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1.3. Justice et Démocratie Ce livre est composé de plusieurs articles écrits par John Rawls depuis Théorie de la justice. Ces articles sont introduits et présentés par Catherine Audard, enseignant la philosophie à la London School of Economics, qui avait quelques années plutôt traduit Théorie de la Justice. "Les articles contenus dans ce volume (tous fondés, en partie ou en totalité, sur des conférences que j’ai faites) ont été écrits pendant une période où je retravaillais l’interprétation de la conception de la justice que j’ai appelée la théorie de la justice comme équité et que j’ai présentée dans mon livre Théorie de la Justice. La question principale y est de savoir s’il faut la comprendre comme une partie d’une doctrine compréhensive, religieuse philosophique ou morale, qu’on pourrait appeler celle du juste comme équité ; ou s’il faut y voir une conception politique de la justice valable pour une société démocratique. Seul le texte le plus ancien dans ce volume, "La structure de base comme objet" (1978), ne porte pas sur cette question, mais sur ce que signifie et sur ce qu’implique le fait de prendre la structure de base de la société comme objet de la justice. Tous les autres textes, à commencer par la série de conférences que j’ai faites à l’Université Columbia en 1980 et que j’ai intitulées (malencontreusement) "Le constructivisme kantien dans la théorie morale", portent spécifiquement sur ce problème. Ils visent à montrer en quel sens la théorie de la justice comme équité doit être comprise comme une conception politique de la justice et une forme de ce que j’ai été amené à appeler le libéralisme politique, expression qui apparaît pour la première fois dans "L’idée d’un consensus par recoupement" (1987)." Cet ouvrage apparaît, en effet, comme la traduction d’une série d’articles : "The Basic Structure as Subject", 1977 – "La structure de base comme objet". "Kantian Constructivism in Moral Theory", 1980 – " Le constructivisme kantien dans la théorie morale". "The Domain and the Political and Overlapping Consensus", 1989 – "L’idée d’un consensus par recoupement". La structure de l’ouvrage est la suivante : 1 . La structure de base comme objet (1978) 2. Le constructivisme kantien dans la théorie morale (1980) Autonomie rationnelle et autonomie complète Représentation de la liberté et de l’égalité Construction et objectivité 3. Les libertés de base et leur priorité (1982) 4. La théorie de la justice comme équité : une théorie politique et non pas métaphysique (1985)
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5. L’idée d’un consensus par recoupement (1987) 6. La priorité du juste et les conceptions du bien (1988) 7. Le domaine du politique et le consensus par recoupement (1989)
2. Justice et Démocratie 2.1. La théorie de la justice comme équité John Rawls adopte une conception contractualiste de la justice. 2.1.1. Le point de départ : la structure de base comme objet L’idée qu’il développe dans le première article de l’ouvrage est une idée déjà présente dans "Théorie de la justice", à savoir que la structure de base de la société est l’objet premier de la justice. Rawls fait, en effet, systématiquement référence à la structure de base pour désigner l’objet premier de la justice. Il donne une définition de ce qu’il entend par structure de base (Basic Structure). "On entend par structure de base la manière dont les principales institutions sociales s’agencent en un système unique, dont elles assignent des droits et devoirs fondamentaux et structurent la répartition des avantages qui résulte de la coopération sociale" Déjà, dans Théorie de la justice, il écrivait : "Ce serait une erreur d’attirer l’attention sur les positions relatives et changeantes des individus et de demander que soit juste en lui-même chaque changement , envisagée comme une transaction isolée. C’est l’organisation de la structure de base qui doit être jugée et ce d’un point de vue général" Tout au long de son article, Rawls essaie d’expliquer pourquoi la société est prise comme objet premier de la justice et comme point de départ de son raisonnement. Il cherche effectivement à montrer "pourquoi la structure de base a un rôle spécial et pourquoi il est raisonnable de rechercher des principes spéciaux pour le gouverner". 2.1.2. les principes premiers de la justice Cette structure de base est gouvernée par ce qu’il appelle les principes premiers de la justice (First principles of justice). Le contenu de la justice est en effet établi par les principes qui seraient adoptés Rappelons-le : l’objet de la théorie de la justice, qu’il tente d’élaborer, est de "parvenir à une conception dont les principes premiers fournissent des réponses raisonnables aux questions classiques et familières de la justice sociales, rapportées à ce complexe d’institutions."
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Dans la théorie de justice comme équité, les institutions de la structure de base sont considérées comme justes dès lors qu’elles satisfont aux principes que des personnes morales, libres et égales, et placées dans une situation équitable, adopteraient dans le but de gouverner cette structure. Les deux principes les plus importants sont les suivants : " 1 – Chaque personne a un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous qui soit compatible avec un même système de libertés pour tous. 2 – Les inégalités sociales et économiques sont autorisées à condition (a) qu’elles soient au plus grand avantage du plus mal loti , et (b) qu’elles soient attachées à des positions et à des fonctions ouvertes à tous, dans des conditions de juste égalité des chances . " Le concept de justice est, en effet, constitué par une ensemble de principes. C’est l’aspect idéal de la justice. 2.1.3. La justice comme équité L’idée principale de la justice, c’est des principes qui spécifient les formes de la coopération sociale, c’est la théorie de la justice comme équité. De cette coopération découle les choix des droits et devoirs qui déterminent les avantages sociaux. Rawls développe son idée pour le voile d’ignorance (ou il n’y a pas de contingence ou avantage du hasard). De par ce voile d’ignorance personne ne connaît sa place dans la société. Les principes de la justice sont issus d’un accord conclu dans une situation initiale elle – même équitable. Il faut aussi songer à la coopération consentante et à la capacité à favoriser sa conception du bien, personne n’a de raison de consentir à une perte durable de satisfaction pour lui-même afin d’augmenter la somme totale. La répartition des avantages doit être telle qu’elle puisse entraîner la coopération volontaire de chaque participant, d’où l’idée intuitive (le bien être de chacun dépend d’un système de coopération sans lequel nul ne saurait avoir une existence satisfaisante, le mérite n’entrant pas en ligne de compte). L’utilitarisme ne va pas avec la coopération, le principe d’utilité est incompatible avec la coopération. Dans la situation initiale, nous trouvons l’égalité dans l’attribution des droits et des devoirs de base ainsi que des inégalités qui ne sont justes que si elles sont compensées par des avantages pour chacun. La justice va au-delà de l’individu et refuse l’avantage pour soi-même. L’acte juste ou injuste est posé dépendamment des institutions. Cette théorie a un champ donné. La justice comme acte et attitude individuelle ou arrangements sociaux. Nous avons une association entre individus pour accroître le bien-être individuel, d’où l’avantage à coopérer. Il est clair qu’à propos de la justice les avis divergent, mais tout le monde sait ce qui est juste. Nous poursuivons les mêmes fins donc nous avons une amitié civique. Nous tentons d’accroître les avantages de l’ensemble de la société et d’en répartir les avantages. Il est nécessaire de choisir des principes et un concept de la justice pour délimiter les lois et institutions pour obtenir des lois correctes.
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La conception de la justice doit être publique. Dans cette structure de base, les institutions les plus importantes sont politiques et socioéconomiques. Ces institutions établissent des lois, déterminent le système politique où nous vivons. Elles définissent la structure sociale – économique et doivent définir les droits et demandes des individus. 2.1.4. La position originelle La position originelle correspond à un état de Nature, une égalité entre individus, une situation purement hypothétique. Cette position originelle est une position initiale où nous discutons les principes de la justice appliqués pour tous dans la société. Pour Rawls, la théorie de la justice est une théorie du contrat qui met en avant la répartition des avantages pour tous les partenaires. Il y a une dimension rationnelle et volontaire des partis, le contrat découle de la volonté des partis. Dans la position originelle le voile d’ignorance impose que personne ne connaît sa position dans la société ni sa force, ni sa propre conception du bien, personne ne doit connaître sa tendance psychologique particulière. Une différence psychologique serait par exemple être envieux ou ne pas l’être. 2.2. Le constructivisme kantien Dans Théorie de la justice, Rawls s’est placé délibérément sous le signe d’un retour à Kant, plus précisément à la théorie du contrat social, que l’on trouve également chez Rousseau. Ainsi fait t’il preuve d’une certaine originalité en s’opposant à l’utilitarisme qui constitue une culture dominante dans son pays. L’utilitarisme est une doctrine qui justifie rationnellement le sacrifice d’une minorité au bien-être global du reste de la société, au nom du "plus grand bonheur au plus grand nombre". Rawls, au contraire, proclamait dans Théorie de la justice, ainsi que dans les articles présentas dans cet ouvrage, que " chaque personne possède une inviolabilité fondée sur la justice qui, même au nom du bien-être de l’ensemble de la société ne peut être transgressée". Il insiste sur la nécessité de réaffirmer la priorité de la justice sur le bien-être dans une société se voulant démocratique. 2.2.1. La priorité du juste sur le bien D’ailleurs, dans son article "La priorité de juste et les conceptions du bien", John Rawls affirme cette priorité du juste sur le bien. Comme dans tous les autres articles, il répond à certaines critiques et tente de se justifier. Il répond notamment à la critique selon laquelle sa conception de la justice soit serait intolérante vis-à-vis de certaines conceptions du bien (comme les doctrines religieuses anti-individualistes), soit conduirait au scepticisme par sa neutralité à l’égard du contenu des croyances présentes dans une société pluraliste. Pour Rawls, le juste est antérieur au bien : Il affirme que les conceptions du bien ne sont pas toutes acceptables dans une démocratie libérale et qu’il faut les soumettre aux contraintes du juste. Il reprend alors les idées qu’il développe dans Théorie de la justice sur le bien et le juste.
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Le juste et le bien sont complémentaires en ce sens qu’une conception politique doit s’appuyer sur différentes idées du bien, à condition que ces idées soient politiques. Autrement dit, les idées acceptables du bien doivent respecter les limites de la conception politique de la justice et y jouer un certain rôle. Rawls considère cinq idées du bien : L’idée du bien comme rationalité L’idée des biens premiers L’idée de conceptions autorisées du bien L’idée de vertus politiques L’idée du bien représenté par une société politique. 2.2.2. L’inspiration de Kant Rawls tente d’expliquer en quoi sa théorie est constructiviste et kantienne. A première vue, la théorie présentée par Rawls est éloignée de Kant. Sa théorie a pour objectif de formuler les principes de "justice distributive", notamment, comme nous l’avons évoqué antérieurement, l’égalité dans la protection des droits civiques et politiques, économiques et sociaux des citoyens, que , dans nos sociétés contemporaines, tout régime démocratique constitutionnel devrait adopter. Ce n’est donc pas une théorie morale générale. Son but est plutôt de mettre en place des lignes directives destinées aux décideurs politiques et sociaux pour éviter les dérapages dans les nombreuses interprétations des lois, de la Constitution. Elle a donc un rôle régulateur et se rapproche plus de la "Doctrine de droit", selon Catherine Audard (1993) dans Magazine littéraire. Cependant, dans son discours, Rawls fait appel à la tradition du contrat social (Rousseau, Kant). Pour Rawls, la théorie de la justice est une théorie du contrat qui met en avant la répartition des avantages pour tous les partenaires. Il y a une dimension rationnelle et volontaire des partis : le contrat découle de la volonté des partis. Le contractualisme est en effet l’élément principal de la théorie de Rawls. 2.3. L’idée d’un consensus par recoupement et le domaine du politique Dans les derniers articles de l’ouvrage, John Rawls se tourne vers les problèmes politiques. Il répond là encore à plusieurs reproches qui lui ont été faites sur sa difficulté à comprendre les concept de politique. Il développe ainsi l’idée d’un consensus par recoupement. Il annonce que dans le cas d’une démocratie constitutionnelle, le rôle de la philosophie politique est d’offrit une conception politique à la justice. Il donne alors quatre caractéristiques de la conception politique de la justice : Elle est une conception morale, autrement dit son contenue provient de certains idéaux, de principes et de modèles et que ces normes énoncent certaines valeurs, en l’occurrence des valeurs politiques. En effet, elle est conçue en particulier pour s’appliquer pour la structure de base d’une démocratie constitutionnelle moderne. Elle doit, ainsi, être expressément élaborée afin d’être appliquée à la structure de base de la société.
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De plus, une conception politique ne doit pas être comprise en tant que conception morale générale et compréhensive (exemple : perfectionnisme, utilitarisme) qui s’appliquerait au domaine politique, comme si ce domaine n’en était qu’un parmi d’autres. Elle ne peut être formulée dans les termes d’une doctrine religieuse, philosophique ou morale générale et compréhensive ; mais plutôt dans ceux de certaines intuitions fondamentales latentes au sein de la culture politique publique d’une société démocratique. Il existe une conception parallèle liée à une conception publique de la justice : celle d’un raison publique libre. Dans son dernier article, Rawls aborde directement la question du politique. Le politique a pour lui un sens descriptif et sociologique. Rawls s’oppose au non politique. Le politique, d’après Rawls, se comprend par contraste avec des groupements humains privés (comme les Eglises), plus où moins librement choisis, où les principes de basse ne sont pas menacés. Pour Rawls, est politique un groupement humain non choisi où s’exercent la domination et la coercition des uns sur les autres et, où, par définition, les libertés sont menacées. Le domaine du politique appelle dons des règles et des principes pour faire régner l’ordre. "Un consensus par recoupement existe dans une société quand la conception politique de la justice qui gouverne ses institutions de base est acceptée par chacune des doctrines compréhensives, morales, philosophiques et religieuses qui durent dans cette société à travers les génération" (Théorie de la justice) Selon Rawls, l’idée d’un consensus par recoupement doit nous permettre de comprendre comment un régime constitutionnel, caractérisé par le fait du pluralisme (existence de doctrines conflictuelles), pourrait assurer, malgré des divisions profondes et grâce à la reconnaissance publique d’une conception politique raisonnable de la justice, la stabilité et l’unité sociales. 3. Rawls et l’utilitarisme Pour Rawls la justice est vertu principale. Dans l’utilitarisme, nous avons le principe de l’utilité, ses vertus morales (justice) entre autres. L’utilitarisme est la doctrine classique de Bentham et de Mill ; cette doctrine pose qu’une action est bonne si se conséquences augmentent le bonheur du plus grand nombre. Le but de Rawls est de montrer que l’utilitarisme est incompatible avec les principes de la constitution américaine et qu’il faut l remplacer par une doctrine comme la sienne. Le philosophe est contre l’utilitarisme, car il veut une inviolabilité de la liberté de base (quelque chose d’intuitif, qui fait partie de la conception morale de la plupart des gens, Rawls fonde sa théorie dans cette intuition). L’utilitarisme ne se préoccupe pas des sources de satisfactions, pour Rawls elles peuvent être bonnes ou mauvaises, il cherche les limites des satisfactions admissibles ou non. Comme nous l’avons évoqué précédemment, pour lui, le concept de justice est antérieur au bien.
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En ce qui concernant l’intuitionnisme : il s’agit d’une doctrine selon laquelle un ordre de faits moraux indépendants et antérieurs à notre jugement pourrait être atteint directement ou par approximation. Rawls distingue l’intuitionnisme rationnel de l’intuitionnisme pluraliste de Ross qui conclut à l’impossibilité de découvrir des principes premiers de la justice. Il y a une famille irréductible de principes premiers que nous devons mettre en balance les uns par rapport aux autres et en nous demandant, par un jugement mûrement réfléchi, quel est l’équilibre le plus juste. Les faits moraux sont complexes, nous n’avons pas de critère unique, mais une pluralité de critères. En cas de conflit, il faut chercher l’équilibre entre les principes premiers. C’est l’intuition qui nous oriente vers l’équilibre le plus juste. Cette intuition est influencée par la position dans la société, par exemple une personne au chômage met en avant d’autres critères, elle est influencée par les habitudes et les coutumes. Pour regarder les buts sociaux, nous regardons la cohérence dans les jugements. Les intuitions aident à trouver l’équilibre, puis nous regardons dans le système philosophique (dichotomie). L’intuition n’a pas de règle d’équité. Il faut voir le total des satisfactions avec la répartition de l’égalité. le meilleur, tous les points sont égaux , tous les points sont meilleurs sur une courbe d’indifférence. Rawls ne s’oppose pas à l’intuitionnisme mais il n’y adhère pas totalement. Pour Rawls, "Le principe d’utilité est incompatible avec une conception de la coopération sociale entre le personnes égales en vue de leur avantage mutuel". Il ajoute "nous devons imaginer que ceux qui s’engagent dans la coopération sociale choisissent ensemble, par un seul acte collectif, les principes qui doivent fixer les droits et les devoirs de base et déterminer la répartition des avantages sociaux. Les hommes doivent décider par avance selon quelles règles ils vont arbitrer leurs revendications mutuelles et quelle doit être la chartre fondatrice de la société" . Ainsi, tout individu est d’accord d’avoir une règle contraignante. Il y a une réglementation collective. Et l’individu l’accepte en apportant lui-même sa contribution. C’est le problème de l’isolement ou le problème du "dilemme du prisonnier". La confiance en l’autre apparaît comme la condition nécessaire pour s’extraire de ce dilemme. Cet exemple met alors en évidence que l’utilitarisme ne peut à lui seul fonder les conditions d’une vie en société. Une part d’intuition est indispensable.
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Auteur
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John Rawls
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1 L'auteur
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2 Bibliographie
L'auteur Cet article provient du Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, tome 2, sous la dir. de Monique Canto-Sperber, 4e édition revue et augmentée, Paris, PUF, coll. “ Quadrige/Dicos poche ”, 2004. RAWLS John, né en 1921 John Rawls, professeur à la faculté de philosophie de l’université de Harvard, devient en 1971, avec la publication de A Theory of Justice (Théorie de la justice), la figure dominante de la philosophie morale et politique anglo-américaine. Dans cet ouvrage, il aborde la question de savoir quels sont les principes et les institutions fondamentales d’une société juste. En proposant une théorie de la justice sociale, Rawls cherche à présenter une théorie éthique qui puisse remplacer l’utilitarisme, mais il propose aussi une théorie politique destinée à défendre l’État démocratique libéral moderne. Il prend soin toutefois non seulement de déterminer quels sont les principes et les institutions souhaitables, mais aussi de montrer qu’ils sont applicables. Pour cette raison, l’ensemble de sa démarche s’inspire de la philosophie, mais également d’autres traditions de recherche : l’économie, les sciences politiques et le droit. C’est là, sans aucun doute, ce qui explique en partie l’influence de l’œuvre de Rawls, laquelle va bien au-delà de la philosophie et s’exerce sur les sciences sociales. La “ Théorie de la justice ” Le cœur de la philosophie morale et politique de Rawls se situe dans sa Théorie de la justice, bien que cet ouvrage ait été précédé par la publication d’un certain nombre d’articles pendant les années 1950 et 1960. C’est dans ces écrits – “ Outline of a décision procedure for ethics ” (1951), “ Justice as fairness ” (1958), “ The sense of justice ” (1963) et “ Distributive justice ”
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(1967) – que Rawls présente pour la première fois les idées qu’il va développer et approfondir dans son grand ouvrage. L’idée la plus fondamentale est que la justice doit être comprise comme le résultat d’un processus de négociation, au cours duquel des individus soucieux de leur propre intérêt établissent un accord sur les principes de base. Dans sa Théorie de la justice, Rawls pousse cette idée plus loin en élaborant une argumentation qu’il juge ressortir à la tradition de la théorie du contrat social – en particulier, dans la lignée de John Locke et Jean-Jacques Rousseau. Il existe toutefois une différence entre Rawls et les théoriciens du contrat social qui l’ont précédé : alors que Locke et Rousseau ont recours à l’idée de contrat pour justifier l’autorité politique, Rawls s’en sert pour établir les principes de la justice sociale. Plus précisément, dans sa Théorie de la justice, Rawls entreprend d’établir les principes de justice qui devraient gouverner la “ structure de base ” d’une société juste. Pour répondre à cette question d’une manière philosophiquement convaincante, dit-il, nous ne devons pas simplement nous demander quels principes sont souhaitables et applicables. Nous devons chercher à savoir quels sont les principes que nous choisirions d’un point de vue impartial, dans le souci d’établir des arrangements qui soient praticables et souhaitables. La réponse de Rawls est , intéressante autant par la conclusion elle-même que par la méthode employée la question de savoir si cette méthode conduit à cette conclusion a fait l’objet de multiples débats. La conclusion de Rawls est la suivante : envisageant les choses d’un point de vue impartial, nous choisirions d’être gouvernés par deux principes de justice, le premier garantissant les libertés fondamentales (liberté de parole, de participation politique et de culte, entre autres), le second minimisant les inégalités. L’énoncé formel de ces principes figure à la section 46 de la Théorie de la justice : Premier principe : Chaque personne a un droit égal au système total le plus étendu de libertés de base égales pour tous, compatible avec un même système pour tous. Second principe : Les inégalités économiques et sociales doivent être telles qu’elles soient a) au plus grand bénéfice des plus désavantagés dans la limite d’un juste principe d’épargne, et b) attachées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste (fair) égalité des chances. Ces principes sont présentés en “ ordre lexical ”, c’est-à-dire qu’ils sont commandés par un ordre de priorité. Il y a deux règles de priorité. La première, établissant la “ priorité de la liberté ”, admet que la liberté ne peut être restreinte qu’au nom de la liberté. Cela signifie que le premier principe de justice doit être satisfait avant que l’on puisse invoquer le second. La deuxième règle de priorité établit la priorité de la justice sur l’efficacité et le bien-être. Cela signifie que le second principe de justice, dans son ensemble, prend le pas sur toute idée de “ maximisation de la somme des avantages ” dans la société. Cela signifie aussi que, au sein du second principe, le principe b) de juste égalité des chances a la priorité sur le principe a) du plus grand avantage des plus défavorisés (connu sous le nom de principe de différence). La conception générale de la justice, la “ justice comme équité ”, que représentent ces deux principes consiste en ceci que tous les biens premiers sociaux – liberté et opportunité, revenu
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et richesse, et les bases du respect de soi – doivent être répartis également, à moins qu’une répartition inégale de tout ou partie de ces biens soit au bénéfice des plus désavantagés. La méthode par laquelle Rawls atteint cette conclusion constitue l’aspect le plus intéressant et le plus controversé de son ouvrage. Cette conception de la justice, affirme-t-il, serait choisie par les parties prenantes à un accord destiné à sélectionner les principes de justice. Rawls définit une situation hypothétique qu’il appelle “ la position originelle ”, dans laquelle les individus sont placés derrière un “ voile d’ignorance ” : ils ne connaissent ni leur identité, ni leurs talents, ni leur position dans la société, ni leurs goûts, ni leurs finalités dans la vie. Ils savent que certains “ biens premiers ” – la liberté, la richesse, le revenu et les bases du respect de soi ” – sont nécessaires pour mener une bonne vie. Dans les limites de ces contraintes, qui les empêchent d’agir de manière partiale pour favoriser leur propre situation particulière, on demande aux partenaires dans la position originelle de sélectionner les principes de justice par lesquels ils seraient gouvernés lors de leur retour dans le monde réel. Les parties peuvent choisir ces principes sur une liste qui inclut les grandes théories morales – intuitionnisme, utilitarisme, perfectionnisme, égoïsme – ainsi que la “ justice comme équité ”. Rawls soutient que les parties choisiraient la “ justice comme équité ” de préférence à son grand rival, l’utilitarisme. Dans des conditions d’incertitude, illustrées par la position originelle, Rawls affirme que des décideurs rationnels adopteraient une stratégie de choix dénommée “ maximin ”. La stratégie du maximin consiste à classer les options en fonction de leurs pires résultats possibles, et à adopter l’option dont les pires résultats sont supérieurs aux pires résultats de toute autre option. Il s’agit là d’une règle de choix conservatrice ou pessimiste. La position originelle, selon Rawls, est décrite de sorte qu’il soit rationnel pour les parties d’adopter l’attitude conservatrice exprimée par cette règle. Ainsi, les parties choisissent des principes d’organisation de la société comme si leur place dans cette société devait être déterminée par leurs pires ennemis. La controverse porte ici sur le choix du maximin comme stratégie de décision, puisqu’il existe une autre stratégie possible : celle qui consiste à maximiser l’utilité. attendue. Cette dernière stratégie nous demande de classer les options en fonction du gain probable. Elle n’est ni pessimiste ni optimiste c’est l’attitude du joueur rationnel. Des critiques, tel John Harsanyi, ont affirmé que c’était là la stratégie que les partenaires dans la position originelle devraient adopter. Rawls, cependant, préfère le maximin pour plusieurs raisons, dont la plus importante est que les autres stratégies peuvent conduire à des résultats intolérables. Par exemple, une stratégie autre que le maximin pourrait nous amener à choisir l’aristocratie comme modèle de société, ce qui pourrait signifier que, si le pire sort nous était réservé, nous serions des serfs, au plus bas échelon de la société. Rawls estime que nous devons éviter toute stratégie qui rendrait une telle éventualité possible, et encore plus une stratégie qui la rendrait probable. La raison plus fondamentale pour laquelle Rawls est en faveur du maximin, c’est que cette stratégie est compatible avec son rejet de l’utilitarisme. Le problème de l’utilitarisme est qu’il n’exclut pas que la maximisation de l’utilité place certains individus dans une situation très mauvaise. Si l’esclavage maximisait l’utilité moyenne ou totale, l’utilitarisme, en principe, l’autoriserait. De fait, l’utilitarisme ne prend pas au sérieux la distinction entre les personnes. Rawls maintient que chaque personne possède une inviolabilité fondée sur la justice – or, pense-t-il, cette inviolabilité n’est pas préservée par l’utilitarisme, ni par aucune éthique conséquentialiste.
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La conception de la justice comme équité, en revanche, est une éthique déontologique qui admet le caractère distinctif des personnes et (en particulier grâce au principe de liberté) qui préserve leur inviolabilité. Des décideurs rationnels dans la position originelle choisiraient la justice comme équité de préférence à toute autre option, car c’est une conception de la justice qu’ils peuvent accepter de bonne foi, puisqu’elle n’engendrera aucune conséquence inacceptable. (Les accords qui font appel aux principes utilitaristes n’ont pas cet avantage en effet, l’utilitarisme peut nous demander de faire ou d’approuver des choses, comme l’esclavage, que nous serions psychologiquement incapables d’accepter puisque des contrats de ce type dépassent la capacité de la nature humaine.) Les conclusions de Rawls pointent vers les institutions politiques qui sont caractéristiques des États-providence modernes. Si cette conclusion a été discutée par certaines objections, la majeure partie de la critique suscitée par le livre de Rawls porte toutefois sur la méthode. Une objection particulièrement importante est que la méthode contractualiste de Rawls ne choisit pas de façon impartiale parmi des conceptions morales concurrentes (telles que l’utilitarisme et la “ justice comme équité ”), puisque la situation initiale de choix, ou la position originelle, est conçue de manière à favoriser la conception de la justice que Rawls privilégie. Pourtant, Rawls estime que c’est là une chose tout à fait admissible. Son but, en imaginant le mécanisme de la position originelle, n’était pas de construire un cadre neutre de choix rationnel, mais de fixer des contraintes raisonnables au sein desquelles on puisse opérer une sélection rationnelle des principes. Les contraintes qui décrivent la position originelle reflètent les “ jugements bien pesés ” du moraliste et si les conclusions atteintes dans la position originelle sont en conflit avec d’autres jugements bien pesés, le théoricien est libre de modifier les contraintes jusqu’à atteindre un “ équilibre réfléchi ” entre la conception de la justice adoptée et les jugements moraux qu’elle implique. De fait, selon Rawls, la meilleure description qu’on puisse donner du sens de la justice chez une personne n’est pas celle qui correspond aux jugements qu’elle portait avant d’examiner toute conception de la justice, mais celle qui s’accorde avec ses jugements dans l’équilibre réfléchi. Cette conception est cohérente avec le fait que Raws attribue à la philosophie morale une nature socratique : nous modifions nos jugements bien pesés lorsque les principes qui les règlent sont mis en lumière. Ainsi comprise, la philosophie morale a pour tâche de systématiser nos jugements moraux. Le contenu de la théorie de Rawls a fait l’objet d’autres critiques. L’une des premières objections libertariennes est venue de Robert Nozick qui, dans Anarchy, State and Utopia (1974), reprochait à Rawls le caractère anhistorique de sa théorie. Envisageant la justice comme une question de répartition des avantages et des charges, Rawls suppose que tous les biens – y compris la propriété et les talents humains – existent sans être possédés par les personnes auxquelles ils sont attachés dans le monde. Ce point de départ, affirme Nozick, est d’une nature anhistorique injustifiable, puisqu’il néglige les droits réels au profit des droits abstraits. De plus, il ne tient pas compte des revendications liées au mérite, qui sont centrales dans toute considération de justice. Nozick affirme aussi que la théorie rawlsienne de la justice, bien qu’affirmant la priorité de la liberté, permet effectivement l’ingérence dans la liberté individuelle pour maintenir un schéma particulier de répartition. Et, si elle critique l’utilitarisme, la théorie de Rawls ne respecte pas non plus la distinction entre les personnes puisqu’elle rejette la prémisse de la possession de soi-même. Une critique quelque peu différente est formulée à partir d’une perspective communautarienne, surtout dans le livre de Michael Sandel, Liberalism and the Limits of Justice (1982). Ce courant critique reproche à la théorie de Rawls son individualisme, dans la mesure où celle-ci ne rend pas compte de l’importance que revêtent notre vie collective et le
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bien commun. L’objection, ici, est que l’éthique déontologique de Rawls représente une vaine tentative de fournir des fondements à une théorie morale d’inspiration kantienne. En fin de compte, toute philosophie morale acceptable doit reposer sur une compréhension substantielle du bien humain et non, comme celle de Rawls, sur un idéal de “ justice procédurale ”. Les travaux récents Dans ses écrits philosophiques récents, Rawls relève dans une certaine mesure les défis lancés par ces critiques. Dans Political Liberalism (1993), il abandonne toute prétention à l’universalisme et réinterprète sa théorie originale comme le reflet des traditions de l’État démocratique libéral moderne. La justice comme équité est présentée non comme un idéal moral compréhensif, mais comme une conception politique qui pourrait permettre d’obtenir un “ consensus par recoupement ” dans une société marquée par le désaccord moral, conférant ainsi un certain degré de stabilité et d’unité sociale à la société politique. Pour comprendre l’orientation qu’adopte Rawls dans ce récent ouvrage, il importe de connaître les distances qu’il a prises auparavant par rapport aux idées initiales de la Théorie de la justice. La plus importante de ces prises de distance a été formulée par Rawls dans une conférence (“ Kantian constructivism in moral lectures ”, Dewey Lectures) de 1980, où il disait clairement que sa préoccupation majeure, en formulant une conception kantienne de la justice, était de se pencher sur “ une impasse dans notre histoire politique récente ”.Cette impasse est évidente dans les deux derniers siècles d’histoire américaine, où aucun accord n’a pu être trouvé sur la manière dont les institutions sociales de base doivent être organisées pour respecter la liberté et l’égalité des citoyens en tant que personnes morales. Le souci de Rawls n’est pas de trouver des principes de justice universels mais des principes appropriés à des sociétés modernes comme celle des États-Unis. Ce rétrécissement du champ couvert par sa théorie est en relation importante avec la façon dont Rawls comprend le but de la philosophie politique. Le but de celle-ci, affirme-t-il, est de formuler et d’expliciter les notions et idées partagées qui sont latentes dans le sens commun ou, si le sens commun est incertain, de lui proposer certaines conceptions et certains principes qui sont en harmonie avec ses convictions les plus essentielles et avec ses traditions historiques. Cette conception entraîne une nouvelle interprétation du rôle que joue la position originelle dans la théorie morale de Rawls. La position originelle, suggère-t-il maintenant, représente non une manière d’évaluer la rationalité de théories morales (universelles) concurrentes, mais une manière de donner un cadre aux normes du “ raisonnable ” qui sont en vigueur dans une société démocratique moderne. Le choix rationnel des principes de justice dans la position originelle n’est donc pas un choix abstrait c’est un choix gouverné par les normes les plus profondes de la société quant à ce qui est “ raisonnable ”. À la fin des années 1980, toutefois, Rawls a présenté son abandon de l’universalisme en des termes plus nets, en rejetant explicitement (adjectif “ kantien ”). Il envisage maintenant le problème principal que sa théorie tente de résoudre comme celui de la diversité morale et religieuse au sein de la société politique. Si les principes politiques doivent servir une société marquée par une telle diversité, toute adhésion à des valeurs substantielles telles que l’autonomie (kantienne) ou l’individualité (de Mill) réduirait la capacité de tels principes à réunir un consensus de soutien. Pour construire un consensus par recoupement en vue d’obtenir une unité sociale stable dans la société politique, il faudrait abandonner tout engagement vis-à-vis d’une théorie compréhensive. Les principes de justice devraient être
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défendus non parce qu’ils soutiennent certains idéaux moraux compréhensifs, mais parce qu’ils protègent un idéal politique plus englobant. Le but ultime de Rawls est de formuler un libéralisme politique – une conception du libéralisme dont le cœur soit une théorie de la justice qui soutient des institutions politiques tolérant une diversité d’idéaux moraux et religieux dans une société stable. Ces distances prises par rapport à l’idéal initial continuent de susciter des réponses critiques, qui viennent s’ajouter à un volume déjà impressionnant de commentaires sur l’œuvre rawlsienne. Rawls lui-même continue de revoir et de raffiner sa philosophie morale, et tente de déterminer si ses principes moraux sont susceptibles d’une application plus large aux autres sociétés. l “ Outline of a decision procedure for ethics ”, Philosophical Review, 60, 1951 . — “ Justice as Fairness ”, Philosophical Review, 57, 1958. — “ The sense of justice ”, Philosophical Review, 62, 1963. — “ Distributive justice ”, in LASLETT P. & RUNCIMAN W. G. éd., Philosophy, Polifics and Society, 3e série, Oxford, Basil Blackwell, 1967. — A Theory of Justice, Oxford, Univ. Press, 1971 (trad. fr. C. Audard, Théorie de la justice, Paris, Le Seuil, 1987). — “ Kantian constructivism in moral theory ”, The Journal of Philosophy, 88, 1980 (trad. fr. in AUDARD C. éd., 1993, 71-152). — “ Justice as fairness : political not metaphysical ”, Philosophy and Public Affairs, 14, 1985 (trad. fr. in AUDARD C. éd., 1993, 203-242). — Political Liberalism, New York, Columbia, 1993 (trad. fr., Le Libéralisme politique, Paris, PUF, 1995). — “ The law of peoples ”, in SHUTE S. & HURLEY S. éd., On Human Rights. The Oxford Amnesty Lectures 1993, New York, Basic Books, 1993 (trad. fr., Le Droit des gens, Paris, Éditions Esprit, 1996) avec HABERMAS J., Débat sur la justice politique (1995), trad. R. Rochlitz, Paris, Le Cerf, 1997. u AUDARD C. éd., Justice et Démocratie, Paris, Le Seuil, 1993. — AUDARD C., DUPUY J.-P. & SÈVE R. éd., Individu et justice sociale : autour de John Rawls, Paris, Le Seuil, 1988. — BARRY B., 1973, The Liberal Theory of Justice, Oxford, Univ. Press. — BIDET J., John Rawls et la théorie de la justice, Paris, PUF, 1995. — DANIELS N. éd., Reading Rawls, Critical Studies of A Theory of Justice, Oxford, Blackwell, 1978. — DUPUY J.-L., Le Sacrifice et l’envie. Le libéralisme aux prises avec la justice sociale, Paris, Calmann-Lévy, 1992. — FERRY L.-M., Philosophie de la communication 2. Justice politique et démocratie procédurale, Paris, Le Cerf, 1994. — HARSANYI J., Essays on Ethics, Social Behaviour and Scientific Explanation, Dordrecht, Reidel, 1976. —KUKATHAS C. & PETTIT P., Rawls. A Theory of Justice and Ils Critics, Oxford, Polity Press, 1990. — MESURE S. & RENAUT A., Alter Ego. Les paradoxes de l’identité démocratique, Paris, Aubier, 1999 (chap. I). — NOZICK R., Anarchy, State and Utopia, Oxford, Blackwell, 1974 (trad. fr., Anarchie, État et Utopie, Paris, PUF, 1988). — RAWLS J., Lectures on the history of moral philosophie, éd. Barbara Herman, Cambridge, Mass., Harvard Univ. Press, 2000. — REATH A., HERMAN B. & KORSGAARD C. M. éd., Reclaiming the history of ethics : Essays for John Rawls, Cambridge/New York, Cambridge Univ. Press, 1997. — SANDEL M., Liberalism and the Limits of Justice, Cambridge, Univ. Press, 1982. — VAN PARUS Ph., Qu’est-ce qu’une société juste ? Introduction à la pratique de la philosophie politique, Paris, Le Seuil, 1991. — WOLFF R. P., Understanding Rawls. A Reconstruction and Critique of A Theory of Justice, Princeton, Univ. Press, 1977. — Coll. : “ John Rawls, le politique ”, Revue de métaphysique et de morale, no 1, 1988. — “ Le
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