Le Symbolisme Français [PDF]

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Zitiervorschau

Le Symbolisme français

1. Ses origines  Il est né en France vers 1880 dans la jeunesse littéraire et artistique, en réaction contre le 

moralisme, le rationalisme et le productivisme de l'ère industrielle. C'est le Manifeste publié par Jean Morréas en 1886, dans le Figaro, qui est considéré comme l'acte de naissance de l'école symboliste.

2. Ses influences  Il s'inspire du préraphaélisme anglais mais des traits annonciateurs se trouvent déjà au sein du



romantisme allemand, par exemple dans la peinture de Caspar David Friedrich, britannique (Blake) et français (Chassériau). Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, sont les trois poètes français qui ont le plus influencé le symbolisme. Le mouvement symboliste français a, à son tour, influencé le symbolisme autrichien, anglais (E.Hulme écrit: "Nous avons subi une grande influence du symbolisme français") et le mouvement symboliste un peu partout dans le monde.

3. Ses caractéristiques a) originalité



Le symbolisme tient son originalité de son extension géographique (il se répand partout dans le monde), de son contenu esthétique et de son déroulement chronologique. b) valeurs

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Le symbolisme met l'accent sur les états psychiques intermédiaires (le rêve, le fantastique...).



Les poètes symbolistes essaient d'atteindre une réalité transcendante et cherchent à saisir l'idéal comme l'ont tenté Baudelaire ou Rimbaud. Ils espèrent trouver la clé d'un univers spirituel.

Il préfère en effet le rêve à la banalité de la vie, la musique à la chanson...

Le mouvement symboliste tente de stimuler l'imaginaire et la sensibilité des gens. Il permet le passage du monde réel au monde de l'idée. c) en poésie

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Dès lors, pour eux, la poésie est un instrument de connaissance qui traduit les découvertes du poète par des symboles verbaux. En effet, le symbole est le secret de la poésie.  Les poètes cherchent aussi un langage fluide, musical et pur. Le vers libre est une de leurs innovations pour s'affranchir de la rime et de la métrique régulière.  Baudelaire influence l'école symboliste pour le recherche de l'Idéal; Mallarmé, de son côté, accorde beaucoup d'importance à la fonction poétique du langage comme un médiateur entre réel et idéal. En effet, le symbolisme est essentiellement l'idéalisme appliqué à la littérature. d) en peinture

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Le symbolisme se tourne vers le passé, la nature, le mythe ou la religion. La femme est un important sujet d'inspiration.

La peinture symboliste est un art du caché, de l'ailleurs, de l'invisible où le symbole occupe une grande place. e) le symbole

Etymologiquement, il s'agit de "deux choses lancées ensemble"; le symbole est donc une association de deux réalités, le signe de cette association.



En religion, le symbole est un mot ou un objet qui résume ou illustre un élément essentiel de la doctrine ou de l'histoire religieuse. Par exemple, pour les premiers chrétiens, le symbole du poisson représentait le Christ, parce qu'en grec les cinq lettres du mot étaient les initiales de l'expression "Jésus Christ, fils du Dieu sauveur". Les bâtisseurs du Moyen Age amplifieront cette symbolique.



En philosophie, symbole a une signification proche de celle de représentation. La pensée symbolique procède par images et analogues, à la différence de la pensée logique. Pour Platon, les réalités concrètes ne sont que des images des idées pures.



En littérature, le mot symbole synthétise les deux acceptions: comme en religion, c'est une transposition en une image concrète de réalités abstraites (allégorie). D'autre part, les mots du symbole littéraire sont des analogies de puissances, de vérités ou de mystères cachés. Baudelaire, par le biais de métaphores, rapproche des réalités séparées, des fragments pour leur donner du sens (cf. Correspondances). Le rôle du lecteur est dès lors essentiel: il doit interpréter ou déchiffrer les images qui lui sont proposées.

4. Les poètes qui ont influencé le symbolisme : a) Charles Baudelaire  Il est né en 1821. Il fit des études au Lycée Louis-le-Grand, puis des études de droit. Il commença à écrire ses premiers vers à 17 ans et fréquenta les cabarets littéraires.  En 1846, il découvrit Edgar Poe dont il présenta les oeuvres au public français après 17 ans de traduction.  En 1857, le recueil Les Fleurs du Mal fut jugé obscène et il fut condamné à payer 300 FF d'amende.  Il écrivit encore les poèmes en prose du Spleen de Paris avant de mourir paralysé et infirme le 31 août 1867. « Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux. Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur? - Ô douleur! ô douleur! Le temps mange la vie, Et l'obscur ennemi qui nous ronge le coeur

Du sang que nous perdons croît et se fortifie! » ( L'Ennemi,Fleurs du mal,1857)





Dans ce sonnet, on voit combien Baudelaire annonce le symbolisme: 1. symbole: la jeunesse est un "orage", on remarquera l'abondance des images (métaphores et comparaisons) 2. rêve 3. "fleurs nouvelles", "mystique": refus de la banalité de la vie S'ajoute la notion essentielle de Baudelaire, en opposition à l'Idéal: le Spleen, identifié ici à l'"Ennemi".

b) Stéphane Mallarmé

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Il est né en 1842. La poésie représentait pour lui un refuge contre le réel. Dès sa sortie du collège, il dut gagner sa vie et entra comme surnuméraire à l'Enregistrement de Sens. Ses premiers poèmes parurent à partir de 1862, suite à un voyage en Angleterre. Il devint suppléant au collège de Tournon puis, à partir de 1871, enseigna l'anglais à Paris. Cette année-là, il publia des poème dans la revue l'Art libre. Il rencontra à cette époque Hugo et Rimbaud. Ses activités littéraires furent diverses: unique rédacteur de La Dernière Mode, gazette du monde et de la famille, auteur d'un ouvrage de philologie, Les Mots anglais, d'un ouvrage de mythologie Les Dieux antiques... C'est toutefois Prose pour Des Esseintes qui fit de lui le personnage le plus fascinant du symbolisme naissant. Son rêve était le livre unique. Il mourut en 1898 après avoir demandé qu'on détruise ses notes. « La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres. Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres D'être parmi l'écume inconnue et les cieux! Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe O nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe Sur le vide papier que la blancheur défend Et ni la jeune femme allaitant son enfant. Je partirai! Steamer balançant ta mâture, Lève l’ancre pour une exotique nature! Un Ennui, désolé par les cruels espoirs, Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs ! Et, peut-être, les mâts, invitant les orages Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles flots... Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots ! »(Brise Marine,1865)



Ce poème, en alexandrins, est intéressant par les rapprochements qu'on peut faire avec d'autres textes. 1. Son rythme lent et ses sonorités douces suggèrent l'ennui (on peut le mettre en rapport avec le Spleen de Baudelaire).

2. Sa thématique, le manque d'inspiration, fait penser à un autre poème mallarméen,

3.

L'Azur: le poète , il est hanté par les pages blanches (" le vide papier que la blancheur défend") et, en même temps, il est blasé ("J'ai lu tous les livres"), il ne trouve plus le plaisir nulle part ("La chair est triste"). Le thème du voyage (cf. champ lexical: partir, steamer, mâts...) fait penser à l'Invitation au voyage de Baudelaire mais ici, au contraire du poème de Baudelaire, c'est la fuite de l'ennui qui pousse le poète, malgré des obstacles (la maison "de vieux jardins", la famille " la jeune femme allaitant son enfant", le métier d'écrire "la clarté déserte de ma lampe"), à voyager. Toutefois, c'est sans certitude:

" Et, peut-être, les mâts, invitant les orages Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles flots... " C) Jean Moréas

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Il est né en 1856. Moréas est un pseudonyme pour Jean Papadiamantopoulos; en effet, il était grec. l fut co-fondateur de l'Ecole romane. Dans son recueil Stances, la pureté de la langue ne fait qu'un avec le poli des vers.

« Nuages qu'un beau jour à présent environne, Au-dessus de ces champs de jeune blé couverts, Vous qui m'apparaissez sur l'azur monotone, Semblables aux voiliers sur le calme des mers; Vous qui devez bientôt, ayant la sombre face De l'orage prochain, passer sous le ciel bas, Mon coeur vous accompagne, ô coureurs de l'espace! Mon coeur qui vous ressemble et qu'on ne connaît pas. »(Extrait de Stances,1905)

4. La peinture a) Odilon Redon  Il est né en 1840.  C'est à la fois un peintre, un dessinateur, un graveur, un pastelliste, un aquarelliste amis aussi un lithographe. Après 1890, il se consacre à la peinture à l'huile et aux pastels.  Pour lui, l'art ne se limite pas au monde visible mais il fait preuve d'une imagination fantastique et visionnaire.



(Redon,

Les yeux clos.)

Cette peinture est symboliste: en effet, la composition plane, le cadrage serré créent une impression de flou: d'où cette tête émerge-t-elle? La jeune femme, comme la plupart des femmes symbolistes est mystérieuse; reposée, elle porte une longue chevelure qui l'auréole d'or. La lumière sur le visage, la paix qui en émane sont des reflets de l'idéal tandis que la couleur bleue du fond symbolise la spiritualité.

b) Pierre Puvis de Chavannes

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C'est un peintre français né à Lyon en 1824, dont l'oeuvre occupe une place importante dans le symbolisme. Ami de Gustave Moreau, il étudia en Italie. et fut influencé par Raphaël. Il réalise le plus souvent d'importantes peintures murales et des décorations pour des monuments publics français, comme la Vie de Sainte Geneviève au Panthéon, le Palais des Beaux-arts de Lyon ou l'Hôtel de ville de Paris. Ses peintures les plus célèbres sont Le Bois sacré (1887), Jeunes filles au bord de la mer (1879) ou Pauvre pêcheur (1881).

(Puvis de Chavannes, Le

Rêve) 

On remarquera que la composition en plans horizontaux entraîne le regard vers le fond, l'infini. On passe également des couleurs foncées (au premier plan) à la lumière de l'arrière-plan, en camaïeu de bleus: de la banalité du quotidien au rêve, à l'idéal.