La Recherche de La Parole Perdue [PDF]

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Zitiervorschau

« LA RECHERCHE DE LA PAROLE PERDUE » Dès le commencement, dès le miroir, en loge symbolique, l’Initié naît au mouvement intérieur, à l’action introspective, sous l’égide du Verbe Solaire représenté par le Volume de la Loi Sacrée ouvert au prologue de Jean… Au 1er degré, l’Apprenti écoute, et médite dans le Silence ; au 2ème degré le Compagnon redécouvre l’usage de la Parole, du langage symbolique, en restant toutefois rituellement prudent ; au 3ème degré le futur Maître apprend le meurtre du R :.M :. Hiram ; les soupçons qui pesaient sur lui ayant été levés, il va devoir chercher ce qui a été perdu, à savoir : les secrets véritables des Maîtres Maçons, et rassembler ce qui est épars, et répandre partout la Lumière… Une rupture s’est opérée par la perte du Mot de Maître ; le Temple doit être construit, et, pour que le travail continue, un mot substitué est adopté… Mais substituer n’est pas remplacer. Le Maître Maçon va-t-il se contenter de ce mot substitué (qui n’est utile que pour mémoire) ? Maintenant il se trouve maintenant dans le Temple de Salomon, précisément dans le « Hékal »,lieu tendu de noir, autre « Athanor », autre « intérieur de soi », devant le « Débir », le Saint des Saints, qui contient : l’Arche d’ Alliance, le Triangle d’or, et le cercueil du R :.M :. Hiram… La carence de l’instruction à ce moment-là a pour 1ère conséquence la perception incomplète de la Lumière à travers un voile symbolique. Il va passer la tête dans le cercle, il accèdera aux régions de la Connaissance Spirituelle, le sceau du Secret lui intimant l’ordre de se taire… Il se tait, il voit mal, mais il remarque, dans l’agencement de la Loge, des différences, dont une majeure : l’œil dessillé n’est plus à l’Orient ; derrière le trône de Salomon (représenté par le Président, dont le bijou est un Triangle d’Or) un cartouche, noir sur blanc, le fait aller plus avant dans sa réflexion active : lui, le voyageur, s’est intégré au G.A.D.L’U. dans l’immensité du Tout : il est l’Etoile Flamboyante inscrite dans le Triangle, luimême inscrit dans le Cercle. Durant les 4 voyages qu’il a accomplis, ce Maître a entendu des affirmations, des explications, des conseils, des sentences qui le remettent en question profondément : « suis-je digne d’assumer la lourde charge que je vais accepter, peut-être à la légère, et négliger aussi la Quête, ce Devoir qui pour tous mes Frères est aussi inflexible que la Fatalité, aussi exigeant que la Nécessité, et toujours impératif, comme la Destinée »… Aux 3 premiers degrés, l’Initié doit la stabilité de sa verticalité à l’équerre que forment ses pieds ; comme un écho d’elle, la petite équerre d’argent doit-elle nous rappeler que spirituellement on ne bâtit pas non plus sur le sable. La Parole Perdue n’a pas encore été retrouvée, mais le bandeau retiré au Maître, à ce stade, il passe sous le laurier et l’olivier avant de recevoir les insignes de son grade, précieux outils de sa recherche : 1°, un sautoir bleu, liseré et doublé de noir, à la pointe duquel pend une clé d’ivoire dont le panneton porte inscrit la lettre Z. 2° un tablier de soie blanche bordé et doublé de noir attaché avec des rubans noirs, comportant une bavette bleue ornée d’un œil. Deux branches (laurier et olivier) se croisent au centre couronnant la lettre Z. En situation, nous nous trouvons devant une perpendiculaire majeure : CLEF ŒIL Z Z COURONNE « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas »… La clé d’ivoire, verticale également, doit nous donner l’accès à notre Saint des Saints intérieur, où l’Oeil, archétype de la Lumière, activera la resplendeur et couronnera du laurier et de l’olivier notre éventuelle victoire sur nous-même. Car la recherche de la Parole Perdue exige une remise en question douloureuse, dans la plus grande humilité, de toutes nos certitudes acquises.

Dans cette quête, la mort est à chaque pas, la mort au monde, la mort à soi-même…Cette quête obéit à une injonction intérieure d’écoute permanente pour déceler la moindre manifestation, le moindre signe de naissance, de renaissance (Roland Barthes dirait : « le moindre bruissement ») de cette Parole, une écoute approfondie qui remonterait des significations au « Sens » et abolirait, les uns après les autres, tous les mots substitués… Notre oreille, notre Temple intérieur individuel, résonnerait de cette part irremplaçable de Parole que chacun porte en soi, en tant qu’être unique. Le poète R.M. Rilke, considérant la jointure des os de notre crâne, la comparaît au sillon d’un disque souple ou d’un « rouleau » ; il avait pensé (en poète) qu’en joignant, bout à bout, les sillons de chacun, une immense chaîne enregistrée délivrerait un message profond , Parole de l’Humanité … « La Nature est un Temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses Paroles », disait Baudelaire, mais, pour terminer, je citerai René Daumal qui, dans ses « Clavicules pour un grand Jeu Poétique », nous livre sa vision : « Parole condensant toute Lumière, Parole non encore parlée, contenant toute Vérité, Parole encore souffrant d’être muette – comme le hurlement silencieux entre les mâchoires paralysées du tétanique. », pour nous dire la puissance terrible du Verbe, « Grande Parole », et l’impuissance humaine de notre « petite parole ».