La Boite À Outils de La Conduite Du Changement (David Autissier Jean-Mi... [PDF]

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Zitiervorschau

la boîte à outils

de la

Conduite du changement

■ David AUTISSIER ■ Jean-Michel MOUTOT

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© Dunod, Paris, 2013 ISBN 978-2-10-059777-2

Remer­­ciements Ce livre est le fruit de 15 ans de tra­­vail et de publi­­ca­­tions sur le thème de la conduite du chan­­ge­­ment. Nos pré­­cé­­dents écrits et toutes nos expé­­ri­­men­­ta­­tions ont été ren­­dus possibles par la par­­ti­­cipation d’un très grand nombre de per­­sonnes, tant dans le milieu aca­­dé­­mique que pro­­fes­­sion­­nel, que nous remer­­cions. Cet ouvrage a été réa­­lisé, en autre, par des échanges avec des spé­­cia­­listes et des pro­­fes­­ sion­­nels de la conduite du chan­­ge­­ment dans le cadre du groupe de travail en conduite du changement du laboratoire IRG de l’université Paris Est Créteil et de la Chaire ESSEC du chan­­ge­­ment (http://chaire-changement.essec.edu/). Nous remer­­cions Kevin Johnson d’HEC Montréal pour sa lec­­ture active et avi­­sée de nos conte­­nus en anglais.

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Avant-propos Que doit-­on pro­­duire lorsque l’on fait de la conduite du chan­­ge­­ment ? Cet ouvrage répond à cette ques­­tion en pro­­po­­sant une soixantaine d’outils répar­­tis en 9 dos­­siers. Ces outils servent tout autant à la compré­­hen­­sion de la conduite du chan­­ge­­ment qu’à son instrumentalisation consti­­tuant ainsi la trame d’une for­­ma­­tion pour une per­­sonne devant prendre une fonc­­tion en conduite du chan­­ge­­ment.

Qu’entend-­on par conduite du chan­­ge­­ment ? Ini­­tiée à l’occa­­sion de grands pro­­jets infor­­ma­­tiques, dans les années 1990, la conduite du chan­­ ge­­ment est deve­­nue une pra­­tique ges­­tion­­naire des­­ti­­née à favo­­ri­­ser l’adhé­­sion des beneficiaires aux pro­­jets. De plus en plus uti­­li­­sée pour tout type de pro­­jet, la conduite du chan­­ge­­ment s’avère être un inves­­tis­­se­­ment ren­­table. En effet, si elle repré­­sente 5 à 7 % du mon­­tant des pro­­jets, elle aug­­mente leur pro­­ba­­bi­­lité de réus­­site d’envi­­ron 50 % en termes de respect des délais. En mobi­­li­­sant les diag­­nos­­tics socio-­organisationnels, la commu­­ni­­ca­­tion, la for­­ma­­tion et l’accom­­ pa­­gne­­ment des mana­­gers, la conduite du chan­­ge­­ment vise quatre objec­­tifs : l’infor­­ma­­tion, la compré­­hen­­sion, l’adhé­­sion et la par­­ti­­cipation des béné­­fi­ciaires. C’est un outil de ges­­tion, que chaque entre­­prise doit façon­­ner à sa main, en fonc­­tion de son envi­­ron­­ne­­ment et de ses enjeux.

L’inter­­na­­li­­sa­­tion de la conduite du chan­­ge­­ment Le déploie­­ment de plus en plus fré­­quent, par­­fois même sys­­té­­ma­­tique, d’actions de conduite du chan­­ge­­ment a conduit cer­­taines grandes entre­­prises à se doter de struc­­tures pérennes plus ou moins consé­­quentes pour accom­­pa­­gner les dif­­fé­­rents pro­­jets. La conduite du chan­­ ge­­ment devient alors un métier et/ou un ensemble de compé­­tences à consti­­tuer et déve­­lop­­ per dans les entre­­prises. Cet ouvrage s’ins­­crit dans cette logique de professionnalisation de masse en ren­­dant acces­­sible des outils de spé­­cia­­listes.

10 ans de recherche en conduite du chan­­ge­­ment Cet ouvrage s’ins­­crit dans un pro­­jet de pro­­duc­­tion de connais­­sances sur la conduite du chan­­ ge­­ment ini­­tié en 2003 par la publi­­ca­­tion des ouvrages sui­­vants. ii Pra­­tiques de la conduite du chan­­ge­­ment (Autissier et Moutot) : publié en 2003, cet ouvrage dresse un pano­­rama des pra­­tiques en entre­­prises et en cabi­­nets de conseil en conduite du chan­­ge­­ment. Très opé­­ra­­tion­­nel, il ne traite pas du « pour­­quoi », mais du « comment » conduire le chan­­ge­­ment. ii Méthode de conduite du chan­­ge­­ment (Autissier et Moutot) : la pre­­mière édi­­tion, publiée en 2007, pro­­pose une méthode et une liste d’outils de conduite du chan­­ge­­ment dans le cadre d’un pro­­jet.

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la boîte à outils  de la Conduite du changement

ii Méthode de conduite du chan­­ge­­ment (Autissier et Moutot) : la deuxième édi­­tion, parue en 2010, enri­­chit et complète la pre­­mière mais, et sur­­tout, pro­­pose une par­­tie sup­­plé­­men­­taire sur le phé­­no­­mène d’inter­­na­­li­­sa­­tion de la conduite du chan­­ge­­ment dans les entre­­prises. ii Conduite du chan­­ge­­ment  : concepts clés (Autissier, Vandangeon-­Derumez, Vas)  : publié en 2010, cet ouvrage balaie 50  ans de lit­­té­­ra­­ture du chan­­ge­­ment et détaille les apports de 25 grands auteurs. ii Les stra­­té­­gies de chan­­ge­­ment (Autissier et Moutot) : publié en 2012, cet ouvrage avance 6 stra­­té­­gies de ges­­tion du chan­­ge­­ment dans les orga­­ni­­sa­­tions. ii Méthode de conduite de changement (Autissier et Moutot) : la troisième édition de ce livre de réference (publié en 2013) développe, en plus du contenu existant, un chapitre sur les ateliers participatifs. La boîte à outils de la conduite du chan­­ge­­ment reprend des outils men­­tion­­nés dans ces ouvrages avec des mises à jour et ajouts, et déve­­loppe une par­­tie sup­­plé­­men­­taire dédiée au mana­­ge­­ment du chan­­ge­­ment au quo­­ti­­dien en dehors des grands pro­­jets.

Struc­­ture de l’ouvrage Neuf dos­­siers structurent les outils et les méthodes per­­met­­tant de prendre en compte les prin­­ci­­paux axes de la conduite du chan­­ge­­ment : 1. Stra­­té­­gie de chan­­ge­­ment. Quelles sont les grandes stra­­té­­gies de conduite du chan­­ge­­ment exis­­tantes et comment choi­­sir celle qui est la plus judi­­cieuse à un pro­­jet de chan­­ge­­ment ? 2. Diag­­nos­­tic du chan­­ge­­ment. Quels sont les élé­­ments clés à défi­­nir pour construire la feuille de route conduite du chan­­ge­­ment ? 3. Les impacts du chan­­ge­­ment. Quels sont les prin­­ci­­paux impacts d’un chan­­ge­­ment tant d’un point de vue orga­­ni­­sa­­tion­­nel qu’humain ? 4. Psy­­cho­­logie du chan­­ge­­ment et focus groupes. Comment les per­­sonnes vivent-­elles les situa­­tions de chan­­ge­­ment et comment les focus groupes consti­­tuent-ils un moyen d’échange construc­­tif dans ces moments ? 5. La commu­­ni­­ca­­tion du chan­­ge­­ment. Quels sont les grands prin­­cipes et outils de commu­­ ni­­ca­­tion d’un chan­­ge­­ment ? 6. La for­­ma­­tion du chan­­ge­­ment. Qui doit être formé et à quoi dans un pro­­jet de chan­­ge­­ment ? 7. L’accom­­pa­­gne­­ment du chan­­ge­­ment. Quelles sont toutes les actions à pré­­voir auprès des béné­­fi­ciaires pour les aider à réa­­li­­ser le chan­­ge­­ment ? 8. Pilo­­tage du chan­­ge­­ment. Comment s’assu­­rer que le chan­­ge­­ment est bien en cours de réa­­li­­sa­­tion et qu’il réa­­lise les objec­­tifs escomp­­tés ? 9. Mana­­ger le chan­­ge­­ment. Quelles sont les bonnes pra­­tiques pour les mana­­gers dans la ges­­tion des chan­­ge­­ments quo­­ti­­diens avec leurs col­­la­­bo­­ra­­teurs ?

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Sommaire

Remer­­ciements.................................................................................................................... 5 Avant-propos........................................................................................................................ 6

Dossier 1 Stra­­té­­gie de chan­­ge­­ment. .......................................................................12 Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Les grands auteurs en conduite du chan­­ge­­ment...................................... 14 Ter­­ri­­toires de la conduite du chan­­ge­­ment................................................. 16 Inter­­na­­li­­sa­­tion ou externalisation de la conduite du chan­­ge­­ment ?. .... 18 Apti­­tude au chan­­ge­­ment...............................................................................22 L’hyper­cube du chan­­ge­­ment. ...................................................................... 24 La grille de cadrage de la conduite du chan­­ge­­ment............................... 28 Dimensionnement de l’équipe conduite du chan­­ge­­ment.........................32 Feuille de route du chan­­ge­­ment. ................................................................ 36 Les grands chiffres de la conduite du chan­­ge­­ment. ............................... 38 Kurt Lewin : un auteur de réfé­­rence en conduite du chan­­ge­­ment....... 40

Dossier 2 Diag­­nos­­tic du chan­­ge­­ment................................................................... 44 Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil

11 12 13 14 15 16 17 18

Car­­to­­gra­­phie des chan­­ge­­ments. ................................................................. 46 Car­­to­­gra­­phie des acteurs............................................................................. 48 La carte des alliés.......................................................................................... 50 La mar­­gue­­rite socio­­lo­­gique. ........................................................................ 52 Tableaux des acteurs clés............................................................................ 56 La matrice DRAS............................................................................................ 60 Réseau du chan­­ge­­ment. ............................................................................... 64 La grille inter­cultu­­relle du chan­­ge­­ment..................................................... 66

Dossier 3 Les Impacts du chan­­ge­­ment. ............................................................. 68 Outil Outil Outil Outil

19 20 21 22

Études Études Études Études

d’impacts d’impacts d’impacts d’impacts

en cadrans....................................................................... 70 orga­­ni­­sa­­tion­­nels............................................................. 74 humains.............................................................................76 sur la qualité de vie au tra­­vail..................................... 78

Dossier 4 Psy­­cho­­logie du chan­­ge­­ment et focus groupes.................. 80 Outil Outil Outil Outil Outil

23 24 25 26 27

La courbe d’appren­­tis­­sage du chan­­ge­­ment.............................................. 82 Les 7 marches du chan­­ge­­ment. .................................................................. 84 L’arbre à per­­son­­nages.................................................................................. 86 Scé­­na­­rio rose/scénario noir......................................................................... 88 Ate­­lier méta­­phore.......................................................................................... 90

Dossier 5 La communi­cation du chan­­ge­­ment............................................. 92 Outil Outil Outil Outil Outil

28 29 30 31 32

La matrice attractivité/cré­­di­­bi­­lité............................................................... 94 Le mix com...................................................................................................... 98 Le plan de commu­­ni­­ca­­tion.......................................................................... 102 Le kit de commu­­ni­­ca­­tion............................................................................. 104 Les pièges de la commu­­ni­­ca­­tion................................................................ 106

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la boîte à outils  de la Conduite du changement

Dossier 6 La for­­ma­­tion du chan­­ge­­ment........................................................... 108 Outil 33 Ana­­lyse des besoins péda­­go­­giques. ........................................................... 110 Outil 34 Le plan de for­­ma­­tion..................................................................................... 114 Outil 35 La logis­­tique de for­­ma­­tion........................................................................... 118

Dossier 7 L’accom­­pa­­gne­­ment du chan­­ge­­ment......................................... 120 Le plan de tran­­si­­tion.................................................................................... 122 Le plan d’évo­­lu­­tion managériale................................................................ 124 Les ate­­liers de co-déve­­lop­­pe­­ment............................................................. 126 La ges­­tion des rela­­tions sociales et des ins­­tances ­ repré­­sen­­ta­­tives du per­­son­­nel..................................................................... 128 Outil 40 L’humour comme facilitateur du chan­­ge­­ment. ....................................... 130

Outil Outil Outil Outil

36 37 38 39

Dossier 8 Le pilo­­tage du chan­­ge­­ment................................................................ 134 Le baro­­mètre ICAP....................................................................................... 136 Enquête de verbatim.................................................................................... 140 Tableau de bord de suivi des actions de CDC.......................................... 142 Ana­­lyse des risques...................................................................................... 144 20 ques­­tions clés à poser à un pres­­tataire de conduite ­ du chan­­ge­­ment.............................................................................................. 148 Outil 46 Indi­­ca­­teurs de trans­­for­­ma­­tion.................................................................... 150 Outil 47 Les enquêtes sociales.................................................................................. 152 Outil Outil Outil Outil Outil

41 42 43 44 45

Dossier 9 Mana­­ger le chan­­ge­­ment......................................................................... 156 Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil Outil



48 49 50 51 52 53 54 55 56 57

Les mots du chan­­ge­­ment............................................................................ 158 Le modèle de Kotter. ................................................................................... 160 La courbe de l’enga­­ge­­ment. ....................................................................... 164 Ate­­lier Work Out............................................................................................ 166 La grille RACI................................................................................................. 168 Le seau de pois­­sons..................................................................................... 170 Le modèle du sens au tra­­vail...................................................................... 172 Le daily mana­­ge­­ment................................................................................... 176 L’intel­­li­­gence de situa­­tion. .......................................................................... 178 Les réseaux appre­­nants. ............................................................................. 182

Biblio­­gra­­phie..................................................................................................................... 186

—9—

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L’intérêt de la thématique vu par un expert

Un menu déroulant des outils

la boîte à outils  de la Conduite du changement

La représentation visuelle de l’outil Une signalétique claire Les apports de l’outil et ses limites

Une vidéo ou un lien direct

L’outil en synthèse

L’essentiel en anglais

Un cas pratique commenté

Un approfondissement pour être plus opérationnel

Dos­­sier

1

Stra­­té­­gie de chan­­ge­­ment « Le pro­­grès ce n’est rien d’autre que la révo­­lu­­tion faite à l’amiable » Victor Hugo

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Dossier « Pen­­ser le chan­­ge­­ment au lieu de chan­­ger le pan­­se­­ment » Cette cita­­tion de Francis Blanche résume assez bien à la fois les pra­­tiques et les voies de pro­­grès en conduite du chan­­ge­­ment. La conduite du chan­­ge­­ment est sou­­vent mobi­­li­­sée en « mode pom­­pier », lors­­qu’un projet ren­­contre des dif­­fi­cultés. Pour évi­­ter ces der­­nières et faire réus­­sir un pro­­jet, nous pré­­co­­ni­­sons l’inté­­gra­­tion de la conduite du chan­­ge­­ment le plus en amont pos­­sible et la for­­ma­­li­­sa­­tion d’une stra­­té­­gie qui condi­­tion­­ne­­ra les outils et les moda­­li­­tés d’intervention de la conduite du chan­­ge­­ment.

1

L’impor­­tance du contexte L’objec­­tif de la conduite du chan­­ge­­ment réside dans la recherche d’adhé­­sion des béné­­fi­ ciaires. Pour cela, nous pré­­co­­ni­­sons l’uti­­li­­sation de dif­­fé­­rents outils dont l’effi­­ca­­cité dépend de leur mobi­­li­­sa­­tion en fonc­­tion du contexte. La stra­­té­­gie du chan­­ge­­ment a pour objec­­tif de vous ame­­ner à avoir dif­­fé­­rentes lec­­tures du contexte du chan­­ge­­ment, afin de choi­­sir les meilleurs outils, mais aussi de savoir comment uti­­li­­ser au mieux ces der­­niers. Nous pro­­po­­sons les outils sui­­vants pour la compré­­hen­­sion du pro­­jet et de son contexte, mais aussi pour déter­­mi­­ner les meilleures moda­­li­­tés de mise en œuvre de la conduite du chan­­ge­­ment.

Les outils 1

Les grands auteurs en conduite du chan­­ge­­ment.......14

2 Ter­­ri­­toires de la conduite du chan­­ge­­ment..................16 3 Inter­­na­­li­­sa­­tion ou externalisation de la conduite ­ du chan­­ge­­ment...................................................................18 4 Apti­­tude au chan­­ge­­ment.................................................22 5 L’hypercube du chan­­ge­­ment..........................................24 6 G  rille de cadrage de la conduite ­ du chan­­ge­­ment ................................................................ 28 7 D  imensionnement de l’équipe conduite ­ du chan­­ge­­ment..................................................................34 8 Feuille de route de la conduite du chan­­ge­­ment........36 9 L  es grands chiffres de la conduite ­ du chan­­ge­­ment..................................................................38 10 K  urt Lewin : un auteur de réfé­­rence en conduite ­ du chan­­ge­­ment................................................................. 40

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Les grands auteurs en conduite du chan­­ge­­ment

Outil 1

Les grands a­uteurs en conduite du chan­­ge­­ment Négocié Auteurs périphériques

Argyris

Gioia

Auteurs principaux

Permanent

Nonaka et Takeuchi March

Orlikowski Sainsaulieu

Balogun

Alter

Greenwood et Hinings

Lewin

Mintzberg

Rupture

Weick

Kotter

Van de Ven Schein

Beckhard

Pettigrew Bateson et Watzlawick

Kanter Miller et Friesen

Bareil et Savoie

Johnson et Scholes

Kets de Vries

Allaire et Firsirotu Tushman et Romanelli

Hannan et Freeman

Imposé Source : Autissier D., Vandangeon I., Vas A., Conduite du chan­­ge­­ment : concepts clés, Dunod, 2010.

En résumé

Insight

Héraclite, phi­­lo­­sophe du mobilisme, disait que l’on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau du fleuve. Le changement est un concept intem­­po­­rel que l’on retrouve aussi bien en phi­­lo­­sophie, en socio­­logie, en psy­­cho­­logie, en sciences poli­­tiques et dans les sciences de la nature. En tant que compo­­sante des orga­­ni­­sa­­ tions et concept ges­­tion­­naire, le chan­­ge­­ment a fait l’objet de nom­­breuses publi­­ca­­tions consti­­ tuant son péri­­mètre. Ces publi­­ca­­tions sont autant de clés de compré­­hen­­sion et d’opération­ na­li­sation de la conduite du chan­­ge­­ment.

Heraclitus, a phi­­lo­­so­­pher claiming for an ever­present change in nature, once said that one can never bathe twice in the same river. Change is a timeless concept that can be found in philosophy, sociology, psychology, political science and the natural sciences. Change as an organization and mana­­ge­­ment concept has been the subject of numerous publi­­ca­­ tions, thereby constituting its theoretical and operational scope. These publi­­ca­­tions are keys to your understanding and operationalization of change mana­­ge­­ment.

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Dossier 1  Stra­­té ­gie de chan ­ge ­ment

Objec­­tif Dans leur ouvrage Conduite du chan­­ge­­ ment : concepts clés1, David Autissier, Isabelle Vandangeon et Alain Vas pro­­posent des syn­­ thèses de 25 grands auteurs en conduite du chan­­ge­­ment de ces 50 der­­nières années. Ces auteurs ont été regrou­­pés en quatre caté­­go­­ries qui cor­­res­­pondent aux défi­­ni­­ tions qu’ils pro­­posent du chan­­ge­­ment. Ces quatre caté­­go­­ries sont des clés de lec­­ture et d’opérationnalisation du chan­­ge­­ment.

Contexte La carac­­té­­ri­­sa­­tion d’un chan­­ge­­ment au tra­­ vers d’un repé­­rage théo­­rique peut se faire en amont du lan­­ce­­ment d’un chan­­ge­­ment. Le fait de se réfé­­rer régu­­liè­­re­­ment à ces écrits consti­­ tue une forme d’appren­­tis­­sage continu sur le thème du chan­­ge­­ment.

Comment l’uti­­li­­ser ?

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Étapes

ii Changement continu  : le chan­­ge­­ment émerge dans l’orga­­ni­­sa­­tion de manière non orga­­ni­­sée. ii Changement pro­­posé  : le chan­­ge­­ment est pro­­posé par la direc­­tion en termes de résul­­ tats atten­­dus et de plan­­ning à res­­pec­­ter. ii Changement dirigé : l’impul­­sion du chan­­ge­­ ment est don­­née par la direc­­tion de manière injonc­­tive avec une contrainte de réa­­li­­sa­­ tion forte et une marge de négo­­cia­­tion assez faible. ii Changement orga­­nisé : parce que la fina­­lité du chan­­ge­­ment n’est pas figée au préa­­lable, les acteurs se voient pro­­po­­ser des méthodes de tra­­vail et des échéances dans une logique d’expé­­ri­­men­­ta­­tion.

Comme le men­­tion­­nait Winston Churchill, « Il n’y a rien de néga­­tif dans le chan­­ge­­ment, si c’est dans la bonne direc­­tion ».

Métho­­do­­logie et conseils Les auteurs mentionnés dans le schéma et leur classification constituent des grilles de lecture du changement pour mieux l’appréhender et le traiter de manière opérationnelle. En lisant des travaux théoriques, vous développerez votre sensibilité au changement et votre intelligibilité d’un concept complexe. ■

Les diri­­geants mettent sou­­vent en avant leur dif­­fi­culté à déter­­mi­­ner s’ils doivent être injonc­­ tifs dans les pro­­jets de chan­­ge­­ment qu’ils portent. À quel niveau doivent-­ils mettre le cur­­seur de l’impo­­si­­tion ou bien de la négo­­cia­­ tion ? L’autre ques­­tion que se posent sou­­vent les diri­­geants réside dans le rythme du chan­­ ge­­ment : le chan­­ge­­ment doit-­il être inté­­gré au fonc­­tion­­ne­­ment quo­­ti­­dien de l’orga­­ni­­sa­­tion et ainsi être consi­­déré comme per­­manent, ou bien faut-­il en faire un événement excep­­tion­­ nel de la vie de l’orga­­ni­­sa­­tion (créer une rup­­ ture)  ? Ces deux ques­­tions nous ont per­­mis d’avan­­cer la matrice précédente, qui illustre 4 types de chan­­ge­­ments.

1  David Autissier, Isabelle Vandangeon, Alain Vas, Conduite du chan­­ge­­ment  : concepts clés, Dunod, 2010.

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Avan­­tages ■■ Le

chan­­ge­­ment ne se pro­­duit pas for­­cé­­ment parce qu’il est utile et demandé. Il a bien d’autres variables qui influ­­encent sa réa­­li­­sa­­tion. Afin de comprendre toute la complexité du chan­­ge­­ ment, nous vous invi­­tons à par­­cou­­rir quelques réflexions théo­­riques le concer­­nant.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■ Si

vous n’avez pas le temps de lire les articles et les livres des auteurs men­­tion­­nés, sachez que les 3 auteurs majeurs sont Kurt Lewin, Rosabeth Moss Kanter et John Kotter dont les tra­­vaux sont à l’ori­­gine de nom­­breux outils de la conduite du chan­­ge­­ment.

Les grands auteurs en conduite du chan­­ge­­ment

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ?

Outil 1

Ter­­ri­­toires de la conduite du chan­­ge­­ment

Outil 2

Défi­­nir les champs du chan­­ge­­ment

Stratégies de changement

Montée en compétences des managers

Développement de la culture du changement

Accompagnement des projets

Développement de la qualité de vie au travail

Évaluation de la capacité à changer

Pilotage global de la transformation

En résumé

Insight

La conduite du chan­­ge­­ment a trop sou­­vent été limi­­tée à l’accom­­pa­­gne­­ment des pro­­jets. La conduite du chan­­ge­­ment et plus géné­­ra­­le­­ ment la ges­­tion du chan­­ge­­ment peut se maté­­ ria­­li­­ser par d’autres champs d’inter­­ven­­tion repré­­sen­­tés sous la forme de sept ter­­ri­­toires qui traitent cha­­cun d’une pro­­blé­­ma­­tique et struc­­turent le mode d’inter­­ven­­tion. Un chan­­ ge­­ment peut trai­­ter de tout ou par­­tie de ces sept ter­­ri­­toires.

Change mana­­ge­­ment has too often been only considered as a supportive task under project mana­­ge­­ment. Managing change, and more generally Change Mana­­ge­­ment, can be processed by other fields of inter­­ven­­tion. These are represented in the form of seven territories each dealing with a problematic that struc­­ ture a method of inter­­ven­­tion. Managing an organizational change project can include all or part of these seven territories.

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Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ?

Comment l’uti­­li­­ser ?

le­­ment des études d’impacts, de la commu­­ni­­ ca­­tion, de la for­­ma­­tion et du déploie­­ment. ii Champs 4 - Déve­­lop­­pe­­ment de la culture du chan­­ge­­ment. Moins dans un objec­­tif balis­­tique et davan­­tage de déve­­lop­­pe­­ment à long terme, il s’agit de déve­­lop­­per la capa­­cité à chan­­ger des per­­sonnes et des groupes. ii Champs 5 – Déve­­lop­­pe­­ment de la qua­­lité de vie au tra­­vail. Il s’agit de s’assu­­rer de l’impact d’un chan­­ge­­ment sur la qualité de vie au travail des per­­sonnes. ii Champs 6 - Pilo­­tage glo­­bal de la trans­­for­­ ma­­tion. Cela consiste à construire des outils qui listent et éva­­luent tous les chan­­ge­­ments en cours et à venir. Cela peut se faire par des indi­­ca­­teurs finan­­ciers (Coût et ROI) mais aussi par des indi­­ca­­teurs mesu­­rant la réa­­li­­sa­­tion des chan­­ge­­ments atten­­dus. ii Champs 7 – Éva­­lua­­tion de la capa­­cité à chan­­ger. L’éva­­lua­­tion d’une capa­­cité du chan­­ ge­­ment indi­­vi­­duelle et col­­lec­­tive peut faire l’objet d’une éva­­lua­­tion en tant qu’actif imma­­ té­­riel.

Étapes

Métho­­do­­logie et conseils

À par­­tir d’une courte des­­crip­­tion du chan­­ge­­ ment envi­­sagé (objec­­tifs, cibles, prin­­ci­­pales étapes), un groupe de tra­­vail défi­­nit si le chan­­ ge­­ment en ques­­tion traite de tout ou par­­tie des sept champs. ii Champs 1 - Les stra­­té­­gies de chan­­ge­­ment. En fonc­­tion du contexte, du chan­­ge­­ment et des popu­­la­­tions impac­­tées, il faut définir quelle est la meilleure stra­­té­­gie de chan­­ge­­ment à mettre en place. ii Champs 2 - Professionnalisation des mana­­ gers au chan­­ge­­ment. Ce sont les actions de for­­ma­­tion et de sen­­si­­bi­­li­­sa­­tion des mana­­gers à la ges­­tion du chan­­ge­­ment. ii Champs 3 – Accom­­pa­­gne­­ment des pro­­jets. Le chan­­ge­­ment est réa­­lisé par la mise en place d’un pro­­jet avec un début, une fin, des étapes, des livrables et des res­­sources spé­­ci­­fiques. Un lot « conduite du chan­­ge­­ment » traite géné­­ra­­

L’ana­­lyse ter­­ri­­toriale peut aussi être uti­­li­­sée «  en mode audit  » pour ana­­ly­­ser les pra­­tiques de ges­­tion du chan­­ge­­ment exis­­tantes, per­­met­­ tant ainsi de voir les champs cou­­verts par ces der­n ­ ières. ■

Objec­­tif Lorsque vous devez réa­­li­­ser un chan­­ge­­ment, dans quelle pro­­blé­­ma­­tique de ges­­tion du chan­­ ge­­ment vous situez-vous  ? Devez-­vous mettre en place la conduite du chan­­ge­­ment qui accom­­ pagne le déploie­­ment d’un pro­­jet ou bien déve­­ lop­­per les compé­­tences des mana­­gers ou encore veiller à la qua­­lité de vie au travail ? Nous vous pro­­po­­sons sept champs de ges­­tion du chan­­ge­­ ment qui vous per­­mettent de mieux cer­­ner votre chan­­ge­­ment et le trai­­te­­ment de celui-­ci.

Contexte

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L’ana­­lyse ter­­ri­­toriale de la conduite du chan­­ ge­­ment se fait tout au début d’un pro­­jet afin d’envi­­sa­­ger les moda­­li­­tés les plus appro­­priées. Cela peut se faire avec les prin­­ci­­paux déci­­sion­­ nels du chan­­ge­­ment et ceux qui gére­­ront les dis­­po­­si­­tifs d’accom­­pa­­gne­­ment.

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Outil 2 L’ana­­lyse ter­­ri­­toriale de la conduite du chan­­ge­­ment défi­­nit pour un chan­­ge­­ment les manières de l’aborder.

Avan­­tages ■■ L’ana­­lyse

ter­­ri­­toriale de la conduite du chan­­ge­­ ment per­­met de s’inté­­res­­ser à d’autres manières de gérer le chan­­ge­­ment que celui en mode pro­­jet et ouvre des pos­­si­­bi­­li­­tés variées de déploie­­ment.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■ Vos

pro­­jets de chan­­ge­­ment peuvent avoir plu­­ sieurs champs pour leur trai­­te­­ment, c’est d’ail­leurs la majo­­rité des cas. Ne limi­­tez pas le déploie­­ment de votre chan­­ge­­ment à un seul champ.

Ter­­ri­­toires de la conduite du chan­­ge­­ment

Dossier 1  Stra­­té ­gie de chan ­ge ­ment

Outil 3

Inter­­na­­li­­sa­­tion ou externalisation de la conduite du chan­­ge­­ment ? Qui fait la conduite du chan­­ge­­ment ?

Qui fait la conduite du changement ?

Externe

Mixte

Interne

Méthodes et outils Positionnement du dispositif interne ■ Intervenants internes en mode réseau et/ou consultants internes ■ ■

■ Gestion des contrats de consulting en conduite du changement ■ Interlocuteurs internes

En résumé

Insight

Ini­­tia­­le­­ment réa­­li­­sée par des cabi­­nets de conseil, la conduite du chan­­ge­­ment a été dans un pre­­mier temps externalisée. Depuis les années 2000, cer­­taines entre­­prises ont entre­­ pris une inter­­na­­li­­sa­­tion de la conduite du chan­­ ge­­ment de manière totale ou par­­tielle en créant leur méthodologie et en professionnalisant des experts internes.

Originally conducted by consulting firms, change mana­­ge­­ment was then outsourced by organizations. Since the 2000s, some companies began internalizing some parts or all of the change mana­­ge­­ment process, thereby creating their own methodologies and professionalizing their own experts.

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Dossier 1  Stra­­té ­gie de chan ­ge ­ment

Objec­­tif Pour une meilleure réus­­site des pro­­jets, pour dimi­­nuer les coûts de consultance, pour mieux uti­­li­­ser les res­­sources internes et pour déve­­ lop­­per une culture du chan­­ge­­ment, de plus en plus d’entre­­prises font le choix de l’inter­­na­­ li­­sa­­tion totale ou par­­tielle de la conduite du chan­­ge­­ment.

Contexte Une enquête menée en 2011 par la chaire ESSEC du chan­­ge­­ment avait mon­­tré que la conduite du chan­­ge­­ment s’internalisait depuis envi­­ron 2006. Dans la majo­­rité des grands groupes fran­­çais inter­­ro­­gés (51 %), la conduite du chan­­ge­­ment est internalisée – au sens où une entité interne de conduite du chan­­ge­­ ment a la capa­c­ ité de réa­­li­­ser tout ou par­­tie des actions d’accom­­pa­­gne­­ment et de for­­ma­­ tion dans ce domaine. Par ailleurs, 90 % des entre­­prises inter­­ro­­gées men­­tionnent que leur déci­­sion d’inter­­na­­li­­sa­­ tion est inter­­ve­­nue depuis 2006.

Comment l’uti­­li­­ser ?

—— Quelle est l’offre de ser­­vices pro­­po­­sée (for­­ ma­­tion, cadrage et/ou accom­­pa­­gne­­ment) ? —— Qui seront les experts «  conduite du chan­­ ge­­ment » internes : des consul­­tants internes ou bien des per­­sonnes de métier ani­­mées en mode réseau ? ii Pilo­­tage de l’inter­­na­­li­­sa­­tion et ani­­ma­­tion de la filière interne.

L’inter­­na­­li­­sa­­tion de la conduite du chan­­ge­­ment consti­­tue une évo­­lu­­tion majeure dans l’appro­­pria­­tion Métho­­do­­logie et conseils du chan­­ge­­ment par Les struc­­tures dédiées à la conduite du chan­­ les entre­­prises. ge­­ment peuvent opter pour plu­­sieurs modèles d’orga­­ni­­sa­­tion. Nous en avons iden­t­ i­­fié trois prin­­ci­­paux : ii le modèle du consulting interne, dans lequel des consul­­tants internes inter­­viennent en accom­­pa­­gne­­ment des pro­­jets et/ou dans la for­­ma­­tion des sala­­riés ; ii le modèle du réseau interne, qui relie les inter­­ ve­­nants de dif­­fé­­rentes direc­­tions de l’entre­­ prise qui endossent alors un rôle d’expert. La cel­­lule de conduite du chan­­ge­­ment est ainsi ancrée dans les métiers ; ii le modèle du consulting externe  : la struc­­ ture de conduite du chan­­ge­­ment sélec­­tionne les socié­­tés de conseil externes qui inter­­vien­­ dront et peut même aller jus­­qu’à contrac­­tua­­ li­­ser avec elles.

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Étapes Dans 65  % des entre­­prises inter­­ro­­gées, la conduite du chan­­ge­­ment dépend de la direc­­ tion des Res­­sources humaines. Dans 20 % des entre­­prises inter­­ro­­gées, elle relève de la direc­­ tion des Sys­­tèmes d’infor­­ma­­tion et dans les 15 % res­­tants, elle est rattachée à la Direc­­tion géné­­rale. Les étapes d’inter­­na­­li­­sa­­tion de la conduite du chan­­ge­­ment sont les sui­­vantes : ii Éva­­lua­­tion du besoin en conduite du chan­­ ge­­ment pour une entre­­prise et de son coût. ii Choix de l’inter­­na­­li­­sa­­tion avec cinq ques­­tions : —— Inter­­na­­li­­sa­­tion totale ou par­­tielle ? —— Qui prend en charge le dis­­po­­si­­tif d’inter­­na­­ li­­sa­­tion ? ——Quelles sont les méthodes et outils pro­­po­­sés ?

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Avan­­tages ■■ L’inter­­na­­li­­sa­­tion

de la conduite du chan­­ge­­ment consti­­tue une oppor­­tu­­nité de déve­­lop­­per la culture des entre­­prises et à faire du chan­­ge­­ ment une compé­­tence clé. La plu­­part des grands groupes ont mené ou mènent des expé­­ri­­men­­ta­­ tions et/ou des déploie­­ments de ce type.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■ L’option

de la mixité avec des apports externes d’experts semble être la for­­mule la plus opti­­ male pour évi­­ter des formes de rou­­tines et d’en­ ferme­­ment sur le sujet du chan­­ge­­ment.

Inter­­na­­li­­sa­­tion ou externalisation de la conduite du chan­­ge­­ment ?

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ?

Outil 3

suite outil 3 

Outil 3

Inter­­na­­li­­sa­­tion ou externalisation de la conduite du chan­­ge­­ment ? Comment être plus effi­­cace ? Les entre­­prises ayant fait le choix de l’inter­­ na­­li­­sa­­tion le font en géné­­ral selon deux stra­­ té­­gies qui sont la créa­­tion d’une struc­­ture dédiées ou bien l’ani­­ma­­tion d’un réseau. Le tableau suivant donne les grands caracte­ ristiques de ces deux formes d’inter­na­li­sa­

tion. Des exemples d’inter­na­li­sation de la conduite de change­ment sont développés dans l’ouvrage Méthode de conduite de changement, 3e  édition (Autissier, Moutot,

2013, Dunod).

Créa­­tion d’une struc­­ture de conduite du chan­­ge­­ment Type de struc­­ture Pro­­fil type des acteurs professionnalisés Coûts

Forces

Fai­­blesses

Créa­­tion d’un réseau de compé­­tences en conduite du chan­­ge­­ment

Entité lourde compre­­nant une équipe de consul­­tants internes

Entité légère de 2 ou 3 per­­sonnes

Des consul­­tants internes en priorité

Des mana­­gers relais + des acteurs en charge de pro­­jets de chan­­ge­­ ment

Struc­­ture : très éle­­vés

Struc­­ture : très faibles

Exploi­­ta­­tion : moyens

Exploi­­ta­­tion : éle­­vés

Rapi­­dité, lar­­geur du spectre de déploie­­ment

Légi­­ti­­mité, compé­­tence au cœur des métiers et des trans­­for­­ma­­tions, sou­­ tien des direc­­tions

Résis­­tances des direc­­tions pou­­vant s’oppo­­ser à l’entité qui porte le dis­­ po­­si­­tif, coût de struc­­ture, dif­­fi­culté de main­­te­­nir la pro­­duc­­ti­­vité et la compé­­tence (turnover) sur une équipe de consultance interne

Main­­tien de la compé­­tence (chan­­ ge­­ment de poste des per­­sonnes), temps néces­­saire au déploie­­ment

Le choix entre ces deux configurations resulte de la culture de l’entreprise en termes de gestion de projet mais aussi de capacité à gérer des experts de manière indépendante.

Si l’entreprise n’est pas complètement mature par rapport à ces deux notions, nous conseillons l’option du réseau de compétences.

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Outil 3

Dossier 1  Stra­­té ­gie de chan ­ge ­ment

Le dis­­po­­si­­tif Lit­­chi chez EDF a consisté à pro­­duire un réfé­­ren­­tiel métho­­do­­lo­­gique de conduite du chan­­ge­­ment en insis­­tant sur les pro­­duc­­tions à réa­­li­­ser pour opérationnaliser la conduite du chan­­ge­­ment dans les pro­­jets. Une méthode en trois phases et sept livrables a été pro­­posée et mise sur un site intra­net pour être acces­­sible à l’ensemble de l’entre­­prise. Des for­­ma­­tions à la méthode Lit­­chi ont été pro­­ po­­sées et tous les outils et conte­­nus rendus acces­­sibles sur le site. Dans une logique de professionnalisation, les res­­pon­­sables de lot «  conduite du chan­­ge­­ment  » des dif­­fé­­rents

pro­­jets ont la pos­­si­­bi­­lité de béné­­fi­cier de for­­ ma­­tion et de coaching pour apprendre à réa­­li­­ ser la conduite du chan­­ge­­ment d’un pro­­jet. Piloté par la direction mana­­ge­­ment et organisation du groupe EDF, le dis­­po­­si­­tif Lit­­chi pro­­pose des coachs Lit­­chi qui aident les pro­­ jets à struc­­tu­­rer leur lot «  conduite du chan­­ ge­­ment  » et accom­­pagnent des per­­sonnes internes pour la pro­­duc­­tion des dif­­fé­­rents élé­­ments de ce lot. Pour les res­­pon­­sables du dis­­po­­si­­tif, Lit­­chi vise des objec­­tifs à la fois stra­­ té­­giques et opé­­ra­­tion­­nels. ■

La méthode Litchi CADRAGE

Dossier de Cadrage - Périmètre Projet

1

- Nature des changements

PILOTAGE

LEVIERS D ‘ACTIONS

Dossier de Pilotage

Dossier d’Impacts - Définition des changements

3

- Plan de transition

- Dimensionnement CDC

- Pilotage actions CDC

- Repérage des Impacts

6

- Gestion des risques CDC - Tableau de Bord CDC

- Organiser la CDC

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Dossier de Communication - Mix Com

4

- Résistances - Acteurs clés - Gestion des conflits

Dossier de Transformation

Dossier de Formation

- Diagnostic Sociologique

2

- Positionnement - Plan de communication

Dossier Socioorganisationnel

- Besoins de formation

5

- Anomalies

7

- Plan d’ajustement

- Plan de formation

- Plan de maintenance

- Ingéniérie de formation

- Indicateurs métier (KPI)

CDC : conduite du changement.

1  Autissier D., Leloup R., Marty S., Une inno­­va­­tion en conduite du chan­­ge­­ment. Le pro­­jet Lit­­chi à EDF Eyrolles, 2008.

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Inter­­na­­li­­sa­­tion ou externalisation de la conduite du chan­­ge­­ment ?

Cas du Dispositif Litchi chez EDF1

Outil 4

Apti­­tude au chan­­ge­­ment Éva­­luer l’aptitude au chan­­ge­­ment d’un groupe

Un contexte favorable au changement

Des personnes compétentes en gestion du changement

Des processus d’action dédiés au changement

Une aptitude au changement élevée

En résumé

Insight

En dehors de tout pro­­jet de chan­­ge­­ment et de manière quasi struc­­tu­­relle, quelle est l’apti­­ tude au chan­­ge­­ment d’un groupe ? Il ne s’agit pas de «  vendre  » un pro­­jet de chan­­ge­­ment mais de s’inté­­res­­ser aux fac­­teurs qui par­­ti­­ cipent à ce que des per­­sonnes soient prêtes à chan­­ger, de manière per­­ma­­nente. Pour vous aider, cet outil pro­­pose une grille de 15 ques­­ tions per­­met­­tant d’appré­­cier si l’apti­­tude au chan­­ge­­ment d’un groupe est forte, moyenne ou faible.

What are the quasi-­structural abilities and dis­­po­­si­­tions required to drive change within a group of person beyond change mana­­ge­­ment methods? The inter­est here is not “to sell” an organizational change project but to focus on factors that contribute permanently to a group readiness to change. Here this tool pro­­poses a 15 ques­­tions grid aiming to help you assess whether the ability to change of a group is high, medium or low.

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Dossier 1  Stra­­té ­gie de chan ­ge ­ment

Objec­­tif Une réflexion en termes de quan­­ti­­fi­cation et de déve­­lop­­pe­­ment de l’apti­­tude au chan­­ge­­ ment peut se faire indé­­pen­­dam­­ment des pro­­ jets et peut même consti­­tuer un pro­­jet en tant que tel.

Contexte Dans le cadre d’un pro­­jet, nous pré­­co­­ni­­sons de mener cette analyse en même temps que la grille de cadrage (cf. outil 6).

Comment l’uti­­li­­ser ? Étapes

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Nous pré­­co­­ni­­sons le ren­­sei­­gne­­ment du ques­­ tion­­naire suivant par un groupe d’expert et/ou un échan­­tillon de per­­sonnes.

ii Les pro­­ces­­sus d’actions —— Les popu­­la­­tions ont-­elles vécu un ou plu­­sieurs chan­­ge­­ments signi­­fi­ca­­tifs depuis 3 ans ? —— L’ancien­­neté dans le poste des per­­sonnes concer­­nées est-­elle infé­­rieure à 5 ans ? —— Sur les trois der­­nières années, tous les chan­­ ge­­ments se sont-­ils bien pas­­sés ? —— La ges­­tion du chan­­ge­­ment est-­elle pré­­sente de manière sys­­té­­ma­­tique dans les pro­­jets ? —— Les mana­­gers mobilisent-­ils la ges­­tion du chan­­ge­­ment dans leurs actes de management au quo­­ti­­dien ?

L’apti­­tude au chan­­ge­­ment éva­­lue le poten­­tiel d’un groupe à chan­­ger en fonc­­tion de ses compé­­tences, du contexte et des pro­­ces­­sus d’actions qu’il pour­­ra mobi­­li­­ser pour Métho­­do­­logie et conseils réa­­li­­ser un Chaque ques­­tion est binaire (oui ou non) avec chan­­ge­­ment. un nombre de point en cas de réponse posi­­tive (6,6). Le total des points pos­­sibles est de 100 (15 × 6,6), per­­met­­tant d’obte­­nir une évaluation de l’apti­­tude au chan­­ge­­ment (forte – entre 100 et 75, moyenne – entre 75 et 50 – et faibleentre 50 et 0). ■

ii Le contexte —— La direc­­tion et la hié­­rar­­chie donnent-­elles l’exemple en matière de chan­­ge­­ment ? —— L’actua­­lité éco­­no­­mique de l’entre­­prise est­elle favo­­rable au chan­­ge­­ment ? —— Les sala­r­ iés croient-­ils en un ave­­nir meilleur dans leur entre­­prise ? —— L’exis­­tant est-­il plus vu comme un état en cours d’évo­­lu­­tion qu’un acquis à conser­­ver ? —— L’envi­­ron­­ne­­ment macro­écono­­mique est-­il por­­teur de chan­­ge­­ment ? ii Les compé­­tences des per­­sonnes —— Les mana­­gers ont-­ils été sen­­si­­bi­­li­­sés et/ou for­­més à la conduite du chan­­ge­­ment ? —— Existe-­t-il dans l’entre­­prise des dis­­po­­si­­tifs pour échan­­ger et expé­­ri­­men­­ter le chan­­ge­­ ment ? —— Le chan­­ge­­ment est-­il une compé­­tence reconnue dans l’entre­­prise ? —— La réus­­site des chan­­ge­­ments est-­elle un élé­­ ment de rétri­­bu­­tion des per­­sonnes ? —— L’entre­­prise dispose-­t-elle d’un référentiel en conduite du chan­­ge­­ment ?

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Avan­­tages ■■ L’apti­­tude

au chan­­ge­­ment peut consti­­tuer un cri­­tère de « no go » pour un pro­­jet au risque de faire échouer ce der­­nier. Elle per­­met de cer­­ner cer­­tains élé­­ments de la réus­­site d’un pro­­jet.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■ Les

15 ques­­tions peuvent faire l’objet de déve­­ lop­­pe­­ments plus fins pour trai­­ter cer­­tains sujets. Le ques­­tion­­naire peut être complété et les réponses peuvent être une appré­­cia­­tion crois­­sante de 1 à 5.

Apti­­tude au chan­­ge­­ment

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ?

Outil 4

Outil 5

L’hyper­cube du chan­­ge­­ment Quelle est la meilleure stra­­té­­gie de chan­­ge­­ment ?

Chang emen Planifié t

Cha Dév ngemen elop t p Hum ement ain

http://goo.gl/ZXbeJ Les stratégies de changement envisageables, par D. Autissier

Chang em Co-con ent struit

Chang eme Émerg nt ent

Chan gem Impo ent sé

Chan ge Proc ment essé

En résumé

Insight

La lit­­té­­ra­­ture en chan­­ge­­ment distingue 6 stra­­ té­­gies types à mener en fonc­­tion de l’objet de chan­­ge­­ment, du rythme, du mana­­ge­­ment, de la cible et de la culture managériale de l’entre­­ prise. Le fait de défi­­nir une stra­­té­­gie en amont per­­met aux prin­­ci­­paux déci­­deurs et por­­teurs du chan­­ge­­ment de s’inter­­ro­­ger sur les fac­­teurs de suc­­cès de celui-­ci et de pen­­ser des plans d’actions.

Change mana­­ge­­ment literature distinguishes six typical strategies based on the subject of change, it’s pace, it’s mana­­ge­­ment, it’s target and the managerial culture of the company. By defining an upstream strategy it allows key decision makers and bearers of change to precisely consider its success factors therefore enabling actions plans. These six strategies are represented as a six-­sided cube.

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Dossier 1  Stra­­té ­gie de chan ­ge ­ment

Comment l’uti­­li­­ser ?

ii Une stra­­té­­gie parmi six Dans les 5 ques­­tions (qui sont les 5 variables du chan­­ge­­ment), il y en a deux qui relèvent de déci­­sions (le rythme et la cible) et les trois autres (le mana­­ge­­ment, le dis­­po­­si­­tif et la méthode) carac­­té­­risent les actions qui seront déployées. Le rythme est soit bru­­tal soit pro­­ gres­­sif. La cible est celle des pres­­crip­­teurs ou de masse. Le mana­­ge­­ment est de nature impo­­sée ou co-­construite. Le dis­­po­­si­­tif est soit en mode pro­­jet soit en une série de micro­actions. La méthode est envi­­sa­­gée en mode pro­­ces­­sus ou bien en actions visant le déve­­ lop­­pe­­ment humain. En fonc­­tion des options prises sur les variables d’action, six stra­­té­­ gies de changement se dégagent : planifiée ; émergente ; imposée ; co-construite ; processée ou de développement humain.

Étapes

Métho­­do­­logie et conseils

Pour défi­­nir une stra­­té­­gie de chan­­ge­­ment, nous dis­­tin­­guons deux grandes étapes. Une pre­­mière explo­­ra­­toire avec des réponses à 5 ques­­tions. Une deuxième étape plus qua­­li­­ fiante pro­­po­­se pour un pro­­jet une stra­­té­­gie parmi les 6 pro­­po­­sées1 ii Les 5 ques­­tions clés Les dif­­fé­­rents tra­­vaux en ges­­tion du chan­­ge­­ ment iden­­ti­­fient géné­­ra­­le­­ment cinq « variables du chan­­ge­­ment », per­­met­­tant à la fois de qua­­li­­ fier l’inten­­tion et les objec­­tifs de chan­­ge­­ment : —— le rythme  : le chan­­ge­­ment est-­il mené de manière pro­­gres­­sive ou bru­­tale ? ; —— la cible : tous les acteurs sont-­ils concer­­nés, ou seuls les pres­­crip­­teurs ? ; —— le mana­­ge­­ment : le chan­­ge­­ment est-­il imposé ou co-­construit avec les par­­ties pre­­nantes ? —— le dis­­po­­si­­tif : le chan­­ge­­ment est-­il porté par des pro­­jets ou des micro-­actions ? ; —— la méthode de ges­­tion : le chan­­ge­­ment est-­il déployé comme un pro­­ces­­sus balisé ou bien pensé comme une action de déve­­lop­­pe­­ment humain ?

Pour réa­­li­­ser cet exer­­cice stra­­té­­gique nous pré­­co­­ni­­sons la consti­­tution d’un groupe de tra­­ vail avec les prin­­ci­­paux déci­­sion­­nels du pro­­jet. Ce groupe se réunit en géné­­ral 3 fois pour des réunions de 2 h.

Objec­­tif L’ana­­lyse stra­­té­­gique d’un chan­­ge­­ment vise à répondre à quelques ques­­tions fon­­da­­men­­tales quant à la nature de celui-­ci et aux moda­­li­­tés de déploie­­ment envi­­sa­­gées. Les réponses à ces quelques ques­­tions per­­mettent de défi­­nir la stra­­té­­gie la plus appro­­priée orien­­tant ainsi les outils qui seront mobi­­li­­sés dans la phase d’opérationnalisation.

Contexte

© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

Ce tra­­vail de défi­­ni­­tion stra­­té­­gique d’un chan­­ ge­­ment se fait en amont de son déploie­­ment dans une logique de pré­­pa­­ra­­tion.

1  Autissier D., Moutot J.-M., Les stra­­té­­gies de chan­­ ge­­ment, Dunod, 2012.

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Une stra­­té­­gie de conduite du chan­­ge­­ment peut être de nature pla­­ni­­fiée, émergente, impo­­sée, co-­construite, processée ou de déve­­lop­­pe­­ment humain.

Avan­­tages ■■ Les

5 ques­­tions consti­­tuent un exer­­cice qui oblige les déci­­sion­­nels à défi­­nir cer­­tains points et à réflé­­chir sur un pro­­jet en termes de chan­­ ge­­ment. Les réponses à ces ques­­tions et les échanges par­­ti­­cipent à une réflexion consti­­ tutive de sens et d’effi­­ca­­cité pour la suite.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■ Les

6 stra­­té­­gies types sont défi­­nies en tant qu’idéal type. La réa­­lité des situa­­tions conduit bien sou­­vent les res­­pon­­sables du chan­­ge­­ment à opter pour des stra­­té­­gies hybrides ou bien à adopter des stra­­té­­gies dif­­fé­­rentes en fonc­­tion des phases d’un pro­­jet.

L’hyper­cube du chan­­ge­­ment

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ?

Outil 5

suite outil 5 

Outil 5

L’hyper­cube du chan­­ge­­ment Comment être plus effi­­cace ? Pour vous aider à mieux comprendre les six stra­­té­­gies de l’hyper­cube du chan­­ge­­ment, nous vous pro­­po­­sons des défi­­ni­­tions plus exhaus­­ tives de ces der­­nières : ii Chan­­ge­­ment émergent. Le choix d’une stra­­ té­­gie émergente pour mener un chan­­ge­­ment consiste à réa­­li­­ser de mul­­tiples micro-­actions qui font évo­­luer les repré­­sen­­ta­­tions des prin­­ci­­ paux acteurs pour les enga­­ger dans la voie du chan­­ge­­ment qu’ils vont eux-­mêmes construire par la suite. Cette démarche, fon­­dée sur l’évo­­lu­­ tion des repré­­sen­­ta­­tions auprès du plus grand nombre, vise à recher­­cher, dans une logique de seuil, le point de bas­­cule du chan­­ge­­ment. ii Chan­­ge­­ment déve­­lop­­pe­­ment humain. « Chan­­ geons notre culture et soyons plus créa­­tifs ! » : une telle incan­­ta­­tion managériale n’est que dif­­fi­ci­­le­­ment «  opérationnalisable  ». Les fac­­ teurs de cau­­sa­­li­­tés sont mul­­tiples et leur mise en mou­­ve­­ment ne se fait pas dans une logi­ que d’actions iso­­lées, mais dans une mise en mou­­ve­­ment d’ensemble. Aussi préconisons­nous le chan­­ge­­ment déve­­lop­­pe­­ment humain, qui consiste à mettre les acteurs concer­­ nés en mou­­ve­­ment dans une logique de co-­ construction, mou­­ve­­ment d’où émer­­gera un chan­­ge­­ment en lien avec la fina­­lité défi­­nie à l’ori­­gine. ii Chan­­ge­­ment imposé. Lorsque les évé­­ne­­ ments obligent à opé­­rer une action rapide, les pos­­si­­bi­­li­­tés de co-­construction sont chal­­ len­­gées par l’obli­­ga­­tion d’agir dans les plus brefs délais et de manière ciblée. Les auteurs en mana­­ge­­ment parlent de burning plateform pour stig­­mati­­ser un état d’urgence et de risque avéré, qu’il importe de cou­­vrir le plus rapi­­de­­

ment pos­­sible. Tout en res­­pec­­tant le col­­lec­­tif et pour assu­­rer sa sau­­ve­­garde voire sa sur­­vie, les prin­­ci­­paux diri­­geants optent pour un chan­­ ge­­ment imposé qui pré­­voit la réa­­li­­sa­­tion d’ac­ tions obli­­ga­­toires dans le délai le plus court pos­­sible. ii Chan­­ge­­ment co-construit. Le point d’arri­­vée du chan­­ge­­ment est impos­­sible à défi­­nir et va néces­­si­­ter la par­­ti­­cipation et sur­­tout la créa­­ti­­ vité de tout ou par­­tie des parties-­prenantes de l’orga­­ni­­sa­­tion. Cela va se maté­­ria­­li­­ser par de nom­­breux rendez-­vous de tra­­vail avec le souci de la for­­ma­­li­­sa­­tion et de l’opérationnalisation. ii Chan­­ge­­ment processé. Trois, deux, un, par­­ tez  ! Ce coup d’envoi résume ce qu’est et ce que repré­­sente un chan­­ge­­ment processé : une déci­­sion d’entre­­prise moti­­vée par un choix ou une contrainte est décli­­née, pour sa réa­­li­­sa­­tion, en un ou plu­­sieurs pro­­jets. Le chan­­ge­­ment est alors pro­­duit par le pro­­jet et fait l’objet d’un lot spé­­ci­­fique pour son accom­­pa­­gne­­ment avec un plan­­ning, des objec­­tifs, des phases et des pro­­duc­­tions. ii Chan­­ge­­ment pla­­ni­­fié. Lorsque l’objec­­tif d’un chan­­ge­­ment est connu ou bien résumé à une ou quelques mesures objec­­tives, le chan­­ge­­ ment pla­­ni­­fié peut s’avé­­rer la meilleure des stra­­té­­gies. Il n’y a pas débat sur la fina­­lité et la cible visée est connue de tous – ce qui n’empêche pas d’effec­­tuer, au préa­­lable, un tra­­vail de co-­construction sur la cible. La cible et l’échéance tem­­po­­relle sont connues avec pré­­ci­­sion, de telle manière qu’il est pos­­sible de construire un plan d’actions pour la réa­­li­­sa­­tion du chan­­ge­­ment pour­­suivi.

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Dossier 1  Stra­­té ­gie de chan ­ge ­ment

Outil 5

Exemple d  e Changement émergent : « Les salariés d’abord, les clients ensuite. »1

ii Étape 1 – Créer le besoin de chan­­ge­­ment. Nayar engage alors un tra­­vail de défi­­ni­­tion du point A de son entre­­prise, par le biais de confé­­ rences et d’ate­­liers avec les mana­­gers. Dans ce tra­­vail dit de « miroir », Nayar constate que les sala­­riés voient la réa­­lité de la situa­t­ ion, mais ne se sentent pas pour autant obli­­gés d’y remé­­ dier, trou­­vant des excuses pour ne pas faire.

© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

ii Étape 2 – Créer une culture de chan­­ge­­ment. Pour per­­mettre à cha­­cun de s’expri­­mer et pour que le fonc­­tion­­ne­­ment de l’entre­­prise soit le plus visible pos­­sible, un forum en ligne inti­­tulé U & I (You and I)2 per­­met à tous les employés d’inter­­ro­­ger la hié­­rar­­chie et de faire remon­­ ter les infor­­ma­­tions qui leur semblent impor­­ tantes. ii Étape 3 – Construire une struc­­ture de chan­ gement. Pour que le chan­­ge­­ment per­­dure un SSD (Smart Ser­­vice Desk)3 est créé. Ins­­piré

d’un outil de ges­­tion des pro­­blèmes avec les clients, le SSD per­­met à tout opé­­ra­­tion­­nel de faire part d’un pro­­blème qu’il ren­­contre avec les ser­­vices fonc­­tion­­nels et/ou la hié­­rar­­chie. Une fois ouvert, chaque dos­­sier doit impé­­ra­­ ti­­ve­­ment être traité. Et sa clô­­ture inter­­vient uni­­que­­ment une fois qu’une solu­­tion est trou­­ vée. ii Étape 4 — Trans­­fé­­rer la res­­pon­­sa­­bi­­lité du chan­­ge­­ment. Pour contrer la logique favo­­ri­­sée par l’outil U & I, de posi­­tion­­ne­­ment du PDG au som­­met et comme seul capable de résoudre les pro­­blèmes, il défi­­nit une nou­­velle fonc­­tion­­ na­­lité, sous la forme d’une rubrique du PDG inti­­tu­­lée «  mes pro­­blèmes et vos réponses  ». Cette rubrique, qui recense les thèmes pour les­­quels le PDG n’a pas de réponse et sol­­li­­cite l’ensemble des sala­­riés, per­­met de faire émer­­ ger d’autres exper­­tises. ■

Les étapes du modèle EFCS sont pré­­sen­­ tées comme un cycle d’actions, qui recom­­ mence encore et encore.

1  Vineet Nayar, Les employés d’abord, les clients ensuite, Diateino, 2011 (tra­­duc­­tion fran­­çaise de Employees first, Customers second, Harvard Busi­­ness Press). 2  Vous et moi. 3  Ser­­vice intel­­ligent en ligne.

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L’hyper­cube du chan­­ge­­ment

En 2005, Vineet Nayar est nommé PDG d’une des plus grandes entre­­prises infor­­ma­­tiques indiennes, HCLT. Il décide d’enga­­ger son entre­­prise dans un pro­­fond chan­­ge­­ment avec un pro­­jet EFCS (Employees first, Customers Second) décom­­po­­sée en plu­­sieurs étapes.

Outil 6

La grille de cadrage de la conduite du chan­­ge­­ment Qua­­li­­fier un chan­­ge­­ment pour défi­­nir la stra­­té­­gie et les outils appro­­priés

Qualification du projet + Qualification du contexte

Dimensionnement de l’équipe conduite du changement

100 85 60 59 Changement 40 important 25 Changement 24 simple 0

Changement complexe

Stratégie de changement

Les outils « conduite du changement »

En résumé

Insight

La grille de cadrage d’un pro­­jet de chan­­ge­­ ment est un ques­­tion­­naire avec 20  ques­­tions clés qui ren­­seignent le pro­­jet et le contexte. Les réponses fer­­mées de ce ques­­tion­­naire per­­ mettent de cal­­cu­­ler le niveau de complexité du chan­­ge­­ment et d’orien­­ter la stra­­té­­gie de chan­­ ge­­ment qui déter­­mi­­nera les outils les plus judi­­ cieux à mobi­­li­­ser.

The change project framing grid is a ques­­tion­­ naire containing 20 key issues that inform the user about the project and its background. The closed answers to this ques­­tion­­naire provides a compu­­ta­­tion of the project complexity levels and thus suggesting a strategic guide that will determine the most appropriate mana­­ge­­ment tools.

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Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ? Objec­­tif La manière de conduire le chan­­ge­­ment dépend à la fois de l’ampleur du pro­­jet et des carac­­ té­­ris­­tiques du contexte. Pour cette rai­­son, le ques­­tion­­naire de cadrage est orga­­nisé en deux par­­ties de 10 ques­­tions cha­­cune. À chaque ques­­ tion est asso­­cié un nombre de points (crois­­sants en fonc­­tion de la complexité du chan­­ge­­ment) per­­met­­tant de cal­­cu­­ler un indice de complexité du pro­­jet qui per­­met de dimen­­sion­­ner l’équipe à venir. Cer­­taines ques­­tions servent à qua­­li­­fier la stra­­té­­gie de chan­­ge­­ment. En fonc­­tion des réponses appor­­tées, ce ques­­tion­­naire per­­met d’orien­­ter vers l’une des 6 stra­­té­­gies de chan­­ ge­­ment (cf. outil 5) et les outils appropriés.

Contexte La grille de cadrage se fait tout au début. C’est le pre­­mier outil à réa­­li­­ser. Il pro­­duit un pre­­ mier diag­­nos­­tic et sur­­tout oblige les inté­­res­­sés à s’inter­­ro­­ger sur cer­­tains points du pro­­jet et du contexte.

néces­­sité d’un accom­­pa­­gne­­ment struc­­tu­­rel et per­­manent. Le pro­­jet est carac­­té­­risé par des chan­­ge­­ments impor­­tants sans qu’il y ait de sujets déli­­cats. —— Chan­­ge­­ment simple avec un score de 0 à 24. Cela fait état de l’exis­­tence de chan­­ge­­ments sans dif­­fi­culté avec un pro­­jet bien per­­çu et un contexte favo­­rable. ii Choix d’une stra­­té­­gie de chan­­ge­­ment et des outils appro­­priés. Les réponses aux ques­­ tions vous per­­mettent éga­­le­­ment d’obte­­nir la stra­­té­­gie de chan­­ge­­ment la plus appro­­priée pour votre pro­­jet. Les réponses à cer­­taines ques­­tions inci­tent le pro­­jet à s’orien­­ter vers telle ou elle stra­­té­­gie comme cela est indi­­ qué dans le ques­­tion­­naire dans la colonne des réponses après le nombre de points. Pour cela vous devez comp­­ter, pour chaque stra­­té­­ gie, le nombre de réponses cochées où elles sont men­­tion­­nées. Le résul­­tat donne par­­fois des stra­­té­­gies de chan­­ge­­ment avec le même score tra­­dui­­sant ce que l’on appelle des stra­­ té­­gies hybrides.

Outil 6 La grille de cadrage est une ana­­lyse express des prin­­ci­­pales carac­­té­­ris­­tiques du pro­­jet per­­met­­tant de défi­­nir les moda­­li­­tés opé­­ra­­tion­­nelles de la conduite du chan­­ge­­ment.

Métho­­do­­logie et conseils Le niveau de complexité per­­met de dimen­­sion­­ ner l’équipe conduite du chan­­ge­­ment comme c’est déve­­loppé dans l’outil 7.  ■

Comment l’uti­­li­­ser ?

© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

Étapes ii Rem­­plir le ques­­tion­­naire. Dans le cadre d’un groupe de tra­­vail res­treint avec les prin­­ci­­paux res­­pon­­sables du pro­­jet et de la conduite du chan­­ge­­ment, répon­­dez aux 20 ques­­tions du ques­­tion­­naire. ii Cal­­cu­­ler le niveau de complexité. Après avoir rem­­pli le ques­­tion­­naire, vous addi­­tion­­ nez les points en fonc­­tion des réponses et des points asso­­ciés à cha­­cune d’elle. Ce score vous donne le niveau de complexité du chan­­ ge­­ment : —— Chan­­ge­­ment complexe avec un score entre 100 et 60. Cela tra­­duit un chan­­ge­­ment en pro­­ fon­­deur et dif­­fi­cile. —— Chan­­ge­­ment impor­­tant avec un score entre 25 et 59. Cer­­tains points alertent sur la

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Avan­­tages ■■ La

grille de cadrage permet de qualifier le changement, de définir une stratégie et d’avoir une idée des outils les plus utiles.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■ La

grille de cadrage ne doit pas être omise au risque de mobi­­li­­ser cer­­tains outils sans s’être aupa­­ra­­vant posé la ques­­tion de leur uti­­lité.

La grille de cadrage de la conduite du chan­­ge­­ment

Dossier 1  Stra­­té ­gie de chan ­ge ­ment

suite outil 6 

Outil 6

La grille de cadrage de la conduite du chan­­ge­­ment Qualification du projet

1. Le projet de changement a-t-il une date de fin explicite ?

oOUI (0 point – changement planifié)  oNON (3 points)

2. Le projet de changement est-il ?

oUn projet technique (2 points – changement processé )  oUn projet organisationnel (4 points – Changement co-construit )  oUn projet culturel (5 points – changement émergent)

3. Quelle est la durée prévisionnelle du projet

oMoins de 6 mois (1 point)   oEntre 6 et 24 mois (3 points)  oPlus de 24 mois (5 points)

4. Le projet de changement concerne-t-il ?

oMoins de 300 personnes (1 point)  oEntre 300 et 3000 personnes (2 points)  oEntre 3000 et 10000 personnes (3 points)  ­ oPlus de 10000 personnes (5 points – changement processé)

5. Combien y a-t-il de catégories différentes de populations ?

oMoins de 5 (1 point)  oEntre 5 et 10 (2 points)  oPlus de 10 (4 points)

6. Quel est la principale motivation du projet de changement ?

oLa survie (2 points – changement imposé)  oL’amélioration (2 points – changement développement humain)  oL’attrait au changement (1 point)  ­ oPas de motivation particulière (5 points)

7. Y aura-t-il des réorganisations ?

oOUI (4 points)  oNON (0 points)

8. Y aura-t-il des réorganisations avec des contraintes de mobilités ?

oOUI (4 points)  oNON (0 point)

9. Y aura-t-il des suppressions d’emplois ?

oOUI (10 points)  oNON (0 point)

10. Est-ce que le changement modifie les zones de pouvoir actuelles ?

oOUI (5 points)  oNON (0 point)

Qualification du contexte 11. Les personnes concernées par le changement oOUI (3 points – changement développement humain)  oNON (0 point) sont fortement attachées à l’existant ? 12. De quelle nature seront les résistances du projet ?

oPar peur du changement (2 points – changement développement humain)  ­ oPar opposition avec la direction (3 points – changement co-construit)  ­ oPar principe d’opposition idéologique (5 points – changement émergent)

13. Quel est le niveau de résistance au changement ?

oFort et généralisé (5 points – changement co-construit)  oFort sur quelques groupes (3 point)  oMoyen (2 points)  oFaible (1 point)

14. Quelle est la perception du projet par les principaux intéressés ?

oMal bouclé (3 points)  oBien pensé et organisé (0 point)  ­ oInutile (5 points)

15. Les populations concernées ont – elle l’habitude de gérer des changements ?

oOUI (0 points)  oNON (3 points– changement planifié)

16. Quelle est la capacité du management à gérer le changement ?

oFaible (5 points – changement développement humain)  oMoyenne ­ (3 points – changement processé)  oExcellente (1 point – changement imposé)

17. Y a-t-il dans l’organisation une conduite du oOUI (0 point)  oNON (5 points) changement reconnue ? 18. Quel est le niveau d’engagement des décisionnels dans le projet ?

oFaible (7 points - Changement planifié)  oMoyen (4 points)  ­ oFort (0 point)

19. Quel sera le rôle des managers dans le projet ?

oRelais du changement (3 points – changement imposé)  oCo-constructeurs du changement (6 points - changement développement humain)  ­ oLeaders du changement (4 points – changement émergent)

20. Quel est le niveau d’aptitude au changement oElevé (0 points – changement processé)  oMoyen (3 point – changement (cf. outil 4) des principaux intéressés ? construit)  oFaible (6 point – changement émergent)

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Outil 6

Dossier 1  Stra­­té ­gie de chan ­ge ­ment

' ( ) * + , . / '& '' '( ') '* '+ ', ''. '/ (& (' (( () (* (+ (, ((. (/ )& )' )( )) )* )+ ), )). )/ *& *' *( *) ** *+ *, **. */ +&

=hWdZiWkj[khi[dYedZk_j[ZkY^Wd][c[dj J[hh_je_h[iZ[bWYedZk_j[ZkY^Wd][c[dj ?dj[hdWb_iWj_edek[nj[hdWb_iWj_edZ[bWYedZk_j[ZkY^Wd][c[dj 7fj_jkZ[WkY^Wd][c[dj >of[hYkX[ZkY^Wd][c[dj =h_bb[Z[YWZhW][Z[bWYedZk_j[ZkY^Wd][c[djõ9^Wd][H[WZ_d[ii :_c[di_edd[c[djZ[bƒgk_f[YedZk_j[ZkY^Wd][c[dj Travail avec les parties prenantes sous la forme d’ateliers sur le thème « comment faire mieux ensemble » ii Retrait  : Absence de réponses et d’intérêt => Tra­vail de lobbying avec les différentes par­ ties prenantes et prendre du temps pour leur apporter des réponses ii Rupture : Défense de symboles identitaires => Dispositif de médiation pour trouver une solu­ tion en analysant les positions des parties pre­ nantes dans une logique de négociation.

Outil 50 La courbe de l’enga­­ge­­ment repré­­sente le pro­­ces­­sus de chan­­ge­­ment en termes de pos­­tures des per­­sonnes en pré­­co­­ni­­sant des actions d’accom­­pa­­gne­­ment pour créer une dyna­­mique d’adhé­­sion.

Métho­­do­­logie et conseils

© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.

Étapes La courbe fait apparaître trois séquences décou­­pées en 8 phases défi­­nis­­sables en causes et actons de conduite du chan­­ge­­ment à déployer. ii Perturbation  : Modification des conditions de travail => Communication institutionnelle sur le pourquoi et le comment du projet ii Interrogation  : Vais-je perdre mes acquis ? Y  a-t-il des opportunités ? => Communication ciblée sur les avantages concrets et du change­ ment ii Compréhension : Recherche de sens et d’uti­li­ sation du changement => Dispositifs d’échanges et de réponses aux questions des bénéficiaires du changement ii Expérimentation  : Pour se rassurer et/ou maîtriser le changement, demandes de moda­ lités d’apprentissage du changement => Forma­ tion sous toutes ses formes en fonction du changement et des bénéficiaires

Dans un projet de changement, il est possible de positionner les typologie d’acteurs concernés sur le graphique pour apprecier leur posture et envisager des actions en conséquences. ■

1 Autissier D., Wacheux F., Mana­­ger par le sens, Eyrolles, 2006.

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Avan­­tages ■■  L’accep­­ta­­tion

du chan­­ge­­ment ne va pas de soi. C’est un pro­­ces­­sus complexe d’inter­­ro­­ga­­tions et d’expé­­ri­­men­­ta­­tions nour­­rit de craintes et d’envies qu’il faut accom­­pa­­gner pour créer de l’enga­­ge­­ment et de l’adhé­­sion.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■  Le

gra­­phique montre deux courbes avec des étapes. Dans la réa­­lité, les tra­­jec­­toires ne sont pas aussi linéaires et des per­­sonnes en désen­­ ga­­ge­­ment peuvent évo­­luer vers l’enga­­ge­­ment et réci­­pro­­que­­ment.

La courbe de l’enga­­ge­­ment

Comment l’uti­­li­­ser ?

Outil 51

Ate­­lier Work Out Clas­­ser les acti­­vi­­tés en termes de d’impor­­tance et de res­­sources nécessaires

Importance

Activités TOP

Activités PLUS PLUS

Activités NINI

Activités FLOP

Ressources

En résumé

Insight

Pro­­posé comme un outil de la méthode Six Sigma, l’ate­­lier Work Out consiste à qua­­li­­fier les prin­­ci­­pales acti­­vi­­tés en termes d’impor­­ tance et de res­­sources consom­­mées afin de les faire évo­­luer vers celles qui sont les plus impor­­tantes et qui consomment le moins de res­­sources dans une logique d’amé­­lio­­ra­­tion conti­­nue. Cet ate­­lier per­­met aux par­­ti­­cipants de s’inter­­ro­­ger sur leur exis­­tant et de voir que ce qu’ils pen­­saient comme per­­for­­mant ne l’est peut-­être pas, per­­met­­tant ainsi une per­­cep­­tion sur le chan­­ge­­ment comme une oppor­­tu­­nité d’évo­­lu­­tion.

Proposed as a tool within Six Sigma method, Work Out workshop consists as a description of the main activities in terms of weigh and re­sources required to develop them into significant and low-­cost process following a logic based on continual improvement. This workshop allows par­­ti­­cipants to consider and reflect on their work reality and to disco­ver that what they think is effec­­tive may not be as much. This allows for a less idyllic per­­cep­­ tion or busi­­ness reality to take place therefore offering opportunities toward evolution and improvement.

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Dossier 9 M ana­­ger le chan­­ge­­ment

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ? Objec­­tif Cet ate­­lier a pour objec­­tif d’ame­­ner les par­­ ti­­cipants à faire le ménage dans leurs acti­­vi­­ tés exis­­tantes. Ce tra­­vail de recen­­se­­ment et de qua­­li­­fi­­ca­­tion per­­met de mon­­trer que ce qui se fait n’est peut-être pas aussi opti­­mal et qu’il y a des marges de pro­­grès. C’est une manière de relativer les pra­­tiques exis­­tantes, d’en envi­­sa­­ger de nou­­velles et de voir le chan­­ge­­ ment comme une oppor­­tu­­nité d’évo­­lu­­tion. Les acti­­vi­­tés moins impor­­tantes et chrono­phages méritent d’être aban­­don­­nées, pour lais­­ser place à l’inno­­va­­tion et l’intro­­duc­­tion de nou­­ velles pra­­tiques.

Contexte Cet ate­­lier peut être uti­­lisé dans le cadre de la pré­­pa­­ra­­tion d’un pro­­jet de chan­­ge­­ment pour prioriser les étapes à mettre en œuvre et envi­­ sa­­ger de nou­­velles manières de faire, mais aussi dans le cadre de réunions d’équipe pour amé­­na­­ger le temps de tra­­vail des col­­la­­bo­­ra­­ teurs dans une perspec­­tive de gain de temps.

—— Acti­­vi­­tés Plus Plus  : activités très impor­­ tantes consom­­mant beau­­coup de res­­sour­ ces : à faire évo­­luer en fonc­­tion de leur place cri­­tique dans le fonc­­tion­­ne­­ment. ii Les par­­ti­­cipants doivent ensuite pro­­po­­ ser un plan d’action visant à aug­­men­­ter les « Top  », sup­­pri­­mer les «  Flop  » et gérer les « Ni Ni  » et les «  Plus Plus  ». Dans un pro­­ jet de chan­­ge­­ment cela peut consis­­ter à voir comment le chan­­ge­­ment va aider et appor­­ter des oppor­­tu­­ni­­tés à cette ges­­tion.

Métho­­do­­logie et conseils

Outil 51 L’ate­­lier Work Out consti­­tue un bon moyen de pré­­pa­­rer des per­­sonnes à un chan­­ge­­ment en leur mon­­trant que leurs pra­­tiques exis­­tantes ne sont pas aussi opti­­males qu’elles le pensent.

Cet ate­­lier se fait avec un maxi­­mum de 15 per­­ sonnes sur une durée de 2 à 3 heures en fonc­­ tion de la complexité des acti­­vi­­tés à recen­­ser et à qua­­li­­fier. Une réflexion préa­­lable sur les tâches peut être réa­­li­­sée par les par­­ti­­cipants avant de les mettre en commun pour les prioriser. ■

Comment l’uti­­li­­ser ?

Avan­­tages

ii Les par­­ti­­cipants réflé­­chissent ensemble et sélec­­tionnent 20 acti­­vi­­tés majeures qu’ils réa­­ lisent au quo­­ti­­dien. ii Chaque acti­­vité est ensuite qua­­li­­fiée en termes d’impor­­tance et en termes de res­­ sources consom­­mées. Les par­­ti­­cipants qua­­ li­­fient cha­­cune des acti­­vi­­tés en Top, Flop, Plusplus et Nini. —— Acti­­vi­­tés Top  : activités très impor­­tantes néces­­si­­tant peu de res­­sources : à déve­­lop­­per —— Acti­­vi­­tés Flop  : activités peu impor­­tantes consom­­mant beau­­coup de res­­sources  : à éli­­mi­­ner —— Acti­­vi­­tés Ni Ni  : activités peu impor­­tantes consom­­mant peu de res­­sources  : à conser­­ ver ou à faire évo­­luer

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■■  L’ate­­lier

Work out est très simple à mettre en place. C’est une forme d’hygiène sur le fonc­­tion­­ ne­­ment quo­­ti­­dien. Cela consiste à s’inter­­ro­­ger sur ses pra­­tiques et aux moda­­li­­tés d’évo­­lu­­tion de celles-­ci.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■  Pour

qua­­li­­fier les acti­­vi­­tés en termes d’impor­­ tance et de res­­sources consom­­mées, il faut recher­­cher des élé­­ments objec­­tifs et fac­­tuels et ne pas pro­­je­­ter des a priori non fon­­dés. Une tech­­ nique consiste à voir des mesures de Temps et des Indicateurs de résultats pour les différentes activités analysées.

Ate­­lier Work Out

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Étapes

Outil 52

La grille RACI Défi­­nir les niveaux de res­­pon­­sa­­bi­­li­­tés

Activité 1

A

Activité 2

A

R

Activité 3

A

R

Activité 4

R

A

C

Métier E

I

Métier D

Métier B

Métier C

Métier A Activité 1

Activité 2

R

C

I C

I

Activité 3

Activité 4

En résumé

Insight

L’acro­­nyme anglo-­saxon RACI est une méthode pour défi­­nir les niveaux de res­­pon­­sa­­ bi­­lité d’acti­­vi­­tés au quo­­ti­­dien ou dans le cadre d’un pro­­jet, notam­­ment de chan­­ge­­ment. Pour chaque acti­­vité sont définis des res­­pon­­sables de pro­­duc­­tion (Responsible), des per­­sonnes qui pilotent glo­­ba­­le­­ment l’action (Accountable), des acteurs à consul­­ter (Consulted) et d’autres à infor­­mer (Informed). Dans les pro­­jets de chan­­ge­­ment cela per­­met de lis­­ter les actions à mener et à iden­­ti­­fier le « qui fait quoi ».

The RACI acronym is a method to define levels of responsibility within daily activities for a project, thus including change projects. For each activity a mana­­ger responsible of pro­­duc­­ tion is identified (responsible) as well as people that leads overall action (Accountable), consul­­ table stakeholders (Consulted) and people to inform (Informed). Used as a change mana­­ge­­ ment tool, it allows to list inter­­ven­­tions to be undertaken and to set responsibility on “who does what”.

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Dossier 9 M ana­­ger le chan­­ge­­ment

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ? Objec­­tif La grille RACI est un bon exer­­cice pour défi­­ nir les niveaux de res­­pon­­sa­­bi­­li­­tés, y voir clair dans le « qui fait quoi », mais aussi véri­­fier que cer­­taines actions ne flottent pas sans avoir de per­­sonnes en charges de leur réa­­li­­sa­­tion (R) ou encore de pilote (A). Les C (consulted) et I (informed) per­­mettent de ne pas oublier les per­­ sonnes à consul­­ter et à infor­­mer, évi­­tant ainsi de nom­­breuses vexa­­tions tout en béné­­fi­­ciant d’un enri­­chis­­se­­ment col­­lec­­tif. La grille RACI per­­met aussi de voir, lors d’un pro­­jet de chan­­ge­­ment, les évo­­lu­­tions des zones de res­­pon­­sa­­bi­­li­­tés. Chaque acti­­vité se voit donc liée à un cer­­tain nombre d’acteurs dont chaque rôle est qua­­li­­fié selon la typo­­logie sui­­vante : ii R – Responsible - acteur qui a la res­­pon­­sa­­ bi­­lité de réa­­li­­ser l’acti­­vité. ii A – Accountable - acteur qui assume la res­­ pon­­sa­­bi­­lité glo­­bale de l’acti­­vité et les consé­­ quences asso­­ciées. ii C – Consulted - acteur qui est néces­­sai­­re­­ ment consulté pour réa­­li­­ser l’acti­­vité. ii I – Informed - acteur qui se trouve informé quant à l’acti­­vité mais qui n’inter­­vient pas dans sa réa­­li­­sa­­tion.

(Responsible), celui qui a la charge de la réa­­ li­­sa­­tion de cette acti­­vité dans un cadre plus géné­­ral, en indi­­quant A (Accountable), celui qui doit être consulté, en indi­­quant C (Consulted), celui qui doit être informé à la fois du pro­­ces­­ sus et du résul­­tat et en indi­­quant I (Informed), celui qui est informé. ii Véri­­fi­­ca­­tion pour chaque acti­­vité qu’il y a bien un ou plu­­sieurs acteurs pour les quatre lettres. ii Dans le cadre d’un chan­­ge­­ment et à par­­tir d’une grille RACI de l’exis­­tant, men­­tion­­nez les prin­­ci­­pales évo­­lu­­tions dues au chan­­ge­­ment.

La grille RACI est un exer­­cice pour défi­­nir le qui fait quoi en termes de res­­pon­­sa­­bi­­li­­tés et de par­­ti­­cipation. C’est un bon moyen pour for­­ma­­li­­ser et contrac­­tua­­li­­ser les res­­pon­­sa­­bi­­li­­tés.

Métho­­do­­logie et conseils Rem­­plir une grille RACI n’est pas aussi aisé que l’on peut le pen­­ser. Pour 50 % des activités c’est facile et évident, pour 25 % il faut prendre l’avis de plu­­sieurs per­­sonnes concer­­nées et pour 25 % cela va néces­­si­­ter des arbi­­trages et des prises de déci­­sions. Il est très impor­­tant de rem­­plir la grille RACI en deux temps. Le pre­­mier temps consiste à ce que cha­­cun des acteurs men­­tion­­nés la rem­­ plisse. Le deuxième temps est celui du par­­tage entre les acteurs concer­­nés avec un objec­­tif de consen­­sus. ■

Avan­­tages

Contexte Dans un pro­­jet de chan­­ge­­ment la grille RACI se fait en géné­­ral au moment de l’étude d’impacts (cf. outils  19, 20, 21 et 22) mais aussi comme outil de déploie­­ment du plan de tran­­si­­tion (cf. outil 36).

Comment l’uti­­li­­ser ?

■■  La

grille RACI est très facile à rem­­plir et pose la ques­­tion du «  qui fait quoi  » en termes de res­­ pon­­sa­­bi­­lités. ■■  Cer­­tains disent que déci­­der, faire, consul­­ter et infor­­mer consti­­tuent les 4 prin­­ci­­pales mis­­sions d’un mana­­ger.

Pré­­cau­­tions à prendre

Étapes ii Lis­­tez en ligne toutes les actions à réa­­li­­ser pour un pro­­jet de chan­­ge­­ment ou bien toutes les acti­­vi­­tés en cours de réa­­li­­sa­­tion. ii Lis­­tez en colonne tous les acteurs en enti­­tés fonc­­tion­­nelles (pour des ana­­lyses plus macros). ii À l’inter­­sec­­tion des lignes et des colonnes, déter­­mi­­ner les Responsabilités en indi­­quant R

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■■  Pour

cer­­taines actions et acti­­vi­­tés les lettres RACI peuvent être attri­­buées à plu­­sieurs acteurs et un acteur pour une acti­­vité peut avoir plu­­ sieurs lettres. De plus, il faut revoir régu­­liè­­re­­ ment le RACI car les péri­­mètres de déci­­sion et d’action évo­­luent.

La grille RACI

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Outil 52

Outil 53

Le seau de pois­­sons Déter­­mi­­ner les élé­­ments identitaires poten­­tiel­­le­­ment blo­­quants Visible

Les outils, les métiers, les fonctionnements et les organisations

Les statuts

Non bloquant

Bloquant

Les éléments identitaires forts (les seaux de poissons)

La culture et les représentations

Invisible

En résumé

Insight

Un pro­­jet de chan­­ge­­ment peut remettre en cause des élé­­ments en appa­­rence insi­­gni­­ fiants mais dont l’impor­­tance est grande en rai­­son des sym­­boles qu’ils véhi­­culent. Des petits détails comme le fait pour des marins pécheur de pou­­voir rap­­por­­ter chez eux un seau de pois­­son peuvent être des élé­­ments identitaires forts. Les remettre en cause c’est poten­­tiel­­le­­ment détruire l’iden­­tité de ceux qui en béné­­fi­­cient et créer des situa­­tions de blo­­ cage. Pour faire adhé­­rer les per­­sonnes et réus­­ sir les pro­­jets de chan­­ge­­ment, il est impor­­tant de détecter très tôt ce que nous appe­­lons les seaux de poi­­ssons.

An organizational change project may under­ mine seemingly insignificant dimen­­sions that are of great significance because of the symbols they carry. Small details like the fact that some sailor fishermen may bring home a bucket of fish can be a powerful symbol regarding their organizational identity. Just to ques­­tion these symbols may potentially destroys the organization or professional identity of those who benefit from these. Therefore it may lead to deadlock situa­­tions. To raise commitment and membership among employees, thus heading towards a successful change project, early detection of what we call “fish buckets” is significant.

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Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ?

Comment l’uti­­li­­ser ?

Objec­­tif

Étapes

Il est une his­­toire que l’on raconte sou­­vent en ges­­tion du chan­­ge­­ment et qui est devenue une forme de dic­­ton, celle du seau de pois­­ sons. Dans un port de pêche, il y a eu un pro­­jet de transformation du sta­­tut du marin pêcheur. Ce pro­­jet a été conduit dans une logique de concer­­ta­­tion et de co-­construction avec les prin­­ci­­paux inté­­res­­sés avec de nom­­ breux groupes de tra­­vail. Après un long tra­­ vail de pré­­pa­­ra­­tion, le nou­­veau sta­­tut a été mis en place. À la sur­­prise géné­­rale, les marins pêcheurs se sont mis en grève peu de temps après cette mise en place pré­­tex­­tant une dégra­­da­­tion de leurs condi­­tions de tra­­ vail et une non-adé­­qua­­tion de leur nou­­veau sta­­tut alors qu’ils avaient par­­ti­­cipé à la for­­ ma­­li­­sa­­tion de ce der­­nier. L’ana­­lyse en pro­­fon­­ deur de cette situa­­tion a mon­­tré qu’au-­delà des reven­­di­­ca­­tions for­­melles, le pro­­jet avait négligé un élé­­ment identitaire créant un sen­­ ti­­ment de perte de repères. Cet élé­­ment omis était rela­­ti­­ve­­ment insi­­gni­­fiant car il s’agis­­sait de la pos­­si­­bi­­lité pour les marins pêcheurs de rame­­ner chez eux pour leur consom­­ma­­tion per­­son­­nelle un seau de pois­­son. Ce n’est pas tant la valeur vénale de ce seau qui est impor­­ tante mais sym­­bo­­lique et identitaire. Par ce seau, le marin pécheur affir­­mait son iden­­tité et sa fierté pro­­fes­­sion­­nelle à sa famille et à son entou­­rage. Sym­­bo­­li­­que­­ment il rame­­nait à la mai­­son, le fruit de la pêche mar­­quant ainsi le résul­­tat de son tra­­vail et cou­­rage. Le fait que cela n’ait pas été inté­­gré dans le nou­­veau sta­­tut est une erreur et une mau­­vaise prise en compte des sym­­boles par les­­quels s’exprime l’iden­­tité des par­­ti­­cipants.

ii Iden­­ti­­fier le ou les seau(x) de poi­­ssons. En ques­­tion­­nant les prin­­ci­­paux béné­­fi­­ciaires du chan­­ge­­ment avec des ques­­tions du type  : Quels sont les avan­­tages aux­­quels vous tenez le plus  ? Quels sont les petits plus que vous appré­­ciez ? Quels sont les élé­­ments de la tra­­ di­­tion aux­­quels vous tenez ? ii Appré­­cia­­tion des seaux de pois­­sons. En fonction des seaux de pois­­sons détectés et de leur impor­­tance, des actions spé­­ci­­fiques peu­ vent être envi­­sa­­gées.

Outil 53 Le seau de pois­­sons est une expres­­sion pour dési­­gner les élé­­ments identitaires que les béné­­fi­­ciaires d’un chan­­ge­­ment ne veulent en aucun cas perdre.

Métho­­do­­logie et conseils Dans tous les pro­­jets de chan­­ge­­ment il y a un ou plu­­sieurs seaux de pois­­sons par­­fois visibles par­­fois dis­­si­­mu­­lés. Celui qui est en charge du pro­­jet de chan­­ge­­ment doit impé­­ra­­ti­­ve­­ment les déce­­ler et les appré­­hen­­der en termes de contraintes et d’oppor­­tu­­nités pour le chan­­ ge­­ment en cours. Il faut appré­­cier la valeur sym­­bo­­lique et identitaire de ces der­­niers et comment ils incarnent ou freinent le chan­­ge­­ ment pour­­suivi. ■

Contexte L’ana­­lyse des seaux de poi­­ssons ou des élé­­ ments identitaires des per­­sonnes concer­­nées par un chan­­ge­­ment se fait en géné­­ral au début d’un pro­­jet avec la mar­­gue­­rite socio­­logie (cf. outil 14).

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Avan­­tages ■■  L’expres­­sion

«  seau de pois­­sons  » intrigue et donne une note quelque peu mari­­time à un uni­­vers ges­­tion­­naire très ration­­nel. C’est une manière d’apprendre à connaître l’autre.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■  Les

seaux de pois­­sons sont sou­­vent des petits détails et atten­­tions à ne pas négli­­ger. Ils consti­­ tuent des formes de reconnais­­sance que l’on oublie bien sou­­vent dans l’urgence des pro­­jets de chan­­ge­­ment.

Le seau de pois­­sons

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Dossier 9 M ana­­ger le chan­­ge­­ment

Outil 54

Le modèle du sens au tra­­vail Qu’est-­ce qui fait sens ?

SENS AU TRAVAIL Conditions de travail Poste de travail

Relations de travail Faisabilité de l’activité Métier Entité Dispositifs de contrôle Rétribution Stratégie Entreprise Culture

Image

En résumé

Insight

Qu’est-­ce qui fait sens au tra­­vail pour les per­­ sonnes ? Cette ques­­tion devrait être à la base de toute démarche managériale. La notion de sens est une manière de sor­­tir de la dimen­­ sion ins­­tru­­men­­tale du management (tableaux de bord, pro­­cé­­dures, etc.) pour s’inté­­res­­ser aux condi­­tions de moti­­vation et d’enga­­ge­­ment des per­­sonnes, condi­­tions qui consti­­tuent tout autant des leviers que des fac­­teurs de blo­­cage du chan­­ge­­ment. À par­­tir des tra­­vaux de Weick, Autissier et Wacheux pro­­posent un modèle du sens au tra­­vail en 9 items inté­­res­­sant à mobi­­ li­­ser dans les pro­­jets de chan­­ge­­ment.

What makes sense of work to people? This issue should be the basis of an­y managerial approach. This notion on the meaning of work is a way out of the ins­­tru­­men­­tal way of managing projects (dashboards, procedures, etc.). The point of inter­est here is to look at the motivational and commitment requirements among individuals. These condi­­tions may be posi­­tive levers as much as stalemate issues. From the work of Weick, Autissier Wacheux we pro­­pose a 9-items sensemaking model useful to raise mobilization levels among individuals through change mana­­ ge­­ment projects. of meaning at work 9 items interesting to mobilize change projects.

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Dossier 9 M ana­­ger le chan­­ge­­ment

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ? Objec­­tif Pour répondre de la manière la plus opé­­ra­­tion­­ nelle à la ques­­tion «  Qu’est-­ce qui fait sens au tra­­vail  ?  », Autissier et Wacheux1 ont pro­­ posé, à par­­tir des tra­­vaux sur le sensemaking de Weick2, un modèle à trois niveaux : —— le poste de tra­­vail ; —— l’entité fonctionnelle ; —— l’orga­­ni­­sa­­tion dans son ensemble. À cha­­cun de ces niveaux, les indi­­vi­­dus sont en quête d’infor­­ma­­tions, de rela­­tions, d’actions et d’expé­­riences à par­­tir des­­quelles ils éprou­­ veront une satis­­faction. Le sen­­ti­­ment d’appar­­ te­­nir à un groupe fort, de par­­ti­­ci­­per à une cause noble, d’avoir du plai­­sir dans les rela­­ tions au quo­­ti­­dien sont autant d’élé­­ments qui per­­mettent à une per­­sonne de trou­­ver du sens à ce qu’elle fait.

Contexte

Le modèle du sens au tra­­vail consti­­tue une grille d’ana­­lyse du niveau de sens par­­tagé entre les per­­sonnes syno­­ nyme d’impli­­ca­­tion et de mobi­­li­­sa­­tion.

Métho­­do­­logie et conseils Tout chan­­ge­­ment néces­­site en effet, pour son accep­­ta­­tion et son appro­­pria­­tion, une prise en compte des filtres per­­cep­­tifs et des thèmes qui font sens. L’adhé­­sion à un pro­­jet devient pos­­sible quand les col­­la­­bo­­ra­­teurs concer­­nés per­­çoivent des signaux – même par­­fois faibles – qui leur montrent que le pro­­jet pré­­sente des oppor­­tu­­ni­­tés pour eux et peut s’ins­­crire dans leurs registres d’attentes.

Avan­­tages ■■  Le chan­­ge­­ment n’est pas vu comme un pro­­ces­­sus

Comment l’uti­­li­­ser ? Étapes Ces trois niveaux se décom­­posent en 9 items (cf. figure ci-­contre) au tra­­vers des­­quels l’entre­­ prise pro­­cure les moyens de créa­­tion de sens aux indi­­vi­­dus qui par­­ti­­cipent à son acti­­vité  : des condi­­tions de tra­­vail de bonne qua­­lité, des rela­­tions au tra­­vail socia­­li­­santes, la fai­­sa­­ bi­­lité de l’acti­­vité, la lisi­­bilité de la stra­­té­­gie, une image externe valo­­ri­­sante, une culture qui donne des repères, la valo­­ri­­sa­­tion des compé­­ 1 Autissier D., Wacheux F., Mana­­ger par le sens, Eyrolles, 2006. 2  Weick K. E., Sensemaking in Organizations, Thousand Oaks, Sage, 1995.

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balis­­tique mais comme un pro­­ces­­sus émergent au sein d’un col­­lec­­tif humain carac­­té­­risé par un poten­­tiel de mobi­­li­­sa­­tion et d’impli­­ca­­tion. Aussi, la ges­­tion du chan­­ge­­ment s’appa­­rente moins à une ges­­tion de pro­­jet qu’à un mana­­ge­­ment par le sens au quo­­ti­­dien.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■  La

notion de sens est très complexe à appré­­ hen­­der. La grille pro­­po­­sée se limite à l’envi­­ron­­ ne­­ment pro­­fes­­sion­­nel qui est bien sûr en­capsulé dans le monde des croyances per­­son­­nelles et de l’envi­­ron­­ne­­ment sociétal.

Le modèle du sens au tra­­vail

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Avant de lan­­cer un chan­­ge­­ment ou après sa réa­­li­­sa­­tion, il est inté­­res­­sant de mener un diag­­nos­­tic de créa­­tion de sens par l’admi­­nis­­ tra­­tion d’un ques­­tion­­naire et l’éva­­lua­­tion du sens au tra­­vail comme cela est mon­­tré avec le baro­­mètre sensemaking.

tences au tra­­vers d’un métier, des dis­­po­­si­­tifs de pilo­­tage per­­for­­mants et une rétri­­bu­­tion équi­­table par­­ti­­cipent à l’émer­­gence d’un sens conjonc­­tu­­rel qui évo­­lue dans le temps mais dont l’appro­­pria­­tion par les sala­­riés déve­­loppe leur impli­­ca­­tion. ii Baro­­mètre sensemaking. À par­­tir de ques­­ tion­­naires, il s’agit d’éva­­luer le niveau de sens par­­tagé par les sala­­riés. ii Plan d’action d’amé­­lio­­ra­­tion du sens. En fonc­­ tion des résul­­tats du baro­­mètre sensemaking, des actions d’amé­­lio­­ra­­tion seront pro­­po­­sées dans le cadre du mana­­ge­­ment quo­­ti­­dien et/ ou relayées par les pro­­jets de chan­­ge­­ment.

Outil 54

suite outil 54 

Outil 54

Le modèle du sens au tra­­vail Comment être plus effi­­cace ? contri­­bue à détruire et anéan­­tir celui qui pré­­ va­­lait.

Le baro­­mètre du sensemaking mesure, par l’admi­­nis­­tra­­tion d’un ques­­tion­­naire auprès de l’ensemble des sala­­riés ou d’un échan­­ tillon repré­­sen­­ta­­tif, le niveau de sens par­­ tagé sous la forme d’un baro­­mètre géné­­ral, en répon­­dant à 27  ques­­tions. Les réponses sont notées sur une échelle de 1 à 5 (5 étant le plus posi­­tif). On obtient une appré­­cia­­tion du sensemaking sur une échelle de 1 à 5, cor­­ res­­pon­­dant aux valeurs de sensemaking sui­­ vantes :

—— Entre 3 et 4 : maintien du sens. La situa­­tion n’est pas por­­teuse d’un dyna­­ misme, mais il existe un sens par­­tagé et valo­­ risé dans l’entre­­prise.

—— Entre 1 et 2 : destruction de sens. L’entre­­prise, par ses pra­­tiques, est en situa­­ tion de des­­truc­­tion de sens. Elle n’est plus en mesure de don­­ner du sens à ses sala­­riés et

—— Entre 4 et 5 : création de sens. L’entre­­prise est en cours de réa­­li­­ser quelque chose de fort qui crée du sens pour les sala­­riés. ■

—— Entre 2 et 3 : interrogation de sens. Les sala­­riés ne savent plus très bien ce qu’est leur entre­­prise. Ils s’inter­­rogent sur leur enga­­ ge­­ment et leur impli­­ca­­tion.

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Outil 54

Dossier 9  Mana­­ger le chan­­ge­­ment

Exemple de Question du baro­­mètre sensemaking1

Créa­­tion de sens au poste de tra­­vail

Condi­­tions de tra­­vail

Y a-­t-il une rela­­tive éga­­lité des condi­­tions de tra­­vail ?

Rela­­tions de tra­­vail

Êtes-­vous satis­­fait(e) des rela­­tions que vous avez avec votre res­­pon­­sable hié­­rar­­chique ?

Fai­­sa­­bi­­lité de l’acti­­vité

Répon­­dez aux ques­­tions en notant de 1 à 5 (1 le plus néga­­tif et 5 le plus posi­­tif)

Les contraintes opé­­ra­­tion­­nelles sont-­elles accep­­ tables ?

Évaluation sensemaking poste de tra­­vail Créa­­tion de sens dans l’entité Métier Contrôle Rétri­­bu­­tion

Le métier est-­il connu et reconnu ? Les objec­­tifs sont-­ils réa­­listes ? Avez-­vous l’impres­­sion que l’on a de la consi­­dé­­ra­­tion pour vous et votre tra­­vail ?

Évaluation sensemaking entité Créa­­tion de sens dans l’entre­­prise Stra­­té­­gie

La stra­­té­­gie de l’entre­­prise est-­elle consi­­dé­­rée comme étant réa­­li­­sable ?

Image

Êtes-­vous fier(e) de tra­­vailler pour votre entre­­prise ?

Culture

La culture d’entre­­prise est-­elle por­­teuse de valeurs ?

Évaluation sensemaking entre­­prise

1 Autissier D., Wacheux F., Mana­­ger par le sens, Eyrolles, 2006.

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Le modèle du sens au tra­­vail

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Baromètre sensemaking

Outil 55

Le daily mana­­ge­­ment Infor­­mer/for­­mer de manière pro­­gres­­sive et répé­­tée les mana­­gers

Média Forme Cibles d’information/ formation

Contenu Périodicité

En résumé

Insight

Le daily mana­­ge­­ment consiste à dis­­tiller sur des pério­­di­­ci­­tés allant du jour au mois des conte­­nus de for­­ma­­tion au mana­­ge­­ment avec des for­­mats papiers mais sur­­tout élec­­tro­­ niques. Cette forme d’infor­­ma­­tion/for­­ma­­tion par petites touches et de manière régu­­lière est très utile dans des pro­­jets de chan­­ge­­ment où la trans­­for­­ma­­tion est pro­­gres­­sive.

The daily mana­­ge­­ment is to distill from the day periodicities in the month content of mana­­ ge­­ment trai­­ning with papers but especially electronic for­­mats. This form of infor­­ma­­tion/ trai­­ning in small and regular is very useful in projects where change is gradual trans­­for­­ma­­ tion.

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Dossier 9 M ana­­ger le chan­­ge­­ment

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ? Objec­­tif De nom­­breuses entre­­prises s’inter­­rogent sur les moda­­li­­tés de for­­ma­­tion de leurs mana­­gers. La for­­ma­­tion clas­­sique présentielle de contenu semble avoir vécu, même si elle cor­­res­­pond encore à des besoins. Le déve­­lop­­pe­­ment du e-­learning, les serious games et les approches par­­ti­­cipatives du type co-­développement ont modi­­fié l’offre de for­­ma­­tion. La demande quant à elle s’est modi­­fiée. Il y a de moins en moins de mana­­gers qui n’ont eu aucun ensei­­gne­­ment en mana­­ge­­ment dans leur for­­ma­­tion ini­­tiale. Les dif­­fi­­cultés d’allo­­ca­­tion de temps et la pres­­sion des agen­­das font que des for­­mats courts et indi­­vi­­dua­­lisé sont pri­­vi­­lé­­giés. D’autre part, les par­­ti­­cipants veulent être actifs dans les for­­ma­­tions. Le daily mana­­ge­­ment consti­­tue une des voies innovantes. Par des médias numé­­riques il dif­­ fuse de l’infor­­ma­­tion de manière pro­­gres­­sive sur une durée en rela­­tion avec un pro­­jet de chan­­ge­­ment.

ii La pério­­di­­cité. Les conte­­nus sont adres­­sés tous les jours, semaines, mois selon le pro­­jet de professionnalisation envi­­sagé. ii Les médias. Le web cou­­plé à l’e-­mail consti­­ Le daily tue une base, mais cela peut être relayé sur les mana­­ge­­ment est une manière de tablettes et les télé­­phones por­­tables. mener les actions Métho­­do­­logie et conseils d’infor­­ma­­tion et Une entre­­prise a formé ses mana­­gers à de de for­­ma­­tion nou­­velles façons de gérer une équipe à l’occa­­ d’un pro­­jet de sion d’un pro­­jet de réor­­ga­­ni­­sa­­tion en lan­­çant chan­­ge­­ment de une opé­­ra­­tion inti­­tu­­lée «  Les 100 jours du manière ité­­ra­­tive mana­­ger  ». Chaque semaine, les mana­­gers et répé­­titive en rece­­vaient sur leur télé­­phone por­­table un mobi­­li­­sant les mes­­sage avec un des­­sin illus­­trant un compor­­ médias digi­­taux. te­­ment type du mana­­ger. Le des­­sin, illustratif et amu­­sant, a créé l’atten­­tion des per­­sonnes. Ce des­­sin était ensuite relayé par un contenu sur un site intra­net. ■

Avan­­tages

Le daily mana­­ge­­ment peut être mobi­­lisé dans les phases d’infor­­ma­­tion et de for­­ma­­tion d’un pro­­jet de chan­­ge­­ment. Il peut être uti­­lisé de manière spé­­ci­­fique pour la cible des mana­­gers quant à l’évo­­lu­­tion de leur rôle, pos­­ture et pra­­ tiques dans le cadre d’un pro­­jet de chan­­ge­­ment où ils sont tout autant béné­­fi­­ciaires que relais.

Étapes Le contenu de la for­­ma­­tion en mana­­ge­­ment est mise en scène avec un média et adressé aux par­­ti­­cipants par petites touches selon une pério­­di­­cité défi­­nie à l’avance. Le daily mana­­ge­­ ment se définit par 4 items : ii Le contenu. Il s’agit des sujets de for­­ma­­tion (gérer une situa­­tion de crise, gérer un nou­­vel arri­­vant, ges­­tion des affects, etc.). ii La forme. Le contenu est pro­­posé avec des des­­sins, des sché­­mas, des fiches orga­­ni­­sées en dif­­fé­­rents niveaux.

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■■  Le

daily mana­­ge­­ment se marie bien avec les nou­­velles tech­­no­­logies de l’inter­­net mobile et les attentes nomades de la société. La for­­ma­­ tion peut être faite en plu­­sieurs séquences à des moments choi­­sis par les uti­­li­­sa­­teurs. Le por­­tage des dis­­po­­si­­tifs de for­­ma­­tion par la tech­­no­­logie web et mobile per­­met un accès au dis­­po­­si­­tif sans contrainte de temps et de d’espace.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■  Il

faut cepen­­dant s’assu­­rer auprès des inté­­res­­sés de la per­­ti­­nence du média et du contenu. Il convient d’avoir éga­­le­­ment des élé­­ments de contrôle quant à la lec­­ture des dif­­fé­­rents contenus trans­­mis et de la bonne uti­­li­­sation de ces der­­niers. Un dis­­po­­si­­tif de daily mana­­ge­­ment pour réus­­sir son objec­­tif doit faire le buzz, c’est-­à-dire sur­­prendre, atti­­rer et inté­­res­­ser la cible concer­­née.

Le daily mana­­ge­­ment

Contexte

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Outil 55

Outil 56

L’intel­­li­­gence de situa­­tion Savoir inter­agir avec les autres et abou­­tir

Intéraction

Capitalisation

Introspection

Compréhension

Réalisation

En résumé

Insight

Qu’est-­ce qui fait qu’une situa­­tion de chan­­ge­­ ment se passe bien ou mal  ? Le plus impor­­ tant est que cette der­­nière soit pro­­duc­­tive et que quelque chose en sorte. Pour évi­­ter un sen­­ti­­ment d’inutilité et de gâchis, il est néces­­ saire de consi­­dé­­rer chaque situa­­tion comme une occa­­sion de réus­­site qu’il faut savoir comprendre et faire évo­­luer. Cette capa­­cité de compré­­hen­­sion de la situa­­tion et de soi-­même en tant qu’acteur influ­­ent de cette situa­­tion a été for­­ma­­li­­sée sous le vocable d’intel­­li­­gence de situa­­tion.

What makes a situa­­tion of change is going well or badly? The most impor­­tant is that it is pro­­ duc­­tive and something com­es out. To avoid feeling useless and a waste, it is necessary to consider each situa­­tion as an opportunity to succeed you need to know to understand and evolve. The ability to understand the situa­­tion and yourself as an actor affect this situa­­tion was formalized under the term intel­­li­­gence situa­­tion.

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Dossier 9 M ana­­ger le chan­­ge­­ment

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ? Objec­­tif Tous nos sys­­tèmes de for­­ma­­tion nous pro­­ curent des compé­­tences tech­­niques par les­­ quelles il nous est donné d’occu­­per une fonc­­tion et un métier. Il est une compé­­tence qui n’est jamais ensei­­gnée et qui est pour­­tant impor­­ tante : celle de la capa­­cité de coor­­di­­na­­tion de d’action. Dans notre tra­­vail nous sommes ame­­ nés à col­­la­­bo­­rer avec dif­­fé­­rents acteurs pour pro­­duire ce qu’une seule per­­sonne ne pour­­ rait pas faire. Ce tra­­vail en mode collaboratif néces­­site une compé­­tence de coor­­di­­na­­tion qui se maté­­ria­­lise par la capa­­cité à créer les condi­­ tions par les­­quelles les par­­ti­­cipants s’inves­­ tissent et pro­­duisent. Pour cela il faut faire preuve d’empa­­thie, de compré­­hen­­sion rapide des enjeux et des jeux d’acteur tout en tra­­dui­­ sant les apports des uns et des autres dans une œuvre col­­lec­­tive qui prend forme. Il s’agit éga­­le­­ment d’évi­­ter les conflits ou de faire en sorte que ceux-­ci ne soient pas blo­­quants.

L’obser­­va­­tion ainsi réa­­li­­sée a per­­mis de voir comment cer­­tains agis­­se­­ments per­­met­­taient aux situa­­tions d’être effi­­caces et inver­­se­­ment d’autres les ren­­daient inef­­fi­­caces, voire même contreproductives. Ces fac­­teurs en posi­­tif et en néga­­tif au regard de la réus­­site d’une situa­­ tion ont per­­mis d’avan­­cer des méca­­nismes qui consti­­tuent une pre­­mière for­­ma­­li­­sa­­tion de l’intel­­li­­gence de situa­­tion. Les fac­­teurs dits posi­­tifs consti­­tuent des pra­­tiques à déve­­ lop­­per, et les fac­­teurs dits néga­­tifs sont au contraire à évi­­ter. L’ensemble consti­­tue des pistes de compré­­hen­­sion et d’amé­­lio­­ra­­tion de ses manières de faire.

Outil 56 L’intel­­li­­gence de situa­­tion, c’est la capa­­cité pour une per­­sonne de comprendre les enjeux et les per­­sonnes dans le cadre d’un échange, avec la volonté d’obte­­nir un résul­­tat.

Métho­­do­­logie et conseils Les cinq compo­­santes de l’intel­­li­­gence de situa­­ tion sont pré­­sen­­tées de manière sépa­­rée mais dans la pra­­tique, elles sont mêlées et inter­­ viennent de manière aléa­­toire et émergente selon les cir­­constances et les indi­­vi­­dus.

Pour les per­­sonnes en charge d’un chan­­ge­­ ment et qui doivent à la fois le «  vendre  » et le réaliser, l’intel­­li­­gence de situa­­tion consti­­tue un fac­­teur clé de suc­­cès du chan­­ge­­ment. C’est une manière de gérer les dif­­fé­­rentes inter­­ac­­ tions tout au long du pro­­jet dans une logique de respect des par­­ties pre­­nantes et d’action.

Comment l’uti­­li­­ser ? Étapes En ana­­ly­­sant 100 situa­­tions banales de l’envi­­ ron­­ne­­ment pro­­fes­­sion­­nel pour y déce­­ler les prin­­ci­­paux compor­­te­­ments et agis­­se­­ments faci­­li­­tant et blo­­quant, Autissier1 pro­­pose sous la forme de cas concrets une modé­­li­­sa­­tion de l’intel­­li­­gence de situa­­tion. 1 Autissier D., L’intel­­li­­gence de situa­­tion, Eyrolles, 2009.

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Avan­­tages ■■  Les

pro­­jets de chan­­ge­­ment créent des contextes plus ten­­dus qu’à la nor­­mal en rai­­son des trans­­ for­­ma­­tions en cours. Les rela­­tions entre les per­­ sonnes sont ren­­dues plus dif­­fi­­ciles et la qua­­lité rela­­tion­­nelle des por­­teurs du chan­­ge­­ment est un fac­­teur clé de suc­­cès.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■  Le

modèle de l’intel­­li­­gence de situa­­tion men­­ tionne cinq compo­­santes. Il est très rare qu’une per­­sonne déve­­loppe les cinq compo­­santes et il ne faut pas cher­­cher à se trans­­for­­mer en « mou­­ ton à 5 pattes ». Les per­­sonnes qui déve­­loppent une intel­­li­­gence de situa­­tion se posi­­tionnent sur au moins trois des cinq compo­­santes.

L’intel­­li­­gence de situa­­tion

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Contexte

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Outil 56

L’intel­­li­­gence de situa­­tion Comment être plus effi­­cace L’intel­­li­­gence de situa­­tion se maté­­ria­­lise par une capa­­cité de compré­­hen­­sion du moment présent afin de trans­­for­­mer l’action qui s’y déroule en un acquis, res­­sources et/ou résul­­ tats. C’est la conju­­gai­­son de la compré­­hen­­ sion et de la volonté d’abou­­tir. L’intel­­li­­gence de situa­­tion est la capa­­cité d’une per­­sonne à obte­­nir ce qu’elle sou­­haite et/ou pro­­fi­­ter des oppor­­tu­­ni­­tés en ayant une bonne appré­­cia­­tion des per­­sonnes, de leurs attentes, des élé­­ments blo­­quant et faci­­li­­tant, des logiques d’actions visibles et invi­­sibles ainsi que des enjeux et risques. Le concept d’intel­­li­­gence de situa­­tion est une autre manière d’abor­­der les notions que l’on trouve habi­­tuel­­le­­ment sous la notion cha­­peau de déve­­lop­­pe­­ment per­­son­­nel. Le point de départ du déve­­lop­­pe­­ment per­­son­­nel réside dans la capa­­cité indi­­vi­­duelle, leur per­­ cep­­tion et leur mise en valeur. Avec l’intel­­li­­ gence de situa­­tion on s’inté­­resse à ces notions mais au regard de la réus­­site d’une mise en situa­­tion. L’intelligence de situation a été modélisée au travers des 5 composantes suivantes. ii L’intros­­pec­­tion concerne les pra­­tiques néces­­saires pour une bonne connais­­sance de soi-même et de ses manières d’être et d’agir. Il s’agit de recher­­cher les métas pro­­grammes (les grandes règles qui régissent nos compor­­te­­ ments) pour ensuite être en mesure de prendre du recul. Ce tra­­vail sur soi est un exer­­cice déli­­ cat et peut demander plu­­sieurs années mais le simple fait de le poser comme une variable struc­­tu­­rante consti­­tue en soi une forme d’intel­­ li­­gence de situa­­tion. ii La compré­­hen­­sion du contexte, des enjeux et des modes de fonc­­tion­­ne­­ments des per­­sonnes

avec les­­quelles on inter­agit est très impor­­tante. La compré­­hen­­sion du mode de fonc­­tion­­ne­­ment compor­­te­­men­­tale des autres est pri­­mor­­diale. C’est la capa­­cité à ren­­trer dans la logique de l’autre. ii L’inter­­ac­­tion avec l’autre est le moment où se crée le contact qui sera à l’ori­­gine de la qua­­lité de l’échange. La capa­­cité à inter­agir est très impor­­tante tant celle-­ci condi­­tionne l’envie de par­­ti­­ci­­per à l’échange col­­lec­­tif. Savoir mettre les autres à l’aise, leur don­­ ner envie de s’inves­­tir, savoir par­­ler aisé­­ment sans ani­­mo­­sité sont par exemple des qua­­li­­tés recher­­chées. ii La réa­­li­­sa­­tion traite de la capa­­cité à finaliser et à abou­­tir. Les inter­­ac­­tions ne pro­­duisent pas for­­cé­­ment des résul­­tats exploi­­tables pour les per­­sonnes qui y par­­ti­­cipent. Non pas parce qu’il n’y a pas de résul­­tat mais pro­­ba­­ ble­­ment parce que les per­­sonnes concer­­nées se laissent por­­ter par le mou­­ve­­ment sans se sou­­cier et/ou savoir repérer ce qui est inté­­res­­ sant à prendre et exploi­­ter. ii La capi­­ta­­li­­sa­­tion per­­met à tout un cha­­cun de ne pas sys­­té­­ma­­ti­­que­­ment repar­­tir de zéro. C’est la capa­­cité à savoir capi­­ta­­li­­ser des expé­­ riences de telles manières qu’elles per­­mettent des pro­­duc­­tions et des appren­­tis­­sages d’une plus grande ampleur. L’obten­­tion d’un résul­­tat est impor­­tante mais son inté­­gra­­tion dans une fina­­lité plus glo­­bale et sur des échéances plus longues per­­met non seule­­ment une meilleure exploi­­ta­­tion des oppor­­tu­­ni­­tés mais éga­­le­­ment la consti­­tution d’une forme de patri­­moine per­­ son­­nel de vécu.

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Dossier 9 M ana­­ger le chan­­ge­­ment

Outil 56

Dans son ouvrage L’intel­­li­­gence de situa­­tion, David Autissier décrit des formes d’intel­­li­­gence de situa­­tion dont une appe­­lée «  la stra­­té­­gie Columbo » décrite de la manière sui­­vante : « On ne le voit jamais arri­­ver mais il est tou­­jours là ! Tout le monde le prend pour un « has been » mais à chaque fois c’est lui qui a rai­­son. Il est dif­­fé­­rent de tous les autres et ses ques­­tions, très déroutantes, sont per­­ti­­nentes même si on ne s’en rend pas compte tout de suite. » Vous connais­­sez tous la série Colombo et son inter­­prète Peter Falk, qui joue le rôle d’un ins­­pec­­teur. Le per­­son­­nage appa­­raît tou­­jours comme gauche, à côté de la plaque et usant de réfé­­rences inap­­pro­­priées au contexte, avec des répliques désor­­mais célèbres comme « Ma femme m’a dit… », « Mon beau-frère vou­­drait ache­­ter le même  », « Mon chien dort tout le temps  », etc. L’effet est garanti, per­­sonne ne se méfie. En fait, sous des airs bonhommes, le per­­son­­nage mène les pro­­ta­­go­­nistes d’une affaire là où il veut, sans que ces der­­niers ne s’en rendent compte. Exas­­pérés par ces mal­­ adresses, son accou­­tre­­ment et sa manière d’être, ils ne peuvent ima­­gi­­ner en lui un fin stra­­tège doué d’une intel­­li­­gence qui dépasse très sou­­vent la leur. On a très sou­­vent l’image des chefs brillants (au sens propre et figuré) qui illu­­minent voir éblouissent leurs col­­la­­bo­­ra­­teurs. On ne voit qu’eux. Leur pres­­tance, sym­­boles et acces­­soires sont les élé­­ments de leur reconnais­­sance. De manière ins­­ti­­tution­­nelle, ils jouissent d’un sta­­ tut que leur confèrent leurs qua­­li­­tés, mais par­­

fois les deux se mêlent au risque d’en perdre ces mêmes qua­­li­­tés. Et à côté de ces firmaments se trouvent des « Colombo », des per­­sonnes tran­­ quilles qui pro­­gressent sans briller et uti­­lisent le « contre-emploi » pour avan­­cer. Leur qua­­lité d’obser­­va­­tion du réel et des rela­­tions humaines leur per­­met de comprendre très vite les enjeux et les moda­­li­­tés rela­­tion­­nelles. Ils savent, plus que tout autre, trou­­ver les mots justes pour se faire accep­­ter sans qu’il y ait des sen­­ti­­ments de concur­­rence. Les «  Colombo  » arrivent plus rapi­­de­­ment et effi­­ca­­ce­­ment à leurs fins. Ils sont en mesure de faire abou­­tir une négo­­ cia­­tion, de faire avan­­cer un pro­­jet, de moti­­ver des per­­sonnes, etc. Ces per­­sonnes ont, ce que l’on peut appe­­ler de «  l’épais­­seur  », non pas dans leur phy­­sio­­no­­mie mais dans leur esprit. Ils savent prendre le recul, ana­­ly­­ser, ras­­su­­rer et sur­­tout « faire mouche ». Savez-­vous être un « Colombo » et vous affran­­ chir des codes de l’appa­­rence sociale pour vous foca­­li­­ser sur l’impor­­tant, afin de démê­­ler avec brio les pro­­blé­­ma­­tiques du quo­­ti­­dien au risque d’être par­­fois mar­­gi­­na­­lisé ? Jus­­qu’où pouvons­nous aller dans cette stra­­té­­gie où seuls les plus brillants seront reconnus en tant que tels  ? Sans jouer un script, être un « Colombo », c’est pri­­vi­­lé­­gier le fond sur la forme et l’intel­­li­­gence sur l’appa­­rence. Si vous ren­­contrez un « Colombo », observez­le et vous appren­­drez beau­­coup à son contact. Il vous per­­met­­tra ainsi de dres­­ser vos appé­­ tences, en vous mon­­trant que l’on réus­­sit avec les situa­­tions, et non contre ces der­­nières. ■

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L’intel­­li­­gence de situa­­tion

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Exemple d  e Forme d’intel­­li­­gence de situa­­tion : la « stra­­té­­gie Columbo »

Outil 57

Les réseaux appre­­nants Apprendre des pra­­tiques des autres

Moi

Les autres

Nous

En résumé

Insight

Un mana­­ger a-­t-il plus à apprendre du récit de ses pra­­tiques et de celles des autres que d’ouvrages en management  ? Sans anta­­go­­ nisme entre l’expé­­rience et la théo­­rie, les réseaux appre­­nants pro­­posent des for­­mats d’échanges sur les pra­­tiques en mobi­­li­­sant le cas échéant des grilles de lec­­ture théo­­riques. Les réseaux appre­­nants consti­­tuent une nou­­ velle forme d’appren­­tis­­sage per­­çu comme une alter­­na­­tive aux for­­ma­­tions dites de conte­­nus.

A mana­­ger has more ill to learn the story of their practices and those of others that mana­­ ge­­ment books? No antagonism between expe­ riment and theory, learning networks offer ex­change for­­mats practices by mobilizing appro­priate grids of theoretical reading. The learning networks are a new form of learning seen as an alter­­na­­tive to the so-­called content courses.

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Dossier 9 M ana­­ger le chan­­ge­­ment

Pour­­quoi l’uti­­li­­ser ? Objec­­tif Les réseaux appre­­nants sont des manières de for­­mer les per­­sonnes entre elles à par­­ tir d’échanges et du récit de leurs pra­­tiques et pro­­blèmes. Les par­­ti­­cipants sont à la fois ceux qui livrent des récits de pra­­tiques et qui pro­­posent des amé­­lio­­ra­­tions et solu­­tions dans une logique de co-­construction col­­lec­­tive d’un savoir qui n’existe que peu dans les livres et essen­­tiel­­le­­ment dans les rela­­tions entre les per­­sonnes. Le réseau appre­­nant se défi­­nit par son péri­­mètre (une entre­­prise, un métier, un niveau d’enca­­dre­­ment), la pério­­di­­cité des ren­­ contres et les for­­mats des ren­­contres.

Contexte Les réseaux appre­­nants peuvent être mobi­­li­­sés à dif­­fé­­rents moments d’un pro­­jet de chan­­ge­­ ment. Ils peuvent être mobi­­li­­sés dans la phase de for­­ma­­tion, dans l’accom­­pa­­gne­­ment des mana­­gers ou bien encore avec les équipes du pro­­jet pour trai­­ter de cer­­tains sujets. En géné­­ ral, les réseaux appre­­nants sont sur­­tout mobi­­li­­ sés pour l’accom­­pa­­gne­­ment des mana­­gers.

appre­­nants  ? En fonc­­tion de la pro­­blé­­ma­­ tique à trai­­ter, de la durée, de la fré­­quence et des par­­ti­­cipants sont défi­­nies des tech­­niques d’ani­­ma­­tion comme le co-­développement, et les ate­­liers par­­ti­­cipatifs. ii Le dérou­­le­­ment des réunions. Au cours de réunion en géné­­ral de 2 à 3 heures maxi­­mum, les par­­ti­­cipants traitent de la pro­­blé­­ma­­tique avec l’objec­­tif de l’explo­­rer, la comprendre et la solu­­tion­­ner. ii Le plan d’action et la fina­­li­­sa­­tion. Les échanges entre les par­­ti­­cipants font l’objet d’un plan d’actions opé­­ra­­tion­­nelles pour répondre à la pro­­blé­­ma­­tique posée ini­­tia­­le­­ment.

Les réseaux appre­­nants consti­­tuent une moda­­lité d’échanges entre per­­sonnes d’un même envi­­ron­­ne­­ment pro­­fes­­sion­­nel pour faire évo­­luer les par­­ti­­cipants.

Métho­­do­­logie et conseils Pour ne pas que le réseau appre­­nant se trans­­ forme en « cau­­se­­rie inutile », celui-­ci doit être très struc­­turé tant dans au niveau des réunions (durée, pério­­di­­cité) que des réa­­li­­sa­­tions (diag­­ nos­­tics pro­­po­­si­­tions).

Comment l’uti­­li­­ser ?

Avan­­tages

Par­­fois appe­­lés ate­­liers d’échanges de pra­­ tiques, les réseaux appre­­nants peuvent être appré­­hen­­dés et orga­­ni­­sés selon les étapes sui­­vantes. Il est essen­­tiel que soit nommé un res­­pon­­sable du réseau appelé ani­­ma­­teur ou encore modé­­ra­­teur. ii La pro­­blé­­ma­­tique à trai­­ter. Il s’agit de for­­ ma­­li­­ser en ques­­tion(s) le sujet à trai­­ter pour mettre les futurs par­­ti­­cipants en situa­­tion de réponse. ii Les moda­­li­­tés pra­­tiques. Qui seront les par­­ ti­­cipants ? Quelle est la durée et le rythme de réunion du réseau appre­­nant ? ii L’animation du réseau appre­­nant. Quelles seront les moda­­li­­tés d’ani­­ma­­tion des réseaux

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■■  Les

par­­ti­­cipants se sentent plus concer­­nés par les échanges dans un réseau appre­­nant que par un dis­­cours des­­cen­­dant. Les sujets sont abor­­dés par les acteurs de ter­­rain avec leur lan­­gage et leurs pra­­tiques créant ainsi un envi­­ron­­ne­­ment favo­­rable à l’échange et à la réflexion entre pairs.

Pré­­cau­­tions à prendre ■■  Il

est impor­­tant de don­­ner les règles de fonc­­ tion­­ne­­ment d’un réseau appre­­nant à l’ensemble des par­­ti­­cipants avant que ceux-­ci commencent. L’écoute, l’empa­­thie, le respect, la bien­­veillance et l’aban­­don des rap­­ports hié­­rar­­chiques sont des fac­­teurs clés de suc­­cès d’un réseau appre­­nant.

Les réseaux appre­­nants

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Outil 57

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Outil 57

Les réseaux appre­­nants Comment être plus effi­­cace ? Un réseau appre­­nant ce sont des moments dédiés aux échanges au cours des­­quels les par­­ti­­cipants s’enri­­chissent mutuel­­le­­ment par le récit de leurs pra­­tiques et l’ana­­lyse de leurs dif­­fi­­cultés. Mais c’est aussi une for­­ mi­­dable occa­­sion pour que les per­­sonnes se découvrent et créent des liens qui par­­ti­­ci­­pe­­ ront à la cohé­­sion du groupe. Dans un dis­­po­­ si­­tif de réseau appre­­nant mis en place dans une entre­­prise il était demandé lors de la der­­ nière ren­­contre de rem­­plir un docu­­ment qui pré­­cise les 5 per­­sonnes avec les­­quelles vous allez conti­­nuer à échan­­ger par la suite. De plus les réseaux appre­­nants s’ini­­tient très sou­­vent

par des ren­­contres phy­­siques mais ensuite les échanges peuvent conti­­nuer avec des tech­­ no­­logies numé­­riques telles que les réseaux sociaux et les blogs, chats et tweets. Par exemple, le co-­développement pro­­pose que dans un groupe une per­­sonne expose son pro­­blème à des col­­lèges qui jouent le rôle de consul­­tants pour ame­­ner le pre­­mier à argu­­men­­ ter et trou­­ver des solu­­tions. SOL France1 pro­­ pose des for­­mats appe­­lés « tables pre­­nantes » ou « word café ». SOL est une asso­­cia­­tion qui pro­­pose des for­­mats d’opérationnalisation des réseaux appre­­nants en rela­­tion avec les tra­­ vaux de Peter Senge2.

12

1  www.solfrance.org 2  Senge P., La cin­­quième dis­­ci­­pline - Le guide de ter­­ rain : Stra­­té­­gies et outils pour construire une orga­­ni­­ sa­­tion appre­­nante, First, 2000.

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Dossier 9 M ana­­ger le chan­­ge­­ment

Outil 57

Dans le contexte de la fusion entre MMA et Azur, l’entre­­prise a créé la direc­­tion du déve­­ lop­­pe­­ment de l’intel­­li­­gence col­­lec­­tive en 2006. Cette direc­­tion a pour mis­­sion d’ame­­ner les per­­sonnes à tra­­vailler ensemble dans une logique d’échange et de construc­­tion col­­lec­­ tive. Ce type de direc­­tion est peu répandu dans les entre­­prises et consti­­tue en soi une inno­­va­­ tion. En ren­­dant visible cette direc­­tion, MMA a sou­­haité mettre l’appren­­tis­­sage au cœur du déve­­lop­­pe­­ment des res­­sources humaines. Il s’agit de  s’appuyer sur l’appren­­tis­­sage des indi­­vi­­dus et des équipes pour trans­­for­­mer en per­­ma­­nence l’orga­­ni­­sa­­tion. Le mana­­ger, au cœur des échanges entre les col­­la­­bo­­ra­­teurs et l’orga­­ni­­sa­­tion, est le levier natu­­rel de cette ambi­­tion. Un dis­­po­­si­­tif de type co-­développement a été lancé début 2008 pour leur per­­mettre, par groupe de 6 et à l’aide d’un ani­­ma­­teur, de tra­­vailler autour de situa­­tions concrètes et pré­­sentes ren­­contrées par l’un d’entre eux. L’objec­­tif était, dans un espace pro­­tégé, de «  théoriser la pra­­tique plu­­tôt que de pra­­ti­­ quer la théo­­rie ». La prise de recul sur la pra­­ tique per­­met de mieux iden­­ti­­fier, au-­delà des modèles, ses propres axes de pro­­gres­­sion

sur l’exer­­cice de son rôle, de sa res­­pon­­sa­­bi­­ lité mais aussi de construire une commu­­nauté managériale qui par­­tage des compor­­te­­ments, atti­­tudes et valeurs dans le respect de l’éco­­ logie de la per­­sonne et de l’orga­­ni­­sa­­tion. C’est une invi­­ta­­tion au chan­­ge­­ment, à désap­­prendre et à « chan­­ger pour pen­­ser plu­­tôt que de pen­­ ser pour chan­­ger ». 150 mana­­gers ont expé­­ri­­men­­tés ce dis­­po­­si­­tif de super­­vi­­sion à par­­tir de situa­­tions du type «  Je n’arrive pas à faire tra­­vailler ensemble mes col­­la­­bo­­ra­­teurs  », «  Comment consti­­tuer une équipe avec de fortes indi­­vi­­dua­­li­­tés  ?  », «  Comment sug­­gé­­rer la mobi­­lité à un col­­la­­ bo­­ra­­teur rétif au chan­­ge­­ment  ?  », «  Je veux déve­­lop­­per ma capa­­cité à délé­­guer, comment dois-­je m’y prendre  ?  », mais aussi «  Je suis en ten­­sion forte avec mon N +1 que faire  ?  » ou encore « On vient de me pro­­po­­ser un gros pro­­jet, je n’ai pas osé dire que je ne me sen­­tais pas compétent, et j’ai peur d’échouer ». Cette expé­­rience a per­­mis d’iden­­ti­­fier cer­­ taines pres­­sions contre-­productives. En don­­ nant trop d’impor­­tance aux objec­­tifs et à la vitesse, l’entre­­prise perd la richesse conte­­ nue dans ses pro­­blèmes et sur­­tout la capa­­cité d’appren­­tis­­sage qui y est asso­­ciée1. ■

1  Source  : Pré­­sen­­ta­­tion faite par Bernard Lévêque, « MMA Pour les tro­­phées Essec du chan­­ge­­ment  », 2010.

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Les réseaux appre­­nants

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Exemple de Ré­seaux appre­­nants

Biblio­­gra­­phie Ce livre s’ins­­crit dans une suite d’autres ouvrages sur le thème de la conduite du chan­­ge­­ment que nous avons publiés et qui consti­­tuent des déve­­lop­­pe­­ments aux outils proposés dans ce livre : Autissier D., Moutot J.-M., Méthode de conduite du chan­­ge­­ment, 3e éd., Dunod, 2013. Autissier D., Moutot J.-M., Benseba F., Les Stratégies de chan­­ge­­ment, Dunod, 2012. Autissier D., Guillard A., Tout Chan­­ger, Éditions La Martinière, 2012. Autissier D., Mes­lin T., Réus­­sir un grand pro­­jet de transformation, Eyrolles, 2011. Autissier D., Vandangeon I., Vas A., Conduite du changement : concepts clés, Dunod, 2010. Autissier D., Leloup R., Marty S., Une Innovation en conduite du chan­­ge­­ment, le pro­­jet Lit­­chi à EDF, Eyrolles, 2008. Autissier D., Moutot J.-M., Pra­­tique de la conduite du chan­­ge­­ment, Dunod (for­­mat élec­­tro­­nique), 2003.

Les ouvrages les plus cités et uti­­li­­sés en conduite du chan­­ge­­ment sont les sui­­vants, tant pour la compré­­hen­­sion du concept que son appli­­ca­­tion : Bareil C., Gérer le volet humain du chan­­ge­­ment, Éditions Trans­­conti­­nen­­tal, Canada, 2009. Dupuy F., L’Alchimie du chan­­ge­­ment, Dunod, 2001. Dupuy F., Socio­­logie du chan­­ge­­ment  : Pour­­quoi et comment chan­­ger les orga­­ni­­sa­­tions, Dunod, 2011. Faurie C., Conduite et Mise en œuvre du chan­­ge­­ment : l’effet de levier, Maxima, 2003. Kourilsky F., Du Dé­sir au plai­­sir de chan­­ger, 4e éd. Dunod, 2008. Kotter J., Leading Change, Harvard Busi­­ness School Press, 1996. Kotter J., Rathgeber H., Alerte sur la ban­­quise  ! Réus­­sir le chan­­ge­­ment dans n’importe quelles condi­­tions, Village Mon­­dial, 2008.

Cer­­tains ouvrages plus anciens sont des réfé­­rences sur le sujet : Argyris C., Savoir pour agir, Dunod, 2003. Kanter RM., Stein BA., Jick TD, The Chal­­lenge of Organizational Change : How companies experience it and guide it, Free Press New York, 1992. Kanter RM., The Change Masters : Inno­­va­­tion and Entrepreneurship in the American Cor­­po­­ra­­tion, Free Press, 1988. Lewin K., Field theory in social science, New York, Har­­per & Row, 1951.

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la boîte à outils  de la Conduite du changement

Lewin, K., Psy­­cho­­logie dyna­­mique ; les rela­­tions humaines, Presses uni­­ver­­si­­taires de France, 1975. Senge P., La Danse du chan­­ge­­ment, First Éditions, 1999. Watzlawick P., 1978, The Language Of Change, Basic Books Inc, New York, 1978.

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La boîte à outils : Des outils opérationnels tout de suite

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