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Zitiervorschau

UNIVERSITÉ MOHAMMED -V- RABAT Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et SocialesSalé Centre d’Études Doctorales : Droit Comparé, Économie Appliquée et Développement Durable Formation Doctorale : Économie Appliquée Thèse N° 135/2018

Thèse pour l’obtention de Doctorat en Sciences Économiques et Gestion

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial cas du complexe industriel JORF LASFAR Présentée et soutenue publiquement par :

M. Anass EL AIDOUNI Le 10 février 2018 Sous la direction de :

Professeur Mustapha MACHRAFI Membres du jury : Pr. Belkassem AMAMOU, Professeur d’Enseignement Supérieur à l’École Nationale de Commerce et de Gestion à Oujda

Président

Pr. Mustapha MACHRAFI, Professeur d’Enseignement Supérieur à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales – Salé, Université Mohamed V Rabat Directeur de thèse/ Suffragant

Pr. Yahya YAHYAOUI, Professeur d’Enseignement Supérieur à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques Rapporteur/ Suffragant

et

Sociales,

Université

Mohamed-1er

Oujda

Pr. Taoufik DAGHRI, Professeur d’Enseignement Supérieur à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques Rapporteur/ Suffragant

et

Sociales



Salé,

Université

Mohamed

V

Rabat

Pr. Essaid EL MESKINI, Professeur d’Enseignement Supérieur à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques Rapporteur/ Suffragant

et

Sociales,

Université

Année Universitaire 2017-2018

Hassan

1er

SETTAT

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

RÉSUMÉ : L’objectif de notre travail est d’expliciter la relation entre le phénomène entrepreneurial et l’approche territoriale de développement. En effet, ce travail de recherche s’inscrit dans une problématique nouvelle permettant de mener une réflexion aussi importante, à savoir l’effet du territoire sur le dynamisme entrepreneurial. Notre cas pratique s’est déroulé dans le complexe industriel Jorf Lasfar, situé à 20 Km de la province d’El-Jadida. Ce choix est motivé par la qualité et les caractéristiques qui recèlent, d’une part, et, d’autre part, par les résultats obtenus répondant à notre problématique. Du point de vue théorique, nous avons présenté, d’abord, le phénomène entrepreneurial comme point de départ, ensuite, l’approche territoriale, par l’idée d’expliciter l’évolution et le développement de la notion du territoire, et enfin le recours à la notion du milieu territorial. En effet, la notion du milieu territorial est considérée comme un levier de dynamisme entrepreneurial, notamment par le rôle du milieu entrepreneurial, par les mécanismes d’une ingénierie du milieu territorial et enfin par l’approche du milieu innovateur comme une plateforme propice à l’innovation territorial. Du point de vue empirique, ce travail a combiné à la fois une démarche qualitative exploratoire basée sur l’étude de cas et l’observation passive, visant à comprendre la réalité et le fonctionnement du complexe industriel Jorf Lasfar, et une démarche quantitative conduite auprès d’un échantillon de quarante entreprises installés dans le complexe. Cette étude empirique nous a permis de se prononcer sur l’importance et le rôle du milieu territorial dans le dynamisme entrepreneurial local. Mots clés : L’entrepreneuriat, le territoire, le développement territorial, le milieu, le milieu innovateur.

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Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans cette thèse. Celles-ci doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

3

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

REMERCIMENTS :

Je remercie, infiniment tous qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce travail de recherche. D’abord, mes vifs remerciments s’adressent à Monsieur le professeur Mustapha MACHRAFI, mon directeur de thèse, et ce pour son encouragement, sa supervision, son appui et son suivi attentif rigoureux et respectueux. De même, je le remercie pour sa disponibilité, sa patience et ses efforts, durant tout le cycle de préparation. Ensuite, je tiens à remercier, Monsieur, le professeur Taoufik DAGHRI, responsable de l’équipe de recherche « Entrepreneuriat et développement local » pour son aide et son soutien. Ainsi, j’exprime ma gratitude aux membres du jury de thèse: Pr. Belkassem AMAMOU, Pr. Yahya YAHYAOUI et Pr. Essaid EL MESKINI. Au final, je dédie ma thèse à ma famille et surtout mes parents, mes amis, mes collègues de travail et à tous ceux qui m’encouragé d’achever

cette aventure qui je qualifie

d’exceptionnelle. Mes chers parents aucune dédicace ne saurait exprimer mon respect, mon éternel et ma considération pour les sacrifices que vous avez consentis pour mon instruction et mon bien-être. Je vous remercie pour tous soutiens et amour que vous me portez depuis mon enfance et j’espère que votre bénédiction m’accompagne toujours.

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GLOSSAIRE D’ACRONYMES : C

Cognitive

S

Structurale

P

Praxéologie

E

Entreprise

O

Organisation

PhE

Phénomène entrepreneurial de VERSTRAETE

GREMI

Groupe de Recherche en Milieu Inoovateur

ORMVAD

Office Régional de Mise en Valeur de Doukala

OCP

Office chérifien de phosphate

JLEC

Jorf Lasfar Energy Company (Actuellement TAQA MAROC)

SONASID

Société Nationale de Sidérurgie

SEJ

Société d’Entreposage Jorf

CDG

Caisse de dépôt et de gestion

PAI

Plan d’accélération industrielle

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Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

SOMMAIRE INTRODUCTION GÉNÉRALE................................................................................................ 7

Chapitre I : Cadre théorique et conceptuel d’entrepreneuriat ................. 18 Section I : Cadre historique et théorique de l’entrepreneuriat .......................................... 20 Section II : l’entrepreneur un acteur de l’entrepreneuriat ................................................ 37 Section III : Cadre conceptuel de l’entrepreneuriat .......................................................... 52

Chapitre II: L’approche territoriale de développement ............................ 75 Section I : L’organisation territoriale ; concept et stratégie .............................................. 77 Section II : Les réseaux territorialisés et dynamiques de proximité ................................. 94 Section III: Le territoire et le projet de développement .................................................. 116

Chapitre III: Le Milieu un levier de dynamisme entrepreneurial .......... 144 Section I : le milieu et le dynamisme entrepreneurial..................................................... 146 Section II : L’ingénierie du milieu au profit de dynamisme entrepreneurial .................. 161 Section III : Le milieu innovateur outil de dynamisme entrepreneurial ......................... 181

Chapitre IV : Le complexe industriel Jorf Lasfar : Milieu et dynamisme entrepreneurial ............................................................................................. 204 Section I : Le contexte de l’entrepreneuriat et du milieu territorial au niveau de la province d’El-Jadida ....................................................................................................... 206 Section II : Le Cadre épistémologique et méthodologique de recherche ....................... 229 Section III : Traitement des données de l’échantillon et analyse des résultats ............... 256 CONCLUSION GÉNÉRALE ................................................................................................ 287 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................... 294 TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 335

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INTRODUCTION GÉNÉRALE Cette introduction générale est conçue pour faciliter aux lecteurs intéressés par notre thème de comprendre l’objectif de recherche, le cadre théorique et la méthodologie de recherche mobilisés. Donc, elle est structurée en quatre paragraphes. D’abord, le premier paragraphe décrit le contexte de cette recherche tout en mettant en évidence l’importance de l’entrepreneuriat et la politique des écosystèmes menés par les autorités politiques en vue de favoriser le dynamisme entrepreneurial et le développement territorial. Ensuite, le second paragraphe expose la problématique centrale de notre travail de recherche ainsi que les hypothèses qui vont remplacer la question de départ et qui sont en nombre de trois. Puis, le troisième paragraphe affiche, la méthode de travail que nous allons utiliser, allant d’une revue de la littérature au choix de la méthodologie de recherche. Enfin, le dernier paragraphe annonce et décrit la structure et le plan détaillé de la thèse.

Le contexte de la recherche Actuellement, l’économie marocaine est confrontée à une multitude d’entraves qui limitent son développement. Parmi ces contraintes nous citons la question de chômage des diplômés et la qualification des salariés au marché d’emploi, la fiscalité et le système juridique et foncier. Ces contraintes impactent le développement des entreprises et rendent les entrepreneurs marocains perturbés dans un environnement incertain. Dans ce contexte et après des recherches effectuées sur le monde de l’entrepreneuriat au Maroc. Nous avons constaté que l’entrepreneuriat considéré comme un moteur de croissance et du progrès économique souffre de nombreux problèmes qui peuvent être, ainsi, des sources de développement dans ce qui suit. Nous citons, ci-dessous, les principaux problèmes : D’abord, le problème d’accès au financement pour les entreprises. Malgré des efforts entamés par les institutions financières et les banques (voir Annexe 6). La majorité des entreprises sont mécontentes et ne peuvent accéder facilement au financement, et ce par la complexité du système de garantie. C’est pour cela, cette problématique continue de miner le développement du tissu entrepreneurial, ainsi qu’elle incite les différentes parties prenantes concernées à s’incliner sur ce sujet, en vue de développer d’autres sources de financement alternatives telles que le capital-risque, la finance islamique, les fonds d’investissements gérés en mode de partenariat public-privé et l’accès à la bourse pour les PME. 7

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Ensuite, l’amélioration du cadre institutionnel relatif au dynamisme entrepreneurial. En effet, le Maroc accompagne toujours ses investisseurs et ses entrepreneurs par une charte d’investissement archaïque adoptée en 1995, caractérisé par un régime d’autorisation préalable aux investissements. Cette charte n’a jamais été faite l’objet d’une révision, et ce, malgré les tensions affichées par les gouvernements successifs. Cependant, en 2016, un projet de réforme a été présenté par le ministre de tutelle, Moulay Hafid Elalamy stipulant la refonte de la charte d’investissement par un nouveau code des investissements et des mesures fiscales incitatives pour les industriels. Cette charte prévoit cinq nouvelles mesures incitatives pour l’industrie et sera commune à l’ensemble des secteurs. Dans l’industrie, à titre d’exemple, une des mesures phares est que les nouvelles entreprises ne paieront pas l’impôt sur les sociétés pendant cinq ans, ainsi que pour les entreprises qui exportent, une zone franche sera construite dans chaque région. Enfin, un meilleur environnement des affaires peut favoriser le dynamisme entrepreneurial, notamment par une réforme de la fiscalité qui est considérée comme la pierre angulaire du climat des affaires. Cette réforme aura pour objectif de consentir un avantage fiscal pour les entreprises nouvellement créées et les entreprises qui emploient des effectifs importants des salariés équivalent à une baisse de leurs charges sociales. En outre, nous passons maintenant à dévoiler le contexte institutionnel de notre recherche qui est celui du plan d’accélération industrielle lancé par le ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie Numérique couvrant la période 20142020, visant de faire de l’industrie un levier majeur de croissance. Cette nouvelle stratégie industrielle vise, d’une part, la création d’un demi-million d’emplois, pour moitié provenant des IDE et pour moitié du tissu industriel national rénové, et, d’autre part, l’accroissement de la part industrielle dans le PIB de 9 points, passant de 14% à 23% en 2020. À cet effet, en vue d’atteindre ces objectifs 10 mesures clés regroupées en 3 classes ont été mises en place, à savoir des écosystèmes industriels pour une industrie davantage intégrée, des outils de soutien adaptés au tissu industriel et un positionnement à l’international plus marqué1. Puisque, nous s’intéressons dans notre travail de recherche à l’interaction entre l’entrepreneuriat et le territoire par la notion du milieu entrepreneurial et les réseaux territoriaux. Nous allons détailler le premier axe relatif aux écosystèmes industriels. En effet, il s’agit d’un chantier phare de la nouvelle stratégie industrielle qui vise à améliorer Le site officiel ministère de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique au Maroc : http://www.mcinet.gov.ma/ 8 1

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l’intégration sectorielle, à démultiplier les investisseurs et à assurer une montée en valeur du secteur industriel en favorisant l’établissement de partenariat stratégique ciblés et mutuellement bénéfiques entre leaders industriels et TPME (Très Petites, Petites et Moyenne Entreprises)2. De même, il s’agit plus concrètement de fédérer des groupes d’entreprises autour de « locomotives » porteuses de projets d’écosystèmes. Ces locomotives peuvent être des leaders industriels nationaux, des groupements professionnels ou encore des investisseurs étrangers. Les écosystèmes tendent, aussi, à faire de l’industrie un pourvoyeur d’emplois majeur, notamment pour les jeunes, et à l’inscrire dans un cercle vertueux de progrès.

La problématique et les hypothèses de recherche Il est aussi important d’avancer que le choix de la problématique de recherche pour notre travail a été une opération délicate et pénible. Cela est justifié par le thème de recherche qui nous sommes en train de débattre et qui regroupe deux concepts phares en science d’économie et de gestion, à savoir l’entrepreneuriat et le développement territorial. En effet, l’entrepreneuriat considéré comme une discipline récemment apparue au début des années 60 souffre de l’absence d’un cadre théorique unifié regroupant l’ensemble des paradigmes et des concepts. De même, le concept de territoire qui est aujourd’hui au coeur des préoccupations des agents économiques, notamment les les entrepreneurs locaux, a connu une transformation passant d’un support de localisation offrant des économies et des externalités aux acteurs et aux entreprises souhaitant s’installer à un acteur participant au développement territorial et au dynamisme entrepreneurial. À cet effet, le choix de la problématique de recherche a été pour objectif d’expliquer l’interrelation et l’interaction entre les deux concepts cités ci-dessus, qui sont l’entrepreneuriat et le territoire. C’est pourquoi l’introduction de la notion du « milieu » nous a beaucoup facilité la tâche d’expliquer cette relation de complémentarité, ainsi que d’expliciter les enjeux de dynamisme entrepreneurial par l’impact des stratégies et des logiques de milieu territorial. Dans ce sens, notre problématique est la suivante :

« En quoi le milieu contribue-t-il au dynamisme entrepreneurial ? »

2

PLAN D’ACCELARATION INDUSTRIELLE : 2014-2020. 9

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

À travers cette problématique, nous cherchons, à expliquer l’effet et l’impact du milieu territorial sur le phénomène de l’entrepreneuriat. Cela ne pourra être qu’à partir d’une revue de littérature conçue et développée abordant d’une façon détaillée la notion du milieu. En effet, le milieu selon GREMI est comme un ensemble de relations intervenant dans une zone géographique qui regroupe dans de tous cohérents les éléments suivants : un système de production, une culture technique et des acteurs, l’esprit d’entreprise, les pratiques organisationnelles, les comportements d’entreprises, la manière d’utiliser les techniques, d’appréhender le marché et le savoir-faire, sont toutes à la fois des parties intégrantes et constitutives du milieu. Donc, le milieu sera au cœur de la relation entre l’entrepreneuriat et le territoire. D’abord, il permet à travers des logiques d’interactions et d’apprentissages à devenir un milieu entrepreneurial et par conséquent à contribuer au dynamisme entrepreneurial. Ensuite, le milieu développe avec le facteur temps et par des actions étatiques une ingénierie propre à lui reposant sur des stratégies et des comportements, notamment un capital social territorial, un encastrement territorial et un ancrage territorial. Ces stratégies seront considérées comme l’élément-clé et le facteur incitatif de dynamisme entrepreneurial. Enfin, le dernier point sera pour but d’expliquer l’importance du milieu innovateur sur le dynamisme entrepreneurial, notamment par l’effet de l’innovation territoriale et l’organisation en réseau. D’après D. MAILLAT, M. QUEVIT et L. SENN (1993), un milieu innovateur est un ensemble territorialisé ouvert sur l’extérieur qui intègre des savoir-faire, des règles et du capital relationnel. Il est attaché à un collectif d’acteur, ainsi qu’à des ressources humaines et matérielles. Les interactions, entre ces éléments, développent une logique d’apprentissage qui permet par la suite un déclenchement des processus d’innovation. Notre problématique nous a permis à soulever plusieurs questions qui représentent autant de préoccupation pour notre objet de recherche. 

Qu’est-ce que signifie le phénomène entrepreneurial ?



Que peut-on comprendre par l’approche territoriale de développement ?



Quel est l’impact des proximités sur les réseaux territorialisés ?



C’est quoi le développement territorial.



La gouvernance territoriale est-elle considérée comme outil de développement territorial ?



Quel est le rôle du milieu entrepreneurial sur le dynamisme entrepreneurial ? 10

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar



Comment l’ingénierie du milieu favorise-t-elle la création d’entreprise ?



Quelle relation existe-t-elle entre réseau, milieu et innovation ?



Quels sont les enjeux du milieu innovateur ?



Quel est l’apport du milieu innovateur au dynamisme entrepreneurial ? À partir de ces questions de recherche, l’objectif de notre travail est d’apporter une

proposition sur la possibilité d’assurer un dynamisme entrepreneurial tout en recourant à la notion du milieu territorial, ainsi que ses spécificités et ses atouts. Donc, le milieu est considéré comme un levier considérable au phénomène entrepreneurial. Dans ce cadre, nous allons proposer trois hypothèses principales de recherche qui remplaceront la question principale de départ, ainsi qu’elles se présentent comme une proposition aux questions de recherche. Ces réponses, provisoires et sommairement, guideront le travail de recueil et l’analyse des données et devront cependant être testées, corrigées et approfondies. Ces hypothèses sont présentées comme suit : Hypothèse 1 : le milieu territorial composé d’une logique d’interaction et d’apprentissage contribue au dynamisme entrepreneurial au niveau de la région. Cette hypothèse vise à montrer qu’un milieu territorial caractérisé par des logiques, une logique d’interaction entre les acteurs du milieu et une logique d’apprentissage, par la présence des ressources et des actifs territoriaux , par une activité industrielle pertinente et par une économie d’externalité contribue au dynamisme entrepreneurial. De même, le milieu facilite par des liens internes qu’externes une culture entrepreneuriale locale. Hypothèse 2 : l’ingénierie du milieu territoriale, à savoir le capital social territorial, l’encastrement territorial et l’ancrage territorial, sont considérés comme des stratégies favorisant la création d’entreprises dans le territoire Le milieu territorial a pu développer une ingénierie territoriale axée sur un capital social territorial, un encastrement territorial et un ancrage territorial. Ces mécanismes vont conditionner la création d’entreprises au niveau du local. D’abord, les entrepreneurs locaux devront être soutenus par un capital social territorial et une culture entrepreneuriale adaptée aux spécificités territoriales en vue de développer et réussir l’entreprise. Ensuite, l’encastrement territorial cherche à démontrer que le créateur d’entreprises est considéré comme un acteur encastré dans un milieu territorial bénéficiant à la fois des ressources et des liens développés au sein du territoire. Enfin, l’ancrage territorial qui vise à expliciter à travers 11

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l’économie des ressources et l’économie de proximité son effet à motiver la création d’entreprises. Hypothèse 3 :Le projet milieu innovateur défini comme une formation socio territorialisée participe au dynamisme entrepreneurial et au développement territorial, notamment par l’existence des logiques et des stratégies. Dans la présente hypothèse nous allons indiquer que le projet milieu innovateur développé par le GREMI et P. AYDALOT (1984) peut constituer une plate-forme propice à l’innovation, ainsi qu’il contribue au dynamisme entrepreneurial. Ainsi, le milieu innovateur en tant qu’une formation socio-territoriale fondée sur des logiques et des stratégies contribue au dynamisme entrepreneurial, notamment par les interactions développées entre les différents acteurs et par le conditionnement d’une plate-forme d’innovation appropriée au soutien des entrepreneurs et des entreprises ; l’aide accordée aux entreprises et le développement des stratégies réactive ou proactive pour la détection des nouvelles opportunités d’affaires.

La méthode de travail La méthode de travail a été basée sur des étapes structurées, allant d’une revue de littérature au choix de la méthodologie de recherche. En premier lieu, nous avons commencé par une revue de la littérature impressionnante concernant les apports disciplinaires et théoriques relatifs à l’entrepreneuriat et au territoire. En effet, le but de cette étape est de mieux comprendre les concepts et les notions pour tracer les contours d’un cadre théorique enrichissant. Cela nous a permis, notamment d’avoir un chapitre relatif à l’entrepreneuriat, un chapitre traitant l’approche territoriale de développement et un chapitre expliquant l’interaction entre l’entrepreneuriat et le territoire à travers la notion du milieu. En second lieu, nous passons au choix de l’épistémologie et de la méthodologie de recherche en vue de l’adopter. Certes, c’est un choix assez contraignant, parce qu’il conditionne le choix de terrain de recherche, ainsi qu’il facilite la vérification des hypothèses de recherches. Donc, nous expliquons, ci-dessous, l’épistémologie qui sera choisie et la méthodologie qui sera adoptée durant notre travail de recherche. .......L’épistémologie de recherche : Pour l’épistémologie de recherche, nous allons choisir une approche positiviste accompagnée d’une logique de déduction. En effet, ce choix a été motivé par plusieurs critères et facteurs développés, ci-dessous : 12

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D’abord, la nature de la réalité étudiée dans le paradigme positiviste est une donnée objective indépendante du sujet de l’observateur. À cet effet, le phénomène de l’entrepreneuriat dans le milieu complexe industriel Jorf Lasfar existe depuis longtemps et prend plusieurs formes. Donc, nous allons chercher à observer cette réalité en vue d’expliciter les relations existant entre les opérateurs du complexe, ainsi que de montrer l’importance des logiques d’interactions et d’apprentissage entre les différentes parties prenantes permettant de faciliter l’innovation et le dynamisme entrepreneurial. Ensuite, la relation sujet-objet de recherche dans le paradigme positiviste caractérisée par l’indépendance entre le sujet qui est le chercheur et l’objet de recherche. Cette indépendance vise la production d’une connaissance objective loin de l’interprétation du chercheur. Dans ce cadre notre objet de recherche est le lien théorique entre le milieu et le phénomène entrepreneurial dans le complexe industriel Jorf Lasfar, agissant dans une optique de développement territorial. En conséquence, nous allons indiquer que le dynamisme entrepreneurial est conditionné par la qualité du milieu (ses ressources, ses acteurs et ses logiques existants). Enfin, les critères de validité de la connaissance ; dans le courant positivisme le chercheur est appelé à utiliser les méthodes de collecte et d’interprétation des données appropriées aux concepts étudiés. De même, le courant en question n’accepte que la logique déduction considérée d’après lui comme une logique formelle ainsi qu’elle permet d’avoir une reproduction objective de la réalité (V. PERRAT, M. SÉVILLE, 2003. P. 28). Bref, après avoir opté pour l’épistémologie de recherche positiviste accompagnée d’une logique de déduction. Nous présentons, un survol sur le raisonnement déductif de notre travail de recherche. Premièrement, nous partons « d’une règle » signifiant que le milieu joue un rôle dans le dynamisme entrepreneurial, d’après les travaux de P-A. Julien (1996) et P. AYDALOT (1984). Deuxièmement, par le recours d’un questionnaire de recherche établit par nous-mêmes et par la proximité géographique des acteurs institutionnels du complexe, nous avons décidé d’étudier le lien entre l’entrepreneuriat et le milieu complexe industriel Jorf Lasfar. Il s’agit, donc, d’un « cas pratique ».Enfin, nous tirons des conséquences sur les résultats obtenus stipulant que le milieu par la qualité de ses ressources, ses acteurs et ses logiques favorisent le dynamisme entrepreneurial, ainsi que le milieu innovateur est considéré comme un outil de dynamisme entrepreneurial. Cette étape est nommée « Conséquence ».

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......La méthodologie de recherche : Après avoir défini le positionnement épistémologique de notre travail de recherche, nous allons exposer le protocole méthodologique retenu. À cet effet, en vue de mener notre travail de recherche et d’obtenir des résultats permettant la vérification des hypothèses de recherche. Nous allons combiner à la fois une approche qualitative axée sur une étude exploratoire et une approche quantitative orientée par une étude confirmatoire. Cela sera réalisé en deux étapes développées ci-après. L’approche qualitative a été choisie en premier lieu, en vue de mieux connaître le milieu complexe industriel Jorf Lasfar et de délimiter la question de recherche, c’est-à-dire « en quoi le milieu peut favoriser le dynamisme entrepreneurial, dans une optique de développement territorial ». À cet effet, pour atteindre notre objectif, deux stratégies seront adoptées par la méthode qualitative pour accéder au réel, il s’agit de l’étude de cas et de l’observation participante. D’abord, selon R.K. YIN (2009), l’étude de cas « est une enquête empirique qui étudie un phénomène contemporain dans son contexte réel quand les limites entre le phénomène et le contexte ne sont pas claires. Son avantage est qu’elle intègre dans un contexte l’analyse de l’objet, c’est-à-dire qu’elle l’inscrit dans son environnement temporel, spatial et social. » Dans ce contexte, le choix de l’étude de cas du complexe industriel Jorf Lasfar est motivé pour divers raisons, d’une part, notre proximité du complexe, et donc, la possibilité de contacter les acteurs et les décideurs du complexe, et, d’autre part, de démontrer par les spécificités de notre étude de cas le rôle du milieu au dynamisme entrepreneurial, soit par la participation à la création d’entreprises ou soit par l’existence des logiques d’interaction et d’apprentissage au sein du milieu favorisant l’innovation. Ensuite, le recours à la méthode d’observation passive comme une stratégie de recueil de données. Cette méthode va, nous permettre de dégager tant d’éléments importants facilitant la rédaction du questionnaire, à savoir l‘absence d’un comité organisationnel qui s’occupe de la gestion du milieu, la majorité des entreprises dans le complexe détient des relations avec les opérateurs économiques (OCP, SONASID, JLEC) et le milieu complexe industriel Jorf Lasfar possède des atouts important et intéressant (l’activité des entreprises sur le milieu, et l‘emplacement stratégique). Le recours à l’approche quantitative en second lieu sera pour but de compléter ce qui a été déjà exploré dans l’étude qualitative. Elle a pour objectif d’obtenir des réponses et de 14

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comprendre « comment » le milieu a-t-il vraiment participé au dynamisme entrepreneurial. C’est pour cela, nous allons décider d’utiliser la méthode du questionnaire comme méthode de collecte de données la plus adaptée pour obtenir des réponses auprès des entreprises opérantes dans le complexe industriel Jorf Lasfar. En effet, notre questionnaire sera composé de quatre thèmes et chaque thème retrace un ensemble de questions en interdépendance. Ces thèmes sont formulés comme suit : l’entrepreneuriat, le milieu entrepreneurial « complexe industriel Jorf Lasfar», l’ingénierie territoriale et création d’entreprises et enfin le milieu innovateur, entrepreneuriat et développement territorial. Au final ce questionnaire sera administré sur un échantillon de 40 entreprises dans le complexe industriel Jorf Lasfar pour collecter le maximum d’informations. Ainsi, nous faisons appel à deux logiciels qui vont servir à l’analyse des données, à savoir SPSS 21.0 et l’Excel 2013.

La structure et le plan détaillé de la thèse Notre thèse de recherche est constituée de quatre chapitres. Les trois premiers chapitres portant sur l’aspect théorique de recherche, à savoir une définition du phénomène entrepreneurial,

l’approche

territoriale

de

développement

et

l’interaction

entre

l’entrepreneuriat et le territoire à travers la notion du milieu. Le dernier chapitre concerne la réalité locale du complexe industriel Jorf Lasfar situé à 25 Km de la ville d’El-Jadida. En effet, nous précisons, ci-après le contenu de chaque chapitre. Chapitre I : Entrepreneuriat : cadre théorique et conceptuel. Section I : Le cadre historique et théorique de l’entrepreneuriat Section II : L’entrepreneur : un acteur de l’entrepreneuriat Section III : Le cadre conceptuel de l’entrepreneuriat Ce premier chapitre traite le champ théorique et conceptuel du phénomène entrepreneurial. À cet effet, nous allons maitriser ce concept et connaitre en détail les stratégies et les facteurs de succès qui peuvent assurer un dynamisme entrepreneurial, autre que le financement et l’organisation. De même, nous allons intéresser à l’acteur de l’entrepreneuriat, à savoir l’entrepreneur, et ce pour son encastrement territorial et son aptitude à favoriser la création et le développement de son entreprise. Bref, ce rappel théorique nous permettra de comprendre la dynamique entrepreneuriale, ainsi d’appréhender le milieu territorial comme un déterminant à son succès.

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Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Chapitre II : L’approche territoriale de développement Section I : L’organisation territoriale : concept et stratégie Section II : Les réseaux territorialisés et dynamique de proximité Section III : Le territoire et le projet de développement Le deuxième chapitre se penche aussi sur le champ théorique et conceptuel de la notion du territoire. En effet, nous allons dévoiler ce concept par une définition de l’organisation territoriale : concept et stratégie, à travers les travaux de C. COURLET (2001) et G. BENKO (1998). De même, nous allons définir l’économie de proximité, à la fois géographique, organisationnelle et organisationnelle (J-P. GILLY, Y. LUNG, 2004) et (B. PECQUEUR, J-B. ZIMMERMAN 2002), ainsi que de présenter son effet sur les réseaux territorialisés. Cette économie de proximité permet de générer pour les entreprises et les différents acteurs présents sur le territoire des effets externes et des externalités technologiques et pécuniaires. Au final, nous allons mettre en lumière le projet de développement territorial. Chapitre III : Le milieu un levier de dynamisme entrepreneurial Section I : Le milieu et le dynamisme entrepreneurial Section II : L’ingénierie du milieu au profit du dynamisme entrepreneurial Section III : Le milieu innovateur, outil de dynamisme entrepreneurial Le troisième chapitre, nous allons présenter la problématique de notre travail de recherche, à savoir l’interaction entre le dynamisme entrepreneurial et l’approche territoriale de développement. En effet, le lien sera expliqué par le recours à la notion du milieu territorial. C’est grâce au milieu entrepreneurial, l’ingénierie du milieu territoriale et le milieu innovateur que le phénomène entrepreneurial connaît l’essor et le développement. Ces facteurs seront présentés en sections en vue d’apporter une réponse à notre problématique. Chapitre IV : Le complexe industriel Jorf Lasfar : Milieu et dynamisme entrepreneurial Section I : Le contexte de l’entrepreneuriat et du milieu territorial au niveau d’El-Jadida Section II : Le cadre épistémologique et méthodologique de recherche Section III : Le traitement des données de l’échantillon et analyse des résultats.

Finalement, le quatrième chapitre est à la fois empirique et méthodique. D’abord, nous allons mettre en exergue le contexte de l’entrepreneuriat et du milieu territorial au niveau d’El-Jadida. Cette section sera pour but de situer notre étude empirique qui se déroulera au 16

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sein du complexe industriel Jorf Lasfar dont nous allons explorer qu’il s’agit d’un milieu territorial caractérisé, d’une part, par l’existence des opérateurs industriels de renommés et des institutions locales, et, d’autre part, par la présence des logiques d’interactions et d’apprentissages. Ensuite, nous allons exposer le cadre épistémologique et méthodologique de recherche. La méthodologie de recherche sera une combinaison de l’approche qualitative et l’approche quantitative. Enfin, dans la dernière section, nous allons présenter nos résultats empiriques. Ces résultats présentés seront obtenus par le recours à la méthode-test des hypothèses, à savoir le teste de Fisher qui aura pour but de montrer l’impact d’une variable sur une autre variable, le test de Khi-2 pour objectif d’expliquer la dépendance entre les variables. Au final de notre travail de recherche, nous allons essayer de résumer les principaux apports théoriques et empiriques de la recherche, ainsi que de présenter les limites de recherches et d’ouvrir la voie aux nouveaux chercheurs souhaitant approfondir leurs recherches dans ce domaine.

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Chapitre I :Cadre théorique et conceptuel d’entrepreneuriat

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Introduction Ce premier chapitre constitue le point de départ de notre recherche doctorale. Il cherche à expliquer en détail le phénomène entrepreneurial considéré comme axe primordial dans notre raisonnement. En effet, la recherche en entrepreneuriat est en train de se grandir, mais souffre, toujours, de l’absence d’un cadre de référence spécifique à la recherche dans la matière. La première section vise à présenter le cadre historique et théorique de l’entrepreneuriat. D’abord, nous commençons par l’évolution historique qui a connu l’entrepreneuriat dans les 17ème et 18ème siècles, notamment par l’économie capitaliste et les différentes écoles de l’économie. Ensuite, nous exposons les principales approches expliquant l’entrepreneuriat dans la théorie économique, à savoir l’approche fonctionnelle, l’approche sur les individus ou le courant behavioriste, axé sur les traits de l’entrepreneur et enfin l’approche par le processus. Ces approches ont donné naissance et acception au champ de l’entrepreneuriat. Enfin, nous repérons les efforts des grands auteurs visant à assurer une modélisation du phénomène entrepreneurial et de construire une théorie spécifique à l’entrepreneuriat. La seconde section est dédiée à l’acteur de l’entrepreneuriat, celui de l’entrepreneur. En effet, nous développons dans le premier paragraphe, les approches constituant la théorie de l’entrepreneur en vue de mieux comprendre ce concept. Elles sont en nombre de trois approches, à savoir l’approche de J. Schumpeter concernant l’entrepreneur et l’innovation, l’approche de M. Casson touchant la relation entre l’entrepreneur et la coordination et enfin l’approche de F. Knight relatif au risque et à l’incertitude. Ensuite, nous passons dans le deuxième paragraphe à opérer une classification détaillée des typologies d’entrepreneurs, auprès des fondateurs du champ de l’entrepreneuriat. Enfin, dans un dernier point, nous abordons la relation éventuelle entre l’entrepreneur et le territoire. La troisième section est réservée au cadre conceptuel relatif à l’entrepreneuriat. Dans un premier temps, nous présentons les quatre paradigmes identifiés par les auteurs en vue de faciliter la recherche en entrepreneuriat et d’avoir un cadre théorique et conceptuel solide. Ensuite, nous passons à la définition du processus entrepreneurial considéré comme la pierre angulaire de l’entrepreneuriat. En effet, le processus entrepreneurial a permis de faciliter la démarche entrepreneuriale menant à la création d’une entreprise. Certes, il existe une démarche classique, mais aussi des nouvelles approches du processus entrepreneurial développé par des auteurs, comme D.B. Greenberger et D.L. Sexton basé sur l’interaction des multitudes des facteurs. 19

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Section I : Cadre historique et théorique de l’entrepreneuriat Le champ de l’entrepreneuriat a connu une évolution considérable marquée par l’absence d’une définition unanime. En effet, il est alimenté par une multitude de disciplines visant à concevoir une définition du concept, à savoir l’économie, la psychologie, la sociologie, l’anthropologie sociale et enfin les sciences de gestion et les théories des organisations. Ainsi, au cours de son évolution nous constatons que l’entrepreneuriat est abordé dans la théorie économique par des différentes approches possédantes des visions différentes, parfois axé sur la fonction de l’entrepreneur et parfois sur les traits de l’entrepreneur. Dans ce sens les théoriciens de la matière ont tenté à établir des modèles spécifiques tentant d’expliquer ce phénomène entrepreneurial. Donc, nous allons regrouper, à partir d’une revue de la littérature, les principales approches et contributions des chercheurs en vue de dresser un cadre historique et théorique cohérent facilitant l’assimilation de ce phénomène. Dans cette section, nous allons présenter d’abord, l’évolution historique de l’entrepreneuriat (Paragraphe 1), Ensuite, d’expliciter la place de l’entrepreneuriat dans la théorie économique, notamment par la présentation d’une approche fonctionnelle, une approche sur les individus et une approche par le processus (Paragraphe 2), et enfin de conclure par les efforts fournis par des théoriciens en vue d’avoir une théorie spécifique à l’entrepreneuriat (Paragraphe 3).

Paragraphe 1 : évolution historique de l’entrepreneuriat Ce paragraphe présente une esquisse historique de l’évolution de l’entrepreneuriat dans la théorie économique. Il s’intéresse aux différents phénomènes et faits économiques de l’histoire, à savoir la révolution industrielle, les crises économiques, l’évolution technologique et le développement des sciences. 1.1 L’entrepreneuriat et l’économie capitaliste Parmi les premiers auteurs qui se sont intéressés à l’entrepreneuriat, nous citons deux : R. CANTILLON et J-B. SAY ; ils sont considérés comme les précurseurs de l’entrepreneuriat dans l’économie. L’entrepreneur selon eux est comme un preneur de risque, par le fait qu’il achète des Matières premières souvent de l’agriculture et les transforme en un produit fini vendu sur un marché en vue de réaliser un profit et de couvrir le risque supporté par cette

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opération3. En fait,

l’entrepreneur est l’agent principal qui assume le risque de cette

transformation. R. CANTILLON divise la société en deux groupes : les entrepreneurs à gage certain et les salariés à gage incertain. Il stipule dans sa théorie que l’entrepreneur est une personne qui prend le risque afin de créer une entreprise dans un environnement incertain pour réaliser un profit. J. B. SAY connu par sa célèbre loi de débouché qui porte sur « l’offre créée sa propre demande » ; il a fait une différence entre l’entrepreneur et le capitaliste. Dans sa conception les entrepreneurs sont des individus qui créent une utilité nouvelle soit par la création d’un nouveau produit pour le marché ou bien le déplacement des ressources inexploitées ou exploitées par une cadence lente vers un niveau de productivité supérieur4. En effet, l’entrepreneuriat a fait l’objet d’une relation importante avec l’économie capitaliste dans l’histoire. Cette relation a contribué vivement au développement de l’esprit d’entreprise par les différentes facettes suivantes :  D’abord, le capitalisme marchand considère les entrepreneurs comme des aventuriers cherchant les profits par l’outil du commerce avec l’orient ou les conquêtes vers l’Amérique du sud, en vue d’exploiter les ressources précieuses (l’or et l’argent) ;  Ensuite, le capitalisme libéral caractérisé par une multiplication des affaires familiales et une stimulation pour les entrepreneurs à créer leur propre entreprise de petite taille avec son autofinancement ; 

Enfin, le capitalisme managérial coïncidé par le développement technologique et le

rôle central des institutions financières dans le financement des entreprises. Cette phase est connue par la montée des grandes firmes cherchant les économies d’échelle et les économies d’envergure qui nécessite des gestionnaires ou des managers capables de gérer ces entités de production, tout en prenant en considération la séparation entre le propriétaire de l’entreprise et le gestionnaire5.

3

FILON L-J.,« Le champ de l'entrepreneuriat : historique, évolution, tendances », Revue internationale P.M.E: Économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, vol. 10, n° 2, 1997, p.132. 4 JANSSEN F., SURLEMONT B., « l’entrepreneuriat : éléments de définition ». Ouvrage collectif sous la direction de Frank JANSSEN « Entreprendre une introduction à l’entrepreneuriat », Édition De Boeck Université, 2009. P. 33-34. 5 JULIEN P-A., MARCHESNAY M., « L’entrepreneuriat », Édition ECONOMICA, Paris 1996. P. 20-23. 21

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Donc, l’évolution de l’entrepreneuriat a été associée à l’évolution et au développement du système capitaliste par ces différentes facettes et ces principes majeurs tels que l’homoéconomicus ou l’agent rationnel qui cherche son propre intérêt et la propriété individuelle. 1.2 L’entrepreneuriat et les différentes écoles de l’économie Nous continuons notre esquisse historique sur l’entrepreneuriat, par le dévoilement de la place de cette notion dans les différentes écoles de l’économie. D’abord, l’école allemande de la période des 19 siècles par son auteur V. THUEN qui a défini le talent entrepreneurial comme une ressource rare et le profit comme la rémunération du risque encouru par l’entrepreneur. De même, Frank. KNIGHT explique que le profit réalisé par l’entrepreneur est la récompense du risque supporté et de l’incertitude entretenue, par lequel l’entrepreneur est dans l’impossibilité de prévoir ces résultats alternatifs d’une décision. Ensuite, l’école autrichienne des 20 siècles, par son fondateur Carl MENGER qui suppose que l’activité entrepreneuriale a pour but d’obtenir l’information susceptible à un changement économique. Ainsi, l’entrepreneur doit être conscient et vigilant des situations qui mènent au changement économique. Une autre définition importante d’ Israel KIZNER, par laquelle introduit la notion de la vigilance dans l’activité entrepreneuriale qui suppose que chaque entrepreneur doit être attentif et vigilant aux déséquilibres du marché afin de chasser les nouvelles possibilités et de réaliser le profit. Selon KIZNER, la capacité d’entreprendre est un don qui se diffère d’une personne à une autre et qui détermine la vigilance entrepreneuriale6. «……… La vigilance entrepreneuriale consiste, après tout, dans la capacité à noter, sans recherches, les occasions qui ont été oubliées jusqu’ici. Il est certain qu’elle peut aussi inclure la capacité à noter les occasions de recherches intentionnelles profitables. Mais cette occasion a été découverte par l’entrepreneur vigilant sans recherche. ………» I. KIZNER.

En effet, l’école autrichienne conclut que l’entrepreneuriat apparaît comme une fonction de traitement de l’information, où il existe une asymétrie d’information entre l’entrepreneur et son environnement. C’est pour cela que l’entrepreneur est conçu comme un

6

BERKANE A., « Carl Menger et l'école autrichienne sur la question de la connaissance ». Colloque International Carl Menger et l'École Autrichienne : "existe-t-il une "pensée -Menger ?", Nov 2007, Aix en Provence, France. Disponible sur : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00191164/document . 22

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processeur d’information sollicité d’absorber et de transformer les informations collectées en actions7. Si nous voulons synthétiser les principaux courants économiques ayant enrichi le concept de l’entrepreneuriat, nous serons amenés à adopter la classification de BAUMOL par laquelle, existent deux catégories d’entrepreneurs. La première catégorie est celle d’entrepreneurs classiques défendus par les théoriciens J. B. SAY, F. KNIGHT et I. KIZNER et la deuxième catégorie est celle d’un entrepreneur innovant exposé par J. SCHUMPETER.8 Ainsi, d’autres écoles et théories se sont intéressées au concept embryonnaire de l’entrepreneuriat dans l’histoire économique, notamment la théorie de marché reposant sur le principe de la libre concurrence basée sur une absence des barrières à l’entrée et à la sortie et la théorie industrielle basant sur la concurrence oligopolistique et l’existence de la grande firme. L’entrepreneuriat a pris une place importante par son implication dans différentes disciplines de l’économie.

Paragraphe 2 : L’entrepreneuriat dans la théorie économique L’entrepreneuriat a été abordé dans la théorie économique selon trois approches. D’abord, l’approche fonctionnelle apparue en 17ème siècles et 18ème siècles par les économistes classiques, notamment J.B.SAY, R.CANTILLON et les travaux de Schumpeter. Cette approche se concentre sur les fonctions de l’entrepreneur par rapport à la société. Ensuite, l’approche behavioriste exposant une nouvelle vision à l’entrepreneuriat par l’importance accordée aux traits de l’entrepreneur et ses faits. Enfin, l’approche par le processus émergé dans les années 90 par VERSTRAETE et qui vise à défendre l’idée d’un processus de création d’une nouvelle activité ou d’une nouvelle organisation. 2.1 L’approche fonctionnelle : La vision de Schumpeter sur l’entrepreneuriat J. Schumpeter insiste beaucoup sur la dimension innovatrice de l’entrepreneuriat, par laquelle la fonction de l’entrepreneur consiste pour lui: à innover, à introduire un nouveau produit dans le marché, à transformer une organisation à une forme plus développée par l’agencement des différents ateliers de production, à ouvrir de nouveaux marchés et à découvrir des nouvelles méthodes d’approvisionnement et de distribution. À cet effet,

7 8

JANSSEN F., SURLEMONT B., (2009), Op.cit. P. 51 -52. FILON L-J, (1997), Op.cit. P. 135. 23

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l’entrepreneur schumpetérien est considéré comme un agent important et endogène au marché qui remit en cause la stabilité économique par le biais de l’innovation9. De même, J. Schumpeter est intéressé à la contribution de l’entrepreneuriat dans le développement économique. En effet, l’intérêt de l’entrepreneuriat n’est pas seulement le développement de l’innovation au niveau des firmes et l’exploitation des nouvelles opportunités dans le domaine de l’entreprise.Néanmoins, L’innovation apparaît comme un moteur du développement économique et devient un indicateur largement utilisé pour connaitre la santé économique d’un pays. En outre, il a développé un postulat aussi important, celui du rôle de l’entrepreneur dans le processus de la « destruction créatrice ». Ce processus considéré comme le cœur du capitalisme industriel par le fait, qu’il pousse les entreprises à révolutionner leurs structures économiques et leurs modes de production tout en créant des nouveaux produits et des nouveaux business plans. Le processus « destruction créatrice » est à l’origine du dynamisme industriel et de la croissance dans le long terme10. Il est adopté seulement par les grandes firmes possédant des moyens humains et financiers et qui sont capables de prendre le risque d’assurer le progrès technique. Nous comprenons par celles-ci les entreprises opérant dans les secteurs de l’économie caractérisés par une concurrence oligopolistique ou monopolistique, à savoir le domaine de l’automobile ou de l’aéronautique Les travaux de Schumpeter sont développés par d’autres chercheurs à savoir BAUMOL, qui postule que l’entrepreneur peut adopter un comportement dommageable pour l’économie et que l’entrepreneuriat cherche des situations de rente, et s’articule parfois autour des métiers non innovants. De même, il exprime que l’entrepreneur agit à une époque donnée dans un système économique donné dépend des règles du jeu en vigueur. Cela montre que la rémunération des activités entreprises par l’entrepreneur varie d’une période, d’un endroit à l’autre11.

9

JANSSEN F., SURLEMONT B., (2009), Op.Cit. P. 54. JAZIRI R., « Vision renouvelée des paradigmes de l’entrepreneuriat : Vers une reconfiguration de la recherche en entrepreneuriat ». Acte du colloque international sur « Entrepreneuriat et Entreprise : nouveaux enjeux et nouveau défis ». Les 3-4-5 Avril 2009, Gafsa. 11 JANSSEN F., SURLEMONT B., (2009), Op.Cit. P. 54-55. 24 10

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Cette approche possède les deux limites suivantes :  La première limite concerne l’évaluation et la valorisation de l’innovation, c’est-àdire, elle accorde l’importance seulement à l’innovation technologique et elle marginalise les autres innovations comme l’innovation organisationnelle et commerciale ;  La deuxième limite considère que la relation entre l’entrepreneuriat et le

développement économique par le biais de l’innovation n’est pas une fin en soi, mais plutôt un processus où il est nécessaire de tenir des circonstances favorisant l’innovation telle que l’évolution des attentes du consommateur et le développement de la concurrence12. 2.2 L’approche sur les individus ou le courant de behaviorisme Le courant behavioriste, développé dans les années 70, est fondé par les psychologues, les psychanalyses, les sociologues et autres spécialistes du comportement humain. Il cherche à étudier l’entrepreneur et ses caractéristiques. Ainsi que, de montrer la différence entre les entrepreneurs et les non-entrepreneurs à partir des traits de caractère. Parmi ces précurseurs, nous trouvons « MAX WEBER » qui identifie le système de valeurs comme fondamental pour expliquer les entrepreneurs et C. McCLELLAND qui a donné le coup d’envoi aux sciences du comportement au regard des entrepreneurs, par le lien existant entre la création d’une petite entreprise et le besoin élevé d’accomplissement13. Ce courant regroupe deux approches opposées ; une approche «internaliste» s’intéresse aux traits de l’entrepreneur autour de la question «qui est l’entrepreneur» et une approche «externaliste» pose la question « que fait l’entrepreneur». Ces deux approches sont explicitées somme suite : 2.2.1 L’approche internaliste aux traits de l’entrepreneur Cette approche répond à la question centrale et élémentaire en entrepreneuriat, « qui est l’entrepreneur » sur la base d’un rapprochement de la science du comportement et notamment les théories et des modèles de la psychologie, la sociologie et la psychanalyse, afin de mieux comprendre les traits principaux de l’entrepreneur. Un autre apport principal de cette approche, c’est qu’il développe le principe de la séparation du lien entre l’entrepreneur et l’environnement, et que chaque notion est abordable d’une façon réductrice et indépendante de l’autre. McCLELLAND défend l’idée de l’approche psycho-sociologie de l’entrepreneuriat, par laquelle, évoque les différentes caractéristiques significatives de la personnalité de BOUSLIKHANE A., « L’enseignement de l’entrepreneuriat : pour un regard paradigmatique autour du processus entrepreneurial », 339 pages. Thèse pour l’obtention du grade de docteur en sciences de gestion à l’université de Nancy 2. P. 34. 13 FILON L-J, (1997), Op.cit. P. 135-13 25 12

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l’entrepreneur. Pour lui, les principales caractéristiques des entrepreneurs sont un besoin élevé d’accomplissement (need for achievement) et une forte confiance en eux14. En effet, le tableau, ci-dessous, montre les principaux traits de la personnalité de l’entrepreneur par les spécialités en comportement qui sont souvent indépendamment du contexte de l’entrepreneur.15 Tableau 1: Les caractéristiques le plus souvent attribuées aux entrepreneurs par les spécialistes en comportement            

Innovateurs Leaders Preneurs de risques modérés Indépendants Créateurs Énergiques Persévérants Originaux Optimistes Orientés vers les résultats Flexibles Débrouillards

           

Besoin de réalisation Internaliste Confiance en soi Implication à long terme Tolérance à l’ambiguïté et à l’incertitude Initiative Apprentissage Utilisation de ressources Sensibilité envers les autres Agressivité Tendance à faire confiance Argent comme mesure de performance

Source : Louis Jacques FILION (1997, P : 138).

Plusieurs recherches empiriques sont menées par les chercheurs du courant afin de déterminer un profil-type idéal de l’entrepreneur avec ses actions à entreprendre et de réfuter toutes les approches qui défendent la variété et la multitude des profils des entrepreneurs. En effet, l’objectif principal de déterminer un seul profil-type de l’entrepreneur réside dans un double besoin en économie pour les parties prenantes. D’abord, pour les organismes financiers et les banques en vue de s’assurer des capacités et des compétences de l’entrepreneur à investir et de prendre le risque. Ensuite, pour les pouvoirs publics, qui cherchent à localiser un profil, en vue de miser et accompagner les entrepreneurs qui possèdent une idée performante, et qui peuvent contribuer à un développement territorial régional ou local16.

DEGEORGE J-M., « déclenchement du processus de création d’entreprises : Le cas des ingénieurs Français », 431 pages. Thèse pour l’obtention du doctorat en sciences de gestion soutenue publiquement, le 26 novembre 2007, à l’université JEAN MOULIN LYON III. P. 43. 15 FILION L-J.,, Revue internationale P.M.E. : Économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, vol. 10, n° 2, 1997, P. 129-172. 16 SCHMITT C., JANSSEN F., « Regard critique sur la recherche en entrepreneuriat : construction, évolution et tendances », Communication au 11éme Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME. Octobre 2012. Disponible sur le lien : http://hdl.handle.net/2078/116003. P . 5. 26 14

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2.2.2 L’approche externaliste La limite de cette approche est que l’entrepreneuriat est un objet complexe, difficile à aborder d’une seule vision. Ainsi, c’est un phénomène régional issu des différentes cultures, besoin et habitudes d’une région. L’être humain est un produit de son milieu, un être sociable, un être qui apprend en exerçant un métier joue un rôle sur les caractéristiques de l’entrepreneur. À cet effet, les entrepreneurs sont des gens mal adaptés qui ont besoin de créer leur propre environnement. 2.3 L’approche par le processus Cette approche, apparue dans les années 90, cherche à présenter les limites et à remettre en cause les approches précédentes expliquant l’entrepreneuriat tel que l’approche par les traits. En effet, les chercheurs ont posé la question, « comment naitre une entreprise», en se basant sur un processus qui prend davantage en compte, les actes, les activités et l’environnement. GARTNER, le pionnier, a proposé un modèle interactionniste pour décrire le processus de création d’une nouvelle activité à travers un modèle qui comporte quatre dimensions, à savoir l’environnement, l’individu, le processus et l’organisation. De même, S. VENKATARAMAN a souligné aussi l’importance d’étudier le processus d’émergence des opportunités de création d’entreprises. À cet effet, d’après, S. SHANE et S. VENKATARAMAN: « L’entrepreneuriat est l’étude scientifique du comment, par qui et avec quels effets, les opportunités de création de nouveaux produits et services sont détectées, évaluées et exploitées. »17. En outre, le point de vue de C. BRUYAT et P-A. JULIEN qui a marqué cette approche par le processus, vise à montrer que l’entrepreneuriat est un dialogique18 individu - création de valeurs insistant sur le changement pour l’individu et pour l’environnement, comme facteur favorisant le processus de création d’une entreprise19. En effet, le tableau, ci-dessous, résume les différentes visions de l’approche par les processus, ainsi que ses principales caractéristiques.

17

JAZIRI R., (2009), op.cit. Dialogique, un concept innové par E. Morin signifie que deux logiques ou plusieurs logiques sont liées en une unité, de façon complexe (complémentaire, concurrente et antagoniste) sans que la dualité se perde dans l’unité. 19 CAPRON H., « Entrepreneur et création d’entreprises : Facteurs déterminants de l’esprit d’entreprise » édition de Boeck Université, 2009. P : 13-33. 18

27

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Tableau 2: Les différentes visions de l’approche par les processus Les différentes visions

Les principales caractéristiques

SAHNE et VENKATARAMAN

La création d’une nouvelle organisation par le moyen d’opportunité.

GARTNER

La création de l’organisation par la voie d’émergence organisationnelle

BARUYAT et JULIEN *Dialogique individu/création de valeur. * Trois phases du processus entrepreneurial: déclenchement, engagement et développement (elles seront développées en détail dans le parg 2 de la deuxième section).

Source : Adapté par nous-même.

En définitive, nous pouvons schématiser l’évolution de concept de l’entrepreneuriat dans les différentes approches économiques par le tableau, ci-dessous, tirées de la communication

scientifique

« les

compétences

entrepreneuriales

et

le

processus

entrepreneurial : une approche dynamique » de A. OMRANE et al (2011). En effet, ces approches mentionnées dans le tableau, ci-dessous, déterminent, d’une part, l’évolution des conceptions, et, d’autre part, la mouvance des préoccupations dans le champ de l’entrepreneuriat. Tableau 3: Les approches qui sous-tendent l’évolution du concept20 Durant les deux derniers siècles, l’entrepreneuriat renvoie à une approche fonctionnelle utilisée surtout dans le domaine économique (What). «l’essence de l’entrepreneuriat se situe dans la perception et J. A. Schumpeter 21 (1928) l’exploitation de nouvelles opportunités dans le domaine de l’entreprise […]. Cela a toujours à faire avec l’apport d’un usage différent de ressources nationales qui sont soustraites de leur utilisation naturelle et sujettes à de nouvelles combinaisons». L’entrepreneuriat appréhende l’identification d’opportunité E. T. Penrose (1963) dans le système économique. L’entrepreneuriat renvoie aux activités nécessaires à la création H. Leibenstein (1978,1979) d’une entreprise. Depuis le début des années 50, l’entrepreneuriat renvoie à une approche individuelle utilisée surtout dans le domaine psychologique, sociologique ou de psychologie cognitive ( Why and Who). L’entrepreneuriat est un processus dynamique de création R. Ronstad (1984) humaine incrémentale. « This wealth is created by individuals 20

Amina OMRANE et al., « Les compétences entrepreneuriales et le processus entrepreneurial : une approche dynamique », La Revue des Sciences de Gestion 2011/5 (n° 251), p. 91-100. 21 Cité par Filion (1997), dans Fayolle (2002, p.6) « du champ de l’entrepreneuriat à l’étude du processus entrepreneurial : quelques idées et pistes de recherche », CERAG n°2002-32, 28

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who assume the major risks in term of equity, time, and/or career commitment of providing value for some product or service. The product or service itself may or may not be new or unique but value must somehow be infused by the entrepreneur by securing and allocating the necessary skills and resources». «L’entrepreneuriat est une réponse créatrice, une habileté à J.M Toulouse (1988) percevoir de nouvelles perspectives, à faire des choses nouvelles, à faire différemment les choses existantes ». «Le cœur de l’entrepreneuriat corporatif est que l’opportunité H. Stevenson et C. 22 Jarillo qui se présente à la firme doit être poursuivie par des individus en son sein […]. Mais le repérage des opportunités est certainement fonction des capacités de l’individu : sa connaissance intime du marché, des technologies impliquées, des besoins du consommateur, etc. 23 « Entreprendre suppose un état cognitif conduisant une J. Timmons (1994) personne à agir conformément au type d’action qu’appelle l’acte correspondant, à partir d’une idée et de la détection ou de la construction d’opportunités d’affaires». «L’entrepreneuriat est « incarné ». Il est appréhendé comme le J. Danjou (2000) comportement d’un individu ayant des besoins, des motivations, des traits de personnalité, des aptitudes et des compétences particulières». Depuis le début des années 90, l’entrepreneuriat renvoie à une approche fondée sur les processus utilisés surtout dans le domaine des sciences de gestion, de l’action ou dans les théories des organisations(How). L’entrepreneuriat est un phénomène qui consiste à créer et W. Gartner (1991)24 organiser de nouvelles activités. «The entrepreneurial process involves all the functions, W. Bygrave et C. Hofer activities and actions associated with the perceiving of opportunities and the creation of organizations to pursue them » L’entrepreneuriat est un processus itératif de creation d’idées, B. Cunningham et J. Lischeron (1991) d’évaluation personnelle, de remise en cause actuelle et future: «this process involves creating the idea, assessing one’s personal habilites, and taking actions now and in the future ». L’entrepreneuriat est une dialogique individu- création de C. Bruyat (1993) valeur nouvelle, dans une dynamique de changement créatrice. L’entrepreneuriat est défini comme « the scholarly examination S. Venkataraman

(1997)25 Cité par Messeghem (2006) « L’entrepreneuriat en quête de paradigme : apport de l’école Autrichienne », 8ème congrès international francophone en Entrepreneuriat et PME, Octobre 2006, HEC, Fribourg, Suisse. 23 Cité par Verstraete (2003) « proposition d’un cadre théorique pour la recherche en entrepreneuriat », Éditions de l’ADREG. 24 Cité par Fayolle (2002, p.10) « du champ de l’entrepreneuriat à l’étude du processus entrepreneurial : quelques idées et pistes de recherche », CERAG n°2002-32, 29 22

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of how, by whom and with what effects opportunities to create future goods and services are discovered, evaluated and exploited ». Le champ de l’entrepreneuriat renferme « the study of sources S. Shane et S. Venkataraman (2000) of opportunities; the process of discovery, evaluation, and exploitation of opportunities; and the set of individuals who discover, evaluate, and exploit them ». L’entrepreneuriat concerne le phénomène relevant d’une Th. Verstraete (2003) relation symbiotique entre l’entrepreneur et l’organisation impulsée par celui-ci». L’entrepreneuriat comme intégration des multiples approches fonctionnelles, individuelles et cognitives est un champ diversifié multidisciplinaire Source : Amina OMRANE, (2011, P : 92-93)

Paragraphe 3 : Une tendance à une théorie spécifique à l’entrepreneuriat L’absence d’une définition claire et précise de l’entrepreneuriat incite les chercheurs et les académiciens, à se pencher sur ce volet en vue d’établir des modèles spécifiques relatifs à leur vision et à leur conception. L’entrepreneuriat comme un champ interdisciplinaire trouve son fondement et ses définitions, à partir des différentes sciences et disciplines scientifiques (économie, politique, psychologie, sociologie). Cela se voit, d’abord, dans les sciences économiques, notamment les classiques (J. B. SAY, R. CANTILLON) qui s’intéressent à l’entrepreneuriat et aux rôles attribués aux entrepreneurs, tel que le rassemblement et la combinaison des facteurs de production, la gestion de l’incertitude, distributions des revenus. Ensuite, aux sciences de gestion qui intègre d’autres disciplines à savoir la finance, le marketing et la gestion des ressources humaines. En effet, l’entrepreneuriat expose un champ composé de plusieurs approches et disciplines qui s’interagissent afin d’expliquer ce phénomène. Cependant, nous pouvons approfondir le concept d’entrepreneuriat à travers les deux modèles ci-dessous :

Cité par Fayolle (2002, p.11) « du champ de l’entrepreneuriat à l’étude du processus entrepreneurial : quelques idées et pistes de recherche », CERAG n°2002-32, 30 25

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3.1. Le modèle d’entrepreneuriat d’après A. SHAPERO A. SHAPERO a développé son modèle du processus entrepreneurial en 1975. Il s’agit d’un phénomène multidimensionnel qui a pris en compte les caractéristiques psychologique du créateur et un certain nombre de facteurs contextuels : discontinuité, crédibilité et faisabilité, que nous allons étudier ci-après26. La discontinuité : Elle constitue un point de transition d’un style de vie à un autre grâce à un évènement rencontré par l’entrepreneur. Ces évènements qui se situent dans des situations positives et négatives sont considérés comme inducteurs ou déclencheurs de l’acte d’entreprendre. 

Les situations négatives peuvent s’expliquer par la création de son propre emploi, le

licenciement, insatisfaction dans le travail, mauvaise relation avec la hiérarchie ; 

Les situations positives se présentent notamment par la détection d’un nouveau produit

ou d’un nouveau marché non exploité, la rencontre d’un partenaire, la possibilité d’avoir un financement pour l’entreprise. La crédibilité de l’acte de création d’entreprises : A.SHAPERO insiste dans ce cadre sur l’environnement où vit l’entrepreneur, ainsi leur incitation sur l’entrepreneur à prendre le risque et d’aventurier pour créer sa propre entreprise. À cet effet, il fait la distinction entre quatre variables déterminantes dans le démarrage de l’acte d’entreprendre, à savoir : 

La famille : Le rôle de la famille est primordial, par l’aide apporté à un entrepreneur.

Les recherches ont montré que la plupart des entrepreneurs ayant un parent (père, mère) entrepreneur. Ce rôle peut être expliqué par une aide financière, un soutien moral au moment de la création et une sensibilisation dès la naissance à l’importance de l’esprit d’entreprise ; 

L’entreprise : Plusieurs entreprises participent au développement de l’esprit

d’entreprise chez leurs employés, soit par l’interapreneuriat ou soit par l’essaimage. Cette variable a été approuvée dans le territoire d’El-Jadida, par le fait que des entreprises comme SONASID, des filiales d’OCP organisent des séances d’entrepreneuriat au profit des employés en vue de créer leur propre affaire ; 

Le milieu professionnel: Le regroupement de certaines professions dans une région

permet de créer un climat favorable pour l’apprentissage des expériences et l’encouragement à la création d’entreprise. Dans notre travail, c’est le cas du complexe industriel Jorf Lasfar

26

HERNANDEZ E-M., « l’Entrepreneuriat : approche théorique », Édition l’Harmattan, 2001, P : 66-70. 31

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qui regroupe des entreprises à fort potentiel économique possédant un métier et des savoirs faire; 

Le milieu social: Il s’agit de l’influence de la culture de l’entrepreneur sur le choix de

son avenir (accession aux professions publiques ou créations d’entreprises). La faisabilité de l’acte : « pour créer sa propre entreprise, l’entrepreneur doit accéder à certaines ressources. D’une part, les américains parlent des 6M de l’entreprise : Money, Men, Machines, Matériels, Market, Management »27. D’autre part, Belley affirme que la plupart des recherches insistent sur la nécessité de la disponibilité des ressources financières pour la création d’entreprises, ainsi que, le capital humain, considéré comme un potentiel d’épanouissement pour l’entreprise, est abondant, mais il souffre du problème de la qualification. À cet effet, le modèle d’A. SHAPERO est schématisé comme suit : Figure 1: Le modèle de l’Entrepreneuriat selon A. SHAPERO (1975) Disposition à l’action : *Motivation ; *Attitudes ; dogmatisme ; idéologie d’affaires ; maîtrise du destin *Intuitions

Crédibilité de l’acte : *Milieu familial *Groupe de référence *Environnement local *Environnement organisationnel *Essaimage

Variable Psychologique

Variable Sociologique Évènement entrepreneurial :

Entrepreneur Potentiel :

*Création *Achat *Intégration sur invitation, par succession

Avec son « bagage » *Scolarité *Expériences

Variable de situation

Discontinuité ou déplacement : * Négatifs : « Pushes » * Positifs : « Pulls » Source : Émile Michel HERNANDEZ (2001, P : 67)

Avec son « bagage » Variable Économique Scolarité Expériencesdes Faisabilité-Accessibilité ressources *Main-d’œuvre *Ressources financières * Technologie * Marchés * Supports de l’État *Positifs : « Pulls »

27

Idem., P. 67. 32

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3.2. Le modèle d’entrepreneuriat d’après VERSTRAETE Th. VERSTRAETE (2002), dans son ouvrage « un essai sur la singularité de l’entrepreneuriat comme domaine de recherche », a posé des questions concernant le champ de recherche de l’entrepreneuriat, notamment la question suivante : « l’entrepreneuriat est-il un domaine de recherches en sciences de gestion ? » 28 Pour que l’entrepreneuriat soit reconnu comme domaine de recherche, plusieurs constats s’imposent :  L’existence d’une communauté de chercheurs se consacre à son étude et à son environnement.  L’existence d’objets, notions ou concepts singuliers dans lesquels la précédente communauté se retrouve.  La possibilité d’établir un projet de recherche pour ce domaine. Ainsi, Th. VERSTRAETE (2002) a fait appel à des outils méthodologiques pour expliquer la modélisation du phénomène entrepreneurial. En premier lieu, par le recours à l’analyse dialectique selon PAGES. En effet, cette analyse consiste à parler de dialectique dès lors qu’on étudie un objet aux dimensions indissociables mais irréductibles les unes aux autres d’une part. D’autre part, d’effectuer des articulations de processus relevant de domaines différents à travers une approche interdisciplinaire induisant un questionnement épistémologique profond. Les deux acceptions ne sont pas exclusives et constituent, conjointement, l’analyse dialectique.29 Ensuite, le recours à une approche constructiviste et du regard du gestionnaire sur l’entrepreneuriat. Ces chercheurs en science de gestion apportent à l’entrepreneuriat une réalité socio-économique, qui s’exprime à deux niveaux : le créateur et l’organisation impulsée. Donc, ce modèle est composé de trois dimensions : une dimension cognitive, praxéologique et structurale ; ces trois dimensions comportent elles-mêmes des dimensions indissociables et irréductibles (voir le graphique ci-dessous).

VERSTRAETE Th., « un essai sur la singularité de l’entrepreneuriat comme domaine de recherche », Édition de l’ADREG, janvier 2002. P. 13. 29 VERSTRAETE Th., « ENTREPRENEURIAT connaître l’entrepreneur, comprendre ses actes » Édition l’Harmattan, Paris, 1999. P. 28 33 28

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Figure 2: La modélisation du phénomène entrepreneurial30 Organisation Entrepreneuriale Dimension cognitive Pensée Apprentissage Stratégique Réflexivité Vision entrepreneuriale

Dimension structurale

Dimension praxéologique configuration

objective (genèse)

positionnement

subjective (artefact)

Acte entrepreneurial

Imbrication entrepreneuriale

Phénomène Entrepreneurial Source : Thierry VERSTRAETE (2001, P. 9).

En effet, ces trois dimensions ont pour objectifs de soutenir l’entrepreneur dans sa vision et sa position de création d’organisation au sein d’un environnement turbulent et incertain. Aussi, de faire intégrer les parties prenantes dans son projet d’impulsion d’organisation. C’est pourquoi l’entrepreneuriat relevant d’une relation symbiotique entre l’entrepreneur et l’organisation impulsée par

lui-même31. Les trois dimensions de la

modélisation du phénomène entrepreneurial sont présentées comme suit : La dimension cognitive : Elle correspond en général à la personne entrepreneur ses intentions et ces attitudes. Cette dimension regroupe trois concepts fondamentaux et indissociables à savoir la vision stratégique, l’apprentissage et la réflexivité. Ces sousdimensions ont pour effet de rendre l’organisation plus congruente, et d’adopter une position stratégique32. La réflexivité : elle renvoie à la capacité de l’individu à comprendre ce qu’il fait, pendant qu’il fait. Précisément l’acteur prend conscience à la fois de ce qu’il fait et de la perception qu’il a de ses intentions (actions) et de ses motivations d’action, cela en référence aux ressources qu’il mobilise au sein de la structure sociale dans laquelle évolue. À cet effet, le créateur de l’organisation apprend dans l’action d’organisation et dans la structuration qu’il entreprend.

30

Idem., P 32 VERSTRAETE Th., « Entrepreneuriat : modélisation du phénomène », Revue de l’entrepreneuriat Vol 1, n° 1, 2001. P. 8. 32 VERSTRAETE Th., « Proposition d’un cadre théorique pour la recherche en entrepreneuriat : PhE=F[ (CxSxP)c (ExO)] », Édition l’ADREG décembre 2003. P. 21- 41. 34 31

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L’apprentissage : Il résulte de l’expérience passée et en cours, des connaissances, des prédispositions, des situations et subit l’influence des passions, des émotions et des motivations. Dans les sciences de gestion, la notion de l’apprentissage est développée par CHRIS ARGYRIS qui avance que l’apprentissage dans l’organisation se réalise en deux formes. La première est celle de la simple boucle, considérée comme un processus de correction et de détection des erreurs en vue de modifier les pratiques et corriger les problèmes constatés. Ensuite, c’est un apprentissage sous une double boucle qui cherche à remettre en cause les logiques et les hypothèses sous-jacentes à l’action. Selon HOC, l’entrepreneur réussi. C’est celui qui a su articuler les plans déclaratifs correspondant à un objectif lointain et les plans procéduraux relatifs à la tâche effectués. Cette articulation permet à l’entrepreneur de mieux apprendre et de modifier sa vision stratégique par l’apprentissage. Lavisionstratégique : C’est la représentation d’une image mentale, d’un état futur possible et souhaitable d’une organisation. La capacité à penser d’un avenir qui va tenter de se concrétiser dans un environnement. La dimension structurale : C’est la deuxième dimension du phénomène entrepreneurial. Elle fait référence à un espace socio-historique temporellement situé mais mouvant, ainsi elle agence les individus et les actions dans un espace social. En effet, les structures sociales jouent un rôle important dans le passage à l’acte d’individu et dans l’incitation de se comporter d’une façon entrepreneuriale. Cette dimension est composée de deux structures indissociables et irréductibles, l’une objective et l’autre subjective33. La structure objective : Elle dépend des points de vue de chaque entrepreneur qu’il a vécu et appris dans son espace, et son environnement, aussi elle se dégage de la position que les individus occupent ou cherchent à occuper dans la structure sociale et de la distribution des espèces de capital.34En effet, toute position occupée par un individu dans un espace social est une opportunité d’appréhension des conventions de cet espace et d’intériorisation des représentations sociales relatives aux objets de cet espace35. La structure subjective : Elle est le produit de la subjectivité individuelle ou collective. Elle fait référence à deux idées, la première de convention entre acteurs, pour le faire adhérer à un projet. La deuxième de représentations partagées de certains objets d’un espace social. À 33

Idem., P. 42-75. Le capital économique (liquidité, bien économique), le capital culturel (un capital culturel incorporé, un capital culturel objectif et un capital culturel institutionnalisé), un capital social (ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relation) et enfin un capital symbolique (le prestige et à la répartition qui confère dans un champ). 35 VERSTRAETE Th., (1999), Op.Cit. P. 35-36. 35 34

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cet effet, L’entrepreneur parviendra à imposer son registre conventionnel, plus sa présentation à l’espace social qu’il investit. Ainsi, ces deux principes constituent un lien de liaison entre la dimension subjective (la partie construite) et la dimension objective (la partie donnée), dans le sens que le fondateur use des espèces de capital dont il dispose, de sa capacité de conviction pour instaurer un modèle qu’ il utilisera dans le futur pour changer de position au sein de la structure globale. La dimension praxéologique : C’est la dernière dimension de la modélisation du phénomène entrepreneurial. Elle constitue l’espace de la matérialisation et de la concrétisation du phénomène. Cette concrétisation passe par une organisation renvoyant aux deux dimensions qui sont : L’entrepreneur se positionne vis-à-vis de multiples parties prenantes :l’entrepreneur se positionne dans un environnement incertain, plein des concurrents et des acteurs proches de son projet, ce qui complexifie sa réaction. En effet, il mène par son action organisée, à initier une organisation et de considérer comme un processus d’inter-structuration. Cette action menée vise à réguler et à gouverner les acteurs de l’organisation et les membres de l’environnement pour les mettre d’accord et d’apporter les réponses aux contraintes rencontrées par l’entrepreneur. L’entrepreneur est censé de mettre en place une configuration organisationnelle sur laquelle va s’appuyer. L’entrepreneur met en place une configuration organisationnelle : l’entrepreneur arrive à instaurer une structure autonome, composée par des thèmes classiques tels que la spécialisation et la répartition des tâches, la responsabilité et la coordination pour intégrer enfin la structure globale socio-économique. En somme, ces deux composantes de la dimension praxéologique permettent de construire et de mettre en œuvre une organisation autonome, ouverte et possédant une entité. Figure 3: L’interaction des dimensions du phénomène entrepreneurial d’après Th. VERSTRAETE Cognitive

Praxéologique

Structurale Source : Thierry VERSTRAETE (2003, P. 17)

Ces trois niveaux de dimensions (C, S, P), plus deux facteurs (l’entrepreneur et l’organisation), cherchent à construire un programme de recherche en entrepreneuriat (Figure 36

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3). Qui vise à apporter des connaissances, et de montrer le chevauchement et l’interaction, existant entre les différents composants de ce modèle théorique36. Figure 4: Le phénomène entrepreneurial selon Th. VERSTRAETE37

PhE= {𝑪 ∗ 𝑺 ∗ 𝑷}∁[𝑬 ∗ 𝑶] Source: Thierry VERSTRAETE (2003, P. 16)

Pour conclure, ce paragraphe, nous avons exposé quelques limites et problèmes liées au phénomène de l’entrepreneuriat dans la littérature. D’abord, les auteurs ne sont pas arrivés à se mettre d’accord sur une définition du terme entrepreneuriat. Ensuite, plusieurs modèles ont été développés par des différents chercheurs, mais sans déterminer une définition précise. Cette divergence des points de vue des chercheurs appauvrit l’ampleur et l’importance du phénomène de l’entrepreneuriat En effet, la section suivante sera pour but d’éclaircir davantage le phénomène d’entrepreneuriat, notamment par l’idée de présenter l’entrepreneur considéré comme l’acteur de l’entrepreneuriat.

Section II : l’entrepreneur un acteur de l’entrepreneuriat L’étude de l’entrepreneur est riche dans le sens où de nombreux travaux et analyses ont enrichi ce domaine de recherche, dont un article de M. MARCHESNAY publié dans la « RIPME », qui explique ce concept et illustre parfaitement cette fertilité. Dans ce sens, il existe deux façons d’aborder le concept de l’entrepreneur. D’abord, de s’intéresser à la question « qui est l’entrepreneur». Cette question a longtemps dominé le champ de l’entrepreneuriat, par lequel vise à décrire un profil-type de l’entrepreneur surtout celui qui connaît le succès et la réussite de son affaire. Ensuite, de s’intéresser à la question «que fait l’entrepreneur». La réponse à cette question vise, donc, à compléter la description d’une fonction entrepreneuriale et de considérer comme un entrepreneur toute personne qui remplit cette fonction. Dans cette section, nous allons définir d’abord, les approches traitant le concept de l’entrepreneur (Paragraphe 1), puis, d’expliciter une typologie d’entrepreneur par des caractéristiques comportementales et psychologiques (Paragraphe 2), et enfin, l’implication de l’entrepreneur dans le territoire. (Paragraphe3).

36 37

VERSTRAETE Th., (2003), Op.Cit. P. 13-16. Idem., P. 17-20. 37

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Paragraphe 1 : Les approches de l’entrepreneur Nous présentons dans ce paragraphe les approches les plus importantes qui s’intéressent à la notion de l’entrepreneur dans la théorie économique. D’abord, l’entrepreneur et l’innovation selon J. SCHUMPETER, puis, l’entrepreneur et la coordination d’après M. CASSON, et enfin, l’entrepreneur, risque et incertitude selon F. KNIGHT. 1.1. L’entrepreneur innovateur selon Joseph SCHUMPETER Au début du 20ème siècle, Joseph Schumpeter part d’une l’hypothèse principale, celle que le changement suite à un déséquilibre dynamique qui constitue la norme d’une économie saine et non plus l’équilibre économique. Sur la base de ces travaux, deux idées essentielles vont émerger et se développent avec le temps, d’une part, la notion de l’innovation qui apporte une valeur ajoutée pour l’économie et, d’autre part, la notion de développement économique. À cet effet, la perception différente de la réalité accompagnée de l’amélioration et le développement de la fonction d’entrepreneur dont considérés selon le modèle de Walras, comme une fonction de production au même titre que l’entreprise, soit une espèce de boîte noire dont on ignore tout fonctionnement ou bien un simple agent de réaction aux modifications de l’environnement économique38. L’entrepreneur schumpetérien est conçu comme un agent endogène au marché qui remet en cause l’équilibre économique par le biais de ses innovations et de ses objectifs, ainsi que d’aller contre l’ordre économique établi et dans le changement du jeu. L’innovation selon J. SCHUMPETER est l’outil qui permet à l’entrepreneur de réaliser un déséquilibre économique, d’accroître son chiffre d’affaires et de renforcer sa position dominante sur le marché. À cet effet, l’innovation est définie comme l’exécution de nouvelles combinaisons productives ou l’apparition d’un nouveau produit qui transforme, en effet, les structures productives, créées de la nouveauté en perturbant les équilibres de marché et modifie en profondeur l’économie du pays tout entier39. J. SCHUMPETER a identifié cinq types d’innovation, à savoir : 1) La fabrication d’un nouveau produit ; 2) Introduction d’une méthode de production nouvelle ; 3) La réalisation d’une nouvelle organisation ; 4) L’ouverture d’un débouché nouveau ; 5) La conquête d’une nouvelle source d’approvisionnement.

38 39

JANSSEN F., SURLEMONT B., (2009), Op.Cit. P. 53. Idem., P. 53. 38

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De même, l’entrepreneur schumpétérien est l’acteur central de l’économie capitaliste. Il est un agent économique qui se préoccupe de réaliser de « nouvelle combinaison de facteurs de production» qui sont autant d’opportunité d’investissement. Selon J.Schumpeter, l’entrepreneur ne doit pas être confondu avec le chef de l’entreprise, un simple administrateur ou avec le capitaliste propriétaire des moyens de production. Dans ce sens des traits importants peuvent mieux résumer le portrait d’entrepreneurs, notamment40 :  Malgré son indépendance sur le plan juridique (création de sa propre organisation), économiquement, est toujours liée au marché par la voie de la concurrence. Il est censé de suivre l’évolution du marché et de réagir par les différents types d’innovation ;  La recherche de profit est secondaire. Un entrepreneur est celui qui aime le jeu, par le fait, que la joie de créer son organisation ou de combiner les facteurs de production l’emporte sur la recherche de profit entrepreneurial. Le profit apparaît comme l’expression de la valeur de la contribution de l’entrepreneur à la production ;  Il est un calculateur doué dont peut prévoir l’évolution du marché. L’entrepreneur schumpétérien prévoit les coûts des nouvelles combinaisons de production, qui sont des opportunités d’investissement et choisit l’offre qui lui présente plus d’avantages et d’intérêt ;  Il possède à la fois le charisme et l’autorité, il est le révolutionnaire de l’économie et le pionnier involontaire de la révolution sociale et politique. De plus, Joseph Schumpeter a largement contribué à la théorie d’entrepreneur par l’idée de proposer une typologie basée sur les fonctions économiques mises en œuvre par l’entrepreneur et par les positions sociales dans lesquelles il se retrouve. Cette typologie repère quatre types historiques de l’entrepreneur présenté comme suite41:

BOUILLIER S., UZUNIDIS D., « L’entrepreneur », sous la direction de Catherine Léger-Jarniou, « Le grand livre de l’entrepreneuriat », Édition DUNOD, 2013 P. 32-34. 41 FAYOLLE A., « Entrepreneuriat apprendre à entreprendre », 2éme Édition Dunod, 2012. P. 79. 39 40

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Tableau 4: L’approche de Schumpeter de l’entrepreneur Présente un projet capitalistique basé sur le profit. En même temps, il exerce plusieurs fonctions. L’entreprise est soumise Le fabricant commerçant à une logique familiale héréditaire, par laquelle est transmise de créateur à ses proches. Il est motivé soit par le but d’acquérir des parts sociales ou des actions des autres actionnaires, ou soit par l’influence Le capitaine d’industrie personnelle. Possède un statut particulier, il s’intéresse ou non aux résultats de l’entreprise. Son comportement est différent de celui du Le directeur salarié capitalisme. Il participe à la vie économique et au monde des affaires, par lancement d’une affaire personnelle. Mais cette action est Le fondateur rapidement suspendue par l’entrepreneur. Source : Adapté sur Alain Fayolle (2012, P : 79).

En définitive, une multitude des chercheurs vont s’inspirer des travaux de Schumpeter et associer par la suite, le concept d’entrepreneur à l’innovation, notamment, le théoricien Leibenstein, qui distingue deux types d’entrepreneurs : l’entrepreneur routinier qui est assimilé au management au sens large et l’entrepreneur « new type » qui crée et développe une entreprise dont le marché n’est pas encore défini. 1.2. Mark CASSON, l’entrepreneur et coordination La théorie de l’entrepreneur, d’après, M. CASSON est développée sur la base de la définition suivante: « un entrepreneur est quelqu’un de spécialisé dans la prise (intuitive) de décision (réfléchies) relatives à la coordination de ressources rares »42. Cette définition est détaillée et explicitée comme suite : Un entrepreneur est quelqu’un …. : L’entrepreneur est un individu pas une équipe ni un comité, ni une organisation. Seuls les individus sont capables de prendre une décision. Cela ne néglige pas les comités et les équipes, mais la définition est orientée sur l’individu entrepreneur. ….Spécialisé… : un spécialiste prend une décision non seulement pour son propre compte mais aussi pour celui d’autres personnes, c’est pour cela la prise de décision peut être acquise pour location. Dans une économie de marché, le processus de prise de décision agit à

42

CASSON M., « L’entrepreneur » Édition ECONOMICA, Paris, 1991. P. 22 -23. 40

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deux niveaux ; soit le service de décision est loué par ceux qui possèdent les ressources, ou soit les ressources sont louées à leurs propriétaires par les décideurs. ….. En prenant des décisions réfléchies… : une décision réfléchie est expliquée dans le cadre que les individus prennent des décisions opposées dans un contexte similaire et les mêmes objectifs fixés. Cela résulte par le fait, qu’ils n’ont pas le même type d’accès à l’information, ou qu’ils n’ont pas interprété l’information de la même manière. …..Relatives à la coordination : la coordination est définie comme une réallocation avantageuse des ressources. C’est un concept dynamique par opposition à l’affectation qui est statique. En effet, cette notion rend l’entrepreneur un acteur actif de changement. ….des ressources rares : pour objectif

de serrer le champ d’étude qui est

généralement considéré comme économique. Donc, M. CASSON cherche à trouver la valeur de la fonction d’entrepreneur, qui est une fonction permanente et non pas une activité exercée une seule fois. À cet effet, il a insisté sur le fait que la demande de l’entrepreneur provient de la nécessité d’une adaptation au changement et de la demande de la prise de décision active. Ainsi, les découvertes et les mises à jour des informations et des connaissances existantes sur le marché sont eux qui mènent à l’apparition et à l’exploitation des nouvelles opportunités. Le moment où l’entrepreneur procède à la mise à jour d’une information, il réagit indirectement à un changement objectif dans l’état du monde qui rend son information d’origine obsolète. De même, l’entrepreneur est appelé à économiser les coûts en ressources de prise de décision par l’application d’une logique de décision en trois étapes. Cette logique est résumée comme suite : D’abord, la première étape consiste à la formulation du problème par une spécification des objectifs, des options et des contraintes pour déduire une règle de décision. Puis, la deuxième étape consiste à produire des données, selon lesquelles, le décideur apporte ses propres estimations sur les variables inconnues et exploite des corrélations entre les variables inconnues et les valeurs connues prises par les autres variables. Enfin, étape finale correspond à l’exécution de la décision par l’application à la règle de décision à l’ensemble des données et le début du processus de mise en œuvre. Dans ce contexte, le traitement consiste à collecter, analyser, communiquer et stocker l’information43.

43

Idem., P. 27-28. 41

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En outre, la notion de la coordination l’élément de base de la théorie de M. CASSON joue un rôle fondamental dans la théorie économique. C’est pour cela, il est important de distinguer entre un problème de coordination et le processus de coordination. Un problème de coordination comprend l’analyse de la nature des décisions qu’il faut prendre. Alors que l’étude d’un processus de coordination s’intéresse à ceux qui prennent chaque décision et à la façon dont les différents décideurs peuvent réagir les uns à l’égard des autres. Ainsi, une autre distinction a opéré dans les mécanismes de coordination qui sont: le contrat et la conjecture. Le contrat définit comme une méthode beaucoup plus sûre que la conjoncture qui ne fonctionne que dans des circonstances bien précises. En effet, pour mieux comprendre l’entrepreneur coordinateur, nous présentons quelques avantages : l’entrepreneur tente toujours d’exploiter son pouvoir de négociation en intervenant comme intermédiaire et de s’approprier des avantages de la coordination. Ainsi, il reste toujours à l’écart de celui dont il est intermédiaire, et de s’assurer de sa position de négociation face à ses partenaires. Ces caractéristiques rendent de l’entrepreneur un acteur de coordination et sans lui la coordination n’est pas possible. Pour conclure, la vision de M. CASSON pour l’entrepreneur, nous citons quelques exemples de l’entrepreneur coordinateur et les stratégies adoptées. D’abord, l’entrepreneur comme producteur perçoit une opportunité de coordination que ne perçoit pas l’agriculture, il est motivé par des considérations personnelles et non pas sociales. Dans cet exemple, l’entrepreneur domine l’agriculteur par le fait qu’il maintiendra dans le doute par rapport à ses dispositions, puis il adopte une stratégie dure de négociation pour lui forcer à faire des concessions et approprier la totalité du profit. Tous les bénéfices de la coordination reviennent personnellement à l’entrepreneur. Ensuite, l’exemple de l’entrepreneur comme employeur. En l’absence de l’intervention d’un entrepreneur, chaque travailleur opte pour l’isolement. L’entrepreneur possède l’information et sait bien ce que peuvent produire les deux travailleurs séparés ou en équipe. En utilisant une stratégie de négociation dure, l’entrepreneur peut acheter la force de travail de chaque employé en contrepartie d’un salaire égal à ce que chacun produirait en situation d’isolement. Donc, l’entrepreneur possède les facteurs de production et il est aussi propriétaire de la production, ce qui lui procure des bénéfices et des profits.

42

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1.3. L’entrepreneur, le risque et l’incertitude selon Frank KNIGHT Pour F. Knight, le profit réalisé par l’entrepreneur provient de sa capacité à traiter le risque et l’incertitude. La différence entre ces deux concepts, c’est que le risque est probabilisé grâce à des outils statistiques et il permet donc d’évaluer le comportement probable des agents, par contre l’incertitude n’est pas probabilisable, ce qui pose problème pour étudier les réactions des agents et ce par l’impossibilité de prévoir à l’avance leurs actions et leurs stratégies. La fonction principale de l’entrepreneur selon F. Knight est de découvrir des informations qui peuvent être inconnues et incertaines, en vue d’une meilleure exploitation. L’entrepreneur doit gérer l’information incertaine qui peut être probabilisable et/ou ignorée ainsi que les risques qu’elle engendre44. L’entreprise apparaît comme l’institution spécialisée dans la réduction de l’incertitude, F. KNIGHT a explicité, en 1921, dans la préface de l’ouvrage Risk, Uncertaintl And profit « le consommateur est tout seul, pour le producteur il présente une simple multitude dans laquelle l’individu est perdu… une personne ayant un certain recul peut prévoir le désir d’une multitude ». Ce qui est incertitude pour l’un est un risque pour l’autre. Les marchés ont alors pour mission de sélectionner les individus les plus aptes à prendre les bonnes décisions et les entreprises apparaissent comme l’institution chargée de consolider et de réduire l’incertitude des affaires. Par ailleurs, nous noterons que la distinction risque incertitude de F. KNIGHT n’est plus acceptée aujourd’hui même si elle concerne un fort pouvoir d’attraction sur notre institution. En particulier l’incertitude ne provient pas du caractère unique de la situation économique mais, du fait que les opinions divergent sur ce qu’il convient de faire pour l’améliorer.

Paragraphe 2 : Une typologie de l’entrepreneur Avec l’évolution de discipline telle que la psychologie, la sociologie et la science de gestion plusieurs chercheurs ont été intéressés à la notion de l’entrepreneur. Cette notion a été enrichie par des typologies privilégiant quelques caractéristiques comme

la volonté de

croissance et le désir d’indépendance. En effet, les entrepreneurs préfèrent gagner moins mais, d’être le maitre de son affaire, de choisir lui-même sa logique d’action qui est axée soit sur logique patrimoniale répandue dans les affaires familiales ou une logique entrepreneuriale qui 44

LAROCHE H., NIOCHE J-P., « Repenser la stratégie : fondements et perspective », Edition Vuibert, 1998. P 282-283. 43

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favorise les activités à croissance forte. Ainsi, ils possèdent une forte confiance, par laquelle cherchent à exercer un certain contrôle et développer leur propre projet tant dans l’entreprise que dans leur vie personnelle. Ces caractéristiques sont déployées par des chercheurs en vue de procéder à une classification45. 2.1. Une classification des typologies d’entrepreneur D’abord, nous commençons notre classification par une ancienne étude sur la typologie, celle de Norman Smith au début des années 60. Cette fameuse classification a permis de distinguer entre l’entrepreneur artisan et l’entrepreneur opportuniste sur la base de niveau d’éducation et la formation des entrepreneurs. Tableau 5: La typologie d’entrepreneur proposé par Norman SMITH L’entrepreneur artisan

L’entrepreneur opportuniste

Est un jeune, possède peu d’éducation,

Est plus âgé et plus expérimenté en matière

mais a une forte compétence technique. Il de gestion, il est déjà un cadre ou un adopte toujours une attitude paternaliste au ingénieur. Il refuse le paternalisme et accorde sein de son entreprise par son affolement une place importante à la croissance et au de perdre le contrôle. Enfin, il se localise développement. Enfin, il se localise dans des dans des activités de faible valeur.

activités innovantes et commence par un capital important.

Source : Adapté sur Pierre André Julien et Michel Marchesnay (1996, P.55)

Cette classification a suscité beaucoup de critiques, à cause de l’apparition des nouvelles circonstances de création. C’est pour cela, il a amélioré sa typologie dans les années 1990, en introduisant, le type d’organisation entrepreneuriale peu formalisé et l’organisation professionnelle très formalisée. Ensuite, une autre typologie est effectuée par deux auteurs américains, Miles et Snow, en 1975, selon laquelle ils vont réorganiser les travaux de Smith pour montrer la relation entre l’entrepreneuriat et l’innovation, ainsi que de proposer une typologie d’entrepreneur issus de cette relation. Ces recherches peuvent se résumer dans le tableau ci-dessous 46 :

45

JULIEN P-A., MARCHESNAY M., (1996), Op.cit. P. 55 MARCHESNAY M., MESSEGHEM K., « cas de stratégie de petites et moyennes entreprises », Édition EMS 2001. P. 20 44 46

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Tableau 6: La typologie d’entrepreneur proposé par Miles et Snow Organisation professionnelle

Organisation entrepreneuriale

Innovativité faible

Artisan, Réactif non adaptatif, Manager, Réactif adaptatif, Défenseur, Technicien. Adaptateur, Professionnel.

Innovativité forte

Innovateur, créatif proactif, Opportuniste, Proactif adaptatif, Pionnier. prospecteur.

Source : Marchesnay M. &Messeghem K. (2001, P. 20).

En effet, cette classification est réalisée selon les conditions de l’innovation, allant du prospecteur au réacteur47 : Le prospecteur : est considéré comme l’innovateur pur, il est toujours à la recherche en permanence de l’innovation (produit ou procédé). Ainsi, il n’est plus intéressé par le volet d’organisation et de mise en marché. Donc, l’essentiel pour ce type d’entrepreneur est de chercher une innovation pour la conjuguer à une création d’entreprise, souvent dans les activités de haute technologie, puis la revendre. L’innovateur : son attitude vis-à-vis de l’innovation est délibéré, il recherche systématiquement des innovations qu’il exploite à fond lui-même. En conséquence, cette personne possède une activité de veille technologique et concurrentielle très forte et possède un budget de recherche-développement qui peut être élevé. Le suiveur : va imiter d’une façon ultérieure, les innovations qui apparaissent sur le marché. Cette démarche constitue pour lui une source de compétitivité. En effet, les entrepreneurs adaptateurs mettent l’accent sur l’amélioration de l’innovation (produits, procédés) déjà existant sur les marchés et les problèmes de gestion relatifs, en vue d’abaisser les coûts, contrairement aux innovateurs qui subissent les coûts les plus élevés. Le réacteur : adopte une stratégie émergente et réactive, il dispose d’une attitude opportuniste passive qui peut être payante dans certains cas, notamment, lorsque la fidélisation des clients sur des produits innovants est moins importante que la fidélité à l’entreprise ou à son patron. Prenant l’exemple des sous-traitants, qui attendent toujours les orientations de leurs donneurs d’ordre concernant les modifications de procédé ou de produit. Chaque attitude d’entrepreneur est relative à des conditions spécifiques du marché, c’est pour cela, il ne faut pas idéaliser une attitude par rapport à une autre. 47

JULIEN P-A., MARCHESNAY M.(1996), Op. Cit. P.57. 45

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Ainsi, une autre classification paraît importante, proposée par Jacqueline LAUFER, suite à la réalisation d’une étude sur soixante cas de création d’entreprises, entre 1950 et 1970, en vue de déterminer les motivations dominantes à la création d’entreprises et aux principaux buts de l’entrepreneur. En effet, J. LAUFER a pu constater que la motivation de création d’entreprises est relative à plusieurs stimuli, par exemple, les plans du désir de réalisation, de croissance, de pouvoir ou d’autonomie. De même, la cellule familiale joue un rôle important dans le cas où quelqu’un de la famille (père, mère) est entrepreneur, il peut encourager et influencer positivement l’intéressé à réaliser son affaire et créer son entreprise. Ainsi, un autre stimulus important celui de la culture entrepreneuriale demeurant davantage dans les familles comprenant les entrepreneurs48. Au final, J. LAUFER a distingué quatre types d’entrepreneurs avec une distinction entre dépendances et d’autonomie. Ces types d’entrepreneurs sont exposés comme suit49: L’entrepreneur manager ou innovateur : ce type d’entrepreneur est motivé par les besoins de création, de réalisation et de pouvoir. Ses buts principaux s’articulent autour de la croissance et de l’innovation. Ce type d’entrepreneur est issu d’une grande école de commerce, et ayant une carrière intéressante dans les grandes boîtes. À cet effet, ces deux facteurs le favorisent à bien jouer le rôle d’un entrepreneur manager à la recherche de croissance. L’entrepreneur propriétaire orienté vers la croissance : possèdent les mêmes motivations de création d’entreprises que l’entrepreneur manager ou innovateur, avec un besoin de pouvoir beaucoup plus marqué. En effet, son objectif principal réside dans sa préoccupation permanente de trouver une liaison entre la croissance et l’autonomie financière. L’entrepreneur refusant la croissance mais recherchant l’efficacité : sa motivation de création est centrée plus sur les besoins de pouvoir et de l’autorité. Ce type d’entrepreneur, refuse la croissance et choisit l’objectif de l’indépendance. Ce sont, les plus souvent, des entrepreneurs avec une orientation technique. L’entrepreneur artisan : c’est l’entrepreneur le plus archaïque, sa motivation est purement orientée vers le besoin de l’indépendance et son objectif essentiel est la survie de l’entreprise.

48 49

VERSTRAETE Th., (1999), Op.Cit. P. 78. FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P. 78. 46

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Finalement, la quatrième et la plus importante typologie proposée est celle de Julien et Marchesnay (1988), fondée sur une logique d’action. En effet, le principe de base de cette classification, c’est qu’il existe trois grandes aspirations socio-économiques chez l’entrepreneur, notamment50 : La pérennité : concerne la durée de vie de l’entreprise. L’entrepreneur cherche à étaler la durée de vie de l’entreprise, afin de la transmettre à un repreneur ou à un membre de la famille. Cette pérennisation de l’entreprise est expliquée par un nombre important des entreprises familiales qui survivent sur plusieurs générations. Tout en passant de son initiateur à ses héritiers. L’indépendance ou l’autonomie : chaque entrepreneur possède un sentiment ou un ego très fort et qu’il souhaite être indépendant en matière de propriété du capital. Alors que, l’autonomie correspond à la prise de décision dans l’entreprise. Comme nous savons bien que parmi les motivations à la création d’entreprises sont le refus de la hiérarchie et le souhait d’être le propre maître de son entreprise. Cependant, le moment où l’entrepreneur accepte des capitaux étrangers, le principe d’autonomie va se diminuer. La croissance : on peut l’assimiler à la volonté de puissance et au désir de pouvoir. À cet effet, l’entrepreneur réalise des projets tout en plaçant dans des secteurs concurrentiels afin de dégager une rentabilité et réaliser une croissance à long terme. À partir de ces grandes aspirations, deux logiques d’action ont été émergées, expliquant deux grands types d’entrepreneurs, à savoir 51 : 

Une logique d’action patrimoniale, le PIC :

Dans ce cas, l’entrepreneur privilégie en premier lieu la pérennité de son entreprise, motivée par l’idée d’accumulation du capital et son orientation vers l’investissement matériel. Ensuite, il souhaite préserver l’indépendance patrimoniale vis-à-vis des capitaux étrangers et refuse toute participation dans le capital de l’entreprise (associé, emprunts extérieurs). Enfin, la croissance pour lui est une affaire secondaire, elle n’est choisie que si le secteur l’imposerait et qu’il ne mette pas en cause la pérennité et l’indépendance patrimoniale. De plus, les comportements de l’entrepreneur PIC sont analogues à ceux de l’entrepreneur artisan, ainsi, ce type de comportement est répandu souvent dans les affaires familiales où l’entrepreneur

50 51

Pierre A-J et Michel Marchesnay (1996), op.cit. P. 58. Idem., P. 58-59 47

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défend l’intérêt de sa famille à accumuler du capital au détriment de la rentabilité et de la croissance de son entreprise. 

Une logique d’action entrepreneuriale, le CAP :

Contrairement au PIC et à la logique d’accumulation de capital. L’entrepreneur privilégie les activités à forte croissance et à risque élevé. Il accepte les capitaux étrangers et les conventions avec d’autres entreprises dans différents secteurs d’activité. De même, il s’intéresse seulement à l’autonomie de décision et ne s’inquiète plus à l’idée de l’indépendance de son capital vis-à-vis de l’extérieur, chose qui lui permet de procéder à une décentralisation des pouvoirs et à une sous-traitance des taches lourdes à l’entreprise. Enfin, au contraire de PIC, la pérennité de son affaire l’intéresse moins à la limite, il est capable de vendre son entreprise et de chercher une opportunité sur un marché pour créer une autre entreprise dans un autre secteur d’activité. En résumé, cette double logique d’actions, les entrepreneurs de types CAP ont un goût de défi, une envie de relever les challenges et une réalisation personnelle qui les poussent toujours à adopter une logique de croissance et de développement. Par contre, les entrepreneurs de type PIC sont souvent à la recherche de la pérennisation et l’indépendance de son affaire. Dans le même sens, M. MARCHESNAY (1997) a suggéré une classification d’entrepreneur par lequel a proposé une classification issue d’un croisement entre deux légitimités ; une légitimité « territoriale» au sens wébérien du terme et une légitimé « concurrentielle» au sens de Hamel et Pralahd. À cet effet, le croisement de ces deux légitimités selon M. MARCHESNAY permet de générer une typologie composée de quatre types d’entrepreneur, à savoir, l’isolé, le notable, le nomade et l’entrepreneur 52. D’abord, nous procédons à définir, ces deux légitimités et de préciser ensuite, la typologie des entrepreneurs résultant de ce croisement. La légitimité concurrentielle53 selon M. MARCHESNAY correspond à la recherche de la compétitivité financière et il repose sur trois niveaux de performance :

52 53

HERNANDEZ E-M., (2001), op.cit. P. 102. MARCHESNAY M., MESSEGHEM K., (2001), op.cit. P. 23. 48

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Tableau 7: Les niveaux de performance de la légitimité concurrentielle L’efficacité

L’efficience

L’effectivité

Le rapport entre les objectifs et les résultats de l’entrepreneur. L’objectif fixé par l’entrepreneur sera la vision stratégique et opérationnelle de son organisation.

Atteindre l’objectif de l’entrepreneur, avec le minimum des ressources. Ainsi, une utilisation raisonnable des ressources et des compétences.

Mesure le degré de satisfaction de l’entrepreneur, par rapport à leur engagement dans l’organisation.

Source : Adapté par nous-même sur les travaux de M. MARCHESNAY et K. MESSEGHEM (2001).

Tandis que la légitimité territoriale, d’après M. MARCHESNAY est l’intégration et l’appartenance d’un entrepreneur à un environnement local d’appartenance. Cette intégration prend deux formes : 

L’ancrage territorial : la durée d’implantation de l’entreprise dans son

territoire. Cette implantation peut se faire sur le choix stratégique d’entreprises ou sur un système social d’appartenance entre l’entrepreneur et son territoire ; 

L’imprégnation territoriale : qui correspond à la rencontre productive entre

l’entreprise et les acteurs du territoire en vue de résoudre un problème productif. Tableau 8: La typologie d’entrepreneurs proposée par M. MARCHESNAY Légitimité concurrentielle Légitimité territoriale

Forte Faible

Faible Le notable (un état d’esprit de légitimité) L’isolé (état d’esprit de survie)

Forte L’entreprenant (innovativité et prise de risque) Le nomade (état d’esprit de professionnalisme)

Source : M. MARCHESNAY et K. MESSEGHEM (2001, P. 24).

En effet, le croisement entre ces deux formes de légitimité d’après, M. Marchesnay décrit quatre types d’entrepreneurs, présentés de plus dans les PME et les TPE54 : L’isolé : il cherche en premier lieu la survie de son entreprise. Il est moins compétitif ainsi, il est faiblement attaché au territoire. Le notable : il a une légitimité territoriale forte par contre, sa compétitivité sur le marché est faible, c’est un PIC qui recherche des rentes de situation. 54

Idem., P. 24 49

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Le nomade : il est faiblement intégré, de plus son niveau de compétitivité est fort, c’est un CAP par lequel, il peut se localiser dans des territoires qui présentent des opportunités d’affaires. L’entreprenant : sa compétitivité est forte ainsi que sa légitimité territoriale, c’est un innovateur en principe. Afin de mieux comprendre cette typologie, Émile Michel HERNANDEZ (2001) présente une description détaillée pour chaque type d’entrepreneur dans son ouvrage. Cette description est comme suit55 : Tableau 9: Les profils de l’entrepreneur selon Émile Michel HERNANDEZ L’isolé

Le notable

Le nomade

L’entreprenant

Il est peu intégré à la vie économique et sociale de son environnement local. Sa compétitivité est faible et il obéit à une logique de survie que de développement ; Bénéficie d’une meilleure insertion dans son environnement local, ainsi qu’il souhaite pérenniser son affaire et préserver son indépendance financière. Sa conduite de l’affaire est de type paternaliste ou familial avec une préférence à des situations de rente que développement ; N’est plus motivé par une volonté d’intégration locale de même, sa localisation étant purement circonstancielle. Il est guidé par une logique managériale d’efficience et d’efficacité. C’est un cadre dirigeant, un manager plus qu’un patron au sens traditionnel du terme, il est souvent à la recherche des compétences que sur l’établissement d’une clientèle ; Il bénéficie à la fois d’une légitimité territoriale et d’une légitimité concurrentielle. Il a un style de direction coopératif, adhocratie et toujours à la recherche des collaborateurs compétents et qui préfèrent être rémunérés sur les objectifs réalisés. À cet effet, le profil entreprenant cherche à satisfaire un besoin de réalisation et d’accomplissement personnel.

Source : Adapté par nous-même sur les travaux de Émile Michel HERNANDEZ ( 2001, P. 102)

Pour conclure, ce paragraphe a été pour objectif de s’interroger sur la typologie de profil de l’entrepreneur. C’est pour cela, que nous sommes retrouvés face à une multitude des classifications de l’entrepreneur et dont nous avons cité quelqu’une. Cependant, ces classifications partagent quelques caractéristiques à savoir, le mode de gestion paternaliste, la

55

HERNANDEZ E-M., (2001). P. 102. 50

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survie au lieu le développement, l’indépendance vis-à-vis de l’environnement externe et le sujet de l’innovation qui est absent chez uns et présent avec une acuité chez d’autres. 2.2. L’entrepreneur et le territoire Après une revue de littérature sur le concept de l’entrepreneur, nous cherchons via ce paragraphe à identifier le lien entre l’entrepreneur et le territoire en prenant l’exemple de l’entrepreneur marshallien qui cherche à dynamiser sa localité. Donc, l’objectif principal de ce paragraphe est de décrire l’entrepreneur marshallien, son rôle et son intervention dans la dynamique des districts industriels. En effet, A. Marshall, le premier a employé la notion de district à la fin du XIX éme siècle pour désigner une forme différente d'organisation industrielle sur un espace, où la principale caractéristique réside dans la proximité d'un grand nombre de petites entreprises participant à la production d'un même produit. Celui-ci se présente comme un mélange de concurrence et de coopération au sein d'un système de petites et moyennes entreprises très spécialisées56. Ainsi, Marshall, a évoqué les avantages endogènes tirés de cette forme de configuration industrielle, celle de la division des tâches, qui a été dans le passé un facteur de succès seulement pour les grandes entreprises. De plus, des avantages exogènes importants d’ordre géographique et politique qui sont considérés comme un atout pour les entreprises souhaitant installer dans les districts industriels, à savoir :  La présence de ressources et de compétences humaines spécifiques sur le marché local du travail et surtout l’existence d’un catalyseur social ;  Des interdépendances techniques, entre les organisations productives et les entreprises liées entre elles par des combinaisons industrielles verticales et horizontales ;  Des structures d’interfaces permettant de nouer une relation permanente entre le monde de production et l’espace géographique et social qui l’abrite. L’ensemble de ces facteurs procure des avantages aux entreprises sous forme d’économie d’agglomération répartie en externalités pécuniaires et technologiques. Ensuite, Marshall a distingué entre l’entrepreneur des milieux d’affaires qui est entrepreneur classique suspecté par l’inconduite sociale et de la malhonnêteté et l’entrepreneur producteur, organisateur et coordinateur du travail doté d’un « esprit d’entreprise » constructif. De même, il a dressé un portrait sur l’entrepreneur qui est un RASOLONOROMALAZA, « le rôle de l’entrepreneur dans les pays en développement : les cas des zones franches textiles malgaches», 245 p. Thése pour l’obtention du grade de docteur en aménagement de l’Espace et Urbanisme, soutenus le 28 octobre en 2011 à l’université de la réunion. P. 42. 51 56

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coordinateur des activités dans son entreprise, qui évalue les probabilités de succès de ses décisions, qui mobilisent son personnel et qui suivent de près les inventions pour en distinguer le plus bénéfique pour son entreprise. Cependant, contrairement aux approches précédentes, l’action de l’entrepreneur ne peut s’expliquer que par son appartenance sociale à un groupe plus ou moins large57. En conclusion, nous avons mené une réflexion sur l’acteur de l’entrepreneuriat celui de l’entrepreneur, tout en s’intéressant à une théorie de l’entrepreneur, développé par des théoriciens comme J. Schumpeter, à une approche typologique de l’entrepreneur qui expose une panoplie des typologies et, ensuite, de montrer le lien entre l’entrepreneur et le territoire d’après Alfred Marshall. À cet égard, l’entrepreneur est considéré comme un acteur central de l’entrepreneuriat. De même, l’entrepreneur comme acteur ne peut être isolé d’autres éléments indispensables, notamment l’organisation dans laquelle il évolue. C’est pour cela, la troisième section vise, d’une part, à lever l’ambiguïté entre l’entrepreneur et le processus de création d’entreprises, et, d’autre part, de savoir comment les organisations peuvent être créées et se développer avec la prise en compte de l’environnement et du facteur temps.

Section III : Cadre conceptuel de l’entrepreneuriat Après avoir présenté le cadre historique et théorique montrant l’évolution de l’entrepreneuriat et expliciter la théorie relative à l’acteur de l’entrepreneuriat, la section III a pour objectif, d’abord, d’éclaircir le domaine de recherche en entrepreneuriat qui est préparadigmatique. En effet, le recours au concept du paradigme développé dans l’épistémologie de Kuhn signifiant l’adhésion d’une communauté de recherche à un instant donné a pour but d’assoir des bases épistémologiques et théoriques solides au concept de l’entrepreneuriat. À cet effet, quatre paradigmes ont été identifiés facilitant la recherche en entrepreneuriat, à savoir le paradigme de l’opportunité, la création de l’organisation, la création de la valeur et l’innovation. Ensuite, la deuxième partie de ladite section est consacrée à la présentation du processus entrepreneurial sous ces différentes acceptions ; un processus entrepreneurial classique vs des nouvelles approches du processus entrepreneurial. Dans cette section, nous allons présenter, d’une part, les paradigmes de l’entrepreneuriat les plus dominants ainsi que ses interactions (Paragraphe1), et enfin, de mettre en lumière le processus entrepreneurial selon la vision classique et la vision développée par les auteurs, citant à titre d’exemple C. BRUYAT (Paragraphe 2),

57

Idem., P. 40. 52

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Paragraphe 1 : Les paradigmes de l’entrepreneuriat Dans ce paragraphe, nous présentons les quatre nouveaux paradigmes dans la littérature d’entrepreneuriat selon Th. VERSTRAETE et A. FAYOLLE (2005). Ces paradigmes ont remis en cause l’ancien paradigme de la vision libérale de l’entrepreneuriat issu des travaux de recherche des économistes classiques (J. B. SAY, J. SHUMPETER), dont l’idée principale est que l’être humain possède des droits naturels comme la liberté et la propriété. C’est pour cette raison que l’individu est libre d’entreprendre et de réaliser des profits. Avant d’expliciter ces nouveaux paradigmes en entrepreneuriat, nous nous s’interrogeons tout d’abord sur la définition et le rôle du paradigme en sein des sciences de gestion. En effet, Raouf JAZIRI (2009) a exposé le concept de l’entrepreneuriat par les travaux de Thomas Kuhn. Donc, le terme paradigme existe depuis 1561, emprunté au latin « paradigma ». Il signifie tout simplement une manière de voir les choses. Dans son ouvrage publié, en 1962, intitulé « la structure des révolutions scientifiques » T. Kuhn définit un paradigme scientifique comme « l'ensemble de convictions partagées par le groupe scientifique considéré à un moment donné de l'histoire ; convictions que le groupe défend contre toute menace et toute atteinte par le rejet de tout élément théorique hétérogène». Avec le temps cette conviction partagée par un groupe fournit « une théorie, une loi, une application et un dispositif expérimental, bref un modèle qui donne naissance à des traditions particulières et cohérentes de recherche scientifique»58. Ainsi, un paradigme dans le domaine de recherche tient en compte plusieurs points importants, à savoir: 

Un ensemble d'observations et de faits avérés ;

 Un ensemble de questions en relation avec le sujet qui se posent et doivent être résolues ;  Des indications méthodologiques (comment ces questions doivent être posées). Une construction théorique permettant d’apprécier les évolutions scientifiques ; 

Comment les résultats de la recherche scientifique doivent être interprétés. Ils donnent

du sens et de la cohérence. D’après Kuhn, un paradigme présente deux caractéristiques indispensables: D’une part, il est constitué de découvertes suffisamment notables pour escamoter un groupe cohérent d'adeptes à d'autres formes d'activités scientifiques concurrentes. D'autre part, il ouvre des 58

JAZIRI R., (2009), Op.cit. 53

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perspectives suffisamment vastes pour fournir au nouveau groupe de chercheurs toutes sortes de problèmes à résoudre. Donc, l’adhésion à un paradigme suppose d’en intégrer les fondements, d’en accepter les principes, la position épistémologique et les axes présupposés du travail. Dans le contexte de l’entrepreneuriat, les paradigmes sont considérés comme l'ensemble des règles admises à savoir des «normes», par la communauté des chercheurs en entrepreneuriat, à un moment donné pour délimiter et problématiser les « faits » qu'elle juge dignes d'étude. La multiplicité des chercheurs qui s’intéressent au domaine de l’entrepreneur et l’absence d’un cadre unificateur fixe la recherche dans une véritable accumulation de la connaissance, rend l’entrepreneuriat multi paradigmatique et complémentaire. Th. VERSTRAETE et A. FAYOLLE ont présenté les quatre paradigmes dominant l’entrepreneuriat, à savoir : 

L’entrepreneuriat

et

la

détection

d’une

opportunité

(SHANE

et

Th.

VENKARTAMAN) ; 

L’entrepreneuriat et la création d’une organisation (GRATNER, Th. VERSTRAETE) ;



L’entrepreneuriat et la création de valeur ( Ronstadt dans le monde anglo-saxonne et C. BRUYAT dans le monde francophone) ;



L’entrepreneuriat et l’innovation (J. SHUMPETER).

Ces quatre paradigmes seront étudiés et développés dans les points, ci-dessous: 1.1. Le paradigme de l’opportunité d’affaire Avant d’aborder ce paradigme, nous précisons tout d’abord la notion d’opportunité. En effet, d’après le dictionnaire Larousse une opportunité est une qualité de ce qui est opportun, occasion favorable (ex : temps, lieu ou circonstance). Une opportunité est simplement une idée, qui sera exploitée par un entrepreneur (quand et comment) pour une création d’entreprise réussie. D’où viennent les opportunités d’affaires ?59 La réponse est multiple mais contrastée. En premier lieu, elle est liée à l’expérience de l’entrepreneur à son vécu professionnel ; un salarié dans une entreprise a accumulé un savoir-faire et une expérience, qui lui permet de créer son entreprise (un ouvrier boulanger, un ouvrier boucher). En deuxième lieu, elle correspond à des circonstances diverses : rencontre avec un futur associé, exploitation d’une licence ou d’un brevet d’exploitation, d’une franchise. Enfin, elle

59

HERNANDEZ E-M., (2001), Op.cit. P. 71. 54

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est secondaire en matière d’affaire et correspond à la recherche systématique d’une opportunité avec des techniques comme le brainstorming et la synectique. Shane et Th. VENKATARAMAN sont les fondateurs de ce paradigme. Ils ont enrichi ce domaine de recherche par un article publié dans la revue « Academy of Management Review » qui lie entre l’entrepreneuriat et l’opportunité, « the scholarly examination of how, by whom and with what effects opportunities to create future goods and services are discoverd, evaluated and exploited » Venkataraman. « Consequently the field involves the study of sources of opportunities; the process of discovery, evaluation, and exploitation of opportunities; and the field involves the study of sources of opportunities; and the set of individuals who discover, evaluate, and exploit them »60.En effet, l’entrepreneuriat d’après ces auteurs est d’une part le fait d’intégrer le processus de découverte, d’évaluation et d’exploitation d’une opportunité et, d’autre part, le rôle de l’individu entrepreneur qui joue le rôle de découvreur, d’évaluateur et d’exploiteur. De même, ils précisent que l’entrepreneuriat n’est pas toujours relatif à la création d’une nouvelle organisation. D’autres travaux ont marqué ce paradigme, notamment les travaux de l’économiste autrichien KIZNER qui définit l’opportunité comme une anomalie suite à un déséquilibre ou une imperfection du marché, citant par exemple une absence de prix permettant à un vendeur et à un acheteur à se rencontrer. À cet effet, l’opportunité est considérée comme une source de profits rendue possible par l’existence d’une demande solvable et les ressources requises disponibles61. Ce comportement entrepreneurial est réalisé par un entrepreneur qui possède la capacité à absorber et à transformer les informations détectés dans son environnement à sa faveur. M. CASSON à son tour assimile les opportunités à des occasions, où de nouveaux biens, services, matières premières et méthodes d’organisation peuvent être présentés et vendus à un prix élevé par rapport à son coût de production. Cette opportunité est exploitée par l’entrepreneur qui prend la décision de se spécialiser dans des secteurs porteurs, en vue de réaliser des bénéfices. L’opportunité peut se produire au sein d’une entreprise existante. En somme, l’opportunité est présentée selon deux logiques opposées. D’abord, elle est une réalité objective et identifiable en tant que telle, il suffirait d’avoir les outils et les capacités à les détecter et les transformer en réalité économique exploitable selon la vision Shane et Th. VENKATARMANE. Enfin, elle est une construction sociale naissante des

60

FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P. 46. VERSTRAETE Th., FAYOLLE A., Paradigmes et Entrepreneuriat Revue d’entrepreneuriat, revue de l’entrepreneuriat, Éditions de Boeck supérieur, vol 4, n°1, 2005. P. 35-36. 55 61

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interactions entre les porteurs des projets à entreprendre et leurs environnements, nous comprend par celle-ci une opportunité créée et dimensionnée par l’entrepreneur (TIMMONS). 1.2. Le paradigme d’émergence organisationnelle Ce paradigme considère l’entrepreneuriat comme un processus d’organisation menant à la création d’une nouvelle organisation. Plusieurs chercheurs se sont associés à ce paradigme, dont les travaux de Gartner et Weick. En effet, Gartner a expliqué sa vision par le recours au processus de la création d’organisation qui détermine et crée l’organisation comme entité et qui n’est pas synonyme de la création d’entreprise. « I think that those who are familiar with some of my previous writings on entrepreneurship are aware that the domain of entrepreneurship that interests me is focused on the phenomenon of organization creation ».62 Alors, le terme d’organisation, renvoie à la jonction entre l’action d’organiser et de la forme organisée. Cette jonction produit une structure impulsée par l’entrepreneur, qui est l’entité économique (ex : une firme). C’est pour cela, notre analyse sur la création d’organisation trouve son fondement notamment sur les approches dialogiques développées par d’Edgar MORIN (1977) concernant l’ordre et le désordre. À cet effet, chaque environnement est caractérisé par une variété des états et des systèmes, qui engendre une complexité. Cette complexité résulte principalement de l’interaction entre les éléments du système d’une part et de l’environnement d’autre part, d’où vient le concept de désordre. Tout désordre de la situation avant l’organisation n’apparaît complexe que par rapport à un ordre (organisation), dont on a des raisons de croire qu’il existe, et qu’on cherche à déchiffrer63. Autrement dit la complexité est un ordre dont on ne connaît pas le code. L’organisation à cet effet comme un processus d’instauration d’un ordre par l’interaction structurante d’où naît l’ordre et le désordre. Ainsi, elle est considérée comme une dialogique entre l’ordre et le désordre. Figure 5: La relation entre l’ordre et le désordre d’après Edgar MORIN64 Désordre

interaction Organisation

Ordre Source : Edgar MORIN (1977), la relation entre l’ordre et le désordre.

62

FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P. 47. VERSTRAETE Th., (1999), Op.Cit. P. 172 -175 64 MORIN E., « La Méthode, 1. La nature de la nature » Édition du Seuil, 1977. P. 49 56 63

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En résumé, Gartner s’est intéressé à la question de l’émergence organisationnelle, « comment parvient-elle à exister » et ce, par une approche ontologique qui vise à expliquer que l’organisation existe et il suffirait seulement à la découvrir et à la faire apparaitre. Cette découverte s’applique par une interaction du stimulus tel que l’expérience, les images et les idées, pour créer une affaire. Ainsi, le rôle de créateur à organiser le monde qui l’entoure. Ce paradigme est fortement corrélé à celui de l’opportunité d’affaire. Une organisation créée, c’est pour exploiter une opportunité d’affaire, qui existe sur un marché. 1.3. Le paradigme de la création de la valeur La notion de valeur a fait l’objet de beaucoup des travaux économiques, tel que l’école classique et ses précurseurs (A. Smith, D. Ricardo et J. B. Say), ainsi que la théorie marxiste qui s’intéresse énormément à ce concept par la notion de la plus-value. À cet effet, l’entrepreneuriat n’a commencé à s’intéresser à la notion de la valeur qu’à travers les travaux de l’économiste anglais Gartner et l’économiste français C. Bruyat. La vision de C. BRUYAT sur l’entrepreneuriat réside dans le faite de considérer d’une façon dialogique la relation entre l’individu (ou une petite équipe) et la valeur que ce dernier contribue à créer à travers une idée, une opportunité ou une innovation. Cette dialogique s’inscrit dans une double dynamique de changement ventilée comme suit65 : L’individu est une condition nécessaire pour la création de valeur, il en détermine les modalités de production, l’ampleur... . Il en est l’acteur principal :

Individu

Création de valeur

La création de valeur, par l’intermédiaire de son support, investit l’individu qui se définit, pour une large part, par rapport à lui. Elle occupe une place prépondérante dans sa vie (son activité, ses buts, ses moyens, son statut social). Elle est susceptible de modifier ses caractéristiques

(savoir-faire,

valeurs,

attitudes…).

L’entrepreneur

commence

par

l’identification d’une idée, son engagement et après sa concrétisation vers un projet créant de la valeur.

Création de valeur

Individu

Elle peut être appréhendée comme un système en interaction avec un environnement donné à composantes multiples (familiale, professionnelle, liée au secteur d’activité

65

FAYOLLE A., (2012), op.cit. P. 48. 57

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concerné). Ce système évolue dans un processus et sous l’effet du temps qui en est une dimension incontournable (Bruyat et Julien, 2001). Figure 6: Le domaine de l’entrepreneuriat selon C. BRUYAT66

L’individu

Importance de changement

Pas de changement pour l’individu

Processus de changement pour l’individu

Création de valeur

Intensité de l’innovation

+

Pas de création De valeur nouvelle

-

Importance de la valeur nouvelle créée

+

Processus de création de valeur nouvelle Source : C. BRUYAT (1993, P. 63)

La matrice, ci-dessus, conçue par C. BRUYAT, présente d’une part les différents courants de recherche en entrepreneuriat et, d’autre part, les limites de ce champ. Sur l’axe d’abscisse, nous trouvons le processus de création de valeurs, et sur l’axe d’ordonner, nous avons l’importance du changement résultant du potentiel de création de valeurs chez l’individu. D’après la figure, l’intensité du changement vécu par un individu et l’intensité du changement induit par le potentiel de création de valeur nouvelle contenue dans un projet ou une innovation, complète l’approche par la dialogique et contribue largement à en déterminer les modalités67. Donc, la création d’une nouvelle valeur est effectuée par les mécanismes d’entrepreneuriat, plus ou moins le changement est intense dans l’environnement directement concerné par ces processus, ainsi que la posture d’innovation adoptée par l’individu est importante plus les pratiques en gestion et en management peuvent créer de la valeur.

BRUYAT C., Création d’entreprise : contributions épistémologiques et modélisation » 433 pages . Thèse de doctorat en sciences de gestion, université Pierre Mendès-France Grenoble, 1993. P. 63. 67 FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P 50. 58 66

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Ainsi, le couple individu / projet de création de valeur forme un système ouvert sur son environnement défini en même temps par les caractéristiques de l’individu (sa famille, ses relations) et du projet (secteur d’activité, macro-environnement). Ce système va connaître un processus d’évolutions et de développement, à cause des interactions et des transactions qu’ils entretiennent avec les différents composants de son environnement. Ce qu’explique le recours à la notion de configuration adoptée par Miller pour comprendre le cheminement et la succession des étapes de constitutions de système. Elle repose dans l’idée que les individus et les jeunes organisations adoptent des stratégies de création, de développement de croissance qui s’efforcent de mettre en cohérence les composantes caractéristiques du processus entrepreneurial. Les limites de ce paradigme résident dans le fait que certaines créations d’entreprises à titre d’exemple la filialisation ou l’essaimage stratégique peuvent se créer sans que l’acteur principal à savoir l’individu, considéré comme une condition de création de valeurs, peut exister. De même, selon Fayolle (2012) des nombreuses situations qui ne disposent pas d’une relation dialogique, condition importante pour la création de valeurs, notamment la création d’activité et le développement de projet stratégique qui sont attachées à l’entrepreneuriat organisationnel. Bref, si l’entrepreneuriat est défini par l’existence d’une relation dialogique, que peut-on considérer les autres situations entrepreneuriales. 1.4. Le paradigme de l’innovation Ce paradigme s’est inspiré des travaux de J. Shumpeter sur l’innovation et le développement économique. Il s’intéresse à l’entrepreneur innovateur en tant qu’un acteur dynamique, proactif et endogène au marché. L’entrepreneur innovateur permet d’engendrer une destruction créatrice, qui est à l’origine du dynamisme industriel et de la croissance à long terme. Sa fonction principale consiste à innover et à participer à la restructuration du tissu économique. Alors, l’innovation correspond à plusieurs formes à savoir, produire de nouveaux produits, des nouvelles techniques ou procèdes de fabrication, ou découvrir de nouvelles sources d’approvisionnement. En effet, la notion de l’innovation selon J. Shumpeter n’a pas de limites. De ce fait, plusieurs auteurs ont accordé de l’importance à l’idée de départ de J. Shumpeter, où l’innovation et l’entrepreneuriat constituent un lien très fort. D’abord, P-A. JULIEN et M. MARCHESNAY qui ont consacré tout un chapitre sur l’innovation, dans l’ouvrage qui porte sur l’entrepreneuriat (1996) et par lesquelles ont évoqué les types et les circonstances qui peuvent prendre l’innovation. À cet effet, l’innovation pour ces deux 59

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auteurs est considérée comme le fondement et le moteur de l’entrepreneuriat. Elle renvoie à la capacité des entrepreneurs, à proposer des idées nouvelles pour offrir ou produire de nouveaux biens ou services, ou encore à réorganiser l’entreprise. De plus, l’innovation, c’est créer une entreprise différente de ce que l’on connaissait auparavant, c’est découvrir ou transformer un produit, ainsi, c’est proposer une nouvelle façon de faire, de distribuer ou de vendre68. Ensuite, Martin s’est aussi intéressé au paradigme de l’innovation en entrepreneuriat. Il suppose que l’entrepreneuriat est comme une étape d’un processus plus large de l’innovation. Ainsi, l’entrepreneur est considéré comme une condition obligatoire de l’exploitation de l’innovation, par différents actes et formes, quelle que soit une création ex nihilo, un partenariat avec d’autres firmes, ou encore développement d’une activité au sein d’une organisation existante ou ce qu’on appelle interapreneuriat. Par conséquent, il envisage que l’entrepreneuriat est un maillot de la chaine de l’innovation et un engagement effectif vers la valorisation économique. L’entrepreneuriat peut alors se réduire à une étape d’un processus plus large comme montre le schéma ci-dessus. Figure 7: L’équation de la chaine de l’innovation selon Martin (1994)69 Engineering Development

Scientific Invention

+ Management

+

Entrepreneurship

+ Recognized social need

+ +

Supportive environment

=Commercially sucessufll innovation Source : T. VERSTRAETE et A. FAYOLLE, (2005. P. 43)

Pour conclure, entreprendre c’est innover, innover c’est entreprendre. Une entreprise qui souhaite être compétitive sur un marché dynamique et incertain doit toujours innover, par ces différentes formes et de s’intéresser plus à des projets technologiques. La limite que présente ce paradigme réside dans l’idée que des auteurs refusent cette conception. Après avoir présenté les différents paradigmes de la recherche en entrepreneuriat. A. FAYOLLE et Th. VERSTRAETE explique toujours que l’entrepreneuriat est encore dans une phase d’adolescence, à cause des multiplicités des paradigmes existants. C’est pour cela, ils ont présenté une synthèse et une interrelation entre ces quatre paradigmes pour un domaine de 68 69

JULIEN P-A et MARCHESNAY M., (1996), Op.Cit. P. 34. VERSTRAETE Th., FAYOLLE A., (2005), Op.Cit. P. 43. 60

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l’entrepreneuriat. De même, d’autres chercheurs, à savoir R. JAZIRI (2009) a essayé dans ses travaux de présenter une articulation, à la fois entre les quatre paradigmes avancés par A. FAYOLLE et Th. VERSTRAETE et les quatre paradigmes avancés par PATUREL, à savoir le projet, le processus entrepreneurial, les faits entrepreneuriaux et les traits individuels, afin d’instituer sur le concept d’entrepreneuriat. Tout d’abord, en commençant par la

présentation de A. FAYOLLE et Th.

VERSTRAETE qui résume et synthétise l’idée de la complémentarité entre les différents paradigmes, à la recherche en entrepreneuriat. Donc, il est présenté et ventilé comme suit70 : Figure 8: La représentation des quatre paradigmes de l’entrepreneuriat et de leurs liens selon A. FAYOLLE et Th. VERSTRAETE

Paradigme de l’opportunité

4 Paradigme de l’innovation

Paradigme de la création d’une organisation

1

6

5 3

2 Paradigme de la création de la valeur

Source : Th. VERSTRAETE et A. FAYOLLE, (2005. P. 43)  Le lien 1 : si un individu souhaite exploiter une opportunité d’affaire, après sa découverte, il est appelé à s’organiser dans une organisation afin de solidifier les diverses ressources (processus et/ou son résultat). Dans ce lien, nous évoquons le passage du paradigme de l’opportunité au paradigme de la création d’organisation ;  Le lien 2 : après la création d’organisation et en vue d’assurer sa durabilité sur le marché, elle est appelée à fournir aux différentes parties prenantes la valeur qu’elles attendent et dont l’organisation a tiré les ressources nécessaires à son fonctionnement ;  Le lien 3 : l’organisation naissante du phénomène entrepreneurial est nouvelle, ce qui fait que la valeur ajoutée créée est nouvelle et importante (venant d’une nouvelle organisation). Aussi, la valeur apportée est importante, une innovation en est souvent à

70

Idem. P. 44-45. 61

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l’origine, qu’elle soit organisationnelle, technique ou commerciale. Ce lien montre l’interaction entre le paradigme de la création de la valeur et le paradigme de l’innovation ;  Le lien 4 : l’innovation, c’est le faite de produire un nouveau produit ou service, de découvrir des nouvelles sources d’approvisionnement et de découvrir des nouveaux marchés. À cet effet, l’innovation dans ce lien vise à construire une nouvelle opportunité, les cas des entreprises technologiques start-up et sa mise à niveau dans le marché ;  Le lien 5 : ce lien lie entre le paradigme d’innovation et le paradigme de la création d’une organisation. Selon laquelle, l’exploitation d’une opportunité, d’une façon innovante, passe par la création d’une organisation et bien sûr l’existence de celle-ci favorise les créatives nécessaires à l’innovation;  Le lien 6 : le dernier lien rassemblant le paradigme de l’opportunité et le paradigme de la création de la valeur. Par le fait qu’une opportunité n’est exploitée que s’il permet de dégager de la valeur, au moins pour celui qui l’a détectée. Enfin, A. FAYOLLE et Th. VERSTRAETE, admettent que l’entrepreneuriat est difficile à le définir et, il est lié à des modèles. Ils ont proposé la synthèse suivante, qui montre le chevauchement entre ces différents liens par lesquels l’entrepreneuriat est:« une initiative portée par un individu construisant ou saisissant une opportunité d’affaires, dont le profit n’est pas forcément d’ordre pécuniaire, par l’impulsion d’une organisation pouvant faire naitre une ou plusieurs entités, et créant de la valeur nouvelle pour des parties prenantes auxquelles le projet s’adresse».71 En outre, une autre synthèse effectuée par PATUREL (2006) citée par R. JAZIRI (2009) dans son article, visant à proposer une lecture multi-paradigmatique du phénomène d’entrepreneuriat. Ainsi, de montrer le lien possible entre huit paradigmes de l’entrepreneuriat, illustré dans le schéma suivant.72

71

Idem. P. 45. JAZIRI R., (2009), Op.Cit.

72

62

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Figure 9: La représentation des liens entre les huit paradigmes de l’entrepreneuriat Paradigme de projet

Paradigme de l’opportunité

Paradigme de l’impulsion d’une organisation

Paradigme des faits entrepreneuriaux

Paradigme des traits individuels

Paradigme de l’innovation

Paradigme de la création de valeur Paradigme de processus entrepreneurial

Source : R. JAZIRI (2009), tirée des travaux de R. PATUREL (2006, 2007).

Cette présentation, des huit paradigmes, est classée en trois catégories selon les liens qui les unissent selon PATUREL (2007)73: 

La première catégorie regroupe les paradigmes qui ont des liens avec tous les autres paradigmes à savoir, le projet, la création de valeur et l’impulsion de l’organisation. Le lien entre ces trois paradigmes paraît très logique parce que toute création d’entreprise qu’elle soit la forme (création ex-nihilo, essaimage, intrapreneuriat) permet d’engendrer une impulsion d’une organisation et par la suite la création d’une nouvelle valeur ;



La deuxième catégorie concerne les paradigmes les plus interpellés par les chercheurs, à savoir le paradigme de processus, de l’opportunité d’affaire, des faits entrepreneuriaux et de l’innovation ;



La troisième catégorie inclut le paradigme ayant le moins des liens avec les autres, celui des traits individuels.

73

Paturel R., «Grandeurs et servitudes de l’entrepreneuriat», Revue Internationale de psychosociologie, N° 31, automne 2007. 63

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Paragraphe 2 : le processus entrepreneurial « Le processus entrepreneurial est une variable qui conditionne la forme, la nature et la performance de l’organisation qu’il contribue à faire émerger et à structurer dans les différents moments de sa construction et de son fonctionnement. L’organisation entrepreneuriale peut être vue comme la résultante, parfois provisoire et partielle, d’une dialogique individu/création de valeur, d’un système homme/ projet»74. C’est quoi un processus? Selon Jacquet LAGREZE « un processus est un déroulement de configurations ou d’interactions concomitantes et/ou successive sous l’effet de régulation compensatrice et amplificatrice propre au système concerné75». Donc, un processus est un ensemble de tâches organisées par ordre logique et chronologique suite à un évènement externe, ainsi qu’il cherche toujours à atteindre des objectifs. En effet, au cours de ce processus l’entrepreneur donne naissance à une organisation, tout en mobilisant ses ressources et en s’appuyant sur son environnement. Dans ce cadre nous allons présenter trois approches explicitant le processus entrepreneurial. D’abord, l’approche classique par laquelle l’entrepreneur enchaîne des étapes pour créer une organisation. Ensuite, le processus entrepreneurial selon C. Bruyart. Enfin, l’approche nouvelle fondée sur des notions empruntées de la théorie des organisations telles que le comportement organisationnel et l’émergence organisationnelle. 2.1. L’acception classique du processus entrepreneurial Le processus entrepreneurial classique est une démarche composée par quatre étapes, qui permet de créer une entreprise : la première étape, c’est la recherche d’une idée, la deuxième est l’opportunité, ensuite la vision stratégique et enfin le plan d’affaires, comme dernière étape de concrétiser l’acte de création d’entreprises. Ces étapes sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.

FAYOLLE A., « du champ de l’entrepreneuriat à l’étude du processus entrepreneurial : quelques idées et pistes de recherche », 6° Congrès international francophone sur la PME-Octobre 2002-HEC-Montréal. P.12-13. 75 Définition de JACQUET LAGREZE tiré de l’ouvrage ALAIN FAYOLLE ENTREPRENEURIAT. 64 74

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Tableau 10: Les étapes du processus entrepreneurial classique Les étapes du processus entrepreneurial classique L’idée

Description

D’abord, l’entrepreneur doit se mettre en quête d’une idée qui va lui permettre de construire et de formaliser son projet. Ensuite, il est appelé à transformer en une structure viable à travers les compétences entrepreneuriales qu’est le chemin de l’idée à l’opportunité, de l’opportunité à l’élaboration d’une vision stratégique entrepreneuriale, et enfin, d’assurer le passage du projet à l’impulsion d’une organisation76. Parfois l’idée se trouve facilement pour les gens désirant changer leur carrière professionnelle et les jeunes souhaitant trouver une activité. L’opportunité L’opportunité est une construction autour d’une idée initiale, Elle émerge lorsque l’entrepreneur met en œuvre la stratégie adéquate pour l’identifier dans son environnement et de le développer à travers des interactions tout en incluant ses valeurs, ses connaissances et ses motivations. L’entrepreneur est censé de repérer les fenêtres d’opportunité afin de mieux l’exploiter. Parmi ces fenêtres, nous trouvons les évènements, les tendances sociologiques, les tendances démographiques, les technologies et les contextes concurrentiels77. Business model Timmers (1998) a défini le BM : d’abord, une structure pour les flux de productions, services et informations incluant une description des différents acteurs du modèle et de leurs rôles. Ensuite, une description des bénéfices potentiels revenus de chaque acteur. Enfin, une description de source de revenus78. Un modèle économique est la concrétisation de l’étude de marché qui doit répondre quatre logiques, à savoir : logique client, logique d’expertise, Logique réseau et logique génération de revenus79. La vision La vision stratégique c’est la relation entre la vision de l’entreprise (le futur stratégique souhaité, les objectifs et le positionnement), sa trajectoire telle que l’on peut imaginer (Innovation et diffusion rapide) et les décisions qui doivent être prises aux différentes étapes clés de la trajectoire (embauche, investissement, action commerciale)80. Le business plan C’est un document de modélisation, de communication, d’un projet porté sur des actions à prendre dans l’avenir. Il fixe une problématique visant à répondre à un besoin, retirer d’une situation existante ou accroitre la production dans l’avenir. Il liste le contexte de cette problématique, fixe les moyens pour y répondre et propose des solutions concrètes, matérielles et chiffrées. Source : Adapté par nous-même sur des travaux de recherches.

E. M. HERNANDEZ, « L’entrepreneur : une approche par les compétences », EMS Édition 2010. P. 21-22. SURLEMONT B., « de l’idée à l’opportunité» citée dans l’ouvrage « Entreprendre une introduction à l’entrepreneuriat » sous la direction Frank JANSSEN, de Boeck Édition, 2009. P. 67-75. 78 ARIOTTO J., et al « le concept business model au travers de la littérature », Revue de gestion 2000, Vol 28, N°4. P. 33-47. 79 LEGER-JARNIOU. C, KALOUSIS, G. , La boîte à outil de la création d’entreprise, Édition Dunod, 2011. P . 62-64. 80 SABONNADIERE, J-C., BLANCO S., « La création d’entreprises innovantes : l’entrepreneur innovateur », Édition Lavoisier, 2005. P. 27-28. 65 76 77

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2.2. Le processus entrepreneurial selon C. BRUYAT Le phénomène de la modélisation du processus entrepreneurial est déclenché par plusieurs chercheurs en domaine de recherche. Nous trouvons parmi eux, C. BRUYAT (1993) dans sa thèse « création d’entreprise : contribution épistémologique et modélisation » et A. FAYOLLE (2005) par l’approche processuelle de la création d’entreprise, inspiré des travaux et des recherches de C. BRUYAT. En effet, comme déjà expliqué dans le premier paragraphe de la deuxième section « les paradigmes de l’entrepreneuriat ». L’entrepreneuriat selon BRUYAT a été défini par une relation dialogique entre l’individu et la valeur que ce dernier contribue à créer à travers une idée, une opportunité ou une innovation. Dans le même ordre, il a pu modéliser ce processus de la création d’entreprise, considéré aussi comme une vision diachronique en trois grandes phases importantes, notamment, le déclenchement, l’engagement de l’entrepreneur et la survie-développement. En vue de mieux comprendre ce processus modélisé par C. Bruyat, nous définissons ci-dessous ces trois phases 81 : La première phase est le déclenchement du processus : c’est la phase primaire par laquelle l’individu, suite à un changement interne (ses aspirations et ses buts), ou/ et externe (provenant de l’environnement), remet en cause la cohérence de CSIP82, et le pousse à remodeler ou à reconstruire une nouvelle configuration plus cohérente d’une manière consciente ou/et inconsciente. Figure 10: Schéma de la CSIP de l’entrepreneur selon C. BRUYAT (1993)

Source : C. BRUYAT (1993, P. 248)

81

Amina OMRANE et al, 2011, Op.Cit, P. 91-100. CSIP signifie d’après C. BRUYAT la mise en harmonie et en cohérence des aspirations de l’entrepreneur avec sa perception de ses compétences et de ses ressources et avec sa perception des opportunités ou des possibilités qu’offre l’environnement. 66 82

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Zone A : Correspond à des actions qui sont perçues par le créateur comme à la fois souhaitables et possibles. L’individu considère qu’il a les moyens et les compétences pour développer des projets ayant des bonnes chances à réussir. Zone B : Correspond à des actions ou à des projets cohérents avec les aspirations de l’individu et avec ses compétences et ses ressources, mais qui ne semblent pas devoir être acceptés par l’environnement. Zone C : Correspond à des actions souhaitées et possibles au regard de l’environnement. Cependant, le créateur estime que, ne possède pas les compétences et les ressources nécessaires, sans entrapercevoir la possibilité de se les procurer pour le moment. Zone D : Est l'aire des possibles qui ne correspondent pas ou plus aux aspirations de l'individu. Au cours du temps, un projet est susceptible d’évoluer dans ces différentes zones. Un projet ou une vision localisée dans la zone A, avec le temps peut se passer à la zone B83. Dans cette phase l’individu est considéré comme un système ouvert et que les contradictions sont nées de la dynamique interne de l’évolution de la CSIP de l’individu. En effet, les dynamiques internes, notamment, des désirs d’indépendance, l’insatisfaction et l’accomplissement de soi-même, sont enchevêtrées avec les dynamiques externes provenant de l’extérieur comme une rencontre avec un client potentiel ou un licenciement par exemple. C’est pourquoi l’interaction entre interne et externe pousse l’individu à dépasser sa vision statique d’équilibre (la recherche d’un emploi stable) vers le changement de ses buts, en vue de modifier sa CSIP. À cet effet, nous évoquons ci-dessous, les conditions de déclenchement de ce processus et qui sont présentées en trois points, d’après C. BRUYAT84: 1. L’action de créer doit être perçue comme désirable et possible : L’intention et les aspirations sont insuffisantes pour déclencher un processus de création d’entreprises. Il faut supposer que l’action envisagée par l’individu de création est comme une action possible par ce dernier. De même, le désir de créer peut-être en germe et n’attendre que des circonstances favorables pour s’activer, c’est pour cela, l’environnement peut jouer un rôle important dans ce déclenchement ;

83 84

C. BRUYAT, 1993, Op.Cit, P. 248- 250. Idem, P. 301-306. 67

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2. La CSIP doit être chaude : Elle révèle des tensions et des contradictions importantes à souligner, comme l’insatisfaction professionnelle ou à l’existence de projets concurrents et incompatibles dans la zone de cohérence de la CSIP. En effet, l’individu cherche à réduire ces tensions par le fait qu’il engendre des changements éventuels. De plus, d’autres facteurs positifs ou négatifs que sont des facteurs « de déplacement» selon SHAPERO, ont été très souvent à l’origine de l’acte entrepreneurial, par exemple, l’insatisfaction au travail et le chômage. Bref, d’après C. BRUYAT, le mouvement de création ne peut se déclencher que si la CSIP du créateur est chaude; 3. La CSIP doit être manœuvrante : L’entrepreneur potentiel doit disposer du temps pour pouvoir travailler sur son projet. En effet, pour créer une entreprise, l’entrepreneur est censé de mener des études et de chercher des moyens financiers et techniques, ce qui explique l’importance du facteur temps à l’égard de ces actions. De même, C. BRUYAT dans sa thèse explique que la cause principale de ne pas créer une entreprise pour les professionnels même qu’ils possèdent les compétences et le désir, c’est que ne dispose pas du temps nécessaire du fait de leurs activités professionnelles. À ce stade l’énergie nécessaire à la réalisation d’un projet entrepreneurial ne peut provenir que de l’entrepreneur lui-même. La deuxième phase est l’engagement ou le passage à l’acte : l’engagement est une période de transition, de changement de phase, qui se traduit par une montée en puissance progressive jusqu’à l’atteinte d’un point de non-retour. À cet effet, l’entrepreneur consacre le temps nécessaire et les moyens financiers, intellectuels et affectifs pour concrétiser l’acte de création de son entreprise. Deux conditions sont considérées comme nécessaires pour que l’engagement se réalise d’une manière efficace85 : 1. L’action de créer une entreprise est perçue comme préférable au maintien de la situation actuelle (salarié, chômeur, étudiant), ou un projet de changement (changement d’employeur). Cette préférence est le résultat de l’environnement et de facteurs spécifiques appartenant à l’entrepreneur; 2. Le créateur doit surmonter les résistances aux changements pour concrétiser son projet de création. Les origines de résistances au changement sont multiples. En premier lieu, elles 85

Idem, P. 312- 317. 68

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sont liées aux habitudes et à l’inertie dans les raisonnements et les comportements, dans le cas où le salarié aurait passé presque sa carrière professionnelle dans une usine, sans envisager de créer son entreprise et de prendre le risque. Par la suite, il est difficile de prendre une décision et de changer sa situation. En second lieu, elles sont relatives à des situations d’incertitudes liées à un projet ou à la méconnaissance des situations entrepreneuriales. Aussi, nous trouvons parfois, une résistance liée à l’hostilité perçue de l’environnement vis-à-vis de la création d’entreprise. Exemple : une pénurie des ressources, la complexité administrative, le taux d’échec des nouveaux entrepreneurs et les barrières à l’entrée. Enfin, la troisième phase est la survie, l’échec ou le développement : l’action de créer une entreprise n’est pas associée seulement à la réussite, mais aussi à l’échec. La réussite de l’entreprise s’apprécie de sa capacité à trouver un point d’équilibre économique dans un délai raisonnable. Les conditions principales de réussite ou d’échec du projet sont la cohérence au sein du système et l’apprentissage de l’acteur. Ces deux points sont présentés comme suit86. 1. La cohérence au sein du système se manifeste par la cohérence entre la CSIP de l’entrepreneur et de son projet. Elle est considérée comme un facteur essentiel de la réussite de projets de création d’entreprises. Dans ce cas, la maîtrise de compétence dans quelques domaines n’est pas sollicitée, mais, ce qui est primordial en premier degré est la compétence d’auto-diagnostic, qui cherche à maintenir le niveau de cohérence entre la CSIP et le projet87. 2. L’apprentissage88 permet de renforcer la cohérence du système. Le créateur développe sa capacité à apprendre afin de, préserver et renforcer la cohérence de la CSIP et le projet tout au long du processus. Donc, les capacités d’apprentissage de l’entrepreneur peuvent être un élément-clé pour expliquer la réussite d’un processus de création d’entreprises. Après avoir expliqué le processus entrepreneurial selon C. Bruyat (1993) axé sur trois phases, à savoir la phase de déclenchement du processus, la phase de l’engagement ou le passage à l’acte et enfin la phase relative à la survie, l’échec ou le développement, nous exposons dans le point suivant la nouvelle approche du processus entrepreneurial développé par certains auteurs comme D. B. Greenberger et D. L. Sexton.

86

Idem, P. 346- 354 FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P 50.P. 60-61. 88 L'apprentissage conçu comme un processus d'acquisition de concepts, d'informations, d'inter-relations nouvelles et de stratégies de résolution de problèmes. 69 87

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2.3. La nouvelle approche du processus entrepreneurial La nouvelle approche du processus entrepreneurial a été développée par plusieurs auteurs, d’abord, D. B. Greenberger et D. L. Sexton ont proposé un modèle interactif de la création d’une nouvelle organisation fondée sur les résultats de recherches psychologiques du comportement des entrepreneurs. Ensuite, des auteurs comme Kevin E. Learned ont suggéré un modèle processuel de formation d’organisation qui tend à traduire ces observations et aboutir à une décision de création. Ces modèles sont tirés de l’ouvrage d’Émile Michel Hernandez (2001), qui s’inspire de la théorie des organisations par l’utilisation des notions telles que le comportement organisationnel et l’émergence organisationnelle, et par le recours à des auteurs marquants dans cette discipline comme le théoricien H. Simmon, ainsi que des auteurs de la théorie des ressources et des compétences. 2.1.1. Le modèle de la création d’entreprise selon D.B. Greenberger et D.L. Sexton Le modèle, de D. B. Greenberger et D. L. Sexton, est fondé sur l’hypothèse que la décision de création d’une nouvelle entreprise résulte d’une interaction d’un certain nombre de facteurs, à savoir, l’esprit d’entreprise, le désir de liberté de décision, certains traits de personnalité, des variables de situation, la connaissance de soi et le support social.89 En effet, le modèle en question est composé de trois composantes principales détaillées comme suit 90: D’abord, l’existence des facteurs qui permettent l’identification de l’opportunité facilitant la création d’une nouvelle entreprise. Parmi ces facteurs, la vision entrepreneuriale (l’image ou la représentation de ce que le créateur veut réaliser), la personnalité (maîtrise des points forts dans sa personnalité pour une adéquation projet/personnalité) et le contrôle souhaité (le créateur contrôle la relation entre ses actions et les relations souhaitées). Donc, ces facteurs peuvent agir seul ou ensemble pour augmenter la probabilité chez l’individu de créer une nouvelle entreprise. Ensuite, après l’idée de création d’une entreprise, quatre facteurs importants vont pousser l’individu de passer d’un état de non créateur à celui de créateur, à savoir : le moment où le créateur rencontre un événement push ou pull (chômage, licenciement, opportunité

89 90

HERNANDEZ E-M., (2001), Op.Cit. P. 71. Idem. P. 70

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d’affaire ), le support social (le rôle de la famille dans l’instauration d’une culture entrepreneuriale, le cas où les parents sont des entrepreneurs et les réseaux…), la perception de soi-même (la satisfaction obtenue lors de la création d’une entreprise) et le dernier c’est de considérer que la création d’une entreprise est un moyen satisfaisant d’obtenir et d’augmenter le contrôle désiré. Enfin, la troisième composante relative à la probabilité qu’un individu de créer une nouvelle entreprise. En effet, ces composantes et ces facteurs sont synthétisés dans le schéma ci-dessous. Figure 11: Le nouveau modèle de création d’entreprises selon D.B. GREENBERGER, D. L. SEXTON

Vision

Événements vécus

Support social

Décision de créer une nouvelle entreprise

Personnalité

Contrôle souhaité

Perception de soi-même

Obtention du contrôle

Source : Émile Michel HERNANDEZ (2001, P.80)

2.1.2. Le modèle de la création d’entreprise selon Kevin E. LEARNED Ici, nous allons exposer le modèle de processus de la création d’entreprise de Kevin E. LEARNED (1992) cité dans le cadre des recherches sur la notion de l’organisation émergente (émergence organisationnelle, formation d’organisation, création d’organisation). En effet, dans son article publié, en 1992 sous le thème «what hapend before the organization ? A model of organisation formation ». E. Kevin LEARNED a présenté un modèle processuel de formation d’organisation qui tente de traduire ces observations. Il comporte trois dimensions aboutissant à la décision de créer ou non une organisation :91

HERNANDEZ E-M., « l’entrepreneuriat comme processus », revue internationale PME, Édition : presses de l’université de Québec, 1995, vol. 8 N° 1. P. 115. 71 91

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1.

La propension à créer : l’idée de créer une affaire par des individus est

expliquée par la combinaison entre ses valeurs psychologiques, ses croyances, leur passé professionnel et ses expériences ; 2. L’intention de créer: Les individus rencontrent des situations qui déclenchent l’intention de créer ; 3.

La structuration des informations : cette étape consiste à rassembler les

informations significatives collectées de l’environnement et à en déduire des taches à exécuter pour créer l’organisation. La décision de créer ou non une organisation, après la possession de toutes les informations, dépend, en fin de compte, de l’intention de l’individu. Figure 12: Un modèle de formation d’organisation LEARNED

Environnement

Sélection

Rétention

Prise de Sens

Mise en action

Schéma Création

Traits

Propension

Intention

Décision

Expérience Situation

Abandon

Source : Source : Émile Michel HERNANDEZ ( 2001, P.85 )

Pour conclure, nous avons exposé, dans cette section, le cadre conceptuel de l’entrepreneuriat, notamment par une définition des paradigmes les plus répandus dans la revue de littérature traitant l’entrepreneuriat. Ces paradigmes sont en nombre de quatre: Un paradigme de l’opportunité d’affaire, d’émergence organisationnelle, de création de la valeur et de l’innovation. Ainsi, les chercheurs en entrepreneuriat ont défendu le paradigme le plus dominant, d’après eux et qui permet de présenter un cadre conceptuel cohérent et de favoriser la recherche en entrepreneuriat. De même, nous avons constaté, d’après une revue de littérature que l’approche processuelle de la création d’entreprises se distingue d’un auteur à un autre. Des auteurs ont 72

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schématisé le processus classique de la création d’entreprise en cinq étapes : allant de l’idée, l’opportunité, le business model, la vision stratégique au business plan. Tandis que d’autres auteurs comme C. BRUYAT a exposé un modèle composé de trois phases, à savoir : le déclenchement du processus, l’engagement ou le passage à l’acte et la survie, l’échec ou le développement. Ainsi, les théoriciens en entrepreneuriat ont fait appel à des facteurs et des éléments pour expliquer le passage de l’intention à la création d’une entreprise, notamment les traits de la personnalité du créateur, l’expérience professionnelle, la vision stratégique, la culture organisationnelle et les ressources et compétences. Alors que, le facteur territoire n’a pas incité les chercheurs à l’introduire dans les modèles relatifs à la création d’entreprises.

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Conclusion En résumé, nous mettons fin à ce chapitre qui a été pour objectif de présenter les réflexions liées à la recherche en entrepreneuriat. À cet effet, à travers les trois sections structurées visant, d’abord, à exposer un cadre historique et théorique de l’entrepreneuriat, ensuite, de s’accentuer la recherche sur l’acteur-clé de l’entrepreneuriat, celui de l’entrepreneur, et enfin d’achever par un cadre conceptuel, traçant les contours de l’entrepreneuriat, notamment par une présentation des paradigmes et des processus entrepreneuriaux. Nous constatons, d’après cette revue de la littérature, qu’il n’y a pas un accord sur la définition du concept de l’entrepreneuriat, ainsi qu’il est encore au stade de la pré-théorie, et ce, par l’existence d’une multitude de paradigmes et des concepts visant à expliquer le phénomène entrepreneurial. De même, plusieurs auteurs, à titre d’exemple, Thierry Verstraete ont fourni d’efforts pour modéliser le phénomène entrepreneurial en vue de mieux maitriser et contrôler ainsi que de séparer du concept de l’entrepreneur. Ainsi, nous avons constaté que le facteur territoire qui paraît comme un déterminant pour favoriser la création d’entreprise, est marginalisé dans la majorité des modèles processuels de création d’entreprises. C’est pourquoi nous allons chercher dans ce qui vient, la possibilité de comprendre la dynamique entrepreneuriale par la prise en compte du territoire. Cela nous a permis d’expliquer en quoi le milieu territorial peut constituer un facteur primordial à la création d’entreprises, et ce, d’une part, par la qualité du milieu territorial qui incorpore des actifs et des ressources territoriales favorisant le processus de la création d’entreprises, et, d’autre part, par l’apport du milieu innovateur, en tant qu’une plateforme propice à l’innovation, au dynamisme entrepreneurial. Bref, pour répondre à cette interrogation, nous allons structurer le chapitre II de façon à présenter en détaille l’approche territoriale, ces concepts, ses économies, ses stratégies, sa dynamique de proximité et son projet de développement.

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Chapitre II: L’approche territoriale de développement

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Introduction Notre deuxième chapitre s’intéresse à l’approche territoriale de développement. Cette approche qui met en relief la relation entre l’économie de territoire, d’où la nouvelle conception du territoire et l’économie de développement. En effet, l’objet de cette articulation est de concevoir un projet de développement territorial axé sur deux piliers ; la valorisation des ressources et des potentialités locales et la coordination entre les différents acteurs territoriaux. Ainsi, le développement territorial sera conditionné par l’existence et l’importance des réseaux territorialisés sur le territoire. La première section vise à aborder comme points de départ l’organisation territoriale ; concepts et stratégies. Cette section est subdivisée en trois paragraphes ; en commençant par l’éclaircissement entre l’économie spatiale et l’économie territoriale, ensuite en passant à une identification de l’économie territoriale (l’économie d’éxternalité, d’agglomération et des ressources) et enfin en expliquant la stratégie de territorialisation considérée comme que processus par lequel le niveau territorial structure et imprime l’expression des volontés de la gestion des affaires locales. Donc, l’idée de base, c’est que le territoire est devenu un acteur autonome et structuré responsable de son développement. La seconde section est réservée aux réseaux territorialisés et leurs dynamiques de proximités. Nous commençons par une présentation exhaustive de l’économie de proximité, c’est-à-dire une définition de la notion et ses typologies souvent utilisées dans le cadre du territoire. Ensuite, nous citons les principaux réseaux territorialisés (les districts industriels, les systèmes productifs locaux, les clusters et les pôles de compétitivité) et en s’attachant à expliciter leurs principes de dynamiques et de proximités. Ces derniers sont chargés d’assurer une dynamique et un développement territorial. La troisième section est dédiée au développement territorial. Dans un premier temps, nous montrons la différence existante entre le développement endogène, local et territorial. Ensuite, nous indiquons que le développement territorial est un processus complexe. De même, il est caractérisé par des modes (dont l’agglomération, la spécialisation et la spécification). Enfin, nous mettons fin à cette section par la nécessiter de recourir à une stratégie de la gouvernance territoriale considérée comme outil de développement territorial. Ces trois sections présentent l’approche territoriale de développement, ainsi qu’elles sont considérées comme un point de départ à une analyse expliquant l’interaction entre l’entrepreneuriat et le territoire, notamment par le recours à la notion du milieu. 76

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Section I : L’organisation territoriale ; concept et stratégie Dans cette section, nous focalisons, en premier lieu, notre intérêt sur la notion de l’espace dans la pensée économique, à travers un tri des différents théoriciens qui ont contribué à l’enrichissement de la théorie de localisation. De même, nous essayons d’assurer la transition d’une économie spatiale, où le territoire est considéré comme un support de localisation à une économie territoriale, où le territoire est jugé comme acteur qui assure son développement. Cette transition sera accompagnée, notamment, par des définitions et d’acceptions du concept du territoire, tirées de différentes disciplines (Paragraphe 1). Ensuite, nous dénombrons les économies des territoires, c’est-à-dire : une économie d’externalité, une économie d’agglomération, une économie de ressource. En effet, chaque type d’économie de territoire sera développé d’une manière détaillée, afin de faciliter l’assimilation du concept l’organisation territoriale (Paragraphe 2). Enfin, nous essayons d’achever cette section par un survol important sur les stratégies développées par le territoire, à savoir, une stratégie de territorialisation et une stratégie de glocalisation. De même, de s’interroger sur la perspective de l’organisation territoriale au développement par le moyen des réseaux territorialisés (Paragraphe 3).

Paragraphe 1 : De l’économie spatiale à l’économie territoriale Afin de mieux comprendre le développement territorial en tant que processus de fabrication et de dynamisation des territoires. Nous nous intéresserons à la notion du territoire, une notion délaissée par les théories de développement économique selon C. Courlet (2001). Donc, avant de définir ce concept, nous expliquerons, tout d’abord, son passage de l’espace, considéré comme un support de localisation des entreprises à un acteur dont le rôle est d’assurer efficacement son développement et son avenir, dans un univers caractérisé par une concurrence acharnée. 1.1. L’espace chez les néoclassiques Les économistes classiques et néoclassiques ont ignoré l’espace dans leurs théories. Il est considéré chez eux, comme un simple support contenant des hommes, écarté de leur contenu spatial (les croyances, les valeurs socioculturelles d’un peuple, d’une région, d’une nation) ; il ne recèle aucune valeur pour les hommes. Ensuite, les géographes ont pris l’initiative de définir ce concept. R BRUNET est parmi les géographes qui ont présenté une définition de l’espace géographique. Il a défini l’espace comme « une étendue terrestre utilisée et aménagée par les sociétés humaines en vue de leur reproduction au sens large : non 77

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seulement pour se nourrir et pour s’abriter, mais dans toute la complexité des actes sociaux »92. De même, il a considéré l’espace géographique, comme l’ensemble des lieux et de leurs relations. C. Courlet (2001), économiste français a décrit l’espace par l’expression d’une problématique qui refuse aux hommes le droit de valoriser différemment les espaces sur la base de leur passé, de leur raisonnement. Donc, l’espace est supposé à la fois neutre et éloigné de l’activité économique. Ainsi, l’équilibre spatial pour les néoclassiques poses le problème de la cohérence entre le souci de déboucher sur la détermination d’un équilibre optimal et le choix d’hypothèses défendables93. 1.2. L’espace dans les théories de la localisation En effet, les premières recherches sur la notion de l’espace sont démarrées par la théorie de l’équilibre spatial qui cherche à déterminer un équilibre optimal compte tenu de ces postulats de départ. Ces hypothèses de base sont une immobilité des facteurs de production au niveau international et la prise en compte du coût de transport dans le coût de production et de circulation des marchandises. Un autre courant a participé au développement de la question de l’espace, c’est celui de l’inégalité régionale qui constate la permanence des disparités régionales et cherche à l’expliquer. Ce courant remet en cause les hypothèses néo-classiques débouchant sur l’idée d’inégalité dans l’espace et elle renvoie à la croissance déséquilibre et au thème des disparités régionales. Il est subdivisé en deux familles. En premier lieu, une théorie de la croissance déséquilibrée, dans laquelle le processus de développement se réalise d’une manière inégale et accompagnée par des effets contradictoires : les effets de remous (back-wash effects) et les effets de propagation ou de diffusion (spread effects). En second lieu, la théorie de F. Perroux qui porte sur les disparités régionales et les pôles de croissance. En effet, ces deux familles sont présentées, ci-dessous94: D’abord, le déséquilibre cumulatif de G. Myrdal : pour cet auteur, le déroulement d’un processus de développement s’accompagne d’effets de nature contradictoires : les effets de remous et les effets de propagation. Les premiers se caractérisent par le déplacement des capitaux et de la population des zones périphériques vers les zones en développement. Cela permet par la suite un mouvement cumulatif négatif dans les premières zones et positifs dans

92

BRUNET R., « champs et contrechamps raisons de géographe », Édition Belin, 1997. P. 193-194. COURLET C., « Territoires et régions : les grands oubliés du développement économique », Édition l’harmattan, 2001. P. 12-13. 94 Idem., P. 15-17. 78 93

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les deuxièmes. Ensuite, les effets de propagation se vérifient avec un mouvement centrifuge allant des régions développées vers les régions voisines. Lorsque les effets de propagations sont suffisamment forts pour contrebalancer les effets de remous, il est possible d’assister à la formation d’un nouveau centre de développement. Ainsi, un niveau de développement ne peut s’accompagner qu’à partir d’existence d’un réseau complet d’infrastructures et d’un outillage national propre à exploiter et à amplifier l’effet de propagation venu de l’extérieur. Ensuite, la théorie des pôles de croissance de F. Perroux : la notion de pôle de croissance est liée à l’idée de relations fonctionnelles ; elle a un contenu structurel et sectoriel avant d’avoir une signification spatiale. L’idée des pôles de croissance s’est largement développée et a guidé de nombreuses politiques économiques dans des pays appartenant à des systèmes sociaux différents et se situant à des niveaux inégaux de développement économique et social. Les principales caractéristiques de l’analyse de Perroux sont comme suite :  Un pôle de développement ne peut favoriser, tout seul, une dynamique économique linéaire et homogène à l’ensemble d’un territoire. Il doit être accompagné par des politiques d’aménagement ;  Le pôle de développement suscite des effets d’entrainements dont les impacts sont en fonction de l’aménagement des canaux de transmissions et des milieux de propagation ;  Le pôle de développement repose sur une volonté réelle et non sur des simples automatismes. Ainsi, G. BENKO a conçu une première construction théorique de l’économie spatiale95. D’après, lui « parler d’économie spatiale, revient à admettre que les entités spatiales (nationales régionales, locales, urbaines) forment la base de la dynamique des processus économiques. C’est aussi constater que l’organisation sociale et économique, liée à un territoire, possède une logique propre et que les phénomènes économiques, prend forme dans un cadre spatial infranational ». Donc, la structuration de l’espace n’est pas l’apanage de la théorie de marché et des mécanismes de concurrence. Cependant, il est, aussi, la capacité, des agents économiques a participé à travers leurs interactions qui se cristallisent en des unités mésoéconomiques, régionales ou locales. 95

BENKO G., « la science régionale », Édition PUF, 1998. P. 13-14 79

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Ensuite, après un survol sur des principales théories qui ont introduit la notion de l’espace dans leurs analyses. Une nouvelle théorie de la localisation des entreprises s’est émergée à la fin du XXème siècle par les Européens et les Américains, par lesquels, feront de l’espace une variable économique. L’initiateur de l’analyse spatiale est le théoricien allemand Von Thûnen qui a introduit la notion de distance dans l’analyse économique. De même, d’autres auteurs ont contribué à enrichir cette théorie. En effet, le tableau, ci-dessous, présente les principaux auteurs et leurs contributions à l’économie spatiale96 : Tableau 11: Les principales approches de l’économie spatiale Auteurs

Leurs apports à l’économie spatiale

Von THUNEN Il a Cherché à calculer les principes de la localisation optimale des J.H cultures et de délimitation des aires de marché. Son but est de maximiser (1826) la rente foncière dont il faut déduire les coûts de transport. Von THUNEN a défendu, aussi, l’idée de la localisation agricole caractérisée par des isolignes97 qui dessinent des cercles concentriques autour de la ville en fonction du coût décroissant du transport. Ce modèle inspirera plus tard la nouvelle économie urbaine. Alfred Weber Par sa théorie de localisation industrielle, Alfred Weber a tenté de (1909) dégager les principaux facteurs de localisation expliquant la localisation des firmes, à savoir : le point minimum des frais de transport (la distance entre le lieu des matières premières et les produit finis), l’attraction exercée par les centres de main-d’oeuvre avantageuse et qualifiée et enfin le dernier facteur comprend le jeu des forces agglomératives déterminant la densité de l’industrie. En effet, cette théorie a connu un essor considérable à cause de la révolution industrielle et de la substitution de l’activité agricole à des activités industrielles, commerciales et intellectuelles. Bref, A. Weber a enrichi la pensée économique spatiale par la définition dans l’espace d’un point optimal pour la firme. Une fois l’entrepreneur s’éloigne du point optimal, c’est qu’il y a une raison. Harold Hotelling Il a introduit la notion de la concurrence spatiale comme un prolongement (1929) de l’analyse wébérienne (la concurrence monopolistique). Ainsi, il a démontré par sa théorie l’exemple des stratégies de localisation pour deux vendeurs de glace sur une plage droite avec une clientèle homogène. Donc, il a proposé deux solutions pour résoudre le problème Ivan Samson, un extrait de l’ouvrage collectif sous dir, l’économie contemporaine en dix leçons « leçon 4 : Un monde de régions économiques », Édition Dalloz-Sirey, 2003. 97 Isoligne : est une ligne joignant des points d'égale valeur sur une carte. Elle sépare des zones de faible valeur et des zones de valeurs plus élevées. Selon Von Thûnen, les cercles concentriques autour de la ville se sont en premier degré la culture de maraichage et la production laitière à cause de leur utilisation quotidienne et son cout de transport élevé, les deuxièmes se sont la sylviculture et enfin le céréale et l’élevage. 80 96

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délocalisation ; soit les deux se situent au centre du marché (solution de différenciation minimale), soit se situe chacun à une extrémité de la plage en fonction du comportement des acheteuses faces aux prix et au transport. La solution parfaite reposant sur la différenciation minimale. De plus, Hotelling a voulu montrer que l’agglomération possède des effets positifs sur les concurrents (économie d’agglomération et une économie de proximité). Walter Il a élaboré une théorie des places centrales qui conçoit chaque Christaller agglomération comme fournissant des biens et des services tertiaires à (1933) son arrière-pays. Du type de produit dépendra l’importance du centre et l’étendue de la zone desservie. Il en résulte une hiérarchie des centres urbains et un principe d’organisation urbaine de l’espace. August Loesch Avec son apport à l’économie spatiale par un véritable modèle d’équilibre (1940) spatial qui comprend les théories de la localisation agricole et industrielle, la formation des villes et la fameuse théorie des aires de marché qui ne coïncident pas nécessairement avec les États. Source : Adapté sur des travaux de G. Benko (1998, P. 23-52)

Après ce tri des différents travaux de l’analyse spatiale de l’économie, la notion de l’espace s’est métamorphosée d’un simple support d’infrastructure neutre, à un espace différencié économiquement, politiquement et socialement. Cela permet, notamment, aux économistes de construire de nouvelles visions relatives à l’espace dont on aperçoit un passage de l’espace géographique en tant que des places réelles reliées ou non entre elles, à un espace économique plus concret reposant sur une division du travail et des stratégies de compétitivités des territoires. Ces trois grandes approches de l’espace vont contribuer de penser la différenciation spatiale des processus économiques et de préparer à l’émergence de territoire98 : 

L’espace-distance : Séparant deux points qui sont associés à la circulation des personnes, des biens, des

capitaux ou des informations. Il permet, soit d’engendrer une préférence pour la proximité, ou soit au d’être recherchée comme une protection vis-à-vis de nuisances, par exemple. En effet, la simplicité et la neutralité de l’espace dans l’analyse économique, réside dans son acception. Il est considéré comme un support de proximité liant deux points qui facilitent la circulation. Hotelling a développé un paradigme « espace-coût », avec une vision linéaire du marché où la distance ou la proximité est appréhendée, par Hotelling, sous diverses manières : longueur, cout, durée et plus généralement comme effort ou une désutilité. 98

BENKO G., (1998), Op. Cit. P. 53-63. 81

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L’espace-lieu : Part de l’idée que toutes les variables économiques sont associées à un lieu et à une

date. L’espace économique est composé de point où ponctiforme ; les firmes et les nations y sont représentées par des lieux qui deviendront des lieux de concentration et d’accumulation. Donc, l’espace devient un facteur important dans la théorie de localisation des activités économiques (Von Thuen, Alfred Weber et Christaller). Il est organisé autour de centres qui étendent leur influence sur l’aire régionale et des forces relient les centres entre eux. 

L’espace vécu par des acteurs économiques. Il présente toute l’histoire qui a été vécue, et qui s’exprime dans la culture, les

mentalités et les compétences des acteurs. Ainsi, c’est une scène vivante, où les acteurs privés et les acteurs publics sont rencontrés avec leurs présentations et leur interaction, et par lequel, ont développé une vision propre de l’espace économique pertinent. En effet, l’espace a fini par laisser sa place au territoire. Ce concept construit par des données géographiques et des projets territoriaux, ainsi qu’ils sont menés par des acteurs effectifs. La valorisation du concept de territoire n’est commencée qu’à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale et aux crises des années 70. Cette période a été caractérisée par une rupture au niveau des produits pétroliers et l’échec de la logique de la grande firme, une force motrice de développement. C’est pourquoi les chercheurs ont commencé à inventer des nouvelles stratégies afin de remédier aux perturbations qui ont touché les industries. Ensuite, c’est qu’à partir des années 1980 qu’une révolution dans la science économique a été opérée et qui a mené à la découverte de la notion du territoire. Ainsi, une panoplie des travaux de recherche est menée conjointement par les chercheurs dans le domaine; en Italie sur les districts (Beccattini, Bagnasco, Brusco et trigilia), en France sur les systèmes productifs localisés (Courlet et Pecqueur) et les milieux innovateurs P. Aydalot (GREMI) et enfin aux États-Unis par l’école californienne de géographie économique sur les métropoles (ScottStopper-Walker). 1.3. De l’espace au territoire La notion du territoire a été façonnée et jalonnée par différents auteurs et théoriciens en vue d’aboutir à plusieurs acceptions qui ne reprennent pas forcément les mêmes critères des identificateurs. À cet effet, nous procédons, ci-dessous, à exposer les principales définitions qui ont défini la notion du territoire. 82

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D’abord,Jean-Claude NEMERY,99 affirme dans sa conception de base que « le territoire est un espace géographique sur lequel les autorités disposant de la légitimité démocratique agissent pour réguler les rapports entre les individus et entre les corps sociaux identifiés. Le territoire est une portion de surface terrestre appropriée par un groupe social pour assurer sa reproduction et la satisfaction de ses besoins vitaux. Le territoire géographique apparaît donc comme un espace qui vit en quasi-autarchie par rapport aux territoires limitrophes et dans chaque pays, mais en leur sein dans chaque niveau territorial, une déclinaison des compétences est organisée donnant à chaque niveau d’administration des prérogatives propres. Il y a une vision analytique de la répartition des pouvoirs sur les découpages territoriaux qui supposent qu’il n’y a pas d’interférence entre les différents espaces géographiques ». Puis, selon, Bernard PECQUEUR,100 « le territoire n’est pas un morceau de nation ou de région, mais une forme d’organisation et de coordination inscrite dans l’espace et construite socialement à terme. Comme tel, il est un « conteneur de ressources ». Ces ressources peuvent être matérielles (infrastructures diverses) ou immatérielles (connaissances, compétences), elles peuvent être génériques (ressources minières, par exemple) ou spécifiques (savoir-faire effectivement valorisés dans un processus de production concret). Le territoire n’est pas partout et tout n’est pas le territoire. Ensuite, le territoire, d’après B. Pecqueur, est une forme d’organisation des acteurs qui y évoluent, et des relations qu’ils nouent entre eux à l’occasion de l’exercice de leurs activités. Ces relations peuvent être des rapports d’intégration verticale et/ou de coopération horizontale, des rapports marchands et/ou non marchands, des rapports formels et ou informels, etc. En effet, le territoire est une dynamique d’apprentissage qui renvoie au rôle essentiel des institutions formelles de formation, de la main-d’œuvre, mais, aussi des processus de transmission des métiers et de circulation des savoir-faire, à travers, notamment l’apprentissage familial ou au sein d’un métier et le fonctionnement du marché local du travail.

99

NEMERY J-C., « les pôles de compétitivité dans le système français et européen : Approches sur les partenariats institutionnels », Édition l’harmattan, 2006. 197 pages. 100 PECQUEUR B., « territoire et gouvernance : quel outil pertinent pour le développement », une communication à l’acte du colloque international de Constantine « Gouvernance locale et développement territorial : Le cas des pays du sud », le 25-27 février, Montpellier, France. Disponible sur l’URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00277510 . 83

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Enfin, Alexander Moine confirme la conception du territoire comme un système composé de trois niveaux de sous-systèmes en interrelation qui évoluent dans le temps, dansle cadre d’une boucle ininterrompue fondée sur des principes de construction-déconstruction. Ces trois sous-systèmes sont dans la (figure 1) 101:  En premier lieu, l’espace géographique approprié et aménagé de l’homme donne la possibilité à apparaître des organisations spatiales et de multiples interactions fondées sur les interrelations entre les sous-systèmes qui le composent.  En second lieu, le système des représentations de l’espace géographique, est un ensemble de filtres : individuels, idéologiques et sociétaux. Ces filtres influencent les acteurs dans la prise de décision et les individus dans les choix à opérer, notamment, dans l’observation de la réalité de l’espace géographique et de son devenir lors d’une perspective territoriale.  Enfin, le système des acteurs qui agissent consciemment ou inconsciemment sur

l’espace géographique, est influencé par les filtres et suivant une position au sein de ce système. Cette définition considère le territoire comme un système composé de sous-systèmes et de relations multiples, notamment, des boucles de rétroaction positive et négative entre des différents acteurs qui évoluent dans le temps et dans l’espace. Donc, il est, entre autres, un système, un espacé organisé, aménagé et un produit des interrelations entre les acteurs. Parmi les principaux acteurs du territoire constituant ce sous-système, nous trouvons :  L’ÉTAT et

les collectivités territoriales par le rôle d’assurer un développement

économique ;  Les entreprises et les firmes multinationales dont l’objectif est de saisir les opportunités territoriales ;  Les acteurs sociaux (associations, les ONG), qui sont pour but de favoriser une responsabilité d’information, d’encadrement, de sensibilisation, d’orientation et de mobilisation les citoyens du territoire.

Moine A., « le territoire comme un système complexe : un concept opératoire pour l’aménagement et la géographie» l’espace géographique 2006/2 Tome35, P 115-132. 84 101

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Figure 13: La boucle de rétroaction qui anime les territoires

Source : Alexander Moine, (2006. P. 121).

En résumé, ce paragraphe trace le passage de l’espace géographique comme un support neutre de localisation des firmes et une variable utilisée dans l’économie régionale et les théories de localisation, à un territoire cohérent bien construit porteur d’externalité. En effet, le concept territoire arrive à développer sa propre identité et sa propre dynamique différenciée des autres espaces. De même, il devient un acteur dans un système, par lequel assure son développement et participe à la réussite des stratégies de développement territorial. Ce développement territorial passe par une parfaite instauration des économies de territoire qui sont en nombre de quatre : une économie d’externalité, une économie de proximité, les ressources territoriales, et enfin une économie d’agglomération. Ces économies feront l’objet du deuxième paragraphe.

Paragraphe 2 : l’économie du territoire Ce deuxième paragraphe a pour objet d’éclaircir la notion de l’économie du territoire. Plusieurs de nous s’interrogent, est-ce que le territoire possède une économie? Tandis que, la majorité des chercheurs se sont focalisés sur le concept de territoire, pour le rapprocher au système économique. La découverte du territoire dans les années 1980 est une révolution de la science économique, caractérisée par des configurations spatiales localisées telles que : les districts industriels, les systèmes productifs localisés et les milieux innovateurs. En effet, cette relation entre les entreprises et le territoire a développé une réflexion théorique s’intéressant sur les externalités territoriales dont bénéficient les entreprises qui s’agglomèrent, ainsi que l’impact de la proximité sur la performance économique. C’est pourquoi ce paragraphe va 85

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dévoiler les économies du territoire, c’est-à-dire, l’économie d’externalité, l’économie d’agglomération et l’économie des ressources. De plus, une économie assez importante, à savoir l’économie de proximité fera l’objet de la deuxième section (les réseaux territorialisés et dynamiques de proximité). 2.1. L’économie d’externalité Le territoire est porteur d’externalités spatiales spécifiques et non transférables qui lui conférant une compétitivité particulière.102 L’externalité signifie entre autres que sur un marché les décisions ou les actions d’un agent affectent les décisions ou les résultats des actions d’autres agents sans qu’il n’y ait une transaction monétariste. Dans ce sens, le concept d'externalité a été défini par Pigou, comme103 « un défaut de marché », il a illustré l’externalité par le fait que l’utilisation d’un train est bénéfique pour les voyageurs et les compagnies, mais il peut causer un sinistre préjudiciable aux propriétaires forestiers à cause des escarbilles. De même, Meade a proposé une définition du concept d'externalité selon laquelle104 « une économie (ou des économies) externe est un phénomène qui apporte un bénéfice appréciable (ou inflige un préjudice significatif) à deux ou plusieurs personnes qui n'ont pas été des parties prenantes et consentantes du processus de décision qui aboutit directement ou indirectement à l'effet produit». Donc, l’externalité est expliquée par le fait que lorsqu’une activité induit des coûts (externalité négative) ou des bénéfices (externalité positive) pour un autre agent qui n’est pas impliqué directement. Ainsi, Alfred Marshall, le précurseur des districts industriels a montré que les économies d’échelles peuvent provenir des effets externes dispensés par le milieu économique. Les firmes situées dans un milieu économique et grâce à leur proximité spatiale développent des relations particulières permettant d’unifier leurs efforts et de réaliser des avantages mutuels, à savoir: l’augmentation du nombre d’industries intermédiaires, le développement d’un bassin d’emploi spécialisé, les achats groupés ou d’approvisionnement et la création d’une structure de coordination propre au district et de ressources partagées. Ces effets d’externalités contribuent à une minimisation des couts de production et d’améliorer la productivité105.

102

SAMSON I., « Territoire et système économique », Revue critique économique, N°14, Automne 2004. P. 131. 103 LEVEQUE F., « Économie de la réglementation », Éditions La Découverte, « Repères », 2009, 128 pages. Disponible sur l’URL : http://www.cairn.info/economie-de-la-reglementation--9782707142658.htm 104 Idem., P. 24-29. 105 SAMSON I., (2004), Op. Cit. P. 132. 86

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En conséquence, deux typologies d’externalité sont les plus répandues, c’est-à-dire, les externalités technologiques et les externalités pécuniaires. Les premières reposent sur des interdépendances directes qui se produisent en dehors des marchés et touchent les consommateurs et les entreprises. Ils ont pour effet de modifier la productivité totale des facteurs et donc de modifier potentiellement la fonction de production individuelle de chaque firme. Alfred Marshall a expliqué cette externalité par une disponibilité d’inputs spécialisés, d’une main-d’oeuvre plus qualifiée et plus accessible et de la diffusion de l’information, qui peuvent affecter positivement les firmes. Les deuxièmes traduisent l’effet des structures de marché sur le système des prix, par exemple, le cas de la sous-traitante ou les réseaux de firmes. Donc, une externalité pécuniaire s’explique par l’habitude que les coûts d'achat ou de vente d'un acteur sont modifiés par l'action d'un tiers. Il modifie non seulement la fonction de production, mais, aussi la fonction de coûts. Citant l’exemple, quand une firme achète à une autre des biens avec des normes techniques ou de qualité supérieure, souvent les externalités autorisent des rendements croissants. L’économie régionale donne une importance aux externalités, par le fait, qu’elle place au centre de processus de développement, notamment par une croissance polarisée, des intérêts communs non exploités qualifiés d’externalités latentes, des externalités dynamiques reposant sur les mécanismes de propagation du développement par le marché ou en dehors. Ainsi, l’espace économique est le siège de nombreuses externalités spatiales. L’espace est un lieu d’échanges et d’interaction, il n’est plus un simple lieu d’achat et de vente entre producteurs, mais, aussi un réseau d’échanges, de discussion, de négociation, de compréhensions et d’apprentissages interpersonnels sans fin. Donc, cette nature transactionnelle rend l’espace économique porteur d’externalité. 2.2. L’économie d’agglomération Après l’économie d’externalité, un autre concept très répandu qui constitue les fondements de l’économie du territoire, à savoir, l’économie de l’agglomération. Ce concept lie les économies externes à la concentration spatiale. En effet, une économie d’agglomération réellement existe, quand les bénéfices retirés par une entreprise du fait d’être localisée proche d’autres firmes augmentent avec le nombre de firmes localisées au même endroit106. Cette

106

Rachid SABAGHI, « Le territoire entre projets de développement et mobilisation des acteurs : une approche par la gouvernance. Cas de la région de l’Orientale», 340 pages. Thèse pour l’obtention du doctorat en sciences économique soutenu en 2015, à l’université Mohamed 1 er Oujda. P. 16-15. 87

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notion d’économie d’agglomération résulte historiquement de la convergence de deux types d’analyses :  Une économie d’industrielle et de micro-économie ; Alfred Marshall est à l’origine de la notion « d’économie externe » à propos du district industriel. Il s’agit d’effets externes liés à la différenciation des activités, à la spécialisation intra-industrielle, à la formation d’une main-d’œuvre locale, aux facilités de transmission des informations et des innovations.  Dans le cadre de la théorie de la localisation en économie spatiale, Alfred Weber a introduit

la notion

«d’économie d’agglomération » avec l’expression de

« force

agglomérative», développés ensuite par Walter Isard, (sont expliquées dans le tableau10). Elles se décomposent en deux catégories107 :  Les économies marshalliennes de localisation : qui s’agissent par un regroupement géographique d’entreprises travaillant dans le même domaine d’activité et cherchant de profiter en commun de nombreuses ressources. En d’autres termes, c’est une économie d’échelle externe à la firme. Les firmes agglomérées bénéficient d’effets externes liés à la différenciation des activités, à la spécialisation intra-industrielle, à la formation d’une maind’œuvre, aux facilités de transmission des informations et des innovations.  Les économies d’urbanisation, externes à la firme mais aussi au secteur industriel. Elles sont liées à la concentration spatiale, c’est-à-dire, une concentration de la population, infrastructures, présence de services aux entreprises. Ces économies permettent aux firmes agglomérées de bénéficier d’un vaste marché de l’emploi, d’infrastructure, de plus d’informations formelles et informelles. Ainsi, les économies d’agglomération contribuent à accroitre la productivité des industries par des différents moyens. D’un côté par une spécialisation des taches entre nombreux PME qui souffrent déjà d’une main-d’œuvre peu qualifiée. De l’autre côté par des phénomènes de rendements croissants108 qui se réalisent grâce aux effets d’apprentissage du capital humain, aux externalités liées au partage d’infrastructures et à la diversification de la production. 107

SAMSON I., (2004), Op. Cit. P. 133. C’est un phénomène assez important dans l’économie spatiale qui décrit bien les mécanismes de l’agglomération. Une fonction de production est à rendements croissants quand l’augmentation de la production est toujours plus que proportionnelle à celle des facteurs engagés. Le principe essentiel de ce phénomène est que la différenciation des produits ou des facteurs de production est un facteur d’agglomération, et qu’une baisse des coûts de transport produit une agglomération cumulative. 88 108

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De même, Paul KRUGMAN (1991) a présenté un modèle sur les effets de l’économie d’agglomération, par lequel, une entreprise s’agglomère dans une localité et avec d’autres entreprises, cela lui permet de bénéficier d’une baisse des coûts (externalité de réseau) et une augmentation des offres (avec une possibilité que le coût de transport payé par l’acheteur). Ce modèle nous mène vers une réduction des prix et une augmentation des revenus réels des travailleurs relativement à une autre région, nommée un effet aval. Et un effet amont par l’attractivité de nouveaux producteurs, pour répondre à l’augmentation de la demande, considérée comme un effet amont109. 2.3. L’économie des ressources Le troisième fondement de l’économie territoriale est l’économie de ressources. En effet, le territoire est à la fois un espace-lieu (géographique) doté de ressources (matières premières, actifs productifs, compétences, relation) et un espace vécu dans le temps doté d’une cohésion sociétale. La notion de ressource est essentielle pour comprendre le territoire, elle est le lien direct entre l’économie et l’espace. Selon B. PECQUEUR (2003), le territoire est un conteneur de ressources : matérielles, immatérielles, génériques et spécifiques. COLLETIS et PECQUEUR(2005), dans un acte de colloque sur l’économie de proximité, cherchent à éclaircir la différence entre l’actif et les ressources qui sont qualifiés selon leur nature générique ou spécifique. Le premier est un facteur en activité, tandis que le deuxième est un facteur à exploiter, à organiser, ou encore à révéler. Donc, les ressources se distinguent de l’actif, dans la mesure où elle présente une réserve, un potentiel latent que l’on peut transformer en actifs, si les conditions le permettent110. Ainsi, un actif est spécifique selon Williamson, que si sa délocalisation à un autre site, peut causer des pertes et dommages à l’actif en question. De même, la constitution et le maintien de tels actifs peuvent être considérés comme un gage de compétitivité de long terme du territoire. Ces actifs mobilisent des ressources propres à chaque territoire. Ainsi qu’il ne s’agit pas de ressources naturelles, du capital social ou même des connaissances : ces ressources sont inséparables de l’engagement des acteurs dans un projet ou une stratégie de développement territoriale.111

109

KRUGMAN P. R., Geography and trade, Editions, MIT Press, 1991. COLLETIS G., PECQUEUR B., « révélation de ressources spécifiques et coordination située », Revue économie et institution N° 6 et 7- 1er et 2e semsestre 2005. P. 54-55. 111 SAMSON I., (2004), Op. Cit. P. 134. 89 110

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En ce qui concerne les ressources, elles sont généralement identifiées en deux types sur le territoire112 : En premier lieu, les ressources standards ou génériques: dont la valeur existante ou potentielle est indépendante de leur participation à un quelconque processus de production (exemple de la main-d’œuvre sans qualification). Ces ressources sont totalement transférables et immédiatement disponibles, ainsi que sa valeur est fixée par le marché. Tantôt certaines ressources acquièrent de la valeur économique et deviennent des actifs, mais préservent toujours son caractère générique. Collectis et Pecqueur distinguent quatre exemples de ressources génériques. Elles sont ventilées comme suit: Tableau 12 : Les principales ressources génériques et ses caractéristiques Les ressources génériques Main-d’oeuvre non qualifiée et non utilisée.

Capital.

Matières premières exploitées.

non

Information disponible sous forme standard mais non utilisée.

Les caractéristiques

Le mode de coordination Le moment qu’elle transforme en Coordination par le actif, il influence le marché du Marché travail, par son importance et sa qualification. Le capital épargné destiné à Coordination par le l’investissement acquiert une Marché. valeur économique. Elle acquiert une valeur Coordination par le économique dès qu’elle est mise en Marché exploitation. Participe au processus de Coordination par le construction de connaissance. Marché.

Source: Adapté sur les travaux de Colletis et Pecqueur (2005. P. 51-74).

En second lieu, les ressources spécifiques ou latentes: dont la valeur est en fonction des conditions de leur usage (savoir-faire, les apprentissages et les qualifications intellectuelles dans le cas de district industriel). Il s’agit de ressources non valorisées mais susceptibles de le devenir par le jeu d’effet de proximité et par une synergie et une dynamique cognitive synonyme d’un apprentissage interactif. D’après G. COLLETIS et B. PECQUEUR (2005), ces ressources n’apparaissent qu’au moment des combinaisons des stratégies d’acteurs pour résoudre un problème productif. De même, d’après eux « ces ressources nécessitent des processus interactifs et sont alors engendrées dans leur configuration. Elles constituent le processus cognitif qui est engagé lorsque les acteurs ayant des compétences différentes produisent des connaissances nouvelles par la mise en commun de ces dernières et 112

COLLETIS G., PECQUEUR B., (2005) Op.Cit. P. 55. 90

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lorsque des connaissances et savoirs hétérogènes sont combinés, de nouvelles connaissances sont produites qui peuvent à leur tour, participer de nouvelles configurations ».113 par conséquent, ces ressources résultent d’une stratégie de coordination et de proximité, ainsi que d’une longue histoire d’accumulation de mémoire et d’apprentissage collectif cognitif. En résumé, le territoire est composé d’un certain nombre de fondements théoriques qui lui permettent d’assurer sa compétitivité et son développement. I. SAMSON (2004) expose quatre économies du territoire. Nous avons cité, dans ce paragraphe, trois économies et la quatrième fera l’objet de la deuxième section. D’abord, une économie d’externalité sous différentes formes (technologiques et pécuniaires) rend l’espace un lieu d’échanges et d’interactions entre les firmes existantes, et devient par la suite la clé du développement territorial. Ensuite, une économie d’agglomération a pour objective de faciliter aux firmes regroupées géographiques des externalités et des avantages, notamment, la création d’un marché de taille plus grande, une offre de diversité, une réduction des coûts de transaction et par des fonctions de rendements croissants. Enfin, une économie de ressources, le territoire est considéré comme un conteneur de ressources ( des ressources matérielles, immatérielles, génériques et spécifiques). La mobilisation de ces ressources par l’homme et les effets de proximité et de synergie assurent un développement territorial.

Paragraphe 3 : Les stratégies de l’organisation territoriale Ici, nous allons expliciter, deux types de stratégies de l’organisation territoriale. D’abord, une stratégie de territorialisation, définie par les entreprises comme la construction d’une compétitivité à base territoriale. Cette stratégie renie la logique de la localisation qui vise seulement, pour une entreprise, à se localiser dans un territoire et bénéficie de ses ressources, à un processus de construction et de discrimination entre les différents acteurs territoriaux. Ensuite, une stratégie de glocalisation d’où la possibilité pour les entreprises d’ancrer territorialement afin de bénéficier des ressources du territoire et de construire sa compétitivité internationale. Enfin, le dernier point de ce paragraphe est de s’intéresser à la perspective de l’organisation territoriale, notamment au développement territorial.

113

Idem., P. 56. 91

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3.1. La territorialisation : une stratégie de l’organisation territoriale Le concept de la territorialisation correspond à un processus qui crée l’ensemble des liens sociaux, économique et politique au sein d’un territoire donné. Il vise à assurer une construction du local reposant sur le passage d’un aspect purement physique et statique du territoire à une dimension plus au moins dynamique qui suppose la participation de tous les acteurs en vue de répondre à une question productive. Dans le cadre de l’entrepreneuriat, les entreprises ont accordé dernièrement beaucoup d’importance au territoire, par lequel, tissent des relations avec les acteurs locaux et interviennent dans la construction du territoire. De même, la politique de l’ancrage territoriale basée sur la rencontre productive, entre la firme et son territoire visant la valorisation des ressources. L’ancrage territorial suppose une dynamique territoriale permettant la construction d’avantages spécifiques. En effet, la stratégie de territorialisation des PME est fondée sur un processus de construction territoriale qui consiste à co-construire avec les acteurs du territoire des ressources spécifiques et sources d’avantages concurrentiels114. Cette stratégie est fondée donc sur une logique de création de ressources, c’est-à-dire, le territoire est plus qu’un simple processus d’allocation de ressources génériques données. Il est aussi une composante d’un processus de construction de ressources suite à la proximité et à l’interaction étroite entre ses acteurs (Veltz), cette conception du territoire est plus gestionnaire puisqu’elle le considère comme une ressource115. En général, la territorialisation peut se fonder sur la rencontre productive entre l’entreprise et le territoire, elle peut être vue comme la capacité à apporter des solutions à certains problèmes productifs locaux voire à formuler et à résoudre des problèmes productifs inédits. Ceux-ci suppose que les acteurs doivent se réunir en fonction des difficultés productives qu’ils ont à résoudre à une échelle méso-économique. L’approche mésoéconomique de l’espace constitue-t-elle l’analyse des dynamiques de construction d’un dedans par rapport à un dehors116. Donc, le territoire va résulter d’un processus de discrimination entre les différents acteurs. Cela renvoie à une combinaison entre l’espace

SAIVES A-L., « Territoire et compétitivité des entreprises », Édition, L’Harmattan Paris, 2006. P. 93. LE BOULCH G, « de l’environnement territorialisé : un nouveau concept de structuration de l’environnement dans la stratégie de l’entreprise »,5e conférence de l’Association Internationale de Management Stratégique, Lille, 2002. 116 PECQUEUR B., (2003). Op.Cit. 92 114 115

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commun abstrait et construit par les acteurs, d’une part, et, d’autre part, de l’espace physique qui contribue à l’élaboration de la ressource précisant le dedans par rapport au-dehors. 3.2. La perspective de l’organisation territoriale Le dernier point de l’organisation territoriale réside dans sa perspective au développement territorial, une composante territoriale du développement économique axé sur le moteur des SPL. Selon T. KIRAT et C. SIERRA (1996) dans une contribution à l’ouvrage de C. COURLET et L. ABDELMALKI « les nouvelles logiques du développement ont décomposé l’organisation territoriale en deux grands axes de recherche : En premier lieu, l’organisation du « district industriel » à la Marshall et sa dynamique. L’intérêt de cette approche est analytique, il vise à articuler les ressources économiques, sociales et territoriales. En effet, le district apparaît comme une division spatiale du travail exprimant une logique fondamentalement statique de coordination des activités et d’affectation des ressources productives. Les districts émergeant dans la continuité de formes archaïques d’organisation locale et témoignant par là même d’une stabilité raisonnable dans le temps117. Ainsi, la dynamique des districts s’exprime par des fonctions nouvelles et un esprit nouveau confondus avec l’innovation. En second lieu, l’organisation résiliaire et sa dynamique. Cette approche de réseau se focalise, d’une part, sur la coordination des activités résiliaires qui rend compte de la division des tâches entre firmes, et, d’autre part, sur la nature de ces activités, notamment en rendant compte du développement conjoint d’activités à travers l’étude de coopération inter-firmes118. Bref, ces deux approches, district et résiliaire, vont être expliqués en plus, dans la deuxième section: les réseaux territorialisés et dynamiques de proximité, notamment par les travaux de C. COURLET. Pour conclure, cette section consacrée à l’organisation territoriale. Elle nous a permis d’éclaircir et d’apporter une signification détaillée du concept de territoire. D’abord, nous avons montré à travers l’évolution des théories de localisation, le passage de la notion de l’espace en tant qu’un réceptacle des ressources à la notion du territoire, acteurs qui assurent son développement. En effet, la notion de territoire a été, ensuite, définie et considérée par Le moine, comme un système aménagé, organisé et résultant des interrelations entre les 117

KIRAT T. et SIERRA C., « Organisation territoriale, institutions et dynamique économique : repères théoriques » sous la dir de Claude COURLET et Lahsen ABDELMALKI, « les nouvelles logiques du développement globalisation versus localisation », Édition l’Harmattan, 1996. P. 63. 118 Idem., P. 64. 93

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différents acteurs. Puis, nous avons cité les économies du territoire, à savoir : l’économie de l’externalité, l’économie d’agglomération et l’économie de ressource. Ces économies sont considérées comme les fondements théoriques du territoire. L’externalité apporte un bénéfice pour toutes les parties prenantes existées sur le territoire, à savoir un bénéfice pécuniaire ou technologique. L’agglomération permet d’avoir une synergie entre les firmes agglomérées et développe des processus d’apprentissages. Les ressources sont parmi les facteurs clés de développement territorial. Enfin, le dernier paragraphe a été pour objectif d’expliciter d’une façon très brève les stratégies du territoire, notamment la stratégie de territorialisation et la stratégie de glocalisation. Ainsi que, de s’intéresser à la perspective de l’organisation territoriale. À cet effet, la perspective de l’organisation territoriale nous a conduit à poser la problématique suivante : en quoi les dynamiques des réseaux territorialisés permettent-elles de contribuer au développement territorial ?

Section II : Les réseaux territorialisés et dynamiques de proximité Cette section a pour rôle principal de dévoiler l’économie de proximité, une notion assez importante pour le devenir du territoire. Cette approche défend l’idée que le territoire n’est plus un espace neutre et amorphe d’une part, et, d’autre part, un oubli de l’analyse économique et industrielle. Cependant, elle vise à donner un sens au territoire notamment par la présence d’une double proximité géographique et organisationnelle qui permettent de favoriser l’interaction entre les différents acteurs et sous des différents formes ; formelles ou informelles, marchandes ou non marchandes, agents-innovations et innovations-innovations. Ainsi, les réseaux territorialisés, objet de cette section, seront mieux fonctionnés, et ce par l’importance de l’économie de proximité qui permet de générer pour les entreprises et les différents acteurs présents sur le territoire des effets externes et des externalités technologiques et pécuniaires. Dans cette section, nous allons définir d’abord, l’économie de proximité (Paragraphe1), Ensuite, d’expliciter les réseaux territorialisés, (définitions, caractéristiques et spécificités) et de montrer l’importance des dynamiques de proximité dans son fonctionnement(Paragraphe 2).

Paragraphe1 : L’économie de la proximité Après avoir explicité les piliers de l’économie territoriale, à savoir : l’économie d’externalité, l’économie d’agglomération et l’économie des ressources. Le tour viendra sur un pilier aussi important, celui de l’économie de la proximité, qui développe la notion de territoire construit au lieu d’un territoire donné. En effet, ce paragraphe est subdivisé en deux 94

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points traitant d’une façon approfondie la notion de la proximité territoriale. D’abord, nous définissons le concept de proximité et nous proposons, ensuite, une typologie de proximité, d’après les travaux de A. RALLET et A. TORRE (2005) et de B. PECQUEUR et J.B ZIMMERMAN (2004). Puis, nous expliquons l’effet exploité de l’interaction entre les différents types de proximité sur le territoire. L’articulation de ses proximités encourage les acteurs territoriaux à échanger et à coordonner leurs actions dans des réseaux territorialisés. 1.1. La proximité territoriale : définition et typologies L'approche en matière de proximité repose sur l'idée partagée que l'espace n'est pas neutre et qu'il ne doit pas rester à l’écart de l'analyse économique. Il est un construit, issu des pratiques et des représentations des acteurs économiques et institutionnels, articulé à un contexte en évolution. « La notion de proximité s'inscrit dans une conception de la réalité économique, comme de la réalité sociale (au sens de Bourdieu), essentiellement relationnelle. Elle renvoie à la fois à la séparation, économique ou géographique, des acteurs (individuels ou collectifs), détenteurs de ressources différentes et aux relations qui les rapprochent (et/ou les éloigne) dans la résolution d'un problème économique (production d'un bien, innovation technologique ……» (Gilly, Torre, 2000).119 B. PECQUEUR et J.B ZIMMERMAN (2002) supposent que le territoire est un construit des pratiques et des représentations des agents économiques. Il doit être aussi le résultat d’une démarche analytique et non présupposé120. Le territoire se construit dans cette perspective sur la base d’apprentissage collectif et sur la base d’une mise en cohérence des différents modes de coordination et de construction de compromis. En effet, les travaux sur la proximité trouvent son origine dans le fait d’une convergence entre l’économie industrielle et l’économie spatiale régionale. Cette convergence permet d’identifier, ci-dessous, les sources d’émergence de la proximité territoriale.  En premier lieu, on assiste à un passage d’une problématique d’allocation des ressources à celle de création de ressources. Cela nous explique que la création de ressources et la construction d’un territoire fait appel non seulement à une concurrence entre les entreprises, mais aussi entre les sites inscrits dans des espaces déterminés. À cet effet, le 119

GILLY J-P et LUNG Y., « Proximités, secteurs et territoires », Cahiers du Groupement de Recherches Économiques et sociales, Université Montesquieu- Bordeaux 4 &Université des sciences sociales Toulouse , Cahier n°2005-09, Mai 2005. P. 5. 120 PECQUEUR B. et ZIMMERMAN J. B., « Les fondements d’une économie de proximité », Document de travail n°02A26, Groupement de recherche en Économie Quantitative d’Aix Marseille- UMR- CNRS 6579, École des Hautes Études en science sociales Universités d’Aix-Marseille II et III. Juin 2002. P. 3-5. 95

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processus d’activation des ressources qui engendrent une spécificité de la production plus ou moins grande, juge une mobilisation des acteurs dans des processus de coopération qui mettent en avant le rôle de relations hors marché et les aspects de coordination qui s’attachent.  En second lieu, la situation d’une proximité entre agents économiques a permis d’avoir une économie limitée dans son étendue et dans sa relation avec l’extérieur. Le local est expliqué selon une double logique ; celle qui résulte de la mobilisation et de l’activation des ressources productives dans le contexte d’une proximité géographique et celle de sa mise en phase et de son insertion au sein de circuits productifs externes. Donc, nous considérons que le local est une modalité de fonctionnement du global. De même, la relation local/global déplace la problématique de la localisation traditionnelle basée sur des motivations, telles que, les bas salaires, la chasse aux aides publiques et l’accès à des réseaux d’infrastructure vers une nouvelle approche de l’ancrage territorial qui modifie la nature de relation entre l’entreprise et le territoire, tout en basant sur des stratégies et des projets.  Enfin, la complémentarité entre des relations de marché et hors marché arrive à considérer que la coopération n’est plus le contraire de la concurrence. Ainsi que l’efficacité individuelle d’un agent peut se voir conditionnée par la réalisation d’une efficacité collective à certains niveaux des structures productives. À cet effet, la proximité permet d’introduire une double modalité de relation entre les acteurs ; la coopération et la concurrence se combinent dans des configurations très diverses qui tiennent au mode d’organisation et d’arrangement institutionnel dans un milieu. En effet, les théoriciens de l’économie de proximité sont regroupés en deux pôles ; un pôle d’inspiration institutionnaliste qui privilégie une lecture en trois proximités et un autre interactionniste qui se limite à deux formes de proximité. Ainsi, le premier pôle présenté par KIRAT, Y. LUNG (1995) et J.B GILLY (2004) tend à proposer trois composantes au sein d’un territoire ; une proximité géographique, une proximité organisationnelle et une proximité institutionnelle. Pour ces auteurs, la proximité organisationnelle ne peut se développer qu’il s’est appuyé sur une proximité institutionnelle qui joue un rôle déterminant dans la coordination spatiale des acteurs. Tandis que, le deuxième pôle présidé par A. RALLET (2002) et A. TORRE (2000) considère qu’il existe deux types de proximité ; une proximité géographique et une proximité organisée définie par le partage de ressemblances (logique de similitude) ou l’appartenance à un même sous-ensemble (logique d’appartenance). En effet, les deux approches sont voisines et articulées, entre elles, seulement que dans le deuxième 96

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pôle, la proximité institutionnelle a disparu et la notion de proximité organisationnelle devient la proximité organisée121. Le tableau, ci-dessous, expose l’appartenance des auteurs du groupe de recherche « dynamique de proximité »122 par rapport aux pôles évoqués. Tableau 13: La déclinaison des proximités dans les publications du groupe de dynamique de proximité Les proximités Géographique

Organisationnelle

Organisée

Bellet, Colletis, Lung (1993) Kirat, Lung (1995) Gilly, Torrre (2000) Rallet, 2002

+

+

+

+

+

+

+

+

Dupuy, Bormeister (2003) Pecqueur, Zimmerman (2004)

+

+

+

+

Institutionnelle

Autres Territoriale

+

+

Technologique

Relationnelle

Source: GILLY J.P et LUNG Y (2004, P. 6).

À cet effet, les différentes formes de proximités se déclinent de la manière suivante: La proximité géographique: Présentée par Pecqueur et Zimmermann (2004), comme123« la distance géographique qui sépare différentes parties prenantes, en tenant compte des moyens de transport (temps/coûts) et du jugement des acteurs sur la nature d’une telle distance (représentations). La proximité géographique favorise ainsi les autres formes de proximité en raccourcissant les temps de transaction et de production, en augmentant la fréquence relationnelle, en facilitant indirectement les processus d’apprentissage et d’innovation, en créant les conditions de communautés de pratiques et de valeurs culturelles. Toutefois, elle peut induire des conflits et

121

GILLY J-P. LUNG Y., (2004), Op. Cit. P. 7. Le groupe « dynamique de proximité », composé d’économistes, sociologues et géographes, a entamé depuis le début des années 1990 une réflexion collective visant à mettre en évidence des convergences et des cohérences dans les nouvelles approches théoriques de l’espace n’est pas neutre et qu’il doit sérieusement prendre en compte dans les analyses. 123 PECQUEUR. B et ZIMMERMANN J.B, « les fondements d’une économie de proximité », sous la dir de Pecqueur. B et Zimmermann J.B, Économie de proximités, Édition Hermès-Lavoisier, Paris, 2004. P. 97 122

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des déséconomies de coordinations par une surintensité des interactions et une surabondance d’informations ». - Elle s’apparente dans une large mesure à la distance coût de transport, ainsi elle est dépendante des infrastructures et services de transports 124. Elle est appelée aussi physique ou spatiale. -Elle représente une forme de différenciation fondée sur le caractère spatial au sein duquel s’inscrivent les acteurs économiques. - Elle ne se réduit pas à une distance géographique ou spatiale, mais elle est considérée comme un construit qui prend sa forme dans les interactions sociales marchandes et non marchandes. - Elle renvoie à l’observation des processus de concentration industrielle ainsi qu’à la distribution spatiale des activités. En effet, la proximité géographique joue un rôle important dans les réseaux territoriaux, notamment par sa faculté à faciliter la transmission des connaissances, le développement des mécanismes d’apprentissage entre acteurs et la facilitation des processus d’innovation locaux. Donc, la proximité géographique est un facteur qui facilite la coordination entre acteurs proches géographiquement. De même, B. PECQUEUR et J.B. ZIMMERMANN (2004) a identifié quelques avantages de la proximité géographique, à savoir125 : 

Elle peut faciliter les rencontres entre agents ;



Elle peut simplifier le transfert d’une relation d’un contexte à l’autre ;



Elle permet le contact direct par le recours au face à face, quand les relations sont

établies ; 

Elle permet aussi et surtout de compenser et de rectifier un défaut de proximité de

nature principalement non spatiale (organisationnelle ou institutionnelle). En effet, la proximité géographique dans la mesure où elle assure des interactions sociales, rompt directement avec la notion d’un territoire donnée au profit d’un territoire construit socialement. Donc, elle est considérée comme une condition permissive des relations, alors que c’est la proximité organisée qui assure les interactions et construit des liens plus organisés.

RALLET A., « l’économie de proximité : Propos d’étape ». Études et Recherches sur les Systèmes Agraires et le Développement à INRA, Éditions, 2002. P.11-25. 125 PECQUEUR. B et ZIMMERMANN. J. B, (2004), Op.Cit. 98 124

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La proximité organisationnelle: Selon PECQUEUR. B et ZIMMERMANN J-B (2004),126«Elle s’appréhende par les règles prescrites et construites de manière autonome, qui organisent les pratiques et les représentations entre parties prenantes réunies autour d’un projet commun. Elle permet ainsi, l’émergence et le développement de liens d’appartenance, à la fois à travers « le choix du faire ensemble » et « l’obligation de faire ensemble » pour dépasser ou contourner des contraintes. Elle s’accompagne aussi de l’intensification des échanges d’expériences et des apprentissages interindividuels, collectifs, voire organisationnels. Elle renvoie à la complémentarité des ressources entre les différents acteurs susceptibles de coopérer ». La proximité organisationnelle est définie comme une relation de proximité induite par l’appartenance à une organisation comme le fait de suivre des règles communes ou de partager une même culture d’entreprise au sein d’une activité finalisée. À cet effet, l’existence d’une proximité organisationnelle permet à un ensemble d’acteurs d’installer des systèmes de coordination pour atteindre les objectifs, objet d’un accord entre les membres d’une organisation ou entre les organisations. En effet, la proximité organisationnelle repose sur un cadre cognitif commun partagé par des acteurs appartenant à un même espace de rapports économiques et sociaux, ainsi qu’ils entretiennent des relations effectives. B. PECQUEUR, G. COLLETIS, J.B GILLY et A. TORRE distinguent au sein de la proximité organisationnelle, deux formes de proximités127. D’abord, une logique d’appartenance selon laquelle les acteurs partagent un même espace de rapports (firmes, réseau). En effet, le fait qu’un acteur appartient à une organisation, elle assure une perpétuelle interaction entre les composantes et les membres de l’organisation. Cela lui permet d’entamer une discussion sur les règles à produire au sein d’un dispositif, de discuter des modalités techniques et des arrangements à trouver. Ensuite la logique de similitude est proche en termes organisationnels, les acteurs partageant le même espace de représentation, de modèles et des règles de pensée et d’action. Cette logique conduit vers la production de règles collectives acceptées par toutes les parties prenantes, ainsi que la production de croyances et d’anticipations partagées par les acteurs, afin de tracer un sentier commun à des collectifs.

126

Idem. GILLY J.P et TORRE .A, « Dynamique de proximité » sous la direction de, GILLY J.P, TORRE A., Éditions L’Harmattan, Paris, 2000. P. 11-13. 99 127

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En conséquence,

l’articulation

entre

ces

deux

logiques de la

proximité

organisationnelle favorise la coopération et la coordination entre les acteurs des organisations (firmes, réseaux). Cela s’explique, notamment, par le fait qu’une organisation qui met en place un dispositif des règles et des normes permet, d’un côté, de réduire les interprétations contrastées et divergentes des acteurs, et, de l’autre côté, de canaliser l’effort de tous vers l’atteindre d’un objectif. Citant l’exemple, d’un district industriel qui combine les deux composantes. Les entreprises qui le constituent sont à la fois liées en matière de rapports de similitude ou d’appartenance. La proximité institutionnelle: En général le sens du terme institution renvoit à un ensemble d’habitudes, de règles et de conventions, orientant le comportement des acteurs dans un environnement marqué par l’incertitude. À cet effet, M. BELLET et T. KIRAT (1998) écrivent128« la dimension institutionnelle exprimerait l’adhésion d’agents à un espace commun de représentations, de règles d’action et de modèles de pensée et d’action, avec un rôle d’homogénéisation important des comportements, des anticipations et des plans des individus ou des organisations ». Elle est appelée aussi proximité nationale ou culturelle, cette proximité repose sur l’idée qu’une culture commune entraînera une concurrence de partenariat plus grande. En effet, les acteurs sont liés par une proximité institutionnelle, s’ils partagent un ensemble de représentations, de règles communes de pensée et d’action, qui ont pour conséquence directe le niveau d’échange et de coopération entre catégories d’acteurs. En résumé, ces trois types de proximités assurent un passage de la notion de l’espace (coût de transport), à une conception plus large, capable de rendre compte des dynamiques territoriales. Ainsi, la coordination et la coopération entre les acteurs source de développement territorial ne peuvent se concrétiser que par un croisement entre les différentes formes de proximité. C’est pourquoi le point suivant décrire les avantages de la jonction des proximités pour un territoire. 1.2. L’articulation des proximités et territoire D’après B. PECQUEUR et J-B. ZIMMERMANN (2004), « une nécessaire hybridation entre une proximité organisationnelle et une proximité institutionnelle contribue, selon son intensité, à la durabilité de la coordination prise au niveau du groupe, du système, 128

BELLET.M et KIRAT.T, « La proximité, entre espace et coordination » dans M. BELLET, T KIRAT et C. Largeron, Approches multiformes de la proximité, Édition Hermès, Coll Interdisciolinarité et nouveau outils, 1998. P. 23-40. 100

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et sa robustesse à des chocs externes. Les conséquences au plan territorial en sont fondamentales, car elles contribuent à la pertinence du territoire en tant que niveau efficace et durable d’organisation économique »129. En effet, la proximité géographique joue le rôle d’une condition permissive ; elle facilite les échanges de produits mais aussi les rencontres, les échanges d’informations, le partage des connaissances (Rallet). Elle a permis le développement de liens de types organisationnels. Ainsi, la proximité géographique a favorisé la dimension institutionnelle de la proximité organisée. Et ce, où elle est associée à un lieu commun de représentations au sein duquel on identifie des aspects tels que la culture, les traditions, les valeurs. Donc, elle explique la ressemblance entre les agents en matière de représentations130. La proximité géographique est considérée comme un point de départ, elle permet, d’une part, de favoriser la constitution des relations de face à face, et, d’autre part, d’assurer une diffusion des règles et de modèles d’actions131. De même, la proximité géographique favorise le renforcement des logiques d’appartenance et de similitude qui caractérise la proximité organisée. Aussi, selon A. RALLET (1993), la proximité géographique stimule les interactions et les relations, mais ne met en liaison les acteurs économiques que par le biais ou la médiation organisationnelle, dont le fondement n’est pas nécessairement territorial132. À cet effet, il est vrai que la proximité géographique permet une interaction entre acteurs, mais elle n’assure pas l’échange, l’apprentissage et le partage des savoirs entre les acteurs appartenant et partageant des modèles et des règles d’actions. Ainsi, selon A. RALLET (1993), il ne faut pas « assimiler interaction entre les agents, connaissances tacites et proximité géographique ». La proximité géographique ne peut être utile que si elle est accompagnée d’une proximité organisée. C’est la proximité organisée qui rend les interactions plus rapides et faciles avec les acteurs de l’organisation (firmes ou réseaux) quelques soit interne ou externe. En effet, c’est la proximité organisée qui offre aux acteurs d’une organisation (firmes ou réseaux) une interaction dynamique et positive, ainsi qu’elle encourage des processus de

129

PECQUEUR. B et ZIMMERMANN. J. B, (2004), Op.Cit. ANGEON V. et CALLOIS J–M., « Fondements théoriques du développement local : quels apports du capital social et de l’économie de proximité ? », Revue Économie et institutions, N°6-7 ; 1er et 2e semestres 2005, Proximité et institutions : nouveaux éclairages. 2005. P. 33. 131 Idem., P. 33. 132 RALLET A., « Choix de proximité et processus d’innovation technologique », Revue d’Économie Régionale et Urbaine, n°3, 1993. P. 365-386. 101 130

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coopération et de négociation visant à atténuer les conflits et les tensions locales provoquées par la proximité géographique. Ensuite, pour mieux éclaircir ce qui a été déjà évoqué concernant la jonction entre la proximité géographique et la proximité organisée. Nous nous référons aux travaux de A. RALLET et A. TORRE (2004) sur la proximité. Pour ces auteurs, la proximité spatiale ne peut jouer qu’un rôle négatif (tension) ou neutre, sans effet claire. Cependant, il ne peut être positif que si elle est associée ou activée par la proximité organisée133. Le tableau, ci-dessous, tiré des travaux de A. RALLET et A. TORRE (2004), exprime les résultats obtenus d’un croisement entre deux formes de proximités et leur conséquences en termes de contacts et rencontres entre entreprises au niveau local. Tableau 14: Le croisement des deux proximités et ses résultats en termes d’interactions

Proximité géographique Proximité organisée

Proximité géographique Rien ne se passe : agglomération

Proximité organisée Réseaux locaux, SPL, dispositifs de négociation

Mobilité, interactions temporaires

Réseaux non territoriaux

Source : Rallet & Torre, (2004, P :28).

La première case en haut à gauche montre que la proximité géographique toute seule est insuffisante pour créer des interactions entre les acteurs au niveau local. Elle est vraie qu’elle facilite l’interaction entre acteurs, mais elle n’est plus un support de coordination. De même, ce croisement a permis d’avoir une forme d’agglomération des acteurs sans de relation directe entre-eux, donc, c’est une agglomération passive sans liens de coordinations. Ensuite, la case en haut à droite explique que la proximité géographique associée par une proximité organisationnelle permet de structurer des milieux locaux à des réseaux locaux sous formes des SPL, des Clusters et des Milieux innovateurs. Ainsi que les effets néfastes de la proximité géographique exprimés sous des tensions entre les acteurs proches géographiquement peuvent être atténués par la mobilisation des ressources de la proximité organisée. Puis, la case en bas à gauche, dans ce cas la proximité organisée se transforme provisoirement ou temporairement en proximité géographique (séjours temporaires de personnes à l’occasion d’un projet de coopération entre les entreprises). Cette situation est

133

RALLET A. et TORRE A., « Proximité et localisation » Revue Économie rurale, Proximité et territoires. N°280, 2004. P. 25-41. 102

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bénéfique lorsqu’il s’agit d’un développement des innovations et l’échange de connaissances et d’apprentissage. Enfin, la case en bas à droite caractérisée par l’absence de la proximité géographique et une interaction entre les proximités organisées. Cette interaction a tracé un cadre local qui peut concerner des firmes multi-établissements réseaux globaux d’entreprises, communautés professionnelles nationales ou internationales. La coordination et la coopération s’effectuent dans ce cas à travers, le partage des règles explicites, des croyances et représentations communes, ainsi que la mobilité des personnes entre les parties. Ainsi, selon A. RALLET, A. TORRE (2004), le croisement de ces deux types de proximités a permis de dégager des modèles représentatifs d’organisation géographique des activités. De même, mener une réflexion autour du postulat de base des analyses spatioéconomiques, à savoir la recherche de proximité géographique comme facteur de localisation des entreprises et de ménages. Nous venons de comprendre que l’économie de proximité a suscité beaucoup de recherches, notamment par le groupe de dynamique de proximité. Il a été abordé par deux pôles ; un institutionnaliste qui propose trois formes de proximité ( géographiqueorganisationnelle institutionnelle) et un autre pôle interactionniste qui présente deux formes ( géographiques- organisées). En effet, ces formes de proximité constituent les principaux éléments expliquant les différentes sortes d’agglomération et contribuent aussi à stimuler la coordination et la coopération entre les acteurs d’une organisation (firmes ou réseaux). De même, la proximité a apporté à la notion de territoire une dimension différente, caractérisé par une rupture avec la notion de l’espace et avec ses présupposés d’homogénéité économiques.

Paragraphe 2 : les réseaux territorialisés une dynamique de proximité Ce paragraphe sera consacré aux réseaux territorialisés localisés qui ont pour objet de favoriser une dynamique des industries localisées et des processus de territorialisation par une dynamique de proximité. Donc, nous allons essayer de présenter une brève distinction entre les différents réseaux territorialisés et d’expliquer leurs fonctionnements. À cet effet, nous commençons par les districts industriels par sa double approche ; théorique relative à Alfred Marshall et empirique développée par Beccatini dans le territoire d’Italie. Ensuite, nous nous intéresserons à la notion des SPL développée par l’école de Grenoble, notamment par les travaux de C. COURLET et B. PECQUEUR. Enfin, nous abordons, d’une part, la notion de

103

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Cluster de son père fondateur Porter, et, d’autre part, le concept de pôle de compétitivité ou cluster à la française. 2.1. Le district industriel marshallien et Le district industriel italien La notion de district industriel est considérée comme le point de départ d’une littérature économique récente qui s’intéresse aux relations entre dynamique industrielle et dynamique territoriale. En effet, ce concept trouve son origine dans deux principales sources ampliatives. D’abord, les travaux d’Alfred Marshall qui s’est interrogé sur les principes de l’économie politique, en 1890, dont l’objectif est l’analyse des faits industriels dans certaines localités industrielles. Il cherche à expliquer, en quoi la concentration industrielle est une condition nécessaire à la réalisation de la division du travail. Ensuite, c’est l’étude empirique qui nous vient d’Italie concernant les formes spatiales des processus d’industrialisation apparue dans les régions du centre et du nord-est de l’Italie au cours des années 60 et 70134. 2.1.1. Le district industriel marshallien Pour A. Marshall, il peut avoir deux façons d’organisation industrielle135: « d’une part, l’organisation sous commandement unique de la division technique du travail intégré au sein d’une grande entreprise. D’autre part, la coordination par le marché et par le face à face (la réciprocité), d’une division sociale du travail désintégré entre des firmes plus petites spécialisées dans de grand segment du processus productif » (BENKO et alii, 1996). Donc, nous comprenons par ceci que les entreprises qui sont regroupées dans une aire géographique donnée et en interdépendance avec un marché spécialisé peuvent bénéficier des économies d’agglomération et d’externalité et par la suite obtiennent de l’efficacité. En effet, les effets des économies externes d’agglomération sont sous formes : lutter contre les coûts de transactions, bénéficier d’une économie d’échelle, assurer une formation de la main-d’oeuvre et enfin favoriser la circulation de l’innovation. Ainsi, le district marshallien peut être un regroupement des entreprises dans une aire géographique donnée et aussi une organisation industrielle basée sur l’ancrage et la proximité (géographique et organisée). Ces deux optiques permettent aux entreprises quelques avantages : d’abord, une division du travail et la division des tâches bien organisées entre entreprises spécialisées. Ensuite, bénéficier d’une rapidité au niveau d’échange des biens et 134

COURLET C., (2001), Op.Cit. P. 60-61. BENKO G., DUNFORD M. et LIPIETZ A., « Les districts industriels revisités », in B. Pecqueur éd. Dynamiques territoriales et mutations économiques, L’Harmattan, 1996. Disponible sur l’URL : http://lipietz.net/ALPC/REG/REG_1996s.pdf . 104 135

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services entre les entreprises du district tout en profitant des coûts de transport et logistique plus bas. Enfin, le contact entre les entreprises favorise un climat propice et favorable à l’accroissement des transactions. De plus, A. MARSHALL (1980), a lié ces avantages cités, ci-dessus, et l’efficacité du fonctionnement de district industriel par la présence d’un facteur assez important à savoir, « l’atmosphère industrielle »136. Ainsi, il avance que l’atmosphère industrielle détermine la réussite du district industriel. Et ce, par la capacité de diffuser une culture industrielle d’inscription socio-territoriale favorisent les échanges d’informations et de compétences et la diffusion d’un savoir-faire spécifique. Donc, l’atmosphère industrielle constitue un facteur favorable à l’innovation En résume, le district industriel selon A. Marshall consiste à assurer une articulation entre les ressources économiques, sociales et culturelles d’un territoire. Cette articulation permet, d’une part, de bénéficier des économies externes favorisant une efficacité pour les entreprises intégrant le district, et, d’autre part, de donner une impulsion générale de l’industrie (C. COURLET, 2001) 2.1.2. Le district industriel italien Dans cette perspective, G. Becattini, a défini le district industriel marshallien comme : « Une entité socio-territoriale caractérisée par la présence active d’une communauté de personnes et d’une population d’entreprises dans un espace géographique et historique donné. Dans le district à l’inverse de ce qui se passe dans d’autres types d’environnements, comme, par exemple, les villes manufacturières, il tend à y avoir osmose parfaite entre communauté locale et entreprises ». Cette définition reflète l’idée que les districts industriels ont été apparus comme une forme de regroupement des entreprises sur un territoire donné, dans laquelle les relations sont régies par un ensemble des normes implicites ou explicites, unifiant les règles de marché et code social. De même, le district industriel est basé sur une logique territoriale privilégiant le face à face entre les acteurs et remplaçant les mécanismes classiques de la coordination, à savoir le marché et la hiérarchie137. En complément de la première définition, G. Beccatini considère le district industriel aussi comme : « une entité socio-territoriale caractérisée par la coexistence active d’une A. MARSHALL, principes d’économie politique, (1890), livres IV, traduction française de SOUVRAINE-JF, (1996). 137 COURLET C., « les systèmes productifs localisés : un bilan de la littérature », Études et recherches sur les Systèmes Agraires et le Développement, INRA Éditions, 2002, 33 : P : 27-40. 105 136

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communauté ouverte d’individus et d’une population segmentée d’entreprise. À partir du moment où, communauté d’individus et population d’entreprises occupent le même territoire, il est inévitable qu’il y ait interaction entre les deux. Il y a donc symbiose entre activités productives et vie communautaires. La communauté est ouverte car la nature industrielle du district ainsi que les problèmes liés aux profits croissants qui en résultent génère des flux permanents de bien et de personnes. La population des entreprises est segmentée dans la mesure où les différentes phases du processus productif sont réparties entre ces entreprises, chacune d’entre elles se spécialisant dans l’accomplissement d’une ou plusieurs phases (Beccatini, 1989, 1991 P : 159). »138 Donc, nous constatons que le district industriel est un concept socio-économique basé sur un regroupement d’entreprises dans un territoire donné, en vue de bénéficier des avantages telles que la division du travail et une division des tâches organisées. Ainsi, il repose sur une coordination par le marché et une réciprocité fondée sur la proximité géographique, Finalement, le concept de district industriel a démontré quelques limités. D’une part, ce concept est apparu et étudié dans les pays développés qui ont connu la période fordiste, et , d’autre part, la région qui vit d’une seule industrie sera exposée à une crise très grave dans le cas d’une déstabilisation de la demande. Donc, ces limites ont permis de découvrir des formes similaires ou comparables d’organisations localisées, plus précisément l’apparition des systèmes productifs locaux (SPL) considérés comme une sorte de dérive et d’inspiration encore améliorée du concept « district industriel ». 2.2. Le système productif local (SPL) La notion du système productif local développée par l’école de Grenoble s’inscrit dans le prolongement des travaux des districts industriels d’Alfred Marshall (principes d’économie politique) et ses successeurs principalement italiens. En effet, les premiers qui se sont intéressés au concept du “système productif local” sont les Français, notamment C. COURLET et B. PECQUEUR (1992) qui ont défini le SPL comme « Une configuration d’entreprises regroupées dans un espace de proximité autour d’un métier, voire même de plusieurs métiers industriels. Les entreprises entretiennent des relations entre elles et avec le milieu socioculturel d’innovation. Ces relations ne sont pas seulement marchandes, elles sont

138

BECATTINI G., « Le district industriel : milieu créatif », dans Restructurations économiques et territoires, espace et sociétés, N° 66/77, Édition l’Harmattan, P. 159. 106

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aussi informelles et produisent des externalités positives pour l’ensemble des entreprises »139. Cette définition explique que le SPL se distingue du district par le fait qu’au sein du groupement, des relations peuvent tisser entre les PME et entre les grandes entreprises, ainsi que les relations dépassent le cadre de la sous-traitante vers un cadre de coopération avec le milieu socio-culturel d’innovation. Ensuite, selon la DATAR (2002), un SPL est une140 « organisation productive particulière localisée sur un territoire correspondant généralement à un bassin d’emploi, qui fonctionne comme un réseau d’interdépendances constituées d’unités productives ayant des activités similaires ou complémentaires qui se divisent le travail (entreprises de production ou de services, centres de recherche, organismes de formation, centres de transfert et de veille technologique ». Il est vu comme une agglomération des activités indépendantes sur un territoire, ainsi que ces activités similaires ou complémentaires sont organisées économiquement, ce qui permet d’assurer un développement et une croissance aux firmes du SPL. Puis, C. COURLET (2002) a identifié trois caractéristiques majeures pour les SPL, pour lui l’importance, c’est l’existence sur un territoire restreint un grand nombre d’entreprises suffisamment proches et réciproquement liées. En effet, ces caractéristiques sont résumées comme suit141: 

D’abord, le système productif local se caractérise par l’existence sur un territoire un

nombre d’entreprises proche géographiquement et réciproquement lié. C’est une concentration géographique originale caractérisée par une spécialisation économique distincte. 

Ensuite, c’est un système productif local qui est le résultat des avantages tirés par le

regroupement des entreprises sur un le même territoire. À cet effet, deux variables paraissent importantes pour apprécier les SPL. Les premiers sont relatifs à la nature des activités ; si les entreprises du SPL ont des activités similaires, elles cherchent à développer des mécanismes de coopération. Par contre, si les entreprises disposent des activités complémentaires telles que, la production, le transport la formation, elles développent un approfondissement de la 139

COURLET C. et PECQUEUR B., « les systèmes industriels localisés en France : un nouveau modèle de développement » sous dir, BENKO G. et LIPIETZ A., les régions qui gagnent. Districts et réseaux : les nouveaux paradigmes de la géographie économique, Paris, Presse Universitaire de France, 1992. P : 81-102. 140 DATAR, « Les systèmes productifs locaux », Collection Territoires en mouvement, Paris, La documentation française, DATAR, 2002,. P. 5. 141 Courlet C., (2002), Op.Cit. P. 32-33. 107

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division du travail pour la réalisation d’un produit unique. Les deuxièmes concernant l’intensité des coopérations ; elle n’y a pas une seule forme de coopération dans les SPL. La coopération peut se réaliser selon des différentes formes, à savoir : club d’entreprises, réseaux de production conjointe et des réseaux basés sur des ressources partagées, ainsi que d’autres formes de coopération. De plus, une autre variable aussi importante caractérisant le fonctionnement du SPL, celle de l’environnement actif. 

Enfin, une articulation forte entre le patrimoine socio-culturel et la sphère

économique: la réussite d’un SPL dépend de l’articulation entre les variables socio-culturelles (valeurs, institutions et savoir –faire) et des variables économiques (disponibilité en capital, savoir technique). De même, au sein d’un SPL, il y a ; les économies externes ordinaires d’agglomération, les économies externes technologiques et des économies externes spéciales. Donc, un SPL est attaché à une logique territoriale qui cherche à trouver une organisation entre le marché et la hiérarchie et non pas une logique fonctionnelle axée sur le territoire pour se fonctionner. En outre, C. COURLET, (2006) indique que « le SPL n’est pas une formule mathématique mais un processus organique difficile à reproduire. Il faut de la durée et il faut aussi la réunion de condition et d’un milieu favorable à l’émergence de ce type d’organisation ». À cet effet, le SPL n’est plus considéré comme un simple calcul économique des agents, mais plutôt c’est l’expression d’une forme organisée de leurs relations. Il est considéré aussi comme une forme d’organisation spécifique dans lequel le territoire et les relations non marchandes jouent un rôle primordial. Donc, les SPL sont les résultats d’une réforme organisée de leurs relations qui changent selon les approches, ce qui explique le rejet de l’idée que c’est un concept. Ainsi, C. COURLET (2001), explique que les SPL sont comme une forme généralisée d’organisation productive territorialisée visant à réduire les coûts de transaction et plus généralement des coûts de régulation et de coordination inter-firmes ou entre recherche et industrie (Approche transactionnelle). De même, ils sont aussi comme des organisations multidivisionnelles visant la complémentarité. Ces deux approches ont bien contribué au développement du SPL. Elles sont résumées comme suit142:

142

COURLET C., (2001), Op.Cit. P : 73. 108

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Tableau 15: L’approche transactionnelle et l’approche résiliaire du SPL selon C. Courlet L’approchetransactionnelle

L’approcherésiliaire

*Le regroupement spatial à l’instar de la firme permet la réduction des coûts des transactions. *Un mode de gouvernance efficace que le marché ou la hiérarchie. *Cette analyse conduit à supposer que communauté ou patrimoine culturel, marché, hiérarchie, sont interchangeables. Ainsi, elles ne sont pas une alternative ni au marché ni à la hiérarchie, mais plutôt la condition d’existence de l’un et de l’autre. *Le SPL est caractérisé par un ensemble de règles plus au moins institutionnalisées, plus ou moins codifiées qui inscrivent les individus et les organisations dans un cadre d’action commun.

*La notion de réseau dépasse la coordination par le marché ou la hiérarchie et s’oriente vers l’analyse des rapports inter firmes. *Elle conduit à décrire les SPL comme des organisations multidivisionnelles par opposition à un ensemble d’unités de production indépendantes. *Elle permet de comprendre par quelles modalités les unités d’un réseau localisé participent à la production et à la distribution des richesses de lorsqu’elles rentrent en interaction.

Source : Élaboré par nous-même sur les travaux de C. Courlet (2001).

Quant à I. SAMSON (2003), les SPL sont comme « des systèmes productifs localisés reposent sur de véritables externalités territoriales, issues de l’histoire et du jeu des acteurs, autour d’une activité principale et des activités auxiliaires et d’une main-d’œuvre locale qualifiée permettant d’assurer la transmission du savoir-faire entre générations »143. En effet, les SPL sont comme une forme générique qui repose sur un jeu d’acteurs réalisant la combinaison de concurrence et de coopération entre les PME Installées. Cette combinaison permet au SPL d’assurer une forte compétitivité territoriale. Bref, les SPL constituent une thématique assez importante en France depuis les années 80-90. De même, ce concept n’a connu son essor qu’après les mutations économiques entamées dans cette période. Le SPL considéré comme une agglomération des entreprises sur le territoire et qui entretient des relations à la fois avec les PME et les grandes entreprises. Il est vu comme un outil de développement de la firme, et aussi un moyen qui participe au dynamisme et l’essor des territoires. Il sert à activer et à maintenir le tissu économique et social local, par lequel un ensemble d’acteurs économiques et sociaux développe des rationalités convergentes et des projets communs.

143

SAMSON I., (2004), Op.Cit. P. 151-152. 109

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Le point suivant vise à continuer notre analyse sur les réseaux territorialisés et ce par l’introduction de la notion des clusters développés M. Porter et la notion des pôles de compétitivité ou les clusters à la française. 2.3. Le cluster et le pôle de compétitivité Ici nous nous attaquons aux derniers types de réseaux territorialisés, à savoir les clusters et les clusters à la française qui sont les pôles de compétitivité. 2.3.1. La notion de cluster La notion du cluster a été développée par M. PORTER, en 1990, qui s’est inspiré luimême des travaux d’A. Marshall sur les districts italiens au XIX éme siècle. En effet, le mot cluster est d’origine anglais traduit en français par niche ou grappe. Pour définir le concept de cluster, nous évoquons plusieurs définitions des auteurs anglo-saxons, dont la plus importante de M. PORTER144. En premier lieu, la Harvard Business School a défini le cluster comme “ une concentration géographique de groupes d’entreprises interconnectées, d’université et d’institution associées qui résultent des couplages ou des externalités entre entreprises”. Selon M. PORTER (1998)145 “Clusters are geographic concentrations of interconnected companies and institutions in a particular field. Clusters encompass an array of linked industries and other entities important to competition. They include, for example, suppliers of specialized inputs such as components, machinery, and services, and providers of specialized infrastructure. Clusters also often extend downstream to channels and customers and laterally to manufacturers of complementary products and to companies in industries related by skills, technologies, or common inputs. Finally, many clusters include governmental and other institutions—such as universities, standards-setting agencies, think tanks, vocational training providers, and trade associations—that provide specialized training, education, information, research, and technical support». Donc, il a qualifié les clusters comme un groupement d’entreprises et d’institutions proche géographiquement appartenant à un même secteur d’activité (des produits connexes ou complémentaires). Cette interdépendance entre les acteurs selon Porter, peut-être expliquée, d’une part, par les clients et aux fabricants de produits complémentaires, et, d’autre part, par les entreprises dans 144

Idem., P. 131. M. Porter “Clusters and the new economics of competition” Harvard Business Review, Novembre Decembre 1998, PP 77-90, Disponible sur l’URL: http://im.univie.ac.at/fileadmin/user_upload/proj_windsperger/KFK/KfK/ClusterStrategy.pdf. 110 145

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l’industrie ayant des métiers, des technologies et des savoir-faire communs. Ainsi, dans un cluster, il y a plus les entreprises des institutions gouvernementales, à savoir les universités et les centres de formation qui se préoccupent de fournir une formation, une éducation et un soutien technique spécialisé. En conséquence, l’intérêt d’un cluster réside dans le fait que les entreprises installées peuvent tirer des avantages compétitifs et de bénéficier des externalités territoriales et d’une dynamique de proximité. Ainsi, A. HAMDOUCH (2008) a expliqué que la notion de cluster a été très développée ces dernières années, ce qui a généré une ressemblance à d’autres concepts plus ou moins voisins. À cet effet, en vue d’éviter de foisonnement conceptuel, il a proposé d’identifier quelques critères décisifs pour cerner le concept de cluster, notamment le caractère territorialisé d’un cluster, d’une part, et la focalisation ou non du concept sur les activités fondées sur l’innovation. Dans ce sens, une double approche se dessine pour résumer la notion cluster, d’une part, l’approche développée par Porter, et, d’autre part, celle de l’OCDE et des conceptions résiliaires des clusters. Donc, le tableau, ci-dessous, explicite le contenu et les limites de chaque approche146. Tableau 16: Les deux approches résumant le cluster selon A. HAMDOUCH Approche de Porter

Les conceptions résiliaires des clusters

Le Contenu: Cluster comme une organisation industrielle spatialisée reposant, d’une part sur une proximité géographique, de complémentarités et de construction de relation de confiance, et, d’autre part, c’est la combinaison de la concurrence et de la coopération entre les acteurs localisés. Les limites: 1) Les frontières du cluster posent un problème, selon la définition de porter, il s’agit d’une limitation spatiale, tandis que d’autres définitions ont précisé qu’il s’agit des frontières organisationnelles et concurrentielles. 2) Lors de la définition de porter, le cluster repose sur une complémentarité entre les acteurs (industries

*Les travaux de l’OCDE sur cette approche ont introduit la possibilité d’alliances stratégiques entre les firmes et les universités et les institutions de recherche. Ce sont les liens institutionnels et organisationnels de nature formelle qui définissent le réseau au sein d’une chaine de valeur. * L’approche résiliaire dématérialise le cluster, en l’assimilant à un réseau d’innovation virtuel basé sur l’apprentissage croisé entre acteurs électroniquement connectés.

HAMDOUCH. A, « la dynamique d’émergence et de structuration des clusters et réseaux d’innovation : revue critique de la littérature et l’élément de la problématisation », un acte de communication au colloque de l’ASRDLF, Rimouski, 25-26 aout 2008. 111 146

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et institutions) pour la compétition. S’agit-il des industries verticalement complémentaires? ou bien s’agit-il d’industries horizontalement différentes, mais localisés sur un même territoire? 3) La troisième difficulté, ça concerne les liens entre les firmes et les institutions au sein d’un cluster. M. Porter a précisé, qu’il s’agit des liens informels, et c’est ce qui fait l’efficience et la flexibilité. Mais en général les travaux récents ont montré que la collaboration formelle entre firmes est devenue primordiale, surtout dans des domaines du financement et du R&D. 4) Selon Porter, il n’y a pas de distinction entre les clusters selon la nature du domaine d’activité considéré, ainsi qu’il a remis en cause la distinction entre les industries high-tech et lowtech qui sont basées sur des R&D et d’innovation.

Donc le cluster dans cette approche repose sur l'idée de réseaux d'innovateurs, de district industriel marshalliens, de relations interindustrielles, de systèmes nationaux (régionaux, locaux) d'innovation, de chaînes de production, de rassemblement de firmes liées par des connaissances communes

Source : Élaboré par nous-même à partir des travaux de A.HAMDOUCH (2008).

Après avoir défini le concept du cluster et de montrer la différence entre une forme générique et une forme organisationnelle. Ainsi que d’opérer une distinction entre l’approche porterienne et l’approche résiliaire qui vise à renouveler la conception classique vers une autre conception développée du cluster d’innovation ou plus généralement de réseau d’innovation. Nous passons ensuite, à expliquer le cluster tout en recourant à deux composantes territoriales, à savoir la localisation des relations inter-firmes et l’organisation des relations inter-firmes. En effet, A. TORRE (2006) a explicité cette liaison par le schéma , ci-dessous, qui essaie de présenter les divers types de clusters par l’interaction entre les facteurs « l’organisation des relations inter-firmes » et « la localisation des relations inter-firmes » . Tableau 17: Où sont les clusters aujourd’hui ? L’organisation des relations inter-firmes

La localisation des relations inter-firmes

Forte Faible

Forte

Faible

1. Cluster à la Porter

3. Cluster lié à une ressource ou à l’histoire locale

2. Cluster sans Base locale avérée

4. Activités dispersées

Source: Torre A. (2006. P. 15-44) 112

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D’abord, la case 1, il s’agit d’un cluster porterien, résulte à la fois des niveaux importants de localisation et d’organisation, avec une coexistence de deux types de proximités géographiques et organisées. Ensuite, la case 2 présente un cluster caractérisé avec un niveau d’organisation de relation inter-firmes important, mais d’une faible concentration locale. Il est compatible d’un cluster analysé au niveau régional ou national. Puis, la case 3 s’intéresse à un cluster basé sur une ressource ou à une histoire locale. Ce type de cluster est caractérisé par un niveau faible de relations locales et une forte agglomération territoriale des firmes. Cette catégorie de cluster représente dernièrement le but des politiques d’innovation des nations cherchant à engendrer des synergies dans leur sphère régionale et locale. Enfin, la case 4, il s’agit des activités dispersées, qui ne contiennent aucun élément principal composant le cluster, c’est-à-dire ni localisation et ni organisation des relations inter-firmes, et donc aucun bénéfice à présenter147. À partir de ce tableau, nous constatons que la case 1, seule qui répond d’une façon objective à un cluster au vrai sens du mot. Alors que, dernièrement, nous remarquons qu’ils s’orientent beaucoup plus vers les cases 2 et 3. C’est-à-dire, des clusters avec une organisation des relations inter-firmes sans une localisation géographique des firmes, ou soit des firmes localisées géographiquement, et sans une vraie organisation des relations interentreprises. En résumé, nous avons présenté la notion de cluster, d’après M. PORTER (1998) et A. HAMDOUCH (2008), ainsi que sa typologie par rapport à la réalité selon A. TORRE (2006). De même, nous confirmons que les clusters qui connaissent de la réussite sont ceux qui assurent d’une manière efficace un croisement entre la proximité géographique et la proximité organisée. C’est-à-dire, une forte localisation géographique et forte appartenance caractérisée par l’échange de technologie et de transfert de connaissances. 2.3.2. Le concept de pôle de compétitivité Nous abordons maintenant la notion des pôles de compétitivité qui s’inspire aussi de la notion de cluster et de son fondateur Porter 1990. La notion des pôles de compétitivité ou les clusters à la française sont encouragé par le gouvernement français qui a lancé en 2004 un appel à initiative nommé « Pôle de compétitivité » PDC visant à stimuler des pôles de croissance et d’emploi et d’assurer un effet d’entrainements sur la globalité de l’économie nationale. TORRE A., « Clusters et systèmes locaux d’innovation un retour critique sur les hypothèses naturalistes de la transmission des connaissances à l’aide des catégories de l’économie de la proximité », Revue région et développement, n°24, 2006. P. 15-44. 113 147

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Les autorités françaises présentées par la DATAR-DIACT ont lancé un appel à initiative nommé « Pôles de compétitivité », pour objectif principal de promouvoir la croissance et l’emploi, ainsi d’assurer un effet positif sur l’économie nationale. À cet effet, la notion du PDC est définie comme suit148:“Une combinaison, sur un espace géographique donné, d’entreprises, de centres de formation et d’unités de recherches publiques ou privées engagées dans une synergie autour de projets communs au caractère innovant. Ce partenariat s’organise autour d’un marché et d’un domaine technologique et scientifique qui lui sont attachés, et doit rechercher une masse critique pour atteindre une compétitivité et une visibilité internationale”. M. DELAPLACE (2006) a défini le concept de pôle de compétitivité tout en s’appuyant sur la notion de territoire et de projet innovant, donc « un pôle de compétitivité est sur un territoire donné l’association d’entreprises, de centres de recherche et d’organismes de formation, engagés dans une démarche partenariale (stratégie commune de développement), destinée à dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un (ou de) marché(s) donné(s) »149. En effet, les PDC ont une vocation clairement définie, c’est de collaborer trois types d’acteurs à savoir les entreprises (grandes entreprises et PME), les laboratoires de recherche (publics et privés) et les institutions de formation afin de cerner les ressources sur des projets de coopération technologiques d’envergure internationale. Cette forme territorialisée est marquée par des spécificités qui les différencient par rapport à d’autres formes, à savoir:  Coopérer tous les acteurs sans exception autour d’un projet technologique d’importance internationale ; 

Favoriser et encourager des nouvelles façons de coopération et de coordination ;



Les pôles de compétitivité s’inscrivent dans une perspective internationale, déjà

mentionnée dans la définition de la DATAR. Cette vision internationale est exprimée par des coopérations et coordinations inter-clusters dans le monde. Enfin, nous citons les objectifs et les enjeux des pôles qui s’expliquent au niveau national, régional et organisationnel. D’abord, l’objectif au niveau national est de développer l’attractivité d’un territoire et un rempart face aux entreprises souhaitant se délocaliser. La 148

Site Internet DIACT/ex DATAR. DELAPLACE M., « Pertinence et limite de la politique des pôles de compétitivité : ancrage local et diversité des déterminants de la compétitivité » XLII ° Colloque de l’ASRDLF- XII° Colloque du GRERBAM Sfax 4,5 et 6 septembre 2006. 114 149

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compétitivité et l’attractivité du territoire passe par les pôles de compétitivité. Ensuite, au niveau régional, il s’agit de différencier et de favoriser une expertise visible et attractive afin de promouvoir l’emploi dans la région. Ainsi que, de faciliter la coopération entre les différents acteurs. Enfin, l’objectif du PDC au niveau organisationnel c’est de développer des synergies pour des projets innovants et d’obtenir des financements.150 En guise de conclusion, ce cheminement des réseaux territorialisés présentés, est dû à l’importance de la pierre angulaire et du noyau dur, à savoir, le district industriel d’Alfred Marshall. En effet, cette forme a bien été élargie et enrichie par des chercheurs de l’économie territoriale, notamment le groupe de « dynamique de proximité ». Cela va contribuer au développement d’autres formes de regroupement territorial, à savoir les SPL, les clusters et les pôles de compétitivité. Ainsi, chaque réseau territorial développé dispose de propres spécificités et caractéristiques qui le différencient des autres réseaux. Le schéma ci-dessous présente l’évolution et la classification des réseaux territorialisés. Figure 14: Une représentation des liens entre les différentes notions151 Intégration de la recherche/innovation

Pôle de compétitivité Cluster

SPL

District industriel

Addition d’un cluster et d’un pôle de recherche et d’enseignement

SPL intégrant des entreprises depuis la R&D à la communication

District industriel intégrant des grandes entreprises et leurs sous-traitants

Concentration sur un territoire de PME d’une même branche

Niveau de relations et d’interdépendances

Source : Note orange n°2- clusters et pôles de compétitivité en Rhône-Alpes, Décembre 2004.

Pour conclure cette section, les réseaux territorialisés de proximité sont définis par S. Ehlinger et al (2007), « comme des ensembles coordonnés d’acteurs hétérogènes, géographiquement proches, qui coopèrent et participent collectivement à un processus de production »152. Cette définition résume ce qui a été déjà développé, du fait que la proximité

BOUABDALAH K. et THOLONIAT A., « Pôle de compétitivité et réseau de proximité : l’émergence d’une nouvelle dynamique de l’innovation » 5éme journée de la proximité à Bordeaux 30 juin 2006. Disponible sur : . 151 KHATTABI M-A., Muriel MAILLEFERT, « Cluster, proximité et innovation. Une revue de la littérature », Revue Economica , Centre de recherche de HEM. Disponible sur l’URL : http://economia.ma/sites/default/files/recherchePJ/Clusters-Economia.pdf. 152 EHLINGER, S., PERRET, V. et CHABAUD, « Quelle gouvernance pour les réseaux territorialisés d'organisations ? », Revue Française de Gestion, Vol.33, n°170, 2007. P. 155-171. 115 150

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géographique facilite la relation inter-organisationnelle et la rencontre des différents acteurs au sein d’un réseau territorialisé. Ainsi que la proximité organisationnelle rend l’appartenance et la participation collective à un processus permettant la réalisation d’un objectif commun, notamment par l’échange d’informations et le partage des connaissances.

Section III: Le territoire et le projet de développement Dans cette section, nous focalisons notre attention sur la notion de développement territorial. En effet, l’importance de cette notion émerge après avoir expliqué la notion de base, celle de territoire, considéré comme un construit d’acteur et lui-même un acteur qui assure son développement. À cet égard, le développement territorial est un objectif en soi, par lequel, s’orientent les territoires pour satisfaire et répondre convenablement aux besoins de tous les acteurs locaux, et ce, par une méthodologie territoriale qui donne naissance à un projet territorial administré par un outil pertinent, à savoir la gouvernance territoriale. Cette section est subdivisée en trois paragraphes. D’abord, le premier paragraphe s’intéresse à la notion du développement territorial, elle est entamée par un survol sur le concept de développement endogène et le développement local, comme point de départ. Puis, d’expliciter le passage du développement local au développement territorial (Paragraphe 1). Ensuite, le deuxième paragraphe vise à montrer que le développement territorial ne peut se réaliser qu’à partir un projet territorial, et où le territoire est l’acteur de son projet. Ainsi, l’intérêt de projet du territoire est d’assurer un développement par l’idée d’une interaction entre une organisation impulsée par l’entrepreneur, et le territoire (Paragraphe 2). Enfin, le dernier paragraphe a pour objet de définir la notion de gouvernance territoriale et de montrer que cet outil, considéré comme un mode de management, permet d’assurer une coordination territoriale entre les différents acteurs et de produire un changement concerté sur le territoire (Paragraphe 3).

Paragraphe 1: Le développement territorial : concept et caractéristiques Le développement territorial repose sur une notion primordiale celle du territoire. Le territoire déjà considéré comme un acteur propre et autonome qui choisit son trajet de développement à partir de ses ressources, ses moyens et en fonction de leurs attentes. De même, il est composé des acteurs telles que les entreprises, les associations, les administrations et d’autres forces vivantes. Ceci rend son processus de développement très complexe. 116

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Donc, ce paragraphe est appelé à citer les différentes approches de développement qui ont précédé le développement territorial, notamment le développement endogène, inscrit dans une approche territoriale de développement et le développement local ou le développement par le bas. Et d’expliciter le passage de développement local au développement territorial. 1.1. L’approche de développement endogène Le développement endogène est né pour remédier aux inégalités de développement dans l’espace. Au cours des vingt dernières années plusieurs contributions théoriques ont enrichi cette approche, soit, des économistes, des géographes ou des sociologues. Elle résulte des différents courants théoriques qui se sont développés dans les pays de sud et dans les pays du nord, d’où la caractéristique des espaces périphériques souvent en voie de dévitalisation. Aydalot affirme que le développement endogène est une approche de développement plus qu’une théorie de la croissance économique.153 Le développement endogène concerne davantage les pays en développement que les pays développés, il est connu aussi dans le vocable international sous le nom du développement autocentré. Les principes de développement endogène cités par P. AYDALOT (1985) s’articulent sur le fait que c’est un développement territorial, communautaire et démocratique154. D’abord, il est territorial parce qu’il se réalise sur un espace particulier où le développement s’inspire et prend sa source des caractéristiques et des spécificités du territoire, ainsi qu’il est le fruit d’une composante naturelle, culturelle, économique et sociale. Ensuite, il est communautaire puisqu’il fait appel à la participation de toutes les tranches de la population. Enfin, il est démocratique parce qu’il fait recours à des modalités et des procédures démocratiques pour sa mise en œuvre. D’après G. GAROFOLI (1992), «un modèle de développement endogène est basé sur l’utilisation des ressources locales, la capacité de contrôle au niveau local du processus d’accumulation, le contrôle de l’innovation, la capacité de réaction aux pressions extérieures et de la capacité d’introduire des formes spécifiques de régulation sociale au niveau local favorisant les éléments précédents »155.C’est un développement caractérisé par une domination locale, toutes les actions, les réactions et les modalités de développement sont 153

AYDALOT P., « Économie régionale et urbaine », Édition Economica, Paris, 1985. P. 144. Idem., P. 155 GAROFOLI G., « Les systèmes des petites entreprises : un cas paradigmatique de développement endogène », sous dir, BENKO G., LIPIETZ A., les régions qui gagnent Districts et réseaux : les nouveaux paradigmes de géographie économique, économie en liberté, Édition presses universitaires de France, Paris, 1992. P. 57-80. 117 154

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d’origine locale. Ce qui rend le processus de développement efficace. Ainsi, d’autres caractéristiques de ce modèle, ce qu’il est basé sur des besoins fondamentaux et réels de la population (alimentation, logement, éducation et travail) au lieu des besoins économiques liés à la croissance du marché. C’est un développement intégré qui s’évalue sur une petite échelle et parfois dans un contexte d’économie informelle. En outre, selon A. FERGENE et A. HSAINI (1998), le développement endogène est une notion très large, polysémique et difficile à cerner avec précision. Il est considéré, d’après-eux, comme un contenu territorial très fort, signifiant notamment que les processus en cause ne sont pas purement économiques mais socioéconomiques dans le sens où ils procèdent d’une symbiose entre activités productives industrielles et/ou artisanales et vie sociale et communautaire à l’échelle locale156. Cela affiche, d’une part, une rupture avec le concept de développement économique classique basé sur la croissance de l’économie et, d’autre part, l’importance de la dimension territoriale ou plutôt socio-territoriale. Bref deux idées centrales pour mieux comprendre le développement endogène157 :  Une dynamique fondée sur l’utilisation pertinente de facteurs de production particuliers présents localement en qualité et en quantité suffisante ;  Une inscription territoriale des activités productives sur un espace géographique déterminé, intitulé un système productif localisé. Ce système territorial conditionne le comportement coopératif des concurrents et assure une plus grande efficacité productive pour les acteurs présents sur le territoire. En effet,

la définition du développement endogène (les principes et les

caractéristiques) comme une réponse locale aux attentes de la population locale ouvrent la voie à un autre concept de développement, celui de développement local. Le développement local apparaît et résulte directement du concept du développement endogène dans les années 50. Selon M. BOISVERT (1996) le développement endogène, mieux connu sous le développement local, est le seul qui mette autant d’accent sur le milieu

156

FERGUENE A., HSAINI A., « Développement endogène et articulation entre globalisation et territorialisation : éléments d’analyse à partir du cas de Ksar-Hellal (Tunisie) » Revue Région et développement, n°7, 1998. P.106 157 Idem,. P. 107-108. 118

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comme facteur développement et opposant une planification ascendante par le bas aux stratégies habituelles de type descendant par le haut158. 1.2. L’approche de développement local Le développement local émerge aux années 1970 suite à des dysfonctionnements dans les démarches de développement antérieures, planifiés par l’État central. Plusieurs auteurs en science économiques se sont intéressés à ce concept, et ce pour son rôle à présenter des solutions adéquates à des problèmes locaux. Parmi ces auteurs, B. PECQUEUR (1989) qui « affirme que chaque processus de développement découle de trois conditions : l’innovation, la capacité à s’adapter et la capacité à réguler. C’est l’action dynamique des réseaux d’acteurs qui permet la réalisation concrète de ces conditions »159. Il ne s’agit plus d’un modèle, d’un mode ou d’une stratégie à suivre, mais plutôt d’une volonté dynamique à mettre en synergie et en solidarité, tous les acteurs et leurs relations, qu’elles soient marchandes ou non, au profit d’un développement économique, social et culturel du territoire. De même, une définition aussi importante celle de X. GREFF (1984) qui définit le développement local comme « un processus

de diversification et d’enrichissement des

activités économiques et sociales sur un territoire à partir de la mobilisation et de la coordination de ses ressources et ses énergies »160. La mobilisation des acteurs du territoire, notamment, les entreprises, les ménages et les pouvoirs publics locaux contribuent au développement local, chacun de leurs positions. D’abord, les entreprises de types PME participent à une meilleure diversification des activités sur le territoire et à une atténuation des déséquilibres économiques (le chômage) provoqués par les grandes entreprises. Ensuite, les ménages exercent en liaison avec les opportunités d’emplois une influence considérable sur les grands équilibres territoriaux. Enfin, les pouvoirs publics locaux qui gèrent les équipements au profit des dynamiques sociales et économiques. Donc, le développement local est considéré comme une forme de gestion locale du territoire qui prend en considération les caractéristiques géographiques, culturelles,

BOISVERT M., « l’analyse économique régionale : un éventail de concepts anciens et nouveaux », sous dir PROULX M. U. , Le phénomène régional au Québec Sainte-Foy (Québec), Edition Presses de l’université du Québec, 1996. P. 186-213. 159 PECQUEUR B., « Le développement local : mode ou modèle ? », Édition Syros / Alternatives Économiques, Paris, 1989. P 58. 160 GREFFE X., «Territoire en France ; les enjeux économiques de la décentralisation», Édition Economica, Paris, 1984. P. 146-147. 119 158

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économiques et sociales du territoire. De plus, il instaure un processus de coordination entre les différents acteurs locaux (élus, les professionnels, les associations, les administrations,...) sur l’objectif l’amélioration des conditions de vie de la population, la création des richesses et leurs répartitions. En effet, le développement local est appréhendé par deux approches définissant leur vision du développement : En premier lieu, une vision économique à travers la notion de district industriel et milieu innovateur. Dans cette approche le territoire est considéré comme un espace de déploiement des stratégies des acteurs économiques, avec la possibilité d’offrir à ces acteurs un environnement propice à leur action, et d’où l’importance des questions connexes d’emploi et de formation161. Les économistes ont étudié les modes de concentration spatiale des entreprises donnant lieu à des systèmes de production localisé. En d’autres termes, les districts industriels connus par une concentration géographique des entreprises basées sur la division de travail et la coordination. Et les milieux innovateurs de Philipp Aydalot qui ont mis l’accent sur le rôle de territoire dans l’engendrement des activités économiques. En conséquence, cette approche se situe dans une optique économique classique fondée sur l’entrepreneuriat, les systèmes de production géographique et la flexibilité des entreprises. Elles ont pour mission de répondre et d’apporter des réponses aux dysfonctionnements économiques locaux, à savoir le chômage. En second lieu, un développement local communautaire centré sur une vision sociale de développement et fondé à la fois sur les solidarités entre les acteurs et les initiatives entamées au niveau local. À cet effet, cette approche est considérée par certains auteurs comme un processus organisationnel conduisant vers des objectifs de développement culturel, social et économique. Il est mené par une collectivité locale qui vise à identifier les besoins et les objectifs, donner un ordre de priorité, accroître la confiance en elle et la volonté de travailler, trouver les ressources internes ou externes en vue d’une répartition équitable, agir en fonction des objectifs et enfin manifester des attitudes et des pratiques de coopération et de collaboration. Ainsi, elle fait appel à l’être humain et à ses capacités de maitriser son propre devenir ainsi que celui de sa communauté. Il s’agit de créer une solidarité active dans le milieu en vue de renouveler le tissu socio-économique.162

TOUZRI A., « Développement local, acteurs et actions collectives», thèse présentée en vue de l’obtention du grade de docteur en sciences sociales : développement, population et environnement , presse universitaire louvaine 2005, p31-99. 162 PROULX M. U., « Réseaux d’information et dynamique locale ». Édition Université du Québec à Chicoutimi, 1995. P. 88. 120 161

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1.3. Du développement local au développement territorial Le développement territorial exprime la reconnaissance d’un lien fort entre les dynamiques de développement et les caractéristiques multiples des territoires sur lesquels elles se déploient. Ce concept reconnaît l’émergence d’une réalité qui facilite, entre les volontés locales et les incitations politiques plus globales, une mise en cohérence des actions et des acteurs constituant le territoire. Le développement territorial peut se concevoir comme l’augmentation de la capacité des acteurs a maitrisé, les dynamiques d’évolution qui les concernent163. Ce processus de fabrication des territoires se définit non plus par une instance politico-administrative, mais plutôt par un projet de développement porté par des acteurs qui s’imposent comme une réalité solide remplaçant de plus en plus les régulations étatiques et faisant face aux mutations des espaces. À cet effet, le développement territorial a été émergé par la volonté des acteurs à s’organiser et se mettre d’accord pour concevoir un projet territorial de développement en vue de répondre à des objectifs fixés en commun. D’après les travaux P. Aydalot (1985) sur la construction des fondements de base d’une théorie relative au développement territorial : « le développement impose la rupture avec la logique fonctionnelle de l’organisation de la vie économique et propose de revenir à une vision « territoriale » ; C’est dans le cadre local, par la mise en valeur des ressources locale et avec la participation de la population que le développement pourra réellement répondre aux besoins de la population »164. Ce modèle fonctionnel classique de l’économie a contribué, depuis les années 1970, à émerger un nouveau modèle de développement territorial qui se traduit par une révolution intellectuelle, dont l’essence un rapprochement des éléments sociaux et politiques à l’analyse économique. De même, P. AYDALOT a contribué à enrichir la théorie de développement territorial, notamment par l’approche des milieux innovateurs. Elle vient de rappeler que le développement procède, d’abord, la mobilisation des ressources internes. Elle met justement en valeur le rôle des réseaux socio-économiques, la nécessité de construire des ressources territoriales spécifiques face au nomadisme des firmes, la place des échanges localisés de connaissances et le savoir-faire dans la dynamique de l’innovation »165.

163

BRUNO J., « Présentation : le développement territorial : un nouveau regard sur les régions du Québec », Revue recherches sociographiques, Facultés des sciences sociales, Université Laval, Vol 47, n° 3, 2006, P : 465474. 164 AYDALOT P., (1985), Op. Cit. P. 109. 165 RALLET A., Commentaires du texte d’Oliver CREVOISIER dans MOLLARD, Amédée et al, Territoires et enjeux du développement régional, Versailles, Éditions Quae, 2007 p. 80-82. 121

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En outre, une autre définition de la notion de développement territoriale, d’après le schéma de développement de l’espace régional (SDER) : « le développement peut être défini comme l’accroissement de la qualité de la vie, c’est-à-dire non seulement la croissance exprimée en termes économiques, mais aussi le mieux-être social, culturel et l’amélioration du cadre de vie. Le développement est donc par nature, transversal et décloisonné. Il regroupe croise et associe diverses compétences sectorielles et divers types d’acteurs. Dans un projet de développement, les attributions propres à l’aménagement du territoire concernent essentiellement les localisations les plus adéquates par rapport aux objectifs fixés ; d’autre part, l’aménagement du territoire rassemble les actions des différents intervenants »166. Après avoir défini la notion de développement territorial, nous passons ensuite, aux raisons avancées par certains auteurs et acteurs pour expliquer le passage du concept de développement local toujours utilisé, à la notion de développement territorial. Ces raisons sont expliquées comme suite :  D’abord, le développement local est trop restreint autour d’un développement économique autocentré sur une localité bien déterminée. Cependant, avec la prise en considération des phénomènes de la mondialisation, de libre d’échange et de la globalisation d’économie, les territoires doivent être compétitifs tout en ajustant leurs politiques sur les marchés de l’extérieur. 

Ensuite, l’émergence de nouveaux modes de gouvernance accompagnant les politiques

territoriales de développement. Dans le cadre des réformes entreprises par l’État, à savoir la décentralisation qui vise à alléger l’État central de ces prorogatives en matière de développement et d’impliquer de plus les acteurs locaux dans le développement. Donc, le développement territorial s’appuie sur une double notion de territoire, d’une part, un territoire «donné» issu de l’histoire administrative des pays, et, d’autre part, un territoire « construit » selon

(G. COLLETIS, B. PECQUEUR)167. les processus de développement à l’échelle

infranationale, seront accompagnés par une politique de contractualisation et une approche de gouvernance en vue de réguler le système productif. 

Enfin, le développement territorial ne vise pas seulement l’allocation optimale des

ressources dont le territoire possède, mais aussi la création de ressources territoriales. Ce processus de création se réalise à travers la valorisation des potentiels spécifiques des Définition tirée de l’avis de Conseil de Wallon de l’environnement pour le développement durable, objet d’un tableau de bord du développement territorial, publié le 3 Mars 2005 à Liége. P. 3. Disponible sur l’URL : http://www.cwedd.be/uploads/Autres%20Avis/Avis%20non%20sollicites%20par%20le%20GW/05.25-TBDT.pdf . 167 KOOP K., PIERRE- A L. et PECQUEUR B,. « Pourquoi croire au modèle du développement territorial au Maghreb ? une approche critique », Revue EchoGéo, N° 13/2010. P. 1-12. 122 166

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territoires. C’est à partir des ressources spécifiques que les acteurs du territoire vont rechercher une compétitivité sous ces différentes formes. En effet, P. A. LANDEL et al (2011), dans l’article « De l’animation locale à l’ingénierie territoriale », insiste sur deux caractéristiques importantes faisant la différence entre le développement local et le développement territorial. D’une part, l’accès à des nouveaux marchés à différentes échelles expliquées par le fait que, la libéralisation des marchés imposent que les stratégies de la production locale ne visent plus nécessairement les circuits économiques locaux. D’autre part, nous trouvons l’émergence de nouvelles formes de gouvernance pour la réalisation de projets de territoires. À cet effet, le tableau, ci-dessous, explicite les points de différence entre le développement territorial et le développement local, ainsi que la figure n°14 illustre bien ce passage168. Tableau 18: Du développement local au développement territorial Développement Local

Développement territorial

-Renforcement de circuits locaux -Intégration dans des marchés à diverses échelles -Identités et échanges mono scalaires -Identité et échange multi scalaires -Mobilisation de ressources locales en -Compétitivité (locale, nationale, mondiale) par réponse aux besoins locaux la génération de ressources spécifiques -Rôle déterminant de l’État dans le -Intégration de nouveaux acteurs dans la dispositif de contractualisation gouvernance. Source : KOOP K., LANDEL P. A. et PECQUEUR B. (2010, P. 6)

Figure 15: Du développement local au développement territorial Marchés élargis Développement territorial

Autonomie territoriale Dépendance du gouvernement national

Développement Local

Marchés locaux Source : KOOP K., LANDEL P. A. et PECQUEUR B. (2010)

LANDEL P A. et KOOP K., « de l’animation locale à l’ingénierie territoriale », une proposition de communication au colloque « le développement local : Mécanismes, Stratégie et gouvernance », à Agadir, Maroc, 29 Mars 2011. Disponible sur l’URL : halshs-00580760 . 123 168

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En résumé, nous avons présenté, dans ce paragraphe, les différentes approches de développement, à savoir le développement endogène et le développement local. Ensuite, nous avons défini la notion de développement territorial et nous avons de montrer le passage du développement local au développement territorial. À cet effet, en vue de compléter la construction théorique de développement territorial, il nous paraît important d’introduire quelques spécificités et dimensions de développement territorial, c’est-à-dire: la dimension culturelle. Ces éléments constituent notre deuxième paragraphe.

Paragraphe 2 : L’approche de développement territorial : processus et modes. Ici dans ce paragraphe, nous considérons que l’approche de développement territorial est un processus complexe. Il repose sur des activités de diversification et des activités d’accumulation sur un espace local (territoire) en vue de concevoir un projet de développement axé sur la coordination des ressources matérielles et immatérielles. Ainsi, il vise à répondre à des problèmes identifiés localement et d’apporter un plus au territoire. Donc, pour mieux comprendre ce processus complexe, nous procédons d’abord, à le définir. Ensuite, d’introduire la dimension culturelle dans le développement territorial pour une articulation entre le projet culturel et le projet du territoire. Enfin, de préciser ses modes qui sont en nombre de trois : une agglomération, une spécialisation et une spécification. 2.1. Le développement territorial un processus complexe Le développement territorial est expliqué dans ce point par une approche systémique dans laquelle, les concepts territoire, système productif et société locale constituent les noyaux de système. Ainsi qu’ils ne peuvent être traités séparément. Quatre sphères sont regroupées et corrélées pour la réalisation d’un développement souhaitable propre au territoire. Ces sphères sont, notamment : la sphère politique, la sphère économique, la sphère sociale et la sphère spatiale. En effet, le schéma, ci-dessous, explique l’organisation de ces sphères et les relations qu’ils entretiennent sous des différentes formes : d’autorité, d’influence, de domination, de concurrence, de coopération et de négociation.

124

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Figure 16: Les différentes sphères du processus du développement territorial.

Source : El KHAZZAR A., (2004).

À travers l’analyse de l’enjeu des différentes sphères et leurs interactions dans un système en dynamique relationnelle avec les acteurs qui sont des parties prenantes. Nous allons essayer d’apporter un éclairage sur la nature et le rôle de chacune d’elles et d’expliquer via l’interaction des sphères le développement territorial169. D’abord, l’enjeu de la sphère politique : C’est une sphère qui regroupe les représentants des citoyens dans un espace local et qui sont élus par des scrutins et possédant le pouvoir de la gestion des affaires publiques au niveau local. La mission principale de ces acteurs réside dans la possibilité d’assurer la cohésion de la société et la cohérence de l’ordre sociale. Toutefois l’État cherche à accroitre son autorité sur l’ensemble du territoire, par l’outil des collectivités locales, considérées comme des relais de gestion entre l’échelon local et l’État. En effet, la restructuration du système politique accompagné par des politiques de décentralisation a contribué pour une nouvelle architecture de système et une redéfinition des rôles pour l’État que pour les collectivités locales. C’est pourquoi les collectivités locales ont désormais la capacité de gérer des secteurs stratégiques de l’action publique et de 169

El KHAZZAR A., « Gouvernance et approche territoriale : pour une nouvelle stratégie de développement », Acte de congrès au séminaire organisé conjointement par le Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives pour le Développement et l’Observatoire des Fonctions Publiques Africaines, sur la clarification des missions de l’État, de la société civile et du secteur privé dans la gouvernance Économique et la lutte contre la pauvreté en Afrique, à Tanger, Maroc, 24-27 Mai 2004. Disponible sur l’URL : http://unpan1.un.org/intradoc/groups/public/documents/CAFRAD/UNPAN016614.pdf 125

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concurrencer l’État dans le domaine de l’aménagement du territoire. Donc, l’enjeu de la sphère politique confère au territoire une double mission ; la première vise à améliorer l’efficacité économique et l’efficacité démocratique et la deuxième mission cherche à accroitre l’initiative des citoyens et leur participation à la décision publique. Ensuite, l’enjeu de la sphère productive : la sphère productive a connu des mutations profondes ces décennies. Elle est caractérisée par l’affaiblissement des grandes unités de production qui ont été considérées dans la période fordiste comme le modèle le plus apte de véhiculer le développement industriel. Suite à ce changement le modèle fordiste s’est trouvé remise en cause au profit d’un nouveau régime dont les PME sont capables d’assurer un développement économique, à travers la création d’emplois et l’innovation. De même, en parallèle de l’intérêt accordé aux PME dans le développement, les secteurs de l’économie ont aussi connu une mutation, notamment par la fin de processus d’industrialisation classique et l’émergence d’une nouvelle économie basée sur des activités de service et de connaissance. Le développement territorial a été sollicité de prendre en considération ces transformations afin de mettre en place les moyens nécessaires comme des stratégies d’accompagnement des PME et de favoriser des milieux entrepreneuriaux favorisant le développement des entreprises. Puis, l’enjeu de la sphère sociale : la spécificité de la sphère sociale réside dans l’attention accordée à l’individu en tant qu’un être unique. Suite à plusieurs dysfonctionnements en matière de développement qui a marqué la période de l’économie fordiste, ainsi que l’émergence d’un nouveau mode de développement appelé « le développement local » répondant aux attentes économiques et sociales de la population. L’acteur territorial a joué un rôle dynamique et actif dans le processus de développement territorial. Cela est expliqué notamment par la refonte de la théorie économique classique qui a considéré l’acteur en tant qu’un agent économique rationnel son souci principal est la maximisation du profit et l’intérêt personnel. Au profit actuellement d’un individu qui s’est transformé pour agir dans un contexte social, familial, communautaire variant dans le temps et dans l’espace. Enfin, l’enjeu de la sphère spatiale : l’espace depuis longtemps a été considéré comme une donnée immatérielle sans aucune dimension170. Ce n’est que tardivement que l’analyse économique a commencé d’intégrer l’espace dans la construction de l’entité territoriale. Donc,

170

Idem., 126

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l’enjeu spatial apparaît comme l’assemblage d’enjeux passés qui réapparaissent au présent, et auquel les projets actuels intègrent dans leurs stratégies. Bref, le processus de développement territorial est appelé à prendre en considération tous les dimensions et les composantes ainsi que les différentes relations qui lient les différents acteurs, en vue de concevoir un projet de développement territorial propre aux spécificités du territoire. 2.2. La dimension culturelle de développement territorial La dimension culturelle paraît comme une composante essentielle de toutes stratégies de développement territorial. Ces conditions ne résident pas seulement dans la réunion des conditions de développement, mais, aussi dans l’existence d’une culture de développement conçu et adopté par tous les acteurs. La culture est un élément incontournable dans la vie des acteurs territoriaux locaux qui peut influencer leurs décisions en matière d’élaboration des stratégies de développement du territoire. En effet, ce point vise à montrer la contribution de la culture au développement économique du territoire par la prise en considération du facteur socio-culturel dans les processus territorialisés d’innovation et l’efficacité économique de la proximité. De même, favoriser une culture de développement dans la localité pour valoriser les ressources locales et le renforcement des partenariats. À cet effet, nous ne pouvons pas parler d’une proximité géographique ou proximité organisationnelle entre des acteurs locaux qui ne partage pas la même culture ou qui n’ont pas la même vision de développement du territoire. En effet, la culture est l’ensemble de ce que les gens ont reçu de leur famille, de leur milieu et de ce qu’ils ont intériorisé, modifié et structuré à travers leurs expériences. Elle leur offre les instruments indispensables pour vivre et agir au présent et de se projeter dans le futur. Elle donne ainsi un sens à la vie de chacun et à l’existence collective171. La prise en compte de la dimension culturelle dans le territoire trouve son origine dans la nouvelle géographie qui se dessine par les approches de régionalisation et de décentralisation qui visent à renforcer le pouvoir des acteurs locaux en matière de développement. Donc, la culture sera considérée comme un vecteur de rayonnement à l’échelle internationale et de développement des villes.

171

CLAVAL P., « le développement culturel : quelques réflexions sur le colloque de Nîmes », dans Développement culturel et territoires, sous dir, Laurent Sébastien FOURNIER, Catherine BERNIE-Boissard, Dominique CROZAT et Claude CHASTAGNER, Édition l’Harmattan, 2010. P. 27-28. 127

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La dimension culturelle du développement territorialisé est abordée par plusieurs chercheurs, par lesquels, ont expliqué que la culture intervient à chacune des étapes de la réalisation d’un projet de développement territorial, et qu’elle conditionne le succès de l’entreprise installée sur un territoire donné. Cette dimension intervient dans le diagnostic des forces et des faiblesses d’un territoire, dans la conception du projet, dans la valorisation des ressources spécifiques et de définir un modèle de développement, notamment par des festivités et des expositions. Dans son article sur la dimension culturelle de développement territorial, R. KAHN (2010) a précisé cinq points résumant les caractéristiques et les conséquences d’une culture régionale de développement. Ces points sont ventilés comme suit172:  La première caractéristique, consiste à produire dans la région une synergie entre les acteurs et les institutions en vue de créer une énergie favorisant le développement du territoire. Ainsi, de recenser les ressources locales qui participent au développement et de les orienter vers un objectif particulier autour duquel se crée une apparence de consensus. La culture de développement réside dans la définition de l’espace, de ces ressources et le choix de celle que l’on mobilise en priorité ;  La culture de développement vise à privilégier un modèle régional de développement réel à partir d’une mobilisation des ressources et son orientation vers une finalité de développement spécifique (filière industrielle, tourisme, coopération internationale). À cet effet, chaque territoire est appelé à réaliser un diagnostic pour mieux comprendre son profil, recenser ses opportunités et de bien définir sa culture de développement emprunté de la culture de l’entreprise ;  La culture de développement n’est pas immédiatement reliée à la performance économique obtenue par une région. Mais, parfois il faut chercher à démontrer et d’innover des nouvelles méthodes pour mobiliser les principaux éléments de la culture régionale et de les mettre au service du développement local ;  La culture de développement d’une région est fondamentalement une culture. Elle est nécessairement en rapport avec l’histoire et avec les caractéristiques de la population des institutions régionales. La culture de développement est souvent marquée par un modèle précis qui réunit à la fois la stabilité des institutions locales et l’ouverture au changement ; 172

KAHN R., (2010), « La dimension culturelle du développement territorial », Revue d’Économie Régionale & Urbaine 2010/4, octobre 2010. P. 625-650. 128

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 La culture de développement a non seulement un impact sur les performances de

l’économie régionale, mais aussi sur la valorisation des autres formes culturelles locales qui incorporent le territoire, à savoir : les langues régionales, les fêtes et les savoir-faire traditionnels. Par exemple, la culture de développement d’un territoire peut apporter un progrès économique et une publicité territoriale de ces valeurs et de ces traditions au niveau mondial. La réussite de tous projets de développement territorial est conditionnée par la mise en valeur à la fois des ressources matérielles et des ressources immatérielles, notamment, les savoir-faire, les traductions locales et la culture. Donc, tout projet de développement territorial est articulé avec un projet culturel qui repose sur des multiples finalités. En résumé, la dimension culturelle de développement prend en considération plusieurs variables telles que, la situation économique de la région, son histoire, sa trajectoire économique, sa population, son capital social et son patrimoine. Ainsi, la culture de développement désigne un état de l’organisation régionale et des institutions globalement orienté vers un objectif économique. 2.3. Les modes de développement territorial Il existe trois modalités de développement territorial basées sur la conception de la proximité. Ces modes de développement territorial s’appliquent pour un territoire dit pertinent, soit par la cohérence de son tissu économique, ou soit par l’appartenance à un territoire administratif bien organisé. Ces trois modes de développement sont : l’agglomération basée sur une proximité spatiale géographique, la spécialisation fondée sur l’articulation des proximités géographiques et organisationnelles et enfin la spécification réunit les trois types de proximités géographique, organisationnelle et institutionnelle173. Nous commençons par le premier mode de développement territorial, celui du processus d’agglomération qui est fondé sur une concentration spatiale d’activités économiques hétérogène et non complémentaire, et où les économies externes et les économies d’échelles jouent un rôle important. La particularité du processus d’agglomération, c’est qu’il produit des effets externes qui ne répondent pas à une logique industrielle forte.

173

COLLETIS G., GILLY J-P., LEROUX I., PECQUEUR B., PERRAT J., RYCHEN F. et ZIMMERMANN JB., « Construction Territoriale et Dynamiques Productive », Revue sciences de la société, N° 48, Octobre, 1999. P. 25-44. 129

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En effet, ce processus trouve son origine dans le recours à des politiques publiques fondées principalement sur des avantages, telles que des mesures de financement, des incitations fiscales et une assiette foncière visant à attirer les entreprises à se localiser. Cependant, ces politiques peuvent constituer parfois des mesures non incitatives, dans lesquelles canalise le développement territorial vers une autre logique territoriale (un développement par la spécialisation). À cet effet, la priorité de ce mode de développement est de favoriser des effets externes par des actions ciblées de rapprochement des activités toujours dans un contexte de concurrence territoriale. De plus, ces défaillances résident dans le fait qu’il n’intéresse plus à l’évolution du tissu économique locale par un mode de coordination établi entre les acteurs publics et privés. Ainsi que, les décisions des agents productifs sont guidées par leur propre intérêt. Ensuite, un mode de développement territorial nommé le processus de spécialisation. Ce mode est fondé sur une structure organisationnelle de fort tissu économique dominé par une activité industrielle ou un produit. En effet, la notion de spécialisation offre une double signification, d’une part, c’est un processus par lequel le tissu économique se structure et se fonde sur une logique industrielle, et, d’autre part, elle vise l’émergence et la concentration géographique qui sont liées par des caractéristiques productives, organisationnelles et/ou de marché174. Le processus de spécialisation résulte d’une volonté privée que d’une volonté publique. C’est l’opposé du processus d’agglomération, parce qu’il montre le rôle et l’importance des facteurs comme les liens industriels, la présence des ressources et d’actifs spécifiques et le type de concurrence dans la concentration des entreprises autour d’une même activité ou un produit similaire. De même, le processus de la spécialisation met en place des mécanismes de coordination entre les agents économiques motivés par l’existence d’une proximité organisationnelle forte et effective au plan territorial. La proximité géographique et la proximité organisationnelle sont considérées comme à la source du développement économique du territoire. En conséquence, une entreprise localisée sur un territoire cherche à la fois, une proximité géographique qui leur facilite d’engager et d’exploiter des activités difficilement à atteindre auparavant. Et une proximité organisationnelle qui offre les conditions du bénéfice de ces mêmes complémentarités sur un plan extra-territorial. Donc, nous constatons que ces

174

Idem,. P. 25-44. 130

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deux proximités permettent un élargissement des combinaisons productives sur une base territoriale et la résolution des problèmes productifs susceptibles d’être résolus. Enfin, le dernier mode de développement territorial intitulé le processus de spécification. Ce mode repose sur l’existence de structures privées et/ou publiques possédant la capacité de prendre en compte certains effets externes pour favoriser le développement du tissu économique local. Cette capacité s’exprime par la création d’un tissu basé sur une combinaison des ressources et d’actifs et la mise en place des stratégies collectives susceptibles de redresser le devenir économique du territoire. Le concept de spécification est défini dans le cadre du développement territorial, par la capacité du territoire à identifier des nouvelles potentialités de développement et à organiser ou à réorganiser le déploiement des ressources et des actifs afin d'atteindre l’objectif assigné. Ce mode de développement est confronté à deux types de contraintes, d’une part, le caractère de redéploiement des ressources territoriales, et, d’autre part, la capacité de générer de nouvelles configurations productives au plan territorial. Premièrement, le redéploiement des ressources territoriales pose deux questions interdépendantes. D’abord, l’importance du caractère combinatoire de l’intégration de ressources au sein de systèmes productifs. En effet, le système productif est le résultat de la combinaison de certains nombres de ressources au sein d’une architecture organisationnelle. C’est pour cela, la nature combinatoire de cette intégration traduit la méthode dont chacune de ressources est mise en œuvre ; indépendamment des autres ou au contraire en synergie. Ensuite, la question de la spécificité des ressources comme facteur de leur redéploiement. Une ressource spécifique peut être redéployable dans un autre contexte productif, mais avec un usage et une valeur différente de son contexte premier. Le redéploiement des ressources prend toujours en considération l’inadmissible du contexte productif, ce qui limite sa transférabilité, et par le fait souligne que le territoire reste sous certaines conditions175. Deuxièmement, le processus de spécification repose sur la flexibilité du tissu économique local comme hypothèse, et ce, pour reconfigurer les positions des acteurs et d’avoir une souplesse au niveau du territoire. Il s’appuie sur les potentiels de relations entre les différents acteurs et à la coordination entre les agents en vue de formuler et traiter des problèmes productifs nouveaux inédits. Le processus de spécification s’appuie donc sur une

175

Idem,. P. 25-44. 131

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densité institutionnelle forte, au plan territorial, qui contribue à l’émergence des dispositifs de coordination et de favoriser par la suite leur bon fonctionnement. Bref, l’histoire d’un territoire peut être marquée par une succession de ces différents processus. Ainsi que le passage d’un mode à un autre invente la notion de trajectoire du territoire. D’abord, le passage d’agglomération à la spécialisation permet de construire le territoire qui expose des ressources ou des actifs spécifiques afin d’attirer les entreprises ayants des caractéristiques similaires à se localiser. Ensuite, le passage de spécialisation à la spécification s’effectue par une diversification maitrisée des activités présentes sur le territoire. Cette diversification naît de la volonté de redéploiement des ressources et des actifs spécifiques de la part des acteurs et des structures de coordination adéquates à savoir le réseau. Pour conclure ce paragraphe, le développement territorial ou le développement tout court résulte de l’action des acteurs à coordonner leurs attentes et leurs efforts en vue de concevoir un projet territorial. La réalisation de ce projet est conditionnée, d’une part, par la mise en cohérence des différentes sphères du territoire : la sphère productive, politique, sociale et spatiale. D’autre part, par la prise en considération d’une dimension assez importante, à savoir la dimension culturelle du développement territorial. Ainsi, la réussite du projet de développement nécessite la mise en place d’une gouvernance territoriale, comme un mode de gestion efficace, qui cherche l’optimisation et l’efficacité des actions entreprises sur le territoire. En effet, la notion de gouvernance territoriale constituera l’objet du troisième paragraphe.

Paragraphe 3 : La gouvernance territoriale, outil de développement territorial La gouvernance territoriale est considérée comme un élément incontournable dans les différents modes et visions de développement de territoire. Elle est vue comme une forme de régulation territoriale et d’interdépendance dynamique entre les agents productifs et institution locale. Ce mode de régulation se concrétise soit par des institutions (l’État et les collectivités territoriales), soit par des réseaux de relations (SPL, Milieux innovateurs). Ce paragraphe vise, d’abord, à définir la notion de gouvernance et de la gouvernance territoriale. Ensuite, de montrer que la gouvernance territoriale est un outil qui contribue au développement territorial, notamment par le moyen de la coordination.

132

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3.1. De la gouvernance à la gouvernance territoriale La notion de gouvernance a fait l’objet de nombreuses interrogations, tant des approches en sciences économiques qu’en sciences politiques. Ce concept, au niveau économique, a été mobilisé notamment par deux économistes (R COASE et O. WILLIAMSON) pour rejeter l’idée que le prix de marché est le seul agent de régulation des échanges, et d’étudier, par la suite, la nature des coordinations ente agents individuels et collectifs ainsi que d’autres outils de régulation. R. COASE176 dans son article intitulé « The nature of The Firm » et O.WILLIAMSON177 ont cherché à étudier d’autres modes de coordination économique que le marché. C’est pourquoi la gouvernance apparaîtra, dès lors, comme un mode de réduction des coûts liés aux transactions interindividuelles, visant davantage l’efficacité. Ainsi, avec l’intégration de facteur espace, comme facteur essentiel du fait productif dans les agglomérations productives telles que les districts industriels, les milieux innovateurs, les économistes réutilisent cette notion en vue d’avoir une forme de régulation territoriale et d’interdépendance dynamique entre les agents productifs et les institutions locales. Le territoire dans cette forme de régulation joue un rôle plus important, car il apporte sa contribution à réduire les coûts de transactions entre les firmes et à coordonner les actions collectives178. Ensuite, le terme de gouvernance a été utilisé par les sciences politiques, à la fois dans un cadre de l’analyse du gouvernement local, et dans une perspective normative en relations internationales et management des affaires publiques. En effet, son utilisation dans le cadre de l’analyse du gouvernement local a pour objet ; la participation des différents acteurs à la prise de décision concernant la gestion de leurs villes et leurs régions, ainsi qu’à la conception des politiques publiques locales basées sur un processus de coordination et de négociation, appropriée aux spécificités locales. Le Gales évoque le rôle de la gouvernance dans les interactions entre l’État et la société et des modes de coordination complexes nécessaires afin de développer l’action publique. L’introduction de la notion de gouvernance en sciences politiques a pour mission principale de faire apparaitre un nouveau modèle politique basé sur

176

COASE R H., « The nature of the firm » ECONOMICA, New Series, Vol. 4, No. 16, November 1937. P. 386-405. Disponible sur l’URL: http://links.jstor.org/sici?sici=00130427%28193711%292%3A4%3A16%3C386%3ATNOTF%3E2.0.CO%3B2-B 177 WILLIAMSON O.E., les institutions de l’économie, traduit de : The Economic institutions of Capitalisme (1985), InterEditions, 1994, Paris. 178 LELOUP. F, MOYART L. et PECQUEUR B., « La gouvernance territoriale comme nouveau mode de coordination territoriale », Revue Géographie, Économie, Société Vol 7, N° 04/2005. 2005 P. 324. 133

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une reconfiguration de l’action publique, l’émergence de nouveaux modes d’intervention et la transformation de modalités de l’action publique179. À cet effet, la gouvernance peut être associée à quatre concepts initiaux à savoir: multiplicité des acteurs, décision partagée, gestion décentralisée et bien commun géré par la sphère privée. Après ce survol historique nous définissons le concept de la gouvernance. Lors de la conférence organisée par le PNUD en 1997, la bonne gouvernance a été considérée comme l’exercice de l’autorité politique, économique et administrative aux fins de gérer les affaires d’un pays à tous les niveaux. Elle repose sur des mécanismes, des processus et des institutions qui permettent aux citoyens et aux groupes d’exprimer des intérêts, de régler des litiges et leurs droits juridiques, d’assurer leurs obligations et auxquels ils s’adressent en vue de régler leurs problèmes. À cet effet, le PNUD a identifié trois paliers et pivots de la gouvernance, à savoir :180  L’ÉTAT par son appareil législatif, juridique, et les services publics, qui visent à créer un environnement politique favorable à la mise en place d’une bonne gouvernance.  Le secteur privé qui participe à la création d’emplois et à la croissance économique, par le moyen des entreprises (les firmes multinationales ou les PME).  Enfin, la société civile qui regroupe les associations, les organismes non gouvernementaux, les groupes religieux et les citoyens pris individuellement. Leurs intérêts sont de faciliter la régulation politique et sociale. En effet, le concept de la gouvernance repose sur les formes de coordination, de concertation et de participation des différents acteurs dans le but de redéfinir la relation entre l’ÉTAT et la société civile. Ainsi, de renommer les notions de l’autorité et de pouvoir pour une plus grande efficacité et efficience de l’action publique territoriale. Par conséquent, la notion de la gouvernance est expliquée par la présence des postulats. D’abord, la crise de gouvernabilité caractérisée par une moindre efficacité et efficience de l’action publique, notamment le cas des pays africains qui sont riches en matière des richesses, mais souffrent de sous-développement. Ensuite, l’inefficacité et l’échec des

179

LORRAIN D. « Administrer, gouverner, réguler », Revue les annales de la recherche urbaine, N°80-81, décembre 1998. P. 85. 180 La définition tirée du Document de politique générale du PNUD « La gouvernance en faveur du développement humain durable », publié en Janvier 1997 par le PNUD. P. 40. 134

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stratégies et les formes traditionnelles de la gestion des affaires publiques (le PAS pour le cas du Maroc). Le dernier postulat cité se rapporte à l’émergence d’une nouvelle stratégie de gouvernance qui sera mieux adaptée aux différents contextes locaux basés sur une démocratie participative. En effet, cette stratégie est caractérisée ; par un passage de la tutelle à un processus contractualisation, de la centralisation de pouvoir à la décentralisation vers les échelons locaux, de l’ÉTAT distributeur à l’ÉTAT régulateur et, ensuite, de la guidance et de l’orientation à la coopération et la coordination des acteurs publics et privés. Donc, la gouvernance peut réunir quatre concepts fondamentaux à savoir : la multiplicité des acteurs, décision partagée, gestion décentralisée et bien commun géré par la sphère privée, comme le montre le schéma suivant181 : Figure 17: La gouvernance et les concepts associés

Source : N. DUBUS N., MASSON-VINCENT M. (2010, P. 2-23)

En effet, en vue d’accompagner la construction territoriale et de répondre à ces évolutions organisationnelles, la gouvernance territoriale paraît comme une stratégie convenable qui assure la pérennité et l’ajustement au territoire. Plusieurs auteurs se sont intéressés à la notion de la gouvernance territoriale. Parmi ces auteurs, B. PECQUEUR (2000), qui définit la gouvernance territoriale comme «un processus institutionnel et organisationnel de construction d’une mise en compatibilité des différents modes de coordination entre acteurs géographiquement proches, en vue de résoudre les problèmes productifs inédits posés aux territoires»182. Donc, la gouvernance territoriale est caractérisée par un processus dynamique de coordination entre acteurs publics et privés situés sur le même site géographique. Ce processus vise la construction collective d’objectifs et d’actions tout en 181

DUBUS N., HELLE H.,MASSON-VINCENT M., « De la gouvernance à la géogouvernance : de nouveaux outils pour une démocratie locale renouvelée »,Revue l’Espace Politique, Vol. 10, N°1. P. 2 - 23. 182 PECQUEUR B., (2003), Op.Cit. 135

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mettant en œuvre des dispositifs multiples reposant sur des apprentissages collectifs et en entamant des innovations institutionnelles et organisationnelles au sein du territoire. Ceci s’inscrit dans un but de formulation et de résolution d’un problème productif. D’autres définitions à retenir pour la gouvernance territoriale, notamment celles de Le Galès, et Gilly-Wallet. Ces auteurs ont défini la gouvernance territoriale par le recours à la notion de la coordination. Le Galès : « La gouvernance peut être définie comme un processus de coordination d’acteurs de groupes sociaux, d’institutions, pour atteindre des buts, discutés et définit collectivement. La gouvernance renvoie alors à l’ensemble d’institutions, de réseaux, de directives, de réglementations, de normes, d’usages politiques et sociaux, d’acteurs publics et privés qui contribuent à la stabilité d’une société et d’un régime politique, à son orientation, à la capacité de diriger, de fournir des services et à assurer sa légitimité »183. J.B GILLY- F. WALLET (2005) : « La gouvernance territoriale, nous (la) définissons comme le processus d’articulation dynamique de l’ensemble des pratiques et des dispositifs institutionnels entre des acteurs géographiquement proches en vue de résoudre un problème productif ou de réaliser un projet de développement »184. À cet effet, nous comprenons par cette définition que les dispositifs institutionnels et les repères nécessaires à la coordination des acteurs constituent l’architecture dynamique de la gouvernance territoriale et engendrent une dynamique institutionnelle. Ainsi, ces dispositifs, de processus d’articulation d’acteurs, définissent les contours de la relation locale globale à travers un mode d’inscription des stratégies associées à des projets de développement au sein du processus de régulation sectoriels et spatiaux plus vaste. En outre, pour rendre la notion de la gouvernance territoriale plus opérationnelle nous se référons aux travaux de J.B GILLET et F. WALLET (1998) qui vise à définir cinq composantes de la gouvernance, homologues aux formes institutionnelles de la théorie de la régulation. Ses composantes sont comme suit185 :

183

GUESNIER B., « Créativité des territoires et gouvernance » acte de communication au colloque Territoires et action publique territoriale : nouvelles ressources pour le développement régional, XLVéme colloque de l’ASRDLF, organisé par le Centre de recherche sur le développement territorial Université du Québec à Rimouski 25-27 Aout 2008. 184 GILLY J-P., WALLET F.,« Enchevêtrement des espaces de régulation et gouvernance territoriale les processus d’innovation institutionnelle dans la politique des pays en France », Revue d’Économie Régionale et Urbaine, N°5, 2005. P. 699-722. 185 COLLETIS G., GILLY J-P., LEROUX I., PECQUEUR B., PERRAT J., RYCHEN F. et ZIMMERMANN JB., (1999), OP. Cit. P. 25-44. 136

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 La relation salariale locale : le rapport salarial est considéré comme un facteur important qui permet de classifier et de catégoriser les espaces productifs locaux (districts industriels, technopôle) ainsi que leurs dynamiques. Ce rapport est lié aux spécificités du territoire. Par exemple, des pays en voie de développement disposant des règles de gestion individualisée, où le recrutement s’effectue par le patron de la société, et non par le recours à des cabinets spécialisés de recrutement, de même, le non-respect des statuts et les lois du travail. Aujourd’hui, la relation salariale est fondée sur l’apprentissage

collectif, la

coopération et les compromis sociaux.  Le mode de coordination entre les entreprises, et entre les entreprises et les centres de recherche : la distinction entre les idéaux types d’espace locaux s’effectue, d’abord, par le niveau du partenariat qui comprend l’organisation des rapports entre les différents acteurs, à savoir : l’alliance, la collaboration, le partenariat, la sous-traitance et/ou l’externalisation. Ensuite, par la compétition qui s’exprime par une concurrence entre les acteurs.

Cette

composante accorde une place importante aux formes de coordination hors marché qui caractérisent notamment les rapports entre science et industrie dans les processus d’innovation technologique.  Le mode d’insertion et d’intervention des acteurs publics : comme déjà expliqué, la gouvernance territoriale a permis d’assurer un passage de la politique locale dictée par l’ÉTAT à une action locale impliquant tous les acteurs et répondant aux exigences de la population locale. L’action locale est conçue comme la résultante d’un processus de coopération et de coordination entre de nombreux acteurs et opérateurs. De même, la place de l’État réside dans la coordination et d’une négociation locale dans laquelle les acteurs locaux pourront influencer la construction de compromis.  Le positionnement de l’espace local au sein de la division spatiale du travail : un espace local doté de certaines ressources productives spécifiques ou génériques permet de définir un degré d’autonomie/ dépendance par rapport aux logiques économiques globales. Ainsi, la capacité d’un espace productif local à générer un ensemble cohérent des ressources spécifiques permet de définir son attractivité et de son positionnement concurrentiel. On comprend ici les régions qui disposent des gisements et des ressources importantes comme l’Or, le pétrole et qui peuvent contribuer au développement territorial.  Le mode d’exercice de la contrainte monétaire et financière : ces deux mécanismes déterminent le devenir du système productif local. 137

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Bref, la gouvernance territoriale est considérée comme un processus systémique qui permet aux différents acteurs de concevoir et de préparer, en synergie, des actions et des programmes à travers des dispositifs (la participation, la décentralisation, le pilotage de projet) en vue de réaliser un développement territorial. Ainsi, respecter l’ordre existant et de procéder à une redéfinition les relations de pouvoirs entre l’ÉTAT et les échelons locaux. 3.2. La gouvernance territoriale : un corollaire au développement territorial L’affaire de développement territorial n’est plus l’apanage seulement du secteur public, mais plutôt le résultat d’un processus de coopération et de coordination entre les différents acteurs et opérateurs territoriaux. C’est pourquoi le recours à des formes de coordination et de coopération apparaît important. Ainsi, l’action publique territoriale implique les différents acteurs dans une autonomie relative croissante et avec des marges nouvelles d’intervention afin de produire un service collectif. Cette action territoriale fait appel selon A. TORRE (2000) à un type de gouvernance considéré comme « un modèle de coordination qui vise à intégrer les mécanismes productifs et institutionnels dans les dimensions locales (proximité géographique vs proximité organisationnelle) et locales globales (proximité locale vs proximité globale), la gouvernance territoriale apparaît comme l’expression des tensions et des arbitrages entre différents intérêts au niveau local»186. Selon A. TORRE l’émergence de la gouvernance territoriale est motivée par l’existence

de

plusieurs

formes

de

proximité

(géographique,

institutionnelle

et

organisationnelle) qui constitue un pilier primordial de l’économie de territoire et développe un postulat d’apprentissage collectif basé sur les modes de coordination et de construction. De plus, la notion de proximité contribue, dès l’émergence, d’un problème productif ou institutionnel à proposer des actions collectives sur la base de la coordination et des formes d’organisation. En effet, la gouvernance territoriale dans l’approche par la proximité se fonde sur une dynamique institutionnelle qui implique une pluralité d’acteurs aussi bien publics (collectivité territoriale, université) que privée (entreprise) ou sociaux (ONG). Ces derniers sont pourvus de statuts différents et se coordonnent avec plus ou moins de lisibilité et plus ou moins de résultat. La gouvernance territoriale axée sur la proximité repose sur deux processus, à savoir les réseaux et les flux circulants dans ce réseau. D’abord, les réseaux signifient une 186

PECQUEUR B., (2003), Op. Cit. 138

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configuration de connexions entre les différents acteurs sur un territoire donné. Ensuite, les flux sont considérés comme des informations induites par une stratégie commune dues à l’existence d’une proximité institutionnelle et l’exercice d’une proximité géographique pour effet une délimitation spatiale claire187. Nonobstant, ces flux vont établir les dimensions du réseau adossé à la fois à la proximité géographique et à la proximité institutionnelle, afin de contribuer à régler les affaires locales (club d’entreprises, Associations des jeunes entrepreneurs et associations de développement). Donc, ces deux processus nous mènent, d’une part, et préalablement, à l’identification d’un problème partagé et à la recherche de solution par une coordination coopérative, et, d’autre part, d’avoir un mécanisme de transformation (métamorphose) de ressources cachées, voire virtuelles, en actifs spécifiques. L’articulation de la gouvernance territoriale et la proximité développent un processus dynamique de coordination et d’ajustement entre les différents acteurs visant la résolution des problèmes ou la mise en œuvre d’un projet collectif de développement. À cet effet, trois modalités pratiques sont menées par les acteurs locaux au nom de la gouvernance188: D’abord, la modalité de la coordination par les procédures contractuelles : il s’agit des politiques contractuelles par lesquelles, l’ÉTAT ou d’autres institutions publiques planifient et formalisent leurs relations avec divers partenaires publics ou privé. Le développement de cette modalité passe par l’appropriation de formes multiples telles que la politique de la décentralisation qui a marqué l’histoire du Maroc aux années 70 et la politique de la régionalisation, un projet important et structurant qui guide le pays vers la voie de la démocratie et la modernité. Ainsi, il s’agit d’une opportunité pour l’état central de revoir sa relation avec les pouvoirs

régionaux et locaux et d’accepter un nouveau partage des

compétences pour un développement régional. De même, une autre forme de contractualisation développée en France, celle des contrats de plan Etat-Région (CPER) qui vise à donner un cadre de moyen terme régissant les relations entre institutions et encadrant les choix d’intérêt mutuel. Donc, le développement de ces politiques contractuelles est basé sur des multiples chartes exprimant un accord local entre différents partenaires, un accord sanctionné par la reconnaissance des institutions de niveau supérieur. Ensuite, la coordination résiliaire : le réseau constitue une modalité de mise en place de la gouvernance locale par les acteurs locaux. En effet, la politique des réseaux participe à 187

LELOUP. F, MOYART L., PECQUEUR B., Op. Cit. P. 328. BERTRAND N., MOQUAY P., « la gouvernance locale un retour à la proximité » Revue Économie Rurale N° 280, Proximité et territoire. 2004. P. 77-95. 139 188

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élaborer un projet commun et à identifier les limites rencontrant la mise en place de la gouvernance. Par exemple, en France le département de l’aménagement du territoire et la DATAR ont développé l’idée des réseaux de villes afin d’assurer un rééquilibrage du territoire national tout en s’appuyant sur le potentiel de développement des villes moyennes et de leur environnement proche. L’identification des réseaux de villes est fondée sur un double mouvement. Le premier est local et concerne la capacité des collectivités locales à diriger une initiative régionale pour concevoir un projet de développement économique et social, ainsi que de développer un partenariat public/privé. Le deuxième est la mise en place d’un cadre national de rééquilibrage territorial dans une approche d’ossature urbaine et polycentrique. En conséquence, un réseau accompagné des proximités géographiques et organisationnelles contribue à substituer le système pyramidal des pouvoirs tout en convergeant les acteurs à une construction d’un projet commun et d’une action collective. Enfin, la démarche participative : la question de la participation émerge à travers des politiques locales et des décisions concernant des projets collectifs de développement. En effet, la participation est considérée comme un moyen dynamique d’intégrer la population dans la vie économique, sociale et politique, notamment en matière de gestion des institutions ou l’élaboration des décisions portant sur l’habitat, le territoire et l’environnement. Ainsi, les proximités géographique et organisationnelle sont au cœur de cette démarche participative, soit de regrouper les acteurs et de recommander une démocratie participative, soit de s’appuyer sur des structures sociales pour la régulation territoriale. Donc, l’enjeu de la gouvernance s’explique par l’acceptation d’un ensemble d’acteurs et à l’articulation des différents liens et formes de pouvoirs, établit à différentes échelles, dans un but de concevoir un projet commun de développement. Ainsi, la mise en place de la gouvernance territoriale prend en considération le type d’acteur-clé qui domine le processus de coordination. En effet, J.P. GILLY et J. PERRAT identifient trois principaux types théoriques, selon le type d’acteur qui domine la coordination territoriale189 :  La gouvernance privée : les acteurs privés (firme motrice, association d’entreprises, un organisme de Recherche et de développement) stimulent et pilotent les dispositifs de coordination et de création de ressources dans un but d’appropriation privée. Cette forme qui nous intéresse de plus, par sa capacité à structurer l’espace productif local.

189

LELOUP. F, MOYART L., PECQUEUR B., Op. Cit. P. 328. 140

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 La gouvernance institutionnelle : l’acteur institutionnel (l’ÉTAT par le biais de la préfecture, conseil, diverses formes d’intercommunalité ou encore les centres publics de recherche) s’occupe du rôle de la coordination entre les différents acteurs.  La gouvernance mixte : c’est une coopération entre les acteurs privés et les institutions publiques afin de former un acteur-clé du territoire. L’objectif de ce type réside dans la coordination pour créer un bien ou un service collectif utilisable par tous les acteurs sans rivalité ni exclusion d’usage. Par rapport à cette typologie, ci-dessus, J.B GILLY et J. PERRAT, (2003) avance que «La gouvernance n’est donc pas une configuration de coordinations strictement économiques ou strictement sociopolitiques : elle est une combinaison de ces dimensions caractérisée par une densité variable des interactions entre les trois catégories d’acteurs »190. Donc, le développement territorial abordé par les trois modes à savoir : l’agglomération, la spécialisation et la spécification s’interrogent sur l’acteur principal qui définit le processus de coordination pour résoudre le ou les problèmes productifs inédits. Dans ce sens chaque mode de développement territorial sera associé par un type de gouvernance. D’abord, l’agglomération fondée sur une concentration spatiale des entreprises et des activités économiques et avec l’aide des pouvoirs public locaux. Le développement ne peut se réaliser qu’à travers une gouvernance publique qui visera à créer des milieux attirant les entreprises à s’installer dans le territoire et de bénéficier des avantages multiples (foncière, fiscale et des effets externes). Ensuite, la spécialisation qui se traduit par l’intégration technique des entreprises sur la base de la complémentarité de leurs activités/ compétence. Ce processus résulte d’une volonté privée par les entreprises (une entreprise motrice ou les PME) afin de construire un milieu entrepreneurial bien organisé et en vue de bénéficier d’un ensemble des ressources et des actifs du territoire. Ce mode lui correspond une gouvernance essentiellement privée qui participe à l’organisation du milieu entrepreneuriale notamment à travers la construction d’un projet collectif. Enfin, la spécification qui repose sur l’existence de structures, privées et/ou publiques, possédant la capacité de prendre en compte certains effets externes pour favoriser le

190

GILLY J-P., PERRAT J., « la dynamique institutionnelle des territoires : entre gouvernance locale et régulation globale » dans Cahiers du Groupement de Recherches Économiques et sociales, de l’UMB 4 et l’USCT 1, N°3, Mai 2005. P. 6. 141

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développement du tissu économique local. Ce mode fait appel à une gouvernance mixte pour le rôle de coopération entre les divers acteurs. Cela s’explique, d’une part, par l’intervention des pouvoirs publics pour but d’assurer une densification, et, d’autre part, les acteurs privés notamment les entreprises sont appelées à assurer une dynamique économique et un développement territorial. En résumé, la notion de gouvernance territoriale déploie des efforts de négociation, de concertation, de mise en réseau pour une échelle territoriale donnée, et ce, pour que les acteurs agissent et opèrent d’une façon autonome et organisée en vue de trouver des solutions aux problèmes multiples qui se posent à eux. À cet effet, la gouvernance territoriale peut être considérée comme un outil de développement territorial par le recours au processus de la coordination des acteurs. Ainsi qu’elle s’applique aux différents modes de développement territorial.

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Conclusion En résumé, l’approche de développement territorial expliquée par les trois sections ; l’organisation territoriale, les réseaux territorialisés et le développement territorial, vise à nous présenter le lien entre le territoire et son projet de développement. D’abord, nous avons commencé à redéfinir le concept du territoire défini comme un système complexe durable construit grâce aux effets de l’économie de proximité, de même, il est considéré comme un acteur qui assure son développement. Ensuite, nous allons indiquer que le développement territorial est réalisé aujourd’hui dans plusieurs pays par l’existence des réseaux territorialisés sur un territoire et qui sont aussi conditionnés par une dynamique de proximité. En effet, ces réseaux territorialisés se sont subdivisés en deux approches ; les districts industriels et les systèmes productifs locaux (SPL) font partie d’une approche de développement local, tandis que les clusters et les pôles de compétitivité s’intègrent dans une approche organisationnelle, c’est-à-dire managériale qui est à la recherche de l’innovation et le développement des relations d’interdépendances entre les différents acteurs. Enfin, nous avons achevé cette section par l’idée d’expliciter l’avenir de territoire. Donc, nous parlons aujourd’hui, du projet de développement territorial, une version développée de développement locale reposant sur une mobilisation et une valorisation des potentialités d’un milieu, en vue de résoudre les problèmes rencontrés au territoire, à savoir l’exclusion, l’instabilité et le problème d’emploi. Bref, le développement territorial prend en considération toutes les liaisons, toutes les interactions en œuvre dans un territoire. Il s’agit de dépasser une procédure analytique marquée par une interaction assez faible entre les acteurs à une démarche diversifiée axée sur la proximité et la coordination comme outil de développement territorial. Cela nous conduit directement à s’interroger sur le lien existant entre l’entrepreneuriat et l’approche territoriale, dans une vision de développement. Ce lien ne peut être expliqué qu’à travers le rôle du milieu et de son ingénierie.

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Chapitre III: Le Milieu un levier de dynamisme entrepreneurial

144

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Introduction Nous cherchons à démontrer, dans ce chapitre, que l’interaction entre l’entrepreneuriat et le territoire ne peut être expliquée que par le recours à la notion du milieu. C’est grâce au milieu entrepreneurial, l’ingénierie du milieu et le milieu innovateur, que le phénomène entrepreneurial connaît l’essor et le développement. En effet, le dynamisme entrepreneurial est conditionné par la présence d’un processus de concurrence coopération entre les différents acteurs du territoire, notamment les entreprises. En outre, ce milieu qui est au coeur de la relation entre l’entrepreneuriat et le territoire fera l’objet de trois sections. La première section vise à définir, d’une part, la notion du milieu et du milieu entrepreneurial, et, d’autre part, à analyser le rôle du milieu entrepreneurial dans le dynamisme de l’entrepreneuriat. La seconde section est réservée au volet de l’ingénierie du milieu dans le dynamisme entrepreneurial. Autrement dit, doit-on répondre à la question suivante : en quoi le milieu est capable de favoriser le développement de l’entrepreneuriat ? Et, quels sont les processus qui expliquent ce développement ? Aussi doit-on prouver que le milieu territorialisé est le contexte approprié à l’émergence des comportements entrepreneuriaux. La troisième section est dédiée à l’analyse de la littérature portant sur la relation entre l’innovation et le milieu, d’une part, et, d’autre part, à s’interroger sur l’apport du milieu innovateur au dynamisme entrepreneurial. Donc, le milieu innovateur est considéré comme une formation socio-économique territorialisée au sein de laquelle émergent de nouvelles formes d’organisation territoriale à base de collaboration et d’interdépendances entre les différents acteurs. Ces trois sections constituent les hypothèses de notre recherche qui seront étudiées tout au long de ce chapitre.

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Section I : le milieu et le dynamisme entrepreneurial Le milieu a été longtemps négligé comme un acteur du développement. Il est considéré comme un espace neutre, amorphe et donné, selon lequel, les entrepreneurs et les organisations agissent. Il a pour rôle de fournir des ressources telles que la main-d’œuvre, les centres de recherche et l’infrastructure. Ce n’est qu’avec les travaux de GREMI191 que la notion du milieu sera développée. De même, ce groupe de recherche a focalisé son analyse sur la capacité des milieux à susciter l’innovation dans les systèmes territoriaux de production en s’attachant aux innovations industrielles ou technologiques. Dans cette section, nous allons définir d’abord, le milieu entrepreneurial (Paragraphe 1), puis, se focaliser sur le rôle du milieu entrepreneurial dans le dynamisme de l’entrepreneuriat (Paragraphe 2), et enfin, développer la relation entre le milieu entrepreneurial et l’information (Paragraphe 3).

Paragraphe 1 : Le milieu et le milieu entrepreneurial Le GREMI a défini le milieu comme un ensemble de relations intervenant dans une zone géographique qui regroupe dans de tous cohérents les éléments suivants : un système de production, une culture technique et des acteurs, l’esprit d'entreprise, les pratiques organisationnelles, les comportements d'entreprises, la manière d'utiliser les techniques, d'appréhender le marché et le savoir-faire, sont toutes à la fois des parties intégrantes et constitutives du milieu192. 1.1. La définition du milieu En effet, le milieu se présente comme un contexte de production territorial mesuré par l’existence des éléments aussi importants, à savoir le savoir-faire, la culture technique et les capacités d’apprentissage. Ces éléments facilitent plus ou moins la proximité des acteurs et permettent de créer une synergie avec l’environnement. Un milieu désigne un espace matériel dans lequel un corps quelconque est placé. Il est défini comme étant « un ensemble de facteurs extérieurs qui agissent de manière permanente 191

GREMI : le groupe de recherche en milieu innovateur, fondé, en 1986 par P. Aydalot, ce groupe de recherche s'est fixé pour objectif d'étudier les phénomènes d'innovation et leur contexte de formation à travers le territoire d'implantation ; c'est-à-dire leur milieu. Pour ce faire, plusieurs études empiriques ont été menées (programmes d'enquêtes appelés GREMI I à V) entre 1986 et 2000 pour apporter une validation aux questions théoriques posées. Ensuite, un autre programme (GREMI VI) s’intéresse aux "Ressources naturelles, ressources culturelles et milieux innovateurs" 192 MAILLAT D., QUEVIT M., SENN L., « Réseaux d’innovation et milieux innovateurs : un pari pour le développement régional » GREMI/ EDES, 1993, Éditions de la Division économique et sociale, Université de Neuchâtel. P. 7. 146

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ou durable sur les êtres vivants ». Ainsi, le milieu désigne l’environnement dans lequel un ensemble d’agents économiques vont interagir et s’organiser pour construire de nouvelles ressources nécessaires au processus d’innovation193. Dans son article au sujet de « la relation entre les réseaux d’innovation et le milieu innovateur », D. MAILLAT a présenté le milieu comme un processus de perception, de compréhension et d’action continuelle. Ainsi, il repose sur un système relationnel de type coopération/concurrence entre les acteurs localisés. Ce milieu couvre un ensemble spatial, il s’agit d’un espace géographique donné, qui présente une certaine unité et homogénéité entre les acteurs. Ces acteurs disposant d’une autonomie dans la décision et une indépendance dans la formulation des choix stratégiques. En outre, le milieu présente deux logiques. D’abord, une logique d’interaction entre les différents acteurs composant le milieu. Ensuite, une logique d’apprentissage qui s’intéresse à la capacité des acteurs à modifier leurs comportements en fonction des transformations de leur environnement. L’enchaînement de ces deux logiques contribue à194 : 

La formation du savoir-faire : grâce au milieu, les entrepreneurs peuvent apprendre,

maîtriser bien le processus de production et la création de nouveaux produits et de nouvelle technique; 

Le développement de « normes de comportement » : la relation entre les acteurs du

milieu a permis de développer des relations de coopération/concurrence, qui vont générer par la suite des effets de synergie et des complémentarités nécessaires au développement de leurs activités et de leurs affaires. Dans un milieu, les entreprises dépassent la logique de concurrence entre elles et cherchent à débattre les problèmes liés aux technologies, ainsi que de trouver des solutions collectives et efficaces aux problèmes rencontrés. De même, ces relations entre les différents acteurs forment des normes (à savoir le respect de l’environnement, des normes sociales) et une culture technique (une culture industrielle locale spécifique au territoire). Cette interaction entre les entreprises, qualifiée de dynamique ou conservatrice, favorise la constitution des codes et des comportements soutenant la régulation du milieu et son encastrement. Citant l’exemple, des entreprises installées dans une région qui se mettent d’ accord pour ne plus recruter les agents d’une entreprise rivale et de se préoccuper à former et développer ses cadres;

193

COPPIN O., « Le milieu innovateur : une approche par le système », Revue Innovations, 2002/2 N°16. P. 2950. 194 MAILLAT D., QUEVIT M., SENN L., (1993), Op. Cit. P. 7-8. 147

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La connaissance et la capacité à identifier en tant qu’opportunité d’interaction les

ressources spécifiques des différents acteurs ainsi que celle du milieu. Donc, le milieu peut faciliter les échanges de l’information et les opportunités pour stimuler la création et le développement de l’entreprise, il fournit aussi des relations riches et porteuses d’idées et de changement; 

La relation que les acteurs du milieu entretiennent avec l’environnement externe : le

milieu n’est pas isolé, il est considéré comme un système ouvert situé dans un contexte technique et de marché évolutif. Il est appelé à accompagner l’évolution de l’environnement externe et le progrès technique, mais aussi de préserver sa cohérence, sa culture et son identité. 1.2. La notion du milieu entrepreneurial Après avoir défini la notion du milieu, nous passons, vers le concept milieu entrepreneurial qui a pour objectif de favoriser la création d’entreprises et d’assurer son développement. En conséquence, le milieu entrepreneurial fait appel à des politiques publiques qui ont pour mission l’accompagnement des nouveaux entrepreneurs, la facilitation des démarches de la création de l’entreprise et la présentation des avantages en matière de foncier et des incitations fiscales. Aussi peut-on montrer que le milieu par son potentiel (offreur de ressources, le financement des entreprises, la proximité) peut favoriser un dynamisme entrepreneurial ? Cela par le recours à des approches, telles que l’approche du capital social territorial et l’approche de la proximité territoriale. Ces approches facilitent l’échange et la coopération entre les acteurs et l’appui à la création d’entreprises. Selon P.A. JULIEN (2005) le milieu entrepreneurial est le lieu d’instructuration, il est connu par son rôle d’offreur de ressources, à savoir : le soutien à la création d’entreprise, le financement de proximité, les ressources immatérielles, la réduction d’incertitude et l’environnement socioculturel195. Dans sa globalité le milieu fait référence aux dimensions historiques, culturelles et sociétales d’une communauté territorialisée. En ce sens, G. GAROFOLI (1992), a défini le milieu entrepreneurial « comme un ensemble de facteurs historico socio-culturels, qui se sont sédimentés dans la communauté et les institutions locales »196. Ces facteurs peuvent être 195

JULIEN, P-A, « Entrepreneuriat régional et économie de connaissance : Une métaphore des romans policiers », Édition Presse de l’université du Québec, 2005. P. 162. 196 GAROFOLI G., « Les systèmes de petite entreprise : un cas paradigmatique de développement endogène. Dans BENKO G., et LIPIETZ A., sous dir, Les régions qui gagnent. Districts et réseaux : les nouveaux paradigmes de la géographie économique, Édition PUF, Paris. P. 57-80. 148

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subdivisés en deux facteurs : des facteurs endogènes et des facteurs exogènes, présentés dans le tableau, ci-dessous: Tableau 19: Les facteurs exogènes et endogènes du milieu entrepreneurial197 Les facteurs exogènes   





Une organisation efficiente. Une capacité exceptionnelle d’adaptation et d’innovation du système productif localisé. La ville, comme lieu de rencontre, d’échanges et d’offre de services diversifiés, y compris de haut niveau. Des institutions (professionnelles, d’enseignement, de formation,...) et des associations. Un système de valeurs partagées.

Les facteurs endogènes    

Les situations et caractéristiques géographiques ; Les facteurs de rapprochement et infrastructures ; La nature et le dynamisme du tissu économique ; Les facteurs institutionnels et sociaux.

Source : Adapté sur les travaux de Tinasoa RAZAFINDRAZAKA, (2009).

De même, selon Pierre A. Julien, le milieu entrepreneurial est composé à la fois par des entrepreneurs et des institutions, qui peuvent contribuer, à travers une logique d’interaction et des conventions à la création et le développement de l’entreprise. À cet effet, le milieu dispose de la faculté de faciliter les différents liens sociaux tellement internes qu’externes, de permettre un esprit entrepreneurial, et de fournir les ressources de base. Par conséquent, il est considéré comme la clef de l’entrepreneuriat dans la région, ainsi que dans son développement socio-économique. Chaque milieu entrepreneurial regroupe un nombre d’acteurs, c’est pour cela P. A. Julien a présenté cinq groupes d’acteurs indissociables dans un milieu entrepreneurial, formulés comme suit198 :  Les premiers types d’acteurs sont les institutions locales publiques, parapubliques de gouvernance, d’éducation, de R-D et de support industriel ; leurs missions principales résidant dans la formation et le soutien apporté aux autres acteurs installés dans le milieu. Citant l’exemple, des écoles et des universités qui génèrent des ressources informationnelles et assurent un niveau élevé d’apprentissage, de même, les institutions régionales et locales ayant un caractère électif (les collectivités territoriales). Ces institutions peuvent instaurer des modes de régulations territoriales en vue de lutter contre le nomadisme des entreprises et RAZAFINDRAZAKA, T., « L’entrepreneuriat comme outil de développement territorial : construction d’un référentiel théorique », acte de communication au colloque international, la vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé, 11e journées scientifiques du réseau Entrepreneuriat, 27 au 29 Mai, 2009. 198 JULIEN, P-A, (2005), Op.Cit, P. 160-162. 149 197

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d’attirer d’autres entreprises tout en jouant sur des facteurs attractifs, notamment, le facteur foncier (le prix des terrains), le facteur fiscal (les taxes locales et autres exemptions fiscales) et le facteur financement (des subventions de financement accordées aux entreprises) ;  Le deuxième type d’acteurs fait référence à la structure industrielle qui comprend les relations et les liens entre les entreprises de tailles différentes (PME- ou les firmes multinationales) d’une part et, d’autre part, la communauté. Ces liens sont développés par l’existence d’un capital social territorial entre les entreprises exprimées sous forme un réseau et un encastrement territorial. Par conséquent, ces liens peuvent s’exprimer entre les fournisseurs, les clients, les distributeurs, les consultants, les syndicats, les banques. De même, A Marshall a évoqué, en 1919, le phénomène de « l’atmosphère industrielle » qui relie à la compétence, l’expérience professionnelle des travailleurs et la localisation des entreprises sur un même territoire ;  Le troisième

type acteurs concerne, la main-d'oeuvre spécialisée et compétente

capable de soutenir le développement. Le milieu réunit une densité de population aux compétences avérées, ainsi qu’un ensemble d’acteurs qui possèdent un savoir-faire provenant soit des connaissances, soit de l’expérience. À cet effet, l’existence de ses compétences permet d’assurer un transfert de connaissances entre les acteurs et le développement des comportements innovants source de développement territorial ;  Le quatrième type d’acteurs renvoie à l’organisation de coopération soient, « le degré

de coordination hiérarchique ou horizontale, la centralisation ou la décentralisation et les allocations de responsabilité et de spécialisation des tâches entre les firmes ». En effet, cette organisation de coopération peut être sous forme de réseau ou un acteur organisationnel et pour objectif de codifier et collaborer les différents acteurs autour un projet de développement. Citant l’exemple, des associations professionnelles, des réseaux de relations tissées par les entrepreneurs au sein de la région qui facilite l’échange de l’information et de savoir ;  Le dernier type d’acteurs concerne la culture entrepreneuriale commune aux acteurs socio-économiques, cela veut dire l’existence d’un modèle d’affaire connu dans le milieu définissant les conventions, les normes et les pratiques, favorisant la création des opportunités d’affaires et les ressources en vue d’une exploitation par les entrepreneurs locaux. Enfin, certains milieux disposent d’une forte culture entrepreneuriale, qui encourage les entrepreneurs à prendre le risque et à chercher à obtenir les ressources pour créer et 150

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développer l’entreprise. Donc, la culture entrepreneuriale est à la fois l’attitude et la capacité dont dispose une société territoriale pour stimuler, chez les entrepreneurs, les valeurs personnelles et les habiletés de gestion. De même, cette culture permet de mettre à profit des expériences diverses, de créer un esprit d’initiative et de s’habituer à prendre le risque, ainsi, que les entrepreneurs acquièrent la capacité d’innover et de gérer efficacement leurs relations avec l’environnement.

Paragraphe 2 : Le rôle du milieu entrepreneurial dans le dynamisme de l’entrepreneuriat Nous allons expliciter, dans ce paragraphe, le rôle et l’effet du milieu entrepreneurial sur le dynamisme entrepreneurial. À cet effet, nous exposons, d’une façon générale le rôle du milieu dans le dynamisme entrepreneurial, d’une part, et, d’autre part, nous exposons la vision de P-A Julien (2005) sur ce sujet. 2.1. Le milieu entrepreneurial et dynamisme entrepreneurial Le milieu a pour rôle principal de fournir les ressources de base notamment les infrastructures, la main-d’œuvre et une logique économique territoriale qui réunit en amont les fournisseurs et les services d’entretien, et en aval la logistique et la distribution. Ainsi, le milieu présente un avantage très important, à savoir la dynamique de proximité. Cet avantage permet de créer une synergie au niveau du milieu et de produire des entrepreneurs. D’après Freiberg, le milieu facilite à la nouvelle entreprise la possibilité d’intégrer un ou des réseaux d’affaires, composés de différents acteurs territoriaux, afin de faire face aux entraves de la création et de dynamisme. 2.2. Le rôle du milieu entrepreneurial dans le dynamisme entrepreneurial d’après Pierre Andrée Julien Nous essayons, dans ce point, à résumer à partir des travaux de P-A. JULIEN (2005), sur l’entrepreneuriat régional et économie de la connaissance, les principaux rôles du milieu entrepreneuriaux dans le dynamisme entrepreneurial. Le premier rôle du milieu entrepreneurial réside dans sa capacité à façonner et présenter une culture entrepreneuriale favorisant la création d’entreprise. En effet, la culture entrepreneuriale est l’ensemble des valeurs et des convictions partagées, des savoir-faire, des savoir-être et des savoirs agir orientant les personnes à créer leurs propres entreprises. De même, elle peut être assimilée à l’existence d’un environnement propice marqué par une 151

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certaine stabilité politique et économique et capable de générer des valeurs entrepreneuriales contribuant au développement de l’entreprise199. Dans ce cadre et selon Minguzzi et Passaro, la culture entrepreneuriale est mesurée par deux notions inter-liées, à savoir un taux et un stock. D’abord, la notion de taux correspond à l’idée que les acteurs économiques acceptent et participent à la création d’entreprises et par l’existence des politiques incitatives à la création d’entreprises (présence d’un guichet unique pour éviter la lenteur administrative, des exonérations fiscales). Ainsi qu’à l’importance dédiée à l’innovation par les entreprises existantes et à leurs attitudes positives face au changement. D’ailleurs, il a été évoqué dans le paragraphe lié aux paradigmes entrepreneuriaux, que l’entrepreneur peut engendrer une destruction créatrice, source du dynamisme industriel et de la croissance à long terme. Donc, l’entrepreneur cherche à innover et à participer à la restructuration du tissu économique d’une part et de l’autre part, de participer au développement économique de son pays. Ensuite, le stock culturel renvoie aux qualités personnelles des entrepreneurs futurs ou présents, et plus précisément à son degré d’éducation et à leur expérience en affaires. Comme développé dans le paragraphe, typologie d’entrepreneur, les entrepreneurs possèdent des caractéristiques différentes. Ceux qui préfèrent gagner moins mais être les patrons de son entreprise et refusent toute sorte de coopération et de coordination (une logique patrimoniale) ou ceux qui sont issus d’une famille ayant une culture entrepreneuriale, et qui ont subi une formation académique sur l’entrepreneuriat. Ce type met en premier degré la croissance de son entreprise, et développe des relations de confiance avec son environnement (logique entrepreneuriale). Au final, l’existence d’un niveau élevé de ces deux variables, le taux et le stock de la culture entrepreneuriale, peut favoriser la création et le développement des entreprises via l’outil l’innovation. Le deuxième rôle attribué au milieu entrepreneurial est celui du financement de proximité, qui permet de mesurer le niveau de la culture entrepreneuriale. En effet, le financement est un facteur nécessaire pour démarrer une entreprise, c’est pour cela, une multitude de sources de financement existent, dont l’autofinancement ou des subventions de financements apportées par la famille. À cet effet, P-A. JULIEN (2005) a proposé des

199

Idem., P. 162-163. 152

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modalités de financement fondé sur le facteur proximité, ses modalités sont présentées comme suite200 : D’abord, un nouvel entrepreneur encastré dans un milieu bénéficie des ressources familiales, spécialement un fonds de roulement procuré par la famille qui aide le créateur à démarrer son activité. Ce type de financement est le plus répandu des pays en voie développement dans lesquels le système de financement classique refuse d’apporter l’aide aux nouveaux créateurs et ce pour le risque supporté. Ensuite, le financement amical provenant des gens de milieu qui sont relativement fortunés et qui souhaitent investir dans des entreprises qu’ils connaissent, ou dans les mains de jeunes entrepreneurs auxquels ils ont confiance. Ces prêteurs mènent une évaluation du risque qui porte non seulement sur le projet mais aussi sur la réputation de celui ou de ceux qui mènent le projet entrepreneurial, le profil de l’entrepreneur et ses capacités à innover, ainsi sur les capacités du milieu à aider les entrepreneurs à surmonter les obstacles inhérents à toute entreprise, et à réduire l’incertitude. Cette évaluation motive le prêteur à participer au projet par le capital nécessaire au démarrage, et par les diverses informations, alors que l’entrepreneur participe par sa faculté à réaliser et à faire réussir le projet. Enfin, le financement classique provenant des institutions telles que les banques, la bourse, les établissements de crédit et les sociétés de capital-risque qui sont très complexes en matière de financement des nouveaux entrepreneurs. Ce type de financement rejette l’approche de capital social territoriale et d’encastrement territorial qui développe la solidarité et la coopération entre les acteurs et s’appuie sur des projets bien définis répondant à des conditions précises et présentant des documents justifiants la faisabilité de leur projet (business plan, la liasse comptable et fiscale, attestation de chiffre d’affaires). Cette démarche compliquée facilite le financement seulement des grandes firmes ayant un potentiel de gain particulièrement important. Bref, ce deuxième rôle du milieu paraît très intéressant et important dans notre cas d’étude. Le financement de proximité prend en considération à la fois les ressources provenant de la famille et les ressources provenant des coopératives et des associations professionnelles naissant dans le milieu et vise à satisfaire le besoin de financement exprimé par ces nouveaux entrepreneurs locaux. En même temps, cette figure de financement procure

200

Idem., P. 162-165. 153

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non seulement le montant de démarrage mais aussi des diverses informations et les conseils, nécessaires pour affronter les obstacles rencontrés par les entrepreneurs. Troisièmement, le milieu entrepreneurial est considéré comme un réducteur d’incertitude et d’ambiguïté pour l’entrepreneur selon Pierre Andrée Julien (2005). D’après le modèle du processus de création d’entreprises conçu par C. BRUYAT, développé dans le premier chapitre relatif à l’entrepreneuriat. Ce modèle est composé de trois grandes phases importantes à savoir, le déclenchement, l’engagement de l’entrepreneur et la survie de développement. À cet effet, l’incertitude est considérée comme un élément capable de perturber la réalisation de ce modèle et ce par la confrontation de l’entrepreneur à des situations d’inquiétudes liées soit à un projet ou soit à la méconnaissance des caractéristiques de l’environnement interne et externe201. En conséquence, le fait de faciliter l’insertion d’une entreprise dans un milieu permet, à elle de bénéficier autant des externalités et des avantages, visant à réduire le risque d’incertitude. Citant l’exemple, des relations fortes et variées tissées avec d’autres entreprises déjà existantes sur un milieu, que leur permettent de connaître bien une région, ses forces, ses faiblesses, ses ressources, ainsi de s’inspirer de leur expérience en matière de relation avec les institutions étatiques et les organismes (la liquidation d’impôts, le respect de l’environnement, le respect des droits des salariés). Tous ces avantages peuvent réduire l’incertitude, augmenter les chances de survivre et de se développer. De même, selon Frank Knight, un entrepreneur est celui qui peut faire face à une situation de risque et d’incertitude, et ce par sa capacité à découvrir des informations incertaines en vue d’une meilleure exploitation. Cette fonction de l’entrepreneur d’après Frank Knight peut être appuyée par le rôle du milieu entrepreneurial qui offre l’information nécessaire à chaque entreprise et qui facilite le contrôle et l’utilisation de l’information pour créer ou développer une affaire. Quatrièmement, après avoir montré que l’entrepreneur bénéficie du milieu entrepreneurial en matière de l’information, nous considérons que le milieu entrepreneurial joue, de plus un rôle d’offreur de ressources immatérielles, c’est-à-dire la formation et l’information. Ces ressources permettent à l’entrepreneur à développer des capacités, de comprendre le changement et à vaincre les obstacles. En effet, selon Kizner (1979), l’entrepreneuriat apparaît comme une fonction de traitement de l’information. Dans des 201

Idem., P. 166. 154

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situations où il existe une asymétrie d’information entre l’entrepreneur et son environnement, l’entrepreneur est conçu comme un processeur d’information, sollicité d’absorber et de transformer les informations collectées en actions. Donc, le milieu entrepreneurial offre cette ressource non marchande pour les entrepreneurs et ce pour faciliter la création et le développement de son entreprise. Le rôle joué par l’information, ses caractéristiques, son contrôle pour l’entrepreneur dans un milieu, fera l’objet des développements suivants202. Enfin, le dernier rôle attribué au milieu entrepreneurial en vue de favoriser le dynamisme entrepreneurial est l’offre de cinq types de proximité sociétale. D’abord, une proximité cognitive, c’est –à-dire le partage de connaissance de base, d’expertise et de références communes. Le milieu facilite ainsi les échanges d’employés, l’absorption des idées nouvelles technologies, et l’apprentissage. Ensuite, la proximité organisationnelle qu’il s’agit comme une référence spatiale commune qui favorise l’intensité et la qualité des relations internes entre les organisations ou externes entre les réseaux, ainsi que le développement de normes et de conventions. Puis, la proximité socioculturelle, c’est un encastrement dans un tissu structuré de relations personnelles. Cet enracinement se base sur une histoire commune et le partage de valeurs, de normes et de conventions qui permettent de comprendre et de renforcer les relations. Nous citons l’exemple des entrepreneurs étrangers qui préfèrent travailler avec des personnes qui partagent la même culture ainsi que l’importance des réseaux économiques et culturels est aussi importante durant les premières années d’existences. Après, nous trouvons la proximité institutionnelle, c’est-à-dire, les lois, les normes institutionnelles et la réglementation adaptée par les autorités étatiques. Cette proximité comprend, aussi, les liens sociaux et donc les différentes façons de faire habituelles. Enfin, la proximité géographique qui facilite les rencontres entre entreprises, notamment les PME qui ne disposent pas des ressources de la grande. Cette proximité de base favorise le développement des autres types de proximité203. En définitive, le milieu entrepreneurial doit être traité dans sa globalité, car il comporte en plus d’un rôle économique, des fonctions socioculturelles qui permettent aux acteurs économiques de se détendre, de se motiver et de s’appartenir. En effet, l’importance de milieu entrepreneurial s’explique par l’efficacité de l'environnement socioculturel favorisant la production des nouvelles idées et l’instauration d’un climat favorable marqué par une stabilité politique et sociale conditionnant le développement d’entreprise et de territoire. 202 203

Idem., P. 166-167. Idem., P. 167-169. 155

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Paragraphe 3 : Le milieu entrepreneurial et l’information À travers ce paragraphe, nous allons montrer, en quoi le partage de l’information sans l’existence d’un partenariat formel peut créer une synergie favorisant la création d’entreprise et le développement territorial. Donc, nous expliquons, d’une part, le lien entre le milieu entrepreneurial et l’information, et, d’autre part, les principaux types d’information et son effet sur le dynamisme entrepreneurial. 3.1. Le lien entre milieu entrepreneurial et l’information Le fonctionnement du milieu entrepreneurial ne peut se réaliser d’une manière efficace que par le recours à la notion de l’information, ses caractéristiques, son utilisation pour les entrepreneurs et surtout son appropriation collective par la région. En effet, cette notion paraît comme une source d’énergie capable de faire fonctionner et stimuler les acteurs d’une part, et, d’autre part, de favoriser le démarrage et le développement de l’entrepreneuriat au sein d’un milieu caractérisé par l’incertitude et l’ambiguïté. Un milieu entrepreneurial permet d’offrir des ressources qui favorisent la création d’entreprise et lui développement, l’information peut être parmi les ressources importantes contribuant au développement de l’entrepreneuriat. D’abord, selon KIZNER (1979) l’entrepreneur bénéficie des informations dont ils disposent. Citant l’exemple, d’une nouvelle technologie ou une opportunité d’affaire qui peut les Intéresses pour lancer une entreprise, développer et innover au détriment des concurrents ignorants. Ensuite, d’après CASSON (1991), un entrepreneur possède une qualité de jugement parfaite qui lui permet de mieux organiser les ressources et de réaliser du profit. De même, il peut aussi transformer l’information qui est sous forme d’une connaissance, en un produit ou une façon de produire afin de développer son affaire. Encore, P-A. JULIEN considère l’information comme un certain pouvoir sur l’incertitude et sur les concurrents, ainsi que sur d’autres parties prenantes comme les donneurs d’ordres. Elle est considérée comme un pouvoir qui permet de diminuer l’asymétrie entre grande et petite entreprise204.

204

Idem., P. 189. 156

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3.2. L’information et son effet sur le dynamisme entrepreneurial Dans un milieu entrepreneurial, l’information est exprimée d’après différentes sources, prenant l’exemple, les médias oraux ou écrits (les journaux pouvant être l’une des sources fiables pouvant offrir une opportunité via les avis d’appel d’offres), les réseaux spécialisés caractérisés par un capital social élevé et une proximité, ainsi que, les anomalies remarquées dans l’économie ou de possibilité de besoins non remplis. Comme a avancé Alfred Marshall, au début du siècle, l’information se trouve « dans l’air », elle suffit d’être remarquée par quelqu’un de particulièrement observateur en vue d’être détachées de la masse d’informations disponibles et être ensuite décodée205. Quant à P. A. JULIEN (1996), deux types d’informations existent, d’un côté les informations circulantes ou courantes disponibles pour tout le monde et faciles de se procurer, et de l’autre côté les informations dites « structurantes ou riches » qui peuvent entraîner des investissements colossaux et d’introduire des changements dans l’entreprise. Ce dernier type d’information est divisé en deux, les informations dites collectives mises à la disposition de tous et des informations de type privatif récemment découvert. D’abord, les informations structurantes ou riches sont issues du milieu et favorisent la création d’entreprises et son développement. Elles sont considérées comme l’ensemble du savoir et de savoir-faire émanant parfois d’un système d’enseignement qui encourage l’entrepreneuriat au niveau des diplômés et qui transmet le maximum d’informations pour entreprendre. De même, elle peut être parvenue d’une culture économique, scientifique et technique de chaque entrepreneur et de la complexité de son organisation. Donc, l’information structurante permet, d’ouvrir des opportunités sur le marché en vue d’exploiter par les entreprises, d’offrir des possibilités de changement pour que les entreprises et d’assurer un dynamisme régional afin de se distinguer sur les marchés nationaux et internationaux. En effet, les régions dynamiques sont celles qui disposent des entrepreneurs innovateurs et qui sont aptes à détecter les informations pertinentes en vue de le transformer à des opportunités d’affaires et d’engendrer d’autres entrepreneurs. LESKA a distingué dans l’information structurante, l’information de fonctionnement qui est une information technique visant à soutenir la coordination, l’information d’influence et l’information d’anticipation

JULIEN, P-A., « Entrepreneuriat, développement du territoire et appropriation de l’information », Revue internationale PME : Économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, vol. 9, N° 3-4, 1996. P : 162. 157 205

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permettant de voir avant les autres une opportunité ou de voir plus loin et différemment pour le besoin d’innover.206 Ensuite, l’information structurante de type privatif est la plus intéressante pour sa capacité à permettre aux firmes de posséder un avantage concurrentiel par rapport à ses concurrents. En effet, une entreprise qui possède une information riche peut éventuellement les utiliser à des fines organisationnelles, commerciales ou techniques ; à savoir, la conception des nouveaux produits et services, une innovation radicale, comme un brevet ou une licence ou une innovation globale qui rend l’entreprise compétitive sur le marché innovante. Cette information est contrôlée par une entreprise qui la crée, ainsi qu’elle peut être également partagée dans des réseaux d’entreprises ou dans les milieux régionaux, chose qui engendre une dynamique entrepreneuriale dans la région et par la suite un développement territorial. Ainsi, les informations structurantes privatives ou partagées les plus riches sont telles les plus récentes, les plus uniques, ou du moins celles qui permettent de se distinguer de la concurrence tout en répondant aux besoins du marché et de réaliser un profit. À cet effet, nous citons, ci-dessous, quelques caractéristiques de ces informations207 : 

Elles sont complexes et multifonctionnelles : l’information structurante ne se limite

pas seulement à une seule fonction, mais elle peut s’étendre à plusieurs besoins, notamment en matière technologique, commerciale et concurrentielle. Donc, elle vise à assurer le financement des nouveaux équipements, la formation des employés pour des raisons d’entretien et de liaison avec les nouveaux équipements, aux possibilités de développement de marché ; 

Elles sont cumulatives : l’information riche est connue par son caractère

d’accumulation et sa capacité a touché les différents éléments qui affectent la décision. L’entrepreneur cherche toujours plus d’informations pour une décision optimale que lui procure une valeur et plus de bénéfices. En effet, une suite d’information permet de déclencher les réflexes de l’entrepreneur pour agir sur une opportunité d’affaire ; 

Les informations doivent être reliées à la décision. Ces informations doivent fournir

leur propre mécanisme d’évaluation, soit d’abord la confiance envers l’informateur et, puis, des indications pour effectuer des contre-vérifications. Les entrepreneurs dans une région n’ont pas le temps et la capacité à analyser en profondeur toutes les informations existantes. À 206 207

JULIEN, P-A., MARCHESNAY M., (1996), Op. Cit. P. 98-99. JULIEN, P-A., (1996), Op. Cit. P. 164-165. 158

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cet effet, cette limite d’incapacité à disposer d’une information riche sera comblée par la faculté du milieu dans l’appropriation de l’information, de présenter des supports informationnels et de leur accompagnement dans la création d’opportunité ; 

Ces diverses caractéristiques en entraînent une dernière, celle relative au besoin du

contact personnel comme un mécanisme favorisant dans une relation au sein d’un réseau ou un milieu la possibilité d’accéder à des sources d’information. Comme déjà avancé, ci-dessus, la notion de l’information présente un atout fondamental pour la survie de l’entreprise et pour son développement, particulièrement l’information riche peut être une source de compétitivité, si elle est utilisée par l’entrepreneur. De même, cette information présume un investissement en temps et en argent, ce qui rend l’accès par les petites entreprises et celles qui sont implantées dans des régions éloignées de grandes métropoles, très difficiles. Par conséquent, le milieu entrepreneurial, dynamique, est capable de fournir les informations riches favorisant l’innovation et de faciliter l’accès à ces informations par la création des supports informationnels. Dans ce cadre, J-P JULIEN et M. MARCHESNAY (1996), confirment que les régions dynamiques, sont essentiellement celles qui sont aptes à fournir un support informationnel respectant les caractéristiques énumérées ci-dessus, et qui favorisent l’innovation. Ce support passe par la formation, la création d’antennes de veille, et le courtage en information208.  La formation : la formation est un moyen primordial pour une meilleure utilisation et une interprétation efficace de l’information, ainsi que pour l’apprentissage. En effet, les milieux innovateurs ont développé dans la région la notion de savoir de base ou de métier spécifique à un territoire, chose qui rend la formation intéressante dans le dessin d’une meilleure utilisation de l’information. Citant l’exemple, évoqué par Pierre André julien (1996), sur la base des recherches effectuées par (Brusco, 1992) que les districts industriels italiens ont favorisé systématiquement l’éducation continue, soit par des cours en entreprises, soit par de la formation dans des cours intensifs, pour affiner la formation de leur personnel, mais aussi pour soutenir la formation de la direction au centre d’entrepreneuriat. Ainsi, un milieu d’affaires dynamique possédant des centres de recherche et des universités peut contribuer, par les moyens des séminaires de formation et des cours d’éducation au sein de l’entreprise, à s’adapter facilement aux nouveaux savoir-faire (acquisition d’une nouvelle machine par une entreprise qui vise à innover et à être compétitive sur le marché). De même, 208

JULIEN, P-A., MARCHESNAY M., (1996), Op. Cit. P. 99-100. 159

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d’acquérir des nouvelles technologies en vue d’une meilleure interprétation de l’information structurante.  Le développement d’antennes de veille : ces antennes ne sont que les centres de recherche privés et publics et des sociétés de conseils qui ont, par exemple pour mission de rechercher l’information relative à l’évolution technologique, concurrentielle et commerciale pour les industries présentées dans un milieu ou bien d’alimenter les nouvelles firmes à fort potentiel de développement souhaitant s’installer dans ce milieu. Donc, le milieu est appelé à inviter les institutions de valorisation et les firmes de conseils à se localiser dans la région en vue de répondre aux besoins de traitement de l’information, des besoins d’expertise et de soutien des petites entreprises.  Le transfert ou le courtage de l’information : la meilleure façon de faciliter le partage de l’information est de créer des mécanismes d’échange d’informations par ce qu’on a appelé le courtage en information. Donc, l’importance, c’est de trouver des intermédiaires capables, qui sont des courtiers en information, afin de satisfaire le besoin à la fois les demandeurs et les offreurs de l’information, ainsi de les faire travailler ensemble. Si l’on prend l’exemple des universités qui souhaitent offrir les meilleures solutions et les petites entreprises qui sollicitent de l’information optimale procurent de bénéfice. Ces deux acteurs n’ont pas le même langage, les mêmes priorités et le même mode de fonctionnement, ce qui explique l’importance des cabinets de courtage. Parmi ces intermédiaires de courtage, nous trouvons les représentants des ministères, les agences de développement, l’agence nationale de la promotion de la PME, les banques, le haut-commissariat de plan. En effet, un tel système de courtage qui réunit les firmes et les lieux de recherche ou créatrices d’information peut conduire rapidement à la création de partenariats ou d’alliance entre les acteurs et de favoriser l’innovation. En résumé, le milieu entrepreneurial facilite, par les mécanismes cités ci-dessus, la diffusion de l’information riche entre les acteurs, et ce pour faciliter à la fois, l’utilisation de l’information pour la création d’entreprise et sa valorisation afin d’assurer son développement. Cela étant dit, qu’en est-il maintenant de l’ingénierie du milieu au profit du dynamisme entrepreneurial ?

160

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Section II : L’ingénierie du milieu au profit de dynamisme entrepreneurial Le phénomène entrepreneurial est récemment attaché à l’économie spatiale et au cadre territorial. En effet, pour assurer un dynamisme entrepreneurial, il ne suffit pas de se préoccuper seulement des dimensions économiques, sociales et psychologiques de l’entrepreneur, acteur central de l’entrepreneuriat, mais d’introduire une dimension aussi importante celle du territoire. C’est pour cela que nous pensons qu’une ingénierie du milieu est capable de générer un dynamisme entrepreneurial, à travers les trois éléments suivants : un capital social territorial, d’un encastrement territorial ou d’une politique d’ancrage territorial. Dans cette section, nous allons commencer notre étude d’abord par, le dynamisme entrepreneurial et capital social territorial (Paragraphe 1), puis, d’approfondir notre analyse par le lien entre l’encastrement territorial et réseaux d’entreprises (Paragraphe 2), et enfin, par un dernier mécanisme d’ingénierie du milieu, celui de l’ancrage territorial et processus de création d’entreprises (Paragraphe 3).

Paragraphe 1 : Le dynamisme entrepreneurial et capital social territorial Le milieu procure plus des ressources et des infrastructures, favorisant le développement de l’entrepreneuriat, la notion de capital social qui renvoie aux liens sociaux qui existent entre les individus et les groupes et qui peuvent être d’une part, des liens donnés, c’est-à-dire des liens horizontaux, non volontaires et innés. Citant l’exemple, de la parenté, de la religion, du voisinage. Et, d’autre part, des liens créés par les acteurs en fonction de leurs intérêts et leurs buts. En effet, le capital social est considéré par plusieurs chercheurs comme la base d'une culture entrepreneuriale et ce, par le fait qu’il fournit à l’entrepreneur le support moral dont il a besoin. Ce support peut s’exprimer en premier lieu, soit par la présentation des modèles qui permettent de tirer des leçons et d’améliorer ses chances dans le démarrage de son affaire ; soit par un moyen de faire face aux difficultés rencontrées lors de développements de son entreprise209. Afin de mieux expliquer l’apport de la théorie du capital social au développement de l’entrepreneuriat notamment, par l’idée de faciliter à l’entrepreneur d’accéder aux ressources et aux informations disponibles dans le milieu. Il s’avère indispensable de présenter la théorie du capital social par ces approches théorique et ensuite de montrer sa contribution dans le développement d’une culture entrepreneuriale.

209

JULIEN, P-A, (2005), Op.Cit, P. 170-171. 161

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1.1. Le capital social : notion et caractéristiques La notion de capital social a été initialement utilisée par les sociologues afin d’étudier les groupes sociaux et les institutions, dans une optique de cohésion sociale communautaire. Les économistes ont emprunté cette notion pour les travaux de recherche, relative à la coordination non marchande entre les acteurs et sur la prise en compte de l’environnement institutionnel et social dans les procédures de décision des agents210. En effet, plusieurs auteurs ont défini la notion du capital social, notamment, M. WOOLOCK (2001) par ses travaux liés aux normes, réseaux et action collective, J. Coleman par l’action rationnelle centrée sur des déterminants sociaux et Pierre BOURDIEU. Donc, nous développons, ci-dessus, une brève présentation de ces approches. D’abord, le capital social est défini selon M. WOOLCOK, (2001) comme l’ensemble des normes et des réseaux qui facilitent l’action collective »211. Cette définition courante du capital social décèle deux dimensions importantes :  La première est liée aux normes et valeurs (ou ensemble de règles informelles), qui régissent les interactions entre acteurs.  La seconde détermine le capital social par ses caractéristiques structurelles. Il vise à exposer un cadre formel au sein duquel s’établissent les relations entre les agents ou entre les institutions en vue de faciliter la coopération entre acteurs et avoir des actions finalisées. En général, le capital social, selon M. WOOLCOCK (2001), est conçu comme l’ensemble des institutions formelles ou informelles facilitant la coopération entre acteurs en vue de générer des actions finalisées favorisant une interaction efficace. Ensuite, cette conception du capital social a fait intégrer des facteurs sociaux dans les principes d’action individuelle. D’où les travaux de J. COLEMAN (1989,1990) qui ont pour but de formuler une théorisation de l’action rationnelle centrée sur des déterminants sociaux et de constituer une référence incontournable sur le capital social. En effet, J. COLEMAN (1990) définit le capital social comme une forme particulière de capital, qui rend possible l’action sociale. Donc, il est considéré comme le fondement des relations développées entre les acteurs. De plus, il distingue les manifestations du capital à travers les droits et les obligations relevant d’un environnement social marqué par la confiance, la capacité de VALERIE A., CALLOIS J-M., « Capital social et dynamiques de développement territorial : l’exemple de deux territoires ruraux français », Revue espaces et sociétés, N° 124-125, 2006, pages 56. 211 WOOLCOCK M., « La place du capital social dans la compréhension des résultats sociaux et économiques », Revue canadienne de recherche sur les politiques publiques, ISUMA , 2001. P. 11-19. 162 210

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circulation de l’information au sein de la structure sociale, et l’existence de normes et de sanctions qui s’imposent et qui respectent les membres d’une communauté212. Enfin, selon Pierre Bourdieu (1990), le capital social est comme « l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées, d’intercommunications et d’interconnaissances ; ou en d’autres mots, qui sont liés à l’appartenance à un groupe, comme ensemble d’agents qui ne sont pas dotés de propriétés communes, mais sont aussi unis par des liaisons permanentes et utiles».213 Alors, le concept du capital peut être défini comme l’ensemble des liens sociaux existant entre les acteurs visant à assurer une coopération et une coordination en vue de tirer des gains et des bénéfices. De même, il peut être le résultat d’une interaction entre les valeurs partagées des individus, des institutions et des structures, dont ils se sont dotés pour se rapprocher de ces valeurs et de permettre la coopération entre eux. D’une façon générale, le capital social représente les ressources relationnelles que les acteurs individuels peuvent mobiliser à travers leurs réseaux de relations sociales. Ces ressources sont généralement très variées et peuvent consister en des informations, des opportunités ou toute autre forme de soutien moral ou matériel214. Après avoir exposé la notion du capital social, nous passons directement à son implication dans un cadre territorial. 1.2. Le capital social territorial La combinaison entre le concept du capital social et le territoire a fait émerger un concept, celui du capital social territorial. Ce concept comprend, dans un espace et une temporalité déterminée, un ensemble de ressources environnementales et sociales pouvant être mobilisé et mises en valeur par des acteurs individuels ou collectifs. En conséquence, ces acteurs sont porteurs d’une vision de développement à la fois convergente et divergentes en

212

VALERIE A., CALLOIS J-M., « Fondements théoriques du développement local : quels apports du capital social et de l’économie de proximité ? », Revue Économie et institutions, N° 6-7, 1er et 2e semeste 2005. P. 3435. 213 BOURDIEU P., « Le capital social : notes provisoires », Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 31, janvier 1980. Le capital social. P. 2-3. 214 AYDI G., « Capital social entrepreneurial, performance de l’entreprise et accès aux ressources externes », acte de communication au XIIéme Conférence de l’Association Internationale de Management stratégique, Les Côtes de Carthage 3,4,5 et 6 juin 2003. 163

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fonction de leurs connaissances et de leurs intérêts215. En effet, ce capital présente des relations humaines, plus précisément des rapports sociaux, donc, des liens horizontaux et verticaux qui s’actualisent au quotidien entre des acteurs, des liens à partir desquels s’opère une densification ou une dilution des relations sociales. Cette densification est porteuse de cohésion (intégration insertion). 1.3. L’importance du capital social pour le dynamisme entrepreneurial Après un survol théorique sur la notion du capital social et sa combinaison avec le territoire, nous nous focalisons notre intérêt aux biens faits de cette approche sur le dynamisme de l’entrepreneuriat. Le capital social développé par les intersections des comportements entre les entreprises, dans un milieu, favorise la capacité aux entrepreneurs de se procurer des ressources matérielles et immatérielles, existant dans le milieu, c’est-à-dire, l’information, les valeurs (institutionnelles et symboliques) et les conventions actuelles ou potentielles, en vue de réussir son projet de création d’entreprises. Ainsi, le capital social permet aux entrepreneurs d’être dans l’action, de connaître les conventions, et d’avoir une certaine confiance avec le milieu, dont il coopère. En effet, la confiance entre les PME et les acteurs de son territoire est basée à la fois sur la transparence et les proximités qui favorisent la communication et l’échange d’informations. R. GULATI confirme que les liens répétés avec un même partenaire facilitent les échanges d’informations et permettant de se familiariser avec ses comportements, ses routines et ses procédures, la confiance se fonde donc sur l’expérience passée, la transparence, la disponibilité et la fiabilité des partenaires.216 À cet effet, l’entrepreneur est appelé à avoir la confiance des autres acteurs du territoire surtout les plus proches, notamment les fournisseurs, les clients et les entreprises concurrentes afin de minimiser les coûts de transaction et de production, ainsi que de se coopérer et de se collaborer pour faire face aux problèmes locaux rencontrés. Citant l’exemple du problème de financement, qui a été considéré comme un handicap dans la création d’entreprises, c’est pour cela que l’entrepreneur peut bénéficier des réseaux sociaux et des formes de coopération, pour se procurer des fonds nécessaires à la création d’entreprises notamment le système des tontines répandu dans les pays africains, qui 215

FONTAN J-M., KLEIN J-L., « La mobilisation du capital socio-territorial : le cas du technopôle Angus », Revue lien social et politiques, titre le territoire, instrument providentiel de l’État social, N° 52, Automne 2004. P. 139-149. 216 MESCHI P-X., « Réseaux inter organisationnels et survie des alliances », Revue française de gestion, 2006/5, N°164, Édition, Lavoisier. P. 37. 164

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consiste à se regrouper pour partager et échanger les fonds cumulés tout en favorisant soit la création, soit le développement de son entreprise. De plus, le problème de la formation et le développement des savoir-faire qui constitue une entrave du développement de l’entreprise, donc, la logique de coordination peut mutualiser les efforts des entrepreneurs et d’organiser des séances de formation avec un minimum des charges. Figure 18: Le fonctionnement du capital social217

Source: LIN N., (1999, P. 12)

La figure, ci-dessus, expose le fonctionnement du capital social, par lequel les actifs sont inégaux dans les milieux, et ils devront se regrouper pour constituer une masse critique qui permettra d’augmenter et de valoriser ces actifs (la confiance, les normes et les conventions) en vue de répondre aux besoins de divers entrepreneurs et des firmes actuels ou futurs existant dans le milieu. Donc, ces actifs facilitent aux entrepreneurs la possibilité d’accéder à diverses ressources, de générer des bénéfices, de disposer d’un statut social et d’avoir un climat de confiance et d’enthousiasme qui participe à la mobilisation des forces vives dans la région. L’entrepreneur établit, en effet, des rapports de réciprocité avec le milieu afin d’obtenir des ressources à bas prix et hors du système marchand. Aussi, la relation entre le milieu et l’entreprise est expliquée par le fonctionnement du capital social possédant une double vision, celle d’obtenir des ressources, d’une part, et, d’autre part, de faire préserver sa réputation dans la municipalité. Par exemple, un employé passif et paresseux travaillé dans une société ne peut être congédié, à cause des relations sociales tissées entre acteurs appartenant à un milieu.

217

NAN L.,

« Building a Network Theory of Social Capital », Connections, Vol. 22, N° 1, 1999. P. 28-51. 165

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En outre, le capital social territorial cherche à assurer une certaine mutualisation caractérisée par la volonté d’être avec l’autre. La mutualisation permet aux entrepreneurs de chercher des solutions et de développer son affaire. L’entrepreneur doit coopérer avec les acteurs et les organisations sans attendre d’être récompensé immédiatement ou de réaliser des bénéfices. Le comportement de coopération entre les PME et les autres entreprises, universités, laboratoire de recherches, permet d’échanger de l’information des objets comme les méthodes de travail, les outils et des matériels. Cette pratique de coopération, d’après A-L. SAIVES (2006) est courante pour les PME qui cherchent à se différencier tout en participant à la construction de réseau d’innovation par l’interaction et l’apprentissage au sein du milieu innovateur local ou encore des rapports de confiance avec un ensemble de fournisseurs de proximité géographique.218 En conséquence, le capital social territorial est important pour la réussite des entrepreneurs dans leurs affaires. Il permet de détecter des opportunités d’affaires, de diminuer les coûts d’information et des ressources, ainsi que, de se procurer des diverses formes d’assurance en cas d’un événement pénible, tel qu’une faillite ou des problèmes de gérances souvent répandues dans notre société. De ce fait, il est le catalyseur qui permet de créer de la synergie entre les différents acteurs existés dans le milieu et de stimuler, ensuite, des échanges de l’information ou des savoirs, offrant des opportunités de créer d’autres entreprises219. Enfin, le capital social

est considéré comme l’élément de base de la culture

entrepreneuriale. Il est un facteur favorisant le dynamisme entrepreneurial dans un milieu territorial. De même, c’est un moyen de stimuler l’innovation par l’habiliter de la coopération entre les différents acteurs territoriaux. En effet, les entrepreneurs devront être soutenus par un capital social et une culture entrepreneuriale adaptée aux spécificités territoriales en vue de développer et réussir l’entreprise d’une part, et, d’autre part, de faire face à une compétitivité internationale. Ce projet passe par le faite de bâtir une relation partagée constituée d’un capital social territorial, une flexibilité opérationnelle entre les divers acteurs, des stratégies d’apprentissage collectives développées dans les réseaux d’innovation et une logique de proximité territoriale. Ainsi, notre prochain paragraphe sera consacré à l’encastrement territorial et réseaux d’entreprises afin de continuer notre réflexion sur le rôle de l’ingénierie territoriale dans le processus de la création d’entreprise. 218 219

SAIVES, A-L., (2006), Op.Cit. P. 60. JULIEN, P-A., (2005), Op.Cit. P. 176. 166

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Paragraphe 2 : L’encastrement territorial et réseaux d’entreprises Avant de s’intéresser à la notion de l’encastrement territoriale et sa contribution au dynamisme entrepreneurial par lequel, le créateur d’entreprises est considéré comme un acteur encastré dans un milieu territorial bénéficiant à la fois des ressources et des liens développés au sein du territoire, notamment, par la notion de capital social évoquée ci-dessus. Ainsi, de montrer que l’ingénierie territoriale à travers l’encastrement territorial permet à l’entrepreneur de se procurer d’un capital relationnel favorisant le succès et la réussite de son entreprise. 2.1. De l’encastrement à l’encastrement territorial : concept et caractéristiques D’abord, nous commençons par une présentation de la notion de l’encastrement d’après les travaux de K. POLANYI (1983), cités dans son ouvrage « la grande transformation » et qui a montré les limites du libéralisme par l’idée qu’on ne puisse pas appliquer aux sociétés non modernes, les concepts économiques modernes220. De plus, il a constaté que les phénomènes économiques ne sont pas distingués des autres phénomènes sociaux ou d’un système distinct, mais se trouve plutôt dispersée et étroitement imbriquée dans le tissu social, est donc une économie est encastrée dans un tout socioculturel. Ensuite, nous nous référons aux travaux de Granovetter, l’un des fondateurs de la nouvelle sociologie économique221. À son avis, ce courant théorique s’efforce d’expliquer les faits économiques à partir d’éléments sociologiques. Il souligne que les comportements et les institutions économiques sont déterminés par les relations sociales, qu’il est impossible de les analyser indépendamment de la sphère sociale. Pour K. POLANYI, l’économie recouvre l’ensemble des activités dérivées de la dépendance de l’homme vis-à-vis de la nature et de ses semblables. Par l’encastrement, il désigne l’inscription et la définition dans des règles sociales, culturelles et politiques qui régissent certaines formes de production et de circulation des biens et des services. En outre, selon POLANYI, l’encastrement correspond à la pénétration de tout un ensemble de règles sociales, politiques et culturelles dans les sphères de la production et des échanges économiques, afin de démontrer que les actions économiques trouvent leur origine dans la vie

220

POLANYI K., « La grande Transformation : aux origines politiques et économiques de notre temps », Édition française Gallimard Paris, 1983. 221 La NSE : est un courant qui remet en cause la division du travail intellectuel entre la science économique et la sociologie dans le sens où elle s’attaque d’une manière frontale au bastion économique, à savoir l’étude de marché, de la production, de la distribution, de la consommation, des contrats, des marchés, de l’argent, de la banque. 167

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sociale222. Ensuite, il a procédé à établir une typologie pour expliquer comment les sociétés non réglées par le marché sont intégrées selon des différentes formes institutionnelles: la réciprocité, la redistribution et l’administration domestique. Ces formes d’institution disposent des formes d’encastrement spécifiques et différentes présentées comme suit : Tableau 20 : Les formes d’intégration, d’arrangements institutionnels et d’encastrement social des relations économiques Formes d’intégration Arrangement institutionnel Principes de comportement Réciprocité Redistribution Administration domestique

Encastrement de l’économie

Symétrie (famille, groupe de Échange à base de dons parenté, etc) Centralité (tribu, noble État) Échange administré Autarcie ( groupe autosuffisant)

Production pour son propre usage et échange du surplus

Source : PLOCINICZAK S., (2002)

De même, GRANOVETTER, a développé ce concept, introduit par POLANYI, pour montrer que l’action économique est encastrée au sein de réseaux des relations personnelles. Un tel encastrement réticulaire aboutit à la construction sociale des institutions qui prend des formes différentes. Dans cette perspective, l’encastrement de GRANOVETTER fait référence au fait que « l’analyse des réseaux peut donc être utilisée afin de saisir une action économique et ses conséquences, comme toute action sociale et ses conséquences, sont influencée par les relations dyadiques que les acteurs entretiennent et par la structure de l’ensemble du réseau de relations »223. Ensuite, les travaux de GRANOVETTER ont contribué au développement de la nouvelle sociologie économique. Au plan organisationnel, cette dernière cherche à savoir comment les acteurs mobilisent des ressources à travers de leurs relations et comment les mécanismes de la structure sociale influencent l’allocation des ressources sur un marché. Elle se réfère à trois principes généraux qui constituent ensemble une véritable unité théorique. Le premier principe, c’est que l’action économique est une forme de l’action sociale, le deuxième est que l’action économique est socialement située ou encastrée, et enfin les institutions

PLOCINICZAK S., « Actions économiques et relations sociales : un éclairage sur la notion d’encastrement chez Karl POLANYI et Mark GRANOVETTER », working paper, Centre d’Économie de l’université Paris Nord, N° 2002- 07, octobre 2002. 223 LAVILLE J-L., « Encastrement et nouvelle sociologie économique : de Granovetter à Polanyi et Mauss », Revue Interventions économique, N° 38/ 2008. P. 2. 168 222

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économiques sont socialement construites, et conçues comme des « réseaux sociaux figés »224. Enfin, l’approche de l’encastrement de l’action économique dans les relations sociales, d’après GRANOVETTER, permet d’expliquer qu’un entrepreneur encastré dans un milieu ou un individu dans une entreprise est détenteur par défaut d’un capital relationnel, par lequel son efficacité et sa valeur dépendent de la nature des réseaux sociaux dont, il est encastré. De plus, les acteurs sont impliqués dans des réseaux de relations sociales qui engendrent de la confiance et qui tissent des relations facilitant son développement. C’est pour cela, notre travail consiste à expliquer à partir de l’approche de l’encastrement territorial que tout entrepreneur est encastré dans un milieu ou un territoire particulier. Et donc le développement de l’encastrement territorial et le degré de l’engagement des acteurs pour un milieu sont considérés comme des facteurs primordiaux pour la création et le succès d’une entreprise. De même, à partir de cette approche, nous cherchons à montrer qu’un entrepreneur est sous l’influence de son entourage familial, de son enracinement à un milieu et enfin à des modèles entrepreneuriaux rencontrés. Donc, la notion de l’encastrement territorial est indexée sur des relations sociales. Elle est perçue à la fois comme un processus dynamique d’ancrage territorial, considéré comme une condition obligatoire pour mener un véritable projet entrepreneurial, ainsi qu’un moyen de mobiliser et de construire des ressources relationnelles facilitant la création d’entreprise. En effet, le choix d’entreprendre est conditionné par l’existence des divers types de ressources sur un milieu (les informations, les opportunités, le financement et le conseil) issues des réseaux de relations sociales, tels que la famille, les amis et le milieu professionnel. C’est pourquoi émergent l’importance de l’encastrement territorial et la possibilité de disposer d’un capital social territorial, comme des facteurs importants et déterminants dans la phase de démarrage de l’activité. 2.2. L’effet de l’encastrement territorial sur la création d’entreprises Pour mieux expliquer l’effet de l’encastrement territorial ou l’encastrement relationnel sur la création de l’entreprise. Nous avançons selon deux registres, le rôle des ressources issues des relations professionnelles dans la création d’entreprise, ainsi que les ressources issues des relations familiales, amicales et conjugales. De même, nous expliquons l’encastrement communautaire comme attachement symbolique au territoire. 224

PLOCINICZAK S., (2002), Op.Cit. 169

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2.1.1. Les ressources issues des relations professionnelles La création d’entreprises dans un milieu est motivée par des facteurs issus des relations professionnelles, notamment, l’expérience qui garantit des compétences, une parfaite maîtrise du secteur d’activité et des relations professionnelles construites autour de secteur d’activité. En effet, les futurs créateurs au moment d’élaboration des projets s’orientent vers leurs réseaux professionnels pour faciliter d’une part, de disposer d’un carnet d’adresses composées de divers acteurs et opérateurs, c’est-à-dire, des clients, des fournisseurs, des politiciens et des acteurs associatifs et professionnels, qui vont faciliter la création d’entreprise et son démarrage ; et, d’autre part, d’être encadré par un patron qui au moment du démarrage de projet apporte sa contribution par l’idée de lui concéder des contrats aidant facilement le démarrage de l’activité,

ainsi que d’alléger la pression et le stress de la création de

l’entreprise sur le créateur. En parallèle ces créateurs vont disposer d’un soutien indirect en cas d’une surcharge de travail. Nous empruntons l’encadré suivant pour expliciter le rôle des réseaux professionnels sur la création d’entreprise225 : Un artisan spécialisé dans la pose de revêtements de sol a exprimé : « Mon ancien patron, c’est quelqu’un d’intelligent avec qui j’entretiens de très bons rapports. Il se doutait que j’allais partir et m’a donné du travail par la suite. J’ai donc commencé par faire de la sous-traitance pour lui et cela c’est très bien passé parce que chacun y trouvait son intérêt... Et moi cela m’a permis d’avoir un fond de roulement pour démarrer mon entreprise.»(Jean, 37 ans, BTP, 2001). Source : Fabien Reix ( 2008, P. 33).

2.2.2. Les ressources issues des relations familiales, amicales et conjugales Parmi les ressources que les entrepreneurs tirent de leurs réseaux de relations, nous retrouvons celles qui sont issues de leur entourage proche (famille, ami, conjoint). Ces ressources présentent un soutien moral pour l’entrepreneur, notamment dans la période de démarrage de l’activité. D’abord, nous commençons par la famille qui joue un rôle important dans la réussite entrepreneuriale en mettant à disposition des réseaux de relations qui permettent d’accéder à l’information en vue de se procurer d’un financement et des parts de marché226. En réalité les membres de la famille sont à l’origine des opportunités de la création d’entreprise soit en tant qu’initiateur du projet de création, ou soit comme, un accompagnant et participant à la

FABIEN R., « L’ancrage territorial des créateurs d’entreprises aquitains : entre encastrement relationnel et attachement symbolique », Revue Géographique, Économie, société, 2008/1, Vol. 10. P. 33-34. 226 Idem,. P. 34-36. 170 225

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viabilité commerciale de l’affaire créée. Citant l’exemple, du père qu’au moment de la création d’une entreprise par son fils et lui met à sa disposition un local et des infrastructures, et parfois un fond de roulement. Donc la famille transmet le gout d’entreprendre et offre certains ressources nécessaire pour la création d’entreprise. Puis, l’entourage proche d’un entrepreneur procure plusieurs avantages au créateur d’entreprises. En effet, un réseau d’amitié personnel permet à l’entrepreneur d’intégrer des clubs d’entreprises et des réseaux d’entreprises qui leur permettent par la suite d’accéder à des aides et d’étendre leurs contacts dans le milieu local des affaires ; ainsi que de faciliter l’accès aux prêts bancaires (un membre de la famille ou le père d’un ami travaillent dans le milieu bancaire). Ensuite, la relation conjugale peut faciliter la création d’entreprise. Au moment de créer leur entreprise, la plupart les entrepreneurs vivaient en couple, ce qui facilite le partage des risques et bénéficier des compétences complémentaires, ainsi que le revenu du conjoint est perçu comme une condition obligatoire de l’engagement dans l’aventure entrepreneuriale et ce par la sécurité financière offerte. L’encadré suivant montre l’effet de la relation conjugale sur la création d’entreprise : Un créateur a expliqué au moment de la création de son entreprise : à l’époque où j’ai créé mon entreprise, mon amie venait d’être titularisée en tant que fonctionnaire au conseil régional d’où, en ce qui me concerne, la possibilité de prendre un risque financier en me disant : Si je gagne de l’argent, c’est bien. Si je n’en gagne pas, le ménage pourra tenir financièrement pendant une certaine période… cela, à mon avis, doit être redondant dans vos entretiens parce que toutes les personnes que je connais qui ont créé une entreprise, cela a été à la base de leur décision de se lancer. […] Et si j’ai pu garder mon indépendance financière, c’est aussi parce que je sais très bien que, sauf gros coup dur, j’ai au moins un salaire qui rentre tous les mois à la maison avec mon amie Source : Fabien Reix (2008, P. 35).

2.2.3. L’encastrement communautaire comme attachement symbolique au territoire Le choix de la création d’une entreprise repose aussi sur un registre plus personnel d’attachement au territoire qui dépasse le cadre des enjeux purement économiques de l’entreprise. Ainsi, la volonté de créer une entreprise trouve sa justification dans le fait que le créateur dispose des racines et une dépendance historique et culturelle à son territoire de naissance mais également qu’un territoire donné qui présente un cadre de vie agréable et 171

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confortable favorisant la réussite du projet entrepreneurial. À cet effet, un tel attachement au territoire peut amener ces entrepreneurs à percevoir l'acte d’entreprendre comme un acte symbolique « identitaire » qui leur permet non seulement d’être assurés d’installer sur le territoire mais aussi de participer à son développement en créant des richesses et des emplois227. Donc, les créateurs d’entreprises s’appuient sur des relations qui présentent des rapports de confiance et de solidarité afin de répondre au risque et à l’incertitude associée à la création d’entreprise. En conséquence, un entrepreneur repose à la fois sur les liens forts (famille, ami, conjoint) et les liens faibles (professionnels et réseaux business) au moment du démarrage de son activité pour éviter tout échec probable de son affaire. En résumé, l’encastrement territorial des créateurs d’entreprises peut être compris à la fois comme un encastrement relationnel et un encastrement communautaire, qui s’appuie non seulement sur les réseaux de relations mais aussi sur un attachement symbolique à leur territoire. Nous continuons notre analyse sur l’approche de l’encastrement territorial et son apport au développement de l’entrepreneuriat, par lequel, en se référant à un article publié conjointement par B. JOHANNISON, M. RAMIREZ-PASILLAS et G. KARLSSON (2002), sous le titre« The institutional embeddedness of local inter-firm networks: a leverage for business creation ». En effet, cet article vise à proposer trois niveaux d’analyse relative à l’encastrement ; D’abord, il s’agit d’un encastrement qui concerne les liens de réciprocité entre les entreprises locales, ensuite, un encastrement a trait aux liens unidimensionnels avec les institutions locales et enfin un encastrement qui regroupe toute sorte de lien social dans une vision holistique228. En résumé, l’encastrement territorial des créateurs d’entreprises peut être compris à la fois comme un encastrement relationnel et un encastrement communautaire, qui s’appuie non seulement sur les réseaux de relations mais aussi sur un attachement symbolique à leur territoire

227

Idem,. P. 38. JOHANNISSON B., RAMIREZ-PASILLAS M., KARLSONN G., « The institutionnal embeddedness of local inter-firm networks: a leverage for business creation », Entrepreneurship and Regional Development, vol. 14, 2002. P. 297-315. 172 228

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Paragraphe 3 : l’ancrage territorial et processus de création d’entreprises La troisième composante de l’ingénierie de milieu qui nous intéresse et qui facilite le processus de la création d’entreprise est l’ancrage territorial. En effet, la question de l’ancrage territoriale apparaît dans notre travail de recherche comme une piste importante dans le processus d’émergence d’entreprises (création, installation). Cette importance est motivée par des facteurs qui sont déjà expliqués dans la section précédente, abordant le point des économies du territoire, c’est-à-dire, l’économie des ressources et l’économie de la proximité, considérées, tous les deux, comme des facteurs essentiels de l’ancrage au sens du dynamisme industriel et de l’innovation. Donc, nous cherchons à définir la notion de l’ancrage territoriale et de révéler ces facteurs développés dans l’interaction des économies du territoire et le paradigme d’innovation qui tend à présenter une explication à l’entrepreneuriat. De même, nous essayons d’expliciter la contribution de l’ancrage territorial au processus de la création d’entreprise. 3.1. L’ancrage territorial : notion et caractéristiques Le concept de l’ancrage territorial est développé dans les travaux de ZIMMERMANN, notamment, dans son article, « entreprise et territoires : entre nomadisme et ancrage territorial ». Il cherche à expliquer que la firme nomade s’installe dans un territoire où elle possède des avantages en matière des ressources et de technologie et qui répond à ses besoins. D’après lui le territoire n’est plus un simple espace géographique, mais plutôt un système évolutif qui concilie à la fois ses acteurs et les relations avec l’extérieur ; afin de dépasser la logique de tissu industriel vers une logique d’ancrage territorial fondé sur des conventions territoriales entre les différents acteurs d’un territoire et qui permet d’avoir une articulation effective. Ainsi, selon O’NEILL (2002), l’ancrage territorial « implique les ressources et les activités, non seulement liées directement à un endroit, mais ainsi que des relations tissées à l’intérieur des contextes socioculturels dans des localités particulières et que leurs caractéristiques et identités socioculturelles uniques sont « ancrées » dans des endroits aidant à former des liens et des réseaux. Les ressources et activités « ancrées » ont la tendance d’avoir des niveaux élevés de liens sociaux, culturels et économiques dérivés de significations culturelles qui leur sont attribuées : par exemple, des activités touristiques « ancrées » peuvent être une part de la vie sociale et de loisir »229. Cette définition confirme O’NEILL C., Diagnostic d’ancrage territorial de « Nouveaux Services Emplois Jeunes en Lozère », Direction Départementale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle de la Lozère, Décembre 2002. P. 14. 173 229

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que les ressources seules ne peuvent attirer les firmes à se localiser dans un territoire. Cependant, l’existence également d’un réseau fondé sur des relations de confiances et de collaborations avec les partenaires locaux peut contribuer à un meilleur ancrage territorial des firmes. Dans sa thèse, J. FRAYSSIGNES (2005) propose une modélisation de l’ancrage des activités économiques comme un processus rendant compte « d’une part de la projection sur un espace des logiques productives et de leur participation à la construction territoriale, et, d’autre part, de l’imprégnation de ces mêmes logiques par les caractéristiques du territoire (économiques, politiques, identitaires…), qu’elles ont contribué à construire».230 Donc, il a proposé une grille de lecture de l’ancrage territorial à travers des aspects liés au développement territorial :  Le premier point de vue économique vise à mesurer l’ancrage territorial par le niveau de construction territoriale et la mobilisation de ressources locales tellement matérielles qu’immatérielles,  Le deuxième point de vue politique s’explique par le niveau de coordination entre les différents acteurs du territoire, quel que soit politique (les élus locaux et les administrations compétentes), social (Associations professionnelles, les ONG et agent de développement) et économique (les opérateurs économiques, citant l’exemple le groupe MEDZ, appartiennent à la CDG, l’OCP).  Le dernier point axé sur l’identité et la culture, par la valorisation de caractères du territoire et la préservation de son identité territoriale. De même, la notion de l’ancrage de l’entreprise naît des interactions et des interdépendances fortes entre celle-ci et ces territoires d’implantation, parce que les entreprises sont naturellement au cœur de l’émergence économique des territoires où elles exercent leurs activités. Elles apportent en effet des capitaux, des technologies, du savoir-faire et de l’emploi, sont autant de conditions indispensables pour le développement de ces territoires. À cet effet, l’ancrage d’une entreprise dans un territoire est concrètement mis en œuvre à travers plusieurs volets, à savoir :  D’abord, la mise en place des dispositifs de dialogue et une stratégie de gouvernance territoriale entre les différents acteurs territoriaux qui constituent une communauté locale. Ce

Julien FRAYSSIGNES, « Les AOC dans le développement territorial : une analyse en termes d’ancrage appliquées aux cas français des filières fromagères », 470 pages. Thèse pour l’obtention de titre de docteur de l’institut national polytechnique de Toulouse, Mention Géographie, Soutenue le 12 décembre 2005. P. 96. 174 230

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dialogue entre ces différents acteurs territoriaux va améliorer l’image de marque du territoire et motive les entreprises à émerger.  Ensuite, le développement économique des territoires conditionne l’ancrage territorial. J. FRAYSSIGNES (2005), a présenté une lecture de l’ancrage territorial par des variables liées au développement territorial. Citant l’exemple, de l’existence d’une entreprise gigantesque bien structurée installée dans un territoire qui participe au développement économique par le moyen de la sous-traitante ou bien par des activités d’externalisation. De plus, l’existence des laboratoires de recherches et des universités qui participent au développement des savoirs et des compétences. Toutes ces variables peuvent influencer d’une façon positive l’ancrage territorial. Ainsi, le développement économique et le développement social des territoires jouent un rôle aussi important dans l’attractivité des activités et des entreprises. Cette incitation passe par le faite de préparer des programmes de l’employabilité locale chez les jeunes, d’encourager le tissu associatif local, mettre en place des programmes d’insertion sociale et professionnelle et enfin de s’intéresser au volet de mettre en place les infrastructures sociales.  Enfin, d’autres éléments à citer et qui paraissent importants dans l’ancrage d’une entreprise à un territoire, à savoir, l’existence d’un cadre réglementaire et un arsenal juridique qui peuvent présenter toutes les garanties aux entreprises souhaitant s’y installer, des actions de la lutte contre la corruption, le respect des droits de l’homme, et la prise en compte de l’environnement ; sont tous des éléments qui favorisent l’ancrage des entreprises. En outre, selon ZIMMERMANN (2005) l’ancrage des entreprises se présente sous deux formes, un ancrage traditionnel fondé sur la stabilité du paysage industriel avec des fortes spécialisations et l’autre, actuel caractérisé par la mondialisation de l’économie et de la technologie. Ces deux formes sont présentées comme suit :231  La forme traditionnelle : dans le passé la relation entre l’entreprise et le territoire était fondée sur la stabilité du paysage industriel avec des fortes spécialisations qui ont marqué la géographie d’un pays, et sur laquelle une identification entre territoire et activité ou le domaine industriel s’impose. Cette forme de l’ancrage permet de concevoir une histoire propre au territoire d’installation par laquelle une crise de l’industrie devient une crise du territoire et le déclin industriel se mue inéluctablement en drame social. De plus, elle

ZIMMERMANN J-B., « Entreprises et territoires : entre nomadisme et ancrage territorial » Revue de l’IRES, N° 47, 2005/1, numéro Spécial, « Restructuration, nouveaux enjeux » 2005. P. 23-24. 175 231

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s’implique aussi avec d’autres unités et groupes à promouvoir ou défendre un tissu territorialisé. 

La forme actuelle : dans ce contexte les territoires locaux sont jetés dans un jeu de

concurrence pour l’accueil des investissements productifs. À cet effet, les entreprises à leurs tours tendent à devenir de plus en plus nomades, et elles cherchent des territoires qui présentent une multitude d’avantages. Elles sont amenées à reconsidérer le bien-fondé de leur implantation en un site donné avec la prise en compte des cycles des produits et des technologies existantes sur place. Cela comprend des coûts des facteurs de production en un lien donné, mais aussi et surtout de s’installer dans des organisations industrielles territoriales qui bénéficient des effets de la proximité. Donc, cette nouvelle forme, d’ancrage territorial trouve ses fondements dans la conjonction entre les aspects de proximité organisationnelle, révélatrice de la dimension industrielle intra comme inter firmes et des aspects de proximité géographique, sur lesquels se fonde la dimension territoriale232. 3.2. La proximité facteur essentiel de l’ancrage territorial Après avoir défini l’ancrage territorial et présenté ses différentes formes, nous passons directement vers le facteur incitatif de l’ancrage territorial d’entreprise à savoir la proximité. En effet, la notion de la proximité est considérée comme un facteur essentiel de l’ancrage territorial, elles suscitent des interactions et une coopération entre les différentes unités situées dans une organisation territoriale. Ainsi, elle permet de fonder le territoire au tant qu’espace pertinent de l’activité industrielle et technologique. D’abord, la proximité géographique cherche à redéfinir le territoire comme un espace pertinent de l’activité industrielle et technologique et de s’assurer à une rencontre productive entre les acteurs co-localisés, en vue de résoudre les problèmes productifs inédits et de répondre au besoin de définition d’un nouveau produit. En effet, cette rencontre productive va développer un cadre favorable à la relation entre firme et le territoire, par laquelle, permet, d’une part, de contribuer à la construction des ressources spécifiques territorialisées, et, d’autre part, de favoriser le processus de la création des entreprises. Ensuite, une proximité organisationnelle qui concerne les interactions entre les acteurs partageant une proximité géographique, des acteurs participant à une activité finalisée et appartenant à un même espace de rapports. Citant l’exemple, de notre cas empirique le parc industriel Jorf Lasfar composé du groupe l’OCP et ses filiales (IMAFOS, PACKFOS), le parc 232

Idem,. P. 24. 176

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MEDZ filiale de CDG, la collectivité territoriale Moulay Abdellah, le port Jorf Lasfar et un réseau d’entrepreneurs dispersé sur la localité Jorf Lasfar. En conséquence, ces acteurs partageant un même domaine d’activité, celle de l’industrie lourde (industrie chimique et para chimique, industrie automobile, industrie sidérurgique). En général, l’ancrage territorial des activités industrielles et technologiques résulte de la conjonction entre les aspects de la proximité organisationnelle révélatrice de la dimension industrielle intra comme inter firmes et des aspects de la proximité géographique, sur lesquels se fonde la dimension territoriale. Dans ce sens, la problématique du nomadisme et de l’ancrage territorial est fondée sur une dialectique firme territoire d’après lequel, se construisent une interaction et une endogénéisation réciproque, qui va fonder ou non une dynamique commune de la firme et du territoire233. En effet, c’est le nomadisme des entreprises qui engendre une problématique de l’ancrage territorial. Cela permet de comprendre que l’ancrage territorial, actuellement, n’est plus le synonyme de rigidité et de fixation à un territoire, mais il est considéré plutôt comme un modèle de flexibilité dynamique qui renvoie à la fois à une dynamique d’innovation et à la double dynamique organisationnelle, de la firme et du territoire, dans l’idée d’un apprentissage collectif fondé sur la co-production de ressources. Ainsi, pour mieux expliquer l’effet de la proximité sur la logique de l’ancrage territorial, nous nous référons au schéma fondamental ci-dessous proposé dans les travaux du LEREPS « le modèle d’enracinement territorial d’un groupe (...) constitue fondamentalement un processus dynamique qui naît de la tension organisationnelle entre trois modes d’organisation (le groupe, le territoire, l’industrie) dont les finalités explicites et/ou implicites sont a priori différentes »234 (C. DUPUY et J-P GILLY, 1995). Ce schéma vise à montrer l’effet de la localisation de l’unité industrielle sur la dimension architecturale du territoire à travers ces trois éléments :

233

ZIMMERMAN J-B., « de la proximité dans les relations firmes-territoires : Nomadisme et ancrage territorial », sous dir, GILLY J-P., TORRE A., « Dynamiques de proximité », Édition l’Harmattan, 2000. P. 229-230. 234 DUPUY C., GILLY J-P., « Les stratégies territoriales des grandes groupes », dans A. RALLET et A. TORRE, « Économie industrielle et Économie spatiale », Édition Economica, 1995. 177

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Figure 19: La triple insertion de l’unité localisée Groupe

Industrie Unité

Territoire Source : J-B ZIMMERMAN., (2000, P. 234)

 Pour la firme (ou un groupe industriel) : Positionnement fonctionnel, relation de complémentarités technologiques et productives, transfert des connaissances et des savoirfaire et incitations à l’innovation sont tous des facteurs incitatifs encourageant la firme à se localiser.  Pour l’industrie : implication ou non dans une organisation industrielle et de marché à un niveau supra-local : régional, national et international. Ainsi, de bénéficier à la fois des économies d’externalité et d’agglomération aidant l’industrie à faire face à une concurrence internationale acharnée.  Pour le territoire : un passage d’une logique de la localisation à celle de l’ancrage, d’une part, et, d’autre part, de participer à la construction territoriale, considérée par la suite non plus comme un état mais comme un processus favorisant le dynamisme entrepreneurial. Au final, la double proximité organisationnelle et géographique permettant à l’unité localisée de se situer au carrefour de formes d’organisation de nature industrielle (groupe, Industrie), d’un côté et de formes d’organisation de nature territoriale de l’autre côté. De sorte que, leurs confrontations fondent un territoire considéré comme espace pertinent de l’activité industrielle et technologique et ouvrent la voie à l’ancrage territorial235. 3.3. Le processus de création d’entreprises et phénomène d’ancrage territorial Après avoir défini la notion de l’ancrage territorial et ces facteurs incitatifs, nous présentons, dans ce point, la similitude du phénomène de l’ancrage territorial au processus de création d’entreprises évoqué dans le premier chapitre de la première partie. Ainsi, le modèle de processus de création d’entreprises évoqué est celui de C. BRUYAT (1993) composé de trois grandes phases importantes. D’abord, la phase relative au déclenchement du processus et qui correspond à la rencontre des dynamiques internes comme le changement de situation et des dynamiques 235

ZIMMERMAN J-B., (2005), Op. Cit. P. 32-33. 178

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externes telles que la rencontre d’un partenaire ou une société riveraine. Donc, ces facteurs peuvent être considérés comme des éléments conditionnant l’émergence de l’idée de la création d’entreprises chez le créateur. Cette phase correspond dans le phénomène de l’ancrage territorial à la recherche par l’entreprise nomade d’un territoire local pertinent qui recèle des économies des ressources et une agglomération sur place développée, afin de s’y installer. Ensuite, la phase du processus qui est celui de l’engagement ou le passage à l’acte d’entreprendre, dans cette phase le porteur consacre le temps nécessaire plus les moyens financiers, intellectuels et affectifs pour concrétiser l’acte de créer son entreprise. En comparaison du phénomène de l’ancrage territorial, l’entreprise nomade après avoir mené un diagnostic du territoire, elle cherche à connaître les incitations notamment la proximité, pour s’installer et tisser de bonnes relations à la fois avec le territoire et avec les industries opérantes sur place. Enfin, une dernière phase du processus dont le créateur devient acteur de son activité et il cherche à assurer la survie et le développement de son projet. En effet, cette phase correspond, d’une part, au développement de l’entreprise installée, et, d’autre part, à l’aide apportée aux entrepreneurs locaux par le moyen du transfert de compétences et l’apprentissage collectif. Bref, ces logiques contribuent au développement territorial par l’interaction des stratégies globales (ancrage territorial) et des stratégies locales (les actions d’accompagnement des entrepreneurs locaux), en vue de favoriser la création d’emplois et l’innovation dans le territoire. Le schéma, ci-dessous, expose les points de ressemblance entre le processus de création d’entreprises et le phénomène d’ancrage territorial. Figure 20: Le processus de création d’entreprises selon C. BRUYAT et phénomène d’ancrage territorial. Émergence, Intention et déclenchement du processus

Engagement et passage à l’acte et puis Création d’entreprise.

Survie et développement de son activité.

Problématique de nomadisme et recherche d’un territoire pertinent

L’entreprise nomade se localise sur un territoire et tisse des relations avec les différents acteurs.

Développement de l’entreprise nomade et l’aide apporté aux entrepreneurs locaux.

Source : Préparé par nous-même.

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En effet, ce processus n’est plus considéré comme un cycle linéaire, d’après le schéma, ci-dessus, mais il est cyclique, caractérisé par la dépendance et l’interaction entre les différentes phases de processus. Ainsi, on ne peut parler de la survie et de développement de l’entreprise en général, que si les conditions de déclenchement et de recherche d’un territoire sont bien examinées et étudiées. De même, la création ou la localisation d’entreprises dans un territoire peuvent connaître l’échec, malgré le respect de ses phases, et ce pour les raisons suivantes : manque de la viabilité de l’activité, abandon du créateur, l’absence des réseaux locaux et manques de coopération et de coordination. En résumé, l’ancrage territorial se présente par deux points fondamentaux. D’abord, un point explorant l’idée que l’ancrage territorial peut être considéré comme un processus de création d’entreprises par la capacité d’une firme à se localiser sur un territoire local donné et de tisser donc des relations de coopération marchande ou non marchande entre les différents acteurs territoriaux. Ensuite, un point visant à montrer que l’ancrage territorial soutenu par le facteur proximité (géographique et organisationnelle), permet de construire le territoire par la valorisation de ces ressources spécifiques. Ainsi, d’assurer une dynamique industrielle par l’interaction et la coopération des industries partageant le même territoire. En un mot, nous pouvons conclure que le phénomène de l’ancrage territorial favorise le dynamisme entrepreneurial. Bref, nous mettons fin à cette section, qui vise à apporter une réponse claire à l’hypothèse, selon laquelle l’ingénierie territoriale est outil conditionnant le processus de création d’entreprises. En effet, l’ingénierie territoriale, via ces différentes approches, a contribué d’une manière ou d’une autre à favoriser le dynamisme entrepreneurial local. D’abord, par le développement d’un capital social territorial sous forme d’un réseau social constitué par des normes et des comportements partagés et marqué par des relations fortes, entre les différentes parties prenantes. Ensuite, les biens faits de l’encastrement d’un entrepreneur dans son territoire ; cet encastrement territorial lui procure des ressources, issues des relations professionnelles, amicales et conjugales, en vue de faciliter l’acte de création de son entreprise. Enfin, un phénomène de l’ancrage territorial participant à inciter les firmes nomades à s’y installer en vue de dynamiser le tissu entrepreneurial existant sur place. Cet outil d’ingénierie territorial nous a permis aussi d’approfondir notre analyse et ce par le recours à un concept important et intéressant, à savoir le milieu innovateur. Donc, la section suivante a pour but d’éclaircir la relation entre l’innovation et le milieu d’une part, et, d’autre part, de montrer en quoi le milieu innovateur permet-il de contribuer au dynamisme entrepreneurial et au développement territorial ? 180

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Section III : Le milieu innovateur outil de dynamisme entrepreneurial Dans cette section, nous cherchons à apporter une réponse à la dernière hypothèse définie dans notre travail de recherche, à savoir le milieu innovateur, via l’outil de l’innovation et de l’organisation en réseau, qui peuvent contribuer au dynamisme entrepreneurial. En effet, le milieu innovateur selon la théorie de développement régional de Phillip Aydalot est articulé sur trois logiques importantes ; une logique d’organisation en réseau, une logique d’apprentissage et une logique territoriale. Ces logiques conditionnent le fonctionnement du milieu et conduisent le territoire à innover et à se développer. De même, nous approfondissons notre analyse en mettant l’accent sur le milieu innovateur et l’organisation territoriale locale qui sont axés sur l’innovation et la coopération entre les acteurs locaux favorisant le dynamisme entrepreneurial. Donc, nous allons définir, d’abord, le lien entre le milieu et l’innovation(Paragraphe 1), puis, d’expliquer que le milieu innovateur peut contribuer au dynamisme entrepreneurial et au développement territorial (Paragraphe 2), et enfin, d’achever par l’exposition d’une interaction entre les concepts-clés, à savoir, milieu innovateur, proximité et l’entrepreneuriat, (Paragraphe 3).

Paragraphe 1 : L’innovation et le milieu Ce paragraphe s’intéresse à la notion de l’innovation et sa relation avec le territoire. Nous présentons, d’une manière brève une définition de l’innovation, une notion qui est riche et complexe comprenant des différentes significations. Puis, nous développons d’après les travaux de P. AYDALOT (1986) et de D. MAILLAT (1993), le lien entre l’innovation, organisation en réseau et le milieu. De même, ce paragraphe sera considéré comme une introduction à la théorie du milieu innovateur, une organisation territoriale locale axé sur l‘innovation et la coopération entre les acteurs locales favorisant le dynamisme entrepreneurial. 1.1. La notion de l’innovation Nous commençons notre analyse par un éclaircissement de la notion d’innovation selon une batterie des définitions (officielles, pratiques et théoriques) vu que le concept, vague et complexe pour l’assimiler. La notion d’innovation est considérée comme une notion polysémique, elle est liée à plusieurs domaines et sa signification n’est pas unique et indépendante, cela se voit, notamment par les définitions qui s’approprient. 181

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Donc, cette notion peut être vue comme un résultat, comme un processus ou comme aussi une démarche236:  L’innovation comme un « résultat » : Pour Schumpeter « l’innovation correspond au premier usage commercial d’un produit ou d’un procédé qui n’avait jamais été exploité auparavant » (Schumpeter, 1940, Cité dans Manager l’innovation par A. GROFF, 2009). À cet effet, nous constatons, d’après cette définition, que l’innovation est présentée comme l’action qui produit des résultats ou qui vise à d’atteindre des objectifs.  L’innovation comme « processus » : D’après d’autres spécialistes, l’innovation n’est rien d’autre qu’un processus. Rochet explique que, « .... des systèmes nationaux d’innovation à l’organisation des projets, l’innovation est le produit de conditions tant macro que microéconomiques » (cité dans Manager l’innovation par A. GROFF, 2009). Quant à Bonnaure, il constate que « l’innovation, c’est l’art de transformer des connaissances en richesses » (cité dans Manager, l’innovation par A. GROFF, 2009). Pour Alain Rondeau, « l’innovation est un processus d’émulation visant la reconfiguration du savoir existant » (cité dans Manager l’innovation par A. Groff ARNAUD, 2009). Enfin Boquet, Marquis et Myers partagent une approche qui rassemble l’ensemble des écrits : « l’innovation est issue d’un processus global de sous-processus inter-reliés : le processus support, de management et de conception » (cité dans Manager l’innovation par Groff Arnaud, 2009)237.En résumé, l’innovation est définie comme une action qui se base sur un processus qui est le processus d’innovation.  L’innovation comme démarche : d’après les partisans de cette approche, l’innovation correspond à une démarche, à une volonté stratégique, organisationnelle, entrepreneuriale ou gouvernementale suivant un processus innovant, et ce pour avoir des résultats et des réalisations si innovantes. Cette volonté est déployée dernièrement par des organismes, des instituts ou des individus qui dynamisent et stimulent les tendances en vue d’avoir des démarches et des stratégies favorables à l’innovation. En effet, ces différentes définitions théoriques montrent que le concept de l’innovation souffre d’une ambiguïté et qui n’apporte pas des éclaircissements et des significations précises. C’est pourquoi nous faisons appel aux définitions de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) pour mieux comprendre cette notion. D’abord, la GROFF A., « Manger l’innovation », Collection 100 Questions pour comprendre et agir, Édition Afnor, 2009. P. 9. 237 Idem, P. 10. 182 236

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première définition a défini l’innovation tout en expliquant deux sortes d’innovations à l’époque, ensuite, la deuxième développe davantage la notion en question, et la dernière définition exposée dans le manuel d’Oslo de l’OCDE liée à la notion cognitive. 1. « Les innovations technologiques de produits et de procédé (TPP) couvrent les produits et les procédés technologiquement nouveaux ainsi que les améliorations technologiques importantes de produits et de procédés qui ont été accomplies. Une innovation TPP a été accomplie dès lors qu’elle a été introduite sur le marché (innovation de produit) ou utilisée dans un procédé de production (innovation de procédé) »238 (OCDE 1996). 2. « On entend par innovation technologique de produit la mise au point/ commercialisation d’un produit plus performant dans le but de fournir au consommateur des services objectivement nouveaux ou améliorés. Par innovation technologique de procédé, on entend la mise au point/ adoption de méthodes de production ou de distributions nouvelles ou notablement améliorées. Elle peut faire intervenir des changements affectant-séparément ou simultanément- les matériels, les ressources humaines ou les méthodes de travail ».239 (OCDE, 1997). 3. « L‘innovation consiste à gérer le savoir de manière créative en réponse aux demandes formulées par le marché et à d’autres besoins sociaux »240 (OCDE, 1999). D’après ce qui précède, nous retenons que l’innovation est le fait d’introduire quelque chose de nouveau dans un ordre déjà existant, elle prend plusieurs formes, les produits, les procédés, les méthodes organisationnelles, le marketing, le design... Cette introduction permet d’atteindre un objectif, d’améliorer les processus pour plus de valeur ajoutée ou d’apporter une solution à un problème. Selon le manueld’Oslo de l’OCDE, (1999), les spécialistes du domaine distinguent et résument les formes de l’innovation à quatre types : l’innovation de produit, innovation de procédés, innovation organisationnelle et innovation marketing. De même, des théoriciens ont présenté une distinction cruciale entre l’innovation radicale ou majeure et l’innovation incrémentale ou mineure. D’abord, l’innovation radicale est l’innovation qui implique et qui devrait avoir une parfaite maîtrise de la technologie en question et aussi une connaissance et

238

Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), OECD proposed guidelines for collecting and interpreting technological innovation data, Oslo Manual, OCDE, Paris 1996. P.31. 239 OCDE, Manuel d’OSLO, 2 éme Édition, 1997. P. 9. 240 Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), Gérer les systémes nationaux d’innovation, Paris, 1999. P. 9. 183

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une information complète du marché visé, c’est l’innovation qui impacte plus profondément les habitudes, les usages et les routines. Ensuite, l’innovation mineure signifie une modification non importante et progressive, elle conduit à l’amélioration et à la transformation de la technologie maîtresse pour la rendre adéquate et compatible aux spécificités des marchés. À l’opposition du radical, ce type d’innovation ne provoque pas un changement brutal dans les conditions d’usages, mais une amélioration nettement sensible. En effet, le tableau, ci-dessous, présente les particularités et les caractéristiques de chaque type d’innovation. Tableau 21: La Distinction entre innovation incrémentale et innovation radicale241 L’innovation incrémentale

L’innovation radicale

-Exploitation technologique existante -Faible incertitude -Focalisation sur les coûts ou l’amélioration de certains aspects des produits ou processus actuels -Se construit sur les compétences existantes (competency enhancing) -Améliorer la compétitivité dans les marchés ou industries actuelles -Donne avantage concurrentiel limité et temporaire -Processus plus formel

-Explore de nouvelles technologies -Incertitude élevée -Focalisation sur des produits, services, processus sans précédent -Requiert savoir différent du savoir actuel (competency destoying) -Crée un changement dramatique qui transforme les marchés et les industries ou en crée de nouveaux -Donne un avantage concurrentiel très substantiel et de longue durée -Processus plus informel

Source : J. BARONET, (2007).

En résumé, nous avons explicité la notion de l’innovation, une notion complexe qui trouve sa richesse dans la diversité de sens et de forme, ensuite de faire une distinction entre deux formes d’innovations, radicale et incrémentale, qui permettent d’impacter les tendances et les dynamiques macro-économiques. En effet, le processus d’innovation est conditionné par la nécessité de mettre en place une diversité de savoirs et de compétences. De plus, d’assurer une collaboration et une complémentarité entre les différents acteurs existants sur place et portant les ingrédients nécessaires pour innover. Cela ne peut se concrétiser qu’à travers l’organisation d’acteurs dans un cadre de « réseau » et qui prendra par la suite une forme bien structurée, à savoir, un pôle de compétitivité ou un milieu innovateur.

241www.cirano.qc.ca/réalisation/.../Pres-JBaronet-cirano-24-05-07.PPT,

184

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1.2. Réseau, milieu et innovation D. Maillat (1993) a proposé une définition pertinente du réseau,242du fait que, cette notion trouve son intérêt dans l’interaction et l’interdépendance développée entre les différents acteurs, et ce pour tisser des relations et des liaisons en vue de créer des avantages et une synergie, donc, « un réseau est un ensemble formé de liens sélectionnés et explicites avec des partenaires préférentiels inscrits dans la perspective des relations de marché d’une entreprise et de sa recherche de ressources complémentaires ayant comme objectif principal la diminution d’incertitude ». En relation avec la notion de l’innovation définie ci-dessus, l’organisation de réseau permet à cette notion de trouver son explication et d’être stimuli par le milieu. À cet effet, elle constitue un outil favorable à l’innovation : - Elle favorise la réactivité par rapport aux turbulences de l’environnement nécessaire pour l’innovation. - Elle permet de sélectionner et de choisir les acteurs adéquats pour chaque étape du processus d’innovation ; la relation avec les centres de recherches et les universités. - L’interaction entre les acteurs permet de développer un savoir-faire et de favoriser l’inventivité et la créativité. Ensuite, J-C. PERRIN, (1990), a présenté une définition du réseau d’innovation243. Cette définition considère ce dernier comme « une forme d’organisation des relations entre les acteurs impliqués dans un processus d’innovation, qui par sa durée et son ouverture (pluralité des spécialisations, diversité des compétences) met en œuvre un apprentissage collectif dont l’effet synergétique contribue de façon déterminante à la créativité de l’ensemble ». Ensuite, PERRIN (1990), après sa définition du réseau d’innovation, il a abordé l’organisation du réseau d’innovation sous l’ongle d’une double perspective : d’un côté, une dimension fonctionnelle et, de l’autre côté, une dimension institutionnelle244.  l’aspect fonctionnel : Il énumère deux types de stratégies adoptée par le réseau vis-àvis à l’innovation. D’abord, une stratégie d’adaptation fondée sur la capacité de réseau à imiter des processus et des innovations réalisées dans d’autres sites, et ce pour l’adopter par les entreprises du réseau qui ne possèdent pas la capacité à les développer. Ensuite, une

242

MAILLAT D., QUEVIT M., SENN L., (1993), Op. Cit. P. 8. PERRIN J-C., « l’environnement des entreprises innovantes : réseaux et districts », Notes de recherche-centre d’économie régionale, N°115, Aix-En Provence, 1990. 244 Idem,. 185 243

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stratégie de création, dans cette stratégie, le réseau est sur la voie de développer des innovations de façon interne. Ici l’innovation, c’est le résultat des coopérations et d’interactions entre les acteurs du réseau.  L’aspect institutionnel : Il analyse l’organisation du réseau d’innovation par les liens et les relations existant entre les composants du réseau. Donc, il cherche à étudier la nature de la relation, la particularité, le mode de coordination et la notion tu pouvoir au sein du réseau. En général, deux formes de relations apparaissent. En premier lieu, une relation asymétrique exprimée par des relations hiérarchiques et par la dominance d’une entreprise sur une autre dans le réseau. En seconde lieu, une relation symétrique marquée par l’absence de la hiérarchie et basée sur la coopération et l’échange inter-acteurs, notamment, par l’échange des savoirs, des compétences et des ressources spécifiques. En effet, nous pouvons résumer tout ce qui a été développé sur l’organisation du réseau d’innovation par le schéma, ci-dessous, qui vise à montrer les stratégies innovatrices et l’organisation en réseau. À cet effet, lorsqu’il s’agit d’un réseau hiérarchique, nous sommes face à une stratégie d’innovation adaptative, d’une relation asymétrique entre les acteurs et des liens territoriaux peu importants, dans ce cas, il n’y a que d’imitation d’innovation et d’application de technologie. Nonobstant, dans un réseau fondé sur la coopération et l’échange inter-acteurs, et d’où l’importance d’une proximité géographique qui facilite l’interaction entre les acteurs. Le réseau d’innovation est ancré territorialement ainsi qu’il produit de l’innovation pour les entreprises. Le schéma synthétisant ces données est comme suit : Figure 21: Les stratégies innovatrices et l’organisation en réseau245 Réseau interactif Ancrage territorial

Création de technologie

Stratégie de réseau

Application de technologie

Réseau hiérarchique Ancrage territorial bas

AsymétrieCoopération Gouvernance du réseau Source : S. CONTI (1996). 245

CONTI S. (1996), Geografia Economica, Teoria e Metodi, UTET Liberia. 536 Pages. 186

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Après avoir développé le réseau d’innovation et ses stratégies d’innovations, nous passons au rôle des milieux dans les processus d’innovation et réseaux d’innovation, notamment, par les recherches du GREMI (Groupe de Recherche Européen sur les Milieux Innovateurs) qui seront abordés en détail dans le deuxième paragraphe relatif au milieu innovateur une plateforme propice à l’innovation. En effet, selon GREMI, il y’a une relation importante et considérable entre le milieu et le réseau d’innovation, par lequel, le milieu est considéré comme un acteur central qui contribue à la constitution des réseaux d’innovation et qui impacte leur dynamisme. À son tour, les réseaux d’innovation contribuent à l’accroissement des capacités créatrices du milieu, ainsi qu’ils assurent un dynamisme entrepreneurial local. À cet effet, nous montrons ce lien entre l’innovation et le milieu par le recours à l’hypothèse central de P. AYDALOT, développée ci-dessous. « L’entreprise innovante ne préexiste pas aux milieux locaux, elle est sécrétée par eux. Les comportements innovateurs dépendent essentiellement de variables définies au niveau local ou régional. En effet, le passé des territoires, leur organisation, leur capacité à générer un projet commun, le consensus qui les structure sont à la base de l’innovation. L’accès à la connaissance technologique, la présence de savoir-faire, la composition du marché du travail et bien d’autres composantes des milieux locaux déterminent des zones de plus ou moins grande innovatrice » (Ph. AYDALOT)246. À travers cette hypothèse, Ph. Aydalot a renouvelé la problématique du changement technique, par laquelle, il considère que les milieux sont les véritables incubateurs de l’innovation. Ainsi, l’innovation naît suite à un phénomène d’organisation des relations entre divers acteurs existant dans un milieu. Les interactions qui tissent entre les entreprises, clients et fournisseurs, centre de recherche et de formations permettent d’une part, de développer des compétences et des savoir-faire, et, d’autre part, de disposer des règles propices au développement des processus innovateurs. Donc, l’innovation est considérée comme un processus d’intégration d’éléments qui déterminent et favorisent la dynamique et la transformation du système techno-productif territorial.247 En conséquence, nous pouvons comprendre que le milieu n’est pas donné a priori, mais il est considéré comme le résultat d’un processus de coopération et d’articulation des stratégies des acteurs et des phénomènes d’apprentissages collectifs.

246

MAILLAT D., « Globalisation, systèmes territoriaux de production et milieu innovateur », sous dir, PAUL CARY et ANDRE JOYAL, « Penser les territoires En hommage à George Benko », Édition Presse de l’Université du Quebec, 2011. P. 46. 247 Idem,. P. 47. 187

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«... L’innovation est la création du milieu, pour répondre à un défi ou à un besoin local par l’utilisation de l’expérience locale » ... « elle est fruit de l’inventivité du milieu et répond aux besoins de développement local, c’est le moyen que se donne une société pour progresser. L’innovation repose sur des éléments de continuité avec l’expérience acquise » (Ph AYDALO)248. Bref, nous avons constaté, selon une revue de la littérature, que le concept de l’innovation est un concept complexe, multifonctionnel et multidimensionnel. Il peut être traité à la fois comme un résultat, comme un processus ou comme aussi une démarche, A. GROFF (2009). Afin que cette notion trouve son fondement et son intérêt, il est recommandable d’être associée à une organisation sous forme de réseau. Donc, l’association entre l’innovation et le réseau permet d’une part de générer des stratégies d’innovation, soit d’adaptation ou soit de création, et, d’autre part, de développer le réseau en question ou de créer de nouveau réseau. De même, le processus de l’innovation et le réseau d’innovation sont influencés par le milieu. D’après Ph AYDALOT, le milieu joue un rôle important dans le dynamisme des réseaux d’innovation. Dans le cadre de continuer notre analyse, le deuxième paragraphe vise aussi à poursuivre l’explication, et ce de montrer que le milieu innovateur est considéré comme une plateforme propice à l’innovation qui permet de favoriser le dynamisme entrepreneurial, notamment, par la proximité et la coopération entre les différents acteurs.

Paragraphe 2 : le milieu innovateur comme outil de dynamisme entrepreneurial. Dans ce paragraphe, nous nous intéressons à la notion du milieu innovateur, par lequel, nous expliquons à partir de ce phénomène que la question du dynamisme entrepreneurial trouve son origine et une explication. Nous commençons tout d’abord, par une présentation de la théorie du milieu innovateur ainsi que ces logiques, ensuite, d’apporter une précision sur l’apport du milieu innovateur au dynamisme entrepreneurial et au développement territorial, notamment, par l’émergence de nouvelles formes d’organisation, et à travers lesquelles prennent naissance des comportements innovants et la création d’entreprises.

248

Idem,. P. 47. 188

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2.1. Le milieu innovateur une plateforme propice à l’innovation Nous commençons notre analyse par la présentation de la théorie des milieux innovateurs, d’une part, par l’énumération des principales tendances circonstancielles qui ont favorisé l’élaboration et le développement de cette nouvelle théorie, et, d’autre part, par l’exposition des logiques composant le milieu innovateur. 2.1.1. La théorie du milieu innovateur : Circonstance d’évolution et de développement Les circonstances ont été considérées comme des principaux enjeux qui ont favorisé l’émergence de cette thèse. D’abord, le déclin des modes traditionnels de régulation économique est caractérisé par le déclin du modèle fordiste de production-consommation de masse d’une part et, d’autre part, la crise financière de l’État interventionniste, chose qui pousse plusieurs analystes à chercher la formule appropriée pour un nouveau mode de régulation socio-économique adapté aux enjeux actuels et aux nouvelles tendances d’avenir. Ensuite, la théorie de développement par le haut qui n’a pas contribué à réduire les inégalités territoriales entre les régions, c’est pour cela, le recours aux forces locales et au dynamisme de la base (individus, organisations, communautés) s’avère important en vue de créer les conditions de leur propre développement. Ainsi, ces deux facteurs expliqués et développés nous font sentir l’intérêt important du phénomène du milieu innovateur249. Figure 22: Circonstances favorables à la nouvelle théorie250 Le déclin des modes traditionnels de régulation économique Le paradigme du développement par le bas La montée de l’approche systémique

Émergence d’une

La perspective méso analytique

théorie des milieux

L’exemple des territoires à succès

innovateurs

Le phénomène PME L’enjeu local de l’emploi Source : M-U. PROULX, (1994, P. 65).

La théorie de milieu innovateur est née, au début des années 1980, suite à un ensemble des travaux effectués par le groupe de recherches européennes sur les milieux innovateurs, crée, en 1984, par Philippe Aydalot, professeur de l’université de Paris 1, afin d’étudier les 249

Idem,.P. 66. PROULX M-U., « Milieux innovateurs : concept et application », Revue internationale P.M.E. : Économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, Vol.7, N° 1, 1994. P. 65. 189 250

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relations entre l’innovation technique et le territoire. En effet, la démarche de recherche suivie par ce GREMI est fondée sur l’interaction entre le volet théorique et le volet terrain. Une méthodologie et un questionnaire sont élaborés en commun au cours de plusieurs réunions de travail et mis en pratique dans chaque région étudiée. Donc, des enquêtes de terrains, ont permis, en premier lieu, de regrouper les informations et d’imaginer des exemples et des contre-exemples, qui vont par la suite, développer et faire évoluer la notion du milieu innovateur. En effet, le programme de GREMI est débuté à partir des années 1985-1986 autour de Cinq programmes de recherches successifs, du GREMI I au GREMI V. D’abord, les GREMI I et GREMI II ont mis en évidence ce que les entreprises ont trouvé dans la région et hors région lors des processus d’innovation. De sorte que le GREMI I a étudié le rôle du milieu sur les trajectoires d’innovation des entreprises, tandis que, le GREMI II a s’intéressé à l’impact du processus d’innovation des entreprises sur les contextes locaux, notamment, le risque de dissolution des liens locaux des entreprises lors du processus d’innovation et les risques de destruction lui-même. Puis, le GREMI III a exploré les réseaux d’innovation et a montré le fonctionnement spatial, local et extra-local, de ces réseaux. Il s’agit ici de comprendre comment le milieu en tant qu’un système organisé et territorialisé a pu se transformer à un réseau d’innovation. Ensuite, le GREMI IV est centré sur la comparaison de trajectoire de régions actives dans des secteurs identiques. Il s’intéressa aux dynamiques longues de développement des milieux et à l’émergence de leurs lois d’évolution. Enfin, le GREMI V, le dernier a abordé la relation entre le milieu et la ville, où entre le processus de territorialisation du développement économique et les dynamiques urbaines251. Après avoir montré l’évolution des recherches sur les milieux innovateurs, par les GREMI, nous passons à l’hypothèse de base posée par Philipe Aydalot au début des années 1980, évoqués dans le paragraphe innovation et milieu. Cette hypothèse constitue le point de départ de la théorie de développement spatiale. «L’entreprise innovante ne préexiste pas aux milieux locaux, elle est sécrétée par eux. Les comportements innovateurs dépendent essentiellement de variables définies au niveau local ou régional. En effet, le passé des territoires, leur organisation, leur capacité à générer un projet commun, le consensus qui les structure sont à la base de l’innovation. TABARIES M., « Les apports du GREMI à l’analyse territoriale de l’innovation ou 20 ans de recherche sur les milieux innovateurs » Cahiers de la Maison des Sciences Économiques 2005. P. (Milieu innovateur : théorie et pratique) 190 251

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L’accès à la connaissance technologique, la présence de savoir-faire, la composition du marché du travail et bien d’autres composantes des milieux locaux déterminent des zones de plus ou moins grande innovatrice » (Ph. AYDALOT). En effet, la théorie des milieux innovateurs Ph. AYDALOT se propose de lier une analyse industrielle à une analyse spatiale de l’innovation. Elle étudie la relation qu’entretiennent les entreprises avec le milieu. Donc, le milieu innovateur n’est donc pas un espace où viennent se localiser des entreprises innovatrices, mais une formation socioéconomique territorialisée au sein de laquelle émergent de nouvelles formes d’organisation territoriale à base de collaboration à travers lesquelles s’enrichissent les apprentissages propices à la création technologique et à la création des entreprises innovatrices. Quant à, D. MAILLAT, M. QUEVIT et L. SENN (1993), le milieu innovateur est « un ensemble territorialisé ouvert sur l’extérieur qui intègre des savoir-faire, des règles et du capital relationnel. Il est attaché à un collectif d’acteur, ainsi qu’à des ressources humaines et matérielles. Les interactions, entre ces éléments, développent une logique d’apprentissage qui permet par la suite un déclenchement des processus d’innovation252. À cet effet, les milieux innovateurs sont considérés comme des organisations dynamiques ayant une dimension territoriale caractérisée par l’unité et la cohérence des acteurs et se traduisent par des comportements identifiables et spécifiques et une culture technique, entendue comme l’élaboration, la transmission et l’accumulation de pratiques, savoirs et savoir-faire, normes et valeurs liées à une activité économique. Ces différents éléments engendrent des attitudes et des comportements « codifiés » qui sont à la base de l’organisation et de la régulation du milieu253. Ainsi, le milieu innovateur ne peut se développer, qu’à travers l’existence de certains éléments et conditions importantes, à savoir, l’existence au niveau local d’une communauté d’acteurs (entreprises, centres de recherche et de formation, les administrations publiques, les compétences professionnelles, services à l’entrepreneuriat...) qui peuvent assurer par une logique de proximité territoriale des interactions entre eux et de se procurer d’une dynamique d’apprentissage collectif. De même, de réunir dans un même processus de production un réservoir

des

ressources

matérielles,

humaines,

financières,

technologiques

et

informationnelles alimentant le processus de création de valeurs et motivant l’ancrage territorial des entreprises. En conséquence, les entreprises préfèrent un territoire abritant à la fois des économies du territoire et l’existence des réseaux. 252 253

MAILLAT D., QUEVIT M., SENN L., (1993), Op. Cit. P. 9. CAMAGNI R., MAILLAT D., « Milieu innovateur - Théorie et politiques », Édition Economica, Paris, 2006. 191

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En somme, l’existence de tant de facteurs contribuent à favoriser un dynamisme entrepreneurial local, et favoriser par le phénomène du milieu innovateur d’assurer un développement territorial local. En effet, ces facteurs sont : un savoir-faire spécifique conduisant à une activité de production de haute qualité, un savoir-faire local engendrant facilement l’innovation et accroît la compétitivité du territoire, l’abondance du capital relationnel favorable à la création de réseaux locaux, nationaux et internationaux, le capital social territorial et l’encastrement territorial favorisant la création des entreprises et la stimulation d’autres soit par l’existence du lien social ou soit par les ressources issues du milieu familial et professionnel, et enfin l’existence de normes, règles et valeurs pour la promotion de comportements créatifs chez les acteurs économiques implantés dans le milieu254. 2.1.2. Les logiques du milieu innovateur Les milieux innovateurs s’organisent autour de trois axes importants, qui expliquent les transformations actuelles du territoire, ainsi que leur fonctionnement. Ces axes sont les suivants : le paradigme technologique, le paradigme organisationnel et le paradigme territorial. De même, le schéma, ci-dessous, explicite l’interaction du milieu innovateur et le contexte techno-productif255. Figure 23: Les paradigmes des milieux innovateurs

Source : O. CREVOISIER, (2000, P. 156)

UZUNIDIS D., « Milieu Innovateur, Relation de proximité et entrepreneuriat. Analyse d’une Alchimie Féconde », Revue Canadienne des sciences régionales, Vol 33, Num Spécial, 2010. P. 95. 255 CERVOISIER O., « L'approche par les milieux innovateurs : état des lieux et perspectives », Revue d’Économie Régionale & Urbaine, N°1/2001, février. P. 155-156. 192 254

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Le Paradigme technologique : Ce paradigme met l’accent sur le rôle de la technologie dans la transformation du système économique. À cet effet, l’innovation se crée à travers l’articulation des ressources de la firme avec celle du milieu, c’est-à-dire, la relation d’une entreprise avec son marché et la capacité d’une entreprise d’établir des relations avec d’autres entreprises du milieu. Cette articulation permet à la fois d’acquérir des savoir-faire et de développer des nouvelles techniques qui vont participer à l’augmentation de la production et de tresser des relations avec d’autres acteurs du milieu. Ainsi, l’innovation peut être considérée comme un processus de différenciation face à la concurrence. Les entreprises rivales cherchent par le moyen de l’innovation à mettre en place des nouveaux produits et des nouvelles techniques, et ce pour développer un processus d’apprentissage local, de constituer de nouveaux savoir-faire et de développer une culture technique du milieu face à un environnement incertain. Le paradigme organisationnel : Ce paradigme rend compte des facteurs qui facilitent ou empêchent la relation entre acteurs. Une entreprise et en particulière une PME n’est plus considérée comme un simple élément localisé dans un système de production, mais plutôt, comme une entité insérée, qui établit des relations de coopération et de concurrence avec d’autres entreprises de son environnement. De même, elle est envisagée comme une entité ancrée qui permet de mobiliser des ressources spécifiques et de participer aux réseaux locaux d’innovation et de soutien au système de production régionale. Au-delà des capacités de coordination, le fonctionnement du milieu engendre, au cours du temps, des interdépendances non marchandes ou un collectif qui résulte de l’instauration progressive d’une division du travail et de modalités de coopération. En effet, la coopération permet de former un capital relationnel dans le sens où les acteurs identifient des ressources particulières et connaissent les modalités y donnant accès. De plus, la notion des ressources, des valeurs telles que familiales, professionnelles ou entrepreneuriales, peuvent mener les acteurs à innover. Au sein d’une organisation territoriale, les relations entre entreprises se divisent. D’un côté des relations traditionnelles de marché et, de l’autre côté, des relations «hors marché» qui jouent un rôle déterminant dans l’apprentissage. Donc, nous intéressons de plus aux relations hors marché qui regroupent toutes les formes d’interdépendances créatrices de synergie. À titre d’exemple, le phénomène d’incubation à travers l’expérience professionnelle, les savoir193

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faire contenus dans la culture technique offerte par les universités et les laboratoires de recherche. Cela présente l’importance pour les acteurs de se regrouper dans des réseaux locaux d’innovation en vue de mobiliser et de consolider ses savoir-faire et les pratiques techniques. Par conséquent, l’émergence d’une organisation en réseau pousse les firmes à recourir à d’autres compétences des acteurs du milieu et de modifier le statut de l’innovation dans un contexte marqué par la continuité de l’innovation256. Paradigme Territorial : Ce paradigme explicite que le territoire en tant qu’organisation engendre des ressources (savoir-faire, compétences et capital) et des acteurs (entrepris, innovateurs, institutions de support) nécessaires à l’innovation. Certains territoires disposent des ressources spécifiques telles que les savoir-faire. Cette ressource n’est pas un résidu de l’histoire, elle est générée par une activité économique et par des différentes institutions de formation et de recherche. En général, les capacités locales de développement, comme l’entrepreneuriat ou la bonne articulation entre le système de production et les institutions de soutien, sont abordées comme des construits locaux, basés sur des conventions locales particulières, qui permettent au milieu de se constituer en vue de répondre à la transformation des marchés et des techniques257. En effet, le territoire est entendu comme une organisation locale de production et de régénération des ressources spécifiques locales, grâce à une proximité qui mobilise des logiques de coopération, de concurrence, ainsi qu’une approche du capital social et relationnel développé entre les différents acteurs du milieu. La concurrence des territoires se fait par l’innovation sur la base de ressources spécifiques258. Bref, l’approche des milieux innovateurs englobe simultanément ces trois paradigmes présentés, ci-dessus. Elle dévoile qu’un milieu ne demeure innovateur que par le jeu d’articulations entre le milieu qui recèle les ressources (savoir-faire, capital relationnel) et les réseaux d’innovation qui en sont la mobilisation et l’articulation à travers un processus d’innovation. Ainsi, un milieu est innovateur, s’il recueillit et intègre des informations importantes qui lui permettent de mettre en œuvre de nouvelles formes de produits ou d’organisations de la production. L’innovation passe par la maîtrise des relations entre le milieu et son environnement. MATTEACCIOLI A., « Philippe Aydalot pionnier de l’économie territoriale », Édition, l’Harmattan, Paris, 2004. P. 239-230. 257 CERVOISIER O., (2001), Op.Cit. P. 157. 258 MATTEACCIOLI A., (2004), Op.Cit. P. 239-240. 194 256

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2.2. L’apport du milieu innovateur au dynamisme entrepreneurial Le milieu innovateur, selon D. UZUNIDIS (2010) est comme un nœud de relations économiques, financières, cognitives et institutionnelles qui est régi par des règles et des normes du cadre légal d’accumulation ; lui-même inséré dans un espace internationalement ouvert. Le milieu est un collectif de réduction du degré d’incertitude et des risques qui s’associent. Il permet d’articuler apprentissage, savoir-faire et culture industrielle. D’où l’importance de son mode d’organisation259. La figure, ci-dessous, explique les interactions développées au sein du milieu innovateur et avec l’environnement externe. Figure 24: Les interactions développées au sein et avec le milieu innovateur

---------

Flux de Connaissance et d’information Flux financiers, relations contractuelles et effet externes Territoire-Mode d’organisation

Source : Dimitri Uzunidis, (2010. P. 98)

Après avoir présenté le milieu innovateur en tant qu’un ensemble territorialisé qui associera d’une part, une logique d’interaction, liée à la capacité des acteurs à coopérer et à accumuler du capital relationnel, en vue d’élargir et d’enrichir le milieu et, d’autre part, une

259

UZUNIDIS D., (2001), Op.Cit. P. 97. 195

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logique d’apprentissage renvoie à la capacité des acteurs à s’adapter aux changements et à utiliser des références afin de consolider les capacités de création collective. Nous s’exposons les comportements spécifiques liés à un milieu innovateur et leur apport au dynamisme entrepreneurial. En effet, un milieu innovateur composé par un collectif d’acteurs et organisé par des paradigmes expliqués, ci-dessus, conditionnent le fonctionnement du milieu. Il permet de développer des interdépendances fonctionnelles entre les acteurs appartenant à un territoire et de favoriser un processus d’apprentissage collectif par l’échange d’informations et la réduction de l’incertitude. À cet effet, on peut regrouper ces comportements spécifiques accroissant l’innovation du milieu et au développement des entreprises en trois points, présentés comme suit260 : D’abord, l’échange d’informations s’effectuant dans des réseaux plus ou moins formels et qui visent à répondre aux besoins de développement des entreprises. En effet, les informations échangées sont de deux types, d’une part, les informations de marches ; sont les informations commerciales entre acheteurs et offreurs, les informations financières circulantes par les institutions financières, les banques et les établissements de crédit, et, enfin, les informations technologiques sous forme des licences, brevet ou développement des applications informatiques entre les start-up et les utilisateurs. D’autre part, pour les informations hors marchés, il y’a le développement d’idées nouvelles (des idées liées à l’utilisation des TIC, et de la technologie) par l’identification des nouvelles opportunités reconnues par le réseau en vue de l’exploiter. De même, un milieu dispose d’un autre avantage autre que l’échange de l’information. C’est sa capacité à évaluer l’information par un moindre de coûts. Cet avantage est dû à la confiance développée entre les interlocuteurs et à la possibilité de vérifier l’information auprès de plusieurs sources. Non seulement, ces deux avantages, le milieu permet, ainsi le développement de diverses normes ou règles visant à maintenir la stabilité du système et à faciliter le développement d’une cohérence socio-économique dans la répartition des tâches entre les acteurs constituant ce système. Ensuite, le deuxième comportement spécifique réside dans la concertation relativement systématique, formelle ou informelle, entre les différentes firmes et des divers experts liés aux activités des entreprises, à savoir : les cabinets de conseil en matière de 260

JULIEN, P-A., (1996), Op.Cit. P. 158-160. 196

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fiscalité, les cabinets d’ingénierie en ressources humaines, les sociétés opérant dans la logistique et l’équipement et les experts dans l’accroissement de production par le moyen d’introduire des nouvelles méthodes et outils de travail. En effet, cette concertation a pour objectif d’échanger le maximum d’informations quels que sa nature, technique, commerciale, financière et concurrentielle pour réduire l’incertitude et de mettre en place un partenariat horizontal et vertical facilitant les transactions dans et hors marché. De même, elle permet de tirer un bénéfice des économies d’agglomération pour instaurer un espace de transaction dont les principes la minimisation des coûts et l’aménagement de l’environnement de petites entreprises qui ne possèdent pas la capacité des grandes entreprises pour mener des projets de développement et contrôler son environnement externe. Puis, le développement d’une culture technique axée à la fois sur l’innovation et la technologie, par lesquelles, permet aux différents acteurs de se développer. En effet, le milieu innovateur par ces paradigmes facilite, au sein du milieu entre les entreprises, le partage du savoir et du savoir-faire, notamment, par l’échange des nouveaux outils technologiques entre les concepteurs et les utilisateurs et ce pour accroître la productivité et encourager les salariés à créer leurs entreprises. De même, elle permet le renouvellement des pratiques techniques ou des métiers, la diffusion de l’innovation entre les entreprises et la mise en place de nouvelles formes d’organisation interne et externe. Enfin, le dernier comportement spécifique est le fait que les milieux innovateurs créent un processus d’apprentissage et d’innovation collective stimulent le changement interne et externe. Ce processus collectif est nécessaire pour l’innovation soutenue. Ainsi, l’innovation découle de la stimulation de l’environnement, notamment de la clientèle, des fournisseurs et équipementiers et des centres de recherche associés. Dans ce sens, la culture territoriale d’un milieu innovateur apparaît comme un système structurant de processus décisionnels concernant la communauté territoriale. D’après M-U PROULX (1994), la composante organisationnelle de la culture sur un territoire local ou régional est associée à la capacité endogène des individus de prendre en main collectivement leur devenir communautaire et l’organisation du milieu. De même, M-U PROULX (1994)

197

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énumère quelques facteurs organisationnels qui se retrouvent dans la culture territoriale d’un milieu. Ces facteurs sont présentés comme suit261 : 

La tradition à la coopération à l’entraide et au partenariat;



La capacité collective de consensus communautaire ;



L’interdépendance et la confrontation institutionnelles ;



Le corporatisme et alliances professionnelles ;



La participation populaire aux processus décisionnels communautaires ;



La transitivité de l’information utile aux décideurs ;



La capacité d’apprentissage collectif. Donc, l’observation de ces facteurs permet de conclure que la culture construite dans

un milieu innovateur favorise aux acteurs de s’exprimer et de travailler d’une façon communautaire. En conséquence, cette coopération a permis, d’un côté, d’assurer un dynamisme entrepreneurial par l’apprentissage et l’innovation et, de l’autre côté, de proposer une vision du développement territorial. Ainsi, nous expliquons maintenant la relation entre le milieu innovateur et l’entrepreneuriat à partir des notions de proximité, d’innovation, de confiance et de coopération. En effet, la proximité, sous ces différents types, (géographique, organisationnelle et cognitive) peut générer une dynamique et une interaction entre les différents acteurs du milieu, chose qui encourage la création d’entreprises. Tout d’abord, la notion de proximité présentée précédemment est liée à l’existence d’interactions de nature géographique et organisationnelle entre les acteurs et entre les objets techniques dans un milieu (J.B GILLY et A.TORRE 2000). À cet effet, ces interactions peuvent prendre différentes formes : formelles ou informelles et marchandes ou non marchandes, ainsi qu’elles concernent les relations agents-agents (adoption et diffusion des innovations par exemple), agents-innovations (activités collectives d’innovation) et innovations-innovations (complémentarités technologiques)262. Donc, pour expliciter le rôle de la proximité dans le milieu innovateur. Nous faisons appel à l’approche tridimensionnelle de la proximité composée d’une interaction et d’une combinaison des différentes dimensions. Selon cette approche la proximité géographique

261

PROULX M-U., (1994), Op.Cit. P. 73. UZUNIDIS D., (2001), Op.Cit. P. 94.

262

198

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relative à l’espace et à la localisation des entreprises est couplée à la capacité organisationnelle et cognitive des entreprises. En effet, un système de production local de type milieu innovateur est caractérisé par une proximité géographique entre les unités de production (les entreprises, les fournisseurs de services, les centres de recherche, les établissements de recherche) et les acteurs publics (l’Etat, les collectivités territoriales). À cet effet, les relations entre ces unités sont d’une intensité variable et peuvent prendre des formes très diverses, soit une relation de production entre les entreprises (une sous-traitante ou un essaimage) ou soit une alliance entre une entreprise et un centre de recherche, dans le dessein de développer un savoir-faire ou de stimuler l’innovation, c’est-à-dire un nouveau produit ou une nouvelle méthode de coordination. De ce fait, le milieu innovateur est défini par sa capacité à produire d’interactions entre les entreprises et les institutions, ainsi que par le résultat des synergies mutuelles entre les différents acteurs locaux (publics ou privés) participant au développement économique et industriel. Cette interaction et synergie entre les différentes composantes du milieu sont basées sur l’articulation des trois dimensions de la proximité. En premier lieu, la proximité spatiale caractérisée par la réduction des distances séparant physiquement les acteurs économiques. Donc, elle est considérée comme une condition permissive au développement de relations de reconnaissance et d’inter-reconnaissance entre ceux-ci. En deuxième lieu, la proximité organisationnelle définie par l’appartenance à une même organisation comportant : les entreprises, les laboratoires de R&D, les universités et les administrations. Elles appartiennent à un même réseau (intra-organisationnel et/ou inter-organisationnel) ou plus largement à une même «communauté de destin». Enfin, la proximité cognitive renvoie à l’adhésion de différents acteurs à une même conception de l’innovation, au même paradigme technologique, aux mêmes routines, aux mêmes heuristiques, aux mêmes croyances, aux mêmes codes internes, aux mêmes langages et/ou aux mêmes procédures d’apprentissage, de délibération, de prise de décision de gouvernance. Elle se situe donc au sein même des organisations, des réseaux et des communautés263. En effet, sans proximité organisationnelle et cognitive, la proximité spatiale a tendance à rester inactive. Parfois deux acteurs sont voisins et proches géographiquement, mais DEPRET M-H., HAMDOUCH A., « Proximités spatiale, organisationnelle et cognitive, réseau d’innovation et dynamique concurrentielle dans l’industrie pharmaceutique », acte de communication au Quatrième journées de la proximité « Proximité, réseaux et coordination », Marseille, 17-18, 2004. 199 263

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n’appartenant pas à la même organisation ou au même réseau et ne se comprenant pas, ou, plus fréquemment à l’image de voisins d’un même quartier qui s’ignorent264. Ensuite, sans proximité géographique et cognitive, la proximité organisationnelle ne peut répondre aux attentes de milieu innovateur. Citant l’exemple, deux employés d’une même entreprise ou deux entreprises existant dans un milieu innovateur n’ayant aucun contact interpersonnel (formel ou informel) en raison à la fois de la distance et d’un manque de valeurs, de règles ou de langages communs. Enfin, la proximité cognitive sans une proximité géographique et organisationnelle n’est généralement pas suffisante. Notamment, le cas de deux acteurs qui sont proches cognitivement et partagent les mêmes concepts, les mêmes idées et les mêmes normes, mais sont éloignés à la fois géographiquement et au plan organisationnel. À cet effet ne peuvent répondre aux questions d’innovations et de technologies. Pour synthétiser le tableau, cidessous, résument, les différentes dimensions de la proximité : Tableau 22: Les trois types de proximité d’après Dimitri UZUNIDIS Proximité Spatial

Paramètres Distance /vitesse

Domaine d’action et enjeu Déplacement : flux et temps

Organisationnelle (intra et Hiérarchie/ marché

Coordination

inter)

Intra-firme/inter-firme

Stratégie, actions, routines,

Verticale/ horizontale

normes

Commandement/contrat Cognitive

Code/ contenu

Communication

Contexte/compréhension

Concepts,

(Conscience+ interprétation)

connaissance.

normes,

idées,

Source : Dimitri UZUNIDIS, (2010, P. 95)

En effet, les relations de proximité contribuent à la coordination du processus d’innovation. Celui-ci est à la fois flexible et évolutif, et il impose à l’entreprise ou à l’entrepreneur le besoin pressant de disposer des différents types de moyens technologiques et intellectuels, d’acquérir et de combiner constamment les ressources matérielles et immatérielles.

264

DEPRET M-H., HAMDOUCH A., « Les clusters et les réseaux comme fondements de la dynamique d’innovation dans l’industrie biopharmaceutique. », Document de travail n° 2010-11, Bureau d’économie théorique et appliquée, université Henri Poincaré, Avril 2010. P. 12. 200

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En outre, selon D. UZUNIDIS (2010), il existe une interaction entre les différents types de proximité et les logiques du milieu innovateur. D’abord, l’interaction entre la proximité organisationnelle et logique de coopération partenariale entre acteurs et constitutions de réseaux orientés vers l’innovation. Ensuite, une interaction entre la proximité cognitive et l’existence d’une logique de création d’apprentissage et d’acquisition de savoirfaire orientée vers l’innovation technologique. Enfin, l’interférence entre la proximité géographique et la capacité à créer un avantage comparatif et connexion avec des réseaux externes en vue d’accroître la compétitivité et l’attractivité du milieu. Donc, cette interaction permet au milieu innovateur de développer le processus d’apprentissage collectif, de favoriser l’innovation et le processus de création d’entreprises. Pour conclure, la relation entre la proximité et le milieu innovateur favorise le dynamisme entrepreneurial, et ce, par la capacité à générer des entrepreneurs locaux. La figure ci-dessous synthétise cette interaction. Figure 25: Le milieu innovateur, proximité et entrepreneuriat Le Milieu Innovateur :

Les proximités: L’articulation

La proximité géographique

Le paradigme organisationnel

La proximité organisationnelle La proximité cognitive

Le paradigme territorial

P er m et

Le paradigme technologique

Une économie locale

Une relation de coopération et de confiance Une réduction d’incertitude et du risque Un processus d’apprentissage collectif Une politique d’innovation territoriale

Dynamisme entrepreneurial : (la création d’entreprises, développement d’entreprise par le moteur d’innovation et de mettre en œuvre par l’entrepreneur des stratégies proactives ou réactives pour détecter les opportunités d’affaires.

Source : Réalisée par nous-même.

201

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Ensuite, d’après les travaux de Dimitri Uzunidis (2010), c’est qu’à travers l’articulation entre les dimensions de la proximité et les paradigmes du milieu innovateur en tant qu’une organisation économique et sociale que le phénomène entrepreneurial peut émerger et connaître un succès. En effet, la capacité à entreprendre est conditionnée par la qualité du milieu innovateur et par ses interactions. En particulier les politiques publiques dictées par les acteurs locaux notamment en matière d’incitation fiscale,

stimulation

d’innovation et aide à la création d’entreprise, incitent l’entrepreneur à créer son entreprise, d’assurer sa survie et de se procurer des ressources financières nécessaires. De même, la nature de système financier et le niveau du développement du capital risque peuvent influencer à la fois la capacité d’un individu à devenir un entrepreneur et la capacité d’une entreprise à se développer265. Ainsi, le degré de concentration du marché, notamment, par la présence de grandes entreprises (le cas de l’OCP dans notre cas) joue un rôle considérable dans la création de petites entreprises par la politique de sous-traitance. Encore, la possibilité à participer au développement des connaissances et des technologies (les grandes entreprises consacrent un budget spécialement au R&D) qui impactent à la fois les connaissances acquises et assemblées par l’entrepreneur et le niveau technologique de son activité. En conclusion, nous sommes convaincus que les deux concepts, l’innovation et le milieu, possèdent un lien étroit et une relation de causalité. Cela s’explique, d’une part, par l’influence du milieu dans le dynamisme des processus d’innovation et les réseaux d’innovation, et, d’autre part, par l’impact et l’effet du réseau sur le milieu. Ensuite, le milieu innovateur en tant qu’une formation socio-territoriale fondée sur des logiques et des stratégies a contribué au dynamisme entrepreneurial, et ce, d’un côté par les interactions développées entre les différents acteurs et de l’autre côté, par le conditionnement d’une plate-forme d’innovation appropriée au soutien des entrepreneurs et des entreprises : aider à la création d’entreprises et développer des stratégies réactive ou proactive pour la détection des nouvelles opportunités d’affaires.

265

UZUNIDIS D., (2001), Op.Cit. P. 100. 202

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Conclusion Ce qui est bénéfique pour la réussite du phénomène entrepreneurial, c’est par un espace aménagé, créé par des relations de proximité ; c’est-à-dire, l’existence d’une infrastructure de transport de qualité, d’une plate-forme de communication et de télécommunication, des relations contractuelles, informationnelles, cognitives, de confiance et de coopération, un réseau dense d’entreprises et un dispositif d’aide fiscale et financière. Tous ces éléments peuvent enrichir le potentiel de ressources de l’entrepreneur et créent des liens de confiance et de réciprocité. Cela est réalisé, notamment, par un milieu entrepreneurial bien structuré qui minimise le risque de défaillance des entreprises, réduit le risque d’incertitude et offre l’information pertinente pour l’exploiter. Puis, une ingénierie territoriale axée sur : un capital social territorial, un encastrement territorial et un ancrage territorial, qui conditionne le processus de création d’entreprises. Enfin, une organisation du milieu innovateur considérée comme une plate-forme d’innovation qui permet de faciliter l’accès aux ressources spécifiques, de favoriser l’apprentissage entre acteurs et de produire un savoir-faire, tout cela est dû à l’existence d’une logique de proximité et de coopération entre les acteurs. En effet, ces avantages et ces stratégies, cités, permettent aux entrepreneurs de mettre en œuvre des stratégies proactives (développé dans le cadre conceptuel de l’entrepreneuriat), visant la création et le développement des affaires, de détecter de nouvelles opportunités de profit et de participer au développement territorial. Les trois sections que nous avons étudiées durant ce chapitre constituent nos hypothèses de recherche qui vont être vérifiées par des outils statistiques dans le chapitre empirique.

203

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Chapitre IV : Le complexe industriel Jorf Lasfar : Milieu et dynamisme entrepreneurial

204

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« Si tu veux connaître, apprends à agir ». Von FOERSTER.

Introduction Dans ce chapitre, l’objectif est d’exposer, d’abord, la réalité entrepreneuriale et territoriale dans la province d’El-Jadida, ensuite, d’assoir un cadre épistémologique et méthodologique qui nous facilite la compréhension et l’accès à notre terrain de recherche, et enfin, de présenter les résultats empiriques de notre recherche.. À cet effet, il est constitué de trois sections. La première section vise à présenter le contexte de l’entrepreneuriat et du développement territorial au Maroc. Cette section est subdivisée en trois paragraphes. Le premier paragraphe explicite l’entrepreneuriat au Maroc, notamment les constats caractérisant l’entrepreneuriat, les différents types de l’entrepreneuriat marocain. Ainsi, nous définissons l’environnement entrepreneurial marocain qui est considéré comme un environnement attractif et favorable au dynamisme entrepreneurial. Le deuxième paragraphe aura pour objectif, d’une part, la présentation de l’économie territoriale de la province d’El-Jadida, et, d’autre part, d’expliquer que le territoire en question est porteur d’externalités et d’opportunités d’affaires pour les entreprises. Le dernier paragraphe met en lumière le complexe industriel Jorf Lasfar, d’un côté, par la présentation du milieu, et, de l’autre côté, par l’identification des principaux opérateurs économiques. En effet, notre étude empirique s’est déroulée au sein du complexe industriel Jorf Lasfar. La seconde section est réservée au cadre épistémologique et méthodologique de recherche. En effet, deux paragraphes ont été développés dans cette section. Le premier paragraphe cherche à définir l’épistémologie de recherche et notre positionnement épistémologique, ainsi que d’exposer les hypothèses de recherches. Le deuxième paragraphe a pour objectif de mettre en place le cadre méthodologique axé à la fois sur une approche qualitative et une approche quantitative. Cette méthode de recherche mixte nous a facilités de mieux appréhender et d’accéder à notre terrain de recherche. La troisième section sera dédiée au traitement des données de notre échantillon et à l’analyse et l’interprétation des résultats. Dans un premier temps, nous proposons une présentation de l’échantillon, à travers trois types d’analyses : une analyse descriptive, une analyse univariée et une analyse croisée dynamique à double entrée. Ensuite, nous procédons par une analyse et une interprétation des données en faisant appel aux test des hypothèses, d’où le recours au test de Fisher et le test de Khi 2. 205

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Section I : Le contexte de l’entrepreneuriat et du milieu territorial au niveau de la province d’El-Jadida Actuellement, les pays en voie de développement, dont le Maroc, considèrent l’entrepreneuriat, comme un moteur de croissance et du progrès économique et social. L’ensemble des acteurs quelqu’ils soient étatiques ou privés sont conscients de l’importance de la création d’entreprises, notamment les PME et les TPE ainsi que leur participation au développement économique et social du pays. Ensuite, cette section sera dédiée au développement territorial à la province d’El-Jadida, notamment par une présentation de l’identité territoriale de la province ainsi que les potentialités spécifiques de la province qui permettent d’assurer un dynamisme entrepreneurial et le développement territorial. Enfin, en vue d’examiner le lien théorique existant entre le territoire et le phénomène de l’entrepreneuriat, nous nous intéresserons au milieu complexe industriel Jorf Lasfar comme une étude de cas. À cet effet, nous allons présenter ce milieu et d’expliciter les logiques existantes, à savoir une logique d’interaction et une logique d’apprentissage permettant d’assurer le dynamisme entrepreneurial. Dans cette section, nous allons définir d’abord, le tissu entrepreneurial marocain (Paragraphe 1), puis nous s’intéresseronsau développement territorial à la province d’ElJadida (Paragraphe 2) et, enfin, nous concluons par un aperçu et une présentation du milieu complexe industriel Jorf Lasfar (Paragraphe 3).

Paragraphe 1 : L’entrepreneuriat au Maroc : une réalité complexe Le Maroc est-il un pays entrepreneurial ou non ? Cette interrogation nous amène à analyser la réalité de l’entrepreneuriat au Maroc, à travers une présentation de l’entrepreneuriat marocain et de son environnement qui proposent des facteurs clés permettant le développement de ce phénomène. En effet, le phénomène entrepreneurial vise en premier lieu d’accompagner les mutations et les crises économiques par la capacité à présenter des alternatives aux chômeurs, surtout les jeunes diplômés. En deuxième lieu, il permet de soutenir le développement et de participer à la création et la valorisation des richesses.

206

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1.1. Le tissu entrepreneurial marocain L’activité économique et entrepreneuriale au Maroc se caractérise par la prédominance des PME et PMI qui représente 95% du tissu économique, selon les statistiques de la confédération de la PME266. Ainsi, deux types d’entrepreneuriat se manifestent au Maroc, d’une part, l’entrepreneuriat formel d’opportunité, et, d’autre part, l’entrepreneuriat informel appelé aussi l’entrepreneuriat forcé ou de nécessité. De même, le Maroc a mis en place des réformes en vue d’assurer un dynamisme entrepreneurial. Il s’agit des institutions et des programmes visant à soutenir et promouvoir l’entrepreneuriat, tel que le programme des jeunes promoteurs et le programme Mokawalati (voir Annexe 6). D’après D. FERHANE (2009), pour parler de l’entrepreneuriat au Maroc, il est indispensable d’évoquer certains éléments de base du contexte entrepreneurial marocain. Ces éléments sont présentés sous forme de quatre constats expliquant l’entrepreneuriat au Maroc267 : Constat 1 :le Maroc apparaît comme étant un pays attractif pour la création d’entreprises. Cela s’explique notamment par l’ensemble des politiques et des incitations instaurées favorisant la création d’entreprises. Selon une étude réalisée par le centre des jeunes dirigeants et le programme d’appui aux associations professionnelles en 2008/2009, il a été constaté que le Maroc a enregistré une augmentation de 20% du nombre d’entreprises créées entre 2003 et 2007. Le nombre de création en 2007 a atteint 57 091 entreprises 268. De même, selon le rapport Global Entrepreneurship Monitor le phénomène entrepreneurial au Maroc a connu une amélioration remarquable selon deux critères ; D’abord, 1 200 000 personnes sont engagées dans les deux premières phases du processus entrepreneurial, ensuite, l’entrepreneuriat jeune a connu une évolution favorable passant de 3,1% en 2015 à 4,3% en 2016 tandis que l’entrepreneuriat naissant a gardé la même proportion de 1,3%269. Constat 2 :selon D. FERHANE (2009), l’envie d’entreprendre est très développée chez la population marocaine. Cependant la création d’entreprises et la réalisation des projets ne sont pas aux attentes souhaitées. En effet, le processus entrepreneurial est composé de

266

Rapport du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières, (2011) « Le Financement des PME au Maroc » P. 25. Disponible sur le site http://www.ammc.ma/sites/default/files/Etude_PMEMaroc_2011_05_12.pdf 267 FERHANE D., « Les types et les formes d’entrepreneuriat au Maroc : les facteurs favorables et/ou défavorables au développement de la culture entrepreneuriale », sous la dir de Yvon GRASSE, « l’entrepreneuriat francophone : évolution et perspectives », Édition Harmattan, 2009. P 108-109. 268 Source OMPIC. 269 Khalid EL OUAZZANI (2017), « La dynamique entrepreneuriale au Maroc 2016 », Global entrepreneurship Monitor, Rapport du Maroc 2016. P. 41. Disponible sur : www.gemconsortuim.org . 207

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quatre étapes, à savoir l’idée, l’opportunité, la vision stratégique et le plan d’affaires comme une dernière étape pour concrétiser l’acte de création d’entreprises. Au Maroc, ce processus entrepreneurial existe et se caractérise par l’intervention et l’appui des organismes publics et privés. Alors qu’il est marqué par l’existence des entraves et des dysfonctionnements limitant l’action d’entreprendre. Par exemple, l’accès au financement pour la majorité des entrepreneurs, la complexité administrative et l’absence d’une formation pour les nouveaux entrepreneurs. Constat 3 : selon D. FERHANE (2009),les besoins d’appui, d’accompagnement et de coaching entrepreneurial des jeunes entrepreneurs sont en décalages avec les moyens et les conditions mises dans l’environnement global. En effet, malgré les efforts louables entrepris par l’État pour dynamiser l’entrepreneuriat, les résultats ne sont pas aux attentes souhaitées. Cela est dû à l’incompatibilité entre les programmes de soutien et la réalité entrepreneuriale marocaine. Citant l’exemple du programme « les jeunes promoteurs », qui a été remplacé quelques années plus tard, par le « Programme Mokawalati», lors duquel les budgets alloués aux nouveaux entrepreneurs restent très timides pour assurer un dynamisme entrepreneurial. Constat 4 :le dernier constat selon D. FERHANE (2009), repose sur les initiatives prises en faveur de la formation à l’entrepreneuriat. Plusieurs intervenants offrent des prestations de formation dans le processus de création d’entreprises, mais ils ne s’inscrivent pas dans un cadre cohérent et n’obéissent pas à des pratiques pédagogiques entrepreneuriales bien élaborées. Après avoir explicité les constats de base caractérisant le contexte de l’entrepreneuriat au Maroc, nous passons à la présentation des formes et des types de l’entrepreneuriat. En effet, le Maroc est caractérisé par une dualité entrepreneuriale. D’abord, l’entrepreneuriat d’opportunité ou formel qui respecte le processus classique de l’entrepreneuriat et qui relève d’une intention stratégique des personnes disposant des expériences professionnelles. Ensuite, l’entrepreneuriat forcé ou informel considéré comme l’ensemble des activités simples exercées par des personnes dans leurs maisons en vue de réaliser un revenu. Elles se manifestent par des attitudes entrepreneuriales de types « destruction entrepreneuriale ». Ce type est très répandu au Maroc, notamment chez les personnes qui n’arrivent pas à décrocher un contrat de travail ou d’intégrer une administration publique.

208

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Figure 26: La dualité entrepreneuriale au Maroc selon D. FERHANE (2009)

La dualité entrepreneuriale

Entrepreneuriat formel

Entrepreneuriat informel

Entrepreneuriat d’opportunité

Entrepreneuriat forcé

Source : Driss FERHANE,. (2009, P. 109)

Ainsi, selon D. FERHANE (2009) l’activité entrepreneuriale marocaine est caractérisée par une panoplie des types et des formes, présentés comme suit :270 Tableau 23: Les formes d’entrepreneuriat dominantes au Maroc selon D. FERHANE (2009) Les formes d’entrepreneuriat dominantes Collectif (Masculin/ féminin)

Individuel (Masculin/féminin)

Coopératif

Traditionnel/moderne

Traditionnel

Associatif et solidaire

Traditionnel

Moderne

Débutant Mature « Rebelle » Débutant Mature « Rebelle »

Activité génératrice de Traditionnel revenus Les types d’entrepreneuriat 1

Entrepreneuriat d’imitation

2

Entrepreneuriat

Copiage « traditionnelle» valeur ajouté faible

de Innovation recherche et développement

valorisation 3

Entrepreneuriat d’aventure

Entrepreneuriat jeunesse entrepreneuriat «adolescent »

4

Entrepreneuriat - relève

Repreneuriat271 (transmission)

Source : D. FERHANE, (2009. P. 111)

270

FERHANE D., (2009). Op. Cit P. 111. Le Maroc dispose d’un potentiel important d’entreprises transmissibles. Plusieurs entreprises marocaines ont été fondées au cours des années 80, ce qui pose maintenant le problème de la transmission. 209 271

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Après, cette présentation du contexte entrepreneurial marocain, constats de base et types, nous passons à l’acteur de l’entrepreneuriat, celui de l’entrepreneur marocain. En effet, ce point consiste à décrire la personnalité de l’entrepreneur marocain. À cet effet, deux modèles sociologiquement existants, d’une part, le modèle « Soussi » fondé sur des valeurs comme l’ascétisme, la solidarité et le conservatisme social, et, d’autre part, le modèle « Fassi » basé sur une culture urbaine de la piété, une synergie entre les membres de la famille et un sens aigu des affaires. Ces deux modèles sont explicités comme suit : D’abord, le modèle Soussi : l’une des clefs de réussite des entrepreneurs Soussi, réside dans leur capacité à s’aventurer dans le commerce dans des nouvelles villes marocaines où ils comptaient une clientèle marocaine à revenu fixe. Historiquement, ils ont tissé de bonnes relations avec les Juifs, par le biais du commerce de thé272. Les familles juives étaient pendant plusieurs années les premiers importateurs du thé britannique et les entrepreneurs Soussi ont garanti à ces importateurs des acheteurs constants sur le territoire marocain. À cet effet, ils ont pu développer un esprit entrepreneurial adapté à leur comportement. Ainsi, ce modèle est caractérisé par le chevauchement entre la famille et l’entreprise par lequel tout le monde suit le père. De même les jeunes garçons commencent leur carrière dans une affaire commerciale avec le père. Et lorsqu’ il s’agit du repreneruiat, le fondateur relationnel (le père) choisit le fils le plus apte à lui succéder. L’élu doit se légitimer comme garant de l’intérêt familial et par sa capacité à faire fructifier l’esprit d’entreprise et les intérêts pécuniaires de son entourage immédiat273.Bref, les entrepreneurs soussi sont très expéditifs à saisir les opportunités qui leur sont présentées. Ensuite, le modèle Fassi : historiquement, les entrepreneurs fassis sont considérés comme les pionniers de l’entrepreneuriat transnational, par lequel ils ont tissé des bonnes relations commerciales avec la Grande-Bretagne au XIX siècle et ce par le commerce d’argenterie et de textile provenant de la ville de Fès. Ainsi, ce modèle repose sur des facteurs clés de succès, tels que le savoir-faire technique et le savoir-être qui permettent une bonne maitrise de la production et de la productivité. De même, il est basé sur une culture urbaine de la piété et une homogénéité entre le sens des affaires et un sens très développé du bien-être, regroupant la religion et la culture. Bref, ce modèle est connu par sa qualité de produire des accumulations des richesses importantes, dans un cadre de capitalisme complaisant, non agressif, mais qui refuse de prendre le risque et d’assurer le rôle de locomotive ou de leader. LABARI B., « l’ascension des chefs d’entreprises soussis», à apparaitre dans « la revue economia n°7 : Esprit d’entreprendre, es-tu là ? », Édition, CESEM- HEM, 2009. P. 120-123. 273 LABARI B., « d’une génération à l’autre dans le souss », Édition Economia, N° 11, 2011. P. 109. 210 272

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En résumé, ces deux modèles de l’entrepreneur marocain sont totalement opposés. En effet, le premier modèle est fondé sur des valeurs comme : l’austérité, une solidarité entre les membres de la famille et un conservatisme social. Tandis que, le deuxième modèle est caractérisé par l’existence d’un entrepreneur capitaliste doté d’un pouvoir et la capacité de développer son entreprise par le recours à un mode de gestion moderne. Quant à, S. TANGEAOUI (1993). Il a proposé une typologie des entrepreneurs marocains basée sur la remise en cause du principe stipulant que « l’entrepreneur est un homme qui est parti de rien ». En effet, un entrepreneur au Maroc dispose en réalité des facteurs favorables qui l’incitent d’être un entrepreneur, à savoir : une expérience professionnelle, un capital accumulé dans le commerce, du négoce ou le foncier, une famille puissante et influente, une fonction administrative et politique, un capital immobilier, un nom qui inspire la confiance et le respect et/ou une formation de haut niveau274. Par conséquent, ces entrepreneurs présentés n’ont pas les mêmes objectifs et ne suivent pas les mêmes méthodes de gestion et le choix de leurs activités (voir Annexe 3). Ceci est dû à l’environnement de son émergence, l’influence de la famille et les origines sociales des entrepreneurs. De plus, nous pouvons citer, également un nouveau type d’entrepreneurs, celui de l’entrepreneur de start-up. Ce type a un attachement profond à l’innovation et à la nouvelle technologie. Ils opèrent dans le domaine de l’informatique, notamment dans la conception des logiciels et des applications pour les administrations et les sociétés. Ces entrepreneurs possèdent un potentiel de croissance très élevé. 1.2. L’environnement entrepreneurial marocain Dans ce paragraphe, nous allons citer quelques actions et stratégies entamées par l’État en vue d’encourager et de promouvoir l’entrepreneuriat au Maroc. D’abord, nous exposons quelques mesures administratives phares. Ensuite, identifier les incitations fiscales au profit des nouveaux entrepreneurs. Enfin, nous nous évertuerons à présenter quelques programmes phares de la promotion de l’entrepreneuriat. En effet, le Maroc a exprimé sa volonté dans le développement de l’entrepreneuriat. Cela se voit par le nombre de chantiers ouverts visant à améliorer l’environnement entrepreneurial et de le rendre plus attrayant. Par exemple : la modification du code du travail 274

TANGEAOUI S., « les entrepreneurs marocains : Pouvoir, société et modernité », Éditions Karthala, 1993. P. 33-70. 211

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(2004) pour créer un climat propice et des relations saines sur les lieux du travail, la réforme de l’enseignement supérieur visant à assurer la promotion et la sensibilisation à un esprit d’entreprise chez les étudiants et l’adoption des plans sectoriels comme le plan d’émergence qui deviendra, par la suite, le plan d’accélération industrielle qui a pour objectif d’encourager les acteurs à concevoir et intégrer des écosystèmes. Ainsi, D. FERHANE (2009) a exposé quelques structures d’accompagnement et de la sensibilisation de la culture entrepreneuriale marocaine (voir Annexe 4). À cet effet, le développement d’une culture entrepreneuriale nécessite la jonction des efforts de l’État et des organisations non gouvernementales en vue de favoriser l’émergence de nouvelle génération d’entrepreneurs ; animée par la passion d’entreprendre, motivée par une culture d’innovation et concernée par un apprentissage entrepreneurial. En conséquence, l’État est censé de mettre en place des programmes publics afin de faciliter le processus entrepreneurial (pré-création, création et post création). Ainsi que les acteurs privés et le tissu associatif sont tous appelés à accompagner le nouvel entrepreneur et le faire intégrer dans des réseaux pour faciliter son démarrage. À cet effet, nous présentons, ci-dessous, les mesures administratives, fiscales et d’accompagnement visant la promotion de l’entrepreneuriat au Maroc. 1.2.1. Les mesures administratives Les Centres Régionaux (provinciaux) d’investissement275 (CRI) cherchent à rompre avec les lenteurs et la complexité administratives considérées par les entrepreneurs comme la première et la principale contrainte rencontrée dans la création d’entreprises et ce par la création d’un guichet unique qui facilite les procédures et qui permet d’approcher le porteur de projet aux administrations concernées. De plus, ces CRI jouent également un rôle d’information et de conseil pour les entrepreneurs potentiels en proposant des études monographiques, des données de projet d’investissement et de faciliter le financement. En résumé, nous allons citer les principales missions des centres régionaux d’investissement276 :

275

Les CRI sont créés en 2002 conformément à la lettre Royale adressée au Premier ministre, le 09 janvier 2002. En effet, ces CRI, implantés dans les différentes régions du Royaume, visent à inciter les promoteurs à investir dans différents secteurs et de faciliter les procédures administratives par la création du guichet d’appui aux investisseurs. 276 Le site Internet du centre régional d’investissement de Casablanca-Settat. 212

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Missions des CRI

Description

L’aide à la création Le centre régional d’investissement s’engage sur un délai qui s’étale d’entreprises

entre 2 et 5 jours, à partir du dépôt complet du dossier, à l’accomplissement des formalités de création d’entreprises. Il met à la disposition du créateur un seul formulaire qui regroupe l’ensemble des demandes ; une demande d’inscription à la taxe professionnelle, déclaration de l’identifiant fiscal, déclaration d’immatriculation au registre de commerce et demande d’affiliation à la CNSS.

L’assistance

aux Le Centre régional d’investissement accueille les nouveaux

projets

investisseurs, leur fournit toutes les informations utiles pour

d’investissements :

l’investissement dans la région et traite leur demande d’autorisation et l’ensemble des actes administratifs nécessaires à la réalisation des projets. Il est également chargé d’étudier les projets de conventions à conclure avec l’État.

Le maintien et le

Le centre fournit une assistance permanente aux investisseurs afin de

développement des

les aider à développer leurs entreprises ou en cas de difficultés les

investisseurs

renseigner sur le dispositif de mise à niveau et les différentes lignes

existants :

de financement disponibles.

Source : le site d’Internet du CRI de Casablanca

1.2.2. Les mesures fiscales Le système fiscal marocain comporte des mesures d’incitation à la fois pour la création d’entreprises, son développement, sa concentration, ainsi que des mesures relatives à sa disparition. Ce système est caractérisé par la mise en place des mesures encourageantes dans différents secteurs, visant à inciter les personnes à entreprendre. En effet, le Code Général des Impôts expose les principales incitations fiscales favorisant la création d’entreprises (Voir Annexe 6). 1.2.3. Les mesures d’accompagnement et de financement Parmi les entraves qui handicapent l’entrepreneuriat au Maroc est le financement. En effet, pour un nouvel entrepreneur, jeune et novateur, qui souhaiterait créer son entreprise est toujours affronté à la réalité complexe de financement. La majorité des institutions de financement refuse de prêter ces nouveaux entrepreneurs qui souffrent de l’absence des garanties suffisantes et de formalisation des états financiers. Cependant, l’État et le secteur 213

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privé ont exprimé leur volonté à intervenir et à résoudre cette problématique, et ce, par la mise en place d’une série de moyens de financement au profit des nouveaux entrepreneurs (voir Annexe 6). 1.3. L’entrepreneuriat au niveau d’El-Jadida À partir des données recueillies du centre régional d’investissement et d’autres rapports publiés sur l’entrepreneuriat au niveau d’El Jadida. Il a été constaté que la province est qualifiée comme une région entrepreneuriale. Cette qualification est expliquée d’une part, par le taux de création d’entreprises élevé avant l’année 2012, et, d’autre part, par l’ingénierie du milieu qui cherche par tous les moyens à dynamiser l’entrepreneuriat au niveau de la province. Tableau 24: Le nombre de création d’entreprises selon la DPI d’El-Jadida Année

2012

2013

2014

2015

La création d’entreprises

457

490

481

493

Source : La Direction Provinciale des Impôts d’El Jadida.

En effet, l’année 2013 et 2015 ont été prometteuses en matière de création d’entreprises. Ce qui s’est traduit d’après la direction provinciale des Impôts d’El Jadida par le nombre des demandes d’inscription à la taxe professionnelle et l’identifiant fiscal, adressés par les entreprises nouvellement créées. Ainsi, le tableau, ci-dessous, expose le rôle joué par le centre régional d’investissement de Doukkala-Abda dans l’accompagnement des entrepreneurs à concrétiser leur acte de création d’entreprises durant les quatre dernières années. Tableau 25: le rôle du CRI Doukala-Abda dans la promotion de l’entrepreneuriat Année

2012

2013

2014

2015

Nombre de créations d’entreprises

454

367

256

192

Dont le secteur d’industrie

28

15

9

2

Montant d’investissement

170,39 MDH

111,5 MDH

93,34

43,11

MDH

MDH

2997

1599

Emploi à créer

5831

3613

Source : les données du CRI ABDA-DOUKALA

À partir de ce tableau, nous remarquons que l’activité guichet unique du CRI ne cesse d’évoluer. Cela est expliqué, d’abord, par les personnes souhaitant créer leurs entreprises qui 214

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ont commencé à connaitre l’environnement entrepreneurial au Maroc ; les administrations à contacter et les démarches à suivre. Ensuite, les efforts déployés par l’État afin de faciliter les procédures administratives et de dématérialiser l’ensemble des opérations concernant l’investissement et la création d’entreprises (le plan numérique 2013). Concernant, la ventilation des entreprises créées en 2015 par secteur d’activité relève que le secteur de commerce suivi du secteur des services se taille la part du lion, soit un taux de 76,04%. Le secteur de l’industrie vient en dernière position avec un taux de création de 1,04%. Ensuite, l’environnement entrepreneurial à la province d’El Jadida bénéficie des mêmes avantages accordés par l’État aux entreprises créées dans d’autres territoires. D’abord, par la présence des institutions étatiques qui sont à l’écoute des entrepreneurs, notamment le centre provincial d’investissement d’El Jadida, la direction provinciale des Impôts d’El-Jadida et la caisse nationale de la sécurité nationale. Ensuite, par l’intervention d’autres acteurs dans le dynamisme entrepreneurial, à savoir l’opérateur économique l’Office Chérifien des Phosphates. Dans ce cadre, l’OCP dispose d’une fondation intitulée OCP Entrepreneurship Network chargé à offrir un programme complet de soutien à travers les domaines d’intervention suivants 277: 

La promotion de l’Entrepreneuriat ;

 L’accompagnement technique et financier à la création d’entreprises, coopératives et activités génératrices de revenus ; 

Le soutien à la croissance des entreprises existantes ;



L’encouragement à l’innovation, l’entrepreneuriat féminin et l’entrepreneuriat social. En d’autres termes, l’OCP Entrepreneurship network a concrétisé son projet par le

lancement d’un appel à projet ouvert en juin 2014 dont l’objectif est d’identifier des partenaires fiables et crédibles afin de nouer des partenaires durables qui profiteront au développement de l’entrepreneuriat au Maroc. En effet, 168 entreprises ont participé à cet appel et 16 projets ont obtenu l’accord de principe pour le financement. En résumé, l’entrepreneuriat au Maroc est dans un stade embryonnaire, il a besoin d’efforts pour participer au développement économique et social. C’est pour cela que, l’État et les acteurs privés sont appelés à coordonner leurs efforts en vue, d’une part, d’améliorer les 277

www.ocpentrepreneurship.org 215

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politiques et les programmes existants, et, d’autre part, d’assurer une adéquation à la réalité entrepreneuriale vécue. De même, à notre sens nous insistons que le succès du phénomène entrepreneurial dépend fortement des écosystèmes territoriaux et d’une ingénierie territoriale.

Paragraphe 2 : L’économie territoriale à la province d’El-Jadida Ce paragraphe a pour objectif de présenter le territoire de la province d’El-Jadida qui constitue notre objet de recherche, afin de rendre compte de son fonctionnement et de son évolution. À cet effet, nous allons essayer, dans un premier lieu, d’exposer l’identité territoriale de la province d’El-Jadida considérée comme un facteur de dynamisme entrepreneurial. Ensuite, nous allons concevoir une matrice regroupant l’ensemble des économies territoriales de la province ainsi que les secteurs productifs et leur contribution dans le développement de la province. 2.1. L’identité territoriale de la province d’El-Jadida La province d’EL Jadida, située sur la côte de l’océan Atlantique, au carrefour de deux routes principales, RN n°1 (Casablanca - Agadir), la RN n°7 (El-Jadida - Marrakech) et à proximité de la capitale économique du Royaume. De même, elle fait partie de la région Casablanca-Settat. Cette province qui s’étend sur une superficie de 3 869 Km², soit 2 % de la superficie nationale du Royaume. 2.1.1. Le découpage administratif de la province d’El-Jadida Administrativement, la province a connu une succession de phases. D’abord, la création par le décret Royal n°701-66 du 10 juillet 1967. Ensuite, son intégration dans la région économique du centre par Dahir n° 1-71-77 du 16 juin 1971 et dans la région Doukkala-Abda par décret n° 2-97-246 du 17 Aout 1997. Et enfin, dans le cadre de la régionalisation avancée et selon le décret n°2.15.10 du 20 février 2015, fixant le nombre des régions à 12, la province a été attachée à la région de Casablanca-Settatdont le chef-lieu de la région de Casablanca278. En outre, la province d’El-Jadida, située au carrefour des grands pôles économiques du Royaume, est un territoire en cours de transformation. Elle est devenu une destination d’investissement par excellence, et ce, par la diversité des atouts et des potentialités. De plus, elle a bénéficié du progrès illustré de l’office chérifien des phosphates (OCP) visant à

278

La région de Casablanca Settat est considérée comme la plus grande région du Royaume, avec 6,8 Millions d’habitants, soit 20% de la population nationale, un taux d’urbanisation de 73,6% et un nombre élevé des ménages qui est de 1 559 404. 216

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insuffler une nouvelle dynamique à l’industrie des phosphates sur le site de Jorf Lasfar, à travers l’augmentation de la production de l’acide phosphorique et des engrais agricoles destinés à l’exportation. Ainsi, elle a développé des vocations économiques multiples qui s’inscrivent dans le cadre d’une économie circulaire qui permet aux secteurs productifs de fonctionner en synergie et complémentarité et être au service du développement humain et du respect de l’environnement279. Figure 27: La localisation de la région Casablanca-Settat et son découpage administratif

Source : présentation du CPI sur la région Casablanca-Settat.

En outre, selon les dernières statistiques effectuées, en 2014 par le Haut Commissariat au Plan, l’effectif total de la population de la province s’élève à 786 716 habitants, dont 258 885 en milieu urbain et environ 527 831 en milieu rural280..Le tableau, ci-dessous, donne un aperçu sur l’évolution démographique enregistrée durant la période (1982-2014) des provinces d’EL Jadida et Sidi Bennour. Tableau 26: l’accroissement de la population des provinces d’El-Jadida et Sidi Bennour

Urbaine

Recensement (1982) 150 037

Recensement (1994) 240 068

Recensement (2004) 298 673

Recensement (2014) 327 932

Rurale Total

613 314 763 351

730 826 970 894

804 359 1 103 032

911 142 1 239 074

Population

Source : RGPH 1982, 1994,2004, 2014.

Donc, nous constatons que les provinces d’El-Jadida et Sidi Bennour ont connu proportionnellement un accroissement démographique, depuis le recensement de 1982, soit un taux de 61%. 279

La Vie Eco, un hebdomadaire francophone marocain, Supplément au n°4860 du 29 juillet au 25 Aout 2016 « El-Jadida & région une grande mutation économique de la province ». Disponible sur le site, www.lavieeco.ma 280 La population légale d’après les résultats du RGPH2014 sur le Bulletin officiel N°6354 217

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2.1.2. Les infrastructures de la province d’El-Jadida La province d’El-Jadida est dotée de tant d’infrastructures qui lui permettent de contribuer au développement économique et social et de favoriser un dynamisme entrepreneurial. D’abord, elle est desservie par un important réseau de transport composé, entre autres, de réseau autoroutier, ferroviaire et portuaire. Ce réseau répond à la question de la proximité territoriale permettant aux investisseurs d’acheminer leurs marchandises vers toutes les destinations dans les délais requis. Ensuite, d’une importante infrastructure liée à l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle. (Voir Annexe 7). Ainsi, le développement d’un territoire dépend beaucoup de l’économie de connaissance, d’où l’hypothèse d’une économie régionale qui explique que les capacités d’innovation d’un territoire dépendent étroitement de l’accumulation du savoir. De plus, les réseaux d’innovation en relation avec les centres de formation et de recherche favoriseront dans le territoire, le partage de connaissances et l’échange de l’information qui peuvent être une source de dynamisme entrepreneurial local. En résumé, la question de la gouvernance territoriale se pose d’une manière accrue entre les différents gestionnaires et les opérateurs économiques en vue de valoriser les ressources génériques et de mettre ses infrastructures au profit des futurs entrepreneurs. Par exemple, l’idée de conclure un accord réunissant à la fois les centres de recherche, le conseil régional, les chambres de commerce et les entreprises afin d’assurer une convergence entre les systèmes éducatifs et la réalité entrepreneuriale d’une part, et, d’autre part, de développer des savoirs locaux utiles à la construction des performances au niveau du territoire. Après avoir passé en revue les caractéristiques de la province d’EL Jadida. Il nous semble important de compléter ce diagnostic par une identification des structures économiques de la province afin d’en dévoiler les spécificités de chaque secteur et son adéquation à la stratégie nationale de développement territorial. 2.2. Les économies de la province d’El-Jadida La province d’EL Jadida dispose d’importantes ressources naturelles et humaines, qui font d’elle un pôle d’attraction pour les investisseurs nationaux et internationaux. En effet, l’activité économique de la province est marquée par une forte présence du secteur d’industrie. Ce dernier présente un taux de 20% des exportations nationales et 25% de la valeur ajoutée (Statistiques relatives aux années 2012/2013), suivi respectivement du secteur d’agriculture et du tourisme. Ainsi, la province d’EL Jadida est inscrite à la stratégie nationale 218

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du développement élaborée et mise en œuvre à partir de 2005. Cette stratégie de développement s’appuie sur des projets structurants liés à l’infrastructure et à l’investissement productif, à savoir le plan Azur vision « 2020 », le plan Maroc vert et la stratégie d’émergence lancée, en 2005 et renforcée par le plan d’accélération industrielle vision « 2014-2022 ». Cette stratégie industrielle est résumée dans trois points, à savoir augmenter la part du PIB, réduire le chômage et minimiser le déficit de la balance de paiement. 2.2.1. Le secteur d’agriculture L’agriculture constitue une activité importante dans la province d’El-Jadida, avec une superficie agricole utile avoisinée (SAU) les 1 056 974 d’hectares dont 114 650 (Ha) irriguée et parmi lesquels 96 000 en grande hydraulique et 428 576 (Ha) non irriguée281. Ce secteur est géré par deux institutions la direction provinciale d’Agriculture et l’office régional de mise en valeur agricole de doukkala (ORMVAD)282. En effet, selon les données dégagées du site officiel de l’ORMVAD, le secteur agricole présente une importance socio-économique pour la province, et ce, par la production agricole très importante et la présence des unités agro-industrielles, à savoir la sucrière de Sidi Bennour la plus grande du Royaume avec une capacité de 15 000 T/jours. Ainsi, ces unités agro-industrielles permettent de valoriser la production agricole et d’augmenter la valeur de la production estimée à l’année 2011 à près de 5 000 Millions DH.283 Ensuite, le secteur de la pêche maritime qui profite d’une position stratégique sur l’atlantique et d’une surface littorale de 150 Km lui confère un atout pour le développement de diverses activités de pêche. De plus, il bénéficie de deux ports équipés ceux d’El-Jadida et de Jorf Lasfar. 2.2.2. Le secteur de tourisme Le secteur de tourisme est considéré comme un secteur porteur tourné vers l’avenir. L’État a exprimé sa volonté, via le plan Azur « 2005 » visant à restructurer ce secteur et d’améliorer son attractivité économique, notamment de présenter les capacités touristiques et d’attirer les investisseurs à s’y installer au Maroc. En effet, la province d’El Jadida recèle d’importants atouts naturels dont ses longues plages, d’un patrimoine culturel et historique Présentation du centre régional d’investissement de Casablanca. ORMVAD créé par décret Royal n 827-66 du 7 rajab 1386. Il est un établissement public doté de la personnalité morale et l’autonomie financière et placé sous la tutelle du ministère de l’agriculture, du développement rural, des pêches maritimes et des eaux forêts. 283 www.ormvad.ma 219 281 282

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diversifié tel que les cités historiques sur la côte (EL Jadida et Azemmour). De plus, la province bénéficie de sa proximité géographique des pôles économiques Casablanca comme un hub d’affaires et un pôle touristique de Marrakech284. 2.2.3. Le secteur d’industrie Le secteur d’industrie joue un rôle important dans le développement économique et social de la province. L’industrie représente 55% des investissements réalisés dans le territoire d’EL Jadida, 20% des exportations nationales et 25% de hausse de la valeur ajoutée. En effet, la province se positionne également comme une destination phare de l’industrie mécanique (BONTAZ), métallurgique (SONASID) et de l’industrie Chimique – Para chimique qui présente d’importantes opportunités d’investissement, notamment avec la stratégie de l’OCP de s’orienter vers l’Afrique. Ainsi, le tissu industriel provincial contient des industries légères visant satisfaire aux besoins de la consommation et à répondre aux commandes des grandes entreprises. En outre, ce secteur bénéficie de deux structures d’accueil facilitant la création d’entreprises. D’abord, une zone industrielle classique située sur la route de Marrakech, avec une superficie de 117 hectares. Elle est conçue pour accueillir les établissements industriels de 1ér et 2éme catégories. Ensuite, le complexe industriel Jorf Lasfar situé à 17 Km au sud d’EL Jadida et qui contient des industries nationales et internationales de première catégorie, c’està-dire le groupe OCP champion mondial des phosphates, JLEC qui produit près de 50% de l’électricité nationale, SONASID et le groupe MEDZ aménageur et gestionnaire dont l’activité d’offrir des terrains industriels pour les entreprises nationales et internationales souhaitant s’installer au Maroc. Cette agglomération entrepreneuriale sera abordée en détail dans le paragraphe suivant. En effet, le tissu industriel de la province est fortement ouvert à l’international. Cela est mesuré notamment par un total des exportations industrielles enregistrées, en 2013, à hauteur de 21 784 000 milliers DH ; dont 791 941 milliers DH au secteur d’industrie agroalimentaire, 76 213 milliers DH au secteur de textile et cuir, 127 303 milliers DH aux secteurs mécanique et métallurgique et enfin 20 788 543 milliers DH pour le secteur chimique et para chimique, soit un taux de 95,43%. De même, les industries de la province ont dégagé

284

Monographie de la province d’EL Jadida 2009. 220

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un chiffre de 8 444 085 milliers DH en valeur ajoutée ; générée principalement par le secteur de chimie et para chimie, soit une part de 77,34%285. En conséquence, selon les données communiquées par les institutions locales, nous constatons que le secteur d’industrie permet à la province d’El-Jadida286:  D’être une locomotive de développement territorial par la capacité de stimuler l’emploi chez les jeunes et de favoriser l’investissement comme moteur de croissance. De plus, les opportunités d’affaires offertes par le secteur.  De favoriser le dynamisme entrepreneurial local, notamment par les efforts déployés par les acteurs (OCP, groupe MEDZ) en vue d’attirer les firmes multinationales à s’y installer et d’investir (Exp: NAQ Global Morocco). Ainsi que, de soutenir le tissu entrepreneurial local par des stratégies locales, notamment la sous-traitance et l’innovation territoriale. En résumé, nous allons récapituler dans le tableau, ci-dessous, l’ensemble des économies territoriales de la province d’El Jadida, tout en explicitant son importance pour l’entrepreneuriat et le développement territorial.

285

Annuaire statistique du haut-commissariat au plan, Monographie régionale 2014 de la région DOUKALAABDA. 286 Le site du Centre provincial d’investissements d’El-Jadida. 221

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Tableau 27: Les économies territoriales de la province d’El-Jadida Nature dans la province d’El Jadida

Économies territoriales

Économie d’externalité

Économie d’agglomération

Économie de ressources

Économie de proximité

La province d’El Jadida bénéficie d’une externalité positive notamment par l’existence des groupes économiques importants (OCP, JLEC) qui permet d’augmenter les entreprises intermédiaires (soustraitantes) et la création d’emplois. En effet, deux sortes d’externalités à citer : Une externalité technologique: l’OCP a sous-traité la réalisation du pipeline à une entreprise turque qui possède à la fois les connaissances nécessaires et la technologie pour la réalisation de ce projet. *Une externalité pécuniaire: l’existence de la centrale thermique sur le complexe industriel Jorf Lasfar a permis à SONASID de mettre en place l’acier électrique et le groupe OCP dans l’extension de ses activités. Exprimée par la présence d’une zone industrielle classique à El-Jadida et d’un complexe industriel Jorf Lasfar. En effet, le groupe MEDZ a aménagé un terrain de 500 hectares au sein du complexe industriel Jorf Lasfar pour mettre en place un parc industriel. À cet effet, les entreprises agglomérées ont bénéficié d’une baisse de coût, d’une main-d’oeuvre déjà qualifiée et des commandes d’affaires. Selon G. COLLETIS et B. PECQUEUR (1993) le territoire est composé des actifs qui sont un facteur en activité et les ressources considérées comme un facteur à exploiter, à organiser et à révéler. À cet effet, au niveau de la province d’El Jadida nous trouvons à la fois : *Les actifs territoriaux: l’existence du plus grand port minière au Maroc avec un taux de trafic national de 27%, un tissu entrepreneurial important, une culture industrielle et des acteurs territoriaux (le centre régional d’investissement, les collectivités territoriales). *Les ressources territoriales génériques: une main d’œuvre abondante et qualifiée, des matières premières. *Les ressources territoriales spécifiques: le savoir-faire industriel (la transformation du soufre à l’acide phosphorique, la production d’engrais), l’apprentissage (développement des compétences techniques des employés des industries), l’innovation territoriale (la réalisation d’un pipeline de 235 Km pour transporter le souffre de Khouribga). Ces ressources sont le résultat d’une coordination et d’une proximité des différents opérateurs et acteurs territoriaux. La province d’El Jadida bénéficie d’une proximité géographique exprimée par l’interaction entre les opérateurs économiques et les acteurs territoriaux, notamment l’OCP et l’agence nationale des ports, le groupe MEDZ et le centre régional d’investissement. De même, son emplacement géographique au carrefour de trois grands pôles économiques : Casablanca, Marrakech et Agadir. Tandis que, la proximité organisationnelle est moins importante, et ce, par l’absence d’un acteur organisationnel qui s’occupe de la coordination entre les acteurs au niveau du complexe industriel Jorf lasfar.

Source : Réalisé par nous-même 222

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Paragraphe 3 : Le milieu : complexe industriel Jorf Lasfar La province d’El-Jadida abrite le complexe industriel Jorf Lasfar qui contient le premier port minéralier et le plus grand d’Afrique, sur une superficie de 500 hectares, ainsi que la présence des grandes unités industrielles, à savoir l’OCP, la SONASID et la centrale thermique JLEC. 3.1. La présentation du milieu complexe industriel Jorf Lasfar Le complexe industriel Jorf Lasfar est situé à 17 Km de la ville d’El Jadida, il a démarré ses activités suite à l’inauguration du port Jorf par le feu Hassan II en 1982. Ce port qui a été utilisé par l’OCP, en 1986, pour exporter les quantités des phosphates bruts extraits des gisements voisins Youssoufia et Khouribga. Il est, actuellement l’un des plus importants ports du pays avec un taux de trafic national de 27,8% et se positionne juste après celui de Casablanca qui en concentre 32%287. Ce complexe est considéré comme un pôle d’excellence dans les secteurs de chimie et para chimie, de métallurgie, d’énergie et d’automobile. Il bénéficie du facteur de proximité géographique qui permet au complexe de valoriser les ressources territoriales et de développer des logiques d’apprentissage et de recherche. De même, d’une coordination territoriale, entre les entreprises du complexe et les acteurs locaux. En effet, le milieu complexe industriel Jorf Lasfar peut être présenté par la carte, cidessous: Figure 28: La carte du milieu complexe industriel Jorf Lasfar

1 : OCP ; 2 : JLEC ; 3 : MEDZ ; 4 : SONASID ; 5 : Sté d’entreposage pétrole et gaz. Source : la monographie de la province d’El-Jadida

287

Agence Nationale des Ports. Disponible sur le site, www.anp.org.ma . 223

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Ainsi, le complexe industriel Jorf Lasfar vise par le biais des autorités locales et les entreprises a contribué à favoriser l’ancrage territorial des firmes multinationales. Citant l’exemple : 

Le groupe sud-coréen Daewoo Engineering Construction Co qui a investi, en 2010,

l’équivalent de 13 milliards de DH pour le compte de Jorf Lasfar Energy Company ; 

Le groupe BONTAZ-CENTRE, leader mondial dans la conception et la fabrication

des sous-ensembles principalement utilisés dans les fonctions hydrauliques, a été installé en 2012 avec un investissement de 20 millions d’euros pour le démarrage et 22 millions d’euros pour l’extension de ses activités288. Bref, le complexe industriel incite une grande part des PME nationales à s’y localiser afin de bénéficier de l’agglomération et de profiter de son positionnement stratégique, ainsi que de l’effet de l’externalité des projets mis en place par le groupe de l’OCP. 3.2. Les opérateurs du milieu complexe industriel Jorf Lasfar Parmi les principaux acteurs du complexe industriel Jorf Lasfar, nous trouvons : L’Office Chérifien de Phosphate (OCP) : le champion mondial des phosphates et de ses dérivés, OCP est un acteur-clé sur le marché international depuis sa création, en 1920. Il est le premier producteur et exportateur mondial de phosphate sous toutes ses formes et l’un des plus grands producteurs d’engrais au monde.289 Dans sa nouvelle stratégie, l’office compte tripler sa capacité de transformation des phosphates sur le site de Jorf Lasfar. C’est pourquoi il a investi plus de 100 milliards de DH dont la majorité de l’investissement est destinée à la chimie. Cette nouvelle stratégie vise, d’une part, la construction des plates-formes de production d’engrais avec une enveloppe de 11 milliards, et, d’autre part, la réduction des coûts d’exploitation par le lancement du projet territorial innovant « Pipeline290 » avec un investissement total avoisinant les 4,5 milliards de DH. En effet, le groupe OCP exprimera son engagement dans le dynamisme entrepreneurial et le développement territorial, notamment par l’intention de développer des

288

www.MEDZ.ma/JorfLasfar www.ocpgroup.ma 290 Il S’agit d’une chaîne d’une longueur de 235 Km qui assurera le transport du phosphate sous forme de pulpe à partir de Khouribga vers le complexe industriel Jorf Lasfar 224 289

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écosystèmes afin de séduire les entreprises internationales nomades à s’y installer et de bénéficier de leurs ressources et de leurs technologies. Par exemple, le groupe turc Tekfen qui s’est occupé des travaux de construction et d’innovation par la réalisation de deux usines de fertilisants291. La SONASID : Créée par l’État marocain en 1974, ayant pour mission de développer le complexe sidérurgique complétement intégré à partir de la production de minerai de fer. En 2002, la SONASID a décidé de construire une unité industrielle sur le complexe Jorf Lasfar pour une enveloppe de 600 millions DH. Ce projet a concerné la mise en place d’un laminoir avec une capacité annuelle de 400 000 tonnes, spécialisée dans les ronds à béton et les laminés marchands. De plus, la société a exprimé son besoin d’être le leader de la sidérurgie et de minimiser sa dépendance à l’international par la mise en place d’une aciérie électrique avec un investissement de 950 millions de DH. En effet, SONASID a choisi le complexe Jorf Lasfar, d’abord, par l’importance du facteur proximité géographie. Ensuite, la présence de la centrale thermique JLEC qui satisfait son besoin en matière d’énergie. Enfin, la disponibilité d’une ligne ferroviaire facilitant le transport des matières premières et des produits semifinis292. Par conséquent, d’après résultats de l’enquète que nous avons menée dans le complexe industriel Jorf Lasfar. Une multitude des entreprises rencontrées ont exprimé que la SONASID a contribué vivement au dynamisme entrepreneurial. Cela se voit par les contrats de sous-traitance et les commandes accordées aux petites et moyennes entreprises en matière de transports, de nettoyage, de logistique et de maintenance (Exp : entreprise SITELECM SARL). Sociétés d’entreposage des produits pétroliers et de gaz à Jorf Lasfar : Le complexe industriel Jorf Lasfar dispose aussi, des unités industrielles liées au stockage du gaz et des hydrocarbures raffinés. D’abord, une société d’entreposage de Jorf Lasfar (SEJ) opérant dans la réception, le stockage et la distribution des produits pétroliers. Cette société a investi plus de 100 millions de DH et a conclu un accord entre le groupe afriquia et Total du Maroc pour gérer trois réservoirs de stockage d’une capacité totale de 55 000 m³ dont 40 000 m³ pour le gasoil. Ensuite, l’unité industrielle Afriquia Gaz filiale du L’économiste, N°3785, le 17/05/2012, disponible sur le site : www.léconomiste.com www.sonasid.ma 225

291 292

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groupe Akwa qui possède un terminal avec une capacité de stockage de 4 000 T pour le propane et 20 000 T pour le butane293. La JLEC : Créée en 1997, Jorf Lasfar Energy Company aujourd’hui‘hui TAQA Morocco, filiale du groupe TAQA, est un acteur majeur du secteur de l’énergie au Maroc qui couvre plus de 50% de la demande nationale et 30% de la capacité du Royaume 294. Elle dispose de six unités de production dont deux en cours de livraison et un capital humain composé de 480 collaborateurs. La société JLEC est considérée comme la plus grande centrale thermique à charbon indépendante de la région MENA, ainsi que le principal fournisseur de l’Office national d’électricité et de l’eau potable (ONEE). En effet, TAQA Maroc a contribué activement au développement territorial de la province d’El- Jadida par l’investissement et la création d’emplois ; (135 emplois directs et 1000 indirects) durant le démarrage des unités 5&6. De même, elle a participé au dynamisme entrepreneurial par l’adjonction de deux nouvelles unités de production électrique d’une puissance de 700 MW au niveau de la centrale thermique JLEC. Ce projet a été réalisé par le groupe sud-coréen Daewoo Construction Co et le groupe japonais Consortium Mitsui & CO par un investissement global de 16 milliards de DH Groupe MEDZ : Est une filiale du groupe CDG, 1er investisseur institutionnel du Royaume du Maroc. Il est aujourd’hui leader dans l’aménagement et la gestion de parc d’activités dans l’industrie, l’offshoring et le tourisme au Maroc295. En 2007, le groupe MEDZ a décidé de mettre en place le parc industriel Jorf Lasfar sur une superficie de 500 hectares en partenariat avec les acteurs institutionnels ; à savoir : le Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie Numérique, le Ministère de l’Économie et des Finances, le Ministère de l’Équipement et du Transport et la Province d’EL Jadida. Ce projet a été dédié aux industries de 1ère catégorie, notamment les industries lourdes dans les domaines de l’Énergie, de la métallurgie et de chimie/parachimie et au service de supports et de logistique industrielle (maintenance, bureau d’études, centre d’affaires).

293

www.afriquigaz.com www.jlec.ma 295 www.MEDZ.ma 294

226

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En effet, le groupe MEDZ a bénéficié des atouts importants facilitant la mise en place de son parc industriel, à savoir l’emplacement géographique par rapport à la province d’ElJadida, seulement à 17 Km, l’emplacement stratégique au carrefour de trois grands pôles régionaux: Casablanca, Marrakech et Agadir, la proximité à des grandes unités industrielles : OCP, JLEC et SONASID et la présence d’un réseau portuaire riche et d’une ligne ferroviaire performante. Ces atouts sont considérés comme des facteurs incitatifs au dynamisme entrepreneurial. Ensuite, ce parc a contribué au dynamisme entrepreneurial. D’abord, il a présenté une assiette foncière de 250 lots aménagée et entretenue (83 pour la grande industrie, 62 pour les PME/PMI et 105 pour les équipements). Ensuite, il a offert une multitude de services réalisés en collaboration avec les acteurs institutionnels dans la province d’EL Jadida tels que : un guichet unique, des services de logistiques et maintenance, des services d’entretien des infrastructures, des parkings et des services de sécurité des espaces d’animation et de loisirs. Enfin le groupe MEDZ a réalisé son défi, par la réalisation de 26 projets qui ont drainé un investissement de 3,2 milliards de DH. Par exemple, l’équipementier automobile BONTAZ-CENTRE, le leader mondial dans la conception et la fabrication des sousensembles principalement utilisés dans les fonctions hydrauliques, qui a investi seul un montant de 2 milliards de DH et qui a généré plus de 400 emplois directs. Pour conclure, les entreprises, au niveau du complexe industriel Jorf Lasfar, peuvent bénéficier d’une stratégie territoriale réactive impliquant l’ensemble des acteurs et des opérateurs économiques dans le dynamisme entrepreneurial et le développement territorial. Cette stratégie vise à augmenter la compétitivité du parc en vue d’attirer les industries de renommer à s’y installer et d’assurer un effet positif sur la province d’El Jadida. Cependant, la limite constatée après cette présentation réside, d’une part, dans l’absence d’une gouvernance territoriale comme mode de coordination territoriale, et, d’autre part, de l’incapacité à activer les ressources territoriales du parc. La figure, ci-dessous, présente le lien, entre l’entrepreneuriat, les acteurs territoriaux et les opérateurs économiques au sein du complexe Jorf Lasfar. En effet, l’entrepreneuriat ne peut être dynamisé dans le complexe qu’à travers le renforcement du milieu complexe industriel Jorf Lasfar par une politique de gouvernance territoriale et une logique de proximité.

227

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Figure 29: L’entrepreneuriat et le territoire dans le complexe industriel Jorf Lasfar

Milieu : Complexe industriel Jorf Lasfar

Les acteurs territoriaux :

.



Agence nationale des ports



Office national des chemins de fer



Les opérateurs Économiques : 

Office Chérifien de Phosphate

Collectivité territoriale : commune rurale My Abdellah



Jorf Lasfar Energy Company



Centre régional d’investissement



SONASID



Université Chouaib Doukkali, l’OFPPT et centre de recherche



Groupe MEDZ





Chambres de commerce et d’industries

Société d’entreposage des produits pétroliers et de gaz



Associations et organismes non gouvernementaux

Proximité

Confiance

Coordination

Développer une collaboration et une communication entre les différents opérateurs et encourager l’ancrage territorial Une politique de réseau territorial dynamisée par une proximité et régulée par une gouvernance territoriale permet :

Une réduction d’incertitude et de isque pour les entreprises opérantes dans le milieu

La stimulation de l’innovation territoriale

L’apprentissage collectif

Cela contribue, notamment à : Assurer un dynamisme entrepreneurial (création d’entreprises, développement d’entreprises) et un développement territorial (création d’emplois) Source : Réalisée par nous-même

228

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Section II : Le Cadre épistémologique et méthodologique de recherche Cette section aura pour objectif de présenter le cadre épistémologique et méthodologique retenu pour mener notre travail de recherche et de produire nos résultats. En effet, tout travail de recherche scientifique passe nécessairement par le choix d’un cadre épistémologique et méthodologique permettant de répondre aux questions suivantes : 

Comment, est-ce que le chercheur appréhende et envisage la réalité ? « Ontologie» ;

 Quel est le statut du chercheur et sa position vis-à-vis du champ étudié ? Y’a-t-il une relation de dépendance entre le sujet et l’objet de recherche « posture épistémologique» ;  Comment le terrain a été investi ? la méthode adoptée pour aborder le volet empirique du travail avec la prise en considération la nature de l’objet de recherche « l’outil méthodologique». En vue d’expliciter les choix méthodologiques retenus pour conduire notre recherche et afin de répondre à cette série de questions. Nous allons structurer cette section en trois paragraphes visant à expliquer la manière d’accéder au terrain de recherche. D’abord, présenter le cadre épistémologique de recherche (Paragraphe 1), ensuite, rappeler la problématique posée et les hypothèses de recherche formulées (Paragraphe 2), et enfin, expliquer la méthode de recherche axée sur l’approche quantitative adoptée par rapport à notre objet de recherche (Paragraphe 3).

Paragraphe 1 : Le cadre épistémologique de recherche et hypothèses de recherche Avant d’entamer le cadre méthodologique de notre travail de recherche, il nous semble important de s’intéresser au positionnement épistémologique adopté à cette recherche. À cet effet, nous commençons, d’abord, par une définition de la notion "épistémologie" et les principaux courants épistémologiques, à savoir le positivisme, le constructivisme et l’interprétativisime. Ensuite, de spécifier notre position épistémologique vis-à-vis de notre objet de recherche et, par conséquent, nos choix épistémologiques.

229

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1.1. La définition de l’épistémologie et des courants épistémologiques L’épistémologie exerce un regard critique sur la démarche générale de recherche. Elle a pour objet l’étude des sciences, ainsi qu’elle s’interroge sur ce qu’est la science en discutant de la nature, de la méthode ou de la valeur de la connaissance296. De plus, elle est un instrument de remise en question des pratiques de recherche. En effet, un travail de recherche mené par un chercheur fait appel à une méthode de recherche (elles seront développées dans la méthodologie de recherche), ainsi qu’elle propose des résultats qui vont être expliqués. L’explication des présumées du chercheur donne la possibilité de contrôler la démarche de recherche, d’accroître la validité de la connaissance qui en est issue et de lui conférer un caractère cumulable. Donc, la réflexion épistémologique (A. C. Martinet) s’impose pour tout chercheur soucieux d’effectuer une recherche sérieuse. Car elle leur permet d’asseoir la validité et la légitimité de sa recherche et de s’intéresser à la relation entre le chercheur et l’objet de recherche. D’après F. WACHEUX (1996), l’épistémologie est considérée comme la science de la science ou la philosophie de la pratique de la science sur les conditions de la validité des savoirs théoriques (Herman)297. Un chercheur est appelé à se recourir à l’épistémologie afin de donner une légitime à sa recherche sur le phénomène étudié. De même, le chercheur doit répondre à la question qui offre cette légitimité : « Qu’est-ce qui m’autorise à écrire ou dire ce que je fais et à communiquer mes résultats ». Donc, adopter une épistémologie dans la recherche permet, d’une part, d’avoir l’autorisation de parler et de communiquer les résultats obtenus, et, d’autre part, de se distinguer par rapport à des consultants, des dirigeants ou des journalistes qui expriment leurs points de vue subjectifs sur une réalité vécue, à titre d’exemple le fonctionnement d’une entreprise. Quant à L. SOLER (2000)298, l’épistémologie permet de s’interroger sur la nature et la valeur des principes, des concepts, des méthodes, et des résultats des sciences. Ceci lui confère deux caractéristiques majeures :  Elle est un discours réflexif, c’est-à-dire un discours qui mène des réflexions ou des interrogations sur les sciences. L’épistémologie présuppose donc la science et vient forcément après elle.

296

PERRET V., SEVILLE M., « Fondements épistémologiques de la recherche », Sous la dir THIETART R-A, et al, « Méthodes de recherche en management », Édition DUNOD, 2003. P. 13. 297 WACHEUX F., « Méthodes Qualitatives et recherches en gestion », Édition Economica, 1996. P. 38. 298 SOLER L., « Introduction à l’épistémologie », Édition Ellipses, 2000. P. 16-19. 230

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 Elle est un discours critique : elle ne se limite pas de décrire les sciences sans les juger ; elle s’emploie de surcroît à discuter du bien-fondé et de la portée des propositions et des méthodes scientifiques. Donc, l’épistémologie vise fondamentalement à caractériser les sciences existantes, en vue de juger de leur valeur, notamment de décider si elles peuvent prétendre se rapprocher de l’idéal d’une connaissance certaine et authentiquement justifiée. De même, elle s’emploie pour atteindre cet objectif : à décrire la manière dont procède telle ou telle discipline dite scientifique pour élaborer et tester ses théories, à spécifier la physionomie de ces théories elles-mêmes et à estimer la valeur logique et cognitive de telles théories. En effet, la définition de l’épistémologie nous a conduit à identifier et comprendre l’ensemble des principes sur lesquels s’appuie cette recherche. À cet effet, V. PERRET etM.SEVILLE, (2003) distinguent trois grands paradigmes épistémologiques en science de l’organisation permettant de répondre à ces questions, c’est-à-dire : le paradigme positiviste, le paradigme interprétatif et le paradigme constructiviste. Tableau 28: Les principaux paradigmes épistémologiques299 Les paradigmes Les questions épistémologiques Quel est le statut de la connaissance ?

La nature de la réalité

Comment la connaissance est-elle engendrée ? Le chemin de la connaissance scientifique

Hypothèse relativiste.

Il existe une essence propre à l’objet de la connaissance Indépendance du sujet et de l’objet Hypothèse déterministe Le monde est fait de nécessités La découverte

L’essence de l’objet ne peut être atteinte (constructivisme modéré ou interprétativisme) ou n’existe pas (constructivisme radical). Dépendance du sujet et l’objet

L’interprétation

La construction

Recherche formulée en termes de « pour quelles causes... ?»

Recherche formulée en termes de « pour quelles motivation des acteurs... ? » Statut privilégié de la compréhension

Recherche formulée en termes de « pour quelles finalités... ? »

Idéographie Empathie (révélatrice de l’expérience vécue par les acteurs)

Adéquation Enseignabilité

Vérifiabilité Confirmabilité Réfutabilité

Hypothèse intentionnaliste Le monde est fait de possibilités

Source : V. PERRET et M. SEVILLE (2003, P.15)

299

Le constructivisme

Hypothèse réaliste

Statut privilégié de l’explication Quelle est la valeur de la connaissance ? Les critères de validité

L’interprétativisme

Le positivisme

PERRET V., SEVILLE M., (2003), Op.Cit. P. 15. 231

Statut privilégié de la construction

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En

conséquence,

ces

trois

paradigmes,

considérés

comme

des

repères

épistémologiques fondamentaux en sciences de l’organisation, seront expliqués en détail, cidessous : 1.1.1 Le paradigme positiviste Ce paradigme est considéré comme le plus dominant dans de nombreuses disciplines, y compris les sciences de l’organisation. L’objet de ce courant réside dans l’explication de la réalité découverte par le chercheur. En effet, la connaissance dégagée par le cadre de ce paradigme est à la fois objective et contextuelle,300 puisqu’ elle reflète la mise à jour de lois, d’une réalité figée, extérieure à l’individu et indépendante du contexte d’interactions des acteurs. L’objectif du chercheur dans ce paradigme est d’atteindre des lois universelles qui expliquent la réalité et révèlent la vérité objective. C’est pour cela, que le chemin de la connaissance passe par l’appréhension des lois qui régissent la réalité301. Ainsi, ce courant a proposé trois critères déterminés et universels qui permettent aux chercheurs de valider leurs connaissances produites. D’abord, il s’agit des conditions de la vérifiabilité. « La vérifiabilité stipule qu’une proposition synthétique n’a de sens que si et seulement si, elle est susceptible d’être vérifiée empiriquement » (Blaug). Ensuite, la condition de la confirmabilité qui remet en cause le caractère certain de la vérité et repose sur l’idée qu’une proposition ne peut être vraie universellement, mais qu’elle est seulement confirmée par les expériences ou par les résultats d’autres théories (Hempel). Enfin, la condition de réfutabilité stipule qu’on ne peut jamais affirmer qu’une théorie est vraie, mais qu’on peut en revanche affirmer qu’une théorie n’est pas vraie, c’est-à-dire qu’elle est réfutée302. Ces critères sont valables pour toutes les sciences, quel que soit leur champ d’application, et par conséquent pour les sciences de gestion. La démarche positiviste peut être résumée comme suit : Théorie

300

Hypothèses

Observation

Généralisation

Théorie

Idem., P. 14. Idem., P. 15. 302 BEN LETAIFA S., « Compatibilité et incompatibilité des paradigmes et méthodes », Projet d’atelier « Méthodologie » de l’AIMS, journée « Étude de Cas » ; IAE de Lille, Jeudi 22 Juin 2006. P. 5. 232 301

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1.1.2. Le paradigme constructiviste Le paradigme constructiviste vise essentiellement à expliquer la réalité tout en élaborant une représentation par l’exercice de l’intelligence. Les méthodes de recherche utilisées dans cette approche sont destinées à produire une compréhension du contexte étudié. Ainsi, dans une recherche constructiviste, la production de connaissances et la validation ne peuvent être dissociées (Avenier). Les boucles de contrôles assurent que l’explication la plus admissible se construit dans un processus de connaissance incrémentale, raisonné par les théories. C’est une épistémologie du quotidien pour la connaissance de l’instantanéité et de l’enchaînement des actes303. De même, ce processus de construction de la connaissance est lié à la finalité et à l’intentionnalité du sujet du connaissant. En effet, le constructivisme conteste les notions de vérité scientifique et de critères de validité précis et universels, et propose l’alternative d’une pluralité de critères de validité émanant de différentes communautés (politique, scientifique, culturelle, etc.). L’approche constructiviste prône la validité éthique, à savoir des critères et des méthodes pouvant être débattus304. 1.1.3. Le paradigme interprétativiste Le paradigme interprétativiste estime que la réalité sociale est constituée historiquement, et qu’elle se trouve être produite et reproduite par des personnes, c’est-à-dire que les personnes puissent agir consciemment afin de changer leurs circonstances sociales et économiques. Le processus de génération de la connaissance suppose la compréhension du sens que les acteurs donnent à la réalité. À cet effet, l’objectif de chercheur est donc de comprendre la réalité par le biais des interprétations effectuées. Ces interprétations prennent en considération les intentions, les motivations, les attentes, les raisons, les croyances des acteurs qui portent plus sur les pratiques que sur les faits305. En définitive, les paradigmes épistémologiques développés, ci-dessus, identifient et comprennent la réalité d’une manière différente. Donc, le positivisme vise à fournir une explication de la réalité et revendique un positionnement réaliste. Le constructivisme est connu par sa conception des processus de création de la connaissance et des critères de validité des recherches. L’interprétativisme, finalement, s’oppose traditionnellement au positivisme et précise que les sciences humaines en général et les sciences de l’organisation en particulier possèdent des caractéristiques particulières. 303

WACHEUX F., (1996), Op.Cit. P. 43. BEN LETAIFA S., (2006), Op.Cit. P. 6. 305 Idem., P. 7. 304

233

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1.2. Notre positionnement épistémologique Pour déterminer le positionnement épistémologique de notre travail de recherche, nous devons comprendre l’objectif de ce travail, ainsi que sa contribution à la recherche en science de gestion, notamment dans le domaine de l’entrepreneuriat et du territoire. En effet, nous adoptons une approche positiviste avec une logique de déduction, et ce, pour deux raisons : la première réside dans la nature de la réalité observée et la deuxième dans la relation entre l’objet et le sujet de recherche (Elles vont être développés ci-dessous). En ce qui concerne, le choix de la logique accompagnée du paradigme positiviste est la logique déductive appelée aussi logique formelle. En effet, la logique déductive est la seule logique qui contribue à une reproduction objective de la réalité. Par conséquent, le choix de recourir à cette logique est motivé par la possibilité de tirer des leçons et des conséquences sur la relation entre le milieu, l’entrepreneuriat et le développement territorial, à partir d’une théorie et d’une observation empirique du complexe industriel Jorf Lasfar situé à la province d’ElJadida. Le choix de ce paradigme est justifié par rapport à trois critères, c’est-à-dire : la nature de la réalité étudiée, la relation entre le sujet et l’objet de recherche et enfin les critères de validité de la connaissance. Nature de la réalité étudiée : Pour Perret et Séville (2003) la réalité dans le paradigme positiviste est une donnée objective indépendante du sujet observateur. À cet effet, le phénomène de l’entrepreneuriat dans le complexe industriel Jorf Lasfar existe depuis longtemps et prend plusieurs formes (création d’entreprises, ancrages des firmes multinationales, la sous-traitance). C’est pour cela que nous cherchons d’observer cette réalité en vue d’expliciter les relations existant entre les opérateurs du complexe. De même, de montrer l’importance des logiques d’interactions et d’apprentissage dans le milieu complexe industriel Jorf Lasfar entre les différentes parties prenantes qui permettent de faciliter l’innovation et le dynamisme entrepreneurial. Ainsi, de confirmer que le milieu par ses différentes économies et logiques assure un dynamisme entrepreneurial qui contribue par là suite au développement territorial. Relation sujet-objet de recherche : Le paradigme positiviste est caractérisé par le principe de l’indépendance entre le sujet (le chercheur) et l’objet de recherche. En effet, le chercheur reconnaît l’existence d’une réalité extérieure à lui et son attitude est distante vis-à-vis de son terrain de recherche. Dans ce cadre, 234

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notre objet de recherche est le lien théorique entre le milieu et le phénomène entrepreneurial, dans le complexe industriel Jorf Lasfar d’El-Jadida, dans une vision de développement territorial. Cela permet, ensuite, d’indiquer que le dynamisme entrepreneurial est conditionné par la qualité du milieu (ses ressources, ses acteurs et ses logiques existantes). Ainsi, de montrer la relation entre le réseau d’entreprises, l’innovation et le milieu complexe industriel Jorf Lasfar. En effet, le milieu innovateur qui n’est qu’un milieu entrepreneurial caractérisé par une logique technologique favorise le développement territorial à la province d’El-Jadida. Critères de validité de la connaissance : La validité de la recherche pousse le chercheur à utiliser des méthodes de collecte et d’interprétation des données appropriées aux concepts étudiés. Le courant positivisme qui est adopté dans notre travail de recherche n’accepte que la logique déductive considérée d’après le courant comme une logique formelle ainsi que la seule méthode qui permet d’avoir une reproduction objective de la réalité306. À cet effet, la validité se mesure par la cohérence avec les faits et la pertinence des résultats obtenus par l’étude. Figure 30: Le raisonnement déductif de notre travail de recherche À partir d’une revue de littérature, nous constatons que le milieu joue un rôle dans le dynamisme entrepreneurial (les travaux d’A. Julien, P. Aydalot...). « Une règle »

Suite à un questionnaire de recherche établit par nous-mêmes et notre proximité des acteurs institutionnels du complexe nous avons procédé à étudier le lien entre l’entrepreneuriat et le milieu complexe industriel jorf Lasfar, et ce pour vérifier ce qui a été déjà développé et dit dans les chapitres théoriques. « Cas pratique »

Des résultats obtenus stipulants que le milieu par la qualité de ses ressources, ses acteurs et ses logiques favorisent le dynamisme entrepreneurial ainsi que le milieu innovateur est un outil de dynamisme entrepreneurial. « Conséquence » Source : Élaborée par nous-même

Enfin, nous résumons dans le tableau, ci-dessous, le positionnement épistémologique de notre travail de recherche.

306

V. PERRAT, M. DEVILLE (2003), Op.Cit. P. 28. 235

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Tableau 29: Le positionnement épistémologique de notre travail de recherche La démarche du positivisme

Positionnement épistémologique de notre recherche

Notre travail de recherche est basé sur une partie théorique qui définit, d’abord, la notion de l’entrepreneuriat, son acteur (entrepreneur) et ses paradigmes. Ensuite, l’approche territoriale de développement et la Théorie dynamique de proximité des configurations territoriales (District, SPL, MI). Et enfin de montrer que le milieu est un levier de dynamisme entrepreneurial. Lors de notre recherche, trois hypothèses ont été formulées dont la plus Hypothèses importante est le rôle du milieu dans le dynamisme entrepreneurial. Une observation de la réalité entrepreneuriale au sein du complexe industriel Jorf Lasfar à la province d’El-Jadida. Ainsi, observer les Observation logiques existant entre les différents acteurs du complexe permettant d’assurer un développement territorial à la province d’El-Jadida. Tiré une conséquence selon laquelle le milieu joue un rôle important dans Généralisation le dynamisme entrepreneurial. De même, que l’innovation territoriale est un facteur important de développement territorial. Source : Élaboré par nous-même.

1.3. Les hypothèses de recherches Avant de présenter le cadre méthodologique de notre travail, nous exposons nos hypothèses de recherches formulées à l’aide d’une revue de la littérature et des bases théoriques. En effet, il s’agit de trois hypothèses principales qui guideront notre analyse empirique. Selon S. CHARREIRE et F. DURIEUX (2003) « une hypothèse est une conjecture sur l’apparition ou l’explication d’un évènement. Fondée sur une réflexion théorique et s’appuyant sur une connaissance antérieure du phénomène étudié, l’hypothèse est une présomption de comportement ou de relation entre des objets étudiés (...) L’élaboration d’une hypothèse nécessite l’explication de la logique des relations qui unissent les concepts évoqués dans la problématique. À partir du moment où elle est formulée, l’hypothèse remplace la question de départ et elle se présente comme une réponse provisoire »307.  Notre problématique centrale : Question

générale :

En

quoi

le

milieu

contribue-t-il

au

dynamisme

entrepreneurial ?

CHARREIRE S., F. DURIEUX F., « Construction de l‘objet de la recherche », Sous la dir THIETART R-A, et al, « Méthodes de recherche en management », Édition DUNOD, 2003. P. 64 236 307

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Sur la base de l’axe de recherche communiqué par mon encadrant de thèse, M. MACHRAFI Moustafa, portant sur l’entrepreneuriat et le développement territorial, et après une revue de la littérature en relation avec notre thème. Nous avons décidé d’étudier le lien existant entre les trois concepts évoqués au cours de notre travail, à savoir le milieu, l’entrepreneuriat et le développement territorial. C’est pour cela, que nous proposons la problématique suivante : À cet effet, nous cherchons à démontrer et à comprendre que le milieu territorial par ses économies, ses acteurs et ses logiques contribuent au dynamisme entrepreneurial dans la province d’El-Jadida. Ainsi, nous montrons que l’interaction entre le réseau d’entreprises, le milieu et l’innovation favorisent la mise en place du projet milieu innovateur qui est une formation socio territorialisée axée sur la collaboration, la technologie et l’apprentissage (savoir-faire industriel). En effet, le projet milieu innovateur est considéré comme outil de dynamisme entrepreneurial. Dans ce cadre, trois hypothèses ont été formulées visant à expliquer les concepts évoqués dans la problématique et de présenter des réponses aux questions de recherches issues de la question générale. 13.1. La première hypothèse Hypothèse 1 : le milieu territorial composé d’une logique d’interaction et d’apprentissage contribue au dynamisme entrepreneurial au niveau de la région. Nous nous interrogeons sur le rôle du milieu dans le dynamisme entrepreneurial. En effet, selon des travaux de recherche de GREMI et des recherches de D. Maillat et al, le concept de milieu s’est métamorphosé, allant d’un espace neutre, amorphe et donné à un acteur qui assure son développement par la valorisation des ressources et la capitalisation d’un savoir-faire industriel. Donc, l’hypothèse que nous supposons vise à montrer qu’un milieu territorial caractérisé par des logiques, une logique d’interaction entre les acteurs du milieu et une logique d’apprentissage, par la présence des ressources et des actifs territoriaux, par une activité industrielle pertinente et par une économie d’externalité contribue au dynamisme entrepreneurial. Ainsi, le milieu facilite par des liens internes qu’externes une culture entrepreneuriale locale.

237

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1.3.2. La deuxième hypothèse Hypothèse 2 : l’ingénierie du milieu territorial, à savoir le capital social territorial, l’encastrement territorial et l’ancrage territorial, sont considérés comme des stratégies favorisant la création d’entreprises dans le territoire Comment le milieu favorise-t-il la création d’entreprises ? Cette question vise à présenter les mécanismes du milieu territorial conditionnant la création d’entreprises. D’abord, les entrepreneurs devront être soutenus par un capital social et une culture entrepreneuriale adaptée aux spécificités territoriales en vue de développer et réussir l’entreprise d’une part, et, d’autre part, de faire face à une compétitivité internationale. Ensuite, l’encastrement territorial cherche à démontrer que le créateur d’entreprises est considéré comme un acteur encastré dans un milieu territorial bénéficiant à la fois des ressources et des liens développés au sein du territoire. Enfin, l’ancrage territorial comme dernier élément de l’ingénierie territorial qui vise à expliciter à travers l’économie des ressources et l’économie de proximité son rôle à motiver la création d’entreprises. 1.3.3. La troisième hypothèse Hypothèse 3 : Le projet milieu innovateur défini comme une formation socio territorialisée participe au dynamisme entrepreneurial et au développement territorial, notamment par l’existence des logiques et des stratégies. Cette hypothèse indique que le projet milieu innovateur développé par des travaux de recherche de GREMI et des travaux de Philipe Aydalot peut constituer une plate-forme propice à l’innovation ainsi qu’il contribue au dynamisme entrepreneurial. Selon P. AYDALOT (1984), le milieu innovateur est articulé autour de trois logiques importantes, à savoir la logique d’organisation en réseau, une logique d’apprentissage et une logique territoriale. Ces logiques articulées de la théorie de la proximité permettent la réduction de risque et de l’incertitude, le développement d’un processus d’apprentissage collectif est d’assoir une politique d’innovation territoriale. Donc, nous constatons que le phénomène entrepreneurial peut émerger et connaitre un succès, ainsi que le développement territorial sera concrétisé. En définitive, ces hypothèses seront expliquées et testées par le recours à des dispositifs méthodologiques qualitatifs et quantitatifs. En effet, la méthode qualitative expliquée, ci-dessous, consiste à mener une analyse exploratoire, et ce pour la découverte de 238

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notre étude de cas, celle du complexe industriel Jorf Lasfar, ainsi que de s’interroger sur la possibilité à vérifier nos hypothèses. Donc, la méthode quantitative va servira à tester et vérifier les hypothèses de recherche formulées sur des bases théoriques.

Paragraphe 2 : La méthodologie de recherche adoptée au cours de ce travail Après avoir défini le positionnement épistémologique de notre travail de recherche. Nous exposons dans ce qui suit le protocole méthodologique retenu. Généralement le chercheur trouve des difficultés dans le choix de l’approche qu’il va mettre en œuvre pour collecter et analyser les données. À cet effet, vu les spécificités et les caractéristiques de notre thème de recherche308. Nous avons décidé de combiner à la fois l’approche qualitative et l’approche quantitative et cela s’est fait en deux étapes successives. D’abord, une étude exploratoire menée à travers l’approche qualitative pour mieux connaître le milieu complexe industriel Jorf Lasfar et de délimiter la question de recherche, c’est-à-dire « en quoi le milieu peut favoriser le dynamisme entrepreneurial, dans une optique de développement territorial ». Ensuite, de mener une analyse confirmatoire par l’analyse quantitative des données issues des entreprises interrogées opérant dans le milieu complexe industriel Jorf Lasfar. En général, les approches qualitatives se basent principalement sur l’interprétation de l’individu et les approches quantitatives se basent sur des corrélations statistiques entre des variables bien choisies. 2.1. La méthode de recherche qualitative Nous commençons, d’abord, par la méthode qualitative, car c’est-elle qui va nous aider à délimiter la question de recherche, développer des hypothèses et de comprendre les spécificités du milieu complexe industriel Jorf Lasfar. 2.1.1. Définition de l’approche qualitative En science de gestion, les méthodes qualitatives visent à chercher du sens, à comprendre des phénomènes ou des comportements. L’analyse qualitative, selon Paillé, peut être définie comme une démarche discursive de reformulation, d'explicitation ou de théorisation d’un témoignage, d’une expérience ou d’un phénomène. C’est un travail complexe qui consiste, à l’aide des seules ressources de la langue, à porter un matériau

308

C. CURCHOD, « la méthode comparative en science de gestion : vers une approche quali-quantitative de la réalité managériale », Revue Finance Contrôle Stratégie – Volume 6, N° 2, Juin 2003. P. 155-177. 239

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qualitatif dense et plus ou moins explicite à un niveau de compréhension ou de théorisation satisfaisant309. D’après F. WACHEUX (1996), les démarches qualitatives s’appuient sur des techniques et des outils de collecte et d’analyse des données qui visent à repérer, à comprendre et à expliquer les faits sociaux totaux dans leur contexte. À cet effet, trois caractéristiques importantes caractérisant cette méthode310. D’abord, la méthode désigne la stratégie de recherche, c’est-à-dire

que chaque projet de recherche possède des

caractéristiques propres, et donc la méthode adoptée devra être compatible pour la réalisation des objectifs du projet. Ensuite, l’acteur sur le terrain dispos d’une liberté. Enfin, le projet de recherche évolue dans le temps, cela veut dire que le chercheur est toujours ouvert aux faits inhabituels, aux énoncés théoriques et à l’écoute des personnes pour s’adapter au nouveau contexte. De même, la méthode qualitative facilite la production de connaissances nouvelles et spécifiques. Cela s’explique, d’abord, par la qualité des données qui sont subjectives et qui permettent de véhiculer une connaissance riche, fine et transversale de la réalité locale. Ensuite, par les informations produites qui sont spécifiques au territoire dont la recherche s’est produite et ne peuvent être adaptées à un autre cas de recherche311. Cependant, la contrainte de l’approche qualitative réside dans la subjectivité du chercheur et du sujet, c’est-à-dire le chercheur analyse et interprète un fait social d’une manière subjective, ce qui pourra influencer les résultats produits par le chercheur. En conséquence, le choix de cette approche paraît important pour notre objet de recherche, et ce pour découvrir un milieu qui souffre des problèmes, tels que : le problème d’organisation, c’est-à-dire l’absence d’un comité organisationnel qui s’occupe de tout ce qui concerne la gestion et l’entretien du complexe et qui peut nous fournir de l’information. Ensuite, le volet communication au sein du complexe est moins développé, il y a un manque des affiches, des sites d’informations et les fiches signalétiques qui peuvent faciliter l’accès et la manière dont il fonctionne. À cet effet, ces handicaps nous ont limité, au départ,

COUTELLE P., « Introduction aux méthodes qualitatives en science de gestion » , séminaire d’études qualitatives, Université de Tours, 2005. P. 2. Disponiblesur l’URL : http://www.academia.edu/5322539/Introduction_aux_m%C3%A9thodes_qualitatives_en_Sciences_de_Gestion_ Cours_du_CEFAG_-_s%C3%A9minaire_d%C3%A9tudes_qualitatives_2005. 310 WACHEUX F., (1996), Op.Cit. P. 181. 311 PAILLE P., MUCCHIELLI A., « l’analyse qualitative en sciences humaines et sociales », Édition, Colin, Paris, 2008. P. 315. 240 309

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notamment dans la détermination des hypothèses et la rédaction du questionnaire adapté à ce contexte. Donc, notre objectif, c’est de visiter le milieu complexe industriel Jorf Lasfar et d’interroger les acteurs présents sur place afin de comprendre, réellement, la composition du milieu, les acteurs qui les constituent et les relations existants entre eux. En effet, les entretiens menés avec les acteurs du milieu complexe industriel Jorf Lasfar ont été réalisés sans le recours à des guides d’entretiens. La seule et l’importante condition est que l’acteur opérant dans le complexe possède une forte connaissance des positions des entreprises, des problèmes de milieu et des projets qui sont réalisés ou en cours de réalisation. Citant l’exemple, des entretiens menés avec le responsable du groupe Medz, M. Akrim qui nous éclairci sur la structure du milieu, le fonctionnement du complexe et les liens existants entre les acteurs. Ensuite, des entretiens avec les responsables des administrations publiques, notamment le Centre Provincial d’Investissement et la Délégation du Ministère de l’Industrie, du Commerce de l’Investissement et de l’Économie Numérique et la Direction Provinciale des Impôts qui nous ont communiqué la liste des entreprises inscrites et identifiés à la taxe professionnelle dans le complexe ainsi que l’effectif des entreprises actives dans le complexe. Puis, des entretiens avec la collectivité territoriale de Moulay Abdellah. Ainsi, ces visites nous ont beaucoup aidé dans la conception de notre problématique de recherche, et ce, par l’addition de nouvelles questions apportées de la réalité du terrain, à savoir :  L’importance des liens avec les entreprises à fort potentiel économique (OCP, SONASID, JLEC, Afriquia Gaz) dans le dynamisme entrepreneurial ; 

L’emplacement stratégique du milieu et leur contribution dans le dynamisme ;

 Le niveau de coordination, de confiance et de proximité entre, les entreprises du milieu, d’une part, et, d’autre part, avec les acteurs territoriaux.  La question de l’innovation chez les entreprises et le rôle du milieu dans la stimulation de l’innovation. En effet, ces questions ont été bien prises en considération dans la reformulation des hypothèses de recherche. De même, le questionnaire (développé dans la méthode quantitative) a été enrichi au fur et à mesure de notre compréhension du milieu complexe industriel Jorf Lasfar, notre objet de recherche.

241

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Le paragraphe aura pour but de décrire la stratégie adoptée par la méthode qualitative pour accéder au réel. Cette stratégie constituera l’étude de cas. 2.1.2. L’étude de cas : une stratégie d’accès au réel Après avoir défini l’approche qualitative et expliqué son utilité par rapport à notre recherche. Nous passons maintenant à la présentation de la technique utilisée afin de réaliser notre programme de recherche et d’aboutir à des résultats. L’étude de cas est une stratégie d’accès au réel qui permet l’étude en profondeur d’un phénomène contemporain. Selon R. K. YIN (2009), il s’agit d’une « enquête empirique qui étudie un phénomène contemporain dans son contexte réel quand les limites entre le phénomène et le contexte ne sont pas claires »312. Son avantage est qu’elle intègre dans un contexte l’analyse de l’objet, c’est-à-dire qu’elle l’inscrit dans son environnement temporel, spatial et social. Elle donne les moyens de reconstruire des situations en utilisant plusieurs sources de preuves313. En effet, notre thèse est fondée sur l’étude de cas du complexe industriel Jorf Lasfar. Ce choix est motivé pour diverses raisons. D’abord, notre proximité du complexe, et donc une possibilité de contacter les acteurs et les décideurs du complexe. Ensuite, l’objectif de démontrer à travers notre étude de cas, le rôle du milieu au dynamisme entrepreneurial ; soit par sa participation à la création d’entreprises ou soit par l’existence des logiques d’interaction et d’apprentissage au sein du milieu qui favorise l’innovation. Nous expliquons, aussi, que le complexe industriel Jorf Lasfar, en tant qu’un réseau d’innovation territorial, peut contribuer au développement territorial à condition que le milieu développe, d’une part, une logique de proximité territoriale, et, d’autre part, une ingénierie territoriale stimulant le dynamisme entrepreneurial. De même, R. K. YIN (2009) a proposé une typologie d’étude de cas selon quatre types de recherche. Il les a définis à partir de deux critères : le nombre de cas (unique ou multiple) et le nombre d’unités d’analyse (unique ou multiple)314. Selon cette typologie, notre étude de cas est unique (un réseau), ayant des unités d’analyse multiples (les entreprises, les opérateurs économiques et les acteurs locaux).

312

YIN R. K., « Case Study Research: design and method » (4 th Ed). Thousand Oaks, CA: Sage Publication, 2009. P. 18. 313 ARNAUD N., « Étudier, relever et analyser la communication organisationnelle en situation de gestion, ou comment accéder à la conversation et aux textes », Revue Communication et Organisation, Éditeur Presse de l’université de Bordeaux, 2007. P. 172. 314 YIN R. K., (2009), Op.Cit. P. 46-47. 242

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Figure 31: Les différents designs d’étude de cas selon R. K. YIN (2009)

Source : R. K. YIN (2009, P : 46-47).

En outre, selon R. K. YIN (2009) l’étude de cas peut être utilisée dans des situations qui répondent à des conditions telles que : 

D’abord, lorsque la question de recherche porte sur le « comment » et le

« pourquoi ». En effet, cette condition est présentée dans notre thèse par l’idée de s’interroger sur la croissance du complexe industriel Jorf Lasfar et sa contribution au développement territorial, notamment par des stratégies d’innovation. Ainsi, de préciser comment ce complexe a pu assurer un tel dynamisme entrepreneurial. Ces deux questions trouvent une explication dans les réponses des entreprises opérantes dans le complexe. 

Puis, lorsque les chercheurs ne sont pas en mesure de contrôler les évènements.

Comme déjà expliqué dans le positionnement épistémologique qu’il y a une indépendance entre le sujet et l’objet de recherche. C’est pour cela que notre objectif est l’observation du complexe, d’une part, et, d’autre part, la compréhension des relations existant entre les différents acteurs exerçant une influence sur les entreprises et sur le territoire. À cet effet, nous constatons que nous sommes très loin de contrôler ces événements. 

Ensuite, lorsque les évènements constituent un phénomène contemporain inscrit

dans un contexte de vie concrète. Nous pouvons avancer qu’un évènement comme la localisation d’une entreprise de renommée internationale citant l’exemple du « Bontaz

243

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Center » ou « Daweyoo & construction Co » dans le complexe industriel Jorf Lasfar peut constituer un facteur de dynamisme entrepreneurial et de développement territorial. Enfin, l’étude de cas est un moyen d’enquête adapté à des situations comportant un nombre important d’éléments à étudier : elle repose sur le recueil de multiples sources empiriques permettant la triangulation des matériaux et est guidée par un cadre théorique qui apporte des éléments à la réalité étudiée (R. K. YIN 2009). À cet effet, notre étude de cas remplit toutes les conditions et les critères cités cidessus. Elle est basée en premier lieu sur une observation315 du milieu complexe industriel Jorf Lasfar afin de faciliter la rédaction du questionnaire adressé aux entreprises existant sur le complexe (presque 40 entreprises interrogées). En second lieu, les informations collectées par ses différents moyens vont permettre d’effectuer la triangulation des données et les comparer afin d’avoir une image plus proche de la réalité vécue. 2.1.3. L’observation passive : une stratégie de recueil des données Afin d’expliquer comment la méthode d’étude de cas a été conduite, nous présentons l’observation passive comme une stratégie de recueil des données. Dans l’approche qualitative la collecte des données nécessite un effort important pour provoquer les interactions avec les acteurs. En effet, trois sources d’évidence sont les plus utilisées dans cette approche, à savoir : l’entretien, l’observation et l’analyse documentaire et d’archives. En vue de comprendre le milieu complexe industriel Jorf Lasfar et de collecter l’information utile, nous se recourons à la méthode d’observation passive, et ce, par la possibilité offerte au chercheur d’observer et de comprendre la réalité. LAPLANTINE a défini l’observation comme l’analyse des comportements sociaux à partir d’une relation humaine partagée et durable de l’existence des hommes. Elle suppose l’intégration du chercheur au coeur même de son objet. Il existe deux formes principales d’observation. Elle est participante lorsque le chercheur est investi d’un rôle d’acteur au même titre que les personnes du groupe auquel il participe. Elle est passive, lorsque le chercheur n’a qu’une simple position de témoin des événements316. Ainsi, le chercheur à travers l’observation observe lui-même des processus ou des comportements se déroulant dans une organisation, pendant une période de temps délimitée. L’observation constitue le mode de collecte de données par lequel le chercheur observe de lui-même des processus ou des comportements se déroulant dans une organisation, pendant une période de temps délimité (Baumard et al. 1999). 316 WACHEUX F., (1996), Op.Cit. P. 211. 244 315

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Elle est un détour nécessaire non seulement pour la compréhension mais aussi et surtout pour le recueil détaillé des situations étudiées. Donc, l’observation est envisagée comme le moyen d’accès privilégié à la réalité des relations interfirmes et, à ce titre, considérée pour l’action en organisation317. Donc, notre choix de collecter l’information est l’observation passive. Cette forme selon F. WACHEUX (1996) est définie comme l’autorisation d’être présente dans l’organisation pour regarder la réalité quotidienne, assister aux événements pour les enregistrer et les analyser. Mais aussi saisir l’occasion d’une visite dans l’entreprise pour être attentif à l’environnement immédiat des personnes318. À cet effet, nous adaptons cette définition à notre cas de recherche, notamment par des visites du milieu complexe industriel Jorf Lasfar afin de comprendre à la fois, la réalité du complexe et l’environnement d’affaire (les logiques existantes et les liens entre acteurs). Pour mener cette opération, nous avons suivi une démarche composée de quatre tâches incontournables319. Cette démarche est présentée dans le tableau ci-dessous. Tableau 30: Les tâches menées pour conduire une observation non participante au complexe industriel Jorf Lasfar selon S. MARTINEAU (2004) Tâches

Description Le moment où nous avons commencé à rédiger les chapitres théoriques de thèse, nous nous sommes interrogés sur la possibilité de vérifier ce qui a été développé dans la théorie dans le complexe industriel Jorf Lasfar. À cet effet, l’image communiquée d’après des sites d’internet et les acteurs territoriaux sur l’importance du complexe dans le dynamisme entrepreneurial La présence et le développement territorial, notamment par la capacité des opérateurs sur le terrain économiques d’octroyer des contrats de sous-traitance, m’ont incité de dévoiler ce milieu territorial. Donc, nous avons décidé de visiter et d’être sur place pour découvrir ce milieu complexe industriel Jorf Lasfar et de comprendre ses logiques de fonctionnement. En effet, l’année 2016 a été consacrée à réaliser des visites, de rencontrer des acteurs décideurs ( M. Akrim responsable projet MEDZ) et de découvrir la structuration du milieu. Ces visites nous ont beaucoup aidés à nous adapter à ce milieu. L’observation du milieu complexe industriel Jorf Lasfar nous permis de dégager tant des éléments importants facilitant la rédaction du 317

Arnaud N., (2007), Op.Cit. P. 177. WACHEUX F., (1996), Op.Cit. P. 215-216. 319 Stéphane Martineau (2004), « l’observation en situation : enjeux, possibilité et limites », Actes du colloque L’instrumentation Dans la collecte des données, UQTR, 26 Novembre 2004, Association pour la recherche qualitative. Disponible sur l’URL : http://www.recherchequalitative.qc.ca/documents/files/revue/hors_serie/hors_serie_v2/SMartineau%20HS2issn.pdf 245 318

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L’observation

Garder une trace de ses observations Une relecture de ce qui a été observé

questionnaire : *L’absence d’un comité organisationnel qui s’occupe de la gestion du milieu (absence des fiches signalétiques, des panneaux publicitaires) ; *L’absence d’une assiette foncière organisée qui vise à proposer des lots de terrains pour les entreprises souhaitant s’installer ; les entreprises sont installées sur des terrains agricoles et dans la commune Moulay Abdelah ; *La majorité des entreprises du complexe détient des relations avec les opérateurs économiques, en premier l’OCP, et ensuite SONASID et JLEC, ainsi que des relations avec l’agence nationale des ports ; *La coordination entre les entreprises et les acteurs territoriaux est embryonnaire. Des dirigeants des entreprises (Ama Détergeant SARL) souffrent de problèmes de communication avec la commune Moulay Abdellah. De même, le conflit existant entre la commune Moulay Abdellah et l’OCP sur le réaménagement de la route menant vers El-Jadida ; *Le milieu complexe industriel Jorf Lasfar possède des atouts importants et intéressants, à savoir l’activité des entreprises sur le milieu (l’industrie chimique et para chimique, la sidérurgie et l’automobile) et l’emplacement stratégique (la proximité de Casablanca et la présence d’un port) ; *La question de l’innovation est aussi importante chez les entreprises du complexe (ces différentes facettes, les éléments qui contribuent et les entraves). Tous ces éléments issus de l’observation passive ont été notés et enregistrés dans des Bloc-notes en vue de l’utiliser dans la reformulation des hypothèses et la rédaction du questionnaire. À la fin de l’année 2016, nous avons pu construire une idée sur le milieu complexe industriel Jorf Lasfar, c’est-à-dire comprendre son fonctionnement, les principaux acteurs et entreprises ainsi que les logiques existants. Ainsi, nous avons essayé de reformuler ce qui a été observé sur le terrain en vue de tirer une interprétation objective sur la possibilité de vérifier nos hypothèses de recherche (adaptées par la suite) par le recours à l’approche quantitative et son outil qui est le questionnaire.

Source : réalisé par nous-même.

En définitive, nous avons présenté la méthode qualitative adoptée et la stratégie de l’étude de cas mise en œuvre pour découvrir et comprendre la réalité du complexe industriel Jorf Lasfar. À cet effet, nous passons à la deuxième méthode celle de la méthode quantitative qui a pour objectif la construction d’un questionnaire de recherche et la collecte des données.

246

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2.2. La méthode de recherche quantitative Après avoir défini l’approche qualitative et expliqué le choix à adopter en premier lieu, nous passons, ensuite, à présenter l’utilité de l’approche quantitative, notamment par sa capacité à vérifier et à tester les hypothèses formulées sur des bases théoriques. En effet, le recours à la méthode quantitative basée sur le questionnaire comme moyen de collecte des données a pour but de compléter ce qui a été déjà exploré dans l’étude qualitative. Dans ce sens, nous allons, d’abord, définir l’approche quantitative et faire la distinction entre les deux approches pour mieux comprendre la méthode de recherche quantitative ainsi que de montrer l’utilité de la complémentarité des deux approches. Ensuite, nous présentons le questionnaire de recherche. Enfin, nous montrons la façon dont nous avons adopté pour collecter les données. 2.2.1. Définition de l’approche quantitative D’après, SINGLY, cité par A. COUVREUR et F. LEHUEDE (2002), une étude quantitative est lié à une vision positive et empiriste, elle vise à tester des hypothèses et à illustrer des théories par la mise en évidence des corrélations entre des variables. Elle mesure, sur les variables du questionnaire, des inégalités de distribution et les corrèle avec d’autres distributions. Trois séries de variables dont les indicateurs renvoient directement à une désignation biologique (le sexe, l’âge) ; les variables servant à approcher le montant des capitaux, sociaux, culturels et économiques des individus interrogés ; les variables indiquant le mode d’organisation de la vie privée dans laquelle les personnes sont insérées »320. À cet effet, les méthodes quantitatives visent à expliquer un objet de recherche par la collecte des données numériques, souvent par l’utilisation du questionnaire et qui sont analysées ensuite, par des méthodes basées sur des techniques mathématiques ou statistiques. C’est pourquoi le chercheur, par le recueil des données réelles, cherche à vérifier et à tester les hypothèses formulées sur des bases théoriques. Dans ce cas, nous avons décidé de mener une enquête par questionnaire321 auprès des dirigeants ou des responsables d’entreprises existantes sur le complexe industriel Jorf Lasfar en vue d’obtenir des réponses et de comprendre « comment » le milieu a-t-il vraiment participé au dynamisme entrepreneurial.

320

Agathe COUVREUR A., LEHUEDE F., « Essai de comparaison de méthodes quantitatives et qualitatives à partir d’un exemple : le passage à l’Euro vécu par les consommateurs », Cahier de recherche N°176 Novembre 2002, Centre de recherche pour l’Étude et l’observation des conditions de vie. P. 7. Disponible sur l’URL http://www.dphu.org/uploads/attachements/books/books_512_0.pdf. 321 Cf Questionnaires en annexe. 247

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Ainsi, tout chercheur soucieux de mener un travail de recherche scientifique est appelé à distinguer entre une méthode qualitative et une méthode quantitative. Selon BRABET, cette distinction est, de plus, ambiguë, car elle est basée sur une multitude de critères, à savoir l’orientation de la recherche, le caractère objectif ou subjectif des résultats obtenus et la flexibilité de la recherche322. Ces critères faisant la différence entre les deux approches vont être détaillés comme suit: D’abord, la distinction selon l’orientation de la recherche : la coutume en recherche permet de lier l’exploration et la construction à une approche qualitative et la vérification et le test à une approche quantitative. Selon P. BAUMARD et J. IBERT (2003), le positivisme qui repose sur les critères de validité de vérifiabilité, confirmabilité et réfutabilité, n’accepte qu’une méthode scientifique reposant sur le respect de la logique formelle (logique déductive) car c’est la seule qui permettrait d’avoir une reproduction objective de la réalité. Ainsi, pour choisir l’une des deux approches, le chercheur devrait s’interroger sur la nature et la qualité des liens de causalité existants entre les variables ou à la généralisation des résultats. Alors que l’idéal pour un chercheur est de combiner les deux approches pour avoir une plus grande validité des connaissances dégagées323. Ensuite, la différence selon le caractère objectif ou subjectif de la recherche : l’approche qualitative offre une plus grande garantie d’objectivité. GRAWITZ a posé une question fondamentale pour séparer entre les deux approches : « Vaut-il mieux trouver des éléments intéressants ? dont on n’est, pas certain ou être sûr que ce que l’on trouve est vrai même si ce n’est pas intéressant ? ». Nous comprenons à travers cette question qu’elle existe, une distinction entre l’approche quantitative et qualitative sur la base de la dimension objective ou subjective de la recherche324. Enfin, une séparation sur la flexibilité de la recherche : la notion de flexibilité est considérée comme élément crucial dans le choix d’une approche qualitative ou quantitative. Dans l’approche qualitative le chercheur peut modifier au fur et à mesure de son état d’avancement des travaux de recherche pour que les résultats soient vraiment issus du terrain. Donc, il bénéficie en général d’une plus grande flexibilité dans le recueil de données. Par contre, dans l’approche quantitative, le chercheur est limité par un calendrier plus rigide, du

322

BEN LATIFA S., (2006), Op.Cit. P. 11. BAUMARD P., IBERT J., « Quelles approches avec quelles données », Sous la dir de THIETART, R-A., et al, «Méthodes de recherche en management », Édition DUNOD, 2003. P. 97-98. 324 Idem., P. 99. 248 323

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coup, qu’il est difficile de procéder à chercher d’autres pistes de recherche ou d’avoir des explications rivales. Après la distinction des méthodes, nous passons à dévoiler la complémentarité des méthodes mixtes. En effet, la méthode « quasi-quantitative » est issue de la sociologie et des sciences politiques, et a été développée par le sociologue américain Charles Ragin. Elle est à la fois une démarche et une technique. D’abord, c’est une démarche, car elle permet d’envisager un dialogue entre des faits et des idées tout au long d’un processus de recherche et, ce, de manière très explicite. Ensuite, c’est une technique, parce qu’elle mobilise l’algèbre booléenne pour faciliter la comparaison d’un petit échantillon de cas, entre cinq et cinquante, avec un nombre élevé de variables. Donc, le chercheur est un qualitativiste par sa forte maitrise de son cas d’étude, et un quantitativiste sa capacité de reformuler et traduire les paramètres de son cas en variables opérationnelles comparables325. En résumé, après avoir défini les deux méthodes de recherche et expliquer la différence, d’une part, et, la complémentarité d’autre part. Nous avons décidé durant ce travail de recherche de combiner entre les deux méthodes de recherche. En premier lieu, la méthode qualitative basée sur l’exploration et la découverte du milieu complexe industriel Jorf Lasfar, réalisée par l’outil de l’observation passive. En deuxième lieu, la méthode quantitative menée par un questionnaire et visant à avoir des réponses auprès des entreprises opérantes dans le complexe industriel Jorf Lasfar sur le comment « l’ingénierie du milieu et sa contribution au dynamisme entrepreneurial ». Ces données quantitatives collectées seront analysées et interprétées par des tests des hypothèses, notamment le test de Fisher et Khi 2. 2.2.2. Construction et description du questionnaire Une fois nous avons construit notre cadre méthodologique et les raisons qui nous ont poussé à choisir les deux approches de recherche. Nous exposons l’outil adopté pour collecter les données, soit le questionnaire. En effet, le questionnaire permet d’interroger un échantillonnage d’individus par des questions dites « fermées ». Trois étapes importantes à respecter dans l’utilisation d’un questionnaire, à savoir la construction du questionnaire avec le choix des échelles de mesure, un prétest pour vérifier la validité et la fiabilité de l’instrument des mesures et l’administration définitive326. Ainsi, construire un questionnaire

325

C. CURCHOD, (2003), Op.Cit. P. 158-157. BAUMARD P., « la collecte des données et la gestion de leurs sources », Sous la dir THIETART, R-A., et al, « Méthodes de recherche en management », Édition DUNOD, 2003. P. 226- 233. 249 326

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pour une recherche quantitative, c’est construire un instrument de mesure composé des différents types d’échelle de mesure ( nominale, ordinale, d’intervalles ou de proportion). En conséquence, l’utilisation du questionnaire est apparue pour notre cas d’étude comme la méthode de collecte de données la plus adaptée pour obtenir des réponses auprès des entreprises opérantes dans le complexe industriel Jorf Lasfar, et ce dans une période de temps très courte allant du 01/12/2016 au 31/05/2017. De plus, ces questionnaires ont été tous administrés à travers des contacts face à face avec les responsables et les dirigeants des entreprises. Il est sans nul doute que la rédaction du questionnaire est la phase la plus délicate dans la mise en oeuvre d’une enquête. D’après J-J ROUSSEAU « l’art d’interroger n’est pas si facile qu’on pense. C’est bien plus l’art des maîtres que des disciples ; il faut déjà avoir appris beaucoup de choses pour savoir demander ce qu’on ne sait pas »327. Ainsi, notre questionnaire a été construit sur la base d’une littérature et des acquis théoriques, d’une part, et, d’autre part, sur l’étude exploratoire qui nous a permis de découvrir le milieu complexe industriel Jorf Lasfar. De même, nous avons bénéficié aussi de notre expérience professionnelle qui nous a permis de connaître la réalité entrepreneuriale au niveau d’ElJadida ainsi que les caractéristiques de l’économie territoriale de la province, notamment par des prises de contact avec des responsables de l’administration publiques

328

et des

entrepreneurs locaux. À cet effet, notre questionnaire est subdivisé en quatre axes et chaque axe est composé des questions et des sous-questions dont le total est de 46 questions selon plusieurs types, c’est-à-dire des questions fermées dichotomiques ou multichotomiques et des questions fermées avec une échelle d’intervalle à cinq positions « l’échelle de likert », sous cette forme : 1: très important 1: très satisfait

2:Important 2: satisfait

3: Plutôt

4: Plutôt pas

important

important

3: Plutôt satisfait

4:Plutôt pas satisfait

5:Pas important 5 : Pas satisfait

En outre, nous avons proposé au répondant dans certaines questions, le choix de s’exprimer sous l’intitulé « si autre : Merci de préciser ».

327 328

Une citation de Jean Jacques ROUSSEAU. [Ex : M. EL KALAI, responsable de la cellule création d’entreprise au CPI d’El-Jadida] 250

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En effet, notre questionnaire est composé de quatre thèmes et chaque thème retrace un ensemble de questions en interdépendance. Ils sont formulés suit : 

Thème 1 : l’entrepreneuriat



Thème 2 : le milieu entrepreneurial : « complexe industriel Jorf Lasfar ».



Thème 3 : l’ingénierie territoriale et création d’entreprises.



Thème 4 : le Milieu Innovateur, entrepreneuriat et développement territorial. Le premier thème du questionnaire concerne, d’une part, les caractéristiques des

entreprises enquêtées dans le complexe industriel Jorf Lasfar, et, d’autre part, il sert de dévoiler la réalité entrepreneuriale des entreprises répondant. Donc, les questions de 1 à 5 ont pour objectif d’identifier l’enquêté, c’est-à-dire la forme juridique, l’effectif, la nature d’activité (cette variable sera très importante en vue de classifier les entreprises par nature d’activité et d’avoir une idée sur l'activité la plus existante dans le complexe) et son local. Le deuxième thème du questionnaire porte sur la contribution du milieu entrepreneurial au dynamisme entrepreneurial. Donc, nous cherchons à expliquer que le milieu entrepreneurial est considéré comme la clef de l’entrepreneuriat dans la province d’ElJadida. Ainsi, le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » par la qualité des acteurs présents sur place (OCP, SONASID, JLEC) et de ses ressources (le port jorf lasfar) peuvent favoriser un dynamisme entrepreneurial. Nous présentons, ci-dessous, les questions les plus intéressantes. D’abord, la question numéro 2 présente un tableau qui met en exergue le rôle des formalités administratives relative à la création d’entreprises et d’exercice d’activité, les mesures fiscales et les démarches de financement dans le dynamisme entrepreneurial. Ainsi, elle a pour but de mesurer le degré de satisfaction chez les entrepreneurs. Puis, la question numéro trois est une question fermée intéressante, car elle offre aux répondants la possibilité de s’exprimer sur la capacité du milieu dans la réduction de l’incertitude et du risque pour les entreprises opérant dans le complexe. Ensuite, dans le chapitre trois « le milieu un levier de dynamisme entrepreneurial » tout un paragraphe est dédié à décrire le lien entre le milieu entrepreneurial et l’information. C’est pourquoi nous avons décidé d’administrer une question portant sur l’information au sein du complexe, c’est-à-dire le milieu offre l’information adéquate, le type d’information et la manière de la détecter. 251

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Enfin, nous avons proposé dans la question numéro cinq, des éléments intéressants au sein du complexe industriel Jorf Lasfar qui peuvent expliciter le pourquoi du thème 2 et d’expliquer ainsi le lien entre le milieu entrepreneurial celui du complexe industriel Jorf Lasfar et le dynamisme entrepreneurial. Citant l’exemple de quelques variables définies et prises en considération : 

Le niveau de coordination avec les administrations locales ;



Le climat de confiance (entre fournisseurs et clients) ;



La culture entrepreneuriale au sein du complexe industriel Jorf Lasfar ;



Le niveau du respect des valeurs, des normes et des règles au sein du complexe ;



Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique (OCP, SONASID, JLEC). Les questions de ce thème visent à répondre à l’hypothèse « Hyp 2 : le milieu

entrepreneurial favorise-t-il la création d’entreprises ». Le troisième thème du questionnaire s’intéresse à l’ingénierie territoriale et création d’entreprises. En effet, nous cherchons à expliquer en quoi l’ingénierie territoriale par le biais du capital social territorial, de l’encastrement territorial et de l’ancrage territorial peut conditionner le processus de création d’entreprises. D’abord, la première question interroge l’entrepreneur sur la raison de choisir le complexe industriel Jorf Lasfar. Parmi les choix à choisir, nous trouvons la variable « emplacement stratégique » qui expose l’importance de la proximité territoriale. Ensuite, la deuxième question porte sur la raison qui a motivé l’entrepreneur à créer son entreprise sur le complexe industriel Jorf Lasfar. Cinq variables ont été proposées à l’enquêté avec une possibilité de choisir deux choix, à savoir :  L’expérience : est-ce que l’entrepreneur possède déjà une expérience professionnelle dans une autre entreprise. Peut-on considérer que l’expérience et les liens sociaux avec des entrepreneurs sur place sont des facteurs favorisant la création d’entreprises.  Relations professionnelles, relations familiales et relations amicales ont pour but d’expliquer l’effet de l’encastrement territorial sur la création d’entreprises. 

Dépendance historique et culturelle. Enfin, la dernière question détermine l’intention chez l’entrepreneur et l’entreprise de

déménager du complexe industriel Jorf Lasfar. Nous cherchons à travers cette question de comprendre est-ce que le complexe favorise l’ancrage des entreprises installées dans le complexe industriel Jorf Lasfar ou bien, elles sont en train d’achever leurs contrats et de se délocaliser dans un autre milieu entrepreneurial offrant plus d’opportunités. 252

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Le quatrième thème concerne le lien entre le milieu innovateur, l’entrepreneuriat et le développement territorial. Nous demandons aux entreprises existantes sur le complexe la possibilité de transformer le complexe à un milieu innovateur. En effet, le milieu innovateur est considéré comme une formation socio-économique territorialisée au sein de laquelle émergent de nouvelles formes d’organisation territoriale à base de collaboration à travers lesquelles s’enrichissent les apprentissages propices à la création technologique et à la création d’entreprises. Ce thème comporte neuf questions ventilées comme suit : D’abord, le projet milieu innovateur est articulé autour de trois logiques importantes, à savoir la logique territoriale, la logique technologique et la logique organisationnelle, c’est pour cela que la question numéro 1 vise à interroger les entrepreneurs sur la réalité du complexe industriel Jorf Lasfar. Ces logiques sont-elles révélées dans le complexe ou non. Ensuite, les questions de numéro 3 à numéro 7 ont pour but d’expliquer la relation entre le réseau, le milieu et l’innovation au sein du complexe Jorf Lasfar. Ainsi, de montrer que le complexe possède les atouts d’être un milieu innovateur qui permet de favoriser l’innovation et le dynamisme entrepreneurial. À cet effet, les questions de numéro 3 à 5 visent à identifier les facettes et la stratégie de l’innovation chez les entreprises sur place. La question numéro 6 détermine les éléments du milieu territorials qui contribuent à l’innovation, notamment le partenariat avec l’université et les centres de recherche, un capital humain, échange d’informations avec les PME locales et la qualité du réseau territorial. Alors que, la question numéro 7 cherche à détecter le principal frein d’innovation au sein du complexe Jorf Lasfar. Enfin, la question numéro 9 est une question supplémentaire qui a pour objectif de retracer la participation des entreprises existantes sur le complexe Jorf Lasfar au développement territorial. Donc, nous avons sollicité aux entreprises de cocher les réponses par un ordre numérique selon leur participation au développement. Les questions de ce thème visent à répondre à l’hypothèse « Hyp 3 : le milieu innovateur outil de dynamisme entrepreneurial via l’innovation ».

253

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2.2.3. Administration du questionnaire D’après P. ROUSSEL (2005), il existe cinq méthodes pour réaliser l’administration d’un questionnaire en l’occurrence l’enquête : en face à face, auto-administrée en contact direct, par voie postale, par téléphone, ou par Internet329. En effet, vu la proximité du complexe ( 20 Km de la ville d’El-Jadida) et les données communiquées de mes collègues à la direction provinciale des impôts sur l’effectif des entreprises sur le complexe Jorf Lasfar. Nous avons décidé d’utiliser, d’une part, le face à face avec une trentaine des responsables et des dirigeants des entreprises ayant accepté de répondre au questionnaire, et, d’autre part, d’envoyer par voie électronique pour les entreprises possédant le siège social à Casablanca (une dizaine d’entreprises). D’abord, le contact face à face nous a beaucoup aidé en matière de réduction des délais de réponse (15 min pour remplir un questionnaire), ainsi que de mieux expliquer le questionnaire pour avoir des réponses fiables. Sur une trentaine de rencontres vingt-sept ont accepté de répondre alors que, trois entreprises ont refusé de répondre, et ce pour motif de compétence. Ensuite, les entreprises possédant leur siège à Casablanca comme SONASID et les entreprises ayant des formalités d’accéder très serrées comme JLEC, nous avons décidé de les envoyer des courriels dont le questionnaire en pièce jointe. À cet effet, sur dix entreprises qui ont reçu le questionnaire, trois qui nous ont communiqué les questionnaires dûment remplis, signés et cachetés. En outre, après avoir achevé la phase de la collecte des données, nous avons fait appel à deux logiciels SPSS330 et EXCEL (2013). En effet, par le recours à ces deux logiciels nous avons pu obtenir, d’une part, une analyse descriptive et univariée des données par l’utilisation des tableaux croisés dynamiques, et, d’autre part, d’avoir une analyse et une interprétation des résultats par le test de Fisher et khi 2. L’analyse des résultats sera explicitée en détail dans la section trois de ce chapitre. Nous résumons dans la figure, ci-dessous, la méthodologie et l’épistémologie de recherche suivie au cours de ce travail de recherche.

ROUSSEL P., « Méthodes de développement d’échelles pour questionnaires d’enquête », sous la dire ROUSSEL P. et WACHEUX F., « Management des ressources humaines. Méthodes de recherche en sciences humaines et sociales », Édition de Boeck Supérieur, 2005. P. 254. 330 IBM SPSS Statistics 21. 254 329

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Figure 32: L’architecture de l’épistémologie et de la méthodologie de recherche Choix de la méthodologie du travail

Logique déductive

Paradigme positiviste

Approche Adoptée : Démarche qualitative et quantitative (découvrir la réalité du complexe et construire un questionnaire pour les entreprises installées sur place)

Outils de collecte et traitement de données La stratégie de l’étude de cas et la méthode de l’observation non participante (au cours de l’année 2016)

L’administration du questionnaire: sur une période de cinq mois (du 01/12/2016 au 31/04/2017

Méthode d’analyse et de codage : Logiciel de traitement des données : SPSS 21 et Excel

Interprétation des données Discussion des résultats

Analyse des résultats Source : Élaborée par nous-même.

255

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Section III : Traitement des données de l’échantillon et analyse des résultats Après avoir dressé le cadre épistémologique et méhodologique de notre travail. La section trois a pour objectif le traitement des données collectées auprès des entreprises existant dans le complexe industriel Jorf Lasfar, ainsi que l’analyse et l’interprétation des résultats. À cet effet, cette section est structurée en deux paragraphes. Le premier paragraphe vise, d’une part, a présenté les caractéristiques et la typologie des entreprises répondant à notre questionnaire, et, d’autre part, par le traitement des données par des tableaux et des représentations graphiques. Le deuxième paragraphe s’intéresse à l’analyse et à l’interprétation des résultats, notamment par le recours à la méthode, test des hypothèses.

Paragraphe 1 : Présentation de l’échantillon et traitement des données Dans ce paragraphe, nous voulons montrer à travers les deux logiciels SPSS et Excel les caractéristiques de notre échantillonnage composé des entreprises installées au milieu complexe industriel Jorf Lasfar. En effet, pour mieux structurer notre échantillon, nous utilisons, tout d’abord, une analyse descriptive, ensuite, une analyse univariée, et enfin une analyse croisée dynamique à double entrées. Ainsi, les résultats obtenus seront présentés sous forme de tableaux et des représentations graphiques. 1.1. Analyse Descriptive Dans ce point, nous allons résumer et représenter les données statistiques collectées auprès des entreprises installées dans le complexe industriel Jorf Lasfar. Cette analyse descriptive va nous permettre de connaitre les caractéristiques de notre échantillon d’étude, notamment par une description de la forme juridique, des effectifs et de la nature d’activité la plus répandue dans le complexe. 1.1.1. La forme juridique des entreprises Les entreprises enquêtées se divisent en deux formes juridiques. 20% sont dès SA (sociétés Anonymes) et 80% sont des SARL (Société à responsabilité limitée), voir le tableau, ci-dessous. Tableau 31: La structure juridique des PME de l’échantillon

SA SARL Total

Effectifs 6 24 30

Pourcentage 20,0 80,0 100,0

Source : enquête effectuée par nous -mêmes

256

Pourcentage cumulé 20,0 100,0

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1.1.2. Les effectifs des salariés Selon le tableau ci-dessous, nous constatons que le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » abrite à la fois des sociétés de petite taille ayant un effectif entre 1 et 15 salariés et des sociétés ayant un effectif supérieur à 151 salariés. Chose qui reflète l’hétérogénéité de l’échantillon. Tableau 32: L’effectif des salariés dans les entreprises enquêtées

De 1 à 15 personnes

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage cumulé

10

33,3

33,3

5

16,7

50,0

5

16,7

66,7

10

33,3

100,0

30

100,0

De 16 à 50 personnes De 51 à 150 personnes Plus de 151 Total Source : Notre questionnaire

1.1.3. La nature de l’activité exercée Comme, il est constaté dans le tableau ci-dessous, la majorité des entreprises enquêtées opérantes dans le domaine de l’industrie et des services industriels. De même, nous constatons que le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » dispose d’une vocation purement industrielle, et ce par l’existence des sociétés spécialisées dans l’industrie chimique, dans la production d’énergie et dans l’industrie sidérurgique. À cet effet, l’existence de tel type de société favorise l’entrepreneuriat au niveau du site et stimule les entreprises à y installer. Tableau 33: La nature de l’activité des sociétés enquêtées

Industrie

Effectifs 16

Pourcentage 53,3

Pourcentage cumulé 53,3

BTP

1

3,3

56,7

Commerce

1

3,3

60,0

Service

2

6,7

66,7

Service industriel

10

33,3

100,0

Total

30

100,0

Source : Notre questionnaire

257

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Figure 33: La nature de l’activité des sociétés enquêtées

Source : Notre questionnaire

1.2. Analyse univariée Ici, nous allons présenter quatre variables qui vont nous permettre de connaitre le monde de l’entrepreneuriat et de l’innovation au sein du complexe industriel Jorf Lasfar. Donc, il s’agit, des formalités liées à l’entrepreneuriat, de l’entrepreneuriat innovant, le choix du milieu complexe industriel Jorf Lasfar et les freins de l’innovation. 1.2.1. Les formalités liées à l’entrepreneuriat En effet, l’analyse descriptive des tableaux, ci-dessous donne une idée générale sur la qualité des formalités en liaison avec l’entrepreneuriat sur le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar ». D’abord, le premier tableau relatif aux formalités de l’exercice d’activités, 40% des entreprises enquêtées sont satisfaits des formalités relatives à la création d’entreprises.De même, 36,7% des entreprises enquêtées sont plutôt satisfaites. Ces résultats approuvent les efforts déployés par l’État en vue de faciliter la création d’entreprise, notamment par la mise en place d’un guichet unique ayant pour objet de faciliter les démarches de création des entreprises (le centre provincial d’investissement s’engage sur un délai qui s’étale de 2 à 5 jours à partir du dépôt du dossier pour accomplir les formalités de création). Ensuite, le deuxième tableau relatif à l’exercice d’activité expose que, 43,3% des entreprises enquêtées sont satisfaites des formalités d’exercice d’activité. Nous comprenons par l’exercice de l’activité, les différents organismes professionnels et étatiques, intervenant dans le monde de l’entrepreneuriat, à titre d’exemple la relation avec les autorités du port Jorf Lasfar et de la collectivité Moulay Abdellah.

258

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Enfin, le dernier tableau relatif aux mesures fiscales, montre que 50% des entreprises enquêtées déclarent qu’elles sont satisfaites desdites mesure tandis que 28,7% sont plutôt satisfaites. Ces résultats signifient, que les mesures encourageantes à la fois pour la création d’entreprise et pour son développement ont contribué au dynamisme entrepreneurial. Citons par exemple, l’exonération quinquennale de la taxe professionnelle, le barème progressif pour l’impôt sur les sociétés, l’exonération de TVA pour les biens d’investissements inscrit dans un compte d’immobilisation et ouvrant droit à déduction pendant une durée de 36 mois à compter du début d’activité, ainsi que les actions de dématérialisation (télé déclarations, télépaiements) qui visent à répondre d’une manière efficace aux besoins des entreprises. Tableau 34: Les formalités relatives à la création d’entreprise

Très satisfait Satisfait Plutôt satisfait Plutôt pas satisfait Pas satisfait Total

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage cumulé

3 12 11 2 2 30

10,0 40,0 36,7 6,7 6,7 100,0

10,0 50,0 86,7 93,3 100,0

Source : Notre questionnaire

Tableau 35: Les formalités relatives à l’exercice de l’activité

Satisfait Plutôt satisfait Plutôt pas satisfait Pas satisfait Total

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage cumulé

9 13 4 4 30

30,0 43,3 13,3 13,3 100,0

30,0 73,3 86,7 100,0

Source : Notre questionnaire

Tableau 36: Les mesures fiscales

Satisfait Plutôt satisfait Plutôt pas satisfait Pas satisfait Total

Effectifs 15 8 4 3 30

Pourcentage 50,0 26,7 13,3 10,0 100,0

Source : Notre questionnaire

259

Pourcentage cumulé 50,0 76,7 90,0 100,0

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1.2.2. L’entrepreneuriat innovant Nous cherchons à travers cette variable de connaitre le nombre des entreprises qui s’intéressent à l’innovation. À cet effet, le tableau, ci-dessous, nous montre qu’un effectif de 15 sociétés installées sur le complexe Jorf Lasfar met l’innovation au cœur de leurs stratégies, soit un pourcentage de 50%. De même, 13 sociétés sont intéressées par l’innovation et considérées, chez elles, comme un projet envisageable dans le futur, soit un taux de 43,3%. . Nous pouvons conclure que le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » abrite des entreprises innovantes et encourage les entreprises à introduire l’innovation dans la stratégie de l’entreprise. Afin de répondre aux exigences du marché et aux attentes des opérateurs économiques. Tableau 37: L’entrepreneuriat innovant Effectifs

Pourcentage

Pourcentage cumulé

Au cœur de votre stratégie

15

50,0

50,0

Un projet envisageable dans le futur

13

43,3

93,3

Ça ne vous concerne pas

2 30

6,7 100,0

100,0

Total Source : Notre questionnaire

1.2.3. Le choix du milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » par les entreprises Cette variable a pour objectif de déterminer l’élément le plus incitatif stimulant les entreprises à s’installer au sein du complexe industriel Jorf Lasfar. Ainsi, dans notre questionnaire, nous avons proposé au répondant quatre choix, à savoir les ressources, les activités, l’emplacement stratégique et les avantages accordés. Tableau 38: Le choix du milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » par les entreprises

Ressources

Activités

Emplacement stratégique

Avantages accordés

Effectifs des entreprises

2

28

19

11

19

11

3

27

Modalité de réponse

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Non

Oui

Non

Pourcentage

6,7

93,3

63,3

36,7

63,3

36,7

10

90

Pourcentage cumulé

100

100

100

100

Source : Notre questionnaire

D’après le tableau, ci-dessus, nous constatons que le choix du milieu « complexe industriel Jorf Lasfar» par les entreprises opérantes a été effectué sur la base de deux facteurs importants à savoir : l’activité et l’emplacement stratégique. D’abord, le choix de l’activité est 260

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

justifié par la nature et la qualité de l’activité existante sur place, ainsi que de l’interaction entre les entreprises autour de cette activité. En ce qui concerne, l’emplacement stratégique est considéré comme un actif du «complexe industriel Jorf Lasfar», et ce par l’existence du port Jorf Lasfar qui participe dans le trafic national global par une part de 27,8% et se positionne après celui de Casablanca qui en concentre 32%. 1.2.4. Les freins à l’innovation Nous cherchons à expliquer, à travers cette variable, le principal frein d’innovation exprimé par les entreprises au sein du complexe industriel Jorf Lasfar. En effet, les freins à l’innovation sont considérés comme entraves au dynamisme entrepreneurial et au développement territorial. Tableau 39: Les freins à l’innovation Effectifs

Pourcentage

Pourcentage cumulé

Manque d'informations

10

33,3

33,3

Indispensabilité pour le changement

5

16,7

50,0

Manque de compétences nécessaires

2

6,7

56,7

Moyens financiers insuffisants

13

43,3

100,0

Total

30

100,0

Source : Notre questionnaire

Selon les tableaux, ci-dessus, nous constatons que parmi les entreprises installées au milieu «complexe industriel Jorf Lasfar », 13 entreprises ont mentionné que le principal frein de l’innovation est le manque des moyens financiers, soit un taux de 43,3% presque la moitié. Ensuite, une dizaine, des entreprises ont signalé que le frein à l’innovation est le manque d’informations, soit un taux de 33,3%. Donc, ces résultats peuvent être interprétés comme suit :  Au moment d’entretien la majorité des entreprises enquêtées a exprimé l’absence des produits bancaires destinés à financer les opérations de R&D, ainsi que l’absence d’une culture entrepreneuriale favorisant l’innovation. Par conséquent, les entrepreneurs ou les gérants préfèrent de réinvestir les profits réalisés dans des projets autres à l’innovation.  En ce qui concerne, le manque d’informations comme frein à l’innovation, nous avons

constaté qu’au sein du complexe industriel Jorf Lasfar, l’absence des structures qui ont pour

261

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

mission de regrouper et de diffuser l’information, ainsi que de les partager sur des sites d’internet, des brochures et des panneaux d’affichage, en vue de leurs exploitations. Pour plus d’illustration, la figure, ci-dessous, synthétise le principal frein à l’innovation. Figure 34: Le principal frein à l’innovation

Freins à l’innovation Source : Notre questionnaire

1.3. Analyse croisée dynamique à double entrées Dans ce point, nous allons présenter une analyse dynamique à double entrées. Ce traitement va nous permettre d’analyser par le croisement de deux variables choisies de notre questionnaire. En effet, le choix de ces variables a pour but d’expliquer le lien entre le milieu complexe industriel Jorf Lasfar et l’innovation. Donc, cinq variables ont été choisies détaillés comme suit : 1.3.1. Le Milieu« complexe industriel Jorf Lasfar »réduit le risque et l’incertitude et offre l’information adéquate pour les entreprises. D’après le tableau ci-dessous, 16 entreprises enquêtées ont signalé que le milieu complexe industriel Jorf Lasfar contribue à la réduction de l’incertitude et le risque pour les entreprises opérantes dans le site, ainsi qu’il permet d’offrir l’information adéquate c’est-àdire une opportunité d’affaire, une connaissance ou une nouvelle technologie. En effet, un milieu entrepreneurial est considéré comme un réducteur d’incertitude et d’ambiguïté pour l’entrepreneur, et ce par les interactions avec d’autres entreprises sur place et de la qualité de

262

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

l’information offerte par les entreprises à fort potentiel économique (des partenariats avec l’OCP, et SONASID). Tableau 40: Le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » réduit le risque et l'incertitude et offre l’information adéquate pour les entreprises Le complexe Jorf Lasfar offre l'information adéquate pour les entreprises existantes Le milieu Jorf Lasfar réduit le risque et l'incertitude pour les entreprises Total

Total

Oui

Non

Oui

16

10

26

Non

2

2

4

18

12

30

Source : Notre questionnaire

1.3.2. La logique organisationnelle et le niveau de collaboration et de coopération entre les entreprises En fait, comme montre la figure ci-dessous, 24 entreprises enquêtées ont avancé que la logique organisationnelle dans le complexe industriel Jorf Lasfar, est plutôt pas importante et pas importante. Par ailleurs, 13 entreprises expliquent que le niveau de collaboration et de coopération dans le complexe est plutôt pas important et pas important. À cet effet, la logique organisationnelle signifie l’existence d’un réseau territorial regroupant à la fois les entreprises et les acteurs territoriaux et fonctionne par des normes, des règles et un système de confiance, conditionnant le niveau de collaboration et de coopération entre les entreprises. Donc, nous constatons que la logique organisationnelle, dans le cas où elle serait bien structurée, favorise la coopération et la coordination entre les entreprises et par la suite l’essor du dynamisme entrepreneurial.

263

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Figure 35: La logique organisationnelle et le niveau de collaboration et de coopération entre les entreprises

Source : Notre questionnaire

1.3.3. Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et l’activité comme un choix pour y exister dans le complexe industriel Jorf Lasfar Cette analyse permet de montrer que les entreprises qui ont choisi le complexe industriel Jorf Lasfar, pour la qualité de l’activité, possèdent des liens très importants avec les entreprises à fort potentiel économique, notamment l’OCP, SONASID et JLEC. Tableau 41: Le lien entre les entreprises à fort potentiel économique et l’activité comme un choix pour y exister sur « le complexe industriel Jorf Lasfar » Activité comme choix pour y exister sur le complexe industriel Jorf Lasfar Oui Non

Lien avec les entreprises à fort potentiel économique

Total

Très important

6

4

10

Important Plutôt important

9 1

2 1

11 2

1

2

3

2

2

4

19

11

30

Plutôt pas important Pas important

Total Source : Notre questionnaire

À cet effet, nous constatons, d’après les résultats obtenus que parmi les 19 entreprises qui ont choisi le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » pour la nature de ses activités, 6 264

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

entreprises possèdent un lien très important avec les entreprises à fort potentiel économique et 9 entreprises disposent d’un lien important avec les entreprises à fort potentiel économique. Par contre, 3 entreprises des 19 entreprises ne conservent pas de lien avec lesdites entreprises. Donc, le choix de créer une entreprise au complexe industriel Jorf Lasfar est influencé, d’une part, par les activités répandues dans le complexe, et, d’autre part, par l’existence des entreprises à fort potentiel économique de grande importance permettant d’offrir des contrats de sous-traitance et de partenariat. 1.3.4. Les différentes facettes de l’innovation et le principal frein à l’innovation Le tableau ci-dessous montre que 28 entreprises installées au milieu complexe industriel Jorf Lasfar ont mentionné que l’innovation soit au cœur de leur stratégie ou soit un projet envisageable dans le futur, alors que 2 entreprises ont exprimé que l’innovation n’existe pas dans leur stratégie et leur projet. De même, les deux principaux freins qui limitent les entreprises en matière d’innovation, sont surtout le manque d’informations et les moyens financiers insuffisants. Ainsi, pour celles qui ont exprimé que l’innovation est un projet envisageable, soit un taux de 43,3%, ont déclaré que le principal frein à l’innovation est les moyens financiers insuffisants (9 entreprises sur 13). C’est pour cela que nous remarquons que le milieu complexe industriel Jorf Lasfar incite les entreprises à adopter l’innovation dans leur stratégie, en vue de répondre aux exigences du marché et de minimiser les coûts de production. Tableau 42: Les facettes de l’innovation et le principal frein à l’innovation Quel est le principal frein à l'innovation? Manque Compétence L’indispensabilité d'informations nécessaire Au cœur de Pensezvotre vous que stratégie l'innovation Un projet par ces envisageable différentes dans le futur facettes ? Ça ne vous concerne pas Total

Moyens financiers insuffisants

Total

8

2

1

4

15

1

2

1

9

13

1

1

0

0

2

10

5

2

13

30

Source : Notre questionnaire

265

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

1.3.5. Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et les relations professionnelles comme choix à la création d’entreprises Nous exposons, à travers le croisement de ces deux variables, l’importance des relations professionnelles tissées par l’entrepreneur comme choix à la création d’entreprises et le lien assuré avec les entreprises à fort potentiel économique. Figure 36: Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et les relations professionnelles comme choix à la création d’entreprises

Source : Notre questionnaire

En fait, 22 entreprises opérant sur le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » ont choisi le choix « relation professionnelle » comme une source de motivation pour la création de leurs entreprises. Ainsi, parmi ces 22 entreprises, 73% ont déclaré, qu’elles possèdent, un lien entre très important et plutôt important avec les entreprises à fort potentiel économique, tel que l’OCP, SONASID et JLEC. Au moment d’entretien, les entrepreneurs ont exprimé, qu’ils ont été des salariés dans des entreprises opérant dans le complexe, chose qui leur a facilité de construire un carnet d’adresses. À cet effet, nous comprenons que le milieu à travers ces acteurs, ces structures industrielles sur place et les relations professionnelles tissées entre acteurs ont contribué vivement au dynamisme entrepreneurial. De même, nous constatons aussi, à travers ce croisement, l’importance du réseau territorial dans le renforcement des relations professionnelles. Pour conclure, ce paragraphe a eu pour objet de présenter la structure de notre questionnaire par la méthode statistique descriptive composée de trois types d’analyses, à savoir l’analyse descriptive, l’analyse univariée et l’analyse croisée dynamique à doubles entrées. En effet, cette méthode nous a permis tout, d’abord, de comprendre les 266

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

caractéristiques des entreprises qui ont répondu à notre questionnaire, notamment la forme juridique et la nature de l’activité. Ensuite, par l’analyse univariée, nous avons pu découvrir la réalité entrepreneuriale au sein du complexe industriel Jorf Lasfar, à travers une analyse des formalités liées à l’entrepreneuriat, l’entrepreneuriat innovant et le choix du complexe par les entreprises, ainsi que les freins liés à l’innovation exprimés par les entreprises. Enfin, l’analyse croisée dynamique à doubles entrées qui vise à montrer l’importance du milieu complexe industriel Jorf Lasfar dans le dynamisme entrepreneurial, notamment par sa capacité de réduire le risque et l’incertitude, d’offrir l’information adéquate pour les entreprises, de favoriser la collaboration et la collaboration entre les entreprises et d’inciter les entreprises à s’installer par l’existence des entreprises à fort potentiel économique.

Paragraphe 2 : Analyse et interprétation des résultats Dans ce paragraphe, nous allons analyser et interpréter les données du questionnaire, et ce par l’utilisation des tests d’hypothèse. Cette méthode considérée comme une procédure statistique permettant d’aboutir, en fonction de certaines règles de décision, à l’acceptation d’une hypothèse statistique de départ nommée hypothèse « nulle » et notée classiquement H0 au dépend de l’autre hypothèse « l’hypothèse alternative »331. À cet effet, en recourant à deux tests d’hypothèses, à savoir le test de Fisher qui vise à montrer l’impact entre les deux variables qualitatives et le test de Khi 2 ayant pour objet de mesurer la dépendance et l’association entre les variables qualitatives. En effet, il s’agit d’étudier conjointement deux variables qualitatives en testant la liaison statistique qui peut éventuellement exister entre deux variables. Si la liaison existe entre deux variables, nous essaierons de spécifier et d’évaluer son intensité. 2.1. Le test de Fisher Nous commençons notre analyse statistique par le test de Fisher. À cet effet, nous allons, tout d’abord, présenter le test et les mécanismes de son utilisation, ensuite, nous formulons les hypothèses afin de calculer le Fisher calculé et le Fisher théorique, et enfin nous interprétons les résultats obtenus. 2.1.1. Présentation du test de Fisher Ce test est appliqué pour tester la validité globale du modèle et on émet en premier lieu les hypothèses suivantes : H0 : a1 = 0 (R2 = 0) pas de relation H1 : a1 ≠ 0 (R2≠ 0) une relation existe entre les deux variables. HUNAULT G., « Quelques rappels sur les Analyses Statistiques », cours d’étude présenté à l’Université d’Angers, 2005. P. 15-26. Disponible sur l’URL : http://www.info.univ-angers.fr/pub/gh/ 267 331

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𝐑2

𝒏−𝒌

Ce test est construit en comparant la statistique calculée de Fisher 𝑭𝒄 = 1−𝑹2 ∗ 𝒌−1 par la statistique théorique de Fisher au seuil α et au degré de liberté (𝒏 − 𝒌) ∗ (𝒌 − 1) avec 𝑹2 =

𝜶 𝒀 𝒃𝒂𝒓𝒓𝒆 ^2 𝜶 𝒀^2

Si

Fc>Tth, on rejette H0.

Puisque, l'application et les critères de décisions des tests statistiques évoqués ci-haut restent valables pour l'économétrie manuelle. Nous avons décidé, dans notre analyse, à utiliser le logiciel SPSS pour faciliter le calcul de l’indice de Fisher théorique et observé, ainsi de rejeter l’hypothèse nulle H0. Nous allons procéder dans le point suivant à la formulation des hypothèses et au calcul de l’indice Fisher à l’aide d’Excel 2010 2.1.2. Le calcul du Fisher calculé et le Fisher théorique En effet, le tableau, ci-dessous, expose la formulation des hypothèses et la comparaison entre le Fisher calculé et le Fisher théorique :

268

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Tableau 43: La validation des hypothèses d’après le test de Fisher La variable X

La variable Y

Les formalités administratives relatives à la création Milieu peut réduire d’entreprise. l’incertitude et le risque pour Les formalités administratives les entreprises. relatives à l’exercice de l’activité. « Les relations professionnelles » Culture entrepreneuriale au comme motivation pour la sein du complexe création d’entreprise « Expérience » comme motivation pour la création « Activité » comme choix du d’entreprise complexe industriel Logique territoriale

« Emplacement stratégique » comme choix du complexe industriel

« Expérience » comme motivation pour la création d’entreprise

« Les relations professionnelles » comme motivation pour la création d’entreprise

Avez-vous mené un diagnostic sur le complexe

Les différentes facettes de l’innovation Milieu peut réduire l’incertitude et le risque pour les entreprises Activité des entreprises. Milieu peut réduire l’incertitude et le risque pour les entreprises Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique « Ressources » comme choix du complexe industriel « Activité » comme choix du complexe industriel Milieu peut réduire l’incertitude et le risque pour les entreprises Culture entrepreneuriale au sein du complexe industriel Jorf Lasfar Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique Logique territoriale L’intention de déménagement du complexe industriel Jorf Lasfar

Source : Le questionnaire

269

L’indice de Fisher Fc= 19,246 F th= 18,871 Fc= 9,276 F th= 0,844 Fc= 6,701 F th= 6,607 Fc= 24,2 F th= 18,51 Fc= 16,983 F th= 9,276 Fc= 24,363 F th= 9,552 Fc= 56,529 F th= 18,512 Fc= 29,468 F th= 9,117 Fc= 168,2 F th= 18,512 Fc= 13,920 F th= 6,388 Fc= 245 F th= 18,51 Fc= 24,20 F th= 18,512 Fc= 30,153 F th= 18,512 Fc= 16,485 F th= 9,276 Fc= 13,730 F th= 6,388 Fc= 36,269 F th= 9,276 Fc= 25,137 F th= 18,512

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2.1.3. L’interprétation des résultats obtenus Après avoir calculé et comparé entre le Fisher calculé et le Fisher théorique, nous procédons, ci-dessous, à l’interprétation des résultats obtenus. D’après, le test de Fisher, nous constatons que la variable, « milieu peut réduire le risque et l’incertitude » pour les entreprises opérantes dans le complexe industriel Jorf Lasfar a un impact sur d’autres variables telles que, « les formalités administratives relatives à la fois à la création d’entreprise et à l’exercice d’activités ». En effet, ce lien peut être expliqué par deux facteurs. D’abord, le complexe industriel Jorf Lasfar est entouré par des acteurs institutionnels territoriaux, notamment le Centre Provincial d’Investissement, l’Office National des Ports, la Direction Provinciale des Impôts et des Collectivités Territoriales. Ces institutions sont en train de participer au dynamisme entrepreneurial par des différentes politiques, à savoir le guichet unique opéré depuis 2009 et des incitations fiscales pour booster la création d’entreprise. Concernant, la commune Moulay Abdellah, il existe un lien, mais fragile en raison de l’incompétence de la commune et l’absence d’une vision globale de développement territorial, sachant que le développement territorial de la province d’El-Jadida est intimement lié à la création d’entreprises. Cette fragilité se manifeste par le désaccord sur l’entretien de la route nationale et le traitement des déchets industriels objet d’un conflit entre la commune et une multitude d’entreprises. Ensuite, le complexe industriel Jorf Lasfar abrite des entreprises à fort potentiel économique, notamment l’OCP, JLEC et SONASID qui offrent des contrats de sous-traitantes et qui permettent aux entreprises de bénéficier de différents avantages et d’externalités. Puis, nous avons découvert un lien entre la variable, culture entrepreneuriale au sein du complexe et les relations professionnelles comme motivation pour la création d’entreprise. À cet effet, ce lien est expliqué par l’idée que le complexe industriel Jorf Lasfar présente une culture composée des valeurs, des convictions partagées et le plus important réside dans le savoir industriel existé sur place. En conséquence, ce savoir industriel a permis aux différents acteurs économiques et aux entreprises de développer des relations professionnelles et de favoriser le dynamisme entrepreneurial. Ensuite, l’impact d’une variable aussi importante, à savoir l’activité comme un choix du complexe industriel Jorf Lasfar sur d’autres variables telles que l’expérience comme motivation pour la création d’entreprises, la logique territoriale et les différentes facettes d’innovation. En effet, comme déjà évoqué, le complexe Jorf Lasfar dispose d’une activité assez attrayante motivée par l’existence d’un capital social territorial embryonnaire (un lien unissant les acteurs du complexe qui favorise le développement d’un climat de confiance et 270

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

les liens entre les acteurs), d’un savoir-faire industriel (la sidérurgie, l’automobile, l’énergie et l’industrie chimique et para chimique) et d’une coordination et coopération entre les différents acteurs. C’est pourquoi la qualité de l’activité, dans le complexe, a permis, d’une part, de développer une logique territoriale fondée sur une proximité et une interaction entre les acteurs et les entreprises, et, d’autre part, d’appréhender l’innovation par ces différentes facettes en vue d’accompagner la technologie et l’innovation relative à l’activité. De même, la variable l’emplacement stratégique comme choix du complexe industriel Jorf Lasfar a un effet sur la variable ; l’activité de l’entreprise et le milieu peut réduire l’incertitude et le risque pour les entreprises. D’abord, l’emplacement du complexe au carrefour des routes (une heure de Casablanca, la capitale économique du Maroc, deux heures de la ville de Marrakech et Rabat) présentent un atout important pour minimiser l’incertitude aux entreprises opérantes dans le complexe et par la suite d’être choisi pour se localiser. De plus, l’existence d’un actif territorial important, celui du port Jorf Lasfar a permis de valoriser l’emplacement du complexe. Ainsi, selon les données recueillies, la majorité des entreprises enquêtées de nature entreprise industrielle (16 entreprises industrielles et 10 entreprises de services industriels) a choisi le complexe pour l’emplacement stratégique. De plus, selon le tableau, ci-dessus, la variable expérience comme motivation pour la création d’entreprises dispose d’un lien avec un ensemble des variables à savoir la relation avec les entreprises à fort potentiel économique, les ressources et l’activité comme choix du complexe industriel Jorf Lasfar. En effet, ce lien est expliqué par le fait que la création d’entreprises est faite par des personnes qui ont accumulé une expérience dans un domaine donné et qui ont tissé de bonnes relations avec les entreprises à fort potentiel économique, notamment OCP et SONASID. Ainsi, l’entrepreneur qui dispose d’une expérience est capable de chercher et trier l’information utile à son entreprise, d’après KIZNER. Donc, l’entrepreneur qui crée son entreprise par motivation d’expérience possède les compétences et les aptitudes nécessaires pour sélectionner les ressources, choisir l’activité de son entreprise et de s’y installer dans le complexe. En outre, nous montrons, aussi, à travers le test de Fisher, un impact entre la variable les relations professionnelles comme motivation pour la création d’entreprises et d’autres variables à savoir, le milieu peut réduire l’incertitude et le risque pour les entreprises, la culture entrepreneuriale au sein du complexe, le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et la logique territoriale. À cet effet, ce lien est expliqué par le fait que la création d’entreprises dans un milieu est motivée par des facteurs issus des relations professionnelles, telles que la parfaite maîtrise d’activité et des relations professionnelles construites par 271

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

secteurs d’activité. En conséquence, ces facteurs sont pleinement exprimés dans le complexe industriel Jorf Lasfar. D’abord, un milieu qui réduit le risque et l’incertitude (26 entreprises ont répondu par oui, soit un taux de 86,7%). Puis, le lien avec les entreprises à fort potentiel économique (21 entreprises ont exprimé, qu’ellesdisposent d’un lien entre très important et important, soit un taux de 70%). Ensuite, la logique territoriale est manifestée dans le complexe sous la forme d’une proximité territoriale et une interaction entre les différents acteurs (MARSA MAROC, OCP, SONASID, la commune Moulay Abdellah, universités) et entreprises (clients et fournisseurs). Cette logique peut impacter d’une manière ou d’une autre, la création d’entreprises par un encastrement relationnel. De même, certaines entreprises au moment de la création de son affaire, dans le complexe industriel Jorf Lasfar, ont bénéficié de leurs réseaux professionnels qui ont offert soit des carnets d’adresses ou soit un encadrement au démarrage. En prenant l’exemple de l’entreprise Ciment de l’Atlas, gérée par un ancien cadre de la SONASID Jorf, ainsi que l’entreprise AMA Détergent qui a bénéficié de son expérience en tant que salarié dans la société KAPACHIM MAROC, entreprise étrangère soumise au droit marocain et spécialiste des produits de détergent, de plus la société SITELECM Sarl créée par un ingénieur dans la SONASID JORF, qui lui a permis de connaitre bien l’activité de la sidérurgie. Enfin, le dernier lien, dont nous avons opté, à exposé selon le test de Fisher est la relation entre le diagnostic mené par l’entrepreneur et l’intention du déménagement du complexe industriel Jorf Lasfar. Donc, les entreprises qui ont mené un diagnostic pour connaître et identifier les opportunités et atouts du complexe industriel Jorf Lasfar, refusent de quitter le complexe en question (18 entreprises parmi 30 ont réalisé un diagnostic et n’ont pas l’intention de déménager). Comme déjà évoqué, l’entrepreneur qui connaît le succès et la réussite est celui qui cherche l’information cachée et utile, en vue de l’exploiter pour son propre compte. En résumé, nous mettons fin à notre analyse relative à l’impact d’une variable sur d’autres variables selon le test d’hypothèse de Fisher. Par conséquent, nous pouvons conclure que le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » participe au dynamisme entrepreneurial. Ce dynamisme est expliqué à la fois, par la qualité du complexe à réduire le risque et l’incertitude, acquise par une proximité territoriale et institutionnelle des différents acteurs territoriaux. Ainsi qu’aux approches de l’ingénierie territoriale, notamment le capital social territorial exprimé sous la forme du réseau territorial «complexe industriel Jorf Lasfar » et l’approche de l’encastrement territorial qui met en place un climat de confiance et de 272

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

solidarité. Pour plus de viabilité et de validité des données acquises, nous avons fait appel à un autre test statistique plus connu, à savoir le test de khi 2. 2.2. Test de khi 2 Comme d’habitude nous commençons notre analyse par la présentation du test de KHI 2 ainsi que ses mécanismes, ensuite, nous passons au calcul du Khi 2 et les coefficients relatifs, et enfin nous interprétons les résultats obtenus. 2.1.1. Présentation du test de khi 2 Ce test est utilisé pour tester l’adéquation d’une série de données à une famille de lois de probabilité ou de tester l’indépendance entre deux variables aléatoires. En effet, comme dans le test précédant l’hypothèse nulle signifie l’absence d’une relation ou l’indépendance entre deux variables catégorielles. Tandis que l’hypothèse (H1) signifie la dépendance entre les deux variables. Ainsi, nous comprenons par l’indépendance, que la valeur d’une des deux variables ne nous donne aucune information sur la valeur possible de l’autre variable. H0 : les deux variables qualitatives sont indépendantes H1 : la dépendance des deux variables L’hypothèse nulle est rejetée lorsque P (probabilité) ≤0,05 Ensuite, en vue d’apprécier la force d’association entre les variables catégorielles, nous nous référons à des tests complémentaires sur les mesures symétriques, notamment le coefficient Phi, le V de Cramer ou le coefficient de contingence. Le résultat de ces tests se situe entre 0 et 1. 

Coefficient Phi : cette mesure est pertinente pour les tableaux 2x2 seulement. La valeur s’interprète directement selon les balises de taille d’effet de la corrélation de Pearson.



V de Cramer : cette mesure d’association est valable pour tous les tableaux plus grands que 2x2. Pour l’interprétation, il suffit de situer le V calculé sur une échelle entre 1 et 0. Plus V est proche de 0, plus il y’a une indépendance entre les deux variables étudiées, et vice-versa.



Le coefficient de contingence : le même rôle et la même interprétation que le V de Cramer (sauf dans un tableau 2x2). Ce coefficient dépend de la taille de l’effectif, il ne sert qu’à comparer des tableaux de même taille. Dans le point suivant, nous allons procéder à sélectionner et à formuler les hypothèses

pertinentes qui peuvent renforcer notre raisonnement. Ensuite, nous calculons le Khi 2 et nous mesurons la force de l’association par des tests complémentaires à savoir, le coefficient Phi, V de cramer ou le coefficient de contingence, tout en prenant en compte la taille du tableau. Le khi 2 et les tests seront calculés à l’aide du logiciel « IBM SPSS Statistics 21 ». 273

274

L’intention de déménager du complexe

« Avantages accordés » comme choix du complexe industriel Jorf Lasfar

« Relation professionnelle » comme motivation pour la création d’entreprise

« Emplacement stratégique comme choix du complexe industriel Jorf Lasfar » « L’organisation » comme un aspect de l’innovation dans l’entreprise

Activité comme choix du complexe industriel Jorf Lasfar

0,020

0,000

La densité des PME sur le complexe

9,151

3,913

17,059

4,270

0,010 0,000

4,709

6,235

12,502

0,040

0,042

0,045

6,85

9,407

0,048 0,009

13,566

valeur de rapport de vraisembla nce

0,002

valeur Khi 2

« Le capital humain » comme élément qui contribue à l’innovation

Nature de l’activité

« Véhiculé une bonne image du territoire à l’échelle nationale et international » comme une participation au développement territorial à la «Relation province » comme motivation familialed’El-Jadida pour la création d’entreprise

Des contacts avec l’université ou les institutions liées à la formation et à la recherche dans le cadre de votre activité

Les facettes de l’innovation

«Création de la valeur ajoutée » comme une participation au développement territorial à la province d’El-Jadida

La variable Y

La variable X

0,681

0

0,860

0

0,375

0,460

0,615

0

0,651

0

valeur Phi

0,681

0,423

0,860

0,473

0,375

0,460

0,615

0,480

0,651

0,579

valeur de V de Cramer

0,563

0,390

0,652

0,428

0,351

0,418

0,524

0,433

0,546

0,501

Valeur de coefficient de contingenc e

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

2.2.2. Le calcul de khi 2 et les coefficients relatifs Le tableau ci-dessous expose la formulation des hypothèses pertinentes, la valeur de

Khi 2 et les tests complémentaires. Tableau 44: La validation des hypothèses d’après le test de Khi 2 et les test complémentaires

Source : Notre questionnaire

275

La nature de l’activité

Freins à l’innovation

Les facettes de l’innovation

0,011 0,001

0,037 0,008

0,017

0,021 0,035 0,031

Nature de l’activité Place de l’innovation dans la stratégie de votre entreprise

Partenariat avec l’université et les centres de recherche comme élément qui contribue à l’innovation Capital humain qualifié comme élément qui contribue à l’innovation Différents types d’informations

Création de la valeur ajoutée comme une participation au développement territorial à la province d’El-Jadida «L’aide apportée aux entreprises » comme une participation au développement territorial à la province d’El-Jadida «Véhiculé une bonne image du territoire à l’échelle national et international» comme une participation au développement territorial à la province d’El-Jadida « Valorisation des ressources spécifiques» comme une participation au développement territorial à la province d’El-Jadida

0,006

0,027

0,030

«Valorisation des ressources spécifiques » comme une participation au développement territorial à la province d’El-Jadida

«Création de la valeur ajoutée » comme une participation au développement territorial à la province d’El-Jadida

27,289

26,461

27,313

27,852

17,814

10,329

9,320

20,619

13,480

15,180

12,853

1,233

1,011

1,005

0,967

0,907

0,628

0,531

0,855

0,814

0,877

0,816

0,611

0,584

0,580

0,558

0,524

0,628

0,531

0,605

0,576

0,620

0,577

0,774

0,711

0,709

0,695

0,672

0,532

0,469

0,650

0,631

0,659

0,632 Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

2.2.3. L’interprétation des résultats obtenus Après avoir formulé les hypothèses et procéder aux calculs des quantités de khi 2 ainsi que les mesures symétriques. Nous allons chercher à interpréter les résultats obtenus et à valider les hypothèses relatives à l’innovation et au développement territorial. À cet effet, nous commençons par la relation entre la variable « activité » comme choix du complexe industriel Jorf Lasfar et la variable « emplacement stratégique » comme choix du complexe. La dépendance entre ces deux variables est expliquée par le fait que le complexe possède deux facteurs attrayants et complémentaires, c’est-à-dire une activité industrielle diversifiée et un emplacement stratégique caractérisés par la proximité du capital économique Casablanca, du port Jorf Lasfar et des entreprises à fort potentiel économique (OCP, JLEC). De plus, la dépendance est expliquée par le fait que 8 entreprises de 30 enquêtées ont choisi à la fois ces deux facteurs. La variable «les relations professionnelles» comme motivation pour la création d’entreprises. Ensuite, à travers le test de Khi 2, nous avons constaté une dépendance entre la variable «les relations professionnelles» comme motivation de la création d’entreprises et un ensemble des variables, notamment, les contacts avec l’université ou les institutions liées à la formation et à la recherche, les facettes de l’innovation, l’organisation comme aspect de l’innovation dans l’entreprise et «création de la valeur ajoutée » comme participation au développement territorial à la province d’El-Jadida. Pour une meilleure interprétation, nous abordons chaque relation d’une façon indépendante.  La première relation est expliquée par le fait que l’encastrement relationnel d’un entrepreneur dépend à la fois des relations métiers qui lui permettent de tisser des contacts et des relations avec l’université et les instituts de recherche. Ainsi, ils contribuent au développement et d’amélioration de son activité. À cet effet, nous constatons que le milieu qui dispose des centres de formation et des instituts de recherche peut favoriser un dynamisme entrepreneurial soit par des facteurs stimulants à la création d’entreprises (l’échange de l’information) ou soit par l’attractivité des entreprises à s’y installer. Concernant l’intensité de la relation est moyen, et ce par la constitution du complexe Jorf Lasfar.  La deuxième relation lie « les relations professionnelles » et les facettes d’innovation.

En effet, les entrepreneurs ayant créé leurs entreprises par le recours aux «relations professionnelles» ont plus d’intérêt à innover, que les autres. D’après la typologie des entrepreneurs de Marchesnay, l’entrepreneur qui possède une légitimité territoriale et 276

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concurrentielle forte est considéré comme un entrepreneur innovateur. De même, la qualité de l’activité du complexe Jorf Lasfar pousse les entrepreneurs « les relations professionnelles » soit à mettre la stratégie de l’innovation dans la finalité de son entreprise, ou soit à l’envisager dans le futur, comme le montre la figure, ci-dessous. Figure 37: Le lien entre les relations professionnelles comme choix à la création d’entreprise et les différentes facettes à l’innovation

Source : Notre questionnaire



Après avoir montré le lien entre la création d’entreprises par les stimulants « les

relations professionnelles » et les différentes facettes de l’innovation, nous passons maintenant à expliquer en quoi les entreprises créées ont plus tendance à innover dans l’aspect organisation que dans d’autres aspects. D’abord, 11 entreprises enquêtées, soit un taux de 36,7%, ont choisi l’aspect organisation comme aspect d’innovation dans le complexe industriel Jorf Lasfar. Ces entrepreneurs connaissent mieux le complexe Jorf Lasfar qui est caractérisé par une activité industrielle évolutive et des opérateurs économiques exigeant en matière de respect des normes et des valeurs (93,3% ont déclaré que le niveau des normes et des valeurs est important). Donc, cet état de fait pousse les entrepreneurs à s’incliner sur l’aspect organisation en matière d’innovation. Ainsi, nous constatons que le milieu territorial qui exige aux entrepreneurs installés, la facette d’innovation à développer. 

Enfin, la relation avec « la création de la valeur ajoutée comme une participation au

développement territorial ». Cette relation est expliquée par le fait que ces entrepreneurs disposent des processus de production performants, un capital humain compétent et des relations professionnelles avec un ensemble des acteurs. Tous ces éléments cités permettent au tissu entrepreneurial dans le complexe à participer au développement territorial par la création de la valeur ajoutée. Donc, cette variable permet de se prononcer sur la variable du 277

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développement territorial sous l’angle «création de valeurs». Cependant, l’intensité de la relation reste toujours moyenne, et ce, par l’absence de la mutualisation des efforts entre les entreprises. La variable l’intention de déménager du complexe : À partir du test de khi 2, nous avons constaté une dépendance entre la variable l’intention de déménager du complexe d’une part et d’autres variables, notamment la nature de l’activité, le capital comme élément qui contribue à l’innovation et la densité des PME sur le complexe. Cette relation nous permet de tirer les principaux contraints rencontrés par les entreprises installées dans le complexe industriel Jorf Lasfar. D’abord, nous exposons la relation entre l’intention de déménager du complexe et la nature de l’activité. En premier lieu, comme déjà avancée, dans l’analyse descriptive, l’activité la plus dominante dans le complexe est à la fois l’industrie et le service industriel, avec un pourcentage cumulé de 86,6%. Cette dominance est motivée par la présence des entreprises à fort potentiel économique possédant un savoir-faire industriel. C’est pour cela que

toutes les entreprises opèrant dans une activité autre que l’industrie souhaite se

délocaliser. A titre d’exemple, l’entreprise Prefa-Mazagan spécialisée dans le secteur BTP qui prétend dans le futur à s’y installer dans la ville d’Azemmour pour être proche du nouveau projet urbanistique (PUMA). En second lieu, des entreprises ayant une activité de service et souhaitant se déménager du complexe pour motif avoir achevé leurs contrats de travail. Pour une meilleure compréhension, nous évoquons quelques exemples illustratifs. L’entreprise Archirodon Groupe, entreprise étrangère soumise au droit marocain, spécialisée dans l’extension et la réhabilitation des quais du port, souhaite se déménager du port une fois le projet mettra fin. De plus, des entreprises telles que Daewoo construction & Co, Jacobs possédant des contrats avec l’OCP qui se préparent à se délocaliser une fois que le projet sera terminé. Cette problématique a poussé les acteurs territoriaux, notamment l’OCP à chercher des solutions dont l’idée de la mise en place des écosystèmes industriels, ayant pour objet la maintenance des entreprises et la préservation des emplois créés.

278

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Tableau 45: L'intention de déménager du complexe industriel Jorf Lasfar et la nature de l'activité

l'intention de Oui déménager du complexe industriel Non Jorf Lasfar Total

Nature de l'activité Commerce Service

Total

2

Service Industriel 1

1

0

9

26

1

2

10

30

Industrie

BTP

0

1

0

16

0

16

1

4

Source : Notre questionnaire

Ensuite, une dépendance entre la variable, l’intention de se déménager du complexe et le capital humain, comme élément qui contribue à l’innovation. En effet, cette relation est expliquée par le fait que 4 entreprises parmi 30 souhaitant se délocaliser, dont deux ont avancé que le capital humain est considéré comme un handicap pour l’innovation et par la suite pour le développement territorial. Tandis que 24 entreprises de notre échantillonnage ont préféré de continuer à exister dans le complexe industriel Jorf Lasfar, et ce pour l’importance du capital humain et de sa contribution à l’innovation. En conséquence, nous pouvons conclure que cette qualification du capital humain est justifiée par la qualité, d’incubateur d’innovation, que possède le complexe industriel Jorf Lasfar d’être un incubateur d’innovation. L’innovation est née suite aux interactions développées entre les différents acteurs et entreprises. Le graphique ci-dessous traduit bien cette interprétation. Figure 38: Le lien entre l’intention de se démanger du complexe industriel Jorf Lasfar et le capital humain comme élément qui contribuent à l’innovation

Source : Notre questionnaire 279

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Enfin, nous évoquons le lien de dépendance entre l’intention de se déménager du complexe et la densité des PME sur le complexe, comme élément qui contribue à l’innovation. En effet, 26 entreprises n’ont pas l'intention de se déménager, déclarent que la densité des PME sur le complexe est insuffisante pour mettre en place un système d’innovation et développer chez elles des comportements innovateurs. Cela permet d’accepter l’idée clé, avancée dans le troisième chapitre, que les éléments-clés du développement de l’innovation dans un milieu territorial est l’existence, au niveau local, d’une pépinière d’entreprises et des entreprises à fort potentiel économique qui assurent une proximité et des interactions en vue de se procurer d’une dynamique d’apprentissage collectif. Tableau 46: L'intention de déménager du complexe industriel Jorf Lasfar la densité des PME comme élément qui contribuent à l'innovation Quels sont les éléments qui contribuent à l'innovation?

Avez-vous l'intention de déménager du complexe industriel Jorf Lasfar

Oui Non

Total

Total

Oui

Non

2

2

4

0

26

26

2

28

30

Source : Notre questionnaire

La variable de l’innovation par ces différentes facettes dans la stratégie d’entreprises : Ici nous cherchons à expliquer à travers, le test de Khi 2, la relation de dépendance entre la variable « l’innovation par ces différentes facettes » d’un côté, et des variables telles que la nature de l’activité et la participation au développement territorial à la province d’ElJadida, de l’autre côté. En effet, cette relation permet d’élucider l’importance et l’ampleur de la stratégie de l’innovation dans l’entreprise, et de prouver que les entreprises innovantes participent dans le développement territorial. D’abord, nous commençons par le lien entre les différentes facettes d’innovation et la nature de l’activité. En effet, selon le tableau, ci-dessous, nous constatons que plus de la moitié des entreprises ayant une activité d’industrie ou de service industriel mettent l’innovation au cœur de la stratégie de l’entreprise. Tandis que, les entreprises ayant une activité autre que l’industrie considèrent l’innovation comme un projet envisageable dans le futur ou une affaire secondaire. C’est pourquoi que nous pouvons expliquer cette relation de dépendance, par les notions du paradigme organisationnel et du paradigme territorial, développés dans la théorie des milieux innovateurs. Cela signifie que le fonctionnement et 280

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l’organisation du complexe industriel Jorf Lasfar, la qualité des relations et le mode de coordination entre les différents acteurs et entreprises permettent aux entreprises de mettre l’innovation dans la stratégie de l’entreprise. Ainsi, une panoplie d’entreprises ne s’intéresse à l’innovation que par la nature de l’activité du complexe, à savoir l’industrie et les liens industriels avec l’OCP. Prenant l’exemple de l’entreprise Mortelecque willmark SARL, spécialisée dans l’infiltration industrielle qui essaie à tout moment de présenter des nouveautés dans le domaine, en vue de pérenniser sa relation avec l’OCP. De même, l’entreprise Moplace International, spécialisée dans la tuyauterie et les matières plastiques ne cesse d’innover pour préserver sa position sur le marché. Tableau 47: Les différentes facettes de l'innovation et la nature de l'activité

Au cœur de votre Pensezstratégie vous que l'innovati Un projet envisageable on par ces dans le futur différente s facettes Ça ne vous concerne pas Total Source : Notre questionnaire

Nature de l'activité Industrie BTP Commerce Ser Service Total vice industrie l 9 0 0 0 6 15 7

1

0

2

3

13

0 16

0 1

1 1

0 2

1 10

2 30

La deuxième relation de dépendance qui nous intéresse est la relation entre les différentes facettes d’innovation d’une part, et, d’autre part, la création de la valeur comme participation au développement territorial » à la province d’El-Jadida. En effet, selon le tableau ci-dessous, nous constatons que les entreprises qui considèrent l’innovation comme une affaire secondaire ne participent guère au développement territorial. Tandis que, la moitié des entreprises qui mettent l’innovation au cœur de la stratégie participe au développement territorial. Donc, 1/3 des entreprises innovantes placent « la création de la valeur » comme participation au développement territorial entre le 1er rang et le 3ème rang. Le deuxième 1/3 envisage de mettre l’innovation dans la stratégie d’entreprise et par la suite d’avoir des effets positifs sur la création de valeur.

281

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Tableau 48: Les différentes facettes d’innovation et la « création de la valeur » comme participation au développement territorial Participation au développement territorial « création de la valeur »

Total

0 rang 1 rang 2 rang 3 rang 4 rang 5rang

Pensez-vous que l'innovation par ces différentes facettes

Au cœur de votre stratégie

3

4

5

2

1

0

15

Un projet envisageable dans le futur

2

5

2

4

0

0

13

Ça ne vous concerne pas

1

0

0

0

0

1

2

6

9

7

6

1

1

30

Total Source : Notre questionnaire

En ce qui concerne, la relation de dépendance entre les différentes facettes d’innovation et «la valorisation des ressources spécifiques» comme participation au développement territorial à la province d’El-Jadida. Elle est expliquée par le fait, que les entreprises qui ne sont pas concernées par l’innovation ne contribuent plus au développement territorial. De même, l’absence de la valorisation des ressources spécifiques ou son emplacement dans les derniers rangs de développement est dû principalement à la façon d’innover adoptée par les entreprises. Figure 39: Les différentes facettes de l’innovation et la valorisation des ressources spécifiques comme participation au développement territorial

Source : Notre questionnaire 282

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La variable " les freins à l’innovation" : Pour conclure, une dernière relation de dépendance a été évoquée. Cette relation est exprimée à travers une série de croisements, liant les freins à l’innovation d’une part et, d’autre part, des variables telles que, la place de l’innovation dans la stratégie de l’entreprise, le partenariat avec l’université et les centres de recherche comme élément qui contribue à l’innovation, les différents types d’informations et le développement territorial dans la province d’El-Jadida. Afin de mieux comprendre cette relation, nous étudions chacune des relations d’une manière indépendante :  D’abord, une forte relation constatée, entre les freins à l’innovation et l’innovation dans la stratégie de l’entreprise. D’après le graphique ci-dessous, la majorité des entreprises dans le complexe exprime que l’innovation est un moyen de réduire les coûts ainsi qu’une façon de répondre aux exigences du marché, à hauteur de 43,3% pour chaque choix. Cependant, l’entrave réside dans le manque de l’information et les moyens financiers alloués pour l’innovation. En effet, dans le complexe Jorf Lasfar les entreprises sont appelées à accompagner le dynamisme entrepreneurial et les interactions entretenues, par une stratégie d’innovation adaptée au secteur d’activité d’entreprise. Figure 40: Le principal frein à l’innovation et l’innovation dans la stratégie de votre entreprise

Source : Notre questionnaire

 Ensuite, nous expliquons à travers la variable, « le principal frein à l’innovation » et les différents types d’informations, les limites du dynamisme entrepreneurial dans le complexe Jorf Lasfar. En effet, 12 entreprises ont avancé que le complexe n’offre plus l’information adéquate aux entreprises existant dans le complexe. De même, ces entreprises ont signalé que parmi les freins à l’innovation est le manque d’information. De plus, 7 283

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entreprises ont exprimé que le milieu offre la possibilité de détecter une opportunité d’affaire, mais ne possédant pas les moyens financiers pour l’exploiter. Donc, selon ces données, nous comprenons que le milieu souffre d’un handicap majeur, celui d’offreur d’informations. Par conséquent, cet handicap limite le développement de l’entrepreneuriat et le pouvoir de minimiser le risque et l’incertitude d’après A. Julien.  Parmi les freins à l’innovation exprimée par les entreprises, nous constatons qu’il y a une dépendance entre l’absence d’un contact avec l’université ou les institutions liées à la formation et à la recherche et le manque d’information. Cette dépendance est expliquée par l’absence d’une stratégie d’État en matière de gouvernance territoriale qui permet de créer une synergie entre les différents acteurs territoriaux et qui limite la mise en place d’un système d’innovation sur place.  Encore, une relation de dépendance entre la variable les freins à l’innovation et le capital humain comme élément contribuant à l’innovation. 26 entreprises ont conclu que le capital humain dans le complexe Jorf Lasfar contribue à l’innovation, cependant, les moyens financiers insuffisants restent toujours parmi les freins qui limite ce capital humain à apprendre et à innover et ce par le coût exorbitant de formation et l’absence des incitations et d’encouragement pour l’innovation et la formation.  Quant au dernier lien, Il s’explique par la dépendance entre les freins à l’innovation et la participation au développement territorial dans la province d’El-Jadida, sous l’ongle de «la création de la valeur». Selon, le tableau ci-dessous, 9 entreprises ont exprimé qu’ils participent au développement territorial par la création de la valeur, néanmoins, elles souffrent en même temps d’une absence d’informations et de l’insuffisance des moyens financiers. Donc, nous pouvons conclure que les freins à l’innovation influencent d’une façon négative sur la création de la valeur et par la suite sur le développement territorial. Cette relation est très forte, par laquelle la mesure symétrique Phi est de 0,967. De même, une autre relation d’influence celle avec la participation au développement territorial sous l’ongle «l’aide apportée aux entreprises ».En effet, 13 entreprises ont avancé, qu’elles n’apportent pas de l’aide aux entreprises.Ainsi, elles souffrent des entraves de l’innovation, chose qui limite l’interaction et le développement territorial.

284

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Tableau 49: Le principal frein à l’innovation et la « création de la valeur » comme participation au développement territorial Participation au développement territorial « création de la valeur »

Total

0 rang 1 rang 2 rang 3 rang 4 rang 5 rang Manque d'informations Quel est le L’indispensabilité principal frein à Compétences nécessaires l'innovation? Moyens financiers insuffisants Total

2 4 0 0 6

3 0 0 6 9

2 1 0 4 7

1 0 2 3 6

1 0 0 0 1

1 0 0 0 1

10 5 2 13 30

Source : Notre questionnaire

Hélas, nous mettons fin à l’analyse de Khi 2, qui a pour objectif, d’expliquer la relation d’influence et de dépendance entre les variables formulées dans notre questionnaire. Par conséquent, nous pouvons conclure que le complexe industriel Jorf Lasfar, considéré comme un milieu entrepreneurial offreur d’information et aussi comme un système d’innovation en cours de formalisation, participe au développement territoriale et ce par la qualité de l’activité, par l’ingénierie territorial et par les stratégies d’innovation instituées par les entreprises installées dans le complexe. Nonobstant, ce système d’innovation territoriale «complexe industriel Jorf Lasfar » souffre de quelques freins à l’innovation, à savoir le manque d’information et l’insuffisance des moyens financiers. C’est pour cela qu’il est vivement recommandé dans le complexe d’instaurer, d’une manière efficace, des logiques de proximité et de s’appuyer sur une ingénierie territoriale, notamment par un capital social territorial, en vue d’assurer le développement territorial.

285

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Conclusion Ce chapitre a eu pour objectif, tout d’abord, de dévoiler la réalité entrepreneuriale et territoriale dans la province d’El-Jadida. En effet, à travers des différents travaux de recherche et des rapports publiés par les autorités compétentes sur l’entrepreneuriat au Maroc, nous constatons que ce dernier est caractérisé par une multitude de types et de formes avec une présence accrue de l’entrepreneuriat informel chez les jeunes qui n’ont la possibilité d’accéder au marché de travail. De même, l’État a accordé l’importance à l’entrepreneuriat, notamment par des politiques d’accompagnement et de sensibilisation qui ont porté sur l’amélioration et l’attractivité du climat d’affaire, à savoir les mesures administratives et les mesures fiscales. Ainsi, selon les données communiquées par les acteurs territoriaux sur l’entrepreneuriat au niveau d’El-Jadida, nous avons remarqué que la région d’El-Jadida est une région entrepreneuriale. Cela est expliqué, d’une part, par le taux de la création d’entreprises toujours en évolution ces dernières années, et, d’autre part, par les actions entreprises par des institutions et des associations visant à accompagner les entrepreneurs et à développer chez les jeunes l’esprit d’entreprise. En ce qui concerne la réalité territoriale de la province d’ElJadida. La province possède toutes les qualifications et les économies visant à booster le phénomène entrepreneurial et d’assurer un développement territorial. Ensuite, la deuxième section a été dédiée pour expliquer le cadre épistémologique et méthodologique adoptée au cours de notre travail de recherche. Il s’agit d’un positionnement épistémologique positiviste avec une logique de déduction. Nous partons d’une revue de la littérature sur le lien entre le milieu et l’entrepreneuriat, ensuite, nous nous somme inclinés sur une étude de cas, celui du complexe industriel Jorf Lasfar afin d’expliquer notamment la dépendance entre le milieu territorial, l’entrepreneuriat et l’innovation, et enfin, nous avons tiré des conséquences sur les résultats obtenus. Donc, l’étude empirique et les résultats obtenus ont été réalisés suite à la combinaison entre l’approche qualitative et l’approche quantitative. L’approche qualitative avait pour objectif de mener une étude exploratoire. Elle visait à découvrir et à comprendre le complexe industriel Jorf Lasfar par le recours notamment à la stratégie de l’étude de cas et l’observation non participante. Tandis que l’approche quantitative avait pour rôle l’étude confirmatoire. Elle cherchait à tester et à valider les hypothèses de recherchait formulées et qui étaient au nombre de trois. Enfin, la dernière section a été consacrée à l’analyse et à l’interprétation des résultats. À travers le test de Fisher qui nous a servir à montrer l’impact d’une variable sur une autre, et le test de Khi 2 qui expliquait la dépendance des variables.

286

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CONCLUSION GÉNÉRALE Cette thèse de doctorat a tenté d’expliquer la relation entre le phénomène entrepreneurial et l’approche territoriale de développement. Cette relation qui ne peut être expliquée qu’à travers le recours à la notion du milieu. En effet, le milieu est au coeur de la relation entre l’entrepreneuriat et le territoire, il permet, effectivement, d’assurer un dynamisme entrepreneurial, notamment par la qualité du milieu entrepreneurial, par l’ingénierie du milieu territorial et enfin par le milieu innovateur basé sur l’interaction entre l’innovation, réseau et organisation. La partie empirique qui vise à démontrer l’impact du milieu territorial sur le dynamisme entrepreneurial, a été déroulée sur le complexe industriel Jorf Lasfar situé dans la province d’El-Jadida. Cette conclusion générale est structurée en trois paragraphes. D’abord, le premier paragraphe expose les principaux apports théoriques et empiriques de la recherche. Ensuite, le deuxième paragraphe décrit les limites de la recherche auxquelles nous sommes rencontrés. Enfin, le dernier paragraphe ouvre des perspectives de recherche pour les chercheurs souhaitant approfondir leurs recherches dans ce thème.

Les principaux apports théoriques et empiriques de la recherche. Notre problématique de recherche était : « En quoi le milieu contribue-t-il au dynamisme entrepreneurial ? ». Pour répondre à cette problématique, nous avons adopté un plan composé de quatre chapitres. Le premier chapitre consiste à définir le phénomène entrepreneurial ; un cadrage théorique , l’entrepreneur comme acteur de l’entrepreneuriat et le cadre conceptuel de l’entrepreneuriat y compris les paradigmes entrepreneuriaux et les processus entrepreneuriaux. Le deuxième chapitre vise à exposer l’approche territoriale de développement. Dans ce chapitre, nous avons commencé par l’organisation territoriale ; le passage de l’espace au territoire ainsi qu’une révélation des économies de l’organisation du territoire. De même, nous avons insisté sur l’importance des réseaux territorialisés et leurs dynamiques de proximités. La proximité par différents types est considérée comme une source de dynamisme entrepreneurial. Le troisième chapitre présente le rôle du milieu territorial dans le dynamisme entrepreneurial. Enfin, le quatrième et le dernier chapitre s’intéresse au volet méthodologique et empirique de la recherche, notamment par une présentation du complexe industriel Jorf Lasfar et de la méthodologie de recherche mobilisée. De plus, il dévoile les résultats de recherche obtenus. 287

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Dans ce cadre, nous présentons les principaux résultats de recherche, et nous commençons, tout d’abord, par les apports théoriques. ........Les apports théoriques : Sur le plan théorique, notre travail cherche à mener une réflexion sur les notions de l’entrepreneuriat et le territoire. Ainsi, d’expliquer le rôle du milieu territorial dans le dynamisme entrepreneurial à travers les variables clés. À cet effet, ces apports théoriques sont présentés comme suit : Pour le premier chapitre, nous avons constaté, d’après une revue de littérature, que le concept de l’entrepreneuriat est toujours dans un cadre de pré-théorie, ainsi qu’il n’y a pas un accord sur la définition du concept de l’entrepreneuriat. Cela est notamment approuvé par Emile-Michel Hernandez (2001), par lequel précise que les résultats obtenus d’après de nombreuses recherches empiriques ont permis à une meilleure connaissance du phénomène, mais n’ont pas permis de produire et de tester des modèles explicatifs et productifs, ainsi que de construire une véritable théorie de l’entrepreneuriat. C’est pourquoi le champ reste encore au stade d’un chantier de recherche et d’une problématique en voie de conceptualisation qu’au stade d’une théorie solide. De plus, nous avons constaté d’après les modèles processuels de la création d’entreprises que le facteur territoire qui paraît comme un déterminant pour favoriser la création d’entreprises au niveau de la région est quasiment absent. En effet, la majorité des chercheurs insistent beaucoup dans la conception des processus entrepreneuriaux sur des éléments autres que le territoire, à savoir, le financement, la personnalité du créateur d’entreprises et ses traits de personnalités, les événements vécus et l’opportunité. Voilà pourquoi nous avons cherché dans ce qui suit à définir le concept de territoire et de lui associer au dynamisme entrepreneurial. Bref, le dynamisme entrepreneurial a été expliqué par le recours à la notion du milieu territorial considéré comme un levier à la création d’entreprises, d’une part, par la qualité du milieu territoriale qui incorpore des actifs et des ressources territoriales, et, d’autre part, par l’apport du milieu innovateur. En ce qui concerne, le second chapitre, nous avons expliqué l’approche territoriale de développement. D’abord, d’après une revue de littérature, nous avons exprimé que le territoire n’est plus considéré comme un support de localisation des firmes multinationales ou un réceptacle des activités économiques. Par contre, le territoire est défini comme un système complexe durable construit grâce aux effets de l’économie de proximité, ainsi qu’il est 288

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considéré comme un acteur qui assure son développement. De même, nous avons présenté l’organisation territoriale par laquelle nous avons abordé les économies primordiales constituant cette organisation territoriale ; à savoir l’économie d’externalité expliquée par le fait que lorsqu’une activité induit des coûts ou des bénéfices pour un autre agent qui n’est pas impliqué directement, l’économie d’agglomération qui est l’idée que les bénéfices retirés par une entreprise du fait d’être localisée proche à d’autres firmes augmentent avec le nombre de firmes localisées au même endroit et enfin l’économie des ressources qui d’après B. PECQUEUR (2003), le territoire est un conteneur de ressources : matérielles, immatérielles, génériques et spécifiques. Ensuite, nous avons exposé les réseaux territorialisés et leurs dynamiques de proximités. En effet, ces réseaux territorialisés sont subdivisés en deux approches. D’une part, les districts industriels et les systèmes productifs locaux (SPL) qui font partie d’une approche de développement local, et, d’autre part, les clusters et les pôles de compétitivité qui s’intègrent dans une approche organisationnelle, c’est-à-dire managériale, toujours à la recherche de l’innovation et le développement des relations d’interdépendances entre les différents acteurs. Ces réseaux territorialisés sont dynamisés par une économie de proximité qui développe la notion de territoire construit au lieu d’un territoire donné. Trois formes de proximités sont avancées, à savoir la proximité géographique relative à la distance géographique ou spatiale, la proximité organisationnelle définie comme une relation de proximité induite par l’appartenance à une organisation, c’est-à-dire, de suivre des règles communes ou de partager une même culture d’entreprise au sein d’une activité finalisée et enfin la proximité institutionnelle qui renvoie à un ensemble d’habitudes, de règles et de conventions, orientant le comportement des acteurs dans un environnement marqué par l’incertitude. Enfin, nous avons présenté le projet de développement territorial qui est une version de développement local basé, de plus, sur la mobilisation et la valorisation des potentialités du milieu, en vue de résoudre les problèmes rencontrés au territoire, notamment l’exclusion, l’instabilité et le problème d’emploi. Ce projet de développement nécessite le recours à une stratégie territorial de coordination, d’où l’importance de la gouvernance territoriale. Selon A TORRE (2000) la gouvernance est considérée comme un modèle de coordination qui vise à intégrer les mécanismes productifs et institutionnels dans les dimensions locales (proximité géographique vs proximité organisationnelle) et globales. La gouvernance territoriale apparaît comme l’expression des tensions et des arbitrages entre différents intérêts au niveau local. 289

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Dans le troisième chapitre, nous avons cherché à expliquer l’interaction entre le phénomène entrepreneurial et l’approche territoriale de développement par le recours à la notion du milieu territorial. En effet, trois approches relatives au milieu territorial ont été avancées et expliquées. D’abord, le milieu entrepreneurial et sa capacité à assurer le dynamisme entrepreneurial. Selon P.A. JULIEN (2005), un milieu entrepreneurial est connu par son rôle d’offreur de ressources, notamment le soutien à la création d’entreprises, le financement de proximité, les ressources immatérielles, la réduction d’incertitude et l’environnement socioculturel. Ainsi, un milieu entrepreneurial bien structuré minimisme le risque de défaillance des entreprises, réduit le risque d’incertitude et offre l’information pertinente en vue de l’exploiter par les entreprises. Ensuite, la deuxième approche concerne le mécanisme de l’ingénierie du milieu territorial. Cette ingénierie du milieu, via ces différentes approches, a contribué d’une manière ou d’une autre à favoriser le dynamisme entrepreneurial local. Trois mécanismes de l’ingénierie sont évoqués ; un capital social territorial sous forme d’un réseau social constitué par des normes et des comportements partagés et marqué par des relations fortes entre les différentes parties prenantes, un encastrement territorial permet à l’entrepreneur encastré territorialement de bénéficier des relations professionnelles, amicales et conjugales facilitant l’acte de la création d’entreprises et enfin le phénomène de l’ancrage territorial incitant les firmes nomades à s’y installer en vue de dynamiser le tissu entrepreneurial. Enfin, nous avons proposé une organisation du milieu innovateur, selon le GREMI et P. AYDALOT, qui est considérée comme une plate-forme d’innovation permettant de faciliter l’accès aux ressources spécifiques, de favoriser l’apprentissage entre acteurs et de produire un savoir-faire. ........ Les apports méthodologiques et empiriques : Nous avons présenté, sur le plan empirique et méthodologique, les résultats d’une approche qualitative et quantitative menées conjointement sur le complexe industriel Jorf Lasfar afin de montrer l’importance du milieu dans le dynamisme entrepreneurial. D’abord, l’approche qualitative exploratoire consiste par la stratégie de l’étude de cas et l’observation passive à découvrir et comprendre la réalité et le fonctionnement du complexe industriel Jorf Lasfar. C’est-à-dire, les principaux acteurs et entreprises ainsi que les différentes logiques existant entre acteurs. Ensuite, l’approche quantitative, notamment par l’outil questionnaire, nous a permis d’obtenir des réponses auprès des entreprises opérantes dans le complexe industriel Jorf Lasfar en vue de vérifier les hypothèses posées. Ces données collectées ont été analysées et traitées par l’utilisation de deux logiciels, à savoir SPSS 21 et EXCEL (2013). 290

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Par ailleurs, nous résumons, ci-dessous, les résultats constatés qui sont, par conséquent, les apports empiriques de notre travail de recherche : 

Le milieu complexe industriel Jorf Lasfar contribue au dynamisme entrepreneurial. Il

est expliqué par la qualité du complexe à réduire le risque et l’incertitude et par l’emplacement stratégique du complexe, ainsi que par la proximité territoriale et institutionnelle des différents acteurs territoriaux. 

Le « comment » du milieu a pu contribuer au dynamisme entrepreneurial. Cela a été

expliqué par une ingénierie territoriale, c’est-à-dire un capital social territorial, un encastrement territorial et un ancrage territorial. Cette ingénierie a été administrée dans le questionnaire par des variables clés, à savoir l’expérience et les relations professionnelles comme motivation pour la création d’entreprises, ainsi que l’intention de déménager du complexe relatif à l’ancrage des entreprises. En effet, ces variables ont prononcé sur d’autres variables (voir section 3 du quatrième chapitre), et donc nous constatons que l’ingénierie territoriale conditionne la création d’entreprises et dynamise l’entrepreneuriat, notamment par la présence d’une stratégie d’innovation. 

Le milieu innovateur outil de dynamisme entrepreneurial. En effet, nous avons indiqué

que le complexe industriel Jorf Lasfar en tant qu’une formation socio-territoriale fondé sur une proximité territoriale, des logiques territoriales et une stratégie d’innovation contribue au dynamisme entrepreneurial. Cela est expliqué dans notre analyse statistique par la dépendance des variables relatives à l’innovation comme les facettes à l’innovation, le capital humain comme élément qui contribue à l’innovation et les freins à l’innovation et des éléments liés au milieu territorial et à son développement , à savoir la nature de l’activité du complexe, les différents types d’informations et le partenariat avec l’université et les centres de recherche. Donc, le milieu et l’innovation sont interdépendants. D’une part, elles permettent de participer au dynamisme entrepreneurial, notamment par l’aide accordé aux entreprises et au développement des stratégies réactives ou proactives facilitant la détection des opportunités d’affaires, et, d’autre part, elles facilitent le développement du milieu par la création de valeur et par la valorisation des ressources spécifiques.

Les limites de recherche : Les travaux abordant le lien entre l’entrepreneuriat et l’approche territorial sont assez récents dans les analyses des sciences de gestion et d’économie. C’est pourquoi ont été confrontés à une pénurie des travaux et des sujets permettant d’expliquer la relation entre le 291

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

dynamisme entrepreneurial et le territoire. Dans ce contexte, d’absence d’étude, nous avons avancé un lien théorique qui nous a permis d’expliquer la relation de causalité entre les deux concepts-clés. Ce lien n’est que le concept de milieu. De même, nous avons qualifié notre travail de recherche, d’un travail tâtonnant qui permet d’apporter des nouvelles pistes de recherches, à savoir favoriser le dynamisme entrepreneurial par l’approche territoriale. En outre, une autre limite a exposé relative au déroulement de notre enquête empirique. D’abord, le complexe industriel Jorf Lasfar est le 1er et le seul parc au Maroc dédié aux industries de 1ere catégorie ; secteurs de la chimie, parachimie, métallurgie et énergie. À cet effet, nous avons beaucoup souffert en matière de collecte des données et de contacts des entreprises sur le parc, d’une part, par la sécurité minutieuse du parc et, d’autre part, par la présence des produits et de l’activité existant dans le complexe, à savoir le développement des produits à base des matières relatives à l’acide phosphorique et le soufre (cette matière dégage une odeur asphyxiante). Ensuite, le nombre d’entreprises existant sur le complexe industriel Jorf Lasfar est très petit. C’est pourquoi nous avons pu contacter, à l’aide accordé de la direction provinciale des impôts d’El-Jadida et le centre provincial d’investissement, un échantillon de Quarante entreprises. Et donc le nombre d’entreprises enquêtées est relativement faible pour un travail de recherche.

Les perspectives de recherches : Dans les perspectives de recherche, il serait intéressant dans le futur à compléter cette recherche, liant entre le phénomène entrepreneurial et l’approche territoriale, notamment par le renforcement et le développement de la notion du milieu territorial. Ainsi, de renforcer le fonctionnement des réseaux territorialisés par des politiques industrielles pointues favorisant le dynamisme entrepreneurial et des stratégies de gouvernance territoriale adoptées aux spécificités territoriales. D’une part, les responsables étatiques chargées de développement territorial devront fournir plus d’efforts en vue d’assurer une adéquation entre les milieux industriels locaux existants sur le territoire marocains et les approches des réseaux territoriaux ; soit une approche basée sur le développement local ou une approche managériale basée sur l’innovation et le développement des relations d’interdépendances entre les acteurs. Dans ce contexte, les futurs chercheurs seront sollicités de s’incliner, en détail, sur ce sujet en vue d’éviter la défaillance des réseaux territoriaux et de proposer des politiques industrielles répondant au besoin du milieu territorial permettant d’assurer le dynamisme entrepreneurial. De même, cette adéquation permet, aussi, la réussite des projets de développement territorial. 292

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D’autre part, la gouvernance territoriale considérée comme une stratégie de coordination au niveau du milieu territorial permet de stimuler l’acte de la création d’entreprises, notamment par le développement des partenariats entre les différents acteurs territoriaux quelles que soient leurs natures ; étatique (les directions locales, les offices et les délégations), privés (les petites entreprises et les firmes multinationales) et sociaux (les associations professionnelles, les syndicats et les organismes locaux intéressant au monde d’entrepreneuriat). Cette nouvelle stratégie adoptée aux spécificités du milieu territoriales permet, d’une part, à concevoir un mode de gestion territorial efficace d’un réseau territorial, tout en permettant de révéler les actifs et les ressources territoriales et de le mettre à la disposition des entreprises, et, d’autre part, d’augmenter les chances de réussite tous projets de développement territoriaux par les effets de dynamisme entrepreneurial.

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LISTE DES TABLEUX Tableau 1: Les caractéristiques le plus souvent attribuées aux entrepreneurs par les spécialistes en comportement ................................................................................................... 26 Tableau 2: Les différentes visions de l’approche par les processus ......................................... 28 Tableau 3: Les approches qui sous-tendent l’évolution du concept......................................... 28 Tableau 4: L’approche de Schumpeter de l’entrepreneur ........................................................ 40 Tableau 5: La typologie d’entrepreneur proposé par Norman SMITH .................................... 44 Tableau 6: La typologie d’entrepreneur proposé par Miles et Snow ....................................... 45 Tableau 7: Les niveaux de performance de la légitimité concurrentielle ................................ 49 Tableau 8: La typologie d’entrepreneurs proposée par M. MARCHESNAY ......................... 49 Tableau 9: Les profils de l’entrepreneur selon Émile Michel HERNANDEZ ........................ 50 Tableau 10: Les étapes du processus entrepreneurial classique ............................................... 65 Tableau 11: Les principales approches de l’économie spatiale ............................................... 80 Tableau 12 : Les principales ressources génériques et ses caractéristiques ............................. 90 Tableau 13: La déclinaison des proximités dans les publications du groupe de dynamique de proximité .................................................................................................................................. 97 Tableau 14: Le croisement des deux proximités et ses résultats en termes d’interactions .... 102 Tableau 15: L’approche transactionnelle et l’approche résiliaire du SPL selon C. Courlet .. 109 Tableau 16: Les deux approches résumant le cluster selon A. HAMDOUCH ...................... 111 Tableau 17: Où sont les clusters aujourd’hui ? ...................................................................... 112 Tableau 18: Du développement local au développement territorial ...................................... 123 Tableau 19: Les facteurs exogènes et endogènes du milieu entrepreneurial ......................... 149 Tableau 20 : Les formes d’intégration, d’arrangements institutionnels et d’encastrement social des relations économiques ........................................................................................... 168 Tableau 21: La Distinction entre innovation incrémentale et innovation radicale ................ 184 Tableau 22: Les trois types de proximité d’après Dimitri UZUNIDIS ................................. 200 Tableau 23: Les formes d’entrepreneuriat dominantes au Maroc selon D. FERHANE (2009) ................................................................................................................................................ 209 Tableau 24: Le nombre de création d’entreprises selon la DPI d’El-Jadida ......................... 214 Tableau 25: le rôle du CRI Doukala-Abda dans la promotion de l’entrepreneuriat .............. 214 Tableau 26: l’accroissement de la population des provinces d’El-Jadida et Sidi Bennour ... 217 Tableau 27: Les économies territoriales de la province d’El-Jadida ..................................... 222 Tableau 28: Les principaux paradigmes épistémologiques ................................................... 231 314

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Tableau 29: Le positionnement épistémologique de notre travail de recherche .................... 236 Tableau 30: Les tâches menées pour conduire une observation non participante au complexe industriel Jorf Lasfar selon S. MARTINEAU (2004) ............................................................ 245 Tableau 31: La structure juridique des PME de l’échantillon ............................................... 256 Tableau 32: L’effectif des salariés dans les entreprises enquêtées ........................................ 257 Tableau 33: La nature de l’activité des sociétés enquêtées .................................................... 257 Tableau 34: Les formalités relatives à la création d’entreprise ............................................. 259 Tableau 35: Les formalités relatives à l’exercice de l’activité .............................................. 259 Tableau 36: Les mesures fiscales........................................................................................... 259 Tableau 37: L’entrepreneuriat innovant ................................................................................ 260 Tableau 38: Le choix du milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » par les entreprises ...... 260 Tableau 39: Les freins à l’innovation .................................................................................... 261 Tableau 40: Le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » réduit le risque et l'incertitude et offre l’information adéquate pour les entreprises .................................................................. 263 Tableau 41: Le lien entre les entreprises à fort potentiel économique et l’activité comme un choix pour y exister sur « le complexe industriel Jorf Lasfar » ............................................. 264 Tableau 42: Les facettes de l’innovation et le principal frein à l’innovation ........................ 265 Tableau 43: La validation des hypothèses d’après le test de Fisher ...................................... 269 Tableau 44: La validation des hypothèses d’après le test de Khi 2 et les test complémentaires ................................................................................................................................................ 274 Tableau 45: L'intention de déménager du complexe industriel Jorf Lasfar et la nature de l'activité .................................................................................................................................. 279 Tableau 46: L'intention de déménager du complexe industriel Jorf Lasfar la densité des PME comme élément qui contribuent à l'innovation ...................................................................... 280 Tableau 47: Les différentes facettes de l'innovation et la nature de l'activité ....................... 281 Tableau 48: Les différentes facettes d’innovation et la « création de la valeur » comme participation au développement territorial ............................................................................. 282 Tableau 49: Le principal frein à l’innovation et la « création de la valeur » comme participation au développement territorial ............................................................................. 285

315

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LISTE DES FIGURES Figure 1: Le modèle de l’Entrepreneuriat selon A. SHAPERO (1975) .................................. 32 Figure 2: La modélisation du phénomène entrepreneurial ...................................................... 34 Figure 3: L’interaction des dimensions du phénomène entrepreneurial d’après Th. VERSTRAETE ........................................................................................................................ 36 Figure 4: Le phénomène entrepreneurial selon Th. VERSTRAETE ...................................... 37 Figure 5: La relation entre l’ordre et le désordre d’après Edgar MORIN ............................... 56 Figure 6: Le domaine de l’entrepreneuriat selon C. BRUYAT ............................................... 58 Figure 7: L’équation de la chaine de l’innovation selon Martin (1994) .................................. 60 Figure 8: La représentation des quatre paradigmes de l’entrepreneuriat et de leurs liens selon A. FAYOLLE et Th. VERSTRAETE ...................................................................................... 61 Figure 9: La représentation des liens entre les huit paradigmes de l’entrepreneuriat ............ 63 Figure 10: Schéma de la CSIP de l’entrepreneur selon C. BRUYAT (1993) ......................... 66 Figure 11: Le nouveau modèle de création d’entreprises selon D.B. GREENBERGER, D. L. SEXTON .................................................................................................................................. 71 Figure 12: Un modèle de formation d’organisation LEARNED ............................................. 72 Figure 13: La boucle de rétroaction qui anime les territoires .................................................. 85 Figure 14: Une représentation des liens entre les différentes notions ................................... 115 Figure 15: Du développement local au développement territorial ........................................ 123 Figure 16: Les différentes sphères du processus du développement territorial. .................... 125 Figure 17: La gouvernance et les concepts associés.............................................................. 135 Figure 18: Le fonctionnement du capital social .................................................................... 165 Figure 19: La triple insertion de l’unité localisée .................................................................. 178 Figure 20: Le processus de création d’entreprises selon C. BRUYAT et phénomène d’ancrage territorial. ................................................................................................................................ 179 Figure 21: Les stratégies innovatrices et l’organisation en réseau ........................................ 186 Figure 22: Circonstances favorables à la nouvelle théorie .................................................... 189 Figure 23: Les paradigmes des milieux innovateurs ............................................................. 192 Figure 24: Les interactions développées au sein et avec le milieu innovateur ...................... 195 Figure 25: Le milieu innovateur, proximité et entrepreneuriat ............................................. 201 Figure 26: La dualité entrepreneuriale au Maroc selon D. FERHANE (2009) ..................... 209 Figure 27: La localisation de la région Casablanca-Settat et son découpage administratif .. 217 Figure 28: La carte du milieu complexe industriel Jorf Lasfar ............................................. 223 316

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Figure 29: L’entrepreneuriat et le territoire dans le complexe industriel Jorf Lasfar ............ 228 Figure 30: Le raisonnement déductif de notre travail de recherche ...................................... 235 Figure 31: Les différents designs d’étude de cas selon R. K. YIN (2009) ............................ 243 Figure 32: L’architecture de l’épistémologie et de la méthodologie de recherche ............... 255 Figure 33: La nature de l’activité des sociétés enquêtées ...................................................... 258 Figure 34: Le principal frein à l’innovation .......................................................................... 262 Figure 35: La logique organisationnelle et le niveau de collaboration et de coopération entre les entreprises ......................................................................................................................... 264 Figure 36: Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et les relations professionnelles comme choix à la création d’entreprises ..................................................... 266 Figure 37: Le lien entre les relations professionnelles comme choix à la création d’entreprise et les différentes facettes à l’innovation ................................................................................. 277 Figure 38: Le lien entre l’intention de se démanger du complexe industriel Jorf Lasfar et le capital humain comme élément qui contribuent à l’innovation ............................................. 279 Figure 39: Les différentes facettes de l’innovation et la valorisation des ressources spécifiques comme participation au développement territorial .............................................. 282 Figure 40: Le principal frein à l’innovation et l’innovation dans la stratégie de votre entreprise ................................................................................................................................ 283

317

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LA LISTE DES ANNEXES Annexe 1:Le questionnaire de recherche auprès des entreprises installées dans le complexe industriel Jorf Lasfar .............................................................................................................. 319 Annexe 2: La liste des entreprises ayant répondu à notre questionnaire ................................ 326 Annexe 3: La classification des entrepreneurs marocains selon S. Tangeoui (1993) ............ 329 Annexe 4: Quelques structures d’accompagnement et de sensibilisation à la culture entrepreneuriale selon D. Ferhane (2009) .............................................................................. 330 Annexe 5: les incitations fiscales pour la création d’entreprises au Maroc, d’après le Code Général des Impôts (2007) ..................................................................................................... 331 Annexe 6: Quelques programmes de financement et d’accompagnement à la création d’entreprises au Maroc ........................................................................................................... 332 Annexe 7:Les infrastructures de la province d’El-Jadida ....................................................... 334

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Annexe 1: Le questionnaire de recherche auprès des entreprises installées dans le complexe industriel Jorf Lasfar

Questionnaire Le présent questionnaire, auquel vous êtes priés de répondre, est réalisé dans le cadre d’une thèse académique en science de gestion, Laboratoire Entrepreneuriat et développement local à l’Université Mohammed V Souissi - Sale. Il a pour but de montrer le rôle du milieu « complexe Industriel Jorf Lasfar » dans le dynamisme entrepreneurial et au développement territorial. En effet, le présent travail de recherche porte principalement sur l’étude du lien entre l’entrepreneuriat et le territoire à travers le concept du milieu qui est défini par une logique d’interaction et d’apprentissage. Nous vous remercions d’avance de bien vouloir consacrer quelques minutes pour remplir le questionnaire. La confidentialité de vos réponses est garantie, ainsi que les informations recueillies ne seront utilisées qu’à des fins scientifiques. En vous remerciant de votre collaboration à cette recherche. El Aidouni Anass Laboratoire d’Entrepreneuriat et Développement Local (LEDL) L’Université Mohammed V Souissi - Sale. : 06 66 10 59 61 [email protected]

319

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Entreprise : …..………………………............…..………………..... Siège social : …..………………………............................................ Votre fonction dans l’entreprise : …..………………………............ Votre E-mail : …..……………………….......................................... Votre numéro de téléphone : .............................................................

Thème 1 : Entrepreneuriat 1. Forme Juridique : SA

SARL

SNC

SCA

-Si autre, Merci de préciser : ……………………….... 2. Année de création : …………….................................... 3. Effectif :

0-15

15-50

51- 150

>151

4. Nature de l’activité : L’industrie

BTP

Commerce

Service

-Si autres, Merci de préciser : ……………………….... 5. Votre local est-il sur le complexe Industriel Jorf Lasfar ? Oui

Non

-Si non, pourquoi : Budget

Absence d’une structure industrielle

Manque de proximité

Sécurité environnementale Si vous êtes un entrepreneur local (personnes physique), veuillez répondre aux questions de 6 à 10. 6. De quelle région du Maroc vous êtes : ……………..........…………………… 7. Age :

51 ans

8. Niveau d’instruction :

Primaire

Collège

Lycée

Formation professionnelle

Supérieur

9. Expérience : avez-vous déjà travaillé avant la création de votre entreprise ? Oui

Non

-Si oui : Profession libérale

Salarié

Fonctionnaire

Commerçant

10. En quoi réside votre motivation d’entreprendre ? (deux choix possibles) Réalisation de soi

Indépendance

Le goût de risque

-Si autres, Merci de préciser : ………………………....

320

Réalisation des bénéfices

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Thème 2 : le milieu entrepreneurial : « complexe Industriel Jorf Lasfar » Le milieu entrepreneurial est considéré comme la clef de l’entrepreneuriat dans la région. A cet effet, le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » par la qualité de ses ressources, de ses acteurs permet de favoriser un dynamisme entrepreneurial dans la région. 1.

Avez-vous mené un diagnostic sur le complexe industriel Jorf Lasfar : Oui

Non

1

3

Les formalités administratives relatives à la création d’entreprise. Les formalités administratives relatives à l’exercice de l’activité. Les mesures Fiscales

4

Les démarches de financement (l’accès au financement)

2

3. Pensez-vous que le milieu « complexe Industriel Jorf Lasfar » peut réduire l’incertitude et le risque pour les entreprises opérantes dans le complexe : Oui

Non

4. Cette question concerne l’information au sein du complexe industriel Jorf Lasfar. 4.1 Le complexe industriel Jorf Lasfar offre-t-il l’information adéquate pour les entreprises existantes dans le site (une opportunité d’affaire, une nouvelle technologie, une connaissance...): Oui

Non

4.2 Si oui, précisez le type d’informations : Une opportunité d’affaires

Une nouvelle technologie

Une connaissance

Un partenariat -Si Autres, Merci de préciser : ………………………....………………… 4.3 Comment avez-vous détecté cette information ? : (deux choix possibles) Les journaux

Les sites d’internet

Les réseaux territorialisés

Les acteurs publics (CRI) Des contacts personnels privés

321

Pas satisfait

Plutôt pas satisfait

Plutôt satisfait

Très satisfait



satisfait

2. Au moment de la création, votre entreprise est-elle satisfaite des options suivantes :

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

1

Niveau de coordination avec les administrations locales (centre provincial d’investissement, la Direction provinciale des Impôts, la commune Moulay Abdellah,...)

2 3

Niveau de collaboration et de coopération entre les entreprises Climat de confiance (entre les fournisseurs, les clients...)

4

Innovation et la technologie existante sur place

6

Culture entrepreneuriale au sein du complexe Industriel Jorf Lasfar. Niveau du respect des valeurs, des normes et des règles au sein du complexe industriel Jorf Lasfar. Ressources nécessaires

7 8 9

Lien avec les entreprises à fort potentiel économique(OCP, SONASID, JLEC, Afriquia Gaz) Pour la dernière modalité préciser la nature de la relation :..........................................................

Thème 3 : Ingénierie territoriale et création d’entreprise : Par le biais de son ingénierie (le capital social territorial, l’encastrement territorial et l’ancrage territorial), Comment le territoire permet-il de favoriser la création d’entreprise ? 1. Avez-avez choisi le complexe industriel Jorf Lasfar pour ? Ressources

Activités

Emplacement stratégique

Avantages accordés

-Si autres, Merci de préciser : ………………………....………………… 2. la création de votre entreprise dans le complexe est motivée par : (deux choix possibles) Expérience

Relations professionnelle

Relations amicales

Relations familiales.

Dépendance historique et culturelle

-Si Autres, Merci de préciser : ………………………....………………… 3. Avez-vous l’intention de déménager du complexe industriel Jorf Lasfar :

Oui

Non

322

Pas important

Plutôt pas important

Plutôt important



Important

Très important

5. Selon vous, comment vous appréciez les éléments suivants au sein du complexe industriel Jorf Lasfar:

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

-Si oui, prière de choisir une ou plusieurs raisons suivantes : Complexe n’est pas propice à mon activité

Manque de ressources nécessaires

Manque de collaboration avec les entreprises

Fin de projet

Manque de coordination entre les acteurs territoriaux -Si Autres, Merci de préciser : ………………………....………………… Les questions, ci-dessous, sont adressées aux entreprises étrangères implantées dans le complexe industriel Jorf Lasfar : 4. Citer trois contraintes rencontrées au moment de l’implantation et de démarrage de votre activité : - ………………………....………………………....………………………................................ - ………………………....………………………....………………………................................ - ………………………....………………………....………………………................................ 5. Citer trois recommandations d’après vous pour maintenir l’entreprise étrangère sur le complexe industriel Jorf Lasfar : - ………………………....………………………....………………………................................ - ………………………....………………………....………………………................................ - ………………………....………………………....………………………................................

Thème 4 : le Milieu Innovateur, entrepreneuriat et développement territorial. Le milieu innovateur est considéré comme une formation socio-économique territorialisée au sein de laquelle émergent de nouvelles formes d’organisation territoriale à base de collaboration à travers lesquelles s’enrichissent les apprentissages propices à la création technologique et à la création d’entreprises.

1. Le projet milieu innovateur est articulé autour de trois logiques importantes. En vue de

1

2 3

Logique territoriale (proximité et l’interaction entre les acteurs et les entreprises) Logique technologique (un savoir-faire, un métier, les technologies, l’innovation) Logique organisationnelle (les normes, les règles de coopération, un système de confiance, le réseau)

323

Pas importante

Plutôt pas importante

Plutôt importante

Très importante



Importante

combiner ces logiques dans le complexe Jorf Lasfar. Vous êtes priés de cocher la réponse qui reflète votre perception de la réalité :

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

2. Avez-vous un contact avec les acteurs suivants : Acteurs La collectivité territoriale de Moulay Abdellah L’université ou les institutions liées à la formation et à la recherche dans le cadre de votre activité : 3. Sur quels aspects de l’innovation porte-t-elle en général dans votre entreprise : Produit lui-même

Processus de production Communication

Oui

Non

Mode de distribution

Organisation

-Si Autre, Merci de préciser : ………………………....………………………......

4. Pensez-vous que l’innovation par ces différentes facettes est: Au cœur de votre stratégie

Un projet envisageable dans le futur

Ça ne vous concerne pas -Si Autre, Merci de préciser : ………………………....………………………....…

5. Pour vous, dans la stratégie de votre entreprise l’innovation est surtout : Un moyen de réduire les coûts de production

Une avance technologique

Une exigence du marché

Aucun avantage

-Si Autre, Merci de préciser : ………………………....………………………....…

6. Pour vous, quels sont les éléments qui contribuent à l’innovation (trois choix possibles) Partenariat avec l’université et les centres de recherche Les informations de la part des clients ou des fournisseurs de proximité Un capital humain qualifié La densité des PME sur le complexe Echange d’informations avec les PME locales La qualité du réseau territorial « Complexe Industriel Jorf Lasfar »

7. Pour vous, aujourd’hui, quel est le principal frein à l’innovation ? Je n’ai pas assez d’informations

Je n’ai pas le temps disponible pour le changement

Je n’ai pas la compétence nécessaire

Je n’ai pas les moyens financiers suffisants

-Si autre, Merci de préciser : ………………………....………………………....…...

8. L’action de la structuration du complexe industriel Jorf Lasfar en un milieu innovateur estelle importante pour assurer un développement de l’entrepreneuriat au niveau de la province d’El Jadida : Très important Important

Plutôt important Pas important 324

Plutôt pas important

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

9. Par ordre de priorité précisez votre participation au développement territorial à la province d’El Jadida : (numérotez les réponses par un ordre numérique selon votre participation au développement). Nature du Participation

N° de classement

Création de la valeur ajoutée Paiement des taxes et des impôts Création d’emploi Valorisation des ressources spécifiques L’aide apportée aux entreprises Véhiculer une bonne image du territoire à l’échelle nationale et internationale

-Si autres, Merci de préciser : ………………………....………………………....… Commentaire sur le sujet de recherche : ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………............... Le cachet de l’entreprise (si possible)

Nous vous remercions infiniment de votre précieuse collaboration, de votre attention et du temps que vous avez consacré pour répondre à ce questionnaire.

325

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Annexe 2: La liste des entreprises ayant répondu à notre questionnaire Entreprise

ACS Composites SARL

Fonction du répondant

Directeur

Année de création 2011

Effectif

0-15

Sté ASBITA SARL

Directeur

1994

15-50

SITELECM SARL

Gérant

2002

15-50

Energie GM Maroc

Gérant

2007

0-15

Main Echafaudage Maroc

Responsable administratif

2014

15-50

Qualiclim Maroc

Directeur

2006

0-15

NAQ GLOBAL Morocco

Responsable Logistique

2013

0-15

Industrial Services Maroc

Gérant

2015

0-15

Bontaz centre Maroc

Gérant

2012

>151

Mecalp Maroc

Gérant

2014

>151

Gérant

2010

0-15

Mortekecque willmark SARL

326

Lieu d’activité El-Jadida (zone industrielle)

L’activité

Industrie (Revêtement)

Commerce (Production et commercialisation des engrais destinés à l’agriculture) Service Industriel Jorf Lasfar (Entretien et (route Jorf maintenance des Lasfar) équipements industriels) Industrie Jorf Lasfar (Importation et (Port Jorf exportation du coke Lasfar) de pétrole) Service Industriel (Location et Jorf Lasfar montage des échafaudages) Service (Spécialiste en climatisation, El-Jadida chauffage et ventilation) Service Industriel Jorf Lasfar (L’industrie de (plateforme l’amélioration de la Medz) qualité des engrais) Service industriel Jorf Lasfar (Maintenance (route Jorf industrielle des Lasfar) soupapes, des valves industrielles) Jorf Lasfar Industrie (Production (plateforme des pièces Medz) automobiles) Industrie (Import – Jorf Lasfar export et fabrication (plateforme des pièces Medz) automobiles) El-Jadida Service Industriel (zone (La filtration industrielle) industrielle) Jorf Lasfar (route Jorf Lasfar)

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Travaux de Construction Métallique et Tuyauterie SARL

Gérant

Archirodon Groupe N.V Morocco Branch

Responsable administratif

BEUGIN Maroc

Responsable comptabilité

Riva Industrie Sarl Tansift Trade

ACE METAL

ENIB SARL STEULER KCH MAROC SARL

CIMENTS DE L’ATLAS EURO GRUES MAROC

2009

2012

1992

51-150

>151

51-150

Responsable QSE

2011

>151

Gérant

2005

>151

Cogérante

Gérant

Gérant

Gérant

2013

2016

2000

2010

0-15

0-15

15-50

0-15

El-Jadida (zone industrielle)

Industrie (La construction métallique)

Jorf Lasfar (Port Jorf Lasfar)

BTP (Extension et réhabilitation des quais du port Jorf Lasfar)

Jorf Lasfar (route Jorf Lasfar)

Service Industriel (Revêtement et anticorrosion)

Jorf Lasfar (plateforme Medz)

Industrie (Industrie sidérurgique)

El-Jadida Jorf Lasfar (route Jorf Lasfar) Jorf Lasfar (route Jorf Lasfar) Jorf Lasfar (complexe OCP) Jorf Lasfar (Port Jorf Lasfar) Jorf Lasfar (route Jorf Lasfar)

Gérant

2007

>151

Moplas international

Directeur

2001

15-50

El-Jadida (zone industrielle)

AMA DETERGENT

Directeur Audit et Contrôle de gestion

2009

>151

Jorf Lasfar

Gérante

1999

51-150

Jorf Lasfar

KAPACHIM

327

Service (Entretien et nettoyage industriel) Industrie (Construction métallique) Service Industriel (Entretien et maintenance des équipements industriels) Service Industriel (Revêtement, corrosion et anticorrosion) Industrie (Importation et exportation du coke de pétrole) Service Industriel (Manutention et élévation) Industrie (Matières plastiques, PVC, tuyauterie, haute résistance à la température) Industrie (Produits de détergeant et cosmétique)

Industrie (Produits de détergeant)

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

MAROC S.C.E (société chérifienne d’engrais et de produits chimiques)

Responsable Q.S.E

1924, site transféré à Jorf en 2014

51-150

Jorf Lasfar (plateforme Medz)

OCP Maroc phosphore

Responsable Production

2008

>151

Jorf Lasfar complexe OCP

Industrie (Engrais et acide phosphorique)

SONASID JORF

Responsable utilité Chef de département SPM Responsable logistique export

2002

>151

Jorf Lasfar

Industrie (Industrie sidérurgique)

1997

>151

Jorf Lasfar

Industrie (Production d’énergie)

2004

0-15

Jorf Lasfar

Industrie de ciment (Unité locale)

TAQA Morocco LAFARAGE HOLCIME

328

Industrie (Détergence et le cosmétique, le sulfate, alumine, l’acide sulfurique et les engrais)

Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar

Annexe 3: La classification des entrepreneurs marocains selon S. Tangeoui (1993) La typologie des Les différentes caractéristiques entrepreneurs Commerce, négoce Les grands entrepreneurs marocains sont tous passés par des et artisanat expériences de commerce ou de l’artisanat, à cause de la rente réalisé et les risques y absents. Ainsi, ils disposent d’un capital relationnel, qu’il s’agit d’un système socio-économique où les relations interprofessionnelles, familiales et clientélistes exerçaient une influence décisive. De même, lors d’une action d’investissement, l’entrepreneur ne fait appel à aucun acteur pour étudier la faisabilité du projet. Il évalue lui-même le risque d’échec et les chances de succès, ainsi qu’il centralise toutes les taches et les fonctions. L’itinéraire entrepreneurial au Maroc est marqué par la prépondérance des activités liées au commerce, au commerce et à l’artisanat. Les hommes d’affaires issues de ces milieux ont mobilisé un capital et un ensemble d’atouts pour réaliser des profits et conquérir des espaces d’autonomie et des positions d’influence. En effet, ces types constituent donc les figures dominantes des entrepreneurs privés. Propriété foncière et La plupart des propriétaires fonciers ont commencé à devenir des la Fonction publique. entrepreneurs suite à des opérations de cession des terrains et des logements, chose qui les pousses à réinvestir leurs capitaux dans d’autres secteurs comme l’agro-industrie et le commerce. À cet effet, le patrimoine foncier constitue la principale source d’accumulation et le fondement des pouvoirs social et politique des grands agriculteurs. De même, les fonctionnaires des administrations publiques ont commencé à intégrer le monde de l’entrepreneuriat, tout en bénéficiant des expériences et des avantages accordés par l’ÉTAT en vue d’encourager la création d’entreprise. Savoir scientifique Ce type est constitué par des cadres supérieurs.Ils veulent mettre en & entreprise privée : place leur cumul théorique en formulant des plans à moyens et à long terme qui trace les perspectives de développement de la firme. L’émergence de cette élite du monde de l’entrepreneuriat marocain à engendrer une institutionnalisation de la société marocaine accompagnée par l’adoption des derniers outils et méthodes développées en matière de gestion d’entreprise. Source : S. Tangeaoui (1993).P : 35-54

329

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Annexe 4: Quelques structures d’accompagnement et de sensibilisation à la culture entrepreneuriale selon D. Ferhane (2009) Structure et date de création

Statut

Centres régionaux d’investissement (CRI) 2002.

Guichet unique pour la création d’entreprises

Une interface entre le porteur de projet et les administrations publiques regroupées.

Fondation banque populaire pour la création d’entreprises (FBPCE) 1991.

Association à but non lucratif

Un accompagnement et assistance du porteur du projet, aides au démarrage de l’entreprise

Comité régional pour la création d’entreprises

Fédération

Accompagnement du porteur de projet dans toutes les étapes de la création.

Fédérations sectorielles

Associations professionnelles

Fédérer et représenter les métiers et les entreprises de Secteur, collecter et diffuser toutes les informations techniques et la réalisation des études de marché.

Maroc Entreprendre

Association de chefs d’entreprises

Accompagnement collectif ou individuel des créateurs ou repreneurs d’entreprises.

Réseau

Mener des actions de sensibilisation à l’entrepreneuriat et à l’essaimage à partir des entreprises existantes. Coordonner le développement des incubateurs au Maroc. Assurer l’accueil et l’accompagnement de porteurs au sein des incubateurs du réseau. Assurer la formation des responsables d’incubateurs et des pépinières d’entreprises.

Association professionnelle à caractère économique

Contribuer à la promotion de la R&D, de l’innovation dans les entreprises marocaines du secteur productif.

Association

Promouvoir l’entrepreneuriat féminin, renforcer la position des femmes chefs d’entreprises au Maroc. Accompagner et conseiller des femmes porteuses de projet à travers l’incubateur déjà opérationnel.

-------------

Relais vers les institutions locales Fournir des études sur le marché marocain ainsi que des informations sur les modalités de création d’entreprises au Maroc.

Réseau Maroc incubation et essaimage (RMIE)

R&D Maroc

Associations des femmes chefs d’entreprises (AFEM) 2000.

Ambassades du Royaume du Maroc à l’étranger

Apport en matière de développement de la culture entrepreneuriale

Source : D. Ferhane (2009), P : 112-113. 330

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Annexe 5: les incitations fiscales pour la création d’entreprises au Maroc, d’après le Code Général des Impôts (2007) Types d’Impôts

Incitations

Description

Les entreprises nouvellement créées bénéficient de l’exonération de la taxe professionnelle, Fiscalité locale La taxe professionnelle pendant une période de 5 ans, et ce à compter de la date de début d’activité. Les TPE ont la possibilité d’opter de façon irrécouvrable à l’application d’un système Amortissements d’amortissements dégressifs pour les biens dégressifs d’équipement acquis à l’exclusion des immeubles Le code général des impôts prévoit une panoplie Impôts directs d’exonération au profit des entreprises ; à savoir (Impôt sur les : exonérations suivies de l’imposition sociétés) permanente au taux réduit, Exonération permanente en matière d’impôt retenu à la Exonérations source, Imposition permanente au taux réduit, Exonération suivie de l’imposition temporaire au taux réduit, Exonération temporaire, imposition temporaire au taux réduit.(Voir le Code Général des Impôts 2017, P :18-28). Une entreprise nouvellement créée est exonérée de la cotisation minimum pendant les trente-six Imposition (36) premiers mois suivant la date de début de leur exploitation. Pour une meilleure équité fiscale et afin d’encourager la création d’entreprises, le législateur a instauré un barème progressif des entreprises : Taux d’imposition Inférieur ou égale à 300KDH : taux de 10% De 300KDH à 1.000KDH : taux de 20% De 1.000KDH à 5.000KDH : taux de 30% Au-delà de 5.000KDH : 31% Sont exonérés du paiement de la TVA à l’intérieur et à l’importation les biens Exonérations des biens d’investissement à inscrire dans un compte Impôts indirects d’investissement d’immobilisation et ouvrant droit à déduction pendant une durée de 36 mois à compter du début d’activité. Source : Le code général des Impôts 2017.

331

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Annexe 6: Quelques programmes de financement et d’accompagnement à la création d’entreprises au Maroc Moyens

Conditions d’application

Le crédit jeune Entreprises-Attijariwafa Bank : est un crédit destiné à financer les projets initiés par des jeunes entrepreneurs marocains. Ce dispositif mis en place par le gouvernement concerne des projets.

Bénéficiaires : personne de nationalité marocaine ayant au moins de 20 ans et aux plus 45 ans. Montant : 1 000 000 DH dans le cas d’un projet individuel et 3.000.000 DH dans le cas d’une société ou d’une coopérative Taux préférentiel Une durée de 7 à 10 ans, avec possibilité de 2 ans de différé.

Bank al Amal-BMCE BANK consent des prêts participatifs aux MRE ou ex-MRE désirant créer ou de développer des entreprises au Maroc. Bank al Amal finance conjointement avec une autre banque la création ou le développement d'entreprises dans tous secteurs d'activité à l'exclusion du logement et du négoce.

Bénéficiaires : entreprise privée dont le capital social est détenue à hauteur de 20% par des MRE. Montant : 40% de l’investissement, n’excédant pas 5 millions DH. Durée : 2 à 15 ans, avec possibilité de 4 ans de différé. Taux : 7% à 10% selon durée de prêt.

Moukawalati est un programme gouvernemental qui a visé à l’horizon 2008 la création de 30 000 petites entreprises, à montant d'investissement inférieur ou égal à 250.000 DHS. Les intéressés doivent s'inscrire auprès d'un guichet d'accueil et suivre le processus de sélection. Sont éligibles les personnes de nationalité marocaine, de 20 à 45 ans, ayant un diplôme privé ou public.

*Service d’accompagnement à l’étude de marché et la réalisation des Business-plan, dans le but à constituer un dossier de crédit et à convaincre les établissements financiers. *Aide à l’accès au crédit : les personnes acceptées par le programme peuvent bénéficier de deux mesures au niveau de financement, à savoir une avance sans intérêts (10% max de l’investissement) et la garantie du crédit de l’État à hauteur 85%.

Ce fonds de la Caisse Centrale de Garantie (CCG) a pour objet de Garantir des crédits destinés au financement des projets d'investissement initiés par les jeunes entrepreneurs. Il a pour objet de faciliter l'accès des entreprises, particulièrement les PME, aux crédits bancaires pour le financement de leurs propres projets (création, extension ou modernisation). De

Il garantit les prêts accordés par les banques dans les conditions suivantes : Quotité de financement : 90% au max du programme d’investissement agrée. Montant de financement : 1 000 000 DH dans le cas d’un projet individuel et 3 000 000 DH dans le cas d’une société ou d’une coopérative Une durée de 7 à 10 ans, avec possibilité de

332

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même, la CCG a adopté un nouveau plan de développement 2013-2016 en vue le renforcement de l'offre de garanties par la mise en place des nouveaux produits.

La fondation création d’entreprise appartient au groupe populaire est une association à but non lucratif reconnue d’utilité publique, dont la principale mission est l’appui aux créateurs d’entreprises au Maroc

2ans de différé. Commission de garantit : 1,5%, TVA incluse, sur le montant garantie en principal, payable par l’intermédiaire de la banque par prélèvement. La fondation Création d’Entreprises du Groupe Banque Populaire du Maroc, permet aux entrepreneurs d’accéder, à des informations et à des liens ainsi, de formuler une opinion suffisamment détaillée en vue de prendre des décisions et faire des choix d’investissement motivé et clairvoyant.

Source : Adaptée sur des sites d’Internet.

333

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Annexe 7: Les infrastructures de la province d’El-Jadida Type

Description

d’infrastructures

La province est desservie par un important réseau routier qui offre une liaison entre les villes du Royaume et les villages. Ce réseau s’élève à 2012 Km dont 1831 Km revêtu, détaillé comme suit : RN Réseau routier et N°1 reliant le nord et sud du Royaume, RN N°7 reliant le centre au sud via Marrakech, une route côtière, l’autoroute « Casablanca - El-

autoroutier

Jadida » d’une longueur de 81 Km et l’autoroute « El-Jadida - Safi » d’une longueur de 143 Km. (Délégation provinciale de l’équipement d’EL Jadida)

Le réseau ferroviaire est représenté par une ligne droite sur la partie littorale reliant la ville de Casablanca à El-Jadida et le port minéralier Réseau ferroviaire

de Jorf Lasfar. Cette liaison ferroviaire est essentiellement à vocation de trafic de marchandises pour Jorf Lasfar et de trafic de voyageurs pour El-Jadida. (www.Oncf.ma) La province compte deux ports : El-Jadida et Jorf Lasfar. D’abord, le port d’El-Jadida connu par sa double activité, le commerce et la pêche. Il est équipé par des équipements qui assurent une importante activité de cabotage. Ensuite, le port Jorf Lasfar situé à 17 Km d’ElJadida. Il est conçu pour être un port d’exportation des phosphates,

Réseau Portuaire

des engrais et des énergies. En effet, il participe dans le trafic national global par une part de 27,8% fin d’avril2012 et se positionne juste après celui de Casablanca qui en concentre 32%. (Agence Nationale des Ports)

La province dispose des établissements de l’enseignement supérieur public qui offrent un cycle de formation composé d’une LMD Infrastructures

en (licence, master et doctorat) et d’un cycle d’ingénierie. Ces

matière

de établissements sont : trois facultés, deux écoles, Vingt-cinq

formation et R&D

laboratoires de recherche et Douze équipes de recherche, sont tous rattachés

à

l’université

(www.ucd.ac.ma) Source : Monographie de la province d’El-Jadida.

334

Chouaib

Doukkali

à

EL

Jadida.

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TABLE DES MATIERES SOMMAIRE .............................................................................................................................. 2 INTRODUCTION GÉNÉRALE................................................................................................ 7 Le contexte de la recherche ........................................................................................................ 7 La problématique et les hypothèses de recherche ...................................................................... 9 La méthode de travail ............................................................................................................... 12 La structure et le plan détaillé de la thèse ................................................................................ 15

Chapitre I : Cadre théorique et conceptuel d’entrepreneuriat ................. 18 Introduction ...................................................................................................... 19 Section I : Cadre historique et théorique de l’entrepreneuriat .......................................... 20 Paragraphe 1 : Evolution historique de l’entrepreneuriat .............................................. 20 1.1 L’entrepreneuriat et l’économie capitaliste ......................................................... 20 1.2 L’entrepreneuriat et les différentes écoles de l’économie ................................... 22 Paragraphe 2 : L’entrepreneuriat dans la théorie économique ...................................... 23 2.1 L’approche fonctionnelle : La vision de Schumpeter sur l’entrepreneuriat ........ 23 2.2 L’approche sur les individus ou le courant de behaviorisme .............................. 25 2.2.1 L’approche internaliste aux traits de l’entrepreneur ..................................... 25 2.2.2 L’approche externaliste ................................................................................. 27 2.3 L’approche par le processus ................................................................................ 27 Paragraphe 3 : Une tendance à une théorie spécifique à l’entrepreneuriat ................... 30 3.1. Le modèle d’entrepreneuriat d’après A. SHAPERO .......................................... 31 3.2. Le modèle d’entrepreneuriat d’après VERSTRAETE ....................................... 33 Section II : l’entrepreneur un acteur de l’entrepreneuriat ................................................ 37 Paragraphe 1 : Les approches de l’entrepreneur ........................................................... 38 1.1. L’entrepreneur innovateur selon Joseph SCHUMPETER ................................. 38 1.2. Mark CASSON, l’entrepreneur et coordination ................................................. 40 1.3. L’entrepreneur, le risque et l’incertitude selon Frank KNIGHT ........................ 43 Paragraphe 2 : Une typologie de l’entrepreneur............................................................ 43 2.1. Une classification des typologies d’entrepreneur ............................................... 44 2.2. L’entrepreneur et le territoire ............................................................................ 51 Section III : Cadre conceptuel de l’entrepreneuriat .......................................................... 52 335

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Paragraphe 1 : Les paradigmes de l’entrepreneuriat ..................................................... 53 1.1. Le paradigme de l’opportunité d’affaire ............................................................. 54 1.2. Le paradigme d’émergence organisationnelle .................................................... 56 1.3. Le paradigme de la création de la valeur ............................................................ 57 1.4. Le paradigme de l’innovation ............................................................................ 59 Paragraphe 2 : le processus entrepreneurial .................................................................. 64 2.1. L’acception classique du processus entrepreneurial ........................................... 64 2.2. Le processus entrepreneurial selon C. BRUYAT ............................................... 66 2.3. La nouvelle approche du processus entrepreneurial ........................................... 70 2.1.1. Le modèle de la création d’entreprise selon D.B. Greenberger et D.L. Sexton .................................................................................................................... 70 2.1.2. Le modèle de la création d’entreprise selon Kevin E. LEARNED .............. 71

Conclusion........................................................................................................ 74 Chapitre II: L’approche territoriale de développement ............................ 75 Introduction ...................................................................................................... 76 Section I : L’organisation territoriale ; concept et stratégie .............................................. 77 Paragraphe 1 : De l’économie spatiale à l’économie territoriale .................................. 77 1.1. L’espace chez les néoclassiques ......................................................................... 77 1.2. L’espace dans les théories de la localisation ..................................................... 78 1.3. De l’espace au territoire ...................................................................................... 82 Paragraphe 2 : l’économie du territoire ......................................................................... 85 2.1. L’économie d’externalité .................................................................................... 86 2.2. L’économie d’agglomération ............................................................................. 87 2.3. L’économie des ressources ................................................................................. 89 Paragraphe 3 : Les stratégies de l’organisation territoriale ........................................... 91 3.1. La territorialisation : une stratégie de l’organisation territoriale ........................ 92 3.2. La perspective de l’organisation territoriale ....................................................... 93 Section II : Les réseaux territorialisés et dynamiques de proximité ................................. 94 Paragraphe1 : L’économie de la proximité ................................................................... 94 1.1. La proximité territoriale : définition et typologies ............................................. 95 1.2. L’articulation des proximités et territoire ......................................................... 100 Paragraphe 2 : les réseaux territorialisés une dynamique de proximité ...................... 103 336

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2.1. Le district industriel marshallien et Le district industriel italien ..................... 104 2.1.1. Le district industriel marshallien ............................................................... 104 2.1.2. Le district industriel italien ........................................................................ 105 2.2. Le système productif local (SPL) ..................................................................... 106 2.3. Le cluster et le pôle de compétitivité ............................................................... 110 2.3.1. La notion de cluster .................................................................................... 110 2.3.2. Le concept de pôle de compétitivité ......................................................... 113 Section III: Le territoire et le projet de développement .................................................. 116 Paragraphe 1: Le développement territorial : concept et caractéristiques ................... 116 1.1. L’approche de développement endogène ......................................................... 117 1.2. L’approche de développement local ................................................................. 119 1.3. Du développement local au développement territorial ..................................... 121 Paragraphe 2 : L’approche de développement territorial : processus et modes. ......... 124 2.1. Le développement territorial un processus complexe ...................................... 124 2.2. La dimension culturelle de développement territorial ...................................... 127 2.3. Les modes de développement territorial ........................................................... 129 Paragraphe 3 : La gouvernance territoriale, outil de développement territorial.......... 132 3.1. De la gouvernance à la gouvernance territoriale .............................................. 133 3.2. La gouvernance territoriale : un corollaire au développement territorial ......... 138

Conclusion...................................................................................................... 143 Chapitre III: Le Milieu un levier de dynamisme entrepreneurial .......... 144 Introduction .................................................................................................... 145 Section I : le milieu et le dynamisme entrepreneurial ..................................................... 146 Paragraphe 1 : Le milieu et le milieu entrepreneurial ................................................. 146 1.1. La définition du milieu ..................................................................................... 146 1.2. La notion du milieu entrepreneurial ................................................................. 148 Paragraphe 2 : Le rôle du milieu entrepreneurial dans le dynamisme de l’entrepreneuriat .......................................................................................................... 151 2.1. Le milieu entrepreneurial et dynamisme entrepreneurial ................................ 151 2.2. Le rôle du milieu entrepreneurial dans le dynamisme entrepreneurial d’après Pierre Andrée Julien ................................................................................................ 151 Paragraphe 3 : Le milieu entrepreneurial et l’information .......................................... 156 337

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3.1. Le lien entre milieu entrepreneurial et l’information ....................................... 156 3.2. L’information et son effet sur le dynamisme entrepreneurial .......................... 157 Section II : L’ingénierie du milieu au profit de dynamisme entrepreneurial .................. 161 Paragraphe 1 : Le dynamisme entrepreneurial et capital social territorial .................. 161 1.1. Le capital social : notion et caractéristiques ..................................................... 162 1.2. Le capital social territorial ................................................................................ 163 1.3. L’importance du capital social pour le dynamisme entrepreneurial ................. 164 Paragraphe 2 : L’encastrement territorial et réseaux d’entreprises ............................. 167 2.1. De l’encastrement à l’encastrement territorial : concept et caractéristiques .... 167 2.2. L’effet de l’encastrement territorial sur la création d’entreprises .................... 169 2.1.1. Les ressources issues des relations professionnelles ................................. 170 2.2.2. Les ressources issues des relations familiales, amicales et conjugales ...... 170 2.2.3. L’encastrement communautaire comme attachement symbolique au territoire................................................................................................................ 171 Paragraphe 3 : l’ancrage territorial et processus de création d’entreprises ................. 173 3.1. L’ancrage territorial : notion et caractéristiques ............................................... 173 3.2. La proximité facteur essentiel de l’ancrage territorial ...................................... 176 3.3. Le processus de création d’entreprises et phénomène d’ancrage territorial .... 178 Section III : Le milieu innovateur outil de dynamisme entrepreneurial ......................... 181 Paragraphe 1 : L’innovation et le milieu ..................................................................... 181 1.1. La notion de l’innovation ................................................................................. 181 1.2. Réseau, milieu et innovation ........................................................................... 185 Paragraphe 2 : Le milieu innovateur comme outil de dynamisme entrepreneurial. .... 188 2.1. Le milieu innovateur une plateforme propice à l’innovation ........................... 189 2.1.1. La théorie du milieu innovateur : Circonstance d’évolution et de développement ..................................................................................................... 189 2.1.2. Les logiques du milieu innovateur ............................................................ 192 2.2. L’apport du milieu innovateur au dynamisme entrepreneurial ........................ 195

Conclusion...................................................................................................... 203 Chapitre IV : Le complexe industriel Jorf Lasfar : Milieu et dynamisme entrepreneurial ............................................................................................. 204 Introduction .................................................................................................. 205 338

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Section I : Le contexte de l’entrepreneuriat et du milieu territorial au niveau de la province d’El-Jadida ....................................................................................................... 206 Paragraphe 1 : L’entrepreneuriat au Maroc : une réalité complexe ............................ 206 1.1. Le tissu entrepreneurial marocain.................................................................... 207 1.2. L’environnement entrepreneurial marocain .................................................... 211 1.2.1. Les mesures administratives ...................................................................... 212 1.2.2. Les mesures fiscales .................................................................................. 213 1.2.3. Les mesures d’accompagnement et de financement ................................. 213 1.3. L’entrepreneuriat au niveau d’El-Jadida .......................................................... 214 Paragraphe 2 : L’économie territoriale à la province d’El-Jadida .............................. 216 2.1. L’identité territoriale de la province d’El-Jadida ............................................. 216 2.1.1. Le découpage administratif de la province d’El-Jadida ............................ 216 2.1.2. Les infrastructures de la province d’El-Jadida........................................... 218 2.2. Les économies de la province d’El-Jadida ....................................................... 218 2.2.1. Le secteur d’agriculture ............................................................................. 219 2.2.2. Le secteur de tourisme ............................................................................... 219 2.2.3. Le secteur d’industrie ................................................................................ 220 Paragraphe 3 : Le milieu : complexe industriel Jorf Lasfar ........................................ 223 3.1. La présentation du milieu complexe industriel Jorf Lasfar .............................. 223 3.2. Les opérateurs du milieu complexe industriel Jorf Lasfar ............................... 224 Section II : Le Cadre épistémologique et méthodologique de recherche ....................... 229 Paragraphe 1 : Le cadre épistémologique de recherche et hypothèses de recherche .. 229 1.1. La définition de l’épistémologie et des courants épistémologiques ................. 230 1.1.1 Le paradigme positiviste ............................................................................ 232 1.1.2. Le paradigme constructiviste ..................................................................... 233 1.1.3. Le paradigme interprétativiste .................................................................. 233 1.2. Notre positionnement épistémologique ............................................................ 234 1.3. Les hypothèses de recherches ........................................................................... 236 13.1. La première hypothèse ................................................................................ 237 1.3.2. La deuxième hypothèse.............................................................................. 238 1.3.3. La troisième hypothèse ............................................................................. 238 Paragraphe 2 : La méthodologie de recherche adoptée au cours de ce travail ............ 239 2.1. La méthode de recherche qualitative ................................................................ 239 2.1.1. Définition de l’approche qualitative .......................................................... 239 339

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2.1.2. L’étude de cas : une stratégie d’accès au réel ............................................ 242 2.1.3. L’observation passive : une stratégie de recueil des données ................... 244 2.2. La méthode de recherche quantitative .............................................................. 247 2.2.1. Définition de l’approche quantitative ........................................................ 247 2.2.2. Construction et description du questionnaire ............................................. 249 2.2.3. Administration du questionnaire ................................................................ 254 Section III : Traitement des données de l’échantillon et analyse des résultats ............... 256 Paragraphe 1 : Présentation de l’échantillon et traitement des données ..................... 256 1.1. Analyse Descriptive .......................................................................................... 256 1.1.1. La forme juridique des entreprises ............................................................. 256 1.1.2. Les effectifs des salariés ............................................................................ 257 1.1.3. La nature de l’activité exercée .................................................................. 257 1.2. Analyse univariée ............................................................................................. 258 1.2.1. Les formalités liées à l’entrepreneuriat ...................................................... 258 1.2.2. L’entrepreneuriat innovant......................................................................... 260 1.2.3. Le choix du milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » par les entreprises .............................................................................................................................. 260 1.2.4. Les freins à l’innovation ............................................................................ 261 1.3. Analyse croisée dynamique à double entrées ................................................... 262 1.3.1. Le Milieu« complexe industriel Jorf Lasfar »réduit le risque et l’incertitude et offre l’information adéquate pour les entreprises. ........................................... 262 1.3.2. La logique organisationnelle et le niveau de collaboration et de coopération entre les entreprises .............................................................................................. 263 1.3.3. Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et l’activité comme un choix pour y exister dans le complexe industriel Jorf Lasfar ......................... 264 1.3.4. Les différentes facettes de l’innovation et le principal frein à l’innovation .............................................................................................................................. 265 1.3.5. Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et les relations professionnelles comme choix à la création d’entreprises ................................... 266 Paragraphe 2 : Analyse et interprétation des résultats................................................. 267 2.1. Le test de Fisher ............................................................................................... 267 2.1.1. Présentation du test de Fisher ................................................................... 267 2.1.2. Le calcul du Fisher calculé et le Fisher théorique ...................................... 268 2.1.3. L’interprétation des résultats obtenus ........................................................ 270 340

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2.2. Test de khi 2 .................................................................................................... 273 2.1.1. Présentation du test de khi 2 .................................................................... 273 2.2.2. Le calcul de khi 2 et les coefficients relatifs ............................................. 274 2.2.3. L’interprétation des résultats obtenus ....................................................... 276

Conclusion...................................................................................................... 286 CONCLUSION GÉNÉRALE ................................................................................................ 287 Les principaux apports théoriques et empiriques de la recherche. ......................................... 287 Les limites de recherche : ....................................................................................................... 291 Les perspectives de recherches : ............................................................................................ 292 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................... 294 LISTE DES TABLEUX ......................................................................................................... 314 LISTE DES FIGURES ........................................................................................................... 316 LA LISTE DES ANNEXES .................................................................................................. 318 TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 335

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