Figures de Style [PDF]

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Zitiervorschau

Qu’est-ce qu’une figure de style ? C’est d’abord une manière de s’exprimer. Une figure modifie le langage ordinaire pour le rendre plus expressif. Il existe des figures d’analogie, d’animation, de substitution, de pensée, d’opposition, de construction, de sonorités, d’insistance et d’atténuation. Allégorie (féminin) : Figuration d’une abstraction (exemples : l’Amour, la Mort) par une image, un tableau, souvent par un être vivant. Allitération (féminin) : C’est la répétition de sons identiques. À la différence de l’assonance, le terme « allitération » est réservé aux répétitions de consonnes. Exemples : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (Racine, Andromaque, V, 5) ou encore « La chasseresse sans chance / de son sein choie son sang sur ses chasselas » (Desnos, Corps et biens, « Chanson de chasse »). Amplification (féminin) : L’amplification se fonde sur une gradation entre les termes d’une énumération ou dans la construction d’un paragraphe. Anacoluthe (féminin) : L’anacoluthe est une rupture de construction. Exemple dans Athalie de Racine (Acte I, scène 4) : « Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits / Et ne l’aimer jamais ? » Analepse (féminin) : En narratologie, c’est un retour sur des événements antérieurs au moment de la narration. Anaphore (féminin) : Une anaphore est un procédé qui consiste à commencer par le même mot les divers membres d’une phrase. Exemple dans Horace de Corneille (acte IV, scène 6) : « Rome, l’unique objet de mon ressentiment ! / Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant ! / Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore ! / Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore ! » Antanaclase (féminin) : Une antanaclase est la reprise d’un même mot avec un sens différent. Exemple : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » (Blaise Pascal, Pensées, XXVIII) Antiphrase (féminin) : Procédé qui consiste à exprimer une idée par son contraire. L’ironie repose souvent sur l’antiphrase. Ainsi, « Tes résultats au bac sont vraiment exceptionnels ! » dans le sens de « Tes résultats au bac sont vraiment catastrophiques. » est une antiphrase. Antithèse (féminin) : Une antithèse est un procédé qui consiste à rapprocher deux pensées, deux expressions, deux mots opposés pour mieux faire ressortir le contraste. Exemple dans Ruy Blas de Victor Hugo (acte II, scène 2) : « [...] un homme est là / qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ; / qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile [...]. » Antonomase (féminin) : C’est une figure par laquelle on remplace un nom commun par un nom propre, et vice-versa. Exemple : « un Harpagon », pour désigner un avare, est une antonomase. C’est aussi le cas lorsqu’on remplace un nom par une périphrase : « la capitale de la France » pour désigner « Paris ». Aposiopèse (féminin) : Une aposiopèse (ou réticence) est une rupture dans la suite attendue des enchaînements de la phrase. Exemple dans L’Énéide de Virgile : « Osez-vous, sans ma permission, ô vous, bouleverser le ciel et la terre et soulever de telles masses ? J’ai envie de vous… ! Mais il faut d’abord apaiser les flots déchaînés… » (Chant I). L’aposiopèse ne doit pas être confondue avec la suspension qui n’interrompt pas mais retarde « vers la fin

de l’énoncé l’apparition d’une partie essentielle de l’énoncé. » (Source : G. Mounin, Dictionnaire de la linguistique, cité par D.I.T.L. ) Assonance (féminin) : C’est la répétition d’une même voyelle dans une phrase ou un vers. Exemple dans Poèmes saturniens de Verlaine (« Mon rêve familier ») : « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant [...] ». Asyndète (féminin) : C’est la suppression des particules de coordination dans l’ordre grammatical ou sémantique. Exemple dans Les Caractères de La Bruyère (« Ménalque ») : « [...] Ménalque se jette hors de la portière, traverse la cour, monte l’escalier, parcourt l’antichambre, la chambre, le cabinet ; tout lui est familier, rien ne lui est nouveau ; il s’assit, il se repose, il est chez soi. ». La parataxe est, quant à elle, une forme d’asyndète qui consiste à juxtaposer deux propositions qui devraient être unies par un rapport syntaxique de subordination. Catachrèse (féminin) : C’est une figure qui consiste à employer un mot par métaphore pour désigner un objet pour lequel la langue n’offre pas de terme propre. On dit couramment que la catachrèse est une métaphore lexicalisée. Exemple : « les pieds d’une table », « les bras d’un fauteuil » ou encore « les ailes d’un avion ». Chiasme (masculin) : On dit qu’il y a chiasme lorsque des termes sont disposés de manière croisée, suivant la structure A-B-B-A. Exemple dans Les Fleurs du Mal de Baudelaire : « Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon [...] » (« Le balcon »). Comparaison (féminin) : Une comparaison est une mise en relation de deux termes à l’aide d’un terme comparant (comme, tel, semblable à, etc.). Ellipse (féminin) : Une ellipse consiste à omettre volontairement certains éléments logiquement nécessaires à l’intelligence du texte. En narratologie, l’ellipse passe sous silence des événements, ce qui accélère considérablement la narration. Emphase (féminin) : L’emphase désigne tout ce qui permet de renforcer une image, une idée. Énallage (féminin) : Une énallage est une figure qui consiste à employer une forme autre que celle qu’on attendait. Il peut s’agir d’un échange de pronom personnel, de mode, de temps ou d’un genre à la faveur d’un autre. Euphémisme (masculin) : L’euphémisme est une figure très connue qui consiste à remplacer une expression littérale (idée désagréable, triste) par une forme atténuée, adoucie. Exemple canonique : « Il a vécu. » pour « Il est mort ». Hypallage (féminin) : Une hypallage est une figure qui attribue à certains termes d’un énoncé ce qui devrait logiquement être rattaché à d’autres termes de cet énoncé. Exemple dans Phèdre de Racine (Acte IV, scène 1) : « Phèdre mourait, Seigneur, et sa main meurtrière / Éteignait de ses yeux l’innocente lumière. » (pour « la lumière de ses yeux innocents »). Hyperbole (féminin) : Comme l’euphémisme, l’hyperbole est une figure très connue. Elle consiste à mettre en relief une idée au moyen d’une expression exagérée. L’hyperbole est donc une exagération exprimée par l’accumulation, par l’emploi d’intensifs ou par l’emploi de mots excessifs. Ainsi, la phrase « Je meurs de faim » est une hyperbole. Hypotypose (féminin) : L’hypotypose est une figure qui se fonde sur l’animation d’une description et qui est destinée généralement à faire voir au lecteur quelque chose. L’hypotypose permet de se représenter une scène ou un objet. Ironie (féminin) : L’ironie est une figure très courante qui consiste à affirmer le contraire de ce que l’on veut faire entendre. L’ironie repose essentiellement sur l’antiphrase, l’hyperbole ou encore l’emphase.

Litote (féminin) : Une litote consiste à dire moins pour suggérer davantage. La litote s’oppose à l’euphémisme. Exemple : l’énoncé « Il n’est pas laid. » pour dire « Il est beau. » est une litote. Métaphore (féminin) : Selon C. Perelman, « la métaphore n’est qu’une analogie condensée, grâce à la fusion du thème et du phore. […] » [Cité par Info-metaphore.com ]. Exemple dans Les Fleurs du Mal de Baudelaire : Souvent, pour Prennent des Qui suivent, Le navire

s’amuser, les hommes d’équipage albatros, vastes oiseaux des mers, indolents compagnons de voyage, glissant sur les gouffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les Que ces rois de l’azur, maladroits et Laissent piteusement leurs grandes ailes Comme des avirons traîner à côté d’eux. […]

planches, honteux, blanches

Une métaphore est filée ou continuée quand elle est développée dans un texte. Métonymie (féminin) : La métonymie consiste à désigner un objet ou une idée par un autre terme que celui qui lui convient. La compréhension se fait grâce à une relation de cause à effet entre les deux notions (exemple : « boire la mort » pour « boire le poison »), ou de contenant à contenu (exemple : « boire un verre » pour « boire le contenu d’un verre ») ou encore de partie à tout (exemple : « une lame » pour dire « une épée »). Oxymore (masculin) : L’oxymore est une alliance de mots dont le rapprochement est inattendu. L’oxymore fait coexister deux termes de sens contraire à l’intérieur d’un même syntagme. Exemple dans Le Cid de Corneille : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [...] » (acte IV, scène 3). Parataxe (féminin) : La parataxe est l’absence de subordination entre les propositions. Paronomase (féminin) : Une paronomase consiste à employer côte à côte des mots dont le sens est différent, mais le son à peu près semblable. Exemples : « Qui vivra verra. » ou encore « Tu parles, Charles ! ». La paronomase utilise des paronymes (des mots qui se ressemblent par leurs sons). Personnification (féminin) : La personnification attribue à une chose abstraite les propriétés d’un être animé (homme, animal). Cf. La Fontaine . Polyptote (masculin) : Un polyptote consiste à employer plusieurs formes grammaticales (genre, nombre, personnes, modes, temps) d’un même mot, dans une phrase. Exemple dans l’Oraison funèbre d’Henriette-Anne d’Angleterre de Bossuet : « […] Madame se meurt ! Madame est morte ! […] ». Ou encore « Tel est pris qui croyait prendre. » Prétérition (féminin) : C’est lorsqu’on affirme passer sous silence une chose dont on parle néanmoins. Stichomythie (féminin) : La stichomythie est la partie du dialogue, au théâtre, où les interlocuteurs se répondent vers pour vers. C’est en fait la succession de répliques de même longueur. Synecdoque (féminin) : La synecdoque est le fait d’assigner à un mot un sens plus large ou plus restreint qu’il ne comporte habituellement. Exemple canonique : « Acheter un vison » pour « Acheter un manteau fait en peau de vison ».

……………………………………………………………………………………………….

Introduction La rhétorique est à la fois la science (au sens d'étude structurée) et l'art (au sens de pratique reposant sur un savoir éprouvé) qui se rapporte à l'action du discours sur les esprits. Par principe, la rhétorique s'occupe de l'oral, mais il est évident qu'elle s'est très tôt intéressée aussi au discours écrit, dans la mesure où celui-ci est, de manière plus ou moins étroite, une transcription ou une mimésis de l'oral. Bref, dans une acception générale la rhétorique est l'art de bien parler. De façon plus précise,   c'est l'ensemble des moyens d'expression propres à persuader ou à émouvoir. Les figures de rhétorique sont des procédés spécifiques utilisés pour convaincre, séduire, impressionner, transmettre une vision du monde. Ces figures ont été classées suivant leur construction et suivant l'effet qu'elles visent à atteindrer. Ainsi, un classement courant les répartit en : figures de l'analogie, de la substitution, de l'opposition, de l'amplification, de l'atténuation et de la construction.

  I-

 

LES FIGURES DE L'ANALOGIE

La comparaison   Elle établit un rapprochement entre deux termes (le comparé et le comparant), à partir d'un élément qui leur est commun. Trois éléments sont nécessaires dans l'énoncé: le comparé, l'outil (ou terme) de comparaison et le comparant. Cependant, on peut y ajouter le point commun : — Le comparé qui est la réalité. — Le comparant; l'élément qui fait image. — L'outil de comparaison (comme, pareil à, tel que, ressembler à, plus... que, etc.) Exemple : La lampe brille comme une étoile.

 

La lampe

brille

comme

une étoile

le comparé

le point commun

l'outil de comparaison

le comparant

    La comparaison a une double valeur :   Elle explique par une image.   Elle met en relation deux univers.

  La métaphore   Elle établit une assimilation entre deux termes. Une métaphore peut être annoncée, directe ou filée :   Dans la métaphore annoncée, le comparé et le comparant sont rassemblés dans un même énoncé sans terme de comparaison.

Exemple : Un gros serpent de fumée noire. (Guy de Maupassant) Un gros serpent

de

fumée noire

le comparant

le comparé

   Dans la métaphore directe, seul Exemple : Une étoile brille derrière une vitre.

le

comparant

est

exprimé.

  La métaphore filée est une suite de métaphores sur le même thème. Exemple : Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs, De cette fonction sublime de berceuse? (Charles Baudelaire)     Comme la comparaison, la métaphore a une valeur d'illustration. La correspondance qu'elle établit entre deux objets, deux sensations, deux idées va jusqu'à l'identité. La métaphore du « serpent » précise la forme de la fumée. Mais, bien plus, la fumée devient serpent, ce qui lui donne une connotation inquiétante. La métaphore est une métamorphose.     Les clichés sont des métaphores passées dans le langage courant. Exemple : Être à cheval sur les principes.

  L'allégorie Elle représente de façon imagée (par des éléments descriptifs ou narratifs) les divers aspects d'une idée, qu'elle rend moins abstraite. Exemple : L'Angleterre est un vaisseau. Notre île en a la forme: la proue tournée au Nord, elle est comme à l'ancre au milieu des mers, surveillant le continent. (Alfred de Vigny) Dans cet extrait de Chatterton, la domination de l'Angleterre sur les mers est rendue sensible par l'allégorie du vaisseau.

  La personnification Elle représente une chose ou une idée sous les traits d'une personne. Exemple : Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse. (Alfred de Vigny). La personnification de la nature accentue sa dureté envers l'homme faible et éphèmère.

 

  II-

LES FIGURES DE LA SUBSTITUTION

Ce sont des figures qui comportent deux termes qui peuvent se substituer l'un à l'autre.

La métonymie   On ne nomme pas l'être ou l'objet mais on utilise un autre nom qui lui est proche parce qu'il s'agit de son contenant, sa cause... Les deux termes y entretiennent des relations de proximité:   contenant / contenu: Exemple : C'est un émissaire du Vatican = un émissaire du pape.   Effet / cause: Exemple : Socrate a bu la mort = le verre de poison qui le fera mourir.   origine / objet: Exemple : Fumer des havanes = des cigares qui viennent de La Havane.   instrument / utilisation: Exemple : C'est une bonne raquette = un bon joueur de tennis.   symbole / réalité: Exemple : C'est l'alliance de la faucille et du marteau = des paysans et des ouvriers.     C'est un procédé de symbolisation qui permet une concentration de l'énoncé.

  La synecdoque Figure proche de la métonymie: les mots y sont liés par une relation d'inclusion (la partie pour le tout, la matière pour l'objet): Exemples : Voici venir la saison des roses pour désigner l'été. Les voiles au loin desendent vers Harfleur. (Victor Hugo) [ voiles = navires ]

  La périphrase   Elle consiste en ce que l'on désigne des objets non par leur dénomination habituelle, mais par un tour plus compliqué, généralement plus noble, présentant l'objet sous une qualité particulière. C'est tout l'environnement culturel qui fait traduire.   Elle explicite le contenu d'un terme, attire l'attention sur une qualité du terme remplacé. Exemple : Le pays des Cèdres (pour parler du Liban). Le roi de son cœur (pour dire que c'est son amant).

  L'antonomase L'antonomase est une variété de métonymie-synecdoque. Le cas le plus simple apparaît dans des phrases comme Napoléon est le stratège, ou X est vraiment pour nous le poète; ce qui veut dire « le type même ou le plus grand » des stratèges ou des poètes. Il y a à la fois sélection de l'attribut essentiel et choix de la valeur d'excellence d'un individu parmi tous ceux de la série.

 

III-

LES FIGURES DE L'OPPOSITION 

Ce sont l'antithèse, le chiasme, l'antiphrase, l'oxymore. L'antithèse Elle oppose très fortement deux termes ou deux ensembles de termes. Exemple : Un noble, s'il vit chez lui dans sa province, il vit libre mais sans appui; s'il vit à la cour, il est protégé mais il est esclave. (Jean de La Bruyère) L'antithèse oppose vigoureusement la vie du noble en province et sa vie à la cour.

  L'antiphrase Elle exprime une idée par son contraire dans une intention Exemple Quel courage ! (peut en fait dénoncer la lâcheté de quelqu'un).

ironique.

  L'oxymore C'est la réunion surprenante dans une même expression de deux termes contradictoires. L'oxymore sert de support éventuel à l'antithèse. Exemple : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Corneille) Il y a bien sûr contradiction entre les valeurs sémantiques essentielles d'obscur et de clarté.

  Le chiasme Le chiasme joue sur au minimum quatre termes. Ces termes d'une double formulation y sont inversés AB / B'A'. Exemple Et ce champ me faisait un effet singulier ; Des cadavres dessous et dessus des fantômes ; Quelques hameaux flambaient: au loin brûlaient les chaumes. (Victor Hugo)   A Des cadavres

B dessous

 

 

et   B' dessus

 

A' des fantômes

Le chiasme, dans cet exemple, rapproche des termes (B/B') ou renforce l'opposition.

 

  IV-

LES FIGURES DE L'AMPLIFICATION

Ce sont l'hyperbole, l'anaphore, la gradation, la répétition, l'accumulation et la paronomase. L'hyperbole Elle amplifie les termes d'un énoncé afin de mettre en valeur un objet ou une idée. Elle procède donc de l'exagération et de l'emphase. On la trouve souvent dans des textes épiques. Exemple : Dans des ruisseaux de sang Troie ardente plongée. (Jean Racine) L'image hyperbolique donne une dimension épique aux horreurs de la guerre.

  L'anaphore Procédé d'amplification rythmique. Elle consiste à reprendre plusieurs fois le même mot en tête de vers successifs ou de phrases. Exemple : Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri. (Louis Aragon) L'anaphore amplifie dans ces vers le sentiment tragique de l'amour déchiré.

  La gradation Elle ordonne les termes d'un énoncé selon une progression croissante ou décroissante. Exemple : Ainsi, de son nez que Cyrano décrit en ces termes : C'est un roc, c'est un pic, c'est un cap. Qui dis-je c'est un cap, c'est une péninsule. (Edmond Rostand)

  La répétition On répète Exemple :

plusieurs

fois

Oh! Cèdres du Liban, cèdres Cèdres de notre extase et de notre fièrté. (Charles Corm).

le de

même

mot.

nos

délires,

  L'accumulation On fait succéder plusieurs termes soit pour appronfondir la pensée, soit pour l'enrichir ou l'agrandir. Exemple : Devant eux, sur de petites tables carrées ou rondes, des verres contenaient des liquides rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances. (Bel Ami, Guy de Maupassant).

  La paronomase Elle consiste à employer dans le même segment des termes (deux au moins) de sens différents et de parenté phonique, de manière à créer un effet assez saisissant.

Exemple : Pâles membres de perle, et ces cheveux soyeux. (Paul Valéry) Entre pâles et perle, on a plus le sentiment de l'identité que celui de la différence, ce qui aboutit à y ressortir une sorte de répétition.

 

  V-

LES FIGURES DE L'ATTÉNUATION Ce sont la litote et l'euphémisme.

La litote C'est une figure qui exprime le plus de sens en disant le moins de mot, souvent à la forme négative. Exemple : Va, je ne te hais point ainsi dit Chimène dans Le Cid (Pierre Corneille) à Rodrigue pour donner à entendre qu'elle l'aime envers et contre tout. La litote permet implicitement d'exprimer beaucoup plus qu'il n'est dit.

  L'euphémisme Il atténue l'expression d'une idée ou d'un sentiment, souvent pour en voiler le caractère déplaisant. Exemple : On dira « rendre le dernier soupir » pour éviter le mot mourir.

 

  VI-

LES FIGURES DE LA CONSTRUCTION

Ce sont le parallélisme, l'ellipse, l'anacoluthe, l'asyndète et l'interrogation oratoire. Le parallélisme On utilise une syntaxe semblable pour deux énoncés pour rythmer la phrase ou pour orner le discours. Le parallélisme peut être rapproché de la comparaison car on compare, généralement, deux objets en les approchant l'un de l'autre pour mieux faire sentir leur valeur relative, leurs rapports, leurs oppositions... Exemple : Que la vie est belle ! Que la nature est tendre !

  L'ellipse Ce mot signifie « omission ». On supprime des termes qui cependant peuvent se deviner. Exemple : je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle ? (Jean Racine). [...qu'aurais-je fait si tu avais été fidèle ? ]

  L'anacoluthe On provoque Exemple :

un

écart

par

rapport

à

la

syntaxe

courante.

Exilé sur le sol au milieu Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. (Charles Baudelaire)

des

huées,

  L'asyndète Elle consiste en une absence systématique d'outils de liaison (conjonctions ou adverbes) entre les groupes ou entre les propositions (ou même entre les phrases). Exemple : Le jour tombait. La terre devenait grisâtre. J'attendais, l'oeil fixé sur la ligne des arbres où l'un des deux chemins conduisait tout droit. J'étais inquiet. (Henri Bosco)

  L'interrogation oratoire (ou rhétorique) L'interrogation, comme procédure oratoire, est une figure de rhétorique qui ressort du pathétique. On peut s'en servir pour exprimer toutes les passions vives, pour presser, convaincre, réduire et confondre l'adversaire. Exemple : Achille parle à Agamemnon pour Iphigénie qui lui a été promise : Juste Ciel ! Puis-je entendre et souffrir ce langage ? [...] Qu'ai-je à me plaindre ? Où les pertes que j'ai faites ? Je n'y vais que pour vous, barbare que vous êtes. (Jean Racine, Iphigénie)

FIGURES DE RHETORIQUE ET PROCEDES LITTERAIRES La rhétorique est l'art de présenter les idées de la façon la plus persuasive par 1. l'invention: recherche des idées 2. la disposition: le plan, l'organisation 3. l'élocution: le recours aux images, figures, effets de style 4. l'action: diction, intonation et gestes... 5. une cinquième partie est la "mémoire".

I. LES FIGURES DE L'ANALOGIE Les IMAGES: terme générique englobant comparaisons et métaphores. On distingue :

- le cliché: changer son fusil d'épaule, la neige recouvre la terre d'un blanc manteau... - l'image réveillée: l'ensoleillement de sa voix dorée (voix dorée=cliché) - l'image neuve: Soleil cou coupé... d'Apollinaire. La COMPARAISON: elle rapproche deux éléments comportant une caractéristique commune, une analogie (le terme comparé et le terme comparant), à l'aide d'un mot comparatif (comme, pareil à, semblable à, il semble etc.). Ex. : Son regard est pareil au regard des statues ... Paul Verlaine La MÉTAPHORE : c'est une comparaison sans terme comparatif, la forme la plus condensée d'image. Cette assimilation directe du comparé et du comparant peut créer des images surprenantes et d'une grande densité. Ex. : "Ma soif est un esclave nu... " Paul Valéry terme comparé = " ma soif", terme comparant = " un esclave nu ". Il arrive que le terme comparé soit absent. En ce cas, le message poétique semble plus énigmatique. Ex. : Ce toit tranquille, où marchent les colombes,/ Entre les pins palpite, entre les tombes... Paul Valéry ("toit tranquille" = la mer, terme comparé implicite; " colombes " = les voiles des bateaux, terme comparé implicite) L'ALLÉGORIE : elle consiste à représenter de façon imagée, en la matérialisant, une idée abstraite. C'est une image littéraire dont le phore (comparant) est appliqué au thème (sujet comparé) non globalement comme dans la métaphore, mais élément par élément ou du moins avec une personnification. Ex. : Mon beau navire ô ma mémoire / Avons-nous assez navigué / Dans une onde mauvaise à boire / Avonsnous assez divagué / De la belle aube au triste soir ... Guillaume Apollinaire Ici la mémoire est matérialisée par l'image du navire à la dérive. La rêverie... une jeune femme merveilleuse, imprévisible, tendre, énigmatique, à qui je ne demande jamais compte de ses fugues... André Breton La PERSONNIFICATION: cette figure consiste à évoquer un objet ou une idée sous les traits d'un être humain. Ex. : Le soleil aussi attendait Chloé, mais lui pouvait s'amuser à faire des ombres. Boris Vian Le SYMBOLE: Expression indirecte au moyen d'un récit, fable, d'images qui suggèrent ce qu'on veut exprimer. On distingue le sens littéral du sens symbolique. Le symbole est un système de métaphores suivies. Ex. L'albatros de Baudelaire, le pélican de "La nuit de mai" de Musset

II. LES FIGURES DE LA SUBSTITUTION La MÉTONYMIE (échange de noms): elle remplace un terme par un autre qui est lié au premier par un rapport logique. Les deux éléments appartiennent au même ensemble, sont liés par un rapport de contiguïté. . Elle peut substituer : -le contenant au contenu (ex. boire un verre), -l'effet à la cause (ex. Socrate a bu la mort = le poison qui l'a tué), -le symbole à la chose (ex. les lauriers = la gloire), -l'objet à l'utilisateur (ex. le premier violon = le premier violoniste), -l'auteur à son oeuvre (ex. lire un Zola), etc. La SYNECDOQUE (inclusion): c'est une variété de métonymie; c'est un trope permettant de désigner quelque chose par un terme dont le sens inclut celui du terme propre. Elle permet d'exprimer un tout par une de ses parties, un objet par sa matière, et vice-versa. Ex. : Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur. " Victor Hugo (" les voiles " = les bateaux à voiles)

Une tête si chère; une lame; le cèdre (coffret de cèdre)... La PÉRIPHRASE : elle remplace un mot par sa définition. Ex. : La Venise du Nord = Bruges; la capitale de l'hexagone= Paris L' ANTIPHRASE (procédé de base de l' ironie) : cette figure consiste à exprimer une idée par son contraire, dans une intention ironique. Ex. : C'est de bon goût! = C'est tout à fait déplacé. -- Ne vous gênez pas! La LITOTE : elle consiste à dire peu pour suggérer beaucoup. Le verbe est souvent a la forme négative. Ex. : --Va, je ne te hais point ! Pierre Corneille (Par ces mots, Chimène fait comprendre à Rodrigue qu'elle l'aime.) L'EUPHÉMISME: cette figure permet d'atténuer une idée déplaisante Ex. : demandeur d'emploi (= chômeur), la disparition (= la mort).

III. LES FIGURES DE L'OPPOSITION L'ANTITHÈSE: elle met en parallèle deux mots désignant des réalités opposées. Cette forte opposition, souvent renforcée par un parallélisme de construction, permet de mettre vigoureusement en valeur une idée. Ex. : Car tout être de chair jette indifféremment / Mêmes cris pour la mort et pour l'enfantement. Louis Aragon L'OXYMORE ou alliance de mots: cette figure est une variété d'antithèse. Deux mots désignant des réalités contradictoires sont étroitement liés par la syntaxe. Ex.: Je sais que c'est la coutume / D'adorer ces nains géants." Victor Hugo (" nains géants " = les hommes) Cette obscure clarté qui tombe des étoiles... Le CHIASME : cette figure est un effet de rythme. Les éléments de deux groupes parallèles sont inversés. Le chiasme peut souligner l'union de deux réalités ou renforcer une antithèse. Ex.:

La

neige

fait

au

nord

ce

qu'au

sud

fait

le

sable.

Victor

Hugo

IV. LES FIGURES DE L'OMISSION L'ELLIPSE : c'est la suppression de termes qui seraient grammaticalement nécessaires. Seuls subsistent dans l'énoncé les mots chargés de sens. Ex. : Ouf! Café, bain, travail... Deux pages par jour, d'accord? Philippe Sollers La PRÉTÉRITION: on déclare passer sous silence une chose sur laquelle on attire néanmoins l'attention, par un procédé indirect. Ex. : Je pourrais faire remarquer que (Mme la duchesse) connaissait si bien la beauté des ouvrages de l'esprit... mais pourquoi m'étendre? Bossuet

V. LES FIGURES DE L'AMPLIFICATION ET DE L'INSISTANCE L'HYPERBOLE : elle amplifie une idée parfois jusqu'à l'exagération pour la mettre en relief. Ex. : briller de mille feux, mourir de honte, un bruit à réveiller un mort... La GRADATION : cette figure sert à créer un effet de dramatisation en ordonnant dans l'énoncé des termes de force croissante, dont le dernier est fréquemment hyberbolique. Ex. "Va, cours, vole et nous venge." Pierre Corneille

L'ANAPHORE : cette figure se caractérise par l'emploi répété d'un terme en tête d'un groupe de mots ou d'une phrase. Ex. : "Marcher à jeun, marcher vaincu, marcher malade." V.Hugo

VI. DIVERS ACROSTICHE: poème dont on peut lire le sujet, le nom de l'auteur, du dédicataire dans un mot vertical formé par les initiales de chacun des vers. ALLITÉRATION: répétition des mêmes phonèmes, de mêmes syllabes pour produire un effet, par exemple un effet d'harmonie imitative. Ex. : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes? ANACOLUTHE: rupture volontaire de construction syntaxique. Ex.: Le roman n'est pas pressé comme au théâtre. fin de l'albatros de Baudelaire: Exilé sur le sol au milieu des huées, / Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. ANTANACLASE: consiste à reprendre les mots (souvent de l'interlocuteur) en leur donnant une autre signification. Ex.: Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Pascal ANTONOMASE: employer un nom propre pour un nom commun. Ex.: c'est un Harpagon = un avare ASYNDÈTE: consiste à enlever les conjonctions qui devraient unir les différentes parties d'une phrase. Ex.: bon gré, mal gré. Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu. CATACHRÈSE: La langue ne semblant pas avoir de termes propres, on a recours à une dénomination tropologique qui parfois se lexicalise. Ex.: faire un créneau, une salade de fruits. HYPALLAGE: souvent un transfert d'adjectifs; consiste à attribuer à certains mots d'une phrase ce qui convient à d'autres mots de la même phrase. Ex.: de guerre lasse= las de la guerre; il enfonça son chapeau dans sa tête. HYPERBATE: alors qu'une phrase paraît finie, on y ajoute un mot, un syntagme qui se trouve mis ainsi en évidence. Ex.: La nuit m'habitera // et ses pièges tragiques. HYPOTYPOSE: peint les choses d'une manière si vive et si énergique qu'elle les met en quelque sorte sous les yeux, et fait d'un récit ou d'une description une image, un tableau ou une scène. ONOMATOPÉE: formation de mots par harmonie imitative. Ex.: frou-frou, cocorico PARATAXE: disposer côte à côte deux propositions sans marquer le rapport de dépendance qui les unit Ex. : Vous viendrez, j'espère? =j'espère que vous viendrez. PARONOMASE: employer côte à côte deux paronymes. Ex.: Traduttore, traditore. PROSOPOPÉE: consiste à prêter la parole à une personne morte, absente, à un être inanimé, à une abstraction.

Ex. : prosopopée de la Sagesse de Dieu dans la Bible; de Fabricius chez Rousseau, des Lois chez Platon. TROPES: ce sont les figures de style dans lesquelles on emploie les mots avec un sens différent de leur sens habituel. ZEUGMA: infraction à la règle de l'harmonie des termes coordonnés. Ex.: Vêtu de probité candide et de lin blanc. V. Hugo

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TABLEAU RECAPITULATIF NOM

DEFINITION

EXEMPLE

ALLEGORIE n.f.

Personnification d'une idée abstraite

ANAPHORE n.f.

Répétition d’une même - Partout l’image idée, partout la expression ou d’un même mot en pensée fleur, partout les fruits début de phrase ou de vers

ANTITHESE n.f.

2 termes de sens opposés dans une même phrase

- Le navire était noir, mais la voile était blanche

CHIASME n.m.

Structure en croix qui associe 2 termes deux à deux sans nécessairement qu’ils aient un rapport de sens

- Il regarde longtemps, longtemps cherche sans voir

COMPARAISON n.f.

Formulation adoucie d’une idée qui pourrait paraître trop brutale

HYPERBOLE n.f.

Exagération dans le choix des mots

IRONIE n.f.

Dire le contraire de ce que l’on pense

LITOTE n.f.

Utilisation d'une expression suggérant beaucoup plus que ce qu’elle dit réellement

METAPHORE n.f.

- Ces murs, maudits par dieu, par Satan profanés

Etablir un parallèle entre un comparé et un comparant à l’aide - Tes yeux sont bleus comme le d’un mot-outil (comme, ciel semblable à...)

ENUMERATION n.f., Juxtaposition d'une série de ACCUMULATION n.f. termes EUPHEMISME n.m.

- Ô Mort, vieux capitaine, il est temps !

Etablir une assimilation entre un comparé et un comparant qui

- Un gros meuble à tiroirs encombrés de bilans, de vers, de billets doux, de procès, de romances - Les non-voyants (aveugles) - Il est décédé (il est mort) - Un bruit à réveiller un mort - C’est malin ! (c’est idiot) - Surtout ne te presse pas ! - Ce n’est pas mauvais (c’est bon) - Va, je ne te hais point    Le Cid, de Corneille (je t’aime) - Et tes mains, feuilles de

sont rapprochés sans outils de comparaison

METONYMIE n.f.

OXYMORE n.m. PERIPHRASE n.f.

l’automne - Les étoiles volaient dans les branches des arbres

Remplacer un élément par un - Boire un verre autre élément appartenant au même ensemble logique (contenu - Manger son assiette  contenant ; partie  tout) Réunir à l’intérieur d’une même expression deux mots aux sens opposés Remplacer un terme par une expression qui le défini

- Une obscure clarté - La capitale de la France - Le roi des animaux

- Cette rose aimable comme toi PERSONNIFICATION Attribuer des qualités humaines à - Un soleil voit naître et mourir n.f. un objet inanimé la rose PLEONASME n.m.

SYNECDOQUE n.f.

Répétition de termes superflue

- Un géant vraiment grand - Descendre en bas Le tout pour la partie : - Metz a gagné la finale (pour «l'équipe de foot de Metz»...)

Remplacer un mot par un autre ayant une relation d’inclusion avec celui-ci (la partie pour le tout ou le tout pour la partie). Cas La partie pour le tout : particulier de la métonymie. - Je quitterai bientôt ces murs (pour «cette maison»)