Eco Monétaire [PDF]

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Zitiervorschau

Plan du cours

Introduction

Chapitre I : L’histoire de la monnaie, ses fonctions et ses formes I- Histoire de la monnaie II- Les fonctions de la monnaie III- Les formes de la monnaie

Chapitre II : La masse monétaire et ses agrégats I- C’est quoi la masse monétaire ? II- Les composantes de la masse monétaire III- Définitions de la masse monétaire : les agrégats monétaires IV- Les contreparties de la masse monétaire

Chapitre III : La demande de la monnaie I- L’analyse classique II- La pensée de l’école de Cambridge III- L’analyse Keynésienne IV- L’analyse des monétaristes

Chapitre IV : l’offre de la monnaie : La création monétaire I- Le processus de création monétaire II- Les systèmes de création de la monnaie

Chapitre V : Le système financier I- Le secteur bancaire II- Le marché de capitaux

A- Le marché financier 1

1- Les réformes du marché financier 2- L’analyse du marché financier 2.1- Définition du marché financier 2.2- L’organisation du marché financier 2.3- La nouvelle architecture du marché financier marocain 2.4- La bourse des Valeurs de Casablanca

B- Le marché monétaire 1- Le marché des titres de créances négociables 2- Le marché interbancaire

Chapitre VI : La politique monétaire I- Les objectifs de la politique monétaire II- Les instruments de la politique monétaire

Conclusion

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Introduction Aujourd’hui, nous vivons dans une économie qui a connu des mutations profondes suite à la mondialisation favorisant la libéralisation des échanges, des investissements et des flux de capitaux, aux exigences croissantes des individus et au développement des nouvelles technologies. Nous sommes donc passés d’une économie de l’antiquité à une économie moderne où la monnaie a connu une évolution majeure. En fait, l’économie réelle et l’économie monétaire sont deux sphères distinctes mais suscitent un intérêt commun. Car l’étude de l’une et celle de l’autre étant nécessaires pour pouvoir comprendre réellement l’impact de la sphère monétaire sur la sphère réelle. A ce titre, plusieurs questions se posent :  Quelle est l’histoire de la monnaie ?  Quelles sont les origines de la monnaie ?  Comment peut-on définir la monnaie ?  Comment la monnaie est-elle créée ?.... Le cours de l’économie monétaire de cette année est un cours d’initiation qui s’intéresse à aborder les fondements de la matière. Il se structure en six chapitres :  Le premier chapitre présente l’histoire de la monnaie, ses fonctions et ses formes ;  Le deuxième chapitre traite la masse monétaire, ses agrégats et ses contreparties ;  Le troisième chapitre aborde la demande de la monnaie en expliquant les différentes raisons qui incitent les agents économiques à détenir de la monnaie ;  Le quatrième chapitre porte sur la création monétaire en définissant son processus et ses systèmes ;  Le cinquième chapitre présente les mécanismes financiers en abordant le système financier ;  Le dernier chapitre donne un survol de la politique monétaire.

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Chapitre I : L’histoire de la monnaie, ses fonctions et ses formes Ce chapitre s’articule autour de trois grands axes : le premier concerne l’histoire de la monnaie, le deuxième les fonctions de la monnaie et le troisième les formes de la monnaie.

I- Histoire de la monnaie L’étude de l’histoire de la monnaie repose en partie sur l’analyse du Système Monétaire International (SMI). Cette analyse permet de mettre en évidence le fonctionnement de ce système selon les différents régimes qui avaient été mis en place. Le SMI se définit comme étant un ensemble de règles et institutions qui régissent comment, en quoi et à quel prix les monnaies s’échangent entre elles, ce qui exige la détermination d’un taux de change. Le SMI a connu des évolutions profondes qui alternent phases de stabilité et phases d’instabilité. Ces phases se résument comme suit : 

1879 – 1914

Dans cette période, le SMI était fondé sur le régime de l’étalon d’or, dans le sens où, la valeur de chaque bien étant déterminée par l’or. A l’évidence, puisque chaque pays devait déterminer la valeur de sa monnaie par rapport à l’or, un taux de change avait donc permis de déterminer la valeur de chaque monnaie par rapport à une autre. La convertibilité en or avait supposé que les parités entre les monnaies ne peuvent pas s’écarter beaucoup de celle qui résulte des rapports entre les poids d’or définissant chacune des monnaies considérées. Quand la valeur de la monnaie connaissait une baisse (dépréciation) ou une revalorisation (appréciation) par rapport à une autre monnaie, c’était l’échange en or qui permettait de retrouver la parité initiale entre les deux monnaie. L’échange permettait donc de limiter toute possibilité d’appréciation et de dépréciation de la monnaie. En effet, une dépréciation de la monnaie entraînait une sortie d’or, alors qu’une appréciation de la monnaie entraînait une entrée d’or.

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1914 – 1939

Le système de l’étalon d’or était suspendu au cours de la première guerre mondiale. Sur ce plan, les dépenses relatives à la guerre avaient épuisé les réserves d’or. Par ailleurs, dans plusieurs pays, il y avait une insuffisance de stock, ce qui ne permettait qu’une convertibilité partielle. Toutefois, devant la dépréciation de la monnaie, la convertibilité était rétablie mais avec beaucoup de difficultés. Au fait, pour asseoir la stabilité de leurs monnaies, la coopération se transformait en rivalité entre les grandes puissances qui cherchaient à capter les réserves mondiales d'or. 

1944 – 1970

En 1944, une conférence à Bretton Woods (nord-ouest de Boston) avait eu lieu. Cette conférence avait réuni les représentants des pays (45 pays) pour organiser le SMI de l’après guerre. Le SMI issu des accords de Bretton Woods s’appuyait sur le régime de « Gold Exchange Standard » (Etalon de Change Or). Selon ce régime, les parités ne devaient être définies que par rapport à l’or et le dollar. Le dollar au même titre que l’or devenait une monnaie internationale. Globalement, ce système avait fonctionné selon les principes suivants : 

Chaque monnaie était définie en or et en dollar ;



Seulement le dollar qui était convertible en or ;



Chaque pays devait déclarer auprès du FMI (fonds monétaire international) la valeur officielle de sa monnaie en or et en dollar (l’once d’or = 35 dollars) ;



Chaque pays devait veiller à la stabilité de la valeur de sa monnaie. Et seulement les variations de + ou de – 1% par rapport à la valeur officielle qui étaient acceptées.

Depuis, le dollar était devenu une monnaie internationale ce qui avait conféré un privilège aux USA. Et c’était ce privilège qui était la base de l’effondrement du système de Bretton Woods. En plus, dans cette période, les USA avait détenu les 2/3 des réserves mondiales. 

Le privilège américain et les événements de 1971

Puisque le dollar était devenu une monnaie internationale, la banque centrale américaine devait l’offrir pour satisfaire les besoins en liquidité internationale. Dans cette époque, les USA souffraient d’un déficit de leur balance de paiement, d’où ils devaient offrir une quantité abondante de dollars.

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D’un côté, ce déficit avait crée une crise de confiance dans le dollar, d’un autre côté, son offre abondante avait abouti à une baisse de son cours, ce qui avait incité les autres pays à s’empresser de convertir les dollars en or. Face à l’épuisement progressif des réserves d’or de la banque centrale américaine, le président Nixon avait suspendu la convertibilité du dollar en or le 15 Août 1971. A partir de cette date, le dollar était devenu inconvertible en or, ce qui avait donné fin à l’étalon dollar. Et par conséquent, les monnaies avaient commencé à flotter. Par la suite, un serpent monétaire européen avait été crée en 1972. Les pays participants avaient limité les marges de fluctuation entre leurs monnaies à +/-1.125 %. 

1976

En 1976, la conférence de la Jamaïque avait défini les bases d’un nouveau système monétaire international. En effet, aucune monnaie ne pouvait être déterminée par rapport à l’or (démonétisation de l’or). Par ailleurs, le dollar n’était plus étalon pour l’ensemble des monnaies. Du coup, ce système reposait sur les taux de change flottants. 

1985 /1986

Pour éviter une grave crise monétaire et favoriser le retour à une certaine stabilité des taux de change, des accords avait été menés : 

L’accord de Plazza en 1985 à New York pour organiser la baisse progressive du dollar



L’accord du Louvre à Paris en 1986 pour assurer la stabilité du dollar.

II- Les fonctions de la monnaie La monnaie qui est au cœur des mécanismes économiques est une notion difficile à cerner et à définir. Ce concept recouvre plusieurs définitions, et chacune donne un sens à la monnaie. 

«

La

monnaie est

un

bien d’échange généralement acceptée au sein d’une

communauté de paiement » R. BARRE 

« La monnaie est l’intermédiaire moderne des échanges et l’unité des comptes en laquelle sont exprimés les prix et les dettes » P. SAMUELSON



« La monnaie est un bien particulier qui permet de mesurer la valeur des autres biens, se pose en intermédiaire dans les échanges de bien et peut, enfin, être conservée ou prêtée dans l’attente d’un échange ultérieur contre des biens » M. MARCHESMAY 6

Nombreuses sont les définitions de la monnaie, mais généralement, elles sont axées sur les fonctions exercées par celle-ci dans le contexte économique et social. Dans la théorie économique, la monnaie est investie de trois fonctions essentielles à savoir : c’est un intermédiaire des échanges, une unité de compte et une réserve de valeur.

1- La monnaie en tant qu’intermédiaire d’échange La fonction principale de la monnaie est de faciliter les échanges. C’est un bien particulier qui s’échange contre les biens et services. Il constitue en conséquence l’intermédiaire indispensable aux échanges de marchandises. A l’origine, les échanges étaient assurés par le biais de troc. Le troc, c’est l’échange de marchandises contre des marchandises, c’est-à-dire que si une personne veut se procurer un bien, elle doit en contrepartie offrir un autre bien. L’économie de troc est un système dans lequel la monnaie est absente. Le fonctionnement du système du troc exige la réunion de certaines conditions : l’économie de troc suppose une communauté réduite d’individus, une offre restreinte de produits, qu’il y ait une double coïncidence des désirs, que les prix des biens entre eux doivent être faciles à établir et être également incontestables. En réalité, ces conditions étaient difficiles à réunir, ce qui avaient incité les sociétés humaines à ressentir le besoin d’adopter un étalon commun accepté par tout le monde. C’est étalon étant la monnaie. La monnaie avait fait son apparition pour régler les contraintes du troc tels que : le temps et le coût de la recherche, les contraintes de double coïncidence des désirs et le calcul de la valeur des biens. De toute évidence, l’apparition de la monnaie n’est pas due hasard. Elle a vu le jour pour faire face aux obstacles qui empêchent le développement des transactions et par conséquent le développement de l’économie.

2- La monnaie en tant qu’unité de compte En tant qu’unité de compte, la monnaie est une unité de mesure de valeur. La valeur d’un bien exprimée en monnaie est le prix de ce bien. Le prix est donc la représentation monétaire de la valeur du bien. Cette fonction a permis l’abandon de la notion de prix relatif selon laquelle le prix d’un bien est exprimé en quantité de l’autre bien (exemple : une télévision coûte 3000 DH et un ordinateur coûte 9000 DH. L’ordinateur coûte 3 télévisions. Le prix relatif de

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l’ordinateur = 9000/3000 = 3). En revanche, cette fonction permet de déterminer le prix absolu qui est exprimé sous une forme unique par un nombre (exemple : le prix du bien A est égal à 100 DH). La monnaie sert non seulement à déterminer la valeur d’un bien mais à faire des comparaisons dans l’espace et dans le temps. En terme d’espace, la monnaie permet de comparer les prix des différents biens sur un même marché d’une part, et de comparer le prix d’un même bien sur différents marché d’autre part. En terme de temps, la monnaie permet d’anticiper le prix.

3- La monnaie en tant que réserve de valeur Dans l’économie de troc, les opérations d’achat sont concomitantes et instantanées, alors qu’avec la monnaie, il devient possible de vendre sans acheter. En général, deux cas se posent, on peut échanger la monnaie contre n’importe quel bien, comme on peut la conserver pour une utilisation ultérieure, et par conséquent, on reporte le pouvoir d’achat. Sur ce plan, la monnaie devient un élément du patrimoine des agents économiques et un objet d’accumulation des valeurs (titres, or, propriété,…).  Les limites des fonctions de la monnaie Pour jouer pleinement son rôle dans les échanges et maintenir son pouvoir d’intermédiaire d’échange, la monnaie doit circuler en quantité suffisante, car si elle est rare les échanges baisseront. De plus, la monnaie a tendance à perdre de plus en plus l’exercice de ses fonctions aussi bien celle d’unité de compte que celle de réserve de valeur. Cela est dû à l’instabilité de sa valeur dans le temps et qui est fonction du niveau général des prix et de la quantité de monnaie en circulation. En effet, si le niveau général des prix augmente, la valeur de la monnaie baisse et si son niveau baisse, la valeur de celle-ci monte. En deuxième lieu, l’instabilité de l’unité monétaire ne peut conserver le pouvoir d’achat. Quand il s’agit d’une dépréciation, les agents économiques sont alors plus enclins de se débarrasser de la monnaie en l’échangeant contre des biens qui ne subissent pas de perte de valeur possible. En somme, la monnaie constitue un élément fondamental dans notre vie. Elle l’imprègne de manière quotidienne, ce qui lui confère un caractère social. Son apparition a mis en évidence les limites de son absence et conduit l’économie vers le développement et l’expansion.

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Acceptée par tous à travers ses fonctions principales, la monnaie est devenue un objet. Et plus qu’un objet, elle est porteuse de choix et se distingue par la propriété de liquidité selon laquelle la monnaie est un moyen de paiement immédiat. Enfin, la monnaie est un moyen indéterminé et non affectée.

III- Les formes de la monnaie Les formes de la monnaie ont beaucoup varié tout au long de l’histoire. Le passage de l’économie dominée par le troc à l’économie monétaire est accompagné d’une évolution majeure des formes de la monnaie. A ce titre, on peut distinguer différents instruments de circulation qui se sont succédés et ont façonné l’époque dominante :  La monnaie matérielle ;  La monnaie fiduciaire ;  La monnaie scripturale ;  La monnaie électronique.

1- La monnaie matérielle La monnaie matérielle se définit comme un bien qui brise le troc et intervient réellement dans les échanges. Historiquement, c’était la monnaie marchandise qui était en jeu d’abord, la monnaie métallique ensuite. 

La monnaie marchandise

A l’origine, certains biens avaient été utilisés comme monnaie pour la réalisation des transactions notamment ceux de consommation (blé, orge, bétail,…). Ces biens avaient été choisis parmi l’ensemble du fait qu’ils possèdent des qualités fondamentales : connus, acceptés par la communauté comme ayant une certaine valeur d’usage et donnant confiance à tout le monde. Sans se limiter à cette catégorie, ces biens étaient substitués à d’autres biens plus valorisés et plus distinctifs. Il s’agissait de métaux. D’abord, c’étaient les métaux non précieux qui étaient utilisés (fer, cuivre, bronze), par la suite, les métaux précieux (argent, or). En général, la monnaie métallique se caractérisait par sa supériorité sur la monnaie marchandise. Cela trouve une explication plausible dans la valeur subjective révélée par cette forme et qui porte sur sa rareté et la possibilité de la conserver. Cette valeur subjective se complète par la valeur objective de cette monnaie qui se différencie par son homogénéité et sa divisibilité.

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La monnaie métallique

Cette forme a connu une évolution dans le temps. La monnaie métallique était successivement une monnaie pesée, une monnaie comptée, enfin une monnaie frappée. La monnaie était d’abord pesée. Il l’était pour s’assurer qu’on donnait au créancier le poids de métal permettant effectivement d’éteindre la dette et pour s’assurer également qu’il n’ait pas de fraude. C’était le lingot qui était pesé. Etant donné la lenteur et l’archaïsme de cette démarche, il n’était pas évident de rendre cette pesée obligatoire. D’où, il était nécessaire de décomposer le lingot en pièces et par conséquent de remplacer la monnaie pesée par la monnaie comptée. En ce moment, cette possibilité de substitution avait comme inconvénient la fraude. Cela se matérialisait par le fait d’introduire des matières non précieuses dans la fabrication des pièces ou de fondre à nouveau le lingot et fabriquer des pièces ayant un poids inférieur. Pour lutter contre ce phénomène, l’Etat était intervenue, et la frappe de la monnaie relevait de sa responsabilité. Son intervention consistait à mettre fin à ces manipulations monétaires et garantir le poids ainsi que la qualité des pièces. Des lors, la monnaie était devenue un bien public dont la valeur intrinsèque était égale à la valeur faciale. Puisque le stock de monnaie métallique ne pouvant suffire à une demande de plus en plus forte, il était important de fabriquer plus de pièces avec la même quantité de métal. Ce n’était alors que des pièces de valeur intrinsèque inférieure à la valeur faciale qui étaient fabriqués. Pour faire accepter par le public ces nouvelles frappes, les autorités monétaires avaient doté cette monnaie d’un cours légal et d’un pouvoir libératoire : c'est-à-dire qu’elle ne pouvait être refusée dans les transactions. D’où la « monnaie métallique » a été remplacée par « la monnaie divisionnaire ».

2- La monnaie fiduciaire La monnaie fiduciaire est une forme basée sur le principe de confiance. Le nom de cette monnaie trouve son origine dans l’histoire. A l’époque, le billet était un simple certificat de dépôt. Les banquiers recevaient des dépôts du métal précieux de leurs clients en leur remettant en contrepartie des certificats de dépôt (récépissés), d’une valeur égale à celle correspondant au métal déposé. Ces certificats de dépôt circulant de main en main étaient remboursables à tout moment. Très vite, les orfèvres avaient pris conscience du fait qu’ils pouvaient prêter de l’or ou encore créer plus de récépissés en vue d’accorder des crédits à leurs clients. D’où, les orfèvres

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s’étaient transformés en véritables banquiers et par conséquent le billet de banque faisait son apparition. La valeur de ce billet reposait sur la confiance accordée à l’organisme émetteur. Dans ce cadre, la banque Stockholm avait été créée en 1956. Cette banque avait émis plus de billets qu’elle n’avait effectivement d’or en réserve. Seulement une partie qui était garantie par le stock de métal, l’autre partie ne l’était pas. Elle était garantie par des titres de créances sur les clients demandeurs de crédits, mais la valeur de ces billets reposait sur la confiance. Globalement, le billet est doté du cours légal et du cours forcé. Pour le cours légal, le créancier est obligé d’accepter le billet pour le paiement de sa dette. Pour, le cours forcé, il renvoie à la non convertibilité du billet en or. 3- La monnaie scripturale La monnaie scripturale possède des spécificités particulières qui la distinguent de toute autre forme. Les premiers développements de cette monnaie étaient apparus avec la lettre de change. Cette forme a rapidement connu son essor en Angleterre, lorsque les banques commerciales avaient perdu la possibilité d’émission des billets. Cette tâche était confiée à la Banque d’Angleterre. Depuis, les banques commerciales avaient commencé à fournir des moyens de paiement en créant de la monnaie scripturale. Le nom de cette monnaie vient du mot latin « scriptura », c'est-à-dire écriture. La monnaie scripturale se définit comme étant de simples écritures effectuées par les banques dans les comptes des agents économiques La monnaie scripturale constitue la principale forme de monnaie. Son triomphe s’explique pour des raisons pratiques telles que : sécurité, commodité et sûreté. En effet, la sécurité présente moins de risque de perte et de vol. La commodité, quant à elle, implique qu’on peut mobiliser une somme d’argent par simple écriture, et les règlements peuvent être effectués sans aucun déplacement. La sûreté, pour sa part, suppose une traçabilité du système, autrement dit, un document écrit qui peut servir de preuve. La monnaie scripturale est constituée des dépôts des agents économiques dans les banques. Elle circule entre les agents grâce à des instruments de paiement qui donnent l’ordre de réaliser des écritures dans les comptes aux banques. Parmi ces instruments, les chèques, les virements et les cartes bancaires.

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Le chèque

Le chèque est un écrit par lequel le titulaire d’un compte bancaire demande à sa banque de payer la somme inscrite sur le papier au bénéficiaire. Ce papier doit comporter le montant en lettres et en chiffres de la somme à payer, l’ordre c'est-à-dire le nom du bénéficiaire et la signature de l'émetteur. Lorsqu’un débiteur émet un chèque sans désigner le bénéficiaire, le chèque est appelé au porteur. Lorsqu’un chèque est perdu ou volé, on peut faire opposition à son paiement. On invertit la banque qui en interdit le paiement. 

Le virement

Le virement est un ordre donné par le titulaire d'un compte à sa banque d'effectuer le transfert d'un montant déterminé sur le compte d'un bénéficiaire. Le virement peut être réalisé de manière interne lorsque les comptes sont ouverts au sein de la même banque ou de manière externe lorsque les comptes sont ouverts dans deux banques différentes. 

La carte bancaire

La carte bancaire permet à son titulaire de régler un achat chez un commerçant. Cette carte consiste à débiter le compte de son titulaire et créditer le compte du commerçant. Cette carte permet aussi d’effectuer des retraits d’espèces (billets) dans les distributeurs automatiques. 4- La monnaie électronique C’est l’utilisation des techniques informatiques, magnétiques et télématiques. Ces techniques mettent en évidence le caractère dématérialisé de la monnaie. La monnaie électronique est une monnaie immatérielle. Elle est matérialisée à travers l’utilisation du porte monnaie électronique (des cartes de paiement) et de l’Internet et dans ce cas on parle de la monnaie virtuelle comme par exemple des paiements en ligne.

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Chapitre II : La masse monétaire et ses agrégats L’étude de la masse monétaire est tellement importante qu’elle permet de connaître la quantité de monnaie circulant au sein de l’économie. Afin d’agir sur le comportement des agents économiques notamment les entreprises et les ménages, les autorités monétaires doivent disposer d’un ensemble d’indicateurs statistiques susceptibles de refléter la capacité globale de dépenses de ces agents.

I- C’est quoi la masse monétaire ? Dans cette tendance, la monnaie est appréhendée comme étant l’ensemble de moyens de paiement mis à la disposition de l’économie à un moment donné et permettant l’achat des biens et services disponibles sur les marchés. Cela implique que seulement les moyens de paiement détenus par les agents économiques non financiers qui forment la masse monétaire. Tandis que la monnaie détenue par les institutions financières est utilisée non pas pour les transactions sur les marchés mais pour des relations de prêts et d’emprunts.

II- Les composantes de la masse monétaire La masse monétaire est composée deux catégories d’instruments détenus par les agents économiques non financiers : les instruments de paiement et les instruments de réserve.

1- Les instruments de paiement Ces instruments sont également qualifiés de disponibilités monétaires. Ils sont constitués de la monnaie divisionnaire, de la monnaie fiduciaire et de la monnaie scripturale.

2- Les instruments de réserve Ces instruments sont également qualifiés de disponibilités quasi-monétaires. En effet, les agents économiques qui détiennent de la monnaie peuvent préférer la conserver en la plaçant en vue d’en tirer profit. Toutefois, le moment où ils auront à les utiliser, ils pourront la transformer en instrument de paiement. C’est la raison pour laquelle cette catégorie d’instruments est appelée disponibilités quasi-monétaires.

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III- Définitions de la masse monétaire : les agrégats monétaires La quantité de monnaie en circulation doit être mesurée à travers l’élaboration des indicateurs nécessaires permettant aux autorités monétaires d’agir et d’entreprendre les mesures adéquates. Ces indicateurs sont appelés les agrégats monétaires. Un agrégat est une grandeur caractéristique d’une économie donnée (PIB, PNB,…) et un agrégat monétaire regroupe les avoirs détenus par les agents économiques non financiers. Cet aspect se limite aux seuls agrégats monétaires, sachant qu’il en existe d’autres tels que les agrégats de placements liquides. Au Maroc, on distingue trois agrégats emboîtés les uns des autres : l’agrégat M1, l’agrégat M2 et l’agrégat M3. 

L’agrégat M1

M1 est constitué de Moyens de paiement immédiats. Ces moyens sont : monnaie divisionnaire, monnaie fiduciaire et monnaie scripturale. 

L’agrégat M2

M2 comprend, en plus de M1, les placements à vue rémunères non mobilisables par chèque tels que les comptes sur carnets auprès des banques et les comptes sur livrets de la caisse d’épargne nationale. 

L’agrégat M3

M3 est composé, en plus de M2, de l’ensemble des placements à échéance fixe auprès des banques et susceptibles d’être transformés en moyens de paiement : les comptes à terme, les bons à échéance fixe et les certificats de dépôt. M3 constitue l’agrégat correspondant à la masse monétaire au sens large. C’est par rapport à cette grandeur que sont définies les contreparties.

IV- Les contreparties de la masse monétaire Les contreparties représentent les opérations génératrices de la monnaie. Elles sont définies par rapport à M3 et se présentent comme suit : 

Créances sur l’extérieur

Toute entrée de devises dans le pays correspond à une émission équivalente de monnaie nationale. En effet, la banque qui achète ces devises doit émettre à son détenteur une quantité équivalente de monnaie nationale, ce qui implique une augmentation de la masse monétaire.

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Les créances sur l’état :

Ce sont les crédits qui sont accordés à l’état pour satisfaire ses besoins de financement. 

Les concours à l’économie :

Ce sont les crédits qui sont accordés aux entreprises et aux particuliers par les organismes financiers. En réalité, les concours à l’économie constituent la contrepartie la plus importante de la masse monétaire. C’est la raison pour laquelle tout accroissement ou toute diminution des crédits bancaires entraînent directement une augmentation ou une diminution de la masse monétaire. Etant donné que la masse monétaire ne s’intéresse qu’à la quantité de monnaie détenue par les agents économiques non financiers, cette quantité circulant n’a de l’importance que lorsqu’elle finance les transactions. Un même stock de monnaie peut tourner plusieurs fois et du coup financer plusieurs transactions, c’est ce qu’on appelle la vitesse de circulation de la monnaie. Autrement dit, c’est le nombre de fois où un moyen de paiement est utilisé dans les transactions pendant une période donnée.

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Chapitre III III : La demande de la monnaie Les agents économiques sont différents sur le plan de détention de la monnaie. S’ils ont de la monnaie, certains d’entre eux préfèrent l’utiliser dans les transactions, d’autres par contre préfèrent l’exploiter pour en tirer profit. Nombreuses sont les raisons pour lesquelles les agents économiques détiennent de la monnaie. Cette diversité a suscité plusieurs confrontations et controverses, ce qui a rendu ce champ plus vaste et plus complexe. Cette complexité s’explique par la multiplicité des théories qui n’ont pas un consensus commun. Ce chapitre a pour objectif de soulever cette ambiguïté en se limitant aux théories qui ont amplement façonné ce cadre à savoir :  L’analyse classique  L’école de Cambridge  L’analyse keynésienne  L’analyse des monétaristes

I- L’analyse classique Les classiques développent trois idées relatives à la monnaie : •

La monnaie n’est qu’un moyen de transactions ;



La monnaie n’influence pas l’économie réelle ;



La monnaie influence les prix.



La monnaie n’est qu’un moyen de transactions

La monnaie n’est pas demandée pour elle-même. Elle est, en fait, demandée pour ce qu’elle permet d’acquérir. Comme le stipule Walras, « le besoin que l’on a de la monnaie n’est autre chose que le besoin de marchandises qu’on achètera avec cette monnaie ». L’utilité de la monnaie est d’être un intermédiaire des échanges. Un moyen qui permet d’acquérir un bien en l’échangeant contre un autre bien à travers la monnaie. 

La monnaie n’influence pas l’économie réelle : la monnaie est neutre

Dans l’analyse classique, les biens sont demandés et offerts par les individus sur des marchés déterminés.

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L’équilibre du marché se réalise indépendamment de la monnaie, en fonction de la confrontation de l’offre et de la demande. Cette indépendance s’inscrit dans le cadre d’une dichotomie qui oppose les deux sphères en séparant la sphère réelle de la sphère monétaire. Cette théorie trouve ses assises et ses piliers dans la loi de Jean-Baptise Say, qualifiée de loi des débouchés. Cette loi assure de manière permanente l’équilibre sur le marché en agissant sur les prix. Ces fondements se présentent comme suit :  Cette loi repose sur l’impossibilité d’un déséquilibre entre l’offre et la demande globale de produits, dans le sens où toute production trouve toujours un débouché (un marché) : « l’offre crée sa propre demande ».  Cette loi se base sur l’hypothèse de la neutralité de la monnaie : la monnaie n’est considérée que comme un « voile » dans la mesure où elle est utilisée tout simplement pour faciliter les transactions. « Tout se passerait comme si l'économie n'était qu'une série de troc » « les produits s’échangent contre des produits ».  Selon cette loi, tous les biens offerts dans l’économie ont un débouché. Dans une situation déséquilibrée où l’offre ne correspond pas à la demande sur un marché particulier, il faut rapidement résorber ce déséquilibre au détriment de la flexibilité des prix : 

Si l’offre excède la demande, le prix existant doit baisser jusqu'au point où la quantité demandée sera égale à la quantité offerte ;



Si la demande excède l’offre, le prix doit augmenter jusqu'au point où la demande sera égale à l’offre.

D’après cette loi, l’offre détermine la demande et la flexibilité des prix assure de manière permanente l’équilibre de l’offre et de la demande sur tous les marchés. La neutralité de la monnaie ne s’exprime que sur le plan instrumental où la monnaie est considérée comme un moyen d’échange. Alors que, le rôle de la monnaie en tant que « réserve de valeur» n’est nullement pris en considération, car, selon J-B. Say, personne n’a intérêt à conserver la monnaie. On vend un produit non pas pour avoir de la monnaie mais pour acheter un autre produit. 

La monnaie influence les prix

La théorie classique exige une séparation de l’économie réelle et de l’économie monétaire. La question qui se pose dés lors : Quels effets ont alors la variation de la masse monétaire ?

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C’est à ce niveau où apparaît la théorie quantitative de la monnaie qui répond à cette interrogation. Cette théorie met en relation la quantité de monnaie en circulation et le niveau des prix. Cette relation s’exprime par la célèbre équation de I. FISHER : M V = PT * M : c’est la masse monétaire qui représente la quantité de monnaie en circulation dans une économie pendant une période donnée. Cette quantité ne dépend pas dans cette théorie des besoins de l’économie, mais elle est modifiée par exemple par des entrées et des sorties de devises. * V : c’est la vitesse de la circulation de la monnaie. * P : c’est le niveau général des prix. * T : c’est le volume des transactions. Dans l’économie, l’ensemble des biens qui s’échange pendant une période déterminée correspond au volume global des transactions (T). Pour régler ces échanges, une quantité de monnaie (M) est utilisée plusieurs fois selon une vitesse de circulation (V). La valeur des échanges (PT) doit absolument être égale aux dépenses monétaires (MV) dans cette même période, ce qui a été mis en évidence par l’équation de I. FISHER. Cette théorie suppose que les composantes V et T sont constantes sachant que la variable T ne peut être influencée par une variation de M et que le niveau de la production ne dépend que des quantités des facteurs de production (travail et capital). Si la variable M est multipliée par n, les prix sont également multipliés par n, ce qui conduit à l’inflation.

II- La pensée de l’école de Cambridge L’école de Cambridge est représentée principalement par A. Marshall et A- C. PIGOU. Par ses apports, cette école ouvre de nouvelles tendances. Si I. Fisher adopte une approche par les transactions, l’école de Cambridge utilise une approche par les encaisses. Cette école a reformulé la théorie quantitative de la monnaie en vue de définir pour la première fois une fonction de demande. Cette fonction se présente comme suit : Md = k P Y * Md : la demande de monnaie. * k : l'inverse de la vitesse de circulation de la monnaie (coefficient de l’utilisation de la monnaie : c’est une propension psychologique, c'est le désir de conserver des encaisses). * P : le niveau général des prix. * Y : le revenu réel.

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Cette approche préfère utiliser la variable « Y » au lieu de la variable « T » - considérée comme vague - pour exprimer « les flux des biens et services » produits au cours de la période d’analyse. La demande de monnaie est constituée des encaisses monétaires que les agents économiques désirent détenir durant une telle période. La fonction qui en découle est une fonction croissante du revenu réel et du niveau général des prix. Si cette école présente un intérêt considérable, l’apport de PIGOU est de grande importance. Cet économiste part d’un principe selon lequel « les agents économiques conscients de la fonction de « réserve de valeur » de la monnaie ne sont pas indifférents à la conservation de leurs encaisses pour maintenir leur pouvoir d’achat sur le marché ». Pour PIGOU, les individus souhaitent détenir une encaisse qui est fonction du revenu perçu. Cette encaisse permet non seulement d’assurer des transactions courantes, mais également de faire face à des besoins inattendus, ce que l’on appelle « réserve de sécurité ». Cette réserve exprime effectivement l’existence d’une demande, ce qui implique que la monnaie a une utilité propre et est demandée pour elle-même. Raisonnant en terme d’encaisse réelle, cet économiste met en lumière son effet, appelé « effet d’encaisse réelle ». Le principe de celui-ci réside dans le fait que les agents (individus), lors de variation des prix, égalisent la valeur réelle et la valeur nominale de leurs encaisses par un ajustement de leur consommation. En effet, lorsque les prix baissent, la valeur réelle des encaisses monétaires des ménages augmente. Pour rétablir cette valeur à son ancien niveau, les ménages doivent réduire leur épargne, ce qui augmente la consommation.

III- L’analyse Keynésienne L’approche keynésienne enrichit davantage le champ de l’étude de la demande de la monnaie et reconnaît le rôle déterminant de cet objet dans l’économie. A la différence des classiques, KEYNES ne limite pas la monnaie à la seule fonction de transactions, mais élargit son périmètre qui lui donne plus de valeur et plus de dynamisme. D’un autre côté, il aborde la question de la neutralité de la monnaie en considérant que celle-ci n’est pas neutre mais active. Selon cet économiste, la monnaie est détenue pour d’autres motifs outre celui d’intermédiaire d’échange. Il s’agit du motif de précaution et du motif de spéculation. Le premier nécessite de conserver des encaisses pour faire face à des événements se manifestant brusquement et à des 19

imprévus inattendus : (maladie, hausse des prix, chômage,…). Le second, quant à lui, est le plus important et suppose que les agents économiques détiennent des encaisses monétaires pour acheter des titres (obligations) dans le moment convenable (lorsque leur prix baisse) et les revendre ultérieurement lorsque leur prix augmente. La demande de spéculation tend à s’accroître lorsque les taux d’intérêt sont à la baisse car dans ce cas, les agents doivent attendre la remontée de ces taux pour utiliser leurs encaisses à l’achat des titres. L’encaisse de spéculation traduit la préférence pour la liquidité des agents dans la mesure où chacun d’entre eux a le choix entre : détenir des encaisses de spéculation ou placer en achetant des titres (obligations). La demande de monnaie pour motif de transaction et celle pour motif de précaution dépendent du revenu et sont croissantes avec cette variable. Quant à la demande pour motif de spéculation, elle est fonction du taux d’intérêt. La demande de monnaie de KEYNES se présente comme suit : DM = L1 (R) + L2 (i) * (L1) représente la liquidité pour motifs de transaction et de précaution * (L2) représente la liquidité pour motif de spéculation Au niveau de l’analyse, KEYNES distingue deux approches : l’approche mettant la monnaie en relation avec les actifs financiers et l’approche mettant la monnaie en relation avec les biens La première approche se base sur un choix entre la détention de monnaie ou la détention des titres. Cette relation est réglée par le concept de « préférence pour la liquidité ». Dans ce cadre, la monnaie est considérée comme une réserve de valeur, un bien qui a un rendement nul, un risque nul et ne procure aucune utilité. De là, apparaît la possibilité d'une thésaurisation, et cette monnaie réservée est appelée la monnaie oisive. La deuxième approche, pour sa part, s’appuie sur le choix de détenir de la monnaie ou des biens. La liquidité est alors l’instrument qui permet de réaliser les transactions (achat ou vente des biens). La fonction de monnaie de KEYNES étant définie, mais l’analyse aborde aussi le côté de la neutralité de la monnaie. D’après cet économiste, la monnaie n’est pas neutre, par contre, elle est active. Qui dit actif, dit qu’il existe un lien entre la sphère réelle et la sphère monétaire. Ce lien est exprimé par le taux d’intérêt.

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Partant du motif de spéculation, l’approche keynésienne stipule que la monnaie agit sur le comportement des agents économiques. C’est en fonction des taux d’intérêt que les agents économiques peuvent faire leur choix. Le taux d’intérêt, en tant que variable monétaire, peut être influencé par l’augmentation de la masse monétaire (l’augmentation de l’offre de la monnaie). Cette variation entraîne une baisse du taux d’intérêt, ce qui encourage les agents économiques à investir. L’augmentation de l’investissement va conduire à l’accroissement de l’activité économique et donc au développement de la production et de l’emploi.

IV- L’analyse des monétaristes En préambule, les monétaristes s’accordent sur une définition considérant la monnaie comme un actif comparable à tous les autres actifs qui forment le patrimoine des agents économiques. L’un des fondateurs de l’analyse monétariste étant M. FRIEDMAN. Ce théoricien propose une nouvelle théorie de la demande de monnaie qui constitue pour lui une nouvelle formulation de la théorie quantitative de la monnaie. L’analyse de M. FRIEDMAN repose sur le fait que la demande de monnaie existe, qu’elle est unique c’est-à-dire qu’on ne peut pas distinguer selon la tradition keynésienne une demande de monnaie de transaction, de spéculation ou de précaution, et qu’elle relève d’un comportement général de détention de richesse. La richesse des agents économiques forme ce qu’on appelle le « patrimoine ». D’après M. FRIEDMAN, ce patrimoine se compose d’éléments suivants : 

La monnaie : c’est le seul élément au sein du patrimoine dont la valeur nominale est fixe. C'est-à-dire que ce sont les prix des autres biens qui varient alors qu’un billet de 100 DH vaut toujours 100 DH.



Les obligations : actifs financiers non monétaires dont le prix varie.



Les actions : actifs financiers non monétaires dont le prix varie.



Le capital physique : équipements et biens immobiliers.



Le capital humain : l’individu lui-même. Celui-ci peut réaliser des services contre une rémunération et investir en lui-même pour obtenir un revenu plus élevé.

De façon générale, la demande de monnaie de M. FRIEDMAN dépend des facteurs suivants : 

Le prix ;



Les rendements des différentes formes de cette richesse ;

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Les goûts et les préférences ;



La richesse totale.

A la différence des autres théories, celle de M. FRIEDMAN s’articule autour de la notion de revenu permanent en stipulant que « les agents économiques ajustent leurs encaisses non à leur revenu actuel (revenu courant) mais à leur revenu permanent en agissant sur leur niveau de consommation ». Sans se limiter à la présentation de la demande de monnaie, les monétaristes s’intéressent également à sa neutralité. Certains d’entre eux considèrent que la monnaie est active à court terme mais neutre à long terme, d’autres en revanche la considèrent comme étant neutre aussi bien à court terme qu’à long terme. A court terme, une augmentation de la masse monétaire entraîne une augmentation des prix (théorie quantitative de la monnaie), ce qui implique en conséquence une augmentation des investissements. Dans ce cas, l’inflation est un stimulant aux investissements. Par contre, à long terme, les salariés découvrent l’inflation, ce qui les incite à manifester des revendications qui se traduisent par une augmentation des salaires. Cela engendre une augmentation des coûts de production et donc une baisse des investissements. Cette baisse entraîne à son tour une augmentation du chômage. La monnaie est neutre à long terme parce que l’effet stimulant des prix sur la production est annulé par l’augmentation des coûts de production

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Chapitre IV : l’offre de la monnaie : La création monétaire

Au sein de l’économie, la quantité de monnaie en circulation n’est pas stable. Sa variation a un sens significatif. Lorsqu’on observe dans une période donnée une variation positive de l’agrégat monétaire, on parle de création monétaire. La création monétaire se définit comme étant la mise en circulation d’une nouvelle quantité de monnaie et non la substitution d’une forme de monnaie à une autre. La responsabilité et l’initiative de la création monétaire reposent à la fois sur les institutions financières et sur les agents non financiers. Cela implique qu’une institution financière ne peut créer de la monnaie que si un agent non financier le lui demande.

I- Le processus de création monétaire Ce processus s’articule sur deux axes qui intègrent les ressources et les emplois : 

Des ressources vers les emplois : cela signifie que les institutions financières ne créent de la monnaie que sur la base des dépôts préexistants. On dit que les dépôts font les crédits.



Des emplois vers les ressources : ce sont les crédits qui font les dépôts. Le dépôt est la somme qui apparaît au crédit du compte bénéficiaire.

 Exemple Une entreprise veut acheter des biens mais elle n’a pas les moyens financiers pour les acquérir. Elle demande un crédit à la banque. La banque lui accorde ce crédit et l’opération se présente comme suit : Banque Actif Créances sur l’entreprise

Passif Dépôt de l’entreprise

Entreprise Actif Dépôt de la banque

Passif dette envers la banque

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Une fois le crédit est remboursé, on dit que la monnaie créée a connu une destruction. De manière générale, il y a destruction de monnaie, lorsque l’argent détenu par un agent non financier devient la propriété de la banque et donc d’un agent financier, cela au cours du remboursement d'une dette.

II- Les systèmes de création de la monnaie Il s’agit de distinguer entre deux systèmes : un système simplifié et un système hiérarchisé. Or, aujourd’hui le système n’est plus simple mais complexe. Cette complexité s’explique par le nombre d’acteurs qui forment ce système, les relations qui entretiennent entre eux, la diversité des sources de financement,…

1- Création monétaire dans un système simplifié Dans le système simplifié, la monnaie n’est créée que par une seule banque. Tous les règlements entre les agents économiques s’effectuent en monnaie scripturale. Cette banque crée de la monnaie à travers trois opérations : 

Entrée de devise ;



Règlement du trésor public ;



Octroi des crédits à travers l’opération de l’escompte.

2- Création monétaire dans un système hiérarchisé Dans ce système, la monnaie est créée par trois catégories d’institutions financières : 

La banque centrale ;



Les banques commerciales ;



Le trésor public.

2-1. La création de monnaie par la banque centrale La banque centrale est la banque des banques. Elle émet les billets de banque et les pièces de monnaie ayant cours légal sur le territoire du Royaume. Cette banque ne crée qu’une faible quantité de monnaie contrairement aux banques commerciales qui la créent en grande quantité. Toutefois, son rôle paraît déterminant au niveau de la création et de la gestion de la monnaie centrale. L’intervention de la banque centrale en matière de création de monnaie se manifeste à travers les créances sur le trésor public, les créances sur l’étranger et les créances sur l’économie.

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Les créances sur le trésor public

Ces créances représentent la cause principale de la création de la monnaie par la banque centrale. Ces concours permettent de faire face aux décalages conjoncturels entre les recettes et les dépenses publiques et de couvrir au moins en partie le déficit budgétaire. La banque centrale aide le trésor à surmonter ces difficultés :  En lui accordant des avances pour qu’il puisse faire face à ses problèmes de trésorerie ;  En achetant les bons que le trésor émet pour combler son déficit. 

Les créances sur l’étranger

Elles résultent essentiellement de l’achat de devises auprès des banques commerciales. Après avoir acquis les devises auprès des agents économiques, ces banques les cèdent à la banque centrale. Cette opération se traduit par une création de la monnaie par la banque centrale.  Exemple Lorsqu’un agent économique cède les devises contre les dirhams à sa banque, cette dernière les cède à la banque centrale contre les dirhams. La création de monnaie qui en résulte entraîne une augmentation de la quantité de dirhams en circulation sans qu’il y ait une diminution des autres composantes de la masse. 

Les créances sur l’économie

Elles se composent des crédits accordés aux banques commerciales. Le rôle de la banque centrale étant de refinancer ces banques à travers l’acquisition des effets de commerce. Cette opération de réescompte a été remise en cause car le refinancement des banques est effectué directement sur le marché monétaire sur lequel la banque central intervient (voir la politique monétaire).

2.2- La création de monnaie par les banques commerciales Les crédits accordés par les banques commerciales sont la principale source de création de monnaie. Ces banques présentent des caractéristiques à savoir : elles ne peuvent pas émettre des billets, elles doivent constituer des réserves obligatoires et sont confrontées à des fuites. En fait, les banques commerciales sont confrontées à des fuites par ce qu’elles opèrent dans un système qui n’est pas fermé.  Exemple La banque A a accordé un crédit à l’agent X pour régler son fournisseur. Cet agent doit retirer de l’argent prêté par la banque car son fournisseur n’a pas de compte au sein de cette banque.

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On dit que cette banque subit une fuite. Puisque ce fournisseur dispose d’un compte dans une autre banque, on parle donc d’une fuite entre les établissements de crédit. D’un autre côté, lorsque l’agent économique demande la conversion de la monnaie scripturale en monnaie fiduciaire, on parle de fuite en billets. 2.3- La création de la monnaie par le trésor public Le trésor public est la personnification financière de l’Etat. Sa mission principale est d’assurer la couverture quotidienne des dépenses publiques, de collecter les ressources et d’exécuter les lois de finances. Le trésor public peut rencontrer deux types de difficultés :  Des difficultés conjoncturelles dues à un décalage entre les recettes et les dépenses publiques ;  Des difficultés structurelles lorsqu’il s’agit d’un déficit budgétaire. Ce déficit s’explique par le fait que les recettes de l’Etat sont inférieures aux dépenses de l’Etat. La banque centrale peut aider le trésor public à surmonter ses difficultés : 

En lui accordant des avances (cas exceptionnel). On ne peut parler de création monétaire que lorsque le trésor public utilise cette liquidité pour régler ses dépenses ;



En achetant les bons que le trésor public émet pour combler son déficit.

En général, face aux difficultés rencontrées, le trésor public est considéré comme un agent non financier, car il a besoin de la monnaie pour y faire face. On parle donc de la création de monnaie pour le trésor (voir le marché des adjudications). Si le trésor se comporte en tant qu’agent qui a besoin de la monnaie, il peut à son tour créer de la monnaie à travers ces circuits : le circuit des comptes de « fonds particuliers » et le circuit des « Comptes des Chèques Postaux ». Le trésor crée directement de la monnaie lorsqu’il effectue un règlement au profit d’un agent non financier sur un compte ouvert dans son réseau des « Centres Chèques Postaux ».

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Chapitre V : Le système financier Aujourd’hui, l’économie n’est plus considérée comme un système fermé qui se limite à un nombre réduit d’acteurs, mais comme un système ouvert, innovant et complexe. Pour fonctionner, elle a besoin d’un financement. La question qui se pose maintenant, comment ce financement est assuré ? Le financement peut être assuré de manière indirecte comme il peut être assuré de manière directe. Dans le premier cas, l’intermédiation financière consiste pour les institutions financières à accorder des crédits à des agents non financiers. Alors que dans l’autre cas, c’est le marché de capitaux qui permet ce type de financement et dans ce cadre, on parle de la désintermédiation. Pour aborder la problématique du financement, il importe de traiter son cadre opérationnel qu’est globalement le système financier. Pratiquement, le système financier a connu des évolutions profondes qui ont abouti à son développement suite à la mise en place des réformes successives. Toute réforme conduit à un changement radical qui s’inscrit dans le cadre de la modernisation. Ces réformes concernent aussi bien le secteur bancaire que le marché des capitaux, car les deux constituent les piliers du système financier. Pour bien cerner ce champ, il convient de présenter l’état du système financier avant la réforme puis son état évolutif à travers la mise en place de la réforme.

I- Le secteur bancaire Les réformes qui façonnent ce champ sont : la loi bancaire de 1993 et celle de 1995. Avant l’adoption de ces lois, le secteur bancaire était totalement administré par les autorités monétaires (Ministère des Finances, Bank Al-Maghrib, Office des Changes) Sur ce plan, les crédits avaient été encadrés à tel point qu’il était imposé aux banques des quotas à ne pas dépasser, ce qui avait constitué un obstacle à la création monétaire se traduisant par la limitation de son pouvoir. Par ailleurs, les taux étaient administrés et les emplois obligatoires étaient constitués entre autres d’une réserve monétaire qui est toujours exigée et du plancher d’effets publics1.

1

Le plancher d’effets publics est le portefeuille minimum que chacun des établissements bancaires devait détenir en bons du trésor. Le taux était fixé à 35%.

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Ainsi, ce système ne favorisait pas la mobilisation de l’épargne ainsi qu’une allocation optimale des ressources. D’un autre côté, le marché de capitaux était marginalisé car le nombre d’intervenants était réduit et les instruments financiers étaient peu diversifiés. Pour s’éloigner de ce système qui était rigide, il était nécessaire de mettre en œuvre un ensemble de réformes dont l’objectif global étant de « se doter d’un système financier moderne permettant une meilleure mobilisation de l’épargne et une allocation plus efficiente des ressources ».  La réforme du système bancaire Cette réforme consiste à renforcer la compétitivité du secteur et favoriser sa modernisation.

1- Réforme de la loi bancaire de 1993 Cette loi s’articule autour de 3 grands axes : 

Refonte du cadre législatif régissant l’activité du système bancaire  Introduction de la notion de « banque universelle » et du concept d’établissement de crédit ;  Mise en place des mécanismes de protection des déposants ;  Renforcement du pouvoir de la banque centrale en matière de surveillance et de contrôle.



Renforcement de la réglementation prudentielle

La réglementation est dite prudentielle lorsqu’elle consiste particulièrement à protéger le système financier dans son ensemble. Il s’agit de l’institution des ratios (rapport entre deux valeurs financières) et de normes conformes aux standards internationaux afin de renforcer le secteur (capital minimum, solvabilité, liquidité, position des changes,…). 

Déréglementation de l’activité bancaire  La libéralisation des taux d’intérêt. Ces taux sont libres dans la limite des taux minima fixés par Bank Al-Maghrib. Toute opération dumping permettant d’accorder des prêts à des taux inférieurs à des taux minima doit être déclarée auprès de Bank Al-maghrib ;  La suppression du plancher d’effets publics.

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2- Réforme de la loi de 1995 Cette réforme est fondée sur les axes suivants : 

Renforcement du pouvoir de Bank Al-Maghrib en matière de contrôle et de supervision



Extension du contrôle de Bank Al-Maghrib à l’ensemble des activités bancaires tels que : Banques offshore2, Associations de micro-crédit, Caisse de Dépôt et de Gestion, Caisse Centrale de Garantie, services financiers de la poste.



Renforcement de la protection des déposants  Droit d’information, de clôture de comptes ou de transfert de fonds en cas de fermeture d’agence par un établissement de crédit ;  Droit d’indemnisation en cas d’indisponibilité des dépôts auprès d’un établissement de crédit.



Institution d’une collaboration entre les autorités de contrôle du secteur financier

Il s’agit de l’institution d’une commission de coordination des organes de supervision du secteur financier (CDVM3, Bank Al-maghrib). Les réformes mises en place au niveau du secteur bancaire ont donné un nouvel élan à ce secteur, ce qui lui a permis d’occuper une place prépondérante dans le système financier. Face aux évolutions de différentes natures (libéralisation des taux, désencadrement de crédit, déspécialisation (banque universelle), le secteur bancaire est devenu concurrentiel aussi bien sur le plan interne que sur le plan externe. Au niveau interne, il s’agit de la concurrence intra-système bancaire, et au niveau externe, il s’agit de la concurrence extra-système bancaire. Cette dernière forme de concurrence a donné lieu à l’émergence de la finance directe, d’où apparaît le rôle fondamental du marché des capitaux.

II- Le marché de capitaux Parallèlement au secteur bancaire, le marché de capitaux a également connu un ensemble de réformes dont l’objectif étant de moderniser la Bourse de Casablanca et d’élargir son périmètre pour la mobilisation de l’épargne et le financement de l’économie. La structure de ce marché à travers la réforme se présente comme suit : 2

Toute personne morale, quelle que soit la nationalité de ses dirigeants et les détenteurs de son capital social, qui a son siège dans une place financière offshore et pour profession habituelle et principale de recevoir des dépôts en monnaies étrangères convertibles et d'effectuer, en ces mêmes monnaies, pour son propre compte ou pour le compte de ses clients toutes opérations financières, de crédit, de bourse ou de change. 3

Conseil Déontologique des Valeurs mobilières

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Structure du marché de capitaux Marché de capitaux

Marché monétaire

Marché Interbancaire

Marché financier

Marché des TCN

Marché boursier

Marché de la Gestion d’actifs

L’étude du marché des capitaux repose sur l’étude du marché financier d’une part, et sur l’étude du marché monétaire d’autre part

A- Le marché financier Cet aspect présente en premier lieu les réformes du marché financier, en deuxième lieu, le cadre d’analyse de ce marché.

1- Les réformes du marché financier Le marché financier a connu des mutations importantes qui trouvent leurs origines dans les réformes mises en place. Les réformes qui caractérisent ce champ sont : la réforme de 1993 et celle de 1996 

La réforme de 1993 :

Cette réforme repose sur les axes suivants :  Privatisation et modernisation de la gestion de la Bourse de Casablanca ;  Mise en place du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières ;  Création des sociétés de bourse ;  Création des Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM). 

La réforme de 1996

Les fondements de cette réforme se présentent comme suit :  Mise en place du système Règlement / Livraison simultané ;  Dématérialisation des titres et création du dépositaire central: MAROCLEAR ;  Informatisation de toute la chaîne de traitement des ordres ;

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 Création d’un fonds de garantie clientèle. 2- L’analyse du marché financier Cette analyse porte sur les axes suivants : la définition du marché financier, son organisation et sa nouvelle architecture, la détermination du rôle de ses acteurs, la présentation de la Bourse des Valeurs de Casablanca (BVC) d’une part et celle du marché monétaire d’autre part. 2.1- Définition du marché financier Le marché financier est un lieu de rencontre entre offreurs et demandeurs des capitaux. Les offreurs des capitaux sont les agents qui disposent de fonds et les placent pour l’acquisition des titres (actions et obligations). Ces agents sont : les épargnants, les investisseurs et les spéculateurs. Quant aux demandeurs de capitaux, ce sont ceux qui émettent les titres tels que : les entreprises, les institutions financières et l’état. La première catégorie dispose de liquidité alors que la deuxième catégorie a des besoins en liquidité. Le marché financier offre aux agents économiques la possibilité de faire appel public à l’épargne en émettant des titres en contrepartie des ressources financières dont ils ont besoin. 2.2- L’organisation du marché financier Le marché financier est organisé autour du marché primaire et du marché secondaire. C’est un marché qui a été réorganisé en vu d’assurer son bon fonctionnement dans les meilleures conditions. 

Marché primaire/Marché secondaire  Le marché primaire

C’est le marché de l’émission des titres. Ce marché, communément appelé marché du neuf, contribue au financement de l’économie.  Le marché secondaire C’est le marché boursier ou bourse des valeurs, communément appelé marché de l’occasion. C’est sur ce marché où se négocient les titres. Par exemple, un investisseur ayant acquis des actions au niveau du marché primaire peut les vendre sur le marché secondaire et retrouver

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ainsi la liquidité de son placement. Cette fonction est d’autant mieux assurée que le marché secondaire est liquide.4 Le marché primaire et le marché secondaire fonctionnent de manière interdépendante. Ce lien s’explique comme suit :  Les conditions d’émission de nouveaux titres, c’est-à-dire leurs prix, dépendent des cours affichés sur le marché secondaire au moment

de

l’émission ;  L’importance du marché primaire dépend du degré de liquidité du marché secondaire. Un marché secondaire peu actif (peu liquide) risque de constituer un obstacle à de nouvelles émissions. En somme, ces deux compartiments sont certes différents mais complémentaires car le dysfonctionnement de l’un entraînera obligatoirement le dysfonctionnement de l’autre.

2.3- La nouvelle architecture du marché financier marocain L’organisation et le fonctionnement du marché financier doivent répondre à un certain nombre d’impératifs relatifs essentiellement à la sécurité, à la transparence et à la liquidité de l’épargne. Sur le plan pratique, cela se traduit par la mise en place de différents acteurs, de mécanismes d’échanges et de réglement-livraison efficients. La nouvelle architecture s’appuie sur 5 principales entités dont les rôles sont différents mais complémentaires. Ces acteurs ont pour mission fondamentale d’organiser la rencontre de l’offre et de la demande dans des conditions optimales.

4

Un marché est considéré comme liquide, s’il est possible d’acheter ou de vendre des titres rapidement même pour des quantités importantes sans entraîner un grand décalage de cours.

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Le schéma suivant présente l’ensemble des acteurs qui interviennent sur le marché financier :

Ministre des Finances CDVM

Maroclear

BVC

Sociétés de bourse

a. Ministre des finances C’est une autorité de tutelle supérieure disposant de pouvoirs importants sur les principaux acteurs du marché, notamment : CDVM, BVC, Sociétés de bourse, Dépositaire central.  CDVM Le ministre des finances préside le conseil d’administration au lieu et place du premier ministre et veille à l’application par le CDVM des décisions prises par le conseil d’administration.  BVC Le ministre des finances nomme le commissaire du gouvernement qui doit veiller au respect par la BVC des dispositions et des statuts du cahier des charges. Il approuve aussi le règlement général de la bourse.  Sociétés de bourse Le ministre des finances donne l’agrément aux sociétés de bourse. Par ailleurs, il fixe le capital minimum des sociétés de bourse, le taux maximum des commissions…  Dépositaire central Le ministre des finances préside le conseil d’administration, approuve les statuts et nomme le commissaire du gouvernement. En outre, la nomination du ou des directeurs généraux est soumise à son agrément.

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b. CDVM Le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) est un établissement public doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Il est institué par le Dahir portant loi n° 1-93-212 du 21 septembre 1993 qui en fixe la mission et les moyens d'action.  Les misions du CDVM  Protéger l'épargne investie en valeurs mobilières ou tous autres placements réalisés par appel public à l'épargne ;  Veiller à l'information des investisseurs en valeurs mobilières en s'assurant que les personnes morales qui font appel public à l'épargne établissent et diffusent toutes les informations légales et réglementaires en vigueur, afin de permettre aux investisseurs de prendre des décisions dans un marché transparent ;  Veiller au bon fonctionnement du marché des valeurs mobilières en assurant la transparence, l'intégrité et la sécurité ;  Veiller au respect des diverses dispositions légales et réglementaires régissant le marché financier.  Les moyens d’action Parmi les moyens utilisés pour répondre aux impératifs du marché financier, le contrôle, la surveillance des transactions, les sanctions, les plaintes et les investigations. En effet, le CDVM surveille quotidiennement les transactions boursières en vue de déceler les pratiques et comportements susceptibles de nuire à la sécurité des épargnants et à l'intégrité du marché. Il s'agit notamment de rechercher les délits boursiers comme la diffusion d'informations fausses ou trompeuses. Par ailleurs, le CDVM peut recevoir des plaintes du public concernant des opérations sur les valeurs mobilières et réaliser des investigations en faisant des enquêtes pour détecter les infractions et en demandant des explications sur le contenu des informations diffusées auprès des investisseurs. c. Les sociétés de bourse Les sociétés de bourse ont été instituées par le dahir portant loi n° 1-93-211 relatif à la Bourse des valeurs qui leur a conféré le monopole de l'intermédiation boursière. Ces sociétés sont seules habilitées à exécuter les transactions sur les valeurs mobilières inscrites à la Bourse des valeurs. Elles sont les seuls actionnaires de la société de la bourse des valeurs de Casablanca dont elles détiennent à part égales l’intégralité du capital. 34

d. Le dépositaire central C’est une société anonyme, créée le 1er juillet 1997 en vertu du Dahir n°1-96-246 du 9 janvier 1997 portant promulgation de la loi n° 35-96 relative à la création d'un dépositaire central et à l'institution d'un régime général d'inscription en compte de certaines valeurs. Ses missions se présentent comme suit :  Assurer la conservation des valeurs mobilières admises à ses opérations, en faciliter la circulation et en simplifier l'administration pour le compte de ses affiliés (banques, sociétés de bourses, émetteurs) ;  Administrer les comptes courants de valeurs mobilières ouverts au nom de ses affiliés ;  Opérer tous virements entre les comptes courants sur instruction de ses affiliés ;  Mettre en œuvre toute procédure en vue de faciliter à ses affiliés l'exercice des droits attachés aux titres et l'encaissement des produits qu'ils génèrent.  Exercer des contrôles sur la tenue de la comptabilité titres des teneurs de compte et vérifier en particulier les équilibres comptables. 2.4- La bourse des Valeurs de Casablanca Cette partie aborde les fondements de la Bourse des valeurs de Casablanca, ses missions, son fonctionnement, le dénouement des transactions et le fonds de garantie 2.4.1- Les fondements de la BVC Créée en 1929, la BVC a connu des réformes : la réforme de 1948, a attribué à la BVC la personnalité morale. La réforme de 1967, pour sa part, a permis de la réorganiser juridiquement et techniquement et de la définir comme un établissement public. Depuis 1993, la promulgation d’un ensemble de textes de lois portant réforme du marché financier a donné à la BVC le cadre réglementaire et technique indispensable à son émergence. Le capital de la société gestionnaire est souscrit dans son intégralité par les sociétés de bourse agréées. Il est détenu à tout moment à parts égales par l'ensemble des sociétés de bourse. En cas de retrait d'une société de bourse pour quelque cause que ce soit, sa quote-part dans le capital de la société gestionnaire est obligatoirement rachetée à parts égales par les autres sociétés de bourse.

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2.4.2- Les missions de la BVC Les missions de la BVC se présentent comme suit :  Assurer la gestion de la bourse conformément à un cahier des charges ;  Prononcer l’introduction des valeurs mobilières à la cote de la bourse et leur radiation ;  Veiller à la conformité des opérations effectuées par les sociétés de bourse ;  Porter à la connaissance du CDVM les infractions relevées ;  Assurer la suspension des cours des valeurs mobilières ;  Assurer la suspension momentanée de l'accès d'une société de bourse au marché ;  Garantir la bonne fin des opérations. 2.4.3- Le fonctionnement de la BVC Les règles de fonctionnement de la BVC sont fixées par un Règlement Général élaboré par la Société Gestionnaire et approuvé par arrêté du Ministre chargé des Finances après avis du CDVM. La BVC dispose d’un marché central et d’un marché de blocs 

Le marché central

La structure du marché de la BVC confère au marché central un rôle pilote. En dehors des transactions de blocs, toute transaction sur une valeur mobilière cotée à la Bourse de Casablanca doit passer par le marché central. De ce fait, la BVC est un marché centralisé gouverné par les ordres et animé par les Sociétés de Bourse.  Le cheminement et l’exécution des ordres Sur ce plan, les investisseurs envoient à leurs intermédiaires financiers (banques ou sociétés de bourse) des ordres d’achat ou de vente de titres. Par la suite, ces ordres sont transmis. La transmission se fait soit directement auprès d’une société de bourse, soit indirectement auprès d’un collecteur d’ordre (banque, société de bourse transmettant les ordres à d’autres sociétés de bourse). Une fois transmis, le négociateur de la société de bourse négocie les ordres sur le marché boursier. La question qui se pose maintenant, comment ces ordres sont-ils négociés ? Au fait, la négociation se réalise à travers le système de cotation électronique qui remplace la technique traditionnelle de cotation à la criée qui était adoptée.

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L’exécution des ordres se fait à travers de grands modes : le prix et le temps. Cela est mis en évidence à travers les méthodes de cotation.  Les méthodes de cotation Sur le marché central, les valeurs mobilières sont classées, en fonction de leur liquidité, en trois catégories :  Les valeurs les moins liquides sont cotées au fixing ;  Les valeurs moyennement liquides sont cotées au multifixing ;  Les valeurs les plus liquides sont cotées en continu. a. La cotation au fixing La cotation au fixing se compose de deux phases: la pré-ouverture et l’ouverture du marché  La pré-ouverture du marché Les ordres introduits sont automatiquement enregistrés dans la feuille de marché sans provoquer de transactions. Ils peuvent être modifiés ou annulés. A partir de 09h00, les ordres s’accumulent sur la feuille de marché.  L’ouverture du marché En fonction des ordres présents sur la feuille de marché, le système électronique calcule un prix d’équilibre ou « prix de fixing ». Ce prix de fixing permet à l’ouverture l’échange du plus grand nombre de titres. b. La cotation au multifixing : C’est la même méthode de cotation que le fixing. Or, dans le multifixing, il y a trois ouvertures, ce qui peut donner lieu à trois cours différents par séance. c. La cotation en continu Cinq phases caractérisant cette méthode de cotation :  La pré-ouverture Les ordres s’accumulent sur la feuille de marché à partir de 09h00 sans qu’aucune transaction n’intervienne.  L’ouverture En fonction des ordres présents sur la feuille de marché, le système électronique calcule un prix d’équilibre ou cours d’ouverture qui permet l’échange en continu du plus grand nombre de titres.

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 La séance du continu Durant cette phase tout ordre introduit dans le système peut provoquer instantanément une ou plusieurs transactions si la feuille de marché le permet.  La pré-clôture Pendant la période de pré-clôture, les ordres sont introduits dans le système de cotation électronique sans provoquer de transactions.  La clôture La Bourse de Casablanca a mis en place un fixing de clôture qui est programmé avec une période de pré-clôture de cinq minutes. 

Le marché de blocs

En raison de l’absence de contrepartie suffisante sur la feuille de marché de certains ordres notamment ceux de grande importance, la Bourse de Casablanca a mis en place un marché de blocs. C’est sur ce marché où sont négociés des blocs de titres de taille importante, dans des conditions de cours issues du marché central. Les opérations éligibles au marché de bloc doivent porter sur une quantité de titres supérieure à la taille minimum de bloc (TMB). Par ailleurs, les prix des transactions de blocs sont liés à ceux du marché central

2.4.4- Le dénouement des transactions Le dénouement des transactions conclues entre les intervenants sur le marché organisé par la Bourse de Casablanca se réalise par la livraison des titres contre le règlement des espèces de manière concomitante. Cette condition est couplée au respect d’un délai de place normalisé (actuellement le dénouement se fait à J+3). S’il s’agit d’un ordre d’achat, le compte titres de l’investisseur est crédité, alors que son compte espèces est débité. Par contre, s’il agit d’un ordre de vente, le compte titres de l’investisseur est débité alors que son compte espèces est crédité. 2.4.5- Protection des investissements : fonds de garantie En application des dispositions du dahir portant loi relatif à la Bourse des valeurs, il a été constitué un fonds de garantie destiné à indemniser la clientèle des sociétés de bourse mises en liquidation. Ce fonds est alimenté par les sociétés de bourse sur la base des titres et des

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espèces conservés. Il est géré par le CDVM, et les modalités de sa gestion sont fixées par arrêté du Ministre Chargé des Finances.

2.4.6- Les indices boursiers Sur le plan technique, la BVC répond aujourd’hui aux standards internationaux par l’adoption des indices boursiers. Un indice boursier est une

mesure statistique calculée par le regroupement des valeurs

des titres de plusieurs sociétés. Il consiste à informer les épargnants sur

l'évolution

quotidienne de la Bourse de Casablanca. L’indice boursier sert généralement à mesurer la performance d'une bourse ou d'un marché. Les indices boursiers sont : MASI et MADEX 

MASI (Moroccan All Shares Index)

Cet indice intègre toutes les valeurs de types actions, cotées à la Bourse de Casablanca. C’est un indice large, permettant de suivre de façon optimale le développement de l’ensemble de la population de valeurs de la côte. 

MADEX (Moroccan Most Active Shares Index)

C’est indice est composé des valeurs les plus actives de la côte, en terme de liquidité mesurée sur le semestre précédent. Il

intègre donc les valeurs cotées en continu sur la place

casablancaise.

B- Le marché monétaire Comme le marché boursier, le marché monétaire n’échappe pas à des réformes. Avant la réforme, le marché monétaire était limité seulement au marché interbancaire. Celuici était ouvert uniquement aux banques qui y ajustaient leurs besoins/excédents de liquidité, n’intégrait que peu d’intervenants (banques et certains organismes financiers) et n’utilisait que peu d’instruments (prêts à blanc à très court terme). Le marché monétaire a connu une réforme dont l’objectif est de transformer ce marché en un marché efficient où les prix se forment sur des mécanismes concurrentiels basés sur la confrontation de l’offre et de la demande. L’ouverture du marché monétaire s’est poursuivie en 1995 avec l’introduction d’un deuxième compartiment portant sur les titres de créances négociables. Dans le cadre de la réforme, de nouveaux principes sont définis :  Négociabilité des titres sur le marché secondaire ;  Liquidité du marché ; 39

 Transparence ;  Sécurité assurée par le Dépositaire central et système de Règlement/Livraison 1- Le marché des titres de créances négociables Les titres de créances négociables peuvent être définis comme ceux qui sont émis sous la formes de billets ou de bons à échéance, et confèrent à leur porteur un droit de créance, librement négociables et portant intérêt. Le marché des TCN s’articule autour du marché des adjudications et du marché des autres TCN

1.1- Le marché des adjudications L’adjudication est une technique utilisée par le trésor public pour :  Dynamiser le marché ;  Stimuler la concurrence entre établissements prêteurs ;  Avoir accès à une source de financement. Le marché des adjudications est organisé autour de deux marchés : le marché primaire et le marché secondaire.  Marché primaire C’est le marché de l’adjudication à la hollandaise. Dans ce cadre, Bank Al-Maghrib procède à la récapitulation des offres de souscription dans l’ordre croissant des taux proposés. Par la suite, la banque centrale transmet le tableau élaboré à la Direction du Trésor qui fixe le taux ou le prix limite de l’adjudication Les adjudications portent sur les bons suivants :  Les bons à très court terme de 7 à 30 jours de durée ;  Les bons à court terme de 13, 26 et 52 semaines de durée ;  Les bons à moyen terme de 2 ans et 5 ans de durée ;  Les bons à long terme de 10 ans, 15 ans et 20 ans de durée.  Marché secondaire Sur ce marché, les bons du Trésor souscrits par voie d’adjudication sont négociables de gré à gré sur le marché secondaire. 

Les acteurs du marché de l’adjudication

L’adjudication ne peut concerner que les établissements admis à présenter les soumissions ou agréés par le ministre de finances en qualité d’intermédiaires en valeurs du trésor. Parmi

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ces établissements : Banque Centrale Populaire, Banque Marocaine du Commerce xtérieur, Banque Marocaine du Commerce et d’Industrie, Banque Nationale pour le Développement Economique. En outre, le marché des adjudications est animé par des intermédiaires en valeurs du trésor qui participent régulièrement aux adjudications, informent et commercialisent les bons du trésor auprès de leur clientèle, tout en communiquant, à la direction du trésor, leurs appréciations et suggestions relatives aux évolutions de la demande des bons. Les bons du Trésor souscrits par voie d’adjudication sont inscrits en compte auprès du dépositaire central au nom de ces établissements, et toute personne physique ou morale, résidente ou non résidente, peut soumissionner aux adjudications des bons du Trésor. 1.2- Le marché des autres titres de créances négociables Les autres titres de créances négociables sont : les certificats de dépôt, bons des société de financement, billets de trésorerie. Le tableau suivant présente certaines caractéristiques de ces TCN :

TCN

Emetteurs

Souscripteurs

Certificats de dépôts

Banques

Toute personne physique ou moral résidente ou non résidente

Bons des sociétés de financement

Sociétés de financement

Billets de trésorerie

Entreprises non financières

Toute personne physique ou moral résidente ou non résidente Toute personne physique ou moral résidente ou non résidente

Maturité 10J à 7ans

2 ans à 7 ans

10 J à 1ans

2- Le marché interbancaire Le marché interbancaire est un marché sur lequel les établissements de crédit placent leurs excédents ou couvrent leur besoins de liquidité. C’est un marché qui permet aux banques d’équilibrer leur trésorerie en compensant entre elle leurs déficits ou excédents. Le marché interbancaire ne se déroule pas en lieu précis. Les différents opérateurs entrent en relations et nouent leurs transactions par téléphone tout au long de la journée. Sur ce marché, il y a autant de taux d’intérêt que de types de transactions bilatérales, d’où la nécessité de calculer le taux moyen pondéré (TMP: taux de l’argent au jour le jour).

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Sur ce marché, se pose la problématique de liquidité, ce qui exige l’intervention de Bank AlMaghrib pour la régulation du marché tout en définissant et mettant en œuvre une politique monétaire.

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Chapitre VI : La politique monétaire

La politique monétaire englobe l'ensemble des moyens dont disposent les autorités monétaires pour agir sur l'activité économique. La pratique monétaire consiste à agir globalement sur les différentes variables économiques : prix, emploi, équilibre extérieur, niveau d’activité. Cette action s’exerce par le biais des variables monétaires. Ces variables sont appelées « objectifs intermédiaires ». Ces objectifs constituent l’objet de la politique monétaire. Ce chapitre aborde d’un côté les objectifs de la politique monétaire, et d’un autre côté, les instruments de cette politique.

I- Les objectifs de la politique monétaire Parmi les objectifs intermédiaires, on détermine les « objectifs opérationnels ». Ces objectifs représentent les variables monétaires sur lesquelles les autorités monétaires peuvent agir en se basant sur une panoplie d’instruments. En somme, la politique monétaire agit par l’intermédiaire d’instruments sur des objectifs opérationnels. Ces derniers agissent sur les objectifs intermédiaires pour atteindre les objectifs finaux. L’ensemble des objectifs est illustré par le schéma suivant :

Objectifs opérationnels

 Instruments de la politique monétaire



Objectifs intermédiaires

Objectifs finaux

 Objectifs quantitatifs  Taux d’intérêt  Taux de change

 Stabilité des prix  Equilibre extérieur  Croissance économique  Emploi

Politique monétaire

 Les objectifs intermédiaires Un objectif intermédiaire doit remplir trois conditions :  Son évolution doit être connue dans des délais rapides (disponibilité statistique) ;  Son évolution est reliée à celle d’un objectif final : relation plus au moins connue et plus au moins stable

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 Son évolution est contrôlable par la banque centrale Les objectifs intermédiaires sont au nombre de trois :  Les objectifs quantitatifs ;  Les taux d’intérêt ;  Le taux de change. 1.1- Les objectifs quantitatifs La quantité de monnaie en circulation exerce une action importante sur l’économie. D’où, la politique monétaire agit sur le volume de monnaie circulant en économie par le contrôle des agrégats monétaires. Il existe deux moyens de contrôler directement les agrégats : contrôler la base monétaire ou rationner le crédit. 

Contrôle de la base monétaire

La banque centrale est tenue de contrôler l’offre de sa propre monnaie pour influencer la création de monnaie par les banques. La banque centrale doit donc agir sur M1 et M3.  L’action sur M1 nécessite que la banque centrale soit capable de maîtriser sa propre monnaie ;  L’action sur M3 passe, nécessairement, par celle sur M1. Car si M1 diminue, les placements liquides des agents économiques diminuent à leur tour. 

Le rationnement du crédit

Le rationnement du crédit consiste à contrôler directement la source essentielle de la création de monnaie qui est le crédit. Ce moyen permet d’obtenir les meilleurs résultats tout en évitant une hausse des taux d’intérêt.

1.2- Les taux d’intérêt Le taux d’intérêt est le prix de l’argent prêté. Parmi ces taux :  Les taux d’intérêt des marchés de capitaux ;  Les taux de crédits ;  Les taux minima de la banque centrale. Le choix d’un certain niveau de taux d’intérêt est très important aussi bien pour la politique monétaire que pour la politique économique. En général, le taux d’intérêt est une variable stratégique dont l’évolution influence les agrégats monétaires et le comportement des acteurs économiques

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Quand le taux augmente : la masse monétaire baisse, l’épargne augmente et l’investissement baisse. 1.3- Taux de change De manière générale, le taux de change est le prix relatif d’une monnaie par rapport à une autre. L’expression “ cours du change ” est une expression synonyme de “ taux de change ”. Le taux de change pratiqué sur le marché des changes est qualifié de taux de change courant. Ce taux peut être coté de deux façons, au certain et à l'incertain :  Taux de change au certain = nombre d'unités de monnaie étrangère que l'on peut obtenir avec une unité de monnaie nationale.  Exemple : 1 EUR = 1,05 USD. C'est le prix de l'euro en dollar.  Taux de change à l'incertain = nombre d'unités de monnaie nationale qu'il faut fournir pour avoir une unité de monnaie étrangère.  Exemple : 1 USD = 0,95 EUR. C'est le prix du dollar en euro.

Les catégories des taux de change  Taux de change nominal : ce taux mesure le prix relatif de deux monnaies.  Taux de change de parité de pouvoir d’achat (PPA) La parité de pouvoir d'achat (PPA) est une méthode utilisée en économie pour établir une comparaison entre pays du pouvoir d'achat des devises nationales, ce qu’une simple utilisation des taux de change ne permet pas de faire. Le pouvoir d'achat d’une quantité donnée d’argent dépend en effet du coût de la vie, c’est-àdire du niveau général des prix. La PPA sert à mesurer combien une devise permet d’acheter de biens et services dans chacune des zones que l’on compare. Les biens et services utilisés dans la comparaison forment un « panier ».  Le taux de change réel Le taux de change réel mesure le prix relatif de deux paniers de biens, des produits nationaux par rapport aux produits étrangers en monnaie nationale. Le taux de change réel mesure en définitive le pouvoir d'achat externe de la monnaie, c'est-àdire son pouvoir d'achat sur les biens étrangers.

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 Exemple : En France, un panier de biens vaut 102 Euros. Aux États-Unis, il faut 100 dollars pour acheter ce même panier. Taux de change PPA de Euros/Dollards = 102/100= 1,02  Taux de change réel (au certain) = taux de change nominal (au certain) / taux de change PPA (au certain) Taux de change nominal : 1 EUR = 1,05 USD. C'est le prix de l'euro en dollar. Taux de change PPA de Euros/Dollards = 102/100= 1,02 Taux de change réel = 1,05/1,02= 1,0294 (ou 102,94 %) Quand le taux réel est supérieur à 1, la monnaie nationale est surévaluée (son taux nominal est surévalué) et la devise étrangère est sous-évaluée. Le taux de change réel est un indicateur pertinent. C'est par rapport à ce taux que se définit la force d'une monnaie. Parmi les définitions d’une monnaie forte, on retient celle-là « Une monnaie forte est une monnaie dont le pouvoir d'achat est plus élevé à l'étranger que dans le pays parce que le niveau des prix nationaux est supérieur à celui des prix étrangers pour un taux nominal donné ». Globalement, l’action sur le taux de change consiste soit à défendre une parité soit à changer cette parité. Les autorités monétaires la défendent quand elle est compatible avec l’équilibre de la balance de paiement (voir le SMI).

II- Les instruments de la politique monétaire Pour atteindre les objectifs ainsi définis, les autorités monétaires disposent d’une panoplie de moyens appelés : instruments de la politique monétaire. Parmi ces instruments, l’intervention des autorités monétaires sur le marché monétaire et les réserves obligatoires.

1- L’intervention sur le marché monétaire La banque centrale joue un rôle stratégique au niveau du marché monétaire. Son intervention permet de réguler le marché qui peut être soit en sous-liquidité ou soit en sur-liquidité. Ce faisant, les deux outils privilégiés sont l’open market et les pensions. 

L’open market

Cette technique consiste, pour la banque centrale, à acheter et à vendre des titres. Par ses opérations d’achat et de vente, la banque centrale fournit ou retire les liquidités du marché monétaire et exerce, par conséquent, une influence certaine sur les taux du marché monétaire. 46

Si la banque centrale est tenue de retirer les liquidités, elle vendra les titres afin d’éponger ces liquidités. Par contre, si elle est tenue de fournir des liquidités, elle achètera les titres afin d’injecter ces liquidités. 

La technique de pension

La pension est une opération permettant de recevoir de la monnaie centrale en échange de titres. Les techniques de pensions sont : les pensions à 7 jours, les pensions à 5 jours, les pensions à 24H.

2- Les réserves obligatoires Ce sont des réserves financières que les établissements de crédit doivent déposer auprès de la banque centrale. Plus précisément, une réserve obligatoire se définit comme un compte non rémunéré que chaque établissement de crédit doit maintenir bloqué, en proportion des dépôts ou de crédit qu’il gère. Il convient de geler une partie de la liquidité bancaire auprès de la banque centrale. Les autorités monétaires peuvent faire varier le taux de la réserve obligatoire en fonction des objectifs de la politique monétaire. Une diminution du taux des réserves obligatoires  une augmentation de la liquidité des banques  une baisse des taux d’intérêt.

Conclusion L’économie monétaire est un champ très vaste qui s’appuie sur deux cadres : un cadre théorique et un cadre opérationnel. Le premier cadre fait l’objet de plusieurs confrontations et controverses, met en évidence la diversité des points de vue et des raisonnements. Cela se situe principalement au niveau de la définition de la monnaie ainsi qu’au niveau de sa demande. Sur ce plan, plusieurs définitions ont été données à la monnaie, et pour sa demande, plusieurs théories ont été élaborées et chacune a ses principes et ses caractéristiques. Le deuxième cadre, quant à lui, situe l’économie monétaire dans son contexte réel. Son objectif consiste à cerner pratiquement ce champ en abordant tout ce qui est concret et tout ce qui concerne l’évolution de l’économie monétaire comme la création de la monnaie, les mécanismes financiers et la politique monétaire

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