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Zitiervorschau

Département : droit privé Master

: droit privé et sciences criminelles Option : droit civil approfondie Exposé sous le thème :

La responsabilité civile du médecin Encadré par : Prof : Mme Khadija Anouar. Préparé par :

Oussama Hjouji Ismaila Camara Mohamed Yassine Majdoubi Nagnouma Koulibaly Bilal Afkir Yassine Ennajari Omar Zahid

année universitaire : 2020/2021

Table des INTRODUCTION......................................................................................................P3-P4 Chapitre I : la nature juridique de la responsabilité civile du médecin ………………… P4-P7 Section 1 : Le principe de la responsabilité civile contractuelle..............................P4 A. Les obligations de moyens...............................................................................P5 B. Les obligations de résultat...............................................................................P5 Section 2 : Le principe de la responsabilité civile délictuelle ou quasi-délictuelle....P6 Chapitre II : Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile.................P6-P11 Section 1 : La faute médicale et ses caractères......................................................P6 A. Définition de la faute médicale................................................................................... P7 B. Les principaux aspects de la faute médicale.........................................................P7 C. Le vide juridique en matière de la définition de la faute médicale.............P9 Section 2 : Le dommage et le lien de causalité........................................................P9 A. Le dommage.......................................................................................................P9 B. lien de causalité.................................................................................................P10 Chapitre III : la preuve en Matière de responsabilité médical................................P11-P15 Section 1 : L’indispensable recours à l’expertise médicale......................................P12 A. les conditions d’exercice de l’expertise médical...............................................P12 B. la mission du médecin expert...........................................................................P12 Section 2 : le recours aux autres moyens de preuves..........................................P12 A. Le dossier médical...........................................................................................P13 B. Le certificat médical........................................................................................P13 C. Les présomptions de fait.................................................................................P14 CONCLUSION...........................................................................................................P16

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Introduction : Selon Vaclav Havel « La sauvegarde de notre monde humain n’est nulle part ailleurs que dans le cœur humain, la pensée humaine, la responsabilité humaine ». L’homme se trouve dans l’obligation de répondre de ses actes. Cette responsabilité peut se décliner dans différents domaines : disciplinaire, pénal, administratif et civil. La responsabilité civile est alors, l’obligation imposée par la loi de réparer le dommage causé à autrui soit par l’inexécution d’une obligation née d’un contrat (responsabilité contractuelle), soit par un acte fautif accompli avec ou sans intention de nuire ou encore par le fait d’une personne, d’une chose ou d’un animal dont on doit répondre (responsabilité délictuelle ou quasidélictuelle). De ce fait, on peut conclure que la responsabilité civile est obligatoire pour tous les professionnels : ingénieurs, avocats, et médecins aussi…. La responsabilité civile médicale, est un ensemble de règles et de mécanismes qui obligent l’auteur du dommage causé à autrui à réparer ce dommage en procurant à la victime une compensation. En effet, il s’agit d’une obligation de verser à la victime des dommages et intérêts en vue de réparation, sans se préoccuper d’infliger au médecin une sanction de quelque nature que ce soit. Toutefois l’indemnisation de la victime serra intimement liée à cette qualification du médecin en tant qu’auteur du dommage. En effet, la notion de la responsabilité médicale a été née depuis plus de 40 siècles dans l’article 218 du code d’HAMMURABI « Si un médecin à traité un homme libre d’une plaie grave, avec le poinçon de bronze, et a fait mourir l’homme, s’il a ouvert la taie de l’homme avec le poinçon de bronze, et a crevé l’œil de l’homme, on coupera ses mains ». Ce code comportait les premières dispositions relatives à la réparation d’un fait dommageable, sachant qu’à cette époque les sanctions pouvant aller jusqu’à l’amputation de la main de l’auteur du dommage. En Egypte, le médecin dans ses pratiques, était juste limité au respect d’actes codifies appelés à l’époque « Le livre sacré » pour être à l’abri de toute sanction. Le non-respect de ces règles était sanctionné de peines sévères, notamment, la mort. Au 5ème siècle avant Jésus-Christ, Hippocrate, père de la médecine, fit naitre l’éthique médicale et proposa le fameux serment que prononcent encore aujourd’hui les médecins. Ce serment renfermant plusieurs principes dont la violation expose le médecin à une condamnation sévère. Les romains considéraient le médecin responsable des dommages causés au malade citoyen seulement, car lorsqu’il s’agit d’un malade esclave, cette responsabilité presque s’annule, le médecin devait simplement dédommager le maitre de cet esclave en lui fournissant un autre. Les religions n’ont point négligé cette responsabilité : - L’islam, a tant honoré l’homme dans sa santé, sa dignité et son droit à la vie. Pour cela, l’Islam a édicté des lois qui régissent la découverte scientifique et réglementent leur application, ces lois trouvent leurs sources dans le coran, la sunna et l’jihad.

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- Dans les traditions juives, le traitement d’un homme ne représentait guère une opposition à la volonté de dieu, mais au contraire, un devoir édicté par dieu lui-même. A cette époque la pratique de la médecine était réglementée et une autorisation d’exercice était exigée par un comité de juges local. - Dans l’Europe chrétienne et en médiévale, seul le résultat obtenu sur le malade comptait, si celui-ci ne guérissait pas, le médecin n’était pas payé. A l’époque les erreurs émanent du médecin n’étaient pas permises, et celui-ci risquait parfois la peine de mort. Les philosophes du 18éme siècle ont commencé à réglementer la responsabilité médicale à travers les articles du code napoléonien, mais c’est à partir du 19ème siècle que s’est instaurée la responsabilité telle qu’on la conçoit aujourd’hui. En France, la notion de la responsabilité contractuelle a été introduite en 20 Mai 1936 par l’arrêt de la cour de cassation connu sous le nom d’arrêt Mercier. Au Maroc, l’année 1946 fut marquée par l’adoption de la notion juridique de la responsabilité contractuelle du médecin par la cour d’appel de Rabat, mais la poursuite pour faute médicale n’a pris de l’ampleur qu’à partir les années quatre-vingts. Ce travail a comme objectif de terminer les fondements juridiques entrainant la responsabilité civile du médecin en lui sensibilisant des conséquences graves de leur imprudence, négligence ou violation des règles déontologique. Ainsi la connaissance de ces notions juridiques permis au médecin d’exercer tranquillement son métier et d’assurer sa défense en cas d’accident médical, ce qui fait les questions auxquelles nous souhaitons répondre est les suivantes : Quelle est la nature juridique de la responsabilité civile du médecin ? Quelles sont les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile médicale ? Et Comment se constitue la preuve en matière de responsabilité médicale ? Pour résoudre ces problématiques, nous allons traiter dans le premier chapitre la nature juridique de la responsabilité civile médicale. Ensuite nous abordons au deuxième chapitre les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile médicale, pour passer au troisième chapitre dans lequel nous proposons une analyse de la preuve en matière de responsabilité civile du médecin.

CHAPITRE I : La nature juridique de la responsabilité de médecin La responsabilité civile, couvre deux entités distinctes, la responsabilité civile contractuelle (section1), lorsque le dommage résulte de l’inexécution ou de mauvaise exécution d’un contrat, et la responsabilité civile délictuelle (section 2), lorsque le préjudice est complètement étranger à l’exécution d’un quelconque contrat.

SECTION 1 : Le principe de la responsabilité civile contractuelle : C’est l’arrêt de la cour de cassation française du 20 mai 1936, rappelons-le, qui était à la base de la responsabilité civile contractuelle du médecin, en affirmant la nature contractuelle des rapports qui se nouent entre le médecin et son patient. La jurisprudence marocaine n’a fait que reprendre ce principe plus tard à travers l’arrêt de la cour d’appel de Rabat du 29 janvier 1946, estimant que les rapports existants entre un médecin et son malade constituent un contrat

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entrainant pour le médecin une obligation d’employer des soins consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises de la science et que la violation même involontaire de cette obligation est sanctionnée par une responsabilité également contractuelle. Les contrats peuvent être divers et variés. Ils ne nécessitent pas forcément de formalisme (rédaction d’un écrit) et peuvent être oraux. Par exemple, lorsqu’un client entre dans une boulangerie, demande un pain et que le commerçant lui remet, un contrat est établi. En effet, en 1936, la cour de cassation, dans un arrêt « Mercier » a établi « qu’entre le médecin et son client, se forme un véritable contrat, comportant pour le praticien l’engagement, sinon bien évidemment de guérir le malade, ce qui n’a jamais été allégué, du moins de lui donner des soins non pas quelconques mais consciencieux, attentifs et réserves faites de circonstances exceptionnelles, conformes aux données actuelles de la science ; que la violation, même involontaire de cette obligation contractuelle est sanctionnée par une responsabilité de même nature, également contractuelle ». Toujours dans le cadre du contrat médical, l’obligation à la charge du médecin n’est qu’une obligation de moyens (A), cependant, dans certains cas, le médecin peut être tenu d’une obligation de résultat (B).

A.

Obligation de moyens :

La doctrine et la jurisprudence qualifient généralement les obligations du médecin d’obligations de moyens. Le contrat médical ne crée qu’une obligation de moyens, la tâ che du médecin consiste ainsi à employer tous les moyens mis à sa disposition afin d’obtenir l’amélioration de l’état du patient sans le garantir. L’origine de ce principe est que la médecine n’est pas une science exacte, et que la plupart des traitements médicaux comportent une part d’aléa, c’est ainsi que, la cour de cassation française, par un arrêt du 8 novembre 2000, a mis un terme à une tendance des premiers juges de réparer l’aléa thérapeutique, car celui-ci ne fait pas partie des obligations dont un médecin est contractuellement tenu. Ainsi, le seul fait de ne pas obtenir le résultat escompté, ne suffit pas pour engager la responsabilité du médecin, pour cela, il faut que la victime prouve que le médecin ne s’est pas comporté conformément aux règles du métier, n’a pas correctement utilisé les moyens dont il disposait, autrement dit qu’il a commis une faute. La faute est donc une condition indispensable à l’engagement de la responsabilité civile contractuelle dans les contrats qui ne créent que des obligations de moyens. Ainsi la Cour d'appel marocaine, 24 mars 2008, 4009/05-2225/06 a mis en terme que La relation juridique entre le médecin et le patient est considérée comme étant un contrat spécifique faisant naître une obligation de moyen qui consiste à utiliser tous les moyens permettant l'obtention d'un résultat déterminé sans garantir la guérison. Le non-respect de cette obligation engage la responsabilité contractuelle du médecin traitant à condition que le patient rapporte la preuve de la faute imputée au médecin ayant causé le préjudice.

B. Obligation de résultat : Dans certaines situations, où le médecin promet un résultat précis, si ce résultat n’est pas atteint, sa responsabilité sera engagée malgré l’absence de toute faute émanant de sa part. Le patient n’a

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plus à prouver que le médecin a commis une faute pour obtenir réparation. C’est ainsi que la responsabilité du médecin est engagée, du seul fait de fournir des résultats erronés, car celui-ci est tenu d’une obligation d’exactitude des résultats. Ainsi, le médecin est tenu de garantir la sécurité du patient qu’il vaccine, en lui administrant un produit sain et non périmé, d’une manière correcte. Mais il n’est pas tenu de garantir l’efficacité du vaccin ou l’immunité du patient après cette vaccination, Nous pouvons ainsi citer des exemples d’accidents survenus à l’occasion d’utilisation de matériels défectueux : les blessures liées à l'utilisation d'un matériel défectueux, les infections nosocomiales, les contaminations post transfusionnelles, les brû lures par dysfonctionnement du bistouri électrique…

SECTION 2 : Le principe de la responsabilité civile délictuelle ou quasi-délictuelle Il fut longtemps de règle que la responsabilité du médecin soit responsabilité délictuelle qui repose sur une faute commise dans l’acte médical jusqu’à l’arrêt mercier du 20 mai 1936. En effet la responsabilité civile médicale peut être engagée non seulement par le fait de l’inexécution d’un contrat mais aussi par la commission d’un fait délictueux. il est évident que la responsabilité du médecin à l’égard des tiers ne peut avoir qu’une nature extra contractuelle. Ainsi la responsabilité médicale sera délictuelle dans les situations suivantes : • Aucun contrat n’a pas pu se former entre le médecin et son patient le malade n’a pu exprimer son consentement car il était inconscient ou qu’il s’agissait d’un mineur et que le titulaire de l’autorité parentale n’était pas en mesure de consentir pour lui. • Le dommage a été subi or la phase d’exécution du contrat lors de violation d’une obligation précontractuelle de renseignement c’est à dire que le fait générateur s’est produit avant la formation du contrat ou en période post contractuelle ; c’est le cas par exemple du patient qui trébuche au sein du cabinet médical sur une marche mal réparée. • La responsabilité né d’un contrat annulé. La responsabilité civile délictuelle sanctionne un dommage né en dehors de toute relation contractuelle, c’est une responsabilité engagée à la suite d’un délit strict, chose qui est confirmée par l’article 77 du D.O.C qui prévoit que « tout fait quelconque , de Lhomme qui sans l’autorité de la loi, cause sciemment et volontairement à autrui un dommage matériel ou morale, oblige son auteur a réparer ledit dommage, lorsqu’il est établi que ce fait en est la cause directe», ainsi l’article 78 du D.O.C qui dispose que « Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu’il a causé, non seulement par son fait, mais par sa faute, lorsqu’il est établi que cette faute en est la cause directe». Alors ces articles montrent que la responsabilité contractuelle peut résulter soit d’une faute directe c’est à dire volontaire et illicite (art 77 du D.O.C) soit d’une faute indirecte par omission imprudence ou négligence c’est à dire involontaire et illicite (art 78 du D.O.C).

CHAPITRE 2 : Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile SECTION 1. La faute médicale et ses caractères : ~6~

A- Définition de la faute médicale : Etymologiquement, le mot vient du latin populaire « failla » qui veut dire tromper. Selon la définition retenue du dictionnaire Larousse, « la faute désigne l’action de faillir, de manquer aux prescriptions de la religion, de la moralité ou de la loi et suppose un acte répréhensible à quelque titre ou à quelque degré quête soit » « Pour qu’un homme puisse être déclaré responsable d’un acte de sa profession, il faut qu’il y ait une faute dans son action, c’est-à -dire qu’il lui a tété possible, avec plus de vigilance sur luimême et sur ses actes de s’en garantir. » procureur général Dupin, 1835 Depuis plusieurs années, les jurisprudences civiles et administratives tendent à unifier la définition de la faute médicale et à harmoniser leur pratique. Le but étant, bien sû r, de créer des conditions d’indemnisation à peu près identiques entre les patients, qu’ils aient été pris en charge en privé ou en milieu hospitalier. La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé en France, a renforcé cette volonté. Alors ladite loi a rappelé que la responsabilité d’un médecin ne peut être engagée qu’en présence d’une faute prouvée. Ainsi, la responsabilité d’un professionnel de santé ne pourra pas être recherchée s’il n’y a pas de faute commise sauf dans le cadre d’un dommage lié à un produit défectueux (voir plus loin responsabilité du fait des produits). La doctrine juridique, de sa part, définit la faute médicale comme étant «la défaillance que n’aurait pas présentée un médecin normalement compétent et diligent en agissant dans les mêmes circonstances » On peut dire que la faute médicale consiste dans la mise en cause de la responsabilité du professionnel de santé lorsque celui-ci n’a pas respecté les règles de l’art. Il ne s’agit pas de l’absence de réussite d’un acte médical mais de la mise en cause du comportement fautif du professionnel. Alors quelles sont les différents aspects de ce comportement fautif ?

B- Les principaux aspects de la faute médicale : Il existe plusieurs types de fautes médicales permettant d’engager la responsabilité du professionnel ou établissement de santé. Il peut s’agir d’actes illicites ou de défaut de finalité médicale. Le plus souvent, ce sont les fautes : ✓ La faute peut être une faute technique médicale, laquelle consiste en la violation des règles de l’art par le professionnel de santé. Cette expression de règles de l’art se rapporte aux « données acquises de la science », l’expression utilisée par la Cour de cassation française. En effet, par l’arrêt Mercier du 20 mai 1936, les juges avaient fondé la responsabilité médicale sur un contrat médical et avaient délimité les contours de l’obligation de moyen du praticien en lui imposant de soigner le patient conformément aux données acquises de la science. Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 4 mars 2002, un standard du praticien diligent est dégagé et il lui est imposé d’agir en prenant compte « les connaissances médicales avérées » qui sont proches de la référence aux « données acquises de la science ». Dans ce cadre le respect des règles de l’art sera apprécié par le juge in abstracto, par référence à un médecin de la même spécialité, ce qui implique le recours à une expertise. L’erreur technique englobe différents types de fautes, tels que la faute dans la prescription thérapeutique, la faute de diagnostic, la faute

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dans la conduite des soins, la faute de surveillance, etc.… Ainsi, par exemple, concernant la faute de diagnostic, la simple erreur de diagnostic n’est pas fautive, car il s’agit d’une obligation de moyen. L’erreur sera fautive lorsque le diagnostic n’a pas été posé conformément aux règles de l’art (Cas. 1re cive. 24 nov. 1987, no 8513.993). En général, la preuve de l’erreur technique est démontrée par une expertise médicale.

✓ La faute peut également consister en la violation d’un devoir d’humanisme médical, laquelle consiste, notamment, dans la violation des règles déontologiques par le professionnel de santé. Il peut ainsi s’agir de l’hypothèse lorsque le médecin généraliste ne fait pas appel à un spécialiste alors que l’état du patient l’impose (TGI Mulhouse, 9 mars 1976, Gaz. Pal. 1977, 1, soma. p. 55). En effet, le recours à un spécialiste est une obligation déontologique pour tout médecin.

✓ Il peut s’agir d’une faute d’information, laquelle consiste en défaut « d’information claire, loyale et appropriée à l‘état de santé du patient » selon le Code de déontologie médicale français ainsi que diverses dispositions législatives et réglementaires. En ce sens la loi du 4 mars 2002 a apporté des précisions quant au contenu de l’information en modifiant l’article L1111-2 du Code de la santé publique, lequel dispose, à présent, que « Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus. » Et que « Lorsque, postérieurement à l’exécution des investigations, traitements ou actions de prévention, des risques nouveaux sont identifiés, la personne concernée doit en être informée, sauf en cas d’impossibilité de la retrouver. ». Concernant le contenu de l’information toujours, la Cour de cassation française a imposé une définition qualitative. Ainsi, en exigeant une information claire, loyale et appropriée, la Cour de cassation considère que « l’information délivrée dans un langage trop technique équivaut à un défaut d’information » (Cas, 1re cive. 21 févr. 1961, n°58-11.654). De même, la Cour précise que l’information doit « inclure l’avertissement du patient sur les effets secondaires du traitement, ou l’alerter sur de possibles complications » (Cas. 1re, cive 20 janv. 1987, n°85-10.636). La preuve de la délivrance de cette information pèse sur le professionnel ou l’établissement de santé et elle peut être apportée par tout moyen.

✓ L’erreur dans le choix du traitement : Elle devient fautive si elle conduit à exposer le patient à des risques sans justification thérapeutique, ou à réaliser un acte pour lequel le praticien ne dispose pas de qualification spéciale (1re Cive., 12 juillet 1976, Bull. 1976, I, n° 258 : cas du gynécologue qui aurait pratiqué une hystérectomie sans avoir la qualification spéciale requise).

✓ Enfin, la faute peut être un manquement à l’obligation de recueillir le consentement du patient. Le consentement à l’acte médical est un principe fondamental dégagé par la jurisprudence Tessier du 28 janvier 1942. La loi du 4 mars 2002 a permis de définir la qualité du consentement. Ainsi, l’article L1111-4 du Code de la santé publique dispose que « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. ».

C- Le vide juridique en matière de la définition de la faute médicale

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Le fait que ni la loi ni la jurisprudence ne définit avec exactitude la faute médicale pose pleins de problèmes dans le domaine de la responsabilité médicale, que ce soit pour les patients ou pour les médecins. Pour les premiers ils se confrontent par des problèmes de preuve, dans la mesure où l’accès au dossier médical est loin d’être chose aisée, ainsi les conclusions des experts sont souvent très équivoques, dès lors que le préserve de la confraternité professionnelle s’impose. Pour les médecins ils considèrent qu’il est impossible que des procès soient portés contre eux par des gens méconnaissant les règles d’un acte médicale. Donc le vide juridique subsiste encore en absence d’un code de la santé et d’une haute autorité de santé où sont représentés tous les intervenants à savoir : médecins, les patients (victimes) et leurs représentants. Il est à signaler que, contrairement aux pays occidentaux, la responsabilité civile du médecin est régie par le D.O.C, et même les dispositions du code des assurances et du code pénal ne sont pas taillées sur mesure par rapport à la spécificité de la pratique médicale. En ce sens on trouve que cette absence des lois en la matière, au Maroc, pose un grand problème, dans la mesure où peu de victimes porte plainte de négligence contre les médecins, ainsi peu de victimes gagnent l’affaire d’indemnisation. A ce point-là on peut évoquer le cas d’espèce d’une victime, à l’époque â gée de 49 ans, cadre à Safi, souffrait d’une sciatique. Elle a été admise dans une clinique de neurologie à Casablanca pour subir une opération. Elle n’y survivra pas. Le rapport établi par l’anesthésiste explique la cause du décès par un « arrêt cardiaque suite à une fibrillation ventriculaire avec inefficacité circulatoire ». Les massages cardiaques n’ont servi à rien. Alors la famille accuse l’équipe médicale d’avoir opéré dans la précipitation sans prendre la peine de faire les analyses préparatoires à toute opération de ce genre, d’autant que, selon elle, la victime souffrait d’une tachycardie (accélération du rythme cardiaque). Donc l’affaire est portée devant le Tribunal de première instance de Casablanca, et, deux ans plus tard, en février 2006, le parquet décide de classer le dossier sous prétexte d’absence d’éléments « criminels ». La famille ne lâ che pas prise. En 2008, elle charge un nouvel avocat, de rouvrir le dossier en s’appuyant dans sa plaidoirie sur l’article 432 du code pénal. La défense ne demanda que le dirham symbolique, mais le tribunal réfuta l’accusation en décidant d’un non-lieu. Dans un autre coté les victimes craignent les procédures, les expertises, les contre expertises qui sont très longues et souvent financièrement difficile à assumer.

SECTION 2 : Dommage et lien de causalité A- Le Dommage : Le dommage ou préjudice est une condition indispensable à la mise en cause de la responsabilité civile du médecin, dont la finalité est la réparation. Une action même fautive qui n’a produit aucun réel préjudice ne peut donner lieu à indemnisation. Le dommage peut prendre deux formes : • Le Dommage physique : le Dommage physique est une atteinte qui touche à l’intégrité physique du malade et l’intérêt psychique de la victime. le dommage empêche le malade d’exercer les activités de la vie courante par l’existence d’une maladie ou incapacité, donc l’atteinte à un intérêt légitime juridiquement protégé (Perdre un organe du corps à cause d’une faute du médecin, chose qui va se traduire en une incapacité de travailler ou d’exercer un mouvement par le patient, donc le médecin pour réparer son dommage doit payer une certaine indemnité : prise en charge des frais Médicaux, indemnité également pour perte de salaire…). Il se distingue du préjudice même si, en pratique, les deux termes sont considérés comme des

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synonymes. Le dommage est l’atteinte même subi par la victime (la lésion subie). En revanche, le préjudice est la traduction juridique de cette atteinte. C’est pourquoi le dommage corporel (l’atteinte au corps humain) est susceptible de faire naître des préjudices. Sous certaines conditions, le dommage corporel ouvre droit à une indemnisation. D’ailleurs, cette indemnisation doit, en principe, conduire à une réparation intégrale sans perte de responsabilité civile qui ne se conçoit pas sans l’existence du dommage, car c’est l’existence même d’un dommage qui peut ouvrir droit à la réparation. Par exemple, dans le cadre de la responsabilité civile pour faute, l’existence d’une faute n’est pas suffisante pour que la victime soit indemnisée, elle devra prouver l’existence d’un dommage. Cette preuve se fait par tous moyens : les photos, les témoignages, les rapports médicaux et les expertises… A noter que le dommage corporel n’échappe pas aux règles applicables au dommage en général. Ainsi, pour être indemnisable, le dommage corporel doit être direct (le dommage doit être la conséquence directe du fait dommageable), certain (doit être déjà subi par la victime) et légitime (le demandeur d’une réparation doit justifier non d’un dommage quelconque mais de la lésion d’un intérêt légitime juridiquement protégé) • Le Dommage moral : Il s’agit d’un préjudice qui porte atteinte à l'affection, à l'honneur et à la réputation de la victime et ses proches. De ce fait, toute personne qui partage un lien affectif direct avec la victime d’un dommage corporel peut en principe demander indemnisation. Il peut même s’agir d’un préjudice esthétique, qui est la conséquence d’une atteinte corporelle de nature à « enlaidir » la victime. Et enfin il peut prendre la forme d’un préjudice d’agrément qui correspond à la privation de la pratique d’un sport ou d’une activité artistique entrainée par le handicap. En revanche, il se pose le problème de la réparation des droits extrapatrimoniaux, car ces derniers n’ont pas de valeur pécuniaire, et sont donc difficilement mesurable en argent.

B- Lien de causalité : Il se définit comme le rapport existant entre la faute et le dommage. il faut que le dommage causé par le médecin au malade soit directement lié à la faute c’est ce qui signifie relation de cause à effet. Selon l'un des principes fondamentaux applicables en droit de la responsabilité, une faute n’entraîne pas la responsabilité de son auteur que si elle est la cause du dommage. Il doit y avoir un lien qui unit la cause à l'effet. Le lien de causalité est donc le fait de pouvoir relier matériellement la faute et le dommage subi par la victime. Ce lien de causalité doit être prouvé, peu importe la nature et la responsabilité de la faute, qu'il s'agisse d'un manquement de nature délictuel ou contractuel. Le lien de causalité peut être distendu en raison de la présence de fautes successives imputables à différents auteurs dès lors qu'elles ont toutes concouru à la réalisation du dommage. C'est au demandeur à l'action de rapporter la preuve du lien de causalité Il doit être révélé que les juges du fond peuvent également se déterminer en fonction de présomption. On admet généralement que la démonstration du lien de causalité résulte de présomptions graves, précises et concordantes. Il peut être question d'un « faisceau d'indices »

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Si la victime démontre le lien de causalité entre la faute du présumé responsable et son dommage, elle pourra lui demander réparation de son préjudice. S’il est démontré que plusieurs fautes ont concouru au dommage, chacun des auteurs pourra être tenu pour responsable, le tribunal opérant alors un partage de responsabilité dès lors que le lien de causalité n'est pas établi, les juges du fond rejettent les demandes en réparation qui leur sont présentées. En France 12 milles personnes meurent en France chaque année par le fauteur médecin. Aussi au Maroc des milliers de personnes meurent suite des fautes médicaux mais on n’a pas de caractéristiques exactes en ce sens, donc si ton proche est victime d’une erreur médicale que faire ? Il existe plusieurs moyens d'action légaux. Les procédures diffèrent selon qu'il s'agit de contester la qualité de l'accueil ou des soins dispensés par un établissement de santé ou d'obtenir réparation d'un préjudice avéré. Dans ce dernier cas, le patient acquiert le statut de victime qui entraîne, en contrepartie, des garanties plus élevées, ainsi des formalités plus encadrées. En effet, en France, une transaction amiable peut être faite par la victime directement auprès du professionnel ou de l’établissement de santé en cause dans l’accident médical. Il s’agit de demander, par courrier en recommandé avec accusé de réception, à la personne que l’on pense responsable de l’erreur médicale, d’actionner son assurance responsabilité professionnelle. Objectif : lancer une expertise amiable pour évaluer les erreurs éventuelles et les préjudices qui en découlent et définir ainsi le montant de l’indemnisation. Il est également possible de procéder à la saisine de la Commission Régionale de Conciliation et d’Indemnisation (CRCI). Chargé de se prononcer sur l’éventuelle indemnisation des victimes d’erreurs médicales, ce dispositif gratuit et indépendant (procédure, expertise médicale…) ne nécessite pas l’assistance d’un avocat. Plus rapide que les tribunaux pour examiner les dossiers de demande d’indemnisation suite à une erreur médicale. La CRCI exige toutefois un seuil de gravité assez lourd (arrêt de travail de 6 mois consécutifs). Prenons par exemple le cas d’un accident médical impliquant un professionnel de santé libéral ou un établissement de santé privé (clinique par exemple), les litiges font l’objet d’un recours devant le tribunal de grand instance (ou le tribunal d’instance si le préjudice est inférieur à 10 000 €). En cas d’erreur médicale subie dans un établissement public de santé ou par l’intermédiaire d’un professionnel exerçant en tant que salarié d’un établissement public, c’est le tribunal administratif qu’il convient de saisir. Dans les deux cas, pour espérer une indemnisation, la victime doit apporter une expertise médicale dont les frais sont à sa charge et le recours à un avocat est obligatoire.

Chapitre3 : la preuve en matière de responsabilité médicale En matière de responsabilité médicale, la preuve d’une faute commise par le médecin et son lien causal avec le dommage incombe à la victime. Cependant, cette tâche reste difficile vu la nature et la complexité de la profession médicale. C’est pourquoi, le recours à une expertise médicale parait indispensable. Néanmoins, il existe d’autres moyens de preuve qui peuvent éclairer le juge dans son jugement.

SECTION 1 : L’indispensable recours à l’expertise médicale :

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L’expertise est la procédure par laquelle le juge va solliciter les connaissances d’un technicien afin d’éclairer une question dont la solution exige une compétence technique qui manque au magistrat. C’est une mesure d’instruction présente dans presque tous les contentieux qui permet à un tiers spécialisé dans un domaine technique d’établir la preuve des faits.

A- Les conditions d’exercice de l’expertise médicale : Bien que les juges aient un pouvoir souverain, ils ont le plus souvent recours à des experts, ainsi l’évaluation du dommage corporel nécessite une collaboration étroite entre le juge et le médecin. Si ce dernier agit selon son intime conviction, le médecin lui, emploie un raisonnement scientifique selon les règles de l’art. Le médecin expert est un médecin généraliste ou spécialiste, inscrit au tableau de l’ordre des médecins et ayant au moins cinq ans d’expérience. Il doit être inscrit sur une liste officielle des experts-médecins agréés au niveau des cours d’appels, dressée annuellement, en application du dahir n°1-59-372 du 30 mai 1960 relatif à l’établissement des tableaux des experts et interprètes agréés près des cours d’appels. L’inscription du médecin expert sur ces listes est soumise à des contrô les préalables, effectués par le ministère de la justice, par le biais d’une commission instituée à cet effet. Outre la compétence de haut niveau et l’expérience, le médecin expert doit remplir des conditions de probité morale et d’éthique humaine dans l’exercice de ses fonctions. Ainsi, la prestation de serment et les sanctions qui peuvent être encourues, représentent des garanties d’honorabilité et de compétence au profit des justiciables.

B- La mission du médecin-expert : Compte tenu du manque de formation du magistrat en matière technique, ce dernier pose à l’expert une liste de questions extrêmement précises. A cette étape, le médecin expert peut affronter des difficultés de compréhension des termes de la mission. En effet, certains médecins experts estiment que les juges posent parfois des questions secondaires, et que les médecins sont obligés de s’en tenir à cette liste de questions sans pouvoir donner leur avis sur les questions fondamentales. Avant d’entamer son expertise, le médecin-expert est tenu d’informer les parties du procès sur la date, le lieu et l’heure auxquels il procèdera à sa tâche, et ce, au moins cinq jours avant la date prévue à cet effet. A son premier contact avec la victime rapportant ses troubles et doléances l’expert doit surtout savoir écouter : il ne faut pas qu’il n’induise ni ne provoque de réponse. Il doit créer un climat de confiance et d’impartialité. les dires doivent être intégralement consignes et en termes exacts. Et après écoute des doléances et interrogatoire médical pur, l’expert procède à un examen clinique conventionnel et minutieux .il vérifie, pièce par pièce tous les éléments du dossier médical, les différentes correspondances, les certificats médicaux. Il peut même procéder à des investigations non invasives dans le but de faire éclater la vérité après d’avoir obligatoirement obtenue le consentement de l’intéressé.

SECTION 2 : Le recours aux autres moyens de preuve : En France, la preuve de la faute se fait par tous moyens (témoignage, indice ou présomption). En matière de responsabilité médicale, la preuve est normalement à la charge de

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la victime. Toutefois, elle peut être inversé et incombé au médecin. En cas de défaut d’information par exemple, l’article L1111-2 CSP et la jurisprudence ont inversé la charge de la preuve qui incombe au médecin. En dehors de l’expertise médicale, il existe plusieurs autres moyens de preuve :

A- Le dossier médical : le juge peut se référer directement au dossier médical, ce dernier contient l’ensemble des informations concernant l’état de santé du patient, ses antécédents médicaux, ses consultations médicales, les résultats des examens complémentaires, les traitements administrés, les différentes hospitalisations, etc. Ce dossier médical permet de suivre l’état du patient et facilite la continuité de ses soins. Il s’agit d’un véritable trésor pour l’amélioration du travail du médecin ainsi qu’une meilleure gestion de la santé du patient. Le dossier médical est de nos jours de plus en plus informatisé. Ce système est progressivement introduit dans les structures hospitalières au Maroc et tend à se généraliser. Cela permet de gagner du temps par un accès direct et facile pour l’ensemble du personnel médical intervenant dans la prise en charge du patient. Il permet également un archivage facile et une recherche rapide de toutes les informations concernant un patient. Toutefois le système est protégé par des mots de passe, et certains éléments ne peuvent être consultés que par les personnes habilitées, afin de garantir le respect du secret professionnel. Par ailleurs, le patient peut accéder lui-même à son dossier médical afin d’en consulter le contenu et d’en faire une copie, cependant, s’il décide qu’on lui remet le dossier original, il doit renoncer, par écrit, à ses prétentions pouvant découler de fautes professionnelles, car en l’absence de ce dossier, l’hô pital ne saura se défendre.

B- Le certificat médical : Outre le dossier médical, le certificat médical constitue également un moyen de preuve dont le patient peut se servir dans une affaire de responsabilité médicale, il s’agit d’une attestation qui est remise en main propre par le médecin au patient ou un tiers qui pourrait avoir un intérêt légal à le réclamer, afin de faire valoir ce que de droit. C’est pourquoi, il y’a des critères bien définis sur lesquels la rédaction de ce document repose. Dans un jugement rendu le 22/02/2018, dossier n° 13/1202/31, [op ; cit. p 51], le tribunal s’était appuyé au début sur la facture, le rapport médical du chirurgien et le certificat de décès comme moyens de preuve, avant d’ordonner une première expertise médicale, car selon le juge, le dossier médical ne pouvait servir de preuve du fait qu’il était rédigé par les médecins euxmêmes en vue de défendre leurs causes. Le rapport de l’expertise s’est finalement conclu sur un non-lieu pour absence de bases légales. Le tribunal a ainsi ordonné une deuxième expertise, qui a également conclu à l’absence de faute médicale, après avoir répondu de manière précise aux questions du juge. Cependant, le tribunal a écarté l’expertise effectuée, et condamné le médecin à des dommages et intérêts, estimant qu’il était responsable.

C- Les présomptions de fait :

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il s’agit d’un moyen inspiré par les tribunaux Québécois pour replacer entre les parties un équilibre rompu par les circonstances particulières qui entourent très souvent la commission de la faute médicale. Autrement appelées la maxime res ipsa loquitur de common law, elle permet au demandeur de faire une preuve indirecte de la faute au moyen des présomptions de fait. Le professeur Royer, dans son livre sur la preuve en matière civile, définit la présomption de fait comme étant « la conséquence que le tribunal tire d’un ou plusieurs faits connus à un fait inconnu ». De son cô té, le professeur Ducharme écrit à ce sujet : « la présomption de fait est une conséquence que le tribunal dégage de faits établis devant lui ». Voilà comment ces auteurs définissent les présomptions de fait. Il s'ensuit qu'une preuve par présomptions de fait est le résultat d'un processus d'induction. Il importe de garder à l'esprit que les présomptions de fait sont un moyen de preuve, une façon de prouver indirectement une faute, ou quelconque fait, voire même un lien de causalité. Ces auteurs qui donnent une définition aux présomptions de fait se réfèrent aux dispositions du code civil du Québec. Ainsi dans l'ancien code, le législateur prévoyait à l'article 1242 C.C. que : « Les présomptions qui ne sont pas établies par la loi sont abandonnées à la discrétion et au jugement du tribunal ». La disposition équivalente du Code civil du Québec, l'article 2849, se lit comme suit : « Les présomptions qui ne sont pas établies par la loi sont laissées à l'appréciation du tribunal qui ne doit prendre en considération que celles qui sont graves, précises et concordantes ». En comparant les deux textes, on note dans le second l'ajout à l'effet que le tribunal ne doit prendre en considération que les présomptions qui sont graves, précises et concordantes. C’est ainsi que les présomptions de fait ont connu un essor croissant en responsabilité médicale au point de devenir presque l’unique moyen de preuve dont dispose la victime d’une faute médicale. Pour être appliqué en responsabilité médicale, la maxime doit remplir trois conditions préalables : Le patient doit d'abord établir que le dommage qu'il a subi ne se serait pas, en l'absence de la faute de quelqu'un, normalement produit. La preuve de cette première condition dépend évidemment beaucoup des faits de chaque espèce. Dans certains cas, par exemple, lorsqu'un instrument a été oublié dans l'abdomen d'une personne, les faits parleront facilement d'euxmêmes et avec une grande force de persuasion. Mais il n'en est pas toujours ainsi et pour convaincre le tribunal que le dommage dont il se plaint ne serait pas normalement arrivé si quelqu'un n'avait pas commis une faute dans le processus opératoire, le patient devra faire la preuve de ce qu'aurait dû « normalement > être, dans les circonstances, la conduite de celui qui a posé l'acte dommageable. C'est à cette étape-ci que le besoin d'un expert prêt à témoigner en faveur du patient se fait le plus sentir. C'est également à ce niveau que sont débattues les questions de risques opératoires, du pouvoir d'appréciation du médecin traitant, des différentes méthodes de traitement et qu'entrent en considération les circonstances de temps et de lieu qui font de chaque cas un cas d'espèce. Pour remplir cette première condition, le demandeur devra donc porter à la connaissance du juge les faits qui permettront à ce dernier d'inférer la faute du défendeur.

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Il devra, en second lieu, démontrer que la personne sans la faute de qui le dommage n'aurait pas eu lieu est bien le défendeur ou l'un de ses préposés. Les auteurs de Common law insistent beaucoup sur la nécessité d'identifier l'auteur de la faute présumée et cette deuxième condition pose généralement des difficultés insurmontables en responsabilité puisque plusieurs personnes peuvent avoir commis la faute dont il s'agit. Certains juges américains, pour venir en aide au patient incapable d'identifier positivement l'auteur de la faute, lui ont accordé néanmoins le bénéfice de la res ipsa loqueter, commentant une décision récente où la cour a appliqué la maxime en ce sens, déplore que les tribunaux aient donné autant d'extension à cette règle. Il comprend, par ailleurs, que le demandeur soit dans une mauvaise posture lorsqu'il doit faire sa preuve et la solution qu'il propose pour arriver au même résultat consiste à faire de tous ceux qui pratiquent en milieu hospitalier les préposés de l'hô pital. Enfin, la victime ne pourra se prévaloir de la RES pisa loqueter qu'en établissant l'existence d'un lien de causalité entre l'acte du défendeur et le dommage qu'elle a subi. La preuve directe de ce lien est le plus souvent aussi difficile que celle de la faute et c'est pourquoi les tribunaux acceptent qu'on en fasse la preuve par présomption de fait. De plus, comme le demandeur doit prouver la faute par une preuve prépondérante, il en sera de même de la preuve du lien de causalité. Il faudra donc démontrer qu'il est plus probable que ce soit l'action du défendeur qui soit la cause du dommage plutô t qu'une prédisposition organique, qu'un accident antérieur ou encore la faute du patient lui-même. Aussi, lorsque des auteurs mentionnent que la cause du dommage doit être inconnue pour pouvoir invoquer la RES pisa loqueter, il faut entendre par là qu'il s'agit de la faute elle-même car le lien de causalité entre la faute présumée et le dommage doit être connu sinon les faits ne seront pas assez probants pour « parler d'eux-mêmes ». Ainsi dans le cas où le poignet d'une personne devient atrophié après qu'on ait utilisé un plâ tre pour en réduire la fracture, il est nécessaire que le demandeur établisse à la satisfaction du tribunal un lien de cause à effet entre ce plâ tre et le dommage. Un plâ tre bien posé et surveillé adéquatement ne cause pas normalement d'atrophie musculaire et si la preuve est faite qu'une telle atrophie en est résulté, il faut déduire que quelqu'un a commis une faute. Par contre si cette complication est consécutive à un manque d'exercice du patient joint à une prédisposition organique à ce genre de conséquence il n'y aura pas de preuve suffisante pour faire présumer la négligence et cela à cause d'une absence de lien de causalité. Terminons sur les conditions en disant que c'est au demandeur à qui revient la tâche de convaincre le tribunal qu'elles existent effectivement et ce n'est qu'à ce prix qu'il pourra se prévaloir de la RES pisa loqueter. Aussi tant que cette règle de preuve n'entre pas en jeu, le défendeur peut rester passif. Il a toutefois intérêt à contester la présence de l'une ou l'autre des conditions selon le poids des probabilités en démontrant, par exemple, que l'acte médical comportait des risques inhérents ou en s'attaquant au lien de causalité, élément très déterminant.

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CONCLUSION Pour conclure, on peut poser certaines questions à savoir : Le système judiciaire, les textes auxquels on fait appel, répondent-ils d'une façon cohérente et suffisante aux multiples situations nées de l'évolution, du progrès, de la transformation des mœurs en général, des mœurs médicales en particulier et du fait social qui interpelle ? Le développement qualitatif et quantitatif de l'arsenal médical, a-t-il atteint chez nous, partout et tout le temps la valeur et le volume suffisants pour poser le même aspect du problème de la responsabilité médicale qu'en Europe ? -Au Maroc, rares sont les cas qui ont conduit le médecin du protectorat devant le juge (deux cas : 18 Avril 1945, 29 Janvier 1946). Depuis 1980, le recours à la justice est devenu plus intense, mais le nombre de cas n'est pas excessif. Le délit d'avortement et ses complications en furent l'origine la plus fréquente Néanmoins disons que depuis quelques années, par circulaire du Ministre de la justice, aucune poursuite contre un médecin n'est engagée avant l'information de l'Ordre des médecins. En revanche, la population ignore le recours à la procédure disciplinaire de L'Ordre, que d'aucuns accusent de protéger les incriminés. Mais la procédure de l'Ordre mérite sa place dans les explications et les réconciliations. Une commission nationale des accidents médicaux semble s'imposer. L'Ordre ne devrait pas continuer à laisser l'impression d'être lointain et non vigilant devant certains accidents qui agitent violemment la population. Concernant le système judiciaire, notre code de déontologie date de 1953. Ses 78 années font de lui un vieillard qui a la vie dure, malgré les assauts qu'il subit et les multiples réclamations du corps médical pour le mettre à jour. Ses 78 articles ne résolvent pas tous les problèmes. Trois articles seulement concernent la responsabilité médicale. En France, le code de déontologie est mis à jour tous les cinq ans. Il comporte 114 articles et 11 concernent la responsabilité médicale. A cô té du système traditionnel de la couverture en assurance, il serait peut-être judicieux de penser à la création d’un fonds de garantie spécifique. Autrement dit, il importe de faire peser la charge de la réparation des accidents médicaux -ou du moins tout ce qui touche à l’erreur médicale proprement dite- sur l’ensemble de la collectivité des praticiens, tout en laissant les professionnels responsables de leur faute prouvée, celle-ci ferait l’objet d’une couverture en assurance. Enfin, il me semble que le moment est venu pour ouvrir un grand chantier de réflexion pour la réparation de la faute médicale, autour d’une table ronde où les différents responsables concernés prendront part. Cette table ronde doit mettre à plat tous les problèmes et 19 distorsions observés et leur apporter après analyse minutieuse et réflexion, les solutions les plus appropriées.

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Bibliographie Textes officiels :  Dahir des obligations et contrats  la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé en France  Code de la santé publique français  Dahir n°1-59-372 du 30 mai 1960 relatif à l’établissement des tableaux des experts et interprètes agréés près des cours d’appels  code civil du Québec

Thèses :  Tabchi Manal thèse n° 335 « responsabilité civile du médecin : les limites de la faute médicale » UNIVERSITE MOHAMMED V DE RABAT FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE RABAT 2018.  THÈSE POUR LE DOCTORAT EN DROIT Présentée et soutenue publiquement le 27 octobre 2006 par Caroline KAMKAR « LES LIMITES DE LA FAUTE : ESSAI SUR LA DÉTERMINATION DE L’OBLIGATION DE MOYENS EN MATIÈRE MÉDICALE » UNIVERSITÉ JEAN MOULIN LYON III FACULTÉ DE DROIT (IFROSS)

Jurisprudence :  l’arrêt de la cour de cassation française « l’arrêt Mercier » du 20 mai 1936  l’arrêt de la cour d’appel de Rabat du 29 janvier 1946  l’arrêt de la cour de cassation française du 8 novembre 2000

Sites Internet :  http://WWW.amaf-france.org.  www.service-public.fr.  Justice.ooreka.fr.

Revues :  Emanuel Paro -avocat au barreau de Nice- article sur « la faute médicale » 2017  M. A. BENSEGHIR, « responsabilité médicale et droits du patient », revue marocaine de droit et d’économie du développement.

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