Une Clé... Pour Quelle Serrure [PDF]

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Zitiervorschau

Jeannine Dupuch Wakefield

17 juin 6021

Respectable Loge de Perfection Polaris N° 79, Orient de Chantilly

Une clé….. pour quelle serrure ? J’ai travaillé il y a quelques années sur ZIZA, ce qui m’avait naturellement amenée à parler de la clé. Mes réflexions m’avaient portée vers le conte de Barbe Bleue et vers la clé que la femme de Barbe Bleue ne devait surtout jamais utiliser. Je m’étais alors demandé quels cadavres gisaient dans mon placard intérieur et si je l’ouvrais, qu’allait-il m’arriver ? Je vais aujourd’hui aborder un autre aspect du symbole de la clé, en me demandant : « cette clé, quelle(s) serrure(s) de quelle(s) ou de quelle(s) barrière(s) (au singulier, ou au pluriel ?) ouvre-t-elle ? Je vais d’abord vous parler de la clé elle-même, en voyageant à travers notre rituel et en faisant quelques détours dans des rituels plus anciens, à la recherche des portes et des serrures qui nous entourent et que peut-être notre clé nous ouvrira un jour. Commençons par sa matière : de l’ivoire, matière organique, mais imputrescible, proche de l’os. Tient, tient, l’os, nous en avons déjà entendu parler. Vous vous rappelez bien sûr : c’était quand la chair quitte les os. Notre clé est-elle enfouie en nous-même, dans une profondeur de notre être qui ne se révèle que lorsque nous sommes parvenues à nous détacher des contingences matérielles ? Cette clé est en bijou sur notre sautoir, où elle repose sur le 3ème chakra, au niveau du plexus solaire, centre de triage des énergies. Il détermine la conscience du « je veux », du « je peux », de la liberté, de la confiance et de la détermination. En nous remettant la clé, le TFPM nous affirme bien qu’il n’est pas de difficulté que l’énergie et la persévérance ne puissent surmonter. Est-ce cela que la clé doit verrouiller, notre détermination et notre volonté, - à faire notre Devoir peut-être, Vers quelle Liberté ? – celle de conscience ? de jugement grâce au discernement auquel nous exhorte les maximes du rituel d’initiation du Maître Secret ? Mais on peut aussi concevoir qu’en posant la clé sur notre 3ème chakra, on nous communique que c’est en mobilisant notre libre volonté, que nous pourrons nous en servir. La clé d’ivoire se trouve posée sur la 1ère page du Livre des Rois. Même si notre rituel de Maître Secret contient peu de références à la légende d’Hiram et à la construction du Temple, la présence de la clé sur la 1ère page du Livre des Rois nous rappelle que le travail de construction de notre Temple intérieur se poursuit, les différentes sentences sont autant d’outils qui nous sont remis pour progresser ; Clairement, nous ne sommes plus à ce degré dans la Maçonnerie opérative qui teintait les 3 premiers degrés de la Loge symbolique. On nous le dit : nous nous élevons dans les hautes régions de la Connaissance spirituelle.

J’ai souvent entendu dire, bien que je ne l’ai trouvé dans aucun rituel, que cette clé est une clé bénarde. Une clé bénarde ouvre des 2 côtés, à la différence de la clé forée, qui n’ouvre que d’un côté et est utilisée pour les portes de meubles, armoire ou coffre. Il s’agirait donc d’ouvrir un passage, et pas de nous donner accès à un contenu scellé, à un secret ou à un objet précieux. La lettre Z sur le panneton est tout un symbole en lui-même. J’en retiendrai l’analogie avec l’éclair, concentré d’énergie fulgurante venant d’en haut ; Energie d’en haut qui illumine comme la Resplendeur, dont le rituel nous dit que c’est le sens de ZIZA, mot sacré du Maître Secret. Quelle que soit la ou les serrures que cette clé nous ouvrira un jour, elle peut nous indiquer que seule l’énergie qui vient d’en haut pourra l’activer. Comment mieux nous prévenir que notre clé, comme la porte ou la barrière qu’elle nous déverrouillera un jour, nous donne l’accès à un espace spirituel et qu’il ne s’agit pas d’une clé qui ouvre une porte matérielle. Alors une clé… pour quelle serrure ? Quelles sont les portes, les barrières, qui nous entourent et que notre clé pourrait ouvrir ? La première qui me vient à l’esprit est évidement la balustrade. Cette balustrade qui nous empêche aujourd’hui de passer, mais dont on nous promet qu’un jour peut-être nous pourrons l’ouvrir. Elle nous sépare du Saint des Saints, qui est l’espace le plus sacré du Temple de Salomon, celui où a été placée l’Arche d’Alliance. Les Maîtres Secrets représentent les Lévites, qui avaient la charge de garder l’Arche d’Alliance et le Saint des Saints, mais sans avoir le droit d’y pénétrer. Si notre rituel ne fait qu’effleurer le thème des Lévites et du Saint des Saints, le rituel du 4 ème degré du REAA par Henry Andrew Franken, décrit précisément le Saint des Saints et l’Arche d’Alliance, qu’il place au cœur de ce degré. Ce rituel ne mentionne aucune des sentences qui ponctuent notre cérémonie d’initiation au 4ème degré, ni même la notion de devoir, si importante chez nous. Pourtant, je pense qu’il y a en fait convergence de ces rituels, et que les deux peuvent même s’éclairer mutuellement. Nous savons bien que tous les symboles se rapportent en fait à notre travail et à notre progression spirituels, ce qui me fait dire que puisque le Saint des Saints et l’Arche d’Alliance sont situés au cœur le plus profond et le plus secret, le mieux gardé, du Temple de Salomon, ils représentent notre intériorité la plus intime, la plus cachée, la ^plus difficile aussi à atteindre par l’introspection. Saint des Saints, lieu le plus secret, mais aussi le plus sacré. Car l’Arche d’Alliance renferme les 2 Tables de la Loi données par Dieu à Moïse. La première contient nos 4 devoirs par rapport à Dieu, la 2ème nos 6 devoirs par rapport aux autres hommes. Et voilà déjà la notion de devoir qui émerge dans le rituel de Franken. Parce que l’Arche renferme la Parole de Dieu, le Saint des Saints est considéré comme le lieu de la présence divine elle-même. Ce dont la balustrade nous sépare, (ou nous protège ?) est-

ce de la Connaissance de la divinité ? Ouvrir la balustrade, trouver, ou retrouver, cette Connaissance, serait-ce retrouver la Parole Perdue dont le rituel nous dit que c’est la Connaissance du devoir complet ? En attendant d’atteindre cette Connaissance, il nous est demandé de faire notre Devoir, peut-être tout simplement en nous conformant aux devoirs inscrits dans les Tables de la Loi, et qui, au-delà de la religion judéo-chrétienne, ont, pour certains en tout cas, dimension de morale universelle (ne pas tuer, ne pas voler, ne pas convoiter, honorer le sacré….). Notre rituel nous donne non seulement une clé d’ivoire matérialisée sur Le volume de la Loi sacrée et au bas de notre sautoir, mais aussi d’autres clés sous forme de sentences, de citations, qui sont autant de conseils, de guides, de chemins pour nous aider, d’abord à faire notre Devoir, et, ce faisant, par une purification progressive de nos actes et de nos intentions, qui deviendront de plus en plus désintéressés, à perfectionner sans cesse en nous la distinction du Bien et du Mal. Je serais tentée ici d’assimiler la clé d’ivoire à la Morale Universelle, qui doit guider notre morale personnelle, nous permettant de savoir à chaque instant quelle est l’action, la pensée juste, sans avoir à nous référer à un dogme, à une idéologie toute faite, à une règle religieuse ou à un système de croyances et de règles venant d’autrui. Le rituel nous dit aussi que la meilleure pierre de touche du devoir est l’exigence d’un sacrifice ! Notre clé d’ivoire nous permet-elle de sortir de la pièce « Ignorance » pour avancer vers la pièce « Savoir », meublée de tolérance, d’écoute, et surtout de discernement, antichambre de la pièce « Connaissance » ? Car si nous ne pouvons pas encore bien voir en entrant dans la loge du 4ème degré, la clé d’ivoire va nous ouvrir les yeux et nous faire sortir petit à petit de notre aveuglement, la lumière du jour chassant les ténèbres pour que la grande Lumière commençant à paraître. Si on nous parle pour la 1ère fois d’une clé au 4ème degré, on nous parle « d’ouverture » depuis bien longtemps, avec nos rituels « d’ouverture ». Des travaux bien sûr, mais aussi de nousmême, car nous sommes pendant nos tenues entourées de nos sœurs auxquelles nous pouvons ouvrir en toute confiance nos cœurs, exprimer nos pensées, nos doutes, nos difficultés, nos victoires aussi. Souvenons-nous aussi que les 2 premiers mauvais compagnons frappent Hiram aux épaules, où se trouve les clavicules (donc les clés) avant de le frapper au front, siège du 3ème oeil, celui de la Connaissance. Le 3ème degré annonce ainsi le 4ème…. Mais l’épreuve traversée au 3ème degré nous a acquis la confiance de nos sœurs ainées, qui nous confient une clé tout en nous disant qu’il est encore trop tôt pour nous de l’utiliser. Confiance que nous ne ferons pas comme les mauvais compagnons, qui ont voulu « brûler les étapes » et forcer le passage avant l’heure. Si une clé peut ouvrir, elle aussi parfois destinée à fermer. En effet cette clé est un emblème de la discrétion. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle soit le bijou du Maître SECRET. Quel secret devons-nous garder à ce degré ? Dire qu’il s’agit de ne pas révéler ce qui nous a été dévoilé me paraît un peu simpliste, même si c’est une évidence dans le serment.

A la récipiendaire qui traverse l’initiation au 1er degré, le rituel explique que nous en sommes en Franc Maçonnerie pour mettre un frein salutaire à nos passions. Au Maître Secret, on demande d’aimer la Justice. Le Sceau du Secret qui est appliqué sur ses lèvres est d’ailleurs une main de Justice. Pour qu’elle se souvienne qu’elle doit se fermer à l’ignorance, aux préjugés et aux superstitions, à la paresse qui nous conduisent sur les entiers fleuris de l’erreur, au découragement devant l’absence de récompense. La recherche de la Vérité est une quête exigeante, qui demande à la fois une grande ouverture d’esprit et de cœur, un renoncement à nos intérêts matériels, à la flatterie de l’égo, à la facilité. C’est cette exigence qui nous est décrite dans les 4 voyages de l’initiation au 4ème degré. Et qui culmine avec l’inflexibilité, l’exigence et l’impérativité du Devoir. Maître Secret, j’ai aujourd’hui une clé d’ivoire, avec la promesse qu’un jour elle me permettra de passer, comme j’ai sur ma tête une guirlande qui deviendra couronne de victoire lorsque j’aurai fermé mon cœur aux passions, aux préjugés et aux erreurs qui entravent ma marche vers la Vérité. Reste devant la porte si tu veux qu’on te l’ouvre Ne quitte pas la voie si tu veux qu’on te guide Rien n’est fermé jamais, sinon à tes propres yeux… (Attar Farid-al-Din)

J’ai dit, Trois Fois Puissant Maître Chantilly, 17 juin 6021