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Le tour de
La Finance En 10 étapes
Coordonné par Bernard Simler Bernard Marx Pascale Micoleau-Marcel Georges Pauget Bernard Simler
© Dunod, Paris, 2012
ISBN 978-2-10-058121-4 : 978-2-10-057041-6
Remerciements Nous accompagnons tous les quatre, à un titre ou à un autre, l’aventure de l’Institut pour l’éducation financière du public qui, comme l’indique sa signature la finance pour tous, a pour vocation à mettre la finance à la portée de tous les publics. Cet ouvrage se veut une pierre de plus à l’édifice pédagogique que nous nous efforçons de construire jour après jour grâce à la mobilisation des autres membres du conseil d’administration et de l’équipe opérationnelle. Un merci tout particulier à l’équipe actuelle sans laquelle cet ouvrage ne serait pas tout à fait ce qu’il est… Naturellement, nous portons seuls la responsabilité des éventuelles erreurs et omissions qui, malgré nos relectures attentives, pourraient être décelées par un lecteur attentif. Qu’il nous soit par avance pardonné…
La rédaction de l’ouvrage est collective. Les contributions de chaque auteur sont : –– Bernard Marx : « Il était une fois la finance » (étape 1), « Les marchés financiers » (étape 5) et « Les intermédiaires financiers » (étape 6). –– Pascale Micoleau-Marcel : « Les finances personnelles » (étape 2) et « La finance d’entreprise » (étape 3). –– Georges Pauget : « Les crises financières » (étape 8), « La régulation financière » (étape 9) et « L’avenir de la finance » (étape 10). –– Bernard Simler : « Les finances publiques » (étape 4) et « La globalisation financière » (étape 7).
Avant-propos 4
L
a finance n’a pas bonne réputation, surtout en période de crise. De tout temps, les hommes de finance sont souvent passés pour des individus malfaisants, jugés responsables de faillites personnelles ou de la ruine des États, et pour cela soumis à la vindicte populaire. C’est qu’à l’image du financier fut souvent associée celle de l’usurier qui s’enrichit sans travailler et gangrène par cet enrichissement l’essor économique. La réalité est plus complexe car la finance est au cœur des processus économiques, mais, comme elle mobilise un ensemble de techniques spécialisées peu connues du grand public, elle revêt un caractère mystérieux qui accroît l’incompréhension face à son utilité sociale, notamment quand les excès entraînés par certaines dérives du système financier conduisent à la crise financière.
Et pourtant, dans une économie moderne, c’est-à-dire monétaire, chacun de nous est amené au cours de sa vie personnelle et professionnelle à effectuer des choix financiers, pour des actes de consommation, d’épargne ou d’investissement comme l’achat d’un logement, la préparation de sa retraite, un crédit voiture ou la création d’une entreprise. Aussi, pour effectuer des choix éclairés, une culture financière de base apparaît aujourd’hui comme un élément essentiel du bagage de « l’honnête homme », mais surtout, comme une condition d’exercice de la citoyenneté, car la finance ne se limite pas aux seuls choix individuels : les choix collectifs, la question des dettes publiques vient de le rappeler, comportent eux aussi une dimension financière.
Le Tour de la finance en 10 étapes est une réponse à cette nécessité. L’ouvrage n’a pas vocation à faire de vous un spécialiste en obligations convertibles ou à vous donner des recettes pour négocier au mieux des actifs financiers sur des plateformes de trading. Ouvrage de culture générale, il ambitionne de vous fournir les éléments de compréhension globale du monde de la finance. Il vous donne à cette fin les clés pour saisir les principaux rouages de la finance moderne et les moyens d’en décrypter les enjeux actuels. Avec ce premier bagage, vous serez armé, grâce à la bibliographie, pour approfondir tel ou tel aspect abordé dans chacune des dix étapes. Des finances personnelles à la finance de marché en passant par les finances publiques et la finance internationale, de la globalisation financière à la régulation financière en passant par les crises financières, rien de ce qui relève de la finance ne pourra plus désormais vous échapper…
Pour faciliter votre lecture, vous trouverez des rubriques repérables par une couleur spécifique :
Astuce
Avis d’expert
En pratique
Histoire
Important
Mot-clé
Piège à éviter
Technique
5
Sommaire
Avant-propos.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Étape 1 Il
était une fois la finance.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1 Entre besoin de financement et capacité de financement .. . . . . . 12 2 Le goût du risque .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 3 Pour le meilleur et pour le pire .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 4 Repères sur une histoire mouvementée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Étape 2 Les
finances personnelles.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1 La finance et les Français font-ils bon ménage ? .. . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Les comportements d’épargne et d’endettement des Français .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Pour financer un projet, épargner ou s’endetter ? .. . . . . . . . . . . . . . . . 4 Les principaux produits d’épargne .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Étape 3 La
29 33 39 48
finance d’entreprise.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
1 Les différents points de vue sur l’entreprise.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Les outils d’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Les grandes fonctions des financiers d’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . 4 Les grandes questions que se pose le financier d’entreprise .. Étape 4 Les
finances publiques.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .81
1 L’expansion des dépenses publiques en longue période .. . . . . . 2 La difficile question des prélèvements obligatoires . . . . . . . . . . . . . . 3 Les administrations publiques et le financement de leurs dépenses .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 La crise des dettes souveraines .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Étape 5 Les
59 61 67 73
83 87 90 94
marchés financiers.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
1 Marchés des capitaux et marchés financiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 2 La bourse, lieu emblématique des marchés financiers .. . . . . . . . 110 3 Quelle contribution au financement de l’économie ? .. . . . . . . . . . . 113 4 Allocation des ressources : une efficience contestée .. . . . . . . . . . 115 Étape 6 Les
intermédiaires financiers.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
1 Pourquoi les intermédiaires financiers sont-ils indispensables ? .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 2 Les banques, intermédiaires multicartes .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 3 Tout le pouvoir aux fonds d’investissement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
6
Étape 7 La
globalisation financière.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
1 Les flux internationaux de capitaux, moteur de la finance mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 2 Une finance mondiale à la dérive ? .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152 Étape 8 Les
crises financières.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
1 Les déséquilibres financiers, conditions permissives des crises financières .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 2 Les crises se développent par vagues : l’exemple de la crise de l’euro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172 3 Les sept phases d’une crise financière.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 4 Le rôle du système de contrôle et des acteurs .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 Étape 9 La
régulation financière.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
1 Pourquoi la finance a-t-elle besoin de régulation ? . . . . . . . . . . . . . . 191 2 L’organisation de la régulation .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193 3 Les limites du système de régulation .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 4 Pour une meilleure régulation du système financier .. . . . . . . . . . . . 202 Étape 10 L’avenir
de la finance.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
1 La finance au xxie siècle .. . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 2 Vers une finance durable . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
Bonus ! Quel épargnant êtes-vous ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
Glossaire........ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227 Bibliographie.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233 Index.............. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
7
Il était une fois la finance
« Finance : l’art ou la science de la gestion des revenus et des ressources pour le plus grand avantage des gestionnaires. » Ambrose Bierce, Dictionnaire du diable
Étape 1
« L’objet de la finance est de servir l’économie réelle. » Finance Watch
L’étape 1 en un clin d’œil
1. Entre besoin de financement et capacité de financement
10
Étape 1 Il était une fois la finance
La finance a pour fonction de mobiliser les capitaux de ceux qui ont des capacités de financement afin de les mettre à la disposition de ceux qui en ont besoin pour réaliser des projets économiques.
2. Le goût du risque Une autre fonction essentielle de la finance, inséparable de la précédente, est d’organiser une gestion des risques liés à l’activité économique.
3. Pour le meilleur et pour le pire La finance est un facteur de croissance incontestable. Mais elle est souvent décriée comme une activité parasitaire et prédatrice. Au-delà de raisons morales enracinées dans les religions, cela tient à l’instabilité particulière de cette activité et aux crises récurrentes qu’elle génère.
4. Repères sur une histoire mouvementée La finance remplit toujours les mêmes fonctions. Elle associe toujours des marchés et des intermédiaires financiers. Mais ses formes et ses acteurs ont beaucoup varié au cours des siècles.
Étape 2 Les finances personnelles
Étape 3 La finance d’entreprise
Étape 4 Les finances publiques
Étape 5 Les marchés financiers
Étape 6 Étape 7 Les intermédiaires La globalisation financiers financière
Étape 8 Les crises financières
Étape 9 La régulation financière
Étape 10 L’avenir de la finance
Quelques dates 1406 Création de la première Bourse à Bruges. 1609 Création de la banque d’Amsterdam, première banque publique de dépôts des temps modernes.
1637 Effondrement du cours des tulipes à Amsterdam, considéré comme le premier krach financier des temps modernes.
1744 Les pasteurs écossais Wallace et Webster inventent les fonds de pension. Création du Crédit mobilier et du Crédit foncier. 1852 4 86 Création des grandes banques de dépôts françaises (Comptoir 9-1 185 Industriel et Commercial, Crédit Lyonnais, Société Générale).
1864 Création des contrats à terme à la bourse de commerce de Chicago. 1931 Création à Bâle de la Banque des Règlements Internationaux (BRI). 1933 Adoption aux États-Unis du Glass-Steagall Act qui sépare les activités de banque de dépôt et celles de banque d’investissement.
1945 Nationalisation de la Banque de France et des 4 principales banques commerciales françaises.
1986 Acte unique européen visant à l’achèvement du marché intérieur (réalisation effective des 4 libertés de circulation – des marchandises, des services, des personnes et des capitaux – inscrites dans le Traité de Rome).
1986-1999 Privatisation des banques publiques françaises. Évolution du secteur bancaire mutualiste.
1999 Abolition du Glass-Steagall Act aux États-Unis. Mise en œuvre du Plan d’Action des Services Financiers dans l’Union européenne visant à la réalisation effective du marché unique des capitaux et des services financiers.
2008 Faillite de la banque Lehman Brothers.
Étape 1 Il était une fois la finance
Étape 2 Les finances personnelles
Étape 3 La finance d’entreprise
Étape 4 Les finances publiques
Étape 5 Les marchés financiers
Étape 6 Étape 7 Les intermédiaires La globalisation financiers financière
Étape 8 Les crises financières
Étape 9 La régulation financière
Étape 10 L’avenir de la finance
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1. Entre besoin de financement et capacité de financement La finance regroupe l’ensemble des institutions qui fournissent les capitaux dont l’économie a besoin. Elle permet de mobiliser les capitaux de ceux qui ont des capacités de financement pour les mettre à la disposition de ceux qui en ont besoin afin de réaliser leurs projets économiques.
Une fonction de transfert de la richesse De nombreux ménages ont des besoins de financement, par exemple, ceux qui achètent leur logement. Le plus souvent leur épargne ne suffit pas ; ils doivent s’endetter. Mais si l’on considère l’ensemble des ménages, ceux-ci dégagent chaque année une capacité de financement. La situation des entreprises est inverse. Certes, il peut arriver que certaines d’entre elles dégagent des bénéfices supérieurs à leur investissement. Mais globalement l’agent économique « entreprise » a chaque année un besoin de financement. Il en va de même sans discontinuer depuis 1974 pour les administrations publiques françaises (État, collectivités territoriales, organismes de sécurité sociale). S’agissant de la Nation, c’est-à-dire du pays considéré dans ses relations économiques avec le reste du monde, il y a capacité de financement lorsque les balances commerciales et les balances des revenus dégagent un excédent. Comme on le sait, la Chine dégage depuis des années un énorme excédent de financement, à l’inverse des États-Unis. La France a dégagé une capacité de financement entre 1994 et 2004, mais depuis cette date elle a chaque année un besoin de financement croissant.
Technique Avoir une capacité de financement, c’est avoir de l’argent disponible pour effectuer des placements une fois que l’on a payé ses dépenses courantes et ses dépenses d’investissement. Dans le cas inverse, on a un besoin de financement.
Piège à éviter Il convient de distinguer les financements apportés pendant une période (par exemple une année) qui constituent des flux et les encours de dettes ou d’actifs qui correspondent à des stocks. L’épargne aboutit à une augmentation du patrimoine. Ce n’est pas la seule source possible. Une augmentation du prix des actifs l’accroît également. Un remboursement de dette aussi. En 2010, les ménages français ont eu un revenu disponible de 1 300 milliards d’euros. Ils ont réalisé 158 milliards de placements financiers nets en tous genres (un peu plus de 10 % de leur revenu). Leur patrimoine financier total (les encours d’actifs) était évalué à 4 000 milliards d’euros, soit l’équivalent de trois fois leur revenu.
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FOCUS
Besoin de financement et capacité de financement Selon les comptes de la Nation > Mot-clé , de 2007 à 2010, les capacités de financement des agents économiques ont été les suivantes (en milliards d’euros) : 2007
2008
2009
2010
Sociétés non financières
- 37,7
- 58,0
- 18,7
- 25,4
Administrations publiques
- 51,9
- 64,6
- 143,1
- 136,9
Ménages (y compris les entrepreneurs individuels)
61,1
62,7
92,2
89,0
Sociétés financières
4,6
22,9
30,5
31,6
- 24,1
- 36,4
- 38,8
- 42,5
Nation
Mot-clé Les comptes de la nation retracent l’activité des principaux agents économiques (particuliers, entreprises, administrations…). Ils sont publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Globalement, d’année en année, les ménages dégagent une capacité d’épargne financière. Celle-ci a rebondi en 2009 du fait de la chute de leurs investissements immobiliers. Les entreprises non financières investissent moins, ce qui diminue leur besoin de financement. La crise de 2008 a au contraire entraîné une augmentation forte et durable du besoin de financement de l’État et des administrations publiques. Le creusement du déficit des échanges extérieurs de la France se traduit par une hausse du besoin de financement de la Nation.
Finance directe et indirecte Pour remplir cette mission de financement de l’économie, la finance regroupe des métiers, des savoirs et des techniques multiples : chargés de clientèle, gestionnaires d’actifs, opérateurs de marchés, mathématiciens, informaticiens, économistes, comptables, juristes. Elle recourt à de multiples instruments : dépôts, crédits, obligations, actions, dérivés. La finance conjugue deux grandes institutions : la finance directe et la finance indirecte.
Mot-clé L’actif financier est un titre ou un contrat, généralement négociable sur un marché financier. Il en existe de très nombreuses sortes, des plus simples (actions, obligations) aux plus complexes (options, swaps, dérivés de crédit…).
Finance directe Les marchés financiers constituent une première manière de relier entre eux agents à capacité de financement et agents à besoin de financement ou, pour le dire autrement, prêteurs et emprunteurs. Les produits échangés sur ces marchés sont des actifs financiers > Mot-clé . On parle de finance directe. Les marchés financiers sont organisés par des règles de fonctionnement édictées par la puissance publique, par des autorités indépendantes ou par des représentants des acteurs des marchés : investisseurs financiers, opérateurs sur les marchés et émetteurs d’actifs. Un contrôle du respect de ces
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Mot-clé
règles et des sanctions pour ceux qui ne les respectent pas visent à empêcher des manipulations de marchés.
Les investisseurs institutionnels sont des gestionnaires d’épargne pour le compte de tiers. Ils sont communément appelés les zinzins. On distingue notamment les fonds de pension qui placent l’épargne des personnes en activité pour constituer une pension de retraite et les OPCVM.
Finance indirecte Des intermédiaires financiers s’interposent entre les agents à capacité de financement et les agents à besoin de financement. On parle de finance indirecte ou de finance intermédiée. Les intermédiaires financiers reçoivent l’épargne des uns et accordent des prêts ou investissent chez les autres. Ils remplissent donc une fonction indispensable. Les agents à besoin de financement n’offrent pas toujours des placements qui correspondent aux besoins et aux désirs des épargnants, aussi bien en ce qui concerne la durée du placement que le niveau de risque souhaité. De plus, les épargnants n’ont pas toujours les moyens d’obtenir directement des informations suffisantes sur les emprunteurs et sur leurs projets. Les intermédiaires les plus connus sont les banques qui conjuguent une fonction financière et une fonction de création et de gestion des moyens monétaires. Les sociétés d’assurance et les autres investisseurs institutionnels > Mot-clé ainsi que le Trésor public > Mot-clé sont également des intermédiaires financiers.
Mot-clé Le Trésor public est tout à la fois la caisse, le comptable de l’État et son agent financier. Il émet des emprunts pour couvrir les besoins de financement de l’État et accorde des prêts aux collectivités publiques locales et aux organismes de sécurité sociale.
Les fonctions de la finance Finance directe Marchés financiers • Marché monétaire • Marché des capitaux
Ressources
Prêteurs/Épargnants • Ménage • Entreprises • État et autres administrations publiques • Nations et reste du monde Ressources
Ressources
Ressources
Intermédiaires financiers • Banques et institutions de crédit • Investisseurs institutionnels • Autres
Emprunteurs • Entreprises • Ménages • État et autres administrations publiques • Nations et reste du monde Ressources
Finance indirecte Source : www.ecb.int – Traduit de l’anglais par les auteurs
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FOCUS
L’Europe, ce n’est pas l’Amérique Aux États-Unis, les marchés financiers sont largement prédominants dans le financement des entreprises. Celles de la zone euro se financent majoritairement par le crédit bancaire. L’économiste Patrick Artus a calculé qu’en 2011, le crédit bancaire aux entreprises aux États-Unis représente 15 % du PIB et les encours d’obligations émises par les entreprises en représentent 32 %. Dans la zone euro, les chiffres sont 90 % du PIB pour le crédit bancaire et 8 % du PIB pour les encours d’obligations (Natixis Flash économie, octobre 2011). Bourse des valeurs de New York à Broad Street, Wall Street
2. Le goût du risque Une autre fonction de la finance Une autre fonction essentielle de la finance, inséparable de la précédente, est d’organiser une gestion des risques liés à l’activité économique. Investir, entreprendre, innover et même tout simplement produire, c’est toujours faire un pari sur l’avenir et prendre des risques. Par exemple, pour un producteur, le risque est que la vente de ses produits ne lui permette pas de réaliser le bénéfice attendu, ou pire, de couvrir les coûts engagés. L’existence de ces risques est un obstacle à l’investissement et au développement économique. Des entrepreneurs potentiels peuvent renoncer à leurs projets non seulement parce qu’ils n’ont pas assez de ressources à leur disposition, mais aussi parce qu’ils ne veulent pas prendre un risque de perte qu’ils jugent excessif. La finance contribue à lever ces obstacles. Elle permet de réduire les risques en les divisant et en les répartissant entre les individus en fonction de leurs préférences et de leurs possibilités. Ce faisant, elle offre à ceux qui le souhaitent la possibilité d’entreprendre et de prendre des risques avec l’argent des autres…
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Important
Les techniques de gestion des risques
La finance n’est pas la seule façon d’assurer des fonctions de gestion de risques économiques. Pour assurer les dépenses imprévues liées à la maladie ou subvenir aux besoins de ceux qui ne peuvent plus travailler parce qu’ils sont malades, trop âgés ou sans emploi, l’État organise la protection sociale.
L’assurance permet de se protéger contre des risques en les répartissant entre le plus grand nombre de personnes. Chaque assuré paie une quote-part pour se couvrir des conséquences financières d’un événement éventuel qui, s’il se produisait, aurait des conséquences importantes, voire désastreuses pour celui qui aurait à le subir (inondation, sécheresse, incendie, accident, décès, naufrage en mer, etc.). L’assurance réduit le risque de chacun en le mutualisant. Ce faisant, elle garantit bien des entreprises globalement risquées. L’assurance maritime initiée en Angleterre par Edward Llyod dans son café du port de Londres dès la fin du xviie siècle a été l’une des bases de la domination anglaise sur le commerce maritime. D’autres techniques de protection contre des risques passent par les marchés financiers. Les produits dérivés constituent des sortes de contrats d’assurance contre les effets négatifs qu’un producteur ou un investisseur aurait à subir du fait des variations de prix de certaines matières premières, de variations de taux de change ou de taux d’intérêt. Par exemple, ceux qui veulent se protéger contre les effets négatifs d’une baisse de prix font affaire, soit avec ceux qui veulent se protéger contre les effets d’une hausse, soit avec des spéculateurs qui parient sur une hausse.
3. Pour le meilleur et pour le pire La finance est utile… La finance permet de réaliser des projets économiques dont l’ampleur dépasse la richesse disponible d’un seul individu. Imaginons un monde sans finance. Il n’existerait que des entreprises individuelles ne pouvant recourir qu’à l’autofinancement > Mot-clé . Quant aux ménages, la seule possibilité de mettre de l’argent de côté serait le bas de laine ou la tirelire, au risque de se faire voler et avec le désavantage de ne pas percevoir d’intérêt. Seuls les plus fortunés pourraient devenir propriétaires de leur logement. Bien organisée, la finance permet de diminuer le coût de l’argent. Elle fournit des informations économiques. Elle établit le prix des emprunts (taux d’intérêt) et le prix des actifs financiers qui guident les choix d’allocations
Mot-clé L’autofinancement est le fait de se financer sans ressources extérieures.
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Étape 10 L’avenir de la finance
des ressources et de la production. Une entreprise qui emprunte pour effectuer un investissement espère augmenter ses ventes ou diminuer ses coûts pour augmenter ainsi ses bénéfices. Elle ne réalise ce projet que si le taux d’intérêt lui permet d’espérer obtenir, malgré ce coût, un bénéfice supplémentaire. Bref, la finance est indispensable pour soutenir l’investissement productif, la croissance des niveaux de vie et améliorer l’efficacité économique.
Avis d’expert Niall Ferguson, Histoire de l’irrésistible ascension de l’argent, Saint Simon, 2009. Les banquiers sont-ils responsables des malheurs des pauvres ?
Les entreprises investissent pour réduire leurs coûts ou augmenter leurs ventes
« J’ai beaucoup appris en écrivant ce livre. J’ai retiré la conviction que la pauvreté ne résulte pas de l’exploitation des pauvres par des financiers rapaces, mais du manque d’institutions financières, de l’insuffisance d’établissements financiers et non de leur puissance. Les emprunteurs n’échappent aux griffes des usuriers qu’en ayant accès à des réseaux de crédits efficients… Cela ne s’applique pas qu’aux pays pauvres, mais vaut aussi pour les quartiers les plus déshérités des pays prétendus développés, comme les cités de Glasgow où je suis né […] et où les usuriers locaux prélèvent jusqu’à 1 million % de taux d’intérêt par an ».
… mais pas tout le temps D’où vient alors que la finance est souvent décriée comme une activité parasitaire, prédatrice, produisant des fortunes indues ? L’accusation remonte à la Grèce antique, à l’ancien et au nouveau testament, à l’interdiction du prêt à intérêt par l’Église tout au long du Moyen Âge. Elle s’est renouvelée au xixe siècle avec l’émergence des penseurs socialistes et communistes (Joseph Proudhon, Karl Marx). La critique de la finance est alimentée par la répétition des crises financières qui scandent l’histoire du capitalisme. Les conséquences économiques et sociales de ces crises sont variables. Les crises financières les plus graves ont eu des effets profonds et durables.
Étape 1 Il était une fois la finance
Étape 2 Les finances personnelles
Étape 3 La finance d’entreprise
Étape 4 Les finances publiques
Étape 5 Les marchés financiers
Étape 6 Étape 7 Les intermédiaires La globalisation financiers financière
Étape 8 Les crises financières
Étape 9 La régulation financière
Étape 10 L’avenir de la finance
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Le krach des bourses de Vienne et de Berlin en 1873 a entamé une période d’une vingtaine d’années qualifiée de « grande dépression » au même titre que la décennie qui a suivi le krach de la bourse de New York en octobre 1929. Dans son livre Histoire Mondiale de la spéculation financière, qui fait référence en la matière, l’historien et économiste Charles Kindleberger (1910-2003) a dénombré 47 crises financières dans le monde capitaliste depuis le début du e xvii siècle jusqu’en 1997-1998, c’est-à-dire sans compter la crise de la bulle internet de 2000 et celle des subprimes déclenchée en 2007-2008.
FOCUS
Bourse de New York, 24 octobre 1929 après l’effondrement de plus de 10 % des cours
Le syndrome « cette fois c’est différent » Pourquoi les crises reviennent-elles de façon si répétitive ? Parce que les actifs financiers ne sont pas des marchandises comme les autres. La concurrence n’y a pas les mêmes vertus stabilisantes que sur les autres marchés. La hausse des prix ne fait pas baisser la demande, elle tend au contraire à l’accroître. Par exemple, quand les prix de l’immobilier augmentent, ceux qui en possèdent se sentent plus riches et tendent à s’endetter davantage. Aussi, les banques peuvent prêter plus puisque les prix des biens qui servent de garantie aux prêts immobiliers augmentent. D’où la succession de phases d’euphorie et de krachs quand les prix des actifs finissent par se retourner. Mais pourquoi l’expérience des euphories et des crises passées ne sert-elle à rien ou presque ? Parce que les acteurs financiers s’aveuglent eux-mêmes. Ils ne veulent pas croire à la constitution d’une bulle. C’est ce que les économistes Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart (2010) ont appelé le syndrome du « Cette fois c’est différent ». Les investisseurs savent qu’il y a eu régulièrement des crises, mais ils pensent « cette fois c’est différent ; certes les fois d’avant c’était des bulles, mais ce coup-ci, il y a des raisons qui justifient des prix d’actifs si élevés ».
4. Repères sur une histoire mouvementée La finance remplit toujours les mêmes fonctions : associer des marchés et des intermédiaires financiers. Mais ses formes et ses acteurs ont
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beaucoup varié au cours des siècles. L’histoire de la finance raconte l’évolution et les innovations des institutions, des techniques et des mentalités. Elle permet aussi de mettre en lumière des systèmes financiers, caractéristiques de pays et de périodes historiques.
Dès l’Antiquité On trouve des traces de formes rudimentaires de banques dans la civilisation babylonienne. Des plaquettes de glaise en caractères cunéiformes attestent que des prêtres assument des fonctions de banquiers au iie millénaire avant J.-C. Ils reçoivent en dépôt dans leur temple des biens consommables et les prêtent à ceux qui en ont besoin, moyennant intérêt. L’absence de monnaie n’interdit pas le crédit mais elle empêche l’existence de banques en tant que telles. Dans la Grèce antique, les villes commerçantes et les sanctuaires grecs ayant commencé à frapper monnaie, des changeurs installent leur activité sur des tables (trapeza), d’où leur nom de trapezistes. Ce sont les ancêtres des changeurs italiens du Moyen Âge qui s’installaient sur des bancs (banca en italien), d’où leur nom de banquiers. Les trapézistes grecs pratiquent le crédit, notamment à Athènes. Le développement de véritables pratiques financières (naissance du contrat, développement des réquisitions et de l’impôt, prêts à taux d’intérêt) s’accompagnent de l’émergence des premiers concepts économiques et des premières condamnations de l’accumulation financière. Rome réalise une première unification de l’espace monétaire. Elle développe les fonctions et les pratiques bancaires, celles-ci restant limitées au service des particuliers.
Tablette cunéiforme, système d’écriture avant J.-C.
Mot-clé La lettre de change est un effet de commerce par lequel un « tireur » donne mandat à une personne désignée, (en général un banquier) appelée « le tiré » de payer, à une certaine date, une somme d’argent à une troisième personne, « le bénéficiaire ».
Au Moyen Âge C’est entre le xie et le xve siècle que sont mises au point en Europe occidentale nombre d’activités bancaires, telles qu’elles subsisteront jusqu’au xixe siècle. L’Église assouplit progressivement sa doctrine vis-à-vis du métier de banquier. Les banquiers marchands introduisent et développent la lettre de change > Mot-clé . Les banquiers deviennent aussi les créanciers des souverains et des grands féodaux dont les besoins d’argent sont alimentés par les guerres. Les financiers font l’apprentissage du risque politique
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lorsque les princes et les rois soldent leurs dettes par la disgrâce des créanciers. L’ordre du Temple, prototype de la banque commerciale internationale et même de la banque centrale, est liquidé par Philippe Le Bel au début du xive siècle. Un siècle et demi plus tard, c’est au tour du banquier de cour Jacques Cœur de connaître la disgrâce. C’est au cours du Moyen Âge qu’apparaît la bourse. L’origine du mot « bourse » vient du nom du lieu où les échanges de marchandises, de monnaie et de créances s’effectuaient dans la ville de Bruges, la première où ce type de marché a été ouvert en 1306. Les transactions avaient lieu devant la maison de la famille Van der Buerse. Ancienne place de la Bourse à Bruges (Belgique). À gauche, maison de la famille Van der Buerse
La Renaissance Avec les grandes découvertes, les échanges maritimes explosent, les métaux précieux affluent en Europe, l’économie devient mondiale. Les innovations financières sont nombreuses. Elles concernent la culture et les idées ; la Réforme réhabilite le prêt à intérêt et légitime l’esprit de calcul et d’accumulation. La comptabilité progresse avec la numérotation en chiffres
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arabes et la comptabilité en partie double. L’évolution juridique des contrats permet la création et le développement des compagnies maritimes. Des bourses > Mot-clé sont créées dans les grandes villes commerçantes européennes.
Mot-clé La bourse est un marché organisé d’échanges de marchandises ou d’actifs financiers.
Les révolutions Les systèmes bancaires et financiers modernes se constituent progressi vement selon les pays occidentaux tout au long de la deuxième moitié du xviiie et du xixe siècle. Les premières banques émettrices de papier-monnaie sont organisées au xviie et xviiie siècle. En France, la première expérience du système Law (1716-1720) puis, sous la révolution, celle des assignats, laissent des traces négatives (faillite retentissante, hyper inflation). La Banque de France, créée en 1800 par Bonaparte 1er Consul, n’émet au départ que de très grosses coupures. Son monopole de l’émission des billets est généralisé en 1848. La Haute banque (banques familiales s’occupant de grandes affaires) domine le monde bancaire et financier français durant la première moitié du xixe siècle. La première Caisse d’Épargne est créée à Paris en 1818 à l’initiative du baron Benjamin Delessert et du duc François de La Rochefoucauld-Liancourt dans le but de promouvoir l’épargne populaire. Ces évolutions ne suffisent pas à répondre à l’ampleur des besoins de financement liés à l’industrialisation et à l’équipement ferroviaire. Après la crise financière de 1848, émergent les banques d’affaires (Crédit immobilier en 1852) et les banques de dépôt (Crédit Industriel et Commercial en 1859, Crédit Lyonnais en 1863, Société Générale en 1864). Outre l’escompte, ces banques prêtent à moyen et long terme à partir des dépôts et de l’épargne de leur clientèle (transformation). Mais après la crise financière de 1882 et le krach de l’union Générale qui a inspiré à Émile Zola son roman L’Argent (1891), le président du Crédit
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Le Banquier, lithographie d’Honoré Daumier, 1837
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Important Le système de la finance administrée a rencontré ses limites avec l’accélération de l’inflation au début des années 1970 et la récession de 1973-1974. Il s’avère de moins en moins compatible avec le passage à un système de changes flexibles à partir de 1974 et avec la libéralisation des mouvements de capitaux. Une vague de réformes multiples tout au long des deux dernières décennies du xxe siècle installe progressivement une nouvelle configuration générale de la finance et de sa place dans le fonctionnement économique et social d’ensemble.
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FOCUS
Lyonnais, Henri Germain, édicte la doctrine selon laquelle les banques d’affaires et les banques de dépôt doivent respecter chacune des règles de gestion adaptées à leurs ressources. Les banques de dépôt doivent en particulier veiller à limiter en permanence l’écart entre l’échéance de leurs prêts et celui de leurs ressources. Par ailleurs, les banques doivent servir d’intermédiaire entre les industriels et les épargnants pour placer auprès de ceux-ci les obligations et les actions émises par les industriels. À la fin du xixe siècle, la diffusion des actions et des obligations auprès des épargnants français prend une dimension internationale (emprunts russes, chemin de fer de Turquie, etc.).
Grande-Bretagne vs France La Grande-Bretagne a été le pionnier incontestable de la mise en œuvre de la finance moderne. La France avait dans tous les domaines un retard qui atteignait souvent le siècle : la Banque d’Angleterre a été fondée en 1694 ; la Banque de France en 1800. La révolution fiscale britannique a commencé à la fin du xviie siècle. En France, il a fallu attendre la Révolution. Les assurances contre l’incendie et sur la vie ont démarré en Angleterre dès le xviiie siècle. En France après 1815. Les banques de dépôt britanniques ont une quarantaine d’années d’avance sur leurs homologues françaises. L’avance britannique en matière de finance explique-t-elle son avance économique et le retard français dans ce domaine est-il la cause de son retard économique ? Il est difficile de trancher. Ainsi le retard de la France en matière de finance peut être considéré comme une conséquence ou comme une cause de son retard économique par rapport à la Grande-Bretagne (Kindleberger, 1985).
Les Trente Glorieuses : un système de finance administrée La crise de 1929 et la grande dépression, puis la Second Guerre mondiale entraînent une vague de réglementation qui modifie en profondeur et réduit les pouvoirs économiques des financiers. Aux États-Unis, en 1933, une loi bancaire (dite Glass-Steagall Act) instaure une séparation entre les banques de dépôt et les banques d’investissement. Après la Seconde Guerre mondiale, les accords de Bretton Woods (1944) créent un nouveau système monétaire international. La fixité des taux de change et les restrictions à la liberté des mouvements internationaux de
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capitaux limitent fortement la renaissance des marchés financiers. Parallèlement, les autorités publiques organisent l’allocation du capital à travers le contrôle du crédit et une participation du budget public aux investissements industriels. Jusqu’aux années 1970, un cloisonnement des circuits bancaires et financiers est organisé sous l’égide du Trésor public. Celui-ci distribue à chaque secteur économique une enveloppe de crédits bonifiés en fonction des priorités définies par les plans. Chacun de ces secteurs est financé par un organisme spécialisé sous tutelle de l’État (Crédit Mutuel, Comptoir des entrepreneurs, Crédit foncier, Crédit Agricole).
Mot-clé
Depuis les années 1980 : un régime de finance libéralisé Plusieurs dimensions caractérisent le régime libéralisé : Les marchés financiers montent en puissance et acquièrent un rôle majeur dans le financement de l’innovation et dans l’orientation de la gestion des entreprises cotées (recherche de la valeur actionnariale, rémunérations des dirigeants, réformes comptables). L’épargne des ménages poussée par le financement de la retraite (fonds de pension) est massivement orientée vers les placements boursiers individuels et collectifs au détriment de l’épargne sur livret. Parallèlement, l’endettement des ménages s‘accroît (crédit pour l’achat de son logement, crédit à la consommation, etc.). Les banques se restructurent et redéploient leurs activités dans un contexte marqué par l’ouverture à la concurrence, la déréglementation et la mondialisation. Les métiers traditionnels sont attaqués par les deux bouts : d’un côté les grandes entreprises accèdent plus facilement au financement direct de marché ; de l’autre les épargnants délaissent les dépôts. Les banques se concentrent, se déploient au niveau international et développent un rôle d’intermédiaire de marchés en prenant appui sur de nouvelles innovations financières (comme la titrisation > Mot-clé , les finances structurées, les produits dérivés > Mot-clé ). La crise des subprimes démarrée en 2007-2008 marque à son tour les limites structurelles atteintes par le régime de finance libéralisée.
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La Banque de France est installée depuis 1981 dans l’Hôtel de Toulouse à Paris
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La titrisation est une technique financière qui permet à une banque de transformer en titres négociables des actifs non liquides, c’est-à-dire qui ne sont pas (ou pas facilement) vendables.
Mot-clé Les produits dérivés sont des produits financiers complexes liés à (ou « dérivant ») d’autres actifs (actions, obligations, matières premières, indice…) et qualifiés de sousjacents. Les principaux dérivés sont les options, les contrats à terme, les swaps et les dérivés de crédit.
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À vous de jouer
1. Les Grecs de l’antiquité appelaient les banquiers des trapézistes parce qu’ils avaient le sentiment qu’ils jonglaient avec la monnaie des citoyens. a. Vrai. b. Faux.
2. Le mot « bourse » a pour origine un nom propre devenu nom commun comme sandwich ou poubelle. a. Vrai. b. Faux.
3. Aux États-Unis, les entreprises se financent surtout grâce au crédit bancaire. a. Vrai. b. Faux.
4. Dans la zone euro, les entreprises se financent surtout grâce aux marchés des capitaux. a. Vrai. b. Faux.
5. En France, les actifs financiers détenus par les ménages en 2010 sont supérieurs d’un tiers à leurs revenus annuels. a. Vrai. b. Faux.
6. Globalement, les entreprises et les ménages dégagent chaque année une capacité de financement, alors que l’État a un besoin de financement. a. Vrai. b. Faux.
7. Le mot « banque» vient de l’anglais to bank qui signifie « couvrir ». a. Vrai. b. Faux.
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1b. Les changeurs de monnaie installaient leur activité sur des tables. Table se dit trapeza en grec ancien. D’où leur nom de trapézistes.
Réponses
2a. L’origine du mot « bourse » vient du nom du lieu où les échanges de créances et de titres divers entre banquiers et commerçants s’effectuaient dans la ville de Bruges au xve siècle. Cette ville était à l’époque un très important centre du commerce d’argent, et les transactions avaient lieu devant la maison de la famille Van der Buerse, d’où le nom donné au lieu où s’effectuaient ces échanges. 3b. Les entreprises se financent prioritairement sur les marchés financiers. 4b. Les entreprises se financent surtout par le crédit bancaire. 5b. En 2010, les encours d’actifs financiers des ménages (3 900 milliards d’euros) représentaient l’équivalent de trois fois leurs revenus (1 300 milliards d’euros). 6b. Les ménages dégagent bien une capacité de financement mais les entreprises ont un besoin de financement. 7b. Le mot banquier a pour origine le mot banca qui désignait en italien le banc en bois sur lequel les changeurs du Moyen Âge exerçaient leur activité. De là est dérivé le mot « banqueroute » qui a pour origine banca rotta, car on cassait le banc des banquiers qui faisaient faillite.
■■ Pourquoi les investisseurs des années 2004-2007 ont-ils pensé : « Cette fois, c’est différent » ? ■■ L’histoire de la finance a-t-elle un sens ? ■■ Le niveau de développement financier explique-t-il le niveau de dévelop pement économique ? ■■ Qui a la position dominante, le prêteur ou l’emprunteur ? ■■ Pourquoi le prêt à intérêt a-t-il été interdit par l’Église romaine et encouragé par la Réforme ? Les questions à se poser :
Pour les pros
« Je me sers de mon argent pour faire des économies, et je me sers de mes économies pour dépenser mon argent. » Francis Blanche
« J’aime moins l’argent que vous puisque j’en dépense plus. » Boris Vian
Les finances personnelles
Benjamin Franklin
Étape 2
« Si vous voulez voir la valeur de l’argent, essayez donc d’en emprunter. »
L’étape 2 en un clin d’œil
1. La finance et les Français font-ils bon ménage ?
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Étape 1 Il était une fois la finance
Même si la sphère financière leur semble très éloignée de leurs préoccupations, les particuliers (les ménages) font de la finance sans le savoir et sont directement affectés par ce qui se passe sur les marchés financiers ou dans les banques. La méfiance des Français à l’égard de la finance viendrait-elle de leur mauvaise culture financière ?
2. Les comportements d’épargne et d’endettement des Français Les Français épargnent beaucoup et investissent sur des produits sécuritaires. L’étude des comportements des épargnants et des raisons – bonnes ou mauvaises – qui les poussent à mettre de l’argent de côté et à investir sur tel ou tel produit, est au cœur de la réflexion économique.
3. Pour financer un projet, épargner ou s’endetter ? Pour financer ses projets (acheter une maison ou une voiture), on peut épargner pendant des années ou s’endetter. Épargne et crédit servent souvent le même objectif de constitution d’un patrimoine. Mais attention aux dérives d’un crédit mal maîtrisé.
4. Les principaux produits d’épargne La gamme des produits d’épargne est très large et va des produits les plus simples aux produits les plus complexes. Certains sont individuels, d’autres sont collectifs. On distingue quatre « classes d’actifs » qui ont chacune leurs caractéristiques propres. Dans tous les cas, il y a quelques règles à connaître pour se poser les bonnes questions au moment du choix de ses produits.
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Quelques dates 1818 Le livret A est créé par le banquier Benjamin Delessert, comme produit principal de la toute nouvelle Caisse d’épargne de Paris.
1957 Première autorisation légale en France des fonds communs de placement (FCP) et des SICAV.
1965 Les femmes peuvent gérer leurs biens propres et exercer une activité professionnelle sans autorisation maritale.
1984 Loi relative à l’égalité des époux dans la gestion des biens de la famille et des enfants.
1985 Adoption de la première directive européenne sur les fonds communs de placement. Elle entre en vigueur en France en 1989.
1989 Loi Neiertz visant à prévenir et accompagner les personnes victimes de surendettement.
1992 Création du PEA (Plan d’épargne en actions). 2007 Mise en œuvre de la directive européenne sur les marchés d’instruments financiers (MIF) qui accroît la protection des consommateurs de produits et services financiers.
2009 Toutes les banques peuvent distribuer le livret A. 2010 Loi Lagarde sur le crédit à la consommation et le surendettement.
Mot-clé
1. La finance et les Français font-ils bon ménage ?
Un ménage, au sens statistique du terme, désigne l’ensemble des occupants d’un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté. Un ménage peut être composé d’une seule personne.
Faire de la finance, qu’est-ce que ça veut dire ? Si l’on définit la finance comme l’art – ou la méthode – de trouver des capitaux lorsqu’on n’en a pas et de placer ceux dont on n’a pas l’usage immédiat, il faut comprendre comment s’applique cette définition aux ménages > Mot-clé .
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Emprunter Lorsqu’ils ont un projet mais pas suffisamment de capitaux pour le financer, les ménages empruntent des ressources auprès des banques. Ils s’endettent essentiellement pour financer leurs investissements immobiliers, mais également d’autres investissements plus légers et à plus court terme, comme une voiture ou un appareil électroménager qui, en comptabilité nationale, sont considérés comme des biens de consommation et non d’investissement. On peut emprunter pour une autre raison, qui correspond à un type de crédit particulier : régler des problèmes de trésorerie, par le découvert ou le crédit renouvelable.
Épargner
Mot-clé
Lorsqu’ils ont des ressources excédentaires, c’est-à-dire une capacité d’épargne > Mot-clé , les ménages placent celle-ci par le canal des banques le plus souvent, ou, plus rarement (en tout cas en France) directement auprès des autres agents économiques (cf. page 13) qui en ont besoin. Globalement, en France, les ménages ont une capacité de financement. Mais ce n’est pas le cas dans tous les pays. Qu’ils s’endettent, qu’ils épargnent, ou les deux simultanément, tous les ménages participent au grand ballet de la finance.
L’épargne est, dans la définition classique notamment chez Keynes, ce qui reste quand on a consommé. C’est un flux et un solde. Cela se traduit en comptabilité nationale par l’équation : épargne = revenu disponible – consommation
Capacité ou besoin de financement des ménages dans cinq pays développés en % du revenu disponible (2008) Allemagne France États-Unis Royaume-Uni Espagne Épargne brute
17,2
15,1
5,8
2
12,9
Investissements bruts (logements neufs)
9,3
10,3
4,1
7
12
+ 7,9
+ 4,8
+ 1,7
-5
Capacité (+) ou besoin (-) de financement
Technique
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Étape 1 Il était une fois la finance
Source : André Babeau, Comptes nationaux
FOCUS
La capacité (ou le besoin de financement) se calcule par différence entre l’épargne brute et l’achat de logements neufs.
+ 0,9
Étape 2 Les finances personnelles
Nous sommes tous concernés par la finance Depuis 2010, mais surtout depuis l’été 2011, les dettes souveraines sont au cœur de l’actualité. Les particuliers ne se sentent pas directement concernés par les dettes grecque, espagnole, portugaise et irlandaise car ils n’ont jamais, de leur vie, acheté directement de l’emprunt grec, espagnol, portugais… Pourtant, les ménages ont indirectement investi dans ces titres, souvent sans
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le savoir, en plaçant leur argent sur un produit réputé sûr : l’assurance-vie en euros. Les particuliers ne se sentent pas non plus concernés par les questions – complexes et techniques – de régulation bancaire. Pourtant, lorsqu’il est demandé aux banques de se recapitaliser, c’est-à-dire d’améliorer leur ratio de solvabilité, cela a un impact direct sur le montant et le taux des crédits qu’elles pourront accorder aux particuliers. Elles devront réduire leur activité et notamment leur activité de prêt. Les taux augmenteront, les dossiers seront examinés avec plus de précaution et les garanties demandées seront plus exigeantes.
Les Français entretiennent avec la finance des rapports compliqués Les Français n’aiment pas parler d’argent et voient la finance d’un mauvais œil. Pas de doute que la culture judéo-chrétienne soit pour beaucoup dans cette méfiance à l’égard de l’argent. Mal à l’aise pour en parler, les Français sont gênés d’en gagner. Ce qui n’épargne ni les inégalités de revenus ni les inégalités de patrimoines ! En 2010, Depuis 2007, la crise financière a plutôt amplifié la méfiance des Français à l’égard des banques en tant des ménages qu’institution et de la finance en général. Pas de doute détient non plus que la finance reste mystérieuse. Liée à des calculs complexes de probabilité et de rendement actuariel, la finance des professionnels fait appel à des connaissances très pointues en mathématiques.
1 %
17 %
du patrimoine total. Source Insee
Les Français ont une culture financière médiocre C’est ce qui ressort d’un sondage commandé au Crédoc (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie) par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Institut pour l’éducation financière du public (IEFP), rendu public en novembre 2011. En calcul, les Français s’estiment à l’aise à 78 %, mais leurs résultats sont décevants : –– Seulement un Français sur deux sait faire le calcul d’un capital de 100 € placés à 2 % par an, et conclure que cela donne 102 € au bout d’un an. –– 54 % des Français savent que cette même somme, placée pendant 5 ans, permet de disposer d’un capital de plus de 110 €.
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Les Français peinent à maîtriser certains concepts élémentaires : –– 25 % parviennent à trouver la définition d’une obligation. –– 45 % savent ce qu’est un fonds commun de placement. –– 52 % connaissent la définition d’un dividende. Les grands principes financiers sont globalement bien connus : –– 87 % des personnes interrogées classent les actions comme un produit plutôt risqué et 93 % classent les livrets d’épargne dans la catégorie des placements peu risqués. –– 70 % savent qu’en diversifiant ses placements en bourse, on peut limiter les risques. Mais 25 % des Français ignorent qu’il n’est pas possible de trouver un placement financier à la fois très rentable et très peu risqué. des Le niveau de méconnaissance reste élevé en matière de placecroient au produit ments financiers : sans risque, –– 80 % des Français reconnaissent qu’ils sont un peu perdus dans et qui peut rapporter ce domaine. gros. –– 49 % estiment leurs connaissances suffisantes pour évaluer la rentabilité et le risque des produits financiers. –– 28 % seulement se sentent compétents pour lire la presse spécialisée. Les Français gèrent plutôt bien leur budget mais ont encore des progrès à faire : –– 92 % consultent régulièrement leur compte bancaire. –– 75 % ont une idée précise de ce qu’ils dépensent chaque mois, mais 30 % ne le savent pas. –– 70 % élaborent un budget de leurs dépenses et de leurs revenus, mais 25 % ne le font jamais.
42 %
FOCUS
18-24 ans
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Ailleurs, c’est plutôt mieux qu’en France ! Une enquête menée en 2009 aux États-Unis par la Finra Investor Education Foundation (fondation pour l’éducation des investisseurs de l’Autorité de régulation de l’industrie financière, qui est le régulateur non gouvernemental le plus important des États-Unis) a montré que 65 % des sondés savent répondre correctement à une question simple sur les taux d’intérêt (100 $ placés à 2 % vaudront, 5 ans plus tard, plus de 102 $) ; ce score est comparable aux 54 % obtenus par les Français à une question un tout petit peu plus compliquée (100 € placés à 2 % vaudront, 5 ans plus tard, plus de 110 €). Sur la question du couple rendement-risque (peut-on trouver un rendement à la fois rentable et sans risque ?), les Français sont moins bien placés que plusieurs pays de l’OCDE.
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2. Les comportements d’épargne et d’endettement des Français Les Français, fourmis peu endettées Les Français sont plutôt fourmis. Ils figurent traditionnellement, aux côtés des Allemands, des Hollandais et des Italiens (mais loin derrière les Chinois), dans la catégorie des épargnants, avec un taux d’épargne > Mot-clé de 15 à 16 % selon les années. Même si les Français sont plutôt du genre à épargner, leur taux d’épargne n’est pas stable dans le temps, comme en témoigne le graphique ci-dessous.
Mot-clé Le taux d’épargne est le rapport entre l’épargne et le revenu disponible brut d’un ménage.
Taux d’épargne des ménages en France en %
24 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2
0 1950
1955 1960 1965 1970
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Taux d’épargne total
Taux d’investissement en logement
Taux d’épargne financière Source : Insee, Comptes nationaux
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Étape 2 Les finances personnelles
Étape 3 La finance d’entreprise
Étape 4 Les finances publiques
Étape 5 Les marchés financiers
Étape 6 Étape 7 Les intermédiaires La globalisation financiers financière
Étape 8 Les crises financières
Étape 9 La régulation financière
Étape 10 L’avenir de la finance
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Répartition de l’épargne entre les différents types de placements Les Français privilégient les investissements immobiliers par rapport aux placements financiers. Fin 2010, sur les 11 500 milliards d’euros de patrimoine détenus par les ménages français, l’immobilier représente les deux tiers (7 500 milliards) et l’épargne financière un tiers (4 000 milliards). Au sein de cette dernière, les produits les plus sûrs, livrets et assurance-vie en euros, sont privilégiés par rapport aux placements plus risqués en actions, achetées en direct ou au travers de fonds ou de contrats d’assurance-vie. Patrimoine brut des ménages français par grandes catégories d’actifs (fin 2010) 9,5 % Actions, titres et autres actifs financiers
2,5 % Autres
13 % Assurance-vie
65 % Immobilier + terrain
10 % Dépôt
Source : Insee
Ce caractère prudent se reflète dans la réponse à la question suivante qui leur a été posée en mars 2011 (baromètre TNS Sofres) : « Si vous aviez une somme importante à placer, préféreriez-vous la placer sur des livrets d’épargne, sur un fonds en euros d’assurance-vie avec un rendement limité mais dont le capital est garanti ou sur des placements boursiers avec la possibilité d’un rendement plus important mais dont le capital n’est pas garanti ? » Les Français optent pour la première proposition (capital garanti) à 84 %. La défiance des Français à l’égard des placements boursiers s’est accrue avec la crise. En mars 2011, 9,1 % des Français détiennent des actions en direct (contre 13 % en mars 2009) ; en 2011 ils ne sont que 7 % à considérer que c’est le moment opportun pour acheter en bourse alors qu’ils étaient 20 % à le penser en 2001 (baromètre TNS Sofres), ce qui illustre bien que les Français sont prêts à acheter quand la bourse est à des niveaux élevés et non quand elle est à des niveaux faibles.
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Les deux tiers du patrimoine des Français sont investis dans l’immobilier, alors que les actions et les obligations représentent moins de 10 %. Il s’agit du patrimoine brut, c’est-à-dire avant déduction des dettes, et notamment des emprunts immobiliers. Évolution de la structure du patrimoine financier des ménages français (en milliards d’euros) 3 500 3 000 2 500 2 000
917
1019
1146
1235
1244
1358
1431
686
731
764
830
1 000
285 127
287 99
267 73
288 88
284 103
307 132
330 153
349 185
295 95
298 127
286 151
500
839
851
881
917
953
985
1010
1051
1097
1116
1141
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
1 500
0
Assurance vie OPCVM
Actions cotées Titres de dette
Dépôts et liquidités Source : Banque de France
Ce graphique zoome sur le patrimoine financier des ménages et montre son évolution sur les 10 dernières années. On constate une forte progression des dépôts (livrets A notamment) et de l’assurance-vie (dont 80 % est constitué de fonds en euros guère plus risqués que les livrets).
Mot-clé Le taux d’endettement des ménages calculé dans les statistiques nationales est le rapport entre les encours de crédits accordés aux ménages par des institutions financières et leur revenu disponible brut.
Un taux d’endettement très raisonnable Le niveau d’endettement des ménages français, dépasse 1 000 milliards d’euros (fin 2010), soit un taux d’endettement > Mot-clé de 82,5 %.
taux d’entdettement =
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encours de crédits aux ménages revenu disponible brut
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Taux d’endettement des ménages dans 7 pays développés (septembre 2009) 200
%
150
is i États-Un ume-Un 156,6 Roya 146,4 Espagne Canada 130,0 123,8
100
Japon 100,0
ne
Allemag 90,8
France 75,0
50
0 Source : OCDE
La france est l’un des pays les moins endettés de l’OCDE.
Pas tous égaux devant l’épargne Le niveau et le comportement d’épargne dépendent de différents facteurs. Voici les principaux d’entre eux.
Le revenu Le taux d’épargne croît avec le revenu. C’est une évidence maintes fois démontrée. Cela étant posé, le lien entre les deux notions n’est pas aussi simple qu’il y paraît. De nombreux économistes ont essayé d’affiner cette relation. Par exemple Milton Friedman élabore une théorie avec la notion des Français les plus de revenu permanent, selon laquelle les particuliers prennent leurs riches ont un taux décisions d’achat (et résiduellement d’épargne) en anticipant sur une d’épargne de estimation de leurs revenus attendus au cours des prochaines années.
20 %
35 %
ce qui dégage 80 % de l’épargne totale. So u rce :
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Insee
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L’âge On n’épargne ni pour les mêmes raisons, ni dans les mêmes proportions, ni sur les mêmes supports à 20, 40 ou 60 ans. Franco Modigliani et Alberto Ando ont proposé une théorie du cycle de vie, selon laquelle les individus commencent par s’endetter, puis épargnent jusqu’à leur retraite et désépargnent ensuite pour maintenir leur niveau de vie avec des ressources réduites.
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La théorie du cycle de vie d’après Franco Modigliani et Alberto Ando Consommation Revenu
B Consommation A
C
Âge Épargne
Désépargne
Au début de sa vie d’adulte (A), on s’endette puis (B) on épargne, avant de désépargner une fois en retraite (C). Attention ! Cette théorie n’est pas entièrement vérifiée, du moins en France où le taux d’épargne continue à augmenter après 50 ans, pour atteindre 22,5 % en moyenne pour les plus de 60 ans. Cela traduit sans doute pour partie le souci de transmission d’un patrimoine aux générations suivantes, mais également une prise de conscience de la nécessité de conserver un niveau d’épargne satisfaisant pour maintenir son niveau de vie au cours de sa retraite et assumer des dépenses de santé imprévues.
John Maynard Keynes, économiste britannique (1883-1946)
Histoire Les taux d’intérêt sont omniprésents dans les ouvrages de finance. Ils mesurent et déterminent le niveau d’inflation, de croissance économique, le prix des obligations et la rentabilité des actions. Comment interviennent-ils dans le niveau d’épargne et son orientation ? Pour les néoclassiques tels l’Anglais Alfred Marshall (1842-1924) ou le Suédois Knut Wicksell (1851-1926), les individus arbitrent entre consommation et épargne en fonction du taux d’intérêt réel (en éliminant l’influence de l’inflation). Si ce dernier s’élève, la consommation baisse et l’épargne augmente, et inversement. Le taux d’intérêt est le prix dont les fluctuations permettent l’égalité entre offre et demande de capitaux, entre épargne et investissement. Dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de 1936, John Maynard Keynes (1883-1946) a renouvelé l’approche de l’épargne et son lien avec le taux d’intérêt. Selon lui, celui-ci ne sert pas, comme le croyaient les néoclassiques, à choisir entre épargne et investissement mais à déterminer l’orientation de l’épargne entre épargne liquide et placements à plus long terme.
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En pratique
Les ressorts individuels de l’épargne
Pour tester son profil psychologique et déterminer quel type d’épargnant on est, on peut pratiquer l’introspection ou s’en remettre à des outils « objectifs » élaborés sur la base des études menées par des chercheurs et des économistes. Des questions de la vie de tous les jours sont plus à même de mesurer l’appétence au risque ou l’altruisme. Exemple : pour savoir si on est du genre à prendre des risques financiers, mieux vaut s’interroger sur sa tendance à frauder dans les transports en commun que sur son envie d’acheter des actions ! Un test « quel type d’épargnant êtesvous ? » est accessible sur le site www.lafinancepourtous.com. Des extraits en bonus sont disponibles à la fin de cet ouvrage.
Aux huit motifs d’épargne de la typologie keynésienne « Précaution, Prévoyance, Calcul, Ambition, Indépendance, Initiative, Orgueil et Avarice », on peut adjoindre des facteurs de différenciation des comportements tels l’optimisme ou l’inquiétude, l’attitude face au temps, le rapport au risque ou le degré d’altruisme, mis en lumière par les théories comportementales, qui déterminent le type d’épargnant que l’on est.
Les SICAV (sociétés d’investissement à capital variable) sont des catégories d’organismes de placement collectif. Les SICAV sont des sociétés dont l’investisseur possède des actions.
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L’épargnant est aussi investisseur, puisque, à de rares exceptions près, il place son argent sur des supports bien précis : acheter des actions ou tout placer sur un livret A, ce n’est pas la même chose. Il est certain que l’épargnant-investisseur n’est pas toujours rationnel. Des études récentes ont mis l’accent sur toute une série de comportements irrationnels qui poussent les épargnants à prendre de mauvaises décisions, alors que la théorie économique classique reposait sur la notion d’agent économique rationnel, évoluant dans un marché parfait !
Les épargnants sont très impressionnés par les performances passées des investissements, et en particulier les plus récentes. Concrètement, si un actif financier a augmenté en moyenne de 10 % par an au cours des trois dernières années, de nombreux investisseurs pensent que cela se reproduira l’année suivante. Dans le domaine de la gestion collective, cela se traduit par le fait qu’on va choisir une SICAV > Mot-clé ou un fonds qui a fait de bonnes performances les années précédentes. Or, ces comportements ne sont pas nécessairement conformes aux lois de la probabilité… et aboutissent à nous faire acheter au plus haut et vendre au plus bas.
Mot-clé
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Les investisseurs ont des comportements parfois bizarres !
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Les mauvais souvenirs sont plus marquants que les autres, en tout cas en matière financière : les pertes que nous subissons comme épargnant nous marquent plus que les gains. Autre biais : le « biais de familiarité », qui revient à favoriser les sociétés les plus connues avec une forte dimension affective, ou encore « le biais de confirmation », à travers lequel les investisseurs retiennent uniquement les informations qui corroborent leur décision en faisant abstraction des données allant à son encontre. Pour bien épargner, il faut donc se méfier un peu de soi-même.
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3. Pour financer un projet, épargner ou s’endetter ? Répondre à cette question suppose la définition du projet qu’on souhaite financer. Pourtant ce n’est pas évident. Face à la multitude des options possibles, il faut choisir le projet qui tient le plus à cœur, savoir à quel horizon il correspond et comment il s’intègre dans un contexte patrimonial donné.
Définir ses objectifs L’argent gagné, puis épargné (voire emprunté) permettra d’acheter une voiture ou une maison, de protéger ses proches… Nous proposons un tour d’horizon des différents projets de vie qui sont autant de motifs d’épargne et de crédit.
Avoir un capital en cas de nécessité C’est la fameuse « poire pour la soif », qui servira à faire face à un coup dur ou à un événement imprévu ou exceptionnel. On puise dedans, par exemple pendant une période de chômage, pour régler un divorce, financer un déménagement ou mettre en œuvre des travaux lors de l’arrivée d’un nouvel enfant. Le montant de ce capital dépend des revenus et du train de vie. Ce capital doit être investi dans des supports parfaitement sûrs et liquides, pour éviter d’avoir à vendre en urgence des placements risqués sur lesquels une moins-value est possible si les marchés financiers sont orientés à la baisse au moment de la cession.
Bien réfléchir, sur la Toile comme ailleurs, avant de se lancer dans un projet d’envergure
Réaliser un prochain achat Pour financer un projet d’une certaine envergure, comme un beau voyage ou l’achat d’une voiture, on peut épargner une ou plusieurs années à l’avance selon le montant du projet, ou avoir recours au crédit (prêt personnel). L’arbitrage entre les deux dépendra du temps dont on dispose, de son niveau d’endettement, de son tempérament, etc.
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La société de consommation pousse à vouloir réaliser tous ses projets ou presque… C’est parfois le moment de se poser la question : « ce projet est-il vraiment indispensable ? » Bien souvent, certaines dépenses peuvent être décalées dans le temps.
Acheter sa résidence principale L’achat d’une résidence principale est un projet d’épargne longue et difficilement réalisable sans crédit. Mais pour minorer le coût de ce dernier et avoir le maximum de chances que la banque accepte le dossier de financement, mieux vaut disposer d’un capital avant de signer chez le notaire, ne serait-ce que pour payer les frais annexes à l’achat (frais de notaire, garanties, etc.). L’investissement immobilier, première destination de l’épargne des Français
Préparer sa retraite Avec l’allongement de la durée de la vie et les plans successifs qui viennent rogner le montant des retraites, mieux vaut être sûr d’avoir, au moment où les revenus chutent brutalement, des revenus complémentaires ou un capital suffisant pour maintenir son train de vie. Dans ce cas, mieux vaut se préparer lorsque l’on est jeune, car l’effort d’épargne consenti sera moindre, puisque la période d’épargne sera plus longue.
Accueillir ses enfants et financer leurs études Les enfants coûtent cher. Jeunes, ils obligent souvent à déménager ; plus tard, leurs activités et leurs études de plus en plus longues, parfois à l’étranger, sont onéreuses. En outre, aujourd’hui, la moitié du budget d’un étudiant passe dans les dépenses liées à son logement. Pour y faire face, la plupart d’enc’est le montant tre eux sollicitent leur famille, certains prennent un prêt mensuel moyen étudiant.
200 €
des aides publiques perçues par les étudiants en France.
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Aider ses enfants et préparer sa transmission Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’un jeune atteigne l’âge adulte avec des arrière-grands-parents encore en vie. Mais le revers de la médaille est que, désormais, l’âge auquel les
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ménages héritent est élevé : 53 ans en moyenne, soit quinze ans de plus qu’il y a deux générations. Or, les besoins de financement sont plus importants entre 30 et 40 ans, au moment de l’achat de la résidence principale ou du financement des études des enfants. Il est possible de transmettre une partie de son patrimoine au fil du temps, voire de « sauter » une génération pour aider ses petits-enfants, à l’âge où ils ont besoin d’un capital pour mener à bien leurs projets.
Financer sa dépendance (ou celle de ses parents) L’allongement de la durée de vie implique également une augmentation du nombre de personnes qui atteignent le troisième âge et même le quatrième âge. À plus de 80 ans, beaucoup de personnes connaissent des problèmes liés à la vie quotidienne. Si elles disposent de revenus suffisants, elles pourront financer une aide à domicile qui leur permettra de se maintenir chez elles ou de rentrer en séjour dans une maison de retraite accueillante. Pour en être certain, mieux vaut se constituer un capital qui pourra être transformé en rente viagère le moment voulu et assurer ainsi un complément de revenus suffisant.
Prise en charge grandissante des personnes âgées, une conséquence du vieillissement de la population
L’horizon du projet L’horizon d’un projet correspond au moment où on va le mettre à exécution. Un horizon long signifie que la date d’échéance du projet est éloignée. A contrario, un horizon court implique que le projet sera mené à terme rapidement. Tous les placements ne sont pas adaptés à n’importe quel horizon, mais ce serait un tort de croire que chaque produit entre dans une catégorie précise et peut être utilisé pour un seul type d’horizon. Les placements qui fluctuent beaucoup ne sont pas adaptés à un horizon court et à un objectif sécuritaire. En revanche, si on a du temps devant soi, et la possibilité de choisir le bon moment pour vendre, les actions sont un placement qui, normalement, devrait rapporter le plus à long terme car il serait logiquement indexé sur la croissance de l’entreprise dont on a acquis les titres (elle-même largement fonction de la croissance économique).
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MOYEN TERME PEL CEL fonds diversifiés
0
3 ans
FOCUS
COURT TERME livrets
8 ans
LONG TERME actions assurance-vie
Court, moyen, long terme Pour qui prévoit de réaliser un projet dans les trois années à venir, l’horizon est à court terme. Il ne faut pas prendre de risque avec son épargne. Il est préférable que le capital soit garanti et que l’épargne soit disponible. Certains placements sont particulièrement adaptés à une telle situation, comme par exemple les livrets, les comptes à terme ou les placements monétaires. Sans projet précis, mieux vaux privilégier ce type de placement au cas où un événement imprévu se produise. Le moyen terme se situe entre trois et huit ans. Les supports de placement à moyen terme sont souvent un peu plus rémunérés que les placements à court terme, mais ils comprennent une part de risque plus importante, ou ne sont fiscalement intéressants qu’à condition d’être gardés assez longtemps. Les placements adaptés à cette situation sont par exemple les plans et comptes épargne logement, les OPCVM obligataires ou les fonds diversifiés. Une durée supérieure à huit ans est considérée comme du long terme. Les placements réalisés sur ces longues périodes sont souvent plus rémunérateurs, mais incluent plus de risques et une moins grande disponibilité. Les placements adaptés peuvent être des contrats d’assurancevie, ou des actions, qu’elles soient détenues en direct ou au travers d’un OPCVM.
Évaluer sa situation financière et son évolution Faire le point sur sa situation financière présente permet à la fois de déterminer sa capacité d’épargne mais aussi d’évaluer la pertinence de ses placements et de rechercher une véritable stratégie qui inclut l’endettement.
Faire un compte de ses recettes et de ses dépenses Chaque année, les particuliers pourraient, comme les entreprises, mettre en place un compte de résultat qui intègrerait leurs recettes et dépenses mois par mois et qui permettrait de connaître avec précision leur capacité d’épargne, c’est-à-dire la portion de revenus qu’il est possible d’épargner régulièrement. Cette dernière n’est pas fixe ; elle dépend de l’évolution de ses revenus (prime, treizième mois, heures supplémentaires payées…) et de ses dépenses (tiers provisionnel d’impôt sur le revenu, vacances, rentrée scolaire…).
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Dans une situation normale et avec un budget bien géré, les recettes annuelles sont plus importantes que les dépenses. La différence correspond au montant d’épargne que l’on peut investir sur différents produits financiers et placements ou, si l’on n’est pas endetté, aux mensualités d’emprunt qu’on peut s’autoriser. Une modification importante des revenus, à la hausse comme à la baisse, doit entraîner une nouvelle réflexion sur sa stratégie d’épargne, de placements et d’endettement.
Important Il est souvent plus rentable de rembourser un crédit que de placer son argent sur un produit d’épargne. Tout dépend bien sûr du taux auquel on a souscrit son crédit et de celui auquel on pourrait placer son argent. Mais les crédits à la consommation sont la plupart du temps proposés à des taux qui vont de 6 à 20 %, quand l’épargne peut rapporter, en net, entre 2 et 6 % (et pour espérer avoir 6 %, il faut accepter des aléas de rendement et même des risques de perte en capital). Malheureusement, lorsqu’on leur pose la question : « À votre avis, que vaut-il mieux faire si on reçoit une somme d’argent exceptionnelle alors qu’on a un crédit à la consommation en cours ? », les Français ne sont que 50 % à répondre qu’il vaut toujours mieux rembourser son crédit à la consommation. Source : Sondage Crédoc 2011 pour l’IEFP et l’AMF
En pratique Le patrimoine et son évolution au fil du temps
L’acquisition de sa résidence principale peut être une bonne occasion pour faire un budget. Pour déterminer le montant maximum de l’emprunt que l’on peut raisonnablement souscrire (et donc le prix du bien que l’on peut acquérir), il faut faire des calculs et vérifier que « ça passe ». En général, les mensualités d’emprunt sont plus élevées que le loyer d’avant l’acquisition. La banque vérifie qu’elles n’excèdent pas un tiers des revenus. Mais ce plafond peut être trop élevé pour ceux qui ne sont pas sûrs de maintenir le même niveau de revenus… Il ne faut pas non plus oublier les mensualités d’autres crédits en cours (crédit à la consommation, etc.).
Le patrimoine représente la masse de capitaux financiers (épargne à court terme, assurance-vie, placements boursiers…) et non financiers (résidence principale, résidence secondaire, immobilier locatif, terrains…) que chaque individu peut accumuler au fil des années. Un bilan patrimonial est une photo à un instant t de sa situation financière personnelle. D’un côté l’actif – les biens que l’on possède – et de l’autre le passif correspondant aux crédits en cours nécessaires à l’acquisition du patrimoine. En complément, on peut dresser un bilan social : il comptabilise l’ensemble des droits sociaux acquis, qui concernent en premier lieu le montant de sa future pension de retraite, très différente selon la situation personnelle de chacun (fonctionnaire, cadre, libéral, artisan…) et son activité (expatrié, mère au foyer pendant plusieurs années ou étudiant pendant une longue période…).
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Ce qu’il faut savoir sur le crédit Le crédit n’est (presque) jamais gratuit Aussi étonnant que cela puisse paraître, certaines personnes s’imaginent que lorsqu’elles empruntent 1 000 €, elles seront quittes vis-à-vis du prêteur en remboursant 100 € par mois pendant dix mois. Si c’était le cas, cela signifierait que le crédit qui leur est consenti est gratuit. Or, sauf exception, ce n’est pas possible car le prêteur doit être rémunéré pour la fonction qu’il remplit et le risque qu’il prend : –– Il permet à l’emprunteur de disposer immédiatement d’une somme d’argent qu’il mettrait 5, 10, 20 voire parfois 30 ans à réunir, et d’accélérer d’autant son projet. –– Ce faisant, le prêteur court le risque de ne pas être remboursé, et ce risque est d’autant plus fort que la durée du prêt est longue. Pour se rémunérer, le prêteur perçoit un intérêt. Le rapport entre l’intérêt et la somme prêtée/empruntée, exprimé en pourcentage s’appelle le taux d’intérêt.
En pratique Un crédit est dit « gratuit » lorsqu’un commerçant vous propose de vous faire payer votre achat en plusieurs fois sans frais. En fait, il vous avance la somme nécessaire à l’achat que vous envisagez, mais sans vous faire payer les intérêts sur la somme avancée.
Le taux d’intérêt
Mot-clé
Le taux d’intérêt est le prix à payer lorsqu’on emprunte de l’argent. C’est également la rémunération perçue lorsqu’on place de l’argent. Toutes choses égales par ailleurs, le taux d’intérêt à payer quand on emprunte est plus élevé que celui reçu quand on place de l’argent (la différence étant constituée par la rémunération de l’intermédiaire, en général une banque). Il existe différents taux (nominal/réel ; fixe/variable ; simple/composé ou actuariel) et différentes manières de rembourser un prêt (chaque mois, chaque trimestre, chaque année, à l’échéance). Ces variables modifient le prix de l’emprunt, mais pour comparer les offres de crédit, il existe un instrument : le taux effectif global (TEG). Chaque banque fixe librement le taux de ses prêts dans la limite du taux de l’usure > Mot-clé .
Le taux de l’usure est le taux maximum auquel un prêt peut être accordé. Ce taux est calculé tous les trimestres par la Banque de France.
Mot-clé Les subprimes sont des crédits immobiliers qui ont été consentis aux États-Unis à des ménages modestes. Ils reposaient sur plusieurs techniques qui les rendaient indolores au départ.
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Le crédit immobilier pèse lourd dans le budget des ménages Les Français n’ont pas conscience des risques attachés au crédit immobilier. C’est sans doute qu’en France, la règlementation très stricte, la prudence des banques et celle des particuliers, nous ont épargné les dérives des subprimes > Mot-clé .
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En France, les prêts immobiliers sont en effet très encadrés. Il est prévu un délai de réflexion incom27 28 29 1 2 3 4 pressible de 10 jours. Le dossier à remplir au 5 6 7 8 9 10 11 moment de l’obtention du prêt est très complet et 12 13 14 15 16 17 18 comprend les dernières feuilles de paie et la der19 20 21 22 23 24 25 nière déclaration de revenus. 26 27 28 29 30 31 1 Les banques prennent deux sortes de garanties : –– elles exigent que l’emprunteur souscrive une assurance qui remboursera le prêt en cas de décès ou d’invalidité ; –– elles exigent une garantie pour le cas où l’emprunteur n’aurait plus, au cours du prêt, assez de revenus pour rembourser celui-ci (c’est le rôle de l’hypothèque, du privilège de prêteur de deniers ou de la caution mutuelle). Au total, les banques vérifient que le prêt immobilier consenti ne fera pas monter le taux d’endettement > Mot-clé de l’emprunteur au-delà de 30 à 33 %. Emprunter à taux fixe est moins risqué que d’emprunter à taux variable. En effet, le taux fixe assure une protection contre les hausses des taux d’intérêt. Avec un taux variable, en revanche, le taux initial, plus avantageux au moment de la souscription, évolue, à la hausse comme à la baisse, pendant la durée de remboursement du prêt en fonction d’un indice de référence mentionné au contrat. Pour un prêt à taux variable, il faut privilégier un taux plafonné, ou « capé ». La variation du taux est alors encadrée dans des limites définies lors de la souscription du prêt (par exemple 2 points de hausse maximum). Ne pas confondre prêt à taux variable et prêt modulable : la plupart des prêts immobiliers donnent le droit de moduler les mensualités, à la hausse ou à la baisse, dans certaines limites. En augmentant le montant des échéances, on accélère le remboursement du prêt et on en réduit le coût. Réduire le montant des échéances permet au contraire de faire face à une difficulté passagère, comme une baisse de revenus. Mais dans ce cas, on allonge la durée de remboursement du prêt, ce qui accroît le coût total. Mars
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M
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D
Mot-clé Le taux d’endettement qu’il faut calculer lorsqu’on envisage de prendre un crédit est le rapport entre les charges financières (mensualités) liées à l’ensemble de ses emprunts et son revenu mensuel. Ne pas confondre avec le taux d’endettement de la page 35.
Le crédit à la consommation est parfois très coûteux Le crédit à la consommation concerne les prêts jusqu’à 75 000 euros, qui ne sont pas destinés à l’achat d’un bien immobilier. Les dispositions protectrices du crédit à la consommation s’appliquent aussi aux découverts bancaires de plus d’un mois et aux crédits travaux dont le montant est inférieur ou égal à 75 000 euros (sauf exceptions).
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Étape 8 Les crises financières
Étape 9 La régulation financière
Étape 10 L’avenir de la finance
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Répartition en % des crédits à la consommation en France, selon leur objet (2010) 13,6
23,3
9
8,6 6
58,8
2,7 2,7 2 Automobile, une moto
Bien d’équipement de la maison
Travaux d’amélioration dans le logement Facture d’un montant exceptionnel ou imprévu Impôts
Dépenses de consommation courante
Réaménagement des crédits Dépenses de loisirs, des vacances Frais de santé Source : Observatoire des crédits aux ménages 2010
Il existe trois principales catégories de crédits à la consommation qui ont chacun des caractéristiques bien précises. Le total est supérieur à 100 % en raison de la possibilité de réponses multiples.
Le prêt personnel Les fonds empruntés sont mis à la disposition du client sur son compte bancaire en une seule fois. Le taux est fixe. Le montant des mensualités et la durée de remboursement sont déterminés à la signature du prêt. Ce crédit a pour avantage que son coût total est connu dès le début et que les échéances ne risquent pas d’augmenter.
Le crédit affecté Ce crédit concerne exclusivement l’achat d’un bien ou d’un service (équipement de la maison, voiture, voyage, etc.). Si l’une des deux opérations ne se réalise pas (le bien n’est pas livré ou le prêt n’est pas accordé), l’opération est juridiquement annulée.
Le crédit renouvelable C’est désormais la seule désignation admise du crédit auparavant appelé revolving, crédit permanent, réserve d’argent… souvent associé à des cartes
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de fidélité. Le prêteur met à disposition de son client une réserve de crédit, renouvelée chaque année, dans laquelle il est possible, à tout moment, de puiser de l’argent, c’est-à-dire d’emprunter. On ne rembourse des intérêts et une partie du capital qu’à partir du moment où on utilise la réserve. Au fur et à mesure qu’on utilise tout ou partie de celle-ci, on paie une mensualité minimum qui, à son tour, reconstitue progressivement la réserve. Le crédit renouvelable est plus cher que les autres crédits, surtout lorsqu’il est de faible montant. Les ménages aux revenus modestes l’utilisent comme une facilité de trésorerie, faute de disposer de revenus suffisants. C’est ce qui explique que ce type de crédit existe dans 82 % des cas de surendettement.
Technique La loi Lagarde du 1er juillet 2010 a apporté bon nombre de protections supplémentaires en matière de crédit à la consommation. Destinée initialement à transcrire une directive européenne relevant le délai de rétractation de 7 à 14 jours, et définissant le crédit à la consommation comme tout crédit de moins de 75 000 € (là où le seuil était auparavant de 22 500 €), cette loi s’est en partie attaquée au problème du crédit renouvelable, pour essayer d’en réduire l’usage et d’en limiter les effets les plus pervers (obligation désormais de rembourser un minimum de capital emprunté à chaque échéance pour mettre fin aux crédits sans fin et hors de prix).
Piège à éviter Le surendettement On est surendetté à partir du moment où on ne peut plus faire face à ses dettes, bancaires ou non (loyers impayés, factures EDF…). Dans une acception plus stricte, on est surendetté lorsqu’un dossier a été déposé devant une commission de surendettement, dont le secrétariat est assuré par la Banque de France, et que celle-ci l’a accepté. Chaque année ce sont près de 200 000 nouveaux dossiers qui sont déposés (un peu plus depuis la crise de 2008). Dès le dépôt du dossier, l’intéressé est inscrit au FICP (Fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers), ce qui devrait logiquement l’empêcher de souscrire de nouveaux crédits. L’acceptation du dossier par la commission, quant à elle, apporte un soulagement provisoire au surendetté en attendant la décision de la commission le concernant ; il doit certes continuer à payer son loyer, ses factures courantes et ses impôts, mais pas ses dettes bancaires ni les arriérés de paiement. Les solutions proposées par les commissions de surendettement aboutissent le plus souvent à laisser au surendetté un « reste à vivre » très faible et difficile à soutenir durablement.
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4. Les principaux produits d’épargne Mot-clé
Les produits individuels
Le plan d’épargne en actions (PEA) a été créé en 1992 pour développer l’actionnariat en France. C’est une formule qui permet à l’investisseur prêt à conserver un portefeuille d’actions pendant une durée minimale de 5 ans de bénéficier d’une fiscalité allégée.
Parmi les produits individuels, entrent bien entendu les actions et les obligations. On peut les acheter individuellement ou par l’intermédiaire d’un gestionnaire qui achète pour le compte de son client. Ces produits vont figurer sur un compte titres ou éventuellement, pour les actions, sur un plan d’épargne en actions > Mot-clé .
Les produits collectifs Les OPCVM Les fonds d’investissement sont appelés, dans le jargon des professionnels, des OPCVM > Mot-clé . De nombreuses catégories existent, avec des degrés de risque très variables. Il existe ainsi des fonds « purs » actions, obligations ou monétaires, des fonds diversifiés, garantis, thématiques, profilés ou encore à horizon… La liste est longue ! Selon leur composition, ces fonds peuvent être souscrits à court, moyen ou long terme. On peut aussi trouver ces supports dans différentes enveloppes (assurance-vie, PEA, etc.) ou les acheter en direct dans un compte titres.
Mot-clé Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) : les plus connus sont les SICAV et les fonds communs de placement (FCP). Ces supports ouvrent l’accès, au travers d’un seul placement, à une large diversification.
En pratique
FOCUS
Pour connaître la composition d’un OPCVM, il faut lire le DICI (Document d’Information Clé pour l’Investisseur). Ce document doit donner, en deux pages, une information claire, exacte et non trompeuse permettant à l’épargnant de prendre une décision d’investissement. Il intègre 5 grandes rubriques : l’objectif et la politique d’investissement ; le profil de risque et de rendement ; les frais ; les performances passées ; les informations pratiques.
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Le rôle protecteur de l’AMF L’une des missions de l’Autorité des marchés financiers, gendarme de la bourse, est de veiller à la bonne information des investisseurs. Pour cela, elle agrée les sociétés de gestion de portefeuille françaises et les OPCVM distribués en France ; elle contrôle la cohérence des prospectus et du DICI.
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L’assurance-vie L’assurance-vie a une place à part dans les produits collectifs car c’est un produit d’épargne très prisé des Français. En 2010, 34,9 % des ménages possèdent un contrat d’assurance-vie contre 26,6 % en 2004. Les fonds en euros représentent plus de 80 % du total de l’assurance-vie. Cette enveloppe fiscale offre une fiscalité douce après 8 ans. C’est un placement assez souple qui permet de panacher son épargne sur différents supports d’investissement, allant du plus sûr au plus dynamique. Il existe deux types de contrats d’assurance-vie : Ceux qui ne comportent qu’un seul fonds appelé « fonds Au 30 juin 2011, en euros ». Ce support d’investissement ne fait subir aucun risque au capital investi et sert chaque année un l’épargne salariale taux d’intérêt minimum. représente Les contrats les plus souscrits sont ceux appelés un encours de « multisupports » : outre le fonds en euros, ils intègrent un nombre plus ou moins élevé de fonds d’investissement (fonds monétaires, en actions, en obligations, etc.), dont la rentabilité n’est pas garantie. On peut tout de même récupérer son épargne à tout moment avant les 8 ans, mais on doit alors s’acquitter d’une imposition élevée sur les gains, surtout pendant les quatre premières années.
93,8 Mds €.
L’épargne salariale L’épargne salariale est un dispositif qui permet au salarié d’épargner, dans un cadre fiscal avantageux, l’intéressement et la participation reçus de son employeur, ou de faire des versements volontaires. L’employeur peut compléter ces sommes par un abondement (c’est-àdire une somme complémentaire pour encourager ses salariés à placer sur leur compte d’épargne salariale). L’essentiel de l’épargne salariale est placé dans des plans d’épargne entreprise (PEE) ou des plans d’épargne retraite collectifs (PERCO) et, au sein de ces plans, l’épargne est investie dans des fonds communs appelés fonds communs d’épargne entreprise (FCPE).
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Piège à éviter De nombreuses entreprises cotées ont tendance à réserver l’abondement aux versements sur des fonds exclusivement investis en actions de l’entreprise. Le danger est que cela pousse les salariés à « mettre tous leurs œufs dans le même panier ». En plaçant leur argent dans ce fonds, ils seront doublement en risque sur leur entreprise (en tant que salarié et en tant qu’épargnant).
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À chaque produit ses risques Un produit est risqué quand son rendement n’est pas régulier et que sa valeur fluctue dans le temps. À l’inverse, un produit dont la rentabilité est constante et sans surprises est considéré comme non risqué. Plus le risque attaché à un produit est important, plus son rendement devrait être élevé. Symétriquement, plus la rentabilité potentielle d’un placement est forte plus le risque qui lui est attaché l’est également. Face à des choix d’épargne précis, quelles questions faut-il se poser au moment d’évaluer les risques que l’on est prêt à prendre ? Est-ce que j’accepte la possibilité de perdre tout ou partie de mon capital ? Tous les produits qui offrent des perspectives de rendement élevé font courir un risque en capital. Le produit que je m’apprête à souscrire est-il simple ou complexe ? Les produits complexes comme les warrants ou les options, sont compliqués à comprendre, ont généralement un fort effet de levier, c’est-à-dire qu’avec une faible mise, on peut gagner (ou perdre !) beaucoup. Ils sont donc particulièrement risqués. Le placement que je m’apprête à faire est-il liquide ou non ? Les plus liquides sont normalement les moins rémunérateurs, mais ce critère est très apprécié des épargnants français qui laissent « dormir » près de 200 milliards d’euros sur leurs livrets A, qui outre le fait qu’ils ne supportent aucun impôt, présentent l’avantage d’être disponibles à tout moment, sans frais et sans pénalités.
Les produits monétaires
Important Pour rassurer les déposants et les épargnants ont été mis en place il y a une dizaine d’années des fonds de garantie pour leur éviter de tout perdre en cas de faillite d’un établissement. Pour les dépôts bancaires (livrets, PEL, comptes courants, comptes à terme…) cette protection est aujourd’hui de 100 000 euros par déposant et par établissement ; elle reste limitée à 70 000 euros pour les contrats d’assurance-vie et les titres financiers.
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Les livrets réglementés sans aucun risque puisque garantis par l’État (livret A, bleu, jeunes…) sont à ranger dans cette catégorie. Les modalités de révision de la rémunération du livret A ont été revues il y a quelques années pour garantir l’épargnant contre le risque d’inflation. Le plan d’épargne logement (PEL) suppose de rester bloqué plus longtemps, mais est sécurisé car le taux d’intérêt servi, de même que le taux à verser en cas d’emprunt, sont fixés dès le départ. Le compte épargne logement (CEL) est aussi sûr mais le taux d’épargne et le taux de l’emprunt varient en fonction du taux du livret A.
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Avec les OPCVM monétaires, le risque couru est faible, même si le capital n’est jamais garanti.
Les obligations En achetant une obligation, les possibilités de gain sont doubles. Une fois par an, la société qui a émis les obligations verse le coupon, dont la valeur dépend du taux d’intérêt à l’émission (pour les obligations à taux fixe). Plus le risque de défaillance (et de faillite) de l’émetteur est important, plus le taux d’intérêt offert est élevé. Les obligations sont un placement idéal pour une personne qui cherche des revenus réguliers dont le montant est connu dans le temps avec le risque toutefois que l’entreprise fasse faillite. Avec des obligations à taux fixe, on sait très précisément ce qu’on va engranger chaque année. C’est très sécurisant quand les prix sont stables, mais l’inflation provoque l’appauvrissement des rentiers, sauf si les rentes sont indexées sur l’inflation. Un épargnant a acheté pour 150 000 € des obligations lui rapportant 3 % net d’impôts par an (alors que l’inflation est de 1,5 % par an). Avec ces 4 500 € d’intérêts annuels (375 € par mois), il compte payer le loyer de son fils étudiant dans une ville de province.
Si quelques années plus tard, l’inflation est passée à 12 %, il recevra toujours 4 500 € dans l’année. Mais les prix, eux, auront augmenté, et le logement de son fils ne coûtera plus 375 € par mois, mais peut-être 500 ou 600 €.
Une autre façon de gagner de l’argent avec une obligation est d’engranger des plus-values. Pour cela il faut la vendre plus cher qu’on ne l’a achetée. Les obligations nouvelles émises sur le marché suivent l’évolution des taux d’intérêt, les obligations les plus risquées devant procurer un intérêt supérieur à celui des obligations moins risquées. La différence est appelée spread. S’agissant des obligations déjà émises, leur prix évolue en sens inverse des taux d’intérêt, c’est-à-dire qu’il monte quand les taux baissent. En effet, les obligations nouvelles procurant un taux inférieur aux anciennes (4 % contre 5 % par exemple), celles-ci deviennent très prisées sur le marché et leur prix augmente (on achète plus cher quelque chose qui rapporte plus).
Les actions En détenant des actions, on mise sur leur valorisation dans l’avenir, et sur les futurs bons résultats économiques de l’entreprise qui font espérer le
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Important
versement de dividendes. Un investissement boursier est par nature risqué, mais, à ce jour, statistiquement, c’est l’actif financier qui offre la plus forte rentabilité sur le long terme, à condition de gérer activement son portefeuille. Certains investisseurs réussissent à réaliser de belles performances sur les marchés financiers. Mais ceux qui ont investi sur un fonds indiciel CAC 40 il y a 10 ans n’ont toujours pas retrouvé leur mise. Mais attention ! Ils ont pu toucher des dividendes (noter que les performances du CAC 40 sont exprimées « dividendes non réinvestis » alors que celles des OPCVM sont obligatoirement supérieures car « dividendes réinvestis »).
La cotation en bourse réduit le risque d’illiquidité. En revanche, ce risque est réel s’agissant d’investissements dans des sociétés non cotées (directement ou au travers de produits collectifs).
Évolution du CAC 40 sur 20 ans Plus haut historique du CAC 40 à 6 944 points 4 septembre 2000
7 000 6 000 5 000 4 000 3 000
3 159 points au 30 décembre 2011
19 91 19 92 19 93 19 94 19 95 19 96 19 97 19 98 19 99 20 00 20 01 20 02 20 03 20 04 20 05 20 06 20 07 20 08 20 09 20 10 20 11
2 000 1 600
Technique Pourquoi dit-on que les actions sont un excellent placement sur le long terme ? Parce que selon diverses études réalisées sur les actions des 250 plus grosses sociétés cotées en France depuis 1950, plus le temps passe et plus la volatilité (c’est-à-dire les fluctuations de l’action) diminue. La volatilité diminue plus vite que le rendement. Ainsi, sur dix ans, le rendement annuel moyen est de l’ordre de 6,2 % mais la fluctuation n’est plus que de - 5 à + 18 % par rapport à la moyenne. Sur trente ans, le rendement moyen est de 5,4 % mais la volatilité est nulle.
L’immobilier : un placement qui n’est pas sans risque Même si, à long terme, les investissements dans la pierre offrent une excellente protection du capital, en plus d’un rendement régulier et bien sûr d’une valeur d’usage, il ne faut pas perdre de vue que ce placement n’est pas sans risque, car les risques de moins-value et d’endettement excessif existent. Le
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risque d’erreur existe également ; il est même assez fréquent s’agissant d’un bien très chargé affectivement. Autre point à surveiller : les travaux de rénovation, souvent sous-estimés au moment de l’achat. Pour les investissements locatifs, les risques de moins-value sont encore plus importants.
Piège à éviter En France, des escroqueries utilisant le système pyramidal « à la Ponzi » dans lequel s’est illustré Bernard Madoff aux États-Unis sont régulièrement révélées. L’argent récolté auprès des nouveaux épargnants sert à régler les intérêts promis aux plus anciens. Le système dure tant que l’escroc continue de recruter de nouvelles victimes et que celles-ci ne demandent pas, ou en tout cas pas en trop grand nombre, le remboursement de leur capital.
En pratique Sous la pression des vendeurs qui font valoir la perspective d’économies d’impôts, les investisseurs oublient d’être vigilants sur la qualité du bien immobilier qu’ils achètent, parfois sans le visiter, et se retrouvent « collés » avec des appartements mal placés ou situés dans des immeubles entièrement commercialisés dans le cadre de l’avantage fiscal. Résultat : à l’issue des 9 ou 10 ans de détention requis pour bénéficier de l’avantage, tous les propriétaires essaient de vendre en même temps et les prix s’effondrent.
Un autre risque est celui de l’illiquidité. Les transactions sont par nature plus longues que sur les marchés financiers (minimum deux ou trois mois entre la signature d’une promesse de vente et la vente proprement dite). À ce délai naturel s’ajoute celui de la « commercialisation ». Pour certains produits « parfaits » et dans certaines circonstances (marché haussier), cela peut être rapide. Mais dans la plupart des cas, il faut attendre beaucoup plus longtemps, accepter de baisser son prix et parfois même renoncer provisoirement à vendre si le bien a trop de défauts ou si le moment est peu propice.
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À vous de jouer
1. Si le taux d’épargne des ménages diminue, cela signifie que les ménages ont puisé dans leur épargne. a. Vrai. b. Faux.
2. Si la valeur d’un patrimoine a progressé de 100 %, cela signifie que sa valeur a été multipliée par : a. 2. b. 10. c. 100.
3. Qu’est-ce qu’une obligation ? a. Une part d’un emprunt émis par une entreprise, une collectivité publique ou l’État. b. Une part d’un fonds commun de placement. c. Une part de capital d’une entreprise.
4. Si la bourse baisse de 20 % entre le 1er et le 15 du mois puis remonte de 20 % entre le 16 et le dernier jour du mois, à quel niveau est-elle le dernier jour du mois ? a. Au même niveau qu’au début du mois. b. À un niveau plus élevé qu’au début du mois. c. À un niveau plus faible qu’au début du mois.
5. Vous êtes démarché par votre ancien chargé de clientèle qui vous propose de vous verser une rémunération de 10 % net d’inflation chaque année. a. Vous acceptez car vous avez confiance en cette personne qui vous a toujours bien conseillé. b. Vous refusez car vous trouvez une telle rémunération suspecte et craignez de perdre une partie de votre capital.
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1b. Cela signifie simplement que les ménages ont réduit la proportion de leur revenu qu’ils ne consomment pas. Pour qu’il y ait prélèvement sur l’épargne, il faudrait que le taux d’épargne soit négatif, et pas seulement en baisse.
Réponses
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2a. Une progression de 100 % équivaut à un doublement, une hausse de 200 % à un triplement, + 300 % = × 4… 3a. Une obligation est une part d’emprunt. Lorsqu’une entreprise lance un emprunt, les particuliers peuvent souscrire une part de cet emprunt, ils se retrouvent donc créanciers de cette entreprise. Ces parts s’échangent ensuite sur le marché, dit secondaire. Si vous n’avez pas su répondre à cette question, vous êtes comme la majorité des Français car seuls 25 % des Français ont su donner la bonne réponse lors du sondage sur la culture financière réalisé par le Crédoc et publié en novembre 2011. 4c. Un exemple permet de bien comprendre. Si une action vaut 100 au début du mois et qu’elle perd 20 %, elle ne vaut plus que 80 (100 – 20) au milieu du mois. Puis elle regagne 20 %, mais 20 % de 80 ne représentent que 16. Elle vaut donc 96 à la fin du mois, soit moins qu’au début du mois. 5b. Un rendement de 10 % net d’inflation est très élevé. Or, pas de rendement élevé sans risque. Ce qui vous est proposé là relève peut-être d’un abus de confiance ou d’une extorsion de fonds.
Les questions à se poser : ■■ Comment peut-on expliquer le couple rendement-risque ? ■■ Pourquoi dit-on que les actions sont le placement le plus rentable à long terme ? ■■ Comment les crédits dits subprimes sont-ils à l’origine de la crise financière de 2007 ? ■■ Tous les produits et services financiers sont-ils régulés de la même manière ? ■■ En quoi les contrats d’assurance-vie sont-ils garantis ?
Pour les pros
« La raison d’être d’une entreprise est de créer et de garder un client. » Théodore Levitt
La finance d’entreprise
Sénèque
Étape 3
« Plus faibles sont les risques, meilleure est l’entreprise. »
L’étape 3 en un clin d’œil
1. Les différents points de vue sur l’entreprise
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On ne s’intéressera pas aux finances d’une entreprise de la même façon selon que l’on est son directeur financier, un de ses salariés, un de ses actionnaires (actuel ou futur), son banquier, son fournisseur ou son client.
2. Les outils d’analyse Parallèlement au développement de la finance, les outils permettant de juger de la santé et de la valeur des entreprises se sont diversifiés : de l’analyse comptable classique, dont la maîtrise reste indispensable, à la mesure de la création de valeur au moyen d’outils mathématiques complexes, en passant par l’analyse financière, tour d’horizon des différentes mesures de la performance.
3. Les grandes fonctions des financiers d’entreprise L’entreprise a besoin de financer son activité courante mais doit également trouver des fonds pour financer son développement. Pour gérer ses risques, elle fait souvent appel à des techniques d’assurance. Lorsqu’elle a des excédents de trésorerie, elle doit les placer.
4. Les grandes questions que se pose le financier d’entreprise Les financiers utilisent leurs techniques pour aider les dirigeants et les actionnaires à effectuer des choix fondamentaux : quel est le cocktail le plus efficace entre endettement et fonds propres ? Faut-il privilégier l’autofinancement ? Doit-on favoriser absolument l’actionnaire, et sous quelle forme ? Est-il préférable de grossir par croissance interne ou externe ? La pression des marchés financiers et la priorité donnée à la vision financière sont-elles toujours bonnes pour l’entreprise ?
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1. Les différents points de vue sur l’entreprise Les comptes et la situation financière de l’entreprise ne feront pas l’objet du même décryptage par l’entreprise elle-même, son banquier, ses actionnaires, ses salariés, ses clients et ses fournisseurs.
Le point de vue de l’entreprise L’entreprise est évidemment la première intéressée par l’analyse et la gestion financière de son activité. Elle cherche à tirer les enseignements du passé avec des outils comptables ou de reporting, à prévoir ses besoins de financement, à les maîtriser et à trouver les financements appropriés, à apprécier la rentabilité des investissements qu’elle projette ou qu’elle a réalisés, à financer son développement (interne ou externe), à gérer ses risques. Plusieurs spécialistes sont impliqués dans ces différentes fonctions : –– le comptable ; –– le trésorier ; –– le directeur financier qui peut ou non superviser les deux premiers mais qui aura en outre un rôle de prospective et de réflexion ; –– le directeur des risques.
Le point de vue du banquier Jusqu’à la crise de 1929, les banques étaient exclusivement préoccupées de la solvabilité des entreprises à qui elles prêtaient, et se protégeaient en prenant des garanties. Ayant constaté que les biens pris en garantie n’étaient pas toujours vendables, elles se sont davantage préoccupées des liquidités des entreprises. Depuis les années 80, elles s’intéressent beaucoup plus à la rentabilité des entreprises qui est la meilleure garantie pour le remboursement de leurs créances.
Le point de vue de l’actionnaire Pour l’investisseur, la question est de savoir s’il doit acheter des titres, les vendre, les garder. La rentabilité de son investissement s’exprime à l’aide
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du rapport entre résultat net et capitaux propres. De manière plus pointue, il pourra calculer la valeur actualisée des flux financiers que peut lui rapporter son investissement. Il achètera ou gardera les actions dont la valeur actuelle nette est supérieure à la valeur de marché et sinon décidera de les vendre. Autant dire que ces calculs ne sont pas faits par les actionnaires individuels qui se détermineront soit par leur simple intuition soit par la lecture d’analyses financières réalisées par des professionnels. Un investisseur qui souhaite acheter une entreprise procédera à des « diligences » extrêmement fouillées pour déterminer le prix qu’il doit offrir pour cette entreprise.
En pratique Le métier d’analyste financier S’ils travaillent dans des entreprises d’investissement qui vendent des produits financiers ou conseillent des clients, les analystes financiers sont appelés « sellside » ; s’ils travaillent chez les investisseurs qui achètent des produits (fonds d’investissement ou sociétés de gestion par exemple), ils sont appelés « buyside ». Lorsqu’ils s’intéressent à la qualité de la dette d’une entreprise (c’est-à-dire au prix des obligations), ils sont appelés « analystes crédit », et peuvent exercer leur activité dans un établissement financier ou dans une agence de notation. Les analystes financiers sont tenus de respecter des règles strictes de déontologie. La plupart de ceux qui opèrent en France sont regroupés dans une association professionnelle, la Société Française des Analystes Financiers (SFAF), qui compte plus de 1 600 membres.
Le point de vue des clients et des fournisseurs Les clients s’attacheront à vérifier que l’entreprise est en mesure de leur livrer le bien commandé et qu’elle ne fera pas faillite entre-temps ; ils seront donc attentifs à la solvabilité de l’entreprise. Plus généralement, ils peuvent tout simplement souhaiter que le produit continue à être fabriqué, et si possible en France. Quant aux fournisseurs, ils seront tentés de vérifier que leur client les réglera.
Le point de vue des salariés Les salariés sont concernés par la pérennité de l’entreprise. Les comités d’entreprise, obligatoires dans les entreprises de plus de 50 salariés, peuvent se faire assister par des cabinets d’expertise comptable pour étudier les comptes de leur entreprise, et valider les options prises par les dirigeants, notamment en cas de difficultés financières de l’entreprise.
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Étape 8 Les crises financières
Étape 9 La régulation financière
Étape 10 L’avenir de la finance
2. Les outils d’analyse La comptabilité classique Les comptes des entreprises sont essentiellement constitués du bilan (photographie de la société à un moment de l’année, au 31 décembre pour les sociétés dont l’exercice coïncide avec l’année civile), du compte de résultat (qui retrace les différents mouvements qui se sont produits dans l’année pour aboutir au résultat), et de l’annexe (qui donne des compléments et des informations extracomptables comme les engagements hors bilan par exemple). L’analyse financière débute à partir de ces comptes, puis les retraite en dégageant des soldes (différences entre deux valeurs) et des ratios (rapports entre deux valeurs) pertinents. Bilan simplifié d’une entreprise ACTIF
PASSIF
ACTIF IMMOBILISÉ
CAPITAUX PROPRES ET ASSIMILÉS
•• Immobilisations incorporelles Brevets, fonds commercial…
•• Capitaux propres Capital, réserves…
•• Immobilisations corporelles Terrains, constructions, matériel industriel…
•• Résultat de l’exercice (bénéfice ou perte) •• Report à nouveau (positif ou négatif) DETTES
•• Immobilisations financières Titres de participation, prêts… ACTIF CIRCULANT
•• Stocks Matières premières, marchandises… •• Créances Créances sur les clients… •• Disponibilités Comptes en banque, caisse…
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Étape 3 La finance d’entreprise
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•• Dettes financières Emprunts, découvert… auprès des banques ; emprunts et dettes auprès des associés •• Dettes d’exploitation Dettes auprès des fournisseurs ; dettes fiscales et sociales •• Dettes sur immobilisations •• Autres dettes
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Les outils d’analyse financière Les outils permettent d’analyser l’activité, la rentabilité, la structure financière, la liquidité et la solvabilité de l’entreprise. Il existe de nombreux soldes et une infinité de ratios > Mot-clé ; tous ne sont pas pertinents pour toutes les entreprises et dans tous les contextes. Selon le but recherché, le secteur d’activité ou le positionnement de l’entreprise, on privilégie tel ou tel outil de mesure. Nous ne donnons ici qu’un aperçu des soldes et ratios utilisés par les analystes et les financiers.
Mot-clé Un ratio est un rapport significatif entre deux grandeurs.
Analyse de l’activité et de la rentabilité Analyse par les soldes Le plan comptable général (PCG) a normalisé les principaux soldes intermédiaires de gestion. Il s’agit d’un passage obligé mais imparfait (car incomplet et un peu daté) pour procéder à l’analyse financière d’une entreprise. Soldes intermédiaires de gestion PRODUITS (A)
–
CHARGES (B)
=
SOLDES INTERMÉDIAIRES (A-B)
–
{
Coût d’achat des marchandises vendues
=
Marge commerciale
Production vendue + Production stockée + Production immobilisée
–
{
déstockage de production
=
Production de l’exercice
Production de l’exercice + Marge commerciale
–
{
Consommations de l’exercice en provenance de tiers
=
Valeur ajoutée
Valeur ajoutée + Subventions d’exploitation
–
{
Impôts, taxes et versements assimilés + Charges de personnel
=
Excédent brut (ou insuffisance brute) d’exploitation
1
ou insuffisance brute d’exploitation + Dotations aux amortissements et aux provisions + Autres charges
=
Résultat d’exploitation (bénéfice ou perte)
2
Résultat financier (bénéfice ou perte)
3
Ventes de marchandises
Excédent brut d’exploitation + Reprises sur amortissement, – provisions et transerts de charges + Autres produits –
Produits financiers Bénéfice d’exploitation + Bénéfice financier
–
Produits exceptionnels
–
Bénéfice courant avant impôts + Bénéfice exceptionnel
–
{
{ { {
{
Charges financières
=
ou perte d’exploitation ou perte financière
=
Résultat courant avant impôts (bénéfice ou perte)
Charges exceptionnelles
=
Résultat exceptionnel (bénéfice ou perte)
4
ou perte courante avant impôts ou perte exceptionnelle + Participation des salariés + Impôts sur les bénéfices
=
Résultat net de l’exercice (bénéfice ou perte)
5
Source : PCG
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1. L’excédent brut d’exploitation (EBE) permet d’apprécier le résultat des opérations courantes d’exploitation sans prise en compte des charges – appelées dotations – liées aux investissements. Il correspond peu ou prou à « l’EBITDA » anglo-saxon. 2. Le résultat d’exploitation (ou opérationnel) intègre les dotations aux amortissements > Mot-clé ainsi que les dotations et reprises (inverse de la dotation, elle intervient comme un produit) aux dépréciations et provisions > Mot-clé (qui résultent de la dépréciation des stocks par exemple). 3. Le résultat financier est la différence entre les produits financiers et les charges financières. Dans le cas d’une société très endettée, le résultat financier sera sûrement négatif, dans le cas d’une société qui a des excédents de trésorerie bien placés, ce résultat est probablement positif. 4. Le résultat exceptionnel retrace, le cas échéant, les opérations qui ne relèvent ni de l’exploitation, ni du financier, par exemple la cession d’un immeuble. À une période, la mode était, pour certains groupes logés dans des immeubles de prestige, de céder ces immeubles et d’en devenir locataires. À court terme, une telle opération dégage une importante plus-value et donc un résultat exceptionnel. Elle peut ne pas être bénéfique à long terme. 5. Le résultat net est obtenu après prise en compte de tous les produits et de toutes les charges. Il peut arriver qu’une société ait des difficultés opérationnelles « masquées » par un bon résultat net dû à des cessions d’actifs… elle vend son patrimoine pour faire face à des difficultés courantes.
Mot-clé Dotation aux amortissements : une machine peut être achetée comptant mais, comptablement, les charges d’acquisition de cette machine sont réparties sur plusieurs années ; on dit qu’elle est amortie sur ce nombre d’années et la dotation aux amortissements est la charge annuelle correspondante.
Mot-clé Les dépréciations et provisions constatent la diminution de la valeur d’un actif (stock devenu difficile à vendre ou créance client que l’on n’espère plus recouvrer intégralement) ou l’augmentation d’un passif. Les charges correspondantes sont appelées dotations aux dépréciations ou dotations aux provisions.
Analyse par les ratios Les données que l’on rapporte l’une par rapport à l’autre peuvent être l’une et l’autre issues du bilan (ratios stock sur stock), ou du compte de résultat (ratios flux sur flux), ou provenir l’une du bilan l’autre du compte de résultat (ratios flux sur stock ou stock sur flux). Pour que le ratio soit pertinent, il faut que les deux composantes de la fraction aient un lien l’une par rapport à l’autre.
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Les ratios sont moins significatifs en eux-mêmes que par comparaison avec les entreprises du même secteur ou avec les chiffres des années précédentes.
Important La rentabilité financière est celle qui intéresse l’actionnaire ; elle mesure la rentabilité de l’investissement par rapport aux capitaux investis. Le ROE (return on equity) est égal au : Résultat net Capitaux propres Un autre indicateur de la rentabilité pour l’actionnaire est le PER (price earning ratio) : Cours de bourse de l’action Bénéfice net par l’action Un PER de 15 signifie que le cours de l’action équivaut à 15 fois le bénéfice par action. Si l’on dit que le PER des entreprises du secteur est de 15, cela veut dire que l’on accepte de payer une entreprise 15 fois ses résultats.
Analyse de la structure financière et de la liquidité L’analyse se fait essentiellement à partir des postes du bilan.
Analyse par les soldes Le fonds de roulement (FDR) mesure la capacité de l’entreprise à financer ses emplois durables par des ressources stables. FDR = Ressources stables (capitaux propres + emprunts > 1 an) – Emplois stables (immobilisations). Le besoin en fonds de roulement (BFR) > Mot-clé mesure les besoins de financement liés à l’activité. Idéalement, la partie récurrente ou stable de ce besoin devrait être financée par les ressources stables dégagées par le fonds de roulement, le solde étant financé par la trésorerie. Autre solde très utile : la capacité d’autofinancement (CAF). Elle mesure la capacité de l’entreprise à dégager de la trésorerie et s’obtient en déduisant les charges – les charges donnant lieu à versement de « cash » (par opposition aux charges purement comptables comme les provisions) des produits qui donnent lieu à reception de « cash » (par opposition aux produits purement comptables comme les reprises de provisions).
Mot-clé Le besoin en fonds de roulement résulte du décalage de trésorerie provenant de l’activité courante de l’entreprise. Pour simplifier, BFR = stock + créances clients – dettes fournisseurs.
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Technique Trois situations caractéristiques au regard des besoins de financement roulement négatif (une ressource). Elle a •• Cas n° 1 donc une trésorerie positive, qu’elle peut FDR > 0 BFR > 0 placer et qui pourra ainsi lui procurer des T0
FDR > 0 BFR < 0
L’entreprise dispose d’un fonds de roulement positif et a, en plus, un besoin en fonds de
•• Cas n° 3 FDR < 0 BFR > 0
T Mot-clé , MVA, EVA, TSR, DCF…) fondés sur la notion d’actualisation. On est là au cœur de la finance moderne qui place le couple rendement-risque et l’investisseur au centre de ses analyses.
Mot-clé La Valeur Actuelle Nette (VAN) représente la valeur des flux de trésorerie générés par un investissement, actualisés au taux de rentabilité exigé par le marché, compte tenu du risque de cet investissement. Une VAN positive incite à investir.
Les méthodes d’évaluation des entreprises Pour évaluer une entreprise, il existe plusieurs méthodes : l’évaluation patrimoniale dans laquelle on examine l’actif net (du groupe mais également de chacune des sociétés qui le composent) selon une optique d’usage, de liquidation, etc. ; la méthode DCF ou évaluation par les flux de trésorerie disponibles. Elle vise à chiffrer les flux attendus pendant une certaine période en fonction d’une série d’hypothèses, par essence contestables ; la méthode des multiples qui permet de faire des comparaisons avec les autres entreprises du secteur. L’actif vaut alors X fois son chiffre d’affaires ou son bénéfice (dans ce dernier cas, on peut utiliser la notion de PER). On peut combiner ces différentes méthodes pour parvenir à la valorisation la plus juste possible de l’entreprise.
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3. Les grandes fonctions des financiers d’entreprise Financer l’activité courante
FOCUS
Comme on l’a vu précédemment, le besoin de financement d’exploitation provient des décalages entre les dépenses et les recettes de l’activité. Il est plus ou moins grand selon la longueur du cycle de production, l’ampleur des stocks et la conjoncture économique. Les entreprises qui débutent ou qui sont en très forte croissance sont confrontées à une progression de leur BFR plus rapide que celle de leur chiffre d’affaires. À l’inverse, le BFR peut être négatif comme dans le cas de la grande distribution : les hypermarchés sont payés comptant par les clients et ne payent leurs fournisseurs qu’à 60 ou 90 jours. Les hypermarchés sont payés comptant par leurs clients
Les entreprises françaises très dépendantes de leurs clients et de leurs fournisseurs Les entreprises françaises sont caractérisées par un poids très fort, à la fois des créances clients (leurs clients ne les paient pas tout de suite) et des dettes fournisseurs (elles-mêmes paient leurs fournisseurs « à crédit ») (cf. graphique p. 68). Les différences de pratiques entre les États s’expliquent par des facteurs techniques (aux États-Unis, les clients qui paient sous 10 jours bénéficient d’une ristourne) ou historiques (en France, le crédit interentreprises s’est substitué au crédit bancaire quand celui-ci était rationné). Pour réduire le poids des créances clients, les entreprises peuvent avoir recours à des techniques comme l’escompte ou l’affacturage.
Astuce La réduction du besoin de financement est devenue un axe important de la gestion financière des entreprises. On peut par exemple jouer sur les stocks, louer les locaux au lieu d’en être propriétaire, soustraiter ou délocaliser une activité…
La contraction du crédit peut avoir des conséquences très graves pour les petites et moyennes entreprises (PME). C’est la raison pour laquelle a été mis en place un « médiateur du crédit » qui s’attache à débloquer les dossiers de prêt refusés par les banques, en liaison avec OSEO, entreprise publique qui peut garantir les concours bancaires et entrer au capital d’entreprises innovantes.
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Poids des créances clients et des dettes fournisseurs dans le total du bilan des sociétés industrielles
%
40 35 30 25 20 15 10 5 0
89
19
90 991 992 993 994 995 996 997 998 999 000 001 002 003 004 005 006 1 1 1 1 1 1 1 2 1 2 2 1 2 2 2 2
19
créances clients France
dettes fournisseurs
Allemagne
Italie
États-Unis
Source : Base de données Bach
Financer le développement de l’entreprise Pour financer leur développement, les entreprises peuvent avoir recours à des ressources qu’elles génèrent elles-mêmes (autofinancement) ou qu’elles se procurent à l’extérieur, qu’il s’agisse d’endettement ou de capital.
L’autofinancement
En pratique L’amortissement est de l’autofinancement. En effet, si une entreprise achète une machine 100 000 euros et l’amortit sur cinq ans, elle passera pendant chacune de ces cinq années une charge comptable « non décaissée » de 20 000 euros. Le bénéfice net étant calculé après déduction des dotations aux amortissements, il peut très bien y avoir autofinancement sans bénéfice.
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Il s’agit d’utiliser le surplus des ressources engendrées par l’activité. En simplifiant, cela correspond à la somme du bénéfice de l’exercice et des dotations aux amortissements et aux provisions comptables.
L’endettement auprès des banques Les lignes bancaires vont du découvert (à court terme) parfois accordé en échange de la caution du dirigeant dans les petites entreprises, au crédit « spot » (également à court terme) ou à des lignes de crédit fonctionnant sur le modèle du crédit
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renouvelable. Pour des crédits d’un montant élevé, les banques mettent souvent en place une syndication, avec une banque principale dite « arrangeuse ».
Le recours au marché Les grandes entreprises ont davantage recours au marché financier pour se financer. Cela a d’ailleurs tendance à modifier le métier du financier d’entreprise. À sa fonction classique d’acheteur de capitaux, qui négocie pour obtenir le moindre coût, s’ajoute celle de vendeur de titres financiers dont il doit maximiser la valeur.
S’endetter en émettant des obligations En émettant des obligations, les entreprises s’endettent auprès des investisseurs, sur des durées relativement longues. Les obligations sont cotées et peuvent donc être cédées avant l’échéance. Elles peuvent être à taux fixe ou à taux variable. À taux variable, leur valeur évolue peu sauf en fonction de la solvabilité de l’entreprise émettrice. À taux fixe, leur valeur fluctue en sens inverse des taux d’intérêt. Composition de l’endettement financier selon la taille de l’entreprise 100
% 22,5
80
60
3,1
65,6
63,8
64,7
11,3 2,2
9,3 2,2
9,0 1,9
22,7
23,8
23,5
2008
2009 PME
2010
20,3 2,6
17,2 2,3
29,0
31,6
34,5
45,4
45,5
46,0
40
20
0
Endettement bancaire MLT (y compris crédit bail) Endettement bancaire CT
2008 2009 2010 Grandes entreprises Obligations Autres dettes (inclus intragroupe et associés)
Source : Banque de France, base Fiben, bulletin de la Banque de France n° 186, 2011
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L’endettement bancaire est la ressource externe majoritairement utilisée par les PME. Les grandes entreprises ont largement recours au marché obligataire.
Faire des augmentations de capital Les entreprises, qu’elles soient cotées ou non, peuvent également procéder à des augmentations de capital. En l’absence de cotation, les actionnaires sollicités peuvent être les actionnaires familiaux, c’est souvent le cas pour les petites structures, ou des fonds dits de private equity. La cotation en bourse présente l’avantage de permettre aux pourvoyeurs de capitaux de revendre plus tard leurs actions après d’éventuelles plus ou moins-values.
Des titres « hybrides » À mi-chemin entre actions ordinaires et obligations, il existe une très grande variété de titres dits « hybrides » tels que : Le bon de souscription qui donne le droit de souscrire à des actions ou des obligations. L’obligation convertible qui donne une rémunération à son détenteur et une option de conversion pour échanger, à une certaine date, cette obligation contre une ou plusieurs actions de l’entreprise. Le taux proposé est bien sûr moins élevé que celui que serait obligée d’offrir la même entreprise sans l’option de conversion. Ce produit est surtout utilisé dans les périodes de forte volatilité. Cet échange contre des actions devient obligatoire dans le cas des obligations remboursables en actions (ORA). Les actions de préférence peuvent être tout ou partie privées de droit de vote mais elles procurent en échange des avantages pécuniaires (dividendes majorés…).
Apprécier la rentabilité des investissements Les décisions d’investissement ne sont pas toujours prises de manière très « scientifique », surtout dans les petites entreprises. Et cela se comprend s’il s’agit de remplacer une machine absolument essentielle à la production, acte d’investissement que l’on fera de toute façon, et pour lequel la seule marge de manœuvre est le prix. Mais il existe d’autres types d’investissements qui nécessitent une réflexion approfondie dans le cadre d’une véritable stratégie : ils peuvent répondre au
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souhait d’améliorer la productivité, d’augmenter les capacités de production ou de se lancer dans une activité nouvelle. L’étude financière n’est jamais le premier maillon de la décision d’investir mais elle en constitue un passage obligé. Dans tous les cas, il est sain de vérifier que l’investissement réalisé est rentable, en comparant son coût avec les bénéfices qu’il génère. Pour cela, on utilisera la Valeur Actuelle Nette (cf. page 66). Il y a une part d’approximation et d’arbitraire dans le choix du taux d’actualisation qui va permettre de déterminer si un investissement est rentable ou pas. Ce taux est généralement le coût moyen pondéré du capital. Par ailleurs, il faut également s’assurer du financement du projet : pour cela, on construit un business plan sur le fondement d’un certain nombre d’hypothèses (chiffre d’affaires escompté, coût des ventes et variation du BFR estimés…) qui récapitule les conséquences monétaires d’un projet.
Mot-clé Les SICAV (sociétés d’investissement à capital variable) sont des supports collectifs à capital variable. Le nombre d’actions (SICAV) ou de parts (fonds communs) augmente avec les souscriptions et se réduit avec les rachats.
Gérer au mieux la trésorerie Le trésorier doit s’assurer que les recettes attendues sont bien perçues, vérifier quand les paiements sont effectués et éviter ou minimiser les frais financiers. Parallèlement, il doit placer ses liquidités (qui peuvent exister même dans les sociétés endettées), avec un triple objectif : –– de liquidité (les fonds doivent être mobilisables rapidement) ; –– de sécurité ; –– de maximisation de la rentabilité, tout en respectant les contraintes précédentes. Il existe pour ce faire toute une gamme de produits de placement, qui vont des dépôts à terme aux SICAV > Mot-clé (ou fonds communs de trésorerie), en passant par les certificats de dépôt > Mot-clé .
Mot-clé Le certificat de dépôt est un dépôt à terme représenté par un titre de créance émis par un établissement financier. Sa rémunération est proche de celle du marché monétaire.
Gérer les risques de l’entreprise Les risques de l’entreprise peuvent se répartir en cinq catégories : Le risque opérationnel qui peut provenir d’un incendie, de l’obsolescence du produit fabriqué (argentique par rapport au numérique), d’un accident nucléaire… Le risque de contrepartie, si un de ses clients ne la règle pas.
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Le transport explique souvent le décalage entre la commande et le paiement
Le risque de liquidité, défini comme l’impossibilité de faire face à ses échéances. Le risque politique ou légal. Le risque de marché, c’est-à-dire le risque qu’un prix ou un taux fluctue, qu’il s’agisse des taux de change si l’entreprise a des clients en dehors de la zone euro, des taux d’intérêt si elle s’est endettée, des cours des matières premières si elle les importe… Il convient d’analyser l’ensemble de ces risques, d’essayer de les mesurer et de tâcher de s’en protéger. Pour s’en protéger, il existe deux techniques majeures.
La technique du terme Elle est très fréquemment utilisée pour se protéger des variations de change. Les contrats à terme permettent de fixer aujourd’hui le prix qu’on aura à payer ou qu’on recevra demain. Une entreprise française par exemple qui exporte des avions aux États-Unis et qui est obligée de fixer son prix en dollars, souhaitera se couvrir en s’engageant dès la signature du contrat à vendre les dollars qu’elle recevra, à un prix convenu dès aujourd’hui, mais pour une livraison et un règlement à une date future. Ainsi, même si le dollar se déprécie, l’entreprise recevra les euros qu’elle aurait eus au jour de la fixation du prix. Si le dollar s’apprécie, en revanche, elle ne profitera pas de cette hausse.
La mécanique de l’assurance notamment au travers d’options Avec une option, on achète le droit d’acheter ou de vendre une certaine quantité d’un bien (action, devise…) à un certain prix et à une date future. Pour cela on paie une prime. Il y a en face de l’acheteur un vendeur dont la position est plus risquée. Une entreprise achète le 1er novembre 2012 une option d’achat d’une certaine quantité de dollars au prix de 1 $ = 0,80 € à exercer avant le 1er mai 2013. Si le dollar vaut 1 € le 1er mars
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2013, elle exercera son option si le prix de la prime qu’elle a payée est inférieur à 0,20 € par dollar.
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4. Les grandes questions que se pose le financier d’entreprise Loin de viser l’exhaustivité, nous passerons ici en revue quelques grandes questions qui se posent au financier d’entreprise soumis à la pression des marchés et au diktat de la création de valeur.
Mot-clé L’effet de levier (financier) correspond à l’incidence de la structure financière de l’entreprise sur la rentabilité des capitaux propres. Effet positif quand la rentabilité économique est supérieure au coût de ses dettes, négatif dans l’hypothèse inverse.
Existe-t-il une structure financière optimale ? En d’autres termes, y a-t-il un mix idéal entre capitaux propres et endettement ? L’endettement a un effet de levier > Mot-clé positif, lorsque le taux d’intérêt de la dette est inférieur à la rentabilité économique. On observe sur ce point que la fiscalité donne un coup de pouce à l’endettement car les intérêts de la dette sont des charges déductibles de l’impôt sur les sociétés, ce qui réduit d’autant le coût de cette ressource. Si, grâce à l’endettement, l’entreprise fait progresser son résultat net, le ratio qui mesure la rentabilité financière (ROE), à savoir résultat net/capitaux propres, s’améliore. Mais le recours à l’endettement fragilise l’entreprise et limite son indépendance.
Technique Le théorème de Modigliani Miller En 1958, Franco Modigliani et Merton Miller ont démontré, dans un monde sans impôt et sans coût de transaction, que la valeur de l’actif économique était indépendante de la façon dont cet actif économique était financé entre dettes et capitaux propres. Ce théorème a été modifié une première fois en 1963 par l’intégration de la fiscalité des entreprises. Dans ce cadre-là, Franco Modigliani et Merton Miller ont démontré que la valeur de l’actif de l’entreprise endettée est égale à la valeur de l’actif économique d’une entreprise non endettée majorée de la valeur actuelle de l’économie d’impôt liée à la déductibilité fiscale des intérêts de la dette. En 1977, Merton Miller a produit un troisième article qui intègre cette fois-ci dans le raisonnement, non seulement la fiscalité des entreprises, mais aussi la fiscalité des particuliers investisseurs. Dans ce cadre, il montre que la prise en compte de ces deux fiscalités produit les mêmes conclusions que celles de 1958, à savoir que la façon de financer un actif économique entre dettes et capitaux propres n’a pas d’influence sur la valeur de cet actif économique. Source : www.vernimmen.net
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FOCUS
La pratique des LBO Le LBO, de l’anglais « Leverage Buy-Out », désigne un montage juridico-financier de rachat d’entreprise par effet de levier (leverage), c’est-à-dire par recours à un fort endettement bancaire. Concrètement, le montage se décompose en trois étapes : •• Tout d’abord, les repreneurs (souvent un fonds de capital investissement) vont créer une société (dite « holding »), en faisant en sorte d’être majoritaires dans le capital (le reste du capital pouvant être apporté par une banque par exemple). •• Ensuite, cette holding va se charger d’acheter la majorité du capital de la société convoitée (dite « société cible »). Elle paie en utilisant le moins possible de ses fonds propres et donc en utilisant surtout l’argent d’un emprunt contracté auprès d’une banque. •• Les charges financières des dettes contractées par la holding seront payées grâce aux remontées de dividendes provenant de la cible. En clair, les repreneurs vont pouvoir acquérir la cible grâce aux ressources mêmes de celle-ci. Au bout de quelques années, la société cible est revendue ou introduite en bourse, ce qui génère souvent de confortables plus-values pour ses actionnaires.
En réalité, la notion de structure financière optimale s’est modifiée au cours du temps, l’endettement ayant été particulièrement à la mode à la fin des années 90 et au début des années 2000. La crise des subprimes a refroidi les tenants de l’endettement source de fragilité.
Faut-il privilégier l’autofinancement ? Parmi les sources de financement, l’autofinancement a la cote. Il est le signe de la prospérité et de la rentabilité de l’entreprise. Il rassure les créanciers (il agit comme une augmentation de capital) et plaît aux actionnaires (il augmente mécaniquement la valeur des actions). Les dirigeants l’apprécient car l’autofinancement leur donne une grande indépendance (à l’égard des marchés comme des banques). Le problème est que son coût est sous-estimé (il peut avoir un coût d’opportunité si les entreprises l’utilisent pour financer des investissements peu rentables).
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Quelle politique de distribution de dividendes ? Lors de l’assemblée générale, les actionnaires doivent valider le taux de distribution (dividende/bénéfice net) qui sera appliqué. En Europe, le taux moyen est de l’ordre de 50 %, le reste étant consacré à l’autofinancement. De nombreux paramètres interviennent dans la fixation du taux de distribution, mais pour résumer, on peut dire qu’un taux élevé aura pour effet une faible volatilité du cours et une fidélisation des actionnaires, ce qui est particulièrement recherché dans les entreprises contrôlées par des familles. Le dividende est normalement récurrent (même montant, même taux ou même progression), sa modification est perçue comme un signal.
Second à Rome ou premier dans son village ? C’est la question que peuvent se poser les dirigeants-actionnaires de PME tentés de vendre leur entreprise à un groupe. Ils détiennent la majorité du capital de leur entreprise, et peuvent être approchés par une plus grosse entreprise du secteur, souvent cotée, qui cherche à les racheter. Faut-il accepter, et à quel prix ? Si le paiement du prix se fait par échange d’actions, le dirigeant actionnaire se verra proposer 5, 10 ou 15 % du groupe (selon la taille de celui-ci), une place au conseil d’administration et parfois un poste de direction dans le groupe, pourquoi pas la direction de la filiale qu’il vient de céder ?
Les actionnaires valident le montant du dividende distribué lors de l’assemblée générale
Piège à éviter Oublier que le versement du dividende a pour effet mécanique la baisse du cours de l’action. Ce que gagne l’actionnaire qui perçoit des dividendes, il le perd dans la nonappréciation du cours de l’action.
Grossir par croissance interne ou externe ? L’envers de la problématique précédente, c’est celle de l’entreprise importante qui veut et doit croître, et peut le faire par croissance interne (en trouvant par ses propres efforts commerciaux de nouveaux clients ou de nouveaux marchés) ou par croissance externe (en rachetant des entreprises). Si l’entreprise cible est cotée, elle sera amenée à faire une offre publique d’achat, d’échange ou mixte, selon qu’elle paie en espèces sonnantes et trébuchantes ou en titres. Cette OPA ou OPE est soumise au
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contrôle de l’Autorité des marchés financiers (AMF). L’acquisition d’une société peut dans certains cas aboutir à une fusion. Le traitement de ces questions est au carrefour du droit et de la finance ; c’est pourquoi les grands dossiers de rapprochement d’entreprises (souhaités par tous ou non) font intervenir des équipes impressionnantes de banquiers et d’avocats.
Faut-il entrer en bourse ou non ? L’entrée en bourse a deux objectifs : rendre liquide la participation des actionnaires, qu’il s’agisse des fondateurs et dirigeants, ou de fonds d’investissement et permettre une levée de fonds connexe ou postérieure. Lorsque les marchés financiers sont florissants, la cotation est une bonne façon de trouver des capitaux et de se libérer des banques.
Longtemps située au Palais Brongniart à Paris, la Bourse est aujourd’hui dématérialisée
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Attention aux effets de mode ! À la fin des années 90, la cotation était très à la mode. Les sociétés de la nouvelle économie pouvaient s’introduire en bourse sur la base de business plans extrêmement optimistes. Les dirigeants faisaient fortune, les investisseurs qui avaient acquis les titres à des niveaux élevés espéraient un rendement supérieur encore… jusqu’à l’éclatement de la bulle en 2001. En période de contraction des marchés, les inconvénients risquent de l’emporter sur les avantages en raison des contraintes d’information imposées par la réglementation, et de la tyrannie des marchés qui ont l’œil rivé sur les perspectives à court terme. Cela soulève la problématique des investisseurs de long terme.
Que penser du dogme de la création de valeur ? Vu du côté du financier, il est normal que celui-ci arbitre en faveur des entreprises qui lui rapportent le plus. Mais les taux de rendement exigés ne sont-ils pas excessifs ? Vu du côté de l’entreprise elle-même, de ses dirigeants, de ses salariés et de ses clients, l’actionnaire et le banquier n’ont-ils pas la part trop belle ? L’entreprise peut-elle ou doit-elle se résumer à un lieu qui dégage du profit ? Ou véhicule-t-elle d’autres valeurs et a-t-elle une autre utilité sociale ? D’une certaine manière, cela pose la question de la différenciation et de la frontière entre le secteur privé et le secteur public.
Avis d’expert Emmanuel Faber, Directeur Général délégué du groupe Danone, Rapport moral sur l’argent dans le monde , 2009. Quelle place faut-il accorder à la création de valeur ? « Si l’on veut bien écarter le dogme simplificateur selon lequel l’entreprise a pour finalité de maximiser la valeur de ses actionnaires, il ressort assez vite qu’elle n’a pour autre raison d’être que son utilité sociétale, et que par l’absurde, une entreprise qui exploiterait ses salariés, négligerait de payer ses fournisseurs, ou dont le prix de vente des produits ne correspondrait absolument pas à leur valeur pour ses clients, ne survivrait pas longtemps ».
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À vous de jouer
1. Pour apprécier l’activité d’une entreprise, le résultat net est le meilleur indicateur. a. Vrai. b. Faux.
2. Un fonds de roulement positif est synonyme de bonne santé financière. a. Vrai. b. Faux.
3. Les dettes financières représentent le financement stable d’une entreprise. a. Vrai. b. Faux.
4. Une entreprise qui fait 1 M € de résultat et en distribue 50 % à ses actionnaires s’autofinance à hauteur de 500 000 euros. a. Vrai. b. Faux.
5. Les options sont des effets de levier utilisés par les entreprises dans le cadre des offres publiques d’achat. a. Vrai. b. Faux.
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1b. Le résultat net intéresse l’actionnaire car c’est lui qui peut être en partie distribué sous forme de dividende. Pour apprécier l’activité de l’entreprise, mieux vaut regarder l’excédent brut d’exploitation ou le résultat d’exploitation : le premier mesure la rentabilité de l’activité courante, le second permet de mesurer l’impact des amortissements et des provisions.
Réponses
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2b. L’existence d’un fonds de roulement positif ne suffit pas à démontrer une bonne situation financière. Associé à un besoin de fonds de roulement positif d’un montant supérieur, un FDR même positif peut correspondre à une trésorerie négative. Ce peut être le cas d’une entreprise à la structure financière saine mais dont les clients, eux-mêmes en difficulté, paient leurs factures avec retard. 3b. Les dettes financières incluent les dettes à très court terme comme le découvert, et ne sont donc pas synonymes de financement stable d’une entreprise. En outre, celui-ci est constitué des dettes à plus d’un an et des fonds propres (capital + réserves). 4b. L’autofinancement n’est pas seulement constitué par la part du résultat net non distribuée. S’y ajoutent les dotations aux amortissements. 5b. Les options ont (mais ne sont pas) des effets de levier importants car elles permettent de gagner (ou de perdre) beaucoup plus que les sommes investies. Par ailleurs elles n’ont rien à voir avec les Offres publiques d’achat (OPA), mais elles peuvent être utilisées par les trésoriers d’entreprise pour se couvrir contre certains risques, comme le risque de change.
■■ Quels sont les avantages et les inconvénients de la cotation en bourse ? ■■ L’endettement est-il une bonne ou une mauvaise chose pour une entreprise ? ■■ Qu’entend-on par la notion de création de valeur ? Les questions à se poser :
Pour les pros
« Des emprunts et des dépenses publiques sans retenue provoquent l’hyperinflation et des ravages économiques. » Alan Greenspan
Les finances publiques
David Hume
Étape 4
« Les impôts modérés et répartis avec égalité contribuent au progrès de l’industrie. »
L’étape 4 en un clin d’œil
1. L’expansion des dépenses publiques en longue période
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L’histoire économique de ces deux derniers siècles montre une montée inexorable de la part des dépenses publiques dans le produit intérieur brut. Elle s’explique par l’extension du rôle de l’État marqué par un interventionnisme croissant dans le domaine économique et social.
2. La difficile question des prélèvements obligatoires Pour financer leurs dépenses, les administrations publiques ont besoin de recettes et c’est la fiscalité qui permet normalement de les dégager. Aussi, au cours du temps, le nombre et la variété des prélèvements obligatoires n’ont cessé d’être l’objet de débats et combats et restent toujours une question centrale dans la recherche d’un optimum entre efficacité économique et justice sociale.
3. Les administrations publiques et le financement de leurs dépenses Les diverses lois de finances obéissent à des règles qui, dans leurs principes, veillent à l’équilibre budgétaire, c’est-à-dire à l’équilibre entre les recettes et les dépenses des différents acteurs concernés. Mais souvent, les besoins de financement des administrations publiques l’emportent sur leurs capacités de financement et, historiquement, l’équilibre apparaît plutôt l’exception.
4. La crise des dettes souveraines L’excès d’endettement nuit au rééquilibrage des comptes publics et, au lieu d’être un élément de la stratégie de sortie de crise, devient la cause première de sa prolongation.
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Quelques dates 1914 Création de l’impôt sur le revenu en France. 1920 Création de la taxe sur le chiffre d’affaires en France. 1937 Création de la taxe sur les transactions en France. 1948 Création de l’impôt sur les sociétés en France. 1954 Création de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en France. 1975 Création de la taxe professionnelle, qui remplace la patente, en France.
1982 Création de l’impôt sur la fortune en France (devenu impôt de solidarité sur la fortune – ISF – en 1989).
1989 Création de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) en France. 1997 Pacte de stabilité et de croissance européen : déficit budgétaire limité à 3 % et dette publique limitée à 60 % du Produit intérieur brut (PIB).
2006 Mise en œuvre de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) en France.
2011-2012 Vers l’institution de la « règle d’or » dans les pays de la zone euro.
1. L’expansion des dépenses publiques en longue période La naissance de l’État moderne s’est accompagnée d’un interventionnisme croissant dans la vie économique et sociale pour répondre à des besoins de plus en plus diversifiés.
De l’État gendarme à l’État providence Pour Adam Smith et David Ricardo, pères fondateurs de l’économie classique, l’optimum économique et social est atteint lorsque les entraves au développement des activités privées mues par les intérêts particuliers sont levées. L’État ne doit pas s’ingérer dans les affaires de chaque individu et doit « laisser faire » : son intervention est limitée prioritairement à la protection interne
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et externe des citoyens (d’où l’expression d’État gendarme), à la garantie des échanges en assurant la « bonne monnaie » et en finançant les infrastructures indispensables au secteur privé mais jugées non rentables par ce dernier. Le niveau de prélèvement qui garantit cet optiHistoire mum est donc celui qui permet d’assurer ces Le rôle de l’État selon Keynes seules dépenses collectives. C’est avec la crise des années 30 qu’a lieu le grand tournant pour l’État. L’économiste britannique Keynes montre que l’optimum n’est pas forcément atteint et qu’il peut exister un équilibre économique ne permettant pas d’assurer le plein-emploi. Ses préconisations débouchent sur la nécessité de politiques économiques permettant de l’atteindre, notamment en s’appuyant sur le volet budgétaire : la « relance » par la dette a des effets positifs à court terme, effets qui ne sont pas produits par la hausse de la fiscalité. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les pays industrialisés assurent leur reconstruction puis leur croissance par la mise en place de « politiques keynésiennes » qui stimulent la demande… et l’inflation. Les domaines d’intervention de l’État s’élargissent et peu de champs de l’activité économique échappent à son emprise.
Mais le formidable développement qui a suivi la révolution industrielle s’est accompagné de nombreux à-coups symbolisés par la récurrence de crises économiques. Dans le dernier tiers du xixe siècle, le besoin de protection des travailleurs se fait sentir mais la réponse proposée est d’ordre assurantiel : il appartient à chacun, même si des dispositifs législatifs et réglementaires incitatifs sont mis en place, de souscrire à des contrats de protection contre les aléas de la vie privée et professionnelle.
Important Dépenses étatiques et dépenses publiques Le sens commun assimile très souvent dépenses étatiques et dépenses publiques. Or il n’en est rien car les dépenses étatiques sont un élément des dépenses publiques. En effet, on distingue au sein des administrations publiques (APU) l’État, les organismes divers d’administration centrale (ODAC), les collectivités territoriales et les organismes de sécurité sociale. Cette distinction est d’autant plus importante que depuis une trentaine d’années, hors période de crise, les dépenses des collectivités territoriales et celles des organismes de sécurité sociale ont eu tendance à croître plus que proportionnellement à celles de l’État et des ODAC (et surtout les dépenses de fonctionnement par rapport aux dépenses d’investissement). Il s’ensuit qu’au sein des dépenses publiques, les dépenses étatiques ont vu leur part baisser. Les réformes visant à limiter la croissance des dépenses étatiques n’impliquent donc pas mécaniquement une baisse ou une croissance moindre des dépenses publiques. On notera que dans les indicateurs européens ou internationaux, ce sont bien les dépenses publiques et non les seules dépenses étatiques qui sont prises en compte pour déterminer des indicateurs de bonne gestion publique.
Parallèlement, le besoin de protection sociale révélé par la crise des années 30 conduit à envisager un mode de prise en charge collectif des risques personnels et professionnels. L’impulsion décisive est donnée en Angleterre par Lord
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Beveridge dans son « Rapport sur les assurances sociales et les services connexes » publié en novembre 1942. Les bases de « l’État providence » sont posées et beaucoup de pays développés vont s’inspirer de ces orientations. En France, celles-ci fondent en 1945 la création de la Sécurité sociale : les risques sont socialisés via des prélèvements obligatoires assis sur les revenus du travail et du capital (cotisations sociales des employeurs et des salariés).
Les dépenses publiques d’hier à aujourd’hui
FOCUS
L’évolution des dépenses publiques en longue période peut d’abord être mesurée par le poids qu’elles représentent dans la richesse nationale dont l’indicateur usuel de référence est le Produit intérieur brut (PIB). On constate au cours du temps une évolution par paliers avec, en quelque sorte après chaque palier, « un effet de cliquet » : les circonstances qui ont entraîné à un moment donné une augmentation de la part des dépenses publiques dans le PIB disparues, cette part ne baisse pas. L’économiste Wagner a tenté d’en donner une explication.
La loi de Wagner Pour l’économiste allemand de la fin du xixe siècle Adolph Wagner, les guerres, les crises et l’interventionnisme économique conduisent mécaniquement à une élévation de la dépense publique : c’est « la loi de l’extension croissante de l’activité publique ou d’État chez les peuples civilisés qui progressent ». La prise en charge par l’État de besoins collectifs relevant autrefois de la sphère privée explique cependant pour lui l’essentiel de cette augmentation. Ainsi, dans cette optique, la part des dépenses publiques dans le produit intérieur brut (la richesse nationale dégagée au cours d’une année) – le PIB – devient un bon indicateur de niveau de développement.
La sécurité sociale, une institution à laquelle les Français sont attachés.
En 2011, les dépenses des organismes de sécurité s ociale représentent
502 Mds €.
Mais, plus significatif encore, c’est la nature des dépenses ou des domaines d’intervention qui semble révélateur du passage de l’État gendarme à l’État providence. Au début du xixe siècle, la part des interventions économiques est modeste. Après 1945, la création des organismes de Sécurité sociale et les nouvelles politiques économiques se traduisent par une hausse de la
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part des dépenses de protection sociale et d’intervention économique. La crise contemporaine a accéléré partout cette tendance. Structure des dépenses fonctionnelles de l’État en France depuis 1832 100 %
0
26 %
26 %
14 %
13 %
25 %
44 %
61 %
49 %
1832
1902
Dépenses liées la sécurité (armée, police, justice)
42 % 1938
5%
5%
12 %
60 %
64 %
66 %
35 %
31 %
1963
1978
Dépenses liées aux interventions économiques et sociales (y compris l’enseignement)
22 % 2010
Charges de la dette publique
FOCUS
Source : J.E. Grange, Le budget fonctionnel en France, 1963 Actualisation : ministère de l’Économie et des Finances
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Rapports d’activité, audits de modernisation, révision générale des politiques publiques Depuis le milieu des années 1980 se sont mises en place, dans la plupart des grands pays industrialisés, des politiques de remise en question des modes d’intervention publique. Celles-ci portent à la fois sur le périmètre de l’action publique et sur l’évaluation de son efficacité. Elles ont conduit à promouvoir un New public management visant à se désengager de certains secteurs (les privatisations ou autres ventes d’actifs publics), à en externaliser d’autres (ce qui permet de diminuer le nombre de fonctionnaires) ou à partager l’activité avec le secteur privé (partenariats public/privé – les PPP). À l’idée d’État fer de lance de l’économie par les nationalisations et la planification indicative s’est substituée celle d’État stratège et d’État modeste (Michel Crozier). Au tournant des années 2000, le mouvement s’accélère en France : mise en place de rapports d’activité ministériels, introduction d’audits de modernisation visant à relier la pertinence d’une action publique à son financement, révision générale des politiques publiques (RGPP) à partir de 2007 (passage en revue systématique de toutes les interventions publiques pour dégager d’éventuelles marges de manœuvre budgétaires). Toutes ces actions visent à contenir la dépense publique dans un contexte financier difficile.
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2. La difficile question des prélèvements obligatoires Le grand Meccano de la fiscalité Les dépenses publiques ont aujourd’hui de multiples objectifs et pour les atteindre, les États imposent des prélèvements obligatoires aux citoyens. Ceux-ci sont : –– les prélèvements au profit de l’État, qui prennent la forme d’impôts et taxes ; du budget de l’État –– les prélèvements au profit des organismes de sécurité sociale, en France est d’environ qui prennent la forme de cotisations sociales ; –– les prélèvements au profit des collectivités territoriales, les impôts dits « locaux ».
En 2011, le montant total 363 Mds €.
Budget de la France en milliards d’euros prévisions (2011) DÉPENSES
RECETTES
Collectivités territoriales (58) Enseignement et recherche (87) Autres missions (40,7) Justice (7,1) Ville et logement (7,6) Écologie et développement durable (9,5) Travail et emploi (11,6) Gestion des finances publiques et des ressources humaines (11,7) Solidarité, insertion et égalité des chances (12,4) Sécurité (16,8) Union européenne (18,2) Défense (37,4) Charge de la dette (45,4)
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TVA (130,9) Impôt sur le revenu (52,2) Impôt sur les sociétés (44,8) TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) (14,1) Autres recettes fiscales (12,9) Autres recettes (16,9)
Déficit = 91,6 Mds
Source : ministère de l’Économie et des Finances
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Les impôts permettent de financer les dépenses publiques
S’ajoutent, pour les pays membres de l’Union européenne, les prélèvements au profit de l’Union européenne, qui prennent la forme de contributions à partir du budget de l’État au prorata de la richesse nationale au sein de l’ensemble européen. Les impôts, qui peuvent être prélevés à la source (dès que la création de richesse ou de revenu est constatée) ou de manière différée (la perception se fait avec un décalage temporel), peuvent être regroupés en trois grandes catégories : –– les impôts directs, perçus directement par l’administration fiscale ; –– les impôts indirects, perçus indirectement à l’occasion d’une opération économique et recouvrés ultérieurement par le fisc ; –– les impôts sur le patrimoine et le capital. Chacun de ces prélèvements correspond à des finalités différentes et porte sur la richesse créée, perçue ou « stockée ». Ils touchent donc l’activité, les revenus (du travail et du capital) et le patrimoine. À la variété des fonctions des administrations publiques répond la variété des formes de prélèvements : ainsi, pour des objectifs d’équité sociale, il est admis que les contributions des citoyens doivent prendre en compte les écarts de revenu et de patrimoine. C’est ce qui fonde par exemple l’existence d’un impôt sur le revenu progressif ou d’un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) exigible à partir d’un certain seuil de patrimoine.
Important Un impôt progressif signifie que la part du revenu prélevé par l’impôt augmente quand le revenu augmente. Cela se traduit généralement par l’établissement de tranches de barème et un taux marginal d’imposition progressif au fur et à mesure que l’on s’élève dans les différentes tranches (à ne pas confondre avec le taux moyen d’imposition qui est le montant de l’impôt payé sur le revenu fiscal). L’impôt sur le revenu des personnes physiques (IR) répond à ce critère. Un impôt proportionnel fixe un taux d’imposition indépendant du niveau de revenu : il n’exerce pas d’effet redistributif comme l’impôt progressif. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en est l’exemple type. Un impôt dégressif fixe un montant maximum de revenu au-delà duquel on n’exerce plus de prélèvement. Plus le niveau de revenu s’écarte de ce seuil, plus la part d’impôt sur le revenu diminue. Le plafonnement des cotisations sociales au-delà d’un certain seuil de revenu illustre ce principe.
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La fiscalité, nœud gordien des politiques publiques
FOCUS
La montée généralisée des prélèvements obligatoires a généré des comportements de résistance et de passager clandestin (free rider), notamment en matière de domiciliation fiscale. Pour contourner ces difficultés, les États ont conçu des dispositifs permettant à des individus, à des groupes sociaux ou à des entreprises d’alléger leur facture fiscale, bref de rendre plus supportable le niveau de prélèvement. L’éventail des motifs est large et, pour les justifier, il y a toujours de « bonnes raisons ». Le niveau de ressources en est une : en France, près d’un foyer fiscal sur deux ne paye pas l’impôt sur le revenu. La taille du ménage en est une autre : le quotient familial permet de corriger la charge fiscale entre célibataires ou couples sans enfant et familles nombreuses. Certaines se justifient par le désir de favoriser l’emploi : des exemptions fiscales existent pour l’emploi d’un salarié à domicile (à temps plein ou à temps partiel). D’autres motivations obéissent à des préoccupations sociales, catégorielles (la TVA à 7 % dans la restauration), sectorielles (les dispositifs favorisant l’investissement locatif, les résidences de tourisme ou encore la détaxation du carburant agricole), géographiques (rapprocher la situation des départements et territoires d’outre mer de la métropole)… Au fil du temps ces dispositifs se sont multipliés et empilés : en 2010, selon les estimations, le coût des « niches fiscales » avoisinait 74 milliards d’euros.
Loi Girardin : exemple de niche fiscale par la défiscalisation des investissements locatifs en outre-mer
Une date charnière : le 27 juillet L’Institut Économique Molinari (IEM) a étudié en 2010 le niveau de pression fiscale dans les divers pays européens en calculant notamment le jour de l’année à partir duquel chaque européen, en moyenne, cesse d’employer son salaire pour payer des impôts (impôt sur le revenu, cotisations sociales et taxe sur la valeur ajoutée). Pour la France cette date charnière est le 27 juillet, ce qui signifie que l’on travaille plus de la moitié de l’année pour payer le financement des administrations publiques et moins de la moitié de l’année pour utiliser ses gains à des fins privées.
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Cette manière de voir les choses a un mérite : pointer de façon imagée le niveau de prélèvement et sensibiliser aux effets de prélèvements excessifs. Elle a un inconvénient : elle oublie (volontairement ?) qu’une grande partie des prélèvements est redistribuée (sous la forme de prestations sociales par exemple), ce qui fait que le revenu disponible réel n’est pas le seul revenu d’activité. Finalement, la proposition doit être renversée : les salariés travaillent moins que la moitié de l’année pour payer des impôts… mais pour qui paye des impôts, c’est toujours trop !
Le serpent de mer de la réforme fiscale Il y a le sentiment de perte de maîtrise de l’impôt car, pour reprendre une expression commune, les systèmes fiscaux sont « mités ». Il apparaît plus facile de réduire les exonérations que de supprimer tel ou tel impôt ou taxe tant les intérêts en jeu font monter au créneau leurs bénéficiaires. Pourtant, les projets de réforme fiscale existent et les gouvernants essayent de faire bouger les lignes. Parmi les pays développés, seuls le Canada, l’Australie et quelques pays nordiques ont mis en place des réformes significatives. En France, le Conseil national des impôts fournit des analyses et des propositions, parfois reprises par les autorités publiques. Mais la tendance actuelle à ne pas augmenter les prélèvements résistera-t-elle aux conséquences de la crise qui a eu pour effet d’amoindrir les rentrées fiscales ?
3. Les administrations publiques et le financement de leurs dépenses Pour assurer leurs dépenses, les administrations publiques ont des recettes fournies par la fiscalité. En théorie, les recettes doivent équilibrer les dépenses, signe de bonne gestion publique. Dans les faits, les choses se déroulent rarement ainsi et ceci n’est pas sans conséquence pour le fonctionnement de ces administrations, mais surtout pour l’économie en RECETTES général.
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La procédure budgétaire
FOCUS
Les budgets des administrations publiques, ensemble des comptes qui décrivent pour une année civile toutes leurs ressources et toutes leurs dépenses, obéissent à des règles communes. L’unité budgétaire : l’ensemble des recettes et dépenses doit figurer dans un document unique permettant aux parlementaires d’avoir une réelle vue d’ensemble sur le budget. Il y a des exceptions par la définition de budgets annexes qui portent sur des domaines particuliers d’intervention et par l’existence des comptes spéciaux du trésor. L’universalité budgétaire : elle consiste à interdire l’affectation de ressources particulière à une dépense déterminée. L’annualité budgétaire : recettes et dépenses sont votées par le Parlement pour l’année civile. Il existe là aussi des exceptions à cette règle notamment lorsque certaines dépenses exigent d’envisager la pluri annualité : c’est le cas des lois programme qui fixent les engagements sur plusieurs années. Mais l’essentiel des dépenses obéit bien à la règle. La règle de la spécialité veut que les crédits budgétaires ne soient pas accordés en bloc mais spécialisés par grandes missions de politiques publiques par exemple.
Parlement français, assemblée d’élus chargés de voter l’annualité budgétaire
Ordonnance de 1959 vs LOLF 2001 L’ordonnance du 2 janvier 1959 qui instituait au début de la Ve République la constitution financière de la France a été remplacée par la loi organique relative aux lois de finances (LOLF), votée en 2001 et appliquée à partir du 1er janvier 2006. La LOLF représente un réel progrès dans le sens où désormais l’ensemble des actions publiques et les financements associés ont été regroupés en un nombre plus limité de missions, ce qui répond au besoin de vue globale. Les missions sont détaillées en programmes plus spécifiques, eux-mêmes à leur tour finalisés en actions précises. À chaque action d’un programme sont associés des indicateurs de performance permettant de situer les progrès atteints dans un rapport annuel de performance (RAP), rapport devant conduire à d’éventuelles régulations en cas d’écarts significatifs avec le projet annuel de performance présenté au moment du vote de la loi de finances.
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Étape 2 Les finances personnelles
Étape 3 La finance d’entreprise
Étape 4 Les finances publiques
Étape 5 Les marchés financiers
Étape 6 Étape 7 Les intermédiaires La globalisation financiers financière
Étape 8 Les crises financières
Étape 9 La régulation financière
Étape 10 L’avenir de la finance
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L’Assemblée nationale, une institution chargée de voter avec le Sénat la loi de finances en France
Les projets de budget présentés annuellement par les pouvoirs exécutifs aux parlements sont susceptibles d’amendements, mais, pour éviter la fuite en avant dans les dépenses, l’initiative parlementaire se limite généralement à la suppression de dépenses et en exclut l’augmentation. La loi de finances votée (la procédure vaut aussi pour le budget de la Sécurité sociale), les engagements de dépenses deviennent possibles. Cependant, des circonstances particulières ou exceptionnelles peuvent conduire à modifier la loi de finances initiale par une loi de finances rectificative. Une fois l’année écoulée, les comptes sont définitivement arrêtés par une loi de règlement. En France, il appartient à la Cour des comptes de vérifier la sincérité des comptes des administrations publiques et d’alerter les autorités sur les éléments de mauvaise gestion publique afin que celles-ci y remédient.
L’ère des déficits publics En théorie, recettes et dépenses doivent s’équilibrer. Mais l’équilibre budgétaire apparaît, à l’aune de l’histoire, l’exception. Depuis la crise des années 1970, les déficits ont été quasiment la règle. Il faut y voir là une conséquence des politiques de stimulation de l’activité économique pour rechercher le plein-emploi.
Histoire Selon la théorie keynésienne en vogue après 1945, il est important de mettre en place des politiques contracycliques soit actives, via la politique budgétaire que Keynes considère plus opérante que la politique monétaire, soit passives, en faisant jouer les stabilisateurs automatiques. Un déficit budgétaire freine les effets d’une récession, le retour de l’expansion augmente les rentrées fiscales qui finissent par réduire le déficit initial. Cette logique a présidé aux mesures prises après 1973 mais la difficulté à résorber un chômage de masse a conduit bien des pays, année après année, à rendre les déficits permanents.
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Déficit public en France en % du PIB 7,5
Dette publique en France en % du PIB
7,7 82,9
6,0*
86,2*
87,4* 86,8*
78,1
4,6* 3,0*
09
20
10
20
11
20
12
20
13
20
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11
20
12
20
13
20
*Prévisions en début d’année 2011
Source : ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie
Les rentrées fiscales (au sens large, c’est-àdire comprenant les cotisations sociales) et les dépenses des administrations publiques ne s’équilibrent pas au jour le jour : il existe des décalages temporels liés à des dates d’échéance différentes. Aussi, pour financer quotidiennement le solde d’exécution de son budget, l’État doit gérer sa trésorerie si possible au moindre coût, en faisant attention à ne pas relancer l’inflation et à ne pas provoquer d’effet d’éviction (le besoin de financement public évince du marché financier le secteur privé, ce qui renchérit pour ce dernier le coût de l’emprunt). En France, le Trésor public dispose de différents moyens : les dépôts des correspondants du Trésor (ensemble de services publics ou personnes morales qui déposent des fonds à titre obligatoire ou facultatif comme les collectivités locales), les établissements publics ou encore la Caisse des dépôts et consignations qui gère les liquidités du livret A, l’émission de bons du Trésor, les avances de la banque de France, l’émission d’emprunts publics sur le marché obligataire et les prêts internationaux.
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Bercy, ministère de l’Économie et des Finances
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FOCUS
Au cours du temps, les déficits se transforment en dette et le financement de celle-ci évolue : désormais la dette publique négociable sur les marchés financiers (obligations, bons du trésor) l’emporte sur la dette publique non négociable (dépôts des correspondants du Trésor en particulier).
Comment travaille l’Agence France Trésor L’Agence France Trésor est un organisme dépendant du ministère de l’Économie et des Finances créé en 2001, chargé de gérer la trésorerie de l’État et la dette publique. Elle se substitue à l’ancien bureau du Trésor chargé des mouvements de fonds. L’AFT s’appuie sur un réseau de spécialistes en valeurs du Trésor, réseau de banques partenaires (20, dont 16 étrangères) qui ont pour mission de la conseiller et de souscrire à une partie des titres français par adjudication (mise aux enchères), titres qu’elles ont ensuite loisir de proposer à leurs propres clients. Comme les autres grandes institutions financières, l’AFT dispose d’une salle de marché qui lui permet de fixer les besoins à couvrir à court, moyen et long terme aux meilleures conditions du moment. Pour les besoins moyen-long terme, elle peut agir via les obligations assimilables du Trésor (OAT) d’une durée de sept ans minimum, à taux variable ou à taux fixe. À court terme, elle joue sur les bons du Trésor à intérêt annuel (BTAN), d’une durée de deux à cinq ans ou sur les bons du Trésor à taux fixe et à intérêts précomptés (BTF) qui courent de quatre à sept semaines. Dans un monde concurrentiel où le marché de la dette a explosé (celle de la France est passée de 613 milliards d’euros en 2001 à 1 646 milliards à mi-2011, soit 85 % du PIB), la mission de l’AFT est aussi de promouvoir la qualité et la liquidité des titres français en répondant à la diversité des attentes des investisseurs. Par exemple, elle propose depuis quelques années des titres d’une maturité plus longue (de 30 à 50 ans) ou indexés sur l’inflation.
4. La crise des dettes souveraines L’économie d’endettement Au début des années 1970, beaucoup d’économies occidentales sont devenues des économies d’endettement, c’est-à-dire des économies où le crédit joue un rôle central dans le financement des agents économiques, l’intermédiation bancaire prédomine, et la régulation monétaire s’effectue
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essentiellement par les taux. À l’opposé, on Technique trouve une économie de marchés financiers Le théorème de Ricardo où les agents à besoin de financement se L’économiste anglais David Ricardo (Des principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817) a souligné le fait qu’il n’y avait financent par émission de titres sur les difpas d’avantages pour un État à se financer par la dette sachant férents marchés financiers et la régulation que cela entraîne ultérieurement des hausses d’impôts financière s’effectue par les quantités. En pour la rembourser, ce qui conduit les citoyens à augmenter conséquence, les entreprises et les États se corrélativement leur épargne. En quelque sorte, les dettes sont massivement endettés pour financer d’aujourd’hui sont les impôts de demain, mais, comme il faut leurs besoins, alimentant une inflation qui, rembourser en plus du capital les intérêts, il est préférable de en rognant le pouvoir d’achat de la monchoisir l’équilibre budgétaire plutôt que le déficit. Ou, si l’on naie, avait le mérite d’alléger leurs dettes… préfère, les dépenses publiques, qu’elles soient assurées par l’impôt ou par l’emprunt, ont les mêmes effets sur l’activité et poussait à en contracter d’autres ! économique. On peut y ajouter que le report dans le temps du Mais la crise des années 70 a changé la paiement des impôts se fait sur la génération suivante, ce qui peut donne, notamment parce que la priorité être perçu comme une injustice sociale. donnée à la lutte contre l’inflation a obligé ces agents à revoir leurs modes de financement, au moins à les rééquilibrer, via le retour à la finance directe, de manière à être moins dépendants des créditeurs. Le désendettement a été pour beaucoup d’entreprises condition de leur survie, mais, pour les administrations publiques il n’en a pas été de même. À part quelques exceptions déjà Technique citées (Canada, Australie, États-Unis sous Le théorème de Barro l’ère Clinton et quelques pays nordiques), L’économiste américain Robert Barro (né en 1944) a repris le la fuite dans l’endettement s’est poursuivie théorème d’équivalence ricardienne en montrant que les acteurs en raison des aléas conjoncturels et d’une économiques intégraient rationnellement dans leurs perspectives futures ces hausses d’impôts et épargnaient en conséquence, demande de protection sociale toujours réduisant ainsi leur consommation présente. Bref, ils « anticipent plus forte. rationnellement » et rationne leur consommation, principal vecteur La montée de l’endettement s’est généralide la demande. sée mais la crise des subprimes a largement Conséquence, les déficits censés produire de la croissance amplifié le phénomène car, pour empêcher débouchent en réalité in fine sur la stagnation. Il s’agit là d’un la récession, une partie de la dette privée a élément de la critique antikeynésienne qui a fondé les politiques été transformée en dette publique. À part libérales après la crise de 1973. quelques pays émergents, tous les pays Cependant, les études économétriques menées pour vérifier ce théorème ont conclu que l’impôt avait des effets de freinage de industrialisés connaissent à des degrés l’activité alors que l’emprunt avait plutôt un effet expansionniste. divers des taux de déficits et d’endettement La querelle entre keynésiens et antikeynésiens n’est donc pas publics records au tournant des années terminée. 2010 (cf. carte page 99).
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Les critères de Maastricht
Maastricht, ville des Pays-Bas où a été signé le traité fondant l’Union européenne
Le traité de Maastricht, entré en vigueur le 1er novembre 1993, qui entérine le passage de la Communauté européenne à l’Union européenne, prévoit, dans sa dimension économique et monétaire, la nécessité pour les États membres de respecter des critères de convergence dans différents domaines afin que leurs évolutions économiques ne s’éloignent pas trop les unes des autres, faute de quoi, l’union économique et monétaire (UEM) serait une coquille vide. Le pacte de stabilité et de croissance (PSC) entériné en 1997 les précise. Parmi ces critères, deux concernent directement les finances publiques : – la nécessité de limiter le déficit public à 3 % du PIB ; – la nécessité de limiter l’endettement public à 60 % du PIB.
Des dettes souveraines de moins en moins soutenables
Dégradation de la note des dettes souveraines des États par les agences de notation
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Les effets pervers d’un endettement massif des administrations publiques ont été soulignés dans de nombreux rapports qui indiquent les conséquences d’une dette « insoutenable ». Par dette souveraine soutenable, on entend la capacité d’un pays à faire face à moyen ou long terme à ses obligations de remboursement sans grever les revenus des générations futures. Il faut donc que le service de la dette (remboursement annuel du capital et des intérêts sur PIB) n’augmente pas à un rythme plus élevé que les richesses annuellement produites, faute de quoi se produit un effet « boule de neige » qui place à terme le pays dans une situation d’incapacité à rembourser. C’est ce qu’on appelle le défaut de paiement (parce qu’un pays, même surendetté, ne peut pas faire « faillite » : il continue toujours à exister !).
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Cette situation s’est malheureusement produite pour certains pays européens et l’été 2011 a été celui de la crise des dettes souveraines (Grèce, Portugal, Espagne, Italie, Irlande) : bon nombre d’entre eux ont dû leur plan de salut au sauvetage organisé par les autres États de la zone euro en contrepartie de plans d’économies financières drastiques (cf. étape 8).
Fin 2011, la dette publique est de
1 700 Mds €.
Les intérêts annuels de la dette sont de
48 Mds €.
Technique Rouler la dette L’expression « rouler la dette » (roll over) est employée pour désigner une opération de restructuration qui conduit les investisseurs privés à réinvestir automatiquement sur une base volontaire dans de nouvelles obligations pour remplacer celles venues à échéance : en clair, la dette remboursée est réinvestie… dans de nouvelles dettes ! En général, pour ne pas donner un caractère insoutenable au processus, les nouvelles souscriptions d’obligations sont assorties de conditions plus favorables à l’emprunteur et se combinent avec d’autres modalités comme l’allongement des maturités.
Histoire Un cas célèbre : la banqueroute des deux tiers Sous le Directoire (1795-1799), pour faire face dans l’urgence aux dépenses nées de la poursuite des guerres révolutionnaires, on émit un volume d’assignats tel que leur valeur se déprécia rapidement et, après quatre mois, dut remplacer les assignats par une nouvelle monnaie fiduciaire, le mandat territorial, lui-même abandonné quelque temps après pour les mêmes raisons. À l’été 1796, on décida de revenir à la monnaie métallique, mais la rareté du numéraire, en partie thésaurisé, entraîna une déflation qui aggrava davantage la situation économique. De fait, les rentrées fiscales se firent plus difficiles et au bout du compte, pour alléger le poids de la dette, le Directoire décida de ramener celle-ci à un tiers de sa valeur nominale (d’où l’expression « banqueroute des deux tiers »). Mais les besoins d’argent continuèrent et les mesures de rigueur provoquèrent un large mécontentement et un discrédit qui finirent par causer sa chute. On sait que la situation fut apurée sous le Consulat par les mesures économiques et monétaires prises par Bonaparte.
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La règle d’or, nouvel alpha et omega des politiques budgétaires ? Pour mettre un terme à la récurrence des déficits qui conduisent à une perte de maîtrise de finances publiques, l’idée de supprimer ceux-ci, sauf circonstances exceptionnelles, a fait son chemin. Il s’agit aussi de rassurer les marchés financiers inquiets des niveaux d’endettement atteints et qui en conséquence, élèvent la prime de risque (les taux d’intérêt) avant d’accorder de nouveaux crédits, ce qui renchérit, pour les administrations publiques, le service de la dette (à peu de choses près en France en 2011, l’équivalent de l’impôt sur le revenu !). Ce principe de limitation des déficits tend à devenir une règle constitutionnelle dans de nombreux pays, en Angleterre, en l’Allemagne et récemment en Espagne. La France, cherche à son tour à mettre en place une règle pluriannuelle de retour à l’équilibre (loi-cadre d’équilibre des finances publiques ou règle d’or, inscrite dans la Constitution) car les pays de la zone euro en ont pris récemment l’engagement.
FOCUS
Banque centrale européenne, située à Francfort, est un acteur important dans la crise de la dette souveraine en Europe
Comment les dettes des États sont notées ?
Il existe plusieurs agences ou institutions de notation mais trois grandes agences, américaines, dominent le marché : Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings. Elles classent la qualité des dettes souveraines selon une échelle qui va de la qualité intrinsèque (aucun risque à moyen terme) au défaut de paiement. Cette qualité plus ou moins prononcée se repère par des lettres qui vont de A (la meilleure qualité) à D (défaut de paiement). Mais la variété des situations d’endettement conduit à établir un classement plus affiné en mettant à chaque lettre des + et des –, la meilleure c’est le ratio de la situation possible étant A+++. En fonction des politiques économiques et financières qui peuvent dette sur PIB des impacter la situation d’endettement à moyen terme, l’agence est États-Unis amenée à modifier son rating, dans un sens comme dans l’autre. Ces notations agissent en principe comme des signaux sur les fin 2012 selon marchés financiers qui en tirent immédiatement les conséquences Fitch Ratings. (cf. étape 9). En définitive, la notation des agences note d’abord, à travers les dettes souveraines, la bonne gouvernance des États.
100 %
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Déficit et dette publics dans les pays de la zone euro (estimation début d’année 2012) en % du PIB
N
AAA Sécurité maximale
AA Qualité Haute ou bonne
Pays
Déficit
Estonie Luxembourg Finlande Allemagne Malte Autriche Belgique Italie Pays-Bas
+ 0,8 - 0,6 - 1,0 - 1,3 - 3,0 - 3,4 - 3,6 - 4,0 - 4,3
A Qualité moyenne
BBB Qualité moyenne inférieure
Dette publique en % 6 20 49 82 70 72 97 120 64
Pays
BB Spéculatif
C Risque de défaut
Déficit
Slovénie - 5,7 Slovaquie - 5,8 Portugal - 5,8 France - 5,8 Espagne - 6,6 Chypre - 6,7 Grèce - 8,9 Irlande - 10,3 Moyenne zone euro - 4,1
Dette publique en % 46 44 102 85 70 65 163 108 88
Source : Commission européenne, notes attribuées par Standard & Poor’s
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À vous de jouer
1. Dans les grands pays industrialisés, l’excédent budgétaire est la règle et le déficit l’exception. a. Vrai. b. Faux.
2. En France, le taux de prélèvements obligatoires a tendance à diminuer. a. Vrai. b. Faux.
3. Il est préférable de financer les dépenses publiques plutôt par l’impôt que par l’emprunt. a. Vrai. b. Faux.
4. Le budget social de la Nation est plus important que le budget de l’État. a. Vrai. b. Faux.
5. Les impôts sur la dépense sont plus justes que les impôts sur le revenu. a. Vrai. b. Faux.
6. En limitant son déficit public à 3 % du PIB (critère de Maastricht), un État européen commence à rembourser sa dette. a. Vrai. b. Faux.
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1b. Depuis la crise des années 1970, les déficits ont été annuellement plus fréquents que les excédents dans les grands pays industrialisés. Lors des phases de reprises, on a pu constater temporairement des excédents chez certains d’entre eux, mais la France n’en a connu aucun depuis 1973. 2b. Le taux de prélèvements obligatoires a régulièrement augmenté durant la seconde partie du xxe siècle pour se stabiliser, depuis une quinzaine d’années, dans une fourchette comprise entre 43 et 45 % du PIB.
Réponses
3a/b. La règle de bonne gestion publique est celle de l’équilibre budgétaire. Le financement des dépenses publiques par l’impôt est donc la solution à privilégier. Cependant, lors des crises économiques, il est admis de faire appel à l’emprunt pour financer temporairement un déficit et relancer l’activité qui permettra de dégager de nouvelles ressources et de résorber ainsi la dette contractée pendant la phase précédente. 4a. Depuis le milieu du xixe siècle, les dépenses de protection sociale ont tendance à croître plus vite que les dépenses de l’État au point qu’aujourd’hui, elles dépassent ces dernières. Parmi les facteurs explicatifs on peut citer l’élargissement de nouveaux droits sociaux et leur prise en charge collective, les progrès technologiques du secteur de la santé, l’évolution démographique (vieillissement), le coût croissant de l’assurance sociale, etc. 5b. L’impôt sur le revenu est progressif alors que l’impôt sur la dépense est proportionnel. Si l’on préfère, au fur et à mesure que le niveau de revenu augmente, le taux de prélèvement s’accroît plus que proportionnellement. 6b. 3 % de déficit, c’est toujours un déficit supplémentaire qui vient s’ajouter aux précédents et qui augmente la dette. Les questions à se poser : ■■ La zone euro peut-elle se passer d’une gouvernance fédérale des dettes publiques des États membres ? ■■ Est-il nécessaire d’inscrire dans la Constitution une règle d’or pour en finir avec les déficits publics ? ■■ Pour résoudre les problèmes d’endettement public, l’inflation est-elle préférable à l’austérité ? ■■ Pour satisfaire les besoins collectifs, les dépenses publiques sont-elles toujours la solution ? ■■ Faut-il étendre le caractère progressif à toutes les formes de prélèvements obligatoires ?
Pour les pros
« Si on considère que le but proprement social des bourses de valeurs est de canaliser l’investissement nouveau dans les conditions les plus favorables au rendement futur, on ne peut revendiquer le genre de succès obtenu par Wall Street comme un éclatant triomphe du laisser-faire capitaliste. » John Maynard Keynes
Les marchés financiers
Merton Miller
Étape 5
« L’idée que les marchés financiers contribuent à la croissance est tellement évidente qu’elle ne mérite même pas d’être discutée. »
L’étape 5 en un clin d’œil
1. Marchés de capitaux et marchés financiers
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Les marchés de capitaux regroupent plusieurs sous ensembles : le marché des capitaux prêtés et empruntés à court terme ou marché monétaire, le marché financier des capitaux à long terme, le marché des dérivés et le marché des devises ou marché des changes.
2. La bourse, lieu emblématique des marchés financiers À l’origine, une bourse est un marché où se négocient et s’échangent des produits ou des services. Le terme sert aujourd’hui essentiellement à désigner le lieu où s’échangent de façon organisée et réglementée les valeurs mobilières.
3. Quelle contribution au financement de l’économie ? Les marchés financiers, au sens étroit du terme, servent à financer les investissements des entreprises et des États. Mais dans certains pays comme les États-Unis, la contribution au financement des entreprises est devenue négative.
4. Allocation des ressources : une efficience contestée La thèse selon laquelle les marchés financiers sont efficients a été prédominante durant des décennies. Elle est aujourd’hui contestée.
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Quelques dates 1971 Première cotation informatisée du Nasdaq à New York. 1981 Premier montage d’une opération d’échange de produits dérivés arrangée par Salomon Brothers (accord entre IBM et la Banque mondiale).
1988 Création du CAC 40, indice calculé en fonction de 40 valeurs cotées en continu à la Bourse de Paris.
2000 Les bourses d’Amsterdam, de Bruxelles et de Paris fusionnent sous le nom d’Euronext, société de droit néerlandais cotée à Paris. La bourse de Lisbonne rejoint Euronext en 2002.
2007 Fusion d’Euronext et du New York Stock Exchange (NYSE) et création de la holding NYSE-Euronext.
2007 Entrée en application de la Directive européenne sur les marchés d’instruments financiers qui supprime la règle de concentration des ordres sur les marchés réglementés.
Juillet 2007 Crise du marché monétaire qui marque le début de la crise des subprimes.
1. Marchés des capitaux et marchés financiers Les marchés des capitaux se sont considérablement développés et diversifiés depuis plusieurs décennies. Pris dans un sens large, le terme de marché financier recouvre l’ensemble des marchés des capitaux. Plus souvent utilisé dans un sens plus restrictif, il désigne les seuls marchés de capitaux à moyen et long terme (marchés d’actions et d’obligations). Les marchés monétaires sont les marchés des capitaux à court terme. Les marchés des dérivés qui ont connu une croissance explosive depuis les années 19701980 ont pour objet d’échanger des risques. Enfin, le marché des changes concerne l’échange des devises (cf. étape 7). Sur les marchés de capitaux, les biens échangés sont des titres ou des contrats financiers. C’est ce qui les différencie des autres biens ou de
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Les aéroports de Paris financent leurs projets grâce au marché financier
services. Leur utilité ne tient pas à leur consommation, mais à l’espérance de revenus ou de gains dans le futur. Du côté de l’offre, des agents économiques (entreprises, administrations publiques) sont en quête de financement pour réaliser des projets, et des investisseurs (ménages, entreprises, institutions financières) veulent revendre des titres. Dans le premier cas, on parle de marché primaire et dans le second, de marché secondaire, le marché du neuf et celui de l’occasion, en quelque sorte. Du côté de la demande, des ménages, des entreprises non financières ou des institutions financières (banques, assurances, fonds de pensions, fonds d’investissements) placent financièrement de l’épargne.
Le marché monétaire Le marché monétaire est celui des capitaux à court terme (de 1 jour à moins d’un an) et à moyen terme. Ce marché est d’abord un marché interbancaire. Les banques qui ont besoin de liquidités en empruntent à celles qui ont des excédents. Depuis le passage à l’euro en 1999, les marchés monétaires de la zone euro sont intégrés. Le marché monétaire constitue un canal de transmission essentiel de la politique monétaire et de la détermination des taux d’intérêt. La Banque centrale européenne y intervient comme apporteur de monnaie et contribue au refinancement des banques selon plusieurs modalités. Depuis le milieu des années 1980 le marché monétaire est également ouvert aux grandes entreprises et aux Trésors publics qui peuvent financer certains de leurs besoins de trésorerie en émettant des titres de créances négociables (TCN) dont l’échéance va du court au moyen terme (jusqu’à 7 ans maximum).
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Le marché financier Le marché financier, au sens étroit du terme, correspond aux marchés des capitaux à long terme au-delà de 7 ans. Les agents économiques qui ont des besoins de financement stable viennent y chercher des fonds propres par l’émission d’actions > Mot-clé ou empruntent des ressources en contrepartie de l’émission de titres de dettes appelés obligations > Mot-clé . Les entreprises émettent également des titres « hybrides », ni tout à fait des actions ni tout à fait des obligations. Les investisseurs qui acquièrent et détiennent des actions et des obligations sont principalement des entreprises financières ou non financières, des ménages qui les possèdent directement ou via des fonds collectifs de placements (OPCVM, fonds de pension, etc.). Les uns et les autres sont attentifs aux rendements de leurs placements et aux risques encourus. Les rendements et les risques associés sont différents selon les types d’actifs (cf. tableau page 108).
Mot-clé Les actions sont des titres de propriété représentant chacune une fraction du capital d’une entreprise. Elles donnent droit à recevoir des dividendes et à voter lors des assemblées générales d’actionnaires. Les actionnaires obtiennent également un gain lorsqu’ils revendent leurs actions avec une plus-value. Mais ils peuvent réaliser une perte en cas de moins-value.
Mot-clé Les obligations sont des titres de dette émis par une entreprise, une collectivité publique ou l’État. Ils donnent droit à percevoir des intérêts, appelés « coupons », durant la durée de l’emprunt, déterminée au moment de l’émission. Sur les marchés financiers, les cours de titre varient à la hausse et à la baisse
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Étape 4 Les finances publiques
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107
Rendements et risques sur le marché financier Actions
– Non fixé a priori
Mot-clé
Rendement
Les dividendes sont la part des résultats bénéficiaires d’une entreprise versée à titre de revenus à ses actionnaires.
– Dividendes > Mot-clé annuels éventuels
– Risque associé à l’entreprise spécifique dont on est actionnaire : celle-ci peut être mal gérée, ne pas réaliser de bénéfices et avoir des perspectives négatives qui entraîneront une baisse de la valeur de l’action. En cas de faillite, les actionnaires perdront tout leur capital.
– Risque de crédit : risque de non-paiement du fait d’une faillite ou d’un défaut partiel de l’émetteur.
– Risque de marché : correspond à une évolution économique générale défavorable entraînant une diminution générale de bénéfices pour l’ensemble des entreprises.
– Risque de taux : le prix d’une obligation sur le marché secondaire diminue en cas de hausse des taux d’intérêt sur le marché primaire des obligations. Si on conserve l’obligation jusqu’à échéance, cela sera sans effet, car on percevra alors le montant nominal de l’obligation émise ; mais si l’on vend avant l’échéance, il y aura perte de capital.
– Risque sectoriel : des pertes peuvent être causées par les caractéristiques précises du secteur d’activité dans lequel une entreprise opère. – Risque de liquidité : correspond à l’incapacité d’un marché à absorber des volumes de transactions étoffés, sans impact sur le cours de l’actif. Les actions des petites entreprises sont particulièrement soumises à ce risque. Il peut être également généré lorsque le marché est submergé par des ordres de vente.
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– Intérêts (coupons) fixes ou variables en fonction du type d’obligations
– Plus-value (ou moins-value)
Risques
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Obligations
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– Risque d’inflation : l’inflation peut réduire le pouvoir d’achat des intérêts perçus lorsqu’ils ne sont pas indexés sur l’évolution des prix.
– Risque de liquidité : les marchés secondaires obligataires sont souvent des marchés étroits sujets au risque de liquidités. – Risque de change : lorsque l’obligation est émise dans une autre devise que celle de l’investisseur.
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Technique Plus le risque de défaillance de l’émetteur est élevé et plus le taux d’intérêt exigé par les emprunteurs est supérieur aux taux d’intérêt d’obligations de même durée émises par des emprunteurs qui ne présentent aucun risque de défaillance. Les taux d’intérêt appliqués aux obligations des entreprises incluent en général une prime de risque par rapport aux emprunts émis par les États. Mais depuis 2009, des doutes sont apparus progressivement sur la capacité des États, notamment ceux de la zone euro, à faire face aux charges de leur dette. Du coup les investisseurs exigent également des taux d’intérêt plus élevés incluant des primes de risque sur les obligations émises par certains États de la zone euro. Dans certains cas les primes de risque sont devenues excessivement fortes. Les États concernés (Grèce, Portugal, Irlande en 2010) n’ont plus été capables de se refinancer normalement sur le marché financier. Des plans de sauvetage mobilisant des prêts publics européens financés par les autres États de la zone euro ont dû être mis en place en 2010 et 2011. C’est, en principe, le rôle des agences de notation que d’informer les investisseurs sur ces risques de défaillance. La notation a un pouvoir d’autant plus considérable qu’elle est devenue une référence utilisée par tous les acteurs, y compris par les Banques centrales, alors même que les agences de notation ne font qu’émettre des « opinions ».
Le marché des dérivés Les marchés des dérivés ont émergé à partir des années 1970 aux États-Unis puis dans le reste du monde. Ces marchés n’apportent pas directement des financements mais ils les facilitent. Ils dissocient les risques liés à la détention d’actifs. En effet, ils les transmettent à d’autres agents économiques. Les produits dérivés sont des produits complexes. On distingue trois grandes catégories : –– les contrats à terme : engagement d’acheter ou, de vendre un actif à un prix fixé, pour une livraison et un règlement à une date déterminée ; –– les options : contrats dont la réalisation finale dépend de l’évolution des conditions de marché (caractère optionnel) et dont le paiement, en cas de réalisation, intervient à une date future ; –– les swaps : échange de flux financiers entre deux parties pendant un certain temps. Quant aux risques faisant l’objet de couverture et de transferts, il peut s’agir de risques de défaut, de prix, de taux d’intérêt ou de change. La majeure partie des produits dérivés sont négociés sur des marchés de gré à gré > Mot-clé qui échappent à tout contrôle et sur lesquels les risques de liquidité sont considérables.
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Mot-clé Marché de gré à gré : marché sur lequel la transaction est conclue directement entre le vendeur et l´acheteur. Les opérations y sont souvent moins standardisées et moins normalisées ou dans un cadre réglementaire plus souple que dans un marché réglementé (bourse).
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L’activité de la sphère financière est hypertrophiée par rapport à l’économie réelle
FOCUS
La croissance explosive des marchés dérivés est directement liée à l’instabilité croissante des taux de change, des taux d’intérêt, des prix des produits de base et des produits agricoles. Créés pour se protéger contre ces risques, ils sont en même temps des leviers de spéculation.
Volume quotidien des transactions financières et des transactions en 2010 (milliards de dollars) Commerce mondial de marchandises et de services Activité des bourses de valeurs dans le monde Activité sur les marchés de gré à gré de produits dérivés Activité mondiale sur les marchés des changes
65 350 2 500* 3 950
Évolution de l’activité quotidienne mondiale sur les marchés de gré à gré de produits dérivés (en milliards de dollars) 1998
2001
2004
2007
2010
375
575
1 220
2 090
2 500
Source : BIS, TWO, WFE * Estimation
Mot-clé
2. La bourse, lieu emblématique des marchés financiers
Les valeurs mobilières (ou instruments financiers) sont des titres standardisés et négociables. Les actions, les obligations, certains produits dérivés standardisés, ainsi que les parts de fonds communs de placements, sont les principales catégories de valeurs mobilières.
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Qu’est-ce que la bourse ? À l’origine, une bourse est un marché où se négocient et s’échangent des produits et des services (bourses des marchandises, bourses du travail…). Le terme sert aujourd’hui essentiellement à désigner le lieu où s’échangent de façon organisée et réglementée des valeurs mobilières > Mot-clé . L’organisation des bourses a longtemps reflété les traditions nationales. En France, elle a été réglementée selon un système de centralisation des ordres, dans le cadre d’un monopole des agents de change, seuls habilités à exécuter les ordres. Des marchés moins réglementés ont cependant toujours
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plus ou moins coexisté avec le marché officiel (marché dit de la coulisse, marchés hors cote…). Aujourd’hui, la dématérialisation des ordres et des titres est quasi générale. Les bourses sont devenues des réseaux informatiques. Elles sont gérées par des entreprises elles-mêmes cotées en bourse. La Bourse de Paris est gérée par NYSE Euronext qui gère également le New York Stock Exchange, les bourses d’Amsterdam, de Bruxelles, de Lisbonne et de Porto, et le marché à terme de Londres (LIFFE). Dans l’Union européenne, la directive sur les marchés d’instruments financiers (directive MIF) appliquée depuis 2007, a supprimé la centralisation des ordres là où elle existait encore, comme à la bourse de Paris.
656 entreprises sont cotées à la Bourse de Paris
Fin 2011, on dénombrait 656 entreprises cotées sur le marché réglementé de la bourse de Paris (Eurolist). La plupart des grandes entreprises françaises sont cotées, mais pas toutes. Les entreprises publiques (SNCF, La Poste…), de statut mutualiste ou coopératif (Crédit Mutuel, BPCE…) et des entreprises familiales (Auchan…) qui peuvent être importantes ne sont pas cotées. Les entreprises cotées sur l’Eurolist sont réparties en trois compartiments (A, B et C) selon l’importance de leur capitalisation boursière. L’introduction d’une entreprise en bourse peut répondre à différentes motivations : obtention de fonds, recherche de notoriété, sortie de certains actionnaires
En pratique Les principaux services offerts par la Bourse de Paris aux investisseurs et aux entreprises sont : – la cotation des valeurs (admission à la cote, publication et mise à jour de la liste des valeurs mobilières et des produits dérivés négociés et de leur cours) ; – la négociation (confrontation des ordres d’achat et de vente) d’actions, d’obligations, ou certains produits dérivés (warrants) ; – la diffusion d’informations aux médias (cours et données de marché).
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PLACE Zone euro Europe Amsterdam Bruxelles Paris Francfort Londres Madrid Milan Lisbonne Zurich Nasdaq Nyse Nyse Tokyo
INDICE Euro Stoxx 50 Stoxx 50 AEX 25 BEL 20 CAC 40 DAX Xetra FTSE 100 IBEX 35 FTSE MIB index PSI 20 SMI NASDAQ COMPOSITE Dow Jones IA S&P 500 Nikkel 225
Les principaux indices boursiers
Les prix ou les ordres La plupart des bourses (Paris, Francfort, Tokyo, NYSE…) sont des marchés dirigés par les ordres : les cours résultent de la confrontation directe de l’offre et de la demande. Certains (NASDAQ de New York, London Stock Exchange…) sont des marchés dirigés par les prix : les investisseurs passent par un des teneurs de marchés professionnels qui proposent en permanence un prix d’achat et un prix de vente. Pour chaque opération, l’investisseur peut choisir celui qui lui fait la meilleure offre. Dans le but de déterminer la tendance générale des marchés, des indices ont été créés. Ils mesurent la performance générale d’un marché ou d’un secteur et sont devenus des instruments essentiels de la gestion de portefeuille. On distingue les indices d’actions et les indices d’obligations. Le baromètre le plus emblématique de la place parisienne est le CAC 40.
Après la cotation
Une fois qu’un ordre d’achat ou de vente a fixé le prix et les quantités, tout n’est pas fini. La chambre de compensation doit s’assurer que chaque intermédiaire est en mesure de remplir ses Important engagements. Elle comptabilise les ordres Réglementés et surveillés d’achat et de vente et établit pour chaque Les bourses sont des marchés réglementés et surveillés intermédiaire un solde des opérations effecafin de garantir l’intégrité de leur fonctionnement contre les tuées pour le compte de ses clients ou pour manipulations de cours et contre les asymétries d’informations le sien. Puis, les titres (ou les espèces) doides acteurs. La réglementation concerne tout particulièrement vent aboutir sur le compte des particuliers l’organisation du fonctionnement des marchés, l’information qui les ont achetés (ou vendus). C’est le et la transparence, la protection des épargnants. Des autorités règlement-livraison. Enfin une société priadministratives nationales et des institutions internationales vée, sélectionnée par les intermédiaires participent à la réglementation et exercent un pouvoir de contrôle, de supervision des intervenants, d’enquête et de financiers, et qui appartient parfois au même sanction. groupe assure la conservation (gestion des En France c’est l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui comptes, calcul des valeurs liquidatives, exerce cette responsabilité. enregistrement des coupons, etc.).
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3. Quelle contribution au financement de l’économie ?
Les marchés financiers contribuent au financement des investissements industriels
Le financement des entreprises Les marchés financiers servent à financer les États, les administrations publiques et les entreprises. Les États de la zone euro y ont massivement recours pour financer leur dette, puisque les banques centrales nationales et la Banque centrale européenne ne sont pas autorisées à jouer ce rôle. En 2010, par exemple, l’État français a émis plus de 100 milliards d’obligations (net des obligations arrivées à échéance) soit environ 50 % des obligations émises par l’ensemble des résidents français. Les entreprises – non financières ou financières –, obtiennent des fonds par l’émission d’actions ou d’obligations (marché primaire). Elles ont pour principal objectif de financer des investissements ou des rachats d’entreprises (croissance externe). Les émissions d’actions > Mot-clé peuvent se substituer au crédit lorsque celui-ci est rationné ou au contraire permettre d’obtenir davantage de crédits en offrant plus de sécurité pour les banques prêteuses.
Mot-clé L’émission d’actions est une opération par laquelle une entreprise accroît ses fonds propres par une augmentation du nombre d’actions composant son capital social. Les nouvelles actions peuvent être soit réservées, totalement ou en partie, aux actionnaires actuels, aux salariés ou être offertes directement sur le marché.
Un accès inégal L’accès des entreprises aux financements boursiers est inégal, malgré le développement de compartiments réservés aux PME et aux entreprises innovantes, du moins dans leur phase de croissance. Les marchés secondaires où sont négociés les titres existants, n’apportent pas de ressources nouvelles aux entreprises. Néanmoins, ils sont indispensables au bon fonctionnement des marchés primaires. Beaucoup d’épargnants ne souscriraient pas d’actions s’ils ne pouvaient pas s’en
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Mot-clé
FOCUS
Le marché liquide est celui sur lequel un investisseur peut effectuer une transaction au prix affiché et pour un volume important sans affecter le cours du titre.
séparer durant toute la vie de l’entreprise. Un épargnant qui souscrit à une émission d’actions diminue ses risques si le marché de ce titre est liquide > Mot-clé .
Un moindre financement par les marchés ? La contribution des marchés financiers au financement des entreprises aux États-Unis et en Europe a été importante durant les deux dernières décennies du xxe siècle. Depuis, des entreprises continuent bien sûr de se financer sur les marchés. Mais globalement, le bilan semble être beaucoup moins positif. D’une part, les émissions d’actions se sont faites plus rares. D’autre part, les entreprises multiplient des programmes de rachat de leurs propres actions pour en soutenir le cours et le rendement. Aux États-Unis, ces rachats ont été, depuis le début du siècle, plus importants que les émissions d’actions nouvelles. Les entreprises ont apporté plus de fonds aux marchés financiers que ceux-ci ne leur en ont apporté. En Europe, on n’en est pas encore là mais le solde positif est de plus en plus faible. Émissions nettes d’actions par les sociétés cotées (émissions diminuées des rachats-annulations, en milliards d’euros) 200 100 0
2005
2006
2007
2008
2009
2010
- 100 - 200 - 300 - 400 - 500 - 600 - 700 États-Unis
Zone euro
France
Sources : AMF, Federal Reserve et BCE
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4. Allocation des ressources : une efficience contestée La théorie selon laquelle les marchés financiers sont efficients est devenue la nouvelle idée dominante accompagnant et justifiant le développement des marchés financiers à partir des années 1970. Cette thèse est de plus en plus contestée.
L’hypothèse d’efficience des marchés financiers Qu’est-ce qu’un marché efficient ? Un marché efficient est un marché qui fait bien son travail : les prix qu’il établit correspondent aux meilleures estimations possibles des valeurs des produits échangés. Ils orientent le mieux possible les décisions des participants au marché. Des marchés financiers efficients sont donc des marchés sur lesquels les prix (cours des actions, taux d’intérêt, prix des dérivés) reflètent au mieux la valeur des actifs sans s’éloigner durablement de leur « vraie valeur » appelée aussi valeur fondamentale > Mot-clé . Des marchés efficients permettent ainsi d’orienter au mieux les investissements des apporteurs de capitaux en fonction des perspectives de rentabilité future et de favoriser une allocation optimale des ressources et un accroissement du bien être social.
Mot-clé La valeur fondamentale (ou valeur intrinsèque) d’un actif est la valeur actualisée de tous les revenus générés par un actif au cours de sa durée de vie.
Des conditions à remplir Pour que les marchés soient efficients, certaines conditions doivent être remplies. Les intervenants agissent de façon rationnelle. Ils réagissent de façon appropriée aux informations et dans le but de satisfaire au mieux leurs intérêts. La concurrence est pure et parfaite. Les intervenants doivent être nombreux. Ils sont libres d’entrer et de sortir du marché. Cela suppose que les coûts de transactions sont faibles et que le marché est liquide. L’information est complète et transparente. Aucun intervenant ne doit pouvoir influencer les cours à lui seul et bénéficier d’une rente de monopole.
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Mot-clé
En fait, il n’est pas nécessaire que tous les intervenants du marché soient pleinement et totalement informés. Il suffit que certains le soient et se comportent de façon à éliminer en permanence les possibilités de profits inexploitées. C’est notamment ce que recherchent les arbitragistes > Mot-clé et les spéculateurs > Mot-clé qui auraient donc les uns et les autres un rôle positif pour le bon fonctionnement des marchés financiers.
Les arbitragistes cherchent à profiter des différences de cours et de taux d’intérêt existant momentanément entre les différentes places ou compartiments du marché. Les arbitrages qui combinent souvent plusieurs opérations d’achats et de ventes s’effectuent sans risque.
Le rôle des pouvoirs publics À partir des années 1980, aux États-Unis, au Japon, en Amérique Latine et dans le cadre de l’Union européenne, les réformes engagées ont eu pour objectif de créer les conditions supposées pour réaliser l’efficience des marchés par la déréglementation. Elles ont visé en second lieu à améliorer l’information des intervenants et à combattre les manipulations de marché.
Mot-clé Les spéculateurs cherchent à réaliser un achat ou une vente d’un actif avec intention de revente (ou de rachat) à une date ultérieure, dans l’espoir d’un profit rapide. Contrairement à l’arbitrage, la spéculation inclut une prise de risque.
Histoire Ronald Reagan, Président des États-Unis de 1981 à 1989 et Margaret Thatcher, Premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990 ont été les initiateurs d’une politique de déréglementation qui a transformé le système économique et financier mondial.
Le temps des remises en cause ? Des études ont mis en cause l’hypothèse de rationalité des intervenants dans le cadre de ce qu’on appelle l’économie comportementale. Celle-ci montre l’existence de biais psychologiques systématiques dans les comportements financiers des individus qui les poussent à ne pas prendre des décisions rationnelles (aversion à la perte, peur ou excès de confiance, etc.). Mais ce sont surtout les crises financières à répétition depuis les années 1980, et notamment la crise actuelle, qui conduisent à une remise en cause de la théorie de l’efficience des marchés financiers. Les marchés peuvent durablement se tromper dans l’évaluation de la valeur des actifs et des risques, et ils ne produisent pas une allocation optimale des ressources. Au contraire, ils conduiraient à des catastrophes.
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Certains opposent que c’est parce qu’ils n’étaient pas respectueux des conditions de l’efficience que les marchés ont produit des crises. Il apparaît cependant que certains dysfonctionnements sont liés à la mise en œuvre de réformes dont l’objectif était de se rapprocher de l’efficience.
Avis d’expert
FOCUS
Jean-Pierre Jouyet, Président de l’Autorité des marchés financiers Discours lors de la 8e Édition des Entretiens de l’AMF. Palais Brongniart, le 24 novembre 2011 Les réformes ont-elles amélioré le fonctionnement des marchés ? « La première version de la MIF (Directive européenne sur les marchés d’instruments financiers mise en œuvre en 2007) avait créé les systèmes multilatéraux de négociation. L’objectif était notamment d’attirer sur ces plateformes les transactions auparavant réalisées de gré à gré. L’échec fut total. Non seulement la part des transactions réalisées de gré à gré n’a pas baissé, mais les systèmes multilatéraux de négociation ont été utilisés pour créer les désormais fameux dark pools. En un mot, les transactions ont glissé des plateformes multilatérales transparentes vers des plateformes multilatérales opaques… Les marchés doivent être le lieu où se rencontrent acheteurs et vendeurs, sur le fondement de leur analyse de la valeur des titres. Aujourd’hui, le développement excessif du trading à haute fréquence a mis en péril le fonctionnement des marchés en remettant en cause ce postulat… »
10 ans d’erreurs d’appréciation sur la dette souveraine de la zone euro Le graphique ci-dessous montre l’évolution des taux d’intérêt sur les obligations à 10 ans émises par les États de la zone euro. On constate qu’après la création de l’euro et jusqu’en 2008, les marchés ont fait converger les taux d’intérêt de tous les pays de la zone vers un même niveau, de l’Allemagne jusqu’à la Grèce. Ils ont supprimé la prime de risque et envoyé durablement un très mauvais signal à l’ensemble des acteurs économiques, gouvernements compris. Cela a favorisé les excès d’endettement. Mais, selon de nombreux analystes, les niveaux atteints par les taux d’intérêt de certains pays à l’automne 2011 ne fournissent pas non plus une bonne appréciation des risques de défaut de ces États. Source : André Orlean, Le Monde, 5 décembre 2011
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Évolution des taux d’intérêt sur les obligations d’État à 10 ans 16 Grèce
14 12 Introduction de l’euro
10
Portugal Irlande
Faillite de Lehman Brothers
8 Espagne Italie
6 4
France Allemagne
00 20 01 20 02 20 03 20 04 20 05 20 06 20 07 20 08 20 09 20 10 20 11
20
98 19 99
19
96 19 97
19
19
95
2
Source : Thomson Routers Datastream
Une hypothèse d’instabilité des marchés financiers ? L’hypothèse d’efficience des marchés ne nie pas l’existence de crises. Mais elle en attribue la cause à des chocs externes. Les critiques portées à cette théorie conduisent à s’interroger. Les causes ne sont-elles pas à rechercher dans le fonctionnement des marchés eux-mêmes ? Ne faut-il pas déterrer les analyses de Keynes et substituer une hypothèse « d’instabilité financière » à l’hypothèse d’efficience ? L’économiste anglais n’est-il pas plus près du réel lorsqu’il analyse que les participants au marché financier ne se fient pas à leur estimation personnelle de la valeur fondamentale des actifs mais à ce qu’ils pensent être l’opinion collective du marché et lorsqu’il souligne, que la spéculation peut être déstabilisatrice si elle domine le marché ? Au total, la formation des prix sur les marchés financiers paraît constituer un processus autoréférentiel, moutonnier et instable, s’il est laissé à lui-même.
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Avis d’expert Michel Aglietta, économiste et auteur de La crise, Michalon, 2010. Pourquoi les marchés financiers sont-ils instables ? « Sur un marché ordinaire quand les prix augmentent, le consommateur suit mais au bout d’un moment, le même consommateur va réagir en réduisant ses achats, ce qui va entraîner un tassement des prix. L’inverse se produit si le prix est faible. Il n’en va pas de même dans le monde des actifs financiers et dans celui du crédit. Les actifs financiers sont des éléments de valorisation de la richesse. Aussi quand les prix montent, la demande augmente ! Paradoxalement, la valorisation fabrique globalement de la demande. »
Technique Concours de beauté Selon John Maynard Keynes, « la technique du placement en bourse peut être comparée aux concours organisés par les journaux où les participants ont à choisir les six plus jolis visages parmi une centaine de photographies, le prix étant attribué à celui dont les préférences s’approchent le plus de la sélection moyenne opérée par l’ensemble des concurrents ». Chaque concurrent, explique-t-il, doit choisir non les visages qu’il juge luimême les plus jolis, mais ceux que l’opinion moyenne considérera réellement comme tels. Comme à la bourse, le gagnant du concours de beauté n’est pas celui qui a les meilleurs goûts, mais celui qui devine le mieux quelles photos seront les plus souvent choisies, c’està-dire celui qui a la meilleure représentation de l’opinion collective et sait en suivre au mieux les tendances.
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À vous de jouer
1. Les revenus tirés de la détention des actions sont : a. Des dividendes. b. Des intérêts. c. Des plus-values.
2. Parmi les risques suivants quel est celui qui n’est pas encouru par le détenteur d’une obligation d’entreprise ? a. Le risque de crédit. b. Le risque d’inflation. c. Le risque de liquidité. d. Le risque que l’entreprise ne fasse pas de bénéfices.
3. La Banque centrale européenne n’a pas le droit d’intervenir sur le marché monétaire. a. Vrai. b. Faux.
4. Les produits dérivés sont (plusieurs bonnes réponses possibles) : a. Des produits financiers qui permettent de se protéger contre des risques. b. Des produits financiers spéculatifs. c. Des produits financiers qui financent les entreprises et les États.
5. L’arbitrage est : a. Un service rendu par l’Autorité de surveillance des marchés. b. Une opération financière permettant de tirer profit des différences de prix sur les marchés.
6. C’est la même entreprise qui gère (plusieurs bonnes réponses possibles) : a. Les bourses des États-Unis. b. La bourse de Londres et celle de Francfort. c. La bourse de New York et la bourse de Paris. d. La bourse d’Amsterdam et celle de Paris.
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1a. Les intérêts sont versés aux détenteurs d’obligations et les plus-values (ou les moins-values) sont réalisées au moment de la vente des actions et non durant leur détention. 2d. Une entreprise qui ne réalise pas de bénéfices ne paie pas souvent de dividendes à ses actionnaires, mais elle continue de payer des coupons sur les obligations qu’elle a émises.
Réponses
3b. Le marché monétaire est le lieu privilégié d’intervention de la banque centrale pour mettre en œuvre la politique monétaire. 4a/b. Les produits financiers dérivés sont utilisés par certains agents économiques pour se couvrir contre les conséquences de variations de taux d’intérêt, de taux de change ou de prix. Ceux qui acceptent de les garantir contre ces évolutions sont souvent des spéculateurs qui gagnent de l’argent dans le cas de non-réalisation de ces événements. 5b. L’arbitrage est une combinaison d’opérations financières permettant de réaliser un bénéfice sans risque en tirant partie des différences de prix entre différents marchés. 6c/d. Euronext a été créée en 2000 par la fusion des bourses d’Amsterdam, de Bruxelles et de Paris. En 2006, elle a fusionné avec NYSE qui gère la bourse de New York portant son nom.
■■ Les marchés financiers sont-ils des marchés comme les autres ? ■■ Les agences de notation ont-elles trop de pouvoir ? ■■ Peut-on avoir confiance dans les marchés financiers ? ■■ Les actifs financiers sont-ils risqués ou incertains ? Les questions à se poser :
Pour les pros
« Je ne suis qu’un banquier faisant le travail de Dieu. » Llyod Blankfein
Les intermédiaires financiers
Walter Bagehot
Étape 6
« La vie du commerce, c’est l’aventure ; celle de la banque c’est la prudence, je dirais presque la timidité. »
L’étape 6 en un clin d’œil
1. Pourquoi les intermédiaires financiers sont-ils indispensables ?
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Étape 1 Il était une fois la finance
Le développement considérable des marchés financiers depuis plusieurs décennies n’a pas entraîné un déclin des intermédiaires financiers bancaires et non bancaires. Au contraire. Il y a de bonnes raisons à cela.
2. Les banques, intermédiaires multicartes Les banques ont continué de développer leur activité classique de collecte de dépôts et de distribution de crédits. Elles se sont, en même temps, redéployées vers la production d’une large gamme de services adossés aux marchés des capitaux.
3. Tout le pouvoir aux fonds d’investissement ? Les fonds de pension, les fonds d’investissement collectifs, d’assurance-vie, les fonds souverains et autres hedge funds, sont devenus les plus gros et les plus actifs investisseurs sur les marchés. Leur influence directe et indirecte sur la gestion des entreprises et des États est devenue déterminante.
Étape 2 Les finances personnelles
Étape 3 La finance d’entreprise
Étape 4 Les finances publiques
Étape 5 Les marchés financiers
Étape 6 Étape 7 Les intermédiaires La globalisation financiers financière
Étape 8 Les crises financières
Étape 9 La régulation financière
Étape 10 L’avenir de la finance
Quelques dates 1949 Création du premier hedge fund. 1970 Le groupe Crédit Mutuel invente la bancassurance avec la création des Assurances du Crédit Mutuel (ACM).
1974 Les États-Unis adoptent l’ERISA (Employee Retirement Income Security Act), base du nouveau rôle des fonds de pension.
1984 La Loi bancaire met fin, en France, à l’obligation de spécialisation des banques.
1986-88 Première vague de privatisation des banques et des assurances en France.
1993-97 Seconde vague de privatisations. 1999 Plan d’action pour le marché financier unique européen. 2008 Faillite de Lehman Brothers.
1. Pourquoi les intermédiaires financiers sont-ils indispensables ? Le développement considérable des marchés financiers depuis plusieurs décennies n’a pas entraîné un déclin des intermédiaires financiers bancaires et non bancaires. Au contraire. Pourquoi faut-il des banques et d’autres intermédiaires financiers si les épargnants ont la possibilité d’effectuer leurs placements sur les marchés de titres et si les entreprises peuvent y trouver les financements qu’elles souhaitent ? D’une part les marchés n’arrivent pas à répondre à l’ensemble des besoins des uns et des autres. D’autre part les intermédiaires présentent, en principe, quelques solides avantages qui les rendent indispensables.
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Une place importante dans l’économie française En moyenne depuis 1995, les intermédiaires financiers, y compris les compagnies d’assurance, contribuent chaque année pour un peu moins de 5 % de la production en France (mesurée par le PIB). La City à Londres Dans cet ensemble, les banques contribuent pour un peu plus de la moiconcentre les sièges tié (2,7 %). Un chiffre relativement stable, un peu plus élevé qu’en Allemagne sociaux de nombreuses (4,2 %) mais moindre qu’au Royaume-Uni (6,6 %), qu’en Suisse (plus de banques, et compagnies 10 %), qu’au Luxembourg (plus du tiers du PIB total) ou qu’aux d’assurance États-Unis (8,4 %). Le secteur bancaire est, à lui seul, le troisième employeur , privé français. Compte tenu de la démographie des les intermédiaires emplois, il réalise environ 30 000 embauches par an. Près financiers emploient des deux tiers des recrutements concernent des jeunes de moins de 30 ans. Près de 60 % des embauchés sont des femmes. Les banques recrutent à tous les niveaux fin 2010 soit de qualification. Le niveau du salaire moyen est relativedu total des ment élevé. Les activités financières sont particulièrement emplois. importantes pour l’Île-de-France. Elles occupent 6,5 % des salariés franciliens, soit 291 100 personnes.
En France
850 000 salariés 3,5 %
Mot-clé
Moins de coûts, plus de sécurité
Les coûts de transaction sont des coûts liés à la réalisation d’un échange économique sur un marché. Il s’agit principalement de coût de recherche du cocontractant de standardisation, de certification et de contrôle de la bonne exécution des échanges.
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Les intermédiaires financiers diminuent les coûts de transaction > Mot-clé et produisent de la sécurité en mutualisant les risques. En principe, ces coûts n’existent pas en situation de concurrence pure et parfaite. En réalité, ils peuvent être élevés, notamment en ce qui concerne les échanges de capitaux. Une entreprise agissant en tant qu’intermédiaire peut en permettre la diminution.
Astuce Un homme qui a emprunté de l’argent à son voisin a perdu le sommeil. Il n’a pas l’argent pour rembourser son emprunt le lendemain, comme il s’y est engagé. Sa femme ouvre la fenêtre et crie : « Voisin ! Mon mari qui doit te rembourser demain ne pourra pas le faire ». Elle referme la fenêtre et dit à son mari : « Maintenant tu peux te rendormir. C’est lui qui ne dormira plus ! »
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Ce classique des histoires drôles illustre très bien le problème des coûts de transaction et l’avantage de recourir à un intermédiaire financier : le voisin aurait mieux fait d’être le créancier d’une banque. Son argent aurait été plus en sécurité, car la banque prête à un grand nombre d’emprunteurs et peut ainsi compenser le défaut de paiement de quelques-uns. Pour cette même raison, l’emprunteur aurait, pour sa part, trouvé, sans doute, des conditions d’emprunt mieux adaptées à ses projets. Le même type de problèmes se pose à un épargnant qui souhaite investir une petite somme dans des titres financiers, actions ou obligations.
Moins d’asymétrie d’information Ce que les économistes appellent l’asymétrie d’information correspond au fait que l’emprunteur connaît, a priori, mieux sa situation que le prêteur potentiel. Dans ces conditions, le marché risque de ne pas aboutir à financer les bons projets. C’est ce qu’on appelle l’anti-sélection. Ce dysfonctionnement potentiel des marchés financiers a été analysé en 1970 par l’économiste George Akerlof, en prenant pour exemple le marché des voitures d’occasion. Sur les marchés des voitures d’occasion, on devrait trouver des véhicules de qualité diverse. Des bonnes, des moins bonnes et d’autres en mauvais état. Sauf que les vendeurs en savent plus sur l’état des voitures qu’ils mettent en vente que les acheteurs. Du coup, les acheteurs exigent des prix plus bas pour compenser le risque de mal tomber. Mais cela va décourager les propriétaires de
voitures en bon état de les mettre en vente, car ils n’en tireront pas un bon prix. Au bout du processus, le marché sera devenu un marché des voitures en mauvais état. C’est cela l’anti-sélection. Et c’est pourquoi, sur le marché des voitures d’occasion, on passe souvent par des intermédiaires qui vérifient, évaluent les véhicules mis en vente et offrent des garanties aux acheteurs.
Certes, les marchés financiers mettent en œuvre des moyens pour réduire l’asymétrie d’information et conjurer le risque de l’anti-sélection. C’est le rôle des obligations d’information des entreprises dont les titres sont cotés ou celui des agences de notation. Mais, les intermédiaires financiers sont souvent mieux à même de les traiter. La qualité de la sélection et du suivi des emprunteurs est au cœur des raisons d’être des intermédiaires financiers et notamment des banques. Cela étant, les banques ne sont pas à l’abri de défaillances dont les conséquences peuvent être considérables, comme l’a montré la crise des subprimes.
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Technique Subprimes : quand la sélection des crédits bancaires déraille La crise financière qui s’est déclenchée aux États-Unis en 2007 trouve son origine dans une distribution massive de crédits immobiliers accordés par les banques américaines à des emprunteurs qui n’avaient pas les ressources pour les rembourser. Les banques n’ont pas pris la peine, ni dépensé l’argent, pour bien évaluer les risques pris. Elles ont fondé leur évaluation sur un modèle statistique d’évolution des prix de l’immobilier américain qui s’est révélé inadéquat, sans réellement prendre la peine d’étudier les dossiers individuels et de vérifier la véracité des informations fournies par les emprunteurs. Au lieu de porter les risques des crédits qu’ils accordaient, les banques ont vendu ces crédits et transféré les risques à d’autres investisseurs. Un mécanisme aux effets pervers car la banque qui sait qu’elle va se débarrasser du risque ou vendre le crédit qu’elle accorde n’a plus intérêt à dépenser l’argent nécessaire pour sélectionner les emprunteurs.
2. Les banques, intermédiaires multicartes Le cœur de métier Transformation et création monétaire
Crédits à plus long terme
Les dépôts des clients sont plus liquides que les crédits que les banques leur accordent
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Le cœur de métier de la banque, sa fonction traditionnelle, est de collecter des dépôts, gérer les comptes de ses clients et octroyer des crédits aux entreprises et aux ménages. Les dépôts collectés par les banques sont liquides, à court terme, alors que les prêts qu’elles accordent sont à plus long terme. Ce qui répond au besoin des emprunteurs et à une grande utilité économique. On Dépôt dit que les banques font de la transformation. à court De plus, la banque n’accorde pas seulement des terme crédits en utilisant les dépôts déjà existants. Elle peut aussi créer de la monnaie. Elle accorde un crédit et crédite du même montant le compte de dépôt de l’emprunteur. Celui-ci pourra l’utiliser pour payer ses fournisseurs ou le bien qu’il souhaite acheter grâce au crédit. On dit alors que c’est le crédit accordé qui fait le dépôt et non l’inverse. Le remboursement du crédit aboutira de façon symétrique à une destruction de la monnaie créée.
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Les crédits font les dépôts Particuliers ou entreprises
Création monétaire
Crédit
Dépôt
Banque
Tous les crédits ne donnent pas lieu à de la création monétaire. Lorsque des établissements financiers spécialisés (par exemple dans le crédit à la consommation), qui ne sont pas habilités à recevoir des dépôts, accordent un crédit, ils peuvent le faire parce qu’ils se sont préalablement financés. Seules les banques qui gèrent les dépôts ont le pouvoir de création monétaire.
Les banques ne peuvent prêter sans limites Une banque doit avoir continuellement les ressources suffisantes pour faire face aux décaissements sur les dépôts de ses clients. Une défaillance de l’emprunteur se traduira par une perte sèche, correspondant au montant du capital non remboursé. Celle-ci peut être plus importante que les bénéfices obtenus sur un emprunt entièrement remboursé. Pour se protéger contre ce risque, la banque prend alors des garanties : elle exige de pouvoir vendre un bien qui est mis en garantie (hypothèque) ou d’avoir l’assurance que quelqu’un d’autre remboursera à la place de l’emprunteur, c’est ce qu’on appelle une caution. Mais chaque banque doit veiller à garder un équilibre satisfaisant entre ses crédits et ses dépôts.
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Un recul très relatif des crédits Le développement des marchés financiers, à partir des années 1980, a modifié la donne. D’un côté, les possibilités de placement des ménages se sont diversifiées : la part des dépôts a diminué. De l’autre, la progression des financements En pratique directs par émission de titres a fait reculer la part Les particuliers sont devenus un marché privilégié pour les des crédits dans le financement de l’économie. crédits des banques et des autres établissements de crédits. Mais il s’agit d’un recul relatif. L’encours des créEn 2000, les encours de crédits distribués aux entreprises (y compris les entreprises individuelles) étaient de dits fournis par les établissements de crédits en 470 milliards d’euros contre 350 milliards pour les ménages. France a doublé entre 2000 et 2010. Il dépasse En 2010 les encours de crédits aux ménages étaient de 2 000 milliards d’euros et représente l’équivalent 830 milliards d’euros contre 780 pour les entreprises. Ce de la production nationale annuelle contre seulesont les crédits pour l’habitat qui ont le plus progressé. ment 70 % en 2000.
Important Les banques sont des entreprises potentiellement fragiles. Les crédits qu’elles accordent étant moins liquides et à plus long terme que les dépôts qu’elles reçoivent, un retrait de fonds massif de la clientèle peut être fatal. Les banques sont sous la menace de pertes de confiance de la clientèle et des mouvements de panique des déposants. Les pouvoirs publics ont progressivement mis en place différents pare-feu : garanties publiques des fonds des déposants, réglementation pour imposer une certaine prudence dans la distribution des crédits, contrôle et surveillance des institutions bancaires par des autorités publiques, interventions régulatrices des banques centrales.
De nouvelles fonctions adossées aux marchés financiers Tout en poursuivant et modernisant leurs activités traditionnelles, les banques sont devenues des acteurs clés des marchés financiers. Elles se sont concentrées et internationalisées. Les ménages, les entreprises et les administrations utilisent leurs services pour placer leur épargne et pour couvrir leurs besoins de financement en faisant appel aux marchés. On peut schématiquement regrouper ce que sont devenues les activités bancaires autour de trois grands secteurs : –– la banque de détail ; –– la gestion d’actifs et des services aux investisseurs ; –– la banque de financement et d’investissement.
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La banque de détail La banque de détail (on dit aussi banque de proximité) propose les services traditionnels de la gestion des moyens de paiement et des comptes, ainsi que ceux du crédit à la consommation et aux petites entreprises. Elle propose également des produits d’épargne et d’assurance-vie ou dommage. Cette offre s’est modernisée et diversifiée, notamment avec le développement de services via Internet. Des acteurs nouveaux sont apparus (banques en ligne). Les établissements de crédits spécialisés qui proposent notamment des crédits à la consommation non bancaires se sont également développés. La plupart sont des filiales de grands groupes bancaires français ou étrangers.
Internet a permis le développement de services bancaires à distance et l’émergence de banques sans guichet
La gestion d’actifs Cette activité consiste à gérer des portefeuilles d’actifs financiers pour le compte de tiers ou pour le compte propre de la banque. Les « tiers » sont des clients privés (à gros patrimoine la plupart du temps…), des clients institutionnels (banques, compagnies d’assurance, caisses de retraite et de prévoyance…). Ce sont aussi des organismes de placements collectifs de valeurs mobilières.
Mot-clé
La banque de financement et d’investissement Les banques de financement et d’investissement s’adressent aux grandes entreprises, aux États, aux administrations et aux investisseurs institutionnels. Elles les conseillent en matière de fusions et d’acquisitions, de stratégie financière et les accompagnent dans leurs opérations d’émissions d’actions et d’obligations et dans leurs activités internationales. Elles élaborent des produits financiers sur mesure en matière d’investissement et de gestion des risques (produits dérivés et titrisation). Elles exercent des activités de courtage > Mot-clé et de trading > Mot-clé . Elles sont également étroitement associées au fonctionnement de fonds d’investissement, en particulier celui des hedge funds à qui elles offrent des services de prêts et d’emprunts de titres et des services de financement spécifiques adaptés aux opérations avec effet de levier.
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L’activité de courtage est une activité consistant à servir d’intermédiaire entre un acheteur et un vendeur d’actif. Le courtier est rémunéré par une commission.
Mot-clé Le trading qualifie des opérations d’achats et de ventes d’actifs financiers sur de courtes périodes.
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FOCUS
Le secteur de la banque de financement et d’investissement s’est développé considérablement durant les années précédant la crise des subprimes. Il a été très actif dans la plupart des innovations financières des dernières décennies (cf. étape 5). Il s’est caractérisé par une rentabilité très élevée quoique volatile. De très fortes rémunérations sont versées à certains salariés de ce secteur avec les bonus.
Le métier de trader Le trader est un opérateur spécialisé qui achète et vend des valeurs mobilières (actions, obligations, produits dérivés, options…), des devises, pour le compte d’un tiers (OPCVM, entreprise, personne, institutionnels…), ou pour l’établissement qu’il représente, en tentant de dégager des profits. Il travaille dans des salles des marchés rattachées à des banques ou des entreprises d’investissement. Normalement, il a des normes et des plafonds à respecter et fait l’objet de contrôles. Mais il est arrivé que des traders et des contrôles dérapent. Les traders sont rémunérés sur la base d’un salaire fixe et d’une part variable (bonus), qui est proportionnelle aux profits obtenus et parfois extrêmement importante. Ce système de rémunération incite à des prises de risques excessives. Après le déclenchement de la crise des subprimes en 2007-2008, ces rémunérations ont été rapidement rétablies.
La banque universelle, modèle dominant en France Le secteur bancaire français est dominé par 7 grands groupes : Crédit agricole, BNP Paribas, Société Générale, BPCE (Banques populaires-Caisse d’épargne), Crédit Mutuel-CIC, HSBC France auxquels il convient d’ajouter la Banque Postale, qui, créée en 2006, est une banque publique. groupes bancaires Trois groupes, Société Générale, BNP Paribas et HSBC collectent France (filiale du groupe britannique HSBC) sont des banques commerciales. Les trois autres sont issus du monde mutualiste. La Banque Postale est exclusivement une et octroient banque de détail. Les autres sont des banques universelles (ou multi spécialisées), modèle largement prédominant dans le système bancaire français et en Europe continentale. Les banques universelles sont des ensembles financiers regroupant directement ou par l’intermédiaire de leurs filiales les différents métiers
7
90 % des dépôts 85 % des crédits.
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des banques de détail, des banques de financement et d’investissement et des banques de gestion d’actifs. Ces banques ont également une forte présence à l’étranger par l’intermédiaire de filiales, de succursales ou par des partenariats. Aux États-Unis, à la veille de la crise de 2007, quelques grandes banques universelles étaient classées aux premiers rangs des banques mondiales (Citigroup, Bank of America, JP Morgan Chase…). Plus de 7 000 banques commerciales et locales occupaient une place importante en matière de banque de détail et de proximité. Cinq grandes banques (Goldman Sachs, Morgan Stanley, Merrill Lynch, Lehman Brothers, Bear Stearns) restaient spécialisées dans le secteur de la banque d’affaires et d’investissement, secteur dans lequel les États-Unis représentaient la moitié de l’activité mondiale. La crise a frappé tous les types de banques, entraînant des faillites ou de très lourdes pertes tant parmi les banques locales, dont des centaines ont disparu, que parmi les grandes banques d’investissement dont deux sur cinq ont été reprises en urgence par d’autres banques (Bear Stearns et Merrill Lynch) et l’une a été mise en faillite (Lehman Brothers).
Les banques disent élever des murailles de Chine pour empêcher les conflits d’intérêt
Important Conflits d’intérêt et muraille de Chine « L’intérêt de nos clients vient toujours en premier » affirme le premier des 14 principes de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs. Les bonnes résolutions sont une chose, les pratiques en sont parfois une autre. Les problèmes viennent notamment de ce que des banques comme Goldman Sachs travaillent aussi pour leur propre compte, sans compter que les clients peuvent avoir entre eux des intérêts opposés. Le risque de dérapage est connu sous le nom de conflit d’intérêt. Il concerne d’une manière ou d’une autre pratiquement toutes les banques. Les pare-feu permettent notamment la mise en place d’une stricte séparation des activités entre lesquelles la circulation des informations peut entraîner des dérapages. C’est ce qu’on appelle des murailles de Chine. Ce sont aussi des règles de rémunération qui garantissent que l’intérêt des clients est bien toujours la préoccupation essentielle du banquier.
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Too big to fail Le 5 septembre 2008, la banque Lehman Brothers se déclare en faillite. Par réaction en chaîne, c’est tout le système bancaire et financier mondial qui menace de s’écrouler. Bien que n’étant à l’époque que la 4e banque d’investissement des États-Unis, Lehman Brothers était trop grosse pour tomber (too big to fail). Ce n’est pas une première. À plusieurs reprises déjà les faillites d’institutions financières ont engendré des crises financières nationales ou internationales. Il vaut mieux, en règle générale, tout faire pour éviter que les institutions financières importantes fassent faillite, même si elles ne sont plus solvables. Mais, si les institutions concernées savent qu’on ne les laissera pas tomber en cas de problèmes, elles peuvent être tentées de chercher à faire plus de profits en prenant plus de risques qu’elles ne devraient. C’est ce que les économistes appellent « faire jouer l’aléa moral > Mot-clé ». Le pare-feu consiste à empêcher la constitution de trop grandes banques ou à les encadrer et à les contrôler avec un soin tout particulier.
Mot-clé L’aléa moral consiste dans le fait qu’une personne ou une entreprise assurée contre un risque peut se comporter de manière plus risquée que si elle était exposée au risque.
Les banques centrales à la croisée des chemins Les banques centrales modernes sont des institutions exerçant des responsabilités essentielles dans la régulation monétaire, économique et financière. Il en existe dans presque tous les pays. Elles ont pratiquement partout le monopole de l’émission des billets et elles exercent des responsabilités dans le fonctionnement et la sécurité des systèmes de paiements. Elles conduisent la politique monétaire et nombre d’entre elles jouent un rôle majeur dans la réglementation, la surveillance et le contrôle des banques. La Banque centrale européenne (BCE) a été créée le 1er janvier 1999. Elle forme l’Eurosystème avec les banques centrales des pays membres de la zone euro. Indépendante des pouvoirs politiques, selon le modèle de la banque centrale allemande, la BCE constitue la seule véritable institution fédérale de l’Union européenne. Dans le contexte de la libéralisation financière de la fin du xxe siècle, l’action des banques centrales s’est inscrite dans la doctrine monétariste > Mot-clé. L’objectif prioritaire de la plupart des banques centrales, et tout particulièrement celui de la BCE, a été de garantir la stabilité des prix en contrôlant l’expansion de la masse monétaire à l’aide de la politique monétaire.
Mot-clé Le monétarisme est une doctrine selon laquelle les variations de la quantité de monnaie exercent une influence décisive sur l’évolution de la production, de l’emploi et des prix.
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Elles ont laissé au second plan l’objectif de stabilité financière. Ce rôle était auparavant essentiel. Depuis le dernier quart du xixe siècle, en effet, les banques centrales, agissant comme banque des banques, sont intervenues, à de multiples reprises, comme prêteur en dernier ressort > Mot-clé pour contrer les crises bancaires et financières. Face aux crises financières qui ont émaillé l’économie depuis les années 1990, les banques centrales, et notamment la Banque centrale des États-Unis, ont riposté par des politiques monétaires de bas taux d’intérêt et de fortes expansion des liquidités. Celles-ci se sont révélées compatibles avec l’objectif de stabilité des prix. Mais elles ont favorisé la formation des bulles financières. Depuis la crise de 2007-2008, les banques centrales sont de nouveaux intervenues massivement comme préteur en dernier ressort des banques. Elles doivent rééquilibrer leurs objectifs et leurs missions en redonnant une priorité plus forte à la stabilité financière. Elles participent ainsi à la régulation macroprudentielle (cf. étape 9). Les interrogations portent également sur leur rôle dans le financement des dettes publiques qui ont considérablement gonflé, du fait du sauvetage des banques par les États et de la récession. Les banques centrales des ÉtatsUnis et d’Angleterre n’hésitent pas à acheter une partie des obligations émises par les États de ces pays. Il n’est pas dans le mandat de la BCE de pouvoir le faire. Le gouvernement de l’Allemagne y est opposé. Mais selon de nombreux économistes et dirigeants, français notamment, cela aggrave la crise des dettes publiques et les risques d’éclatement de la zone euro.
Mot-clé Un prêteur en dernier ressort est une intervention de la banque centrale consistant à prêter sans limite à des institutions bancaires qui ne trouvent pas de liquidités et sont menacées de faillite du fait d’un climat de panique et de méfiance générale des banques les unes visà-vis des autres.
3. Tout le pouvoir aux fonds d’investissement ? Des fonds de placements collectifs À partir des années 1970 de nouveaux intermédiaires financiers, les fonds d’investissement, se sont développés au côté des banques et des institutions de crédit spécialisées. Leur montée en puissance a modifié en profondeur les structures et le fonctionnement des entreprises et de l’économie. Ces institutions collectent l’épargne des particuliers et des entreprises
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et effectuent des placements financiers pour le compte de ces épargnants. Chaque déposant dans le fonds est détenteur d’une fraction du portefeuille du fonds au prorata de son investissement. Actifs sous gestion des fonds d’investissement dans le monde Fin 2010, en milliards de dollars Fonds de pension
29 900
Fonds commun de placement
24 700
Fonds d’assurance
24 600
Fonds souverains
4 200
Fonds de Capital Investissement
2 600
Hedge funds
1 800
Autres
En pratique
0
En 2010, les placements des ménages français auprès d’investisseurs institutionnels représentaient 1 560 milliards d’euros soit 40 % de leur patrimoine financier. C’est plus que le total des actions cotées et des titres de créance détenus directement (6,6 % du patrimoine) et des encours de dépôts auprès des banques (29 % du patrimoine).
136
Étape 1 Il était une fois la finance
1 300 10 000
20 000
}
}
Investisseurs institutionnels
Fonds non conventionnels
30 000 Source : TheCityUK
Les fonds d’investissement présentent en principe un certain nombre d’avantages par rapport aux placements individuels directs. La gestion de l’épargne est confiée à un professionnel qui se charge de les investir sur un ou plusieurs marchés financiers. Des petits épargnants peuvent accéder, via le fonds, à une diversification de leurs placements qu’ils ne pourraient obtenir par des placements boursiers directs. La concurrence entre les fonds constitue une incitation à la performance et à la qualité de la gestion. La diversité des fonds permet aux épargnants de choisir ceux dont les investissements sont adaptés à leurs objectifs et à leur goût du risque (cf. étape 2). Les fonds d’investissements sont constitués des investisseurs institutionnels : –– fonds de pension, fonds d’assurance et organismes de placements en valeurs mobilières ; –– fonds non conventionnels ( hedge funds, fonds de capital investissement et fonds souverains).
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Étape 10 L’avenir de la finance
Les investisseurs institutionnels Fin 2010, les investisseurs institutionnels dans le monde « pesaient » au total près de 80 000 milliards d’actifs sous gestion, soit un montant équivalent à environ 40 % des actifs financiers mondiaux.
Les fonds de pension Les fonds de pension gèrent les cotisations des salariés et des employeurs et les investissent afin de verser des pensions ou un capital aux salariés à partir de leur départ en retraite. C’est ce qu’on appelle le système de retraite par capitalisation. En France, les fonds de pension sont peu développés. Le système prédominant est celui de la retraite par répartition, dans lequel les cotisations versées chaque année par les salariés et les employeurs servent à payer les pensions des retraités. Aux États-Unis, au Japon, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas où la retraite par capitalisation prédomine, les fonds de pension ont accumulé des montants d’actifs considérables investis dans l’ensemble du monde.
Quand ils épargnent, les actifs pensent souvent à leur retraite
Technique Il existe deux sortes de fonds de pension : –– les fonds à prestations définies, dans lesquels le niveau de retraite du bénéficiaire est prédéterminé ; –– les fonds à cotisations définies, dans lesquels seul le montant des cotisations versées par le travailleur et/ou l’employeur est défini à l’avance. Les fonds à prestations définies représentent 70 % du total mais leur part diminue au profit des fonds à cotisations définies dans lesquels le risque est transféré à l’épargnant.
Mot-clé Le contrat d’assurance est un contrat par lequel l’assureur garantit des prestations précises à un individu, une association ou une entreprise en cas de réalisation d’un risque clairement identifié dans le contrat, en contrepartie du versement d’une cotisation, aussi appelée prime.
Les fonds d’assurance Les assurances > Mot-clé se composent de deux secteurs : –– les assurances dommages qui protègent contre les effets d’accidents d’incendie et de divers autres risques ; –– les assurances de personnes qui regroupent les assurances santé, décès, la prévoyance et l’assurance-vie. Les sociétés d’assurance doivent garantir les prestations en cas de réalisation des événements couverts grâce aux réserves qu’elles constituent. Mais seuls les contrats d’assurance-vie et les contrats d’épargne retraite,
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également proposées par les compagnies d’assurance, peuvent être assimilés à des produits d’épargne. Les coti, sations des assurances-vie sont investies et capitalisées fonds directement par les sociétés d’assurance dans le cas des contrats d’assurance-vie en euros ou dans des fonds d’investissement collectifs, s’il s’agit de contrats en unité de compte. Les fonds d’assurance-vie atteignent des montants considérables dans de nombreux pays dont la France où l’assurance-vie est l’un des produits favoris des épargnants, soutenue par une fiscalité favorable.
Fin 2011
l’encours des
d’assurance-vie est de
1 362 Mds €.
Les fonds d’investissements collectifs Dans ces fonds collectifs, les épargnants qui achètent des parts donnent mandat à des gestionnaires professionnels pour investir par capitalisation leur épargne dans des actifs financiers. Aux États-Unis, on les appelle des fonds mutuels (mutuals funds), en Europe des organismes de placements en valeurs mobilières. Ils sont soumis à une législation commune européenne. Une fois agréé dans un État membre de l’Union européenne, un fonds OPCVM peut être commercialisé librement dans tous les autres États membres de l’Union européenne. L’industrie française de la gestion d’actifs est au premier rang européen (21 %) et au second rang mondial, après les États-Unis.
Acteurs majeurs de la mutation du capitalisme Le développement des investisseurs institutionnels, à partir des années 1970, a modifié en profondeur les structures de l’économie capitaliste et son fonctionnement. Les investisseurs institutionnels sont devenus des actionnaires de poids, notamment pour les grandes entreprises. Ils ont imposé des critères de rentabilité élevée et fait de la création de valeur pour l’actionnaire le critère prédominant de leur gestion. Les managers ont d’autant plus rallié cette norme que leurs rémunérations y sont étroitement liées.
Les fonds non conventionnels À côté des fonds d’investissements institutionnels classiques, d’autres types de fonds ont acquis une importance croissante. Leurs comportements et leur rôle font l’objet d’interrogations.
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Les fonds souverains Les fonds souverains pèsent 4 000 milliards de dollars. Il s’agit de fonds d’investissement détenus ou contrôlés par un État. Leurs ressources proviennent, d’une part des dividendes issus des prix élevés du pétrole qui confèrent aux pays producteurs une vaste réserve de pétrodollars (Qatar, Dubaï, Koweït, Abou Dhabi ou Norvège), et d’autre part, des excédents commerciaux des pays asiatiques (Singapour, Corée du Sud, Chine). La stratégie des fonds souverains s’oriente de plus en plus vers la participation au capital d’entreprises occidentales, voire leur prise de contrôle.
La Norvège a développé un fonds souverain parmi les plus importants
Les fonds de capital investissement Les fonds de capital investissement pèsent 2 600 milliards de dollars. Ce sont des fonds dont les investissements sont réalisés dans des sociétés non cotées en bourse. Ils peuvent servir à financer le démarrage (capital risque), le dévelopImportant pement (capital développement), la transmission ou Dans la nouvelle période ouverte par la crise des de plus en plus fréquemment l’acquisition d’entresubprimes, l’insuffisance de l’investissement prises, en recourant à un fort endettement bancaire. de long terme est une question cruciale pour L’objectif est alors de « redresser » l’entreprise ou retrouver les voies d’un nouveau développement d’améliorer sa rentabilité et sa valeur pour réaliser à économique (investissements pour les terme une plus-value en la revendant en totalité ou infrastructures, les connaissances, la production des biens et services du futur portée par les en partie sur le marché.
Les hedge funds Les hedge funds, qui pèsent 1 600 milliards de dollars, ont connu une croissance spectaculaire dans les années 1990 et 2000. Le terme lui-même est trompeur. La traduction littérale en français est « fonds de couverture », c’est-à-dire se livrant à des placements de protection contre les fluctuations des marchés considérés. Au contraire, ce sont des fonds particulièrement risqués, beaucoup plus risqués que les fonds communs de placement (OPCVM).
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enjeux écologiques). L’épargne mobilisée par les investisseurs institutionnels est dans une assez large proportion une épargne immobilisée sur le long terme. Mais les gestionnaires de ces fonds n’agissent pas toujours comme des investisseurs de long terme. D’une part, ils font parfois la part belle à des gestions spéculatives et à l’espoir de plus-value de court terme. D’autre part, les critères de la création de valeur actionnariale qu’ils imposent dans la gestion des entreprises sont peu adaptés à cet objectif.
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1. Une banque de détail est :
À vous de jouer
a. Une banque qui vend des services financiers à l’unité. b. Une banque de petite taille. c. Une banque de proximité.
2. Une banque universelle est : a. Une banque présente partout dans le monde. b. Une banque qui regroupe tous les métiers bancaires. c. Une banque qui a pour mission de fournir des services universels pour les plus démunis.
3. L’emploi dans le secteur bancaire en France est d’environ : a. 200 000 salariés. b. 400 000 salariés. c. 800 000 salariés.
4. Les actifs gérés par les investisseurs institutionnels dans le monde sont d’un montant correspondant à : a. 40 % des actifs financiers mondiaux. b. 60 % des actifs financiers mondiaux. c. 80 % des actifs financiers mondiaux.
5. Les fonds de pension sont les principaux investisseurs institutionnels français. a. Vrai. b. Faux.
6. Lesquelles de ces affirmations sont exactes ? a. Les banques peuvent prêter de l’argent, qu’elles créent en le prêtant. b. Les investisseurs institutionnels sont des institutions de crédit. c. Les banques transforment de l’épargne à court terme en prêts à plus long terme. d. Les fonds souverains sont des fonds spécialisés dans le financement des dettes souveraines.
7. L’effet de levier, c’est : a. La diversification des placements financiers obtenue par un particulier qui place dans un fonds d’investissement collectif. b. Le montant des crédits que l’on peut obtenir en hypothéquant un bien. c. L’effet démultiplicateur lié au fait de verser une partie seulement des sommes sur lesquelles porte un investissement.
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1c. Une banque de détail est un établissement bancaire dont les services s’adressent à des particuliers, à des personnes exerçant des professions libérales et à des petites entreprises. 2b. Le terme désigne les groupes bancaires qui regroupent les différents métiers de la banque de détail (y compris des services d’assurance), de la banque de financement et d’investissement et de la gestion d’actifs.
Réponses
3b. Le secteur bancaire emploie 400 000 salariés et l’ensemble du secteur financier environ 800 000. 4a. Les actifs sous gestion des investisseurs institutionnels dans le monde étaient estimés fin 2010 à 80 000 milliards de dollars, soit un montant équivalent à environ 40 % du patrimoine financier mondial. Attention, cependant, cela ne signifie pas que les investisseurs institutionnels détiennent 40 % du patrimoine financier mondial. Une partie de leurs actifs est en effet constituée par des actifs immobiliers, non comptabilisés dans le patrimoine financier mondial. 5b. En France, les fonds de pension sont beaucoup moins développés que dans les pays anglo-saxons, compte tenu de la place prédominante des systèmes de retraite par répartition. L’assurance-vie est en revanche beaucoup plus développée. 6a/c. La création monétaire et la transformation des dépôts en prêts à plus long terme sont les deux fonctions bancaires de base. 7c. L’effet de levier permet d’augmenter la rentabilité d’un investissement en ayant recours à l’endettement. Mais cela accroît les risques pris par l’investisseur.
■■ La rentabilité exigée par les fonds d’investissement sur leurs placements en actions est-elle excessive ? ■■ Les banques peuvent-elles prêter aux pauvres ? ■■ Doit-on laisser aux banques un pouvoir de création monétaire ? ■■ Les banques sont-elles des entreprises comme les autres ? Les questions à se poser :
Pour les pros
« Il est nécessaire de mettre du sable dans les rouages de la finance internationale. » James Tobin
La globalisation financière
John Connally
Étape 7
« Le dollar, c’est notre monnaie mais votre problème. »
L’étape 7 en un clin d’œil
1. Les flux internationaux de capitaux, moteur de la finance internationale
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L’expansion du commerce international liée à l’ouverture des frontières a généré une augmentation sans précédent des mouvements de capitaux, qui, avec la libération des marchés financiers et l’accentuation de la mondialisation, font aujourd’hui de la finance internationale une finance globale, c’est-àdire une finance où marchés et acteurs pensent et interagissent à l’échelle planétaire.
2. Une finance mondiale à la dérive ? L’interconnexion mondiale des marchés, si elle a offert de nouvelles possibilités de financement pour les acteurs de l’économie internationale, a, en retour, fragilisé le système financier international en raison de la permanence de déséquilibres structurels entre les différentes parties du monde et de l’accroissement des marges de manœuvre du secteur non régulé de la finance.
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Quelques dates 1944 Naissance du système monétaire international dit de Bretton Woods. 1960 Naissance du marché de l’eurodollar. 1971 Suspension de la convertibilité or du dollar. 1973 Crise pétrolière qui conduit à l’expansion des « pétrodollars » ; généralisation du flottement des monnaies.
1976 Accords de la Jamaïque ; fin officielle du système de Bretton Woods ; la référence à l’or est abandonnée.
1979 Fin du contrôle des changes en Grande-Bretagne ; naissance du système monétaire européen ; la Federal Reserve des États-Unis met en place une politique monétariste, ce qui entraîne une envolée du dollar ; l’or, valeur refuge, à son plus haut niveau (24 fois le cours officiel de 1971).
1982 Moratoire décidé par les pays d’Amérique latine sur le remboursement de leur dette extérieure.
1985 Accords du Plaza : action concertée des banques centrales pour faire baisser le dollar.
1987 Krach financier mondial lié à l’arrêt d’injection de liquidités par les banques centrales, vite abandonné pour éviter le scénario des années 30.
1990 Achèvement de la libre circulation des capitaux au sein de la Communauté européenne.
1997 Crise asiatique liée à l’effondrement des monnaies suite aux retraits de capitaux internationaux.
1999 Naissance de l’euro. 2007 Crise des subprimes aux États-Unis : paralysie du système financier mondial suite aux problèmes de liquidité et de solvabilité des grandes banques internationales.
2010-2011 Crise des dettes souveraines en Europe.
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1. Les flux internationaux de capitaux, moteur de la finance mondiale Besoins et capacités de financement à l’échelle mondiale L’augmentation des flux de capitaux (flux financiers) prend sa source dans l’expansion des flux commerciaux après 1945. Un processus Le GATT (General Agreement on vertueux se met alors en place, où le commerce extérieur devient un Tarifs and Trade), qui organisera accélérateur de croissance, dopé par les nouvelles réglementations différents « rounds » visant à la internationales et les nouveaux accords entre nations qui libéralisent baisse des tarifs douaniers, et les premières esquisses d’Unions les échanges. économiques régionales (la L’augmentation du volume des échanges mondiaux et la démultiCECA, puis le Marché commun plication des flux commerciaux, entraînées par l’irruption d’acteurs européen) deviennent des leviers toujours plus nombreux dans les échanges, ont pour corollaire pour développer les échanges l’augmentation des flux monétaires et financiers qui en perinternationaux dont le rythme de mettent le financement et le règlement. Les pays à excédents croissance sera toujours supérieur commerciaux dégagent dans l’échange international des ressourà celui des PIB nationaux. ces qui sont pour partie conservées sous forme d’augmentation des réserves de change et, pour une autre partie, recyclées dans les pays en développement, soit sous forme de prêts aux acteurs locaux, soit sous forme d’investissement direct à l’étranger (IDE) de la part des grandes firmes qui accélèrent ainsi leur processus de multinationalisation. En retour, au fur et à mesure que leur décollage économique s’assure, les pays en développement, d’abord importateurs nets de capitaux, La demande de dollars s’affranchissent progressivement de après la Seconde cette contrainte pour devenir à leur tour, Guerre mondiale fut un via les gains du commerce extérieur obtenus par leur insertion dans les facteur d’accélération échanges mondiaux, des pays excédentaires capables de rembourser les des mouvements de capitaux prêts octroyés initialement.
En pratique
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La finance internationale naît donc des besoins et capacités de financement de la croissance et du développement à l’échelle mondiale. Les flux financiers suivent en sens inverse les flux commerciaux : L’excédent commercial se traduit par des entrées de capitaux, le déficit par des sorties de capitaux. Le développement des activités à l’étranger des firmes multinationales entraîne des entrées de capitaux pour le pays d’accueil, compensées ultérieurement par des sorties liées au paiement des revenus du capital (intérêts, dividendes). Les prêts publics ou privés octroyés par les pays développés aux pays en développement génèrent des sorties de capitaux mais à terme, des rentrées par la rémunération qu’ils impliquent.
Les principaux segments du marché international de capitaux Le marché des matières premières Le marché des matières premières permet l’ajustement entre offre et demande de produits primaires non transformés. Il est affecté, du côté de l’offre, par les capacités de production à état technique donné et, du côté de la demande, par le niveau des besoins à un moment donné. Toute variation susceptible d’affecter l’offre ou la demande se traduit par la modification des prix des biens. Il peut s’agir d’une modification temporaire dans le cas d’un aléa climatique pour des matières premières agricoles par exemple ou durable (la rareté relative du bien). L’ensemble des facteurs variables influe sur les perspectives de prix à court, moyen et long terme. Aujourd’hui, pour se prémunir des variations trop fortes qui affectent le calcul économique, les principaux acteurs sur le marché mondial des matières premières se protègent contre la volatilité des prix en négociant par avance des contrats garantissant des prix donnés (contrats futures). Le blé par exemple, est une matière première alimentaire mais également… un support (un sous-jacent disent les professionnels) de produits financiers. La financiarisation croissante des matières premières a transformé
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ce marché, devenu progressivement au cours du temps un marché d’anticipations où le montant des transactions financières sur ces produits est sans commune mesure avec les échanges réels.
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La financiarisation des matières premières en milliards de dollards Capitaux traités sur les marchés de dérivés de gré à gré 12 10 8 6 4 2 Dé c. 20 02 Dé c. 20 03 Dé c. 20 04 Dé c. 20 05 Dé c. 20 06 Dé c. 20 07 Ju in 20 08 Dé c. 20 08 Ju in 20 09 Dé c. 20 09 Ju in 20 10
0
Source : d’après Les Échos
Le pic de juin 2008 s’explique par la chute des marchés financiers liée à la faillite de la banque Lehman Brothers à l’automne de la même année et par la crise économique, la demande en matières premières étant moindre, en raison du ralentissement de la croissance. Ce qui induit une chute des contrats futures sur les matières premières.
L’internationalisation du marché des actions
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4 737 Mds $.
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Les investissements internationaux sur le marché des actions porte sur les opérations d’investissement (dit de portefeuille par opposition Il s’échange aux investissements physiques). Il se concrétise par des prises de actuellement à participation (ou inversement par des ventes) au capital de firmes Bourse de Chicago étrangères par des grandes entreprises et institutions financières et bancaires de stature internationale, dans le cadre d’opérations la production Au 3e trimestre jugées stratégiques pour leur croissance. mondiale de blé 2011, Depuis quelques années, le marché interen produits les actifs des fonds national des actions est aussi alimenté par dérivés. souverains s’élevaient à les prises de participation de fonds souverains (les États à excédent budgétaire diversifiant par ce biais leurs placements à long terme) et les intervenWe tions des fonds spéculatifs (hedge funds). Les grandes ign e r e Sov Source : bourses de stature internationale sont les lieux physiques
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où se fixent le prix de ces actifs financiers, même si se développent depuis peu des plateformes de négociation de gré à gré (dark pools) qui échappent au caractère réglementé des marchés boursiers et génèrent en conséquence des risques systémiques. Comme pour l’ensemble des marchés financiers, le marché international des actions est devenu un marché d’anticipations où ce qui est négocié porte autant sur les titres de propriété que sur des perspectives d’évolution (contrats indiciels ou trackers).
Les marchés de taux Les marchés de taux concernent les opérations de financement. Les opérateurs sont les mêmes que pour le marché international des actions, à ceci près que les États constituent des acteurs importants en raison, soit de leur besoin de développement (cas des pays en voie de développement), soit de leurs déficits budgétaires récurrents qui ont conduit à l’explosion des dettes souveraines (cf. étape 4). Les obligations privées et publiques alimentent les marchés de taux en fonction des perspectives temporelles, de l’abondance ou de la rareté des ressources financières disponibles au niveau international, de la solidité (solvabilité) de l’émetteur, du contexte économique favorable ou non. Pour les intervenants sur ces marchés, il s’agit de s’assurer des coûts les plus bas en profitant des écarts existants entre les places financières internationales. Parmi les instruments financiers utilisés, certains constituent des références pour ces opérations, à l’image des bons du trésor américains (Tbonds à 10 ans) ou allemands (Bunds à 10 ans), dont les taux déterminent au niveau mondial l’arbitrage entre financement public et financement privé.
Aujourd’hui, les transactions financières exprimées en valeur dépassent de loin les transactions physiques
Technique Les opérations de carry trade consistent à emprunter dans des devises à faible taux d’intérêt pour investir dans celles à intérêt plus élevé, l’investisseur jouant sur le différentiel de taux pour encaisser un profit. Les stratégies de carry trade sont généralement menées lorsque l’environnement économique est peu volatil et que les taux d’intérêt sont plutôt élevés. Dans le cas contraire, les investisseurs préfèrent des stratégies dites « momentum » où les choix reposent sur des tendances de fond et non sur des opportunités où la rémunération n’est pas assez élevée par rapport aux risques encourus.
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Le marché des devises Le marché des devises (ou marché des changes) est le dernier grand segment du marché international des capitaux. Pour financer ou régler les échanges, particuliers, entreprises, institutions financières et États doivent se procurer la monnaie étrangère dont ils ont besoin en échangeant celle-ci contre leur propre monnaie. La valeur d’une devise est donc le résultat d’une confrontation entre offre et demande de monnaie au plan international et s’illustre par son cours. Le volume d’échange est une première condition mais celle-ci n’est pas suffisante. Le statut de cette monnaie est une autre condition : ainsi, le dollar est aujourd’hui encore la monnaie de facturation d’un certain nombre de produits primaires (dont le pétrole), ce qui fait que la demande de dollars n’est pas uniquement induite par les échanges des États-Unis. La situation économique et sociale nationale fait aussi partie des paramètres : le niveau d’endettement et la capacité à rembourser à échéance, ou non, influencent grandement le cours d’une devise. La crise des dettes souveraines de l’été 2011 est venue le rappeler. Mais plus encore, certaines données jouent un rôle particulier : c’est le cas principalement des statistiques de l’emploi et de la croissance américaines, qui compte tenu du poids des États-Unis dans l’économie mondiale, influent sur des niveaux de parité comme ceux de l’euro ou du yen vis-à-vis du dollar. Par ailleurs, les États interviennent via leurs banques centrales pour contenir des évolutions de cours qui seraient préjudiciables à leurs intérêts commerciaux. Part de l’euro dans les réserves mondiales depuis sa création en 1999 %
28 26 24 22 20 18 16 1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
Source : d’après FMI
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Technique Les devises pétrole sont les monnaies des pays dont la valeur dépend étroitement des ressources en pétrole. Elles contribuent pour l’essentiel à leurs exportations, et donc à leurs recettes budgétaires. Parmi elles figurent le dollar canadien, la couronne norvégienne, le riyal saoudien et le rouble russe. Le cours de ces monnaies est donc étroitement dépendant de ceux de l’or noir, mais avec des degrés de sensibilité différenciés selon s’échangent tous que ces pays ont mis en place des stratégies de couverture évitant les les jours sur effets pervers des fluctuations erratiques ou non. les marchés Ainsi, la Norvège, qui dispose du deuxième fonds souverain de la planète, est considérée comme mieux protégée que le Venezuela avec des changes. son Bolivar « fort ».
4 000 Mds $
Les mécanismes des règlements internationaux Les flux internationaux de capitaux résultant des échanges physiques et financiers entre pays sont retracés annuellement dans des documents comptables appelés balances des paiements. D’un point de vue strictement comptable, une balance des paiements est toujours équilibrée, car l’ajustement final se fait par la variation des avoirs de réserve. Cependant, la question du « rééquilibrage » de la balance des paiements (c’est-à-dire avant la prise en compte de l’ajustement final) est une question lancinante des problèmes monétaiTechnique res internationaux. Un pays ne peut en effet éternellement connaître un défiLa balance des paiements d’un pays détermine la position de ce pays vis-à-vis de l’étranger. Mais on peut aussi retracer cette position cit de ses échanges économiques et par grands ensembles géographiques représentatifs d’un niveau de financiers extérieurs. Ce déficit tradéveloppement : on parle alors de balance de paiements par zones. duirait une incapacité structurelle à La décomposition de la balance des paiements s’effectue par grand bénéficier de gains à l’échange, et si type d’échanges économiques et financiers à partir desquels on peut momentanément il peut recourir à l’endégager des soldes significatifs. La balance commerciale, la balance dettement, la situation n’est pas viable des services et celle des revenus (dividendes, intérêts, salaires) sont à long terme. déterminées par : De même, un pays qui connaît des –– le compte de transactions courantes ; –– le compte de capital qui concerne les opérations donnant lieu à un excédents réguliers ne peut, sur le transfert de propriété sans contrepartie (dons par exemple) ; long terme, maintenir cet avantage –– le compte financier qui récapitule les investissements directs, ceux de car les pays avec lesquels il échange portefeuille et autres investissements (prêts et crédits commerciaux). sont incités à prendre des dispositions
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visant à annuler leurs déficits. Pour éviter des guerres commerciales et/ou monétaires entre les pays, les règlements internationaux s’effectuent dans le cadre d’accords bilatéraux ou multilatéraux.
Histoire L’étalon or Pendant longtemps, les règlements entre pays se sont effectués par paiement en métal précieux. Avec la révolution industrielle et le développement de la monnaie fiduciaire (papiermonnaie), s’est mis en place un système de garantie de paiement basé sur la définition d’une monnaie par un poids de métal précieux et la convertibilité des billets en circulation. Au début du xixe siècle, la plupart des pays connaissent un système bimétallique, ce qui veut dire que les règlements peuvent s’effectuer en or ou en argent. Mais très vite, la Grande-Bretagne, qui est l’économie-monde de l’époque, choisit le monométallisme or, notamment parce que l’Inde qui représente une part importante de son commerce extérieur vit sous le régime de l’étalon argent… Aussi, la valeur de l’argent, dont le rythme d’extraction augmente plus vite que celui de l’or, se dévalorise, ce qui donne un pouvoir d’achat supérieur à la Livre sterling dans les échanges commerciaux. Pour les mêmes raisons mais un peu plus tard, les autres pays européens abandonnent le système bimétallique au profit de l’étalon or à partir des années 1870.
2. Une finance mondiale à la dérive ? La finance mondiale reflète, via les flux de capitaux, les grandes évolutions de l’économie mondiale. Celle-ci est marquée par des déséquilibres apparus depuis la crise pétrolière des années 1970, déséquilibres accentués par l’apparition de nouvelles puissances économiques au tournant du xxie siècle.
La tectonique des plaques de la finance mondiale Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale Les États-Unis sont les créanciers du monde libre. Ils ont permis aux alliés européens de faire face à l’Allemagne nazie en finançant l’effort de guerre. Leur balance des paiements dégage une position extérieure positive alors que la situation est inverse pour les pays du vieux continent. Certains pays en développement, notamment les grands pays d’Amérique latine, fournisseurs
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de matières premières, ont aussi tiré leur épingle du jeu car le conflit a perturbé les circuits d’approvisionnement des pays en guerre. La plaque américaine est donc excédentaire tandis que la plaque européenne est déficitaire.
Histoire L’abandon de l’or Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la couverture or de la masse monétaire a considérablement diminué (des 4/5 pour la France) : le papier-monnaie a cours forcé à l’intérieur des pays mais reste convertible en or (pour quelques devises clés) vis-à-vis de l’extérieur sous la forme d’échange de lingots (d’où le nom de Gold bullion standard). Avec la crise des années 30 et la Seconde Guerre mondiale, ce système est obsolète, car à part les États-Unis, aucun pays ne dispose d’un stock d’or permettant d’assurer la convertibilité externe de sa monnaie. À Bretton Woods se met alors en place un Gold exchange standard : les devises sont convertibles en dollars, eux-mêmes convertibles en or. Mais les déficits récurrents de la balance des paiements américaine ne permettent pas à terme de maintenir le système : le dollar n’est plus « as good as gold ». Le constat est entériné lors des accords de la Jamaïque en 1976. De fait, le système devient celui de l’étalon dollar car la monnaie américaine reste la principale composante des liquidités internationales.
La reconstruction des pays européens Avec la reconstruction permise par l’aide du plan Marshall et le début de la croissance des Trente Glorieuses, les pays européens rétablissent progressivement leurs comptes extérieurs. De pays débiteurs nets, ils deviennent pays créditeurs nets, notamment vis-à-vis des États-Unis dont le déficit de la balance des paiements alimente le besoin en dollars, seule monnaie réellement convertible en or, dont l’économie mondiale a besoin pour poursuivre sa croissance. Cela s’explique par un retour de la compétitivité des pays européens (qui dégage des excédents de la balance commerciale) et par le flux d’IDE de la part des grandes multinationales américaines (qui augmente l’excédent de la balance des capitaux long terme). Parallèlement, l’entrée en lice des pays du tiers-monde dans le développement (Bandoeng, 1955) oriente de plus en plus de capitaux vers ces pays. Le financement par l’endettement, s’il n’est pas toujours au cœur des modèles de développement, dirige un flux croissant de capitaux des États développés vers les pays en développement. La plaque américaine est déficitaire et la plaque européenne excédentaire.
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L’essor du Japon La finance mondiale va se trouver bouleversée par le déficit récurrent de la balance des paiements américaine qui, au tournant des années 1960, commence à poser problème pour la pérennité d’un système monétaire international dont le pivot est le dollar. Face à l’émission de dollars, les réserves en or qui en garantissent la valeur deviennent insuffisantes au point qu’en 1971, la suspension de sa convertibilité est décidée. Le monde bascule dans un nouveau système de changes sans que les grands déséquilibres commerciaux et des paiements en soient réellement affectés (excédents des balances commerciales du Japon et de la République fédérale d’Allemagne qui poussent à la hausse le yen et le mark, déficit de la balance commerciale des États-Unis qui pousse à la baisse le dollar). La plaque asiatique, autour du Japon, est devenue excédentaire comme la plaque européenne tandis que la plaque américaine persiste dans les déficits.
Les conséquences du premier choc pétrolier Le bouleversement est plus grand encore quand l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décide en 1973 de multiplier par quatre les prix du pétrole. Un vaste transfert de richesses s’organise des pays développés vers les pays de l’OPEP. Se met alors en place toute une ingénierie financière liée au « recyclage » des pétrodollars. Le recyclage des pétrodollars 3 - Placement des capitaux excédentaires 1 - Exportation de pétrole
Pays industrialisés
Pays exportateurs de pétrole
2 - Sortie de capitaux
5 - Versement d’intérêts sur capitaux placés 5
Pays en développement
4 - Prêts
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Les excédents de capitaux qui ne peuvent pas être absorbés dans le développement des économies locales reviennent vers les pays développés (où se situe l’industrie financière) sous forme d’investissements de portefeuille et de placements. Une partie de ces placements servent eux-mêmes de support à des prêts aux pays en développement. La crise pétrolière a changé de direction et de dimension les principaux flux de capitaux, mais les déséquilibres des paiements ont été aussi modifiés car les pays européens et le Japon passent d’une situation excédentaire à une situation déficitaire. Pour ces derniers, et dans une moindre mesure pour les États-Unis, toute la problématique de l’après-crise pétrolière consiste à rechercher les voies et les moyens pour rééquilibrer leurs balances des paiements. La tectonique des plaques financières a encore bougé avec l’irruption d’un nouvel acteur durablement excédentaire : les pays de l’OPEP. Les politiques mises en place dans les pays développés dans les années 1980-1990 pour retrouver l’équilibre des paiements poussent à une internationalisation plus forte tant au plan commercial qu’au plan financier. L’élargissement des débouchés passe par l’intégration de nouveaux pays dans le commerce international et par des flux d’IDE toujours plus nombreux. Se met en place dans une économie mondiale « globalisée » un circuit financier qui suit ce mouvement : Les pays à excédent structurel placent une partie de leurs capitaux dans les pays industrialisés. Les capitaux ainsi drainés servent au financement des déficits mais aussi de l’expansion à l’étranger (aide à l’implantation dans les nouveaux pays industrialisés). L’industrialisation des pays en développement permet à terme, surtout pour ceux qui basent leur modèle de développement sur la promotion
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Le recyclage des pétrodollars, une aubaine pour la finance mondiale
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d’exportations, leur émergence sur la scène mondiale (les revenus tirés de leurs recettes d’exportation compensent bien au-delà les intérêts et dividendes versés au titre de la rémunération du capital étranger).
Le grand basculement de la finance mondiale Les déficits des uns sont les excédents des autres. Mais au cours du temps, les pays en excédent et ceux qui sont en déficit ne sont plus les mêmes. La première décennie du xxie siècle témoigne de ce basculement de la finance mondiale. Fin 2001, les réserves mondiales de change s’élevaient à 2 000 milliards de dollars détenus pour les deux tiers par les pays développés. Au milieu de la décennie, les réserves de change des pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine pour les principaux) égalisent pour la première fois celles des pays développés. De 2005 à 2010, les pays émergents ont accumulé 4 000 milliards de dollars de réserves supplémentaires. Durant la même
période, la dette extérieure des États-Unis a augmenté de... 4 000 milliards de dollars et celle des pays de l’Union européenne de 3 000 milliards d’euros (soit à peu près 4 000 milliards de dollars) ! Début 2011, les réserves mondiales de change qui s’élèvent à près de 10 000 milliards de dollars sont désormais détenues aux deux tiers par les pays émergents. La tectonique des plaques financières, plutôt lente jusqu’alors, s’est accélérée.
Technique Comment lutter contre la hot money ? On appelle hot money les capitaux cherchant à s’investir à très court terme dans les pays qui présentent des avantages de rémunération (produits de taux, dividendes) ou de gains en capital. Ces capitaux sont souvent accusés d’alimenter la spéculation quand les marchés sont haussiers et d’accélérer la crise financière quand ils sont baissiers (retraits massifs de capitaux comme ce fut le cas lors de la crise asiatique de 1997). Plusieurs solutions existent pour décourager ces mouvements : la réglementation, par exemple l’interdiction de certaines opérations comme les ventes à découvert (vente à terme d’un actif financier que l’on ne possède pas pour le racheter à échéance en espérant tirer un gain du différentiel de cours), la taxation (taxes sur les investissements étrangers en titres obligataires ou sur certains produits dérivés liés à la spéculation sur les monnaies…), l’action sur le taux de change (par exemple, l’institution d’un cours plancher ou peg dont l’objet est de faire cesser l’appréciation d’une monnaie).
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Stock régional d’actifs financiers en 2009 (total des actions, obligations, prêts et dépôts, investissements directs à l’étranger en milliards de dollars) Grandes zones géographiques
Montant total d’actifs financiers
Amérique du Nord
64 000
Amérique latine
6 600
Europe occidentale
63 100
Europe centrale et Russie
4 300
Japon
26 800
Asie moins Japon
29 000
Australie, Nouvelle-Zélande
4 000
Moyen-Orient, Afrique et reste du monde
7 900
Source : Mc Kinsey Global Institute, 2011
Le match dans le match : Chine/États-Unis Parmi les émergents, la Chine se distingue car c’est elle qui a accumulé le plus de réserves au point de devenir la première nation créancière du monde (3 200 milliards de dollars début 2011). L’essor chinois s’explique par son ouverture progressive au commerce mondial et par les perspectives offertes par les débouchés locaux compte tenu de sa population encore loin d’atteindre les standards de consommation et de niveau de vie du monde occidental. La libéralisation contrôlée du marché chinois a attiré les grandes multinationales qui y ont vu là un formidable relais de croissance pour produire à moindre coût. L’arrivée de ces firmes en Chine a conduit à transformer la chaîne de valeur de ces sociétés en
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poussant à la délocalisation sur le territoire chinois la fabrication des produits, ces entreprises conservant les tâches de conception et surtout la commercialisation dans les pays développés car le standard de vie y reste pour l’instant encore le plus élevé et les marges de commercialisation plus fortes. Au début du xxie siècle, la Chine est devenue le nouvel « atelier du monde ». Balance commerciale des États-Unis avec la Chine (en milliards de dollars) 0 - 50 - 100 - 150 - 200 - 250 - 273,1 2010
1985
Source : Census Bureau, d’après Les Échos
La politique mercantiliste de la Chine s’est accompagnée d’une politique de change offensive décriée par les États-Unis, donnant un avantage compétitif indu aux produits chinois. L’excédent du commerce extérieur chinois, pour l’essentiel encore libellé en dollars, s’est traduit par des entrées de capitaux aussitôt replacés Entre 2000 et 2011, aux États-Unis sous forme de bons du trésor de l’État américain. la dette américaine Une dépendance réciproque malsaine pour l’éconodétenue par la Chine mie et la finance mondiale s’est instituée : les avoirs est passée de en dollars détenus par la Chine sont soumis aux fluctuations du dollar mais la Chine ne veut pas modifier à une stratégie d’ouverture basée sur une monnaie sous-évaluée, condition pour assurer la poursuite des exportations, et tarde à passer à un modèle où la consommation intérieure prendra le relais de la demande extérieure. Les États-Unis ne veulent pas mettre un terme à une croissance fondée sur l’endettement, qui alimente la demande de produits importés, d’autant plus que les dollars dépensés à l’extérieur reviennent à l’intérieur via les placements en bons du trésor, et font
60 Mds $ 1 200 Mds $.
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FOCUS
pression pour une réévaluation de la monnaie chinoise seule susceptible d’inverser quelque peu les courants d’échange. Derrière le bras de fer Chine/États-Unis, qui prend la forme d’une guerre des monnaies, c’est la suprématie financière mondiale qui est en jeu, les autres pays apparaissant plutôt spectateurs qu’acteurs. La plaque asiatique, cette fois-ci autour de la Chine, apparaît comme la grande gagnante de cette partie de poker mondial.
Le yuan, future monnaie de réserve ? Le yuan, ou plus exactement le renmimbi – monnaie du peuple, son nom officiel – est appelé à devenir une monnaie de référence dans le commerce mondial dans la mesure où les autorités chinoises cherchent désormais à l’internationaliser en passant des accords commerciaux pour que le règlement des transactions s’effectue dans cette monnaie. En 2011, 6 % du commerce extérieur chinois est libellé en yuans. Dans le même temps, ces mêmes autorités ont autorisé l’émission de dettes en yuans à Hong Kong, opportunité dont se saisissent les multinationales pour se procurer cette devise à un coût plus faible car la perspective d’une appréciation du yuan permet des emprunts à des taux intéressants. Avantage pour les chinois : amasser des réserves en yuans et donc… moins dépendre des fluctuations à venir du dollar. Mais pour devenir une authentique monnaie internationale, le yuan doit mieux refléter les fondamentaux de l’économie chinoise, abandonner les contrôles qui gênent encore la liberté des capitaux et donner aux marchés financiers chinois une assise comparable à celle des autres pays développés.
Le yuan, monnaie nationale chinoise
Les trous noirs de la finance mondiale Dans la finance mondiale, d’autres sources de déséquilibre apparaissent : celles liées aux paradis fiscaux et places offshore. Les paradis fiscaux cherchent à jouer sur les différences de taxation d’un pays à l’autre pour attirer les capitaux et profiter ainsi de capitaux abondants et à bon compte pour assurer le développement économique et des ressources pour les
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Suisse Îles Caïman Luxembourg Hong Kong États-Unis Singapour Jersey Japon Allemagne Bahreïn Îles vierges britanniques Bermudes Royaume-Uni Panama Belgique Îles Marshall Autriche Émirats arabes unis Bahamas Chypre
finances publiques. Les places offshore ajoutent à l’optimisation fiscale un ensemble de législations et de règles permettant d’attirer les firmes étrangères par l’allégement des contraintes juridiques : pas ou peu de contrôle des changes, secret bancaire, pas d’obligation d’exercer une activité importante sur place, obligations comptables et prudentielles limitées, droit des sociétés avantageux… Pour ces raisons, on accuse les paradis fiscaux et places offshore d’accueillir aussi les capitaux résultant d’activités illégales à la recherche de possibilités de blanchiment. Si le phénomène n’est pas contemporain – on trouve déjà des exemples dans l’antiquité et au Moyen Âge – il a pris de l’ampleur avec la croissance économique d’après-guerre et s’est accéléré avec la mondialisation. Des territoires s’organisent pour devenir des places offshore comme le Luxembourg, qui voit dans le développement d’une place financière le relais de croissance de son industrie sidérurgique finissante, les îles Caraïbes, Singapour ou depuis peu Bahreïn. Ils viennent rejoindre les pays traditionnellement favorables aux placements de non-résidents (Suisse, Liechtenstein, Monaco…). Les flux de capitaux à destination des paradis fiscaux et centres Classement TJN des paradis fiscaux (d’après Les Échos) offshore contribuent à l’opacité de la finance mondiale en participant au shadow banking, c’est-à-dire à cette partie du système financier mondial qui échappe aux règles internationales. Mais ils contribuent aussi, par les masses finanEn pratique cières en jeu, à son instabilité Par essence, il est difficile de savoir quels puisque la logique qui préside montants exacts sont déposés et gérés par à ces placements conduit à des les places offshore et on ne dispose que déplacements rapides de capid’estimations faites à partir de recoupement taux susceptibles d’accélérer de données par les grands organismes les phénomènes spéculatifs. internationaux. Selon le Tax Justice Network, C’est pourquoi, en raison du en 2008, c’est l’équivalent de 11 500 milliards risque systémique qu’ils implide dollars qui seraient placés dans les centres quent, les paradis fiscaux et offshore et les flux annuels représenteraient environ 800 milliards d’euros. centre offshore font désorPar comparaison, les réserves mondiales de mais l’objet d’une surveillance change avoisinaient les 10 000 milliards de accrue dans la nouvelle réguladollars en 2010. tion mondiale.
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Les institutions de la finance mondiale Le Fonds monétaire international (1944) Créé dans le cadre des accords de Bretton Woods, le FMI a pour mission de veiller aux ajustements de la balance des paiements, soit en prêtant une partie des sommes collectées par les cotisations des pays membres (en contrepartie de mesures prises pour retrouver l’équilibre), soit en autorisant une modification des taux de change (au temps des parités fixes). Le FMI est donc l’institution supranationale qui, par l’accompagnement des politiques de redressement, doit éviter que chaque pays sombre dans une guerre commerciale et monétaire l’opposant à ses partenaires et entraînant en retour des mesures de rétorsion susceptibles de plonger l’économie mondiale dans le chaos. Le FMI est dirigé depuis 2011 par la française Christine Lagarde.
La Banque mondiale (1944) La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), appelée Banque mondiale, créée dans le cadre des accords de Bretton Woods, a pour finalité l’aide financière à moyen et long terme des pays qui sortent de la guerre et surtout de ceux qui veulent sortir du sousdéveloppement. Les prêts accordés, souvent à taux d’intérêt avantageux – parfois nul pour les pays les plus pauvres – sont octroyés à partir des emprunts faits sur les marchés financiers, les cotisations des pays membres servant de garantie. Ces prêts doivent servir à des grands projets de développement comme les infrastructures, l’énergie, les réformes agraires… De 2007 à 2012, la Banque mondiale est dirigée par l’américain Robert Zoellick.
La Banque des règlements internationaux (1930) Initialement créée pour gérer le paiement des réparations allemandes suite au premier conflit mondial, elle devient un organisme aidant au règlement des paiements intra européens après 1945, puis un lieu de rencontre pour les gouverneurs des banques centrales des pays développés dans les années 1960. La BRI est aujourd’hui une institution spécialement dédiée aux problèmes des banquiers centraux : accords de coopération monétaire, veille réglementaire,
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La Banque mondiale, située à Washington, est une institution au service du développement
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suivi des flux internationaux de capitaux… La Banque des règlements internationaux est présidée par le français Christian Noyer depuis 2011.
Le Comité de Bâle (1975) Le comité de Bâle est un groupe de travail réunissant les banques centrales de dix pays (Allemagne, Belgique, Canada, États-Unis, France, GrandeBretagne, Italie, Japon, Pays-Bas, Suisse, Suède) chargé de définir des règles internationales, par exemple, en matière de solvabilité bancaire.
Le Club de Paris (1956) Le Club de Paris réunit des États créanciers pour examiner et proposer des solutions aux problèmes d’endettement de certains pays, généralement sous la forme de rééchelonnement de dettes et d’octrois de nouveaux prêts publics. Le club de Paris n’est pas une institution officielle mais une organisation informelle, à géométrie variable, qui travaille souvent en collaboration avec des institutions internationales comme le FMI.
Le Club de Londres (1956) Basé sur les mêmes principes que le Club de Paris, le Club de Londres intervient sur les prêts privés. Il réunit donc banques créancières et débiteurs privés.
La City, quartier financier de Londres
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La finance mondiale, entre compétition et coopération La globalisation financière a généré une instabilité de la finance mondiale faute de régulation forte par les institutions chargées de garantir la stabilité du système de financement et de paiement. Aux maux anciens, comme le statut particulier du dollar, se sont ajoutés des maux plus récents : libération rapide des flux de capitaux, déséquilibres commerciaux démultipliés, augmentation des dettes/ excédents, quantitative easing, guerre des monnaies, autant d’éléments sinon déclencheurs du moins facteurs d’amplification des crises économiques et financières. Le G20 Finances (créé dans la foulée de la crise financière récente) réunit des pays qui pèsent le plus sur l’économie mondiale, ne peut être offensif à ce sujet et si des avancées ont lieu, elles se feront sur la base du plus petit dénominateur commun comme le montre le refus de la taxe Tobin (cf. étape 10) par les États-Unis et la Grande-Bretagne. La finance mondiale est donc appelée pour longtemps à rester en zone trouble. Les projets de réforme du système monétaire international sont nombreux. En 2010, il a été suggéré un Bretton Woods II mais ce projet se heurte aux rapports de force internationaux. Plutôt que la réforme globale, les principaux acteurs ont choisi un second best : des stratégies coopératives débouchant sur des accords a minima remettant le moins en cause possible la position dans le système financier mondial. C’est que chaque grand pays cherche à garder un avantage compétitif pour attirer les capitaux et l’industrie financière qui va avec. En première ligne, les grandes places financières mondiales qui cherchent chacune à garder, ou à prendre, le leadership et à ne pas se laisser distancer par les nouveaux acteurs que sont les centres financiers des pays émergents. Pour atteindre la taille critique, les grandes bourses connaissent à leur tour des phénomènes de concentration, comme la fusion d’Euronext avec le New York stock exchange (NYSE), dans le domaine des plateformes officielles, ou de Chi-X Europe et de BATS Global Markets (États-Unis) dans les plateformes alternatives.
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Drapeaux des membres du G20
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Étape 10 L’avenir de la finance
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À vous de jouer
1. Le marché international des dérivés de gré à gré est une composante officielle des marchés internationaux des capitaux. a. Vrai. b. Faux.
2. Contrôler le marché des changes permet de lutter contre la spéculation sur une monnaie. a. Vrai. b. Faux.
3. C’est la banque centrale qui décide du cours d’une monnaie sur le marché des changes. a. Vrai. b. Faux.
4. Les investissements de portefeuille à l’étranger peuvent être une source d’instabilité financière pour le pays d’accueil. a. Vrai. b. Faux.
5. Une balance des paiements est toujours équilibrée. a. Vrai. b. Faux.
6. Le G20 est une institution chargée de réglementer la finance mondiale. a. Vrai. b. Faux.
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1b. Le propre des marchés de gré à gré est d’opérer hors des marchés réglementés officiels. C’est la raison pour laquelle il est question de les encadrer au niveau international.
Réponses
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2a/b. Oui, si c’est à l’intérieur d’un pays. Non, pour les opérateurs étrangers : rien ne les empêche d’agir sur le stock de monnaie détenu hors des frontières et de jouer à la hausse ou à la baisse. C’est pourquoi, en général aujourd’hui, toute décision de ce type s’effectue dans le cadre d’une coopération internationale. 3a/b. Par le biais de sa politique de taux directeurs, la banque centrale contribue à augmenter ou à resserrer l’offre de monnaie. Mais il faut tenir compte aussi de la demande de monnaie, qui peut obéir à d’autres facteurs sur lesquels elle ne peut agir. 4a. Les investissements en actions peuvent donner lieu à des retraits immédiats, fragilisant les systèmes financiers locaux. 5a. Par construction, une balance des paiements s’équilibre par les variations de la position extérieure (variations des réserves de change). 6b. Le G20 est une instance de concertation internationale qui n’a pas pouvoir de décision.
■■ L’or doit-il retrouver un rôle dans le système monétaire international ? ■■ Existe-t-il vraiment une alternative au dollar comme monnaie internationale ? ■■ La spéculation est-elle utile au fonctionnement des marchés financiers internationaux ? ■■ L’encadrement des marchés financiers internationaux est-il un obstacle à la croissance économique ? Les questions à se poser :
Pour les pros
« Les crises financières proviennent toujours de la partie non régulée du système financier. » Michel Camdessus
Les crises financières
Victor Hugo
Étape 8
« Les empires ont leurs crises comme les montagnes ont leur hiver. Une parole dite trop haut y produit une avalanche. »
L’étape 8 en un clin d’œil
1. Les déséquilibres financiers, conditions permissives des crises financières
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Les crises financières ne se développent que si elles rencontrent un terrain favorable : des déséquilibres financiers entre les grandes zones économiques telles que l’Asie et les États-Unis ; un excès de liquidité qui facilite l’apparition de bulles qui, lorsqu’elles éclatent, déstabilisent toute l’économie.
2. Les crises se développent par vagues : l’exemple de la crise de l’euro Les crises procèdent généralement par vagues avant d’atteindre leur paroxysme. La crise de l’euro suit ce cheminement avec pour support un excès d’endettement de certains États comme la Grèce qui déstabilise ensuite les autres États européens.
3. Les sept phases d’une crise financière Les crises financières peuvent être découpées en phases : sept ont été identifiées. Cela permet de comprendre leur fonctionnement et de mieux appréhender leur évolution.
4. Le rôle du système de contrôle et des acteurs Les crises mettent en évidence les limites de l’efficacité des réglementations qui ont été édictées pour encadrer les activités financières. Aussi, après chaque crise, on redéfinit de nouvelles règles avec pour objectif d’éviter que pareils dérèglements se reproduisent.
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Quelques dates 1929 Krach financier de Wall Street aux États-Unis. Première grande crise financière systémique en Occident.
1929-1937 Grande dépression. 1973 Premier choc pétrolier dans le monde. Augmentation du prix du baril. 1979 Deuxième choc pétrolier : la bulle spéculative s’étend au système financier puis à l’économie.
1987 Faillite des caisses d’épargne aux États-Unis : crise bancaire. 1989 Spéculation sur les junk bonds (obligations à haut risque car spéculatives) aux États-Unis : crise boursière.
1992 Crise du Système monétaire européen (SME). 1994 Crise mexicaine. 1997 Crise financière en Asie. 1998 Crise financière russe. 2000 Crise boursière. Éclatement de la bulle Internet et ralentissement économique mondial.
2001 Crise boursière en Argentine. 2007 Bulle immobilière. Crise des subprimes. 2008 Faillite de Lehman Brothers. La crise financière devient mondiale. 2010-2011 Crise de la dette publique grecque qui devient une crise de la dette souveraine des pays européens.
1. Les déséquilibres financiers, conditions permissives des crises financières Les crises se ressemblent mais elles ont chacune leurs spécificités. Elles ont souvent plusieurs origines : –– des déséquilibres financiers internationaux ; –– des excès de liquidité et donc des prises de risque mal maîtrisées ; –– des surendettements des états, du secteur privé ou du service public ;
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–– une innovation financière mal maîtrisée ; –– une réglementation parcellaire, fragmentée et inadaptée aux réalités des marchés d’aujourd’hui.
Les origines : l’éclatement de bulles financières
Le krach financier de 1929 marque le début d’une suite de crises financières en Occident au xxe siècle. La crise de 1929 provient de l’éclatement de la bulle engendrée par le système d’achats à crédit d’actions permis depuis 1926 à Wall Street. Le niveau de prix d’échanges sur le marché des actions est alors devenu disproportionné par rapport à la valeur fondamentale des actions telle qu’elle résulte de l’analyse de la situation financière des entreprises. La crise mondiale de 1973-1982 a commencé par L’éclatement d’une bulle financière est un choc pétrolier : l’industrie d’abord touchée contamine ensuite le système l’élément déclencheur bancaire. des crises La crise de la zone euro de 2010-2011 se situe dans la continuité de la crise des subprimes de 2007 qui a débuté aux États-Unis. À l’origine, l’éclatement d’une Mot-clé bulle immobilière déstabilise le secteur banUne bulle spéculative est une hausse artificielle des prix caire et boursier. Puis, les États déjà endettés, d’un actif (immobilier, pétrole, blé…) due à un excès de s’endettent à nouveau pour éviter une dépresliquidités et à des anticipations des acheteurs qui croient que les prix ne vont cesser d’augmenter. Or, la situation se sion économique créant une bulle spéculative retourne, en général à la faveur d’un incident. C’est le krach, > Mot-clé . La fragilité de certains d’entre eux c’est-à-dire la chute brutale sans fondement économique, devient manifeste et perturbe l’ensemble de la des prix qui avaient trop augmenté. sphère financière.
Le cas de la crise de l’euro Osons une comparaison : une crise est un peu comme un tremblement de terre et les trois continents, asiatique, américain et européen, sont les plaques tectoniques. Lorsque des déséquilibres ont lieu entre ces trois plaques (cas de la crise des subprimes), ou au sein même de ces plaques (cas de
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la crise de l’euro), le monde entier est secoué et il s’ensuit une sorte de tsunami, fait de successions de vagues opérant suivant différentes phases. La crise de l’euro illustre ce phénomène de vagues. Ces vagues sont à intégrer dans un cadre d’analyse plus large : celui des « des sept phases » d’une crise financière.
Les particularités de la crise de la zone de l’euro La crise de l’euro présente des caractéristiques très particulières : Elle concerne les pays de la zone euro, au premier chef, mais ses conséquences ont un retentissement mondial. Cette crise est, par certains aspects, le prolongement de la crise des subprimes de 2007 parce qu’elle la suit chronologiquement mais aussi parce que c’est une crise du surendettement des États. Elle est associée parfois au surendettement des ménages ou des entreprises, comme on a pu le voir dans le cas de l’Irlande ou de l’Espagne. Elle intervient dans un contexte de croissance ralentie, ce qui accroît ses effets négatifs sur l’économie. C’est une crise du système financier qui ne touche pas seulement les banques. Elle concerne aussi les compagnies d’assurance et les sociétés de gestion de l’épargne. C’est une crise des institutions européennes qui s’avèrent complètement démunies face à une situation inconnue jusqu’ici, et tentent ensuite de construire une nouvelle gouvernance économique, financière et budgétaire. C’est une crise systémique > Mot-clé car non seulement elle touche l’ensemble du système financier mais en plus elle ralentit, voire bloque la croissance, et détruit des emplois.
Les crises perturbent les plaques financières internationales
Mot-clé Une crise systémique (ou risque systémique) est un événement qui entraîne des réactions négatives en chaîne provoquant un dysfonctionnement global du système et conduisant ainsi à une crise générale impactant l’économie.
Piège à éviter La crise de l’euro n’est pas une crise de la monnaie euro qui se porte bien si on la compare au dollar. Elle est une crise de l’Europe et de ses institutions. Il faut mieux parler de crise de l’eurozone. « L’unique solution pour la zone euro est son intégration plus profonde », Jan Rostowski (économiste britannique).
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2. Les crises se développent par vagues : l’exemple de la crise de l’euro Vague 1 : les premiers signaux (novembre 2009) La crise de la dette grecque provoque un effet domino
L’élément déclencheur de cette première vague est la dissimulation du niveau de sa dette par la Grèce. Le nouveau gouvernement socialiste à peine élu met en évidence que le déficit public grec s’élève à 12,7 % du PIB au lieu des 6 % annoncés par le gouvernement précédent.
Vague 2 : la défaillance grecque (mai 2010) Des désaccords entre les responsables politiques des pays de la zone euro quant au prêt à accorder à la Grèce provoquent des rumeurs qui font plonger un peu plus les marchés. Ainsi, le 7 mai 2010, l’agence de notation Moody’s publie une note sur le « risque de contagion de la sphère souveraine à certains systèmes bancaires européens. » La conséquence est alors immédiate sur les marchés : une chute du CAC 40. Le 10 mai, l’Union européenne, en coopération avec le FMI, annonce la création d’un fonds de stabilisation de 750 milliards d’euros. Le CAC 40 remonte alors et se stabilise à un niveau inférieur à celui d’avril 2010. Baisses du CAC 40 et de l’Eurostoxx Bank en mai 2010 97 92 87 1
2
82 3 mai
9 mai
15 mai
21 mai
27 mai
CAC 40 Eurostoxx Bank Source : Boursorama Base 100 au 3 mai 2010
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Vague 3 : l’explosion irlandaise (novembre 2010) Une crise de la dette publique creusée par l’effondrement du marché immobilier Septembre 2010, à la suite de l’effondrement du marché immobilier, les banques irlandaises se trouvent confrontées à un défaut de solvabilité suivi d’un manque de liquidité. L’État irlandais se porte alors à leur secours, ce qui a pour conséquence une augmentation considérable de son déficit public qui atteint 32 % du PIB.
Des désaccords entre les dirigeants politiques de la zone euro Entre octobre et novembre 2010, la France et l’Allemagne sèment le doute dans les marchés par leurs déclarations contradictoires. Le 27 novembre, ils trouvent cependant un accord sur l’extension du mécanisme de crise à l’Irlande, plan qui s’élève à 85 milliards d’euros.
Important Les indices boursiers peuvent servir d’indicateur de crise car ils réagissent immédiatement à l’environnement. Baisses du CAC 40 et de l’Eurostoxx Bank (fin 2010)
L’immobilier, élément clé de la crise en Irlande
110 105 100 95 90 85 80 1 oct.
16 oct.
31 oct.
15 nov.
30 nov.
Eurostoxx Bank
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30 déc.
CAC 40
Base 100 au 1 octobre 2010 er
15 déc.
Source : Boursorama
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Vague 4 : le Portugal touché, extension et amplification de la crise (mars 2011) La crise de la dette au Portugal est liée à une crise économique doublée d’une crise politique. Le 23 mars 2011, le premier ministre portugais José Socrates démissionne après que le Parlement ait rejeté le nouveau programme d’austérité du gouvernement socialiste. S’ensuit une succession de dégradations de la note de la dette portugaise par les agences de notation. Le 6 avril, après avoir nié pendant longtemps la nécessité d’un plan de sauvetage, le Portugal finit par faire appel à l’Union européenne et au FMI afin de subvenir aux besoins de trésorerie du pays. Le 17 mai, un plan de sauvetage de 76 milliards d’euros est mis en place.
Vague 5 : l’Italie et l’Espagne gagnées par la contagion, changement de problématique de crise (juillet-août 2011) D’une crise de la dette publique des pays dits périphériques, on est passé à une crise existentielle de la zone euro. L’incohérence observée entre les politiques monétaire et budgétaire et l’insuffisante convergence des politiques budgétaires conduites par les États mènent à une interrogation majeure sur la stabilité du système en l’état. Les mesures attendues ne sont pas d’ordre conjoncturel mais structurel. La question de la forme et de la quantité des capitaux à apporter qu’implique le terme de « solidarité des États » va désormais devoir avoir un contenu tangible et opérationnel. Ainsi, s’ouvre la cinquième vague de la crise. Les cas de l’Espagne et de l’Italie débutent tous deux par des événements politiques : Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero renonce à se présenter aux élections législatives de 2012. Des tensions au sein du gouvernement italien se font jour suite à l’enquête pour corruption dans laquelle est impliqué le ministre des finances italien Giulo Tremonti. La situation s’accélère à la suite de communications divergentes de la part des États. Deux tendances au sein même de l’Union européenne peuvent être observées : –– l’Allemagne souhaite une prise en charge par le secteur privé. Berlin est soutenu par les pays du Nord, la Hollande et la Finlande ;
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–– la France penche vers la position de la BCE qui fait valoir qu’une telle mesure va engendrer une grande défiance des investisseurs, ce qui peut donc conduire à un blocage des marchés. L’Italie, l’Espagne et la Grèce sont de ce côté.
Important L’une des principales caractéristiques de la crise de la zone euro est le manque de crédibilité des plans de sauvetage votés par les acteurs européens qui n’ont pas su se mettre d’accord suffisamment rapidement. La situation s’est dégradée période après période.
3. Les sept phases d’une crise financière
Le déclin de la confiance des investisseurs conduit au blocage des marchés
Les crises financières récentes peuvent être découpées en sept phases. 1
Vulnérabilité
2
Déclenchement
3
Accélération
4
Contagion
5
Crise de la liquidité
6
Transmission de la crise du système financier à l’économie
7
Décisions arrêtées pour limiter l’impact et son renouvellement
Source : Économie Finance et Stratégie
Vulnérabilité Pour qu’une crise se déclenche puis se développe, il faut qu’il y ait au préalable un terrain favorable. Ce terrain, ce sont les zones de vulnérabilité du système financier. Cette période annonciatrice de crise est marquée par un déficit budgétaire des États élevé ainsi qu’un niveau de la dette du pays important.
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Déclenchement Les déclencheurs de la crise de l’Euro sont : –– la dissimulation de la situation de leurs finances publiques par les Grecs ; –– la faillite des banques irlandaises ; –– la montée de l’incertitude sur les marchés qui facilite la diffusion de rumeurs ; –– les révisions successives à la baisse des notes émises par les agences de notation. Évolution de la note de la dette grecque Vague 1 (novembre 2009)
Vague 2 (mai 2010)
Vague 4 (mars 2011)
30/10/09 08/12/09 16/12/09 22/12/09 10/04/10 28/04/10 15/06/10 07/03/11 10/05/11 20/05/11
Vague 5 (juillet 2011) 13/07/11
28/07/11
A1
BBB+
BBB+
A2
BBB-
BB-
Ba1
B1
B
B+
CCC
CC
Moody’s
Fitch
S&P
Moody’s
Fitch
S&P
Moody’s
Moody’s
S&P
Fitch
Fitch
S&P
Source : Économie Finance et Stratégie
Accélération Les indicateurs de risque tels qu’évalués par le marché évoluent brutalement et transmettent le signal d’une dégradation de la situation aux autres marchés. Les CDS > Mot-clé ont en effet pour caractéristiques de cristalliser les informations concernant l’évolution du risque sur les dettes publiques et privées. Ils permettent de détecter les emballements financiers. La communication non coordonnée, pour ne pas dire contradictoire, des différents gouvernements rend leurs décisions sans effet sur les marchés et a pour conséquence d’accroître l’incertitude. Elle installe le doute sur leur capacité à mettre en œuvre les décisions annoncées et donc sur leur efficacité. Ainsi s’explique qu’il ait fallu plusieurs relèvements du montant du Fonds européen de stabilité fiancière pour que in fine la mesure soit jugée crédible par les marchés.
Mot-clé Les credit default swaps (CDS) sont des contrats de protection financière entre acheteurs et vendeurs. Ils sont l’équivalent d’un contrat d’assurance.
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Technique Il existe plusieurs types de CDS comme les CDS bancaires ou les CDS souverains, principaux indicateurs dans le cas de la crise de l’euro.
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Les CDS souverains comme moyen de détecter les emballements financiers
Prime en points de base
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000
ai 10 ju il. 10 se pt .1 0 no v. 10 ja nv .1 1 m ar s 11 m ai 11 ju il. 11 se pt .1 1
m
se pt
.0 9
0
no v. 09 ja nv .1 0 m ar s 10
500
Vague 1
Vague 2 France Espagne
Vague 3
Allemagne Portugal
Vague 4 Italie Grèce
Vague 5 Irlande
Source : Économie Finance et Stratégie, d’après Bloomberg
Contagion Il est important de ne pas confondre le phénomène de contagion et celui de la transmission. La contagion se développe à l’intérieur de la sphère financière. La transmission est le mécanisme de transfert des perturbations liées à la crise de la sphère financière à l’économie réelle. La contagion opère suivant un mécanisme appelé « l’accélérateur financier » qui conduit les investisseurs à changer leurs anticipations et qui a pour conséquence la baisse des cours de bourse des valeurs bancaires. Comme on peut le voir sur le schéma page 178, durant la crise de l’euro, on constate une chute des indices bancaires (CAC 40 et Eurostoxx 50) à chacune des vagues précédemment décrites : la transmission aux valeurs bancaires est quasi immédiate. De plus, la baisse des valeurs bancaires a un effet tache d’huile sur un grand nombre de valeurs de la cote, ce qui explique la baisse des indices généraux (le CAC 40 dans notre exemple). Cette baisse du prix des actions traduit les interrogations du marché sur la solvabilité des banques.
En pratique La baisse de l’Eurostoxx 50 met en évidence les doutes qu’ont les acteurs des marchés sur la solvabilité des banques.
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Évolution de l’Eurostoxx 50 et du CAC 40 - Septembre 2009 à septembre 2011 baisse des valeurs bancaires comme indicateur de période de crise 30 %
20 %
10 %
0%
- 10 %
- 20 % Novembre 2009
- 30 % 30
9
l. 0
jui
23
v.
no
Mai 2010
09 17
0
s1
ar
m
Novembre 2010
9
0
l. 1
jui
2
v.
no
Mars 2011
10
Eurostoxx 50
24
v.
fé
11 20
Juillet 2011
n
jui
11
Cac 40
Source : Les Échos, Économie Finances et Stratégie
Crise de la liquidité L’incertitude atteint un niveau tel, qu’un doute sur la solvabilité des établissements financiers s’installe. L’asymétrie d’information entre émetteurs de titres et investisseurs augmente. Les investisseurs n’acceptent plus le risque, même s’il est très rémunérateur. Cette montée de l’aversion au risque conduit les investisseurs à se retirer du marché. La liquidité se réduit sous l’effet d’une contraction de l’offre de fonds. La Banque centrale européenne est obligée d’intervenir et d’apporter de la liquidité pour éviter que le marché se bloque totalement et que l’économie ne soit plus correctement financée. Pour se protéger, les banques ne déposent plus leurs excédents temporaires dans d’autres banques mais à la Banque centrale européenne. Dans la phase la plus aiguë de la crise, l’indicateur le plus pertinent reste le spread > Mot-clé .
Mot-clé Le spread désigne l’écart de taux entre une obligation émise par une entreprise, une collectivité territoriale ou un organisme et un emprunt d’État théorique qui aurait les mêmes caractéristiques.
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Transmission de la crise du système financier à l’économie Cette transmission s’opère en suivant trois canaux : La dégradation du bilan des banques : la baisse des marchés est génératrice de pertes et/ou d’une baisse du chiffre d’affaires. La dégradation du bilan des emprunteurs : ils ont des difficultés à rembourser, compte tenu de la dégradation de la situation économique. La transmission par la contraction de la liquidité. La BCE achète des créances sur le marché et fournit ainsi de la liquidité aux acteurs économiques. L’objectif recherché est de bloquer les mécanismes de transmission de la crise, de la sphère financière à l’économie. Achats de dettes en milliards d’euros (2009-2011) 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0
juil. 09 oct. 09 janv. 09 avr. 09 juil. 10
oct. 10 janv. 10 avr. 10
SMP (dettes publiques PIIGS*)
juil. 11 oct. 11
CBP (dettes bancaires)
*PIIGS : Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne Source : BCE
À la suite d’un choc, les valeurs baissent sur un marché, les acteurs enregistrent une perte qui doit être compensée et qui vient ainsi réduire leurs fonds propres. Lorsqu’il s’agit des banques, elles ont alors moins de liquidités disponibles et peuvent être conduites à réduire leur offre de crédits. Lorsqu’il s’agit des entreprises, l’impact négatif sur leur situation financière va les amener à réduire leurs investissements et donc à demander moins de crédits. L’addition de la contraction de l’offre et de la demande de crédits va conduire à une vision plus pessimiste de la situation par les agents économiques, augmentant ainsi le ralentissement de l’activité.
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Il en résulte alors une montée de la prime de risque qui va à nouveau faire baisser les valeurs d’actifs et conduire alors à des appels de marge. Ainsi, une spirale négative s’enclenche, que seule une intervention de la Banque centrale peut stopper. Transmission de la crise du système financier à l’économie Choc exogène
Baisse de la valeur de l’actif
Montée de la prime de risque
Appel de marge ----Impact sur les fonds propres
Ralentissement de l’activité économique
Anticipation des acteurs économiques Baisse des indices de confiance
Impact négatif sur la liquidité des banques
Impact négatif sur la capacité à investir des entreprises Contraction de l’offre des crédits de banques Contraction de la demande de crédit des entreprises
En pratique Globalement, les pays pour lesquels les indices de confiance sont durablement bas (Portugal, Espagne, Grèce) enregistrent les performances économiques les plus mauvaises. L’analyse des indices de confiance dans l’industrie des pays de la zone euro durant la crise de l’euro met en évidence que l’économie de la Grèce est beaucoup plus affectée en comparaison aux autres pays de la zone euro, que ce soit l’Allemagne (pays épargné par la crise) ou l’Italie (pays touché par la crise). Plus le pays est en crise, plus l’indice est sensible et plus l’indicateur a une valeur prédictive. L’indice a une valeur prédictive au niveau des ménages. Pour les pays en crise, les indices sont annonciateurs d’une chute de la production significative. Une crise qui dure exacerbe les différences entre les pays.
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Imaginons un choc exogène, c’est-à-dire un événement exceptionnel et imprévu qui est de nature à inquiéter les investisseurs. Le prix des actifs, la bourse par exemple, baisse. Si les titres ont été donnés en garantie à une banque, celle-ci va demander à l’emprunteur de compenser cette baisse. L’offre de crédit va alors se contracter et la faible visibilité économique fait que les entreprises restent attentistes.
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Mot-clé
L’activité économique se ralentit, certaines entreprises connaissent des difficultés et donc les risques augmentent. La spirale de baisse ainsi enclenchée va s’accentuer. L’analyse des indices de confiance > Mot-clé permet d’anticiper l’impact des crises financières sur la production (industrie ou services) et la consommation. À mesure que les différentes vagues de la crise se déroulent, la baisse rapide des indices de confiance des agents économiques du pays affecté par la crise témoigne de la transmission de l’instabilité des marchés à l’économie.
En économie, un indice de confiance sert à émettre des prévisions sur la croissance économique et aide à prévoir la consommation future des ménages ou entreprises.
Évolution de l’indice de confiance dans l’industrie durant la crise de l’euro 20,0 15,0 10,0 5,0 0,0 - 5,0 - 10,0 - 15,0 - 20,0 - 25,0
09 nv .1 0 Fé v. 10 M ar s1 0 Av ril 10 M ai 10 Ju in 10 Ju il. 10 Ao ût 10 Se pt .1 0 Oc t. 10 No v. 10 Dé c. 10 Ja nv .1 1 Fé v. 11 M ar s1 1 Av ril 11 M ai 11 Ju in 11 Ju il. 11
9
Ja
c.
Dé
09
v. 0
No
t. Oc
Se
pt
.0
9
- 30,0
Zone euro (17 pays)
Allemagne
Grèce Italie Source : Eurostat, Économie Finance et Stratégie
L’analyse des indices de confiance dans l’industrie des pays de la zone euro durant la crise de l’euro met en évidence que l’économie de la Grèce est beaucoup plus affectée en comparaison aux autres pays de la zone euro, que ce soit l’Allemagne (pays épargné par la crise) ou l’Italie (pays touché par la crise).
Mot-clé Le credit crunch est un resserrement du crédit, c’est-à-dire une diminution des crédits accordés par les établissements financiers aux entreprises et aux ménages. Si les banques prêtent moins, la croissance économique est freinée.
Décisions arrêtées pour limiter l’impact de la crise et son renouvellement La 7e phase d’une crise est caractérisée par les mesures prises pour limiter l’impact de la crise et son renouvellement. Ces mesures sont décidées par : –– les banques centrales qui fournissent des liquidités aux banques afin de ne pas bloquer le financement de l’économie et éviter le fameux credit crunch > Mot-clé ;
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–– le Fonds monétaire international qui fournit, sous condition d’un plan de redressement de leur situation financière, une aide financière aux états ; –– les états qui modifient leurs politiques budgétaires. Les interventions de ces derniers conduisent à des changements en matière de gouvernance du système financier et de contrôle des engagements budgétaires.
4. Le rôle du système de contrôle et des acteurs Le rôle des acteurs publics et privés Les agences de notation On peut considérer que les agences de notation sont potentiellement génératrices d’externalités négatives puisqu’elles peuvent, lorsqu’elles procèdent à des abaissements de notes en cascade, provoquer un ajustement à la baisse du prix des actifs sur les marchés. Le mouvement peut engendrer un phénomène de contagion à d’autres En pratique marchés. D’un autre point de vue, elles permettent aux investisseurs d’appréEn février 2012, la Banque centrale européenne a inauguré une formule de refinancement à trois ans : on passe alors de cier la solvabilité des émetteurs de titres. 529,5 milliards d’euros à 800 banques contre 489 milliards d’euros Elles permettent à de nombreux acteurs à 523 banques en décembre 2011. La BCE élargit ainsi le collatéral de prendre conscience de la réalité d’une et participe au refinancement des PME. situation.
Les banques Les banques centrales : dans le cas de la crise de l’euro, la Banque Centrale Européenne (BCE) a pour rôle d’aider les banques à se refinancer et les politiques à prendre des décisions propres à retrouver plus de stabilité. Les banques : les banques sont les acteurs clés du financement d’une économie. Elles ont un rôle particulièrement délicat durant la crise de l’euro car nombre d’entre elles détiennent une partie de la dette souveraine des pays en difficulté. Elles se trouvent alors fragilisées et ne sont plus en mesure de jouer pleinement leur rôle.
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Part de la dette publique exposée dans les banques européennes Expositions à la dette étrangère Banques espagnoles Banques allemandes Banques françaises 0
100 Grèce
200 Irlande
300
400 Italie
500
Portugal
600 700 Milliards de dollars Espagne
Source : BRI, Économie Finances et Stratégie
Les politiques La mondialisation et la financiarisation de l’économie conduisent à appréhender la régulation de l’économie à un niveau global. C’est la vocation du G20. La crise de l’euro a également mis en évidence la nécessité d’une gouvernance économique efficace à l’échelle européenne. À défaut, l’ensemble du système financier n’est pas contrôlé.
Les fonds en mesure de limiter l’effet de contagion Le Fonds monétaire international (FMI) a pour objectif premier de veiller à la stabilité du système monétaire international, en d’autres termes, le système international de paiements et de change qui permet aux pays (et à leurs citoyens) de procéder à des échanges entre eux (cf. étape 7). Le FMI est intervenu dans le cadre de la Grèce en octroyant un crédit à ce pays en complément des interventions européennes. Le savoir-faire du FMI lui a également permis de jouer un rôle de contrôle de la politique conduite par le gouvernement grec en validant les budgets et en s’assurant sur place de leur exécution dans le cadre de la Troïka (FMI, BCE et Commission européenne).
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Les limites du système de contrôle La principale difficulté rencontrée lors d’une crise financière résulte de l’insuffisante coordination des actions entre les différents acteurs. Il arrive même que les désaccords entre les pays, comme cela fut le cas durant la crise de l’euro, conduisent à empirer la crise. Cet exemple témoigne de la limite du système de gouvernance actuellement mis en place : il est apparu que les institutions sont mal adaptées, car insuffisamment réactives aux évolutions rapides de la crise. Toutefois, si les décisions ont souvent été prises dans la douleur, celles-ci ont toutes permis des progrès dans la construction de l’Europe conduisant notamment à une meilleure gouvernance économique de celle-ci.
Piège à éviter Le fonds européen de stabilité financière (FESF) a été approuvé par les 27 États membres de l’Union européenne le 9 mai 2010. Il vise à préserver la stabilité financière en Europe en aidant financièrement les États de la zone en difficulté. À ne pas confondre avec le mécanisme européen de stabilité (MES) qui, à partir du 1er juillet 2012, prendra la succession permanente du FESF.
Les principales décisions politiques constituant une avancée dans la construction européenne 2 décembre 2009 Accord des ministres des Finances de l’Union européenne sur la création d’autorités de supervision (banque, assurance, marchés). 10 mai 2010 Création d’un fonds européen de stabilité financière doté de 440 milliards d’euros. 10 octobre 2010 Le Conseil européen adopte de nouvelles règles qui renforcent les exigences de fonds propres et les politiques de rémunération dans le secteur bancaire. 22 novembre 2010 Accord sur un plan de 85 milliards d’euros pour l’Irlande. 17 décembre 2010 Les 17 adoptent le principe d’un fonds de sauvetage permanent.
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15 mars 2011 Accord sur un ensemble de mesures « Le Six Pack » destiné à renforcer la gouvernance économique dans l’Union européenne, et plus particulièrement dans la zone euro. Quatre propositions traitent de questions budgétaires, y compris de la réforme du pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne. Les deux autres portent sur l’identification et la correction effective des déséquilibres macroéconomiques au sein de l’Union européenne et de la zone euro. 24 juin 2011 Le Mécanisme européen de stabilité (MES) n’aura pas le statut de créancier prioritaire. 21 juillet 2011 Le nouveau plan d’aide à la Grèce se monte à 160 milliards d’euros avec une participation du secteur privé (21 %). 27 septembre 2011 Le Parlement européen vote le « paquet de six ». Celui-ci donne davantage de poids au pacte de stabilité et de croissance actuel, grâce à des contrôles de meilleure qualité et à un stade antérieur des déficits et de la dette. 23 octobre 2011 Décision de renforcement du fonds de stabilité financière. 5 décembre 2011 Proposition de la France et de l’Allemagne de convenir d’un nouveau traité qui met notamment en place une règle d’or et renforce la gouvernance économique de la zone euro. 30 janvier 2012 Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne parviennent à un accord sur le nouveau pacte budgétaire. 20 février 2012 L’Assemblée nationale française a voté la participation de la France au mécanisme européen de stabilité. 12 mars 2012 Nouveau plan de sauvetage de la Grèce : accord avec les créanciers privés qui effacent 107 milliards d’euros de créances grecques. Les gouvernements européens apportent une nouvelle aide de 130 milliards d’euros à la Grèce.
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À vous de jouer
1. Une crise financière est toujours précédée d’une bulle spéculative. a. Vrai. b. Faux.
2. En quoi la crise de l’euro diffère-t-elle des crises financières précédentes ? a. La crise de l’euro intervient dans un contexte de croissance ralentie. b. C’est une crise systémique parce qu’elle touche l’ensemble du système financier européen. c. C’est une crise du surendettement des États.
3. À quoi servent les agences de notation ? a. Elles sont chargées d’attribuer des notes à des entreprises ou à des pays en fonction de leur évolution financière. b. Elles émettent des opinions négatives afin de stimuler les pays à assainir leurs finances. c. Elles participent à tendre le marché en période de crise.
4. Une crise financière se transmet systématiquement à l’économie. a. Vrai. b. Faux.
5. Pourquoi le FMI a-t-il été créé ? a. Le FMI permet de réguler le système monétaire international. b. Le FMI permet de veiller à la stabilité financière internationale afin d’éviter que ne se reproduise la crise de 1929. c. Le FMI absorbe les dettes des pays en difficulté afin de réguler la crise.
6. La contagion et la transmission n’apparaissent pas au même moment d’une crise. a. Vrai. b. Faux.
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1a. Une crise financière est toujours précédée d’une bulle spéculative. Une bulle s’observe lorsque la croissance du prix des actifs financiers s’écarte durablement des données économiques fondamentales de l’actif réel sousjacent. Les bulles sont observées le plus souvent sur les marchés immobiliers, les marchés des actions ou les marchés de matières premières.
Réponses
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2c. C’est une crise du surendettement des États. La crise de surendettement des États met en évidence l’absence de système européen de contrôle des déficits budgétaires. Ceci explique que pour tenter de sortir de cette crise les États prennent les dispositions nécessaires pour réduire ces déficits. 3a. Les agences de notation sont chargées d’attribuer des notes à des entreprises ou à des pays en fonction de leur évolution financière. Elles éclairent les opérateurs de marché sur la situation financière des émetteurs de titres. Les notes qu’elles attribuent permettent une estimation de la probabilité de défaut de ces émetteurs. 4a. Une crise financière se transmet systématiquement à l’économie. Toutes les crises financières ont un impact sur l’économie car elles interrompent le processus habituel de financement de l’économie. Une économie privée de financements adaptés voit sa croissance ralentir. 5b. Le FMI permet de veiller à la stabilité financière internationale afin d’éviter que ne se reproduise la crise de 1929. 6a. Les deux phénomènes interviennent successivement. Éviter ou limiter la contagion permet de réduire l’impact négatif d’une crise sur l’économie.
■■ Comment anticiper et limiter les effets de transmission des déséquilibres financiers à l’économie ? ■■ Comment limiter les effets de contagion au sein du système financier ? ■■ Peut-on éviter la création de bulles ? Les questions à se poser :
Pour les pros
« Si toutes les banques utilisent des modèles semblables, un défaut du modèle peut les conduire toutes, par exemple, à faire de mauvais prêts, puis à s’efforcer de vendre ces prêts en même temps. Et c’est précisément ce qui s’est passé. » Joseph Stiglitz
La régulation financière
Julien Gracq
Étape 9
« Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour tout faire bouger. »
L’étape 9 en un clin d’œil
1. Pourquoi la finance a-t-elle besoin de régulation ?
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La régulation financière fixe les règles qui régissent les marchés financiers, les banques et les compagnies d’assurance et participe ainsi à l’équilibre du système financier. Cet équilibre est nécessaire pour assurer un financement régulier de l’économie. La régulation a vocation à s’adapter aux évolutions de l’environnement, notamment pour prendre en compte les transformations résultant des récentes crises financières.
2. L’organisation de la régulation La régulation est définie d’abord à un niveau international puis déclinée au niveau national. Les superviseurs ont pour mission de faire appliquer la loi à un niveau national. Dans la banque, ces règles sont arrêtées par le Comité de Bâle puis transposées à l’échelle européenne pour enfin être appliquées en France.
3. Les limites du système de régulation Les crises financières successives des années 2000 ont mis en évidence les faiblesses et limites du système de régulation de la finance telles que le phénomène de pro-cyclicité des règles ou encore la multiplicité des superviseurs et le défaut de coordination de leurs actions.
4. Pour une meilleure régulation du système financier Les évolutions récentes de la finance ont montré qu’il devenait nécessaire de mettre en place une meilleure régulation du système financier. Celle-ci passe notamment par une gouvernance mondiale mais elle reste difficile à faire fonctionner compte tenu des divergences d’intérêts entre pays.
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Quelques dates 1935 Securities and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis. 2000 Financial Services Authority (FSA) en Angleterre. Mai 2002 Federal Financial Supervisory Authority aux États-Unis ; BaFin en Allemagne.
Août 2003 Autorité des marchés financiers (AMF) en France. Avril 2009 Financial Stability Board (FSB) au niveau international (G20). Janvier 2010 Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP) en France. Janvier 2010 European Insurance and Occupational Pensions Authority (EIOPA). Janvier 2010 European Securities and Markets Authority (ESMA). Octobre 2010 Comité de régulation financière et du risque systémique (CoReFRIS) en France.
Janvier 2011 European Banking Authority (EBA).
1. Pourquoi la finance a-t-elle besoin de régulation ? Qu’est-ce que la régulation ? La régulation définit le cadre d’exercice des activités financières. Elle fixe les conditions d’exercice d’une activité financière et quels en sont les prérequis. Ainsi, les banques doivent avoir un capital minimum de 5 millions d’euros et leurs dirigeants doivent être agréés, c’est-à-dire que leurs compétences sont vérifiées par le superviseur. Les opérations exécutées par les banques sont définies par la loi bancaire dont la première version date de 1984 et qui a fait l’objet d’amendements, de corrections et de compléments. La régulation s’organise donc autour d’acteurs, d’un cadre d’exercice de l’activité et d’opérations réglementées. Au centre du dispositif réglementaire, les règles prudentielles permettent de s’assurer qu’un établissement sera suffisamment solide pour résister à une situation de crise.
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Piège à éviter
Technique
La langue française distingue la régulation de la réglementation. La régulation contrôle un mécanisme et s’assure de son équilibre ; la réglementation est la fixation de règles. En anglais, regulation signifie réglementation. Il n’y a donc pas la distinction que l’on trouve en français. Quand un Anglo-saxon parle de regulation, cela correspond à notre réglementation.
La régulation bancaire, appelée aussi Règles de Bâle du nom de la ville où se trouve le siège de l’organisme chargé de l’élaboration de ces règles, repose principalement sur deux séries de ratios : –– un ratio de solvabilité : rapport entre le capital et les risques de façon à ce que le capital soit suffisant pour couvrir les risques tels qu’on peut raisonnablement les évaluer ; –– des ratios de liquidité : règles qui permettent de s’assurer que les actifs, c’est-à-dire les crédits ou les investissements faits par une banque, sont en partie monnayables dans des conditions rapides sur le marché sans entraîner pour autant de pertes en capital, ceci pour faire face à d’éventuels retraits de déposants ou à des difficultés pour se refinancer sur les marchés. La régulation des activités d’assurance repose sur des principes voisins et fait l’objet d’un corps de règles regroupées sous l’appellation « solvabilité II » (Solvency II ).
La régulation et les bulles spéculatives Le propre des marchés financiers est d’être des marchés d’anticipation, c’est-à-dire qu’on anticipe les revenus dégagés par un actif financier. On projette donc des revenus futurs. Cette projection est entachée d’incertitudes puisqu’il faut faire une hypothèse sur l’évolution économique et une autre sur les taux d’intérêt. Ces projections sont sans cesse actualisées par les opérateurs de marché en fonction des informations qu’ils reçoivent en continu. Dans un marché financier, à la différence d’un marché physique, il n’y a pas de limite quantitative absolue. Plus exactement, la limite quantitative est liée à la liquidité globale, c’est-à-dire à la monnaie mise en circulation par les banques centrales via la politique monétaire. Il n’y a pas, comme dans le marché du blé, une quantité produite connue qui est vendue. On ne peut pas vendre plus de blé qu’il n’en a été produit. Le marché se rééquilibre à un moment donné lorsque la quantité de blé
Mot-clé Contracyclique signifie le sens inverse d’un cycle. Une action contracyclique sert à lisser les variations de l’activité économique.
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produite est connue de façon définitive. Il y a une période où on est certain de la quantité, et donc le marché peut se rééquilibrer, ce qui n’est pas le cas dans un marché financier qui se développe en continu.
Aussi, l’incertitude sur la valeur future des actifs est permanente. Ce marché ne va pas avoir de corde de rappel sauf celle fournie le cas échéant par le régulateur ou le superviseur. C’est la raison pour laquelle, dans Bâle III, on a imaginé un « coussin contracyclique > Mot-clé » de façon à ralentir l’offre de crédit dans une période de hausse de prix des actifs
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afin d’éviter que ne se crée une bulle, traduction d’un déséquilibre qui s’installe.
Technique Le mécanisme qui conduit à l’apparition, puis à l’éclatement des bulles est le suivant : les acteurs anticipent des hausses continues du prix des actifs puis, à un moment donné, les informations qui arrivent montrent que ces anticipations sont erronées, le marché bascule alors brutalement. Ainsi, au lieu d’avoir une majorité d’anticipations haussières, il y a alors une majorité d’anticipations baissières. Les cours qui étaient auparavant orientés à la hausse sont brutalement orientés à la baisse. Si les informations négatives continuent à arriver, ce qui est le cas par exemple lorsque les agences de notation annoncent des dégradations en cascade, s’enclenche alors une spirale de baisse : les acteurs du marché prennent conscience soudainement que le prix est surévalué et donc corrigent le tir de façon brutale pour éviter de perdre de l’argent. La bulle explose suite, à cette correction brutale. À la base, il y a une majorité de comportements d’aversion au risque et une infime minorité de positions spéculatives.
2. L’organisation de la régulation La régulation macro et microprudentielle Les marchés ne sont pas efficients (cf. étape 5), contrairement à ce que suppose la théorie des marchés, parce qu’il y a de l’asymétrie d’information, des comportements mimétiques (c’est-à-dire des effets moutonniers) et de la viscosité dans les marchés. Les marchés ont une vraie fonction d’indicateurs économiques mais les marchés financiers en particulier méritent de voir leur fonctionnement surveillé et, dans certains cas, encadré lorsqu’il y a des débordements. À cet instant, les superviseurs peuvent décider d’intervenir ou non. Dans l’exemple de la crise des subprimes, le superviseur américain a refusé d’intervenir, considérant que cela n’était pas son rôle que de bloquer le fonctionnement des marchés. Dans les pays anglo-saxons, on considère que le marché est efficient et qu’il n’y a par conséquent pas lieu d’intervenir. En Europe et, notamment en France, on prend plus volontiers en compte les limites du marché et on considère en effet qu’on doit intervenir, même s’il n’y a pas une vision unanime sur le rôle et les limites du marché.
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La crise des subprimes a révélé la nécessité de réguler le système financier international
La crise des subprimes a ainsi permis de mettre en évidence un manque de régulation macroprudentielle, celle qui s’intéresse à la stabilité globale du système et qui a vocation à prévenir le risque systémique. La régulation microprudentielle, fondée sur une maîtrise des risques au niveau des établissements considérés isolément, a été en revanche privilégiée. L’usage des termes micro et macroprudentiels n’est pas encore très courant mais commence toutefois à entrer dans le vocabulaire économique usuel depuis les années 2000.
En pratique Selon une étude de la Banque de Réserve Fédérale de New York, le système financier parallèle reste plus important en volume après la crise des subprimes que le système financier régulier (14 000 milliards de dollars pour le système régulé et 16 000 milliards de dollars pour le système parallèle).
Présentation comparée des perspectives macroprudentielle et microprudentielle Perspective macroprudentielle Objectif immédiat
Objectif final
Caractérisation du risque Corrélations entre les institutions et expositions communes Calibrage des contrôles prudentiels
Perspective microprudentielle
Limiter la crise financière
Limiter les difficultés individuelles des institutions
Éviter les coûts en termes de PIB
Protéger le consommateur (investisseur/déposant)
Considéré comme étant dépendant du comportement collectif (endogène)
Considéré comme étant indépendant du comportement des individus (exogène)
Importantes
Sans objet
En termes de risque systémique : du haut vers le bas (top-down)
En termes de risques propres à chaque institution : du bas vers le haut (bottom-up)
Source : Borio, 2003, Revue de la stabilité financière, n° 13, 2009
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En pratique Les acteurs de la régulation macroprudentielle sont des entités comme le FMI ou le Conseil Européen de Stabilité Financière (CESF). La politique macroprudentielle vise donc à éviter les bulles financières. Les acteurs microprudentiels sont l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP), le Comité de Bâle et les instances européennes. Les outils de régulation macro ou microprudentielle peuvent être les mêmes : ainsi le coussin contracyclique est à la fois un outil microprudentiel qui permet aux établissements d’avoir un niveau d’activités aussi régulier que possible et, d’un autre côté, cela permet aux macros régulateurs d’éviter les effets contracycliques des règles de Bâle II.
La crise a logiquement incité gouvernements et régulateurs à réévaluer les règles qui encadrent le fonctionnement du système financier, qu’il s’agisse des banques ou des marchés. Ainsi, à la déréglementation des années 2000 va se succéder la « re-réglementation » des années 2010. Le dogmatisme de la première période vantant sans réserve les vertus et l’efficience des marchés financiers peut inciter aujourd’hui à une ardeur régulatrice trop désordonnée. Une recherche d’équilibre est nécessaire. La règle doit encadrer, limiter le risque. Elle ne doit pas conduire à se substituer aux acteurs du marché. Ainsi, le procès fait aux marchés de gré à gré (over the counter > Mot-clé ) est, à bien des égards, le produit d’une situation insuffisamment analysée. Les changements envisagés qui encouragent la compensation des opérations sur des plateformes dédiées, ainsi que leur enregistrement afin d’assurer une meilleure surveillance du marché, apportent des réponses satisfaisantes aux problèmes rencontrés. Mais, à la différence de ce qui est parfois indiqué, ces marchés ont continué à fonctionner pendant la crise et ont eu un comportement plus pertinent du point de vue économique que certains marchés organisés. Cette vision globale du risque systémique permet de définir la notion de politique macroprudentielle. Celle-ci consiste, autant que faire se peut, à prévenir les crises et donc à limiter le risque systémique de telle sorte que cette politique réduise le coût que l’instabilité financière impose à l’économie dans son ensemble. Ainsi, limiter le risque systémique implique de renforcer la résilience du système financier en adressant à la fois les risques provenant de la contagion et d’autres formes d’interactions entre institutions financières, ainsi que ceux résultant de la construction de déséquilibres dans le temps. La supervision macroprudentielle a pris une dimension nouvelle après la crise, ceci sous l’impulsion du G20.
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Technique La régulation du système financier intervient à deux niveaux : – micro (depuis le début des années 2000) ; – macro (depuis la fin des années 2000).
Mot-clé Over the counter (OTC) ou « hors bourse » sont des produits nonstandardisés négociés de manière moins transparente qu’en bourse puisque négociés bilatéralement.
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Impact de la politique macroprudentielle Politique macroprudentielle
Objectif : limiter le risque systémique
Réduire les déséquilibres qui se construisent dans le temps
Augmenter la résilience du système financier
Action sur
Institutions
Marchés
Infrastructures
Cette réforme de la politique de régulation concerne en premier lieu les banques et dans une moindre mesure les autres acteurs du marché. Ce déséquilibre repose sur l’hypothèse selon laquelle les marchés financiers sont efficients alors que les marchés bancaires ne le sont pas puisqu’ils reposent, par construction, sur une asymétrie d’information. La régulation des banques est donc une nécessité absolue mais les marchés ont aussi besoin d’être régulés pour éviter que ne se développe, à leur niveau, un risque systémique. L’élément nouveau est la décision qu’a prise le G20 de confier au Financial Stability Board (FSB) la responsabilité de la régulation macroprudentielle. Ainsi cette dimension globale, non reconnue et surtout non coordonnée jusqu’ici, est désormais prise en compte. La régulation ne devrait plus désormais se limiter à la seule approche microprudentielle des banques mais disposer d’un champ étendu à l’ensemble des acteurs des marchés bancaires et financiers ainsi qu’à la dimension macroprudentielle économique et financière.
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L’architecture des organes de régulation et de supervision Le régulateur et le superviseur Le régulateur est une autorité publique qui définit les règles tandis que le superviseur est l’autorité chargée, dans chaque pays, de s’assurer de l’application des règles fixées par le régulateur. S’agissant des banques et des assurances en France, il s’agit de l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP).
Au niveau international Dans la banque, les textes du Comité de Bâle qui réunit les régulateurs des 20 pays les plus riches du monde ont vocation à s’appliquer à une échelle mondiale et sont ensuite repris dans les législations nationales. La CRD4, directive européenne en préparation, vise à mettre en œuvre les nouvelles règles internationales définies après la crise 2007-2008, appelées « Bâle III ». Ces règles seront transposées en Europe dans le cadre d’un règlement, notamment pour ce qui relève de la définition et du calcul des fonds propres. Ces règles comprendront aussi des directives pour des dispositions qui posent des problèmes particuliers relatifs aux différents droits nationaux.
Technique Les notes et les probabilités de défaut calculées par les agences de notation sont utilisées par les banques pour calculer les risques pris sur les entreprises ou les États (cf. étape 7). Ceci leur permet de compléter leur calcul d’actifs pondérés (RWA = Risk Weight Asset) qui servent ensuite à définir le niveau de capital exigé pour les couvrir. Cet usage recommandé à l’origine par les régulateurs est, depuis la crise de 2007, remis en question. Les banques sont désormais invitées à effectuer leurs propres calculs de façon à éviter les effets de contagion déclenchés par la baisse en cascade des notes produites par les agences.
INTERNATIONAL Régulateur FSB – Comité de Bâle EUROPE Superviseur EBA NATIONAL (France) Superviseur Banque de France ACP – Banques
Architecture des organes de régulation et de supervision
Niveau européen La régulation européenne relève de décisions conjointes du Conseil européen, de la Commission européenne et du Parlement européen. Les directives européennes sont ensuite transposées en droit national. Il y a donc un risque que, à la faveur de cette transposition, de nouvelles divergences apparaissent entre les États. En revanche, le règlement est d’application
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immédiate et ne peut faire l’objet d’interprétation au niveau national. Le dispositif européen s’articule autour de trois agences de supervision : –– des banques (EBA) ; –– des assurances (EIOPA) ; –– des marchés financiers (ESMA).
Commission européenne à Bruxelles
Autorités européennes de supervision au niveau macroprudentiel Autorité européenne compétente (avant le 31/12/2010)
Autorité européenne compétente (depuis le 01/01/2011)
Secteur bancaire
Committee of European Banking Supervisors (CEBS)
European Banking Authority (EBA)
Marchés financiers
Committee of European Securities Regulators (CESR)
European Securities and Markets Authority (ESMA)
Committee of European
European Insurance and Occupational Pensions Pensions Supervisors (CEIOPS) Authority (EIOPA)
Secteur des Insurance and Occupational assurances
Parlement européen à Strasbourg
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Ces agences ont, à la différence des comités dits de « niveau 3 » qu’elles ont remplacés, vocation à organiser la convergence des standards techniques utilisés par les superviseurs nationaux et à coordonner l’action de ces derniers. Elles disposent d’une capacité à contraindre un superviseur national qui n’appliquerait pas les règles européennes. Les pouvoirs des instances européennes sont encadrés. Leurs décisions ne peuvent en particulier conduire à solliciter les budgets des pays membres. Enfin, nombre de décisions peuvent être prises à la majorité simple et non plus à l’unanimité comme ce fut le cas par le passé. Enfin, un Comité Européen du Risque Systémique (CESR ou ERSB), présidé par le Président de la Banque centrale européenne (BCE), est chargé d’évaluer les risques qui pourraient se développer aussi bien au sein du système financier que dans l’économie réelle.
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Au niveau national Les superviseurs français
FOCUS
Au niveau de la France, des réformes de même inspiration ont été mises en œuvre. Le changement le plus important est venu de la création de l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP), résultat de la fusion entre la Commission bancaire et la Commission de contrôle des assurances. L’une des originalités de cette évolution est aussi d’avoir organisé un service commun à l’ACP et à l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour s’assurer de la bonne information des consommateurs et plus globalement d’assurer leur protection. La surveillance des marchés reste assurée par l’AMF dont les moyens et les pouvoirs ont été renforcés. Au niveau macroprudentiel, un Conseil de régulation financière et du risque systémique (CoReFRIS) a été créé pour apprécier les risques systémiques. Les domaines principaux à surveiller sont bien évidemment le marché immobilier, résidentiel ou commercial, l’impact de l’instabilité de certaines dettes souveraines sur les banques et les compagnies d’assurance, ou encore le refinancement en dollars des banques de financement et d’investissement.
L’Autorité des marchés financiers (AMF) Créée en 2003, l’AMF permet de fusionner les trois autorités de marchés financiers alors existantes : le Conseil des marchés financiers, la Commission des opérations de bourse, le Conseil de discipline de la gestion financière. Le fait d’instaurer une autorité unique a permis une meilleure visibilité du contrôle français des marchés financiers notamment pour les investisseurs étrangers et clarifie ainsi l’organisation des marchés financiers. L’AMF supervise l’ensemble des missions autrefois incombées aux trois autorités (COB, CMF et CDGF) : •• L’AMF veille à la protection des épargnants. •• Elle veille à la régularité de l’information donnée aux acteurs des marchés financiers. •• Elle veille au bon fonctionnement des marchés et les contrôle, y compris les marchés non réglementés. Outre cette mission de contrôle, l’AMF participe à l’élaboration de la réglementation des marchés financiers. L’Autorité des marchés financiers est actuellement dirigée par Jean-Pierre Jouyet.
Les régulateurs allemands La Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht (connue sous le nom BaFin) a été créée en mai 2002 afin de superviser les banques, les intermédiaires financiers, les entreprises d’assurance et le négoce des valeurs mobilières. La BaFin est une société indépendante de droit public soumise à la surveillance juridique et technique du ministère fédéral des Finances. Son objectif principal
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Technique Le principe fondateur de Bâle II est de mettre un niveau de capital en rapport avec les risques pris. Il faut donc calculer au plus juste ces risques. Le capital a vocation à garantir le risque, y compris le risque exceptionnel. Mais les détracteurs de cette logique de Bâle pensent qu’il y aura toujours un domaine ou une activité pour laquelle on ne saura pas calculer le risque parce que, finalement, le défaut de Bâle II est d’avoir cru qu’on savait tout. C’est pour cela, notamment, que les Américains sont favorables au ratio de levier. Aujourd’hui, ce ratio de levier n’est utilisé jusqu’en 2018 que comme un indicateur, comme un complément d’information pour ceux qui contrôlent les banques. En 2018, on se demandera si on le classe du côté des règles en dur ou non, c’est-à-dire en Pilier I. Il y a trois Piliers dans Bâle : – le Pilier I concerne les règles strictes ; – le Pilier II est l’appréciation du superviseur, celui qui contrôle et qui peut, compte tenu de la qualité du management et plus généralement de la gouvernance, compte tenu des caractéristiques du modèle économique d’un groupe bancaire, exiger du capital supplémentaire afin d’assurer une meilleure couverture des risques et donc, au final, plus de protection pour les déposants ; – le Pilier III concerne l’information financière donnée au marché de sorte que le marché fasse pression sur les entreprises pour que toute l’information nécessaire à l’appréciation des risques soit fournie.
est d’assurer le bon fonctionnement, la stabilité et l’intégrité du système financier allemand.
Les régulateurs anglais La Financial Services Authority (FSA) est un organisme indépendant non gouvernemental, doté de pouvoirs légaux par le Financial Services and Markets Act de 2000. La FSA est une société opérationnellement indépendante du gouvernement ; elle est entièrement financée par les entreprises qu’elle règlemente.
Les superviseurs américains Le superviseur américain pour les marchés est la Securities and Exchange Commission (SEC). Elle a été créée afin de protéger les investisseurs et maintenir la stabilité des marchés suite au crash de 1929. Bien qu’elle soit le principal superviseur des marchés des valeurs mobilières des ÉtatsUnis, la SEC collabore étroitement avec de nombreuses autres institutions, y compris le Congrès, d’autres ministères et organismes fédéraux, les organismes d’autoréglementation et les différentes organisations du secteur privé. Outre la SEC, trois autres instances de supervisions sont en général impliquées : le Commodities Futures Trading Commission pour les marchés de matières premières, l’Internal Revenue Service et la Federal Reserve Bank pour les banques. La particularité des États-Unis tient à cette multiplicité de superviseurs qui engendre des risques de conflits et d’incohérences entre les réglementations : plus il y a de complexité et de fragmentation, moins c’est efficace.
3. Les limites du système de régulation Ce que les crises ont mis en évidence La crise des subprimes a permis de mettre en évidence des dysfonctionnements au niveau de la régulation du système financier. Les régulateurs se sont
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trompés, comme les autres acteurs, dans le cas des crises des subprimes et de l’euro parce que l’évaluation du risque, réalisée avec des méthodes rigoureuses, n’est pas quelque chose d’absolu. Or, les incertitudes sont multiples : elles peuvent provenir d’un mauvais fonctionnement des marchés ou d’anticipations de la part des acteurs de marché, puisque les groupes sociaux ne réagissent pas toujours comme cela avait été envisagé. L’incertitude est donc permanente. La complexité des marchés et des systèmes est telle que cette évaluation du risque n’est pas triviale, ce qui ne signifie pas que la régulation soit impossible ou pas nécessaire. Car même si la régulation arrive avec retard ou est erronée, elle a quand même pour effet de limiter l’impact des déséquilibres. Par exemple, en France, pendant la crise de 2007, les banques ont mieux résisté qu’en Espagne ou au Royaume-Uni. Au Canada, la Banque centrale du Canada avait pris des dispositions pour ne pas être affectée par les subprimes. Certains superviseurs ont été efficaces et, d’autres, comme aux États-Unis ou au Royaume-Uni, ne l’ont pas été. Aujourd’hui, règne un climat de suspicion entre superviseurs ce qui explique la tendance, notamment dans Bâle III, à un renforcement des règles et plus exactement à une limitation des capacités d’interprétation des règles par les superviseurs.
Les marchés sont des systèmes complexes
Technique Le Comité de Bâle III est composé des gouverneurs des banques centrales du G20 ou des superviseurs. Suite à la crise des subprimes, le G20 a demandé une réforme du système bancaire mondial au Comité de Bâle. Ces règles proposées par le Comité de Bâle ont été validées par le G20. C’est le G20 de Séoul en novembre 2010 qui a arrêté les règles sur la solvabilité, c’est-à-dire le besoin de capital. Cette gouvernance mondiale a pris évidemment un rôle éminent.
Les limites et faiblesses du système de régulation Les crises récentes montrent les faiblesses majeures et les limites d’un système de régulation qui sont : Le périmètre d’action : tous les acteurs du système financier sont inégalement impactés par les contraintes de la régulation. Il en est même qui échappent à tout contrôle. Une des conséquences directes de cette limite liée au périmètre d’action est l’apparition du shadow banking – banque de l’ombre – ou système bancaire parallèle. La fragmentation : la régulation est souvent très fragmentée (diversité des régulateurs, aux États-Unis par exemple) face à une économie et des marchés mondialisés. L’hétérogénéité des règles et des pratiques, source de déséquilibre et porteuse de risques en raison des arbitrages réglementaires que ces différences autorisent.
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Le caractère procyclique des systèmes de régulation : règles de Bâle II et Bâle III, de Solvency II. Quand il y a une crise, les établissements sont sommés par les autorités bancaires de renforcer leurs fonds propres pour répondre à la demande de crédits. Et comme ils n’y parviennent pas en faisant appel au marché, la seule solution est la réduction d’activités appelée « delevaraging ».
La vente à découvert est une vente d’un actif financier dont le vendeur n’est pas détenteur. Le vendeur spécule sur une baisse de cours. Aussi, pour limiter ces phénomènes lors de crises financières, les autorités de marché décident de limiter ou d’interdire ces ventes à découvert. Elles obligent les vendeurs d’action ou d’obligation à les détenir au préalable. L’opération n’a plus une vocation exclusivement spéculative mais est une opération de couverture du risque de baisse.
FOCUS
Technique
The shadow banking system Le shadow banking concerne toutes les opérations financières non réglementées comme les activités hors bilan des banques. Ces opérations de crédit sont réalisées par des intermédiaires qui n’ont pas à fournir de garantie en fonds propres et qui ne sont pas toujours mandatés par les banques. Lorsque les investisseurs sont en difficulté, c’est vers la banque qu’ils se tournent pour réclamer des garanties. Cette situation peut conduire à un effet domino en situation de crise financière, comme cela fut le cas en 2008, où les activités du shadow banking avaient atteint une taille comparable à celle du système réglementé.
4. Pour une meilleure régulation du système financier Les solutions globales Il existe des solutions pour une meilleure régulation. En premier lieu, une définition large et internationalement reconnue du champ de la régulation permettrait une meilleure coordination de la régulation financière. Celle-ci commence à être assumée par le Financial Stability Board, dont il y a lieu de renforcer le pouvoir. Enfin, il conviendrait d’envisager une évolution des règles comptables et ainsi, distinguer les activités de marché valorisées au prix du marché et les activités bancaires traditionnelles pour lesquelles il y a lieu, dans le système de valorisation, de tenir compte de la durée de détention des actifs, c’est-à-dire de l’horizon de gestion. L’impact des crises financières pousse les gouvernements à repenser la régulation bancaire et, à la fin 2011, apparaît une tendance qui pourrait se généraliser : celle-ci consiste à abandonner le modèle de la banque universelle et à revenir à la séparation des activités bancaires, notamment de la
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banque d’investissement et de la banque de dépôts, comme cela était le cas avant 1984 en France. Cette règle partagée jusqu’en 1986 par les Anglais fut définitivement stoppée par la loi Glass-Steagall, abrogée en 1992 aux États-Unis. Néanmoins, les Américains et les Anglais sont enclins à revenir à ce mode de fonctionnement et l’Europe réfléchit à la question : la Commission européenne a commandité un rapport sur la question pour 2012. Le gouvernement britannique, quant à lui, a reçu en novembre 2012 un rapport à la Commission Vickers qui préconise la séparation entre les deux activités. Ainsi, si une banque d’investissement fait faillite, l’État ne sera pas obligé d’intervenir.
Vers une gouvernance mondiale Une gouvernance mondiale est souhaitable. Si on passe du souhaitable au possible, cela signifie que le G20 doit continuer à impulser des principes de coordination des politiques de régulation et que, pour ce faire, il doit se servir du Financial Stability Board plus encore qu’il ne le fait aujourd’hui. L’enjeu est donc l’adaptation des systèmes de régulation au caractère mondial des activités financières. Or, des conflits d’intérêt existent entre les acteurs et les différentes zones économiques. Leur arbitrage est délicat car il conduit de fait à la localisation ou au déplacement des activités et donc des emplois (cf. étape 7).
Avis d’expert Nouriel Roubini, professeur d’économie à la Stern School of Business (New York University) G20 ou G0 ? « Nous vivons dans un monde dont la gouvernance est en principe entre les mains du G20, mais, en réalité, il n’y a pas de leadership mondial, les membres du G20 étant en désaccord en ce qui concerne la politique fiscale et budgétaire, les taux de change, les déséquilibres mondiaux, le commerce, la stabilité financière, le système monétaire international, l’énergie et la sécurité internationale. Les grandes puissances ne pensent plus parvenir à un accord gagnant-gagnant sur ces problèmes et considèrent maintenant leur résolution comme un jeu à somme nulle, autrement dit un G0 qui définit en quelque sorte le monde d’aujourd’hui. »
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À vous de jouer
1. En français, on ne fait pas de distinction entre la régulation et la réglementation.
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a. Vrai. b. Faux.
2. Les superviseurs sont chargés de faire appliquer les règles établies par les régulateurs. a. Vrai. b. Faux.
3. La multiplicité des superviseurs et leur non-coordination est une limite à l’efficacité de la régulation du système financier. a. Vrai. b. Faux.
4. Quelle est la principale limite de la régulation financière ? a. Une couverture limitée. b. Le caractère fragmenté du système régulation-supervision face à une économie et des marchés financiers mondialisés qui conduit à une non-coordination des régulateurs. c. Le caractère hétérogène du système régulation-supervision et des mesures prises selon les pays comme la définition du capital, du ratio de solvabilité ou de sa procyclité.
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1b. En Français, on fait une distinction entre la régulation et la réglementation : la régulation est la recherche de l’équilibre d’un système par des interventions successives. La réglementation est la définition de règles visant à être appliquées par les acteurs du système financier. En anglais, cette distinction n’existe pas et le terme « regulation » signifie « réglementation ».
Réponses
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2a. Les superviseurs sont les autorités chargées dans chacun des pays d’appliquer les règles définies par les régulateurs internationaux. Dans le cas des banques, le régulateur mondial est le Comité de Bâle. Les règles qu’il définit sont transposées dans la législation européenne. L’Europe a deux formes d’intervention possible : le règlement qui est d’application immédiate dans tous les pays et la directive qui nécessite une transposition dans la législation nationale et donc un vote des parlements nationaux. 3a. La multiplicité des superviseurs et leur non-coordination est une limite à l’efficacité de la régulation du système financier. 4a. Dans les causes de la crise des subprimes, l’éclatement de la supervision aux États-Unis est une explication importante des dérèglements observés. Les sociétés qui donnaient leur accord sur les prêts subprimes n’étaient pas contrôlées et les entreprises financières qui mettaient ces actifs sur le marché étaient contrôlées par l’autorité boursière mais pas par l’autorité bancaire, ces deux autorités ne se coordonnant pas vraiment.
■■ Le FMI dispose-t-il des pouvoirs nécessaires pour limiter l’impact des crises financière ? ■■ Comment mieux mesurer l’impact des changements des réglementations financières sur l’économie ? ■■ Comment améliorer la coordination entre superviseurs, notamment en Europe ? ■■ Dans quelles conditions le shadow banking system pourrait-il être amené à se développer ? Les questions à se poser :
Pour les pros
« Le microcrédit c’est aider chaque personne à atteindre son meilleur potentiel. Il n’évoque pas le capital monétaire mais le capital humain. Le microcrédit constitue avant tout un outil qui libère les rêves des hommes et aide même le plus pauvre d’entre les pauvres à parvenir à la dignité, au respect et à donner un sens à sa vie. » Muhammad Yunus
L’avenir de la finance
Pierre Dac
Étape10
« L’avenir, c’est du passé en préparation. »
L’étape 10 en un clin d’œil
1. La finance du xxie siècle
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La crise commencée en 2007, qualifiée aujourd’hui de « grande récession », va transformer le système financier mais aussi l’économie. La finance et l’économie ne sont pas déconnectées : la finance permet de financer l’économie par les marchés et l’intermédiation. Elle a pour objectif de contribuer au développement de l’économie à l’échelle mondiale et locale, tout en continuant à favoriser les innovations financières qui seront mieux maîtrisées par davantage d’éthique et dont le risque sera mieux apprécié grâce aux progrès de la recherche dans ce domaine.
2. Vers une finance durable Il s’agit avant tout d’assurer la responsabilité sociale du secteur financier en privilégiant les comportements qui conduisent à la stabilité du système et qui permettent d’éviter l’exclusion des personnes. La finance durable se veut éthique : elle favorise d’une part la croissance des activités naissantes et écologiques (green business) et, d’autre part, permet par le biais de la finance solidaire de rendre accessible le crédit pour la création de micro-entreprises à des populations défavorisées (rôle de développement économique) ou exclues du système bancaire (rôle social). Ces pratiques, encore limitées, tendent à se développer et prendront davantage d’importance ces prochaines années.
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1. La finance au xxie siècle Les principales caractéristiques de la finance : assurer un financement de l’économie par les marchés et l’intermédiation Les acteurs de la finance que sont les banques, les compagnies d’assurance, les sociétés de gestion d’actifs, les sociétés de crédit et les intermédiaires en bourse opèrent de plus en plus à un niveau international. On a souvent tendance à vouloir opérer une dichotomie, voire à opposer finance et économie. La finance a certes son autonomie mais elle n’est pas déconnectée de l’économie, puisque la finalité de la finance est précisément de financer l’économie. La finalité de la finance mondiale est donc de financer les activités et les échanges mondiaux. La finalité de la finance en France est de financer l’économie française, c’est-à-dire les entreprises, les ménages, les administrations. La finalité de la finance est ainsi de faire en sorte que les capitaux aillent là où ils sont le plus efficaces, c’est-à-dire là où ils génèrent le développement économique le plus important. Pour ajouter à la complexité, il existe de plus deux types de finance : une finance régulée, c’est-à-dire réglementée, et une finance non régulée, c’est-à-dire qui échappe à la réglementation. À terme, l’enjeu de la finance est d’avoir une partie non régulée qui reste très significativement minoritaire, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui et une part régulée qui soit suffisamment coordonnée à l’échelle mondiale pour ne pas créer de déséquilibres.
La finalité de la finance est de financer l’économie
Bilan post-crises des années 2000 et conséquences Lorsque le système financier se dérègle, notamment lors d’une crise, l’économie est très fortement impactée. Ainsi, les pertes d’activités liées aux
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crises peuvent atteindre, sur plusieurs années, l’équivalent de 10 à 15 % du PIB. Dans ces périodes, l’activité des banques se réduit, elles font moins de crédits. Les entreprises et les ménages ont donc une moindre capacité à investir et cela retentit sur la croissance. Celle-ci ralentit et peut même devenir négative. On est alors dans une phase de récession. Cette situation a des conséquences sociales lourdes : le chômage augmente, celui des jeunes souvent plus que celui des autres catégories de la population. Les États doivent réduire leurs dépenses, et ceci d’autant plus que leur endettement était déjà élevé avant la crise. Ils diminuent alors leurs investissements et remettent en question les aides qu’ils apportent aux catégories de la population économiquement les plus fragiles. À une crise financière forte succède souvent une crise économique, puis une crise sociale. C’est pour éviter que l’instabilité de la finance ne remette en cause le pacte social qu’il est important que la finance ait, elle aussi, un caractère durable. Mais cette finance ne saurait être figée. La nostalgie d’un passé que l’on magnifie n’a pas beaucoup de sens. La finance évolue sous l’effet des innovations technologiques dans des domaines comme l’informatique et les télécommunications qui permettent d’accroître la vitesse d’exécution des transactions et d’en abaisser le coût. La finance progresse aussi parce que l’on comprend mieux le fonctionnement de certains marchés et que les risques sont mieux calculés. L’évolution du secteur de la finance fait d’ailleurs l’objet de recherches et d’études spécifiques. L’activité de Recherche et Développement menée par les acteurs de l’industrie financière témoignent de l’importance accordée à l’innovation et à la nécessité de mieux apprécier le risque. Son importance se caractérise par son poids dans l’économie française (environ 5 % de la richesse pour la France) et son rôle d’intermédiation auprès des autres secteurs de l’économie.
Les chiffres clés ÎÎ 15 % des 700 000 ingénieurs en France travaillent pour la branche R&D de l’industrie financière.
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ÎÎ 45 % des jeunes ingénieurs diplômés choisissant le secteur de la finance rejoignent un département Études et Recherche.
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En pratique Voici quelques exemples de R&D dans les secteurs de la banque et des assurances : • Recherche mathématique liée à l’analyse des risques financiers. • Mise au point de modèles de risques pour élaborer une politique du crédit. • Développement expérimental de nouveaux logiciels pour les opérations bancaires à domicile. • Recherche visant à identifier de nouveaux risques ou de nouvelles caractéristiques de risque devant être pris en considération dans les contrats d’assurance. • Recherche sur les phénomènes de société ayant des répercussions sur les nouvelles formes d’assurance (santé, retraite, etc.), comme la couverture des non fumeurs. • R&D se rapportant à la banque et à l’assurance par voie électronique. Services liés à l’Internet et applications de commerce électronique. • R&D se rapportant à des services financiers nouveaux ou considérablement améliorés : nouveaux concepts de comptes, de prêts, d’assurance et d’instruments d’épargne. Source : Manuel de Frascati
Mot-clé Le Collateralized Debt Obligation (CDO), soit « obligation adossée à des actifs », est une structure de titrisation d’actifs financiers : il s’agit d’une obligation émise par des entreprises ou des banques.
Les innovations financières : un moyen d’assurer les nouvelles activités Il y a un lien historique très fort entre innovation financière et développement économique. Plus il y a d’innovation dans le secteur financier et mieux on assure le financement de l’économie. Toutefois, il y a des situations où l’innovation n’est pas maîtrisée, c’est-à-dire qu’elle se développe trop rapidement et sans contrôle suffisant. C’est le cas de la crise des subprimes avec le développement des produits structurés de crédits tels que les CDO > Mot-clé ou les ABS > Mot-clé . Le calcul du prix du risque est alors erroné parce que les modèles d’analyse sont insuffisants et ne prennent pas en compte les situations extrêmes qui sont peu fréquentes mais très perturbatrices. Il y a donc à la fois un bienfait de l’innovation financière et une limite de l’innovation financière. De même, s’agissant de la spéculation, elle est quantitativement minoritaire sur les marchés. La plupart du temps, on considère que la spéculation pure représente 2 ou 3 % des marchés. Mais elle a une influence parfois décisive dans des situations de crise puisque c’est la spéculation qui est à l’origine de la bascule. La spéculation joue sur les imperfections du système. Elle les exploite à son profit. Si un marché fonctionnait parfaitement, il n’y aurait pas de place pour la spéculation puisqu’on aurait tout de suite le bon prix. La spéculation a donc un rôle de révélateur
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Mot-clé Asset Backed Securities (ABS) constitue l’ensemble des titres financiers dont la forme du titre est celle d’une obligation réalisée dans le cadre d’une opération de titrisation.
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FOCUS
mais on peut à juste titre s’interroger sur le caractère acceptable du profit fondé sur les défauts d’un système. Il s’agit là de questions d’ordre éthique et de morale qui conduisent d’ailleurs la finance à se développer ces prochaines années dans le durable et le solidaire.
La finance durable et solidaire : un nouvel axe de développement de la finance mondiale
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Un bonus est une rémunération variable calculée à partir des résultats des activités financières. Deux aspects sont à considérer lorsque l’on aborde la question des rémunérations des opérateurs sur les marchés financiers : •• La convergence ou la divergence d’intérêt entre la banque et les traders : avant 2007, en raison d’une sous-estimation des risques, les opérateurs de marché étaient intéressés aux résultats des opérations sans attendre leur dénouement. Ils recevaient par avance les bénéfices associés à ces opérations si bien que, lorsque les marchés ont baissé, il est apparu a posteriori qu’ils avaient encaissé une rémunération sur des opérations qui étaient au final en pertes. Pour corriger ceci, dès 2009, les banques ont mis en place des dispositifs garantissant que le versement de l’intéressement au résultat ne se ferait en totalité que lorsque les résultats finaux des opérations seraient réalisés. Cette décision a été entérinée dans un décret, puis reprise dans la règlementation bancaire européenne. Cette dernière a également prévu qu’une large part de la rémunération serait versée sous forme d’actions, le versement intervenant en différé afin que les opérateurs de marché ne soient pas incités à développer des actions à trop court terme. •• Le montant de cette rémunération variable est extrêmement important et fait débat pour un certain nombre d’acteurs : la question de son plafonnement est posée.
Le renforcement de la gouvernance des banques : la banque durable
salariés travaillent dans les banques de financement françaises en relation directe avec le marché.
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La question des bonus
Afin de prendre en compte toutes les aspirations des parties prenantes, la banque durable apparaît comme une réponse face à la crise financière. Cette banque repose sur une intermédiation caractérisée par : –– la satisfaction de ses clients avec notamment une gestion d’actifs sur longue période dans le respect de la démographie avec la gestion des retraites et des équilibres sociaux ; –– une rentabilité qui la situe bien dans le marché ;
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–– une performance à moyen et long terme (inscription dans un cadre macroprudentiel) ; –– une contribution à la stabilité du système financier. Cette institution repose sur une gouvernance qui permet d’assurer la production de produits financiers traçables et compréhensibles par tous, au service de la croissance sans que cette intermédiation, fondée sur un risque mesuré, ne menace la stabilité systémique La banque durable au service de la croissance
En pratique Selon la Fédération Française Bancaire, l’investissement socialement responsable (ISR) est « une forme de placement consistant à prendre systématiquement en compte des critères liés à l’Environnement, au Social et à la Gouvernance (on parle aussi de critères ESG), en sus des critères financiers. » L’ISR présente deux avantages pour les investisseurs qui le pratiquent : les entreprises qu’ils choisissent sont compatibles avec leurs valeurs et la prise en compte des critères dits « extra-financiers » permet aux investisseurs d’identifier de nouvelles opportunités de croissance. Source : Novethic
Fin 2009, les encours ISR s’élevaient à 50,7 Mds $ en France, soit une augmentation
de 70 % en un an.
2. Vers une finance durable Au-delà de la banque et à l’intérieur de la sphère financière, la finance durable est une finance qui se veut éthique d’une part et qui, d’autre part, en assurant la stabilité du système financier ainsi que la croissance, donne la préférence aux perspectives de moyen et long terme alors qu’aujourd’hui la finance est spontanément trop exclusivement centrée sur le court terme. Mais pour que ce type de finance soit efficient, il est nécessaire que le système financier soit stable. Pour cela, il faut privilégier la transparence et limiter les zones d’incertitudes comme les paradis fiscaux qui provoquent des sortes de trous noirs dans le système financier, participant ainsi à le déséquilibrer.
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FOCUS Monaco, paradis fiscal ou paradis réglementaire ?
Les paradis réglementaires Il y a souvent confusion entre les paradis fiscaux et les paradis réglementaires. Ces derniers sont utilisés soit pour avoir moins de contraintes de capital pour les investisseurs, soit le plus souvent parce que la législation est particulièrement protectrice des intérêts des créanciers. C’est le cas par exemple des financements d’avions et de bateaux. En droit français, il existe une hypothèque maritime ou aérienne et, pour récupérer le gage, c’est-à-dire le bateau ou l’avion, il faut aller devant un tribunal : l’opération prend du temps et, dans l’intervalle, l’avion ou le bateau est immobilisé. Son exploitation génère donc des pertes. Dans d’autres législations, le créancier est en même temps propriétaire de l’actif et signe les papiers, ce qui fait qu’il peut le récupérer sans délai. Il y a donc lieu de distinguer ce type de « paradis » des autres zones non régulées qui font courir des risques à l’ensemble du système financier.
La finance durable a aussi pour caractéristique d’intervenir dans deux autres domaines : –– le green business, c’est-à-dire une nouvelle forme d’économie qui assure une croissance économique durable ; –– la finance solidaire, c’est-à-dire une finance qui lutte contre l’exclusion du système des acteurs économiques fragiles.
Le green business Le green business contribue au développement des activités nouvelles, comme cela fut le cas pour Internet entre 1998 et 2000. Le green business de la fin des années 2000 s’oriente davantage vers les cleantech > Mot-clé , c’est-à-dire les technologies vertes, respectueuses de l’environnement. Les débats autour du développement durable, les catastrophes écologiques, le développement économique des énergies renouvelables
Mot-clé Les cleantech (abréviation de « clean technology ») sont les techniques et les services industriels qui utilisent les ressources naturelles, l’énergie, l’eau, les matières premières.
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(en France, le ministère de l’Écologie espère ainsi créer 500 000 emplois dans le bâtiment, les transports et la protection de la nature d’ici 2020), conduisent la finance à développer une partie de son activité autour de ces questions. En 2009, 69 % des fonds d’investissement français spécialisés dans le capital risque technologique déclarent être prêts à investir dans les cleantechs et l’énergie.
La finance solidaire La finance solidaire a pour objectif de rendre accessible aux populations économiquement fragiles les services financiers de base (épargne et crédit) et/ ou d’orienter l’épargne vers des activités en accord avec les valeurs de l’économie sociale et solidaire. Par quel procédé la finance peut-elle se montrer solidaire et efficiente sur les marchés ? La taxe Tobin illustre notamment la difficulté à mettre en place des actions qui permettent de réguler les marchés financiers, tout en participant à l’économie des pays les moins développés. Deux axes de développement de la finance solidaire sont particulièrement à étudier pour comprendre son enjeu pour la finance de demain. Comment limiter l’exclusion bancaire dans les pays développés ? Le microcrédit dans les pays en voie de développement est source de développement économique et le microcrédit dans les pays développés est d’ordre social.
Le financement de l’éolien, une contribution à la finance durable
Technique La taxe Tobin, suggérée en 1972 par le lauréat du prix Nobel d’économie James Tobin, est une taxation faible (de 0,05 % à 1 %) des transactions monétaires internationales. Les fonds recueillis par les pays seraient reversés à un organisme géré par le FMI sous le contrôle de l’ONU, puis redistribués prioritairement aux pays les moins développés. La taxe Tobin est ainsi présentée par ses défenseurs comme un moyen de freiner la spéculation et de favoriser le développement. Il apparaît que le faible taux appliqué à la transaction ne découragerait pas les échanges non spéculatifs et la taxe pourrait toutefois accentuer la volatilité des cours des monnaies en diminuant les transactions sur les marchés. Ses détracteurs mettent surtout l’accent sur ses effets pervers : une augmentation du coût du capital, même faible, est défavorable aux investissements, donc à la croissance.
Étape 1 Il était une fois la finance
Étape 2 Les finances personnelles
Étape 3 La finance d’entreprise
Étape 4 Les finances publiques
Étape 5 Les marchés financiers
Étape 6 Les intermédiaires financiers
Étape 7 La globalisation financière
Étape 8 Les crises financières
Étape 9 La régulation financière
Étape 10 L’avenir de la finance
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L’exclusion bancaire Environ 5 millions de personnes vivant en France métropolitaine (11 % des ménages) sont en situation d’exclusion bancaire en 2008.
Les chiffres clés ÎÎ 1,7 million de personnes sont « interdites bancaires ». ÎÎ 2,5 millions sont inscrites au fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers.
ÎÎ 200 000 dossiers de surendettement sont déposés chaque année à la Banque de France.
Exclusion bancaire : les difficultés d’accès en France Ensemble des adultes de plus de 15 ans
Ne disposent pas de
%1 2004
Nombre1 2004
%2 2005
Nombre 2005
% 2001
Compte de dépôt
7 %
3 355 520
13 %
5 721 380
1 %
Chéquier
13 %
6 231 680
25 %
11 002 654
4 %
Carte bancaire
25 %
11 984 000
38 %
16 724 035
69 %
Autorisation de découvert
38 %
18 215 680
62 %
27 286 583
57 %
1
Le taux de bancarisation
en France est de
99 %.
Il est le plus élevé d’Europe.
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Source : Georges Gloukoviezoff Source : Eurobaromètre 60.2, 2004.
La finance solidaire a pour finalité la lutte contre l’exclusion bancaire, notamment grâce à un système de mutualisation et de redistribution. La redistribution consiste à faire payer un peu moins cher que le prix économique à des clientèles fragiles. Le manque à gagner est compensé par des mécanismes d’aides publiques ou privées. L’accès aux services bancaires est indispensable dans les économies développées pour mener une vie sociale
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normale. L’exclusion bancaire est souvent le début d’un processus de marginalisation sociale. La France présente des spécificités comparées aux autres pays d’Europe. L’accès au compte et à certains moyens de paiement est assuré. Récemment, des offres spécifiques ont été lancées à destination des clientèles fragiles. Pour autant, les cas de surendettement augmentent dès que l’activité ralentit. Aussi, l’accompagnement des clientèles fragiles ne doit-elle pas relever de mesures ponctuelles mais, au contraire, revêtir un caractère permanent. La première phase de la démarche, sans que l’on prétende que cela règle tous les problèmes et l’insuffisance de revenus, consiste à informer et former les personnes, car les techniques et usages bancaires sont souvent complexes. La capacité à disposer de moyens de paiements perçus comme non discriminatoires est donc un élément important. Il participe du rôle social de la finance. Modes de paiement suivant les pays Modes de paiement suivant les pays
Portugal Luxembourg Italie Grande-Bretagne France Finlande Espagne Chypre Belgique Allemagne UE 25 0
20
40 Cash
60
80
Carte de crédit
Virement bancaire ou postal
100
120
%
Chèques
Autre forme de paiement
NSP
Source : Eurobaromètre
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La microfinance : aider les pauvres et les personnes en exclusion bancaire La microfinance est un moyen de lutter contre l’exclusion bancaire et permet à un plus grand nombre d’acteurs économiques d’accéder aux financements.
Histoire Le microcrédit est apparu au Bengladesh en 1976 avec la création de la Grameen Bank par Muhammad Yunus qui reçoit le prix Nobel de la paix en 2006. Il va même jusqu’à dire qu’il s’agit d’un droit imprescriptible, un des droits de l’homme. La Grameen Bank prête de petites sommes d’argent à des femmes pour qu’elles puissent créer leurs micro-entreprises, ce qui améliore considérablement les conditions de vie de ces femmes et crée une véritable dynamique économique locale.
La microfinance permet ainsi de proposer des crédits de faible montant dits « microcrédits » aux personnes afin de les aider à créer une activité génératrice de revenus, comme une micro-entreprise. Le développement de ce secteur particulier de la finance, y compris dans les pays développés, a permis d’élargir la gamme des services de la microfinance (crédit, épargne, assurance, transfert d’argent, etc.) ainsi que sa clientèle et s’adresse à une clientèle exclue du système financier classique. Dans le cas du microcrédit, l’accès au financement permet l’accès au développement économique et peut Fin 2009, l’encours aboutir à la sortie de la mondial de microcrédit pauvreté.
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s’élève à Mds $ et concerne entre
100 et 200 Mds de personnes.
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Le microcrédit, soutien d’une activité génératrice de revenus pour les femmes
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En pratique Les instituts de la microfinance (IMF) proposent les mêmes services bancaires que les banques traditionnelles aux populations défavorisées mais, selon les pays, ces institutions sont réglementées ou non. De nombreuses formes d’organisations sont actives en microfinance : ONG, coopérative ou mutuelle de crédit, banque, institution financière non bancaire sont autant de statuts possibles pour les IMF. Toutefois, aujourd’hui, de plus en plus d’IMF sont des sociétés réglementées à but lucratif, notamment parce qu’il s’agit d’une condition pour être autorisé à collecter l’épargne. Si le coût de la transaction revient cher pour les IMF, les taux de remboursement sont élevés, ce qui permet un retour sur investissement intéressant pour la structure qui octroie le prêt.
En conclusion Les voies d’évolution de la finance sont multiples. Il est vraisemblable que les activités de marché les plus complexes continueront à se développer. Les activités de banque traditionnelles continueront à avoir toute leur place et la finance solidaire est indispensable à l’équilibre du système. Ce qui importe sur le fond c’est que tous les acteurs de la finance soient responsables et respectent une éthique rigoureuse qui suppose une stricte appréciation des risques supportés par les clients et une plus grande transparence dans les opérations réalisées pour leur compte.
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À vous de jouer
1. La finance ne permet pas le développement économique. a. Vrai. b. Faux.
2. Les innovations financières permettent toujours le développement économique. a. Vrai. b. Faux.
3. La finance durable comprend : a. Le green business. b. La finance solidaire. c. Le microcrédit.
4. La finance solidaire lutte contre : a. L’exclusion bancaire. b. Les bulles spéculatives.
5. En France, il y a plus de 5 millions de personnes exclues du système bancaire. a. Vrai. b. Faux.
6. Les instituts de la microfinance sont tous des ONG. a. Vrai. b. Faux.
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1b. La finance et l’économie sont liées et la finance participe du développement de l’économie. Les périodes de plus fortes croissances économiques sont les périodes au cours desquelles la finance s’est également développée à un rythme rapide.
Réponses
2b. Dans certains cas, si les innovations bancaires sont mal maîtrisées, elles peuvent engendrer des bulles spéculatives et donc créer un déséquilibre dans le système financier et ralentir, voire stopper la croissance économique. 3a/b. Le microcrédit n’est qu’un instrument de la microfinance. La microfinance, quant à elle, appartient à la famille de la finance durable. 4a. La finance solidaire lutte contre l’exclusion bancaire. Dans les sociétés développées, l’exclusion bancaire est un symptôme de marginalisation. C’est la raison pour laquelle dans la plupart des pays développés, les gouvernements ont pris des dispositions pour que les citoyens soient titulaires d’un compte bancaire. En France, 99 % de la population possède un compte bancaire. C’est le taux le plus élevé en Europe. 5a. En France, plus de 5 millions de personnes sont exclues du système bancaire. 6b. La législation qui régit les instituts de microfinance est propre à chacun des pays. On trouve à la fois des organismes à but non lucratif et des sociétés financières à la recherche de rentabilité.
■■ Comment développer la micro-assurance ? ■■ La microfinance peut-elle accélérer la transformation des économies émergentes ? ■■ La stabilité du système de financement est-elle un objectif réaliste ? Les questions à se poser :
Pour les pros
Bonus !
Quel épargnant êtes-vous ?
L
a dimension comportementale de l’épargne est aujourd’hui reconnue. L’épargne n’obéit pas seulement à des critères économiques et des besoins objectifs. Elle est aussi liée à des aspects plus intimes. Voici deux tests qui vous permettront d’une part de définir votre rapport au risque et au temps et d’autre part de toucher du doigt que vous n’êtes peut-être pas toujours un homo oeconomicus rationnel.
Tester votre profil psychologique Appartenez-vous à la catégorie des « cigales prudentes », peu prévoyantes mais qui n’aiment pas le risque, des « bons pères de famille », qui n’aiment pas non plus le risque mais sont prévoyants, des « têtes brûlées », qui aiment prendre des risques mais ont une forte préférence pour le présent, des « entreprenants », qui sont à la fois aventureux et prévoyants, ou des « modérés » qui ne sont jamais dans l’excès (ni de prudence, ni d’anticipation) ? Pour le savoir, vous pouvez pratiquer l’introspection ou faire un test « scientifique » accessible sur le site : www.lafinancepourtous.com Ce test est directement issu des travaux menés par Luc Arrondel et André Masson, directeurs de recherche au CNRS, en coopération avec Daniel Verger de l’Insee. Ces chercheurs ont élaboré une typologie des épargnants selon leur attitude à l’égard du risque et de l’avenir, en analysant leurs comportements dans la vie de tous les jours. Pour ce faire, ils ont élaboré un questionnaire de plus de 80 questions dont le test « Quel type d’épargnant êtesvous ? » en reprend une vingtaine. Voici quelques exemples pour commencer…
Testez votre goût du risque Entre « risquophile » (risque-tout) et « risquophobe » (prudent), où vous situez-vous ? Attribuez-vous plus d’importance au risque de perdre de l’argent qu’à la possibilité de faire un bénéfice ? Êtes-vous d’un naturel aventureux ou joueur ? Si vous êtes « risquophile », vous pourrez plus facilement investir dans des actifs risqués. Et si vous êtes « risquophobe », ne forcez pas trop votre nature dans votre choix d’investissement : vous pourriez avoir tendance à ne pas agir au mieux de vos intérêts, par exemple
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acheter des actions lorsque les cours ont déjà beaucoup et durablement augmenté et, inversement, ne pas pouvoir résister suffisamment au stress d’une chute des cours en vendant vos titres à la baisse. 1. Pour vous, être propriétaire, c’est avoir l’assurance d’avoir toujours un toit au-dessus de sa tête ? u Oui. Non. 2. Pratiquez-vous des sports à risque ? Oui. u Non. 3. Vous arrive-t-il de garer votre véhicule en zone payante sans avoir mis d’argent dans l’horodateur ou de vous garer en dehors des zones autorisées ? Oui. u Non. 4. Vous avez un voyage à faire en train ou en avion, quelle est généralement votre attitude en ce qui concerne les billets ? Vous êtes plutôt du genre à les prendre : u À l’avance. Au dernier moment. 5. Avec vos enfants, êtes-vous du genre à les inciter à prendre des risques ? Oui. u Non. Comptez le nombre de u et de
Vivez-vous au jour le jour ? Êtes-vous « cigale » ou « fourmi » ? Vivez-vous essentiellement dans le présent ? Êtes-vous au contraire prévoyant ? Vous projetez-vous facilement dans un avenir à long terme ? Bref, comment évaluez-vous le fait de renoncer à un plaisir aujourd’hui pour en obtenir un plus grand dans l’avenir, proche ou lointain ? Vous ne choisissez pas le même type de placement selon que vous vivez dans l’instant ou en pensant à l’avenir. Dans le premier cas, vous aurez tendance à épargner peu, en tout cas s’il s’agit d’une épargne à long terme. Pourtant, celle-ci peut vous être indispensable par exemple pour maintenir votre niveau de vie au moment de la retraite. Sans doute vous faudra-t-il alors opter pour un investissement qui se concrétise par un plan d’épargne régulier, voire contraignant.
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1. Pensez-vous que cela vaut la peine, pour gagner quelques années de vie, de se priver de ce que l’on appelle les plaisirs de l’existence (bien manger, boire, fumer, mener une vie mouvementée) ? S Oui, tout à fait. ³ Non, pas vraiment. 2. Préférez-vous un retrait précoce du marché du travail quitte à avoir une pension réduite après 60 ans ? ³ Oui. S Non. 3. Pensez-vous qu’il faut inculquer à ses enfants le goût de l’épargne dès leur prime jeunesse ? S Oui. ³ Non. 4. Attendez-vous le dernier moment pour les achats de Noël ? ³ Oui. S Non. 5. Êtes-vous préoccupé par le risque de finir votre vie en maison de retraite ? S Oui. ³ Non.
Résultats du test Vous avez une majorité de et de Ì : vous êtes une cigale prudente D’une façon générale vous êtes peu prévoyant. Vous exprimez une forte préférence pour le présent. En même temps vous êtes prudent. Vous n’aimez ni le risque ni l’aventure. Votre impatience à court terme doublée d’une certaine prudence vous conduisent peut-être à ne pas réaliser d’investissement important (achat de logement) ou à ne pas vous engager sur des plans d’épargne de long terme. Mais vous pouvez forcer votre nature…
Vous avez une majorité de et de S : vous êtes un bon père de famille Vous êtes prudent. Vous n’aimez pas beaucoup le risque et l’aventure. Vous êtes également prévoyant. Vous vous inscrivez dans la durée et vous êtes prêt à renoncer à un plaisir aujourd’hui pour en obtenir demain un plus grand pour vousmême ou pour votre famille. Vous êtes porté à épargner pour vos vieux jours ou pour transmettre à votre famille. Attention cependant à ce que votre prudence ne vous détourne pas des placements financiers. Une épargne à long terme investie en actions n’est pas forcément la plus risquée.
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Vous avez une majorité de et de : vous êtes une tête brûlée Vos réponses montrent que vous avez une forte préférence pour le présent… et qu’en même temps vous aimez prendre des risques. Vous n’êtes pas très porté à épargner, mais c’est peut-être le moment d’y penser. Attention, car quand vous vous décidez à investir, votre tempérament audacieux vous pousse vers des placements risqués ; ne foncez pas tête baissée !
Vous avez une majorité de et de : vous êtes un entreprenant Vous êtes à la fois aventureux et prévoyant. En France il s’agit d’une petite minorité (moins d’1 Français sur 10 correspond à ce « profil »). Votre épargne peut être plus ou moins régulière en fonction de vos projets mais sur la durée vous visez à faire croître votre patrimoine et les placements comportant certains risques ne devraient pas vous effrayer. Attention, ces résultats ne sont pas à prendre au pied de la lettre, le nombre de questions posées n’étant pas suffisamment important.
Êtes-vous rationnel face au risque ? Mieux se connaître, c’est aussi prendre conscience du fait qu’on est un homme (ou une femme) comme un autre, c’est-à-dire souvent irrationnel. Un moyen de s’en convaincre : répondre aux questions ci-dessous ou faire le test « Êtes-vous rationnel face à la prise de risque ? » tiré des travaux du Laboratoire d’Économie Expérimentale du Groupe d’Analyse et de Théorie Économique du CNRS, et accessible sur www.lafinancepourtous.com.
Répondez à cette première question
0€
30 0
€
0€
3 000 €
0€
3 00
3 00
Vous avez maintenant le choix entre la loterie C et la loterie D. Laquelle choisissez-vous ? r La loterie C donne un gain incertain : vous avez 1 chance sur 4 de gagner 3 000 € et 3 chances sur 4 de ne rien gagner. r La loterie D donne un gain incertain : vous avez 1 chance sur 5 de gagner 4 000 € et 4 chances sur 5 de ne rien gagner.
00
Puis à cette seconde question
30
Vous avez le choix de jouer soit à la loterie A soit à la loterie B. Laquelle choisissez-vous ? r la loterie A donne un gain certain de 3 000 €. r la loterie B donne un gain incertain : vous avez 4 chances sur 5 de gagner 4 000 € et 1 chance sur 5 de ne rien gagner.
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Maintenant, regardez le résultat Si vous avez choisi A, vous avez appliqué l’adage « un tien vaut mieux que deux tu l’auras ». En effet, dans la loterie A, le gain de 3 000 € est certain, tandis que, dans la loterie B, « l’espérance » de gain est plus forte (4 chances sur 5 de gagner 4 000 € cela fait en moyenne 3 200 €). Mais il y a un risque de ne rien gagner. Si vous avez choisi B, c’est au contraire que vous avez un certain goût du risque. Dans le test effectué par le Laboratoire d’Économie Expérimentale, 80 % des personnes ont choisi A. Si vous avez choisi la loterie C, vous avez privilégié la prudence (il y a moins de risque de ne rien gagner qu’avec la loterie D), mais quand on gagne, on gagne moins. Si vous avez choisi D, vous avez privilégié l’espoir d’un gain plus élevé mais en prenant plus de risques. 65 % des personnes ayant effectué le test ont choisi D. Ainsi, dans un cas, une forte majorité est prudente lorsqu’il faut choisir entre un gain certain et un gain plus important mais risqué. Et une forte majorité est prête à prendre plus de risques pour essayer de gagner plus quand de toute façon le gain a une relative faible chance d’être obtenu. Peut-être est-ce votre cas. Certes, ce n’est pas « rationnel » mais c’est humain…
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Abondement : dans le cadre des dispositifs d’épargne salariale, contribution facultative de l’employeur en complément des versements effectués par les salariés, dans la limite d’un plafond. Actif financier : titre ou contrat, généralement négociable sur un marché financier. Il y en a de très nombreuses sortes, des plus simples (actions, obligations) aux plus complexes (options, swaps, dérivés de crédit…). Actions : titres de propriété représentant chacune une fraction du capital d’une entreprise. Elles donnent droit à recevoir des dividendes et celui de voter lors des assemblées générales d’actionnaires. Les actionnaires obtiennent également un gain lorsqu’ils revendent leurs actions avec une plus-value. Mais ils peuvent réaliser une perte en cas de moins-value. Activité de courtage : activité consistant à servir d’intermédiaire entre un acheteur et un vendeur d’actif. Le courtier est rémunéré par une commission. Aléa moral : consiste dans le fait qu’une personne ou une entreprise assurée contre un risque peut se comporter de manière plus risquée que si elle était totalement exposée au risque. Appel de marge : garantie fournie aux sociétés par les opérateurs pour se prémunir d’une opération perdante à terme sur les marchés. Si l’opérateur n’est pas en mesure d’apporter la liquidité correspondante, les titres mis en garantie sont vendus pour couvrir cette perte. Arbitragistes : professionnels cherchant à profiter des différences de cours et de taux d’intérêt existant momentanément entre les différentes places ou compartiments du marché. Les arbitrages qui combinent souvent plusieurs opérations d’achats et de ventes s’effectuent sans risque. Asset Backed Securities (ABS) : ensemble des titres financiers dont la forme du titre est celle d’une obligation réalisée dans le cadre d’une opération de titrisation. Assurance : contrat par lequel l’assureur garantit des prestations précises à un individu, une association ou une entreprise en cas de réalisation d’un risque clairement identifié dans le contrat,
Autofinancement : fait de se financer sans ressources extérieures.
B Besoin en fonds de roulement : décalage de trésorerie provenant de l’activité courante de l’entreprise. Bilan : document comptable qui regroupe l’ensemble des actifs et des passifs dont dispose une entreprise à un moment de l’année (souvent au 31 décembre). BNCI : Banque nationale pour le commerce et l’industrie, l’une des banques à l’origine de l’actuelle BNP Paribas. Bourse : marché organisé d’échange de marchandises et d’actifs financiers. Bulle spéculative : hausse artificielle des prix d’un actif (immobilier, pétrole, blé…) due à un excès de liquidités et à des anticipations des acheteurs qui croient que les prix ne vont cesser d’augmenter. Or, la situation se retourne, en général à la faveur d’un incident. C’est le krach, c’est-à-dire la chute brutale sans fondement économique, des prix qui avaient trop augmenté.
Glossaire
A
en contrepartie du versement d’une cotisation, aussi appelée prime.
C CAC 40 : indice boursier de Cotation Assistée en Continu, d’où « CAC », de la Bourse de Paris. L’indice est calculé sur un échantillon de 40 valeurs choisies parmi les cent plus fortes capitalisations. Capital risque : capital investi dans les créations et dans les premières phases de développement de sociétés innovantes ; il est par nature « risqué » car on ne sait pas à l’avance si l’entreprise va réussir ou non mais on parie sur son succès pour en tirer des bénéfices. Certificat de dépôt : dépôt à terme représenté par un titre de créance émis par un établissement
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financier. Sa rémunération est proche de celle du marché monétaire. Cleantech : techniques et services industriels qui utilisent les ressources naturelles, l’énergie, l’eau, les matières premières. CNEP : Comptoir national d’escompte de Paris, l’une des banques à l’origine de l’actuelle BNP Paribas. Collateralized Debt Obligation (CDO) : Il s’agit d’obligation émise par des entreprises ou des banques. Comptes de la nation : comptes retraçant l’activité annuelle des principaux agents économiques (ménages, sociétés non financières, sociétés financières, administrations publiques et privées…). Ils sont publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Compte de résultat : document comptable qui retrace l’activité d’une entreprise entre deux périodes (souvent entre le début et la fin de l’année). La différence entre les produits et les charges aboutit au résultat. Contracyclique : sens inverse d’un cycle. Une action contracyclique sert à lisser les variations de l’activité économique. Contrat à terme : engagement d’acheter ou de vendre un actif à un prix fixé, pour une livraison et un règlement à une date déterminée. Coupon : intérêt versé (généralement chaque année) à tout détenteur d’une obligation. Coûts de transaction : coûts liés à la réalisation d’un échange économique sur un marché. Il s’agit principalement de coût de recherche du cocontractant, de standardisation, de certification et de contrôle de la bonne exécution des échanges. Coût moyen pondéré du capital : taux de rendement minimal exigé par les pourvoyeurs de fonds de l’entreprise (actionnaires et banquiers). Credit crunch : resserrement du crédit, c’est-àdire une diminution des crédits accordés par les établissements financiers aux entreprises et aux ménages. Si les banques prêtent moins, la croissance économique est freinée. Credit default swaps (CDS) : contrats de protection financière entre acheteurs et vendeurs. Ils sont l’équivalent d’un contrat d’assurance. Crédit spot : forme de crédit à très court terme fourni par les banques aux entreprises.
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Crise systémique (ou risque systémique) : événement qui entraîne des réactions négatives en chaîne provoquant un dysfonctionnement global du système économique et conduisant ainsi à une crise générale impactant l’économie.
D Dépréciations et provisions : diminution de la valeur d’un actif (stock devenu difficile à vendre ou créance client que l’on n’espère plus recouvrer intégralement) ou augmentation d’un passif. Les charges correspondantes sont appelées dotations aux dépréciations ou dotations aux provisions. Dette souveraine : dette émise ou garantie par des États. Déréglementation : suppression de la réglementation encadrant le fonctionnement d’un marché. L’objectif de la déréglementation est de favoriser le libre jeu du marché supposé réaliser l’intérêt économique général. Dividendes : part des résultats bénéficiaires d’une entreprise versée à titre de revenus à ses actionnaires. Dotation aux amortissements : une machine peut être achetée comptant mais, comptablement, les charges d’acquisition de cette machine sont réparties sur plusieurs années ; on dit qu’elle est amortie sur ce nombre d’années et la dotation aux amortissements est la charge annuelle correspondante.
E Effet de levier : incidence de la structure financière de l’entreprise sur la rentabilité des capitaux propres. Effet positif quand la rentabilité économique est supérieure au coût de ses dettes, négative dans l’hypothèse inverse. Effet d’éviction : effet qui serait produit par les dépenses publiques lorsqu’elles sont financées par l’endettement, le financement public réduisant le volume de capitaux disponibles pour le financement du secteur privé.
Émission d’actions : opération par laquelle une entreprise accroît ses fonds propres par une augmentation du nombre d’actions composant son capital social. Les nouvelles actions peuvent être soit réservées, totalement ou en partie, aux actionnaires actuels, aux salariés, soit être offertes directement sur le marché. Épargne : dans la définition classique notamment chez Keynes, ce qui reste quand on a consommé. C’est un flux et un solde. Cela se traduit en comptabilité nationale par l’équation : épargne = revenu disponible – consommation Épargne brute (des ménages) : revenu disponible diminué des dépenses de consommation. Épargne nette (des ménages) : épargne brute diminuée de la dépréciation liée à l’usure normale subie par le patrimoine immobilier au cours de la période considérée. Épargne salariale : dispositif permettant, sous conditions, à des salariés d’épargner dans des conditions avantageuses dans le cadre de leur entreprise.
F Fonds commun de placement : organisme de placement collectif en valeurs mobilières dont les membres possèdent en copropriété le portefeuille. Fonds commun de placement d’entreprise (FCPE) : organisme de placement collectif spécifique à l’épargne salariale. Il en existe deux catégories : les FCPE dits d’actionnariat salarié dont l’actif est composé pour plus du tiers en titres de l’entreprise (actions ou obligations) et les FCPE dits diversifiés dont l’actif comprend au plus un tiers de titres de l’entreprise. Fusions-acquisitions : dispositifs particuliers de rapprochement et de concentration d’entreprises. Les banques et autres institutions financières ont souvent en leur sein un département dédié.
H Hegde funds : fonds d’investissement généralement risqués, peu régulés et qui cherchent à offrir des performances élevées notamment en jouant sur l’effet de levier de l’endettement.
I Inflation : processus d’augmentation continuelle des prix. Indice de confiance : indice servant à émettre des prévisions sur la croissance économique et à prévoir la consommation future des ménages ou des entreprises. Intéressement : complément collectif de rémunération des salariés lié aux résultats ou aux performances réalisées par l’entreprise, dont la mise en place nécessite l’établissement d’un accord d’intéressement conclu entre l’employeur et les salariés. Bénéficie d’une fiscalité favorable s’il est placé sur un plan d’épargne salariale. Investisseurs institutionnels : gestionnaires d’épargne pour le compte de tiers. Ils sont communément appelés les zinzins. On distingue notamment les fonds de pension qui placent l’épargne des personnes en activité pour constituer une pension de retraite et les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), sociétés ou quasi sociétés dont l’activité consiste à investir sur les marchés l’épargne collectée sous la forme de parts.
L Lettre de change : effet de commerce par lequel un « tireur » donne mandat à une personne désignée, (en général un banquier) appelée « le tiré » de payer, à une certaine date, une somme d’argent à une troisième personne, « le bénéficiaire ».
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M
N
Marché de gré à gré : marché sur lequel la transaction est conclue directement entre le vendeur et l´acheteur. Les opérations y sont souvent moins standardisées et moins normalisées ou dans un cadre réglementaire plus souple que dans un marché réglementé (bourse).
NASDAQ : National Association of Securities Dealers Automated Quotations, deuxième marché d’actions des États-Unis (après le New York Stock Exchange) créé en 1973. Les sociétés cotées sur ce marché appartiennent souvent au secteur des nouvelles technologies.
Marché des capitaux : ensemble des marchés sur lesquels se rencontrent les agents économiques ayant des capacités de financement et ceux ayant des besoins de financement. Marché efficient : un marché est dit efficient lorsque le prix des titres financiers y reflètent à tout moment une information pertinente disponible. Marché liquide : marché sur lequel un investisseur peut effectuer une transaction au prix affiché et pour un volume important sans affecter le cours du titre. Marché monétaire : marché des capitaux à court terme (de 1 jour à moins d’un an) initialement réservé aux institutions financières bancaires (qui créent de la monnaie) mais qui s’est ouvert depuis la fin du xxe siècle à d’autres acteurs économiques comme les grandes entreprises. Marché primaire : marché où s’effectuent les émissions et les souscriptions de titres financiers (c’est en quelque sorte le marché du neuf). Marché secondaire : marché où se traitent l’achat et la vente de produits financiers déjà émis (c’est en quelque sorte le marché de l’occasion).
O Obligations : titres de dette émis par une entreprise, une collectivité publique ou l’État. Ils donnent droit à percevoir des intérêts, appelés « coupons », durant la durée de l’emprunt, déterminée au moment de l’émission. OCDE : Organisation de coopération et de développement économique. Elle regroupe les principaux pays développés. Options : catégorie de produits dérivés. Elles consistent à faire un pari sur la valeur future d’une action ou d’un bien quelconque. Il existe des options d’achat ou de vente et on peut être acheteur ou vendeur. Organismes de placement en valeurs mobilières (OPCVM) : les plus connus sont les SICAV et les fonds communs de placement (FCP). Ces supports ouvrent l’accès, au travers d’un seul placement, à une large diversification de valeurs mobilières.
Ménage : au sens statistique du terme, désigne l’ensemble des occupants d’un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté. Un ménage peut être composé d’une seule personne.
Over the counter (OTC) : (ou « hors bourse ») produits non standardisés négociés de manière moins transparente qu’en bourse puisque négociés bilatéralement.
Monétarisme : doctrine selon laquelle les variations de la quantité de monnaie exercent une influence décisive sur l’évolution de la production, de l’emploi et des prix.
P Participation : système, obligatoire dans les entreprises de 50 salariés et plus, qui organise le versement d’une prime proportionnelle au bénéfice annuel. Bénéficie d’une fiscalité favorable s’il est placé sur un plan d’épargne salariale.
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Prêteur en dernier ressort : intervention de la banque centrale consistant à prêter sans limite à des institutions bancaires qui ne trouvent pas de liquidités et qui sont menacées de faillite à cause d’un climat de panique et de méfiance générale des banques les unes vis-à-vis des autres. Plan d’épargne en actions (PEA) : créé en 1992 pour développer l’actionnariat en France. C’est une formule qui permet à l’investisseur prêt à conserver un portefeuille d’actions pendant une durée minimale de 5 ans de bénéficier d’une fiscalité allégée. Plan d’épargne entreprise (PEE) : système d’épargne salariale dans lequel les sommes, le plus souvent issues de la participation et/ou de l’intéressement, versées par les salariés sont bloquées pendant au moins 5 ans, sauf cas de déblocage anticipé. Les revenus et les plus-values des placements sont exonérés d’impôts sur le revenu, mais sont soumis aux prélèvements sociaux. Plan d’épargne retraite collectif (PERCO) : système d’épargne collectif qui permet aux salariés d’une entreprise de se constituer une épargne investie en valeurs mobilières, dans un cadre fiscal favorable et en échange d’un blocage de cette épargne généralement jusqu’à l’âge du départ à la retraite, sauf circonstances exceptionnelles explicitement prévues dans la loi. Plus-value : différence entre le prix de vente et le prix d’achat d’un actif lorsque celle-ci est positive. Price earning ratio : rapport cours sur bénéfices des actions. Produits dérivés : produits financiers complexes liés à (ou « dérivant ») d’autres actifs (actions, obligations, matières premières, indice…) et qualifiés de sous-jacents. Les principaux dérivés sont les options, les contrats à terme, les swaps et les dérivés de crédit.
R Ratio : rapport significatif entre deux grandeurs. Ratio de liquidité : rapport entre l’actif liquide et les dettes à court terme. Il permet de déterminer
la capacité à faire face à l’éventuelle demande de retrait de capitaux de la part des investisseurs et des épargnants. Ratio de solvabilité : rapport entre les capitaux propres et assimilés sur les dettes. Il permet de déterminer la capacité à assurer dans le temps le remboursement des emprunts. Récession : phénomène de ralentissement de la croissance économique. La croissance devient inférieure à la croissance potentielle et l’écart de production augmente. Règle d’or : projet de règle inscrite dans le Traité européen sur la stabilité financière et la gouvernance économique devant être introduite dans les constitutions nationales des États membres et obligeant les pouvoirs publics à présenter les budgets avec un déficit structurel maximum de 0,5 % du PIB. Rentabilité financière : rapport entre le résultat après impôts et les capitaux propres. Revenu disponible brut : pour les ménages, revenu qui peut être utilisé pour la consommation ou l’épargne. Il comprend les revenus d’activité, les revenus du patrimoine dont on déduit les impôts directs et les revenus de transferts et les cotaisations sociales. Pour les entreprises, excédent brut d’exploitation moins intérêts versés avant impôt sur les sociétés.
S SICAV (sociétés d’investissement à capital variable) : catégorie d’organismes de placement collectif. Peu de différence avec l’autre catégorie d’OPCVM, à savoir les fonds communs de placement, si ce n’est la forme juridique car les SICAV sont des sociétés dont l’investisseur possède des actions alors que les fonds n’ont pas la personnalité juridique et l’épargnant en détient des parts. Sous-jacent : actif servant de support de certains produits financiers appelés produits dérivés. Spéculation financière : achat ou vente d’un actif avec intention de revente (ou de rachat) à une date ultérieure, dans l’espoir d’un profit rapide. Contrairement à l’arbitrage, la spéculation inclut une prise de risque.
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Spread : écart de taux entre une obligation émise par une entreprise, une collectivité territoriale ou un organisme et un emprunt d’État théorique qui aurait les mêmes caractéristiques. Subprimes : crédits immobiliers qui ont été consentis aux États-Unis à des ménages modestes. Ils reposaient sur plusieurs techniques qui les rendaient indolores au départ. Swap : échange de flux financiers entre deux parties pendant un certain temps.
T Taux d’endettement : (à calculer lorsqu’on envisage de prendre un crédit) rapport entre les charges financières (mensualités) liées à l’ensemble de ses emprunts et son revenu mensuel. Taux d’endettement des ménages : rapport entre les encours de crédits accordés aux ménages par des institutions financières et leur revenu disponible brut. Taux de l’usure : taux maximal auquel un prêt peut être accordé. Ce taux est calculé tous les trimestres par la Banque de France. Taux d’épargne : rapport entre l’épargne et le revenu disponible brut d’un ménage. Taux d’épargne financière : rapport entre le montant de l’épargne financière et le montant total de l’épargne. Taux effectif global (ou TEG) : taux qui en plus du taux d’intérêt du prêt inclut tous les frais obligatoires pour obtenir le crédit (frais de dossier, frais d’assurance décès-invalidité, frais de garantie…). Pour un crédit à la consommation, on parle de TAEG (A pour annuel) mais ce taux n’inclut pas l’assurance ni la garantie, qui ne sont pas obligatoires. Titrisation : technique financière qui permet à une banque de transformer en titres négociables des actifs non liquides, c’est-à-dire qui ne sont pas (ou pas facilement) vendables. Trading : opérations d’achats et de ventes d’actifs financiers sur de courtes périodes. Trésor public : Il est tout à la fois la caisse, le comptable de l’État et son agent financier. Il
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émet des emprunts pour couvrir les besoins de financement de l’État et accorde des prêts aux collectivités publiques locales et aux organismes de sécurité sociale.
V Valeur fondamentale (ou valeur intrinsèque) d’un actif : valeur actualisée de tous les revenus générés par un actif au cours de sa durée de vie. Valeurs mobilières (ou instruments financiers) : titres standardisés et négociables. Les actions, les obligations, certains produits dérivés standardisés, ainsi que les parts de fonds communs de placements, sont les principales catégories de valeurs mobilières. Valeur actuelle nette (VAN) : valeur des flux de trésorerie générés par un investissement, actualisés au taux de rentabilité exigé par le marché, compte tenu du risque de cet investissement. Une VAN positive incite à investir. Vente à découvert : vente d’un actif financier que l’on ne possède pas en misant sur la baisse de son cours. Le vendeur vend aujourd’hui mais achète plus tard. Il gagne si le prix a baissé entre les deux opérations. On parle de vente à nu quand la transaction s’effectue sans même emprunter des titres en vue de leur livraison. Volatilité : mesure l’importance des fluctuations de valeur d’un actif et donc son risque.
W Warrants : ils appartiennent à la même famille que les options et fonctionnent de manière analogue sur le plan de la mécanique financière. Un call warrant (put warrant) sur actions donne à son acquéreur le droit et non l’obligation d’acheter (de vendre) lesdites actions à un prix d’exercice convenu à l’avance et ceci à tout moment avant l’échéance prévue. Un glossaire plus complet est disponible sur le site www.lafinancepourtous.com
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B balances des paiements 151 Bâle II 195 Bâle III 197 Banque centrale européenne (BCE) 134, 198 banque 125, 181 de détail 131 de financement et d’investissement 131 universelle 132 Banque de France 21 banques centrales 134 Barro 95 besoin de financement 12 besoin en fonds de roulement 64 Beveridge 85 bilan 43 BIRD 161 bon de souscription 70 bons du Trésor à intérêt annuel (BTAN) 94 bonus 132 bourse 110 Bretton Woods 153 BRI 161 bulle 193 spéculative 170
C CAC 40 52, 172 capacité d’autofinancement (CAF) 12, 64 carry trade 149 CDO 211 CDS 176 certificats de dépôt 71 chambre de compensation 112 cleantech 214 Club de Londres 162 Club de Paris 162 Comité de Bâle 162 Commission Vickers 203 compte de résultat 61 épargne logement 50 comptes de la nation 13 conflits d’intérêt 133 Conseil Européen de Stabilité Financière (CESF) 195 conservation 112 contagion 177 contrats à terme 51 futures 147 indiciels 149 cotation 111 coupon 66, 108 courtage 131 coussin contracyclique 192 coûts de transaction 126 CRD4 197 création de valeur 128 monétaire 134 crise des subprimes 170 financière 171, 210 croissance 213
Index
A abondement 49 ABS 211 actif 43 financier 13, 48 actions 41 de préférence 70 agences de notation 109 aléa moral 134 analyses financières 60 analyste financier 60 annexe 61 anti-sélection 127 arbitragistes 116 assurance 16 assurance-vie 42 asymétrie d’information 127 autofinancement 16, 198 Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP) 195 Autorité des marchés financiers (AMF) 31, 199
D dark pools 117, 149 défaut de paiement 96 déréglementation 116, 195 dérivés 109 dette publique négociable 94 devises pétrole 151 DICI 48 dividendes 52 dollar 150
235
E EBITDA 63 économie de marchés financiers 95 d’endettement 94 effet boule de neige 96 de cliquet 85 de levier 50 d’éviction 93 émissions 113 étalon or 152 État gendarme 84 Eurostoxx 50 177 exclusion bancaire 216, 218
F finance administrée 22 directe 13, 95 durable 213, 214 indirecte 14 libéralisé 23 régulée 209 solidaire 214, 215, 216 Financial Stability Board (FSB) 196, 202 fonds communs de placement 107 fonds de capital investissement 139 de pension 107, 148 de placements collectifs 135 de roulement 64 d’investissement 138 non conventionnels 148 Fonds européen de stabilité fiancière 176 Fonds monétaire international (FMI) 161, 183
G G20 183 garanties 59 d’actifs 131, 212 des risques 15 Gold exchange standard 153 green business 214
H haute fréquence 117 hedge funds 139, 148 hot money 156
236
I immobilier 52 indices 112 de confiance 181 Institut pour l’éducation financière du public 31 intéressement 49 intérêts 108 intermédiaires financiers 125 investissement direct à l’étranger 146 investisseur 59 institutionnels 14
K Keynes John Maynard 37
L LBO 19 lettre de change 59 liquidités 50 livret A 85 loi de Wagner 91
M marché de gré à gré 109 des changes 150 des capitaux 105 efficient 115 financier 13, 107 liquide 114 monétaire 106 obligataire 93 primaire 106 secondaire 106, 113 mécanisme européen de stabilité 184 médiateur du crédit 67 ménages 29 microfinance 218 MIF 29 moins-value 107 monétarisme 134 muraille de Chine 133
N négociation 111
O obligation 48, 51, 107 obligations assimilables du Trésor (OAT) 94 obligations remboursables en actions 70 OPA 75 OPCVM 42, 107, 138 OPE 75 options 67, 109 over the counter 195
P paradis fiscaux 159 participation 49 passif 43 peg 156 PIB 172 placements 41 places offshore 159 plan d’épargne en actions 48 d’épargne logement 50 d’épargne entreprise (PEE) 49 d’épargne retraite collectifs (PERCO) 49 plus-value 51, 107 politique macroprudentielle 195 politiques keynésiennes 84 prêteur en dernier ressort 135 primes de risque 109 private equity 70 produits dérivés 23
R Rapport annuel de performance (RAP) 91 ratio de solvabilité 31, 192 ratios de liquidité 192 récession 210 règle d’or 98 réglementation 192 règlement-livraison 112 régulation macroprudentielle 194 microprudentielle 194 rendement 108 rentabilité 59 résultat d’exploitation 63 exceptionnel 63 financier 63 net 63 Ricardo D. 95
risque 108 de change 108 de crédit 108 de liquidité 108 de marché 108 de taux 108 d’inflation 108 sectoriel 108 systémique 195 RWA 197
S Securities and Exchange Commission (SEC) 200 service de la dette 96 shadow banking 160, 201 SICAV 71 solvabilité 59, 178 Solvency II 192 spéculateurs 116 spread 51, 178 subprimes 23, 95, 211 superviseur 197 swaps 109
T taux d’intérêt 37, 109, 117 taxe Tobin 215 titrisation 23 trackers 149 trader 132 trading 117, 131 transformation 128 transmission 177 Trésor public 14
V Valeur Actuelle Nette (VAN) 66 valeur fondamentale 115 bancaires 177 mobilières 110 ventes à découvert 156 volatilité 52
Y yuan 159
Z zone euro 109, 117
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