Textes akkadiens d'Ugarit
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Zitiervorschau

SYLVIE LACKENBACHER

TEXTES AKKADIENS D'UGARIT Textes provenant des vingt-cinq premières campagnes

Littératures anciennes du Proche-Orient LES ÉDITIONS DU CERF www.editionsducerf.fr PARIS 2002

AVANT-PROPOS

DANGER

Tous droits réservés. La loi du Il mars 1957 interdit les copies ou

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tion ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur et de Toute l'éditeur, est illireproductions destinées à une utilisation collective. représentacite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

PHOTOgPlLLAG ruE LE LIVRE

© Les Éditions du Cerf, 2002 www.editionsducerUr (29, boulevard La Tour-Maubourg 75340 Paris Cedex 07) ISBN: 2-204-06701-6 ISSN : 0459-5831

Les fouilles du tell de Ras Shamra, bientôt identifié comme le site de l'ancienne ville d'Ugarit, commencèrent en 1929 ; dès la première campagne furent découverts des documents écrits en cunéiforme alphabétique qui, publiés aussitôt, allaient révéler une nouvelle langue sémitique de l'Ouest, baptisée de ce fait, comme son écriture, « ougaritique ». L'intérêt de cette découverte, en particulier pour les biblistes, allait occulter l'importance de la découverte parallèle d'un corpus de textes en akkadien dont le nombre, faible lors des dix premières campagnes, allait s'accroître considérablement avec les fouilles des archives du palais. La découverte d'autres archives, renfermant aussi ce que nous appellerions des textes de bibliothèque, ne ferait que confirmer l'importance de l'akkadien dans la ville synenne. Après avoir publié deux volumes consacrés aux trouvailles en ougaritique, la collection« Littératures anciennes du ProcheOrient » a souhaité mettre à la disposition de ses lecteurs une traduction mise à jour de textes importants des archives en akkadien, à l'exclusion des textes littéraires, religieux, lexicographiques ou scolaires, un domaine à part qui relève surtout de la tradition mésopotamienne. Qu'ils concernent la haute politique ou la vie quotidienne, ces documents jettent un éclairage unique sur une période assez courte mais décisive: ce sont, avec les textes de Boghazkoy, notre principale source d'informations sur la période post-amarnienne en Syrie du Nord et les années précédant la crise du XIIe siècle, dont Ugarit allait être l'une des victimes les plus notoires. Il faut donc remercier les Éditions du Cerf pour cette occasion de rappeler que la trouvaille épigraphique de l'Ugarit ne se borne pas à la litté-

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rature ougantlque, même si c'est une évidence pour tous les historiens de la période. Il ne s'agissait pas de publier un corpus de tous les textes de ce type retrouvés à Ugarit, d'accumuler les listes de noms propres dont on ne sait souvent à quoi elles correspondent, les énumérations d'objets ou les lambeaux de documents, et il a été décidé de laisser de côté les textes découverts à partir de 1973 : ceux qui sont publiés l'ont été récemment, en français, dans un ouvrage facilement accessible, et surtout, ils appartiennent à un ensemble, les prétendues« archives d'Urtenu », dont le gros des textes est encore inédit. Les documents retrouvés sur le site voisin d'Ibn Hani et publiés à partir de 1979 ne sont pas repris non plus. Il s'agit dans ce volume de documents retrouvés lorsque C. Schaeffer dirigeait la mission et, à quelques exceptions près, publiés entre 1936 et 1970. Ces textes ont quasiment tous été publiés de façon exemplaire par Jean Nougayrol, dont l'œuvre magistrale fait toujours autorité. Il n'était cependant pas inutile d'en préparer une nouvelle traduction. Nougayrol avait fait œuvre de pionnier, polissant transcriptions et traductions au fur et à mesure des nouvelles trouvailles, et tous ceux, philologues ou historiens, qui se sont penchés sur ces textes soulignent la justesse de ses intuitions et la qualité de ses éditions. Aujourd'hui, avec la découverte et la publication de nouveaux textes, d'Ugarit ou d'ailleurs, et grâce aux travaux de plusieurs savants, les connaissances se sont beaucoup accrues, tant sur le plan historique que sur celui de la langue. Ainsi, le contexte politique et diplomatique dans lequel s'insèrent les traités ou les actes internationaux, publiés en 1956, est-il beaucoup mieux connu. Plusieurs travaux essentiels ont été consacrés à la géographie, aux archives, à l'akkadien d'Ugarit, et au vocabulaire ougaritique : ce livre doit beaucoup aux livres et aux articles de J. Huehnergard et W. van Soldt. À l'exception des duplicats ou des fragments trop mutilés pour être cités autrement qu'en note, toutes les archives internationales et une grande partie des lettres appartenant à cette période sont reprises. C'est la première partie du livre. En revanche, dans la deuxième partie, les textes juridiques locaux ont fait l'objet d'un choix, car certains actes sont identiques aux contractants près et n'impliquent parfois que des person-

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nages inconnus par ailleurs, et seuls quelques textes économiques ou administratifs significatifs sont donnés à titre d'exemples. Tous les documents ont été regroupés en dossiers, avec un bref commentaire introductif; le classement peut certainement être discuté mais une distribution par thèmes, si subjecti ve et contestable soit-elle, a semblé préférable à une présentation par type de document ou par ordre chronologique, ce qui n'est pas toujours possible. Le reproche que l'on pourrait faire à Nougayrol, s'il est bien le responsable de ces choix d'édition, est d'avoir publié les textes des deux premiers volumes sous leur numéro d'inventaire alors qu'il a numéroté ceux des volumes suivants. Les documents sont donc cités tantôt sous leur numéro d'inventaire, tantôt sous le numéro attribué par Nougayrol, tantôt selon la page du volume dans lequel ils sont publiés, certains de ces volumes étant eux-mêmes cités soit comme PRU (Palais Royal d'Ugarit) III, IV et VI, soit, et c'est le cas du Dictionnaire de Chicago, comme MRS (Mission de Ras Shamra) 6, 9 et 12. On sait que la situation de l'ougaritique n'est pas meilleure et tout cela n'aide guère le profane à s'y retrouver. Numéroter une nouvelle fois les textes n'aurait fait qu'ajouter à la confusion; j'ai choisi de les présenter d'après leur numéro d'inventaire suivi de leur lieu de publication, avec tables de concordance à la fin du livre. À part quelques textes de la Xye campagne, toutes les tablettes d'Ugarit ont été moulées et photographiées par les soins de la mission de Ras Shamra et il a donc été possible de collationner la plupart des textes sur les moulages conservés à Paris, au Collège de France. Cela m'a permis de confirmer et de compléter les collations déjà publiées, de corriger les fautes d'impression, les très rares oublis et quelques lapsus de l'éditeur ; certaines améliorations, qu'il faudra compléter, ont été rendues possibles par la connaissance de tout ce qu'il a luimême publié après la première édition. Les résultats sont minces: ceux qui reprendront la tâche, car bien des obscurités et des difficultés restent à résoudre, seront certainement frappés eux-aussi par la qualité exceptionnelle du travail de Nougayrol. Les traductions ont essayé de suivre quelques principes en fonction des buts de la collection : rester près du texte, sans

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pour cela traduire ligne à ligne comme dans l'édition antérieure ; être intelligible à tous, en évitant au maximum d'utiliser des termes jouissant du consensus des assyriologues mais peu clairs pour d'autres lecteurs, quitte à expliquer en note le choix de tel ou tel terme pour exprimer ce qui n'aurait pas d'équivalent en français; être cohérente et tenter de traduire autant que possible les mêmes expressions de la même façon ; essayer de tenir compte des nuances, comme « l'Ugarit» et « Ugarit », sans entrer dans certains détails sans signification, et respecter autant que possible les images et le vocabulaire: par exemple, traduire « le Soleil » et non « sa Majesté », « ses fils et les fils de ses fils », quand cela désigne peut-être tous les enfants des deux sexes, ou « pur » pour un individu libre de toute revendication, mais préférer« une question de vie ou de mort » à « une question de mort ou de vie ». Il n'est pas sûr qu'il soit très heureux de traduire un texte ancien comme s'il avait été écrit aujourd'hui, et il me paraît important de garder quelque chose du parfum de la langue. Il est inutile de souligner l'importance de ce corpus pour les historiens: il faut qu'ils puissent y avoir accès, il faut aussi qu'ils puissent apprécier à quel genre de textes ils ont affaire et comment ils sont écrits, au risque de la monotonie car la phraséologie de certains textes, en particulier juridiques, est très figée et très répétitive. Mais cette monotonie et les répétitions, comme le« mon seigneur ... mon seigneur »qui ponctue tant de lettres anciennes, caractérisent une façon d'écrire. Par ailleurs, je n'ai pas tenté de me démarquer systématiquement des traductions précédentes ; il est souvent impossible de faire mieux que Nougayrol, et il eût été absurde de le paraphraser pour donner l'illusion d'une nouvelle traduction. Les différences sont dues aux conventions évoquées plus haut mais surtout aux progrès de l'information, ainsi qu'aux recensions, collations et propositions de divers savants. L'apparat critique est important et certaines notes paraîtront superflues aux spécialistes, mais elles pourront être utiles à d'autres lecteurs; quant à la bibliographie, elle ne comprend que les ouvrages consultés et ne prétend pas être exhaustive. Il me reste à remercier tous ceux dont la compétence m'a été précieuse et qui ne m'ont pas ménagé leur aide: John Huehnergard, qui a répondu à d'innombrables demandes avec

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Il

une patience et une bienveillance inépuisables ; Sophie Lafont, toujours disponible pour me faire bénéficier de ses connaissances de juriste, mais qui n'est nullement responsable de mes interprétations ni des lacunes; Florence Malbran-Labat, avec qui j'ai discuté plus d'un point, qui a relu attentivement la première version et m'a communiqué un article en cours de rédaction ; Martin Sauvage, qui a réalisé les cartes; Itamar Singer, qui a lu la première partie lors de son séjour à Paris, m'a fait part de ses articles sous presse et m'a évité quelques bévues sur les noms des divinités hittites. Qu'ils soient remerciés, non seulement pour leur aide mais pour leur amitié. Il va sans dire qu'aucun ne pouvait consacrer à une lecture critique ou à mes questions un temps considérable et que, selon la formule consacrée, je suis la seule responsable des choix, des lacunes et des erreurs. Enfin, je voudrais dédier ce livre à la mémoire de Jean Nougayrol.

Abréviations

AfO = Archiv für Orientforschung. AHw = W. VON SODEN, Akkadisches Handworterbuch, Wiesbaden. An. BibI. = Analecta Biblica. An Or 48 = L. FISHER (éd.), The Claremont Ras Shamra Tablets, An Or 48, 1971.

AoF = Altorientalische Forschungen. Annuaire de l'EPHE = Annuaire de l'École Pratique des Hautes Études. ve section. ARM = Archives royales de Mari Au Or = Aula Orientalis. BASOR = Bulletin of the American Schools of Oriental Research. BEAL, Organization = R. H. BEAL, The Organization of the Hittite Military, (Texte der Hethiter 20), Heidelberg, 1992. BECKMAN, HDT = G. BECKMAN, Hittite Diplomatic Texts, Atlanta, 1996.

Bi Or = Bibliotheca Orientalis. BORDREUIL et PARDEE, TEO = P. BORDREUIL et D. PARDEE, La Trouvaille épigraphique de l'Ougarit, 1 : Concordance, RSO V, Paris 1989. BOYER, PRU III = G. BOYER, « La place des textes d'Ugarit dans l'histoire de l'ancien droit oriental» dans J. NOUGAYROL,Le Palais royal d'Ugarit III, Paris, 1955, p. 281-308. CAD = Chicago Assyrian Dictionary, Chicago. COURTOIS,SdB = l-C. COURTOIS,« Ras Shamra (Ugarit ou Ougarit) 1. Archéologie », Supplément au Dictionnaire de la Bible IX (= SdB IX), Paris, 1979, col. 1124-1295. CTH = E. LAROCHE, Catalogue des textes hittites, Paris. Danel = C. VIROLLEAUD,La légende phénicienne de Danel, Mission de Ras Shamra 1, Paris, 1936. DEL MONTE, Trattato = G. F. DEL MONTE, Il trattalo fra Mursili Il di Hattusa e Niqmepa di Ugarit, Rome, 1986.

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ABRÉVIATIONS

D'UGARIT

DEL OLMO LETE et SANMARTIN, DLU = G. DEL OLMO LETE J. SANMARTIN,Diccionario de la lengua ugarftica, Sabadell, t. l, 1996, t. II, 2000. GRONDAHL,Personennamen = F. GRONDAHL,Die Personennamen der Texte aus Ugarit, Rome, 1967. HELTZER, Internai Organization = M. HELTZER, The Internai Organization of the kingdom of Ugarit, Wiesbaden, 1982. HUEHNERGARD,ADCU = 1. HUEHNERGARD,The Akkadian Dialects of Carchemish and Ugarit, (PhD. Dissertation, Harvard University, 1979). in HUEHNERGARD, UVST = J. HUEHNERGARD, Ugarit Vocabulary Syllabic Transcription, HSS 32, Atlanta, 1987. HUEHNERGARD,AU = J. HUEHNERGARD,The Akkadian of Ugarit, HSS 34, Atlanta, 1989. 1 Trattati nel mondo antico = L. CANFORA, M. LIVERANI et C. ZACCAGNINI(éd.), 1 Trattati nel mondo antico. Forma Ideologia Funzione, Rome 1990. lOS = Israel Oriental Studies. JAOS = Journal of the American Oriental Society. JNES = Journal of Near Eastern Studies. JSOT = Journal for the Study of the Old Testament. JSS = Journal of Semitic Studies. KBo = Keilschrifttexte aus Boghazkoi. KLENGEL, GHR = H. KLENGEL, Geschichte des Hethitischen Reiches, HdO 34, Leiden-Boston-KOln, 1999. KTU = M. DIETRICH, O. LORETZ et J. SANMARTIN,Die keilalphabetischen Texte aus Ugarit. Einschliesslich der keilalphabetischen Texte ausserhalb Ugarits. Teil 1 Transkription. AOA T 24/1, 1976. LAROCHE, Ugaritica III = E. LAROCHE,« Documents hiéroglyphiques hittites provenant du palais d'Ugarit », Ugaritica III, Paris, 1956, p.97-160. LIVERANI,SdB = M. LIVERANI,« Histoire. Ras Shamra », Supplément au Dictionnaire de la Bible IX, Paris, 1979, col. 1295-1348. MALBRAN-LABAT, RSO VII = F. MALBRAN-LABAT, Chap. 1: « Traité ». Chap. II : « Listes ». Chap. III : « Lettres », dans P. BORDREUIL(éd.), Une Bibliothèque au sud de la ville - Les textes de la 34e campagne (/973), RSO VII, Paris, 1991. Marchands, diplomates et empereurs = S. LACKENBACHER, « Un contrat d'adoption en fraternité », dans D. CHARPIN et F. JOANNES (éd.) Marchands, diplomates et empereurs. Etudes sur la civilisation mésopotamienne offertes à Paul Garelli, Paris, 1991, p. 341-344. MARI = Mari Annales de Recherches Interdisciplinaires Mélanges Dussaud = E. DHORME, « Lettre du roi de Kargamish au roi d'Ugarit », dans Mélanges syriens offerts à Monsieur René Dussaud, Paris, 1939, l, p. 203-207.

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MIO = Mitteilungen des Instituts für Orientforschung. MSL = Materialien zum sumerischen Lexikon brèves et utilitaires. NABU = Nouvelles assyriologiques OA = Oriens Antiquus. OLA = Orientalia Lovaniensia Analecta. OLP = Orientalia Lovaniensia Periodica. Literatur Zeitung. OLZ = Orientalistische Or = Orientalia. PRU III = 1. NOUGAYROL,Le Palais royal d'Ugarit III. Textes accadiens et hourrites des archives est, ouest et centrales, avec des études de G. Boyer et E. Laroche. Mission de Ras Shamra 6, Paris, 1955. PRU IV = J. NOUGAYROL,Le Palais royal d'Ugarit IV. Textes accadiens des Archives Sud (Archives Internationales), Mission de Ras Shamra 9, Paris, 1956. PRU VI = 1. NOUGAYROL,Le Palais royal d'Ugarit VI. Textes en cunéiformes babyloniens des Archives du Grand Palais et du Palais Sud, Mission de Ras Shamra 12, Paris, 1970. RA = Revue d'Assyriologie. RB = Revue Biblique. RHA = Revue Hittite et Asianique. RIA = Reallexikon der Assyriologie. RSO = Ras Shamra-Ougarit. RSO VII = P. BORDREUIL(éd.), Une Bibliothèque au sud de la ville - Les textes de la 34e campagne (/973), Ras Shamra-Ougarit VII, Paris, 1991. RSO XI = M. YON, M. SZNYCER et P. BORDREUIL(éd.), Le Pays d'Ougarit autour de 1200 av. J.-c. , Ras Shamra-Ougarit XI, Paris, 1995. 5MB = State Archives of Assyria Bulletin. SCHAEFFER, Ugaritica III = C. SCHAEFFER,« Recueil des sceaux et cylindres hittites imprimés sur les tablettes des Archives Sud du palais de Ras Shamra suivi de considérations sur les pratiques sigillographiques des rois d'Ugarit », Ugaritica III, Paris, 1956, p. 1-

86. SdB IX = Supplément au Dictionnaire de la Bible IX, Paris, 1979. SEL = Studi epigrafici e linguistici sul Vicino Oriente antico. SINGER, PHU = 1. SINGER, « A Political History of Ugarit », dans W. WATSON et N. WYATT (éd.), Handbook of Ugaritic Studies, Leiden, Boston, KOln, 1999, p. 603-733. SMEA = Studi micenei ed egeo anatolici. VAN SOLDT, SAU = W. H. VAN SOLDT, Studies in the Akkadian of Ugarit. Dating and ÇIrammar, AOAT 40, Neukirchen Vluyn, 1991. Studies in Honor of Ake W. Sjoberg = s. LACKENBACHER,« Trois lettres d'Ugarit » dans H. BEHRENS, D. LODING et M. ROTH (éd.),

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dumu-é-dub-ba-a. Studies in Honor of Ake W. SjiJberg, Philadelphie, 1989, p. 317-320.

TEO = P. BORDREUILet D. PARDEE, La trouvaille épigraphique de l'Ougarit, 1 : Concordance, RSO V, Paris, 1989. UBL II = G. BROOKE, A. CURTIS et J. HEALEY (éd.), Ugarit and the Bible. Proceedings of the International Symposium on Ugarit and the Bible. Manchester, September 1992, UBL Il, Münster, 1994. UF = Ugarit-Forschungen. Ugaritica V = J. NOUGAYROL, E. LAROCHE, C. VIROLLEAUD et C. SCHAEFFER,Ugaritica V. Mission de Ras Shamra 16, Paris, 1968. VEENHOF,« The Care of the Elderly » = K. VEENHOF,« OId Assyrian and Ancient Anatolian Evidence for the Care of the Elderly », dans M. STOL et S. P. VLEEMING(éd.), The Care of the Elderly in the Ancient Near East, Leiden-Boston-Kaln, 1998, p. 119-160. VIROLLEAUD,Danel = C. VIROLLEAUD,La Légende phénicienne de Danel, Mission de Ras Shamra l, Paris, 1936 . WATSON et WYATT, Handbook = W. WATSON et N. WYATT (éd.), Handbook of Ugaritic Studies, Leiden, Boston, KaIn,. 1999.

Conventions d'édition

[ ] = texte restauré [... ] = texte perdu r l = signes partiellement illisibles . .. = texte obscur ou fort endommagé < > = omission fautive ? = sens incertain = correction 1

N = chiffre disparu NP = nom de personne Dans les transcriptions, les capitales tures douteuses; dans les traductions, les hésitations.

servent à indiquer les lecc'est l'italique qui signale

Les noms féminins sont précédés de« (dame) »pour permettre de les distinguer. Lorsqu'un pays et sa capitale portent le même nom, ce qui est le cas la plupart du temps, la traduction tient compte de ce qu'a écrit le scribe: par exemple Ugarit, ou Siyannu, lorsque le nom est précédé du déterminatif de la ville, l'Ugarit, ou le Siyannu, lorsque ce déterminatif est remplacé ou précédé par le déterminatif du pays. Les noms propres et les noms de lieux sont écrits comme ils le sont dans les textes akkadiens et non pas », car cela simplifie l'édition et la lecture des « à l'ougaritique non-spécialistes: l'aleph initial ou final, le Cayn initial et les consonnes qui n'existent pas en akkadien ne sont pas utilisés ; h transcrit h, I:zet !J. Ils ne sont pas francisés : le u se prononce ou, le s: sh, le ~: ts, le est un t emphatique.

!

INTRODUCTION Archives

Archives:

Archives

Ouest

centrales

sud-ouest

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Plan du Palais royal d'Ugarit d'après BORDREUILet PARDEE,TEO, p.77, fig. 23

Située à proximité de la mer à quelques kilomètres de l'actuelle Lattaquié, au nord de la côte levantine, la ville d'Ugarit était à l'époque du Bronze récent la capitale d'un petit royaume homonyme, qui « couvrait approximativement le territoire de l'actuel mohafazat (département) de Lattaquiél ». C'était déjà une ville ancienne: l'occupation du site remonte à l'époque néolithique et si la présence d'Ugarit, avec la graphie étrange U9-ga-ra-atki, dans une liste géographique des archives d'Ebla est contestée, la ville est bien attestée dans les archives de Mari2. Elle fut pillée et incendiée au début du XIIe siècle avant notre ère et ne s'en releva jamais. La découverte de ses ruines sous le tell de Ras Shamra et les fouilles effectuées par la mission française dirigée pendant de longues années par C. Schaeffer allaient livrer des documents de toutes sortes3. Comme on a coutume de le souligner, ils attestent la présence de plusieurs langues différentes - akkadien, ougaritique, sumérien, hittite, hourrite, égyptien, chypro-minoen - dans cinq systèmes d'écriture: cunéiforme syllabique, cunéiforme alphabétique, hiéroglyphes égyptiens, hiéroglyphes hittites, chypro1. M. YON, La Cité d'Ougarit sur le tell de Ras Shamra, Paris, 1997, p. 19. Le royaume faisait donc environ 2000 km2. 2.Cf. VANSOLDT,Bi Or 40 (1983), col. 693. 3. Les circonstances de la découverte, les fouilles et les trouvailles archéologiques et épigraphiques ont été décrites par J.-c. COURTOIS,«Ras Shamra (Ugarit ou Ougarit) 1. Archéologie », Supplément au Dictionnaire de la Bible IX (= SdB IX), Paris, 1979, col. 1124-1295 ; pour un résumé de l'histoire des fouilles jusqu'en 1997, cf. YON, La Cité d'Ougarit, p. 18. La mission est maintenant dirigée par Y. Calvel.

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minoen. Cela ne doit pas faire trop illusion: le hittite syllabique est à peine attesté, le chypro-minoen se borne à une demidouzaine de documents, les hiéroglyphes figurent sur des sceaux, des stèles, des vases ou des scarabées, témoignant de relations avec Chypre, l'Égypte et le monde hittite. En revanche, il existe une littérature scolaire, savante et religieuse en hourrite, dont il ne faudrait pas minimiser l'importance, et le sumérien accompagne comme toujours l'akkadien dans la littérature savante d'inspiration mésopotamienne; mais la plupart des documents sont soit en akkadien, et donc écrits en cunéiforme syllabique, soit en ougaritique, en cunéiforme alphabétique, les quelques textes akkadiens ou hourrites en écriture alphabétique et ougaritiques en syllabique restant des exceptions4. L'ougaritique était la langue locale ; les études sur les scribes et leur formation montrent qu'ils étaient sans doute tous capables d'exercer leur art dans les deux écritures, ce qui ne signifie d'ailleurs pas qu'ils étaient bilingues5.

4. Tous les objets inscrits mis au jour jusqu'en 1988 sont répertoriés dans P. BORDREUIL et D. PARDEE, La trouvaille épigraphique de l'Ougarit (= TEO), 1. Concordance, RSO V, Paris, 1989 ; voir l'index des écritures, p. 414-422. Savoir quelles étaient les langues ou dialectes parlés dans le royaume, en particulier à la cour, à Ugarit même et dans les ports, est un tout autre problème, voir F. MALBRAN-LABAT, « Langues et écritures à Ugarit », Semitica 49 (1999), p. 65-101. 5. Voir W. H. VAN SOLOT,« Babylonian Lexical, Religious and Literary Texts and Scribal Education at Ugarit and its implications for the alphabetic literary texts », dans M. DIETRICH et O. LORETZ (éd.), Ugarit. Ein Ostmediterraneische Kulturzentrum im Alten Orient, Münster, 1995, p. 171211, qui étudie aussi les familles de scribes. Nougayrol n'a malheureusevoir D. ARNAUD, ment pas pu mener à bien l'étude qu'il avait entreprise, « La culture suméro-accadienne », SdB IX, Paris, 1979, col. 1356. Pour la liste des scribes, les documents qu'ils ont signés et ce que l'on peut savoir de chacun, cf. W. H. VAN SOLOT, Studies in the Akkadian of Ugarit. Dating and Grammar (= SAU), AOAT 40, Neukirchen Vluyn, 1991, p. 1932, et « The Syllabic Akkadian Texts », dans W. WATSON et N. WYATT (éd.), Handbook of Ugaritic Studies (=Handbook), Leiden, Boston, KaIn, 1999, p. 40s. Voir aussi VAN SOLOT, compte rendu de A. RAINEY, Canaanite

in the Amarna Tablets : A Linguistic Analysis of the Mixed Dialect used by Scribes from Canaan, Leiden, 1996, dans lAOS 118 (1998), p. 596 : the resulting Akkadian "interlanguage" was most probably not a spoken pidgin (... ) but rather a code developed during more than a century of local school tradition. MALBRAN-LABAT, « Langues et écritures à «

»

Ugarit

»,

p. 65-101.

INTRODUCTION

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Mis à part quelques trouvailles erratiques, les documents ont été découverts par lots soit dans le Palais royal, soit dans divers bâtiments dont les noms sont entrés dans l'usagé. Le vaste Palais royal mis au jour par les archéologues est celui du Bronze récent, qui fut construit en plusieurs étapes entre le Xve et le XIIIe siècle7. On y a retrouvé cinq archives principales, baptisées, d'après leur emplacement, Ouest, Est, Centrales, SudOuest et Sud, qui étaient sans doute situées à l'étage au-dessus des pièces et cours où elles ont été trouvées8 : les Archives Ouest, à gauche de l'entrée principale du palais proprement dit, au-dessus des pièces 2, 3 et surtout 4 et 5 ; les Archives Est, à l'autre extrémité, au nord-est du palais près de l'épais mur extérieur, au-dessus des espaces 52 à 56; les Archives Centrales, au-dessus de la cour IV, de ce qu'on appelait jadis la cour VI, aujourd'hui la pièce 132, et des pièces adjacentes; les Archives Sud, dans la partie récente du palais, au sud de l'ex « cour V », maintenant la pièce 153, au-dessus des pièces 68 et 69 ; les Archives Sud-Ouest, au sud-ouest de la même cour, au-dessus des espaces 79, 80 et 81. Aucun de ces dépôts n'était exclusivement consacré aux documents rédigés en alpha .. bétique ou en syllabique, mais la proportion varie; aucun n'était

6. Outre la TEO (cf. ci-dessus, n. 4), qui indique le lieu de trouvaille de chaque objet inscrit, v()ir VAN SOLOT, SAU, p. 47-223 ; COURTOIS, SdB IX, col. 1218-1234, et « A propos des Archives Royales d'Ougarit: la correspondance diplomatique était conservée dans les locaux des Archives Est du Palais royal (Fouilles C. F. A. Schaeffer, 1951 et 1953) », Syria 65 (1988), p. 389-394 ; O. PEDERSEN, Archives and Libraries of the Ancient Near East 1500-1000 B. c., Bethesda, 1998, p. 68-80. VAN SOLOT, « The Syllabic Akkadian Texts », dans WATSON et WYATT, Handbook, p. 29-36, et« Private Archives at Ugarit », dans A. BONGENAAR (éd.), Interdependency of Institutions and Private Entrepreneurs (MOS Studies 2). Proceedings of the second MOS Symposium (Leiden 1998), Istambul, 2000, p. 229-245. 7. Le palais a été dégagé au cours des années cinquante mais la publication définitive est encore à venir. Les études entreprises à cette intention et O. Callot modifient sensiblement les données prépar J.-c. Margueron sentées à partir des publications antérieures par COURTOIS, SdB IX, col. 1217-1234. En attendant leur ouvrage, on se reportera donc à la présentation du Palais royal tenant compte de leurs études préliminaires dans YON, La Cité d'Ugarit, p. 46-55. 8. Sur la situation à Ninive, voir L. BATTINI, « La localisation des archives du palais sud-ouest de Ninive », RA 90 (1996), p. 39.

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non plus exclusivement consacré à un type de document, mais certaines constatations s'imposent. Les textes littéraires, religieux ou scolaires sont extrêmement rares et il faut signaler qu'il y en a un certain nombre en hourrite, en particulier dans les Archives Sud-Ouest9. Les textes juridiques internationaux, tous en akkadien, proviennent quasiment tous des Archives Sud et les textes juridiques locaux, eux aussi presque tous en akkadien, des Archives Centrales; les lettres, pour la plupart en akkadien, étaient disséminées mais le plus grand nombre était dans les Archives Est. Les textes économiques et administratifs étaient partout, mais surtout dans des archives dépourvues ou presque de textes juridiques et il n'yen avait quasiment pas dans les Archives Sud; la grande majorité est en langue locale. Cette prédominance de l'ougaritique pour ce type de documents, alors que l'akkadien est la langue des textes juridiques, nationaux ou internationaux, et le plus souvent celle des lettres, explique pourquoi la proportion entre les deux langues varie suivant la composition de chaque dépôt d'archives 10. On constate que ces archives sont restreintes, surtout si on les compare à ce que l'on a exhumé dans le palais de Mari, qu'elles sont composites mais organisées et qu'à de rares exceptions près, tout ce qu'elles contiennent semble postérieur au milieu du XIVe siècle, ce qui porte à penser que les archives précédentes avaient été jetées, soit lors de la réorganisation du palais au fur et à mesure de sa réfection, soit pour quelque autre raison II. L'époque documentée correspond donc aux règnes des sept derniers rois, pour lesquels il n'est pas possible d'indiquer des dates précises, mais qui se succédèrent à partir des envi9. On y remarque, trouvés dans la même pièce, des foies divinatoires inscrits en langue locale et plusieurs textes musicaux hourrites. 10. Sur l'emplacement et la composition des archives du palais, ajouter aux ouvrages cités n. 6, S. LACKENBACHER, « Les archives palatiales » (sous presse, dans la revue KTEMA). d'Ugarit Il. Voir p. 41. Le problème des documents disparus parce qu'ils étaient écrits sur un support périssable est très délicat. Je n'ai décelé aucune trace de fabrication, d'achat, de traitement ou d'emploi du papyrus; en revanche, les tablettes de bois recouvertes de cire, dont on on a retrouvé quelques restes, sont mentionnées dans les textes d'Ugarit (cf. par exemple RS 19.53 et MALBRAN-LABAT, RSO VII, p. 30, n. 7), de l'empire hittite et d'Emar, voir les remarques de D. ARNAUD, « Les Hittites sur le Moyen-Euphrate: protecteurs et indigènes », Hethitica VIII (1987), p. 24, n. 43.

INTRODUCTION

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rans de 1350: Niqmaddu « II », Ar-halba, Niqmepa, III »et Ammurapil2. Ammistamru« II », Ibiranu, Niqmaddu« La plus grande partie des textes dont il est question dans ce volume proviennent du Palais royal. Le reste a été retrouvé dans divers bâtiments datant tous de la dernière période de l'existence d'Ugarit. Le grand bâtiment appelé tantôt le Palais Sud, tantôt la résidence de Yabninu, « le grand administrateur »13, a livré d'autres archives, qui étaient situées aussi à l'étage car on les a retrouvées surtout dans les pièces 203, 204 et à l' extérieur, y compris sur les mursl4. Les textes en akkadien, qui prédominent, sont presque exclusivement des textes économiques et administratifs datant de la fin de l'existence d'Ugarit1S.

12. D'après la publication récente de quatre nouvelles listes de noms de rois divinisés, mises au jour lors des campagnes de 1988 et 1994, par D. ARNAUD, « Prolégomènes à la rédaction d'une histoire d'Ougarit II : les bordereaux de rois divinisés », SMEA 41 (1999), p. 153-173, il s'agirait en effet de Niqmaddu III, Ar-halba, Niqmepa VI, Ammistamru III, Ibiranu VI, Niqmaddu IV et Ammurapi II. J'ai eu connaissance de l'article au moment où ce livre allait être remis à l'éditeur. [La publication ayant été retardée, il m'a été possible de compléter la bibliographie]. Adopter cette nouvelle façon de désigner les souverains d'Ugarit aurait engendré une certaine confusion, mettre le chiffre romain entre guillemets complique la lecture. Après beaucoup d'hésitation, j'ai décidé de garder la numérotation traditionnelle, celle des ouvrages antérieurs, dont WATSON et WYATT, Handbook: pour une concordance avec la numérotation d'Arnaud, voir p. 355. En ce qui concerne la chronologie, voir les tableaux de VAN SOLDT, SAU, p. 44-45, et de 1. SINGER, « A Political History of Ugarit» (= PHU), dans WATSON et WYATT Handbook. p. 733. 13. Selon VAN SOLDT, SAU, p. 157, le Palais Sud « was probabiy a private mansion owned by a high officiai, the satammu rabû Yabni-sapsu, who

empioyed at ieast one scribe (Nahdisaimu) and kept extensive records of state affairs as weil as his own business affairs »; cela, probablement durant le demi siècle précédant la destruction d'Ugarit. Il se réfère à RS 19.53, une lettre retrouvée dans la pièce 204, adressée « à Nahesi-salmu, mon bon frère, scribe de Yabni-Sapsu, l'administrateur en chef » (voir, dans ce volume, p. 202). Plus récemment, VAN SOLDT précise que le nom du scribe doit être une forme du nom Nahis-salmu, « a good Akkadian un assyrien, cf. W. H. VAN SOLDT, name », et que c'était probablement « The syllabic Akkadian Texts », dans WATSON et WYATT, Handbook, p. 32s. et n. 32, et « Private Archives at Ugarit », p. 230. 14. YON, La Cité d'Ougarit, p. 61 15. J. C. COURTOIS a dressé« la liste de tous les documents écrits (cunéiformes alphabétiques et syllabiques, chypro-minoens et hiéroglyphiques égyptiens) mis au jour dans les locaux d'archives du palais sud et leurs

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INTRODUCTION

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La« maison de Rap'anu »16 a livré une vingtaine de textes en ougaritique, essentiellement économiques ou administratifs, et en akkadien, beaucoup de textes lexicographiques et scolaires, des textes religieux, mais aussi plus de soixante lettres et des documents juridiques et économiques. Il faut noter que les documents juridiques, relevant presque tous du droit familial, n'ont pas de lien apparent avec le propriétaire présumé de cette maison (à une exception près) de même que les textes économiques, où le nom de Rap'anu ne figure même pas et qui ne présentent aucune unité apparente. Ces archives portent sur les règnes d'Ammistamru II et ses successeurs, c'est-à-dire la fin de l'existence d'Ugarit. La découverte de nombreux textes lexicographiques et scolaires a fait penser qu'il s'agissait de la demeure d'un scribe, et le contenu des lettres que celui-ci était « un scribe de très haut rang chargé de fonctions importantes ayant accès aux affaires les plus délicates de l'État17 ». Dans la« maison d'Urtenu », dont les trouvailles sont en grande partie inédites, la situation est tout à fait similaire: en ce qui concerne l'akkadien, nombreux textes lexicographiques et scolaires, correspondance internationale touchant au même type d'affaires et de la même époque, documents juridiques et économiques, textes littéraires. L'appellation traditionnelle de « maison de Rap'anu »et« maison d'Urtenu »masque sans doute une réalité plus complexe, que la publication du fonds inédit et des travaux ultérieurs permettront peut-être de mieux cernerl8.

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La« maison de Rasap'abu », syndic du port de Ma'hadu19, à laquelle il faut ajouter la « maison du Lettré »20, car les trouvailles de la prétendue maison du Lettré proviennent sans doute de l'effondrement de la maison de Rasap'abu21, a livré quelques documents en ougaritique et moins de trente documents en akkadien, dont une dizaine de textes juridiques, certains appartenant clairement aux archives familiales de Rasap'abu. Tels sont les principaux lieux d'archives qui nous intéressent ici. Dans la« maison aux textes littéraires22 », les textes akkadiens comportent, à côté de vocabulaires et de textes littéraires, quelques lettres et contrats souvent fragmentaires, presque tous inédits23. La« maison du prêtre hourrite » et la « cella aux tablettes mythologiques et liturgiques », dont l'état actuel ne permet pas de reprendre l'étude et donc de déterminer s'il s'agit d'une ou plusieurs maisons, ont livré, en akkadien, des textes littéraires, lexicographiques et religieux, mais aussi quelques lettres et textes dits de la pratique24. D'autres bâtiments comme la« maison aux textes médico-magiques » ou la« maison du Grand-Prêtre » ont livré des textes lexicographiques, littéraires et religieux en akkadien, en ougaritique et en hourrite d'une grande importance, mais qui ne sont pas concernés par cet ouvrage.

19. Cf. n. 859.

abords immédiats », cf. « Yabninu et le Palais Sud d'Ougarit », Syria 67 (1990), p. 104-141. VAN SOLDT, SAU, p. 372, signale que plusieurs traits distinguent l'orthographe de ces archives de celle des autres archives, ce et qui confirme la date tardive proposée à partir des indices archéologiques prosopographiques ; pour cet auteur, cela tiendrait à la présence d'un scribe assyrien (voir n. 13). 16. Cf. COURTOIS, SdB IX, col. 1253-1261 ; VAN SOLDT, SAU, p. 165-180. Seule la partie nord du vaste ensemble désigné jadis comme « maison de Rap'anu » devrait mériter ce nom, cf. YON, La Cité d'Ougarit, p. 83 et le plan, p. 84. Les tablettes devaient se trouver à l'étage, comme ailleurs: cela paraît clair d'après leur lieu de trouvaille, essentiellement les espaces 5-6-7. 17. NOUGAYROL, Ugaritica V, p. 42. 18. J'ai quelques réserves sur le bien-fondé d'expressions comme « les », mais ce n'est appaarchives de Rap'anu » et « les archives d'Urtenu remment pas le cas de VAN SOLDT, « Private Archives at Ugarit », p. 243.

SdB IX, co1.l250-1251 et col. 1251-1252. 20. Respectivement, 21. YON, La Cité d'Ougarit, p. 82 et O. CALLOT (communication personnelle). 22. SdB IX, col. 1261-1262. 23. Le fragment de lettre RS 22.393, de Urhae à Yabnu, dont il ne reste que les salutations et la proposition de présents réciproques, a été publié comme « RS 22.06 » dans PRU VI, n° 16, p. 18s. O. CALLOT, pour qui c'est la maison B de l'îlot X, a publié une étude exhaustive de cette grande », et de ses trouvailles dans demeure, « à caractère presque aristocratique La Tranchée« Ville Sud ». Études d'architecture domestique, RSO X, Paris, 1994, Callot tie du phase thèque et de

p. 53s. (la maison) et p. 221-223 (les trouvailles). Noter que pour (p. 61), les textes trouvés entre 2 m et 3 m ne peuvent pas faire parmême lot que les autres: « ils étaient sous les sols dans la dernière d'existence de cette maison »(remb1ai? vestiges d'une première biblio?). Il faut espérer que l'étude qu'il projette des maisons de Rasap'abu Rap'anu pourra être menée à bien, en dépit de leur état actuel. 24. SdB IX, col. 1269-1275.

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De 1929 à 1939, les premières publications de textes en akkadien furent l'œuvre de C. Virolleaud, F. Thureau-Dangin et E. Dhorme25 mais c'est J. Nougayrol qui, de 1955 à 1970, a publié l'essentiel des trouvailles: successivement Le Palais

royal d'Ugarit, III : Textes accadiens et hourrites des archives est, ouest et centrales, avec des études de G. Boyer et E. Laroche, Paris, 1955 ; Le Palais royal d'Ugarit, IV : Textes accadiens des Archives Sud (Archives Internationales), Paris, 1956 ; « Textes suméro-accadiens des archives et bibliothèques privées d'Ugarit» dans J. Nougayrol, E. Laroche, C. Virolleaud et C. Schaeffer, Ugaritica V, Paris, 1968; Le Palais royal d'Ugarit, VI : Textes en cunéiformes babyloniens des Archives du Grand Palais et du Palais Sud, Paris, 1970. J'ai évoqué dans l'Avant-propos la qualité exceptionnelle du travail de ce savant, confronté à un akkadien souvent bien différent de l'akkadien des scribes de Mésopotamie. Les textes que l'on trouvera ici sont en effet de provenance très diverse: à côté de ceux qui ont été écrits en Ugarit, il y a ceux qui viennent des États avec lesquels le royaume entretenait des relations, au premier rang desquels l'empire hittite, puisque l'akkadien était la langue diplomatique de l'époque. Cet akkadien d'adoption n'est donc pas uniforme, même si, dans l'ensemble, il est proche du médio-babylonien. Il n'existe guère de travaux approfondis récents sur celui des scribes hittites26 ; en revanche, pour les quelques textes écrits en Amurru, on peut se référer à l'ouvrage de S. Izre'el, paru en 199P7. En ce qui concerne l'akkadien d'Ugarit, les ouvrages de 25. On en trouvera la liste dans J. HUEHNERGARD,The Akkadian of Ugarit, 1989, p. 1-2; Nougayrol a republié la plupart de ces textes.

HSS 34, Atlanta,

Étude sur la langue des lettres, traités et vocabulaires akkadiens trouvés à Boghaz-Koi, Bordeaux, 1932, est ancien; la thèse de J. HUEHNERGARD, The Akkadian Dialects of Carchemish and Ugarit (PhD. Dissertation, Harvard University), 1979 (= ADCU), que j'ai pu utiliser, n'est guère accessible et le livre qu'il 26. Le livre

de R. LABAT, L 'Akkadien de Boghaz-Koi:

prépare sur l'akkadien de Karkemis est en cours. Voir aussi les remarques de VAN SOLDT, SAU, p. 381s. : par exemple que l'orthographe des textes de l'époque de Suppiluliuma 1 se distingue de celle des textes postérieurs, ou que les textes d'Ini- Tesub diffèrent peu de ceux de Tusratta, c'est-à-dire reflètent une orthographe mittannienne. 27. Amurru Akkadian : a Linguistic Study, HSS 40, Atlanta, 1991.

INTRODUCTION

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1. Huehnergard et de W. van Soldt sont essentiels, comme le prouvent les nombreuses références que l'on trouvera tout au long de ce volume28. Pour résumer les conclusions de Huehnergard, l'akkadien d 'Ugarit, comme d'autres variétés d'akkadien hors de Mésopotamie, ne doit pas être considéré comme du mauvais akkadien mais comme un dialecte parlé ayant ses procédés et ses règles linguistiques propres. Huehnergard compare la grammaire des textes en akkadien écrits en Ugarit à un palimpseste: c'est à la base du médiobabylonien conservant des traits vieux-babyloniens, influencé par l'assyrien et présentant des particularités étrangères à tous les dialectes de Mésopotamie, certains traits reflétant sans doute une tradition scribale propre à ce que l'auteur appelle « northern Western Peripheral Akkadian, or Syro-Anatolian »29. Van Soldt étudie en outre les particularités de l'akkadien d'Ugarit de façon chronologique et constate que l'influence mittannienne (au demeurant peu attestée) décroit, au contraire de celle de l'assyrien et surtout de l'ougaritique, le règne de Ammistamru II représentant un tournant30 : l'évolution de la langue reflète celle de la situation politique31. L'ougaritique a beaucoup influencé la syntaxe, beaucoup plus que la morphologie : ainsi, l'ordre des mots est-il moins strict qu'en akkadien, le verbe étant rarement placé à la fin de la phrase32. Outre que l'orthographe et la grammaire sont particulières, le vocabulaire com-

28. J. HUEHNERGARD, Ugarit Vocabulary in Syllabic Transcription (= UVST), HSS 32, Atlanta, 1987, et The Akkadian of Ugarit (voir n. 25), 1989 ; VAN SOLDT, SAU (voir n. 5), 1991, et « The Akkadian of Ugarit: Lexicographical aspects », SEL 12 (1995), p. 205-215 ; voir aussi les contributions de ces deux auteurs dans WATSON et WYATT, Handbook, le premier p. 134s., le second p. 28s. En 1979, D. ARNAUD avait publié une courte synthèse, SdB IX, col. 1348-1359. 29. AU, p. 271 ; dans son compte rendu, S. IZRE'EL, Bi Or 49 (1992), Peripheral Akkadian ». p. 172, dit préférer«

30. The pivotai point for many phenomena seems ta be the reign of'Ammiltamru /1... », SAU, p. 473. Du point de vue des archives qui nous «

intéressent ici (les textes littéraires et scolaires ne figurant pas dans ce volume), il faut noter que l'influence assyrienne est particulièrement sensible dans celles du Palais Sud (voir n. 15). 31. VAN SOLDT, dans WATSON et WYATT, Handbook, p. 45. 32. V AN SOLDT, SAU, p. 494 et p. 517s., HUEHNERGARD,A U, chapitre VI, « Dialects Affinities and Substrate Influences », p. 271s.

"-

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porte un certain nombre de mots ougantlques, inattestés par ailleurs, dont certains sont encore intraduisibles33. L'onomastique de ce corpus composite est très mélangée, sans doute à l'image de la population du royaume et de celle de ses correspondants34 ; il n'est pas toujours aisé de savoir comment il faut transcrire les idéogrammes et lire certains noms, ce qui explique les hésitations et les différences que l'on trouvera çà et là avec les transcriptions de Nougayrol, qui les modifia parfois au fur et à mesure des découvertes. Pour ne donner qu'un exemple, un nom composé de deux idéogrammes sera lu différemment selon qu'on le considère comme ougaritique, hourrite ou akkadien; or l'origine supposée du personnage n'est pas toujours d'un grand secours, car on sait qu'un père et ses fils portent parfois des noms qui pourraient faire penser qu'ils appartiennent à des groupes différents. Par ailleurs, il suffit de lire les ouvrages les plus récents pour constater que le consensus n'existe guère, même pour des noms aussi célèbres que ceux des divinités et des souverains; pour les noms hourrites, en particulier, il est difficile pour une profane de choisir la proposition qui a le plus de chance de survivre, au moins un certain temps. En outre, plus d'un nom est d'étymologie incertaine ou d'origine inconnue. Il est sûr que les travaux ultérieurs sur cette onomastique rendront caducs certains des choix, qu'il faut bien faire, même en cas d'incertitude, avec le risque

33. On en trouvera./a liste dans le glossaire de HUEHNERGARD, UVST, p. 103s., avec les références à toutes les études antérieures. Voir aussi G. DEL OLMO LETE et J. SANMARTIN, Diccianaria de ta tengua ugaritica, Sabadell, t. l, 1996, t. II, 2000. 34. L'ouvrage de base reste celui de F. GRONDAHL, Die Persanennamen der Texte aus Ugarit, Rome, 1967, mais, malgré ses qualités, et ne seraitce qu'en raison de sa date, il serait très souhaitable qu'un nouveau travail d'ensemble soit mené à bien. Il devrait être facilité par l'entreprise de Carole Roche, qui, pour sa thèse, vient de terminer le catalogue des noms propres d'Ugarit, y compris ceux des textes inédits. Voir aussi M. LIVERANI, « Antecedenti deI diptotismo arabo nei testi accadici di Ugarit », Rivista degli Studi Orientali 38 (1963), p. 131-160; les listes et les références de D. PARDEE, « Ugaritic Proper Nouns - Personal Names - Personal Names p. 391-430; H. HOFFNER, « Name (Syllabic) », AfO 36/37 (1989-1990), - Namengebung. C. Bei den Hethitern », et G. WILHELM, « D. Bei den Hourritern », RtA 9,1998, p. 116-127. M. GIORGIERI, ,( L'onomastica hurrita », La parata det passa ta 55 (2000), p. 278-295.

INTRODUCTION

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de manquer de cohérence. Les spécialistes d'ougaritique seront peut-être surpris par la façon d'écrire toponymes et anthroponymes, mais c'est celle des textes akkadiens d'Ugarit. Le souci d'être intelligible a ses contraintes: les lectures traditionnelles de certains noms passées dans l'usage courant mais sans doute approximatives sinon erronées ont été conservées ; il en est de même pour la numérotation habituelle des souverains hittites, contestée pour Tudhaliya IV et Hattusili III, et celle des rois d'Ugarit, dont on a vu qu'une publication récente oblige pourtant à revoir la façon de les désigner.

Ilo...

Première partie

LES RELATIONS INTERNA TIONALES MER

MÉDITERRANÉE

1

LE CADRE ÉVÉNEMENTIEL35

L'époque des archives est celle où, après avoir appartenu à la sphère d'influence du Mittanni puis au domaine égyptien, le royaume d'Ugarit se trouvait sous la domination hittite. La côte syro-palestinienne intéressa de tous temps les puissances successives établies en Anatolie, en Égypte ou en Mésopotamie, et le petit État d'Ugarit était un État riche dont la prospérité, 35. Pour les faits résumés ici et la bibliographie, voir M. LiVERANI, Storia di Ugarit nell'età degli archivi politici, Rome, 1962 ; l'article-su, an-ni-ta,

« his partner sold him 10 the Egyptians and they seized him and they look his goods ». RS 34.158, une lettre du roi de l'Usnatu au préfet Uzzenu,

évoque la même affaire ; elle a été publiée récemment par F. MALBRANLABAT,RSO VII, p. 44, n° 16. Voici sa traduction: « Ainsi (parle) le roi d'Usnatu, dis à Uzzinu : « Que cela aille bien pour toi; que les dieux te En ce qui concerne ce serviteur à toi [qu]i a voulu vendre le gardent. serviteur [Ar']te-Tesub à des Égyptiens, [à propos duquel] tu m'as écrit, [mai]ntenant voici que, entre les mains du fils de Heianu, j'ai remis, avec l'argent, ce serviteur à toi qui a voulu (le) vendre; sois-en assuré. Quant à toi, ne manque pas, (après) sa saisie (en justice), de me renvoyer mon serviteur qu'il a voulu vendre là-bas; sinon tu mettras une affaire peu plaisante entre nous : 1'homme a voulu vendre son associé à des Égyptiens! En second lieu, BaCliy[a ce serviteur- ]ei, pour que son cas soit Uugé], je te l'ai dépêché avec ses [témoins?] ; qu'il [prête serment'] devant toi et (alors) applique-leur [notre accord']. »Voir les remarques de HUEHNERGARD, Syria LXXIV (1997), p. 217 . »

622. Donc du royaume d'Ugarit. 623. NOUGAYROL commente PRU IV p. 218, n. 1 : « Ce pluriel désigne peut-être l'homme de Emar - le plaignant? - et le rapporteur de l'affaire - messager du roi de Carkemis? Ou bien encore : l'homme de Emar et les gens de sa Porte (cf. 18.115 ... ), si ceux ci l'ont accompagné en vue d'un serment solennel à prêter en terre étrangère. »

lIIIO.......

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TEXTES AKKADIENS

D'UGARIT

QADES (KINZA) RS 20.16 = Ugaritica V n° 38, 117s. et 391 Lettre de Padiya, préfet du Qades, au roi d'Ugarit. Quartier Résidentiel, Maison de Rap'anu, pièce 24.

1-5Dis au roi de l'Ugarit, mon seigneur: ainsi (parle) Padiya, préfet du Qades, ton serviteur: je tombe de loin aux pieds de mon seigneur, deux fois sept fois. 6-12[Mon seigneur,] au Qades, je suis ton serviteur; que mon seigneur r regarde favorablement1 son serviteur626. Devant les Grands, mes frères, j'ai dit: « le roi de l'Ugarit est mon seigneur! »9ue mon seigneur témoigne donc de la faveur à son serviteur! 3-16Que mon seigneur n'abandonne pas son serviteur! Tout ce que mon seigneur demandera de son serviteur, moi, je le donnerai à mon seigneur. 17-24En ce qui concerne la demande que mon seigneur vient de m'envoyer: les vingt talents de bronze627- c'est ce que le poids (devait être) - il Y manque un talent et mille [+ x] cents (sicles) ; l'étain que mon seigneur m'a envoyé, le poids (devait être) de huit talents

LES RELATIONS

AVEC D'AUTRES

COURS

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~neur, la. valeur (de marchan?ise serait de donc quinze! 1-32mamtenant, la la valeur de cmq ~anes reste au â~e~629: deblt du roi, mon seigneur, (soit) dix talents de bronze. 33-37Selon le compte que j'ai fait, le prix des moutons, des turbans63o, de l'asa fœtida631, de tous les oiseaux ... 632 (soit) 320? sicles d'argent, reste (aussi) au débit de mon seigneur. 38-44Moi, j'ai dit à mes frères « c'est un Grand Roi qui m'a pris à son service et il me témoigne de la faveur633 ». Que mon seigneur ne me fasse pas honte devant mes frères. Ce que mon seigneur donne à son serviteur, qu'il le donne (vraiment) ! RS 20.172= Ugaritica V nO 39, 120s. et 390 Lettre du roi de Qades au roi d'Ugarit. Maison de Rap'anu, pièce 8.

1-6Ainsi (parle) le roi du Qadd: dis au roi de l'Ugarit, mon frère: que tout aille bien pour toi! [Que les dieux veil]lent à ton bien-être! 7-12À présent, Bëti-ilu, mon serviteur, m'a dit: « c'est le moment de fai[re] mes offrandes à l'Ugarit » et à

d'étain maisdeil un n'yen a que (sicles)628; de bronze talent, il 700 y manque 100 25-27 (sicles).le bol-a~annu 28-3 Selon le compte que j'ai fait devant le chargé de mission de mon sei-

pré[sent634, le[s635mon en]voie o[ff]randes. ~e] 3-19Que frère donc [veil]lelà-bas sur luipour à sonfaire allerses et à son retour [... ] que personne ne [lui] fas[se obstac]le! 2025À présent, je t'envoie [par l'intermédiai]re? de Bëti-il[u,] mon

626. BERGER,UF 1 (1969), p. 288. 627. Que signifie siparru ici: du bronze ou du cuivre 7 Pour C. ZACCAGNINI «< Note sulla terminologia metallurgica di Ugarit », DA 9 [1970], p. 323s.), une commande de telles quantités de cuivre et d'étain, pour en obtenir du bronze, est la plus plausible: siparru indiquerait dans ce texte aussi bien le cuivre, comme ici, que le bronze (1. 25) et cela refléterait le fait que le sémitique nord-occidental ne ferait pas la distinction (cf. n/:l.vt : cuivrelbronze). À Ugarit, en revanche, une familiarité plus grande avec l'akkadien aurait permis de distinguer entre eru (cuivre) et siparru (bronze). 21 talents de cuivrelbronze (= les 20 talents requis + le bol agannu) + 8 talents d'étain = 15 ânes. Pour le cuivre et l'étain, voir BucHHoLz, Ugarit, Zypern und Agais, Chap. 8 « Metallproduktion und -handel », p. 196s. et en particulier p. 218, n. 671. 628. NOUGAYROL a traduit 7 me-at su-ut « il y en a 7 »mais ZACCAGNINI, DA 9 (1970), p. 322, n. 59, fait observer que 7 me-at ne peut signifier que 700 (sicles) ; la différence énorme entre la demande et ce qui a été envoyé expliquerait pourquoi Padiya ne précise pas ce qui manque, comme précédemment, mais se contente d'indiquer le poids de ce qu'il a reçu.

629. NOUGAYROL, Ugaritica V, p. 120: « (le tout) représente le prix de 15 (7) ânes » ; ZACCAGNINI montre que le prix de 15 ânes ne peut se référer qu'à la marchandise demandée par Padiya. Il explique aussi (n. 61) pourquoi NOUGAYROL a corrigé en 15 (7) alors que sa copie porte 14 : la quantité de bronze (ou cuivre) déjà envoyée correspond à peu près à 10 ânes; s'il en manque 5, lire 14 signifierait que 19 talents + 700 sicles d'étain = seulement 9 ânes. 630. La tablette porte bien sag.du et non u-du (contra BERGER,UF 1 (1969), g. 288). 631. u nu.luh.ha, cf. VANSOLDT,UF 22 (1990), p. 349. 632. gdb-bi musen.mes e-re-e : « oiseaux de cuivre » ou « oiseaux de proie »7 Cf. NOUGAYROL, Ugaritica V, p. 120, n. 4. 633. La traduction de Nougayol paraît préférable à la proposition de BERGER,UF 1 (1969), p. 288. 634. ù e-na-an-[na] r a?-nu?-ma?l 635. C'est bien un pluriel: [-S]u-n[u].

~

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TEXTES AKKADIENS

rpréfet1, trente chèvres a[dultes? e]t trois ânes/ânées de l'asa fœtid[ a636

Lettre Maison

RS 20.158

de Bëti-ilu

de Rap'anu,

LES RELATIONS

D'UGARIT

AVEC D'AUTRES

ALALAH (MUKIS)

d[e ... et]

COURS

191

?640

.•. ].

= Ugaritica y n° 51, 139s. et 395

à Uzzënu. pièce

RS 4.449 = Yirolleaud,

Danel, 21s.

Lettre. Acropole,

Cour du Temple

de Bacal

10.

1-5Ainsi (parle) Bëti-ilu637 : dis à Uzzënu, mon frère: que tout aille bien pour toi! Que les dieux veillent à ton bien-être! 612Quant à l'affaire Garib[anu ?638] contre Amur-Bacal et le fils d'Uga[r? ... ], les 20 (sicles d')argent de G[aribanu?] que devait A[mur-BacaF] maintenant il (lesi a ~onnés?] (ces) 20 (sicles d')argent à/au ffils d'Ugar ... ?] 3-1 Gari[banu 1...] a déclaré [... f]ils d'[Ugar...] : « l'argent [... de]s marins de ... ] et est all[é dans les mains du? fil]s d'Uga[r ... ] (huit lignes fragmentaires intraduisibles) 28-30mon frère [... ]que je règle cette affaire639.

636. Voir le texte précédent. 637. La lettre citée dans la note 639 montre qu'il s'agit du préfet de Qades, ce que NOUGAYROL avait pressenti. RAINEY avait bien vu qu'il s'agit du même personnage que dans RS 20.172, cf. lOS S, p. 28. 638. Pour la proposition de lire Ga-ri-b[d-nu] et non Ga-ri-b[i] voir MALBRAN-LABAT, RSO VII, p. 43, n. 33. 639. Le verbe est bien à la première personne mais Nougayrol préférait traduire « que mon frère [maintenant?] règle cette affaire car« l'objet de la lettre est clair: c'est un appel à une juridiction supérieure, d'après les nombreux parallèles que nous avons ». Dans la mesure où tout ce qui précède nous manque, il paraît préférable de suivre l'opinion de HUEHNERGARD, AU, p. 162, n. 197. Une lettre en meilleur état, trouvée dans la« maison d'Urtenu » (RS 34.146 = RSO VII, n° IS, p. 42s.), permet de mieux comprendre l'affaire. Voici la traduction qu'en donne F. MALBRAN-LABAT: « Ainsi (parle) le roi du Qades: dis à Uzzinu, le Préfet d'Ugarit: que cela aille bien pour toi! Attendu qu'Amur-Bacal avait comparu devant moi et Hu~appu lui avait versé intégralement les 42 sicles d'argent, alors présentement je t'ai envoyé Hu~appu : enquête sur son procès car son argent qui est dû par Garbanu, les 42 sicles d'argent, il en jouit depuis sept ans, y compris les intérêts; et maintenant, donnez l'argent qu'il se trouve devoir a pas, livre-lui [HUEHNERGARD = transfer his money], s'il dit qu'il n'yen cet homme et désormais, ne le laisse pas aller. Donnez l'argent et agis' comme il convient [HUEHNERGARD : peut-être« treat him weil »] ce n'est pas un autre homme, c'est bien lui! ». Cf. HUEHNERGARD, Syria LXXIV (1997), p. 217.

1-5Dis tège ta maison, emparé

à Ibira: ainsi (parle) Niqmepa641. Que Bacal provie! 6-8Yoici qu'un palefrenier à moi, de ma (propre) s'est enfui ; il résidait à Aladha642 ; 9-12 Alors, on s'est de lui, mais on l'a sauvé de leurs mains643. 13-16n doit

1 mine .d'ar~ent et à ca~se de (c~tte) mine d'arg~nt, il résidait au palaiS. 1 -19 Alors, Il a cause la perte de trOls chevaux et s'est enfui. 20-21Alors, ne retiens pas cet homme!

640. Dans les deux cas, s'il s'agit bien de lettres royales, ce sont les seules dont l'adresse comporte des noms propres plutôt que« (NP) roi de X » ; en revanche, les souhaits sont différents. RS 4.449 emploie hi dans le traditionnel qi-hi-ma comme dans les textes anciens; une cassure empêche de savoir ce qu'il y avait dans 17.31S. 641. Voir J. HOFTIJZER et W.H. YAN SOLDT, « Texts from Ugarit Concerning Security », UF 23 (1991), p. 197 et YAN SOLDT, SAU, p. 21S. D. ARNAUD a publi~ une nouvelle copie du texte qu'il transcrit, traduit et commente, dans « Etudes sur Alalah et Ougarit à l'âge du Bronze récent. 1 : L'arrière-plan juridique de la lettre de Niqmepa d'Alalah à Ibiranu d'Ougarit (RS 4.449) », SMEA 37 (1996), p. 47-S4. Pour Arnaud, comme pour Virolleaud, il s'agit d'une lettre de Niqmepa, roi d'Alalah au milieu du Xye siècle, à Ibiranu, successeur de Yaqaru, roi d'Ugarit à la même époque; pour YAN SOLDT, SAU, p. 21Ss., c'est fort possible mais ce n'est pas sûr, il pourrait s'agir d'un autre Niqmepa d'Alalah et de l'Ibiranu père de Niqmaddu III. 642. Ville du royaume d'Alalah, cf. NA' AMAN, Oriens Antiquus 19 (1980), p. lIS, n. 2S. ARNAUD, SMEA 37 (1996), p. SO, corrige en A-Ia-Ia!-ah et commente kizû, « palefrenier » à la n. 12. 643. Les deux verbes, reliés par la copule -ma, sont au pluriel, sans sujet exprimé. Comme le présument HOFTIJZER et YAN SOLDT, UF 23 (1991), 197 n. 20, il faut probablement comprendre que le sujet du premier verbe sont les gens de Niqmepa et celui du second, les gens de Ibiranu. ARNAUD, SMEA 37 (1996), p. SO, comprend tout autrement: « mais on chercha à l'épargner », voir son commentaire p. S2s.

192

TEXTES AKKADIENS

D'UGARIT

RS 17.315 = PRU IV, 111s. et pl. XXXIX Lettre Palais

royale (Alalah?) royal, pièce 70

l-?D[is ]à Niqmepa~ mon. frère: ainsi (pa~le) Ni~maddu, ,ton frere644. Que tout aille bien pour mon frere! 4- Mon frere, anté[rieurement? ] tu [m '?]avais donné645 [H .]akti mais il s'est enfui des mains de Süra[ya]. 8-14Maintenant, tu l'as remis entre les mains de Süray[a, encore,] mais il s'est (à nouveau) enfui de ses mains et je ne sache pas que Süraya l'ait laissé partir. 15- 20Maintenant, mon frère connaît cet homme, puisqu'avant qu'il n'aille dans un autre pays, il habitait là. 20-23Que mon frère s'informe sur cet homme de tout ce qu'il a dans le cœur (ou: de tout son cœur), et renvoie-le-moi!

LES RELATIONS

AVEC D'AUTRES

COURS

193

1-6 Ainsi (parle) ESuwara, gouverneur en chef647 de l' Alasia : dis au roi de l'Ugarit: pour toi et pour ton pays, que tout aille bien! 7 -13Quant aux affaires concernant ces ennemis : (ce sont) les gens de ton pays et tes bateaux (qui) ont fait cela! (Ce sont) les gens de ton pays (qui) ont fait une incursion648! 14-15Ne sois donc pas en colère649 contre moi! 16-20Maintenant, les vingt bateaux que l'ennemi, dans une région monta1Ineuse, n'avait pas encore fait accoster, ne sont pas restés, -24ils sont partis en toute hâte et nous ne savons pas où ils sont. 2528C'est pour t'informer et pour te mettre en garde que je t'écris: sache-le!

RS 20.238 = Ugaritica V nO 24, 87s. et 383650 Lettre du roi d'Ugarit au roi d'Alasia651. M.aison de Rap'anu, pièce 6.

ALASIA (CHYPRE) RS 20.18 = Ugaritica V n° 22, 83s. et 382646 Lettre d'ESuwara, gouverneur Maison de Rap'anu, pièce 6

de l'Alasia,

au roi d'Ugarit.

644. Les deux noms ont été portés par les membres de plusieurs dynasties syriennes de l'époque: il est donc difficile d'affirmer qui sont l'auteur et le destinataire de cette lettre. NOUGAYROL avait pensé que la lettre, adressée à Niqmepa d'Ugarit, était peut-être d'un Niqmaddu roi d'Alalah ; SINGER, PHU, p. 667, pense aussi que la lettre est envoyée à Niqmepa d'Ugarit mais par un roi de Qades. Pour YAN SOLDT, SAU, p. 216, cette lettre, probablement écrite à Ugarit, serait le duplicat d'une lettre envoyée, plutôt par Niqmaddu III (mais à cette époque, il n'y a plus de rois de Mukis). ARNAUD, SMEA 37, p. 48, n. 6, avance que s'il s'agit d'une copie, ce serait une lettre de Niqmaddu d'Ugarit, successeur de l'Ibiranu du Xye siècle, à Niqmepa d'Alalah. 645. Ou « tu avais donné [à Süraya] ». 646. Transcrit et traduit par BERGER, UF 1 (1969), p. 217s. et traduit », par HOFTJJZERet YAN SOLDT, « Texts from Ugarit Pertaining to Seafaring p. 343 (qui ont inspiré la traduction des lignes 7-13).

1-4Dis au roi de l'Alasia, mon père: ainsi (parle) le roi de l'Ugarit, ton fils. 5-11Je tombe aux pieds de mon père. Que tout aille bien pour mon père! Que tout aille très très bien pour tes domaines, tes épouses, tes troupes, pour tout ce qui est au roi de l' Alasia, mon père ! 12-18Mon père, à présent des bateaux ennemis sont venus. On a incendié des villes à moi, on a fait du vilain dans le pays.

647. Pour maskim.gal, que l'on a proposé de considérer comme l'équivalent du piduri hittite, voir 1. SINGER, « The Origin of the Sea Peoples and their Settlement on the Coast of Canaan », dans HELTZER et LIPINSKI, Society and Economy, p. 247. 648. i-te-ek/q-ta : BERGER, UF 1 (1969), p. 218, propose « une attaque surprise », itëktu (> efaku). 649. zemû pour zenû, cf. AHw, p. 1519a, et non zêmu comme BERGER. 650. Transcrit et traduit par BERGER, UF 1 (1969), p. 220s. La traduction tient compte des remarques de HUEHNERGARD, AU, p. 200, p. 256 n. 211, p. 350. Pour Nougayrol comme pour HOFTIlZER et YAN SOLDT, qui traduisent la lettre dans « Texts from Ugarit Pertaining to Seafaring », p. 343, cette lettre est la réponse à R.S.L.l (cf. p. 102). 651. VAN SOLDT, SAU, p. 216, n. 299, suggère que cette lettre

ne fut

peut-être jamais envoyée. Si cela est vrai et si la raison en était la catastrophe finale, cela signifierait que la dynastie traditionnelle d' Alasia y régnait encore quand Ugarit fut prise.

194

TEXTES AKKADIENS

D'UGARIT

19-25Mon père ne sait-il pas que toutes rmes?l troupes [... ]652 sont en Hatti et que tous mes bateaux sont en Lycié53? Ils ne m'ont pas encore rallié et le pays est ainsi abandonné à luimême. 26-31Mon père doit le savoir. À présent, ce sont sept bateaux ennemis qui sont arrivés contre moi et ils nous ont fait du mal. 32-36Maintenant, s'il y a d'autres bateaux ennemis, informe-m'en [de quelque] manière654, que je le sache.

6

LETTRES DIVERSES

Rien n'indique la provenance des lettres regroupées ici, mais il y a de fortes chances pour que la plupart proviennent de l'étranger, ce qui n'exclut pas que l'une ou l'autre ait été expédiée par un Ougaritain résidant hors du royaume. Elles se trouvaient d'ailleurs presque toutes dans les Archives Est du palais ou dans celles de la maison de Rap'anu655. Il s'agit essentiellement de pièces de la correspondance du « préfet », le sakinu656, ce haut fonctionnaire d'Ugarit auquel on a vu que s'adressait souvent le pouvoir hittite. On s'est parfois demandé s'il s'agit bien du préfet ou d'un individu appelé Sakinu mais le doute ne concerne guère que la dernière lettre657 ; si les correspondants s'adressent effectivement au préfet, ils doivent tous 652. Pour moi, le signe qui suit eon.mes n'est pas EN, comme le propose BERGER(UF 1 (\969), p. 220, 1. 20), mais RIou HU, et ce qui suit m'est illisible. Je pense donc à hupsu (ougar. bPI, cf. BORDREUIL et PARDEE, RSO VII, p. 144, 1. 10, et 1461 ou à huradu, à cause du brd ougaritique : le sens d'" armée » proposé par MARQUEZROWE, AfO 44-45 (1997-8), p. 374s., conviendrait bien. Mais pour VAN SOLDT,qui a lui aussi collationné le texte, c'est bien EN, suivi de ra-bi-ia1 et il traduit « the troops ofmy fa/her's overlord ». Cf. HOFTIJZER et VANSOLDT,« Texts from Ugarit Pertaining to Seafaring », p. 344. 653. Sur le pays Lukka, qui correspond plus ou moins à la Lycie classique, cf. R. LEBRUN,« Réflexions sur le Lukka et environs au l3e s. av. J.-c. », dans VAN LERBERGHEet SCHOORS,Immigration and Emigration, p. 139-152; les derniers rois hittites durent lutter sans cesse contre sa volonté d'autonomie. Voir O. GURNEY,« The Annals of Hattusilis III», Ana/oUan S/udies 47 (1997), p. 138 et n. 22 (bibliographie). 654. Proposition de NOUGAYROLacceptée par HUEHNERGARD, AU, p. 196. Ne peut-on comprendre « Fais-moi savoir où (ils sont) »?

655. Voir p. 43. 656. Voir n. 81. Parmi les lettres venues d'Amurru, RS 15.24 + 15.50 = PRU III, 18 (cf. supra p. 184) est adressée au lu maski[m u-ga-ri-i/(?)] (cf. IZRE'EL,Amurru Akkadian II, p. 64). 657. RS 20.23, voir BERGER, UF 2 (1970), p. 290: « ISà-ki-in Eigenname? » ; Rainey, lOS 5, p. 28. Les cinq premières lettres, trouvées au palais dans les Archives Est, doivent bien concerner le préfet car l'une d'elles remplace graphies phonétiques habituelles lu sà-aklu sà-ki-ni,les Tsà-ki-in-ni) par lu. maskim ; les(Isà-ki-in-ni, deux suivantes aussi (cf. lu sà-ki-ni, lu sà-ki-in-ni), en particulier, par son sujet, RS 20.239. Les exemples cités montrent que l'absence du lu et la présence du déterminatif des noms de personne dans RS 20.23 ne sont pas signifiantes. Il faut noter qu'on connaît plusieurs de ces personnages et que rien ne prouve que le même sâkinu ait exercé ses fonctions pendant un certain laps de temps, ce qu'évoque le terme de vizir, que préfèrent certains.

ki-in-ni,

•••

196

TEXTES AKKADIENS

D'UGARIT

avoir un certain statut social car ils se nomment avant lui et, l'appelant« mon frère » ou « mon fils », sont d'un rang égal ou supérieur au sien658.

LETTRES DIVERSES

1-4Ainsi (parle) Zulanna664

:

197

dis au préfet [mon fr]ère : pour

to~ que to~t aille bien! Que les, di~ux ve.ille~t .à ton bie~-être! 5- Mon frere, comme tu m'as ecnt : « Je deslre un glaive de

», m?i.' quant à [te:/ses] ~ésirs, {ai tout envoye a mon frere. Ne l'ai-Je pas envoye en present? 015Maintenant, mon frère, comme tu m'as écrit au sujet d'un ... 666, d'un mulet et d'un cheval, à présent, je viens d'envoyer fer665 et u~e, pièce d~ lin

CORRESPONDANCE

DU PRÉFET

RS 17.142 = PRU VI, n° 4, 5s. et pl. 11659 Lettre Palais

1-6 Ainsi (parle) Lullu660

:

sue tout aille bien! Que les dieux veillent à ton bien-être! 7À présent, je fais porter à mon frère dix moutons et cinq? fromages ... 66]. 1O-15Jusqu'à aujourd'hui, tu as été mon ami, ainsi,

après ce que je (t ') ai donné, prends des nouvelles de ma

RS 17.144 Lettre Palais

souvent

un mandataire663,

= PRU VI, n° 6, 7s. et pl. III

de Zulanna au préfet. royal, pièce 56 (Archives

Zulanna/u

PHU, p. 654), et 1. Singer

dis au préfet, mon frère : : pour toi,

santé.662 16-20Toi, envoie-moi demande tout ce que tu voudras.

appartenait à la famille royale de Karkemis (SINGER, me rappelle qu'il porte le titre de « prince» sur ses sceaux hiéroglyphiques; il est surprenant qu'il appelle son correspondant « mon frère ». Voir aussi PHU, p. 656 et J. GOODNICK WESTENHOLZ, Cuneiforrn, Inscriptions in the Collection of the Bible Lands Museum ferusalem - The Emar Tablets, Groningen, 2000, p. 5 (dans ARNAUD, Emar VI, p. 222, n° 211, 1. 1, lire [k]u!-la-na-[Iu] plutôt que [z]ula-na [x xl). 665. Pour le fer à cette époque, voir BUCHHOLZ, Ugarit, Zypern und AgaiS, p. 283-293. 666. lu. sag, ce que NOUGAYROL (PRU VI, p. 7, n. 1) propose de comprendre comme lu res narkabti, « un conducteur de char », mais ce n'est pas attesté. RAINEY, lOS 3, p. 36, comprend « esclave ». Pour A. L. OPPENHEIM (