La Reforme de La Caisse de Compensation [PDF]

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Zitiervorschau

Banque Centrale Populaire – Division Analyses & Recherches

La réforme de la Caisse de compensation : Le coût de l’attentisme Ouazzani Driss

Juillet-Août 2014 1

Introduction : La trajectoire des finances publiques marocaines modernes est atypique, dans le sens où elle retrace une gestation et un apprentissage des procédés de gouvernance guidée par la succession d’un ensemble d’événements propres au pays, tout en étant sous l’influence des grandes tendances internationales. Toutefois, l’originalité de ce parcours ne masque point les difficultés et les déficiences de leur gestion. En effet, le pays fait face à deux défis formant un jeu à somme nulle : la préservation d’un assainissement de ses finances publiques acquis au prix de lourds sacrifices et l’exigence d’une forte croissance économique en vue de s’attaquer à des chantiers de développement budgétivores. Dans les années 60, le Maroc fait le choix de l’équilibre budgétaire, décidant de privilégier le maintien d’un déficit entre 3% et 4% du PIB sur le lancement de projets de développement. Toutefois, les nécessités de préservation de l’intégrité territoriale du Royaume ainsi que les chocs pétroliers qui ont eu lieu lors de la décennie suivante ont poussé le Maroc a abandonné cette ligne de conduite, pour adopter une autre ligne, celle du crédit et de l’endettement massif auprès d’acteurs étrangers. Cependant, bien que l’endettement massif fut dicté par des impératifs réels, cela ne pouvait se transformer en une solution durable, ni en régime soutenable de gestion des finances publiques. C’est ainsi qu’en 1983, la sanction vint du Fond Monétaire International, appliquant au côté des autorités marocaines un plan d’ajustement structurel qui visait alors à contrôler le taux d’inflation à travers une politique monétaire restrictive, mais aussi, à revenir à l’équilibre budgétaire par le biais d’un rééchelonnement de la dette. Toutefois, il est à noter que les leviers de réduction des déficits budgétaires furent majoritairement des actions ponctuelles, à l’exemple de la privatisation, et non des mesures durables de réformes et d’assainissement du système de gestion des finances publiques ; car cette fois, le poids sur les dépenses publiques ne fut plus exercé par des impératifs conjoncturels, mais par des tendances prolongées dans le temps, comme le coût de fonctionnement de l’administration et l’importance de sa masse salariale. De plus, les mesures adoptées alors peuvent être qualifiés de mesures de remplacement, et non pas de solutions, puisqu’à l’endettement extérieur, le Maroc a substitué l’endettement intérieur.

2

Evolution de la charge de la dette en pourcentage des dépenses totales

Source : Prospectives Maroc 2030 – Finances Publiques – HCP

Le Maroc en est donc resté à l’état d’une gestion des finances publiques à l’équilibre précaire, basé sur une résolution ponctuelle des déficits, par des ressources récoltées à cet effet : « Le déficit résultant de cette situation fut résorbé, bon an mal an, par des recettes exceptionnelles dont la nature a différé d’une période à l’autre. Elles furent constituées, à un moment donné, par les recettes consécutives au renchérissement éphémère des prix des phosphates, lesquelles ont été relayées par les emprunts mobilisés sur le marché financier international, puis par le rééchelonnement de la dette extérieure excessivement lourde, qui en a résulté, ensuite par l’emprunt intérieur, et, au cours de la période récente, par le produit des privatisations. Mais parallèlement, les dépenses publiques n’ont jamais pu être maîtrisées à un niveau compatible avec les possibilités de financement faisant ainsi que le pays a dû faire face à un déficit plutôt subi que volontaire. »1 Avec la crise mondiale de 2008 et la crise de la zone euro, il y eut tarissement de ces ressources exceptionnelles, et le déficit global passa sous la barre des 5 points en pourcentage de PIB en 2011, et continua sur une tendance haussière. Face à cette situation, les autorités dans l’obligation de réagir se sont engagées, et ce de façon inédite, dans un processus de réforme essentiel et fondamental des finances publiques, et plus précisément de la Caisse de compensation, dont les dépenses représentaient plus de 6% du PIB en 2011. 1

PROSPECTIVE MAROC 2030, Rapport préparé par Mr Saïd TOUNSI, Professeur à l’Université Mohamed V pour le compte du Haut Commissariat au Plan, le 30 avril 2006; p.18

3

L’évidence arithmétique est flagrante ; avec la suppression des dépenses de la caisse de compensation, le problème du déficit budgétaire du Maroc serait inexistant.

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

127 850

125 040

134 990

157 036

152 733

162 020

194 214

215 623

209 006

24,2%

21,7%

21,9%

22,8%

20,9%

21,2%

24,2%

26,1%

23,9%

dont Masse Salariale En % du PIB

61 897

63 164

65 665

70 315

75 527

78 768

88 973

96 673

98 641

11,7%

10,9%

10,7%

10,2%

10,3%

10,3%

11,1%

11,7%

11,3%

dont Compensation En % du PIB

11 269

13 143

16 350

31 450

13 276

27 195

48 830

54 870

41 600

2,1%

2,3%

2,7%

4,6%

1,8%

3,6%

6,1%

6,6%

4,8%

-21 344

-10 044

2 924

3 070

-15 900

-35 764

-48 271

-57 560

-48 117

-4,0%

-1,7%

0,5%

0,4%

-2,2%

-4,7%

-6,0%

-7,0%

-5,5%

Dépenses ordinaires En % du PIB

SOLDE GLOBAL En % du PIB

Source : Ministère de l’économie et des Finances

Aujourd’hui, cette réforme suscite plusieurs réactions, notamment celles allant dans le sens de la critique eu égard au coût social fort élevé de cette dernière. Dans ce contexte, il nous paraît nécessaire d’apporter en contrepoids les arguments économiques entrant en jeu dans le débat sur la réforme de la Caisse de compensation. La réforme de la Caisse de compensation dans le détail : La source du problème : la compétitivité inexistante des forces productrices marocaines : Si aujourd’hui la Caisse de compensation est affublée de tous les maux dont souffre notre système de gestion des comptes publics, l’Histoire plaide pour sa défense, puisque l’institution, sous une forme primaire, existe depuis les années 1930. Cette Caisse de compensation formait alors un complexe institutionnel, rassemblant aussi bien l’Office Chérifien Interprofessionnel des Céréales et des Légumineuses, que la dite Caisse de compensation. Au départ, il ne s’agissait nullement d’un système de subvention permanent des produits à l’import, mais plutôt un système de péréquation entre les différentes matières visant à amortir la hausse du cours d’un produit par la baisse du cours d’un autre, poursuivant en définitif une stabilisation des prix. La finalité de cette architecture institutionnelle était alors une préservation du pouvoir d’achat, couplée d’une stabilisation des prix garantissant une certaine rentabilité aussi bien aux petits producteurs agricoles qu’aux agents opérants sur les secteurs industriels lourds. Cependant, cette subvention a perdu progressivement de sa ponctualité pour devenir un palliatif à la faible compétitivité de l’industrie marocaine. Toutefois, l’installation à partir du nouveau millénaire d’une fluctuation structurelle sur les marchés internationaux de matières premières, accentuée par la

4

crise, ont rendu insoutenable ce monitoring étatique du secteur industriel, rendant obligatoire la suppression de cet usage déviant de la Caisse de compensation. Croissance annuelle de la productivité globale des facteurs sur deux périodes données

Source : FEMISE-EIB (2010)

Une réforme restreinte : Le retour aux objectifs premiers de la caisse : Tout d’abord, il s’agit de rappeler qu’il ne s’agit en aucun cas d’une réforme globale de la caisse compensation, les mesures ayant été prises pour l’instant s’étant essentiellement concentrées sur la réduction de la subvention étatique des hydrocarbures ; la restriction répondant à la volonté gouvernementale de réaxer l’action de cette Caisse de compensation autour de la préservation du pouvoir d’achat des citoyens marocains. Cette stratégie de réforme permet de réaliser à la fois l’objectif précité et l’équilibre budgétaire, car en effet, s’il l’on a relevé plus haut la part importante des dépenses de Compensation dans les dépenses publiques ordinaires, il est à noter également que la part des subventions allant aux hydrocarbures représente 83,3% de ces dépenses de Compensation sur la période 2009-20132. Ainsi le système d’indexation mis en place, soit le plafonnement du subventionnement à un niveau des prix fixe, vise à réduire cette part des dépenses de près de 20%3. Rappelant toutefois que ce plafonnement opère aussi bien à la hausse qu’à la baisse, ce qui explique la décompensation de l’essence en 2014, sur une tendance baissière depuis 2012. La décompensation s’est opérée aussi sur le fuel industriel, tout comme il a été décidé de baisser progressivement les subventions sur le gasoil, dans l’espérance d’atteindre une charge de la compensation d’uniquement 28 milliards de

2 3

Cour des Comptes, Rapport sur Le système de compensation au Maroc: Diagnostic et propositions de réforme, Janvier 2014; p11. Cour des Comptes, Rapport sur Le système de compensation au Maroc: Diagnostic et propositions de réforme, Janvier 2014; p21.

5

dirhams pour 2014 4. Sans doute que le solde global de -5,5% en % du PIB enregistré en 2013 ait fortement joué en la faveur d'une compression encore plus poussé des charges de la Caisse de compensation. Le Gasoil 50 PPM, volatilité des prix et pouvoir d’achat : la difficile décompensation : Si l’indexation, puis la décompensation, appliquées au fuel industriel et à l’essence, permettaient au gouvernement de réaliser le double objectif de préservation du pouvoir d’achat et de réalisation de l’équilibre budgétaire ; il nous faut noter que toute compression des Répartition des subventions du gasoil par catégorie de bénéficiaires en millions DH subventions sur le gasoil a une incidence majeure sur le pouvoir d’achat des citoyens marocains. Source : Cour des Comptes

En effet, le gasoil est le produit pétrolier le plus consommé au Maroc (45% de la consommation globale)5, et celui qui bénéficie de la plus grosse part de subvention parmi les produits pétroliers (43%)6. C’est aussi le produit pétrolier le plus utilisé par les ménages et par le secteur des transports. Cela préfigure d’une forte élasticité prix du gasoil / Indice des prix à la consommation :

4

L'indexation pour faire face aux effets négatifs de la volatilité des prix des produits pétroliers. Dossier argumentaire, Septembre 2013, Royaume du Maroc, Chef du gouvernement. 5 Cour des Comptes, Rapport sur Le système de compensation au Maroc: Diagnostic et propositions de réforme, Janvier 2014; p32. 6

Cour des Comptes, Rapport sur Le système de compensation au Maroc: Diagnostic et propositions de réforme, Janvier 2014; p110.

6

Conscients de cette forte élasticité, le gouvernement avait pris déjà en 2013, lorsqu’il ne s’agissait que d’une indexation de la subvention au gasoil 50 PPM, des mesures d’accompagnement qui ont pris la forme d’accords de modérations entre le gouvernement et les transporteurs, des aides qui se sont portées à près de 50 millions de DH en 2013. Ajouté à cela, le gouvernement a voulu se prémunir de façon globale contre la fluctuation des prix des produits pétroliers, en recourant à un hedging, soit la protection des transactions d’imports de ces produits contre les risques de volatilité du marché international, une opération dont le coût s’est élevée à 524 millions de DH. Pour l’exercice budgétaire de 2014 et la réduction progressive des subventions sur le gasoil, jusqu’au seuil de 0,80DH/l. à partir du 16 Octobre 2014, le gouvernement a prévu 2 milliards de DH dans son projet de loi de finances afin d’amortir les effets de cette mesure, toujours en agissant selon les mêmes accords de modérations. Ce nouveau mode opératoire préfigure d’un changement de paradigme dans l’intervention de la force publique auprès des acteurs privés, comme l’exprimait le ministre des affaires économiques et générales, M. El Ouafa, dans l’entretien accordé au quotidien La Vie éco, datant du 27/01/2014, en réponse aux doléances des industriels suite à la décompensation sur le fuel industriel : « Si les industriels parlent de dispositifs classiques d’accompagnement comme la fiscalité et les subventions telles qu’elles étaient conçues, je leur dis que ces méthodes sont révolues. Il y a aujourd’hui des dispositifs pour les exportateurs, des incitations pour certains secteurs qu’il faut exploiter au mieux. »,tout en ajoutant que « le Maroc ne peut plus se permettre de dépenser des milliards de DH pour subventionner la consommation au détriment de l’investissement. » La structure du Budget de l’Etat : Le manque à gagner : Cette réforme de la Caisse de compensation, encore sur les rampes de lancement, a réussi à rassembler un consensus politique permettant d’assumer collectivement, de la part de l’ensemble des forces politiques conventionnelles, la responsabilité du renchérissement du coût de la vie engendrée, et la perte de popularité auprès de l’opinion publique. Si la réforme fait cas d’exception au niveau politique, c’est que sur le point de vue économique, celle-ci est extraordinaire. Son impact macroéconomique est déterminant et décisif pour la poursuite du développement du pays. Nous aimerions présenter ci-dessous une simple quantification de cet aspect décisif, afin de le rendre plus palpable, et ainsi, souligner le caractère nécessaire de la réforme.

7

L’assainissement des comptes publics : Equilibre budgétaire et réduction de l’endettement : Il est entendu qu'une neutralisation totale des dépenses de Compensation n'est pas à l'ordre du jour, et ce en raison des coûts sociaux de l'opération et d'autres facteurs de stabilité des marchés relatives aux rapports entre information et rigidité des prix, néanmoins, une réduction de ces dépenses dans les limites des objectifs de compression du déficit budgétaire vers un taux tolérable de 3% reste envisageable. Nous opérons ci-dessous ces réductions sur la période 2005-2013: 2005 Dépenses ordinaires En % du PIB dont Masse Salariale En % du PIB dont Compensation En % du PIB

SOLDE ORDINAIRE Solde ordinaire / PIB DEPENSES D'INVESTISSEMENT en % du PIB

2007

2008

2009

2010

2011

2012

127 850 24,2%

2006 125 040 21,7%

134 990 21,9%

157 036 22,8%

152 733

162 020

194 214

215 623

2013

20,9%

21,2%

24,2%

26,1%

209 006 23,9%

61 897

63 164

65 665

70 315

75 527

78 768

88 973

96 673

98 641

11,7%

10,9%

10,7%

10,2%

10,3%

10,3%

11,1%

11,7%

11,3%

11 269

13 143

16 350

31 450

13 276

27 195

48 830

54 870

41 600

2,1%

2,3%

2,7%

4,6%

1,8%

3,6%

6,1%

6,6%

4,8%

-5 408

10 337

21 798

19 863

12 125

-1 916

-4 441

2,7%

1,6%

-0,2%

-13 995 -1,7%

46 219

47 031

50 023

51 458

48 270

-1,0%

1,8%

3,5%

29 264 4,2%

20 519

23 846

28 212

37 740

-0,5%

3,9%

4,1%

4,6%

5,5%

6,3%

6,2%

6,2%

6,2%

5,5%

Solde des comptes spéciaux du Trésor

4 583

3 465

9 338

11 546

10 456

-858

3 668

7 893

4 594

SOLDE GLOBAL

-21 344 -4,0%

-10 044 -1,7%

2 924

3 070 0,4%

-35 764 -4,7%

-48 271 -6,0%

-57 560 -7,0%

-48 117

0,5%

-15 900 -2,2%

Réduction de la Compensation

5336

0

0

0

0

12936

24135

32891

21871

SOLDE GLOBAL (Réévalué)

-16 008 -3,0%

-10 044 -1,7%

2 924

3 070

0,5%

0,4%

-15 900 -2,2%

-22 828 -3,0%

-24 136 -3,0%

-24 669 -3,0%

-26 246 -3,0%

En % du PIB

En % du PIB

-5,5%

Source : Ministère de l’économie et des Finances

Ainsi, en procédant aux réductions des dépenses de compensation, le déficit budgétaire du Maroc varierait entre les -3,0% et +0,5% sur la période 2005-2013. Il est toutefois peu aisé de déterminer l’influence de ces réductions sur le niveau d’endettement du Trésor public, puisque les taux auxquels aurait emprunté le Maroc aurait été différents des taux appliqués en réalité, car ces taux sont aussi fonction du déficit budgétaire. Toutefois, et sans pousser la précision de la prédiction à l’extrême, on pourrait statuer sur des niveaux d’endettement hypothétiques, n’incluant pas la variation probable des taux d’intérêts et bien évidemment faux, mais qui montreraient l’impact de cette réforme. Les résultats obtenus sont dans leur quasi totalité en dessous de la barre des 60%, ces réductions permettant donc au Maroc de respecter l'orthodoxie budgétaire néo-classique prônée par les organismes internationaux :

8

Endettement en % du PIB

Endettement en % du PIB (hors compensation)

2005

62,1

60,1

2006

57,3

57,3

2007

53,5

53,5

2008

47,3

47,3

2009

47,1

47,1

2010

50,3

49,6

2011

53,7

50,7

2012

59,6

57,1

Le jeu du multiplicateur budgétaire : Un instantané du coût en développement du système de Compensation : Dans le cadre de ses politiques de maintien de l’équilibre macroéconomique, le Maroc, étant un pays en voie de développement rasant jusqu’en 2010 la frontière de croissance des pays émergents, se doit de privilégier le poste budgétaire d’investissements publics, puisqu'en l'absence d'une croissance inclusive, notamment au niveau de la répartition des ressources7, et dans l'état actuel de la composition de l'investissement privé orientée majoritairement vers des secteurs faiblement créateurs d'emploi et peu performant en terme de distribution des plus values8, l'impact de l'investissement privé sur le développement est insuffisant pour pallier aux besoins de financement que doit prendre en charge l'Etat. La nécessité de l’investissement public étant entendue, il nous paraît essentiel de montrer, en terme quantitatif, le coût d’opportunité du maintien telle quelle de la Caisse de compensation. Ainsi, nous effectuons ci-dessous l’opération de transfert d'une partie des dépenses de compensation supprimées plus haut vers le poste budgétaire des dépenses d’investissement, l'autre partie visant à une stabilisation du déficit budgétaire. Ce double objectif présuppose une réduction plus accrue de la 7

Le coefficient GINI mesurant la distribution des revenus au sein d'une population donnée est de 0,407 pour le Maroc en 2011, soit un indice plus élevé, et donc une situation plus inégalitaire, à titre de comparaison, que celles de l'Algérie, la Jordanie, l'Egypte ou encore la Tunisie. (source: http://www.statistiquesmondiales.com/gini.htm et HCP.) 8 On pense notamment ici au secteur de l'immobilier qui représentait plus de 0,6% de la croissance du Maroc en 2006. Projet de loi de finances pour l'année budgétaire 2014, Ministère de l'économie et des finances.

9

compensation, qui se retrouve multiplié par deux, la valeur de la somme déduite pour une réduction du déficit étant cette fois déduite de nouveau pour l'allocation à l'investissement, ce qui nous donne une nouvelle version du tableau précédemment réalisé: 2005 Dépenses ordinaires En % du PIB dont Masse Salariale En % du PIB dont Compensation En % du PIB

SOLDE ORDINAIRE

2007

2008

2009

2010

2011

2012

127 850 24,2%

2006 125 040 21,7%

134 990 21,9%

157 036 22,8%

152 733

162 020

194 214

215 623

2013

20,9%

21,2%

24,2%

26,1%

209 006 23,9%

61 897

63 164

65 665

70 315

75 527

78 768

88 973

96 673

98 641

11,7%

10,9%

10,7%

10,2%

10,3%

10,3%

11,1%

11,7%

11,3%

11 269

13 143

16 350

31 450

13 276

27 195

48 830

54 870

41 600

2,1%

2,3%

2,7%

4,6%

1,8%

3,6%

6,1%

6,6%

4,8%

-5 408

10 337

21 798

19 863

12 125

-1 916

-4 441

-1,0%

1,8%

3,5%

29 264 4,2%

2,7%

1,6%

-0,2%

-13 995 -1,7%

25 855

23 846

28 212

37 740

46 219

59 967

74 159

84 349

70 141

4,91%

4,10%

4,60%

5,50%

6,30%

7,91%

9,19%

10,16%

7,99%

Solde des comptes spéciaux du Trésor

4 583

3 465

9 338

11 546

10 456

-858

3 668

7 893

4 594

SOLDE GLOBAL

-10 044 -1,7%

2 924

3 070

0,5%

0,4%

-15 900 -2,2%

-35 764 -4,7%

-48 271 -6,0%

-57 560 -7,0%

-48 117

En % du PIB

-21 344 -4,0%

Réduction de la Compensation

10672

0

0

0

0

25872

48270

54 870

41 600

SOLDE GLOBAL (Réévalué)

-16 008 -3,0%

-10 044 -1,7%

2 924

3 070

0,5%

0,4%

-15 900 -2,2%

-22 828 -3,0%

-24 136 -3,0%

-24 669 -3,0%

-26 246 -3,0%

Solde ordinaire / PIB DEPENSES D'INVESTISSEMENT (avec dépenses Compensation) en % du PIB

En % du PIB

-0,5%

-5,5%

Source : Ministère de l’économie et des Finances

Ne souhaitons point nous arrêter à l’acte arithmétique peu pertinent et pauvrement représentatif, nous insérons une variable prévisionnelle et estimatoire dans l’analyse afin de lui conférer une meilleure représentation symbolique. En effet, basée sur l’étude du Dr. Brahim Mansouri, Déséquilibres Financiers Publics, Investissement privé et Croissance économique au Maroc, où il développe, par la voie d’une modélisation mathématique une estimation de l’impact de l’investissement public réel et de la sécheresse sur le taux de croissance marocain, couvrant la période 1966-1996, nous prenons cet indicateur obtenu par l’étude sur un temps court de l’incidence d’une hausse du taux de croissance d’un investissement public réel de 2 points, égale à une hausse de 0,14% du PIB ; pour réaliser les calculs suivants :

10

2005 DEPENSES D'INVESTISSEMENT en % du PIB DEPENSES D'INVESTISSEMENT (avec dépenses Compensation) Variation en % des DEPENSES D'INVESTISSEMENT Incidence sur le taux de croissance en % du PIB

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

20 519

23 846

28 212

37 740

46 219

47 031

50 023

51 458

48 270

3,9%

4,1%

4,6%

5,5%

6,3%

6,2%

6,2%

6,2%

5,5%

25 855

23 846

28 212

37 740

46 219

59 967

74 159

84 349

70 141

26,0%

0%

0%

0%

0%

27,5%

48,2%

63,9%

45,3%

+1,8%

0%

0%

0%

0%

+1,9%

+3,3%

+4,4%

+3,1%

Les résultats sont pour le moins édifiants. Sur les années où les dépenses de Compensation se révèlent être particulièrement élevées, l'opération restrictive en vue du soutien de l'investissement public rapporte un gain important en terme de croissance du PIB, dépassant les 4%, comme ce fut le cas par exemple en 2012. Cependant, il en tient de l'honnêteté et de la fiabilité des informations présentées dans le cadre de ce travail que de nuancer les résultats obtenus ci-dessous, l'indicateur de base mesurant l'incidence de la hausse des dépenses d'investissement étant calculé sur une période passée, et relativement lointaine. De plus, il faut signaler que jusqu'à présent, il n'a été mesuré que l'impact positif de la réduction des dépenses de compensation sur la croissance, or il est de toute évidence qu'une telle mesure ait des conséquences sur le niveau de la consommation et son appui à la croissance. Enfin, le risque d'un effet d'éviction est toujours probable, néanmoins, nous ne nous intéresserons point avec plus de détails à ce dernier point. L'angle mort de l'hypothèse de réforme: L'impact de la décompensation sur la consommation et la croissance : Comme nous l'avions souligné auparavant, et malgré sa trajectoire déviante, la Caisse de compensation n'en reste pas moins un soutien, justifié ou non, au pouvoir d'achat du consommateur marocain. Une réduction de ces dépenses affecterait donc inéluctablement ce pouvoir d'achat, et par la même le niveau de consommation, du moins, à court terme. Il en découle alors une chaîne de conséquence dont le nœud est la compression de la croissance, puisqu'en réalité, la part de la consommation intérieure dans le PIB est très importante, atteignant quasiment les 80% en 2013:

Eléments de la demande en % du PIB nominal 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Consommation finale intérieure/PIB 76,8

Administrations publiques Ménages

76,0

76,6

75,3

75,3

74,8

77,2

78,9

79

18,2

17,1

18,2

17,5

18,2

19,2

19

58,4

58,1

57,1

57,3

58,9

59,7

60

Source: WDI et Ministère de l'économie et des Finances

11

Afin de mesurer cet impact, et ce de manière absolue, sans prendre en compte un série de variables tels que l'élasticité des prix des produits compensés ou encore l'incidence des mesures gouvernementales de soutien aux secteurs particulièrement touchés par la décompensation comme celui du transport, nous procédons à un retrait simple de la valeur de décompensation estimée de la somme des dépenses de consommation finale. Ensuite, et afin de mettre en lumière le nexus causal entre la chute de la consommation et la compression de la croissance, nous réévaluons le PIB à l'aune de ces changements de niveau de consommation, pour parvenir in fine à un pourcentage de variation quantifiant l'incidence de ce ralentissement consumériste sur l'activité économique. Nous répétons l'opération deux fois, avec des chiffres de réduction des dépenses de Compensation différents, correspondant à deux objectifs et scénarios différents: Scénario 1: Décompensation à hauteur de l'objectif de réduction du déficit à 3% (cf. données du tableau p.8):

Dépenses

2005

2006

2007

2008

396082,7

437490,4

471375,7

518698,7

517313

575271

615373

-1,02%

0,00%

0,00%

2009

2010

2011

2012

2013

551534,1

558761,9

595477,6

620004,1

667633,8

688843

732449

751366

778472

794606

850920

0,00%

0,00%

-1,69%

-3,01%

-3,97%

-2,51%

de

consommation finale tronquée (en MDH) PIB

réévalué

(en

MDH) Incidence de la compression de la consommation sur le PIB en %

Scénario 2: Décompensation à hauteur de l'objectif de réduction du déficit à 3% et l'augmentation des dépenses d'investissement d'une valeur équivalente à la décompensation du scénario 1 (cf. données du tableau p.10): 2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

390746,7

437490, 4

471375,7

518698,7

551534,1

545825,9

571342,6

598025,1

647904,8

PIB réévalué

511977

575271

615373

688843

732449

738430

754337

772627

831191

Incidence de la compression de

-2,04%

0,00%

0,00%

0,00%

0,00%

-3,39%

-6,01%

-6,63%

-4,77%

Dépenses de consommation finale tronquée

la consommation sur le PIB en %

Pareillement, la répercussion de la décompensation sur le niveau de consommation, et par la même sur la croissance est assez forte, approchant les 4% en 2012 pour le premier scénario, et dépassons les 6,5% la même année pour le second scénario. Nous venons donc d'établir des estimations chiffrés des conséquences de la décompensation sur deux composantes de l'activité économique marocaine, toutefois, ces dernières ne sont point les seuls éléments de l'équation à être affectés,

12

car même si nous n'allons guère nous lancer dans une tentative de quantification de l'effet que provoque la mesure de compensation sur les autres composantes de la croissance, il nous semble nécessaire d'en indiquer ici les tendances: - Importations de biens et services: Les produits marocains sont généralement moins chers que ceux de la concurrence étrangère, toutefois, cela ne veut pas dire qu'ils sont plus compétitifs, leur qualité étant inférieure aux produits de l'import. L'impact de la décompensation sur l'importation peut prendre deux directions antagoniques puisque la mesure présente deux effets contradictoires sur la structure du marché. D'une part, nous retrouvons une réduction du pouvoir d'achat des ménages, et de l'autre une hausse des coûts de productions pour les agents nationaux. La première conséquence inciterait à une substitution des biens consommés en faveur de produits de moindre qualité, mais moins chers. Cependant, si la hausse des coûts de productions est telle qu'elle fait perdre aux produits marocains leur avantage comparatif simplement au niveau des prix, la production locale s'écraserait au profit de l'import. En somme, la décompensation mène inéluctablement à une compression de la consommation, l'enjeu sous-jacent est la transformation dans la composition de cette consommation, et par la même, la variation du caractère inclusif de la croissance.

- Exportations de biens et services: L'effet serait a priori négatif, puisque l'unique impact de la décompensation cette fois-ci concernerait l'augmentation des coûts de production, la décompensation n'ayant logiquement aucune conséquence sur la demande internationale. Notons toutefois que l'impact décrit est à court terme, à long et moyen terme, la modification de la structure des coûts étant une incitation à l'innovation, les entreprises marocaines pourraient gagner en compétitivité si elles prenaient cette voie, ce qui accroitrait les exportations des biens et services.

- La formation brute de capital fixe: Cet indicateur devrait subir un changement positif puisque l'économie bénéficierait d'un rehaussement des investissements publics par effet de transfert des réductions des dépenses de compensation.

Etude de cas : Le problème du chômage et le besoin de croissance : Cependant, il nous paraît essentiel de pousser l’illustration à l’extrême, ce dernier exercice étant l’objet principal de notre travail. En effet, pour rendre plus palpable le coût d'opportunité de la réforme de la Caisse de compensation en terme de croissance du PIB, pour lui donner une apparence qualitative, nous avons choisi de traiter du problème du chômage sur la base de la relation entre taux de croissance, création d’emploi et réduction de celui-ci. Nous réalisons pour la première fois dans notre étude une prévision future, à l’échéance de 2020. Cette dernière est motivée par les résultats d’une étude conduite par le FEMISE sur les besoins en matière de création d’emploi des pays du Sud et de l’Est de la méditerranée. Ces besoins sont traduits en valeurs nominales, mais aussi en pourcentage de croissance du PIB. Ils correspondent à deux objectifs distincts : la préservation des ratios d’activité et de chômage de l’année de référence (2005), ainsi que le maintien du nombre absolu de chômeurs et d’inactifs de la même année de référence :

13

Emplois nouveaux à créer d’ici à 2020 pour maintenir constants les ratiosd’activité et de chômage

2020

Emploi Total en 2020

A créer 20052020

en % de l’emploi 2005

Nombre de chômeurs

Nombre d’inactifs

Maroc Total PM

12 802 303 92 454 688

2 889 007 22 408 841

29,14% 31,99%

1 583 844 12 378 211

13 625 681 131 200 718

Sources : Femise et UN Pop. Div. quinquennial projections

Nombre d’emplois nouveaux à créer d’ici à 2020 avec augmentation des taux d’activité et diminution du taux de chômage qui stabilisent le nombre de personnes non actives ou sans emploi

2020

Emploi Total en 2020

A créer 20052020

en % de l’emploi 2005

Nombre de chômeurs

Nombre d’inactifs

Taux de croissance annuel moyen 2005/2020 en %

Maroc Total PM

15 190 814 128 001 030

5 277 518 57 955 184

53,24 82,74

1 056 046 8 898 467

11 764 968 99 134 119

2,89 4,10

Sources : Femise et UN Pop. Div. quinquennial projections

Notre propos ici est d’illustrer l’impact du coût d’opportunité du maintien de la Caisse de compensation sur la réalisation de ces deux objectifs, notre fil conducteur étant la relation entre taux de croissance et création d’emploi précitée. Pour ce faire, nous avons réalisé un calcul prévisionnel des différents indicateurs sur la base de notre hypothèse de départ, présentant les deux scénarios décrits plus haut, soit le premier prévoyant une réduction de la compensation à hauteur de la réduction du déficit budgétaire à 3%, et le second prévoyant la même réduction couplée à un reversement d'une somme équivalente à la décompensation du premier scénario au profit de l’investissement public.

14

Méthodologie:  Nous avons d'abord procédé à une collecte de différentes données sur la période 2005-2013 incluant les indicateurs suivants: Population active, taux de chômage, PIB, Charge de la Compensation, Dépenses publiques d'investissement.  Ensuite, nous avons calculé sur cette même période l'indicateur du nombre total d'emplois en utilisant la formule suivante: nombre total d'emplois = population active - (population active * taux de chômage)  De même, nous avons calculé le nombre d'emplois crées annuellement sur cette même période à l'aide de la formule suivante: créations d'emplois à n = nombre total d'emplois à n - nombre total d'emplois à n-1  S'agissant des PIBs réévalués, nous y avons appliqués les pourcentages d'incidences des réductions de la Compensation eu égard à la consommation et à l'investissement trouvées ci-dessus, et ce de manière à suivre les deux scénarios précédemment posés dans l'hypothèse. Il en a été fait de même aux taux de croissance du PIB de la période étudiée.  Pour le calcul de la création d'emplois réévaluée, nous avons effectué une règle de trois afin de déterminer un rapport de variation entre le taux d'accroissement annuel du PIB et celui de la création d'emplois, ce qui nous a donné un rapport de 0,828958741% d'accroissement de création d'emplois pour 1% d'accroissement du PIB, et ainsi à travers la formule suivante nous obtenons l'indicateur de création d'emplois réévalué : Création d'emplois réévalué = Création d'emplois * (Taux de croissance du PIB réévalué en % * 0,828958741%)  Au sujet des prévisions, ces dernières ont été basées sur les calculs des coefficients multiplicateurs annuels moyens et des taux d'accroissement annuels dont voici les formules. Pour n années: Coefficient multiplicateur annuel moyen = (Indicateur année 1/Indicateur année n)1/n Taux d'accroissement annuel = (Indicateur année n - Indicateur année 1)1/n - 1 en %  Une fois le taux d'accroissement annuel des indicateurs sur la période 2005-2013, nous l'appliquons sous forme d'une suite à partir de l'année 2013 comme suit: Indicateur année n = Indicateur année n-1 + (Indicateur année n-1 * Taux d'accroissement annuel)  Le calcul de seulement deux indicateurs prévisionnels ont suivi une méthode différente: Pour une année n, Taux de chômage prévisionnel = [(Population active prévisionnelle - Nombre total d'emplois prévisionnel)/Population active prévisionnelle]*100 Pour une année n, Taux de croissance du PIB réévalué = [(PIB réévalué de l'année n - PIB réévalué de l'année n-1)/PIB réévalué de l'année n-1]*100

15

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Coefficient multiplicateur annuel moyen

Taux d'accroissement annuel (%)

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

11 274 689

11 389 281

11 458 453

11 484 119

11 588 401

11 660 111

11 640 518

11 793 893

0,99680

0,03110

Population active

11 458 896

12 160 741

12 538 999

12 929 023

13 331 179

13 745 844

14 173 407

14 614 269

Taux de chômage (%)

11,0

9,7

9,7

9,6

9,1

9,1

8,9

9,0

9,1

1,02129

-0,02074

8,9

8,7

8,5

8,4

8,2

8,0

7,8

10 198 417 522 649

10 181 044 575 271

10 284 520 615 373

10 358 441 688 843

10 439 064 732 449

10 533 856 764 302

10 622 361 802 607

10 592 871 827 497

10 720 648 872 791

0,99447

0,03318

0,94462

0,03131

11 076 398 900 116

11 443 952 928 296

11 823 702 957 358

12 216 054 987 331

12 621 426 1 018 241

13 040 250 1 050 120

13 472 971 1 082 996

11 269

13 143

16 350

31 450

13 276

27 195

48 830

54 870

41 600

0,86492

0,02148

42 493

43 406

44 338

45 291

46 264

47 257

48 272

20 519

23 846

28 212

37 740

46 219

47 031

50 023

51 458

48 270

0,90933

0,02117

49 292

50 335

51 401

52 489

53 600

54 735

55 893

103 476

73 920

80 622

94 792

88 504

0,84281

0,02595

131 093

134 495

137 986

141 567

145 241

149 010

152 877

615 373

688 843

732 449

751 366

778 472

29 489 794 606

850 920

0,94620

0,03109

877 372

904 645

932 767

961 763

991 660

1 022 487

1 054 272

0,94944

0,03075

856 753

883 102

910 261

938 255

967 109

996 852

1 027 509

Nombre total d'emplois PIB (en MDH) Charge de la compensation (en MDH) Dépenses publiques d'investissement (en MDH) Création d'emploi PIB réévalué (en MDH) [Scénario 1] PIB réévalué (en MDH) [Scénario 2] Taux de croissance du PIB réévalué (en%) [Scénario 1] Taux de croissance du PIB réévalué (en%) [Scénario 2] Création d'emploi réévaluée [Scénario 1] Création d'emploi réévaluée [Scénario 2]

Total 20052020

575 305

517 313

17 373 575 271

521 080

575 271

615 373

688 843

732 449

738 430

754 337

772 627

831 191

1,25

11,20

6,97

11,94

6,33

2,58

3,61

2,07

7,09

3,11

3,11

3,11

3,11

3,11

3,11

3,11

1,99

10,40

6,97

11,94

6,33

0,82

2,15

2,42

7,58

3,08

3,08

3,08

3,08

3,08

3,08

3,08

28 443

31 085

32 881

36 135

38 031

38 846

40 007

40 695

43 085

0,66016

0,01903

43 905

44 741

45 592

46 460

47 344

48 245

49 163

654 657

45 201

49 098

51 935

57 075

60 070

60 477

61 557

62 794

66 740

0,67728

0,02030

68 095

69 477

70 888

72 327

73 795

75 293

76 822

1 021 652

27 417

127 777

1 541 921

4,67 4,51

16

Les prévisions quant à l’évolution du taux de chômage dans notre calcul seraient peu fiables car basée sur une mesure du taux d’accroissement annuelle et non sur des déterminants d’évolution réels du marché du travail. Toutefois, celle concernant l’évolution du nombre d’emplois crées sur la période 2005-2020 ont plus de crédibilité car lié à l’évolution du PIB du pays, ce dernier étant réévalué au regard de l’hypothèse de réalisation des deux scénarios élaborés plus haut. Ces dernières estimations nous livrent les résultats suivants : 

Le nombre d’emplois crées au Maroc sur la période 2005-2020 dans l’hypothèse de poursuite de la politique actuelle de Compensation atteindrait les 1 541 921 emplois.



Le nombre d’emplois crées au Maroc sur la période 2005-2020 dans l’hypothèse du premier scénario seraient de 654 657 emplois.



Le nombre d’emplois crées au Maroc sur la période 2005-2020 dans l’hypothèse du second scénario seraient de 1 021 652 emplois.

Objectif 1 : La préservation des ratios d’activité et de chômage de l’année de référence (2005) : En nous référant aux calculs prévisionnels réalisés ci-dessus, nous découvrons que le Maroc, en cas de poursuites de la politique actuelle en termes de Compensation n’aurait pas réussi à maintenir les ratios d’activité et de chômage de l’année 2005. Le déficit d’emplois du Maroc pour le maintien du taux de chômage de 2005, soit un taux de 11%, à l’horizon de l’année 2020 serait de 1 347 086 emplois. L'orientation du Maroc vers l'une des deux démarches proposées dans le cadre de notre élaboration de scénarios n'aurait fait qu'aggraver ce déficit, passant à 2 234 350 emplois pour le premier scénario et à 1 867 355 emplois pour le second scénario. Objectif 2 : Le maintien du nombre absolu de chômeurs et d’inactifs de l’année de référence (2005) : Concernant le second objectif, il n’est, là encore, pas atteint par le Maroc, toutefois, le déficit d’emplois est d’autant plus accentué dans les deux scénarios ; 4 622 861et 4 255 866 d’emplois respectivement. Conclusion: Les résultats de nos calculs, bien que contestables, donne une certaine perspective assez large de la situation et nuance le caractère décisif de la réforme de la Caisse de compensation. Cette dernière est certes nécessaire, mais elle ne règlera pas tous les problèmes macroéconomiques du pays, elle aurait pu même les aggraver si elle s'était produite de manière brutale et non progressive. En somme, nous tirons deux enseignements de cette série de prévisions. Le premier est modèles de prévisions que nous avons utilisés sont différents de ceux utilisés dans l'étude du FEMISE à laquelle nous avons fait référence, notamment concernant la relation entre croissance et création d'emplois, puisque même si les taux de croissance moyens sur la période 2005-2020 atteignent selon nos calculs les 4,5%, les objectifs de création d'emplois ne sont pas réalisés, alors même que le taux de croissance moyen nécessaire selon l'étude à la réalisation du second et du plus grand objectif est seulement de 2,89%. Nous laissons le soin aux lecteurs d'apprécier les défauts d'estimations des deux études. Ensuite, le second point que nous relevons est le niveau positif du multiplicateur budgétaire, puisque le Maroc, en suivant le second scénario arrive à amortir de manière très satisfaisante l'impact négatif du doublement de la décompensation sur la consommation, puisque le nombre d'emploi crées double quasiment d'un scénario à l'autre, alors que l'impact négatif sur la consommation est censé s'accroître. Le levier budgétaire est donc prometteur et des pistes renvoyant à une souplesse budgétaire et moins restrictives semblent porteuses.

17

Perspectives : Rigidités nationales et tendances internationales : La problématique de l’emploi représente l’un des grands défis à venir pour le Maroc. D’ores et déjà, le gouvernement doit faire face à une grande pression concernant ce dossier faisant échos dans l’actualité à travers tous les événements relatées concernant les diplômés chômeurs et leurs revendications. Comme nous le montre l’issue de l’analyse, plus particulièrement concernant le second objectif, la réforme de la Caisse de compensation est loin d’être le nœud de tous les problèmes que rencontrent actuellement les finances publiques marocaines. Dans ce cas, que faire d’autre qu’une réforme de la Caisse de compensation ? En plus de cette dernière Caisse, les régulateurs internationaux ont souvent pointé du doigt la lourde charge de la masse salariale étatique. En effet, en 2013, le Maroc a dépensé plus de 98 milliards de dirhams en salaires, soit 11,3% du PIB, une charge encore plus importante que la GOVERNEMENT WAGES AS compensation, et qui semble bien PERCENTAGE OF GDP (1997) excessive. Le 20 15 problème est 10 ancien, comme on GOVERNEMENT 5 WAGES AS 0 peut le voir sur la PERCENTAGE OF GDP figure ci-contre et World Average: relève de 5,7 l’irrégularité, le Maroc est largement au-dessus des moyennes mondiales, et excède les moyennes régionales ; cette situation faisant donc état d’un besoin de rééquilibrage et de réajustement de ces secteurs. L’autre problème, en réalité, à l’origine du déséquilibre de la compensation marocaine, est celui de la productivité de l’économie marocaine. En effet, nous l’avions affirmé auparavant, la Caisse de compensation est devenue un remède à cette faiblesse durable de l’économie marocaine. La guérison de la maladie est nécessaire afin de voir les symptômes s’estomper. Pour ce faire, le Maroc devrait axer son investissement vers les secteurs aux avantages comparatifs les plus importants tout en

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favorisant le transfert de main d’œuvre entre secteurs. Enfin, d’énormes efforts sont attendus au niveau de la régulation de cette Caisse de compensation et les subventions qu’elle accorde aux différents agents de l’économie marocaine. A titre d’exemple, lors de l’exercice de l’année 2013, et pour la première fois de son histoire, la Caisse de compensation est devenue créditrice vis-à-vis des opérateurs. Ce cas de figure relève d’une inadaptation du système d’accord des subventions qui de fait ne remplit pas les conditions d’une bonne gouvernance, car en plus de subventionner au-delà du nécessaire, la Caisse de compensation ne répond pas réellement à son objectif initial, à savoir la préservation du pouvoir d’achat des citoyens, et a fortiori, les plus démunis d’entre eux. En effet, la Caisse de compensation profite aujourd’hui plus aux ménages aisés qu’au reste de la population : « Chaque ménage sans véhicule a bénéficié, en moyenne annuelle, de 2.181 DH de subventions directes via la compensation en 2012 et 1.880 DH en 2013. Le ménage utilisant un véhicule a bénéficié respectivement de 4.996 DH et 3.943 DH par an. »9. Ce dernier point amène la réflexion sur un autre terrain, le problème de l'économie marocaine trouve ces racines dans des dimensions sociales et politiques du pays. Les mesures à prendre afin de réformer l'économie sont relativement simples à élaborer, les exemples de développement des pays émergents de l'Asie du Sud-est en est une preuve. La complexité du problème réside dans les structures de dominations et de hiérarchisation de la société, et par la même, de répartition du monopole de la décision collective. Ces structures se nourrissent et se basent même sur l'état actuel de l'économie marocaine en sa qualité de mode d'allocation des ressources qu'il leur est favorable. Le paragraphe semble jusqu'ici très théorique et peu empirique, mais ce que cachent ces termes scientifiques empruntés à la sociologie et à la science politique, c'est la structuration du pouvoir autour d'un système de cooptation basé sur la distribution de positions et de situations rentières, et une dynamique de réforme visant la "recherche de la rente", phénomène conceptualisé en 1974 par Anne Krueger10. De même, deux autres économistes de renom, Alesina et Drazen, ont illustré les conséquences de cette dynamique, conséquences qu'a pu expérimenté le ministre des Transports actuel, M.Rebbah dont la révélation des listes de bénéficiaires d'agréments dans son secteur n'a mené à aucune action:

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Cour des Comptes, Rapport sur Le système de compensation au Maroc: Diagnostic et propositions de réforme, Janvier 2014; p108.

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Economic Research Forum.RECHERCHE DE RENTE ET PROCESSUS DE REFORMES POLITIQUES ET INSTITUTIONNELLES DANS LE MONDE ARABE: LA LEÇON MAROCAINE, Brahim El Morchid, February 2009,p.2.

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"Par ailleurs, la présence d’une opportunité de rente dans le cadre d’un processus de changement peut avoir deux types de répercussions sur les programmes de réformes : leur application incomplète ou leur report pur et simple"11. L’économie marocaine souffre donc de plusieurs maux structurels, et ces derniers occasionnent des irrégularités de gestion et de gouvernance telles que celui de la gestion de la Caisse de compensation. Dans l'espoir d'un revirement de la structure d'intérêt dominant de l'économie marocaine favorable à la réforme équitable, le Maroc devrait à l’avenir panser les blessures de son économie en réformant cette Caisse de compensation, tout en profitant des ressources dégagées par cette réforme pour soigner les déséquilibres structurels dont elle souffre.

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Economic Research Forum.RECHERCHE DE RENTE ET PROCESSUS DE REFORMES POLITIQUES ET INSTITUTIONNELLES DANS LE MONDE ARABE: LA LEÇON MAROCAINE, Brahim El Morchid, February 2009,p.5.

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