Le Rock de A À Z (Jean Marie Leduc, 1999) [PDF]

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Zitiervorschau

JEAN-MARIE LEDUC

ALBIN

JEAN-NOEL OGOUZ

MICHEL

SSTII3 LE ROCK DE A à Z

Ouvrages de Jean-Marie Leduc Le Dico des musiques (Le Seuil) Rock Vinyl (Le Seuil) Rock Babies (Le Seuil) Louis Armstrong (Le Seuil) U 2 (Albin Michel) Sting et Police (Albin Michel) Jacques Higelin (Albin Michel) Pink Floyd (Albin Michel et Seghers) Carolyn Carlson (Albin Michel)

sigü a LE ROCK DE A à Z Nouvelle édition augmentée Jean-Marie LEDUC et Jean-Noël OGOUZ avec la collaboration de Stan Cuesta et Loïc Picaud

ALBIN MICHEL

© Éditions Albin Michel, S.A., 1999 22, rue Huyghens, 75014 Paris ISBN : 2-226-11035-6

« Le rock dit à la vie : "je suis dans le coup, je suis bien. Oublie tes ennuis et prends du bon temps../' En même temps, on peut lui trouver un contenu si c'est ça qu'on cherche. »

Pete Townshend

« Le rock a beaucoup d'importance parce qu'il est assez primaire, et parce que le vrai rock, c'est pas de la merde, et son rythme te pénètre facilement. Va voir dans la jungle, ils ont le rythme dans la peau, et ils le font circuler dans le monde entier... c'est aussi simple que ça. »

John Lennon

« Mais contre quoi vous révoltez-vous ? - Ça dépend, qu'est-ce que vous avez ? »

Marion Brando (L'Equipée sauvage)

«

Who cares... »

Eddy Cochran

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Z

c Voici la cinquième édition du

Rock de A à Z. Cette nouvelle version de 800 pages

(c'est i'escalade !) n'est pas exhaustive. Mais elle se veut fournie et elle contribue à cerner un genre désormais à peu près fixé dans le temps. Une musique populaire qui a quasiment bouclé sa boucle et rempli son contrat : bousculer l'Occident et sa culture. Qui porte généreusement ses couleurs et ses formes face au rap, à la dance et à tous les genres de fusion et de pop à la mode. Qui se réinvente à chaque génération, voire à chaque instant. Dans son roman de 1997,

Haute Fidélité (Plon), l'écrivain anglais Nick Hornby

pense que toute personne sérieuse doit posséder au moins 500 disques. Et il pose LA question : « Est-ce que je me suis mis à écouter de la musique parce que j'étais malheureux ? Ou étais-je malheureux parce que j'écoutais de la musique ? » La question n'est pas exclusive au rock. Mais elle ne rend pas compte complètement du phénomène musical populaire le plus important des cinquante dernières années. Et d'une autre question : « l'amour du rock peut-il devenir un art de vivre, une morale ou un simple divertissement ? »

Jean-Marie Leduc et Jean-Noël Ogouz

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révolution, accélérée par la quasi-disparition du support vinyle et l'agonie du format cassette. Et on annonce le remplacement du compact dise par les nouveaux supports DVD et minidiscs, et la boîte de Pandore du multimédia est largement ouverte... Le nombre de références de disques dans certains magasins peut dépasser les 100 000 unités. Et malgré la bonne volonté de notre éditeur, il n'était pas question d'inclure tous les artistes qui ont fait le rock d'hier et d'aujourd'hui dans notre Bible version an 2000, car ce dictionnaire aurait été d'un prix inabordable ! Mais cette cinquième édition est plus complète que les précédentes. Pour disposer de plus d'entrées, il n'y a aucune photographie ou memorabilia. Et les genres musicaux présentés et termes génériques (blues, rap, country, soûl, funk, reggae, etc.) ne sont pas si nombreux. Pour s'y retrouver dans la carte des musiques populaires électriques modernes, se reporter au récent

Dico des musiques de

Jean-Marie Leduc (Editions du Seuil). Dans le même ordre d'idée, un certain nombre d'artistes relativement connus ne figurent pas, toujours pour des raisons de place. Il s'agit de ceux qui n'ont pas exercé ou n'exercent pas encore d'influence notable, se contentant de gérer au mieux de leurs intérêts le fonds de commerce de l'histoire du rock. Objets d'une mode passagère ou d'une complaisance générale, ils n'ont pas leur place ici, et auraient fait de l'ombre aux créateurs reconnus. Un choix drastique (pour ne pas dire dramatique !) s'est encore imposé. Les auteurs ont décidé d'inclure : - des noms présents dans les trois premières éditions et absents de la quatrième (de 1990) ; -des artistes omis dans la quatrième édition qui se sont avérés incontournables depuis dix ans : reformations de groupes, retours d'artistes solo, ou influences notables sur les nouvelles générations ; - les nouveaux, des plus importants (artistiquement et commercialement) aux plus obscurs (choix subjectif).

AVERTISSEMENT

Depuis la précédente édition, la production discographique a connu en dix ans une

Certains noms renvoient à d'autres (un artiste solo à un groupe, et inversement), dont l'œuvre nous a paru plus importante ou plus connue, et qui sont indiqués en gras. Dans le corps du texte, les titres de chansons sont indiqués entre guillements. Les titres d'albums, de films, de festivals, de livres, etc., en italique.

Discographies : un effort particulier a été entrepris afin de proposer des discographies le plus complètes possibles. L'astérisque après un titre d'album indique qu'il s'agit d'une compilation de l'artiste en question - nous ne parlons pas ici des compils multi-artistes de hits ou à thème en général intitulées Best Of, Very Best Of ou Greatest Hits. Certaines compils contiennent des titres remixés et/ou inédits. La compagnie éditrice ou distributrice, originale ou actuelle, de l'album est indiquée entre parenthèses après son titre, ou après deux ou plusieurs albums distirbués par la même compagnie. Le tiret qui sépare certaines indique qu'il existe pour le même disque des distributeurs différents (aux USA et en GB par exemple), ou que le distributeur actuel est différent du distributeur original, ce qui est fréquent depuis l'invention du CD et les rééditions multiples de ces quinze dernières années. Si aucun distributeur connu (WEA, Sony, EMI, Universal, BMG, Virgin, etc.) n'est indiqué, c'est que le disque n'est souvent disponible qu'en importation. Et même si une marque est indiquée, cela ne signifie pas que la compagnie française le possède encore à son catalogue, ou même qu'elle l'ait publié lors de la parution dans le pays d'origine. Les numéros de référence sont absents, ceux-ci changeant au cours des années ou au gré des distributeurs. Il faut savoir chiner dans les bacs des magasins spécialisés (dans l'importation et/ou l'occasion), et dans les foires, braderies ou conventions, pour trouver la pièce recherchée. Entre-temps, elle a pu faire l'objet d'un (re)pressage proposant des titres différents ou supplémentaires et un visuel différent de l'original. De plus en plus de parutions historiques font l'objet d'une nouvelle publication remastérisée avec des titres inédits et un livret plus ou moins bien documenté. Celles-ci sont parfois indiquées dans le cas d'albums importants ou indispensables. A noter que beaucoup des premières rééditions en CD de fonds de catalogues (de la deuxième moitié des années 80) sont de piètre qualité et de qualité inférieure au vinyle. Enfin, lorsqu'un single ou un album dépasse une certaine vente, les maisons de production le distinguent par le biais de disques d'or, de platine ou de diamant remis aux artistes, qui bien sûr ne possèdent de valeur marchande que le nom (ces CD ne sont bien sûr ni en or, ni en argent, ni en platine !). Les quotas, contrôlés par le Syndicat national de l'édition phonographique en France, étaient en 1999 :

125 000

Single or

250 000

Single platine

500 000

Single diamant

750 000

Album or

100 000

Double album or

200 000

Album platine

300 000

Double album platine

600 000

Triple album platine

900 000

Album diamant

1 000 000

Vidéo or

10 000

Vidéo platine

20 000

Vidéo double platine

40 000

Triple platine

60 000

Diamant

100 000

En Grande-Bretagne : single argent : 250 000, or : 500 000/ platine : 1 million. Album argent : 60 000, or : 100 000, platine : 300 000. Aux USA : or : 1 million de singles ou 500 000 albums. Platine : 2 millions de singles, 1 million d'albums. Sites Web : le choix peut s'être porté non sur le site « officiel » de l'artiste (qui renvoie souvent à son éditeur ou producteur discographique), mais sur un site de fan isolé et bien ficelé, ou de son fan club. Il a été pris en considération sa fiabilité, son actualisation fréquente et son délai de chargement. Attention, certains sites peuvent être aujourd'hui fermés ou en « reconstruction ».

Définitions : Les Anglo-Américains désignent par « combo » un groupe, une formation musicale.

long playing, ce format a été remplacé par le CD dans les années 80. Un EP, extensive playingest un support de six-huit titres. Et le Un LP est un album vinyle

« simple », le « single » a remplacé le 45 tours des années 60. On entend par demo une maquette de disque.

AVËRTISSËM ENT

Single argent

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AC/DC « Il n’y a pas de mystère, AC/DC, c’est seule¬ ment de la musique... » (Angus Young). Le hard, la fraction dure du rock, a produit une di¬ zaine de groupes inoubliables. Les groupes fon¬ dateurs, légendaires : Led Zeppelin, les Stooges, Deep Purple et quelques autres. Et ce groupe, devenu une référence universelle grâce à une équation magique : électricité, honnêteté, un brin de fantaisie et une présence scénique exceptionnelle. En 1963, la famille Young, qui raffole du rock, quitte son Ecosse natale pour s’établir en Australie. Les deux fils cadets sont du voyage. Ils sont bientôt fiers des succès de leurs aînés, en particulier de George Young ve¬ dette en 65 de son groupe, les Easybeats, les « Beatles australiens ». Ils forment à Sydney en 73 AC/DC, qui signifie « courant alternatif » et « à voile et à vapeur » : Malcolm Young (6/1/ 53), guitare rythmique, Dave Evans au chant, Rob Bailey et Peter Clark à la rythmique, et le benjamin des trois frères Young, Angus (31/3/ 59) à la guitare. Avec sa panoplie de collégien (pantalons courts, bretelles, calot), sa petite taille accentuée par une imposante guitare, sa maîtrise absolue du riff rock’n’roll, Angus devient le point de mire du groupe, reléguant presque dans l’ombre l’autre point fort d’AC/ DC, son deuxième chanteur, Ronald Belford alias Bon Scott (9/7/46), ex-Valentines, exFraternity. Pendant cinq ans, les ex-Easybeats Harry Vanda et George Young, producteurscompositeurs-arrangeurs, produisent les petits frères, en particulier à partir de 77 dans leurs studios d’Albert Productions à Sydney. La sec¬ tion rythmique est composée des solides Phil Rudd (19/5/54, batterie) et Cliff Williams (14/ 12/49 à Romford, Essex, basse), remplaçant de Mark Evans en 77 (natif de Melbourne en Aus¬ tralie). La nouvelle formation s’inspire d’un

groupe inconnu en Europe, Billy Thorpe and the Aztecs ; et elle donne son premier concert public le jour de l’an 73 dans un club de Sydney, le Chequers. « On jouait dans les bars, dans les bouges les plus minables de Sydney et de Mel¬ bourne, les plus louches, se souvient A. Young. Je sautais de table en table pour semer un peu la pagaille. Et je passais la moitié de mon temps à me battre. Car il était capital de donner aux gens quelque chose à voir... » BON SCOTT. Après un premier 45 t enre¬ gistré avec l’aide du grand frère George, AC/ DC trouve sa formule définitive. D’abord in¬ fluencé par les Who et les Rolling Stones, AC/ DC se dote d’un répertoire original. Les deux frères Young composent la musique et B. Scott écrit les textes. Leurs deux premiers albums sont remarqués : TNT (comme l’explosif du même nom) en 75 et High Voltage (Haute Ten¬ sion) produit par George, l’année suivante, qui atteint le sommet des classements australiens. Le groupe passe à la moulinette électrique blues, rock et boogie. Précédé d’une réputation de bêtes de scène, il s’expatrie en Angleterre et reprend tout à zéro, un soir du printemps 76, au club Red Crow de Londres. Sa carrière in¬ ternationale s’accélère : il se produit pour la première fois à Paris le 13/10/76. Angus fait merveille : il est l’incarnation des rêves juvéni¬ les de millions d’écoliers et de lycéens, de « school-kids » comme on dit dans les pays anglo-saxons. Après Let There Be Rock en 77, en pleine vague punk, véritable résumé cin¬ glant de l’histoire du rock depuis 1955, leur pre¬ mier disque en public If You Want Blood, You’ve Got It (Si vous voulez que ça saigne, ça va saigner...) de 78 restitue des prestations scé¬ niques inoubliables. Les USA ouvrent les bras à leur hard-boogie. « Highway To Hell » de juillet 79, comme son titre l’indique, décrit un 15

AC/DC

style de vie libre et excessif. « Pas de panneau Stop, pas de limitation de vitesse, personne ne me fera ralentir, je suis sur l’autoroute pour l’enfer... » Highway To Hell, best-seller mon¬ dial, est n° 8 en GB et 17e aux USA (plus d’un demi-million de ventes en France). En août, ils supportent avec succès leurs idoles, les Who, au stade de Wembley à Londres. Leur «Auto¬ route pour l’enfer » est un sommet dans la car¬ rière du groupe. Des millions de fans jouent à fond, dans leur voiture ou sur leur chaîne, « Girls Got Rhythm », « Walk Ail Over You », « Touch Too Much », « Shot Down In Fi⬠mes »... Mais B. Scott, fêtard invétéré, meurt de froid, étouffé par une ivresse de whisky, sur le siège arrière de sa voiture, dans la nuit du 19/ 2/80. Le groupe se trouve un nouveau chanteurbeugleur à casquette, un Anglais pur sucre amateur de bière et de rock dur, Brian John¬ son, surnommé « Jonna », ex-Geordie, né à Newcastle en 48. L’intégration réussit. Angus entame la seconde étape de sa carrière. Il adore Paris, vient répéter et enregistrer porte de Bercy et se produit au Zénith en 80,81, 82. En avril 80, les Australo-Ecossais s’envolent pour les Bahamas afin d’enregistrer dans les studios Compass le successeur de Highway To Hell, dé¬ dié à B. Scott, Back In Black, instantanément double disque d’or en France (et 700 000 ventes depuis). Sous une pochette noire, il s’ouvre sur « Hells Bells » au tocsin funèbre. On y trouve quelques-uns des meilleurs soli d’Angus et des échafaudages rythmiques qui renvoient aux meilleurs moments des grands groupes du genre. Il s’en vend plus de 12 millions d’exem¬ plaires aux USA. Désormais, la lourde cloche de l’enfer signalera sur scène l’arrivée de son chanteur dans un cérémonial très au point qui prend toute sa dimension dans les stades amé¬ ricains et les festivals. AC/DC triomphe dans le monde entier fin 81 avec le monumental For Those About To Rock We Salute You (au titre inspiré par l’hommage des gladiateurs aux em¬ pereurs romains, « ceux qui vont mourir te sa¬ luent »). Il joue avec cloches et canons en 81 et 84 devant 70 000 spectateurs au méga-festival hard-metal de Donnington en Angleterre, puis connaît une relative baisse de forme artistique et de popularité due à une concurrence féroce et une radicalisation du hard rock (le hardcore et le thrash-metal) entre 83 et 88. Après le rem¬ placement du batteur gaucher P. Rudd par Si¬ mon Wright en 85, sa BO Who Made Who de l’unique film réalisé par l’écrivain Stephen 16

King en 86, Maximum Overdrive, est pourtant un succès aux USA. AC/DC inaugure la décennie 90 avec l’excel¬ lent The Razors Edge, un retour à ses sources avec son meilleur titre depuis neuf ans, « Thunderstruck », qui ouvrira ses concerts des années 90. Il conserve une formidable popularité et en¬ registre pendant sa tournée mondiale 90-91, à travers 21 pays et 153 shows, un Live-Best O] historique (double CD et vidéo), une vente phénoménale (pour un double album live) dans le monde entier, sauf aux USA. En 93, il com¬ pose pour le film The Last Action Hero le sim¬ ple « Big Gun ». La vidéo fera parler, car Ar¬ nold Schwarzenegger y fait une apparition humoristique remarquée. Ballbreaker produit en 95 par Rick Rubin est « un putain d’album » (Philippe Manœuvre) avec un solo d’antholo¬ gie d’Angus sur « The Furor » et un « Boogie Man » terrifiant. Ce groupe spectaculaire sur scène (ses vidéos live) a en France vendu 5 mil¬ lions de disques. Comme il aime à le répéter, AC/DC n’est pas un groupe de singles : « Notre but, c’est de faire à chaque fois au moins dix ou douze chansons et qu’il n’y en ait pas une seule qui soit taillée pour faire un tube. Nous ne som¬ mes pas les rois des n° 1. On en a eu deux, je crois, et on fait avec..., avoue A. Young. Cer¬ tains nous demandent si nous allons mettre la clef sous le paillasson ? Mais je ne vois pas ce que je pourrais faire de mieux... AC/DC, c’est mon éclate ! » ■iM Dirty Deeds Doue Dirt Cheap / High Voltage / Let There Be Rock / Powerage / If You Want Blood... / Highway To Hell / Back In Black / For Those About To Rock / Flick Of the Switch / ’74 Jailbreak [mini live] / Fly On the Wall / Who Made Who / Blow Up Your Video / The Razors Edge / Live / Ballbreaker / coffrets Bonfire* (East West). Bon Scott With Fraternity : Livestock (Archive Recordings). U AC/DC, par T. Chatain (Albin Michel) / AC/DC, par Malcolm Done (Proteus)/ AC/DC, An Illustrated Collectors Guide, par ChrisTesch/The World’s Most Electrifying Rock & Roll Band, par Malcolm Dôme. EflLet There Be Rock /Fly On the Wall /Who Made Who / Clipped / Live At Donnington/ No Bull-Live In Madrid (WMV). http://wl.lll.telia.com/~ulll02242/riffraffhome.htm http://www.cbu.edu/~anarvaez/augus.html

BRYAN ADAMS Le rocker-canadien depuis 1981. Né le 5/11/59 à Kingston (Ontario), il commence à jouer de la guitare et à chanter à 16 ans. Il rencontre en 77 le batteur Jim Vallance avec lequel il va

(pour lequel il écrit « When the Night Cornes » en 89) et Charlie Sexton. En 87, à celui de Carly Simon, Corning Around Again, eh 89 à Green Peace, en 90 à celui de Roger Waters, Tide Is Turning, en 95 à celui de Bonnie Raitt, Road Tested, en 96 à celui de Barbra Streisand et de Rod Stewart, If We Fall In Love Tonight, et il chante en 98 en duo avec la Spice Girl Mel C. Il fait ses débuts au cinéma dans le film de Clint Eastwood, Pink Cadillac, en 89.

MM

B.A. ; You Want It / You Got It ; Cuts Like a Knife / Reckless / Into the Fire [coffret] / Waking Up the Neighbours / So Far So Good / Live (A & M) / So Far So Live Live ! Live ! Live ! (Alex)/ 18 ’til I Die ; MTV Unplugged [live] (A&M). http://www.bryanadams.com/

AEROSMITH Cette institution du hard rock US a vendu 52 millions d’albums entre 73 et 95, dont sept de Pump et de Get a Grip, et une dizaine de son Greatest Hits 80, Pandora’s Toys. Le groupe formé en 70 à Sunapee (New Hampshire) près de Boston (appelé à l’origine The Barn en sou¬ venir du club de la ville) signe son premier contrat discographique en 72, après un show au Max’s Kansas City de New York. Steven Tyler (né Steven Tallerico à New York le 26/3/48) chant, harmonica, flûte, Joe Perry (10/9/50 à Boston) et Brad Whitford (23/2/52) guitares, Joey Kramer (21/6/50) batterie et Tom Hamilton (31/12/52) basse débutent au Barn à 150 F par soir. La comparaison avec les Rolling Stones est immédiate : introductions et « atta¬ ques » tranchantes, et jeu de scène virevoltant de Tyler. Devient Aerosmith à l’occasion d’un premier album prometteur en automne 73, où sept titres originaux (« Make It » et « Marna Kin ») côtoient une reprise douteuse de Rufus Thomas. Débuts européens en 73-74 en pre¬ mière partie de Mott the Hoople et en 74-75, aux USA, de Blue Ôyster Cuit. Le remix de sa ballade au piano « Dream On » (la première d’une série, incluse dans leur premier album) est n° 6 début 76. L’excellent Toys In the Attic propose « Walk This Way », n° 10 début 7 7, re¬ pris neuf ans plus tard par le trio black rap Run DMC (Tyler et Perry apparaissent dans le clip vidéo de la première fusion rap-rock). A. lance son formidable Rocks le 10/5/76 avec un mémo¬ rable concert au Madison Square Garden. Sans hit, l’album se vend à plus d’un million d’exem¬ plaires grâce aux futurs classiques « Back In the Saddle », « Last Child » et « Sick As a Dog ». Il 17

AEROSM ith

constituer une paire d’auteurs-compositeurs redoutables. Premier album en 81 et début d’un cycle infernal de tournées (pas moins de 200 concerts par an jusqu’en 87). Il décroche la timbale en janvier 83 avec Cut Like a Knife et ses quatre tubes (« This Time », « Take Me Back », l’un de ses morceaux de bravoure en scène, « Cut » et la ballade « Straight From the Heart » repris par Bonnie Tyler, puis Anne Murray). Tina Turner enregistre avec lui en duo « It’s Only Love » pour Reckless dont les six hits américains lui permettent de rivaliser un temps avec Springsteen, Seger et CougarMellencamp : « Run To You », «Somebody », l’autobiographique « Summer Of 69 », « Heaven » (n° 1 aux USA), « Kids Wanna Rock » et « It’s Only Love ». Reckless, n° 1 aux USA, se vendra à 4 millions d’exemplaires (2 au Ca¬ nada). Sa participation à la tournée Private Dancer de T. Turner en 85 lui ouvre les portes de l’Europe, sauf en France où son style est jugé trop FM. Album 87 de la maturité plus dur, Into the Fire, accompagné des fidèles Keith Scott (guitare), Dave Taylor (basse) et Mickey Curry (batterie). Le premier simple « Heat Of the Night », inspiré du film Le Troisième Homme, réhabilite la guitare parlante (« talkingbox »). Avec un peu d’originalité, ce chanteur convaincant et mélodiste diabolique aurait pu devenir un grand. En 91 « (Everything I Do) I Do It For You », la chanson du film Robin Hood : Prince Of Thieves est un énorme succès, n° 1 USA et en Angleterre (15 semaines, re¬ cord historique). L’album triple platine Waking Up the Neighbours à l’automne 91 inclut « Can’t Stop This Thing We Started » (n° 2). En 92, sa compil So Far So Good propose un nouveau titre, « Please Forgive Me » (Top Ten). En 93, « Ail For Love », sa collaboration avec Rod Stewart et Sting pour le film Les Trois Mousquetaires, est n° 1 et « Hâve You Ever Really Loved a Woman ? », extrait de la BO de Don Juan DeMarco, son quatrième n° 1 (cinq semaines) à l’été 95. Un an plus tard, 18 ’til I Die est son premier album studio depuis Waking Up the Neighbours. Certains de ses ti¬ tres ont été repris par Kiss, Loverboy, 38 Spé¬ cial, Roger Daltrey (« Rebel »), Tina Turner (« Back Where I Started »), Juice Newton, Carly Simon (« It Should Hâve Been Me »), Joe Cocker (« On the Edge Of a Dream »), etc. Participation en 73 au Full Sail de Loggins & Messina, en 85 à USA for Africa, en 86 à l’al¬ bum de Tina Turner Break Every Rule, et à Tina en 89, aux albums de Dion, de Cocker

AEROSMITH

alterne l’année suivante le moins bon Draw the Line, et l’excellent avec une reprise du « Corne Together » des Beatles pour le film Sgt. Pepper’s dans lequel il apparaît sous le nom des Fu¬ ture Villains. Malgré l’honnête Night In the Ruts, produit par Gary Lyons (Foreigner, Queen), le groupe se sépare brièvement en pleine gloire en 80, usé par les drogues, l’alcool et les tournées. Et il publie Live Bootleg avec un hommage à James Brown, « Mother Popcorn ». Perry se lance en solo (le Joe Perry Project), réussissant en 80 et 81 Let the Music Do the Talking et I’ve Got the Rock’n’Roll Again (avec «No Substitute For Arrogance »). A. se reforme sans lui ni Whitford en 82 (remplacés par Jimmy Crespo - exThe Flame - et Rick Dufay), et il autoproduit son Once a Rocker, Always a Rocker en 83. Whitford forme un groupe avec l’ancien chan¬ teur de Ted Nugent, Derek St. Holmes (bel al¬ bum en 81 produit par Tom Allom (Judas Priest, Def Leppard). Rock in a Hard Place en 82 est un retour raté, malgré une version ico¬ noclaste du classique des années 50 « Cry Me a River » de Julie London. A. se dissout et se re¬ forme en avril 84 avec Perry et Whitford sur un nouveau label : Done With Mirrors (produit par Ted Templeman). En 85, leur retour au rock’n’roll de 73 n’est pas dans l’air du temps malgré une reprise de « Let the Music Do the Talking » de Perry qui ne sauve pas l’album. Tyler et Perry entreprennent une cure de dé¬ sintoxication réussie... Columbia en profite pour publier des bandes live de 73 à 86 bien meilleures que celles du Live ! Bootleg. Re¬ noue fin 87 avec le succès des années 75-79, se classe 4e meilleur groupe de l’année 88, et vend 5 millions de Permanent Vacation aux USA, consacré 10e album de l’année grâce au sau¬ tillant « Dude (Looks Like a Lady) » (vidéoclip grandiose, dont une version est censurée par la chaîne MTV, thème du film - en version live - Wayne’s World 2), et à la ballade « An¬ gel », n° 3 aux USA, le tout produit au Canada par le producteur local hard, Bruce Fairbain. A. résiste dans un genre impitoyable dominé par les jeunes loups et ses copains de Guns N’Roses (W. Axl Rose cite A. comme la prin¬ cipale influence de son groupe). A. boucle la décennie avec le succès de Pump et son jubilatoire « Love In an Elevator » (et « What It Takes »). Ce retour d’un groupe donné pour mort prouve sa constance, même si la majorité de ses hits sont désormais des ballades « lyriques ». Cette longévité est tempérée par des concerts 18

moins excitants ; mais il n’a jamais été aussi po¬ pulaire, ce que confirment en 93 « Livin’ On the Edge », « Cryin’ » et « Amazing » (les synthés et le solo de guitare de Perry) tirés de Get a Grip (et sa pochette en « peau de vache »), à nouveau produit par Fairbain, puis en 97 le dé¬ cevant Nine Lives (un succès commercial avec 4 millions d’albums vendus dans le monde). En 98, participe à la BO du film Armageddon et son dernier album chez Geffen, le double live A Little Touch ofSanity, soutenu par « I Don’t Want To Miss a Thing », est n° 1 en été. P ando ra’s Box (avec Tyler et son ancien groupe Chain Reaction) et Big Ones sont un excellent choix pour survoler la carrière de la bande à Tyler, dont la fille Liv, actrice, a débuté en 94 dans le film de Bruce Beresford, Silent Fall (puis a tourné Empire Records, Stealing Beauty). BBiM Aerosmith / Get Your Wings / Toys In the Attic / Rocks / Draw the Line / Live Bootleg / Night In the Ruts / Greatest Hits* / Rock In a Hard Place (Sony) / Done With Mirrors (Geffen)I Classics Live ! (Sony) / Permanent Vacation / Gems* (Sony)/ Pump (Gef¬ fen) / Classics Live ! Il / Pandora’s Box* [3 CD] (Sony)/Get a Grip / Big Ones * / Nine Lives (Geffen) / Pure Gold* (Sony)/ Anthology* (Raw Power)/Pan¬ dora’s Toys* /Best Of Pandora’s Box, Sony) I King Biscuit Radio Show (Strange Fruit)/ A Little Touch Of Sanity (Geffen) / Classics Live ! Complété* (Sony). HTH Dream On : Living On the Edge With Steven Ty¬ ler & Aerosmith, par Cyrinda Foxe-Tyler / A. Com¬ plété Guide To the Music, par Martin Power / Walk This Way : The Autobiography Of A., par Stephen Davis / Toys In the Attic, par Martin Huxley. http://www.geocities.com/SunsetStrip/3501

ALICE C00PER « C’est toute la réalité de la classe moyenne américaine que nous voulons refléter, mais de façon monstrueuse. Nous les faisons jouir. Et si leur plaisir vient de ce que nous leur pissons dessus, tant mieux... » A. C. connut à partir de 72 un succès planétaire en singeant un monde en pleine décomposition dans une formule scandaleuse de hard rock décadent. De 64 à 69, Vincent Furnier (fils d’un pasteur baptiste, des¬ cendant de La Fayette, né à Detroit le 4/2/48), Glen Buxton, guitare, Michael Bruce, guitare rythmique, Dennis Dunaway, basse et Neil Smith, batterie, jouent le répertoire des Rolling Stones sous les noms d’Earwings, Spiders, Nazz, à Phoenix, Los Angeles, Detroit ; avant de présenter sous le nom d’Alice Cooper (nom d’une sorcière du xve siècle dont Vincent F. se-

Fearless Versus the Zorg Women Parts 5 et 6 (Chrysalis, 75), Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (A & M, 78), en 79 au Rock’n’Roll High School des Ramones, et en 91 au Use Your Illusion I et II de Guns N’Roses. Parution début 99 de Humanitary Stew, album-hom¬

mage au vieux clown du « shock-rock » avec John Lydon (qui passa l’audition des Sex Pistols avec l’un de ses titres), Roger Daltrey,

Joe Elliott de Def Lep, Vince Neil, Ronnie James Dio, Don Dokken, et plus honorable¬ ment Steve Jones et les ex-Guns ’N’ Roses, Duff et Matt Sorum dans « Elected ». wm Pretties For You / Easy Action / Love It To Death / Killer / School’s Out / Billion Dollar Babies / Muscle Of Love / School Days* / Greatest Hits* (WB) /Welcome To My Nightmare (Anchor)lGoes To Hell / Lace And Whiskey / A.C. Show - Live / From the Inside / Flush the Fashion / Spécial Forces / Zipper Catches Skin / Da Da (WB) / Rock’n’Roll Revival : Toronto Live ’69* (Design)/ Ladies Man* (Thunderbolt) / Freakout Song* (Showcase) / Constrictor / Raise Your Fist And Yell (MCA)I Trash /Hey Stoopid / The Last Temptation (Epie) I Prince Of Darkness (MCA) I Beast Of* (WB) / A Fistful Of Alice : Live (EMI)I Live At the Whiskey 1969* (Edsel)l Nobody Likes Me* (Pulsar) I The Life And Crimes Of* [cof¬ fret 4 CD dont 11 inédits] (Rhino). Compilations : Greatest Hits / Collection (Warner Bros) / Best Of* (Alex)l Classiks (Epic)l Collection (Castle) / Fistful Of Alice (Capitol) / Freedom for Frankenstein : Hits & Pièces... (Raven). Alice : The Autobiography Of Alice Cooper, par Steven Gaines (G.P. Putnam’s Sons, USA Rolling Stone Editors) / Rolling Stone Scrapbook : Alice Cooper (Straight Arrow Books). Ml Show 1977/Welcome To My Nightmare (Rhino Home Video). http://www.sickthings.com/

ALICE IN CHAINS Le groupe heavy métal du début des 90’ s, hard et acoustique. Assimilés au grange de Seattle. Layne Staley (chant) forme sa première incar¬ nation au milieu des années 80 en singeant un groupe punk. Il rencontre Jerry Cantrell (gui¬ tare) en 87 à Seattle et change leur nom en Alice In Chains. Deux amis de Cantrell, Mike Starr (basse) et Sean Kinney (drums), complè¬ tent la formation. Columbia les signe en 89. Dé¬ but 90, We Die Young, album promotionnel, hit des radios métal, ouvre la voie à son premier album Facelift, disque d’or fin 90. Son EP acoustique Sap en 91 est bien accueilli. Grâce à Nirvana, Seattle devient la nouvelle Mecque rock en 91, avant la sortie de son deuxième al¬ bum. Le groupe est désormais alternatif et non plus métal... Son single « Would ? », succès de l’été 92, annonce Dirt, paru à l’automne. Après sa sortie, Starr est remplacé par Mike Inez. Dirt est platine fin 92, mais ses textes sombres nour¬ rissent la rumeur que Staley est accro à l’hé¬ roïne. Le groupe joue au troisième Lollapalooza 93, propulsant les ventes de Dirt (3 millions d’exemplaires). Son EP Jar OfFlies 19

ALICE IN CHAINS

rait la réincarnation) un rock pervers, provoca¬ teur. Signés en 69 par Frank Zappa, ils s’impo¬ sent aux USA en 71, avec l’aide de Shep Gordon, leur manager, et de Bob Ezrin, leur producteur. Love Iî To Death, typique de leur mythologie désespérée, obsessionnelle, sur fond de hard simple, brocarde les tabous de l’Amérique. Les simples « Eighteen », « School’s Out », « Elected » et des exhibitions parfaite¬ ment réglées avec boa, potence, chaise électri¬ que, guillotine, camisole de force leur assurent jusqu’en 73 une place unique. La France les dé¬ couvre en novembre 71 à l’Espace Cardin lors d’un concert choc. Après la formidable tournée Billion Dollar Babies 73, Alice-Vincent s’en¬ toure du groupe de Lou Reed sur l’album Rock And Roll Animal: Dick Wagner (guitare), Steve Hunter (guitare), Johnny Badanjek (bat¬ terie), Josef Chirowski (piano, orgue) et Prakash John (basse) avec lesquels il monte le spectacle Welcome To My Nightmare. Malgré d’incessants changements de personnages (travelo, nécrophage, détective privé, etc.) et une voix équivoque qui vieillit bien, il lasse le pu¬ blic. Alcoolisme (désintoxication en 78, évo¬ quée dans l’album From the Inside écrit avec Bemie Taupin) et sanatorium auront raison d’une formule musicale et d’une personnalité hésitante, qui, en dépit des guitares de Hunter et Wagner, de Jim Gordon (batterie) et Al Kooper (claviers), en viendra à se parodier (sa campagne antidisco 79). Ce golfeur bon père de famille tente de revenir avec Spécial Forces en 82. « He’s Back (The Man Behind the Mask) » de Constrictor est le thème du film d’horreur Jason le Mort Vivant (le sixième volet de la saga des Vendredi 13). Retour en grâce 89 avec Trash, produit par Desmond Child, avec la par¬ ticipation de Jon Bon Jovi, Richie Sambora, et des membres d’Aerosmith. « Poison » est son premier Top Ten depuis 77. « Hey Stoopid » en 91 voit les participations de Zodiac Mindwarp et Slash. Apparition dans Wayne’s World (92) : « Comme je coupe la tête à des poupées, on dit que je dois haïr les bébés. C’est faux. Je hais simplement les poupées. » Il a participé à Flesh

ALICE IN CHAINS

début 94 — est n° 1 à sa sortie, c’est la pre¬ mière fois aux USA qu’un EP se retrouve en tête des classements d’albums. Mais le groupe ne tourne pas. A la fin de l’année, Staley donne quelques concerts avec Gacy Bunch, super¬ groupe de Seattle comprenant Mike McCready (Pearl Jam) et Barrett Martin (Screaming Trees). Le groupe se rebaptise Mad Season et publie Above début 95. AIC revient cette an¬ née-là avec un troisième album n° 1 d’entrée aux USA, sans tourner. Son premier concert en trois ans, le 10/4/96, un MTV Unplugged, sorti en album, est un succès. En bonus, le groupe offre un dernier morceau inédit, « Killer Is Me ». Album solo 98 de Jerry Cantrell, Boggy Depot, car Staley est hors d’usage, mais Inez et Kinney sont bien présents, comme leur produc¬ teur, Toby Wright. Le groupe existe-t-il tou¬ jours ? Staley abandonne sa place de chanteur dans Mad Season au profit de Mark Lanegan (Screaming Trees). Participation à la BO de Clerks en 94. M'M Facelift / Dirt / Jar of Flies / Sap / AIC / MTV Unplugged (Columbia). Album de Mad Season : Above (Sony) Jerry Cantrell en solo : Boggy Depot (Sony).

bile a présidé au début de carrière de son fils guitariste Bernard, moins doué mais tout aussi expansif (albums No Mercy, Funkifino et Born With the Blues en 94, 96 et 97, et Times Are Changing en 98, chez Ruf-Dixiefrog). L.A. est décédé d’un cancer du poumon le 12/8/97 à Madison, Wisconsin, quelques mois après la sortie de l’album Reckless. ■ Love Me Mamma (Delmark)I Bad News Is Co¬ rning / Luther’s Blues / Night Life (Gordy)l Love Me Papa (Black & Blue) / Live In Paris-Chapelle des Lombards (Paris Album) I Live In Paris (Free BirdBlue Sl■4 albums en 1964-65 regroupés sur l’album R.B. et la compilation de 1977 : 1963-66* (Decca) / En Public [Decca, réédition / Eva) / 1965* [85] (Big Beat) / R.B.* (Club Dial),

BIRTHDAY PARTY (voir NICK CAVE) BJÔRK « La chanteuse dont la voix est comme un pic à glace » (Bono, U2). L’une des grandes de la décennie 90, originale, libre, audacieuse. Le pe¬ tit troll débarque d’Islande et fait souffler un vent de fraîcheur sur la pop-rock des années 90. Bjôrk Gudmundsdôttir naît le 21/11/65 à Reykjavik. Elle étudie le piano et la flûte. Son professeur envoie à la radio locale une bande où elle chante « I Love To Love » de Tina Charles, et le label Falkkin lui propose un contrat. Elle publie son premier album solo éponyme à 11 ans, avec des reprises pop dont « The Fool On the Hill » des Beatles. La po¬ chette est réalisée par sa mère, et son beau-père (du groupe Pops influencé par Jimi Hendrix et Eric Clapton) tient la guitare. L’album, un suc¬ cès, ne sortira qu’en Islande. Les groupes se succèdent, Exodus, post-punk en 79 (« nous étions des morveux »), qui publie un EP, Tappi Tikarras en 81 (Miranda en 83), KUKL (deux albums en 84 et 86 sur Crass, label anarchiste anglais), qui donne naissance aux Sugarcubes (avec Thor Eldon, son ex-mari et père de leur garçon Sindri). En 90, elle enregistre des stan¬ dards de jazz avec le groupe islandais Trio Gudmundar Ingolfssonar. L’album Gling-Glo publié en Islande ressortira en 98. En 92, après la séparation des Sugarcubes, elle déménage à Londres et change de style : « Pour changer 64

mes habitudes, tenter une musique qui n’avait encore jamais été faite. » Après le rock à gui¬ tares un peu arty des Sugarcubes, elle se tourne vers la dance, avec les grands noms du genre, Nellee Hooper, Underworld et Tricky. TECHNO-LYRIQUE-FOLK. En 91, cette langue pendue chante sur deux titres de 808 State, « Ooops » et « Qmart », orchestrés par Graham Massey, qui va devenir l’un de ses col¬ laborateurs. Elle rencontre Hooper, célèbre pour son travail avec Soûl II Soûl et Massive Attack. Leur collaboration donne « Human Behaviour », en juin 93, qui se place dans le top 40 anglais, annonçant l’album Début qui se classe à la troisième place. B. soigne l’aspect vi¬ suel de ses pochettes, concerts et clips : « Pen¬ dant deux mois, je me suis assise face à ma té¬ lévision, et j’ai regardé des milliers de vidéos en prenant des notes. Trois de mes préférées étaient signées Michel Gondry... ». Elle com¬ mence avec le Français une collaboration lon¬ gue et fructueuse. En 93, elle accumule les hits en GB, « Venus As a Boy », « Big Time Sensuality », et « Play Dead » (absent de la pre¬ mière version de l’album), avec David Arnold (et extrait du film Young Americans). Début est l’album de l’année (plus de 2,5 millions d’exemplaires vendus, disque d’or aux USA, platine en Angleterre), et aux Brit Awards elle remporte deux récompenses : meilleure nou¬ velle artiste et meilleure artiste féminine inter¬ nationale. Son album 94 voit les collaborations de Hooper, Tricky, Graham Massey et Howie B. Elle coécrit « Bedtime Stories » pour Madonna et donne une excellente prestation dans l’émission MTV Unplugged. « Army Of Me », au son énorme, paraît au printemps 95. Et Post en juin, n° 2 en Angleterre, se vend à plus de 3 millions d’exemplaires dans le monde. Ses singles « Isobel » (n° 23), « It’s Oh So Quiet » (n° 4), et « Hyperballad » (n° 8) sont des suc¬ cès. En novembre 96, Telegram regroupe des remixes radicaux de l’intégralité de Post. Homogenic, son nouvel opus publié dans la foulée, est un tournant : elle en assure la production, ce qui lui confère un son plus homogène (d’où son titre). On y retrouve le fidèle Mark Bell, de LFO, et Emir Deodato qui dirige l’Icelandic String Octet. Elle a composé la BO du film de Lars Von Trier, Dancer In the Dark (dans le¬ quel elle fait ses débuts d’actrice). Entre techno, lyrique et folk, une artiste intègre et gé¬ néreuse d’elle-même qui transcende les barriè¬ res et les genres.

KM L’intégrale

des clips vidéo (Polygram Video).

U The Illustrated Story, par Paul Lester / A Biography, par Martin Aston. http://www.bjork.com

FRANK BLACK (and The CATHOLICS) Charles Michael Kitteridge Thompson IV, né en 1965 à Long Beach (Californie), dit Black Francis, chanteur-guitariste-compositeur, de¬ vient l’inclassable Frank Black après la sépara¬ tion des Pixies dont il était le leader. Lassé de la bassiste Kim Deal, début 93, le gros de Bos¬ ton, pionnier du grunge, Telecaster au ventre, se lance en solo avec l’ancien collaborateur de Captain Beefheart et de Père Ubu, Eric Drew Feldman, et devient plus mélodique. Son pre¬ mier album 93, du surf rock au heavy métal, des Beatles à la new wave, comprend une reprise des Beach Boys (« Flang On To Your Ego », première version de « I Know There’s an Answer » de Pet Sounds). Mais il se vend mal alors que les Breeders de Kim Deal font un car¬ ton. En 94, Teenager Ofthe Year, plus varié, re¬ çoit de bonnes chroniques : « Headache » est le hit des radios alternatives. Début 95, l’autori¬ taire signe avec American aux USA et Sony en Europe. Mais The Cuit Of Ray, en janvier 96, se vend moins bien que les deux précédents. Début 97, American met la clef sous la porte. Le fan de John Mayall enregistre avec les Catholics, le groupe « garage » des concerts de Cuit Of Ray, mais ne peut sortir son disque. Début 98, le modèle de Kurt Cobain, l’auteur de « Czar », « Pong » et « Men In Black », signe avec Play It Again Sam en Angleterre et, sans contrat aux USA, publie Frank Black & The Catholics au printemps. Son Pistolero en 99 confirme sa vocation à explorer un rock brut de décoffrage. Entre autres collaborations, il par¬ ticipa au Pawnshop Guitars de l’ex-Guns N’Roses Gilby Clarke en 95.

ItM F.B. / Teenager Of the Year / F.B. Sessions (4AD)I Cuit Of Ray (Sony)I F.B. & The Catholics / Pistolero (Spinart-Pias). http://www.cruzio.com/~drg/frankblack/index.html

The BLACK CR0WES Présenté comme le sauveur du rock américain en pleine débâcle au début des années 90, ce groupe prometteur, ex-Mr. Crowe’s Garden, profita de la panne 88-91 de Guns N’Roses. Fils spirituels des Stones, Faces et d’Humble Pie, les frères Chris (chant) et Rich (guitare) Robin¬ son forment BC à Atlanta (Géorgie) en 84, quatre ans après leurs concitoyens et concur¬ rents Georgia Satellites, avec Jeff Cease (gui¬ tare), Johnny Colt (basse) et Steve Gorman (batterie). Ces « néo-hippies sudistes » inter¬ prètent REM, puis virent hard rock-blues. Leur premier album, de janvier 90 (retardé en France de plusieurs mois), un succès d’estime, tire son nom d’un titre équivoque du bluesman Elmore James. Mais la programmation FM de leur reprise de « Hard To Handle » d’Otis Redding met le feu aux poudres ; il s’en vend 5 mil¬ lions en moins de deux ans. Le boogie-rock classique de BC (Rich tient son savoir-faire de Keith Richards et Chris de Rod Stewart) est un régal. Son deuxième album, touffu, dense (grâce en particulier à l’adjonction du pianiste Eddie Hawrysch rebaptisé Harsch), est n° 1 aux USA à sa sortie au printemps 92 (Marc Ford remplaçant Cease). The Southern Harmony And Musical Companion (célèbre recueil de cantiques anglo-saxons), débute comme son prédécesseur par deux diableries accrocheuses (surtout « Remedy »), et enchaîne trois longues ballades rock-blues dans lesquelles BC est aussi à l’aise que dans les titres à tempo rapide. Ce Let It Bleed des années 90 est l’un des premiers CD publié sous digipack cartonné. BC se main¬ tient grâce à d’excellentes prestations scéni¬ ques (le festival Monsters Of Rock) et à une intransigeance rock : mépris des groupes utili¬ sant le sampling en concert, éjection d’une tournée de ZZ Top pour avoir fustigé leur sponsor. Après des dissensions entre les deux frères, tout se gâte fin 94 avec Amorica (six mois de studio contre sept jours pour le précé¬ dent, produit par Jack Joseph Puig, le produc¬ teur de Jellyfish) aux compos peu consistantes, rappelant la triste fin des Faces (« She Gave Good Sunflower » et « Descending »). En juillet 96, quatrième album, monotone et répé¬ titif. Malgré une interprétation remarquable, 65

BLACK CROwES

El B. [1977] (Falkinn)l Début / Best Mixes For Ail the People Who Don’t Buy White Labels* [remixes] / Post / Telegram* / Homogenic (One Little Indian/ Island). Participations : Tippi Tikarass en 81-83 (Spor, Sat et Gramm) / Kukl en 84 ( Crass, Visa et Enigma) I Megas de 87 à 90 (Gramm)13 albums avec Sugarcubes (Polygram)/ 808 State en 91 (ZTT) / quelques BO (Young Americans, Tarfk Girl, Mission Impossible)/ compilations (Tibetan Freedom Concert*) / Grand Royal, Brit Awards ’98*, Sony) et la série Volume (n° 2 et 6).

BLACK CROwES

les BC n’ont pas encore digéré leurs influences et sombrent. Mais les critiques américains sont toujours avec eux. En 98, les deux frères rem¬ placent leur batteur par Sven Pipien, ex-Mary My Hope, et publient un album convenable. M'M Shake Your Money Maker / The Southern Harmony And Musical Companion / Amorica / Three Snakes And One Charm (Def American)I In Concert (Westwood One) / Sho’Nuff* [coffret 4 CD] / By Your Side (American Sony). BC, par Martin Black. www.tallest.com/bcl3.html & http : //american. recordings.com.

BLACK FLAG

« J’en avais assez du son californien des Eagles et des superproductions de Steely Dan ou ELO. Il était temps de créer un nouveau son » (Gregg Gin). Le premier groupe « hardcore » américain, la première fusion punk-heavy mé¬ tal. Formé en 77, séparé en 86 après une car¬ rière de concerts chaotique sur disque. Di¬ plômé de l’UCLA, fou du premier album des Ramones et de Johnny Thunders, le guitariste Greg Ginn fonde avec le bassiste Chuck Dukowski le label SST et BF avec le batteur Brian Migdol et le chanteur Keith Morris. Pre¬ mier album 78 (Nervous Breakdown), fruste et rageur, pas gai, au son unique. Son principal su¬ jet est le sexe, mais le groupe traitait le social et le politique de manière cynique, d’où son vœu de rester indépendant. Migdol et Morris (celui-ci forme Circle Jerks) sont remplacés par Robo et Chavo Pederast. BF occupe le circuit des collèges après un second album (Jealous Again) en 80. Le groupe atteint les sommets lorsqu’un soir à New York monte sur scène le charismatique Henry Rollins, qui remplace Pe¬ derast, et s’adjoint un second guitariste, Dez Cadena. Damaged en 81 (intitulé à l’origine Damage) reçoit des critiques enthousiastes. De retour en studio en 84, Ginn, Rollins et Cadena mettent les bouchées doubles, changent plu¬ sieurs fois leur section rythmique et publient une série d’enregistrements studio et live dans lesquels se noient les fans, dont le sexuel Slip It In en 84 (avec l’excellente nouvelle bassiste Kira Roessler et trois albums en 85). Ginn, re¬ marquable technicien versatile (incursions jazzy), est aussi rageur que Rollins, showman déchaîné qui influencera les futurs Phil Anselmo de Pantera et Page Hamilton (aussi ins¬ piré par Ginn) de Helmet. Après le live Who’s Got the Ten ? (Qui a la plus grosse ?) début 86, Ginn dissout son groupe brutalement en pleine 66

gloire, publie deux albums avec Gone, une for¬ mation expérimentale, puis se consacre avec succès à SST qui verra les débuts de Sonic Youth, Soundgarden, Méat Puppets, Hüsker Dü (très proche de BF), Dinosaur Jr., Screaming Trees, entre autres. Il revient en solo en 93 après la fermeture de SST et la création d’un nouveau label indé, Cruz. Rollins a fondé le Rollins Band et écrit Get In the Van à ne pas manquer. ■ Damaged / Everything Went Black / Family Man / The First 4 Years / Live ’84 / My War / Slip It In / In My Head / The Process Of Weeding Out / Loose Nut/ Who’s Got the Ten ?/Wasted... Again* /Gone : Let's Get Real, Real Gone For a Change / Gone II : But Never Too Gone ! / The Criminal Mind / Ail the Dirt That’s Fit To Print (SST). Albums solo de Greg Ginn : Getting Even [1993] / Dick [1993] / Let It Burn [1994] (Cruz). www.ipass.net/~jthrush/rollflag.htm

BLACK GRAPE « On a ouvert la voie à des groupes de bêtes comme The Prodigy ou The Chemical Bro¬ thers, et c’était un peu dur de les voir ramasser le gâteau. Maintenant, c’est notre tour. » Per¬ sonne ne donne cher de la peau des Mancuniens de Happy Mondays à leur séparation en 92, après les démêlés avec la drogue de son lea¬ der Shaun Ryder. Pourtant revigoré et accom¬ pagné du percussionniste et danseur Mark « Bez » Berry, S.R. fonde Black Grape en 93 et travaille pendant deux ans à sa formation et à l’écriture d’un premier album, publié en août 95. La presse britannique titre : « La résurrec¬ tion la plus célèbre depuis celle de Lazare ! » et compare BG aux Beastie Boys. S.R. recrute un orchestre exceptionnel : Paul « Kermit » Leveridge (chant, tchatche et composition), exRuthless Rap Assassins comme le batteur Ged Lynch, et Paul « Wags » Wagstaff (guitare, exParis Angels). Ryder ne veut pas d’un groupe figé, et les musiciens vont et viennent à leur gré ; (Bez), le rejoignent à l’occasion le vocaliste Cari « Psycho » McCarthy, le multi-instrumentiste Martin Slattery, le bassiste Danny Williams et le guitariste, producteur et arran¬ geur Danny Saber. Eclectique, le style de ce groupe alternatif allie le pop-rock à la britanni¬ que, funk, rock et hip-hop, l’afro-cubain, un soupçon de « samples », dans une ambiance jouissive èt quelques échos aux glorieux aînés (Stones, J. Geils Band, Beatles 66-67). It’s Great... (et son illustration représentant Car¬ los), n° 1 en GB (600 000 albums vendus dans

Holly », puis en janvier 63 n° 6 avec « Don’t You Think It’s Time »). Il accompagne les pionniers du rock’n’roll, Jerry Lee Lewis (en 63 à l’Olympia), Little Richard et V. Tay¬ lor, et figure avec Jimmy Page dans la forma¬ tion de Neil Christian. Il rencontre à Ham¬ bourg, en 67, les futurs membres de Deep Purple, groupe révélé à partir de 68 par une version de « Hush » (de Billy Joe Royal) et l’instrumental «Wring That Neck». Après « Black Night » (octobre 70), il devient l’un des guitaristes virtuoses du hard mondial : rapidité d’exécution, absence d’économie, riffs histori¬ ques de « Smoke On the Water » et « Speed King », et son solo d’anthologie de « Child In Time » (sur In Rock). Il quitte DP en 75, songe à former un groupe avec Phil Lynott (futur Thin Lizzy) et met sur pied le R.B. Group, qui devient Rainbow, avec son protégé, le chanteur Ronnie James Dio (ex-Elf) et l’ex-batteur de J. Beck, Cozy Powell. Malgré un succès scénique durable et deux albums corrects de Rainbow, Rising et On Stage, son image d’homme en noir, briseur de guitares Stratocaster, sera ter¬ nie par une virtuosité inutile, grandiloquente (ses citations classiques, sa version de « Hey Joe » de J. Hendrix). Départ en 78 de Dio pour Black Sabbath, remplacé par Graham Bonnet (ex-Marbles), puis de Powell. Le groupe ac¬ cueille Joe Lynn Turner (chant, album solo en 85 sur Elektra produit par Roy Thomas Baker) et David Rosenthal (claviers). Après un ultime album 83, il dissout Rainbow. L’année sui¬ vante, ses anciens complices de DP le persua¬ dent de revenir et c’est le succès planétaire de Perfect Strangers. BiBI Rainbow / Rising / On Stage [Live] / Long Live Rock & Roll / Down To Earth / Difficult To Care : Best Of* / Straight Between the Eyes / Bent Out Of Shape (Poiydor). Avec les Outlaws : HMV.

■ It’s Great When You’re Straight...Yeah / Stupid, Stupid, Stupid (Radioactive).

http://www.ritchieblackmore.com/

h'g The Great Tapes.

BLACK SABBATH

http://home.sn.no/~runeth/musblack.htm

« Quand on est sortis de voir L’Exorciste, on a dû rester tous ensemble dans la même pièce ça montre à quel point on était “magie noire”... » (Ozzy Osbourne). Ce groupe de Bir¬ mingham a vendu près de 10 millions de dis¬ ques au cours des années 70. The Earth se forme en 1968, avec Tony Iommi (guitare), John « Ozzy» Osbourne (vocal), Geezer But¬ ler (basse) et Bill Ward (batterie), joue en Al¬ lemagne, en Ecosse et en Angleterre, et change son nom en Black Sabbath. Après un essai de

RITCHIE BLACKMORE - RAINBOW « Ma meilleure période, c’était en 64 avec Vince Taylor à Hambourg ! » Guitariste-com¬ positeur anglais né le 14/4/45 à Westonet, l’un des parrains du hard rock. Il joue avec Screaming Lord Sutch, Mike Berry, et The Outlaws (classé en octobre 61 avec « Tribute To Buddy

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BLACK SABBATH

le monde), est un monument de bonne humeur, de riffs joviaux (guitares, cuivres, perçus) avec textes obscurs sur la drogue et références litté¬ raires. « Reverend Black Grape », « In the Name Of the Father » et « Kelly’s Heroes » (« Jésus était noir-Non, Jésus était Batman ! ») sont trois hits successifs. BG se voit refuser l’entrée aux USA suite aux problèmes de dro¬ gue des Happy Mondays, et tourne sans Kermit remplacé par Psycho, ni Bez, mécontent de son salaire versé par le label. En mai-juin 96, B G enchaîne deux hits, « Fat Neck » avec l’ex-guitariste des Smiths Johnny Marr, et l’hymne funky au football anglais « England’s Irie » avec Joe Strummer, l’ex-Clash (et une version du « Pretty Vacant » des Sex Pistols sur le CD sin¬ gle). « England’s Irie » est inclus dans l’albumcontribution britannique au championnat de foot européen, The Beautiful Game. En octo¬ bre 96, Ryder participe à l’album No Talking, Just Head des Heads (3/4 des Talking Heads, car Tina Weymouth et Chris Frantz avaient produit le dernier opus des H.M.) sur « Don’t Take My Kindness For Weakness ». Ryder et Kermit engagent fin 96 Danny Saber (U2, Bowie, Sotnes, Marilyn Manson) pour tra¬ vailler sur les chansons d’un second album, en¬ registré en huit semaines et publié en octobre 97. Aussi débridé que le premier, il est devancé par « Get Higher », manifeste anti-Ronald et Nancy Reagan, annonçant leur dépendance aux drogues dures. Kermit travaille avec le groupe hip hop Manmade, et Ryder fait Fac¬ teur dans le film Chapeau melon et bottes de cuir. Un mois après la sortie de l’album et un concert houleux, Ryder se retire en Irlande. En 99, D. Saber, qui avait coécrit et enregistré des chansons avec Michael Hutchence de INXS et Andy Gill (de Gang Of Four) entre 95 et 97 pour un album de Hutchence, mixe le résultat pour le label V2.

BLACK SABBATH

deux semaines en 69 chez Jethro Tull, Iommi revient enregistrer son premier album en deux jours pour 600 livres. Révélé par le single « Paranoid » et son riff, un classique du hard rock, au mois d’août 70, de leur deuxième album, n° 1 en GB en octobre. Porté par la vague d’oc¬ cultisme et de rock dur, BS devient avec Deep Purple le principal groupe anglo-saxon hard, malgré une production discographique res¬ treinte. Le groupe envahit le marché américain en 74. Comme en témoignent Technical Ecstasy et Never Say Die, BS doit beaucoup à la per¬ sonnalité et au timbre de son chanteur, Ozzy, personnage fantasque qui laisse ses compa¬ gnons début 79 pour une carrière solo. Il publie sans succès deux albums pour Jet, en 80 et 81, entre deux séjours dans un hôpital psychiatri¬ que. Ses compagnons le remplacent par Ronnie James Dio, transfuge de ELF et Rainbow. Au printemps 83, Ian Gillan (ex-Deep Purple) remplace Dio, qui monte le groupe Dio et va obtenir aux USA deux disques d’or avec ses deux premiers albums. Holy Diver en 83 et The Last In Line en 84. Cette année-là, Gillan re¬ trouve Deep Purple, et est remplacé par Dave Donato. En juillet 85, la formation originale avec Ozzy participe au festival Live Aid à Phi¬ ladelphie, puis connaît un bouleversement complet. Glenn Hughes, l’ex-Purple qui chante sur Seventh Star, est remplacé par Ray Gillen. Elle tourne en GB en 86 avec Iommi, Gillen, Dave Spitz (basse), Geoff Nichols (claviers) et Eric Singer (batterie). Le groupe se stabilise autour de Iommi, Tony Martin (chant), Ni¬ chols, Singer, Spitz, Bob Daisiey (second bas¬ siste) et l’ancien batteur des Move et de l’Electric Light Orchestra, Bey Bevan, remplacé en 89 par Cozy Powell (décédé le 5/4/98 dans un accident de voiture) qui coproduit Headless Cross. En 89, Singer et Ray Gillen forment Badlands avec l’ex-guitariste d’Osbourne, Jack E. Lee. En 91, Iommi, le seul membre original en¬ core présent, persuade Butler et Dio de reve¬ nir. La référence métal se reforme en 97 pour une tournée américaine, un concert dans sa ville et un double live de dix-huit classiques, quelques jams et une version de référence de leur grand titre « Fairies Wear Boots ». Un ac¬ cident lui ayant coupé le bout des doigts, Tony Iommi doit accorder sa guitare plus bas pour pouvoir jouer (avec des cordes plus détendues), ce qui donne un son plus lourd à ses riffs. Pré¬ curseur, avec Deep Purple et Led Zeppelin, BS a influencé la production hard du milieu des an¬ nées 70. En activité depuis 69, il a survécu aux 68

années 70 malgré un « trou » de carrière en 7475. Une longévité et un succès confortable ja¬ mais égalés pour un groupe pourtant considéré comme mineur à ses débuts. Les critiques les ont toujours détestés tout comme les parents, les hippies de leurs débuts, les rockers, sauf les teenagers, les mêmes qui deviendront Metallica, Soundgarden et Henry Rollins. Enorme in¬ fluence sur le rock de la fin du siècle, de l’alter¬ natif au grunge en passant par le métal, etc. Le rapper Ice-T est leur invité sur Forbidden en 95. Bill BS / Paranoid / Masters Of Reality / Wheels Of Confusion, vol. 4 / Sabbath, Bloody Sabbath / Atten¬ tion : Best Of* ( Vertigo, rééditions Castle) / Sabo¬ tage/ We Sold Our Soûls For Rock & Roll/Technical Ecstasy / Never Say Die ! / Greatest Hits* / Heaven & Hell / Live At Last / The Mob Rules / Live Evil / Born Again / Seventh Star / The Eternal Idol (NEMS et Castle) / Classic Cuts From the Vaults* (Archive 4) / Blackest* (Vertigo) / Headless Cross (1RS) / Backtrackin’* (Masterpiece) / 0. Osbourne Years* (Essential) / Tyr / Dehumanizer / Cross Purposes / Forbidden (IRS)I Iron Man* (Ariola)l Between Hea¬ ven & Hell 1970-73* / Under Wheels Of Confusion 1970-87* [coffret 4 CD] (Castle) / Reunion Live (Epie).

KM The

Black Sabbath Story, vol. 1: 1970-1978/ vol. 2 : 1978-1992 (WB).

Il An Oral History par Mike Start / Wheels Of Confusion, par Steven Rosen. http://www.black-sabbath.com/

B0BBY BLAND Ce chanteur rhythm & blues influença Otis Redding. Robert Calvin Bland, né le 27/1/30 à Rosemark (Memphis), s’initie au gospel et forme les Miniatures en 45. Il apprend harmonica, guitare et saxophone ténor et fait partie des Beale Streeters en 49 avec Johnny Ace et B.B. King, et survit grâce à son emploi de valet-chauffeur pour ce dernier (50-51). Service militaire de 51 à 54, et une permission en 52 afin d’enregistrer pour Mo¬ dem grâce à King. Il signe avec Duke en 55 et se fait connaître comme un chanteur puissant de blues et rhythm & blues surnommé « The Soûl Man ». On lui doit « Farther Up the Road » (57), «Turn On Your Love Light» (62), «Call On Me » (63) et son grand succès « Ain’t Nothing You Can Do » (64). Sacré meilleur artiste rhythm & blues de l’année 61, il apparaît dans nombre de festivals (Ann Arbor 70 et 72, Monterey 75, Newport 76) et enregistre avec B.B. King en 74: Après une apparition dans le feuille¬ ton TV Sound Stage en 77 (épisode « Together In the Blues » avec King), une tournée nordaméricaine (Radio City Music Hall à New York

carrière en accompagnant B.B. King en tournée. Elu au Rock & Roll Hall Of Famé 92. hf Modem, Duke et Universal.

The BLASTERS L’un des grands groupes inconnus américains. En six années d’existence, ce groupe néo-punkrock’n’roll-rockabilly de LA s’impose au creux de la vague new wave du début des années 80. Formé en 79 par Dave Alvin (guitare et compo¬ sition) et son frère Phil (chant, guitare, harmo¬ nica), Bill Bateman (batterie) et John Bazz (basse), originaires de Downey près de Disney¬ land. Né en 55, le « songwriter » Dave Alvin, guitariste de X à la place de Billy Zoom (qui lui aussi rejoindra les B.), fonde les Pleasure Barons qui comptera la chanteuse Rosie Flores et Country Dick Montana (des Beat Farmers). Leur sincérité, un don d’écriture certain à l’abri de quelques reprises, et un savoir-faire instru¬ mental les font accepter du public punk-new wave américain. American Music en 1980, distri¬ bué par un label rockabilly, propose ses classi¬ ques « American Music » qui deviendra l’hymne d’une génération et « Marie, Marie », classique des bars dont Shakin’Stevens en Angleterre fera son premier hit en 80. Un deuxième album mieux reçu en 81, avec les vétérans Gene Taylor au piano, Lee Allen au saxo ténor (LE saxopho¬ niste de La Nouvelle-Orléans) et Steve Berlin au saxo baryton (qui les quittera pour Los Lobos). Triomphe enregistré le 22/5/82 à Londres, suivi de l’album de la maturité en 83, Non Fiction, avec « Long White Cadillac » (repris par Dwight Yoakam) et « Colored Lights » de John Mellencamp. Mellencamp et Ry Cooder participent à son chant du cygne en 85, Hard Line (« Dark Night », thème générique choisi par le scénariste Quentin Tarantino pour le film gore culte en 95 de Robert Rodriguez, F rom Dusk Till Dawn Une journée en enfer). Après le départ de Dave, le groupe tourne avec Greg « Smokey » Hormel, puis le guitariste Hollywood Fats (Michael Mann) disparu en 86. Phil a publié en solo County Fair 2000 en 95 sur Hightone, et repris ses études de mathématiques. Dave Alvin dé¬ buta en solo en 87, écrivant la B O du film Border Radio, Blue Boulevard, avec Allison Anders ; puis distilla ses chansons socio-introspectives au gré d’albums réussis : son « unplugged » King Of California en mai 94 sur Hightone, avec son groupe les Guilty Men, Interstate City en juillet

96, et, en 98, Black Jack David, enregistré au Continental Club d’Austin pour le label local Hightone. En 98, les B. poursuivaient une car¬ rière tranquille avec Phil Alvin, John Baez, Jerry Angel et Keith Wyatt. iü'B American Music [France : Blasters] (Roilin’Rock) I Over There : Live At the Venue, London / Non Fiction / Hard Line / Collection* (WB)I Ame¬ rican Music (rééd. Rhino avec 6 inédits). Dave Alvin : Every Night About This Time ou Romeo’s Escape (Démon en GB, Razor 11 BF / Best Music On / Off Campus / Rally 'Round the BF / Songbook / Roamin’With BF / In Person / Greatest Hits* / Cross Country Concert / Sing Of Our Times / Big Folk Hits* / More Big Folk Hits* / The Honey Wind Blows / Try To Remember / Beatles’ Songbook/ Merry Christmas/A New World’s Record / Let’s Get Together (CBS-Sony)l BF 1970 (Fantasy) / Silver Anniversary Concert (American License) / Best Of* (Vanguard)l Greenfields & Other Gold / To¬ kyo Tapes (Folk Era).

EDGAR BR0UGHT0N BAND

Edgar Broughton (guitare-chant), son frère Steve (basse et chant), nés respectivement en 47 et 50, à Warwick dans les Midlands (Angle¬ terre), et Chris (Arthur) Grant (batterie) jouent ensemble depuis 68. Leur hard politique de killers (une oasis dans le désert du rock an¬ glais) décide Harvest à signer un groupe dont l’hymne « Out Démons Out » restera le cheval de bataille sur scène. Broughton stigmatise vio¬ lemment les injustices politico-sociales. Anti¬ conformiste, antiraciste, antimilitariste, antibê¬ tise, son œuvre est méconnue en France. En mars 71, Vie Unitt, ex-guitariste des Pretty Things, rejoint le trio qui, trois mois plus tard, obtient un triomphe mérité au festival gratuit de Glastonbury Fayre où B. déclame une extra¬ ordinaire version de vingt minutes de « Out Démon Out ». En 73, après le vol de son maté¬ riel, ce groupe alternatif managé par Maman traverse une période difficile dont il ne se re¬ mettra jamais et sa production se ralentit. Ha¬ bitué des collèges et universités britanniques et allemands, il enregistra un album public en 76, publié trois ans plus tard. Abandonné par la presse et les radios pendant le punk, il s’est rap¬ pelé à notre attention, sans succès, en 80, avec un bon album, Parlez-vous english ? IB'H Wasa Wasa / Sing Brother Sing / EBB / Inside Out / Oora (Harvest et rééditions BGO) / Bandages 88

(NEMS) I Masters Of Rock* (Pathé) I A Bunch Of 45’s* (Harvest)I Live Hits Harder (Babylon)l Brou¬ ghton : Parlez-vous english ? (Infinity) / Superchip (Sheet) / Out Démons Out : Best Of* (Démon) I As Was : Best Of* (Harvest) / Présent... Classic Album & Single Tracks 69-73* / Chilly Morning Marna Live (Document). B il E.B.B., de Michael John (1970).

CHARLES BROWN Le maître de Fats Domino, Ray Charles, James Brown et B.B. King, lui-même influencé par Nat King Cole. Chanteur, compositeur et pia¬ niste afro-texan, né près de Galveston le 13/9/ 22, C.B., diplômé en chimie et mathématiques, est considéré comme le pionnier du blues vocal moderne et sophistiqué. C.B. a écrit les classi¬ ques « Driftin’Blues » en 45, « I Want To Go Home », « Trouble Blues », « Gloria » et le standard de Noël « Please Corne Home For Christmas » en 60 (repris entre autres par les Eagles) - « Reviens s’il te plaît à la maison pour Noël », dont le regain de popularité cyclique coïncide avec l’envoi en action des militaires américains à chaque conflit armé ! Resté dans l’ombre pendant les années 60-70, son album de retour One More For the Road en 85 est re¬ marqué par Bonnie Raitt qui l’emmène en tournée assurer sa première partie. Sa présence élégante et son jeu de piano tonique furent une révélation pour une nouvelle génération d’amateurs de blues. Redécouvert en 90, l’an¬ cienne idole des jeunes afro-américains est ap¬ paru sur les enregistrements de Bonnie Raitt (et sur scène en compagnie de son amie la chanteuse Ruth Brown), Rufus Thomas, Johnny Otis et John Lee Hooker, entre autres. C.B. est apparu en Europe au milieu des an¬ nées 90, notamment au festival de Marciac en été 96. On apprenait sa prochaine élection au Rock & Roll Hall Of Famé lorsqu’il est mort d’une congestion cérébrale à Oakland le 21/1/ 99. Sa « dernière séance » est le duo « Gee Baby Ain’t I Good For You », enregistré sur son lit d’hôpital, pour l’album de Maria Muldaur, Meet Me Where They Play the Blues, paru en avril 99 chez Telarc. ■>JI Snuff Dippin’ Marna (Night Train) / Mood Music (Aladdin)l Driftin’ Blues (Score)I Sing Christ¬ mas Songs / Great C.B. / C.B. Will Grip Your Heart (King)l Million Sellers (Impérial)I Boss Of the Blues / Ballads My Way (Mainstream)l Legend (Bluesway) / Blues & Brown (Jewel) / C.B. (Bulldog) / Sunny Land (Route 66)1 One More For the Road (Alligator) / Ail My Life (Bullseye)l Blues & Other Love Songs (Muse) I Someone To Love / Songs For Christmas /

JAMES BROWN « Quand je parle aux gosses, je ne les regarde pas de haut. Je viens du ghetto et j’ai toujours ma boîte de cireur à la main. » Le « Soûl Brother », « Mister Dynamite », le « Godfather of Soûl », l’« Original Disco Man ». Un dieu vi¬ vant en Afrique et dans les banlieues. Au com¬ mencement était James Brown, la « Dance Ma¬ chine » originale : « Parce que Dieu avait un boulot spécial pour moi... unir les hommes en¬ tre eux. » Cette locomotive a influencé tous les grands, les Beatles, les Moody Blues, Mick Jagger et les Rolling Stones, les Who, Prince, Mi¬ chael Jackson, Sly Stone, NTM, Public Enemy, les DJ et tous les grands noms du rap, du « funk », du reggae et de la « disco ». Il a accou¬ ché de la soûl music, anticipé ou accompagné toutes les musiques noires qui ont révolutionné la planète. James Joseph Brown est né le 3/5/ 33 en Géorgie, dans une famille pauvre de la campagne. Elevé dans un bordel, il connaît la ségrégation raciale et le racisme du Sud. A 7 ans, il est rabatteur de prostituées, puis cireur de chaussures et boxeur. En 49, emprisonné pour vol, il reste quatre ans au pénitencier où il chante le gospel. Ce chanteur-batteur, en sortant de prison, devient boxeur et joueur de base-bail semi-pro¬ fessionnel. Puis intègre un groupe vocal, les Swanees, qu’il écrase bientôt de son talent. Les Swanees deviennent les Famous Fiâmes. Et les premiers enregistrements de l’ensemble rebap¬ tisé la J.B. Revue se vendent à plus de 2 mil¬ lions d’exemplaires. Son premier succès, « Please, Please, Please » enregistré le 4/2/56, dans la ligne lascive de la vague musicale païenne noire qui triomphe alors avec Ray Charles, est classé dans les hit-parades améri¬ cains rhythm & blues. « Try Me », enregistré le 18/9/58 à New York, un blues transfiguré par le climat typique du gospel des églises baptistes du Sud américain, est son premier tube. En trois ans, J.B. devient le n° 1 du rhythm & blues américain et l’idole de tous les Noirs. Au fil des tournées, il s’affirme comme un auteur-compositeur-interprète-multi-instrumentiste-arrangeur

surprenant, au rythme de plus en plus marqué, appelé « the One ». Et un danseur émérite : son jeu de jambes hérité de la pratique de la boxe est irrésistible ; il invente et danse le « camel walk », le « mashed potatoes » (les « patates écrasées »... enregistré sous le nom de Nat Kendrick et les Swans), l’« alligator », le « shimmy », le « shuffle » et même le « James Brown »... Ses explosions de rythme syncopé éclatent dans deux nouveaux tubes, « Think » en 60 et « Ni¬ ght Train » en 62. Mais J.B. n’oublie pas de chanter aux petits Noirs et Blancs paresseux : « Don’t Be a Drop Out, Stay In School », « Ne deviens pas un raté, reste à l’école, bosse... » Après Shout And Shimmy et Night Train, c’est l’album live historique Live At the Apollo. Pen¬ dant une semaine, il fait exploser le légendaire théâtre Apollo de Harlem-New York, du 19 au 25/10/62. Son style se précise : il incarne la ligne dure de la musique noire ; il hurle, danse, im¬ plore et accélère tous les tempos possibles. A l’Apollo, James « Butane » (ou « Diesel » selon les qualificatifs...) enregistre l’album double le plus représentatif de sa carrière, synthèse fu¬ rieuse des musiques noires du xxe siècle (blues, rhythm & blues, « soûl », gospel). Les années 64-65-66 seront grandes pour le Soûl Brother n° 1 qui, chaque soir, perd plusieurs kilos et se soumet à la cérémonie de la cape et des rappels, devenue un rituel. Il fait le grand écart que re¬ prendra Prince (jusqu’à vingt-sept fois par soir comme s’en étonnera David Bowie), et les pas de côté qu’empruntera « Mickey » Jackson. En 65, les minets français et les mods anglais dé¬ couvrent sa « musique de sauvage » avec « Papa’s Got a Brand New Bag », morceau fon¬ dateur du « funk ». Le titre, événement rare, est classé à la fois dans les hit-parades noirs et blancs. En 66, « It’s a Man’s Man’s World » qu’il écrit, chante et produit, avec violons pseudo-classiques, est le slow définitif en an¬ glais des années 60. Il compose « Cold Sweat » (67) et proclame en 68 : « Say It Loud, I’m Black And I’m Proud », formule qui fait de lui l’un des leaders du « Black Power » : « Jusquelà, les Noirs avaient honte. Ils avaient entendu tant d’insultes, du genre “nègre, négro” qu’ils ne savaient plus qui ils étaient. J’ai transformé tout ce négatif en positif. J’ai écrit une chanson sur la fierté qui s’appelle “Say It Loud”, “Ditesle fort, je suis noir et j’en suis fier ! ”. » SEX MACHINE. Son Say It Loud, l’m Black & l’m Proud lui vaut l’hostilité des mi¬ lieux blancs conservateurs et des extrémistes révolutionnaires noirs. Il perd ses deux stations 89

JAM ES BROWN

Just a Lucky So And So (Bullseye)l Cool Christmas Blues (Rounder) / These Blues / Honeydripper (Verve)! Walkin’ In Circles (Night Train)! Sings the Blues (Sony) ! I’m Gonna Push On ! (Stockholm) / Hard Times & Cool Blues (Sequel)l Merry Christmas Baby (Paula/Flyright) / C.B. Live (Charly) I Drifting and Dreaming : C.B. & Johnny Moore’s Three Bla¬ zers (Ace)! So Goes Love (Verve).

JAM ES BROW

2

mutine. Il vire ce groupe qui l’accompagne de¬ puis dix ans. Il engage des jeunots qui devien¬ dront les JB’s. Et le 25/4/70, il fonce aux studios Starday de Nashville, Tennessee. En douze heures, la joyeuse bande enregistre un double album de reprises de ses grands titres, plus un nouveau morceau de seize minutes, « Get Up, I Feel Like Being a Sex Machine ». Le titre de¬ vient universel et il inspirera en France une émission de télévision sur A2, Les Enfants du Rock. Paradoxalement, la fin de la décennie 70 est, pour le favori des « nightclubbers », peu brillante ; la « disco » qu’il a contribué à instal¬ ler lui fait de l’ombre. Il se proclame en 79 l’« Original Disco Man » et est relancé en 80 par son Soûl Syndrome (et son hymne macho « Funky Men ») et par le film de John Landis, les Blues Brothers, où il joue le rôle d’un pré¬ dicateur noir.

RAP. En 81, il retrouve le succès avec « Rap Payback », sa réponse aux « rappers ». En 84, il travaille avec Afrika Bambaataa et son groupe « hip-hop » new-yorkais et, une fois encore, il ouvre la voie au rap. L’une de ses chansons de juin 72 donne son nom à Public Enemy, l’un des groupes radicaux du genre... J.B. hurle une fois encore, « I’m Real » (« oui, c’est bien moi ») et « How Do You Stop ? » et, après dix ans d’ab¬ sence, revient en France (Hippodrome de Paris le 26/1/81). Cet artiste parmi les mieux payés du monde (en 68, il gagnait 8 dollars par mi¬ nute !) signe en 82 chez Island et tente d’enre¬ gistrer avec la rythmique reggae Robbie Shakespeare-Sly Dunbar au Compass Point à Nassau, sans succès. Retour en 86, grâce à la BO de Rocky IV (« Living In America ») et à Gravity (produit par Dan Hartman où figure une composition d’Alison Moyet, « Let’s Get Personal »). En 88, l’album I’m Real (officielle¬ ment le quatre-vingt-dix-huitième), produit par Full Force, est un coup de tonnerre au moment où est publié Motherlode, collection d’inédits de 67-73, et Funky People Volume 1 et 2. Beau¬ coup s’accordent alors à dire que J.B. est le père de la vague « hip-hop », et qu’« America Is My Home » de 68, composé après l’assassinat de Martin Luther King, est le premier rap de l’histoire. Ses grands succès sont remixés par les rois de la « house » Coldcut (The Payback Mix), et ses coups de gueule de camelot et ses trouvailles rythmiques sont échantillonnés à qui mieux mieux. L’un des plus beaux et méri¬ tés come-back de l’histoire de la musique po¬ pulaire anglo-américaine est interrompu en 88 90

lorsqu’il est emprisonné pour avoir abusé d’une drogue puissante, le PCP, et tenté de tuer sa femme. Le 10/6/91, enfin libre, J.B. remonte sur scène à Los Angeles et dans la foulée, quelques jours plus tard, en France. Parution d’un coffret 72 titres : Star Time, pour fêter ses trente-cinq ans de carrière, et une autre merveille, un dou¬ ble CD, Roots Of a Révolution, « Les racines d’une révolution », sur sa période rustique de 56-64 avec son trio vocal. Son album 93, Uni¬ versal James, signe des temps, est produit et co¬ composé par Jazzie B de Soûl II Soûl. Finale¬ ment, J.B., qui possède des chaînes de restaurants, de télévisions, de night-clubs, de radios, 500 costumes de scène et 2 000 paires de chaussures, n’a qu’un seul regret : ne pas être allé au bout de l’album de reggae commencé à la Jamaïque. A ce jour, il est, avec Frank Sinatra et Elvis Presley, le plus populaire des artis¬ tes américains de l’histoire de la musique enre¬ gistrée, avec plus de soixante-quinze titres inscrits dans les classements de musique rhythm & blues et noire... et plus de quarante titres classés dans le top 40, un record seule¬ ment battu par les Beatles et E. Presley. Celui qui écrivait en 77 sur la pochette de Mutha Na¬ ture : « Le roi, puisque vous m’appelez ainsi, est de retour. Après Beethoven, Bach, Brahms, voici Brown », a enregistré près de 150 singles et une centaine d’albums dont les plus intéres¬ sants sont ceux en public à Harlem et au Japon (Hot In the One). Il a composé la musique du film de Gordon Douglas Slaughter’s Big Rip Offen 73 (Polydor). HiH Sélection : Polydor (en particulier les CD : J.B. volume 1, Sex Machine & Other Soûl Classics, et 2, Cold Sweat & Other Soûl Classics, et les deux volu¬ mes du Live At the Apollo), Charlie-Media 7 et Scotti-CBS. Please Please Please / Try Me / Think ! (Fédéral) I Amazing J.B. / Live At the Apollo / Prisoner Of Love / Pure Dynamite ! Live At the Royal (King)l Showtime / Grits & Soûl / Plays J.B. Today & Yesterday / Plays New Breed / Handful Of Soûl / 22 Giant Hits* / Plays the Real Thing (Smash)/Tell Me What You’re Gonna Do (Ember) /16 Unbeatable Hits* / Please Please Please* / Papa’s Got a Brand New Bag / Tours the USA /1 Got You (I Feel Good) / It’s a Man’s Man’s World / Christmas Album / Mighty Instrumen¬ tais / Raw Soûl / Live At the Garden / Mr. Excitement / Cold Sweat / J.B. Show / I Can’t Stand Myself (When You Touch Me) / Greatest Hits* / Mr. Dyna¬ mite /1 Got the Feelin’/ Live At the Apollo vol. 2 / Soûl Fire* I King Of Soûl* / Say It Loud, I’m Black & I’m Proud / Gettin’ Down To It / Plays And Directs the Popcorn/It’sa Mother/Best 0f*/TurnIt Loose / Ain’t It Funky / The Popcorn / It’s a New Day / Soûl On Top /1955-70* / Sex Machine, Live / Super Bad

■9 Live in New York. James Brown And Soûl G’s Live At Chastain Park (Charlie-Media 7). Di Biography, par Marcus Peterzell.

Tony Award pour la comédie musicale de Broadway Black & Blue en 89. Son procès de neuf ans contre Atlantic l’amène à créer la Rhythm & Blues Foundation, organisme chargé de réclamer et récolter les droits d’auteurs des artistes noirs américains. A la fin des années 80, elle renoue avec le jazz vocal de ses débuts (Dinah Washington et Billie Holiday), et revient en 91 au rhythm & blues avec un joyeux Fine And Mellow. Cette voix rauque reconnaissable a donné des interprétations dé¬ finitives de standards jazz, blues et soûl. Elue au Rock & Roll Hall Of Famé 93. Le titre de son album de 97 est justifié : R + B = Ruth Brown ! La bombe trip-hop new-yorkaise de la fin des années 90 Foxy Brown (« Chyna Girl ») n’a rien à voir avec elle. Cette fille spirituelle de Pam Grier, a samplé «Everything She Wants » sur « I Can’t » ■3 Miss Rhythm* / Best Of* (Rhino)l Miss Rhythm (Greatest Hits & More)* (Sequel) / Hâve a Good Time / Blues On Broadway / Fine And Mellow / Brown, Black & Beautiful (Fantasy) / R + B = Ruth Brown (Bullseye) / Sugar Babe (President) / Gospel Time / Rockin’ With Ruth (Charly)/ Taking Care Of Business (Stockholm) /1 Want To Sleep With You (Ichiban) / Songs Of My Life* (Fantasy) / Live At Ronnie Scott’s In London (Jazz Music-Magnum)/ A Good Day For the Blues (Bullseye Blues).

www.onlinetalent.com/MRBrown_homepage.htmlhttp://home.earthlink.net/~thebluesnews/manus66. htm

RUTH BROWN « J’ai été une féministe toute ma vie, une fémi¬ niste féminine. » La marque Atlantic était sur¬ nommée dans les années 50 « la maison que Ruth a construite », en référence à l’incroyable série de hits que cette chanteuse a obtenue pour elle. Née Ruth Weston le 12 (ou le 30 sui¬ vant les sources) /1/28 à Portsmouth (Virginie), cette sudiste noire est un pur produit du rhythm & blues de New York. Jusqu’à la fin des années 50, la pionnière aligna succès sur triomphe, devenant la plus célèbre chanteuse soûl de l’époque, avant Aretha Franklin. De ballade romantique en commentaire social, de « Teardrops In My Eyes » en 50, « I Know », « 5-1015 Hours », « Marna, He Treats Your Daughter Mean », à « Don’t Deceive Me » en 60, « Miss Rhythm » (ainsi surnommée par Frankie Laine) explore le genre, puis se retire pour éle¬ ver ses deux enfants. Ses talents de comédienne comique la remettent en selle dans les années 70 à la TV, et dans les films Under the Rainbow en 81 et Hairspray de John Waters en 88 où elle joue Motormouth Maybelle ; elle obtient un

JACKSON BR0WNE «Je suis un auteur de Los Angeles, pas du Middle West. » Chanteur et auteur-composi¬ teur, pianiste et guitariste né à Heidelberg (Al¬ lemagne) le 9/10/48. A 3 ans, sa famille émigre à Los Angeles. En 65-66, il joue dans le milieu folk californien, avec des musiciens aussi divers que Jack Elliott, Sonny Terry et Brownie McGhee, John McEuen et son Nitty Gritty Dirt Band, et son ami Tim Buckley. Début 67, à New York - Greenwich Village, il rencontre Buckley et Nico dont il devient l’ami et le gui¬ tariste (il compose trois chansons de son pre¬ mier album Chelsea Girl, dont « These Days »). Il côtoie Andy Warhol, et chante quelques se¬ maines avec le futur Blue Ôyster Cuit. Revient en 69 à LA où il est signé par Asylum. Après son premier album en janvier 72, il tourne avec Laura Nyro, Joni Mitchell et les Eagles débu¬ tants, pour lesquels il écrit (avec Glenn Frey) leur premier hit « Take It Easy ». La critique salue en lui un nouveau poète dont on s’arrache les chansons (Nitty Gritty, Tom Rush, Gregg 91

JACKSON BROWNË

/ Soûl Brother N° 1 (King) / Hot Pants / Révolution Of the Mind, Live At the Apollo, vol. 3 / There It Is / Soûl Classics 1-3* / Get On the Good Foot / Black Caesar / Slaughter’s Big-Rip Off / The Payback / (It’s) Hell / Reality / Sex Machine Today / Everybody’s Doin’ the Hustle & Dead On the Double Bump / Hot / Best Of 2* / Get Up Offa that Thing / Nonstop ! / Body Heat / Mutha’s Nature / Solid Gold* / Jam 1980’ s / Take a Look At those Cakes / The Ori¬ ginal Disco Man / People / Live : Hot On the One / Live & Lowdown At the Apollo* (Polydor) / Soûl Syndrome / The Third Corning (RCA) I Live In New York (Audio Fidelity) / Bring It On (Sonet) / Roots Of a Révolution* / The CD Of J.B. 1 & 2* / Dead On the Heavy Funk 74-76 [puis 75-83 sur la réédition en 97] / In the Jungle Groove* / Funky People* (Poly¬ dor) I Gravity / Full Force / I’m Real (Scotti-CBS) / Best Of* (K-Tel)l J.B. & Friends : Soûl Session Live / Motherlode* / Duets* / Dance Machine* / Messin’ With the Blues* / Startime [coffret définitif 4 CD] / Love Overdue / Sex Machine : Very Best Of* / Master Sériés* / Universal James / Soûl Pride* (Polydor) I Live At Chastain Park* / At Studio 54* (Charly) / Funky President (Scotti)/ Foundations Of Funk : A Brand New Bag 1964-69*/Funk Power 70 : A Brand New Funk* / Make It Funky 1971-75* / Dead On the Heavy Funk 1975-83*/40th Anniversary Collection* / Live & Loud : Dallas 68* (Polydor) / Back Again (Mercury) I I’m Back (Eagle-Sony).

JACKSON BROWNE

Allman, Johnny Rivers, Byrds, Joe Cocker, Linda Ronstadt). « Doctor My Eyes » est un hit en 72, avec les admirables « Jamaica Say You Will » et « Rock Me On the Water ». En 73, il engage David Lindley, formidable guitariste de Steel et de slide, qui donnera désormais une couleur caractéristique à ses enregistrements. Fin 73, son deuxième album propose sa version (plus cool) de « Take It Easy », « Our Lady Of the Well », « These Days » et un petit hit « Red Neck Friend » (avec Elton John au piano sous un pseudo). Fin 74, son troisième album, en¬ core disque d’or, utilisé par Martin Scorsese dans Taxi Driver, qui contient (dans une po¬ chette inspirée de La Nuit de Magritte) l’une de ses plus belles compositions « Before the Deluge ». Il dédie ce disque à son fils Ethan et à sa femme Phyllis Farnsworth, qui se suicide le 25/3/76. Sept mois plus tard, il publie le pes¬ simiste The Pretender, produit par Jon Landau, ex-journaliste et éminence grise de Bruce Springsteen. Se lie d’amitié avec Warren Zevon (dont il produit le premier album) et Lowell George, et entreprend une tournée mondiale en 77 qui l’amène en Australie où il rencontre la top model Lynne Sweeney. Running On Empty est n° 3 en 78. Jackson nomme ce disque « le show qu’ils n’ont pas vu », et met en valeur sa choriste Rosemary Butler (ex-Birtha) sur son émouvante version de « Stay » : « Si je ne crois pas à ce que je chante, personne ne se sou¬ viendra de ce que j’ai dit. » On y trouve « Ro¬ sie », adapté de belle manière par Francis Cabrel dans Sarbacane. Début 78, il se consacre à la campagne antinucléaire (No Nukes), et or¬ ganise avec John Hall (du groupe Orléans) MUSE (Musicians United For Safe Energy) pour lequel il met sur pied cinq concerts au Madison Square Garden de New York. Dans le film et le triple album live réédité en CD en 97, il interprète trois titres, dont une version de « Stay » avec Springsteen. En juin 80, Hold Out, n° 1, lui est inspiré par Lynne, sauf « Of Missing Persons », chanson poignante sur Lowell George, écrite la nuit suivant le concert donné à Los Angeles à sa mémoire. Fin 80, J.B. produit le premier album de D. Lindley, puis part en tournée mondiale, qui débute le 6 juin 82 au stade Rose Bowl à Pasadena (LA), lors du festival Peace Sunday contre l’énergie nu¬ cléaire. Il y interprète «This Little Girl Of Mine » avec Gary US Bonds (dont c’était l’an¬ niversaire), un medley de Buddy Holly avec Tom Petty, et « Give Peace a Chance » avec Stevie Wonder à l’harmonica. Participation au 92

dernier Rockpalast à Essen en Allemagne et concert au Zénith à Paris le 12/10/86. Cette an¬ née-là, Lives In the Balance, qui montre le vi¬ sage engrillagé de la statue de la Liberté, est mieux accueilli aux USA. Dans « Lives In the Balance », la phrase : « Je veux savoir qui sont les hommes dans l’ombre, je veux entendre quelqu’un leur demander pourquoi on doit les croire quand ils nous montrent nos ennemis », adressée aux politiciens et à la CIA à propos de l’intervention américaine au Nicaragua, amène la puissante organisation Christie Institute à l’intéresser à sa lutte anti-impérialiste, antiraciste et antirépressive. Toujours prêt à s’enflammer et à agir en faveur d’une bonne cause, il participe le 1/6/88 à l’hommage rendu à Nelson Mandela au stade de Wembley près de Londres, interrompt la préparation de son album World In Motion et part en campagne pour l’organisation Christie : tournée semiacoustique du 29/9 au 6/11 aux USA. Il chante ses anciens titres, le « I’m a Patriot » de Little Steven (dont il avait ajouté « Voice Of Ame¬ rica » à son répertoire 86, inédit en album), réécrit pour l’occasion son « Cocaïne », traduit en anglais un poème nicaraguayen, « My Per¬ sonal Revenge », et inaugure « The Word Jus¬ tice » (thème de la tournée) et « Enough Of the Night » (sur les émeutes raciales). Ce dino¬ saure quasi oublié a vendu 8 millions d’albums aux USA, et reste connu en Europe pour Run¬ ning On Empty. Son I’m Alive d’octobre 93 est passé inaperçu. Son The Next Voice You Hear - Best Of en 97, avec deux inédits, omet « Before the Deluge » repris par Moving Hearts en 81. Tout au long de sa carrière, ce militant de la paix et de la justice a observé et commenté avec acuité et ironie les inégalités sociales et les injustices, et financé des mani¬ festations à caractère humanitaire. Il a été le compagnon de l’actrice Daryl Hannah et a chanté en duo avec Patricia Kaas. ■Dk Jackson Browne / For Everyman / Late For the Sky / The Pretender / Running On Empty / Hold Out / Lawyers In Love (Asylum) I Lives In the Balance / World In Motion / I’m Alive / Looking East / Best Of* (Elektra)l Best Of [live] * (Elektra Australie et Japon). ■9 Going Home. www.west.net/~jrpprod/jackson_browne.html

BR0WNSVILLE STATION L’un des légendaires « garage bands » améri¬ cains des années 70, laissé-pour-compte de la scène de Detroit des années 60-70. Formé à

tradition BS (version époustouflante du « Ca¬ dillac Walk » de Moon Martin à la slide guitar sur le premier album). Il est devenu journaliste du magazine américain consacré aux collectors, Goldmine, et de CD Review, et a rendu hom¬ mage à C. Berry en 89 et B. Diddley en 92 sur des albums de reprises parus en Suisse. The Joint Was Rockin’ paru en 96 est un enregis¬ trement live de 83 avec les Houserockers Brewer Phillips et Ted Harvey. DJ et VJ, pro¬ ducteur, il a contribué à l’écriture de l’encyclo¬ pédie du Rock AU Music Guide. Le romancier Stephen King l’a baptisé dans son Bachman Book Collection « le plus grand houserocker américain ». KÜ No BS (Palladium)/b Night On the Town/Yeah [rebaptisé : Smokin’In the Boys Room] / School Punks / Motor City Connection (Big Tree)l BS (Private Stock)/Air Spécial (Epie)/ Smokin’ In the Boys Room : The Best Of* (Rhino). Cub Koda : C.K. & the Points / C.K. & the Houserockers/It’s the Blues (Baron Records)/Crazy Show (Ace)l That’s What I Like About the South (Sounds Interest-Lolita) I Let’s Get Funky (New Rose) / Cub Digs Chuck / Cub Digs Bo (Garageland Suisse)/Welcome To My Job, The C.K. Collection 63-93 (Blue Wave Records)/ The Joint Was Rockin’ (Deluge Re¬ cords). www.effingham.net/ronnie/koda.htm

ROY BUCHANAN Un maître de la guitare Fender modèle Telecaster. Ce styliste blues-rock a influencé Chet Atkins, des générations de guitaristes, Jeff Beck et Billy Gibbons en particulier, et mené une car¬ rière erratique. Né à Ozark (Arkansas) le 23/9/ 39, élevé par un père pasteur pentecôtiste à Pixley (Californie), il est nourri au gospel et au rhythm & blues des radios. Ce virtuose du picking, des harmonies à la Telecaster (surnom¬ mée Nancy et datant de mars 53) et à la Gibson Les Paul est remarqué par Dale Hawkins dans un bar en 58. Il figure dans les enregistrements des deux célèbres morceaux de Hawkins, « Susie Q » et « My Babe » (où il joue le break). Il accompagne Ronnie Hawkins au sein des Hawks, ainsi que Freddie Cannon, et devient un mercenaire des studios. Il tourne avec sa forma¬ tion Butch and The Snake Stretchers. Redécou¬ vert en 71 à la suite d’un portrait du magazine Rolling Stone et d’un documentaire intitulé « Le meilleur guitariste inconnu ». Admiré par ses pairs, Clapton, Robbie Roberston, les Rolling Stones qui lui auraient proposé en 69 la place laissée par Brian Jones, Jeff Beck (pour lequel il a composé « My Friend Jeff »), Stanley Clarke 93

ROY BUCHANAN

Ann Ar’oor en janvier 69 par Cub Koda (chant, guitare et harmonica), Michael Lutz (chant, gui¬ tare et claviers), T.J. Cronley (batterie) et Tony Driggins (basse et chant). Une qualité mélodi¬ que et un sens du riff et de la construction com¬ parable à Creedence Clearwater Revival, Bachman Turner Overdrive. Un vocaliste hargneux, un guitariste excitant (Koda) et des reprises que seuls les Flamin’ Groovies ont égalées : « Ques¬ tion Of Température» de Balloon Farm, « Lightnin’Bar Blues » de Hoyt Axton, « Sweet Jane » de Lou Reed, « Love Love Love » des Clovers, et « Barefootin’ » de Robert Parker, inclus dans l’excellent Smokin’ In the Boys Room. Cronley remplacé par David Henry Week pour le deuxième album en 72, BS réduit au trio Lutz-Koda-Weck en 73, est le premier groupe rock à reprendre un titre reggae (« Let Your Yeah Be Yeah » de Jimmy Cliff en février 73, popularisé deux ans plus tôt par les Pioneers). « Smokin’ In the Boys Room » (un ori¬ ginal Lutz-Koda), n° 3 début 74, se vend à plus de 2 millions d’exemplaires (il sera repris avec succès en 85 par Môtley Crüe). Dans School Pu¬ nks fin 74, considéré comme l’un des bons dis¬ ques rock américain des années 70, ses compos tiennent la comparaison face aux bonnes repri¬ ses : « I Get So Excited », le premier hit des Equals d’Eddy Grant, et « I’m the Leader Of the Gang » de Gary Glitter. Le groupe disparaît pour revenir en quatuor (avec Bruce Nazarian, basse, guitare, claviers et chant) en 77, produit par un spécialiste du hard rock, Eddie Kramer. Le son, autrefois lumineux et simple, devient pesant, conventionnel, et le disque se fond dans la production, malgré « Lady (Put the Light On Me) » repris en 79 par les Pirates, une revitali¬ sation musclée du « Ain’t That a Shame » de Fats Domino, que Cheap Trick exploitera en concert deux ans plus tard, et une curiosité-pas¬ tiche jubilatoire, « The Martian Boogie ». Tom Werman poursuit avec Air Spécial, en 78, le tra¬ vail entamé par Kramer; ce chant du cygne, grand disque hard, est malheureusement in¬ compris en pleine période post-punk et new wave. Il se termine, après quelques bonnes re¬ prises, par une version de « Down the Road Apiece » enlevée. Désabusé, le groupe éclate, laissant le souvenir d’une formation jouant avec une classe authentique un rock pur et dur, en dehors des modes. Le manager Al Nalli et Henry Week sont devenus les producteurs de Blackfoot en 79. Koda, guitariste méconnu à la Gibson Explorer, forma The Points en 80 et les Houserockers en 82 avec lesquels il perpétue la

Z

ROY BÜCHANA

Hmi

qui a produit Loading Zone où figure, sur sa re¬ prise de « Green Onions », un duo infernal avec Steve Cropper. Parmi ses réussites, sa version de « Hey Joe » sur That’s What I Am Here For (et standard du « blindfold test » !), Live Stock, « Down By the River » sur You’re Not Alone, « My Babe » (solo d’anthologie), « When a Guitar Play s the Blues » (la fugue de Bach en intro) et quelques envolées lyriques (« Ramon Blues »), etc. Après cinq ans d’inactivité entre 80 et 85 (de My Babe à When a Guitar Plays the Blues, « mon meilleur album »), come-back sur Alligator en 85 et tournée en Angleterre avec le guitariste de Newcastle, Martin Stephenson, qui lui dédie « Red Bottle Blues » sur le premier album des Daintees. Arrêté en état d’ivresse sur plainte de sa femme Judy le 14/8/88 à Fairfax en Virginie et conduit en prison, ce père de sept enfants, spécialiste des accords suraigus, est trouvé pendu dans sa cellule ; ce suicide a été contesté par sa femme et ses proches. « Il laisse derrière lui des disques qui témoignent de son art consommé, créateur de tonalités et de tech¬ niques dont d’autres guitaristes ne peuvent que rêver » (Cub Koda). TB Butch & The Snake Stretchers : One Of Three (Genes) / Roy Buchanan / Second Album / That’s What I Am Here For / Rescue Me / In the Beginning / Live Stock / A Street Called Straight / Loading Zone (Polydor) / You’re Not Alone (Atlantic) / My Babe (Waterhouse)l When a Guitar Plays the Blues / Dan¬ cing On the Edge / Hot Wires (Alligator) / Sweet Dreams* / Sweet Dreams vol. 2* (Polydor) / Guitar On Fire* (Rhino) / Malaguena (Annecillo Records)/ The Early Years* (Krazy Kat). www.home.ch/~spawl203/Music/rbuch.htmi

JEFF BUCKLEY Scott Moorhead, fils de Tim, né le 1/11/66 à LA, noyé dans les eaux boueuses du Mississippi à l’âge de 30 ans le 29/5/98 après une carrière de météore. A la mort de son père, il a 8 ans. Vingt ans plus tard, seul à la guitare, à New York, il publie le mini-LP confidentiel Live At Sin-é, cinq titres enregistrés sur Big Cats en 94, dont « Je n’en connais pas la fin » et « L’Hymne à l’amour » d’Edith Piaf et « The Way Young Lo¬ yers Do » de Van Morrison. Grâce, son premier album, est l’un des meilleurs premiers albums de l’histoire du rock. Marqué par Cohen (dont il reprend « Hallelujah »), Dylan, Morissey, Lou Reed et Led Zep (« Eternal Life »), ce coup de maître à l’impudeur troublante est suivi au prin¬ temps 98 par Sketches (My Sweetheart the Drunk), dix titres studio et dix titres solo arti¬ 94

culés par Mary Guilbert, sa mère, violoncelliste classique, remariée à un garagiste fan de rock. Un talent rare, bouillonnant, entre puissance et délicatesse. Il enregistre avant sa disparition, à New York et Memphis avec Tom Verlaine à la production. Un lyrisme et un chant libres, sen¬ suels, débridés, qui laissaient entrevoir une grande carrière, mais la famille était probable¬ ment maudite... TW Live At Sin-é [mini-album] (Semantic) / Grâce / Sketches (My Sweetheart the Drunk) (Sony). http://www.jeffbuckley.com/ http://www.tiac.net/users/rfuller/buckley/

TIM BUCKLEY « Elle buvait seule/Quel vice gâché » (« Move With Me »). T.B. est l’un des auteurs majeurs du rock des années 70, entre l’ange et la bête. Né Timothy Charles Buckley III le 14/2/47 à Washington, ce chanteur-culte émigre avec sa famille en Californie, à Orange County, et dé¬ couvre la musique traditionnelle américaine blanche, la country. Il s’initie au banjo et à la guitare dans des groupes country avant de jouer du folk à LA. Grâce au manager du batteur des Mothers Of Invention, Jimmy Cari Black, il si¬ gne en 66 avec Elektra, pour quatre albums (dont les plus importants de sa carrière Goodbye & Hello, début de son envol, et Happy/Sad parmi les plus grands disques des années 60), avant de rejoindre en 69 le label Straight de Frank Zappa pour deux albums. Il inaugure le 8/3/68, avec Janis Joplin et Albert King, le Fillmore East à New York. Ses textes (les plus beaux en collaboration avec le poète Larry Beckett), sa voix et sa musique sont un tout indis¬ sociable, inclassable, vaguement rustique, ni jazz, blues, rock ou folk, mais tout à la fois. Ar¬ tiste d’une sensibilité et d’une simplicité extrê¬ mes, T.B. a livré, en neuf albums, ses angoisses et bonheurs d’homme perdu dans notre société. Ce chanteur exceptionnel qui hurlait, pleurait, murmurait, étonnant de chaleur, de lucidité et de conviction, sur cinq octaves et demi, avait comme musiciens fidèles Lee Underwood (gui¬ tare) et Jim Fielder (basse) qui surent illustrer son œuvre. Happy/Sad en 69 est un témoignage rare de son époque : le sensuel « Gypsy Woman » et les dix minutes de « Love From Room 109 At the Islander (On Pacific Coast Highway) ». Il joue en 71 dans le film-culte de Vic¬ tor Stoloff, Why, avec O.J. Simpson. En 72, après un long silence, Greetings From LA est un tournant dans sa brève carrière ; il revient à des

h'M T.B. / Goodbye And Hello / Happy/Sad / Lorca (Elektra) / Blue Afternoon / Starsailor (Straight) / Greetings From LA (Warner)I Sefronia / Look At the Fool (Discreet) / The Late Great T.B.* (WB) / Best Of* (Rhino) / Dream Letter : Live In London 68 (Straight)/ Strange Fruit : The Peel Sessions (BBC) / Live At the Troubadour 69 / Return Of the Star¬ sailor (Bizarre-Straight) I Morning Glory (Band Of Joy/Virgin)l Honeyman (Edsel). http://pantheon.cis.yale.edu/~bodoin/tbarchives.html

BUFFALO SPRINGFIELD « BS était un grand groupe et son noyau était canadien » (Neil Young, 1992). Le premier groupe country rock après les Charlatans amé¬ ricains. Une musique intelligente et une in¬ fluence évidente sur des groupes comme The Long Ryders et Jayhawks. Fondé par le Texan Stephen Stills (3/1/45, guitare et chant) et Richie Furay (9/5/44, guitare et chant) dont le duo The Au Go Go Singers devient le BS en mars 66, à Los Angeles, avec l’arrivée des Cana¬ diens, Neil Young (12/11/45, guitare et chant), et Bruce Palmer (46, basse), et de l’ex-batteur des Dillards, Dewey Martin (30/9/42). Première tournée avec les Beach Boys et les Byrds. Pre¬ mier groupe à se produire à l’Hollywood Bowl sans hit. Succès d’estime avec un premier sim¬ ple, compo de Young, «Nowadays Clancy Can’t Even Sing », et le troisième, signé Stills, « For What It’s Worth », début 67, violente dia¬ tribe et unique hit. Ses concerts (deux guitares, trois chanteurs) sont spectaculaires, mais le pu¬ blic se passionne pour les Byrds, les Monkees et la pop british. Un répertoire varié, curieux, allant de la construction-collage expérimentale (Young surtout, influencé par les Beatles) : « Expecting To Fly » et « Everydays » de Stills (avec les prémices du son de guitare de Young), au hard « Rock & Roll Woman », en passant par le traditionnel (« Kind Woman ») et le latino de Stills (« Uno Mundo »). Stills et Young écrivent quelques réussites, dont on re¬ tient « Bluebird » pour le premier, « Broken Arrow » et l’attaque contre l’industrie du dis¬ que, « Mr. Soûl », pour le second. Leur troi¬ sième album sera posthume, le groupe s’étant séparé en mai 68 après son enregistrement. Son producteur Jim Messina a fondé Poco avec R. Furay Stills, Crosby, Stills & Nash, et N. Young a connu la gloire en solo et avec ces derniers. Un premier album réédité en CD en 97 avec les mixages originaux mono et stéréo remastérisés. BS a été élu au Rock & Roll Hall Of Famé la même année. Young annonçait en 99 la parution d’inédits. JîW BS / Again / Last Time Around / Rétrospective* / Best Of* (Atco). ■ For What It’s Worth, par John Elnarson et Ritchie Furay. http://homebrew.si.edu/buffalo.html

ERIC SURDON « J’ai été un animal, mais ça va mieux mainte¬ nant. » Une carrière historique avec The Ani95

ERIC BURDON

rythmes plus simples, plus électriques, plus soûl, voulant explorer la pornographie (« Move With Me » et « Get On Top ») et renouer avec un pu¬ blic rock qui le méconnaîtra pourtant. En juillet 74, il rencontre pour une unique fois son fils de 8 ans, Jeff. On n’ose avouer sa déception à l’écoute de ses derniers albums Sefronia et Look At the Fool (où. il semble déjà parti), car il était question, enfin, d’une tournée euro¬ péenne ! Il est interviewé pour le magazine Mojo par la journaliste Chrissie Hynde et, début 75, pressenti pour jouer Woody Guthrie dans le film d’Hal Asby, Bound For Glory. Dans la soi¬ rée du dimanche 29/6/75, deux jours après un concert à Dallas, il meurt dans son appartement de Santa Monica d’une overdose. Le créateur de « Pleasant Street », « Dream Letter », « Sweet Surrender », « Strange Feelin’ » (ouver¬ tement emprunté au « Ail Blues » de Miles Da¬ vis, que sa mère adulait) est redécouvert dans les années 80 (Mick Hucknall de Simply Red est parmi ses admirateurs les plus célèbres) par une nouvelle génération d’auteurs, tel le collectif britannique This Mortal Coil en 83 (« Song To the Siren », et « Moming Glory » et « I Must Hâve Been Blind » sur Filigree And Shadow). Son « Once I Was » est utilisé en 78 dans la BO du film de Hal Ashby, Le Retour, avec Jane Fonda. Le guitariste Eugene Chadbourne a consacré une face entière de son The Eddie Chatterbox Double Trio Love Album à ses chansons, et « Look At the Fool » sera repris en 89 par le groupe américain Zoogs Rift. Le label indépendant Enigma édita en 89, en CD, ses pu¬ blications post-Elektra dont le magnifique Starsailor, et deux enregistrements publics, l’un au Palladium de Londres en 68, l’autre, Live At the Troubadour, à Los Angeles en 69. Le 26/4/91 s’est tenu un concert-hommage à l’église SainteAnne-de-la-Trinité de Brooklyn Heights-New York, auquel a participé son fils (lui aussi dis¬ paraîtra tragiquement en mai 97), qui a toujours renié son père, mais a contribué à le faire redé¬ couvrir au milieu des années 90. Jeff y interpré¬ tait « I Never Asked To Be Your Mountain » que Tim avait consacré à sa femme et à son fils.

ERIC BURDON

mais, New Animais et War. Eric Victor Burdon,

chanteur et fondateur des Animais, naît le 19/5/ 41 à Newcastle (GB). Après des études de des¬ sin industriel, cet admirateur de Ray Charles, Etta James et Joe Turner rencontre, en 62, l’or¬ ganiste Alan Price, leader de l’Alan Price Combo dont il devient le chanteur. Fin 63, la formation se rebaptise The Animais et obtient son premier hit mondial avec son deuxième 45 t, « The House Of the Rising Sun », en juin 64 (le « slow de l’été », n° 1 en GB, en français « Le Pénitencier » par J. Hallyday). E.B. fait décou¬ vrir aux Blancs anglo-américains les bluesmen noirs. En septembre 65, Price quitte les Animais dont E.B. devient la principale figure, jusqu’à l’année suivante. A San Francisco, il forme les New Animais dissous fin 67 malgré trois hits successifs en pleine période « Flower Power ». Il apparaît dans quelques concerts de son ami Jimi Hendrix et se métamorphose une fois de plus en 70, délaissant le « pouvoir des fleurs » pour Nite Shift, formation noire révolutionnaire de Los Angeles qu’il rebaptise War. Il visite l’Europe début 71, mais quitte le groupe quel¬ ques mois plus tard, après avoir enregistré un album avec le bluesman Jimmy Witherspoon. Fin 72, avant d’abandonner provisoirement l’al¬ cool, il entreprend une nouvelle carrière ten¬ dance hard et jazzy avec E.B. Band en compa¬ gnie d’Alvin Taylor (batterie), Aalon (guitare), Randy Rice (basse) et Terry Ryan (claviers), qui l’amènera à Paris à l’été 73, puis en 76. Cet amateur instinctif et forcené de blues et de soûl a prouvé qu’il était l’un des rois du rock-blues des années 60 et encouragé en son temps les chanteurs blancs anglo-saxons fanas de musique noire. Il enregistre quelques séances privées avec F. Zappa et un disque avec le groupe fran¬ çais Gwendal, et envisage un album avec Peter Green. Survivor en 77 est produit par l’ex-Ani¬ mal Chas Chandler. Les Animais originaux se retrouvent en 77 pour un bon album de refor¬ mation, puis en 83 pour l’inégal Ark, sans len¬ demain. Grande gueule, voix mazoutée et bon buveur, Eric se terre à Palm Springs en Califor¬ nie, avant de revenir fin 88 en compagnie de musiciens londoniens avec un album inégal où sa voix rageuse est intacte : passage au Palace à Paris en play-back (!) : « Ce show-case du Pa¬ lace m’a foutu les glandes. » Envisagea en 89 un projet multi-artistique (livre d’art, émission de radio) sur Jimi Hendrix : « Je vis toujours un drame psychique depuis que Jimi m’a laissé. Un jour, je dirai ce que j’ai vécu avec lui » (Rock & Folk, février 89). 96

TB E.B. & A. : Eris Is Here / Winds Of Change / The Twain Shall Meet / Every One Of Us / Love Is / Greatest Hits* / Star Portrait* / E.B. & A.* / E.B. Déclarés War / Black Man’s Burdon (MGM)I Love Is Ail Around (ABC) / Guilty ! [avec J. Whiterspoon] (UA) I Sun Secrets / Stop / Survivor (Capitol) / Darkness Darkness (Polydor) / E.B. Fire Dept : The Last Drive (Ariola)/ Comeback (Line)I Power Com¬ pany (Bullfrog)l Greatest Hits* (Platinum)11 Used To Be an Animal (Striped House) / Crawling King Snake* (Thunderbolt) / Greatest Hits 70-75* (Big Time) / That’s Life* (InalM Beg Scream & Shout ! : The Big 01’ Box Of ’60’s Soûl [coffret 6 CD] (Rhino) / The Soûl Children : Genesis (Stax). B:H Soulsville USA : The Story Of Stax Records, de Rob Bowman (Schirmer Books) I Soûl Music, de Jean-Louis Lamaison (Albin Michel) / Les Dieux de la Soûl, de Phyl Garland (Buchet-Chastel). m The Soûl of Stax, de Philip Priestley.

S0UNDGARDEN Le nom d’une statue des bords du lac Washing¬ ton de Seattle. Groupe métal fondé à Seattle (Washington) en 86, par Kim Thayil (né dans l’Illinois en 64, guitare), Chris Cornell (né à Seattle en 64, chant), Scott Sundquist puis Matt Cameron (batterie) et Hiro Yamamoto (basse). Après Green River, avant Jane’s Ad¬ diction, Mudhoney et Pearl Jam, S. explore le hard-pré-grunge caractéristique de la fin des années 80, bande-son d’une ville dont il est le premier groupe à être signé par une major. En¬ tre punk cérébral américain, MC 5, Stooges, Black Sabbath, Killing Joke et Led Zeppelin, il se distingue par un sens de l’humour à la Red Hot Chili Peppers, un vernis psychédélique hé¬ rité des garage bands des années 60, et un grand chanteur. Cette fusion touffue avant la lettre, aux textes politisés («Jésus Christ Pose », «,Gun »), donne des résultats explosifs, comme Louder Than Love fin 89 ; et sans Ya¬ mamoto, remplacé par Jason Everman (bref guitariste de Nirvana) puis Ben Sheperd, Bad-

http://imusic.com/soundgarden/ http://www.sgi.net/soundgarden/

La SOURIS DÉGLINGUÉE Le Franco-Vietnamien Taï-Luc (guitare-chanttextes), Jean-Pierre Mijouin (guitare), Rikko (basse), Muzzo (sax) et Jean-Claude Dubois (batterie) forment, depuis 79, l’un des groupes punk-skinheads français purs et durs. Il fait ses classes au Gibus et avec un premier 451 autoproduit remarqué, « Garçon Moderne » / « Haine, Haine, Haine ». Ces radicaux, qui ont choisi leur nom de groupe dans une rubrique scientifique, chantent « Quand je m’emmerde », « Fais pas le con », « Parti de la Jeunesse », « Jeunes Voleurs », l’urgence de la crise, l’exclu¬ sion et la banlieue. Une réputation de joyeux re¬ belles depuis un concert saignant le 7/1/81 à l’Opera Night de Paris. Ses albums LSD et Quartier Libre (avec une version speed de « Caravan » de Duke Ellington) confirment sa viru¬ lence politisée. Le temps passant, les joyeux keupons rouges ralentissent l’allure et décou¬ vrent le reggae, la soûl et le rap : Banzai, Tam¬ bour et Soleil, leurs grands disques convenable¬

ment produits et surtout leur double remix enregistré en 83 à Paris, Montpellier et à Luoping, en Chine, remixé par les Garagistes en 93. MLH LSD (New Rose) / Une cause à rallier / Aujourd’hui et Demain / La Cité des Anges (Cellu¬ loïd)/ Eddie Jones / Quartier Libre / Paris 23.05.89 : Live / Banzai (Musidisc) / Royal Fan Club Sélection 80-84* / Remix 2536 (Celluloid)l Tambour et Soleil (Musidisc)/ Beaucoup de Libertés 80-84* (Last Call) / Granadaamok (Musidisc). http://www.multimania.com/fourdu/lsd.html

S0UTHSIDE JOHNNY Chanteur-harmoniciste-bassiste-auteur-compositeur, né John Lyon le 4/12/48 à Neptune (New Jersey). Ami d’adolescence de Little Steven Van Zandt et Bruce Springsteen, il grandit à Asbury Park ; il débute en 66 en chantant du blues et du rhythm & blues, s’accompagnant à l’harmonica et jouant de la guitare basse pour des gloires locales. Il rejoint le Sundance Blues Band, puis Dr. Zoom & The Sonic Boom où il est baptisé « Southside », et émigre à Rich¬ mond (Virginie) en 72, pour revenir en 73 à As¬ bury Park former le duo acoustique Southside Johnny & The Kid, avec « Miami » Steve Van Zandt (né le 22/11/50 à Boston). Le Bank Street Blues Band constitue en 74 le noyau de son remarquable orchestre rhythm & blues composé de musiciens blancs, les Asbury Jukes. Billy Rush (26/8/52, guitare), Kevin Kavanaugh (27/8/51, claviers-chant), Alan Berger (8/ 11/49, basse) et Kenny Pentifallo (30/12/40, bat¬ terie-chant), soutenus par une section de cui¬ vres spectaculaire : Eddie Manion (28/2/52, saxo baryton), Carlo Novi (7/8/49 à Mexico, saxo ténor), Tony Palligrosi (9/5/54) et Ricky Gazda (18/6/52) (trompettes) et Richie « La Bamba » Rosenberg (trombone) débutent au légendaire club Stone Poney. Le rocker à la voix rocailleuse signe chez Epie grâce à « Miami » Steve qui délaisse le E. Street Band de Springsteen et produit leur premier album en mai 76 ; celui-ci, enregistré avec Lee Dorsey et Ronnie Spector, inclut deux titres de Springsteen (dont « Fever ») qui écrit les notes de pochette et lui offrira d’autres titres inédits. « Miami » Steve produit leurs deux albums sui¬ vants, écrit leur répertoire et joue les managers. Les Coasters, les Drifters et les Satins collabo¬ rent à This Time It’s For Real et le groupe pu¬ blie son meilleur disque de la décennie, Hearts Of Stone en 78. Sa voix expressive, naturelle¬ ment faite pour la soûl, proche de Graham Par¬ ker et Willy DeVille, se révèle plus à l’aise sur 641

SOUTHSIDE JOHNNY

motorfinger en 91 (« Outshined » et « Room a Thousand Years Wide »), publié en même temps que Nevermind. Leur grand œuvre après dix ans de carrière, Superunknown, est n° 1 le jour de sa parution en mars 94, 5 millions d’exemplaires vendus aux USA et deux Grammy Awards, stimulé par l’irrésistible « Black Hole Sun », « Limo Wreck », « Mailman » et « Fell On Black Days ». S. tombe de haut quelques mois plus tard avec le conven¬ tionnel Down On the Upside et son rock an¬ goissé joué à fond en mai 96 (« Pretty Noose ») : n° 2 le jour de sa parution, il souf¬ frira du déclin du genre. Vedettes du festival Lollapalooza quelques semaines plus tard, les musiciens se séparent officiellement le 9/4/97. En 92, C. Cornell et M. Cameron ont parti¬ cipé en compagnie de Pearl Jam à Temple Of the Dog (A&M), album-hommage au chanteur de Mother Love Bone, Andrew Wood, décédé d’une overdose en 90. Et la même année Cor¬ nell contribua à la BO Singles avec son très beau « Seasons ». Cameron et Sheperd ont en¬ registré en 93, sous le nom de Hâter, un album du même nom. B'B Ultramega 0K (SST) / Louder Than Love / Screaming Life-Fopp (Sub Pop) I Badmotorfinger / Superunknown / Down On the Upside / A Sides* (A&M). WM Louder Than Live / Motorvision (A&M).

SOUTHSIDE JOHNNY

scène qu’en studio : son album de croisière 81, le double live Reach Up And Touch the Sky, et le « medley » époustouflant de Sam Cooke, ses versions de « Trapped Again », « I Don’t Wanna Go Home », et une reprise définitive de « Stagger Lee » de Lloyd Price. Il produit l’al¬ bum 83 de notre Little Bob national et signe sur le label Mirage produit par Nile Rodgers (Chic). Il élargit son répertoire dans la produc¬ tion Lyon-Rush, In the Heat en 84 : « New Ro¬ meo », « I Can’t Live Without Love », ses re¬ prises de « Don’t Look Back » (Temptations) et « New Coats Of Pain » (Tom Waits). Rush le quitte en 86 pour Serge Gainsbourg et S.J. publie un ultime album avec les Jukes, At Least We Got Shoes où il reprend le classique de Left Banke (66), « (Don’t) Walk Away Renee ». Ce « néo-romantique » {le New York Times) réus¬ sit en solo le « Ain’t That Peculiar » de Marvin Gaye, et coécrit « Walking Through Midnight » (avec Springsteen) sur un Slow Dance inti¬ miste. Il tourne en Europe au printemps 89 et, avec l’aide du tandem Springsteen-Van Zandt, publie son meilleur album, le jubilatoire Better Days en 91, festival de cuivres à la « Memphis Horns », de chœurs soûl et de guitares frénéti¬ ques (Van Zandt et Bobby Bandiera). Incapa¬ ble de financer plus longtemps son orchestre, J. Lyon se contente dans les années 90 de tour¬ nées unplugged (Spittin’ Fire enregistré au Chesterfield Café à Paris, en octobre 96), aux USA et en Europe avec trois musiciens : B. Bandiera et Kevin Gordon (guitares) et Rick Schell (percussions). Mf I Don’t Want To Go Home / This Time It’s For Real / Hearts Of Stone / Havin’ a Party With S.J.* (Epie) I The Jukes / Love Is a Sacrifice / Reach Up And Touch the Sky (Mercury) I Trash It Up ! (Mi¬ rage) lin the Heat / At Least We Got Shoes (Atlan¬ tic)/ Slow Dance [solo] (RCA)I Better Days (ImpactEMI) / Best Of* (Columbia) / Ali I Want Is Everything (Rhino) / Rockin’ With the Jukes* (Sony) / Spittin’ Fire (Musidisc) I Jukes Live At the Bottom Line (Tristar)l Restless Heart* (Rebound). W)Ê Having a Party (Live At the Stone Pony). http://peasel.sr.unh.edU/l/southside/

SPANDAU BALLET Du nom d’un ballet du xixe siècle d’un quartier de Berlin. Un groupe de pop synthétique lon¬ donien qui vend son néoromantisme en s’ha¬ billant en kilt et en se maquillant. Dès leur pre¬ mier titre « To Cut a Long Story Short », Gary Kemp (guitare), son frère Martin (basse), Tony Hadley (chant, fan des Commodores et de 642

Marvin Gaye), Steve Norman (guitare-saxopercussions) et John Keeble (batterie) trouvent le top 5 anglais. Comme en témoigne son Best Of 91, la formation essayera plusieurs styles pour se maintenir, passant de la pop-soul (les hits « Highly Strong » et l’album True en 83) au rock militant de Through the Barricades de 86 (la chanson éponyme, l’une de ses meilleures avec « True » de 83). Le groupe se sépare en 90. La critique a salué la performance d’acteur des frères Kemp en 89 dans le film The Krays. H'B Journeys To Glory / Diamond / True / Parade / Singles Collection* / 12“ Mixes* (Chrysalis) / Through the Barricades / Greatest Hits* / Heart Like a Sky (Epie). T. Hadley : The State Of Play (EMI). G. Kemp : Little Bruises (Sony). http://www.geocities.com/SunsetStrip/Palladium/ 7994/

0TIS SPANN Pianiste et chanteur représentatif du Chicago blues, né le 21/3/30 à Jackson (Mississippi) et mort du cancer à Ghicago le 24/4/70. Influencé par son mentor Big Maceo, expatrié à Chicago en 47, membre de l’orchestre de son demi-frère Muddy Waters pendant les décennies 50-60, on lui doit les « pompes » rythmiques caractérisques de « Got My Mojo Working », « Hoochie Coochie Man » et « I’m Ready », et le formida¬ ble Fathers And Sons. Après un essai avec le gui¬ tariste Robert Jr. Lockwood en 60, il a connu une carrière solo erratique, ponctuée d’enregis¬ trements avec Chuck Berry, l’harmoniciste Ja¬ mes Cotton, Eric Clapton le 4 mai 64 dont c’était la première séance en invité, et Fleetwood Mac : le testament The Biggest Thing Since Colossus enregistré en un seul jour le 9/1/69. d O.S. Is fhe Blues (Bluesway) / Blues Is Where It’s At / Portrait In Blues / Piano Blues / The Blues Of O.S. / Blues Now (Decca) I Good Morning Mr. Blues / Piano Blues [avec Memphis Slim] (Storyville)/ Chicago Blues (Document) I The Blues Never Die ! / Bottom Of the Blues (Stateside) / Blues Are Where It’s At* (HMV)/ Nobody Knows My Trou¬ bles (Polydor) / Raw Blues / Fathers And Sons (Chess)l Cracked Spanner Head (Deram)l Raised In Mississippi [avec Robert Lockwood Jr.] (Python) / The Biggest Thing Since Colossus [avec Fleetwood Mac] (Blue Horizon)/Blues Never Die [1969]/ 0.S.* (Everest)I Cryin’ Time (Vanguard)l The Everlasting Blues (Spivey)l Walking the Blues (Bluesway)I Candid Spann vol. 1 & 2* (Crosscut)l Heart Heavy With Trouble t Cry Before I Go (Bluesway) / Nobody Knows Chicago Like I Do* (Charly) I Rarest* (JSP) / Take Me Back Home* (Black Magic) I Blues Mas¬ ters* / O.S.* (Storyville) I Walking the Blues* (Can-

The SPARKS «Nous avons influencé The Pet Shop Boys, Devo, Depeche Mode,*Duran Duran, et les Mitsouko. » Groupe pop-pré-disco de Los Angeles créé en 1971 par les frères Mael, Ron (piano) et Russel (producteur et chanteur), avec les frères Mankey, Jim (basse) et Earle (guitare), et le batteur Harley Feinstein sous le premier nom de Halfnelson. En 73, les Mael s’installent en Angleterre : Martin Gordon tient la basse, Dinky Diamond la batterie et Adrian Fischer la guitare. L’année suivante, avec «This Town Ain’t Big Enough For the Both Of Us », classé n°2 en Angleterre, au texte surréaliste, à la construction originale (inspirée des Beach Boys et des Beatles), et l’album Kimono My House, leur meilleur, les S., produits par Muff Winwood, s’imposent en Europe, surtout en France. Le duo connaît d’autres succès : « Never Tum You Back On Mother Earth », « Something For the Girl With Everything », « Get In the Swing », et « Looks, Looks, Looks ». Le groupe est dissous début 76, et les frères Mael conservent le nom S. L’ingénu Russel et le chaplinesque Ron s’en retournent à Los Angeles. Leur pop marrante retrouvera le succès avec « Tryouts For the Human Race » (79) et, en France, avec «When I’m With You» (81) et une période disco habilement négociée. Duo en 83 de Ron Mael et Jane Wiedlin des Go-Go’s (« Cool Places ») à l’occasion de l’album déce¬ vant d’un tandem mélodique pétillant, mais qui a perdu le brio qui avait fait de lui l’un des meilleurs groupes pop-fun du début des an¬ nées 70. Ils reviennent gentiment en 88 avec « So Important » et, sur l’album des Rita Mitsouko, Marc et Robert, pour deux duos Cathe¬ rine Ringer-Ron Mael : « Singing In the Shower », hymne composé par les deux frères, classé dans le top 50 et remarqué en GB, et « Hip Kit ». En 95, le duo devenu dance-pop retrouve les classements britanniques avec « When Do I Get To Sing My Way ». Et revient en 97 avec Plagiarism où il réinterprète ses vieilles scies (« This Town » avec Faith No More). Une magnifique compil qui couvre vingt ans et quinze albums, Profile: The Ultimate Sparks Collection, en 91 chez Rhino. Bill Halfnelson / A Woofer In Tweeter's Clothing / Two Originals Of* (Bearsville) / Kimono My House /

Propaganda / Indiscreet / Big Beat / Mael Intuition : Best Of 1974-76* (Island)/ Introducing (Epie)/ N° 1 in Heaven / Terminal Jive (Virgin)/Whomp That Sucker (Why-Fi) / Wonder Girls* / History Of* (Underdog) I Angst In My Pants / In Outer Space / Pulling Rabbits Out Of a Hat (Atlantic)/ Best Of* / Music That You Can Dance To (Curb) I Interior Design (Underdog)/ Profile : It’s a Mael Mael Mael World* (Rhino) /In the Swing* (Spectrum)l Heaven Collection*/Hell Collection* (Sony) / Just Got Back From Heaven* (Success) / Gratuitous Sax And Senseless Violins (BMG)/ Plagiarism [ « auto tribute »] avec Faith No More, Erasure, Jimmy Sommerville 97 (Virgin). http://www.geocities.com/SunsetStrip/Club/3348/

SPECIAL AKA / SPECIALS Le groupe à la mode en Angleterre en 79, après la sortie de « Gangsters » (chez 2 Tone Re¬ cords) et un concert historique à Lono es. Leur cocktail ska-blue-beat éclate sur leur énergique premier album produit par Elvis Costello. Ils s’appellent les Coventry Automatics, puis Coventry Specials, puis Spécial AKA. Ces disci¬ ples de Ian Dury et de Dr. Feelgood, blancs et noirs avec petits chapeaux de cuir et costume, inscriront une liste impressionnante de hits en 79-80-81 : « Gangsters » (n° 6 en juillet 79 en GB), « A Message To You Rudy/Nite Klub » (n° 10 en octobre), « Too Much Too Young » (n° 1 en janvier 80), « Rat Race/Rude Boys Outa Jail » (n° 5 en mai), « Do Nothing », « Ghost Town » (n° 1 en 81) et publieront le fameux More Specials. Un son saisissant et une volonté de faire danser le public (« Concrète Jungle », « Little Bitch »). Le phénomène tournera court après une tournée anglaise difficile (avec Rico et ses cuivres) et une séparation entre les mu¬ siciens et les chanteurs provoquée par la tyran¬ nie croissante de leur leader Jerry Dammers. Celui-ci enregistre « The Boiler » avec Rhoda Bodysnatcher. Roddy forme Roddy Ra¬ diation & The Tearjerkers. Panter rejoint Ge¬ neral Public. Neville Staples fonde Shack Re¬ cords avec son amie Stella des Belle Stars puis, en compagnie de Terry Hall et Lynvai Golding, Fun Boy Three qui cartonne avec « The Lunatics Hâve Taken Over the Asylum », « It Ain’t What You Do » (avec Jimmy Lunceford de Bananarama) et leur version de « Summertime » avant d’enregistrer Waiting avec David Byrne des Talking Heads («The More I See You», « Going Home », « Tunnel Of Love » et « Fancy That »). Séparés en juillet 83, les S. re¬ viennent au printemps 84 avec «Free Nelson Mandela » et en 90 au stade de Wembley pour le concert pour Mandela. Staples, Golding et 643

SPECIAL AKA

did)/The Blues Of O.S... Plus* (See For Miles)/O.S. Chicago Blues* / Live the Life : O.S. With M. Waters In His Band* (Testament) / Down To Earth : The Bluesway Recordings* (Universal).

SPECIAL AK

ji^ Core / Purple / Tiny Music... Songs From the Vatican Gift Shop (Atlantic). B:1 STP, de Mick Wall et Malcolm Dôme. http://www.stonetemplepilots.com/

The STOOGES

« Mes meilleurs souvenirs de journaliste ? Vi¬ vre aux côtés des Stooges... » (Nick Kent aux Inrockuptibles, 94). Parrain de référence de la « blank génération » et du punk-rock, Iggy Pop a défini l’ennui et la frustration d’une généra¬ tion dans son prémonitoire « 1969 » : « ... last year I was twenty one/Didn’t hâve a lot of fun/ And now I’m gonna be twenty two/Another year with nothin’ to do... » Groupe séminal, la première formation sérieuse d’Iggy Pop. A l’origine, en 68, The Psychedelic Stooges, puis The S. pour un fulgurant premier album épo¬ nyme en 69. Le plus célèbre groupe de Detroit avec Mitch Ryder et le MC 5, le plus violent et extrémiste. Jusqu’en 70, Dave Alexander tient la basse, Ron Asheton la guitare et son frère Scott la batterie. Son beat primitif au pouvoir hypnotique associe une rythmique métro¬ nomique, des riffs de guitares distordus, accro¬ cheurs, et une puissance sonore élevée en con¬ cert (pour l’époque). I. Pop, vedette de ce groupe mythique, au jeu de scène acrobatique et à la sexualité exacerbée, rappelle à la fois Mick Jagger et Jim Morrison. Après deux al¬ bums dont le premier, le meilleur, est produit par John Cale, le groupe sombre en 71. Iggy re¬ vient tout en hargne et ambiguïté l’année sui¬ vante, grâce à David Bowie, avec James Williamson à la guitare et les frères Asheton (Ron à la basse) : Iggy & The Stooges : Raw Power. Les quatre révoltés se séparent, après quelques concerts de reformation, en particu¬ lier au Palace à Detroit, jusqu’en 74 (Metallic KO). Les Asheton forment l’éphémère New Order en 77 (aucun lien avec le groupe de Man¬ chester). Ron Asheton crée New Race, avec Dennis Thompson (le batteur de MC 5) et trois membres du groupe australien Radio Birdman en 81 ( The First And the Last en 82, avec le fa¬ meux « November 22,1963 », date de l’assassi¬ nat de Kennedy), puis les Detroit Ail Monsters et le Sonic Rendez-Vous Band avec son frère Scott et Fred Smith de MC 5. Aucun autre groupe ou musicien (à part le Velvet Under¬ ground) n’a exercé une telle influence sur l’his¬ toire du rock en ayant vendu si peu de disques 666

durant son activité. The Stooges et Fun House sont des albums fondamentaux pour bien comprendre l’explosion punk des années 70 et le rock-grunge et noisy des années 80-90. Le reste de sa discographie est composé de chutes de studio, de concerts live plus ou moins légaux et intéressants. Un hommage « tribute » à oublier, mais un live renversant enregistré en 74 à Detroit, réédité en 88, Metallic KO chez Skydog-Bomp. HhW The Stooges / Funhouse / No Fun* (1+2) (Elektra)l I. Pop & The S. : Raw Power (Columbia)I Me¬ tallic KO (Skydog)l Kill City, I. Pop & J. Williamson / I’m Sick Of You [EP] (Bomp) / Jésus Loves The Stooges [EP] (Line)Il Got Nothing [EP] (Skydog) Il Got a Right (Invasion)I Rubber Legs* (Last Call) / Raw Stooges vol. 1 & 2* (Electric) I Pure Lust & What You Gonna Do [EP] / Open Up & Bleed* / Death Trip* / Live At the Whisky A Go-Go* / Gimme Power*/The Créatures Of Hollywood Hills*/ My Girl Hâtes My Heroin* (Revenge)I Live 1971* (Starfighter)l I. & S.* (Revenge) I Rough Power* / Year Of the Iguana* / California Bleeding* (Bomp) I Studio Sessions* (Pilot) / Til! the End Of the Night (Re¬

venge). Sonic Rendez-Vous Band (New Rose). Scots Pirates : Revolutionary Means (Schoolkids). The Empty Set : Thin, Slim & None (Tripsichord). Tribute : I Wanna Be a ’Stooges’* (Revenge). http://www.furious.com/perfect/stooges.html

The STRANGLERS « Des hippies qui se sont coupé les cheveux pour se faire du blé ! » (Boy George, 83). Hugh Cornwell (guitare-chant), Jet Black (batterie), Dave Greenfield (claviers-chant) et le FrancoAnglais Jean-Jacques Burnel (basse-chant) fu¬ rent longtemps considérés comme « la première partie idéale de Patti Smith » avec laquelle le groupe de Guilford tourne pour la première fois en 75. Traités à leurs débuts londoniens de « ré¬ pugnants personnages » et de « groupe dégoû¬ tant » par MM. Mick Jagger et P. Townshend ! Une apparition provocatrice punk typique de 77, illustrée par les singles « (Get a) Grip (On Yourself) », « Peaches » et un album sordide, Rattus Norvégiens (« Down In the Sewer » qui conte le viol d’un rat dans les égouts, le sexiste « Sometimes » et le hit « No More Heroes », n° 8 en septembre 77 en GB). Produits par Martin Rushent, les Estrangers se présentent comme les Cavaliers de l’Apocalypse investis d’une mission évangélique (« Men In Black », où les membres de Téléphone tiennent les chœurs Munchkins dans «Waltz In Black»), Une basse grandiose et des influences psyché-

■ Rattus Norvegicus / No More Heroes / Black & White / Live (X-Cert)/ The Raven /(Gospel According To) The Meninblack / La Folie / Collection 1977-82* (United Artists)/Feiine / Aurai Sculpture (Epic)l Off the Beaten Track* (Liberty)I Dreamtime / Ail Live & Ail Of the Night (Epie) / Rarities* (Liberty) / Radio One Sessions* (Nighttracks) I Singles : UA Years* (EMI) / 10 / Greatest Hits 1977-90* (Epie) / Early Years 1974-76 : Rare, Live & Unreleased* (Castle)/ Live At the Hop & Anchor (EMI)I Stranglers In the Night (China) I The Old Testament : UA Studio Recordings* [coffret 4 CD et démos] (EMI) I Saturday Night Sunday Morning (Essential)/Death & Night & Blood / Live In Concert (Receiver)l About Time / The Sessions: Live BBC 1977-82* / Written In Red (When-Castle) / Live In London (Rialto) / Hit Men* (EMI)/Best Of Epie Years* (Epie)/Access Ail Areas / Friday the 13th, Live At the Royal Albert Hall 1997 (New Rose) I Coup de Grâce (Eagle) / Early Years 1974-75-76 : Rare Live & Unreleased (Essential) / Live At the Hammersmith Odeon ’81 (EMI). J.-J. Burnel : Euroman Cometh (UA) I Un Jour Par¬ fait/ Fire And Water [avec D. Greenfield] (Epie). H. Cornwell : Nosferatu [avec Robert Williams] (UA) / [B0] Bleeding Star (Portrait)I Roads To Babylon / Wolf / CCW / Wired (Virgin) / Guilty (Snapper) / Black Hair, Black Eyes, Black Suit (Velvel).

Purple Helmets : Ride Again (New Rose). Dani : N Comme Never Corne Again (New Rose). http://www.stranglers.net/ http://www.btinternet.com/~in.black/stl.htm

The STRAY CATS « Tout ce que je sais, c’est que Michael Jackson ne sera jamais un rebelle ! Cochran et Vincent étaient des rebelles, ils ont toujours été des marginaux aux USA » (Brian Setzer, Juke Box Magazine, octobre 89). Le groupe qui incarna, entre 80 et 84, le retour du rock’n’roll-rockabilly. Le premier groupe rock’n’roll à avoir dé¬ couvert cette musique en écoutant les disques de ses parents. Le trio de Long Island (New York), exilé à Londres en 80, devient la coque¬ luche des clubs. Son premier single « Runaway Boys », hommage et rappel du rock-swing des années 50, produit par Dave Edmunds, monte dans les premières places du hit-parade anglais. Brian Setzer (10/4/60, fils d’un ouvrier du bâti¬ ment rocker, ex-Lincoln Street Boys et Bloodless Pharaohs, guitare et chant), Lee Rocker (né Leon Drucher en 61, contrebasse) et Slim Jim Phantom (né Jim McDonnell le 20/3/61, batterie jouée debout), au look 50’ s avec ta¬ touages et banane décolorée, des copains d’école, deviennent un grand groupe de scène : leurs versions de « Ubangi Stomp » de Warren Smith, et de « Rumble In Brighton ». Après deux années fastes passées en Europe et sou¬ vent à Paris, à la fin de 82 ils connaissent la gloire aux USA où ils sont n° 1 en single et en album avec la compilation de leurs deux pre¬ miers albums Built For Speed. Bill Wyman les compare aux Rolling Stones des débuts ; ils jouent avec ces derniers sur leur tournée amé¬ ricaine 81, et Ian Stewart figure sur l’un de leurs albums. Ces fans de rockabilly et de vieux rock, qui reprennent « My Way » d’Eddie Cochran, jouent une musique à danser et professent leur admiration pour Etta James, Gene Vincent, Amos Milburn et Jiminy Reed (leur version de « Baby What You Want Me To Do ? »). Leur réussite discographique reste leur impression¬ nant premier album et ses trois hits : les deux compos de Setzer, « Runaway Boys » et « Rock This Town », « Fishnet Stockings », et la charge « Storm the Embassy ». L’amateur de Harley Davidson et Chevrolet, B. Setzer, compositeurchanteur-guitariste (sur une Gretsch 56 demicaisse comme celle de Cochran), figure sur deux titres (avec son premier groupe, les 667

STRAY CATS

déliques évidentes (des Doors et Love aux Standells) qui s’accentuent au fil des années au point qu’ils connaîtront leurs plus grands hits avec des ballades-sucrettes, raffinées (la valse « Golden Brown », en 81, qui concrétise leur virage com¬ mercial, « Strange Little Girl », et « European Female » en 82). Leur compil Liberty-EMI, au moment de leur passage chez Epie, donne un aperçu de quelques-uns de leurs meilleurs ti¬ tres : « Hanging Around », « Duchess’, « Who Wants the World », « Nuclear Device », la re¬ prise provo de « Walk On By » ( !) et « La Fo¬ lie » (de Burnel, en français). Après Aurai Sculpture (en hommage au Love Sculpture de Dave Edmunds) et le succès européen de « Always the Sun » en 86, ils proposent en 88 un second album en public Ail Live And Ail Ofthe Night (après un premier X-Cert réussi). On y trouve, outre leurs classiques, une version de « Ail Day And Ail Of the Night » des Kinks. Al¬ bum 88 en français de J.-J. Burnel, Un Jour Par¬ fait (« Le Whiskey »), qui, après avoir produit Taxi Girl et Polyphonie Size, joue à partir de 86 avec les épisodiques Purple Helmets (John Ellis, et Laurent Sinclair ex-Taxi Girl), groupe spécialisé dans les reprises des années 60. Car¬ rière solo d’Hugh Cornwell à partir d’août 87, qui se produit en version électrique ou, écono¬ mie oblige, acoustique. Il est remplacé par Paul Roberts au chant, et John Ellis à la guitare. In the Night en 92 et About Time en 95 n’ajoutent rien à urre carrière déjà faite.

STRAY CATS

Bloodless Pharaohs) de la compil de Marty Thau 2 X5 (Criminal Records). En octobre 84, il met fin à l’aventure. Ses anciens compagnons collaborent avec Earl Slick (Phantom, Rocker & Slick) puis avec les anciens Kingbees Tim Torrence (guitares) et Jamie James (chant). Setzer incarne remarquablement Eddie Cochran dans le film La Bamba en 87, se fait pro¬ duire par Dave Edmunds (Live Nude Guitars, mi-rock’n’roll-mi-FM calibré) et participe aux. albums de Bob Dylan, Warren Zevon et Bob Geldof. Reformation du trio au printemps 89. L’al¬ bum de retour Blast Off, produit par leur men¬ tor originel D. Edmunds en trois semaines, re¬ met en selle les trois porteurs de la flamme rock. Leur fougue évidente fait une fois encore passer toutes les citations et les emprunts à l’histoire du rock’n’roll. Apothéose française le 23/6/89 au Zénith et le 9/9/89 à la Fête de l’Hu¬ manité devant 200 000 personnes. Slim Jim in¬ carna le batteur de Charlie Parker dans le film Bird. En 92, Setzer réalise son rêve : monter un grand orchestre dejump blues-rock’n’roll, le B.S. Orchestra, avec seize musiciens (parfois vingt-quatre). Les radios américaines le bou¬ dent pour finalement l’accepter pendant l’été 98 ; et il vend plus de 2 millions d’exemplaires de son troisième opus en big band, Dirty Boogie, réjouissant, vivant, 100 % américain où il reprend Louis Prima et les Stray Cats, et invite la chanteuse de No Doubt.

El SC / Gonna Bail / Built For Speed* (1+2) / Rant’n’Rave With the SC (Arista) / Rock Therapy / Blast Off / Rock This Town : Best Of* (EMI) / SC Strut* (CEMA)I Greatest Hits* (Capitol) / Let’s Go Faster* / Choo Choo Hot Fish* (JRS)I Back To the Alley : Best Of* (Arista) / Something Else, Live* / Rock This Town* (Receiver)l Original Cool* (Castle) / Best Of* / Archive* (Rialto)l Runaway Boys : A Ré¬ trospective ‘81-92* (Capitol) I On the Tiles : Live* (Hallmark)/Best Of* (Capitol)l Struttin’ Live* (Big Ear) I Best 22* (Capitol). Phantom, Rocker & Slick : P.R.S. / Cover Girl (EMI). L. Rocker : L.R. Big Blue & Scotty Moore / Atomic Boogie Hour (Black Top) / No Cats (Dixiefrog). http://members.xoom.com/_X00M/Starr30/SC/ straycats.html

soul-jazz. Le ton est donné par leur n° 1 « My Ever Changing Moods ». Leur single initial « Speak Like a Child » est en mars n° 4 en GB : premier concert le 1/5 à Liverpool avant un EP enregistré en France A Paris avec l’ex-choriste de Wham, Dee C. Lee, qui célèbre la vie raffi¬ née des Français (« Paris-Match » et « Long Hot Summer » avec Tracey Thorn de Everything But the Girl). En novembre, « Solid Bound In Your Heart », initialement prévu comme le dernier single de Jam, atteint la on¬ zième place. Dès lors, le duo pop snob, d’une préciosité provocante, enchaîne, entre soûl et textes engagés, les tubes dans un pays où Wel¬ ler (managé par son père) est une star. En 84, Café Bleu propose une nouvelle version de « Paris-Match », chanté avec T. Thorn. Après sa participation au Band Md le 25/11, SC enre¬ gistre pour les mineurs grévistes « Soûl Deep », publié sous le nom de Council Collective où fi¬ gure Jimmy Ruffin. En 85, Our Favorite Shop est n° 1 pendant deux semaines et « Shout To the Top », l’une de ses plus belles réussites (n° 5 en GB), les révèle aux USA. Le 13/7, le groupe participe au Live Aid de Wembley. En 86, SC est partie prenante, avec Billy Bragg et The Communards, du Red Wedge, association de soutien aux travaillistes avant d’écrire pour le film Absolute Beginners le tube « Hâve You Ever Had It Blue ? ». En février 87, après le mariage de Weller et Lee, The Cost Of Loving (n° 2 en GB), qui mélange politique et amour, voit la participation de Curtis Mayfield. Les ru¬ meurs de séparation d’un groupe dandy de soul-samba qui tourne en rond ne l’empêchent pas de publier Confessions, album-concept audacieux avec harpe, quatuor à cordes et un hommage final aux Beach Boys, et une compi¬ lation qui sent bon le changement de cap. Sé¬ paration en 90.

El

Introducing / Café Bleu / Our Favorite Shop / Home & Abroad [live] / Cost Of Loving / Confessions Of a Pop Group / The Singular Adventures Of* / Col¬ lection* / The Complété Adventures Of* (Polydor). http://www.aversion.com/bands/stylecouncil/

SUEDE The STYLE C0UNCIL Après la séparation du groupe le plus populaire d’Angleterre début 83, The Jam, John-Paul Weller (25/5/58, chanteur-compositeur-multiinstrumentiste) fait appel à Mick Talbot (11/9/ 58, ex-Merton Parkas et Dexy’s Midnight Runners, claviers) pour explorer une pop légère 668

Formé en 89 par Brett Anderson (chant et tex¬ tes) et Mat Osman (basse), deux amis de lon¬ gue date, rejoints par Bernard Butler (guitare), S. prend son nom de la chanson « Suedehead » de Morrissey. Ils jouent avec une boîte à rythme. Un concours de maquettes leur permet de signer en 90 sur le label indépendant RML.

Justine Frischmann, petite amie d’Anderson, rejoint le groupe comme deuxième guitariste (elle quittera les deux en 92 pour former Elastica). Ils enregistrent un premier single (avec Mike Joyce, l’ex-batteur des Smiths), « Be My God », « Art », jamais publié. En 91, Simon Gilbert (batteur) se joint au groupe qui signe en 92 avec Nude Records. Avant d’avoir publié quoi que ce soit, S. est la coqueluche des ma¬ gazines anglais, faisant la couverture du Melody Maker, qui les proclame « meilleur nou¬ veau groupe anglais ». « The Drowners », leur premier single, se classe n° 49, mais le suivant, « Métal Mickey », est le bon (n° 17), grâce à un passage remarqué à Top Of the Pops. Influencé par le glam, Roxy Music et David Bowie, et le romantisme des Smiths, S. remet les paillettes au goût du jour, ce qui les distingue dans une époque vouée au grunge. Anderson devient le chouchou de la presse, avec des déclarations comme : « Je suis un bisexuel qui n’a jamais eu d’expérience homosexuelle. » « Animal Ni¬ trate » se classe n° 7 et leur premier album, Suede, entre directement à la première place des charts anglais, devenant le premier album le plus rapide à se vendre de l’histoire (battant le record établi par Frankie Goes To Hol¬ lywood avec Welcome To the Pleasure Dôme). Le groupe anglais le plus populaire remporte le Mercury Music Prize du meilleur album 93. Ils tournent aux USA, où ils changent leur nom en London Suede (à cause d’un crooner se faisant appeler Suede). Mais les tensions grandissent entre les deux compositeurs, Anderson et But¬ ler, et l’enregistrement du single « Stay Together », à la fin de l’année, est délicat. Butler quitte le groupe à la fin de l’enregistrement du deuxième album, Anderson finissant seul les parties de guitare. Dog Man Star est bien ac¬ cueilli mais son succès commercial moyen est éclipsé par ceux de Blur, Oasis, et de la vague brit pop que Suede a contribué à déclencher. Le groupe engage Richard Oakes, un jeune guitariste amateur de 17 ans, en septembre 94, et tourne jusqu’au printemps 95. Butler, associé au chanteur David McAlmont, obtient un cer¬ tain succès avec son premier album. Neil Codling (claviers), cousin de Gilbert, se joint au groupe début 96. Corning Up, en septembre, est une surprise, n° 1 d’entrée, qui donne naissance aux hits « Trash », « Beautiful Ones » et « Saturday Night ». Il se vend à 500 000 exemplai¬ res (plus que les deux précédents additionnés). Head Music, leur meilleur opus, produit par

Steve Osborne (n° 1 en GB), paraît le 4/5/99, et le deuxième album de Butler à l’automne 99. ■H Suede / The Second Corning / Dog Man Star /Co¬ rning Up / Sci-Fi Lullabies* / Head Music (Hut-Sony). B. Butler : People Move On / Album 1999 (Sony). http://www.suede.co.ulc/ http://www.suede.piea.se/suedenation/

SUGAR RAY « Je sais bien qu’on n’est pas terribles, que dans deux ans les minettes de 14 ans en auront 16 et trouveront autre chose, mais on va s’amuser pendant que ça dure... On est détestables. D’ailleurs si je n’étais pas dans le groupe, je ne l’aimerais pas non plus ! » (Mark McGrath). Une starlette figurante de la série TV Alerte à Malibu illustre la pochette équivoque du pre¬ mier album en 95 de ces joyeux lurons d’Orange County (Californie), rassemblés en 92 sous l’influence des Red Hot Chili Peppers : Mark McGrath (chant), Rodney Sheppard (guitare), Stan Frazier (batterie), Murphy Karges (basse). Sheppard et Frazier sont en 89 à l’origine des Tories, qui reprennent les groupes anglais des années 60 et 70. Avec M. Karges ils se rebaptisent Shrinky Dinx (du nom d’un jouet célèbre aux USA) et se spécialisent dans les hits de la décennie 80. Le quatuor finance le rap-metal « Caboose » et devient en 94 SR en hommage au boxeur « Sugar » Ray Leonard. Entre Helmet et Red Hots, il écume la côte Ouest, publie le rigolo Lemonade & Brownies et tourne (avec le DJ Craig « DJ Homicide » Bullock) en première partie de Korn et des Sex Pistols reformés. Produit par David Kahne (Su¬ blime), Floored en juillet 97 bénéficie des « scratches » de « DJ Homicide » et de « Fly », morceau d’ambiance antillaise qui fait vendre 2 millions d’albums. Sex-symbol des magazines américains, McGrath s’autoparodie avec SR dans une scène du film Drôles de pères d’Ivan Reitman en 97, et illustre ironiquement la pro¬ phétie d’Andy Warhol : « Tout le monde sera célèbre pendant un quart d’heure » avec 14:59 paru début 99 et le hit « Every Morning ». Avec leur fusion hybride, ils réalisent un rêve de gosse en assurant la première partie de trois concerts des Rolling Stones en avril. H'B Lemonade & Brownies / Floored /14 : 59 (At¬

lantic). M No Cerveza, No Trabajo (Atlantic). http://www.angelfire.com/ca/sugarray/main.html

A ne pas confondre avec le groupe blues-rock de la côte Est américaine des années 80-90 Su669

CC CL

O

SUGAR RAY

gar Ray and The Bluetones, mené par le chanteur-harmoniciste Ray Norcia et auquel ont collaboré Kid Bangham des Fabulous Thunderbirds et le guitariste Ronnie Earl. B'M Sugar Ray and The Bluetones (Baron)/ Knockout (Varrick) / Don’t Stand In My Way (Bullseyt Blues).

The SUGARCUBES

« Nous ne sommes pas des musiciens. Nous fai¬ sons de la musique pour nous marrer. Les gens pensent qu’il faut déifier la musique, qu’elle est l’ultime extase. C’est faux. Nous ne pouvons même pas exécuter une reprise. On a essayé avec du Rolling Stones. On n’est même pas as¬ sez bons pour ça ! » (Bjôrk). Le premier groupe de Bjôrk. Une bouffée de fraîcheur dans la pop calibrée de la fin des années 80. « Ils ont violé les règles et sont repartis avec le jeu ! » (Melody Maker). Quintette islandais dénommé Sykurmolar à Reykjavik, formé des cendres du groupe expérimental Kukl (sorcière) le 8/6/86 à 2 h 50 (l’anniversaire de Bjôrk !) par Einar Ôrn Benediktsson (chant-trompette-parolier), Bragi Olafson (basse), Sigtryggur Baldursson (batterie), Thor Eldon (guitare) et son ex¬ femme, la chanteuse-claviériste Bjôrk Gudmundsdottir, née en 66. Dans un pays de 250 000 habitants qui compte une douzaine de groupes professionnels, influencés par les rares formations en visite comme Killing Joke ou The Fall, les Morceaux de Sucre fondent leur maison d’édition, Bad Taste, puis signent en Angleterre sur l’indépendant One Little Indian. « Birthday » (à propos d’une fillette de 5 ans qui collectionne araignées et punaises et fume le cigare dans une baignoire), sorti en GB en septembre 87, est n° 1 des charts indé, comme leurs deux titres suivants, « Cold Sweat » et l’agnostique « Deus ». Un premier album décapant comme sa pochette, leur meilleur, combine textes drôles, célébration du sexe, sens de la mélodie alambiquée, punk-rock et trompette, et la voix passionnée, irritante de Bjôrk, qui rappelle celle de Cindy Wilson des B52’ s. Cette adepte du tricot et de Georges Bataille commence ses concerts par la comp¬ tine « Le Petit Chevalier » (du Desertshore de Nico) et place un pot-pourri de Boney M au mi¬ lieu d’un show frénétique. Elle est la star d’un groupe iconoclaste qui, efi scène, explose ses morceaux : « Cold Sweat » arrangé façon country. Rejoints en 88 par la chanteuse Magga et le claviers Einar Melax, les S. s’imposent aux USA où leur album se vend à 500 000 exem¬ 670

plaires après une tournée miraculeuse. Décou¬ verts en France aux Transmusicales de Rennes et classés par les lecteurs de Best. Se sépare fin 92 après le dansant Stick Around For Joy (92) et un album de remixes It’s It (Siggy). B 'B Life’s Too Good / Here Today, Tomorrow, Next Week ! / Stick Around For Joy / It’s It* [remixes] / The Great Crossover Potential : Best Of* (One Little

Indian-PolyGram). WM Live Zabor [live] (Elektra). http://www.abc.se/~m8996/cubes/cubes.html

SUICIDAL TENDENCIES « La musique et les paroles forment un tout. On ne peut pas prendre le texte d’une chanson et le poser sur la musique d’une autre. Si on faisait ça avec ST, ça ne signifierait rien, comme cer¬ taines chansons sans aucune émotion qui pas¬ sent sur MTV... » (Mike Muir). L’un des pre¬ miers groupes américains hardcore de fusion heavy métal et punk, politisé, fondé en 82 à Venice (Californie) : Mike Muir (chant-textes), Mike Clarke et Dean Pleasants (guitares), Josh Paul (basse) et Brooks Wackerman (batterie). Une dose de funk dans un rock contrôlé, avec la hargne punk. Premier album dévastateur sur un label indépendant en 83 : M. Muir y annonce déjà la couleur de ses idées : « I Shot the Devil » (sur Ronald Reagan, alors président des USA) et « Facist Pig ». L’album touche sa cible mais le groupe prend du recul avec le succès, M. Muir ne proposant l’ironique Join the Army que quatre ans plus tard. Les ST délivrent, jusqu’en 94, des albums violents, des riffs de guitares mordants dans la lignée MotôrheadMetallica, et des textes vindicatifs lancés d’une voix féroce, bien au-dessus du standard de leurs rivaux directs : Lights... Caméra... Révolution ! et « Send Me Your Money » en 90. En 91, M.Muir et le deuxième bassiste Robert Trujillo forment en parallèle les Infectious Grooves, fu¬ sion metal-funk-ska non politisée. Après deux albums et trois autres avec ST dont le haineux Suicidai For Life en 94 (« No Bullshit »), M. Muir dissocie les deux entités en juin 94. Il revient sous le pseudonyme Cyco Miko en 96 avec Lost My Brain ! (Once Again), exercice néo-punk et rock traditionnel. En 98, il crée son label Suicidai Records, reforme les ST (« Six the Hard Way ») avec M. Clark et D. Pleasants, Josh Paul (basse), et Brooks Wackerman, l’exbatteur de Bad 4 Good (unique et excellent Refugee produit par Steve Vai en 92), et repart sur la route avec Freedumb en 99.

ST (Frontier-Epitaph) / Join the Army (Caro¬ line) I How Will I Laugh Tomorrow When I Can’t Even Smile Today? / Controlled By Hatred... Déjà Vu (Epic)l Still Cyco After Ail These Years* (Virgin) / Lights... Caméra... Révolution ! (Epie)I Institutionalized* (Virgin)I The Art Of Rébellion / Suicidai For Life / Prime Cuts* / Friends & Families* / Six the Hard Way [EP] (Sony) / Freedumb / Epie Escape* (Suicidai Records). Infectious Grooves : The .Plague That Makes Your Booty Move... It’s the IG / Sarsippius’ Ark / Groove Family Cyco : Snapped Lika Mutha (Epie). Cyco Miko : Lost My Brain ! (Once Again) (Epie). KM Light (CBS). http://members.aol.com/stfl/index.htm http://www.suicidaltendencies.com/ http://www.geocities.com/SunsetStrip/Palms/3325/ info_st.html

SUICIDE Les grands-oncles de la techno. Une influence sur leur mentor et producteur Rie Ocasek des Cars, Mark Almond, PIL, Gun Club, Sigue Sigue Sputnik, Young Gods, Depeche Mode, Sisters of Mercy et le groupe belge Front 242. Parmi les groupes les plus détestés de l’histoire du rock. Avec Lou Reed et Iggy Pop, le duo culte Martin Rey (claviers) et Alan Vega (ex¬ sculpteur, textes-chant-claviers) furent parmi les premiers punks américains. Formé en 70 à New York au moment où Reed publie Music Métal Machine, son rock flippé se réclame à la fois d’Otis Redding et du musicien free jazz Al¬ bert Ayler. Un beat mécanique, hypnotique, monocorde, une inspiration urbaine sans vernis entre l’Elvis des débuts et Kraftwerk (« Frankie Teardrop »). Ces anges sombres publient un premier disque imposant en 77 et un second en 80, Alan Vega & Martin Rev (« Be Bop Kid ») produit par Rie Ocasek. Après une in¬ terruption de huit ans, quatre albums solo d’Alan Vega, son « Juke Box Baby », tube en France, et le Legendary de Martin Rev, S. re¬ vient début 89 avec A Way Of Life toujours hanté par un rock chamanique paranoïaque. Tournée de réunion décevante et concert pari¬ sien le 23/1/89 qui enterre définitivement le groupe. En 96, Vega, le petit juif noctambule moderne, chante son Cubist Blues en compa¬ gnie d’Alex Chilton et Ben Vaughn aux instru¬ ments. Au printemps 98, le catalogue Labels ressort un double CD historique avec son pre¬ mier album et un live au CBBG de New York (avec ses musts « Cheree », « 96 Tears », « Johnny Johnny »), et Vega entre en studio avec les deux jeunes Finlandais du groupe Pan

Sonic, ex-Panasonic, pour Vainio Vaisamen Veag/Endless (Mute-Labels). ■'JS S. / 24 Minutes Over Brussels [live édition limi¬ tée] (Red Star) / A.V. & M.R. : S. (Ze-Island)l Half Live/Half Studio* / Ghost Riders (R01R)I A Way Of Life (Chapter 22) / Why Be Blue (Brake 0ut) / Zéro Hour Berlin 1978* / Tribute : Your Invitation To S.* (Munster). A.Vega : / Collision Drive (Celluloid)/ Saturn Strip / Just a Million Dreams (Elektra) / Deuce Avenue / Power On To the Zéro Hour / New Raceion / Dujang Prang (Musidisc)l Cubist Blues [avec Alex Chilton & Ben Vaughn] (Last Call). M. Rev : Infidelity (Lust Unlust) / Clouds Of Glory (New Rose) / Cheyenne (Marilyn) / See Me Ridin’ (ROIR). HH Suicide, Alan Vega, Cripple Nation. http://trouserpress.com/bandpages/SUICIDE.html

SUPERGRASS « Ne comptez pas sur nous pour perdre la tête. Nous allons rester soudés, on sera encore là dans cinq, dix, quinze, vingt ans, aussi long¬ temps qu’il faudra... » (Gaz Coombes). G. C. (chant-guitare), Mickey Quinn (basse) et Danny Goffey (batterie) forment à Oxford la Superherbe en 93. Leur premier single « Caught By the Fuzz, » paru à l’été 94 sur le label indépendant Backbeat, favorise une signature chez Parlophone, le label des Beatles. « Mansize Rooster » et « Lenny » au printemps 95 an¬ noncent I Should Coco qui, en mai, entre dans le Top Ten (500 000 exemplaires vendus en Angleterre, plus d’un million dans le monde). Le groupe devient populaire, et le single « Alright » / « Time » s’installe dans le top 3 pen¬ dant plus d’un mois, propulsant l’album à la première place. Le trio, très jeune (deux de ses membres ont moins de 20 ans à la parution de leur premier single), séduit par sa fraîcheur et sa vigueur. Leurs influences sont les Buzzcocks, les Jam et, à travers eux, S. remonte jusqu’aux Small Faces et aux Who, avec un petit quelque chose en plus, la voix aiguë de Gaz, qui évoque parfois... Supertramp. Un sacré mélange qui fonctionne bien dans In It For the Money (97), plus ambitieux (au son enrichi par la présence à l’orgue de Rob Coombes, le frère de Gaz), et toujours aussi énergique ; il se vend moins en Angleterre, mais conforte la popularité de ces Pieds Nickelés insolents dans le reste du monde. Un nouvel album en septembre 99, plus cohérent, toujours produit par John Cornfield. ■ I Should Coco / In It For the Money (Parlophone-EMI). 671

SUPERGRASS

SUS

SUPERGRASS

http://www.geocities.com/SunsetStrip/Club/6202/ grass.html http://www.geocities.com/SunsetStrip/Backstage/ 6562/supermain, htm

SUPERTRAMP

Du livre de W. H. Davies (1908), Autobiogra¬ phie d’un superclochard. L’un des sommets pop des années 70,50 millions d’albums vendus. Un succès mondial grand public qui fit de ce super¬ groupe anglo-américain l’égal d’un Pink Floyd et d’un Genesis, en particulier en France où le groupe a vendu plus de 5 millions d’albums, ce qui le classa longtemps parmi les meilleures ventes étrangères. Fondé en 69 à Londres par Rick Davies (claviers-chant) et Roger Hodgson (claviers-chant), avec Richard Palmer (guita¬ res) et Robert Miller (percussions). Un premier album Indelibly Stamped, délicat, porté par les progressions rythmiques (« Nothing To Show », « It’s a Long Road »), le choix méticu¬ leux des timbres et un talent mélodique évi¬ dent. Après un deuxième disque raté et avant un concert confidentiel à Paris au Bataclan, la formation recomposée en 73 (avec Davis-Hod¬ gson, le batteur Bob Benberg, le bassiste Dougie Thompson et John Anthony-Helliwell, cla¬ viers-instruments à vent) confirme ses qualités en 74, avec Crime Of the Century. L’un des grands disques des années 70, son meilleur (plus de 500 000 exemplaires en France), un pendant ultra-pop à Dark Side Of the Moon, n° 1 en Angleterre, traite sous différentes ap¬ proches de la faillite de l’école (« School », « Bloody Well Right ») conduisant au désordre psychique (« Asylum », « Dreamer », « Hide In Your Shell ») mais n’excluant pas l’action et la réaction (« Crime Of the Century »). Après Crisis, What Crisis ? (« A Soapbox », « Sister Moonshine », 75), typique de l’humour acide de Davies, S. s’installe aux USA et grave, au Caribou Ranch Studio, Even In the Quietest Moments, autoproduit, disque léger où figurent « Give a Little Bit » et sa guitare acoustique. Ce titre l’impose en France. L’accrocheur Breakfast In America, n° 1 en 79 dans de nombreux pays dont les USA (22 millions d’exemplaires dont, en France, plus d’un million), dissèque l’expérience du rêve américain : « Breakfast », l’irrésistible « Logical Song », n° 7 en mars 79 en GB, « Take the Long Way Home » ; à tra¬ vers un feeling discrètement jazzy et une unité d’arrangements éblouissante, S. affirme : « Il faut trouver une nouvelle ambition » (« Child Of the Vision »). Sa tournée mondiale en 79 672

108 dates - confirme ce phénomène marketing et commercial : le double album en public Paris (enregistré à Pantin le 29/11/79) rend compte de ce sommet (la suite « Fool’s Ouverture » « Two Of Us » où figurent avec pompe Big Ben et Winston Churchill dans son plus célèbre discours). Cette formation, qui a pu rappeler le Caravan de la meilleure époque et Procol Harum, traversa avec succès les années 70, faisant le lien entre les Beatles et Pink Floyd, sans être affectée par les courants punk et new wave. Son efficacité tenait au duo Roger Hodgson (mélodies)-Richard Davies (constructions rythmi¬ ques et harmoniques), à une maîtrise du son, des harmonies vocales, un humour précieux et une vision positive, fraternelle. Ultime tournée mondiale en 82 (passage au parc de Sceaux de¬ vant 80 000 personnes et en province) et Famous Last Words avant le départ d’Hodgson à la fin de l’année. Le groupe de pop progressive jadis calqué sur Traffic (deux claviers et un saxo), devenu quatuor, ne retrouvera pas la légèreté de son ex-leader ; et malgré quelques mini-succès (« Cannonball », « I’m Begging You » en no¬ vembre 87 et « Goodbye Stranger »), déclinera jusqu’à un album public en 88 où Davies affir¬ mera son amour du rhythm & blues en repre¬ nant « I’m Your Hoochie Coocchie Man » de Willie Dixon. Il dissout la formation qui, bien sûr, fait son come-back régulièrement (7/ Was the Best Of Times, Best Of en public en 99) sans Hodgson. Carrière décevante de celui-ci mal¬ gré un premier album convenable en octobre 84 ; participation en 99 au concept-album Excalibur avec tous les noms de la musique celti¬ que hexagonale : Dan ar Braz, Tri Yann, etc. Ne pas confondre Rick Davies avec l’ex-Moles et Cardinal, Richard Davies, songwriter aus¬ tralien de pop délicate à la Nick Drake, Brian Wilson et autres Syd Barrett (album Telegraph). El S. / Indelibly Stamped / Crime Of the Century / Crisis ? What Crisis ? / Even In the Quietest Mo¬ ments / Breakfast In America / Paris [live] !... Famous Last Words / Brother Where You Bound / Autobiography Of* / Free As a Bird / Compact Hits* / Live 88 / Classics vol. 9* / Very Best Of vol. 1 & 2* (A&M) / Some Things Never Change / It Was the Best Of Times [double C0 live] (Chrysalis). R. Hodgson : In the Eye Of the Storm / Hai Hai (A&M) I Rites Of Passage (Unichord). ES The Supertramp Book (biographie autorisée), par Martin Melhuish (Omnibus). http://www.supertramp.com/ http://www.microtec.net/-sylvn/tramp/

Les poupées sexy de Tamla-Motown. Diana Ross, Mary Wilson et Florence Ballard formè¬ rent, pendant près de dix ans, le plus célèbre groupe vocal féminin du monde occidental, dont s’est inspirée Woopy Goldberg au début du film Sister Act. The Primettes se produisent avec les Primes, futurs Temptations, et devien¬ nent The Suprêmes. Elles se connaissent depuis leur enfance, passée à Detroit. Elles signent avec Tamia et deviennent le fer de lance de la compagnie après une douzaine de flops. A par¬ tir de 64, les n° 1 et les disques d’or se succè¬ dent, des titres de Holland-Dozier-Holland pour la plupart : « Where Did Our Love Go ? » (repris par J. Geils en 1976), « Baby Love », « I Hear a Symphony », « You Can’t Hurry Love » (repris par Graham Parker, Stray Cats, Phil Collins), « Corne See About Me », « Stop In the Name Of Love », « Back In Your Arms Again », « You Keep Me Hangin’ On » (repris par Vanilla Fudge, Rod Stewart et Kim Wilde), « Love Is Here And Now You’re Gone », « The Happening », « Love Child » et « Someday We’ll Be Together », soit douze n° 1 de 64 à 69. Au moment où les USA craquent devant les Beatles, l’Angleterre fond devant leurs voix et leurs jambes. A la suite du remplacement, en juillet 67, de Florence Ballard (décédée le 22/2/76 à 32 ans) par Cindy Birdsong, le trio devint Diana and The S. puis Ross quitte la formation en janvier 70, après des adieux le 21/12/69 lors du show TV d’Ed Sullivan, et est remplacée par Jean Terrel, sœur du boxeur Ernie Terrel. Après un essai avec les Temptations en 69, Berry Gordy Jr. les associe aux Four Tops fin 70 pour une spectaculaire version de « River Deep Moun¬ tain High », des shows TV et des enregistre¬ ments (The Magnificent 7) en 70-71. Malgré l’absence de Ross, elles continuent jusqu’en 78 avec la seule Mary Wilson, après bien des chan¬ gements de personnel, inscrivant encore dans les charts « Stoned Love », « Up the Ladder To the Roof » (70), « Nathan Jones » (71, très sixties), « Floy Joy », écrit et produit par Robin¬ son (72), et « Bad Weather », écrit et produit par Stevie Wonder (73). Séparées en 78, les S., avec D. Ross, figurent parmi les dix artistes les plus importants des an¬ nées 60, et furent la formation vocale améri¬ caine la plus populaire de tous les temps. En 77, leur compil Diana Ross and The Suprêmes est n° 1 en GB pendant sept semaines. Et, en décembre 81, une comédie musicale sur la car¬

rière du trio, Dreamland, commence la sienne à Broadway à l’Imperial Theatre. Le 6/5/83, le groupe se réunit pour le 25e anniversaire de Tamia, avant de reprendre une dernière fois la route en 83 avec Wilson. Fin 88, Bananarama revisite avec succès « Nathan Jones » et, en 89, Terrell, Payne et Linda Lawrence relancent brièvement le trio magique. Les « girls » (comme le présentateur TV Ed Sullivan les avait surnommées) qui ac¬ compagnèrent gentiment la lutte pour les droits civils des Afro-Américains détiennent le record du groupe américain ayant vendu le plus de dis¬ ques dans son pays (plus de 50 millions) et ali¬ gné douze n° 1, dont cinq d’affilée. Admises au Rock & Roll Hall Of Famé en 88. Une in¬ fluence sur les Pointer Sisters, Labelle et autres En Vogue et Ail Saints. Ü'U Meet the S. / Where Did Our Le a Go ? / With Love From Us To You / We Remember Sam Cooke / More Hits* / Sing Country Western And Pop / At the Copa [live] / I Hear a Symphony / A Go-Go / Sing Holland-Dozier-Holland / Sing Rodgers And Hart / D.R. & S. Greatest Hits* / Live At the Talk Of the Town / Reflections / Love Child / Join The Tempta¬ tions / T.C.B. / Let the Sunshine In / Together / Cream Of the Crop / On Broadway / Greatest Hits vol. 3* / Farewell / Right On / New Ways But Love Stays / The Magnificent 7 / Return Of the Magnifi¬ cent 7 / Dynamite / Touch / Floy Joy / S. [72] / Anthology* / S. [75] / High Energy / Mary, Scherrie & Susayne / Motown Spécial* / 20 Golden Greats* (Motown) / Stoned Love* (MFP) / Early Years* / Merry Christmas* / 25th Anniversary* / Compact Command Performances* / Every Great N° 1 Hit* / Love Suprême* / 70’ s Greatest Hits & Rare Classics* (Motown) I Stop In the Name Of Love* / I’m Gonna Make You Love Me* (Spectrum) / Ultimate Collection* (Motown). http://www.motown40.eom/history/archives/s/ supremes/l.html

Surf music « Surf, surf, surf, surfing USA » (The Beach Boys). La musique du fun californien des an¬ nées 50 et 60. « Ses accents se caractérisent par une base rythmique proche de celle du rock’n’roll, empruntée au pionnier Chuck Berry, des harmonies vocales et des chœurs touffus proches parfois du doo wop » (J.-M. Le¬ duc, Le Dico des musiques). La plupart des en¬ registrements de surf music ont été réalisés en¬ tre 60 et 65, pratiquement dans la seule Californie du Sud, et sa mode auprès du grand public américain dura de 62 à 64 (tuée par l’in¬ vasion des groupes britanniques), mais on en trouve des traces dans le rock instrumental de 673

Surf music

The SUPREMES

Surf music

la deuxième moitié des années 50, chez Duane Eddy, les Ventures, les Champs. Pendant ce court laps de temps, une myriade de formations vocales ou instrumentales ont publié des 45 t, et des albums pour les plus chanceux, aux gui¬ tares, parties d’orgue ou de saxophone enle¬ vées, et aux lignes de basse pratiquement iden¬ tiques. Le guitariste Dick Dale, le pionnier du genre, popularise un écho particulier (« reverb ») qui fait école, évoquant les vagues des plages de Malibu, Torrance ou Huntington où ce sport, créé à Hawaii, fait fureur. Son « Let’s Go Stripping » de 61 dynamite la production et les Chantay’s de Santa Ana (« Pipeline » en fé¬ vrier 63), les Surfaris de Glendale (« Wipe Out » en juin 63), et même les Trashmen de... Minneapolis avec l’incroyable « Surfin’ Bird » en novembre 63. Les grands gagnants du genre sont un groupe et un duo : les Beach Boys de Hawthorne qui bâtissent leur carrière sur la surf music avant de passer à la mode des ba¬ gnoles (les « hot rods »), et Jan & Dean de Los Angeles qui alternent eux aussi « surf songs » (« Surf City » en 63) et « hot rod music » (« Dead Man’s Curve » en 64). On a assisté au début des années 80 à une résurgence de cette fun music, à travers des formations plus ou moins crédibles comme Jon & The Nightriders, les Surf Punks du batteur-chanteur Dennis Dragon, le retour en 93 du grand Dick Dale, et l’inclusion en 94 du classique « Misirlou » de Dale et de « Surf Rider » des Lively Ones dans la BO de Pulp Fiction. Les chansons avec « surf » dans le titre ou le texte sont innombrables : « Surfin’ Safari », « Surfer Girl », « Surfin’ USA », « Surf’s Up », « Catch a Wave » des Beach Boys, « Surf City » et « Ride the Wild Surf » de Jan & Dean, « Windsurfer » de Roy Orbison, « Surfin’ Bird » (repris par les Cramps), niché même chez Santana : « Body Surfing » en 82, l’icono¬ claste « Kill Surf City » de Jésus & Mary Chain, et le ras-le-bol de Jimi Hendrix en 67 dans « Third Stone From the Sun » : « You’ll never hear surf music again. » Les sportifs(ves) de glisse surf et skate des années 90 écoutent plu¬ tôt des groupes hardcore thrash-metal ou triphop. Mais Jan & Dean avaient chanté en... 64 : « Skateboard Surfin’ USA » ! Le nom d’un des principaux moteurs de recherche d’Internet (l’expression « surfer sur le Web ») vient de l’un des cris du surfer : « Yahoo ! » KZH Rare Surf vol. 1 & 2* (Avi)l Wild Surf* / Sun & Surf, Cars & Guitars* (Del-Fi) / Surf War : The Battle Of the Surf Groups* / Surf’s Up At Banzaï Pi¬ peline* / Surf & Drag vol. 1 & 2* (Sundazed)l Sur¬

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fin’ In the Midwest* (Unlimited Production)/Surf’s Up* (Charly) / Guitar Player Présents Legends Of Guitar, Surf, vol. 1* / The History Of Surf Music* / Summer & Sun* / Summer Hits* / Surfin’ Hits* / Rock Instrumental Classics vol. 1 à 5* / Cowabunga !, The Surf Box * [coffret 4 CD] (Rhino). H The Illustrated Discography Of Surf Music 1961-65, de John Blair (Popular Culture Ink.)l Great Surf & Rock Instrumentales Of the 50’ s & 60’ s, d’Alan Clark / Surf Music, de Kingsley Abbott / Sur¬ fin’ Guitars : Instrumental Surf Bands of the Sixties, de Robert J. Dalley. http://ourworld.compuserve.com/homepages/ slcsmas http://irpsbbs.uscd.edu/dom/cowabunga/cowabunga. html

SWELL « Nous sommes fans de Killing Joke, Gang of Four, Joy Division et du punk-rock en général. Je n’ai découvert Dylan, Neil Young ou Woody Guthrie que sur le tard ! » (Monte Vallier, l’un des auteurs rock les plus lucides de la fin du millénaire). L’expression « swell », héritée des années 40, désignait chez les hippies américains des années 70 une exclamation sarcastique : « oh super », alors qu’on voulait dire tout le contraire. Une formation californienne ma¬ jeure de l’underground américain, de San Fran¬ cisco qui, comme Mazzy Star et Mercury Rev, publie depuis 90 des albums remarquables de spleen à l’atmosphère étouffante et aux in¬ fluences tous-azimuts. Swell / Well ? / 41 (American)I Too Many Days Without Thinking (Psycho Spécifie) / For AU the Beautiful People (Beggars Banquet). http://www.psycho-specific.com/index.html

The SWINGING BLUE JEANS La plus ancienne formation du « Merseybeat » de Liverpool des années 59-60, dont les Beatles sont issus, et l’un des meilleurs groupes instru¬ mentaux du genre. Ray Ennis et Ralph Ellis (guitare-chant). Les Braid (basse) et Norman Kuhlke (batterie) débutent eux aussi au Star Club à Hambourg, et séjournent à la Cavern à Liverpool, de 59 à 61. Le mardi 21/3/61, ils invi¬ tent les Beatles qui y jouent pour la première fois. La comparaison s’arrête là. Les SBJ possé¬ daient un talent limité d’auteurs-compositeurs, et leurs trois succès sont des reprises, d’une vi¬ talité et d’une fraîcheur encore intactes : « Hippy Hippy Shake » en novembre 63 (n° 2 derrière « I Want To Hold Your Hand » des... Beatles), « Good Golly Miss Molly » et

« You’re No Good » en février et mai 64. Au contraire des autres groupes de la « British In¬ vasion », le groupe refuse l’invitation de partici¬ per au prestigieux Ed Sullivan show TV améri¬ cain, et ils n’iront jamais aux USA. Le futur Hollies Terry Sylvester remplace R. Ellis en 65. Une carrière dans les clubs et stations balnéai¬ res jusqu’aux années 90 avec les seuls R. Ennis et L. Braid. B'B Hippy Hippy Shake (Impérial) / Blue Jeans a Swinging (HMV-rééd. BCO) I Shaking Time* / Live In Cascade Beat Club, Koln* / 2+2* (Electrola) / SBJ* (MFP) / Brand New & Faded (Dart) / Jump’n’Jeans* (Ace) / Hits Of* (EMI) / Live Shakin’* / Ail the Hits... Plus More* (BBC)I Shake With SBJ* / You’re No Good (HMV) / SBJ* (Liverpool Sounds) / SBJ In Paris (VSM)I Best Of EMI Years* / Best Of ‘63-66* (EMI)I Hippy Hippy Shake : Defi¬ nitive Collection* (Capitol) / Remember the Golden Years* (Electrola)/Original Hits* (Disky)l B. J. Are In* (Moggie) / French 60’s EP Collection* (Magic) / At Abbey Road : 1963 To 67* (EMI). http://www.users.zetnet.co.uk/searchers/sbjdisco. htm

SYLVAIN SYLVAIN L’ex-Actress (avec Johnny Thunders et Billy Murcia), Syl Sylvain, d’origine française, né au Caire en 53, remplace Rick Rivets en 72 chez

les New York Dolls, dont il est le coguitariste avec J. Thunders et le cocompositeur avec Da¬ vid Johansen : « Frankenstein », « Trash », « Puss’n’Boots ». A la séparation des Dolls en 77, Sylvain et Johansen font cause commune quelques mois, puis S.S. forme les Criminals avec Bobby Plain (claviers), Michael Page (basse) et Tony Machine (batterie) : « The Kids Are Back ». Son rock hargneux, mais conven¬ tionnel, ne tient pas face à la marée punk, et Syl rejoint la nouvelle formation pop-rock de D. Johansen dont il coécrit le remarquable « Swaheto Woman » de In Style. Premier album solo fin 79 (avec B. Plain, Lee Crystal [batterie], et deux ex-D. Johansen, Johnny Rao [guitare] et Buz Verno [basse]), croisement de ses in¬ fluences rock et pop : « I’m So Sorry », « What’s That Got To Do With Rock’n’Roll ? ». Cet ex¬ cellent guitariste rythmique forme les Teardrops en 81 avec Rosie Rex (batterie) et Danny Reid (basse), surnommé « le trio le plus laid du rock ». Retiré depuis 83, il tente un retour passé inaperçu en 98 (Sleep Baby Doll). B'M Sylvain Sylvain / S.S. and The Teardrops (RCA) / ’78 Criminals* (Fan Club) I Sleep Baby Doll (Fishhead).

DAVID SYLVIAN (voir JAPAN)

TALK TALK « Je ne sais pas écrire positivement, j ’écris contre. C’est peut-être pour ça que mes chansons sont tristes... » L’introverti Mark Hollis, né en jan¬ vier 55 à Londres, ex-Reaction, écrit, compose, produit et chante tous les titres de sa formation à géométrie variable formée en 80 avec le bat¬ teur Lee Harris, le bassiste Paul Webb, puis le claviers Simon Brenner. Taxé au début des an¬ nées 80 de « nouveau Pink Floyd », le groupe pop-new wave de Hollis, insaisissable, connaît le succès en 82 coup sur coup avec « Talk Talk », « Today » et un remix imparable de « Talk Talk ». M.H. partage avec Tim FrieseGreene, qui coproduit le groupe (en 84, les tu¬ bes synthé européens « It’s My Life », « Dum Dum Girl » et surtout « Such a Shame »), une fascination pour la musique française impres¬ sionniste du début du xxe siècle, les jeans et che¬ mises à fleurs. Après « Life’s What You Make It », triomphant et homogène, et Colour Of Spring où joue Stevie Winwood, il délaisse la pop en 88 dans l’expérimental Spirit Of Eden et abandonne son aisance rythmique pour un ton béat et douloureux, dû au rôle grandissant de Friese-Green, coauteur et coproducteur d’une œuvre lumineuse et recueillie. La paru¬ tion sans l’accord de Hollis de la compilation de remixes History Revisited en février 91 amène une rupture avec EMI. Son Laughing Stock en novembre, aux confins du free jazz et de Miles Davis, généralement considéré comme l’une des meilleures réussites de l’année 91, trop riche, trop délicat, est un échec commer¬ cial. En 98, le songwriter subtil et triste revient dans l’acoustique M.H., loin du rock, avec cla¬ rinette, basson et hautbois, quelque part entre Robert Wyatt et les méconnus Red House Painters. « Il vaut mieux jouer bien une note qu’en jouer dix mal ! » Hollis a participé en 98 676

au projet Unkie (sur Mowax) avec Thom Yorke de Radiohead et Mike D. des Beastie Boys. hiM The Party’s Over / It’s My Life / Colour Of Spring / Spirit Of Eden / Natural History, The Very Best Of TT* / History Revisited* (EMI) I Laughing Stock (Polydor) / A Sides And B Sides* / London 1986 [live] (EMI). M. Hollis : M.H. (Verve/PolyGram). 0’

Rang

(Harris-Webb): Herd Of Instinct [94]

(Echo). http://home.earthlink.net/-landrvr/

The TALKING HEADS « La scène artistique contemporaine était très pauvre. Alors nous avons choisi la pop comme le mode de communication le plus direct et le plus excitant. » Le désenchantement moderne des années 77-84 était-il soluble dans la dance et la new wave caricaturale ? Les Têtes Parlan¬ tes, grands du rock américain, trouvent leur nom d’après le cadrage tête-épaules des pré¬ sentateurs de journaux TV. Après Patti Smith, les Ramones et Télévision, le dernier groupe des Big Four du CBGB’s à avoir émergé du club new-yorkais et à devenir, en 80, l’un des must de la new wave américaine. David Byrne naît le 14/5/52 à Dumbarton (Ecosse). Ses parents s’installent au Canada lorsqu’il a 2 ans et à Baltimore lorsqu’il en a 9. Il joue avec Risd et Mark Kehoe dans le duo Bizadi où il apparaît au violon et à l’ukulélé. D’octobre 73 à juin 74, il chante les Kinks, le Velvet Underground, Paul Revere, les Mira¬ cles, et tient la guitare des Artistics, rebaptisés les Autistics, avec Chris Frantz (ex-Beans, bat¬ terie). Il fonde à Providence (Rhode Island, banlieue résidentielle de New York), en sep¬ tembre 74, les TH avec Martina Weymouth (22/ 11/50 à Coronado, petite-fille de Bretonne, gui¬ tare basse) et C. Frantz (8/5/51 à Fort Campbell)

PEUR DE LA MUSIQUE. L’oppressant Fear OfMusic (« Air », « Cities », « I Zimbra » et l’envie d’explorer la « high life ») en août 79, toujours produit par Eno, est l’un des meilleurs albums du rock de la fin des années 70 (« Drugs », « Heaven » composé en pensant à Neil Young). Il est classé disque de l’année en GB (« c’est l’un des plus beaux disques de co¬ médie », Lester Bangs). Le 45 t « Life During War Time » est un succès de club (le refrain «This Ain’t No Party, This Ain’t No Disco, This Ain’t Foolin’ Around ») et leur première tournée mondiale un triomphe. L’ultime colla¬ boration avec Eno, Remain In Light, amorce un parti pris d’exotisme (leur meilleure vente en France avec près de 100 000 exemplaires) sur la face A et présente en face B le hit « Once In a Lifetime ». Leur tournée mondiale 80-81 scelle le mariage du groupe cinglant et glacé de la mégalopolis avec les rythmes africains, la soûl, le funk : « Sans rien sacrifier de l’expres¬ sion d’un malaise citadin, ce groupe abandonne son ancienne approche au profit d’un style plus orienté vers les percussions et une nouvelle synthèse rock-funk » (Robert Hilburn, Los An¬ geles Times). Sa formation de 80-81, présentée le 27/8/80 à New York (à Central Park) figure sur l’album en public The Name Of this Band Is TH et comprend, en plus du quatuor de base, l’ex-Funkadelic et Parliament Bernie Worrell (claviers et guitare), les guitaristes Busta « Cherry » Jones et Adrian Belew (Bowie, King Crimson), le perçus Steve Scales et les choristes Nona Hendryx et Dolette McDonald.

Ce disque enregistré entre le 17/11/77 et début 81 (avec l’inédit « A Clean Break ») retrace sa progression vers l’Afrique noire (« House In Motion »). Après ce maelstrôm afro-tribal re¬ tentissant, Chris et Tina enregistrent sous le nom de Tom Tom Club, avec le guitariste de T. Connection Steve Stanley et l’ex-Wailer Tyrone Downie, le hit dansant « Wordy Rappinghood ». Jerry enregistre le sous-estimé The Red And the Black (Sire, novembre 81) et pro¬ duit les Escalators où il retrouve B. Jones. Et Byrne poursuit son exploration des musiques du tiers-monde avec Eno. Après avoir fait pa¬ tienter les fans avec le double live rétrospectif This Band Is TH, le groupe se retrouve en qua¬ tuor pour Speak... en 83 où, malgré la présence du violoniste Shankar (dans « Making Flippy Flooppy »), de Nona Hendryx et Bernie Wor¬ rell, il a du mal à oublier son épisode ethnique. Il ne retrouve pas la force maladroite de ses dé¬ buts où il exposait crûment l’univers schizophré¬ nique et technologique maniaque de Byrne, ses saynètes grinçantes, naïves comme celles de Randy Newman qu’il admire : « Don’t Worry About the Government », « No Compassion », « Pulled Up », « The Book I Read » de 77 et une intensité qui avait enthousiasmé les critiques américains, puis européens en 77-78, et rappe¬ lait dans ses meilleurs moments le minimalisme de Jonathan Richman et des Modem Lovers. Ils repartent en tournée (le film et le disque Stop Making Sense de Jonathan Demme, en 85). Peut-être aiguillonnés par l’album puissant de Harrison (Casual Gods avec Chris Spedding et Robbie Mclntosh), ils font au printemps 88 un retour réussi avec Naked enregistré à Paris en compagnie des Pogues et Johnny Marr des Smiths) et un simple « Rev It Up ». Avec le producteur Steve Lillywhite, les New-Yorkais renouent avec leur péché mignon, la sono mon¬ diale métissée et la dance music hybride basa¬ née avec les Tambours du Burundi (« Ruby Dear ») et quelques effluves islamiques (« Totally Nude »). TH se sépare en décembre 91. Harrison a produit les Violent Femmes, les Bo Deans, Chris Frantz et Tina Weymouth (mariés depuis 77), et les deux albums de Ziggy Marley & The Melody Makers. En 95, avec Harrison, Debbie Harry et T. Blast Murray, ils composent l’album No Talking Just Heads, dont le titre (éponyme) figure dans la BO de Virtuosity, film avec Denzel Washington. Et Byrne est devenu un dandy multi-médias. TB TH 77 / More Songs About Buildings And Food / Fear Of Music / Remain In Light / The Name Of this

677

ALKING HEADS

rencontrés à la Rhode Island School of Design. Ils font leurs débuts en juin 75 au festival d’été du CBGB’s et signent avec Sire en novembre 76, et, après le simple « Love Goes Building On Fire », accueillent en avril 77 Jerry Harrison (21/ 2/49 à Milwaukee, claviers, guitare et chant, exModern Lovers et pianiste-organiste de Elliott Murphy). Leur premier album en 77, produit par Tony Bongiovi, est un Goup de tonnerre, en par¬ ticulier « Psycho Killer », leur premier succès ra¬ dio : « We are vain and polite. I hâte people when they are not polite. Psycho killer, mais qu’est-ce que c’est ?» Le deuxième More Songs..., inclassable, enregistré au Compass Point Studio aux Bahamas et produit par Brian Eno, affirme l’impact d’un groupe intellectuel et tranchant, énervant et doué, qui transfigure le « Take Me To the River » d’Al Green et le classe dans le top 30 aux USA début 79 (« il a fallu des années aux gens pour réaliser à quel point nous avions été influencés par le rhythm & blues »).

TALKINÔ HEADS

Band Is TH [live] / Stop Making Sense / Little Créa¬ tures / True Stories & BO Songs From True Stories / Naked / Popular Favorites 1976-82* (Sire-Wea). The Heads : No Talking Just Heads (Universal). Jerry Harrison : The Red & the Black / Casual Gods / Walk On Water (Sire). TH, par Jerome Davis / TH : The Band And Their Music, par David Gan (Omnibus). Storytelling Giant (Picture Music Internatio¬ nal) /Stop Making Sense (Video Collection). http://www.talking-heads.net/

TAMLA MOTOWN « Pour la batterie, est-ce que vous tapez carré¬ ment avec tout l’arbre ? » (John Lennon). Le son de Detroit (Michigan), la ville de l’automo¬ bile, la Motor Town. Le plus célèbre catalogue de musique noire des années 60, 100 % noir, successeur du label Miracle. Il imposa au public blanc une pop présentable et élégante (« ma musique peut faire danser n’importe qui, même un blanc ! » Berry Gordy) et, à travers elle, une génération de mômes irrésistibles : Mary Wells, 19 ans, Little Stevie Wonder, 12 ans, les Suprê¬ mes, 18 ans, les Marvelettes, 19 ans, Marvin Gaye, 23 ans, Martha Reeves and The Vandellas, The Temptations, Smokey Robinson, The Four Tops, Jackson Five et Michael Jackson (avant l’opération), Diana Ross, etc. Son pre¬ mier single « Corne To Me » par Marv Johnson est distribué en janvier 1959. Fondé par un an¬ cien boxeur, petit commerçant du ghetto, an¬ cien ouvrier de chez Ford, l’afro-américain Berry Gordy Jr., auteur-compositeur à ses heu¬ res, qui écrit les classiques « Money » (classé en février 60) et « Shop Around » avec Smokey Robinson, chanteur des Miracles et vice-prési¬ dent. Gordy le despote confère à son catalogue une remarquable cohérence, habillant impec¬ cablement ses poulains, et trouve un style or¬ chestral fameux, symphonique et prenant (la basse mélodique de James Jamerson et les flots de violons des productions Holland, Dozier et Holland, et de Norman Whitfield, le mentor des Temptations), et une soûl sensuelle, chaloupée (« Heatwave », « Puzzle People », « You’re Ail I Need »), produite à la chaîne. Dans les années 70, avec le déclin d’un son passé de mode et l’indépendance des grands créateurs maison (Wonder, Marvin What’s Goin’On ? Gaye), Gordy produit le film Lady sings the blues (la vie de Billie Holiday avec sa protégée Diana Ross), et se réfugie à Beverly Hills. Son fils, Carey Ashpy, fonde en 82 un nouveau catalogue soûl, Pocket Rock. Cette 678

compagnie historique a été distribuée sous les marques Motown, Soûl, Tamia, Gordy, Mowest, Rare Earth et Natural Resources. Ses ra¬ res artistes blancs ont été Bobby Darin, les groupes Road et Rare Farth, et le groupe d’in¬ diens Xit. Premier show de promotion en France le 13/4/65 à l’Olympia avec Stevie Won¬ der. Ses dernières grandes figures ont été Thelma Houston et Rick James à la fin des années 70, Lionel Richie et DeBarge dans les années 80, et Boys II Men pendant la décennie 90. Consulter les rééditions Tamia Motown, l’incontournable coffret Hitsville USA, Singles Collection 1959-71 en quatre CD, la série Anthology, Magic Motown, le coffret The Motown Story, the First Decade, les volumes 1 et 2 de Motown Dance Party (Tamia-Universal), et quelques rencontres au sommet : The Suprêmes Join The Temptations, Smokey Robinson écri¬ vant pour les Marvelettes « The Hunter Gets Captured By the Game », etc. « Je n’appelais pas à l’aide, j’appelais mes frères et sœurs pour qu’ils viennent à table... » (Martha Reeves).

IEB

Where Did Our Love Go ? The Raise and Fall of the Tamia Motown Sound, par Nelson Georges

(Omnibus).

TANGERINE DREAM / EDGAR FR0ESE Le plus célèbre des groupes planants allemands des années 70, les précurseurs du New Age. Berlin 69 : l’ex-guitariste du groupe Demis mé¬ tamorphose son rock californien en une musi¬ que électro-acoustique expérimentale à l’op¬ posé des critères du rock traditionnel. Avec Connie Schnitzler (guitare, violon, violoncelle) et Klaus Schulze (percussions), il enregistre en 70 Electronic Méditation dont la violence spa¬ tiale (influencée par Pink Floyd) va s’estomper après Alpha Centauri (71 où Christopher Franke et Steve Schroyder ont remplacé Schulze et Schnitzler : « Fly And Collision Of Coma Sola ») et un simple aujourd’hui introu¬ vable, « Ultima Thule ». Après le double Zeit (72) où Peter Baumann et le synthétiseur font leur apparition, le « Rêve Mandarine » trouve son équilibre avec Atem, révélateur d’une mu¬ sique lyrique et sereine qui préfigure l’ambient, puis le succès en 74 lorsqu’il signe chez Virgin pour Phaedra. Ce sommet (« Mysterious Semblance At the Strand Of Nightmares», « Phaedra », ses boucles, ses vagues de son et ses spirales rythmiques, et la pochette réalisée par Froese lui-même), classé en GB, obtient un

TD fête ses dix ans de carrière avec un coffret de quatre disques et une tournée européenne qui passe à Paris par le Palace en février 81. Le duo Froese et Franke est alors accompagné par le soliste Johannes Schmoelling, le batteur Claus Crieger et le chanteur Steve Jolliffe (Exit, 81). Une musique méditative, ouverte, liée à l’aventure intérieure qui a marqué les an¬ nées 70 et qui, à l’inverse de celle de Florian Fricke de Popol Vuh, d’un Zappa ou d’un Christian Vander, ne voulait avoir aucune si¬ gnification propre. Edgar Froese confesse avoir été marqué par Wagner, Debussy et Ravel, et a été une influence notoire pour Michael Nesmith et David Bowie (surtout Malaysian Pale). Et Froese, à son tour, dédiera Macula Transfer à « David B., Iggy et au fantôme de Chopin ». Sa discographie personnelle (Aqua et Epsilon... en particulier) est plus portée sur les effets spéciaux et la recherche de l’espace sonore. Carrière solo de Schulze, Baumann et Connie Schnitzler, devenu compositeur de mu¬ sique contemporaine. TD compose dans les an¬ nées 80 les musiques des films Risky Business (83, avec Tom Cruise), Legend (pour la version américaine de 86 seulement, la musique de la version européenne du film de Ridley Scott de 85 est signée Jerry Goldsmith), Le Bayou (Shy People) d’Andreï Konchalovski et du film fantastique de Kathryn Bigelow Aux frontières de l’aube, en 87 ; et renoue en 89 avec Peter Baumann, fondateur du catalogue planant californien Private Music. Froese, accompagné

de Paul Haslinger et Ralf Wadephul, enregistre pour lui le décevant Optical Race, au moment où leur tournée nord-américaine attire pour la troi¬ sième fois consécutive de nombreux spectateurs. ■3 Electronic Méditation / Alpha Centauri / Zeit / Atem (Ohr)l Phaedra/ Rubycon / Ricochet / Stratosfear/ B0 Sorcerer / Encore / Cyclone / Force Majeure / Tangram / 1970-80* [coffret 4 LP] / Thief / Exit / White Eagle / Logos - Live At the Dominion / Wavelength / Hyperborea / BO Risky Business (Virgin) I Firestarter (MCA) / Poland : Warsaw Concert / Flashpoint / Le Parc / In the Beginning* [coffret 6 LP] (Jive Electro) / Heartbreakers* / Dream Sé¬ quence* (Virgin) I Legend (MCA)I Underwater Sun¬ light (Jive)l Green Desert (Zomba)l The Collection* (Castle)nyger I Near Dark/Live Miles/Shy People / Best Of* (Jive Electro)! 3 O’Clock High (Varese)l Optical Race / Miracle Mile / Lily On the Beach (Arista)l Melrose (RCA) I Dead Solid Perfect (Silva Screen) / From Dawn Till Dusk* (Music Club) / Rockoon (Essential) / Deadly Care / Dream Music 1 & 2* (Silva Screen) / Canyon Dreams / 220 Volt Live (Miramar)l Tangents* [coffret 5 CD] (Virgin)I Turn Of the Tides (Coast To Coast)/Atmospherics* (Emporio) / Tyranny Of Beauty (Amp) / Book Of Dreams : Pink & Blue Years* / Dream Roots Collec¬ tion* (Castle) / Oasis (TDI Int.) I Valentine Wheels

(TDI Music International). Une dizaine d’albums d’Edgar Froese (Virgin). http://home.sol.no/~mmoen/tadream/ http://www.tangerinedream.de/

TASTE Trio rock-blues irlandais fondé par Rory Gallagher (chant-guitare-harmonica), Charlie McCracken (basse) et John Wilson (batterie). Des versions dramatiques de « Sugar Marna », « Catfish », « What’s Goin’ On » et « Same Old Story » aux tempos insidieux et flamboyances de guitare saturée. Catalyseur rock dans son île natale, T. a connu de 67 à 71 un relatif succès européen qui a permis à R.G. de se tailler une formidable renommée et de s’aventurer avec réussite sous son nom. Wilson et McCracken ont fondé Stud en 76. pra First (BASF) II. / On the Boards / Live T. / Pop History* (Polydor) / Live At the Isle Of Wight (BASF).

H0UND D0G TAYLOR « Quand je serai mort, on dira de moi : “Il pou¬ vait jouer comme un pied, mais ça sonnait drô¬ lement bien” ! » Théodore Roosevelt Taylor, 12/4/15 (ou 17 suivant les sources) -17/12/75, le guitariste slide le plus spectaculaire du blues moderne. Un phrasé nerveux, tout en distor¬ sion, un déluge de riffs-clichés intenses, une 679

HOUND DOG TAYLOR

vif succès pour sa musique changeante, cons¬ truite et riche harmoniquement. TD connaît la consécration en France en donnant avec Nico, à la cathédrale de Reims en décembre 74, un concert fameux qui sera suivi par une tournée des grandes cathédrales européennes. Michael Hoenig (ex-Agitation Free) remplace Baumann qui revient, après l’évanescent Rubycon, pour le meilleur disque'de TD, le live Ricochet, pur, sans artifice, enregistré à l’automne 75 en France et en GB, qui marque le retour de la guitare de Froese. Succès aux USA en 76 et 77 comme en témoigne le double live Encore (« Cherokee Lake », « Coldwater Canyon »). Mais après sa campagne américaine et le départ de Baumann en 78, la musique du groupe perd de son impact à un moment où la new wave et la cold wave proposent une utilisation radica¬ lement différente de l’électronique. TD ter¬ mine la décennie en composant des musiques de films (The Sorcerer de William Friedkin, Thief- Le Solitaire).

HOUND DOG TAYLOR

joie de jouer et une voix haut perchée et criarde caractérisaient ce personnage pittoresque et sincère, né à Natchez-Mississippi, qui avait six doigts à la main gauche. Autodidacte, il fabri¬ que sa première guitare avec une boîte à ciga¬ res, fugue et passe son adolescence à vagabon¬ der. Coureur de jupons, il est baptisé « hound dog » (« chien de chasse », en français « chaud lapin » !). Dans les années 30, il joue avec son maître Elmore James, Sonny Boy Williamson et Robert Lockwood Jr. Il s’établit à Chicago en 42, fabrique des boîtiers de téléviseurs dans les années 50 et n’enregistre qu’en 60. Il tourne en Europe en 67 avec l’American Folk Blues Festival, et publie son premier album en 71 chez Alligator dont il est la première signature. Il parcourt le monde pendant quatre ans, jouant six jours sur sept, notamment à Cam¬ bridge-Ohio où le jeune George Thorogood joue de la guitare sèche en première partie. H.D.T. meurt du cancer à Chicago avant la sortie du sen¬ sationnel live Beware Ofthe Dog ! qui le fait dé¬ couvrir en Europe en 76. Il s’était entouré d’une section rythmique exceptionnelle, sans bassiste, qui n’a que peu travaillé après sa disparition : les HouseRockers Brewer Phillips (guitare) et Ted Harvey (batterie). Armé d’une guitare japonaise bon marché et bien maltraitée (et d’un tube mé¬ tallique pris à une chaise de cuisine pour jouer « slide » !), on lui doit des versions excitantes de classiques comme ceux d’E. James « Shake Your Moneymaker », « Dust My Broom », « It Hurts Me Too », et l’instrumental « Hideaway » que Freddy King s’est attribué. Et une maigre disco¬ graphie dont il n’y a rien à jeter. ■Di H.D.T. & the HouseRockers / Natural Boogie / Beware Of the Dog ! / Genuine Houserocking Music (Alligator) / Live At Joe’s Place / Freddie’s Blues (Last Call) / A Tribute* (Alligator-Night & Day).

JAMES TAYLOR

Fils du doyen de l’université de Caroline du Nord, né à Boston le 12/3/48. L’un des plus grands auteurs-compositeurs américains. Une voix au timbre reconnaissable, chaleureux et intimiste. Première dépression à 17 ans et hé¬ roïne à 20 ans. Son premier album est aussi le premier album d’un étranger aux Beatles paru sur leur marque Apple, le 6/12/68 (ses deux premières grandes chansons, « Something In the Way She Moves » et « Carolina In My Mind », qui manque de peu le hit-parade amé¬ ricain en avril 69). J.T. est remarqué début 70 avec son premier chef-d’œuvre, Sweet Baby James, et le magnifique « Fire And Rain » où il 680

inaugure ses peintures d’introspective rock en contant ses aventures avec la drogue, les hôpi¬ taux psychiatriques et la perte d’un ami. Il confirme avec un poignant Mud Slide Slim qui ouvre la voie à une nouvelle génération de songwriters américains au début de la décennie. Ce grand gaillard au sourire charmeur et au sens de l’humour certain épouse Carly Simon le 3/11/72, et chante dans plusieurs de ses dis¬ ques dont Hot Cakes. Il compose de belles chansons simples, comme « Lo & Behold », « Sunny Skies », et interprète celles de ses amies Carole King («You’ve Got a Friend » dont il fait un n° 1 le 31/7/71) et Joni Mitchell avec bonheur. Danny Kortchmar (guitare), Russ Kunkel (batterie), Leland Sklar (basse) et Graig Doerge restent ses accompagnateurs pri¬ vilégiés (le groupe The Section), et il emploie des musiciens confirmés comme le violoniste Richard Greene (Seatrain), les guitaristes John McLaughlin et Lowell George (« Angry Blues »), etc. Il est la vedette du film Macadam à deux voies en 72. Parmi ses perles, citons : « Don’t Let Me Be Lonely Tonight », « Long Ago, Far Away » (72), « Mockingbird » du cou¬ ple Foxx, en duo avec sa femme (74), « How Sweet It Is » (créé par Marvin Gaye) en 75, « Mexico » (avec David Crosby et Graham Nash en 75), « Don’t Be Sad 'Cause Your Sun Is Down » (avec Stevie Wonder en 76), « Handy Man » (77), son duo avec Simon & Garfunkel « (What a) Wonderful World » (78), « Her Town Too » (avec John David Souther en 81). Tous ses albums (sauf Goritta en 75) ont été disques d’or ou de platine, et son Greatest Hits* de 76 s’est vendu à 12 millions d’exemplaires aux USA ! Après une période difficile et une muse en berne, il amorce avec /. T. en 77 un retour à une chanson de qualité : avec Carly Simon (« Terra Nova ») et Linda Ronstadt (« Bartender Blues »), et confirme avec Flag en 79 (« Chan¬ son Française », et la reprise de « Day Tripper » des Beatles). Après son divorce en 83, il avoue : « Cette dernière année a été la pire de ma vie », et publie Dad Loves His Work. En 85 J.T. propose Thaï’s Why I’m Here où il invite J. Mitchell, Don Henley, Graham Nash et Ricky Scaggs, et se produit pour la première fois en France, au Rex, le 9/4. Début 88 Never Die Young est une réussite et le cri de délivrance d’un artiste heureux, remarié avec l’actrice Kathryn Walker en 85. Après trois ans de repos en vingt-trois ans de carrière, il nous offre en 91 un New Moon Shine savoureux (avec « Copperline », l’une de ses meilleures chansons), et

J.T. apparaît dans le' documentaire du festi¬ val antinucléaire No Nukes (avec C. Simon). Et en 86 sur Innocent Eyes de Graham Nash, For Sentimental Reasons de Linda Ronstadt, Back In the High Life de Steve Winwood, Oh Yes I Can de David Crosby (89), Harvest Moon de Neil Young (92), et il interprète le rôle de Dieu dans le Faust de Randy Newman en 95 : « Glory Train ». Il a repris en 88 le « Second Star To the Right » de Peter Pan (de 53) dans l’album des chansons des films de Walt Disney (A&M). Les familles Taylor et Simon apparais¬ sent dans la plupart des titres de In Harmony (Columbia), enregistré en 80 pour le show TV Sesame Street : James y coécrit avec sa fille Sarah « Jelly Man Kelly ». Ses frères et sœur ont profité de son succès pour mener leurs propres carrières : Kate (née le 15/8/49 à Boston), Hugh Livingston (né le 21/11/50 à Boston) et l’aîné Alex, mort d’une crise cardiaque le 12/3/93 à 46 ans. J.T. a produit le premier album de Kate en dix ans et chante avec elle « City Lights ». Ce chroniqueur lucide des errances de son époque, aussi à l’aise dans les ballades que dans le rock enlevé (« Steamroller Blues », « Slap Leather»), amoureux de la langue française (« Chanson Française », « Ananas »), a lontemps été produit et managé par l’ex-Peter And Gordon Peter Asher (Linda Ronstadt) qui l’avait découvert pour Apple. A ne pas confondre avec le James Taylor Quartet, formation acid jazz anglaise (le thème du feuilleton TV Starsky and Hutch), ni avec le J.T. Taylor du groupe funk Kool & The Gang. BTB J.T. (Apple) I Sweet Baby James / J.T. & The Original Flying Machine* (DJM) / Mud Slide Slim And the Blue Horizon / One Man Dog / Waiking Man / Gorilla / Two Originals* (2+4) / In the Pocket / Greatest Hits* (WB)/).T. / Flag / Dad Love His Work / That’s Why I’m Here / Classic Songs : Best Of* / Never Die Young / Live In Rio / New Moon Shine (Live) / Hourglass / Best Of* (Columbia). Albums de Kate Taylor chez Cotillion (Atlantic) et Columbia. D’Alex Taylor chez Capricorn et Dunhill. De Livingston chez WB, Capricorn, Epie. Tl In Concert / Squibnocket (Sony Music). http://www.james-taylor.com/ http://www.westworld.com/-gregb/jtindex.html

KOKO TAYLOR Née Cora Walton le 28/9/35 à Memphis (Ten¬ nessee) et élevée dans une ferme. La plus grande chanteuse blues de Chicago depuis les années 60. Une voix rocailleuse impression¬ nante de puissance, une silhouette imposante et une bête de scène inégalée. Elle chante le gospel, découvre le blues de B.B. King à la ra¬ dio, et les disques de ses aînées Bessie Smith et Big Marna Thornton. Etablie avec son fiancé Robert « Pops » Taylor à Chicago en 53, elle fait des ménages et est découverte par Willie Dixon en 62. Celui-ci produit « Honky Tonky » et lui obtient un contrat chez Chess où l’accompagnent sur ses premiers enregistre¬ ments Buddy Guy, Robert Nighthawk, W. Dixon et Matt « Guitar » Murphy. Sa ver¬ sion brûlante de « Wang Dang Doodle » de Dixon (qu’elle a « recyclé » plusieurs fois) est un succès en 66. Dixon la parraine jusqu’à la fin de la décennie et lui écrit entre autres : « Fire » (67), « Separate Or Integrate » (68) et le superbe « 29 Ways » (69). Après un hiatus, elle est l’une des premières signatures (avec son homonyme Hound Dog Taylor) du label Alligator. Ses deux premiers albums avec son orchestre The Blues Machine (le fulgurant The Earthshaker en 78) la propulsent au premier plan. Elle a fait une curieuse apparition dans le film Sailor et Lula de David Lynch en 90, et une autre dans les Blues Brothers 2000 de John Landis en 98.

Bill

K.T.

/

Basic Soûl

/

Chess Years 1965-69*

(Chess) I South Side Lady (Evidence) 11 Got What It Takes (Alligator) I Southside Baby (Black & Blue) / The Earthshaker (Alligator) 11 Got What It Takes* (Chess)/From the Heart Of a Woman / Queen Of the Blues/An Audience With the Queen : Live From Chi¬ cago / Jump For Joy / Force Of Nature (Alligator)I Love You Like a Woman* (Charly)/ Wang Dang Doo¬ dle (Huug)l Blues In Heaven (Vogue).

M/ü Koko Taylor (Defilm) / Queen Of the Blues (MPI).

MICK TAYLOR « Mick Taylor est en fait un fieffé paresseux qui ne peut aligner trois notes si le contexte dans lequel son jeu va s’inscrire n’a pas été for¬ tement préparé » (J. Mayall). Guitariste, né Michael Kelvin Taylor le 17/1/49 à Welwyn près de Hereford (Angleterre). Avec son ami Keef Hartley (des Artwoods) il rejoint les Bluesbreakers de John Mayall en août 67 pour Crusade, qu’il illumine : « Driving Sideways » de Freddie King, « 1 Can’t Quit You Baby » de 681

ICK TAYLOR

six ans plus tard Hourglass, tout aussi splen¬ dide, avec ses invités Stevie Wonder, Shawn Colvin, Sting, et sa chanson rédemptrice « Little More Time With You ». Il repart en tournée, notamment en Europe et à Paris où il s’est produit trois fois pendant la décennie : un Olympia-Paris miraculeux en 98 où l’on note l’absence de sa fidèle choriste Valérie Carter.

MICK TAYLOR

Willie Dixon. Ce remplaçant de Peter Green quitte Mayall à son tour, en mai 69, après avoir brillé dans Barewires (« I Started Walking », l’instrumental « Hartley Quits » qu’il compose pour le départ d’Hartley des Bluesbreakers), Blues From Laurel Canyon et « Suspicions ». Le 13/6 suivant, il devient mondialement célè¬ bre en remplaçant Brian Jones chez les Rolling Stones. « Mick est un veinard, c’est comme s’il avait gagné aux courses. Il vaut 1 million de dollars d’un seul coup » (Jimmy Page). Concert à Hyde Park le 5/7 et premier 45 t « Honky Tonk Women » le 11/7. Les Parisiens le décou¬ vrent au Palais des Sports de Paris du 22 au 24/ 9/70 et les Lyonnais le 3/10 au Palais des Sports de Gerland. M. Taylor s’affirme sur Get Yer Ya Ya’s Out et éclate sur le dernier des six albums réalisés avec les Stones, It’s Only Rock’n’Roll (octobre 74) qui immortalise ses solos, en contrepoint de la rythmique ravageuse de Keith Richards. Il quitte brutalement les Stones de son propre chef deux mois plus tard, à Munich, le 14/12/74. Il n’est crédité pour ses collabora¬ tions aux compositions Jagger-Richards que sur « Ventilator Blues » (Exile On Main Street). Il joue en 75 dans le Jack Bruce Band, en 77 avec Elliott Murphy (solo de slide sur « Rock Ballad »), Caria Bley, Gong, et à la fin des années 70 avec l’Alvin Lee Band (au Pa¬ lace, Paris). Premier album solo en demiteinte en 79 (avec Lowell George, et Pierre Moerlen de Gong). Des problèmes de drogue, un chant approximatif et des difficultés à savoir employer des dons évidents l’ont tenu à l’écart des modes et des grands rendez-vous. Ce technicien blues-rock tourne avec J. Mayall en 82-83, et retrouve K. Richards sur Talk Is Cheap en 88. Il brille dans Murder Of Crows de Joe Henry (89), Diamonds B y the Yard d’Elliott Murphy (92), Blue Night de Percy Sledge (94), Black Angel de Savage Rose (95), et collabore avec Caria Oison : M.T. est impé¬ rial dans le Live de 90 (« See the Light », « Sway » des Stones - un solo spectaculaire), Within an Ace (93) et Reap the Whirlwind (94). Ses réalisations n’ont pas marqué les an¬ nées 90, sauf A Stone’s Throw (novembre 98) où il reprend le splendide « Blind Willie McTell » de Bob Dylan. M.T. joue sur des Gibson Les Paul, une Gibson Firebird VII et une Fender Stratocaster.

■il

M.T. (Columbia) / Stranger In this Town [live] (Maze-Kraze-New Rose)/ Coastin’ Home / Once In a Blue Moon (Shattered) / Shadow Man (Savebone) I Live At 14 Below (Shattered-Backtrip) / A Stone’s Throw (Sensible-Pinnacle).

682

M.T. et Caria Oison : Live (Démon). http://www.micktaylor.com/micktaylor.html http://www.geocities.com/SunsetStrip/Palladium/ 8907/index.html

VINCE TAYLOR « Seul Elvis Presley à ses débuts avait un jeu de scène aussi vulgaire... » (Disco Revue n° 9). Maurice Brian Holden ( 14/7/39-23/8/91 ) dit V.T. (Taylor parce que l’acteur Robert Taylor était l’idole de sa sœur et Vince à cause du « In Hoc Vinces », devise latine des cigarettes Pall Mail) voit le jour à Branford, au sud de Lon¬ dres. Ses parents émigrent aux USA dans le New Jersey, puis à Los Angeles. Il est maître nageur, pilote d’avion, avant de découvrir le rock’n’roll qu’il commence à chanter à partir de 56 parce que « le rock est une musique qui li¬ bère les instincts ». Il revient à Londres et forme The Playboys avec Tex Makins, guita¬ riste de Billy Fury, Tony Meehan, premier bat¬ teur des Shadows, et Tony Sheridan, guitare, futur chanteur des Beatles. En 58, le « Lucifer du rock », comme l’appelaient les Belges, crée l’image qui assurera son succès : costume de cuir noir (puis blanc), chaînes dorées, gants noirs et jeu de scène sauvage, sexuel, incanta¬ toire, et déclare que Johnny Hallyday est un mollasson ! Il enregistre « I Like Love » / « Right Behind You Baby », et l’immortel « Brand New Cadillac » (repris par Clash en 80). Première apparition en France à Calais au printemps 60. Sa voix, le son des Playboys, la mise en scène quasi religieuse de ses shows, ses interprétations de Gene Vincent et de Eddie Cochran en font une immense vedette euro¬ péenne : il chante à l’Olympia en relâche d’Edith Piaf, gagne la « Coupe du Monde du rock’n’roll » à Juan-les-Pins de l’été 61 devant Gene Vincent, Eddy Mitchell et Dick Rivers, enflamme la place de la Nation, le Palais des Sports, le 18/11/61, et les arènes de Madrid (de¬ vant 30 000 personnes). Après avoir assuré la première partie des Rolling Stones en 65 à l’Olympia avec le Bobby Clarke Noise’s (du nom de son batteur, B.C., futur drummer d’Hallyday), il connaît une éclipse de dix an¬ nées et devient meneur de revue à Pigalle. Avec le retour du rock, il retrouve le devant de la scène en 72 (show triomphal du Bataclan) et 74 (disque de classiques rock’n’roll). Fin de carrière 'difficile pour un interprète-showman inconditionnel du chanteur anglais Johnny Kidd (sa version immortelle de « Shaking Ail

Hightower : Rock Revival / Brand New Cadillac* (MFP) / Cadillac (Motors) /100 % Rock* / Star Of the Rock’n’Roll* / V.T.* (Barclay)I Live ’77 (Perret) / Luv (Big Beat) / Disque d’Or* / Bien Compris* / Master Sérié* (Barclay) / VU Be Your Hero* (Eva).

TEARDROP EXPLODES (voir JULIAN COPE) TEARS FOR FEARS Duo pop anglais majeur des années 80 qui po¬ pularisa la new wave. Curt Smith (24/7/61, basse et chant) rencontre Roland Orzabal de la Quinta (22/8/61, guitare et claviers) dans leur ville natale de Bath, à 13 ans, et lui demande de venir jouer dans le groupe de son école. Tous deux font partie en 80 d’un combo ska, Graduate, qui passe de peu à côté du succès avec «Elvis Should Play Ska» et un album (chez Pye) Acting My Age qui les fait connaître en Espagne. Signé en 81 par Mercury, History of Headache devient TFF (les larmes qui exor¬ cisent la peur), nom inspiré du livre du psycho¬ logue Arthur Janov (l’auteur du Cri primai), Prisonniers de la douleur. Après « Suffer Little Children » et « Mad World » classé n° 3 en no¬ vembre 82, leur premier album, encore habité par les théories de Janov, The Hurting, prend la première place des classements anglais où il figure au total pendant soixante-cinq semaines

(ventes totales : 1 700 000 exemplaires). Avec Songs From the Big Chair, plus assuré, plus dy¬ namique, publié en février 85 et qui se vend dans le monde à plus de 9 millions d’exemplai¬ res, TFF toujours produit par Chris Hughes, s’impose et profite de la vague naissante du clip. « Shout » se classe n° 1 aux USA, tout comme l’obsédant « Everybody Wants To Rule the World », par ailleurs n° 2 en GB. En 89, le duo pop chromé peut se permettre enfin de prendre quelques risques et propose The Seeds Of Love, œuvre plus consistante et habitée où l’on retrouve Phil Collins, Manu Katché, bat¬ teur de Peter Gabriel (une influence évidente, en particulier sur « Standing On the Corner Of the Third World »), la chanteuse Oletta Adams et Pino Palladino, le talentueux bassiste de Paul Young. Smith parti, Orzabal, qui vit en France, continue seul avec Elemental en 93. Une compil intéressante : Tears Roll Down 1982-92. «Everybody Wants To Rule the World » est inclus par Kenneth Branagh dans son film Peter’s Friends en 92. BhH Graduate : Act My Age [mini-album 80] (Préci¬

sion). TFF : The Hurting / Songs From the Big Chair (Mer¬ cury) I The Seeds Of Love / Tears Roll Down, Greatest Hits 1982-92* (Fontana)l Elemental (Mercury) / Raoul And the Rings Of Spain (Sony) I Saturnine Martial & Lunatic (PolyGram). Album solo de Curt Smith et de son groupe Mayfield (Zerodisc). http://members.xoom.com/kkarmazyn/index.html http://www.sonymusic.com/artists/TearsForFears/ history.html

TEENAGE FAN CLUB Quatuor pop-rock écossais fondé en 89 à Bellshill (banlieue de Glasgow) sur les cendres de formations locales : Norman Blake (20/10/ 65) et Raymond McGinley (3/1/64) chant-gui¬ tares, Gérard Love (31/8/67, chant-basse) et Francis McDonald (batterie), remplacé par Brendan O’Hare (16/1/70). A Catholic Educa¬ tion en 90 surprend par ses compositions à la Big Star (leur principale influence) et ses har¬ monies vocales à la Beatles. Après l’incident de parcours The King et ses reprises de Madonna (« Like a Virgin ») et de Pink Floyd (« Interstellar Overdrive »), TFC donne son grand œuvre Bandwagonesque en 91, classique de la pop de la décennie enregistré à Liverpool : « Guiding Star », « Star Sign », « What You Do To Me ». L’ex-choriste d’Edwyn Collins et Orange Juice, Paul Quinn (26/12/51), remplace 683

EENAGË fan club

Over »), qui a agité quelques Palais des Sports, flirté avec Brigitte Bardot, s’est fiancé avec Sophie Daumier et a chanté dans les restau¬ rants de la Contrescarpe et de la banlieue pa¬ risienne. Après avoir tenté un ultime comeback en compagnie du jazzman Jac Berrocal, puis du rocker-producteur Jacky Chalard (exDynastie Crisis), le « loser » travailla à la fin des années 80 et de sa vie en Suisse, dans une usine de conserve de petits pois. L’une des plus belles légendes du rock’n’roll européen, ac¬ compagné en son temps par Géorgie Famé et Jimmy Page, qui a inspiré à David Bowie le personnage de Ziggy Stardust et un hommage en 99 de Van Morrison, était consacrée fin 87 par une compilation Bien Compris de vingtsept titres dont treize inédits enregistrés à Pa¬ ris en 80-81 (Big Beat-EMI), et en 88 par le Live 77 (Black Leather-Valotte). Usé, il quit¬ tera la scène un soir d’août 91 à Lutry-Lausanne en Suisse où il avait émigré, « Until the Very End » ! ül Brand New Cadillac EP (Parlophone) / Jet Black Machine EP (Palette) / Le rock c’est ça ! / Vince ! / L’Epopée du Rock* (Barclay) / V.T. & D.

TEENAGE FAN CLUB

O’Hare pour le magistral Grand Prix en 95, exercice country rock à la Byrds qui n’impose pas l’un des meilleurs groupes rock écossais de l’histoire, malgré une tournée américaine avec Weezer. P. Quinn publie en solo la même an¬ née Will I Ever Be Inside Of You. Le très at¬ tendu Songs From Northern Britain en 98 tient ses promesses mais le grand public reste tout aussi indifférent. MiM A Catholic Education (Paperhouse-Matador) I The King / Bandwagonesque (Creation-Sony-rééd. Vital) / Peel Sessions* (Strange Fruit) / Thirteen (Création) I Deep Fried Fanclub* (Paperhouse-Fire) / Grand Prix / Songs From Northern Britain (Création-Sony). P. Quinn : Will I Ever Be Inside Of You (Postcard). http://bubblegum.uark.edu/teenage_fanclub/

TÉLÉPHONE

« Il y a de tout dans Téléphone : de l’amour, de la haine, de la bêtise, du mensonge, de la va¬ nité, de la force... C’est peut-être parce qu’il y a une femme » (Corinne). Après dix ans de car¬ rière, plusieurs centaines de concerts, deux films et quelques millions d’albums vendus, le groupe le plus important de l’histoire du rock français tire sa révérence en 85. Selon un son¬ dage de la fin des années 90, pour 32 % des Français, T. incarne le rock français, avec une pointe à 41 % d’avis favorables chez les 2534 ans. Sa carrière commence par un point d’exclamation. C’est sous ce sigle que JeanLouis Aubert (dit « P’tit Lou », chant, compo et guitare, ex-Semolina et ex-batteur de Mas¬ turbation), Louis Bertignac (chant, ex-guita¬ riste de J. Higelin, ex-Shakin’ Street), Corinne Marienneau (basse, ex-Shakin’ Street) et Ri¬ chard Kolinka (dit « Ritchie », batterie, ex-Se¬ molina) se produisent le 12/11/76 au Centre américain du boulevard Raspail, à Paris. Leur mot d’ordre : « On va tout changer... ! » A leur répertoire, des reprises des Stones et des Who et des titres originaux qui deviendront des clas¬ siques : les 2’53 d’« Hygiaphone » et « Métro, c’est trop ». « On pourrait presque dire que “Hygiaphone” est un mix de Chuck Berry et de je ne sais quelle chanson “réaliste”, c’est une adaptation viscérale... » (Aubert). BRANCHÉ. T., qui s’est trouvé un nom, vole la vedette à Eddie and The Hot Rods au Pavillon de Paris et joue èn première partie de Télévision à l’Olympia. Toutes les maisons de disques sont après ce groupe énergique, vivant, qui trouve facilement le contact avec le public et dont le noyau de fans ne cesse de grossir. 684

Ceux-ci aiment les solos plus ou moins planants de Louis, et ceux plus directs d’Aubert, proches du pionnier du rock’n’roll Chuck Berry. La bassiste est une fille (comme chez les Talking Heads new-yorkais) : son jeu est efficace, sau¬ tillant, et le batteur Richard est exubérant. Ils publient un 451 auto-produit, blanc « Hy¬ giaphone » / « Métro, c’est trop » et un autre en public (avec les mêmes titres) qu’ils distribuent eux-mêmes. Août 77 : ils signent le contrat le plus juteux jamais négocié par un groupe rock en France. Leur premier album produit par un maître anglais, Mike Thorne, est enregistré en dix-sept jours ; c’est une réussite instantanée qui se vend à 30 000 exemplaires sans publicité particulière ! Au bout de dix mois, Téléphone est disque d’or. Entrée dans les hit-parades d’« Hygiaphone » qui fait l’objet d’un clip de Freddy Hausser réalisé dans la station de mé¬ tro... Auber. Le 16/12, T. termine sa première tournée en France par un concert anniversaire gratuit à la Porte de Pantin, devant 6 000 fans en transes. Les quatre Parisiens sont le cheval de Troie d’un mouvement général qui réveille le rock français. Leur formule autour de la gui¬ tare de Bertignac, d’une rythmique joyeuse Co¬ rinne-Richard et des textes d’Aubert qui sait trouver le cœur des jeunes Français, remplace les chanteurs barbus contestataires de l’après68 dans le cœur des ados. LA BOMBE HUMAINE. Le 9/1/79 com¬ mencent à Londres les séances de Crache ton venin bouclé en quinze jours. Le titre anti-dro¬ gue « Laisse tomber » propose un solo inoublia¬ ble de Bertignac. N° 1 avec « La Bombe Hu¬ maine » classé cinquante-trois semaines, T. termine le 7 juin sa tournée française au Palais des Sports de Paris. Août 79 : couverture de Rock & Folk : le groupe, à poil, cache son inti¬ mité derrière de petits drapeaux français. Le 8 septembre, consécration à la Fête de l’Huma¬ nité, après soixante concerts à guichets fermés. Sortie le 13/6/80 de Téléphone public, film de Jean-Marie Périer avec des extraits de concerts de la Fête de l’Huma et du Palais des Sports. Publication le 20/10 d'Au Cœur de la Nuit, dis¬ que d’or à sa sortie. « Argent Trop Cher » de¬ vient l’hymne des lycéens et collégiens avec un clip en noir et blanc sur fond de Monopoly. Bientôt Au Cœur, où les mots d’Aubert font mouche (« Seul », « Ploum Ploum »), est disque de platine avec 500 000 exemplaires vendus. 81 : le 10/6/81 Bertignac et Téléphone retrouvent Higelin pour un concert place de la République, à Paris, célébrant l’élection à la présidence de

UN AUTRE MONDE. Le 14/2/83, Dure Li¬ mite dépasse les 500 000 exemplaires diffusés. Le 2/10, nouvelle tournée hexagonale et apo¬ théose à l’hippodrome de Paris, le 5/11. Le 9 oc¬ tobre 84, il est à l’affiche du Zénith parisien jusqu’au 14. Les deux derniers concerts de la sé¬ rie seront enregistrés et servis dans le double al¬ bum en public Le Live 85. Aubert, cloué chez lui par une infection rénale, découvre les cla¬ viers polyphoniques et compose dans un rêve Un Autre Monde. Pour l’enregistrer, la forma¬ tion hésite entre l’un des producteurs des Sto¬ nes, Glyn Jones, et Steve Lillywhite, celui des premiers albums de U2. G. Jones leur conférera un gros son et une intensité remarquable ; dans « Un Autre Monde » le solo de Louis serait le collage d’une quinzaine de prises successives. Le meilleur enregistrement du groupe com¬ mence pourtant dans le premier refrain du pre¬ mier titre de la première face (vinyle) par « Qu’ont-ils en commun, si ce n’est que rien ne les rassemble.. ? » Le titre « Un Autre Monde » fait l’objet de deux clips ; un premier réalisé sur des images d’Enki Bilal, le dessinateur, et un second en noir et blanc tourné dans le métro aérien par Jean-Baptiste Mondino (« C’est un autre Mondino », diront les aficionados). « Un Autre Monde » met cinq mois à démarrer. Grâce au clip de Mondino, il rate de peu la pre¬

mière place du top 50, créé récemment. Michel Rocard en fera plus tard sa chanson de campa¬ gne électorale. « Cette chanson a été souvent mal comprise, puisqu’il s’agissait en fait pour moi de faire le ménage dans ma tête, de balayer devant ma porte, mais surtout d’arrêter de rêver et de retrouver la réalité » (Aubert). Les fans remarqueront également sur le même album « Le Garçon d’Ascenseur ». En septembre, au Zénith de Paris, le quatuor parisien fait un mal¬ heur, mais à Montpellier, sur le plateau de FR3, une bagarre éclate entre Richard et JeanLouis ! Une tournée mondiale en VO cherche à élargir l’audience internationale des « Rolling Stones français ». Après des répétitions sans résultat en septembre 85 en vue d’un album, puis un single fin 85, « Le jour s’est levé » (800 000 exemplaires vendus avec une septième vidéo funèbre, réalisée par Philippe Gaultier qui avait signé l’année précédente « Marcia Baila » pour les Rita Mitsouko), le 21/4/86, au moment où il allait fêter son dixième anniver¬ saire, le groupe raccroche officiellement : « La magie n’y était plus ! » confesse Aubert. T. a alors vendu 3 millions d’albums dans l’Hexa¬ gone, et plus d’une trentaine de milliers d’exem¬ plaires à l’étranger ! Indochine et Bijou vien¬ nent prendre sa place chaude de « groupe de rock français le plus populaire », bientôt rem¬ placés par la Mano Negra. DEUX GROUPES. Corinne joue au cinéma avec Gérard Lanvin, et monte avec Louis Bertignac les Visiteurs qui entrent en studio le 2/1/ 87 pour l’enregistrement de leur premier al¬ bum. Le 5/5, Aubert’n’Ko (c’est-à-dire Aubert, Richard et quelques copains) entame une série de concerts au Bataclan, à Paris, avec des mor¬ ceaux de Plâtre et Ciment. Après plus de 3 mil¬ lions de compils vendues depuis le début des années 90 (Rappel 1 en 91 et Rappel 2 en 93 avec deux inédits des séances de Dure Limite), T. nous propose à l’automne 96 un superbe cof¬ fret, Téléphone 76-96 avec ses cinq albums stu¬ dio et son live remasterisés, ainsi qu’un CD de neuf inédits (dont « Tout ça c’est du cinéma » et « Je brûle »). « C’est sur le tas que Télé¬ phone a commencé, sur le tas que ça c’est fini ! » (Aubert). B'B Anna / Crache ton venin / Au Cœur de la Nuit / Téléphone 77-80 [coffret] (EMI)I Dure Limite / Té¬ léphone EP [6 titres de Dure Limite en anglais, dont Quoi ?] / Un Autre Monde / Top 16* / Disque d’Or* / Le Live / Sur la Route* (Virgin)I Rappels 1* et 2* / Coffret intégrale 76-96* en 7 CD. IA'1 Téléphone public, de Jean-Marie Périer (81). H:B T., par Christophe Nick.

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ELEPHONE

François Mitterrand. Eté 81, leur double en pu¬ blic Téléphone en Concert propose des extraits du concert de Saint-Ouen du 18/2. Le 28/8, le Club des Cinq (le groupe plus son fidèle mana¬ ger François Ravard) joue au Festival de Reading en Angleterre avec Trust, sans convaincre les 30 000 spectateurs présents. Le 7/12 il s’en¬ vole pour Toronto enregistrer Dure Limite. Le producteur Bob Ezrin, qûi a travaillé avec Pink Floyd et Lou Reed, tire le maximum des Fran¬ çais. Dure Limite sort le 3/6/82 : la chanson-titre est prenante, « Ex-Robin des Bois » également, mais le tube est « Cendrillon » compo de Bertignac. Le Monde participe à la célébration du groupe devenu une institution rock : « JeanLouis Aubert est le premier à avoir donné à la langue de Molière le rythme de celle de Shakes¬ peare, sans jamais céder à la facilité d’utiliser les mots anglais... » Quelques jours plus tard, T. se produit « en invité exceptionnel » en première partie des Rolling Stones à l’hippodrome d’Auteuil, à l’invitation de Mick Jagger, qui avait entendu cinq ans plus tôt une maquette du quintette en visitant les studios EMI de Boulo¬ gne-Billancourt en vue de l’enregistrement de Some Girls des Stones.

TV Rock

TELEVISION (voir Tom Verlaine) TV Rock La télévision française n’a reconnu la musique rock que tardivement. Il faut attendre le début des années 80 pour trouver un programme rock sur chacune des trois chaînes d’Etat, dont la tranche la plus variée, Les Enfants du rock, sur Antenne 2, proposée par Pierre Lescure, puis Patrice Blanc-Francard. Avant cette institutio¬ nalisation, retenons les expériences les plus in¬ téressantes : Bouton rouge d’Harris et Sédouy dans les années 60 avec Pierre Lattès ; Pop 2 du trio Claude Ventura (réalisation), Maurice Dumay (production) et P. Blanc-Francard (présentation), formule originale qui reste à ce jour la meilleure proposée (concerts filmés + actualité + reportages) et fit littéralement dé¬ couvrir l’éventail le plus large de la pop-rock music anglaise, parfois américaine et euro¬ péenne, quelques concerts filmés de Freddy Hausser (les Rolling Stones à Pantin) et repor¬ tages d’Alain Maneval (Mégahertz) ; Les En¬ fants du rock avec, entre autres productions, les portraits de Bryan Ferry, Neil Young, Gérard Manset (de Jean-Pierre Prévost) et Rickie Lee Jones. A la fin des années 80, alors que le rock présentable ou caricatural est partout, dans les journaux télévisés, les jeux et les shows de va¬ riétés grand public, les émissions spécialisées disparaissent. Seul Rapido sur TF1, puis sur Ca¬ nal Plus, perpétue à la fin des années 80 la tra¬ dition d’un programme nerveux, tonitruant et iconoclaste. La présentation d’Antoine de Caunes et la rédaction en chef d’Yves Bigot lui confèrent une qualité reconnue à la fin de l’an¬ née 88, date à laquelle ses vingt-six minutes sont diffusées en Angleterre (un exploit), puis dans toute l’Europe. De son côté, Thierry Ardisson s’accommode de la disparition des Enfants du rock en proposant un provocateur Lunettes noires pour nuit blanche, qui survole sur A2 la culture noctambule pop branchée. Dans les années 90 où les feuilletons (améri¬ cains), émissions de variétés et « people » sont toutes devenues rock par la force des choses, citons l’aventureuse Tracks et Music Planète sur Arte, et les chaînes câblées récemment ap¬ parues qui diffusent les musiques rock et assi¬ milées, MTV (MTVide...) MCM, Muzzik, Paris Première et Canal Jimmy, véritable chaîne de la génération rock des années 60-70, qui dif¬ fuse, présentés par Philippe Manœuvre, por¬ traits et séries idoines dont la meilleure jamais 686

conçue sur l’histoire du rock, Dancing in the Street de David Espar en 94, et la série britan¬ nique Comment devenir une rock star ?

TELEX Un trio belge, réunion du chanteur Michel Moers, de l’ingénieur du son Dan Lacksman et d’un homme de radio, Marc Moulin, qui en 78 fait joujou avec des synthés, des boîtes à rythmes et des vocodeurs. Ils créent la « french connec¬ tion » de l’« électro-disco-pop » européenne qui, en pleine vague new wave, dessine des musi¬ quettes légères et mutines. Les recueils 99 I Don’t Like Remixes (remixes 99 par Cari Craig, I Cube et Dr. Rockit) et I Don’t Like Music montrent qu’ils furent l’air de rien les ancêtres des Air et autres Daft Punk qui électrisèrent le monde occidental de la fin du millénaire. A sa¬ vourer leur reprise de « Twist à Saint-Tropez » et autres « Moskow Diskow » (Crammed Dises).

The TEMPTATIONS Le plus grand groupe vocal soûl des années 60 et 70. Eddie Kendricks (7/12/39-5/10/92, ténor) et Paul Williams (2/7/39-17/8/73, chorégraphesecond ténor et baryton) quittent Birmingham (Alabama) pour Detroit où ils chantent avec les Primes. Melvin Franklin (né David English 12/10/42-23/2/95, basse) et Elbridge Bryant (30/ 10/41, baryton) rejoignent les Distants. En 59, les Distants, qui ont recruté Kendricks et Williams, sont remarqués par Berry Gordy Jr., patron de Tamia Motown qui les signe en 60. Premier hit avec « Dream Corne True » et en 64 une chanson de Smokey Robinson, « The Way You Do the Things You Do» (la voix de Kendricks et le solo de sax ténor), n° 11 aux USA. Lorsque David Ruffin (8/1/41-1/6/91) remplace Bryant début 64, commence la pre¬ mière grande période du groupe jerk qui inscrit dix-sept hits groove en quatre ans, dont la com¬ position de S. Robinson-Ronald White, « My Girl », son premier n° 1 le 6/3/65. Il est inclus dans Temptations Sing Smokey que Smokey écrit et produit, où nous trouvons quelquesunes des plus belles chansons des années 60 servies par les voix combinées de Kendricks et Ruffin : « It’s Growing », « Who’s Lovin’ You », une version de « You’ve Really Got a Hold On Me » et « What’s So Good About Good Bye ». Après Gettin’ Ready (le hit « Get Ready » et le classique « Ain’t Too Proud To Beg », de Norman Whitfield et Eddie Holland),

En 72, l’immense succès (n° 1) de « Papa Was a Rolling Stone », grand titre de danse, formidable construction hypnotique de Whit¬ field, marque les standards de la production des années 70, mais aussi la fin d’une collaboration devenue étouffante. En 73, le groupe figure dans les charts avec Anthology, Masterpiece, « Hey Girl (I Like Your Style) », « Plastic Man » et « Masterpiece », en 74 avec 1990, en 75 et 76 avec House Party. Kendricks et Ruffin se retrouvent en 82 (Reunion) et en 85 grâce à Hall & Oates pour un concert commun à l’ApoIlo de Harlem. Sans eux, la formation poursuit une carrière plus discrète, avec en 84 la discutable participation au chant de l’acteur Bruce Willis (Clair de Lune), « Lady Soûl » et To Be Continued (86), « I Wonder Who She’s Seeing Now » (87). Elle subit des changements de personnel incessants, et les allées et venues d’Edwards. Cinq ans après « Lady Soûl », le sensationnel medley « The Motown Song », en¬ registré avec Rod Stewart et les Tempts Williams, Franklin, Street, Ron Tyson et AliOllie Woodson, est n° 10 aux USA. Ce groupe légendaire aux quatorze singles et dix-sept al¬ bums n° 1 (aux USA) et décimé - O. Williams est le seul membre fondateur encore vivantpublie en 98 Phoenix Rising.

Les Temptations ont enregistré avec les Su¬ prêmes et Diana Ross trois albums et les hits « I’m Gonna Make You Love Me » et « I Se¬ cond that Emotion », de Smokey Robinson, en 69, et « Why (Must We Fall In Love) » en 70, et ont été produits par Rick James. Ils ont euxmêmes produit d’autres groupes (Swiss Movement, Quiet Elégance, United Sound Com¬ pany). C’est le groupe jerk qui a exercé le plus d’influence sur les chanteurs et groupes rock surtout anglais - des années 60, qui ont repris quelques-uns de leurs meilleurs titres : Rod Stewart (« (I Know) I’m Losing You »), les Rolling Stones (« Ain’t Too Proud To Beg », « Just My Imagination »), Gladys Knight (« I Wish It Would Rain »), Rita Coolidge (« The Way You Do the Things You Do»), David Lindley (« Papa Was a Rolling Stone »), etc. Les Temptations ont été élus au Rock & Roll Hall Of Famé le 18/1/89. Et ils détiennent le re¬ cord de magouilles, pensions alimentaires non payées et procès en matière d’héritage de droits d’auteur de l’industrie musicale, suite aux dis¬ paritions successives des différents membres du groupe. Le frère de D. Ruffin, Jimmy (7/5/39), est le créateur du hit « What Becomes Of the Brokenhearted » en 66, repris par Paul Young. ■ iM Meet the T. / T. Sing Smokey / Temptin’ T. / Gettin’ Ready / Greatest Hits* / Live ! / With a Lot 0’ Soûl / In a Mellow Mood /1 Wish It Would Rain / B0 TCB / On Broadway / Together [avec D. Ross & The Suprêmes] / Live At the Copa / Cloud Nine / T. Show / Puzzle People / Live At the (London’s) Talk Of the Town / Greatest Hits vol. 2* / Psychedelic Shack/Christmas Card/Sky’sthe Limit/Solid Rock / Ail Directions / Masterpiece / Anthology 1964-73* / 1990 / A Song For You / House Party / Wings Of Love / Do the T. / Greatest Hits vol. 3* / Hear To Tempt You / Bare Back / Power / 20 Golden Greats* / T. / Reunion / Ail the Million Sellers* / Give Love a Christmas* / Surface Thrills / Back To Basics / Truly For You / 25th Anniversary* / Great Songs & Perfor¬ mances* / Touch Me / To Be Continued / Together Again / Spécial / Milestone / Motown’s Greatest Hits* (Motown) / Hum Along & Dance : Best Of* (Rhino) / Back To Back* (K-Tel) / Greatest Hits* (Paradiso) / For Lovers Only* / Emperors Of Soûl* [coffret 5 CD] (Motown)I Best Of* (Top Masters)/ Best Of Solo Years* / Ultimate Collection* / Phoenix Rising (Motown), et remasterisation des albums ori¬ ginaux fin 98). Ruffin & Kendricks : Empire. Jimmy Ruffin : Early Classics* (Motown). 14 albums solo de David Ruffin : Motown dont At His Best*, Warner et MCA. Phoenix Rising (Otis Williams seul membre survi¬ vant) : Motown 98.

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EM PTATIONS

l’incomparable baryton D. Ruffin est remplacé en 68 par Dennis Edwards (ex-Contours : « Do You Love Me », « First I Look At the Purse »). Et S. Robinson laisse la direction artistique du groupe à N. Whitfield. Celui-ci donne aux « Tempts » une couleur à la fois plus rock et plus sophistiquée (les arrangements de cordes et de cuivres), sur des rythmiques influencées par Sly and The Family Stone : « Cloud 9 » (de Whitfield et Barrett Strong, à propos de la nou¬ velle situation des Noirs américains, où appa¬ raissent pour la première fois des traitements électroniques) fin 68, et les albums Puzzle People en 69 (le n° 1 « I Can’t Get Next To You », « Hey Jude » des Beatles et « Message From a Black Man ») et Psychedelic Shack (et le titre du même nom), marqués par le style de pro¬ duction expérimental (en particulier le mixage) de Whitfield. En 71, ils obtiennent leur troi¬ sième n° 1 avec la ballade « Just My Imagina¬ tion », et Ricky Owens remplace Kendricks obligé pour continuer en solo d’ôter le « s » de son nom, celui-ci appartenant à Motown ! Paul Williams (qui sera plus tard retrouvé sans vie dans sa voiture à Detroit) est délogé par Ri¬ chard Street, ex-Monitors.

TËM PTAT IONS

KTI Temps & The Four Tops (Fries Home Video) / Live In Concert (Vpv)l Get Ready (1988). 0. Williams, son autobiographie / Heatwave, The Motown Fact Book, par David Bianco. http://www.motown40.eom/history/archives/t/ temptations/ index.html http://www.freeyellow.com/members6/ Temptationology/

TEN CC -GODLEY & CREME Seconds couteaux du rock anglais depuis le mi¬ lieu des années 60, Graham Gouldman, Loi Creme, Kevin Godley et Eric Stewart ont ap¬ porté au rock des seventies un son nouveau, une écriture recherchée et des harmonies splendides, inspirées par les Beatles, Beach Boys et Who. Avant Ten cc en automne 73, G. Gouldman était le plus connu des quatre pour avoir écrit des tubes historiques («For Your Love » et « Heart Full Of Soûl » pour les Yardbirds, « No Milk Today », « Bus Stop », etc.) et publié un album solo contenant ses hits composés pour les autres. Ses trois compa¬ gnons, sous le nom des Hotlegs, avaient obtenu un n° 2 en GB en juillet 70 avec « Neanderthal Man ». Ascension éclair en 72-73 en GB seule¬ ment, avec deux hits successifs, réminiscents des rocks des années 50 : « Donna », « Rubber Bullets » et Sheet Music en 74. Au début de l’été 75, Ten cc (la quantité moyenne de sperme d’une éjaculation...) obtient la consécration mondiale avec le morceau d’atmosphère « I’m Not In Love » et son troisième album. La clé de leur réussite réside en partie dans la prise de son de leur studio situé près de Manchester, le Strawberry Studio de Stockport. Fin 75, le splendide « Art For Art’s Sake » prépare le succès de l’ambitieux How Dare You ? en 76. Le quatuor se scinde peu après, Godley et Creme, étant en désaccord avec Gouldman et Stewart sur l’utilisation du Gizmotron, système électronique couplé avec la guitare, vont faire carrière en duo dans le disque et la vidéo. Ces deux derniers recrutent Stuart Tosh (ex-Pilot et batteur d’Alan Parsons), Paul Burgess (batte¬ rie), Rick Fenn (guitare) et Duncan McKay (claviers, ex-Cockney Rebel). Après quelques hits mineurs et deux albums mal reçus, Ten cc élargit son horizon rythmique et harmonique avec Bloody Tourists en 78 :v« The Anonymous Alcoholic », et surtout « Dreadlock Holiday » (sa construction « reggae pour touristes » et l’opportuniste « I don’t like reggae, I love it/I don’t like Jamaïca, I love her »), n° 1 en été 78 en GB. Tournée américaine en 79, au moment 688

où « For You And I » est le thème du film Le Temps d’une romance de Jane Wagner, avec John Travolta. Tournée japonaise annulée à la dernière minute après un accident de moto de Gouldman, précipitant la rupture. Celui-ci compose les musiques des films Animalympics et Sunburn (avec Farrah Fawcett et Joan Col¬ lins), produit les Ramones en 81 (Pleasant Dreams) et forme en 86 le duo Wax avec l’Américain Andrew Gold (Magnetic Heaven, American English, RCA). Stewart écrit la mu¬ sique du film français Girls en 80, publie Frooty Rooties en 82 et collabore la même année avec Paul McCartney (Tug OfWar). Le quatuor ori¬ ginal s’est réuni en 92 pour Meanwhile, un échec, et Gouldman et Stewart se sont à nou¬ veau retrouvés seuls pour Mirror, Mirror en 93. IfciJ Ten cc / Sheet Music / Greatest Hits* (Decca) / Original Soundtrack / How Dare You ? / Deceptive Bends / Live And Let Live / Bloody Tourists (Mer¬ cury)! The Songs We Do For Love* (Flyover)l Grea¬ test Hits 1972-78* / Look Hear ! / Music Of* / Ten Out Of 10 (Mercury) / Live In Concert* (Contour) I Window In the Jungle (Mercury) / Collection* (Castle) !... Meanwhile (Polydor) / Early Years* (Dojo)l Best Of* (Music Club)/ Food For Thought* (Spectrum) / Alive, Greatest Hits Live* (Trident) / Greatest Hits* (BR Music) / Mirror, Mirror (Avex) / King Biscuit Flower Hour* (King Biscuit)/ Very Best Of* (PolyGram) / Things We Do For Love* (Re-

bound). Hotlegs : Thinks, School Stinks / You Didn’t Like It Cos’ You Didn’t Like It (Philips). E. Stewart : Girls (Polydor) ! Frooty Rooties (Mer¬

cury). G. Gouldman : G.G. Thing (Edsel) / Animalympics (Mercury)/Wax : Common Knowledge.com (Dôme). http://members.xoom.com/10CC/html/frame.htm

TEN YEARS AFTER « One more time, goin’ home... », « Goin’ Home » au festival de Woodstock. Un groupe du blues boom anglais, le plus gros vendeur du genre de 68 à 74. Originaires de Nottingham en Angleterre, les Jaybirds deviennent TYA en 67, pour sept ans d’activité : Alvin Lee (19/12/ 44, guitare et chant, clarinettiste de formation), Léo Lyons (30/11/43, basse), Chick Churchill (2/1/49, claviers) et Rie Lee, sans parenté avec Alvin (20/10/45, batterie) sont une valeur sûre à la fin des années 60 : Recorded. Live et Ssssh. Au fil des années et de ses concerts, TYA dur¬ cira sa musique jusqu’à un rock hard qui aidera l’éclosion du genre, avec quelques incursions jazzy : « I Can’t Keep From Crying Sometimes » d’Al Kooper. Sous la direction de son

Carrières solo de Lee et de son A.L. & Co en 76, avec Ten Years... Later en 78 (Rocket Fuel chez RSO), de Churchill (qui produira UFO), Rie Lee, et carrière de producteur de Léo Lyons. Après Detroit Diesel avec Lyons et George Harrison en 86, la tournée 88 des Grands Guitaristes du Rock (Night Ofthe Guitar Live, 1RS : « No Limit », « Ain’t Nothin’ » ; « Shakin’ »), Lee, le spécialiste de la Gibson 335 (avec ampli Marshall), retrouve ses compa¬ gnons au festival de Reading 88 et publie l’an¬ née suivante About Time, produit par Terry Manning (ZZ Top). Le cinéaste Wim Wenders a débuté en filmant son groupe de rock préféré. ■ TYA / Undead, Live At Klooks Kleek / Stonedhenge / Ssssh / Cricklewood Green / Watt / A Space In Time (BGO) / Rock’n’Roll Music to the World / Recorded Live / Positive Vibrations / Goin’ HomeGreatest Hits* / Anthology* / Saguitar [inédit] / Classic Performances* (Chrysalis) / Rocket Fuel / Ride On (Polydor) / Profile: Greatest Hits vol. 1* (Teldec) / Hear Me Calling* (Decca) / Collection* (Castle) / Original Recordings vol. 1 & 2* (See For Miles) I Portfolio : A History* / About Time (Chry¬ salis) / Live At Reading 1988 : Friday Rock Show (Raw Fruit) / Live* (Démon) I Essential* (Chrysalis) / Love Like a Man* (Traditional Line) / Pure Blues

(Griffin)l Collection : Best Of* / Solid Rock* (Chry¬ salis)/ I’m Going Home* (Disky) / At Their Peak* (Pair) I Live 1990* (Code 90-BMG). C. Churchill : You And Me (Chrysalis). http://www.bekkoame.or.jp/~tadatk/music/tenyrsaftr. html http://www.alvinlee.com/ http://www.execpc.com/~torrey/tya.html

TEXAS L’Etat le plus vaste et le plus varié des USA, bercé par le blues, la country, le rock et la chan¬ son mexicaine. Quelques incontournables : ZZTop, Fabulous Thunderbirds, Willie Nel¬ son, Stevie Ray Vaughan, etc. « The Lone Star State » a donné son nom à un groupe écossais formé à Glasgow, en 86. Sharleen Spiteri, an¬ cienne coiffeuse devenue chanteuse et pianiste, Ally McErlaine (guitare), Johnny McElohne (basse) et Stuart Kerr (batterie, qui sera rem¬ placé par Richard Hynd) frappent un grand coup avec Southside en 89. Un univers pour faire rêver entre country et rock bluesy dans la couleur de Ry Cooder et de Paris-Texas (leur nom vient du filin de Wim Wenders), et un tube européen, « I Don’t Want To Be Your Lover ». Malgré la belle voix de la Miss et les effets à la slide-guitar de McErlaine, tous deux auteurscompositeurs, les albums Mothers Heaven en 91 (avec Maria McKee) et Rick’s Road en 93 (avec Sly Stone) cernent les limites du duo qui peu à peu se tourne vers une pop Tamia pour décrocher la timbale à la fin de la décennie : « So In Love With You », l’album White On Blonde (en référence au Blonde On Blonde de Bob Dylan, « Say You Want »). En 98, la belle Sharleen Spiteri, qui vit à Paris, s’affiche seule dans ses clips (« Black Eyed Boy ») et sur les affiches, comme si ses musiciens n’existaient plus et n’avaient plus d’importance dans une musique passe-partout. Tube en mai 99, « In Our Lifetime », tiré de The Hush, avec « Summer Sun » au riff rappelant « Atomic » de Blondie. B'M Southside / Mother’s Heaven / Rick’s Road / White On Blonde / The Hush (Mercury). http://texasbr.webjump.com/

JIMMY THACKERY Surdoué de la guitare blues, auteur-composi¬ teur et chanteur à la voix rocailleuse, né le 19/ 5/53 à Pittsburgh (Pennsylvanie). Considéré depuis la disparition de Stevie Ray Vaughan comme son meilleur disciple, J.T. est un for¬ cené touche-à-tout : delta blues, boogie, swing blues, rockabilly, surf music. Dans un déluge de notes (en distorsion ou épurées) et de progres¬ sions rythmiques, il transcende d’une voix rocailleuse titres originaux et reprises de B.B. King, S.R. Vaughan, Bo Diddley, Lowell Fulson, Freddie King et son maître Jimi Hendrix (« Red House » sur le brûlant Empty Arms Motel en 92). Converti au blues par David Raitt 689

JIM M Y THACKERY

guitariste, c’est en 69-70, grâce à sa formidable prestation dans le film du festival de Woodstock (« Goin’ Home », medley blues-boogierock’n’roll resté fameux) que TYA obtient la consécration, en particulier aux USA (vingthuit tournées en neuf ans), en Allemagne et aux Pays-Bas. Son seul succès en GB est « Love Like a Man » en été 70, mais quatre de ses al¬ bums s’y classent dans les six premiers. A. Lee, dont la carrière n’a pas survécu à sa réputation de « guitariste le plus rapide du monde », était un remarquable chanteur, comme en témoi¬ gnent les meilleurs titres de TYA du début des années 70, « Hear Me Calling », « Help Me », « Baby, Won’t You Let Me Rock & Roll You », et « Choo Choo Marna », de l’album le plus élaboré du groupe, Rock’n’Roll Music To the World (72). Désemparé par la défection d’A. Lee, TYA donne une tournée d’adieux es¬ tivale américaine et se sépare en 74 après l’échec de Positive Vibrations.

JIM M Y THACKERY

(le frère de Bonnie), il rejoint les légendaires Nighthawks en 72, quitte cette formation sémi¬ nale en 86 et poursuit une carrière blues-rock de longs concerts excitants. D’abord sous le nom J.T. & The Assassins jusqu’en 91, puis J.T. & The Drivers, avec Wayne Burdette (basse) et Mark Stutso (batterie), combo semblable au Double Trouble de S.R. Vaughan. Après un bel album acoustique avec le guitariste John Mooney en 93 (Sideways In Paradise) et Empty Arms Motel, son « power trio » casse la bara¬ que avec Trouble Man (94), et le spectaculaire live Wild Night Out en 95, enregistré le 12/11/ 94 et produit par le spécialiste Jim Gaines, comme le suivant, Drive To Survive en 96, plus commercial, avec le nouveau bassiste Michael Patrick. Il promotionne en Europe Switching Gears en 98, enregistré avec Lonnie Brooks et Joe Louis Walker entre autres, et dans lequel il rend un hommage appuyé à Roy Buchanan (« Roy’s Bluz ») et encore à Hendrix (« Still Raining, Still Dreaming »). ma J.T. & The Nighthawks : Rock & Roll (Aladdin) / Opcn Ail Night / Psyché Delly / Live / Side Pocket Shot / Jacks And Kings I & II / Blues : Best Of vol. 1* / Rock : Best Of vol. 2* (Adelphi)I Live At Kuba Koda Hall, Tokyo (Columbia) lt\\e Nighthawks (Mercury) / Hot Tracks [avec J. Hammond] (Vanguard)/10 Years Live / Rock & Roll / Hot Spot / Di¬ rect Current : DC Bands Collective / Hard Living / Living in Europe (Rounder) / J.T. & The Assassins : No Previous / Backtrack* / Partners In Crime / Cut Me Loose (Seymour) / Sideways In Paradise [avec J. Mooney]/ J.T. & The Drivers : Empty Arms Motel / Trouble Man / Wild Night Out / Drive To Survive / Switching Gears (Blind Pig-Dixiefrog). http://www.jamthack.com/

THAT PETROL EMOTION Né de la séparation des Undertones, TPE, avec leur Manie Pop Thrill, incendie en 1986 les charts indépendants anglais ; l’année suivante, le simple « Big Decision » fait son incursion dans les classements nationaux. Un groupe ir¬ landais punk authentiquement prolo, à vision panoramique, qui change de style à chaque titre et propose en 88 un remarquable album, plus ri¬ che que le décapant Babble consacré au martyre irlandais. Cet exercice de style à la Raymond Queneau, déroutant, qui multiplie les citations (Velvet Underground, T-Rex, Doors, Captain Beefheart, etc.), est un brillant condensé de la pop des années 80, ciselé par cinq compositeurs de talent, association assez rare chez un groupe de rock. Un puzzle impressionnant confirmé par le show du 4/12/88 à la Cigale de Paris où le 690

groupe, qui déteste le rock héroïque des années 80, malgré une facilité évidente, ne perd jamais ses vertus punk réjouissantes. Bill Manie Pop Thrill (Démon)I Babble (Polydor)l Peel Sessions* (Strange Fruit) / End Of the Millen¬ nium Psychosis Blues / Chemicrazy (Virgin) / Fireproof (Koogat). http://www.hib.no/studenter/alu97ees/tpe.htm

THE THE « Tout ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui, le rock est grand public, tiède, facile à consom¬ mer ! » (Matt Johnson, ex-Gadgets, 93). L’un des grands du rock austère new wave des an¬ nées 80, le Londonien M. Johnson (né le 15/8/ 61) joue dans des groupes dès l’âge de 11 ans. En 79, le public découvre The The, nom généri¬ que pour un groupe élastique. En 81, le psyché¬ délique Burning Blue Soûl lui permet de signer chez Columbia, où «Perfect» et «This Is the Day » sont disques d’or. Après Soûl Mining en 83 (« Uncertain Smile » avec le piano de Jools Elolland de Squeeze, et « This Is the Day ») et l’amer Infected, en octobre 86, Johnson décide de fonder un vrai groupe avec l’ex-prodige des Smiths, le guitariste Johnny Marr, Dave Palmer à la batterie et James Eller à la basse. Comme Gainsbourg, Matt Johnson, qui tâte aussi de la vidéo et de la peinture, veut élever la pop au ni¬ veau des arts majeurs, avec une voix rappelant celle de Ian Anderson de Jethro Tull. Après dix ans d’isolement, le fan de boxe et de religion dé¬ cide en 89 de faire de la scène avec un groupe qu’il estime parfait. Sa pop ambitieuse, entre autodérision et morgue, l’une des plus promet¬ teuses et complexes des années 80 (Mind Bomb en 89, passablement maso avec « The Beat(En) Génération », et le lumineux Dusk en 93), vise à remuer le public. Un premier album, The Pornography Of Despair, toujours inédit et un CD intéressant de reprises d’Hank Williams, Hanky Panky en 95. Johnson a collaboré avec David Johansen, Neneh Cherry (« Slow Train To Dawn » sur Infected), et Wire. HH Burning Blue Soûl (4 AD)/Soûl Mining / Infec¬ ted / Mind Bomb / Dusk / Dis-infected [EP] / Hanky Panky (Epie). Albums des Gadgets [80-82] (Final Solution et

Glass). http://www.thethe.com/

THEM ' Le groupe historique irlandais. Le meilleur groupe blanc rhythm & blues de l’histoire ? De

en deux CD du nom de la composition de Van Morrison de 67. En 70, J. McAuley forme Tra¬ der Horn, groupe folk-rock avec R. Elliot et Judy Dyble (la première chanteuse de Fairport Convention). P. Bardens fonde Marsupilami, puis Camel en 72, publie plusieurs albums solo de 69 à 76, et collabore avec Peter Green. Le film Outsiders de Francis Ford Coppola, de 83, débute avec « Gloria ». lil The Angry Young Them / Them Again (Decca et rééditions remasterisées) / Now And Them / Time Out, Time In For Them (Tower) I Them / In Reality (Happy Tiger)l\Norld Of* / Featuring V.M. Lead Sin¬ ger* / Rock Roots* / One More Time* (Decca) / Backtrackin’* (London)I Shut Your Mouth (Teldec) /Collection* (Castle)l Singles* (See For Miles)/The Story Of Featuring V.M.* (Decca). B. Harrison : Billy’s Who ? (Vagabond). http://www.geocities.com/SunsetStrip/Studio/6616/ indexl.html

THERAPY? Ce trio de métal irlandais, entre Metallica et Joy Division, commence en 89 par défricher un hardcore techno sur son propre label en 90 : « Met Abstract » et les mini-albums Babyteeth en 91 et Pleasure Death en 92, sans grand suc¬ cès. Alors Andy Cairns (guitare, chant), Mi¬ chael McKeegan (basse) et Fyfe Ewing (batte¬ rie) se tournent vers un métal mélodique, énergique et grand public. Nurse en 92 (« Teethgrinder », « Accelerator ») sur A&M, puis « Nowhere » de Troublegum en février 94 sont enfin des succès, surtout en GB. Et Infer¬ nal Love l’année suivante confirme un talent taillé dans le bronze et l’amertume, mais non dépourvu d’humour féroce. Ewing est rem¬ placé par Graham Hopkin en 96. Therapy ?, qui conserve toujours son point d’interroga¬ tion, cherche une formule grunge-metal qui lui échappe un peu. MiB Babyteeth / Pleasure Death (Wiiija)l Caucasian Psychosis* (Quarterstick) / Nurse / Hats Off To the Insane* (US) / Troublegum / Infernal Love / SemiDetached (A&M). http://members.xoom.com/_X00M/Maladjusted/ index.html

THIN LIZZY Brian Downey (batterie) et Phil Lynott (né le 20/8/51 à Dublin, basse-guitare-chant) jouent dans Skid Row, Sugar Shack, The Orphanage en 69 (leur version de « Morning Dew » est un succès local), puis Thin Lizzy (La Fine Babette), l’année suivante, avec le guitariste 691

THIN LIZZY

64 à 66, les rivaux des Rolling Stones avec lesquels ils partagent la même hargne, le même amour du Chicago blues et la même compagnie de disques : Van Morrison (né le 31/8/45, auteur-compositeur-chanteur-harmoniciste), Jackie McAuley (puis Peter Bardens) à l’orgue, Billy Harrison (guitare), Alan Henderson (basse) et Ronnie Millings (batterie), tous ori¬ ginaires de Belfast'(Irlande), se réunissent en avril 64. Passionnés de blues, rock’n’roll, de Bo Diddley et Chuck Berry, les T. se rodent au club du Maritime Hôtel de Belfast avant de gagner Londres et d’y enregistrer leur premier simple, « Don’t Stop Now », reprise d’un titre du blues¬ man Slim Harpo. Le deuxième, « Gloria », cou¬ plé avec « Baby Please Don’t Go » de Big Joe Williams, avec Jimmy Page à la guitare, est une surprise : si la reprise de « Baby » est n° 10 dé¬ but 65, c’est la composition de Van Morrison qui va rester le grand succès du groupe et un classique rock indémodable (les versions des Shadows of Knight, du Patti Smith Group et des Doors, entre autres - Doors avec lesquels Them jouera une version de « Gloria » au printemps 66 au Whisky A-Go-Go à Los Angeles : les deux Morrison de l’histoire sur la même scène, « Une jam incroyable, et évidemment personne pour l’enregistrer », selon Ray Manzarek). Me¬ nés par l’extraordinaire Morrison, les T. obtien¬ nent un succès scénique un moment compara¬ ble à celui des Stones, et publient « Here Cornes the Night » (février 65, n° 2, leur seul hit en GB), « One More Time » (juin), « It Won’t Hurt Half As Much » (août), « Mystic Eyes » (en novembre, avec les réponses harmonicaguitare sur fond d’orgue), « Call My Name » (mars 66), « Richard Cory » (mai 66) et « I Can Only Give You Everything » (que les Troggs re¬ produisent à l’identique en janvier 67). Après une version renversante de « It’s Ail Over Now Baby Blue » et deux albums formidables The « Angry » Young Them et Them Again, Morri¬ son, en juin 66, retourne à Belfast. Il est rem¬ placé par Keith McDowell, et Them 2 (Hender¬ son, David Harvey à la batterie, Jim Armstrong à la guitare, Ray Elliot à l’orgue) tourne sans succès aux USA et en Scandinavie en 67 pour se séparer peu après. Les frères Jackie et Pat McAuley fondent les Belfast Gypsies (baptisés par leur producteur américain Kim Fowley) en 66 avec Ken McLeod et Mike Scott, dont la lé¬ gende égale presque celle de T. Ils se séparent après un album intéressant publié en août 67 en Scandinavie, édité en GB onze ans plus tard. Une compil 98 historique, The Story of Them

THIN LIZZY

de Belfast, l’ex-Them Eric Bell. Le trio signe chez EMI (« The Farmer »), puis chez DeccaLondres qui publie deux albums en 71 et 72, sans succès. « Whiskey In the Jar », arrangé par Lynott, traditionnel, aux accents folk, est n° 6 en février 73. Son troisième LP est un succès en Irlande où ses nombreux concerts établissent sa réputation de grand groupe de scène hard. Traumatisé par les incidents de Belfast, Bell quitte TL après un concert du 31/12/73 dans sa ville natale ; il est remplacé par Gary Moore. L’année suivante, les deux guitaristes Scott Gorham et Brian Robertson complètent le per¬ sonnel d’un groupe qui se fait connaître en GB au festival de Reading en août 74. Première tournée américaine en mars 75, suivie de six autres. TL éclate au printemps 76 avec les ex¬ cellents « Jailbreak » et «The Boys Are Back In Town » (inspiré du « Born To Run » de B. Springsteen), deux succès en GB et aux USA. Devenu à partir de l’automne 76 un groupe de premier plan au hard suave et cha¬ leureux, il rate un peu son double Live & Dangerous (refait en studio), classé n° 2 en GB mi¬ lieu 78. Les allers et retours de Robertson et Moore de 77 à 79 désorientent les fans ; Moore est remplacé en 79 par Midge Ure (Rich Kids, Ultravox), puis par Dave Flett (Babe Ruth) et la formation se stabilise en janvier 80 autour de Lynott, Downey, Gorham et l’excellent et dis¬ cret Snowy White, remarqué par Lynott lorsqu’il jouait avec Pink Floyd. TL connaît la consécration au festival de Reading en août 77, et Gary Moore décroche un hit en 79 avec un morceau coécrit avec Lynott, « Parisienne Walkways ». Professant le plus grand mépris pour les mouvements punk et new wave, le trio Lynott, Downey et Gorham enregistre pour¬ tant sa « chanson de Noël », « A Merry Jingle » en 79, sous le nom des Greedies, avec les Sex Pistols, Paul Cook et Steve Jones. Après Black Rose mis en boîte à Paris, TL s’adjoint en 80 le claviers-chanteur-compositeur Darren Wharton. Tournée française (Renegade Tour) en jan¬ vier 81, puis en février-mars 82 avant sa tournée mondiale d’adieu de 83. Lynott forme sans suc¬ cès Grand Slam avec Downey et, le 4/1/86, meurt d’une overdose, après huit jours de coma, à l’aube d’une nouvelle et idéale colla¬ boration avec G. Moore. TL restera l’une des grandes formations hard mélodiques sous-estimées des années 70-80, excitante, inventive, qui sut donner le feeling de la soûl à des morceaux souvent marqués par des duels de guitare intenses. De l’avis général, 692

ses albums les plus achevés sont le dernier, pos¬ thume, Thunder And Lightning, Black Rose et Life. Reformé le 17/5/86 au concert irlandais du Self Aid avec Bob Geldof dans le rôle de Phil Lynott, le voyou romantique ! ■ TL / Shades Of a Blue Orphanage / Vagabonds Of the Western World (Decca)I Night Life / Fighting / Jailbreak / Johnny the Fox / Bad Réputation (Ver¬ tigo) / Remembering* (Decca)l Live & Dangerous / Black Rose (Vertigo) / The Continuing Saga Of the Ageing Orphans* (Decca) / Chinatown / Lizzy Killers* / Adventures Of TL* / Renegade (Vertigo) I Rockers* (Decca)/ Thunder & Lightning / Lizzy Life [live] (Vertigo) / The Boys Are Back In Town* / Whiskey In the Jar* (Pickwick) / The Collection* (Castle) / Soldier Of Fortune : Best Of P.L. & TL* (Te/sfarJ/Wild One* (Vertigo)I Dedication : The Very Best Of* (Mercury) I BBC Radio 1 Live In Concert* (Windsong)l Peel Sessions (Strange Fruit). Live Dangerous-Rainbow 1978. http : //members.tripod.com/~Mr. Harrington http : //www.xs4all.nl/~koolus/thinlizzy/tlhome.html

THIRD WORLD Après Bob Marley et les Wailers, le groupe reggae grand public, car le plus proche des oreilles occidentales, le seul à vendre des al¬ bums (et non des « singles » !) à la Jamaïque. D’origine bourgeoise, à l’inverse des autres for¬ mations jamaïcaines (l’un de ses musiciens est fils de ministre), formé en juillet 72 par les exAlley Cats Michael « Ibo » Cooper (clavierspercussions-chant), Stephen « Cat » Coore (guitare-harmonica-chant), Milton Hamilton (chant), Richard « Richieboo » Daley (basse, ex-Hell’s Angels, qui figure sur l’enregistre¬ ment original des Slickers du classique de reg¬ gae « Johnny Too Bad »), Irwin « Carrot » Jar¬ ret (ex-Inner Circle, percussions) et Cornell Marshall (batterie). Ce groupe de scène signé en 75 en Angleterre joue un reggae-pop cha¬ leureux, mâtiné de disco et d’influences africai¬ nes et américaines (rhylhm & blues, musique californienne, soûl et funk). Sa musique s’est affirmée depuis 96° In the Shade (son meilleur album en 77) et Journey To Addis (78), ses par¬ ticipations aux tournées de Marley, des Jacksons, de Stevie Wonder (aux USA), et ses hits : « Now That We Hâve Found Love » (78, un ti¬ tre des O’Jays), « Cool Méditation » (79), « Talk To Me » (80), « Dancing On the Floor (Hooked On Love)» (81), « Try Jah Love» (82) et « Now That We Hâve Found Love », leur cheval de bataille en 85. William Clarke (guitare et chant) a remplacé Hamilton et William Stewart, C. Marshall. Collaboration en

■3 Third World / 96° In the Shade / Journey To Addis / The Story’s Been Told / Arise In Harmony / Sata Amasa Gana / Prisoner In the Street / Reggae Greats* (Island) / Rock the World / You’ve Got the Power/AII the Way Strong/Sense Of Purpose/Hold On To Love / Best Of* (Columbia) I It’s the Same Old Song / Committed / Reggae Ambassadors : 20th Anniversary* / Serious Business (Mercury) / Super Hits* (Sony) / Live It Up (Third World). Cat Coore : Uptown Rebel (Virgin). http://www..thirdworldband.com/

13th FL00R ELEVATORS « Le point le plus important chez les Elevators était la rationalisation de leur environnement et de leur manière de vivre. Bien qu’il y ait tou¬ jours eu une signification religieuse attachée aux drogues à travers l’histoire, les correspon¬ dances religieuses que le groupe leur attribuait créaient un précédent dans le rock » (Larry Sepulvado, Mother Magazine, 68). « Si vous vou¬ lez vous envoyer en l’air avec une bouteille de Coca, OK, mais c’est quand même plus facile avec les produits psychédéliques... » (Tommy Hall, première interview, 66). Cette année-là, l’explosion psychédélique atteint le Texas et, à Houston, une petite compagnie de production, International Artists, dirigée par Leland Ro¬ gers, frère du chanteur country Kenny Rogers. Elle encourage des groupes expérimentaux comme 13th Floor Elevators, basé à Austin, qui joue les riffs de Buddy Holly à la manière psy¬ ché. Mené par Roky Erickson (Roger Kynard Erickson, né le 15/7/47 à Dallas), chanteur et compositeur, il publie en deux ans trois albums

iconoclastes sous l’influence des drogues hal¬ lucinogènes. Le premier, un concept album, contient son seul hit (mineur), archétype du « garage rock » avec écho et vocal furieux : « You’re Gonna Miss Me » (fin 66). Ex-chan¬ teur des Spades à Austin en 65 (« Gloria », « We Sell Soûl », première version de « You’re Gonna Miss Me »), R. Erickson forme les 13 FE avec Tommy Hall (un mystique, qui ser¬ vit de révélateur à la bande), et les membres successifs Benny Thurman, Ike Walton, Dan Galindo, Danny Thomas et Stacy Sutherland. Expatriés à San Francisco, ils donnent des soi¬ rées animées au fameux Avalon Ballroom. Walton et Thurman partent après le premier album : les classiques « Fire Engine » (repris par Télévision), et le folk rock « Splash 1 ». Le deuxième inclut « Slip Inside This House » (de¬ puis repris par Primai scream) et « Easter Everywhere », une chanson poignante sur la réin¬ carnation écrite par Erickson et la femme de T. Hall, Clémentine (qui avait trouvé l’étrange nom du groupe : il n’y a pas de 13e étage dans les immeubles américains). Pourchassé par les agents du Narcotic Bureau, Sutherland est em¬ prisonné et Erickson interné en 68 dans un hô¬ pital psychiatrique dont il s’échappe, pour être repris début 69 et enfermé pendant trois ans. Il est libéré en 72 grâce à sa famille et reforme le groupe avec Walton en 73 sans succès. Publie en 75 « Two Headed Dog », morceau anticom¬ muniste produit par Doug Sahm, puis un EP (sur Sponge), et signe sur le label anglais Virgin qui ne sort qu’un simple. En 79, R. Erickson forme les Aliens et réalise un album messiani¬ que produit à San Francisco par Stu Cook (Creedence Clearwater Revival), publié en Eu¬ rope chez Columbia en 80. M'W The Psychedelic Sounds Of 13th E. / Easter Everywhere / Live / Bull Of the Woods (United Ar¬ tists et réédition Deçà!) / Fire In My Bones* / Elevator Tracks* (Texas Archives) / I’ve Seen Your Face Before (Big Beat) / Live Reunion (5 Hours Back) / Demos Everywhere : Original Sounds* (13th Hour)l Collection* [4 CD] (Decal) / Out Of Order : Live At the Avalon 1966* / Lévitation : In Concert* (Thunderbolt) I Last Concert* (Collectables) / Best Of*

(Clémusic). http://www.ed.brocku.ca/-paul/favorite/elevators/ http://www.geocities.com/~solidgroove/indexl.html

RUFUS & CARLA THOMAS « Depuis le jour de votre naissance jusqu’à vo¬ tre voyage en corbillard, les choses ne sont pas plus mauvaises qu’elles pourraient l’être. Soyez 693

RUFUS S CARLA THOM AS H

82 avec Stevie Wonder (le hit « Try Jah Love » et « You’re Playing Us Too Close »), peu convain¬ cante et qui ne surpasse pas ses meilleurs titres : « Ride On », « I Wake Up Cryin’ » et l’extraor¬ dinaire « 1865 (96° In the Shade) » de 77. Pour le premier anniversaire de la mort de Robert Nesta Marley, ils ont chanté « Rédemption Song » a cappella en concert à Londres. Re¬ venu au vrai reggae en 89 avec Serious Busi¬ ness, TW figure dans le film Prisoner in the Street de Jerome Laperrousaz (BO parue en 80) et Reggae Sunsplash ’81 sur le festival de Montego Bay à la Jamaïque (BO parue en 82) dans lesquels figure « 96° In the Shade ». Ste¬ phen Coore a participé à l’enregistrement ori¬ ginal de « Stir It Up » et de « Catch a Fire » des Wailers. Leur album 89, produit par Daddy-O de Stetsasonic, lorgne vers le rap et leur tube « Now That We Found Love » a été repris en version dance par BT Express et Heavy-D.

RUFUS S CABLA THOM AS

reconnaissant » (Rufus Thomas). Né à Collierville (Tennessee) le 28/3/17, R.T. débute comme chanteur comique dans les Rabbit Foot Minstrels et écrit ses propres blues à partir de 41. Pendant la guerre, il travaille le jour dans une usine de coton et le soir à la station de ra¬ dio de Memphis WDIA. Il enregistre en 49 du jump blues et signe en 51 chez Chess. Premier succès en 53 chez Sun avec un titre rhythm & blues, « Bear Cat ». Le premier artiste noir à enregistrer pour Stax Records. Il devient l’un des grands du Memphis sound avec ses compo¬ sitions humoristiques « The Dog » puis « Walking the Dog » (63). Accompagné par Booker T. and The MG’s, les Bar-Kays, il publie les hits dansants « Do the Funky Chicken » (69), « (Do the) Push And Pull » (70), « Do the Funky Penguin », « The Breakdown » (71). Le « grandpapa » rhythm & blues, soûl et funk, dont la meilleure contribution est l’extraordinaire « The Memphis Train » (68), eut une influence certaine sur de nombreux groupes, en parti¬ culier sur les Rolling Stones qui ont repris « Walking the Dog » en 64. Il apparaît en 89 dans l’album du chanteur italien Zucchero (Oro, Incenso & Birra, Polydor), et dans le film de Jim Jarmusch Mystery Train. Sa fille Caria, née à Memphis le 21/12/42, donne en 61 son premier hit national « Gee Whiz » (500 000 copies vendues) à Satellite qui devient Stax. C.T. répond en 62 avec « I’il Bring It On Home To You » au hit de Sam Cooke. Elle enregistre avec son père, puis seule, « Let Me Be Good To You » et la com¬ position d’Isaac Hayes en 66, « B.A.B.Y. ». La « reine du Memphis sound » s’associe en 67 à Otis Redding pour former le plus célèbre duo de la soûl music des années 60, et publier King & Queen et les hits « Tramp » (67), « Knock On Wood », « Lovey Dovey » (68) et la curiosité « Ooh Caria, Ooh Otis ». Elle enregistre avec Johnnie Taylor et William Bell. Malgré une belle voix et une imposante production disco¬ graphique, elle ne peut rivaliser avec Aretha Franklin, et n’inscrit qu’un seul hit dans les an¬ nées 70 : « You Got a Crush To Fall On » (72) avant de sombrer dans la variété et se produire dans les grands hôtels. B'M Caria Thomas : Gee Whiz / Caria / Comfort Me / Best Of* (Atlantic)I King & Queen [avec Otis Red¬ ding] / Memphis Queen / Queen Alone / Chronicle* / Love Means C.T./Hidden Gems*/Sugar/You Thrill My Soûl {Stax)/Gee Whiz : Best Of* (Rhino)l C.T.* (Castle). http://wsp2.wspice.com/memphisguide/music2/stax/ staxartists/cthomas.html 694

friM Rufus Thomas : Walking the Dog / Doing the Funky Chicken / Doing the Push And Pull : Live At PJ’s / Did You Hear Me ? / Crown Prince Of Dance (Stax) / Blues In the Basement / If There Were No Music /1 Ain’t Gettin’ Older, I’m Gettin’ Better (AVI) / R.T. (Gusto) I Jump Back : A 1963-67 Rétrospec¬ tive* (Edsel) / Chronicle* (Stax) / Rappin’ Rufus (Ichiban)l That Woman Is Poison (Alligator) I Can't Get Away From this Dog* / Live* (Stax) / Best Of : Singles* (Ace) / Timeless Funk / Blues Thang* (Sequel) I Best Of : Do the Funky Somethin’* (Rhino)l Memories* (MCA). http://sunstudio.com/tour/sun/sunartists/thomasr.html

RICHARD THOMPSON L’âme de Fairport Convention, l’inventeur du folk-rock à l’anglaise. Il marque de son style au vitriol, minimal, émotif, les six premiers albums de Fairport, de 68 à 70, de What We Did On Our Holidays (« Meet On the Ledge », en 74) à Full House (« Sloth »). Ce Londonien né le 3/ 4/49 se lance en solo, puis avec sa femme Linda (/ Want To See the Bright Lights Tonight, « Calvary Cross » et Hokey Pokey en 75). Après leur divorce en 82, six albums dont Shoot Out the Lights, leur sommet, il s’impose avec Hand Of Kindness en 84, Across a Crowded Room en 85, Rumor And Sigh en mai 91 (« Read About Love ») et « 1952 Vincent Black Lightning ». Il joue avec John Martyn, Elvis Costello, Pere Ubu, David Byrne et les Golden Palominos (Visions Of Excess). Un magnifique parcours entre folk, rock, mélodie, introspection et coups de tonnerre. Ce converti au soufisme, idole de David Byrne, croise le fer avec Danny Thompson, le bassiste du Pentangle, autre fleu¬ ron du folk progressif celtique des années 70 ; Industry en 98 est une belle chronique du temps qui passe entre fanfares de la vieille Angleterre et un jazz vagabond. Une compil 3 CD Watching the Dark 69-92 chez Hannibal. Et un al¬ bum-hommage Beat the Retreat d’octobre 94 avec REM, Los Lobos, David Byrne, Bonnie Raitt, Bob Mould, etc. BU Henry the Human Fly/IWant To See the Bright Lights Tonight / Hokey Pokey / Poor Down Like Silver / Guitar And Vocal* / Live More Or Less (Island) /First Light/Sunny Vistas (Chrysalis)lStrict Tempo (Elixir) / Shoot Out the Lights / Hand Of Kindness (Hannibal)l Small Town Romance : Live In NY 1982 (Rykodisc) / Across a Crowded Room / Daring Adventures (Polydor)I The Marksman (BBC)/Amnesia / Rumour And Sigh (Capitol) I Watching the Dark : A History Of* (Hannibal) / B0 Sweet Talker/ Mirror Blue / You ? Me ? Us ? / Mock Tudor (Capitol) / In¬ dustry (Hannibal) / Beat the Retreat [hommage].

http://www.alphalink.com.au/~sfy/RT/

BIG MAMA THORNTON 11/12/26-25/7/84. L’idole de Janis Joplin. Chan¬ teuse et harmonici^te blues née Willie Mae Thornton à Montgomery (Alabama), fille de pasteur noir. Avec une voix rugueuse et mena¬ çante, elle a projeté une adolescence malheu¬ reuse sur une poignée de chansons dont certai¬ nes sont devenues des classiques. B.M.T. est célèbre pour sa composition «Hound Dog» (53) reprise par Jerry Lee Lewis et quatrième n° 1 d’Elvis Presley en 56. Après une enfance baignée de gospel, elle découvre le blues de ses aînées Bessie Smith, Ma Rainey et Memphis Minnie, débute dans une revue de Harlem et enregistre « Partnership Blues » en 51. « Hound Dog », dont Johnny Otis, Jerry Leiber et Mike Stoller revendiquent aussi la paternité, est l’uni¬ que hit de sa carrière. On lui doit les sensation¬ nels « Bail And Chain » (la version de Janis Jo¬ plin... entre autres) et « I Smell a Rat ». Cette rebelle, imposante physiquement, qui s’habillait en homme, a enregistré sur plusieurs marques jusqu’au milieu des années 70. Elle s’est pro¬ duite deux fois en Europe avec l’American Blues Festival en 65 et 72, a enregistré avec Muddy Waters, Otis Spann et Buddy Guy. Elle était squelettique lorsqu’elle est morte, oubliée, dans un meublé de Los Angeles. Son poignant Jail (75) a été enregistré dans deux prisons amé¬ ricaines avec l’harmoniciste George Smith. El In Europe/B.M.T. vol. 2/B.T. & Chicago Blues / Bail & Chain (Arhoolie) / At Monterey (MCA) / Stronger Than Dirt (Mercury) / The Way It Is / Maybe / She’s Back (Backbeat)l Saved / Jail [live] / Sassy Marna / Mama’s Pride (Vanguard) I Live Together / The Original Hound Dog* (Ace) I They Call Me Big Marna / Hound Dog : The Peacock Recordings* (MCA) / The Rising Sun Collection : B.M.T. 1977* (Just a Memory).

GEORGE TH0R0G00D Un guitariste-chanteur né le 31/12/52 à Wilmington (Delaware). Il comptait parmi les at¬ tractions scéniques rock du début des an¬ nées 80. Ancien joueur de base-bail, ce fils spirituel de Chuck Berry et John Lee Hooker découvre le blues grâce aux disques de John Hammond Jr. Il explose en 78 avec Move It On Over, et des morceaux de Berry (« No Particular Place To Go », « Memphis »), des grands

bluesmen John Lee Hooker (« One Scotch, One Bourbon, One Beer »), Elmore James (« Madison Blues »), Bo Diddley (« Who Do You Love »), Jimmy Reed (« It Is a Sin »), Hank Williams (« Move It On Over »), Bob Dylan (« Wanted Man »), etc. Des riffs redou¬ tables, un jeu de guitare boogie et une voix rau¬ que. Il participe avec son groupe The Des¬ troyers -Jeff Simon (batterie), Billy Blough (basse), Ron Smith (guitare), Hank Carter (saxophone) formé en 73 - aux tournées amé¬ ricaines et européennes des Rolling Stones en 81-82, où il chauffe les foules avec son « New Boogie Chilien » emprunté à J.L. Hooker. Bad To the Bone est disque d’or en 82, grâce à la vidéo du titre éponyme, sur la chaîne MTV. Steve Chrismar remplace en 85 R. Smith parti en 81. Boogie People en 91 et le prévisible Haircut en 93 ne sont pas les succès escomptés. G.T. souffre au début des années 90 de la concur¬ rence des jeunes loups du boogie-blues, le gui¬ tariste canadien aveugle Jeff Healey en tête, et les Jimmy Thackery, Walter Trout, « Omar » Kent Dykes et autres Johnny Lang. Il poursuit une carrière loin des stades des années 80, plus à l’aise dans un club qu’en studio où il a souvent été produit par Terry Manning (ZZ Top). G.T. revient fin 98 avec Half a Boy-Half a Man, mieux reçu que les précédents. El G.T. & the Destroyers / Move It On Over/Better Than the Rest/ More G.T. & The D. (Rounder)l Bad To the Bone / Maverick / Live / Born To Be Bad / Boogie People (Capitol) / Baddest / Killer’s Bluze / Haircut / Live, Let’s Work Together / Rockin’ My Life Away / Collection* (EMI) / Half a Boy-Half a Man (CMC-SPV). MM Born To Be Bad (EMI)I George Thorogood And The Destroyers : Live (Sony). http://qlink.queensu.ca/~4bgs/index.html

THREE DOG NIGHT Trio vocal pop dans la lignée des Walker Brothers, fondé en 68 à Los Angeles : Danny Hutton (10/9/42), Chuck Negron (8/6/42) et Cory Wells (5/2/42). Des harmonies vocales suaves au service d’interprétations, et une série ininterrompue de hits aux USA de 69 à 74 : « One » (écrit par Harry Nilsson), « Easy To Be Hard » (de la comédie musicale Hair), « Eli’s Corning» (de Laura Nyro), «Marna Told Me (Not To Corne) » de Randy Newman, n° 1 le 11/ 7/70, « Joy To the World » d’Hoyt Haxton, n° 1 le 17/4/71 pendant six semaines consécutives ; et « Liar » de Russ Ballard, « Never Been To Spain » d’Haxton, « Black & White » (n° 1 le 695

HREE DOG NIGHT

Avec French, Frith & Kaiser : Live, Love, Larf & Loaf (Rhino)/ Invisible Means (Windham Hill). El Strange Affair, par Patrick Humphries.

THREE DOÔ NIQH

16/9/72), « Shambala » (73) et « The Show Must Go On » de Léo Sayer en 74. Sept millions d’al¬ bums et autant de singles vendus pendant cinq ans ( !) grâce à ses producteurs successifs Brian Wilson, Van Dyke Parks, et Gabriel Mekler (Steppenwolf, et producteur Dunhill maison). H'II TDN / Suitable For Framing / Captured Live At the Forum /It Ain’t Easy / Naturally / Golden Biscuits / Seven Separate Fools / Cyan / Around the World / Hard Labor / Joy To the World : Greatest Hits* (ABC-Dunhill)/ Corning Down Your Way / American Pastime (ABC) / It’s a Jungle (Passport)l Best Of* / Live / Celebrate : Story* (MCA) / That Ain’t the Way To Hâve Fun (Connoisseur)! 20 Greatest Hits* (DJ Specialist). http://www.threedognight.com/

JOHNNY THUNDERS

« Johnny Thunders est le Dean Martin rock’n’roll de l’héroïne » (Richard Hell). « Après Creedence Clearwater Revival, je n’ai plus écouté de musique » (J.T.). Guitariste membre fondateur d’Actress en 70 et des New York Dolls en 71, né John Anthony Genzale Jr. dans le Queens (New York) le 15/7/51, J.T. figure parmi les guitaristes punk-rock réputés des années 70, tant par son jeu, sa présence scé¬ nique que par sa rock attitude extrémiste. Il parcourt le manche de sa Gibson Les Paul Spé¬ cial en riffs violents et accrocheurs pendant les couplets. Après la séparation des Dolls en 75, J.T. et le batteur Jerry Nolan forment les Heartbreakers avec Walter Lure (guitare) et Richard Hell (basse, ex-Television). Ils jouent pendant un an dans les clubs de la côte Est (no¬ tamment au Max’s Kansas City, New York), remplacent Hell par Billy Rath et effectuent le fameux « Anarchy Tour » écourté en Angle¬ terre avec les Sex Pistols, Damned et Clash en novembre 76. Les H. restent en Angleterre, tournent sur le continent en 77, publient un al¬ bum légendaire avec les classiques de Thunders « Born To Lose » et « Chinese Rocks », et se séparent après le départ de Nolan, remplacé un moment par Terry Chimes (ex-Clash). J.T. pu¬ blie en 78 un remarquable So Alone rock’n’roll, coproduit par Steve Lillywhite, avec une pléiade de rockers britanniques : Steve Mar¬ riott, Steve Jones et Paul Cook (Sex Pistols), Peter Perrett, Mike Kelly et Koulla Kakoulli (Only Ones), l’Américaine Chrissie Hynde (Pretenders), le Français Henri Paul et l’Irlan¬ dais Phil Lynott. Après l’intermède du groupe Living Dead avec Sid Vicious, il retourne dans sa ville natale pour reformer les H. avec Rath, 696

Lure et Ty Styx, et donner quelques concerts d’adieu au Max’s fin 78. Un rock provocateur, désabusé, dominé par les interventions fou¬ gueuses de son riff phénoménal, clone de Keith Richards électrifié... En 81, les Replacements chantent sur leur premier album l’ode bluesy « Johnny’s Gonna Die »... Retour en 83 avec Too Much Junkie Business et une mini-tournée européenne avec Lure, Rath et Nolan. L’incar¬ nation du mythe du rock sacrificiel, en sursis depuis dix ans (il sera donné pour mort le 23/1/ 83), le recordman des passages au Gibus, enre¬ gistre entre deux parties de squash ( !), en 85, Que Sera Sera où il dialogue avec Wilko John¬ son sur « Cool Operator ». Et en 88, Copy Cats avec Patti Palladin qui produit ce disque fun où l’on croise Henri Padovani, Chrissie Hynde, et des cordes, percussions et cuivres. Johnny y réinvente sa légende de voyou, et retrouve son élégance « trashy » sur fond de mambo et de rhythm & blues. En 89 J.T. forme Gang War avec l’ex-MC5 Wayne Kramer, et meurt d’une overdose le 23/4/91 dans un hôtel de La Nou¬ velle-Orléans. Ul Heartbreakers / L.A.M.F. (Track) I So Alone (Real Record-WEA) I Heartbreakers : Live At Max’s Kansas City (Atlantic) / In Cold Blood / Hurt Me (New Rose, rééditions Last Call) / Que Sera Sera / Copy Cats (Jungle) I Hâve Faith* (Fan Club) I Live In Japan* (Essential) / Bootlegging the Bootleggers* (Jungle Freud)/Chinese Rocks, Ultimate Live Collection* (Anagram) / Studio Bootlegs* (Dojo) / Internai Possession* (Sonic 20) /Too Much Junkie Business* (ROIR)l\live la Révolution* (Skydog). J.T. & Sylvain Sylvain : Sad Vacation* (Indigo). ■lü In Cold Blood, par Nina Guidio (Omnibus). HÜ The Blank Génération, d’Amos Poe et Ivan Kral, ex-Patti Smith Group. http://home.echo-on.net/-ifftay/thunders.htm

TIMBUK3 « Nous effleurons à peine la surface de cette combinaison qui marie les sons naturels à la technologie. » Un couple de l’université du Wisconsin bricolo-rigolo : Pat et Barbara Kooyman MacDonald (ex-Pat MacDonald & The Essentials, et Barbara K & The Kat’s Away), établi en 84 à Austin (Texas) avec ses guitares et sa panoplie d’effets assurée pour 1 million de dollars. Un premier album succès US en 86, folk trafiqué rustique, moderne, et un simple grinçant « The Future’s So Bright, I Gotta Wear Shades » qui monte 19e au top. Une sensibilité d’écologistes vulnérables, drô¬ les, intelligents, retrouvée dans Eden Alley en 88 : « Too Much Sex, Not Enough Affection ».

B'B Greetings From T. 3 / Eden Alley / Edge Of Allegiance / Big Shot In the Dark / Some Of the Best Of* (IRS)I Espace Ornano [live] (WTR)I Looks Like Dark To Me / A Hundred Lovers (High Street). Pat MacDonald : Sleeps With His Guitar (Ark 21). Greetings From Eden Alley (MCA). http://www.iit.edu/~diazrob/timbuk3/index.html

TOM TOM CLUB La rythmique des Talking Heads s’ennuie en studio et, pendant l’absence des deux autres membres du groupe, monte sur-le-champ un orchestre de danse version moderne. En 81, le couple Tina Weymouth (basse, chant) et Chris Frantz (batterie) publie un premier single « Wordy Rappinghood » qui devient une scie de discothèque et de radio (n° 1 des classe¬ ments dance américains). Son album 81, Tom Tom Club, accueille les sœurs de Tina, Lani, Loric, Laura, le guitariste diabolique Adrian Belew, le claviers Tyrone Downie pour un funk pas loin des Caraïbes et des premiers rappeurs, produit par Steve Stanley. Le titre « Genius Of Love » secoue la planète hip-hop, et Grandmaster Flash & The Furious Five le repren¬ dront. TTC publiera une version ébouriffante de « Under the Boardwalk », le classique doo wop, et, dans son Close To the Bone de 83, le vibrant « The Man With the 4-Way Hips ». Après des versions « fun » de « Femme Fa¬ tale » du Velvet et de « You Sexy Thing » des Hot Choclate, c’est Boom Boom Chi Boom Boom en 88 et « Don’t Say ». TTC produit le Conscious Party de Ziggy Marley en 87, et la plaisanterie se termine au début de la décennie 90 avec un single qui annonce la scène housetechno « Sunshine And Ecstasy ».

B‘J TTC / Close To the Bone / Boom Boom Chi Boom Boom / Dark Sneak Love Action / Nu World* (Sire). http://www.talking-heads.net/tomtomclub/index3. html

TOOTS & The MAYTALS Frederick Hibbert, né à May Pen (Jamaïque) en 46, le « James Brown jamaïcain », forme en 61 les Vikings, le prototype du trio vocal jamaï¬ cain classique avec Jerry Mathias (basses) et Raleigh Gordon (aiguës). Premier single, « Halleluyah », en 61 d’une association à l’aise dans le gospel, le rhythm & blues, le ska et bien sûr le reggae, devenue en 62 Toots and The Maytals. Le vainqueur du festival de la chanson 66 de la Jamaïque est produit par Coxsone Dodd, Prince Buster, Byron Lee, Leslie Kong. Après un séjour en prison (de 66 à 68, il y écrit « 54-46-That’s My Number », d’après son nu¬ méro de matricule de prisonnier), il signe chez Island où Chris Blackwell le révèle au monde. Ce chanteur inspiré par Otis Redding (surtout) et Sam Cooke, marqué par la soûl, commence généralement ses concerts par « Pressure Drop », son titre le plus célèbre avec « Monkey Man », « Reggae Got Soûl », « Sweet And Dandy » et « Funky Town ». Son Funky Kings¬ ton de 75 est l’un des meilleurs LP du reggae classique(« Sit Right Down » et sa reprise de « Lovic Lovic »). T. a réussi le tour de force d’en¬ registrer le 29/9/80 son Live à l’Hammersmith Palais de Londres, de le faire presser dans la nuit et d’en vendre le lendemain 5 000 exem¬ plaires. Ce disque-monument mêle reggae, funk et rhythm & blues, et propose des versions rapides de ses classiques « Funky Town », « Halleluyah », « Pressure Drop », « 54-36 », « Time Tough » et l’admirable « Get Up Stand Up », servis par un groupe libéré, augmenté des superbes guitaristes Hux Brown et Cari Har¬ vey, du bassiste Jackie Jackson, des claviers Harold Butler et Winston Wright, et du batteur Winston Wright. Ce chanteur d’exception a in¬ venté le mot reggae en 68 en composant « Do the Reggay », et publié en 82 Knock Out /, l’un des grands enregistrements du reggae progres¬ sif du début de la décennie, où il revient à sa nature langoureuse et à sa musique subtile (« I Know We Can Make It », « Two Times » et le classique rasta « Careless Ethiopians »). En 89, le chanteur soûl de la Jamaïque se décide à effectuer le pèlerinage à Memphis et à enregis¬ trer des chansons d’Otis Redding et des maîtres de l’écurie Stax des années 60. Toots In Memphis 697

DOTS a The M AYTALS

Sur « A Sinful Life », le roi du piano à bretelles texan d’Austin Ponty Bone vient souffler sur la flamme. Et « Reckless Driver » est écrit à la de¬ mande du département des véhicules à moteur de l’Etat du Texas pour inciter les Texans à conduire plus prudemment, qui devait s’intitu¬ ler « The Future’s So Bright, I Gotta Drive Safely » ! Wally Ingram et Courtney Audain re¬ joignent en 91 le duo qui propose toujours ses textes satiriques, sans renouveler son succès initial. Après leur séparation, C. Audain publie Fuze chez Coinhead Music. En 99, Barbara K se produit à Austin et P.M.D. accompagne le guitariste-chanteur Chris Whitley (auteur de Living With the Law en 91, et Din Of Ecstasy en 95).

TOOTS S The M AYTALS

est sa plus belle réussite depuis Funky Kingston et recèle des versions reggae-soul grandioses de « I’ve Got Dreams To Remember », « Hard To Handle » d’Otis Redding, « Knock On Wood » d’Eddie Floyd. Encadré par la rythmique reggae de rêve, Sly Dunbar et Robbie Shake¬ speare, il donne toute la mesure de sa chaleur et de ses émotions et reprend « I’ve Got Dreams To Remember», la seule chanson qu’O.R. écrivit avec sa femme Zelma. Stevie Winwood apparaît dans son « Reggae Got Soûl » de 76. Il forme un nouveau « Maytals » en 90 et continue une carrière en demi-teinte. Time Tough est une anthologie 2 CD complète et indispensable. ■ Never Grow Old (Média 7) / Sweet & Dandy (Mélodie)I From the Roots / Monkey Man / Best Of* (Trojan) I Funky Kingston / In the Dark (Dragon) / Funky Kingston / Reggae Got Soûl / Pass the Pipe / Just Like That / Live / Knock Out ! / Greatest Hits* /Reggae Greats*/TootsIn Memphis (Island)/Very Best Of* (Music Club) / Pressure Drop* (Trojan) / Time Tough : Anthology* (Island). Ift'Jl Live From New Orléans (Island Visual). http://www.missouri.edu/~c647139/toots.html

PETER TOSH « Je suis le plus dur, le rasoir ambulant, je suis dangereux... » (« Stepping Razor »). Winston Hubert Macintosh, né le 9/10/44 à Westmoreland (Jamaïque), guitariste-chanteur, forme à Trenchtown, le ghetto de la capitale, fin 64, avec Bunny Livingstone, Junior Braithwaite et Bob Marley, les Wailing Rude Boys, devenus en 66 les Wailing Wailers, puis les Wailers (« Wailers, ça veut dire gémir, comme pleu¬ rer... »). Le « dur » des Wailers assure les har¬ monies vocales basses, tient les soli de guitare et écrit quelques classiques de la période ska du groupe : « 400 Years » (sur la persistance de l’esclavage), « No Sympathy », « Downpresser », « What You Gonna Do », « Stop the Rain », « One Foundation » et avec Marley le hit « Get Up Stand Up » (sur Burnin’ en 73). En 74, il quitte les Wailers (avec Bunny Wailer). Une descente de police et un passage à tabac (cf. « Mark Of the Beast ») lui inspirent en 75 sa prise de position en faveur de la consommation autorisée de ganja : « Legalize It (And I’U Advertize It) », sorti en 75 en sim¬ ple à la Jamaïque, et un an plus tard sur l’album du même nom. Cet enregistrement de reggae « old school », dans la lignée du Burnin’ des Wailers, est suivi du brûlot révolutionnaire Equal Rights où l’on retrouve les frères Barrett, 698

Al Anderson et Bunny Wailer. Le « ministre de l’Herbe », un temps, le « rebelle numéro un de la Jamaïque », rasta pratiquant et coléreux, est produit par les Rolling Stones sur leur catalo¬ gue dont il sera la seule signature importante. En 78, Jagger chante avec lui sur « (You Gotta Walk) Don’t Look Back », composition de Smokey Robinson pour les Temptations, et sur l’album Bush Doctor (avec Keith Richards sur deux titres, et dont la pochette 30 cm sentait l’herbe !). Il tourne avec les Stones et devient une vedette mondiale avec un reggae heavy inégal selon son humeur fantasque tout à fait jamaïcaine. Il prend comme guitariste, en 80, Darryl Thompson et enregistre en 83 Marna Africa avec la rythmique Sly Dunbar et Robbie Shakespeare, et les ex-musiciens de Jimmy Cliff, Gibby et Santa ; trois titres sont dédiés à Sonny Okosun et au peuple nigérien. Il inter¬ prète de sa voix rauque « Stepping Razor » dans le film Rockers, et une version très perso de « Johnny Be Goode » de Chuck Berry en 83. Le membre fondateur des Wailers, qui n’a pas assisté aux funérailles de Marley (« Let the Dead Burry the Dead »), est assassiné chez lui, près de Kingston, le 11/9/87. « Je ne veux pas la paix, mais l’égalité et la justice » (« Equal Ri¬ ghts »). Le film Red X de 94 relate sa vie mou¬ vementée et sa mort tragique. Carrière de son fils Andrew qui publie en 89 Make Place For the Youth. ■HLegalize It/Equal Rights/Bush Doctor/Mystic Man / Marna Africa / Captured Live (Rolling Stones Records) / No Nuclear War / The Toughest 78-87* / Wanted Dead Or Alive (EMI) / Honorary Citizen [3 CD] (Sony)l Best Of* (Sony). Avec les Wailers : Best Of* / Wailing Wailers (Studio One)l African Herbsman / Rasta Révolution (EMI)I Natty Dread / Burning (Island). ES Reggae Sunsplash / Rockers / Red X, vie et mort de P.T. http://www.boomshaka.com/tosh.html http://www.jamaica-netlink.com/musicians/tosh.shtml

TOTO « Beaucoup de gens disent que notre musique est de la “côte Ouest de luxe” et que ce n’est pas du vrai rock’n’roll. C’est un peu vrai. Ça n’a pas d’importance si on nous apprécie comme des grands artisans de chansons. Nous voulons seulement être fiers de notre musi¬ que » (Jeff Porcaro, Rolling Stone, mars 79). L’archétype du rock FM américain, 30 millions d’albums vendus.

En août 86, l’insipide Fahrenheit (avec Miles Davis et Don Henley) sonne le glas d’une mu¬ sique sans âme. Après le départ de S. Porcaro, la cuvée 88 The 7th One renoue avec la qualité de IV, mais est un échec commercial aux USA. En 90 J. Williams est remplacé par le Sud-Afri¬ cain Jean-Michel Byron, qui a le temps de coécrire les quatre nouveaux titres de la compila¬ tion Past To Présent avant que S. Lukather ne prenne les vocaux à sa charge. J. Porcaro meurt le 5/8/92 à Holden Hills (Californie), avant la parution de Kingdom Of Desire qui lui est dé¬ dié. Toto n’est plus qu’un souvenir des an¬ nées 70-80 aux USA, mais sa popularité ne fai¬ blit pas au Japon et en Europe (notamment en France). Le vétéran anglais Simon Phillips (né le 2/6/57), après sa courte expérience avec les Who, tient la batterie pendant la tournée 92-93 (Absolutely Live) et dans l’introspectif Tambu fin 95. B. Kimball est réembauché pour Mindfields en mars 99, et la tournée The Reunion Tour, avec un concert au POPB le 8/3 : Luka¬ ther, Paich, Kimball, Phillips et M. Porcaro sont épaulés par Tony Spinner (guitare-chant) et Buddy Hyatt (claviers-chant). Et Toto re¬ passe par le Zénith-Paris le 8/11 suivant. On retrouve le groupe dans l’album le plus vendu de l’histoire de la musique, Thriller de Michael Jackson qui a chanté leur « Human Nature ». Et J. Porcaro, Hungate et Lukather dans Dreams In Stone de Michel Berger en 82. Carrière solo de S. Lukather. Album-hommage à Jeff Porcaro en 97 Tribute To Jeff (chez Pony Canyon), avec son père et ses frères, les Toto Phillips, Hungate et Williams, et Boz Scaggs, Eddie Van Halen, Don Henley, Gregg Bissonnette, Bernard Purdie, Carlos Vega, Steve Gadd, Lenny Castro, Steve Ferrone, Jim Keltner, Vinnie Colaiuta, David Garfield et Leland Sklar, entre autres ! T. est spécialiste de titres de chansons avec des prénoms féminins en A : Anna, Manuela, Angela, Lorraine, Ro¬ sanna, Carmen, Anna, Lea, Lorraine, Holyanna et Pamela ! « Fergie » Frederiksen a pu¬ blié en 95 un album avec Ricky Phillips (de Bad English), et Equilibrium en solo en 99, produit par R. Phillips, avec S. Porcaro, Neil Schon (Journey), Jason Scheff (Chicago) et Denny Laine (Wings, Moody Blues). M'B T. / Hydra / Turn Back / IV (Columbia) / Hold the Line* (Hallmark) / Isolation / Fahrenheit / The Seventh One / Past To Présent : 1977 to 1990*/ Kingdom Of Desire / Absolutely Live / Tambu / The Land Of Oz / XX : Best Of 1977-1997*/ Mindfields (Columbia-Sony). 699

TOTO

Formation constituée en 78 par des vétérans de studios de Los Angeles et de l’orchestre de B. Scaggs (76-77) : David Paich (21/6/54 à LA, claviers et chant, fils du compositeur et arran¬ geur Marty Paich), le Texan David Hungate (basse). Steve Lukather (21/10/57 à LA, guita¬ res et chant), Bobby Kimball (29/3/47 à LA, chant, dont on a cru à tort que son nom était Toteaux...) et les frères Porcaro nés à Hartford (Connecticut), Jeff (1/4/54, batterie) et Steve (2/9/57, claviers et chant), fils du percussion¬ niste Joe Porcaro. Ils se rencontrent au hasard d’innombrables séances depuis la fin des an¬ nées 60, et leur expérience est l’une des clefs de leur succès américain. Toto (nom choisi d’après le petit personnage français) s’impose en qua¬ tre ans avec un soft rock FM accrocheur. Publié fin 78, leur premier album se vend à plus de 2 millions d’exemplaires grâce au hit « Hold the Line » (n° 5) et « Fil Supply the Love », « Georgy Porgy » et l’instrumental qui débute leurs concerts « Child’s Anthem ». Fin 79, « St. George & the Dragon », « Ail Us Boys », « Marna » et un deuxième hit, « 99 », confir¬ ment le talent de compositeur de D. Paich. En 81 Turn Back met en valeur S. Lukather. La presse spécialisée l’ignore comme les précé¬ dents. En 82, ce sont les (récentes) stations FM françaises qui suivent le succès phénoménal de Toto IV, l’une des plus grosses ventes mondia¬ les de 82-83, avec les hits « Rosanna » (pour Rosanna Arquette qui détestera ce titre) et « Africa » aidés par des vidéos remarquables. D. Hungate est remplacé par le troisième frère Porcaro, Mike (né le 29/5/55), et T. est rejoint par Timothy B. Schmit (choriste, ex-Eagles), John Smith (saxophone) et Lenny Castro (per¬ cussions). Le 23/2/83, Toto IV est couronné lors de la remise des Oscars à Los Angeles : le groupe reçoit cinq récompenses : meilleur chant et arrangement instrumental, meilleure prise de son, album de l’année, disque de l’an¬ née (« Rosanna ») et production de l’année ! Quelques mois plus tard, Kimball est remplacé par Dennis « Fergie » Frederiksen (né le 15/5/ 51 à Wyoming, Michigan, ex-Trillion avec Pa¬ trick Leonard, le futur directeur musical de Madonna) pour le moyen Isolation (novembre 84), suivi par la BO de Dune de David Lynch, enregistrée avec le Vienna Symphony Orches¬ tra et Sting au chant. Joseph Williams (le fils du compositeur préféré de Steven Spielberg, John Williams) remplace Frederiksen, et le groupe assure les parties instrumentales du hit mondial multivocalistes « We Are the World ».

TOTO

D. Frederiksen : Frederiksen-Phillips / Equilibrium (Major MTM Music). K'J Past To Présent 1977-1990 (Sony Music). http://www.toto99.com/99neu/99neu.htm http://perso.wanadoo.fr/totoweb/ http://come.to/past.to.present

ALLEN TOUSSAINT Le « sorcier de La Nouvelle-Orléans » né le 14/ 1/38. L’un des plus talentueux producteurs, ar¬ rangeurs et compositeurs soûl. L’élève de Henry Roeland « Roy » Byrd (Professor Longhair) apprend le piano, fait partie du groupe lo¬ cal Flamingos, tourne en 56-57 avec le duo Shirley & Lee (« Let the Good Times Roll ») et enregistre avec Fats Domino et son producteur Dave Bartholomew jusqu’en 59. En 58, il pu¬ blie un album d’instrumentaux de sa plume (« Java ») sous le nom d’Al Tousan et, jusqu’à fin 62, arrange, compose, produit ou pianote sur une série de hits (parfois sous le pseudo¬ nyme de Naomi Neville, nom de jeune fille de sa mère) : Jessie Hill (« Ooh Poo Pah Doo »), Chris Kenner (« Land Of 1000 Dances », « I Like It Like That »), Irma Thomas (« Rubber Of My Heart », le futur « Pain In My Heart » d’Otis Redding), Ernie K-Doe (« Mother-InLaw », « Waiting At the Station » et son « écho de gare »), Benny Spellman (« Lipstick Tra¬ ces », « Fortune Teller ») et le premier succès de Lee Dorsey, « Ya Ya » en 61, etc. De retour de l’armée en 65, il s’attache à ce dernier, et lui écrit les classiques « Ride Your Pony », « Get Out Of My Life, Woman » et « Working In the Coal Mine ». Sur ses labels Sansu et Deesu, pour sa maison de production Tousea, il écrit et produit dans ses studios Seasaint de La Nou¬ velle-Orléans la chanteuse Betty Harris (« Nearer To You », en 67). Il chante en 68 « I’ve Got that Feelin’ Now » et lance la même année les extraordinaires Meters, menés par un autre vétéran de la cité, Art Neville, dont il pro¬ duit les meilleurs disques. En été 70, il enregis¬ tre son premier album solo chanté, avec Dr. John et les choristes Venetta Fields et Merry Clayton (« From a Whisper To a Scream »). Sa technique de piano, au jeu relax et dansant, est l’une des clefs de sa renommée dans les années 70. Il réalise en 70-71 le remar¬ quable album de Lee Dorsey Yes We Can (avec le fidèle batteur des Meters, Joseph « Ziggy » Modéliste, une institution de La Nouvelle-Or¬ léans), et les albums d’Ernie K-Doe et Lou Johnson (« Frisco Here I Corne »). Le Band lui confie l’arrangement de « Life Is a Carnival » 700

(Cahoots), qui marque son entrée sur la scène rock blanche. Parmi ses innombrables interventions au cours de la décennie 70 (production, arrange¬ ment ou composition), citons : Dr. John, In the Right Place (le hit « Right Place, Wrong Time », en 73) ; Frankie Miller, High Life (en 74, avec « Shoorah ! Shoorah ! », hit pour Betty Wright, et « Brickyard Blues », hit pour Three Dog Night). Jess Roden (74) ; Labelle, Nightbirds (avec « Lady Marmalade » en 75) ; Wings (Venus And Mars, et piano sur « Rock Show » en 75) ; John Mayall, Notice To Appear (76) ; Lee Dorsey, Night People (en 77, avec la chan¬ son du même titre que Toussaint a enregistrée lui-même en 77, imité par Robert Palmer en 78 et Etta James en 80) ; Joe Cocker, Luxury You Can Afford (avec « A Whiter Shade Of Pale » de Procol Harum, en 78) ; Labelle, Released et Etta James, Changes (80). Ses chansons ont été reprises par Bonnie Raitt, Ringo Starr, Little Feat, Glen Campbell (« Southern Nights », n° 1 en 77, l’un de ses plus beaux titres avec « Night People » et « From a Whisper To a Scream »), et par son « disciple » Robert Palmer qui interprète « Sneakin’ Sally Through the Alley » et « From a Whisper To a Scream » en 74, « Riverboat » en 75 et « Night People » en 78. Dans sa disco¬ graphie, citons ses versions de « From a Whis¬ per To a Scream » et « Working In the Coal Mine » chez Tiffany-Scepter en 70 (réédité en 77 sur DJM en GB), de « Soûl Sister » sur Life, Love And Faith en 72, « Southern Nights » sur Southern Nights en 75, « Night People » et « With You In Mind » sur Motion (le seul al¬ bum qu’il n’ait pas renié, produit par Jerry Wexler en 78). Producteur passé de mode depuis les années 80, A.T. joue du piano sur « Deep Dark Truthful Mirror » d’Elvis Costello (Spike, en 89), « The Lovers » (« La Vie en Rose ») par Willy DeVille en 93. Il pro¬ duit, chante et joue sur « Two Trains » de Lowell George dans l’album-hommage à Lowell Rock And Roll Doctor (97). En 96, A.T. propose Connected, et le « In Your Love », qui résume son art particulier, entre variétés et soûl délicate. MhlH The Wild Sound Of New Orléans By Tousan (RCA-Edsel) I Toussaint (Scepter)l From a Whisper To a Scream (Kent)l Life, Love And Faith / Southern Nights (Reprise) I The Very Best Of the Allen Tous¬ saint Sound* (Arista) / Motion / Bomp City (WB) / Sound Of Movies : 20 Great Thèmes / Beatles Songbook (Onyx Classix)IA0 Ail Time Film & TV Greatest (Sound Solution) / Collection* (Reprise) /Complété

http://vhl.com/special/fame/toussaint/

PETE TOWNSHEND « J’espère mourir avant de devenir vieux. » L’un des grands auteurs-compositeurs-théori¬ ciens du rock britannique et la tête pensante des Who. L’auteur des opéras rock A Quick One, Quadrophenia et Tommy qui fit l’objet de quatre versions au total, en 69, 72,75 et 96. Un chroniqueur majeur des années 60-70 consi¬ déré comme l’un des pères du punk-rock an¬ glais. Né à Londres le 19/5/45 dans une famille de musiciens (son père Cliff, saxophoniste et chef d’orchestre de danse de la RAF, les Squadronaires, décédé en juin 86, et sa mère Betty Den¬ nis, chanteuse), après une enfance heureuse (« On me laissait fumer tranquillement tout ce que je voulais »), il apprend le banjo (il jouera dans un groupe dixieland jazz avec le trompet¬ tiste John Entwistle), le piano et la guitare. Etudiant au collège d’art d’Ealing où il rencon¬ tre Karen sa future femme en mai 68. Admira¬ teur des guitaristes Steve Cropper et Keith Ri¬ chards, P.T. forme plusieurs groupes avant d’enregistrer « I Am the Face » avec les Fligh Numbers le 3/7/64 ; ceux-ci deviennent les Who et seront influencés par les Beach Boys et les Rolling Stones, avant de trouver sous sa hou¬ lette un style violent, psychédélique, qualifié alors de « pop art ». Ce visionnaire, remarqua¬ ble analyste des différents courants de la rock music, est un guitariste rythmique et solo dia¬ bolique (LiveAt Leeds) à la manière d’un Hendrix (leur mémorable confrontation du festival de Monterey le 19/6/67) ; amateur de Rickenbacker et d’amplis Marshall qu’il a longtemps massacrés sur scène (la première en février 64), il aimait alterner des accords surmultipliés et un travail harmonique pur (les grilles de Tommy). Disciple du guru Meher Baba auquel il dédia son premier album solo (1972). Après la mort de Keith Moon (« La créativité des Who s’est éteinte le jour de sa mort », P.T. en 89), il multiplie les concerts de charité (Rock Against Racism, Amnesty International en 79). Il enregistre laborieusement Empty Glass qui conjugue le meilleur et le pire, mais sera disque d’or aux USA (en août 80). Au moment où les Who ont entamé leur tournée d’adieu en 82-83, P.T., passablement désabusé, annonçait son in¬

tention de se consacrer à la compo et à la pro¬ duction. Reçoit en février 83 un Award des professionnels de l’industrie britannique pour l’ensemble de son œuvre. Depuis, il produit des chutes de studio des Who et de lui-même (Scoop en 83) et des albums personnels quel¬ conques (l’abstrait Ail the Best Cowboys Hâve Chinese Eyes en 82, produit par Chris Thomas). Il surprend en 85 avec le concept-album White City (en compagnie de David Gilmour, du bat¬ teur Simon Phillips et du bassiste Pino Palladino), fable sur l’aliénation retranscrite en film (« Face To Face », « Give Blood »). Il apparaît avec un groupe d’occasion, Deep End (avec Gilmour), et tourne en Angleterre : sa version magique de « Won’t Get Fooled Again » avec harmonica et cuivres. Il se lance en 85 dans une croisade contre la drogue, prépare la reforma¬ tion des Who en 89, et revient mi-89 avec un conte de fées symbolique, basé sur un roman de l’écrivain Ted Hughes, The Iron Man. Les Who y figurent (avec Phillips), ainsi que John Lee Hoolcer, Nina Simone, son frère Simon Townshend et sa belle-sœur, la pianiste et flû¬ tiste Virginia Astley. Il y abuse des accords de guitare ravageurs qui sont l’une de ses marques de fabrique. Deux de ses opéras rock sont encore inédits : Lifehouse (dont Who’s Next est extrait) et Rock Is Dead, Long Live Rock. Il a collaboré avec Ronnie Lane des Faces à Rough Mix, album de 77 où il retrouvait Paul McCartney (Rockestra), David Bowie (« Because You’re Young» sur Scary Monsters), Eric Clapton qu’il a aidé à se désintoxiquer et dont il a veillé au retour à la scène en janvier 73 (Rainbow Concert), les Rol¬ ling Stones (Tattoo You), Elton John (« Bail & Chain » sur Jump Up ! en 82 et Reg Strikes Back en 88), Prefab Sprout (From Langley Park To Memphis en 92), dans les chœurs de la version des Ramones de son « Substitute » (sur Acid Eaters en 93), et a écrit les notes de po¬ chette de l’album-hommage à Hank Marvin des Shadows (Twang ! en 96), etc. P.T. a pris la plume pour un article remarqué dans le Times à propos des 40 ans de Mick Jagger, le 26/7/83 et, dix ans plus tard, a complété et corrigé son Tommy pour leurs versions à Broadway et à Londres. Sa fille Emma a fondé les Launderettes en 83. Une fin de carrière troublée par une schi¬ zophrénie consécutive à la maladie auriculaire de Tinnitus (il ne supporte plus un volume so¬ nore élevé, et pour cause !). ■ Who Came First / Rough Mix (avec Ronnie Lane) / Empty Glass / Ail the Best Cowboys Hâve 701

PETE TOWNSHEND

Tousan Sessions* (Bear Family) / Mr. New Orléans* (Charly)/ Connecter! / New Orléans Christmas / Taste Of New Orléans (Nyno).

PETE TOWNSHEND

Chinese Eyes / Scoop / Another Scoop / White City / Deep End Live ! / The Iron Man / Psychoderelict / Coolwalkingsmoothtalkingstraightsmokingfirestocking : Best Of* (Atlantic) I Live (Platinum). Deep End Live ! (Atlantic) / White City (Vestron). ■ Behind Blues Eyes : A Life Of P.T., par Geoffrey Giuliano. http://www.wdkeller.com/indexl.htm

TRAFFIC L’une des seules vraies réussites du progressive rock anglais de la fin des années 60 et du début de la décennie suivante. Au retour de l’unique tournée nord-américaine du Spencer Davis Group en 67, l’organiste et chanteur Stevie Winwood (né le 12/5/48 à Birmingham) quitte la formation, las des tournées. Après une re¬ traite à la campagne et un passage éclair avec Eric Clapton dans Powerhouse à la fin de la même année, le jeune prodige fonde T. avec Chris Wood (né le 24/6/44, flûte-saxos-chant, influencé jazz), Dave Mason (10/5/44 à Worchester, guitares-chant) et Jim Capaldi (2/8/44 à Evesham, Worcestershire, batterie). T. place son premier disque dans le hit-parade britanni¬ que : « Paper Sun » (n° 5 en juin 67). Ils vivent en communauté dans la maison de S.W. dans la province anglaise, où ils créent une musique douce, enchanteresse, qui impose T. en Eu¬ rope. Malgré un deuxième hit, « Hole In My Shoe » (n° 2 en septembre 67), Mason quitte T., et revient pour Traffic en octobre 68. Sépara¬ tion du quatuor deux mois plus tard. S.W. re¬ joint Blind Faith, puis brièvement l’Air-Force de Ginger Baker, Wood joue avec Dr. John, et Mason publie Alone Together. S.W. commence l’enregistrement d’un disque qu’il veut intituler Mad Shadows et fait appel à Wood et Capaldi : T. se reconstitue en trio en 70. T. seconde for¬ mule évolue vers un projet musical ambitieux pour lequel S.W. engage en novembre 70 le bassiste Rick Grech (ex-Family et Blind Faith) et en 71 le percussionniste ghanéen Anthony Kwaku Baah, dit Reebop. Brève réapparition de Mason pour le chef-d’œuvre Welcome To the Canteen avec le batteur Jim Gordon. En 72, Winwood, Reebop, Capaldi et Wood retrou¬ vent les USA et s’associent à la section rythmi¬ que des studios de Muscle Shoals (Alabama) : David Hood (basse), Roger Hawkins (batterie) et Barry Beckett (claviers) pour Shoot Out..., enregistré en 73 à la Jamaïque. Après une tour¬ née mondiale et un ultime album, When the Eagle Flies, en 74 avec le bassiste Rosko Gee 702

(« Memories Of a Rock’n’Rolla », « When the Eagle Flies »), le groupe éclate en 75, au mo¬ ment où il est en train de devenir l’une des for¬ mations anglaises les plus populaires du monde. Sous la conduite du triumvirat Winwood-Capaldi-Wood, T. est passé d’une musique an¬ glaise psychédélique, rêveuse, heureuse (Dear Mr. Fantasy, « Here We Go Round the Mulberry Bush » de novembre 67), à une explora¬ tion plus tendue à l’américaine, entre funk, jazz et blues, dont le double live On the Road en 73, avec Hood, Beckett, Hawkins, est un témoi¬ gnage impressionnant. Avec T., S.W. a expéri¬ menté la technique du synthétiseur et donné le meilleur de lui-même. Et Capaldi innové un style souple, aérien, puissant de batterie, tout en signant quelques grands textes. C. Wood, qui a joué dans l’Air-Force dont il a épousé la choriste Jeannette Jacobs, est dé¬ cédé à 39 ans à Birmingham, le 13/7/83. Et « Reebop », demeuré dans T. de Welcome... à On the Road. a joué avec Rosko Gee dans Can, puis Sahara avant de décéder en février 83 d’une hémorragie cérébrale à Stockholm. Leurs carrières solo en berne, Winwood et Ca¬ paldi remontent T. en 94, sans D. Mason recasé chez Fleetwood Mac. T. troisième formule n’est que l’ombre de son glorieux passé des seventies avec l’insipide Far From Home, mais sa tournée de promotion est un joli succès com¬ mercial. ■ Mr. Fantasy / T. / Last Exit / Best Of* / John Barleycorn Must Die / Welcome To the Canteen [live] / The Low Spark Of High Heeled Boys / Shoot Out At the Fantasy Factory / On the Road / You Can Ail Join In* / When the Eagle Flies (Island) I Heavy T.* / More Heavy T.* (United Artists)/ Smiling Pha¬ ses* (Island) I Far From Home (Virgin) I Heaven Is In Your Mind : An Introduction* (Island). Reebop (Island). http://web.syr.edu/~mdentin/ http://www.azstarnet.com/~bobbieg/winwood.htm

The TRAVELING WILBURYS « L’aventure a été fantastique et complètement accidentelle » (George Harrison). Cette réu¬ nion de rock stars du printemps 88, lors d’un dîner à Los Angeles, réunissait Jeff Lynne, Roy Orbison, Tom Petty et George Harrison. Celuici a besoin d’une face B pour son prochain sim¬ ple européen. Le quatuor se retrouve le lende¬ main chez Bob Dylan où ils écrivent et enregis¬ trent « Handle With Care ». Le quintette, pris au jeu, réalise un album produit par Harrison et Lynne. Pour des raisons contractuelles, l’al-

bum est publié en octobre sous le nom fictif des Traveling Wilburys ; les participants se choisis¬ sent un pseudo : Nelson-G.H., Otis-J.L., Lucky-B.D., Lefty-R.O., et Charlie T. Jr.-T.P. Et les notes de pochette sont hilarantes. Cha¬ cun apporte une égale contribution, Dylan don¬ nant là ses plus belles chansons depuis long¬ temps, dont « Tweeter & the Monkey Man ». Orbison participe à son dernier enregistre¬ ment : son poignant « Not Alone Any More ». Ses complices enregistreront la vidéo de « End Of the Line », chanté par Petty et Lynne. Cette collaboration surprise cohérente, country-folk, est soutenue par les vétérans Jim Keltner (bat¬ terie), Ray Cooper (percussions) et Jim Horn (saxophones). L’album, succès d’estime en Europe, est n° 3 aux USA en février 89, et deux fois platine. La même année, les quatre sur¬ vivants décident d’enregistrer une suite, Volume 3 ( !), marqué par Dylan, où Orbison serait remplacé par Del Shannon, mais le sui¬ cide de celui-ci met fin (provisoirement ?) à l’aventure. Di TW Volume 1 et 3 (WB). http://login.dknet.dk/~mortenf/tw/

The TRIFFIDS (voir DAVID McCOMB) The TROGGS « On ne touchait pas à la drogue, on avait déjà assez de mal avec la bière et le scotch ! » (Chris Britton). Formé à Andover (Hampshire, An¬ gleterre) en 66 sous le nom de The Troglodytes, puis de Troggs par Reginald Maurice Bail dit Reg Presley (12/6/43, chant), Chris Britton (21/ 6/45, guitare), Ronnie Bond (4/5/43, batterie) et Peter Lawrence Staples (3/5/44, basse). Durant leur première année d’existence, après « Lost Girl », ils inscrivent quatre titres dans les charts en GB, d’un rock hargneux aux frontières du hard et du punk : le classique « Wild Thing » de Chip Taylor, n° 1 aux USA (1 million d’exem¬ plaires vendus), et les compositions de R. Pres¬ ley « With a Girl Like You » (n° 1 en GB en juillet 66, 1 million d’exemplaires), le suggestif « I Can’t Control Myself » (interdit en Austra¬ lie et à la BBC pour sa phrase « Your slacks are low and your hips are showing ») et « Anyway You Want It ». Nouveau succès en 67 avec « Give It To Me » (mai), « Hi Hi Hazel » (juillet), la ballade « Love Is Ail Around » (oc¬ tobre), et en 68 avec « Little Girl ». Un passage

au Palais des Sports de Paris le 1/6/67 et une tournée mondiale, puis leur popularité décline. Après le guimauve Cellophane, le groupe se dé¬ sagrège pour se reformer en 72 sous le nom de New Troggs avec le bassiste Tony Murray. En juillet 75, The Troggs, disque sauvage reprend Chuck Berry, Buddy Holly « Wild Thing » (de¬ venu l’un des hymnes du rock que Jimi Hendrix avait entre-temps brillamment recréé) et une incroyable version de « Good Vibrations » des Beach Boys. Leur style classique : basse-batte¬ rie-guitare, une voix unique et quelques mesu¬ res d’harmonica, conservera de nombreux fidè¬ les aux USA et fut à nouveau reconnu en Europe à la fin des années 70. Leur vigueur, leur mise en place parfaite, leur sobriété sont intactes en 81 dans Black Bottom (« Strange Movie », n° 1 en Espagne, interdit d’antenne dans les pays de langue anglaise). Un art uni¬ que d’exposer une situation en trois minutes (« Je ne sais pas ce qu’est un album ! » Reg Presley), d’appeler un chat un chat, qui a in¬ fluencé de nombreuses rock stars anglaises et américaines. Toujours en action à la fin des an¬ nées 80 dans le circuit des clubs et cabarets. En 92, les T. (Presley et Britton) sont découverts par une nouvelle génération grâce à REM qui reprend « Love Is Ail Around » (repris par Wet Wet Wet sur la BO de Quatre Mariages et un enterrement) et les accompagne (avec les DB’s) sur le surprenant album de retour Athens Andover. La même année, le double CD rétros¬ pectif Archeology résume parfaitement une courte carrière productive. H»M From Nowhere (Fontana) / Trogglodynamite (Page One/ / Wild Thing / Give It To Me (Fontana)l Cellophane (Page One) / Love Is Ail Around (Fon¬ tana) I Trogglomania* (Page One) /T. Tapes* / T.* / Black Bottom (New Rose) / Live At Max’s Kansas City (MKC Records)/Original T. Tapes* (WM//The Vintage Years* (Sire) / Best Of* (Rhino) / Wild Things* (Konnexion) / Rock It Up (Action Replay)I Athens Andover (Rhino, rééd. 96 Music Club avec ti¬ tres bonusj / Archeology 1967-77* (Fontana). http://www.my-generation.zetnet.co.uk/troggs.htm

TRUST - BERNIE B0NV0ISIN « Il y avait Téléphone pour les bourgeois et Trust pour les prolos. C’était un désherbant » (Raymond Manna, ex-guitariste et manager qui quitte le groupe en 81, en février 99 à Libération). De 78 à 84, 4 millions d’albums dont le deuxième a été disque d’or avant sa commercialisation. 703

S œ

Bernard (« Bernie ») Bonvoisin (né le 9/7/56 à Nanterre, chant, ex-Taxi), Norbert « Nono » Krief (17/7/56 à Tunis, guitare), Raymond Manna (basse, remplacé par Vivi « Oak ») et Jean-Emile «Jeannot» Hanela (batterie). Le plus célèbre des groupes de boogie-rock mé¬ tallo français éclate en 79-80, après un premier 45 t (reprise d’AC/DC) passé inaperçu chez EMI et un album produit à Londres par l’ingé¬ nieur Dennis Weinreich (Killdozer) et photo¬ graphié par le journaliste Hervé Muller qui l’avait découvert. Sur une base rythmique effi¬ cace (intros, riffs classiques, accrocheurs de Nono), Bonvoisin assène des formules rageuses qui touchent le public jeune, défavorisé et désillusionné : « Police Milice », « Palace », « Passe », « Bosser huit heures » et « Antiso¬ cial », messages aux exploités qui deviennent des hymnes repris en chœur par un public en¬ thousiaste. Les enfants du punk et les petits frères d’AC/DC se taillent une réputation de groupe iconoclaste, tant par leur attitude scéni¬ que (à la limite de la rupture) que par les prises de position radicales de leur chanteur et paro¬ lier. Il stigmatise les injustices de la France de Giscard, les politiciens avec violence : les syn¬ dicats, les soviets, les sectes, la prison, la misère, le chômage, les juntes militaires, l’Angleterre de Thatcher, le nationalisme et le nazisme, l’ayatollah sanguinaire, l’emprisonnement et l’exécution de Jacques Mesrine, et... la ville de Saumur, « le bastion de l’ordure », dans un texte vengeur inspiré par son ami, le chanteurauteur-compositeur Patrick Coutin. Concert historique au Pavillon de Paris le 12/1/80. Son deuxième album cette année-là, dédié au chan¬ teur d’AC/DC Bon Scott, décédé en février, l’album de la consécration, est la meilleure vente du groupe ; il bénéficie d’une version en anglais, adaptée par Jimmy Pursey (Sham 69), dont « Prefabricated » figure dans le film et la BO de Heavy Métal en 81. Marche ou crève est mal accueilli à la fin de l’année, malgré un se¬ cond guitariste, le nouveau batteur Niko McBrain (ex-Streetwalkers et Pat Travers Band, futur Iron Maiden), et Tony Platt, l’ingénieur du son d’AC/DC. « Les Brutes », « Misère » et la profession de foi « Marche ou crève »... Trust lasse une partie de son public. Le groupe change de batteur, avant de trouver Thierry milieu 83. Todd Rungren, puis Vanda et Youngsont pressentis pour la production du quatrième album, et c’est Glyn Johns qui as¬ sure la mission. Tournée marathon plus ou 704

moins ratée de l’automne 83, qui précède une brutale séparation. Bernie en solo adopte le rhythm & soûl et déçoit ses fans, et Nono est engagé par Johnny Hallyday qui a toujours su choisir ses musi¬ ciens. Après la reprise acrobatique d’« Antiso¬ cial » par Anthrax, Bernie et Nono remettent le couvert en 88 à la satisfaction générale, avec Yves Brusco (guitare), Frédérique Guillemet (basse), Farid Medjane (batterie). Après qua¬ tre ans d’absence, T. entreprend une mini-tour¬ née et participe au premier festival Monsters of Rock français des 24 et 25/9/88, concerts enre¬ gistrés et même publiés aux USA. T. propose fin 89 un album de reprises (« Paint It Black », « Petit Papa Noël »), décoche en 92 un live avec des bandes vieilles de douze ans (disque d’or) et les mini-albums The Backsides et Prends pas ton flingue en 93, suivis en 96 d’un sixième al¬ bum, Europe et Haines, aux 40 000 ventes et d’un Antibest Of* en 97, dont les textes n’ont rien perdu de leur actualité, près de vingt ans après leur composition... B. Bonvoisin se lance dans le cinéma (Hiver 54 avec Lambert Wilson, en 89), et réalise Les Démons de Jésus (97) et Les Grandes Bouches (99) aux BO intéressantes. B'M T. / Répression / Marche ou crève / T.* [1, 2+3] / IV [titre GB : Man’s Trap] / Rock’n’Roll / Best Of* (Epic)l Paris By Night (Celluloïd)I Brouillard en No¬ vembre, Neige en Décembre* (Mélodie)I Prends pas ton flingue (EMI) / Répression dans l’Hexagone* (Columbia)l Backsides* (Epic)l Europe et Haines + CD Extras* / Live / Antibest Of* (WEA) I En Atten¬ dant (Celluloïd) ! Any Kind Of Shelter (Heavy Metlow). B. Bonvoisin : Couleur Passion / En avoir ou pas / Etreinte Dangereuse (PolyCram). Nono : Flush (Columbia). ■H T., par Mychèle Abraham (Albin Michel).

IKE TURNER Né à Clarksdale, Mississippi (petite ville de 30 000 habitants où est né le pionnier du blues, John Lee Hooker et morte « l’impératrice du blues», Bessie Smith) le 5/11/31, guitaristechanteur-compositeur-arrangeur et producteur connu pour sa collaboration avec sa femme Tina, rencontrée en 56 dans un club de Saint Louis, où il l’épouse en 58 ; ils divorcent le 15/ 10/76. Le succès de la Ike & Tina Turner Revue et leurs nombreux disques occultent la contri¬ bution principale d’I.T. au rock’n’roll : en 51, il joue la partie de piano du hit « Rocket 88 » de Jackie Brenston & His Delta Cats, enregistré au studio Sun à Memphis le 5/3/51, considéré

■3 Trailblazer (Charly) I Rock the Blues (Crown)I Blues Roots / Bad Dreams (United Artists) / Funky Mule (DJM)I I’m Tore Up (Red Lightning)/ Ail the Blues Ail the Time (Ember) / Get Back (Liberty) / Confined To Soûl (UA)I Hey Hey* / Rockin’ Blues / I.T. & His Kings Of Rhythm vol. 1 & 2* / Talent Scout Blues* (Ace) / 1958-59* / Sexy, Seductive, Provocative / 1958-59* (Paula) / You’re Still My Baby* (EMI)ll Like Ike : Best Of* (Rhino)l Rhythm Rockin’ Blues* (Ace)l Without Love I Hâve Nothing (Juke Blues) / My Blues Country (Mystic).

IKE & TINA TURNER Avec James Brown et Otis Redding, le couple Turner a popularisé la soûl music aux USA, puis en Europe à la fin des années 60. Née An¬ nie Mae Bullock, Tina rencontre en 56, au Club Manhattan de Saint Louis, Ike Turner, le gui¬ tariste-pianiste-chanteur leader des Kings of Rhythm, qui accompagnait Jackie Brenston sur le tube « Rocket 88 » de 51. Ils se marient en 58 et montent un show autour de Tina, bombe sexuelle et scénique rebaptisée la « mangeuse d’hommes » ! Ils enchaînent pendant huit ans une série de hits rhythm & blues sur les labels indépendants Sue et Kent, dont « I Idolize You » en 60 et « It’s Gonna Work Out Fine » en 61. Dix ans après leur rencontre, dans la nuit du 7/3/66, T. pose sa voix sur l’un des plus beaux enregistrements du siècle, « River Deep Mountain High » dont la production coûta

aussi cher que celle d’un album entier ! La pochette, signée par le comédien-réalisateur Dennis Hopper, montre Ike au piano et Tina lessivant sur une planche à laver ; en réalité, le disque est celui du producteur cosignataire de la chanson, Phil Spector, légende des studios de Los Angeles ; T. a raconté : « Phil l’a chantée en s’accompagnant à la guitare et j’ai adoré. Il a réalisé les bases instrumentales et wow ! » Ike, trop violent, trop brouillon, contre 25 000 dollars, est écarté du studio où Phil fait telle¬ ment travailler T. que celle-ci déchire son chemisier et termine l’enregistrement en sou¬ tien-gorge ! La chanson tout en excès marque les adieux professionnels de Spector et fait un malheur en Europe (n° 3 en GB), mais pas aux USA. Apparitions brûlantes du duo avec les Rolling Stones (en tournée en 66 et 69 et dans le film Gimme Shelter en 72) et concert inou¬ bliable du 30/1/71 à l’Olympia. Leurs principaux succès seront des versions époustouflantes du répertoire pop qui les fera connaître du public : « Corne Together » (des Beatles, en 70), « Proud Mary » (de John Fogerty, hit mon¬ dial en 71), et l’autobiographique « Nutbush City Limits », original de T. (en 73-74, repris par Bob Seger). Mais I. et T. n’oublient jamais le répertoire du rhythm & blues récent : « I Hâve Been Loving You Too Long », « I Want You Higher », « Land Of 1000 Dances ». Leur « grand orchestre » mené par le tyrannique et lubrique Ike, les Kings of Rhythm, puis les Fa¬ mily Vibes, comprend un trio torride de choris¬ tes, les Ikettes, dont ont fait partie P.P. Arnold, Bonnie Bramlett, Merry Clayton, Venetta Fields, Claudia Linnear. Après « Sweet Rhode Island Red » en 74, un album de gospel et un album country de Tina, la Ike & Tina Turner Revue, l’une des meilleu¬ res de l’après-guerre, entre rock, blues et rhythm & blues, s’arrête le 15/10/76 à la suite de leur divorce sur un dernier single. I. a réalisé dans son studio Bolic Sound d’Inglewood (Ca¬ lifornie) deux albums de blues intéressants en 72 et 73, puis un troisième quelconque en 78 (sur Red Lightning) ; l’ancien DJ de WROX, musicien de studio (chez Sun et Modem), pro¬ ducteur (chez Modem), « talent-scout », pia¬ niste nerveux et occasionnel de Sonny Boy Williamson et guitariste virtuose de B.B. King, Howlin’ Wolf et Johnny Ace, a sombré dans la drogue dans les années 80, multiplié les inci¬ dents et connu la prison. Il publia en 88 My Confessions (sur Starforce) ; puis ce popularisateur du blues du delta prit le chemin des 705

IKE S TINA TURNER

comme le premier disque de rock’n’roll, avec « Gee » des Crows et « Sh-Boom » des Chords, bien avant Bill Haley et Elvis Presley. Ail ans, il joue du piano avec Sonny Boy Williamson et Robert Nighthawk, et forme les Kings of Rhythm au lycée. Passé à la guitare après « Rocket 88 », il marque de son jeu rythmique percutant, aigu (similaire à celui de Guitar Slim), plusieurs enregistrements rhythm & blues chez Sun, et ceux d’Otis Rush, Howlin’ Wolf et Johnny Ace. Pendant son aventure mouvementée avec Tina, il construit le studio Bolic Sound à Inglewood (Californie), où il en¬ registre deux albums blues intéressants en 72 et 73, puis un troisième, quelconque, en 78 (chez Red Lightning). Dans la deuxième moitié des années 70,1.T. sombre dans la drogue et, tou¬ jours armé jusqu’aux dents, multiplie les inci¬ dents avec la police. Son portrait peu flatteur dans l’autobiographie I, Tina et celui incarné par Laurence Fishburne dans le film What’s Love Got To Do With It de Brian Gibson en 93 ont bien entamé son image de marque. Tou¬ jours en activité réduite dans les années 80 et 90, il a préféré garder profil bas.

IKE & TINA TURNER

clubs. Sans gloire. Le duo a été élu au Rock & Roll Hall Of Famé en 91. The Soûl Of Ike & Tina / Dance With the Kings Of Rhythm / The Sound Of Ike & Tina / Dance With Ike & Tina / Dynamite / Don’t Play Me Cheap / It’s Gonna Work Out Fine / Greatest Hits* [65] (Sue) I Festival Of Live Performances / Please Please Please / The Soûl Of Ike & Tina (Kent) / Ike & Tina Show Live ! I & II / Greatest Hits* [69] (WB)I River Deep Mountain High (Philles)lln Person (Minit)l So Fine / Cussin’, Cryin’ And Carryin’ On / Get It Together / A Black Man’s Soûl (Pompeii, rééd. Night & Day) I Corne Together / The Hunter / Outta Season / Workin’ Together / Live In Paris (Liberty)I Fantastic Ike & Tina* (Sunset) / Her Man, His Woman (Capitol) I Live At Carnegie Hall : What You Hear Is What You Get / ’Nuff Said / Feel Good / Let Me Touch Your Mind/Nutbush City Limits/Sweet Rhode Island Red / Delilah’s Power (UA) / Strange Fruit* / Airwaves* / Tough Enough* (Liberty) I Ike & Tina Sessions* / Best Of* / Fingerpoppin’ : Warner Bros Years* (WB) / Proud Mary : Best Of* (EMI) / Live ! ! ! (93) / Cus¬ sin’, Cryin’ And Carryin’ On* (Starburst). T. Turner, Ikettes, Family Vibes : United Artists. Les Ikettes (Old And New), de Family Vibes : United Artists. MM Taking Off, par Milos Forman / Soûl To Soûl, par Denis Sanders. http://www.divastation.com/tina_turner/tturner_ dises. html (Tina Turner) http://www.tina-turner.com/english/start.htm

TINA TURNER « J’ai compris au début des années 80 que c’était l’énergie du rock’n’roll qui me convenait finalement. » La fée noire du rock avait tout pour elle : une voix exceptionnelle, une crinière de lionne, des hanches et des jambes, la simpli¬ cité et l’amour de la musique et du public ; et le temps ne semble pas avoir de prise sur elle ! Mais tout n’a pas toujours été facile : « J’ai dû attendre 45 ans pour connaître le bonheur. La moitié de ma vie y est passée, mais j’y suis ar¬ rivée, enfin ! » IKE ET TINA. Au milieu des années 50, dé¬ barquent dans la boîte d’Ike Turner, le Club Manhattan de Saint Louis-Est, deux jeunes Blacks admiratives, Annie Mae Bullock, née le 26/11/38 à Nutbush, près de Brownsville (Ten¬ nessee), et sa sœur. La voix d’Annie, 18 ans, ne passe pas inaperçue, ses qualités de danseuse non plus. Dans la chorale de son école, elle chantait la country et l’opéra et rêvait d’être danseuse classique. Au Club Manhattan, sa première chanson en public est « You Know I Love You » du bluesman B.B. King qui sera le premier single du duo. Le couple professionnel 706

se forme : il s’appellera Ike & Tina Turner, Tina, parce que Ike voulait un « prénom d’en¬ traîneuse de quartier chaud ». Deux ans plus tard, le duo infernal se marie. Il fait connaître à travers l’Amérique du Nord, puis le monde entier, une formule de shows torrides et endia¬ blés basés sur la présence scénique et la perfor¬ mance vocale de Tina et accessoirement les chorégraphies suggestives, trémoussées des choristes Ikettes. Ike mène leur orchestre de dix musiciens et, comme il ne fait jamais les choses à moitié, réussit à enregistrer pour plu¬ sieurs labels indépendants à la fois ! « A Fool In Love », « It’s Gonna Work Out Fine », « I Idolize You » et « Peaches And Cream » se classent dans les hit-parades rhythm & blues. 69 :1. et T. se tournent vers le rock, et ouvrent pour les Rolling Stones qui ne perdent rien de leurs exhibitions : « Dans les années 60, Ike et Tina Turner étaient comme une école pour nous, alors que nous n’étions qu’un pauvre petit groupe de blues blanc ! » Le 22/4/74, le fantasme sexuel numéro un du rock joue l’Acid Queen dans le film Tommy de Ken Russell, tiré de l’opéra rock des Who ; sa prestation (« I’m the Gipsy, the Acid Queen », « Je suis la bohé¬ mienne, la reine de l’acide... ») marque le pu¬ blic et les rock stars britanniques. SOLO. Après « Baby Get It On », en 75, la femme battue la plus célèbre du show-business abandonne en pleine tournée à Dallas un mari abusif stupéfait ; pendant six mois, elle se cache à Los Angeles dans la maison de l’actrice Ann Margret rencontrée sur le tournage de Tommy. Le couple divorcera en 78, après vingt ans de mariage et une trentaine d’albums. Un an après, T.T., avec son énergie proverbiale, re¬ commence à zéro dans les petits clubs nordaméricains et les conventions McDonald, ac¬ compagnée par un orchestre de Marines ! Mais ses admirateurs sont nombreux et fidèles. Rod Stewart et les Rolling Stones la prennent en tournée. Elle enregistre des albums alimen¬ taires, de country ou de disco ; c’est pendant la nouvelle vague anglaise qu’elle retrouve le suc¬ cès en octobre 83, avec sa version club du classique d’Al Green « Let’s Stay Together », produit par Ian Marsh et Martyn Ware d’Heaven 17, qui fait exploser les classements anglais et les discothèques de New York. 84 : réapparition en mai avec Private Dancer. Son nouveau manager australien, Roger Davies, la relance, alors que, le lundi 29/3/82, elle avait at¬ tiré seulement deux cents personnes au Palace à Paris. David Bowie lui obtient un contrat avec

autobiographie I, Tina, Moi, Tina (en France aux éditions Michel Lafon) ; à Noël 85, il s’est déjà vendu à 4 millions d’exemplaires. Au prin¬ temps 87, après trente et un ans sur la route, T.T. annonce qu’elle va raccrocher. Cette pre¬ mière tournée d’adieux restera dans les annales comme l’une des plus longues (treize mois), des plus réussies et des plus populaires de l’histoire du rock : deux cent vingt concerts dans vingtcinq pays et cent quarante-cinq villes, plus de trois millions et demi de spectateurs. Pour l’ul¬ time spectacle, à Osaka au Japon, le 27/3/88, M. Jagger la rejoint sur scène pour partager « Honky Tonk Women ». Cette tournée fera l’objet d’un double album, Tina Live In Eu¬ rope. T., au sommet de son art et de son bon¬ heur, invite quelques amis chanteurs à la re¬ joindre sur scène pour quelques duos : David Bowie, Eric Clapton, Bryan Adams, Robert Cray. Elle refuse le rôle de la chanteuse (et non celui de Whoopi Goldberg) dans le film La Couleur pourpre que lui propose Steven Spielberg ; pourtant elle veut faire du cinéma, mais « la chanson, l’esclavage, je connais, qu’on me donne Les Aventuriers de l’arche perdue ! ». En 89, elle enregistre (ainsi qu’à Londres et New York) son premier album studio depuis trois ans, Foreign Affair, qui marque un retour au blues sans délaisser le rock. Quatre mor¬ ceaux sont signés Tony Joe White : « Tony Joe et moi sommes du Sud (des USA). Et même si nous n’avons pas exactement les mêmes raci¬ nes, nous nous comprenons. » « Simply the Best » est n° 1 en Angleterre grâce à un clip où on la voit pour la première fois à cheval. Bonnie Tyler avait essayé ce titre plusieurs an¬ nées plus tôt, sans succès. BIOGRAPHIE CINÉMATOGRAPHIQUE.

En 90, la compagnie Walt Disney produit le film de sa vie réalisé par Brian Gibson : What’s Love Got to Do With it, qui sortira en 93. Le prologue est constitué d’une sentence boud¬ dhiste : « Le lotus est une fleur qui pousse dans la boue » ; dans le rôle de Tina-Annie, Angela Bassett est convaincante, et Laurence Fishburne campe un odieux Ike. Le jeudi 28/7/90, T.T. donne un show inoubliable près de la pièce d’eau des Suisses au château de Versailles, avec les Neville Brothers en première partie. En 96, nouvelle coupe de cheveux (courts cette fois) et nouvel album, Wildest Dreams avec « On Silent Wings ». Le public retient son « Golden Eyes », chanson-titre des nouvelles aventures de James Bond, écrite par les chanteur et gui¬ tariste de U2, Bono et The Edge, ses duos avec 707

INA TURNER

Capitol, car le soir où il est venu présenter à New York « Let’s Dance », il sèche la party de sa maison de disques pour aller l’admirer dans un club. Dans ce disque de la réhabilitation rock FM, T.T. rêve qu’elle aurait pu être reine (« Might Hâve Been Queen ») et le devient grâce au titre « Private Dancer » avec Jeff Beck à la guitare, composition de Mark Knopfler re¬ jetée par Dire Straits au moment de leur album Love Over Gold. « What’s Love Got To Do With It ? » est n° 1 dans le monde entier (inclus par Kenneth Branagh dans son film Peter’s Friends en 92) et sacré «chanson de l’année 84 » : « Avec “Dancer”, je voulais prouver que je n’étais pas seulement une danseuse, mais que je savais également chanter. Ce disque est le fruit d’années de travail sur scène, du parfait accord de l’artiste avec la musique. » Ce pre¬ mier album solo, enregistré en seulement deux semaines, avec quatre producteurs différents et huit auteurs-compositeurs, se vendra à plus de 12 millions d’exemplaires. MAD MAX III. En janvier 85, T.T. fait tom¬ ber le Guiness Record du « show ayant attiré le plus de spectateurs payants » lors d’un concert donné au stade Maracana de Rio devant 182 000 fans (record précédent jusque-là dé¬ tenu par Frank Sinatra) et 26 millions de télé¬ spectateurs. Le 26/3/85, elle revient en vedette au Zénith de Paris pour deux soirs, puis parti¬ cipe avec quarante artistes anglo-américains au succès de l’historique enregistrement USA for Africa : « We Are the World ». Six mois plus tard, elle est sur scène avec Mick Jagger à l’oc¬ casion du Live Aid ; le fantastique duo marque les spectateurs et téléspectateurs, surtout lors¬ que le délicat Jagger fait mine de lui retirer sa mini-jupe ; comme d’habitude, Tina s’en tire remarquablement. Elle apparaît dans le film de George Miller Mad Max III- Beyond Thunderdome, aux côtés de Mel Gibson en voie de re¬ connaissance, habillée d’un costume futuriste, comme la tante Entité, fondatrice de la cité de Bartertown ; elle enregistre les deux chansons de la B O, « One Of the Living » et surtout « We Don’t Need Another Hero » qui fait d’elle et pour plusieurs générations la reine du rock. En septembre 85, son deuxième album solo Break Every Rule, plus accessible, est disque d’or en France, et n° 1 dans neuf pays ; il inclut « Typical Male » (avec Phil Collins à la batte¬ rie), le romantique « Two People », « Afterglow » (avec Stevie Winwood au synthé), et « Back Where You Started » écrit par Bryan Adams. Ce disque accompagne la sortie de son

TINA TURNER

Sting et l’acteur Antonio Banderas. Et l’inusa¬ ble Tina, qui a enregistré un album country his¬ torique en 74 en se souvenant de son Tennessee natal et de sa grand-mère indienne, où elle chantait « You Ain’t Woman Enough To Take My Man » de Loretta Lynn et le mélancolique « Lovin’ Him Was Easier » de Kris Kristofferson, s’embarque pour une nouvelle tournée mon¬ diale en nuisette pailletée : « Je tiens absolument à ce que mes fans gardent de moi le souvenir d’une bête de scène électrique ! » M'B Let Me Touch Your Mind / The Country Of T.T. / Acid Queen / Love Explosion / Rough (United Artists)/So Fine* (Entertainers)IToo HotTo Handle* (Thunderbolt) / Private Dancer / Break Every Rule / Live In Europe / Foreign Affair / Simply the Best* / BO What’s Love Got To Do With It / The Collected Recordings, Sixties To Nineties* / Wildest Dreams

(EMI). B-B Moi, Tina (Michel Lafon). Rio 88 (PolyGram)l Live Amsterdam 96. B The Girl From Nutbush, par Chris Cowey (1997). www.tina-turner.com/

The TURTLES

Formé à Los Angeles en 64 sous le nom des Crossfires, puis des Turtles, par Howard Kaylan (chant), Mark Volman (chant), Johnny Barbata (batterie), Al Nichol (guitare et chant), puis Gary Rowles (ex-Love) et Jim Pons (basse-chant). Groupe de singles mélodi¬ ques aux harmonies vocales travaillées et inno¬ centes, il connut plusieurs succès mondiaux : « It Ain’t Me Babe » de Bob Dylan (65), « Happy Together » (67), « She’d Rather Be With Me » (67), le superbe « Eleanore » (68) et « You Showed Me » (69). Malgré leur image BCBG, les Turtles n’hésitaient pas, sur scène, à injurier le président Johnson pour sa politi¬ que au Vietnam. Leur album le plus drôle fut Baltle Of the Bands en 68, le plus ambitieux Turtle Soup, en 69, produit par Ray Davies des Kinks. En 70, après une tournée d’adieu natio¬ nale et un dernier album, Shell Shock jamais publié, Kaylan, Volman et Pons rejoignent les Mothers of Invention de Frank Zappa qu’ils quittent deux ans plus tard pour former The Phlorescent Leech and Eddie (Flo and Eddie). Volman (19/4/44) et Kaylan (22/6/45) participè¬ rent à la majorité des enregistrements de T. Rex (« Marc Bolan sait qu’il n’a jamais eu un seul hit avant qu’on chante sur ses dis¬ ques ! » V. et K., 72). Carrière en duo en 74, en compagnie d’un groupe détaché des Mothers et 708

comprenant Aynsley Dunbar, Jim Pons et Don Preston : première partie de la tournée mon¬ diale d’Alice Cooper. Devenus en 75 anima¬ teurs d’une émission de radio célèbre, ils re¬ prennent en 76 « Eleanore » dans Moving Targets. Ils décident en février 77 de se séparer. Ils ont été les choristes de Blondie (Autoamerican) et Alice Cooper (Flush the Fashion) en 80, avant d’enregistrer à la Jamaïque avec tous les grands reggae-men Rock Steady With Flo And Eddie. Les T. se sont brièvement reformés en 85. B'B It Ain’t Me Babe / You Baby Let Me Be / Happy Together / Golden Hits*/ Présent the Battle Of the Bands / Turtle Soup / More Golden Hits* (White Whale) / Happy Together Again : Greatest Hits* (Sire)l Wooden Heads* (Répertoire) /T. Wax : Best Of* / Best Of vol. 2 : Turtle Wax* / 20 Greatest Hits* /Chalon Road*/Love Songs* / Shellshock* / Turtlesized* (Rhino)l 20 Golden Classics* (Une)I Happy Together: Very Best Of* (Music Club) / Classic Hits* / Eleanore* (Répertoire) / California Gold*

(Laserlight). http://members.xoom.com/_X00M/theturtles/turtles. htm

DWIGHT TWILLEY (et PHIL SEYMOUR) Auteur-compositeur, chanteur, guitariste et pianiste né à Tulsa (Oklahoma) le 6/6/51. Dans la ville natale de Leon Russell, il rencontre en été 68 Phil Seymour (15/5/52) lors d’une pro¬ jection de A Hard Day’s Night des Beatles. Le duo travaille des chansons de Twilley directe¬ ment inspirées de la pop anglaise de 63-65 et enregistrent des maquettes pour Sun à Mem¬ phis en 69-70. Ils jouent de 71 à 73 avec des groupes locaux et leur futur guitariste Bill Pitcock IV. Signent fin 74 avec le label Shelter de Denny Cordell et L. Russell. Après « You Were So Warm », ils obtiennent un hit national en 75 avec le sensationnel « I’m On Fire ». Pro¬ totype du style power pop, ce titre domine leur premier album avec « TV » et « England » en¬ registré à Londres. Le DTB poursuit jusqu’en 77 sa relecture des ballades années 50, du rockabilly et de Lennon-McCartney avec un se¬ cond album plus moderne, où les voix combi¬ nées sont un régal : « Trying To Find My Baby ». Le DTB ne connaît qu’un succès d’es¬ time auprès des critiques, mais prépare la ve¬ nue de The Knack et de la deuxième vague power pop. Apparition TV avec Tom Petty à la guitare basse, puis séparation, alors que des titres restent inédits. D. Twilley publie un pre-

m DTB : Sincerely / Twilley Don’t Minci (ShelterArista)/Between the Cracks, vol. 1 (Not Lame)[mai 99 : seize titres inédits, dont trois prévus pour The Luck] / Tulsa (Copper Records). D. Twilley : T. (Shelter-Arista) / Scuba Divers / Jun¬ gle (EMI) / Wild Dogs (Columbia) I The Great Lost T. Album (Shelter) / XXI* (Right Stuff). P Seymour : P.S. / P.S. 2 (Boardwalk). BdM Questions From Dad, par D.T. (Charles E.

Tuttle, Boston).

T. REX / TYRANNOSAURUS REX Tyrannosaurus Rex, duo acoustique formé par Marc Bolan (Né Marc Feld le 30/7/47, chant et guitare) et Steve Peregrine Took (chant et per¬ cussions), fut l’un des grands groupes under¬ ground anglais de l’année 68. L’ancien fan du squelette du grand Tyrannosaurus rex du mu¬ sée d’Histoire naturelle de Londres, fondu de Bill Haley et d'Eddie Cochran (qu’il rencontre en 60), Marc Bolan avait enregistré sous son nom trois 45 t, « The Wizard », « The Third Degree » et « Hippy Gumbo », avant de rejoindre l’un des premiers groupes anglais, psyché John’s Children en 67. Après une tournée an¬ glaise avec David Bowie en première partie et américaine (désastreuse), Steve P. Took fonde The Pink Fairies, et Micky Finn, le peintre de la boutique Apple et de « Granny Take a

Trip », percussionniste de Hapshash and The Coloured Coat, lui succède. Le duo s’électrifie et raccourcit son nom en T. Rex (pour Beard Of Stars). En octobre 70, leur single « Ride a White Swan » est n° 2. Devenu quatuor avec Bill Fifield rebaptisé Bill Legend (batteur) et Steve Currie (basse), il connaît une année 71 exceptionnelle avec deux hits, le n° 1 « Hot Love » et « Get It On » n° 2, et Electric Warrior, n° 1. Après le film tourné par Ringo Starr sur le nouveau phénomène du rock anglais en 72 et Tanx (n° 2 en mars 73), le groupe déca¬ dent sophistiqué aux riffs accrocheurs (« Telegram Sam », « Métal Guru », « Children Of the Révolution », « 20th Century » repris respec¬ tueusement par Placebo en 98 pour le film glam Velvet Goldmine), produit par Tony Visconti, décline malgré l’arrivée d’un second guitariste, Jack Green, et de trois choristes dont Gloria Jones, la nouvelle amie de Bolan (la cieatrice du « Tainted Love » de Soft Cell). Bolan re¬ prend son nom et s’établit aux USA avant de regagner l’Angleterre où il est salué par les punks, tourne avec Damned et donne son der¬ nier concert le 20/3/77 à Portsmouth. Après une ultime télé avec Bowie, il meurt dans un acci¬ dent de voiture le 16/9/77. Le 27/10/80, c’est au tour de Steve Took de disparaître. Jack Green ira en 74 rejoindre les Pretty Things avant d’en¬ registrer en solo. Comme Bolan, T. Rex et Ty¬ rannosaurus Rex font depuis 80-81 l’objet d’un culte et ont influencé nombre de groupes déca¬ dents et glam. A la fin des années 80, Tony Visconti remixe brillamment quatre de ses suc¬ cès et, pendant l’été 89, Baby Ford ressert « Children Of the Révolution » à la sauce house. My People Were Fair... / Prophets, Seers & Sa¬ ges, The Angels Of the Ages / Unicom / A Beard Of Stars / T. Rex / Electric Warrior / Best Of* / A Beginning* (1+2)/Bolan Boogie*/Ride a White Swan* / The Slider / Tanx / Great Hits* / Beginning Of Doves* / Zinc Alloy & the Hidden Riders Of Tomorrow / Bolan’s Zip Gun / Get It On* / Futuristic Dragon / Dandy In the Underworld (rééditions PolyGram) / Marc : Words & Music Of M. Bolan* (Cube) I Col¬ lection* / Greatest Hits* (Pickwick) I Solid Gold* / Unobtainable* (EMI) / In Concert* / Children Of Rarn* / Children Of the Révolution* / Dance In the Moonlight* (Marc On Wax) / You Scare Me To Death* (Cherry Red) / Platinum Collection* (Dakota)/ Across the Airwaves* (Cube)l Beyond the Rising Sun*/ Main Man* (Cambra)l Billy Super Dupper* / T. Rextasy* (Marc On Wax) I Oit the Record* (Sierra) / Best Of 20th Century Boy* (K-Tel) / A Crown Of Jewels* (Dojo)l Till Dawn* / Marc Granada TV Shows* / Born To Boogie* (Marc On Wax) / Singles Collection* (Castle) I Teenage Dream*

709

T. REX

mier disque solo décevant en 79, en enregistre un deuxième avec Jack Nitzsche qui ne paraît pas. P. Seymour poursuit sa route avec « Precious To Me » en 81 et dans les Textones de Caria Oison (en 84, Midnight Mission). Il meurt à Tulsa le 17/8/93. D.T. revient en 82 avec un remarquable album pop à l’ambiance PettyByrds où sa voix haut perchée et syncopée dra¬ matise de belles mélçdies. Enregistré avec les guitaristes B. Pitcock IV et Danny Kortchmar, il contient « Somebody To Love », l’un des tu¬ bes américains de l’été 82. D.T. écrit et chante « Why You Wanna Break My Heart » pour le film Body Rock en 84, et publie Jungle avec l’ami Petty et une partie des Heartbreakers, dans la même veine mélodique (« Girls »). Grand retour en juin 99 avec Tulsa, son pre¬ mier album en treize ans. Un laissé-pourcompte du power pop made in USA, dont on retrouve des traces inédites au hasard de com¬ pilations et de BO (« Why You Want To Break My Heart » sur Wayne’s World, « Shark » avec Petty et Russell sur The Great Lost Twilley Al¬ bum, XXI) et qui en a laissé d’autres chez les Fountains Of Wayne... Deux albums inédits, Blueprint et The Luck.

(Hallmark) / Stand By Me* (Connoisseur) / Where There’s Champagne* [4 LP] (Rhino)l Uitimate Col¬ lection* (Telstar)l Love And Death* (Cherry Red)/ Anthology* (Essential) I Early Years* (Dojo)/ BBC Radio 1 Live In Concert* (Windsong)l Wizard* (Deram) / Essential Collection* (PolyGram) / T. Rex Unchained : Unreleased Recordings vol. 1-2 (1972), vol. 3-4* (1973) / Best Of* / Métal Guru* / Rabbit Fighter (Alternate Slider) * / Left Hand Luke (Alternate Tanx) * / Change (Alternate Zinc Alloy) * / A

Wizard, a True Star 1972-77* [3 CD] / Live 1977* (Edsel)l Electric Boogie [Live 1971] * (New Millen¬ nium)/ A BBC History* (Pinnacle)I The T. Rexmas Box* [4 CD] (New Millennium).

Efl

M.B. & T. Rex (Telstar).

BM Born To Boogie. http://bbs.industrynet.net/html/zinc/INDEX.HTM http://home.epix.net/~valley/trex.html http://www.eigi.com/catblacWindex.html

UB 40 Leur reggae anglais né en 78 à Balsali Heath (Birmingham), moelleux, commercial et pares¬ seux, a touché le grand public des années 80 avec une série de tubes dansants chaleureux : « King (Martin Luther) » / « Food For Thought » (mars 80), « My Way Of Thinking » / « I Think It’s Going To Rain » (juin), «The Earth Dies Screaming » / « Dream a Lie » (novembre 80), « Love Is Ail Right » et des concerts parfaits. Leur premier album, Signing Off, incluait un titre anti-apartheid (anti-Thatcher ?) que leur première maison de disques supprima. Leur live restitue l’intensité d’un groupe qui inter¬ prète joyeusement le dub (envolées et varia¬ tions instrumentales du reggae exécutées le plus souvent à la basse et à la batterie, sans ou peu de parties vocales, permettant au DJ de remplacer le chanteur) des années 80 et où les voix et le saxophone font merveille. UB 40 dé¬ signe le bulletin du formulaire de chômage bri¬ tannique, et regroupe les deux fils d’une gloire folk, Al (chant principal et guitare) et Robin Campbell (chant), ainsi que Yomo Babayemi (percussions), Jim Brown (batterie), Earl Falconer (basse) - dont le frère Ray fut leur in¬ génieur du son et leur producteur -, Norman Hassan (percussions-trombone), Brian Travers (saxos), Michael Virtue (claviers), qui se ren¬ contrèrent à l’ANPE locale. Leur album de 83 UB 44 marquait une volonté de retourner aux sources traditionnelles de la musique jamaï¬ caine. La même année, leur reprise de « Red Red Wine » (de Neil Diamond, découvert dans la version reggae de Tony Tribe de 69) est un hit européen, n° 1 en GB en septembre 83, et « I Got You, Babe » de Sonny & Cher par Al Campbell-Chrissie Hynde des Pretenders, n° 1 en GB en août 85. Leur bassiste Earl, condamné durant l’été 88 à six mois de prison pour avoir

tué son frère Ray dans un accident de voiture, est remplacé pour la tournée mondiale qui suit le succès de leur excellent Best Of de 87 et de « Red Red Wine » ressorti aux USA en 88 et classé n° 1. Ces deux triomphes éclipsent UB 40 ou l’on retrouve l’hymne anti-drogue « Corne Out To Play » et le standard « Breakfast In Bed » (n° 6 en GB), nouveau duo Al Campbell et Chrissie Hynde, fan de longue date du groupe multiracial. Vingt-cinq titres classés en GB dont leur reprise en 80 de « I Think It’s Going To Rain Today » de Randy Newman. Labour Of Love 2, dédié à Ray, florilège de re¬ prises jamaïcaines, proposait en 89 leur plus gros tube, « Kingston Town ». On les a retrou¬ vés en compagnie de R >bert Palmer pour chan¬ ter Dylan (« I’il Be Your Baby Tonight ») et en 94 avec Pato Banton dans sa reprise du « Baby Corne Back » des Equals. Album solo senti¬ mental d’Ali, Big Love, en 95. K'J Signing Off (Graduate) / UB 40 (Virgin) / Pré¬ sent Arms / Présent Arms In Dub (Epic)l UB 44 (Vir¬ gin) / Singles Album* (Graduate)I UB 40 Live (DEP International) I Labour Of Love / Geffrey Morgan / UB40 File* / Bargariddim / Rat In the Kitchen / CCCP : Live In Moscow / Best Of* / UB 40 / Labour Of Love II / Promises And Lies / Compact Collec¬ tion* / Best Of volume 2*1 Guns In the Ghetto / Labour Of Love III / Dancehall Album (Virgin). Al Campbell : Big Love (Virgin). K J Live In the New South Africa. http://www.ub40-dep.com/

UGLY KID JOE Quintette métal comique d’Isla Vista (Califor¬ nie), formé en 88 sous le nom d’Overdrive, puis UKJ en réponse au groupe glam Pretty Boy Floyd (Leather Boyz With Electric Toyz en 90). Whitfield Crâne (chant), Dave Fortman (exSugartooth) et Klaus Eichstadt (guitares et 711

UGLY KID JOE

chant), Cordell Crockett (basse-chant) et Mark Davis (batterie) sont influencés par Môtley Crüe (pour les riffs et la vulgarité), Red Hot Chili Pèppers (pour le funk et le fun) et Axl Rose de Guns N’ Roses pour la voix. Sans être inclus dans la BO, « Everything About You », titre-phare du film-culte Wayne’s World, est n° 9 en mai 92. Le mini-album As Ugly As They Wanna Be est platine la même année, suivi dé¬ but 93 d’une reprise du délicat « Cats In the Cradle » d’Harry Chapin, énorme succès amé¬ ricain. « Nativity In Black » figure dans l’album-hommage à Black Sabbath. Mercury les vire après l’échec de Menace To Sobriety en été 95, une facture d’hôtel incluse sur le livret de l’album de 13 000 $ de nourriture utilisée pour une bagarre, et « Jésus Rode a Harley » (Da¬ vidson) qui fait scandale. UKJ fonde le label Evilution (jeu de mots sur Evil, le mal), enre¬ gistre dans son garage Motel California (réfé¬ rence à l’hôtel des Eagles) paru en 96, et se sé¬ pare l’année suivante. ffljJS As Ugly As They Wanna Be / America’s Least Wanted (Stardog-Mercury) / Menace To Sobriety (Mercury) / Motel California (Evilution-Castle) / Very Best Of* (PolyCram). http://www.geocities.com/SunsetStrip/Stadium/9559/ http : //smellybrit.clue4all.net/ukj/index.html

ULTRAV0X Formation britannique techno-pop constituée à Londres en 74 par les ex-Tiger Lily, John Foxx (guitares, chant), Steve Shears (guitares), Billy Currie (claviers-violon), Warren Can (batterie) et Chris Cross (basse). Plus de 4 mil¬ lions de disques vendus. Remarqué pour deux albums en 77, dont le premier est produit par Brian Eno, l’ex-Roxy Music qu’Ultravox idol⬠tre. En 80, après le départ de Foxx, qui devient une vedette pop (« Underpass ». « No One Driving », « Burning Car » et « Miles Away » en 80), le groupe change tout. Midge Ure (né à Glasgow le 10/11/53, ex-Slik, Rich Kids et Thin Lizzy, chant-guitare-synthés), Cross, Currie et Can s’imposent avec le titre et l’album Vienna (« ... This Means Nothing To Me... »), n° 3 en mars 81, et sa vidéo néo-baroque, prix du meilleur clip 82. Une attitude futuro-chic mise en scène par des décors, un éclairage et une sono impeccables, et des pochettes de disques soignées. Son « pomp-rock » s’appuie sur des préenregistrements électroniques et des ryth¬ mes métronomiques, pour exprimer un grand vide glacé. Collaboration haut de gamme en 82 712

avec l’ancien producteur des Beatles, George Martin, pour Quartet (« Reap the Wild Wind » et « Hymn »). Les hits solo de Midge Ure (« No Regrets », n° 9 en GB en 82, et « If I Was », n° 1 en 85) annoncent la dissolution fin 86 d’un groupe clé du rock moderne anglais des an¬ nées 80 et du synthé rock (Rage In Eden, pro¬ duit par Conny Plank en 81). U., classé une vingtaine de fois en Angleterre, notamment avec « Dancing With Tears In My Eyes » (n° 3 en 84) et « Love’s Great Adventure » (fin 84), a influencé Depeche Mode et Eurythmies et donné un ultime coup de collier sans W. Cann (avec Mark Brzezicki, le batteur de Big Country) fin 86, puis en 93. Carrière du claviers B. Currie (un disque pour la collection instru¬ mentale No Speak d’IRS), qui essaie de relan¬ cer ce groupe séminal sous le nom d’U-Vox de¬ puis 93 avec le chanteur Marcus O’Higgins : le terne Ingenuity en 96.

HH

Ultravox ! / Ha ! Ha ! Ha ! / Systems Of Ro¬ mance / Three Info One* (Island)l Vienna / Rage In Eden / Quartet / Live / Monument / Lament / Collec¬ tion* / U-Vox (Chrysalis) / Peel Sessions* (Strange Fruit) /If I Was : Very Best Of M.U. & U* (Chrysa¬ lis)/ Révélation (DSB) / BBC Radio 1 Live In Con¬ cert* (Windsong)/ Slow Motion* (Spectrum)/ Rare vol. 1 & 2* (Chrysalis) I Future Picture* (Receiver) / Dancing With Tears In My Eyes* (MFP)/Ingenuity (Resurgence) I Quartet* (EMI). J. Foxx : Metamatic/The Garden/J.F./Golden Sec¬ tion / In Mysterious Ways / The Assembly (Virgin)I Shifting City (Metamatic) / Cathédral Océans (Ré¬

surgent). KM U : The Collection (Vestron)l Video Aid. HH Drake & Gilbert, Past, Présent & Future Of Ul¬ travox (Doubleday). http://www.ultravox.org.uk/ http://www.metamatic.com/

The UNDERT0NES Groupe rock de Derry près de Londonde (Irlande du Nord), formé en 76, prototype « revival british rock » des années 60, énergi¬ que, simple. Les frères John et Damian O’Neill (guitares), Billy Doherty (batterie), Mickey Bradley (basse) et Feargal Sharkey (chant), après avoir débuté avec des classiques poprock comme « Let’s Talk About Girls », « Under the Boardwalk » des Drifters, « My Géné¬ ration » des Who, développent un répertoire original autour des thèmes adolescents : le re¬ marquable Hypnotised (« More Songs About Chocolaté And Girls ») en 80. Les U. sont clas¬ sés avec « Teenage Kicks » sur un EP fameux, « Get Over You », « Jimmy, Jimmy » en avril

H>11 U. / Hypnotised [Sire, rééd. 97 Castle) / Positive Touch / The Sin Of Pride (Castle) / Ail Wrapped up* / Cher O’Bowlies • Pick Of* (EMI) / Peel Sessions* (Strange Fruit)/ ery Best Of* (Rykodisc)/Teenage Kicks : Best Of* Castle). Rare (groupe de Sean O’Neill) : Something Wild

(Equator). jJl Sharkey : F.S. / Wish / Songs From the Mardi Gras (Virgin). http://www.whom.co.uk/underton/undeband.htm

UNDERW0RLD « L’ancien Underworld était plus un groupe rock. J’ai toujours été dans la dance music, le hip-hop, l’electronic. Mais eux faisaient du “rock normal” et pas de la bonne musique. Ils ont voulu travailler avec quelqu’un comme moi. J’étais DJ, et je commençais à devenir connu, je voulais aller plus loin, travailler avec un groupe. Comme les Happy Mondays l’avaient fait, ou Primai Scream avec Andy Weatherall. Ça a marché parce que nous sommes différents, c’est un mélange bizarre » (Darren Emerson). L’une des grandes rencon¬ tres des années 90 entre techno et rock. Un trio composé de Karl Hyde (chant-guitare), Rick Smith (programmations-claviers) et D. Emerson (DJ-programmations). Contrairement à ce que certaines biographies tentent de nous faire croire, le groupe n’est pas né en 92, mais en 88, autour de Karl et Rick, sur les cendres du dé¬ funt Freur (groupe pop-new wave des an¬ nées 80, qui obtient un succès avec « Doot Doot » en 83, et réalisera deux albums en 83 et 85). Cette première version, quintette funkrock avec basse et batterie, publie en 88 Underneath the Radar, produit par Tom Bailey (des Thompson Twins) et l’année suivante Change the Weather. On retrouve un de leurs titres, « Promised Land », sur la BO de Wild Orchid,

film de 90 (avec Mickey Rourke). Karl joue comme guitariste pour Prince, aux studios Paisley Park de Minneapolis (il avait déjà tra¬ vaillé avec Debbie Harry, et Rick avec Bob Geldof). Le groupe se sépare, mais Hyde et Smith se réunissent sous le nom de Lemon Interrupt, en s’associant avec le jeune DJ en vo¬ gue Darren Emerson. Né en 1971, leur cadet de dix ans n’appartient pas à la même culture mu¬ sicale. En 92, le groupe se rebaptise Unde¬ rworld pour le single « MMM... Skyscraper I Love You » sur Junior Boy’s Own, morceau que l’on retrouve l’année suivante sur leur al¬ bum Dubnobasswithmyheadman : ce disque, qui va influencer Fluke, One Dove et Orbital, est une pierre angulaire de la musique électro¬ nique, à une époque où les Chemical Brothers, Prodigy et autres Fat Boy Slim en sont encore à lire la notice du sampleur qu’on vient de leur offrir pour Noël. En 96, Second Toughest In the Infants est tout aussi réussi, mais c’est un mor¬ ceau qui n’y figure pas qui en fait un groupe à succès. Sorti en single, « Born Slippy » (remixé) se retrouve sur la BO de Trainspotting et, comme le film, casse la baraque. Le single grimpe jusqu’au sommet des charts anglais, et dans un top 100 des meilleurs singles de tous les temps, les lecteurs du magazine Q le classent n° 56 en 99. U. prend des vacances, Darren continue ses activités de DJ, et Karl et Rick se consacrent à Tomato, collectif de design qui habille les spectacles du groupe, produit des manifestations artistiques, et réalise des pubs pour Nike, Sony, Adidas, Pepsi... Du coup, le groupe ne subit aucune pression financière, et peut se permettre d’enregistrer un album quand il en a vraiment envie. Beaucoup Fish, varié, qui évoque les climats chers à Brian Eno (un ami de Karl), Robert Wyatt et Kraftwerk, paraît en 99. Avec les Chemical Brothers, l’un des groupes électroniques préférés des rockers et de ceux qui n’aiment pas vraiment la techno. MiM Underneath the Radar / Change the Weather (Sire) / Dubnobasswithmyheadman / Second Tou¬ ghest In the Infants (Wax Trax.') / Dark & Long*

(April)/ Beaucoup Fish (V2).

MIDGE URE « Avant le Band Aid, j’étais un branleur égoïste, comme la plupart des jeunes, et j’ai compris qu’il était possible d’infléchir notre destin, c’est pour ça que j’ai tourné le dos à la froideur des synthés. Ma génération est redevenue hippie. » Un auteur-compositeur-interprète-guitariste inscrit dans le Guiness Book of Records pour 713

MIDGE URE

79, « Here Cornes the Summer », « You’ve Got My Number (Why Don’t You Use It ?) », « My Perfect Cousin » (n° 9 en avril 80), « Wednesday Week » (juillet 80). Ils assurent la première partie de Clash aux USA en 79. Une inspiration lumineuse, un mur de guitares et des arrange¬ ments travaillés : Positive Touch et surtout The Sin Of Pride en 83 avec sa pochette baroque. Et un vrai chanteuç (ténor) au grain original, dans la lignée des Eric Burdon, Van Morrison et Roger Chapman. Les U. fondent le label Ardeck et se séparent en été 83 quand F. Sharkey entame une carrière solo. Et les frères O’Neill fondent le politisé That Petrol Emotion (8494).

MIDGE URE

avoir classé en Angleterre vingt-neuf tubes dans les années 80. L’initiateur du single huma¬ nitaire « Do They Know It’s Christmas ? », le single le plus vendu de l’industrie britannique avant celui d’Elton John, James Ure le toucheà-tout naît le 10/10/53 dans la banlieue de Glas¬ gow (Ecosse). L’ex-Salvation et Slik (n° 1 dé¬ but 76 avec « Forever And Ever ») refuse de remplacer Glen Matlock dans les Sex Pistols (« Malcolm McLaren ne me demandait même pas si je savais jouer d’un instrument ! »). Il tra¬ verse les Rich Kids (Ghosts Of Princes In Towers) en 78, et Thin Lizzy en 79 en rempla¬ cement de Gary Moore (« ce n’était pas mon genre de musique, mais je l’ai fait pour aider Phil Lynott »). Il succède à John Foxx chez Ultravox qu’il transforme en machine à tubes impressionnante. Après un extra avec la pre¬ mière version de Visage (« Fade To Grey », n° 8 en décembre 80, avec le batteur Rusty Egan et le chanteur Steve Strange), son pre¬ mier single solo « No Regrets » (une reprise des Walker Brothers) entre dans le Top Ten an¬ glais en 82. Et après un dernier tube au prin¬ temps 84 avec Ultravox, il organise avec Bob Geldof l’aventure du Band Aid du 15/12/84, rassemblement de rock stars pour l’Ethiopie affamée (il coécrit « Do They Know It’s Christmas ? ») et devient directeur musical des concerts de charité du prince Charles (le Prince’s Trust Concert annuel) de 86 à 88. Il sera aussi celui du Nelson Mandela Concert en juin 88. The Gift, enregistré pratiquement seul (« If I Was », n° 1 mondial en 85, et une reprise de « Living In the Past » de Jethro Tull), est un coup de tonnerre suivi d’une tournée avec le guitariste Zal Cleminson (ex-Sensationnal Alex Harvey Band). Mais le magistral Answers To Nothing en 88 est dédaigné, malgré un duo convaincant avec Kate Bush (« Sister And Brother »), un « Dear God » majestueux (pro¬ che du lyrisme d’un Peter Gabriel), et la parti¬ cipation de Robin et Al Campbell (UB 40), Mark King (Level42), Mick Karn (Japan) et Mark Brzezicki (Big Country et Ultravox). Pure en 91 (« Cold, Cold Heart ») est ignoré, comme Breathe qui devait marquer son retour en 96 (« Breathe » est utilisé en fond musical du spot TV des montres Swatch en 97). Ce ca¬ méléon a écrit la musique d’une pub pour Levi’s, composé une partie de la musique du film Max Headroom, celle de Went To Coney Island On a Mission From God... Be Back B y Five de Richard Schenkman (98), obtenu un prix Ivor Novello, un Lord Provost (pour « ser¬ 714

vices rendus à la musique écossaise »), dirigé des vidéoclips (Bananarama, Fun Boy Three), fondé le label MusicFest, et produit le ténor classique José Carreras. ü The Gift / Answers To Nothing / If I Was : Very Best Of M.U. & Ultravox* (Chrysalis)l Pure / Brea¬ the (Ariola-BMG) I Answers To Nothing* (EMI). http://www.midgeure.com/index.htm http://www.mich.com/~antimatr/midgeure.html

URGE 0VERKILL Trio rock américain qui tient son nom d’une chanson de Parliament-Funkadelic, et doit sa brève renommée à Quentin Tarantino qui intè¬ gre « Girl, You’ll Be a Woman Soon » (écrit par Neil Diamond) dans la BO Pulp Fiction en 94. Formé à Chicago en 85, UO s’inspire des années 70 et de Cheap Trick, combinant funk, punk et power pop : Eddie King Roeser (chantbasse), Nash Kato (né Nathan Katruud, chantguitare) et Jack « The Jaguar » Watt, puis Blackie « Black Caesar » Onassis (né Johnny Rowan, chant-batterie). Après deux albums pas¬ sés inaperçus, Jésus Urge Superstar, produit par Steve Albini, et Americruiser, produit par Butch Vig en 90, The Supersonic Storybook est mieux reçu en 91, grâce à ses premières parties de la tournée « Nevermind » de Nirvana. En 92, « Goodbye To Guyville » servira au titre de l’album Exile In Guyville de Liz Phair. Satura¬ tion (93), produit par le duo hip-hop Butcher Brothers (Cypress Hill), encensé par la presse, mais ne touche pas le grand public. Malgré Pulp Fiction, Exit the Dragon (l’optimiste « The Break ») est un échec en 95. Après une tournée catastrophique, B. Onassis est arrêté pour possession d’héroïne, point final à UO première formule. Kato et Onassis continuent en 97 avec le guitariste Nils St. Cyr, et se sépa¬ rent. E. Roeser s’est recyclé avec son frère John dans les Electric Airlines et le rock-blues. B3 Strange, I... (Ruthtess) / Jésus Urge Superstar / Americruiser / The Supersonic Storybook (Touch &

Go)l Stull [EP] (Roughneck) / Saturation / Exit the Dragon (Geffen). http://www.addict.com/issuesA.12/Columns/Hitsville/ (site anti-UO) http://www.flash.net/~lkras/uo/

URIAH HEEP Entre hard léché et rock progressif, un groupe fondé à Londres en 70 qui détient le record de changements de personnel (une trentaine envi¬ ron dont deux décès). Le guitariste Mick Box

(né le 8/6/47 à Walthamstow, Londres) joue à la fin des années 60 dans les Stalkers où il ren¬ contre le chanteur David Byron (29/1/47 à Essex). Ils forment Spice avec l’organiste du Cliff Bennett’s Toe Fat, Ken Hensley (24/8/45 à Stevenage, Hertfordshire). Au printemps 70, la formation accueille la section rythmique Mark Clarke (basse, futur Tempest) et Al Napier (batterie), et se rebaptise Uriah Heep, d’après le nom d’un personnage cruel de Charles Dic¬ kens. Deux albums les révèlent comme l’un des meilleurs groupes de la vague hard naissante et après le passage du batteur d’Elton John, Nigel Olsson, qui participe à son premier et meilleur album Very ’eavy, Very ’umble, débarquent Gary Thain (15/5/48 à Wellington, NouvelleZélande, basse, ex-Keef Hartley Band) et Lee Kerslake (batterie, ex-Toe Fat). Son rock lourd à panache fait merveille aux USA et en Eu¬ rope, surtout en Allemagne. Ses climats pré¬ sentés sous des pochettes oniriques de Roger Dean (Yes), orchestrés par l’orgue oppressant de K. Hensley, connaissent un succès mondial : Magician’s Birthday, et le double Live. En 74, UH est reconnu dans son pays avec Wonderworld. Mais son manque de goût et de simpli¬ cité fatigue. Le remplacement entre 75 et 78 de G. Thain (mort le 19/3/76 d’une overdose) par John Wetton (ex-Family, Roxy Music, King Crimson et futur Asia) n’arrange rien. En juillet 76, le départ de Byron, remplacé par Trevor Bolder (basse et chant, ex-David Bowie) puis John Lawton, marque l’agonie d’un groupe qui survit malgré le départ en 82 de son leader Hensley pour Blackfoot. En 83, M. Box, seul membre de la formation originelle, est re¬ joint par L. Kerslake en 85, alors que D. Byron décède à son tour le 28/2 après avoir rejoint Diamond Head. Les meilleurs moments de ce groupe à classer dans la première vague hard rock entre Deep Purple et Led Zeppelin res¬ tent Very ’eavy, Very ’umble, Démons And Wizards et Magician’s Birthday. Toujours en activité dans les années 90 avec M. Box, L. Kerslake, T. Bolder, Phil Lanzon (claviers) et le chanteur Bernie Shaw : Sonic Origami en septembre 98 produit par Pip Williams. HJ Very ’eavy, Very ’umble / Salisbury / Look At Yourself / Démons And Wizards / Magician’s Bir¬ thday / Live / Sweet Freedom / Downunda* / Wonderworld / Return To Fantasy / Best Of* / High And Mighty / Firefly / Innocent Victim / Fallen Angel / The Conquest / Live At Shepperton 74 / Abominog / Head First (Bronze, rééd. Castle) / Live In Europe '79/Anthology* (Raw Power)/The Collectors* (The

Collectors Sériés) / Equator (Columbia) / Live In

Moscow (World Of Hurt)l Raging Silence (Enigma) / Different World (Griffin Music) I The Lansdowne Tapes* ( Viceroy, rééd. 98 Steel-Koch) / Sea Of Light (Steamhammer) / Collection* / A Time Of Révéla¬ tion : 25 Years On* [coffret 4 CD] / Live January 1973* / Still ’eavy, Still Proud : Two Décades* / Greatest Hits* (Castle) I Rarities From the Bronze Age* (Sequel) / King Biscuit Flower Hour* (KB) / Spellbinder / Sonic Origami (Eagle)l Classic Heep : Anthology* (Polygram). D. Byron solo : Take No Prisoners (Bronze) / BabyFaced Killer / This Day And Age (Arista). K. Hensley : Proud Words On a Dusty Shelf / Eager To Please (Bronze). http://www.uriah-heep.com/ http://www.en.com/users/dhw/discog.htm

UT0PIA (voir Todd Rundgren) U2 « Quand nous sommes devenus U2, nous étions déjà invincibles : pour la première fois, nous nous sentions à notre place » (Bono). Le groupe majeur des années 80, l’expression convulsive d’un rock héroïque, qui retrouve face à la crise une fraternité et une humanité oubliées depuis la fin des années 60. 87 millions d’albums ven¬ dus et premier produit à l’export de la républi¬ que d’Irlande (en 98). L’Irlande déchirée de¬ puis des siècles nous a donné quelques-unes des meilleures formations de rock et de folk de l’histoire - et ce U2 à la trajectoire unique, du rock héroïque des années 80 à la dance et à la techno de l’an 2000. 77, année punk. Quatre écoliers de Dublin, à la suite d’une petite annonce affichée dans la cour de la Mount Temple School, deviennent les Feedback. Paul Hewson, dit Bono Vox (10/ 5/60, chant-guitare-harmonica), David Evans, dit The Edge (31/10/60, guitare-claviers), Adam Clayton (13/3/60, basse) et Larry Mullen Jr. (31/ 10/61, batterie) répètent au fond du jardin des parents Evans, se rebaptisent The Hype et, après le départ de Dick Evans (qui va fonder les Virgin Prunes), U2, du nom de l’avion es¬ pion américain qui volait très haut au-dessus des frontières. Ils reprennent les Stones et les Beach Boys. Bono (rebaptisé d’après le nom d’une boutique d’appareils auditifs...) est un en¬ fant des rues qui inventera la coupe de cheveux courts devant et longs derrière, reprise par des dizaines de millions d’adolescents et de footbal¬ leurs. C’est une « grande gueule », volontiers prêcheur, voire visionnaire. Posé, The Edge, au jeu de guitare inventif, est le pilier de l’édifice 715

musical. « Larry Mullen avait 14 ans, The Edge 15 et demi et moi 16... Nous en sommes restés là et ce que j’ai perdu en chemin ne compte pas... » (Bono). ROCK HÉROÏQUE. Juin 78 : Paul McGuiness devient le manager d’un groupe fougueux, parfois pompeux qui, en moins de deux ans, s’est fait un nom dans toute l’Irlande. Spon¬ tané, naturel, optimiste, U2 est une formation new wave avec un gros son, ce qui est rare pour l’époque. Son énergie est caractéristique de la nouvelle vague rock naissante. On appellera sa production « rock héroïque », celui qui veut redresser la tête, malgré la crise. Après deux singles chez Columbia (« U 2 » et « Another Day »), il signe en mars chez Island, la maison de disques de Bob Marley et de Roxy Music. En octobre, leur single « I Will Follow » est in¬ clus dans Boy, leur premier album, produit par Steve Lillywhite. Celui-ci sera pendant trois ans le producteur attitré des Irlandais. Fin 80, U2 est à Paris en première partie des Talking Heads. 81 : tournée européenne et américaine et publication en juin de « Fire », premier titre à connaître le format maxi-45 t. L’année se ter¬ mine sur la route aux USA ; les Américains se prennent immédiatement d’amour pour ces pe¬ tits gars sortis des brumes irlandaises et terri¬ blement frais dans un paysage rock languissant, dévitalisé. U2 passe avec succès l’épreuve diffi¬ cile du deuxième album, October : « Gloria » (en anglais et en latin) séduit par sa fièvre mys¬ tique. On découvre The Edge au piano dans la ballade « October ». L’année 82 se passe sur la route et U2 sort un single inédit (qui ne se trouve sur aucun album), « A Célébration », manifestant toujours ces envies de célébrations conviviales. En 83, le groupe se distingue avec son nouveau single paru en janvier, « New Year’s Day », dont la vidéo est matraquée aux USA par la chaîne TV rock naissante MTV. Une intro insidieuse à la batterie, une pincée de piano, un déchirement de guitare, un chant en place pour arriver à un refrain irrésistible : ce tube fait décoller le troisième album du qua¬ tuor publié en mars 83. Bruce Springsteen de¬ vient leur fan n° 1 : U2 est sur le chemin de la gloire. Dans War, il déclare la guerre à la mé¬ diocrité et devient le groupe de rock n° 1 des deux côtés de l’Atlantique. Sur la pochette, on retrouve le garçon de celle de Boy. Dans le « Sunday Bloody Sunday » d’ouverture, récit d’une ratonnade anticatholique restée dans les mémoires irlandaises, B. évoque le drame ir¬ landais : « Des tessons de bouteilles sous les 716

pieds des enfants, des cadavres en travers d’une ruelle sans issue, mais je ne répondrais pas à l’appel de la bataille par un dimanche san¬ glant. » War confirme la position originale d’un groupe qui a enfoncé les « néoromantiques » et secoue les papys du rock dont Keith Richards des Stones qui se dit impressionné par le jeu de The Edge. SOUS UN CIEL ROUGE SANG. Novem¬ bre 83 : Under a Blood Red Sky propose huit morceaux enregistrés en public à Red Rocks, près de Denver aux USA. « Sous un Ciel Rouge Sang » marque la fin de son adolescence musicale. Octobre 84 : le groupe délaisse le gros son de Lillywhite pour les atmosphères aventureuses de Brian Eno, ex-Roxy Music et producteur de David Bowie. Dans The Unforgettable Fire (titre d’une expo sur le bombarde¬ ment d’Hiroshima), les musiciens confirment leur maturité naissante. Les producteurs Eno et Daniel Lanois leur brodent une toile en noir et blanc, typiquement américaine. Les claviers sont plus insistants. Le chanteur rend hommage à Martin Luther King (dans « Pride » et « MLK ») et déroule un film inspiré et subtil. Le magazine officiel du rock américain Rolling Stone ne s’y trompe pas et les consacre « meilleur groupe rock » des années 80. A par¬ tir d’août 84, ses dix mois de tournée mondiale sont un succès phénoménal. Il incendie tous les grands festivals de rock ; en particulier, quel¬ ques événements humanitaires dont il sort vainqueur parce qu’ils correspondent bien à sa croisade humaniste : le Live Aid de Wembley du 3/7/85, le Self Aid, concert du 7/5/86 à Du¬ blin pour les chômeurs irlandais, et la minitournée d’Amnesty International, Conspiracy of Hope qui fête les vingt-cinq ans de l’organi¬ sation. En mars 87, U2 publie son dernier al¬ bum en vinyle noir, The Joshua Tree, dédié au fidèle roadie Greg Carrol décédé. La photo de pochette biblique correspond bien à sa nou¬ velle vision américaine. Cet album de la consé¬ cration interplanétaire vendu à près de 20 mil¬ lions d’exemplaires annonce la fin du monde quand « toutes les couleurs deviendront une seule » ! Bono a visité l’Ethiopie et en est re¬ venu marqué. Ce sommet de la première pé¬ riode de U2 commence par trois tubes : « Where the Streets Hâve No Name », « I Still Haven’t Found What I’m Looking For » (uti¬ lisé dans la BO de Blown Away de Stephen Hopkins eh 94) et « With Or Without You ». En octobre, c’est le mini-album mi-studio, mipublic Wide Awake In America à l’origine

réservé au public américain... Quelques mois plus tard, les lecteurs du mensuel rock français Best élisent U2 « bonheur de l’année » 87-88. 89 : prise de pouvoir de U2 aux USA où Bono est devenu une sorte de Messie. Les Irlandais entreprennent un retour aux racines, aux « roots ». Ils enregistrent dans le studio d’Elvis Presley, à Memphis chez Sun, des classiques des Beatles, Bob Dylan, Jimi Hendrix (« Ail Along the Watchtower ») ; et invitent le roi du blues, B.B. King, sur scène. RATTLE AND HUM. En octobre 88, Rattle And Hum, « disque de fan », un peu fourretout, est précédé d’un film contesté (du même nom) de Phil Joanou. U2 semble avoir bouclé la boucle de l’histoire du rock en remontant son histoire à l’envers. Premier double album n° 1 aux USA depuis The River, en 80, de Springsteen, c’est un double mi-live (enregistré pen¬ dant la tournée de 87 avec une version explo¬ sive gospel de « I Still Haven’t Found » et abrasive de « Pride »), mi-studio (le tube « De¬ sire » rhythm & blues ou celui, « The Angels Of Harlem », dédié à la chanteuse de jazz Billie Holiday, et une compo Bono-Dylan, « Love Rescue Me », où Dylan joue de l’orgue et chante). Le duo annoncé avec B. Springtseen n’y figure pas. 21/9/89 : début de la tournée avec B.B. King. U2 empoche le titre de « meilleur groupe de rock du monde ». Sauveur des années 80, pourra-t-il passer le cap de la dé¬ cennie 90 ? Sous l’impulsion de The Edge, qui s’est découvert une passion pour la techno et la dance, il reprend tout à zéro. Publié en novem¬ bre 91, l’album Achtung Baby est précédé, en octobre, de « The Fly » aux sonorités indus¬ trielles et dance. La nouvelle génération en raf¬ fole, les vieux fans se posent des questions. Mais tous sont d’accord : la ballade « One » est l’un des meilleurs moments de leur carrière. ZOOROPA. A partir d’avril 92, U2 fait la route avec un cirque rock’n’roll et multimédia. L’album Zooropa de juillet 93 est une surprise. Entre country (« The Wanderer » chantonné par le maître américain Johnny Cash) et techno, entre passé et futur. Le climat s’y fait oppressant, vénéneux comme l’air du temps, c’est un succès. Pour la première fois, The Edge est coproducteur de certains titres. Et Bono chante le standard de Cole Porter « I’ve Got You Under My Skin » avec Frank Sinatra (« ... don’t you know, “Blues Eyes”... ») dans l’album de duos Duets de celui-ci en 93. U2 élargit son spectre : il participe aux B O des films Jusqu’à la fin du monde et Si loin si proche

de Wim Wenders. En 95, l’album Original Soundtracks 1 avec « Miss Sarajevo » est enre¬ gistré en compagnie de Luciano Pavarotti pour le projet Passengers (au grand dam des fans ul¬ tras et de L. Mullen...) et Howie B (DJ du ca¬ talogue acid Moo Wax). Ils composent la chan¬ son « Hold Me Kiss Me Kill Me », produite par Nellee Hooper (Bjôrk) pour le film Batman 2 ; Bono et The Edge, celle du James Bond « Gol¬ den Eyes » pour Tina Turner, et Larry et Adam, la BO de Mission impossible. Leur al¬ bum (repoussé plusieurs mois et qui avait été annoncé rock) de mars 97 est un coup de ton¬ nerre, classé n° 1 dans une trentaine de pays. Techno pendant ses trois premiers titres (dont le single et tube dance « Discothèque »), Pop est un catalogue sobre des musiques du mo¬ ment, un exemple de consensus musical inter¬ générations, dans l’esprit du temps, qualifié par la presse américaine d’« album facile à admirer, mais difficile à aimer » ( !). Dans « Mofo », Bono interroge : « Marna, je suis toujours un enfant, mais il n’y a plus personne pour me dire non... » ce qui est une excellente définition de la maturité. Leur grande tournée interconti¬ nentale passe par Sarajevo en septembre 97. Et ils reprennent « Happiness Is a Warm Gun » des Beatles pour une série télé américaine consacrée aux armes. Jamais là où on l’attend, U2 cherche encore et toujours à réinventer le rock et à surfer intelligemment sur les nouvel¬ les musiques populaires. Son surnom de « croisé du rock » est toujours justifié. « Tout le monde pense que les hommes ont été chassés du jardin d’Eden par Dieu. Je n’en suis pas sûr. Je pense que c’est plutôt nous qui l’en avons chassé ! » (Bono). Figure sur l’album-hommage à Woody Guthrie Folkways : A Vision Shared (Colum¬ bia) où il reprend « Jesus-Christ » enregistré aux studios Sun et sur l’album de Robbie Robertson (où il compose « Sweet Fire Of Love »). Bono et The Edge ont écrit pour Roy Orbison « She’s a Mystery To Me » en 88 ; Bono a participé à l’album 89 de Melissa Etheridge, et Larry et Adam à celui de Daniel Lanois (Acadie en 89). U2 possède sa marque de disques, Mother Records (Cactus World News, In Tua Nua, Hothouse Flowers, Blue in Heaven, etc.), 10 % du capital d’Island Records, et contrôle la quatrième chaîne de TV irlandaise, TV 3. En 98, Polygram persuade U2 de resigner un contrat portant sur la sortie de trois Best Of, contre la modique somme de 300 millions de francs ! Et le premier est un succès commercial 717

planétaire. En 99, les enfants du rock irlandais enregistrent « The Ground Beneath Her Feet » du romancier Salman Rushdie qui publie le li¬ vre du même nom (chez Plon) sur le rock et son pouvoir.

U2, par Jean-Marie Leduc (Albin Michel)/The Unforgettable Fire, par Eamon Dunphy (Viking) / Stories For Boys, par Dave Thomas / The U2 File (Hot Press)/ U2 History, par Niall Stokes / U2 : A Visual Documentary, par Geoff Parkyn (Omnibus).

■3 Boy / October / War / Under a Blood Red Sky / The Unforgettable Fire / Wide Awake In America / The Joshua Tree (Island)l A Very Spécial Christmas [1 titre] (A&M)I Rattle And Hum / Achtung Baby /

K’ü Rattle And Hum [avec huit titres inédits] / Popmart (Island).

Passengers : Original Soundtracks 1 / Zooropa / Pop / Best Of 80-90* (Island).

http://www.intersurf.com/~skopel/public.html

http://www.netexp.net/~mldunne/wznow2.gif http://homepage.tinet.ie/~jimmmulvin/index.html http://www.atu2.com/ http://www.netexp.net/~mldunne/siteie4.htm

STEVE VAI

RITCHIE VALENS

« Le cascadeur de la guitare » (Frank Zappa). Guitariste virtuose de la fusion rock-hard, né à Long Island (New York) le 6/6/60, élève de Joe Satriani. Etabli à 19 ans à Los Angeles, il réa¬ lise son rêve d’adolescent : jouer avec Zappa, qu’il soutient en 81 et 82 sur Tinseltown Rébel¬ lion, You Are What You Is, Shut Up ’N Play Yer Guitar et Ship Arriving Too Late. Il joue pour Alcatrazz, Whitesnake, et se révèle dans les albums Eat ’Em And Smile (juillet 86) et Skyscraper (janvier 88) de David Lee Roth, où son jeu flamboyant égale celui d’Eddie Van Halen, l’ancien employeur de Roth : ses « ré¬ ponses pirouettes » de « Yankee Rose » et sa version du standard « Tobacco Road ». Dans son remarquable deuxième album solo en sep¬ tembre 90, Passion & Warfare, il se libère de ses influences Satriani-Zappa. Il forme VAI avec le chanteur Devin Townsend (le hard conventionnel de Sex & Religion en juillet 93), publie le fluide Alien Love Secrets (proche de l’ambient) en mars 95, et le dense et laborieux album concept Fire Garden en septembre 96. S.V. est apparu dans la scène d’anthologie fi¬ nale du film Crossroads de Walter Hill (86), dans le rôle de Jack Butler, coupeur de têtes de Memphis, qui perd son duel de guitares avec le comédien Ralph Macchio (dont le jeu gagnant est interprété par Ry Cooder). Il écrit, arrange et produit l’unique album du quatuor d’adoles¬ cents prodiges Bad 4 Good en 92 (Refngee chez Atlantic), et compose la BO de PCU (pour Port Chester University) de Hart Bochner en 94. Il forme en 98 un power trio avec Joe Satriani.

Richard Valenzueia, né près de Los Angeles le 13/5/41, dit R.V., rocker latino d’origine indiano-mexicaine, l’un des pionniers du rock’n’roll malgré la brièveté de sa carrière. Sa version de « Corne On, Let’s Go » d’octobre 58, classée aux USA, est reprise en GB par Tommy Steele, et il apparaît dans le film des pionniers (Berry, Cochran) Go Johnny Go. L’ex-Silhouettes est surtout connu pour ses composi¬ tions : « Donna » en l’honneur de son amie Donna Ludwig, et l’incontournable « Bamba », classique de danse (classé seulement n° 22 dé¬ but 59), repris par Trini Lopez (sa version tube en France en 66) et bien d’autres. Los Lobos en font un n° 1 mondial pendant l’été 87, inclus dans la BO La Bamba de Luis Valdez qui re¬ trace la courte vie mouvementée de Valens, campé par Lou Diamond Phillips. Valens meurt le 3/2/59 à 17 ans dans l’accident d’avion qui coûte la vie à Buddy Holly et au Big Bopper (« Chantilly Lace »). D’après Waylon Jennings qui participait à la tournée, ils auraient tous deux joué aux dés la dernière place disponible dans l’avion : l’ayant emportée, Valens lui aurait déclaré : « Super, c’est la première fois que je gagne quelque chose dans ma vie ! » hiM R.V. / R. (Del-Fi puis Ace) / In Concert At Pacoima Junior High School / His Greatest Hits 1 & 2* (Del-Fi) I R.V. & Jerry Kole (Crown) / Rock LiP Darling fJoy)l History Of* / Golden Archive Sé¬ riés* / Best Of* (Rhino)l Greatest Hits* (RCA)I Lost Tapes* (Del-Fi/Ace) / La Bamba ’87* (World Star) I Story* (Rhino)l Very Best Of* (Music Club) I Rockin’ Ail Night : Ver y Best Of* / Corne On, Let’s Go*

(Del-Fi).

H Flex-able (Akashic-Music For Nations)/Passion & Warfare / Sex & Religion / Alien Love Secrets / Fire Garden / Flexible Leftovers / The Ultra Zone (Sony).

VAN DER GRAAF GENERATOR

http://www.vai.com/ http://www.2er0mus.com/svc/main.htm

« Van Der Graaf était un savant américain génial qui inventa un “generator” capable de produire 719

VAN DER GRAAF

en quelques instants un million de watts... » Ainsi commençait la biographie de cet étonnant groupe anglais fondé en 68 par Peter Hammill (chant-guitare-piano), Hugh Banton (orguepiano), David Jackson (saxos-flûte) et Guy Evans (batterie), et séparé dix ans plus tard après deux reformations. Refusant l’usage commun de la guitare électrique, VDG crée un rock baroque, sépulcral, autour du saxophone de Dave Jackson et de la voix fantomatique de P. Hammill. Un groupe de l’angoisse moderne, épris de SF et d’au-delà, qui a influencé la new wave et la cold wave britanniques de la fin des années 70, seule¬ ment reconnu en Italie. The Long Hello (74) a été enregistré sans Peter Hammill. Il'B Aérosol Grey Machine (Fontana)l The Least We Can Do Is Wave To Each Other / H To He, Who Am the Only One / Pawn Hearts / 1968-71* / The Long Hello (United Artists) / Godbluff / Still Life / World Record / Quiet Zone - Pleasure Dôme / Vital : Live (Charisma) / Reflection (Fontana) / 1968-72* / Repeat Performance* (Charisma) / Time Vaults* (Demi-Monde) I lst Génération & 2nd Génération* (Virgin)I Now And Then* (Thunderbolt)ll Prophesy Disaster* (Virgin) / Maida Vale : BBC Sessions*

(Band Of Joy).

VAN HALEN « You really got meeeee... » Après Led Zeppe¬ lin, le plus gros vendeur de hard de l’histoire avec 50 millions d’albums rien qu’aux USA. « Nous célébrons le sexe et la violence vus à la télévision, tout ce qui remue à la radio, les films, les voitures et les jeunes, les jeunes de cœur. » David Lee Roth (né le 10/10/55, chant), Michael Anthony (20/6/55, basse) et les frères Van Halen, nés à Nijmegen aux Pays-Bas, éta¬ blis à Pasadena en Californie en 68, Edward (26/1/57, guitare) et Alex (8/5/55, batterie), for¬ ment Mammoth qui joue « Cold Sweat » de James Brown et ZZ Top, Aerosmith et Led Zep, et devient un habitué du club Starwood d’Hollywood. Gene Simmons de Kiss paie ses premières maquettes. Warner confie le grand V au producteur de Montrose et des Doobie Brothers, Ted Templeman. L’arrangement de l’hymne hard rock « You Really Got Me » (des Kinks !) est un hit mondial au printemps 78. VH est dénigré par la critique rock (les maga¬ zines spécialisés hard n’existent pas encore), malgré ses reprises choisies foudroyantes : « Ice Cream Man» d’Elihore James (VH1), « You’re No Good » (VH2), « Dancing In the Street » de Martha & The Vandellas, et « Oh Pretty Woman » de Roy Orbison (Diver Down) promotionnée par une vidéo burlesque. 720

JUMP ! Eddie Van Halen révolutionne en quelques arpèges l’approche et le son de son instrument (« Eruption » sur VH1). Michael Jackson et Quincy Jones lui confient en 82 le solo explosif de « Beat lt » sur Thriller. VH ex¬ plose dans le monde début 85 avec le théâtral «Jump» et son introduction dramatique au synthé, tiré de 1984, n° 1 aux USA le 25/2 (10 millions d’unités aux USA). Vedette du fes¬ tival 84 de Castle Donington où il donne une prestation extraordinaire. On ne donne pas cher de sa peau lorsque le showman athlétique D.L. Roth le quitte brutalement en se répan¬ dant en invectives sur E.V.H. Les trois milliar¬ daires engagent Sammy Hagar dont l’acharne¬ ment en solo commençait seulement à porter ses fruits. VH perd en humour ce qu’il gagne en crédibilité. S.H. est un solide chanteur, un compositeur habile, et un guitariste rythmique honnête qui se fond dans le groupe hard le plus populaire de la planète. Très attendu, leur pre¬ mier album 5150, excellent, est le premier n° 1 américain du groupe : le riff mélodique impa¬ rable de « Why Can’t This Be Love » est n° 3 le 17/5/86. E.V.H.. commence à se répéter (« 5150 »), mais excelle dans les courtes phrases mélodiques de synthé (« Dreams »). OU812 en 88 (moins inspiré - le hit pop « When It’s Love »), triple platine, est n° 1. VH assure l’or¬ ganisation de la tournée estivale Monsters of Rock, invitant ses concurrents (notamment Metallica) qui lui volent le show pendant vingtcinq concerts devant un million deux cent mille spectateurs. Trois ans plus tard, For Unlawful Carnal Knowledge, coproduit par Andy Johns, est son troisième album n° 1 consécutif grâce aux passages sur MTV de « Right Now ». Mais son Live - somme de quinze ans d’efforts - de février 93 sent un peu le réchauffé (enregistre¬ ments de 85, et dix titres du précédent album studio sur onze possibles !). VINGT ANS APRÈS. La formule usée et les ballades de Balance (pourtant n° 1 américain) sont une déception en 95, et leurs dissensions internes (les problèmes d’alcool d’E.V.H. et les débauches de S.H.), loin de les rapprocher, en¬ traînent le départ de ce dernier en 96 : « Il est parti de son propre chef » (E.V.H.) ; « Il m’a viré » (S.H.). D.L. Roth est réengagé pour deux titres moyens, « Can’t Get This Stuff No More » et « Me Wise Magic » inclus dans le Best Of vol. 1 en octobre suivant. Mais après une appa¬ rition aux MTV Awards, l’indécis E.V.H. vire une deuxième fois D.L. Roth désabusé (« Je croyais naïvement que j’étais revenu pour de

B9 VH1/VH2/Women & Children First /Fair Warning / Diver Down / 1984 / 5150 / OU 182 / For Unlawful Carnal Knowledge / Live : Right Here, Right Now / Balance / Best Of vol. 1* / VH III / 1986-93*

(WB). ■3 Live Without a Net / Live : Right Here, Right Now (WB). http://www.van-halen.com/ http://www.vhinside.com/vhinside http://www.vhcentral.com/

VANILLA FUDGE Quatre New-Yorkais s’installent en Californie en 66 : Mark Stein (orgue-chant), Vincent « Vince » Martell (guitare), Tim Bogert (basse) et Carminé Appice (batterie). Ils se spécialisent en 67 dans les arrangements de thèmes célèbres à la sauce psyché, produits par le légendaire George « Shadow » Morton (Shangri-las, New York Dolls). Le standard « You Keep Me Hangin’ On » des Suprêmes, publié en juin 67, est n° 6 en août 68. VF insiste avec les méconnais¬ sables « The Look Of Love » (Burt Bacharach), « Ticket To Ride » et « Eleanor Rigby » (Beatles), « Bang Bang » (Cher), et « The Beat Goes On » (Sonny & Cher). En 68, VF s’af¬ firme avec quelques compositions originales : « Thoughts » sur l’ambitieux Renaissance, et la version dramatique de « Season Of the Witch » de Donovan. Near the Beginning en 69 est son chant du cygne, avec le spectaculaire « Shotgun » de Jr.Walker et une jam hard de vingttrois minutes. Après un concert d’adieux à Long Island le 14/3/70, M. Stein fonde le groupe hard Boomerang et rejoint Alice Cooper et Tommy Bolin. V. Martell reçoit une proposi¬ tion de Jimi Hendrix juste avant sa mort. T. Bogert et C. Appice, considérés comme la meilleure section rythmique du moment, for¬ ment un trio avec le guitariste anglais Jeff Beck. Victime d’un accident, celui-ci ne peut y participer, et les deux musiciens forment Cactus. Le power trio BBA se constitue finale¬ ment en 73 (voir Beck, Bogert, Appice), mais seulement pour quelques mois. Deux reforma¬ tions épisodiques et ratées en 84 (Mystery) et 88. ■ Pigeons (Wand) / VF / The Beat Goes On / Re¬ naissance / Near the Beginning : Studio & Live / Rock & Roll (Atco) / Whiie the World Was Eating (Pigeons) * (Métronome) I Star Collection* (WB) I Two Originals* (Atlantic)I Greatest Hits* / Best Of* / Mystery (Atco) / Live : 1988 Reunion (Alpha) /

Concert Collection* (Sound Solution) / Live* / Psychedelic Sundae : Best Of* / Hits* (Rhino) / You Keep Me Hangin’ On* (Success). http://www.vanillafudge.com/

« MIAMI » STEVE VAN ZANDT Steve Van Zandt, né le 22/11/50 à Boston et élevé à Asbury Park (New Jersey). Guitaristeproducteur-auteur compositeur, compagnon de la première heure de Southside Johnny et Bruce Springsteen. Membre du E Street Band de ce dernier de 75 à 85, il poursuit une carrière solo sous le nom de Little Steven, entamée en 82 avec Men Without Women (Little Steven & The Disciples of Soûl). En protestation contre la ségrégation raciale du gouvernement sudafricain, il organise en 85 la réunion d’une cin¬ quantaine de rock-pop stars, Artists United Against Apartheid, qui donne l’album Sun City avec Bono, Springsteen, Bob Dylan, Peter Ga¬ briel, Bonnie Raitt, Pat Benatar, Lou Reed, Jackson Browne, Jimmy Cliff, etc. Il retrouve le E Street Band en 95 et coproduit l’intense « Murder Incorporated ». B* J Train Of Broken Treaties / Little Steven & The Disciples Of Soûl : Men Without Women / Voice Of America (EMI-Razor & Tie)l Sun City/Freedom No Compromise (Manhattan-EMI)I Révolution (RCA).

T0WNES VAN ZANDT 7/3/44-1/1/97. L’un des trois grands songwriters country de sa génération. Un auteur texan de Forth Worth dont la carrière erratique est ponctuée de quelques hits (pour les autres), et d’une poignée d’albums splendides, la plupart live. Sa voix chaude y sert des chansons intros¬ pectives, caustiques, dont certaines sont deve¬ nues des classiques. Son adolescence vagabonde l’amène à Houston au milieu des années 60. Il y rencontre son alter ego Guy Clark et le blues¬ man Lightnin’ Hopkins, qui perfectionne son jeu de guitare. Son premier album, For the Sake Of the Song enregistré à Nashville en 68, est suivi de cinq autres en cinq ans, ignorés du pu¬ blic, mais remarqués par ses pairs, comme le chef-d’œuvre The Late, Great T.V.Z. en 72. En 73, il enregistre, dans le club The Old Quarter de Houston, le double album Live At the Old Quarter paru en 77. En 76, il s’établit à Nashville, produit par Jack Clement. Silencieux pendant dix ans après Flyin’ Shoes de 78, il tourne sans arrêt, fait la navette entre Nashville et son Texas natal, et voit enfin ses chansons reprises : Emmylou Harris illumine ses compositions les plus 721

OWNES VAN ZANDT

bon »), et le remplace par l’ersatz Gary Cherone, l’ex-chanteur d’Extreme. Le boîtier de Van Halen III en mars 98 en est le seul élément « métal ».

TOWNES VAN ZAND

célèbres, «Pancho And Lefty» dans Luxury Liner et « If I Needed You » dans Cimarron ; Guy Clark « Don’t You Pake It Too Bad » (G.C., en 78), « No Deal » (Better Days, en 83), « To Live Is To Fly » (Old Friends, en 88) ; Willie Nelson, qui obtient un n° 1 country en 83 avec « Pancho And Lefty » (Pancho And Lefty avec Merle Haggard) ; Calvin Russell « Nothin’ » (A Crack In Time, en 90) ; Nanci Griffith « Tecumseh Valley » (Other Voices/Other Rooms, 93), etc. Sa voix expressive perd de sa puissance dans At My Window en 87 ; il tourne aux USA avec les Cowboy Junkies en 90, leur écrit « Cowboy Junkies Lament » que le groupe inaugure en 92 sur Black Eyed Man (où les mu¬ siciens revisitent « To Live Is to Fly » et lui re¬ tournent le compliment : « Townes’ Blues »). En 94, il reprend Lightnin’ Hopkins, les Rolling Stones et Bruce Springsteen (Road Songs). A la fin de l’année, dans No Deeper Blue enregis¬ tré en Irlande, son premier album studio en sept ans, il n’a rien perdu de sa verve drama¬ tique (« Marie ») ni de son humour (« Billy, Boney And Ma »). Il disparaît trois ans plus tard, alors qu’il travaillait sur un nouvel album avec le Sonic Youth Steve Shelley, et quelques mois après un aréopage d’admirateurs lui ren¬ dent un vibrant hommage en reprenant son ré¬ pertoire, seuls ou en duo, pour une station TV d’Austin : E. Harris, N. Griffith, W. Nelson, G. Clark, Lyle Lovett, Rodney Crowell, et Steve Earle qui lui dédie Fl Corazon en 97 : « To Townes, see you when I get there, maestro. » H>11 For the Sake Of the Song (Poppy puis Rhino) / Our Mother the Mountain / T.V.Z. / Delta Momma Blues / High, Low And In Between / The Late, Great T.V.Z. [Poppy, rééd. Charly) / Live At the Old Quarter, Houston Texas / Flyin’ Shoes (Tomato, rééd. Charly) / At My Window / Live And Obscure / Road Songs (Sugar Hill & Raven)/ Rain On a Conga Drum : Live In Berlin (Exile) I Pancho And Lefty* (Edsel)l The Nashville Sessions* (Tomato)l Rear View Mirror (SilenZ & Sundown) I Road Songs (Sugar Hill & Ra¬

ven) / No Deeper Blue / The Highway Kind (Sugar HillDixiefrog)/Definitive Collection* (Charly)/ Last Rights : Life & Times Of* (Gregor) / Documentary* / Abnormal (Normal records) / Anthology 1968-79* (Charly)I Riding the Range : Dirty Old Town (Exile) / A Far Cry From Dead (Arista Austin). New Country / Heartworn Highway, par James Szalapski. http://www.townesvanzandt.com/ http://www.lonestarwebstation.com/townesdex.html http://www.orst.edu/Dept/entomology/coopl/ tvzindex.html

722

Les VARIATIONS Le premier groupe français à avoir chanté en anglais les succès des Rolling Stones, de Jimi Hendrix et de Cream, et à avoir composé dans cette langue. Job Lebb (chant), Jacky Bitton (batterie), Jacques Grande dit Petit Pois et Marc Tobaly (guitare et composition) gagnent le Tremplin du Golf Drouot en 67, et font avec « Corne Along », « Free Me », « Down the Road » la première partie du spectacle de Johnny Hallyday en mai 69. Après Nador en 70, ils partent pour les USA fin 72. Cette expé¬ rience rare pour un groupe français leur permet de graver Take It Or Leave It (à Memphis dans les studios Stax avec Don Nix, « Walk Right Down » en 73). Ils n’imposent pas Moroccan Roll, rock arabisant (en 74, avec le violoniste Maurice Meimoun, « Kasbah Tadla », « Mo¬ roccan Roll »). Pour Café de Paris (en 75, po¬ chette de Guy Pellaert), Robert Fitoussi (FR David) remplace Jo Lebb, avant de quitter en 75 avec Petit Pois une formation renforcée en novembre 75 d’anciens musiciens du Paul Butterfield Blues Band. J. Lebb, après une reten¬ tissante interview dans Rock & Folk, fonde Magnum avec Patrick Verbecke (guitare), Alan Jack (claviers), Jacky Chalard (basse), J.-P. Prévotat, ex-Triangle (batterie), et Claude Améziane (percussions). Petit Pois forme Star System avec Jack Starr et Jeannot (batterie). Les V. 2 se séparent fin 75 et se reforment briè¬ vement aussitôt. Fitoussi et Marc Tobaly se re¬ trouveront dans le duo King of Hearts. Et FR David connaît le succès mondial en 83 avec « Words ». Les V. ont beaucoup œuvré pour populariser en France la pop-rock music. Leur exemple a permis à de nombreux groupes d’oser l’aventure rock. Bref retour de Lebb en 83 grâce à son vieil ami (et ancien manager des Variations) Sam Bernett. ■'JS Nador / Take It Or Leave It / Café de Paris (EMI, rééd. Magic).

JIMMIE VAUGHAN Le frère aîné du prodige Stevie Ray Vaughan, né le 20/3/51 à Dallas (Texas). Guitariste-chan¬ teur fondateur des Fabulous Thunderbirds en 75, J.V. est l’un des catalyseurs blues-rock des années 70-80. Influencé par les trois King, Al¬ bert, B.B. et Freddie. Basé à Austin, son jeu est plus serré, moins flamboyant que celui de son frère. Il quitte les T-Birds un an avant leur pre¬ mière séparation en 90, et enregistre avec son cadet le sensationnel, mais posthume, Family

Vaughan Brothers (avec Stevie Ray) : Family Style / Strange Pleasure / Out There (Epie). http://www.internet-australia.com/rphonics/ jimmy.htm http:// (ww.epiccenter.com/EpicCenter/custom/ artistupdatefan.qry?artistid=l

STEVIE RAY VAUGHAN « Personne d’autre ne m’avait autant imposé le respect. La première fois que j’ai entendu Ste¬ vie Ray, c’était à la radio dans ma voiture, je ne savais pas qui il était, et je me suis dit : ce gars-là va faire trembler le monde » (Eric Clap¬ ton). « Il y a un jeune guitariste au Texas qui va mettre tout le monde d’accord » (Billy Gib¬ bons de ZZ Top, aux auteurs en 82). Né à Dallas le 3/10/54, S.R.V. est le maître in¬ contesté du blues-rock des années 80. Il n’a pas révolutionné le son de la guitare électrique comme son idole Jimi Hendrix, mais sa maîtrise technique, son feeling passionné, sa vitesse d’exécution, ses breaks imprévisibles et ses solos flamboyants ont marqué au moins une généra¬ tion : « Il va y avoir encore pendant longtemps un tas de guitaristes frustrés qui vont essayer de l’imiter » (Robert Cray). Sa carrière météorique (de 83 à 90) occulte le travail de ses suiveurs dont il est le mètre étalon. Frère cadet de Jimmy Vaughan des Fabulous Thunderbirds, influencé par Albert King, professionnel à 17 ans, il écume les bars et les honky-tonks d’Austin, joue avec les Cobras, et forme Triple Threat avec W.C. Clark (basse-chant), Chris Layton (batte¬ rie) et la chanteuse Lou Ann Barton. Au départ de celle-ci en 78, il se met au chant et rebaptise son trio (Vaughan, Layton et le bassiste Jackie

Newhouse), d’après un blues du guitariste Otis Rush, Double Trouble (cf. In the Beginning). Inconnu surprise du festival de Montreux en juillet 82, le Jimmy Hendrix blanc, fan de Willie Dixon et Howlin’ Wolf, est remarqué par David Bowie, dont il illumine Let’s Dance en 83. Signé par John Hammond (Bob Dylan, Bruce Springsteen), il refond Double Trouble avec la redoutable section rythmique C. Layton et le vétéran Tommy Shannon, premier bassiste de Johnny Winter. Sa renommée est immédiate dès la parution en été 83 du séminal Texas Flood qu’il égalera sans jamais le surpasser. Dans les quatre albums studio publiés de son vivant (réédités en CD avec quatre titres « bo¬ nus » chacun), il alterne compositions remar¬ quables comme « Love Struck Baby », « Pride And Joy », « Riviera Paradise », « The House Is Rockin’ » et reprises définitives des stan¬ dards blues de ses maîtres Buddy Guy, Jimmy Reed, et bien sûr Hendrix : l’incroyable version de « Voodoo Chile » sur Couldn’t Stand the Weather (mai 84) où il est plus à l’aise que sur le spectaculaire « Superstition » de Stevie Wonder (Live Alive avec des titres enregistrés au festival de Montreux le 1/7/85 dont il est cette fois la vedette). Il joue pour Bob Dylan, Michael Jackson, Cyndi Lauper. Après une cure de désintoxication, il publie son ultime al¬ bum en juin 89, l’introspectif In Step, qui pré¬ sage une écriture plus ambitieuse. Début 90 il enregistre Family Style avec son frère, et part en tournée avec lui, E. Clapton, R. Cray et Buddy Guy. Après un concert à East Troy (Wisconsin) le 26/8/90, il meurt à 35 ans dans un accident d’hélicoptère. « Je ne pleure ja¬ mais. Mais quand j’ai appris la nouvelle hier, je me suis assis sur mon lit et j’ai pleuré comme un bébé » (John Lee Hooker, 73 ans). S.R.V. avait assimilé le phrasé marmonné des bluesmen ruraux, auquel son accent texan prononcé donne une saveur terroir authenti¬ que, et contribué à remettre au goût des années 80 l’effet de pédale wah-wah. Il jouait sur Fender Stratocaster et Gibson ES335. Buddy Guy chante « Rememberin’ Stevie » sur Damn Right, I’ve Got the Blues en 91. Un al¬ bum et concert-hommage organisé par son frère en 96 : A Tribute To S.R.V. Et une jam session extraordinaire avec Albert King, filmée pour la TV canadienne le 6/12/83 : In Session, chez Fantasy. Un concert historique, le 4/10/84 à Carnegie Hall-New York avec Dr. John et la section de cuivres de Roomful of Blues (Epie). 723

STEVIE RAY VAUGHAN

Style (produit au studio Ardent à Memphis par Nile Rodgers), S.R.V. se tuant dans un accident d’hélicoptère deux mois avant la parution de l’album. Quatre ans plus tard, Strange Pleasures réunit Eric Clapton, B.B. King, Robert Cray, Bonnie Raitt, Dr. John, Buddy Guy et Art Neville pour un hommage à son frère, A Tribute To S.R.V., paru en 96. Son deuxième album en 98, Oui There, est bien meilleur. Ce fou de « hot rods » a joué sur les albums de S.R.V., et pour Carlos Santana (Havana Moon en 83), son amie d’adolescence Lou Ann Bar¬ ton (Forbidden Tones en 86 et Read My Lips en 89), Bob Dylan (les frères Vaughan sur Under the Red Sky en 90), Eric Clapton au Royal Albert Hall (Londres) en février 91, John Lee Hooker (Boom Boom en 92), et Bo Diddley (A Man Amongst Men en 96).

BÉi^l Texas Flood / Couldn’t Stand the Weather / Soûl To Soûl / Live Alive / In Step / Family Style (Vaughan Brothers) / The Sky Is Crying / In the Beginning [live] / Greatest Hits* / Live At Carnegie Hall / The Real Deal : Greatest Hits vol. 2* (Epie) / In Session (Avec A. King) (Fantasy). Pride And Joy / Live At the El Mocambo / Live From Austin Texas / A Tribute To S.R.V. (Sony).

STEVIE RAY VÂUGHÂ

2

WJB Son propre rôle dans Back To the Beach, par Lyndall Hobbs en 87. Caught In the Crossfire, par Patoski et Crawford / Soûl To Soûl, par la chanteuse Keri Leigh, qui lui a dédié No Beginner en 93 [K.L. & The Blue Devils] (Amazing Records, Austin). http://comp.uark.edu/~scherry/srv/ http://www.srvdoubletrouble.com/ http://www.srvfanclub.com/

ALAN VEGA (voir SUICIDE) SUZANNE VEGA « L’auteur-compositeur à la personnalité la plus affirmée apparue depuis longtemps » (New York Times, 87). Une des figures du renouveau de la vague folk des années 80. Une Californienne, fille d’écrivain, née le 12/8/59, qui partage sa jeunesse entre la danse classique et une licence de lettres avant d’être adoptée par les étudiants américains avec son « Marlene On the Wall », tiré de Suzanne Vega (200 000 exemplaires vendus aux USA). Pre¬ mier concert parisien au Rex Club pendant l’hi¬ ver 85. Un second disque marquant, Solitude Standing (qui devait s’appeler Tom’s Diner), produit par Steve Addabbo et Lenny Kaye (Patti Smith Group), n° 2 en GB, où l’on re¬ trouve son « Luka », hit mondial en 87. Admi¬ rée par Robert Smith de Cure pour son art de conteuse urbaine qui mêle folk, rock, jazz, mi¬ nimalisme, mot juste et humour passablement noir. Cette conteuse un peu tristounette, fille spirituelle de Leonard Cohen, a littéralement lancé la vague néofolk-rock féminine des an¬ nées 88-89. Et composé une chanson pour le film Pretty in Pink, écrit deux textes pour Philip Glass et assuré les chœurs d’un disque des Smithereens. Son « Night Vision » a été inspiré par un poème de Paul Éluard. S.V. reprend en 88, sur l’album des reprises des chansons de Walt Disney (A&M), « Stay Awake » de Mary Poppins (de 64) qui la personnifie bien. En 90, son Days Of Open Hand (« Book Of Dreams », « Tired Of Sleeping »), trop élaboré, est une déception. Mais « Tom’s Dinner » samplé par le groupe DNA devient un tube dance mondial. 724

Et en 92, la rencontre avec le producteur Mit¬ chell Froom (Los Lobos, Elvis Costello) est dé¬ terminante : il devient son mari et la lance vers le folk distordu du xxie siècle dans 99.9° F (« Liverpool », « Blood Makes Noise ») et en 96 dans Nine Objects Of Desire. Aucun lien de parenté avec la chanteuse gospel Carmen Rosa « Tata » Vega, ni avec Alan Vega de Suicide. ÜiW S.V. / Solitude Standing / Days Of Open Hand / Tom’s Album* / 99.9° F / Nine Objects Of Desire / Tried & True : Best Of* / Sessions At West 54th [Live] (A&M). http://www.vega.net/

The VELVET UNDERGROUND « Au début, nos instruments n’étaient pas ac¬ cordés. Mais on s’en foutait de jouer faux » (John Cale). « On répète demain à 9 heures. Si ça marche, ça risque d’être glamour... » (Andy Warhol). Le groupe-culte par excellence. Son importance n’a pas été reconnue durant sa courte existence, mais il a marqué durablement l’histoire du rock. Une influence moderne, noire, considérable sur David Bowie, Depeche Mode, Simple Minds, Echo and The Bunnymen, Patti Smith, U2, Suicide, les Français Marquis de Sade et Marc Seberg, et sur Sonic Youth, My Bloody Valentine, Connexion Création, House of Love, Jane’s Addiction, The Jésus & Mary Chain, REM, etc. Ce groupe new-yorkais d’avant-garde est pendant deux ans (67-69) la chose de l’artiste (alors) under¬ ground Andy Warhol (« The Exploding Plastic Inévitable »), devenu l’un des créateurs les plus célèbres du siècle. Avant cette rencontre, le « souterrain de velours » s’est appelé Primiti¬ ves, Falling Spikes et Warlocks, avant qu’un ami du Gallois John Cale ne trouve son nom, en référence à un roman de Sacher Masoch. HEROIN. Sa production est d’abord utilisée par Warhol comme illustration de ses films d’avant-garde. Débuts le 11/11/65 au Myddle Class à Summit (New Jersey), pour un congrès de psychiatres. Nico (présentée par Brian Jones) figure sur son premier album, qui se vend si peu que Brian Eno dira plus tard : « Les acheteurs de l’album étaient assez nombreux pour former un groupe ! » Pour le radical White Light/White Heat en 68, la meilleure formation de sa carrière comprend : Lou Reed (guitarechant), Sterling Morrison (basse-guitare), John Cale (claviers-basse-violon-chant) et Maureen Tucker (batterie). Son rock urbain du Lower Manhattan, du monde secret de la drogue, de la perversion sexuelle, du désespoir et de la

« Le Velvet, très tôt, en 66, a été le premier groupe “noir” des années 70. Il a transmuté la violence en une brume de sons articulés, pro¬ phétique et provocante » (Lenny Kaye, en 77). L’une des rares formations dans l’histoire du rock à avoir fait l’unanimité, et la première à avoir accueilli une femme batteur. C’est avec le Velvet (et aussi dans Berlin) que L. Reed a été le plus inspiré. Une compilation de reprises a été enregistrée par des artistes français sur Virgin, Les Enfants du Velvet. Nico est morte en 88 à Ibiza, Sterling Morri¬ son le 30/8/95, et Andy Warhol (né Andrew Warhola le 6/8/28 à Pittsburgh, Pennsylvanie) à New York le 22/2/87. « Mo » Tucker publie en 81, sur son label Trash, Playin’ Possum (« faire le mort »), recueil de classiques du rock

tout droit sorti du premier album des Velvets et remarqué Dogs Under Stress en 93. Le VU a été élu au Rock & Roll Hall Of Famé en 96. ■H VU & Nico/White Light/White Heat/VU/Andy Warhol’s VU Featuring Nico* (Polydor) / Loaded [rééd. 97 avec inédits] / Live At Max’s Kansas City (Atlantic)I Pop History vol. 1 & 2* / Squeeze (Polydor) I VU & L.R. 1 & 2* (MGM) / 1969 : VU Live (Mercury) / Archétypes* (Polydor) / Evil Mothers (Skydog)l L.R. & The VU* / The VU [coffret 5 LP avec Another View] / Best Of* (Polydor) / Peel Slowly And See* [coffret 5 CD] / The VU* [coffret 4 CD] (Polydor) I Live MCMXCIII (Sire) / Best Of L.R. & VU* (Polydor) / What Goes On* [coffret 3 CD] (Raven). Moe Tucker : Playin’ Possum (Trash)/ Life In Exile After Abdication (50 Skidillion Watts) I I Spent a Week There the Other Night (Rough Trade) I Dogs Under Stress (New Rose).

B:B Uptight ! The VU Story, par Victor Bockris et Gérard Malanga (Omnibus)I Lou Reed & The Velvet, par Nigel Trevena (Bantam) / The VU & L.R., par Mike West (Bakvion) / L.R. & The VU, par Diana Clapton (Proteus) / Beyond The VU, par Dave Thompson / The Complété Guide To the Music Of The VU, par Peter Hogan. BaM The Chelsea Girls, par Andy Warhol (67) / Ich bin ein Elefant, Madame, par Peter Zadek (film alle¬ mand de 68). http://www.polygram.com/VU/ http://brassmonkey.vetmed.wisc.edu/vu http://members.aol.com/olandem/vu.html

TOM VERLAINE (& TELEVISION) « Le grand jeune homme au visage pétrifié », secret, froid, distant, est l’une des révélations du grand chambardement rock de 77-78. Poète électrique à l’instar de Jim Morrison, il est aussi un guitariste cérébral au son original. Outre Patti Smith et Brian Eno, David Bowie lui voue une admiration qu’il a prouvée en reprenant « Kingdom Will Corne » dans Scary Monsters. Né Thomas Miller le 13/12/49 à Delaware (New Jersey), après des études classiques, il s’installe en 67 à New York avec le batteur Billy Ficca et Richard Myers (2/10/49 à Lexington), un édi¬ teur de magazines de poésie. Entre deux dé¬ chargements de bananes sur le port de Brook¬ lyn, Tom « Verlaine » (son poète préféré) écrit des textes comme « Venus de Milo » que publie Myers, et se produit seul dans les clubs avant de former avec Ficca et Myers devenu Richard Hell (basse-chant) The Néon Boys, auxquels Dee Dee Ramone manque de participer. Le guitariste Richard Lloyd les rejoint au moment où R. Hell est remplacé par l’ex-bassiste de Blondie, Fred Smith (aucun rapport avec le 725

OM VERLAINE

violence, éclate dans « Heroin », « The Gift » de John Cale, « I’il Be Your Mirror », « Waiting For My Man », « White LightAVhite Heat », l’histoire du fournisseur d’héroïne tra¬ vesti de « Sister Ray » (une descente aux enfers enregistrée en une seule prise), etc., pratique¬ ment tous signés par L. Reed. En 69, Doug Yule remplace J. Cale qui entame une carrière d’auteur-interprète-producteur. Après un été passé au Club Max’s Kansas City, et un album rock conventionnel, Loaded (70), qui propose les hymnes « Sweet Jane » et « Rock & Roll » (inclus dans le film Rock’n’Roll High School d’avril 79, mais pas dans la BO), les musiciens se séparent, et L. Reed devient une star mon¬ diale. En 73, D. Yule tente sans succès de faire revivre le Velvet (Squeeze), sans Reed, Cale ou Nico, mais comme le souligne un journaliste américain, « C’est comme un gin-tonic sans le gin ». VU paru en 85, enregistré en 68-69, pro¬ pose des titres qui ont refait surface dans les al¬ bums solo de Reed. Another View l’année sui¬ vante, inclus dans le coffret L.R. & The VU, est un recueil de titres inédits ou de prises différen¬ tes enregistrés à la même époque. En 88 l’aca¬ démie de musique de Brooklyn commande à Cale et Reed une œuvre à la mémoire d’Andy Warhol récemment décédé : Song For Drella, musique de Cale et textes de Reed. Début 93, Reed, Cale, Morrison et Tucker se retrouvent plus de vingt ans après leur séparation à la Fon¬ dation Cartier de Jouy-en-Josas, puis pour une tournée européenne qui culmine à l’Olympia de Paris en juin : le Live MCMXCIII enregistré n’est pas le succès espéré d’une reformation qui éclate peu après une nouvelle dispute entre Cale et Reed, juste avant une tournée améri¬ caine.

TOM VERLAINE

F.S. de MC 5, mari de P. Smith), et où le groupe se rebaptise Télévision. Le premier groupe rock à jouer au fameux club CBGB’s, à New York, y apparaît chaque dimanche pendant six mois. P. Smith invite T.V. à jouer sur son pre¬ mier single, « Hey Joe » / « Piss Factory » en 74. B. Eno est pressenti comme producteur. Pre¬ mier single confidentiel en 75, « Little Johnny Jewel ». Lenny Kaye, journaliste et guitariste du P. Smith Group, écrit l’un de ses derniers ar¬ ticles sur le groupe. Et Allen Lanier du Blue Ôyster Cuit (alors compagnon de P. Smith) en¬ registre une maquette avec T. et l’aide à signer chez Elektra. P. Smith écrit « We Three » à propos de Lanier, Verlaine et d’elle-même, et T.V. participe aux séances de Horses. Le pre¬ mier album de T., Marquée Moon, bien reçu en février 77, figure parmi les meilleurs de l’explo¬ sion new-yorkaise de 77, et les grands albums rock des années 70. Avec « Knocking On Heaven’s Door » de Bob Dylan et « Psychotic Reaction » de Count Five, il propose une pre¬ mière partie sans artifice, violente et distin¬ guée : « Friction », « Venus de Milo », « See No Evil », et la pièce fleuve « Marquée Moon » sur la destinée des rock stars (les deux riffs de gui¬ tare entrecroisés, la voix écorchée). Et « Fire Engine » (des 13th Floor Elevators), qui débute les concerts pendant trois ans et qu’on retrouve sous le titre « The Blow Up » crédité à Verlaine dans le live du même titre, aux côtés de versions rugueuses de « Knockin’ On Heaven’s Door » et de « Satisfaction » des Rolling Stones.

Après une tournée avec Peter Gabriel, Adventure déçoit : les guitares de « The Fire », « The Dream’s Dream » et la voix obsession¬ nelle de Tom sur « Foxhole » et « Ain’t That Nothin’ ». T.V. dissout T. (F. Smith retourne à Blondie) et publie le remarquable Tom Ver¬ laine en 79 (« Kingdom Corne »). Après Dreamtime l’année suivante, il tourne avec F. Smith, Jay Dee Dautherty, le batteur du PSG, Jimmy Rip, le guitariste de Kid Creole, et la rythmique de Mink DeVille : Tommy Price et Joe Vasta. T.V. retrouve une certaine verve créatrice en 84 (Cover) et 87 (Flash Light). Après The Wonder en 90, il reforme briève¬ ment T. fin 91 (le fulgurant « The Rocket » inauguré au festival de Glastonbury en Angle¬ terre en 92), publie l’instrumental mélancoli¬ que Warm And Cool et compose la BO de Love And a .45 de C.M. Talkington en 94. Il joue pour les Waterboys, Luna, participe en 96 au retour de P. Smith (Gone Again) qu’il 726

accompagne discrètement en tournée... Et pro¬ duit l’album posthume de Jeff Buckley, Sketches, en 98. En 99 il compose des musiques de plusieurs classiques du cinéma muet (dont deux documents surréalistes de Man Ray), qu’il inaugure dans les musées du cinéma, en com¬ pagnie de J. Rip, auteur de l’épatant Way Past Blue chez House of Blues en 96. A ne pas confondre avec les Verlaines, groupe rock (de Dunedin, au sud de la Nou¬ velle-Zélande) du chanteur-guitariste Graeme Downes (83-93) : Ready To Fly en 91 (chez Slash), en particulier. B. Ficca a joué avec Sapho et l’insensé Snuky Tate sur Babylon Under Pressure produit par Chris Stein de Blondie (Animal Records), avant de rejoindre les Waitresses. R. Lloyd a publié en 79 un joyau passé inaperçu, Alchemy, où il perpétue la veine mélodique de T. (« Al¬ chemy », « Dying Words »), puis Field Of Fire en 85, enregistré à Stockholm avec des musi¬ ciens locaux, Real Time (87), et il a joué sur Meet John Doe de l’ex-X (90), et rejoint Matthew Sweet (Girlfriend, en 91) avec le guitariste Robert Quinn (des ex-Voidoids de R. Hell). En 99, il participe à This Note’s For You Too /, le deuxième album-hommage à Neil Young. R. Hell, qui fait ses débuts au cinéma en 82 dans Smithereens de Susan Seidelman, a publié la même année Destiny Street sur Red Star, avant de devenir journaliste.

Efl

T.V. (Elektra) I Dreamtime / Front (WB)I Cover (Virgin)I Flash Wonder (Mercury) / Warm And Rough Trade) / The Miller’s Taie,

Words From the Light (IRS)I The Cool (RykodiscT.V. Anthology*

(Virgin). Télévision : Marquée Moon / Adventure (Elektra) / The Blow Up (ROIR-Danceteria)/T. (Capitol). R. Lloyd : Alchemy (Elektra) / Field Of Fire / Real Time (Celluloid). http://www.mindspring.com/~serovner/Justthefacts.htm http://www.slip.net/~rivethed/discl-4.htm

The VERVE Formé dans le nord de l’Angleterre, à Wigan, en 90 par Richard Ashcroft (chant-guitare), Nick McCabe (guitare), Simon Jones (basse) et Peter Salisbury (batterie), autour d’un amour commun pour les Beatles, Funkadelic, le rock allemand des années 70 et diverses substances. Le groupe joue une pop anglaise classique tein¬ tée de psychédélisme des années 60, mise au goût du jour par une rythmique moderne. Il si¬ gne sur le label Hut (The Auteurs), publiant son premier single « Ail In the Mind » en mars 92.

BlA Storm In Heaven / A Northern Soûl / Urban Hymns / No Corne Down* [compilation des premiers titres] (Hut-Virgin). ■9 The Videos 96-98 (Hut-Deiabel).

SID VICIOUS (voir SEX PISTOLS) GENE VINCENT (and The BLUE CAPS) 11/2/35-12/10/71. L’un des pionniers du rock’n’roll des années 50, l’incarnation de la ré¬ bellion rock en cuir noir gominé. Né à Norfolk (Virginie), décédé à Newhall (Californie), de son véritable nom Vincent Eugene Craddock, il s’essaie à la country avant de s’enrôler dans l’US Navy. Une sévère blessure à une jambe, non pas pendant la guerre de Corée mais à sa démobilisation dans un accident de moto, ne l’empêchera pas d’entreprendre une carrière de chanteur de rock’n’roll. Une broche dans la jambe, il enregistre son premier single en 56, « Woman Love », dont la face B « Be-Bop a Lula » achetée 25 dollars à son compagnon de chambre d’hôpital Donald Graves, cosignée par le DJ Tex Davis, obtient les suffrages des

DJ américains, et devient un hit mondial et l’un des classiques du genre. La même année, il ap¬ paraît dans le film The Girl Can’t Help it, accompagné par son groupe, les Blue Caps, la première formation de rock’n’roll avec les Comets de Bill Haley : constituée tour à tour par les guitaristes Cliff Gallup et Wee Willie Williams, puis Johnny Meeks, Max Lipscomb, Grady Owen, Jerry Singleton et Jerry Merritt, les bassistes Jack Neal, Bobby Jones et Red Callender, les batteurs Dickie Harrell, Clyde Pennington et Sandy Nelson, et des pianistes de studio. « Gegene » réenregistre « Be-Bop » (9 millions d’exemplaires vendus) et devient une attraction scénique recherchée, un rival po¬ tentiel d’Elvis Presley en plus rockabilly, plus sauvage, sans obtenir beaucoup de succès en singles, sinon « Race With the Devil » (56), « Dance To the Bop » et « Lotta Lovin’ » (57) aux USA. Il est plus populaire en Europe, par¬ ticulièrement en France et en Angleterre où il s’impose avec « Blue Jean Bop », « Wild Cat », « My Heart », « Pistol Packin’ Marna », « She She Little Sheila » (le « Jolie Petite Sheila » de Sheila), « Over the Rainbow », la ballade « Weeping Willow » et l’immortel « Say Marna » interprétés avec aisance, d’une voix charmeuse ou agressive, à la diction exem¬ plaire. En 60, sa popularité décline aux USA, mais reste énorme en Europe. Le 17 avril, il est accidenté dans le taxi lon¬ donien où périt son ami Eddie Cochran. Il s’ins¬ talle à Londres et, vêtu de cuir noir de la tête aux pieds, donne des tournées triomphales à travers l’Europe, encore friande de rock’n’roll, le plus souvent accompagné par un orchestre local. En 69, son fan le DJ John Peel le signe sur son label Dandelion, et l’album Tm Bach And I’m Proud est publié par Elektra aux USA, sans grand succès. Fin 69, il prend part aux concerts de Toronto avec le Plastic Ono Band (G.V. est une vieille connaissance et idole de John Lennon), Jerry Lee Lewis, Bo Diddley et Little Richard. Il tombe subitement malade en rendant visite à son père, en automne 71, et meurt d’une hémorragie interne, le 12 octobre, peu après son arrivée à l’hôpital de Newhall (Californie). Ian Dury lui a dédié en 77 « Sweet Gene Vin¬ cent » et Paul McCartney l’a repris en 99. Redécouvert en France début 76 avec la réédi¬ tion bienvenue de ses six albums originaux sur Capitol, et un splendide coffret documenté. Archétype du premier chanteur de rock, G.V. n’a pas connu la réussite, mais n’en demeure 727

GENE VINCENT

« She’s a Superstar » et « Gravity Grave » l’im¬ posent dans les classements indé anglais. A Storm In Heaven, en 93, est un succès critique, mais pas commercial. L’été suivant, V. participe à la tournée Lollapalooza. Au même moment, le label de jazz Verve menace le groupe d’un procès, le forçant à se rebaptiser « The Verve ». A Northern Soûl en 95 n’a aucun succès. Fatigué par son échec commercial, les tournées, et les abus de drogues, Ashcroft quitte le groupe, pour le reformer quelques semaines plus tard. McCabe est remplacé par Simon Tong (guitareclaviers), avant de revenir sur sa décision début 97. C’est en quintette que le groupe enregistre Urban Hymns, l’album du succès, et le single « Bittersweet Symphony ». Bâti sur un sample d’une version orchestrale du « The Last Time » des Rolling Stones, le titre rencontre un énorme succès (fond musical de la pub TV Opel). ABKCO et le célèbre Allen Klein, qui gèrent le catalogue sixties des Stones, obtiennent 100 % des droits de la chanson. Mais The V. a d’autres cordes à son arc, et quelques sublimes titres qui vont eux aussi devenir des hits, « The Drugs Don’t Work » (n° 1), « Lucky Man » et « Son¬ net ». McCabe quitte le groupe au cours de la tournée américaine de 98. En 99, Ashcroft enregistre de nouveaux titres et décide en mai de les publier en solo.

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pas moins l’un des rockers historiques avec Ed¬ die Cochran, et il a fait l’objet d’une comédie musicale anglaise en 89. Décès début 89, à l’âge de 58 ans, de l’immense Cliff Gallup, le soliste du premier groupe électrique de l’histoire, in¬ comparablement présent sur les trente-cinq grands titres du maître qui aura influencé des millions de guitaristes dont Brian Setzer, Jeff Beck, Albert Lee et Dave Edmunds. Blue Jean Bop / G.V. & His Blue Caps / G.V. Rocks & the BC Roll / Record Date / Sounds Like G.V. / Crazy Time / Crazy Beat (Capitol) / Shakin’ Up a Storm (Columbia) I G.V. (London) / Best Of 1 & 2* (Capitol) I I’m Back And I’m Proud (Dandelion puis See For Miles) I If Only You Could See Me Today / The Day the World Turned Blue (Kama Sutra)/Greatest 1 & 2* /The Bop Just Won’t Stop 1956*/ Singles Album* / Finest Years 1956-58* / Gene Sings Vincent 1956* & 1957-59* / Rock’n’Roll Masters* / Best Of* / Songs Of the James Dean Era* / Collector Sériés* / Box Set* [coffret 6 CD] (Capitol) / G. V. & E. Cochran : The Town Hall Party TV Shows (Rock-

star). Une trentaine d’autres compilations pour les labels Starline, Pathé (Story vol. 1-4*), MFP, Magnum Force, EMI (Memorial Album*), Topline, Rockstar, Castle, See For Miles (EP Collection*), Rockhouse, Clémusic, Rollercoaster (Lost Dallas Sessions*), Collectables, Cleopatra, Magic (EP français) et Charly (coffret Capitol Years*). Mil G.V., A Discography, de Derek Henderson. http://www.athenet.net/~genevinc/index.html

The VIOLENT FEMMES « Un chanteur qui s’exprime à la première per¬ sonne ne signifie pas forcément qu’il croit à ce qu’il dit » (Gordon Gano). Trio-culte fondé à Milwaukee (Wisconsin) en 81, découvert par James Honeyman-Scott des Pretenders. Une musique entre folk, punk, country-jazz, rusti¬ que, acoustique, caustique, aux voix tramantes. Le parolier-compositeur Gordon Gano (chantguitare), Victor DeLorenzo (batterie), et Brian Ritchie (basse), sous le nom de VF (en argot du nord des USA, « femme » signifie mauviette), développent des textes terribles, rugueux, sur les frustrations adolescentes, et des instrumen¬ tations rustiques : leur premier album éponyme

rageur en 82 (« Add It Up », « Gimmie the Car »). Echec commercial à sa parution, VF at¬ teint le million d’exemplaires dix ans plus tard. G. Gano propose ensuite un folk radical, quasi mystique (Gano est chrétien baptiste convaincu et Ritchie un irréductible athée) dans The Blind Leading the Naked, produit en 86 par Jerry Elarrison des Talking Heads : « I Held Her In My Arms » et la reprise de T.Rex, « Children Of the Révolution ». Après quel¬ ques projets parallèles (The Mercy Seat Gospel de Gano et deux albums de Ritchie), les VF dé¬ çoivent avec 3 en 89, pour revenir en mai 91 avec Why Do Birds Sing ?, sa version icono¬ claste (avec un nouveau texte) de « Do You Really Want To Hurt Me ? » de Culture Club, et les imprécations rageuses de G. Gano, « Life Is a Scream » et le suicidaire « Out Of the Window ». V. DeLorenzo est remplacé par Guy Hoffman, le batteur de leurs voisins les BoDeans, pour l’éclectique New Times en 94. Le succès de la copieuse compilation Add It Up en 93-94 (1 million d’exemplaires aux USA) n’aide pas Rock ! ! ! seulement publié en Aus¬ tralie en 96. G. Gano est connu en France pour sa production du premier album de ses admi¬ rateurs Louise Attaque en 97 (2 millions de ventes). V. DeLorenzo assure la rythmique dans I Spent a Week There the Other Night de Maureen Tucker (91), et a publié deux albums. B. Ritchie apparaît dans Insect And Western Party d’Eugene Chadbourne (Charm School Records), G. Hoffman dans A Good Day To Die d’Absinthe, le groupe de Sammy Llanas, chanteur de son ancien groupe BoDeans (Lla¬ nas Records), et le trio VF dans Intérieur/Exté¬ rieur du compositeur français Pierre Henry.

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VF / Hallowed Ground / The Blind Leading the Naked / 3 / Why Do Birds Sing ? / Add It Up 1981-93* (Slash) / New Times (Elektra) / Rock ! ! ! (Mushroom)l Freak Magnet [à paraître].

B. Ritchie : The Blend/Sonic Temple & Court Of Babylon (SST)I I See a Noise (Dali Records). V. DeLorenzo : Peter Corey Sent Me / Pancake Day. http://www.vfemmes.com/ http://www.tweak.com/phonetag/gano/

BUNNY WAILER Une figure historique du reggae. Né en 47 à Kingston, Neville O’Riley Livingston est le seul survivant du trio original des Wailers, l’auteur de quelques premiers titres marquants du groupe, en particulier « Simmer Down » de 63. Ce rasta, ami d’enfance de Marley, quitte ses compagnons en 73 après une tournée anglaise et décide de ne plus prendre l’avion. Il pro¬ clame depuis sa foi mystique et dénonce, de son île, les turpides de Babylone dans Blackheart Man en 76, Liberation en 89 et Crucial Roots Classics en 94 qui reçoit un Grammy Awards britannique. ■ 'M Blackheart Man / Protest (Mango)l Struggle / Dub Disco vol. 1 & 2 / Hook Line’n’Sinker / Live / Rock’n’Groove / Rootsman Skanking / In Father’s House (Solomonic) / Sings the Wailers (Island) / Marketplace (Shanachie)l Roots Radies Rockers Re¬ ggae / Rule Dance Hall / Liberation / Time Will Tell : A Tribute To B. Marley / Gumption / Dance Massive (Shanachie) / Just Be Nice (Ras) / Crucial Roots Classics* / Rétrospective* (Shanachie). http://heml.passagen.se/ielbo/wail/

The WAILERS (voir BOB MARLEY) LOUDON WAINWRIGHT III et RUFUS WAINWRIGHT IV « Ce phénomène de fils de... Lennon, Dylan, Cohen, Bucckley, Stills, etc., ne dessert pas ma publicité. Ils ont devant eux un mur infranchis¬ sable, c’est plus facile pour moi, mon père a la cote, mais il n’a jamais été populaire » (Rufus W., 98). L.W., né le 5/19/46 à Chapel Hill (Ca¬ roline du Nord), fut l’un des grands folksingers des années 70. Son père est l’un des éditorialis¬ tes de Life Magazine et écrivit en 1952 « A

Handful Of Dust » pour Billie Holiday (qu’il reprendra dans son splendide album 92). Il s’installe à New York début 69. Servi par une voix étonnante de force et de subtilité, il écrit sur des sujets sociaux et personnels et reprend à l’occasion des traditionnels. Ironique, il se produit le plus souvent seul en formule acous¬ tique, mais joue avec le groupe rock The White Cloud pour son troisième album. Après le suc¬ cès de « Dead Skunk » en avril 73, tiré de Al¬ bum Il et Unrequited, son meilleur album (« Rufus Is a Tit Man »), le baladin revient en 76 avec les inspirés « Bicentennial » et « Prince’s Hal’s Dirge ». Ce sauvage féroce, introspectif, inconnu en France (comme ses confrères Gordon Lightfoot et Jesse Winches¬ ter), a écrit d’autres titres lumineux entre country et folk, sur « manger en ville » ou « prendre un coup de vieux ». Il n’a jamais fait de disque médiocre et est à son affaire dans les clubs et les petites salles comme en témoigne son album de jubilé d’argent de mai 93, enre¬ gistré au Bottom Line de New York. Le guita¬ riste Richard Thompson illumine ses I’m Alright de 85, et Famé And Wealth de 82 (« The Grammy Song »). Etabli en Angleterre, il s’est assagi avec le temps et apparaît dans des télé¬ films et dans Mash de Robert Altman en 70, et en 88 dans Jacknife aux côtés de Robert De Niro. Rufus, son fils (et celui de la chanteuse cana¬ dienne Kate McGarrigle), adulé par Michael Stipe (REM) et Rickie Lee Jones, fut l’une des révélations de l’hiver 98. Ce pianiste-dandy, sombre et maniéré, inégal, fan d’Edith Piaf et d’Al Johnson, relance la tradition de la côte Est et joue de sa voix « gay » sur des folies proches de l’opéra, de la pop 60 formatée du Brill Buil¬ ding de New York : son album 98 orchestré par Van Dyke Parks. 729

LOUDGN WAINWRIGH

■Ü Album I, II (Atlantic) & III (Columbia) / Attempted Moustache / Unrequited (Columbia) / TShirt / Final Exam (Arista)/A Live One / Famé And Wealth / I’m Alright / More Love Songs (Rounder)l Therapy (Silvertone) / History / Career Moves [live] /Grown Man (Virgin)/ Jesse Don't Like It (Hannibal) / Little Ship (Virgin)I Famé And Wealth, I’m Alright (Media 7)1 One Many Guy 1982-86* f/Wus/c Club)/ BBC Sessions* (Strange Fruit)/Social Studies (Han¬

nibal Records-Rykodisc). R. W : (Dreamworks-Universal). http://www.wing.net/loudon

TOM WAITS « Le meilleur auteur-compositeur de la vraie Amérique » (Bono de U2). « Le cendrier chan¬ tant », le « poète poivrot », né Thomas Alan Waits dans un taxi le 7/12/49 à Pomona (Cali¬ fornie) et non à New York, comme ce grand conteur le prétend. «J’ai été conçu entre un sandwich au thon, une bouteille de bourbon et une cartouche de Lucky Strike sans filtre. » Une voix rauque, décharnée, une gueule, un art per¬ sonnel de panacher cabaret, blues et rock. Une influence sur les artistes country-folk de ces vingt dernières années, et sur Beck en particu¬ lier. Fils d’instituteur, héritier de la « beat géné¬ ration » chère à Jack Kerouac, ce « clochard céleste », proche d’un Charles Bukowski, se fait connaître au début des années 70 dans les clubs de la côte Ouest. Peintre de l’Amérique postVietnam, il écrit sur l’incommunicabilité, les virées entre copains, les filles faciles et difficiles, la bouteille et les bars (« Je n’ai pas de pro¬ blème de boisson, sauf quand je ne peux pas avoir un verre ») sur des formes blues et jazz ponctuées de formules argotiques qui se rapportent souvent à un trait précis de la société américaine ou à un endroit géographique parti¬ culier, mais qui ne l’ont pas empêché (au contraire) de toucher un public européen. Cet amateur des beuveries enfumées et désabusées dans les endroits perdus de l’Amérique... assure discrètement, en 73-74, les premières parties de Frank Zappa avec contrebasse, batterie, saxo¬ phone et lui-même au piano, formule scénique suffisante qu’il a conservée. Quelques mois après son premier album passé inaperçu (pro¬ duit par Jerry Yester, l’ex-Lovin’ Spoonful), le public rock le découvre grâce aux Eagles qui re¬ prennent « Ol’ 55 » (sur On the Border en 74), de Closing Time. Après The Heart Of Saturday Night sur les petits matins difficiles (74), son double album live Nighthawks At the Diner, fin 75, est une fidèle reconstitution de l’ambiance 730

feutrée de ses récitals, aux introductions inter¬ minables, véritables textes dans le texte où il donne libre cours à son humeur. Au fil des dis¬ ques, quelques titres intenses et évocateurs se détachent : « The Heart Of Saturday Night » (repris en 78 par Dion), « Tom Traubert’s Blues », « I Never Talk To Strangers » (en duo avec Bette Midler), « Burma-Shave », « Blue Valentine », « Romeo Is Bleeding », etc., dont certains immortalisant son amitié avec Chuck E. Weiss, thème central de « Chuck E.’s In Love » de son ex-compagne Rickie Lee Jones en 78. T.W. s’impose avec les somptueux Blue Valentine (79), et Heartattack And Wine (80, avec « Jersey Girl » que reprendra - entre autres - Bruce Springsteen), comme un poète à la Dylan Thomas et un conteur à la Lenny Bruce. Le chantre des laissés-pour-compte du rêve américain écrit les textes du livre illustré par Guy Pellaert (Rock Dreams), et fait ses pre¬ miers pas au cinéma en 78 en pianiste de bar dans le premier film réalisé par Sylvester Stallone, La Taverne de l’enfer, où il chante « (Meet Me In) Paradise Alley » et « Annie’s Back In Town ». En avril 80, il écrit la musique de Coup de cœur (duos avec la chanteuse country Crystal Gayle dont « This One’s From the Heart ») de Francis Ford Coppola, qu’il re¬ trouve en jouant un patron de bar dans Outsi¬ ders, puis Benny dans Rusty James (Rumble Fish), et en animateur avec smoking dans Cotton Club en 84. En juillet 83, R.L. Jones enregistre son « Angel Wings » (dans Girl At Her Volcano), et Jean-Luc Godard utilise sa musique dans Prénom Carmen. En octobre, la silhouette aperçue dans Wolf en (encore en barman !) et Stone Boy publie Swordfishtrombones où il s’aventure dans des rythmes jazz colorés évo¬ quant les musiques de Nino Rota pour les films de Fellini (pochette clin d’œil). Swordfishtrom¬ bones est le premier disque d’un tryptique autour des «Frank’s Wild Years » (le prénom de son père). Il reprend « What Keeps Man Alive » dans l’album des succès de BrechtWeill, Lostln the Stars, et s’installe à New York avec son épouse et manager, la scripte et dra¬ maturge Kathleen Brennan, rencontrée sur le plateau de Coup de cœur (« elle a le goût du risque, un imaginaire biblique très riche »). De¬ venu l’une des figures de la mythologie rock interlope, il propose en 85 le narratif Raindogs, plus fin, où l’on retrouve Keith Richards (« La première règle avec lui, c’est de ne pas com¬ mencer à boire »), et le boxeur Jake La Motta

trent La Dernière Marche de Tim Robbins (« The Fall Of Troy » et « Walk Away ») et L’Armée des douze singes de Terry Gilliam. Il supervise Beautiful Maladies* en 98, et publie Mule Variations, salué en avril 99 comme l’un de ses meilleurs albums avec les participations de Les Claypool de Primus, l’harmoniciste Charlie Musselwhite, de son guitariste fétiche Marc Ribot et du batteur Christopher Marvin, fils de l’acteur Lee Marvin. Et il produit l’al¬ bum de son vieux copain Chuck E. Weiss (pour Rykodysc). ËiH Closing Time / The Heart Of Saturday Night / Nighthawks At the Diner / Small Change / Foreign Affairs / Blue Valentine / Heartattack & Wine (Elektra) I BO One From the Heart (Columbia) I Swordfishtrombones / Raindogs (Island) / Bounced Checks* / Asylum Years* / Anthology* (Elektra) / Frank’s Wild Years / Big Time / The Early Years vol. 1 & 2* (Bizarre-Edsel) I [BO] Night On Earth / Bone Machine (Island)I Gavin Bryars with T.W. : Jé¬ sus’ Blood Never Failed Me Yet (Point Music)/ The Black Rider / Beautiful Maladies : The Island Years* (Island) I Mule Variations (Epitaph-Pias). BMB Frank’s Wild Years / Big Time (Fries Home

Vid.). BùM Numéro spécial hors série du magazine Vibra¬ tions (98): une interview de J. Jarmusch incluse aussi dans le livret de Mule Variations. Small Change, A Life of T.W., par Patrick Humphries (St. Martin’s Press) / Written In My Soûl, par Bill Flanagan / A View Through a Window of a Subway, par Dragan Todorovic ( Tas Print, Belgrade, Yougos¬ lavie) / Jockey Full of Bourbon, par Dragan Todoro¬ vic (Editions Otkrivanja 21). http://www.officialtomwaits.com http://www.geocities.com/SoHo/7587/start.html http://www.front.net/gtausch/waits.html

SCOTT WALKER (voir The WALKER BROTHERS) T-BONE WALKER « La première fois que j’ai entendu T-Bone, j’ai perdu l’esprit. J’ai pensé que Jésus lui-même était revenu sur terre pour jouer de la guitare électrique. Il m’a montré la route » (B.B. King). Un compositeur et grand guitariste de blues, une influence considérable sur tout le blues moderne, de Muddy Waters, B.B. King, Chuck Berry à Jimi Hendrix et Stevie Ray Vaughan. Né Aaron Thibeaux Walker le 28/5/10 à Linden, au nord-est du Texas, pionnier de la guitare électrique influencé par Lonnie John¬ son, le jazz de Charlie Christian et le blues rural de Blind Lemon Jefferson (que ses parents 731

T BONE WALKER

sur la vidéo de « Downtown Train » (repris en 87 par Mary Chapin Carpenter et hit pour Rod Stewart en janvier 90). Après le succès du film Down By Law de Jim Jarmusch où il campe le DJ Zark, il quitte son costume d’alcoolique du Tropicana Hôtel de Los Angeles (d’ailleurs dé¬ truit) pour se tourner vers le cinéma, le théâtre et la comédie musicale. Après avoir monté au Steppenwolf Theatre, de Chicago en 87 son spectacle baroque écrit avec sa femme, sur les métamorphoses d’un employé de bureau, Frank’s Wild Years (qu’il donne à l’Olympia à Paris le 2/12), il enregistre en 88 « Heigh-Ho », la chanson des sept nains de Blanche Neige pour la compilation Stay Awake (A&M). Et ap¬ paraît en requin du show-biz golfeur dans Candy Mountain de Robert Frank, aux côtés de Jack Nicholson et Meryl Streep dans La Force d’un destin d’Hector Babenco, en malade men¬ tal dans Cold Feet de Robert Dornhelm, dans Wait Until Spring, Bandini de Dominique Deruddere, et retrouve J. Jarmusch dans Mystery Train où il est la voix du DJ. Big Time en 89 est un concert filmé (de Chris Blum) qui fait l’objet d’une BO/Best Of (avec l’inédit « Strange Weather » écrit pour Marianne Faithfull). Il est agent de police dans The Two Jakes de Jack Nicholson en 90. En 91, il chante « Tommy the Cat » sur Sailing the Seas Of Cheese de Primus, s’ennuie dans les films Queens Logic de Steve Rash, The Fisher King de Terry Gilliam et At Play in the Fields of the Lord d’Hector Babenco. T.W. s’installe dans la Napa Valley près de San Francisco, où il cons¬ truit un studio dans son poulailler et collec¬ tionne des instruments bizarres. Il se multiplie en 92-93 : inspiré par le compositeur Kurt Weill et son Opéra de quat’sous, il écrit la B O du film à sketches de Jarmusch Night on Earth, publie le désespéré et dépouillé Bone Machine (avec « That Feel », coécrit avec K. Richards) pour lequel il obtient un Grammy Award ; avant d’apparaître en chauffeur de limousine dans Short Cuts de Robert Altman, et de donner en 93 The Black Rider, mini-opéra gothique co¬ écrit avec William S. Burroughs pour Robert Wilson. La même année, il reprend « Crazy About My Baby » du pianiste jazz Fats Waller pour la BO American Heart de Martin Bell, campe Renfield dans Bram Stoker’s Dracula de F.F. Coppola et Deadfall de son neveu Christo¬ pher Coppola, le frère de l’acteur Nicholas Cage. Et il chante sur l’étonnant projet du mu¬ sicien contemporain Gavin Bryars Jésus’ Blood Never Failed Me Yet. En 95 ses chansons illus¬

T-BONE WALKER

adoptifs ont hébergé), T-B.W. enregistre à Dal¬ las en 29 sous le nom de Oak Cliff T-Bone, et électrifie son instrument au milieu des an¬ nées 30. Victime de la « grande dépression », « Tit Beau » s’établit à Los Angeles (« avec un dollar en poche »), joue dans les clubs, enregis¬ tre « T-Bone Blues » en 40 et adopte l’une des premières guitares électriques Gibson, la ES250. Il en tire le meilleur au cours des années 40 et 50. Après « Mean Old World » en 42, il en¬ registre le 12/5/49 « Bobby Sox Baby » qui mar¬ quera C. Berry, et la lamentation « Call It Stormy Monday (But Tuesday Is Just As Bad »), le grand hit de sa carrière, un classique du genre, souvent raccourci en « Stormy Mon¬ day ». Son style parfois nonchalant, parfois swing, tout en trilles serrées et en phrases cour¬ tes, galopantes (« Shufflin’ the Blues »), donne sa pleine mesure jusqu’en 54 chez Capitol (via le label Impérial, « T-Bone Shuffle »), et chez Atlantic en 55-57 avec des reprises de son ré¬ pertoire, enregistrées avec les guitaristes Barney Kessel et Jimmy Rogers, Earl Palmer, le batteur de Fats Domino, et l’harmoniciste Ju¬ nior Wells. Victime d’ulcères à l’estomac et d’une dépendance à l’alcool, T-B.W. inter¬ rompt sa carrière en 55 et revient en 60 : il se produit plusieurs fois en Europe (PAmerican Folk Blues Festival en 62, 68 et 72, à Paris et à Nice en 69 et 71, entre autres) et publie une sé¬ rie d’albums pour différentes marques, jusqu’à sa disparition le 16/3/75 d’une pneumonie à LA.

Classics In Jazz (Capitol)/T-B.W. (1)/T-Bone Blues (Atlantic)I Sings the Blues / Singing the Blues Il Get So Weary (Impérial)/The Great Blues, Vocals And Guitar/T.B.W. (2) (Capitol)I Blues 0f*/I Want a Little Girl (Delmark)l Stormy Monday Blues (Wet Soûl) / Stormy Monday Blues* (Stateside) I The Truth (Brunswick) I Blue Rocks / Funky Town (Bluesway puis BGO) / Feeling the Blues (Black & Blues) / Very Rare (Reprise) / Classics Of Modem Blues* (Blue Note) I Fly Walker Airlines (Polydor) / Dirty Mistreater/ T-Bone Jumps Again* / Plain Ole Blues* /Natural Blues*/Low Down Blues/T-Bone Shuffle* (Charly) I Good Feèlin’ (Polydor) I The Inventor Of the Electric Guitar Blues* (Blues Boy) I Hot Leftovers (EMI) / Collection* (Déjà Vu) 11 Don't Be Jivin’* (Bear Family) I Bluesway Sessions* (Charly) I Bosses Of the Blues [avec B.J. Turner] (Bluebird)l The Talkin’ Guitar* (Blues Encore) I The Hustle Is On : Impérial Sessions, vol. 1 & 2* / T-B. Blues 195557* (Sequel)l The Complété Recordings Of T-B.W., 1940-54* [coffret 6 CD] (Mosaic) / Complété Impé¬ rial Recordings 1950-54* (EMI) / Rare* (Off-Beat)/ The Complété Capitol-Black & White Recordings [3 CD] (EMI)I Cold Cold Feeling* (CEMA) I Rare & Well-Done* (Blue Moon) / Stormy Monday* (Ins¬

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tant) / T-Bone Shuffle* (Rhino) / Stormy Monday Blues* (Beat Goes On-BMG) I Beginning 1929-46* (EPM) I T. Bone Standard Time* (Sequel-Edsel) / Stormy Monday Blues* (BGO). Stormy Monday : The T-B.W. Story, par Helen Oakley Dance (Louisiana State University Press). http://www.io.com/~tbonel/blues/bios/tbone.html

The WALKER BROTHERS / SCOTT WALKER Le chaînon entre les Beatles, les Righteous Brothers et David Bowie. Quelques Améri¬ cains eurent la bonne idée de tenter leur chance en Angleterre qui les révéla. Outre P.J. Proby, Jimi Hendrix, Goldie & The Gingerbreads, les Sparks et les Stray Cats, Chryssie Hynde et Gene Vincent, il y eut les Walker Brothers, qui n’étaient pas frères et dont aucun membre ne s’appelait Walker ! Le trio formé en 64 à Los Angeles, commence sa carrière en enregistrant « Love Her » des Everly Brothers, orchestré par Jack Nitzsche en 65, et en triomphant dans le show TV Hollywood A Gogo. Noël Scott Engel, né le 9/1/44, à Hamilton (Ohio), auteur-compositeur-chanteur, ex-musicien de studio et co¬ médien, ex-bassiste des Routers de « Let’s Go », et John Maus (12/11/43, guitariste-chanteur) suivent l’idée de leur batteur Gary Leeds (33/ 9/44, ex-Standells et P.J. Proby Band). Leur physique de minets et des chansons tristes roucoulées séduisent les petites Anglaises (et plus tard quelques Américaines). Ils sont produits par John Franz, un émule de Phil Spector, font les beaux jours du show TV mods Ready Steady, Go et les hits, souvent mélancoliques, s’enchaînent « Make It Easy On Yourself » (de Jerry Butler) succès immédiat, « My Ship Is Corning In » (du chanteur soûl américain Jimmy Radcliffe) et leur immense « The Sun Ain’t Gonna Shine Anymore » (un titre de Frankie Valli des Four Seasons, adapté en fran¬ çais par Richard Anthony sous le titre « Le so¬ leil ne brille plus »). En 66, le trio enregistre « Deadlier Than the Male » pour le film du même nom, et en 67, place sa version de « Walking In the Rain » des Crystals dans le top 50 anglais, et se sépare. Tous trois enregistrent en solo : John Maus, sous le nom de John Walker, « Annabella » en août 67 (il est hué par le public du Palais des Sports le 1/6/67), et en quatre ans, Scott Walker publie une série d’albums romantiques et intello, dont les trois premiers ont un grand suc¬ cès en GB {Scott 2 y est n° 1 en 68). Il endosse l’habit de crooner, d’animateur TV en 69 et

Ne pas manquer leur compil de 91 After the Lights Go Out-The Best Ofthe Walker Brothers (2 CD Universal), et SW And the WB (19651993). IH Take It Easy With WB / Portrait / Images (Polygram)/Story* (Philips)I lmmorta\* ! Make It Easy On Yourself* (Contour) I Fabulous* (Wing) / Best Of* / Greatest Hits* / Spotlight On* (Philips) I No Regrets/Lines/Nite Flights (GTO)I After the Lights Go Out : Best Of 1965-67* / No Regrets : Best Of S.W. & WB 1965-76* (Fontana) I Mery Spécial Col¬ lection* (Pickwick) I Anthology* (One Way). S. Walker : Scott 1,2,3 & 4 (Philips)I Looking Back With S.W.* (Spalax)l Sings Songs From His TV Sé¬ riés* / Best Of* (Philips) / Til the Band Cornes In (BGO) / This Is S.W. 1 & 2* / The Moviegoer / Any Day Now (Philips)I Stretch / We Had It Ail (Colum¬ bia, rééd. BGO) I Best Of* (Contour)I Spotlight On* / Romantic* (Philips) / Fire Escape In the Sky* / Godlike Genius* (Zoo) / Sings Jacques Brel / Best Of* (Philips) / Climate Of Hunter (Virgin) / Boy Child : Best Of 1967-70* / Tilt (Fontana) / It’s Raining Today : Story Of* (Razor & Tie). *:Ü Another Tear Falls : An Appréciation Of S.W., par Jeremy Reed (Création Pub Group) / S.W. : A Deep Shade Of Blue, par Mike Watkinson et Pete An¬ derson (London Bridge Trade). http://www.sci.fi/~phinnweb/retro/scott/ http://www.saunalahti.fi/~olmi/scott/scottstart.html http://www.phaethon.ch/roger http://www-2.roughguides.com/rock/entries/entriesw/WALKER_SCOTT.html

The WALLFLOWERS Quintette rock formé en 90 par Jakob Dylan (né en 70, chant-guitare), fils de Bob Dylan et Sara Lowndes (un album solo avec la participa¬ tion de son mari). Après le divorce de ses pa¬ rents en 77, J.D. est élevé par sa mère à Los Angeles. Plus influencé par le rock de Tom Petty et « Sweet Jane » de Lou Reed que par

l’ombre de son père, il se lance à la fin des an¬ nées 80 avec les W. : Tobi Miller (guitare), Rami Jaffee (claviers), Peter Yanowitz (batte¬ rie) et Barrie Maguire (basse). Premier album éponyme ignoré en août 92. J.D. remanie sa formation avec Michael Ward (guitare), Mario Calire (batterie), Greg Richling (basse) et R. Jaffee. Sans profiter du nom de son père avec lequel il partage un timbre de voix assez semblable (en plus affecté) et un don certain de narrateur, il publie l’excellent Bringing Down the Horse en mai 96, produit par l’ami de la fa¬ mille T-Bone Burnett (n° 4 et 3 millions d’exemplaires vendus). Après « 6th Avenue Heartache », les W. obtiennent le hit national « One Headlight » en 97 qui remporte deux Grammy l’année suivante, dont celui de la « meilleure chanson rock de l’année ». CQFD.

w. (Virgin)I Bringing Down the Horse (Interscope-Universal).

B'B

http://www.jakobdylan.com/

JOE WALSH « J’encourage les guitaristes débutants à faire comme moi. Ecouter tous les trucs des anciens, trouver où ils les ont appris et reproduire le tout en travaillant dur. Une fois la technique as¬ similée, s’exprimer et jouer sans arrêt. Si quelqu’un débute maintenant et fait comme je dis, dans deux ou trois ans, il sera chaud. Et j’espère qu’il le sera, parce que alors je pourrai lui piquer ses trucs » (J.W., 75). Guitariste-compositeur-chanteur, né Joseph Walsh le 20/11/47 à Wichita (Kansas), élevé à Cleveland. Son premier groupe se nomme les Nomads (aucun rapport avec le groupe rock suédois). De 69 à fin 71, il écrit pour le trio Ja¬ mes Gang des réussites comme « Take a Look Around », « Walk Away » et « Funk n° 49 ». Sa carrière solo est encouragée par Jimmy Page, Eric Clapton et Pete Townshend dont il est l’un des guitaristes préférés. Après un premier al¬ bum, Barnstorm, il s’attache à une construction soignée de ses chansons, en texture et sonorité : phasing, écho, multipistes, sustain. Un son gras, fluide qui devient sa marque de fabrique. Des atmosphères oppressantes, truffées de solos dramatiques, qui se retrouvent dans « Rocky Mountain Way » en 73 (et sa « talking box » qui fera la fortune de Peter Frampton), le superbe « County Fair » en 75 (tiré de So What) et la version live de « Meadows » en 76, enregistrée avec son fidèle batteur Joe Vitale et trois mem¬ bres des Eagles. Il rejoint ceux-ci en 76 (en 733

JOE WALSH

d’adaptateur en anglais de Jacques Brel (« Jackie »). Angoissé, parano et passablement al¬ coolique, il passe des climats « spectoriens » au réalisme amer et sombre. Le baryton reforme les « Frères Walker » avec Maus et Leeds pour quelques disques sans grand impact, écrit en 72 le thème du film Moviegoer, publie un album de reprises Anyday Now en 73 et s’essaie à la country en 74 avec Stretch et We Had It Ail. Il s’enferme pour revenir en 84 en solo avec Climate Of the Hunter, un flop, et collaborer avec son disciple David Sylvian et en 95 avec un al¬ bum rock, Tilt, qui fera pâmer ses fans David Bowie, Mark Almond et Julian Cope qui a réa¬ lisé, en 81, la compil Fire Escape In the Sky The Godlike Genius OfS.W. (chez Zoo).

JOE WÂLSH

remplacement de Bernie Leadon), juste à temps pour profiter du phénoménal succès d'Hôtel California. Il co-écrit trois chansons seulement : « Life In the Fast Lane » (Hôtel Ca¬ lifornia), « In the City » (une version person¬ nelle dans la BO Warriors de Walter Hill en 79) et « The Sad Café » (The Long Run). Mais ses solos illuminent ces deux albums. Il est respon¬ sable de la montée chromatique d’« Hôtel Ca¬ lifornia », dont on trouve quelques bribes dans ses improvisations antérieures (« County Fair »). Il chante « Pretty Maids Ail In a Row », « In the City », joue des claviers et des guitares Gibson Les Paul 1959, Gretsch, et Fender Stratocaster. Ce musicien inventif, au style impres¬ sionniste, publie son meilleur album en 79, « But Seriously, Folks... », avec l’impressionnant « Life’s Been Good » et sa photo de pochette prise dans sa piscine à Santa Barbara. En 81, il délaisse son ami producteur (des Eagles aussi) depuis douze ans, Bill Szymczyk (« dès que j’ai su épeler son nom, j’ai détesté ce type »), pour un album qu’il produit lui-même, échec artisti¬ que et commercial. Grâce au manager Irving Azoff (alors directeur de la compagnie MCA), il compose pour le cinéma : « Ail Night Long » pour Urban Cowboy, « Waffle Stomp » pour Fast Times at Ridgemont High en 80 et 82. J.W. revient en 83 avec You Bought It, produit par Szymczyk. Il poursuit une carrière solo tran¬ quille, prêtant paresseusement son talent aux fermiers américains en colère (le Farm Aid du 19/9/87) ou à Ringo Starr en 89. Il fait partie de la reformation des Eagles en 94, du disque et de la tournée mondiale Hell Freezes Over, où ses pitreries recyclées agacent. Il a produit en 74 Souvenirs pour Dan Fogelberg, et participé à des séances pour Jay Ferguson, Rick Derringer, Bill Wyman, Keith Moon, Manassas, Warren Zevon, E.L.P., Ray Manzarek, Randy Newman (son discret travail sur Little Criminals), et John Entwistle en 81 (Too Late the Hero). ■ 'B Barnstorm / The Smoker You Drink, The Player You Get (Probe)I So What (Anchor)l You Can’t Ar¬ gue With a Sick Minci [live] / So Far, So Good : Best Of* (ABC)I « But Seriously, Folks... » / There Goes the Neighbourhood (Asylum) / You Bought It You Name It / The Confesser / Got Any Gum ? (Full Moon-WB) I Welcome To the Club* (Raw Power) I Ordinary Average Guy / Songs For a Dying Planet (Epie) I Night Riding (Castle) / Live / Look What I Did : Anthology* (MCA) I Future To This Life (Pyramid-Rhino) / Night Riding [live] (Castle) / AU the Best* (Pickwick)/Robocop : Sériés Soundtrack (Es¬ sential)/ Greatest Hits : Little Did He Know* (MCA).

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Les WAMPAS « Je chante toujours aussi faux et j’en suis fier ! » (Didier, 99). Ces champions généreux du « rock alternatif-keupon » portent, depuis 83 et Les Wampas... vous aiment en 90, la tor¬ che d’un rock hexagonal marginal, bordélique, en dehors des circuits établis, qui a conservé à la fin du millénaire toute sa fraîcheur. Leur chanteur, notre Iggy Pop français, Didier, en¬ fonce tout en matière de mauvais goût et de fo¬ lie douce provocatrice et, en 98, chante des his¬ toires de récré hallucinées, vante les mérites de Pompidou et se jette à poil dans la foule (la Saint-Valentin 99 à l’Elysée-Montmartre). Ü»M Tutti Frutti / Chauds, Sales et Humides / Les W.... vous aiment/Simple et Tendre / Trop Précieux / Toutafonlive (BMG)I Chicoutimi (Pias). http://perso.club-internet.fr/lepagnol/

WAR Un nom choisi en réaction au « peace and love » des hippies de la fin des années 60. Un groupe célébré en 93 par les rappers américains dans Rap Déclarés War où ses titres historiques sont samplés et où le combo joue en direct sur un titre. Cette réunion de musiciens s’appelait Nite Shift jusqu’à sa rencontre à Long Beach (Californie), en 69, avec l’harmoniciste danois Lee Oskar et l’ex-chanteur des Animais, Eric Burdon, lequel transforma son nom en War, car il était en guerre contre le conformisme et la connerie quotidienne. Thomas Sylvester Al¬ len (percussions-chant-trompette), Lonnie Jor¬ dan (claviers-chant), Howard Scott (guitarepercussions-chant), Harold Brown (batteriechant), Charles Miller (cuivres-percussionschant) et Peter Rosen (basse-percus-chant) font leurs débuts avec Oskar et Burdon, à San Bernardino (Californie) et à Newport au même programme que Jethro Tull et Creedence Clearwater Revival, devant 80 000 personnes. Ce groupe précurseur soul-jazz funky, de 72 à 76, au pouvoir explosif exceptionnel, d’une cohésion remarquable, où Oskar est remplacé par B.B. Dickerson et Papa Dee Allen (cla¬ viers-chant), est resté dans les mémoires. Après une jam avec Hendrix à Londres en juillet 70, deux albums incandescents de blues psyché avec le pionnier du rock-blues british Eric Bur¬ don (E.B. Déclarés War en 70, Black Man’s Burdon et son sommet de funk latino, Ail Day Music eh 71) et le départ de celui-ci en 71, sa production se fait plus sophistiquée, avec des climats chaleureux, sensuels dont The World 1s

a Ghetto en 72 (4 millions d’exemplaires) est un exemple original et réussi. Ses chefs-d’œuvre restent les étonnants « Gypsy Man », « The Cisco Kid » (n° 2), et Deliver the World (album n° 1 aux USA en février 73), véritable résumé des tendances de la soûl music des années 70. Une carrière consistante ponctuée des hits in¬ ternationaux « Low Rider » en 76, « Galaxy » en 78, « You Got the Power » en 82, des albums à succès (l’excellent Galaxy fin 77 et « Hey Senorita ») et la musique du film Youngblood, en 78, qui baignent dans la salsa moderne, la ballade à message et le disco. Après l’album War du groupe irlandais U2, War enregistra en 83 pour Life... un medley de titres de U2 ! Le groupe retrouva un certain succès en avril 85 avec une version de « Groovin’ » des Rascals (produite par l’inamovible Goldstein). Et Ha¬ rold Faltermeyer leur écrit « Sin City » pour la BO du film Fatal Beauty (avec Whoopi Goldberg) en 87. Papa Dee Allen succombe fou¬ droyé par une hémorragie cérébrale à 57 ans en pleine tournée à Vallejo (Californie) fin sep¬ tembre 88. Un immense Greatest Hits 76.

E. Burdon & War : Déclarés War / Black Man’s Burdon (Atlantic). Lee Oskar : United Artists, Elektra, Avenue.

ANDY WARHOL « Le vœu d’Andy se réalisa. Il devint le grand prêtre du goût, du glamour, du sexe, de la mode, du rock’n’roll, du cinéma, de l’art, des potins et de la vie nocturne. Il fut le confesseur des gosses égarés avec tous leurs problèmes : drogue, sexe, argent, famille » (Ultra-Violet, 89). Né Andrew Warhola le 6/8/28 à Pittsburgh (Pennsylvanie), mort à New York le 22/2/87. Avec Roy Lich¬ tenstein, Claes Oldenburg, Rosenquist et Wesselmann, l’un des instigateurs du mouvement pop art new-yorkais de la fin des années 50. Se¬ lon le théoricien du pop, tout est objet de con¬ sommation, « mon but est que l’art devienne un objet de consommation courante, comme moimême... » : sa boîte de soupe Campbell, ses bou¬ teilles Coca-Cola, et ses portraits de Marilyn, Elizabeth Taylor, Che Guevara, Elvis, Jimmy

■ ^ Ultra Violet, ma vie avec Andy Warhol, par Isa¬ belle Dufresne (Albin Michel).

MM Exploding Plastic Inévitable, de Ronald Nameth. http://www.imv.aau.dk/~jfogde/ http://www.clpgh.org/warhol/

WAS (N0T WAS) David Weiss et Don Fagenson, qui ne sont pas frères et ne s’appellent pas Was, cuisinent dans leur ville métissée de Detroit une musique fofolle de bons vivants, funk-rock, avec un doigt 735

(SVM ION) SV

■ü W. / Ail Day Music / The World Is a Ghetto / De¬ liver the World / Live ! / Why Can’t We Be Friends / Greatest Hits* {United Artists-Rhino) / Platinum Jazz (Blue Note)/Galaxy /Youngblood (MCA)/The Music Band vol. 1 & 2* (Rhino) I Music Band Live (MCA)I Outlaw / Best Of* / Life (Is So Strange) (RCA)I Music Band : Jazz* (MCA) / Best Of & More : Remixes* (Priority) / Anthology* (Rhino) I On Fire* (Thunderbolt)l Peace Sign (Avenue-BMC)/ Don’t Let No One Get You Down / Collection Latina* (Rhino).

Carter, bouleverseront les canons de la peinture moderne. Ce roi des fêtes new-yorkaises, génie des relations publiques, s’intéresse au cinéma, favorise la carrière de Paul Morrissey et réalise Nude Restaurant et Bike Boy. L’amateur de vio¬ let et de fluo est à l’origine de la Silver Factory (usine désaffectée reconvertie dans l’art indus¬ triel), d’une chaîne de télé A.W. TV au début des années 80 et d’une tournée de manifesta¬ tions qui mêlent, dans les années 60, peinture, photo, sculpture et musique sous le nom de The Exploding Plastic Inévitable (le film de Ronald Nameth en 66). A.W. met sur orbite le Velvet Underground en 66 et signe des pochettes de disques inoubliables pour le Velvet (la banane de leur premier album), les Rolling Stones (Sticky Fingers et sa braguette fermeture Eclair), Diana Ross, Rick Nelson, Kenny Burrell. L’artiste américain emblématique de la se¬ conde moitié du xxe siècle est le premier à avoir dit : « à l’avenir, chacun sera célèbre quinze mi¬ nutes », slogan repris par Bowie dans Heroes et détourné par Sugar Ray en 99 :14:59. Au prin¬ temps 89, quelques mois après la mort de l’une de ses égéries, Nico, le créateur du magazine In¬ terview décède à New York. Bowie écrit à son sujet une célèbre chanson de l’album Hunky Dory en 71, l’interpelle dans « I Can’t Read » sur l’album de Tin Machine et l’interprète au ci¬ néma en 97. Lou Reed lui dédie « Andy-Honey » sur New York. Lou et John Cale se retrou¬ vent en 90, pour la première fois depuis le début des années 70, pour un « requiem » de leur com¬ position à sa mémoire, Song For Drella, dimi¬ nutif de Cinderella, son pseudonyme. Les mé¬ moires salées du dandy new-yorkais Andy Warhol’s Diaries, publiées en été 90 chez War¬ ner Books, déclenchent une vingtaine de procès en diffamation ! Un film de Mary Harron à sa gloire en 96 : / Shot Andy Warhol, dont la chan¬ son-titre est écrite et produite par John Cale. Le peintre rock a donné son nom aux Dandy Warhols.

WAS (NOT WÂS)

de jazz. En compagnie des voix (noires) de Harry Bowens et Sweet Pea Atkinson, ces ins¬ trumentistes-producteurs qui fuient les clichés musicaux de leur ville d’origine emploient, à partir de 80, les meilleurs musiciens, et devien¬ nent l’une des attractions de la musique dan¬ sante jouissive des années 88-89 (« Out Corne the Freaks »). Ils font chanter en duo Ozzie Osbourne avec Kim Basinger, et interpréter à Leonard Cohen « Elvis’ Roll Royce ». Après « Wheel Me Out » qui les fait connaître, une version rap de « Papa Was a Rolling Stone » et « Spy in The House Of Love », leur tube « Walk the Dinosaur », de What’s Up, Dog ? (« Somewhere In America There’s a Street Named After My Dad »), est un succès tardif aux USA en 89. La même année, Don Was pro¬ duit l’album de Bonnie Raitt Nick Ofthe Time, après avoir donné en 88 une version de « Baby Mine » de Dumbo de Walt Disney (A&M) en compagnie de Miss Raitt, puis en 89, le cin¬ quième album des B-52’ s Cosmic Thing. Don Fagenson devient l’un des grands producteurs américains des années 80-90 : les Rolling Stones, Paul Westerberg, Khaled, Bob Dylan, Bonnie Raitt, Iggy Pop, Ofra Haza, etc., et réa¬ lise en 94 le documentaire I Just Wasn’t Made for these Times sur Brian Wilson. fljJi Was (Not Was) (Island)/ Born To Laugh At Tornadoes (Geffen)l What’s Up, Dog ? / Are You Okay ? / Hello Dad, I’m In Jail* (Chrysalis) / New Steak Trend* (PolyGram)l Was Not* (Polydor).

WASP Groupe heavy métal de Los Angeles des an¬ nées 80. Le chanteur-guitariste Steve Duran, dit « Blackie Lawless », né à Staten Island (New York), remplace brièvement David Johansen chez les New York Dolls en 75, s’ins¬ talle à LA où il se lie avec Nikki Sixx, futur Môtley Crüe, forme Circus Circus en 80, et Sister en 81 avec le guitariste Chris Holmes. Dé¬ but 82 le duo fonde WASP (White AngloSaxon Protestant) avec Don Costa (basse, futur O. Osbourne), remplacé par Randy Piper (exLA Rocks), puis Johnny Rod, et une série de batteurs. En 83, WASP émerge de la meute heavy américaine en proposant un show outrancier où « Blackie » mime la torture d’une fille nue, boit du sang dans un crâne et balance de la viande crue sur les premiers rangs. Sa ré¬ putation gore s’étend rapidement. « Animal (I Fuck Like a Beat) » provoque des controverses (maison de disques, magasins, médias), suivi en août 84 d’un premier album sauvage et d’une 736

tournée européenne (au Forum des Halles à Paris en octobre). WASP donne des versions dures de « Paint It Black » des Stones et « Mis¬ sissippi Queen » de Mountain. Ses provoca¬ tions morbides et diaboliques influencées par Black Sabbath et Kîss sont sa meilleure publi¬ cité : mais la « Ligue contre le sexe et le diable dans la musique » (sic !) freine la carrière de son album éponyme. Fin 85, un deuxième al¬ bum plus tranquille (avec synthés) est dénigré et sa pochette censurée à cause de la présence de l’Ayatollah Khomeyni. Malgré « I Don’t Need No Doctor » (d’Ashford et Simpson dans la version Humble Pie), Inside the Electric Cir¬ cus est un nouvel échec commercial en 86, et c’est un WASP BCBG, débarrassé de sa bou¬ cherie, qui remplit le Parc omnisport de Bercy en novembre. Après un passage saignant au fes¬ tival de Castle Donnington en août 87, un Live Best Of retravaillé en studio, une version publi¬ que de « Animal » et le thème « Scream Until You Like lt » pour le film d’horreur Ghoulies 2, Lawless met deux ans à peaufiner le surprenant The Headless Children publié en 89, brûlot an¬ tidrogue bien ficelé. Suivi dix ans plus tard d’un double live bien fade malgré son titre.

BU WASP / The Last Command / Inside the Electric Circus / Live... In the Raw / The Headless Children

{EMl-rééà. Axe Killer-Arcade) / Still Not Black Enough (Raw Power) I Double Live Assassins / Helldorado (CMC International). EU Live At the Lyceum / Videos... In the Raw (Intl. Video) / WASP (Coast to Coast). http://www.geocities.com/SunsetStrip/Arena/3793/ blackie.html

The WATERBOYS / MIKE SCOTT L’Ecossais prolétaire d’Edimbourg, né le 14/12/ 58, Mike Scott, ex-Another Pretty Face (disco¬ graphie New Pleasures et Virgin), ex-Funhouse (discographie Ensign) publie sous le nom de W. (d’après une ligne de « Kids » de Lou Reed) un premier single imparable « A Girl Called Johnny », en hommage à Patti Smith, repris sur l’album The Waterboys, marqué par Dylan, Co¬ hen et Van Morisson, dans lequel il joue de la plupart des instruments et chante, aidé par le saxophoniste anglais Anthony Thistlethwaite. Premiers concerts en février 84. Durant l’été, A Pagan Place et le single « The Big Music » vé¬ hiculent un rock énorme, sans frein entre élec¬ trique et acoustique, et la voix gaélique d’un Scott fiéweux. En septembre 86, This Is the Sea, avec la complicité de Thistlewthwaite, Karl Wallinger (basse-claviers), de Kevin Wilkinson

■ W. / A Pagan Place / This Is the Sea / Fisher¬ man’s Blues / Room To Roam / Best Of 1981-90* (Ensign) / The Secret Life of The W. 81-85* (EMI) I Dream Harder (Geffen)I The Whole Of the Moon : Music Of M.S. & W.* (EMI). M. Scott : Bring ’em Ail In / Still Burning (Chrysalis). http://www.vgernet.net/nmoreau/water.scott/ water.shtml http://leader.linkexchange.eom/l/X787531/ showiframe

MUDDY WATERS « Il est le plus grand parmi les grands » (B.B. King, 75). Le plus grand compositeur et chanteur du Chicago blues. M.W. a écrit un morceau qui a donné son nom au plus grand groupe de rock du monde, une chanson au plus grand poète rock, et son titre au plus célèbre magazine rock amé¬ ricain. Né McKinley Morganfield à Rolling Fork (Mississippi) le 4/4/15, élevé sur la plantation de

coton Stovall à Clarksdale, où il est découvert en août 41 par le musicologue Alan Lomax. Surnommé « Muddy Waters » (littéralement « eaux boueuses ») par sa grand-mère. Etabli à Chicago en mai 43, il joue avec Big Bill Broonzy. En 45, son oncle lui achète sa pre¬ mière guitare électrique. En 48, un premier disque sous son patronyme, « I Can’t Be Satisfied », est un hit mineur, et son premier enregis¬ trement pour Chess, le fameux « Rolling Stone », est un succès national. Peu après, il forme un orchestre légendaire à géométrie va¬ riable qui comprendra les harmonicistes Little Walter, puis James Cotton et Paul Oscher, le pianiste Otis Spann (à partir de « Mad Love » en 53, et qui restera seize ans), et le fidèle Jimmy Rogers (guitare), formation séminale re¬ doutable, surnommée « les chasseurs de têtes », qui va déclencher dans la « Windy City » l’ex¬ plosion du genre et l’immigration des I resmen du Sud. De 47 à 53, il enregistre ses premiers grands titres : « Louisiana Blues », « Long Dis¬ tance Call », « She Moves Me », « Mad Love », « I Can’t Be Satisfied », « I’m Ready ». Il tourne aux USA avec son Chicago Blues Band et, de 54 à 60, enregistre ses meilleurs mor¬ ceaux : « Hoochie Coochie Man », « Just Make Love To Me » (écrits par son contrebassiste Willie Dixon), « Mannish Boy », « Close To You ». Il se rend en Europe en 58 où il est ac¬ cepté par les amateurs de jazz, et favorise l’éclosion du « blues-boom » anglo-américain. Ce personnage unique de l’après-guerre ré¬ sume, dans sa démarche musicale, le passage du blues rural du Sud des USA au blues des mé¬ tropoles. Un technicien hors pair qui a appris le bottleneck (slide) auprès du grand Son House et défriché la technique de l’amplifica¬ teur et de l’orchestration rock (rythmique so¬ lide avec guitare rythmique). Harmoniciste et chanteur à la voix dramati¬ que dont les textes traitent souvent de la magie, M.W. écrit ou chante le répertoire classique du blues : « I’ve Got My Mojo Working », « Honey Bee », «Tiger In Your Tank», «You Shook Me », « She’s 19 Years Old », « Rollin’ and Tumblin’ » . Il est le bluesman favori de nombreux groupes rock comme les Rolling Stones. Et du Band avec lequel il enregistre en 75 le Woodstock Album où figure Paul Butterfield, et qui l’invite à participer à son concert d’adieu filmé et enregistré : The Last Waltz (78). Son orchestre est stabilisé dans les an¬ nées 70 avec l’imbattable section rythmique Calvin « Fuzz » Jones (basse) et Willie « Big 737

UDDY WATERS

(batterie), du trompettiste Roddy Lorimer et du violoniste Steve Wickham, concrétise la qualité d’une musique authentique, juteuse, qui éclate sur le single « The Whole Of the Moon » classé en GB. Après trois ans de silence irlan¬ dais et le départ de Wallinger, les W. revien¬ nent en 89 après un virage folk et pour une tournée anglaise à guichets fermés (où ils re¬ prennent « Je t’aime moi non plus » de Serge Gainsbourg). Leur nouvelle vision musicale est matérialisée par le tonique Fisherman’s Blues, l’un des meilleurs disques des années 80, à l’ins¬ tigation de l’Irlandais Steve Wickham. Vingt ans après Astral Weeks (de Van Morrison, auquel il emprunte « Sweet Thing »), Scott de¬ mande des nouvelles de Hank Williams (« Has Anybody Seen Hank ?), raconte avec humour sa vie amoureuse (« A Bang On the Ear ») et adapte magnifiquement le « Stolen Child », poème de William Butler Keats, en compagnie du chanteur traditionnel Tomas McKeown. Le groupe de plus en plus folk compte un temps sept musiciens dont l’accordéoniste irlandais Sharon Shannon, puis se sépare après un Best Of91. Wallinger a fondé World Party (Private Révolution, n° 4 en GB en 87, Ensign-Chrysalis). Et l’imprévisible M. Scott, le nouveau Van Morrison qui a produit Sawdoctors en 89, se lance en solo en 93 avec Dream Harder (le hit anglais « Return Of Pan » sur Geffen) et en 95 Bring’ em Ail In (Chrysalis). Après avoir joué pour Robert Fripp, les Proclaimers, Squeeze, Fish et Howard Jones, K. Wilkinson s’est sui¬ cidé le 17/7/99.

M UDDY WATÉRS

Eyes » Smith (batterie), Joe Willie « Pinetop » Perkins (piano), les harmonicistes George Smith ou George « Mojo » Buford, et les guita¬ ristes Louie Myers, Bob Margolin et John Pri¬ mer. Après une période discographique médio¬ cre, Johnny Winter produit en 77 son sensationnel Hard Again où il chante : « The Blues Had a Baby And They Named It Rock’n’Roll. » En 78 il publie Muddy « Missis¬ sippi » Waters Live qui témoigne dé sa vigueur et de sa place éminente : celle d’un des pères de la rock music et du roi incontesté du Chi¬ cago blues. Il apparaît dans les films Chicago Blues, The Blues is Alive and Well in Chicago (70), Dynamite Chicken (71), et écrit Music For Groups en 70. « The Living Legend » meurt dans son lit d’une crise cardiaque le sa¬ medi 30/4/83 à Westmont (Illinois), un an après un concert mémorable avec Eric Clapton à Miami. Succès posthume en 88 : « Mannish Boy », utilisé pour le spot pub TV d’une autre institution américaine, les jeans Levi’s. La même année, ZZ Top ouvre un musée du blues dans sa maison natale à Rolling Fork. Albumhommage de Paul Rodgers en 93, et du Muddy Waters Tribute Band en 97 : You Gonna Miss Me (When I’m Dead & Gone) chez Telarc Blues. Son fils Big Bill Morganfield publie son pre¬ mier album début 99 chez Blind Pig, enregistré en compagnie d’anciens musiciens de son père, B. Margolin, W. Smith et l’harmoniciste vir¬ tuose (et guitariste) Paul Oscher (auteur en 96 de The Deep Blues of P. O. chez Blues Planet Records, et de l’épatant Knockin’ on the Devil’s Door chez Viceroots). Dans le dédale de sa discographie foison¬ nante, à conseiller : les compilations Chess His Best 1956-64, les coffrets The Chess Box et The Complété Muddy Waters 1947-1967, et Fathers & Sons, London Sessions, Woodstock Album, Hard Again, Mississippi M.W. Live, M.W.Paris, 1972 (à la salle Pleyel).

E3 M.W. EP / Mississippi Blues EP / Best Of* / At Newport/Folk Singer/M.W./Sings Big Bill Broonzy / Real Folk Blues / Muddy, Brass & the Blues / More Real Folk Blues / Avec B. Diddley & L. Walter : Su¬ per Blues / Avec B. Diddley & H. Wolf : Super Blues Band (Chess) / Down On StovalPs Farm 1942 (Bounty) / Blues Man (Polydor) / Vintage Mud* (Sunnyland)l Electric Mud / After the Rain / Fathers & Sons : Live With Paul Butterfield & Mike Bloomfield / Sail On / Back In the Good Oid Days* / Good News / We Three Kings [+ H. Wolf & L. Walter] / They Call Me M.W.* / McKinley Morganfield* / Live At Mister Kelly’s / London Sessions / Can’t Get No Grinding / « Unk » In Funk / Woodstock Album /

738

Chess Masters 1-3* (Chess) / Mud In Your Ear* (Muse)/Hard Again / I’m Ready / Mississippi Muddy Waters Live / King Bee / Hoochie Coochie Man* (Blue Shy) I Blues Sky* (Sony) / In Concert 1958 (Krazy Kat) / Rollin’ Stone* (Blue Moon) / Sweet Home Chicago* (Astan)l 20 Blues Greats* / Collec¬ tion* (Déjà Vu)Il Can’t Be Satisfied* (Showcase)l Live In Antibes 1974* (Bold Reprieve) / Chicago Blues* (Instant) / 20 Blues Classics* (Mainline) / Live In Switzerland 1-2* (Velvet) / Essential Recordings* (Quality) / Goin’ Home : Live In Paris ‘70* (Fan Club)/Rock Me* / Funky Butt* / Got My Mojo Working* (Charly) / Rare & Unissued vol. 1 & 2* / Folk Singers* / Trouble No More : Singles 1955-59* / Chess Box* [3 CD] / Complété M.W. 1947-67* [in¬ tégrale 9 CD] (Chess) / Chicken Shack* / Mud In Your Ear* (Jazz Horizon)! 16 Greatest Hits* (Sony) / First Recordings 1946* (Document) / Goodbye Newport Blues* (Blue Moon) / Hoochie Coochie Man* / Live At Newport* / Chicago 1979 Live* / Very Best Of* / In Concert* (Charly) ! Legendary* / His Best 1956-64* (MCA)I Collaboration* (Rhino)l EP Collection* (See For Miles) / Paris, 1972 (PabloWEA)I Complété Plantation Recordings 1941-42* / One More Mile* (Chess 50th) I King Of the Eleetric Blues* (Sony)! M.W. & Friends* / Goin’ Way Back*

(Just a Memory). B:B Chess Blues, par Les Fancourt / M.W., par Fran¬ cis Hofstein (Actes Sud)/The Mojo Man, par Sandra B. Tooze, préface d'Eric Clapton. http://www.muddywaters.com/home.html http://www.blueflamecafe.com/default.htm

ROGER WATERS George Roger Waters, né le 9/9/44 à Cam¬ bridge (Great Bookham, GB). Bassiste-chan¬ teur-compositeur-auteur révélé au sein de Pink Floyd en 1966. Le deuxième leader du groupe, longtemps son auteur principal, l’architecte responsable de The Wall en 79 brise peu à peu l’impressionnisme pastoral et cosmico-technologique de l’ancienne formation de Syd Barrett. En 83, après la publication du décevant Final Cut qui semble mettre le point final au récit de son aliénation, il quitte officiellement PF. Pour la tournée qui suit The Pros and Cons OfHitchHiking, il fait appel à Eric Clapton bien mal employé en mai 84. Il perd son procès contre Gilmour et Mason sur la paternité du nom Pink Floyd en 86. Il rameute le chanteur-claviers Paul Carrack, le guitariste Andy FairweatherLow et un groupe de sept membres, le Bleeding Heart Band, et parcourt les USA et l’Angle¬ terre, utilisant les animations de Gerald Scarfe pour illustrer les grands titres du Floyd ; celuici de son 'côté reprend la route (avec souvent les mêmes titres !), regroupé autour de Gil¬ mour et Mason. Malgré la présence de Paul

■Ü The Pros and Cons Of Hitch-Hiking / Radio KAOS (Columbia) I The Wall : Live In Berlin (Mer¬ cury,!/Amused To Death (Columbia). Avec Ron Geesin : Music From the Body (Harvest). http://www.roger-waters.com

JOHNNY GUITAR WATSON « C’est mon *@ ! # % ŸHero ! » (Jimmy Vaughan, 99). Une influence évidente sur George Clinton, Sly Stone, Prince. Guitariste-chan¬ teur-compositeur né le 3/2/38 et élevé à Hous¬ ton (Texas). Fils d’un pianiste, il vient à Los Angeles à 15 ans, et gagne plusieurs concours de guitare, fait partie des orchestres de blues et de rhythm & blues de Chuck Higgins et Amos Milburn, et apprend le piano et le chant. Il en¬ registre pour les labels Combo, Fédéral, RPM de 54 à 56, pour Keen avec Bumps Blackwell et pour King en 61. Il accompagne Larry Williams (notamment en Angleterre) et enre¬ gistre avec lui pour Decca en 65. Il fréquente pendant dix ans les clubs de la région où il se fait un nom de formidable guitariste-showman. Influencé par T-Bone Walker et Clarence Brown, son jeu bluesy, fin et délié, allie techni¬ que et feeling frénétique, et influence Jimi Hendrix et Frank Zappa, en particulier le solo de « Three Hours Past Midnight » (chez Okeh), titre qu’il compose, tout comme les fameux « Gangster Of Love » et « Cuttin’ In » (« Ex¬ cuse-moi partenaire » par Johnny Hallyday, qui le reprendra également dans « Pour moi tu es la seule »). En 75, il visite l’Europe qui décou¬ vre son style personnel, funk paisible aux ac¬ cents sexy, ponctué de solos nerveux et d’effets. Il développe la technique du chant « scat » et de la « talking box » chère à Joe Walsh et Peter Frampton. Et signe l’année suivante avec le la¬ bel anglais DJM, obtient un hit mineur avec « I Need It », et publie en 77 un formidable album funk, A Real Mother, dans lequel il assure avec goût les parties de claviers, chant et guitare. « A

Real Mother For Ya » est un hit moyen en 77 qui ne parvient pas à imposer ce musicien atta¬ chant, en dépit de la qualité constante de sa production discographique. Il joue pour George Duke et chante pour F. Zappa dans One Size FitsAll en 75, l’année de IDon’t Want To Be Alone, Stranger. Et il revisite son stan¬ dard shuffle « Gangster Of Love » en 78. Dix ans plus tard, il déplace quelques fans parisiens dans un théâtre à Clichy. Il tourne au début des années 90, et publie Bow Wow en 94 sur le la¬ bel Bellmark d’Al Bell, l’ancien patron de Stax, avec son fidèle organiste et choriste Rudy Copeland, où il « scatte » « Johnny G. Is Back » sans avoir rien perdu de sa verve. J.G.W. meurt le 17/5/96 d’une crise cardiaque sur la scène du Blues Café à Yokohama (Japon), au moment où il allait signer sur Code Blue, le label du pro¬ ducteur Mike Vernon.

lïfÆ

Bil'H Gangster Of Love [1958] / J.G.W. (King) I The Blues Soûl Of J.G.W. / Bad (Chess) I Two For the Price Of One [avec Larry Williams]/J.W. Plays Fats Waller In the Fats Bag (Okeh)l Listen/I Don’t Want To Be Alone, Stranger (Fantasy, rééd. Ace) / Captured Live / Ain’t That a Bitch / A Real Mother For Ya / Funk Beyond the Call Of Duty / Gangster Of Love [1978] / Giant / Imphasion [avec Papa J. Creach] / Extra Disco Perception [avec The Watsonian Institute] / What the Hell Is This ? / Love Jones / J.G.W. & The Family Clone / Very Best Of* (DJM) i That’s What Time It Is (A&M)i Strike On Computers (Val¬

ley Vue) / I Heard That ! * / Gettin’ Down With J.G.W.* (Chess) I Hit the Highway* (Ace) I Three Hours Past Midnight* (Flair) / Gangster Of Love* [1991] (Charly) I Bow Wow (M-Head)l Gangster Of Love : Best Of* (Castle)l Hot Just Like TNT* (Ace) / Lone Ranger* (Fantasy) / Bow Wow (Wilma Re-

cords-Bellmark-Life)/The Very Best Of* (Rhino). A ne pas confondre avec le bluesman Johnny «Jimmy» Watson, et Melvin Ragin «Wah Wah » Watson, le guitariste de studio, pour Motown en particulier, et Michael Jackson, Herbie Hancock et Billy Preston, entre autres. B»H Elementary (Columbia).

WEATHER REPORT « Nous jouons quelque chose qu’on ne peut toucher, mais que l’on sent ! » (Joe Zawinul). Le « bulletin météo », une institution de la fu¬ sion jazz-rock des années 70. L’Autrichien Joe Zawinul (7/7/34, Vienne) arrive aux USA en 59 pour étudier au collège de musique de Berke¬ ley à Boston. Il abandonne ses études pour re¬ joindre le groupe du trompettiste May nard Ferguson et rencontre pour la première fois le 739

WEATHER REPORT

Carrack et d’une pyrotechnique impression¬ nante, sa tournée et son disque-concept sur le chaos des radios seront un fiasco, alors que le PF redevient, en 87-88, l’une des toutes premiè¬ res attractions du circuit rock mondial. Et le pe¬ sant Pink-Waters nous gratifiait en 90 d’une version « all-stars live » de The Wall pour incon¬ ditionnels, enregistrée à Berlin (avec The Band, Cyndi Lauper, Scorpions, Joni Mitchell, Sinead O’Connor, etc.) et en 92 d’un Amused To Death sans intérêt. Projet d’opéra classique en 99, Ah, ça ira, autour de la Révolution française.

WEATHER REPOR

saxophoniste noir Wayne Shorter (25/9/33, Newark). Il joue avec Dinah Washington, Yusef Lateef et Joe Williams avant de collabo¬ rer avec le saxo Julian Adderley (auquel il donne en 67 « Mercy, Mercy, Mercy », l’un des rares hits jazz en single). A la fin des années 60, les chemins de Joe et Wayne se croisent à nou¬ veau à l’occasion d’un enregistrement avec Mi¬ les Davis. Shorter joue avec le batteur Art Blakey et Horace Silver, passe du sax ténor au soprano, et enregistre avec Miles Miles In the Sky, Nefertiti, Filles du Kilimandjaro, In a Silent Way (titre de l’une des compos de Zawinul) et Bitches Brew (70, autre compo de Zawinul). Après ce dernier album, Zawinul et Shorter forment, en mai 71, WR avec le bassiste tchè¬ que Miroslav Vitous, le batteur Alphonse Mouzon et le percussionniste Airto Moreira, et jouent une musique presque planante. Après I Sing the Body Electric en 72 avec Eric Gravatt (batterie) et Um Ramao (basse) et le départ en 75 de Vitous, la formation se stabilise autour de Zawinul, Shorter, Ndugu (batterie), Alphonso Johnson (basse), Alyrio Lima (percus¬ sions). Sa musique originale est construite par petites touches nuancées et marie parfaitement harmonie, rythme et mélodie (empruntés aux différentes cultures et ethnies mondiales). Mysterious Traveller (74) et Taie Spinnin’ («Badia »), l’année suivante, accrochent le public rock ; ses réécritures synthétisées d’accents de La Nouvelle-Orléans, du Portugal, de l’Ethio¬ pie et d’ailleurs, puzzles exploités en thèmes courts, donnent lieu à des interventions solo ex¬ plosives à la Hendrix. Sortie en avril 76 du re¬ marquable Black Market (« Gibraltar »), enre¬ gistré avec les participations de l’ex-Mothers of Invention Chester Thompson (batterie), Jaco Pastorius (basse) et Alejandro Neciosup Acuna (percussions). L’arrivée de Pastorius (« un phé¬ nomène », Herbie Hancock), bassiste, composi¬ teur (« Tee Town », « Havona », « River People » et « Punk Jazz ») et coproducteur, marque une étape importante dans une carrière qui connaît la réussite avec Heavy Weather, som¬ met du jazz-rock (« Birdland »), Mr. Gone et le double live 8 : 30 au groove expressionniste.

Le départ de Pastorius pour le projet Wordmouth après de grands moments (« Cannon Bail », « A Remark You Made ») qui l’auront vu révolutionner la fonction et le son de la basse électrique, puis l’engagement en 83, pour Procession, des bassistes Victor Bailey, batteur Omar Hakim et percussionniste José Rossy marquent un nouvel épisode dans le trajet 740

aventureux d’un groupe élu en 83 pour la sep¬ tième année consécutive « meilleur groupe jazz américain » (et Shorter meilleur saxo soprano pour la treizième année). Heavy Weather et M. Gone ont été classés meilleurs albums jazz des années 77-78. Cette cellule musicale libre et structurée (« We Always Solo And We Never Solo »), marquée par la technique, le sens de l’orchestration et des couleurs de Zawinul (« Jungle Book », « Badia », « Five Short Stories », « Black Market », « Gibraltar », « Young And Fine », « Mysterious Traveller », « Sweetnighter »), et la puissance, le souffle et le raffi¬ nement de Shorter (« The Elders », « Elégant People », « Harlequin »), utilisera pour la pre¬ mière fois la voix humaine (celle de Janet Siegel de Manhattan Transfer) dans Procession en 83 et sera disque d’or au Japon avec 8 :30 (où figure Pete Erskin. à la batterie) et Night Passage, et Grand Prix du disque en France avec Mr. Gone. Une influence majeure sur les expériences groove-fusion des années 90. A la dissolution du Pink Floyd de la fusion en dé¬ cembre 86, Zaw’, qui a joué quinze ans sans guitariste, fonde Weather Update avec Erskine et Steve Kahn, puis avec le guitariste Scott Anderson, The Zawinul Syndicate. Dans The Immigrants, en 88, il met l’accent sur les voix (neuf au total, dont Lynne Fiddmont) et le funk. A la fin du siècle, de plus en plus africain, il produit Amen du Malien Salif Keita en 91 et My People (Sony), et joue une musique « to¬ tale » entre world, funk, jazz et rock, en com¬ pagnie de l’immense petit batteur Paco Sery (Sixun) et de Richard Bona, basse. Shorter, qui avait été progressivement marginalisé au sein du Weather, forme après trois albums solos avec Carlos Santana, un groupe instrumental où l’on retrouve l’une des fabuleuses rythmi¬ ques du Santana Band : le bassiste Alphonso Johnson et le batteur Ndugu Chancler. Il joue dans les années 80 avec Joni Mitchell, Steely Dan, Pino Daniele, Milton Nascimento.

Efl WR /1 Sing

the Body Electric : Live / Sweetnighter / Mysterious Traveller / Taie Spinnin’ / Black Market / Heavy Weather / Mr. Gone / 8 : 30 Live / Night Passage / Procession / Domino Theory / Sportin’ Life / This Is This / Greatest Hits* (Columbia) I Collection* (Castle). Wayne Shorter : Blue Note, GNP, Columbia, Liberty,

Vee-Jay, Charly, Verve. Joe Zawinul : Fresh Sound, Atco, Columbia, RST,

Philips. http://members.harborcom.net/-jmayer/jordu/ main.htm http://members.aol.com/tomstr/jacodiscog.html

Une institution rock typiquement british. Né John W. le 25/5/58 à Woking (Surrey), il avait, en 98, déjà classé 23 albums et 54 singles dans le top 40 anglais ! Avec The Jam dont il fut le pilier énergique dès l’âge de 17 ans et jusqu’en 82, puis Style Council pendant huit ans, le « modfather » est passé du punk tendance mods et prolo au rhÿthm & blues et à la popjazzy-soul avec des textes socialisants, souvent engagés et militants. L’un des grands de l’écri¬ ture rock anglo-saxonne, concis, fougueux, ad¬ mirateur de Ray Davies (qu’il a repris avec Jam), Steve Mariott et Peter Townshend et des Who, saignant sur scène, a peu été touché par les modes qui ont traversé les décennies 70-8090 dont il fut l’un des rois en GB. Après deux années de silence, il se lance en solo en 92 avec un groupe proche du rhythm & blues. Abrasif et élégant, le soul-man signe en 94 un immense Wild Wood, puis Stanley Road (d’après la rue de son enfance), énorme vente en GB, in¬ fluencé par Neil Young et Traffic, et continue à incendier les scènes europénnes. En 95, il a enregistré, avec Noël Gallagher d’Oasis et Paul McCartney, une version de « Corne Together » des Beatles pour l’album de charité Help. ■Ü P.W. / Wild Wood / Live Wood / Stanley Road (Go ! Discs-Barclay)/ Heavy Soûl / Modem Classics : Greatest Hits* (Island). http://www.columbia.edu/-als3/splinter.html http://dnausers.d-n-a.net/dnetZPMY/weller/ start.html

Fox (pour une somme faramineuse à l’époque). La légende raconte que son ex-label découra¬ gea les stations de radio de programmer ses nouveaux titres... Sans S. Robinson, M.W. ne peut renouveler ses succès, sauf sur le marché rhythm & blues en 65 (« Use Your Head ») et en 66 (« Dear Lover » chez Atco). On l’entend en 69 (« Never Give a Man the World » avec son deuxième mari Cecil Womack, de Womack & Womack et frère de Bobby W.), en 74 (« If You Can’t Give Her Love ») et en 82 (« Gi¬ golo »). Elle meurt d’un cancer de la gorge à Los Angeles le 26/7/92. El Bye Bye Baby, I Don’t Want To Take a Chance / The One Who Really Loves You / Two Lovers / On Stage / Two Lovers & Other Great Hits* / Together / Sings My Guy / Greatest Hits* (Motown) I M.W. / Love Songs Of the Beatles (20th Century) / Ooh (Movietone) / Vintage Stock / My Baby Just Gares For Me (Motown)ITwo Sides Of (Atco)l Servin’ Up Some Soûl (Jubilee) / In And Out Of Love (EPK) / The Old, the New & the Best* (Allegiance)l Compact Command Performances* (Motown) / Keeping My Mind On Love (Quality) / Looking Back 1961-64* (Motown) / Complété Jubilee Sessions* (Sequel) / Best Of* (Pilz) / Ain’t It the Truth : Best Of* (Varese) I Dear Lover : Atco Sessions* (Ichiban) / You Beat Me To the Punch / Early Classics* (Motown)/ Never Never Leave Me : 20th Century Sides* (Soûl Classics) / Very Best Of* (Hot Productions) / My Guy : Very Best Of* (Aim) / Ultimate Collection*

(Motown).

WENDY & LISA (voir PRINCE) WEST, BRUCE & LAING

MARY WELLS Chanteuse soûl née le 13/5/43 à Detroit. Elle écrit « Bye Bye Baby » à 17 ans pour Jackie Wilson dont le manager Berry Gordy Jr. vient de fonder la marque Tamia Motown : elle en sera la grande star féminine de la première moitié des années 60. Wilson ne publie pas « Bye Bye Baby », mais la version de l’adoles¬ cente à la voix douce est un hit début 61. M.W. est la première pop star d’une longue série à allier ingénuité et présence sexy. Smokey Robinson écrit et produit la plupart de ses tu¬ bes : « The One Who Really Loves You » (le premier titre de la marque à être classé dans les dix premiers, le 9/6/62), « You Beat Me To the Punch », « Two Lovers » (62), et le merveilleux « My Guy », le premier n° 1 de Motown, le 16/5/64. En duo avec Marvin Gaye, elle publie Together en 64 (« What’s the Matter With You, Baby »), et quitte Motown pour 20th Century

Super-groupe formé en 72 par deux ex-mem¬ bres de Mountain, Leslie West (guitariste-chan¬ teur) et Corky Laing (batterie), et le chanteurbassiste-harmoniciste Jack Bruce. Le trio pro¬ posait un hard rock puissant qui retrouvait par instants la magie de Cream : le tandem BrucePete Brown, et un premier morceau à cent à l’heure au riff d’intro légendaire : « Why Dontcha », et « Love Is Worth the Blues ». Sépara¬ tion de ces trois techniciens exceptionnels après un second album. J. Bruce forme son orchestre, et L. West, après une deuxième aventure solo (The Great Fatsby), ressuscite Mountain, le père spirituel de WB & L. C. Laing essaie en so¬ litaire lui aussi, en 77 (chez Elektra), avant d’in¬ tégrer le circuit des séances de studio, et de re¬ venir à la surface avec un nouveau projet en 99. Bel album live posthume en 74. Why Dontcha / Whatever Turns You On / Live’n’Kickin’ (Polydor).

741

WEST, BRUCE a LAING

PAUL WELLER

LESLIE WEST

LESLIE WEST Guitariste-chanteur-compositeur né le 22/10/45 et élevé dans le Queens (New York). Autodi¬ dacte, il forme les Vagrants en 67 après avoir vu les Beatles sur scène, et enregistre Mountain en 69 avec Félix Pappalardi. Tous deux consti¬ tuent le groupe du même nom, une attraction majeure hard (au festival de Woodstock en 69) jusqu’à sa dissolution en 72. Excellent guita¬ riste rythmique, soliste inspiré, L.W. possède une technique particulière (inspirée de celle d’Albert King, bien que celui-ci utilise son pouce à la place du médiator) qui consiste à ne faire dépasser qu’un petit bout du médiator tenu entre le pouce et l’index, produisant ainsi des harmonies différentes, aux notes contras¬ tées (cf. « Theme For an Imaginary Western », « Nantucket Sleighride »). Un son épais recon¬ naissable (« Mississippi Queen »), qu’il tire de ses Gibson Les Paul Jr., Melody Maker ou Flying V, et du vibrato de leurs cordes les plus graves. En 72, il crée WB&L avec Jack Bruce (basse) et Corky Laing (batterie) mais ils se sé¬ parent l’année suivante. West continue seul (The Great Fatsby en avril 75, où figure Mick Jagger), fonde le L.W. Band en 76 avec Mick Jones, futur Foreigner, et Carminé Appice, et reforme Mountain en 85 avec Laing et Mark Clarke, sans succès. Il joue dans l’album 75 de Félix Cavalière, Destiny, et 20th Anniversary de Bo Diddley (76). En 88, albums Theme (avec J. Bruce) et Guitar Speaks en collaboration, tournée Night of the Guitars et double album live Night of the Guitar, Live ! : « Theme From an Imaginary Western » revisité. Ce person¬ nage imposant (il a fallu un hélicoptère pour l’emmener sur le site de Woodstock) continue à faire parler la poudre dans les années 90, dans l’indifférence : Dodgin’ the Dirt (94), et mal¬ heureuse reformation de Mountain la même année, avec Laing et le vétéran Noël Redding (Jimi Hendrix Expérience). Collaboration en 99 avec Popa Chubby, et Kim Simmonds de Sa¬ voy Brown (As Phat As It Gets). ■H Mountain (Windfall)l The Great Fatsby (RCA) / L.W. Band (Phantom) I Theme (Passport) / Night Of the Guitar, Live ! / Alligator / Dodgin’ the Dirt / Over the Top* (1RS) / As Phat As It Gets (Mystic Music). http://soho.ios.com/~spomeroy/

PAUL WESTERBERG « Une bonne journée, c’est n’importe quel jour où on est encore en vie » (« Good Day »). L’un 742

des artisans du rock alternatif américain (avec Frank Black des Pixies et Bob Mould d’Hüsker Du). Auteur-compositeur-interprète né le 31/ 12/60 à Minneapolis. Les Replacements se sé¬ parent en 91. Son fondateur P.W. écrit « Dys¬ lexie Heart » et « Waiting For Somebody » pour la BO du film de Cameron Crowe Singles (92) et, la rage néopunk des « Mats » passée, il publie en été 93 le mélodique power pop et in¬ trospectif 14 Songs (« First Glimmer », « World Class Fad »), suivi en 96 d'Eventually où sa verve mélodique et lyrique qui balance tou¬ jours entre maturité et naïveté ne rencontre en¬ core qu’un intérêt poli (« Good Day »). Après un EP en août 97 sous le nom Grandpaboy pour un label indé de Boston, ce fils spirituel d’Alex Chilton revient en grande forme début 99 avec son meilleur album Suicaine Gratifica¬ tion, produit par Don Was. Quelques chansons incluses dans les BO des séries TV Melrose Place et Friends, et son jeu de guitare torturé dans Ole de Tonio K. en 97. H'* 14 Songs (Sire) / Eventually (Reprise) / Sui¬ caine Gratification (Capitol). http://hollywoodandvine.com/paulwesterberg/ http://members.aol.com/paulspage/main.htm

WET WET WET « Une ambiance moite, moite, moite. » Une cu¬ riosité écossaise qui décline la soûl afro-améri¬ caine sur des rythmes plus ou moins vifs. La re¬ cette fonctionne et, en 87, Marti Pellow (chant), Graeme Clarke (basse), Neil Mitchell (claviers) et Tom Cunningham (batterie) sont consacrés « meilleur groupe de l’année » en Angleterre. D’une production devenue de plus en plus pop, on retiendra le méga-tube plané¬ taire « Love Is Ail Around » de 94 repris dans le film Quatre Mariages et un enterrement. HJi Popped Out In Souled Out (Uni) / Part One / Greatest Hits* (PolyGram)l Picture This (London)I 10 (Mercury). http://www.wetwetwet.co.uk/

TONY JOE WHITE « C’est surtout le son de ma voix et ma façon de chanter qui doivent plaire en Europe, puisqu’on ne peut pas m’y comprendre. » Cet auteur-compositeur original, chanteur, guita¬ riste et harmoniciste blanc, né le 23/7/43 à Oak Grove (Louisiane), nourri au blues de Lightnin’ Hopkins,est à l’origine d’un blues-rock humide, marécageux, précisément appelé « swamp rock ». Il est plus connu pour ses compos

TB Black And White / Continued / Tony Joe (Mo¬ nument) I T.J.W. / The Train I’m On / Home Made Ice Cream / Two Originals* / Best Of* (WB) / Eyes (20th Century) I Real Thing (CBS)I Dangerous (Co¬ lumbia)/ Roosevelt & Ira Lee* (Astan)l Live In Eu¬ rope 1971* (Dixiefrog)l Don’t Dare To Forget (Oh ! Boy) I Closer To the Truth (Remark) I Swamp Alli¬

gator* (Kiss Deluxe)l Midnight Live Spécial* (Polydor)l Polk Salad Annie & Other Hits : Best Of* (WB Archives)/The Path Of a Decent Groove / Lake Placid Blues (Remark) / Best Of* (Movieplay Gold) I Monumental* (Audiophile) / One Hot July (TupeloMercury). Michelle White : Music France).

Memphis (River Records-Sony

http://www.nuertingen.netsurf.de/~martin/mainp. htm

WHITE ZOMBIE Groupe metal-funk coloré apparu à New York en 85 avec Rob « Zombie » Striker (chant), la bassiste Sean « Yseult » Reynolds, Tom Five (guitare) et Ivan DePrume (batterie). Un nom tiré d’un film d’horreur de 32 avec Bêla Lugosi, et des titres d’albums tout droits sortis des « pulps » (BD) gore et des films de série Z, le ton est donné : sexe et frissons bon marché. La démarche n’est pas sérieuse et après le foutoir carnavalesque des deux premiers albums indé, WZ trouve une formule heavy métal plus ac¬ cessible avec le guitariste John Ricci et la pro¬ duction de Bill Laswell : Make Them Die. La voix gutturale de Striker et ses textes pessimis¬ tes trouvent leur cible (« Murderworld »). L’apocalyptique La Sexorcisto, enregistré avec une rythmique synthétique, se distingue en été 93 : « Thunder Kiss ’65 » met le feu aux pou¬ dres quand le clip est diffusé dans le pro¬ gramme Beavis & Butt-head de la chaîne MTV. Et « Welcome To Planet Motherfucker/ Psychoholic Slag » annonce l’orientation métal industriel et collages (l’« Ave Maria » + or¬ gasme féminin !) qui marque le grandiose Astro Creep 2000 : Songs Of Love, Destruction And Other Synthetic Delusions Ofthe Electric Head, gros succès américain produit par Terry Date en 95 après trois ans de tournées. Supersexy Swingin’ Sounds paru en août 96 est une sélec¬ tion de remixes du précédent (par P.M. Dawn, Dust Brothers, etc.), augmentée d’une version improbable du standard disco de KC & The Sunshine Band « I’m Your Boogie Man », déjà proposé quelques mois plus tôt dans la BO The Crow 2 (sous-titré City Of Angels, avec Iggy Pop). ■ iB Psycho-Head Blowout / Soul-Crusher (Silent Explosion) / Make Them Die Slowly (Caroline) I La Sexorcisto : Devil Music vol. 1 / Astro-Creep 2000 : Songs Of Love, Destruction And Other Synthetic De¬ lusions Of the Electric Head / Supersexy Swingin’ Sounds (Ceffen). http://www.5000volt.com/zombie666/ 743

HITE ZOM BIE

souvent reprises que pour ses rares enregistre¬ ments (paresse oblige). L’ours louisianais à la voix grave est le créateur (entre autres) du for¬ midable blues-rock « Polk Salad Annie » (n° 8 en 69), popularisé en 70 par Elvis Presley (qui reprendra « I Got a Thing For You Baby » et « For Ol’ Time Sake»), « They Caught the Devil And Put Him In Jail In Eudora, Arkansas » (70) et « The Train Fm On » (72). Installé à Nashville en 66, il enregistre deux singles et un album dont le titre « Soûl Francisco » est un hit en 68 en Europe. L’ex-Tony Joe and The Mojos fera cinq visites en France en 72, la dernière avec Creedence. Ses chansons les plus reprises sont « Wiilie And Laura Mae Jones » (Dusty Springfield), « Rainy Night In Georgia » (Brook Benton, 70). Après trois ans de silence, T.J.W. enregistre en 79, avec Joe Dassin, Blue Country. Dassin y adapte quelques-unes de ses compositions (« The Change », en français « La Saison du Blues ») et lui donne « Le Marché aux Puces » qu’il adapte en « The Guitar Don’t Lie ». Il revient en 80 avec un remake long et solide de « Polk Salad », et une réponse au hit country de Wiilie Nelson « Marnas Don’t Let Your Babies Grow Up To Be Cowboys », inti¬ tulée « Marna Don’t Let Your Cowboys Grow Up To Be Babies » ! Il joue de la guitare sur Hâve a Little Faith de Joe Cocker, publie The Path Of a Decent Groove en 93, et sa discogra¬ phie Warner est enfin éditée en CD, s’enrichis¬ sant même d’une bonne compilation. En 97 il coécrit, joue guitare et harmonica sur « Short End Of the Stick » dans le bel album du singersongwriter Donnie Fritts Everybody’s Got a Song (chez Oh ! Boy) dont il est l’un des pres¬ tigieux invités. Fin 98, il fête trente ans de car¬ rière avec la formule un peu usée mais efficace de One Hot July. Il a composé pour Johnny Hallyday « Ça change pas un homme » et en 89 « Foreign Affairs », « Steamy Windows » et « Undercover Agent To the Blues » pour Fo¬ reign Affair de Tina Turner. Et interprété le rôle de Cassio dans la version filmée amé¬ ricaine d’Othello, Catch My Soûl en 73, avec R. Havens dans le rôle principal. Sa fille Mi¬ chelle reprend le flambeau du blues-rock su¬ diste en 98 et publie son premier album écrit et enregistré à Memphis.

WHITESNAKE

WHITESNAKE

Groupe heavy de la deuxième génération, hé¬ ritier de Deep Purple, formé en janvier 78 par son ancien chanteur (pendant trois ans) David Coverdale (né le 22/9/49 à Saltburn-on-Sea, GB), qui publie en solo Whitesnake et Northwinds, avant de recruter Jon Lord (claviers de Purple), Mick Moody et Bernie Marsden (guitares), Neil Murray (basse) et David Dowle (batterie, remplacé par un autre Purple, Ian Paice). Débuts le 23/2/78, son blues-rock de¬ vient au fil des ans un heavy-rock juteux, sur mesure pour son chanteur. Celui-ci conquiert l’Angleterre : « Snake Bite » juin 78, « Long Way From Home » novembre 79, « Ready an’ Willing (Sweet Satisfaction) », juillet 80, « Ain’t No Love In the Heart Of the City » no¬ vembre 80, et l’Europe : « Fool For Your Loving » en 80). Jimmy Page, à la dissolution de Led Zep, songera un moment à rejoindre le Serpent Blanc. Fin 82, Paice, parti chez Gary Moore, est remplacé par l’inévitable Cozy Powell, Neil Murray par Colin Hodgkinson (ex-Alexis Korner) et Bernie Marsden par Mel Galley. Avec le fidèle Mick Moody, W. signe l’un de ses meilleurs enregistrements, le vigou¬ reux Saints And Sinners (« Rough And Ready », « Crying In the Rain »), produit par Martin Birch. Coverdale bouleverse sa forma¬ tion à plusieurs reprises. John Sykes (guitare), Richard Bailey (claviers), Coverdale, Murray et Powell décrochent la timbale aux USA avec Whitesnake en 87 (9 millions d’exemplaires, « Is This Love ? », « Here I Go Again » n° 1 le 10/10/87). L’entreprise lucrative du manne¬ quin rock blond bouclé, entouré (dans les vi¬ déos) de femmes fatales à son image, est ren¬ forcée en 88 par le guitariste virtuose du moment, ex-David Lee Roth, l’acrobate de la six cordes Steve Yai qui remplace Vivian Campbell, futur Def Leppard. Avec le bassiste Rudy Sarzo (ex-Quiet Riot et frère du guita¬ riste Robert Sarzo de Hurricane) et du second guitariste, le Hollandais Adrian Vandenberg (ex-Vandenberg), le groupe met plus d’un an à concocter le décevant Slip Of the longue. Coverdale qui fera équipe (sans suite) avec Jimmy Page relance son Serpent en 94 à l’oc¬ casion de la parution d’un Greatest Hits*. Mais son heure de gloire est passée. Son live de 80 Live... In the Heart Of lhe City est recom¬ mandé.

■Ü D.C.W. / Northwinds (Purple) / Trouble (EMI) / Love Hunter / Ready an’ Willing / Live... In the Heart Of the City (United Artists) I Best Of* (Car¬ 744

rère) / Corne An' Get It / Saints And Sinners / Slide It In (Liberty)I W. 1987 / Slip Of the Tongue / Grea¬ test Hits* / Restless Heart / Strangers In Tokyo (EMI). Albums réédités chez Ceffen. Coverdale & Page : C7P. (EMI). http://www.geocities.com/SunsetStrip/Lounge/4440/

The WHO « Le rock est une musique spontanée, souvent mauvaise, rauque, dure... le rock est un im¬ mense bûcher funéraire » (Pete Townshend). L’un des plus grands groupes anglais, puis mon¬ diaux du rock, en particulier de 64 à 78, l’arché¬ type du groupe mod et pop art, contestataire, dévastateur, amateur de rhythm & blues (« Most rock’n’roll/maximum rhythm & blues »). Et le meilleur groupe rock de scène de son temps. LES QUI ? Peter Dennis Blandford Townshend (né le 19/5/45 à Chiswick) et John Alec Entwistle (9/10/44 à Chiswick), et les ex¬ travertis Roger Harry Daltrey (1/3/45 à Hammersmith) et Keith John Moon (23/8/47 à Wembley). Peter, Roger et John se connaissent depuis leur enfance, habitent la même banlieue ouest de Londres et fréquentent la même école, la Acton Grammar School. John, le seul à avoir une culture musicale classique, apprend la gui¬ tare basse, les deux autres la guitare. Baptisés les Détours, ils assistent, de 61 à 63, le chanteur Colin Dawson et jouent les airs à la mode (Shadows - P.T. est un fan d’Hank Marvin, des Ventures, des Beatles, et de rhythm & blues). L’an¬ née suivante, ils fondent les High Numbers (après avoir hésité à s’appeler The Who) avec Doug Sanden, le batteur des Détours. Premier single « I’m the Face » et « Zoot Suite ». Pete Meaden, auteur des titres et manager avec Helmut Gordon, décide de changer le batteur, car le trentenaire Doug est trop vieux pour ses jeunes compagnons. Un remplaçant est engagé, mais pendant un concert à l’hôtel Oldfield à Greenford, un hurluberlu grimpe sur scène et prend violemment la place du batteur en criant : « Ma femme sait mieux jouer que cet imbécile ! » Keith Moon s’impose, les Who sont nés. Ils incarnent leur époque mod de 6365 en opposition aux rockers. Elégance et coif¬ fure « à la française » (vestons étriqués, panta¬ lons étroits), préférences musicales rhythm & blues, détachement vis-à-vis de la « way of life » traditionnelle, un culte de la jeunesse exacerbé ; en matière de danse, ce sont ces jeu¬ nes mods londoniens qui instaurent le jerk en

dansant en solitaires, dans les clubs de Soho, quartier populaire de Londres. Le single des High Numbers est représentatif de la musique préférée des mods, sauvage, superficielle, ins¬ pirée de la soûl Tamia Motown et de James Brown. Le groupe a déjà sa cohorte de fans quand deux assistants-metteurs en scène de ci¬ néma, Chris Stamp (frère de l’acteur Terence) et Kit Lambert, les suivent dans les clubs du cir¬ cuit mod de la capitale. Stamp déclarait en 66 à propos de leur première rencontre : « L’exci¬ tation ne provenait pas du groupe. Je n’en étais pas assez près. Elle venait de ces gens qui me bouchaient la vue. » MA GÉNÉRATION. L’impact du groupe sur scène est incroyable. Les deux managers décident de lancer le combo. Ils changent leur nom en The Who, mystérieux, impersonnel. Les vêtements défilent à raison de 150 £ par se¬ maine, choisis à Carnaby Street, et leurs che¬ veux sont taillés à Charing Cross chez Robert James dont ils font la fortune. Fin 64, les W. animent tous les mardis (le plus mauvais jour) le Marquée Club de Wardour Street. Le 15/1/ 65 paraît « I Can’t Explain/Bald Headed Woman » : K. Lambert promotionne lui-même le disque auprès des radios-pirates et de BBC TV. Le producteur Robert Bickford les engage dans son émission « Ready, Steady, Go ! ». 100 000 exemplaires de « I Can’t Explain », chanson peu originale, copiée sur les Kinks, se vendent aussitôt. « Anyway Anyhow Anywhere », leur formidable deuxième single sorti le 21/5/65, accroche moins, mais la réputation des W. est installée, leur premier concert hors d’Angleterre a lieu à Paris le 2/6. L’hymne « My Génération » sort le 5/11/65. Qualifiée de pop art, leur musique farouche est écrite par Pete qui tire tous les sons possibles de sa gui¬ tare. Celui-ci expérimente le feed-back. Sou¬ tenu par le jeu de batterie précis, sauvage de Keith, et la basse omniprésente de John, l’im¬ perturbable pilier, P.T., est, avec Roger, le point d’attraction scénique du groupe. Sur scène, il porte une veste taillée dans l’Union Jack (le drapeau britannique), et John un chan¬ dail de médailles. Roger se sert de son micro comme d’une fronde, Keith démolit sa batterie à la fin du solo de « My Génération » ; et Pete saute dans tous les coins, mouline à tour de bras (« j’ai vu Keith Richards le faire une fois, après je l’ai fait toute ma vie »), et détruit une guitare de 2 500 F chaque soir, suivant les préceptes de son maître à penser, le guru Meher Baba (« Ne t’inquiète pas, sois heureux ») et la philosophie

de destruction de l’art à son apogée. Les habi¬ tués de « La Locomotive » à Paris se souvien¬ nent du 1/4/66 (avec les Yardbirds)... Leur premier album sort le jour de Noël 65 (avec « The Ox » - surnom d’Entwistle -, for¬ midable instrumental avec Nicky Hopkins au piano), et les hits se succèdent jusqu’en 67 : « Substitute » en mars 66, « I’m a Boy » en août et « The Kids Are Ail Right » en septembre, « Happy Jack » à la fin de l’année, hit européen et leur premier hit aux USA en mai 67. Fan du surf Sound des Beach Boys et de Jan & Dean, Moon introduit des harmonies vocales dans « Barbara Ann » (une version à peine modifiée du titre des Beach Boys), « La la la lies », « Heatwave » et « Run, Run, Run ». En décem¬ bre 66, A Quick One While He’sAway, un mini¬ opéra, ébauche de Tommy, anthologie de douze minutes, cristallise les caractéristiques des W., et leur humour. « Un petit coup pen¬ dant qu’il est parti » conte l’histoire réjouis¬ sante d’un amour triangulaire. En avril 67, ils publient « Pictures Of Lily » et « Doctor Doctor » de John Entwistle en face B. Une pre¬ mière tournée américaine culmine le 18/6 au festival de Monterey : après un tirage au sort perdu avec Jimi Hendrix qui décide de l’ordre de leurs passages, le groupe choque le public hippie par sa violence destructrice. Ils enregis¬ trent une semaine plus tard, en une nuit, « The Last Time » et « Under My Thumb » des Rolling Stones, pour protester « contre les peines iniques prononcées contre Jagger et Richards, traités en boucs émissaires du problème de la drogue » (Pete y tient la basse, John étant parti en croisière pour son voyage de noces). TOMMY. Après un premier album rhythm & blues, un deuxième pop, le délirant The Who Sell Out, de décembre 67, est marqué par le psychédélisme (suggéré en octobre par le dé¬ vastateur « I Can See For Miles » - n° 10 en GB), avec sa pochette punk avant la lettre, et ses morceaux entrecoupés de jingles de RadioLondon, première station-pirate à avoir pro¬ grammé les Who. En 68, leur popularité baisse et le groupe est au bord de la ruine, malgré « Magic Bus » inspiré d’un riff de Bo Diddley (fond musical de la pub TV des ordinateurs Dell en 99). En décembre, après la parution de Magic Bus-The Who On Tour et un concert à Liverpool où le batteur des Faces, Kenny Jo¬ nes, rejoint Keith Moon pour « Magic Bus », ils participent au Rock’n’Roll Circus des Sto¬ nes, où ils apparaissent en clowns, et interprè¬ tent une version historique de A Quick One. 745

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69 est l’année des Who : le single « Pinball Wizard » (n° 4 en Angleterre en mars, une intro à la guitare sèche rythmique et un riff électrique d’anthologie) et le plus célèbre opéra-rock de l’histoire et chef-d’œuvre de Townshend, Tommy et son jeune aveugle vir¬ tuose du billard électrique, les consacrent mondialement. Ils sont les vedettes du festival de Woodstock le 17/8/69 (« une horreur », P.T.), de celui de l’île de Wight le 31/8/69, et se produisent pen¬ dant une semaine au Fillmore East à New York. Après « The Seeker » en mars 70, les W. publient en mai l’un des meilleurs albums live de l’histoire du rock, enregistré en public à Leeds, témoin de leur extraordinaire impact sur scène. Des extraits de Tommy et les ver¬ sions stylisées des classiques du rock : « Summertime Blues » (Eddie Cochran) et « Shakin’ Ail Over » (Johnny Kidd) y prennent une di¬ mension grandiose. Le premier groupe rock à jouer au classique Metropolitan Opéra House (en juin) propose deux heures de Tommy au théâtre des Champs-Elysées à Paris en septem¬ bre, quelques jours après une apparition (fil¬ mée) au dernier festival de l’île de Wight. Après une dernière lecture de Tommy le 20/12/ 70 à Londres avec le débutant Elton John en première partie, et le premier album solo d’un membre du groupe en mai 71 (Entwistle), c’est la tornade « Won’t Get Fooled Again » et son synthé expérimental (la plus grande chanson de P.T. ?) qui déferle, suivie le 25/8 d’un autre chef-d’œuvre, Who’s Next, leur meilleure vente mondiale (« Baba O’ Riley », « My Wife » d’Entwistle et le splendide « Behind Blue Eyes »). Nicky Hopkins et Dave Arbus (d’East of Eden) y apportent leur concours. Le 9/9/72, le quatuor donne un show démentiel à la fête de l’Humanité (avec Eric Clapton derrière un ampli) où il enthousiasme 200 000 fans. Une prestation, malheureusement écourtée par un violent orage, que P.T. qualifie de meilleure de sa carrière. Après une version symphonique de Tommy en 72 avec le London Symphony Or¬ chestra et les participations de Rod Stewart, Stevie Winwood, Richie Havens, Richard Har¬ ris, Ringo Starr, Sandy Denny, Maggie Bell et Merry Clayton, les W. enregistrent une nou¬ velle histoire-rock : Quadrophenia, double al¬ bum-tranche de vie de l’épopée mods-amphétamine (« We Are the Mods ») où apparaît pour la première fois le mot punk (« The Punk And the Godfather », une composition de Townshend qui se considérera comme le pre¬ 746

mier punk de l’histoire, d’où une polémique avec Paul Weller des Jam, puis avec la presse rock en 82). Controversé, le disque est un suc¬ cès mondial. Les anciens mods se reconnaissent dans le héros et dans son décor de l’Angleterre du milieu des années 60 ! En juin 74, les W. jouent quatre soirs au Madison Square Garden à New York. Et le quatuor participe à la réali¬ sation (Keith et Roger au tournage comme ac¬ teurs, Pete comme conseiller à la mise en scène et John pour les chansons) du film de Ken Rus¬ sell tiré de Tommy qui sort avec sa BO en mars 75. Le film, avec Jack Nicholson, Ann Margret, Oliver Reed, Eric Clapton, Elton John et Tina Turner en « acid queen », est un succès et ré¬ vèle le talent de comédien de l’ancien métallo Daltrey. MOON. Après deux ans de tournées (« la vie sur scène, c’est le paradis », Daltrey), le groupe donne un concert privé le 25/5/78 filmé pour le documentaire The Kids Are Alright : c’est la dernière apparition de Moon. Sa dispa¬ rition le 11/9/78 précipite le constat d’usure d’un groupe qui n’a plus que quelques éclairs à proposer : « Long Live Rock », « You Better You Bet ». Mais la compilation cinémato¬ graphique et discographique The Kids Are Alright (les très riches heures des Who) de juin 79 donne au bon moment (la vague punk-new wave) une idée de l’hystérie et de l’acidité du gang mods, phénomène rock majeur (110 000 personnes pour un seul concert en 75 à l’Oakland Studio de San Francisco). En mai 79, K. Jones (né le 16/9/46 à Shepherd’s Bush, Londres) remplace (?) K. Moon. Daltrey an¬ nonce sur scène, en septembre 82, la fin des W. qui s’embarquent pour une tournée mondiale d’adieu. « Mais nous n’avons toujours pas en¬ registré notre meilleur album... » Après des ex¬ périences personnelles pas toujours heureuses, ils reviennent au concert du Live Aid en juillet 85 à Wembley, et en février 88, lors de la remise des récompenses de l’industrie musicale britan¬ nique ; ils balancent « Who Are You », « Substitute » et « My Génération » avec une énergie intacte. Et aux USA, pour fêter leur 25e anni¬ versaire en été 89, ils remportent un formidable succès, établissant même, sur la côte Est, le re¬ cord de recette d’un concert de rock ! A cette occasion, Simon Phillips remplace Jones à la batterie, Steve « Boltz » Bolton supplée Townshend à moitié sourd, et le groupe (treize musiciens au total) joue des titres de la nou¬ velle comédie musicale de Pete Townshend, The lron Man. Onze ans après la mort de

■il Les albums classiques ont été réédités en CD en 95, remasterisés et augmentés de « bonus tracks » (éviter les précédentes éditions...). My Génération / A Quick One / Sell Out / Magic Bus / Direct Hits* / Tommy / Live At Leeds / Who’s Next / Meaty, Beaty, Big And Bouncy* / Quadrophenia / Odds & Sods* / Who By Numbers / Story Of* / Who Are You / BO The Kids Are Alright / My Génération* / Face Dances / Phases* [coffret 9 LP] / Hooligans* / It’s Hard / Greatest Hits* / Rarities vol. 1 & 2* / Who's Last* / Singles* (Polydor)l Collection* (Im¬ pression) / Who’s Missing*/Two’s Missing* / Who’s Better, Who’s Best*/Join Together* [3 CD] /Thirty Years Of Maximum Rhythm & Blues* [coffret 4 CD] / My Génération : Very Best Of* (Polydor)l Live At the Isle Of Wight Festival 1970* (Castle)l 20th Century Masters* (MCA).

MM Tommy / Quadrophenia / The Kids Are Alright. Who's Better, Who’s Best (PMV)I Listening To You, Live At the Isle Of Wight Festival 1970 (Warner Music Vision). ■=■ Les Who, par George Tremlett (Albin Michel)/ The Illustrated Biography, par Chris Charlesworth (Omnibus)/The Who, par Gary Herman (Rockbooks) / Before I Get Old, par Dave Marsh / Complété Guide To the Music, par Chris Charlesworth / Concert File, par Joe McMichael & « Irish Jack » Lyon / Maximum Rhythm & Blues, par Richard Barnes/ Meaty, Beaty, Big & Bouncy, par John Perry. http://www.thewho.net/

WILCO Groupe alternatif country rock-pop fondé en 95 sur les cendres d’Uncle Tupelo, formation country rock de Belleville (Illinois) (87-94). UT propose sans succès une fusion countrypunk intelligente, furieuse, dont le titre du premier album en 90, No Dépréssion (d’après un gospel de la Carter Family), devient un slo¬ gan célèbre et le nom d’un magazine améri¬ cain spécialisé. Jay Farrar et Jeff Tweedy,

chanteurs-auteurs-compositeurs, amis d’en¬ fance influencés par Neil Young et Gram Par¬ sons, avaient formé les Primitives (néopunk à la Black Flag) au milieu des années 80. Re¬ nommés UT en 87 avec le batteur Mike Heidorn, ils truffent leur rock de clichés country et blues dans leurs chansons sur la vie ordi¬ naire (« Hank Williams accompagné par Hüsker Dü », commente Rolling Stoné). Après Still Feel Gone en 91, Peter Buck de REM pro¬ duit son joyeux album acoustique de reprises March 16-20, 1992. Ken Coomer (batterie) et les multi-instrumentistes John Stirratt et Max Johnston (le frère de Michelle Shocked) dé¬ barquent après son meilleur album, Anodyne, auquel participe Doug Sahm pour une reprise de sa compo « Give Back the Key To My Heart ». J. Farrar forme Son Volt avec M. Heidorn, et J. Tweedy fonde WiFo avec Coomer, Stirratt, Johnston et un troisième multi-instrumentiste, Jay Bennett (ex-Titanic Love Affair). Tweedy règle ses comptes avec Farrar dans le quelconque A.M. en mars 95 (« Box Full Of Letters »), qui ne présage pas un changement radical... Le double CD Being There, autoproduit en octobre 96, est salué comme un chef-d’œuvre, kaléidoscope de la culture musicale américaine : « Misunderstood », « Hôtel Arizona », « Sunken Treasure », etc. En 98, Wilco (sans Johnston parti rejoindre sa sœur) participe au projet Mermaid Avenue avec Billy Bragg : ils composent les musiques de poèmes inédits de Woody Guthrie retrouvés par sa fille Nora. Et le qua¬ tuor publie, en mars 99, l’album de la consé¬ cration Summerteeth, aux échos Beatles, Tom Petty, Elvis Costello, REM et Byrds. Aussi passionnant que le précédent, plus sophisti¬ qué, composé et produit par le groupe, Sum¬ merteeth est un album dont la valeur et l’im¬ portance seront reconnues à l’heure des comptes : « Can’t Stand It », « A Shot In the Arm », « How To Fight Loneliness ». Wilco interprète « One Hundred Years From Now » sur l’album-hommage (le deuxième) à Gram Parsons Return Ofthe Grievous Angel paru en juin 99 (Almo Sounds). A.M. / Being There / Summerteeth (Reprise). Avec Billy Bragg : Mermaid Avenue (Elektra). Uncle Tupelo : No Dépréssion / Still Feel Gone / March 16-20,1992 (Rockville)l Anodyne (Reprise). Son Volt : Trace (Reprise). http://www.launch.com/Promotional/wilco_ft.html http://www.wilcoweb.com 747

WILCO

Moon, les trois survivants ressuscitent Tommy à l’occasion de concerts de charité, et au Uni¬ versal Amphitheater à Los Angeles le 24/8 (avec Elton John, Phil Collins, Patti LaBelle, Stevie Winwood et Billy Idol), diffusé sur la chaîne TV câblée HBOI, retransmis dans 60 pays, dont une partie de la recette d’un million de dollars est versée au Rock & Roll Hall Of Famé. Chacun retourne à ses projets solo, et en mars 93, une nouvelle production de Tommy remporte un éclatant et durable succès à Broadway et à Londres, vingt-quatre ans après sa création. Reformation alimentaire en 97. Leur répertoire est rarement repris, sinon par des admirateurs doués : Patti Smith Group, Todd Rundgren, Elton John, Ramones...

KIM et M ARTY WILDE

KIM et MARTY WILDE Fille du rocker anglais des années 50 Marty Wilde (58-63, « Endless Sleep », « Bad Boy », « Sea Of Love », « Rubber Bail ») et de la chan¬ teuse des Vernon Girls, Joyce Smith, Kim Smith dite Wilde (née le 18/11/60 à Chiswick, Londres) a été la star pop européenne des an¬ nées 80, vendant plus de 7 millions de disques en moins de deux ans. Choriste des séances de son frère cadet Ricky, elle est remarquée par le producteur-patron de Rak, le légendaire Mickie Most (Animais, Suzi Quatre). Ricky (et son synthétiseur Omni) et son père écrivent le ré¬ pertoire de la bombe blonde : « Kids In Ame¬ rica », n° 1 dans toute l’Europe. Sans posséder la hargne d’une Joan Jett ou le dynamisme joyeux des Go-Go’s, K.W. cultivera jusqu’au milieu des années 80 une image de fausse ingé¬ nue sexy qui hante les années 82-83 avec les hits « Cambodia », « View From a Bridge », « Child Corne Away », « Take Me Tonight », « Love Blonde » (inspiré du « Fever » de Little Willie John). Après un changement d’image en 84, elle revient en 86 avec une sympathique version de « You Keep Me Hangin’ On » (des Suprê¬ mes, n° 2 en GB et n° 1 le 6/6/87 aux USA qui l’avaient jusque-là ignorée). Replète et tou¬ jours un peu coincée, elle part en tournée avec Michael Jackson et trouve un second souffle à l’aube de la trentaine, alignant plusieurs succès européens : « Another Step » en duo avec le chanteur noir Junior, « Rockin’ Around the Christmas Tree », en duo avec le chanteur an¬ glais Mel Smith, « You Came » (plus dance, n° 3 en GB et tube en France en 88). « Never Trust a Tranger », etc. Célébrée par Laurent Voulzy dans « Mes Nuits sans Kim Wilde », auquel elle participe. ■FB K.W. / Select / Catch As Catch Can / Very Best Of* (Rak-Polydor) I Teases & Dares / Another Step / Close / Love Is / Singles Collection* / You Keep Me Hangin’ On*/You Came/Love Moves/f/WCAJ/Love Blonde : Best Of* / Very Best Of* (EMI)/Remix Col¬ lection* / Now And Forever (MCA) / Gold Collec¬ tion* (EMI). http://home.plex.nl/~mfgr/kimwilde/

HANK WILLIAMS « Il était avant l’heure le prototype de la rock star en vivant vite, en aimant beaucoup et en mourant jeune... » (Colin Escott). Hiriam King Williams, né à Mount Olive (Alabama) le 17/9/ 23, mort le 1/1/53. L’un des grands de la musique populaire américaine du siècle et le premier 748

sex-symbol de la country music. La première synthèse blues-country et quelque part, le par¬ rain d’Elvis Presley, mort à trente ans de froid et d’ivresse à l’arrière de sa Cadillac bleue, six ans après son premier disque, alors que dans son succès du moment, il proclamait « I’il Never Get Out Of this World Alive » ! Né dans une famille de paysans de Georginia (Ala¬ bama), région affectée par la Grande Dépres¬ sion, H.W. joue à 14 ans dans un orchestre semi-professionnel, les Drifting Cowboys, avant de signer chez MGM en 1947. Ce fan de Jimmie Rodgers devient le géant du country honky-tonk de Nashville où il se produit régu¬ lièrement au Grand Ole Opry. Il collabore avec Fred Rose (du tandem d’auteurs-compositeurs Acuff-Rose) et connaît la gloire à partir de 49 avec une série impressionnante de composi¬ tions qui deviendront des classiques de la chan¬ son américaine, tous publiés en singles : «Move It On», « Lovesick Blues», «Your Cheatin’ Heart », « Honky Tonk Blues », « I’m So Lonesome I Could Cry », etc. Lorsqu’il meurt (à la suite de nombreux excès), le soir du réveillon 53 dans sa Cadillac, en compagnie d’une bouteille de whisky, dans une station-ser¬ vice sur une route du Tennessee, alors qu’il se rendait à un concert, cette légende du peuple américain à la frontière du country-blues-gospel-folk-hillbilly avait enregistré près de 120 chansons. Cet artiste simple et touchant, qui a déplacé plus de 20 000 personnes et le gratin des country stars pour ses obsèques, a marqué tous les noms de la chanson améri¬ caine : Ray Charles, Elvis Presley, Gene Vin¬ cent, Jerry Lee Lewis, Bob Dylan, Bruce Springsteen, John Prine, John Fogerty, Little Richard, Linda Ronstadt, Tony Bennett, Pat Boone, et tous les jeunes loups des décennies 80 et 90 qui se sont réclamés de « Luke The Drifter » et ont repris ses titres. Tim Hardin a écrit sur ce précurseur des paumés du rock, également Mike Scott des Waterboys (« Has Anybody Seen Hank ? » en 89) ; Bono, le chan¬ teur de U2, ne jurait que par lui à la fin des an¬ nées 80, et en 95, The The enregistrait un al¬ bum de ses chansons. Nous retrouvons sa voix laconique haut perchée et nasillarde, son écri¬ ture perçante, son énergie et son sens de l’or¬ chestration (guitare, violon, basse et pedal Steel) dans l’indispensable compilation MGM de 40 titres (40 Greatest Hits*) et depuis sep¬ tembre 98, dans The Complété Hank Williams, 10 CD et 225 titres dont 53 inédits. Sa vie ex¬ cessive a inspiré le livre et le film Your Cheatin’

Son fils Randall Hank Williams Jr., né le 26/ 5/49 à Shreveport (Louisiane), poursuit depuis 64 une carrière américaine prolifique et réussie (depuis 79 et Family Tradition), mélangeant, de sa grosse voix rock, traditionnels et le bon vieux boogie des familles (MGM, Elektra, Warner). ■H H.W. Sings / Moanin’ the Blues / Memorial Al¬ bum / H.W. As Luke The Drifter / Honky Tonkin’ /1 Saw the Light / Ramblin’ Man / Sing Me a Blue Song / Immortal* / The Unforgettable / Lonesome Sound Of / Wait For the Light To Shine / Let Me Sing a Blue Song / Wanderin’ Around / I’m Blue Inside / The Spirit Of / On Stage vol. 1 & 2 / Lost Highways & Other Folk Ballads / Father And Son / Kawliga And Other Humerous Songs / H.W. With Strings / Again / Movin’ On / More H.W. and Strings II & III / I Won’t Be Home No More / In the Beginning / Life To Legend / 24 Greatest Hits vol. 1 & 2* / The Last Picture Show / Legend In Story And Song / Insights In Story And Song / A Home In Heaven / Live At the Grand Ole Opry (MGM) / Mr. & Mrs Hank Williams (Métro) / H.W. & the Drifting Cowboys On Radio (Golden Country) / Early Country Live vol. 1-3 (ACM) / Greatest Hits* / 40 Greatest Hits* / Very Best Of* / Rare Takes And Radio Cuts / On the Air / I Ain’t Got Nothin’ But Time : 1946-47* / Lovesick Blues : 1947-48* / Lost Highway : 1948-49* / I’m So Lonesome I Could Cry : 1949* / Long Gone Lone¬ some Blues : 1949-50* / Hey Good Lookin’ : 195051* / Let’s Turn Back the Years : 1951-52* /1 Won’t Be Home No More : 1952* / Collectors’ Edition* [coffret 8 LP] / Original Singles Collection Plus* [3 CD] (Polydor)/ Just Me And My Guitar / First Recordings / Rare Demos : First To Last* (CMF) / There’s Nothing As Sweet As My Baby* (Mount Olive)! Jambalaya* (Creative Sounds)I Health And Happiness Shows / Alone And Forsaken / Complété H.W.* [coffret 10 CD] (Mercury) /Three Hanks, Men With Broken Hearts (Curb)l Low Down Blues* (Polygram)/Honky Tonkin’* (Charly)I Famous Country Music Makers* (Puise)/Live At the Grand Ole Opry

(Mercury). ÜI:H Your Cheatin’ Heart, par Chet Flippo / The Complété Lyrics (Don Cusic Editor).

UÆ Your Cheatin’ Heart, de Gene Nelson en 64, avec George Hamilton, et les chansons interprétées par Hank Williams Jr. http://www.cmgww.com/music/hank/right.html

LARRY WILLIAMS Né le 10/5/35 à La Nouvelle-Orléans. Ce pion¬ nier du rock’n’roll est d’abord le pianiste de Percy Mayfield, Roy Brown, de Fats Domino en 55, et de son idole Lloyd Price. En 57, il pu¬ blie chez le label Specialty « Short Fat Fan¬ nie », n° 1 aux USA, qui le pose en successeur de Little Richard, puis dans la foulée en 58

« Bony Moronie » et « Dizzy Miss Lizzy », qui deviendront des classiques du rock comme quelques-unes des faces B de ses 45 tours : « High School Dance », « You Bug Me Baby » et surtout « Slow Down ». Emprisonné pour vente de drogue en 59, il retrouve une certaine notoriété lorsque les Beatles et John Lennon reprennent trois de ses meilleurs titres dans les années 60 : le frénétique « Dizzy Miss Lizzy » (qu’ils jouent sur scène de 60 à 62, et en 65), « Bad Boy » (chanté par Ringo Starr), et « Slow Down ». L.W. visite l’Angleterre au printemps 65 en compagnie du guitariste Johnny « Gui¬ tar » Watson et se produit au fameux Marquée Club à Londres. Il devient sans succès produc¬ teur maison pour le label Okeh en 66, se tourne vers la funky music et publie avec Watson « Mercy, Mercy, Mercy » et l’épatant Two For the Price Of One en 67. Après That’s L.W. en 78, devenu proxénète, il est découvert avec une balle dans la tête à son domicile de Los Angeles le 10/1/80. Joe Tex, Bobby Womack et Little Richard assistent à ses funérailles. B 'H Here’s L.W. (Specialty) ! Live (Sue)l L.W. Show (Decca)l On Stage (Sue)! Two For the Price Of One (Epie) / Greatest Hits* (Okeh) / That’s L.W. (Fantasy) / Missing & Inissued Sides* / Hocus Pocus / Unreleased / Bad Boy* / Legends (Specialty) I Dizzy Miss Lizzy* / Alacazam* / Best Of* / Bad Boy Of Rock’n’Roll* (Ace).

LUCINDA WILLIAMS « Comme Dylan ou Neil Young, L.W. est une remarquable raconteuse d’histoires avec une voix tranchante qui résonne comme si elle sor¬ tait de son cœur » (le New York Times). Née à Lake Charles (Louisiane) le 26/1/53. Une chan¬ teuse country-folk-rock, la grande révélation singer-songwriter des années 80 et 90. Une puissance d’évocation, l’art de balancer la for¬ mule juste en évitant les clichés. Et une liberté d’expression sans concession qu’elle paie cher : une poignée d’albums en vingt ans de carrière. Elevée par son père Miller Williams, profes¬ seur, militant des droits civiques dans les an¬ nées 60 et poète de renom, ami de Charles Bukowski, L.W. baigne dans le country blues et Dylan. Elle est exclue d’un lycée de La Nou¬ velle-Orléans quand elle refuse de prononcer le discours traditionnel de promesse de fidélité, en protestation contre la guerre au Vietnam. Elle débute dans le circuit folk texan au début des années 70, et à Houston en 74. Après un al¬ bum de reprises hillbilly et delta blues enregis¬ tré à Jackson (Mississippi), elle propose qua749

LUCINDA WILLIAM S

Heart. Clint Eastwood s’est inspiré de cette vie pour son film Honkytonk Man (82).

LUCINDA WILLIAM S

torze chansons sur l’artisanal Happy Woman Blues en 80 : « Happy Woman Blues » et son ode à la ville de « Lafayette ». Courtisée par plusieurs compagnies, elle refuse de signer sans avoir le contrôle artistique, et passe huit ans à voyager et à écrire, jusqu’à L.W. en 88 (produit par son guitariste Gurf Morlix), le premier de trois albums irrésistibles : son « Passionate Kisses » sera le premier hit pop de Mary Chapin Carpenter en 93. « Changed the Locks » est une chanson de rupture bouleversante, comme « Price To Pay » et le coloré « Crescent City » sur La Nouvelle-Orléans. Quatre ans de gesta¬ tion sont nécessaires pour l’époustouflant Sweet Old World. (92), album enregistré deux fois où figurent Benmont Tench des Heartbreakers, Byron Berline, Jim Lauderdale, et son groupe habituel : Morlix, Dr. John Ciambetti (basse) et Donald Lindley (batterie). Country girl singer, L.W. délivre un grand dis¬ que rock varié, mélodique, bourré d’émotion (« Little Angel, Little Brother »), interprété avec brio (« Pineola »). En juin 98, elle remanie son groupe de scène avec son ami Richard « Hombre » Price (basse), Kenny Vaughan (guitare), Jim Lauderdale (guitare-chant), John Jackson, l’ex-guitariste de Dylan, Randy Leago (claviers) et Fran Breen (batterie). Six ans après l’album précédent et son di¬ vorce avec Greg Sowders des Long Ryders, cette perfectionniste au phrasé sensationnel publie un chef-d’œuvre en juin 98 (et huit mois supplémentaires pour une parution en France) : Car Wheels On a Gravel Road, incan¬ descent, bluesy, commencé en 94 avec Morlix, poursuivi avec Ray Kennedy et Steve Earle, et terminé avec le producteur Rick Rubin et Roy Bittan du E Street Band de Bruce Springsteen. L.W. fusionne plusieurs modes d’expression : « Concrète And Barbed Wire », valse aca¬ dienne réminiscente du Band, une nouvelle version de « I Lost It » (de Happy Woman Blues), un texte de rupture « Métal Firecracker », les sensuels « Right In Time » et « Still I Long For Your Kiss» (inclus dans la B O de L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux de Robert Redford), « I Can’t Let Go », la seule chanson non originale, écrite par Randy Weeks des Lonesome Drivers, au riff piqué à « Mercury Blues » du bluesman K.C. Douglas, et « 2 Kool 2 Be 4-Gotten » qui semble sorti du Dusty In Memphis de Dusty Springfield. « Un disque rock’n’roll essentiel des années 90 » (Rolling Stone). Grammy du « meilleur album folk contemporain » en 98. 750

Ses chansons ont été reprises par Emmylou Harris (« Crescent City »), M.C. Carpenter, Tom Petty (« Changed Locks » pour la BO de Petits Mensonges entre frères), et Patty Loveless (la femme du producteur Emory Gordy Jr.), entre autres. L.W. chante ou joue de la guitare sur les disques de Jimmie Dale Gilmore, Spinning Around the Sun, Emmylou Harris, Wrecking Bail, Steve Earle, I Feel Alright, Donnie Fritts, Everybody’s Got a Song, Nanci Griffith, Other Voices, Too (A Trip Back to Bountiful), et interprète « Return Of the Grievous Angel » en duo avec David Crosby sur l’album-hommage (le deuxième) à Gram Parsons, Return Of the Grievous Angel paru en juin 99 (Almo Sounds). Parmi ses rares reprises, notons à son répertoire de scène le magnifique « Which Will » de Nick Drake (version studio sur la compil True Voices en 95. Capitol). On atten¬ dait un homme pour succéder à Bob Dylan. C’est une femme. M'M Ramblin’ / Happy Woman Blues (Folkways-Media 7)1 L.W. / Passionate Kisses [EP] (Rough Trade, puis Chameleon-Elektra & Koch) / Sweet Old Love (Chameleon-Elektra) / Car Wheels On a Gravel Road (Mercury). http://www.lonestarwebstation.com/lucinda.html http://www.polygram-us.com/lucinda/

R0BBIE WILLIAMS « Je fais de la merde, mais je sais que je suis le meilleur pour faire ça ! » (décembre 98). Né en février 74 à Stoke-on-Trent (GB), ce fils de comédien rejoint Take That à l’âge de 15 ans. L’ancien déjanté du boy’s band devient une rock star avec le troisième single de son pre¬ mier album « Angels » et avec un deuxième al¬ bum, Millenium, réussi qui, fin 98, s’était déjà vendu en Europe à plus de 4 millions d’exem¬ plaires. Ce copain d’Oasis et de Pulp fait équipe avec l’ex-World Party Guy Chambers, reprend le « Hey Jude » des Beatles, joue à l’occasion avec Kiss (« Let Me Entertain You ») et se si¬ tue sur scène entre Tom Jones (qu’il invita à le rejoindre en concert) et Iggy Pop. Ail Life Thru’ a Lens / I’ve Been Expecting You (Chrysalis). http://www.robbiewilliams.co.uk/frameset.html

TONY WILLIAMS « J’ai entendu tout de suite que Tony allait être l’un des plus fabuleux musiciens qui se soient approchés d’une batterie » (Miles Davis). Bat¬ teur jazz-jazz-rock. Né le 12/12/45 à Boston,

Williamson, né le 30/3/14 à Jackson (Ten¬ nessee), mort le 1/6/48 à Chicago. Le premier était aussi surnommé « Little Boy Blue » et le « roi de l’harmonica ». Son jeu swing et délicat a influencé les harmonicistes du « Chicago blues » comme James Cotton, et il a collaboré avec Robert Johnson et Howlin’ Wolf, et com¬ posé quelques classiques comme « Ail My Love », « Don’t Start Me To Talkin’ » et « Nine Below Zéro ». Deux ans avant sa mort, il avait enregistré en Angleterre avec les Yardbirds et les Animais, lors de la deuxième tournée de l’American Negro Blues Festival (sic). Jack Bruce a coécrit avec Paul Jones, le chanteur de Manfred Mann : « Sonny Boy Williamson ». Et les Moody Blues (avec Denny Laine) ont repris « Bye Bye Bird » en 65.

Magic Touch (Philips)I Life Time/Spring (Blue Note) / A Girl Is a Girl Is a Girl (Mercury) / Emer¬ gency ! / Turn It Over / Ego / Old Bum’s Rush / T.W. Lifetime / Believe It (Polydor) I Million Dollar Legs / Joy Of Flying / Collection* / Foreign Intrigue / Civilization / Angel Street / Native Heart / Story Of Neptune/Tokyo Live/Tribute To Miles (Blue Note) /Third Plane (Carrère) I Unmasked (Atlantic)I Wilderness (Ark 21)1 Best Of* (Blue Note)/ Spectrum : Anthology* (Verve) I Young At Heart (Sony) I Ultimate* (Universal). Avec Derek Bailey et Bill Laswell (Arcana) : The Last Wave (DIW).

http://www.sonnyboy.com/cgi/dynamic.cgi Le second, son cadet de quinze ans, est consi¬ déré comme le « Sonny Boy Williamson » ori¬ ginal. Il a joué avec le chanteur Big Joe Williams et Big Bill Broonzy et compté le pia¬ niste Eddie Boyd dans son orchestre des an¬ nées 40. Chanteur incompréhensible, il alter¬ nait chant syncopé et phrases courtes de son instrument, style cent fois copié par les harmo¬ nicistes blues-rock. Il a peu enregistré et encore moins composé (« Check Up On My Baby », « Pontiac Blues », « Good Morning Little School Girl »).

http://jazzcentralstation.com/jcs/station/featured/ twiliiam/index.html

S0NNY BOY WILLIAMSON Surnom de deux bluesmen chanteurs et harmonicistes, aux voix semblables, et souvent confondus : Alex « Rice » Miller, né Aleck Ford, le 5/12/99 à Glendora (Mississippi), mort le 25/5/65 à Helena (Arkansas) et John Lee

M'B S.B. & Memphis Slim In Paris (Vogue) I Down And Out Blues / Real Folk Blues / More Real Folk Blues (Checker)l Portrait In Blues vol. 4* / Blues Of S.B.W. Live ’63 (Storyville) / In Memoriam* / Bummer Road / Chess Masters 1 & 2* (Chess) / S.B.W. & The Yardbirds (Mercury) / One Way Out (MCA)I S.B.W* [coffret 6 LP] / Chess Years* (Chess) I Best Of* (Greenline)l Story* (Déjà Vu)I Work With Me* / The Animais With S.B.W. (1963) / Nine Below Zéro* (Charly) I Golden Years* (Vogue) I Original* (Blues Classics)/ Solo Harp 1963-65* (Document)I King Biscuit Time (Arhoolie) / 16 Greatest Hits* (Sixteen) / Clownin’ With the World* (Alligator) / Essential* (MCA) I Goin’ In Your Direction (Trumpet) I EP Collection* (See For Miles) I Bring It On Home* / Very Best Of* / Live In England* (Charly) / His Best* (MCA) / S.B.W. vol. 1-2* (Blues Collec¬ tion) & 3* (EPM)I Baby Please Don’t Go* (Nostalgia).

■'H S.B.W. (Chess) I Bluebird Blues (RCA)I Blues Classics vol. 1-3* (Blues Classics)/ Bluebird N° 15/ Rare (RCA) / Complété Recorded Works* (Docu¬ ment) I Blues In the Mississippi Night (Rykodisc) I Sugar Marna : Essential Recordings* (Indigo) I Ori¬ ginal S.B.W. (Collectables) / Original Sonny (Mag¬ num)/ Complété Bluebird Recordings* (BMG)I Nothing But the Blues (Collectors Edition) / Portrait Of a Blues Man (Analogue).

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SONNY BOY WILLIAM SON 1

d’un père saxophoniste et d’une mère chan¬ teuse qui l’emmènent en tournée. Dès l’âge de 9 ans, Anthony joue dans le groupe de son père et devient rapidement le batteur prodige de la côte Est des USA. Engagé à 17 ans - quelques mois après son arrivée à New York en 63 - dans le quintette de Davis (avec Wayne Shorter, Herbie Hancock et Ron Carter), il s’affirme comme l’un des grands batteurs des années 60. Après sa période Blue Note (dont l’immense Life Time), il forme en 69, avec Larry Young (orgue) et John McLaughlin (guitare, qu’il fait venir d’Angleterre), son groupe, Lifetime, que Jack Bruce rejoint en 70. Lifetime sera la pre¬ mière tentative de jazz-rock réussie : Emergency ! (69) et, puis le double Lifetime. Cet im¬ pénitent qui a joué avec les plus grands noms du jazz moderne (Ponty et Clarke à Châteauvallon, Hank Jones dans Chapter II en 80, McCoy Tyner - Super Trios en 77 -, Electric Guitarist de McLaughlin en 78) et de la chanson américaine (Joni Mitchell dans Mingus, 79) a peu enregistré ; en 78, pour The Joy Of Flying (Columbia), il fait appel au guitariste de rock Ronnie Montrose... et à Herbie Hancock et George Benson, Ian Hammer, Brian Auger et Stanley Clarke. Un batteur-styliste, admiré par tous ses confrères des années 60-80 pour un jeu de cymbales exceptionnel, un swing frénétique et un art unique des respirations : dans John McLaughlin In Retrospect (Polydor) qui re¬ groupe les albums Turn It Over et Emergency. Il jouait sur une Gretsch. Décédé le 22/02/97 d’un arrêt cardiaque en Californie.

BRIAN WILSON

BRIAN WILSON L’un des grands artistes et créateurs de l’his¬ toire du rock américain. Né à Hawthorne-LA (Californie) le 20/6/42, le producteur jusqu’à la fin des années 70 et le principal compositeur des Beach Boys, dont il a été membre actif (gui¬ tare et chant) de 61 jusqu’au 23/12/64, date à laquelle il quitte la scène. Il élabore avec Van Dyke Parks Smiley Smile en septembre 67, conclusion d’une création initiale intitulée Smile de laquelle sera tiré le morceau « Heroes & Villains » pour les Beach Boys. B.W., mar¬ qué par The Four Freshmen, Chuck Berry, les Beatles et Phil Spector, reste méconnu pour ses nombreuses productions et compos non desti¬ nées aux Beach Boys : une quinzaine de 45 t au total de 62 à 69, dont un single de Glen Camp¬ bell, et cinq du trio vocal féminin Honeys (les sœurs de Marilyn, sa première femme, Diane Rovell et leur cousine Ginger Blake, choristes sur la plupart des premiers titres des BB) et un album splendide en 73, Spring (de Marilyn et Diane) avec le hit manqué « Marna Said ». Sa fragilité et l’insuccès permanent de ses réalisa¬ tions, en dehors des BB, n’a pas été étranger à sa paranoïa chronique et à ses problèmes men¬ taux qui, à la fin des années 70, ont réduit « le Maître de chapelle du rock » à jouer un rôle de complaisance au sein du groupe légendaire. Se¬ lon Paul McCartney, l’influence majeure des Beatles à travers Pet Sounds qui favorisera les audaces de Sgt. Pepper’s. Ecrasé par son his¬ toire familiale et son père-manager Murray W., le succès et la drogue, il est donné pour perdu. A moitié sourd, l’auteur tragique de « God Only Knows » (qui résume toute sa vie) refait surface, à la surprise générale, au printemps 88 grâce à son psychanalyste Eugene Landy (de¬ venu son manager) avec Love & Mercy, un al¬ bum hors du temps ; ce come-back de l’année qui aurait coûté un million de dollars est un échec commercial, malgré des pièces variées et le travail des voix (Wilson, Andy Paley, ancien Sidewinders, Christopher Cross et T.T. d’Arby). Le mini-opéra pop qui conclut l’album, « Rio Grande », reprend là où « Good Vibrations » et « Caroline No » nous avaient laissés pantois, vingt-deux ans plut tôt. Sa maison de disques refuse de publier Sweet Insanity malgré un duo avec Dylan. B.W., qui a résisté à tous les procès de son ancien acolyte Brian Love (pour 80 mil¬ lions de dollars), participe en 88 à l’albumhommage Folkways où il reprend « Goodnight Irene » de Leadbelly et collabore en 89 avec Ryuichi Sakamoto. Ce génie, qui entame sa 752

première tournée solo en 99 (!), a publié la ver¬ sion complète en CD de son chef-d’œuvre Pet Sounds, ses travaux sur ses anciens titres I Just Wasn’t Mode For These Times et sa collabora¬ tion en 94 avec le fidèle compositeur-arrangeur Van Dyke Parks, Orange Crate Art. Et son pre¬ mier album solo en dix ans, Imagination, qui n’apporte rien à sa gloire passée malgré sa re¬ lecture de vieux morceaux comme « Let Him Run Wild ». Une influence universelle (à des ti¬ tres divers) sur des musiciens et des groupes aussi différents que Jeff Lynne de ELO (qui coécrit et coproduit avec lui l’hymne califor¬ nien 88, « Let It Shine »), les Beatles, Ramones, Kraftwerk (de leur propre aveu), C.S.N., Fleetwood Mac, REM, Who, Eagles, Laurent Voulzy et Elton John. Sa fille aînée a chanté au sein de Wilson Philips, curiosité pop améri¬ caine des années 80. IBiJ B.W. (Reprise)Il Just Wasn’t Made For These Times (MCA) / Orange Crate Art [avec Van Dyke Parks] / Imagination (Giant). Avec les Beach Boys : EMI, WB, Columbia. The Brian Wilson Productions, un album du coffret The Capitol Years. Wilson Philips: W.P. (Capitol) / Shadows & Light (SBI()I Best Of* (AMW). Carnie Wilson : Hey Santa ! (SBK). Chynna Phillips : Naked And Sacred (Capitol). MM I Just Wasn’t Made for These Times de Don Was, 1994. http://www.geocities.com/SunsetStrip/3424/WP.htm http://www.cabinessence.com/brian/jpeg.html http://brianwilson.cjb.net/

JACKIE WILSON « On était au premier rang avec ma copine, et les seules Blanches. Il s’est couché sur la scène, m’a fait signe, et il m’a embrassée sur la bou¬ che. Mon premier baiser mouillé. C’est comme si un catholique est béni par le pape. Et quel chanteur ! » (Chrissie Hynde). « J.W. était l’un des plus grands chanteurs soûl » (B.B. King). « Mister Excitement », Jack Leroy Wilson est né le 9/6/34 à Detroit. Les arrangements de ses disques ne rendent pas justice à ce ténor et showman extraordinaire, qui a influencé Elvis Presley, Michael Jackson, Van Morrison et Ja¬ mes Brown. Ce boxeur professionnel préfère la chanson après deux victoires et huit défaites. Avec deux singles sous le nom de Sonny Wilson chez le label du trompettiste jazz Dizzy Gillespie, il remplace Clyde McPhatter chez les Dominoes de Billy Ward en 53. Après une cinquantaine d’enregistrements dont le hit

■ He’s So Fine / Lonely Teardrops / So Much / J. Sings the Blues / My Golden Favorites* / A Woman, a Lover, a Friend / You Ain’t Heard Nothin’ Yet / By Spécial Request / Body And Soûl / J.W. At the Copa / J.W. Sings the World’s Greatest Mélodies / Baby Workout / Shake a Hand / Merry Christmas From

J.W. / My Golden Favorites vol. 2* / Somethin’ Else / Soûl Time / Spotlight On J. / Soûl Galore / Whispers / Higher And Higher / Manufacturers Of Soûl /1 Get the Sweetest Feeling / Greatest Hits* / Do Your Thing / It’s Ail Part Of Love / This Love Is Real / You Got Me Walking / Greatest Hits vol. 2* / Beautiful Day / Nowstalgia (Brunswick)/The Soûl Years vol. 1 & 2* / Higher And Higher (Kent) I Thru the Years* (Rhino)/14 Original Greatest Hits* [avec Billy Ward & The Dominoes] (King) / Classic J.W. (Skratch) / Reet Petite* (Ace) / 15 Classic Tracks* (Columbia) / 20 Greatest Hits* (Mainline) / Mr. Excitement* [3 CD] (Rhino) I Very Best Of* (Ace)I Very Best Of* (Rhino) I The J.W. Story vol. 5* / vol. 2 : The Chi¬ cago Years* (Charly) / The Soûl Years 66-75* (Brunswick). Autres compilations chez Silhouette, Skratch, Kent, Ace (Reet Petite*), Portrait, King, Streetlife, Kenwest, Roots, Charly, Pickwick et le coffret Titan Of Soûl* (Edsel). http://ourworld.compuserve.com/homepages/DYaros/ jwilson.htm

WINGS Groupe formé par Paul McCartney en août 71 après son départ des Beatles et la publica¬ tion de deux albums solo. L’association Paul et Linda McCartney (claviers-chant)-Denny Laine (ex-Moody Blues, guitare-chant) avec le guitariste Henry McCullough (ex-Grease Band, guitare) et le batteur Denny Seiwell fait d’abord sourire. Leur premier album paru un mois après celui de J. Lennon, Imagine, le 15/ 11/71, précède leur première apparition publi¬ que à Nottingham le 9/2/72. Les critiques ne l’épargneront pas pour les premières sorties de Miss McCartney (en France, à la pinède de Juan-les-Pins !). Mais le talent de P.M. permet¬ tra aux Ailes de devenir un impressionnant groupe qui réalisera quelques-unes des plus grosses ventes de 451 des années 70 avec « Give Ireland Back To the Irish » (mars 72) en faveur de la cause irlandaise, interdit d’antenne à la BBC, « Hi Hi Hi » (au texte équivoque sur l’usage des drogues et du sexe) onze mois plus tard, « Mary Had a Little Lamb » (juin 72), « Live And Let Die » (thème du James Bond 73, et de l’émission TV L’Heure de vérité), « Mull Of Kintyre », la plus forte vente de l’his¬ toire du 45 t en GB, n° 1 en novembre 77, à pro¬ pos de l’Ecosse chère à P.M., etc. Après Red Rose Speedway le 5/5/73, et la BO du film Vivre et laisser mourir de la série James Bond pro¬ duite par George Martin (un énorme succès, surtout en France), McCullough les quitte, comme Seiwell, peu avant les longues séances d’enregistrement au Nigeria, en août 73, de leur 753

WlNGS

« Rags To Riches », il entame en 57 une carrière contrôlée par la mafia qui va faire de lui l’un des chanteurs noirs les plus populaires des an¬ nées 50 et 60 aux USA, tout en menant une vie dissolue d’homme à femmes, alcoolique, drogué à la cocaïne. Son premier single, le frénétique « Reet Petite », un rock-rhythm & blues, est écrit par Berry Gordy Jr., le futur fondateur de Tamia, comme son premier hit « Lonely Teardrops » (« shou bi dou bi dou woua »), n° 1 rhythm & blues début 59. On lui doit « You Better Know It », « Talk That Talk » (59), « Doggin’ Around », « A Woman, a Lover, a Friend » et « Night », une adaptation d’une aria de Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns (60), « Baby Workout » (63), « Whispers (Gettin’ Louder) » (66). En 61, une groupie lui tire des¬ sus, le blessant sérieusement. Le créateur du fa¬ meux « (Your Love Keeps Lifting Me) Higher And Higher », classé n° 1 rhythm & blues en 67, qui chante dans l’orchestre de Count Basie à la fin de la décennie (Manufacturer Of Soûl en 68), est encore populaire au début des an¬ nées 70 (« (I Can Feel Those Vibrations) This Love Is Real ») lorsqu’il est victime d’une atta¬ que cardiaque pendant « Lonely Teardrops » sur la scène d’un casino du New Jersey le 25/9/ 75. Et cet acrobate du show à l’américaine, ce chanteur incroyable qui surpassait tous ses ri¬ vaux, passe les neuf dernières années de sa vie dans une clinique où il meurt le 21/1/84. Otis Redding a repris son « A Woman, a Lover, a Friend ». Van Morrison a écrit l’hommage « Jackie Wilson Said » (sur Saint Dominic’s Preview), repris en 82 par Dexy’s Midnight Runners. En 86, « Reet Petite » a été un tube mon¬ dial (aidé par une vidéo d’animation) pour une pub TV, comme « No Pity (In Naked City) ». L’année suivante, « I Get the Sweetest Feeling » (un titre de 68) est n° 3 en GB. J.W. chante «You’d Better Know It » dans le film Go Johnny Go en 58, et « That’s Why I Love You So » de 59 figure dans la BO rétro Ameri¬ can Hot Wax de Floyd Mutrux en 78. Elu au Rock & Roll Hall Of Famé en 87. Sa fille Jody Watley (née le 30/1/59 à Chicago) a été la chan¬ teuse du trio rhythm & blues Shalamar de 77 à 84 et poursuit une carrière solo new soûl pavée de succès aux USA : « Looking For a New Love » (87), « Real Love » (89), etc.

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meilleur album Band On the Run (plus de 6 millions d’exemplaires vendus en une année, avec les hits « Band On the Run », « Picasso’s Last Words » et la première face « Jet », « Bluebird », « Let Me Roll It »). Sa sortie en janvier 74 est suivie par des rumeurs de refor¬ mation des Beatles que P.M. dément. Avec Jimmy McCulloch (ex-Thunderclap Newman, Stone the Crows, guitare-basse) et Joe English (batterie), W. devient un grand groupe de stu¬ dio (Venus And Mars enregistré en 75 à La Nouvelle-Orléans avec Allen Toussaint et Dave Mason), exemple parfait de la seconde maturité de P.M. et de son « rock middle of the road » (« Magnéto », « Rockshow », « Letting Go »), puis de scène : le triple en public Wings Over America (76) et plusieurs tournées mon¬ diales triomphales en 75-76 pendant lesquelles P.M. chantera McCartney (première période Beatles, « Yesterday », « Lady Madonna », « Maybe Pm Amazed », « The Long And Widing Road » et seconde manière). Le départ de McCulloch (décédé le 27/9/79 à 26 ans), celui de Laine, l’arrestation de P.M. au Japon pour détention d’herbe amèneront sa dissolution en 80 après « Goodnight Tonight », hit disco, pro¬ duit par Chris Thomas. Contrairement à une opinion généralement répandue, W. est une bonne période de la carrière de Paul et Band On the Run est l’un de ses meilleurs enregistre¬ ments. C’est en tout cas la seule réussite scéni¬ que d’un ex-Beatles. Carrière solo de Denny Laine, sans grand intérêt : sa chanson sur les aventures de « Macca » au Japon (« Japanese Tears »). W. a participé à l’enregistrement de See Breezes (WEA), l’album de Mike McGear, frère de P.M. BI'IÉ Wild Life / Red Rose Speedway (Apple) / Band On the Run, rééd. 1999 en édition luxe [2 CD] (EMI) / Venus And Mars (Capitol)I At the Speed Of Sound / Over America (EMI) / London Town / Greatest* / Back To the Egg (Parlophone-EMI). Albums solo de Denny Laine : Aah Laine (Wizard) / Holly Days (EMI) / Japanese Tears (Scratch Re¬

cords). h J Wings Over America. P.McCartney and Wings. http://www.macca-l.net/

EDGAR WINTER Frère cadet de Johnny Winter, né le 28/12/46 à Beaumont (Texas). Grâce à un père musicien, il apprend très tôt piano, batterie, guitare basse, vibraphone, orgue, saxophone alto. Une voix au registre élevé, acrobatique et pleine de 754

swing. Après un premier album jazzy en 70, il évolue vers un rhythm & blues rude et chaleu¬ reux avec le groupe White Trash. Après sa dis¬ solution (repris à son compte par le chanteur Jerry La Croix), E.W. forme le Winter Group en 72, avec Ronnie Montrose (guitares-mando¬ line), Dan Hartman (guitares-percus-chantbasse) et Chuck Ruff (batterie-chant). Et avec le fidèle guitariste de Johnny Winter, Rick Derringer (ex-McCoys), le quatuor balance un hard rock sophistiqué efficace, agrémenté d’ar¬ rangements gospel. « Frankenstein » est n° 1 le 26/5/73. E.W. reste discret (mis à part quelques collaborations scéniques avec Leon Russell et des séances pour Méat Loaf, Dan Hartman et Bette Midler) jusqu’en 89 à l’occasion de Mis¬ sion Earth. Il reprend son saxo la même année pour Foreign Affair de Tina Turner. Dix ans plus tard, il revient avec Winter Blues en juin 99, où figurent son frère, Leon Russell, Dr. John, Rick Derringer et Eddie Money. Certains de ses titres se sont retrouvés dans quelques BO (Wayne’s World, Air America) des années 90, comme « Good Ole Shoe » dans Wag the Dog. ■Ü Entrance / E.W. White Trash / E.W. White Trash-Roadwork / The E.W. Group / They Only Corne Out At Night / E.W.G. : Shock Treatment (Epie) / Jasmine Nightdreams / E.W.G. With Rick Derringer (CBS-Blue Sky) I Together [avec Johnny W.] (Co¬ lumbia)/ Recycled / The E.W. Album / Standing On the Rock (Blue Sky)/Live In Japan [avec R. Derrin¬ ger] (Eagle) / Mission Earth (Rhino) / Collection* (Rhino)l People Music* (Sony)/I’m Nota Kid Anymore / The Real Deal (L+R) / Corne Back Baby (Collectables). Winter Blues (Pyramid-Rhino). http://209.221.209.37/

JOHNNY WINTER « Je devrais payer pour faire ce que je fais, et pas le contraire » (J.W.). Guitariste-chanteur albinos, surnommé à ses débuts « Texas Guitar Slim », frère aîné du précédent, né le 23/2/44 à Beaumont (Texas), élevé à Leland (Missis¬ sippi) dans la plantation de coton du père. Autodidacte, il apprend à jouer de la guitare en écoutant les bluesmen. A 18 ans, il monte à Chicago où il rencontre ses inspirateurs Muddy Waters, Big Joe Williams et autres. Un soir, il fait un bœuf impromptu avec un B.B. King sub¬ jugué par la technique et le feeling sincère de ce jeune Blanc qui n’a rien à lui envier. Sa ré¬ putation grandit, et il publie un album en juin 69 où quatre titres originaux (« Tribute To Muddy ») côtoient des reprises de ses maîtres.

Après une rencontre notalgique avec son frère en 76 (Together), il change d’image en 77. Ses concerts se font paisibles : il ne saute plus (« Jumpin’ Jack Flash ») d’un bord à l’autre de la scène en exécutant des riffs jugés depuis ap¬ proximatifs (sic), mais reste souvent assis. Il re¬ vient à ses sources et relance la carrière de Muddy Waters en produisant ses enregistre¬ ments. Mais le « blues revival » ne bouleverse plus sa génération. Il se remet au dobro et uti¬ lise une guitare métallique fabriquée spéciale¬ ment par l’artisan spécialiste John Velano, au manche ultra-mince en argent. Après les re¬ marquables Nothin’ But the Blues en 77 et Rai¬ sin’ Cain en 80, il délaisse le studio pour la scène et les clubs de Chicago. Et inaugure, en 84, une trilogie d’albums sensationnels pour le label spécialisé Alligator. Armé d’une guitare « fretless » Erlewine, il embauche la rythmi¬ que intraitable des Icebreakers d’Albert Col¬ lins, et poursuit sa croisade blues, dans l’admi¬ rable 3rd Degree (86) où il reprend de façon magistrale ce classique d’Eddie Boyd. Il rap¬ pelle son ancienne section rythmique John Turner-Tommy Shannon, celle de Dr. John, qu’il emmène en tournée européenne (Olympia à

Paris comble le 9/2/87). Et se retrouve en 88 à Memphis en trio avec Jon Paris et Tom Compton, puissamment produit (« Stranger Blues ») par Terry Manning (ZZ Top) pour The Winter Of 88, aux solos ciselés, notamment à la guitare slide. Dépassé dans les années 90 par les jeunes loups dont le jeu l’évoque irrésistiblement, J.W. donne Let Me In en 91. Et en 92 Hey, Where’s Your Brother ?, titre référence à la question po¬ sée aux deux frères depuis vingt ans, qui con¬ tient, en duo avec Edgar, une version explosive du standard de Charles Brown « Please Corne Home For Christmas », allusion aux soldats américains engagés à l’époque dans la guerre du Golfe. Cet enthousiaste infatigable, instru¬ mentiste hors pair, chanteur expressif, n’est pas devenu une rock star, et est demeuré long¬ temps un mètre étalon pour tous les amateurs du blues. Rarement cité comme référence, son style et son succès des années 60-70 ont in¬ fluencé ZZ Top ou Stevie Ray Vaughan (dont T. Shannon a été le bassiste). Presque aveugle (comme la plupart des albinos), il ne donne un concert qu’après le coucher du soleil, même dans une salle close. fâiM The Progressive Blues Experiment (LibertyEMI-One Way) I J.W. / Second Winter (Columbia) I Story* (G RT) I J.W. And [live] (Columbia)I Early Ti¬ mes* (Janus) I Still Alive And Well / Saints And Sinners (Columbia) / J.D.W. III / Captured Live ! / To¬ gether / Nothin’ But the Blues / White, Hot And Blue / Raisin’ Cain (Blue Sl