Du destin et de la liberté
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Zitiervorschau

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COLLECTIOT DES UHIVERSITES OE FiATCI prallJ; .ottt L po,trcno'tc dc t'ziSSOCL{lION

GUILLAUME

BUDB

ALNXÀNDIIB D'APHII()DISN TRAITÉ DU DESTIN TAXTB

ÉTTNT,T ET TRÀDUIT PAR

Prnnnn THILLET Prolosrour à I'Université do PÂRIS I (Panthéon-Sorbonne) Ouuragc publié aoec lo concours du Ccntra Natrr.tul do la Rccherchc Scicntifquc

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PARIS SOCIÉTÉD'ÉDITION , Abhandlyngen d,er kôniglich Bayerischen Akad.emie d,er Wissenschaften, Phil.-hist. Kl. 20, 1897: p. 408478 (voir p.424-4251 1F. Rosenthal, < Isbàq b. tlunain'JTa'ri[ al-afibbA' >, Oriens 7, 1954, texte p. 69, 6, trad. p. ?9. - 4. Alexandre, in Meteor. 143, 72-73 : [:tavô6 ô ôr,ôdoxa).o6 r)prôv EcoorlÉv4ç èv tQ ôyô6qr æepl d{.,eco6ëôer,(ev; Themistius, De .onima 6.7, 22-23. Heinze :-).é1er....E 3, les emplois connus de sa construction avec æapd,et le génitif semblent bien tous renvoyer à un enseignement oralement reçu s. C'est le point qui rendrait indispensable, soit d'admettre, avec P. I\loraux, un Aristote vivant vers le milieu du second siècle, ayant enseigné au moins quelques aspects de la psychologie péripatéticienne à Alexandre d'Aphrodise, soit - comme I'ont fait Zeller et ses prédécesseurs- de voir dans le nom d'Aristote en cet endroit une faute de copie pour Aristoclès. Mais, en raison de I'extension des sens du verbe &xoÛetv,ne pourrait-on pas penser

que æapd,f génitif ait pu ôtre compris dans le même sens que rcd.pd( + datif, avec quoi on rencontre aussi le verbe d,xoÛer,v ? r Certes, I'absence d'exemple parallèle invite à ne formuler cette hypothèse qu'avec une extrême prudence. Rien ne permet non plus d'exclure totalement la possibilité de rencontrer un jour un exemple décisif 2. Si Alexandre avait vraiment voulu signifier, dans ce passage du De intellectu, I'audition reçue directerrrent d'un maître nommé Àristote, alors qu'il a été amené à plusieurs reprises dans le De intellectus à citer Aristote de Stagire, on comprend mal qu'il n'ait pas, en cet endroit, IL}, 4, pris soin de donner plus de précision afin d'éviter la confusion provoquée par I'homonymie. D'ailleurs le passif qui suit, è),éyeco, 110, 5 paraît faire di{Iiculté : une forme active, ayant pour sujet Aristote, le professeur, paraîtrait plus naturelle. Bnfin, en admettant que ce passage dtt De intellectusoit bien un témoignage de I'enseignement reçu, nous aurions là I'unigue trace explicite de I'influence de ce maître sur son disciple, ce qui peut étonner puisque, par ailleurs, Flerminos et Sosigène sont cités et évoqués à plusieurs reprises. Il est vrai qu'on peut soutenir qu'au long tle ses ouvrages, Alexandre a pu faire ailleurs allusion à cet Aristote nouveau ; une recherche détaillée sur tel

xvI

1. Àlexandre d'Àphrodise, De intellectu, 110, 4 Bruns. 2. C'est du moins I'opinion de P. Moraux, dans I'art. cité (Archiv f. G. d. Philos. 49, 1967, p. 169-172) ;.il la fonde essentiellement sur la construction du verbe d.xoriEuvavec napû f eénitit. Avec une honnêteté intellectuelle exemplaire, P. Moraux i"r,ott"" à I'interprétation qu'il avait donnée de ces lignes, en 1942, dane son Aleaandre, p. 742 et suiv. On soulignera I'importance de I'exégèse nouvelle : si I'Aristote du De intelleclu n'est pas le Stagirite, si la doctrine du voÛç Oupa0evdoit être attribuée à c e n o u v e l A r i s t o t e , l e s c o n s é q u e n c e sh i s t o r i q u e s s o n t d e p o i d s . 3. Lee dictionnaires citent Platon, Phèdre 269c 4 (cf. 235c 3. d 5 ) , o i r l e s e n s e s t p r é c i s é p a r l a f o r m u l e ê x p r 6 À Ê o u ;e t P o l v b e I 13, 6. Cf. aussi Julien, Disc. VIII ffl 162c 3-/r : tolcrûca 1d,p èyô péprv4pcn toû EevdpXou 1éyovco6 &xnx6toç. 4. Urr scul exemple, tardif, Photius, Bibl. coà. 175, 119b 24 (t. II, p. 171 Hcnry) : xal, & nap' ôi).).oucrvàç d,xoûocrtouvé6r1 tôv ncrptcrùtôv &glxvoupÉv 1. On voit apparaître ici une notation assezétonnante, qui marque d'abord l'ignorance de la signification de I'adjectif al-Afrùdisi (: ô'Agpo8roleÛç),puisqu'un second adjectif de même nature' ethnique, lui est associé, donnant ainsi une double nisàa à notre personnage.Il faudra se demander d'ori peut provenir cette appellation < le f)amascène n. 2, dans son histoire des savants, Al-Qiftï (1,L72-L248) fait que reprendre, avec quelne Ta'ril.r al-hukamâ'3, ques variantes, I'article du FiÀrist' Mais il explique le surnom donné à Galien < par la puissance de sa Son ouvrâgeest connu sousle et Àl-Mustançir(1076-1094). titre -Los Bocâdos ile Oro. Le texte arabe en a été édité par A. R. Badawi, Madrid, 1958' 1. Abù 'l-Wafâ' l-l\[ubaÉ!ir". p. 291' 3-6 Badawi :

JlrL o6sr.r*ls', tli \* eê:.*st le'lt 9;a ft ,y .rr-l.ill crnrtl .r; g;iJl oi.:."rJt .r-.r2-iYl )r3-\l t

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La phrase qui suit mentionne la présence du consul Sergiue l)aulus I Ia note 1 de A. R. lladawi est à supprimer. 2. Sur Àl-Qifti, cf. .8I1, t. II, p. 1062b-1063a. 3. T'u'ri[ al-hukamd', éd. J. Lippert, Leipzig 1903, p. 54, 1-55, 1. Notone que, do cot ouvrage, noue n'avon! que les extraitr qu'cn a conservé al-Zawzani.

xxxv

tête dans la recherche et la discussion )), ou ( pour mettre fin aux discussionsl r. Ibn 2 ^Abi Uçayl-ri'a (L208-L270) utilise la même notice 3 qu'il modifie- en lui apportant des complé_ ments. Comrne al-Mubaé5ir, il àLnne à notre auteur le nom d'Alexandre d,Aphrodise le Damascène. II nous apprend ensuite qJe notre homnre < fut un philosophe tout à fait compétent en , sciences philosophiqu_es' et. expert en , sciences de la ,r"t,ri"li; rl tenait réunion publique _où il enseignait la philo_ sophie >. Après avoir souligné I'impo"rtance de ses commentaires d'Aristote, Ibn Abî Usaybi.a rapporte I'anecdote relative à leur prix, et dorrrru ensuite une Iiste des æuvres d'Alexanâre, plus étendue que celle que donnaient ses prédécesseurs. Dans son article sur Galien 6, Ibn Abi Usaybi.a aussi ce que nous avons lu chez Al-MuË"iSi, , "épèlu a A-Home, fréquentaient assidûment Galien : le philo_ sophe Eudème, de,-la _sectedes péripatéticiens, et Alexandre d'Aphrodise Ie Damascènuqrri, aeja a époque, avait-été jugé digne d,enseigier "ette à Athènes, p u b l i q u e s , - l " . r . i . n . u , p h i l J s o p h i q r r e s* . l o n l" l.t:it Ia.doctrine péripatéticienne )). Ainii, Alexanàre aurait é-té,à Rome, un fidèle du cercle où Galien enseignait I'anatomie aux grands rnagistrats, notamment à Jergtus paulus, lors de son second séjour à Rome. ^.1. CependantAl-eifri a d9jà rappel6,dans la notice sur Alex_andre d'Aphrodise, l"?6, d,' f,irt""p"itation donnée par Ibn Nadim'' n e., .p. sa tête ,. Ces diIïérentesexégèsesd"""iJor,-dïi"-;.;;;;,âJ de l,embanag .rot"iq,_,ei-,?;;Ë;;"i" deabiographes-pour saisirt" .ig"inr^ilà;''à;';" qui esr,pour eux,.énigmatiquè. Daneceehésiiationr, u n ^ s i g n e d ' u n e m é p r i s e d u t r a d u c t e u r . l. "*i."q,i;ii fà"t."J, i'. sur lbn Abi Uaaybic_a,cI. EIt, t. II, p.

B79b-Jg0c. 3. Danssesc(Juûn'ai_a."qq nafia'"î ,liioË:, " v w q ' éd. A. J\rriller, 1i - 5 - . - a ' '\ ' v w Le.Caire, 1882, r."I, p.

69, 27_?i: n petits écrits > (=. euaestiones) d,Alexandre d,Âphro_ ,,_o^. f-.r ûrs€, concernent, en grand nombre, des'queetiono d;ph;;i;;;. 5. Ibid., t. I, p. Bà.

xxxvl

ô) Alexandre d'Aphrodise et Galien' Les biographes arabes nous fourniraient des aperçus nouveaux sur la vie d'Alexandre d'Aphrodise : un séjour à Rome, des rencontres avec Galien dont il critiquait le caractère. Mais l'information devient suspecte quand on s'attache aux développements fournis par Al-Muba35ir et lbn Abi Ugaybi'a. Ceux-ci en elÏet complètent d'une manière inquiétante le nom d'Alexandre d'Aphrodise : a le Damascène n. Nos sources grecques ne mentionnent jamais la cité syrienne à côté du nom de I'Exégète. En revanche, nous connaissons,par Galien, un Alexandre de Damas qui pourrait bien avoir été un philosophe à peu près contemporain, mais difÏérent d'Alexandre d'Aphrodise, comme on I'admet couramment. La question mérite un examen détaillé. Dans deux ouvrages de Galien : le llepi &vacopr,lxôv 'EælèlXerploecov1, et le flepl roù æpoyr,vôo-xelvæpàç s, yêvz;v on retrouve presque textuellement une partie des notices de nos biographes arabes : c'est en efÏet Eù8f1g.ou orùtQdel pr.èv 1. Galien,II 218, 6 sq. K : nctpdvto6

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ALEXANDRE ET GALIEN

INTRODUCTION

'Atre(civôpou roÛ Àa6ra^ox1voÛ,^toÛ vÛv te toû æepræat1tr,xoû xal 'A0zlvfi ô1çr.oo[ç. coû neplnatlttxoùç À61ouqô18Éoxer,v orv'&[r.ouptévou de Damas enÀeigne, mainlenant, c'est-à-dire Ainii,"Alexandre au moment où Galicn écrit, à Athènes. On notera que I'arabe de MubaÉëir, voir p. xxxrv et n. 1 ci-dcssus, au lieu de vro.v,mainteaçait-déjà été d'igne. nant, écrit r qâd uhhil" fi {âlika'l-waqt, s'il avait Iu liô4 au lieu de vÛv.en ce temps-lài co--" Quoi q u ' i l e n s - o i t ,i l c o n v i e n t d e s i t u e r c e t t e r é f l e x i o n v e r s 1 7 7 , c e q u e l;on admet, en général pour la composition des deux premiers livres (voir n. 1-p. xxxvrr), ce qui cst vraisemblablc, puisque la foràule utilisèe paraît bien désigner un enseigne-ment oJhciel, tel que celui qui a eté institué par Marc Àurèle en 1?6177. Sur I'interprétation dc ôlu.ooiq, on consullera M'-O. Gouletde Plotin >',in Porphgre, La Vie de Plotin, I, Gazé, u L'Éôle Parie, Vrin, 1982, p. 244-246. 2. XIV, 627,3-$i8,4 K. Une longue narration met en reliel ls mnuvais caractère d'Àlexandre de Damas, maie ausgi la srrsccptihilit6de Galicn.

XXXVII

Ia source de ces informations. Mais le texte grec de Galien parle d'Alexandre de Damas, ,AÀé[orvgpoç L,æpæoxr1vôq, sans jamais nomrner Aphrodisias. ies deux premiers livres du Ilepi d,uocolrtxôv è^11elp{oecov ayant été écrits vers 177 1, il paraît nécessaire de distinguer deux personnages ayant porté le même nom d'Alexandre : I'un de Damas, ayant fréquenté Galien deve11, par la suite, professeur de philo.o.e] ptrie péripatéticienne à Athènes, I'autre d'Aphrodi_ siasr n-ommé par Septime Sévère et Caracalla, une vingtaine d'années au moins après son homo.ryme, sans doute à Athènes, comme professeurdans la ^ême chaire. Ainsi deux professeurÀde philosophie aristo_ télicienne a.uraient porté le môme norrr. Là fréquence du nom d'Alexandre, à cette époque rend ie fait assez vraisemblable. Et cependant, il reste des questions. La notice la plus ancienne,celle d'Ibn Nadim. donne le norn d'Alexandre d'Aphrodise, sans plus l'épithète ; < Damascène D n'apparait qu'au milieu du *rd siècle. avec al-Muba5Ëir.On peut interpréter Ie fait de deux façons. Ou bien la source grecque d'Ibn NadTm donnait le nom d'Alexandre, .u.r. autre précision, et on aura, en raison du renom de I'Exégète, déjà connu des milieux philosophiques, arbitrairement ajouté < d'Aphrodise r. Qq bierr on aura substitué, pour la même raison, dans une notice venue de Galien. à I'adjectif , l'épithète n Aphrodisien n, en pensant au péripatéticien mieux connu, ou seul connu 2.

1gââ.Cf

Ch. Singer,Galen,On anatomicalproceilures, Oxlord,

2 . . C ' e s t . à c o - u gs û r l c r e n o m d e I ' E x é g è t e q u i a f a i t a t t r i b u e r . à Alexandre d'Aphrodise des fragmen-ts de proclus traduits en,arabe, et identifiés, de façon indépendante, par S. pinés {( une versron arabe de_ trols prop_o-sitions de la Xtollel - ce qui signifie sur I'unicité de Dieu' +2. Qite aoutecause séparée est ilans toutes les choses' et non Àasdans une seulement. 43. be I'enistence des formes spirîtuelles immotérielles' 44. Des malailies qui surviennent au cardia' 45. Du genre' 46. Traté qui contient un entrait ilu second livre d'Aristote sur l'â.tne' -" 47. Trdité su, l,h' puissancequi s'eaerceà partir -du corps soumis'àla générationet à Ia corrupâiiii rtrt td "orpt tion. I

\ : Il est évident qu\ cctte liste devrait être soumise à -critique cer' a p o c r y p h e s d c s ; c o n t i e n t e t d \ u b l o n s , d e s ' n.esente "t a t tien-g ' t i t r e s s o n t p e u t ' ê t r e a u s s i d e s v a r i a n t e s d e t e x t e s c o n n u t g"ec soit'en arabe) sous une autre désignation' Ë;i;;

LVI

TNTRODUCTION

3) Météorologiques.Édité pa" M. Hayduck (C.A.G. III 2). Les doutes émis sur I'authenticité de ce commentaire sont, sernble-t-il, sans fondement : les particularités du vocabulaire s'expliquent aisérnent par la nature du sujet. Il est signalé par l'Aneciloton hierosolymitanurnL, $ II, no 9. Ce commentaire a existé en version arabe (I.A.U. no g). 4) De sensu et sensato. Édite par P. Wendland (C.A.G. III 1). Signalé comme étant dû à 'AÀé{roq (:'4tréEav8poç) dans l'Aneciloton hierosolyrnite.num, S II no 12. I.A.U. n'en signalepas de version arabe : de son silence on ne saurait conclure que le commentaire n'a jamais été traduit en arabe. Un ms. de I'Escurial, Scorialensisar.794 (Casiri), 798 (Renaud-Derenbourg), Fos 74v-77v, contient la version arabe d'un commentaire au De sensu attribué à Alexandre ; Gérard de Crémone I'a traduit en latin 2. 5) Metaphgsique. Êdrté par H. Bonitz, puis par M. Hayduck (C.A.G. I), seuls les commentaires aux livres A-A sont d'Alexandre. On s'accorde à voir en Michel d'Éphèse I'auteur des commentaires des l, CeT Anecd,oton hierosolgtnitanum est cité dane la préface du commentaire du Pseudo-Alexandre au De sensu (C.A.G. III 1) édité par P. Wendland, p. xv-xrx. Le no 9 attribuo À 'Alé[av8poç un commentaire elç tù p.eté, Abhanillungen dcr Berliner Akailamie dcr Wissenschaften,1885.

INTRODUCTION

COMMENTAIRESPERDUS

par P. Moraux 1, qui doute ( qu'Averroès ait pu avoir connaissance du texte original d'Alexandre, dont ne disposaient plus les commentateurs grecs bien antérieurs > z. Mais, il y a là un jugement trop pessimiste. et il convient de voir dans le commentaire au livre  utilisé par Averroès une ceuvre authentique de I'Exégète : la critique se rallie aujourd'hui à cette opinion s. L'Anecdoton hierosolymitanum signale, sous 'AÀé[,r,o6, un colnlnentaire de I'ouvrage Ie nom d' mais il peut se référer, il est vrai, entier, $ II, no 15 au commentaire tel qu'il se présente à nous, associant aux cinq premiers livres dus à Alexandre, les neut suivants cornpilés par Michel d'Éphèse.

Sulaymân (as-Sijistâni) de traduire le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise - environ 300 folios -, mais la requête n'a pas dû être suivie d'effet. Cependant, Ibn Nadim attribue à Yahyâ ibn 'Adi des doutes sur l'existence d'un commentaire de Jamblique aux Catégories; Yalryâ, en e{fet, y aurait vu la mention c Alexandre a dit... r - mais, ajoute al-Qifti : < il n'est pas impossible que quelques écrivains postérieurs aient ajouté le nom d'Alexandre à d'autres noms r 1.

LVIII

à) Commentaires perdus. L) Catégories. Utilisé par Simplicius, Dexippe, Elias, ce commentaire a été traduit en arabe. I.A.U. le cite (tto 1), mais Averroès, a dt l'ignorer, puisqu'il n'en dit rien dans sa Paraphrase - ou Commentaire aux Catégoriesa. Abû Zakariya Yabyâ moyen 'Adi, selon lbn Nadim 5, avait demandé à Abû b. 1. P. l\Ioraux,op. cit., p. 14-19.

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2, P. Moraux, id., p. 19. - Contre I'objection de P. Moraux, on peut faire remarqucr que le commentateur arabo disposait d'une traduction arabe faite au xe siècle, sur une version Abù BiSr Mattâ, en effet, ignorait le svriaque antérieure gi." -:, laquelle avait été faite d'après un exemplaire en oncialee. Cf. R. Walzer. r On the Arabic Versions of books A, or and À Stud,ies in Classical Metaphysics >t, Ilarvard of Aristotle's repris in Greek into Philotogy 63, 1958 (p. 217-231\, p. 229 Ar abic, Oxford, 1 962 (p. 71 4-L28), p. 127 . 3. C'était I'avir ds M. Bouygei, Averroes, Tafsir mâ ba'd a Ê t â b t ' a t , - l V o t i c aE , d 4 , p . c r , x v r r r , L a p o s s i b i l i t é d ' é t u d i e r l'édition critiqrre rnise désormais à la disposilion des chercheurs rlovrait pôr'n)cttle dc reprendre à nouveaux frais I'enquête rlo J. Frcu, Bulletin d,e I'Association Guillaume Budé, 7963, p. 35à'et.355. 5. Le commentaire du livre III dt De anima, édité par M. I{ayduck (C.A.G. XV), n'est pas de Philopon, et il est incomplet; il est attribué à Etienne d'Alcxandrie par R. Vancourt, Les derniers commentateurs alcnandlins d'Arislote. L' Ecole d,'Olgmpiodore. Êti"nne d'Aletandrie. Lille, 7941. M. de Corte a découvert et identifié une partie de la version latine du commentaire de Philopon au livie III, qu'il a éditée d.ansLe Commentaire de Jean Philopon sur le troisième lipre ilu Traité de l'ôme d'Aristote, Paris, 1934. Les fragmente du commentaire d'Alexandre citée par ces textes 6ont édités par P. Moraux, Alezanp. 207-221. ilre il'Aphrodise, 6. Voir F. Peters, Aristoteles Arabus, p. 42-L3, Ibn al-Qi1i3 parlc d'un r tal[ig > d'Alcxanclre, p. 41, 11.

LXII

INTRODI]CTION

La question reste posée de savoir si Alexandre d'Aphrodise a commenté d'autres ceuvres d'Aristote. E n l ' a b s e n c e d e t é m o i g n a g e sp o s i t i f s o n n e s a u r a i t I'allirmer r. L'impression que donne cette liste, c'est que l'intérêt d'Alexandre se portait surtout sur les questions de logique, dc physique - qui comprend la psychologie - et de métaphysique. Il ne semble pas s'ôtre attaché aux problèmes éthiques et politiques 2. 3. -

Les æLterespersonnelles,

a) Dans le texte grec. L ) D e a n i m a . É a i t O p a r I . B r u n s ( C . Â . G .S u p p l . I I l ) . Cité par LA.U. (no t0), qui préciseque le traité ne compte qu'un seuJ livre. 2) De fato. Édité par I. Bruns (C.A.G. Suppl. II 2). Il en existe une version latine médiévale s. L'ouvrage

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_. 1 . C ' c s t à - t o r t q u e R . - À . P a c k s i g n a l e u n c o n t m e n t â i r e p a r Alexandre d'Aphrodisc dns guoroyuôpovrxd, d'[Âristotel dàns s o n a r t i c l e < A P - a s s a g ei n À i c x a r ' â e r ' o f A p h r o ' d i s i a s R l l a t i n g to the^Theory- of Tragedy ,, American Journal of Phitologli, 58, 1937, oir il attribue, en efÏer, p. 427, n. 16,'à Foersù-r, Scrip,tores physiognornonici, t. I, p. xxxrrr, une indication relative à ce commentaire. C'est une erreur : Foerster a montré, p. xxxrv, précisément, que le manuscrit oir Assemani siqnalait une version arabe de ce commentaire. ne contenait rien d,autre que le passage physiognomonique du Secretum Secretorurt. L'erreur survit encore dans tr{. Ullmann, Die Meilizin irn Islam (H-andbuch der Orientalistik, I. Abt., Ergân2.6), LeydeCologne, 1970, qui signale, p. 96, Ie Laurentiânus Médiceui ar. 59, cornme renfcrmant ce Commentaire d'Àlexandre aux Physiognomoniques, suivant en cela I'ancien catalogue do S. E. Assemanus, Florence, 7742. 2. Les Quaesliones qui constituent le livre IV, sous le titre Ethica Prohlemata, êdit6s par I. Bruns (C.A.G., suppl. II 2, p. 117-163), soulèvent, bien sirr, le même doute sur leur authenticitô, Voir ci-après, p. L(rrr-Lxrv. 3. La vr.rsion I:rtirre est conservée dane trois manuscrits, e a n s l e n o r r rr l u t r a r l r r c t e u r ,e n q u i j ' a i p r o p o s é d e v o i r G u i l l a u m e do l\Iot:rlrekc. Voir nron ôrlit.ion, Aleaândre d'Aphroilisc, De fato ad imperalores, I)nris, Vr.in, 1963.

QUAESTIONES

LXIII

n'a paa été traduit en arabe r, et I.A.U. n'en fait paa mention. 3) De miatione. Êditê par I. Bruns (rlbid.). Inconnu des arabes, il n'est pas mentionné par I.A.U. La tradition manuscrite du texte grec est di{Iérente 2. de celle du De aniîna, du De fato et d'esQuaestiones 4) Quaestiones. Sous ce titre, je classe ensemble des textes très divers, en général courts' attribués 'Aæopi,al xq.l à Alexandre d'Aphrodise. D'abord les éditées par I. Bruns (C.A.G. Suppl. II 2)' 1,r5oeu6, en trois livres ; Ethica problemata (ibid.); et vingt sept courts traités t qti constituent le prétendu Di anima liber alter, ou Mantissa, édités également par I. Bruns (C.A.G. SuPPl. II t). Pour I'ensemble de ces écrits' la question se pose de savoir s'ils sont l'æuvre de I'Exégète. Ce n'est pas le lieu de la résoudre. Disons seulement qu'il y a là d.es recueils fcr,cticesd'écrits attribués à Alexandre d'Aphroclise : le problème de leur authenticité devrait être posé pour chacun d'eux séparément. P. Moraux met fortement en doute I'authenticité a' de ces Quaestiones,liant leur sort à celui du flepivoÛ , dans 1 . I l f a u t , s u r c e p o i i l t , d o n n e r t o l t à G . F u r l a n i q u i',A-di I' di Abi Zakariyâ Yalryâ. !. < Le Questioni filosôfic\ Rivistà degti Stuili Orienta\i.,8, 1919-20, p. 757-162, identiliant, Traité de la Providence, o. 161. t. 1, la maqâlat fi\inàvat, àt e" l" De fato, p"nsô q,te ce tràïtia été traduit en arabc. Ilais De foto et De providenlia sont deux textes distincts. 2. Une traduction anglaise, précédée d'une longue étude, eet due à R. B. Todd, Aleoaniler of Aphrodisios on Stoic Philosophy, Leyde, Brill, 1976. 5. Il s'agit de la numérotation qui se lit dane le manuscrit V, ori Ie flepl voû est eubdivisé en trois. 4. P. ÙIoraux, Aleaanilre il'Aphrodise, p. 1"40-142, discute à Alexandre du flepl voÛ, pour des raisone de de I'attribution cohérence doctrinale. Toutefois, son jugement est nuancé, car il est prêt à admettre I'authenticité dc la dernière partie de ce petit traité, p.163, Sans reprendre la question en détail, disons-qu'à mon avis les raisons invoquées ne sont pas décisives : volontiers I'authenticité du texte e-n eon entier. i'admetiraie dwDe intellectu attribué à Àlexandre b. C. Bazân. q L'authenticité

LXIV

qui appartient à la Mantissa. Rejeter a priori tous les textes de ce recueil comme inauthentiques' ou' à tout le moins, comme n'étant que des exercices d'élèves, est peut-être une solution trop facile, et dangereuse: elle risque de nous entraîner à suspecter des écrits authentiques. æpàqcoÛq uôroxpdcropcç Bn efTet, le Ilepi eip,appr.év1e I'authenticité * et jamais en doute mis dont nul n'a élément précis sur un fournir à écrit le seul qui est lc cod'. Venetus dans est copié, de I'auteur là date Illarcianus 258 (coll. 668), sigle V, immédiatement qui clôt à la suite du court traité llepi elpr,app'évr2e le De anima liber alterrl'Opusculum; or, il y est a{Tecté du no 28 (KH) comme s'il s'agissait d'un autre traité 1. de la même collection, et du même ordre Si la suspicion manifestéeà l'égard dt De intellectupar P. Moraux doit s'étendre à tout le recueil, en bonne logique, elle devrait atteindre aussi le De fato. Par ailleurs, parmi les t7 traités attribués à Alexandre, contenus dans un manuscrit de I'Escurial, et parmi les t0 traités d'un manuscrit d'Istanbul 2, on trouver outre pareillement attribués à I'Exégète s des certaines le De intellectu el Quaestlorlesconnues d'Aphrodise t, l7evuephilosophiqued'e Loucain, 77, 1973,

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I

QUAESTTONES

INTRODUCTION

p. l*Og-ag7, développe une argumentation pour montrer .que ies di{Iiculiés soulËvées pa" P. Moraux contre l'authenticité ne sont Pas dirimantes. 1. Conime le cod. V est unc copie d'un archétype en onciales, comme il est montré plus loin, il-se pourrait que cette numérotation ait apDartenu à son modèle, auquel cas ces numéros d'ordre aurâiènt une importance capitale. 2. Sisnalô par Ibn Àbi Uravbi'a, le De intellectu porte le u o 1 3 d i n s l e t o d . S c o r i a l e n s i i t i r . , 7 9 8 I o B1 1 3 v - 1 1 8 r ; e t l e n o 6 1279' foe 58vdans le cod. Constantinopolitanus Millet-Jarullah 60v. 3. I'a I)c intcllectu a été édité par I. I3runs (CAG' Suppl' II 1)' r). l0{i. l8-1 l:t, 24. La vcrsion arabe a été publiée par J' Finneguu, i'lél,tr11ri dc l'Uniçersilé Soinl-Joseplr, .33, 19-56' p. 159IOZ. U"" vcrsi.,tt lntirrc, faitc sur I'arabc par Gérard de Crémone, a ôtô érliti:r pnr (). Thôry, Alerandre à'Aphroîlise"' p' 74-82'

t:

LXV

en grec, un traité De Proç'id,entia.Cyrille d'Alexandrie nous a conservé des citations de ce traité 1, qui paraît bien être authentique 2. Faudrait-il rejeter comme inauthentique le De Prouiilentia, en invoquant les raisons qui font douter de I'authenticité du De intelIectu ? Il convient donc de manier avec prudence les argurnents critiques pour juger de I'authenticité de ces petits textes : leur collection disparate mêle, certes, des apocryphes à d'autres æuvres qui sont des écrits d'Alexandre. On ne saurait prononcer un jugement d'ensemble 3. No 21 Dietrich, van Ess (sur cette lumérotation, voir la note 2, p. rxvt). 7. Le I)e Prouùlentia, no 8 dans le -\corialensis ar. 798, for 8 7 r - 1 0 0 v , n o 1 d a n s l e C o n s t a . n t i n o p o l i . t a n u sM . - J a r u l l a h 1 2 7 9 , fos 44v-50r, a fait I'objet d'une édition, dans urre Dissertation de I'Université de la Sarre, par II.-,I. Ruland, f)ie arabisch.en Fassu.ngen von zs,ei ,Schriften d,es Alotande.r von Aphrotlisias iiber d.ie Vorsehung und tber d,asliberunt arbttrium, Saarbrùcken, I 976. 2. Sur I'authenticité du De Proçidentia, voir ci-après p. Lxvrr, n.1. La preuve a été faite que certains des textes du type ( quaestiones l, attribtrés, darrs leur version arabe, à Alexandre d'Àphroclise, ne sont pas rle lui. Voir lr s travâux cités ci-dessus, p. xxxvrr, n. 2. Voir égaloqnent, de S. I'irrès, r l,a Théologie d'Àristote et le Liber I)e caufis r, (ionrnrupicatior au xxve Congrè.s International des Orirnlahsleg, 1\{oscou, 1960. L'aul.eur rn'a commu.iqué une copie cleson iËiiel.n russe, et le regrctté G. Vajda a bien voulu m'en faire la traduction : qu'ils en soient remerciés. 3. Sigrralorrs, saus détails, les textes du type < Quaestiones t connus en grec, et traduits en arabe. Après la réîérence à I'édit i o n d u t e x t e g r e c ( L I l r u n s , S u p p l . g r - I I 2 p o u r l e s Q u a e s t i o n e si II 1, pour le.De anima liber alter : Mantissal, j'indique le numéro dans la liste dressée par A. Dietrich (- D), complétée par J. van Ess (: v.E) dans les articlcs dont référence est donnée n. 2 p. suiv. Lc numéro clans la listc d'Ibn Abi Usavbi'a ( " . 3 , p . r . r v s q q . ) , t g u r e , q u a r . r di l v a l i c u , e n t r e p a l e n t h è s c s . Q u a e s t i o n e s| 2 : 1 2 D ( I A U n o 1 4 ) , ô d i t é n t r r a d r r i l p a l H . G a t j e , < D i c a r a b i s c h e U e b e r s e t z u r r g d c r S c h r i t l t .r l r s \ t n - . n 1 ; ç r . von Aphrodisias ùl,rer die Farbe >, Nachricltten der Akademie der Wissenschaften in Gôttingen, 1967, p. 341-382; I 8 : 32 :7 D,v.E; I11 a : 3D tl12 :5D,v.E: v.E;I{1 I15 :

LXVI

QUAESTIONES EN ARABES

INTRODUCTION

b) Versions arabes de textes dont I'original est perdu.

grec

Certaines des < æuvres personnelles > d'Alexandre d'Aphrodise sont, nous l'avons vu, conservéesaussi en version arabe. Les manuscrits où nous les lisons sont des recueils qui rassemblent, dans un ordre arbitraire et variable, de petits textes comparables à ceux des Quaestiones. Parmi eux, à côté d'écrits connus en grec - mêlant des traités du De anima, liber alter et des Quaestiones,au sens étroit, on trouve un certain nombre de textes perdus en grec. Il est prématuré de prétendre en vouloir dresser un inventaire complet 1, je me bornerai à en présenter quelquesuns 2. 6 D , v . E ( I A U n o 3 5 ); I 1 6 : 2 2 D , v . E ( I A U n o 3 2 ); 1 2 4 : 20 D, v.E (IAU no 37); II 3 : 34 v.E (IAU no 471; II 19 : 33 v.E (IAU no 25); II 3 : 14 D, De sensu,édité,ainsi que

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la version latine rnédiévale par H.-J. Ruland, cÎ. n. 2 p. r-vr. flepl voû) : 21 D, v.E .,De animo liber alter, 106-113 (: (.IA! nf 24) ; 127-130 : 13 D (IAU no 15), édité par A. R. Badarvi, Comrnentoires sur Aristote perilus en greé et outres épîtres, Beyrouth, 1977, p. 26-30 i 772-t74 (: . IIepl toû è9'lg.îv) : 25 D, v.E (IAU;o 31). Ceux des textes qui manquent dans la liste de A. Dietrich, et qui sont ajoutés par van Ess, et dont la version arabe est contenue dans un às. de Taschkent, ont été édités par A. R. Badawi, op. cil. ; c'est le cas dee numéros 31, 36, 37 v.E. Dues à des traducteurs diIÏérents, faitcs parfois, peut-être, -celle sur des textes provenant d'une autre recension que que nous a conservée la tradition grecque, ces versions peuvent cependant, en certains cas, être utiles à l'émendation du texto grec. 1. Malgré les recherc!es poursuivies dans les bibliothèques, et en particulier dans les bibliothèques d'Orient, il rest1, à coup-sûr, encore beaucoup de travail à faire, et on peut escompter des découvertes. Bien des codices arabes sont deè recueils c-omposites, dont les tables - quand elles existent - ne sont pas toujours complètes. Les catalogues n'ont pas tous été édiaés. Enfin il existe dc nombreuses bibliothèques privées, importanl.es ou minuscrrlcs, dont les richessee en manuscritg gont complètemont igrrorées. 2. Pour no par alourdir cotte liste, je no signalorai que certaina toxtor, pour une raigon ou pour unc autre considérés comme

LXVII

L) De Proviilentia. Connu par quelques citations de Cyrille d'Alexandrie, ce traité ,r'"rt gul". mentionné l_.-.auteurs qui traitent d'Alexandre t, bien qu,Ibn ryi" Abi Usaybi'a en ait donné le titre dans sa lisie des æuvres d'Alexandre d'Aphrodise (no 12) 2. Une version arabe, par Abt BiÉr Mattâ, est conservée dans deux manuscrits (no 18 D, v.E). 2).De Tempore. Mentionné par t.A.U. (no 33), la vercion arabe a été conservée B. Une traduction laiine importants; j'indique, s'il y a lieu, édition, traduction, étudee. Un pourra. en.connaître davantage à I'aide des inventaireg suivants.: À Dietrich, c Die arabisËhcVersion arrrr_ ten Schrift des Alexander von Aphrodisias trber"i"e" "nllt die Differentia sp-ecifica (Risâla fi 'l-lasl) n, Nachrichten der Akailemie iler w.Lsjenschaften-in Gôttingen,^phil._hist.Kl., 1964 (2), (p, gS_ 148) p. i2-100,. réunissant B0 titres. On ie comiléieil pa" J. van.Ess, r Ueber einige neue Fragmert" J.;'Ai;;;"[;; von fphrodilias- und des proklos in araËischer U"l"r.etz,rrrg o, Der Islam,42, 1966, (p. 148-{68),qui donne des informati6ns c-omptêmentatres et ajoute 7 titrcs, p. 150_ib4. Voir aussi H, Gâtje, -,, _Zur arabischen Ueberliéferung des Alexander v_on-Aphrodis ias r, Z eitschrift iler ileutsch"n'M o, g"nldni;rin"i Gesellschaft, 116, 1966, p. Zi4-275. On indiquera."s'il v a lieu. le numéro de la liste d'lAU (voir n. g, p. r*). On ^ui"""-iri D et v.E le numéro des deux.inventairËsq"'â" 1. L'authenticité de ce traité peut être inféree/des "pnïàï"iI". citations g,l_"".do,T".".Cyrille d'Àlexandûï, Contra Jylianum (p.G. t;, tfilgnel. ll crte en elïet, com-mevenant du flepl rrpovolcr6 d,Alex_ le passageb96B_(Cf. oi. cit.,'p. 2àelî9,"",_:"Jr" lgland, zJbl, .quetquesphrases en 62SC et 7048. On lit ces'ciiations oans r'arabe, pespectivemcDt,p.T, l0_9, Z (le texte g, I est

Rrillnd); 5, 1-e';ts, t-6 iss, i-s. c*, f";;;u;;; :ilé,t*ti.t"r tont srgna.IeE par H. ltl. Grant, c

Greek Literature in thè Trea_ tr.inilate and C_yril^ContraJ-ulianum n, Journal of Thco:r": !: Iogrca. ètud.es,n.s. 15, {964 (p. 265_2i9lr,p. 2Zb_229,'oriils portent lesnuméroq B (derrxti.1, f . Oespri"itat", avecd,autrer !, textes attribués à Alexandre, signaléspar Grant, une similitude de méthode er de conten.r, auù lc ù fato ajoltent d" poiJ, cn faveur de I'authcnticité. 2. E. Zeller ne le mentionne pas parmi les çerlarcn Schriften d'Alexandre. 3. Dans deux manuscrits,i) Taschkent,23g5/g7(cat. lgg7l : t! _{. 9upelov, Sobranie vostotnyckruko'pisei-iiaà-;ii i;iri Uzbckc!9j_ls!, t. III, r ,, Târ"t"Là"t {955, ;. it_ ^P^hilosop"hie 24 et 73-7L (nor iB84-1898 et li6g) ; 2) T+hÀran,lrlet[rit aff

LXVIII

INTRODUCTION

en a été faite par Gérard de Crémone 1. C'est à ce texte que renvoie probablement le De Principiis 2 (no 31, v.Il). 3) De Princlpiis. La liste d'I.A.U. (no27)mentionne un traité sur les Principes d'u Tout (ou de l'Uniç,ers), selon Aristote. Le cod. Dam,ascenus BibI. publ. 48713 porte une note qui nous apprend que le texte grec en a été traduit en syriaque par f{unayn ibn lshâq, et du syriaque en arabe par le chrétien lbrahim 'Abd Allah. Avenoès cite cet écrit a, qui se présente comme une réponse à un correspondant anonyme (no 1, D, v.B). Le texte arabe a été édité et traduit par A. R. Badawi 5. 4) Réfutation de la critique de Galien contre la thèse d,'Aristote que tout mobile ne peut se mouçoir que pa,r un moteur. Mentionné par I.A.U. (no 21),

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(cat. 452) ; cÎ. M. T. DâniSpazùh, Fihrist-i Kitâbfâne-i ihdà 'iyi Âqâ-yi Saiyid Muhammad MeÈkât be-kitâbhane-i DâniËg Ë t - i t ' u Ë " a " , I i t r , T è t ' o " a n , 7 3 3 2 1 7 9 1 4 , p . 3 6 5 - b 7 3 ( n o E4 5 0 461,|. f. Éaite par G. T}'éty, Alexandre il'Aphrodise... p. 92-97. Cl. R. W. Sharples, r Alexandcr of Aphrodisias On Time r, Phronesis 27, 1982, p. 58-81. 'inda 2. Le texte arabe ist édité par A. R. lladawi, Àristû 'l-'Àrab, L e C a i r e , 1 9 4 7 , p . 2 5 3 - 2 7 ' 1. L a m e n t i o n d u D e t e m p o r e , 'l-zamàrr, se lit fi p. 264, 4-5. 3. L'édition de Radawi est Iaite d'après cette seule copie. On connaît aujourd'hui d'autres copics de ce texte : Scorialensis ar. 798, fos 103v-l13v ; Taschkent 2385/92 (cat. 1889) i Constan' 7279, los 54r-58v. Voir également tinopolitonus Millet-Jarullah J. van Ess, r Ueber einige Fragmente... ) (voir p.60' n.2)' p. 150, qui renvoie à I'hypothèse de S. Pinès, selon qui une àutre veision du même texte, par Abû Ulman al-DimaÈqi, p - ourrait exister; cl. S. Pinès, lsis 52, 1966, p. 42-43' et n. 1. Grand Commen4. Averroès, Tafsïr mâ ba'd a!-!abi'at (: taire sur la Mêtaphgsique), livre À, p. 1405, 1 Rouyges. 'inda 'l-'Arab, p.253-277, 5. Texte : A. R. fladarvi, Àristû Tradrrctiorr : À. R. Badawi, La transmission d'e Io philosophie g r c c q u ea r t m o n d e a r o b e , P a  s , V r i n , 1 9 6 8 , p . 1 2 1 - 1 3 9 . L e t e x t e pourrait ôtre amélioré par le collationnement des autreg manusc r i t 8 , e t o n c o r r i g e r a i t , d e c e t t e f a ç o n , l e s P a s s a g e sd e l a t r a d u c tion qui font contre-sene,

QUAESTIONES EN ARABES

LXIX

ce traité a été édité et traduit par N. Ruscnpn et M . E . M e n r ' r u n e 1, ( n o 2 8 D , v . E ) . 5) Réfutation d,e Xénocrate, sur la (question) qu" l'espèceest antérieure au genre,et antérieure à lui il,'une antériorité naturelle. Ce texte est signalé par I.A.U. (no 39), sansla mention du nom de Xénocrate (no 4 D) ; édité par A. R. Badawi, et traduit par S. Pinès 2, qui étudie la portée de cette réfutation. 6) Réfutation de Ia thèse d.e Galien sur Ie possible. Mentionné par I.A.U. (no 22), ce texte n'est conservé q u e p a r s o n d é b u t , d a n s l e S c o r i a l e n s i sa r . 7 9 8 , f o 5 9 v . L a p a g e e s t t r a d u i t e p a r N . R e s c h s e re t M . E . M a r mura 3 (no 11 D). 7) De Ia conçersion iles prémisses. Dans la liste d'I.A.U. (no1t),le texte est édité par A. R. B.rorwr a, d'après la copie de Taschkent 5. L'hypothèse de J. van Ess (nô 36), qu'il s'agirait d'rrn i""gr.rent du Commentaire aux Premiers Analytiques 0 n'est pas confirmée. ,r/ 1, Yoi" p. vrr, n. 2. Une étudeen a été faite pay.,S.Pinès,

art, cité, p. xlvr, n. 3. 2. Cf. A. R. Badawi, Aristû 'inda 'l-'Arab, p. 2&1-282.S. Pinèe, t A New Fragment of Xenocrates and its Implications r, Tranlactigns of the Arnerican Pltilosophical Soiiety, New Series, 5t (2), 1961, p. 1-34. Une traducfion allemande a été donnée par J. van Ess, en appendice à.I. Krâmer, r Aristoteles und die akademische Eidolehre t, Arahie fûr Geschichte d,er philosophie, 55, 1973, (p. 119-187), p. 188-190. Ksanùkrâtis se lit dans le ms. contrairement à ce quc transcrit Badawi : Ksûkrâtis -, seul le point diacritique marquant le ( n ) manque, remarque J. van Esi. Voir ma à p"opos d'Herminoi, p. *rït, "ei-rarq,re n. 2. 3. N. Rescher & M. B. Marmura, op. cit., p. 69-?0. On notera, à ce sujet I'erreur de la liste de À. Dietrich, p. 96, no 11. La mauvaise pagination vient de I'absence du àébut du trait6 suivant i;42; Que toute cause séparée est dans toutes les choses,et norl pas d,ans une seulement, ne sont pas d'Alexandrc, r:t qu'ils appartiennent à une tradit i o n n é o p l a t o n i c i e n n e . 7 8 : D e I a m . é l a n c o l i es, i l e t i t r e e s t e x a c t mais on pourrait y voir une faute pour r théologie r (?) - pourrait traiter d'une question relative au caractère, ou plutôt, peut-être, d'un problèmc médical (?), comme le no 44: Des maldies qui eurviennent au cardia. Ën ce cas aussi, on est en droit de mettre en question I'authenticité.

DATE DU DE FATO

De fato, 10,3-L1",7,a son parallèle dans le mêmo Opusculwn, L85, 1,4-33. De fato, 47,L2-LB, a son parallèle dans le De fortu.na dt De anima lib. alt. (no 26), L77,95-L7g, S. De fato, 57,1,-4, a son parallèle dans le De proçid,entia, dont nous n'ayons plus que la version arabe 1.

Cne.prrne II LE

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FATO

A,. t. -

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IMPERATORBS

Authenticité et date.

il'Aphrodise,,,p. 28 1. On sait que Paul illoraux, Aleoand're

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2. -

Àutlrenticité du De fato.

De I'authenticité du De fato, il n'est pas possible de douter. L'attribution à Alexandre d'Aphrodise figure dans tous nos manuscrits. Eusèbe de Césarée, Cyrille d'Alexandrie, Méthode et tous ccux qui I'ont cité l'attribuent expressément à Alexandre d'Aphrodise, et jamais aucunc critique n'a été élevée contre eette attribution. On peut ajouter à ces remarques, comme indices en faveur de I'authenticité, les parallèles qui se rencontrent dans le De an,ima.Iiber alter 1, et les correspondances doctrinales avec le De Proviilentia 2, Alexandre ayant à cceur de se répéter, imitant par là consciemment un procédé de méthode qu'il déclare trouver chez Aristote 8. Le passageDe fato 3,5-4, 1", a son parallèle dans L'Opusatlum(De anitrta liber alter no 27) 1"79,26-180,t.

et 142, examinant surtout les traités psychologiques, a émie des petits textes qui constituent dcs doutes sur I'authenticité le prétendu De onima liber alter, or Llantissa, ainsi que les Quaestioncs. Sans qu'on puisse I'a{Iirmer pour chacun d'eux â\'cc unc ég:rle cortitrrde, ces traités, dans leur majorit6 - car pourraient bien être il y a qrrclqucs attributions inducs -, I'ceuvlr' d'Âlcxandrc lui-rnôme. Voir ci-dessus, p. Lxrrr-Lxv. 2. L'orrvrage cst perdu en grec, mais sa version arabe, éditée o t t r a d u i t c c n a l l c m a n d , e e t a c c e s s i b l e ,v o i r c i - d e s s u r p . r , x v , n . 3 , LexLc arabo 91, 5-6, 3. De. Proridrnlia,

LXXV

a

Date de la composition du De fato.

Le traité est daté, comme nous I'avons vu, pgl la dédicace aux deux Empereurs Septime Sévèyé et A_ntonin Caracalla, ce qui situe la compositiory'entre 198 et 209. C'est probablement à Rome eue pe livreprésent doit être envoyé. Il se peut qu'A'Ielandre ne sache point dans tous les détails les déplacements de I'Empereur. On sait que Septime Sévère est rarement à Rome ; mais il revient d'Afrique du Nord vers 203 2. Cela ne signifie pas que le De fato n,ait pu être antérieur à cette date, et cela ne permet pas davantage de dater la nomination d,Alexàndre a la chaire de philosophie péripatéticienne s. On ne peut donner une date précisepour la rédaction ùu De fato. Mais le vrai problème est celui de la datation relative, à I'intérieur de l'æuvre d'Alexandre d'Aphrodise. Nous ne savons rien de la date de composition des autres ceuvres de I'Exégète ; il conviànt 7. Id., 75, t-5. 2. ^4. Birley, SeptinriusSeverus,Londres, 1g71, suqeère

que Septime Sévère, après avoir passé I'hiver à Leptis Màina. est rentré en ltalie < pcu avant le 10 juin 209 D (p. i21). 3. Àu début de I'année 1g8, Septime Sévère est en Méso_ potamie (4. Birley, op. cit., p. 20)), d,ori il passe ensuire à aller, en 199, en É,gypte (id., tplTf"l.pour i.208 er n. l). E n . 2 0 . 2 ,i l e s t à A n t i o c h e , a v e c À n t o i i n , s o n n t . â i " O 1 ; a . ,p . i t i i - , mais il retourne sans doute à Rome dès avant le mois lt'a.r"ii, car le 9 avril est le début de la dixième année de .or, Lss dccennalia lurenr célébrées à Rome (fd. p. 2i5), "èÉme. SdiÀru ropartit très vite pour l'Àfrique "t

INTRODUCTION

DATE DU DE FATO

d'essaver de déterminer à quelle époque de ea vie Alexandre a Pu écrire soî De fdto' lesquels C'est I'un de ces < traités personnels ' par Le d'Aristote' Alexandre complète I'enseignement le comme De rniationet De anima, le De^Provid,entia,le qu'Aristote de problèmes De fato, traitent en effet do-n-t n'a pas complètement élucidés (De .anima), ou d'acuité pris n'ont qu'ils parce p". euï traiter, ii "'à qu'après sa mort, soit à I'i.ttérieur de son école' soit d'autres écoles, en particulier du l'^pp"rition "-',.".' Stoîcisme. philoAlexandre fut avant tout un professeur de d'Arisun cornmentateur donc so;hie péripatéticienne' 1' toie. Son enseignementlui valut le surnom d'Exégète ses Il est, pa" srriie, vraisemblable qu'il n'a composé l'inventaire fait avoir. ( qu'après > personnels o,rlr."gË, 2' à. t'Ënrrr" d'Aristote, après I'avoir commentée Il est vrai qu'Alexandre n'a sans doute pas commenté du Stagirite' On peut accorder qu'il io,,, t., orrl ""g", a donné une ;égèse de tous les traités del'Organon' et qu'il s'est iniéressé de près aux enseignements qu'il ait pfryËq".t du Stagirite. Il est moins sûr les questions pris le teàps de commenter i"*"iJ La rédaction des commenethiqu.s et politiques. -être contemporaine de I'enseignement' dû t"i.r, " est vrai que la nomination par le pouvoir Bt s'il impé"ial à la chàire d'enseignement péripatéticien récompensait une carrière déjà à Athènes féconde et renommée, on doit penser que le De fato a été écrit après la plupart des commentaires' Il n'est pas déraisonnable d'a{Iirmer que le trâité n'est Du d,estin àt d'e ta liberté dédié aux Empereurs

pas le premier ouvrage d'Alexandre 1. Ce n'est pas non plus un ouvrage de jeunesse : la rigueur de la démonstration - malgré les critiques qui en ont été faites 2 -, l" technicité de Ia langue montrent que I'auteur est un maître. Tout nous incline rnême à penser que I'ouvrage appartient au moins à la période de pleine maturité de son auteur. Certains arguments peuvent être invoqués. Quelques notations, dans le premier chapitre, confirment le caractère tardil du traité. Remerciant ses bienfaiteurs, Alexandre leur attribue des faveurs nombreuses et répétées3. Sans doute, l'æuvre estelle présentée comme les < prémices r 4 des fruits de I'activité de leur auteur. Mais cela signifie seulement qu'il s'agit du premier ouvrage rédigé par Alexandre depuis sa nomination ; de plus, il s'agit là d'une comparaison qui se poursuit, et iI ne faut pas attacher au mot un sens chronologique. D'ailleurs, le traité ainsi dédicacé n'est qu'un ouvrage parmi d'autres dont Alexandre est aussi I'auteur, et il le laisse enten-

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ch. I, p' r-rrret n' 2' 1. Voir ci-dessus, a justement i. P. Mo"urr*,Alenanilràd'Aphrodise"'p' 21'poetérieur au onima ne pôuvait-.êtreque -J"t.o ;;l;b; commentâiro,

perdu,

du Dc

dnimo

d'Aristoto'

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l. C'est ce qu'on lit, sans arguments, dans la Biographie géttérale de Didot, Paris, 1857. 2. A. A. Long, ( Stoic Determinism and Alexander ol >, Archiv fùr Geschichte der Àphrodisias De Fato (I-XIV) Philosophie 52, L9"10, signale pétitions de principe (p. 250, 253), clitique superficielle (p. 252]r. P. Donini de son côté insiste sur l'incohérence d'Alexandre dans le De fato, ou il découvre une double attitude à l'égarcl du caractère : exprimant la nature innée, hêréditaire et donc déterminé, dans la première partie, ch. 2-6, il est montré avcc insistance comme perméable à l'éducation et modi{iable, darra toute la srrite du traité ; voir Tre Studi..., de la p. 158 à la fin. Il nous fatrdra revenir plus loin sur ce jugernent. toutefois pas exclure Ia 3. ro),).d,xuç I,6. Il ne faudrait flatterie courtisane de la part d'Alexandre, encore que de la part d'un homme mûr et estimé on puisse assezmal comprerrdre une attitude de ce genre. texte du cod. V, d.n' &91iq, que 4. &ttapyil 1,12. Le lisait aussi le traducteur médiéval (a principio\ a é1é corrigé en dæapfiv par l3essarion. C'est le mot qui a probablement amené à juger que le De fato pouvait être la première æuvre d'Alexandre. Voir ci-deseus n. 1.

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dre 1. Si I'auteur dédie cette æuvre aux Empereurst c'est parce qu'ils lui ont fait I'honneur de le placer à la tête 2 de la section péripatéticienne de l'école d'Athènes 3. Une telle promotion suppose que son bénéficiaire enseignait depuis quelque temps déjà : cet enseignementet les commentaires qui le perpétuent I'avaient rendu célèbre et digne de cet honneur qui ne pouvait être accordé qu'aux maîtres reconnus. Peut-on aller plus loin et préciser une date pour la composition du De fato ? Rien, jusqu'ici, ne permet de fixer ce point. A titre d'hypothèse' on pourrait admettre que cet ouvrage, oîr est réfutée la thèse la plus pernicieuse des Stoïciens ne saurait être de beaucoup postérieur à 198 a : Alexandre apporte là xaprrôv164, 10 Bruns; 1, 12. t. r6v flpr,erépcov 764, 14, désiglerait æpototap,ar,, 2. Bntendonspar là que -,

l;

À

INTENTIONS ET STRUCTURE

INTRODUCTION

qutune simple_ nomination. Il est plutôt une < promotion vraisemblable qu'il n'y avait pas qu'un seul maître pour assu-rer I'enseignemcnt de chacune dcs quatre grandes écoles de philoprobablement' comme c€ sophie. Les études comportaient seia le cas plus tard, par exemple dans I'école platonicien-ne, et comme ôe devait être le cas dans les études médicales, plusieurs degrés qui s'adressaient à des < étudiants I de niveaux àifférents. Les néôessités pédagogiques imposaient une pluralité de maîtres, et d'assistants. N'était-ce pas le rôle qu'avait joué Àristotc lui-même, dans l'Àcadémie de Platon,_ lorsqu'il postmeridianis scholis iut clrargé d'enseigner la rhétorique, (Quintilien, Inst. oi. III, 1, t4) ? Voir ma note sur Gryllos, Reçue Philosophique,1957, p. 354. Diogène Lacrcc, V 37, nous dit que I'enseignement de Théophraste avait été suivi par environ deux mille disciples : àaortpr6lv aùtoû çr,a04tal rrpôç ôro1'),['ouç &rcilvi, ce qui limite la valeur de I'hypothèse.

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INTENTION POLÉMIQUE

INTRODUCTION

remarqué le fait, dans sa préface à l'édition d,u De anima : alors qu'Alexandre argumente contre les Stoïciens (multos ad,c,ersariosinter quos primurn Stoici Iocum obtinent), nulle part il ne cite un seul nom (ita pugna,t, ut nomina eorurn taceantur) ; le mot Xrod, n'y apparaît que deux fois 1. Aucun des textes qui constituent le prétendu De arLima liber alter ne donne le nom d'un Stoïcien. A peine peut-on mentionner, parmi tous les autres textes de cette nature, le nom de Chrysippe, cité dans le De mistione 2, celui de Zênon de Cittium, dans le De Proçid,entia!. Il n'y a pas, ce semble, de raison cloctrinale au silencc d'Alexandre : la doctrine stoïciennc cst bicn visée dans le De fato, mêmc si la réfutation, d.vrd\o1[,a, peut avoir une portée plus étcndue. Une précaution, liée au respcct de la pcrsonnc impériale, au moins dans l'image de son prédécesseur Marc-Aurèle, est vraisemblable. On pcut égalcment fairc I'hypothèse rl'un motif politique qui, pour n'êtrc pas cohérent avec I'attitudc à l'égard dr' la pcrsonne dc I'Empereur, trouverait sa justificat.ion dans un trait presque 1. Alexandre d'Aphrodise,De anima (Suppl. ar. II 1), P. x.vr. 2. De mirtiona,ed. Bruns,273,7 i 216,8-9. 14; 218,9.10. Ce traité, il est vrai, est expressément consacré à la réfutation de la théoric stoicienne d1 u mélarrge total r, xp&,or,6tr,' 6lcov. On remarquera toutefois que la tradition manuscrite de ce traité est indépendante dc celle du < corpus r qui nous donne la plus grande partie des autrcs ( écrits personnels ) - à l'exception dt De Provid,entia eI de quelques Quaestiones -, à savoir le codex Vcnetus Morcionus gr. 258 (coll. 668). 3. Passagecité par Cyrille d'Alexandrie, Contro Julianumll, col. 596 l\ligne : gavepôç ôè Zilvr,rv te ô Krrtr,eùç xal o[ &rcà tiç Eto&ç æpeo6eÛouorô6ypa toûto. Que cette phrase appartienne à la citation d'Alexandre, contrairement à I'interprétation qu'implique la présentation typographique de l'édition, est conlirrné par la version arabe ; malheureusement, H.-J. Ruland, op. cit.,9, 1, n'a pas su lirc le texte. Je comprends : a il est évidcnt que partagent cette opinion Zénon de Citium et les StoÏcione r. Comme souvent, loe copietes arabes n'ont pes su trantctire lcg norns propres.

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constant de la politique impériale au cours des premiers sièclesdc notrc èrc. Que les Stoîciens aient pu apparaître comme des opposants à I'Empire, et, comme tels, être I'objet d'une certaine méfiance de la part des responsables de I'administration impériale sous les Sévères,on peut I'induire de quelques pages de la Vie d,'Apollonios d,e Tyane que Philostrate rédige pour I'impératrice Julia Domna 1. Philostrate évoque longuement le voyâge de Vespasien en Égypte, et rapporte un entretien que I'Empereur aurait eu, en présence d'Apollor)ius, avec Dion et Euphrates. Vespasien, après avoir passé en revue la politique des mauvais empereurs, Tibère, Galba, Claude, Néron, Vitellius, demande à ses interlocuteurs des conseils sur la gestion de l'Empire, 6æoç 8eï &pXer,v. Lc premier à prendre la parole est Euphrates, qui termine son propos en conseillant à Vespasiende mettre fin au gouvernement d'un seul, à I'Empire, et de rendre aux Romains la démocratie, afin de restaurer la liberté 2. Or cet Euphrates est un Stoïcien, comme le montre Ie vocabulaire que Philostrate place dans sa bouches. Il s'agit en elïet, selon toute vraisemblance, d'Euphrates de Ty", mort en 118, dont Pline le jeune fait un éloge dithyrambique 4, et connu pour avoir été disciple de Muso1. Philostrate,The life of Apolloniusof TyaneTudvea

'Arrol,lôvr,ov -

tù èCtèv

ed. Ir. Conybeare, Londres, Loeb Series,

1948, I 3, p. 10, 2-10. 2. Id, y 33, p. 540, 26-542,3 : naûe g.ovcrpl[crv, nepl {ç totclûtcr elpnxuq, ral ôlôou 'P; I gulooogla r) xcctà grlolv est une manière de viser le (iv xatù gûolv des Stoiciens. 4, Pr.rxe, Epist. I 10. On notora cepondant les jugoments opposésds Pline et do Philoetrato sur lo oaractèrs d'Euphratea,

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INTRODUCTION

nius Rufus. Cependant, alors que Dion n'est pas loin d'approuver ce que dit Euphrates, il n'ose pas en accepter la conclusion. Mais Apollonios de Tyane réfute avec force l'exposé d'Euphrates, et engage Vespasienà garder I'Empire. Ainsi la thèse stoïcienne est-elle réfutée. On pourrait se contenter de penser qu'il y a là un récit historique qui rapporte simplement un événernent du passé; et il vrai qu'une bonne part des faits relatés par Philostrate, dans cette Vie d,'Apollonios ile Tyane, sont des relations véridiques, qui ont tout le caractère des récits de I'histoire. Mais, si I'on considère que dans le cas présent, il s'agit d'un d,iscours mis dans la bouche d'un Stoïcien, et qu'il est invraisemblableque ce discours soit intégralement reproduit, si I'on tient compte de la destination de I'ouvrage r, on sera conduit à interpréter le contenu de I'exposé, m i s a u c o r n p t e d ' E u p h r a t e s s o u s V e s p a s i e n ,c o m m e ayant la même portée au temps de Septime Sévère. La doctrine stoïcienne, qui a pour conséquences politiques une apologie de la démocratie, dont la Iinalité est une restauration de la République romaine, se désigne comme une ennemie de I'Empire. L'Bmpire s'est opposé aux philosophes à plusieurs reprises, en particulier âux Stoïciens. Sous Vespasien lui-même, en 7L, les philosophes furent condamnés à I'exil, et si Musonius Rufus fut exempté, à titre personnel, de cette mesure, ce ne fut que d'une façon provisoire. Une vingtaine d'annéesplus tard, Domitien, en 92 ou 95, chasse de Rome les philosophes2. Les ('ncoro (lue, ch. 39, Philostrate montre Euphrates capable de r l o m i r r c r s : r c o l è r ' e ,e n v r a i S t o ï c i e n q u i s a i t d o m i n e r s e s p a s s i o n s . 1 . X I ô r r r cs ' i l c s t v r t r i q u e P h i l o s t r a t e n ' a i t a c h e v é s o n o u v r a g e c 1 u ' n p r è sl r r r l i s p : r r i t i o r rd o . I u l i a D o m n a . 2. Orr ryui_rrousa pcrmis de conset'ver une partie de I'enseilanornr]rl rl'll)pictète qui, retiré à Nicopolis, eut comme auditeur Àrrierr, arrqrrcl rrorts dt'r'orrsleg Iintreliens.

T N T E N T T O NP O L É M T Q U E

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LXXXTX

Stoîciens inquiètent, parce que leur doctrine conduit à condamner les inégalités qui fondent la hiérarchie, et I'esclavage, dont l'économie ne saurait se passer, d'une façon plus immédiatement dangereuse, les Stoïciens refusaient de voir dans I'Empereur autre chose qu'un homme 1. Tout au long de ses Pensées, Marc-Aurèle insiste sur son humanité 2, et refuse de t de la question du destin. La seconde partie sera consacréeà justifier la conception exprimée dans les chapitres 2-6. Mais la méthode misc en ceuvre paraît déconcertante, et I'auteur lui-mème semble être conscient de cet aspect. Peut-être n'y a-t-il pas là une démarche tout à fait 1. On trouvera des analyses, sur certains point détaillées, dr De fato, dans G. Verbeke, < Âristotélisme et Stoicisme dans d'Aphrodise t, Archiv fiir Geschichtc le De foto d'Alexandre der Philosophia, 50, 1968, p. 73-100 ; A. A. Long, r Stoic Deterr, dd. minism and Àlexander of Aphrodisias Do fato (I-XIV) 52,7970, p.247-268; P. Donini, Tre Sndi... p. 158-185.

XCII

STRUCTURE DE L'OUVRAGE

INTRODUCTION

neuve, elle ne paraît pas, en tout cas, aristotélicienne. Le lecteur en a été avert,idès l'introduction 1, et les premièr'eslignes du chapitre 7 rcprennent des mots d é j à u t i l i s é s2 , e n a p p o r t a n t d e s p r é c i s i o n s . I l s ' a g i t de rnont.rcr la solidité de la doctrirre exposée rnodo aristotelico dans la prernière partie, en lui opposant l a f a i b l e s s ee t l e s a b s u r d i t é sd e l a t h è s e c o n t r e l a q u e l l e ellc s'allirnre. En mêlant à I'exposé des raisons les opinions contraires, Alexandre pense à la fois rendre plus manifeste la vérité de la conception aristotélicienne, et éviter des redites. Il y a là, sans doute, un héritage de la diatribe, car Alexandre n'hésite p a s , e n p l u s i e u r s p a s s a g e sà, d o n n e r , p o u r a i n s i d i r e , la parole à I'adversaire,en exposant ses arguments. Toutefois, le traité étanb une ceuvre écrite avec soin ne présente nrrllement les traces d'un dialogue o u l a v i v a c i t é d ' u n e d i s c u s s i o nq u i s e r a i t r a p p o r t é e ou imaginée. Par suite, les traits qui frappent le lecteur des Enlretiens d'Épictète ou des Ennéad'es d e P l o t i n s o n t a b s e n t sd e l a s e c o n d ep a r t i e à u D e f a t o , Mais peut-être est-il inexact de voir là une influence de la diatribe sur Ale-xandre. Ne serait-il pas plus exâct de considérercet aspect du traité comme la marque du type même de problème traité ? Et si l e p r o b l è m ep h y s i q u e d u d e s t i n n ' é t a i t p a s u n p r o b l è m e < scientifiqrls u, mais rrn problèIne < doxique l ? La m é t h o d e a l o r s n e s a u r a i Lê t r e l a d é m o n s t r a t i o n s v l l o gistique rigoureuse reqrrise dans cette perspective; il faudrait appliquer la méthode dialectique, celle que définissent les Topiques d'Aristote. Et il semblerait que ce soit là la rnéthode du De fato, oir la référence fréquente aux a notions comlnulles rr3 détermine ) , 11-77. t . V o i r D e f a l o ( p . 1 6 5 ,1 - 1 rI,J r u n s 2 (2, 2. l'. 177,18-22,Ilruns,11,23-12,2. Les mots>, soit enfin qu'il intèrorète -- hrimême ou sa source - la thèso en vue d;en facilitàr la réfutatiou.

est indépendante de toute cause extérieure à I'agent, elle n'a pas sa cause dans les circonstances,mais elle (ch' L5-)' a justernerrt -Dangers I'agenL lui-même pott principe du I'universalité de thèse pratiqttes dc Ia Alexandre, selon croyance' d,estin(ch. I6-2L). Une telle ne peut que contluire à un bouleversement total de la vie liumaine. Les valeurs éthiques et religieuses ( p r o v i d e n c e ,p i é t é , d i v i n a t i o n ) s o n t b a f o u é e s( c h ' 1 6 les tenants mêmes de cette thèse ll).D'ailleurs, ne tiennent pas compte de leur propre doctrine dans leur pratique (ch. 18). En particulier, ils admettent qu'il y a des actions mauvaises qui méritent punition, .o**" si leurs auteurs étaient libres (ch. t9). La thèse, soutenue contre les évidences'aurait pour conséquence de rendre I'existence invivable (ch. 20). C'est que, à supposer même que la liberté soit une hypothèse i.rr.r.rttottt"ble, c'est du moins, du point de vue de I ' e x i s t e n c e ,l a m o i n s d a n g e r e u s e( c h . 2 t ) . Les considérations qui précèdent paraissent' aux yeux de certains, traîner en longueur et être répétitives 1. Et cependant, Alexandre procède pas à pas' en changeant de point de vue et d'argument, et s'e{Torce de montrer que totrs les moyens Par lesquelssesadversaires prétendent concilier leur doctrine de I'universelle fatalité avec le langage de la liberté ne sont que faux-fuyants sans valeur. I)estin et causalité.

XCVIII

INTRODUCTION

condition et du réel, et de la science (49, 17-25). En fait la solidarité des causes qu'allirment les adversaires n'a nullement la rigueur qu'ils imaginent : un désordre local n'entraîne point la ruine du tout (ch. 25). Liberté h,um,aine. L'initiative d'un agent, qui est cause ( principale u de son action, ne risque pas de compromettre I'ordre du monde, et on peut I'admettre sans violer le principe fondamental de la physique. Les adversaires prétendent conserver la liberté, mais ils refusent de ia considérer coûIme possibilité de choix entre des contraires (ch. 26). La nature, certes, limite la liberté, qui ne peut s'exercer qu'en fonction d'aptitudes ; mais ces apti' tudes, nous sommes libres de les faire fructi{ier ou non, ce qui définit la liberté à son principe (ch.27)' Bt tous les humains sont en mesurer au principe, de devenir vertueux : la rareté des sages n'est pas fatale (ch. 28). La liberté consiste dans le fait, pour I'homme, d'être le principe de ses actions. Mais il possèdedes aptitudes que I'exereice va transformer en dispositions : son action sera désormais déterminée, comme vertueuse, ou comme vicieuse, dans sa forme générale, non dans le détail. Mais là aussi, elle est fonction de la liberté qu'il a assuméeau principe. Si I'action présente quelque < flottement ) possible, c'est que nous sommes dans un univers qui présente de la contingence, I'action est de I'ordre du ôç èæicô æotrÛ(55, 22-56,5). Cette variabilité des actions est la raison pour laquelle les devins ne précisent pas dans le détail ce qu'ils anrroncent, en particulier en évitant de préciser les temps (ch. 29).

STRUCTURE DE L'OUVRAGE

XCIX

Préilestination et liberté. Mais les dieux ne prévoient-ils pas I'avenir ? On ne saurait ôter la prescienceaux ôtre divins. Alexandre cependant ne pense pas qu'il appartienne à I'essence divine d'être toute-puissante : il y a des limites, en quelque sorte logiques, à la puissance divine. Ainsi, l'impossible existe pour les dieux comme pour nousmêmes : ils ne peuvent faire que la diagonale du carré soit commensurable avec le côté, que deux et deux fassent cinq, que ce qui a été n'ait pas été (57, 1-5). Or, les adversaires estiment impossible qu'il y ait du contingent, c'est-à-dire ce qui a égale possibilité d'être ou de ne pas être, par suite la presclence divine ne peut concerner que le nécessaire-.La prescience divine est donc limitée. Si I'on refuse cette conséquence,il faut admettre que les dieux connaissent la mesure de I'infini, et admettre qu'il y a là un possible. Par suite, admettre que les contingents sont tels dans la puissance divine, et que par suite tout n'est pas nécessaireI tout n'est done pas fatal. Ainsi I'argument conduit à des contraclictions la thèse adverse elle-même (ch. 30). y u certes prescience divine, qui n'implique pas ll universelle nécessité, mais aussi utilité ae la àivina- qui permet à I'homme de se prémunir contre lion l'éventuel. Tandis que I'interprétation que les adversaires donnent de la tragédie de Laiui et d'CEdipe montre, et que la divination ne sert à rien, et qu,Apollon n'a pas été seulement un avertissen", ,rrais arrssi un agent, et comme tel qu'il a été à I'origine des actions les plus abominables. Les fables ainsi interprétées donnent des- dieux une image plus impie que ne le font les Épicuri.rr. urr*-rnàrrr"* (.h. Bl). Les dieux sont incapables de mal faire, car ils ne sont pas vertueux au même sens que les humains. L a v e r t u d i v i n e e s t I ' e s s e n c em ê m e d e s d i e u x . e l l e

C

LA QUESTIONDES SOURCES

INTRODUCTION

n'est pas, chez eux, acquise. La liberté est de I'homme (ch.32). Dans une d,ernièrepartie, Alexandre met en cÊuvre une autre méthodc : il examine successivernentles arguments de ses adversaires (stoiciens), par quoi its pensent justifier leur conception de la liberté comme expression de la nature propre de I'agent, les actes libres s'insérant cependant dans le déroulement fatal de tous les événements. Le premier argument, déjà évoqué, est cette fois en situation polémique : la notiorr de tendance, ôppil, est le principe de I'acte lilire, ce que ne comprennent p a s l e s s o t s q u i n e v o i e n t p a s q u e s e u l e ss o n t e n n o t r e pouvoir les actions faites selon la < tendance r, ôpp,i1, qui est nôtre. Mais ne faut-il pas, demande Alexandre, distinguer entre les actes faits par tendânce irrationrrelle, et ceux qui procèdent de la tendance rationnelle, c'està-dire de la délibération et du choix ? (ch. 33). Les adversaircs semblent accorder cette distinction, mais veulent sournettre la bendance au destin, tout en conservant louanges et blâmes, châtiments et r é c o m p e n s e sq, u i l o n t p a r t i e d e I ' o r d r e f a t a l . L à a u s s i , il convient de dénoncerI'erreur : si tout est soumis au destin, les actions, même rationnelles, seront I'e{Tet des circonstances,par suite tout sera nécessaire. Comment alors louer ou punir ? Nous ne louol.ls ou blâmons que celui qui avait choix entre le bierr et le mal. Même I'action fortuitement bonne n'est pas l o u é e .Q u a n t a u x d i e n x , i l s s o n t a u - d e s s u sd e s l o u a n g e s ; auteurs des biens, ils sont incapables de mal agir (ch.31r). Le raisonnement composé par lequel ils veulent nrontrer que le destin est principe de la loi, d'actions correctes et de fautes, récompenses et châtiments, louanges et blârmes, remplit tout le chapitre 35. ScuL' la longrrcur des argurncnts et I'accumulation

CI

des mots peuvent faire illusion. Mais en fait, comment a s s o c i e rd e s t i n e t l o i ? L e d e s t i n s u p p r i m e l a l i b e r t é d'obéir à la loi. Puisqu'il y a des louanges et des blâmes, il faut rejeter la thèse qui al)irme I'universalité du destin (ch. 36). Autre argumentation : ( sans destin, il n'y a pas de monde I sans monde, il n'y a pas de dieux. Mais les dieux sont principes de la vertu, de la sagesse,des actions correctes... Tout cela disparaît si I'on nie le destin >. A cela on objectera que la vertu humaine n'a rien de commun avec celle des dieux, qu'elle est sciencede ce qu'il faut faire et ne pas faire, ce qui implique la simple possibilité ; et par conséquent, il faut nier l'universalité du destin (ch. 37). On ne peut réduire la liberté à la tendance propre à chaque être (ch. 38). La conclusion (ch. 39) s'adresse aux dédicataires et rappelle que la liberté, telle qu'Aristote I'entend, est principe de piété, de respect des empereurs, de vertu, C. 1. -

Problèmes posés par Ie tente.

La question des sources.

a) G,rr.rsx. Paul Moraux avait déjà souligné,Alenanilre d,'Aphrod,ise,p. 30-34, la différence entre la théorie alexandriste de l'âme, dans le De anima, et celle d'Aristote. Le caractère < matérialiste r de cette théorie consiste en ce que < l'âme naît du mélange des éléments r, ou plus exactement a du mélange des forces de ces éléments qui constituent le corps , t. Il y a là un point de vue qui n'a rien d'aristotélicien. Mais P. Moraux |. P. Moraux, Ale.randred'Aphrodise,p. 32 et n. 3, qni renvoieà I)e anima8, 22-9,3. oi 10, 14-19.

CII

INTRODUCTION

r. n'a pas recherché s'il y avait une source à cette thèse Il revient à P. Donini d'avoir découvert et identifié un texte qui contient des ressemblances avec celui d'Alexandre, à côté de di{Térences.C'est le traité de Galien u que les facultés de l'âme découlent du tempérament du corps > 2. Or, c'est également Galien que P. Donini retrouve comme I'une des sources dt De fato. L'ideotification du destin et de la nature est, certes, d'origine aristotélicienne, et sur ce point, il n'y a pas à faire intervenir une influence stoicienne 3. Aristote en fournissait le motif, et Théophraste est sans doute celui qui, le a. premier après le Stagirite, a développé ce point ll résulte, de cette identification que tout ce qui est fatal n'est pas, Pour Alexandre, nécessaire,puisque I'ordre de la nature, pour lui comme pour Aristote, n'est pas celui de la nécessité, mais celui du < plus 5. C'est pourquoi il souvent n, ôç èzri tà ætreÏocov peut y avoir du < contre-destin >, æapùciv e[g.apçr.év1v, comme il y a du < contre-nature ,, zrapà9Ûor,v. Ce par guoi cette thèse est illustrée est notable : les événements subis par le corps sont conforrnes à sa constitution, oÛotaouç,le plus souvent' mais non Laval, 1. Ceoendant. dans sa conférence de l'liniversité P. Moraux rapproche la théorie d'Àlexandrc de l'âmc, comme puissance issuè'du mélange des éléments, des thèscs de Galien. Cl. D'Aristote à Bessorîon, Laval, 1970' p. 3?. 2. P. Donini, < L'anima e gli elemente nel d,e anitno di Alessandro di Afrodisia r, Atti ilella Accademia ilei scienze di Torino, II, {05, 7977, p.98-107, analyse le tr-aité de Galien, 6t -caiq toù oô1.r,crcoç-xpdo"o,u nl tlÇ- tl.,uxiç SuvctpeLq^8æovtar, ed' I' Mûllcr,' Galeni Scripta minora, II, Leipzig 1891. ai G. Verbeke, < Âiistotélisme et Stoicisme 3. L;hypothèse -De d'Aphrodise >, Archiç fùr -Gesdans le fato d'Alexandre chichte iler Philosophie,50, 1968, p. 81, est justement refuséc par P. Donini, Tre Studi..., p. 158-159. 4. Voir ci-après, Théophraste, p. crv-cvr. 5 . L a f o r m u l e d ' A r i s t ô t e ô c ê i L t à r r o À Û ,s o u v c n t r é P é t é e , par oxemplc, Bonitz, Ind. ar.618a 60-b11, devient, chez Aloxàndre, ôi Èæl tô rçteïotov dans la plupart tles ooeurrences,

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ET LE DE FATO

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pas nécessairementI de même les comportements exprimant le caractère viennent de l'âme, conformément à la constitution naturelle de I'agent 1. Il y a là, selon P. Donini, une trace évidente des thèses soutenues par Galien 2 : le parallèle entre les qualités naturelles et celles de I'âme, l'insistance sur I'idée d'une constitution naturelle de l'âme, propre à l'individu, l'allirmation enfin, selon Héraclite, que le caractère de chacun est la nature de I'individu. Cette nature doit être comprise, conlme chez Galien, comme la constitution innée, antérieure à I'influence de la vie sociale et de l'éducation 3. C'est d'ailleurs ce que confirme le dernier exemple donné par Alexandre, celui du physiognomoniste Zopyre et de Soerate. Si nos sources grecques ne permettent pas de préciser I'influence directe de Galien sur Alexandre, on peut, à partir de sourcesarabes, admettre qu'Alexandre a au moins lu et critiqué certaines des æuvres du médecin de Pergame a I et même, il a pu avoir avec lui des relations personnelles5. Toutefois, faut-il imputer à I'influence de Galien sur le point précis du rôle de la nature-destin dans le caractère de l'individu 6 une certaine incohérence dans le De fato, comme le 7. Dc foto 70, 73-77 : xatù ôà ràv aûtèv tpdrrov xal èæl

tîC {-uXîC eûpor, ttç d.v æapù dv guorxlv xcrrocoxeuiv Sr,agdpouq r.pd.,\e,.çxal toùç 1r,vog.éraç éxctot, zatà yévoç. Le mot yévoç ici ne doit pas être pris au sens technique de < genre r par rapport à < espèce r. 2. Voir De fato, 171, 7-77, Bruns; 8, 20 ciaprès. 3. ()icôron, ?'usc. IV 37, 80 ; De fato 5, 10. 4. Orr considérera comme connaissance dirocte celle qui provient d'urrc copie, complète ou non, d'un ouvrage de Cbryrippo; indirocte, cellc qui est due à des citatious ou rôsumés à I'intôrir:ur tl'æuvrce d'autcrrrs pour qui les nrotceaux de Chry-

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On penserait d'abord chercher des traces des écrits de Chrysippe dans ce qui nous apparaît comme des citations textuelles d'arguments formés de propositions hypothétiques. Or, il y a de tels arguments dans notre De fo.to. On a généralement admis, avec von Arnim 1, qu'étaient des citations textuelles de Chrysippe des raisonnements recueillis dans les Stoicorum Veterum Fragmenta,; en particulier les fragments du vol. II nos 984, 1003, 1005 2. Alexandre, conformément à I'anonymat de ses sources, qu'il semble avoir érigé en principe, les donne sans les attribuer à un auteur particulier. A. Gerche ne les a pas insérés dans le llepi eipr,app.év1q de Chrysippe 3, et J. B. Gould ne les mentionne pas dans son ouvrage sur -L@Philosophie d,e Chrysippe 4. Certes, ces raisonnements composés, qui mettent en æuvre des propositions hypothétiques, sippe pouvaicnt être soit des témoignages ou des confirmations de leur exposé, soit I'objet de réfutation. 1. On sait que Von Arnim, dans les Stoicorunt Veterum, Fragrnenta, a_ cru pouvoir donner uue place importante à Chrysippe,.qui est.dèvenu pour lui ,rne .o.ie de porte-drapeau de la doctrine, attitude qu'il attribue à Alexandrè d'Aphrôdise lui-.même. 11 s'en justi.fie dans sa préface : < ubi vero daia opera etoicorum doctrinam impugnat (sc. Alexander Àphrodisieniis), Chrysippum sibi adversarium diligit, cujus âoctrin"uib omnibus lere suae aetatis Stoicis receptam summa auctoritate florere- intellegeb_at >. D'ori une sorte d'impérialisme chrysippéen dans les SZF : < itaque non tcmere facere videbimu-^r, si omnia Alexandri de Stoicis testimonia, quae cum Chrysippea doctrirra non pugnant, ad ipsum Chrysippum rettulerimûs n. 2. Il s'agit des fragments imprimés en caractères droits de grand corps, dont Von Arnim, Praefatio, t. I, p. V, a fait des r citations textuellcs ,. II 984, p. 286, 42-29tt, B : De fato

50, ,0-51, 5; II- 1003, p. 295, 27-296, 10 : De fato "1,. ?6, 9 ! . q 5 , 6 ? , 1 7 - 6 8 ,1 3 ; I I 1 0 0 5 ,p . 2 9 7 , 8 - 2 3 : D e f a t o c h . ' 3 6 , 72. 79-73. 74. 3. A. Gercke, Chrysippea, Jahrbuch fùr Classical philologie, Suppl. XIV, Leipzig, 1885. _ 4. J. B. Gould, The Philosophg of Chrysippus, Leyde, 19?0. Il est-vrai_que I'au_teurlpplique avec rigueui le principe qu'il s'est donné dans I'Introduction, p. 1.

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INTRODUCTION

ont tous les caractères de raisonnements stoïciens. Toutefois, tels qu'Alexandre nous les présente' avec cette conrplexité et ce rôle, aucun autre témoignage ne nous confirme que Chrysippe pourrait en être I'auteur. On pourrait en faire I'hypothèse, mais il se pourrait aussi qu'ils viennent d'un stoïcien postérieur. En I'absence de parallèles, ou de fragments de ces arguments expressément attribués à Chrysippe, il n'est pas possible de voir dans ces longs raisonnements formés de propositions hypothétiques des citations chrysippéennes. D'une manière générale, d'ailleurs, on ne rencontre pas de textes rigoureusement identiques à ceux du De fato dans les fragments rassembléspar von Arnim, et expressémentrapportés à Chrysippe' On ne saurait donc, sans manquer à la prudence, a{Iirmer qu'Alexandre a utilisé directement des écrits de Chrysippe en composant son De fato. Cependant, d'autres æuvres antiques fournissent de Chrysippe des citations textuelles, avec référence à des ceuvresou à des parties d'æuvres 1. C'est ce qui peut permettre d'identifier, dans le De fato, même en I'absencede citations strictement textuelles, du moins des indices de l'utilisation des textes chrysippéens sans qu'on soit en mesure d'apprécier si I'Aphrodisien a eu en mains les textes mêmes dont il montre qu'il a eu connaissance,ou s'il se contente de citations. Lorsque Alexandre évoque Ia théorie (stoïcienne)du possible,qu'il discute, p. 19, 3-15, il donne là, en substance, une thèse stoTciennequi est probablement ccllc de Chrysippe lui-même. C'est du moins ce qui résulte de l'étude à laquelle s'est livré P. Donini, dont I'argumentation est convaincante 2'

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1. Je rr:nvoir: irux références donnôes d'abord par H. von Àrrrirn, .sYIr I II, p. 196, 9-16. 2 . I ) . f ) , r r r i r r i ,u C r i s i p p o e l a n o z i o n e d e l p o s s i b i l e > ,1 l i f i s t o d i F i ' Iologia e di istnlzion.-i[assica,50,1973, (p. 333-361), p.349-350.

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DESTIN ET NÉCESSITÉ

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D'autres détails pourraient fort bien provenir de Chrysippe, le commàntaire les signalera. d) Aurnns souncrs (?) Il est très probable que le De fato de Cicéron utilise, _ plus abondamment qu'il ne le signale. des textes provenant de la Nouvelle Académie-.Rien ne permet de p_enserqu'Alexandre ait pu alimenter ," ""itiq,ru des Stoïciens à des sources dË cette nature. Des réfutations comme celles de Carnéade et de Clitomaque ne. devaient guère lui paraître pouvoir étaver le* thèses r aristotéliciennes r. Or, là méthode âont il use vise précisément à mettre en valeur la doctrine d'Aristote, et non pas simplement à ruiner la thèse de I'adversaire. Le caractère constructif de I'examen auquel Alexandre prétend soumettre la doctrine du destin lui interdit de s'égarer dans les voies purement négatives où s'enlise I'attitude sceptique. 2. -

Destin et nécessité.

C'est une question de savoir si les Stoiciens faisaient une distinction entre destin et nécessité,qu,Alexandre paraît parfois confondre dans l,exposé qu,il attribue à ses adversaires. A en croire Cicéron, Chrysippe rejetait la nécessité,cunt et necessitatentirrpro\or)it, ce.pourquoi il s'e{Iorçait de distinguer entreles causes principales et parfaites, et les *,r.". auxiliaires et prochaines, mais il prétendait en même temps con_ server le destin 2. Cicéron range dans ,r., difiérent, d'une part Ies philosophes qui parlent""-p du destin au sens de nécessité, comme Démocrite, Héraclite, Bmpédocle, Aristote 8, d'autre part Chrysippe qrri 1. Cicéron,De fato, 78, 47. 2. Id., ibid.: ut et necessitatem.effugiat et retineatfatum. qui censerent ..3., !d.t17.,39.:-una(sc..sentential'àoium omnia

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INTRODUCTION

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DESTIN ET NÉCESSITÉ

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veut allranchir les âmes de la nécessitér. Mais Cicéron lui-même reconnaît que Chrysippe, malgré lui, retrouve la nécessité du destin, necessitatemfati2. Faut-il penser que ce refus de I'identification destin-nécessité n'est attribué à Chrysippe par Cicéron, ou sa source, que pour tenter de comprendre la doctrine chrysippéenne de la liberté ? Alexandre paraît exprimer la même distinction lorsqu'il attribue à ses adversaires, à propos de leur doctrine du possible, que les événements fatals, bien qu'inexorables, ne se produisent pas nécessairement, leur contraire étant en e{Ïet de I'ordre du < possible > 3. Mais, nombreux sont les témoignages qui laissent penser que les Stoïciens, et Chrysippe lui-même, n'avaient pas le souci de faire cette distinction. Ainsi : d,vci toû trdyou cilv tiÀ{0er,c,v,tiv aici,av, pr,ecaÀorg,6d,ver, ôvoprcrriv gûor,v, rlv civrilxlv, æpoorr,0eiçxai ârê,pæç

otq.ç...Stobée, Ecl. I, 79 (: SI/F II no 913, p. 264, 2t-23). Et : g,r28èv8r,agéperveïæe (ô Xpûor,zræoç)roù T héodoret, T herap. Y I eipr,æppr.évou "cbxarry æyxcropévov, L4, r. I, p. 258, 11-12 Canivet (: ^Sy,F II no 916, p. 265, 29-31). Voir aussi SVF II no8 923; 926... Alexandre lui-même, dès le moment oir il annonce la thèse de ceux dont il va opposer la doctrine fataliste à I'interprétation aristotélicienne du destin qu'il a exposée dans les chapitres I à 6, lcs présente comme ceux qui enseignentque tout se produit nécessairement et selon le destin 1. Qu'en est-il exactement ? Jfst-ce que les Stoïciens identifient destin et nécessité? est-ce qu'ils les distinguent ? E. Bréhier, qui penchait probablement pour la distinction 2, pensait éviter le problème en soulignant que ( la t nécessité' est un concept fort vague dans la philosophie antique r 3. Mais la théorie stoicienne du clestin n'est pas plus claire, car le destin est défini comme la concaténation des causes,conceptinn tr qui correspond assezexactement à ce que nous appclons aujourd'hui le principe de causalité , o ; toutefois, ( malgré les premières apparences,la théorie du destin (de Chrysippe) reste éloignée de notre déterrninisme u 5, car chaque événemerrt n'est pas tout

Aristotelcsfuit. L'aIttitia Democritus, Heraclitus,Empedocles,

bution de ce nécessitarisme à Aristote paraît étrange à qui connaît le rôle de la liberté du choix dans la vie morale. Cependant la physique d'Aristote a semblé impliquer unc telle doctrine. Je citerai, pour m'en tenir à celles-Ià, deux phrases de Thérop, : c, Archiu fiir Geschichte der Philomphie 52, 1970, p.247-268, est d'avis que les termes dvdyxzl et e[pr,cppév4 no sont pa8 Bynonymes. En quoi il a raison, ei I'on'voit dans la nécoseité cette nôces6ité de consécution mécanique

UNITÉ DU TEXTE

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par là s'explique que la souvcraine sagesseconsiste, pour I'individu, à coincider avec le Àôyo6 universel en pleine conscience,en lui donnant son assentiment sans réserve. 3. -

Unité du texte.

N'y a-t-il pas, entre la première partie d.u De fato, chapitres 2-6, et la secondc partie, chapitres 7-38, une certaine incohérence ? La première partie, en efÏet, traite cJela ruthoe ilu destin, du point de vrre aristotélicien. Dans la secondepartie, en nrême temps que la réfutation de la thèse de I'universalité du destin, il y a des développementsrelatifs à la liberté, rà èg' fpîv, telle qu'on doit I'entendre en suivant, de I'avis d'Alexandre, la doctrine d'Aristote. Bntre ces deux parties, d'intention simple, et de dimensions di{Iérentes, P. Donini a vu et souligné une incohérence, et même une contradiction r. Alors que, dans la première partie, en suivant Théophraste, Alexandre établit I'identité du destin et de la nature 2, et montre, par des exemples, que la vie de chaque individu est ainsi déterminée dans ses comportements comme dans sa fin par sa nature 3, son caractère, que les adversaires des Stoiciens projettent sur la doctrinc qu'ils rélutcnt. Il a sans doute tort, si cette nécessité est celle du dynamisme immanent, soit au mondc, soit à chaqrre être, à chaque corps. 1. P. Donini, Tre Stud,i... p. 171, écrit: < la seconda parte dcl trattato esiste e si giustifica unicamente perche la dottrina esposita nella prima parte è da Àlessandro abbandonata e contraddetta >, 2. Identiûcation qui a pour corollaire que le destin n'est pas la nécessité. De même que la nature est I'ordre de l' < ordinairement D, ôç êrl tô æotrr5,le destin, selon Alexandre, exclut la nécessité : il est I'ordre du ôç èrl tô æ),eiorov. 3. De fato, 10, 3-20. Le caractère, toutefois, n'est pas ontièrement donné par la nature. Il n'est pas héréditaire, mair il eo constituo pendant la croissance, en lonction du milieu, de l'éducation, des habitudos imposées par les circonetances.

CXVI

INTRODUCTION

UNITÉ DU TEXTE

dans la seconde partie, en polémique contre les partisans du destin, Alexandre se propose de montrer que l'homme est libre. L'homme qui possède la vertu parfaite, le sage, la possède non par don de nature, mais pour I'avoir acquise. De la nature, il n'a reçu que l'aptitude à acquérir cette sagesse.On ne peut plus parler, comme dans les exemples antérieurement donnés, d'un être plus ou moins doué par la nature : I'acquisition des vertus est en notre pouvoir, car c'est par lui-même que I'homme fait choix de cette acquisition et agit en conséquence1. D'ou la légitimité des sanctions : l'individu avait le choix entre Ie vice et la vertu. Le De /ato associerait ainsi deux conceptions inconciliables : celle d'une nature qui détermine totalement chaque individu, dont le caractère est le destin et celle d'unc liberté de choix entre vertu et vice. I)e cette contradiction, Alexandre cependant serait innocent : il I'a héritée d'Aristote. C'est en e{Tet la thèse mênre de l'acquisition volontaire des vertus, telle que la décrit le Stagirite, qu'expose Alexandre ; tandis que, par ailleurs, c'est déjà Aristote qui insistait sur le rôle de l'éducation et des habitudes dans la constitution clu caractère chez I'en{ant, qui serait ainsi façonné par le milieu, sans être lui-même au principe de cette constitution dc sa personnalité 2.

d'Aristote lui-même 1 I on ne saurait donc le tenir pour responsable des actions constitutives de ses habitus, Éler.ç,eI de son caractère. Faut-il mettre en avant cette dualité de point de vue pour imputer à Alexandre une inconséquence, qui est à la fois contradiction dans la doctrine, et maladresse dans la méthode ? 2 La première partie du De fato a pour propos positif de préciser la nature du destin, et seslimites : le destin-nature qu'Alexandre décrit laisse place pour le hasard et la contingence. La secondepartie est polémique : elle vise à dénoncer les arguties par lesquelles les partisans du destin tentent de montrer qu'ils maintiennent la liberté. Il convient de souligner I'ambiguïté du mot ( nature )). Les di{Térents ( types r de caractères qui entraînent les destinéesparticulières, tels que les présente Alexandre, découlent, certes, de la constitution particulière de chacun 3. Mais iI faut retenir deux aspects. Tout d'abord. cette fatalité de la destinée individuelle est de I'ordre du , tà rrleîov, de l'éducation, èx àrôaoxoùla6 (pour les vertus intellectuelles), des habitudes, È[ é0ou6 (pour les vertus morales). La contradiction, chcz Aristote, est soulignée par R. A. Gauthier et J. Y. Jolif, Aristote, l'É,thique à-Nicomaque,2e éd. 1970, t. II 1, p. 215-216 que cite P. Donini, Trc Studi... p. 175, n. 81.

CXVlI

1. Aristote, ,EiV III 4, 71L1b8-9 : roû p.èv1ùp éxouo[ou xal

æai8eç zal t&r).a (Qa xolv : il y a la nature première - à laquelle on peut donner le nom de tempérament - qui ne fournit que des aptitudes, plus ou moins faciles à éveiller. Il faut penser que ces di{Térences ont pour origine la matière, le corps. Cette nature première est, certes, principe d'actions, æpd,{er,ç, qui relèvent de I'ordre du < volontaire r, rô êxouoiov, mais ou I'agent n'a pas le rôle de principe rationnel. Puis il y a la nature seconde - qu'on peut nommer caractère, tr0oq -, qui est le fruit des habitudes, Ë01. Cette nature seconde, constituée dans I'homme, est a habitus r, é[,r,ç,principe d'actions, æp&ler,ç, qui, cette fois, sont vraiment choisies, et expriment la æpoaipeor,ç. Ce qui vient compliquer le schéma, c'est que la seconde nature n'ellace pas totalernent la première nature - elle ne fait que la compléter, sur certains points. L'acte de vision continue d'exister chez I'homme formé par la vie sociale et l'éducation : il est du même ordre que chez l'enfant qui s'éveille à son entourage. Il y a là une activité toute ( naturelle >, au premier sens - et elle tient ses caractères de ce que le tempérament la fait. Toutefois, I'exercice de la vision peut créer certaines habitudes qui vont constituer dans I'individu ses goûts et ses préférences.esthétiques.Dans le même domaine de la vision {ui, comme sens, est une ( disposition o, éEtÇ, naturelle peuvent ainsi coexister deux natures, ou, si I'on veut, l'homme c naturel r et I'homme < culturel n. On peut ainsi comprendre que, selon le point de vue auquel s'applique la réflexion, on saisira soit le < tempérament naturel >, soit le r dans Anilecta publiée par i'Institut d'Études orientales de la Bibliotheque patriarcale d'Alexandrie, no 10, 1g61, p. g0-lgb. 1983. - R. \ry. Sharples, Aleaand,erof Aphroilisias On Fate, G. Duckworth, Londres. Traductiân avec commentaire, accompagnéede petits textes d'Alexandre relatifs arr destin t,Revuephilosophiquede Louçain 7L, L973,p. 468-487. Kant'Studien 67, Bnrrvrr,, Y. >, 1976, p. 333-338. BsncsrnÂssBa, C. Hunain ibn Ishoq iiber d'ie syrischen unil orobischen Galan'Uebersetzungen,Leipzrg, L925. -, Neu,e Moteriolien zu Hurwin ibn Ishaq's Golen' Bibliographie, Leipzig, L932.

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