Entre mondialisation et décroissance : L'autre Afrique 2952676062, 9782952676069 [PDF]


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Entre mondialisation et décroissance L'autre Afrique

Du même auteur: Critique de fùnpérialisme, Paris, Anthropos, 1979.

Fa.lIt-il refuser le développement. ?, Paris, PUF, 1986. L'Occidentalisat ion. du monde. Essai sur la sig niftcat.ion, la porlée et les limites de l 'uniformisation planétaire, La Découverte, 1989 .

La Planète des nallfragés , La Découvert e, 1991. L'économie dévoilée. du budget familial aux contraintes planétaires, ouvrage collectif dirigé par Serge Latouche, ed. Autrement, 1995. La, Mégamachine. Raison technoscientifique, raison économique

et m.ythe du progrès , La Découverte 1 MA USS, coll. Recherches, 1995. Réédition 2004. L'Autre Afrique, entre don et marché, Albin Michel, 1998. Les dangers du marché planétaire, Presses de Sciences Po, 1998.

La Planète uni/orme, Climats, 2000 La déraison de la raison éC01wm.ique ; Du, délire d 'efficacité au principe de préca.ution, Albin Mic hel, 2ool. Justice sans lùnil.es, Fayard , 2003. Suroivre au développement. De la décolonisation de l'imag ùwùe économique cl la construction d 'une société alternative, Mille el Une Nu its, 2004.

Le pari de la décroissance, Fayard, 2006 Petit I.mité de la décroissance sereine, Mi lle et Une Nui ts, 2007.

Serge LATO UC HE

Entre mondialisation et décroissance L'autre Mrique

Préface de Gilles LUQUET

Coll cclion

La ligne d'hori zon

Ce li vre est publi é dans la collection La Ligne d'horizon dirigée par Jean-Marc Luquet

Dans la même collection: Du chômage à l'autonomie conviviale Ingmar Granstedt Carnet de voyage en Pologne Françoi s de Ravignan

A paraître : Carnets de voyage en Inde François de Ravignan Aucun respect pour les vaches sacrées Gordi an Troëller - Marie-Claude Deffarge

ISBN 2-952-67606-2

© À plus d'un titre éditi ons 2007

Préface France Inte r au début du moi s de mars 2008, proposait une ém ission sur les Le journaliste y décrivait la « sortie de la forêt » de ces peuples et la lransfonnatioll de leurs relations avec les bantous, la part de la population noire qui domine la « mod ernit é africa ine » . D'.ap rès le reportage, les bakas sont de plu s en plus réduit s au rang « bakas » ou pygmées COlllm e on les nomme ici.

cie domestiques ... Un effet du développement puisqu e les forêts nourri cières élant dé truites à des fin s d'ex ploitation économiqu e. l'arri vée de la « civilisa tion occide ntal e lot ob lige les peuples « a rchaïques It à adopter, pe u ou prou , Ull mode de vje « urba in » e l d épe ndant. De rni er avalar illustrant le « développement rée ll e ment ex istant .. , cell e hi stoire baka convient bien au propos te nu par Se rge Latou che : le déve loppe ment est cause de peti e d'identit é, de savoir être et de savoir viv re. Des régress ions qui empêchent un véri table épanouissement de l' humanit é. Da ns les a nnées 1970, Fra nçois Partant avait déjà dénoncé ce processus. Dans un e ntretien sur France Culture diffusé e n mai ] 995, il fai sait remarquer 1). 17- 18. 9 E. fOllorino, Chr. Guillt!rnin , E. Orsennn, Besoin d 'Afrique , Paris,

Fayard 1992. pp. 32-33.

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[nlr.: mnl1lli olii!lIliu .. ct

.I.:e rui;j~ "n ,: e

l ,'"utre Afri'iu e

composés), étrangl e le dé bite ur dès lors que celui -ci utili se l'a rge nt pour financer des dé pe nses improductives (armeme nt ou consommation) ou fa it de mau vaises affaires. Ra ppelons qu 'un sou placé à trois pour cent du temps de Charlemagne produira it désorm ais des globes d'or. Une nouvell e de scie nce-fi c ti on , intitulée « intérêt composé» imagine un héros voyagea nt dans le passé afin juste ment d' investir quelques pièces de me nue monnaie dont les intérêts lui serviront à construire sa machine à remonter le tempsl0 ! Les fonds de pension sont un peu da ns cette situation, pas l'A friqu e ! Certes, la c roi ssance aussi obéit e n théori e à la même loi , en un siècle le P NB serait multiplié par 867 avec un taux de 10 % ! Hé las! les Plan s d 'Ajustement Struc ture l imposés par le FMI laisse nt peu d'espo ir d'atteindre durablement de tels taux. Il faut toujours exporte r plus et dégager des recettes d'exportation , ce qui a pour résultat de faire ba isser les cours. Comme pour Sisy phe, on est condamné à remonter indéfiniment la pe nte. Le fard eau revient toujours plus lounl. Mê me une [oi s conJi squées les receLt.es d'ex port.ation obten ues laborieuseme nt, les nouveaux e mprunts n'arriven t pas à apurer les inté rê ts échus. U ne foi s mi s en place, l'étrangleme nt se resserre, la dette nourrit la dette. La thé rapeutiq ue infernal e des in stituti ons fin a nc iè res inte rnation a les ac hève le malade e n prétendanL Je guérir. Uant ique représentation du va mpiri sme des usuri ers se trouve ain si re nou velée. 10 cité par R ex Butl er in Ad/eter le Lemps, Traverses n033-34. Politi que lin de siècle, Pa ri s 1982.

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l:étau de la dette (pour re prendre le titre du li vre d'AmÎnala Traore 11) constitu e un excellent moyen de

tenir les pays du Sud en étroite subordination. « Grâce à l'étau de la delle externe et de la baisse des cours des matières premi ères, éc rit André Franqueville, s'est mise en place une recoloni sation sous la coupe des organi smes financiers internationaux dont les Etats-Unis sont le fer de lance»". On a clamé à grand ren folt de publicité l'annulation poss ible de 80 % de la delle des pays les plus pauvres (Les PPTE, pays pauvres très endettés) en juin 1996 lors du G7 de Lyon, puis lors de celui de Cologne le sacrifice des riches est monté jusqu'à 90 %. Toutefois, derrière l'effet d'annonce, il s'agit d'u ne vaste escroquerie. Les données sont impitoyables et révèlent l' inJécence, voire l'obscénité de la prétendue générosité du Nord . Entre 1982 et 1998, les pays du Sud ont remboursé quatre foi s le montant de leurs dettes. Néanmoins,

celles-ci étaient toujours quatre foi s plus élevés qu'en 1982 et atteignaient 1950 millions de $! Le tiers-monde rembourse chaque an née plus de 200 milliards de $, alors que les aides publiques au développement (prêts remboursables compri s) ne dé passent pas 45 milliards de $ par an. l:Afrique s ubsaharienne, quant à ell e, dépense quatre fois plus pOlU' rembourser sa delle que pour toutes ses dé penses de santé et d'éducation. Les mesures d'annul ation frisent le mauvais ca nular. 11 fau l, 11 L'étoll. L'A/rique dans un monde saflSfrontières. Actes Sud , 1999. 12 André Franquev ill e, Du CamerQun li ln Bolivie. Retours slIr lUI, iû/léraire, Karthala. Pari s 2000, p. 13.

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.: nlrc ulOmlialil!!lIlioll e l tlécroi;;~ nllcc L'lIulre Afrillu c

en effet, distinguer Irois Iypes de delles : celles envers la Banque Mondiale et le FMI, qui jusqu'à très récemment n'étaie nt pas négociables", mais qui pour les pays d'Afrique représentent de 30 à 75 % de leur endettement, celles envers les instituti ons privées qu'il est hors

de question d'annuler et qui représenl enl plus de 50 % de l'endettement des pays lalino-a mé rica in e t asialiques, celles e nfin d'El ais à Elals donl l'annulalion seule esl e nvisageable. Celle-ci doit être négociée au cas par cas avec le Club de Paris, pour les pays très pauvres et très endettés. Ain si, un pays d'Afrique noire qui doit, par exemple,

quatre milliards de dollars, dont de ux à la Ba nque Mondiale-FMI et un à des banques privées, pe ut espérer une annulation de 80 à 90 % du millia rd resta nt dû au Club de Paris. Toutefoi s, un artifice lechnique réduit encore le montant. Si un rééchelonnement , comme c'est

probable, a déjà e u li eu (par exempl e sur 600 millions, l'annulation ne portera que sur la part non rééche-

lonnée, soit au mie ux 360 millions, c'est-à-dire 9 % du total de la de tte. C'est ainsi que jusqu'à présent, les monta nts annulés re présentent 25 milli ards de $, soit moins de 2 % de l'ensemble '4 ! On es t loin de la revendication de l' inilialive jubilée 2000 qui pOl1 erail sur environ 300 milliards el qui esl très en deçà de l'ampl eur du problème. Même si toutes les deites étai ent vra iment an nulées, tous les

«

mécanismes» qui onl

13 Depuis que le bon mons ieur Cmmlessus est devenu conseiller du pape, ceUe dett e pourrait être aussi annulée à hau leur de 30 % . 14 Eric Tou ssain l. Briser la. spirale infernale de la delle, Le Monde diplomalique. Paris, se plembre 1999.

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engendré celte situation perverse resterai ent en place. La parti e recommencerai t de plus bell e. Ce n'est pas l'endettement qui crée la pauvreté, mai s l'i nverse. E n dépit de ce que l'on nous fail cro ire, répudier la dell e, comm e j e l'ai toujours préconi sé, n'aurait probablement pas de gros effets dommageables sur le plan économi que pour les pays intéressés, b ien au contraire. L'irréalisme

de la proposition est ai lle urs. POUl' les pays d'Afrique, e n tou t cas, cela serait tout simplement suicidaire. Leur

indé pe nd ance est tota le me nt fic ti ve . S i le Chili d'Alle nde a été victime d'un coup d' État fome nté pal' la C1A et ATT pour avoi r touché au x intérêts améri cai ns, tous les régimes d'A friq ue infiniment plus fragil es sont

sous é tro ite surve illa nce. lis doive nt obé ir a u doigt e t à J'oeil. La résistance étant ain si vou ée à l'échec, il ne leur reste plus que la disside nce.

]]alternative de l'aub'e Afiique Pourquoi l'autre Afrique? l:Afrique offi cielle, l' Afriqu e des indé pe ndances a fait fai llite économiq ue me nt et politique me nt. Fa illite économique : moins de 2 % d u PNB mondia l, l'équivale nt du l'lB Belge ou des 15 premi ères fortun es de la planète ... 330 milliards de $ en 2001, soit 30 milli a rds de moins qu e les subve ntions payées celte année-l à aux agri culteurs des pays du

Nord . Fa illite politique : coups d' Etats, gue rres c iviles, corruption, gé nocides .. . Tout cela a été à la source de l'Afropessùnisme. 1butefoi s, si ce con stat d'échec fai t

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Enlre IIlUIltliHIÎlsniion t!l tl écrui !!8l11u'c L'nuire Afri'ilitl

unanimité, y compri s chez les caelres afri ca ins, ce n'est

que l'échec de l' Afrique Offi cielle. C'est l'échec de l'occ ide ntalisation (et la mondialisati on n'est que la poursuite du même processus), c'es t à dire du miméti sme économique el politique. Fort heureusement, il ex iste

une « autre» Afrique. La s urvi e de 600 à 800 millions de rescapés ti ent même du miracle. l:autre Afrique, c'est l'Afriqu e des sa van es, des forêts et. des vill ages,

l'A friqu e des bidonv illes et des ba nli e ues populaires, bre f « la socié té c ivile », l'Afrique des confé rences nati onales. Une Afriq ue bien vivante, capabl e de s'auto orga ni ser dans la pénuri e et d'inventer une vrai e joie de vi vre. Face à la mondialisation, à Comnùnarchandisation du

monde, au triomphe planéta ire du tout marché et à l'économicisation des esprit s, les laissés pour compte du Nord et du Sud, condam nés dans la logique dominante à di sparaître, n'on t d'autre choix pou r survivre que de s'organi ser selon une uutre logique. li s doivent in venter, et cert ains au moins in ven tent effecti vement, un autre système, une autre vie. C'est là la grande leç:on de l'autre Afriqu e.

La débrouille est une réac tion déjà ancie nne dans le ti ers-monde, et en particuli er en Afrique Noire, face à la

faillit e du dé ve loppe me nt. Il s'agit d'une réa lité multiforme depui s le trafi c de drogue jusqu'aux stratégies ménagères de survie. l'ex péri ence qu e j 'é voqu erai concerne principalement la société néo-cl anique Ott

ve rnac ulaire de Grand Yoff, une banli eue de Dakar. JI s'agit a u fond d'une soc iété de 100 000 personnes

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(Grand-Yoff) qui vivent largeme nt de le ur autoprodllction sa ns créa tion de monnai e, grâce à la densi té de

réseaux sociaux dits néo-claniques .

La situation d'exclusion de la grande soc iété à laquelle sont condamnées les masses des banlie ues africai nes, détruit et dénie toute significa tion appaI'e nte, offic iell e, à leur ex istence. Hors de la grande société et de ses valeurs unive rselles, en effet, la vie ne peut avoir de sens. Pourtant, les « naufragés du développement » e n s'auto organisant dans la débrouille bri cole nt une vie e n

marge. Les laissés l'ow· compte de la grande société, désormais Illondiali sée, réali seraie nt le miracle de le ur s urvi e e n ré inve ntant du li e n social e l à trav ers le foncti oll nement de ce social. Excl us des formes canoniques

de la modernité, la citoye nneté de l'Etat- nali on et la participation au marché national et mondial, il vivent, en effet, grâce aux réseaux de solidarité « néo-claniques» qu'i ls mettent en place. Le secret de cette relative réussite tient aux stratégies relationnelles. Ces stratégies incorporent toutes sortes d'activités «économiques », mais ces activi tés ne sont pas (ou faiblement) profess ionnalisées . Les expédi e nts, les bri colages, la débrouill e de chac un s'inscri vent dans des réseaux: les reliés, ceux qui sont liés entre e ux forment des g rappes. ALI fond , ces stratégies fond ées sur un je u subtil de t,iroirs soc iaux et économiques sont comparables aux stratégies mé nagères, qui sont le plus souve nt les stratégies des ménagères, mai s transposées dans une société où les membres de la famille élargie se compteraient par centaines 15 . Les réseaux se s tructurent, en effet, sur le

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Entre

llIon,li al i ~n Lioll

c l {léc .. oi ~lIltn CC L ' UIIII'c Afri'luc

modè le de la fa mille selon la logique claniqu e, avec des mè res soc iales et des aînés sociaux, sans oubli er la fameuse « parenté à pla isante ri e» des ethnol ogues 16 • Quelle est la logique de fon cti onne me nt de cette société marginale? Cette œC01wnûe vernac ulaire s'a rti cule-te lle à l'économ ie mondi a le et qu el rôle y joue la monnaie?

La logique du don L'argent (Xaali s, en Wolof) est omniprésent. e n fait e t dans l'imagina ire, mai s il n'a pas la même s ignification, ni le même usage s ur notre pla nèt.e et s ur cell e de l' informe l. Dan s la grande soc iété, l'a rge nt, équivale nt gé né ral, est un e 3?stract ion. Il est la m.onna.ie 17 . Le billet 15 L'importa nce du nombre ne t ient pas seu lement à la diffé ren ce de conce ption de la famille (rôl e limité de la fa mill e nu cléa ire, existence de la polygamie, gm nd e féconuité, etc.), ni même à la force des liens de parenté constituant le cla n, ell e ti en t aussi a u fait que les reliés, souventtrèB divers, par la rel igion , l'ethni e, le statut social, et qui sont en grand nombre, pe uven t ê tre plu Bou moins incorporés da ns la famille élargie. 16 Emma nuel Nd ione : D)'ruuniquc urbaine d'une société en grappe, ENDA-Dakar 1987. et Le don et. le recours, ressorts de l'éCOT/amie urbaine . ENDA-Dakar 1992. En Amé rique La tin e, on trouverai t des stru ctures comparables, sinon identiques, au Pérou et a u Chili , se lon Ma nfred Max Neef, au Mexique se lon Gustavo Esteva. Voir e n pm1 ic uli er Max Neef « contri bu ti on à une th éo ri e alternative pour un déve loppeme nt à échelle humaine. CEPA un (Ce ntl'O de Alt e rnativas de Desa rTollo) Sa ntiago du Chili. 1986 et Esteva, Une nouvelle SOllrce d 'espoir: • le.~ margùuw.;x If , lnte rc ulture nOll9, Printe mps 1993, Montréal. 17 Sur cdtc d istin ction a rgent et monn aie, vo ir par exe mpl e Jea n Joseph Goux, La. monnaie ou. L'a.rgent dans « L'économie dévoi lée" so us la d irecti on de Serge La tout:he, Revue Aut rement , Pa ri s, 1995.

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de banque et les pièces sont d'ull usage restre int. La monnaie est avant tout comptable ; elle c ircule à tra vers

les c hèques et les ca rtes d e crédit. C'est un jeu d'écriture qu i détermine l'essenti el des droits des agents dans la cité grâce à la garantie d'in stitutions so lides, les banques. Dans les banli e ues popul aires d'Afriqu e, au contraire, l'argent est conc ret e t tangibJe, il est instrument d'acqu is ition de pos itions par le je u des placement s. Il prend volonti ers les form es archaïques des bijoux d'or e t d'argent, voire du bétail ou des pagnes, qui

affi chent des statuts. Les alhaji du Nige r (ceux qui ont fait le pèlerinage en Arabi e Saoudite) se forcent leur vie durant à faire un rictus pour exposer les dents en or q u' ils se sont fait poser à la Mecque .. . Cet argent sert à nou rrir les réseaux soc iaux. Les intéressés e ux-mê mes parl e nt d'argent cha"d et d'argent)Toid. Vargent appropri é au sein des réseaux s'oppose à la monnaie du Blanc, extérie ure e t abstra ite. Le pre mie r, géné raleme nt piécettes et toutes petites coupures (mais auss i parfoi s de grosses liasses), ple ines de sueur et de crasse, est noué dans le coin d'un pagne et enfoui dans les vêteme nts, sorti avec précaution et réticence, compté et recompté avec l'espoir d'un rabais . Le second est celui des ONG, de l'assistance technique. Il se c hiffre en millions e t se di lapide dans l'abstrait. Les multipl es tontines partic ipent de ce fon ctionne me nt diffé re nt de l'arge nt. Ces « banques des pauvres », bie n différe ntes de le ur récupération par la Banque mondiale sous la form e du « micro c rédit », assure nt un contrôl e social de l'usage de l'épargne, ma is rempli sse nt e ncore bi en

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Ellirc

mOllllhlli ~ ulioll

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Il éc roi ~l!ull c e

l ' uulre Afrillu e

d'a utres fon ct.ions sans parle r des festi vités qui les accompagne nt. La monnaie et même les rapports marchands feraie nt ainsi fon c tionn e r une socié té non marc ha nde. Entendons nous bien, on ve ut dire pru' là une société qui, tout en pratiqua nt des échanges nombre ux et e n connaissant une circulation monétaire intense, n'obéit pas massive me nt à la logique marchande. L'obligation de solidarité domine encore largeme nt la vie économique et sociale. Ce qui frappe l'observate ur à l'écoute des grappes de reliés de L'économie néo-clanique, c'est l' importance du temps, de l'énergie e t des ressources consacrés au x relations sociales. Si "on dé ploi e une ac ti vité intense, il serait abusif dans la plupart des cas de parler de travail au sens arti sanal du te rme. Prê ter, e mprunte r, donn e r, receVOIr, s'entraide r, passer commande, li vre r, se re nse igner supposent des re ncontres, des visites, des réceptions, des discussions. Tout cela pre nd un temps considérable et occupe une partie importante de la journée, sans parler du temps consacré à la fêle, à la danse, au rêve ou au jeu ... Tout ce qui est reç:u est placé immédia tement à l'intéri eur du réseau, qu' il s'agisse de denrées ou d'a rgent 18, soit parce qu' il est dû, soit parce qu'on anticipe la nécessité d'a voir à emprunter, soit a ussi, eLdans tous les cas, parce qu'on aime à [aire profiter ses proches de ce que l'on vient de recevoir el qu'on cherche à le ur [aire plaisir. On est très conscient qu' un bie nfait n'est ja mais 18 L:End a-G raf a inauguré un système de g uichets de marché, géré par les femmes ell es-m êmes qui ass ure la sécurit é des dépôts fait s sur le ma rché même et permel des prê ts imporl anl s. Le suecès est considérable et le système est en ple ine ex pan s ion,

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perdu. L:attitude gé né rale est le sentime nt d e d evoir bea uco up à ses reliés plutôt que celui d'être un créancier qui se fait toujours avo ir. Si le don fonctiollne bie n, chac un des ac te urs estime avoir reç u plus q u' il n'a donné, tand is qu e s i le systè me fonc ti onne mal chacun pe nse avo ir reç u moi ns 19 • Ce sentim ent es t é videmmen t fondame ntal pour la bonn e marc he des logiques oblatives (ma is ce n'est sû rement pas le cas partout). Les ge ns de Gra nd Yoff parl ent e ux-mêmes d e tiroirs pou r désigne r ces placements e t investi ssements reLat.ionnels. Ces tiroirs détenus par les reliés sont indifféremment économiques e t soc iaux. Symétri que ment, en cas de besoin , et le besoin est ici quas i-e ndémique, 0 11 mobilisera la grappe, on ta pera d ans ses différents tiroirs. Souve nt , on ti rera s ur un tiroir pour placer dans un a utre . lei co mme partout, le li e n socia l fonct ionne s ur J'échange ; mais l'échan ge, avec ou sans mon na ie, repose plus s ur la trip le obli ga tion de donner, cie recevoir e t de rendre telle qu e l'anal yse Marcel Mauss qu e s ur le marc hé. Ce qui esi centra l et fondamental dans la logique du don c'est q ue le lien re mplace le bien".

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de l'Mriqut'.

Void tout jUSlf> dix ans, il puhliait un ouvragt" majeur sur la question : L'autre Entre don el

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