère de la manière suivante :  les contribuables sont répartis par classes ou catégories, en fonction de leurs revenus et on prévoit un taux d’impôt pour chaque catégorie, lequel s’applique à la totalité des revenus  Inconvénient : ce procédé consacre des injustices au niveau des paliers. Graphique 2 : Progressivité globale. I 3ème classe de contribution 2ème classe de contribution

1ère classe de contribution

R

B. La progressivité par tranches. Dans ce procédé : -

La matière imposable est divisée en tranches de revenus et plusieurs taux progressifs sont prévus ;

-

Chaque taux s’applique à la tranche de revenus pour laquelle il a été prévu ;

-

L’imposition totale à payer est constituée du total des impôts calculés pour chaque tranche.

En définitive, l’impôt progressif se présente comme un « prélèvement fiscal dont l’ampleur s’accroît plus que proportionnellement au montant des revenus ou bénéfices taxés. Graphique 3 : la progressivité par tranches de revenus.

I

R R1

R2

R3

C’est ainsi que le barème de l’impôt sur les rémunérations est progressif. Ensuite des tranches sont définies auxquelles sont appliqués des taux croissants, allant de 15% jusqu’à un

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maximum de 40%, avec un rabattement de 0% d’impôt sur la première tranche de revenus considérés comme constituant le minimum vital à ne pas toucher par cet impôt (65) 3) Procédés complémentaires La proportionnalité et la progressivité sont complétées par d’autres procédés.  La dégressivité : c’est un aménagement de la proportionnalité pour réduire la charge fiscale des contribuables aux revenus modestes. Ceux-ci peuvent se retrouver exemptés si leurs revenus tombent dans la zone de dégressivité. Graphique 4 : la dégressivité. I

Zone de dégressivité

R1 R2 R3 C’est une déduction générale appliquée à la matière  L’abattement à la base. imposable avant imposition et qui a pour effet d’exonérer la somme ainsi déduite. C’est ce qu’on appelle le minimum vital. R Graphique 5 : abattement à la base.

I

R1

R2

R3

 La différenciation des taux. C’est une façon d’atténuer les injustices qui peuvent se dégager de l’application de la proportionnalité ou de la progressivité. Exemple : L’impôt sur les rémunérations est normalement de 30 % maximum. Mais, le taux est fixé à :

Article 84 de l’Ordonnance-loi n° 69/009 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour. Avec l’ordonnance-loi n°69/009 du 10 février 1969 (Réforme fiscale de 1969), les revenus locatifs étaient également imposés suivant un barème progressif. Cependant, suite aux difficultés pratiques et techniques d’appréhension de la matière imposable et de détermination avec précision de la base imposable, l’imposition par tranches des revenus locatifs a été abandonnée au profit d’une imposition ad valorem, passant ainsi d’un impôt progressif à un impôt proportionnel.

(65)

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20 % sur les bénéfices, profits ou rémunérations réalisés ou perçus par les personnes physiques, un an après la cessation d’activités ;



10 % sur les indemnités de fin de carrière ou sur les décomptes finals ;



15 % des sommes attribuées pour les travaux occasionnels (66).

 La diminution ou l’aggravation de l’impôt en % ou après calcul de la cotisation normale. Exemple : Si on veut développer une politique nataliste, le taux de l’impôt à payer par le célibataire peut être aggravé et celui de la personne mariée, diminué. 2.2.

La personnalisation à raison des charges de famille

Dans le cas de la personnalisation à raison des charges de famille, on procède soit par le mécanisme de l’abattement (qui est une diminution de la matière imposable ou une réduction de l’impôt (en valeur ou en pourcentage), soit par le mécanisme du calcul du quotient familial. En France, le quotient familial est un « mécanisme de prise en compte des charges de famille pour le calcul de l’impôt sur le revenu. Il consiste à attribuer à chaque contribuable un nombre de parts en fonction de sa situation et de ses charges de famille, donc en relation avec les unités de consommation qui composent le foyer fiscal. Le revenu imposable d’ensemble du foyer est divisé par le nombre de parts pour déterminer l’impôt dû pour une part : c’est le quotient familial. Ensuite, la cotisation ainsi obtenue est multipliée par le nombre de parts pour obtenir l’impôt total » (67). Illustration du quotient familial (68) Revenu total de la famille Nombre de parts Revenu par part Application de l’impôt 0 à 1.000 à 10 % 1.000 à 2.000 à 20 % 2.000 à 3.000 à 30 % .000 à 4.000 à 40 % Total pour 1 part Nombre de parts Impôt total

Célibataire 4.000 1 4.000 100 200 300 400 1.000 1 1.000

Marié + 0 enfant 4.000 2 2.000

Marié 1 enfant 4.000 2,5 1.600

100 200

100 120

300 2 600

220 2,5 550

Source : Deruel, Fr., Op. Cit., p. 29.

A l’inverse du Droit français, en Droit fiscal congolais, l’impôt professionnel (calculé) sur les rémunérations (IPR) est déduit de 2 % par personne à charge (jusqu’à un maximum de 9 personnes) pour tout salarié qui en a. (66) Articles 85 à 87 de l’Ordonnance-loi n° 69/009 précitée. (67) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit, p. 140. (68) Le nombre de parts ici retenu correspond à 1 part pour chacun des parents et ½ part pour le premier enfant. Le système du quotient familial fait actuellement l’objet de contestation par certains candidats à la présidentielle française de 2012 à cause de son apparente équité.

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2.3.

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La personnalisation à raison de l’origine des revenus

Il s’agit d’une discrimination, une application des taux distincts à des matières imposables d’origine différente ou l’édiction des règles différentes pour l’évaluation de la matière, suivant son origine. C’est ainsi que : l’IRL est de 22 %, l’Impôt mobilier : 20 %, l’Impôt sur les bénéfices : 35 % et l’IPR : un barème progressif avec un plafond de 30 % maximum. Section 4 : le recouvrement de l’impôt Lorsque le choix de la matière imposable a été fait, que celle-ci a été évaluée et l’impôt calculé, l’administration concernée doit procéder à son recouvrement. Ce dernier est, en réalité, l’ensemble « des opérations qui concourent à la perception de l’impôt une fois que celui-ci est liquidé » (69). Cette étape de la technique de l’impôt met en présence le redevable (débiteur de l’impôt) et les receveurs (Receveur des impôts pour la DGI, des Douanes pour la DGDA et des taxes pour la DGRAD) qui assument la responsabilité de l’encaissement des recettes d’impôts, des droits, des redevances et des taxes. Dans cette section nous rappellerons d’abord les principes généraux avant d’examiner les procédures de recouvrement. §.1. Principes généraux La recette d’impôt sert à la couverture des charges publiques (rémunérations des agents de l’Etat, remboursement de la dette publique, dépenses de souveraineté, travaux d’investissements publics) qui ont un caractère permanent et s’étendent sur toute l’année budgétaire. Voilà pourquoi, dans la phase de recouvrement, plusieurs procédés sont mis en œuvre pour permettre d’assurer au profit de l’Etat une disponibilité des ressources pour couvrir ses charges. Ces procédés sont : 1. Paiement des droits au comptant : Dans ce cas, la détermination de la matière imposable et le paiement de l’impôt sont simultanés. Ces droits sont payés dès que survient le fait générateur (droits d’entrée ou de sortie). Le paiement ne peut être différé que pour des raisons techniques ou pratiques (Droits d’accises sur produits de fabrication locale). 2. Paiement des droits constatés : Ce sont ceux dont le paiement survient un certain délai après le recensement fiscal. En d’autres termes, ceux-ci supposent un délai séparant les deux opérations : recensement fiscal et paiement. 3. Paiement anticipatif : Cas des acomptes provisionnels (avances sur impôt) en matière d’impôt sur les bénéfices et profits. 4. Retenue à la source et versement au trésor. Cas de l’IPR, de l’impôt mobilier et de l’impôt sur le revenu locatif. 5. Paiement en espèces, par chèques ou ordres de virement. 6. Cas exceptionnels et rarissimes : paiement par compensation (souvent négocié au cas par cas) ou en nature.

(69) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 145.

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§.2. Procédures de recouvrement Elles diffèrent selon le type d’impôt et l’administration fiscale intervenante. A. Procédures normales Les délais de paiement des impôts sont impératifs et doivent être rigoureusement respectés parce qu’il faut assurer aux dirigeants une régularité des ressources fiscales dans le temps. Ainsi, les procédures sont notamment celles de paiement dans le délai légal, qu’il s’agisse des paiements au comptant ou spontanés ou des paiements des droits constatés. B. Procédures exceptionnelles Lorsque le contribuable ou le redevable ne s’acquitte pas de sa dette d’impôt dans les délais prescrits, les agents de l’Administration (receveurs) peuvent engager des poursuites à son encontre (recouvrement forcé). Pour la DGI, cette procédure commence par la mise en demeure, passe par le commandement puis par la saisie pour finir par la vente publique aux enchères. Pour la DGDA, les marchandises non enlevées dans le délai tombent également sous le coup de la vente publique aux enchères. Dans l’examen de chaque type d’impôt, la procédure de recouvrement ainsi que le recouvrement forcé seront précisés.

PARTIE II : LES REGIMES D’IMPOSITION EN DROIT FISCAL CONGOLAIS Introduction : structure de la fiscalité congolaise et ses principes d’imposition Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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L’objectif spécifique poursuivi dans cette partie du cours est de présenter les différents régimes d’imposition en vigueur dans le système fiscal congolais, tant du niveau national que provincial et local : impôts sur les revenus (mobiliers, professionnels et locatifs), impôts sur les transactions (TVA) et imposition des patrimoines (impôts réels). Formules pédagogiques (méthodes et outils) utilisés :  Exposés ex-cathedra et recours à la méthode interactive ;  Travail individuel ou en groupes sur le calcul des impôts. Cette partie s’articule autour des chapitres suivants : Un chapitre préliminaire résume la structure de la fiscalité congolaise et ses principes d’imposition. En RDC, comptée parmi les Etats à fiscalité moderne, tous les particuliers, personnes physiques et morales, en payant des impôts, contribuent au financement des budgets publics (budgets du Pouvoir central et des Provinces. L’impôt des particuliers, personnes physiques, frappe leurs patrimoines et/ou leurs revenus. Les personnes morales, particulièrement les entreprises, versent au Trésor public un impôt proportionnel à leurs revenus (locatifs, mobiliers ou professionnels). Tous les consommateurs de biens et services supportent aussi, à l’occasion du règlement des factures afférentes à leurs achats, un impôt indirect sur leurs consommations par le mécanisme de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ces différentes impositions sont analysées et développées dans cette partie. Il est impératif de présenter, dans cette introduction, d’une part, la structure de la fiscalité congolaise d’aujourd’hui à la lumière du cadre institutionnel découlant de la Constitution du 18 février 2006 et, d’autre part, les principes d’imposition consacrés par le droit fiscal congolais. §. 1. structure de la fiscalité congolaise La Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la constitution (en ses articles 2 et 3), la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces ainsi la loi n°08/016 du 07 octobre 2008 portant composition, organisation et fonctionnement des Entités Territoriales Décentralisées (ETD) et leurs rapports avec l’Etat et les Provinces ont consacré le régionalisme politique entre le Pouvoir Central et les Provinces et la décentralisation à l’intérieur des Provinces. Selon ce nouveau cadre institutionnel, les provinces sont des composantes politiques dotées de la personnalité juridique au sein desquelles sont créées des Entités Territoriales Décentralisées (ETD). Les unes et les autres sont gérées par des organes provinciaux ou locaux élus et disposent d’une autonomie de gestion de leurs ressources humaines, économiques, financières et techniques (article 123 de la constitution). L’autonomie financière des Entités territoriales se traduit notamment par la reconnaissance à ces entités de l’existence d’un budget propre lequel est alimenté par des recettes. Le nouveau cadre institutionnel appelle ainsi une législation fiscale appropriée reconnaissant à chaque palier d’exercice du pouvoir politique (Pouvoir central, Provinces et leurs Entités Territoriales Décentralisées) des impôts et taxes qui lui sont propres. Cette dernière préoccupation a trouvé des réponses dans le texte de l’ordonnance-loi n°13/001 du 23 février 2013

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fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition (70). Voilà pourquoi cette partie sera articulée en deux titres à savoir : 1. La fiscalité nationale ; 2. La fiscalité provinciale et locale. Schématiquement, la structure de ces deux types de fiscalité se présente comme suit (71): I. Les impôts relevant de la fiscalité nationale sont : a) Les impôts sur les revenus (impôt mobilier, impôt sur les bénéfices et profits, impôt professionnel sur les rémunérations, impôt exceptionnel sur les rémunérations versées aux expatriés); b) La taxe sur la valeur ajoutée (TVA). II. La fiscalité provinciale et locale comprend les impôts ci-après : a) les impôts réels (impôt foncier, impôt sur les véhicules automoteurs, la taxe de superficie sur les concessions minières et forestières) ; b) l’impôt sur les revenus locatifs ; c) l’impôt personnel minimum (IPM) pour la fiscalité locale. §. 2. Principes d’imposition en droit fiscal congolais Sous cette section, nous rappelons succinctement les principes généraux qui président à l’imposition des personnes physiques et morales (paragraphe 1) et La notion fiscale d’entreprise (paragraphe 2). A. Des principes généraux d’imposition En vertu du principe constitutionnel selon lequel « la contribution aux charges publiques est un devoir pour toute personne vivant en RDC» (72), tous les textes légaux relatifs aux impôts concernent, sauf cas de situations dérogatoires expresses, toutes les personnes physiques ou morales tombant dans leur champ d’application. Voilà pourquoi il est primordial de préciser ce qu’on entend par « personne ». Comme déjà dit supra (Introduction générale à ce cours), en vertu de son autonomie, le droit fiscal ne s’embarrasse pas de définitions consacrées par les autres branches du droit et préfère élaborer ses propres définitions susceptibles de préserver la justice et l’équité fiscales mettant tout le monde devant un même pied d’égalité vis-à-vis de l’impôt. Ainsi, le vocable « personne » ne doit pas être compris ici au sens du droit civil- les personnes. La personne physique peut être, selon les cas : - adulte ou non, - valide ou vivant avec handicap, - un homme ou une femme, - majeure ou mineure. La personne morale peut être dotée ou non de la personnalité juridique. Ce qui importe, c’est le fait générateur de l’impôt ou le champ d’application de l’impôt considéré. (70) Journal Officiel de la RDC, numéro spécial du 27 février 2013, pp. 2-20. (71) S’agissant de l’étude du droit fiscal, les taxes, redevances et droits autres que les impôts classiques ne sont pas traités dans ce support. (72) Article 174, alinéa 2 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour.

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En droit fiscal congolais, la notion d’entreprise mérite également d’être précisée. Enfin, les régimes fiscaux d’exception seront également signalés mais ne feront pas l’objet d’une analyse systématique dans ce support. B. La notion fiscale d’entreprise en droit congolais Il est utile de faire ici la distinction entre la notion d’entreprise tout court, d’une part, et celle de moyenne et de grande entreprise (introduite dans la législation fiscale congolaise à partir de 2003), d’autre part. Une attention particulière sera accordée à la notion d’entreprise de petite taille. 1° Notion d’entreprise en général en droit fiscal congolais La base de la matière est l’ordonnance-loi n°69-009 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour, relative aux impôts cédulaires sur les revenus (73). Sans verser dans les différentes définitions élaborées par certains auteurs congolais (74), il y a lieu de signaler que la loi utilise les vocables « sociétés » ou « entreprises ». Cependant, parler aujourd’hui de « sociétés » en droit fiscal congolais équivaudrait à parler des sociétés commerciales énumérées et définies par l’Acte Uniforme de l’Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA) relatif au Droit des sociétés commerciales et du Groupement d’intérêt économique (AUSCGIE), du 17 avril 1997, tel que modifié et complété à ce jour (75). Il s’agit de : - la société anonyme, (SA) ; - la société à responsabilité limitée (SARL) ; - la société en nom collectif (SNC) ; - la société en commandite simple (SCS) ; - la société en participation (SP) ; - la société de fait et le Groupement d’intérêt économique (GIE). Dans ce lot, il faut également ajouter la société unipersonnelle par actions à responsabilité limitée introduite, depuis 2008, dans l’arsenal juridique congolais par la loi sur la réforme des entreprises publiques. Mais, en vertu du principe de l’autonomie du Droit Fiscal, celui-ci recourt le plus souvent aux expressions « entreprises…exploitées en sociétés ou autrement » (76). Les entreprises exploitées en sociétés sont celles dont il est question au paragraphe précédent. Les entreprises exploitées « autrement » sont les entreprises familiales ou individuelles non constituées en sociétés commerciales et communément appelées en RDC« Etablissements ».

2° Notion d’entreprise de petite taille Aux termes de l’ordonnance-loi n°13/006 du 23 février 2013 portant régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille, telle que modifiée et complétée par la loi de finances

(73) La dernière modification est celle apportée par la loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014, In Journal Officiel, numéro spécial du 3 février 2014, Kinshasa, 2014. (74) Lire Azama Lana, Droit fiscal zaïrois, Cadicec, Kinshasa, 1986 ; Buabua Wa Kayembe M, Traité de droit fiscal zaïrois, constats et propositions sur les contributions et la douane, PUZ, Kinshasa, 1993 et Fiscalisation de l’économie informelle au Zaïre, PUZ, Kinshasa, 1995. (75 ) Journal Officiel OHADA n° 2 du 1er octobre 1997. (76) Lire notamment les articles 27, 30 et 30 bis de l’Ordonnance-Loi n°69-009 précitée.

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n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017 (77), il faut entendre, au plan fiscal, par entreprise de petite taille constituée en Microentreprise ou Petite entreprise, « toute entreprise, quelle que soit sa forme juridique, qui réalise un chiffre d’affaires annuel inférieur à 80.000.000,00 FC » (78). Les entreprises de petite taille sont réparties en deux catégories : 1. La microentreprise est celle qui réalise un chiffre d’affaires annuel ne dépassant pas 10.000.000, 00 de francs congolais. 2. La petite entreprise est celle qui réalise un chiffre d’affaires annuel supérieur à 10.000.000 FC et inférieur à 80.000.000, 00 de francs congolais. Les entreprises de petite taille relèvent de la compétence des Centres d’Impôts Synthétiques (CIS). 3° Notion de moyenne entreprise en droit fiscal congolais Est moyenne entreprise « toute entreprise, quelle que soit sa forme juridique, qui réalise un chiffre d’affaires annuel égal ou supérieur à 80.000.000,00 FC mais inférieur ou égal 2.000.000.000,00 CDF (deux milliards de francs congolais) (79). Les moyennes entreprises relèvent de la compétence des Centres des Impôts (CDI). 4° Notion de grande entreprise. La précision sur la notion de grande entreprise s’est avérée indispensable afin de permettre la différenciation de cette catégorie de contribuables d’avec les autres catégories d’entreprises. En effet, en son article 5, le décret n°017/2003 du 2 mars 2003 portant création de la Direction Générale des impôts prévoit, parmi les directions opérationnelles, la Direction des Grandes Entreprises (DGE) (80). A l’article 18 dudit décret, il est précisé que la Direction des Grandes Entreprises « est chargée de la gestion de l‘ensemble des opérations fiscales des entreprises, personnes physiques ou morales, sélectionnées suivant les critères définis par la Direction Générale des Impôts ». Qu’est-ce donc une « grande entreprise » et quels sont les critères de sélection d’entreprises ou d’unités économiques susceptibles d’être classées «grandes entreprises »? Est considérée comme grande entreprise toute unité économique dont le chiffre d’affaires annuel est égal à au moins l’équivalent, en francs congolais, de 2.000.000.000,00 CDF (deux milliards de francs congolais), soit 2.222.222,20 USD (deux millions deux cent vingt-deux mille deux cent vingt-deux dollars vingt cents) (81). Cependant, ce critère seul ne suffit pas. La Direction des Grandes Entreprises a également retenus d’autres critères complémentaires pour classer « grandes entreprises » d’autres unités économiques. Ces critères sont, notamment : 1) Le capital investi : supérieur ou égal à 2.000.000.000,00 CDF (deux milliards de francs congolais)); (77 ) Journal officiel de la RDC, 1ère partie, Numéro spécial du 05 juillet 2017. (78) Article 2 de l’Ordonnance-loi n°13/006 du 23 février 2013 portant régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille, telle que modifiée et complétée par la loi de finances n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017. (79) Communication du Directeur Général des Impôts à la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Kinshasa, 08 mars 2013, cité par Kashoba Denis, De la protection du contribuable vérifié en République Démocratique du Congo, contribution à la recherche des mécanismes appropriés. Thèse de doctorat en Droit, Unilu 2013-2014, p.166. (80) Journal Officiel de la RDC., Numéro Spécial, 15 mars 2003, p. 4 et Les Codes LARCIER/RDC, Tome V, Droit Fiscal, Afrique-Editions, Bruxelles-Kinshasa 2003, p.4. (81) Communication du Directeur Général des Impôts à la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Kinshasa, 08 mars 2013, cité par Kashoba Denis, De la protection du contribuable vérifié en République Démocratique du Congo, contribution à la recherche des mécanismes appropriés. Thèse de doctorat en Droit, Unilu 2013-2014, p.165.

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2) La masse salariale : supérieure ou égale à 2.000.000.000,00 CDF (deux milliards de francs congolais) 3) La localisation (par rapport aux limites des ressorts des Centres des Impôts, CDI). En bref, toute entreprise classée comme « grande entreprise » relève de la Direction des Grandes Entreprises. C’est auprès de cette Direction qu’elle déclare et paie tous ses impôts relevant de la fiscalité nationale. Pour les entreprises situées dans les provinces où existe une antenne de cette Direction, c’est par l’entremise de cette dernière qu’elles remplissent leurs obligations fiscales : dépôt des déclarations et versement de leurs impôts etc.). En résumé, le redevables d’impôts sont toutes les personnes physiques ou morales tombant sous l’une ou l’autre des classifications ci-après : 1) Les entreprises de petite taille (les microentreprises et les petites entreprises) ; 2) Les moyennes et les grandes entreprises. C. Les régimes d’imposition des entreprises Les régimes fiscaux applicables aux entreprises sont de trois catégories : - Le régime fiscal de droit commun : c’est celui de l’imposition réel des bénéfices et profits (pour les grandes et les moyennes entreprises); - Le régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille: les microentreprises et les petites entreprises (82). Dans le cadre de la fiscalité des entreprises, il y a lieu de noter que les impôts ont une incidence réelle sur la marche, le rendement ou la productivité de celles-ci dès lors qu’ils peuvent influencer : - Les conditions préalables à l’investissement ou les décisions à prendre pour investir; - La planification, la production et la distribution des biens et services ; - La projection de la rentabilité et l’estimation prévisionnelle du bénéfice (profit) pour l’entreprise ainsi que des revenus à dégager pour rémunérer les placements des capitaux consentis par les investisseurs ; - La nécessité de la poursuite de l’exploitation dans le temps et dans l’espace; - La consommation des biens et services et toutes autres considérations.

(82) Ordonnance-loi n°13/008 du 23 février 2013 portant régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille en matière d’impôt sur les bénéfices et profits.

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TITRE I : LA FISCALITE NATIONALE Introduction Dans le cadre de ce titre, il sera principalement question de la fiscalité des entreprises, laquelle va tourner autour des impôts qui frappent l’entreprise (au sens fiscal) dans ses opérations, ses revenus déterminés à partir de ses résultats. Etant donné que la notion fiscale d’entreprise englobe également les exploitations individuelles ainsi que les professions libérales sous forme d’associations, nous ne manquerons pas d’examiner également le régime d’imposition des rémunérés ainsi que celui des expatriés pour la simple raison que les obligations fiscales y relatives incombent, à titre principal, aux entreprises. Ce titre comprend deux volets : l’imposition des revenus et l’imposition des transactions. A. IMPOSITION DES REVENUS A.1. Notion fiscale de revenu Au plan fiscal, un revenu est tout ce qui advient à quelqu’un en augmentation de sa richesse initiale. Ces revenus sont de plusieurs catégories en fonction de leurs sources : - Revenus fonciers (ou revenus locatifs en RDC); - Bénéfices et profits (bénéfices industriels et commerciaux) ; - Rémunérations des gérants de sociétés ; - Bénéfices agricoles ; - Traitements et salaires, pensions et rentes viagères ; - Bénéfices non commerciaux : ils recouvrent les bénéfices des professions libérales, les revenus des charges et offices (avoués et notaires), les profits provenant de toutes occupations lucratives et ne se rattachant pas à une autre catégorie de revenus ; - Revenus de capitaux mobiliers ou revenus générés par les capitaux investis; - Plus-values. En RDC, les revenus sont répartis en trois cédules (ou classes) donnant lieu, chacune, à un type d’impôt, à savoir: 1. Les revenus mobiliers donnent lieu à l’impôt sur les revenus mobiliers ou impôt mobilier; 2. Les revenus professionnels donnent lieu à l’impôt sur les revenus professionnels ou impôt professionnel (IBP et IPR); 3. Les revenus locatifs donnent lieu à l’impôt sur les revenus locatifs (IRL). Les recettes provenant de impôt mobilier et de l’impôt professionnel reviennent au Trésor public du Pouvoir Central tandis que celles de l’impôt sur les revenus locatifs (IRL) reviennent au Trésor public des Provinces, conformément au prescrit des articles 202 point 10 et 204 point 16 de la Constitution du 18 février 2006 et de l’article 35 de la loi sur la libre administration des provinces du 31 juillet 2008. A.2. Définition de la profession et de l’impôt professionnel L’impôt professionnel est celui qui frappe les revenus générés par l’exercice d’une profession ou d’un métier.

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En l’absence d’une définition spécifique de droit fiscal, le terme « profession », doit être compris dans son sens large tel que consacré par le dictionnaire Larousse, à savoir, une « activité régulière exercée pour gagner sa vie ; un métier » (83), la personne qui l’exerce étant également entendue comme toute personne, physique ou morale. On l’appelle aussi professionnel « une personne physique et morale qui, dans le cadre de sa profession, exerce une activité de fabrication, de distribution ou de prestation de services » (84). L’article 27 de l’ordonnance-loi n°69/009 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour dispose, de manière lapidaire, que « l'impôt professionnel atteint les revenus désignés ci-après, provenant d’activités professionnelles exercées en République démocratique du Congo alors même que le bénéficiaire n’y aurait pas son siège social, son principal établissement administratif, son domicile ou sa résidence permanente ». Sont ensuite énumérés par la même disposition, des revenus dont bénéficient des personnes physiques et morales soit sous forme de bénéfices et profits, soit sous forme de rémunérations en rétribution du louage des services dans un rapport d’employeur à travailleur. En ce qui concerne une entreprise sociétaire, l’exercice de sa profession n’est rien d’autre que la réalisation de son objet social. Il existe deux types d’impôts professionnels. D’une part, l’impôt professionnel frappant les revenus qualifiés de bénéfices et profits appelé « Impôt sur les bénéfices et profits » (IBP) et, d’autre part, celui frappant les revenus salariaux dénommé « Impôt professionnel sur les rémunérations » (IPR). Eu égard à ce qui précède, l’imposition des revenus relevant de la fiscalité nationale sera étudiée suivant le schéma ci-après : Chapitre 1 : L’impôt sur les revenus des capitaux mobiliers ou impôt mobilier (IM) ; Chapitre 2 : L’impôt professionnel sur les bénéfices et profits (IBP) ; Chapitre 3: l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) et l’Impôt exceptionnel sur les rémunérations versées aux expatriés (IERE). B. IMPOSITION DE LA DEPENSE OU DES TRANSACTIONS Chapitre unique : La taxe sur la valeur ajoutée (TVA). C. METHODE D’APPROCHE DES DIFFERENTS TYPES D’IMPOTS Tout impôt se caractérise par trois éléments essentiels : l’assiette, le taux et le recouvrement. Cependant, pour faciliter la compréhension et l’établissement de la différenciation (ou comparaison) entre les types d’impôts, il sera procédé à leur étude en suivant plus ou moins le schéma ci-après : 1. Définition et nature juridique de l’impôt ; 2. Base légale ; 3. Matière imposable ou taxable ; 4. Base imposable (= base d’imposition ou de taxation = assiette fiscale = base de calcul de l’impôt) ; 5. Fait générateur ; 6. Redevables (= personnes imposables, les contribuables et/ou redevables) ; 7. Taux et modalités de calcul de l’impôt; (83) Larousse, Le Petit Larousse Illustré, Editions Larousse VUEF, Paris, 2004, p. 827. (84 ) Guinchard (Serge) et Debard (Thierry), Lexique des termes juridiques, 20ème édition, Dalloz, Paris, 2013, p.730.

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Exemptions et exonérations ; Modalités de perception ; Echéances. Dans la mesure du possible, un exemple sous forme d’un casus simple sera donné à titre d’illustration afin de faciliter la compréhension du type d’impôt étudié.

Toutefois, pour des raisons de clarté de l’exposé, nous allons analyser l’impôt sur les revenus cédulaires sous trois rubriques différentes : 1) L’impôt sur les revenus mobiliers ou impôt mobilier (IM) ; 2) L’impôt sur les bénéfices et profits (IBP) ou la fiscalité des entreprises : l’IBP des Grandes et Moyennes entreprises, l’IBP des petites entreprises et l’IBP des microentreprises ; 3) L’impôt professionnel sur les Rémunérations (IPR) ou le régime d’imposition des rémunérés (ou des salariés) et l’impôt exceptionnel sur les rémunérations versées aux expatriés (IER) ou le régime d’imposition des rémunérations versées aux expatriés. SOUS-TITRE I : L’IMPOSITION DES REVENUS CEDULAIRES

Introduction Comme déjà dit supra, cette imposition vise les revenus des personnes physiques et morales résidant en RDC ou y exerçant une activité génératrice des revenus taxables quel que soit leur domicile ou résidence. Cette étude portera donc successivement sur :  L’impôt sur les revenus des capitaux mobiliers ou impôt mobilier (Chapitre 1) ;  L’impôt sur les bénéfices et profits ou IBP (Chapitre 2) ;  L’impôt professionnel sur les rémunérations – IPR- et l’Impôt exceptionnel sur les rémunérations versées aux expatriés – IERE. (Chapitre 3). CHAPITRE 1 : L’IMPOT MOBILIER Le présent chapitre sera subdivisé en quatre sections. Définition, nature juridique et fondement légal de l’impôt mobilier (Section 1), matière imposable ou revenus mobiliers imposables (Section 2), fait générateur, base imposable, redevables et taux de l’impôt mobilier (Section 3), modalités de perception, exemptions, exonérations et échéances (Section 4). Section 1 : Définition, nature juridique et fondement légal de l’impôt mobilier §.1. Définition et nature juridique de l’impôt « L’impôt cédulaire sur les revenus mobiliers est un impôt réel, c’est-à-dire un impôt qui vise à atteindre un élément économique sans considération de la situation personnelle du contribuable » (85). C’est un impôt direct. §.2. Fondement légal (85) Azama Lana, Op. cit. p. 47.

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Aux termes de l’article 1er, 2° de l’ordonnance-loi n° 69/009 précitée, cet impôt ne frappe que les revenus produits par des capitaux mobiliers investis au Congo. En d’autres termes, les revenus générés par des capitaux investis à l’étranger ne sont pas imposables en RDC (86). Section 2 : La matière imposable (ou revenus mobiliers imposables) L’article 13 de l’ordonnance-loi n° 69-009 précitée énumère les sortes de revenus mobiliers imposables. Ils sont de cinq ordres : 1) Les dividendes et les revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres que par actions ; Les dividendes sont une part des bénéfices réalisés par une société (par actions ou anonyme) distribuée à la fin d’un exercice aux actionnaires en application d’une délibération de l’assemblée annuelle (87). Lorsque cette part de bénéfices distribuée concerne ceux réalisés par une société de personnes, c’est-à-dire une société autre que par actions, on l’appelle alors « revenus de parts » (88). 2) Les intérêts d’obligations et les intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles. En effet, « une obligation est un titre négociable émis par une société de capitaux qui emprunte un capital important, généralement à long terme et divise sa dette en un grand nombre de coupures. Chaque obligataire se trouve dans la situation d’un prêteur, titulaire d’une créance productive d’un intérêt (89). 3) Les tantièmes : c’est une somme variable prélevée sur les bénéfices nets réalisés par une société et allouée aux administrateurs de sociétés anonymes (= par actions) en rémunération de leurs fonctions (90). 4) Les redevances : Aux termes de l’article 13, 8° de l’Ordonnance-loi n° 69-009 précitée, ce terme désigne les rémunérations de toute nature payées pour l’usage ou la concession de l’usage d’un droit d’auteur sur une œuvre littéraire, artistique ou scientifique y compris les films cinématographiques, d’un brevet, d’une marque de fabrique ou de commerce, d’un dessin ou d’un modèle, d’un plan, d’une formule ou d’un procédé secret ainsi que pour l’usage ou la concession de l’usage d’un équipement industriel, commercial ou scientifique et pour des informations ayant trait à une expérience acquise dans le domaine industriel, commercial ou scientifique. 5) Les revenus des bons et obligations du Trésor (91). Section 3 : Fait générateur, base imposable, redevables et taux de l’impôt mobilier §.1. Fait générateur et redevables de l’impôt Le fait générateur est le paiement des revenus mobiliers ou la mise à disposition des bénéficiaires des dits revenus (paiement desdits revenus en espèces ou par chèque, leur virement dans les comptes bancaires des bénéficiaires, l’inscription d’un revenu à un compte ouvert au profit (86) Article 1er, 2° de l’Ordonnance-Loi n° 69/009 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour, In Les Codes Larcier RDC, Tome v, Droit fiscal, p. 29. (87) Guillien, R ; Vincent, J., Lexique des termes juridiques, Dalloz, Paris, p. 199, Verbo « dividendes ». (88) En droit de l’OHADA, constituant actuellement le Droit commercial congolais, les sociétés autres que par actions sont : la société à responsabilité limitée (SARL), la société en commandite simple (SCS), la société en nom collectif (SNC) et la société en participation. (89) Guillien, R ; Vincent, J., Op. Cit. p. 361. (90) Idem, p. 508. (91) Article 21 de la loi de finances n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017, In Journal officiel de la RDC, 1ère partie, Numéro spécial du 05 juillet 2017, p.11.

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du bénéficiaire. La remise en représentation de revenus, de titres susceptibles de produire un revenu, est assimilée au paiement, à concurrence de la valeur réelle du titre. Les redevables de l’impôt mobilier sont les sociétés et les personnes qui payent ou versent des dividendes, des revenus de parts, des intérêts d’obligations, des intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles (prêts bancaires, etc.…), des tantièmes et des redevances ( 92). En clair, les sociétés et les personnes qui payent des revenus mobiliers doivent retenir l’impôt à la source, souscrire la déclaration fiscale y afférente et verser au compte du Receveur des Impôts l’impôt mobilier dû. §.2. La base imposable La base (ou assiette) de l’impôt mobilier est constituée de : 1. Pour les personnes physiques et les sociétés de droit national ayant en RDC leur domicile, leur résidence ou un établissement : a) Pour les redevances : 70 % de leur montant brut ; b) Pour les autres revenus, le montant brut des revenus : dividendes, revenus de parts, intérêts d’obligations et intérêts des capitaux empruntés à des fins professionnelles ; tantièmes alloués dans les sociétés par actions (sociétés anonymes) etc. 2. Pour les sociétés étrangères ayant un établissement permanent ou fixe en RDC, la base imposable est fixée forfaitairement à : a) 40 % des revenus d’actions ou parts quelconques à charge des sociétés par actions civiles ou commerciales ; b) 50 % des revenus des parts des associés non actifs dans les sociétés autres que par actions ; c) 10 % des tantièmes alloués aux membres du conseil général (conseil d’administration). §.3. Le taux a) Le taux normal de l’impôt (ou taux commun) est fixé à 20 % (93). b) Le taux dérogatoire est de 10% sur les revenus mobiliers du secteur minier, précisément sur les dividendes et autres distributions versés par le titulaire à ses actionnaires (94). Section 4 : Calcul de l’impôt, modalités de perception et échéance de déclaration de l’impôt mobilier, exemptions et exonérations §.1. Calcul de l’impôt. Le calcul du montant de l’impôt mobilier se fait en appliquant un certain pourcentage (le taux de l’impôt) à l’assiette ou à la base imposable. Formule = Base imposable x Taux I.M. sur redevances = (Total/Redevances x 70%) x 20% ou encore [Total/redevances x (70/100 x 20/100) ou encore total/redevances x 1400/10.000 = montant brut/redevances x 14%] I.M. sur autres revenus mobiliers = Total/revenus x 20%.

(92) Article 23 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 précitée. (93) Article 26 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 précitée. (94) Art. 246, b, de la loi n°07/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier telle que modifiée et complétée par la loi n°18/001 du 09 mars 2018, In Journal officiel de la RDC, numéro spécial du 28 mars 2018, p. 62.

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§.2. Modalités de perception, redevables et échéance de paiement de l’impôt mobilier. C’est la retenue à la source de l’impôt par la personne qui paie ces revenus et son versement au compte du Receveur des Impôts des montants ainsi retenus. La retenue à la source est un « système de recouvrement dans lequel un tiers peut être amené à verser l’impôt à la place du redevable » (95). En Droit fiscal congolais, la retenue à la source est appliquée pour les revenus mobiliers, les rémunérations et les revenus locatifs. Ainsi, le prélèvement de l’impôt est effectué directement soit par le locataire et le sous-locataire, l’employeur ou la personne qui paye des revenus mobiliers. « Le système de la retenue à la source présente beaucoup d’avantages : - Rentrées de trésoreries régulières pour l’Etat ; - Simplification du travail de l’administration fiscale ; - Plus grande acceptation du poids de l’impôt par le contribuable ; - Suppression du décalage entre la création du revenu et le prélèvement fiscal. Le principal inconvénient réside dans la complexité des mécanismes qu’exige la forte personnalisation de l’impôt sur le revenu » (96), particulièrement l’IPR en droit fiscal congolais. Les personnes physiques ou morales redevables de l’impôt mobilier sont tenues de souscrire une déclaration, dans les quinze jours qui suivent le mois au cours duquel les revenus ont été payés ou mis à la disposition des bénéficiaires (97). Les sociétés étrangères redevables de l’impôt mobilier souscrivent une déclaration au plus tard le 31 mars de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus (art. 20 de la loi sur les réformes fiscales). §.3. Exemptions et exonérations Seuls l’Etat et ses démembrements personnalisés sont exemptés de l’impôt mobilier, en vertu du principe selon lequel « l’Etat ne peut pas payer des impôts à soi-même ». Par contre, les exemptions ne sont pas concevables en ce concerne les autres personnes bénéficiaires des revenus mobiliers. Toutefois, sont exonérés les revenus des bons et obligations du Trésor (98). D’autres types d’exonérations peuvent également être prévues dans le cadre des législations particulières ou dérogatoires comme le Code des investissements (pour les projets d’investissement agréés) ainsi que le code minier qui exonère d’impôt mobilier « les intérêts payés par le titulaire (du titre minier) en vertu des emprunts contractés en devises à l’étranger » (99). Exemple de l’impôt mobilier La société GECAMINES est actionnaire dans la société RUASHI MINING. A l’issue de l’assemblée générale des actionnaires, tenue le 20 janvier 2018, il lui est alloué 120.000.000,00 FC de dividendes. A la même date, RUASHI Mining alloue 350.000.000,00 FC à la société-mère, actionnaire majoritaire installée en Australie, représentant des redevances qu’elle lui doit, en rétribution de l’utilisation par elle (95) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 156 sa marque de fabrique pourp.la156 commercialisation à l’étranger de ses produits miniers. (96) de Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. Questions (97) Loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 (article 7), In Journal Officiel, numéro spécial, Kinshasa, février 2014, p.8.montants de l’IM frappant ces 2 types de revenus ? 1) 3Quelles sont les (98) 2) Article A 22quelle de la loi de finances n°17/005 du 23 poura-t-il l’exercice 2017, In de la RDC, 1ère période l’impôt mobilier surjuin ces 2017 revenus été déclaré et Journal acquittéofficiel ? partie, Numéro spécial du 05 juillet 2017, p.11. 3) Souscrivez la déclaration fiscale y afférente. (99) Art. 246 de la loi n°07/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier telle que modifiée et complétée par la loi n°18/001 du 09 mars 2018.

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CHAPITRE 2 : L’IMPOT SUR LES BENEFICES ET PROFITS (IBP) Préliminaire : Définitions des bénéfices et profits, des régimes fiscaux applicables. Le droit fiscal se présentant toujours, pour beaucoup d’apprenants ou de lecteurs comme une science revêche, il est si non indiqué, du moins indispensable d’accorder une attention préalable au contenu de certains termes usités par le législateur fiscal et repris dans ce chapitre, afin d’en faciliter la compréhension. Il s’agit particulièrement des concepts de bénéfices et profits, d’impôt professionnel et des régimes fiscaux applicables quand il s’agit de l’IBP. §.1. Définition des bénéfices et profits Les bénéfices sont « l’excédent des éléments d’actif sur les éléments passifs de l’entreprise. Cette somme apparait au passif du bilan par une inscription qui en rétablit l’équilibre » (100). Le bénéfice est en fait le « résultat net d’une activité professionnelle » (101), la différence entre les recettes brutes réalisées au cours d’un exercice comptable et les dépenses ayant été faites durant le même exercice, dans le cadre de l’exercice de la profession et ayant concouru à la réalisation desdites recettes. Par contre, le terme « profits » est un terme équivalent à « bénéfice » mais utilisé, sur le plan fiscal, pour désigner les bénéfices (article 27 de l’ordonnance-loi précitée), quelle que soit leur dénomination, des professions libérales (avocats cabinets-conseils divers etc.), des charges ou offices (avoués et notaires) ainsi que les profits, quelle qu’en soit la nature, des occupations lucratives (102). Dans les législations étrangères comme en Droit fiscal français, le terme « profits » est également utilisé pour désigner les bénéfices des opérations plus occasionnelles ou pour désigner les recettes accessoires par rapport aux bénéfices provenant de l’exploitation principale de l’entreprise. Généralement, les profits sont d’origines diverses. Les plus courants sont, par exemple, les revenus tirés du portefeuille des valeurs mobilières, les produits de la location d’immeubles appartenant à l’entreprise, les profits de construction ... (103) Dans le système fiscal congolais, les profits sont taxés à l’impôt sur le revenu dans les mêmes conditions que les bénéfices provenant de l’exploitation principale de l’entreprise. Voilà pourquoi l’impôt est dénommé « Impôt sur les bénéfices et profits ». §.2. Base légale L’IBP a pour fondement légal l’ordonnance-loi n°69-009 du 10 février 1969 et ses modifications subséquentes dont la dernière est la loi de finances n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017. §.3. Des régimes fiscaux applicables Pour les besoins de clarté de l’exposé sur le régime d’imposition des bénéfices et profits (IBP), et nous référant à la catégorisation des entreprises en deux groupes, les grandes et

(100) Guinchard (Serge) et Debard (Thierry), Lexique des termes juridiques, 20ème édition, Dalloz, Paris, 2013, p.112, Verbo « bénéfices ». (101) Barilari, A. et Drapé R., Lexique fiscal, Dalloz, Paris, 1992, p.21 (102) Pour être lucrative, une occupation doit réunir les conditions suivantes : 1° Avoir un caractère de permanence ; 2° être constituée d’actes répétitifs ; 3° être génératrice de revenus. (103) Idem, p.136

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moyennes entreprises d’une part et, d’autre part, en entreprises de petite taille (Cf. supra, p.39), nous allons présenter ce régime d’imposition des bénéfices et profits en deux volets distincts : 1) Le régime d’imposition de droit commun ou régime d’imposition des bénéfices et profits des Grandes et Moyennes entreprises ; 2) Le régime d’imposition des bénéfices et profits des entreprises de petite taille (les petites entreprises et les microentreprises). Section 1. L’IBP des grandes et moyennes entreprises ou régime fiscal de droit commun des entreprises Il s’agit de l’impôt qui frappe les bénéfices et les profits des entreprises relevant de la catégorie des grandes et moyennes entreprises. Après avoir défini l’impôt sur les bénéfices et profits, il sera abordé successivement, dans la présente section, les points ci-après : - la matière imposable ; - la base (ou assiette) de l’impôt ; - les charges professionnelles déductibles ; - les exonérations et immunisations ; - les contribuables/redevables ; - le taux de l’impôt et les modalités de calcul; - les modalités de paiement et échéances. §.1. Le fondement légal et la matière imposable de l’IBP des grandes et moyennes entreprises La base légale est l’ordonnance-loi n°69-009 précitée telle que modifiée et complétée à ce jour. L’impôt professionnel (IBP) atteint, sous réserve des dispositions des conventions internationales, les revenus désignés ci-après (matière imposable) provenant d’activités professionnelles exercées en République démocratique du Congo alors même que le bénéficiaire n’y aurait pas son siège social, son principal établissement administratif, son domicile ou sa résidence permanente, à savoir (104): 1°) les bénéfices de toutes entreprises industrielles, commerciales, artisanales, agricoles ou immobilières, y compris les libéralités et avantages quelconques accordés aux associés non actifs dans les sociétés autres que par actions; 2°) ….. 3°) les profits, quelle que soit leur dénomination, des professions libérales, charges ou offices; 4°) les profits, quelle qu’en soit la nature, des occupations non visées aux 1° à 3° ci-dessus ; 5°) les sommes payées en rémunération des prestations de services de toute nature fournies par des personnes physiques ou morales étrangères non établies en République démocratique du Congo ; 6°) les bénéfices ou profits provenant d’une activité professionnelle quelconque alors même que ces bénéfices, ou profits sont recueillis après cessation de l’activité. 5°) les bénéfices d’une entreprise industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou immobilière sont ceux qui proviennent de toutes les opérations traitées par ses établissements au Congo ainsi que tous accroissements des avoirs investis en vue des susdites activités y compris les accroissements qui résultent de plus-values et moins-values soit réalisées, soit exprimées dans les comptes ou inventaires du redevable, quelles qu’en soient l’origine et la nature (105).

(104) Articles 27 à 31 de l’ordonnance-loi n°69-009 précitée (105) Article 36 de l’ordonnance-loi n°69/009 précitée.

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6°) les profits ou revenus des sociétés n’ayant comme objet social que la location des bâtiments et/ou des terrains (106). Sont notamment compris dans les bénéfices (107): 1°) les libéralités et avantages quelconques revenant à quelque titre et sous quelque forme que ce soit aux associés non-actifs ou à leurs héritiers dans les sociétés autres que par actions; 2°) les sommes affectées au remboursement total ou partiel de capitaux empruntés, à l’extension de l’entreprise ou à la plus-value de l’outillage comptabilisées au débit d’un compte de résultat, au mépris de toute règle comptable; 3°) les réserves ou fonds de prévision quelconques, le report à nouveau de l’année et toutes affectations analogues. N.B. Les primes d’émission ne sont pas considérées comme bénéfices pour autant qu’elles soient affectées à un compte indisponible ou incorporées au capital social. Formule Matière imposable (= bénéfice brut ou profits) = Revenus d’exploitation + accroissements des avoirs investis + libéralités + Réserves + Report à nouveau de l’année + Toutes sommes affectées à des dépenses au mépris de toute règle comptable.

§.2. La base (assiette) de l’impôt Les revenus professionnels désignés aux points 1°) à 4°) du §.1 ci-dessus sont imposables sur leur montant net, c’est-à-dire à raison de leur montant brut diminué des seules dépenses professionnelles faites, pendant la période imposable, en vue d’acquérir et de conserver ces revenus (108). Sont considérées comme faites pendant la période imposable, les dépenses et charges professionnelles qui, pendant cette période, ont été payées ou ont acquis le caractère de dettes ou pertes liquides et certaines. Par contre, les sommes payées en rémunération des prestations de services de toute nature fournies par des personnes physiques ou morales étrangères non établies en République démocratique du Congo sont imposables sur leur montant brut. Constitue la base de l’impôt, le montant net de tous les bénéfices et réalisés par une entreprise. Le montant net (des bénéfices et profits) est obtenu en déduisant du montant brut des revenus les charges professionnelles déductibles, les pertes des exercices antérieurs (maximum deux années consécutives) et des revenus définitivement taxés (RDT). Formules Bénéfice Net = Bénéfice brut – Charges (dépenses professionnelles déductibles) Bénéfice Net Imposable = Bénéfice Net – [Pertes des exercices antérieures (PEA) + revenus définitivement taxés (RDT)]

Quelles sont alors les charges professionnelles déductibles des revenus imposables ? §.3. Les charges professionnelles déductibles (106) Article 30 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 précitée. (107) Article 1er du Décret n° 109-2000 du 19 juillet 2000. (108) Article 27 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 précitée.

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Il s’agit des dépenses, dont les conditions sont déterminées par la loi fiscale précitée en son article 29, qui peuvent être admises en déduction des bénéfices imposables à l’impôt professionnel. Ces conditions sont au nombre de trois : 1. La dépense doit être faite en vue d’acquérir ou de conserver les revenus ; 2. Elle doit se traduire par une diminution de l’actif net de l’entreprise ; 3. La dépense professionnelle doit être faite pendant la période imposable. Les articles 43 et 43 bis de l’O-L n° 69-009 énumèrent les différentes dépenses considérées comme charges professionnelles déductibles.

1)

2) 3)

4)

5)

6)

7)

8) 9)

Parmi les charges énumérées à ces articles, nous en retenons, notamment : le loyer réellement payé et les charges locatives afférents aux immeubles ou parties d’immeubles affectés à l’exercice de la profession et tous frais généraux résultant de leur entretien, éclairage, etc. toutefois, la valeur locative des immeubles ou parties d’immeubles dont le redevable est propriétaire n’est pas considérée comme loyer ou comme charge locative. les frais généraux résultant de l’entretien du matériel et des objets mobiliers affectés à l’exploitation ; les traitements, salaires, gratifications, indemnités des employés et des ouvriers au service de l’exploitation, les avantages de toute nature pour autant qu’ils aient été ajoutés aux rémunérations tel que prévu par la loi ; les frais de transport, d’assurance, de courtage et de commissions. Toutefois, les dépenses consistant en commissions, courtages, ristournes commerciales ou autres, vacations, honoraires occasionnels ou non, gratification et autres rétributions quelconques ne sont admises en déduction que s’il en est justifié par l’indication exacte du nom et du domicile des bénéficiaires ainsi que de la date des paiements et des sommes allouées à chacun d’eux. A défaut de déclaration exacte, des sommes précitées et de leurs bénéficiaires, lesdites sommes sont ajoutées aux bénéfices de celui qui les a payées, sans préjudice des sanctions prévues en cas de fraude. le montant du bénéfice réparti entre les membres du personnel de l’entreprise et les traitements alloués dans les sociétés par actions aux membres du Conseil Général lorsqu’il est justifié qu’ils correspondent à des appointements normaux en rapport avec la nature des fonctions réelles et permanentes exercées dans ces sociétés en RDC; Les amortissements des immobilisations servant à l’exercice de la profession ainsi que ceux des immobilisations données en location par une institution de crédit-bail par la Banque Centrale du Congo; Les intérêts des capitaux empruntés à des tiers et engagés dans l’exploitation et toutes charges, rentes ou redevances analogues relatives à celle-ci. N.B : Les associés dans les sociétés autres que par actions ne sont pas considérés comme des tiers. De même, les intérêts des créances hypothécaires sur des immeubles donnés en location en tout ou en partie ne peuvent être considérés comme des dépenses professionnelles déductibles. L’impôt réel ayant le caractère d’une charge d’exploitation acquittée dans le délai, pour autant qu’il n’ait pas été établi d’office (Ex. IF, TSCM etc.) Les charges professionnelles afférentes aux bâtiments et terrains donnés en location par les sociétés immobilières.

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10) Les versements faits en vue de la constitution au profit du redevable, d’une pension, d’une assurance maladie ou d’une assurance chômage ; 11) Lorsque le redevable est une personne physique, les frais médicaux (frais médicaux proprement dits, les frais chirurgicaux et pharmaceutiques ainsi que les dépenses pour soins dentaires, à l’exclusion des prothèses) supportés tant pour lui-même que pour sa femme et ses enfants célibataires à charge ; 12) Les provisions pour reconstitution des gisements miniers et les provisions pour créances douteuses constituées par les établissements de crédit. Les provisions constituées par les établissements de crédit sont déductibles si elles ont été constituées conformément à leur objet, si elles sont justifiées par la situation du débiteur et si la perte est nettement précisée. En aucun cas, il ne sera admis de provision sur les créances dont la compromission du recouvrement ou du paiement n’est pas prouvée (Article 28 de la loi de finances n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017, In Journal Officiel, numéro spécial du 5 juillet 2017, Kinshasa, 2014, p.14). Ne sont pas déductibles des revenus imposables : a) les dépenses autres que celles énumérées ci-dessus, ayant un caractère personnel (Ex. : frais d’entretien du ménage, d’instruction, de congé et de toutes autres dépenses non nécessitées par l’exercice de la profession) ; b) les impôts sur les revenus et l’impôt réel si celui-ci n’a pas le caractère d’une charge d’exploitation ; c) les amendes judiciaires ou administratives fixées, à titre transactionnel ou non, de quelque nature qu’elles soient, ainsi que les honoraires et frais relatifs aux infractions quelconques relevées à charge du bénéficiaire des revenus ; d) les tantièmes alloués dans les sociétés par actions aux membres du Conseil Général ; e) les dépenses relatives aux biens donnés en location, y compris les amortissements desdits biens, sauf lorsque ceux-ci sont donnés en location par une institution de crédit-bail dûment agréée par la Banque Centrale du Congo ; f) les provisions constituées en vue de faire face à des pertes, à des charges ou à des dépréciations d’éléments de l’actif ; g) les frais exposés à l’étranger par la personne physique ou morale étrangère. Addendum : les plus-values, les moins-values et les amortissements Parlant de la détermination du bénéfice de l’entreprise, il a été fait allusion supra aux amortissements en tant que charges professionnelles déductibles des revenus imposables et des plus-values et moins-values en tant qu’élément d’appréciation du bénéfice de l’entreprise à soumettre à l’impôt professionnel Un bref survol de ces deux éléments s’avère nécessaire pour éclairer la lanterne du lecteur. 1. Les plus-values et moins-values sur actif immobilisé  Notions « Les plus-values et moins-values sur actif immobilisé sont celles qui portent sur les éléments de l’actif autres que ceux qui constituent l’objet même de l’activité de l’entreprise. La plus-value ou la moins-value correspond à la différence entre la valeur d’un bien à un moment donné et sa valeur comptable » (109), c’est-à-dire celle qui figure dans la comptabilité de l’entreprise.

(109) Deruel, Fr., Op. Cit. p. 54.

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Si la valeur du bien augmente ou diminue sans qu’il y ait cession (d’éléments d’actif), le droit (fiscal) congolais autorise la modification de la valeur comptable pour l’ajuster sur la valeur nouvelle : la plus-value ou la moins-value est alors « constatée ». Ceci se fait en application de l’ordonnance-loi n° 89-017 du 18 février 1989 autorisant la réévaluation de l’actif immobilisé des entreprises (110). Cette réévaluation peut être effectuée : 1. pour tous les éléments immobilisés corporels et incorporels, propriété de l’entreprise ; 2. pour le montant maximum autorisé par l’application des coefficients de réévaluation fixés par le Ministre ayant les finances dans ses attributions. Les augmentations d’actif constatées à l’occasion de la réévaluation doivent être inscrites directement au bilan et rester sans influence sur les résultats de l’exercice. Leur contrepartie doit être inscrite au passif du bilan dans un compte « écart de réévaluation » ayant le caractère d’une réserve. La réévaluation des bilans (actifs immobilisés) permet d’accroître la sincérité des bilans et dégager de nouvelles marges d’amortissement (111). 2. Les amortissements  Définition L’amortissement est la constatation comptable de la dépréciation subie par les éléments qui s’usent avec le temps (immeubles, machines, véhicules…). De manière concrète, l’amortissement résulte en un prélèvement opéré sur le bénéfice brut pour compenser, dans le patrimoine de l’entreprise, cette dépréciation. Objectif poursuivi : permettre la reconstitution du bien à l’expiration de sa durée probable d’utilisation. Toutefois, il importe de préciser successivement les biens susceptibles d’amortissement, la valeur d’amortissement à prendre en ligne de compte, la durée d’amortissement, le point de départ des amortissements ainsi que les techniques d’amortissement. a) Biens susceptibles d’amortissement Les biens énumérés par la loi (article 43 ter E de l’Ordonnance-loi n° 69-009) sont ceux qui constituent des immobilisations et qui se déprécient : machines, installations. C’est ainsi que les terrains sont exclus. b) Valeur d’amortissement - Valeur d’achat ou de réalisation ; - Valeur vénale (acquisition à titre gratuit) ; - Valeur d’apport ; - Coût d’acquisition des matières. c) Durée d’amortissement C’est la durée probable d’utilisation, conformément aux usages de chaque nature d’industrie, de commerce, d’exploitation. Exemples :  Bâtiments industriels : 20 ans ;  Mobilier de bureau : 10 ans  Véhicules : 4 à 5 ans. d) Point de départ de l’amortissement La date d’acquisition ou de mise en service du bien. (110) Codes Larcier/RDC Tome III, Vol.2: Droit économique. Larcier-Afrique Editions, Bruxelles, 2003, pp.499 –501. (111) Cf. Ordonnance-loi n° 89-017 du 18 février 1989 autorisant la réévaluation de l’actif immobilisé des entreprises.

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e) Sortes ou techniques d’amortissement - Amortissement linéaire - Amortissement dégressif - Amortissement exceptionnel ou accéléré.  Amortissement linéaire C’est un amortissement réparti uniformément sur toute la période d’utilisation du bien. Il s’applique aux biens qui ne peuvent bénéficier de l’amortissement dégressif.  Amortissement dégressif Institué pour accélérer l’amortissement, le système dégressif est une technique d’annuités variables qui permet de faire porter l’amortissement surtout sur les premières années d’utilisation du bien. Technique  1ère annuité : application d’un taux égal au taux d’amortissement linéaire multiplié par 2, 2,5 ou 3, coefficients correspondant à la durée normale d’utilisation de l’élément selon que celle-ci est, respectivement de 4 ans, cinq ou six ans, ou plus de six ans.  Autres annuités suivantes : application du taux retenu à la valeur résiduelle de l’élément. Illustration sur l’A-L et l’A-D. Ex. Un bien d’une valeur de 100 FC amortissable en 5 ans, acheté et mis en service en début d’exercice ; T.AL : 20 % T.AD : 20 % x 2,5 = 50 % AmortisExer- AmortisAmortissement dégressif sement cices sement Valeur Annuité Quotient Annuité Cumul linéaire linéaire résiduelle dégressi effective annuités cumulé ve 20 1 20 100 x 0,5 50 50 50 40 2 20 50 x 0,5 25 50 : 4 = 12,5 25 75 60 3 20 25 x 0,5 12,5 25 : 3 = 8,33 12,5 87,5 80 4 20 12,5 x 0,5 6,25 12,5 : 2 = 6,25 6,25 93,75 100 5 20 6,25 6,25 6,25 100  Amortissement exceptionnel ou accéléré C’est un système d’annuités décroissantes qui permet d’amortir 80% de la valeur du bien durant les deux premières années d’utilisation du bien. Technique  1ère annuité : application d’un taux égal à 60% ;  Pour les annuités suivantes : application du système d’amortissement dégressif Illustration sur l’amortissement exceptionnel ou accéléré. Ex. Même bien de 100 F – Durée d’utilisation : 5 ans Pour la 1ère Annuité : on applique le taux de 60%. Pour les annuités afférentes aux autres années : on applique le taux dégressif calculé (50%) Exercice

Amortissement linéaire

Ann uités cum ulées

Annuité

Amortissement dégressif

Annu Annuit ités és cumu dégress lées ives

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Valeur résiduelle

Amortissement accéléré

Quotient

Annuité s accéléré e

Annuités cumulées

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1 2 3

20 40 60

20 20 20

4

80

20

50 75 87,5

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50 25 12,5

50 25 12,5

40 :4=10 20 :3=6, 66 10 :2=5

60 20 10

60 80 90

93,7 6,25 6,25 5 95 5 5 100 20 100 6,25 6,25 5 100 §.4. Les exonérations, immunisations et lutte contre l’évasion fiscale internationale 1) Exonérations  Des exonérations peuvent être accordées en vertu des dispositions du Code des Investissements (112) ou des lois particulières comme le Code minier.  Des exonérations spécifiques sont accordées notamment : a) Aux organismes étrangers ou internationaux, dans l’exercice de leurs activités en RDC. C’est le cas de :  Coopération Technique Belge ;  Etablissements français d’enseignement en RDC (René Descartes à Kinshasa et Blaise Pascal à Lubumbashi) ;  MONUSCO (Mission d’Observation des N.U et de Stabilisation au Congo ;  Société BIVAC International RDC. b) Aux Etablissements publics conformément à l’article 24 de la loi n°08/09 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales applicables aux établissements publics. 2) Immunités Par dérogation aux dispositions de l’article 30 de la loi, précisant la base de l’impôt (comme explicité ci-avant), sont immunisés les accroissements qui résultent des plus-values non réalisées mais que le redevable a néanmoins exprimées dans ses comptes ou inventaires sans les traiter aucunement comme bénéfices. Ce sont les plus-values de réévaluation des entreprises. 3) Dispositions prises pour lutter contre l’évasion fiscale internationale (113) Pour lutter, tant soit peu, contre l’évasion fiscale résultant du transfert et de la domiciliation des revenus dans les Etats ou territoires à fiscalité privilégiée (ex. les paradis fiscaux) ou non coopératifs (en matière d’assistance administrative sur les questions fiscales), le législateur congolais vient d’introduire, dans l’arsenal fiscal congolais, de nouvelles notions. Tel est le cas de transfert indirect de bénéfices à l’étranger, de lien de dépendance ou de contrôle, d’acte anormal de gestion, des Etats ou territoires à fiscalité privilégiée non coopératifs et des prix de transferts.

A. Du transfert indirect des bénéfices à l’étranger Le transfert indirect des bénéfices à l’étranger peut s’opérer par : - la majoration ou la diminution des prix d’achat ou de vente ; (112) Article 39 de l’ordonnance-loi n°69/009 précitée. Depuis la réforme fiscale de 1969, quatre Codes des investissements se sont succédés, consacrés par les lois ci-après : Loi n° 69-032 du 26 juin 1969 ; l’Ordonnance-loi n° 79-027 du 28 septembre 1979, l’Ordonnance-loi n° 86-028 du 5 avril 1986 et la Loi n° 004/2002 du 21 février 2002. (113) Article 23 de la loi de finances n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017, In Journal Officiel, numéro spécial du 5 juillet 2017, Kinshasa, 2014, pp.11-14.

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- la sous-capitalisation ; - des paiements de redevances excessives ou sans contrepartie ; - des renonciations à recette (vente à prix minoré, fourniture de prestations gratuites, octroi de prêts sans intérêts ou assortis d’un intérêt insuffisant) ; - des abandons de créances ou de commissions ; - des remises de dettes ; - des avantages hors proportion avec le service rendu et tout autre moyen. B. Les liens de dépendance Des liens de dépendance sont réputés exister entre deux entreprises (article 31 bis, par.1): a) lorsque l’une détient directement ou par personne interposée la majorité du capital social de l’autre ou y exerce en fait le pouvoir de décision ; b) lorsqu’elles sont placées l’une et l’autre, dans les conditions définies au point a), sous contrôle d’une même entreprise. C. Des actes anormaux de gestion Constituent des actes anormaux de gestion la majoration ou la diminution des prix d’achat ou de vente (article 31 bis, par.3). D. Etats ou territoires à fiscalité privilégiée ou non coopératifs Les Etats ou territoires à fiscalité privilégiée sont des entités territoriales où les entreprises soit n’y sont pas imposables ou soit y sont assujetties à des impôts sur les bénéfices ou les revenus dont le montant est inférieur de plus de la moitié de celui de l’IBP ou sur les revenus dont elles seraient été redevables dans les conditions de droit commun en RDC si elles y avaient été domiciliées ou établies (article 43 bis B, par.3). Les Etats ou territoires non coopératifs sont des Etats et territoires qui ne se conforment pas aux standards internationaux en matière de transparence et d’échange d’informations dans le domaine fiscal, de manière à favoriser l’assistance administrative nécessaire en application de la législation fiscale congolaise (article 43 bis B, par. 4).

Illustrations Fig.1.Une société congolaise en liens de dépendance avec une société multinationale étrangère.

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N.B. La société Congo Minerals SA est en lien de dépendance avec la société anonyme BIDS International Co (étranger) laquelle contrôle plusieurs filiales qui traitent, sous ses directives avec Congo Minerals sa.

Etranger RDC

Congo Minerals SA

Fig.2.Une société congolaise payant des revenus à des sociétés installées dans les paradis fiscaux. 4 sociétés étrangères actionnaires dans Socomines SA. TRANSMINERALS (DUBAI)

SOCOMINES SA (RDC)

International Mining Corp (Bermuda) FreeTrade corp (Ile de Man)

AllTRades company (Andorre)

E. Prix de transfert

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Les prix de transfert désignent les prix auxquels une entreprise transfère des biens corporels, des actifs incorporels ou rend des services à des sociétés d'un même groupe et résidentes dans des Etats différents. Eu égard à ces nouvelles notions introduites par la législateur, de nouvelles dispositions en matière de détermination de l’impôt sur les bénéfices et profits ont été prises : a. Pour l’établissement de l’IBP dû par les entreprises qui sont sous la dépendance ou qui possèdent le contrôle d’entreprises situées hors de la RDC, les bénéfices indirectement transférés à ces dernières soit par majoration ou diminution du prix d’achat ou de vente, soit par sous-capitalisation, soit par tout autre moyen, sont incorporés aux résultats accusés par les comptabilités. Il est procédé de même pour les entreprises qui sont sous la dépendance d’une entreprise ou d’un groupe possédant également le contrôle d’entreprises situées hors de la RDC (article 31 bis, par. 1). b. La condition de lien de dépendance ou de contrôle n’est pas exigée lorsque le transfert s’effectue avec des entreprises établies dans un Etat étranger ou dans un territoire situé hors de la RDC dont le régime fiscal est privilégié ou dans un pays non coopératif (article 31 bis, par.2). c. Les avantages ou aides accordés à des sociétés appartenant au même groupe ne peuvent être considérés comme relevant d’une gestion normale que si l’entreprise qui les consent démontre l’existence d’un intérêt propre à agir de la sorte. L’intérêt général du groupe ne suffit pas à lui seul à justifier de telles pratiques (article 31 bis, par. 4). d. Les sommes versées par une entreprise de droit national à une personne physique ou morale de droit étranger avec laquelle elle est liée soit par la voie d’une participation directe dans son capital social, soit par l’intermédiaire de participations détenues par une ou plusieurs autres entreprises du même groupe, en rémunération d’un service rendu, ne sont susceptibles d’être admises dans les charges professionnelles de l’entreprise qu’à la triple condition : 1°) que la réalité du service rendu soit clairement démontrée ; 2°) que le service en cause ne puisse être rendu en RDC; 3°) que le montant de la rémunération corresponde à la rémunération pratiquée dans les transactions entre entreprises indépendantes (article 43 bis A). e. Les intérêts, arrérages et autres produits des obligations, créances, dépôts et cautionnements, les redevances de cession ou concession de licence d’exploitation, de brevets d’invention, de marques de fabrique, procédés et formules de fabrication t autres droits analogues ou les rémunérations de services payés ou dus par une personne physique ou morale domiciliée ou établie en RDC à des personnes physiques ou morales qui sont domiciliées ou établies dans un Etat étranger ou un territoire situé hors de la RDC et y sont soumises à un régime fiscal privilégié, ou un pays non coopératif, ne sont admis comme charges déductibles pour l’établissement de l’impôt que si le débiteur apporte la preuve que les dépenses correspondent à des opérations réelles et qu’elles ne présentent aucun caractère anormal ou exagéré. Il en est de même pour tout versement effectué sur un compte dans un organise financier établi dans un des Etats ou territoires non coopératifs ou à fiscalité privilégiée (article 43 bis B, par. 1 et 2). f. Les intérêts payés à l’étranger aux associés ou à toute autre personne qui se trouve directement ou indirectement dans des liens quelconques d’interdépendance avec la Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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société, ne sont déductibles que si le remboursement du principal intervient dans les cinq ans de la mise à disposition et que le taux desdits intérêts ne dépasse pas la moyenne annuelle des taux effectifs pratiqués par les établissements de crédit du pays où est établie l’entreprise prêteuse (article 43 bis C) (114). g. Les sociétés établies en République Démocratique du Congo qui sont sous la dépendance, de droit ou de fait, d’entreprises ou groupes d’entreprises situées à l’étranger, dont le chiffre d’affaires annuel hors taxes est déterminé par voie réglementaire, doivent tenir à la disposition de l’Administration des Impôts une documentation permettant de justifier la politique de prix pratiquée dans le cadre des transactions de toute nature réalisées avec ces entreprises (art.24 bis). h. Les entreprises susvisées doivent souscrire, soit sur support papier, soit sur support électronique, dans un délai de six mois qui suit l’échéance de dépôt de déclaration de l’IBP, une déclaration comportant une documentation allégée sur le prix de transfert. Cette déclaration doit comprendre :  des informations générales sur le groupe d’entreprises associées : 1) Une description générale de l’’activité déployée, incluant les changements intervenus au cours de l’exercice ; 2) Une liste des principaux actifs incorporels détenus, notamment brevets, marques, noms commerciaux et savoir-faire, en relation avec l’entreprise déclarante ainsi que l’Etat ou le territoire d’implantation de l’entreprise propriétaire de ces actifs ; 3) Une description générale de la politique de prix de transfert du groupe et les changements intervenus au cours de l’exercice;  des informations spécifiques concernant l’entreprise: 1) Une description de l’activité déployée, incluant les changements intervenus au cours de l’exercice ; 2) Un état récapitulatif des opérations réalisées avec d’autres entreprises associées, lorsque le montant agrégé par nature des transactions excède le montant déterminé par voie réglementaire. Cet état indique la nature et le montant des transactions, ainsi que les Etats et territoires d’implantation des entreprises associées ; 3) Une présentation de la ou des méthodes de détermination des prix de transfert dans le respect du principe de pleine concurrence en indiquant la principale méthode utilisée et les changements intervenus au cours de l’exercice (115). §.5. Les redevables de l’IBP Ce sont les personnes physiques, les communautés, les sociétés et les autres personnes juridiques : 1) qui bénéficient, en RDC, des revenus qualifiés de bénéfices et profits ;

(114) Cette situation de complexité d’intérêts économiques et financiers est illustrée de manière évidente par le cas des dossiers « Panama Papers » et « Paradise Papers ». A consulter sur internet. (115) Articles 40 et 41 de loi de finances n° 17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017

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2) qui bénéficient des sommes payées en rémunération des prestations de services de toute nature fournies par des personnes physiques ou morales étrangères non établies en République démocratique du Congo ; 3) les personnes physiques ou morales étrangères qui exercent une activité en RDC pour les bénéfices réalisés par leurs établissements permanents ou leurs établissements fixes qui y sont situés. Est considéré comme établissement en RDC:  Une installation matérielle telle que siège de direction effective, succursales, fabriques, usines, ateliers, agences, magasins, bureaux, laboratoires, comptoirs d’achats ou de vente, dépôts, immeubles donnés en location ainsi que toute autre installation fixe ou permanente quelconque de caractère productif ;  En l’absence d’une installation fixe, lorsqu’elles exercent directement sous leur propre responsabilité sociale, une activité professionnelle pendant une période au moins égale à six mois. Ces personnes sont soumises au régime d’imposition de droit commun, c’est-àdire celui qui impose la déclaration fiscale des bénéfices, appuyée par les documents réglementaires suivants : le bilan, le compte de résultat, le tableau financier des ressources et des emplois, l’état annexé et l’état supplémentaire statistique conformément à l’Acte uniforme de l’OHADA du 24 mars 2000 portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises, ainsi que de toutes autres pièces justificatives que le contribuable jugerait nécessaires. Elle est contresignée par le conseil ou le comptable du redevable. Est également joint à la déclaration, un relevé récapitulatif des ventes réelles effectuées au cours de l’année précédente à des personnes physiques ou morales réputées commerçantes ou fabricants (116). Sont concernées, les personnes physiques, les communautés, les sociétés et les autres personnes juridiques classées grandes entreprises (celles dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 2.000.000.000,00 FC) et moyennes entreprises (celles dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 80.000.000,00 FC mais inférieur ou égal à 2.000.000.000,00 FC. (117) §.6. Le taux et calcul de l’impôt sur le bénéfice et profit (IBP) Il existe trois taux de l’impôt sur les bénéfices et profits : - Un taux de droit commun de 35 % (118) sur les bénéfices (nets imposables) et profits des grandes et moyennes entreprises ; - Un taux dérogatoire de 30% sur les bénéfices (nets imposables) et profits des entreprises minières (119) ; - Un taux exceptionnel de 14% sur les coûts des prestations faites par une personne physique ou morale étrangère c.-à-d. celle n’ayant ni siège social ou représentation en RDC.

(116) Article 8 de la loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015. (117) Communication du Directeur Général des Impôts à la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), Kinshasa, 08 mars 2013, pp.30 et 31. (118) Article 83 de l’ordonnance-loi n°13/008 du 23 février 2013 précitée. Toutefois, le taux est de 30% pour les bénéfices réalisés par les entreprises éligibles au régime du Code Minier (La loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code Minier). A titre comparatif, les taux de l’IBP (ou de l’impôt des sociétés – ISOC) en vigueur dans certains pays voisins de la RDC sont : 35% en Angola, 38% au Congo-Brazza, 35% au Rwanda et au Gabon, 38,5% au Cameroun. Et, Selon le site web site http://www.paradisfiscaux20.com/ (consulté le 10 juin 2014), le taux de l’impôt des sociétés (équivalent IBP) dans certains pays européens est respectivement de 37% en France, 30% en Allemagne, 27% en Italie, 23% au Royaume-Uni et 15% seulement en Irlande (119) Art. 247, alinéa 1 de la loi n°07/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier.

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Formule de calcul de l’IBP - B.I x Taux = B.N.I x 35% ou 30% (selon le cas) - Coûts des prestations (faites par une personne physique ou morale étrangère) X 14%

§.7. Modalités de recouvrement et échéances de paiement de l’IBP (120) 1. Le recouvrement de l’impôt sur les bénéfices et profits (au taux de 35% ou de 30%) est effectué par voie d’acomptes provisionnels. Les acomptes provisionnels (= avances sur l’impôt) : a) Redevables : les grandes et moyennes entreprises ; b) Montant des acomptes : 40 % de l’impôt déclaré au titre de l’exercice précédent, augmenté des suppléments éventuels établis par la DGI ; c) Echéances de paiement d’acomptes provisionnels: un acompte avant le 1er août et un acompte avant le 1er décembre de l’année de réalisation des revenus imposables : un versement à l’aide d’un bordereau de versement d’acomptes provisionnels ; d) Déduction : les deux versements sont à déduire de l’impôt dû par le contribuable pour l’exercice fiscal considéré ; e) Solde de l’impôt : il est versé au moment du dépôt de la déclaration y afférente, au plus tard le 30 avril de l’année qui suit celle de la réalisation du bénéfice (121). Exemple :  Impôt déclaré et payé pour compte de l’exercice 2013 : 100.000 FC. - Acomptes provisionnels exercice 2014 - Avant le 1er août : 40 % de 100.000 FC ou 40.000 FC Avant le 1er décembre : 40 % de 100.000 FC ou 40.000 FC  Déclaration impôt 2014 (le 30 avril2015) : 200.000 FC  Solde de l’impôt à payer lors du dépôt de la déclaration exercice 2014: 200.000 FC – 80.000 FC = 120.000 FC. f) Sort de l’excédent d’acomptes provisionnels. Les crédits constatés au compte courant fiscal du contribuable, après paiement du solde de l’impôt dû, peuvent, à sa demande, servir au paiement d’autres impôts et droits dus. 2. Modalités de perception et échéance de l’IBP au taux de 14% Toute personne physique ou morale redevable de l’impôt professionnel sur les sommes payées en rémunération des prestations de services de toute nature fournies par des personnes physiques ou morales non établies en RDC est tenue de souscrire une déclaration, au plus tard le quinze du mois qui suit celui du paiement des factures (122).

(120) L’ordonnance-loi n°13/004 du 23 février 2013 a abrogé certaines dispositions de la loi n° 006/03 du 13 mars 2003 fixant les modalités de calcul et de perception des acomptes provisionnels et précomptes de l’impôt sur les bénéfices et profits. Elle a supprimé le précompte BIC comme mode de recouvrement de l’IBP. La suppression du précompte BIC a eu pour raisons majeures d’une part l’accumulation des crédits d’impôt à la suite des paiements systématiques de précompte BIC sans possibilité pratique de récupération par les contribuables concernés et, d’autre part, l’impératif d’amélioration du climat des affaires. (121) Art. 6 de la loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015. (122) Loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 (article 8), In Journal Officiel, numéro spécial, Kinshasa, 3 février 2014, p.8.

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Le défaut de souscription de déclaration dans le délai est sanctionné par une amende de 200.000 Francs congolais pour les déclarations d’un contribuable exonéré ou réalisant les opérations exonérées et pour les déclarations avec mention « Néant » (123). §.8. Exemptions et exonérations à l’IBP Sont exemptés de l'impôt professionnel sur les revenus dont ils bénéficient: l’État, les Provinces, les ETD, les circonscriptions administratives, ainsi que les offices et autres établissements publics de droit congolais n’ayant d’autres ressources que celles provenant de subventions budgétaires; Des exonérations peuvent être accordées dans le cadre des législations particulières, telle que la loi n° 004/2002 du 21 février 2002 portant le code des investissements. Section 2. Le régime d’imposition (ou IBP) des entreprises de petite taille (124) Dans le souci de faciliter la compréhension du régime d’imposition des entreprises de petite taille, il est question, sous ce paragraphe, de préciser d’abord la notion fiscale l’entreprise de petite taille avant de donner les catégories d’entreprises de petite taille et le régime fiscal auquel elles sont soumises. A. Notion fiscale de l’entreprise de petite taille Aux termes de la loi précitée, « il faut entendre, au plan fiscal, par entreprise de petite taille, constituée en Micro entreprise ou Petite entreprise, toute entreprise, quelle que soit sa forme juridique, qui réalise un chiffre d’affaires annuel inférieur à 80.000.000,00 de francs congolais » (125). B. Les catégories d’entreprises de petite taille Pour la détermination du régime fiscal applicable, les entreprises de petite taille sont réparties en deux catégories : 1. Les micros entreprises sont celles qui réalisent un chiffre d’affaires annuel (CAA) inférieur à 10.000.000, 00 FC. 2. Les petites entreprises sont celles qui réalisent un chiffre d’affaires annuel supérieur à 10.000.000, 00 FC et inférieur à 80.000.000, 00FC. C. Les taux et bases de calcul de l’IBP dû par les entreprises de petite taille 1. Les micros entreprises payent un impôt forfaitaire annuel de 50.000,00 FC. 2. Les petites entreprises sont soumises à un impôt dont le taux est de 1% ou 2% du chiffre d’affaires brut annuel selon qu’elles opèrent dans les activités de vente de biens ou se livrent aux prestations de services.

(123) Idem, article 9, p. 8. (124) Ordonnance-loi n°13/009 du 23 février 2013 modifiant et complétant certaines dispositions de l’ordonnance-loi N°90-046 du 08 août 1990 portant réglementation du petit commerce et ordonnance-loi n°13/006 du 23 février 2013 portant régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille en matière d’impôt sur les bénéfices et profits, tel que modifié et complété par l’article 30 de la loi de finances n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017 In Journal Officiel de la RDC, numéro spécial du 5 juillet 2017, p.15 (125) Article 2 de l’ordonnance- loi précitée tel que modifié et complété par l’article 30 de la loi de finances n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017 In Journal Officiel de la RDC, numéro spécial du 5 juillet 2017, p.15.

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3. Les professions libérales ainsi que celles instituées en charges et offices sont alignées en micros entreprises ou petites entreprises en fonction de leur chiffre d’affaires. D. Modalités et échéances de paiement de l’IBP par les entreprises de petite taille 1) Pour les micros entreprises, l’impôt forfaitaire de 50.000,00 FC est acquitté, au moyen d’une déclaration auto liquidative conforme au modèle défini par l’Administration des Impôts, au plus tard le 30 avril de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus (126). 2)

Pour les petites entreprises, l’impôt est payable en deux quotités de 60% et 40%. L’acompte de 60% est à verser au moyen d’un bordereau, au plus tard le 31 janvier de l’année suivant celle de la réalisation des revenus. Le solde de 40% est à verser au moyen de la souscription de la déclaration, au plus tard le 30 avril de la même année.

Section 3 : Dispositions particulières aux personnes physiques ou morales à résultats déficitaires ou en cessation d’activités (127) 1) Les personnes physiques ou morales, dont les revenus imposables sont constitués, en tout ou en partie, des bénéfices ou profits, et ne relevant pas du régime d’imposition des entreprises de petite taille, sont assujetties à un impôt minimum de 1% du chiffre d’affaires déclaré, lorsque les résultats sont déficitaires ou bénéficiaires mais susceptibles de donner lieu à une imposition inférieure à ce montant ; 2) Les personnes physiques ou morales en activité qui ne réalisent pas un chiffre d’affaires au cours d’une année sont soumises au paiement d’un impôt forfaitaire au titre d’IBP de : - 2.500.000,00 FC pour les grandes entreprises ; - 750.000,00 FC pour les moyennes entreprises ; - 30.000,00 FC pour les entreprises de petite taille. 3) Les personnes physiques ou morales en cessation d’activités, sans s’être fait radier, selon le cas, au RCCM (registre du commerce et du crédit mobilier) conformément à l’Acte uniforme de l’OHADA du 17 avril 1997 ou de l’ordre de la corporation, sont soumises au paiement d’un impôt forfaitaire fixé à (128): - 500.000,00 FC pour les grandes entreprises ; - 250.000,00 FC pour les moyennes entreprises ; - 30.000,00 FC pour les entreprises de petite taille. EXERCICES SUR L’IMPOT SUR LE BENEFICE ET PROFIT ( 129) Exercice n°1 L’exercice fiscal 2017 s’est soldé, pour l’entreprise commerciale ABC, par une situation comptable dégageant un bénéfice du bilan de l’ordre de 585.000.000,00 FC. Les comptes de l’entreprise attestent qu’au mois de décembre 2017, des revenus de parts ont été payés aux associés pour un total de 165.000.000,00 FC. Mais, en fin d’exercice comptable 2016, le bilan de l’entreprise était déficitaire dégageant une perte de 210.000.000,00 FC de dettes dues aux fournisseurs. Elle a dû (126) Loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 (article 19), In Journal Officiel, numéro spécial, Kinshasa, 3 février 2014, p.11 (127) Article 10 de la loi de finances n°14/002 précitée. (128) Article 23 de la Loi de finances n° 15/021 du 31 décembre 2015 pour l’exercice 2016. (129) Pour des raisons purement pédagogiques, les casus sont présentés sous une forme très simplifiée. La réalité comptable sur terrain est généralement de loin plus complexe que cela.

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payer un impôt forfaitaire de 50.000.000,00 FC représentant le 1% du chiffre d’affaires de l’exercice comptable 2016. Calculez : 1) Le montant de l’impôt mobilier que l’entreprise a retenu à la source et versé au Trésor Public ; 2) la base d’imposition à l’IBP pour l’exercice fiscal 2017 ; 3) le montant de l’IBP à payer pour compte de l’exercice 2017 ; 4) le montant des acomptes provisionnels à verser au courant de l’exercice fiscal 2017 ; 5) le solde de l’IBP à déclarer et à verser au Trésor Public au plus tard le 30 avril 2018. Exercice n°2 A la clôture de l’exercice comptable 2017, les comptes de la SA VICTORIA affichent la situation suivante :  Revenus bruts globaux : 850.575.650, 50 FC dont 75.000.000,00 FC de dividendes encaissés ;  Dépenses engagées durant l’exercice :  Dépenses d’exploitation : 210.000.000,00 FC  Dépenses d’entretien du ménage et d’instruction des cadres de direction : 35.000.000,00 FC  Tantièmes alloués aux administrateurs : 50.000.000,00 FC  Autres dépenses d’entretien des matériels d’exploitation : 75.000.000,00 FC  Libéralités : 7.500.000,00 FC. Calculez : 1) le bénéfice net imposable à l’IBP 2) le montant de l’IBP annuel pour l’exercice fiscal 2017. Exercice n°3 L’exercice comptable de l’entreprise BONBERGER s’est soldé par des résultats déficitaires. Pour ce faire elle paye un impôt minimum conformément au prescrit de la loi fiscale. Avant le 1er août 2018, elle verse un acompte provisionnel de 5.000.000,00 FC. Calculez : a) Le montant de l’impôt forfaitaire que cette entreprise a déclaré et payé pour compte de l’exercice fiscal 2017 ; b) Le montant de son chiffre d’affaires cumulé à fin 2017.

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CHAPITRE 3 : L’IMPOT PROFESSIONNEL SUR LES REMUNERATIONS (IPR) ET L’IMPOT EXCEPTIONNEL SUR LES REMUNERATIONS VERSEES AUX EXPATRIES (IERE) Section 1 : L’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR) Comme il en a été pour les impôts précédents, l’étude de cet impôt s’articulera autour des rubriques suivantes : Notion, nature juridique et champ d’application (§1) ; les revenus imposables (§2) ; le taux de l’IPR (§3) ; Les redevables (§4) ; les exemptions et exonérations (§5) et, enfin, les modalités de perception et échéance de paiement (§6). §.1. Notion, nature juridique et champ d’application. L’IPR est un impôt direct qui frappe les rémunérations. Ainsi, les revenus professionnels soumis à l’IPR sont les rémunérations des personnes rétribuées par un tiers, de droit public ou de droit privé, ainsi que celles des associés actifs dans les sociétés autres que par actions. Prévu par l’ordonnance-loi n°69-009 pré rappelée, cet impôt s’applique aux rémunérations ou aux revenus de : 1) Personnes liées par un contrat de travail, verbal ou écrit, contrat qui crée une situation de subordination du bénéficiaire des revenus imposables vis-à-vis de son employeur ; 2) Mandataires sociaux dans les sociétés (Administrateurs, Gérants, Commissaires aux comptes, Liquidateurs) ; 3) Administrateurs Délégués Généraux, Administrateurs et Commissaires aux comptes des Entreprises Publiques et Sociétés d’économie mixte ; 4) Membres des institutions publiques et agents de carrière des services publics (130); 5) Membres des Cabinets politiques (131). §.2. Matière imposable ou revenus imposables Les revenus imposables comprennent notamment (132) : 1. les traitements, les salaires, les émoluments, les indemnités qui ne représentent pas le remboursement des dépenses professionnelles effectives ; 2. les gratifications, primes et toutes autres rétributions fixes ou variables, quelle que soit leur qualification ; 3. les traitements des Administrateurs, Gérants, Commissaires, Liquidateurs de sociétés, Gouverneurs, Régents, censeurs et toutes personnes exerçant des fonctions analogues ; 4. les traitements et jetons de présence des Présidents Délégués Généraux, des Administrateurs et commissaires des entreprises publiques et sociétés d’économie mixte ; 5. les traitements, salaires et avantages octroyés aux membres des institutions publiques et aux agents de carrière des services publics (133) ; 6. les traitements, salaires et avantages accordés aux membres des cabinets politiques ;

(130) Décret n°11/19 du 14 avril 2011 portant modalités de calcul et de recouvrement de l’Impôt Professionnel sur les Rémunérations des membres des institutions politiques et assimilés. (131) Article 47 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 du 10 février 1969, complété par l’article 1 er du Décret n° 109-2000 du 19 juillet 2000. (132) Cf. même article 47 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 précitée. (133) La mise en application de cette rubrique a été précisée par le Décret n° 011/19 du 14 avril 2011 portant modalités de calcul et de recouvrement de l’Impôt Professionnel sur les Rémunérations des membres des institutions politiques et assimilés – voir Journal officiel de la République Démocratique du Congo du 1er mai 2011

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7. les pensions de toute nature ainsi que les sommes payées par l’employeur ou le mandant, contractuellement ou non, par suite de cessation de travail ou de rupture de contrat d’emploi ou de louage de service ; 8. la rémunération que l’exploitant d’une entreprise individuelle s’attribue ou attribue aux membres de sa famille pour leur travail ; 9. les avantages en nature (logement, transport et soins médicaux), comptés pour leur valeur réelle, s’ils revêtent un caractère exagéré. §.3. Taux de l’IPR Il faut distinguer les rémunérations versées au personnel domestique et aux salariés des microentreprises des autres rémunérations. 1) Les rémunérations versées au personnel domestique et aux salariés des entreprises de petite taille, le taux est fixé, par employé, suivant la classification et les quotités trimestrielles ciaprès (134) :  Catégorie A : 1 USD pour le personnel domestique et les salariés d’entreprises de petite taille de la catégorie A de la patente commerciale et de la patente artisanale ;  Catégorie B : 3 USD : pour les salariés d’entreprises de petite taille des catégories B et C de la patente commerciale ;  Catégorie C : 5 USD : pour les salariés d’entreprises de petite taille des catégories B et C de la patente artisanale ;  Catégorie D : 8 USD : pour les salariés d’entreprises de petite taille de la catégorie D de la patente commerciale et de la patente artisanale. Ces taux forfaitaires subissent les réductions de 20 %, 25 % et 50 % selon que le salarié travaille dans les milieux ci-après : a) Chefs-lieux des Provinces du Bandundu, Maniema, Kasaï Occidental et Equateur (135) ; b) Autres villes de l’intérieur du pays en dehors des chefs-lieux des Provinces ; c) Autres entités et circonscriptions locales des Provinces. Il faut noter que sur le plan pratique, les taux ci-dessus n’ont jamais été réellement appliqués, sauf exception éventuelle non connue de nous, à cause des problèmes techniques réels de mise en œuvre. 2) Quant aux rémunérations des personnes autres que celles visées ci-avant, le taux est progressif et est fixé suivant le barème ci-après (136) : Taux 0% 15% 30% 40%

Tranches de revenus Impôt/tranche Cumul/IPR De 0,00 FC à 1.944.000,00 FC 1.944.000,00 FC 0,00 FC De 1.944.001,00 FC à 21.600.000,00 FC De 21.600.001,00 FC à 43.200.000,00FC Pour les revenus supérieurs à 43.200.000,00FC Une fois calculé, l’impôt total ne peut excéder 30 % du revenu imposable (137).

(134) Arrêté Ministériel n° 054/CAB/MIN/FIN/99 du 21 juin 1999 précité. (135) Avec l’entrée en vigueur de la loi de programmation n°15/04 du 28/02/2015, cette énumération devrait logiquement être mise à jour en incluant les chefs-lieux des nouvelles provinces. (136) Article 18 de la Loi de finances n° 18/025 du 13 décembre 2018 pour l’exercice 2019 In Journal Officiel, numéro spécial, Kinshasa, 21 décembre 2018, p.11. (137) Article 84, § 2 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 du 10 février 1969 telle modifiée et complétée à ce jour.

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Pour les traitements, salaires et avantages accordés par un tiers de droit public, notamment aux membres des institutions publiques et agents de carrière des services publics ainsi qu’aux membres des Cabinets politiques, dont les montants ne sont généralement pas ventilés, le taux de l’impôt est de 30% du montant total des émoluments. Par ailleurs, l’impôt établi est réduit d’une quotité de 2 % pour chacun des membres de la famille à charge, avec un maximum de 9 personnes (138). Ces personnes à charge du redevable sont : 1) l’épouse, 2) les enfants célibataires nés d’un ou de plusieurs mariages ou hors mariage, mais reconnus, ainsi que les enfants sous tutelle ; 3) les ascendants des deux conjoints à la condition qu’ils fassent partie du ménage du redevable (139). En aucun cas, l’impôt professionnel individuel, après déduction des charges de famille prévues à l’article 89 de l’ordonnance-loi n°69/009 précitée ne peut être inférieur à 1.500 francs congolais par mois (140). Attention : - L’impôt professionnel (IPR) est de 20% sur les bénéfices, profits ou rémunérations réalisés ou perçus par des personnes physiques après cessation des activités professionnelles, lorsqu’ils sont recueillis après l’expiration d’une année pendant laquelle les activités ont pris fin ; - Il est fixé à 10% sur le capital-pension payé au travailleur en partance à la retraite par son employeur à travers la caisse de pensions de retraite complémentaire (141). §.4. Les redevables Les employeurs des travailleurs concernés ont l’obligation soit de retenir à la source les montants forfaitaires prévus et de les payer, en ce qui concerne l’imposition forfaitaire par quotités trimestrielles (142), soit de calculer l’impôt suivant le barème progressif par tranche de revenus. §.5. Exemptions (143) et exonérations Sont exemptés de l'impôt professionnel sur les revenus dont ils bénéficient: 1) l’État, les Provinces, les ETD, les circonscriptions administratives, ainsi que les offices et autres établissements publics de droit congolais n’ayant d’autres ressources que celles provenant de subventions budgétaires; 2) les associations sans but lucratif et les établissements d’utilité publique créés conformément à la loi n°04/2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales applicables aux dites associations (144) ; 3) les fonctionnaires et agents internationaux des organisations internationales, du chef des rémunérations touchées par eux et payées par lesdites organisations ;

(138) Article 89 alinéa 1 de la même loi. (139) Article 90 de l’Ordonnance n° 69-009 précitée. (140) La Direction Générale des Impôts se proposerait d’imposer comme montant minimal d’IPR à collecter sur la rémunération payée à tout travailleur œuvrant dans une microentreprise. Mais, il se pose un problème de cout de gestion de cet impôt, dès lors que les frais bancaires qui tournent autour de 8.000 FC seraient supérieurs à la recette d’impôt. Le coût de gestion étant supérieur à la recette, serait-il rationnel de l’appliquer ? (141) Article 22 de la loi de finances n°15/021 du 31 décembre 2015 pour l’exercice 2016, In Journal officiel numéro spécial du 11 janvier 2016, p.16 (142) Article 84 bis alinéa 3 de l’Ordonnance n° 69-009 précitée. (143) Article 94 de l’Ordonnance-loi n° 69-009 du 10 février 1969 telle modifiée et complétée à ce jour. (144) Réf. Journal Officiel n° Spécial du 15 août 2001.

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4) les ambassadeurs et agents diplomatiques, les consuls et agents consulaires accrédités en RDC du chef des rémunérations et profits touchés par eux en leur qualité officielle lorsqu’ils sont de l’État qu’ils représentent, à la condition toutefois que les gouvernements dont ils sont les mandataires accordent la même immunité aux diplomates et agents consulaires de la RDC; 5) les personnes physiques dont les revenus professionnels nets imposables annuels sont égaux ou inférieurs à 524.160 francs congolais ou toute somme proportionnellement équivalente pour les périodes inférieures à un an, à condition de faire la preuve du paiement de l'impôt personnel minimum. Des exonérations peuvent être accordées dans le cadre des législations particulières, tel que le code des investissements et le régime juridique des institutions financières. §.6. Modalités de perception et échéance de paiement La modalité de retenue à la source est celle qui est d’application, l’employeur ne versant au travailleur qu’une rémunération nette d’impôt L’impôt forfaitaire afférent aux rémunérations versées au personnel domestique et aux salariés des microentreprises est retenu à la source, par quotités trimestrielles, et est versé au Trésor aux échéances des 31 mars, 30 juin, 30 septembre et 31 décembre ; Par contre, toute personne redevable de l’IPR frappant les autres types de rémunérations est tenue de souscrire une déclaration (145), chaque mois, au plus tard le quinze du mois qui suit celui au cours duquel les rémunérations ont été versées ou mises à la disposition des bénéficiaires (146) et de verser l’impôt ainsi calculé et retenu à la source au Receveur des Impôts. Section 2 : L’Impôt Exceptionnel sur les rémunérations versées aux expatriés (IERE) §.1. Base légale et fondement politique de l’IERE Le législateur a créé, par ordonnance-loi n° 69-007 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour, un impôt exceptionnel sur les rémunérations du personnel expatrié ou I.E.R (147). Cet impôt a été institué « dans le but de favoriser l’embauchage de la main-d’œuvre nationale en décourageant celui des étrangers » (148). C’est la raison pour laquelle cet impôt « ne peut être mis à la charge du bénéficiaire des rémunérations mais doit être supporté par l’employeur lui-même, personne physique ou morale » (149). §.2. Nature juridique de l’IERE C’est un impôt direct qui frappe le montant des rémunérations versées par les employeurs à leurs travailleurs expatriés. §.3. Fait générateur de l’IERE C’est le paiement des rémunérations aux expatriés ou la mise à leur disposition desdites rémunérations. §.4. Assiette de l’IERE

(145) Dans le souci de rendre plus fiables et uniformes les données statistiques de la main d’œuvre utilisée en RDC, un formulaire unique (système de Guichet Unique) a été conçue pour les calculs et déclarations des versements dus par les employeurs aux organismes publics de l’Etat, à savoir DGI, INSS, INPP et ONEM. (146) Article 17 de la Loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales telle que modifiée et complétée à ce jour par l’article 6 de la loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 In Journal Officiel, numéro spécial, Kinshasa, 3 février 2014, p.7. (147) Les Codes Larcier/RDC Tome V – Droit fiscal, Larcier- Afrique Editions, Bruxelles, 2003, p. 6. (148) Azama Lana, Op. cit., p. 255. (149 ) Azama Lana, Op. cit., p. 255.

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Cet impôt est assis sur le montant brut des rémunérations payées par l’employeur à son personnel expatrié. Ce montant comprend non seulement la rémunération en numéraire mais également tous les avantages sociaux exprimés en argent (articles 2 et 4) dont l’agent expatrié est bénéficiaire. §.5. Contribuables et redevables de l’IERE Les employeurs sont à la fois contribuables et redevables de cet impôt (art. 5 de l’ordonnance-loi n° 69-007 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour). §.6. Taux et formule de calcul de l’I.E.R.E Le taux de droit commun est de 25 %. Le taux dérogatoire est de 10% sur les rémunérations versées au personnel expatrié des entreprises du secteur minier (150). Formule de calcul de l’I.E.R.E : Montant brut/rémunérations versées x 25% (ou 10%) §.7. Modalités de perception et échéance de l’IERE L’impôt exceptionnel sur les rémunérations versée au personnel expatrié est perçu et payé dans les mêmes conditions que l’IPR c.-à-d. que toute personne redevable de l’IERE est tenue de souscrire une déclaration chaque mois, dans les quinze jours qui suivent le mois au cours duquel les rémunérations ont été versées ou mises à la disposition des bénéficiaires (151). La déclaration fiscale y afférente est la même qui est utilisée pour l’IPR. Les deux impôts sont acquittés au même moment et dans les mêmes conditions de délais (art. 6 et 9 de l’ordonnance-loi n° 69-007 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour). §.8. Exemptions et exonérations à l’IERE Elles sont les mêmes que celles prévues en matière d’IPR EXERCICES SUR L’IPR ET L’IERE

Exercice n°1 Messieurs Benjamin Bavu et Claude Bwanakutcha sont agents de la société minière Congo Minerals Au cours de l’exercice fiscal 2016, leurs rémunérations mensuelles ont été respectivement de 150.000 FC et 200.000 FC. Benjamin Bavu est veuf et père de quatre enfants en âge scolaire ; Claude Bwanakutcha est marié et a, en plus, cinq enfants à charge. Questions : 1) Calculez le montant annuel de l’IPR que chacun d’eux a supporté à la fin de l’exercice 2016 et l’IPR mensuel que l’employeur retenait à charge de chacun d’eux.2) Souscrivez la déclaration afférent à cet IPR. Exercice n°2 Monsieur Indra Ghandi, de nationalité indienne est agent de la société minière KCC et a bénéficié au cours de l’exercice fiscal 2015 d’une rémunération annuelle de 120.000 $US. De plus, on a mis à sa disposition une villa (logement en nature) prise en location par l’entreprise pour un loyer (150) Art. 260 de la loi n°07/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier. (151) Article 6 de la loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 In Journal Officiel, numéro spécial du, 3 février 2014, Kinshasa, 2014, p.7.

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mensuel de 1.500 $US et des services d’un jardinier, d’un cuisinier et d’un chauffeur rémunérés globalement et annuellement par l’entreprise à 3.600 $US/an. (N.B. Parité : 1$ = 1.600 FC). Questions 1. Quels sont les éléments à prendre en considération pour le calcul de l’IPR à charge de cet expatrié et de l’impôt exceptionnel sur les rémunérations (IERE) à charge de l’employeur? 2. Calculez le montant de l’IPR annuel de l’exercice 2016 ainsi que de l’IERE. 3. Souscrivez la déclaration afférente à ces deux impôts. SOUS-TITRE II : L’IMPOSITION DE LA DEPENSE

Les transactions économiques, commerciales et industrielles intérieures font l’objet d’imposition à l’occasion de leurs réalisations. Ces impositions sont indirectes du fait que le poids de l’impôt repose sur les consommateurs finaux, les opérateurs économiques n’en étant que des collecteurs d’impôts pour compte du Trésor Public. Les impositions indirectes qui frappent les opérations du Commerce extérieur (exportations/importations/transit) relèvent de la compétence de la DGDA (droits d’entrée, droits de sortie, TVA/importation et droits de transit, Droits d’accises et droit d’accise spécial). Par contre, la seule imposition indirecte qui frappe les transactions intérieures (ventes de biens et services) est la Taxe sur la Valeur Ajoutée à l’intérieur (TVA). Elle relève de la compétence de la Direction Générale des Impôts (DGI). Cependant, depuis 2017, la TVA/importation qui, aux termes de l’Ord-loi n°10/001 du 20 août 2010 instituant la TVA, était initialement perçue par la DGDA pour compte de la DGI, est désormais géré comme un droit connexe relevant de la compétence de la DGDA et dont les recettes sont comptabilisées comme mobilisées par cette régie financière. Pour cette raison, nous n’en ferons plus cas dans ce support. Par conséquent, l’étude de l’imposition des transactions du commerce extérieur (spécialement les importations) ainsi que des Droits d’accises et droit d’accise spécial n’est plus pertinente. Ce sous-titre ne comprendra donc qu’un seul chapitre portant sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur la consommation intérieure des biens et services (Chapitre unique). CHAPITRE UNIQUE : LA TAXE SUR LA VALEUR AJOUTEE (TVA)

Section 1: Définition, origine, histoire et principes de fonctionnement de la TVA L’institution de la TVA en RDC intervient à un moment crucial de son histoire, car il doit faire face à plusieurs grands défis. Le premier d’entre eux est celui qui est lié à sa reconstruction et au redressement de son économie. Le second est celui de son intégration dans les grands ensembles économiques régionaux, particulièrement la Communauté de Développement de l’Afrique Australe ou la South African Development Community (SADA). §.1. Définition (152) La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est un impôt indirect sur la consommation. C’est une taxe unique assise sur le chiffre d’affaires, donc sur les transactions de biens et services, (152) Extrait d’un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit., p. 178; Ord-loi n°10/001 du 20 août 2010 instituant la TVA, article 2 cf. Journal Officiel numéro spécial du 25 août 2010, p. 6.

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et s’appliquant généralement à tous les stades de la production et de la commercialisation. A l’inverse de l’impôt sur le chiffre d’affaires (ICA), qui présentait beaucoup d’inconvénients, notamment sa perception en cascade et son impact sur l’augmentation des prix aux consommateurs etc., la TVA est conçue pour ne toucher que le consommateur final (et non chaque entreprise en tant que consommateur intermédiaire). La TVA s'applique aux activités économiques à titre onéreux et exercées de manière indépendante. §.2. Origine, histoire et expansion de la TVA dans le monde La TVA a été élaborée et mise au point en 1954, par monsieur Maurice LAURE, un haut fonctionnaire du service des impôts français. C’était une réponse aux multiples réclamations des opérateurs économiques consécutives aux problèmes de répercussion, sur eux, des taxes sur les affaires qui devraient normalement être supportées par les consommateurs. Malheureusement, suite aux perturbations dues aux crises économiques, les opérateurs économiques ont été amenés à les supporter, par répercussion, en lieu et place des consommateurs. Ces taxations ont même été à la base des révoltes fiscales, notamment celles des hommes d’affaires (le poujadisme) de 1954. Dans de nombreux pays, la TVA s'est progressivement imposée comme le mécanisme de taxation préféré pour les biens et les services (153). Par l’effet de contagion et du fait des avantages qu’elle présente, beaucoup d’Etats asiatiques, africains et d’Amérique Centrale et du Sud ont introduit la TVA dans leurs systèmes fiscaux respectifs, en remplacement des taxes sur les chiffres d’affaires. Les pays anglo-saxons comme les USA, le Canada et la Grande Bretagne ne l’ont pas fait. Mais, beaucoup d’anciennes colonies britanniques l’ont adopté : c’est le cas de la plupart de ces pays membres de la Communauté de Développement des Etats d’Afrique Australe ou la South African Development Community (SADC) dont la RDC est parmi les derniers à instituer, en 2010, la taxe sur la valeur ajoutée. §.3. Principe de fonctionnement et avantages théoriques de la TVA A. Le principe de fonctionnement de la TVA Le principe central de la TVA est d'éviter les impositions cumulatives dites "en cascade" qui conduisent à intégrer dans l'assiette de l'impôt à chaque stade de la commercialisation d'un bien ou d'un service la valeur des taxes cumulatives récoltées au stade précédent. L'assiette est toujours la valeur ajoutée et ne contient aucune part de taxe sur les ventes, contrairement à la plupart des systèmes de taxes sur le chiffre d'affaires.

(153) À l'heure actuelle, parmi les pays développés, seuls les États-Unis n'ont pas adopté la TVA, leur préférant un système proche des « impôts ou taxes sur les ventes » appelé « sales taxes ». La « sales tax » est fixée par chaque État fédéré et va de 0 % (Delaware, Alaska ou Oregon) à 8,75 % (Californie). Le Canada utilise quant à lui, au niveau fédéral, une taxe très similaire à la TVA, « la taxe sur les produits et services ». Mais, certaines provinces ont défini un système supplémentaire d'imposition sur la consommation. Certaines d'entre elles suivent le principe des sales taxes, tandis que d'autres ont une taxe sur la valeur ajoutée similaire à la TPS fédérale (ainsi la Taxe de vente du Québec de 7,5 % qui s'applique au-dessus du 5 % fédéral).

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La personne physique ou morale assujettie à la TVA (appelée ici redevable) majore son prix de vente hors-taxe du montant de la taxe sur la valeur ajoutée. Les redevables ne versent à l'État que la différence entre la TVA qu'elles perçoivent lors de leurs ventes et celle qu'elles ont elles-mêmes versée lors de leurs achats. Ainsi, on ne taxe que la « valeur ajoutée » qui est définie comme la différence entre le produit des ventes et les coûts des consommations intermédiaires facturées. Sur le plan comptable, les assujettis enregistrent leur prix hors-taxe (HT). Ce qui signifie qu'ils jouent en fait auprès de leurs clients le rôle de collecteurs d'impôt pour le compte de l'État sans que cette charge ne les touche personnellement. On décrit ce mécanisme comme la « neutralité économique » de la TVA. Exemple Un magasin, à Lubumbashi, achète une bouteille d’eau minérale de 1,5 litre de marque Dasani à 900 FC HT à son fournisseur. Il lui coûtera réellement 1.044 FC TTC avec une TVA à 16%. Ce même magasin revend la bouteille (avec une MB de 20%) à 1.080 FC HT, soit 1.252,80 FC TTC. Le magasin ne reverse que la différence entre la TVA grevant l'achat de la bouteille d’eau minérale et celle prélevée lors de la revente.    

Prix producteur HT (PPHT) : 1.000 FC Prix producteur TTC (PFTTC) = PPHT + (1.000 FC x 16%) = 1.000 FC +160 FC =1.160 FC Prix magasin HT (PMHT) : (PPHT + MB) = 1.000 FC + 200 FC = 1.200 FC Prix magasin TTC (PMTTC) : PMHT + (PMHT x 16%) = 1.200 FC + (1.200 FC x 16%) = 1.200 FC + 192,00 FC = 1.392,00 FC

En conséquence l'entreprise reverse 32,00 FC soit la TVA du prix magasin diminuée de la TVA du prix producteur = 192,00 FC – 160 FC = 32,00 FC. B. Les avantages théoriques de la TVA, facteurs de son succès Par rapport aux anciennes taxes, ce système présente des avantages en termes d'équité et de simplicité, tout en assurant l'État d'un bon rendement.  L'équité : Quelle que soit la complexité des systèmes de production et de ventes, aucun intermédiaire ne supporte la TVA, qui n'est payée que par le consommateur final. La TVA est neutre à l'égard des modes de production (sous-traitance ou non ; importation de composants ou non). Chaque produit est taxé de la même façon qu'il soit importé ou produit dans l'Etat concerné. Raison pour laquelle son taux est généralement unique sauf exceptions. Par ailleurs, l'Administration fiscale dispose d'une information fiable sur toutes les ventes, à tous les niveaux de la chaîne économique : chaque entreprise déclare non seulement ses ventes, mais aussi ses achats, qui sont les ventes de ses fournisseurs, ce qui limite les risques de fraude.  La simplicité est double : 

Pour les entreprises, l'enregistrement de la TVA perçue sur les ventes se fait aussi simplement que celle grevant les achats. Elles ont intérêt à faire ce travail avec application pour pouvoir bénéficier du remboursement de la TVA qu'elles auront payée en amont, à

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leurs fournisseurs. En effet, la caractéristique principale de cet impôt moderne est de permettre de déduire de la taxe calculée sur le prix de vente (en aval) la taxe qui a grevé le prix de revient (en amont).  Pour l'État, il est possible de moduler la pression fiscale à l'aide de quelques paramètres (taux d'imposition, assiette déductible, etc.) ou d'influencer la consommation en changeant la catégorie fiscale d'un groupe de produits ou services.  Rendement de la TVA 

Pour les finances publiques, la TVA est de fort rendement pour un coût de collecte très faible. Dans certains pays, comme la France, la TVA est la principale source de revenu des finances publiques. Les recettes de la TVA sont fortement corrélées à l'activité économique.

§.4. Considérations critiques sur la TVA La TVA est un impôt indirect sur la consommation. D'un certain point de vue, ceci lui donne plusieurs caractéristiques qui peuvent être vues comme autant des inconvénients que des défauts: 1. La TVA est un impôt indirect sur la consommation. A ce titre, elle pèse d'autant plus sur un agent économique qu'il consomme une fraction plus importante de son revenu. Le reproche associé à celui-ci est celui de peser plus sur les pauvres, qui consomment une grosse fraction de leur revenu (en épargnant peu), que sur les riches, qui ont plus de moyens d'épargner plus tout en consommant peu. 2. La TVA est considérée comme un impôt non redistributif car, le taux payé est le même pour tous les consommateurs, quelle que soit la hauteur de leurs revenus. La TVA peut donc exposer ses auteurs (souvent les dirigeants au pouvoir lors de son institution) aux critiquée par certaines forces politiques de l’opposition qui pourraient leur préférer les impôts progressifs. Heureusement pour la RDA, la plupart des dirigeants ne s’intéressent généralement qu’au rendement de l’impôt et, accessoirement à la pression fiscale mais rarement à la technique de l’impôt. 3. Pour les entreprises, la TVA réduit leurs marchés et les pénalise, même si elles ne payent pas directement la TVA, car elle augmente le prix final ou prix au consommateur du bien. 4. Pour l'État, la TVA génère des recettes qui dépendent de la consommation, donc de l'importance des flux économiques. Cela met les finances publiques en corrélation avec l'activité économique. Il y a accroissement fiscal proportionnellement avec la croissance, et inversement réduction des ressources en cas de récession économique. Ce qui peut être vu comme un inconvénient.  Sur les deux premières critiques, les États qui ont adopté la TVA reconnaissent explicitement la validité de l'argument, puisqu'ils ont développé des mesures qui donnent de fait à la TVA une certaine progressivité : des taux réduits de TVA sur les biens de première nécessité, et inversement des taux "de luxe" pour d'autres biens. De plus, certains biens peuvent être exclus du champ de la TVA, par exemple le logement en France. b) des biens mis à disposition gratuitement et qui, par conséquent, ne supportent pas la TVA, dont profitent les plus pauvres. a)

Pour la RDA, nous avons deux taux : 0% en ce qui concerne les exportations et opérations assimilées et 16% en ce qui concerne toutes les autres opérations et prestations. Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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 La troisième critique est également admise, et les États en jouent ponctuellement pour stimuler un secteur qui leur parait souhaitable, mais leur besoin de financement est généralement trop important pour qu'ils renoncent à une TVA significative dans le cas général. Section 2. L’institution de la TVA en RDC (154). Pour des raisons d’ordre pédagogique, il sera fait usage de la même méthodologie utilisée supra pour l’étude des précédents impôts : la base légale, les matières ou opérations imposables, le fait générateur, la base imposable, les assujettis, les taux ainsi que les exemptions et exonérations. A ces éléments, nous allons ajouter la territorialité et l’exigibilité de la TVA. §.1. La base légale - L’ordonnance-loi n°10/001 du 20 août 2010 instituant la taxe sur la valeur ajoutée. Cette ordonnance-loi est entrée en vigueur le 1er janvier 2012 ; - L’ordonnance-loi n°13/006 du 23 février 2013 modifiant et complétant l’ordonnance-loi n°10/001 du 20 août 2010 instituant la taxe sur la valeur ajoutée ; - Loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 (articles 12 à 17) ; - La loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015 ; - La loi de finances n° 17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017 ; - La loi de finances n° 17/014 du 24 décembre 2018 pour l’exercice 2018. - Le Décret n° 011/42 du 22 novembre 2011 portant mesures d’exécution de l’Ordonnance-loi instituant la TVA ; - l’Arrêté Ministériel n° 037/CAB/MIN/FINANCES/2011 du 11 aout 2011 portant modification du seuil d’assujettissement à la TVA ; - L’Arrêté ministériel n° 065/CAB/MIN/FINANCES/2011 du 28 novembre 2011 fixant les modalités complémentaires de remboursement des crédits de TVA ; - L’Arrêté ministériel n° 067/CAB/MIN/FINANCES/2011 du 29 novembre 2011 fixant les conditions d’agrément des représentants fiscaux des redevables de la TVA établis ou domiciliés hors de la RDC; - L’Arrêté ministériel n° 071/CAB/MIN/FINANCES/2011 du 30 décembre 2011 portant suspension de la perception de la TVA sur certains produits de première nécessité ; - Instruction n° DGDA/DG/DGA.T/dg/2011/005 du 28 décembre 2011 relative à la taxe sur la valeur ajoutée à l’importation et à l’exportation. §.2. Les opérations taxables ou la matière taxable Les opérations ci-après, effectuées entre deux personnes distinctes, à titre onéreux ou moyennant une contrepartie en espèces ou en nature, quels que soient les buts recherchés ou les résultats obtenus, sont soumises à la taxe sur la valeur ajoutée : 1. les livraisons de biens meubles corporels faites à des tiers (c.à.d. le transfert du pouvoir de disposer de ces biens comme propriétaire, en ce compris le transfert opéré en vertu d’une réquisition de l’autorité publique) ; 2. les livraisons de biens à soi-même ; (154) En application des dispositions de l’article 129 de la Constitution du 18 février 2006, le Parlement a voté le 23 juin 2010, la loi d’habilitation du Gouvernement à prendre l’Ordonnance-loi n°10/001 du 20 août 2010 portant institution de la TVA, et ce, par dérogation au principe consacré par son article 122.

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3. les prestations de services faites à des tiers ; 4. les prestations de services à soi-même ; 5. les importations, quelle que soit leur valeur. Par personnes distinctes (Cf. article 5 LTVA), il faut entendre des personnes juridiques différentes établies en RDC ou des personnes différentes ou établissements, agences, bureaux, succursales, si l’une des parties est située hors du territoire de la RDC, qu’ils aient ou non un statut juridique distinct. Les livraisons de biens meubles corporels sont notamment (Cf. article 6 LTVA): -

l’échange de biens ; l’apport en société ; la location-vente ; la vente à tempérament ; les ventes d’articles et matériels d’occasion faites par des professionnels ; les cessions d’éléments d’actifs ; la fourniture d’eau, d’électricité, de gaz, d’énergie thermique et des biens similaires ; les exportations de marchandises et opérations assimilées.

Les opérations ci-après sont assimilées aux exportations de marchandises et de services (article 7 LTVA): les opérations de construction, de transformation, de réparation, d’entretien, d’affrètement d’aéronefs utilisés par des compagnies de navigation aérienne, dont les services à destination ou en provenance de l’étranger ont représenté au cours de l’année civile précédente et en chiffres d’affaires, au moins 80% de l’ensemble des services qu’elles exploitent ainsi que la fourniture de tous les articles et produits destinés à être incorporés dans ces aéronefs ; - les livraisons de marchandises ou objets destinés à l’avitaillement de ces aéronefs effectuant des liaisons internationales ; - les opérations de construction, de transformation, de réparation, d’entretien, d’affrètement portant sur des bâtiments de mer (= navires) congolais et étrangers de la marine marchande, les bateaux affectés à la pêche professionnelle maritime, fluviale ou lacustre, les bateaux de sauvetage et d’assistance, ainsi que la fourniture de tous les articles et les produits destinés à être incorporés dans ces mêmes bâtiments de mer et bateaux ; - les opérations consistant en la livraison d’engins et filets de pêche ainsi que la fourniture de tous les articles et produits destinés aux bateaux pratiquant la pêche professionnelle maritime, fluviale ou lacustre ; - les opérations de manutention, de magasinage et d’aconage portant sur les marchandises manifestées en transit international ainsi que sur les marchandises exportées ; - les livraisons de biens effectuées sous un régime suspensif de droits de douane ou avant dédouanement sous réserve de leur exportation effective. -

Par livraisons de biens à soi-même (article10 LTVA), il faut entendre les prélèvements et affectations effectués par les assujettis pour :  des besoins d’exploitation en cas de production d’immobilisations ou de biens exclus du droit de déduction ; Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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 des besoins autres que ceux de l’exploitation, à savoir ceux des dirigeants, de son propre personnel ou des tiers. La loi considère comme prestations de service (article 8 LTVA), notamment les opérations suivantes :             

les locations de biens meubles ; les locations d’immeubles meublés ; les opérations portant sur des biens meubles incorporels ; les opérations de crédit-bail ; le transport de personnes et de marchandises, le transit et la manutention ; les opérations réalisées dans le cadre d’une activité libérale, de travaux d’études, de conseil, d’expertise et de recherche ; la fourniture des télécommunications ; les opérations d’entremise ; les ventes à consommer sur place (= à l’intérieur du pays) ; les réparations avec ou sans pose de pièces et le travail à façon ; les travaux immobiliers ; les locations des terrains non aménagés et des locaux nus effectuées par les promoteurs immobiliers ; les opérations concourant à la production ou à la livraison d’immeubles par les promoteurs immobiliers.

Les prestations de services à soi-même (article 11 LTVA) consistent en des services que les assujettis réalisent soit pour les besoins de leur entreprise, soit pour d’autres besoins dans le cadre normal de leur activité. §.2.Les personnes assujetties (article 13 LTVA) : a) les personnes physiques ou morales y compris l’Etat, les provinces, les ETD et les organismes de droit public qui effectuent de manière indépendante, à titre habituel ou occasionnel, des opérations visées aux articles 3 à 9, quels que soient leur statut, leur situation au regard des autres impôts et la forme ou la nature de leurs interventions ; b) les personnes morales et physiques sont assujetties à la TVA lorsqu’elles réalisent un chiffre d’affaires annuel égal ou supérieur à 80.000.000, 00 de francs congolais (155). Ce qui signifie qu’hormis les assujettis repris au point c) ci-dessous, ceux qui réalisent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 80.000.000,00 FC ne sont pas assujettis à la TVA (156); c) les membres des professions libérales sont assujetties à la TVA sans considération de leur chiffre d’affaires ; d) lorsque le chiffre d’affaires réalisé par un assujetti devient inférieur au seuil d’assujettissement à la TVA (seuil actuel : 80.000.000, 00 FC), l’assujetti perd cette qualité pour l’exercice suivant (157).

(155) Aux termes des articles 42 et 43 du Décret n°011/42 précité, il s’agit du chiffre d’affaires hors TVA de l’année précédente pour les entreprises existantes ou du chiffre d’affaires prévisionnel pour les nouvelles entreprises. (156) Initialement fixé à 50.000.000 FC par l’ordonnance-loi, le seuil a été porté à 80.000.000 FC par l’Arrêté Ministériel N° 037/CAB/MIN/FINANCES/2011 du 11 aout 2011 portant modification du seuil d’assujettissement à la TVA. (157) Loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 (article 12), In Journal Officiel, numéro spécial du 03 février 2014, Kinshasa, 2014, p.10.

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La question que l’on peut se poser à ce stade est celle de savoir pourquoi les entités publiques (Etat, provinces, ETD et organismes de droit public) sont également assujetties à la TVA. La réponse est simple. La TVA est considérée comme étant économiquement « neutre ». En conséquence, si ces entités se livrent à des opérations ou prestations susceptibles d’entrainer des distorsions dans les conditions de la concurrence, elles doivent collecter la TVA auprès de leurs clients (consommateurs) et l’acquitter. §.3. Assiette, taux et calcul de la TVA 6.1. De la base d’imposition A. Du régime général La base d’imposition est constituée par toutes les sommes, valeurs, biens ou services perçus en contrepartie de l’opération, y compris les subventions ainsi que tous frais, impôts, droits, taxes ou prélèvements de toute nature y afférente, à l’exclusion de la TVA elle-même. Elle est notamment constituée par : 1. la valeur CIF majorée des droits d’entrée et, le cas échéant, des Droits d’accises, pour les produits importés ; 2. la valeur FOB pour les exportations de marchandises ; 3. la valeur des produits au moment de leur sortie de la zone franche (158); 4. toutes les sommes ou valeurs, tous avantages, biens ou services reçus ou à recevoir par le fournisseur en contrepartie de la livraison, pour la livraison de biens ; 5. toutes les sommes ou valeurs, tous avantages, biens ou services reçus ou à recevoir par le prestataire en contrepartie de sa prestation et, le cas échéant, la valeur des biens consomptibles, pour les prestations de services ; 6. la valeur des produits reçus en paiement du bien livré, augmentée, le cas échéant, du montant de la soulte (159), pour les échanges ; 7. le montant de marchés, mémoires ou factures, pour les travaux immobiliers ; 8. le prix de revient des biens faisant l’objet de ces livraisons, pour les livraisons de biens à soi-même ; 9. les dépenses engagées pour leur exécution, pour les prestations de services à soimême ; 10. la différence entre le prix de vente et le prix d’achat de chaque bien, pour les ventes faites par les négociants de biens d’occasion, d’œuvres d’art, d’objets de collection ou d’antiquité ; 11. le montant des loyers facturés par les sociétés de crédit-bail, pour les opérations de crédit-bail ; 12. le prix du marché, toutes taxes comprises, en ce qui concerne les marchés publics. Sont exclus de la base d’imposition définie ci-dessus : 1. les compléments de prix acquittés à titre divers par l’acquéreur des biens ou le client ; (158) Région frontière où les marchandises étrangères pénètrent librement, sans paiement de droits ni formalités. (159) Somme d’argent qui, dans un partage ou un échange, compense l’inégalité de valeur des lots ou des biens échangés.

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2. les indemnités n’ayant pas le caractère de dommages-intérêts ; 3. les subventions qui représentent l’unique contrepartie d’une opération imposable et qui constituent le complément direct du prix d’une telle opération ou sont destinées à compenser globalement l’insuffisance des recettes d’exploitation d’une entreprise ; 4. les frais accessoires aux livraisons de biens , tels que commissions, intérêts, frais d’emballage, de gardiennage, de manutention, d’entreposage, de transport et d’assurance demandés aux clients, même s’ils sont facturés séparément ; 5. les escomptes de caisse, remises, rabais et ristournes et autres réductions de prix consentis à condition qu’ils bénéficient effectivement et pour leur montant exact au client et qu’ils figurent sur une facture initiale ou rectificative (N.B. en d’autres termes, si ces réductions constituent la rémunération d’une prestation fournie par le débiteur à son créancier ou si elles ne bénéficient pas effectivement à l’acheteur pour leur montant exact, elles ne peuvent pas venir en déduction de la base imposable chez le créancier ou le vendeur – article 30) ; 6. les débours qui ne sont que des remboursements de frais et qui sont facturés pour leur montant exact au client ; 7. les encaissements qui ne sont pas la contrepartie d’une affaire ; 8. les indemnités ayant le caractère de dommages-intérêts ; 9. les primes et les subventions d’équipement affectées au financement d’un bien d’investissement déterminé ; 10. les sommes remboursées aux intermédiaires autres que les agents de voyage et organisateurs de circuits touristiques, qui effectuent des dépenses sur l’ordre et pour compte de leurs commettants dans la mesure où ces intermédiaires rendent compte à leurs commettants et justifient, auprès de l’Administration des impôts, de la nature ou du montant exact de ces débours ; 11. les intérêts perçus lorsqu’ils ont le caractère d’intérêts moratoires ; 12. les sommes perçues à titre de consignation lors de la livraison d’emballages identifiables, récupérables et réutilisables. Lorsque ces emballages n’ont pas été rendus au terme des délais en usage dans la profession, la TVA est due sur le prix de consignation. Toutefois, si celui-ci est inférieur au prix de cession, c’est ce dernier qui est pris en compte. B. Des régimes particuliers Par dérogation au régime général, la loi sur la TVA a prévu également des régimes particuliers pour la détermination de la base d’imposition. Ces régimes particuliers sont les suivants : 1. Les ventes de biens d’occasion réalisées par les négociants en biens d’occasion sont soumises à la TVA dans les conditions du régime général sus-décrit. S’il s’agit des Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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biens d’occasion acquis auprès de non assujettis, ces négociants doivent payer la TVA sur la différence entre le prix de vente et le prix de revient. Pour les biens d’occasion importés, la base à la TVA est déterminée conformément à la législation douanière ; 2. Pour les opérations d’entremise effectuées par les agences de voyages ou les organisateurs de circuits touristiques, la base d’imposition est constituée par la différence entre le prix total payé par le client et le prix facturé à l’agence ou à l’organisateur par les entrepreneurs de transports, les hôteliers, les restaurateurs, les entrepreneurs de spectacles et les autres assujettis qui exécutent matériellement les services utilisés par le client ; N.B. Les agences de voyages ou les organisateurs de circuits touristiques ne peuvent pas déduire la TVA afférente au prix payé aux entrepreneurs de spectacles et les autres assujettis qui exécutent matériellement les services utilisés par le client. 3. Pour les transitaires, les commissionnaires de transports et les commissionnaires en douane même traitant à forfait, la base d’imposition est constituée par la rémunération brute comprenant la totalité des sommes encaissées, déduction faite de la TVA et des seuls débours afférents au transport lui-même ainsi que de ceux payés à l’occasion du dédouanement, pourvu que lesdits débours soient justifiés. Cette base d’imposition s’applique aux transitaires et aux commissionnaires en douane même lorsque les opérations de dédouanement ont été effectuées pour le compte de leurs confrères (article 34 alinéa 2). 6.2. Des taux d’imposition Le taux de la TVA à l’intérieur est de 16% du montant brut de la facture. 6.3. Du calcul de la TVA : Formules de calcul TVA/Intérieur :

Prix de vente HTVA x 16% (Att. multiplicité des bases de calcul)

§.4. Le fait générateur et l’exigibilité de la TVA A. Du fait générateur (art. 24 LTVA et 51 à 63 du Décret précité) Le fait générateur de la TVA est défini comme l’évènement qui donne naissance à la créance fiscale. Il est constitué par : 1. la livraison de biens, pour les ventes de biens meubles corporels ; 2. l’exécution de services et de travaux ou de tranches de services et de travaux, pour les prestations de services, y compris les travaux à façon et les travaux immobiliers ; 3. le franchissement des frontières de la RDC pour les importations et les exportations ; 4. la mise à la consommation, pour les marchandises placées sous régime douaniers suspensifs ; 5. la sortie des marchandises de la zone franche en vue de leur mise à la consommation en RDC;

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6. l’acte de mutation ou de transfert de propriété ou, à défaut d’acte, l’entrée en jouissance, pour les opérations immobilières réalisées par les promoteurs immobiliers ; 7. l’acte de mutation, de jouissance ou à défaut d’acte de mutation, l’entrée en jouissance, pour les locations de terrains non aménagés ou de locaux nus effectués par des promoteurs immobiliers ; 8. la première utilisation ou la première mise en service, pour les biens, les prestations de services que les redevables se livrent à eux-mêmes ; 9. l’expiration des périodes auxquelles se rapportent les décomptes et encaissements, pour les livraisons de biens, les prestations de services, les travaux immobiliers donnant lieu à l’établissement de décomptes et paiements successifs, à l’exception de celles portant sur des biens faisant l’objet d’une vente à tempérament, d’une location ou d’une location-vente ; 10. l’encaissement du prix ou d’un acompte, pour les autres opérations imposables. B. De l’exigibilité (articles 25 à 26 LTVA) L’exigibilité de la TVA est le droit dont disposent les services de l’Administration des impôts de réclamer du redevable le paiement de la taxe à partir d’une date donnée. Elle intervient : 1. lors de la réalisation du fait générateur, pour les livraisons de biens y compris les livraisons à soi-même ; 2. au moment de l’encaissement du prix, des acomptes ou avances, pour les prestations de services et les travaux immobiliers ; 3. au moment de l’enregistrement de la déclaration de mise à la consommation en RDC, pour les biens et marchandises : -

importés directement ; placés sous l’un des régimes suspensifs de droits douaniers; sortis d’une zone franche ;

4. à la date de l’échéance de l’effet, en cas d’escompte d’un effet de commerce ; 5. à l’échéance des intérêts ou des loyers, pour les opérations de crédit à la consommation ou de crédit-bail réalisées par les établissements financiers ; 6. à la livraison de produits ou à l’occasion de perception du préfinancement s’il en existe, pour les opérations liées aux cultures pérennes ; 7. à la date de mutation ou de transfert de propriété, pour les mutations de propriété d’immeubles ; 8. à la date de chaque échéance, en ce qui concerne les locations ventes effectuées dans le cadre de l’habitat social, les locations de terrains non aménagés et des locaux nus effectuées par les promoteurs immobiliers ; 9. lors de l’inscription au débit du compte du client des entrepreneurs de travaux publics, de travaux immobiliers et des prestataires de services qui en font la demande et qui justifient de circonstances particulières, lorsqu’ils sont autorisés à acquitter la TVA d’après les débits sur décision du Directeur Général des Impôts ou son délégué en Province. §.5. Les exemptions et exonérations B. Exemptions (article 13 alinéa 3 LTVA) : Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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Ne sont pas assujetties à la TVA (= en sont exemptées) les personnes de droit public pour l’activité de leurs services administratifs, sociaux, éducatifs, culturels et sportifs, lorsque leur non-assujettissement n’entraine pas de distorsions dans les conditions de la concurrence (Ex : les prestations de sécurité sociale de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale - CNSS, les prestations d’éducation et d’enseignement, les activités sportives, les prestations des soins de santé etc.). C. Exonérations (articles 15 à 19 LTVA) : Ces exonérations sont limitatives et ne peuvent être étendues en vertu des similitudes ou analogies entre les opérations exonérées et les opérations non exonérées (160). B.1. Sont exonérées de la TVA, les opérations de livraison de biens et d’importations ciaprès : a) les ventes de biens meubles d’occasion effectuées par les personnes qui les ont utilisées pour les besoins de leur exploitation lorsque ces biens n’ont pas ouvert droit à déduction de la taxe lors de leur acquisition ; b) les ventes et les importations réalisées par les A.S.B.L légalement constituées lorsque ces opérations présentent un caractère social, sportif, culturel, religieux, éducatif ou philanthropique conforme à leur objet, dans les conditions prévues par voie réglementaire ; c) les ventes et les cessions effectuées par l’Etat, les provinces, les ETD et les organismes publics pour l’activité de leurs services administratifs, sociaux, éducatifs, culturels et sportifs, lorsque leur non-assujettissement n’entraine pas de distorsions dans les conditions de la concurrence (Ex : les prestations de sécurité sociale de l’INSS) ; d) les ventes et les importations de timbres officiels ou de papiers timbres ; e) les ventes et les importations des équipements agricoles ; f) les opérations ayant pour objet la cession d’immeubles par des personnes autres que les promoteurs immobiliers et passibles de droits d’enregistrement ; g) la vente locale du blé, du pain, du maïs, de la farine de froment et de la farine de maïs (161) ; B.2. Sont exonérées de la TVA, les prestations de services ci-après (article 17 LTVA): a) les opérations de composition, d’impression, d’importation et de vente des journaux, livres et périodiques à l’exclusion des recettes afférentes à la publicité ; b) la location des livres, périodiques et autres supports magnétiques contenant des informations à caractère scientifique, éducatif, culturel ou religieux ainsi que les prestations de services fournies aux lecteurs des bibliothèques, les services d’archives et de documentation ; c) les recettes liées aux visites des monuments historiques et musées nationaux, des parcs zoologiques et botaniques ; d) les frais de scolarité et de pension perçus dans le cadre normal de l’activité des établissements d’enseignement national régulièrement autorisés selon le cas, par le ministre ayant l’enseignement primaire, secondaire et professionnel ou enseignement supérieur et universitaire dans ses attributions ;

(160) Art.46 à 50 du Décret n°011/42 précité. (161) Ibidem.

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e) les examens, consultations, soins, hospitalisation, travaux d’analyse et de biologie médicale pour les humains ; f) le transport des malades et des blessés par des moyens de transport spécialement équipés à ces fins ; g) les prestations faites par les pompes funèbres et le transport de corps ; h) les prestations effectuées dans le cadre de leur activité normale par les A.S.B.L légalement constituées, lorsque leur non assujettissement n’entraine pas de distorsion dans les conditions de la concurrence ; i) les intérêts relatifs aux crédits bancaires à l’investissement, aux crédits-bails, aux crédits agricoles et aux découverts bancaires ; j) les intérêts rémunérant les emprunts extérieurs ; k) les opérations de crédit social ou agricole effectuées par les caisses de crédit mutuel, les coopératives d’épargne et de crédit ; l) etc. m) Les prestations de services se rapportant directement aux opérations pétrolières réalisées par des prestataires étrangers au profit des entreprises pétrolières de production, dans les conditions déterminées par voie réglementaire (162) ; n) La prime de l’assurance-vie, la prime de l’assurance-maladie, la prime d’une assurance directe à l’étranger à condition qu’elle ait été autorisée par le Ministre ayant le secteur des assurances dans ses attributions, et la prime de réassurance (163). §.6. De la territorialité de la TVA (articles 21 à 23 LTVA) En vertu du principe de la territorialité, sont soumises à la TVA toutes les opérations réalisées en RDC, même lorsque le domicile, la résidence de la personne physique ou le siège social de la personne morale assujettie est situé hors des limites territoriales de la RDC.  Une opération est réputée réalisée en RDC s’il s’agit de : a) livraison de biens ou toute autre opération ayant pour effet le transfert de propriété à un tiers, lorsque ledit bien se trouve sur le territoire national au moment de la vente ou de toute autre opération ; b) travaux immobiliers, lorsqu’ils sont effectués dans le pays ; c) prestations des services, lorsque le service rendu, le droit cédé ou l’objet loué, sont utilisés ou exploités au pays.  Les commissions sont réputées perçues en RDC à l’occasion des ventes de titres de transport par les agences de voyage ou les entreprises ayant une activité de cette nature, quels que soient la destination ou le mode de transport ou le siège de la société de transport ;  Lorsqu’un redevable de la TVA est établi ou domicilié hors de la RDC, il est tenu de désigner par lettre légalisée ou notariée, adressée à l’Administration des impôts, un représentant agréé, résidant sur le territoire national, qui est solidairement responsable avec lui du paiement de la taxe. En cas de non désignation d’un

(162) Loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 (article 16), In Journal Officiel, numéro spécial du 03 février 2014, Kinshasa, 2014, p.10. (163) Article 32 de la loi de finances n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017, In Journal Officiel, numéro spécial du 05 juillet 2017, Kinshasa, 2017, p.16.

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représentant, la TVA et, le cas échéant, les pénalités y afférentes, sont payées par la personne cliente. §.7. Du régime des déductions Comme dit supra, la TVA est un impôt indirect sur la consommation. En clair, c’est celui qui consomme les biens ou utilise les services fournis qui supporte le poids de l’impôt, la charge de la TVA. En d’autres termes, sauf cas de livraison de marchandises à soi-même ou de prestations de services à soi-même, les assujettis ou les redevables de la TVA ne sont pas ceux qui doivent en supporter le poids. Ils sont des collecteurs de la TVA en amont. C’est pour cette raison que le législateur a prévu un système de déduction de la TVA que nous développons ci-dessous. A. Des principes La TVA qui a grevé en amont les éléments du prix d’une opération imposable est déductible de la taxe applicable à cette opération pour les assujettis. Eu égard à ce qui précède, les assujettis ou redevables sont autorisés à déduire du montant d’impôt exigible sur les opérations, la TVA payée lors de l’achat ou de l’importation : 1. des matières premières, des biens intermédiaires et des consommables entrant dans la composition des produits taxables ou qui, n’entrant pas dans le produit fini, sont détruits ou perdent leurs qualités spécifiques au cours d’une opération de fabrication des mêmes produits ; 2. des biens destinés à être revendus dans le cadre d’une opération imposable ; 3. des services entrant dans le prix de revient d’opérations ouvrant droit à déduction ; 4. des biens meubles, immeubles et services acquis pour les besoins de l’exploitation au titre des investissements et frais généraux. - Les assujettis sont autorisés à déduire la TVA afférente aux livraisons de biens à soimême et prestations des services à soi-même visées aux points 1, 2, 3 et 4 ci-dessus ; - les biens d’investissement ouvrant droit à déduction sont inscrits dans la comptabilité de l’entreprise pour leur coût d’achat ou de revient hors TVA déductible ; - les amortissements relatifs à ces biens sont, pour l’assiette de l’impôt sur les bénéfices, calculés sur base de leur coût d’achat ou de revient hors TVA déductible. Ex. Une marchandise achetée au prix de 1.800, 00 FC. Base/TVA = 1.800, 00 FC + 360, 00 FC = 2.160, 00 FC TVA/Import = 2.160, 00 FC X 16% = 346, 00 FC. Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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Frais transitaire + assurance + transport vers L’shi + manutention : 560, 00 FC Valeur/marchandise rendue magasin à L’shi : 2.160 FC + 560 FC = 2.720 FC Base/Prix de revient/Vente magasin = PMHTVA = (2.720 FC – 346,00 FC) = 2.374, 00 FC Prix/Vente magasin = PMHTVA+MB (20%) = 1.374 FC + (2.374 FC x 20%) = 2.374 FC + 474,80 FC = 2.848, 80 FC TVA = Prix/Vente magasin x 16% = 2.848,80 FC X 16% = 455,808 FC Déduction : 455,808 FC – 346 FC = 109,808 FC. La société importatrice ne versera au Fisc, après la vente, que le montant de 109, 808 FC. 1) Naissance du droit à déduction Le droit à déduction prend naissance lorsque la TVA devient exigible chez l’assujetti. Ce droit est exercé jusqu’au 31 décembre de l’année qui suit celle au cours de laquelle la taxe est devenue exigible. A l’expiration de ce délai, la TVA non déduite est acquise définitivement au Trésor Public. 2) Conditions requises pour la déductibilité de la TVA Pour être déductible, la TVA doit figurer : a) de façon générale, sur une facture ou un autre document en tenant lieu dûment délivré par un assujetti et mentionnant son numéro impôt ; b) en cas d’importation, sur la déclaration de mise à la consommation établie par la douane ; c) en cas de livraison de biens ou de prestations de services à soi-même, une facture à soi-même. 3) Autres a) les déductions afférentes aux exportations ne sont définitivement acquises que lorsque la preuve de l’effectivité de l’exportation est apportée par la production des documents douaniers et de ceux relatifs au rapatriement des fonds sous réserve des législations particulières et de la réglementation de change ; b) la TVA afférente aux biens qui ne constituent pas des immobilisations et qui sont en stock à la date à laquelle l’entreprise devient assujettie, est déductible lorsque ces biens sont destinés exclusivement à la réalisation d’opérations ouvrant droit à déduction et à condition que ce stock ait fait préalablement l’objet d’une déclaration détaillée ; c) la taxe ayant grevé les immobilisations détenues par les entreprises qui entrent nouvellement dans le champ d’application de la TVA n’ouvre pas droit à déduction. B. Des exclusions du droit de déduction Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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Aux termes des dispositions des articles 41 et 43 de l’ordonnance-loi précitée, la TVA ayant grevé certains biens et services ne donne pas droit à déduction. C’est le cas notamment de la taxe ayant grevé : 1) les dépenses de logement, d’hébergement, de restauration, de réception, de spectacles, de location de véhicules de tourisme et de transport de personnes à l’exclusion des dépenses supportées au titre de leur activité imposable, par les professionnels du tourisme, de la restauration, du spectacle et les concessionnaires automobiles ; 2) les biens et services acquis par l’entreprise mais utilisés par des tiers, les dirigeants ou le personnel de l’entreprise à l’exclusion des vêtements de travail ou de protection, les locaux et le matériel affectés à la satisfaction collective des besoins du personnel ainsi que le logement gratuit sur les lieux de travail du personnel salarié chargé de la surveillance ou de la garde de ces lieux ; 3) les produits pétroliers, à l’exception des carburants destinés à la revente par les grossistes ou acquis pour la production d’électricité devant être revendue ; 4) les services de toute nature notamment la location, l’entretien, la réparation, afférents à des biens, produits ou marchandises exclus du droit à déduction ; 5) les objets mobiliers autres que ceux utilisés par l’assujetti pour son exploitation ; 6) les immeubles autres que les bâtiments et locaux à usage professionnel ; 7) les biens cédés et les services rendus gratuitement ou à un prix inférieur au prix de revient, à titre de commissions, salaires, gratifications, bonifications, cadeaux, quelle que soit la qualité du bénéficiaire, sauf quand il s’agit d’objets publicitaires de faible valeur unitaire hors taxe ; 8) la TVA sur les véhicules ou engins, quelle que soit leur nature, conçus ou aménagés pour le transport des personnes ou pour les usages mixtes, constituant des immobilisations ainsi que la TVA sur leur location, leurs pièces détachées et accessoires ou les services afférents à ces mêmes biens (à l’exception des véhicules routiers comportant dix places assises ou plus, chauffeur inclus, et utilisés par les entreprises pour le transport exclusif de leur personnel, des véhicules ou engins acquis par les entreprises de transport public de voyageurs et affectés de façon exclusive à la réalisation desdits transports, des véhicules particuliers acquis par les entreprises de location de voitures) ; 9) les transports de personnes et les opérations accessoires auxdits transports, à l’exclusion des transports réalisés, soit pour le compte d’une entreprise de transport public de voyageurs, soit en vertu d’un contrat permanent de transport conclu par les entreprises pour amener leur personnel sur les lieux de travail. C. Des régularisations Les régularisations sont des opérations diverses dont la finalité est de remettre soit l’Administration des Impôts soit le redevable dans ses droits au regard de la TVA acquittée ou déduite sur base des opérations économiques ayant subi, par la suite, des changements justifiant valablement son paiement (au bénéfice du Fisc) ou sa déduction par le redevable : cas de ventes annulées ou résiliées, cas de disparition ou de changement d’affectation des biens ou produits destinés à l’exploitation, etc. Ainsi :

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 l’assujetti est redevable d’une fraction de la taxe antérieurement déduite, en cas de sortie des actifs de l’entreprise d’un bien ayant fait l’objet d’une déduction au titre d’immobilisation, ou en l’absence de cette sortie, en cas, soit de modification de la situation de ce bien au regard du droit à déduction, soit en cas de changement de réglementation, soit de changement d’utilisation du bien avant la fin de la quatrième année suivant celle de l’acquisition, pour les biens meubles, avant la fin de la dix-neuvième année suivant celle de l’acquisition, pour les immeubles. La fraction dont question ci-dessus est égale au montant de la déduction diminué, selon le cas, d’un cinquième ou d’un vingtième par année ou fraction d’année depuis l’acquisition des biens ;  En cas de cession, si le bien constitue une immobilisation pour l’acquéreur, ce dernier peut opérer la déduction de la TVA correspondant au montant reversé par le vendeur au titre de la régularisation, à condition qu’il soit lui-même assujetti à la TVA. Cette déduction est subordonnée à la délivrance par le vendeur au bénéficiaire d’une attestation mentionnant le montant de la taxe reversée ;  Le reversement de la TVA initialement déduite est intégralement exigé en ce qui concerne les services et biens ne constituant pas des immobilisations lorsque ceux-ci ont été utilisés à des opérations non soumises à la TVA ;  En cas de vente à perte, la déduction de la TVA, ayant grevé l’achat de biens, est limitée au montant de la TVA sur la vente. La déduction initiale, dans ce cas, doit donc être régularisée à due concurrence ;  Le reversement de la TVA déduite doit également se faire dans les cas de disparition ou de changement d’affectation des biens ou produits destinés à l’exploitation ;  La TVA acquittée à l’occasion des ventes ou services qui sont par la suite résiliés, annulés ou restent impayés peut être récupérée par voie d’imputation sur l’impôt dû pour les opérations faites ultérieurement. Condition pour les opérations annulées ou résiliées : l’établissement et l’envoi au client d’une facture nouvelle ou note de crédit annulant et remplaçant la facture initiale. Pour les opérations impayées, lorsque la créance est réellement et définitivement irrécouvrable, la rectification de la facture consiste en l’envoi d’un duplicata de la facture initiale avec des indications réglementaires surchargées de la mention du montant de la facture demeurée impayée au prix hors taxe sur la valeur ajoutée et pour le montant de la TVA correspondante qui ne peut faire l’objet d’une déduction. Qui doit supporter la TVA ? Réponse : « La TVA est à charge des consommateurs de produits ou bénéficiaires de services. Elle est collectée et acquittée par les personnes effectuant les opérations imposables. Toutefois, cette taxe est retenue à la source par les entreprises minières assujetties à la TVA, pour compte des entreprises publiques dans lesquelles l’Etat détient la totalité du capital social » (article 53). §.8. Les obligations des redevables de la TVA Pour rappel, la TVA est à charge des consommateurs de produits ou bénéficiaires de services. Elle est collectée et acquittée par les personnes effectuant les opérations imposables. Ces personnes sont les assujettis ou redevables. Quelles sont leurs obligations ?

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1) toute personne assujettie à la TVA doit souscrire une déclaration d’assujettissement auprès de l’Administration des impôts, avant le début de ses activités ; 2) Se faire enregistrer auprès de l’Administration des Impôts comme utilisatrices des dispositifs électroniques fiscaux (164) et utiliser effectivement lesdits dispositifs connectés au système informatique du Fisc ; 3) toute personne physique ou morale, dont le chiffre d’affaires cumulé atteint en cours d’année le seuil d’assujettissement égal ou supérieur à 80.000.000, 00 francs congolais et qui devient, de ce fait, redevable de la TVA, doit souscrire une déclaration d’assujettissement auprès de l’Administration des impôts avant le quinze du mois qui suit celui au cours duquel ce seuil a été dépassé ; 4) pour exercer le droit à déduction, l’assujetti est tenu de présenter un état détaillé joint à la déclaration mensuelle de la TVA. Le modèle de cet état est déterminé par voie réglementaire. Le défaut de production de l’état précité entraine la réintégration d’office des déductions opérées ; 5) toute personne assujettie à la TVA doit tenir une comptabilité régulière comportant : un livre journal, un grand livre des comptes, une balance des comptes, un journal des ventes, un journal d’achats, un livre d’inventaire et un livre des immobilisations. La comptabilité doit être disponible en RDC, au siège social ou au principal établissement administratif de l’entreprise ou que les documents et justificatifs comptables doivent être disponibles auprès du représentant agréé. Les pièces justificatives relatives à des opérations ouvrant droit à déduction doivent être des documents originaux. 6) tout redevable de la TVA qui livre des biens ou rend des services à un autre redevable ou réclame à ce dernier des acomptes donnant lieu à exigibilité de la taxe doit lui délivrer une facture ou un document en tenant lieu dont les mentions sont déterminées par voie réglementaire ; 7) toute personne, qu’elle ait ou non la qualité d’assujetti à la TVA, qui mentionne cette taxe sur une facture ou tout autre document en tenant lieu, est redevable de cette taxe du seul fait de sa mention ; 8) le fait pour un redevable légal de ne pas inclure, pour quelque cause que ce soit, le montant de cette taxe dans le prix de ses produits ou services ne dispense pas du paiement de celle-ci. N.B. : Lorsque la facture ou le document en tenant lieu ne correspond pas à la livraison d’une marchandise ou à l’exécution d’une prestation de services ou fait état d’un prix qui ne doit pas être acquitté effectivement par l’acheteur, la taxe est due par la personne qui l’a facturée. Cette taxe ne peut faire l’objet d’aucune déduction par la personne qui a reçu la facture ou le document en tenant lieu. 9) l’obligation de reversement n’exclut pas l’application des sanctions liées à la facturation illégale de la TVA prévue par la loi. §.9. De la liquidation, du recouvrement et du remboursement de la tva Dans la partie introductive de notre cours, nous avons déjà expliqué les « liquidation » et « recouvrement » (de l’impôt ou de la taxe).

termes

(164) Les dispositifs électroniques fiscaux sont des appareils électroniques qui sont fabriqués pour être utilisés par des personnes physiques ou morales assujetties à a TVA dans leurs transactions.

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A. De la liquidation (art. 60 à 61 LTVA). - Tout redevable de la TVA est tenu de souscrire chaque mois, au plus tard le quinze du mois qui suit celui de la réalisation des opérations, une déclaration conforme au modèle prescrit par l’Administration ; - La déclaration doit être souscrite en double exemplaire et accompagnée du paiement de la TVA ; -

La déclaration doit être souscrite même si aucune opération imposable n’a été réalisée au cours du mois concerné. Elle doit, dans ce cas, être revêtue de la mention « Néant » ;

-

En cas d’importation, la TVA doit être déclarée et versée avant l’enlèvement de la marchandise ;

- La déduction de la TVA est subordonnée à la production, pour chaque opération, d’une déclaration en douane mentionnant le numéro impôt de l’assujetti. B. Du recouvrement (art. 62 LTVA) - Le recouvrement de la TVA est assurée par l’Administration des Impôts ; - A l’importation, la TVA est perçue par l’Administration des douanes. C. Du remboursement (art.63 LTVA). 1) lorsque le montant de la TVA déductible au titre d’un mois est supérieur à celui de la taxe exigible, l’excédent constitue un crédit d’impôt imputable sur la taxe exigible du (ou des) mois suivant(s) jusqu’à l’épuisement ; 2) Par principe, le crédit d’impôt ne peut pas faire l’objet d’un remboursement au profit de l’assujetti et ne peut être cédé ; 3) Par dérogation au point (2) ci-dessus, « les exportateurs, les entreprises réalisant des investissements lourds, les entreprises minières et pétrolières en phase de recherche ou de développement et construction du projet minier ou pétrolier et celles en cessation d’activités peuvent, sur demande expresse adressée à l’Administration des Impôts, obtenir le remboursement de leur crédit d’impôt sur la TVA résultant de l’acquisition des biens meubles et des services » (165). §.10. Des procédures (article 68 LTVA) -

A l’intérieur, les dispositions fiscales en vigueur en matière d’assiette, de contrôle, de recouvrement, de contentieux et de prescription sont applicables à la TVA (Cf. chapitre 6 ci-après); A l’importation, la liquidation et le recouvrement de la TVA s’effectuent conformément à la législation douanière (Cf. Chapitre 4 ci-avant et Code douanier).

§.11. Des pénalités (articles 69 à 76 LTVA).

(165) Loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 (article 14), In Journal Officiel, numéro spécial du 03 février 2014, Kinshasa, 2014, p.10.

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Les infractions et fautes fiscales en matière de TVA et qui sont sanctionnées d’amendes sont les suivantes : -

l’absence de déclaration d’assujettissement ; les mentions abusives de la TVA sur une facture ou document en tenant lieu ; l’émission de fausses factures comprenant la TVA; l’absence de facture ou de document en tenant lieu ; le remboursement de crédits de la TVA obtenu sur la base de fausses factures ; la déduction effectuée et ne correspondant pas à une contrepartie.

Des pénalités : 1. De manière générale, le régime général des pénalités prévues par la loi n°04/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales s’applique (Cf. chap.4 supra) ; 2. Les infractions en matière de la TVA découlant de l’importation des marchandises sont constatées, poursuivies et sanctionnées conformément à la législation douanière ; 3. De manière spécifique :  

   

  

l’absence de déclaration d’assujettissement auprès de l’Administration des Impôts dans le délai est sanctionnée par une amende de 500.000 francs congolais pour les personnes morales et de 250.000 francs congolais pour les personnes physiques; Le défaut de souscription d’une déclaration de la TVA créditrice dans le délai est sanctionné par une amende de 1.500.000 Francs congolais et par une perte d’une quotité de 10% du montant du crédit. Il est sanctionné par une amende de 500.000 Francs congolais pour le cas de déclaration sur la TVA d’un montant nul (166) ; Le défaut de retenue à la source de la TVA est sanctionné par une amende égale au montant de la retenue (167). En sus des poursuites pénales, les mentions abusives de la TVA sur une facture ou document en tenant lieu exposent son auteur au paiement d’une amende fiscale égale au triple du montant de la TVA illégalement facturée; Celui qui émet une fausse facture comprenant la TVA ou falsifie une facture présentée en justification d’une déduction est soumis au paiement d’une amende fiscale égale au triple de la taxe ainsi facturée; l’absence de facture ou de document en tenant lieu, en cas de livraison de biens et de prestations de services effectués par un redevable de la TVA, est sanctionnée par une amende fiscale égale au double du montant des droits compromis. En cas de récidive, l’amende est triplée ; le remboursement de crédits de la TVA obtenu sur la base de fausses factures donne lieu à restitution immédiate des sommes indûment perçues, assorties d’une amende égale au même montant; Toute déduction effectuée et ne correspondant pas, en partie ou en totalité, à une contrepartie (acquisition de biens ou prestations de services) est sanctionnée par une amende fiscale égale au montant des droits indûment déduit ; Le défaut d’utilisation, par l’assujetti à la taxe sur la valeur ajoutée, du dispositif électronique fiscal lors de ses transactions est sanctionnée d’une amende égale à 10.000.000, 00 francs congolais (168).

(166) Loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 (article 17), In Journal Officiel, numéro spécial du 03 février 2014, Kinshasa, 2014, p.11. (167) Article 38 de la loi de finances n°17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017, In Journal Officiel, numéro spécial du 05 juillet 2017, Kinshasa, 2017, p.18. (168) Idem, p.18.

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Conclusion : Les avantages pratiques, facteurs de son succès en RDC 1. Pour les Régies financières (DGI et DGDA)  La TVA a remplacé l’impôt sur le chiffre d’affaires ;  Son taux est unique (16%) et a supprimé du coup les problèmes de liquidation de l’impôt lorsque les taux d’imposition sont multiples ;  La perception de la TVA permet l’accroissement des recettes de l’Etat et le financement du programme de développement du pays ;  La gestion de la TVA induit la modernisation de l’Administration fiscale. 2. Pour les opérateurs économiques  La TVA est un impôt neutre pour l’entreprise car elle ne constitue pas un élément du prix de revient;  L’introduction de la TVA en RDC induit la fiscalisation progressive de l’économie informelle ;  La TVA encourage les investissements dans le pays du fait de l’allègement des coûts de production des entreprises ;  La TVA n’augmente pas le prix des biens et services du fait de son caractère non cumulatif ;  La TVA garantit la compétitivité des produits locaux destinés à l’exportation ;  La gestion de la TVA induit la modernisation des entreprises. 3. Pour les consommateurs  La TVA est un impôt transparent du fait que le taux affiché est celui réellement supporté par le consommateur.

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TITRE II : LA FISCALITE PROVINCIALE ET LOCALE

Introduction générale au titre II La législation fiscale applicable actuellement en Province est celle édictée au niveau nationale. Aux termes de l’article 9 alinéa 5 de la loi n°11/011 du 13 juillet relative aux finances publiques, « Les Assemblées provinciales, les organes délibérants des entités territoriales décentralisées ne peuvent créer ni impôt, ni taxe, ni droit ou redevance. Toutefois, dans les conditions prévues par la présente loi, l’Assemblée nationale et le Sénat peuvent, conformément à l’alinéa 2 de l’article 205 de la Constitution, habiliter par une loi, les Assemblées provinciales et les organes délibérants des entités territoriales décentralisées à fixer, par édit budgétaire ou par décision budgétaire le taux et/ou les modalités de recouvrement de certains impôts provinciaux et locaux » (169). Les sources de recettes pour les provinces sont de trois ordres : - Les ressources provenant des recettes à caractère national ; - Les ressources propres ; - Les ressources exceptionnelles. Aux termes de la Constitution du 18 février 2006, la part des recettes à caractère national allouées aux provinces est établie à 40%. Elle est retenue à la source, effectuée par un versement automatique de 40% dans le compte de la province et de 60% dans le compte général du Trésor. Cette opération intervient lors du nivellement au profit du Compte général du Trésor, sur instruction permanente du ministre ayant les finances dans ses attributions conformément aux prescrits du Règlement général sur la comptabilité publique conformément à la loi relative aux finances publiques (170). Ce titre comprend deux volets : l’imposition des revenus et l’imposition des patrimoines. A. IMPOSITION DES REVENUS Comme déjà dit supra, la législation fiscale congolaise prévoit trois types de revenus cédulaires : les revenus mobiliers, les revenus professionnels et les revenus locatifs. Les revenus mobiliers et une grande partie des revenus professionnels dont sont bénéficiaires les grandes, moyennes et entreprises de petite taille sont frappés d’impôts relevant de la compétence exclusive du Pouvoir Central (IM et IBP). Une catégorie de petites entreprises est soumise à un régime fiscal particulier reconnu aux Provinces. De même, la troisième catégorie de revenus, à savoir les revenus

(169) Journal Officiel de la RDC numéro spécial du 25 juillet 2011 p.4. (170) Art.175 de la constitution du 18 février 2006, art.54 de la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 et article 220 de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques.

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locatifs, est frappée de l’impôt sur les revenus locatifs (IRL) relevant de la compétence exclusive des Provinces. Voilà pourquoi cette partie comprendra deux chapitres : Chapitre 1 : Régime fiscal de la patente Chapitre 2 : L’imposition des revenus locatifs.

B. IMPOSITION DE PATRIMOINE 1. L’impôt sur les véhicules (IV) et la taxe spéciale de circulation routière (TSCR); 2. L’impôt foncier (IF); 3. La taxe de superficie sur les concessions minières (TSCM); 4. La taxe de superficie sur les concessions forestières (TSCF). C. METHODOLOGIE D’APPROCHE DE CES DIFFERENTS IMPOTS PROVINCIAUX Pour faciliter l’étude, la compréhension et la différenciation des différents impôts provinciaux, nous appliquerons la même méthodologie présentée supra (page 38). Il sera procédé à leur étude en suivant le schéma ci-après : 1. Notion et nature juridique de l’impôt ; 2. Base légale ; 3. Matière imposable ou taxable ; 4. Fait générateur ; 5. Base imposable (= base d’imposition ou de taxation = encore assiette = base de calcul de l’impôt) ; 6. Personnes redevables (imposables, contribuables ou redevables) ; 7. Taux ; 8. Exemptions et exonérations ; 9. Modalités de perception ; 10. Echéances. 11. Dans la mesure du possible, un exemple sous forme d’un casus simple sera donné à titre d’illustration afin de faciliter la compréhension du type d’impôt étudié. CHAPITRE 1 : L’IMPOT SUR LES REVENUS LOCATIFS (IRL).

Introduction Avant la promulgation de l’ordonnance-loi n°13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition (171), il était reconnu aux Provinces non seulement la compétence de délivrer la patente aux postulants pour l’exercice du petit commerce conformément à l’ordonnance-loi n°90-046 du 8 août 1990, mais également la compétence de recouvrer et de jouir des recettes de l’impôt forfaitaire que les petits exploitants devaient acquitter en quatre quotités trimestrielles respectivement les 31 mars, 30 juin, 30 septembre et 31 décembre. En date du 23 février 2013 deux textes fiscaux ont été promulgués simultanément : les ordonnances lois n°13/001 et n°13/006, la première fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs

(171) Journal Officiel de la RDC, numéro spécial du 27 février 2013, p. 5.

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modalités de répartition et la seconde portant régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille en matière d’impôt sur les bénéfices et profits (172). Consécutivement à cela, l’impôt sur les revenus des petits exploitants (appelés dans le nouveau texte « entreprises de petite taille ») antérieurement reconnu aux provinces a été récupéré au profit du Pouvoir Central, les Provinces devant se contenter seulement de percevoir la taxe rémunératoire sur la délivrance de la patente. Dès lors, seuls les revenus locatifs demeurent sous le pouvoir fiscal des provinces. En attendant la modification de la législation fiscale en vigueur, l’impôt sur les revenus locatifs est une matière qui est encore régie par la loi n° 83-004 du 23 février 1983 modifiant certaines dispositions de l’Ordonnance-loi n° 69-009 relative aux impôts cédulaires sur les revenus. Conformément au prescrit de la Constitution du 18 février 2006 (art.204, point 16) et à celui de la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 sur la libre administration des Provinces (art.35), cet impôt a été laissé à la compétence exclusive des province. Il est question, dans les lignes qui suivent, d’examiner successivement la notion et la nature juridique de l’impôt, la base légale, la matière imposable, la base de calcul de l’impôt et le fait générateur, les redevables et le taux de l’IRL, les exemptions et exonérations, les modalités de perception et l’échéance de paiement. Section 1. Définition, nature juridique, matière imposable, assiette de l’impôt et le fait générateur (173). §.1. Définition et nature juridique L’IRL est un impôt direct frappant les revenus provenant de la location et de la sous-location des immeubles situés en RDA. §.2. La base légale Loi n° 83-004 du 23 février 1983 (qui a institué l’IRL) et l’ordonnance-loi n°13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition. Cette dernière a reconnu cet impôt aux Provinces en application du prescrit constitutionnel contenu dans son article 204, point 16. §.3. La matière imposable L’impôt sur les revenus locatifs est établi sur le revenu brut de l’année civile antérieure ou sur toute somme proportionnellement équivalente pour les périodes inférieures à un an. La matière imposable à l’impôt sur les revenus locatifs est donc constituée de : 1) Revenus provenant de la location et de la sous-location des bâtiments et des terrains situés au Congo quel que soit le pays du domicile ou de la résidence des bénéficiaires ; 2) Indemnités de logement accordées à des rémunérés occupant leur propre habitation ou celle de leurs épouses, des bâtiments et terrains en faveur d’une entreprise ou de toute autre personne morale pour usage professionnel.

(172) Journal Officiel de la RDC, numéro spécial du 27 février 2013, pp. 114-115 (173) Art. 4 et 5 de la loi n° 83-004 du 23 février 1983 In Les Codes Larcier/ RDC, Tome V, Op. Cit., pp. 29-30.

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§.4. La base imposable En ce qui concerne l’assiette de l’impôt, la loi considère le revenu brut des bâtiments et terrains donnés en location ou le profit brut de la sous-location totale ou partielle des mêmes propriétés. Ce revenu brut peut comprendre éventuellement le loyer des meubles, du matériel, de l’outillage, du cheptel et de tous objets quelconques (cas de location d’une ferme agricole). Le revenu brut s’entend du montant cumulé : 1) du loyer ou du profit de la sous-location, 2) des impôts de toute nature acquittés par le locataire à la décharge du bailleur (ex. impôt foncier, taxe parcellaire…) 3) des charges, autres que les réparations locatives, supportées par le locataire, pour compte du bailleur, et résultantes ou non des conditions mises par le second à la location de l’immeuble (cas des frais engagés pour les grosses réparations). §.5. Le fait générateur C’est la location et la sous-location des immeubles. Section 2 : Les redevables et le taux de l’IRL. Sont redevables de l’impôt sur les revenus locatifs : 1) Le propriétaire, le possesseur ou le titulaire d’un droit réel immobilier ; 2) Le bénéficiaire du profit brut de la sous-location des bâtiments et terrains ; 3) Les locataires et sous-locataires (pour la retenue mensuelle). Le taux de l’impôt est fixé à 22 % du revenu brut de la location ou du profit brut de la sous-location (174). Section 3 : Les exemptions et exonérations. Bénéficient des exemptions, c’est-à-dire ni déclaration fiscale ni paiement de l’impôt, les revenus locatifs de : 1) L’Etat, les Provinces et les entités administratives décentralisées, ainsi que les offices et autres établissements publics de droit congolais n’ayant d’autres ressources que celles provenant de subventions budgétaires ou qui assurent, sous la garantie de l’Etat, la gestion d’assurances sociales (cas de la CNSS) ; 2) Les associations sans but lucratif confessionnelles et non confessionnelles et les établissements d’utilité publique ; 3) Les organismes internationaux ; 4) Les propriétaires d’immeubles nouvellement construits, à partir du 1er janvier 1968, dans les Provinces Orientale, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema, jusqu’au 31 décembre de la cinquième année qui suit celle de l’achèvement de la construction (175). Les exonérations peuvent être accordées dans le cadre des régimes fiscaux d’exception (cas du code des investissements).

(174) Article 1er du Décret n° 109-2000 du 19 juillet 2000. (175) Cette exemption avait été accordée en son temps en vue d’encourager la reconstruction d’immeubles endommagés ou détruits principalement à Kisangani et à Bukavu au dernier trimestre de 1968 suite à la guerre dite des « mercenaires » conduits par Bob Denard et Jean Schramme. Avec la configuration actuelle de la territoriale et l’IRL ayant été reconnu aux Provinces par le Constituant, cette exemption ne se justifie plus et devrait être élaguée des textes à venir.

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Section 4 : Calcul, modalités de perception et échéance de paiement de l’IRL. §.1. Calcul de l’IRL L’IRL est calculé par application au moment brut des revenus, du taux de 22%. Formules de calcul 1) Calcul de la retenue à la source

2) Calcul de l’IRL/annuel

IRL annuel = Revenus annuels x taux = Revenus annuels x 22% Solde à déclarer et à verser = IRL annuel – §.2. Modalités de perception et échéance de paiement de Retenues l’IRL mensuelles. Retenue = Loyer contractuel x taux ou loyer x 20%

L’IRL est perçu par retenue à la source de 20 % du loyer dû par le locataire (ou le sous-locataire), à chaque terme du loyer suivi de son versement au Trésor provincial, au nom et pour compte du bailleur. La retenue de 20% doit être déclarée et versée par le locataire ou le souslocataire, au compte du trésor provincial, au plus tard dans les 10 jours de la date de paiement du loyer (176). En fin d’exercice fiscal, le bailleur souscrit une déclaration fiscale et verse au Trésor provincial le solde de l’impôt (2%) au moment du dépôt de ladite déclaration. La déclaration doit être souscrite au plus tard le 10 janvier de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus locatifs (177).

EXERCICES SUR L’IRL Exercice 1 Monsieur KYANZA Dan possède une villa qu’il a donnée en location à monsieur AHMED Seblini, depuis janvier 2012, pour un loyer réel de 1500$/mois. Mais, ils se conviennent pour que le loyer déclaré mensuellement au Trésor Public provincial soit de 750 $/mois. Fin 2016, suite à un contrôle de la DRHKAT, les contrôleurs constatent que le bailleur et le locataire ont floué le fisc depuis tout ce temps. Calculez le manque à gagner, en principal, et dites à quels types de pénalités s’exposent les deux complices. Exercice 2 messieurs Thierry Banza et(bailleur) et Paul Mutoba (locataire) (176) En vue de réduireLeau 31.12.2016, minimum la multiplicité des échéances des formalités des déclarations d’impôts, la loi de concluent un contrat de bail dont le loyer mensuel convenu est de 500 USD. Calculez le finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 a fixé comme échéance de déclaration et :dea)versements de montant de la retenue mensuelle et des retenues annuelles à opérer par Paul Mutoba et à verser l’IM, de l’IPR et de l’IER, au plus tard le 15 du mois qui suit celui du paiement des revenus (articles 6 à 8). Le souci au Trésor Provincial ; b) le solde de l’IRL à déclarer et à verser par le bailleur en fin d’exercice étant celui d’améliorer le climat d’investissement en RDC en général, nous présumons que, dans les jours à venir, le fiscal. versement de la retenue de l’IRL devrait suivre la même règle que celle applicable aux impôts nationaux précités. La retenue de l’IRL devrait Exercice 3 donc être déclarée et versée au Trésor provincial, au plus tard, le 15 du mois suivant celui au cours duquel la retenueEna été fin opérée. d’année 2010, le bailleur Vincent fait le point de ses comptes et note qu’il a encaissé, toute l’année, 936 $US revenus locatifs netsa fixé d’impôts. Calculez le de montant (177) La loi de financespour n°14/002 du 31 janvier 2014depour l’exercice 2014 comme échéance déclaration et de de ses ainsi que montant du loyer mensuel. versement debrut l’IBP ou revenus de son solde ainsile que l’impôt forfaitaire des entreprises de petite taille, soit au 31 janvier (paiement de la première tranche de 60% de l’impôt forfaitaire calculé), soit au 30 avril de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus (solde de 40% de l’IBP de la petite entreprise et de l’impôt forfaitaire de 50.000 FC des microentreprises). Il faudrait logiquement étendre cette logique à l’échéance pour la déclaration et le versement du solde de l’IRL, laquelle devrait être celle du 31 janvier.

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CHAPITRE 2 : L’IMPOSITION DU PATRIMOINE OU LES IMPOTS REELS (178)

Ce chapitre inclut les impôts reconnus aux Provinces par la Constitution du 18 février 2006 ( ), l’ordonnance-loi n°13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition ainsi que la loi n°18/001 du 09 mars 2018 modifiant et complétant la loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier (180). Ces impôts sont :  L’impôt sur les véhicules (IV) et la taxe spéciale de circulation routière (TSCR);  L’impôt foncier (IF);  La taxe de superficie sur les concessions minières (TSCM);  La taxe de superficie sur les concessions forestières (ISCF). 179

Section 1 : L’impôt sur les véhicules (IV) et la taxe spéciale de circulation routière (TSCR) La construction des routes ou voies de communication terrestres ainsi l’aménagement des débarcadères le long des cours d’eau nécessitent la mobilisation des sommes importantes pour ce faire. De même, la circulation des véhicules sur la voie publique, construite avec les fonds du Trésor, provoque une dégradation qui appelle réparation et entretien régulier. C’est le fondement même de cet impôt sur les véhicules (ou vignette automobile) ainsi que de la TSCR. 1. La vignette automobile A. la base légale C’est l’Ordonnance-loi n° 69-006 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour. B. La matière imposable. L’impôt sur les véhicules ou vignette automobile est une taxe différentielle annuelle qui « frappe tous les véhicules à moteur, sous réserve de certaines exceptions ». Le terme « véhicule » est utilisé dans le sens le plus large possible puisqu’il ne désigne pas uniquement les véhicules (178) Voir l’ordonnance-loi n°13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition. (179) Art.204 de la Constitution de la RDC du 18 février 2006. (180) Taxe de superficie sur les concessions minières In Journal Officiel, numéro spécial, du 28 mars 2018.

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automobiles mais aussi « tout moyen de transport par terre et par eau et ce, quel que soit le mode de propulsion utilisé (181). C. La base d’imposition Elle peut être :  soit la puissance du moteur exprimée en cheval-vapeur (CV);  soit la capacité ou le jaugeage (exprimé en M3);  soit la catégorie et le poids du véhicule (exprimée en Kg ou en Tonnes). D. Le fait générateur C’est l’immatriculation ou la mise en circulation du véhicule. E. Les exonérations. Les exonérations à ces deux impositions sont accordées à certaines catégories de véhicules, en fonction de plusieurs critères notamment : 1) La qualité du propriétaire : Etat et ses subdivisions administratives (ETD) ; 2) L’application des conventions internationales : Ambassades, Consulats, Organismes Internationaux ; 3) Leur utilisation spécifique dans un cadre limité (engins de manutention dans les gares, ports et aéroports) ; 4) Leur utilité sociale : ambulances, véhicules anti-incendie, véhicules pour personnes handicapées (invalides et infirmes) ; 5) Leur utilisation aux opérations de dépannage : les dépanneuses et les machines-outils ; 6) L’inexistante ou l’insignifiance de la puissance imposable : cyclomoteurs de moins de 50 cm3 et véhicules à traction ou à propulsion humaine ou animale ; 7) Véhicules à l’essai, et véhicules des touristes étrangers en visite en RDC; 8) L’absence de moteur et l’évolution habituelle hors du territoire national : voiliers, navires de haute mer ou de grand cabotage (182). F. Les taux (183). Prévus à l’article 41 de l’Ordonnance-loi n° 69-006 du 10 février 1969, ces taux sont fixés en fonction de la qualité du propriétaire (personne physique ou morale), de la puissance du moteur, de la catégorie et du poids du véhicule ou encore en fonction du jaugeage (capacité) de l’engin de navigation. La diversification du taux d’imposition découle de la mise en circulation d’une variété de véhicules automoteurs. Ces taux sont les suivants : - Véhicules terrestres : de 5 à 44 USD (par véhicule) - Véhicules de navigation : 4 à 17 USD par cheval-vapeur et 9 USD par m3 de jauge pour les engins de transport des marchandises G. Les personnes imposables

(181) Nguyen Chanh Tam et alii, Guide juridique de l’entreprise, Faculté de Droit, Kinshasa, 1973, p.161. (182) Article 39 de l’Ordonnance-loi n° 69-006 du 10 février 1969 relative aux impôts réels et articles 3 bis de l’O-L. n° 88-029 du 15 juillet 1988 portant création de la taxe spéciale de circulation routière. (183) Les Codes Larcier/RDC, Tome V, Op. Cit., pp. 69 – 70.

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L’impôt sur les véhicules est dû par l’utilisateur (184) tandis que la taxe spéciale de circulation routière est acquittée par les propriétaires des véhicules assujettis (185). H. Echéance La vignette automobile est généralement acquittée au moment de la déclaration du véhicule lorsque celui-ci est mis en service pour la première fois en RDA. Par la suite, la vignette est payée lors des différentes campagnes de recouvrement de cet impôt. 2. La taxe spéciale de circulation routière (TSCR) Telle que définie par le texte l’ayant instituée, la taxe spéciale de circulation routière est un droit de péage annuel créé par l’Ordonnance-loi n° 88-029 du 15 juillet 1988 (186) au profit du Trésor Public et qui est assis sur tous les véhicules admis à circuler sur le réseau routier public, quelle que soit la qualité du propriétaire. Cette taxe s’apparente à la taxe à l’essieu qui, en droit français, est une taxe spéciale sur certains véhicules routiers, perçue par l’Administration douanière et destinée à compenser les dépenses d’entretien des routes imputables aux véhicules d’un certain poids transportant des marchandises (187). La différence entre la taxe spéciale de circulation routière et l’impôt sur les véhicules est que la première ne concerne que les véhicules admis à circuler sur le réseau routier public, tandis que l’impôt sur les véhicules est assis sur tout moyen de transport par terre et par eau, quel que soit le mode de propulsion utilisé. L’on sait qu’aujourd’hui, qu’il existe des véhicules amphibies et autres véhicules dits « tout terrain », pouvant se déplacer aussi bien sur l’eau que sur terre ou encore sur le réseau routier et à travers la brousse. A. La matière imposable Ce sont les véhicules terrestres circulant sur la voie publique B. Les taux  Motocycles : 6 USD (188)  Véhicules automobiles utilitaires  D’un poids inférieur à 2.500 kg : 20 USD  De 2.500 kg à 10.000 kg : 25 USD  De plus de 10.000 kg : 45 USD  Véhicules de tourisme 1° appartenant aux personnes physiques :  De 01 à 10 CV : 6 USD  De 11 à 15 CV : 11 USD  De plus de 15 CV : 12 USD 2° appartenant aux personnes morales :  De 01 à 10 CV : 12 USD  De 11 à 15 CV : 25 USD  De plus de 15 CV : 37 USD

(184) Article 40 de l’O-L. n° 69-006 du 10 février 1969 précitée. (185) Article 7 de l’Ordonnance-Loi n° 88-029 du 15 juillet 1988. (186) Les Codes Larcier/RDC, Tome V, Droit fiscal, Larcier-Afrique Editions, Bruxelles, 2003, p. 80. (187) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 180. (188 ) 1 USD=1$US (A.M n°022/CAB/MIN/FIN/98). Cet arrêté a été abrogé en 2006.

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C. Les redevables La taxe est à charge des propriétaires des véhicules. D. Les exemptions Les exemptions à la taxe concernent les véhicules appartenant : 1° à l’Etat, à la Province, aux ETD ainsi qu’aux offices et aux établissements publics de droit congolais n’ayant d’autres ressources que celles provenant de subventions budgétaires ; 2° aux institutions, associations et établissements classés associations sans but lucratifs et établissements d’utilité publique ; 3° aux Etats étrangers et affectés exclusivement à l’usage d’agents ayant le statut d’agents diplomatiques sous réserve de réciprocité ; 4° aux organismes internationaux et utilisés exclusivement pour leurs besoins ; 5° aux membres du corps diplomatique étranger ainsi qu’aux consuls et agents consulaires accrédités au Congo à la condition : - Qu’ils soient sujets de l’Etat qu’ils représentent ; - Que les gouvernements dont ils sont les mandataires accordent la même immunité aux agents diplomatiques ; - Qu’en ce qui concerne les agents consulaires, ils n’exercent aucune autre activité professionnelle ; 6° aux sociétés bénéficiaires d’une convention particulière les exonérant directement ou indirectement de ce type de taxe. N.B. les entreprises de transport public devraient supporter la moitié du taux de la taxe pour les véhicules affectés au transport public des personnes. Mais, sur le plan pratique, cette disposition n’est pas appliquée. E. Perception et échéance de paiement de TSCR En pratique, la TSCR est perçue dans les mêmes conditions que l’impôt sur les véhicules. En d’autres termes, elle est acquittée concomitamment avec la vignette automobile par la personne qui paie la dette d’impôt, propriétaire ou simple utilisateur. Contrairement à la vignette automobile et à la TSCR, les autres impôts réels présentent quelques similitudes qu’il parait indiquées préalablement à l’étude spécifique pour chacun d’eux.

Les autres impôts réels. Critères IF Base légale Ordonnance - loi n° 69/009 du 10/02/1969

Nature juridique Matière imposable Fait générateur Base imposable Redevables

Impôt direct Concessions Détention titres fonciers Superficie concession Détenteurs des titres fonciers

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TSCM Loi n°18/001 du 09 mars 2018 modifiant et complétant la loi n° 07/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier Idem Idem Détention titres miniers Idem Détenteurs des titres

TSCF Loi n° 011/2002 29 août 2002

Idem Idem Détention titres forestiers Idem Détenteurs des titres

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Taux Exemptions Exonérations Modalités perception Echéance

de

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ou locataires d’immeubles du domaine privé de l’Etat Plusieurs taux

Plusieurs taux

Voir loi ad hoc Voir loi ad hoc Déclaration fiscale

Néant Néant Déclaration ad hoc

Voir arrêté interministériel Finances et Environnement Néant Néant Déclaration ad hoc

Du 2/01 au 1er février de l’exercice fiscal considéré

Du 2/01 au 1er février de l’exercice fiscal considéré (sauf disposition contraire)

Du 2/01 au 1er février de l’exercice fiscal considéré (sauf disposition contraire)

Section 2 : L’impôt foncier. Il s’agit ici de donner le fondement légal (§1), de circonscrire la nature de cet impôt et la matière imposable (§2), de préciser la base imposable (§3), de déterminer le fait générateur, les taux légaux et les redevables de l’impôt (§4), épingler les exonérations et exemptions légalement admises (§5) et de déterminer les modalités de perception et les échéances de paiement (§6). §.1. La base légale C’est l’ordonnance-loi n° 69-006 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour. §.2. La notion de l’impôt foncier et matière imposable. L’impôt foncier est un impôt réel qui frappe la superficie des propriétés foncières bâties et non bâties. Comme la taxe foncière en France (189), cet impôt direct relève, depuis 2006, de la compétence exclusive des Provinces (190) sur des bases variables selon qu’il s’agit des propriétés bâties (villas, bâtiments à étages, maisons ordinaires et autres) ou des propriétés non bâties (terrains non bâtis situés dans les circonscriptions urbaines et concessions rurales…) ou encore en fonction du lieu de situation de l’immeuble. §.3. La base imposable Elle est constituée par la superficie de la concession exprimée en hectares (Ha) pour les concessions ordinaires et en mètres carrés (m²) pour les villas. Pour les autres types de propriétés, la superficie n’est pas prise en compte pour la fixation des taux mais uniquement le rang de la localité et le type d’immeubles auxquels on applique des forfaits. §.4.Le fait générateur, les redevables et les taux de l’impôt foncier. a) Le fait générateur C’est la détention d’un titre foncier (comme propriétaire foncier, concessionnaire ordinaire, locataire). b) Les redevables. Les titulaires du droit de propriété, d’un contrat de location, d’un titre d’emphytéose, de superficie, de cession, de concession ou d’usufruit des biens imposables ainsi que des personnes

(189) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 87. (190) Article 204 point 16 de la Constitution du 18 février 2006.

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occupant en vertu d’un bail, des biens immobiliers faisant partie du domaine privé de l’Etat (au sens large) sont redevables de l’impôt foncier (191). En d’autres termes, les redevables de l’impôt foncier sont : 1) Le concessionnaire perpétuel ou ordinaire (l’emphytéose, la superficie, l’usufruit, l’usage, la location) ; 2) Le titulaire d’un droit de propriété (Certificat d’Enregistrement) ou le possesseur ; 3) Le locataire occupant, en vertu d’un bail, un immeuble faisant partie du domaine immobilier privé de l’Etat. c) Les taux. Les taux de l’impôt foncier, varient suivant la nature des immeubles, le rang des 192 localités ( ) et, en ce qui concerne les villas, en fonction de la superficie bâtie. La superficie imposable est celle qui est déterminée par les parois extérieures du bâtiment ou de la construction. Elle comprend également la superficie des vérandas, des perrons, des galeries, des balcons, des terrasses, les caves, rez-de-chaussée, étages, combles. Par contre, en ce qui concerne les terrains non bâtis, seuls sont imposables ceux situés dans les circonscriptions urbaines (193). Ces taux sont fixés à : 1. En ce qui concerne les villas (194) : 1,50 $US/m2, 1 $US/m2, 0,50 £US/m2 et 0,30 $US/m2 respectivement pour les villas situés dans les localités de 1er rang, 2ème rang, 3ème rang et 4ème rang. 2. Pour les autres immeubles bâtis, un impôt forfaitaire annuel de 1,30 $US à 75 $US, selon les localités et selon qu’il s’agit des immeubles simples, des appartements, des immeubles à étages appartenant aux personnes physiques de l’intérieur ou de Kinshasa ou des immeubles à étages appartenant aux personnes morales. 3. Pour les propriétés non bâties, le taux varie de 1,5 $US à 30 $US selon le rang des localités (195). §.5. Les exemptions et exonérations (196). A. Les exemptions 1. Sont exemptées de l’impôt foncier, les propriétés appartenant :

(191) Buabua Wa Kayembe, Traité de droit fiscal zaïroise, P.U.Z., Kinshasa, 1993, pp. 47-48. (192) AM. n° 19/CAB/MIN/FIN/97 du 8 octobre 1997, article 1er. (193) Idem., article 2. (194) A.M. n° 62/CAB/MIN/FIN/99 du 19 octobre 1999, article 1 er. (195) Quoiqu’exprimés en monnaie étrangère, ces taux seront très prochainement exprimés en monnaie ayant cours légal (FC) en application de la décision gouvernementale de dédollariser l’économie congolaise. Tout ce qui est exprimé en dollar américain doit être remplacé par le franc congolais (FC). Par ailleurs, l’impôt foncier ayant été laissé par le constituant de 2006 à la compétence exclusive des Provinces, il n’est pas impossible que chaque Province puisse établir, par un édit provincial, une nouvelle catégorisation des localités en tenant compte de ses propres réalités et de ses besoins financiers. (196) Prévus à l’article 2 de l’Ordonnance-loi n° 69-006 du 10 février 1969, les termes exemption et exonération ont chacun une portée différente. Une exemption est une dispense d’une charge fiscale concernant des actes, des opérations, des situations ou des événements pour des motifs le plus souvent juridiques. En clair, celui qui est exempté est dispensé de toute obligation fiscale. Par contre, une exonération est une dispense totale ou partielle d’impôt. Celui qui est exonéré d’impôt remplit toutes les autres obligations fiscales mais il est seulement dispensé de payer l’impôt, totalement ou partiellement.

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à l’Etat, aux Provinces, aux entités administratives décentralisées ainsi qu’aux offices et autres établissements publics de droit congolais n’ayant d’autres ressources que celles provenant de subventions budgétaires ; - Aux associations sans but lucratif, confessionnelles ou non confessionnelles, ainsi qu’aux établissements d’utilité publique créés conformément à la loi n° 04/2001 du 20 juillet 2001 (197) ; - aux Etats étrangers et affectés exclusivement à l’usage de bureaux d’Ambassades ou de Consulats ou au logement d’agents ayant le statut d’agents diplomatiques ou consulaires (sous réserve de réciprocité) ; - aux personnes physiques dont les revenus nets imposables annuels sont égaux ou inférieurs au plafond de la 8ème tranche de revenus du barème de l’impôt professionnel sur les rémunérations (IPR). 2. Sont également exemptées, pour l’immeuble ou l’un des immeubles affecté à l’habitation principale, les personnes qui, au 1er janvier de l’année d’imposition, sont âgées de plus de 55 ans et les veuves à la triple condition : a. Qu’elles occupent leur habitation principale seules ou avec des personnes à charge ou avec toute autre personne de même condition d’âge ou de situation ; b. Que leurs revenus imposables à l’impôt cédulaire sur leurs revenus soient égaux ou inférieurs au plafond de la 8ème tranche du barème IPR ; c. Qu’elles souscrivent chaque année leurs déclarations fiscales (198). B. Les exonérations  L’exonération est consentie aux immeubles ou parties d’immeubles (199) : 1) Affectés par le propriétaire, exclusivement à l’agriculture ou à l’élevage, y compris les bâtiments ou parties de bâtiments servant à la préparation de produits agricoles ou d’élevage provenant de l’exploitation du contribuable ; 2) Qu’un propriétaire, ne poursuivant aucun but lucratif, aura affecté : - à l’exercice d’un culte public, à l’enseignement, à la recherche scientifique, à l’installation de centres hospitaliers, médicaux, sociaux ou d’œuvres de bienfaisance ; - à l’activité normale de chambres de commerce personnalisées ; - à l’activité sociale des sociétés mutualistes et des unions professionnelles personnalisées  L’impôt foncier n’est pas non plus établi en ce qui concerne la superficie des terrains qu’un propriétaire, sans aucun but lucratif, aura affecté à l’une des fins visées au point 2° ci-dessus.  Enfin, des exonérations à l’impôt foncier peuvent également être accordées en vertu des dispositions du Code des Investissements ou par des conventions spéciales. §.6. Echéance L’impôt foncier est déclaré et payé au plus tard avant le 1 er février de l’exercice fiscal concerné. -

Section 3 : La taxe de superficie sur les concessions minières (TSCM) (197) Loi n° 04/2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales applicables aux associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité publique, In Journal Officiel n° Spécial du 15 août 2001. (198) Article 2 de l’Ordonnance-loi n° 87-075 du 4 octobre 1987. (199) Article 3 de l’O-L. n° 87-075.

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§.1. Contexte de l’institution de cette nouvelle notion de taxe Le chapitre III du titre IX de la loi n° 07/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier concerne le régime fiscal applicable aux opérateurs miniers. Sous la section 1ère concernant les impôts réels, l’article 238 est consacré à l’impôt sur la superficie des concessions minières. En modifiant et en complétant la loi n° 07/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier, la loi n°18/001 du 09 mars 2018 a remplacé « l’impôt sur la superficie des concessions minières » par « la taxe de superficie sur les concessions minières ». Les deux appellations s’équivalent-elles ou signifientelles la même chose et ont-elles la même portée juridique sur le plan fiscal? De la notion de taxe Barilari, A et Drapé, R. soutiennent (200) qu’ « au sens strict, la taxe est la contrepartie monétaire d’un service rendu par une personne publique sans qu’il y ait correspondance entre son montant et le prix réel de la prestation. Elle se distingue de l’impôt qui est censé couvrir, sans affectation particulière, l’ensemble des dépenses publiques. En fait, il est courant d’utiliser le terme ‘’taxe’’ comme synonyme d’impôt : cas de la taxe sur la valeur ajoutée. L’habitude a également été prise de le réserver aux impôts distincts des impôts d’Etat, en particulier aux impôts locaux (cas des taxes professionnelle et d’habitation en France ou taxes fiscales en RDC). Enfin, il désigne systématiquement les prélèvements effectués dans un intérêt économique ou social au profit d’organismes divers – cas de taxes parafiscales ». A la lumière de ce qui précède, les taxes de superficie sur les concessions minières et forestières sont des impôts réservés exclusivement aux Provinces. §.2. La base légale C’est l’article 238 de la loi n° 07/2002 du 11 juillet 2002 telle que modifiée et complétée par la loi n°18/001 du 09 mars 2018. Comme il en a été pour l’étude des impôts qui précèdent, nous allons voir successivement : - la matière imposable et le fait générateur ; - la base imposable et le taux ; - les personnes imposables ; - les exemptions et exonérations. §.3. La matière imposable et fait générateur. Les terrains concédés par l’Etat aux entreprises privées pour leur permettre de rechercher et/ou d’exploiter les minerais et les hydrocarbures constituent l’élément sur lequel est assis l’impôt sur la superficie des concessions minières et d’hydrocarbures dont le fait générateur est l’acte matériel de recherche ou d’exploitation (201). §.4. Base et taux. L’assiette de cet impôt est la superficie (exprimée en hectare) des concessions minières. Depuis le 09 mars 2018, les nouveaux taux sont les suivants (202) : (200) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 170. (201) AZAMA LANA, Op. cit., p. 21. (202) Article 238 du Code Minier, In Journal Officiel, Numéro Spécial du 31 juillet 2002.

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1) Pour le permis de recherche, équivalent en Francs congolais au taux du jour de : Années -

Pour la 1ère année : Pour la 2ème année : Pour la 3ème année : Pour les années suivantes :

Nouveaux taux (loi n°18/001) 0,2 USD/hectare 0,3 USD/hectare 0,35 USD/hectare 0,4 USD/hectare

Anciens taux (loi n° 07/2002) 0,02$/hectare 0,03$/hectare 0,035$/hectare 0,04$/hectare

2) Pour l’exploitation, équivalant en Francs congolais au taux du jour de : Années -

Nouveaux taux (loi n°18/001)

Pour la 1ère année : Pour la 2ème année : Pour la 3ème année : Pour les années suivantes :

0,4 USD/hectare 0,6 USD/hectare 0,7 USD/hectare 0,8 USD/hectare

Anciens taux (loi 07/2002) 0,04$/hectare 0,06$/hectare 0,07$/hectare 0,08$/hectare



§.5. Personne imposable Le titulaire d’un permis de recherche ou d’un permis d’exploitation supporte la charge de la taxe. §.6. Exemptions et exonérations Celui qui se livre à l’exploitation minière ne fait de la philanthropie ; il poursuit le lucre. Raison pour laquelle il n’existe ni exemptions, ni exonérations à cette taxe. §.7. Echéance La taxe de superficie sur les concessions minières est déclarée et payée au plus tard avant le er 1 février de l’exercice fiscal concerné. EXEMPLE SUR LA TSCM La SOCIETE MINIERE DU KATANGA a obtenu, au début en juillet 2015, un permis de recherche couvrant une superficie comprenant 200 (deux cent) carrés miniers et un permis d’exploitation couvrant dix (10) carrés miniers. Questions 1) Calculez les taxes de superficie sur les concessions minières pour l’exercice fiscal 2016; 2) A quelle échéance ces taxes ont-elles été déclarées et payées ? 3) La société est-elle redevable de ces taxes pour l’exercice 2015 ? Pourquoi ? N.B. Pour le calcul de la superficie d’un carré minier, se référer utilement au Règlement Minier à l’article 39 (1 carré minier = 84,955 Ha)

Section 4 : La taxe de superficie sur les concessions forestières (TSCF) Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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§.1. Base légale et nature de la taxe La loi n° 011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier ( 203) a institué un régime fiscal spécial par rapport à celui de droit commun et à ceux du code des investissements et du code minier. Cet impôt est également repris au profit des provinces par l’ordonnance-loi n°13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition (204). Toute personne désirant obtenir une concession forestière doit remplir les conditions suivantes: 1) être domiciliée, pour une personne physique, en République Démocratique du Congo, ou être constituée, pour une personne morale, conformément à la loi et avoir son siège social en République Démocratique du Congo; 2) déposer un cautionnement auprès d’une institution financière établie en République Démocratique du Congo, en vue de garantir le paiement de toutes indemnités si les travaux sont de nature à causer un dommage ou s’il est à craindre que ses ressources ne soient pas suffisantes pour faire face à sa responsabilité. Le cautionnement reste acquis à l’État, à concurrence des sommes dues, si le concessionnaire est débiteur à un titre quelconque. Le cautionnement peut être remplacé par une garantie donnée par une banque ou par une institution financière agréée. Le montant du cautionnement est fonction de la valeur ou de la superficie de la concession forestière (article 82 de la loi). §.2. La matière imposable : c’est la concession forestière. §.3. La base imposable : La superficie couverte par le permis ou titre forestier. §.4. Le fait générateur : la détention d’un permis d’exploitation forestière. §.5. Les taux Les taux des taxes et des redevances prévues pour les exploitations forestières sont fixés par arrêté conjoint des ministres ayant respectivement les forêts et les finances dans leurs attributions, notamment en ce qui concerne la redevance de superficie concédée. Le taux le plus bas fixé par l’administration est augmenté de l’offre supplémentaire proposée par le concessionnaire au moment de l’adjudication (article 121 du Code forestier). §.6. Les personnes imposables et échéance Ce sont les détenteurs des permis d’exploitation forestière qui en sont les redevables. Ils doivent déclarer et acquitter la taxe due durant la période allant du 02 janvier au 1er février de l’exercice fiscal concerné (c.-à-d. sauf disposition contraire, au plus tard avant le 02 février de l’exercice). §.7. Les exemptions et exonérations Formellement, il n’en existe pas. Section 5 : Modalités de perception des impôts réels. (181) Les Codes Larcier/RDC, Tome V. Droit public et administratif, Vol. 2, Droit administratif. Larcier-Afrique Editions, Bruxelles, 2003, pp. 167 – 179. (204) Journal Officiel de la RDC, numéro spécial du 27 février 2013, p. 5.

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Les perceptions et le recouvrement des impôts provinciaux se font, mutatis mutandis, conformément aux procédures fiscales et mécanismes fixés par la législation nationale, tous les impôts réels sont acquittés suivant les modalités définies par le Décret n° 07/2002 du 2 février 2002 relatif au mode de paiement des dettes envers l’Etat et ses mesures d’application, à savoir : 1. La loi n°004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales telle que modifiée et complétée à ce jour ; 2. Le Décret n° 07/2002 du 2 février 2002 relatif au mode de paiement des dettes envers l’Etat et ses mesures d’application ; 3. L’Arrêté Ministériel n° 076/CAB/MIN/ECO – FIN & BUD/2002 du 11 février 2002 portant mesures d’application du Décret n° 07/2002 ; 4. La note circulaire ministérielle n° 002/CAB/MIN/ECO – FIN & BUD/2002 relative au mode de paiement des dettes envers l’Etat. Pour les détails sur les modalités de perception. Cf. Supra. 5. Les édits et arrêtés provinciaux. CHAPITRE 3 : L’IMPOT PERSONNEL MINIMUM Aux termes de l’article 174, alinéa 2 de la Constitution du 18 février 2006, « la contribution aux charges publiques est un devoir pour toute personne vivant en République Démocratique du Congo ». Dans les Constitutions précédentes (de la République du Zaïre), cet impôt a toujours été prévu et avait été institué par l’ordonnance-loi n°71-87 du 14 septembre 1971 telle que modifiée par l’ordonnance-loi n°76-72 du 26 mars 1976 et par les lois n°03/04 et n°03/05 du 13 mars 2003. Cet impôt a été repris dans l’ordonnance-loi n°13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition (205). Cet impôt est reconnu au profit des ETD : Communes, Chefferies et Secteurs. §.1. Notion et nature juridique de l’impôt : c’est un impôt direct sur les revenus des personnes physiques. §.2. Base légale : Cf. supra. §.3. Matière imposable ou taxable : revenus (c’est un impôt forfaitaire par tête d’habitant). §.4. Fait générateur : la résidence en RD Congo, laquelle est constatée par le fait de (206) :  Y avoir établi son habitation réelle, effective, continue ;  Y avoir son « domus », sa famille, son centre d’activités, son siège de ses affaires et de ses occupations ;  Y avoir le siège de sa fortune c.à.d. lieu d’où la fortune est administrée et surveillée). §.5. Base imposable (= base d’imposition ou de taxation = encore assiette = base de calcul de l’impôt) : Forfait §.6. Personnes contribuables et redevables (207) : Par le passé, les redevables de l’IPM étaient les personnes physiques adultes (âgées de 18 ans révolus au début de l’exercice) résidant

(205) Journal Officiel de la RDC, numéro spécial du 27 février 2013, pp. 2-20. (206) En RDC, la notion fiscale de résidence avait été introduite par l’ordonnance-loi n°71-87 du 14 septembre 1971 (en son article 4).

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effectivement en RDC et bénéficiant des ressources (annuelles) égales ou inférieures à 450 zaïres (de 1971), soit l’équivalent de 900 dollars de 1971. Par analogie, si le taux de l’impôt venait à être fixé et s’il est mis en vigueur, les contribuables/redevables devraient être les personnes physiques non identifiées comme « entreprises de petite taille » et dont les revenus annuels ne dépasseraient pas le seuil de 524.160, 00 FC. §.7. Taux : Par le passé, le taux était fixé chaque année par le Ministre de l’Intérieur. Etant maintenant dans un système régionalisé et la recette de l’IPM étant destinée à alimenter les budgets des ETD, l’idéal, pour l’avenir, serait que la fixation du taux soit laissée à la compétence des Assemblées provinciales afin de tenir compte des réalités socioéconomiques de chaque entité. §.8. Exemptions : Par le passé, étaient exemptés de l’IPM et devraient le demeurer à l’avenir (moyennant mise à jour indispensable):  Les anciens combattants (au cas où il y en aurait encore);  Les marins ayant navigué entre le 10/5/1940 et le 8/5/1945 (s’ils existent encore);  Les femmes mariées exerçant leurs activités exclusivement au foyer ;  Les mineurs (non adultes) ou personnes âgées de moins de 18 ans au début de l’exercice ;  Les invalides permanents et les vieillards n’exerçant aucune activité lucrative. §.9. Modalités de perception :  L’IPM est portable et acquitté en un seul versement. Le paiement est constaté par un acquit;  L’impôt est payé dans la collectivité (entité territoriale) de résidence effective du redevable. §.10. Echéances.  L’impôt est exigible dès l’ouverture de l’exercice fiscal.

PARTIE III : PROCEDURE FISCALE ET CONTENTIEUSE Introduction L’objectif spécifique poursuivi dans cette partie est celui de circonscrire et d’examiner les relations entre le Fisc et le Contribuable et/ou le redevable. Depuis 2003, la gestion fiscale est organisée par la loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales telle que modifiée et complétée à ce jour successivement par :  la loi n°06/003 du 27 février 2006 ;

(207) L’autorité compétente pourra surement mettre sur pied une nouvelle réglementation (dès que les ETD deviendront opérationnelles) en remplacement de l’ancienne réglementation tombée caduque, parce que datant de plus de 4à ans et n’étant pratiquement plus appliquée.

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l’ordonnance-loi n°13/005 du 23 février 2013 (208) ; la loi de finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014 (209) ; la loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015 (210) ; loi de finances n° 15/021 du 31 décembre 2015 pour l’exercice 2016 ; loi de finances n° 17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017 ; loi de finances n° 17/014 du 24 décembre 2017 pour l’exercice 2018.

De la procédure fiscale et contentieuse Notion de procédure En droit, la procédure est, au sens étroit, « un ensemble des formalités qui doivent être suivies pour parvenir à une solution juridictionnelle de nature civile, pénale ou administrative selon le cas » (211). En matière d’impôts, la procédure fiscale est un ensemble des formalités administratives qui doivent être remplies par un redevable pour s’acquitter normalement et sans contrainte de ses obligations fiscales (procédure fiscale non contentieuse) ou encore un ensemble des formalités administratives qui doivent être remplies par le fisc et le redevable d’impôts pour parvenir à une solution soit administrative (procédure contentieuse en phase administrative) soit juridictionnelle (procédure contentieuse conduisant à la prise d’un acte juridictionnel pour trancher un litige). Le régime de procédure fiscale organisé par la loi nationale s’applique, mutatis mutandis, à la gestion fiscale et au contentieux fiscal en Provinces. Cette partie s’articulera autour deux (02) titres, à savoir (212) : 1. L’opération d’imposition comprenant : - la gestion administrative des contribuables/redevables ; - Le recouvrement et la répression des infractions fiscales. 2. L’opération de contrôle fiscal impliquant : - La vérification fiscale - Le contentieux fiscal.

TITRE I : L’OPERATION D’IMPOSITION

(208) Ce chapitre ne concerne pas les droits de douane (DGDA) et les taxes administratives perçues au profit de l’Etat par la DGRAD ou celles reconnues aux ETD (Cf. Infra Annexe 1 pp. 140-145), lesquels sont régis par des dispositions particulières. Seuls les impôts relevant de la compétence de la DGI et des Provinces sont concernés par ce chapitre. Il va sans dire que les édits provinciaux peuvent prévoir quelques particularités de procédure qui sont propres à chaque Province, le tout dans le respect de la législation nationale. (209) Journal Officiel/RDC n° spécial du 3 février 2014, pp.11 et suivantes. (210) Journal Officiel/RDC n° spécial du 5 janvier 2015, article 6 et suivants. (211) Guinchard (Serge) et Debard (Thierry), Lexique des termes juridiques, 20ème édition, Dalloz, Paris, 2013, p.722. (212) Loi n° 004/2003 du 13 mars 2003 portant réformes des procédures fiscales In Journal Officiel Numéro Spécial, du 30 avril 2003 (p. 5) et Journal Officiel numéro spécial du 27 février 2013, pp.78-90). Cette loi a été modifiée et complétée pour la 1ère fois par la loi n°06/005 du 27.02.2006 (Cf. J.O. n° spécial du 15.03.2006, pp. 12 à 35), par la loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015, par la loi de finances n° 15/021 du 31 décembre 2015 pour l’exercice 2016 et, enfin, par la loi de finances n° 17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017.

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Une gestion administrative adéquate des redevables d’impôts et une connaissance parfaite de leurs obligations déclaratives permettent d’assurer une bonne imposition (chapitre 1) et un recouvrement efficient appuyé par une répression des manquements constatés aux devoirs fiscaux (chapitre 2). CHAPITRE 1: LA GESTION DES CONTRIBUABLES/REDEVABLES  Gérer un redevable d’impôt ou gérer un impôt, qu’est-ce ? La gestion du contribuable s’entend ici comme la maîtrise de toutes les opérations concernant d’abord son identification par l’Administration des Impôts, ensuite, l’accomplissement de certaines formalités dans le cadre des rapports Fisc – Contribuable/redevable et, enfin, le suivi périodique de l’exécution, par lui, de ses obligations fiscales. Section 1 : Identification et formalités liées au démarrage, à l’exercice, à la suspension et à la cessation définitive d’activités Tout redevable d’impôts est soumis à des obligations déclaratives suivantes : 1. En début d’activités : Il a l‘obligation de se faire connaître en formulant une demande de numéro impôt auprès de l’Administration des Impôts qui le leur délivrera après certification de la localisation. Cette formalité permet au Fisc de connaitre les redevables dont il doit assurer une gestion suivie. 2. Pendant l’exercice des activités : - Obligation de déclarer, dans un délai de 15 jours de sa survenance, toute modification relative à l’identité, à la direction, à l’adresse physique ou électronique, au numéro de téléphone ou affectant un élément imposable ou mettant fin à l’activité (213); - Obligation de souscrire, à l’échéance spécifiée, la déclaration auto liquidative, appuyée éventuellement des annexes requises, pour chaque impôt dû. - La formalité est faite soit sur support papier ou électronique, même si on est exonéré de l’impôt. En cas de décès du redevable, elle est souscrite par ses héritiers, légataires et donataires universels ou par ses mandataires. A. L’ouverture du dossier fiscal et formalités liées au démarrage Dans les 15 jours qui suivent le début de ses activités, tout redevable d’un quelconque impôt doit se faire connaître à l’Administration des Impôts en demandant le nouvel identifiant fiscal (NIF) ou Numéro Impôt (article 1er). Cette formalité permet au Fisc d’ouvrir un dossier fiscal et d’attribuer un numéro impôt au requérant après certification de la localisation effective du contribuable/redevable. 1. Toute modification affectant les éléments de l’identité ou un élément imposable ou l’exploitation doit faire l’objet d’une déclaration auprès du Fisc dans les 15 jours de la survenance de l’événement (article 2). 2. Doivent être également versés au dossier fiscal du contribuable/redevable : (213) Article 7 de la loi n° 15/021 du 31 décembre 2015 pour l’exercice 2016 In Journal Officiel Numéro Spécial, du 11 janvier 2016, p. 8

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 

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Tout document émanant du redevable et adressé à l’Administration des Impôts et viceversa ; Toutes les notes de calcul et de taxation le concernant.

B. La clôture du dossier fiscal (214) 1. Toute suspension d’activités doit être signalée par écrit à l’Administration des Impôts, suivie du dépôt de la déclaration y afférente et l’acquittement de l’impôt éventuellement dû ; 2. Toute reprise d’activités doit être également signalée ; 3. Enfin, la cessation définitive d’activités doit être portée à la connaissance de l’Administration des Impôts suivie de : -

la clôture du bilan au mois de cessation des activités ; le dépôt de la déclaration auto-liquidative et l’acquittement de l’impôt y afférent s’il y a lieu.

Section 2 : Les obligations déclaratives d’impôts  Quelles formalités un redevable ou contribuable d’impôts doit-il remplir ?  Quelles sont les déclarations qu’il doit souscrire et déposer et dans quels délais ? A. L’obligation de souscription de déclarations (215).  Tout redevable d’impôt, exonéré ou non, doit souscrire la déclaration y afférente dans les conditions et délais légaux suivant un modèle fourni par l’administration ;  Outre son identification complète, le redevable détermine dans la déclaration et sous sa responsabilité, les bases d’imposition et le montant des impôts et autres droits dus ;  En cas de décès du redevable, les déclarations sont souscrites par ses héritiers, légataires et donataires universels ou par ses mandataires ;  Les déclarations doivent être souscrites même si le redevable est exonéré. Seules les personnes exemptées sont dispensées de l’obligation de souscrire les déclarations, à l’exception de celles afférentes aux impôts dont elles sont redevables;  Remplies, datées et signées par les redevables ou par leurs représentants/mandataires, les déclarations sont déposées auprès des services compétents du Fisc. B. Différentes déclarations fiscales et délais de dépôt (216).

1.

Déclarations fiscales de IF, TSCM et TSCF

2.

IV et TSCR

3.

IRL

Délai de souscription/paiement de l’impôt Au plus tard avant le 02 février de l’exercice pour les éléments dont le redevable est titulaire au 1er janvier de l’année qui donne son nom à l’exercice. Lors de la déclaration de première mise en service ou lors des campagnes de leur recouvrement. -Retenue à la source de 20% : dans les 10 jours suivant la date de versement des revenus locatifs au bénéficiaire. -solde de 2%, au plus tard le 10 janvier de l’année

Observations Fiscalité provinciale

Fiscalité provinciale Fiscalité provinciale (217)

(214) Kakonge Kamangu, Vade-mecum du contribuable, Kadis New Press, Likasi, 2000, pp.85 – 86. (215) Article 3 de la loi n° 004/2003 précitée. (216) Articles 6 à 22 de la loi n° 004/2003 précitée. (217) Cf. notes de bas de pages supra 157 et 158.

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4.

IBP des Grandes et Moyennes entreprises

5.

IBP des petites entreprises

6. 7.

IBP des microentreprises IPR et IERE

8.

IM

9.

TVA/intérieur

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qui suit celle de la réalisation des revenus -Acomptes provisionnels de 40% avant le 1er août et avant 1er Décembre de l’exercice fiscal ; -Déclaration et paiement du solde de l’impôt au plus tard le 30 avril de l’année qui suit celle de la réalisation des revenus (218) - La 1ère tranche de 60%, le 31 janvier de l’année qui suit celle de la réalisation du chiffre d’affaires ; - La 2ème tranche de 40%, le 30 avril de la même année. Le 30 avril de l’année qui suit celle de la réalisation du chiffre d’affaires. Chaque mois, au plus tard le 15 du mois suivant celui au cours duquel les rémunérations ont été versées ou mises à la disposition des bénéficiaires Dans les 15 jours qui suivent le mois au cours duquel les revenus ont été payés ou mis à la disposition des bénéficiaires Chaque mois, au plus tard le 15 du mois qui suit celui de la réalisation des opérations

Fiscalité nationale

Fiscalité nationale

Fiscalité nationale Fiscalité nationale

Fiscalité nationale

Fiscalité nationale

C. Autres obligations déclaratives (219). Les redevables de l’impôt sur les bénéfices et profits ainsi que ceux de la TVA doivent obligatoirement, pour chaque transaction effectuée, délivrer une facture ou un document en tenant lieu contenant les mentions ci-après : 

Identification complète et NIF (numéro impôt) de la personne physique ou morale ayant : - vendu ou exporté la marchandise ; - fourni la prestation de service ; - effectué les travaux immobiliers



Identification et NIF (numéro impôt) de l’acheteur, de l’importateur, du bénéficiaire des services ou du maître de l’ouvrage ;



Le prix unitaire et le prix global de chaque type de marchandises vendues et/ou exportées, des services rendus ou des travaux immobiliers, en faisant la distinction entre les sommes imposables et celles relatives aux opérations non imposables dûment justifiées ;



Le montant total dont l’acheteur, l’importateur, le bénéficiaire des services ou le maître de l’ouvrage est débité ou qu’il a acquitté ;



La base imposable ;



Le montant de l’impôt dû.



Les redevables de l’IBP ainsi que ceux de la TVA doivent obligatoirement, pour chaque transaction effectuée, délivrer une facture ou mettre à la disposition de l’acheteur un document en tenant lieu dont les mentions sont déterminées par voie réglementaire.

(218) Art. 6 de la loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015. (219) Article 23 de la loi précitée.

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CHAPITRE 2 : LE RECOUVREMENT ET LA REPRESSION DES INFRACTIONS FISCALES.

Le recouvrement permet au débiteur d’impôts de se libérer vis-à-vis de son créancier, le Trésor public et, à ce dernier, de rentrer dans ses droits. Le paiement de ses impôts étant une obligation civique pour tout redevable, son manquement, sous quelque forme que ce soit doit être sanctionné. Ce chapitre devrait permettre de fournir, à l’apprenant ou au lecteur, des éclaircissements notamment aux préoccupations ci-après :  Suivant quelles modalités les dettes d’impôts sont-elles réglées ?  Quelles mesures et sanctions l’agent du Service des Impôts peut-il prendre à l’endroit du redevable défaillant ?  Doit-il donner préalablement un avertissement avant de prendre une éventuelle sanction ?  Peut-il recourir à la police ? Dans quelles circonstances ?  Peut-il apposer des scellés aux locaux professionnels et autres ? Ce chapitre s’articulera autour des sections suivantes : 1. Les modalités de paiement ; 2. L’action en recouvrement ; 3. La répression des infractions fiscales. Section 1 : Les modalités de paiement (Articles 57 – 62). Ces modalités se résument en ces quelques lignes maîtresses : 1. Les impôts et autres droits établis par les redevables, dans leurs déclarations, doivent être payés au moment du dépôt de celles-ci car elles sont auto liquidatives (art. 57 al.1). Concrètement, la perception des impôts et droits se fait de la manière ci-après : -

Emission de la note de perception par le service compétent de l’Administration des Impôts (Receveur des Impôts ou Ordonnateur des Recettes) (220) Versement du montant de l’impôt au compte du Receveur des Impôts auprès de l’Institution financière désignée (ou note de versement émargée par l’intervenant) :  Pour le paiement en espèces versées en compte, le bordereau de versement est accompagné de l’attestation de paiement émise par l’Institution financière reconnaissant l’encaissement du montant repris sur le bordereau ;  Pour le paiement par voie scripturale lié à un ordre de paiement ou à un bordereau de remise de titre (cas de chèque certifié et barré unique ou de bordereau de versement établi par l’intervenant bancaire ou financier) : l’avis de débit et l’attestation de paiement.

2. Les acomptes provisionnels sur l’impôt sur les bénéfices et profits sont versés aux échéances fixées par la loi au moyen des bordereaux de versement (art. 57 al.2); 3. La retenue à la source sur loyers est reversée dans les 10 jours suivant la date de paiement du loyer à l’aide de la fiche de déclaration de la retenue mensuelle (art. 57 al.3); (220) Depuis 2013, suite au cumul dans les Régies Financières, des notes de perception non apurées (signe que les redevables font semblant de se soumettre à leurs obligations fiscales mais sans aller jusqu’au bout de leurs devoirs civiques), les redevables sont autorisés à aller directement payer leurs impôts sur base de leurs déclarations souscrites.

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4. Les suppléments d’impôts et autres droits établis par l’administration des Impôts sont recouvrés par l’émission d’un avis de mise en recouvrement (AMR) signé par le Receveur des Impôts et envoyé au redevable sous pli recommandé avec accusé de réception ou remis en mains propres sous bordereau de décharge (art. 58). L’AMR contient les mentions suivantes (art. 59): -

Identification précise et NIF (numéro Impôt) du redevable ; Nature de l’impôt ou autres droits dus ; Base imposable ; Montant en principal des droits mis à sa charge ; Montant des pénalités ; Délai de paiement.

Le redevable dispose de 15 jours pour payer l’impôt (art. 60) à dater de la réception de l’avis de mise en recouvrement. Section 2 : L’action en recouvrement (Art. 63 à 82). A. Les modalités d’exercice des poursuites (Art. 63 – 74) 

Les poursuites s’exercent en vertu des contraintes décernées par le Receveur des Impôts. Celuici, en sa qualité de comptable public assignataire des recettes, est désigné et prête serment avant son installation dans les conditions déterminées par voie réglementaire (art.63);



En cas de déclaration sans paiement ou avec un paiement insuffisant, le redevable fait l’objet d’une mise en demeure l’invitant à payer dans un délai de huit jours. Cette mise en demeure est envoyée au redevable, soit sous pli recommandé avec accusé de réception ou remis en mains propres sous bordereau de décharge, soit par voie électronique, dans les conditions fixées par arrêté du Ministre ayant les finances dans ses attributions. (art. 64);



Si les délais prévus respectivement dans l’AMR (15 jours) ou dans la mise en demeure (08 jours) ne sont pas suivis d’effet, un commandement est signifié au redevable lui enjoignant de payer dans les huit jours, sous peine d’exécution des mesures de poursuite. Le commandement est signifié par l’Agent de l’Administration des Impôts commissionné en qualité d’huissier du Trésor par arrêté du Ministre ayant les finances dans ses attributions et porteur de contraintes à la requête du Receveur des Impôts. Toutefois, les huissiers de justice peuvent également exercer les mêmes poursuites à la demande du Receveur des Impôts (art. 65).



Les mesures de poursuites comprennent (art. 66) :  les avis à tiers-détenteurs ;  les saisies mobilières, immobilières et les ventes qui en découlent ;  la fermeture provisoire d’établissement par l’apposition des scellés.



Tous fermiers, locataires, receveurs, agents, économes, banquiers, notaires, avocats, huissiers, greffiers, curateurs, représentants et autres dépositaires et débiteurs de revenus, sommes, valeurs ou meubles, affectés au privilège du Trésor public, sont tenus, sur demande du Receveur des Impôts, de payer à l’acquit des redevables et sur le montant des fonds ou valeurs qu’ils doivent ou qui sont entre leurs mains jusqu’à concurrence de tout ou partie des impôts dus par ces derniers. Ladite demande est faite par pli recommandé avec accusé de réception ou remis en

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mains propres sous bordereau de décharge. Le redevable en est dûment informé par les soins du Receveur des Impôts (Article 67 al. 1) ; 

Le tiers-détenteur, saisi par le Receveur des Impôts, informe ce dernier de la situation des fonds ou du patrimoine du redevable qu’il détient (art.67 al 2) ;



Si les tiers-détenteurs ne satisfont pas à la demande du Receveur des Impôts dans un délai de huit jours à dater de la réception de la demande, ils sont poursuivis comme s’ils étaient débiteurs directs (art. 67 al.3);



Le paiement ne peut toutefois être exigé des fermiers ou locataires qu’à mesure de l’échéance des loyers ou fermages, mais il n’est pas nécessaire de renouveler la demande aussi longtemps que les impôts et autres droits, objet de ladite demande, restent couverts par le privilège du Trésor et n’ont pas été intégralement acquittés avec les pénalités et frais y afférents (art.76 al 4) ;



Après expiration du délai fixé dans le commandement, le Receveur des Impôts fait procéder à la saisie et à la vente des biens mobiliers et immobiliers du débiteur. L’huissier, après avoir effectué l’inventaire des biens saisissables selon le droit commun, dresse un procès-verbal de saisie selon les formes prescrites en matière civile et commerciale (art. 68);



Huit jours au moins après la signification au contribuable du PV. de saisie, l’Huissier procède, à la vente des biens mobiliers saisis jusqu’à concurrence des sommes dues et des frais. Les ventes des biens immobiliers saisis sont faites par l’Huissier en vertu d’une autorisation spéciale du Directeur Général des Impôts ou du Directeur des Impôts compétent sur délégation. Si aucun adjudicataire ne se présente ou si l’adjudication ne peut se faire qu’à vil prix, l’Huissier peut s’abstenir d’adjuger ; il dresse, dans ce cas, un procès-verbal de nonadjudication, et la vente est ajournée à une date ultérieure. Il pourra y avoir plusieurs ajournements successifs (art. 69);



Après avoir prélevé, sur le produit de la vente, les sommes dues au Trésor et à l’Administration des Impôts et les avoir virées aux comptes correspondants, le Ministre ayant les finances dans ses attributions ou le Directeur Général des Impôts sur délégation tient le surplus à la disposition du contribuable pendant un délai de deux ans et peut procéder, à la demande de celui-ci, au virement de ce surplus au profit de son compte. A l’expiration de ce délai, les sommes non réclamées sont acquises au Trésor (art.70).



Dans tous les cas où les intérêts du Trésor sont en péril, le Receveur des Impôts peut faire procéder à une saisie conservatoire, avec l’autorisation du Directeur des Impôts compétent, des objets mobiliers du redevable. Cette saisie conservatoire est convertie en saisie-exécution par décision du Receveur des Impôts dans un délai de deux mois prenant cours à partir de la date de la saisie conservatoire (art. 71 al.2 et 3);

B. Contestations et prescription du recouvrement (art.72-73) 

Toutes les contestations relatives au recouvrement des cotisations font obligatoirement l’objet d’une réclamation préalable. Elles sont formulées par le redevable ou par son mandataire qui justifie d’un mandat général ou spécial en vertu duquel il agit. Elles sont instruites par le Receveur des Impôts. Les contestations en matière de recouvrement ne peuvent porter que : - Sur la régularité en la forme de l’acte de poursuites qui exige le paiement de l’impôt ;

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- Sur l’existence de l’obligation de payer, sur le montant de la dette compte tenu des paiements effectués, sur le délai de l’exigibilité de la somme réclamée, ou tout autre motif ne remettant pas en cause l’assiette et le calcul de l’impôt. Le Receveur des Impôts doit se prononcer dans le délai de huit jours à compter de la réception de la réclamation. En cas d’absence de décision dans le délai précité ou si la décision rendue ne lui donne pas satisfaction, le redevable doit, sous peine de forclusion, porter l’affaire devant le Tribunal administratif du ressort dans un délai d’un mois à partir : -

Soit de la notification de la décision du Receveur des Impôts ; Soit de l’expiration du délai de huit jours ouvrables prévu pour la prise de décision par le Receveur des Impôts.

En cas de recours juridictionnel, les mesures de poursuites sont suspendues jusqu’à la décision judiciaire dès que le tribunal se déclare saisi. Le tribunal se prononce exclusivement au vu des seules justifications qui ont été présentées à l’appui de la demande réclamation adressée à l’Administration. La production de nouvelles pièces ou l’invocation de faits nouveaux est non avenue. La décision du tribunal doit être rendue dans un délai de trente jours à dater de la saisine. A défaut de décision dans ce délai, la suspension de l’exécution de la mesure de poursuites est levée (art.72). 

Il y a prescription pour le recouvrement des impôts et autres droits dus après 15 ans à compter du dépôt de la déclaration ou de l’émission de l’AMR. Ce délai peut être interrompu par tous actes comportant reconnaissance de la dette de la part du contribuable et par tous autres actes interruptifs de la prescription (mise en demeure de payer, commandement, actes de poursuites, mesures conservatoires, action en justice). En cas d’interruption de la prescription, une nouvelle prescription est acquise quinze ans après le dernier acte interruptif de la précédente prescription (art.73).



Lorsque le débiteur n’est pas en mesure de payer une dette fiscale, compte tenu de l’état de sa trésorerie, une suspension des poursuites peut être consentie par le Directeur compétent ou son délégué, en contrepartie de l’engagement du débiteur d’acquitter sa dette majorée des pénalités selon un plan échelonné. Le délai d’échelonnement du paiement des sommes dues visé ci-dessus ne peut excéder six mois. La suspension des poursuites peut être révoquée en cas de non-respect d’un délai d’échelonnement (art.74).

C. Les garanties du Trésor (Articles 75 – 82). Pour le recouvrement des impôts, factures émises par l’Etat et rendues exécutoires par l’Administration des Impôts, et autres droits dus ainsi que des pénalités et frais y afférents, le Trésor a : 1. Privilège général sur tous les biens meubles et immeubles du redevable en quelque lieu qu’ils se trouvent. Ce privilège grève également les biens meubles et immeubles du conjoint. Il s’exerce avant tout autre et pendant deux ans à compter de la date de dépôt de la déclaration ou de l’émission de l’AMR. La saisie des biens, avant l’expiration de ce délai, conserve le privilège jusqu’à leur réalisation. La demande du Receveur des Impôts adressée aux tiers-détenteurs des Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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revenus, sommes, valeurs ou meubles des redevables est assimilée à la saisie. Le privilège du Trésor est conservé par l’exercice de tout acte ou mesure de poursuites. (art. 75 et 81); 2. Droit d’hypothèque légale sur tous les immeubles du redevable (et du conjoint) (art. 76); 3. Droit de faire appliquer la solidarité (art. 77 à 81 bis): -

entre celui qui effectue les prestations et le bénéficiaire desdites prestations ; entre le représentant au Congo d’une société étrangère et cette dernière ; entre le cédant et le cessionnaire des éléments d’actif de l’entreprise ou d’un secteur d’activités constituant une exploitation autonome ; entre le liquidateur et la société en liquidation ; entre le mari et sa femme ; entre un redevable décédé et ses héritiers, à concurrence de leurs parts héréditaires pour le paiement des impôts dus par le de cujus.

4. La garantie d’une attestation fiscale délivrée par le Receveur des Impôts et qui doit être présentée par tout redevable en instance de sortie du territoire de la République Démocratique du Congo (art. 82). Section 3 : La répression des manquements et des infractions fiscales Les manquements aux obligations fiscales entraînent l’application des pénalités fiscales à savoir (articles 83 – 99) : 1) Les pénalités d’assiette : sanctionnent le défaut des déclarations au regard des délais légaux, les déclarations inexactes, incomplètes ou fausses ; 

Elles sont assises sur le montant de l’impôt dû, éludé, reconstitué ou fixé forfaitairement par la loi ;



Elles sont appliquées, en cas de taxation d’office pour absence de déclaration, de régularisation tardive, de redressement ou de défaut de paiement de l’acompte provisionnel ;



Taux (221): - Cas de régularisation dans le délai de 5 jours après forclusion du délai réglementaire : majoration de 25% ; - Cas de taxation d’office pour absence de la déclaration servant au calcul de tout impôt, première infraction : majoration de 50% ; - En cas de récidive (absence de déclaration entrainant taxation d’office): majoration de 100% du montant. - Tous les autres cas de taxation d’office : impôt dû majoré de 25 % ; - Cas de récidive autres cas de taxation d’office : impôt majoré de 50%. - En cas de redressement : majoration égale à 20 % du montant de l’impôt éludé. - En cas de récidive (redressement): la majoration est de 40 % du même montant.

2) Les pénalités de recouvrement : sanctionnent le retard dans le paiement des impôts et autres droits dus.

(221) Cf. Ordonnance-loi n° 13/005 du 23/02/2013

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Elles ont pour base de calcul le montant des droits et des pénalités d’assiette pour lesquels le paiement n’est pas intervenu dans le délai légal ;



Taux d’intérêt moratoire de 4 % par mois de retard (222) ;



L’intérêt moratoire est décompté du premier jour du mois au cours duquel l’impôt aurait d ûêtre payé au jour du mois du paiement effectif, tout mois commencé étant compté intégralement.

3) Amendes administratives : répriment le non-respect des formalités comptables et fiscales ainsi que le mauvais comportement du contribuable, du redevable ou de toute autre personne, tendant à faire perdre au trésor public les droits dus, soit par le contribuable ou le redevable légal, soit par les tiers. Taux:  Absence d’annexes à la déclaration de l’impôt sur les bénéfices et profits : sanctionnée par une amende de 100.000 FC par annexe et 200.000 FC/annexe en cas de récidive (223) ;  Absence d’une déclaration ne servant pas au calcul de l’impôt (c as d e relevé trimestriel des sommes versées aux tiers et relevé mensuel des précomptes) est sanctionnée par une amende de 500.000 Francs congolais pour les personnes morales et de 250.000 Francs congolais pour les personnes physiques ; 4) Les astreintes : sont des sanctions pécuniaires frappant les personnes mises en demeure pour n’avoir pas donné suite, dans le délai, à une demande de renseignement de l’administration des Impôts dans le cadre du droit de communication. - Cas du refus de répondre à une demande de renseignement. - Taux : 100.000 FC pour les personnes morales et 25.000 FC pour les personnes physiques, par jour de retard, jusqu’au jour où les informations demandées seront communiquées (224). 5) la communication de faux renseignements est sanctionnée par une amende de 1.500.000 Francs congolais pour les personnes morales et de 250.000 Francs congolais pour les personnes physiques. 7) La communication de renseignements incomplets est sanctionnée par une amende de 750.000 Francs congolais pour les personnes morales et de 125.000 Francs congolais pour les personnes physiques ; 8) Toute omission d’une mention obligatoire constatée dans une facture ou document en tenant lieu entraîne l’application d’une amende de 750.000 Francs congolais pour les personnes morales et de 250.000 Francs congolais pour les personnes physiques, par omission ; 9) L’opposition au droit d’enquête ou au contrôle inopiné est sanctionnée par une amende de 1.000.000 de Francs congolais. En cas de récidive, cette amende est doublée. (222) Cf. Ordonnance-loi n° 13/005 du 23/02/2013 (223) Idem. (224) Ibidem.

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10) L’exercice d’une activité soumise à l’impôt sans au préalable remplir la formalité prescrite à l’article 1er de la présente loi est sanctionné par la fermeture provisoire ainsi que par une amende de 1.000.000 de Francs congolais pour les personnes morales, de 100.000 Francs congolais pour les personnes physiques exerçant le commerce ou une profession libérale et de 50.000 Francs congolais pour les personnes physiques bénéficiaires de revenus locatifs. 11) Le défaut de paiement de l’acompte provisionnel donne lieu à l’application d’une amende égale à 50 % du montant de l’acompte non versé. 13) Les frais de poursuites, en matière de recouvrement forcé, sont fixés à : -

3 % pour le commandement et la vente ; 5 % pour la saisie.

14) Les infractions fiscales sont les suivantes (article 102) : -

l’omission volontaire de déclaration ; la dissimulation volontaire des sommes sujettes à l’impôt ; la passation délibérée des écritures fictives ou inexactes dans les livres comptables ; l’incitation du public à refuser ou à retarder le paiement de l’impôt ; l’émission de fausses factures ; l’opposition à l’action de l’administration des impôts ; l’agression ou l’outrage envers un agent de l’administration des impôts.

Ces infractions sont sanctionnées pénalement, les poursuites étant exercées par le Procureur de la République à la requête de l’Agent de l’Administration des Impôts revêtu de la qualité d’Officier de Police Judiciaire à compétence restreinte, du Directeur Général ou du Directeur compétent selon le cas (art. 103). Sans préjudice des peines portées aux articles 123 et 124 du Code Pénal, les auteurs d’infractions fiscales qui procèdent manifestement d’une intention frauduleuse sont passibles des peines ci-dessous : 1. Pour la première infraction : - un emprisonnement d’un à trente jours ; - une amende égale au montant de l’impôt éludé ou non payé dans le délai ; - ou l’une de ces peines seulement. 2. En cas de récidive : - un emprisonnement de quarante à soixante jours ; - une amende égale au double du montant de l’impôt éludé ou non payé dans le délai ; - ou l’une de ces peines seulement. L’intention frauduleuse consiste à poser des actes en vue de se soustraire ou de soustraire des tiers à l’établissement ou au paiement total ou partiel de l’impôt dû.

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TITRE II : L’OPERATION DE CONTROLE Les agents du fisc sont habilités pour procéder à des vérifications fiscales (chapitre 1). Ces vérifications peuvent entrainer des contentieux mettant en jeu les intérêts tant du fisc que des redevables (chapitre 2). CHAPITRE 1 : LA VERIFICATION FISCALE.

Le contrôle fiscal est l’action de l’Administration qui consiste à vérifier a posteriori les déclarations des contribuables/redevables d‘impôts. Il est la nécessaire contrepartie du système déclaratif en vigueur en RDA. Il permet de sanctionner les fraudes ou de corriger les erreurs des contribuables/redevables. Il a également un effet dissuasif » (225). En fait, l’organisation du contrôle fiscal est supposée fournir des réponses notamment aux questions suivantes :  Qui a qualité pour procéder à la vérification fiscale ?  L’agent de l’administration fiscale doit-il prévenir de sa visite ?  Doit-il être muni d’un document d’identification ?  A-t-il droit d’accès à tous les documents professionnels ? Peut-il les emporter pour besoin d’examen hors des bureaux des contrôlés ?  Peut-on opposer le secret professionnel à l’agent du Service des Impôts ? Dans le cadre des opérations de contrôle, il est aussi reconnu à l’Administration des Impôts une compétence d’exercice de la vérification fiscale (section 1), le droit de communication (section 2), celui d’enquête (section 3) et celui de visite et de saisie (section 4). Section 1 : Compétence et modalités d’exercice A. Compétence (Articles 25 – 27). -

Le Fisc est investi du pouvoir exclusif de vérifier, sur pièce et sur place, l’exactitude des déclarations des impôts et autres droits dus par les redevables.

-

Il peut aussi inviter tout redevable à lui fournir, verbalement ou par écrit, des explications, éclaircissements ou justifications, ses écritures et documents comptables (sans déplacement) aux fins de vérifier les renseignements demandés ou fournis.

-

La vérification peut être générale ou ponctuelle.La vérification générale porte sur tous les impôt s et taxes sur toute la période non prescrite. La vérification ponctuelle consiste au contrôle d’un seul impôt sur une période inférieure à un exercice fiscal.Elle s’exerce au siège de l’entreprise ou au lieu de son principal établissement, pendant les heures de service. La vérification générale est un contrôle des comptabilités tandis que le contrôle inopiné de l’IPR/IERE est le type de la vérification ponctuelle.

B. Modalités d’exercice (Articles 28 – 40).

(225) Barilari, A; Drapé, R., Op. cit. p. 48.

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1. Vérification, sur place (siège social, lieu du principal établissement ou à un autre lieu choisi par le redevable) et aux heures de service, de l’exactitude des déclarations souscrites par les redevables (art. 25) : -

Confrontation de la comptabilité présentée à certaines données de fait ou matérielles ; Examen de la cohérence entre les éléments déclarés et la situation patrimoniale, la situation de trésorerie et/ou autres indices

2. Envoi au redevable, au moins huit jours avant la date de la première intervention (dont le redevable peut solliciter le report), de l’avis de vérification qui l’informe de son droit de se faire assister d’un conseil de son choix, et précise la nature des impôts ou autres droits ainsi que la période soumise au contrôle (art. 30) ; 3. La vérification peut être inopinée et porter sur l’IPR et l’IERE en cas de dissimulation d’éléments imposables devant servir mensuellement de base de calcul de ces impôts (art. 31); 4. L’Administration des Impôts peut vérifier l’ensemble des impôts et droits dont le contribuable est redevable au titre des exercices non encore vérifiés lorsque l’ordre de vérification ne comporte pas de précision sur les impôts ou autres droits ou l’indication des années ou périodes soumises à la vérification (art. 32) ; 5. L’Administration des Impôts peut recourir aux conseils techniques d’agents de l’Etat ou des Etablissements publics en cas de vérification de comptabilité ou de procédure de redressement requérant des connaissances techniques particulières (art. 33) ; 6. Tout redevable dispose d’un délai de vingt jours pour répondre à une demande écrite d’explications, d’éclaircissements, de justifications ou de renseignements (art. 35) ; 7. La procédure étant contradictoire, si l’Administration des Impôts exprime devoir rectifier les éléments servant de base de calcul des impôts et autres droits dus (en cas d’insuffisances, inexactitudes ou omissions constatées), elle notifie au redevable les redressements chiffrés proposés avec les motifs de la rectification (art. 36) ; 8. Au terme du contrôle, les redressements effectués sont notifiés au redevable sous forme d’avis de redressement, auquel il doit réagir, dans un délai de vingt jours en le confirmant ou en y portant ses observations motivées : -

Si les observations formulées sont motivées, l’abandon est possible de tout ou partie des redressements notifiés ; Dans le cas contraire, il y a maintien des redressements initiaux. (Art. 37).

9. La taxation d’office est appliquée dans les cas de (article 41) : -

Absence de déclaration ou de comptabilité ; Défaut de remise des pièces justificatives, des renseignements demandés ou de réponse dans les délais prescrits ; - Rejet d’une comptabilité considérée par le Fisc comme irrégulière ; - Opposition au contrôle fiscal. 10. Sauf preuve contraire, l’évaluation de la base imposable peut être faite, tant pour les sociétés que pour les personnes physiques, soit d’après les signes ou indices d’où résulte une aisance supérieure à celle qu’attestent les revenus déclarés, soit eu égard aux bénéfices normaux d’un ou Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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de plusieurs redevables similaires et compte tenu, suivant le cas, du capital investi, du chiffre d’affaires, du nombre d’établissements, d’employés, d’ouvriers ainsi que de tous les autres renseignements utiles (Article 41 bis). 11. A défaut d’éléments précis pour opérer les redressements prévus à l’article 31 bis de l’Ordonnance- loi n°69//009 du 10 février 1969 relative aux impôts cédulaires sur les revenus, les produits imposables sont déterminés selon la méthodologie la plus appropriée, notamment l’une des méthodes ci-après : - la comparaison avec ceux des entreprises similaires exploitées normalement ; - l’appréciation du niveau du profit. Dans ce cas, lorsque le contribuable conteste les redressements opérés par l’Administration des Impôts, la charge de la preuve lui incombe (Article 41 ter). 12. L’Administration dispose du droit de rappeler les impôts ou des suppléments d’impôts dus par les redevables au titre de l’exercice en cours et de quatre années précédentes (article 43) 13. Pour le recouvrement des impôts, sont assimilés au redevable (article 44) : -

ses héritiers ; son conjoint ; les associés d’une société autre que par actions à charge de laquelle l’imposition primitive a été établie et réciproquement.

Section 2 : Le droit de communication (Articles 46 – 56). Comme dit dans la théorie générale de l’impôt (cf. Prérogatives des administrations fiscales : pouvoirs d’investigation), le droit de communication est un droit général reconnu aux agents des impôts d’obtenir, de toutes personnes, physiques ou morales, publiques ou privées, communication de toutes pièces ou documents nécessaires à l’établissement des impôts et autres droits dus par les redevables (article 46). Ainsi, en usant de ce droit de communication : -

-

-

Toutes les entreprises publiques, les services publics, les entités administratives décentralisées, les établissements publics, les organismes semi-publics, les associations sans but lucratif et les établissements d’utilité publique sont tenus d’adresser à l’Administration des Impôts, dans les dix jours qui suivent la fin de chaque trimestre, un relevé de toutes les sommes versées à des tiers, à quelque titre que ce soit, à l’exclusion des salaires ; On ne peut pas opposer le secret professionnel aux agents des Impôts ; Les banques intervenant dans les opérations d’exportation doivent adresser au Fisc, dans les 10 jours du mois qui suit celui de leur réalisation, un relevé des opérations d’exportation effectuées par les entreprises ainsi que les volets des licences lui réservés ; L’Autorité judiciaire doit donner connaissance au Fisc de toute indication qu’elle peut recueillir, de nature à faire présumer une fraude commise en matière fiscale ou une manœuvre quelconque ayant pour objet ou résultat, de frauder ou de compromettre un impôt, qu’il s’agisse d‘une instance administrative, civile, commerciale ou pénale même terminée par un acquittement. Il en est de même d’une instruction pénale terminée par une décision de classement sans suite. Dans les quinze jours qui suivent le prononcé de toute

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décision judiciaire, les pièces restent déposées au greffe à la disposition de l’Administration des Impôts La fourniture des renseignements demandés par le Fisc.

Section 3 : Le droit d’enquête (Articles 56 bis – 56 ter C). 1) Les agents des impôts, munis d’un ordre de mission, peuvent se faire présenter et prendre copie s des factures ainsi que des livres, registres et documents professionnels pouvant se rapporter à des opérations ayant donné lieu ou devant donner lieu à facturation. Ils peuvent également se faire présenter et prendre copies de tous les documents douaniers justifiant la perception de la taxe sur la valeur ajoutée à l’importation, la réalité d’une exportation ou l’application d’un régime suspensif. A l’exception des locaux affectés au domicile privé, ils peuvent, à cet effet, avoir accès, durant les heures d’activité professionnelle, aux locaux à usage professionnel, aux terrains, aux entrepôts, aux moyens de transport à usage professionnel et à leur chargement et procéder à la constatation matérielle des éléments physiques de l’exploitation. Ils peuvent recueillir sur place, des renseignements ou justifications relatifs aux opérations vis ées ci-dessus. Ils peuvent, s’il échet, procéder à l’audition du contribuable ou de toute personne afin d’obtenir des renseignements ou des justifications sur la facture reçue ou émise p ar l’entreprise (Article 56 bis) ; 2) Lors de la première intervention, une copie de l’ordre de mission est remise à l’une des personnes suivantes : 1° en ce qui concerne les personnes physiques : a) soit au contribuable ; b) soit aux employés ; c) ou à toute autre personne travaillant avec le contribuable. 2° en ce qui concerne les personnes morales : a) soit au gérant ; b) soit au représentant légal ; c) soit aux employés ; d) ou à toute personne travaillant avec le contribuable. En cas de refus d’accuser réception, mention en est faite au procès-verbal établi sur le champ, dont une copie est remise à la personne trouvée sur place (Article 56 ter A). 3) Chaque intervention fait l’objet d’un procès-verbal relatant les opérations effectuées. A l’issue de l’enquête, un procès-verbal consignant les manquements constatés ou l’absence de tels manquements est établi. La liste des pièces ayant permis la constatatio n des infractions est, le cas échéant, annexée au procès-verbal. Le procès-verbal est signé par les agents ayant participé à l’intervention et par le Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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contribuable ou son représentant. Mention est faite de son éventuel refus de signer (Article 56 ter B) 4) Le droit d’enquête ne peut en lui-même donner lieu à une notification de redressement. Les constatations du procès-verbal ne peuvent être opposées au contribuable ainsi qu’aux tiers impliqués que dans le cadre des procédures de contrôle fiscal (Article 56 ter C) Section 4 : Le droit de visite et de saisie (Articles 46 – 56). A. Principes généraux  L’Administration des Impôts saisit le Procureur de la République territorialement compétent pour l’autoriser à effecteur des visites en tous lieux, même privés, où les pièces et documents nécessaires à ses investigations sont susceptibles d’être détenus, et procéder à leur saisie, quel que soit le support, lorsqu’elle estime qu’il existe des présomptions qu’un contribuable se soustrait à l’établissement ou au paiement des impôts, droits et taxes : - en se livrant à des achats ou à des ventes sans facture ; - en utilisant ou en délivrant des factures ou des documents ne se rapportant pas à des opérations réelles ; - en omettant sciemment de passer des écritures ou en passant ou en faisant passer sciemment des écritures inexactes ou fictives dans des documents comptables dont la tenue est imposée par la législation fiscale en vigueur.  La demande motivée de l’Administration des Impôts comporte notamment les mentions obligatoires suivantes : - l’adresse ou la localisation des lieux à visiter ; - le nom ou la raison sociale du contribuable ; - le nom et la qualité de l’Agent chargé de procéder aux opérations de visite (Article 56 quarto A)  Le Procureur de la République doit vérifier de manière concrète que la dema nde d’autorisation qui lui est soumise est bien fondée. Il motive son autorisation en indiquant les éléments de fait et de droit qu’il retient e t qui laissent présumer, en l’espèce, l’existence des agissements frauduleux dont la preuve est recherchée (Article 56 quarto B)  Seuls les Agents des Impôts revêtus de la qualité d’officier de police judicaire peuvent procéder à la recherche de la preuve des agissements visés à l’article 56 qua rto A ci-dessus (Article 56 quarto C) B. Déroulement de la visite et de la saisie  La visite et la saisie des pièces et documents s’effectuent sous l’autorité et la responsabilité de l’Administration fiscale (Article 56 quarto D)  L’autorisation est notifiée sur place au moment de la visite, à l’occupant des lieux ou à son représentant qui en reçoit copie intégrale contre récépissé.

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 En l’absence de l’occupant des lieux ou de son représentant, l’autorisation est notifié e, après la visite et, le cas échéant, la saisie, par lettre recommandée avec accusé de réceptionremise en mains propres contre bordereau de décharge.  Le refus de prendre copie est mentionné dans un procès-verbal établi à cet effet (Article 56 quarto E)  L’autorisation du Procureur de la République est susceptible de recours devant le Tribunal de Grande Instance.  Ce recours ne suspend pas les opérations de visite et de saisie.  Les délais et modalités des voies de recours sont mentionnés sur les actes de notificati on (Article 56 quarto F)  En cas d’urgence laissée à l’appréciation de l’Administration, le Procureur de la Répub lique peut autoriser les visites et saisies avant six heures du matin et après vingt et une heures.  Les Agents des Impôts habilités, l’occupant des lieux ou son représentant, peuvent seul s prendre connaissance des pièces et documents avant leur saisie (Article 56 quarto G)  Un procès-verbal relatant les modalités et le déroulement de l’opération et consignant les constatations effectuées est dressé sur le champ par les agents des impôts. Un inventaire des pièces et documents saisis y est annexé s’il y a lieu.  Le procès-verbal et l’inventaire sont signés par les agents des Impôts et l’occupant ou son représentant.  En cas de refus de signer par l’occupant ou son représentant, mention en est faite au procès-verbal.  Si l’inventaire sur place présente des difficultés, les pièces et documents trouvés sont placés sous scellés. L’occupant des lieux ou son représentant est avis qu’il peut assister à l’ouverture des scellés ; l’inventaire est alors établi.  Les originaux du procès-verbal et de l’inventaire sont, dès qu’ils ont été établis, adressés à l’Administration des Impôts ; une copie de ces mêmes documents est remise à l’occupant des lieux ou à son représentant ainsi qu’au Procureur de la République qui a autorisé la visite (Article 56 quarto H)  Les pièces et documents saisis sont restitués à l’occupant des locaux dans les six mois suivant la visite.  Toutefois, lorsque des poursuites pénales sont engagées, leur restitution ne peut être autorisée que par l’autorité judiciaire compétente.  L’Administration des Impôts ne peut opposer au contribuable les informations recueillies qu’après restitution des pièces et documents saisis ou de leur reproduction (Article 56 quarto I) CHAPITRE 2 : LE CONTENTIEUX FISCAL

L’organisation du contentieux fiscal vise à protéger les droits du Trésor public à la diligence de l’Administration fiscale ainsi que ceux des redevables. Elle vise à donner des réponses notamment aux questions suivantes :  Le contrôlé peut-il introduire une réclamation ou un recours administratif et dans quel délai ?  Quelles sont les autorités compétentes pour connaitre des recours en cas de contentieux fiscal ? Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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 Dans quel délai l’autorité fiscale compétente doit-elle donner suite à la réclamation ?  Le contrôlé peut-il introduire un recours judiciaire et devant quelle juridiction ? Dans quel délai peut-il le faire ? A quelles conditions ? Le contentieux de l’impôt ou le contentieux fiscal désigne les « contestations des impositions mises en recouvrement, portées par les contribuables soit devant les autorités administratives, soit devant les juridictions compétentes. Les réclamations ont pour objet d’obtenir soit la réparation d’erreurs commises dans l’assiette ou le calcul des impositions, soit le bénéfice d’un droit résultant d’une disposition légale, soit encore pour bénéficier de remises totales ou partielles d’impôts directs en cas de difficultés financières graves » (226). A l’instar du contentieux administratif, le contentieux de l’impôt connaît deux phases : une phase administrative et une phase juridictionnelle. Section 1 : La phase administrative. A cette première phase du contentieux, le redevable ou son mandataire (justifiant d’un mandat général ou spécial) adresse sa réclamation à l’autorité administrative, en l’occurrence, auprès du Directeur ou du Chef de Centre compétent, selon le cas (sans justifier du paiement de l’impôt) (A) lequel devra lui répondre dans le délai légal (B). Les personnes à charge desquelles l’impôt a été retenu à la source sont assimilées au redevable. A. La réclamation du contribuable (article 104). Elle est préalable à toute saisine du juge administratif. Pour être recevable, la réclamation écrite doit : 1. Etre motivée ; 2. Etre introduite dans les six mois à partir de la date de la déclaration ou de réception de l’avis de mise en recouvrement. Il est délivré reçu de sa réclamation au redevable. B. La décision du Directeur des Impôts (Articles 105 – 107). 1. Elle doit être notifiée au réclamant dans les six mois qui suivent la date de réception de la réclamation ; 2. L’absence de décision dans le délai est considérée comme une décision de rejet de la réclamation ; 3. Même après l’expiration des délais de réclamation, le Directeur ou le Chef de Centre compétent, selon le cas, accorde d’office le dégrèvement des surimpositions résultant d’erreurs matérielles ou de doubles emplois ;  L’erreur matérielle est une erreur grossière consistant en une erreur de plume, de calcul ou dans l’établissement de l’avis de mise en recouvrement (art.105). Il faut entendre par : - Erreur de plume, une reproduction d’éléments non conformes aux bases d’imposition reprises dans l’avis de redressement, de régularisation ou de taxation d’office. Il en est ainsi notamment de la base erronée ou de l’inversion des chiffres ; (226) Barilari, A; Drapé, R., Op. Cit. p. 46.

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- Erreur de calcul, le cas où la base et le taux de l’impôt sont exacts, mais le résultat de l’opération est erroné ; - Erreur dans l’établissement de l’avis de mise en recouvrement, le cas où les éléments d’identification, la base imposable ou les taux portés dans l’avis de mise en recouvrement sont erronés par rapport à l’avis de redressement, de régularisation ou de taxation d’office. - Il y a double emploi lorsque, pour le même impôt, sur la même base et au nom du même contribuable, deux cotisations ont été établies à des articles différents de l’avis de mise en recouvrement.  Si l’impôt est déjà payé, le surplus est inscrit au crédit du compte courant fiscal du redevable si la surimposition est constatée ou signalée dans un délai de trois ans à compter de la prise en recettes.  La décision de dégrèvement est prise par :  le Directeur Général pour tout montant excédant 500.000.000 de Francs congolais;  le Directeur urbain ou Provincial des impôts pour les contribuables relevant des Centres des Impôts, lorsque le montant à dégrever se situe entre 50.000.000 et 500.000.000 Francs congolais ;  Les montants ci-dessus peuvent être réajustés par voie d’arrêté du Ministre ayant les Finances dans ses attributions, lorsque les circonstances l’exigent ;  En cas d’indigence ou de gêne le mettant dans l’impossibilité de se libérer de sa dette envers le Trésor, le contribuable peut solliciter, auprès du Ministre des Finances, la remise ou la modération des pénalités fiscales régulièrement mises à sa charge.  Pour l’instruction de la réclamation, l’administration fiscale peut procéder à la vérification des écritures comptables du redevable et à la confrontation de tous extraits et documents produits et se faire présenter toutes les pièces justificatives. Tout moyen de preuve de droit commun, à l’exception du serment, peut être utilisé.  Aux fins d’assurer l’instruction de la réclamation, l’Administration des Impôts peut exiger communication de tous les renseignements par les divers services publics, les créanciers ou débiteurs du redevable et notamment les services, administrations, organismes, établissements et personnes citées aux articles 47 à 52 et 67 de la loi sur les procédures fiscales.  La réclamation auprès du Directeur ou du Chef de Centre compétent est préalable à toute instance devant une juridiction ;  L’Administration des Impôts peut proposer au redevable, dans le cadre d’une transaction, une modération des pénalités, après leur mise en recouvrement. La proposition de transaction en matière de pénalité relève ;  Du Directeur des Grandes Entreprises, du Directeur provincial des Impôts ou du Directeur urbain des Impôts dans la limite de 500.000.000, 00 FC ;  Du Directeur Général des Impôts dans la limite de 2.500.000.000, 00 FC ;  Du Ministre des finances au-delà de la dernière limite.  En cas d’acceptation, le redevable s’engage expressément, dans un procès-verbal signé par lui et par l’Administration (227): a) à ne pas introduire une réclamation ultérieure ; (227) Loi de finances n°15/021 du 31 décembre 2015 pour l’exercice 2016, article 17.

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b) à se désister des réclamations ou des requêtes par lui introduites ; c) à acquitter immédiatement des droits et pénalités restant à sa charge. Section 2 : La phase juridictionnelle (Art. 108 – 109) Les éléments ci-après constituent les points focaux de la phase juridictionnelle : 1) La décision de rejet total ou partiel peut faire l’objet d’un recours devant la Cour administrative d’appel. 2) Pour sa recevabilité, le contribuable est tenu de s’acquitter du montant de l’imposition contestée au titre du principal. 3) Le recours devant la Cour administrative d’appel doit, sous peine de déchéance, être introduit dans un délai de six mois à partir de la notification de la décision au redevable ou, en l’absence de décision, à compter de la date d’expiration du délai de six mois imparti au Directeur des Impôts pour répondre à la réclamation du contribuable/redevable. 4) Le pourvoi en Cassation est ouvert contre les Arrêts de la Cour administrative d’appel dans les conditions fixées par les dispositions légales régissant la matière. Section 3 : Effets des recours (articles 109 bis et 110). 1. En cas de découverte d’erreur sur le fondement légal d’une imposition après notification de la décision clôturant l’instruction d’une réclamation, le Ministre ayant les Finances dans ses attributions peut autoriser le réexamen du litige à la demande de l’Administration des Impôts agissant d’office ou sur requête du redevable (art.109 bis); 2. Sauf en cas d’erreur matérielle ou de double emploi, l’introduction d’une réclamation, d’un recours en appel ou d’un pourvoi en cassation ne suspend pas l’exigibilité de l’impôt et autres droits dus ainsi que des pénalités et frais y afférents. 3. Toutefois, lorsque la réclamation porte sur un supplément d’impôt, le contribuable peut, à sa demande, bénéficier d’un sursis de recouvrement de l’impôt litigieux et des pénalités y afférentes. Dans ce cas, il est tenu de verser un montant au moins égal au cinquième du supplément d’impôt contesté. Sans préjudice de l’article 109 bis ci-dessus, le sursis de recouvrement ne s’applique pas aux cas de taxation d’office. 4. Le sursis dont bénéficie le contribuable ne dispense pas l’Administration des Impôts d’appliquer les pénalités prévues par la loi en cas de rejet de la réclamation. 5. A compter de la réception de la lettre autorisant le réexamen du litige, l’Administration des Impôts dispose d’un délai de trois mois pour notifier sa nouvelle décision au contribuable ». ADDENDUM : LES ATTESTATIONS DIVERSES.

Il s’agit de : o Le numéro impôt o Les attestations fiscales - Attestation de situation fiscale - Attestation de gestion par la DGE - Attestation de paiement de l’IBP à charge des non-résidents o La déclaration annuelle des salaires I. Le numéro impôt Institué en 2003, il sert à l’identification des contribuables.

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Il est obligatoire pour toutes les opérations entre les contribuables et les services de l’Etat y compris les ETD. Il est le seul identifiant de toute personne physique ou morale redevable d’impôts et autres droits dus à l’Etat. Il doit être porté sur tous les documents émis par les contribuables et destinés aux services de l’Etat et des ETD. II. Les attestations fiscales  Attestation de situation fiscale C’est un document délivré à tout requérant, par la DGI, attestant qu’il est en règle avec le fisc, c.-à-d. sans dettes fiscales dues à l’Etat. Elle a une validité de six mois. Elle est requise pour toutes personnes physiques et morales effectuant des opérations requérant l’intervention ou la décision de l’Etat, des ETD, des établissements publics préalablement à ces opérations. Ces opérations sont notamment : les marchés de travaux et de fournitures ; les marchés de gré à gré de travaux ou fournitures ; les paiements effectués par l’Etat aux tiers créanciers ; les mutations portant sur les biens immeubles pour les personnes morales ; le renouvellement du visa d’établissement ou l’autorisation de sortie du territoire national.  Attestation de gestion par la DGE : elle est délivrée par le Directeur des Grandes Entreprises de manière à permettre aux entreprises gérées par la DGE de n’être ni soumises au paiement du précompte ni obligées de présenter une attestation de situation fiscale lors de l’accomplissement de certaines opérations. Elle est délivrée gratuitement et a une validité d’une année civile.  Attestation de paiement de l’IBP à charge des non-résidents : elle permet aux prestataires de services non établis en RDC de faire valoir, auprès des Administrations fiscales de leurs pays, l’impôt sur les bénéfices et profits payé en RDC au moyen de la retenue de 14% opérée par les bénéficiaires des services lors de paiement de factures afférentes aux prestations de services. Elle est délivrée, selon le cas, par le Directeur des Grandes Entreprises, le Directeur Urbain ou le Directeur provincial des Impôts. CONCLUSION GENERALE. Cet exposé aura permis au lecteur d’avoir une idée plus ou moins claire de la fiscalité en général et une vue globale de la structure du système fiscal congolais en particulier. Ceci devrait permettre également, au niveau individuel de chaque étudiant, de faire l’évaluation de l’atteinte ou non des objectifs généraux et spécifiques du cours. En résumé et à titre de conclusion, chaque apprenant devrait être en mesure de se poser la question suivante « Ai-je atteint les objectifs généraux et spécifiques présentés en introduction à ce cours ? Puis-je le démontrer ? » ou de répondre aux questions suivantes pour une auto-évaluation de la réalisation desdits objectifs :  Qu’est-ce qu’un impôt ? Quelles sont les sortes d’impôts ?  Qu’appelle-t-on « technique fiscale » ?

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 Quels sont les impôts relevant de la compétence de la DGI, de la DGDA ? Des régies financières provinciales (DGRK, DPR, DRHKAT, DRLU, DRHL, DRTANG, DIREMA etc.) ?  Quels sont les éléments de différence et de ressemblance entre l’impôt mobilier et l’impôt sur le revenu locatif ?  Qu’est-ce que la TVA ?  Qui doit appliquer la TVA et qui ne doit pas le faire ?  Quelles sont les opérations soumises à la TVA ? et celles qui ne le sont pas ?  Que signifie gérer un contribuable ou u impôt ?  L’agent de l’administration fiscale doit-il prévenir de sa visite en cas de contrôle ?  Doit-il être muni de documents d’identification ?  L’agent de l’administration fiscale doit-il prévenir de sa visite ?  Doit-il être muni d’un document d’identification ?  A-t-il droit d’accès à tous les documents professionnels ? Peut-il les emporter pour besoin d’examen hors des bureaux des contrôlés ?  Peut-on opposer le secret professionnel à l’agent du Service des Impôts ?  Suivant quelles modalités les dettes d’impôts sont-elles réglées ?  Quelles mesures et sanctions l’agent du Service des Impôts peut-il prendre à l’endroit du redevable défaillant ?  Doit-il donner préalablement un avertissement avant de prendre une éventuelle sanction ?  Peut-il recourir à la police ? Dans quelles circonstances ?  Peut-il apposer des scellés aux locaux professionnels et autres ?  Le contrôlé peut-il introduire une réclamation ou un recours administratif et dans quel délai ?  Dans quel délai l’autorité fiscale compétente doit-elle donner suite à une réclamation ?  Le contrôlé peut-il introduire un recours judiciaire et devant quelle juridiction ? Dans quel délai peut-il le faire ? A quelles conditions ?

REFERENCES LEGALES EXPLOITEES 1. Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles (de la constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006), In Journal officiel de la RDC, numéro spécial du 05 février 2011, Kinshasa, 2011; 2. Ordonnance-loi n°68-058 du 05 décembre 1968, telle que modifiée et complétée à ce jour, relative aux Droits d’accises et régimes des boissons alcooliques, In Les Codes Larcier RDC, Tome V, Droit fiscal, Afrique – Editions, Bruxelles, 2003; 3. Ordonnance-loi n°69-006 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour relative aux impôts réels, In Les Codes Larcier RDC, Tome V, Droit fiscal, Afrique – Editions, Bruxelles, 2003; 4. Ordonnance-loi n°69-007 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour relative à l’impôt exceptionnel sur les rémunérations versées aux expatriés, In Les Codes Larcier RDC, Tome V, Droit fiscal, Afrique – Editions, Bruxelles, 2003. Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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5. Ordonnance-loi n°69-009 du 10 février 1969 telle que modifiée et complétée à ce jour relative aux impôts cédulaires sur les revenus, In Les Codes Larcier RDC, Tome V, Droit fiscal, Afrique – Editions, Bruxelles, 2003; 6. Loi n°04/2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales applicables aux associations sans but lucratif et les établissements d’utilité publique, In Journal Officiel n° Spécial du 15 août 2001 ; 7. Loi n° 004/2002 du 21 février 2002 portant Code des Investissements, In Les Codes Larcier RDC, Tome III, Droit économique et commercial, Vol. 2, Afrique, Editions, Bruxelles, 2003; 8. Loi n°08/002 du 16 mai 2008 modifiant et complétant l’ordonnance-loi n°68-058 du 05 décembre 1968 relative aux Droits d’accises et accises ; 9. Ordonnance-loi n°10/001 du 20 août 2010 instituant la taxe sur la valeur ajoutée telle que modifiée et complétée par l’ordonnance-loi n°13/006 du 23 février 2013 ; 10. Loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques, In Journal Officiel de la RDC, numéro spécial du 25 juillet 2011. 11. Loi des finances n°14/002 du 31 janvier 2014 pour l’exercice 2014, In Journal Officiel, numéro spécial du 03 février 2014. 12. Loi de finances n° 14/027 du 31 décembre 2014 pour l’exercice 2015, In Journal Officiel/RDC, numéro spécial du 05 janvier 2015. 13. Loi n°15/012 du 1er août 2015 portant régime général des hydrocarbures In Journal Officiel/RDC, numéro spécial du 7 août 2015. 14. Loi de finances n° 17/005 du 23 juin 2017 pour l’exercice 2017, In Journal Officiel/RDC, numéro spécial du 05 juillet 2017. 15. Ordonnance-loi n°18/002 du 13 mars 2018 portant Code des accises.

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE ACTUALISEE I. Documents et rapports officiels 1. Banque Centrale du Congo, Rapports annuels, 2010 à 2015. 2. Banque Mondiale, L’Afrique Subsaharienne, de la crise à une croissance durable, Washington D.C., 1989. 3. Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA), Rapports annuels. 4. Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA), Manuel de vulgarisation de l’ordonnance-loi n°18/002 du 13 mars 2018 portant Code des Accises, Kinshasa, septembre 2018. 5. Direction Générale des Impôts (DGI), Rapports annuels. 6. Direction Générale des Recettes Administratives, Domaniales, Judiciaires et de Participations (DGRAD), Rapports annuels. 7. République Démocratique du Congo, Code Général des Impôts (recueil des textes légaux), mise à jour au 1er janvier 2014, Droit-Afrique.com, Paris, 2014. II. Doctrine (ouvrages généraux et spécifiques) A. Ouvrages généraux 1) ALBERTIN (J.M.), Les rouages de l’économie nationale, les Ed. Ouvrières, Paris, 1975. 2) COZIAN (Maurice) et VIANDIER (Alain) N., Droit des sociétés, 11è Edition, Litec, Paris, 1998. 3) GUINCHARD (Serge) et DEBARD (Thierry), Lexique des termes juridiques, 20ème édition, Dalloz, Paris, 2013. 4) GUILLIEN R. et VINCENT J., Lexique des termes juridiques, 14ème Edition, Dalloz, Paris, 2003. Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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5) NGUYEN CHANH TAM, DARTOIS (Philippe) et SIMON (Charles), Lexique de droit des affaires zaïrois, CRP, Kinshasa, 1972. 6) PINTO (P) et GRAWITZ (M), Méthodes en sciences sociales, Dalloz, Paris, 1995. B. Ouvrages spécifiques sur la fiscalité 1) ARDANT GABRIEL, Histoire de l’impôt, 2 tomes, Fayard, Paris, 1972. 2) AZAMA LANA, Droit fiscal zaïrois, Cadicec, Kinshasa, 1986. 3) BANZE NGOI TSADOK, Terminologie de la Douane et du Commerce International, Ed. Semences Merveilleuses, Lubumbashi, 1997. 4) BARILARI, A. et DRAPE, R., Lexique fiscal, Dalloz, Paris, 1992. 5) BASLE (Maurice), Systèmes fiscaux, Mémentos, Dalloz, Paris, 1989. 6) BERTRAME (Pierre) :  Les systèmes fiscaux, Coll. Que sais-je ? PUF, Paris, 1975.  La fiscalité en France, Hachette, Paris, 1993. 7) BIENVENU (Jean-Jacques) et LAMBERT (Thierry), Droit fiscal, PUF, Paris, 2010. 8) BIFUMANU Nsompi (D) :  Les réformes fiscales actuelles en République Démocratique du Congo : la remise en question. Presses de l’Université Libre de Luozi, Luozi, 2006.  La spiritualité de l’impôt. Editions Cadicec, Kinshasa, 2009. 9) BUABUA WA KAYEMBE (Mathias)  Traité de droit fiscal zaïrois, constats et propositions sur les contributions et la douane, PUZ, Kinshasa, 1993.  Fiscalisation de l’économie informelle au Zaïre, PUZ, Kinshasa, 1995. 10) CARDYN (Charles) et DELEPIERRE (J), Frauder… ou payer ses impôts, Ecole Supérieure des Sciences Fiscales, Bruxelles, 1962. 11) DASSESSE (Marc) et MINNE (Pascal), Droit fiscal, Bruylant, Bruxelles, 1991. 12) DERUEL (François), Finances publiques, Droit fiscal, Dalloz, Paris, 1995. 13) DOUVIER (Pierre-Jean), Droit fiscal dans les relations internationales, Ed. A. Pedone, Paris, 1996. 14) DRIE (Jean-Claude), Le contrôle fiscal raconté aux dirigeants et à leurs conseils, 2ème édition, LITEC, Paris, 2010. 15) FOTSING, JB, Le pouvoir fiscal en Afrique, LGDJ, Paris, 1995. 16) IKAS KASIAM, Code fiscal annoté, éd. Wang-ngom, Kinshasa, 2001. 17) KAKONGE KAMANGU, S. Jean : Vade me cum du contribuable, Kadis-New Press, Likasi (RDC), 2000. 18) KASHOBA KABONSHI D, - Protection du contribuable en Droit Fiscal Congolais, P.U.L, Lubumbashi, 2018. - Contentieux fiscal en République Démocratique du Congo. 2èm édition, P.U.L, Lubumbashi, 2018. - Contentieux fiscal en République Démocratique du Congo. Etat des lieux. P.U.L, Lubumbashi, 2016. 19) KASINDI YIMBA, Symphorien, La législation fiscale et douanière congolaise, Médiaspaul, Kinshasa, 2016. 20) LOECKX (Fr) et NEYENS (G), Eléments de la science des impôts, Ministère des Finances, Administration des Contributions Directes, Bruxelles, 1952. 21) MALHERBE (Jacques) et Alli, Droit fiscal, Impôts sur les revenus, Volume 1, Impôt des personnes physiques, Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, 1995 – 1996. 22) MATHIEU (Robert),  Le Racket fiscal, Albin Michel, Paris, 1990. Notes mises à jour le 10 octobre 2019

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 Echec à la dictature fiscale, Albin Michel, Paris 1991. MEMENTO PRATIQUE FRANCIS LEFEBVRE, Fiscal 1997, Ed. Francis Lefebvre, Levallois, 1997. MORSELLI (Bruno) et TAMINIAU (Jacqueline), Fraudes techniques et répression dans le monde, Office International de Librairie, Bruxelles, 1990. NEURISSE (André), Histoire de l’impôt, PUF, Coll. Que sais-je, Paris, 1978. NGAOSYVATHN (Pheniphanh), Le rôle de l’impôt dans les pays en voie de développement, LGDJ, Paris, 1974. SEPULCHRE, Vincent, Mémento de la fiscalité locale et régionale, Editions Kluwer, Bruxelles, 2004. THAMBWE MWAMBA (Alexis), Droit douanier zaïrois, PUZ, Kinshasa, 1996. ZUKA MON’DO-LEMBA (Georges) : Fiscalité des entités administratives décentralisées au Congo-Zaïre, Fimad, Kinshasa, 1998.

C. Ouvrages spécifiques sur les finances publiques. 1) BAKANDEJA WA MPUNGU (Grégoire), Droit des finances publiques, Ed. Noraf, Kinshasa, 1997. 2) BIBOMBE MWAMBA, Eléments de finances publiques, Biométrix, Kinshasa, 1993. 3) DE BRUYNE (Paul), Politique et gestion des finances publiques congolaises, SNEC/Vander, Bruxelles, 1969. 4) DUVERGER (Maurice), Finances publiques, Coll. Thémis, PUF, Paris, 1968. 5) KIBUEY MULAMBU (F), Le budget de l’Etat, ECA-IRES, Kinshasa, 1988. 6) LALUMIERE (Pierre), Les finances publiques, Librairie Armand Colin, Paris, 1976. 7) MOVA SAKANYI (Henri), La science des finances publiques, Editions Safari, Kinshasa, 2000. III. Articles de revues 1. AZAMA LANA, Le Zaïre et les conventions préventives de double imposition, In Cahiers Economiques et Sociaux, Vol. XV, 1977, pp 5 – 17. 2. BUABUA WA KAYEMBE, L’humanisation de l’impôt en République du Zaïre, In Bulletin des Finances, n° 53 – 54, Septembre – Décembre 1984. 3. KITOPI KIMPINDE, - Les activités législatives en République Démocratique du Congo de 2000 à nos jours, état des lieux et perspectives : Cas des législations minière et fiscale. In JUSTICIA n°3, Revue de la Faculté de Droit de l’Université de Lubumbashi, P.U.L, Lubumbashi, mars 2014, pp.181 – 211 ; - L’adhésion de la République Démocratique du Congo au droit de l’OHADA : quels pour avantages la petite entreprise congolaise ? In Frontières et Gouvernance sécuritaire pour le Développement économique de la République Démocratique du Congo, CLD-Editions, L’Harmattan, Paris, 2013, pp.161 – 179; - Les entreprises du portefeuille face au double défi de la reconstruction nationale et de la mondialisation de l’économie : Recherche d’un nouveau cadre juridique pour renforcer l’indépendance économique, In Actes des journées scientifiques de la Faculté des lettres du 1er au 3 juin 2000 sur le thème « Quarante ans d’indépendance, mythes et réalités », Tome III, Questions économiques, PUL, 2004, pp. 341 – 363 ; - « Réflexions sur les causes de la baisse du rendement fiscal au Congo : analyse de la période 1990 – 2000 », In JUSTITIA vol. IV n°2, Revue de la Faculté de Droit de l’Université de Lubumbashi, P.U.L., Lubumbashi, août 2001, pp.121-151 ;

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- « la femme congolaise et l’exercice des activités économiques en République Démocratique du Congo », In JUSTITIA, vol. III, n°1, Revue de la Faculté de Droit de l’Université de Lubumbashi, P.U.L., Lubumbashi, juin 2000, pp.22-44 ; - La résistance à l’impôt en République Démocratique du Congo : causes, conséquences et esquisse de solutions, In JUSTITIA, Vol. II n° 1, Revue de la Faculté de Droit de l’Université de Lubumbashi, PUL, Lubumbashi, août 1999, pp 87-105 ; - Quelques réflexions sur l’évasion fiscale en matière de propriété industrielle en République Démocratique du Congo, In JUSTITIA, volume I n° 1, Revue de la Faculté de Droit de l’Université de Lubumbashi, PUL, Lubumbashi, mai 1998, pp 53-67 ; - La prolifération des taxes au Zaïre et son impact sur la promotion des PME, In Cahiers Economiques et Sociaux, Vol. XXIII, n° spécial, Décembre 1989, pp. 177 – 204 ; 4. LECLERCQ (Hugues) : - Un mode de mobilisation des ressources : le système fiscal. Le cas du Congo pendant la période coloniale, In Cahiers Economiques et Sociaux n° 2, 1965, pp. 95-139 ; - Evolution des finances publiques de 1966 à 1969, In Cahiers Economiques et Sociaux, Vol. VII n° 2-3, septembre 1969, pp 147 – 195 ; - Economie populaire informelle de Kinshasa, approche macro-économique, In ZaïreAfrique, n° 291, janvier 1993, pp. 17-36 ; 5. MUSALE MASANGU (Benoît), Fiscalité locale en République Démocratique du Congo, un frein à la reconstruction nationale, Etude des causes et propositions de solutions. In JUSTITIA, Vol II, n° 1, Revue de la Faculté de Droit de l’Université de Lubumbashi, pp.165 – 181. IV. Thèses et mémoires 1. AZAMA LANA, « Le régime des sociétés par actions en droit privé et en droit fiscal dans ses rapports avec les investissements sur le territoire de la République du Zaïre », thèse de doctorat en droit, UNAZA, Campus de Kinshasa, Faculté de Droit, 1973 ; 2. BUABUA WA KAYEMBE, « De la théorie et de la pratique du contrôle en droit fiscal zaïrois », thèse de doctorat en Droit, Université de Lubumbashi, 1993 – 1994 ; 3. KITOPI KIMPINDE : - « Des comportements économiques et manifestations de la résistance à l’impôt et de la nécessité des réformes fiscales et économiques en République Démocratique du Congo ». thèse de Doctorat, Université de Lubumbashi, 10 juillet 2010, 574 pages. - « Fiscalité locale et développement des entités administratives décentralisées en République Démocratique du Congo : Cas du secteur des transports au Katanga ». mémoire de DEA en droit, Université de Lubumbashi, 12 avril 2008. 4. KYUNGU Kakudji, Charles : - « Les prérogatives de l’Administration fiscale lors du contrôle : régime légal de différentes procédures », mémoire de DEA en doit, Université de Lubumbashi, 2012-2013 ; - « La doctrine administrative fiscale face à la légalité en droit congolais », thèse de doctorat en droit, Université de Lubumbashi, 2015-2016. 5. LWETE Lwenkomba, Freddy, Exonérations douanières et maintien de l’équilibre de concurrence. Contribution à la détermination de mécanismes de recours, mémoire de DEA en droit, Université de Lubumbashi, 2015-2016.

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6. MATONA Phemba Guy Pascal, La marginalisation du souverain fiscal : problématique de la fiscalité douanière dérogatoire en République Démocratique du Congo, thèse de doctorat en droit, Université de Lubumbashi, 2015-2016. 7. MBALE Kizekele Allen, L’octroi des régimes fiscaux d’exception aux opérateurs économiques du Katanga. Entre bouffée d’oxygène et asphyxie économique, thèse de doctorat en Criminologie, Ecole de Criminologie de l’Université de Lubumbashi, juin 2017. 8. TAMBWE Anyasi Kikuni Prosper, Problématique de l’organisation du secteur douanier en République Démocratique du Congo, mémoire de DEA en droit, Université de Lubumbashi, 2012-2013.kk

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