Gilles Deleuze, l'epreuve du temps
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Ibid., p. 79. 41 Ibid., p. 198. 42 Ibid., p. 196.

Pour autant alors que « la maladie et la mort sont l'événement lui-même, comme tel justiciable d'une double causalité »43, c'est finalement par cette double causalité que l'événement va pouvoir se sauver, par le double que s'opère une libération engageant une véritable éthique du mime où l'événement n'est plus copie mais simulacre, pur infinitif de l'événement assurant sa fondation à la pointe d'un effondement, «être le mime de ce qui arrive effectivement, doubler l'effectuation d'une contreeffectuation, (... ] c'est donner à la vérité de l'événement la chance unique de ne pas se confondre avec son inévitable effectuation, (... ]. Autant que l'événement pur s'emprisonne chaque fois à jamais dans son effectuation, la contre-effectuation le libère, toujours pour d'autres fois »44. Ce "double et impersonnel en son double" par lequel l'événement figurait comme la mort laisse donc poindre en définitive à la lisière de l'apparition de cette impersonnalité pré-individuelle le surgissement de la splendeur du «on ». C'est l'écho de la plus pure singularité qui devient comme tel le point où « la mort se retourne contre la mort [... ] figure que prend la vie la plus singulière »45, une ligne de l'événement qui est que «jamais personne ne meurt, mais vient toujours de mourir et va touj ours mourir, dans le présent vide de l' Aiôn, éternité »46. Et la crainte d'une perte du gain de l'advenir se dissout par l'Aiôn. Aiôn qui se nomme aussi "joueur idéal" et dont le jeu est d'affirmer le hasard à tous les coups et pour tous les coups, événement unique et singulier distribuant aléatoirement sous la flèche du temps

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nous faire comprendre cette incartade moribonde? Sous quels signes de quelles cicatrices est-il déchiffrable? C'est semble-t-il sous la marque du secret de l'événement que Deleuze entrevoit la possibilité de sauver sa fondation: « Voilà le secret de l' événenlent : qu' il soit sur l' Aiôn et pourtant ne le relnplisse pas. Conlnlent l'incorporel renlplirait-il l'incorporel, et l'impénétrable l'ilnpénétrable ? Seuls les corps se pénètrent, seul Chronos est relnpli par les états de choses et les nlouvelnents d'objets qu'il mesure. Mais fonne vide et déroulée du tenlps, l'Aiôn subdivise à l'infini ce qui le hante sans jalnais l'habiter, Événement pour tous les événenlents; c'est pourquoi l'unité des événenlents ou des effets entre eux est d'un tout autre type que l'unité des causes corporelles entre elles. 40 » De la même manière que se distinguent deux tenlps selon lesquels l'événenlent se diftt'acte à l'infini, il existe une double causalité distincte, entre l'intériorité des causes et l'extériorité des effets, entre l'ordre des profondeurs conlnle rapports des causes entre les corps et celui des effets incorporels entre eux et qui se répartissent à la surface comme quasi-cause, Cette rupture de la relation causale est pour Deleuze « une des plus grandes audaces de la pensée stoïcienne »41. Elle inaugure une disjonction entre le présent de l'effectuation comme cause dans l'incarnation des corps et celui de la contre-effectuation comme quasi-cause qui n'est plus présent de l'incorporation mais de l'opération pure, « encore que la quasi-cause elle-même manque à sa propre identité »42.

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Deux temps, Aiôn et Chronos

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Véronique Bergen, L'ontologie de Gilles Deleuze, Paris, Ed. L'Harmattan, 2001, p. 274. 52 Sur le thème de la bouche et de l'oralité dans Logique du sens, nous ème renvoyons notamment à la 27 série jusqu'à la 3ime série (pp. 217267), ainsi qu'à l'article de Michel Foucault, « Theatrum Philosophicum », op. cit. 51

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la triple temporalité faite "Une" des trois synthèses de Différence et répétition. 121 Véronique Bergen, L'ontologie de Gilles Deleuze, op. cil., p. 210. 122 L'Image-temps, op. cil., pp. 354-355.

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« prééminence du présent comme temps de la présence »121 conditionnant une genèse des dimensions respectives du passé et du futur à partir de ce présent prédéterminant, ne fournit définitivenlent qu'une représentation empirique ou nlétaphysique d'une inlage du temps s'éclairant dans L'Image-temps: «Tout ce qu'on peut dire, c'est que 1,Ïtnage-lnouvement ne nous donne pas une image-temps. [... ] D'une part, l'image-mouvement constitue le temps sous sa force empirique, le cours du tenlps : un présent successif suivant un rapport extrinsèque de l'avant et de l'après, tel que le passé est un ancien présent, et le futur, un présent à venir. [... ] d'autre palt, l'inlage-nl0uvenlent suscite déjà une inlage du temps qui s'en distingue par excès ou par défaut, par-dessus ou par-dessous le présent conlme cours empirique: cette fois, le temps n'est plus mesuré par le nlouvement, Inais est lui-Inême le nombre ou la mesure du mouvement (représentation métaphysique). [... ] sous l'un ou l'autre aspect, le temps ne se distingue ainsi du nlouvement que comme représentation indirecte»122. Le tenlps est finalement toujours saisi d'une façon indirecte, c'est-à-dire indéfiniment enclin à être une mesure du mouvement ou bien le lnesuré du mouvement, nombrant ou nombré demeurant conlme double détermination reconduite de tous les ratages à envisager le temps dans sa "chair". Qu'il soit donc un temps extériorisé dans un dehors du cosmos et du monde ou bien qu'il subodore le dedans d'une intériorité de l'âme et du mouvement de son expansion, il n'en reste pas moins subordonné à la géométrie cardinale

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"difficulté" de Plotin à saisir l'idée que la mesure est dans la chose mesurée et entraîne un rapport de réciprocité. En ddinitive, c'est l'être du temps qui échappera à la ddinition, comme on le disait déjà du mouvement réel, ce temps dont on affirme tour à tour qu'il est ce qui mesure et ce qui est mesuré, alors que ce sont là de toute évidence deux propositions inverses (enhellagmenos) l'une de l'autre »126. Cette double référence conceptuelle, sous-tendant l'inversion des valeurs théoriques d'une raison enclavée à tlne représentation physique du monde, résonne comme le revers propositionnel inhérent à la duplicité des concepts de l'actuel et du virtuel. Ceux-ci restaient effectivement dans une certaine mesure fondamentalement "bloqués" dans une « analytique de l'indiscernable »127, au creuset de l' indistinction. Hérités et répercutés de la même manière de l' Aiôn au Chronos stoïcien tant qu'à l'actuel-virtuel hergsonien et que nous envisagions précédemment en l'espèce de la possibilité d'une critique formulée par 1\adiou comme défaillance fonctionnelle. Cependant, audelà de cette hyperbole théorétique voyant s'accomplir la "répétition du même" au niveau de schème précurseur de l'intellect, condamnant d'emblée toute révolution possible de la pensée en son sein en scellant le mouvement réflexif ;'l s'arc-bouter aux limites des mêmes points nodaux souffrant à la pensée du paradoxe, c'est toutefois depuis cette "défaite" que Deleuze se tourne vers Kant. Celui-ci inaugure à son sens le véritable renversement d'une temporalité éparpillant littéralement à l'aune de sa révolution copernicienne ce temps qui restait coudé et crucifié comme temps de la représentation et de la or

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C'est par le truchement de la formule du Hamlet de Shakespeare « the time is out of joint! » ou « le temps est hors de ses gonds»128 que Deleuze exprime le grand renversement opéré par Kant. En sa poétique kantienne, cette formule souligne le dérèglement d'un temps affolé et délivré du mouvement lui permettant de libérer ses puissances et de s'affranchir des formes majeures l'assignant jusqu'alors à une virulente dépendance, Dieu, Moi, Monde; formes dans lesquelles il restait jusqu'alors enclavé et prisonnier. L'emploi de la formule dont l'usage est cher à Deleuze ne sert pas à faire dire autre chose au texte que ce qu'il dit, mais à révéler différemment ce qu'il sous-tend fondamentalement. C'est la puissance d'une image à l'allure travestissante qui use comme d'un masque et dont l'énoncé se fait double des virtualités qu'il recèle, formant ainsi que l'écrit Jean-Clet Martin cette «lignée souterraine avec d'autres textes» comme « série de lignées propres à reformuler les concepts» et qui « creuse une zone d' indiscernabilité entre tous les usages d'un terme en variation continue »129. Le temps sort de ses gonds signifie donc littéralement que l'axe de l'éternel selon lequel le temps demeurait courbé se déplie. Déroulant et déployant la cardinalité le long d'une pure ligne droite brisant le cercle, le temps se lance à la conquête d'un régime ordinal. Il n'est ainsi plus dérivé ni E



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rédemption sous les fonnes d'une dépendance physique, psychique et divine.

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128 Gilles Deleuze, « Sur quatre formules poétiques qui pourraient résumer la philosophie kantienne », in Critique et Clinique, Paris, Minuit, 1993, p. 40. Cf. aussi Différence et répétition, op. cit., p. 119. 129 Jean-Clet Martin, Variations - La philosophie de Gilles Deleuze, op. cit., pp. 75-76. Sur la formule, consulter également le texte de Deleuze, « Bartleby ou la formule », in Critique et Clinique, op. cit., pp. 89-115.



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Illl"mclle suivant laquelle l'esprit s'affecte lui-même, [... ]. l' n'est pas le temps qui nous est intérieur, [... ] c'est nous qlli sommes intérieurs au temps, et à ce titre toujours ,.l'parés par lui de ce qui nous détermine en l'affectant »140 ct. « la seule subjectivité, c'est le temps, le temps nonlltl"onologique saisi dans sa fondation, et c'est nous qui \ommes intérieurs au temps, non pas l'inverse. [... ] Le tl'mps n'est pas l'intérieur en nous, c'est juste le contraire, "intériorité dans laquelle nous sommes, nous nous Illouvons, vivons et changeons. [... ] La subjectivité n'est l;tmais la nôtre, c'est le temps, [... ] lui-même, pure \ irtualité qui se dédouble en affectant et affecté, "l'affection de soi par soi" comme définition du tl'mps »141. Pris dans un double jeu autour d'un sujet scindé ct creusé au-dedans avec le temps comme seule forme ddcnninable de ce qui peut exprimer mon existence Indéterminée, "Je" flirtant aux bords d'une scission tl'mporelle comme forme même de l'intériorité et l'onditionnant le seuil de notre fêlure, le sujet transcendantal kantien ayant cassé la chaîne des divisions spatiales qui épuisait en la figure d'un dualisme cartésien un "'Moi" s'équivalant dans le temps en définissant le rebut exigu d'une subjectivité passive, me sépare de moimême dans l'acte de synthèse transcendantale sous le fil du temps. L'affinnation deleuzienne d'une séparation moïque sous l'égide formelle du temps réitère donc la ditférenciation capitale d'un sujet d'inspiration kantienne pris entre la passivité d'un Moi emporté dans la fonne du changement et l'activité d'un Je assurant sous la fonne de l'immuabilité l'action synthétique d'une conscience effectuant la synthèse entre passé, présent et futur : « Le Je (

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Le hoquet transcendantal kantien

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Un empirisme transcendantal

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Un empirisme transcendantal

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À l'aube minérale d'un cristal de temps révélant la présentation d'une image-temps directe, où l'on aperçoit ce temps pur et cristallin comme le jaillissement dissymétrique en deux jets simultanés entre passé et présent, chacun scindés tout autant que liés, con-espond le saisissement coextensif de la révélation de la force du temps. Entre le renvoi dans le circuit actuel-virtuel s'effectuant à la surface double du cristal en ses deux faces indiscernables quoique distinctes, une opaque et une limpide, la temporalité éclatée qu'il nous est donné de percevoir par un état de voyance à la lisière de l'opérateur réflexif cristal emprunte la voie des linéaments récusant tout modèle de vérité, expectant même à la levée d'une véritable puissance du faux qui caractérise encore mieux l'apparition d'un faussaire. Mais comment parvient-on à destituer la notion même de vérité? Et pourquoi est-ce cette force du temps qui promeut l'avènement de la crise sévère que va connaître la vérité? Comment le faux enfin, compris en tant que puissance, permet-il d'assurer la transition métamorphosante de cette affection logique? Car pour Deleuze, ce que recèle plus profondément l'état de crise du temps est la remise en cause du Vrai et du modèle qu'il soutient, tant que de celui qui le soutient; somme toute, cet état de crise temporelle est bien plus aussi signe d'une crise de la vérité que celle-ci porte avec elle cependant qu'elle se refuse encore à l'observer tant qu'à l'admettre. Ainsi, contre la fausse évidence que l'image-temps soit strictement au présent, si ce n'est du présent, elle révèle néanmoins à la pointe de l'extrême "déjà-là" son existence comme constitution du passé le plus infiniment contracté. L'image-cristal comme image-

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2. Puissance du faux, crise de la vérité: force du temps.

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régime de description sous-tend lui-même un régime de narration qui est puissamment affecté par cette transformation. C'est donc tout à la fois que pour Deleuze, la temporalisation de l'image promouvant le seuil de certaines abolitions non moins que de révolutions, inversant l'ordre de vassalisation du temps au mouvement et rompant la subordination assujettissante qui en faisait une conséquence indirecte et timorée sous-tendant de fait le régime de la représentation, poursuit la lecture de cette grande crise de l'image action. En ramifiant l'opération des faux mouvements aberrants voir abusifs, où la cohérence lâche prise à la folie des situations et des faux raccords, il la conduit jusqu'à la rupture décisive et radicale d'une temporalité devenue folle et justiciable des effets de vérité, qui ne suppriment pas la narration mais lui donnent une nouvelle valeur. Dès lors, si le cristal de temps flirte à la limite de l'impersonnel cependant qu'il révèle le temps en personne, la conjugaison inextricable de la frontière entre nappes de passé et pointes de présent, rendant l'univers entier indécidable, ne lasse pas d'envoûter toute prétention à la vérité dans la robe fantomale de l'indétrônable croyance en l'existence et à la promotion d'une puissance du faux. Elle conjure ainsi tout spectre du vrai à la dissipation des masques des reflets cristallins, puisque ce qu'on voit ainsi désormais dans le cristal, « c'est le faux ou plutôt la puissance du faux. La puissance du faux, c'est le temps en personne, non pas parce que les contenus du temps sont variables, mais parce que la forme du temps comme devenir met en question tout modèle formel de vérité »267. C'est donc en même temps que la narration devient temporelle et falsifiante, inaugurant ainsi une véritable

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Puissance du faux, crise de la vérité

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Ibid. Dialogues, op. cit., p. 140. 356 Jean Khalfa, « Deleuze et Sartre: idée d'une conscience impersonnelle », in Les Temps Modernes n° 608, Mars à Mai 2000, p. 190.

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différé », op. cit., p. 62. 349 Ibid., p. 63. 350 Ibid.

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Qu'est-ce que la philosophie ?, p. 105.

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Zébrant le plan d'immanence, orage intempestif, l'éclair deleuzien aura donc bien eu lieu. Sur la voie contestant toute analogie justificative, Deleuze en son ombre libère les puissances d'un temps arraisonné en son centre depuis l'antiquité. Que pouvaient nous promettre les forces libératrices du temps des séries disruptives? De se saisir, et de se déprendre. Double promesse qui, on le comprend désormais, laisse miroiter dans le prisme du cristal, le risque éternel d'une chute idéale-réelle dans le sans-fond de l'être, de la pensée et du temps. Et dans la mise au tombeau de toute vérité catégorielle que permettait l'affolement du temps, nous ne savions plus si, en définitive, l'être travaillé à même le mot par la montée d'un style reculant les limites de l'observable ne donnait pas finalement en son usage l'exact inverse de ce qu'il prétendait inaugurer. L'exact inverse? C'est là tout l'inextricable dessein de la critique quand elle se heurte à

Gilles Deleuze, L'épuisé, postface à Samuel Beckett, Quad, Paris, Minuit, 1992, pp. 71-72.

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unité de mesure et à cette différence de différence, coalescence par laquelle, non-dialectiquement, chaque point du texte s'échange avec un autre selon un point indiscernable et fuyant, n'arrêtant en rien le mouvement mais tuant le tenlps à l'itllpersonnel et retournant l'événement en son double conlme à la mort, eventum tantum, un événelnent unique et indivisible au cas duquel ce temps mort du vivant incline à procéder en sa contreeffectuation à un retournement de ce dont il procède, et émane pour jouir enfin insupportablelnent, en une attitude contemplative, de sa propre inlage. Et que peut l'art si ce n'est toujours ça aussi, «tenter de faire une image de tenlps »370.

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Gilles Deleuze, l'épreuve dUlemps

croyance qui pour un temps au moins, aurait nécessairement conduit son auteur à emprunter le chemin improbable d'une résolution différée de la connaissance de l'Être du temps, sans pour autant sombrer dans la mort promise que lui impose le sens qu'il s'en est donné par le jeu du multiple, inscrivant en cela au cœur même du système l'ultime doute de toute viabilité. Si la philosophie de Deleuze ne résiste pas à jouer contre elle-même, tant et si bien qu'il ne reste peut-être plus qu'au philosophe de ramasser ces miettes philosophiques et de les offrir aux vents incrédules de toutes disséminations artificielles, récolter les fruits épars de ce qui pourrait nous en donner une connaissance et peut-être, à l'instar de toute préconisation nietzschéenne du devenir-artiste, se tourner vers l'art, c'est que c'est dans la mesure de cette résistance qu'elle distille justement ce quelque chose exprimant peutêtre la philosophie même, au bout de tout épuisement, perte, risque et défaillance, subtile et suprême fièvre faisant l'effet du chevauchement de ce balai de sorcière de l'homme de Kiev lisant l'Éthique de Spinoza. Et que précisément, elle soit la résistance même éprouvant à la pointe de son effort ce qu'est un style. Si c'est toujours depuis un point de vue qu'il nous est donné d'effectuer une lecture, la différence interne que nous avons pu croire nous aveugler suit le perspectivisme des lignes de fuites deleuzienne, en leur origine ombragée et orageuse, de tomber comme émanant de ces lignes de lumières plotiniennes. Tout se double sans se redoubler encore cependant que le retour de l'affirmation annonce à la joie de sa vue que tout soit simulation. De calque et de carte, toute géographie nous reconduit à son orient. De là à entendre la pensée de Gilles Deleuze à l'empire du milieu, c'est peut-être qu'elle nous convoque à l'orient de

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Cependant, dans la percolation d'un style à l'épreuve d'un temps, nous saisissons tout de même quelques menus fragments, pertes et défaillances, décelant alors sous cette philosophie fragmentaire, le menu moyen de peut-être faire un tant soit peu dévier le survol de tous les aplombs. Il semble que définitivement, hormis l'épreuve du changement dans le cours empirique des choses, la compréhension du temps dans sa réalité pure échappe à toute réelle saisie philosophique, se consumant dans l'âtre du sens qui résiste, à n'apercevoir que l'impuissance dernière d'un système se bouclant sur luinlême, se condatnnant dans l'ouvert à n'être dans tous ses devenirs qu'un concept fuyant de la tenlporalité qui se heurte à la limite de tous les montages possibles. L'énigme réservée que protnettait le début de cette étude apparaît alors devoir se consumer d'elle-même dans l'enchevêtrement d'un jeu de concepts et d'un discours qui abattent la figure du maître sur l'autel de ses représentations, n'avoir pas su se détacher du besoin d'une 174

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une pensée du multiple tentant l'hétérogenèse. Car, tout à la fois que nous conjecturions pouvoir déborder le sens donné des concepts, dans la farandole d'une danse s'engageant dans l'ultitne ritournelle des circuits inassignables et indiscernables, tout à la fois il selnble que nous nous heurtions néanmoins à l'échappée du faussaire qui s'offre ensenlble toutes les portes de sortie; car une seule les contient toutes mais différenciées, augurant que tout abandon s'évalue à la rupture qu'il initie, et qu'avec Deleuze précisélnent, tout risque du temps concorde à la reconduite de l'échec de la représentation, par laquelle il faut rOlnpre tnais dont tout saut dans ce nouveau tarde à s'effectuer.

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