Philippe Guillemant - La Route Du Temps PDF [PDF]

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Zitiervorschau

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Philippe Guillemant LA ROUTE DU TEMPS Théorie de la double causalité

Aux véritables puissances intelligentes qui savent que l ’A mour est la Clé

À mes enfants Antoine et Lambert.

LA ROUTE DU TEMPS Théorie de la double causalité

Les chiffres entre crochets [ ] Renvoient à la bibliographie située page... Le signe * renvoie au glossaire, page...

© Éditions Le Temps Présent 2014 ISBN : 2-35185-163-0 SARL J MG éditions 8, rue de la mare 80290 Agnières tel. 03 22 90 11 03 fax. 03 22 90 17 28 email :[email protected] www. parasciences. net

Avant-propos à la nouvelle édition 2014

Lorsqu’en 2009 j ’ai mis la dernière touche à la première édition de ce livre, j ’étais loin de me douter que dans les quatre années qui allaient suivre jusqu’à aujourd’hui, les idées audacieuses que j ’y avançais allaient être de façon tout à fait indépendante reprises par la commu­ nauté scientifique internationale dans plusieurs publications, livres et conférences de physiciens « mainstream » à la crédibilité incontestée. Les idées en question étaient manifestement dans l’air et « La Route du Temps » était donc parue au bon moment, celui où sans être margi­ nalisé l’on pouvait enfin prendre au sérieux des concepts comme: « Le futur est déjà là », « Le futur influence le présent » ou encore « Le pré­ sent influence le passé ». Il ne s’agit pas encore de vérités scientifiques établies, mais ces concepts sont devenus recevables parce que la vision usuelle que nous avons du temps est aujourd’hui clairement contredite par la science: la réalité ne se crée pas dans le présent, car il n ’existe nulle part un « front du présent » avant lequel tout serait créé et après lequel rien du tout. Ce « front du présent » est aujourd’hui clairement considéré comme une illusion purement liée à notre conscience, et il s’ensuit la nécessité de réviser totalement cette vision simpliste du temps. C ’est ce que j ’ai fait et que je réaffirme dans cette nouvelle édi­ tion en allant encore plus loin, dans une nouvelle et cinquième partie indépendante où je décris un « territoire de la pensée » beaucoup plus

vaste et escarpé qu’on le croit, qui s’harmonise très bien avec cette « Route du Temps » déjà très montagneuse. L’accueil enthousiaste qu’a reçu la première édition m’a conduit à accepter de donner depuis 2010 une douzaine de conférences, cer­ taines à contenu scientifique comme à l’Institut Métapsychique Inter­ national (2011) ou à l’Institut de France (2012), d’autres à contenu plus accessible au grand public et notamment dans le cadre de festivals comme « Chimeria » (2012) ou « Spiritualité en Pyrénées » (2013). La nouvelle partie de ce livre présente une synthèse de ces conférences comme si je n’en avais fait qu’une, en conservant le langage parlé autant que possible, plus facile à retranscrire et plus vivant, et en repor­ tant dans les questions ce que je n’ai pas inclus dans la synthèse afin de ne pas en alourdir le contenu. Elle se termine par des propositions iné­ dites et révolutionnaires sur l ’évolution de l’espace-temps et des espèces vivantes, qui auraient de quoi faire sortir Darwin de sa tombe, mais il fallait que j ’enfonce le clou jusqu’au bout. Les autres parties du livre sont inchangées, à l’exception du chapitre IX (être ou ne pas être) que j ’ai refondu pour le rendre plus clair, et de retouches apportées aux chapitres de la première et de la seconde partie dans le but de les allé­ ger, car la lecture en était assez ardue. Les deux premières parties ont pour but de déconstruire des notions délicates comme l’irréversibilité du temps, un constat caduc à mon sens, pour amener le lecteur à transformer radicalement sa vision du temps au travers d’un raisonnement le plus implacable possible, afin qu’il puisse trouver rationnelles des idées comme celle de « traces du futur » et surtout l’idée selon laquelle nos pensées, en particulier nos intentions, ont nécessairement une influence sur la création de la réa­ lité, bien avant nos actes. J’ai surtout voulu montrer qu’il n’est pas nécessaire de faire appel à la mécanique quantique, encore trop obs­ cure pour le commun des mortels, pour comprendre que nous créons bel et bien notre réalité par nos pensées, mais que cette construction concerne notre futur et non pas notre présent, contrairement à ce qu’une interprétation naïve du rôle de l’observateur en mécanique quantique, exploitée par la pensée « New âge », tendrait à nous faire croire.

La troisième partie de ce livre est consacrée à la description et à l’ana­ lyse critique de mes expériences personnelles en matière de coïnci­ dences étranges et surtout de synchronicités, ces dernières résultant d’une véritable expérimentation que j ’ai décidé de mener sur moimême après avoir découvert pourquoi et comment il était possible de les provoquer. J’en ai tiré une sorte de guide à la fois pratique et spiri­ tuel, affiné dans la cinquième partie sous l’intitulé « télécommande de l’espace-temps » et destiné au lecteur qui voudra tenter de reproduire mon expérience, ce qu’ont déjà fait avec succès plusieurs lecteurs de la première édition. La quatrième partie tire enfin les conséquences de la théorie de la double causalité sur notre vision de l’espace-temps. Il s’ensuit une véritable révélation sur notre rôle créateur au sein de l’univers, un rôle qui implique que notre nature première est d’essence spirituelle et que cette essence, l’amour au sens épuré du terme, n’est pas un produit de la chimie du cerveau mais quelque chose d’encore plus fondamental que la gravitation ou la lumière, externe à notre espace-temps et directement lié à notre libre arbitre. Paradoxalement, à cause du chamboulement de sa vision du temps, la physique est aujourd’hui confrontée à l’inévitable ésotérisme d’une vision matérialiste du monde qui prétend que le libre arbitre de l’homme est illusoire et qu’en conséquence, notre conscience ne pour­ rait en aucune manière influencer directement le cours des événements à venir. Il s’agit là d’une croyance purement déterministe qui conduit les physiciens qui s’y accrochent à affirmer des choses encore plus impensables telles que : il existerait des myriades d’univers parallèles où nous pourrions avoir une quantité astronomique de doubles de nous-mêmes tout à fait conscients, ou alors: notre univers est un espace-temps à jamais figé qui s’est créé d ’un seul coup, du big-bang jusqu’à la fin des temps, que nous ne faisons que visiter sans pouvoir rien y changer. Aujourd’hui les matérialistes cohérents sont ainsi coin­ cés entre d’un coté l’extravagance de leur vision du multivers et de l’autre coté le créationnisme de leur vision de l’espace-temps. Il est donc grand temps de laisser tomber le déterminisme scientifique, sorte de machisme scientifique devenu irrationnel mais qui nous a tout de même enfermés peu à peu dans un « parc de la pensée » abêtissant, qui pourrait nous transformer en machines, si ce n’est en bétail.

La crise actuelle de notre société est ainsi, sans nul doute à mon sens, directement liée à la fin maladive d ’un matérialisme qui exhibe ses derniers râles, comme celui de notre illustre Stephen Hawking [1] lorsqu’il prétend que la philosophie serait morte, que nous serions des machines et que nous n’aurions pas besoin de Dieu. La bonne nouvelle est que ces idées ne passent plus et que l’on peut compter, j ’en suis certain, sur la communauté scientifique - en tout cas la francophone pour renverser cette vision dépassée et accoucher d’un nouveau para­ digme qui va profondément transformer l’homme et lui faire découvrir sa nature spirituelle. Bien entendu, cela ne va pas se faire en un jour mais une autre bonne nouvelle, c’est que nous n’aurons peut-être pas besoin d’attendre de nouvelles découvertes en physique pour accélérer ce mouvement libérateur. D’ores et déjà, la nouvelle physique de l’in­ formation qui vient de naître nous amène au seuil de maturité de nou­ velles technologies de l ’inform ation - pour ne pas dire de la conscience - qui vont obliger l’homme à se rendre compte dans sa pro­ pre expérience du pouvoir créateur de son mental. L’une des amorces qui ont déjà commencé à prendre feu, ainsi qu’en témoigne Jacques Vallée qui fonde avec conviction cette nouvelle phy­ sique sur la double causalité [51], va sans doute contribuer à l’explo­ sion de ces nouvelles technologies dans les années qui viennent. Cette amorce a son origine dans ce livre : elle est issue de la capacité intrin­ sèque que nous avons à provoquer des coïncidences étranges, des hasards extraordinaires qui introduisent de la magie dans notre vie et qui pourraient aller jusqu’à réenchanter le monde lorsque nous aurons enfin intégré leur nature. Ainsi ce livre est avant tout un chemin de ran­ donnée pour guider les vrais rationalistes en dehors du parc de la pen­ sée, afin de les amener à contempler le vrai territoire de la raison, puis découvrir enfin la spiritualité en faisant l’expérience de la synchronicité.

Introduction Où l ’on suggère qu’un dialogue instinctif avec la nature peut nous aider dans l ’exercice de notre libre arbitre.

La Route du Temps est une petite route de montagne, sinueuse et inter­ minable, qui traverse la réserve géologique de Haute-Provence depuis la cité médiévale de Sisteron jusqu’à la vallée de l’Asse, en passant à proximité de la ville de Digne. En dehors de son intérêt géologique et surtout de l’époustouflante beauté des paysages qu’elle traverse, cette route possède un intérêt très particulier, en ce qu’il est conjecturé par les historiens qu’elle est censée mener à la cité de Theopolis, dite encore « Cité de Dieu », cette fameuse cité de Saint Augustin que nul n’a pourtant jamais encore découvert, malgré de nombreuses fouilles en ces lieux : cette conjecture tient en vertu des informations contenues dans une gravure romaine du Ve siècle, taillée dans une roche du défilé de « Pierre Écrite », qui constitue en quelque sorte le « sas d’entrée » de la réserve géologique. Ce mystère de la Route du Temps n’est que l’un des attraits parmi tant d’autres qui habitent ses paysages enchanteurs: ses étonnants fossiles, ses roches suggestives, ses pierres « magiques », ses yourtes cachées dans les hauteurs, sa faune surprenante et ses énigmatiques habitants à la personnalité accentuée par la lumière exceptionnelle des lieux, constituent autant de particularités qui donnent un sens énigmatique à son parcours. Et ceci d ’autant plus que les rares rencontres que l’on

peut y faire semblent revêtir une signification, comme dans un jeu de rôle où chacune aurait à nous suggérer des indices pour la suite de notre périple. Son relief de moyenne montagne, entre cinq cent et deux mille mètres d’altitude, exceptionnel par la grande richesse d’itinéraires de traversée de la réserve qu’il procure, nous confronte à de multiples choix de sen­ tiers. En randonnant dans ces lieux j ’ai constaté le pouvoir de ressourcement intérieur apporté par de telles marches au cours desquelles on ne sait jamais exactement où l’on va ni ce que l’on va trouver. Généra­ lement, en suivant l’itinéraire de plus grande pente, et après plusieurs heures de montée, permettant enfin à l’esprit de se déconnecter de toutes ses tensions physiques, je devenais enfin réceptif à la nature environnante. Elle prenait alors le relais de mon corps pour apporter des réponses à mes questions intérieures, comme une sorte d’écho du mental. Cette sensibilité nouvelle me récompensait à elle seule de l’ef­ fort effectué pour parvenir en ces lieux, et à chaque fois de façon inat­ tendue. Car on oublie souvent les vertus de la randonnée, qui dépas­ sent largement l’acte sportif en recentrant l’esprit dans une situation saine et libérée. Intérieurement comme extérieurement, l’altitude nous élève et notre vision s’élargit: le sens de notre vie s’éclaircit, ou réap­ paraît même, comme si notre intuition ainsi nourrie reprenait les rênes du mental. Un apprentissage des moyens de contourner ses difficultés, intérieures comme extérieures, nous est ainsi offert par la nature à tra­ vers la révélation d’un éventail de possibles insoupçonné, présenté à l’« être vivant » que nous sommes, comme un défi à rechercher en luimême puis à éprouver sur le terrain de l’entraînement intuitif, l’attitude juste qu’il recherche dans son cheminement réel de vie. Bien plus qu’altitude et visibilité, la solitude et la difficulté qui mar­ quent la randonnée procurent un effet de recentrage sur soi-même, anoblissant la vie intérieure à la manière d ’un itinéraire initiatique. Parmi ces difficultés, la dénivellation récompense le mieux l’effort qu’elle sollicite. Les autres obstacles symbolisent des problèmes éter­ nels, des plus quotidiens jusqu’aux plus longs à franchir: roches, épi­ neux, forêts denses, cascades, barres rocheuses, sentiers ambigus offrent cependant dans cette nature, pourvu qu’on les recherche, des

possibilités de contournements inespérées. Ils agissent ainsi comme autant d ’invitations à trouver de nouvelles conditions d’adaptation dans notre vie. Une leçon inattendue de cette moyenne montagne, probablement due à sa richesse et à sa diversité : la nature nous y apprend que tout problème contient sa solution, dès lors qu’on est prêt à admettre son existence et à écouter sa signification, pour ensuite contempler sereinement les autres possibilités de trajet qui s’offrent à nous. Seraient-ce donc les vertus de cette montagne, qui par le spectre de ses nuances ont toujours à nous offrir la douceur de multiples compromis ? Ou la majesté des lieux avec son profond silence, qui donne la sensa­ tion qu’un troisième œil suit notre cheminement et s’apprête à tout moment à nous suggérer une orientation ? Dans les situations les pires comme dans les meilleures, une rencontre inattendue s’invite parfois à la réflexion, semblant agir comme un signal qu’une étape se termine et que nous devons en franchir une autre. Dans l’intervalle de cette ren­ contre, notre programme peut changer subitement, ou prévoir une évo­ lution ultérieure, ou simplement intégrer une donnée utile à la pro­ chaine bifurcation. Car comme une sorte de confirmation que la ren­ contre était planifiée d’avance par l’univers, à cette prochaine bifurca­ tion le choix se révélera évident, comme si un aiguillage avait été actionné. Parfois, c’est simplement la météo qui nous oriente ou nous contraint par encouragement ou dissuasion, simulant nos conditions de décision selon notre humeur. Ou bien ce sont des « signes » directe­ ment fournis par la nature, effets optiques d’ombre et de lumière ou effets dynamiques, bruissements dus au vent ou à des passages d’ani­ maux, qui s’offrent à nous comme autant d’avertissements, et influen­ cent invariablement notre périple, sans que nous osions sérieusement nous l’avouer à nous-mêmes. Ainsi c ’est souvent le hasard des rencontres qui nous oriente sur la Route du Temps, rencontres de pierres qui parlent [17], de phéno­ mènes naturels ou d’êtres vivants. Ce même hasard qui change notre vie réelle lorsque nous rencontrons notre future compagne, notre futur employeur ou un futur ami. Mais comment se fait-il qu’il nous faille ainsi attendre de cheminer en pleine nature pour mieux cerner le sens

caché des rencontres les plus significatives de notre vie, celles qui don­ nent un autre sens au hasard? Serait-ce parce qu’il est plus facile de saisir les choses lorsque l’on y est impliqué d’une façon plus détachée, plus légère ? Ayant ainsi vécu toutes ces rencontres et aventures sur la Route du Temps comme autant de symboles ou de signes m’ayant permis de mieux comprendre ma vie entière tout en ressentant que j ’avais franchi un stade d’évolution personnelle, j ’ai peu à peu réalisé un potentiel insoupçonné de mon libre arbitre. S’agit-il de la transposition d ’une vie quotidienne où des choix majeurs semblaient se présenter à moi presque chaque jour? Toujours est-il que j ’ai développé une capacité d’observation d’éléments de l’environnement n’ayant pourtant rien à voir avec mes problèmes, mais me permettant d ’atteindre un état d’éveil favorable à leur disparition. Et parfois tout simplement, à la seule disparition de leur aspect critique. Mais plus encore, lorsque ces éléments me semblaient agir comme des assemblées de constituants qui parlaient d’une même voix par le langage des coïncidences, il s’en est suivi pour moi une récolte de suggestions utiles à la création de mon propre parcours de vie. Comme lorsque les merveilles, autant que les obstacles de la nature, m’invitaient à les écouter en randonnant, pour se faire le miroir de mes questions intérieures ou l’extension même de mon être, je découvrais qu’en écoutant les événements de ma vie réelle, au lieu de les subir comme des contraintes, de nouvelles voies insoupçonnées s’ouvraient devant moi. Alternative pratique à des choix rationnels mais douteux, ou exacerbation d’une intuition personnelle? Je ne saurais dire, mais toujours est-il que les expériences que j ’en ai tirées ensuite sont allées bien au-delà de tout ce que je pouvais espérer en terme de bénéfice, et je comprenais alors que j ’avais à partager cette chance. Cette chance s’est tout d’abord exprimée par une accumulation de coïncidences extraordinaires, vécues sur la Route du Temps, comme une sorte de confirmation que j ’avais emprunté le bon chemin. Elles m ’ont conduit à prolonger une réflexion profonde sur le sens du temps, que j ’avais déjà entamée depuis des décennies, aboutissant à une sen­ sation intuitive de communion avec les éléments de l’univers, comme

si mon cerveau s’étendait bien au-delà des limites de ma personne. J’ai compris ensuite comment cette sensation, source de bonheur et de confiance dans la vie, pouvait provenir de bien autre chose que d’une illusion. J’ai ainsi été amené, peu à peu, à démonter les mécanismes de choses aussi mystérieuses que le phénomène de synchronicité* (les étoiles* renvoient au glossaire). J’expliciterai ces mécanismes dans ce livre par une double approche de scientifique et de philosophe soustendue par une logique se voulant implacable. Le lecteur pourrait être étonné de constater que science, poésie et spiritualité peuvent faire très bon ménage. Je ne saurais faire l’économie de ce modèle si porteur et si naturel de la Route du Temps afin d’expliquer les choses fondamentales de la vie qu’elle m’a permis de comprendre, aboutissant notamment à réconci­ lier science et foi. La réserve géologique va nous fournir un terrain d’expression métaphorique et symbolique de notre environnement psychique, pour expliquer mais aussi exercer notre potentiel intérieur, en vertu d’un ensemble de correspondances analogiques fortes avec des propriétés du mental: non seulement l’altitude, la fréquentation ou la difficulté de la randonnée, mais aussi la présence d’eau, l’orienta­ tion, la température et les conditions météo, comme nous le verrons plus loin. Nous allons dévoiler dans ce livre les mécanismes d’exercice inédits d’une liberté que nous avons de « programmer » notre avenir, liberté qui exploite des capacités méconnues de notre cerveau, qu’il est infini­ ment plus judicieux de comprendre par ce type de métaphores* que par une approche psycho-scientifique pré-établie. Nous montrerons que nous avons au fond de nous-mêmes un potentiel inexploité, et notamment une faculté d’activation immédiate de l’ave­ nir qui correspond le mieux à nos intentions, parmi les multiples par­ cours possibles de notre vie. Mais emprisonnés dans nos conditionne­ ments* quotidiens, nous ne savons généralement pas exploiter ce potentiel, parce que nos décisions sont encombrées par des concep­ tions erronées en tout genre - sur notre mental, sur l’idée que nous avons de nous-mêmes - et parasitées par des déterminismes variés, notamment des habitudes.

Ainsi les innombrables choix d’itinéraires que l’on peut suivre dans la réserve géologique nous serviront de métaphores pour modéliser, com­ prendre et même expérimenter les mécanismes que nous allons dévoi­ ler. Dans un premier temps, pour simplifier, je résumerai ces possibili­ tés à travers le modèle de l’« Arbre de Vie »*. Nous verrons que la plupart du temps, dans nos vies, nous n’expérimentons pas la richesse de nos choix potentiels, et qu’il est même rare que nous empruntions des sentiers, car nous sommes assaillis d ’idées reçues, de pensées uniques et de conditionnements en tout genre : nous suivons générale­ ment la route goudronnée, ce « tronc principal » de notre vie. Dans cet essai sur le temps, je serai amené à introduire de façon tout à fait rationnelle, au prix d’une première partie escarpée par le renverse­ ment du temps et la logique non causale, le mécanisme incroyable­ ment méconnu d ’une véritable « magie de la vie », en proposant une nouvelle Théorie du Temps, dite « Théorie de la Double Causalité* ». Cette théorie sera ensuite mise en pratique et confrontée à l’expé­ rience, la Route du Temps étant choisie non seulement comme terrain de simulation métaphorique mais aussi d’expérimentations réelles. Je ne ferai nullement appel à des références ésotériques, mais à la logique pure et aux plus récents progrès de la science, en particulier de la physique moderne. Car la Théorie de la Double Causalité est avant tout d’un intérêt scien­ tifique, par sa mise en lumière des résultats les plus curieux de la Théorie de la Relativité*, de la Physique Statistique*, de la Théorie du Chaos* et de la Mécanique Quantique*. Chacune de ces singulières branches de la physique nous apportera son propre éclairage sur le temps, fondé sur les principes de l’irréversibi­ lité*, de la causalité* ou du déterminisme*, dont les portées philoso­ phiques sont essentielles pour permettre à l’homme de trouver sa place dans l’univers. Et de ce point de vue, il faut reconnaître que ces prin­ cipes ont toujours joué un rôle réducteur, allant jusqu’à nier l’existence de notre libre arbitre*. Or, l’authenticité de notre libre arbitre est l’hypothèse la plus fonda­ mentale de la Théorie de la Double Causalité, à laquelle nous ajoutons

une seconde hypothèse non moins fondamentale, selon laquelle l’uni­ vers est déjà réalisé. Ce qui soulève immédiatement cette question : comment rester libre de nos actes dans un univers où notre futur serait déjà réalisé? La réponse sur laquelle repose la Théorie de la Double Causalité est celle de « l’Arbre de Vie »*: notre futur serait déjà réalisé selon de multiples versions ou branches, coexistant simultanément de façon omniprésente, mais à l’état de « potentiels* » non encore vécus. Forts de ces deux hypothèses fondamentales qui se résument dans cette conséquence incontournable, nous allons montrer dans ce livre que le temps a des vertus que l’on peut sans mentir qualifier de « magiques ». Cette référence à la « magie* » que j ’emploie pour parler de « méca­ nismes » du temps a de quoi surprendre, mais compte tenu de ses pro­ priétés extraordinaires, elle est on ne peut mieux choisie pour qualifier le potentiel merveilleux de notre aventure de vie, telle que l’univers nous invite à la vivre, si nous voulons bien élever notre sensibilité et notre mental au niveau de ses lois subtiles, et consentir à devenir alors les magiciens de notre propre vie.

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Le territoire de la pensée

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Gouffre de l'illusion

(Dessin de Bruno Forand)

Première partie Le renversement du temps

I.

L’Arbre de Vie Où l ’on montre que notre parcours de vie peut se schématiser sous la forme d ’un Arbre de Vie personnel, dont l ’ensemble des branches représente notre potentiel de choix par libre arbitre.

Arrivé au sommet de la montagne de Mélan, je m ’assis sur un rocher d’où je pouvais contempler une vue extraordinaire d’une bonne moitié du paysage de la Route du Temps, ce territoire métaphorique de l’es­ pace multidimensionnel* dans lequel s’inscrivait, parmi d’autres, mon Arbre de Vie. Toutes ces montagnes et vallées baignées de lumière qui se dévoilaient enfin à mes yeux, depuis le défilé de Pierre-Ecrite jusqu’à la vallée de Thoar, me paraissaient assez vastes pour symboli­ ser non seulement le potentiel de ma propre vie mais aussi celui d’une infinité d’arbres. J ’attendais mon ami Christian, qui montait à son rythme. Dans la conversation que je venais d’avoir avec lui sur l’Arbre de Vie, il ne pouvait s’empêcher de le considérer comme un arbre de « réincarna­ tions ». Non pas qu’il adhère à cette idée, mais parce que le concept de « vies potentielles » que je tentais de lui expliquer ne lui convenait pas. Pour lui, toute réalité devait pouvoir être vécue. Je m ’allongeais sur le rocher pour me laisser absorber par une sieste méditative. Mon cerveau était en train de me projeter un film. Sur cette vision claire et majestueuse du paysage, vinrent s’incruster au loin, à l’est et au sud, les deux branches ou itinéraires de la route prin­ cipale qui transitaient du défilé en provenance de Sisteron, jusqu’à la

vallée qui s’étalait en direction de Digne. Derrière oi, au nord, je vis se former les nombreux méandres que la nature imposait à la route. J’imaginai deux types de scénarios pour les « touristes » du temps qui arrivaient jusque-là depuis le défilé, pour randonner ou pique niquer. Comme il fallait des heures pour grimper au moindre sommet, la plu­ part s’abstenaient d’une telle marche, et ne s’aventuraient jamais très loin de leur voiture. Dans mon premier scénario, déjà lassés des innombrables virages, ils ne dépassaient pas le col de Fontbelle. Ils profitaient néanmoins de petites aventures de jeunesse qui enrichissaient leur vie autour des sen­ tiers environnants, avant de retourner s’intégrer définitivement dans la civilisation. Dans mon second scénario, ils étaient pressés de filer droit, résolus à réussir leur vie, faisant l’effort de passer le col et de pousser jusqu’à la maison forestière afin d’y retirer leur meilleur diplôme d’études supé­ rieures, puis ils redescendaient laborieusement vers Digne, sans se donner le temps de bifurquer ici ou là pour emprunter le moindre sen­ tier. Ils n’abandonnaient leur véhicule qu’une fois rentrés chez eux, non sans oublier de récupérer armes et bagages accumulés dans le cof­ fre de leur voiture comme autant de conditionnements, idées reçues et principes directeurs en tout genre dont ils ne se débarrasseraient jamais. Je visualisai ces deux possibilités comme les deux scénarios majeurs de la Route du Temps, à travers lesquels avec les mêmes chances au départ, deux types de vie complètement différentes allaient se dessiner. Mais quelque soit le scénario choisi, je réalisai que pour explorer vrai­ ment ce territoire, il fallait nécessairement accepter l’épreuve de la nuit. J’imaginai au mieux une épreuve choisie, par exemple une nuit en camping, en gîte ou en maison d’hôtes, planifiée d’avance pour en maximiser le confort, et issue d’un choix dicté par la raison; ou le choix plus audacieux d’une nuit en bivouac, en yourte ou en camping sauvage, selon le hasard des lieux et des rencontres, qui augmenterait peut-être leurs chances de comprendre les mystères de leur vie et de recevoir les clés d’un bonheur authentique.

Et je voyais enfin, au pire, une épreuve subie, si faute d’avoir anticipé le caractère aventureux d’une quête prise au sérieux, un incident ou une panne quelconque leur rendait finalement le service, d’autant plus douloureux qu’inconscient, d’être contraints à passer une ou plusieurs nuits sur place afin d’y réaliser ce qu’ils avaient décidé de faire de leur vie avant leur naissance. Tout en essayant de comprendre si une intention d’exister, avant même de vivre, pouvait avoir le moindre sens, je me demandai finalement si ce dernier scénario n’était pas après tout le meilleur ! J ’imaginais qu’à partir d’un acte de naissance commun au défilé de Pierre Écrite, l’objectif ultime de toutes ces vies devait certainement se fonder sur la même intention de monter en ces lieux pour y rechercher la Cité de Dieu, ou à défaut de l’atteindre, pour vivre dans l’espoir de la trouver, sachant que cet espoir était fondateur de l’Arbre de Vie de la Route du Temps. Et je me disais que ce seul espoir, accompagné des aventures inédites dont il était initiateur, pouvait même finir par rendre l’objectif ultime de cette quête presque secondaire. C ’est ainsi que faute de se rappeler le véritable sens de notre propre vie, je voyais irrémédiablement s’installer sur son trône, le pape luimême et toute sa suite, chargés de nous rappeler que nous sommes des enfants de Dieu. Il s’ensuivait qu’après s’être incarnés à Pierre Écrite, la plupart des visiteurs de la Route du Temps se débarrassaient finalement d ’autant plus vite de leur quête, qu’on leur indiquait dès leur premier cycle d’études à Saint-Geniez, où se trouvait le haut lieu de pèlerinage qui suffirait à faire d’eux de bons hommes. Dans ce village incontournable où un tas d’informations contradic­ toires avaient pour habitude de circuler sur tout et n’importe quoi, et notamment sur l’endroit supposé de la Cité de Dieu, il était difficile de ne pas se laisser conter les dires et les écrits les plus influents qui la situaient près de la chapelle de Dromon. Il suffira qu’un ouvrage apparemment sérieux publié sur cette question en indique le site, pour que de fervents croyants y effectuent leur pèle­ rinage, tels les convertis d ’une religion qui prétend connaître Dieu,

rêvant d’assister peut-être à une apparition de Theopolis à l’emplace­ ment indiqué. Car la Route du Temps recèle un véritable mystère, au-delà de cette petite chapelle de taille tout juste suffisante pour héberger une simple crèche, et qui ne s’étend que devant la nature la plus sauvage: aucune cité à l’horizon ! La cité ce serait-elle un jour évanouie du site comme par enchante­ ment, telle une sorte de petite Atlantide qui aurait été détruite puis recouverte par l’étrange lande qu’on observe au Dromon ? Entraînée par ce mythe, la vie la plus fréquemment vécue et la plus simple, d ’un touriste du temps apparaissant en ce défilé de Pierre Écrite, consistait à suivre la route principale qui relie Sisteron à Digne pour s’arrêter juste en face de Dromon. Là, il se réjouissait d’un seul coup d’œil ou d’un clic d’appareil photo, d’avoir accompli son princi­ pal objectif avant de redescendre par le chemin le plus direct pour occuper le reste de sa vie à l’altitude la plus basse. Car face à cette lande au relief extraordinaire, l’imagination peut com­ bler aisément toute foi et apporter une sensation de plénitude absolue. S’arrêter là a l’avantage de soulager d’expériences aventureuses qui consisteraient, en explorant d’autres chemins, à rechercher seul la voie qui mène à sa propre idée de (la cité de) Dieu. Une telle peur de vivre, ou une telle ignorance du sens de la vie, si elle se généralisait, pourrait avoir pour conséquence la revisite systématique d’une même vie tou­ jours selon le même scénario, avec des variantes insignifiantes, telles que des balades à droite et à gauche pour prendre l’air et ramasser quelques champignons. À un tel régime, l’Arbre de Vie de la Route du Temps pourrait être rapidement réduit à un ersatz de squelette dont il ne resterait plus que quelques morceaux de colonne vertébrale. Et il ne serait pas très recommandé à un nouveau visiteur ayant un potentiel un peu plus évo­ lué, sous peine de passer sa vie à défricher pour ses successeurs, de s’incarner dans cet Arbre de Vie. Mais la recherche du droit chemin, la peur de vivre ou le divertisse­ ment touristique sont loin d’être les seules façons de rendre nos arbres de vies squelettiques. La recherche de la sécurité, la paresse et le

conditionnement social ont tout autant tendance à rendre nos vies dénudées, sans pour autant les débarrasser d’écueils. Ainsi certains pourront finir accidentellement dans un ravin à quelques centaines de mètres en contrebas de la chaussée, comme un cadre subi­ tement licencié qui finit chômeur en fin de droits et ne croit plus en rien, même pas dans la « chance » de se retrouver ainsi démuni. D ’au­ tres accidentés de la vie dont la foi aura été au contraire poussée à l’ex­ trême, pourront se retrouver dans l’un des nombreux couvents envi­ ronnants, les vastes espaces vierges de cette région montagneuse étant très propices à une retraite spirituelle. D ’autres, plus instruits sans pour autant croire en l’existence de Theopolis, fileront droit en sécurité maximale, avec une peur grandissante à chaque virage, sans vraiment croire à l’existence de Theopolis, et finiront rassurés à Digne dans une maison - de retraite - de notre civilisation. Quelques-uns parmi les filant droit les plus ambitieux, réussiront à ne pas se laisser happer par la civilisation pour aller se retirer encore plus au sud, au pied du massif des gorges du Verdon, croyant avoir fait le maximum pour se rapprocher de Theopolis, en atteignant l’une des extrémités de la route principale. Car on ne sait pas exactement où finit cette route. On sait seulement qu’elle continue quelque part en direc­ tion du sud des Alpes de Haute-Provence, et que plusieurs villages revendiquent son extrémité. Pourtant, pour réussir notre vie rien ne nous oblige à parcourir cette route jusqu’à son extrémité sud, sinon la société. C’est elle qui nous incline vers un tel schéma simpliste. Bien d’autres chemins parcourent de plus grandes distances encore sur un itinéraire beaucoup plus com­ plexe, mais nos conventions sociales les ignorent pour privilégier une seule voie royale, celle qui nous permet d’avancer vite et loin. Finalement, quel que soit le scénario nous faisant fuir et oublier la dimension* verticale pour rejoindre les plaines, notre vie se caractéri­ sera par l’absence de liberté authentique et de toute sensation de « chance ». Nous deviendrons avides de divertissement pour compen­ ser l’ennui qui en résulte, et nous continuerons de rechercher ce diver­ tissement ailleurs que dans la quête de Theopolis. On voit donc que toutes ces façons de vivre qui nous évitent de faire face à l’inconnu

hors des sentiers battus, ne font que justifier le mythe d’une Theopolis inatteignable, et la remplacer par une création de notre imagination. Tout à coup, le mouvement d’un mouflon dans mon champ de vision voilé par mes pensées m ’extirpa du monde imaginaire pour me faire revenir dans la réalité. Par chance, j ’étais immobile, caché par quelques feuillus et le vent était en ma faveur. Le mouflon ne pouvait pas me voir. Je sortis doucement mon appareil photo de mon sac à dos et commençai à viser le mouflon. D ’un seul coup, alors qu’il broutait tranquillement, il se mit à se dresser sur ses pattes comme s’il avait senti qu’un danger le menaçait. Au moment exact où j ’allais prendre la photo, il bondit en arrière et sortit de mon viseur. Raté ! J’avais l’impression très nette que le mou­ flon avait pris mon appareil pour un fusil et détecté mon intention. Après qu’il ait totalement disparu, je vis arriver Christian, essoufflé par la montée. Avec toute la mauvaise foi de quelqu’un qui se mentait consciemment à lui-même, je lui dis : - Tu m’as fait rater un mouflon. U t’a senti et il s’est enfui ! - Ah flûte, mais tu sais quoi, regarde là-bas. Tout à l’heure j ’ai vu un troupeau de chamois. Il m’indiquait le sommet de Cluchette mais le troupeau avait disparu. En même temps qu’il s’approchait de mon rocher, faisant mine de le contourner, il était fasciné par les contours de la mer de nuages qui s’était formée en bas, le long de la rivière du Vançon. - Oh qu’est ce que c’est beau ! Dis-moi Philippe, ton histoire d’Arbre de Vie... Tu vois bien, ici on arrive à un cul-de-sac ! On ne peut plus avancer ! Notre vie est finie ! J’étais encore en train de scruter Cluchette, malgré le soleil qui faisait à ma droite miroiter les rochers de sa falaise en surplomb, aveuglante par endroits. Christian s’approchait toujours, ne semblant pas voir que deux mètres plus loin se présentait à lui un décroché, avec un autre vide. Il aurait été dangereux qu’il avance d’un seul mètre de plus pour contourner mon rocher. - Stop ! N ’avance pas plus loin, ce serait du suicide !

Il amorça un mouvement de recul, puis s’assit sur un autre rocher, plus en sécurité. - Oh là. Où tu t’es installé, c’est très dangereux ! C ’est bien ce que je te dis : il n’y a plus qu’à se suicider ! J ’allais devoir défendre mon modèle du temps: « Bien sûr que non, puisqu’on va redescendre ». - Par le même chemin ? Ca reviendrait à remonter le temps ! J’attendais cette réponse, content que notre conversation ait capté l’at­ tention de Christian. Pour moi, il représentait un auditoire ayant du répondant, car il avait un côté très rationnel et pragmatique en même temps qu’une réelle ouverture spirituelle, tout à fait à l’opposé. Il don­ nait d’ailleurs des conférences sur le bouddhisme. Je lui répondis : « Pas du tout ! Même en redescendant par le même chemin, la vie continue dans le sens du temps, mais complètement dif­ férente. Tu ne renouvelles pas tes acquis, c ’est tout. » Au fur et à mesure de mes explications, le visage de Christian s’éclair­ cissait. À l’âge de la retraite, les principaux sommets de sa vie étaient derrière lui. Je lui expliquai que d’après cette Théorie du Temps sa vie serait beaucoup plus facile maintenant, qu’elle se déroulerait sans efforts, que sa descente ne lui ferait pas vivre les mêmes choses, qu’il conserverait la force de l’expérience, de la sensation du devoir accom­ pli, et qu’il repasserait par les mêmes niveaux mais avec un autre rôle à jouer, ne serait-ce que celui d’informer ceux qui le croiseraient en montant. Et puis, je lui rappelai qu’il y avait bien d’autres manières de descendre pour préparer sa retraite, l’important étant de ne pas arriver trop bas pour éviter de se fondre dans l’uniformité. - Alors toutes tes vies parallèles depuis ta naissance à Pierre-Ecrite, il faut qu’à chaque fois tu les revives avec des variantes ? - Mais non, pas du tout, je ne t’ai jamais parlé de réincarnation ! Christian ne comprenait pas très bien mon histoire de vies parallèles potentielles, et aurait préféré que je lui parle de réincarnations. Je lui avais expliqué que la théorie de mon livre reposait sur l’hypothèse que notre espace-temps « physique » à quatre dimensions* s’englobait dans un univers multidimensionnel bien plus vaste, où nous pourrions avoir de nombreuses vies parallèles. Cette hypothèse était aussi une

conclusion de la Théorie des Cordes, la plus élégante que la physique ait jamais produite à ce jour, bien que non soumise à l’expérience. Et elle était également, indépendamment des cordes, la meilleure inter­ prétation que l’on puisse faire de la mécanique quantique, selon de nombreux physiciens. Pour faciliter la représentation d’un tel espace au plus proche de ses incidences sur notre vie humaine, la métaphore de la Route du Temps s’était imposée à ma réflexion comme une alternative plus riche que le schéma de l’Arbre de Vie. Mais j ’avais besoin de cette simplification schématique consistant à symboliser notre vie par un arbre des possi­ bles, afin de définir tout le potentiel de vie qui nous concerne person­ nellement. Devant l’air dubitatif de Christian, je fis une concession : - Bon, mais si tu crois en la réincarnation, tu peux toujours t’imaginer que d’autres que toi se réincarnent dans ta propre vie! Et là, tu seras plus proche de la vérité. En disant cela, je pensais que je n’avais pas du tout envie, dans le cas où je me réincarnerais vraiment, de passer mon temps à construire moi-même mon arbre de vie ! D ’après moi, il se construisait tout seul ! Et il n’avait même pas besoin de l’aide des autres, puisque les diffé­ rents potentiels dont il était constitué dans le futur se créaient automati­ quement dans le présent en fonction de mon éventail de choix. Cependant je ne pouvais ignorer totalement l’hypothèse que mon exis­ tence actuelle pourrait être effectivement « rejouée », car mon libre arbitre accordait du sens à cette hypothèse, en faisant de chaque exis­ tence « incarnée » une nouvelle occasion de modifier mon arbre de vie, tel un arbre qui pousse réellement. Mais cette hypothèse n’était pas nécessaire à ma théorie: je pouvais très bien n’avoir qu’une seule vie, la mienne, vécue une seule fois, il n’en restait pas moins que mon Arbre de Vie pouvait encore se déve­ lopper pleinement en reflétant, instant après instant, toutes mes multi­ ples existences potentielles déjà « mémorisées » dans l’« espace » ! On comprend néanmoins pourquoi il m ’était difficile de faire passer cette notion de vies potentielles sans tomber dans l’hypothèse de la réincarnation. Non pas qu’elle soit à écarter définitivement, mais cette

théorie n’en avait pas besoin. Bien qu’elle ait de l’intérêt, l’idée de pouvoir « rejouer » une vie déjà existante gênait la compréhension de l’existence de potentiels multiples non vécus mais néanmoins bien réels. Mais Christian ne voulait pas entendre parler de ces potentiels. Avec ma réponse faisant preuve d’ouverture, j ’avais capté son attention: - Là tu m’intéresses ! Là je te suis ! Ma concession avait porté, aussi je lui précisais : - Essaye d’oublier la réincarnation. Je ne suis pas contre, mais je veux juste t’expliquer que notre Arbre de Vie existe, même si aucune vie n’y a encore jamais été vécue, même si personne ne s’y est incarné. » Mais Christian ne m’écoutait plus. Concentré sur la concession que je venais de faire en faveur de la réincarnation, il était en train de simuler ses propres choix de vie à partir du défilé. En essayant d’anticiper ses réflexions, je me disais que chaque nou­ velle branche de l’arbre, chaque bifurcation* sur la Route du Temps, pouvait parfaitement symboliser des choix potentiels, et qu’importe le fait de savoir de quelle vie il s’agissait, de la vôtre ou de la mienne, jamais vécue ou au contraire déjà vécue de nombreuses fois selon une infinité de variantes. Elles avaient simplement comme point commun la même naissance, toujours en ce défilé, car Pierre-Ecrite était le seul passage obligé de la route, le tronc principal de l’Arbre. Une seule « référence » vécue à cet endroit suffisait à les faire exister en totalité. En ce lieu que j ’appelais la Porte du Temps, notre naissance était accueillie par le relief imposant des lieux, un changement de végéta­ tion et l’annonce que nous entrions dans la réserve géologique de Haute-Provence. Puis nous continuions notre montée à travers une val­ lée qui nous emmenait jusqu’au premier hameau de la route. Christian me faisait alors remarquer que par une amusante coïnci­ dence, tout semblait aménagé dans ce hameau pour attirer des enfants en bas âge : ancienne bergerie aux décors de crèche, parc animalier... - C’est marrant ton truc. Ca marche ! Et les études à Saint-Geniez ! Ah Ah ! Ca explique pourquoi l’école fait autant d’histoires ! Mais ce qui l’intéressait, c ’était la première bifurcation qui suivait après ce village, lui proposant un choix à faire.

- Donc si je continue tout droit et ainsi de suite ma vie devient celle que j ’ai choisie, celle d’un aviateur. Mais si lorsque j ’y repasse, je vire à droite vers Sorine, en fait ce n’est plus moi, car si c ’était moi, je n ’aurais pas changé mon choix ! Car sinon je n ’aurais pas fait d’études ! C’est ça que tu veux dire ? - On peut voir les choses comme ça ! Les remarques de Christian commençaient à atteindre une certaine cré­ dibilité. Il se posait ici une question embarrassante. Car une éventuelle « croissance de notre Arbre de Vie » semblait cautionner de façon sous-jacente la réincarnation. Notre Théorie du Temps nous amènerait-elle inévitablement vers une telle conclusion ? Les vies multiples susceptibles d’être « vécues » dans un Arbre de Vie semblaient amener à cette conclusion par les questions suivantes : toutes les vies de notre arbre ne pourraient-elles pas avoir été déjà vécues, plutôt que de se présenter comme des vies potentielles? Et dans le cas où elles auraient été réellement vécues, par qui l’auraientelles été, et quand le seraient-elles à nouveau ? Il est évident que nous ne pouvons pas vivre toutes les vies d’un tel arbre en même temps et qu’une seule de ces vies correspond à notre destinée. Cependant, il serait plus délicat de prétendre que nous nous réincarnons dans cet arbre ou que quelqu’un d’autre s’y réincarnerait. Tel n’est pas notre propos et dans ce livre, nous essaierons de nous maintenir sur une version « minimaliste » de cette Théorie du Temps, en éliminant toute hypothèse inutile, et surtout toute idée ésotérique qui voudrait s’imposer un peu trop vite comme un raccourci vers un système de croyances, incompatible avec une véritable élévation spiri­ tuelle. L’idée de la réincarnation, si elle n’est pas exclue, n’est en tout cas pas nécessaire à notre Théorie du Temps. Les scientifiques qui s’inscrivent d’ailleurs contre cette idée peuvent très bien admettre l’hypothèse de l’Arbre de Vie en la faisant reposer sur la théorie des univers paral­ lèles* [7], C ’est pourquoi ce dessein minimaliste qui nous fait écarter les notions d’« incarnation » ne nous oblige même pas à affirmer que notre vie ne

serait vécue qu’une seule fois, sans jamais pouvoir être modifiée. Rien en physique moderne ne s’oppose à ce que ma vie ou la vôtre puissent avoir été déjà vécues un nombre considérable de fois, avec ou sans incarnation ! Mais pour éviter que l’existence de toutes ces vies ne soit incompréhensible ou confuse, nous considérerons ici que parmi tous les potentiels déjà existants, une seule de nos vies est actualisée* au temps présent, celle qui correspond à notre destin. Car tous les instants du temps coexistent simultanément en tant que constituants de la « réa­ lité » de l’univers que nous concevons comme unique. Or l’existence immanente d’un seul univers hors du temps entraîne a priori l’exis­ tence d ’un destin déjà tracé pour chacun de nous ! Pour maintenir notre libre arbitre, notre Théorie du Temps sera alors fondée sur l’hypothèse que nous avons la liberté de modifier à tout ins­ tant ce destin en choisissant notre chemin parmi tous les potentiels alternatifs qui l’accompagnent. Nous ferions ainsi évoluer notre uni­ vers « actualisé » dans l’éternité, vie après vie vers un autre univers, pendant que nous changerions nous-même notre vie instant après ins­ tant. L’éternité et le temps seraient deux choses distinctes. Seule l’éter­ nité serait un véritable temps, alors que notre temps présent ne serait que la « fenêtre » de mise à jour de tous les potentiels alternatifs de notre arbre de vie. Le déroulement du temps permettrait alors à notre univers « réel » d’effectuer sa propre mise à jour parmi tous les univers potentiels dont il constituerait la référence. Il contiendrait ainsi toutes les existences déjà réalisées de nos arbres de vie qui pourraient s’offrir à notre libre arbitre, à nos choix de vie. Mais exerçons-nous réellement un tel libre arbitre et donc une telle res­ ponsabilité dans l’univers? N’est-il pas après tout infiniment plus sim­ ple et économe en espaces, de penser que cette prétendue liberté de choix n’est qu’une illusion, et que l’univers n’a que faire de notre pré­ sence ?

Résumé du chapitre I Notre théorie du Temps repose sur deux hypothèses : - Notre libre arbitre est authentique, - Notre futur existe déjà, mais peut être modifié. L’omniprésence du futur se traduit par l’existence actuelle de poten­ tiels multiples de réalisation, symbolisés par notre Arbre de Vie, et hébergés par des univers multiples. Parmi ces potentiels, l’un d’entre eux est privilégié parce qu’il corres­ pond à l’univers réel et qu’il héberge notre destin le plus probable. La question de savoir si ce destin a déjà été vécu ou non n’est pas trai­ tée dans ce livre, qui adopte une position minimaliste.

IL Le déterminisme inversé Où l ’on constate que pour préserver notre libre arbitre, nous devons combattre le dogme de l ’irréversibilité!

- T u vois ce col là-bas, c ’est par là qu’on va passer. - Heureux de te l’entendre dire ! Tu vois que tu sais lire dans l’avenir ! - Qu’est-ce que tu me racontes? Ah oui... mais non, là, c’est différent puisqu’on le voit, c’est dans le présent ! - Pas du tout, ce qui est dans le présent, c ’est juste un aperçu du col de l’Ange, une trace. Quand on sera arrivé là-bas, on vivra des choses complètement différentes. On peut tout juste les imaginer d’avance grâce à cette trace. Tout à coup, une brume nuageuse se mit à descendre des Monges en rendant invisible notre objectif. Le mauvais temps qui sévissait au nord des Alpes menaçait de s’installer dans la réserve, malgré le mis­ tral qui dégageait avec force le ciel en disloquant les quelques nuages qui s’avançaient vers le sud. - Ouh là, j ’ai bien peur qu’on se fasse rincer, là-haut. - Ah mais... j ’espère que tu n’es pas en train d ’effacer notre avenir ! Je me faisais un plaisir d ’illustrer mes propos de la veille au soir. Patrick résistait à tout ce que je lui racontai sur le temps. Je souhaitais seulement réussir à le faire douter.

- Non, répliqua-t-il, on continue, ça va se dégager. On n’a qu’à faire une pause et prendre l’apéro maintenant, vu qu’il est bientôt midi. On verra bien ensuite comment ça tourne. - Sage décision de ton libre arbitre ! - Ah, je te vois venir, avec ton fichu libre arbitre. Si j ’étais un robot j ’aurais pris la même décision. - À la différence que toi, tu as conscience de ta décision, alors que le robot, lui, n’a pas besoin de conscience pour décider. - Et alors? Quoi qu’on fasse, c’est un cerveau qui décide, et il y a tou­ jours une raison dans cette décision, consciente ou pas. - Non, on peut aussi agir sans raison apparente, avec ses sentiments, ses émotions par exemple. - Mais ça reste encore sous le contrôle de ton cerveau. La vraie raison s’y trouve quelque part, même si elle est inconsciente. - Oui mais pas toujours, sinon ça voudrait dire qu’on n’aurait qu’un seul avenir, et dans ce cas on en verrait des traces. - Encore ton histoire de traces... mais pourquoi veux-tu voir des traces de ton avenir? N’importe quoi ! - Parce que je vois des traces de mon passé, et que les lois de la nature sont réversibles par rapport au temps. La seule chose qui puisse expli­ quer qu’on ne puisse pas voir de traces de l’avenir, c’est qu’il soit mul­ tiple ou modifiable à tout moment. C ’est ça qui oblige le futur à rester indéterminé ou invisible, flou ou embrumé, exactement comme ce col qu’on distingue à peine. - Qu’est-ce que tu racontes, c’est faux, les lois de la nature ne sont pas réversibles. Il y a plein de choses irréversibles, tiens, par exemple quand tu chauffes un plat, ou là, tiens, si je jette ce caillou dans la rivière, il ne risque pas de remonter tout seul ! » - Oui je sais, on dit que c’est à cause de l’entropie* qui augmente tout le temps. Mais tu sais quoi, cette fameuse entropie qu’on t’a apprise à l’école, c ’est purement empirique, c ’est juste une question de probabi­ lité: les choses irréversibles ne le sont qu’en apparence, uniquement parce qu’il est infiniment peu probable pour elles de revenir en arrière. - Et alors, je ne vois pas ce que ça change? - Ce que ça change? Mais ça change tout, mon cher ami ! Car si tout

est réversible, ça veut dire qu’on peut se servir aussi bien des traces du futur que de celles du passé pour comprendre ce qui arrive dans le pré­ sent. Et ça veut dire que notre présent lui-même peut résulter de notre avenir ! - Mais ça n’a pas de sens ! Et même, aucun intérêt. La seule chose qui nous intéresse, c ’est de pouvoir prédire l’avenir. - Ecoute, on déduit bien le passé de ce qu’on observe dans le présent pour comprendre ce qui s’y est passé. Eh bien, l’intérêt de déduire le présent de l’avenir, c ’est la même chose, c ’est donc de mieux com­ prendre ce qui se passe dans le présent. - Je ne pige pas. C ’est l’avenir qui doit être déduit du présent, pas l’in­ verse. Le présent ne peut être déduit que du passé, et d’ailleurs tiens, justement, vu qu’il n’y a qu’un seul passé, il ne peut y avoir qu’un seul avenir. Patrick était en train de nous concocter un petit apéritif maison dont il avait le secret. Après avoir sorti un sachet de son sac puis découpé en deux une bouteille en plastique vide, il utilisa l’une de ses parties comme récipient et l’autre comme entonnoir après l’avoir bouché avec un bout de tissu en guise de filtre. La vue de cet entonnoir inspira ma réponse : - Mais pas du tout, l’avenir est multiple par essence. Car même sans aucun libre arbitre, l’avenir reste indéterminé, et même « indétermi­ niste* ». Mais ce n’est pas tout: figure-toi que le passé lui aussi pour­ rait bien être multiple. Car pour fabriquer ta mixture, il y a plein de façons différentes de remplir ton entonnoir qui aboutissent toutes au même résultat ! - Tu m ’embrumes l’esprit ! Il ne croyait pas si bien dire. La brume du col était en train de descen­ dre rapidement vers nous. On allait bientôt se retrouver dans un nuage... Patrick pensait comme la plupart des gens dotés d’un assez bon niveau de culture scientifique. Nous serions le plus souvent conditionnés et ne ferions que des choix illusoires, imposés par la nécessité d’évoluer. L’Arbre de Vie que j ’avais tenté de lui expliquer la veille au soir le

gênait par ses postulats: d’une part l’authenticité de notre libre arbitre, d’autre part l’hypothèse que notre futur existait déjà. Paradoxalement, c’était cette dernière hypothèse qui avait fini par recevoir un assentiment de sa part. Elle était une conséquence du fait que le temps est traité exactement comme une dimension d’espace. Les physiciens et les mathématiciens n’ont en effet aucune réticence à concevoir ce traitement inhabituel du temps, car la Théorie de la Rela­ tivité les a habitués à cette idée. Albert Einstein lui-même, le père de la relativité générale, fut le pre­ mier à remettre en question la notion de temps et notamment celle du temps présent. La définition d’un tel présent est tout à fait relative et subjective, car la notion même d ’« état de l’univers » à un instant donné est complètement fausse. Observez par exemple une étoile dans le ciel, à de nombreuses années lumière de la terre. Nous avons du mal à imaginer que cette étoile fait partie du passé. Il est cependant possible qu’elle ait déjà explosé et dis­ paru, s’il s’agit par exemple d’une supemova. Pour nous cet événe­ ment fait partie de l’avenir et n’existe donc pas encore, alors que pour ce qui est de l’étoile, il est déjà passé. Mais le pire, c’est qu’Einstein nous a montré qu’il n’est même pas nécessaire que des objets soient éloignés pour ne pas avoir le même présent, car il leur suffit de se déplacer à des vitesses différentes. Et c ’est ainsi que quelle que soit la zone de l’espace, le présent ne peut pas y exister ! Face à l’irréalité du présent, le temps est traité par l’Arbre de Vie comme une dimension d’espace. Cela implique que nous nous dépla­ çons dans le temps exactement comme nous nous déplacerions dans un véhicule qui traverse l’espace. Ce véhicule nous conduit dans le temps vers une destination inconnue, mais elle est déjà présente selon une multitude de possibilités, sauf si le véhicule est en pilotage auto­ matique, auquel cas nous n’aurions aucun libre arbitre: nous serions conditionnés. Sur cette question du temps assimilé à de l’espace, j ’avais presque réussi à convaincre Patrick. Il voulait bien croire que le futur existait déjà, mais dans une version unique imposée par notre conditionne­ ment, alors que j ’étais partisan de versions multiples. C ’était donc la

question du libre arbitre qui avait suscité le plus de débats entre nous. Elle était autrement plus discutable que l’omniprésence du futur. Le « postulat » du libre arbitre repose sur l’idée que devant chaque nouvel embranchement de notre Arbre de Vie, nous serions libres de choisir une branche plutôt qu’une autre. Nous serions alors vraiment libres et responsables de nos actes. Nous ne pourrions avoir un destin tout tracé, un seul et unique scénario de vie, que dans le cas où nos intentions resteraient inchangées. Malgré un tel destin « choisi », notre Arbre de Vie resterait pertinent, car à la moindre modification « authentiquement libre » de nos inten­ tions ce destin changerait et nous emprunterions une autre branche. Notre futur serait sous le contrôle de nos intentions : les probabilités de remonter une branche plutôt qu’une autre varieraient en permanence en fonction de nos intentions. Notre futur serait donc « indéterministe* », c ’est-à-dire indéterminé par nature et donc potentiellement multiple. Précisons la différence entre « indéterministe » et « indéterminé » : un avenir indéterminé reste unique car il n’est indéterminé que par méconnaissance de ce qui le rend unique, contrairement à un avenir indéterministe qui est multiple par essence. En l’absence de libre arbitre authentique, nous aurions un chemine­ ment conditionné, c’est-à-dire « automatique », déjà tracé sur notre Arbre de Vie, celui qui consiste par exemple à ne pas quitter la Route du Temps. Si notre conditionnement était tel que toute notre vie était ainsi déjà programmée, on peut alors se poser la question de savoir si notre arbre de vie existerait encore. Mais ne serait-ce pas oublier l’existence du hasard* ? Car le hasard pourrait lui-même actualiser* un nouveau cheminement sur notre Arbre de Vie, en faisant le choix à notre place. Par exemple si nous heurtions un sanglier qui traverse la route, cet accident pourrait modifier notre parcours ! Et d’une façon générale, le hasard des ren­ contres se substituerait à un libre arbitre illusoire. C ’est lui qui nous ferait bifurquer sur notre Arbre de Vie dans telle direction plutôt que dans telle autre, choisir telle profession, tel conjoint, telle maison, plu­ tôt que d’autres.

Et si, vraiment, tous nos « choix » n’étaient qu’imaginaires et détermi­ nés par le hasard ou par nos conditionnements comportementaux inconscients, alors notre Arbre de Vie ne servirait plus qu’à décrire un ensemble de potentiels régi par le seul hasard. Encore faut-il que le hasard lui-même résulte d’un véritable processus indéterministe. Or, bien que l’existence de ce type de hasard soit revendiquée par les physiciens de la mécanique quantique, l’interpréta­ tion des résultats de cette discipline fait encore débat. C ’est pourquoi dans la communauté beaucoup plus large de tous les scientifiques, on trouve encore l’opinion dominante que le hasard est déterministe mais que ses causes sont cachées : il ne reste alors plus aucune place pour notre Arbre de Vie. C’est en tout cas l’opinion matérialiste du déterminisme* qui a dominé nos derniers siècles depuis celui des lumières, et qui semble dominer encore aujourd’hui la science. Le déterminisme empêche nombre de scientifiques tout à fait respectables de croire non seulement dans le hasard indéterministe, mais dans l’authenticité de notre libre arbitre. C’est le cas en particulier de la plupart des spécialistes des neuros­ ciences qui ont l’habitude de soumettre à des expériences quotidiennes cette fabuleuse machinerie constituée par notre cerveau, avec toutes ses interconnexions neuronales: voyant que la conscience n’est qu’un produit de notre cerveau, ils en déduisent que notre liberté est illusoire. Selon la majorité des chercheurs en sciences de l’évolution, de la cognition, du comportement, nos actes individuels seraient déterminés par nos penchants et par des mécanismes qui n’accèdent même pas à notre conscience elle-même [4], quelle que soit leur cause. Et le hasard luimême résulterait de notre ignorance des causes ! En un mot, nous serions des machines, comme le seraient sans aucun doute des huma­ noïdes fabriqués artificiellement et dotés d’une intelligence humaine ou supérieure. Nous n’y sommes pas encore, mais les progrès de la technologie permettent de supposer très raisonnablement que nous saurons à l’avenir créer ces machines. Prenons l’exemple du premier robot humanoïde français Nao. L’objec­ tif très sérieux d’une association d’experts de différents laboratoires de recherche dans le monde, à laquelle j ’ai participé afin de concevoir

l’œil artificiel de Nao, était de faire progresser ce robot afin qu’une équipe d’humanoïdes réussisse à gagner un match de football contre une équipe d’humains avant 2050 ! Il va de soi que ce genre d’objectif ignorant totalement l’utilité d’une « fonction conscience » ne fait que renforcer l’idée que cette conscience ne peut être qu’un sous-produit du cerveau. J’ai des collègues chercheurs qui pensent qu’un humanoïde suffisam­ ment complexe pourrait acquérir comme par enchantement un libre arbitre ou même une conscience. S’ils avaient raison il faudrait accor­ der du crédit à l’idée que nous pourrions éventuellement nous-mêmes n’être que des machines, conformément au déterminisme. Les partisans de ce paradigme* mécaniste puissant qui imprègne la science depuis Newton, ultra majoritaires en sciences jusqu’à une époque récente, considèrent donc que le hasard indéterministe n’existe pas car ses causes comporteraient des « variables cachées »* agissant exactement comme un conditionnement: hasard, déterminisme ou conditionnement, même combat ! En un mot, notre avenir serait unique et déjà tracé car théoriquement calculable, et il faudrait simplement attendre que le temps s’écoule pour le connaître. Ces idées ont pourtant été remises en question au cours du XXe siècle [23], une première fois par la mécanique quantique avec le principe d ’incertitude de Heisenberg, et une seconde fois, beaucoup plus récemment, par la Théorie du Chaos [33]. Il n’en reste pas moins que la Théorie des Variables Cachées demeure puissante et contribue à maintenir solidement les fondations du déterminisme qui, avec la cau­ salité, sont même les fondations de toute la science : Le déterminisme: le futur est mécaniquement déterminé, et ceci de façon unique. La causalité: le futur est exclusivement la conséquence du passé, et non l’inverse. Et pour bien assoir ce dernier fondement, la physique n’a rien trouvé de mieux que d’ériger le principe de l’irréversibilité - ou flèche du temps - qui nous dit qu’il est impossible de recalculer le passé à partir du présent, car toute évolution s’accompagne d’une augmentation du désordre (ou entropie) et ne peut donc avoir lieu en sens inverse. Et

pourtant, toutes les lois de la physique sont réversibles par rapport au temps, ce qui soulève l’un des plus grands mystères de la physique moderne, non encore résolu à ce jour. Autrement dit, certains chemins que nous empruntons seraient irréver­ sibles, et pour revenir sur nos pas, il nous serait impossible de repren­ dre le même chemin qu’à l’aller, en repassant exactement par les mêmes positions... Je me faisais cette réflexion tout en épousant le rocher que j ’étais en train de gravir, quand j ’entendis Patrick me dire : -Arrête-toi là Philippe, tu n’arriveras plus à descendre. - Mais je n’ai pas l’intention de descendre... - Attention, si tu ne peux pas continuer à monter tu seras bien obligé de descendre, et on risque de se retrouver coincés. - Mais non, si on arrive à monter on arrivera bien à descendre. - Pas du tout. On dirait que tu n’as jamais fait d’escalade. Patrick avait raison. En escalade, il est beaucoup plus facile de monter que de descendre, tout simplement parce que les aspérités de la roche qui servent de point d’appui à nos pieds pendant la montée deviennent souvent invisibles en sens inverse. Il en résulte qu’à la descente on est parfois obligé d’hésiter longuement et dangereusement entre de multi­ ples points d’appui hypothétiques, et il n’est pas rare qu’on arrive plus à trouver le bon. L’escalade avait ainsi toutes les caractéristiques d’un cheminement irréversible. Pendant notre randonnée vers le sommet des Monges, la brume épaisse qui était tombée nous avait conduits à faire une pause à un endroit où un choix s’était imposé à nous: soit nous poursuivions notre marche dans la brume sur le petit sentier initialement prévu, au risque de s’égarer, soit nous empruntions un raccourci consistant à escalader une falaise, en profitant d’une faille découverte à proximité du lieu de notre halte. Pour gagner du temps, nous avions opté pour cette dernière solution et étions arrivés à mi-hauteur de cette falaise. - Je te signale que de toute façon, j ’ai bien peur qu’on ait déjà plus le choix : regarde derrière toi. Les deux mains bien assurées, Patrick tourna la tête vers le bas pour

tenter de distinguer la voie que nous avions suivie, mais la falaise lui parut soudain tellement abrupte qu’il eut un rapide mouvement de recul, comme si le vertige l’avait envahi. - Et bon sang ! On n’est pas dans la mouise. Tu n’aurais pas une corde dans ton sac ? - Non mais ne t’inquiète pas, on va trouver la bonne voie, allez on continue. En disant cela, je comptais surtout sur l’effet psychologique que mon assurance pourrait générer sur Patrick. Ce n’était plus le moment de plaisanter mais d’exploiter les vertus supposées d’une attitude positive et déterminée. Bien que cette décision de continuer revenait justement à se mettre sous la dépendance d’un déterminisme bien établi, celui d’une probable impasse pouvant confirmer les craintes de Patrick, je ne voulais croire qu’en un seul déterminisme réellement fiable en direction du futur: celui de mon intention tout à fait confiante. Mais l’intention de Patrick était encore plus convaincante que la mienne, aussi je fis un saut pour revenir à son niveau et considérer la situation. Il me semblait impossible de revenir sur nos pas, la désesca­ lade paraissant vraiment trop dangereuse. Est-il vrai que certains trajets pourraient être vraiment irréversibles, fermant ainsi la voie à toute possibilité de retour en arrière? Effectivement, certains phénomènes physiques semblent se rebeller contre le principe fondamental de la réversibilité, et une branche de la physique s’en est fait une spécialité: selon la physique statistique, le temps est irréversible. Ces phénomènes sont en fait extrêmement cou­ rants et concernent de nombreux systèmes physiques, comme par exemple une machine à café, une voiture, un moteur, un mélange, une cellule, une turbine, un être vivant, etc. Il semble en effet impossible de voir fonctionner ces systèmes à l’en­ vers : un mélange ne se transformera jamais en séparant ses compo­ sants, un moteur n’aspirera jamais ses reflux pour fonctionner dans l’autre sens, etc. Mais sur ce point, les spécialistes restent dubitatifs et partagés, car les équations fondamentales de la physique sont parfaitement réversibles,

c’est-à-dire symétriques par rapport au temps. Il s’agit bien de la plus étrange contradiction de toute la physique ! Ayant eu l’occasion durant ma carrière de chercheur de modéliser des systèmes irréversibles, je me suis aperçu que cette contradiction était liée au fait que ces systèmes sont indéterministes par essence. A défaut de pouvoir calculer la position exacte de chaque particule d’un sys­ tème qui peut en mettre en jeu des quantités astronomiques, on en est réduit à des simulations de mouvements d’ensemble en « tirant au hasard » leurs trajectoires individuelles pour calculer un résultat global de tous leurs mouvements grâce à la statistique. Le problème de cette méthode statistique est qu’il n’est pas possible de l’appliquer dans le sens inverse du temps pour calculer l’état du sys­ tème tel qu’il était à l’origine, car cette statistique est incapable de retrouver les conditions initiales*, c’est-à-dire de reconstituer un passé défini d’avance ! À cause de cette irréversibilité que je qualifierais donc d’« imposée » par l’introduction du hasard dans les calculs et qui, de l’avis à peine plus modéré de nombreux autres physiciens, est essentiellement engendrée par la statistique, certains se sont demandés si l’irréversibi­ lité ne serait pas finalement qu’une illusion produite par un effet statis­ tique [14]. Cette conclusion est cependant restée discrète, car il est très difficile d’imaginer qu’un bol de café au lait puisse évoluer naturellement d’un état où le café est mélangé avec le lait, vers un état où le mélange n’est pas encore effectué. Pourtant, c ’est théoriquement possible, mais à condition d’attendre pendant une période largement supérieure à l’âge de l’univers ! C’est pourquoi la physique macroscopique basée sur des équations sta­ tistiques revendique une impossibilité non seulement de fait, mais aussi de principe, de « calculer » le passé des phénomènes dits irréver­ sibles, et donc de renverser le cours du temps, ce qui se traduit dans cet exemple par l’impossibilité de séparer par le « calcul » le café du lait. Alors qu’au contraire, la physique microscopique, en contradiction totale avec cette position, revendique de façon éclatante dans ses équa­ tions la réversibilité de tous les phénomènes, la possibilité de les faire fonctionner dans les deux sens du temps !

Où est la vérité ? Nous sommes en face de deux physiques totalement contradictoires : la microscopique est complète et permet de calculer, mais seulement en théorie, le futur ou le passé à partir de la connais­ sance du présent. Mais la macroscopique, cette physique statistique qui permet d’effectuer des calculs tout à fait exacts et étonnamment effi­ caces dans la pratique, demeure partielle et empirique. Elle reste inca­ pable de calculer le passé à partir du présent et qualifie en consé­ quence d’impossibles à renverser certaines transformations effectuées par le temps, sous prétexte qu’elles seraient accompagnées d’une perte d’informations ! Car pour justifier l’irréversibilité, les physiciens n’ont rien trouvé de mieux à dire que « les systèmes irréversibles perdent de l’informa­ tion » ! Une telle conclusion est-elle bien raisonnable? Est-ce bien leur information qu’ils ont perdue? Qui a vraiment perdu l’information? Où est passée l’information qui nous empêchait, Patrick et moi, de descendre de la falaise de la même manière que nous l’avons escala­ dée? S’est-elle réellement évanouie, ou n’est-elle pas tout simplement devenue cachée à nos yeux ? Après m ’avoir vu sauter de mon rocher pour revenir à ses côtés, Patrick ne me laissa même pas le temps de réfléchir et amorça une dés­ escalade que je trouvai téméraire : - Laisse tomber, tu n’y arriveras pas, c ’est trop dangereux. - Mais si, tu vas voir, il n’y a que deux passages délicats à passer, me rétorqua-t-il. - Attends, j ’aurais préféré qu’on déjeune au sommet. Il y a bien une solution. - On a le temps. Tiens, prend mes abricots secs. Pour faciliter sa descente, Patrick me tendit son sac à dos afin de s’al­ léger. Je voyais bien qu’il peinait mais il était tellement résolu à des­ cendre malgré mon insistance à vouloir monter, que je décidai finale­ ment de l’aider à descendre: il suffisait que vu d’en haut, je me penche en m’allongeant à un endroit judicieux, pour arriver à scruter la roche où il cherchait désespérément des points d’appui. J’arrivai alors à très bien le guider en lui donnant les informations qu’il recherchait:

- À gauche, à gauche, encore, oui, c’est ça, là, tu l’as... Une fois parvenu en bas, je lui envoyai nos sacs et entrepris de descen­ dre à mon tour en me guidant d’après ses instructions. Et c’est ainsi qu’en nous informant mutuellement sur les bonnes positions à prendre avec nos pieds, nous parvînmes à descendre jusqu’à un replat... Si en désescalade il est permis de tâtonner avec ses pieds pour retrou­ ver les bons points d’appui, et de changer éventuellement de chemin de retour, il semblerait qu’en physique statistique une flèche du temps veuille nous interdire de procéder à un tel « tâtonnement », et même à un quelconque retour en arrière afin de retrouver notre situation ini­ tiale. J’ai bien parlé d’une interdiction, car en théorie le passé peut parfaite­ ment se calculer à partir du présent. En pratique il suffit simplement de ne pas s’imposer de repasser par le même chemin, puisque nous n’avons pas accès aux mêmes informations qu’à l’aller. Mais cela vou­ drait dire qu’il nous faut accepter l’existence de passés alternatifs, voire de passés multiples, or cette idée ne peut que choquer les physi­ ciens déterministes qui n’acceptent déjà pas l’existence de futurs mul­ tiples ! Dès lors, l’interdiction d’inverser la flèche du temps ne se résumeraitelle pas à une interdiction de retourner dans un passé différent? Auquel cas, ne serait-il pas plus judicieux de parler d’un déterminisme inversé ? Pourtant, n’y avait-il pas une quasi-infinité de façons pour Patrick de verser de l’eau dans son entonnoir pour concocter notre apéritif? Après tout, si le concept de l’arbre de vie est juste et que la physique est indé­ terministe, il faut qu’elle le soit dans les deux sens du temps, puisque ses équations sont réversibles. Il est donc important que nous considérions la chose d’un peu plus près : le fait de remettre en question la notion d’irréversibilité conduit malheureusement, à première vue, à admettre l’existence d’un passé multiple ! Comment est-ce possible ? Nous allons maintenant montrer qu’il s’agit seulement d’un problème technique, et que de même que la physique statistique n’est qu’une

technique de calcul du futur à partir du présent, le fait que nous ne sachions pas calculer le passé à partir de ce même présent n’entraîne pas pour autant qu’il soit multiple. Remarquons tout d ’abord que la propriété de l’entonnoir de Patrick n ’est absolum ent pas typique du retour dans le passé, bien au contraire ! Car il se passe exactement la même chose dans le futur des systèmes irréversibles, comme par exemple les phénomènes météo, le frottement d’une roue, la combustion dans un moteur: les particules de ces systèmes partent dans des directions totalement imprévisibles. On s’est alors aperçu que malgré leur apparente calculabilité, de nom­ breux systèmes irréversibles deviennent entièrement imprévisibles à court terme, qu’ils soient vivants ou artificiels, car ce calcul devient vite complètement faux. Toute prévision par le calcul d’un état futur devient alors impossible à effectuer à partir d ’un certain temps. Ce constat est aujourd’hui bien expliqué par la Théorie du Chaos [241 et la meilleure illustration que l’on en connaît est la limite de prévision météorologique. Or ce constat d ’im prévisibilité est le même que celui qui nous empêche, en sens inverse du temps, de reconstituer un passé unique! Pourtant personne ne dit que le retour dans le passé est irréversible, ce qui serait un comble ! Le succès de la Théorie du Chaos, tout comme celui de la mécanique quantique, a ainsi conduit les physiciens à prendre acte définitivement de l’imprévisibilité « par nature » du futur. Car même si nous avions des moyens de calculs gigantesques, il subsisterait une limite tempo­ relle de prévision due à une sensibilité aux conditions initiales* attei­ gnant l’échelle microscopique: celle où règne déjà un indéterminisme fondamental, celui de la position et de la vitesse des particules élémen­ taires. Impossible de connaître précisément l’une sans que l’autre soit indéterministe. Il s’ensuit que la physique contredit aujourd’hui le paradigme méca­ niste (causalité + déterminisme) sur lequel elle s’est construite, en fai­ sant régner l’indéterminisme à toutes les échelles: cette affirmation fondamentale pour la Théorie de la Double Causalité est argumentée plus précisément au chapitre XXII.

Devant l’indéterminisme généralisé de la nature et la réversibilité des équations de la physique, le passé devrait donc être lui aussi, indéter­ ministe ! Mais ne serait-ce pas ignorer totalement la mémoire du passé ? Que fait-on de l ’information disponible? Qu’en est-il de cette stratégie d’information mutuelle que Patrick et moi avons adoptée lors de notre désescalade ? Nous voici enfin armés d’une bonne raison de remettre en question la notion de l’irréversibilité issue de la physique statistique: le problème des calculs statistiques est qu’ils ne nous permettent pas de « tâton­ ner » afin de prendre en compte la moindre trace du futur ou du passé, s’agissant là d’une véritable impossibilité technique, et ceci d’autant plus qu’ils reposent sur l’usage immodéré du hasard ! Comme nous l’avons vu, cette notion d’irréversibilité a réussi à s’im­ poser en revendiquant une soit disant perte d’information correspon­ dant à une augmentation obligatoire de l’entropie*. Mais à bien y regarder, on s’aperçoit que cette information n’est pas du tout perdue, si l’on veut bien exploiter toutes les traces du passé, c’est-à-dire par exemple le litre de lait entamé à côté du bol de café au lait, ou encore le marc de café ! Le problème est juste que nous n’avons pas d’outils pour prendre en compte ces traces du passé. Le fait que l’information soit complètement diluée ou dispersée n’implique pas qu’elle ait dis­ paru. Au pire, il suffit de trouver la personne qui a fait le mélange, et son simple témoignage suffira pour reconstituer le passé du bol. Mais ce n’est même pas utile, puisque cette personne fait déjà partie des obser­ vateurs* « patentés » de l’univers: elle contient dans son cerveau une trace du passé du bol ! L’information d’un système irréversible n’est donc perdue que par un physicien qui se prend pour un technicien en constatant l’impossibilité technique de la retrouver pour faire le calcul inverse, mais elle n’a jamais été perdue par l’univers ! En conséquence, bien que le passé soit théoriquement calculable à cause de la réversibilité des équations générales, nous ne savons pas calculer ce passé car nous n’avons tout simplement pas d’outils pour le

faire. Nous ne savons faire que des reconstitutions qualitatives, ce qui soit dit en passant est déjà presque suffisant pour remettre en question l’irréversibilité. Ne nous manquerait-il pas des équations ? 11 est évident qu’il nous manque une sorte de « physique statistique inversée », qui serait d’ail­ leurs beaucoup moins statistique, car elle devrait être capable d’exploi­ ter les traces du passé pour retrouver les conditions initiales. Au même titre que la physique statistique actuelle aurait besoin de savoir exploi­ ter des « conditions finales » ou « traces du futur » afin de recenser les différents avenirs possibles d’un même système chaotique. La non calculabilité du passé ne signifie donc pas qu’il soit indétermi­ niste, mais que nous n’avons tout simplement pas encore trouvé la loi d’« effet à cause » qui permet le retour vers un passé unique en ras­ semblant toutes les traces de ce passé. 11 faudrait alors accepter une sorte de « causalité inverse » ou rétrocau­ salité*. Ce concept a déjà été suggéré en mécanique quantique, ainsi que pour expliquer certains phénomènes parapsychologiques [25], mais il est contesté par les physiciens car il va à l’encontre du modèle standard de la physique. La rétrocausalité cesserait cependant d ’être contestable si elle s’ac­ compagnait de la reconnaissance d ’un déterminisme inversé. C ’est pourquoi je préfère employer le qualificatif de « seconde causalité », en précisant bien qu’il s’agit d’une « rétrocausalité déterministe ». Une autre bonne raison de faire cette distinction est que la rétrocausalité considère habituellement que le passé précède le futur, ce qui n’est pas le cas de la seconde causalité. Cette dernière est en effet fondée sur l’omniprésence du futur et du passé, sur leur « simultanéité ». La seconde causalité interprète donc l’irréversibilité comme un pro­ blème technique: d’une part, nous ne savons pas exploiter les informa­ tions contenues dans les traces du passé observables dans le présent. D ’autre part, nous ne connaissons pas la loi d’information à substituer à la physique statistique pour calculer ce passé à partir de ces traces. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un indéterminisme du passé ! Bien au contraire, puisque les traces du passé sont a priori beaucoup plus nombreuses que les traces du futur, nous pouvons sur cette simple

base affirmer que le passé est beaucoup plus déterministe que le futur, et en admettant que nous connaissions parfaitement notre passé, nous pouvons même affirmer : Le déterminisme n’est valide que s’il est inversé. Voyons ce qu’il en est maintenant de ce constat en ce qui concerne notre Arbre de Vie: l’inversion du déterminisme correspond parfaite­ ment au fait que si nous descendons de l’arbre, nous retournons inva­ riablement au tronc. Le déterminisme inversé serait alors fondé par le fait que les traces du passé contribuent à le rendre unique, contraire­ ment au futur pour lequel les traces sont a priori beaucoup moins nom­ breuses, voire inexistantes. Mais qu’en est-il de cette loi d’information qui à partir des traces du passé, serait capable de le recalculer? Rappelons que cette loi devrait être réversible, pour satisfaire les équa­ tions fondamentales de la physique ! Elle devrait donc englober la phy­ sique statistique et donner les mêmes résultats dans le cas particulier où aucune trace n’est introduite dans le calcul ! La physique serait donc incomplète dans la mesure où nous ne savons calculer le résultat de l’évolution d ’un système qu’en l’absence de traces, en choisissant le scénario le plus probable. Mais ne serait-ce pas à nouveau un problème technique ? Car le fait que le résultat calculé par la statistique soit conforme à l’ob­ servation ne signifie-t-il pas plutôt que nous mesurons le résultat le plus probable ? Mais s’il s’avérait que parfois les traces d’un futur particulier soient bien formées, privilégiant ainsi un scénario d’évolution rare, ne fau­ drait-il pas s’attendre à un résultat très peu conforme au calcul des pro­ babilités ? Nous allons donc partir à la recherche de telles traces. Quoi qu’il en soit, gardons à l’esprit qu’en inversant le sens du déterminisme, nous avons aussi avancé l’hypothèse très plausible de l’indéterminisme du futur. Cet indéterminisme fondamental de la nature, argumenté au cha­ pitre XXII, va donner à la seconde causalité la possibilité d’exploiter toute la richesse d’une quantité considérable d’aléas* !

Résumé du chapitre II Nous devons différencier deux types de choix : des choix conditionnés ou déterministes et des choix authentiquement libres ou indétermi­ nistes. L’Arbre de Vie symbolise ces derniers lorsqu’on s’y élève, mais il illustre aussi le caractère illusoire des premiers lorsqu’on en redes­ cend. Cela suppose un déterminisme inversé, pour lequel nous avons été obligés de revoir la notion d’irréversibilité, en la considérant comme une incapacité technique à recalculer le passé à partir du présent, à cause d ’une perte d’information tout à fait relative. En réalité, si nous savions utiliser toutes les informations ou traces du passé que nous observons dans le présent, en connaissant la loi qui permet de les rassembler, nous constaterions que le passé est beaucoup plus déterministe que le futur. Inversement, c’est la pauvreté apparente de traces du futur qui rend ce dernier indéterministe.

m. La Loi de Convergence des Parties Où l ’on découvre que la recherche d ’une loi manquante pour calculer le passé nous amène à la quête des traces du futur.

Pour nous faciliter la descente nous avions emprunté une autre voie qu’à la montée, et une agréable surprise nous attendait au terme de cette désescalade : une magnifique dalle à ammonite juchée sur un replat de la falaise formait une superbe table naturelle, juste assez hori­ zontale pour accueillir notre pique-nique. Le temps de ce déjeuner, la brume s’était dégagée et avait même disparu du sommet des Monges. - Tu as eu une superbe intuition en décidant de descendre et de nous faire passer par là ! - Mais non, sans ton aide on ne serait pas ici. J’étais à deux doigts de te suivre, il aurait suffi que tu me tendes la main. - Alors j ’ai peut-être eu une bonne intuition, moi aussi... hum... je crois bien que si on avait grimpé, on serait restés coincés. - Regarde la forme de celui-là ! On dirait un hippocampe ! - Dire que ce truc a des centaines de millions d’années ! - Regarde là, à côté, on dirait qu’ils se sont fossilisés en même temps. Cette dalle est petite mais elle est bien plus jolie que celle de Fontbelle et pourtant, personne ne doit la connaître. -T u as vu où on est? Ce n’est pas étonnant. D ’ailleurs, je me demande si elle n’est pas de formation très récente. Regarde cet énorme rocher, on dirait qu’il vient de tomber.

- Ouf, en effet! Et il n’est pas le seul, on dirait que tous les autres autour viennent aussi de là-haut. Mieux vaut ne pas rester trop long­ temps plantés là ! - Ce sont sûrement les intempéries récentes qui les ont détachés. A mon avis celui-là s’est cassé il y a une dizaine de jours durant le fort gel. D’ailleurs regarde, ce morceau est tombé sur les traces d’un mou­ flon. - Oh mais alors c’est beaucoup plus récent ! - Non il n’a pas plu depuis et ça a séché. Tiens regarde, il y a de la boue séchée sur celle-là, pourtant elle semble bien être aussi tombée de là-haut. Le mouflon a dû arriver là et l’éclabousser en galopant, avant que l’effondrement ne se soit stabilisé. - Mais dis donc, c ’est que tu nous ferais un bon Sherlock Holmes ! - Oh non, tu sais, il n’y a rien de certain là-dedans. Tiens d’ailleurs, toutes ces traces du passé sont sûrement plus incertaines que cette trace du futur qu’on a suivi avant de trouver la faille ! - Qu’est-ce que tu racontes ? Laquelle ? - Tu ne te souviens pas ? Bien avant que Patrick ait décidé de faire une pause au pied de la falaise pour attendre que la brume se désépaississe un peu, nous étions parvenus à un endroit où nous n’arrivions même plus à distinguer le sentier. Même en rebroussant chemin nous n’étions pas certains de ne pas nous tromper de direction. Il semblait plus raisonnable de rentrer. Mais en voyant tout à coup, en pleine hésitation, un rayon de soleil fil­ trer l’espace de quelques secondes, comme une promesse de clarifier notre avancée, nous nous étions regardés et Patrick avait dit, d’un air entendu : - Allez, on continue ! Et effectivement, une heure plus tard, à l’issue de notre escalade aven­ tureuse, tout s’était dégagé. La bonne décision de Patrick semblait provenir d’un rayon de soleil. Pourrait-il s’agir d’une trace du futur? Pour le savoir, il faudrait peutêtre connaître la loi d’information qui permet de déduire le présent du futur. Or pour la connaître, n ’est-il pas plus sage de s’intéresser d’abord à la reconstitution du passé à partir de traces indubitables ?

Y aurait-il donc un moyen de réaliser d’une façon systématique le tra­ vail de Sherlock Holmes, afin de faciliter le travail de reconstitution du passé? Reprenons l’exemple du phénomène apparemment le plus difficile à inverser, celui du mélange entre deux constituants, comme le café au lait: on peut toujours trouver des traces de l’état initial, et ceci qu’elles soient internes comme les micro-résidus non mélangés, ou externes comme le paquet de café ou le litre de lait à proximité du bol, sans par­ ler du souvenir de la personne qui a pris son petit-déjeuner. C ’est ainsi que l’hypothétique perte d’informations sur un système à cause d’une dégradation ou d’un mélange pourrait bien n’être qu’ap­ parente et ne jamais empêcher de reconstituer son état passé, grâce à l’immense redondance des traces ! Par exemple, la reconstitution d’un verre cassé à partir de centaines de morceaux de ce verre éparpillés par terre n’a pas besoin de tous ces morceaux : pour déduire la forme et la position du verre initial, seuls quelques-uns suffisent. Inversement, la physique statistique serait totalement incapable de calculer la forme et la position de tous les morceaux épars ! Il en va de même pour une voiture accidentée : on peut reconstituer un accident après qu’il ait eu lieu, bien plus facilement que le décrire avant qu’il n’arrive, car la plupart des accidents font intervenir des fac­ teurs redondants humains, mécaniques, météorologiques et locaux dont le faisceau de convergence au lieu et temps de l’accident est tota­ lement imprévisible. Le lecteur familier au concept de l’entropie* remarquera que j ’ai pris des exemples pour lesquels elle croît fortement. Il s’agit là d’une géné­ ralité, car dans le sens du temps, l’entropie est toujours croissante. On voit donc que le sens du temps est bien plus enclin à toutes les formes de dispersions, mélanges, dissolutions, dégradations que le sens inverse, c ’est pourquoi le futur est aussi imprévisible. Le retour dans le passé est au contraire favorable à la réunion des parties, au point de la réaliser automatiquement selon une loi qualitative de convergence que l’on pourrait énoncer ainsi : - Tout ce qui conserve un lien malgré la distance converge ensemble

vers le passé pour former un système ordonné, ou encore, dans une version épurée bien que plus imprécise : -T out ce qui se ressemble s’assemble. Cette loi qui fabrique de l ’ordre ne pourrait-elle pas servir de loi d’« effet à cause » pour compléter la physique statistique dans le calcul du passé? Encore faudrait-il bien étudier sa façon d’opérer pour la ren­ dre quantitative et en déduire comment formaliser cette loi. Il faudrait déjà qu’elle conserve l’énergie, ce qui impliquerait que cette énergie soit puisée dans l ’environnement par « aspiration », de manière à ce que par exemple, une balle puisse rebondir de plus en plus haut afin de revenir dans les mains de son lanceur. On n’a jamais vu cela, mais rien dans ce processus d’aspiration par « convergence des parties » ne contredirait les lois réversibles de la mécanique, sauf une probabilité infiniment faible que cela arrive sans imposer les conditions initiales. Inversement, les physiciens sont déjà bien en peine d’imposer une condition finale particulière en présence de phénomènes dispersifs, qu’ils soient chaotiques ou turbulents: le problème existe donc dans les deux sens du temps. Même s’ils sont certains de la possibilité d’une issue parmi tant d’autres, ils ne savent pas en déduire le chemin d’évo­ lution qui mène à cette issue. En exagérant le trait, ce serait comme vouloir préciser à un modèle de calcul, si l’on préfère que l’effet du vol d’un papillon* en Australie soit de provoquer une tempête dans les Caraïbes plutôt qu’en Méditerranée ! Ou encore, ce serait comme préciser à l’« auteur » de notre scénario de randonnée, s’il préfère nous retrouver coincés au milieu d’une falaise à attendre un hélicoptère, plutôt que de nous voir réussir à atteindre le sommet par une voie insoupçonnable. Car finalement, après un festin improvisé autour de notre dalle à ammonites, Patrick et moi avions vite déniché une nouvelle voie pour grimper en haut de la falaise, en suivant une seconde faille qui en deux temps et trois mouvements nous emmena au col de l'Ange, à partir duquel nous pouvions aisément gravir jusqu'au sommet, la « chance » semblait nous sourire en même temps que le retour du soleil. Patrick s’étonna de ce retournement de situation:

- Je n’en reviens pas. Cette descente où nous nous sommes guidés l’un et l’autre nous a sacrément porté chance. Je n’aurais jamais cru qu’on puisse s’en sortir aussi bien ! - C ’est toi qui as pris la bonne décision, celle de descendre. - Mais non, c’est toi qui as décidé de m’aider à descendre. - Dans ce cas, tu veux que je te dise : nous étions en face d’une « bifur­ cation », et c ’est notre futur qui nous a emmenés vers lui. Nous, on s’est contenté de constater les deux possibilités avec suffisamment de détachement. Nous étions ainsi prêts à choisir spontanément celle qui nous dirigerait vers ce futur. - Ah, ah, ah... Ca ne m’étonne pas de toi, Philippe, mais non, allons ! On a eu un coup de chance c ’est tout, et c ’est par hasard qu’on est finalement tombé sur cette dalle... Par hasard? La physique statistique s’est elle-même imposée comme une loi empirique faisant usage du hasard pour prévoir le futur, mais elle est totalement mise en échec dès que nous voulons contraindre ce futur à prendre certains états, et je dirais même plus: des états « créa­ tifs » et tout à fait possibles. - Ton hasard, à mon avis, il ne nous aurait même pas permis de trouver la première faille et on se serait égarés en bas de la falaise..., répondisje à Patrick. En physique, savoir répertorier et calculer les différentes solutions pos­ sibles pour un système dispersif au point d’être indéterministe, quitte à ne leur affecter que des probabilités, correspond bien à un réel besoin. Or aujourd’hui, on sait difficilement calculer les multiples évolutions potentielles d’un tel système. En s’intéressant uniquement aux évolu­ tions stables ou à l’équilibre, on commence toutefois à le faire dans mon laboratoire et c’est un sujet de recherche que je partage avec cer­ tains collègues professeurs à l’université de Provence. Par exemple, lorsque nous provoquons une circulation de fluide dans un tube ou dans un bassin par des effets thermiques, nous obtenons différentes structures comme des volutes ovales ou des cellules hexa­ gonales, qui peuvent devenir instables pour des réglages bien précis de certains paramètres. Nous faisons alors des simulations numériques à l’aide de programmes de calcul qui permettent de retrouver exacte­

ment ces structures. On s’aperçoit alors que dans les conditions d’in­ stabilité, les structures que l’on calcule peuvent parfois être très diffé­ rentes sans pour autant rien changer aux conditions numériques ini­ tiales, même en travaillant avec la plus grande précision informatique possible. Tout dépend de si l’on est parti prendre un café entre-temps, ou de l’ordinateur qu’on utilise... Pour comprendre cette variabilité afin de savoir s’il s’agit d’indétermi­ nisme ou si l’on est en présence de variables cachées, on serait bien en peine de partir de notre état final pour retrouver nos conditions initiales afin de les discriminer, car l’état est stabilisé et a dissipé l’information initiale. Même si on le mémorisait encore en état de déséquilibre, les calculs ne permettraient pas de retrouver les conditions initiales, parce qu’on ne sait pas réaliser le processus inverse de la dissipation d’éner­ gie-information. Pour réaliser ce processus, il faudrait pouvoir syn­ chroniser toutes les trajectoires correspondant à cette dissipation, y compris la dispersion radiative de photons, avec une information dont on ne dispose pas. Il nous faudrait aussi pour cela disposer d’une Loi de Convergence des Parties* qui utiliserait cette information permettant de faire converger ensemble, tout en les synchronisant, toutes ces trajectoires vers un passé prédéterminé. Cette information devrait logiquement provenir des conditions initiales, voire de toute autre trace du passé, lequel « aspirerait » tout ce qu’il a dispersé. Malgré tout, cette loi devrait être intrinsèquement déterministe par son principe même de reconstitution d’un ordre synchrone. Mais il s’agit là d’une loi hypothétique manquante, et nous ne pouvons en espérer ici qu’une description qualitative, à défaut de connaître ses équations. Voyons si nous ne pouvons pas essayer de comprendre qualitativement le processus de reconstitution déterministe de cette loi. Et remarquons déjà que c’est beaucoup plus facile à faire vers le passé que dans le sens du temps ! Il est en effet beaucoup plus facile de prévoir le passé de la nature à partir d’une connaissance de son présent, que l’inverse. Notamment à l’échelle des temps géologiques : les géologues connaissent assez pré­

cisément les événements qui se sont produits sur terre il y a des cen­ taines de millions d ’années, et savent précisément les dater, par la sim­ ple observation et analyse des couches géologiques que l ’on peut observer dans le présent, et ceci bien que des plissements montagneux extrêmement complexes aient pu avoir lieu. Alors qu’à l’inverse, il est totalement impossible à un géologue de prévoir le relief qu’auront nos paysages actuels dans plusieurs centaines de millions d ’années, sauf à procéder à des simplifications irréalistes. Notons que cette conclusion n ’est connue que depuis peu, le temps pour les scientifiques de comprendre que des comportements chao­ tiques pouvaient affecter même les systèmes apparemment les plus prévisibles, tels que notre système solaire, et que nous devions donc réviser toutes nos simulations dans le sens du temps. Et je ne parle pas du Big-Bang*, de l’origine de notre univers, que les physiciens savent aujourd’hui décrire avec des détails quantitatifs époustouflants [28], alors que nous sommes toujours aussi incapables de savoir ce qui pourrait nous arriver dans un délai mille fois plus court : fin de notre soleil? Fin de notre planète? Ou plus simplement, fin de notre civilisa­ tion ? Et si oui, quand et comment ? Il est en fait bien plus facile de prédire l’origine de notre univers en fai­ sant converger les informations q u ’on a sur le passé, et au stade ultime: de même que toutes les eaux s’écoulent vers la mer, on sait que toutes les étoiles de notre univers proviennent à l’origine d ’une « soupe primordiale » qui, en s’amenuisant sans cesse vers le passé, constitue un ensemble de matière de plus en plus en surpression qui rejoint l’état de l’univers hyper homogène du Big Bang. Et il ne nous viendrait pas à l ’idée d ’oublier une étoile ou une galaxie dans la reconstitution du Big Bang, étant implicite que tous les éléments de l’univers doivent s’y retrouver. Le retour dans le passé vers ce Big Bang homogène n ’est-il pas la meilleure illustration que l’on puisse trouver d ’une Loi de Conver­ gence des Parties à l’œuvre dans l’univers? Q u’en est-il maintenant de cette loi lorsqu’on y implique un être humain? Nous pouvons vérifier que là aussi, par la simple connais­ sance du présent, il est bien plus facile de prévoir l’évolution à rebours

d’une personne que son évolution normale, lorsqu’on inverse le temps. Lorsqu’on inverse en effet le « sens de la vie », on s’aperçoit que l’on n’observe pas du tout la même incertitude d’« avenir » pour un indi­ vidu, en « déroulant » son temps de vie du futur vers le passé. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter une personne à l’état adulte et en bonne santé, pour avoir tout d’abord une idée de sa durée de vie res­ tante avant de retourner au berceau : tout simplement, son âge actuel ! Et pour ensuite n ’avoir absolument aucun doute que pendant toute cette durée, elle vivra une vie sans accident majeur jusqu’au moment où elle retournera à l’état embryonnaire dans le ventre de sa mère avec, en complément, la possibilité de connaître d’avance qui sera cette mère et une infinité d’autres détails. C ’est encore plus clair qu’avec de la matière non organique, car il est impossible de disperser dans le passé la matière d’un être vivant sans prendre le risque de ne pouvoir le reconstituer ensuite dans toute son intégrité vers le futur, réversibi­ lité oblige. Et l’on voit donc mal comment proposer des versions alter­ natives au stade ultime de l’état embryonnaire et de l’ADN. N’a-t-on pas là aussi, la meilleure illustration d’un ordonnancement synchrone qui agit dans le sens inverse du temps de façon à ranger très précisément sous forme de brins d’ADN toute l’information qui une fois déroulée permet de fabriquer un être humain ? On s’aperçoit ainsi que l’une des caractéristiques fondamentales du déroulement du temps dans le sens inverse, c’est-à-dire vers le passé, est de créer un ordre qui rassemble de façon minutieusement synchro­ nisée tout ce qui permet de fabriquer la vie. Nous verrons dans la dernière partie de cet ouvrage que la Loi de Convergence des Parties qui permet de créer cet ordre synchrone n’est rien d’autre qu’une loi d’attraction des lignes temporelles ou, si l’on considère notre destin, de nos « trajectoires de vies », qui n’est pas sans lien avec la gravitation universelle. N ’oublions pas que le passé et le futur sont omniprésents et simultanés, mais il est encore trop tôt pour développer ce point. Pour l’instant, nous avons déjà identifié la raison pour laquelle il y a une flèche du temps qui rend le fait de « vivre en direction du passé » très différent de « vivre en direction du futur », malgré la réversibilité

du temps de la physique : c ’est parce qu’aucune « trace de notre futur » ne semble être laissée sur notre présent actuel, sans quoi nous pourrions vivre avec une sorte de « mémoire de l’avenir » ! Pourtant, si l’on regarde bien, on réalisera peu à peu que notre avenir laisse bien plus de « traces du futur » sur notre présent que nous pou­ vons l’imaginer, le problème étant que n’avons pas l’habitude de les considérer comme telles. Nous découvrirons bientôt des manifesta­ tions subtiles de ces traces, mais on peut d’ores et déjà se poser la question de savoir si certains indices n’en seraient pas : il suffit de regarder s’exprimer les talents innés d’un enfant en bas âge, de le voir parler, jouer ou s’amuser, pour avoir une idée assez précise de ce qui le distinguera des autres dans le futur. La question étant alors : une voca­ tion évidente, un talent inné, doivent-ils être considérés comme des traces d’une vie future particulièrement créative? Notre réponse sera non, à moins que nous n’acceptions qu’une même trace puisse être à la fois une trace du futur et une trace du passé, ce que nous ne ferons pas. On considérera donc cette vocation du nou­ veau né comme l’héritage d ’une heureuse combinaison génétique. Nous remarquons ainsi que la réversibilité du temps nous empêche de détecter aisément des traces du futur exclusives : celles qui nous inté­ ressent ! Nous avons donc déjà collecté au moins deux raisons qui expliquent que les traces du futur soient si difficiles à trouver. La première est l’indéterminisme du futur, en total contraste avec le déterminisme du passé, et la seconde est le fait que nous excluons des traces du futur celles qui sont aussi des traces du passé ! Il n’est donc pas étonnant que notre mémoire du futur soit aussi pau­ vre, tant elle est encombrée d’explications causales ! Mais ce n’est pas tout: rajoutons à cela notre supposé libre arbitre, et nous avons maintenant trois explications de la raison pour laquelle nous avons si peu de « mémoire du futur », la troisième étant que si nous avions une telle mémoire nous serions susceptibles de la modifier par libre arbitre, et cela se produirait en particulier si elle contient des souffrances à venir (et ceci même si après les avoir vécues, nous ne les regrettions pas).

Pour espérer trouver des traces de notre futur, il nous faudrait donc les rechercher parmi des futurs que nous n’avons pas l’intention de modi­ fier, et qui ne seraient pas causés par notre passé ! Il faudrait donc absolument que notre libre arbitre entre en jeu, sans quoi ces traces du futur n ’en seraient pas, puisqu’elles s’expliqueraient par le passé, c’est-à-dire par voie causale. Il faudrait donc que nous puissions libre­ ment modifier ce futur, mais sans pour autant le faire ! Mais à quoi ser­ virait la liberté, s’il s’agit d’accepter notre destin? Quadrature du cer­ cle ou casse-tête de sage bouddhiste ou cartésien ? Je ne saurais mieux dire que j ’y vois là une raison pour laquelle l’existence de ces traces reste pour le moins douteuse. L’absence de traces de notre futur ne serait-elle donc pas finalement qu’un reflet de notre absence de libre arbitre? La question mérite d’être posée. Quoi qu’il en soit, en cas d’authenticité de notre libre arbitre, alors nous devons rechercher des traces de notre futur là où notre libre arbi­ tre est justement susceptible d’agir sur de telles traces, si ce n’est de les créer ! Or de quoi notre libre arbitre a-t-il besoin pour agir, si ce n’est de nos intentions ? Quoi que l’on fasse librement, tout cela est en effet prédéterminé par nos intentions. Mais n’allons pas trop vite et revenons sur la Route du Temps pour y voir plus clair, car on peut raccourcir toute cette analyse en une méta­ phore : il est beaucoup plus facile de redescendre des montagnes pour retrouver inexorablement la route principale même si nous empruntons des sentiers différents, plutôt que de nous diriger vers une destination totalement inconnue d’avance, dont nous n’avons aucune trace: dans le premier cas nous sommes conditionnés par la descente, dans le second cas nous sommes libres. De nombreuses questions se posent alors: Qu’est-ce donc que cette liberté ? Est-ce une quête ? Si cette quête se résume à celle de Theopolis, ne pourrait-on pas en trouver des traces? Comment reconnaître de telles traces ? Comment détecter sur la Route du Temps ces traces du futur que nous avons librement choisi? Ne faudrait-il pas déjà avoir une meilleure idée d’un tel futur, c ’est-à-dire une intention claire? Armés d’une telle intention dont nous suspectons qu’elle va créer des

traces, de quoi avons-nous besoin pour les trouver? Comment finale­ ment apprendre à discerner ces traces du futur qui nous concernent, maintenant que nous sommes plus que jamais décidés à nous libérer de nos conditionnements et à développer notre libre arbitre ? Sur la Route du Temps, il est évident que nos choix se font au moment d’une bifurcation, encore faut-il en détecter la présence, car il y a des sentiers partout, jusqu’aux plus minuscules. L’observation aurait donc un rôle important à jouer, aussi important que l’intention, car en l’ab­ sence d’observation nous ne prendrions même pas conscience d’une bifurcation potentielle qui s’offre à nous, et nous resterions donc dans un scénario déterministe. Mais si nous observions une trace de notre futur nous suggérant de sui­ vre une autre voie, sur quelle information allons-nous nous baser pour faire le choix de bifurquer? Et comment être certain de conserver un total libre arbitre dans ce choix? Quoi qu’il en soit, le rôle de notre capacité d’observation, de notre attention, serait déterminant: Intention et observation seraient les deux ailes de notre libre arbitre ! Faisons un petit détour en physique moderne pour savoir ce qu’on dit de l’observation: il est tentant de rapprocher l’importance du rôle de l’observateur dans l ’exercice de son libre arbitre, à celle du rôle de l’observateur* en mécanique quantique. Car l’une des avancées les plus récentes de la physique quantique nous fournit des informations assez précises concernant ce rôle privilégié. Il s’agit de la Théorie de la Décohérence. Le concept de décohérence décrit comment la coexistence simultanée de plusieurs « branches de vie » potentielles parvient à se maintenir avant d’atteindre le stade ultime de l’observation, par un processus savant de « décorrélation ». Il s’agit en réalité de trajectoires de particules, mais les physiciens euxmêmes ne s’interdisent pas ce genre d’extrapolation. La décohérence nous explique le mécanisme d’entrée dans la réalité d’une observation unique parmi tout un ensemble de possibles. Bien qu’il ne s’agisse que de « branches microscopiques », elle mérite d’être examinée parce qu’elle conduit à l’émergence d’une seule ver­ sion de la réalité « parmi tant d’autres en préparation ». Le processus d’observation ultime qui permet ainsi d’accueillir dans notre réalité

une « branche de vie potentielle » (d’une particule) fait cependant, dans l’état actuel de nos connaissances, faute de mieux, intervenir un choix attribué au hasard. Ne pourrait-on pas l’attribuer au futur? Sachant qu’il est raisonnable de douter du choix par hasard, qui répu­ diait déjà Einstein qui refusait de croire que Dieu joue aux dés, qu’un tel hasard est une source de vide existentiel niant notre libre arbitre et correspondant mal à la conception que l’être humain peut avoir de son rôle dans l’univers, on peut raisonnablement convenir du fait que le processus d’entrée dans notre réalité de l’un de nos futurs potentiels reste aujourd’hui un phénomène mal compris dans l’état actuel de nos connaissances scientifiques. Ne serait-ce pas parce qu’on attribue ce choix au présent? Nous développerons plus avant cette question liée aux traces du futur, en fournissant une interprétation du phénomène quantique de la déco­ hérence, enfin favorable à notre libre arbitre. Mais pour l’instant, forts de l’idée que notre libre arbitre existe, qu’il dépend du déploiement de ces deux ailes que sont l’intention et l’observation, et que la Loi de Convergence des Parties est susceptible de présenter à notre observa­ tion des traces de notre futur, nous allons examiner comment le pro­ cessus d ’observation, rendu mystérieux par la science elle-même, pourrait fissurer le temps en deux parties : - un temps pour vivre notre destin déjà tracé, - un temps pour changer notre destin.

Résumé du chapitre III Pour mettre en œuvre le déterminisme inversé nous avons besoin d’une loi manquante qui serait créatrice d’un ordre synchrone et que nous qualifions provisoirement de « Loi de Convergence des Parties ». Cette loi est réversible et consiste à calculer le passé ou le futur à partir de leurs traces respectives. Lorsqu’elle est utilisée en l’absence de traces, elle redevient la physique statistique, qui utilise le hasard pour combler un indéterminisme dû à cette absence de traces.

II ne peut exister d’autres traces de notre futur que celles qui reflètent notre libre arbitre. Pour produire de telles traces, nous sommes inévita­ blement confrontés à l’authenticité de nos intentions. Pour les détecter, notre capacité d ’observation est fondamentale, car c ’est elle qui nous fait découvrir chaque bifurcation possible dans notre cheminement sur l’Arbre de Vie. Or cette importance fondamentale de l’acte d ’observation dans la manifestation d ’une réalité unique est aussi un résultat de la physique moderne.

IV. Fissure du temps Où l’on découvre, en recherchant les caractéristiques que devraient révéler à notre observation les traces du futur, une première fissure du temps.

Au détour d’un sentier chaotique de la réserve géologique, mon atten­ tion fut un jour captée par un chevreuil qui m’évita de justesse, en croi­ sant mes pas à toute allure vers une barre rocheuse donnant sur le vide et ne lui fournissant aucune issue. Cela faisait une bonne heure que je suivais ce sentier mal tracé sans parvenir à descendre de cette intermi­ nable barre qu’il longeait. Plus le temps passait et plus je m’éloignai de mon objectif, qui était de gravir le sommet situé en face. Je décidai alors de me faufiler dans les traces de l’animal, après avoir réussi à le prendre en photo juste avant qu’il ne disparaisse, et tombai rapidement sur une faille inespérée. Peut-être avais-je encore le temps de réaliser mon objectif? Je constatai que non, car cette faille était encombrée d’épineux réduisant fortement ma vision et mon rythme de descente, et je me demandai même si j ’allais pouvoir rentrer avant la nuit. Je par­ venais laborieusement à mi-descente quand un envol de perdreaux détourna mon regard. Soudain, l’espace d’une seconde, j ’aperçus mon chevreuil sur un éboulis, juste avant qu’il ne disparaisse derrière un talus. J’eus alors l’intuition que j ’avais emprunté une mauvaise piste et que c ’était derrière ce talus que devait se trouver le chemin que je recherchai depuis presque une heure. Je ne saurais dire pourquoi, mais

bien que cette sensation ne me paraisse pas rationnellement fondée, je décidai d’en tenir compte et de rebrousser chemin. Après avoir péni­ blement réussi à trouver comment sortir de cette faille par une issue à peine discernable, je ne tardai pas à vérifier, en réussissant à rejoindre l’éboulis, que j ’avais bien fait de me fier au chevreuil : vu d’en bas, ma descente initiale aurait été interrompue par une nouvelle falaise infran­ chissable, qu’il aurait fallu longer à nouveau pendant longtemps avant de pouvoir continuer ma descente. Et la nuit serait tombée avant que je ne trouve le bon chemin ! Ce n’est que beaucoup plus tard, des mois plus tard, en me souvenant de cette balade où j ’avais failli me perdre à la tombée de la nuit, que je compris que mon intuition avait été fondée par l’envol des perdreaux ! Je n’aurais pas attaché d’importance à cette coïncidence* entre les per­ dreaux et ma vision fugitive du chevreuil, si je n ’étais pas à ce moment-là occupé à cogiter l’idée que les coïncidences pourraient peut-être s’expliquer en vertu de la Loi de Convergence des Parties. Je suspectais ainsi qu’elles étaient des traces du futur, et je me demandais si nos intuitions, en général, ne relèveraient pas de la détection presque inconsciente, ultérieure à une ou plusieurs observations, de ces traces du futur. Faisons un point sur cette Loi avant d’étudier comment elle se com­ porte face au hasard. Afin de représenter notre vie de façon imagée de façon à préserver notre libre arbitre, nous avons introduit le modèle de l’Arbre de Vie. Ceci nous a amenés à remettre en question le sens du déterminisme classique, celui-là même qui veut nous faire croire que nous aurions un destin inébranlable. Cette inversion a eu deux aspects intéressants : 1. solutionner l’incompatibilité entre le déterminisme et le libre arbitre par inversion du premier, 2. suggérer l’existence d’une Loi de Convergence des Parties alterna­ tive à la Loi de Croissance de l’Entropie. Proposer une telle alternative se justifiait déjà par l’insatisfaction de nombreux physiciens devant l’interdiction d ’inverser la flèche du temps contraire aux équations fondamentales de la physique, et par l’incomplétude de la physique « statistique », qui à travers ce qualifica­

tif exprime une impuissance à trouver mieux que l’usage démesuré du hasard et des probabilités pour prévoir le futur, même s’il s’agit, du point de vue mathématique, d’une prouesse remarquable. Ne serait-ce que pour sortir de cet usage démesuré du hasard dans les calculs, qui est la source de la conclusion que l’entropie et donc le dés­ ordre ne peuvent que croître indéfiniment, il est intéressant d’étudier comment notre loi alternative nous débarrasse enfin du hasard et de telles croyances. Mais tout d’abord, la Loi de Convergence des Parties pourrait-elle déjà nous débarrasser du hasard de ma coïncidence entre chevreuil et per­ dreaux, en proposant une « cause future »? Que faire pour parvenir à une telle explication? Imaginer l’avenir potentiel de ces animaux, ou seulement l’effet que cette coïncidence a pu avoir sur mon propre futur, sur mon Arbre de Vie ? Une chose est sûre, sans ma présence il n’y aurait même pas eu de coïncidence. Je suis donc clairement impliqué dans l’affaire. Considé­ rons donc mon propre futur: j ’ai pu échapper à l’épreuve de passer la nuit dehors en pleine nature, sans lampe de poche ni vêtements chauds, perdu dans la montagne à un endroit où, même de jour, il est déjà diffi­ cile de retrouver son chemin. Mon Arbre de Vie n’avait-il aucun scénario de mémorisé dans lequel j ’aurais pu tomber malade après avoir pris froid? Ou avait-il un autre scénario obligatoire à m ’imposer à ce moment de ma vie? Reconnais­ sons que cela ne tient apparemment pas debout, et surtout que cela n’explique pas mécaniquement pourquoi les perdreaux s’envolent au moment même où le chevreuil va réapparaître fugitivement dans mon champ de vision. En fait, l’explication semble toute simple et pure­ ment causale: les perdreaux s’envolent à cause de mon passage, et j ’ai eu la chance d’arriver par hasard à leur niveau au moment même où le chevreuil était encore visible : encore le hasard. Mais cela ne tient pas, car justement c’est la faible probabilité de cette chance que nous jugeons invraisemblable, et par ailleurs, il est raison­ nable de penser que je me trouvais en face d’une bifurcation dans ma vie, c’est-à-dire en face de deux branches: choisir ou ne pas choisir de me fier au chevreuil, car je pense que c ’est bien mon libre arbitre,

conscient ou pas, qui est responsable de ma décision contre toute attente rationnelle de suivre ses traces. Je me permets de ranger ainsi ce couple d’animaux dans la catégorie de « trace du futur » suspecte, et en l’occurrence de mon propre futur, sans pour autant expliquer cette trace pour le moment. Pour cela, d’au­ tres développements sont nécessaires. Plus encore qu’avec les traces du passé, nous imaginons bien qu’une incertitude assez grande puisse régner sur ces traces du futur que l’on pourrait « glaner ». Elles peuvent être de natures très distinctes, qu’il s’agisse de calculs sophistiqués ou de coïncidences, de consultation d’oracles ou de tout ce que nous pourrions qualifier en général de « signes du destin ». Ce qui nous intéresse ici n’est pas de savoir si les traces que l’on sus­ pecte sont liées à des certitudes d’avenir mais d’apprendre à les distin­ guer de fausses traces, c’est-à-dire d’illusions, de projections et d’idio­ ties en tout genre. Car même incertaines, de bonnes traces restent dignes d’intérêt. La Loi de Convergence manquante nous fournit la piste suivante : en appliquant ses mécanismes créateurs d’ordre synchrone vers le passé, on vérifiera tout d’abord que les traces du futur devraient impliquer l’observation d’un ensemble d’éléments bien plus ordonné dans son état présent que dans son état futur, création d’ordre oblige. Mais il nous faut exclure les ensembles pour lesquels cet ordre existerait déjà ou serait encore plus ordonné dans le passé, comme c’est le cas par exemple de n’importe quel système en train de se dégrader. Une trace du futur ne peut donc se manifester sous la forme d’un ordre synchrone que si cet ordre n’a pas d’explication causale, sans quoi cet ordre ne serait qu’une trace d’un passé encore plus ordonné. Peut-on de ce point de vue considérer mon couple d’animaux comme une trace du futur? Il y a effectivement une création d’ordre synchrone : la concordance entre l’envol de perdreaux, la déviation de ma vision, l’apparition du chevreuil et par-dessus le marché, l’intérêt pour moi que tout cela arrive en même temps et de façon coordonnée. Le moindre retard, la moindre absence de coordination feraient désordre en donnant l’im­

pression que j ’ai raté une chance qui m’était donnée d’échapper à une nuit à la belle étoile et à la grosse bronchite qui s’en serait suivi. D’une façon générale, toutes les coïncidences difficiles à mettre sur le compte du hasard, c’est-à-dire toutes celles dont l’explication causale est très improbable, peuvent alors être suspectées comme pouvant être des traces du futur, la création d’ordre provenant de la simultanéité ou de la proximité des éléments qui les composent. L’improbabilité inter­ vient ici comme une mesure de la perfection du synchronisme, qu’il soit de nature temporelle (convergence au même instant) ou spatiale (convergence au même lieu). Il semble donc que ce qui caractérise cette improbabilité elle-même soit avant tout le synchronisme. En ce qui concerne l’ordre, encore faudrait-il déjà comprendre le sens de la coïncidence, si sens il y a. Les coïncidences nous instruisent donc déjà sur un potentiel de la Loi de Convergence des Parties qui serait susceptible de fournir une expli­ cation non causale à la création d’un synchronisme inexpliqué ! Il est pourtant facile de comprendre qu’en partant d’un futur où je dors tranquillement le soir dans mon lit, pour redescendre dans un passé où je suis perdu sur un mauvais chemin qui risque fort de me conduire à passer la nuit dehors, il soit indispensable de faire converger un ensem­ ble d’éléments de l’environnement liés entre eux par leur capacité à réunir les conditions synchrones pour que je me retrouve en haut de la faille, à l’endroit où j ’avais pris ma photo du chevreuil. La Loi de Convergence des Parties avait donc à reconstituer un passé dont cette photo était une des traces, en trouvant le moyen de me faire trouver cette issue quasi indiscernable sans laquelle je passais la nuit dehors. Avez-vous déjà essayé de suivre un chevreuil? Impossible qu’il ne disparaisse pas de mon champ de vision! Manifestement, la Loi de Convergence n’avait pas grand choix pour me ramener en haut de cette barre rocheuse, et elle a fait tout ce qu’elle pouvait en toute cohérence avec le jeu d’aléas* de l’environnement. Il apparaît donc que cette loi peut se prêter à un raisonnement causal inverse, grâce à l’indéterminisme de la nature, et se positionner ainsi en concurrente de la causalité, or ceci peut choquer certains esprits. A ce stade nous ne proposons comme hypothèse que l’idée que la causa­

lité puisse, grâce à cet indéterminisme, être complémentée par des mécanismes concurrents, apparemment non causaux. C’est tout sim­ plement la clé de la recherche de traces du futur. Il serait bon de s’habi­ tuer maintenant à l’idée d’une « logique non causale », à une causalité inversée qui n’en reste pas moins parfaitement rationnelle. Voyons maintenant comment toutes les traces suspectes du futur sont habituellement traitées par la logique causale : dans le cadre du para­ digme actuel de notre conception du temps, on a tendance à considérer comme infondées toutes ces traces suspectes, qu’elles relèvent de signes, coïncidences, prédictions, voyances ou autres sortilèges. Lorsqu’elles sont qualifiées de signes, c ’est sous la responsabilité d’une intuition personnelle, dont l’usage est en quelque sorte toléré mais pour le reste, la causalité ne tolère que les prédictions basées sur des calculs déterministes. L’intuition populaire elle-même, face à ces traces du futur souvent qualifiées de « signes du destin », les considère rarement comme fia­ bles et les range dans la catégorie des prévisions douteuses ou des pro­ jections mentales, parfois maladives, avec ce faisant le risque de per­ dre des informations. Ce refus de toute explication non causale est aussi ce qui dérange les physiciens devant la réversibilité des équations de la physique, qui constitue bel et bien un défi à la causalité. Il ne reste plus que le dogme de l’irréversibilité pour nous interdire de rechercher des traces du futur. Selon ce dogme, nous serions condamnés au désordre et à l’imprévisi­ bilité qui s’en suit, et nous baignerions dans un océan d ’incertitude. Le gros problème de ce dogme est que les équations qui permettent de l’établir fonctionnent dans les deux sens du temps ! Ce qui veut dire que le passé devrait être lui aussi plus désordonné que le présent et que le retour dans le passé devrait être de même irréversible. Accepteriez-vous de la part d’un enquêteur officiel à la recherche de traces du passé, dans le cadre d’une procédure de justice par exemple, qu’il ne puisse systématiquement jamais vous offrir la moindre certi­ tude sur ses conclusions, sous prétexte qu’elles seraient toujours sus­ ceptibles de changer, par exemple au fur et à mesure où les traces dis­ paraîtraient ? Non, parce que vous estimeriez que dans la majorité des

cas, l’acquisition d’une certitude est le propre du métier d’enquêteur. Dans le sens inverse, croyez-vous que votre avenir pourrait ne jamais être déterminé, même lorsque votre ferme volonté vous permet juste­ ment de l’assurer? N’est-ce pas être trop pessimiste que d’accepter une loi d’entropie croissante qui nous retirerait par principe toute possibi­ lité de confiance dans la vie, nous maintenant en permanence dans la peur que tout puisse aller de travers à tout moment ? La logique causale, tout en sombrant devant le dogme de la flèche du temps, nous renvoie ainsi en face des avatars de l’irréversibilité, de l’imprévisibilité et de la dispersion, autant dire le vide existentiel à l’état pur. Avec une Loi de Convergence des Parties qu’il reste encore à formali­ ser, nous sommes au contraire en droit d’espérer être enfin débarrassé d’incertitudes excessives puisque, à l’opposé d’une évolution vers le passé indépendante de notre volonté car déterministe, l’évolution qui nous dirige vers notre futur semble nous confronter à de véritables choix. Encore faut-il savoir exercer ces choix et maintenir les intentions qui leur sont liées. On voit que la première source de certitude concernant les traces que l’on peut espérer rencontrer de notre propre futur, d’après notre Arbre de Vie, va nécessairement mettre en jeu nos intentions, donc notre pro­ pre intégrité ou authenticité en tant que capacité à ne pas nous mentir à nous-mêmes. Si nous voulons observer des traces de notre propre futur, la moindre des choses est donc d’examiner sérieusement nos intentions, ne serait-ce que pour ne pas nous exposer à des traces contradictoires. Cette condition d’authenticité de nos intentions nous confronte à une contradiction: pour qu’elles soient fiables, il est préférable qu’elles soient accompagnées des moyens de les réaliser. Mais si tel est le cas, cette réalisation finit par s’inscrire dans le cadre de la causalité, et aucune trace du futur de cette réalisation n’est donc plus à espérer ! Voilà bien un sacré dilemme ! Cela expliquerait pourquoi nous n’observons pas, ou si peu, les traces de notre futur, tout simplement parce qu’en imaginant les moyens que

nous pourrions utiliser pour réaliser notre objectif, nous inscrivons nos futures actions potentielles dans une stratégie causale, l’un de ces moyens devenant ainsi la cause de notre futur. Et ceci annihile donc toute possibilité pour que ce futur dérive d’autre chose que de ces moyens, rendant ainsi impossible l’apparition de traces non causales ! Une troisième condition devrait donc être ajoutée à notre recherche de traces de notre futur: nous devrions être déterminés, mais ne pas encore savoir comment réaliser nos intentions ! Il y a donc un conflit potentiel entre les deux types opposés de traces que nous pouvons suivre pour réaliser nos intentions, sachant que les moyens que nous nous donnons représentent des traces causales, c’està-dire des traces du passé. Parmi les deux « déterminismes » qui leur sont associés, posons-nous donc maintenant la question de savoir quel est le plus réaliste ! Alors que la croissance de l’entropie entraîne dispersion et imprévisi­ bilité, la Loi de Convergence des Parties nous parle de rangement et de rassemblement de tout ce qui se ressemble ! Quelle assemblée préfére­ riez-vous élire pour décider comment l’univers doit se comporter? Celle qui prône le désordre et la dispersion, ou celle qui fait tout pour rétablir le bon ordre des choses ? Même la fin d’une vie, qui dans le sens inverse du temps correspond à une naissance, n’a rien à voir avec le drame de la mort. Il s’agit d’une « décroissance » de l’individu accompagnée d’une réorganisation génétique de toute l’information qui le caractérise, c’est-à-dire une transformation qui ne perd rien du tout. Ne serait-ce pas la meilleure façon de mourir ? La différence entre une loi qui consiste à augmenter le désordre, sans proposer de calculs prévisionnels autres que statistiques et limités dans le temps, et une loi qui consiste à augmenter l’ordre, mais dont nous ne connaissons pas encore les règles de calcul, est semblable à la diffé­ rence que nous ferions entre deux amis, le premier vous demandant de le suivre tout en déclarant qu’il ne sait pas où il va, car son itinéraire relève du hasard, et le second déclarant qu’il va au même endroit que vous car l’union fait la force ! Auquel des deux feriez-vous le plus confiance ?

Léo Rosten écrivait: « Si l’on ne sait pas où nous mène un chemin, alors on peut être sûr qu’il nous y mènera ». La question qui s’en suit: « Mais où? » est ici caduque, la réponse étant « Où l’on veut qu’il nous mène », sachant que cet endroit doit tout d’abord émerger dans notre intention, auquel cas il vaut mieux se faire accompagner par le second partenaire avec lequel nous sommes toujours en accord que par le premier. Car dans le cas contraire, cela équivaudrait à déléguer la réalisation de nos intentions à celui qui se laisse porter par le hasard. Cependant, en remettant excessivement en question la causalité, n’y at-il pas un risque que notre comportement s’en ressente de manière aussi absurde que d’agir au hasard? Effectivement, car le déterminisme inversé ne remet pas du tout en question la causalité, il ne fait que la compléter. Compte tenu de la réversibilité du temps, le déterminisme classique qui opère dans le sens du temps et qui équivaut à la causalité reste partiellement valable. Ce n’est que lorsqu’il est lui-même excessif qu’il nous conduit à lutter contre la croyance que le temps favorise le désordre et engendre le chaos et l’imprévisibilité. C’est en tout cas le credo actuel de la majo­ rité des scientifiques, devant l’absence de loi d’information leur expli­ quant les choix que l’univers va effectuer à moyen ou long terme, ces choix étant incalculables. Cette imprévisibilité du futur leur fait invoquer un hasard qui suppose que l’univers comble cette incertitude par des choix aléatoires : le choix que fait une tornade de passer par tel endroit, un rocher de se détacher d’une falaise à tel moment, un dé de retomber sur telle face, etc. Il ne s’agit pas pour eux de choix relevant d’une quelconque inten­ tionnalité, mais relevant du hasard le plus pur. Certains invoquent Dieu, d’autres le déterminisme. On reste dans l’étemel débat entre Ein­ stein et Bohr qui lui répondait: « Einstein, cessez de dire à Dieu ce qu’il doit faire ! ». Pour sortir de ce débat et placer ces « choix de l’univers » sous la dépendance de nos intentions, encore faudrait-il que nous ayons la capacité d’agir sur les processus qui arrivent par hasard. Ce n’est visi­ blement pas le cas, sauf peut-être de façon excessivement faible, si

l ’on veut bien se fier aux résultats de nombreuses expériences de parapsychologie [2] [25] et notamment de psychokinèse avec des générateurs de nombres aléatoires. J ’éviterai cependant cette hypo­ thèse d’une éventuelle influence « psi » sur la matière dans ce livre, pour la simple raison que cette notion d’« influence » inscrit a priori son mécanisme hypothétique dans le cadre de la causalité. Par ailleurs, nous n’aurons pas besoin de l’invoquer. 11 n’est donc pas question ici d’action sur le hasard, mais une petite subtilité se dégage malgré tout de cette idée, comme une première fis­ sure du temps : sans pour autant influer sur le hasard, si nous pouvions mettre nos propres choix sous la dépendance du résultat du hasard, alors notre vie pourrait hériter de son indéterminisme, et notre Arbre de Vie en serait automatiquement rendu plus diversifié! Est-ce bien raisonnable? Évidemment non, car cela reviendrait à agir de façon totalement incohérente et désordonnée. Quelle idée farfelue ! Je dois cependant signaler que cette attitude, farfelue ou pas, aurait l’avantage de produire d’éventuelles traces de notre futur, mais alors quelles traces ! Des traces de notre folie? Absolument, celles d’un futur absolument incontrôlé du fait que nous aurions délégué notre libre arbitre au hasard le plus pur ! Par exemple, si par souci d’économie et confiance excessive dans le hasard je décidais avant chaque congé de jouer aux dés, sur un chiffre pair, ma décision de partir ou non en vacances, alors le résultat non causal du jet de dé serait nécessairement une trace de mon futur, à défaut de pouvoir l’être du passé; car on ne pourra prévoir ce résultat indéterministe qu’en connaissant mon futur. Or il resterait inconnu. D ’après notre Théorie du Temps, un tel comportement d’évidence absurde, qui relève du hasard le plus pur (indéterministe), ne peut être déterminé que par le futur. Il relève donc uniquement de la Loi de Convergence des Parties. Le fait d’agir conformément à des « indices » dictés par le hasard reviendrait donc bien à suivre des traces de notre futur, mais d’un futur qui serait non identifiable, aucun sens ne pouvant plus être attribué aux coïncidences qui pourraient en émerger ! Dans ce cas cela n’a absolument aucun intérêt et c’est au sens propre

insensé. Nous observons là le réel danger qui guette la personne qui souhaiterait se fier à de telles traces ! Que l’on s’en serve ou non, le hasard semblerait donc être à plus d’un titre impliqué dans notre quête de traces du futur, mais il nous manque manifestement les clés nous permettant d’en prendre éventuellement le contrôle. Compte tenu de l’ordre induit par la Loi de Convergence des Parties, cet ordre ne pourrait-il pas justement nous fournir de telles clés ? Pour l’instant, nous avons déjà accumulé les indices suivants : création d’ordre synchrone non causal, intervention du hasard indéterministe, intentions exprimées, sans savoir comment les réaliser. Mais nous ne savons pas encore nous servir de ces indices parce que nous n’avons encore aucune idée du mécanisme qui les met enjeu. Ce mécanisme fait l’objet d ’une logique non causale dont nous avons découvert l’existence, mais que nous ne maîtrisons pas encore. Il révèle cependant, en l’état, une première fissure du temps: celle qui permet à notre libre arbitre d’exister réellement, c’est-à-dire de modi­ fier notre avenir déjà tracé pour en tracer un nouveau, hors de tout conditionnement causal, et même si pour l’instant, c’est sans aucun contrôle.

Résumé du chapitre IV Une première recherche des traces du futur nous a conduits à les carac­ tériser par l’observation d’un ordre synchrone non causal, comme celui qui caractérise une coïncidence survenant tout à fait par hasard. Une seconde recherche des traces du futur, consistant à éliminer toute explication causale qui les confondrait à des traces du passé, nous a suggéré un comportement du libre arbitre consistant à : éviter tout projet visant à réaliser ses intentions, faire reposer ses choix sur le hasard, par exemple en jouant aux dés. Nous en avons conclu que bien qu’il s’agisse d’un comportement le plus souvent absurde, il est susceptible de générer de véritables traces du futur.

V. La logique non causale Où l ’on constate avec étonnement que pour générer des hasards favorables, la Loi de Convergence des Parties n ’a que faire de leurs infimes probabilités.

- Oh Philippe ! Pourquoi tu ne m ’as pas dit que tu voulais aller sur la montagne de Jouere ! Je t’aurais accompagné ! Il n’y a pas de sentiers là-bas, seulement des traces d’animaux ! Tu es fou, Luce m ’a raconté que tu as failli passer la nuit dehors sans équipement. Ah ! Tu es vrai­ ment un bleu. Alors à quoi on sert nous? Mais comment tu as fait? - OK Jo, ça va, il n’y a pas de mal, tu sais je m’en sors toujours, j ’ai de la chance, sinon je ne me serais pas aventuré. Après tout, il ne m ’est encore jamais rien arrivé dans la nature, alors que j ’ai eu plein de pannes sur l’autoroute par exemple. Franchement, j ’en ai assez et s’il fallait choisir, je préférerais être pris au piège dans la nature, ça serait plus sympathique, tu ne crois pas ? - Tu es fou ! Tu ne te rends pas compte. Si tu savais, moi, tous les risques que j ’ai pris dans ma jeunesse, et surtout à la chasse ! J ’ai failli perdre la vie, tomber dans des gouffres, tiens je vais te raconter, laissemoi me souvenir... c’était il y a quinze ans, avec mon beau-frère... ... Et Jo commençait à me raconter ses vies antérieures. A chaque fois, les issues de ses histoires ne tenaient qu’à un fil, comme mon histoire toute récente. En fait il avait vécu bien plus de hasards favorables que moi, mais jamais il n’invoquait le hasard. C’était toujours soit l’intui­ tion, soit l’instinct, soit la chance, soit l’adresse et quand ça allait mal,

c’était parce que quelque chose avait mal tourné, que quelqu’un avait mal agi, comme s’il fallait qu’en temps normal, aucune erreur ne soit faite et que les choses fonctionnent toutes seules, comme par enchante­ ment! Comme si les gens étaient fautifs, responsables, incompétents, dès que la magie de la vie n’opérait pas ! Jo et Luce avaient tellement envie de distribuer cet amour débordant qu’ils avaient de la vie que, dans un sens, il n’était pas étonnant qu’ils trouvent normal que tout fonctionne tout seul, comme si cet amour devait agir comme de l’huile dans un moteur. Mais ils ne pouvaient pas huiler tout ce qui bougeait, et c’était ça le drame de leur vie... Et c’est d’ailleurs, d’une façon générale, le drame de toutes les per­ sonnes aimantes et de bonne volonté, auxquelles il est donné de raison­ ner avec la meilleure des logiques et de se comporter selon la meil­ leure des morales, sans que pour autant, les choses fonctionnent selon l’idéal tant espéré ! C’est pourquoi nous devons maintenant apprendre à nous débarrasser de cette tendance systématique à raisonner dans le temps ordinaire, selon une logique causale inefficace car elle ne détermine que partiel­ lement les choses ! Cette tendance vient de notre difficulté à raisonner en inversant les causes et les effets, du fait de notre ignorance de la Loi de Conver­ gence des Parties ou loi d’attraction des lignes temporelles, comme nous le verrons en dernière partie. Nous avons du mal à appliquer cette loi car il nous est difficile d’admettre qu’elle va toujours faire en sorte que le hasard fasse bien les choses. Pourtant elle ne semble pas dépen­ dre elle-même du hasard, lequel semble au contraire lié au sens habi­ tuel du temps, c’est-à-dire à la causalité. Pour apprendre à appliquer la logique non causale, nous allons mainte­ nant étudier une subtilité « cachée » du temps, qui repose sur l’im­ mense réservoir de possibilités dégagées par les aléas de la nature. Il existe une bonne façon de remonter à un présent donné à partir d’un futur donné, qui évite de faire appel à une Loi de Convergence hypo­ thétique pour laquelle nous ne disposons ni de méthodes ni de règles de calcul. Il s’agit de calculer à partir de ce présent tous les futurs pos­

sibles autant de fois qu’il est nécessaire jusqu’à atteindre enfin le futur imposé. On remplace donc le déterminism e inversé de la loi de convergence par de multiples tentatives de retour vers le futur. Pour­ quoi multiples? Parce qu’il s’agit de tenir compte dans le calcul de la variabilité engendrée par toutes les possibilités de l’indéterminisme causal, et notamment des agents externes susceptibles d’être présents dans l’environnement et d’intervenir par hasard. Malgré tout, la plupart des solutions risquent de passer à côté et ne jamais atteindre le futur imposé, et il se pourrait même qu’aucun calcul ne nous amène à ce futur, même avec une infime probabilité. Mais si nous prenons bien en compte la réalité d’une dispersion indéterministe qui peut engendrer une foule de futurs possibles aux variétés parfois infinies, nous devrions pouvoir faire émerger, au prix d’une orgie de calculs, une solution correcte même si elle est extrêmement improba­ ble. Nous pouvons être aidés en cela non seulement par les aléas dispersifs (aléas dus à la dispersion des trajectoires possibles), mais aussi par ces agents externes que sont les multiples interventions possibles du hasard. Dans la catégorie des aléas, on peut citer la variabilité des trajectoires des éléments en présence, comme les temps d’arrêt du chevreuil ou ma vitesse de descente dans la faille, qui peuvent par exemple nous faire passer au même endroit à plus ou moins quelques minutes près, lais­ sant la possibilité d’un réglage à la seconde près qui serait utile à une rencontre synchrone. Dans la catégorie des agents externes du hasard, on peut citer à la place de mon envol de perdreaux le passage d’un avion de chasse, le bruissement du vent dans les feuilles, celui d’un animal dans un buis­ son, ou encore un reflet aveuglant du soleil. Pour pouvoir les faire intervenir, il faut bien entendu que les aléas dispersifs de ces agents du hasard soient compatibles, c ’est-à-dire aptes à se manifester dans le bon intervalle de temps. Cette possibilité de puiser dans une infinité de scénarios grâce à un vaste jeu d ’aléas dont les intervalles de manifestation probable sont susceptibles d ’avoir une intersection non vide, laissant ainsi la possibi­ lité d’un intervalle plus restreint durant lequel elles pourraient se syn­

chroniser, nous permet d’espérer en trouver au moins un qui veuille bien coller avec notre futur imposé. Bien qu’elle soit fort gourmande en calculs à cause de tous ces aléas, nous disposons en tout cas d’une méthode pour appliquer la Loi de Convergence des Parties sans connaître ses règles et méthodes de cal­ cul ! Je rappelle que cette méthode peut nous rendre un résultat nul, c’est-àdire conclure à l’impossibilité réelle d’atteindre un futur donné. On ne peut donc l’exploiter que si on l’aide à nous aider, en choisissant l’en­ vironnement adéquat. Cela ne vous rappelle-t-il pas l’adage: « aidetoi, le ciel t ’aidera! ». Pour mieux comprendre maintenant l’intérêt des agents externes, remarquons que je n’avais pas besoin de l’envol des perdreaux pour suivre mon chevreuil. Il aurait suffi que je sois assez attentif à l’envi­ ronnement pour trouver l’issue. C’est donc à cause d’un conditionne­ ment déterministe inhérent à ma personne, qu’il fallait absolument que je sois « réveillé » par un agent externe. On voit ainsi que paradoxalement, pour que le hasard fasse bien les choses, il faut rendre improbable la solution la plus simple en appa­ rence, la plus causale, celle qui ne fait pas intervenir d ’agent externe. Il s’ensuit que plus le futur imposé est difficile à réaliser, compte tenu de la pauvreté des agents en présence, plus il est nécessaire de rajouter de tels agents pour en augmenter la probabilité, du point de vue non cau­ sal bien sûr. La double présence du chevreuil et des perdreaux augmente donc la probabilité pour que la Loi de Convergence des Parties trouve une solution, alors qu’au contraire, du point de vue causal, c’est précisé­ ment cette addition d’un agent supplémentaire (les perdreaux) qui donne l’impression que le phénomène est encore plus improbable ! Ce paradoxe provient du fait que d’un côté l’on raisonne dans un cadre causal qui nous fait introduire la très faible probabilité du synchro­ nisme entre plusieurs agents, alors que de l’autre coté l’on raisonne en logique non causale où ces probabilités de synchronisme perdent tout leur sens. Elles deviennent caduques, puisque le synchronisme est imposé.

Les seules informations à prendre en compte en logique non causale sont les durées de recouvrement des intervalles temporels de disper­ sion indéterministe des aléas des différents agents. Si l’on considère par exemple les intervalles pendant lesquels les perdreaux et le che­ vreuil sont susceptibles, respectivement de s’envoler ou d’apparaître brièvement sur un talus, c ’est la durée de leur intersection qui compte, et non la probabilité pour que les deux événements aient lieu au même moment. Plus cette durée est élevée, et plus la convergence de ces deux aléas pour aider un événement à se réaliser est probable. Retenons simplement que plus la probabilité de réalisation causale du futur imposé est faible, et plus la probabilité pour que le hasard inter­ vienne en présence d ’agents susceptibles de faciliter les choses est forte. Cette inversion des probabilités a le mérite de nous faire entre­ voir pourquoi, malgré les apparences, la logique non causale pourrait bien être tout aussi rationnelle que l’autre. La question subsidiaire est de savoir quel est, parmi tous les agents possibles, celui que la nature (c’est-à-dire la Loi de Convergence des Parties) choisira. On peut raisonnablement supposer qu’elle choisira le plus réaliste, c ’est-à-dire celui dont l’intersection de recouvrement des trajectoires indéterministes sera la plus large. Mais cela pourrait être aussi l’agent qui se manifeste en premier à la Loi de Convergence, c’est-à-dire en dernier du point de vue temporel. Laissons cela en sus­ pens. Voyons maintenant un exemple que nous enrichirons ensuite en ajou­ tant un facteur humain, afin de faire la démonstration de toute la puis­ sance de la logique non causale. Reprenons notre verre brisé en cent morceaux épars, et supposons que sa chute soit l’aléa qui nous mène à l’événement futur que nous nous imposons. Imaginons tout d’abord que notre processus de reconstitu­ tion du verre oublie dans son calcul l’un des morceaux, à cause d’une trajectoire très particulière qui l’amène hors zone de recherche: c’est envisageable si par exemple ce morceau égaré a été animé d ’une grande vitesse juste après l’éclatement du verre, puis a rebondi sur plu­ sieurs obstacles pour atterrir on ne sait où... En remontant alors le temps jusqu’au moment de la création par souf­

flage de ce verre, on se retrouve alors avec une quantité de verre en fusion insuffisante, par manque du morceau égaré. Jusque-là, on enre­ gistre une perte de matière un peu bizarre. Mais les choses commen­ cent à se gâter sérieusement lorsqu’on considère qu’avant que le verre ait été soufflé, il subsiste quelque part un petit morceau de verre cassé qui n’a pas rejoint le verre d’origine, avant même que la fabrication de ce verre ait eu lieu. Un morceau de verre qui serait par conséquent sorti du néant ! On a donc une perte de cohérence lorsqu’on recalcule un passé qui ne reconstitue pas exactement le même verre avec tous ses morceaux d’origine, même les plus infimes. On remarque ainsi que la Loi de Convergence des Parties se doit d’être extrêmement exigeante en matière de déterminisme inversé, en contraste complet avec les immenses possibilités d’aléas de la causa­ lité dans le sens du temps, qui admettent des répartitions des morceaux selon des milliards de combinaisons possibles, pour peu que l’on soit exigeant en précision, et ceci sans qu’aucune de ces répartitions ne soit incohérente. Imaginons maintenant que j ’impose à mon programme de détermi­ nisme inversé un futur dans lequel un morceau de verre expulsé lors de sa chute atterrisse dans une chaussure qui se trouve au pied de mon lit : un tel cas est tout à fait envisageable, puisque nous avons des milliards de combinaisons possibles. Toutefois, le verre étant initialement positionné sur ma table de chevet, et la chaussure par terre de l’autre coté de mon lit à deux mètres envi­ ron de la table, la probabilité de ce scénario est très faible, car les très rares morceaux de verre qui vont parvenir à l’atteindre auront généra­ lement une trajectoire trop basse pour pénétrer dans ma chaussure. Mais l’essentiel ici est que cette trajectoire reste possible. Ce scénario fait donc partie des futurs probables d’un morceau de verre épars, et l’on se doute que pour un tel scénario, la Loi de Conver­ gence des Parties devra employer un programme très puissant pour qu’il n ’oublie pas le morceau dans la chaussure et que ce dernier retrouve son chemin vers le verre intact. Il faudra notamment que ce morceau rebondisse sur un rebord du lit en aspirant assez d’énergie

pour retrouver une énergie cinétique suffisante afin de rejoindre le verre. Imaginons encore que j ’ajoute un facteur humain à mon programme et que j ’impose à la Loi de Convergence des Parties, en plus des mor­ ceaux de verre, le fait que j ’échappe miraculeusement à un accident d’avion, sachant que j ’avais un rendez-vous à l’étranger m’obligeant à prendre un avion de malheur de bon matin. Franchement, mourir ainsi est pour moi hors de question ! Que pourrait donc faire la convergence des parties pour me sauver la vie? Je ne mets jamais l’alarme de mon réveil. Exceptionnellement, ce matin-là je F utilise parce que je dois me rendre très tôt à l’aéroport. Sa sonnerie me surprend et, en me levant brutalement pour l’arrêter, je fais tomber de ma table de chevet un verre qui se casse sur le carrelage de ma chambre. Je prends le temps de faire un ménage précaire, pes­ tant contre ce contretemps qui n ’augure pas très bien de ma journée, puis je déjeune rapidement tout en enfilant chaussures et vêtements. Je sors de chez moi, puis en descendant rapidement l’escalier qui mène à mon parking, je ressens d’un seul coup une vive douleur au pied qui me fait trébucher puis tomber dans l’escalier. Je me relève sans trop de mal en boitant mais en continuant ma descente je trébuche à nouveau. Après une vive douleur une entorse me gonfle rapidement la cheville. Impossible de conduire! Je m ’assieds pour évaluer la situation et notamment les conséquences d’un important rendez-vous raté. Enfin, je rentre chez moi piteusement pour m’allonger et demander de l’aide. Je reste alité ce matin-là. Quelle n’est pas ma surprise lorsque, après avoir allumé ma télévision, j ’apprends que l’avion que je devais prendre s’est abîmé en mer! Aucun survivant ! Notons que bien d’autres d’agents externes auraient pu me sauver la vie: un embouteillage, une fièvre, le coup de téléphone d’une amie ayant rêvé de l’accident d’avion, etc. J’en viens donc à cette remarque qui caractérise bien la logique non causale: la probabilité pour qu’un morceau de verre se retrouve dans ma chaussure a beau être infime, elle ne semble pas intervenir dans le choix des agents. En effet, quelque soit l’agent, ici la chute du verre, la convergence des parties a

lieu quoi qu’il arrive, c’est-à-dire que le bout de verre atterrit automati­ quement dans la chaussure: il suffit juste que cette possibilité existe. Remarquons également qu’à la différence de l’atterrissage du bout de verre, la probabilité pour que je casse le verre en me redressant bruta­ lement à cause de mon réveil était beaucoup plus élevée ! Serait-ce la raison du choix de cet agent? Il est préférable d ’en douter, car les agents peuvent s’enchaîner les uns après les autres ou se substituer l’un à l’autre selon une logique impénétrable car apparemment indépen­ dante de leurs probabilités causales. Pour l’instant, le facteur déterminant, celui qui défie les probabilités, n’est donc pas encore identifié. Tout ce qu’on peut dire est que plus ce facteur est puissant et plus il est de nature à contourner d’infimes pro­ babilités causales des agents du hasard pour imposer son scénario. Quel est donc ce facteur? Pour le mettre en évidence, nous allons tout d’abord rechercher l’ori­ gine de la trace du futur imposé, et nous devrons ensuite identifier ce qui rend cette origine aussi puissante à défier les probabilités, ce qui nous emmènera jusqu’à la fin de ce livre. Mais le jeu en vaut la chan­ delle! Je connais des personnes qui seraient du genre, si l’événement de l’avion raté puis crashé leur était arrivé, à récupérer ce fameux mor­ ceau de verre qui leur a fait si mal, et à le mettre dans une vitrine afin de pouvoir fièrement l’exhiber comme l’objet de la « chance » qui leur a sauvé la vie. Cet objet sur lequel on projette si facilement une vertu bénéfique ne serait-il pas finalement le meilleur représentant de trace du futur que l’on puisse imaginer? Et de plus, une trace enfin matérielle ! Pour quelle raison objective aurait-on tendance à qualifier ce morceau de verre de « trace du futur » ? Parce qu’il nous a permis d’échapper à un futur dramatique ? C’est en fait la conjugaison de ce hasard hautement improbable avec son « intentionnalité apparente » (me sauver la vie) qui fait penser à une véritable trace du futur qu’on a envie de mettre en vitrine. Reformulons les indices accumulés jusqu’à présent, susceptibles de caractériser les traces du futur :

- création d’ordre non causal, - intervention du hasard indéterministe, - intentionnalité apparente du hasard. Il se rajoute ainsi à l’ordre synchrone déjà identifié précédemment un nouvel élément de coordination qui fait sens et qui est l’intentionnalité apparente du hasard. Il défie lui aussi la logique causale, mais nous venons de voir que la logique non causale ne parvient pas non plus à expliquer cet ordre intentionnel. Quant aux intentions réelles, elles n’apparaissent même pas dans ce phénomène heureux de l’avion raté, ou alors elles sont totalement inconscientes ! En conclusion de cette première partie, on peut dégager l’indépen­ dance manifeste entre la logique non causale d’un événement et son apparente intentionnalité. Car à aucun moment nous n’avons eu besoin de faire intervenir l’intention dans le processus de convergence des parties pouvant expliquer l’événement. Si influence de l’intention il y a, elle n’est donc pas matérielle car elle n’intervient pas dans le déroulement de l’événement; mais elle semble tout de même liée d’une part à la formation du futur imposé, et d’autre part à ces très faibles probabilités causales de l’événement qui sont ignorées par la Loi de Convergence des Parties. L’intention serait-elle à l’origine de la seconde causalité, à défaut d’in­ tervenir en quoi que ce soit dans les chemins de réalisation ?

Résumé du chapitre V Le caractère très improbable et parfois « magique » de certaines coïn­ cidences provient de notre incompréhension de leur mécanisme, de leur logique propre. Il existe une logique non causale pour laquelle ce genre d’événement perd totalement son caractère improbable, car c ’est au contraire lorsque nous sommes en présence de multiples aléas potentiels que nos chances seront augmentées pour qu’ils coïncident dans le temps et/ou dans l’espace afin de nous rendre un service, alors que selon la logique causale, c’est l’inverse.

Bien qu’elle nous rende des services, la logique non causale semble pourtant réaliser l’œuvre de la Loi de Convergence des Parties indé­ pendamment de toute intentionnalité. Elle ne fait que répondre aux ordres d’un futur déjà réalisé. Par ignorance de cette logique non causale, on attribue parfois une intentionnalité apparente au hasard lui-même. Or le hasard n’a rien à voir dans le mécanisme de la coïncidence heureuse, où seul compte le réservoir des possibles, parmi lesquels sera automatiquement sélec­ tionné celui qui réalise le futur potentialisé. Si pouvoir de l’intention il y a, il ne peut donc être lié qu’à la potentia­ lisation d’un futur donné, et non à son mécanisme de réalisation.

Deuxième partie La Double Causalité

VI. Les traces du futur Où l ’on découvre que nos intentions sont susceptibles de causer des effets dans le futur qui deviennent à leur tour des causes futures d ’effets présents.

- Cette fois-ci j ’espère que tu as compris ! Danièle m’exhibait avec un sourire rayonnant la note du bar restaurant où nous venions de déjeuner. - 22 euros ! Encore un 22 ! Attends, je vais le prendre en photo ! Nous venions de croiser une voiture immatriculée dans le département 22, peu après avoir quitté la D22 pour aller déjeuner dans ce restaurant de La Javie. Et je venais d’expliquer la veille à Danièle, après avoir pris en photo une borne D22, que j ’avais tendance à tomber sur des suites de 22 à des moments décisifs de ma vie. J’étais donc amusé mais aussi très intrigué par ce nouveau 22 que Danièle semblait me désigner et qui cautionnait mes dires, car je me demandais ce qui pour­ rait bien se passer de si important ce jour-là ! Elle éclata de rire : - Mais non, ce n’est pas ça du tout ! Regarde le nom au dessus ! Il faut vraiment que tu écrives ton livre ! Elle n’avait pas du tout remarqué le 22 de la note! Elle m ’indiquait seulement le nom de ce bar restaurant: - Le nouveau roman.

J’apercevais ce nom médusé, car c’était une référence à la littérature, une fois de plus ! Il n’y aurait pas eu de quoi s’étonner outre mesure si la veille au soir, je n’avais pas vécu une coincidence ayant la même signification littéraire, juste après avoir expliqué à Danièle mon inten­ tion d’écrire un livre sur la synchronicité. Nous étions en vacances dans la réserve géologique de Haute-Provence, et je voulais justement expérimenter ce genre de bizarreries de la vie en nous plaçant sans cesse en face de situations imprévues. Je commençais en effet à avoir une certaine idée de leur mécanisme et de la façon de les provoquer. Et pour ne pas inquiéter mon amie, je lui avais tout raconté afin de la ren­ dre complice de mes excentricités. Parmi celles-ci, j ’avais décidé la veille au soir de l’emmener au restau­ rant à Digne, alors que nous avions tout ce qu’il fallait pour dîner sur place agréablement au lieu-dit de notre gîte d’étape à Draix, situé à une quinzaine de kilomètres. Nous étions fatigués et ce n’était pas raison­ nable. Danièle avait beau avoir des qualités qui lui permettaient de res­ sentir qu’il fallait me laisser suivre mes impulsions sans chercher à les contrecarrer ni même à les comprendre, ce soir-là j ’avais tout de même exagéré, et c’est pourquoi je lui avais tout expliqué. Cette bougeotte que j ’avais afin de favoriser l’inattendu pour provo­ quer des synchronicités fonctionnait parfaitement bien, ne serait-ce que parce qu’elle avait introduit un véritable « plus » à nos vacances, ainsi enrichies de variétés de situations imprévues et souvent enchante­ resses. Ce gîte que nous avions d’ailleurs trouvé au bout de la D22 à Draix était situé dans un environnement superbe et nous y avions été très bien accueillis. Nous n’avions réellement pas besoin d’aller dîner en ville ce soir-là. Pour compliquer les choses, arrivés à Digne il y avait une foire et il fut très difficile de trouver une place de stationnement. Pour ajouter au cocasse de la situation, notre voiture était chargée d’affaires que le cof­ fre ne suffisait pas à contenir et je craignais le casse, comme cela m ’était déjà arrivé à Marseille. Après avoir tourné pendant cinq minutes à la recherche d’une place de stationnement visible depuis un restaurant, je finis par en trouver une, probablement le seul et unique emplacement libre à 500 mètres à la ronde ! Heureusement, car je com­

mençais à regretter ma décision de dîner en ville, et j ’avais peur que mon amie n’ait plus confiance en mes initiatives déviantes. Enfin installés à la table de ce restaurant, et alors que nous prenions l’apéritif, elle me fit alors remarquer que nous nous étions garés juste en face d’une librairie : - Tu as vu où tu t’es garé ? Cette librairie me rappela instinctivement mon « intention » d’écrire, et Danièle avait ressenti la même chose que moi : - Ca veut dire que tu dois écrire ton livre ! Bien que je me demandais si effectivement, je n’avais pas provoqué ce phénomène en réveillant cette intention, d’autant plus que c’était bien ce que je recherchais pour mon livre, je doutais encore. Et j ’avoue qu’à cause de ce doute persistant à dénoncer des projections, je ne pouvais m’empêcher ce soir-là de rechercher une autre explication, en faisant le calcul de la probabilité a priori de me retrouver garé en face de cette librairie. Ne l’aurais-je pas inconsciemment recherché? Était-il vrai­ ment certain que c’était la seule place qui restait? Ce ne fut donc que le lendemain, dans cette Pizzeria de La Javie, après avoir vécu une avalanche de synchronicités que je décrirai dans sa totalité dans la troisième partie (seules sont citées ici les deux dernières coïncidences) que je reçus avec la note que me tendit Danièle le coup de grâce qui m’a convaincu de m ’atteler sans tarder à la rédaction de ce livre, comme si l’« univers » me l’avait ordonné, chose que je fis réellement quelques jours après, à mon retour de vacances. Et comme pour me signaler que ce jour-là, en prenant la décision d’écrire ce livre, j ’allais peut-être changer ma vie, la dernière coïnci­ dence de La Javie était accompagnée d’une série de 22 ! J ’avance ici l ’hypothèse que ces exemples vécus constituaient des traces de mon futur, mais avec cette fois-ci une intervention évidente de mon intention, probablement amplifiée par une réelle volonté de m’ouvrir à ses effets. Ce genre de manifestations du hasard, suspectées pouvoir être quali­ fiées de véritables « traces du futur » téléguidées par l’intention, revêt ainsi une particularité très intéressante : ces traces sont potentiellement contrôlables !

La manifestation de telles traces implique nécessairement l’existence d’une intention, même envahie par le doute, ne serait-ce que parce que sans ce genre d ’intention permettant de les interpréter, on ne saurait les différencier du hasard. Cette intention, si elle est fiable, porte en elle effectivement un véritable potentiel de réalisation, susceptible de pro­ duire des effets dans le futur. Mais jusque-là, rien de nouveau sous le soleil, on attend toujours que l’univers nous fasse cadeau de son mode d’emploi ! Revenons maintenant à notre recherche de traces du futur, en les consi­ dérant, cette fois-ci, sous l’angle de leur finalité sous-jacente: quelles sont les observations que l’on peut faire autour de nous qui manifes­ tent la création d’un ordre non causal semblant avoir une finalité, ou vouloir réaliser une intention ? Ainsi posée, cette question nous fait penser à l’émergence de certains processus dans le domaine du vivant qui sont particulièrement créatifs, comme par exemple les mutations, mais aussi bien sûr les œuvres des hommes ou de certains systèmes vivants évolués comme les organisa­ tions de fourmis ou d’abeilles. Ces processus de création d’ordre pour­ raient-ils recevoir un soutien non causal ? Sans la vie, l’univers subirait une dégradation systématique de son état et de ses composants, à cause de l’augmentation générale de son entro­ pie au cours du temps. On peut alors effectivement se demander s’il n’y aurait pas des processus non causais à rechercher parmi les sys­ tèmes vivants, qui réussissent à maintenir de façon impressionnante leur entropie en absorbant de l’énergie environnante (nourriture). Car comment font-ils pour faire émerger une organisation aussi complexe et efficace ? En ce qui concerne les processus de création spontanée du vivant, reposant apparemment sur le hasard, on peut citer les mutations et notamment celles qui permettent à un être vivant (plante ou animal) de s’adapter à de nouvelles conditions drastiques de vie, où le manque de nourriture et les prédateurs sont les deux principaux facteurs élimina­ toires: le caméléon, ou mieux encore le papillon Kallima de Ceylan, qui disparaissent en prenant la couleur et la texture de leurs supports végétaux, l’orchidée Ophrys qui ressemble tellement à la guêpe Goryte

que son mâle la pollinise en la prenant pour sa maîtresse [34], parvien­ nent ainsi à survivre à l’aide de stratagèmes laissant penser que les mutations qui les ont engendrés ont comme origine une intention ! L’apparition soudaine de certaines mutations ne serait-elle pas une trace du futur ? Serait-ce un sacrilège d’oser mentionner une telle intention dans la nature, Darwin nous ayant clairement interdit une telle offense ? Les exemples abondent, non seulement en biologie, mais aussi en archéologie et paléontologie, qui aboutissent à suspecter une erreur de Darwin [37] et de son principe de sélection naturelle. À l’origine de cette idée qui est devenue, tout comme le déterminisme, un paradigme pluriséculaire ayant influé à travers le principe de compétitivité toute l’organisation économique de notre société, c’est toujours la causalité, encore la causalité et elle seule, qui nous fait ériger en théorie indébou­ lonnable, sous peine de sacrilège à la raison et au dogme, les principes de la loi du plus fort et de la concurrence. Seules survivent les espèces mutantes qui résistent au milieu, et c ’est ce qui expliquerait ces prouesses de la nature, ayant soit disant le temps comme allié, la nature disposant de millions d’années pour faire des tentatives et impo­ ser sa sélection finale. Est-ce que les choses se passent toujours ainsi ? Aujourd’hui encore les mutations ne sont comprises que dans le cadre de cette théorie qui fait démesurément intervenir le hasard, et c’est bien l’une des raisons pour lesquelles elle est de plus en plus contro­ versée. Une action démesurée du hasard pénètre ainsi aussi bien la physique statistique que la biologie. Ne serait-ce pas un signe que les scientifiques ressentent l’importance du hasard dans la science mais qu’ils ne l’auraient pas mis à la bonne place? Pour remettre le hasard à la bonne place, considérons maintenant les œuvres de l’homme, toujours à la recherche de traces du futur. On pourrait citer toutes ses constructions techniques, toutes ses œuvres artistiques ou architecturales. Voyons simplement l’un des éléments matériels épars de l’une de ses œuvres, telle une brique, en tant que constituant d’une maison, par exemple. S’agit-il d’une trace du futur? Il semblerait que oui, dans la mesure où elle serait intégrée dans le

futur à une construction. Mais qu’en est-il des briques non utilisées? Existe-t-il des éléments qui, considérés isolément, ne peuvent par nature maintenir cet état de séparation et vont donc obligatoirement faire partie intégrante d’une œuvre à venir? À eux seuls, on comprend que les briques et autres composants de la maison ne suffisent pas. Il faut évidemment que l ’intention de construire soit présente. Tout comme dans le cas des mutations où il existait un intense besoin d’adaptation, dans le cas des constructions humaines il faut la présence d’une forte motivation chez un individu. Mettez en présence un réel besoin humain avec tous les éléments matériels susceptibles de le satisfaire et la construction se fera. Mais aura-t-on pour autant affaire à un ensemble de traces du futur? Eh bien non, car on doit rejeter les besoins qui se réalisent de façon causale, c’est-à-dire par l’intervention d’un projet déjà prévu d’avance. La brique ne témoigne que d’un passé où le besoin de l’utiliser existait déjà, avant qu’elle ne soit assemblée dans la réalisation du projet. C’est le bâtisseur qui l’a ramassé dans une démarche tout à fait causale. Pour que cela ne soit pas le cas, il faudrait que le projet de construire une maison émerge spontanément, indépendamment du passé, comme si notre bâtisseur, après avoir un jour trouvé cette brique par hasard, avait échafaudé le plan de construire sa maison lui-même ! La réalisation du projet semblerait ainsi émerger comme une mutation, c’est-à-dire par hasard. Mais est-ce bien ainsi que l’on réalise nos pro­ jets? Nos plans ne sont-ils pas tout simplement déjà là, mais simple­ ment oubliés, puis réveillés par une trace? Mais même dans ce cas, et qu’il s’agisse de constructions humaines ou de mutations, le hasard n’est-il pas toujours présent à côté d’une inten­ tion réveillée, réactivée, lorsqu’on est en présence d ’une trace du futur? Nous avons là un fil directeur qui nous amène à comprendre le rôle plus ou moins caché de l’intention, car nous observons que celle-ci peut être plus ou moins consciente, et ne se révéler qu’a posteriori. Prenez par exemple la découverte fortuite d’un trésor qui permet à son découvreur de réaliser un projet dont il rêve, mais dont il n’avait pas la moindre intention apparente de réalisation, faute de moyens. Dans ce

cas on peut considérer que le fait pour cette personne de trouver, par hasard, un tel trésor constitue une trace d ’un futur dans lequel ce qu’elle désire le plus va se réaliser, la trace n’étant pas le trésor luimême mais sa découverte. A condition bien sûr que cet événement ne soit pas provoqué artificiellement par quelqu’un qui souhaitait géné­ reusement mettre ce trésor à la disposition de notre découvreur ! Dans ce genre de cas où une intention semble « réveillée », au contraire des traces du futur apparemment non intentionnelles, ou dont l’intention est cachée ou inconsciente, on s’aperçoit que le hasard, encore le hasard, fait à chaque fois émerger en quelque sorte une infor­ mation sur un potentiel nouveau, inexistant dans le passé avant que la découverte n’ait eu lieu. En effet, si notre découvreur avait gagné l’ar­ gent nécessaire en travaillant, ou s’il l’avait reçu de quelqu’un d’autre, alors l’information « individu en possession d ’une somme d ’argent lui permettant de réaliser son rêve » n’aurait été qu’une trace du passé, et c’est la causalité qui aurait été invoquée pour expliquer cet état de fait. Le hasard nous permet donc de ne pas ranger dans la catégorie « trace du passé » un fait déterminant pour modifier l’avenir. Je parle ici de « modification d ’avenir » car on admettra volontiers l’existence sous jacente d’une version en quelque sorte ordinaire de notre vie, que nous aurions réellement vécue si le hasard n’était pas intervenu pour nous mener sur une autre branche de vie. Serait-ce donc que certains événements susceptibles de bouleverser la vie d’une personne constituent de véritables traces du futur, à partir du moment où ils dépendent du hasard, du vrai hasard indéterministe, accompagné de ce rôle maintenant manifeste d’une intention réveil­ lée? La réponse est oui, dans la mesure où un tel hasard supprime toute influence causale. Mais remarquez bien que nous n’avons toujours pas supposé la moindre influence non causale de l’intention ! Et pourtant, nous avons déjà trouvé dans ce genre d’événements des traces d’un futur dans lequel elle joue un rôle manifeste ! N ’est-ce pas intriguant ? Pour creuser maintenant la question du rôle de l’intention, considérons maintenant une trace du futur d’une personne voyant ses rêves se réali­ ser, dans laquelle son intention joue cette fois-ci un rôle supposé

moteur, du point de vue de la Loi de Convergence des Parties : suppo­ sons donc que ce futur imaginaire soit « activé » dans le sens où sa probabilité d’advenir a été surélevée au niveau nécessaire, sans que l’on sache exactement comment, en tout cas pour le moment. Pour faire coller ce futur imaginaire avec le présent avant la décou­ verte de la trace qui a tout déclenché, on se retrouve en face de l’obli­ gation de dérouler en sens inverse du temps un scénario adéquat, mais concurrencé a priori par tout autre scénario purement causal d’échec, ou encore de réussite faisant intervenir les qualités propres de l’indi­ vidu, son travail ou les aides qu’il peut solliciter. Pour forcer un scénario de réussite imprévisible, la Loi de Conver­ gence des Parties serait-elle capable de produire une modification des trajectoires de vies dans l’univers de façon à mettre en présence notre homme et la somme d’argent nécessaire à la réalisation de son rêve? De quelle liberté la Loi de Convergence disposerait-elle pour pouvoir agir ainsi ? La réponse qui s’impose, comme dans le cas du verre cassé, est la sui­ vante: elle dispose d’une foule d’aléas possibles, qui va du hasard des rencontres à la simple dispersion naturelle des trajectoires de vie, inhé­ rente à l’indéterminisme qui préside au déroulement normal du temps. Elle peut même faire en sorte que, si le trésor est enterré, notre homme prête attention au sol en faisant tomber un fruit ou une feuille, si leur intervalle de chute indéterministe a des chances de croiser la trajectoire de notre homme. Il sera alors simplement passé au bon moment, au bon endroit, et aura suspecté quelque chose d’enterré là, sous son regard. C ’est donc juste une question de synchronisme, à condition que l’envi­ ronnement de notre découvreur s’y prête. Si le trésor était dans cet environnement depuis longtemps, il était inutile pour la Loi de Convergence de passer par un scénario plus complexe. Le chemin le plus simple était de ne rien changer à la structure de l’univers, et de profiter de quelques aléas dans la trajectoire de notre homme. Lequel d’entre nous peut-il prétendre savoir toujours exactement où il va et marcher toujours exactement à la même vitesse? À ceux qui maintiendraient qu’il n’existe qu’une seule possibilité de

trajet, et qui continueraient d’ignorer l’indéterminisme des aléas en m’objectant la Théorie des Variables Cachées, je signale un autre fac­ teur: en mécanique quantique, tant qu’une trajectoire n’est pas obser­ vée et n’interagit pas de façon déterminante avec l’environnement, elle est susceptible d’exister selon une multiplicité de versions. Mais nous verrons cela plus loin. Les simples propriétés de dispersion naturelle des trajectoires poten­ tielles des êtres humains sont déjà le plus souvent suffisantes pour per­ mettre la réalisation de telles coïncidences, à condition que leur possi­ bilité existe dans l’environnement. Heureusement, le fait de se retrou­ ver présent au bon endroit et au bon moment, d’une façon générale, est favorisé par nombre d’autres conditions susceptibles de générer de l’indétermination ou de l’imprécision. Si je me laisse distraire par l’ap­ parition d’un oiseau sur le pas de ma porte, je vais avoir un retard de quelques secondes au sortir de chez moi. Si je prends une personne qui vient de tomber en panne en stop, je risque même de dévier mon trajet. De petits riens sont ainsi, et d’une façon générale, susceptibles de modifier la position dans l’espace et dans le temps de n’importe qui, à tout moment. La Loi de Convergence a donc la possibilité de jouer sur un nombre considérable de facteurs dispersifs pour réaliser le pro­ gramme qui a été favorisé dans le futur, de manière à recoller à des réalités passées et présentes a priori immuables. Prenons maintenant un exemple qui va commencer à nous faire discer­ ner le rôle potentiel de l’intention dans la formation des traces du futur. Pour réaliser un projet qui me tient à cœur j ’ai besoin d’une informa­ tion clé, sans même le savoir. C’est même justement parce que je ne sais pas que j ’ai besoin de cette information, et que je crois disposer déjà de tout ce dont j ’ai besoin pour réaliser mon projet, sauf peut-être quelques détails, que j ’ai la détermination très confiante de réaliser ce projet. Cette confiance m’apporte d’ailleurs l’assurance que je saurai gérer tous les détails à résoudre pour atteindre mon objectif. C’est alors que, par le plus grand des hasards, je fais une rencontre qui m’apporte cet élément clé indispensable, sans lequel je n’aurais jamais pu mener à bien mon projet: un conseil issu d’un contact humain. Comment est survenue cette rencontre ? Comment ai-je ainsi fait l’éco­

nomie d’un enseignement qui aurait pu être très long? Aurais-je ainsi, sans le savoir, suscité ma chance ? Nous avons évidemment le plus souvent l ’impression que nous sommes incapables de programmer notre futur, particulièrement dans ces cas précis où nous n’avons pas les moyens de réaliser celui qu’on souhaite. Pourtant, si l’on considère notre Arbre de Vie, la voie qui nous mène à cette réalisation existe déjà, même si elle est très improbable. Le pro­ blème est qu’elle coexiste avec d’autres voies qui nous mènent vers l’échec et qui ont une plus forte probabilité, tant qu’on ne connaît pas l’élément clé de la réussite. La solution consisterait donc à augmenter la probabilité de la voie du succès, jusqu’à ce qu’elle dépasse celles des autres voies. Voyons déjà comment ce genre de probabilité pourrait simplement augmenter. Supposons que nous sachions maintenant qu’il nous manque un élé­ ment clé, mais que nous maintenions notre intention de réalisation constante, parce que nous sommes déterminés et qu’une petite voix nous souffle à l’oreille : - Tu vas y arriver, confiance ! Cette intention ainsi renforcée par notre foi aura le mérite d’éliminer les scénarios d’abandon, avant même que leurs facteurs déclencheurs ne se manifestent, ce qui aura pour effet d’augmenter immédiatement la probabilité du scénario de réussite: La foi serait-elle agissante? Supposons maintenant qu’armés de confiance, nous décidions de faire des rencontres intéressées car, avec un peu de chance, nous pourrions tomber sur celle qui pourrait nous apporter l’élément clé. Alors d’un seul coup, avant même de procéder à ces rencontres, la probabilité que notre objectif se réalise augmente encore, car nous nous donnons des ouvertures supplémentaires: nous augmentons nos chances. Imaginons maintenant que la Loi de Convergence des Parties soit « incarnée » en quelque sorte, non par des équations qu’on ne connaît pas mais par un gentil organisateur. Celui-ci étudiera les éléments en place, et notamment les possibilités qu’il a de jouer sur l’indétermi­ nisme des trajectoires de personnes possédant l’information clé dont

j ’ai besoin, puis choisira celle qui nous amène à nous rencontrer; en incluant s’il le faut parmi ces trajectoires, pannes d’oreiller, de voiture, incidents de toute nature, etc., tout ce qui peut retarder et/ou dévier la trajectoire des uns ou des autres, et qui ne dépend que d’un rien ! L’adage de ce gentil homme, exécuteur des bonnes œuvres de la Loi de Convergence, serait alors: « Si c’est possible, je le ferai ». On objectera bien sûr à ce mécanisme de la chance qu’il ne repose encore sur rien de tangible, et que je n’ai fait jusqu’à présent qu’allé­ cher le lecteur avec une hypothèse que personne n’aurait envie de reje­ ter si elle pouvait être vraie. Ce n’est pas tout à fait exact, car ce serait oublier ce que je viens d’ex­ pliquer, à savoir que nos intentions constituent un facteur d’amplifi­ cation instantanée des probabilités de hasards favorables à leur réalisation. En quoi consiste ce facteur? Il consiste d’une part en notre libre arbitre, et en sa capacité de faire émerger une intention fiable parmi nos intentions diverses; d’autre part, en la capacité qu’ont nos intentions de modifier instantanément la répartition des probabilités dans notre Arbre de Vie, à condition toute­ fois qu’elles soient assez puissantes pour que foi et confiance s’ensui­ vent. Ce qu’il faut maintenant toucher du doigt, c’est que cette modification va avoir pour effet de modifier aussi instantanément la structure de l’espace-temps futur, car déjà existant, par l’émergence d’un nouveau potentiel sur notre Arbre de Vie. Ce qui signifie que nos intentions seraient agissantes non seulement dans notre cerveau, mais aussi dans un endroit de l’univers exté­ rieur à notre cerveau ! Pour éclaircir cette possibilité, nous allons proposer dans ce qui suit une nouvelle représentation métaphorique. Nous sommes bien d’ac­ cord que nos « visualisations d’avenir » se font au présent, mais elles semblent avoir une incidence instantanée sur les probabilités de réali­ sation de telle ou telle autre branche à venir de notre Arbre de Vie. Ces intentions devraient alors être considérées comme des informations qui investissent notre futur en apportant à certaines zones de cet Arbre de Vie un potentiel accru.

Pour illustrer ce potentiel, nous allons maintenant utiliser l’analogie avec l’eau qui descend des montagnes dans les rivières, coule dans les fleuves, chute dans les barrages ou les cascades, etc. Le potentiel de l’eau à chuter étant indissociable de la capacité de son courant à transporter de l’information, nous allons donc utiliser l’image de ce courant pour illustrer le transport des informations dont nous avons besoin pour vivre, c ’est-à-dire dont notre libre arbitre a besoin pour contrôler nos intentions. L’eau sera ainsi le véhicule de toutes les informations devant lesquelles nous aurons à faire des choix.

Résumé du chapitre VI Le mécanisme par lequel nos intentions sont agissantes et donc sus­ ceptibles de générer des traces du futur est le suivant : Lorsqu’elles sont soutenues par la foi ou la confiance, nos intentions augmentent instantanément les probabilités de réalisation d’un avenir déjà potentialisé dans notre Arbre de Vie, s’il n’existe pas, ou plus, de voie causale, alors les potentiels de solu­ tions non causales à la réalisation de cet avenir vont voir leurs probabi­ lités augmenter, selon un chemin qui descend du futur vers le présent, ceci va favoriser l’émergence dans le présent de hasards favorables et nous devons en conséquence nous attendre à observer autour de nous des opportunités de voies nous menant à cette réalisation, dans la mesure où nous y sommes ouverts, nos intentions sont non seulement agissantes dans notre cerveau, mais aussi dans un espace-temps futur extérieur à notre cerveau, celui qui héberge tous nos futurs potentiels : car elles y modifient instantané­ ment les probabilités.

VIL Le courant de la vie Où l ’on introduit un troisième modèle, celui du réseau fluvial, pour modéliser nos conditions d ’existence et en particulier tous les efforts qui nous obligent à ramer...

Un vendredi matin chargé. Toute la journée minutée par une demidouzaine de rendez-vous. Le premier à 9 heures. Vérifier ensuite le fonctionnement d’un prototype pour la démonstration de l’après-midi, puis réunion à 11 heures. Trouver le temps de passer à la poste cher­ cher un recommandé. Déjeuner avec un chargé d’affaires à 12 heures 30, puis réunion à 14 heures. Se débrouiller pour quitter cette réunion avant la ruée des automobilistes sur les routes de départ en vacances. Prévoir que je n’échapperai aux embouteillages ni le matin, ni l’aprèsmidi. Essayer d’apprécier le temps ainsi perdu, car il est une source de contraste valorisant ma chance. Autour de 16 heures, si tout allait bien, je m’évaderais de Marseille pour monter en Haute-Provence, franchir la Porte du Temps pour entrer dans un nouvel espace-temps, dans un univers où le temps ralentissait considérablement, et où le silence en témoignait majestueusement. Cette Porte du Temps, c’était le défilé de Pierre-Ecrite, l’entrée de la réserve géologique. 15 heures. Mon interlocuteur s’étonne presque du fait que je le rassure tout en approuvant toutes ses remarques. « Aucun problème ». « Ne vous faites pas de soucis ». « Vous savez, c’est lorsqu’on sera dans le vif du sujet qu’on saura comment réagir face aux imprévus ». « A vou-

loir trop les anticiper, on les sollicite ». « Croyez-moi, je connais bien la loi de Murphy*, je l’ai pratiquée durant 22 ans ». 15 heures 30, je file. 16 heures 30, j ’ai enfin réussi à passer la cohorte. Tout à coup, une voix féminine me parle : « Centre de contrôle embarqué. La vitesse est limitée à 110 km/h ». Je l’avais oubliée, celle-là. Rien à signaler, ils sont absents, et puis j ’avais déjà réduit ma vitesse. La simple idée que j ’allais bientôt changer de système m ’avait fait ralentir. S’ils m’avaient arrêté, j ’aurais même pris le temps de leur faire la causette. Au pont de Mirabeau, on n’est déjà plus dans le même monde, même si c ’est encore l’autoroute. Tout devient beau. Et il est important de se donner le temps de parvenir à destination, particulièrement lorsque cette desti­ nation change votre notion du temps. J ’ai passé le défilé. Au premier hameau, une main me fait un signe depuis une maison au loin, et je lui réponds, devinant qu’il s’agit de Gino. Sur la route, je croise le tracteur de Bernard. « Salut Philippe, tu n’aurais pas vu Maguy, par hasard? » « Ah non, elle est peut-être pas­ sée chez moi, mais là tu vois, je viens de débarquer ». Je parle comme si je revenais d’un voyage aux USA, ou même de la Lune. Bernard sent que je suis encore décalé, et remarque que je me suis mis un peu dans le fossé. On se salue. Peu après le village, je dois m’arrêter à nou­ veau pour aider Nicolas à rentrer un troupeau de vaches venu paître de l’herbe plus grasse de l’autre côté de la route. Quelques minutes après cette petite mise en jambes, je croise la 4L d’Annie, la bergère. Nous coupons le moteur et entamons une discussion d’un bon quart d’heure. La route est bloquée, mais cela n’a pas d’importance. Question d’habi­ tude. On se raconte la semaine, le temps qu’il fait et qu’il fera. Le week-end se programme déjà. Demain, apéro. Après-demain, balade aux Monges. Tiens, une voiture derrière. Ah, c’est Gilbert. Il attend sans la moindre impatience que nous finissions notre conversation. On se fait un petit signe, il me rappelle avec un geste que je dois passer le voir. On prend le temps d’admirer la situation. Trois voitures qui blo­ quent la route, c ’est rare ici. Ca mérite d’être vécu, de rester plantés là. Au total, cela aura été un embouteillage d’une demi-heure sur la Route du Temps. Avec d ’autant plus de plaisir. Parvenu à destination, je relève mon courrier sous un refuge à oiseaux et j ’aperçois Jo, le fusil à

la main, qui rentre de la chasse. Décidément, il y a foule ce soir. Demain soir, je suis convié à un repas de gibier. Ce soir, je vais me contenter de rentrer du bois. Mon week-end vient de s’organiser par le plus grand des hasards. Alors que quelques heures plus tôt, ma journée démarrait avec des horaires vécus comme autant de stress ! Quel contraste! Mais je le savais. Je savais qu’en franchissant la Porte du Temps, je quittais le courant d’une vie bien remplie, ce courant qui m’obligeait à transiter par des étapes obligatoires, quotidiennes, systé­ matiques, contraignantes et souvent prévues de longue date. Dans ce courant, le hasard était banni, tout juste toléré pour une crevaison par exemple, mais pas pour une panne d ’oreiller. En franchissant la Porte du Temps, je savais que le hasard devenait mon allié ! Dans le courant de cette journée on observe deux types de rendezvous, de nature causale et non causale, s’agissant pour le second type de rendez-vous occasionnés semble-t-il par le hasard. On peut ainsi classifier ces rendez-vous en deux types d’« informa­ tions » sur notre futur nous permettant de contrôler notre vie et de prendre nos décisions : des informations de type causal, qui sont des traces du passé nous per­ mettant de prendre ces décisions en fonction de nos compétences, de nos désirs, mais aussi de nos conditionnements ou de nos « pro­ grammes » de vie. des informations de type non causal, qui sont des traces du futur conte­ nues dans le hasard des opportunités, les coïncidences, les intuitions, susceptibles d’offrir un relais à l’exercice de notre libre arbitre. Elles sont suspectées dépendre de nos intentions, mais cela reste une hypo­ thèse. .. Je me propose ici de mettre en évidence le fait que notre ignorance ou mépris du second type d’informations nous conduit à faire exagéré­ ment l’usage du premier type, ce qui a pour effet de nous piéger dans un courant excessif : le courant de la vie. Toutes ces informations pourraient-elles être réellement transportées par un courant? C’est aussi la question à laquelle nous allons tâcher de répondre ici.

Le « courant de la vie » est une expression presque poétique qui quali­ fie un aspect plutôt négatif et passif de la vie, exprimant que nous sommes entraînés chaque jour par un ensemble de nécessités, de tra­ vaux et d’obligations en tout genre qui peuvent nous donner l’impres­ sion que nous sommes « transportés » vers une destination contre notre gré. D’une façon plus neutre on parle aussi du « temps qui s’écoule », ce qui suggère là aussi un courant qui nous accompagne dans le sens du temps. Le temps lui-même produirait ainsi ce courant de la vie qui nous embarque vers un avenir incertain. On rencontre aussi souvent en littérature cette métaphore du « cours du temps », qui sous-entend que le temps aurait un cours irréversible supposant un écoulement du passé vers l’avenir. Pourtant, d’après le déterminisme inversé, ce courant lié à l’écoule­ ment du temps serait plutôt orienté en direction du passé, ce qui suggé­ rerait un courant inverse ! En contradiction avec notre théorie, existerait-il une propriété physique confirmant cette notion d’un temps s’écoulant vers le futur, qui nous élèverait donc « automatiquement » vers le sommet de notre Arbre de Vie, ou encore vers les hauteurs de la Route du Temps ? Ou existerait-il au contraire, conformément à notre théorie, des raisons objectives de penser à un écoulement en sens inverse du temps ? Considérons le comportement des fluides dans nos modèles, à com­ mencer par l’écoulement de l’eau, de la rosée ou de la pluie le long des branches de notre Arbre de Vie: l’eau descend à cause de la gravité. Cet écoulement vers le bas, vers le passé, conforme au déterminisme inversé, ne pourrait-il pas avoir un intérêt: celui de nous rapporter éventuellement quelques informations sur notre futur, qui transportées par cette eau, surgiraient dans le présent sous la forme de traces du futur? Supposons que le temps se comporte comme un écoulement qui trans­ porte au contraire de l’information vers le futur, en même temps qu’il nous y transporte nous-mêmes. Alors comment se fait-il que lorsqu’on se laisse porter comme une bouteille dans un cours d’eau, nous sui­ vions invariablement une rivière, puis un fleuve, pour finir dans

l’océan? La mer serait-elle vraiment notre unique destination finale, une destination tout à fait prévisible ? Or la mer ne symboliserait-elle pas plutôt notre naissance ? Ces innom­ brables sources d’où proviennent les eaux qui coulent dans nos rivières ne symboliseraient-elles pas plutôt nos destinations, tout comme les fleurs ou les fruits de notre Arbre de Vie ? Car si nous remontons maintenant un fleuve dans le sens contraire du courant, depuis la mer jusqu’à l’une de ses sources, nous nous retrou­ vons fort justement dans la même situation que lorsque nous remon­ tons l’arbre de vie depuis notre naissance, du tronc jusqu’aux fruits : la source joue le même rôle que le fruit, et symbolise l’une de nos desti­ nées. Il semblerait donc que nos modèles nous amènent non seulement à inverser le sens du déterminisme, mais aussi celui de l’écoulement du temps. Or un tel écoulement du temps dans le sens contraire de notre évolu­ tion, conforme au déterminisme inversé, serait susceptible de nous ramener du futur des informations. Et effectivement, si l’on considère les informations causales et non causales que nous avons recensées plus haut, on remarque qu’un écou­ lement à contresens du temps correspondrait bien au fait que nous allons à la rencontre de tous nos rendez-vous, qu’ils soient prévus ou imprévus, car ils ont lieu à des moments fixes et contrairement à nous, ils restent figés à une date précise. Ils passent ainsi de l’état futur à l’état passé en nous dépassant à contresens, car nous restons dans le présent. Tous nos rendez-vous, toutes nos opportunités, toutes nos ren­ contres sont donc des moments fugitifs qui nous croisent dans le temps exactement comme des barques qui se laisseraient porter par le cou­ rant, alors que nous nous dirigeons nous-mêmes dans le sens inverse du courant. Cette correction productive de la métaphore du temps qui s’écoule selon un courant inverse pose cependant un problème apparent: il semblerait qu’elle ait à nous faire supporter un déterminisme issu du futur aussi contraignant que celui du passé, voire plus. Nous serions ainsi « coincés » dans les deux sens du temps. Car lorsqu’un choix se

présenterait à nous, non déterminé par notre passé, il serait alors déter­ miné par notre avenir ! Comment éviter cet enfermement entre d’une part, notre futur qui - en existant déjà - entraîne de façon déterministe notre présent, et d’autre part, les conséquences de notre passé ? N ’est-ce pas effectivement un réel problème? N ’avons-nous pas par­ fois la sensation que nous sommes non seulement conditionnés par notre passé, mais aussi obligés de nous présenter à tous les rendezvous futurs qui se dirigent vers nous? On voit donc que notre destin pèse sur notre présent au même titre que notre passé, semblant ainsi rendre notre libre arbitre illusoire. Ne serions-nous pas emprisonnés dans un cercle vicieux constitué des conséquences causales de notre passé et des conséquences non cau­ sales de notre avenir, les unes jouant avec les autres et nous empêchant de modifier notre destin ? L’écoulement du temps se présente ainsi comme un facteur susceptible de contrarier notre destinée : nous devons remonter cet écoulement au lieu de le descendre ! Nous devons même lui résister pour ne pas nous laisser emporter ! Comment échapper à cette contrainte ? Pour faire une description imagée de notre vie, celle-ci prend donc naissance dans la « mère », et consiste à choisir de remonter un fleuve, puis une rivière, puis un torrent, puis un ru, pour parvenir éventuelle­ ment à une source. Notre vie, pour avoir du « sens » consisterait donc à prendre de l’altitude, qu’il s’agisse de remonter un courant, d’em­ prunter la Route du Temps ou de grimper à un arbre. Nos trois modèles fonctionnent bien à l’unisson, en nous préconisant la même chose : faire l’effort de grimper ! Et pour cela, le réseau de sources et de rivières, mais aussi de routes et de sentiers de la Route du Temps nous offre un vaste potentiel de choix dans la vie, grâce à sa richesse et à sa complexité. Conformément à tous ces modèles, nos bifurcations vraiment impor­ tantes dans la vie semblent cependant se compter sur les doigts d’une main. Un arbre, un réseau fluvial, un réseau de routes et de sentiers comportent un nombre relativement limité de bifurcations. S’agirait-il

des principaux choix que nous avons à faire dans la vie? Ne s’agirait-il pas, fort à propos, des choix qui nous sont communs à tous, c ’est-àdire de nos choix familiaux et professionnels ? Nous avons d’autres alternatives: rien ne nous empêche d’exploiter toute la richesse du territoire de la Route du Temps pour éviter les mêmes choix que le commun des mortels, ceux qui consistent à tou­ jours circuler sur des routes ou le long de rivières. Tout se passe comme si le fait de rester dans le courant d’une rivière ou d’un cours d’eau nous conditionne en plaçant nos choix importants, comme celui d ’un emploi ou d ’un conjoint par exemple, sous la dépendance de la logique causale. Si nous ne sortons pas de cette logique, nous avançons sans cesse au sein de ce cours pour atteindre le même apogée que tout un chacun. Mais pourquoi donc rester au milieu de tous ces courants qui abondent d’informations transportant des contraintes à tout va? Faut-il que la vocation du commun des mortels soit réellement de pas­ ser son temps à ramer? C ’est ignorer que pour atteindre une source, la meilleure façon n‘est pas nécessairement de remonter des courants ! Il est évident que c’est la façon apparemment la plus sûre pour ne pas se perdre ! Mais que faire lorsque le courant est trop fort? Et lorsqu’on est allé assez loin, comment remonter des cascades? N ’est-il pas dangereux de prendre de tels risques ? A-t-on vraiment besoin de suivre toute cette eau? Ne joue-t-elle pas, après tout, qu’un rôle de transport d’informations temporelles ? Avons-nous vraiment besoin de toute cette abondance d’informations? Aurions-nous oublié notre objectif ultime, notre quête de Theopolis ? Gardons à l’esprit qu’en ne nous écartant jamais d’un courant d’infor­ mations temporelles, de rendez-vous et de rencontres, nous sommes pris dans un flux d’informations dans lequel il devient difficile de dis­ cerner des traces qui nous concernent. Dans le monde réel, nous remontons ainsi chaque jour de notre vie un courant de rencontres par nécessité, un flux incessant de personnes avec qui nous devons échanger. Nous passons ainsi notre temps à « ramer » pour obtenir les moyens de subsister et d’améliorer notre

confort et notre sécurité. Ces difficultés se traduisent par une quête qui n’a rien à voir avec des informations pouvant nous aider à trouver Theopolis : elle consiste au contraire à résister sans cesse à des contraintes exigées par la société pour gagner nos moyens de subsis­ tance ou de confort, afin de tracer notre chemin avec plus de sécurité ou de certitude. Ces informations sont l’argent, les papiers administra­ tifs, les diplômes, les titres de propriété, de marques, les droits d ’au­ teurs, les dérogations, les passe-droits, etc., qui se résument toutes à autant de papiers en tout genre qu’il nous faut sans cesse présenter aux personnes que l’on croise pour gagner notre droit d ’avancer sur la route de notre temps. Il est alors difficile de distinguer dans un flux aussi important les autres informations, celles du second type, celles qui pourraient nous appor­ ter des pépites non causales, celles qui s’adressent à nous ! De même que nous préconisions d’éviter les routes principales pour ne pas voir notre vie se fondre dans le commun des mortels, nous préco­ nisons là encore d’éviter les cours principaux pour ne pas la noyer dans un flot d’échanges trop important: ce courant de la vie qui nous empêche de discerner cette partie d ’univers pourtant préparée à se manifester pour nous. Que nous circulions sur les routes ou sur les cours principaux, aussi longtemps que nos intentions nous y maintiennent nous serons conduits à suivre une voie unique le long de laquelle tous les échanges que nous pourrons avoir ne feront que nous donner l’illusion de notre libre arbitre, emprisonné qu’il est dans la première causalité et incapa­ ble de détecter la seconde. Il ne faut donc pas s’étonner que dans ces conditions, nous soyons parfois amenés à nous interroger sur le sens de la vie. Dans nos sociétés modernes, nous avons remplacé notre besoin fonda­ mental d’enrichir et d’explorer notre Arbre de Vie, par un besoin incul­ qué d’avancer vite et d’aller le plus loin possible. Nous avons littéralement oublié la dimension verticale ! Notre progrès technologique, emprisonné lui-même dans la simple causalité, a amplifié ce phénomène de réduction de notre arbre des possibles à quelques tracés que tout le monde peut emprunter, et qui rendent évidemment caduque toute recherche de Theopolis.

Ce n ’est pas ainsi que, bien évidemment, nous allons détecter les traces de notre futur qui pourraient nous faire reprendre notre quête de Theopolis, si tant est que nous ne l’avons pas abandonnée. C’est là où il n’y a plus ni routes pour nous aiguiller, ni rivières pour nous imposer des informations conditionnant nos choix, que nous pou­ vons trouver des informations du second type, d ’autant plus rares qu’elles jalonneront mieux notre itinéraire. Sinon comment, en restant là où les traces de notre futur se diluent, parvenir à les détecter? Mais une question se pose toujours : comment distinguer des informa­ tions du premier type causal, de celles du second type, ou traces de notre futur? Gardons à l’esprit la signification donnée à l’eau qui engendre tous ces courants : L’eau est le véhicule d’informations devant lesquelles nous sommes incités à faire des choix.

Résumé du chapitre VII La sensation apprise que nous avons de l’écoulement du temps vers le futur doit être inversée. Car nous allons à la rencontre de tous nos ren­ dez-vous, qu’ils soient prévus ou le fait du hasard, et tout se passe comme si nous progressions dans notre vie selon un courant contraire, dirigé vers le passé. Ce courant nous ramène sans cesse de nouvelles informations sur notre futur, causales et non causales, auxquelles nous avons tendance à répondre indifféremment par des choix conditionnés. Plus nos choix conditionnés sont nombreux, plus il est difficile de détecter les « traces de notre futur » qui pourraient se présenter à nous, car il s’en suit une perte de libre arbitre qui nous empêche tout autant de les former que de les détecter. Il est donc recommandé, pour détecter des traces de notre futur, de fuir les zones et habitudes qui nous assaillent d’informations devant les-

quelles nous réagissons de façon conditionnée (en commençant par prendre des vacances, par exemple).

VIII. Le « laisser agir » Où l ’on découvre un cas particulier de « trace du futur », que nous pouvons accueillir par le biais d ’un « lâcher prise » susceptible de nous faire accomplir des prouesses extraordinaires en « laissant agir » le courant.

- Fais rouler ta boule Irène, ne cherche surtout pas à bien jouer. Ta boule sait où elle doit aller, elle n’a pas besoin de toi ! - Qu’est-ce qu’il nous raconte le Philippe ! Vise un peu, il essaye d’en­ voûter sa partenaire ! Irène n’avait jamais joué à la pétanque. Nous avions constitué deux équipes de deux en tirant au sort, et deux experts jouaient contre Irène et moi. Sa boule stationna à dix centimètres du cochonnet ! - Ouah ! Bien joué Irène ! Heureusement que tu n’as pas écouté Phi­ lippe, hein ! - Oh mais si, j ’ai fait comme il m ’a dit, mais c’est un coup de chance ! ... et Jo de faire aussitôt un carreau sur la boule d’Irène ! Tout était à refaire ! J’encourageai à nouveau ma partenaire : - Vas-y, joue ta deuxième boule juste contre celle de Jo. Mais surtout n’oublie pas, c’est ta boule qui joue, ce n’est pas toi ! ... et Irène de lancer sa boule malencontreusement, trop à gauche et un peu trop fort. Mais par une chance inouïe, une déformation du terrain la dévia pour la faire revenir à droite, cogner la boule de Jo et emporter le cochonnet dans sa course, vers l’endroit où se trouvait déjà sa pre­ mière boule. Le cochonnet s’arrêta alors à côté d’elle, à cinq centimè-

très, juste avant que sa seconde boule ne se colle parfaitement dessus ! Deux superbes points d’un seul coup, et impossible aux adversaires de récupérer le point en tirant ! - Je ne le crois pas ! C’est pas vrai ! Mais tu es une magicienne Irène ! C’est pas possible un coup pareil ! Bien au contraire, car en faisant rouler sa boule, Irène avait potentialisé une multitude de trajets générés par tous les aléas indéterministes dus aux irrégularités du terrain : le coup était rendu possible. Très improba­ ble, mais possible. À l’inverse de tous ces courants contraires de la vie qui nous imposent efforts, difficultés et confusions, nous avons parfois l’occasion de vivre des situations où « tout coule de source », des moments de grâce où nous accomplissons comme Irène des prouesses, des moments où des opportunités se présentent, sans avoir eu d ’efforts à faire. Dans ces moments-là nous remercions la « chance », ne croyant pas que nous puissions en être responsables. Pourtant, parmi tous les courants de notre vie, nous avons vu que cer­ tains pourraient transporter des informations du second type, ou « traces du futur ». La question est donc: comment détecter de tels courants, susceptibles de provenir d ’une source future qui serait ali­ mentée par nos intentions ? Remarquons que, si nous avançons vers notre futur sans jamais modi­ fier nos intentions, alors notre cheminement le long de notre arbre de vie suivra le potentiel le plus probable, celui qu’on appelle notre des­ tin. Ce destin restera déterministe, automatique, aussi longtemps que notre libre arbitre, rendu inutile, n ’aura pas modifié nos intentions réelles. Peut-on, dans un tel cas où notre destin est tout tracé, espérer trouver des traces de notre futur? Nous y arrivons enfin ! Un destin rendu déterministe par une absence d’exercice du libre arbi­ tre ne peut basculer vers un destin alternatif que si le hasard indétermi­ niste intervient, auquel cas il ne peut s’agir que d’un hasard indépen­ dant de notre volonté. Or que je sache, toutes nos vies sont entrela­ cées et ce qui ne dépend pas de nous peut dépendre d’autrui, voire de l’accumulation de toutes les intentions humaines: il semble alors naïf

d’espérer dans ces conditions « décoder » la moindre trace de notre futur. Nous ne pouvons de plus espérer trouver des traces de notre futur que si nous sommes nous-mêmes responsables d’un changement dans ce futur, qui va rehausser les probabilités d’un destin alternatif. Suppo­ sons qu’en fouillant au plus profond de nous-mêmes, nous soyons capables de faire émerger des intentions à la fois nouvelles et authen­ tiques. Nous venons ainsi de rajouter la condition de nouveauté à notre recherche de traces du futur. Si nos intentions sont réellement nouvelles, alors elles provoqueront instantanément une modification de la répartition des probabilités dans notre Arbre de Vie, et ces nouvelles probabilités vont immédiatement se traduire sous la forme d’une redistribution des potentiels dans tous les chemins de la Loi de Convergence des Parties. Cela se traduira par le fait que nous aurons créé dans notre futur de nouvelles sources d’informations. Nous allons maintenant constater toute la puissance de cette image de la source. En modifiant nos intentions authentiques, nous faisons en quelque sorte « pleuvoir » quelque part dans notre futur, à un endroit où l’eau va donc s’accumuler. Revenons sur la Route du Temps et considérons les sources responsa­ bles de toute l’eau s’écoulant dans son réseau fluvial: nous avons l’eau de la fonte des neiges, l’eau des sources permanentes des nappes phréatiques, et enfin l’eau des sources transitoires. Nous allons ici considérer les deux premières sources comme permanentes car leur écoulement est incessant, même si leurs débits varient. Cet écoulement permanent nous permet de les considérer comme sources « causales », la cause en étant: cette neige et ces nappes phréatiques. Il n’y a plus de hasard dans ce genre d’écoulements qui résultent en quelque sorte de l’accumulation de toutes les intentions humaines ! Les sources transitoires dues à la pluie et aux orages sont au contraire imprévisibles, indéterministes et localisées. Le fait qu’elles soient localisées et transitoires les rend aptes à repré­ senter l’effet d’une intention localisée et transitoire, jusqu’à ce que cette intention rencontre un moyen de réalisation.

Le fait qu’elles soient imprévisibles et indéterministes, comme la météo, les rend aptes à modéliser un processus non causal déterminé par le futur, ne pouvant l’être par le présent. Revenons à notre recherche de traces du futur sur la Route du Temps. Nous pouvons maintenant nous demander si, après avoir formulé une intention authentique et inédite, le fait de surprendre un petit cours d ’eau en formation ne serait pas susceptible de nous fournir une réponse à cette intention, ou une direction à notre cheminement. Ce ruisseau se présenterait alors comme une invitation à suivre un nou­ veau cours de notre existence, offert et provoqué par une modification de notre Arbre de Vie. Mais nous ne sommes pas réellement incités à suivre ce cours d’eau, car il pourrait provenir d’une source transitoire indépendante de nos propres intentions. Il nous manque évidemment des informations. Ces informations ne pourraient-elles pas nous parvenir dans le cours même de cette source imprévue, sous la forme d’indices qui nous démontreraient que nous sommes bel et bien concernés par son invita­ tion à remonter son cours, tel un fil directeur qui « coule de source » ? Cette source étant située en amont, c ’est-à-dire en hauteur, il faut qu’elle soit alimentée dans le futur assez longtemps avant que son eau ne nous rapporte ses indices. Un certain temps est donc nécessaire avant que l’accumulation d’eau ne soit suffisante pour produire les informations qui nous intéressent, en redescendant le temps. Pour accélérer le processus, les impatients pourraient décider de creu­ ser eux-mêmes cette voie d’eau, plutôt que d’attendre qu’elle appa­ raisse toute seule. Cela reviendrait à calculer leurs actions, en misant sur l’existence de cette source que leurs intentions auraient alimentées en amont, et qu’ils attendent de voir déboucher, avec un peu d’efforts et de chance combinés. Mais creuser un tel canal risque de les faire retomber dans un contexte causal, comme s’ils remontaient finalement un courant en ramant. Pourquoi dans ce cas ne pas creuser tout le canal ! Encore faudrait-il avoir l’information sur la position du point d’eau où leurs intentions se déversent, et compte tenu des incertitudes de dénivelé du terrain, ce serait aussi délicat que d’anticiper les dévia-

tions successives qu’il faut infliger à la trajectoire d’une boule de bil­ lard pour atteindre le trou. Et ils passeraient leur temps à rater leur cible. Les champions du billard ou du tir à l’arc ne procèdent pas ainsi ! Pensez-vous que les champions de ce type de jeu où une infinie préci­ sion de tir est parfois nécessaire, fassent réellement des efforts pour atteindre le sommet de leur art, une fois qu’ils sont bien entraînés? Cette idée que nous devrions apprendre à bien calculer nos actions, en fonction d’expériences et de connaissances adéquates, afin d’atteindre notre objectif, est en fait une illusion qui provient de notre éducation: même après un excellent entraînement, la pensée raisonnante que cette éducation nous impose nous dépossède la plupart du temps du grand art de savoir atteindre parfaitement une cible à tous les coups. En réalité, un excellent entraînement ne fait qu’ouvrir un champ des possibles de plus en plus restreint autour de la cible, mais il ne donne pas l’accès direct à l’essentiel : son centre. Dans son livre « Le zen dans l ’art chevaleresque du tir à l ’arc » [8], le professeur Herrigel nous décrit bien l’importance de cultiver une atti­ tude apparemment contraire à la raison, celle du « laisser agir », pour permettre la réalisation de ce grand art : après avoir pendant des mois appris à simplement bander son arc sans efforts tout en restant décon­ tracté, son apprentissage restait insuffisant. Il lui fallut attendre encore des années avant de savoir comment décocher sa flèche. Analysant finalement son succès, il déclara avoir acquis une capacité de lâcher prise lui donnant la sensation de « laisser agir » ce quelque chose qui « tire à sa place », selon son expression. Il assimilait ce stade à l’at­ teinte d’un état d’éveil correspondant à la nature du Bouddha, d’où le titre de son livre. Le rôle de l’excellent tireur se limiterait ainsi à préparer le geste en positionnant le corps, après l’avoir débarrassé du mental, de façon à « laisser tirer », comme si une autre entité, partant de la cible parfaite­ ment atteinte pour remonter à l’« acte juste » au point de départ du tir, prenait le relais. Pour revenir à notre observation fluviale selon laquelle une informa­ tion peut spontanément naître dans le futur pour redescendre le temps

et jaillir dans le présent, l’« acte juste » consisterait alors à visualiser le tir au centre de la cible afin de provoquer cette apparition spontanée, cette activation en amont d’une « source de courant » issue du futur. Nous avançons ainsi l’hypothèse que la « visualisation » d’un objectif pourrait créer la pression en amont, sur le futur, avant que notre pré­ sent en découle. L’acte de tirer serait alors déclenché par l’arrivée du courant en prove­ nance d’un futur où l’événement serait déjà réalisé. Tout se passerait ainsi comme si la cible était atteinte avant même que le tir ne soit effectué, puisque son parcours serait tracé depuis le centre de la cible et dans le sens inverse de la flèche. En effet, selon la Loi de Conver­ gence des Parties, nous pouvons prévoir, en remontant le temps, que la flèche devra invariablement se nicher sur l’arc du tireur - puisqu’il n’y a qu’une seule solution cohérente - alors qu’un tir calculé dans le sens normal du temps aurait toutes les chances de manquer le centre de la cible, compte tenu de l’infinité de solutions imprévisibles. L’exercice de notre libre arbitre reposerait donc en partie sur notre capacité de lâcher prise, qui nous permettrait de déceler de nouveaux canaux émergeant du futur, après avoir contribué nous-mêmes à leur émergence, par un mécanisme que nous mettons peu à peu à jour, celui de la seconde causalité. Cet exercice, s’il est possible, nous permettrait de profiter des aléas de la vie et du chaos qui les accompagne, et non de les subir, à force de vouloir systématiquement les contrer par des ajustements perpétuels. Il nous permettrait également d’augmenter nos possibilités de choix face à de nouvelles voies, mais de quels choix s’agit-il? Quel est celui qui, en nous-mêmes, fait un choix qui consiste à laisser agir? Résumons-nous : le laisser agir consiste dans un premier temps à infor­ mer notre avenir par une visualisation de nos intentions, de manière à créer une sorte de pression en amont. Il s’agirait alors de laisser agir le courant induit par cette visualisation, ce qui n’impliquerait pas un résultat immédiat, puisqu’il faudrait attendre une redescente d ’infor­ mations. Une fois celles-ci perçues plus ou moins consciemment, nous serions alors comme « attirés » par un futur créé par nous-mêmes, sus­ ceptible de remplacer notre ancien destin. Néanmoins, une question

subsiste devant le choix qui se dessine ici, car nous pouvons soit lais­ ser agir, soit rejeter l’action proposée. Or sur quoi repose l’authenticité de ce choix? Un ressenti? Face à l’observation « ressentie » de traces de notre avenir, l’authenti­ cité de notre choix ne dépendrait-elle pas de notre capacité à identifier de telles traces comme à coup sûr produites par nous-mêmes ? Nous avons déjà signalé le danger qui consiste à se fier à des traces de notre « folie ». Gêné moi-même par ces conclusions, je suis resté long­ temps incrédule, comme en face d’une illusion d’optique aussi long­ temps qu’on ne vous en a pas expliqué le mécanisme. En réalité, j ’ai mis longtemps à comprendre que c’est le temps tel qu’on nous le fait habituellement concevoir qui produit ce genre d ’illusion d’optique nous empêchant de ressentir les choses de façon juste. Cette idée qu’il s’écoule vers le futur et nous transporte, alors que c’est l’inverse, est probablement la principale raison qui nous rend si handicapé devant l’usage du temps. Comment donc faire le choix ? Comment faire face au danger a priori d’un choix non dicté par la raison? S’agit-il simplement de rester déta­ ché après avoir lâché prise, afin de « laisser agir » ? Pour répondre à ces questions, nous allons refaire un détour par la phy­ sique et examiner une fonction fondamentale du temps, celle qui per­ met au futur d’entrer dans le présent: la fonction de l’observation.

Résumé du chapitre V in Pour favoriser la réalisation de nos intentions, nous devons « laisser agir » le courant d’informations qu’elles induisent dans notre futur, ce qui nécessite un certain temps: celui de l’eau qui s’écoule. Le lâcher prise induit une attitude saine de retrait du mental qui pré­ pare le moment où comme par hasard, le geste juste a lieu. Ce geste se produit de façon automatique, comme si la réalisation de l’intention avait eu lieu avant que le geste ne soit effectué. En réalité, c’est la Loi de Convergence des parties qui partant de l’acte juste déjà réalisé, redescend le temps pour trouver le chemin qui ramène la flèche sur l’arc du tireur.

A

Etre ou ne pas être Où l’on découvre deux sens de la vie, celui d ’être afin d ’agir et recevoir dans le présent, mais aussi celui de ne pas être afin de laisser le futur s ’occuper de nos intentions.

- Véronique, tu veux connaître le secret de la magie du temps? - Tu rigoles ? Je ne sais même pas de quoi il s’agit ! - Ce secret n’est pas de moi, même si j ’en donne l’impression dans mon livre. Il est divulgué dans le livre de Gitta Mallasz sur le Dia­ logue avec l’Ange. Son contenu n’est d’ailleurs pas d’elle non plus, ni même de la bouche d’une certaine Hanna dont elle a retranscrit les dires. - Ah mais oui, je connais ce livre mais ce secret m’a complètement échappé. Mais alors d’où vient-il d’après toi, ce secret? Tu crois vrai­ ment que c’est un ange? - Je ne sais pas, personne ne sait. Hanna a simplement dit: « Attention, ce n’est plus moi qui parle », mais celui ou ceux qui parlaient ne se sont jamais présentés. Gitta les appelle des anges, ou des maîtres inté­ rieurs, ou encore des êtres de lumière, mais elle-même n’est pas vrai­ ment sûre, et d’ailleurs cela n’a pas d’importance. - Mais pourquoi cela n’a pas d ’importance ? - Parce que le contenu de ses paroles me suffit. Pour le reste, ça me dépasse. Je t’en donne un extrait, si tu veux ? - Je bois tes paroles ! - Écoute ça, c’est l’Ange qui parle !

- Je vous dis un grand secret: ne faites pas de projets avec la tête! Avec la tête, exécutez ! Le projet est chez le Père, tous les projets. Si tu fais le plan de ce que tu vas faire avec ta tête, voilà que tu lâches la bride au temps, sur l’exécution, car la tête et le temps sont un ! Gitta fait ensuite un commentaire : « Incapable de saisir le sens de ces mots, je me prends la tête à deux mains », et l’Ange lui répond: - Ne te casse pas la tête: Le Plan plane au-dessus du temps. Si vous devenez un avec le Plan, vous n’êtes jamais en avance, et vous n’êtes jamais en retard ! - Je n’ai rien compris ! - Moi non plus au début, mais bien plus tard, après avoir fait toutes mes expériences et même commencé la rédaction de mon livre, cela m’a paru lumineux ! - Je t’écoute ! - Faire des projets avec la tête risque d’empêcher nos intentions de planer au-dessus du temps, c’est-à-dire dans le futur. Car la tête est déjà reliée au futur, puisque la tête et le temps ne font qu’un ! La tête doit donc faire son travail d’exécution dans le présent, et ne pas s’oc­ cuper du futur, tu comprends ? - Laisse-moi, ça y est, ça revient à lâcher prise ! Et donc la tête doit laisser agir, c’est bien ça? - Exactement, tu vois bien que c’est lumineux ! Et quand elle dit que le projet est chez le Père, cela veut dire qu’il est dans sa maison, qu’il est inscrit dans l’Univers, il va donc se réaliser tout seul si Dieu le veut! Tu sais qui est Dieu ? - Ne me dis pas que tu sais ça aussi, tout de même? - Mais non, ne t’inquiète pas. Dieu peut bien être qui on veut, mais là, il incarne tous les possibles, le terrain du futur, tous les espaces-temps. Quand tu suis un chemin, il dépend bien du terrain, n’est-ce pas ? - Ma foi ! - Eh bien voilà. Lorsque ta tête s’occupe du futur, c’est comme si elle voulait creuser le terrain, ne pas laisser agir le terrain déjà existant. De plus, s’occuper du plan modifie sans cesse tes intentions, or comment veux-tu que Dieu ne laisse pas tomber un plan qui change tout le temps ?

- Vu comme ça, oui. Et pourquoi l’Ange dit: jamais en avance, jamais en retard ? - Parce que les opportunités engendrées par le Plan arrivent toujours au bon moment, lorsque le chemin déjà tracé vers ton futur parvient à ton observation ! L’enseignement des « Dialogues avec l’Ange » confirme ainsi nos conclusions des précédents chapitres : nos intentions pourraient automatiquement « informer » notre futur (y faire pleuvoir des informations), d’où il pourrait résulter un « signal » acheminé en direction de notre présent, nos observations, si la tête s’occupe du présent, pourraient percevoir un tel signal, plus ou moins consciemment mais toujours au bon moment. J ’ai précisé « plus ou moins consciemment », car la perception du signal, comme nous l’avons vu dans le « laisser agir », n’est pas tou­ jours consciente et peut se traduire par une impulsion spontanée. Le caractère éventuellement inconscient du signal reçu ne devrait pas sur­ prendre, car il nous arrive souvent de recevoir des signaux selon un processus d’origine inconsciente et d’apparence non causale: il s’agit de l’intuition. Nos intuitions pourraient-elles résulter d’un décodage inconscient d’informations qui, elles aussi, proviendraient du futur? Quoi qu’il en soit, nous allons maintenant voir qu’il n’y a pas lieu de s’en étonner car la création de la réalité elle-même, si l’on prend appui sur la physique, pourrait bien n’être qu’une entrée dans le présent d’in­ formations issues du futur, ou pour faire simple : une entrée du futur dans le présent. Nous allons donc dans ce chapitre faire un détour par la physique afin de répondre à la question suivante : Comment notre présent peut-il bien se former à partir de nos futurs potentiels ? C ’est la question la plus fondamentale traitée dans cet ouvrage. Elle met en jeu à elle seule cinq propositions très étranges mais toutes rece­ vables en physique moderne :

Le futur est déjà réalisé. Le futur influence le présent. Le futur est multiple. Nous avons un libre arbitre authentique. Notre observation influence la réalité. Le fait d’adopter toutes ces propositions revient ni plus ni moins à adopter la Théorie de la Double Causalité, mais à ma connaissance, aucun physicien ne les a faites toutes simultanément. Nous allons cependant voir que chacune d’elles est soutenue par de grands physi­ ciens. Le premier à suggérer la première proposition « Le futur est déjà réa­ lisé » fut Albert Einstein, car c’est une conséquence de sa Théorie de la Relativité. Il remettait ainsi en question notre conception du temps en l’assimilant lui-même à une dimension, indissociable des trois dimen­ sions d’espace. Dans une lettre adressée à la famille de sa grande amie Michèle Besso, à l’annonce de sa mort en mars 1955, il écrivait: « La distinction entre passé, présent et futur n ’est qu ’une illusion, aussi tenace soit-elle. Le temps n ’est pas ce qu’il semble être. Il ne s ’écoule pas dans une seule direction, et le passé et le futur sont simul­ tanés. » Aujourd’hui, cette conception d’Einstein revient en force avec les théories dites de grande unification, comme la Théorie des Cordes ou la Théorie de la Gravité Quantique à Boucles, qui traitent l’univers comme un bloc d’espace-temps déjà déployé dans le futur tout comme dans le passé, où le présent n’a aucune place. La seconde théorie affirme même que le temps n’existe pas. On peut alors se demander d’où nous vient cette sensation du temps présent? Or n’oublions pas que la physique n’a que faire du phéno­ mène de la conscience, au sujet duquel les scientifiques en général ne savent rien. Dans ce cas, il est loisible de se prononcer pour une évi­ dence : La sensation du temps présent est purement une propriété de la conscience, et donc de l’observation. Nous développerons ce point en étudiant la dernière proposition, à propos de l’observation. La seconde proposition: « Le futur influence le présent » n’est pas

impensable dans le cadre d’un futur qui serait déjà réalisé, mais elle se heurte, comme nous l’avons déjà vu, aux dogmes de la causalité et de la flèche du temps. Malgré cela, de nombreux physiciens et pas des moindres se sont risqués, comme je le fais moi-même, à émettre des théories impliquant une rétrocausalité, notamment le physicien fran­ çais Olivier Costa de Beauregard, qui a émis cette hypothèse sur laquelle je reviendrai plus loin. Je vais donner ici un exemple très récent qui a fait la une de la presse du New York Times. Pendant que je rédigeais ce livre, dont les idées étaient sûrement dans l’air, deux physiciens de renom, Holger Nielsen et Masao Ninomiya, ont estimé dans une série de publications que les ratés dans la mise en route du LHC, le plus grand collisionneur de protons du monde construit à Genève, pourraient être une sorte d’« avertissement du futur » : le futur influencerait le présent pour empêcher les découvertes sur le boson de Higgs, activement recherché dans cet accélérateur. Il y aurait une sorte de futur inatteignable pour une raison inconnue. Ce qu’il faut comprendre, ce n’est pas que ces deux physiciens étaient réellement partisans de leur théorie, mais qu’ils se sont servi des déboires du LHC pour faire passer avec humour des hypothèses sérieuses mais qui auraient certainement été rejetées si elles avaient été présentées dans un autre contexte. Ils avaient préparé le terrain plusieurs années auparavant, à l’occasion d’une première publication tendant à démontrer l’impossibilité de l’ir­ réversibilité du temps, condition essentielle pour leur thèse. Finale­ ment, celle-ci obtint en 2009 un retentissement mondial sur la place publique, grâce à une coïncidence très surprenante: un oiseau transpor­ tant un morceau de pain a causé un court-circuit dans l’installation électrique du LHC, ce qui a interrompu ses systèmes cryogéniques. L’oiseau s’en est tiré, mais il a perdu son morceau de pain ! Pour la première fois, suite à cet incident qui venait corroborer les thèses de Nielsen et Ninomiya, des physiciens se sont ainsi mis à réflé­ chir sur l’existence de traces du futur. Il faut dire que cet événement plutôt incroyable, compte tenu des dispositifs de sécurité du LHC, fai­ sait suite à d’autres pannes antérieures très bizarres, celles qui avaient déjà conduit nos deux physiciens à émettre leur audacieuse théorie.

La troisième proposition : « Nos futurs sont multiples » date d’une cin­ quantaine d’années, lorsque le physicien Hugh Everett, soutenu par le collaborateur d’Einstein John Wheeler, introduisit le concept d’univers parallèles pour fournir une interprétation très cohérente au problème de l’observation en mécanique quantique, que nous verrons plus loin. Or cette proposition revient elle aussi en force aujourd’hui parce qu’elle ajoute des dimensions supplémentaires à l’espace qui sont éga­ lement prévues par la Théorie des Cordes, laquelle a ainsi remis au goût du jour ces dimensions ainsi que les univers parallèles. Everett expliquait que toutes les issues possibles d ’une observation découpaient l’univers en autant de branches parallèles. Cela a le mérite de solutionner le fameux paradoxe du chat de Schrôdinger qui, enfermé dans une boîte contenant un poison activé par une source radioactive, a une chance sur deux d ’être retrouvé mort lorsqu’on ouvre la boite. Or selon la mécanique quantique, le chat est à la fois mort et vivant tant qu’on n’a pas ouvert cette boîte et cette affirmation est devenue indiscutable aujourd’hui. Everett explique cela en distin­ guant un univers contenant le chat mort et un autre contenant le chat vivant. Avec des dimensions supplémentaires, cela ne pose aucun pro­ blème mathématique. Les futurs multiples s’ouvrent ainsi aujourd’hui par de multiples portes et la recherche des dimensions supplémentaires est même devenue officielle dans la communauté des physiciens qui utilise le LHC. La quatrième proposition « Nous avons un libre arbitre authentique » semble encore indémontrable car il s’agit d’une question métaphy­ sique et philosophique, mais elle est partagée par un grand nombre de physiciens pour des raisons de conviction personnelle. C ’est pourquoi très récemment, là aussi, deux chercheurs renommés, John Conway et Simon Kochen, n’ont pas hésité à secouer la communauté des physi­ ciens des particules en tirant des conclusions très étranges de l’ensem­ ble des résultats de la mécanique quantique, exprimées sous la forme du « Théorème du Libre Arbitre ». Ils définissent tout d’abord le libre arbitre d’une entité (particule, être humain...) comme une propriété selon laquelle l’état de cette entité à un instant donné ne peut pas être décrit comme résultant d’une fonc­

tion mathématique portant sur l’état de l’univers avant cet instant. L’entité n’est donc pas entièrement contrainte par son passé et partiel­ lement libre de son évolution. Conway et Kochen ont alors démontré que si l’on accepte trois axiomes dont la causalité, plus deux autres axiomes très réalistes car dérivant des résultats les mieux vérifiés de la physique moderne, que tous les physiciens quantiques considèrent d’ailleurs comme vrais, alors certaines quantités mesurées par les physiciens, qui dépendent de leurs choix de mesures, ne peuvent préexister avant cette mesure, c’est-à-dire ne peuvent pas dériver de l’information disponible dans l’univers et accessible avant l’expérience. Ils en déduisent leur théo­ rème: « Si un expérimentateur dispose du libre arbitre, alors les parti­ cules dont il mesure l’état disposent également du libre arbitre ! » Ce qui est surprenant est qu’il y a bel et bien dans ce théorème un transfert de libre arbitre: si l’état des particules n’est pas déterminé par leur histoire passée, c’est à cause du libre arbitre des observateurs. On pourrait en déduire que le libre arbitre n’existe pas, purement et simplement, en considérant que le libre arbitre des particules est une idée folle, mais cela ne résoudrait pas le problème posé à la causalité et ce serait surtout oublier que le Théorème du Libre Arbitre est juste­ ment fondé sur cette causalité. Or, la remettre en question permet juste­ ment de mieux comprendre les conclusions du théorème: lorsque le libre arbitre de l’observateur agit sur le futur, le comportement des par­ ticules se met à dépendre de ce futur par simple rétrocausalité, auquel cas le « transfert du libre arbitre » est parfaitement explicable et n’ap­ paraît ainsi que comme un transfert apparent, une illusion: les parti­ cules ne sont pas libres car elles deviennent déterminées par un futur imposé. On devrait donc plutôt considérer que si nous posons le libre arbitre et la présence du futur comme axiomes, alors le Théorème du Libre Arbi­ tre constitue une très jolie démonstration de la Théorie de la Double Causalité. Reste à savoir « comment » notre libre arbitre pourrait influencer notre futur ! N ’oublions pas, cependant, que si l’on admet comme Einstein la pre­ mière proposition, alors la barrière du temps n’existe plus, ce qui rend

le futur potentiellement accessible. Mais de quelle façon? Nous ne le savons pas. Certains pensent que puisque notre cerveau émet des ondes électromagnétiques - détectables à l’extérieur du cerveau par magnétoencéphalographie - l’espace-temps invisible qui nous entoure pourrait enregistrer des formes pensées. Sans rejeter cette possibilité, je préfère envisager une influence non confinée à notre espace-temps quadridimensionnel, où des dimensions supplémentaires « atempo­ relles » pourraient jouer un rôle crucial, mais nous verrons cela plus loin. Quoi qu’il en soit, la question de l’influence éventuelle de la conscience ou du pouvoir de l’intention reste ouverte. On peut toutefois concevoir cette possibilité d’influence humblement, si l’on considère la capacité de la nature à faire émerger toute la com­ plexité et l’organisation du vivant, en comparaison avec la pauvreté de notre technologie pour ce qui est de fabriquer des systèmes artificiels de type humanoïde par exemple. Il est alors légitime de se demander si dame nature ne maîtrise pas beaucoup mieux que nous la communica­ tion électromagnétique et tout ce qui s’en suit. Si tel est le cas, la capa­ cité de la nature à synthétiser une information électromagnétique orga­ nisée en provenance des systèmes vivants pourrait être bien supérieure à notre potentiel technologique en matière de téléphonie mobile... Quel que soit le moyen par lequel la conscience pourrait influer sur le futur, nous allons maintenant voir que cette hypothèse est loin d’être une idée folle, car elle a le mérite de résoudre le fameux problème de l’observateur en mécanique quantique. La dernière proposition « Notre observation influence la réalité » est aujourd’hui adoptée par la grande majorité des physiciens dans le monde, mais le problème du « statut de l’observateur » en mécanique quantique est encore loin d’être réglé car beaucoup de physiciens veu­ lent y mêler la conscience et c’est ce qui provoque un débat vigoureux qui divise largement la communauté scientifique et fait toujours rage à l’heure actuelle. Nous ressentons tous que le futur entre dans notre présent par le biais de notre conscience et de nos observations : conscience et observation sont donc a priori intimement reliées. Ceci semble d’autant plus vrai aujourd’hui qu’en bannissant le temps présent, la physique rejoint le

sentiment que ce présent serait intimement lié à notre conscience, laquelle serait donc inséparable de notre statut d’observateur de ce bas monde. Le problème est que la physique attribue à l’observateur un rôle tout à fait fondamental, qui est celui d’imposer la réalité unique observée (mesurée) parmi tous les potentiels « observables », lesquels sont qualifiés d'intriqués car ils coexistent simultanément, de façon multiple, avant d’être mesurés. Or la façon dont l’observateur pourrait jouer ce rôle, avec ou sans intervention éventuelle de sa conscience dans le « choix de la nature » contenu dans le résultat de l’observation, que l’on attribue faute de mieux au hasard le plus absolu, reste très lar­ gement débattue au sein de la physique, puisqu’il en existe pas moins de sept interprétations différentes. Le débat qui fait discorde est issu du fait que personne ne sait qui choi­ sit le résultat de l’observation. Serait-ce le hasard? Serait-ce Dieu? Serait-ce l’observateur lui-même? Où tout est-il déterminé d’avance? On sait seulement qu’au moment d’une observation, une seule réalité est sélectionnée parmi l’ensemble de toutes les réalités potentielles, parce que c’est ce qu’on constate à l’échelon microscopique d’une par­ ticule ou d’une molécule où ces potentiels sont décrits par une « fonc­ tion d’onde ». Les physiciens ont constaté que l’observation de cer­ tains objets microscopiques au moyen d’instruments perfectionnés transformait ainsi leur fonction d’onde, contenant par essence de mul­ tiples possibilités, en un seul état observé. Une version unique de notre réalité partagée semble ainsi imposée dans notre univers par chaque observateur qui devient en quelque sorte le « garant » de cette unicité. Le point crucial de ce débat, qui permet à la double causalité de s’affir­ mer comme solution crédible, est le fait que dans la réduction de la fonction d’onde, il y a deux opérations distinctes: la première est la réduction d’état, qui concerne le présent, la seconde est le choix de l’état final, qui concerne... surtout le futur ! Pour ne pas faire intervenir la conscience dans la première opération, la Théorie de la Décohérence, qui rencontre un large consensus auprès des physiciens, a été proposée pour expliquer comment la réduction d’état pourrait se faire naturellement en l’absence d’observateur, par simple interaction avec l’environnement. Mais le problème de cette

théorie est qu’elle n’explique pas la seconde opération, celle du choix. Concernant le résultat de ce choix, il est réputé indéterministe, c ’est-àdire du ressort du hasard le plus absolu. Depuis l’expérience du physi­ cien Alain Aspect en 1982, maintes fois confirmée depuis, il est en effet démontré qu’il n’existe pas de variables cachées permettant de revendiquer un choix déterministe. Néanmoins, rien n’interdit que ce choix puisse être déterminé avant la réduction, à condition qu’il fasse intervenir des variables cachées dites « non locales », c’est-à-dire qui agissent « à distance » mais de façon non causale. Or il n’existe que deux alternatives pour une telle action non causale à distance : la pre­ mière est d’admettre le principe de non-localité, qui permet à deux par­ ticules jumelles de rester connectées malgré la distance, la seconde est d’admettre le principe de rétrocausalité qui repose sur l’idée que les variables agissantes sont cachées parce qu’elles font partie du futur. Dans cette seconde hypothèse de double causalité, le choix serait donc déjà fait, mais tant que la réduction de la fonction d’onde n’a pas eu lieu par observation et/ou décohérence, il peut continuer de s’affiner dans le futur. Cette hypothèse était ni plus ni moins celle du grand phy­ sicien Olivier Costa de Beauregard, aujourd’hui décédé et qui l’a fait connaître il y a plusieurs décennies, mais à l’époque elle était considé­ rée comme ésotérique. Or ce n’est plus le cas aujourd’hui, car en une trentaine d ’années les physiciens ont effectué puis vérifié quantité d’expériences qui défient la causalité, ne serait-ce que l’expérience dite « du choix retardé » où l’on s’est aperçu que le passé lui-même pou­ vait dépendre de notre observation dans le présent. L’idée de l’interaction de la conscience sur le résultat du choix, bien que partagée par d ’illustres physiciens tels qu'Eugène Wigner ou Roger Penrose, reste toutefois une hypothèse largement considérée comme ésotérique. Je suis moi-même en désaccord partiel avec cette idée parce qu’elle relève à mon sens d’une confusion entre conscience et observation. Cela dit, dans certains cas particuliers où présent et futur sont inclus dans un très court terme, je n ’exclus pas un rôle conjoint et simultané de la conscience et de l’observation. Mes objections à l’interaction de la conscience dans le présent sont les suivantes: que se passe-t-il lors d’observations multiples? Le premier

observateur dans le temps serait-il privilégié pour déterminer le moment exact de la réduction en un seul état? Auquel cas, à combien de nanosecondes près? Et que se passerait-il si l’observation n’était pas instantanée mais réclamait un long processus de mise en évidence progressive? Comment influe le degré de conscience? À quel moment le choix de l’état de la particule aurait-il lieu? La fonction d’onde nous surveillerait-elle en train de l’observer? Y aurait-il un « seuil d’obser­ vation » au-dessus duquel la réduction en un seul état serait provoquée ? Mais alors, que donnerait un œil hagard? Stop ! Toutes ces questions nées de la conjecture qu’un seul observa­ teur aurait simultanément le pouvoir de déterminer l’état des choses ou la direction des événements - et de sélectionner la réalité qui entre dans le présent par l’observation me font paraître peu crédible l’idée que notre conscience puisse être agissante dans le présent. Je suis en accord sur ce point avec la majorité des physiciens, lesquels ont cepen­ dant à lutter contre une idée largement répandue par différents médias et mouvements alternatifs, le mouvement « new-âge » notamment, selon laquelle l’observateur créerait la réalité. Ceci est à mon sens faux car trop réducteur, relevant ainsi d’une interprétation naïve de la méca­ nique quantique. Je ressens d’ailleurs comme inconfortable l’idée que l’observateur puisse choisir dans le présent, alors qu’il n ’a ni les moyens de son choix, ni la conscience qu’il y ait un choix à faire, ni même réellement conscience de quoi que ce soit, tout simplement. L’action de la conscience sur la réalité, que je ne nie pas, est en fait plus complexe et plus subtile. Pour la comprendre, il importe tout d’abord de dissocier toute observation et action physique dans le pré­ sent de l’influence directe de notre libre arbitre dans le futur. Cette influence requiert nécessairement la conscience d’une manière qui nous est encore inconnue mais que la « présence du futur » nous per­ met de ne pas rejeter. La conscience aurait donc tout son temps pour « imprimer » ses intentions. Résumée ainsi, la Théorie de la Double Causalité solutionne les pro­ blèmes de la Théorie de la Décohérence, laquelle suppose qu’un cer­ tain nombre d ’états superposés soient capables, avant même d ’être

observés, de se désintriquer tout seuls en vue de former une seule réa­ lité, mais sans nous dire laquelle sera choisie. Or dès lors que le futur est déjà préparé à l’approche du présent, cela ne pose plus de pro­ blème, car on peut alors concevoir tous les états alternatifs qui se détruisent pendant la désintrication comme d ’autres possibilités en provenance du futur mais dont la probabilité d ’observation s’atténue jusqu’à s’annuler. Le phénomène de l’intrication serait alors une sim­ ple transition entre une seule réalité et de multiples réalités potentielles qui peupleraient nos univers parallèles. Toutes seraient potentiellement « observables », mais à défaut d’observation certaines disparaîtraient dans le présent. Mais mieux encore, la double causalité est à même de mettre tout le monde d ’accord sur la question fondamentale : qui, du hasard, de Dieu, de l’observateur ou du déterminisme, est responsable du choix fati­ dique ? La réponse est, selon la Théorie de la Double Causalité : - parfois Dieu, car s’il existe on ne peut exclure une action directe de sa part sur le futur, - parfois le hasard, si par exemple le conflit entre réalités multiples est trop intense, - parfois l’observateur, lorsque ses intentions ont correctement modelé son futur, - parfois le déterminisme, lorsque le futur dépend de la somme des intentions humaines. Moralité : il se pourrait que les multiples interprétations de la méca­ nique quantique ne soient inconciliables que parce qu'elles omettent de faire intervenir le futur, n'ayant pas la possibilité de formaliser la pro­ babilité augmentée de certaines « traces du futur». En conclusion, nous pouvons compléter notre schéma de création des traces du futur en distinguant les deux phases suivantes : une phase de « laisser agir l’intention », à partir de laquelle la conscience doit « lâcher prise » et cesser de s’occuper du futur, pour revenir dans le présent et participer à l’action, une phase d’« actualisation » qui par l’acte d’observation, actualise l’arrivée d’une nouvelle réalité ou « branche » de vie susceptible de nous faire bifurquer.

Le « laisser agir », que l’on peut traduire par le lâcher prise lorsqu’il commence et par le détachement lorsqu’il continue durablement, serait ainsi un processus très important, car il serait commun à toutes les situations relevant d’une logique non causale où la Loi de Conver­ gence des Parties intervient: - Laisser agir le déterminisme inversé, qui va trouver le moyen de me faire successivement croiser le chemin de différents animaux aux bons moments, de telle façon que je ne me perde pas et rentre à bon port, - laisser agir la flèche de l’archer qui, partant du centre de la cible, va trouver le cheminement cohérent, tenant compte de tous les souffles du vent, ce qui lui permettra de revenir sur l’arc en fournissant l’impul­ sion fatidique, - laisser agir la pluie qui, tombant dans une zone de l’espace-temps multidimensionnel, va grossir des ruisseaux, l’un d’entre eux devant sourdre au moment opportun et délivrer son message à celui qui a engendré la pluie, - Laisser agir la phase de désintrication du processus de décohérence qui, partant d’un multivers où toutes les possibilités de notre Arbre de Vie sont encore dans un état probable, doit faire en sorte de majorer la probabilité du chemin qui nous intéresse et qui est susceptible de se présenter à notre observation. A chaque fois, ce serait donc une observation « passive » (au sens du Zen) mais consciente du temps présent qui validerait l’entrée dans la réalité d’un potentiel non causal, qu’il s’agisse d’une coïncidence, du contenu d’une intuition, d’une flèche décochée, etc. Ainsi, la conscience n’a pas à intervenir de façon réductrice dans l’ob­ servation. Elle ne la détermine pas, elle ne fait qu’ouvrir les champs du possible avant cette observation qui à elle seule, va figer la réalité. J’in­ siste sur le fait que la conscience n’intervient pas dans le choix du potentiel qui devient réalité et que seule l’observation compte: il n’y a pas d’acte de création de la conscience au moment d’une observation. Voilà tout le miracle de la réduction de la fonction d’onde en un seul état: la conscience se contente de permettre l’observation ou de ne pas la permettre, elle nous permet d’être, c ’est-à-dire de vivre l’instant, ou

de ne pas être, c’est-à-dire de laisser le futur agir en faveur de la réali­ sation de nos intentions. Mais alors, comment prendre une décision, face à une observation qui nous offre plusieurs alternatives? Le véritable choix ne serait-il pas plutôt dans le fait de choisir ou ne pas choisir de se laisser porter par l’intuition? Oui mais que faire devant une observation que l’on fait par hasard ? Car le hasard arrive effectivement au bon moment lorsqu’il est « causé » par la seconde causalité, et l’intuition pourrait a priori nous guider. Mais est-ce bien toujours le cas ? Ne risque-t-on pas de confondre le hasard de la seconde causalité avec un « faux » hasard ? Comment observer sans risque de se tromper ce hasard qui nous ramène des traces de notre futur ou qui nous fait réus­ sir des coups de maître ? Voyons comment se manifeste le hasard dans le mécanisme de la seconde causalité. Admettons qu’un potentiel collectif ou individuel de l’intention humaine à « informer » le futur ait joué un rôle fondamental dans la fabrication d’un événement que l’on observe par hasard. Il en découle l’irruption d’une opportunité de choix. Tout cela est très bien, mais ce futur est-il le nôtre ? Nous pouvons être mal à l’aise devant une opportunité qui semble nous suggérer un choix. Faut-il laisser parler notre intuition? Encore faut-il qu’elle nous apporte tous les éléments de décision. Lorsqu’ils sont inconscients, tout va bien, nous sommes animés d’une impulsion qui parle d ’elle-même. Mais lorsqu’il s ’agit d ’une observation consciente, d’une coïncidence, que doit-on faire? Comment l’interpré­ ter? Si le hasard est l’allié du processus d’observation qui actualise nos potentiels de vie, soit, mais il nous manque peut-être des informations. Tout a beau avoir été calculé par l’univers pour nous « arranger le coup », mais il peut nous manquer un élément qui emporte notre déci­ sion ! C’est ce que nous allons maintenant examiner, en étudiant les proprié­ tés du hasard.

Résumé du chapitre IX La Théorie de la Double Causalité met en jeu cinq propositions étranges de la physique moderne, néanmoins toutes recevables car déjà proposées par d’illustres physiciens: Le futur est déjà réalisé. Le futur influence le présent. Le futur est multiple. Nous avons un libre arbitre authentique. Notre observation influence la réalité. Le mécanisme de la seconde causalité s’organise en deux phases bien distinctes : une phase de « programmation de l’intention », durant laquelle les potentiels favorables à la réalisation de nos intentions voient leurs sources futures se remplir, une phase de « laisser agir l’intention », qui après avoir laissé les pro­ babilités d’un potentiel observable augmenter, fait entrer ce potentiel dans le présent par notre observation. Cette phase d’observation peut avoir lieu sans intervention particulière de la conscience. Celle-ci agit directement sur le futur lorsque nous forgeons nos intentions. Mais pour que ce futur prenne racine, nous devons lâcher prise, puis rester détachés. Notre chemin vers ce futur est alors préparé en coexistence avec d’autres potentiels et la seule fonction de la conscience, en lien avec l’observation, n’est plus que « d’être » pour agir et recevoir dans le présent. Il s’agit d’une interprétation compatible avec le principe de décohé­ rence en physique moderne: le résultat de l’observation est automati­ quement préparé par l’univers. La question du choix éventuel à faire à l’issue d ’une l’observation relève de l’intuition ou à défaut, d’informations qu’il nous faut encore apprendre à capter.

X. La magie du hasard Où l ’on s ’aperçoit que les voies du seigneur ne sont peut-être pas aussi impénétrables qu ’on le dit.

Irène ne sort pas souvent de chez elle, mais elle est très heureuse dans sa maison isolée en pleine nature, entourée d’animaux sauvages et familiers avec lesquels elle se plaît à communiquer. Elle nourrit même un renard qui lui donne du fil à retordre, au sens propre, toujours en train d’essayer de se frayer un chemin dans son poulailler. Étant donné cette relation particulière qu’elle entretient avec les animaux, je lui avais demandé si elle n’aurait pas une anecdote pour mon livre, révé­ lant leurs instincts et notamment leur capacité à détecter nos intentions. - Tu sais il est très malin mon renard, il sent quand je suis occupée et il vient parfois en pleine journée trifouiller les fils de mon poulailler. Tiens d’ailleurs c’est souvent à midi, quand je déjeune ! Mais l’autre jour j ’ai réussi à le prendre en photo sur le muret. - Oui mais tu n’aurais pas un fait flagrant, quelque chose d’étonnant, où l’on se demande comment il fait pour deviner, je ne sais pas, ton absence de surveillance par exemple ? - Non... mais par contre, il sent à chaque fois que je le regarde par ma fenêtre. D ’ailleurs c ’est pour ça que j ’étais tellement contente de le prendre en photo l’autre jour ! À chaque fois que je le vois il s’enfuit ! - C’est pas mal ça mais... Est-ce qu’il n’y aurait pas des fois où ce

n’est pas immédiat... Où il y a un certain délai entre ton absence... Ah mais non, comme tu vis seule tu ne peux pas l’observer. - Ah, je vois ce que tu veux dire, tu sais, c’est pareil avec mes chats lorsque mon amie Pauline qui les adore vient me rendre visite. Ils le savent juste avant qu’elle n’arrive. Même lorsqu’ils ne peuvent pas entendre sa voiture, tu sais, à cause du virage... - Le virage de Sorine? Ah bon, tu veux dire qu’ils te donnent des signes alors qu’elle est encore loin et qu’on ne peut pas entendre sa voiture ? - Mais oui, bien sûr, et elle est sûrement à plus d’un kilomètre ! C ’est surtout Lili, elle vient se coller à cette fenêtre, là, tu vois, et elle se met à miauler en roucoulant, uniquement lorsque Pauline arrive. Pourquoi tu veux parler de ça? Mais tu sais c ’est l’instinct des animaux, rien d’autre ! » - Oui, mais ce n’est pas une explication l’instinct, ça ne veut rien dire, c ’est ce qu’on dit quand on ne comprend pas, justement ! Ah mais c’est pas mal ça, et en plus j ’ai déjà lu ce genre de trucs, tu sais dans le bou­ quin que je t’ai prêté. - Tu veux dire qu’avec ta théorie tu aurais une autre explication que l’instinct? - Ben oui, à cause de l’observation. L’instinct s’explique par l’obser­ vation. C ’est très important la capacité d’observation. Les animaux ne pensent pas, ne raisonnent pas, et du coup ils ont une bien meilleure capacité d’observation que nous. Pas seulement par les yeux, ils bou­ gent leurs oreilles, ils sentent les odeurs... en fait, ils détectent un tas de choses et savent reconnaître des signes bien plus facilement que nous. » - Des signes? Mais comment veux-tu qu’il y ait des signes que Pau­ line arrive dans tout ce qu’observe Lili? - Alors ça, je ne suis pas dans le cerveau de ta chatte. C’est elle qui se fabrique ses codes. Je te parle de l’observation par Lili de choses inha­ bituelles qui ne sont pas du tout produites par l’arrivée de ton amie mais qui pour Lili signifient qu’elle va arriver. Parce que ça vient du futur, tu comprends ? » - Heu, je ne suis pas bien sûre de te suivre...

- Je ne sais pas, si par exemple Lili entend un son au loin, ça peut être un oiseau, n’importe quoi, en même temps qu’elle te voit en train de te lever de ta chaise, ou qu’une feuille tombe, peut-être que pour elle ça signifie que Pauline arrive... - Mais ça n’a rien à voir, je ne comprends pas, c ’est bizarre ton his­ toire. - Mais non, au contraire c’est très simple, ta Lili s’est peut-être fabri­ quée toute seule des codes inconscients qui se mettent en branle lorsque Pauline dans sa voiture est enchantée par le paysage lorsqu’elle s’approche de chez toi, lorsqu’elle s’imagine déjà en train de partager son plaisir avec toi, quelques minutes après ! - Où là, mais c’est magique ton histoire ! Tu es sûr que tes lecteurs ne vont pas penser que tu fumes un peu la moquette ? - Ne t’inquiète pas, dans mon livre je passe au contraire mon temps à les ennuyer avec des explications rationnelles qui sont loin d’être aussi légères... Et parmi ces explications peu légères, il y a celles de la physique moderne, qui nous ont aidés à comprendre les deux aspects fondamen­ taux du mécanisme de la seconde causalité : Nos intentions agissent dans le futur pour préparer nos futurs poten­ tiels, Nos observations agissent dans le présent pour accueillir l’un d’entre eux. Lorsque nos observations parlent directement à notre inconscient en faisant surgir une intuition, nous percevons une information qui nous oriente vers le choix qui convient, ne sachant même pas d’où elle pro­ vient. Mais lorsque ces observations parviennent directement à notre conscience comme dans le cas des coïncidences, un temps de réflexion nous est imposé, car nous ne savons pas les interpréter. Nous ne savons pas si elles transportent un sens qui nous concerne, et même dans le cas où nous en serions persuadés, nous ne savons pas décoder ce sens pour autant, afin d’en déduire une information, un choix ou une action éventuelle. C ’est du moins le cas pour une grande majorité d’entre nous. C ’est bien là tout le problème des événements improbables qui sur­

viennent par hasard. Leur improbabilité nous interpelle mais faute de mode d’emploi, nous ne savons qu’en faire. Elles représentent un défi à notre libre arbitre, car elles nous suggèrent d’en tenir compte. Cer­ tains y voient des signes, oui mais des signes de quoi? Nous avons déjà examiné le caractère très aventureux de penser ainsi. Faisons une incartade sur la Route du Temps pour mieux comprendre les rapports ténus entre hasard et libre arbitre. On rappellera tout d’abord qu’il est impossible de réaliser un objectif tirant profit du hasard si nous poursuivons notre parcours sur cette route sans jamais bifurquer de façon non conventionnelle, car ce serait agir avec le même conditionnement que le commun des mortels. Et l’on notera que la rencontre d’une bifurcation pouvant suggérer le bon chemin à prendre devrait respecter deux conditions, si l’on veut qu’elle soit productive : - la programmation mentale d ’un projet a eu lieu (intention), - la découverte du chemin doit se faire par hasard (observation). Et de plus, l’intention devrait être à ce moment-là oubliée, ou tout au moins ne pas parasiter notre conscience. Sur la Route du Temps, nous n’avons généralement pas d’autre choix raisonnable que de suivre la route. Et en général, même si nous voyons que de temps à autre se présente une voie secondaire, un sentier ou un cours d’eau qui croise notre route, nous ne nous sentons pas concernés par l’idée de bifurquer. Car la route principale est infiniment plus sécurisante, et il faudrait avoir une très bonne raison de la quitter pour un sentier dont on ne sait pas où il pourrait nous mener. Par contre, si nous nous sommes programmés mentalement à changer d’orientation pour trouver quelque chose, si nous sommes prêts à abandonner la sécurité offerte par la voie principale, si nous sommes ouverts à l’idée de cheminer seul, là où personne ne va ou si peu, le long d’un chemin qui pourrait nous réserver bien des surprises, alors la situation est différente. Tout devient possible et nous devenons récep­ tifs aux indices. Mais il nous faut attendre. Car le moment où nous nous sommes inves­ tis de ce projet aventureux n’est pas le bon moment pour réaliser notre

objectif. Et même lorsqu’on s’est laissé distraire de cette intention, le fait de rencontrer un sentier qui nous suggère une bifurcation n’est pas une raison suffisante pour le suivre. À ce compte, tous les aléas de la route parasiteraient notre libre arbitre. Contrairement à ce que la seconde causalité aurait tendance à nous faire penser, la bonne façon d’exercer notre libre arbitre est donc plutôt de le rendre le plus indépendant possible de ces aléas, comme dans le cadre causal où nous nous donnons les moyens de réaliser nos objec­ tifs ! Rien n’est changé ici ! Car il importe que nous ne passions pas notre temps à surveiller des opportunités. Non seulement ce serait épuisant, mais cela reviendrait à tomber dans le piège du tireur à l’arc qui raisonne son acte. Supposons maintenant que durant notre avancée sur la Route du Temps, un animal traverse la route sous nos yeux pour s’engouffrer dans un sentier non suspecté. On pourrait trouver bien d’autres exem­ ples, comme le fait d’entendre un animal émettre un cri inconnu. Car l’important ici est la simultanéité entre un événement déjà rare par essence et sa survenue à l’endroit précis d’une bifurcation potentielle. Vous me direz que ceci n’a rien à voir avec notre objectif et que par conséquent empmnter à notre tour ce sentier serait insensé. Mieux vaut attendre un autre indice, ayant un lien avec ce que l’on cherche. C’est exact, si effectivement on attend un tel indice. Par contre, si le fait de voir cet animal traverser à cet endroit a réveillé notre intention dormante en nous faisant sourire intérieurement à l’idée d’emprunter ce sentier, alors il n’y a guère d’hésitation à avoir. Mais encore faut-il être sensible à ce genre de « signes ». La seconde causalité ne peut en effet créer un « pont temporel » que si nous sommes prêts à faire usage de tels indices, sans quoi aucun pont ne pourrait se former. Car c’est bien notre réceptivité à ce genre d’indices qui valide leur usage, en vertu d’une sorte de rétroaction, une boucle temporelle mise en place entre notre présent et notre futur déjà présent. On pourrait dire que la Loi de Convergence nous sachant réceptifs, elle dispose de moyens accrus pour nous envoyer des ponts temporels, notre ouverture à de tels indices pouvant même être précisée au moment de « program­

mer » notre intention. Nous pourrions ainsi « codifier » l’interprétation à donner à nos observations, comme le fait l’instinct animal ! Sauf que dans le cas présent, cela se ferait consciemment. N ’est-ce pas déjà un peu magique? Nous commençons à entrevoir comment le hasard et le libre arbitre peuvent ainsi s’associer, en l’occurrence lorsqu’une clé nous est four­ nie précisément par le hasard. Ce genre de clé, couramment appelée « signe », n’est indécodable que parce que nous n’avons jamais appris à en faire usage, et encore moins à en programmer les codes nous-mêmes. La preuve, c’est que nous ne faisons même pas la différence entre le « signe » et son « code » : Le code est l’ensemble d’indices qui contient l’information attendue, ici l’indication du sentier. Le signe est la « signature », le « coup de tampon » de la Loi de Convergence des Parties, qui valide l’authenticité du pont temporel : son improbabilité. La clé est l’ensemble des deux, le code accompagné du signe. Ce qui caractérise une clé est donc avant tout sa signature : la très fai­ ble probabilité du hasard qui lui est associé. Si cette probabilité est très faible parce qu’il y a coïncidence entre plusieurs éléments eux-mêmes improbables, alors le code proviendra de l’association entre ces élé­ ments. Ici, le fait de voir un animal traverser est improbable, mais c’est encore insuffisant. C’est le fait que ce hasard nous dévoile une bifurca­ tion qui le rend très improbable car les animaux traversent n’importe où. Lorsque cela réveille de plus une intention, nous avons là toutes les caractéristiques d’une signature. Dans la réalité, la Route du Temps peut être remplacée par un train, un aéroport, une plage, le métro, un cirque, etc. Le sentier peut être rem­ placé par un incident quelconque, même infime, détecté sur l’une de ces scènes : il nous suggère une opportunité, susceptible de nous faire bifurquer, de changer quelque chose à notre vie, si bien sûr nous nous sentons concernés. Ayant maintenant compris l’alliance possible entre le hasard et le libre arbitre, il reste néanmoins à bien définir ce qu’est un événement dû au hasard, à savoir de quel hasard nous parlons. Car nous ne sommes évi­

demment pas à la source de tous les hasards, et d’autre part certains hasards peuvent n’être qu’apparents. De plus, pourquoi invoque-t-on aussi souvent le hasard lorsqu’on est confronté à des situations où bien au contraire, notre libre arbitre n’entre pas en jeu ? On invoque en effet généralement le hasard à propos d’un événement dont personne n’est responsable. Il s’agit alors d ’un événement qui aurait pu ne pas se produire, ou survenir d’une autre manière. Il y a toujours, dans l’invocation du hasard, un sous-entendu indéterministe. Par exemple, une tornade qui détruit une habitation aurait pu passer à côté. Un perdant du loto aurait pu gagner. Un blessé aurait pu ne pas se trouver sur la trajectoire d’une balle perdue. Un promeneur aurait pu ne pas ramasser un billet de banque. Bien que tout ceci semble surve­ nir indépendamment de la volonté des personnes impliquées, le hasard a apparemment le pouvoir de complexifier l’Arbre de Vie de ces per­ sonnes. Dans tous les cas, chaque événement était imprévisible et indétermi­ niste: il y a donc en même temps que cette absence de sens, une très nette présence de bifurcations. Cela signifierait-il que la richesse de notre Arbre de Vie n’est pas seu­ lement due à notre libre arbitre mais également au hasard ? Le hasard concurrencerait-il à nouveau notre libre arbitre dans le déploiement de notre Arbre de Vie? La réponse « oui » semble évidente à première vue, mais cela suppose­ rait pourtant deux choses : que l’événement qui nous a fait bifurquer (subir ou gagner) soit indé­ pendant de nos intentions, que cet événement ne soit pas non plus le résultat d’un hasard détermi­ niste. Il nous faut en effet prendre en compte l’existence du hasard détermi­ niste, celui dont nous avons déjà vu qu’il n’a pas d’incidence sur notre Arbre de Vie car il n’intervient que dans des circonstances où nous ignorons les véritables causes des événements, lesquels sont inélucta­ bles en quelque sorte. Le hasard déterministe n’est pas un vrai hasard mais seulement un hasard apparent : il est le produit de notre ignorance des conditions qui président à la loi de cause à effet, ou comme disent les physiciens, de

notre ignorance des « variables cachées » qui président au déroulement des événements. Il correspond à un événement prévisible mais non calculable parce que nous n’avons pas les éléments pour le faire. Nous laissons de côté ce type de hasard déterministe dans la mesure il ne modifie pas notre Arbre de Vie, mais il est important de savoir que les deux hasards sont indiscernables et que ceci peut être une source d’erreurs et de confusions lorsqu’on est en quête d ’indices ou de signes. Nous aborderons plus loin la stratégie du « joker » à adopter face à ce risque. Pour l’instant, nous allons dégager une subtilité du hasard: il peut pas­ ser subitement de l’état de vrai hasard indéterministe à un état de faux hasard parfaitement déterministe, au moment d’une observation. Supposez par exemple que vous ayez un billet de loterie en poche et que théoriquement, tant que vous ne connaissez pas le tirage, vous êtes potentiellement gagnant. Est-ce un vrai hasard lorsque vous découvrez longtemps après le tirage que vous avez gagné, ou encore perdu ? La réponse est oui, mais à condition de ne pas savoir ce que vous aviez joué, ni personne d’autre. Car dans ce cas il est clair qu’il est impossi­ ble de changer votre mise. Donc, à partir du moment où le résultat et votre mise ont tous deux été observés, ce que vous découvrez ne res­ sort plus du hasard, en tout cas pas du vrai. Dans l’intervalle, si quelqu’un découvre votre mise vous devenez obli­ gatoirement perdant ou gagnant sans même que vous le sachiez, alors que vous croyez encore pouvoir gagner; votre avenir a été actualisé par une autre observation que la vôtre ! A cause de cela, certaines personnes qui se croient malchanceuses demandent souvent à d’autres de regarder leur billet avant de les infor­ mer, comme si elles voulaient leur déléguer leur chance. Elles ont ainsi l’intuition d’un lien entre la notion de hasard et la notion d’observa­ tion: c ’est le premier observateur d ’un événement qui « fige » son contenu et empêche qu’il soit modifiable. Mais attention : je n’ai pas dit que l’observateur décidait lui-même du contenu de l’événement. Car nous n’avons aucune raison de penser que ce qui est vu et ce qui est attendu par l’observateur puissent être corrélés, et nous avons même de bonnes raisons de penser le contraire.

En physique, à l’échelle des particules, c’est la « réduction de la fonc­ tion d’onde » qui fige l’état d’un système lors de son observation. Se pourrait-il que le même phénomène ait lieu à l’échelle macrosco­ pique? Cela reste un mystère, car à l’échelle macroscopique on ne sait pas mettre en évidence l’équivalent de Y intrication, et il est fort proba­ ble que les potentiels soient non pas intriqués, mais séparés dans des univers parallèles, ce qui expliquerait pourquoi l’indéterminisme macroscopique soit si difficile à mettre en évidence. Admettons-le cependant, et revenons maintenant à cette bizarrerie du hasard indéterministe qui disparaît subitement, lors d’une observation par quelqu’un qui le transforme en un hasard déterministe. Est-ce que cela voudrait dire que quoi qu’il arrive, lorsque ce n’est pas nous qui influons sur l’événement, c’est forcément quelqu’un d’autre, et que d’une certaine manière le hasard n’existerait pas au sens où il n’interviendrait dans aucun choix? Voyons ce que nous apprend la physique sur la question du hasard: on peut déduire de nos connaissances scientifiques actuelles qu’il existe deux sortes de hasard : d’une part un hasard macroscopique engendré par l’effet « papillon » de la Théorie du Chaos et plus généralement par l’effet dispersif du verre éclaté et de bien d’autres phénomènes (indéterminisme macroscopique: voir chapitre XXII), lequel hasard préside aux phénomènes imprévisibles à l’échelle macroscopique; d’autre part un hasard microscopique à l’œuvre à l’échelon quantique, dénommé « réduction de la fonction d’onde » car il préside au com­ portement indéterministe des particules. C’est ce dernier hasard auquel on associe la notion d’« actualisation » dès que l’événement auquel il fait référence est observé, « réduction de l’onde » ou « actualisation » étant des notions équivalentes. Mais il n’y a aucune raison de penser que le hasard macroscopique, chaotique ou dispersif, ne puisse pas faire l ’objet lui aussi d ’une actualisation, puisqu’il s’agit là tout autant d’un hasard indéterministe et c’est bien là notre argument de base. Or ce dernier hasard semble à l’œuvre dans des situations diverses où nos intentions semblent parfois passives, parfois actives. Par exemple, le fait qu’un passant reçoive une tuile sur la tête ou

trouve par terre un billet de banque relève plutôt de hasards où il est passif, alors qu’un tirage au sort relève plutôt d ’un hasard où nous sommes actifs, celui dont notre « intuition » nous laisse à penser qu’on pourrait par chance l’activer, sinon beaucoup moins de personnes joue­ raient au loto. Pourtant, d’un point de vue physique il n’y a pas de raison de penser qu’on pourrait activer le tirage d’un bon numéro plus facilement que la chute d ’une tuile, à probabilités égales. C ’est-à-dire que ce fameux hasard qui laisse à penser que nous sommes passifs devant lui n’est ni plus ni moins actualisable que l’autre, celui qui fait l’objet des jeux de hasard. C ’est la probabilité qui gouverne. Les deux types étant aussi indéterministes l’un que l’autre, il n’y aucune autre différence. Dans tous les cas, et d ’après la Théorie du Chaos et la mécanique quantique qui excluent toutes deux l’interprétation déterministe pour laquelle une seule issue est possible, le hasard indéterministe serait extraordinaire, car contrairement à nos habitudes de penser, il engen­ drerait la coexistence d’une infinie richesse de futurs potentiels, parmi lesquels un seul d’entre eux sera actualisé en devenant celui que nous allons réellement vivre. Or ne serait-ce pas ignorer la présence du futur et oublier une influence incontournable de notre libre arbitre sur le futur? On pourrait ainsi répondre à notre interrogation sur le hasard en concluant que finalement il n’existe pas, puisque tout ce qui n’est pas déterminé par le passé le serait par le futur et même souvent bien avant qu’il n’entre dans le présent, mais ce serait faire peu de cas de la possi­ bilité de coexistence de multiples futurs potentiels jusqu’au dernier moment, celui du présent. Avant d’étudier cette possibilité, remarquons que la coexistence de multiples futurs potentiels due à l’indéterminisme macroscopique nous commande de différencier pour un même système, qu’il soit vivant ou artificiel, deux formes d’existences, toutes deux compatibles avec les lois de la physique : de multiples formes d’existences possibles mais non observées, une seule forme d’existence vécue, observée seulement dans l’étendue de notre passé.

Ces deux formes d ’existences n’en sont pas moins réelles, dans la mesure où l’espace est assez grand pour les contenir. Et je précise que du point de vue scientifique, rien ne permet de décla­ rer que l’une de ces formes d’existence soit plus réelle que l’autre, en dehors de notre simple vécu. J’insiste sur cette différence entre vécu et réalité. Car si nous prétendions l’inverse, ce serait exactement comme si nous prétendions qu’il n’existe pas d’autres planètes habitables que la nôtre, sous prétexte que nous n’en avons jamais observé une seule. Ou encore, comme si nous prétendions que Theopolis n’existe pas, sous prétexte que nous ne l’avons pas trouvée. L’introduction abusive du hasard pour élucider le paradoxe de l’obser­ vateur en physique quantique se voit ainsi éclaircie par la nature spa­ tiale du temps : toutes nos existences possibles existent déjà réelle­ ment, mais une seule sera vécue. Il fallait juste faire cette différence entre « vécu » et « existence ». Il n ’en reste pas moins que la « réalité » de ces deux formes d’existence ne fait aucun doute. L’abus provient alors de l’attribution au hasard de la fonction qui fait passer de l’exis­ tence au vécu. Car ne serait-ce pas plutôt la fonction de la conscience, ou tout au moins de l’observation, que de réaliser ce passage? Cette distinction entre existence et vécu est également la raison pour laquelle il n’est pas obligatoire pour nous, avec notre modèle de l’Arbre de Vie aux multiples existences, de faire appel à la notion de réin­ carnation, même si je dois rester honnête en précisant qu’on ne peut pas non plus l’exclure. Car ce que je vais maintenant énoncer peut laisser penser que l’incar­ nation, ou encore la réincarnation, peut avoir une certaine utilité. Je veux dire par là que si cette notion reste tout à fait inutile à notre théo­ rie, elle pourrait bien ne pas être inutile à notre univers. En effet, l’univers n’attend pas que notre futur devienne notre présent pour en déterminer la structure. Il est déjà remarquable qu’il accepte la possibilité que nous puissions modifier cette structure future par nos changements d’intentions. Mais il est indispensable que ces modifica­ tions soient préparées sans attendre qu’elles soient actualisées par le temps présent, afin de garantir leur stabilité. Il serait en effet insensé que l’univers attende par exemple que ma vie se termine, pour modi­

fier d’un seul coup sa structure, par mise à jour de toutes les incidences engendrées par ma vie. Ce serait d’autant plus insensé que ces inci­ dences sont intriquées avec celles de toutes les autres personnes qui ne meurent pas en même temps que moi, sur lesquelles mon existence a eu également une incidence, et ainsi de suite... Il est donc plus logique qu’à chaque instant du temps présent l’univers mette à jour instantanément l’ensemble de sa structure future (et pas­ sée !), le présent ne signifiant pour lui rien d’autre qu’un processus d’actualisation de changements qui sont déjà préparés, c’est-à-dire réa­ lisés au sens de leur existence, mais pas encore au sens de leur vécu. Il faut donc, en logique non causale, c’est-à-dire en seconde causalité, raisonner avec cette idée que nos changements d’intention réels créent instantanément une modification de nos existences futures - remplace­ ment d’une ancienne par une nouvelle dont le scénario est devenu plus probable. Nous sommes en effet obligés de travailler avec des probabi­ lités dans la mesure où ce nouveau scénario est toujours susceptible de changer aussi longtemps qu’il n’est pas actualisé. On pourrait alors faire l’hypothèse que le basculement de scénario, de l’ancien vers le nouveau, se produit lorsque la probabilité du nouveau scénario dépasse celle de l’ancien, au dernier moment ! Or que se passe-t-il en dernière instance, juste avant qu’un potentiel entre dans la réalité ? C’est le moment où l’observation entre en scène ! Or on peut très bien imaginer qu’une faculté d’observation d’un seul coup « aiguisée » par un avertissement ou une vigilance accrue sera au dernier moment capable de privilégier l’entrée dans la réalité d’un nouveau scénario, d ’une nouvelle branche de notre vie dont la probabilité était, avant l’avertissement, beaucoup plus faible. Nous voyons ainsi que les facteurs influençant les probabilités d’entrée dans la réalité d’une nouvelle branche de vie sont complexes, car ils dépendent au dernier moment de nos facultés d’observation. Ces pro­ babilités oscillent ! La probabilité d’actualisation d’un nouveau scénario de vie varie donc en permanence en fonction de nos actions et de nos états mentaux. Il est évident que si, pour une raison ou pour une autre, alors que nous

sommes déjà « engagés » à saisir une opportunité non causale, nous nous laissons distraire au dernier moment, alors la probabilité de ce scénario va se mettre à fondre rapidement comme neige au soleil, ou comme les cours de la bourse durant un Krach. Cette probabilité pourra alors être au dernier moment dépassée à nou­ veau par celle de l’ancien scénario qui serait alors maintenu. Mais si cet ancien scénario, ainsi que tous les autres concurrents, ont également vu dans le même temps leur probabilité chuter parce que notre nouveau comportement est devenu incompatible avec leur réali­ sation, alors le nouveau scénario pourra voir ses chances de réalisation maintenues malgré tout, c’est-à-dire malgré une probabilité devenant ridiculement faible ! Même si nous sommes distraits ! C ’est alors que se manifestera comme par enchantement dans notre environnement, si bien entendu nous y sommes préparés, un phéno­ mène de très faible probabilité qui aura en quelque sorte pour effet de nous réveiller de notre distraction ! Afin de maintenir, ne serait-ce que pour préserver la stabilité de l’uni­ vers, ce qu’il avait déjà programmé pour nous et qui redevient au der­ nier moment la version la plus probable. Et c ’est ainsi que, par un mécanisme aussi rationnel que la logique causale, parvient ainsi à se produire le miracle non causal des hasards extraordinaires ! Allons encore plus loin et considérons maintenant quelle peut bien être la signification d’un tel mécanisme, voyant émerger un événement improbable parce que la voie causale, la voie « raisonnable » est deve­ nue encore plus improbable. Dans quelles circonstances de la vie observe-t-on justement ce genre d’événements ? Tout simplement lorsque nous prenons des risques, ou encore, lorsque nous nous sommes perdus ! Ou, si l’on préfère, lorsque nous nous mettons dans des situations complexes, souvent imprévues et parfois critiques, nous obligeant à « nous mouiller », à nous mettre en danger, à nous impliquer d’une manière radicale, interdisant tout retour à un scénario de vie devenu caduque du fait même de cette prise de risque. Les exemples abon­ dent : prendre le risque de se retrouver dans une très mauvaise situation

afin d’aider quelqu’un dans l’épreuve, prendre le risque de modifier son image de marque par un discours osé auprès de ses collaborateurs, prendre le risque de faire face à une situation de crise, etc. Voila pourquoi il est un peu rapide de conclure que le hasard n’existe pas, car dans les situations de crises où tout peut arriver, personne ne sait quel est l’élément qui en fin de compte déterminera l’issue, ou disons qu’il est encore trop tôt pour le dire: nous n’avons pas encore récupéré toutes les clés, il nous manque la plus importante. Mais avant de commencer à la dévoiler, j ’aimerais insister sur la fonction princi­ pale et absolument essentielle du hasard : celle du hasard bon pour la santé. Il faut en effet user des processus de non-causalité avec une grande modération, car nous avons ici une drogue potentielle. Afin de garantir notre équilibre, nous devons opter pour une autre utili­ sation du hasard que celle qui consiste à toujours en attendre (sans attendre) des signes qui se présentent à nous. Car on imagine bien que pour développer une telle réceptivité, il va nous falloir « vibrer » à un niveau d ’énergie plutôt incompatible avec la tranquillité dont nous avons tous besoin dans notre vie quotidienne. Quelle que soit la manière dont il se manifeste, le hasard reste compa­ tible à notre Arbre de Vie en nous laissant la possibilité de le laisser jouer à notre place comme si on abattait une carte joker, comme un « je ne sais pas » nous permettant de réserver notre interprétation ou de n’en faire aucune. Lorsque l’on n’a pas envie de « laisser agir », d’ob­ server passivement, de ressentir, de décoder, puis de comprendre, on a cette possibilité très saine de servir la carte « joker ». Cette carte devrait être jouée aussi longtemps qu’une nouvelle voie ne s’impose pas à nous de façon indiscutable, que nous l’ayons actualisée ou que nous soyons emportés dans son courant de conditionnement. Car la vie n’est pas un long fleuve tranquille et nos arbres de vie sont intriqués les uns dans les autres: lorsque nous n’actualisons rien, nous pouvons subir des changements actualisés par les autres. Cette carte « joker » du hasard nous permet aussi de conserver notre liberté de choix pour la reporter dans le temps. Si nous n’avions jamais besoin de reporter nos décisions dans l’attente de plus d’informations,

d’un meilleur jeu, le hasard n’aurait pas besoin d’exister et donc de s’exprimer par cette carte. Dans le cas où nous n’exploitons pas notre jeu, le hasard est tenu pour responsable de notre impuissance, de notre irresponsabilité, de notre absence de chance ou encore de la fatalité : dans ce dernier cas, le joker est mal joué, ou trop souvent. Lorsqu’il est bien joué, il nous permet au contraire de reporter une exploitation plus efficace de notre libre arbitre au moment opportun. Tout se passe alors comme si en échange du joker nous étions sollicités à nous préparer, à nous « éveiller » : tel est le véritable bienfait du hasard improbable. Rien ne nous empêche d’accumuler sans agir les intuitions ou les coïn­ cidences, jusqu’au moment où nous déciderons que nous en avons assez pour agir en conséquence. Car attention: un dicton résume bien la nécessité d’être prêt à assumer les conséquences des changements que nous risquons de provoquer : « Fais attention à ce que tu demandes, car tu risques de l’obtenir ! » Comment nous protéger contre de tels aléas, qui proviennent du fait que les voies de la seconde causalité sont impénétrables ? Nous n’avons effectivement pas encore abordé la question qualitative, celle du bien et du mal. Nous avons toujours implicitement supposé que la seconde causalité ne pouvait ne nous apporter que du bien, dans la mesure où elle est censée réaliser nos intentions ! Mais est-ce bien certain ? Il est temps de s’intéresser à la dernière clé, à la propriété la plus fon­ damentale de l’essence même du hasard, en reconsidérant notre Arbre de Vie. Comment un nouveau branchement devient-il évident à chaque fois que se présente une nouvelle bifurcation? Pourquoi, si nous étions orientés vers une branche, changeons-nous d ’orientation avec confiance? Comment s’opère un changement serein, sans la moindre incertitude? Comment savoir si en « débranchant » notre ancienne vie, nous allons réellement vers la vie que nous avons choisie? Comment trouver en plus de l’exercice de notre libre arbitre, le bonheur de l’exercer? Car si nous savons maintenant que le hasard peut nous fournir l’oppor­ tunité de nous orienter selon nos choix, nous n’avons encore aucune

idée du facteur qui intervient dans la qualité du hasard, dans l’intérêt réel qu’il représente pour nous, dans la pertinence de ses codes, dans ce qui fait son infime probabilité, dans la facilité avec laquelle il peut être interprété, et finalement dans tout ce qui fait sa magie ! Ne faudrait-il pas tout simplement arroser notre Arbre de Vie ? Ce facteur serait ainsi fluide : pour faire pousser de nouvelles branches nous devons arroser notre Arbre, sinon les branches ne peuvent pas pousser et les bifurcations ne peuvent pas naître. Sans eau, aucune branche ne peut en créer ou en rencontrer une autre et nous risquons d’emprunter des branches fragiles. Aucune fleur ne peut apparaître. Sans eau, non seulement l’Arbre ne peut pas pousser, mais lorsque nous suivons ses branches nous ne pouvons pas trouver de traces, car c’est l’eau qui les transporte. Quelle peut donc bien être la signification réelle de toute cette eau ? Quel est ce fluide vital qui peut arroser la Route du Temps et nos Arbres de Vies ? Quelle est l’essence intime de tous ces fluides, dont l’amplitude aug­ mente avec notre capacité à créer de la magie dans notre existence ? Nous découvrirons en partie IV les réponses à ces questions. Mais avant cela, il nous faut soumettre cette théorie à l’expérimenta­ tion réelle, à l’épreuve des faits, afin que ces réponses si importantes, que nous aborderons ensuite, soient authentifiées !

Résumé du chapitre X Certaines coïncidences deviennent signifiantes lorsqu’elles transpor­ tent une double information: un code et une signature. Le code (ou sens) nous indique la voie à suivre alors que la signature (ou signe) nous indique que l’information est fiable, mais seulement lorsque l’ob­ servation a une très faible probabilité. La T.D.C. repose sur une distinction fondamentale entre existence et vécu: il n’est pas nécessaire que les choses soient observables pour exister, mais aussi longtemps que les choses ne sont pas observées, elles existent de toutes les façons observables possibles.

Il résulte de la double causalité que rien n’arrive par hasard dans la mesure où tout ce qui n’est pas causé par le passé est causé par un futur inconnu. Un hasard sans cause ne peut exister car le simple fait de l’observer lui confère une cause cachée, car future. Toutefois, invo­ quer le hasard reste très bon pour la santé. Car les causes cachées peuvent rester floues, complexes, impénétra­ bles et il importe de rester sceptique en jouant abondamment la carte joker: c’est du hasard, je n’en tiens pas compte, j ’attends plus d’infor­ mations. Pour que le sens du hasard « coule de source » et devienne évident, pour que la seconde causalité devienne pénétrable par les eaux et pro­ duise des effets « magiques », nous devons arroser notre Arbre de Vie. Mais l’arroser avec quoi ? Voilà la question !

Troisième partie COÏNCIDENCES

XI. Le dépôt de l’intention Où Ton découvre une approche expérimentale de la synchronicité qui consiste à dialoguer avec soi-même en se prenant pour quelqu’un d ’autre. « Tu vois le miracle venir Seulement si tu t’oublies. C ’est le secret des secrets » Dialogue avec l ’Ange, entretien 19 avec Lili.

Comme autant de tous petits miracles, des coïncidences étranges s’in­ sinuent parfois dans notre vie comme une invitation à lire un message qui nous serait destiné, mais elles ne provoquent la plupart du temps guère plus qu’un sourire ou un certain amusement, car nous ne savons ni d’où elles proviennent, ni comment les interpréter. Certains parlent de « signes ». Mais des signes de quoi? L’univers aurait-il oublié de nous livrer son mode d’emploi? Nous les mettons donc en général sur le compte du hasard, et beau­ coup d’entre nous, convaincus d’être dotés de bon sens ou d’un esprit critique ou scientifique, mettent sur le compte de l’« irrationnel » toute initiative d ’interprétation de tels « messages » sans réalité causale. Pourtant, le phénomène est indiscutable et a fait de tout temps couler beaucoup d’encre [15] [21] [26], bien qu’il reste à ce jour une énigme pour la science. Cependant, notre Théorie du Temps nous donne maintenant les clés pour comprendre l’origine de beaucoup de ces coïncidences, en parti­ culier celles que l’on nomme synchronicités, en nous expliquant leur

mécanisme et en les faisant ainsi apparaître comme des phénomènes tout à fait naturels, probablement provoqués par nos intentions. Nous avons montré comment notre libre arbitre pouvait faire du hasard un allié susceptible de transporter à notre attention, comme « coulant d’une source située dans notre futur », les clés d’un cercle vertueux de soutien non causal à des projets issus de nos intentions. Encore faut-il savoir observer puis décoder ces clés transportées par le hasard, ces traces de notre futur que nos intentions génèrent. En l’absence de telles clés, nous assistons passivement aux phéno­ mènes de synchronicité, qui parfois nous facilitent la vie, sans com­ prendre par quel « miracle » nous pourrions en être l ’origine. Ne sachant pas de quelle source ils proviennent, prisonniers d’un dogme déterministe ou rationaliste qui voudrait nous faire croire que la logique et le « bon sens » doivent reposer uniquement sur la causalité, nous osons à peine en saisir le sens ou en retirer l’avantage. Sachant, selon cette Théorie du Temps, que les causes peuvent décou­ ler des effets autant que les effets des causes, nous sommes maintenant conduits à considérer le hasard autrement que source de désordre. Puisqu’il est acquis que le hasard pourrait transporter un sens corrélé avec nos intentions, une nouvelle conception de l’être humain et de son univers physique peut commencer à émerger, nous libérant du paradigme déterministe pseudo-scientifique dans lequel nous sommes plongés depuis plusieurs siècles. Il est difficile de prendre toute la mesure de cette nouvelle conception du temps tellement elle nous dépasse. Néanmoins, nous devons rester très prudents face à la brèche qu’elle entrouvre car elle est susceptible de nous faire dire n’importe quoi, et de nous faire agir n ’importe com­ ment. Tout bien considéré, j ’entrevois l’idée qu’elle pourrait nous conduire à une certaine élévation spirituelle, ce qui me fait dire qu’il serait temps que les scientifiques en général - et pas seulement les phy­ siciens qui ont depuis longtemps ouvert cette brèche - commencent à s’intéresser aux questions de « foi » en réconciliant science et religion, métaphysique* et spiritualité, conscience et âme. Si cet ouvrage devait être utile à une seule chose, mon vœu serait qu’il contribue à la compréhension du principe fondamental qui est à l’œu­

vre dans toute création, dans tout projet quels qu’ils soient y compris scientifiques et technologiques, car c’est le fondement de la double causalité, de la réunification entre science et religions, et de l’union entre science et spiritualités. Avant de commencer la rédaction de ce livre, j ’avais accumulé suffi­ samment d’expériences personnelles, de réflexions et de lectures pour être convaincu de la réalité d’un phénomène inexpliqué par la science. J’ai voulu relever ce défi sans savoir que cela me mènerait aussi loin ! Mais je n’avais aucune preuve et ressentais la nécessité impérieuse de trouver une approche expérimentale de la synchronicité. C’est la lecture du livre « Dialogue avec l’Ange » de Gitta Mallasz [18] qui m ’a fourni, au hasard de vacances en Haute-Provence, le déclic, le « Eurêka » menant au protocole expérimental adéquat. J’avais déjà en tête l’idée que les synchronicités pourraient être volon­ tairement provoquées. Cette lecture m’a permis de comprendre les der­ nières « règles » ou attitudes à respecter pour avoir une chance de déclencher l’effet souhaité. Le protocole que j ’ai utilisé pour cela serait certainement inadmissible dans le cadre d’une approche expérimentale se voulant sérieuse et il ne valait donc que pour moi seul, mais je ne résisterai pas au plaisir de vous raconter cette histoire de « dialogue avec l’Ange », bien qu’elle soit intellectuellement intime. Pour comprendre ce protocole expérimental, voyons tout d’abord ce que nous connaissons du phénomène de synchronicité, hors de toute théorie. Il est déjà bien connu que la plupart du temps, nous produisons ces manifestations inconsciemment, sans avoir aucune idée des condi­ tions que nous aurions besoin de satisfaire pour les produire consciem­ ment. De façon généralement passive, certains d’entre nous ont même l’habi­ tude d’assister régulièrement à des coïncidences. Elles semblent se produire naturellement et être plus ou moins liées à nos états d’âme, tout en restant généralement totalement involontaires. On peut y voir pour les plus fâcheuses l’expression de la loi de Murphy*, mais je ne m ’étendrai pas ici sur cette pseudo-loi qui ne fait que témoigner de notre ignorance du mécanisme. Nous avons tous vécu des synchronicités de façon plutôt amusante:

vous pensez à une amie et celle-ci vous téléphone à l’instant même, ou cette variante surprenante: vous décrochez votre téléphone et vous vous retrouvez en communication avec la personne que vous voulez appeler. Dans un autre registre, vous rencontrez une personne dans le train et vous découvrez que vous avez un ami commun ! Une expres­ sion courante convient bien pour résumer l’effet que ces bizarreries ont sur nous : « Le monde est petit ! » Le premier principe du protocole que j ’ai imaginé pour « provoquer » ces coïncidences est fondé sur le respect du délai a priori indispensable que nous avons constaté entre l’instant où nous « programmons » intentionnellement notre futur, et l’instant où le « hasard » vient nous apporter un signal de réponse, symbolisé dans notre Arbre de Vie par une offre de bifurcation. Son second principe repose sur la question : cette bifurcation pourraitelle exprimer un enseignement ? Je rappelle ici le sens de cette bifurca­ tion: il s’agit du moment où une trace du futur s’insinue dans notre présent comme un signal ou comme une invitation à nous laisser por­ ter par cette coïncidence, qui transporte avec elle des informations nous aidant à faire un choix. Il peut donc effectivement s’agir d’un enseignement, aussi longtemps que ce dernier reste bien distinct du choix lui-même. Toute la difficulté de provoquer volontairement une synchronicité est contenue dans le premier principe et concerne principalement le délai : Quel est son terme ? Que faire durant ce délai indispensable de lâcher prise? Comment reconnaître sans risque de se tromper, un signe quel­ conque relevant du terme de ce délai, c’est-à-dire d’une synchronicité? On voit que dans ce processus, tout se passe comme si nous procé­ dions par une sorte de dépôt d’information suivi d’une phase d’oubli, mais pas définitif. Nous attendons quelque chose sans trop y penser. Mais comment procéder à ce dépôt? Faut-il se parler à soi-même? Faut-il prononcer une phrase à voix haute, histoire de bien l’impri­ mer dans l’air? Comment effectuer cette impression ayant pour but d’informer notre futur? Le protocole que j ’ai adopté était tout simplement le suivant: je devais invoquer une entité intermédiaire jouant le rôle de réceptacle de mon

intention. Cette invocation avait pour vertu de rendre infiniment plus simple le lâcher prise et l’attente, l’entité jouant le rôle de dépositaire de l’intention. La définition d’une représentation acceptable de cette entité reste à préciser et nous étudierons cela plus loin, mais elle peut après tout res­ ter abstraite et pourquoi pas mathématique, à supposer que l’on dis­ pose d’un modèle formel de notre conscience: car il s’agit en fait d ’ac­ tiver des propriétés issues d ’une sorte d ’intemporalité de notre conscience, ou du moins de l’une de ses parties, si l’on peut dire. Pour bien comprendre maintenant ce que l’on attend en réponse à ce genre d’invocation, il nous faut faire le point sur la différence entre coïncidences et synchronicités. Car le protocole expérimental que nous venons de proposer n’est adapté qu’aux synchronicités et non aux sim­ ples coïncidences. Une synchronicité est une coïncidence chargée de sens. Cependant une coïncidence peut être parfois considérée comme une synchronicité que nous ne comprenons pas. Elle ne nous est d’ail­ leurs pas forcément destinée personnellement. Nous ne rangerons donc dans les synchronicités que les coïncidences possédant un sens évi­ dent. De très nombreux exemples sont donnés dans le livre « Coïnci­ dences : hasard ou destin » de Jean Moisset et Michel Granger [6] qui foisonne d ’exemples vécus des deux types et qui fait bien la diffé­ rence. Mais lorsque ce genre de synchronismes commence à vous rendre un service, on ne peut plus tout à fait parler de coïncidences. Par exemple, vous avez besoin d’une place de stationnement dans un centre-ville saturé et vous en trouvez une juste à côté de votre destination au moment même où vous l’atteignez. Certaines personnes dont je fais partie ont plus de « chance » que d’autres en la matière, et j ’avoue que cette disposition est très pratique, bien que non systématique. Les coïncidences de la vie peuvent prendre une grande variété de formes, comme par exemple la répétition de certains nombres que vous avez tendance à rencontrer comme si vous les attiriez. J ’en ai vécu personnellement en grand nombre et cette étrangeté de mon expérience personnelle qui sera décrite plus loin (Le double 22) est très instructive pour comprendre la puissance de la seconde causalité, qui

est capable d’aller jusqu’à « recréer le passé », là où ses traces sont absentes ou réellement perdues. Mais alors qu’une coïncidence est seulement une curiosité étrange dont on ne sait souvent pas quoi faire, une synchronicité est particuliè­ rement surprenante car elle se présente « immédiatement » chargée de sens pour celui qui la vit, comme si elle contenait un message à son attention. L’exemple le plus classique de véritable synchronicité est celui donné par le père même de son concept, le célèbre psychiatre Cari Gustav Jung. Il s’agit de l’histoire du scarabée d’or: alors qu’une de ses patientes en analyse lui décrivait un de ses rêves dans lequel elle avait rencontré un scarabée d ’or, ledit insecte s’écrasa au même moment sur la vitre de son cabinet, les troublant fortement tous les deux. Le sens de cette coïncidence fortuite, d’après C. G. Jung, était que ce trouble allait permettre de relancer la thérapie stagnante de sa patiente. Il s’agissait effectivement d ’une bifurcation de grande ampleur dans la vie de sa patiente, qui la mettait sur le chemin d’une guérison. Mais l’on peut se demander ici d’où provenait l’intention qui l’a provoquée. De la patiente ou de son médecin ? D ’une façon générale, les exemples les plus couramment cités de synchronicités sont associés à des événements qui sont susceptibles de changer la vie du sujet. Comme ces exemples de personnes qui ont l’habitude de prendre l’avion et qui sont exceptionnellement retardées par des circonstances qui leur font rater leur vol, le jour même où cet avion s’écrase ! De toute évidence, soit elles avaient très bien informé leur futur de leur ferme intention de rester vivantes, soit d’autres l’avaient fait pour elles ! Mais rien ne vaut les expériences que l’on a vécues soi-même: les synchronicités que j ’ai rencontrées et qui étaient les plus chargées de sens sont celles que j ’ai expérimentées volontairement sur la Route du Temps, leur sens étant relié à mon projet d’écrire ce livre. C’est ainsi que de nombreuses synchronicités m’ont accompagné tout le long de ce projet de livre en lui fournissant de la matière, récoltée par « invocation » le long de cette route, comme si cette récolte, finis­ sant par devenir systématiquement attendue en ces lieux, favorisait elle-même leur déclenchement. J’avais été préparé à ce genre de phé-

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nomènes incompréhensibles par toute une série de coïncidences vécues durant dix ans et qui étaient relatives au double 22 (chapitre XV), mais je n’avais jamais vraiment vécu ces coïncidences numériques comme chargées de sens. Elles n’étaient donc pas pour moi des synchronicités. Je n’ai jamais bien compris ce qu’elles pou­ vaient signifier en dehors du fait qu’elles se produisaient les jours les plus importants de ma vie. Elles s’imposaient à moi sans que je le demande. Avant de leur consacrer l’essentiel de cette partie III, en voici une que j ’ai vécue tout à fait indépendamment des autres: à la veille d’un week-end passé en maison d’hôtes toujours sur cette fameuse route, je rencontrai un géobiophysicien ou si l’on préfère un sourcier, spécia­ liste de la recherche de zones pathogènes dans les habitations, essen­ tiellement dues à la circulation d’eaux souterraines. Ayant moi-même étudié la géobiologie dix ans auparavant, je discutai avec lui de sa dis­ cipline en bon sceptique, soulevant le caractère irrationnel de certaines pratiques effectuées avec la baguette de sourcier. Je ne mettais pas en doute la crédibilité de sa méthode de détection d’eau souterraine mais plutôt la soi-disant correction des effets pathogènes avec des disposi­ tifs censés émettre des « ondes de forme » ! Ce très sympathique sour­ cier finissait par me proposer d’analyser ma propre habitation, mais comme j ’avais l’intention de déménager je déclinai son offre et je lui demandai plutôt s’il n’accepterait pas d’analyser un lieu dont j ’envisa­ geais l’acquisition. J’avais alors l’idée de restaurer une ruine sur un terrain situé quelque part près de la Route du Temps. Le lendemain, ébloui par le soleil sur cette route, j ’eus un accident sans gravité qui me fit percuter un rocher, ce qui immobilisa ma voiture au garage pen­ dant quelques jours et m’obligea à rentrer chez moi en taxi. C’est alors que durant ma conversation avec le chauffeur qui connaissait très bien la zone et ses habitants - une femme d’ailleurs charmante - j ’appris que de nombreuses personnes avaient eu l’intention d’acheter la ruine qui m ’intéressait, mais que personne n’était allé jusqu’au bout de ce projet parce qu’il y avait soi-disant des infiltrations d ’eau sous cette ruine. En résumé, j ’appris par hasard le même week-end ce problème d’infil­ tration d’eau, juste après avoir rencontré un spécialiste de la détection

d’eaux souterraines. Ce qu’il y a de surprenant, c’est que cette rencon­ tre avait précédé l’énoncé du problème, pourtant survenu tout à fait indépendamment ! Je n’ai compris cette bizarrerie que bien plus tard lorsque, après avoir échafaudé toute cette théorie, il m’est apparu évi­ dent que cette information sur ma mine m ’était arrivée tout naturelle­ ment, de façon non causale, suite à mon intention de recruter ce sour­ cier pour faire cette recherche d’eau. Revenons à notre projet d’invocation d’entité en tant que dépositaire de notre intention. Cette stratégie m’est venue à l’esprit lorsque, réflé­ chissant sur les conditions dans lesquelles se produisent généralement les synchronicités et après m ’être documenté sur la question dans plu­ sieurs ouvrages, j ’ai constaté que le dénominateur commun à ces conditions était la préoccupation mentale. Plus cette préoccupation était vitale et par voie de conséquence, chargée d’« énergie » émotion­ nelle, et plus il semblait qu’elle pouvait activer le phénomène. Et pour­ tant, il semblait aussi, dans d’autres exemples, que le fait d’avoir une attitude complètement détendue et libérée de toute préoccupation avait également le pouvoir d’activer les mêmes effets. J ’en ai donc déduit, en faisant le rapport avec le laisser agir dans l’art secret du tir à l’arc, qu’un « dépôt » inconscient ou une décharge émo­ tionnelle issue d ’une préoccupation, par la suite relâchée, avait dû avoir lieu. La contradiction apparente s’expliquait ainsi: dans le pre­ mier cas on considère le sujet avant ce « dépôt », alors que dans le second cas on le considère une fois qu’il en est libéré. Dans le processus de « dépôt d’une préoccupation » quel qu’il soit, que l’on se confie à un ami, à un animal, à une plante ou à l’univers, l’état de relâchement du mental qui suit semble donc en améliorer l’ef­ ficacité. Et préoccupation rime ici clairement avec intention. Il semble­ rait même que c’est en quelque sorte cette « énergie préoccupante » de l’intention qui est ainsi déposée, et qu’une confiance s’installe ensuite dans l’esprit du sujet. Dans son livre « Les hasards nécessaires », Jean-François Vézina [31] justifie pleinement cette interprétation selon laquelle les synchronicités se produiraient dans des situations où nous sommes préoccupés par le besoin de trouver des réponses à certains moments de notre vie, spé­ cialement lorsque nous avons l’esprit ouvert pour les recevoir. Sans

pour autant aller jusqu’à décrire la possibilité que nous puissions les provoquer systématiquement, cet auteur explique cependant parfaite­ ment leur fonction de message et ses conditions d’obtention, je cite: « la psyché doit être perturbée... Par surcroît, le message doit être très important pour notre développement. » Et c’est ainsi que j ’ai été conduit à me servir de l’« Ange gardien », pour jouer le rôle de dépositaire. À défaut d’existence réelle, la simple foi en cette entité conduit à installer une confiance salutaire et un état de lâcher prise indispensable. L’Ange représente ici une entité abstraite qui joue le rôle d’un double de soi-même, à qui nous exprimons nos intentions, nos problèmes, nos demandes en tout genre. Il s’agit donc d’un dialogue intérieur visant à obtenir des réponses, mais le fait de se prendre réellement au jeu de l’Ange nous permet de recevoir ces réponses de manière acausale* en réalisant la fonction de dépôt suivie du lâcher prise salutaire instaurant la confiance. Cela revient un peu à se donner rendez-vous avec soi-même dans son propre futur, en usant de la possibilité de dialoguer avec ce « double » qui y habite déjà ! Lorsqu’au contraire, nous persistons dans notre soli­ tude à entretenir des intentions que nous ne savons pas exprimer en dehors de nous-mêmes, que cela soit en actes ou en paroles, nous ne faisons que fermer notre mental à tout dialogue permettant de préparer notre futur, lequel aurait simplement besoin d ’être informé de nos préoccupations ! Par exemple, avez-vous remarqué que très souvent, lorsque l’on désire quelque chose, et plus particulièrement lorsqu’il s’agit d ’un désir obsessionnel, cette chose a tendance à arriver une fois qu’on l’a oubliée, ou même lorsque l’on a cessé de la désirer ! Cette observation montre que le désir n’est pas un bon moyen pour créer les bonnes opportunités, et c ’est probablement parce qu’il empri­ sonne l’objet du désir en l’empêchant de se transformer en « énergie de programmation » du futur. Elle montre aussi qu’intuitivement nous savons que notre désir joue un rôle : pourquoi pas celui de contenir l’énergie, de la maintenir dans le présent en attendant le processus qui la mémorisera dans nos potentiels futurs ? On voit que ce rôle est ini­ tiateur et qu’il importe de ne pas rester à ce stade initial du désir pour

ne pas bloquer les stades suivants qui permettent sa réalisation: l’inten­ tion de rencontre réelle de l’objet du désir, la confiance dans la bonne mémorisation de cette intention, puis le relâchement, le vide mental. D ’où l’expression : il ne faut pas prendre ses désirs pour des réalités ! Parmi les stades suivants, le relâchement ou retrait du mental est fon­ damental. Ce mental est un parasite qui a tendance à tout calculer, ne faisant ainsi que « projeter » selon la loi de cause à effet, loi qu’il importe justement de rejeter si l’on veut user plus efficacement de notre libre arbitre par la logique non causale. En tirant judicieusement parti de la double causalité, nous agissons sur l’avenir tout en sachant que le présent découle aussi de l’avenir et pas seulement du passé. Cela correspond à un mécanisme de boucle de rétroaction. Mais ce concept est un peu abstrait et le mieux est de le vivre sous la forme d’un dialogue intérieur avec son futur. Néanmoins, il s’agit bien de la véritable mise en œuvre d’une boucle de rétroac­ tion du mental destinée à faire apparaître les réponses attendues sous forme de « signes » à décoder, sachant que nous fixons nous-même la règle de codage ! On pourrait réduire le phénomène à un simple « écho du mental », l’écho étant en quelque sorte réfléchi par une zone de notre futur. Mais s’agirait-il d’un simple écho, où cet écho pourrait-il nous rapporter des informations en sus ? Quoi qu’il en soit, il nous faut maintenant décrire les règles de codage.

Résumé du chapitre XI Les synchronicités ou coïncidences signifiantes nous arrivent la plu­ part du temps de façon totalement involontaire. Partant de l’hypothèse qu’elles peuvent résulter de nos intentions, nous avançons que les syn­ chronicités devraient pouvoir être provoquées par le biais d’un dépôt d’intention dans le futur. Ce dépôt serait souvent effectué inconsciemment, et inversement il pourrait être bloqué en pleine conscience par le désir. La conscience ne

semble donc pas être un facteur favorable, et il se confirme qu’un lâcher prise est nécessaire. Pour réaliser ce dépôt nous suggérons d’en libérer la conscience en confiant la demande à une entité dépositaire, le rôle principal de cette entité étant de prendre le relais de l’intention en permettant à cette conscience de lâcher prise.

XII. Le modèle de l’Esprit Où l ’on découvre que les paroles évangéliques « Demande, tu recevras » et « Aide-toi, le ciel t ’aidera » sont deux méthodes complémentaires d ’amplification des effets de l ’intention sur le futur. « Ne croyez pas qu’il y ait rien d ’impossible ! Le possible est la loi du Poids. L ’impossible est la loi du Nouveau. » (Dialogue avec l ’Ange, Entretien 31 avec le maître de Hanna)

L’entité dialoguante qui joue le rôle du récepteur de nos intentions se prête à deux interprétations : on peut la considérer comme un « Esprit* » comme dans l’expression « Esprit, es-tu là? », ou comme un « Ange » en référence à une entité plus abstraite encore appelée l’« Ange gardien », tout à fait susceptible de se confondre à nousmêmes. Cet Ange gardien est cependant toujours assimilé à un esprit dans la littérature, c’est pourquoi nous appelons « modèle de l’esprit » notre modèle expérimental de dialogue intérieur. Ces deux formes d’esprit nous permettent de décliner notre théorie de la double causalité selon deux versions : - Une version minimaliste qui considère qu’il n’y a aucune incarnation d’esprit dans notre vie ni même dans notre Arbre de Vie, et que ce que l’on appelle couramment « esprit » n ’existe pas, sauf à représenter cette partie de nous-mêmes qui se trouve logée dans les dimensions supplémentaires invisibles de l’espace. Je me permettrais de qualifier cette chose d’« Ange ».

- Une version conjecturale qui pousse au maximum les conséquences potentielles de notre théorie sur notre conception de l’univers, et qui notamment pour expliquer l’évolution de cet univers dans l’éternité, pourrait faire appel aux notions d ’« incarnation » ou de « réincarnation » d’esprits. Comme je l’ai déjà dit, je ne prendrai pas position sur cette question dans ce livre et je me contenterai d’étayer la théorie minimaliste, avec une version d’Ange qui peut donc quasiment se réduire à une abstrac­ tion, ou même à un modèle mathématique. Mais je ne voudrais pas empêcher certains lecteurs de prendre la liberté d ’aller plus loin, faute de preuve que quoi que ce soit s’y oppose. Or l’Ange étant lui-même souvent considéré comme un Esprit, il me paraît approprié d’explorer cette notion d’Esprit, définie comme entité dissociée du corps et ayant droit à une existence concrète, même si c’est dans l’au-delà ! Quoi qu’il en soit, pour faciliter le pouvoir de réalisation de nos inten­ tions il sera toujours recommandé lors du dialogue intérieur, de pren­ dre au sérieux cette entité (Ange ou Esprit) en la considérant toujours comme distincte de soi-même. Ceci parce qu’en nous donnant réellement l’impression que l’on fait sa demande à quelqu’un d ’autre, cela facilite notre positionnement en tant qu’émetteur. Cette entité réceptrice va donc en quelque sorte faire à notre place ce que nous ne pouvons pas imaginer faire nous-mêmes dans notre futur. Le modèle de l’Esprit suppose dans tous les cas que l’on admette l’existence d’une partie de notre conscience qui serait distincte de notre cerveau, à la fois complémentaire et immatérielle, c’est-à-dire qui ne pourrait pas être le résultat des milliards d’interactions neuro­ nales qui sont l’expression de nos pensées et de nos actes. Durant les trente années où je me suis intéressé à la synchronicité, j ’ai toujours pensé que ce phénomène était un produit de la dualité de notre existence, faisant une distinction très nette entre conscience et matière. Je n’ai compris que très récemment qu’il n’y a pas besoin de distinguer la conscience et la matière, mais seulement de distinguer notre vécu présent et notre réalité hors du temps. Mais un problème résiduel se posait: est-il nécessaire que cette partie de notre conscience que l’on

appelle « esprit » ou « âme » soit distincte de notre cerveau et de tout ce qui se rapporte en général à la matière ? Ce qui revient à poser la question suivante: a-t-on besoin d ’un concept d’esprit désincarné ? Ce sont les avancées de la physique moderne qui ont amené de nom­ breux physiciens s’interrogeant sur cette dualité apparente dans l’uni­ vers, à rechercher quelles pouvaient être les raisons scientifiques de cette différence de nature entre ce qu’on appelle d’une part le monde physique et la « matière », animés par les lois de la causalité ou méca­ nique, et ce qu’on appelle d’autre part la « conscience », l’« esprit » ou l’« âme », animés par d’autres lois restant à découvrir. Parmi les théories physiques pouvant cautionner cette dualité, la méca­ nique quantique est systématiquement et même exagérément invoquée mais aussi, beaucoup plus rarement, celle que je nommerais en quelque sorte son « relais macroscopique », la Théorie du Chaos, à cause de l’indéterminisme qu’elle engendre, elle aussi. Mais il existe d’autres théories, comme la Théorie des Cordes [7], qui sont très inté­ ressantes sur le plan mathématique pour appréhender ces questions, parce qu’elles attribuent à l’univers beaucoup plus de dimensions que les quatre que nous sommes capables de percevoir. Cette Théorie des Cordes n’est pas encore vérifiée, et elle est même discutée. Cependant, l’important est sa cohérence avec les lois de la physique, et le fait que ce ne soit pas son hyper dimensionnalité qui soit remise en cause. Je développerai en partie IV les raisons pour lesquelles, grâce à ces théo­ ries, on n ’a pas besoin d’un concept d’esprit désincarné dans notre modèle de l’esprit. Je vais maintenant donner une définition la plus simple possible de l’entité que je qualifie d’Esprit ou d’Ange : un esprit peut être consi­ déré comme une extension de notre propre « individualité » dans les dimensions de notre univers qui nous sont imperceptibles ou invisi­ bles, au-delà des quatre que nous connaissons. Rajoutons à cela que cette extension est nécessairement atemporelle, c’est-à-dire qu’elle se situe hors du tem ps, p u isq u ’elle représente la partie de notre conscience qui produit instantanément des modifications des champs de probabilités dans les potentiels futurs de notre Arbre de Vie.

Sachant que nous sommes englobés dans un univers à plus de quatre dimensions, dix ou onze par exemple, comme le suggère la Théorie des Cordes, alors il existerait nécessairement une sorte de prolonge­ ment de notre être qui nous caractériserait dans les six dimensions complémentaires. C ’est obligatoire car tout simplement mathéma­ tique : on existe forcément avec un nombre de dimensions égal à celui de l’espace dans lequel on est plongé, même si dans certaines dimen­ sions on pourrait à la limite ne presque pas exister, en se résumant par exemple à un simple point. Mais cela reste tout de même un point réel, c’est-à-dire existant, et ce qui est à noter, c’est qu’il n’y a pas de raison de penser que cette extension obligatoire de nous-mêmes n’ait pas elle aussi les caractéristiques de la conscience, auquel cas il s’agirait d’une partie de notre conscience indétectable, imperceptible, c’est-à-dire en un mot: cet « esprit », autant qu’on puisse imaginer de quoi il s’agit. Pour s’en faciliter la représentation, je n’insisterais jamais assez sur la nécessité de comprendre la préexistence de notre futur, tout comme celle de notre passé. Si l’on arrive à se représenter notre existence hors du temps par le fait que nous pourrions agir par exemple sur notre ave­ nir dès maintenant, en ce moment même, par le simple effet de nos pensées, alors c’est gagné, l’esprit devient saisi par la pensée ! Et je ne crois peut-être pas si bien dire, car si, à la lecture de la phrase précédente, vous venez de comprendre pour la première fois cette notion d’esprit, alors il est probable que ceci sera le début d’un ensem­ ble de modifications de votre comportement et de vos intentions qui provoquera des déplacements réels de votre esprit hors du temps pré­ sent, vous aidant ainsi à en saisir la nature. Lorsque nous connaissons la mort physique, nous pensons que nous cessons d’exister, du moins dans les quatre premières dimensions connues, parce que notre corps s’y désagrège et que nous ne pouvons donc plus rien ressentir. Mais nous ne savons pas ce qu’il en est de la partie de nous-mêmes qui habitait notre futur dans les six autres dimensions ! A défaut de savoir, on peut toujours faire des hypothèses, mais je pré­ cise ici qu’il n’est pas nécessaire de concevoir, dans notre propos, que l’esprit dont je parle subsiste à une telle désagrégation. Il peut très bien

rester cette partie de nous-mêmes, aujourd’hui bien vivante, dont nous n’avons pas conscience dans les autres dimensions. On qualifierait injustement d’irrationnelle notre approche de l’esprit, car elle se veut expérimentale et repose sur des hypothèses cohérentes. On la qualifiera cependant avec justesse de « spirite* » ou de « spiri­ tuelle », les deux étant liés, mais aussi peu tangibles l’un que l’autre, il faut l’avouer. En tant que telle, elle implique de croire certaines choses mais de façon justement fondée par le fait que cette croyance joue un rôle fondamental dans la production des phénomènes : c ’est un fait assez connu, qui doit son origine à ce que notre propre conscience est interagissante dans l’expérience elle-même. Elle est à la fois l’observa­ teur et l’observé, en quelque sorte. Impossible de faire autrement que d’avoir la foi, sauf à déporter ou déléguer le problème à d’autres sujets observateurs, médiums par exemple. Cependant, le fait de vouloir expérimenter une interaction avec un esprit, impliquant une recherche de communication emprunte d’une certaine foi, n’empêche pas que l’on puisse conserver un doute de sécurité. Pour m’aider dans le montage de cette expérience, je me suis tout d’abord attelé à la lecture des ouvrages les plus documentés trai­ tant de la question des esprits [11] et des anges [9], mais aussi des reli­ gions, avec l’intention de trouver un fil directeur me permettant d’aborder sous un angle nouveau le phénomène de synchronicité : celui de sa reproductibilité. De ce point de vue, il aurait été certainement embarrassant, pour mener à bien cette expérience, d ’avoir à s’initier aux tables tournantes, à la transcommunication, ou à tout autre moyen de communication paranormale, impliquant ou non l’intervention éventuelle d ’un médium. Le dialogue avec l ’Ange se présentait au contraire comme une méthode expérimentale plus subtile, j ’entends par là à niveau énergé­ tique de stimulation beaucoup plus faible, quitte à être difficile à éva­ luer ou à mesurer, et aux effets beaucoup plus reproductibles. Après m ’être documenté sur les Anges dans différents ouvrages dont certains comportaient des témoignages très intéressants [9], mais n’ayant rien trouvé sur la manière de dialoguer en vue de produire des

résultats immédiats, j ’ai fait la synthèse suivante: peu importait le moyen de communication, la seule chose qui comptait vraiment était l’état d’esprit - ou état de conscience éventuellement modifiée - que je devais avoir pour ouvrir le canal de communication adéquat, avec mon futur. Ceci étant fait, un moyen de stimulation ultra-simple et particu­ lièrement « doux » s’imposait naturellement: Poser directement à l’Ange une question intérieure et lui demander qu’il provoque lui-même une synchronicité pour exprimer sa réponse ! Pourquoi pas? Cela semblerait sous-entendre que l’on s’adresse à une véritable entité désincarnée, mais pas du tout! Sachant qu’il s’agit d’une partie intime de nous-mêmes qui habite notre futur, le mieux n’est-il pas de se simplifier la vie avec elle? Notons que cette demande de « manipulation » directe du futur à partir du présent est fondée par la décision d’interpréter les phénomènes improbables qui pourraient se présenter à nous par la suite comme des réponses. Or, tout à fait curieusement c’est ce qui contribue à augmen­ ter leur probabilité, en vertu de la rétroaction. En demandant une pro­ duction de synchronicité, j ’agis au temps présent sur un futur potentiel que je vais, à raison, considérer comme impliqué à ma demande, puisqu’il va effectivement influencer la suite de mon parcours. J’aug­ mente ainsi fortement les probabilités de tous les scénarios potentiels susceptibles de transporter les traces du futur que je me suis pro­ grammé. Dans ma demande de dialogue, je n’avais pas besoin de chercher à savoir au moment de ma question si j ’étais entendu ! J’avais rendezvous avec le temps. Je laissais simplement à l’Ange un délai d’une journée pour me répondre dans ce futur immédiat, et même une jour­ née supplémentaire s’il voulait me faire une autre réponse. Traditionnellement, la communication avec un ange est censée appor­ ter une aide à celui qui en fait la demande. Beaucoup de gens utilisent ce moyen couramment dans leur vie quotidienne, ne serait-ce que par l’intermédiaire de la prière, afin d’obtenir ce qu’ils recherchent, par exemple une aide pour autrui : on pense à solliciter un soutien pour un membre de sa famille, une personne qu’on aime, et certains brûlent même un cierge pour signifier clairement leur demande.

En ne faisant finalement que redécouvrir les vertus de la prière, je concluais de quelques lectures que la sincérité de la demande, une reelle ouverture mentale, une véritable foi ou une préparation spiri­ tuelle adéquate, empreinte de confiance, d’amour et de compassion, constituaient des éléments nécessaires au succès de l’opération. Ces éléments s’ajoutaient à tous les indices issus de notre Théorie du Temps : - création d ’ordre non causal, - intervention du hasard indéterministe, - intentions exprimées sans savoir comment les réaliser, - intentions nouvelles, - prise de risque, - lâcher prise, auxquels il fallait ajouter la nécessité de s’extraire de ses habitudes, ou encore de sortir des sentiers battus, dans la phase de récolte des réponses. Mais c’est la lecture du livre « Dialogues avec l’Ange » de Gitta Mallasz qui m’a fourni les éléments les plus importants à propos de la « préparation spirituelle » et surtout les règles mentales à observer, parmi lesquelles l ’authenticité de la demande, le respect du libre arbi­ tre et l ’installation du « sourire intérieur ». Le livre de Gitta est unique à double titre : les dialogues ont une connotation « expérimentale » du fait de la disponibilité de cet Ange et de la reproductibilité de ses ren­ dez-vous. Ayant évalué personnellement comme originale et puissante la qualité de l’information contenue dans les réponses de l’Ange de Gitta (retranscrites par un médium?), je me suis partiellement inspiré de ce livre. La question de savoir si fauteur original des textes était réellement un ange, si tout cela était vécu ou imaginaire, me semblait franchement accessoire. L’important pour moi était d’apprendre à cata­ lyser un phénomène susceptible d’exiger un état de conscience modi­ fié, ou tout au moins inhabituel. La principale directive que j ’ai retirée de cette lecture est en fait la sui­ vante : « Demande et tu recevras une réponse ! » On ne peut plus évident! Mais pour les besoins de l’expérience qui

nous intéresse, j ’ai étendu ce principe à l’énoncé suivant, notre hypo­ thèse expérimentale : « Formule-moi une question intérieure et tu recevras une réponse par l’intermédiaire de signes que tu devras interpréter, et qui seront avérés par des synchronicités que je provoquerai ». Afin de me donner le plus de chances possibles de réussir à ce jeu en formulant mes questions correctement, j ’ai consigné les huit règles sui­ vantes de préparation mentale : 1. avoir un besoin d’aide authentique, 2. faire une demande liée à une réelle préoccupation au moment de la demande, 3. prendre le risque de « se mouiller » par un comportement risqué, non raisonnable et surtout pas raisonné,

4. demander quelque chose dont la réalisation aura une réelle inci­ dence sur son chemin de vie (nouvelles intentions) 5. conserver son libre arbitre: surtout ne pas demander à l’Ange de choisir à sa place, 6. atteindre un niveau suffisant de détachement et de lâcher prise, 7. voir naître en soi un authentique sourire intérieur, 8. sortir des habitudes et sentiers battus au moment de la demande. Ces attitudes sont toutefois à considérer comme des éléments « tech­ niques » qui pourraient bien ne produire aucun effet sans l’apport d’un neuvième élément fondamental, que nous ferons émerger dans la der­ nière partie de ce livre, pour respecter le fil de notre raisonnement. Toutes ces « règles » d’attitude mentale - ou spirituelle - peuvent être considérées comme différentes phases du « cycle de la seconde causa­ lité » que nous aborderons avec ce neuvième élément. Concernant le conseil de « sortir des sentiers battus », il est évident que si l’on ne « bouge pas » de sa chaise ou que l’on est enfermé dans ses habitudes, on ne risque pas de faire une rencontre inhabituelle, empreinte de signification; ce n’est donc pas la peine de faire une demande.

C ’est pourquoi il faut aussi que l’intention même de provoquer une situation qui permettra une réponse soit présente au moment de la demande. Ceci correspond à la parole de l’Évangile: « Aide-toi et le ciel t’aidera », qui est donc à appliquer juste après celle-ci : « Demande et tu recevras ». Dans le livre de Gitta, le simple mot « Demande ! » est prononcé une centaine de fois par l’Ange, comme si cet ordre d’invocation était une règle fondamentale voulant qu’aucune réponse ni aucun enseignement ne puissent nous être transmis, sans demande préalable. J’ai donc commencé cette expérience inédite de dialogue intérieur à l’occasion de quelques jours de vacances passées avec mon amie Danièle, durant lesquels nous remontions le territoire de la réserve géologique, depuis l’extrémité sud de la Route du Temps.

Résumé du chapitre XII L’entité dépositaire de l’intention est décrite comme Ange ou Esprit, cette partie de notre conscience qui reste intemporelle, qui se loge dans notre futur et qui reflète nos intentions. Son existence réelle provient de l’omniprésence de notre futur et de la capacité que nous avons d’en modifier les probabilités de potentiels. L’Ange incarne en quelque sorte ce remue-ménage intemporel. Pour le solliciter, c ’est-à-dire pour dynamiser les potentiels qu’il recou­ vre, il est nécessaire de respecter une juste attitude qui peut se résumer en huit points : besoin d’aide réel, préoccupation réelle, prise de risque, sérieux de la demande, libre arbitre, lâcher prise, sourire intérieur et conditions facilitant l’imprévu. Un neuvième élément essentiel sera abordé après de plus sérieux déve­ loppements.

XXIII. Dialogue avec l’Ange Où Ton aura du mal à croire que l ’Ange n ’est qu’une partie de nous-mêmes...

« Je parle du sourire: la bouche représente la matière dans le visage. Elle est en bas. La force d ’attirance vers le bas tire la bouche vers le bas, la force d ’attirance vers le haut l ’élève. Tout animal sait pleurer, gémir. Sourire, seul l ’homme le sait. C ’est la clef. Ne souriez pas seu­ lement lorsque vous êtes de bonne humeur! Votre sourire est sourire créateur! Non pas sourire artificiel, mais sourire créateur! Si les forces d ’attirance vers le bas agissent, elles ferment. Tout est tiré vers le bas, tout. La bouche est de la terre. La force d ’attirance vers le bas, c ’est de la terre aussi... Le sourire est à l ’image de la délivrance, symbole: la force créatrice élève la matière... Comment peux-tu reconnaître ta voie, si tu ne souris pas ? J ’habite dans le sourire et je suis ta mesure. Le sourire est symbole: maîtrise sur la matière. Si tu lis un livre, tu l ’approches de toi pour bien voir. Si tu veux me lire, il faut que tu t ’approches. J ’habite dans le sourire... Je continue à parler du sourire. Vous passez à côté de lui, il est telle­ ment connu! Vous ignorez ce qu’il signifie. Le sourire est pont au-des­ sus de l ’ancien abîme, entre l ’animal et ce qui est au-delà de l ’animal, un abîme profond. Le sourire est le pont. Pas le rictus ni le rire. Le

sourire. Le rire est le contraire des pleurs. Le sourire n ’a pas de contraire... La clef de tous tes actes, de ton travail, de ton enseignement, c ’est le sourire. Essaie! Mets tes protégés à l ’épreuve pour voir s ’ils arrivent jusqu’au sourire intérieur, car ensuite leur façon de se mouvoir va changer. Le sourire, c ’est plus sûr que n ’importe quelle gymnastique... Le sourire est la prière de chaque petite cellule, de chacune, et elle monte jusqu’à la bouche. Le sourire élève au-dessus de tout. C ’est si simple! Mais personne ne le connaît! » (Dialogue avec l ’Ange, Entretien 35) Le long d’un itinéraire volontairement improvisé, Danièle et moi tra­ versions des paysages de toute beauté qui, par l’émerveillement suscité en nous ont probablement contribué à favoriser l’émergence des synchronicités surprenantes que j ’ai vécues durant ces quelques jours de vacances. Et je rajouterai à cela un autre facteur positif : bien que Danièle partageât avec moi un niveau de confidence beaucoup moins intime que celui que j ’avais avec mon Ange, son acceptation à nous laisser guider par le hasard ou mon intuition ont beaucoup contribué à la réussite de l’expérience. Ce qui était au départ un « jeu de l’Ange » est vite devenu une relation fascinante. Car disons-le tout de suite, la principale raison qui s’est imposée à moi pour continuer à lui faire des demandes est la suivante : j ’avais l’impression qu’à moins de disposer de pouvoirs très spéciaux, cette chose qui me répondait distinctement était forcément distincte de moi-même. Ce n’est que par la suite, ayant compris par quel méca­ nisme ce que j ’avais considéré comme un Ange pourrait dériver des propriétés du temps lui-même, que j ’admis que cet Ange pourrait bien n’être qu’un écho de mon mental, un reflet de mes intentions. Mais je n’en suis même pas encore certain, à cause d’une fâcheuse habitude à toujours douter de tout, y compris d’une théorie qui voudrait absolu­ ment se faire passer pour un modèle du temps minimaliste, pour ne pas dire simpliste. Ma toute première demande à l’Ange était complexe, car j ’étais réelle­ ment préoccupé (2e règle) par la façon dont j ’allais bien pouvoir abor­ der ce projet de livre sur le temps dont je n’avais même pas encore

entamé la rédaction. J’étais en vacances et libéré de mes soucis profes­ sionnels, et le livre de Gitta me fascinait. Cette lecture me poussait comme une impulsion extérieure à réaliser cette expérience, au moins pour deux bonnes raisons: d’une part, je venais de me forger les règles d’attitude mentale à respecter, et d’autre part je voulais profiter de mes vacances qui allaient bientôt se terminer. Mais je me demandais com­ ment concilier une approche sensée avec de telles attitudes, et notam­ ment ce besoin de faire émerger un sourire intérieur. Pour me compli­ quer la tâche, j ’étais plongé dans des réflexions sur cette phrase de l’ange de Gitta, qui pouvait remettre en question la faisabilité de mon projet: « L’instinct de l’homme a été faussé par le savoir. » Cet énoncé me faisait douter car je l’interprétais ainsi: rechercher le savoir, en l’occurrence la vérité sur le temps, en procédant à des expé­ riences faisant appel à une communication instinctive avec des entités spirituelles, n’était il pas une stupidité, un délire, ou même tout simple­ ment un interdit? Tout savoir n’était-il pas nécessairement incompati­ ble avec une communication angélique, faisant appel à des ressources instinctives, hors de tout champ de connaissance? Instinct et raison ne devaient-ils pas rester distincts, séparés, incompatibles, justement parce que l’instinct est requis lorsque la raison manque ! Il faut comprendre qu’à l’époque, je n’avais pas encore de modèle de l’esprit. Je croyais encore à une dualité obligatoire séparant deux mondes, celui de la conscience et celui de la matière, et n’avais qu’une assez vague intuition de la double causalité. Ce doute s’étant transformé en véritable préoccupation, je décidai alors, peut-être par dérision ou facilité, de faire à l’Ange la demande suivante : « Tu sais que j ’ai des doutes sur la faisabilité d’une approche ration­ nelle de ton monde. J’ai l’impression de toucher à l’inconnaissable, à l’impalpable, à l’interdit! Éclaire-moi sur cette question aujourd’hui, par tous les signes que tu voudras ! ». Je prononçai cette phrase en pensée pour ne pas inquiéter Danièle. À cause de la 5e règle je ne pouvais pas poser une question qui néces­ siterait une réponse par oui ou par non, car elle aurait entraîné de ma

part un choix. Or il me fallait tenir compte d’une remarque de l’Ange, récurrente dans ma lecture en cours et qui était peut-être l’alinéa le plus important de la règle du jeu : « L’homme conserve son libre arbitre et ses choix ». À l’issue de ma question formulée en mon for intérieur de façon assez claire pour quelqu’un qui lirait dans mes pensées, et en essayant de regarder la lumière du soleil à travers le pare-brise de ma voiture (sachant que les anges sont des êtres de lumière, n’est-ce pas?), je me demandais par quels signes je pourrais bien recevoir une réponse dans la simple contemplation de superbes paysages, mais je me rappelai que l’Ange de Gitta avait dit: « Si tu prêtes l’oreille, même les pierres parleront ! » Il n’y avait effectivement que des pierres, des roches et des montagnes autour de moi ! J ’avais donc grâce à cette affirmation foi en ma demande, et c’est d’ailleurs la simultanéité entre cette foi et son côté rationnellement absurde qui eut pour effet de me faire sourire intérieu­ rement, tout en m ’amenant à un recul salutaire et détaché : j ’étais prêt ! Je me rappelais ainsi avec humour et détente cette fonction du sourire intérieur découverte dans le livre de Gitta, condition de bon fonction­ nement à toute communication avec l’Ange, et je supposais que j ’étais sur la bonne voie. Mais j ’avoue que, perdant inévitablement avec le temps un peu de ma foi, je m ’inquiétais aussi sur ma santé mentale, ce qui eu au moins pour vertu d’accélérer l’oubli de ma question durant cette traversée... jusqu’à cette rencontre, moins d’une heure après. En visitant à pied un village labyrinthique rencontré sur la route, nous parvenions à proximité d’une petite église quand je remarquai une porte grande ouverte accédant à une curieuse tribune, ornée de posters à destination des touristes. Immédiatement, une photo de Sainte-Thé­ rèse de Lisieux, placée juste en face de l’entrée, attira mon attention. Je fus surpris par le regard perçant de cette femme qui semblait me parler, comme si la photo était vivante ! Je me remémorai aussitôt ma ques­ tion à l’Ange. Pour mieux comprendre ma surprise, il est utile de rap­ peler que Sainte-Thérèse n’était pas seulement une sainte mais aussi un écrivain, docteur de l’église et auteur de la célèbre poésie intitulée: A mon ange gardien. Cette rencontre avec Sainte-Thérèse commençait

donc à ressembler par ce simple fait à une « synchronicité », puisque j ’étais justement en train de débuter une expérimentation ayant pour but de convoquer mon propre ange gardien! Mais j ’étais dans une église et je n’avais pas lieu de m ’étonner outre mesure de rencontrer des signes angéliques. Aussi, ce clin d’œil de Sainte-Thérèse me sem­ blait encore insuffisant pour conclure à une quelconque réponse. Mais en m’approchant de cette photo pour lire la citation située juste en dessous, je découvris avec stupéfaction une parole de Sainte-Thé­ rèse qui acheva de lever mon doute à ce sujet. Cette citation me révéla immédiatement à l’esprit que j ’étais face à une réponse, à cause du contraste très étrange entre le personnage religieux que Sainte-Thérèse représentait et cette affirmation : « Je n’ai jamais cherché que la Vérité ! » La raison de ma surprise était que cette « recherche de Vérité » était justement le sujet central de ma très récente question à l’Ange. Il éma­ nait curieusement d’une sainte pour laquelle on était en droit de se demander: pourquoi le mot « Vérité » plutôt que le mot « Amour »? Depuis quand les saints recherchaient-ils la Vérité? Pourquoi, le matin même où je remettais en question la capacité de l’ange à comprendre une recherche de vérité scientifique, tombais-je sur cette phrase d’une personne angélique cautionnant une telle recherche de vérité ? Mais était-ce bien une synchronicité, plutôt qu’une simple projection? Si oui, son improbabilité était-elle contenue dans le lien entre SainteThérèse et l’angélisme, ou dans le décalage entre la citation et celle qu’on se serait attendu à lire comme par exemple: « Je ne me suis jamais consacré qu’à l’Amour » ou toute autre chose ayant trait à l’Amour? De la part d’une sainte, je n’imaginais pas une recherche de Vérité car les chemins de la Vérité et de l’Amour me semblaient très distincts, voire incompatibles. J’étais donc fasciné par cette citation et je com­ pris finalement que ce simple émerveillement justifiait à lui seul le fait que j ’étais bien en face d’une réponse. Quoique je m’efforçai de douter toujours, je conclus que par l’intermé­ diaire de Sainte-Thérèse l’Ange me disait qu’il n’y avait pas de contreindication à rechercher la vérité sur des questions de foi spirituelle ou

religieuse. C ’était exactement la réponse à la préoccupation que j ’avais en formulant ma question. Il s’agissait donc d’un encouragement clair à poursuivre ma recherche de dialogue. La seule chose qui me gênait dans cette recherche venait d’être balayée : le caractère a priori incompatible entre mon attitude expérimentale excessivement rationnelle et la réceptivité a priori nécessaire pour contacter une telle entité angélique. Mais le scepticisme revient toujours en force dès que l’on est un peu fatigué; aussi, ne tardai-je pas à me dire que le caractère improbable d’une rencontre avec un personnage comme Sainte-Thérèse, dans une église, était somme toute assez faible, et que le caractère original du contenu de la citation, et surtout son affinité avec le contenu de ma question, n’étaient improbables qu’en apparence: ils étaient simple­ ment le fruit de mon imagination, et par conséquent cette rencontre ne pouvait pas vraiment, à ce titre, être qualifiée de synchronicité, et encore moins de réponse de l’Ange. En tant que rationaliste, je ne pou­ vais que rechercher des raisons de douter, en calculant des probabilités pour savoir si j ’étais réellement en face d’une synchronicité, mais ces probabilités étaient vraiment difficiles à calculer. Ne pouvant passer mon temps à cogiter sur la citation de Sainte-Thé­ rèse, car j ’étais après tout en vacances, je décidai de photographier l’il­ lustration et de remettre mes conclusions à plus tard. Néanmoins, tous ces doutes m’avaient amené à me demander si la quête de Vérité de Sainte-Thérèse était scientifique ou spirituelle, et ce que le mot « Vérité » signifiait pour elle. Car il se pouvait bien après tout que Sainte-Thérèse se contrefiche de toute vérité scientifique. Je m’interrogeai ainsi sur la notion de Vérité dans le domaine spirituel, tourmenté par la question de la compatibilité entre deux types de « connaissance », spirituelle et scientifique. Je me fourvoyais peut-être à vouloir rechercher une vérité d’ordre expérimentale ou scientifique sur le monde de l’Ange, et que la seule vérité vers laquelle m’inclinait sa réponse était morale, centrée sur l’authenticité de l ’être, vers l’amour. Aussi, je ne formulais pas vraiment de question, et mes inter­ rogations restaient centrées autour de la question initiale. Le lendemain, nous arrivions à Digne et, comme à l’accoutumée, à

chaque fois que j ’en ai l’occasion, je pénétrai dans une librairie et recherchai des nouveautés dans les rayons « Sciences » et « Spirituali­ tés ». Je repérai alors immédiatement un livre intitulé: Les sons de l’Univers. Intrigué par ce titre et le prenant en main pour voir ce dont il était questionne fus surpris en lisant son sous-titre: Du Lien entre l’Âme et la Science. Or je venais la veille, après avoir douté de l’interprétation à donner à la citation de Sainte-Thérèse, de m ’interroger sur la compatibilité entre vérité spirituelle et connaissance scientifique. Je pensais immédiate­ ment: Tiens donc, encore une coïncidence ! Ce lien entre ma préoccu­ pation du moment et ce sous-titre indique-t-il que l’Ange me répond à nouveau ? Je restai là interloqué devant ce titre, avant de me poser cette question : l’Ange me propose-t-il de lire ce livre, ou sa réponse est-elle toute entière contenue dans ce sous-titre, en l’occurrence qu’il existe bien un lien entre l’âme et la science? Après l’avoir feuilleté rapidement, je fus déçu par son contenu trop abstrait à mon goût, tournant indéfiniment autour du pot sans jamais saisir la question de façon originale. Il s’agissait plus d’une compila­ tion d’analyses sur les rapports entre l’Âme et la Science que d’une pensée synthétique. J’étais donc déçu et mon scepticisme reprit rapide­ ment le dessus. Je rangeai le livre et m’apprêtai à rechercher d’autres ouvrages dans le même rayon. Juste à ce moment-là, avant même que j ’aie le temps de repérer un autre livre, la libraire introduisit dans le même rayon un exemplaire des Dialogues avec l’Ange que j ’étais justement en train de lire ! Je fus tellement surpris que je ne pus me retenir de lâcher un « hein » avant de me décontracter comme quelqu’un qui vient d ’être totalement désarmé, qui ne peut plus se débattre, qui ne peut plus douter. Je pensai : « Mais qu’est-ce qu’il est en train de me dire? » Et les réponses affluaient instantanément: il était en train de me dire dans le sous-titre du premier livre que j ’avais saisi qu’il y avait bien un rapport entre l’âme et la science, mais il me précisait en exhibant les Dialogues avec l’Ange que si je voulais trouver la vérité sur ce rapport,

je ne devais pas lire d’autre livre que celui-là même qui était déjà mon livre de chevet. Je venais de recevoir un enseignement de la part d’un « Esprit » ! Et cela rejoignait parfaitement ce que Sainte-Thérèse m’avait déjà ensei­ gné: elle ne faisait elle-même, pourtant digne représentante d ’un monde spirituel, que rechercher la Vérité ! Le clou était donc enfoncé. En remettant en rayon les Dialogues avec l’Ange, l’Ange me disait donc: « Halte là, tu vas t’égarer, n’oublie pas mon livre ! » Et pourquoi ce « Halte là »? Pour que je comprenne clairement, dans un réflexe intuitif, la réponse à ma nouvelle quête de lecture : au risque de m’égarer, je ne devais pas rechercher d’autre livre avant d’avoir ter­ miné les Dialogues avec l’Ange ! L’Ange me rappelait simplement que je devais trouver mes réponses, non dans cette librairie, mais dans ce livre qui était déjà en ma possession. Mais par excès de doute, je n’ai pas poursuivi cette lecture et n ’ai découvert que deux bonnes années plus tard, après avoir achevé la pre­ mière version de mon livre, que le secret de la double causalité se trou­ vait effectivement dans le livre de Gitta. Il est probable que si j ’avais pris la peine d’en continuer la lecture à l’époque, j ’aurais gagné beau­ coup de temps. Cette seconde synchronicité m ’a cependant permis d’avoir enfin foi dans la réalité d’un dialogue en cours, quelle qu’en soit l’entité dialo­ guante. Ses réponses me semblaient se résumer à l’époque par le mes­ sage suivant : Réponse de l’Ange: « Laisse tomber ta recherche de nouveau livre et concentre-toi sur celui que tu lis, Dialogues avec l’Ange. Garde simplement à l’esprit que je t’encourage, pour la seconde fois, à rechercher le lien entre l’âme et la science à travers tes expériences de synchronicité avec moi. La preuve, je te l’ai donnée par le geste synchronisé de cette libraire ». J ’étais loin d’imaginer à l’époque que j ’irai jusqu’à proposer une inter­ prétation de l’âme (en partie IV) ! Il était en tout cas clair que je venais de vivre une parfaite synchroni­ cité, à la fois très improbable et totalement pertinente par rapport à mes questions.

Ce constat n’était pas fait pour me rassurer quant à la suite du compor­ tement que je devais adopter si je voulais poursuivre l’expérience. Il était trop puissant. Il aurait été plus simple que je conserve mes doutes et que j ’arrive à la conclusion que le dialogue ne fonctionne pas. Tout serait rentré dans l’ordre, et j ’aurais continué mon voyage de vacances l’esprit libéré. Car imaginez-vous devant les conséquences d’un tel constat: une porte béante sur un chemin déviant, et moi comme un enfant à qui l’on omet de barrer la route à des comportements asociaux ! Le déséquilibre pointe au bout du chemin, n’est-ce pas ? En effet: que faire devant une telle situation? Continuer l’expérience? Poser de nouvelles questions ? Se creuser la tête pour imaginer com­ ment pourrait se manifester la prochaine synchronicité ? Faire en sorte d’entrer dans de nouveaux lieux ou de provoquer des rencontres afin de susciter une nouvelle réponse? Comment alors ne pas penser qu’à chaque fois qu’on franchira le perron de lieux propices à de nouvelles rencontres, notre Ange va peut-être les exploiter pour nous envoyer un message? Et si ce n’est pas le cas, comment ne pas être déçu? Com­ ment formuler chaque nouvelle question ? Et comment l’oublier aussi­ tôt afin de favoriser la réponse ? Comment ne pas se demander, lorsqu’on a l’occasion de choisir entre deux routes, quelle est celle vers laquelle nous incline l ’entité invisible afin de répondre à notre requête? Pourquoi n’y aurait-il pas en effet un meilleur chemin? L’Ange a-t-il le moyen de répondre quel que soit le chemin emprunté ? De quoi devenir complètement fou ! Je ne savais répondre clairement qu’à cette dernière question: non, l’Ange ne peut pas me répondre si j ’emprunte un chemin connu ou habituel, car il y a de fortes chances pour que cela annihile toute possi­ bilité de dialogue (8e règle). Pour provoquer une réponse de l’Ange, il faut créer de la nouveauté (Aide-toi, le ciel t’aidera) ! Le problème est que la création systématique de nouveauté, dans l’at­ tente d’un message, est très embarrassante. En bon touriste conduisant sa voiture sur le chemin de nouveaux imprévus, on arrive plus à s’em­ pêcher de provoquer la nouveauté en sortant systématiquement des sentiers battus, et on se perd ainsi très facilement.

C’est alors que pour me débarrasser de cette tendance à interpréter des signes comme autant de messages, j ’eus l’idée de confier à l’Ange l’instruction suivante: « Lorsque le kilométrage de ma voiture affichera 191191, nombre cor­ respondant à la date de naissance de mes enfants, envoie-moi des signes me permettant de savoir quel comportement tu me conseilles d’adopter avec eux la semaine prochaine, et où tu me suggères de les emmener ». Je devais en effet recevoir mes enfants à mon retour de vacances, et je souhaitais en profiter pour partager seul avec eux certaines activités, mais je n’avais encore rien organisé. En dehors de mon projet d’écriture, cette question était ma principale préoccupation. Ainsi formulée par ce kilométrage comme un rendezvous, elle avait l’avantage de me permettre de ne pas être constam­ ment en train de surveiller la manifestation de signes de réponse de la part de l’Ange. Je n ’avais qu’à attendre d ’arriver au kilométrage attendu. Néanmoins, je n’échappais pas à la tentation de calculer l’en­ droit approximatif où il risquait d’avoir lieu. Ayant déjà posé la ques­ tion à l’Ange et n’étant pas dupe de cette anticipation susceptible de me faire influer sur la réponse, je lui précisai ma question : « Fais en sorte que malgré mon inclination à anticiper les lieux, je puisse être convaincu par ta réponse. J’ai en effet du mal à m ’empê­ cher d’agir - en rallongeant mon parcours - pour parvenir au kilomé­ trage attendu en un lieu particulièrement plaisant à mes yeux, par exemple où j ’aimerais vivre avec mes enfants. Il te faudra donc faire preuve d’imagination pour que je ne puisse pas faire un tel calcul et continuer ainsi de relever ton message comme venant bien de toi. Il faudra donc que tu me réserves en ce lieu une belle surprise ». Je ne prononçai pas un tel message à voix haute mais je marquai clai­ rement cette demande dans mon for intérieur. J’avais en effet une vague idée de l’endroit approximatif où je préfé­ rais me trouver lorsque ce kilométrage serait atteint: dans la montagne au sud-ouest de Digne. Je désirais que d’excellentes « énergies » soient présentes en ce lieu. Je ne connaissais pas cette montagne, mais je vou­ lais éviter de me retrouver au km 191191 sur l’autoroute du retour ou

encore dans une zone commerciale. Je me voyais mal en train de pho­ tographier l’environnement d ’une autoroute ou d’un supermarché dans l’idée de rechercher plus tard les signes d’une réponse positive. C ’est ainsi que je compliquais la tâche de l’Ange pour lui éviter de me décevoir car je continuais de douter. Au pire j ’en serais débarrassé. Et avec le recul, je remarquais que la synchronicité de la librairie ne m ’avait pas suffi. Je me demandais si l’Ange m ’incitait vraiment à continuer de lire ce fameux livre. Si oui, était-ce pour encourager la poursuite de mon expérience, était-ce vraiment pour m ’inciter à écrire le mien, ou tout simplement pour agrémenter ma culture personnelle sur l’Ange lui-même ? La fatigue s’en mêlant, je doutais même de la question de savoir si je devais vraiment écrire un livre sur cette méthode destinée à engendrer des synchronicités, étant donné que je serais en fait très embarrassé pour parler de l’Ange. Manifestement, ce dernier n’était plus tout à fait une abstraction et bien au contraire il ressemblait de plus en plus à une entité réelle. Or je ne voulais pas prendre le risque de me ridiculiser, en tant que scientifique. Et du même coup, mon projet de livre était en train de partir à la trappe. J’avais plus de 50 km à perdre pour atteindre le kilométrage attendu dans la montagne où je souhaitais parvenir, et je fus par conséquent atteint d ’une bougeotte qui commençait à devenir excessive. C ’est ainsi que je décidais d’emmener Danièle au restaurant et qu’il nous arriva ensuite ce que j ’ai déjà décrit en début de deuxième partie: deux synchronicités, vécues l’une à Digne, l’autre à La Javie, se succédant en moins de 24 heures et clairement porteuses de la même significa­ tion, à tel point que mon amie elle-même, les vivant de la même façon que moi, s’est à chaque fois exclamée : - Cela veut dire que tu dois écrire ton livre ! Cet ordre me fut donc répété deux fois, comme pour mettre fin à mes doutes, alors que ce projet d’écrire restait plus ou moins dans mes intentions. Mais les doutes que j ’entretenais transportaient avec eux le risque que je minimise tout ce que je venais de vivre. Pour cesser de minimiser, il a fallu que je vive une avalanche de synchronicités por­ teuses de la même signification: j ’avais à écrire sur un sujet bien pré­

cis, et j ’avais besoin d’une détermination solide pour mettre fin à une attitude dubitative risquant a priori de me faire abandonner mon projet. Il y a une remarque intéressante à faire sur une telle avalanche : le scepticisme ne constitue pas nécessairement un frein à la production de synchronicités, à partir du moment où il n’enlève rien à l’état d’ouver­ ture nécessaire à leur observation. Bien au contraire, il semblerait qu’il devienne même un allié pour parfaire la détermination. Le scepticisme revêt ainsi deux aspects apparemment contradictoires : on peut le considérer comme une absence de foi, mais on peut aussi le faire apparaître comme un doute permettant de renforcer cette foi ! Supposons en effet une foi trop facilement acquise devant une inter­ prétation potentiellement sujette à un risque d’erreur. Alors on peut dire que nous ne sommes plus en présence de foi, mais de dévotion, voire de naïveté. Or quelle serait la valeur d’une telle foi? Il est évi­ dent que la perte de crédibilité d’une croyance mal fondée risque de diminuer les probabilités d’actualiser un futur qui soit en accord avec elle. On peut donc en conclure qu’une certaine dose de scepticisme n’est pas sans renforcer le pouvoir de l’intention, et qu’il contribue peut-être même à favoriser un détachement salutaire. Au total, je venais donc de vivre quatre synchronicités qui ont achevé de me convaincre sur la nécessité de me mettre au travail de rédaction de ce livre, d’autant plus que la dernière était accompagnée de l’obser­ vation d’un double 22, comme s’il s’agissait d’un signal que ma déter­ mination enfin acquise allait générer un changement dans ma vie. Je développerai plus loin cette question du double 22, qui mérite bien elle aussi un chapitre à part. A travers quatre synchronicités, L’Ange m’avait donc par deux fois confirmé le sujet, et par deux fois rappelé de m’atteler à la tâche. Je garde le souvenir de cette expérience comme celle d’avoir reçu un ordre ! Un ordre que je me serais envoyé à moi-même en passant par les cou­ loirs de mes temps futurs ! N ’est-ce pas un drôle d’écho? Il me reste ici à témoigner des dernières synchronicités que nous avons vécues juste avant de terminer nos vacances, celle du fameux kilomé­ trage 191191.

Après avoir quitté La Javie puis roulé sur une trentaine de kilomètres, je stoppai la voiture au kilométrage exact attendu (191191,0) au sudouest de Digne, à un ou deux kilomètres du village de Champtercier, sur une petite route de moyenne montagne à environ 700 mètres d’alti­ tude, toujours située sur la Route du Temps. Rien de particulier à pre­ mière vue excepté de superbes paysages, comme d’habitude. Je me demandai ce qu’il fallait lire dans ces paysages et pris même quelques photos quand je remarquai en face de nous à environ 100 mètres sur la route, une bifurcation avec un panneau indiquant « Camping de Fontliesse ». Un camping ! J’avais justement pensé emmener mes enfants camper la semaine suivante, mais une incertitude météo et le froid du mois d ’août m ’avaient amené à envisager un autre programme que je n’avais pas encore fixé. Mes premières pensées furent : eh bien il va sûrement faire beau et je vais donc les emmener camper, ce qui sera parfait ! Et je commençais à calculer la probabilité pour tomber sur un camping le long de ce kilo­ mètre : si je comptais quelques dizaines de camping sur quelques mil­ liers de kilomètres de route, cela me faisait une probabilité de l’ordre de 1 %: pas mal, mais est-ce que cela méritait l’appellation d’origine contrôlée de « véritable synchronicité »? Le hasard pouvait là aussi, avoir joué. Me paraissant évident qu’il fallait choisir la bifurcation du camping sans ce panneau, j ’aurais continué tout droit et la voiture serait restée en pleine nature tout le long du kilomètre 191191 - nous nous sommes arrêté trois cents mètres plus loin en face de la maison des propriétaires dont le terrain de camping, manifestement vide de toute tente, était situé en contrebas. Curieusement, toutes les portes de cette maison étaient grandes ouvertes et nous invitaient à entrer. A peine à l’intérieur, nous consta­ tions que la maison faisait aussi office de gîte, mais que tous les lits de ce gîte étaient absolument vides et non défaits : aucun occupant appa­ remment, ce qui nous fut confirmé par les propriétaires réveillés. Après avoir fait cette constatation des lits vides, je réprimai intérieure­ ment une interprétation: les lits de mes enfants resteraient-ils vides, eux aussi ?

Dans l ’ensemble, la maison était particulièrement accueillante, ouverte, charmante et située dans un paysage de rêve. J ’aurais vrai­ ment aimé y habiter. Dans l’entrée principale du rez-de-chaussée on pouvait lire sur une affiche murale une citation de Jean Giono, dont voici quelques lignes : « Celui qui voudra entrer dans ces territoires heureux, trouvera les portes ouvertes... La Haute-Provence, c’est par excellence la patrie de la lumière et du silence. On peut marcher des journées entières seul avec soi-même dans une joie, un ordre, un équilibre, une paix incom­ parables. Ce pays vous fait comprendre l’organisation la plus noble de la terre: une simplicité pleine de sagesse oblige à la paisible, à la plus durable des joies: il entoure d’une logique si éblouissante que vous êtes désormais habité par un dieu de lumière et de pureté. » Ces paroles me firent frissonner de joie, et il me semblait évident que l’Ange répondait de façon magistrale à ma demande. Ceci me fut confirmé par l’accueil très chaleureux des occupants, un couple avec lequel nous sympathisâmes tandis qu’ils nous faisaient visiter leur gîte. J’avais donc le sentiment que l’Ange m’avait répondu, et qu’il aurait difficilement pu faire mieux, étant donné l’ambiance exceptionnelle­ ment harmonieuse de l’endroit, mais je ne comprenais pas encore très bien son message qui ne répondait qu’à une partie de ma question : « Quel comportement dois-je adopter avec mes enfants ? » Les em­ mener dans un camping, d’accord... mais, et mes activités avec eux ? Je ne compris le véritable sens de cette synchronicité que quelques jours plus tard, quand après avoir attendu patiemment à l’aéroport, je réalisai que mes enfants ne viendraient pas passer leur semaine de vacances avec moi: en remarquant dans le gîte l’absence de tentes et tous ces lits vides, mon amie et moi avions eu la même pensée, que j ’avais immédiatement réprimée. En dépit de la grande déception que j ’éprouvai, l’Ange m ’avait répondu d’une façon pertinente, et même plus: cette fois-ci, avec beaucoup de compassion. Dès mon retour de vacances, je m ’attelai à la rédaction de ce récit.

Résumé du chapitre XIII Une avalanche de synchronicités provoquées volontairement par des « questions à l’Ange » est à l’origine de ce livre.

XIV. La guerre des logiques Où l ’on tentera tout pour sauver la causalité, mais pas au prix de la rendre irrationnelle en continuant de cacher sa sœur jumelle.

Nous allons aborder ici les différents types d’explications possibles de ces synchronicités, selon les logiques de causalité simple et double, cette dernière n’étant après tout qu’une extension de la première. L’effort que nous allons faire en premier lieu pour expliquer de façon causale ces phénomènes se justifie par le fait qu’il importe de tout faire pour essayer de sauver cette bonne vieille logique du « bon sens ». Pour sauver cette logique causale nous allons « frapper fort » en l’enri­ chissant de concepts issus de la mécanique quantique comme le para­ doxe de l’observateur. Il n’y a pas de raison a priori que ce paradoxe profite plus à la logique non causale qu’à sa consœur, c’est pourquoi nous allons l’employer afin de mettre plus sérieusement à l’épreuve notre Théorie du Temps. L’intervention supposée de la conscience de l’observateur dans le résultat de l’observation est en effet puissante dans ses conséquences, car susceptible de fournir des explications inat­ tendues à notre expérience. Oublions donc pour le moment notre Théorie du Temps et posonsnous les questions que je me suis moi-même posées à l’issue de cette petite aventure, alors que je n’avais pas encore bien saisi les méca­ nismes qui font l’objet de ce livre.

Comment toutes ces coïncidences font-elles pour arriver au bon moment, au bon endroit, et se synchroniser à mon attente? Pourquoi sont-elles instantanément significatives? Comment se fait-il pour qu’elles soient systématiquement véhiculées par un événement impro­ bable, au sens statistique du terme? On peut voir des signes partout, et ceci serait une attitude patholo­ gique. Mais il ne faut pas confondre: les signes accompagnés par des événements improbables sont différents des autres. Si, par exemple je regarde les nuages passer et que je vois se dessiner une forme qui m’inspire une interprétation, que j ’y vois un signe, il n’y a là aucune synchronicité, aucun élément qui valide ce signe; il s’agit d’une pro­ jection mentale. Mais dans le cas de synchronicités, on dirait qu’elles accompagnent l’interprétation qui leur est donnée comme si un coup de tampon et une signature venaient valider l’authenticité d’un document. Le point fort de la logique causale est de faire intervenir le hasard en prétendant que nous ne sommes pas réellement capables d’évaluer l’improbabilité des événements, car ils dépendent de facteurs connus et conscients d’une part, inconnus ou inconscients d’autre part. L’impro­ babilité serait alors une illusion venant du fait que nous ne sommes pas conscients de tous les facteurs influant sur les phénomènes. Récapitulons : Durant ces quatre jours de vacances, il m ’est difficile de préciser exactement combien j ’ai vécu de coïncidences, car certaines s’organisent en un seul événement. Mais je peux les décomposer en neuf étapes, quoique très inégales dans leur probabilité d ’occurrence. Tout d’abord, une première série de six coïncidences en réponse aux interrogations relatives à mon projet de livre : 1. La photo de Sainte-Thérèse, auteur de la poésie « A mon ange gar­ dien », une heure après avoir questionné un « Ange ». En première analyse, je pense qu’on peut invoquer le hasard, car lorsqu’on rentre dans une église, on doit s’attendre à rencontrer des signes angéliques, et lorsqu’on visite un village, on va souvent voir son église. 2. La citation de Sainte-Thérèse: « je n ’ai jamais cherché que la Vérité », suite à un questionnement sur une recherche de vérité.

En première analyse, on peut là aussi invoquer le hasard de la corres­ pondance entre cette citation et ma question à l’Ange, car il ne doit pas y avoir une grande quantité de citations connues de Sainte-Thérèse. 3. Le livre sur les rapports entre âme et science, en réponse à mon interrogation sur la compatibilité entre recherche scientifique et vérité spirituelle. Là aussi, il faut invoquer le hasard, car je faisais ma recherche dans un rayon « spiritualités » où il n’y pas lieu de s’étonner outre mesure de trouver des livres parlant de l’« âme ».

4. Le rangement parfaitement synchronisé du « dialogue avec l’ange », coïncidant au moment où je cherche un nouveau livre pour inspirer ma recherche, alors que je le lisais déjà... Stop ! A un moment donné, il faut s’arrêter d’invoquer le hasard, car cela n’est plus du tout crédible, les probabilités étant ici très faibles: d’une part la synchronisation du geste, d’autre part l’identité du livre avec l’ouvrage central de ma problématique. Il est clair que si l’on invoque ici le hasard on prend le risque de passer à côté de quelque chose. On s’enferme dans un « a priori », dans une pensée unique. 5. La seule place de stationnement juste devant la librairie, interprétée comme un encouragement à écrire un livre. En première analyse, je dois invoquer le hasard, car l’interprétation peut paraître douteuse. J’ai clairement « projeté » a posteriori sur cette coïncidence une réponse à une question que je me posais. 6. Le restaurant « Le Nouveau Roman », qui achève de combler mes doutes à ce sujet, au moment où je m’apprête à rentrer de vacances. C ’est assez amusant, cela confirme l’interprétation précédente, mais on peut encore invoquer le hasard si on considère (6) indépendamment de (5). C’est la présence des deux qui est troublante. Mais dans le doute, je persiste à invoquer le hasard. En agissant ainsi, je prends à nouveau un risque de pensée unique, mais c’est pour une bonne « cause », si l’on peut dire.

En résumé, je conserve uniquement (4) comme événement qui ne relè­ verait pas du hasard. Mais le problème est que si je conserve (4), alors j ’ai de nouvelles raisons de remettre en question mon classement de (1), (2), (3), (5) et (6) dans la catégorie du hasard, car ces coïncidences sont liées à (4) à plusieurs niveaux : celui de la question des anges, et celui de mon projet de livre. Je suis donc obligé de réhabiliter toutes mes coïncidences, à cause de ce lien entre la plus improbable et toutes les autres, en attendant de trouver une meilleure façon d’en douter. Venons-en maintenant à la seconde série de trois coïncidences qui ont suivi, en réponse à mes interrogations concernant mes enfants : 7. Un camping, doublé d’un gîte, à l’emplacement exact du kilomé­ trage 191 191, alors que la probabilité est très élevée de tomber en rase campagne, ou en face d’une maison aux portes fermées. Invoquer le hasard est ici délicat, car la probabilité de tomber sur un lieu aussi pertinent par rapport à ma question était faible : disons une chance sur cent, c ’est un ordre de grandeur, mais le hasard reste possi­ ble. Je prends le risque. 8. Les lits vides du gîte et l’absence de tentes du camping, en réponse à une demande de ma part supposant la présence de mes enfants la semaine suivante, alors qu’ils seront finalement absents. Il est normal que des lits en pleine journée ou en fin de saison soient vides. Ce qui était plutôt anormal, c ’était que les portes fussent ouvertes, comme pour nous permettre de le constater. Après tout, cha­ cun fait bien comme il veut. Mettons cela sur le compte du hasard. 9. Et enfin, le caractère tout à fait exceptionnel du gîte: son originalité, son harmonie, son charme, la magnifique citation de Giono, l’ouver­ ture de toutes les portes de la maison, sa superbe vue et l’accueil cha­ leureux des occupants réveillés de leur sieste, rejoignait parfaitement ma demande de vibrations positives en un tel endroit, où j ’aurais sou­ haité vivre. STOP ! A tous égards, le fait de trouver un endroit correspondant par­

faitement à ma demande s’imposait à l’évidence. La probabilité de trouver un tel endroit était encore bien plus faible que celle de tomber simplement sur un gîte ou un camping. On peut sans conteste estimer une probabilité de l’ordre d’une chance sur mille. Je retiens donc également (9) comme événement « probablement » non dû au hasard. Mais pour la même raison que pour (4), si je retiens (9), alors je dois reconsidérer mon analyse de (7) et (8) en terme de hasard, car (7) et (8) sont liés à (9) et en quelque sorte le renforcent, tout comme (1), (2), (3), (5) et (6) renforcent (4). Je suis donc obligé de réhabiliter toutes mes coïncidences. En conclu­ sion, j ’élimine le hasard comme facteur « causal » et dois donc recon­ sidérer absolument tous les événements (1) à (9), pour tenter de leur trouver un autre type d’explication causale. A défaut de hasard, il faut donc admettre que ces événements sont cor­ rélés d’une manière ou d’une autre à mes interprétations, même si elles sont partiellement erronées. Là n ’est pas le problème: j ’accepte par cette hypothèse qu’il puisse exister une corrélation entre ma pensée et le déroulement des événements. C ’est m aintenant q u ’il nous faut dégager une logique à toute épreuve pour sauver la causalité ! Commençons par analyser les événe­ ments (4) et (9) qui sont les plus étranges: supposons qu’il existe une explication causale à (4) : alors il faut peut-être en déduire que la libraire a inconsciemment attendu le moment où je me trouvais devant un de ses rayons pour ranger le livre « Dialogues avec l’Ange ». Il y aurait une information venant de moi qui aurait circulé « dans l’air » et qui aurait amené la libraire à faire ce geste, comme si elle se trouvait partiellement sous hypnose ! Ce n’est pas une explication acceptable car elle pose plus de pro­ blèmes qu’elle n’en résout. La théorie du transfert télépathique d’infor­ mations entre la libraire et moi est peut-être encore plus étrange que la seconde causalité, mais surtout elle n’explique pas la raison de ce livre Dialogues avec l ’Ange. Elle venait certainement de le recevoir, bien avant que mon information soit « en l’air », compte tenu des délais de livraison. A moins que mon « information » ne remonte le temps? Non, car on retombe dans la seconde causalité.

Le même problème se pose avec les autres coïncidences: par exemple, il faut bien admettre que la citation de Sainte-Thérèse était certaine­ ment présente dans l’église depuis très longtemps, et que si cette pré­ sence avait dû dépendre de mon état mental, alors il aurait fallu que cet état puisse avoir une influence qui remonte le temps ! Bien entendu, je rejette cette théorie d’une information qui circulerait dans l’air et qui puisse remonter le temps, même si certaines théories physiques supra lumineuses [5] le permettent. C ’est une explication qui n’en est pas vraiment une, car, à nouveau, elle pose plus de pro­ blèmes qu’elle n’en résout. Voyons maintenant notre plus sérieuse explication causale, qui fait intervenir une extrapolation du paradoxe de l’observateur consistant à considérer que l’univers n’est pas réel en dehors de nos observations. La libraire qui range « Dialogues avec l’Ange » dans l’un de ses rayons, au moment même où je cherche ce type d’ouvrage après avoir demandé à l’« Ange » de me mettre sur la bonne voie, est susceptible de le faire à n’importe quel moment sans que cela change quoi que ce soit à sa vie. Sa vie n’est pas déterminée par un tel acte. Même si elle le fait consciemment, le moment qu’elle choisit pour ranger ce livre ne va influer en rien sur le cours des événements de son propre vécu. Par conséquent, ce moment est en quelque sorte « libre ». De même, le titre n’a pas d’importance pour elle: Qu’elle range, au moment précis où je me trouve devant le rayon, le livre Dialogue avec l ’Ange ou Le Prince de New York n’influe en rien sur son existence. Elle a l’habi­ tude de ranger plusieurs fois n’importe quel livre dans les rayons de sa librairie - c’est son métier - et cela ne change rien à sa vie, j ’insiste sur ce point. De même pour son distributeur: le fait d ’envoyer à un moment ou à un autre un carton d’ouvrages ne change rien à sa vie. Il fait cela tous les jours. Par conséquent, le titre de l’ouvrage envoyé tel jour à telle librairie est libre : il peut être totalement indifférent aux vécus des personnages l’ayant eu en main et donc ne rien changer à toutes les observations de l’univers, et donc à l’univers lui-même. A une exception près: je suis le seul personnage de l ’univers pour lequel le fait de ranger à tel endroit le bon livre au bon moment va influer sur lui. C’est tellement vrai qu’il est même très probable que

celui que vous êtes en train de lire n’existerait pas si je n’avais pas vécu cette coïncidence. La libraire n’a probablement pas vécu, au sens d’une observation sus­ ceptible d’avoir la moindre incidence sur sa propre vie, le fait de ran­ ger le livre Dialogue avec l ’Ange au moment où je me trouvais en face du rayon. Se souviendrait-t-elle de son geste en lisant ce livre? Si la réponse est non, alors même dans le cas où son observation était consciente, il ne s’agissait pas pour elle d’un fait vécu ou observé. Mais alors, de quoi s’agissait-il? Ma réponse est: il s’agit pour elle d’un fait non observé, et par consé­ quent qui reste susceptible d’exister selon une infinité de versions, qui feraient par exemple varier le titre du livre ou le moment où elle le range, etc., toutes ces variations ne changeant en rien la vie de la libraire, son cheminement sur son propre arbre de vie. Comme nous l’avons vu, on peut admettre que dans notre futur, il existe une infinité de versions potentielles de nos existences, qui pour­ raient par exemple ne varier que d ’un petit paramètre de distance ou de délai, en conséquence d’un petit déplacement le long d’une dimension supplémentaire. Nous empiétons ici un peu sur notre théorie mais nous le faisons en respectant encore la causalité, c ’est-à-dire sans supposer pour autant que notre intention s’en mêle ! J’oserais préciser que, parmi toutes ces versions potentielles de nos existences, la plupart ne sont pas particu­ lièrement susceptibles de déranger notre quotidien, en modifiant notre vie ou celle de n’importe qui d’autre, du fait de cette simple variation d’un petit paramètre de distance ou de délai. Revenons donc à notre libraire, mais cette fois du point de vue de mon propre vécu. Je pose la question suivante: puisqu’il n’existe réellement aucune version privilégiée du comportement de la libraire quant au moment où elle va ranger un livre et quant au titre de ce livre, et puisqu’il existe réellement toutes les versions possibles, car non obser­ vées, de cet acte, comment le hasard indéterministe fait-il pour nous faire vivre une version significative plutôt qu’une autre? La réponse est la suivante: tant qu’il n’y a aucune observation ou vécu il n’y a aucun hasard, puisque toutes les occurrences restent à l’état

indéterminé. Le hasard ne sert donc à rien. Tant qu’il n’y a personne pour observer que quelque chose de particulier s’est produit, tout ce qui est susceptible d’exister selon les lois de la physique existe simul­ tanément et le hasard n’a pas sa place. Par conséquent, il faut en déduire que le geste de la libraire, consistant à ranger à un moment précis le livre qui précisément a le plus de signi­ fication pour moi, ne dépend absolument ni d’elle-même, ni du distri­ buteur. 11 n’est aucunement déterminé par les vécus de ces deux per­ sonnages. Car comme nous l’avons dit, le moment exact où la libraire a accompli ce geste n’est pas activé tant qu’il n’est pas observé. Il est donc libre de dépendre de tout autre vécu, en l’occurrence du mien, qui en suis le seul observateur. On reconnaît ainsi au passage ce résultat paradoxal mais très important de la physique moderne: tout ce qui n’est pas observé reste à l’état indéterminé (à l’état de fonction d’onde). Seuls les événements obser­ vés existent dans un état déterminé, cette détermination étant déclen­ chée par l’observateur ! Mais attention: ceci n’explique pas encore le geste synchronisé de la libraire ! A partir du moment où je suis bien le déclencheur de mon observation, portant sur cet acte synchronisé, rien ne s’oppose a priori à ce que ce soit bien moi qui aie provoqué cette synchronisation du fait de mon état mental ! Le problème est que cela n’explique pas encore le « com­ ment » de cette synchronisation. Mais faisons la remarque suivante: si le geste de la libraire n’avait pas été synchronisé, alors je n’aurais jamais été amené à faire cette observation ! Il semblerait donc que c’est mon observation qui déclenche l’activa­ tion d’une réalité qui, sans elle, n’aurait pas été observée ! Mais atten­ tion, aucune intention n’intervient dans cette affaire, où l’on conserve notre principe immuable de causalité! À la place de l’intention, nous invoquons donc ici la possibilité que l’observateur soit lui-même, au temps présent, responsable du choix final ! Ce qui reviendrait à attribuer à cet observateur une faculté de création de la réalité ! Non seulement cela dépasserait les prétentions plus modestes de notre Théorie du Temps, quant aux facultés de l’observateur, mais surtout,

cela contredirait les résultats les plus récents de la mécanique quan­ tique, qui à travers la Théorie de la Décohérence nous montre que l’observateur ne détermine pas le contenu de ce qu’il observe. Il ne fait que manifester le choix, le faire entrer dans la réalité, sachant qu’il reste aléatoire, du moins en l’absence de variables cachées. En conclusion, il nous manque un élément pour parvenir à sauver la causalité, et cet élément est le suivant: quelque chose en moi, en tant qu’observateur, semble informer l’univers que parmi toutes les possi­ bilités d’occurrences d’événements au moment où j ’observe, il faut choisir celle qui correspond à mon attente ! La causalité ne nous fournit pas cet élément d’explication ! Quoi qu’il en soit, croyez-vous vraiment que les choses se passent ainsi ? L’univers serait-il à ce point l’objet de nos caprices ? Voila donc à quel paradoxe nous mène la logique de la causalité : à ce qu’elle nous oblige, en respectant une logique implacable, à constater le fait que nous aurions des pouvoirs extraordinaires, des pouvoirs magiques, consistant à créer la réalité que nous observons ! La causalité finit donc par nous confronter à l’irrationnel. Voyons maintenant comment nous pouvons interpréter ces neuf coïnci­ dences dans le cadre de la double causalité. Pour cela il me faut reprendre le contexte dans lequel s’est formée mon intention d’écrire ce livre. L’idée initiale était d’écrire un livre sur la synchronicité. J’avais l’intui­ tion d’un mécanisme et je savais par expérience qu’en les écrivant mes idées allaient se clarifier. J’étais cependant conscient de mon manque évident d’exemples per­ sonnels. J’avais déjà vécu ce genre de phénomènes, mais sans jamais les noter, et mes souvenirs ne suffisaient pas à rassembler de quoi cré­ dibiliser cette expérience. Mon livre ne se serait alors fondé que sur des cas relatés par d’autres auteurs. Cela ne me paraissait pas suffisant pour m’atteler à l’ouvrage. Si mon intention d’écrire était réelle, je l’avais, par ce biais, rendue impossible à réaliser dans un cadre causal ! Car la probabilité que j ’écrive ce livre sans avoir vécu ces synchronicités était très faible.

La probabilité que je l’écrive en conséquence d ’un tel vécu, impliquant l’intervention du hasard indéterministe, était au contraire forte. Et elle était renforcée par le fait qu’en rentrant de vacances j ’aurais une déception me libérant du temps libre, suite à l’absence de mes enfants. Je ne le savais pas mais on peut dire que l’univers le savait et que mon futur l’avait déjà en mémoire. Elle était aussi renforcée par le fait que je connaissais toutes les condi­ tions requises à l’apparition du phénomène: prise de risque, lâcher prise, déplacements aléatoires, voyage... Je me trouvais donc en face d’une situation où les chances fortement augmentées d’atteindre mon objectif par le plus grand des hasards finissaient par dépasser les chances fortement diminuées de l’atteindre par une méthode « raisonnable », c ’est-à-dire causale. A partir de là, le mécanisme de toutes ces synchronicités coulait lui-même de source ! Il s’est formé dans l’univers plusieurs trajectoires de vie provenant du moment futur le plus probable où j ’allais me mettre à écrire, c’est-àdire la semaine suivante, et convergeant jusqu’à différents moments de la semaine précédente. J’ai trouvé la petite église avec cette photo commentée de Sainte-Thé­ rèse parce que le trajet m’amenant vers son village, puis vers cette église, inclus dans mon Arbre de Vie, a vu sa probabilité fortement augmentée par rapport à toutes les autres possibilités de trajet où le hasard aurait pu me guider. La libraire devait ranger Dialogues avec l ’Ange à un moment précis de sa journée, après avoir reçu une livraison de plusieurs livres. On peut supposer qu’il y avait de son côté une marge de quinze minutes d’aléas. De mon côté, je pouvais arriver à Digne et pénétrer dans une librairie, comme j ’ai souvent l’habitude de le faire, à un moment beau­ coup plus indéterminé de la journée, disons avec une marge de trois heures recouvrant la sienne. Il y avait donc une probabilité de l’ordre de 1/10000 pour que son geste soit synchronisé. S ’agissant cependant d ’un événement susceptible de frapper mon esprit en me conduisant avec une quasi-certitude vers la réalisation de mon intention, la probabilité de cette trajectoire de vie convergente

synchrone redescendant vers mon présent à cette seconde précise était fortement augmentée. Mais elle n’avait même pas besoin d’être proche de la certitude. Il lui suffisait de rester improbable tout en dépassant la probabilité du meil­ leur scénario concurrent, qu’il soit causal ou non. Si, par exemple, la probabilité que j ’écrive un livre sans vivre de synchronicités était de un pour cent, il lui suffisait d’être augmentée d’un facteur 100, et non 10000 ! Étant donné que la semaine d’après, il était par contre probable que je me mette à écrire, avec ou sans récolte de coïncidences ! Ces chiffres ne sont bien entendu que des estimations. Ils ont le juste mérite de concrétiser un schéma de mécanisme très simplifié mais rationnel. On peut considérer les deux synchronicités « littéraires » qui ont suivi comme « accrochées » à la même trajectoire convergente. Mon inten­ tion avait dû générer une importante « source d’eau » la semaine sui­ vante, et cette eau s’était écoulée vers mon présent en formant des « nappes » à plusieurs endroits. En fait, il s’agissait simplement des moments de cette trajectoire où le hasard venait renforcer mon inter­ prétation selon laquelle je devais écrire mon livre, à condition d’avoir une récolte suffisante. Mais il est étonnant d’apercevoir ainsi à quel point la Loi de Convergence peut être efficace. Parmi tous les hasards possibles de mes trajets aléatoires, elle en a choisi une qui rassemblait tous les « morceaux de hasard » liés à mon intention initiale, qui se sont ainsi retrouvés enchaînés sur la même trajectoire convergente vers mon passé. Comme une rivière qui par endroits forme des vasques ! Revenons en maintenant à la synchronicité la plus émouvante que j ’ai vécue, celle du kilomètre 191191. Il y avait quelque chose de plus qu’une simple synchronicité dans cette fabuleuse convergence. Car tout s’était passé comme si l’Ange exis­ tait, comme s’il me parlait ! Que ce gîte corresponde à mon attente représentait bien une synchroni­ cité, au même titre que les précédentes, mon intention d’écrire étant remplacée ici par mon intention de passer de bonnes vacances avec mes enfants, dans un lieu particulièrement agréable.

Mais le fait que ce gîte soit vide d’occupants en dehors des proprié­ taires, semblait « vouloir » m ’apporter une information venant du futur, l’absence de mes enfants. Il n’y avait pas ce type d’information dans mes rencontres « litté­ raires ». Lorsque nous déduisions de ces rencontres que « cela voulait dire que je devais écrire ce livre », il ne s’agissait pas d’une bonne interprétation, car personne ne venait ici me conseiller en quoi que ce soit. L’Ange lui-même, même s’il existait, n’aurait pas cette fonction, ainsi qu’il le dit dans le livre Dialogues avec l’Ange : « L’homme conserve son libre arbitre et ses choix ». Il y avait donc dans mon aventure cette unique étrangeté résiduelle, relative à l’absence de mes enfants, et que la double causalité semblait ne pas pouvoir expliquer. A moins que la Loi de Convergence ne transporte avec elle des infor­ mations ? Une sorte de « Loi d’Amour » qui transporterait des informations pour me rassurer, ou me prévenir? Cela me semblait complètement ridicule ! On pourrait me faire remarquer que c ’est déjà le cas de toutes les synchronicités, puisqu’en même temps qu’elles révèlent une intention, elles transportent avec elles cette information qu’il existe un chemin de réalisation, tout en nous invitant à le suivre. Mais lorsque l’effet de la Loi de Convergence est de transporter d’au­ tres informations que celles qui sont relatives à nos intentions, il y a heu de se poser de sérieuses questions. Et c’est pourtant bien le cas... Avant d’aborder la solution de cette énigme en dernière partie, nous allons maintenant illustrer un cas de transport d’informations vers le passé, par l’exposé d’un ensemble de faits personnellement vécus : Les occurrences du double 22 qui, contrairement aux synchronicités que je viens d’exposer, apportent des preuves !

Résumé du chapitre XIV Il est irrationnel de maintenir un raisonnement causal pour chercher à justifier une avalanche de synchronicités.

Il est en revanche tout à fait rationnel de déployer un raisonnement doublement causal, dont la simplicité et la logique s’imposent à l’évi­ dence.

Le double 22 Où l ’on dévoile une seconde série d'expériences vécues qui nous obligent à enterrer définitivement la causalité!

Si ce sont bien des séries de synchronicités vécues sur la Route du Temps qui m’ont donné l’impulsion d’écrire ce livre, ce sont surtout des coïncidences numériques avec le nombre 22, et plus exactement avec des suites de 22, qui m ’ont apporté la preuve dont j ’avais person­ nellement besoin pour me mettre à l’ouvrage. En tant que scientifique, je n’aurais en effet pas pris le risque d’élaborer une théorie aussi ambi­ tieuse pour expliquer les mécanismes de ces phénomènes, si je ne m ’étais pas forgé une intime conviction grâce à ma propre expérience. Ces preuves existaient depuis longtemps dans les livres, mais elles res­ taient sans explication et constituaient un défi à la science. C’est le fait que ce défi m’ait été personnellement adressé « par l’univers » à tra­ vers des séries de 22, comme une sorte de provocation qui ne serait pas tombée sous les yeux d’un aveugle, qui m’a conduit à le relever à tra­ vers cette théorie de la double causalité. Plusieurs années avant de commencer la rédaction de cet ouvrage, j ’ai pris un risque important dans ma vie en décidant de créer une entre­ prise pour valoriser les résultats de mes travaux de recherche en vision artificielle. Mon associée dans cette affaire, qui était versée en numérologie, me fit remarquer que le jour de sa création, un 22 décembre, était le même

nombre que mon « chemin de vie » personnel ainsi que celui de cette société, ces nombres étant calculés à partir des lettres de nos noms res­ pectifs. J’ai alors pris l’habitude de considérer ce 22 comme un fétiche, et je l’introduisais un peu partout lorsqu’il fallait choisir un mot de passe, ou jouer au loto par exemple. J’allais même jusqu’à faire 22 pompes le matin plutôt que 20, mais ça s’arrêtait là. Ce n’était pas encore un symptôme de déviance mentale car il n ’y avait aucune superstition derrière mais simplement ma passion pour les nombres et pour les coïncidences numériques. Je m’y intéressais depuis toujours et bien que je n’en eusse jamais vécues personnelle­ ment, une sorte d ’intuition me laissait penser qu’en « semant » ce nombre 22, je récolterais peut-être quelque chose, sans trop de convic­ tion mais dans l’esprit: « Qui n’essaye rien n’a rien ». J’étais encore bien loin de me douter que je réussirais par ce biais à provoquer des coïncidences. Je fus donc tout à fait surpris lorsque quelques années plus tard, parais­ sait dans le journal régional du 02 / 02 / 2002 un article sur mes tra­ vaux citant cette entreprise, dont la date exhibait cette série de quatre 2. Cela pouvait être une simple coïncidence relevant du « hasard », mais le fait que cela m ’arrive après avoir « semé » le 22 m’avait mis la puce à l’oreille. D ’autant plus que c ’était la première fois que ma société, dont la naissance était caractérisée par un double 22, faisait l’objet d’un article de presse. Tout ceci aurait pu être oublié très vite mais la même année, alors que quelques turbulences causaient des changements dans ma vie, je me suis aperçu que les jours les plus importants, les plus chargés émotion­ nellement, étaient ponctués par l’observation du nombre 22. Pendant ces jours-là, j ’étais littéralement harcelé par ce nombre. Je me station­ nais souvent en face du 22 d’une rue. Lorsque je regardais l’heure il était 11 h22 ou 22h44. Je me levais la nuit à 1h22 ou 2h44. J’ouvrais un livre et je tombais sur la page 22 ou 122. Je croisais un panneau d’affichage sur l’autoroute contenant 22 ou 44 dans les minutes affi­ chées. Le 44 apparaissait souvent comme alternative au 22 (le 11 ou le 88 étaient beaucoup plus rares). En tant que scientifique, j ’étais assez objectif dans l’analyse du fait que

je pouvais avoir tendance à projeter moi-même ce 22 dans mes obser­ vations, c’est-à-dire à le privilégier sans m’en rendre compte. Aussi je restais dubitatif, mais la suite de l’histoire n’a pas confirmé cette inter­ prétation. 2005 qui fut à nouveau pour moi une année de grands changements, fut marquée par ma rencontre avec deux personnes, qui devinrent des amis après m ’avoir apporté un grand soutien. Ces deux personnes étaient respectivement nées un 22 septembre et un 22 novembre. J’eus alors l’idée de vérifier la date de naissance de l’ami qui m ’avait le plus aidé dans mon passé, et je constatai qu’il était né un 22 janvier ! Pris dans le piège d'une pensée irrationnelle voulant associer mes changements de vie à l'influence de personnes nées un 22, je me remé­ morai l'événement le plus déterminant durant les années précédentes. Il s'agissait d'une séparation vécue en 2002, qui avait eu lieu suite à la visite d'un ami qu'avec ma compagne de l'époque nous avions décidé, pour l'aider, d'héberger durant les vacances d'été. Ceci a provoqué des différents entre nous qui nous ont finalement conduits à la rupture. Or cette personne était elle aussi née un 22 ! L’année 2006 fut pour moi une période d'éveil qui, après des années turbulentes, me permit de progresser dans mes réflexions sur la synchronicité. Je décidai alors de faire mes premières expériences pour essayer de les provoquer consciemment, à l'occasion de vacances en Haute-Provence. Un double 22 déjà mentionné dans "Les traces du futur" me fut servi sur la Route du Temps, le jour même où à force d’être assailli par des synchronicités en réponse à mon expérience, je décidai d’écrire ce livre. Je commençai alors à réaliser que ce double 22 ou ces suites de quatre 2 devaient avoir une signification. Mais une signification envoyée par qui? Je me rendais bien compte qu’il survenait à des moments impor­ tants de ma vie, lorsque je faisais des choix de vie. Et j ’avoue que pen­ dant une certaine période, l ’idée qu’il aurait pu y avoir un « petit ange » qui m’envoyait des signaux m’a effleuré l’esprit. Cette interprétation m’est venue pour la première fois lorsqu’un soir de retour d’un voyage d’affaires à San Francisco, durant lequel j ’avais

pris la décision « héroïque » mais déprimante de refuser de signer un très gros contrat de logiciel qui aurait changé mon activité durable­ ment, il m’a été attribué le 22 au bar de l’aéroport pour mon tour de service, puis le 22A à l’enregistrement comme siège de vol. Je l’ai pris comme une sorte de consolation signifiant: « sois heureux, tu as pris la bonne décision ». Une autre fois, alors que je m’installais à Marseille dans un studio, et que j ’effectuais des courses pour dîner ce soir-là pour la première fois dans mon nouvel appartement, j ’eus à payer une note de supermarché de 22 euros et 22 centimes, comme si je recevais des salutations de bienvenue dans ce nouveau logement. Jusque-là, je ne comprenais toujours pas la raison pour laquelle je ren­ contrais ces doubles 22 à chaque changement important dans ma vie, et je doutais toujours, mais j ’avais commencé à les noter en vue de les inclure dans ce livre. J’avais trouvé une explication pour les synchronicités, mais ces séries de 22 résistaient à l’analyse et venaient me titiller comme des provocations. Il a fallu que je rencontre ensuite un quadruple 22, le jour symbolique d’un acte de libre arbitre qui restera peut-être le plus important de ma vie, pour recevoir le « choc » qui m ’amena à « refondre » ma théorie en gestation pour activer la rédaction définitive de cet ouvrage. Je commençais enfin à comprendre qu’il fallait faire une différence fon­ damentale entre les coïncidences et les synchronicités. Ce quadruple 22 m ’est arrivé lorsque je suis allé signer chez un notaire l’acte d’achat définitif du terrain que je recherchais depuis longtemps déjà dans la réserve géologique, et que j ’avais fini par trouver, conforme à des souhaits pourtant exigeants et par le plus grand des hasards. J’ai quelque peu modifié la description des données géographiques de ce quadruple 22, mais il est parfaitement équivalent à l’original. Ce jour-là, je quittais le domaine dont je venais de faire l’acquisition et remettais à zéro le compteur de ma voiture pour savoir à quelle dis­ tance de Digne il se situait, ce qui me permit de constater déjà qu’il se trouvait à 2,2 km de la route principale, mais ceci ne fit que m’effleu­ rer. Bien avant d’arriver à Digne, et au moment même où mon compteur

affichait 22,0 km, je croisais la départementale D22 ! Cette départe­ mentale D22 qui était déjà marquée par son « petit rôle » dans ma décision d’écrire ce livre, était donc située à 22 km exactement de mon futur lieu d’habitation ! J’étais heureux de ce double 22 que j ’allais pouvoir mettre dans mon livre car il s’annonçait le jour même où une fois de plus, je changeais ma vie. Mais je me disais en bon habitué du genre: « peut mieux faire ! ». Car j ’en attendais un quatrième, ne sachant que faire de mon « 2.2 » initial dont je me demandais s’il fallait le considérer comme un 22 d’appellation contrôlée, ou pas du tout! Je n’avais jamais vécu de triple 22 et j ’aurais souhaité que ce 2.2 isolé ait un compagnon. Car un quadruple 22, cela aurait bien été digne de l’importance de l’acte du jour! Très sérieusement, j ’en avais assez de toutes ces plaisanteries de « petit ange » incompréhensibles et il m ’en fallait plus pour me « réveiller » ! Après m’être stationné en face de mon lieu de rendez-vous, j ’avais quinze minutes à perdre et je parcourus le centre-ville de Digne. J’en­ trai alors dans une librairie pour acheter des stylos. En sortant de la librairie, je remarquai le dernier livre de Bernard Werber, dont je consultai le dos afin de lire le résumé. Pas de résumé, mais je remar­ quais le prix du livre: 22,90 euros. Avec un sourire intérieur de satis­ faction, je me disais que j ’avais trouvé mon quatrième 22 mais j ’étais encore insatisfait, car en effet rien n’associait ce dernier 22 et mon 2.2 d’origine. Mais en vérifiant la date de sortie de l’ouvrage, j ’ouvris la page intérieure du dos du livre et je tombai sur l’adresse de l’éditeur, 22 Avenue de Huygens ! J ’ai donc été servi ce jour-là par un quadruple 22 correspondant à deux doubles 22 d’appellation d’origine contrôlée, c ’est-à-dire associés entre eux. Je commençais alors à penser que mes coïncidences du 22 mériteraient bien un chapitre, mais qu’il faudrait que je travaille sérieusement à éclaircir leur mécanisme sans quoi la théorie que j ’étais en train de construire serait bancale. En bon sceptique, et avant l’épisode de ce quadruple 22 qui acheva de me convaincre sur la nécessité de reprendre tout ce travail interrompu,

j ’avais de nombreuses fois essayé de rejeter ce 22 qui finissait par m’ennuyer, persuadé que je le projetais moi-même partout en étant exagérément sensible à son occurrence les jours importants de ma vie. Mais cette explication ne résistait pas au calcul des probabilités, même conditionnelles, et un bon sceptique doit savoir considérer les choses dans les deux sens. Ce quadruple 22 réduisait à néant mon scepticisme. Tout ce qu’il me restait à faire, c ’était de trouver la bonne explication, cette nécessité se présentant à moi comme un véritable défi à l’intelli­ gence que je devais absolument relever! J ’étais loin de me douter, après avoir rédigé plusieurs pages sur ces séries de 22, que le plus étonnant restait encore à venir. Je me suis tout d’abord aperçu qu’un double 22 était niché dans les coordonnées GPS de ma nouvelle habitation dont la position, avec ses 44 degrés de lati­ tude, ses 2,2 km de la route principale, et ses 22 km de la D22 était ainsi caractérisée par un total de six 22, parmi lesquels on trouvait deux véritables doubles 22 ! Ajoutons à cela que la maison fait 22 mètres de large et que son domaine contient une piscine et deux sources, la piscine étant située à 22 mètres de la maison et la source la plus proche à 220 mètres. Mais le plus édifiant est que l’autre source du domaine est une véritable source chaude d ’origine géothermale, coulant à une température constante de 22° toute l’année ! Et ce n’est pas tout: à l’intérieur de cette maison, tous les radiateurs comportent un double 22, le premier 22 étant gravé sur l’écrou d’en­ trée tubulaire, et le second inscrit sur le thermostat ! Et pour finir, la principale pièce de vie de cette maison a la forme d’une voûte de 4.4 mètres de largeur et de 2.2 mètres de hauteur, ce qui, avouons-le, n’est pas une hauteur tout à fait standard. Au total, je découvris concernant cette maison pas moins de quatorze 22, parmi lesquels se trouvent au moins quatre doubles 22 d’appella­ tion d’origine contrôlée, c’est-à-dire groupés par associations de deux 22 . Or il était cette fois impossible que j ’ai pu générer une telle avalanche de 22, car cette dernière série était comme gravée dans la pierre ! Quelque chose résistait à mon analyse ! Malgré toutes les réflexions

auxquelles m’encourageaient ces observations, je comprenais toujours mal le rôle que pouvait jouer mon intention dans cette affaire, et dès que je cherchais un mécanisme indépendant de mes intentions ou pro­ jections, je ne comprenais plus rien ! La solution du problème me fut inspirée par un ami astrologue et numérologue à qui je relatai tous ces phénomènes, et qui me dit un jour: - Pas étonnant que tu trouves tous ces 22, puisque le 22, c’est ton che­ min de vie ! Il parlait de mon chemin de vie numérologique que je connaissais déjà, mais je ne voyais pas comment la simple connaissance de ce chemin de vie pouvait engendrer tous ces 22. La lumière commença à venir lorsqu’il rajouta: - Et en plus, la longitude de ton soleil natal est de 22.44° ! Il y avait donc un double 22 déjà inscrit dans le ciel de ma naissance, relatif à la position du soleil, ce que j ’ignorais totalement ! Mais ce n’était pas tout, car en me rappelant qu’il y avait encore un autre 22 dans mon heure de naissance qui était 22 h 35 après soustrac­ tion du décalage horaire, j ’eus l’idée de calculer mon heure solaire natale, en tenant compte du décalage entre le méridien de Paris et celui de Greenwich, en l’occurrence de 9 minutes. Je découvrais ainsi qu’à ma naissance, non seulement le soleil se trou­ vait à 22.44° de longitude sur l’écliptique, mais qu’en plus j ’étais né à 22 h 44, heure solaire ! Il y avait donc déjà à ma naissance un quadruple 22 qui caractérisait la position du soleil à ce moment précis ! Cette observation eut sur moi l’effet d’un déclic « eurêka » qui me fit cheminer rapidement vers la compréhension du mécanisme, car il devenait clair que mon intention seule ne pouvait plus, de façon non causale, expliquer le lien entre les 22 de mon passé et ceux de mon futur. Il n’était plus possible de penser que, parce que j ’étais « marqué » par le 22, j ’aurais pu intentionnellement produire tous les autres 22, par l’intermédiaire des mêmes mécanismes que les synchronicités ou pire par projections ! Car j ’ignorais la majeure partie de ces informations sur ma naissance

et cela ne pouvait pas, quoi qu’il en soit, expliquer cette surprenante concentration de doubles 22 relatifs à mon nouveau lieu de vie. En effet il était impossible d’imaginer que les six doubles 22 relatifs à mon nouveau lieu de vie aient pu être intentionnellement provoqués, puisque relatifs à une maison vieille de plus d’un siècle, qui existait déjà avant ma naissance. Pour expliquer un tel ordre aussi fortement concentré, la Loi de Convergence des Parties a donc été contrainte de le propager dans le passé ! Il fallait envisager que les deux doubles 22 de ma naissance puissent être causés eux-mêmes par la forte concentration de 22 observée dans mon avenir. Car il était en effet beaucoup plus facile d’imaginer qu’il y avait à ma naissance assez d’aléas pour que ce quadruple 22 puisse provenir de mon futur. Que l’on décale cette naissance de quelques minutes ne changeait en effet strictement rien à l’univers et à ses observateurs. L’indéterminisme de ma naissance pouvait donc parfaitement être comblé par une information ayant remonté le temps, exactement comme dans le cas des synchronicités. Sauf que dans le cas des synchronicités, l’observation restait toujours ultérieure à l’intention qui l’avait catalysée, ce qui permettait de lui attribuer une signification ! Or j ’avais déjà compris qu’une coïncidence pouvait se différencier d’une synchronicité par le fait que l’observation de la coïncidence pou­ vait précéder l’intention, empêchant ainsi l’observateur de comprendre sa signification. Mais je n’avais pas encore compris qu’en redescen­ dant le temps, la Loi de Convergence des Parties pouvait combler l’indéterminisme jusque dans le passé, en y créant un ordre signifiant ! Car il me semblait qu’il était impossible de modifier le passé ! Or, ce double 22 de ma naissance nous suggère le contraire, tout en nous fournissant en même temps une explication : il est tout à fait pos­ sible de modifier le passé dans la mesure où ces modifications concer­ nent des aspects du passé qui n’ont jamais été observés, comme s’ils n’existaient pas encore ! Et c’est ainsi qu’au même titre que le futur, on observe qu’une partie du passé peut très bien rester totalement indéterminée !

Le temps serait donc beaucoup plus symétrique qu’on ne le croit ! Le passé pourrait ainsi être modifié, mais à condition je le répète que ses traces n ’aient jamais été observées auparavant! La « modifica­ tion » du passé résulterait de l’absence d’observation de traces suffi­ santes pour le définir, voire de leur disparition. Pourquoi ne pas imagi­ ner que la loi de convergence des parties, créatrice d’ordre, puisse défi­ nir elle-même ce qui va être observé lorsque c ’est relatif au passé, puisque c’est déjà le cas pour le futur? Mais revenons au mécanisme d’apparition des doubles 22, car je n’ai pas fini avec mes explications. Ce qui caractérise les doubles 22 de cette habitation sont des données matérielles, figées, indépendantes de tout aléa et surtout du temps: impossible de modifier les coordonnées GPS, les distances et les tailles ! A plusieurs décennies près, ces nombres restent les mêmes car ils caractérisent purement et simplement cette maison et son terrain. En revanche, c’est tout le contraire pour les autres doubles 22 qui ont précédé dans le temps cette accumulation finale. A un jour près, à quelques minutes près, voire à une minute près, ils auraient très bien pu disparaître. Il suffit de les passer en revue pour s’en apercevoir, à commencer par celui de ma naissance. Il est donc évident que si lien il y a entre tous ces doubles 22, alors l’information ayant créé ce lien a circulé du futur vers le passé, et ne s’est pas contentée de s’arrêter au présent. Le passé a ainsi été réarrangé pour transmettre l’information suivante : un changement de vie me concernant, réalisé par libre arbitre, s’ac­ compagne d’une observation de doubles 22 ! Voici donc enfin comment j ’en explique l’émergence: Au premier double 22 conscient, lorsque j ’ai créé ma société (à la suite de quoi j ’ai par la suite commencé à « semer » le 22), mon intention encore vague de « semer le 22 » a pu commencer à « alimenter » certaines parties de l’espace-temps futur qui se trouvaient en affinité avec cette informa­ tion, et que j ’avais la possibilité de rencontrer sur mon chemin. Je ne saurais dire si mes premiers « échos » reçus résultaient de ce 22 semé en fétiche, mais il m ’a en tout cas suffi de quelques vrais ou faux « échos » apparus durant l’année 2002, plus propice que d’autres, il

faut bien le noter, à ces apparitions, pour que je renforce moi-même la signification que je commençais alors à donner aux séries de 22, en liaison avec les changements dans ma vie ayant commencé cette année-là. S’agissant de changements intentionnels, ils ont acquis la capacité d’alimenter, cette fois-ci clairement, les « sources » de mes futurs potentiels qui pouvaient être en affinité avec ce double 22. J’ai alors été amené à rencontrer chacune de ces sources jusqu’à la source principale de tous ces doubles 22. Plus je m’en approchais, c’est-à-dire plus j ’augmentais la probabilité de la rencontrer un jour, et plus elle avait elle-même tendance à m’en faire rencontrer d’autres en remon­ tant jusqu’à elle, et c’est pourquoi mes observations se sont renforcées au fur et à mesure où j ’étais sur le point de la découvrir. Cette source avait ceci d’étonnant qu’elle symbolisait une concentra­ tion de doubles 22 qui se trouvaient depuis longtemps gravés dans la pierre, auxquels s’ajoutait une véritable source à 22° ! Il s’agit ni plus ni moins de la mise en place progressive d’une boucle de rétroaction entre mon futur et mon présent, à certains moments de ce présent où je recevais des échos du futur ! Et de façon analogue aux synchronicités, cette boucle de rétroaction a eu pour effet de générer un phénomène d’attraction entre ma trajec­ toire de vie et les trajectoires potentielles qui pouvaient être des sources de doubles 22 ! J ’ai donc bien récolté ce que j ’avais semé ! Je me suis résolu à la conclusion suivante, la plus logique: j ’ai été litté­ ralement « attiré » par les sources de doubles 22, et ce phénomène a été assez puissant pour être responsable du hasard qui m ’a permis de trouver une nouvelle résidence, là où leur concentration était probable­ ment la plus élevée ! Nous verrons dans la suite que ce phénomène d’« attraction » vers des situations que reflètent nos pensées est tout à fait général.

Résumé du chapitre XV 1. De fortes coïncidences ont été successivement vécues par l’auteur

sous la forme de séries de « doubles 22 », les dernières séries vécues étant des observations relatives à son passé, ce qui porte à conclure que l’information « double 22 » a remonté le temps, du futur vers le passé. 2. La possibilité de modifier le passé : En l’absence de traces du passé, ce dernier pourrait être modifié par la Loi de Convergence des Parties selon un processus de maximisation de l’ordre pouvant expliquer les « doubles 22 » qui remontent le temps. Un tel mécanisme aurait pour effet de recréer le passé en le simplifiant au fur et à mesure de la disparition de ses traces.

Quatrième partie Révélations

XVI. L’espace intérieur Où l ’on découvre comment une théorie physique nous invite tout naturellement à devenir des hommes libres.

Dans les deux premières parties nous avons traité de la double causa­ lité en la présentant comme une Théorie du Temps à l’aide des méta­ phores de l’Arbre de Vie, du réseau fluvial et de la Route du Temps. Ces métaphores sont pourtant essentiellement spatiales. Il importe donc de les justifier en introduisant maintenant l’espace multidimen­ sionnel réel. La raison d’être de ces métaphores tenait à la difficulté de représenta­ tion de cet espace, dont notre théorie a besoin pour décrire toute l’éten­ due de nos vies potentielles. Car nous avons supposé que toutes ces vies étaient non seulement possibles, mais déjà existantes au temps présent, et à ce titre déjà inter agissantes avec notre conscience actuelle, susceptible de modifier leurs probabilités d’actualisation. Faute de faire intervenir plus rigoureusement l’espace, notre descrip­ tion du mécanisme de l’influence de l’intention sur le hasard des opportunités non causales s’est jusqu’à présent limitée à un schéma de bifurcation temporelle. On peut résumer ce schéma de la façon suivante, en faisant intervenir deux facteurs de bifurcation: - l’activation d’un nouveau futur par une augmentation suffisante de sa probabilité d’actualisation,

- la désactivation d’un ancien futur par diminution de sa probabilité d’actualisation, voire annulation (point de non retour). Lorsque la probabilité d’un nouveau futur potentiel concurrence celle de celui qui est déjà activé, il peut se produire sous l’influence de notre libre arbitre et de nos observations un basculement qui a pour effet de nous aiguiller sur une nouvelle trajectoire ou ligne temporelle de notre Arbre de Vie. Cette nouvelle présentation des choses sous-entend que la plupart du temps nous sommes positionnés sur des rails, comme endormis [20], et qu’il n’est pas si facile d’exercer notre libre arbitre en actionnant intentionnellement un nouvel aiguillage. Mais ce mécanisme reste encore simpliste et insuffisant parce que nous avons omis de décrire la partie spatiale des processus entrant enjeu, ce à quoi nous allons nous atteler maintenant. Pour parvenir à une théorie unifiée de l’espace-temps, la physique a produit plusieurs théories multidimensionnelles remarquables, parmi lesquelles celle de Kaluza-Klein à 5 dimensions et la Théorie des Cordes M à 11 dimensions. A l’origine du besoin des physiciens d’in­ troduire des dimensions supplémentaires à notre espace-temps à 4 dimensions, on retrouve le fameux indéterminisme de la mécanique quantique. La conséquence la plus importante de ce genre de théorie sur notre conception de l’espace est qu’elle amène à envisager, pour interpréter ces dimensions supplémentaires invisibles, l’existence d’« univers parallèles ». Ces univers vont contenir en quelque sorte toutes les autres possibilités d’évolution qu’aurait pu avoir notre propre univers, compte tenu de son indéterminisme. Pour représenter tous ces univers à l’intérieur d’un même espace, la Théorie des Cordes fait appel à six dimensions spatiales supplémen­ taires, repliées sur elles-mêmes et invisibles car extrêmement petites. Tout se passe comme si chaque ligne de l’espace se comportait comme un câble excessivement fin : on peut alors tourner autour de ce câble à l’infini sans pour autant changer d’emplacement sur la ligne. Si main­ tenant on enroule en chaque point le câble sur lui-même en le décom­ posant en une infinité de petites cordes fermées, on obtient deux

dimensions supplémentaires par ligne. Comme notre espace est déjà composé de trois dimensions ou lignes, cela porte à neuf le nombre de ses dimensions spatiales. Du point de vue mathématique, il est ainsi possible d ’attribuer à chaque point de l’espace physique un certain nombre de dimensions supplémentaires invisibles, qui représentent autant de versions possi­ bles de ce qui se passe en ce point, raison pour laquelle ces dimensions supplémentaires nous amènent à concevoir des univers parallèles. Ceci apparaît plus clairement dans une autre représentation imagée de la théorie, consistant à faire comme si nous vivions dans deux dimen­ sions au lieu de trois, c ’est-à-dire sur une surface plane, qualifiée de membrane. Nos univers parallèles seraient alors toutes les autres mem­ branes parallèles à la nôtre, et par nous invisibles, que l’on peut loger dans un espace à trois dimensions. Nous allons maintenant proposer une représentation plus concrète et surtout plus réaliste de ces univers parallèles. Revenons à la multitude de vies potentielles que notre Arbre de Vie déploie. Si à chaque bifurcation potentielle le long de cet arbre nous avons le choix entre deux vies, on peut calculer qu’avec seulement une dizaine de bifurcations dans une vie, nous allons nous retrouver avec un millier de vies potentielles dès notre naissance. Or si l’on veut mémoriser toutes ces vies dans un espace cartésien, il nous faut obligatoirement faire appel à des univers parallèles : un uni­ vers pour chaque vie. De ce point de vue, un univers contient donc une version possible de l’ensemble de toutes nos vies. On comprend ainsi, compte tenu du nombre inimaginable de toutes les versions possibles, pourquoi il est nécessaire de rajouter des dimensions à l’espace. Pour en revenir à notre libre arbitre et au lien qu’il peut avoir avec cet espace, nous allons maintenant montrer que l’opération de l’intention qui génère le basculement entre deux trajectoires de vie n’a pas d’autre effet que de nous faire tout simplement « changer d’univers » ! Cela peut sembler incroyable à qui imaginerait qu’il faut prendre un vaisseau spatial et visiter les confins de l’univers pour changer d’es­ pace. Mais pas du tout, c’est beaucoup plus facile.

Tout d’abord, il existe une manière très simple et rationnelle d’accepter dans un premier temps ce changement d’univers: celle qui consiste à considérer que tous ces univers lui sont tellement parallèles qu’ils sont quasiment identiques au nôtre ! Dans ce cas, le basculement d’univers nous fait évidemment le même effet que de rester dans le même : aucun changement. Mais pour que cette possibilité de changer réellement d’univers corres­ ponde à une bifurcation sur notre Arbre de Vie, il faut considérer l’existence d’au moins deux univers parallèles distincts, associés à cette bifurcation: le premier où je réalise mon ancien destin, le second où je réalise mon nouveau destin. On comprend donc maintenant que notre Arbre de Vie, avec toutes les possibilités d’existences différentes qu’il potentialise, ne fait que décrire toutes les possibilités d’univers parallèles que nous pouvons visiter durant notre vie. Cette interprétation des univers parallèles sous la forme d’un ensemble d’arbres de vies a le grand intérêt de donner un sens enfin intéressant pour nous, êtres humains, à cette théorie. Car son principal inconvé­ nient était de ne pas nous fournir la bonne raison de tout ce gâchis d’espace. Nous comprenons maintenant que cette bonne raison, c ’est notre libre arbitre. Maintenant que nous savons que, parmi tous ces univers, il en est un privilégié qui abrite nos vies actuelles, nous comprenons mieux l’inté­ rêt que tous les autres continuent d ’exister, dans la mesure où nous sommes susceptibles d’en changer à tout moment, tous ensemble. Et je dis bien tous ensemble, car en changeant seul votre vie à un instant donné vous entraînez tout le monde avec vous dans un autre univers. Faisons juste une parenthèse sur une conséquence de cette vision des choses, qui serait trop longue à creuser: le fait de changer d’univers va aussi modifier tous les potentiels qui lui étaient associés, car la réfé­ rence dont ces potentiels dérivent va devenir notre nouvel univers. Il ne s’agit donc pas d’un simple déplacement, car nous ne sommes pas certains de pouvoir revenir en arrière, ce qui supposerait que l’ancien univers fasse partie des potentiels du nouveau. Le fait de changer d’univers n’est donc pas anodin, car de nouveaux univers qui n’exis­

taient pas auparavant vont apparaître, co-créés par nos nouvelles possi­ bilités, et tous les univers dont l’existence dépendait exclusivement de l’ancien vont disparaître: on assiste là à un processus authentiquement irréversible ! Voila où se niche la véritable irréversibilité de l’univers : notre simple position d’observateur décidant de prendre une bifurcation plutôt qu’une autre engendre un processus de co-création, expli­ quant finalement comment nos pensées créent le monde [35], alors que nous ne faisons rien d’autre qu’observer! En supposant que cet immense espace multiplié à l’infini, dégagé par cette infinité d’univers parallèles en co-création permanente, ne soit finalement qu’un espace dédié à nos arbres de vie, nous comprenons maintenant pourquoi il n’y a plus aucun gâchis d’espace, mais seule­ ment une immense variété dynamique de vies potentielles. Or il faut bien mémoriser quelque part toutes ces vies. Ce n’est pas nous qui en avons besoin, mais l’univers lui-même, car il me semble invraisembla­ ble de lui interdire d’exister après ce moment si arbitraire qu’est le pré­ sent. En effet, qu’avons-nous comme autre alternative à ces univers paral­ lèles? N ’est-il pas préférable de s’accoutumer à l’existence, somme toute acceptable, de ces univers multiples, plutôt que de supposer que non seulement notre univers entier, mais encore une infinité d’univers doivent être recréés à chaque seconde par le passage du temps ? Heu­ reusement, nous avons déjà vu que ce n’est pas ainsi que les choses se passent, et c’était d’ailleurs la grande préoccupation d’Einstein. Car rappelons qu’Einstein disait lui-même: « La distinction entre passé, présent et futur n ’est qu’une illusion, aussi tenace soit-elle. Le temps n ’est pas du tout ce qu’il semble être. Il ne s ’écoule pas dans une seule direction, et le passé et le futur sont simultanés. » Avec cette nouvelle vision des choses, qui ne fait que reprendre les conclusions d’Einstein, mais dans un espace multiplié autant de fois qu’il est nécessaire pour permettre à notre libre arbitre de s’exprimer, nous allons maintenant pouvoir dégager une bien meilleure idée du mécanisme de 1’intention qui nous fait basculer vers une nouvelle vie, c’est-à-dire transiter d’un univers à un autre.

Rappelons le postulat fondamental de notre Théorie du Temps: la réa­ lité de notre libre arbitre. C ’est bien ce libre arbitre qui, mis en pré­ sence de bifurcations potentielles dans notre futur, nous oblige à consi­ dérer que nous avons non pas une vie, mais une infinité de vies poten­ tielles, dont l’une est déjà « matérialisée » dans notre univers actuel: cette référence dont toutes les autres vies dérivent. Nous avons donc reformulé ce postulat en une faculté que nous aurions de nous déplacer, en même temps que dans les dimensions de notre univers physique, dans les dimensions supplémentaires cachées de tous nos univers parallèles. Faisons le bilan de ce que nous savons au stade actuel : Nous savons déjà que notre corps nous permet de nous déplacer dans les trois dimensions physiques. Nous savons aussi que les autres dimensions de l’espace sont invisi­ bles, car repliées sur elles-mêmes ou excessivement petites. Nous savons que notre libre arbitre nous permet de nous déplacer dans ces dimensions supplémentaires. Nous savons que nous nous déplaçons ainsi par le biais de nos inten­ tions et observations, contrôlées par notre libre arbitre. Nous savons que nos intentions et observations font partie de notre conscience, c’est-à-dire de notre espace intérieur*. Nous en déduisons que les dimensions supplémentaires de l’espace ne sont rien d’autre que des dimensions intérieures* ! Ce qui veut dire qu’il y aurait une partie de nous-mêmes qui pourrait s’étendre dans ces dimensions, et qui serait nécessairement intempo­ relle, car pour pouvoir déposer une intention dans le futur sans interac­ tion avec le présent - ce qui nécessiterait un échange interdit de parti­ cules - il faut bien qu’une partie de nous-mêmes y soit déjà, en l’occur­ rence celle qui incarne toutes ces probabilités que nos intentions peu­ vent modifier. Or nous avons déjà qualifié cette partie de nous-mêmes dans notre modèle de l’Esprit: il s’agit de l’Ange lui-même. Ainsi la version minimaliste de notre théorie convient bien pour décrire cet Esprit à qui nous parlons dans le « Dialogue avec l’Ange », et qui ne serait autre qu’une partie supradimensionnelle de nousmêmes. Nul besoin de notions d ’incarnation !

Nous allons maintenant franchir un nouveau cap pour en venir à une deuxième conséquence fondamentale de notre postulat du libre arbitre. Rappelons que la première conséquence de ce postulat s’est traduite par une modification de notre conception du temps qui nous a conduits à la double causalité. La deuxième conséquence de ce postulat va maintenant porter sur notre conception de l’espace, qui va nous conduire à la notion d’es­ pace intérieur. Il est grand temps d’introduire un tel espace intérieur en physique ! S’agissant cependant d ’une tentative dont les détails formels et les conséquences me dépassent largement, je me contenterai ici d’en jeter quelques principes élémentaires. Un premier principe consiste à représenter nos intentions dans l’espace de nos dimensions intérieures, par une information localisée dans cet espace, une sorte de fluide, énergie ou matière, peu importe, s’agissant avant tout de les mémoriser. Nos intentions contenant « par définition » ces choses de la vie que nous voulons voir réalisées, il existe nécessairement, « par définition » de notre Arbre de Vie lui-même, une représentation adaptée à la « matérialisation » de ces intentions : elle se traduit par un ou plusieurs endroits, emplacements ou encore zones de l’espace de cet Arbre, cor­ respondant à ces choses de notre vie que nous y « projetons ». Cette notion de matérialisation ne devrait pas nous choquer car la phy­ sique moderne nous a déjà familiarisés avec l’idée que la matière de notre univers n’existe pas « en dur ». En effet, on s’aperçoit de plus en plus que la matière n’est finalement que de l’information et que cet aspect « en dur » ne vient que de ses interactions. En matérialisant nos intentions dans des zones de nos espaces futurs potentiels nous exprimons simplement le fait que nous sommes capa­ bles d’arroser notre Arbre de Vie dans ces zones, en y déplaçant en quelque sorte notre « arrosoir ». La localisation de nos intentions dans ces zones « arrosées » de l’espace de nos univers parallèles ne pose pas de problème tant qu’il ne s’agit que de probabilités de potentiels, de même que la localisation d’une particule dans notre univers phy­ sique ne pose pas de problème tant qu’elle n’existe que sous la forme

d ’une distribution de probabilités de présence, quel qu’en soit le moment. Nous exprimons par là le fait que tant que nous travaillons avec des probabilités, rien n’oblige à ce que les choses que nous décri­ vons se passent dans le présent. Si j ’ai l’intention d’acheter un livre, la probabilité que je l’achète n’augmente pas au moment où je réalise l’achat. Elle augmente bien au moment où j ’en forge l’intention. Lorsque nous avons décrit le mécanisme qui nous permet de mémori­ ser ces intentions dans le futur, nous avons effectivement employé la notion de probabilité, la programmation de nos intentions consistant en effet à augmenter la probabilité d ’occurrences des potentiels d ’une zone de notre Arbre de Vie. Il est tout à fait rationnel d’admettre maintenant que, notre libre arbitre étant supposé réel, nous disposons des moyens de « matérialiser » ce libre arbitre par une augmentation instantanée des probabilités asso­ ciées à une ou plusieurs zones de notre espace intérieur. Et ceci d ’au­ tant plus que notre cerveau est capable de réimprimer à tout moment une telle mémorisation qu’il garde lui-même en mémoire. Mais dans ce processus elle n’est pas seulement réimprimée dans notre cerveau, elle est également réimprimée dans cette zone de notre espace intérieur qui appartient à notre futur. C’est à partir de là que de nouvelles possibilités méconnues de notre « cerveau » vont pouvoir être dégagées ! Ce ne sont que des propriétés « apparentes », car elles appartiennent à notre espace intérieur. Si vous demandez à un physicien ou à un mathématicien de modéliser ce processus, il va faire appel à une simulation numérique qui va consister à peupler une région de notre espace intérieur par une série ou un tableau de nombres, et si vous lui demandez maintenant de visualiser cette série, il va la faire apparaître par une forme plus ou moins colorée, la couleur correspondant à la densité de probabilités. Exactement comme on ferait apparaître une forme d’énergie fluide dans notre espace physique, un nuage dans le ciel, une nappe d’eau sur la terre, ou de pétrole sous la terre. Or, à quoi nous serviraient ces dimensions supplémentaires de l’es­ pace, si ce n’est à mémoriser ces informations intérieures, tout comme notre espace physique mémorise de la matière? Toute dimension n’est

utile qu’à une seule chose, à stocker des informations sous forme de matière, matière qui comme nous l’avons vu, peut être entièrement réduite à de l’information. Et nos probabilités ne sont justement, elles aussi, que des informations. Si l’on se résume, il est parfaitement légitime d’un point de vue phy­ sico-mathématique d ’énoncer le principe suivant: Nos intentions librement choisies et clarifiées, en augmentant les pro­ babilités d’occurrence des futurs auxquels elles sont associées, se tra­ duisent par le déplacement ou l’apparition de nappes fluides dans cer­ taines zones de notre espace intérieur. Je rappelle que ces zones ne sont pas « logées » dans notre cerveau, mais quelque part dans certains espaces-temps invisibles et parallèles à notre espace-temps actuel. Nous sommes donc littéralement capables de faire pleuvoir dans notre futur! Il ne s’agit même plus d’une métaphore, car notre intention a réellement déposé, déplacé ou modelé de l’information dans une ou plusieurs zones de notre espace intérieur ! Prenons maintenant un exemple pour entrevoir les conséquences for­ midables de cette nouvelle constatation. Si j ’ai l’intention d’acheter un livre, toutes les possibilités futures exis­ tant pour moi de l’acheter vont subitement recevoir de ma part un tel fluide - à condition qu’elles restent crédibles, c ’est-à-dire intègres devant un scénario qui me donne quelque probabilité, même infime, de tomber sur ce livre. Cela signifie qu’un libraire se trouvant quelque part où je suis susceptible d’aller, va également recevoir un fluide sur son Arbre de Vie, c’est-à-dire une probabilité accrue de me rencontrer dans son futur, à supposer que ceci ait le moindre intérêt pour lui. Il s’agit bien sûr d’une expression: le libraire ne reçoit aucun fluide, seul le moment et l’endroit de son espace futur où nous sommes sus­ ceptibles de nous croiser reçoit cette information, ce « fluide ». Mais cela permet de constater que le fluide commence déjà à s’étendre à un autre Arbre que le mien. Ce n’est pas tout. S’il existe de réelles possibilités que nos chemins se croisent, alors les scénarios nécessaires pour que ces possibilités se réalisent, comme le fait d ’aller tout simplement en ville, vont voir aussi leurs probabilités d’actualisation augmenter:

Le fluide va commencer à s’écouler vers le passé ! Et il est même possible qu’à cause de cela, la probabilité pour qu’à l’occasion d’une balade en ville, l’envie d’acheter ce livre me revienne à l’esprit augmente ! Je veux dire par là qu’on peut se demander s’il y avait besoin que mon intention soit mémorisée par mon cerveau pour que cette envie me revienne ! Parmi tant d’autres, vont également augmenter toutes les probabilités que je passe à certains endroits précis où il est plus facile de trouver une librairie : le fluide s’étend encore, jusque dans les petites rues ! Mais ce n’était pas du tout mon intention, qui était juste d’acheter un livre, un point c’est tout ! J’étais loin de m’imaginer lorsque je l’ai for­ gée, que j ’allais sortir en ville, passer par telle petite rue ou telle autre pour la réaliser. S’il fallait imaginer à chaque intention une date et un scénario précis et complet de réalisation on deviendrait vite fou ! On ne travaillerait plus, car on ne vivrait que pour imaginer les scénarios de toutes nos intentions. Or c’est inutile, car l’univers le fait à notre place, du moins tant que nos intentions sont fiables ! Il faut donc bien admettre que le fluide que nous avons créé dans le futur s’est mis à couler tout seul vers le passé, aux endroits où nous sommes susceptibles de passer nous-mêmes ! Donc, inutile d’y penser, si ce n’est pour renforcer la même intention. Mais quelle est donc cette nouvelle information qui circule toute seule, sans nous demander notre avis? Il ne s’agit plus d’acheter un livre, il s’agit de passer à des endroits précis que je ne connais même pas encore, pour que l’action d’acheter un livre puisse être actualisée. On dirait que mon espace intérieur travaille pour moi ! En s’écoulant, le fluide peut même favoriser une autre rencontre, une rencontre imprévue par exemple, comme celle d’une amie qui habitait dans le quartier où je devais passer et que j ’avais perdu de vue. La probabilité de rencontrer cette amie se trouve ainsi augmentée dans une zone de nos futurs respectifs, sans même qu’elle et moi le sachions, tout simplement parce qu’en ayant l’intention d’acheter ce livre, le fluide a coulé tout seul vers notre possible rencontre !

Ce fluide s’est donc mis à couler, à plusieurs endroits, encore et encore, en augmentant la probabilité de scénarios que je n’imaginais ni d’Eve ni d’Adam ! Faisons un point. A chaque fois que nous forgeons une intention, il apparaît maintenant qu’il n’est pas nécessaire que nous pensions à tous ses scénarios de réalisation pour qu’ils reçoivent un fluide d’actualisa­ tion potentielle. Il est seulement nécessaire que les probabilités de réalisation que nous avons déposées dans le futur, parce que notre intention est fiable, se maintiennent en redescendant le temps. C ’est le moment de faire remarquer qu’en l’absence de déterminisme de la Loi de Convergence des Parties, limitant le nombre de solutions pouvant atteindre notre présent, ces probabilités se dilueraient, se dis­ perseraient. L’intérêt du déterminisme inversé est donc de maintenir les probabilités de réalisation lorsqu’elles remontent le temps. La question qui se pose maintenant est de savoir si nos intentions sont vraiment agissantes. Car pour l’instant nous n’avons parlé que de potentiels, et pas encore de leur entrée dans la réalité. Comment donc le processus d’actualisation des possibles a-t-il lieu, suite à toutes ces modifications de probabilités ? Gardons à l’esprit que tous ces univers parallèles découverts par les physiciens ne sont pas un gâchis d ’espace. Sils sont là pour mémoriser tous ces potentiels, c’est qu’il existe bien un mécanisme permettant de faire rentrer l’un de ces potentiels dans la réalité! N ’oublions pas que leurs existences multiples se justifient par le fait que les probabilités de ces potentiels peuvent varier à tout moment, en fonction du degré de précision, de fiabilité ou encore d’intégrité de nos intentions ! Pour faire entrer dans la réalité l’un de ces potentiels, notre libre arbitre a encore un rôle à jouer. S’il est intervenu au moment de forger nos intentions, il doit encore intervenir au moment de choisir une voie plu­ tôt qu’une autre. Car le ou les potentiels que nous avons créés vont converger vers notre trajectoire présente à différents moments où vont se présenter pour nous des possibilités de bifurquer. Parmi toutes ces voies dont les probabilités ont été accrues par la circu­ lation du fluide, nous pouvons conjecturer sans conteste que ne seront

détectables par notre observation que les plus probables, c’est-à-dire celles qui auront reçu le plus de fluide. Mais si notre mental n’est pas réceptif à la manifestation de ces voies potentielles, il est quasiment certain que seule la voie causale la plus probable va retenir notre attention. Nous aurons en quelque sorte demandé, le ciel nous aura aidé, mais nous n’aurons rien fait pour nous aider nous-mêmes. Supposons maintenant que plusieurs potentiels se présentent à moi alors que je suis dans une petite rue à la recherche d’une librairie: par exemple la possibilité que je déniche pour la première fois une petite librairie qui gagne à être connue, celle que je rencontre mon amie qui habite ce quartier, ou encore celle que j ’achète autre chose qu’un livre, etc. Je rappelle ici que ces potentiels existent déjà sans avoir été vécus, et que tant que je suis réceptif ils subsistent à l’état de vécus potentiels, actualisables, toujours dignes d’héberger mon fluide. Donc lorsque je suis en train de marcher, ils sont susceptibles de se présenter à mon attention en me faisant dévier, si mon intérêt est capté, du trajet que j ’aurais suivi en l’absence de fluide. Il s’agit donc de bifurcations potentielles. Par quel moyen cette présentation à mon attention a-t-elle lieu ? Considérons un scénario possible. Après m’être garé en centre-ville, je longe une avenue puis traverse sur un passage piéton afin de me diriger vers une petite me que je présume déboucher sur la zone la plus commerciale du coin. A cause de la présence d’un fluide provenant de mon intention d’ache­ ter un livre, à peine quinze secondes après avoir traversé l’avenue, mon amie emprunte le même passage piéton que moi, mais dans l’au­ tre sens. Si j ’avais été très observateur, j ’aurais pu la voir de loin. Mais le fluide étant peu concentré, je ne la vois pas et elle ne me voit pas non plus car, au moment où elle pouvait m’avoir dans son champ de vision, j ’en sors pour arpenter la petite me. Rien d’étonnant à cela. Pour nous rencontrer à coup sûr il aurait fallu que je traverse le passage piéton dix secondes plus tôt. Situation tout à fait normale. II n’y a là aucune différence avec un hasard normal, c’est-à-dire faisant plutôt mal les choses la plupart du temps.

Supposons maintenant un autre scénario où l’on ne change strictement rien à la structure de l ’univers, excepté une toute petite chose: quelques jours auparavant, mon amie pensait à moi en se disant qu’elle aimerait bien me revoir. Elle avait l’intention de me demander quelque chose mais ayant égaré mes coordonnées, elle avait remis à plus tard la tache de les retrouver. L’intention avait cependant produit son effet. Car cette simple intention avait commencé à faire couler un fluide de probabilités parmi tous les scénarios possibles de réalisation de notre rencontre. Il est aisé d’imaginer que ces probabilités étaient initiale­ ment infimes, mais le jour où j ’ai eu l’intention d’acheter un livre dans son quartier, la probabilité du scénario de notre rencontre sur ce pas­ sage piéton s’est mise à augmenter. Et le jour où j ’ai effectivement tra­ versé son quartier, elle a augmenté d’un seul coup, aspirant en quelque sorte tout le fluide qui s’était déversé parmi les autres scénarios. Et plus nous nous approchions de ce passage piéton, plus cette proba­ bilité augmentait, car les scénarios ou hasards qui pouvaient encore disperser nos trajectoires s’éliminaient les uns après les autres. Ceci avait pour effet d’accélérer l’allure de mon amie et de décélérer la mienne, par le biais des moindres aléas indéterministes de nos par­ cours respectifs, ne serait-ce que la présence de tous les autres piétons. Coucou Philippe ! Ah tiens Sophie, qu’est-ce que tu fais ici? Tu es gonflé ! Moi je suis dans mon quartier ! Heu, ah oui, heu, oui, heu... Ne restons pas là au milieu, on va se faire renverser par une voiture. Ok viens, je t’offre un café ! Ah mais... avec plaisir ! L’intention initiale de mon amie conjuguée à la mienne, par le biais d’une infime probabilité de croisement au départ, lors du dépôt de nos intentions, mais ne cessant de croître indépendamment de tout méca­ nisme causal, avait tout simplement fini par synchroniser parfaitement nos trajectoires, nous donnant l’impression que nous avions été attirés l’un vers l’autre!

Résumé du chapitre XYI Pour faire émerger une Théorie du Tout, les physiciens ont été amenés à attribuer des dimensions supplémentaires invisibles à notre espacetemps à 4 dimensions, et à envisager l’existence d ’univers parallèles. Or nos hypothèses du libre arbitre et de l’omniprésence du futur exi­ gent elles aussi l’existence d’univers parallèles, qui serviraient à héber­ ger tous nos Arbres de Vie. L’exercice réel de notre libre arbitre entraî­ nerait alors à chaque fois un changement d’espace. Pour asseoir cette nouvelle conception dans laquelle l’homme joue un rôle fondamental dans la co-création de l’univers, nous sommes ame­ nés à considérer que les dimensions supplémentaires de l’espace ne sont rien d’autre que celles de notre Espace Intérieur. Le processus de changement d’espace-temps par l’exercice de notre libre arbitre pourrait être irréversible. Ainsi considéré, notre Espace Intérieur serait le siège de la circulation de « fluides » qui localiseraient géographiquement nos intentions. A chaque instant, nos actes seraient susceptibles d’influer sur cette circu­ lation de fluides, changeant ainsi en permanence les potentiels « obser­ vables » le long de notre parcours.

XVII. La loi d’attraction universelle Où l ’on revisite la plus belle des lois de la physique en élargissant son champ d ’application à notre espace intérieur.

Voici donc comment se résume le résultat le plus inattendu que l’on puisse déduire du postulat de notre libre arbitre, lorsqu’on le conjugue d’une part avec la théorie des univers parallèles issue de la mécanique quantique, d’autre part avec les idées d’Einstein sur l’illusion du pré­ sent et la simultanéité du passé et du futur: Nous sommes capables de faire pleuvoir dans notre futur ! Bien que cela ne soit qu’une pluie de probabilités, ces dernières se comportent de la même manière que l’eau qui s’écoule dans l’espace, sauf que c’est en direction du passé. Dans la partie II nous avions déjà utilisé cette métaphore de la source d’eau située dans le futur, sans même nous douter qu’elle pourrait trou­ ver sa pleine justification avec le concept de l’espace intérieur. Cette métaphore de la pluie signifie que nos intentions nouvelles « arrosent » notre espace intérieur aux endroits correspondant à la réalisation potentielle de ces intentions. Mon meilleur exemple, à l’origine de ce livre, a fait l’objet du chapi­ tre XIII : il y a trois ans mon intention d’écrire un livre pour expliquer les synchronicités avait arrosé la branche de mon Arbre de Vie aux temps et lieux lui correspondant, notamment là où je me trouve en ce

moment même en train d ’écrire. C ’est ce qui avait provoqué cette série de coïncidences que j ’ai vécues à cette époque sur la Route du Temps, dans la mesure où j ’avais laissé dépendre du hasard, et du hasard exclusivement, ma décision d’écrire. Ce hasard me répondit alors comme un écho qui aurait été réfléchi par mon futur, mais avec des informations en sus ! N ’est-ce pas une astucieuse manière de profiter des propriétés du temps pour vérifier la faisabilité de nos projets avant de les démarrer? Avec ce constat d’un écho de l’univers nous allons maintenant faire émerger les conséquences les plus fondamentales de la Théorie de la Double Causalité, qui vont faire évoluer la Loi de Convergence des Parties vers une véritable loi d’attraction* dynamique. Car les probabi­ lités associées à nos différentes lignes de vie varient constamment dans le temps et dans l’espace: non seulement elles évoluent dans le temps par l’effet même de nos changements d’intention, mais à intentions constantes elles continuent d’évoluer en fonction de notre comporte­ ment et des intentions et comportements d’autrui. Et c’est bien cette évolution permanente des probabilités qui confère toute sa justesse à la métaphore du fluide qui s’écoule, car la cause la plus puissante des variations de ces probabilités de potentiels est l’« écoulement » du temps lui-même qui, en faisant entrer dans la réalité certains potentiels, passe son temps à crédibiliser certains scénarios et à en éliminer d’au­ tres ! On ne devrait donc pas dire: « Le temps s’écoule! ». On devrait dire plutôt: « Les chances de réalisation de mes intentions s’écoulent ! ». Il faut cependant mentionner que d’autres facteurs que les intentions ou les comportements interviennent dans cette évolution. Du fait même que nous ne maîtrisons jamais parfaitement nos intentions, car elles sont trop souvent sous le contrôle de nos pensées, de nos doutes, de nos humeurs, nous produisons des facteurs contrariants. Ils impo­ sent leur propre déterminisme et rendent difficile l’atteinte d’un état d’éveil et de relâchement serein, apte à faire la part des choses entre nos véritables intentions et nos fausses intentions déterministes. Il s’ensuit une instabilité mentale qui étale en quelque sorte les fluides, qui les diluent de part et d’autre, contribuant ainsi à minimiser leurs

effets. C ’est la raison pour laquelle les effets positifs et volontaires de l’intention sont si difficiles à provoquer, sauf à respecter une juste atti­ tude que nous avons résumé en 9 points dans notre « Modèle de l’Es­ prit ». Le mécanisme de Yattraction que nous allons aborder va dépen­ dre en premier lieu de cette juste attitude. Considérons tout d’abord une à une les différentes conditions de son émergence. En premier lieu, nous avons insisté sur l’importance du lâcher prise, cette nécessité d’oublier l’intention afin que ses effets concrets soient favorisés. Cela pourrait paraître à première vue en contradiction avec un raisonnement simple, qui laisserait à penser que plus nous gardons nos intentions à l’esprit, en imaginant par exemple différents scénarios de réalisation, et plus nous produisons de fluide ! En réalité, c’est tout le contraire ! Imaginons en effet que nous maintenions sans cesse la même inten­ tion, comme une sorte d’obsession. Avez-vous déjà essayé de mainte­ nir toujours la même intention dans le temps ? En posant cette ques­ tion, je souhaite mettre en évidence le fait que pour garder une inten­ tion à l’esprit, nous ne pouvons pas nous empêcher de la modifier sans arrêt, même très légèrement, ne serait-ce qu’au niveau de ses scénarios de réalisation. Si nous devions ne jamais faire la moindre modification à une inten­ tion, en visualisant par exemple toujours la même scène sans jamais examiner la moindre variante, il serait complètement insensé ou même absolument impossible de la garder à l’esprit. Lorsque nous transfor­ mons une intention en obsession, nous ne pouvons pas nous empêcher d’examiner toutes les variantes possibles, l’important pour nous étant seulement le résultat, l’objectif à atteindre. Et ce faisant, nous modi­ fions notre stratégie. Le problème est le même qu’en ce qui concerne l’archer qui vise une cible. S’il ne lâche pas prise, le simple entretien de son intention d’at­ teindre le centre de la cible va lui faire sans cesse modifier très légère­ ment la position de son arc, en fonction des corrections dictées en per­ manence par son mental. Ce n’est pas ainsi que les sportifs de très haut niveau opèrent pour réussir leurs coups et susciter la passion de leurs supporters, sans quoi ils ne seraient jamais considérés par ces derniers comme des dieux.

Il est donc clair que l’entretien obsessionnel de l’intention, et même son simple maintien conscient, ne peut avoir que des effets négatifs sur l’écoulement du fluide porteur de la possibilité de l’acte juste ou du hasard favorable. La raison en est que lorsqu’on modifie une intention, on annule les effets de l’intention précédente au profit de la nouvelle, donc le fluide disparaît d’un endroit pour s’étaler ailleurs - s’agissant d’un fluide de probabilité et non d’un fluide dont on augmente sans arrêt le volume en le faisant circuler partout. Car il n’est pas possible de maintenir à bon niveau la probabilité de réalisation d’une intention qui ne sait pas ce qu’elle veut parce qu’elle s’étale dans la définition de ses scénarios. Lorsqu’on pense augmenter ses chances en essayant de prévoir de multiples possibilités de scéna­ rios, on ne fait que les diminuer. Il est au contraire nettement préféra­ ble de rester totalement imprécis sur ces scénarios en ne définissant que les objectifs. Car les scénarios ne sont que des moyens, et la défi­ nition de ces moyens ne fait que remettre en question la réalisation non causale de nos intentions, en les mettant sous le contrôle de la simple causalité. L’intention devient ainsi esclave de tous les moyens qu’on lui associe, dans la mesure où elle nous incite inconsciemment à privilégier ces moyens au dépend de tout autre scénario. Exit la chance, vive la plani­ fication ! Le lâcher prise apparaît donc maintenant comme une garantie que les nouveaux potentiels dégagés par l’intention seront non seulement sta­ bles, mais protégés contre nous-mêmes. Ils pourront alors automati­ quement croître lorsque se présentera la possibilité pour eux d’aug­ menter encore, juste avant d’être actualisés. Et ce moment là, on ne peut pas le prévoir, car il dépend des détails des structures opportunes de l’univers, et en aucun cas de nos plans. Il nous faut simplement rester prêts sans oublier que non seulement notre intention doit rester apaisée, mais que notre comportement doit rester en harmonie avec cette intention déjà déposée. En dehors du lâcher prise et d’un comportement favorable à l’émer­ gence des opportunités, qui sont les deux conditions principales, nous

avons mentionné d ’autres conditions parmi lesquelles je cite: un besoin d ’aide authentique, une réelle préoccupation, une prise de risque, des intentions nouvelles et inédites. Le besoin d’aide et la préoccupation renforcent l’importance des inten­ tions associées, puisqu’elles acquièrent un aspect vital. On peut conjecturer le fait qu’elles contribuent à faire pleuvoir en beaucoup plus grande quantité, augmentant la probabilité de réalisation de l’ob­ jectif. La prise de risque, nous l’avons déjà vu, diminue la probabilité des scénarios concurrents de nature causale. Elle correspond à un abandon progressif des voies causales, sans pour autant qu’il y ait encore de solution alternative. Le fait d’avoir des intentions nouvelles ou inédites, quoique toujours fiables, correspond à un véritable changement actif dans la répartition des probabilités des potentiels, susceptibles de se présenter sur le par­ cours du sujet. Ces trois derniers cas représentent donc des conditions importantes et favorables à la seconde causalité, or on peut en dégager un facteur commun remarquable : le facteur émotionnel. Le besoin d’aide, la préoccupation, la prise de risque et l’innovation sont en effet porteurs d’une instabilité émotionnelle, ne serait-ce que par le fait qu’ils rendent la suite de notre parcours de vie beaucoup plus aléatoire et donc inquiétante: on ne sait pas où l’on va s’engager! L’émotion apparaît ainsi comme le « récipient » qui retient l’ouver­ ture au changement dans notre vie, et qui tient absolument à la conserver ainsi aussi longtemps que nous ne connaissons pas les moyens par lesquels va bien pouvoir se réaliser ce changement ! Or nous avons déjà observé que cette capacité à maintenir une ouver­ ture au changement est tout à fait positive ! L’émotion est donc excellente parce qu’il s’agit là, fort justement, d’un facteur complémentaire de l’intention, particulièrement lorsque l’on souhaite qu’elle se réalise avec l’aide de la « seconde causalité », c ’està-dire avec l’aide de Dieu ! Je résume ces deux facteurs : - l ’intention augmente les probabilités de tous les scénarios ou

« branches de vie » pouvant se présenter à nous pour les réaliser, cau­ sales ou non causales, - l’émotion « retient l’intention » et tout son potentiel, lorsqu’aucun scénario causal n ’est imaginable et que nous n’avons donc encore aucun moyen de réalisation. Car il faut bien admettre que la seule attitude raisonnable, quand nous avons des intentions qui paraissent irréalisables, même avec de la patience, consiste habituellement à s’abstenir: mais l’émotion s’y oppose. Si nous ne changeons pas d’intention, nous nous trouvons ainsi en pré­ sence d’une situation qui va nécessairement entretenir l’émotion, à cause de son absence de raison, de la contradiction inhérente au main­ tien d’une intention en apparence contraire à tout ce qui est faisable. Sur le plan mathématique, l’intention augmentant les chances de solu­ tions non causales et l’émotion diminuant les chances de solutions cau­ sales, la conjugaison des deux facteurs augmente d’autant plus la pro­ babilité d ’émergence de la voie non causale ou si Ton préfère, qui relève de la seconde causalité c’est-à-dire de l’aide de Dieu. Mais attention: aussi longtemps que l’émotion ne fait que retenir l’énergie de l’intention, on se trouve en présence d’une intention main­ tenue à la conscience, ce qui n’est pas encore propice à la réalisation de ses effets. Il faut donc que l’émotion se limite au rôle d’accumulateur d’énergie pendant le temps nécessaire à la « résistance » de l’intention contre la raison, plus exactement contre l’attitude « raisonnable ». L’intention doit en effet résister à la tentation d’être abandonnée et elle ne peut le faire sans émotion. Suivant les cas, cela peut conduire à deux formes de lâcher prise : - un lâcher prise d’abandon réel du projet de l’intention, où ses effets potentiels sont alors annulés car on ne prêtera même plus attention aux opportunités de réalisation qui pourraient encore suivre, - un lâcher prise de constat d ’impuissance provisoire, qui n’est pas accompagné d ’un abandon, mais d’un espoir salutaire ! Cet espoir, malgré la fin du « ressassage » émotionnel, a pour vertu de maintenir l’attention aux opportunités de réalisation. On y croit tou­ jours !

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D ’où l’adage : « L’espoir fait vivre » Or il ne fait pas que faire vivre, et c’est ce que nous allons voir mainte­ nant. Car nous pouvons enfin aller au message essentiel de ce livre, en prolongeant la description de ce mécanisme merveilleux de l’aide de Dieu! Lorsque nous sommes dans une situation où les conditions et les étapes que nous venons de décrire sont présentes, nous pouvons avoir confiance car dans le même temps, la probabilité de l’aide de Dieu est en train d’augmenter toute seule. Car les opportunités causales sont éliminées ! Car les potentiels d’abandon sont en train de s’éliminer ! Car en gardant espoir, nous nous aidons nous-mêmes à nous placer dans les bonnes conditions en restant ouverts ! Et les potentiels de réalisation voient leurs probabilités augmenter. Il se produit alors un phénomène extraordinaire ! Plus on s’approche du rendez-vous éventuel avec un potentiel de réalisation, plus la probabilité de ce même potentiel continue à augmenter automatiquement. Cette augmentation de probabilité a pour effet de « déplacer » instantanément le potentiel vers la ren­ contre de notre propre trajectoire de vie! Il s’agit sur le plan mathématique d’une déviation des amplitudes avec leurs maxima de probabilités, sachant que toutes les trajectoires poten­ tielles continuent de coexister. Ce déplacement se fait à la fois dans l’espace et dans le temps. Mais pour l’instant il a lieu dans le futur. Il a déjà, dans le futur, pour effet de rapprocher les trajectoires impliquées. Et ceci a pour effet d’augmenter encore les probabilités de croisement de ces mêmes trajectoires, et ainsi de suite ! Ce qui se traduit, au final, par un phénomène d’attraction véritable des trajectoires qui sont impliquées dans la rencontre non causale qui crée ainsi le miracle, la magie ou l’aide de Dieu. Et ceci fonctionne, que cette aide soit attendue ou non, car la seule chose qui compte est que dans le passé une intention ait été déposée, favorable à ce type d’événement futur. Il est possible de formaliser mathématiquement cette loi d’attraction, à

partir d’une règle simple applicable dans notre espace à quatre dimen­ sions. Lorsque la probabilité purement causale d’une rencontre augmente en raison inverse de la distance dans le monde réalisé, cela ne tient pas compte de ce que nous venons de décrire, en l’occurrence que les tra­ jectoires de vie impliquées dans le monde non réalisé vont être aussi déviées l’une vers l’autre de façon non causale, lorsque les potentiels impliqués vont converger. Si l’on tient compte de cette conjugaison entre le facteur causal et le facteur non causal, on s’aperçoit que la probabilité de rencontre aug­ mente en raison inverse du carré de la distance. On se retrouve ainsi dans la même situation que deux objets massifs qui subissent la loi de la gravitation* universelle. La loi d’attraction des lignes temporelles (ou trajectoires de vie) reliées par une intention ressortirait donc du même mécanisme et des mêmes équations que la loi de la gravitation universelle. Lorsque les condi­ tions sont réunies, nous aurions donc la faculté d’attirer vers nous, en plus d’être attirés vers elles, les opportunités susceptibles de réaliser nos intentions. La loi de la gravitation universelle ne s’appliquerait donc pas unique­ ment aux objets matériels. Elle s’appliquerait également aux trajec­ toires de vie rendues « massives » par les fluides issus de nos inten­ tions. Ceci revient à étendre la loi de la gravitation à notre espace intérieur. Les dimensions supplémentaires et invisibles de notre espace intérieur contiendraient donc une sorte de « matière » fluide qui subirait exacte­ ment les mêmes lois que la matière de notre espace physique ! J’aboutis à cette conclusion qui à maints égards pourrait être qualifiée de « point de vue spiritualiste », en utilisant pourtant une logique se voulant la plus rationnelle possible dans un univers supposé double­ ment causal. Même si ce point de vue dépend de certains raccourcis effectués par une dose d’intuition personnelle usant d’un grand renfort de métaphores, il me semble que la conclusion suivante « tiendra la route » : la Loi de Convergence des Parties devient une véritable loi d’attraction des lignes temporelles lorsqu’on la considère dynami­ quement !

Nombreux sont ceux qui se sont penchés sur le pouvoir de l’intention [30], et l’ont soumis à l’expérience. Cela fait des décennies que de nombreux chercheurs dans le monde s’intéressent à ce phénomène en réalisant des expériences qui, contrairement à la mienne, sont vraiment scientifiques [25]. La plupart du temps, c’est pour expliquer les phéno­ mènes parapsychologiques tels que télépathie et psychokinèse. Mais généralement, ces travaux essayent de cadrer tant bien que mal avec une logique purement causale, ce qui limite leur portée. A ce propos, il est intéressant de signaler que cette approche causale ne permet pas d’expliquer l’absence de différence entre micro-pk et précognition. Alors qu’avec la double causalité, non seulement une expli­ cation théorique émerge enfin, mais elle justifie pleinement cette absence de différence. Je dois cependant signaler l’existence d’une remarquable théorie alter­ native, celle du champ akashique d ’Ervin Laszlo [16] fondée sur l’existence d’un champ d’informations. Il serait intéressant d’étudier les rapprochements que l’on peut faire entre le champ de Laszlo et l’espace « supradimensionnel » de la double causalité qui héberge l’Esprit, s’agissant là aussi d’un champ d’informations, mais cette étude dépasse le cadre de cet ouvrage. Je ne développerais pas non plus ici les raisons pour lesquelles la dou­ ble causalité pourrait fournir un début d’explication aux phénomènes parapsychologiques, bien qu’il m ’apparaisse comme évident que ce potentiel existe. De même, la double causalité possède un potentiel encore plus évident pour expliquer quantité d’autres phénomènes étranges, comme l’effet placebo, la voyance, le tirage de cartes, la prière, etc. Plutôt que d’essayer de justifier ce potentiel, ce qui nécessiterait d’au­ tres ouvrages, je me contenterai de citer brièvement Arthur Koestler [15] dans « les racines du hasard » : « On pourrait substituer aux termes de « sérialité » et de « synchronicité », qui insistent maladroitement sur le temps, l ’expression neutre d ’événements confluents. Ces événements seraient des manifestations de la tendance d ’intégration. L ’apparition du scarabée de Jung serait un événement confluent, de même que les effets psychokinétiques sur

les dés en mouvement, et tant d ’autres phénomènes a-causals paranor­ maux. Ce qui paraît les rendre signifiants c ’est qu’ils donnent l ’im­ pression d ’être reliés causalement, ce qu’ils ne sont évidemment pas : c ’est une sorte de pseudo-causalité. On dirait que le scarabée est « attiré » à la fenêtre de Jung par le récit d ’un rêve, que les dés obéis­ sent à la volonté de l ’expérimentateur, que le clairvoyant voit les cartes qui lui sont cachées. Les potentiels d ’intégration de la vie sem­ blent inclure la capacité de produire des effets pseudo-causals, de pro­ duire un événement confluent sans se soucier, pour ainsi dire, d ’em­ ployer les agents physiques ». La pseudo-causalité dont parle Arthur Koestler est évidemment liée à la seconde causalité, et son potentiel d’intégration, capable de produire des événements confluents, n’est rien d’autre que la Loi de Conver­ gence des Parties, cette loi d’attraction universelle qui explique tous les événements « confluents » comme la synchronicité et nombre de phénomènes parapsychologiques. Et voilà qu’on est bien obligé de constater à la fois tout le potentiel mais aussi les implications sources de dérives de la théorie de la dou­ ble causalité: elle semblerait cautionner ce qu’on range généralement dans le paranormal et les superstitions ! Mais aujourd’hui, avec la Théorie de la Double Causalité, il n’est plus possible de garder les yeux fermés. Car tous les résultats scientifiques accumulés depuis longtemps avant elle et qui vont dans le même sens, celui de l’intégration de l’âme dans la science, vont maintenant pou­ voir converger.

Résumé du chapitre XVII Les différents potentiels de réalisation de notre futur, schématisés par les différentes branches de nos Arbres de Vie, sont dynamiques : ils se modifient instantanément au cours du temps, en fonction de nos actes et de nos changements d’intentions. Il en résulte que lorsque par nos actes présents nous augmentons nos

chances de vivre un événement, une observation, une coïncidence, etc. le potentiel correspondant à cet événement se déplace lui-même dans notre futur en augmentant nos probabilités de l’observer. Nos chances de le rencontrer sont multipliées d’autant, car deux causalités, et non plus une seule, concourent à sa réalisation. Ceci se traduit par une attraction des lignes temporelles rendues proba­ bles et par conséquent « massives » par nos intentions, de façon inver­ sement proportionnelle au carré de la « distance entre trajectoires ». Cette Loi d’Attraction Universelle des Lignes Temporelles (ou trajec­ toires de vies) est l’expression dynamique de la Loi de Convergence des Parties, qui tend à assembler tout ce qui se ressemble. Elle est ana­ logue à la Loi de la Gravitation Universelle.

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Emergence de l’esprit Où l ’on réconcilie l ’âme et la science.

- Henri, j ’ai un problème, je crois que le synchro-stimulateur est en panne ! et on n ’a aucun enregistrement, car les seuls qu’on a faits étaient mémorisés dedans ! - Quoi ! Mais débrouille-toi vite pour le réparer, tu sais bien qu’on a la visite du grand patron des programmes de psychophysique. Si ta manip’ ne fonctionne pas on est mort pour la rallonge ! - Aïe, mais quand je te dis qu’il est en panne, c’est que justement il est mort ! Les circuits sont grillés ! Impossible de le réparer avant un bon mois. - Débrouille-toi, si on plante ce programme les autres seront remis en question. On est déjà dans le rouge! Tu es notre dernière chance de continuer ce type de recherche. Je te connais, tu vas bien me trouver une solution ! - Ah mais là non, là vraiment, je ne vois pas, même avec un miracle... Quoique... Ah mais non, non vraiment... Je crains que... - Comment ça? Mais si mais si, je vois bien que tu as une idée, dismoi ! - Ah mais non c’est impossible, personne ne pourrait accepter un truc pareil, à moins que... Ah non, c’est vraiment trop délirant. -A h mais bon sang parle, je t’écoute !

- On ne peut pas trafiquer la vidéo, là-dessus on est d’accord, ce serait une tromperie, donc on est obligé de filmer un vrai processus d’anti­ mélange. Donc mon idée serait de reproduire ce processus, mais sans appareil ! Il faudrait juste qu’on passe son film en différé. - Quoi ! Mais tu m’as dit qu’on n’avait aucun enregistrement ! Dis-moi tout, tu as réussi à enregistrer quelque chose ailleurs ? Ouf, on est sauvé ! - Non, non, ce n’est pas ça! Je voulais parler de... disons l’ancienne méthode. - Quelle ancienne méthode? Il n’y a pas d’ancienne méthode! Je ne comprends rien à ton histoire ! - Je sais que tu ne seras pas chaud pour ça, mais je suggère juste d’in­ verser le processus de mélange en faisant appel à un véritable esprit ! - Quoi ! mais on ne peut pas faire un truc pareil, on va se faire laminer, oublie tout ça, tu sais bien que si on a réussi à se faire financer c’est justement parce qu’on a pris le contre-pied des laboratoires de parap­ sychologie ! Parce qu’on s’est interdit de mettre de l’humain dans la machine ! C ’est même ton expression ! - Mais on n’est pas obligé de le dire... - Ouf... Aïe, je vois ce que tu veux dire... Tu veux nous faire revenir au temps des cavernes, mais l’air de rien... Écoute, ça va évidemment se voir, à supposer même que tu disposes d’un sujet super-doué, l’antimélange de son esprit restera toujours beaucoup plus désordonné que celui qu’on aurait pu faire avec l’appareil... ça ne sentira pas bon tout ça ! Trop risqué ! - Détrompe-toi, c ’est une fausse idée, tout le monde croit ça mais ça vient juste du fait que dans l’ancien temps, ils utilisaient une source d’énergie naturelle ! C’est parce que le sujet était obligé de puiser dans l’environnement qu’il engendrait un anti-mélange désordonné ! -A h bon ! Mais comment tu sais ça? Dis donc, tu ne me ferais pas des cachotteries ! Comment fais-tu pour qu’un sujet ne soit pas obligé de puiser dans l’environnement? - Heu... Hum... J’ai une petite astuce mais bon... Je ne peux pas te le dire ! Enfin, disons que ce n ’est pas encore publiable. - Quoi ! mais tu peux me le dire quand même, allez !

- Non mais c’est juste que j ’ai compris un truc... Enfin... Je ne sais pas comment te dire ça. - Tu as compris quoi ? - Comment se passer de l’appareil, sans faire intervenir un sujet doué. Toi par exemple, tu te branches sur la source radio vibrante en la tou­ chant avec une main et tu interposes l ’autre main au-dessus du mélange. Moi pendant ce temps-là, je m ’occupe de l’enregistrement et du reste... - Quoi ! Mais ça ne peut pas marcher ! C ’est du délire ! - Mais si mais si, à condition que tu penses à ... tiens, ta grand-mère, et moi tu me laisses faire. Tu sais, c ’est juste une conséquence de la dou­ ble causalité ! Mais personne ne le sait parce qu’elle n’avait jamais été expérimentée en série... Avant de faire émerger de la double causalité une définition de ce qu’on pourrait appeler l’Esprit, il importe de résumer notre théorie en quelques lignes, à partir des nouveaux éléments qui se dégagent main­ tenant de l’étude spatiale des effets de nos intentions : l’être humain est plongé dans un espace physique à trois dimensions qui possède des dimensions supplémentaires invisibles mais « habitées » hors du temps, dans le passé et dans le futur, par une partie de lui-même qui se situe en dehors de son cerveau. Sa nature étant probabiliste, sa forme est fluide et on pourrait même dire qu’elle est floue ! Cette partie de l’être est proprement l’expression de son libre arbitre, c ’est-à-dire de sa capacité à modifier sa propre trajectoire de vie, et celle des autres par incidence. L’espace dans lequel l’être peut habiter hors du temps se traduit par l’ensemble des potentiels qui ont pour référence sa trajectoire actuelle. En dehors de l’espace qui héberge cette trajectoire de référence, les autres espaces parallèles n’existent qu’à l’état de potentialités. Mais la partie de nous-mêmes qui habite ces espaces peut attirer vers elle notre trajectoire de référence ou « destin » pour solliciter un changement d’espace, en augmentant les probabilités qu’un « pont non causal » vienne nous faire une offre de bifurcation. Ce changement d’espace de l’être ne se produit effectivement que si une observation de cette offre de bifurcation a lieu dans le présent, et qu’elle est suivie d’une action

de libre arbitre reconnaissant cette offre comme correspondant bien à l’être. Cette offre de bifurcation peut se présenter sous différentes formes plus ou moins conscientes, qui vont de l’instinct et de l’intui­ tion pour les plus inconscientes, ju sq u ’aux « signes » les plus conscients tels que les coïncidences et les synchronicités. C ’est donc bien en dernier ressort notre libre arbitre, qui sous l’in­ fluence d’une intime conviction plus ou moins consciente, décide de suivre une bifurcation non causale, et c ’est bien parce qu’elle est non causale qu’il y a là un choix entre deux voies, la voie causale et la voie non causale. Ce choix définit l’essence même de l’esprit qui se dis­ tingue à travers lui. L’esprit est par définition celui qui fait le choix. A chaque bifurcation, il y a deux esprits possibles. Le mécanisme de production d’opportunités non causales, intuitions, hasards favorables, coïncidences, synchronicités et même gestes spor­ tifs « miraculeux », que l’on appelle souvent populairement l’« Aide de Dieu », est issu d’un déterminisme inversé qui crée le pont entre la source future de nos intentions et un futur proche, à la rencontre duquel nous allons. Ce mécanisme est celui de la seconde causalité, et il n’est possible que parce que le déterminisme inversé « conserve » suffisamment les probabilités en redescendant le temps. Cela s’ex­ prime de façon « statique » par la Loi de Convergence des Parties, et de façon dynamique par une loi d’attraction universelle des lignes tem­ porelles reliées par une intention. Celle-ci se matérialise dans l’espace multidimensionnel par des probabilités qui, prises dans leur ensemble, sont équivalentes à une masse de fluide qui percole vers le présent en remontant le temps. Ces objets fluides, dont la masse correspond à la somme de leurs pro­ babilités réparties, sont susceptibles de se matérialiser dans un présent à la rencontre duquel ils vont, seulement si leur masse est suffisam­ ment importante pour solliciter l’attention. Ils correspondent à de l’in­ formation pure omniprésente. Le rôle de l’intention est de modifier leur répartition en provoquant un changement ou un déplacement de leurs formes. Cette hypothèse de l ’omniprésence d ’une forme de matière information dans un ensemble infini d’univers parallèles n’a pas à choquer les esprits, car tous ces espaces n ’ont aucune raison d’être vides.

Cette omniprésence a une fonction élégante à jouer par rapport au concept de dépôt d’intention: le dépôt d ’intention agit comme une augmentation instantanée des probabilités, mais sans nous dire exacte­ ment où se situent les contours de cette intention déposée. Or l’omni­ présence de l’intention peut parfaitement « incarner » ce dépôt par des changements ou déplacements de forme, ce qui est infiniment plus élé­ gant. Cette façon de concevoir les choses nous conduit inexorablement vers la notion d’Esprit en même temps qu’elle nous permet d’en percevoir les propriétés. Mais n’allons pas trop loin. À ce stade, l’omniprésence supposée du résultat de nos intentions, c’est-à-dire finalement notre « être », cette omniprésence qui nous amène à « incarner » l’esprit dans nos espaces parallèles et hors du temps, reste encore une hypo­ thèse. Elle a cependant l’intérêt de nous faire comprendre l’existence de quelque chose de plus fondamental que nos intentions : celle de notre être ou Esprit, tout simplement. Notre Esprit serait omniprésent, et lorsque nous modifierions nos intentions nous modifierions notre Esprit, ou encore nous le déplacerions ! Ce n’est donc pas tant nos intentions que notre être, c’est-à-dire notre Esprit, qui est relié indissolublement à notre libre arbitre. L’esprit apparaît ainsi comme une conséquence de notre postulat du libre arbi­ tre ! Et c’est tout à fait naturellement, par un raisonnement tout à fait rationnel, que nous avons été amenés à l’incarner dans des espaces parallèles hors du temps. L’existence de l’Esprit hors du temps résulterait ainsi, paradoxalement, d’un point de vue tout à la fois rationnel, cartésien, matérialiste et déterministe : - rationnel, car la causalité ne permettant pas d’expliquer les coïnci­ dences, nous avons résolu rationnellement ce problème par la double causalité, qui ne fait que renforcer la causalité, - cartésien, car nous avons fait appel à un espace multidimensionnel cartésien, susceptible d ’héberger lui-même une infinité d ’espaces parallèles cartésiens à trois dimensions, - matérialiste, car nos intentions sont bel et bien matérialisées dans notre espace intérieur par un « fluide »,

- déterministe, car l’effet de l’intention symbolisée par ce fluide qui s’écoule vers le passé se produit de façon déterministe. H s’agit donc d’une approche de l’Esprit très « physique » et il existe d’autres approches de ce type, qui s’inscrivent cependant dans le cadre de la causalité [16] [22]. Il est donc permis d’espérer que nous assiste­ rons peu à peu à la reconnaissance scientifique du bien fondé de la spi­ ritualité, à la réconciliation entre l’âme et la science, et peut-être même à l’introduction de la foi dans l’expérimentation, comme le suggère la fiction du synchro-stimulateur. Quant à éliminer le hasard des lois de la physique, nous n’en sommes pas encore là et il y a encore du chemin à faire. Même du côté des reli­ gions, il ne sera pas facile d’accepter les nouvelles conceptions de l’es­ prit qui émergent de la physique, car elles peuvent avoir des implica­ tions révolutionnaires. Ce sont les religions les plus jeunes et les plus minoritaires, comme par exemple la foi bahà’fe, d’origine perse et qui a seulement 160 ans d’existence, qui sont les plus à même d’accepter la double causalité, à travers la reconnaissance du lien fondamental entre la science et la foi. Voici un extrait des écrits bahâ’fs qui va bien dans ce sens : « La religion et la science sont les deux ailes qui permettent à l ’intelli­ gence de l ’homme de s ’élever vers les hauteurs, et à l’âme humaine de progresser. Il n 'est pas possible de voler avec une aile seulement. Si quelqu’un essayait de voler avec l ’aile de la religion seulement, il tom­ berait bientôt dans le marécage de la superstition, tandis que, d ’autre part, avec l'aile de la science seulement, il ne ferait aucun progrès mais sombrerait dans la fondrière désespérante du matérialisme*. » Cette citation nous dévoile une très belle image de la double causalité. Elle aussi possède deux ailes qui se déploient dans deux sens opposés, si l’on considère que l’aile gauche est celle de la science, et que l’aile droite est celle de la religion : L’aile gauche est l’aile de la première causalité, dans le sens du temps. L’aile droite est l’aile de la seconde causalité, dans le sens inverse du temps. Poursuivons avec cette analogie : Le cerveau gauche est celui de l’analyse et de la logique.

Le cerveau droit est celui de l’intuition. Nos deux cerveaux sont donc déjà adaptés à la double causalité. Peuton espérer plus séduisante confirmation ? J ’aimerais terminer ce chapitre en citant des écrits métaphysiques de source inconnue, qui présentent le concept de « l’homme boudin », que l’on peut considérer comme une nouvelle métaphore de ce que pourrait être une branche de notre Arbre de Vie. Au lieu de faire appel à une branche, ces écrits font appel à un boudin, c ’est-à-dire à un cylindre ou un tunnel souple. Us considèrent que le temps n’existe pas et que toute la vie d’un homme peut être représentée par un long tun­ nel, que l’on peut éventuellement déplacer en le faisant rouler par exemple, de façon à modifier son destin. Représentez-vous un petit homme immergé dans le temps à l’intérieur de ce tunnel, où il se déplace tout au long de sa vie. Pendant que l’homme avance dans le tunnel, l’âme de cet homme, pour qui le temps n’existe pas, agit non pas sur le corps de l’homme pour le faire avancer, mais d’un seul coup sur toute la longueur du tunnel, pour déplacer le tunnel. Il y a donc dans cette théorie de l’« homme boudin » deux sources de causalité. La première est physique, c’est l’homme qui avance dans le tunnel en déplaçant son corps, et la seconde fait intervenir une entité désincarnée, qui a la possibilité de modifier la position du tunnel par­ tout à la fois. Si l’on considère l’ensemble de toutes les positions possibles du tun­ nel, on retrouve bien l’Arbre de Vie. L’illustration utilisée pour nous faire comprendre que le temps n’existe pas pour l’âme, est de dire que l’homme marche à l’intérieur du tunnel avec une lanterne pour s’éclairer. Les meubles qui sont devant dans le noir correspondent à son futur, et ceux sont derrière et ne sont plus éclairés sont des événements passés. Le présent de cet homme est donc cette lanterne qui dévoile une réalité extrêmement locale, pas à pas, mais les réalités passées et futures demeurent et préexistent. On nous dit alors que bien que le futur soit déjà écrit, le libre arbitre n’est pas un leurre, car l’âme a posé son tunnel sur la terre en une seule fois. Avant de le faire, l’âme a bien étudié la forme du terrain, les creux, les

bosses, les collines, les arbres et les rochers à éviter. L’âme a vu les tunnels des autres humains se poser ça et là. Elle a vu tout cela du haut de son intemporalité et a décidé librement de son chemin de vie. Une autre métaphore utilisée dans ces écrits est celle d’une maison qui se trouve en face de nous, et que l’on regarde à travers un tout petit trou fait dans un carton, ce qui nous empêche de voir l’ensemble de la maison d’un seul coup d’œil. La conscience de notre corps, celle qui est issue de notre cerveau biologique, ne découvre donc la maison qu’en balayant lentement toute la surface de cette maison à travers le carton, car son champ de vision est extrêmement réduit. Par contre, la conscience de l’âme voit l’intégralité de la maison, car elle n’a pas de carton devant les yeux. L’Esprit et l’Âme semblent considérés ici comme deux mots qui dési­ gnent la même chose. Le croire ne serait-il pas oublier que le mot Âme est fabriqué à partir du mot Amour ?

Résumé du chapitre XVIII La localisation géographique des modifications produites par nos intentions dans l’« espace de notre futur » nous permet d ’identifier une substance omniprésente que nous définissons en tant qu’Esprit, car elle en revêt les propriétés qu’on lui confère d’après la littérature, notamment celles du déplacement instantané : lorsque nous modifions nos intentions, nous changeons immédiatement notre Esprit de « place », tout en modifiant sa forme, qui détoure l’étendue des poten­ tiels stimulés par notre nouvel « état d’Esprit ». La capacité de notre Esprit ou « être » à se mouvoir serait donc indis­ solublement liée à nos intentions non conditionnées, c ’est-à-dire à notre libre arbitre. L’esprit apparaît ainsi comme l’expression géométrique de notre libre arbitre !

XIX. Le Cycle de l’Amour Où l ’on divulgue le secret de la magie!

Nous avons jusqu’à présent parlé de l’intention comme d’une fonction de notre libre arbitre nous permettant de l’orienter, de déterminer vers quel futur nous voulons nous diriger, et nous avons donné corps à cette destination en la représentant dans un espace pourvu de dimensions supplémentaires. Par cette représentation spatiale nous avons fait émerger l ’Esprit, forme omniprésente mue par l’intention. Alors que l’intention demeure attachée au présent, l’Esprit est intemporel, c’est là toute leur diffé­ rence. En dehors de sa nature probabiliste, nous savons peu de chose sur l’essence de cette forme, capable de se mouvoir dans le futur et de se transformer en pluie redescendant doucement les cours d’eau en direction du présent. Si nous visualisons par exemple que nous sommes allongés sur le sable chaud d’une plage bordée de cocotiers, nous pouvons aussi for­ ger l’intention de vivre réellement les sensations correspondantes. Le film des événements s’est d’abord présenté à nous de façon imagi­ naire, puis notre intention s’en est emparée: l’Esprit s’est alors reposi­ tionné dans le futur comme une formation nuageuse et notre vision imaginaire a été remplacée, avant même d’en connaître les moyens de réalisation, par un potentiel travaillant déjà pour nous en arrosant de

nouveaux espaces. Nous avons instantanément modifié les probabilités dans notre Arbre de Vie ! Quelle est la substance motrice de cet élan qui, en déplaçant notre Esprit, a transformé une visualisation en un nouveau potentiel de vie, même si nous n’avons encore rien planifié? En faisant émerger la nature spatiale de l’Esprit, nous avons laissé de côté la question de la nature de sa substance, cette « essence » qui cir­ cule dans les couloirs du temps. Par analogie avec l’« essence » qui circule dans un moteur à explosion, et qui permet de le faire tourner, en la transformant en énergie méca­ nique, n ’y aurait il pas aussi une « essence » qui ferait tourner le moteur de notre libre arbitre ? Il y a effectivement une transformation « énergétique » à l’œuvre dans un cycle non causal gouverné par l’intention. L’essence du désir est enflammée par l’intention, ce qui propage instantanément son « éner­ gie émotionnelle » vers le futur, puis cette énergie redescend le temps vers le présent pour déboucher quelque part, sous la forme d’un poten­ tiel de réalisation: l’essence semble bien avoir été transformée au cours d’un cycle ! Mais ce cycle a une particularité, c ’est qu’il nécessite un état d’attente. La circulation de l’essence émotionnelle se caractérise ici par une phase critique et incertaine: l’attente de la réalisation. Durant cette phase tout peut être remis en question, et la circulation peut s’arrêter: le moteur peut caler ! Nous allons maintenant répertorier les différentes phases de ce cycle. Dans le modèle de l’Esprit, nous avions déjà observé les premiers stades, à commencer par celui du désir. Avant de forger une intention, nous sommes généralement dans le stade du désir. La différence entre le désir et l’intention est que l’intention ne s’en contente pas, car elle veut faire entrer l’objet du désir dans la réalité. Le désir crée et retient l’essence, mais cette essence ne s’est encore ni enflammée, ni même déplacée en dehors de son réservoir. Car le désir conserve l’essence attachée au présent, tout comme le véhicule sur son parking la conserve dans son réservoir. Pour que l’essence circule, le véhicule doit démarrer en perdant l’essence de son réservoir.

Le désir n’imagine pas réellement que l’intention puisse s’accomplir, sans quoi il relèverait plutôt d’une joie anticipatrice. Il s’accompagne au contraire souvent de frustration. Et c’est ainsi que le désir grandit d’autant plus que la conscience constate sa difficulté d’accomplisse­ ment: le démarreur ne fonctionne pas ! Mais lorsqu’on ne retient plus l’objet du désir emprisonné dans son réservoir, on réalise un détachement qui permet à l’essence du désir d’être aspirée dans le stade du souhait. Le démarreur peut alors se mettre à tourner. Mais le souhait est comme une intention qui n’est pas encore née, car elle n’a pas encore forgé sa résolution, ni avancé dans la moindre direction. Le véhicule reste à l’arrêt. Le souhait n’est pas capable de nous faire changer de branche, ou de bouger notre tunnel. Il est comme une intention d’intention, une promesse d’intention. Le souhait ne sait pas encore exactement où aller, ni même avec quel véhicule, car cela dépend de plusieurs facteurs : le souhait peut rester en panne de véhi­ cule. On peut alors changer de véhicule, ou même en avoir plusieurs, tout comme on peut avoir plusieurs souhaits concernant par exemple nos prochaines vacances, mais on ne peut conduire qu’un seul véhi­ cule: on ne peut avoir qu’une seule intention, l’intention étant agis­ sante, contrairement au souhait. Et il vaut mieux le savoir, car émettre plusieurs souhaits, tout comme posséder plusieurs véhicules, ne sert à rien aussi longtemps que l’on n’a pas compris que pour se déplacer, il faut se détacher de ses doutes, ne plus hésiter, nourrir une intention authentique : choisir un véhicule en l’état, et le démarrer. Une fois le véhicule démarré, le souhait devient intention, car nous sortons du parking. Mais attention car dorénavant, nous allons devoir tenir compte du terrain ! Nous devons à tout moment être attentifs, prêts à faire une observation: nous entrons donc dans le stade de l’at­ tention. Encore faut-il que nous soyons bien sortis du stade de l’intention, en nous détachant de l’itinéraire de la carte, c ’est-à-dire des moyens. Maintenant que nous sommes en route, l’esprit doit laisser tomber la

carte, il doit lâcher prise pour nous permettre de nous concentrer sur le terrain parcouru dans le présent. Dans le stade de l’attention, tout devient plus facile car nous n’avons qu’à conduire et nous pouvons dorénavant arriver sans effort à destina­ tion. Mais il subsiste une difficulté: nous ne connaissons pas exacte­ ment la route pour arriver à bonne destination, ni la durée du trajet. Nous sommes dans la phase critique incertaine, c’est pourquoi nous avons besoin de la foi. Ce stade de la foi serait inutile si l’intention pouvait trouver un accom­ plissement causal, c ’est-à-dire si nous connaissions parfaitement la route, auquel cas le trajet ne ressortirait pas de la seconde causalité. La foi permet de continuer à conduire sans connaître la route. Elle nous permet de nous détacher d’un excès d’attention due à notre ignorance. Nous devons en effet rester attentifs, mais en conduisant normalement. La foi permet ainsi de ne pas voir resurgir un doute excessif, une hési­ tation qui serait suivie d’une remise en cause, ce qui ferait caler le moteur. Toutefois, nous l’avons déjà vu, un doute mesuré renforce la foi. Mais un doute excessif, comme se dire que l’on est perdu, serait le meilleur moyen de s’arrêter pour faire demi-tour ou rechercher un plan causal. C’est pourquoi le meilleur état mental pouvant soutenir et mettre en œuvre la seconde causalité est la « foi », car elle doit s’exercer dans la durée sans défaire l’intention. Non pas la foi religieuse, mais la foi en soi-même, ou si l’on préfère: en l’aide de Dieu. Mais quelle est donc cette « foi » qui s’immisce à la place de notre « intention » pour se maintenir dans la durée ? Il faut avoir la foi lorsqu’on ne sait pas comment on va pouvoir réaliser nos intentions. Nous avons déjà longuement exploré les raisons pour lesquelles la foi pouvait favoriser la seconde causalité. Nous en avons conclu qu’elle nous permettait d’augmenter nos chances, en faisant barrage à la première causalité et à l’abandon. La foi se présente donc comme la meilleure alliée de l’intention lorsqu’aucune solution causale ne se dégage pour la réaliser. Mais attention, la foi devient inutile lorsqu’elle a chassé nos doutes, et à nouveau, il importe de savoir s’en détacher.

Car à son tour, la foi doit passer le relais à la confiance. Si après avoir réussi à chasser nos doutes, nous sommes prêts à rencontrer des signes sur notre trajet, encore faut-il savoir les décoder: leur faire confiance. Car si la foi nous emmène devant de tels signes, nous devons avoir confiance dans la décision qu’ils nous suggèrent: généralement, c’est la première impression qui compte. Notre confiance nous ayant maintenant permis de faire le bon choix devant chaque bifurcation, nous entrons enfin dans le stade de l’aspi­ ration: lorsqu’il se confirme qu’on est sur la bonne route, nous sen­ tons que nous allons parvenir à destination. Nous avons remarqué que le décor avait changé et qu’il commence à ressembler à notre destina­ tion. Nous sommes aspirés par elle. Mais comment se caractérisent donc les destinations de nos inten­ tions? Par du bonheur, du plaisir, de la joie? Pas nécessairement, car nous pourrions avoir l’intention d’accomplir certains actes courageux et risqués, qui nous mettent en situation difficile pour aider quelqu’un, pour une noble cause... Lorsque l’objet de notre intention n’est pas de créer quelque chose de beau, de bon, de positif, ou de trouver du bonheur, n’est-il pas de géné­ rer tout cela pour quelqu’un d ’autre? Pourquoi transformer des désirs en souhaits, des souhaits en intentions, des intentions en attention puis en foi, confiance et aspiration, pour aller vers une destination qui ne créerait rien, qui n’apporterait aucune joie, ni à nous-mêmes ni à autrui? Quel sens aurait l’exécution d’un cycle qui n’apporterait rien de bon à personne? Ne vaudrait-il pas mieux dans ce cas conserver l’essence émotionnelle dans son réservoir, en attendant mieux ? Considérons les transformations de ce cycle émotionnel : l’essence du désir se transforme en souhait, puis en intention, puis en attention, puis en foi, puis en confiance, puis en aspiration, pour finalement nous revenir sous forme de joie, lorsque nous parvenons à destination ! Remarquons que l’accomplissement du désir en joie passe par deux processus, celui du don de soi afin d’entretenir le cycle, et celui du détachement : nous devons renoncer à chacun de nos états (d’âme) pour accueillir le suivant et permettre à l’essence de se transformer afin de modifier nos potentiels futurs.

Puis le cycle s’accomplit et l’essence revient sous forme de joie. Ses disparitions étaient fictives, la magie de la vie avait bien été mise en route via le futur. L’essence d’un moteur thermique disparaît de même en se transformant en énergie mécanique. Dans le moteur de notre libre arbitre, l’essence émotionnelle disparaît pour se transformer en potentiel, accomplissant son œuvre mécanique dans les couloirs du temps inversé. Voyons les phases du cycle où l’essence émotionnelle n’a pas encore disparu en quittant le présent, puis a commencé à y réapparaître: désir, souhait... puis aspiration, joie ! Et l’on pourrait y ajouter les différentes expressions de la joie: bon­ heur, plaisir, satisfaction... Quel est le point commun essentiel à toutes ces exigences? Ne s’agi­ rait-il pas tout simplement de tout ce qui justifie l’amour de la vie? Mais alors, l’amour ne serait-il pas justement leur essence même? L’amour ne serait-il pas l’essence du moteur de notre libre arbitre, celui qui permet de nous libérer de l’existence conditionnée, celui qui travaille à notre libération authentique? L’amour ne serait-il pas le carburant de notre liberté? Nous savons qu’il s’agit bien de notre liberté, car tel est notre postulat fondamental. Sans liberté, point de théorie de la double causalité, point de moteur du libre arbitre, aucun besoin d ’essence ! Et finalement, que mettre en face d ’un objectif aussi noble que la liberté, si ce n’est l’amour? Quoi d’aussi noble que l’amour, hormis la liberté ? Et il est bien évident que la demande d’amour correspond bien en début de cycle à l’exigence du désir, et que lorsque le cycle de l’amour se termine, il est comblé par la joie. Il peut n’être que partiellement comblé, par de nouveaux espoirs et désirs, mais le cycle de l’amour est toujours prêt à recommencer... Bien qu’étant composé d’une essence capable de changer d’apparence, tout comme l’énergie, l’amour est en fin de compte clairement lié à la substance fluide qui pénètre nos trajectoires potentielles de vie afin de nous aider à les réaliser. Nous avons vu que l’esprit en définissait déjà

les contours, s’agissant d’une répartition spatiale créée par nos inten­ tions. Puisque l’esprit en définit les contours, que reste-t-il à définir? Demandez à n’importe quel physicien, et il vous répondra : il reste à en définir l’amplitude, le volume, ou encore l’énergie. Mais que signifie l’amplitude, le volume ou l’énergie d’un objet qui se trouve dans un espace ? C’est bien simple: le volume, l’amplitude et l’énergie sont en corréla­ tion directe avec sa masse. Mais dans ce cas, cette masse devrait être soumise à la gravitation universelle, n’est-ce pas, comme toute masse qui se respecte. Eh bien oui, c’est exactement ce qui se passe, et c ’est une conséquence de la double causalité : la loi d’attraction universelle ! Ainsi, s’il fallait donner une définition physique de l’amour, cela serait l’énergie de l’esprit lorsqu’il déploie ses effets, mais aussi sa masse lorsqu’il est conservé au repos. Il est intéressant de constater que lorsque l’amour se transforme en énergie, on ne le reconnaît plus. Intention, attention, foi, confiance: autant d’attentes qu’il nous revienne du futur. Mais lorsqu’il s’exprime dans le présent par sa masse, l’amour serait-il composé de particules? Que dire des gravitons*? L’homme ne les ayant pas encore détectés, il construit des accélérateurs absolument gigantesques pour y parvenir: est-ce bien étonnant? Quoi qu’il en soit, les particules de la gravité-amour s’il en est, évo­ luent dans des dimensions différentes. Issues d’une même loi, peut-on pour autant en déduire qu’elles sont identiques? On peut toujours essayer: L’amour ne serait alors ni plus ni moins que l’énergie de la substance fluide qui se déploie dans notre espace inté­ rieur et qui constitue notre esprit. Que se passe-t-il alors lorsqu’il redescend dans notre espace physique ? Considérons maintenant ce qu’on en sait de source sûre: cette source où il redevient liquide et dont il définit l’amplimde. Que peut-on dire alors de l’amour? Compte tenu de tout ce qu’on vient de constater, il est plus facile de commencer par ses retombées, auxquelles il ne s’identifie pas: il n’est ni de l’amour désir, ni de l’amour joie, ni de l’amour plaisir, ni de l’amour satisfaction, ni même de l’amour bon­ heur!

Car tous ces amours ne sont que les résultats d’un amour qui a coulé sur la terre pour répondre à nos intentions, et ce n’est pas ainsi qu’il faut définir l’amour, le vrai, celui qui coule à sa source. Car nous par­ lons de l’amour en tant source pure et non en tant que substance dépo­ sée, ayant déjà interagi avec l’espace-temps, et susceptible de devenir impur. Nos intentions ayant besoin d’être purifiées pour séparer notre libre arbitre authentique de notre libre arbitre illusoire, notre amour n’est-il pas lui-même issu d’une purification de tous nos sentiments? Pour que notre esprit dont l’amour définit l’amplitude puisse se séparer de la partie de notre être située dans le présent, sous l’emprise de notre cerveau, une purification ne devrait-elle pas en effet avoir lieu ? L’amour authentique serait alors discret et invisible. Nous ne pourrions observer que ses effets. L’amour purifié, transmis par l’intention, libéré par le détachement, énergétisé par le don de soi, œuvrerait dans le futur et exprimerait ses effets sous forme de Grâce. L’amour reçu pourrait ne pas connaître son origine, pas plus que nous ne connaissons l’origine du hasard. En s’évanouissant dans le futur, l’amour se transmettrait comme la lumière, en se déplaçant instantanément comme un rayonnement. Mais dans le sens inverse, l’amour redeviendrait massif comme un fluide, comme de l’eau qui coule vers le passé pour rapprocher les êtres. D’où vient cette différence, ces deux expressions distinctes de l’amour, à la fois fluide et énergie lumineuse ? De la source amplifiée, grossie, énergétisée par l’amour, ne peut se transmettre vers le présent qu’un effet beaucoup plus lent à apparaître, car l’amour doit traverser un espace-temps où de nombreuses trajec­ toires de vie sont impliquées. La moindre modification de l’intention nécessite en effet un rééquili­ brage de tous les potentiels qui séparent le présent de l’avenir, car plu­ sieurs Arbres de Vie sont concernés et ils sont intriqués les uns dans les autres. Lorsque nos potentiels de vie sont modifiés, ceux de toutes les per­ sonnes qui sont impliquées dans notre vie le sont aussi, et à leur tour,

vont être modifiés les potentiels de toutes les autres personnes avec lesquelles elles sont liées, et dont la vie semblait pourtant au départ complètement indépendante de la nôtre. Certains changements d’appa­ rence mineure, s’ils se propageaient aussi rapidement que la lumière, pourraient générer de véritables ondes de probabilité dans l’humanité entière, et il faudrait alors attendre la relaxation de tous les potentiels ainsi propagés pour qu’elles se stabilisent. Il devient douteux que de telles ondes puissent jamais se stabiliser, si l’on considère l’effet cumulé de toutes les intentions de tous les êtres. Les choses se passent-elles vraiment ainsi? Non, heureusement, car en redescendant le temps les potentiels doi­ vent attendre avant de pouvoir se propager, puisqu’ils dépendent des trajectoires de tous les êtres impliqués « dans leur présent ». Une inten­ tion seule ne suffit pas, elle doit être confirmée par des agissements adéquats. Les changements présents créés par l’intention renforcent ainsi doucement les potentiels, ce qui a pour effet de les faire grossir à la vitesse du temps qui passe. Nous devons nous aider nous-mêmes, ne l’oublions pas. Car l’intention ne pourra réellement se potentialiser que si le terrain le lui permet. À l’impossible nul n’est tenu. Tout ce qui est possible sera fait, mais le temps doit faire son œuvre : accuser récep­ tion de toutes les bifurcations. Et c’est ainsi qu’au départ, l’amour est comme la lumière ou l’énergie électrique, il se propage instantanément. Mais faites-lui traverser en sens inverse le terrain, la matière, et observez les résultats : l’amour cir­ cule lentement. Pour bien comprendre cet effet du terrain, demandez à un ingénieur électronicien comment il s’y prend pour stabiliser un circuit électrique, par exemple une source d’alimentation. Il vous expliquera qu’il faut rajouter une capacité à ce circuit, voire une résistance, afin d’absorber les pics de tension, de compenser les baisses de tension, d’éliminer ainsi les phénomènes ondulatoires, d’équilibrer le flux d’énergie et de ralentir la circulation de l’électricité. Alors la circulation de l’énergie devient fluide ! Lorsqu’une onde de probabilité directement alimentée dans le futur par l’amour accompagnant l’intention se propage dans le passé, le même

phénomène se produit. Le terrain constitué de l’espace-temps multidi­ mensionnel séparant le présent d’un futur à relier, se met à jouer le rôle d’un circuit équipé de résistances et de condensateurs. La circulation de l’amour, au départ instantanée comme de la lumière, devient à l’arrivée une circulation fluide comme de l’eau. Et c’est ainsi que, bien que l’amour soit émis comme de la lumière, c’est en fluide qu’il se transforme quand il répand sa magie sur la terre. Cet amour n’est donc rien d’autre que le fluide qui prépare nos trajec­ toires de vie en reliant présent et futur. Sans amour, nous avançons vers l’inconnu, passons notre temps à jouer la carte joker et dans ce cas, la peur se présente à l’horizon. Mais si l’amour revient, la peur disparaît, et nous pouvons jouer à nouveau le jeu de notre vie, en sai­ sissant nos chances. Ainsi, lorsqu’il « redescend » dans le présent, après avoir percolé dans l’espace-temps qui nous sépare de notre futur, l’amour se transforme en fluide qui peut remplir notre réservoir, mais à condition que nous soyons disposés à l’accueillir, en saisissant nos chances. Si nous avons peur, notre réservoir reste vide. Chacun possède ainsi un réservoir contenant un fluide d’amour vital, nécessaire au bon fonctionnement de son psychisme. Ce fluide com­ posé d ’amour facilite la vie de chacun d’entre nous en fonction du niveau de son réservoir. Plus il est rempli, plus la personne profite de la magie de la vie, en attirant à elle non seulement la chance, mais aussi tout le monde dans son sillage. Car ce fluide qui en les synchro­ nisant attire les trajectoires de vie hors du temps présent, les attire aussi dans le présent lui-même, sans qu’aucune magie ne soit plus néces­ saire, tellement il est évident que dans le présent, l’amour attire l’amour. L’amour « lumière » irradie mais ne peut couler immédiatement, sans avoir traversé l’espace hors du temps. Il ne peut au mieux se transmet­ tre sur terre directement, que si la personne qui le reçoit est irradiée, présente dans son champ d’énergie. Mais si elle en sort cet amour dis­ paraît. Heureusement, il est à prévoir que si cette présence dure, alors l’amour finira par constamment pleuvoir autour d’elle. Les réservoirs de toutes les personnes présentes pourront alors se remplir pour que

l’amour subsiste en dehors du champ d’énergie, et que leurs peurs dis­ paraissent ainsi durablement. Mais ne serait-on pas ici dans un rêve ? Pour se transmettre en douceur, bien plus sûrement, l’amour se déplace en s’écoulant. Il est un mouvement expansif, qu’il s’écoule vers l’exté­ rieur ou vers l’intérieur, en faisant fondre les limites entre l’intérieur et l’extérieur. Le lâcher prise, l’acceptation, le détachement sont dans la nature de l’amour, car ce sont les ailes de la seconde causalité. La peur se nourrit au contraire de la première causalité, de contrôle, de calculs, de moyens de recevoir ou de tirer à soi, et c’est pour cela que l’amour est plus dans l’acte de « donner » que dans celui de « recevoir ». La peur contracte, dégrade, renferme et appauvrit, à l’inverse de l ’amour expansif, réparateur, ouvert et généreux. L’Amour s’auto enrichit. D reçoit ce qu’il donne, au centuple parfois. L’Amour reçu amplifie la capacité d’irradier et remplit les sources, ce qui le fait couler encore plus intensément, et c’est un cercle vertueux sans fin. L’Amour s’enrichit donc tout seul et peut enrichir chaque nouvel être à mesure qu’il grandit et qu’il rencontre plus d’êtres à aimer. Il tend à s’amplifier. Il tend ainsi vers l’universalité. L’Amour n’est pas une vraie quantité puisqu’il grandit sans cesse. Il ne peut donc être exclusif. Si un amour exclut d’autres amours, c’est que quelque chose l’empêche de circuler. L’Amour relève aussi d’une qua­ lité: non seulement il ne diminue pas lorsqu’il s’attache à plusieurs, mais il ne peut ni se diviser, ni se fractionner. L’Amour ressenti pour l’un rejaillit forcément sur les autres. L’Amour n’est pas dans l’ego, car l’ego est dans la causalité et dans l’individu. L’Amour est dans l’acceptation et dans l’universel. H ne peut s’écouler que si l’ego disparaît. Si une personne est pleine d’ego, l’Amour disparaît exactement comme disparaît la seconde causalité lorsque la première s’impose. L’ego barre le passage de l’amour, car il s’engorge de causalité, sous forme de mérites et de qualités. L’ego dit: « Je suis la source ou l’origine de ceci ou de cela! C ’est grâce à moi si ceci ou cela est apparu ! Remerciez-moi ! »

L’Amour ne peut couler que si l’on a besoin de lui. L’ego n ’a pas besoin de l’Amour puisqu’il se positionne en concurrent de la source d’Amour. L’Amour provient de la seconde causalité, l’ego de la pre­ mière causalité. L’Amour et l’ego ne peuvent converger. Voilà pourquoi, bien que l’Amour soit si puissant et si nécessaire, on ne comprend pas pourquoi il est si rare. 11 est fragile comme une fleur. Comme elle, il doit être protégé, renforcé, arrosé. Alors seulement il peut grandir. Un certain temps est nécessaire avant que la fleur ne pousse, c ’est pourquoi les effets de l’Amour ne sont pas immédiats. Pour en voir les effets, il faut arroser et arroser encore, donner et donner encore et sans condition. Et un jour une rose apparaît et notre maison se remplit de parfum. C ’est ainsi que l’Amour apparaît: toujours à l’improviste, comme un cadeau de la nature. Et l’amour étant impersonnel, univer­ sel, il ne peut irradier ou couler que lorsqu’on comprend que notre être n’est pas limité à soi-même, mais englobe l’autre. Nous devons donc nous aimer les uns les autres. Or qui nous apprend « Aimez vous les uns les autres » ? On peut constater avec un certain étonnement que la science pourrait bien finir elle aussi par nous l’apprendre! Encore faudra-t-il que de l’eau, et plus sûrement de l’amour, coule sous ses ponts, et que le mes­ sage de ce livre brise les ultimes résistances.

Résumé du chapitre XIX L’Ame est composée d’une forme, l’Esprit, et d’une essence, l’Amour. La seconde causalité opère selon un cycle qui fait circuler l’Amour et qui a des vertus amplificatrices durant ses transformations agissantes dans le futur et ses retombées sous forme de pluie dans le présent. Quelque que soit la décomposition du cycle de l’Amour en phases, elles font ressortir les processus du don de soi et du détachement, pou­ vant donner la fausse impression que l’amour nous quitte.

Car le don de soi expulse l’essence de l’amour en avant dans le moteur de notre libre arbitre, pendant que le détachement, à chaque phase du cycle, la transforme en nouvelle énergie motrice qui modèle notre futur selon nos intentions.

XX. Dialogue avec l’Esprit Où l ’on étend le champ d ’application de la double causalité.

La théorie de la double causalité (TDC) est née pour expliquer la magie de la vie, cette magie qui rend le monde si petit en mettant sur notre chemin les rencontres dont nous avons besoin pour évoluer. Mais cette magie va plus loin : pour peu que l’on développe une certaine réceptivité, l ’univers devient un miroir de nos âmes, un miroir magique qui ne reflète pas seulement nos états d’esprit, mais qui nous informe sur nos avenirs choisis. Mais d’après l’Esprit que j ’ai interrogé, le potentiel de la TDC est encore plus vaste. Je retranscris ici ses réponses à mes questions à ce sujet. Pour l’inciter à me répondre, je lui ai tout d’abord demandé si mon livre répondait bien à sa demande, en osant inverser les rôles. C ’est ainsi que je l’ai vu sourire, et que j ’ai pu lire ses réponses dans un sourire intérieur. - A ton avis, la double causalité pourrait-elle expliquer l’effet placebo, ou encore les guérisons spontanées ? - Oui me répondit-il, et la différence entre ces deux cas est juste une question d’apport énergétique. Prend le cas des guérisseurs: tu vois deux processus à l’œuvre. D’une part une intention de donner, une intention d’amour qui en quelque sorte visualise la guérison du patient, et d’autre part un apport énergétique, par l’imposition des mains par exemple.

Imagine maintenant que le même processus que celui qui a conduit à la maladie sous forme de dégradation de l’organisation cellulaire se produise en sens inverse du temps, grâce aux effets de cette intention généreuse. Tu comprends que cela puisse mener à la guérison, mais qu’il y a une condition importante à satisfaire. S’agissant d’un proces­ sus irréversible, pour qu’il soit possible de l’inverser il est absolument indispensable qu’il aspire de l’énergie dans l’environnement, celle qui avait été dégagée lorsque la dégradation s’est produite. Or comme cela ne peut pas être la même énergie, puisque la guérison se produit dans un environnement différent de celui de la maladie, il faut bien prévoir un autre type d’apport énergétique. Or à quoi sert l’imposition des mains si ce n’est à fournir l’apport éner­ gétique nécessaire ? - Qu’en est-il des énergies qui ne sont pas vraiment physiques et qui circulent aussi par les mains ou par les mouvements de tout le corps, comme l ’énergie du Chi dans le TaïJi Quan ? Penses-tu que cette dis­ cipline a quelque chose à voir avec la double causalité? - Souviens toi des séances de Taï Ji Quan auxquelles tu as assisté, et du film qu’on t’a projeté sur la pratique de cette discipline illustrée et commentée par Vlady Stévanovitch [29], ce maître qui enseigne sa propre méthode. Lors de ses démonstrations impressionnantes, tu avais vraiment l’impression que cet homme maîtrisait la circulation d ’un véritable fluide vital, une circulation très lente mais extrêmement har­ monieuse. Vlady décrivait lui-même son ressenti comme très proche de l’amour et du don de soi, et il était manifeste que ce fluide était por­ teur d’équilibre, d’harmonie et de beauté. Quant à savoir s’il s’agit de cette « essence d ’amour » que tu présentes comme le fluide de la seconde causalité, réfléchis-y, c’est quelque chose qu’il faut découvrir soi-même. Je t’encourage à étudier cette discipline, car elle rejoint ton hypothèse qu’un tel fluide pourrait intervenir dans les gestes sportifs parfaits, comme l’art secret du tir à l’arc. Tu es bien ici en présence de gestes parfaits, regarde seulem ent ce maître pour le constater. Remarque un autre point commun avec ta théorie : le vide mental ! Reconnais qu’il y a de fortes présomptions en faveur de l’œuvre de la seconde causalité !

- Penses-tu que la double causalité pourrait expliquer des phénomènes parapsychologiques comme la psychokinèse ? - N ’est-ce pas évident? Souviens-toi par exemple de l’expérience de micro-pk des poussins de Peoc’h. Initialement conditionnés dès leur naissance à considérer un mobile nommé tychoscope comme leur mère, ils parviennent à influer sur les déplacements de ce mobile après avoir été enfermés dans une cage, tout en gardant la vision du mobile, et bien que ce dernier soit animé de mouvements totalement aléatoires. Or il se rapproche des poussins deux fois plus qu’il ne devrait, ce qui est extrêmement improbable. Les expérimentateurs ont invoqué l’in­ fluence de la conscience des poussins sur ce mobile, mais il est évident ici qu’il s’agit d’un processus intentionnel qui ressort de la seconde causalité, et qui fonctionne grâce au lien affectif, vecteur de l’amour entre les poussins et leur mère. Tu as aussi constaté qu’il y a une grande quantité d ’expériences qui ont été réalisées dans le monde entier avec des générateurs de nombres aléatoires (GEA) et qui démontrent le pouvoir apparent de l’intention sur la matière. N ’est-ce pas si bien résumé dans ce livre de Lynne Mc Taggart [30] que tu as lu, et qui fait une excellente revue des travaux scientifiques relatifs à la science de l’intention? Elle en fait une admi­ rable synthèse, en indiquant même les étapes à suivre pour apprendre à transmettre soi-même ses intentions, ou à faire des demandes à l’uni­ vers afin de réaliser ses objectifs. Elle conclut elle-même sur la néces­ sité d’être compatissant et empathique avec les personnes concernées par vos souhaits, d ’être optimiste et confiant au sujet de votre demande, de rechercher les conditions les plus agréables possibles pour la transmettre, et de savoir s’en détacher. Tu as compris qu’il ne s’agit pas d ’un pouvoir de la pensée sur la matière, mais simplement d’une projection de l’intention sur l’avenir qui, avec le vecteur de l’amour, renforce les potentiels de hasards favo­ rables. Réjouis toi qu’il n’y ait là aucun effet pouvant violer les lois de la physique. - Me confirmes-tu que toutes les méthodes de divinations, voyance, tarots, Yi-King, s ’expliquent par la seconde causalité? - Oui bien sûr, dans la mesure où vous ne voyez dans tous ces supports

que ce que vous y projetez par vos intentions. Mais le remue-ménage d’informations que vous provoquez dans votre futur vous ramène dans le présent des informations supplémentaires, d’où cette sensation de magie, mais attention à ne pas y attacher trop d’importance. - Même l ’astrologie ? - Oui, même l’astrologie. À plus d’un égard, l’astrologie exploite la seconde causalité. Pas seulement dans la technique d’interprétation, qui amplifie les effets miroirs par les mêmes mécanismes que les autres techniques. Il y a une réelle synchronisation entre vos trajec­ toires de vos vies potentielles, telles qu’elles sont déjà programmées dans vos futurs, et les configurations planétaires de votre système solaire. La Loi de convergence des Parties étant créatrice d’ordre, elle harmonise avec votre environnement les comportements de votre part dont elle a besoin pour prédéterminer « en votre absence » vos trajec­ toires de vie, lorsque celles-ci sont indéterministes. Car elle ne connaît pas le hasard. Aussi longtemps que vos intentions ne l’influencent pas, c’est-à-dire que votre libre arbitre reste illusoire, vous vivez des états d’âme ou des rencontres synchronisés à ces configurations, que l’on peut qualifier d’archétypes. Mais rassure-toi, tout cela s’évanouit dès que l’homme exerce son libre arbitre. C’est pourquoi il est dommage que la pratique courante de l’astrologie nous laisse croire à une vérita­ ble influence des astres, alors que cette influence n’a aucune réalité physique. Néanmoins il faut signaler que certains astrologues le com­ prennent, comme ton ami Michel d’Aoste [38] par exemple, qui pro­ pose une théorie bannissant toute influence physique et qui est tout à fait séduisante. - Donc si je comprends bien, aussi longtemps que nous restons condi­ tionnés nous subissons une influence des astres qui n ’en est pas une, mais qui relève simplement d ’une synchronisation entre nos comporte­ ments et le ballet planétaire ? - Oui, dans la mesure où ces comportements restent sujets à suffisam­ ment d’indéterminisme. Car la Loi de Convergence des Parties ne peut œuvrer que pour combler un manque de causalité. Si tout est prévu d’avance dans ton comportement et qu’il n’est sujet à aucun aléa, alors il sera déterminé par le passé.

- Mais alors, cela ne voudrait-il pas dire qu’un robot humanoïde, par essence conditionné par son programme, pourrait subir une influence des astres, à condition qu’on introduise chez lui un comportement aléatoire ? - Oui, à condition que ce comportement aléatoire soit réellement indéterministe. Mais dans la pratique l’homme n’est pas encore parvenu à concevoir un tel robot. Aucun programme ne permet d ’induire un comportement indéterministe, et cela n’a aucun intérêt si cela n’est pas fait pour induire un comportement libre et contrôlable. Il faudrait pour cela introduire cet indéterminisme dans le cerveau du robot, mais de façon suffisamment judicieuse pour que cela n’engendre pas de com­ portement incohérent. Votre technologie est encore loin de réussir une telle prouesse. Il faut d’abord que l’homme découvre en lui-même la clé de son propre indéterminisme, celui qui permet à son cerveau d’être contrôlé par son Esprit. - Pourtant, certains physiciens comme Penrose [23] ont émis une théorie là-dessus, en expliquant comment des effets quantiques opé­ rant dans le cerveau pourraient apporter à la conscience l ’indétermi­ nisme nécessaire pour faire émerger l ’Esprit! - Entre cette compréhension des choses et son application dans la pra­ tique pour donner une conscience à vos humanoïdes, vous avez de sérieux progrès à faire ! Sans compter que vous n’avez aucune idée du procédé vous permettant d’assurer la crédibilité de l’intention affichée par un robot, encore moins de réaliser la fonction de son libre arbitre par le biais de l’observation. - À ce propos, la TDC porte en elle une position originale sur la fameuse question du rôle de l ’observateur en physique quantique. Selon elle, la conscience de l ’observateur n ’a aucune influence sur l ’état issu de la réduction de la fonction d ’onde, et pourtant, c ’est grâce à cette conscience que nous faisons nos choix, et que de nou­ velles réalités se créent! Peux-tu m ’éclairer sur cette question ? - À ton service ! Pour bien comprendre, considère-toi en train d’obser­ ver quelque chose, par exemple un beau paysage ou une jolie femme. Dans ton champ de vision il y a bien d’autres choses à observer, mais tu as choisi de focaliser ton attention sur ces choses. Reconnais que tu

ne transformes rien, que ta conscience n’agit pas sur ces choses que tu observes, que tu ne fais que les faire rentrer dans ta réalité avec tout ce qu’elles t’inspirent. Suppose maintenant que ton observation soit intemporelle, c’est-à-dire que tu puisses tout voir, y compris tes avenirs potentiels. Tu vas alors te focaliser sur ceux qui t’intéressent particulièrement, et tu vas devoir faire preuve de beaucoup d ’attention, car que ce n’est pas seulement avec tes yeux que tu vas observer mais avec ton libre arbitre. Cette attention que tu devras avoir vient de ton pouvoir à faire rentrer dans la réalité le choix que ton observation te suggère. N’oublie pas que der­ rière chaque observation, un chemin a peut-être été créé pour te fournir l’opportunité de réaliser ton intention. Mais tu restes libre, car tu as trois possibilités. Il est tout d’abord possi­ ble que tu ne remarques même pas l’opportunité qui t’es offerte, que tu n’y prêtes pas attention, alors qu’elle se manifeste pour toi. Dans ce cas, tout se passera comme si elle n’avait jamais existé et ce qui sera réalisé sera alors le potentiel sur lequel tu étais déjà aiguillé. L’autre s’évanouira. Ton observation n’aura eu aucun effet sur la réalité: tu n’étais pas assez éveillé. La seconde possibilité est que tu observes cette opportunité, que tu en saisisses le sens, mais que tu n’en tiennes pas compte. Dans ce cas, ton observation l’aura fait rentrer dans la réalité, mais elle sera ignorée, elle sera par exemple considérée comme un hasard, une coïncidence. Il est possible que tu en comprennes la signification, que tu en trouves même les clés, mais que tu t’abstiennes, ou que tu n’oses simplement pas aborder telle personne, te fier à l’interprétation de tel signe, etc. Peu de chose sera changé, car tu n’auras pas beaucoup dérangé l’uni­ vers, tu auras seulement provoqué quelques décalages temporels, avancé ou reculé certaines trajectoires. La suite de ta vie restera iden­ tique à celle que tu aurais eue sans observer quoi que ce soit. Les quelques synchronisations d’événements provoquées partiront aux oubliettes. Au mieux, tu leur feras un clin d’œil, en reportant les chan­ gements suggérés à plus tard. La troisième possibilité est celle du changement. Elle s’accompagne d’une prise de conscience, suivie de la prise en compte d’un événe­

ment, d’un signe, d’une rencontre opportune, ou quoi que ce soit sus­ ceptible de changer ta vie. Tu auras alors modifié instantanément la structure de l’univers, et pour bien plus longtemps que ces quelques instants d’observation. Et tout cela, sans rien faire d’autre qu’observer, puis agir tout naturelle­ ment! Comprends-tu maintenant par quel miracle ton mental peut créer la réalité ? - Effectivement, c ’est assez édifiant. J ’ai pourtant écrit que la conscience n ’y était pour rien dans le changement de réalité. Ne serais-je pas en train de me contredire ? Ne va-t-on pas dire que je surprivilégie l ’hypothèse que la conscience de l ’observateur joue un rôle dans le résultat de l ’observation ? - La subtilité de l’acte d’observation aura simplement échappé à ceux qui le diront. La conscience n’y est pour rien, car elle est un effet et non une cause de l’observation. Elle n’est qu’un sous-produit de ton activité cérébrale. Ta prise de conscience ne s’installe qu’après que ton esprit éveillé ait procédé à une évaluation de ton observation. C ’est ton être, avec son « ouverture », qui aura permis à cette évaluation de faire son chemin, si elle va jusqu’au bout. Tu vois bien que ta conscience n’y est pour rien, et que même ton mental peut rester passif, comme un ordinateur, dans cette affaire. La seule chose qui compte est la sui­ vante : vas-tu, oui ou non, préparer ou faire un choix qui t’es suggéré par l’évaluation d’une observation, pour orienter la suite de ta vie? Si la réponse est oui, la prise de conscience de ton choix ne fait que prési­ der à la création d’une nouvelle réalité. Ton Esprit l’aura sélectionnée parmi d ’autres, tout simplement. Il ne l’aura en rien créée, toutes les possibilités de réalités étant déjà créées d’avance par l’univers. Et remarque bien que la plupart du temps, ce processus a lieu presque inconsciemment, et que cela s’appelle l’intuition. - Donc, si je te suis bien, le cas où la réponse est non est un cas très général, dans une société où l ’on ignore complètement le fait que la chance puisse être autre chose que le fruit du hasard, n ’est ce pas ? - Ce n ’est pas tout à fait exact. Beaucoup de gens croient en leur chance. Même s’ils n’en connaissent pas le mécanisme, ils savent se

servir de leurs opportunités et ne se posent pas trop de questions sur la façon dont elles débarquent dans leur vie. Heureusement d’ailleurs, car s’ils y réfléchissaient ils risqueraient de se retrouver dans un mode de fonctionnement causal qui mettrait tout par terre. - Ah voilà, justement, je voulais qu’on aborde cette question. Qu’est-ce que tu appelles un mode de fonctionnement causal ? - Le mode de fonctionnement causal est en quelque sorte le lavage de cerveau de vos sociétés modernes. On ne peut s’y adapter qu’avec un tel mode, car l’on risquerait d’être rejeté si l’on commençait à imposer le mode complémentaire. Le mode causal consiste à agir dans ta vie de façon raisonnable, tout simplement. Il s’agit de systématiquement pré­ voir, analyser, calculer, respecter des étapes précises, pour atteindre un quelconque objectif. Connaître d’avance tout ce dont tu as besoin, pré­ parer ton itinéraire, faire un plan, apprendre à t’exprimer, lire le manuel d’utilisation, etc. Tout, absolument tout ce que tu fais dans la vie lorsque tu travailles ou que tu fais des projets s’inscrit dans le cadre de la causalité, ne serait-ce que pour pouvoir obtenir l’aide d’autrui. Il est en fait impossible de sortir de ce mode de fonctionnement, autre­ ment que de façon très parcellaire. - Alors comment sortir de ce mode, justement ? Que serait un mode de fonctionnement non causal? Je suppose que si l ’on n ’est pas dans un mode, on est dans l ’autre ? - Non, pas exactement, on peut être dans les deux à la fois, et c ’est d ’ailleurs recommandé pour trouver le bon équilibre. Le mode de fonctionnement non causal consiste à élever tout d’abord ton niveau de conscience, d’éveil, ou de vibration, si tu préfères. Il s’agit de te mettre à l’écoute de l’environnement, mais attention: sans vouloir écouter quoi que ce soit, sinon tu retomberais dans une focalisation purement causale, dans des pensées, des problématiques, etc. On ne peut pas tri­ cher avec soi-même. Il faut obligatoirement être « naturel » si l’on veut être en situation de capter des opportunités non causales. Maintenant, il est facile de comprendre qu’il vaut mieux ne pas être stressé, hanté par des choses à faire, ou envahi par des stéréotypes ou des « ressassages ». L’idéal est d’être détendu, désintéressé, contemplatif et d’ex­ ploiter toutes les marges de liberté que l’on peut avoir pour rester attentif à l’environnement.

Mais ce ne sont que des conditions générales. Il y a des cas où lors de vives émotions par exemple, tu es automatiquement placé en mode de fonctionnement non causal. Bon, maintenant le reste est un peu une question d’entraînement, car savoir saisir les opportunités demande à ne pas tomber dans le piège inverse, qui consisterait à en voir partout. C ’est comme faire un sport qui demande de l’adresse, un sport de glisse par exemple et d’ailleurs c’est une bonne image. - Ah bon, pourquoi les sports de glisse sont-ils une bonne image ? - Parce qu’il faut savoir « surfer » sur sa vie. Surfer, cela consiste à res­ ter le plus en hauteur possible, ou encore éveillé, pour ne pas tomber dans le creux de la vague, sinon tu te retrouves contraint et forcé. Et l’avantage de ce sport est que tu n’as pas le temps de réfléchir pour savoir si tu dois faire ceci ou cela. A tout moment, il te faut agir de façon instinctive. Les actes instinctifs ou encore intuitifs relèvent d’ail­ leurs d’un fonctionnement non causal. A chaque opportunité, c’est le premier instant qui compte et ce qui te vient immédiatement à l’esprit est exactement ce que tu dois suivre. Si tu réfléchis trop, tu loupes le coche. Cela dit, il faut aussi savoir patienter, mais sans impatience. Car une bonne opportunité est par nature imprévue et tu ne choisis pas le moment où elle débarque. Donc, il vaut mieux oublier tout cela et vivre normalement, mais éveillé, tout en sortant du quotidien le plus possible et en gardant à l’esprit que la vie étant magique, il n’y a aucune raison de t’inquiéter pour savoir si tu vas sortir de telle situa­ tion ou non, et comment tu vas faire. Le mode non causal t’apporte automatiquement les solutions, pour peu que tu les demandes. - J ’ai introduit l ’esprit, puis l ’amour, puis l’âme comme s ’il s ’agissait d ’une succession logique de conséquences de la double causalité. Cette émergence de l ’âme, ainsi composée, est-elle obligatoire ? - C’est un modèle et je n’ai pas à l’évaluer à ta place. La question de savoir si tu es dans le vrai ne se pose même pas : ton modèle a son uti­ lité et doit faire son œuvre. Tu as identifié l’« âme » comme étant cette partie de la conscience qui échappe à ton cerveau, et tu lui as donné corps en lui attribuant une géométrie et une amplitude. Pourquoi pas? Dans ce cas, l’esprit n’est rien d’autre que la géométrie de l’âme, et l’amour la mesure de son amplitude. Ton modèle est simple et cohé­

rent, car ces deux choses fondamentales que sont l’Esprit et l’Amour te permettent d’incarner respectivement l’intention et ses probabilités d’actualisation. C’est en cela qu’elles émergent obligatoirement de la double causalité. Avec un tel modèle, tu rejoins cependant les écrits spirites, ce qui t’ap­ portera des partisans et des oppositions. Car tu sors de ta réserve mini­ maliste. Je pense à cette propriété de l’au-delà au sujet de laquelle tu t’es documenté [10] [19] et qui autorise un déplacement instantané de l’esprit à tout endroit, sous l’influence directe de la volonté, de la pen­ sée. Je pense aussi à cette sensation d’amour omniprésente dont témoi­ gnent les personnes transitoirement décédées, lorsqu’elles sont accom­ pagnées pour rentrer dans la lumière de l’au-delà et sortir du tunnel. Je ne t’encourage pas à justifier l’existence de l’au-delà, car ta position se veut minimaliste, bien que tu aies raison de ne pas ignorer ce qui en est rapporté, lorsque c ’est conforme à ce qui peut être immédiatement déduit de la double causalité. Le déplacement de l’esprit dans cet espace où sont mémorisés hors du temps tes potentiels est parfaitement similaire au déplacement hors du temps de ton imagination lorsqu’elle s’occupe de projections d’avenir. Mais depuis l’espace à quatre dimensions qui te limite, tu ne peux pas en avoir autre chose qu’un aperçu très flou. Demande-toi si tes rêves ne constitueraient pas après tout, des retours de visites de ton Esprit. Ces retours ne sont-ils pas très logiquement incohérents, du fait qu’ils sont générés par ses déplacements dans des espaces parallèles, hors de toute succession causale infligée par l’écou­ lement du temps? Cela n’explique-t-il pas l’étrangeté et l’incohérence de tes rêves ? - J ’énonce que la nature du fluide vital qui intervient dans la seconde causalité est celle de l ’amour. Qu’en penses-tu ? - Je vois au moins deux raisons fondamentales à cela, en dehors des explications « terre à terre » que tu as données du cycle de l’amour. La première est qu’il s’agit d’un fluide d’attraction universelle des trajec­ toires de vie, et la seconde est qu’il s’agit d’une substance qui vous est commune à tous, qui tend à ne pas vous différencier, à rejeter la notion d’individualité et surtout d ’ego. L’amour est ce qui fait que tu es la

même personne que ton lecteur, ou que tu t’identifies à lui en faisant tous les efforts visant à anticiper ses réflexions. Ainsi tes pensées pour­ ront évoluer à travers d ’autres que toi, et s’en profileront d’autres expressions qui à chaque fois correspondront au meilleur de ce qu’elles peuvent donner. Car vous devez tous comprendre que vous faites partie d’un seul organisme, celui de Dieu [32], dont vous êtes tout à la fois les capteurs et les acteurs. Mais n’oubliez pas le plus fondamental : l’amour est associé à la liberté dans le fonctionnement du moteur de votre libre arbitre ! - Comment à ton avis la compréhension de la double causalité peutelle modifier nos comportements dans notre vie quotidienne ? - Elle les affecte déjà par l’intermédiaire des croyances et pratiques religieuses. Mais il est vrai que pour faire de la magie au quotidien, c ’est une tout autre histoire. Il faudra à l’homme beaucoup de progrès pour être capable de changer ses habitudes de vie de telle façon qu’il puisse assurer dans sa vie quotidienne les attitudes mentales propices aux effets de la seconde causalité. Cela demande en effet de savoir « vibrer » à un niveau supérieur d’élévation spirituelle, et c’est plutôt incompatible avec votre situation d’esclaves modernes de la consom­ mation. Mais cette magie se produit réellement dans votre vie de façon occa­ sionnelle, lorsque l’émotion et l’amour sont tous deux présents et que vous êtes dans une période de grands changements. Par contre, j ’aimerais te signaler une façon de faire de la magie au quotidien, qui est très facile et qui ressort bien de la seconde causalité, et que tous autant que vous êtes avez tendance à oublier, bien que tant de messagers vous l’aient ressassée. - Ah bon ? Je ne te suis pas. Quelque chose m ’a échappé. Ne te contre­ dis-tu pas ? Tu viens de me dire que pour générer les effets de la seconde causalité il faut vibrer à un niveau supérieur! - Je te parlais de modifier l’avenir. Je te parle maintenant de modifier le passé. C’est différent, car il n’y a plus besoin de « vibrer » comme pour transmettre une intention dans l’avenir. - Veux-tu dire que l ’on peut transmettre des intentions dans le passé? Mais même dans ce cas, je ne vois pas comment cela pourrait être plus

facile, bien au contraire, car je vois mal comment on pourrait modifier le passé! - Non, on ne peut pas transmettre des intentions dans le passé, pas plus que de le modifier, puisqu’il n’existe plus en tant que tel! Seules ses traces subsistent, et le passé en résulte de façon déterministe, en étant recréé automatiquement, instantanément. Comprends bien qu’en effa­ çant ses traces, le passé se reconstruit et change, en réintroduisant de l’ordre ! Et c ’est bien là tout le véritable sens de l’irréversibilité ! - Le passé se reconstruit! Mais c ’est incroyable. Comment peut-il se reconstruire sans nous, sans observateurs, puisque nous sommes les co-créateurs de l ’univers ? - Pas du tout, cette co-création n’est qu’apparente. L’homme ne crée rien, il ne fait que choisir ce qui est créé, et encore: seulement dans le sens du futur. Dans le sens du passé, l’univers se crée tout seul, sans avoir besoin d’observateurs. Sinon, comment expliquerais-tu la créa­ tion du soleil, à une époque où personne ne pouvait y assister? Écoute bien : il y a quelques années tu t’es fait mal au genou en tom­ bant, mais tu ne t’en souviens plus. Comme personne ne t’a vu tomber, ou te plaindre, et que ton genou a guéri toutes ses séquelles, le passé reconstruit par ta Loi de Convergence des Parties est « passé » à côté du fait que tu sois tombé ! Dans ce nouveau passé tu n’es donc pas tombé du tout, et ce rappel que je t’en fais maintenant n’est pas une trace à prendre en compte, car je ne suis pas un acteur de ton monde. - Mais comment est-ce possible ? Comment est-il possible qu ’un passé qui a bien été vécu ne soit pas mémorisé par l ’univers, alors q u ’il mémorise une quantité impressionnante de futurs qui n ’ont pas encore été vécus! - N’oublie pas qu’à chaque fois que tu changes de futur, tu changes d’univers ! Le simple fait de passer d’un univers parallèle à un autre a pour effet de tout changer, le futur et le passé en même temps ! Sauf que le passé ne pourra évidemment pas changer, aussi longtemps qu’on l’oblige à justifier les traces qu’on en conserve dans le présent ! Quant au futur c ’est complètement différent puisqu’il s’agit de vécus potentiels. Le fait qu’ils soient multiples ne change rien ! - C ’est étonnant, car j ’aurais cru le passé et le futur plus symétriques,

d après la double causalité, bien qu’il semble qu’on ne « repasse » pas le passé. Mais au fait, je ne vois pas le rapport avec la magie prati­ quée au quotidien ! - Tu ne vois pas ? Que se passe-t-il dans le futur avec la seconde causa­ lité? Tu l’arroses d’amour, mais c’est compliqué, il faut respecter un cycle, faire preuve de détachement, etc. Alors que pour arroser le pré­ sent, rien de plus facile. Il te suffit de faire le bien autour de toi ! - Ah bien! Alors ça, c ’est bien, j ’approuve! Tu veux dire que ce bien va couler en direction du passé, partout où il est encore possible d ’y changer quelque chose, et que cela va donc... ma foi, qu’est-ce que ça peut bien pouvoir produire ? - Cela va aider à effacer les traces négatives, tout simplement ! C ’est une simple conséquence de ta Loi de Convergence des Parties qui a tendance à tout ordonner, donc à tout simplifier ! dès qu’une trace du passé s’efface, le passé est instantanément simplifié ! Que l’amour aide à faire oublier le passé, tout le monde le sait! Mais ce que les gens ne savent pas, c’est que cela peut non seulement l’effacer mais surtout le remplacer par un autre passé bien plus avantageux ! car en coulant dans le passé, là où il peut être modifié, non seulement l’amour le sim­ plifie mais il l’harmonise, il le guérit ! - Quoi! Mais je n ’ai jamais entendu une chose pareille! Cela voudrait dire que les mythomanes par exemple auraient raison! Car ce sont des spécialistes pour oublier les traces du passé et les remplacer par ce qu’ils veulent, pour nier le mal qu’ils font par exemple! Cela justifie­ rait le mensonge ! - Pas du tout, et c ’est même l’inverse, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, se mentir à soi-même est le meilleur moyen de ne pas oublier le passé, car il reste profondément mémorisé dans l’inconscient. Ensuite, un mensonge est par définition une négation des traces du passé, sinon il ne serait jamais considéré comme tel par les autres. Il a pour effet contraire d ’inciter celui qui le détecte à ne surtout rien oublier. Donc au final, personne n’oublie, et le mensonge est ainsi le pire des moyens pour oublier le passé, tout comme la peur d’ailleurs. La peur est fondée sur l’idée qu’un passé négatif va se reproduire. C ’est à nouveau un moyen d’empêcher l’effacement des traces du passé.

- Donc si je comprends bien, le meilleur moyen d ’effacer les traces du passé, c ’est l ’amour? - Exactement, et là aussi pour plusieurs raisons. Parce que l’amour va réarranger les situations passées, là où elles sont oubliées, pour construire de nouvelles situations qui vont causalement justifier que cet amour soit déversé dans le présent. Là est toute la magie de l’amour. Lorsque vous le donnez, c ’est à n’y rien comprendre pour vous, car tout se passe comme si vous deviez vous préparer à vivre quelque chose qui va expliquer pourquoi vous l’avez donné... - Tu veux dire que la récompense viendrait avant le don ? - Exactement. Ne parlais-tu pas d’une boucle de rétroaction? Cette boucle et ton cycle de l’Amour sont une seule et même chose. - C ’est ce qui expliquerait pourquoi certaines récompenses sont débordantes, sans respect du... heu... comment dit-on ? - Le juste retour ! - Oui, voilà, et c ’est ce que je ne comprends pas encore tout à fait. - Si on veut, mais c’est mieux que cela. Il n ’y a pas de juste retour avec l’amour. Il y a une amplification incroyable de ses effets. Tellement incroyable qu’il vaut mieux pour vous qu’il se transforme en magie... - Ah bon, et pourquoi ? - Parce que pour vous le bonheur est ainsi plus facile à vivre... C’est pourquoi l’amour se transforme en magie lorsqu’il est vraiment débordant. En général, il se transforme en bien d’autres choses... - Quoi donc ? - D’où crois-tu que vous viennent toutes vos idées nouvelles, toutes vos énergies créatives ? L’amour se canalise en créations ! L’amour est à l’origine de toute création, y compris celle de l’univers, c’est pourquoi Dieu est Amour.

Résumé du chapitre XX Dans ce chapitre, nous voyons se dessiner:

- Une voie d’explication à tous les phénomènes que nous rangeons habituellement sur le compte de l’irrationnel: divinations, effet pla­ cebo, guérisons miraculeuses, parapsychologie, astrologie, etc. - De nouvelles perspectives sur la façon d’aborder ces mystères qui traversent les siècles et dont nous pouvons maintenant évaluer la por­ tée, en comprenant enfin leurs fondements non dénués de vérité. - Le pouvoir extraordinaire du don de soi dans la guérison et de l’amour dans l’harmonisation de toutes les situations. Car bien au-delà du juste retour - causal - du don de soi, celui qui met en route ou qui entretient le cycle de l’amour réalise la magie qui amplifie considérablement ses effets positifs. Et enfin, l’expression de l’amour en créations, l’amour étant l’énergie créative qui caractérise l’expression même de l’Esprit.

Cinquième partie Conférence

XXI. Conférence Où après nous avoir conduits jusqu’au col de l ’Ange pour en contempler le panorama toujours mobile, on nous enseigne à jouer avec une télécommande de l'espace-temps...

Depuis la première édition de ce livre j ’ai donné une douzaine de conférences, certaines à contenu scientifique comme à l’Institut Métapsychique International (2011) ou à l’Institut de France (2012), d’autres à contenu plus accessible au grand public et notamment dans le cadre de festivals comme « Chimeria » (2012) ou « Spiritualité en Pyrénées » (2013). Cette cinquième partie en deux chapitres (confé­ rence et questions) présente une synthèse de ces conférences comme si je n’en avais fait qu’une, en conservant le langage parlé autant que possible, plus facile à retranscrire et plus vivant, et en reportant dans les questions ce que je n’ai pas inclus dans la synthèse afin de ne pas en alourdir le contenu. Le parc de la pensée Bonjour à tous et merci pour votre présence. Mon objectif dans cette conférence est de vous montrer qu’il existe un chemin de randonnée qui relie la science et la spiritualité. Ce chemin, je passe mon temps à le débroussailler, mais le plus difficile n’est pas là, c’est plutôt d’arri­ ver à sortir du parc de la pensée. De quoi s’agit-il? La science actuelle est fondée sur quatre piliers que sont le détermi-

nisme, le hasard, le matérialisme et la causalité. On peut les voir comme quatre frontières qui délimitent un parc, celui de la pensée soidisant rationnelle. Le déterminisme est un postulat qui exprime l’idée que tout ce qui constitue la réalité dans l’univers est créé exclusivement de façon mécanique, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de place pour l’esprit ni pour Dieu. Stephen Hawking l’a bien montré dans son dernier livre [1]. Selon lui, nous n’avons pas besoin de Dieu dans un univers régi par le déterminisme puisque c ’est la mécanique qui gouverne toute seule. Il n’y a pas non plus de place pour notre libre arbitre. Or il faut savoir que ce postulat a été remis en question en physique dans les années 80 et aujourd’hui ce pilier s’est effondré. Il a commencé à s’effondrer au moment où j ’ai démarré ma carrière de physicien et c’est pourquoi j ’y ai été très sensible. Il est maintenant tout à fait admis dans différentes branches de la physique que le déterminisme est une erreur, sinon une simple hypothèse largement discutable, car la nature décrite par les physiciens est indéterministe. J’ai bien dit indéterministe et non pas seulement imprévisible. Malgré cela, les physiciens tiennent quand même à leur déterminisme car toutes leurs équations sont fondées dessus. Heureusement, le hasard les sauve de cette situation contradictoire car on peut le mettre en équations via les probabilités. En fait, dans l’idée des physiciens qui croient à ce postulat, plus ou moins consciemment d’ailleurs, le monde reste déterministe mais à leurs yeux, il est légitime d ’introduire le hasard en physique lorsqu’on ne comprend pas encore les causes. Pire encore, beaucoup d’entre eux n’hésitent pas à dire qu’il existe même un vrai hasard sans causes, comme si nous avions un Dieu qui joue aux dés. Donc on utilise le hasard en physique à toutes les sauces, pro­ visoirement ou en invoquant le Dieu Hasard, à chaque fois que la phy­ sique n’arrive pas à trouver des causes. En fait les scientifiques parient sur le fait qu’ils arriveront un jour à trouver les causes, voilà tout, parce qu’ils veulent que tout soit mécanique. Et donc ils font un usage démesuré du hasard pour combler les insuffisances de la mécanique, par exemple en physique statistique et en mécanique quantique... mais aussi en biologie, car le darwinisme est également un usage démesuré

du hasard. Tout cela sert à préserver le socle du déterminisme. Le hasard est comme une sorte de plâtre qui sert à masquer les fissures, que dis-je, les grosses failles de la science. Eh bien, à la fin des années 90, ce deuxième pilier du hasard est tombé. Donc j ’ai été témoin de cela aussi. Seuls les physiciens en sont témoins, les autres ne le savent pas encore parce que les physiciens attendent pour l'affirmer haut et fort, ils n’arrêtent pas d’attendre car il faut que ce soit confirmé étant donné que c’est tout de même impor­ tant, car cela reviendrait à dire aux gens que la physique est mal fon­ dée, ce qui n’est pas sérieux, d’autant plus que ça n’empêche pas la mécanique de fonctionner. Comment le hasard s’est-il donc effondré? On a découvert qu’il était faux d’attribuer le hasard de certains événements quantiques, voire même macroscopiques, à notre ignorance des causes. Il y a eu des expériences qui ont montré que le hasard est forcément quelque chose qui met enjeu des informations extérieures à notre espace-temps, donc par définition sans causes. Mieux que ça encore, on a montré que ce hasard sans causes s’introduit dans l’espace-temps sous forme d’infor­ mations non locales. Il n’est alors plus possible que ce hasard rede­ vienne un jour déterministe parce qu’on a une entrée d’informations depuis l’extérieur de l’espace-temps, donc hors du champ de la phy­ sique, depuis le monde non manifesté si vous préférez, qui se fait simultanément à plusieurs endroits de l’univers où on observe les mêmes informations, sans qu’il puisse y avoir une relation de causalité qui l’explique. Ces endroits peuvent être distants de plusieurs années lumière par exemple. Il est en effet prouvé par l’équipe d’Antoine Sua­ rez [391 et Nicolas Gisin [40], dont les expériences ont été renouvelées dans les années 2000, que le hasard dû à notre ignorance des causes n’existe pas, ce qui fait définitivement sombrer les deux piliers du déterminisme et du hasard. Troisième pilier, le m atérialism e, c ’est-à-dire l ’idée que notre conscience est un produit du cerveau. Cette idée était à la mode lorsque j ’ai commencé ma carrière de physicien dans un laboratoire on l’on fait beaucoup de mécanique des fluides. On espérait comprendre l’émergence des systèmes vivants, essentiellement après les travaux

d’Ilya Prigogine [41]. Il y a eu toute une mode, à travers les automates cellulaires notamment, qui a fait penser aux physiciens qu’on allait peut-être découvrir la manière dont la vie, et ensuite la conscience, émergent des systèmes complexes. Eh bien tout cela est retombé comme un soufflet vers le début des années 2000, et aujourd’hui les physiciens qui sont dans le mainstream - plutôt francophone on va dire - ne croient plus à cela, et personnellement je n’y crois plus pour une autre raison. J’y croyais au début de ma carrière mais j ’ai passé ma vie à développer des robots industriels et j ’ai même travaillé sur des robots humanoïdes. J’ai été spécialisé dans le développement de leur système de vision, je sais réaliser un robot qui reconnaît des formes très com­ plexes avec des algorithmes intelligents et finalement, je ne vois vrai­ ment pas l’émergence de la conscience là-dedans. On ne peut toutefois pas dire que ce troisième pilier tombe de cette manière, c’est plutôt parce qu’il n ’avait déjà pas de raison d ’être, car l ’idée que la conscience est un produit du cerveau est une hypothèse qui dès le départ ne tient pas la route. On ne sait pas expliquer les qualias par exemple (les perceptions propres à la conscience) et on ne va en débat­ tre ici car cela mérite une conférence entière. Donc on va dire que cette idée matérialiste est un troisième pilier illusoire qui s’est effondré faute de raison d’être. Quatrième pilier, c’est le seul qui tient encore, enfin à peu près, c’est celui de la causalité, mais depuis l’année 2010 environ les physiciens ont fait des expériences et des publications frappantes qui ont montré la possibilité inverse de la rétrocausalité, c’est-à-dire que les effets qui normalement suivent les causes pourraient les précéder dans certains cas, spécialement en mécanique quantique. Pour vous faire compren­ dre cela, il faut savoir que la mécanique quantique travaille sur des possibilités simultanées. Supposez par exemple que vous ayez besoin de descendre à la ville pour aller chercher du pain. Vous avez donc l’intention d ’aller chercher du pain mais vous ne savez pas encore comment vous allez faire, si quelqu’un va vous emmener ou si vous allez y aller seul, à pied, en voiture, etc. Il y a différentes possibilités simultanées et finalement, vous les réduisez en une seule en décidant d’y aller seul et en voiture, alors que s’est-il passé? Le physicien nor­

mal dira que vous avez pu aller chercher du pain parce que vous avez une voiture, donc il vous dira que la cause c ’est la voiture, alors qu’évidemment la cause c ’est votre intention, suivie de votre choix entre les possibles. Or comme nous allons le voir, dans notre espacetemps où tout est simultané, le passé, le présent et le futur, l’univers n’attend pas le passage du temps pour mettre en place la réalisation de votre choix, puisqu’elle est certaine. Il faut vous habituer à cette idée fondamentale, c’est pourquoi je vous en parle d’avance, car c’est l’idée maîtresse. C ’est le concept que votre intention se réalise avant ses moyens. L’effet de l’intention s’est donc réalisé dans le futur - sous forme de potentiels accrus - avant que la cause mécanique, la voiture, n’entre en jeu, car l’effet était certain avant que le moyen n’existe. Nous verrons ainsi que ce qui se produit dans le futur se produit déjà maintenant et que ce qui s’est produit dans le passé se produit encore maintenant, car la théorie de la relativité décrit un univers où tout est simultané. Ceci est d’ailleurs compatible avec la vision bouddhiste où tout est contenu dans le présent. L’idée d’une épaisseur temporelle entre le futur et le présent est une idée fausse, il n’y a qu’une épaisseur d’événements reliés par des causes, il n’y a pas d’épaisseur de temps car ce temps-là n’existe pas, mais nous allons y revenir. Le col de l’Ange Ce que je vous propose maintenant, c’est de vous montrer le chemin que prennent les physiciens pour s’éveiller à la spiritualité automati­ quement. Je veux dire par là que les progrès de la science amènent automatiquement les physiciens à découvrir la spiritualité, et c ’est ce que je crois important de dire. Je vais utiliser pour cela des métaphores en vous parlant de randonnées, de territoires, de montagnes, etc. Le déterminisme est une barrière que je matérialise par une falaise qui comporte deux failles, celle de la mesure quantique et celle du chaos macroscopique, par lesquelles on peut descendre dans la vallée de l’in­ certitude, qui n’est pour l’instant explorée que par des gens qui se font cataloguer dans l’ésotérisme parce ça descend très fort et hors de vue du parc de la pensée. Au sud de cette vallée il y a la montagne noire surplombée par un nuage noir, qui représente tout ce qu’on n’a pas

encore compris en physique et qui pose un gros problème. Au nord du territoire de la pensée il y a la chaîne des Dieux, quelque chose qu’on voit au loin et qui est en fait souvent considéré comme une illusion d’optique, une croyance, par ceux qui sont les plus prisonniers des croyances. Nombreux parmi eux veulent ériger là aussi une barrière pour nous empêcher d’y aller. A l’est il y a la colline des paradoxes, car on sent l’avènement prochain des technologies de la conscience, et de cette colline décollent les gens qui cherchent à faire une sorte de magie avec le nouveau paradigme, quelque chose entre la kabbale et la parap­ sychologie. Mais pour y aller ils doivent passer outre les barbelés de la causalité installés par le modèle standard de la physique. Et puis nous avons à l’ouest le ravin de la création avec la décharge du hasard et le gouffre de l’illusion, car nous avons l’habitude de mettre sur le compte du hasard tout ce qu’on ne comprend pas. On dit « c’est du hasard », donc on le met à la poubelle, car si on ne le fait pas on prend le risque de tomber dans le gouffre de l’illusion. Nous avons donc au centre du territoire de la pensée, de notre imagina­ tion et surtout de nos croyances, ce que j ’appelle le parc de la pensée, délimité par ces quatre frontières qui veulent nous interdire d’en sortir: (1) la falaise du déterminisme, (2) le ravin du hasard ou encore de la création, (3) le mur du matérialisme et enfin (4) les barbelés de la cau­ salité. Donc je vous propose de vous accompagner sur le chemin qui permet d’en sortir dans les meilleures conditions pour aller vers la spi­ ritualité, et pour cela nous allons descendre dans le ravin de la création pour remonter de l’autre coté, c’est-à-dire du côté où il n’y a pas de hasard. Car toute la science et tout le parc de la pensée se maintiennent encore aujourd’hui grâce au hasard, ce hasard qui a le grand intérêt de masquer toutes les failles apparues aujourd’hui en physique. Eh bien nous allons voir qu’il n’y plus de hasard quand nous allons au col de l’Ange, en prenant soin d’éviter le gouffre de l’illusion qui représente un danger lorsqu’on s’aventure de l’autre coté. C’est pourquoi il faut se faire accompagner par un guide, or je me suis improvisé un tel guide. Qu’est-ce donc que le col de l’Ange? Que découvre-t-on en y arri­ vant? Pour vous convaincre de me suivre, je vais vous dire d’avance ce qu’on y découvre. Il s’agit de trois renversements de la pensée :

Le premier renversement, c ’est qu’auparavant nous pensions que la réalité se créait dans le présent et automatiquement. Or au col de l’Ange on constate que la réalité est déjà créée dans le futur et qu’elle peut encore évoluer. Je ne suis pas le seul à le dire, je suis même accompagné par Étienne Klein qui fait partie des quelques physiciens qui sont allés visiter le col de l’Ange. Le second renversement concerne non plus le temps mais l’espace ou plutôt ce qu’il contient. Avant nous pensions que la réalité était indé­ pendante de l’observateur, or au col de l’Ange on s’aperçoit que la réa­ lité créée par l’univers dépend de nos observations, et que par-dessus le marché elle pourrait même dépendre de nos intentions. Je parle ici bel et bien de notre futur. Le troisième renversement concerne l’information, la révolution de l’information physique. Avant nous pensions que la création se faisait mécaniquement, sinon par hasard auquel cas nous aurions un Dieu qui joue aux dés, or aujourd’hui on pense de plus en plus, et c’est même de plus en plus clair, que la création de la réalité a besoin d’informations extérieures à l’espace-temps. Alors ça, je vous le dis mais c ’est du lourd, car c’est à la fois extraordinaire et démontré. Il va vous falloir du temps pour assimiler cela aussi. Pour vous y aider, je vais commencer par vous parler des premiers ran­ donneurs qui au siècle dernier ont tenté l’ascension du col de l’Ange, mais qui n’y sont pas arrivés. En fait, pour y arriver ils auraient dû se mettre en cordée. Il s’agit d’Einstein, de Nietzsche et de Bergson. Einstein a déclaré dans une lettre à son ami Besso : « Pour nous, physi­ ciens dans l’âme, la séparation entre passé, présent et futur ne garde que la valeur d ’une illusion, si tenace soit-elle ». C’est ce que je vous disais tout à l’heure, il n’existe pas d’écart temporel entre un événe­ ment présent et un événement futur, simplement on ne sait pas com­ ment concevoir l’événement futur bien qu’il soit déjà là. Nietzsche a écrit dans « Humain, trop humain » [42] quelque chose de très méconnu, probablement parce que ses lecteurs n’ont pas dû le prendre au sérieux : « Notre destin exerce son influence sur nous, même lorsque nous ne le connaissons pas encore: c ’est notre avenir qui détermine notre présent. » Heureusement il a aussi écrit ailleurs

quelque chose qui confirme sa pensée: « le futur influence le présent autant que le passé » Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire? Le problème, c’est que si notre futur est déjà réalisé, conformément à la vision déterministe d’Einstein, et si par-dessus le marché notre pré­ sent est déterminé à la fois par le passé et par le futur, alors nous sommes ultra-déterminés et par conséquent totalement prisonniers. On a donc perdu toute possibilité de libre arbitre. Heureusement, nous avons Bergson qui écrit dans « Le possible et le réel » [43]: « A quoi sert le temps?... Ne serait-il pas le véhicule de création et de choix? L ’existence du temps ne prouverait-elle pas qu’il y a de l’indétermination dans les choses? ». On aimerait bien qu’il ait raison, mais comment voulez-vous qu’il y ait de l’indétermination dans les choses si notre présent fait l’objet d’une double détermination, à la fois par le passé et par le futur? C’est la question à laquelle nous allons répondre en montrant que lorsqu’on est au col de l’Ange, il est tout à fait possible de concilier ces trois points de vue, c’est-à-dire qu’ils auraient tous les trois raisons. Toujours pour vous encourager dans l’ascension du col de l’Ange, je vais maintenant citer les nouveaux randonneurs, c ’est-à-dire ceux du nouveau millénaire, qui durant ces trois dernières années ont fait des déclarations fracassantes en revenant du col, et on peut dire qu’il y a une véritable révolution en physique actuellement. Thibault Damour, un illustre physicien de l’Institut des Hautes Études Scientifiques, spécialiste de la relativité [44] et de la cosmologie des trous noirs, a déclaré: « Le futur est déjà là ...» . Ah bon, mais si le futur est déjà là, pourquoi doit-on l’attendre alors? Tout simplement parce qu’il y a trop d’informations à absorber, trop d’enchaînements de causes à effets. C ’est la causalité qui nous sépare du futur, pas le temps. Et il a dit aussi : « Le temps est fondamentalement réversible ». Ceci peut se comprendre si l’on remplace le temps par la causalité, car c’est la causalité qui est réversible, pas le temps, étant donné que les équations de la physique sont réversibles. Mais vous allez mieux com­ prendre en écoutant un autre randonneur : Carlo Rovelli, un autre grand physicien, père de la gravité quantique à boucles, a écrit [45]: « Le temps n ’existe pas... ». Donc vous voyez,

cela ne peut pas être le temps qui nous sépare du futur, seulement la causalité, et il a écrit aussi: « Nous devons apprendre à penser le monde non comme quelque chose qui évolue dans le temps, mais d ’une autre façon » Mais comment est-ce possible? De quelle autre façon? Est-ce que cela voudrait dire qu’il y aurait un deuxième temps? Les choses n’évolue­ raient pas dans le présent qui n’existe pas, et il y aurait un deuxième temps dans lequel évolueraient quand même les choses? Comment cela? Carlo Rovelli est pourtant un physicien très respectable à la réputation internationale. Étienne Klein, dont j ’apprécie beaucoup les écrits [12] [13] [14] et qui a une crédibilité médiatique en représentant souvent la science phy­ sique en France, quelqu’un qui se doit donc normalement d’être rai­ sonnable dans ses déclarations, car il informe un large public tout de même, suggère dans l’une d’elles la chose suivante: « l ’idée que le futur existe déjà, que c ’est une authentique réalité, mais pas complète­ ment configurée, pas intégralement définie, q u ’il y a encore des espaces pour la volonté, le désir, l ’invention... » et il en déduit en toute logique : « ..n e serait-il pas temps de commencer à coloniser intellec­ tuellement l’année 2050? » Comprenez-vous ce que dit là Étienne Klein? Il se questionne sur la possibilité de commencer à coloniser intellectuellement - c’est-à-dire d’influencer par la pensée - l’année 2050. Il n’a pas osé nous dire plus clairement que nous pourrions influencer par la pensée une authen­ tique réalité déjà présente dans le futur afin de mieux la configurer, parce qu’il fallait noyer ce poisson après l’avoir sorti de l’eau : juste le montrer brièvement. Il s’agit en effet d’une proposition vertigineuse et donc courageuse de la part d’un orateur public comme Étienne Klein. Eh bien figurez-vous qu’il est allé encore plus loin récemment, en mai 2013 je crois, en prenant un exemple comme celui dont je vous ai parlé tout à l’heure: la personne qui a l’intention d’aller chercher du pain sans savoir encore par quel moyen, pour montrer la possibilité d’une rétrocausalité entre la réalisation de l’intention et la réalisation du moyen: vous êtes allé chercher votre pain avant d’avoir trouvé le moyen de le faire, car dans l’espace-temps, il se pourrait bien que les

choses certaines se mettent en place avant les choses incertaines, c’est tout, c ’est de la logique rationnelle pure. Bon, je me répète, mais j ’in­ siste là-dessus car vous allez mettre des années avant de vous habituer à cette idée-là. Et enfin, Antoine Suarez [39], un physicien quantique qui collabore avec Nicolas Gisin [40] à Genève, tous deux célèbres pour leurs expé­ riences, nous dit que: « Pour avoir une matière qui fonctionne de façon sensée, nous avons besoin d ’une coordination qui n ’est pas matérielle... et qui est insensible à l ’espace et au temps ». Donc là, on retrouve l’idée que l’espace-temps est immergé à l ’intérieur d ’un monde non manifesté qui informe notre monde manifesté avec des informations qui viennent de l’extérieur de l’espace-temps. Or ceci l’oblige à évoluer, à ne pas rester figé, donc on retrouve ici l’idée que notre espace-temps évolue hors du temps et cela répond à l’interroga­ tion de Carlo Rovelli. C ’est aussi la porte ouverte à l’Esprit, et il faut effectivement grimper au col de l’Ange pour commencer à voir le pic de l’Esprit. Et effectivement, Antoine Suarez l’a bien vu, car il a fait une conférence en mai dernier dans un colloque, organisé par Jean Staune [46] [47] à Paris, où sont intervenus des physiciens qui s’inté­ ressent au phénomène de la conscience et qui adhèrent à la notion transcendantale de l’Esprit, en faveur de la spiritualité, et j ’en faisais partie. L’Espace-temps flexible Jusque-là, je n’ai fait que reprendre des déclarations de physiciens ou philosophes très connus. Maintenant, moi qui suis un grand randon­ neur, je me suis permis de débroussailler moi-même un chemin vers le col de l’Ange. Il peut y avoir d’autres chemins, mais je vais vous par­ ler maintenant du chemin que j ’ai tracé pour y aller. Ce chemin consiste à réconcilier Einstein, Nietzsche et Bergson en disant que le futur est déjà réalisé, que la réalité ne se crée pas dans le présent et que le futur peut changer ici et maintenant, sous l’influence de nos inten­ tions. J ’introduis donc le libre arbitre et j ’en tire toutes les consé­ quences. Pour cela j ’utilise une représentation de l’espace-temps sous la forme d’un cylindre flexible. Une tranche circulaire de ce cylindre

représente un point du temps, le présent par exemple. Elle a la forme d’un disque qui remplace une sphère qui contient tout l’espace-temps. On enlève ainsi une dimension d’espace pour pouvoir représenter l’espace-temps en trois dimensions, donc la longueur du cylindre repré­ sente le temps. Maintenant, supposez que nous ayons un libre arbitre authentique. Dans ce cas la forme de ce cylindre, ou en tout cas ce qu’il contient, est obligée de changer sous l’influence de nos inten­ tions : il faut donc que ce cylindre soit flexible. Or nous avons là un problème car ni la théorie de la relativité ni la gra­ vité quantique à boucles ne décrivent un cylindre d’espace-temps flexible. Elles décrivent un cylindre d’espace-temps figé, et pour qu’il en soit autrement il faudrait rajouter des dimensions. Or en quatre dimensions, il est impossible de faire bouger ce cylindre. Heureuse­ ment, il y a une porte de sortie, car la théorie de la gravité quantique fait vibrer l’espace-temps, elle le fait donc bouger, mais c’est à une échelle infiniment petite de dix à la puissance moins trente-cinq mètres. C’est là que mon apport personnel intervient. Ma proposition, que j ’ai publiée [48] [49], est de dire que des vibrations de l’espacetemps, même si elles sont infinitésimales, sont susceptibles de modi­ fier considérablement, à l ’échelle macroscopique, les trajectoires d’événements et donc la structure matérielle de l’espace-temps. Cela se produit suite aux bifurcations qui apparaissent inévitablement à toutes les échelles, à cause d’une amplification des différences dans les conditions initiales qui est due au chaos incontournable dans les inter­ actions ou les chocs entre particules. Le résultat, c’est que l’intérieur de l’espace-temps change à toutes les échelles sous l’effet de ces vibrations, il change dans toute l’étendue du temps simultanément, ce qui se représente par un cylindre flexible qui change de forme. Ou encore, on peut représenter la structure de l’espace-temps comme un ensemble de cylindres fixes qui se rejoi­ gnent dans le présent pour former un tronc d’arbre, et vous avez un espace-temps qui devient un arbre avec des branches cylindriques, ce que j ’appelle l’arbre de vie lorsqu’on le limite à la description de notre vie personnelle. À partir de l’instant présent, nous allons emprunter une seule de ces branches si rien ne change dans l’information appor­

tée depuis l’extérieur de l’espace-temps, mais toute nouvelle informa­ tion externe est susceptible de changer cette situation et donc de nous faire empmnter une nouvelle trajectoire, une nouvelle branche. Cet arbre de vie est le point de départ de la théorie de la double causa­ lité. Personnellement par exemple, j ’ai peut-être aujourd’hui dix poten­ tiels pour mon avenir, c’est-à-dire une dizaine de branches, et si on cherche dans le détail j ’en ai peut-être mille. Mais si on reste dans les grandes lignes peut-être qu’aujourd’hui je vais mourir à tel âge et de telle façon, mais tout cela peut encore changer et demain mon avenir sera différent. Peut-être que dans un mois je n’aurais plus que quatre vies potentielles au lieu de dix, ou alors une vingtaine, donc mon arbre de vie aura changé. Donc notre avenir peut se décrire à tout instant comme un arbre de vie qui évolue dynamiquement. Le problème est que mathématiquement, tout cela est très difficile à représenter, c ’est pourquoi je propose un équipement de randonnée qui consiste à emmener dans son sac à dos une dimension supplémentaire au moins. Parce que pour arriver à concevoir un tel arbre, c’est-à-dire à comprendre le panorama que l’on voit depuis le col de l’Ange, on a absolument besoin d’au moins une dimension d’espace supplémen­ taire. Cette dimension est une dimension de torsion, c’est-à-dire que si vous considérez votre ligne de vie actuelle comme un cylindre qui va parcourir votre futur, alors sans changer la position de votre cylindre dans le présent vous pouvez changer sa position dans le futur, par le simple fait de le tordre en le faisant tourner sur lui-même. Cette torsion est une torsion invisible et non physique, dans le sens où l’information qu’elle met en jeu n’appartient pas à notre espace-temps quadridimensionnel. Elle lui est extérieure, elle est évidemment le vecteur de ce fameux hasard auquel la physique n’arrive pas à donner du sens. On peut donc mathématiquement rendre compte de ce fameux hasard externe à l’espace-temps par des dimensions supplémentaires. Voilà. C ’est ce que fait aussi la théorie des cordes qui aboutit à la notion d’univers parallèles... mais je ne vais pas aborder cette théorie ici, nous pourrons voir cela dans les questions. J ’en arrive maintenant au modèle que j ’ai présenté à l’Institut de France l’année dernière (2012), où j ’étais invité à m ’exprimer dans un

colloque sur la conscience dans le cadre de l’association « Être humain » qui réunit des académiciens. Ce n’était pas une invitation de l’académie, je précise, mais d’une association indépendante qui m’a demandé de donner le point de vue d’un physicien sur la conscience dans ce colloque où s’exprimaient des académiciens. Difficile pour eux de trouver un physicien qui donne son point de vue sur ce sujet, et donc ça m’est tombé dessus. Enfin bref, j ’y ai présenté un modèle du mental, de l’esprit et de la conscience où j ’ai précisé le rôle de la conscience sur la base du cylindre flexible appliqué à la description de chacune de nos vies. Alors j ’ai représenté notre vie comme se dérou­ lant à l’intérieur d’un tunnel flexible invisible dans lequel chacun de nous se déplace sans savoir qu’il est automatiquement guidé, et je représente notre conscience par une lampe de poche qui nous permet de voir notre parcours, sur quelques secondes par exemple, ou plus si nous sommes très éveillés. J’y ai dit aussi que notre conscience a deux fonctions, la première liée à l’attention - la présence - qui consiste à enregistrer des informations dans l’univers et dans le temps présent, c’est aussi le rôle de l’observa­ teur en mécanique quantique, et la seconde liée à l’intention qui consiste à configurer le futur de l’univers, dans ce qui reste évidem­ ment configurable, c’est-à-dire qui ne dépend pas strictement de la causalité et qui fait donc intervenir ces fameuses informations exté­ rieures à l’espace-temps. Ces deux fonctions de la conscience suppo­ sent que nous vivions dans un univers d’informations: informations qu’il a tendance à perdre mais qui sont renouvelées par toutes les consciences dans l’univers. Je vous fais grâce des arguments physiques qui m’ont amené à concevoir un tel modèle pour notre réalité, parce que la physique de l’information est encore très jeune et ardue, mais notez que c’est un modèle plus optimiste que celui de la caverne de Platon ou de sa version modernisée par le film Matrix, car dans cette matrice dont je vous parle nous sommes tous câblés pour devenir des héros comme Néo. Supposons maintenant que notre cerveau ne reçoive aucune informa­ tion externe à l’espace-temps, et que notre tunnel invisible ne peut être bougé par personne d’autre. Dans ce cas notre conscience n’aurait

qu’un rôle passif à jouer, car notre tunnel ne pourrait pas bouger. C ’est en fait l’ego qui pourrait mettre la conscience dans un tel état, car tout le monde voit bien que les personnes qui sont sous l’emprise de leur ego ont un fonctionnement prévisible, comme un automate. L’ego transforme le mental en un automate et dans ce cas nous devenons des machines. Je représente cela par un miroir qui s’interpose entre le mental et la source d’informations externes que je définis ici comme étant l’esprit, notre esprit. Le miroir renvoie les informations de l’ego au lieu de laisser passer celles de l’esprit. Les personnes qui renient l’existence de l’esprit, qui n’ont donc pas d’intuitions ou qui les blo­ quent, sont dans la confusion entre le mental et l’esprit et risquent de fonctionner comme des machines. Les techniques de méditation, entre autres, sont là pour éviter cette confusion et pour nous faire découvrir la lumière intérieure de l’esprit, celle qui se traduit dans le sourire, si vous préférez. La différence entre l’esprit et le mental est que l’esprit, cette lumière intérieure qui s’accompagne aussi de joie, est une source d’informations externe à l’espace-temps, alors que le mental est un processus interne de traitement de l’information: au contraire de l’es­ prit il est sujet à la causalité. Je ne me pose pas la question de savoir ce qu’est l’esprit en dehors de cette définition. Peut-être que nous avons tous le même esprit, peut-être que non et que nous sommes malgré tout reliés à un niveau hiérarchique supérieur par ce qu’on appelle Dieu. Oublions cela et considérons l’esprit comme la source d’infor­ mations qui bouge tout simplement notre tunnel, comme si nous étions télécommandés depuis l’extérieur de l’espace-temps. Figurez-vous maintenant que l’existence de cette télécommande pour­ rait fort bien trouver une légitimité non seulement physique mais aussi mathématique, à travers le théorème de Gôdel. Ce théorème nous apprend en effet que tout système formel, c’est-à-dire logique comme le serait un univers d’informations reliées par des lois comme la causa­ lité, contient forcément des propositions indécidables. Entendez par là qu’un tel système ou univers ne peut rester cohérent que s’il est incom­ plet, c’est-à-dire s’il manque d’informations pour décider de son état, auquel cas il aurait évidemment besoin d’informations extérieures, et l’on retrouve ainsi notre télécommande.

Mais ce qu’il faut retenir ici, c’est que lorsque la connexion est ouverte entre esprit et mental, nous avons un libre arbitre et la télécommande fonctionne, alors que dans le cas contraire notre liberté est illusoire et nous ne pouvons fonctionner qu’en pilote automatique. La télécommande de Vespace-temps Je passe maintenant à la partie expérimentale de mon exposé et nous allons commencer à sortir de la science pour nous rapprocher de la spi­ ritualité, en abordant le sujet des synchronicités, c’est-à-dire des coïn­ cidences porteuses de sens pour les personnes qui les vivent. Il faut les différencier de ce qu’on appelle les signes du destin, qui ne sont de vraies synchronicités que lorsqu’ils sont très improbables et exigent donc une explication. Mais à ce stade, il est important de distinguer deux sortes de personnes qui détectent ou ressentent des indications du destin dans leur vie. Il y a les personnes qui sont dans la confusion, qui pensent avoir vécu quelque chose de significatif mais qui ne se rendent pas compte qu’il ne s’agit que de projections, parce qu’il est normal que de temps en temps il se produise des coïncidences improbables. Or il faut que ce genre de chose soit répétitif pour lui donner du sens sans sombrer dans le gouffre de l’illusion. Il est très important de douter et d’essayer d’évaluer l’improbabilité réelle de ce qu’on vit. Ce n’est pas évident et c’est pourquoi la confusion a souvent lieu. Il est possible que dans 80 % des cas on ait affaire à des projections. Beaucoup de lecteurs m’ont confié leurs témoignages et seuls quelques-uns m ’ont paru dignes d’être classés comme de véritables synchronicités. Bien sûr j ’ai pu me tromper car on est là dans quelque chose de très subjec­ tif, difficile à décrire, mais finalement c’est le sens que l’on donne soimême à ce qu’on vit qui compte, à condition de ne pas être parasité par un mental qui calcule et qui projette. On a moins de chance de se trom­ per lorsqu’on tient compte de sa première impression, mais il faut bien dire que beaucoup de hasards que l’on aurait tendance à attribuer à des signes, à l’esprit, à l’ange ou à je-ne-sais-quoi ne sont que des illu­ sions. Il n’empêche, et j ’ai fait un effort considérable pour essayer de défri­ cher tout cela, que dans mon expérience personnelle ainsi que dans la

littérature, il subsiste un nombre très important de cas qu’il est impos­ sible de réduire en projections en les jetant dans la poubelle du hasard. Je suis là-dessus dans la même ligne que de nombreux scientifiques très respectables, y compris des prix Nobel, et je vais citer ici quelques scientifiques qui se sont réellement investis dans la recherche sur ces phénomènes. Alors tout d’abord, il faut savoir que ces phénomènes peuvent aussi avoir un aspect banal, car il existe des coïncidences étranges et très courantes, mais qui ne valent pas vraiment la peine qu’on les étudie parce qu’il est plus facile, voire même justifié en ce qui les concerne, de les mettre à la poubelle. Il s’agit de tout ce qu’on appelle par les expressions : « le monde est petit », « la loi des séries », « l’effet Pauli ou l’effet démo », « les cascades numériques », « la chance ». Allez savoir dans ces cas s’il faut chercher un sens, le mieux est sûrement de s’abstenir et donc de tendre la carte Joker. Par contre, il existe des synchronicités beaucoup plus improbables qui intervien­ nent généralement lors des grands changements dans une vie. Elles sont souvent liées à des rencontres déterminantes et là, vous êtes cer­ tains qu’il n’y a pas de hasard. Sauf si vous êtes paumé et que vous vous retrouvez en situation d’errance. Mais lorsque vous êtes bien cen­ tré et qu’il vous reste encore un peu de connexion avec l’esprit, donc un peu de réseau pour votre télécommande, même dans les situations de chaos vous pouvez être certain que cette télécommande a déjà pré­ paré des plans pour votre vie future longtemps, longtemps à l’avance et que par conséquent, si jamais vous n’avez pas de plans, plusieurs plans concernant votre vie sont déjà là dans votre futur et l’un d’eux saura s’imposer à vous, même s’il faut que l’univers vous bluffe ou vous épate pour cela. C ’est pourquoi il est important de maîtriser ses pensées, son comporte­ ment, ses intentions, d’être authentique et d’avoir un état d’esprit posi­ tif et ouvert sur le long terme, car c’est à partir de cette ouverture que votre télécommande construit progressivement votre futur, là où il n’est pas encore configuré. Si par contre votre connexion entre l’esprit et le mental est coupée, alors il faut vous attendre à traverser des périodes avec des souffrances à la clé. C ’est d’ailleurs souvent à la suite de telles souffrances que la connexion finit par s’ouvrir et lorsque

le réseau revient, alors votre futur enfin informé par votre télécom­ mande se réorganise et là tout s’arrange pour vous, car vous arrivez à contrebalancer la loi de l’entropie croissante qui veut que tout système mécanique, à moins d‘être contrôlé extérieurement, est invariablement conduit vers le désordre. Attention, je vous parle d’une télécommande mais elle ne fonctionne pas en temps réel, elle est obligée de passer par une reprogrammation du mental : c ’est lui qui crée le futur parce que le mental est physique, pas l’esprit. Il n’y a rien de magique là-dedans. Ce n’est pas l’esprit qui crée directement votre futur, c’est le mental, qu’il soit informé ou non par la télécommande. Sans cette information, le mental réagit automatiquement avec ses réflexes du passé, son pilote automatique en face de nouvelles situations, et c ’est cela qui conduit au désordre, c’est-à-dire au renouvellement des échecs par exemple et il faut bien comprendre que dans ce cas précis, aucune nouveauté positive ne peut s’installer dans votre futur, car tout comportement mécanique vous emmène sur une voie où le désordre finit par s’installer. Maintenant, l’explication que je donne aux coïncidences et aux synchronicités se résume par la phrase suivante : « Nos intentions causent des effets dans le futur qui deviennent les futures causes d ’effets dans le présent. » Après ce que je viens de dire, vous comprenez bien que cela ne peut s’appliquer que si les effets causés par vos intentions sont nouveaux, et non pas installés depuis longtemps par votre conditionne­ ment. D’où la nécessité que votre télécommande soit en marche et en bon état, c ’est-à-dire que vos intentions soient à la fois nouvelles et authentiques. Cette explication par une double causalité a été reprise avec force par Jacques Vallée [50] dans une conférence qu’il a donné à TEDx Bruxelles en 2011 [51], où il a cité cette phrase et dit que cela serait la base de la future physique de l’information qui s’imposera peu à peu dans les années à venir. C ’est donc un joli soutien à ma théorie et je dois le remercier de m ’avoir ensuite ouvert les yeux sur sa portée technologique. Car Jacques Vallée n’est pas seulement un écrivain et astronome, c ’est surtout un spécialiste de tous les artefacts lumineux et physiques comme les ovnis et un tas d’autres phénomènes incompré­ hensibles bien qu’avérés. Il a eu en main des dossiers classés de la

NASA et a été recruté par Spielberg pour conseiller le rôle de François Truffaut dans « Rencontres du 3e type ». Il a assisté à des expériences de parapsychologie avec des sujets doués. Son expérience lui a permis de se forger une conviction et ce n’est pas pour rien qu’il a soutenu ma théorie. Je ne l’ai vraiment compris que six mois après, lorsque j ’ai commencé à entrevoir les applications technologiques possibles de la double causalité, et ceci constitue l ’essentiel de mon travail de recherche à ce jour, en collaboration avec des industriels de l’innova­ tion qui sont convaincus que j ’ai ouvert une voie d’avenir extrême­ ment prometteuse et passionnante. Ce n’est d ’ailleurs pas de mes publications mais de l’impact technologique de cette théorie que vien­ dra sa validation par le biais expérimental, si elle vient, et tout ce que je peux vous dire c’est que ça chauffe. Une façon plus sobre de résumer le mécanisme des coïncidences est de dire tout simplement que « Ce qui n ’est pas déterminé par le passé est déterminé par le futur ». Bien entendu cela implique une rétrocausalité, or ceci est une hypothèse avancée il y a plus de trente ans par le très respectable physicien O livier C osta de Beauregard [52], aujourd’hui décédé mais dont je suis certain que l’apport restera dans l’histoire, car c’est bien lui le père de la rétrocausalité. Il en a payé le prix lorsqu’il a proposé cette hypothèse pour expliquer la fameuse expérience d’Alain Aspect de 1982. À cette époque il avait osé relier la rétrocausalité à la parapsychologie, ceci a généré de l’indignation et une marginalisation s’en est suivie. Je pense que c’est même la raison pour laquelle Alain Aspect n’a toujours pas reçu le prix Nobel. Mais aujourd’hui les choses ont changé et si vous prenez Thibault Damour par exemple, même s’il n’en fait pas un cheval de bataille, il n’est pas déconsidéré pour avoir déclaré ne pas avoir de soucis avec la rétrocau­ salité. Même Étienne Klein s’y met. Aujourd’hui tout bascule, et c ’est facile à comprendre car c’est à cause de cette nouvelle conception de l’espace-temps qui s’impose car elle se voit du col de l’Ange. Pour bien le comprendre, il vous suffit d’imaginer que vous changez avec votre télécommande la position de votre tunnel de vie dans le futur. Alors il faut bien que cette nouvelle position soit reliée au présent et que des changements aient donc lieu avant ce futur, sinon vous casse­

riez votre tunnel de vie, vous casseriez l’espace-temps. Donc il y a bien une rétrocausalité, c’est aussi simple que cela, elle provient de ce que la fin crée mécaniquement les moyens. Et si cette finalité vous choque, alors vous devez refuser que l’espace-temps soit flexible, mais dans ce cas vous tombez dans un piège créationniste qui vous oblige à croire que l’univers, du big-bang jusqu’à la fin des temps, s’est créé d’un seul coup et que depuis tout est figé, plus rien ne change, nous ne faisons que visiter un espace-temps figé à tout jamais. Personnelle­ ment, je trouve ça impensable, c ’est comme une pensée primitive, et pourtant c’est ce à quoi mène le déterminisme. Je ne suis pas le seul chercheur du CNRS à vouloir expliquer les synchronicités. Bien avant moi, le physicien quantique François Martin [53], aujourd’hui à la retraite mais très actif, a publié un modèle qu’il appelle la Théorie de la Psyché Quantique. Nous nous sommes ren­ contrés et avons échangé sur cette question, puis nous sommes tombés d’accord sur un certain nombre de points communs essentiels. J’en ai fait une page web de mon site : http://ww w .philippeguillem ant.com /les-synchronicites/les-synchronicites-en-theorie Nos différences de points de vue sont très relatives et proviennent du fait que je suis un physicien classique, donc de l’échelle macrosco­ pique et du chaos. Là où François parle d’intrication atemporelle je parle de dimensions supplémentaires, mais il existe un point de vue selon lequel cela revient au même, que l’on peut résumer en disant qu’il s’agit de deux façons d’introduire des informations atemporelles dans l’espace-temps. La théorie des cordes nous apporte aussi un cer­ tain nombre d’enseignements là-dessus (voir dans les questions). Il est enfin incontournable de citer Jung et Pauli qui sont les pères du concept de synchronicité et en ce qui concerne Jung, de la théorie de l’inconscient collectif. La grande majorité des travaux sur la synchro­ nicité ont été inspirés par Jung et Pauli et notamment par leur corres­ pondance [54], donc si vous vous intéressez aux synchronicités il faut commencer par étudier Jung. Pauli était un physicien qui a reçu le prix Nobel et qui a vécu lui-même de nombreuses synchronicités que l’on a ensuite appelé l’effet Pauli. Lorsqu’il pénétrait dans une pièce où se

déroulait une expérience il avait la réputation de tout détraquer par sa présence, comme une espèce de micro-poltergeist. Personnellement j ’ai plutôt été un spécialiste de l’effet « démo », mais j ’ai réussi à le contrer en maîtrisant mon état d ’esprit. J ’ai fait de nombreuses démonstrations expérimentales durant ma carrière et j ’ai compris com­ ment il fallait faire pour éviter cet effet. En quoi cela consiste ? Eh bien l’effet démo a lieu lorsque vous avez besoin qu’une expérience ou qu’une démo fonctionne, devant des industriels par exemple. C’est à ces rares moments qu’elle se met bizarrement à planter, malgré toutes vos précautions et comme par hasard. C’est très connu dans le milieu de l’innovation vous savez. Comme j ’ai beaucoup innové dans ma vie il a bien fallu que je parvienne à maîtriser cette affaire et j ’ai compris le truc. J ’ai compris quelle était l’attitude mentale qu’il fallait avoir pour éviter cet effet et c’est une sorte de présence d’esprit. Je ne parle pas d’un réflexe mais plutôt d’une présence d’amour, une sorte de par­ tage dans l’émerveillement si vous préférez, le mot amour étant très dénaturé, mais on finira bien par découvrir qu’il s’agit d’une sorte de lumière intérieure aussi physique que la lumière extérieure. Le fonctionnement de la télécommande Je vais maintenant vous parler des facteurs qui favorisent les synchronicités et vous verrez qu’il y a une grande logique là-dedans, comme si nous étions câblés par l’intermédiaire de notre télécommande pour ser­ vir d’interface cybernétique de création du monde, depuis l’extérieur de l’espace-temps. J ’ai fait mon propre recensement de ces facteurs dans mon livre puis j ’ai recoupé cela avec le recensement effectué par d’autres chercheurs et notamment les psychologues canadiens JeanFrançois Vezina [31] et Joachim Soulières [55], Je vous invite à lire leurs livres, vous constaterez que l’on se rejoint. J’ai parlé de neuf dis­ positions qu’il importe de cultiver pour obtenir l’état d’esprit qu’il convient afin de vivre des synchronicités, que dis-je, afin d’en créer à volonté. Oui, parce que j ’ai oublié de vous dire que l’on peut provo­ quer des synchronicités. Personnellement j ’en ai provoqué pour arran­ ger ma vie et je l’ai effectivement arrangé au-delà de mes espérances. Mon livre en témoigne en partie. Aujourd’hui je n’en provoque plus

car je ne veux plus rien changer, dans mes bases en tout cas, mais il m’en arrive encore et je les accueille par un sourire, ayant fini par trou­ ver cela normal, voire ayant même appris à décoder leur signal. Disons qu’elles signifient pour moi, lorsqu’elles arrivent comme par hasard le jour où j ’ai fait un choix: « Félicitations, tu es sur la bonne voie ». Mais il faut rester léger avec tout ça et ne pas le prendre au sérieux, évidemment. Alors voilà, maintenant je vais vous expliquer comment on peut intro­ duire soi-même de la magie dans sa vie, et cela se résume en neuf dis­ positions que l’on peut activer à l’aide de sa télécommande. Il y a neuf inscriptions sur cette télécommande, organisées en trois rangées de trois inscriptions chacune, qui correspondent en fait à six boutons sui­ vis de trois voyants lumineux : ( 1) MENTAL (4) CONFIANCE (7) FOI

(2) ESPRIT (5) LÂCHER PRISE (8) INTUITION

(3) DEMANDE (6) DÉTACHEMENT (9) JOIE

Ces trois rangées correspondent pour (1), (2) et (3) à l’émergence de l’intention jusqu’à la demande, pour (4), (5) et (6) à celle de l’activité mentale adéquate suivie d’actions et enfin pour (7), (8) et (9) à l’ouver­ ture de la connexion avec l’esprit. Tout d’abord, au niveau de l’inten­ tion, il importe que celle-ci soit authentique et donc cela implique : (1) MENTAL: se déconditionner le mental... pour sortir du fonction­ nement automatique imposé par l’ego et tout ce qui le stimule : l’image que l’on se donne, les préoccupations, etc. (2) ESPRIT : identifier son être intérieur... pour ramener la connexion avec l’esprit, ce qui se fait souvent par la méditation, mais il y a d’au­ tres moyens et personnellement je fais de la randonnée. (3) DEMANDE: faire une demande... qui vient automatiquement en conséquence d’une introspection qui a ramené du sens dans votre vie. Vous en déduisez qui vous êtes, donc ce que vous êtes venus faire sur

cette planète, et vous en déduisez ce dont vous avez besoin, d’où la demande. Ces trois premiers facteurs sont liés à l’émergence d ’une intention authentique, pour laquelle la dissociation esprit/mental est fondamen­ tale. Ce n’est que lorsque cette dissociation est faite qu’on est capable de découvrir au fond de soi-même ce qu’on veut faire dans sa vie. Cela permet au mental d’être informé sur ce qu’il doit faire et surtout chan­ ger en lui-même. Le mental c’est le cerveau, l’activité cérébrale, et il est informé par l’esprit, donc par des informations externes à l’espacetemps qui entrent dans le système complexe qu’est le cerveau, parce que tous les systèmes dynamiques complexes ont besoin d’informa­ tions externes pour diriger leur évolution de façon ordonnée, en dimi­ nuant l’entropie au lieu de l’augmenter, ce qui est le cas des systèmes vivants. Donc l’esprit est la source de ces informations, je le définis ainsi et je n’en sais pas plus, c’est pourquoi je le remplace par ce « jene-sais-quoi » qui tient la télécommande. Donc, après avoir fait votre demande votre futur commence à se reconfigurer en fonction des informations de l’esprit, mais ce n’est pas encore cela qui va provoquer des synchonicités, c’est juste la première étape, parce que l’intention authentique ne suffit pas, encore faut-il agir correctement et ne pas se mettre des bâtons dans les roues. Donc il faut franchir une seconde étape en appuyant sur les boutons (4), (5) et (6) avec votre cerveau, et ça va demander un effort du mental : (4) CONFIANCE: il va vous falloir faire un effort afin de sortir des sentiers battus pour élargir votre champ des possibles, ce qui va vous demander de la confiance. (5) LÂCHER PRISE : vous allez devoir lâcher prise afin de laisser agir les choses qui s’installent dans votre futur, pour ne pas les contrecarrer par un mental qui veut tout prévoir, tout calculer. (6) DÉTACHEMENT : c’est le plus important, car c’est ce qui va vous permettre d’accepter le changement indispensable à la mise en place d’un nouveau futur.

Il s’agit donc là de trois efforts que vous allez devoir faire mentale­ ment, et qui devront être confirmés par vos actes. Ceci va vous permet­ tre d ’ouvrir des connexions avec l’esprit, et il y a trois types de connexion possibles qui correspondent aux trois types d’efforts effec­ tués. Lorsque vous avez ouvert une connexion en appuyant sur un bou­ ton de la deuxième rangée, à chaque fois un voyant lumineux s’allume juste en dessous sur votre télécommande. Ces trois voyants lumineux s’appellent la foi, l’intuition et la joie : (7) FOI: elle s’allume lorsque vous avez correctement appuyé sur (4) c ’est-à-dire cultivé la confiance, et la foi va vous permettre de prendre des risques, comme par exemple monter une entreprise. Il importe de préciser que la foi est le contraire de la croyance car elle n’a pas besoin de raisons pour s’installer, elle n ’a besoin que d’une confiance pro­ fonde et irraisonnée. (8) INTUITION : elle s’allume lorsque vous avez correctement appuyé sur (5) c’est-à-dire réussi à lâcher prise dans vos scénarios anciens, et c’est ce qui va vous guider dans vos nouvelles actions. Ca peut simple­ ment se résumer à bien dormir, à trouver le sommeil. Le fait que son bouton s’allume se traduit par un sourire intérieur, mais ça se voit aussi de l’extérieur et tout le monde peut voir que vous êtes inspiré. (9) JOIE: elle pourrait aussi s’appeler l’amour et elle s’allume lorsque vous avez correctement appuyé sur (6), c’est-à-dire réussi à vous déta­ cher de tout ce qui emprisonnait votre vie, et vous découvrez alors que vous aimez la vie sans aucune raison, ce qui vous amène naturellement au don de soi, tout à fait désintéressé. Cela se traduit par de la joie inté­ rieure, sans aucune cause extérieure. Dans cet état on a naturellement envie de partager avec les autres, donc de donner, donc ça n’a rien à voir avec l’amour causé par le désir ou l’attachement, c ’est tout le contraire. C ’est le détachement qui installe cet amour ou cette joie, et ensuite ce qu’on aime se produit naturellement, car l’amour est le meilleur coup de tampon donné à l’univers pour garantir que vous allez aller dans la direction aimée, quoi qu’il arrive.

Donc vous voyez, le fonctionnement de la télécommande est somme toute plutôt simple. La première rangée active une demande authen­ tique qui commence déjà à programmer votre futur, et la deuxième rangée c’est juste pour faire de la magie, alors là ça mérite un peu plus d’explications. Les trois efforts du mental « confiance », « lâcher prise » et « détache­ ment » vont permettre de diminuer votre conditionnement et donc de diminuer les voies causales qui réduisent votre champ des possibles. Ces trois efforts ne vont pas seulement ouvrir ce champ des possibles, ils vont aussi vous permettre de vous connecter aux informations de l’esprit au moyen de l’une des connexions qui suivent: « foi », « intui­ tion » et « joie ». Or ce sont ces connexions qui favorisent les voies non causales c ’est-à-dire rétrocausales, ou encore non planifiées si vous préférez. Il n’y a pas de planification ni de raison suffisante dans la prise de risque, l’écoute de son intuition ou le don de soi. Cela va pourtant informer l’univers que vous allez faire des choses alors même que ni les raisons pour les faire ni les chemins pour y parvenir n’exis­ tent. Donc vous allez grossir les probabilités de vos finalités en l’ab­ sence même de ces chemins. C’est cela qui creuse les voies non cau­ sales, qui crée les ponts envoyés par votre futur. Car il est bien évident que si vous diminuez les voies causales en même temps que vous aug­ mentez les voies non causales, alors ces dernières vont s’imposer et il va se produire des coïncidences très improbables, significatives, par l’augmentation de la probabilité des hasards qui vous mènent à desti­ nation. C’est aussi parce que l’espace-temps met un certain temps à se reconfigurer et lorsque vous le prenez par surprise, il se réadapte en choisissant les solutions à disposition, mais là on entre dans des subtili­ tés que j ’évite pour ne pas trahir un secret technologique. Pour faire bref, on va dire que l’univers concourt à la réalisation de vos intentions grâce au développement des valeurs de l’esprit que sont la foi, l’intui­ tion et le détachement, des valeurs qui, il faut bien le reconnaître, sont plutôt féminines... Nous sommes câblés pour la création Bien, maintenant se pose la question de savoir comment notre futur

intègre directem ent les inform ations en provenance de notre conscience, car tout cela se passe dans notre futur en même temps que dans notre conscience, qui est l’interface entre ce futur et notre télé­ commande. Lorsque l’esprit parvient à informer le mental, nous en sommes conscients parce que nous avons changé d’état d’esprit. Nous avons alors fait bouger notre tunnel de vie. L’esprit nous a envoyé des informations qui ont permis de changer notre destin. Ok, mais la ques­ tion est: comment a-t-il fait? L’esprit connaît-il notre destin? Je pense que la réponse est oui, mais pour bien le comprendre II faut rappeler la différence entre la conscience et l’esprit: la conscience vit dans le temps présent, elle est aussi un capteur de la réalité. L’esprit, lui, étant extérieur à l’espace-temps, voit probablement dans le futur, mais la conscience n’a pas ces informations, au contraire de l’esprit qui voit notre parcours. Il voit exactement où on va, mais il ne nous le dit pas. D’abord il faut qu’il y ait une connexion, mais même s’il y a une forte connexion il ne va pas nous le dire, ou alors il faut être vrai­ ment très éveillé, car il y a une incompatibilité entre la connaissance du futur et le libre arbitre qui est la fonction même de l’esprit. C’est pourquoi la conscience est comme une lampe qui n’éclaire qu’une toute petite portion de notre tunnel de vie, le présent. Supposez en effet que vous ayez besoin d’évoluer, d’apprendre et donc de vous confron­ ter à la réalité. Cela ne va pas être facile, vous allez prendre des claques, par exemple vous allez sans arrêt vivre avec le même type de personnes et cela va toujours se terminer par un échec. L’esprit, parce qu’il peut contempler tout l’espace-temps, voit peut-être vos aventures avec des personnes différentes, il sait déjà comment ça se termine mais il ne va pas vous le dire sinon vous n’iriez pas. Vous n’allez pas avoir une relation avec une personne si vous savez d’avance que ça va mal se terminer. Par contre l’esprit est d’accord, car il sait qu’il est avec un corps et un cerveau qu’il a du mal à contrôler et avec lequel il doit faire ces expériences pour apprendre à contrôler la matière, votre corps. L’esprit évolue quand il arrive à maîtriser la matière, et c’est pour cela qu’il choisit ses expériences. Et maîtriser la matière, c ’est arriver à faire rentrer dans le cerveau d’un individu les informations qui vont lui permettre d’évoluer dans le bons sens, dans un sens où ça fonctionne

bien, dans le sens de la création. C’est ce que doit apprendre l’esprit. Tant que ça ne fonctionne pas, on pourrait dire que l’esprit vous fla­ gelle, mais en fait pas du tout, c ’est le mental qui flagelle, l’esprit étant contraint de vivre les conséquences de son incapacité à le maîtriser à cause du miroir de l’ego. Donc ce qu’il faut savoir, c ’est que votre esprit peut très bien avoir la vision de tout votre passé et de tout votre futur, mais ces informations vous sont cachées parce que si votre ego avait ces informations, vous feriez tout le contraire de ce que veut l’es­ prit, or c ’est lui qui commande. Donc pour commander votre mental, l’esprit a besoin de vous cacher des informations. Il s’agit là un câblage de la nature qui est très logique et qui est fondamental pour le bon fonctionnement de l’interface consciente de communication entre l’intérieur et l’extérieur de l’espace-temps. Alors nous allons maintenant traduire l’effet de ce câblage sur l’espace-temps par un tourbillon, qui est une représentation meilleure qu’un arbre de vie lorsqu’on veut avoir une vision dynamique. On peut représenter le futur comme un ensemble tourbillonnaire d’événementsbulles qui se succèdent les uns derrière les autres, sauf que cette suc­ cession est encore fluide, elle n’est pas encore bien ordonnée. Elle s’ordonne d’autant plus qu’on se rapproche du présent au centre du tourbillon. Mais si vous regardez plus loin du centre, vous voyez qu’il peut y avoir des successions d’événements, créées par vos intentions, qui se forment, qui se déforment et qui se reforment, parce que tout cela est encore indéterminé. Il y a forcément concurrence entre toutes sortes d’événements-bulles et donc leur succession change. Donc tout est possible, mais il n’arrive dans le présent que ce qui parvient à rejoindre le centre du tourbillon, où la puissance du courant et la finesse du trou central oblige les événements-bulles à se succéder de façon unique et bien déterminée, les uns après les autres. Et mainte­ nant, si vous allez voir loin du tourbillon central, alors vous pouvez avoir des événements qui ne bougent pas parce qu’ils ne sont piégés dans aucun flux. Ils sont alors impossibles, ou pas encore possibles. Dès qu’un évènement-bulle devient possible, c’est qu’il est pris dans un courant, même si ce courant est très faible. Toutes nos pensées influent donc sur ce tourbillon en créant non seulement les bulles mais les courants correspondant à leur probabilité de réalisation.

Ces événements-bulles, ou bulles événementielles, sont donc créés par nos intentions et positionnés à un endroit du tourbillon d’autant plus proche du centre que nous les crédibilisons par notre état d’esprit et nos actions. Le câblage fait par la nature, celui qui relie notre cerveau à ce tourbillon, est indispensable pour que le futur puisse dépendre de nos intentions. S’il n’existait pas un tel câblage la mécanique serait obligée de jouer aux dés et le futur deviendrait un chaos épouvantable. La vie serait impossible car partout l’entropie augmenterait. Pour que cela n’arrive pas, il faut que la mécanique soit complétée par un esprit qui influe sur la tournure des événements. Cet esprit, par la force de l’amour qui l’accompagne, réalise un programme intentionnel. L’esprit dit à l’univers : c’est ma nature, je vais vers cela, je serai telle personne, je ferai telle chose, et l’univers est ainsi informé de la manière dont il doit combler l’indéterminisme de la mécanique pour définir la direc­ tion de l’évolution. J’insiste sur le fait que c’est tout à fait compatible avec la mécanique. Pour mieux le comprendre, on pourrait dire que la mécanique régit le monde manifesté, c ’est-à-dire notre monde vécu, alors que l’esprit régi le monde non manifesté, c’est-à-dire celui des potentialités. Conclusion En conclusion, le chemin que je vous propose pour aller vers la spiri­ tualité est celui qui consiste à tenter l’expérience de vivre par vousmêmes la synchronicité. Si vous le faites vous allez vous retrouver face à vous-mêmes. Vous allez tenter de demander des choses à l’uni­ vers, vous allez lui donner 24 heures par exemple, si c’est pour avoir la réponse à une question, à moins que vous ne consultiez un oracle comme le yi-king. Ca revient au même, car c ’est toujours le même principe qui consiste à augmenter les probabilités d’un hasard signifi­ catif en ouvrant votre futur à une possibilité qui intéresse l’esprit. Ou alors si c’est pour acheter une maison vous allez lui donner quelques semaines ou mois, et je vous conseille d’être assez précis et de ne rien oublier. Ne soyez pas trop précis non plus, pour laisser des chances. N ’oubliez pas que le problème n’est pas de ne rien obtenir mais bien au contraire d’obtenir ce qu’on a demandé, car ensuite il faut suivre.

Vous pouvez faire l’expérience de la double causalité n’importe où, dans la nature, dans une ville et de toutes les façons que vous voulez, vous pouvez poser votre question au soleil ou commander votre mai­ son en vous envoyant un email à vous-mêmes. Ce qui compte c’est l’authenticité et donc la durabilité de votre intention, et qu’il soit bien certain que vous allez la suivre, après une introspection personnelle sur qui vous êtes et ce que vous êtes venu faire sur cette planète. Si vous prenez ce chemin, vous allez vous rendre compte que nous sommes réellement câblés pour la création, j ’oserais dire pour la magie, et vous n’allez pas en revenir. Ensuite ça va sûrement cesser de marcher car vous allez trop analyser. Mais même si vous arrivez à le reproduire, il vous faudra des années pour assimiler l’idée que tout cela est normal, qu’il est normal que l ’univers concoure à vos demandes. À condition d’avoir développé la dissociation esprit-ego. Il y a de nombreuses techniques, comme la méditation par exemple. Je vous conseille de lire ou d’écouter les livres d’Eckart Toile [56], Il faut ensuite développer les valeurs spirituelles que j ’ai citées - confiance et foi, lâcher prise et intuition, détachement et don de soi, en sachant bien qu’il s’agit là non pas de morale mais du résultat d’une bonne compré­ hension du fonctionnement physique de la réalité, c ’est-à-dire du câblage de notre cerveau avec un champ des possibles qui n’attend pas qu’on agisse pour se structurer. Cela n ’est pas possible aussi long­ temps que vous êtes piégés à l’intérieur du parc de la pensée. Si vous avez une profession qui nécessite de longues études ou qui relève de connaissances intellectuelles, il vous sera difficile d’en sortir. Même chose si votre profession vous amène à devoir convaincre les autres, à leur expliquer des choses. Et c’est ainsi que les médecins, les neuros­ cientifiques, toutes les personnes qui ont des professions au savoir très empirique, donc en manque d’explications mécanistes valables, mais aussi les politiciens, les journalistes, les professeurs, etc. ont bien plus de chance d’être prisonniers du parc de la pensée que les autres. Nous sommes tous plus ou moins prisonniers de ce parc à cause de notre éducation. Seuls les gens très simples peuvent ne pas l’être, s’ils ne sont pas trop conditionnés. Ah, j ’oubliais les intellectuels ! Les intellec­ tuels sont plus que n’importe qui prisonniers du parc de la pensée.

C ’est la raison pour laquelle il n ’y a plus de vrais philosophes, car même les philosophes ont tendance à tomber dans ce piège de la pen­ sée. Seuls les poètes, les artistes et peut-être certains chefs d’entreprise peuvent en sortir, mais bien évidemment j ’en oublie. Donc, en conclusion, je dirais que l’avenir de la physique, et notam­ ment via la physique de l’information - dont je n’ai pas parlé ici pour alléger cette conférence - c ’est de parvenir à intégrer notre vraie dimension humaine, externe à l’espace-temps, au fonctionnement de notre réalité. La raison pour laquelle notre monde va si mal aujourd’hui est que nous n’avons pas encore compris cette réalité. Nous n ’avons pas encore compris que nous sommes câblés pour la création, que notre conscience est un instrument au service de l’évolu­ tion de l’univers, que sans elle son entropie augmenterait sans cesse et le désordre s’installerait partout. C ’est la leçon que nous devons extraire de l’évolution actuelle de la planète où tout s’accélère et nous devons comprendre cela - notre dimension spirituelle et créative, je le répète - si nous voulons éviter l’autodestruction. Mais je suis persuadé que nous l’avons déjà évité et que dans notre futur, le potentiel le plus probable est que l’humanité va basculer dans un nouveau paradigme qui va provoquer une révolution positive et extraordinaire. Je vous remercie pour votre écoute.

XXII. Questions Où l ’on découvre que la théorie de la double causalité apporte une explication simple et élégante à de nombreux mystères, parmi lesquels la matière noire, l ’évolution de l ’espace-temps et celle des systèmes vivants.

La théorie des cordes Vous avez vaguement abordé la question des univers parallèles et de la théorie des cordes. Pourriez-vous expliciter leur lien avec votre théorie ? Je n’ai effectivement parlé que de la théorie de la gravité quantique à boucles qui fait vibrer l ’espace-temps. C ’est l’une des deux plus importantes théories de grande unification de la physique. L’autre est la théorie des cordes et à première vue, elles ont l’air d ’être totalement incompatibles, ce qui impliquerait que l’une d’entre elles soit fausse. Pourtant si on examine leur sens physique elles se rejoignent. Remar­ quez d’abord que la théorie des cordes conserve un espace-temps immobile, alors que l’autre le fait vibrer. On peut représenter les uni­ vers parallèles du premier sous la forme d’un arbre à branches cylin­ driques dont chaque branche est un univers possible. Or je vous ai expliqué que la conséquence des vibrations du second, c ’est que le contenu de l’espace-temps peut changer sans cesse, même si ses vibra­ tions sont infiniment petites, et donc cela peut tout à fait revenir au même. Leur différence réside dans l’approche mathématique, la pre­ mière étant statique et la seconde dynamique, mais finalement ces

deux théories me semblent tout à fait complémentaires. Au lieu de faire bouger l’espace, la théorie des cordes introduit 6 ou 7 dimensions d’espace supplémentaires. Donc vous avez une particule élémentaire, le quark par exemple, qui vibre dans les dimensions spatiales supplé­ mentaires. Dans l’autre théorie vous avez la même particule qui vibre également parce que c’est l’espace lui-même qui vibre. Du coup, la théorie qui fait vibrer l’espace n’a pas besoin de rajouter des dimen­ sions spatiales. Mais par contre, faute de dimensions elle ne décrit pas totalement la réalité. Elle ne décrit qu’une réalité stochastique, proba­ biliste. Lorsque les fluctuations quantiques de l’espace se transforment en observations réelles, alors il y a toujours une réduction d’état en une seule réalité qui n’est pas décrite. De ce fait le futur décrit par la gra­ vité quantique à boucles est un futur qui contient potentiellement de multiples possibilités, tout comme le futur décrit par la théorie des cordes et qu’on appelle le multivers. Cela ne se voit pas en gravité quantique car il s’agit d’une approche qui ne décrit pas tout, alors que dans le cas du multivers de la théorie des cordes il s ’agit d ’une approche statique qui décrit tout, mais il reste trop de degrés de liberté : il s’agit là de notre liberté. Donc en résumé, pour marier les deux théo­ ries, il suffit de remarquer que les fluctuations quantiques de la pre­ mière peuvent très bien être responsables des changements de branche de la seconde. Les univers parallèles Vous dites que la théorie des cordes nous laisse des degrés de liberté. Pourtant, Stephen Hawking a une vision déterministe de la théorie des cordes et il dit que tous les univers possibles sont séparés! Effectivement, Stephen Hawking nous dit que nous ne vivons que dans une seule branche du multivers, or il n’a aucune preuve de cela. Il y a en fait 10 à la puissance 500 possibilités de faire varier les vibra­ tions des cordes, et vivre dans une seule branche du multivers signifie­ rait que cette vibration est toujours la même : aucune raison à cela, c’est arbitraire. Si vous regardez la théorie des boucles, les fluctuations quantiques peuvent nous faire changer de futur de manière totalement aléatoire, donc vous voyez bien que le hasard - ou si l’on préfère, l’in­

formation externe à l’espace-temps - peut nous faire changer d’uni­ vers. Donc si vous voulez concilier les deux théories, vous êtes obligés de rejeter l’idée d’Hawking qui prétend que nous ne vivons que dans une seule branche du multivers bien qu’il y en ait des myriades d’au­ tres. Et c’est mieux ainsi, car la conséquence de la thèse d’Hawking est que ça nous oblige à penser que chacun d’entre nous aurait des mil­ liards de vies conscientes dans des univers parallèles. Personnellement je n ’arrive pas à me faire à l’idée qu’à chaque fois que je fais une chose plutôt qu’une autre, un double de moi se crée à des trilliards d ’années lumière. Il y a beaucoup plus simple, respectons le rasoir d ’Occam. Il suffit de regarder en face les fameuses informations externes que toutes les théories rajoutent, que cela soit des variables cachées, du hasard ou des dimensions supplémentaires. Alain Connes [57], notre grand mathématicien, pour concilier les deux théories de grande unification, rajoute lui aussi des dimensions à l’espace: encore des informations additionnelles de source exotique, comme si pour prédire le cours des événements la physique avait besoin, en tout point de l’espace, d’informations complémentaires dont personne ne com­ prend encore l’origine ! Il est évident que ces informations sont celles qui nous font changer de branche, d’espace-temps. Elles sont les clés de notre libre arbitre. U indéterminisme macroscopique Votre raisonnement repose sur Vindéterminisme macroscopique, mais ceci n ’est pas prouvé. Seul Vindéterminisme quantique semble réelle­ ment prouvé. Pourriez-vous nous dire ce qui à vos yeux prouve Vindé­ terminisme macroscopique ? L’indéterminisme macroscopique n’est pas prouvé d’un point de vue formel, purement mathématique. C ’est normal puisque toutes les équa­ tions de la physique sont déterministes, même celles de la mécanique quantique, donc c’est logiquement impossible à prouver par les équa­ tions actuelles. Mais le déterminisme n’est pas prouvé lui non plus, bien au contraire, puisqu’il aboutit à l’introduction d ’informations externes à l’espace-temps, ce fameux hasard qu’on retrouve d’ailleurs aussi en mécanique statistique, via les probabilités. Si on fouille un

peu, on s’aperçoit qu’on aurait aussi besoin d’informations externes à l’espace-temps en mécanique classique, donc à l’échelon macrosco­ pique. On s’aperçoit en effet là aussi que la mécanique est indétermi­ niste. Pour bien comprendre l’indéterminisme macroscopique, il faut partir du point de vue où l’information aurait un vrai sens physique, ce qu’on découvre en physique actuellement. Cela implique que tout l’univers soit quantifié, ce serait donc un univers d’informations. On retrouve cette quantification dans la gravité quantique à boucles qui a besoin que l’univers soit discret, c’est-à-dire à structure granulaire: il existe­ rait des grains d’espace indivisibles mais aussi des grains d’énergie, d ’impulsion, de temps, etc., et finalement l’univers serait comme l’image d’une télévision qui en réalité n’est pas continue mais faite de pixels. L’univers contiendrait donc une quantité énorme mais limitée de giga-octets, si vous préférez, comme un immense ordinateur. Tout ceci a des conséquences à l’échelle macroscopique, car l’indéterminisme dû à la quantification peut alors se propager rapidement à l’échelle macroscopique, et c ’est là dessus que je travaille. La première conséquence de la structure granulaire de l’espace, c’est que la mécanique classique devient indéterministe en trois dimensions. C’est ce que j ’ai pu mettre en évidence en faisant des calculs de bil­ lards. J’ai pu montrer que dans trois dimensions, la mécanique s’arrête de fonctionner au bout d’un certain temps. Je prends deux billards superposés avec les mêmes conditions initiales, exceptée une diffé­ rence infinitésimale entre les deux, par exemple 10 à la puissance -15, et ce qui arrive est que les deux billards divergent rapidement, après quelques dizaines de chocs. La mécanique ne sait plus où aller. C’est parce qu’elle a perdu presque toutes ses informations sur les boules. J’ai pu montrer que ceci arrive même si les conditions initiales diffè­ rent d’une valeur inférieure au grain de l’espace, une valeur qui n’a donc plus de sens, qui n’existe pas. Dans ce cas il faut seulement une trentaine de chocs par boule pour que la mécanique s’arrête avec 500 boules, et quand vous augmentez le nombre de boules c ’est encore moins. Mais ce n’est pas tout, car j ’ai aussi vérifié que même si l’espace n’a

pas de structure granulaire et peut être aussi précis que l’on veut, on a quand même un énorme problème avec l’information physique. Ce problème est le suivant: lorsque vous calculez toutes les trajectoires de toutes les boules aussi longtemps que la mécanique marche, vous utili­ sez une certaine quantité de mémoire pour stocker l’évolution calculée. Or à partir d’un certain nombre de boules cette quantité de mémoire devient inférieure à la mémoire dont vous avez besoin pour les condi­ tions initiales. Ceci est totalement aberrant pour un mécanicien: le fait que son modèle consomme plus d’informations qu’il n’en calcule. J’ai appelé ça le démon du déterminisme. Ca veut dire que la mécanique ne fonctionne pas dans un espace à trois dimensions, en tout cas pas longtemps et même s’il est continu, à partir du moment où l’on admet que l’information a un sens physique. C ’est très gênant, alors pour restaurer le déterminisme, ce qu’il faut bien puisque nous vivons une seule réalité après tout, j ’essaie de rajou­ ter des informations externes qui permettent de choisir la direction des événements. Mais il y a autre chose que j ’ai remarqué, c ’est que plus petites sont les boules et plus l’indéterminisme s’installe tôt dans mon billard, et c ’est vrai pour n’importe quel système où il y a des interac­ tions, même si ce ne sont pas des chocs élastiques. Or ceci pourrait expliquer le comportement quantique des particules à petite échelle. Personnellement, à force d’étudier la mécanique je ne vois même plus de différence entre le monde classique et le monde quantique, puisqu’aussi bien l’indéterminisme que le rôle de l’observateur qui introduit des informations externes, et même l’intrication, sont à mon avis imposés par les deux physiques, classique et quantique. J’ai de bonnes raisons de penser qu’il n’y a aucune frontière entre les deux, or il se trouve que c’est ce que découvrent les physiciens en ce moment. Serge Haroche [58] a même reçu le prix Nobel pour ça. Donc l’indéterminisme, qu’il soit classique ou quantique, je suis certain que c’est le même, mais c’est une chose très difficile à formaliser, je suis bien placé pour le savoir. Ce qu’il faut retenir de cette question, c’est qu’on constate partout en physique que pour calculer le futur il est indispensable d’introduire de l’information exotique, sauf si on laisse faire le hasard le plus proba­

ble. Le problème c’est que la mécanique classique est peu suspecte de ce genre d’étrangeté, et elle va pourtant être obligée de s’y faire. La seule façon à ma connaissance d’introduire cette information, c ’est de rajouter au moins une dimension à l’espace, une 5e dimension donc. Ce n’est pas nouveau, on commence à en avoir l’habitude, et il y a quelque chose d ’intéressant à chaque fois qu’une tentative est faite de rajouter des dimensions, c’est qu’il s’agit toujours de dimensions rota­ toires. Dans le cas du billard il s’agit de courber les trajectoires de manière à leur faire visiter toutes les possibilités que sans cela, elles ignoreraient, alors qu’elles existent. C’est comme si l’on avait besoin de tordre l’espace de différentes façons, or cette torsion peut très bien être formalisée par un vecteur qui s’enroule autour d’un point ou d’une ligne. Et voilà qu’on retrouve tout ce que je vous ai dit sur mon modèle cylindrique flexible de l’espace-temps. La matière noire À la fin de votre conférence à l ’Institut de France vous avez prétendu que votre théorie de la double causalité pourrait expliquer la matière noire, mais votre explication était très brève. Pourriez-vous en dire un peu plus là-dessus ? Oui, j ’ai divulgué à cette occasion l’idée que la matière noire pourrait être expliquée par ma théorie, bien que je sois bien incapable de vali­ der quantitativement cette explication, n’étant pas astrophysicien. Mais une explication qualitative de la détection de ce type de matière invisi­ ble s’impose d’elle-même si l’on admet que le passé peut changer, ne serait-ce que légèrement, dans des passés plus ou moins lointains. Ce changement serait dû à l’indéterminisme macroscopique qui, à cause d’un chaos très élevé, ne permettrait pas de recréer rétrocausalement un nouveau passé identique à l’ancien passé, faute d’informations suf­ fisantes, le passé étant - de la façon la plus objective qui soit - une construction qui ne peut être réalisée qu’à partir d’informations conte­ nues dans le présent. On peut le voir aussi de façon complémentaire dans le cadre de l’univers-bloc d’Einstein où le présent n’existe pas, non plus comme une perte d ’informations mais ce qui revient au même, comme une conséquence de la flexibilité de l’espace-temps: le

passé d’un espace-temps flexible doit pouvoir changer même si c’est infiniment moins que son futur. C ’est quasiment obligatoire si l’espace-temps évolue, puisque le présent n’existe pas pour la physique. Pour bien comprendre alors comment une modification du passé aurait pour conséquence inévitable la détection de matière noire, imaginez un photon - ou rayon de lumière - qui met des milliards d’années pour parvenir sur la terre depuis la galaxie d’où il a été émis ou réfléchi. Avant même de nous parvenir, il est possible que l’objet de la galaxie d’où il provient ait changé légèrement d’orientation A L’INSTANT MEME DU PASSE où il a été émis - vous aurez du mal à l’imaginer, c’est normal - auquel cas la trajectoire du photon change alors entière­ ment tout en restant une ligne droite, mais qui n’est plus dirigée vers la terre. Dans ce cas le photon initialement dirigé vers la terre n’y par­ vient pas, se retrouvant absorbé ailleurs. Ceci permet d’expliquer de façon très simple pourquoi une galaxie ou une étoile semble ne pas rayonner suffisamment de lumière par rapport à sa masse. J’ai d’autres variantes d’explication, sur la même base d’un passé changeant, mais je préfère m ’abstenir d’en parler pour ne pas compliquer, la difficulté première étant déjà d’accepter l’idée folle que la trajectoire d’un pho­ ton puisse changer simultanément dans toute sa ligne de temps. U énergie noire Admettons que votre théorie explique la matière noire, auquel cas vous ne trouvez pas qu’elle aurait un goût d ’inachevé si elle n ’expliquait pas du même coup l ’énergie noire ? Avez-vous des idées sur cette ques­ tion ? Ben voyons, et puis après tout vous avez raison, puisque je pousse déjà très loin le bouchon autant le pousser à fond. Effectivement, j ’ai des idées sur l’énergie noire mais elles sont encore plus spéculatives que pour la matière noire. Néanmoins elles restent simples et d’après ces idées, vous avez raison, il y aurait bien un lien avec l’énergie noire, car là aussi nous aurions une conséquence du fait que le passé peut chan­ ger. Je m ’explique. Dans mon livre j ’ai parlé d’une loi de convergence des parties qui décrirait la manière dont le déterminisme inversé pour­ rait opérer. Il faut pour cela partir de l’idée que le passé se recrée sans

cesse là où il n’est plus assez configuré et à partir du présent, parce qu’il perd de l’information. Cette perte d’information est une consé­ quence de l’indéterminisme macroscopique, elle est purement méca­ nique et elle est due à l’irréversibilité, mais ce n’est là qu’une irréversi­ bilité apparente qui signifie simplement que plusieurs passés devien­ nent possibles au lieu d’un seul, localement dans le temps, et d’après moi la mécanique rétrocausale choisit le plus simple, c’est-à-dire celui qui ordonne le plus le passé à partir de toutes les traces physiques. Je prends un exemple. Supposez que je me sois blessé légèrement lors d’une balade il y a un an. Entre-temps cette égratignure n’existe plus, toutes les cellules de ma peau ont été renouvelées, toute trace de sang a disparu en dehors de moi, je pourrais même l’avoir totalement oublié et personne ne m’a vu me blesser. Comment faites-vous pour retrouver mon passé dans ces conditions? Pourtant s’il existe encore, il faut bien qu’il conserve une structure compatible avec mon présent, donc la plus probable. Et s’il peut changer, que pensez-vous qu’il fasse? Mon idée est donc que lorsque le présent a perdu toute trace d’un certain passé, ce passé se recrée de la façon la plus simple qui soit, en suivant la ligne de moindre entropie. Cela veut dire que dans ce nouveau passé, je ne me suis pas blessé. Remarquez qu’il ne suffit pas que mes cellules aient perdu toute trace, il faut aussi que toute trace ait disparu de mon cerveau, or ceci pourrait aider à comprendre certaines guérisons spon­ tanées : on pourrait peut-être en garder le souvenir, vu qu’on ne sait pas où se loge la mémoire, mais celui du traumatisme dans le cerveau devrait être effacé. Éliminez le traumatisme du cerveau et toute trace matérielle disparaît. Ne serait-ce pas ce que font les guérisseurs ? Je me demande même si cela n’expliquerait pas l’effet placebo. Maintenant, revenons à l’énergie noire. Elle agit sur l’univers en contribuant de façon inexplicable à son expansion, ce qui veut dire qu’elle a tendance à contracter plus que prévu l’univers dans le sens inverse, en le faisant donc retourner plus facilement vers le big-bang. Or il se trouve que le big-bang est justement extrêmement ordonné car son rayonnement est trop homogène, ce que les physiciens ont du mal à expliquer. D ’où mon idée: le big-bang n’est pas un début mais une fin. L’univers range ses jouets, permettez-moi l’expression. Il réduit à

la plus simple expression tout ce dont nous sommes issus en garantis­ sant simplement la causalité. Or ce processus de simplification qui nous fait retourner vers le big-bang pourrait fort bien agir sur l’espacetemps en facilitant sa contraction vers le big-bang, ce qui expliquerait l’expansion anormale dans le sens inverse. Bien sûr, il ne s’agit là que d’une idée, que je serais bien en peine de valider quantitativement. L’évolution des espèces Est-ce que le changement du passé pourrait expliquer bien d ’autres choses encore. Par exemple, vous avez parlé d ’un hasard démesuré à propos du Darwinisme. Donc, est-ce que cela pourrait permettre de mieux comprendre l ’évolution des systèmes vivants ? Tout à fait, j ’attendais qu’on me pose cette question. Je suis de plus en plus convaincu du fait que l’information emmagasinée dans nos gènes a quelque chose de quantique. Si l’on part de cette hypothèse, alors on peut expliquer les mutations créatives. Je m’explique. Dans nos vies, nous suivons une ligne temporelle, un tunnel de vie normalement déterministe, mais comme je vous l’ai expliqué, nous pouvons parfai­ tement changer de ligne temporelle, donc changer notre futur, lorsque notre esprit parvient à faire entrer de nouvelles informations dans notre cerveau. Le problème est qu’à partir de notre nouveau futur ainsi créé, la mécanique a du mal à expliquer notre ancien passé car il devient improbable. Tout va bien si l’on remonte de ce nouveau futur jusqu’au présent où l’on a emmagasiné ces nouvelles informations, mais que se passe-t-il ensuite vers le passé? La mécanique ne dispose pas des anciennes informations qu’il lui faudrait alors prendre en compte pour expliquer notre ancien passé, donc elle recrée un nouveau passé com­ patible avec notre nouveau futur, ce qui revient à lui faire stocker ces nouvelles informations dans nos gènes. En quelque sorte, la méca­ nique nous recrée ainsi un nouveau passé à partir duquel nous serions automatiquement allés vers notre nouveau futur. Elle nous fait ainsi acquérir de nouvelles dispositions, de nouveaux dons, de nouveaux talents, en stockant tout ce qu’elle peut de nos acquis dans nos gènes. Probablement pas tout, mais c’est possible, et ça éviterait de convo­ quer un hasard démesuré pour expliquer l’évolution des espèces.

Et par-dessus tout, nous aurions là l’essence même du processus de création des mondes dans l’univers, car ne croyez pas que la vie se limite aux plantes, aux animaux et aux hommes. Notre planète ellemême est bien vivante comme bien d ’autres choses encore, et j ’affirme même qu’elle a une conscience, mais la démonstration fera l’objet d’un prochain livre.

Conclusion

Lorsque j ’ai commencé la rédaction de cet ouvrage, je n’avais qu’une idée intuitive du mécanisme des synchronicités, et j ’étais loin de me douter qu’en travaillant cette intuition, en l’analysant, en la structurant à l’aide des enseignements de la physique moderne, je serais amené à tirer un très long fil qui donnerait corps à des concepts aussi mysté­ rieux que l’esprit ou l’âme, et plus étonnant encore, à attribuer une fonction physique à l’Amour, en tant que substance fondamentale de transport des effets de la seconde causalité. Était-ce un délire de mon imagination? Je ne suis pas arrivé à cette conclusion, tout en ayant bien conscience que j ’avais franchi des limites qui me dépassaient en tant que simple mortel. J’ai donc pris le risque de la liberté de pensée. J’étais loin de me douter que cette théorie qui finissait par émerger toute seule à partir des présupposés de notre libre arbitre et de l’omni­ présence du futur, fournirait aussi une voie d’explication à bien d’au­ tres choses que les coïncidences: l’instinct, l’intuition, les divinations, l’effet placebo, et même les médecines douces et les effets étonnants des disciplines orientales, visant à accroître à mon sens notre récepti­ vité à la seconde causalité, par la pratique du vide intérieur. Je ne fais ici que mettre le doigt sur de nouveaux fils directeurs que je ne vais évidemment pas « tirer » moi-même, car le travail à faire serait

phénoménal. Même si je pense avoir réalisé mon objectif en ce qui concerne les coïncidences, il reste encore dans ce domaine précis un travail considérable à faire, ne serait-ce que pour parvenir à faire ren­ trer le sujet du temps dans le domaine de l’expérimentation scienti­ fique. Ce sujet du temps a été abordé de façon remarquable dans plusieurs ouvrages littéraires [12] [13] [14] par le physicien français Étienne Klein, à qui je rends hommage car c’est lui qui a ouvert la brèche dans laquelle je me suis faufilé. Il est à ma connaissance le premier physi­ cien à avoir fissuré le mur de l’irréversibilité en montrant du doigt l’endroit même où quelque chose d’important ne tournait pas rond en physique, en commençant à tapoter. On pourrait déplorer qu’après l’avoir vu créer ou désigner cette fissure je sois arrivé avec une grosse masse par-derrière, mais ceux qui connaissent bien cette fissure pour­ raient aussi faire remarquer que je n’ai fait qu’enfoncer une porte ouverte. Je vois déjà mes collègues physiciens les plus compréhensifs me dire : « Tu n’aurais pas dû dire les choses comme ça ! ». Or s’il est déjà déli­ cat de vulgariser une théorie ardue sur laquelle tout le monde est d’ac­ cord, que dire si en plus elle fait débat parce qu’on a osé répondre « oui » à la provocation suivante: « Prétendez-vous qu’une tornade puisse reconstruire une habitation? ». Si avant que le mur de l’irréversibilité ne soit fissuré on ne voyait pas vraiment, ou on ne voulait pas voir, qu’il était une construction artifi­ cielle, c ’était parce que l ’accumulation considérable de résultats conformes à l’expérience et de retombées technologiques immenses de la physique statistique, était éclatante de succès ! Pourtant, il y a dans cette physique une sorte de déséquilibre entre son potentiel expérimental et technologique d’une part et ses équations de base d’autre part, lesquelles sont fondées sur le hasard: les statistiques et les probabilités. Il s’agit d’un édifice empirique auquel il manque une vision fondamentale élégante. Ce manque d’élégance étant à mon sens un signe d’incomplétude révélateur d ’un oubli essentiel, il a contribué, si mon diagnostic est exact, à entretenir très longtemps une illusion dans notre vision du monde : celle de la causalité !

Car le hasard est le grand ami de la causalité, celui qui l’a encouragé à conserver sa sœur enfermée dans le garage, alors que beaucoup d’in­ dices nous portaient à croire que la causalité avait une sœur. Il n’em­ pêche que c ’est la science elle-même - et non pas la religion - qui, toutes proportions gardées, nous invite aujourd’hui à revaloriser la place de l’homme dans l’univers à travers le principe anthropique* [27] et le paradoxe de l’observateur en mécanique quantique, et à constater que le hasard ne témoigne que de cette place encore laissée vacante. Mais à oser nous y asseoir, nous constatons que nous sommes des co-créateurs de notre réalité, des co-créateurs de l’univers luimême. Ne vaudrait-il donc pas mieux pour nous, êtres humains, que nous avancions en intégrant ces nouvelles connaissances au lieu de passer notre temps à les renier ou à les ignorer? Il faut bien se rendre à l’évidence: je ne fais ici qu’enfoncer un clou qui a déjà pénétré les esprits non scientifiques, et si ce n’est pas le sys­ tème de la science - à supposer qu’il soit unitaire - qui prend en main le nouveau paradigme que l’humanité est en train d’intégrer peu à peu sans elle, alors cette science en sera de plus en plus réduite à opérer dans le domaine de la technologie uniquement ; et ce qui en ressortira sera purement et simplement un nouveau système de croyances qui cherchera à nous imposer des idées et des préceptes de vie que nous ne comprendrons pas plus qu’avant ! Et à l’injonction « Aimez-vous les uns les autres! » on répondra encore: « oui bien sûr, on est tous d’accord là-dessus, mais on aimerait bien comprendre pourquoi » ? Admettons que nous n’ayons absolument pas besoin de la science pour nous aider à aimer notre prochain, et voyons les conséquences d’un tel retrait de la science par rapport à tout ce qui touche à l’être humain. Prenons simplement l’exemple de la voyance: la science nous dit qu’il ne faut pas croire à la voyance car tout cela n’est qu’un ramassis d’inepties de charlatans. Que dit à ce propos la double causalité? Eh bien, la théorie de la double causalité nous dit qu’il ne faut pas croire à ce qui est annoncé par les voyants, car toutes ces visions sont susceptibles de changer en permanence. N ’est-ce pas plus simple et un peu plus respectueux, tout de même?

Je pourrais citer maints autres exemples dans le même genre. En fait il suffirait que la science commence à s’intéresser à la double causalité pour qu’on arrive enfin à se débarrasser des débats sans fin et stériles qui opposent les rationalistes et les intuitifs, les partisans du « bon sens » et ceux de la foi, etc. Ce n’est pas parce qu’on est rationnel qu’on n’est pas intuitif, et inver­ sement. Il faut arrêter d’entretenir perpétuellement cette opposition entre les adeptes de la première causalité et ceux de la seconde. Les deux causalités sont complémentaires ! On connaît bien la première. L’intérêt majeur de la seconde est qu’elle nous présente une nouvelle vision du monde dans laquelle l’esprit humain reprend toute sa place, en ne se limitant plus à une conscience qui serait un sous-produit des processus neuronaux à l’œuvre dans notre cerveau physique. Il s’ensuit une élévation spirituelle, une plus grande responsabilité, une sensibilité morale accrue et un contrôle de soi. Car si la seconde causa­ lité repose sur le fait que nos pensées et en particulier nos intentions sont agissantes, elles ne le sont fort heureusement qu’au prix de quali­ tés fondamentales de l’être nécessitant un retrait de l’ego et un don de soi. C’est pourquoi il n’y a pas à avoir peur des conséquences d’une sensibilité accrue à la seconde causalité. Nous devons seulement nous méfier des manipulateurs qui voudraient nous faire prendre des vessies causales pour des lanternes non causales. Le don de soi qui émane sous forme d’Amour a la capacité de remode­ ler les amplitudes de probabilités affectées à nos différents potentiels d’avenir, et cela a des conséquences non causales qui se traduisent par l’amplification, parfois impressionnante, des probabilités de trouver des chemins qui réalisent nos intentions. Nous avons du mal à nous habituer à cette idée d’un futur que nous serions susceptibles de modifier en permanence, parce que nous croyons qu’au-delà de notre présent, rien n ’existe. Or c ’est une croyance fausse, et Einstein a été le premier à nous l’avoir démontré. Cette omniprésence de notre futur a cependant une conséquence très intéressante, car bien que notre libre arbitre soit en apparence excessi­ vement accru par la seconde causalité, il n’en reste pas moins que la

plupart du temps, notre avenir est déjà déterminé, c ’est-à-dire tout tracé. Nous avançons dans le temps comme à l’intérieur d’un grand tuyau positionné dans toute l’étendue de notre futur. Nous pensons être pleinement libres de nos actes, pleinement capables de les contrôler à tout moment, mais en réalité rien ne change, tout est déjà là. Le tou­ riste qui voyage en autocar ou sur une barge se sent libre et peut même être très heureux, car il peut bouger dans son véhicule, s’intéresser à tout ce qu’il veut autour de lui, changer la composition de son déjeu­ ner, il ira simplement toujours au même endroit que les autres et ne changera rien à sa vie déjà mémorisée par l’univers. Ce touriste n’accomplit un réel acte de libre arbitre que s’il décide de quitter son moyen de transport pour se débrouiller par ses propres moyens. Mais à ce moment-là, le tuyau dans lequel il se trouve ne fait que prendre une nouvelle position, et généralement pas sur toute l’étendue de son futur. La plupart du temps, il l’aura juste un peu décalé, l’espace d’une journée. Et c’est ainsi qu’en règle générale, nous ne changeons strictement rien à la structure de l’univers, passée ou future, et lorsque nous y chan­ geons quelque chose, notre tuyau ne fait que se repositionner, et l’uni­ vers ne fait que re-stabiliser à nouveau sa structure, passée et future. Voila cette conséquence tout à fait paradoxale de la seconde causalité : nous nous retrouvons la plupart du temps devant l’illusion de notre libre arbitre ! N ’est-ce pas finalement mieux ainsi, plutôt que de supposer qu’à partir d’un présent qui n’existe même pas, l’univers se recrée sans cesse comme s’il nous attendait pour savoir ce qu’il doit faire? Cette der­ nière vision d’un univers qui « attend » l’homme n’est-elle pas exagé­ rément anthropocentriste, ou même égocentrique? N’est-il pas insensé de considérer que l’univers aurait besoin de notre existence au présent pour savoir comment il doit évoluer, comme s’il était désireux de satis­ faire tous nos ordres immédiats ? Si la relativité générale a détruit la notion de présent, la mécanique quantique est loin d’être en reste ! Car avec la Théorie de la Décohé­ rence, elle nous apprend que nous ne sommes en rien responsables du contenu des choix effectués par l’univers au moment présent de nos

observations, car c’est l’environnement qui les prépare et pas nous. De toute façon, la science nous a toujours poussés à croire que l’univers n’a pas besoin de nous pour exister ! Sans nous, il pourrait encore exis­ ter dans toutes ses possibilités passées et futures, et il n’y aurait là encore, aucune notion de présent. Il est donc clair que la physique est tellement embarrassée par le pré­ sent qu’elle tend même à nous en expulser ! Et c’est pourquoi, à force de vouloir s’en passer, elle finit par se passer de nous-mêmes et par trouver son expression la plus cohérente dans la théorie des univers parallèles, sans nous donner d’autre raison pour accepter tout ce gâchis d’espace que de dire que finalement nous ne sommes rien. Or si nous sommes au contraire importants à quelque chose, à quoi donc pour­ rions-nous l’être si ce n’est à imposer l’existence d’une seule et unique réalité parmi tous ces univers ? Mais quelle réalité pourrait-on bien privilégier, puisque la physique nous interdit de la choisir dans le présent? Si nous sommes réellement dotés de libre arbitre, comment fait-on pour l’exercer si l’univers choi­ sit le présent à notre place ? Effectivement, on ne peut pas faire ce choix. On ne peut pas contrôler notre avenir dans le présent. Tout ce que nous pouvons y faire, c’est observer pour faire entrer dans la réalité ce que nous observons. Tout va dépendre alors de ce que nous allons bien pouvoir observer, donc tout va dépendre de notre degré d ’éveil et d ’écoute. Car si nous sommes comme des somnambules dans un tuyau qui ne bouge pas, il est évident que seul le hasard pourrait éventuellement bouger le tuyau ! Mais ce n’est même pas le cas, car même le hasard est impuissant ! Le hasard ne « bouge » rien du tout, étant donné qu’il n’est pas réel ! Si en effet il était réel, alors il se déploierait selon toutes ses versions pos­ sibles. Or par définition ce qui est réel est unique. Le vrai hasard existe mais n’est pas réel car il est anéanti par l’entrée dans le réel, par l’ob­ servation qui le transforme en faux hasard: un événement non aléa­ toire mais dont on ne connaît pas encore les causes car elles nous sont cachées, étant donné qu’elles proviennent du futur ! Le hasard est cependant sainement requis, lorsqu’il est observé comme tel, comme une carte joker que nous devons tendre parce que nous ne

savons pas l’interpréter ! Et je recommande un usage sans modération de cette carte ! Mais il ne faudrait pas tomber dans l’excès inverse, par exemple celui des joueurs de la bourse qui usent exagérément des lois de la causalité et surtout de son grand ami le hasard, pour se remplir les poches tout en créant de la fausse valeur pendant que nos industries se vident de ressources. Il est donc grand temps, vu les crises financières et économiques actuelles, de se poser la question de savoir si à force d’accepter le hasard comme faux frère de la causalité, nous ne sommes pas finale­ ment victimes d’une vaste tromperie ! Cette collusion entre hasard et causalité qui nous empêche de faire émerger la seconde causalité est également à l’origine d’autres trompe­ ries, comme celle de la sélection naturelle. Il ne s’agit pas de remettre en question ce principe à l’œuvre dans la nature mais de dénoncer son statut exclusif qui voudrait tout expliquer à lui seul. Darwin n’avait que partiellement raison. La nature met en œuvre d’autres principes que la loi du plus fort ou du plus adapté pour faire évoluer les espèces, car contrairement à ce qu’on nous apprend à l’école, des intentions sont bel et bien à l’œuvre dans la nature, et contrairement au résultat du hasard elles sont extrêmement généreuses. Ces erreurs vers lesquelles la causalité nous a conduit sont loin d’être les seules et elles sont souvent très graves. Il suffit d’observer le monde actuel pour s’apercevoir que les responsables de sa dégradation - et même de sa désagrégation - sont des systèmes économiques érigés sur des principes hérités d’une causalité exclusive (concurrence effré­ née, matérialisme dialectique), quelles que soient leurs tendances poli­ tiques. Il est donc grand temps d’inclure la seconde causalité dans la réflexion qui doit nous mener vers une société nouvelle. La seconde causalité implique à l’évidence un niveau supérieur d’im­ plication, d’investissement, d’éveil ou de « vibration » de notre être. Elle ne nous invite pas à comprendre mais plutôt à vivre et plus exac­ tement à être et à aimer. Les vides existentiels de nos sociétés consu­ méristes proviennent du fait qu’elles sont fondées sur le non-être, sur l’ignorance du véritable sens de notre vie, ce sens qui consiste à créer

de la nouveauté harmonieuse en exploitant nos meilleures facultés de co-création de l’univers et à plus modeste niveau, de notre environne­ ment planétaire. Car nous créons finalement ce que nous sommes et ce que nous aimons. Notre ignorance de l’être nous a incités à négliger notre environnement, et ceci bien que nous soyons issus de tribus ancestrales qui y étaient extrêmement sensibles et qui le respectaient. Elles percevaient intuitivement ce sens de leur vie à défaut de le com­ prendre, à travers un dialogue avec la nature. Je rends ici hommage à nos ancêtres animistes* dont nous considérons souvent de façon condescendante les visions sous la forme de niaiseries, alors que nous ne faisons là qu’analyser leur psyché de la façon la plus niaise qui soit. Nous avons donc de sérieuses leçons à apprendre. Mais comment trouver le bon équilibre dans notre réflexion? Car il n’est pas question, évidemment, d’abandonner la causalité ! La seconde causalité peut, si la première apprend à ne s’occuper que du présent, devenir extrêmement efficace en n’étant plus parasitée par un esprit raisonnant, obsessionnel et ressasseur qui n’a de cesse de pro­ jeter des scénarios futurs. Or ceux-ci ne font que remettre en question nos intentions et annihiler leurs effets par le simple fait qu’ils veulent sans cesse les adapter aux réalités. Lorsqu’au contraire l’intention s’évade du présent en donnant l’impression de sombrer dans l’oubli, elle peut alors investir le futur en toute quiétude et commencer à pro­ duire ses effets : laissez couler doucement votre amour de la vie dans l’espace-temps en direction du présent pour réaliser vos vœux les plus chers, non sans quelque préparation bien sûr. La première causalité peut, si elle veut bien déléguer le futur à la seconde, devenir à son tour extrêmement efficace dans le présent comme il se doit, afin de nous centrer sur les actes nous permettant de préparer la réalisation de nos objectifs. Le simple fait de ne pas avoir besoin de réfléchir au futur car il est déjà en train de travailler pour nous, libère en effet cette grande partie encombrée de notre cerveau qui ne faisait qu’inhiber nos actes présents. Les deux causalités sont donc parfaitement complémentaires et pour­ raient soulever des montagnes si elles savaient agir de concert. Or nous avons justement aujourd’hui plus que jamais, besoin de soulever des

montagnes pour guérir notre planète et reconstruire notre système d’échanges économiques. Cela ne peut pas se faire sans équilibre, sim­ plement en priant par exemple. Même si la prière est utile, on ne peut pas attendre que le ciel s’occupe de tout. C’est pourtant une attitude qu’ont de nombreuses personnes que l’on pourrait classer dans la caté­ gorie des adeptes du « new âge », et qui se distinguent généralement par un comportement excessivement laxiste et confiant. Bien qu’il faille bien reconnaître certaines vertus au fait de « planer à quinze milles » face à certaines situations, il faut aussi dénoncer ici l’excès du « laisser agir » dont les conséquences peuvent être aussi graves que de sombrer dans cet excès inverse de « source causale » qui est celui de la manipulation. La manipulation est loin d’être le seul excès de la causalité. Nous savons, et souvent parce que nous y avons été initiés par le cinéma, à quel point peuvent être insidieux les agissements de services secrets au nom de la « bonne cause », à tel point que la question de la qualité de la cause finit par disparaître elle-même au profit du pouvoir le plus puissant. Et c’est ainsi que le principal excès de la causalité simple se traduit généralement par la disparition de toute morale, au nom d’une intelligence organisée, et dans le meilleur des cas d’un intérêt collectif qui n’arrive à s’imposer qu’au détriment d’un autre intérêt collectif. On peut assez facilement extraire les excès ou dérives des deux types de causalité, car l’équilibre est fragile. En ce qui concerne la première causalité, nous avons déjà identifié ses deux principales faiblesses, l’ego et la peur. Pour compenser ces fai­ blesses, la première causalité a institué le pouvoir et la manipulation. Le pouvoir comme expression la plus positive de l’ego, et la manipula­ tion comme antidote la plus efficace contre la peur. Le pouvoir repré­ sente la meilleure façon de valoriser l’ego de celui qui le possède, et la manipulation est, en l ’absence de pouvoir, la meilleure arme de contournement de la peur du pouvoir des autres. L’enfermement de la sœur dans le garage conduit ainsi la causalité à fabriquer ces sous-produits que sont l’ego, la peur, le pouvoir, la mani­ pulation et l’immoralité. En ce qui concerne la seconde causalité, on peut affirmer sans risque

de se tromper que ses dérives sont la paresse ou le laisser-aller d’une part, le sectarisme ou la dévotion excessive d’autre part. Ils résultent d’un déséquilibre dans l’application des deux grands principes de la seconde causalité que nos religions nous apprennent sous la forme : « Demande et tu recevras », et « Aide-toi, et le ciel t’aidera ». L’équili­ bre dans l’application de ces principes nécessite, comme dans le cas de la causalité, un travail personnel à la fois intérieur et extérieur. Lorsque cet équilibre est rompu et que l’on ne fait qu’un travail intérieur en demandant mais sans s’aider suffisamment, on tombe dans le premier piège du laisser-aller. Lorsque l’excès porte au contraire sur une prédo­ minance de la qualité de l’action par rapport à la qualité de l’investis­ sement intérieur, on tombe dans le piège des disciplines et des pré­ ceptes de vie qui nous sont dictées par des sectes ou des religions « invasives » prétendant connaître la Voie de Dieu, ce qui constitue pour elles une manière de nous asservir. On voit ainsi que l’équilibre n’est pas facile à atteindre, mais que quoi qu’il en soit il consiste à toujours rester dans la voie du milieu, en évi­ tant les extrêmes. De ce point de vue, il nous paraît essentiel d’écouter les leçons du bouddhisme, bien que cette religion semble plutôt privi­ légier la seconde causalité. Vivons-nous pour être heureux? Je ne le crois pas, car le sens de notre vie se trouve dans ce que nous avons à donner, et non dans ce que nous pouvons recevoir. Le plus grand bonheur réside dans le don de soi, car il a des vertus amplificatrices. Elles ne se voient pas parce qu’il faut un certain temps. Le temps que tout ce que nous donnons imprègne le ter­ rain, grossisse les rus, coule doucement en s’infiltrant, le temps que la magie se produise. Alors il se met à pleuvoir de la chance et du bonheur, et ceci amplifie nos dons de manière communicative. Si l’amplification se produit même quand nous sommes seuls, elle est encore plus importante en groupe, car alors nous ne recevons plus uniquement de nous-mêmes, mais aussi des autres. Voilà le secret de la magie du temps: l’Amour qui peut être créé et auto-amplifié par chaque être humain, faisant de lui une parcelle de Dieu.

Est-ce que le pouvoir de la seconde causalité ne pourrait pas se recon­ naître à cet Amour, à notre sensibilité à sa magie, dévoilée par la lumière intérieure qui émane de chacun d’entre nous, rayonnant à la mesure de notre degré d’élévation spirituelle?

Remerciements remercie Alix de Montai pour son intervention à la demande de l’Ange

Glossaire

Acausalité: principe selon lequel certains événements que l’on ne par­ vient pas à expliquer selon la loi de causalité sont reliés par le sens et la ressemblance. Actualisation: processus d’entrée dans la réalité présente d’un futur potentiel. L’actualisation est déclenchée par l’observation et dépend d’un choix opéré par libre arbitre ou par conditionnement. Elle trans­ forme une existence possible en réalité, autrement dit elle choisit parmi un ensemble de réalités potentielles existant déjà au-delà du présent, une réalité unique à vivre dans le présent. Aléa: tournure imprévisible que peut prendre un événement, ou évolu­ tion imprévisible que peut avoir un système physique. Il existe plu­ sieurs types d’aléas, parmi lesquels on peut citer les aléas causés par la dispersion (voir aléa dispersif) et ceux qui sont dus au hasard. Les aléas sont intéressants en double causalité dans la mesure où ils sont indéterministes. Aléa indéterministe : événement dont il est impossible par principe de dater le moment ou de prévoir la position avec exactitude, même si l’on en connaît exactement les conditions initiales. Par exemple, il est impossible de déterminer à moins de 100 mètres ou 3 secondes près la position exacte que peut avoir au bout de 100 km une voiture roulant sur l’autoroute, même si elle est équipée d’un stabilisateur de vitesse et qu’elle n’est freinée par aucun obstacle.

Aléa dispersif : aléa particulièrement indéterministe du fait qu’il est causé par la dispersion de ses possibilités d’évolution. Par exemple, un rocher qui dégringole une pente montagneuse est très dispersif à cause de ses multiples rebonds sur différentes aspérités du sol (autres roches notamment), qui dispersent ses trajets possibles de façon de plus en plus imprévisible. C’est l’amplification à chaque rebond de sa disper­ sion, qui au bout d’un certain nombre de rebonds devient démesurée, qui rend l’aléa indéterministe, c ’est-à-dire résistant à des variations infiniment petites des conditions initiales. Amour: matière ou énergie de l ’esprit, mémorisée dans l’espace omniprésent, hors du temps présent, sous la forme de probabilités d’actualisation des possibles. Plus l’amour est grand, plus la probabi­ lité d’actualisation de ce qui est aimé est grande. Il ne faut cependant pas confondre l’amour avec les différents stades de son cycle, comme par exemple le désir, qui seraient susceptibles d’en amoindrir les effets en l’empêchant de circuler (voir cycle de l’amour). Animisme : philosophie qui attribue une âme aux phénomènes et objets naturels. L’animisme est la seule philosophie qui comprend intrinsèquement la possibilité d’un dialogue entre l’esprit et la nature, dialogue permis par la double causalité. Anthropique (principe) : constat selon lequel l’univers a été réglé très précisément pour l’émergence de la vie et de la conscience Anthropocentrisme: philosophie qui fait de l’homme le centre et la finalité du monde. Arbre de Vie(s) : métaphore de la théorie de la double causalité, qui représente sous la forme de parcours le long des branches d’un arbre nos différents potentiels d ’avenir omniprésents. Bifurcation: modification brutale dans le comportement d’un système dynamique qui le fait passer dans l’un ou l’autre de deux états très dis­ tincts, de façon parfois totalement imprévisible et indéterministe. Plus généralement, se dit d’un croisement entre deux possibilités d’évolu­ tion qui semblent pouvoir relever d’un « libre » choix. Big-bang: Théorie selon laquelle l’univers est en expansion et en refroidissement depuis environ quinze milliards d’années.

Causalité : principe fondamental selon lequel les causes précèdent les effets. Causalité (seconde) : causalité en sens inverse du temps reposant sur le déterminisme inversé. La seconde causalité est donc une rétrocausalité déterministe, ce qui a l’intérêt de résoudre les problèmes posés par la rétrocausalité, dont la réalité est discutée. Une autre raison de diffé­ rencier la seconde causalité de la rétrocausalité est que cette dernière suppose que le passé « précède » le futur, ce qui n’est pas le cas de la seconde causalité qui suppose leur simultanéité. Chaos (théorie du) : propriété (et la théorie qui la décrit) d’un système dynamique dont le comportement est tellement sensible aux conditions initiales que son état devient totalement imprévisible et indéterministe Coïncidence : rencontre fortuite ou événements simultanés à caractère improbable et présentant une ressemblance. Conditionnement: se dit d’un état mental de l’être qui donne l’illu­ sion de la liberté alors que l’évolution de l’être est en réalité détermi­ née d’avance par des processus souvent inconscients. L’idée que nous serions toujours conditionnés est amplifiée par la découverte par les neuroscientifiques que notre conscience elle-même est un produit de l’activité neuronale à l’œuvre dans notre cerveau. Conditions initiales: état d’un système dynamique ou d’un aléa au début de son évolution. Cordes (Théorie des) : théorie fondée sur l’idée que les particules élé­ mentaires ne sont pas des points mais des bouts de cordes infinitésimalement petits (1033 cm), attribuant ainsi à l’espace des dimensions sup­ plémentaires invisibles. Cycle de l’amour: le cycle de l’amour est celui de la seconde causa­ lité. Il consiste en une boucle de rétroaction entre le présent et le futur, caractérisée par la nécessité d’attendre que le temps fasse son œuvre ou que l’univers travaille à notre place pour réaliser automatiquement nos intentions. Les différents stades du cycle de l’amour sont le désir, le souhait, l’intention, l’attention, la foi, la confiance, l’aspiration et enfin la joie. Les quatre premiers stades correspondent au don de soi,

qui transforme l’amour en énergie potentielle investissant le futur tout en nous donnant la sensation de sa disparition. Les quatre stades sui­ vants correspondent à l’attente que le temps ou l’univers fasse son œuvre en faisant revenir l’amour dans le présent, après avoir « coulé » du futur vers le présent. Dialogue avec l’Ange: se dit d’un dialogue intime entre l’être situé dans le présent et l’autre partie de l’être généralement située quelque part dans le futur, là où l’intention se focalise. Ce dialogue exploite une boucle de rétroaction de la seconde causalité qui permet de renvoyer dans le présent des informations issues du futur en réponse à des demandes faites dans le présent, par l’intermédiaire d’un déploiement ou dépôt de l’intention sous forme de questions à l’Ange. Ce dialogue peut utiliser comme support tous les phénomènes naturels et en parti­ culier ceux qui sont sujets à des aléas. On parle aussi de « dialogue avec les esprits ». Dimensions: directions de l’espace-temps. Notre espace-temps phy­ sique possède quatre dimensions que sont les directions vers le nord, vers l’est, vers le haut et vers le futur, soit trois dimensions spatiales et une dimension temporelle. Notre espace-temps réel aurait cependant d’autres dimensions d ’après la Théorie des Cordes: six dimensions spatiales supplémentaires, qui au lieu d’être des directions droites seraient des directions repliées sur elles-mêmes, extrêmement petites et par conséquent invisibles. Dimensions intérieures: d’après la théorie de la double causalité, les dimensions supplémentaires de l’espace et qui nous sont invisibles, quelle que soit la théorie qui les prévoit, seraient des dimensions inté­ rieures à notre psyché, et auraient pour intérêt de garantir notre libre arbitre qui s’exprimerait par un déplacement le long de ces dimensions supplémentaires. Déterminisme: conception philosophique selon laquelle l’évolution de tous les phénomènes physiques est prévisible par la causalité et est théoriquement calculable à l’avance si l’on connaît toutes les condi­ tions initiales. Déterminisme inversé: Déterminisme en sens inverse du temps,

reposant sur l’idée que le passé est déterminé par le présent grâce aux traces du passé et à la Loi de Convergence des Parties. Le détermi­ nisme inversé serait donc beaucoup plus déterministe que le détermi­ nisme classique, dans la mesure où les traces du passé sont beaucoup plus nombreuses et certaines que les traces du futur. Déterministe: se dit d’un système dont l’évolution ultérieure est com­ plètement fixée par des lois bien établies. Entropie: quantité qui mesure le désordre dans un ensemble donné d’atomes ou de molécules. Selon la seconde loi de la thermodyna­ mique, l’entropie d’un système isolé ne peut qu’augmenter. Il s’ensuit que selon cette loi, le désordre de l’univers ne peut qu’augmenter avec le temps, or cette conclusion est âprement discutée dans la commu­ nauté des physiciens. Espace intérieur: concept de la double causalité qui attribue à notre psyché les dimensions supplémentaires invisibles de l’espace intro­ duites par la Théorie des Cordes ou par celle des univers parallèles, et la capacité de nous mouvoir dans ces espaces « extérieurs » parallèles. Le passage d’un espace extérieur à un autre résulte du choix effectué au moment de l’observation d’une alternative entre deux choix possi­ bles, ou bifurcation. Esprit: partie de l’être ou de la conscience qui n’est pas déterminée par les processus à l’œuvre dans notre cerveau. L’esprit se loge en dehors du présent dans tout l’espace omniprésent de nos futurs possi­ bles (et/ou éventuellement dans notre passé). Il est déplacé par nos intentions et sa capacité à influer sur notre présent est déterminée par la capacité de l’être à « aimer », l’amour étant supposée être l’essence même de l’esprit, sa « matière » fluide, son énergie, présente dans l’es­ pace sous la forme de probabilités. Gravitation (loi de): loi d’attraction mutuelle de corps matériels dont l’intensité est inversement proportionnelle au carré de leur distance. Graviton : particule hypothétique transmettant la force de gravitation, activement recherchée par les physiciens dans les accélérateurs de par­ ticules, mais encore jamais observée.

Hasard: se dit d’un événement dont on ne connaît pas les causes. 11 existe donc deux types de hasard. Le premier type de hasard est celui dont on ne connaît pas les causes parce qu’elles sont cachées, couram­ ment appelé hasard déterministe. Le second type de hasard indétermi­ niste est celui dont on ne connaît pas les causes parce qu’elles n’exis­ tent pas. L’existence de ce second type est niée par les partisans du déterminisme ou de la Théorie des Variables Cachées. La Double Cau­ salité considère que les variables peuvent être cachées par le fait qu’elles sont « futures », ce qui revient à dire que le hasard n’existe pas. Indéterminisme : par opposition au déterminisme, conception philo­ sophique niant le fait que tout événement puisse être prévisible par une loi physique. La principale conséquence de l’indéterminisme est l’existence d’aléas, c’est-à-dire de possibilités multiples de l’évolution d’un système. Indéterministe: se dit d’un système particulièrement sujet à l’indéter­ minisme, c ’est-à-dire présentant des aléas rendant impossibles par principe la prévision de son évolution. Interaction : pour expliquer le comportement de la matière et des dif­ férents états notamment solides, les physiciens font appel à quatre forces fondamentales ou interactions: forte, faible, électromagnétique et gravitationnelle. Irréversibilité: l’irréversibilité est une caractéristique très générale des phénomènes d’évolution observés à notre échelle macroscopique, et se traduit par l’impossibilité évidente d ’une évolution à l’envers. Cependant, l’irréversibilité est absente des équations fondamentales de la physique, et il s’agit en conséquence d’une irréversibilité de fait et non de principe, qui correspond à une réversibilité de principe mais à probabilité extrêmement faible. Libre arbitre: hypothèse philosophique selon laquelle nous serions réellement libres, en tant qu’êtres humains dotés d’une conscience ou d’un esprit, et à ce titre capables de nous déterminer par nous-mêmes, malgré nos conditionnements. La liberté est le postulat de base de la théorie de la double causalité. Il s’ensuit que nos futurs possibles sont

innombrables comme les branches d’un arbre, c ’est pourquoi nous décrivons cette liberté que nous avons de maîtriser notre avenir par la métaphore de l’Arbre de Vie. Loi de Convergence des Parties : Loi hypothétique et manquante reposant sur le déterminisme inversé et permettant de calculer le passé à partir du présent, ou le présent à partir du futur. Cette loi est fondée sur la réversibilité des équations fondamentales de la physique et se positionne comme une loi inverse de la loi d’entropie croissante : elle produit de l’ordre au lieu de produire du désordre. Loi d’attraction universelle (des trajectoires de vies ou lignes tem­ porelles) : généralisation de la Loi de Convergence des Parties à des « trajectoires de vies ». Compte tenu de l’omniprésence du futur et du passé, lorsqu’une modification a lieu dans une trajectoire de vie, elle est instantanée sur toute la trajectoire, y compris la partie de cette tra­ jectoire qui n’existe qu’à l’état de potentiel non encore réalisé. C ’est pourquoi cette loi est dynamique et a pour effet de rapprocher (d’atti­ rer) les trajectoires qui sont reliées par des intentions convergentes. Cette « attirance » est supposée être en parfaite analogie avec la gravi­ tation universelle qui, quant à elle, agit sur des trajectoires d’objets matériels (massifs). Loi de gravitation universelle : loi établie par Newton puis générali­ sée par Einstein et qui décrit la manière dont des trajectoires d’objets massifs s’attirent entre elles, respectivement en raison inverse du carré de leur distance et en raison de la courbure de l’espace-temps. Magie : ce dit d’un phénomène remarquable et impossible à compren­ dre dans le cadre de la causalité, semblant violer les lois physiques connues. La magie est un produit de la seconde causalité et elle est amplifiée par la circulation de l’amour. Matérialisme: doctrine philosophique qui affirme que rien n’existe en dehors de la matière et que l’esprit lui-même est entièrement matériel. Matérialiste: partisan du matérialisme. Mécanique quantique : branche de la physique qui décrit le compor­ tement des atomes ou particules et leur interaction avec la lumière, en

faisant jouer un rôle essentiel aux probabilités. Les atomes n’existent à tout instant que sous la forme de superpositions de tous leurs états pro­ bables. Cette superposition d’états possibles est encore appelée fonc­ tion d’onde. L’observation de l’état d ’une particule au moyen d’un ins­ trument l’oblige à prendre un seul état, ce phénomène étant appelé « réduction de la fonction d’onde (en un seul état) ». Les implications philosophiques de la mécanique quantique sont considérables et ont contribué à modifier progressivement la vision du monde des physi­ ciens au cours du XXe siècle. Métaphore : modification de sens et de représentation d’un concept sous la forme d’une image ou d’une comparaison ayant pour but de simplifier la compréhension du concept d’origine. Métaphysique: Recherche philosophique ayant pour but la connais­ sance et la compréhension de l’« être ». Multidimensionnel: Se dit d’un espace qui possède plusieurs dimen­ sions*, et généralement plus de quatre. Murphy (loi de) : Principe empirique énonçant que si quelque chose peut mal tourner, alors cette chose finira infailliblement par mal tour­ ner, particulièrement lorsqu’on aura le plus besoin que cela n’arrive pas. Observateur: rôle d’observation consistant à faire rentrer dans la réa­ lité une seule version du monde ou d’une évolution individuelle, parmi de multiples versions possibles existant simultanément avant d’être observées. Ce rôle implique ainsi la distinction entre réalité et exis­ tence, la réalité étant par définition unique alors que l’existence ne peut concerner que des réalités non vécues c’est-à-dire non encore obser­ vées. Ce rôle de l’observateur est une généralisation du rôle de l’obser­ vateur en mécanique quantique. Omniprésence: présence en différents lieux mais toujours actuelle. Papillon (effet): se dit d’un phénomène tellement sensible aux condi­ tions initiales qu’il peut se traduire par une minuscule cause capable d’engendrer des effets gigantesques, par exemple un battement d’ailes d’un papillon qui engendre une tempête.

Paradigme: façon de concevoir le monde partagée par les membres d’une même communauté scientifique et parfois par toute une société. Potentiel: se dit d’une trajectoire de vie possible mais non encore réa­ lisée. Un potentiel se mesure par sa probabilité d ’actualisation. Relativité (Théorie de la) : théorie géométrique d’Einstein énoncée en 1905 et qui établit une intime connexion entre l’espace et le temps. Ces notions dépendent du mouvement de l’observateur et les notions de simultanéité et de présent perdent leur sens : tout est relatif à la posi­ tion et à la vitesse de l’observateur. Rétrocausalité : causalité en sens inverse du temps, concept initiale­ ment émis pour justifier l’observation apparente de particules qui remontent le temps. Ce concept est cependant contesté par les physi­ ciens qui ont introduit les antiparticules comme justification alterna­ tive, confirmée par l’expérience. A ne pas confondre avec la « seconde causalité » qui est aussi une causalité en sens inverse du temps, mais elle est déterministe et ne suppose pas que ses effets « précèdent » ses causes. Réversibilité: principe à l’œuvre dans toutes les équations fondamen­ tales de la physique et qui les rend symétriques par rapport au temps, ce qui implique que tous les phénomènes devraient pouvoir évoluer à l’envers comme à l’endroit, or ce n’est pas ce qu’on observe dans la nature. D ’autres équations de la physique, valables uniquement à l’échelon macroscopique pour un grand nombre de particules, expli­ quent cependant cette irréversibilité. Ces équations empiriques font intervenir le hasard et les probabilités et sont issues de la physique sta­ tistique. Spiritisme, spirite: doctrine selon laquelle l’homme est composé d ’un corps périssable et d’un esprit immortel susceptible de se détacher du corps et de lui survivre. Statistique (Physique) : branche de la physique ayant pour but d’ex­ pliquer et de prédire le comportement et l’évolution de systèmes phy­ siques comportant un grand nombre de particules microscopiques : ces systèmes sont alors eux-mêmes qualifiés de « macroscopiques ». Les

calculs de physique statistique se caractérisent par le fait qu’ils font intervenir massivement le hasard dans les choix de trajectoires de par­ ticules après collision. Synchronicité : coïncidence signifiante c ’est-à-dire dont le caractère mystérieux est porteur d’un sens. Elle se caractérise par le fait que le psychisme de la personne semble d’autant plus impliqué que sa proba­ bilité est plus faible, laissant penser à un « signe du destin ». Univers parallèles : univers existant en parallèle mais « a priori » déconnectés du nôtre, c’est-à-dire inaccessibles à notre observation. La mécanique quantique et la Théorie des Cordes prévoient l’existence de ces univers parallèles. Variables cachées (Théorie des): l’existence de variables cachées est invoquée par les détracteurs de l’interprétation majoritaire de la méca­ nique quantique selon laquelle elle est indéterministe : il est impossible de prévoir l’état que va prendre une particule lorsqu’elle sera observée, cet état étant attribué au hasard le plus absolu. Les partisans des varia­ bles cachées, comme l’était Einstein, refusent cet indéterminisme et considèrent qu’il n’est qu’apparent et sera comblé par les progrès de la physique lorsque l’on sera à même d’expliquer les « causes cachées », et plus généralement celles de tout système « en apparence » indéter­ ministe.

Annexe Indéterminisme et TDC

Pour illustrer l’indéterminisme de la nature, prenons l’exemple d’un rocher qui dévale une pente de montagne. La trajectoire de ce rocher est rendue dispersive par ses multiples rebonds sur les aspérités du sol, sur la végétation ou sur d’autres rochers. Après chacun de ses rebonds, l’étendue des trajectoires possibles du rocher est amplifiée, ce qui rend son trajet de plus en plus imprévisible. À partir d’un certain nombre de rebonds, il devient impossible de faire la moindre prévision de la posi­ tion du rocher, à moins de connaître avec une prévision quasi-infinie sa position initiale et celles de toutes les aspérités du sol. Or la précision avec laquelle on peut connaître les conditions initiales de tout objet matériel, en temps et en position, est limitée par le prin­ cipe d’incertitude d’Heisenberg en mécanique quantique. Tout se passe dans la nature comme si l’espace était quantifié, que sa géométrie était discrète, et que pour décrire en conséquence des phénomènes micro­ scopiques de taille inférieure à une certaine échelle, on soit obligé de faire appel aux probabilités. À ces échelles extrêmement petites, il est fondamentalement impossible de connaître simultanément la position et la vitesse d’une particule. Toute connaissance des conditions ini­ tiales est donc par principe limitée en dessous d’une certaine distance ou d’un certain délai. La conséquence philosophique déjà bien connue de la mécanique quantique est le fait qu’il règne à l’échelle microscopique un indéter­ minisme fondamental. Il est à ce point impossible de prévoir le futur

d’un ensemble d’états de la matière à cette échelle que les physiciens en sont arrivés à la conclusion que tous ses états possibles, permis par les lois physiques, coexistaient simultanément. Il n’y a donc pas un seul futur mais une infinité de futurs potentiels. Par contre, le fait d ob­ server un état en le mesurant au moyen d’un instrument a pour effet immédiat de le déterminer et de le rendre unique. Ce n est donc que grâce à nos observations que la réalité que nous connaissons ne se décline que sous une seule version. Sans observation par les êtres humains que nous sommes, la physique décrirait un monde où une infinité de réalités coexisteraient simultanément sous la forme d’uni­ vers parallèles. Nous ne connaîtrions donc « un seul univers » que parce que nous sommes doués d’une conscience pour l’observer. C’est ce qui fait dire à de nombreux physiciens « spiritualistes » que nous sommes les co-créateurs du monde qui nous entoure. La théorie de la double causalité (TDC) ne va pas aussi loin et rejoint plutôt l’opinion des physiciens « matérialistes » qui considèrent que notre conscience n’a aucun effet sur la création de la réalité. Pour expliquer la création d’une version unique de la réalité, la TDC fait tout d ’abord appel à l’idée que l’indéterminisme règne partout dans la nature, non seulement à l’échelle microscopique mais aussi à l’échelle macroscopique. Cette affirmation se base sur l’existence généralisée d’aléas indéterministes dans le monde qui nous entoure, dont le rocher qui dévale est un exemple. Pour bien comprendre cette affirmation, revenons à ce rocher. Compte tenu de nos observations sur le phénomène d’amplification de la dis­ persion de sa trajectoire, il est tout à fait raisonnable d’imaginer que puissent exister de multiples scénarios de retombée de ce rocher, le conduisant au bout de 100 mètres de dénivelée, à atteindre par exem­ ple différents endroits séparés par une distance de 10 mètres, et ceci alors même qu’il se trouve toujours dans la même position initiale au départ. Les simples indéterminismes régnant à l’échelle microscopique sur la position de ce rocher, et sur le moment où il commence à dévaler la pente, sont supposés par la TDC amplifiés au point d’engendrer un indéterminisme macroscopique important, quant à la position qu’il atteint 100 mètres plus bas.

Pour justifier mathématiquement cette observation, remplaçons l’exemple du rocher qui dévale une montagne par celui d’une boule de billard qui effectue plusieurs rebonds à l’intérieur d’un billard très par­ ticulier, dénommé « billard de Sinaï ». Il s’agit d’un billard ordinaire au centre duquel on a rajouté un obstacle circulaire fixe, similaire à une grosse boule de diamètre égal à la moitié de la largeur du billard, et qui remplace ici les aspérités du sol de notre rocher. L’intérêt d’un tel exemple est qu’il se prête aux calculs et que l’on peut démontrer que ce billard est chaotique. En conséquence de ce chaos, il est impos­ sible de prévoir la position de la boule une fois lancée au-delà de quelques secondes. Ce phénomène provient du fait qu’après chaque rebond sur l’obstacle central, l’incertitude sur la trajectoire de la boule tirée est amplifiée par le rebond. On peut alors démontrer que pour prévoir la position de cette boule à dix centimètres près au bout de dix secondes, il faut effectuer un tir avec une précision de deux centièmes de millimètres. On peut aussi prévoir que l’écart entre deux boules ayant une différence de trajectoire initialement infime est multiplié par trois à chaque seconde en moyenne. Or, partant par exemple du nom­ bre extrêmement élevé de 3 à la puissance 60, on en déduit que pour tirer une seconde boule selon une trajectoire qui pendant une minute entière ne s’écarte pas de plus d’un millimètre de celle de la première boule, alors il faut que la précision du tir soit très inférieure à la taille d’une particule élémentaire ! En ignorant l’indéterminisme quantique, beaucoup de physiciens continuent de qualifier les phénomènes chaotiques de déterministes mais cependant « imprévisibles », comme si le fait d’avoir une trajec­ toire imprévisible à cause de son caractère chaotique n’empêchait pas cette trajectoire d’être déterministe, étant donné qu’on peut en effet théoriquement la calculer. Ce raisonnement oublie cependant deux choses, d’une part le fait que la précision de n’importe quel calcul est forcément limitée, et d’autre part le fait qu’en dessous d’une certaine précision, le comportement de la matière est déjà fondamentalement indéterministe. L’hypothèse qui fonde ce raisonnement, celle que nous vivons dans un espace continu, est donc fausse. Selon la TDC, le fait de qualifier un système chaotique de « détermi-

niste » ne fait qu’entretenir une illusion produite par l’idée que nos équations de calcul sont elles-mêmes déterministes. Or une telle idée repose sur l’hypothèse fausse selon laquelle nous évoluerions dans un monde continu, dans lequel ces équations ne pourraient en effet abou­ tir qu’à une seule solution. La mécanique quantique nous montre au contraire que nous vivons dans un monde fondamentalement discon­ tinu à l’échelle microscopique où aucun objet quantique ne peut avoir de position précise. Par conséquent, un déterminisme imprévisible devient équivalent à un indéterminisme réel. Lorsque selon d ’autres points de vue, nous acceptons l’indéterminisme de la nature, parce que nous n’avons aucun moyen de prévoir l’avenir d’un système ou d’en comprendre les causes, nous parlons souvent de hasard. Or d’après la TDC, le hasard n’existe pas dans le monde réel, car lorsqu’un phénomène n’est pas causé par le passé, il l’est par le futur. Seule existe notre ignorance des causes réelles ou des variables cachées, qu’elles soient passées ou futures. Lorsque ces causes ne sont pas dues au passé et que l’on invoque en conséquence le hasard, on est en présence d ’un phénomène indéterministe par définition, devant lequel la physique ne nous fournit aucune réponse. C’est donc bien pour conserver à l’approche scientifique toute sa cohé­ rence, en éliminant le hasard ou les aléas indéterministes, élimination vitale pour la physique, que la TDC propose de déterminer par des causes futures ce qui n’est pas déterminé par des causes passées. Mais pour que cette double causalité soit bien fondée, il est nécessaire que dans le sens inverse du temps l’évolution des systèmes soit déterminée par une loi manquante, nommée « Loi de Convergence des Parties », une loi fondamentale car créatrice d’ordre. Une telle création d’ordre, selon un principe de maximisation de l’or­ dre créé, aurait le mérite de nous fournir une solution déterministe unique du passé, même en présence de traces insuffisantes. Il est en effet concevable que contrairement à une loi créatrice de désordre qui nous oblige à exploiter le hasard et la statistique pour éviter de tomber sur des futurs multiples, une loi créatrice d’ordre puisse ne faire émer­ ger qu’une seule solution, la plus ordonnée, parmi les solutions qui res­ pectent les lois réversibles de la physique.

Tout indéterminisme du passé serait alors comblé, non par un effet cumulé de nos intentions comme c’est le cas du futur, mais par une loi d’attraction universelle généralisée qui introduirait partout une harmo­ nie ayant pour effet de refléter le tout dans chaque partie.

Bibliographie

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55. Joachim Soulières, Les coïncidences, Dervy, 2012. 56. Eckhart Toile, Le pouvoir du moment présent, J’ai lu, 2010. 57. Alain Connes, Danye Chéreau, Jacques Dixmier, Le Théâtre quan­ tique, Odile Jacob, 2013. 58. Serge Harochc, Jongler avec la lumière, De Vive Voix, 2010.

Table des matières Avant-propos......................................................................................... 9 Introduction..........................................................................................13 Première partie : Le renversement du temps 1. L’Arbre de Vie................................................................................... 25 2. Le déterminisme inversé...................................................................37 3. La Loi de Convergence des Parties.................................................. 55 4. Fissure du temps................................................................................69 5. La logique non causale......................................................................81 Deuxième partie: La double causalité 6. Les traces du futur............................................................................. 93 7. Le courant de la vie......................................................................... 105 8. Le « laisser agir ».............................................................................115 9. Être ou ne pas être........................................................................... 123 10. La magie du hasard........................................................................139 Troisième partie : Coïncidences 11. Le dépôt de l’intention...................................................................159 12. Le modèle de l’Esprit.................................................................... 171 13. Dialogue avec l’Ange....................................................................181 14. La guerre des logiques...................................................................197 15. Le double 22..................................................................................211 Quatrième partie : Révélation 16. L’espace intérieur.......................................................................... 225 17. La loi d’attraction universelle....................................................... 239 18. Émergence de l’Esprit...................................................................251 19. Le cycle de l’Amour..................................................................... 259 20. Dialogue avec l’Esprit...................................................................273 Cinquième partie : Conférence 21. Conférence.................................................................................. 291 22. Questions....................................................................................... 321 Conclusion..........................................................................................331 Remerciements.................................................................................. 341 Glossaire............................................................................................. 343 Annexe (Indéterminisme et T.D.C.)...................................................353 Bibliographie..................................................................................... 359

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