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Macroéconomie Licence
Lardia Marcel THIOMBIANO UNIVERSITE NAZI BONI
MACROECONOMIE
Marcel L. THIOMBIANO Université Nazi Boni
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Sommaire
Introduction générale Ce cours de macroéconomie, très ambitieux, se veut un condensé des notions essentielles à l’étudiant de Licence en économie. Des principes de base aux principes avancés, il fait l’économie des notions essentielles en macroéconomie durant tout le parcours de licence en économie. Ainsi, une lecture méthodique de ce cours permettra à l’étudiant de se familiariser à l’analyse macroéconomique selon son niveau. L’étudiant de première année pour alors se familiariser aux notions d’agrégats macroéconomiques, de croissance et de politique économique. Celui de deuxième année trouvera des notions avancées sur l’analyse macroéconomique de court terme. Quant à l’étudiant de troisième année, il pourra approfondir sa connaissance de la discipline à travers un exposé clair et détaillé sur les politiques économiques et la nouvelle macroéconomie. En 1932 Lionel Robins définissait la science économique comme « […] une science qui étudie les comportements humains comme une relation entre des fins et des moyens rares ayant des usages alternatifs. » Il est difficile, même de nos jours, même pour nous, économistes, d’en fournir une meilleure définition tant la simplicité et la justesse de celle de Robin nous séduisent. « La science économique est une science qui étudie les comportements humains comme une relation entre des fins et des moyens rares ayant des usages alternatifs. » Lionel Robin, 1932 La science économique serait donc avant tout une science, mais surtout une science sociale. En effet, son objet d’étude est le comportement humain. Elle étudie ce comportement comme une relation entre fins et moyens rares. L’humain, caractérisé par des capacités limitées, fait régulièrement face à des choix du fait de ses aspirations illimitées. De nombreuses alternatives s’offrent alors à lui. En d’autres termes, vu ses capacités limitées, de nombreux chemins susceptibles de le mener vers
│5 ses objectifs s’ouvrent à lui. Le but de cette science qu’il applique intrinsèquement est de lui montrer les différents usages possibles (chemins) de ses ressources rares et surtout les avantages et les inconvénients liés à chacun d’eux. On l’appelle ironiquement la science des choix puisque son rôle est juste de proposer aux décideurs, les différentes alternatives possibles, connaissant leurs ressources, pour atteindre leurs objectifs, ou du moins certains objectifs (un optimum). Ainsi définie, la science économique s’invite dès lors que le besoin de faire des choix ou un calcul coût-bénéfice s’impose. Elle est, de ce fait, l’une des rares sciences qui s’infiltrent dans tous les domaines, donc l’une des plus vastes. La précision dans l’analyse contraint donc les économistes contemporains à la spécialisation. Pour témoigner de la largesse et du degré de spécialisation possible dans la science économique, il existe une spécialité économique pour toute entité imaginable : économie de la croissance, économie industrielle, économie de la pauvreté, économie du droit et, sans exagérer, économie de la prostitution. L’existence d’une discipline qui étudie l’économie dans son ensemble semble alors être triviale, mais force est de constater que la macroéconomie moderne est une discipline très jeune. De nombreux contemporains considèrent qu’elle est née de la révolution keynésienne survenue pendant la crise de 1929. En effet, cette crise constitua un grand tournant dans la pensée économique, car c’est à sa suite, en 1936, que Keynes publie sa théorie générale considérée, par de nombreux contemporains, comme le premier exposé de la macroéconomie moderne. Cependant, il serait judicieux de ne pas accorder à Keynes la totalité de cette paternité puisque lui-même rendait hommage à Quesney pour son tableau économique qui dès 1758 modélisait les interdépendances entre certains évènements globaux au sein d’une économie. Par ailleurs, l’objet même de la richesse des nations d’Adam Smith fait d’elle une œuvre à caractère macroéconomique tentant d’expliquer les sources de la richesse d’une nation. De plus, en 1933
l’économiste norvégien Ragnar Frisch (prix Nobel 1969) faisait déjà un exposé de macroéconomie, mieux, il fonda le terme macroéconomie. En réalité, le mérite de Keynes réside dans la rupture qu’il a créée avec la vision de ses contemporains. En effet, sa théorie générale est une critique radicale de la vision, aujourd’hui, dite classique, du fonctionnement de l’économie, véhiculée alors. Cette vision classique représente l’économie telle une économie d’échange pure, car la monnaie n’y joue aucun rôle et les marchés, lieu d’ajustement par excellence, permettent la synchronisation des décisions à travers les prix. Elle est par ailleurs la vision qui fonde le libéralisme et le « laisserfaire ». Malheureusement, c’est cette vision qui mènera l’économie mondiale vers sa première crise majeure. Après avoir affiché son impuissance face à cette crise née de ses principes fondateurs, Keynes lui oppose une alternative lui permettant de justifier, rationnellement, l’interventionnisme de l’État. Pour lui, nous vivons dans une économie monétaire de production où les marchés n’ont pas le pouvoir d’ajustement que leur confèrent les théoriciens classiques. C’est ainsi que naît la macroéconomie moderne dont les pères seraient Ragnar Frisch, John Maynard Keynes, Michal Kalecki et Gunnar Myrdal. À leur suite, on assistera d’une période à l’autre à une sorte de mouvement oscillatoire de la théorie économique entre les économistes prokeynésiens et ceux proclassiques. Ce “ping-pong” théorique se poursuit jusqu’à nos jours, mais d'une manière moins prononcée. Ainsi donc, depuis sa naissance, l’histoire de la macroéconomie ressemble à une succession de réfutation et de défense de la pensée de Keynes. Néanmoins, il est possible aujourd’hui d’en faire une synthèse pour offrir à de jeunes économistes les outils nécessaires à la compréhension de l’économie. Ce cours s’efforce de faire cette synthèse, puis de l’exposer le plus simplement possible.
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PARTIE I. INTRODUCTION A LA MACROECONOMIE
Chapitre 1. BREVE HISTOIRE DE LA PENSEE ECONOMIQUE
La macroéconomie│9
Chapitre 2. LA MACROECONOMIE Introduction Sous-discipline de la science économique, la macroéconomie peut être définie comme une approche méthodique qui, considérant l’économie dans sa globalité, veut, non seulement, l’analyser, c’est-à-dire la comprendre et l’expliquer, mais aussi agir sur elle pour l’améliorer. Elle mène alors son analyse à travers l’étude de relations entre les variables agrégées de l’économie. Elle se servira de modèles macroéconomiques pour décrire ces relations qui peuvent être comptables ou de comportement. Afin de vérifier la validité de ses modèles, l’économiste usera de méthodes statistiques appliquées à l’économie (économétrie) et de données statistiques sur l’économie. Dans le cadre de l’analyse macroéconomique, les données globales (agrégées) seront préférées à celles individuelles (qui sont plutôt utilisées dans le cadre de l’analyse microéconomique). La macroéconomie est une sous-discipline de la science économique qui, par son approche, considère l’économie comme un tout cohérent pour l’analyser et agir sur elle. Par ailleurs, la logique de l’analyse économique demeure identique tant en macroéconomie qu’en microéconomie. En fait, la majeure partie des relations de comportement macroéconomique prennent leurs racines dans la microéconomie : on parle d’un retour aux fondements microéconomiques. Néanmoins, la macroéconomie reste l’étude de l’économie dans son ensemble et s’intéressera, pour cela, à des questions économiques d’ensemble tels la croissance, les fluctuations, le chômage et autres.
10│A propos de la macroéconomie
1.
A propos de la macroéconomie
1.1. Objet de la macroéconomie L’objet principal de la macroéconomie ne s’éloigne pas de celle de la discipline mère qui est la science économique. Comme précisés plus haut, les économistes, pour plus de précision dans leurs analyses, se spécialisent. Le point, à la fois, commun et distinctif de ces spécialités ou de ces économistes est la démarche entreprise dans l’analyse. Point commun, car l’ossature de l’analyse économique est identique dans toutes ses spécialités. Point distinctif, car l’approche permet de distinguer une analyse microéconomique d’une analyse macroéconomique. Ces approches se distinguent l’une de l’autre par leur centre d’intérêt et les variables d’intérêts. L’analyse microéconomique étudie le comportement des unités indivisibles (les plus petites possible) de l’économie (ménages, entreprises) et de leurs interactions (marchés). Tandis que l’analyse macroéconomique s’intéresse à des unités plus grandes ou agrégées tels la société, le pays, la région… Pendant que la microéconomie s’intéresse aux variables liées à l’unité individuelle, la macroéconomie travaille sur des agrégats, c’est-à-dire des variables qui mesurent une réalité à l’échelle de la nation. Un agrégat économique est un indicateur synthétique qui mesure un aspect de l’activité de l’ensemble de l’économie et qui, par-là, permet la comparaison dans le temps et dans l’espace. Ainsi, on parlera en macroéconomie de consommation des ménages de produit national et d’indice des prix. Parallèlement, on parlera en microéconomie de consommation individuelle, du chiffre d’affaires d’une firme particulière, du prix d’un bien donné. La macroéconomie, telle que définie, veut comprendre l’économie et agir sur elle pour l’améliorer. Cet objectif principal implique quatre sous-objectifs complémentaires.
La macroéconomie│11 La macroéconomie veut avant tout déterminer les variables ou agrégats permettant de comprendre, décrire et suivre l’activité économique et le comportement des agents économiques à l’échelle de l’économie. Cet objectif est incarné principalement par la comptabilité nationale qui, par sa représentation schématique et quantifiée de l’activité économique, offre à une large palette d’indicateurs (variables ou agrégats) permettant un constat régulier de la santé de l’économie. La comptabilité nationale est le système comptable macroéconomique, tenue pour le compte et par les services de l'état, et qui fournit une représentation quantifiée de l'économie du pays. Elle est une représentation simplifiée de l'activité économique d'un pays sur une période donnée (une année). Elle veut ensuite analyser l’évolution de ces agrégats dans le temps et déterminer les relations (qu'elles soient stables, instables, comptables ou non-comptables), voire les lois, pouvant exister entre elles. Ces relations expliqueraient les interactions entre les différents agents et s’expliqueraient par elles. Par cette volonté, elle ouvre la voie à la statistique descriptive et l’inférence statistique qui s’immiscent dans sa démarche au point d’en être (aujourd’hui) partie intégrante : l’économétrie. L’économie fournit des idées (théories) sur les grandeurs économiques et les relations entre elles tandis que l'économétrie apporte une vérification empirique et établit quantitativement ces corrélations. L’économétrie est l’outil mathématique de la science économique. Elle permet d’améliorer l’analyse économique par la vérification empirique des relations ou lois identifiées théoriquement. En faisant donc appel à l'analyse statistique et à la formulation mathématique, elle exprime quantitativement les corrélations pouvant exister entre des phénomènes économiques dont la théorie affirme l'existence.
12│A propos de la macroéconomie Puis mettre en exergue les différents équilibres/déséquilibres possibles dans les interactions entre agents et leurs conditions de réalisation. Analyser les déséquilibres et rechercher leurs causes. La modélisation est la matérialisation de cette volonté de la macroéconomie de déterminer les relations et les équilibres entre agrégats. Enfin, elle veut agir sur l’économie à travers ses agrégats (en tenant compte des relations mises en exergue) en changeant leur trajectoire d’évolution, en modifiant l’équilibre ou en corrigeant les déséquilibres. Cette action, la politique économique, a pour finalité d’accroitre le bienêtre de la société. Elle étudie alors les moyens d’action, analyse de politiques économiques, pour atteindre les objectifs de bien-être social de façon efficiente.
1.2. Les grands thèmes macroéconomiques La macroéconomie contemporaine s’intéresse essentiellement à trois grands thèmes : la croissance économique, le chômage et l’inflation.
La croissance économique S’il n’y avait qu’une variable d’intérêt pour la macroéconomie, ce serait bien la croissance économique. L’intérêt des décideurs politique pour une croissance économique forte et soutenue a fait d’elle l’une des plus étudiées en macroéconomie. La croissance économique est l’accroissement (variation positive) de la production dans une économie sur une période donnée. Le taux de croissance économique, l’indicateur de croissance économique, est, dans les faits, calculé sur la base du produit intérieur brut. Il est le taux de croissance du PIB Elle a longtemps été considérée comme exogène, et ne pouvait donc pas être affectée par le décideur. L’évolution de la théorie permet aujourd’hui d’identifier de nombreux déterminants sur lesquels le décideur politique peut s’appuyer pour accélérer la croissance
La macroéconomie│13 économique. Parmi ces déterminants, on peut retenir l’investissement privé, l’éducation, les infrastructures publiques, les innovations… Parallèlement, la croissance économique représentant la tendance haussière du produit total de la nation, il convient d’évoquer ses variations autour de cette tendance. En effet, l’activité économique n’étant pas harmonieuse, l’économie connait des fluctuations, alternance de périodes de récession et de périodes de reprise. L’analyse de ses fluctuations permet à l’économiste d’offrir aux décideurs les moyens d’agir. Les politiques conjoncturelles adéquates sont alors menées pour stabiliser ces fluctuations.
Le chômage Le chômage est une importante grandeur socio-économique. Sa mesure, le taux de chômage, est un indicateur de santé socio-économique qui préoccupe tous les décideurs, quel que soit leur bord politique. Le chômage est la situation d’un individu en âge de travailler, qui souhaite travailler et qui, malgré ses efforts de recherche d’emploi, ne trouve pas de travail. Le taux de chômage est donc la mesure du chômage au sein d’une économie, c’est-à-dire la proportion de la population de cette économie se trouvant dans cette situation. La macroéconomie s’attache à trouver les sources du chômage afin que les décideurs puissent intervenir pour le réduire. A côté de cet indicateur se trouve celui des inégalités. En effet, le chômage et les inégalités peuvent être considérés comme des résultats d’un ruissèlement inégal de la richesse vers les populations.
L’inflation Le niveau général des prix dans une économie peut réduire à lui tout seul les efforts de croissance et de réduction du chômage. On se rappelle à cet effet la fameuse marche de 2008 contre la vie chère dans toutes les grandes villes du Burkina Faso. Le niveau général de prix est une moyenne pondérée des prix de tous biens et services d’une économie
14│Les méthodes de la macroéconomie donnée. L’institut national de statistique (INSD) la nomme Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC). L’inflation est une hausse durable et entretenue du niveau général des prix. Là aussi, la macroéconomie cherche à connaitre et étudier les sources et les effets de l’inflation dans l’économie. Quatre principales sources peuvent être retenues ici : la hausse de la demande, la hausse des coûts de production, l’augmentation de la masse monétaire et l’inflation importée.
2.
Les méthodes de la macroéconomie
2.1. La modélisation Etant une sous-discipline de l’économie, sa méthodologie ne diffère donc pas du reste de la discipline mère. Elle est aussi une science sociale et ses lois ne peuvent donc pas être sujettes à l’expérimentation telles celles des sciences expérimentales. La démarche scientifique en économie est simple. Elle commence par la méthode hypothéticodéductive qui est le fondement de la modélisation pour finir avec l’étude économétrique. Un modèle économique est une représentation simplifiée de la réalité économique. La modélisation consiste donc à la transformation de la réalité en un modèle. L’économiste devra ôter de la réalité toute superflue qui pourrait compliquer, voire empêcher la compréhension d’un processus ou d’un phénomène économique pour n’en laisser que quelques éléments, uniquement ceux nécessaires à son analyse. La modélisation repose sur une méthode hypothético-déductive. En effet, l’économiste émet des hypothèses, tire des conclusions qu’il confrontera à ses observations afin de confirmer ou infirmer son hypothèse de départ (cette méthode est résumée par le diagramme suivant).
La macroéconomie│15
Hypothèses
Déduction des implications (conclusions)
Confrontions aux observations Prédictions / rétrodictions
Confirmation / réfutation
Figure 1: Méthode hypothético-déductive
Le modèle se concentre alors sur un aspect bien précis de la réalité économique et néglige volontairement les autres aspects. Le modèle est censé faciliter la compréhension d’un processus ou d’un phénomène. Il décrit les relations entre les grandeurs économiques sous quatre types différents. ✓ la relation comptable est égalité entre ressource et emploi, entrée et sortie, elle est toujours vérifiée ; ✓ la relation d’équilibre qui exprime l’équilibre sur un ou un ensemble de marchés ; ✓ la relation de comportement qui décrit le comportement des agents économiques ; ✓ la relation technique qui décrit les contraintes techniques que subit un agent. Dans sa description des relations, deux catégories de variables interviennent : les variables exogènes (inputs) qui sont déterminées à l’extérieur du modèle et les variables endogènes (outputs) qui sont déterminées à l’intérieur du modèle. En macroéconomie, chacune de ces variables peut être répartie entre deux sous catégories selon l’intérêt que
16│Les méthodes de la macroéconomie lui porte l’analyse. Les variables exogènes peuvent être soit des données si l’économiste ne peut agir sur elles, soit des instruments s’il a la possibilité de changer leur niveau. Quant aux variables endogènes, elles seront des objectifs si elles influencent l’utilité du décideur ou des variables non pertinentes sinon.
Variables exogènes Instruments
Variables endogènes
MODELE
Données
Objectifs Variables non pertinentes
L’étude économétrique intervient quand il faut confronter le modèle aux faits. Par sa méthode d’induction, il part des observations de la réalité, c’est-à-dire de l’histoire des variables pour infirmer ou confirmer les hypothèses du modèle théorique.
2.2. Analyse positive ou normative S’il n’est investi d’aucun rôle de décideur politique, le devoir de l’économiste serait de faire de l’économie positive et non de l’économie normative. La différence entre les deux principes est certes prononcée, mais simple. L’économie positive cherche à établir des vérités objectives en analysant le fonctionnement de l’économie. L’économie normative recommande des actions sur la base de jugement de valeur subjective sur le fonctionnement de la société. Un simple exemple pourrait étayer ces propos. L’économie positive analysera la construction de restaurant universitaire sous l’angle coûts et bénéfices sociaux. Elle offrira ainsi les moyens de dire si cela vaut la peine d’être construit. Mais d’un point de vue normatif, on affirmera qu’il ne le faut pas pour une raison quelconque et subjective.
La macroéconomie│17
2.3. Les principes de l’analyse économique Comme nous l’avions dit plus haut, l’analyse macroéconomique ne déroge pas aux principes de base de l’analyse économique, car elle en est partie intégrante. L’économie n’est rien d’autre que la société, composée d’individus qui interagissent les uns avec les autres. L’orientation de l’économie dans son ensemble n’est donc que le reflet des différentes décisions individuelles prises en son sein. Alors, macroéconomie ou microéconomie, la science économique s’intéresse à l’étude des affections possibles de ressources rares pour l’atteinte d’objectifs illimités. Pour ce faire, elle étudie les comportements individuels au sein de l’économie. Elle étudie les interactions entre ces individus et leurs effets sur l’économie. Elle étudie aussi l’évolution de l’économie dans son ensemble. Quel que soit l’objet de l’analyse, l’économiste se fonde sur des principes de base, hypothèses qui guideront son analyse de bout en bout. Puisque ces principes sont évoqués, explicitement ou implicitement, dans tous les exposés d’économie, il convient de les connaitre. Ils sont de trois types : il y’a d’abord les principes du comportement des individus, ensuite les principes des interactions entre individus et enfin les principes de fonctionnement de l’économie. Principes de comportement individuel La science économique considère l’individu comme un être rationnel à la recherche de l’optimum de satisfaction. Cet être, homo oeconomicus, a un comportement guidé par quatre principes de base. La prise de décision est le point de départ de l’analyse économique, car c’est la nécessité de décider qui nécessite l'analyse économique. L’incapacité de l’individu à satisfaire tous ses besoins du fait de la rareté de ses ressources l’oblige à choisir entre plusieurs alternatives. Ainsi, le choix nait de la rareté. L’individu compare donc au moins deux situations alternatives et fait des compromis. Naturellement, cette comparaison se fait sur la base d’une analyse des coûts et des bénéfices liés à chaque alternative. Comme l’individu doit toujours faire un choix entre plusieurs alternatives coûteuses, le choix d’une implique l’abandon des autres.
18│Les méthodes de la macroéconomie Que lui couterait son choix ? La réponse est triviale, il y’a un coût pour tout bien et ce coût est tout ce qu’on abandonne pour ce bien. Le coût de ce choix est alors la somme du coût de l’alternative choisie et des bénéfices liés aux alternatives abandonnées. Ce coût est appelé coût d’opportunité et désigne tout ce à quoi il renonce pour cette chose (un bien, une action…). Un étudiant révise ses cours à la veille d’un examen. A chaque instant il fait face à un dilemme : continuer la révision ou se reposer. Il évalue le gain lié à une minute additionnelle de travail et celui d’une minute de sommeil. Il décidera d’arrêter de travailler quand le gain de la minute additionnelle de travail sera plus faible que celui de la minute de sommeil. De façon consciente ou non, l’individu décide toujours en comparant les coûts et les gains additionnels ou marginaux. On parle de raisonnement à la marge ou de rationalité des individus. Du fait des trois principes précédemment cités, les individus prennent des décisions rationnelles en évaluant les coûts et bénéfices. Par conséquent, ils sont sensibles à toutes actions pouvant modifier les coûts ou les bénéfices auxquels ils font face. On dit qu’ils sont sensibles aux incitations. L’incitation est une action prise dans l’intention de modifier le comportement d’un individu ou d’un groupe d’individus. Principes des interactions entre individus L’individu vit dans une société d’homo oeconomicus qui interagissent les uns avec les autres. Pour que la société ne soit pas un chao, ces interactions sont elles aussi régies par trois principes de base. D’abord, l’échange est bénéfique pour tous. Ce principe est nécessaire en sens qu’il conditionne la participation de toutes les parties prenantes de l’échange. En effet, si certains devaient perdre dans un échange, ils n’y participeraient tout simplement pas. Ce principe est valable tant pour l’individu que pour une entité plus grande telle une nation. L’échange international est mutuellement avantageux, car il permet, par la spécialisation, l’accroissement de la production mondiale.
La macroéconomie│19 Les échanges entre individus seraient difficiles sans une institution pour l’organiser, l’activité économique serait par la même occasion impossible. Deux types d’organisation se sont affrontés dans l’histoire du monde : l’économie de marché et l’économie dirigée. L’échec de la plupart des économies a montré l’importance du marché comme institution d’organisation de l’activité économique. Les marchés offrent la meilleure allocation des ressources. Les millions de décisions non coordonnées, prises par des ménages qui poursuivent des intérêts égoïstes aboutissent comme par magie à une situation optimale pour le bien-être de tous. Cette magie qui fait que les intérêts individuels conduisent à l’intérêt général est la main invisible. Le fonctionnement libre du marché peut occasionner des défaillances dans l’allocation des ressources. Le marché peut être victime de son propre pouvoir en cas, par exemple, de monopole, d’oligopole de présence d’externalité et autres. L’intervention de l’Etat est alors recommandée pour améliorer l’allocation. La recherche de l’efficacité, de l’équité et de la justice sociale est la motivation principale de l’Etat. Principes de fonctionnement de l’économie L’économie est faite de décisions individuelles et d’interactions. Néanmoins, son fonctionnement d’ensemble est régi par des principes. Ces principes qui seront discutés tout au long de ce cours seront simplement énumérés ici. Il s’agit d’abord de la relation entre capacité de production et niveau de vie, ensuite de la relation entre émission monétaire et inflation et enfin de l’arbitrage à court terme entre inflation et chômage.
3.
Analyse structurelle et conjoncturelle
3.1. Court terme vs long terme La distinction entre court terme et long terme (et souvent moyen terme) est assez délicate à appréhender. Il serait faux de lier à chacun d’eux une durée en termes de temps. La subtilité de leur définition vient du fait qu’elle tient aux caractéristiques de quelques variables ou à un angle
20│Analyse structurelle et conjoncturelle d’analyse théorique. Dans la littérature, on peut la voir, présentée, de quatre manières non forcément différentes. Nombreux sont les exposés qui lient la frontière entre court terme et long terme à une capacité ou caractéristique particulière des variables nominales ou des prix. Le caractère rigide ou flexible des prix serait alors l’indicateur du terme d'une analyse économique. En effet, les rigidités étant le fait de délais de réaction ou d’ajustement, il va de soi, qu’elles ne règnent qu’à court terme et qu'elles laissent à la flexibilité le long terme. La frontière entre les termes se situera alors au moment exact où les valeurs nominales cessent d’être rigides. Nous en arrivons alors à définir le court terme comme une période suffisamment courte pour que les ajustements des variables nominales ne puissent se produire. Par ailleurs, il faut noter que la qualité des anticipations est différente selon le terme d’analyse. Cette dernière peut alors être utilisée pour comprendre et situer la limite entre court terme et long terme. En effet, les anticipations des agents s’écartent, à court terme, des réalisations. Ainsi les écarts entre les anticipations et les réalisations n’existent que dans le court terme et sont source de fluctuations. A long terme par contre, les erreurs d’anticipations disparaissent et les variables suivent une évolution tendancielle sans fluctuation. Il apparaît que le terme dans lequel se situe une analyse économique influencera surtout son objet. Ainsi, une analyse macroéconomique de court terme s’attèlera à l’analyse des fluctuations économiques et les politiques économiques qui en découleront seraient des politiques de relance et de stabilisation. L’analyse macroéconomique de long terme traitera, quant à elle, de croissance, de politiques de croissance, institutionnelle et structurelle. Dans l’analyse microéconomique, la distinction entre court terme et long terme admet des fondements supplémentaires. Elle peut être liée à l’absence ou non de variation de certains facteurs de production tels le capital et la technologie de production. Ainsi, à court terme le capital est invariable et la technologie n’évolue pas. Par contre, à long terme le capital varie et la technologie est susceptible d’évoluer par innovation.
La macroéconomie│21 En somme, quelle que soit la définition retenue, ni le court terme ni le long terme ne prendront la forme d’un intervalle temporel bien défini. Ils se définissent au gré de variables “clef” et la frontière entre elles reste très ambigüe. Elle est si ambigüe que certains économistes contemporains, dans leurs analyses, évoquent un terme intermédiaire qu’ils nomment le moyen terme.
3.2. Fluctuation et croissance Observons l’évolution du produit intérieur brut du Burkina Faso de 1960 à 2012 représentée dans le graphique suivant. Ce produit est en croissant sur toute la période étudiée. La courbe en pointillé est la tendance du produit sur la période, ici, déterminée par une équation quadratique. Cette tendance est assez stable, mais on peut remarquer que l’évolution du produit ne l’est pas, car il est éparpillé autour de sa tendance. Ceci est l’une des caractéristiques des grandeurs macroéconomiques. Elles évoluent avec une tendance assez stable, mais de légères variations irrégulières autour de cette tendance. L’effet d’échelle donne, justement, l’impression que ces variations irrégulières sont légères, faibles.
Graphique 1 : Evolution du produit intérieur brut burkinabè
Mais si efface l’effet d’échelle en représentant les taux de croissance (graphique 2), elles apparaitront plus prononcées que précédemment.
22│Analyse structurelle et conjoncturelle
Graphique 2 : Evolution du taux de croissance du PIB burkinabè autour de sa moyenne
De plus, bien que la tendance générale soit à la croissance, on peut remarquer une nette rupture en 1995. En effet, depuis cette date, l’évolution est beaucoup plus accentuée que précédemment. On peut supposer l’avènement d’un changement structurel qui aurait accéléré la croissance économique. La structure économique est donc relativement stable sur les périodes 1960-1994 et 1995-2012. La tendance ou le trend est un mouvement de longue durée, fondamentale, que l'on peut observer dans l'évolution d'un phénomène économique. On peut la déterminer par des méthodes statistiques adéquates. Elle peut être haussière, baissière ou neutre. En somme, on remarque trois niveaux d’observation des variables macroéconomiques. D’abord, des variations erratiques et accentuées autour d’une tendance qui donnent l’impression de se réduire à grande échelle. Ensuite, la tendance même de la grandeur qui peut être haussière, baissière ou neutre, mais stable. Enfin, à plus grande échelle, l’intérêt pour les variations irrégulières disparait totalement et des changements dans la tendance deviennent observables. Ainsi, l’analyse économique d’une variable macroéconomique ne peut avoir le même objet quand on l’étudie à échelle réduite (c’est-à-dire à court terme) qu’à grande échelle.
La macroéconomie│23 De ce fait, l’objet de l’analyse macroéconomique est nécessairement différent selon le terme. On distingue alors la macroéconomie de court terme de la macroéconomie de long terme. L’analyse macroéconomique de court terme est la partie de l’analyse macroéconomique qui cherche à comprendre les fluctuations économiques conjoncturelles. Equilibre keynésien
Courbe IS
Théorie quantitative de la monnaie
Courbe LM
Modèle IS/LM
La synthèse que Hicks et Hansen font de la pensée keynésienne offre le meilleur cadre jusqu’aujourd’hui construit pour l’analyse de la conjoncture économique. Partant du revenu d’équilibre de Keynes pour déterminer une courbe IS et de la théorie classique de la monnaie une courbe LM, qui constituent le modèle IS/LM. Le modèle IS/LM est lui-même un des éléments clés dans la construction du modèle Demande Agrégée / Offre Agrégée.
Demande agrégée Modèle DA/OA Offre agrégée Et peut-être une explication aux fluctuations de court terme
Figure 2 : démarche de l’analyse macroéconomique de court terme
L’analyse macroéconomie de long terme s’intéresse à l’explication des tendances de long terme des phénomènes économiques.
Conclusion La macroéconomie est la partie de la science économique qui étudie l’économie dans son ensemble. Etant une science, elle suit une démarche scientifique rigoureuse fondée sur la méthode hypothético-déductive. Sur la base d’hypothèses, elle construit des modèles pour analyser certains phénomènes économiques tels la croissance, le chômage, l’inflation ou la mondialisation. Tandis que l’analyse macroéconomique de long terme s’attèle à étudier la tendance des agrégats
24│Analyse structurelle et conjoncturelle macroéconomique, l’analyse macroéconomique de court terme se contente des fluctuations de ces agrégats.
Description de l’activité économique│25
Chapitre 3. DESCRIPTION DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE Introduction Décrire l’activité économique est l’une des tâches de la macroéconomie. Une description même élémentaire est nécessaire pour uniformiser le cadre de réflexion. Pour la même raison, il sied d’harmoniser le vocabulaire en décrivant de même les agrégats macroéconomiques qui mesurent cette activité.
1.
Le circuit économique
1.1. Les acteurs L’activité économique est le résultat des interactions de nombreux individus de qualité diverse agissant pour des intérêts personnels. Pour les étudier, il convient de les regrouper par catégorie selon leurs intérêts ou missions. Ce regroupement permet de donner la description du comportement de l’individu représentatif du groupe et d’extrapoler un agrégat économique lié au groupe. Les acteurs sont alors regroupés selon l'optique d’analyse choisie. Pour une analyse sociologique, ils seront regroupés et classés selon leur appartenance sociale : classe bourgeoise, classe moyenne et classe ouvrière. La comptabilité nationale, elle, distingue quatre unités institutionnelles (ménages, entreprises, Administrations publiques et association) qu’elle regroupe en six secteurs institutionnels : ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ ✓
Les ménages Les sociétés non financières (SNF) Les sociétés financières (SF) Les administrations publiques (APU) Les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) Le reste du monde, constitué de toutes unités étrangères (RDM)
Pour une analyse fonctionnelle, une classification selon les fonctions économiques serait recommandée : production, consommation, accumulation. La macroéconomie, de manière générale, distingue quatre
26│Le circuit économique types d’acteur ou agents économiques pour son analyse : le ménage, la firme, l’Etat et le reste du monde. Un agent économique est une entité, contrainte par ses ressources, dont le comportement visant la réalisation de ses missions a des répercussions d’ordre économique. Cette entité peut être un ménage, une entreprise, un Etat ou une collectivité locale ou le reste du monde. Le ménage C’est un agent économique dont les seules fonctions sont la consommation et l’épargne. Il ne subit que la contrainte de revenu. Son revenu sera alors totalement reparti entre consommation et épargne selon ses aspirations ou préférences. Ce revenu est obtenu en offrant leur travail sur le marché en tant que facteur de production. La firme / l’entreprise Leur fonction principale est la production de biens et de services marchands. Elles sont contraintes par la technologie de production. Elles investissent et demandent du travail sur le marché afin d’exécuter leur mission principale qui est la production. La firme peut appartenir à deux secteurs institutionnels qui sont : les sociétés non financières et les sociétés financières. L’Etat L’Etat, les collectivités locales et les institutions sans but lucratif peuvent tous être considérés sur le même pied. Leur fonction est de fournir des services, et ce, sans but lucratif. Leurs ressources proviennent des cotisations de leurs membres. Deux secteurs institutionnels, les APU et les ISBLSM, sont ainsi pris sur un pied d’égalité, car ils fournissent les mêmes types de biens et services : les biens collectifs non marchands Le reste du monde Il regroupe tout simplement tous les agents non-résidents, toutes natures confondues, qui effectuent des échanges avec l’économie nationale. En
Description de l’activité économique│27 d’autres termes, il regroupe les ménages, les SNF, les SF, les APU et les ISBLSM qui sont durablement en dehors des frontières de l’économie étudiée.
1.2. Les marchés Une multitude de biens et de services sont échangés dans une économie. En distinguant des biens et des services les capitaux, le travail et les devises, on peut distinguer les échanges de capitaux de travail et de devises. Supposons que l’économie soit composée de N marchés. N étant un entier naturel strictement supérieur à trois. Il y’aurait donc un marché du travail, un marché des titres, un marché de change et N-3 marchés de biens et services. N-3 représente alors le nombre de types de biens et services échangés dans l’économie. L’analyse macroéconomique considère ces marchés de façon globale et les regroupe en quatre macromarchés : le marché des biens et services, le marché du travail, le marché de capitaux et le marché des changes. Le marché des biens et services Il regroupe l’ensemble des marchés microéconomiques de biens et services de l’économie. Il est le lieu où se rencontrent l’offre de biens et services des firmes et la demande de biens et services des ménages, des firmes et de l'Etat. C’est ici qu’est déterminé le niveau de production de l’économie. Le marché du travail C’est que les firmes achètent un de leurs facteurs de production : le facteur travail. Les ménages sont offreurs de travail et les firmes en sont demandeuses. C’est que naissent les salaires, le niveau d’emploi et le taux de chômage de l’économie. Le marché de capitaux L’analyse de ce marché portera essentiellement sur le marché de la monnaie. Ici, la rencontre entre l’offre et la demande de monnaie déterminera le taux d’intérêt réel dans l’économie.
28│Le circuit économique Le marché des changes Sur ce marché s’échangent les devises des différents pays. Son analyse permettra de comprendre la détermination du taux de change, c’est-àdire le nombre d’unités de monnaie nationale qu’il faut pour acquérir une unité d’une monnaie étrangère.
1.3. Le circuit La modélisation se trouve au centre raisonnement macroéconomique. Le circuit économique est un modèle basique permettant d’expliquer simplement le fonctionnement de l’économie. Il est une représentation schématique de la réalité économique. Il se focalise sur les échanges de flux entre les différents agents économiques. Il s’agit principalement de flux réels et de flux monétaires. Encadré 1 :
Flux ou stocks
Imaginez qu’une économie soit identifiable à un seau de 20 litres que l’on essaye de remplir d’eau avec un robinet. L’eau provenant du robinet entre dans le seau à un débit de 2litres/heure tandis qu’un trou au bas du seau laisse fuir l’eau à un débit de 1,5 litre/heure. Au bout de 10 heures de remplissage, 20 litres d’eau sont entrés dans le seau tandis que 15 litres en sont sortis. Seuls 5 litres sont restés dans le seau à l’instant où la mesure est effectuée. L’entrée et la sortie d’eau sont des flux et les mesures qui en sont faites sont des variables de flux. On parlera de flux entrant ou de flux sortant. Par contre, la quantité d’eau contenue dans le seau est un stock et la mesure qui en résulte est une variable de stock.
Un principe essentiel régit le circuit macroéconomique : tout produit peut être perçu sous deux angles de vision différents ; la dépense et le revenu. En effet, le produit est dû à une dépense au sein de l’économie. C’est parce que des agents souhaitent dépenser que les firmes produisent. A l’équilibre, on peut dire que toute production fit l’objet d’une dépense adressée aux firmes. Par ailleurs, tout produit est source de revenu, car la valeur ajoutée de chaque activité de production sert à rémunérer les facteurs de production.
Description de l’activité économique│29 Flux réel Flux monétaire
Travail Biens & Services FIRMES
Mat.1ère et bien intermédiaires
Capitaux
Figure 3: dépenses - revenus
1.3.1.
Le plus simple des circuits
Cas 1 : Nous émettons deux hypothèses 1 de base pour construire ce circuit. Nous supposons d’abord qu’il n’y a que deux agents économiques : les ménages et les firmes. Nous supposons en plus que les ménages n’ont qu’une fonction, la consommation de biens et services, à laquelle ils affectent la totalité de leur revenu. Le circuit économique se réduit à un échange entre ces deux agents sur le marché du travail et le marché des biens et services (voir figure ci-après). Le circuit met en exergue deux optiques de la même réalité : le revenu national. La première est la production et la seconde le revenu. Quelques égalités comptables peuvent se dégager de ce circuit. Le bouclage du circuit implique l’égalité entre dépense et revenu. La production répond aux désirs de dépense dans l’économie. Dans ce cas, il s’agira uniquement du désir de consommation. Le revenu qui est la rémunération des facteurs est reparti entre les dépenses effectives de l’économie.
Les hypothèses permettent de simplifier la réalité dans le cadre de la construction d’un modèle 1
30│Le circuit économique
Revenu
Travail Offre de travail
Facteurs de production
Ménages
Firmes Production
B&S
Dépenses
Biens & services
Recettes
Flux monétaire Flux réel Les ménages offrent leur travail sur le marché du travail en échange d’un revenu. Ce revenu est ensuite dépensé sur le marché des biens et services pour acquérir des biens de consommation courante. Quant aux firmes, c’est elles qui paie les revenus sur le marché du travail en échange de facteur de production. Elles vont ensuite offrir leur production sur le marché des biens et services. Les recettes ventes serviront à leur tour à la rémunération des facteurs de productions, réduits dans ce modèle, au facteur travail. Figure 4: Circuit simple
Cas 2 : Ce cas est identique au premier à une hypothèse près. Les ménages répartirent leur revenu entre consommation et épargne tandis que les firmes investissent pour produire. Dans ce circuit apparait un troisième marché, le marché des capitaux. Il est le lieu où les ménages échangeront la part non consommée de leur revenu contre rémunération. C’est aussi là que les firmes trouveront de quoi financer leurs désirs d’investissement. Ici aussi, le bouclage du circuit, c’est-à-dire l’équilibre économique, implique l’égalité entre la dépense et le revenu. La production est la somme des dépenses désirées au sein de l’économie. En d’autres termes, elle est la somme de la consommation désirée par les ménages (ou demande de biens de consommation) et de l’investissement désiré par les firmes (ou demande de biens d’investissement). Quant au revenu, il représente la rémunération des facteurs de production (travail et capital) et est utilisé en totalité pour les dépenses effectives au sein de
Description de l’activité économique│31 l’économie. En d’autres termes, le revenu est utilisé pour la consommation et l’épargne effectives. Il faut aussi noter la distinction faite ici entre dépense désirée et dépense effective. La dépense désirée est la dépense ex ante c’est-à-dire un projet de dépense ou une anticipation de dépense. Quant à la dépense effective, elle est une dépense ex post, celle que les agents économiques ont effectivement réalisée. A l’équilibre macroéconomique, la dépense désirée devrait être identique à la dépense effective. Pour l’instant, en vue de simplifier l’analyse, nous la mènerons dans un environnement certain. On dira alors que les volumes désirés sont identiques aux volumes effectifs. La production est donc la somme des dépenses de consommations et d’investissement. Le revenu lui est utilisé pour les dépenses de consommation et pour l’épargne. Revenu
Travail
Facteur travail
Offre de travail
Ménages
Emprunt
Epargne Titres
Capitaux
B&S
Biens & services Consommation
Rémunération du travail
Firmes
Production Recettes
32│Le circuit économique
Produit Dépenses
Revenu
Consommation C
Consommation C
=
+ Investissement I
+ Epargne S
Si on note C la consommation, S l’épargne, I l’investissement et Y les dépenses ou le revenu selon l’optique du produit, alors :
C + I =Y =C +S Ce circuit simple permet d’expliquer une identité chère à l’analyse macroéconomique : l’égalité entre épargne et investissement. Cette identité est vraie à l’équilibre macroéconomique. I = S Les facteurs intervenant dans la production sont le travail et le capital. Si l’on émet l’hypothèse qu’ils sont échangés sur le même marché, c’est-àdire le marché des facteurs de production, alors le circuit peut encore être simplifié. Revenu
Facteur Offre de facteurs de production
Facteurs de production : Travail + capital
s
B & S d’investissement
Ménages Dépenses d’investissement
Firmes
Production B&S
Biens & services Dépenses
Recettes
Description de l’activité économique│33
1.3.2.
Circuit économique avec Etat
Nous allons étendre le circuit afin de prendre en compte plus d’agents économiques. Dans ce cas de figure, il y’a trois agents : les ménages, les firmes et l’Etat. La consommation reste le fait des ménages et l’investissement et la production celui des firmes. L’Etat effectue des dépenses publiques constituées de consommation publique ou dépenses de fonctionnement et d’investissement public (G). Les recettes publiques qui permettent à l’Etat de prendre en charge ses dépenses sont constituées des taxes sur l’économie (T) diminuées des transferts sociaux (F). L’épargne est composée d’épargne privée et d’épargne publique. Dans les circuits qui suivront, seuls les flux financiers seront représentés. Cas 1 : il y’a équilibre budgétaire. En d’autres termes, le montant total des taxes est égal à celui des dépenses publiques. L’équilibre macroéconomique ou le bouclage du circuit implique :
C + I + G = Y = C + S +T − F L’hypothèse d’équilibre budgétaire ayant été émise au départ, c’est-àdire, l’égalité entre la dépense publique et la recette publique, alors G + F = T . On retrouve alors la relation d’équilibre du paragraphe précédent : I = S
34│Le circuit économique
Travail
Revenu
Revenu du capital
Ménages
Capitaux Emprunt
Coûts du capital
Consommation
Etat publique
Transferts sociaux
Impôts et taxes
Epargne
Firmes Investissement
Biens & services Recettes
Consommation
Produit Dépenses
Revenu
Consommation C
Consommation C
+
+
Investissement I
Epargne S
+ Dépenses publique G
=
+ Impôts et taxes T-F
Cas 2 : Il n’y a pas systématiquement d’équilibre budgétaire. Dans la réalité, le solde budgétaire varie entre les états de déficit, d’excédent et
Description de l’activité économique│35 d’équilibre. Le circuit économique reste identique, mais la relation d’équilibre change. Revenu
Travail
Transferts sociaux
Ménages
Etat publique
Epargne
Capitaux
Emprunt
Consommation
Impôts et taxes
Firmes
Biens & services Recettes
Consommation
C + I + G = Y = C + S +T − F I = S + T − (G + F )
I = S + Sp Ici, l’égalité entre l’investissement et l’épargne est toujours valide, mais avec une petite nuance. L’investissement (I) est égal à la somme de l’épargne privée (S) et l’épargne publique (Sp). L’épargne publique est la différence entre les recettes publiques et les dépenses publiques.
2.
Mesure de l’activité économique Pour mesurer le niveau d’activité d’une économie donnée pendant une période donnée, on peut utiliser le volume total de production, le volume total d’investissement, le revenu total de tous les agents économiques ou la consommation totale. De ce fait, de nombreux indicateurs peuvent être utilisés pour évaluer le niveau d’activité d’une économie. Ces indicateurs
36│Mesure de l’activité économique seraient alors les agrégats de la comptabilité nationale utilisés pour approcher chaque comportement économique cité plus haut. Le produit intérieur brut est, par-dessus tous ces indicateurs, le plus utilisé par les techniciens et les politiciens pour apprécier l’activité économique.
2.1. Le produit intérieur brut 2.1.1.
Définition
Le produit intérieur brut, communément appelé PIB est un indicateur du niveau d’activité économique. En effet, il évalue le niveau d’activité à l’intérieur d’une économie et pour une période donnée. L’économie étant en général un Etat et la période l’année civile. Cependant, le PIB est souvent calculé pour un continent, une région voire le monde. Le Produit Intérieur Brut (PIB) est un indicateur de la richesse totale produite au sein d’une économie, pour une période donnée. Il est la somme des valeurs ajoutées nouvelles nées à l’intérieur de cette économie, c’est-à-dire créées par des agents résidents, sur une période donnée et évaluées au prix courant. Définie ainsi, la notion de PIB implique la définition ou la précision d’autres notions qui entreraient dans son calcul.
Valeur Supposons une économie n’ayant qu’une seule firme qui produit un seul bien, le beignet par exemple. Si la firme produit 200 unités de beignets qu’elle vend en totalité à 5 francs l’unité. La production totale de cette économie est de 200 beignets. Etant donné qu’on ne peut vivre que de beignets, supposons maintenant que dans cette économie il y’ait une deuxième firme qui produit du Bissap. Si en plus des 200 unités de beignets la seconde firme produit 150 unités de Bissap qu’elle vend en totalité à 4 francs l’unité. Ici la production totale est de 200 beignets et 150 Bissap. En étendant à une économie réelle contenant des centaines de milliers de biens et services, la difficulté de présenter une production totale par unité de produit devient évidente. En toute logique il est donc
Description de l’activité économique│37 préférable d’évaluer le produit intérieur en valeur. Mais quelle valeur utiliser ? Evalué au prix courant : Le prix courant ou la valeur marchande sera celui de prédilection pour évaluer la valeur du produit intérieur, car il est pour l’économiste le reflet de la valeur qu’accordent les agents économiques à chaque bien ou service. Ainsi, on peut évaluer le produit intérieur comme somme des valeurs de chaque bien et service produit. Quant à notre économie hypothétique, son produit intérieur serait : 200*5 + 150*4 = 1600 .
Valeur ajoutée La notion de valeur ajoutée permet d’éviter le double décompte d’une production dans l’évaluation du PIB. En effet, la production d’un bien implique des étapes qui ne font pas toujours l’objet de l’activité d’une seule entreprise. Ainsi une firme produirait un bien dit intermédiaire qui entrerait dans la production d’un autre bien dit final par une autre firme. Seule la valeur des biens et services finaux sera incluse dans le calcul du PIB. Un simple exemple étayera ces propos : supposons que la production d’un beignet vendu à 5 francs nécessite du haricot vendu au producteur de beignet à 2 francs. Le calcul du PIB ne tiendra compte que du bien final c’est-à-dire le beignet. En effet, le producteur de beignet inclut déjà le prix du haricot dans celui du beignet, car ce prix constitue une charge pour lui. Comptabiliser le haricot dans ce cas serait un double décompte de la même valeur. C’est donc parce que les biens et services finaux comptabilisent déjà la valeur des biens et services intermédiaires que le PIB ne compte que la valeur des biens et services finaux. C’est dans cet objectif qu’il compte les valeurs ajoutées. La valeur ajoutée d’une firme est la valeur de sa production diminuée de la valeur des biens et services intermédiaires qui interviennent dans sa production. C’est
38│Mesure de l’activité économique donc la valeur (travail, capital, intellectuel…) que cette dernière ajoute à l’input. Dans le cas de l’exemple précédent, la valeur ajoutée de la firme qui produit l’unité de haricot est 2 francs. Celle de la firme productrice de beignets est de 5-2=3 francs. Le PIB, qui est la somme des valeurs ajoutées, sera donc égal à 2+3=5 francs. Ce montant est identique à la valeur du bien final qui est 5 francs.
Valeur ajoutée nouvelle Et les stocks, les biens d’occasion et d’antiquité, qu’est-ce qu’on en fait ? Le bien d’occasion et celui d’antiquité ou de collection ne seront pas comptabilisés dans l’évaluation du PIB. Pour la simple raison que l’économiste considère ces types de transactions comme des transferts d’actif et non de la création de valeur. Un bien produit dans le passé est pris en compte dans le PIB de cette période passée. Si pour une raison quelconque il venait à faire l’objet d’une vente dans le présent, il ne peut en aucun cas faire partir du PIB. Parce qu’il s’agit juste d’un échange d’actif entre individus : actif liquide (argent) contre actif physique. Par exemple une motocyclette des années 70 (CT) produite en 1975 est prise en compte dans le PIB de l’année 1975. En 2017, cette moto est devenue une moto de collection. Yam Soaba en possède une depuis les années 70. Il décide d’accepter la proposition d’achat Wari Mougou qui est un collectionneur d’anciennes motocyclettes. L’échange est effectué à un montant de 900000 francs. Cette somme ne sera pas comptabilisée dans le PIB de 2017, car Wari Mougou et Yam Soaba se sont juste échangés des actifs sans créer de la richesse. De même, les stocks sont pris en compte l’année où le bien est produit et stocké.
Intérieur Le PIB mesure la valeur de la production réalisée à l'intérieur d’une économie donnée. Cette économie peut être un pays, un groupe de pays, une région, toute subdivision du monde ou le monde lui-même. Ainsi,
Description de l’activité économique│39 toute production faite à l’intérieur de cette circonscription sera comptabilisée dans le PIB, qu’elle soit réalisée par un agent économique membre ou non de la circonscription. Par exemple, la valeur ajoutée d’un restaurant togolais installé au Burkina Faso et appartenant à des citoyens togolais sera prise en compte dans le PIB du Burkina Faso. En revanche si un citoyen burkinabè possède une usine en Italie, la production de cette usine n'est pas incluse dans le PIB du Burkina Faso.
Période donnée Le PIB mesure la valeur de la production d'une période de temps donné. L’année civile est la périodicité la plus utilisée dans le calcul du PIB. Aujourd’hui, les pays ayant un système performant de collecte de données évaluent leur PIB sur des périodes plus courtes. En Europe et aux Etats-Unis, le calcul du PIB est fait mensuellement, trimestriellement et annuellement. Une telle abondance de données sur l’activité économique permet de faire des prévisions et facilite les politiques économiques.
2.1.2.
Méthode d’évaluation du PIB
La somme des valeurs ajoutées Sur la base de ce qui précède, une méthode de calcul du PIB serait alors la sommation des valeurs ajoutées de toutes les unités de production de tous les secteurs d’activité de l’économie. Il faut d’abord évaluer la production totale hors taxe de l’économie et le coût total des biens et services de consommation intermédiaire. La différence entre les deux donne le produit intérieur brut. On parle d’une évaluation selon l’approche production. Le tableau suivant montre l’exemple du PIB burkinabè de 2004 et 2005 évalué selon la méthode de la somme des valeurs ajoutées. Tableau 1: PIB du Burkina Faso évalué selon l’approche production 2004
2005
Production
3686,8
4142,2
Consommations intermédiaires
1345,7
1536,7
2341
2605,5
Valeur ajoutée
40│Mesure de l’activité économique Impôts et taxes Produit Intérieur brut
215,1
275,9
2556,1
2881,4
Source 1: INSD
Le revenu Comme nous l’avons montré à travers le circuit économique, toute production est source de revenu : rémunération des travailleurs, rémunération du capital ou bénéfice de l’entreprise, recettes publiques. Ainsi, il est possible d’évaluer le produit intérieur brut à travers le revenu perçu par les agents économiques. Le PIB serait alors la somme des rémunérations des salariés, le bénéfice des entreprises ou l'excédent brut d’exploitation et les impôts réduits des subventions. On parle ici d’une évaluation selon l’approche revenu. Le tableau suivant montre un exemple d’évaluation du PIB burkinabè selon l’optique revenu par l’INSD. Tableau 2: PIB du Burkina Faso, évalué selon l’approche revenu 2004
2005
Rémunération des salariés
585,3
648
Impôts nets de subventions
218,8
276,5
Excédent brut d'exploitation
1 751,90
1 957,00
Produit intérieur brut
2 556,10
2 881,40
Source 2: INSD
Les dépenses Du circuit économique nous retenons que le produit est aussi identique à la dépense totale de l’économie. Les dépenses de l’économie sont la consommation, l’investissement et les dépenses publiques. Etant donné que nous raisonnons dans le cadre d’une économie fermée, les dépenses de l’économie peuvent concerner tant les achats effectués au sein de l’économie par des agents extérieurs (exportation) que ceux effectués en dehors de l’économie par des agents domestiques (importation). Il importe alors d’ajouter ceux qui constituent des dépenses à l’intérieur de l’économie et soustraire ceux qui ne le sont pas. On introduit alors la notion d’exportation nette (XN) qui serait le volume des exportations diminué du volume des importations. Selon cette approche dite approche
Description de l’activité économique│41 dépense ou approche demande ou encore approche emploi, le PIB est la somme de toutes les dépenses adressées aux firmes domestiques ou toutes les dépenses effectuées à l’intérieur de l’économie.
PIB = C + I + G + XN Tableau 3:PIB burkinabè évalué selon l’optique emploi 2004
2005
Consommation finale
2 372,30
2 649,50
Ménage
1 841,30
2 079,90
531
569,6
Investissement
553,7
694,3
Formation brute de capital fixe
496,9
567,3
256
301,4
240,9
265,9
Administrations publiques
Privée Publique Variations des stocks
56,8
127
-369,9
-462,4
Exportations
289,6
280,8
Importations
659,5
743,2
2 556,10
2 881,40
Exportations nettes
Produit intérieur brut Source 3: INSD
PIB marchand et PIB non marchant Exemple, la rédaction de ce cours de macroéconomie est tellement fastidieuse qu’elle m’occupe depuis près de dix-huit mois, et je ne l’ai pas encore fini. Chaque heure de cours me coute quatre heures de préparation en plus de tout ce temps consacré à écrire un manuel. Tout calcul fait si devais commercialiser mon travail, je facturerais l’heure de cours à cent mille francs CFA. Pourtant je ne suis payé qu’à cinq mille cinq cents francs CFA de l’heure. Quel montant doit être pris en compte dans l’évaluation du PIB si je dispense deux cents heures de cours dans l’année ? Cet exemple pose le problème des biens et services non marchands. En effet, tous les biens et services ne sont pas forcément commercialisés. Ils n’ont donc pas tous une valeur marchande. Dans l’évaluation du PIB, on a coutume de distinguer les biens et services marchands des biens et
42│Mesure de l’activité économique services non marchands. De cette distinction naissent le PIB marchand et le PIB non marchand. Le PIB marchand est le produit intérieur brut évalué à partir de la production de biens et services marchand. Ces biens sont évalués et validés sur le marché à leur prix de vente. Tandis que le PIB non marchand évalue le produit intérieur brut à partir de la production de biens et services non marchands. Le secteur non marchand comprend les biens et services collectifs et publics. Ces derniers évalués à leur coût de production, généralement le salaire versé aux différents prestataires. Tableau 4: Biens et services marchands et non marchands Types
Exemples
Biens
Ils sont toujours marchands (sauf le cas particulier du bien public) et leurs prix couvrent en général plus de 50% de leurs coûts
-
Habits Sandwich …
Services
Ils sont marchands si leur prix couvre au moins 50% de leur coût
-
Transport Crédit Consultance
Ils sont non marchands si leur prix couvre au plus 50% de leur coût. Ils sont souvent gratuits.
-
Enseignement Recherche Hôpitaux Sécurité et défense
Si l’on revenait à moi et mon problème de départ : de combien mon travail fera-t-il croitre le PIB burkinabè ? a. 5500*200=1100000 francs CFA ; b. 100000*200=20000000 francs CFA. Seulement d’un million cent mille francs CFA, quel dommage.
2.1.3.
Prix courant, prix constant et déflateur
La définition du PIB veut que le produit soit évalué au prix du marché. Etant donné que les prix varient d’une année à l’autre et que le PIB doit servir d’indicateur de comparaison de l’activité économique d’une année à l’autre, quel prix de marché doit être utilisé ?
Description de l’activité économique│43 La question est de savoir s’il est plus adéquat d’utiliser des prix courants ou des prix constants. Le prix courant est le prix de l’année en cours. Si l’on veut comparer le PIB d’une année à l’autre, c’est-à-dire l’évolution du PIB, serait-ce judicieux d’utiliser des prix courants ? En effet, dans le cas d’une hausse exagérée des prix, même si la production nationale ne croît pas, le PIB calculé au prix courant augmenterait. Le PIB calculé au prix courant ne permet donc pas les comparaisons dans le temps, car il est entaché des fluctuations des prix. Il est appelé PIB nominal. Le Produit Intérieur Brut nominal est le produit évalué au prix courant. Le PIB nominal de 2017 sera calculé en utilisant les prix pratiqués sur le marché et pour chaque secteur d’activité en 2017. Pour une économie à un bien produit à une quantité Q2017 et vendu au prix P2017 le PIB de 2017 sera :
PIB2017 = Q2017 .P2017 Etant donné que le PIB nominal se prête difficilement aux comparaisons temporelles, les économistes préfèrent le PIB calculé à prix constants. Il s’agit de définir une année de référence ou année zéro dont les prix serviront à calculer les PIB de toutes les autres années. Le produit intérieur qui en résulte est appelé PIB réel. Le produit intérieur brut réel est le produit calculé à prix constants déterminés à partir d’une année de base ou de référence. Le PIB réel de 2017 sera calculé en utilisant les prix pratiqués sur le marché et pour chaque secteur d’activité à l’année de référence qui serait par exemple 2000. Pour une économie à un bien produit à une quantité Q2017 et vendu au prix P2017 en 2017, mais qui fut vendu en 2000 au prix P2000, le PIB de 2017 sera :
PIB2017 = Q2017 .P2000 Le PIB réel se prête mieux aux comparaisons temporelles, car il a l’avantage de mettre en évidence l’évolution réelle du produit, c’est-à-
44│Mesure de l’activité économique dire sans l’entacher des fluctuations des prix. Le tableau suivant permet de percevoir la différence entre PIB nominal et PIB réel. Tableau 5: PIB nominal et réel burkinabè Prix courant
Prix constant 1999
2004
2005
2004
2005
Consommation finale
2 372,30
2 649,50
2 221,70
2 383,50
Ménage
1 841,30
2 079,90
1 714,50
1 832,80
531
569,6
507,3
550,7
Investissement
553,7
694,3
515,1
609,2
Formation brute de capital fixe
496,9
567,3
504
584,8
256
301,4
262,5
317,5
240,9
265,9
241,5
267,3
Administrations publiques
Privée Publique Variations des stocks
56,8
127
11,1
24,3
-369,9
-462,4
-368,7
-419,3
Exportations
289,6
280,8
194,5
199,3
Importations
659,5
743,2
563,2
618,6
2 556,10
2 881,40
2 368,20
2 573,30
Exportations nettes
Produit intérieur brut Taux de croissance du PIB
0,12726419
0,08660586
Source 4: INSD
Le déflateur Si le PIB réel mesure le niveau du produit en quantité réelle et que le PIB nominal mesure le niveau de ce même produit en valeur nominale, on peut imaginer un troisième indicateur qui permettrait de passer des valeurs réelles aux valeurs nominales. Cet indicateur serait un indicateur du niveau général des prix du marché : c’est le déflateur du PIB. Le déflateur du PIB est un indice de prix qui mesure le niveau général des prix du marché par rapport une année de base. Il est le rapport entre le PIB nominal et le PIB réel.
PIBNOMINAL = PIBREEL .Déflateur Le déflateur étant le rapport entre le PIB nominal et le PIB réel, on peut donc considérer le comme une moyenne des prix pondérés par les quantités.
Description de l’activité économique│45
Déflateur =
P
bien1 annéebase bien1
P
.Qbien1 + Pbien 2 .Qbien 2 + ... annéebase .Qbien1 + Pbien .Qbien 2 + ... 2
En somme, le PIB nominal mesure la production intérieure en franc CFA, le PIB réel mesure la production agrégée en quantité réelle et le déflateur mesure le prix d’une unité de produit agrégé par rapport au prix de l’année de base.
2.1.4.
Les limites du PIB
Mesure imparfaite Exemple : Juste avant de commencer la rédaction de cette partie du cours, je me suis cuisiné un succulent plat de salade. L’ensemble des intrants utilisé pour cela m’a couté 400 francs CFA. Quant à mon effort de cuisine, je l’estime à 200 francs CFA. Si je devais vendre ce plat, je l’aurais fait à 800 francs au moins. Comment l’économiste intègrerait-il ce produit dans le PIB ? Exemple : Des dizaines d’étudiants créent de la valeur ajoutée sur les campus. Dans la plupart des classes, il est possible d’y trouver un étudiant qui vend des boissons, un autre qui vend des gâteaux et encore un autre qui vend des fournitures scolaires. Ces valeurs ajoutées sontelles prises en compte dans l’évaluation du PIB ? Ces deux exemples montrent que le PIB tendra à sous-évaluer la richesse produite dans l’économie. Le premier exemple met en exergue l’existence de biens et services qui ne feront jamais l’objet d’une transaction monétaire. Ces biens sont principalement issus du travail domestique et du bénévolat. Si un homme épouse sa femme de ménage, il ne lui verserait plus de revenus pour le ménage. PIB diminuerait alors d’un montant égal au salaire précédemment payé. Le second exemple met en exergue l’économie souterraine communément appelée le « travail au noir » ou le « marché noir ». Qu’elles soient licites ou illicites, de nombreuses activités sont menées à l’ombre, c’est-à-dire à l’insu des autorités publiques, et sont génératrices de plus-values qui ne seront pas prises en compte au moment d’estimer le produit domestique.
46│Mesure de l’activité économique
Comparaison difficile On se rappelle que le calcul du PIB réel répondait à un besoin de comparaison intertemporelle. Le PIB sert aussi d’élément de comparaison inter-individu, c’est-à-dire entre économies. Une telle comparaison n’a de sens que si l’on considère qu’une unité monétaire donnée à la même valeur réelle partout ailleurs. Exemple : Un plat d’attiéké (couscous de manioc) au poulet coute 9000 Francs CFA au Sénégal. Le même plat, de qualité quasi identique, coute au maximum 5000 francs CFA au Burkina Faso. Peut-on dire que le pouvoir d’achat d’un CFA est plus élevé au Burkina Faso qu’au Sénégal ? De même, un sandwich pris au bord d’une ruelle de paris coute 3,40 et 4,99 euros (un pain complet, du beurre, un jambon et quelques épices) soit en CFA 2230,4 à 3273,44 francs. Le même sandwich peut être obtenu à un montant maximum de 2000 francs CFA au Burkina Faso c’est-à-dire pour l’équivalent de 3,05 euros. La question revient : le pouvoir d’achat d’un CFA (respectivement de l’Euro) est-il plus élevé au Burkina Faso qu’en France ? La comparaison des PIB de deux pays serait affectée du même problème de pouvoir d’achat. Ainsi, deux pays ayant le même PIB n’auraient pas forcément produit la même quantité réelle de biens et services. On peut en déduire que cette différence de pouvoir d’achat déteint sur le taux de change officiel. Pour parer ce problème de pouvoir d’achat, on calcule un taux de change corrigé des différences de pouvoir d’achat nommé la parité de pouvoir d’achat (PPA). Evalué en PPA, le PIB se prête mieux aux comparaisons interindividu. Elle n’est plus tributaire que de la qualité des systèmes statistique de chaque pays.
La qualité de la vie Le PIB mesure uniquement les quantités produites au sein de l’économie. Il ne tient pas compte des aspects qualitatifs. Il n’émet aucun jugement de valeur sur les différents secteurs d’activité. En effet, il comptabilisera
Description de l’activité économique│47 de manière identique la production d’armes et la production de vêtements. En somme, le PIB n’est pas un indicateur de bien-être. De plus, le PIB est juste un indicateur volumétrique, il ne donne aucune idée sur la façon dont la richesse est redistribuée au sein de l’économie. Même quand on le divise par le nombre d’habitant pour obtenir le PIB par tête d’habitant, le résultat n’est qu’indicatif et ne reflète pas les gains de chaque individu de la société. Un fort PIB peut donc coexister avec des inégalités. Le PIB se contente juste de donner le volume total de production domestique sans s’attarder sur les contions dans lesquelles la production est faite : temps de travail, durée des congés… Enfin le PIB ne prend pas en compte les effets de la production sur l’environnement.
2.2. D’autres mesures de l’activité économique Comme nous l’avions dit plus haut, il est possible d’utiliser d’autre grandeurs macroéconomiques que la production totale pour évaluer le niveau de l’activité économique. Il s’agit notamment du volume total d’investissement, du revenu total de tous les agents économiques ou de la consommation totale. Ces grandeurs sont recensées dans la comptabilité nationale sous les noms respectifs de formation brut de capital fixe, revenu national disponible et consommation finale des ménages.
2.2.1.
Le revenu national Le revenu national (RN) mesure les revenus que tous les agents membres de l’économie ont gagnés durant une période donnée.
Selon la comptabilité nationale, il est constitué des rémunérations des salariés, des revenus des entrepreneurs individuels, des revenus de la propriété des particuliers et de l’Etat, des bénéfices bruts des entreprises et des intérêts nets. Pour simplifier son calcul, on passera par le PIB auquel on ajoutera et retranchera quelques éléments. Au fur et à mesure
48│Mesure de l’activité économique de ces adjonctions et réductions, d’autres grandeurs macroéconomique intéressantes apparaitront.
Le Produit National Brut Si le PIB est la mesure de la production réalisée à l’intérieur de l’économie, le Produit National Brut est, quant à lui, la production réalisée par les agents économiques résidents de l’économie. Contrairement au PIB, le PNB comptabilise les gains que réalise par les agents en dehors de leur économie. Le Produit National Brut (PNB) est un indicateur de la richesse totale produite par les unités résidentes d’une économie, pour une période donnée. Il est égal au PIB augmenté des revenus des facteurs en provenance du RDM et diminué des revenus des facteurs versés au RDM. PNB=PIB + (revenus des facteurs en provenance du RDM) – (revenus des facteurs versés au RDM) Exemple : la valeur ajoutée d’un restaurant togolais installé au Burkina Faso et appartenant à des citoyens togolais ne sera prise en compte dans le PNB du Burkina Faso mais dans celui du Togo. En revanche si un citoyen burkinabè possède une usine en Italie, la production de cette usine est incluse dans le PNB du Burkina Faso. Cet indicateur n’est plus utilisé de nos jours. Il est remplacé dans la comptabilité nationale par le Revenu National Brut (RNB) qui décrit la même réalité. Il est donc calculé de même manière. RNB=PIB + Revenu net des facteurs On peut alors calculer le Revenu National Net. La seule différence de ce concept et celui précédemment décrit est qu’il prend en compte l’amortissement du capital dû à l’usage. Le Revenu National Net (RNN) est donc égal au RNB diminué des amortissements. En comptabilité nationale, les amortissements sont dénommés consommation de capital fixe.
Description de l’activité économique│49
RNN = RNB − Amortissements Dans la comptabilité nationale on s’intéresse aussi revenu disponible pour les dépenses qui est le Revenu National Brut Disponible (RNBD). Il est égal au RNB augmenté des transferts courants nets. A côté de cet indicateur, on peut calculer le Revenu National Net Disponible en ajoutant au RNN les transferts courants nets.
2.2.2.
L’investissement
L’investissement est une acquisition de bien de production, une dépense visant à augmenter le stock de capital. Pour la comptabilité nationale, elle est la somme de la formation brute de capital fixe et de la variation de stock. La Formation Brute de Capital Fixe La Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) est la somme de toutes les dépenses d’acquisition de biens et services qui intègrerons le processus de production durant au moins un an. Elle est brute parce qu’elle ne prend pas en compte la dépréciation du capital. C’est une formation de capital fixe car elle mesure l’acquisition de nouveau capital. Elle mesure donc le flux de nouveau bien de production venant s’ajouter au stock de capital existant sans tenir compte des flux sortants (amortissements ou consommation de capital fixe, CCF). Elle peut être considérer comme l’indicateur de l’investissement brut. Encadré 2 :
La formation brute de capital fixe
La formation brute de capital fixe (FBCF) est constituée par les acquisitions moins cessions d'actifs fixes réalisées par les producteurs résidents. Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d'autres processus de production pendant au moins un an. Source : INSEE http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/formation-brute-capitalfixe.htm Elle est constituée par les acquisitions moins les cessions d’actifs fixes réalisées par les producteurs résidents. Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d’autres processus de production pendant au moins un an.
50│Autres agrégats importants Source : CNS http://cns.bf/spip.php?id_article=209&page=theme-article
La variation de stock La variation de stock (VS) est la fixation ou l’accumulation de capital circulant appelé. Dans la comptabilité nationale, la variation de stock est définie comme la valeur des entrées en stocks diminuée de la valeur des sorties de stocks et des pertes courantes sur stocks. Elle est l’indicateur macroéconomique de l’investissement en stock. L’investissement (I) est, comme précisé plus haut, la somme de la FBCF et de la VS :
I = FBCF + VS L’investissement s’obtient en déduisant de l’investissement, c’est-à-dire la somme de la FBCF et de la VS, la consommation de capital de fixe (CCF) ou amortissement :
I NET = FBCF + VS − CCF
3.
Autres agrégats importants
3.1. Mesure de l’inflation
3.2. Mesure du chômage
Conclusion
51 Introduction à la macroéconomie
Chapitre 4. INTRODUCTION AUX FLUCTUATIONS Introduction Les économies guidées par les modèles capitalistiques ont une dynamique rythmée par de nombreuses crises économiques. Depuis le début des années 1970, la plupart des grands pays capitalistes connaît de graves difficultés économiques. Les jours étincelants de la longue phase de croissance de l’après-guerre appartiennent à un passé désormais révolu. Aujourd’hui est venu le temps de la crise avec de faibles taux d’expansion, une forte inflation et surtout le chômage devenu une "épidémie". dont il faudrait analyser les caractères, la spécificité, le ou les types de fluctuations au sein desquelles elles s’inscrivent. Comme la vie sociale, l’activité économique est marquée de multiples accélérations, décélérations. Depuis les origines de l’agriculture jusqu’au XIXe Siècle, les pays d’Europe avaient des crises agricoles régulières liées à la sécheresse ou de façon plus globale au climat. Avec l’apparition et l’expansion de l’industrie qui s’est très largement affranchie des rythmes naturels, avec l’émergence d’une agriculture moins soumises aux aléas climatiques, ce sont des rythmes nouveaux ou fluctuations de l’activité économique qui apparaissent. Une observation plus fine des phénomènes de crises permet de remarquer qu’elles apparaissent de façon quasi périodique tout au long du XIXe Siècle et de la première moitié du XXe Siècle. Très étudiées, elles sont largement reconnues comme un phénomène majeur, dont l’analyse a permis l’élaboration de la notion de cycles économiques.
1.
Notion de cycle Avant tout propos, il faudrait préciser ce dont il est question dans ce cours. Nous excluons donc de la notion de cycle, les cycles courts liés aux saisons ou à la particularité d’une activité. Les cycles dont nous parlons ici sont ceux extraits d’une analyse de séries longues. On peut considérer que croissance, fluctuations et crises sont intimement liés. Du début de l’émergence de la société capitaliste comme système dominant en Angleterre (XIX) jusqu’à la crise de 1929 on peut relever quatorze (14) crises économiques : la première s’étant produite, en 1816 et la dernière en 1929. Ces crises ont été vécues sans interprétation majeure par leurs contemporains. C’est par la suite que des historiens de l’économie et des économistes à partir de sources documentaires de l’époque et d’analyse de séries statistiques longues ont essayé de les interpréter sur la base de certaines connaissances théoriques du phénomène. Les principaux indicateurs utilisés par les chercheurs ont été : ✓ l’évolution de la production globale; ✓ celle des prix de production; ✓ celle de l’emploi dans le domaine industriel.
52 Introduction aux fluctuations Si chacune de ces crises revêt des caractéristiques spécifiques, à cause de la nature et de la conjoncture dans lesquelles elle s’inscrit, des traits généraux peuvent être mis en évidence : ✓ ✓ ✓ ✓ ✓
contraction brutale de la production chute des prix faillites nombreuses montée du chômage et recul du salaire tension sociale avec comme détonateur un krack boursier ou bancaire plus ou moins retentissant.
En fait, le terme de crise désigne le moment de retournement de la conjoncture économique. Ce moment représente le passage d’une période d’expansion ou d’essor soutenu à celui d’une phase de dépression ou de contraction plus ou moins longue au cours de laquelle finissent par se mettre en place les conditions de la reprise. L’ensemble du mouvement est graphiquement repérable par l’analyse de séries longues dès lors qu’est identifié l’existence des crises. Celles-ci ne peuvent d’ailleurs être saisies ou observées en soi, sans faire référence aux fluctuations de l’activité économique.
En somme, les fluctuations sont repérables sur les séries longues telles l’investissement, la consommation ou le produit. Dans la dynamique d’une variable ont peut distinguer deux éléments : ✓ Le trend ou la tendance ✓ Les variations autour de la tendance En observant l’évolution du produit intérieur brut du Burkina Faso de 1960 à 2012 représentée dans le graphique suivant. Ce produit est en croissant sur toute la période étudiée. La courbe en pointillé est la tendance du produit sur la période, ici, déterminée par une équation quadratique. Cette tendance est assez stable, mais on peut remarquer que l’évolution du produit ne l’est pas, car il est éparpillé autour de sa tendance.
53 Introduction à la macroéconomie
2.
Typologie des cycles Trois types de cycles ont été mis en évidence. Leur nom dérive des auteurs qui les ont mis en évidence. Il s’agit des cycles de Juglar, Kitchin et Kondratiev. Ils peuvent être réunis en deux grands groupes qui sont : les cycles courts et les cycles longs.
2.1. Les cycles courts Un cycle Juglar est un cycle économique (période d’une durée déterminée qui correspond plus ou moins exactement au retour d’un même phénomène) de l’ordre de 7 à 11 ans. Les premiers écrits de Clément Juglar sur les cycles sont quelque peu antérieurs mais sa publication la plus célèbre est sans aucun doute son ouvrage de 1862 dans lequel il présente un cycle qui n’a que trois phases (et non quatre comme le représenteront les auteurs qui suivront) du cycle économique traditionnel : expansion, crise et liquidation. A noter que Clément Juglar est le premier économiste à s’être intéressé aux cycles économiques. L’économiste Alvin Hansen a observé douze cycles de type Juglar entre 1837 et 1937 aux États-Unis. Ils ont duré en moyenne 8,33 années, cependant entre 1857 et 1937, leur durée moyenne chute à 8 ans. Clément Juglar était un médecin français qui finit par se passionner pour l’économie. Avant lui, les économistes se préoccupaient essentiellement de la crise, c’est-à-dire du point de retournement où l’expansion économique et la prospérité se transforment en
54 Introduction aux fluctuations chute de l’activité économique et en dépression. Les causes de ces crises étaient généralement connues : forces aléatoires ou exogènes comme la guerre, les sécheresses, les afflux d’or, le crédit et la croissance monétaire. Clément Juglar modifie la conception des études sur les fluctuations en affirmant que la seule cause de la crise était la phase de prospérité qui précédait celle-ci. Il ajoutait que la dépression suivait toujours la crise. Les excès de la phase de prospérité et les désajustements qui en résultent, rendent inévitables la crise et la dépression. Il insistait surtout sur l’évolution du niveau des prix, qui avait pour cause première les actions du système monétaire financier et de crédit. Volatilité de la masse monétaire. La variabilité de régit par le recours au crédit, qui se développe rapidement au XIXe constitue le principal mobile des fluctuations. L’expansion du crédit s’opère selon un schéma cyclique. En période d’expansion, il se développe plus vite que l’activité économique. L’émission monétaire dès cette époque s’effectue par l’escompte d’effets commerciaux, eux-mêmes escomptés auprès de la Banque Centrale. La Banque Centrale voit son portefeuille d’effets détenus gonfler de manière disproportionnée par rapport à ses réserves d’or et est obligé de freiner le mouvement. Ce qui met en difficulté les agents qui comptent sur le crédit pour assurer leur échéance. Les banques elles-mêmes sont affectées par l’insolvabilité de ces clients et la pyramide du crédit s’effondre comme elle avait été élevée. D’où il s’opère un assainissement financier qui est la condition d’une reprise de l’expansion.
Cycle Kitchin Un cycle Kitchin est un cycle économique (période d’une durée déterminée qui correspond plus ou moins exactement au retour d’un même phénomène) de l’ordre de 3 à 4 ans. Découvert en 1923, ce cycle est considéré comme le cycle mineur, il ne connaît pas de crises mais une détérioration du phénomène d’expansion perçu dans le cycle Juglar. On considère, par simplification, qu’il y a deux cycles Kitchin dans un cycle Juglar. Joseph Kitchin a déduit ces cycles courts d’une étude de la fluctuation des prix de gros entre 1890 et 1922 aux États-Unis.
2.2. Les cycles longs Un cycle de longue durée ou cycle de Kondratiev, est un cycle économique de l’ordre de 40 à 60 ans. Il est mis en évidence dès 1926 par l’économiste Nikolaï Kondratiev dans son ouvrage "Les vagues longues de la conjoncture". Il présente deux phases distinctes : une phase ascendante et une phase descendante. D’après les analyses de Nikolaï Kondratiev on peut distinguer : Longues périodes d’expansion
Longues périodes de déclin
1790 à 1810 (1817)
1810 (1817) à 1844 (1851)
1844 (1851) à 1870 (1875)
1870 (1875) à 1890 (1896)
55 Introduction à la macroéconomie 1891 (1896) à 1914 (1920)
1914 (1920) à 1940 (1945)
Selon Nikolaï Kondratiev, la phase ascendante du cycle s’accompagne progressivement d’un excès d’investissement réalisé par les entreprises pour faire face à la concurrence. L’entrepreneur répercute ses coûts de production sur les prix de vente provocant une hausse des prix. La demande croissante de monnaie dans l’économie entraine, elle, une hausse des taux d’intérêt. La crise nait de la surproduction et il s’ensuit donc un déclin de l’activité économique durant laquelle les prix baissent ainsi que les taux d’intérêts, ce qui permet une purge du système et prépare le terrain pour une nouvelle phase de croissance. Peu satisfait par cette explication, Joseph Schumpeter propose une autre théorie pour expliquer l’alternance des phases d’expansion et de récession. Il développe une explication économique, sociologique et institutionnelle du fonctionnement du capitalisme. La dynamique du modèle résiderait dans l’innovation. La dynamique n’est pas stable mais cyclique. L’innovation, c’est la mise au point théorique tandis que l’invention, c’est l’application pratique des découvertes (Mise au point d’un nouveau produit, mise au point d’un nouveau procédé, découverte de nouveaux marchés, nouvelle source de matières premières, nouvelle forme d’organisation). L’innovateur est un entrepreneur qui brise la routine, il sort du circuit classique et il va générer la croissance mais aussi le cycle. En l’absence d’innovateur, l’économie se reproduit à l’identique selon une forme de circuit. Schumpeter fait le lien entre le cycle long et les évolutions technologiques majeures. Ainsi les phases longues d’expansion seraient permises par les innovations d’entrepreneurs capitalistes à la recherche de rentes de monopoles. Celles-ci permettent une augmentation de la productivité au fur et à mesure qu’elles se diffusent. Puis les effets de ces innovations s’épuisent alors qu’elles deviennent obsolètes, pour que l’expansion revienne enfin avec de nouvelles innovations.
2.3. Histoire économique et cycles De 1820 à 1870, la période Jevonienne : la périodicité est de 10 années. Les crises ont une origine financière : pendant la phase d’expansion, le recours (excessif) au crédit provoque une hausse des prix et, quand la demande d’or devient trop forte, une hausse du taux d’intérêt. S’ensuivent des faillites et du chômage. La crise porte en elle les germes d’une reprise en provoquant un assainissement financier de l’économie. De 1870 à 1914, une période de cycles faibles : le cycle régulier de la période précédente disparaît presque complètement. Ils sont amortis d’abord parce que le frein monétaire serait appliqué plus tôt au cours de cette période. Mais, de l’avis de Hicks, cette explication est incomplète et certaines causes réelles des cycles seraient également moins présentes au cours de cette période (chemin de fer, progrès technique, innovation). De 1914 à 1939, une période inclassable : de 1920 à 1929, la reconstruction assoit une croissance forte ; de 1929 à 1934 se produisent une succession de crises. La crise de 1929 s’apparente à une crise de la période Jevonienne (mais d’une ampleur sans précédent) car elle peut être reliée à des restrictions importantes et générales des autorités monétaires
56 Introduction aux fluctuations américaines. Mais, contrairement à la crise de cette période, il n’y a plus de mécanisme endogène de retour à l’équilibre. De 1945 à 1973, les trente glorieuses : les fluctuations sont très atténuées. L’économie évolue durablement sur un sentier de croissance équilibré de plein emploi. Les fluctuations restent faibles, car : Flexibilité de l’étalon dollar : le SMI oblige à maintenir un plafond monétaire, dicté par la balance des paiements. Mais celui-ci est relativement souple et le recours aux dévaluations n’introduit pas d’à-coups dans les évolutions macroéconomiques ; Les investissements induits (c’est-à-dire fonction de la conjoncture) sont restés très stables. Selon Hicks, pendant cette période, les investissements induits sont moins fondés sur l’état courant des affaires (source d’instabilité), que sur un ensemble d’informations et de prévisions fourni par des instituts de conjoncture (notamment, la planification indicative française) ; Les cycles politico-économiques : le rôle de l’Etat est grandissant. Au cours de cette période, les retournements de tendances sont souvent le reflet de modifications des politiques économiques ; les variables clés sont la balance des paiements, le chômage et l’inflation ; les revirements coïncident souvent avec les échéances électorales. Période
Innovations
Pays dominant
1790-1847
Machine à vapeur et métier à GrandeBretagne, tisser France
1848-1896
Charbon, acier et chemin de Grande Bretagne, fer Allemagne, USA
1897-1940
Electricité, chimie, moteur à explosion
1945-1995
Transport, bien de USA, Europe, Japon consommation durable, nucléaire
1995-... 2010 ?
TIC, Biotechnologie
USA
USA, Europe, Asie
Selon les cas on peut identifier dans un cycle Kondratiev, cinq (5) à six (6) cycles Juglar et dix (10) à dix-huit (18) cycles Kitchin (à raison de deux (2) à trois (3) cycles Kitchin par cycle Juglar).
3.
Explications des fluctuations
57 Introduction à la macroéconomie
Conclusion
58 Introduction aux fluctuations
PARTIE II. COMPORTEMENTS ET MARCHES
59 Comportements et marchés
Chapitre 5. LA MICRO POUR LA MACRO Les fondements microéconomiques de la macroéconomie Introduction
1.
La consommation
1.1. Définition La consommation est une composante de la demande globale, de même que l’investissement, les dépenses publiques et les exportations nettes. Elle peut être considérée comme la plus importante des composantes de la demande. La consommation est un comportement propre aux ménages. Elle n’est pas à confondre avec la consommation intermédiaire d’une entreprise qui, elle, est considérée en macroéconomie comme un investissement. La consommation d’un produit aboutit à sa destruction immédiate ou progressive et à la satisfaction d’un besoin du ménage. La consommation est un ensemble de comportements propre aux ménages qui consiste en la destruction d’un produit par son usage. Contrairement à la production, elle entraine la disparition du produit consommé.
L’épargne est la partie du produit qui n’est pas immédiatement détruite dans le processus de consommation. Théorisée, elle est considérée comme une fuite du circuit économique. Elle y est réinjectée quand elle est placée. Longtemps considérée comme une fonction du prix, la consommation des ménages verra sa description s’améliorer au fil des années, et ce, depuis la nouvelle approche proposée par Keynes. Ce dernier décrit le comportement de consommation, à travers sa “loi psychologique fondamentale”, comme une fonction du revenu courant. Partant de cela, d’autres auteurs, pour ou contre Keynes, tenteront de décrire au mieux le comportement de consommation. Nous exposerons ici les modèles les plus pertinents pour comprendre ce comportement. Encadré 3 :
La consommation selon le Conseil national de la statistique du BF
Biens et services de consommation acquis par les ménages, par leurs dépenses ou grâce aux transferts sociaux en nature reçus des administrations publiques ou des institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM). La valeur de la consommation finale effective des ménages est donnée par la somme de trois composantes : (a) la valeur des dépenses des ménages en biens et en services de consommation, y compris des dépenses en biens et en services non marchands vendus à des prix économiquement non significatifs ; (b) la valeur des dépenses
60 La micro pour la macro supportées par les administrations publiques en biens ou en services de consommation individuels, fournis aux ménages en tant que transferts sociaux en nature ; (c) la valeur des dépenses supportées par les ISBL-SM en biens ou en services de consommation individuels, fournis aux ménages en tant que transferts sociaux en nature. Source : Conseil national de la statistique, © 2013 http://www.cns.bf/spip.php?id_article=209&page=themearticle le 25/04/2015 à 15h52
1.2. Le revenu courant dans la fonction de consommation 1.2.1.
La première formulation
Enoncée par Keynes dans sa théorie générale, la loi psychologique fondamentale décrit la consommation comme une part décroissante du revenu courant. En effet, pour lui, « […] en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. » En d’autres termes, si le revenu d’un individu augmentait d’une unité, pour diverses raisons, il n’utiliserait qu’une partie de ce nouveau revenu dans la consommation et épargnerait le reste. La consommation née de ce nouveau revenu est la propension marginale à consommer (PmC). La propension marginale à consommer est la variation de la consommation induite par une variation unitaire du revenu nominal disponible, toutes choses restant inchangées. Mathématiquement, elle est le rapport entre la variation de la consommation et celle du revenu.
PmC =
C R
La propension moyenne à consommer, quant à elle, est la part de revenu nominal disponible utilisée pour la consommation. Mathématiquement, la propension moyenne à consommer (PMC) est le rapport entre la consommation totale et le revenu nominal disponible :
PMC =
C R
Exemple : Supposons qu’un étudiant burkinabè ayant un revenu de 45000, en dépense 36000. Après augmentation, il dépense maintenant 45000 francs sur 60000 francs de revenu. Sa propension marginale à consommer est :
PmC =
60000 − 45000 = 0,60 45000 − 36000
Tandis que sa propension moyenne à consommer est :
PMC =
60000 = 0,75 45000
61 Comportements et marchés Telle qu’énoncée, la loi psychologique se prête à trois interprétations ou formulations mathématiques : ✓ D’abord, une fonction linéaire, où, C = c.R la propension marginale à consommer, c, est constante et égale à la propension moyenne à consommer ; ✓ Ensuite, une fonction affine C = C0 + c.R où C0 représente la consommation incompressible. Ici, la propension marginale à consommer est constante et la propension moyenne à consommer décroissante ; ✓ Enfin, une fonction concave qui aura la particularité d’avoir les deux propensions décroissantes avec le niveau de revenu. Graphiquement, ces interprétations donneront : Fonction de consommation affine
Fonction de consommation linéaire C
Fonction de consommation concave
C
C
R
R
R
Selon l’interprétation faite de la loi psychologique, on déduit les trois représentations graphiques ci-dessus. La fonction concave semble mieux convenir car sa pente (la PmC) est décroissante
Graphique 5-1 : La fonction de consommation selon la loi psychologique fondamentale
Une lecture approfondie de la théorie générale nous permet d’affirmer que la forme fonctionnelle concave traduirait le mieux la pensée de Keynes. Cependant, et par souci de simplifier l’analyse, la fonction de consommation affine sera la plus utilisée. Par ailleurs, Keynes considère l’épargne comme le résidu de la consommation. Pour lui, en effet, les gens « ont tendance à épargner la différence qui apparaît entre leurs revenus effectifs et la dépense correspondant à leur train de vie habituel […] en général une proportion de plus en plus importante du revenu est épargnée à mesure que le revenu réel croît. » La propension marginale à épargner est la variation de l’épargne due à une variation unitaire du revenu. Elle est le complément à l’unité de la propension marginale à consommer
PmS = 1 − PmC Elle est, par définition, le complément à l’unité de la propension marginale à consommer. En d’autres termes, comme démontré ci-dessous, la somme des propensions marginales
62 La micro pour la macro à consommer et à épargner est égale à l’unité. Il sera de même pour les propensions moyennes à consommer et à épargner.
R=C+S D’où
PmS = S R = (R − C) R
Puis
PmS = (R − C) R PmS = R R − C R
Et
PmS = 1 − PmC
Enfin
La forme fonctionnelle du comportement d’épargne dépendra alors de celle choisie pour la consommation. On aura alors une fonction linéaire ( S = (1 − c).R ), une fonction affine ( S = −C0 + (1 − c).R ) ou une fonction convexe. Fonction d’épargne linéaire
Fonction d’épargne concave
Fonction d’épargne affine
C C C S S
S
R
SR
R
SR
R
Graphique 5-2 : l’épargne selon la loi psychologique fondamentale
Dans les dernières représentations graphiques, on peut remarquer une désépargne avant le niveau SR de revenu appelé seuil de rupture. Cette désépargne peut être considérée, pour l’individu, comme un emprunt ou une consommation sur un patrimoine constitué dans le passé, mais, à l’échelle de la nation, elle sera plutôt un emprunt à l’étranger ou une vente de devises. Encadré 4 :
La loi psychologique fondamentale
Étant donc admis que la propension à consommer est une fonction assez stable, que l’influence de ses variations propres peut être considérée comme secondaire, et que par conséquent le montant de la consommation globale dépend essentiellement du montant du revenu global (les deux quantités étant mesurées en unités de salaire), quelle est la forme normale de cette fonction ? La loi Psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité, à la fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des renseignements détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. En d’autres termes, CS étant le montant de la consommation et RS celui du revenu (mesurés tous deux en unités de salaires), ∆CS est de même signe que ∆RS, mais d’une grandeur moindre, i. e.
dD S d R S est positif et inférieur à l’unité.
63 Comportements et marchés [….] Le train de vie des individus a généralement la priorité dans l’emploi de leurs revenus et ils ont tendance à épargner la différence qui apparaît entre leurs revenus effectifs et la dépense correspondant à leur train de vie habituel ; ou bien, s’ils ajustent leurs dépenses aux variations de leurs revenus, ils ne peuvent le faire qu’imparfaitement dans l’espace de courtes périodes. […] […] l’élévation absolue du montant du revenu contribue, en règle générale, à élargir l’écart entre le revenu et la consommation. Car les motifs des individus à satisfaire leurs principaux besoins actuels, personnels et familiaux, sont normalement plus puissants que leurs motifs à épargner, lesquels n’acquièrent une force réelle qu’au moment où un certain niveau de confort est atteint. Ces raisons font qu’en général une proportion de plus en plus importante du revenu est épargnée à mesure que le revenu réel croît. » J. M. Keynes (1936), Livre III, chapitre VIII, III2
Le développement des systèmes de comptabilité nationale dans l’après-guerre à favoriser l’accumulation de données et donc la constitution de bases de données statistiques sur de nombreuses variables tels le revenu national, la consommation des ménages et autres. Sur la base de ces données, les économistes tenteront de vérifier la validité de la fonction de consommation keynésienne. Contrairement à ce que pensaient de nombreux économistes, l’après-guerre fut une période de croissance économique. Des études sur coupes transversales et séries chronologiques furent menées et aboutissent pratiquement aux mêmes conclusions : la fonction de consommation keynésienne est valide à court terme. Par ailleurs, Kuznets retiendra qu’à long terme, la propension moyenne est stable de décennie en décennie et n’est pas corrélée avec le revenu. Il notera en plus que la fonction de consommation ne tient pas compte des catégories de ménages ayant des revenus aléatoires et du cycle de vie de l’individu. La nécessité de la reformuler s’imposait alors aux économistes d’après Keynes tels J. Duesemberry, T. I. W. Brown, F. Modigliani, I. Fisher et M. Friedman. Encadré 5 :
La théorie face aux données
Confirmation dans les données en coupes instantanées : à un instant donné, on observe les niveaux de consommation des ménages classés par niveaux de revenus. Les ménages à revenus élevés consomment une part de leur revenu inférieure à celle des ménages à revenus moindres => relation négative entre PMC et revenu. Confirmation dans les séries temporelles à court terme : exemple de la France de 1965 à 1974 : Ct = 0.82Yt + 12.58. c=0.82