Scène 1, 3 Et 8 Juste La Fin Du Monde [PDF]

LAGARCE Juste La fin du Monde Œuvre intégrale n° 3 A compléter par > Réalisation d’exposés sur les personnages La Mère,

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Zitiervorschau

LAGARCE Juste La fin du Monde Œuvre intégrale n° 3 A compléter par > Réalisation d’exposés sur les personnages La Mère, Suzanne, Catherine, Antoine, Louis COURS La pièce met en scène les retrouvailles impossibles d’un personnage avec sa famillev; elle cherche à explorer l’intimité familiale à travers les méandres du langage. Depuis l’Antiquité, les dramaturges se servent des histoires de famille pour interroger la complexité des rapports humains. I Connaître l’œuvre 1 L’auteur et le contexte D’abord étudiant en philosophie, Jean-Luc Lagarce fonde le théâtre de la Roulotte à la fin des années 1970. Il met en scène des pièces contemporaines déjà reconnues (comme celles de Beckett ou Ionesco), puis ses propres créations. S’inspirant en partie de sa vie, il publie Derniers Remords avant l’oubli en 1987 puis Juste la fin du monde en 1990, alors qu’il se sait déjà atteint du sida et condamné par la maladie. Il meurt en 1995, à 38 ans. 2 La composition et les enjeux Ténue, l’intrigue se résume au retour de Louis auprès des siens après des années d’absence : celui-ci essaye d’annoncer sa mort prochaine − sans jamais y parvenir. Chacun des membres de la famille s’exprime tour à tour dans des interventions qui tournent au monologue, voire au soliloque. La tension atteint son paroxysme au cours du face-à-face final entre Louis et son frère cadet Antoine. L’écriture en versets, quasiment poétique, accentue la fragmentation du langage et souligne l’indicibilité des sentiments. En écho au prologue, l’épilogue clôt la pièce ; comme surgie d’outre-tombe, la voix de Louis regrette son éternel mutisme. Mots clés • Le prologue est la partie située au début de la pièce où l’on expose le sujet. • L’épilogue permet au contraire de clore l’intrigue dramatique.

II Comprendre le parcours 1 Soi-même face aux autres Juste la fin du monde exhibe la solitude de personnages en décalage avec leur famille. Dans le théâtre antique déjà, c’est contre son oncle Créon qu’Antigone se dresse au nom de ses valeurs pour accorder des funérailles à son frère. La famille enferme l’individu dans un rôle dont il est difficile de s’affranchir. Louis est un avatar dégradé du « fils prodigue » de la Bible : il croit à tort pouvoir renouer avec les siens et se faire pardonner son absence. >Deux autres exemples de pièce sur le thème de la famille et illustrant aussi l’intitulé du parcours. Dans Héros du Voyageur sans bagages d’Anouilh (1937), Gaston est un amnésique solitaire qui doit retrouver sa famille, mais choisit d’en intégrer une autre afin d’échapper à un passé qui l’écœure. Chacun reste largement insondable pour les autres comme pour luimême. Dans la tragédie Incendies de Mouawad (2003) repose sur la quête effroyable de leurs origines par deux jumeaux nés de l’inceste et du viol. Dans Juste la fin du monde, Louis repart sans avoir pu confier sa mort imminente. Citation Au Ive siècle avant J.-C., dans sa Poétique, Aristote recommandait déjà de représenter des familles « dans lesquelles il s’est passé ou fait des choses terribles » 2 Une communication difficile « Rien ici ne se dit facilement » déclare Antoine. Chacun peine à trouver les mots justes et scrute les failles de sa parole. Dans Assoiffés de Mouawad (2007), Murdoch, un adolescent tourmenté, se heurte au silence de parents incapables de lui accorder de l’attention. D’obscurs monologues témoignent des confusions de l’histoire familiale ; Louis subit les reproches de sa sœur et l’ironie de son frère. Dans Le Retour au désert (1988), Koltès donne également à voir la confrontation d’un frère et d’une sœur en proie au poids de leur passé. Les mots se heurtent à l’hostilité de qui les recueille : Antoine est convaincu que Louis l’inonde « d’histoires ». Dans Papa doit manger (2003), Marie NDiaye met en scène les mensonges misérables d’un père qui, après dix ans d’absence, cherche à reprendre sa place dans une famille qui s’est reconstruite sans lui.

TEXTE DE BAC 6 Juste la fin du Monde Explication Linéaire 1 Première partie Scène 1 Activité 1 / Vous contextualiserez l’extrait. Activité 2 / Grâce à la problématique vous découperez le texte en 3 par ties avec un titre, puis vous rédigerez les parties. Contextualisation de l’extrait : Avant cet extrait, le Prologue constitué d'une phrase unique en vers libres annonce d'emblée le thème de la pièce : Louis va mourir et il décide de retourner voir sa famille pour " annoncer /, dire, /seulement dire (sa) mort prochaine et irrémédiable." Ce passage lui fait suite. Louis arrive dans la maison de La Mère et de Suzanne (c.f) la didascalie initiale) et il rencontre pour la première fois Catherine, la femme de son frère, Antoine. Lorsque la pièce débute, le spectateur ne sait pas qui est chacun des personnages et les présentations ont valeur de double énonciation (acteurs/ spectateurs). Cependant jusqu'à la précision de La Mère à la fin de l'extrait, le manque d'informations dans les dialogues maintient le flou dans l'esprit du spectateur, qui ne pourra se faire une idée précise des rapports entre les personnages que grâce à la tonalité des répliques et au physique des comédiens indiquant leur âge. Il y a un effet d'attente. Problématique : Comment cette scène d'exposition aux contours flous permet-elle néanmoins de suggérer déjà le malaise familial ? Pour l'analyse linéaire nous découperons le passage en trois mouvements. Activité 2 / Grâce à la problématique vous découperez le texte en 3 parties avec un titre, puis vous rédigerez les parties. l.1 à l.9 = l.1 à l.9 = Premier mouvement Les présentations l.10 à l.35 = Deuxième mouvement Deux dialogues en en parallèle l.36-43 =La dernière réplique de La mère Parties à rédiger pour l’étude linéaire l.1 à l.9 = l.1 à l.9 = Premier mouvement Les présentations l.10 à l.35 = Deuxième mouvement Deux dialogues en en parallèle l.36-43 = Troisième mouvement La dernière réplique de La mère

CORRECTION Premier mouvement Les présentations l.1 à l.9 C'est la plus jeune de la fratrie qui prend la parole pour ouvrir la pièce après le prologue. Ce choix est intéressant et révélateur de l'importance du personnage dans la mesure où c'est Suzanne qui parlera le plus durant toute la pièce. Elle apparaît comme un personnage assez dynamique, faisant preuve de volonté. Elle prend en charge en quelque sorte le rôle de maître de cérémonie.  C'est elle en effet qui prend en charge les présentations entre Louis et Catherine. Les présentations sont faites par Suzanne de façon assez sèche et minimale et les formules présentatives "C'est" "Elle est" "Voilà" ont valeur de didascalies. Le texte de Lagarce se caractérise d'ailleurs par cette absence de didascalies, et c'est au lecteur d'imaginer la scène. Ainsi ce sont les répliques d'Antoine et de Catherine qui nous indiquent les mouvements et les émotions de Suzanne. Enfin, cette première prise de parole de Suzanne révèle d'emblée le style propre à Lagarce : un style oral, fait de répétitions et de reformulations. Mais ces présentations suggère aussi les rapports unissant, Antoine et Suzanne. Le frère cadet se moque en effet tout de suite de sa petite sœur la comparant à un chien, tout en s'adressant à elle de manière directive, en lui donnant des ordres "tu le laisses avancer, laisse-le avancer". Le caractère apaisant de Catherine apparaît également, alors qu'elle tente de justifier la joie de Suzanne auprès de son mari : "Elle est contente."

Deuxième mouvement Deux dialogues en parallèle l.10 à l.35 La première prise parole de La Mère installe une confusion plus grande encore car les destinataires de ses propos ne sont pas facilement identifiables. Ainsi le glissement énonciatif entre le singulier "Ne me dis pas ça" et le pluriel " ne me dites pas ça", fait que nous ne savons pas précisément, à qui s'adresse sa réplique. On ne sait pas, d'ailleurs, si le "Ne me dis pas ce que je viens d'entendre" se rapporte à la moquerie d'Antoine envers sa sœur Suzanne ou au fait que Louis et Catherine ne connaissent pas. Enfin on ne sait pas vraiment si le "Tu ne dis pas ça" qui est destiné à Louis ou à Catherine. A partir de la première réplique de La Mère, une sorte de dialogue parallèle s'instaure : d'un côté, La Mère, Antoine et Suzanne parlent  du fait que Louis et Catherine ne se connaissent pas de l'autre, Louis et Catherine se présentent l'un l'autre, comme s'ils n'entendaient pas l'agitation qui anime les membres de la famille. Cette complicité particulière qui s'instaure dès la scène d'exposition entre Louis et sa belle-sœur Catherine, les deux caractères les plus calmes se retrouvera au fil de la pièce. Cette scène d'exposition bien que déroutante joue son rôle de caractérisation des personnages et de préparation de la suite des actions. Ainsi Louis et Catherine apparaissent d'emblée comme deux personnages à part dans la famille deux "étrangers" comme le mentionne Suzanne l.23. Mais en réalité dans la scène ils apparaissent comme moins étrangers entre eux  qu'au reste de la famille. La Mère, Antoine et Suzanne hésitent d'ailleurs à s'adresser directement à eux comme le montrent leurs hésitations dans le choix des pronoms lorsqu'il s'agit de parler de leur rencontre "Tu lui serres" "Il lui serre " "Ils ne vont pas" "Il ne change pas", tu ne changes pas. La réplique " Il faut leur dire" l.35 fonctionne aussi réellement comme si Louis et Catherine ne pouvaient pas entendre Suzanne. La jeune sœur apparaît déjà comme celle qui dirige le rythme de ces retrouvailles, imposant à Catherine et à Louis de s'embrasser, faisant fi de la timidité des deux personnages.

Troisième mouvement La dernière réplique de La mère l.36-43 La dernière réplique de La mère qui vient clore notre extrait, vient enfin indiquer de manière claire qui sont Louis et Catherine pour le spectateur. Le glissement du pronom "ils" l.38 à "vous"l.39, et finalement aux périphrases " la femme de mon autre fils ne connaisse pas mon fils" l.40 permet de nous indiquer clairement qui est qui dans cette scène de retrouvailles. La structure en chiasme de l'expression " l'avoir imaginé" reprise dans un procédé d'insistance par la reformulation "cru pensable" l.43 souligne l'incrédulité de la mère. Enfin la dernière phrase de La Mère, exceptionnellement brève est pleine de sous-entendus et de reproches sous-jacents conforme au titre du parcours ( les crises).  Ainsi le « vous » s'adresse a priori d'abord aux deux frères qui n'ont pas pu se voir depuis longtemps au point que Louis ne connaît même pas la femme de son cadet. Mais ce "vous" s'adresse sans doute plus particulièrement encore à Louis lui-même et à son mode de vie qu'il a choisi de mener loin des siens. Cette réplique permet également de caractériser très précisément la mère, de lui attribuer des traits de personnalité qui seront ceux de l’ensemble de la pièce. La mère est le personnage des soliloques (Discours d'une personne qui se parle à elle-même ou qui pense tout haut). TEXTE 7 Juste la fin du Monde Explication Linéaire. Première partie Scène 8 La tirade de La Mère Activité 1 / Vous contextualiserez l’extrait. Activité 2 / Grâce à la problématique vous découperez le texte en 3 parties avec un titre, puis vous rédigerez les parties. Problématique :  Comment les portraits que La Mère fait de ses enfants lui permettent-ils d'annoncer indirectement la tragédie à venir ? Pour l'analyse linéaire nous découperons le passage en trois mouvements.

l.1 à l.16 l.17 à l.27 l.28 à l.36

Contextualisation : Les didascalies absentes, n'apportent pas de précision sur la situation de la scène, mais on peut logiquement imaginer que La Mère et Louis sont isolés des autres personnages, car La Mère lui fait des confidences sur son frère et sa sœur. Elle prend la parole dès le début de la scène, entamant son soliloque par l'affirmation qu'elle se "mêle souvent de ce qui ne ( la) regarde pas" l.2,soulignant d'entrée de jeu son indiscrétion, en même temps que sa capacité toute naturelle, pour ne pas dire maternelle, à vouloir comprendre, à vouloir savoir ce qu'attendent et éprouvent ses enfants. Elle annonce ainsi, peut-être sans en être consciente, la tragédie qui s'annonce. Problématique :  Comment les portraits que La Mère fait de ses enfants lui permettent-ils d'annoncer indirectement la tragédie à venir ? Pour l'analyse linéaire nous découperons le passage en trois mouvements. l.1 à l.16 Une mère omnisciente l.17 à l.27 Le portrait de Suzanne et d'Antoine l.28 à l.36 La fatalité tragique Premier mouvement Une mère omnisciente l.1 à l.16 Au début de cette scène, La Mère commence par dresser un portrait d'elle-même qui suit la prétérition de la première ligne.

(La prétérition est une figure de rhétorique consistant à déclarer que l'on ne va pas parler d'une chose... alors qu'on le fait exemple "Je ne vous dirai pas que...) Elle annonce en effet que "Cela ne (la) regarde pas" l.1, mais elle va pourtant parler de longues minutes des attentes de Suzanne et Antoine. Le portrait qu'elle fait d'elle même la décrit sans complaisance puisqu'elle s'avoue comme indiscrète terme péjoratif. Dans la suite du passage, l'importance accordée aux verbes "connaître" l.6 "savoir" l.7 et 8 et "deviner" l.10-11 donnent d'elle l'image d'une mère toute puissante et omnisciente qui sait tout de ses enfants. D'ailleurs, l'affirmation " je sais" l.7 mise en valeur par sa position isolée à la ligne, insiste sur cette position de supériorité de la Mère sur ses enfants. Les deux conditionnels des verbes " je pourrais deviner"l.9-10 et "je devinerais"l.11, encadré par le complément circonstanciel de manière "plus simplement encore" l.9 et par l'expression "cela reviendrait au même" l.11 prouvent que La Mère sait même ce que ses enfants n'ont pas dit, ou ce qu'elle n'aurait pas entendu. Ce que La Mère sait, ce qu'elle a deviné seule, c'est que Suzanne et Antoine espèrent parler à Louis, qu'ils ont des choses à lui dire. On relève d'ailleurs la répétition des verbes de parole "te parler". (deux fois) "te dire". Tout le début de ce soliloque peut se résumer à cette seule affirmation " je sais qu'ils veulent te parler". L'adverbe "enfin" traduit lui que ce besoin de parler à Louis est une attente de longue date. Mais La mère sait aussi d'avance que cette parole ne va pas de soi et que la communication entre les frères et sœur n'est jamais évidente. La Mère veut ainsi préparer Louis à ces conversations à venir, lui demandant de manière implicite de rester indulgent face à l'éventuelle maladresse d'Antoine et Suzanne.

Deuxième mouvement Le portrait de Suzanne et d'Antoine l.17 à l.27 L'usage du futur de l'indicatif "Ils voudront" "ils t'expliqueront l.17 dans cette tirade place La Mère en position de toute puissance. Elle sait avec certitude ce que Suzanne et Antoine attendent de leurs retrouvailles avec Louis. Mais en expliquant à Louis comment sa sœur et son frère le voient, La Mère dresse également en creux le portrait de chacun d'entre eux.

Suzanne apparaît comme une jeune femme idéaliste qui fuit en quelque sorte la réalité comme le prouve l'usage des adverbes "toujours" et "rien" rattachés respectivement au domaine de l'imagination et de la réalité : " toujours elle imagine et ne sait rien en réalité" l.20-21. Antoine apparaît, lui, comme un homme borné, têtu qui ne peut envisager "le monde" et "chaque chose" que de son point de vue, sans pouvoir en changer. Ainsi Suzanne est celle qui ne "sait pas" (on relève deux fois le verbe savoir) accompagné de l'adverbe de négation "pas" et "rien" et Antoine est celui qui "connaît mal" (on relève trois fois le verbe connaître sans compter celui qui ouvre l'extrait l.6).

 Troisième mouvement La fatalité tragique l.28 à l.36 Dans la dernière partie de sa tirade, La mère prévoit les écueils (échecs) à venir dans le dialogue entre frères et sœur, annonçant ces difficultés de communication au sein de la famille qui mènent inexorablement à la crise. Cette difficulté à se parler, et donc à se comprendre, apparaît comme une véritable tragédie : ni Antoine, ni Suzanne, ni même Louis ne peuvent aller contre cette fatalité nouvelle qui consiste à ne pas savoir dire, comme si une force supérieure empêchait la communication. On relève ainsi le verbe de volonté "vouloir" l.28 qui précède l'acte "d'expliquer" l.29 mais accompagné de l'adverbe "maladroitement" l.30. La mère elle-même semble avoir du mal à s'exprimer avec précision, comme l'exprime la formule que l'on retrouve plusieurs fois dans la pièce :" ce que je veux dire" l.31. La maladresse est ici liée à la peur, la peur de ne pas avoir assez de temps pour parler, pour exprimer enfin ce que Suzanne et Antoine ont sur le cœur. On relève ainsi de nombreuses formulations qui mettent en valeur le temps compté ("peu de temps" 2 fois) et annoncent le départ physique mais aussi symbolique de Louis. On entre alors en plein dans la tragédie, non plus celle du langage mais celle de la mort de Louis. L'affirmation de La Mère au début de la scène, lorsqu'elle assurait savoir ce que veulent ses enfants, se trouve donc ici confirmée dans cet implicite tragique. La Mère en effet semble savoir même si c'est de manière inconsciente, que Louis ne restera plus longtemps auprès des siens.

TEXTE DE BAC 8 Juste la fin du Monde Explication Linéaire 3. Deuxième partie Scène 3 Le dénouement avant l’épilogue Activité 1 / Vous contextualiserez l’extrait. Activité 2 / Grâce à la problématique vous découperez le texte en 3 parties avec un titre, puis vous rédigerez les parties. Problématique : En quoi la scène de dénouement révèle-t-elle que la réconciliation n’a pas eu lieu? Contextualisation de l’extrait : Nous sommes à la toute fin de la pièce «familiale», juste avant l’épilogue sous forme de monologue de Louis. Les crises ont explosé, chacun a pu maladroitement exprimer ce qu’il avait à dire à Louis. Seul Louis, qui était pourtant revenu pour « annoncer (sa) ma mort prochaine » , va repartir sans avoir rien dit. En effet si l’on compte, le partage des répliques lors des scènes familiales, on s’aperçoit que Louis prend finalement très peu la parole, au contraire de Suzanne et de La Mère. Dans cette ultime scène, Antoine vient de dresser de Louis un portrait à charge, le présentant à la fois comme une victime volontaire et un manipulateur. Le frère cadet, par sa colère puissante a également révélé toute sa fragilité et sa sensibilité face à ce grand frère qu’il pensait devoir protéger. Alors qu’il était celui dont la parole était l’une des plus bafouillantes au fil de la pièce, Antoine semble avoir conquis son « droit de réponse», qui lui permet de se libérer des non-dits de son enfance. Problématique : En quoi la scène de dénouement révèle-t-elle que la réconciliation n’a pas eu lieu? Pour l'analyse linéaire nous découperons le passage en trois mouvements. Premier mouvement lignes 1 à 16 Louis face à Antoine Deuxième mouvement ligne 17 à 25 L’effacement d’Antoine face à Louis Troisième mouvement lignes 26 à 32 Le dialogue final

Premier mouvement lignes 1 à 16 Louis face à Antoine L’affirmation « Tu es là », qui ouvre ce passage, permet de situer Louis dans l’espace et le temps, de manière précise : il est là face à son frère qui lui parle. Antoine précise d’ailleurs juste après : « Je te vois ». On peut également entendre ces deux expressions dans un sens plus symbolique : « tu es encore là », « je te vois encore » mais peut-être plus pour longtemps. Les deux propositions : « on ne peut plus dire ça » et « j’ai encore plus peur pour toi que lorsque j’étais enfant... », confirment cette impression qu’Antoine a peut-être deviné qu’il ne verrait plus son frère, que son retour parmi eux n’était pas sans raison. La dernière expression « tu attends » vient traduire l’intuition d’Antoine, en même temps que son incompréhension manifeste face à l’attitude de son frère trop éloignée de la sienne et qu’il ne peut comprendre. En effet, à la différence de son frère à qui il reproche de manipuler les autres par la lamentation ( voir les pages qui précèdent notre extrait), Antoine refuse de se placer dans cette position de victime. La répétition du verbe reprocher met bien en relief cette attitude du frère cadet, surtout lorsqu’il qu’il « ne peu(t) rien reprocher à (sa) propre existence », qu’il mène une existence « paisible et douce ». Ces deux adjectifs renvoient aussi de manière troublante à ceux qu’emploie Louis dans son monologue (Première partie scène 5) pour évoquer le moment où il prend la décision d’annoncer sa mort : « calmement paisible ». Il semble aussi qu’Antoine à l’intuition de cette mort qui n’est pas dite par Louis comme le prouve la périphrase « ton infinie douleur intérieure dont je ne saurais pas même imaginer le début du début. » . Celle-

ci renvoie aussi bien à la déchirure intérieure de Louis, différent et comme étranger aux siens, mais aussi à la mort qu’il porte en lui. Dans son discours enfin, Antoine s’oppose de manière flagrante à son frère. Il se traite de « mauvais imbécile » avant de décrire ironiquement son frère qui, lui, sait demeurer dans le silence. L’opposition se marque dès la réplique « alors que toi » suivi de la répétition de l’adjectif silencieux » renforcé par l’apostrophe à valeur emphatique et moqueuse « silencieux, ô tellement silencieux. » Cette description amère est soutenue par le parallélisme suivant qui fonctionne sur le même principe « bon, plein de bonté ». Antoine lui avait d’ailleurs déjà formulé ce reproche dans la scène précédente : « Oh, toi, ça va, la Bonté même ! ». p.113 Activité Deux études linéaires à réaliser Deuxième mouvement ligne 17 à 25 L’effacement d’Antoine face à Louis Troisième mouvement lignes 26 à 32 Le dialogue final CORRECTION Deuxième mouvement ligne 17 à 25 L’effacement d’Antoine face à Louis La fin de la tirade d’Antoine révèle enfin un personnage extrêmement fragile, qui semble s’être totalement effacé face à son frère. En effet face à Louis, Antoine estime n’avoir pas même le droit d’exister. Ainsi la formule d’Antoine « Je ne suis rien » s’oppose au « Tu es là (…) je te vois » qui précède. L’annonce tragique au futur de certitude « lorsque tu nous quitteras encore, que tu me laisseras » ou l’euphémisme «  quitteras » annonce en réalité autant le départ de Louis que sa mort. Elle implique qu’Antoine se sentira encore plus coupable des dernières paroles qu’il aura pu dire à son frère. C’est cette culpabilité même qui lui fait se sentir inexistant et même « moins encore » que « rien ». En fait, Antoine ne s’accorde pas le droit d’exister face à son frère, il ne se l’est jamais accordé. Et il ne restera de ces liens fraternels, lorsque Louis sera parti, que le sentiment du « ressentiment » (le terme est répété deux fois) contre soi-même. Activité Dernière étude linéaire à réaliser Troisième mouvement lignes 26 à 32 Le dialogue final + conclusion Problématique : En quoi la scène de dénouement révèle-t-elle que la réconciliation n’a pas eu lieu?

Troisième mouvement lignes 26 à 32 Le dialogue final

La pièce familiale se termine sur un dialogue en partie obscur. Face au silence de Louis qui ne répond rien à la tirade d’Antoine, celui l’interpelle : « Louis ? ». Le prénom questionné est plein de sous-entendu et interpelle le principal intéressé comme si Antoine lui demandait de répondre quelque chose. On pourrait vouloir remplir le vide laissé par le prénom en suspens : « Louis m’as-tu entendu ? m’as-tu compris ? qu’en dis-tu ? » Mais à la question d’Antoine Louis finit par répondre par une autre question « Oui ? » c’est à dire « oui, qu’y a-t-il ? » comme si rien n’avait été dit précédemment. Face à ce dialogue qui tourne court, faute de répondant, Antoine s’arrête de parler. La double affirmation « J’ai fini. Je ne dirai plus rien » annonce la fin du dialogue, en même temps que la fin du drame familial. Le passé composé à valeur d’accompli et le futur à la forme négative annoncent que la parole s’est tarie. Il n’y a plus rien à dire. Et pourtant il semble que rien de ce qu’on attendait n’ait été dit. La dernière phrase d’Antoine est aussi mystérieuse. Qui sont ces « imbéciles (…) saisis par la peur » qui « auraient pu en rire ». Les imbéciles, c’est d’abord Antoine lui-même qui a utilisé ce terme pour se désigner quelques lignes auparavant. C’est peut-être aussi sa sœur Suzanne qui, comme lui a été « saisie par la peur » face au peu de temps que Louis leur a accordé. Mais ces « imbéciles qui auraient pu en rire » c’est sans doute aussi nous, les spectateurs, qui avons ri à certaines scènes de la pièce, nous qui étions mal à l’aise face ces crises personnelles autant que familiales que le drame déroulait sous nos yeux. La réplique finale de Louis « Je ne les ai pas entendus » joue sur la même ambiguïté et n’éclaire pas l’imprécision. On ne sait pas si ce sont nos rires, ceux de sa famille. On pourrait aussi pour finir, si l’on se place en tant que spectateur et non pas en tant que lecteur ( l’accord du participe entendus au pluriel levant l’ambiguïté pour le lecteur), imaginer que Louis tente maladroitement de rassurer son frère qui craint juste après son départ , de rester «  juste là à me reprocher les phrases que j’ai dites ». Louis lui laisserait entendre qu’il n’y a pas de reproches à se faire, les phrases n’ayant pas été entendues. Et il ne faut pas oublier l’épilogue qui suit, avec deux fonctions : rendre explicite l’implicite et constater l’échec de Louis. ÉPANORTHOSE, subst. fém. RHÉT. ,,Figure de pensée qui consiste à revenir sur ce que l'on vient d'affirmer, soit pour le nuancer, l'affaiblir et même le rétracter, soit au contraire pour le réexposer avec plus d'énergie

« Lorsque tu es parti, lorsque tu nous as quitté, lorsque tu nous abandonnas »