Macro l3 2010.dvi - Macro L2 Chap3 [PDF]

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Zitiervorschau

Chapitre 3 Inflation, Activité et croissance de la masse monétaire Objectif de ce chapitre : — Introduction à une vision dynamique et bouclée de l’économie (interaction entre production, inflation et monnaie) — Dans choix de politique économique, important de tenir compte des effets à court / moyen terme

3.1

Production, chômage et inflation

Graphique 3.1 : petit modèle de l’économie, particularité : aspect dynamique 1. Loi d’Okun 2. Courbe de Phillips 3. Demande Globale

3.1.1

Loi d’Okun : de la croissance de la production au chômage

Qu’est-ce que la loi d’Okun ? Loi d’Okun : relation entre — le taux de croissance de la production et — le taux de chômage Hypothèse : relation directe entre niveau de l’emploi et production Yt = Nt Nombre de chômeurs Ut = Lt − Nt 67

68 F. 3.1 — Croissance de la masse monétaire, de la production, inflation et chômage

¯ population active constante. Donc Hypothèse : Lt = L, Ut − Ut−1 Variation du nombre de chômeurs

=

Yt − Yt−1 Variation de la quantité produite

Taux de chômage Lt − Nt Nt Yt =1− ¯ =1− ¯ Lt L L Yt−1 − Yt = ¯ L

ut = ut − ut−1

¯ ≈ Nt−1 = Yt−1 , donc Si ut petit, L ut − ut−1 =

Yt−1 − Yt = −gyt Yt−1

(3.1)

Equation (3.1) est la loi d’Okun qui établit une relation directe entre le taux de croissance de la production et le taux de chômage : une hausse de la production de 5% est associée à une baisse du chômage de 5%. Empiriquement, le coefficient dans la loi d’Okun est en réalité plus petit que 1. — graphiques3.2 : sur données américaines, -0.4 — graphique 3.3 : sur données françaises, -0,15 — 1961 - 1980 : -0,17 — 1981 - 2000 : -0,4, croissance plus riche en emploi depuis début des années 80 Remarques : Le rôle de la constante dans l’équation estimée : interprétation pour l’équation américaine ut − ut−1 = −0, 4(gyt − 3%) Plusieurs différences avec l’équation (3.1)

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire

F. 3.2 — Chômage et croissance aux Etats-Unis, 1970 - 2000

F. 3.3 — Croissance et chômage en France, 1961 - 2003

69

70 1. 3% ? Traduit l’influence de 2 facteurs négligés dans l’équation (3.1) (a) Taux de croissance de la population active ut = 1 −

Nt Lt

Avec un taux de croissance de Lt de 1,7%, pour que ut reste constant, il faut que Nt progresse de 1,7% (b) Taux de croissance de la productivité Supposons que la fonction de production s’écrive Yt = ANt Si l’emploi croît de 1,7% par an et la productivité du travail de 1,3% = la production croît de 3%. Intuition : — la population active croît, donc pour maintenir le taux de chômage constant, il faut de manière continue une hausse de la production — la productivité du travail croît, donc les firmes pourraient produire autant avec moins de travailleurs. Pour maintenir le taux de chômage constant, il faut de manière continue une hausse de la production Pour maintenir le taux de chômage constant, la production doit croître de 3%. Ce taux de croissance de la production telle que le taux de chômage est constant est appelé taux de croissance potentielle ut − ut−1 = −gy 2. Coefficient devant gyt n’est pas -1. Pourquoi ? (a) croissance de la production de 1% = +0,6% d’emploi, -0,4% de chômage. — Certains travailleurs sont nécessaires quel que soit le niveau de production : exemple : comptabilité, ressources humaines, nombre de personnes indépendant du niveau de production (vrai dans une certaine mesure) — Rétention de main d’oeuvre : formation de nouveaux employés est coûteuse — croissance soutenue : peu d’embauches supplémentaires, faire travailler davantage leurs salariés déjà formés — croissance ralentie : firmes gardent leurs employés plutôt que de les licencier, pour éviter de payer les coûts de formation en cas d’embauche lors de la prochaine reprise économique (b) Augmentation du taux de participation au marché du travail : quand l’emploi augmente = marché du travail dynamique, augmentation de la probabilité de trouver un emploi, les personnées inactives (chômeurs découragés, femmes au foyer, ...) se mettent à chercher un emploi, sont alors comptés comme chômeurs donc faisant partie de la population active. Donc la hausse de la production s’accompagne d’une hausse du taux de chômage avant la hausse de l’emploi (qui intervient donc + tard)

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire

71

F. 3.4 — Coefficient β de la loi d’Okun et Indice de protection de l’Emploi (OCDE 1999)

La loi d’Okun ut − ut−1 = −β(gyt − g¯y ) — g¯yt le taux de croissance potentielle de l’économie. — β mesure comment un excès de croissance par rapport à la croissance potentielle se traduit en baisse de chômage. β = +0, 4 pour les Etats-Unis, et la France (depuis 1981) Loi d’Okun dans la monde Le graphique 3.4 reporte — le coefficient β estimé par Blanchard et Cohen sur la loi d’Okun pour 4 pays dans la période 1981 - 2000 — l’indice de protection de l’emploi, OCDE, 1999 : — licenciement : plan social obligatoire en cas de licenciement collectif, autorisation administrative en cas de licenciement — recours au CDD : nombre de renouvellement, soumis à motif objectif Coefficient β dépend de l’organisation interne de l’entreprise et de la législation concernant les licenciements et l’embauche — Japon : sécurité de l’emploi, variations de la production a peu d’effets sur l’emploi — Etats-Unis : contraintes sociales et légales sur embauches et licenciement sont faibles — Allemagne : contraintes sur licenciement (coût du licenciement, autorisation de l’Etat pour licencier, ...) Hausse du β : moins de protection de l’emploi, graphique 3.5.

72 F. 3.5 — Indice de protection de l’emploi dans les années 80 et les années 90. Source : OCDE, Perspectives de l’emploi 2004. LPE : L égislation en faveur de la Protection de l’Emploi

3.1.2

La courbe de Phillips : du chômage à l’inflation

Relation entre écart du taux de chômage au NAIRU et taux d’inflation π t = π et − α (ut − un ) avec π et = π t−1 : anticipations adaptatives θ = 1 π t = π t−1 − α (ut − un )

3.1.3

La relation de la demande globale : de la croissance de la masse monétaire et de l’inflation à la croissance

La demande globale issue de IS / LM :   Mt Yt = Y Gt , Tt , Pt Simplification : Théorie Quantitative de la monnaie Yt = γ

Mt Pt

(3.2)

La courbe LM est verticale. Pour une quantité de bien produite donnée (Yt ), l’économie a besoin en termes t réels de M quantité de monnaie pour assurer les transactions. La différence entre Pt les 2 quantités peut provenir de la vitesse de circulation de la monnaie : γ = PMY Combien de fois la monnaie change-t-elle de mains ? exemple :

73

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire

F. 3.6 — Expansion de la masse monétaire dans le modèle IS / LM avec LM verticale

— PY=5 millions, M = 5 millions, pour échanger les biens, la monnaie change 1 fois de mains — PY=5 millions, M = 2.5 millions, pour échanger les biens, la monnaie change 2 fois de mains vitesse de circulation de la monnaie =

Nominal GDP Money Supply

Vitesse elevée : la monnaie circule rapidement, une petite quantité de monnaie suffit pour couvrir un nombre élevé de transactions, la monnaie change de mains très frequemment On retrouve les effets usuels de la politique monétaire expansionniste avec une courbe LM verticale (graphique 3.6) : le taux d’intérêt baisse, ce qui relance l’investissement, donc la demande de bien La relation dynamique (en taux de croissance) : l’équation (3.2) conduit à gyt = gmt − π t Hypothèse : vitesse de circulation de la monnaie est constante Démonstration : Rappel : d ln X dt

d ln X dX dX dt 1 dX = = taux de croissance de X X dt =

(3.3)

74 Or, ln(Y Z) = lnY + lnZ donc d ln(Y ) d ln(Z) d ln(Y Z) = + dt dt dt = taux de croissance de Y + taux de croissance de Z — Le taux de croissance d’un produit est la somme des taux de croissance — Le taux de croissance d’un ratio est la différence des taux de croissance

3.2

Le moyen terme

Notre maquette de l’économie dynamique contient 3 équations — La loi d’Okun (définition du taux de chômage, ajustement sur le marché du travail organisation de la firme, institutions sur le marché du travail) détermine si la croissance de l’activité économique est riche en emploi — La courbe de Phillips (maximisation du profit de l’entreprise + négociations salariales) — La courbe de demande globale (IS et LM) Ces 3 équations sont : ut − ut−1 = −β(gyt − g¯y ) π t = π t−1 − α (ut − un ) gyt = gmt − π t

(3.4) (3.5) (3.6)

Ces équations caractérisent la dynamique de — la masse monétaire — le taux d’inflation — le taux de croissance du PIB — le taux de chômage Le système est a priori indéterminé, nous avons une variable endogène supplémentaire. Comment allons-nous nous servir de notre système dynamique ? Souplesse : se donner la trajectoire d’une variable et en déduire la comportement des autres. Exemple : la désinflation (se donner la trajectoire de π) Equilibre de long terme : Avant de s’attacher à la description de la dynamique de notre économie, caractérisons l’équilibre de long terme (appelé équilibre de moyen terme dans le manuel) = état tel que l’économie a atteint un équilibre = les variables ne bougent plus. Supposons que la croissance de la masse monétaire soit constante gmt = g¯m Ecrivons les équations (3.4) à (3.6) à cet équilibre ut − ut−1 = 0 = −β(gyt − g¯y ) ⇒ gyt = g¯y π t − π t−1 = 0 = −α (ut − un ) ⇒ ut = un gyt = gmt − π t ⇒ π = g¯m − g¯y Commentaires : π = g¯m − g¯y :

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire

75

F. 3.7 — Inflation et chômage à moyen terme

— A vitesse de circulation de la monnaie inchangée, Hausse de la quantité de biens disponibles dans l’économie (3% par xemple) = hausse proportionnelle de la quantité de monnaie dans l’économie (de 3%) — Si hausse de la quantité de monnaie dans l’économie de plus de 3% = monnaie "inutile" = inflation : si g¯m > g¯y alors π > 0. On retrouve neutralité de la monnaie à long terme : la monnaie n’a qu’un impact inflationniste. A long terme, le seul déterminant de l’inflation = le taux de croissance de la masse monétaire. Friedmand "la monnaie est toujours et partout un phénomène monétaire" graphique 3.7 : baisse du taux de croissance de la monnaie : — on reste sur le taux de chômage naturel — baisse du taux d’inflation : les prix croissent moins vite

3.3

Desinflation : le 1er aperçu

Résumé : 3 équations dynamiques — Loi d’Okun — courbe de Phillips — demande globale 4 variables : — taux de croissance de production — taux de croissance de prix — taux de croissance de masse monétaire — taux de chômage Comment utiliser notre modèle dynamique de l’économie ? se donner la trajectoire d’une variable, en déduire les autres.

76 Exemple : désinflation = trajectoire de l’inflation donnée. Sachant évolution dans le temps de l’inflation — Courbe de Phillips => évolution du taux de chômage — Loi d’Okun => évolution du taux de croissance du PIB — demande globale => évolution de la masse monétaire Devinons les effets de cette désinflation : — baisse de l’inflation => hausse du taux de chômage au - dessus de son niveau naturel — ensuite, on sait qu’à long terme, retour vers le taux de chômage naturel (équilibre de long terme) = hausse temporaire du chômage au dessus de son niveau de long terme, pendant combien de temps ? forte baisse de l’emploi ? = loi d’Okun (déduire de la trajectoire du taux de chômage, ce qu’il en découle pour la croissance économique) : récession économique temporaire puis retour vers taux de croissance potentiel, , pendant combien de temps ? forte baisse de l’activité ?

3.3.1

Conséquences sur le chômage : combien de chômeurs pour combien de temps ?

Courbe de Phillips π t = π t−1 − α (ut − un ) Estimations empiriques : α = 1 π t = π t−1 − (ut − un) Exemple : désinflation de 14% à 4%. En combien de temps ? — Exemple : 1 an π t − π t−1 = −10% = − (ut − un ) donc hausse du taux de chômage de 10% au dessus du taux naturel — Exemple : 2 ans, chaque année π t − π t−1 = −5% = − (ut − un ) — donc hausse du taux de chômage de 5% au dessus du taux naturel pendant 2 ans La banque centrale peut modifier la vitesse d’ajustement mais ne peut pas changer le % d’augmentation de chômage par rapport au taux de chômage naturel = 10% en cumulé sur toutes les années. Arbitrage entre durée et ampleur de l’ajustement — lente montée du chômage étalée sur plusieurs années — très fort chômage pendant peu de temps

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire

77

Ratio de sacrifice = hausse du taux de chômage au-delà du taux naturel qu’il faut accepter pour baisser l’inflation de 1% Ratio de sacrif ice =

points de chômage supplémentaire baisse de l’inflation

Sur une période T donnée : Ratio de sacrif ice =

(u1 − un ) + (u2 − un ) + ... + (uT − un ) π0 − πT

combien de % de chômage sont nécéssaires pour réaliser une baisse donnée de l’inflation ? Exemple : α = 0.5 désinflation de 1%, (π t − π t−1 ) = −1% π t − π t−1 = −α (ut − un ) 1 ut = un − (π t − π t−1 ) α — le taux de chômage augmente de α1 % au dessus du taux de chômage naturel pour une désinflation de 1%. — Le ratio de sacrifice = α1 dans le cas des anticipations naïves Le ratio de sacrifice ne dépend pas du nombre de périodes choisies par la banque centrale pour réduire l’inflation. Toutefois, ce choix de timing n’est pas neutre pour la croissance économique Croissance économique ut − ut−1 = −β(gyt − g¯y ) 10% = −0, 4(gyt − 3%) −10% gyt = + 3% = −22% 0, 4 — Enorme récession (à titre de comparaison, Grande Dépression des années 30 : -15% en 1931 aux Etats-Unis) — Taux de chômage élevés, faillite d’entreprises, impossible pour une économie de se relever après une telle récession

3.3.2

A la recherche du sentier optimal de la masse monétaire

Exemple : désinflation de 14% à 4%. — La banque centrale ne contrôle pas l’inflation, elle contrôle la masse monétaire. Quel sentier de croissance de la masse monétaire la banque centrale doit-elle choisir ? — Quelles conséquences sur l’économie ?

78 T. 3.1 — Sentier de désinflation Période

πt ut gyt gmt

Pré0 14% 6% 3% 17%

Equation

Désinflation 1 2 3 12% 10% 8% 8% 8% 8%

4 6% 8%

5 4% 8%

Post-desinflation 6 7 8 4% 4% 4% 6% 6% 6%

ut = un − α1 (π t − π t−1 ) t−1 gyt = g¯y − ut −u -2% 3% 3% 3% 3% 8% 3% 3% β gmt = gyt + π t 10% 13% 11% 9% 7% 12% 7% 7%

Tableau 3.1 : Sentier de désinflation sur 5 années pour les valeurs suivantes : 1 =1 α g¯y = 3% un = 6% β = 0, 4 Graphique 3.8 : trajectoire du taux de croissance de la masse monétaire semble bizarre — Année 1 : — pour réduire l’inflation, la banque centrale doit réduire de manière drastique la masse monétaire, — politique monétaire très restrictive => crise économique temporaire (baisse du PIB) — Ensuite : la banque centrale sait que le taux de chômage doit rester constant (à 8%, soit 3% de taux de croissance de PIB par la loi d’Okun) tout au long de la désinflation (courbe de Phillips). Donc, hausse de la masse monétaire en année 2 pour relever le taux de croissance du PIB — Année 6 : Retour du taux de chômage à son niveau naturel, rendu possible par une hausse de la masse monétaire, politique de demande expansionniste Trajectoires — Autre représentation du sentier de désinflation. graphique 3.9. — Autres trajectoires possibles graphique 3.10 Conclusion : — Approche traditionnelle : dans la désinflation, la banque centrale ne peut que choisir comment étaler le ratio de sacrifice, l’augmentation du taux de chômage requise pour atteindre la désinflation. — Cause de la récession : anticipations adaptatives des salariés. Ils sur-estiment l’inflation pendant toute la durée de la désinflation (tableau 3.2). Ils mettent du temps à ajuster leurs anticipations d’inflation, ils mettent du temps à se rendre compte de la baisse de l’inflation, le salaire nominal est trop élevé

3.4

Anticipations, crédibilité et contrats nominaux

Deux critiques à l’approche traditionnelle : — la critique de Lucas

79

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire

F. 3.8 — Sentier de desinflation

F. 3.9 — Un sentier de désinflation

T. 3.2 — Sentier de désinflation et anticipations de prix des salariés Période

πt ut gyt gmt π et π et − π t

Pré0 14% 6% 3% 17% 14% 0%

Désinflation 1 2 12% 10% 8% 8% -2% 3% 10% 13% 14% 12% 2% 2%

3 8% 8% 3% 11% 10% 2%

4 6% 8% 3% 9% 8% 2%

5 4% 8% 3% 7% 6% 2%

Post-desinflation 6 7 8 4% 4% 4% 6% 6% 6% 8% 3% 3% 12% 7% 7% 4% 4% 4% 0% 0% 0%

80 F. 3.10 — Sentier de désinflation : autres trajectoires possibles

Autres trajectoires possibles

— rigidités nominales

3.4.1

Anticipations et crédibilité : la critique de Lucas

Critique de Lucas — A la suite d’un changement de politique économique, modification des anticipations des agents. Or l’approche traditionnelle fait l’hypothèse que les anticipations des agents sont identiques tout au long de la trajectoire de désinflation = les agents sont idiots ? Ils continuent à former des anticipations à π et = πt−1 alors que la banque centrale a annoncé une désinflation de 2% pendant 5 ans. — Lucas : — les agents tiennent compte de la politique de désinflation de la banque centrale dans la détermination des salaires nominaux, ils révisent à la baisse leurs anticipations d’inflation futures — conséquence : désinflation sans récession. Intuition : les salariés intègrent la baisse du taux d’inflation dans les négociations salariales, donc, le salaire réel n’est pas trop élevé Pour comprendre le raisonnement de Lucas, reprenons la courbe de Phillips π t = π et − α (ut − un ) 2 cas : — Si les anticipations ne sont pas modifiées π et = π t−1 , alors, seule une augmentation du taux de chômage au delà de son taux naturel parvient à réduire l’inflation — En revance, si les agents intègrent dans leurs anticipations, le succès de la

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire

81

politique de la banque centrale, alors π et = 4% et π t − π et = −α (ut − un ) 4% − 4% = −α (ut − un ) Le taux de chômage peut rester à son taux naturel. Intuition du mécanisme : baisse instantannée du salaire réel,

Sargent : attention, au coeur de ce mécanisme, la crédibilité de la banque centrale — les salariés pensent que la banque centrale va effectivement parvenir à baisser le taux d’inflation à 4%. En l’absence de cette crédibilité, on revient au cas traditionnel. — un programme de désinflation clair et rapide est plus crédible qu’un programme long. Crédibilité = rapidité Critique possible : — cas traditionnel : politique rapide = coût élevé en emploi — Réponse de Sargent : Avec une politique crédible, réduction du coût en emploi d’une politique rapide

3.4.2

Rigidités nominales et contrats

Fisher et Taylor : les prix et les salaires sont fixés par des contrats nominaux pour un certain temps = même effets que les anticipations adaptatives = les salaires réels sont trop élevés, ils mettent du temps à intégrer la baisse de l’inflation

Fischer : — une baisse trop rapide de l’inflation = fort chômage. Car les salaires sont fixés pour plusieurs périodes, fondés sur les anticipations d’inflation passées. (graphique 3.11) — La réduction de l’inflation ne peut donc passer que par une hausse temporaire du chômage Conséquence : la politique de désinflation doit être annoncée bien à l’avance pour que les firmes et les salariés intègrent cette dimension dans les négociations salariales. (graphique ??) Taylor : Echelonnement des décisions salariales Tous les salariés ne négocient pas leur salaire en même temps : Graphique 3.13 : 2 secteurs dans l’économie — Secteur A : salaires négociés avant la désinflation, fondé sur une inflation à 14% = salaires nominaux élevés

82

F. 3.11 — Contrats nominaux

Contrat de salaire fixé pour 3 ans, fondé sur inflation anticipée = 14%

temps

t +1

t

2 années pendant lesquelles le salaire réel est trop élevé

Désinflation de 14% à 4%

F. 3.12 — Annonce de désinflation Contrat de salaire fixé pour 3 ans, fondé sur inflation anticipée = 14%

t

temps

t +1 t+3 : 2 ans + tard désinflation ANNONCE de désinflation de 14% à 4%

83

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire F. 3.13 — Contrats échelonnés de Taylor Contrat de salaire fixé pour 3 ans, fondé sur inflation anticipée = 14%

SECTEUR A

temps

t +1

t

Désinflation

SECTEUR B

Contrat de salaire fixé pour 3 ans, fondé sur inflation anticipée = 4%

t

t +1 Désinflation

temps

— Secteur B : la renégociation a lieu l’année du début de la désinflation, donc, si crédibilité de la banque centrale, intégration de cette désinflation dans les négociations salariales, baisse du salaire nominal mais Taylor : — salariés ne veulent pas gagner moins d’un seul coup que leurs homologues du secteur A, ils veulent préserver leur salaire relatif (relativement aux autres travailleurs dans l’économie) donc frein à l’ajustement à la baisse des salaires nominaux, une baisse trop rapide des salaires nominaux ne conduit pas à une baisse rapide de l’inflation — Taylor va plus loin que Ficher : désinflation = encore plus lente que celle proposée par Fischer, le temps que tous les contrats imbriqués s’ajustent lentement Taylor estime un modèle avec échelonnement de salaire sur l’économie américaine. Le graphique 3.14 montre un sentier de désinflation compatible avec un taux de chômage constant. — Pendant la faible désinflation (trimestres 1 à 9) : baisse très progressive de la masse monétaire, les salaires présents dans l’économie ont été négociés sachant une inflation plus élevée. le temps que tous les contrats imbriqués intègrent une nouvelle inflation — Ensuite, accélération de la désinflation, renouvellement de tous les contrats de salaire dans l’économie. Crédibilité de la banque centrale est encore une fois au coeur de ce mécanisme : — la banque centrale doit annoncer l’ensemble de la trajectoire avant la désinflation. Est-il crédible que dans 2 ans, la banque centrale mettra en place en accélération de la désinflation ? — Plaidoyer en faveur d’une désinflation lente mais crédible : moins coûteuse en termes de chômage

84 F. 3.14 — Désinflation sans chômage dans le modèle de Taylor

F. 3.15 — Taux d’intérêt et inflation aux Etats-Unis, 1979 - 1984

3.5

Un exemple : la désinflation américaine 1979 - 1985

Le graphique 3.15 résume la situation en 1979 : — taux d’inflation élevé = 10% en 1979, nécessite de procéder à une désinflation. Août 1979, le président Carter nomme Paul Volcker à la tête de la banque centrale américaine. — baisse progressive du taux d’inflation, désinflation réussie mais à quel prix ? Tableau 3.3 et graphiques 3.16 et 3.17 : gains de crédibilité ? — Approche traditionnelle prédit que le ratio de sacrifice est proche de 1. Gain de crédibilité si le ratio de sacrifice est faible et inférieur à 1 (cf : arguments de Lucas - Sargent et Fischer - Taylor : crédibilité diminue le ratio de sacrifice) — Ratio de sacrifice faible dans les annéées 1981, 1982. Les autres années, ratio

85

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire T. 3.3 — Désinflation américaine : 1979 - 1985 1979 2,5 5,8 13,3

1980 -0,5 7 12,5 1

1981 1,8 7,6 8,9 1,6

1982 -2,2 9,7 3,8 3,7

1983 3,9 9,6 3,8 3,6

1984 6,2 7,5 3,9 1,5

1985 3,2 7,2 3,8 1,2

1

2,6

6,3

9,9

11,4

12,6

Désinflation : −(π t − π t−1 )

0,8

3,6

5,1

0

-0,1

0,1

ann´ ee

0,8

4,4

9,5

9,5

9,4

9,5

1,25

0,59

0,66

1,04

1,21

1,33

gyt ut πt ut − un avec un = 6% ann´ ee (ut − un ) t=1

−(π t − π t−1 )

t=1

Ratio de Sacrifice =



ann´ ee

(ut −un )

t=1 ann´ ee



−(π t −π t−1 )

t=1

de sacrifice >1 : Pour chaque % de réduction de l’inflation, hausse plus que proportionnelle du taux de chômage Aujourd’hui ? Graphiques 3.18 et 3.19, Greenspan nommé en 1987 Autre épisodes : Ball Ball estime les ratios de sacrifice de 65 désinflations dans 19 pays de l’OCDE — diversité des institutions sur les marchés du travail — Diversité des crédibilités des banques centrales Résultats : tableau 3.20 — Aucun ratio nul — hausse temporaire du chômage, la croissance de la masse monétaire n’est pas neutre à court terme — désinflations rapides = ratios de sacrifices plus faibles (Lucas et Sargent : effets d’anticipations sont à l’oeuvre) — ratios de sacrifices plus faibles dans pays où contrats salariaux sont plus courts, ce qui confirme Taylor et Fischer

86

F. 3.16 — Sentier de désinflation à la volker

F. 3.17 — Désinflation à la Volker

Inflation, activité et croissance de la masse monétaire

87

F. 3.18 — Politique de Greenspan

F. 3.19 — Une courbe de Phillips place depuis les années 90 ? Source : cours INSEAD, Fatas, session 11

88

F. 3.20 — Résultats de Ball, NBER Working Paper 4306