Le Destan d'Umur Pacha [PDF]


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Zitiervorschau

-

LE

DEST AN

D'UMUR

PACHA

BIBLIO THÈQUE

BYZANTINE

PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE PAUL LEMERLE

DOCUMENT,S 2

-

LE DESTAN -

D'UMUR PACHA (DÜSTÜRNAME-I

ENVERi)

TEXTE, TRADUCTION ET NOTES PAR

Irène MELIKOFF-SAYAR Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, Boulevard Saiat-Germain

195 4

-

PARIS

DÉPOT LÉGAL 1re édition





1er trimestre 1954

TOUS DROITS de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays COPYRIGHT by Presses Universitaires de 'France, 1954

A ·mon maître Mons ieur JE A N DE NY, hommage reconnaissant.

PREFACE

Je sais gré à 'Madame Mélikoff-Sayar d'avoir mené à bien la lourde tâche de transcrire, traduire, éditer les deux mille cinq cents vers de ce qu'elle a nommé le Destan d'Umfir pacha. Lorsque je lui ai suggéré d'entreprendre ce travail, je ne pouvais que deviner l'intérêt

de ce texte, connu seulement par une édition en caractères arabes publiée à Istanbul, - ou pour mieux dire, pratiquement inconnu. Mais lorsque j'ai pu, avec mes auditeurs de l'Ecole des Hautes.Etudes, grâce à la traduction de Mme Mélikoff-Sayar, étudier de plus près cette curieuse chronique, j'ai été confirmé dans l'idée que l'ouvrage aujourd'hui sorti des presses pourrait rendre service .à la fois aux turcologues et aux byzantinistes. Aux premiers, il facilitera l'accès d'une des plus anciennes chroniques turques, intéressante pour la langue, l'histoire littéraire, l'histoire politique, les il':stitut�ons. Aux seconds, il révélera un document qui, dans la longue et complexe histoire des relations et des luttes entre les Turcs et Byzance, leur per­ mettra pour la p�emière fois de connaître, grâce à un texte vivant et souvent pittoresque,

«

l'autre»

point de vue, et de confronter une source turque avec les sources grecques et occidentales. On a donc voulu montrer ce qu'il était possible et, je crois, souhaitable de faire, pour ce texte et pour d'autres analogues. Ce livre est ainsi, en un sens, un livre de pionnier. On lui en trouvera aisément les défauts. Il en est un qui n'est pas imputable à Mme Mélikoff-Sayar : le commen­ taire historique, en ce qui concerne Byzance et l'Occident, a été réduit aux indications indis­ pensables. Ce n'était pas la tâche de l'éditeur que de s'y arrêter longuement. Mais je compte prochainement combler cette lac une . Je tiens à remercier particulièrement mes collègues et amis, MM. Claude Cahen et Louis Bazin� qui ont bien voulu, pendant la préparation et l'impression de ce livre, sans ménager leur temps, apporter leur aide à l'auteur et à moi-m�me. Paul LEMERLE

AVANT-PROPOS

Le Destan d'Umür Pacha n'est pas le titre d'un ouvrage; nous l'avons employé pour désigner une partie du Düstürname-i Enveri, chronique encore peu connue, malgré les renseignements impor­ tants qu'elle apporte sur les événements qui se sont déroulés dans le bassin de la Méditerranée dans la première moitié du XIVe siècle, entre Turcs et Latins d'une part, Turcs et Byzantins de l'autre. Le Destan d'Umür Pacha fait figure d'exception dans l'ensemble des chroniques turques; alors qu'il existe de nombreuses histoires de la Maison dHO§man, les documents relatifs à la période obscure des Emirats sont très rares. Pour l'Emirat d'Aydin surtout, qui présente un intérêt tout particulier pour les historiens du XIVe siècle, le Destan d'Umür Pacha est l'unique source turque actuellement connue. . L'importance de cette chronique nous a été révélée par M. Paul Lemerle, qui nous a demandé d'en faire l'analyse pour son sénlinaire d'Études byzantines à l'Ecole des Hautes Études. Durant tout le cours de ce travail, il n'a jamais cessé de nous diriger et de nous aider de ses conseils. Nous tenons à lui exprimer ici notre gratitude. Nous remercions aussi tout particulièrement M. Omer Lütfi Barkan, doyen de la Faculté des Sciences ÉconOlniques de l'Université d'Istanbul, qui nous a procuré la photocopie du manuscrit du DüstÜTIlalne récemnlellt découvert à Izmir. Nous reulercions égalemen t MM. E. Benveniste, Louis Bazin et Claude Cahen, ainsi que M. �ükrü Kurgan, professeur de Litté• rature turque à Ankara, et tous ceux qui nous ont aidée. En transcrivant ce texte, nous avons voulu rester le plus près possible de l'alphabet turc moderne; nous avons adopté le système de transcription de l'Encyclopédie Turque de l'Islam. Nous y avons toutefois dérogé sur les points suivants :

1) En introduisant la transcription è pour le e fermé dont la graphie en turc ancien présente une hésitation entre

2) En transcrivant 3) E:a transcrivant 4) En transcrivant

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par y au lieu de g par q au lieu de �

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5j En transcrivant � par � au lieu de. � 6) En transcrivant .1; par :li au lieu de � 7) En transcrivant .)

par a au lieu de

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A l'exception du a exigé par les particularités que présente cette lettre dans le texte, tous les autres changements ont été faits pour la commodité de la lecture suivie. Nous avons également respecté la convention adoptée par l'Encyclopédie Turque de l'Islam pour la transcription de l'i?ü/ei : la lettre intercalaire, i li ou ü lu, est reliée par un tiret au premier membre du rapport d'annexion.

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LE DESTAN D'UMUR PACHA

Alors que nous avons marqué par un trait placé au-dessus de la lettre les voyelles longues des mots arabes et persans, dans les mots turcs dont l'orthographe présente, à cette époque encore, une hésitation entre la graphie pleine des voyelles et les I;tareke, cette distinction n'a pas été faite. Pour les mots turcs qu'on rencontrera dans le cours de l'ouvrage, nous avons gardé la même transcription, sauf pour les termes entrés dans l'usage de la langue française, auxquels nous avons conservé leur orthographe habituelle: khan, pacha, etc. Dans le lexique, nous n'avons pas introduit les mots actuellement courants dans le parler turc d'Istanbul, sauf dans le cas où ils diffèrent par l'orthographe et par le sens de leur emploi actuel. Nous ne pouvons prétendre avoir fait une étude exhaustive du Düsturname, ou même du Destan d'Umur Pacha. Nous avons voulu mettre à la portée des historiens et des linguistes une chro­ nique importante et encore t�ès peu exploitée. Les premiers y trouveront, même lorsqu'il s'agit d'évé­ nements déjà connus par d'autres sources, des données souvent neuves et en tout cas un point de vue nouveau; les seconds, le moyen de compléter notre connaissance de la langue turque occidentale au XIVe siècle. 1. M.-S.

OUVRAGES

CONSULTEs

1. DICTIONNAIRES ET OUVRAGES DE LINGUISTIQUE

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II. CATALOGUES ET OUVRAGES CONSULTÉS POUR L'ÉTUDE DES MANUSCRITS ARMAIN, Catalogus Codicum Manuscriptorum Bibliothecae Regiae, Paris, 1739. BLOCHET (E.), Catalogue des manuscrits turcs de la Bibliothèque Nationale de· Paris, Paris, 1932. BRIQUET (C.M.), Recherches sur les premiers papiers employés en Occident et en Orient du xe au XIVe siècle, Nogent-le-Rotrou, 1886. BRIQUET (C.M., Le papier arabe au moyen âge, Berne, 1888. BRIQUET (C. M.), Les filigranes, Dictionnaire historique, 1282-1600, Genève, 1907. BRIQUET (C. M.), Papiers et filigrane.s des Archives de Gênes, Genève, 1888. DELISLE (L.), Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque Impériale, Paris, 1868. IRIGOIN (J.), Les premiers manuscrits grecs écrits sur papier et le problème du bombycin, dans Scripto­ rium, IV, 1950, pp. 194-204. Istanbul Kitapllklarz Türkçe yazma divanlar Katalogll, ciIt 1 : XII-XVI aSIr, Istanbul, 1947. Istanbul Kitapl'iklarz Tarih-Cografya yazmalarz Kataloglarz, 1: Türkçe Tarih YaZlnalarI (fasc. 1 et s), Istanbul, 1949 et s. OMONT (H.), Missions Archéologiques en Orient aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1902. O MONT (C.), Anciens inventaires et catalogues de la Bibliothèque Nationale, Paris, 1910.

OUVRAGES .CONSULT�S

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Sources

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GIESE (F.), Die Altosmanische Leipzig, 1922-1925.

Anonymen Chroniken

(vol. 1 Texte; vol. II Traduction), Breslau­

LE DESTAN D'UMUR PACHA

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GRÉGORAS (Nicéphore), Histoire, dans Corpus Scriptorum Historiae Byzantinae, Bonn, 1 839-1855. HOUTSMA (M.-Th.), Recueil de textes relatifs à l' histoire des Seldjoucides (III & IV, trad. de l' Histoire des Seldjoucides de Yazlcloylu ersanè� désigne tout ce qui est écrit, depuis la lettre jusqu'au traité et au livre. Le titre de la chronique peut avoir deux sens, et c'est probablement dans cette intention qu'il a été choisi par l'auteur: il signifie d'abord « livre du grand vizir», titre qui �st justifié par la dédicace de l'œuvre au grand vizir Mal)müd pacha; ensuite, « livre des instructions». Ce dernier sens est révélé par différents vers de la chronique, où l'auteur expose son l?ut moralisateur, par exemple: « Divertis­ toi et prends ce livre comme exemple» 3 ; « j'ai écrit ce livre pour qu'il serve de recueil d'exemples au peuple et pour que, le lisant, tu le prennes toi aussi pour exemple» 4. Ce titre n'est pas original; il se rencontre à plusieurs reprises dans la littérature persane: au XIVe siècle, le poèteI:Iakim Nizari Q iihistani 5 composa un poème me§.nevï 6 intitulé Destt1rniime ou « Recueils d'instructions », dans 'lequel il expose la théorie des extases et les obligations auxquelles sont soumis les süfï ; au même siècle, Mul)ammed bin Hindü�ah dit �ems de Nab.çuvan écrivit aussi un ouvrage intitulé: Destt1r el Kiitib, ou « instructions pour ceux qui écrivent» 7. Il est probable que l'auteur du Düstürname , qui était versé dans la littérature persane, comme tous les gens cultivés de son temps, eut connaissance de ces ouvrages et s'est inspiré de leur titre. Le Düstürname a été composé par le chroniqueur Enveri, qui se nomme trois fois dans son œuvre 8. Enveri n'est pas connu par ailleurs: son nom n'est mentionné par aucun des anciens biogra1. C. BARTHOLOMAE, Zum Sassanidischen Recht, IV, dans Sitzungsberichte der Akademie der Wis­ senschalten, Heidelberg, 1922, p. 52. 2. C. BARTHOLOMAE, Zum Sassanidischen Recht, ib id., 1918, p. 26. 3. Destan d'Um ür Pacha, v. 3. 4. Halqa yazdum bunl 'ibretname ben o quyup 'ibret alasln ta ki sen (ed. , p. 108, 1. 13). 5. I:Œkim Nizari Q ühistani, poète lyrique qui appar­ tenait probablement à la secte des Ismailiens, mourut en 1320, laissant des ghazels et deux me§nevis, dont le D estürname : cf. E. G. BROWNE, A L iterary History 01 Persia, Cambridge, 1929-1930, I I I, pp. 154 et s. ; H. MASSÉ, Anthologie, pp. 153 et s. ' 6. Poème de plusieurs milliers de distiques, où

les deux vers de chaque distique riment entre eux. Le me§nevi est employé pour tous les romans métri­ ques, chroniques en vers ou poèmes mystiques, didac­ tiques et éthiques ; cf. E. J. W. GIBB, HOP, l, pp. 76 et s. 7. Ouvrage écrit en 1358 ou 1359 ; le titre complet est : Deslür-el-Katib li Ta'yin-el-Meratib ; c'est un recueil de documents de chancellerie, en persan, auquel l'auteur s'est efforcé de donner une forme littéraire ; cf. Hermann ETHÉ, Neu-Persische Litteratur dans Grundriss der Iranischen Philologie, I I, Strasbourg, 1896, p. 338 et p. 343 ; Fuat KOPRÜLÜ, Anadolu Selçuklulari Tarihinin Yerli Kaynaklar i, Belle­ ten, 1943, VII, pp. 411 et s. 8. Ed., p. 4, 1. 10 ; p. 102, 1. 16 ; p. 108, 1. 1 7.

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LE

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DES TAN D· UM UR PACHA

phes ottomans. Les poètes turcs, comme les poètes persans, avaient l'habitude de signer leurs ouvrages d'un surnom littéraire: le nom Enveri, qui signifie « lumineux », n'est probablement lui aussi qu'un surnom. Les seuls renseignements que nous ayons sur ce poète nous sont donnés par sa chronique. Enveri composa, entre les années 866/1462 et 869/1465, un ouvrage intitulé Telerrücnâme ou « livre de plaisance .», dédié au sultan Me1,lmed II 1. Cet ouvrage est perdu, il n'y est fait allusion nulle part. Il contenait le récit de la campagne de ,ce sultan en Valac hie en 866/1462, campagne à laquelle l'auteur avait pris part 2. Il avait également pris part aux ca.mpagnes de la même année dirigées par ce sultan et son vizir Ma1).müd pacha à Mytilène 3, et au siège de Yayça (Jajcza) en Bosnie l'année suivante '. Il composa alors pour Ma1).müd pacha, poète lui-même et protecteur des gens de lettres, le Düstürname qu'il termina au mois de oi-I-1,licce de l'année 869/août 1465, comme il le dit dans l'épilogue 5. Pour prix de son œuvre, il demandait la propriété « d'un village seigneurial» 6. Le Düstürname est un me§.nevi écrit dans un style simple, dans le mètre remel 7. Il contient 3.730 distiques - soit 7 .460 mi�râ( 8 - dont Enveri fait soigneusement le compte à la fin de son œuvre en réclamant à son patron, le grand vizir, la rémunération de son travail: « Ces vers qui sont des perles dignes d'un roi, il y en a trois mille sept cent trente . .. » 9. L'ouvrage est composé suivant les règles des mesnevis 10; il commence par une préface dans laquelle, après avoir rendu grâce à Dieu et au Prophète, l'auteur dédie son livre à son protecteur et en expose le contenu.; la chronique elle­ même est divisée en vingt-deux livres, 'les livres sont divisés en chapitres précédés d'une rubrique, en turc 11, qui résume le sujet traité; un épilogue termine l'ouvrage. La chronique contient trois parties distinctes. La première, qui comprend les dix-sept premiers livres, est une histoire des Prophètes et des dynasties de la Perse ou ayant rapport avec la Perse. La deuxième, la plus importante de l'œuvre, le dix-huitième livre, est la chronique de l'émir d'Aydin, Umür pacha. C'est celle que nous éditons. La troisième comprend les quatre derniers livres; c'est une histoire des princes de la Maison dU O�man. La première partie couvre 53 folios du manuscrit de Paris et 61 folios du manuscrit d'Izmir. C'est une adaptation en vers turcs du Ni�âm-üt-Tevârilj de Bey?âvi 12. Enveri, dans sa préface, expose ainsi le but de son travail: 1. Destan v. 2 ; ed. p . 4, l. 14 ; ed. p. 100, l. 11. 2. Ed. p. 100, l. 13-19. 3. Ed. p. 100, l. 22 à p. 101, 1. 1. 4. Ed. p. 101, l. 9 à 11 ; Yayça (Jajcza), ancienne capitale du royaume de Bosnie, à 50 kilomètres au sud de Banjaluka. 5. Ed. p. 108, l. 10. 6. çittlik bir koy, ed. p. 108, l. 7 ; village constitué dans le domaine d'p'n seigneur dont tous les habitants sont des serfs ; cf. O. L. BARKAN, I.A., s. v. çittlik.

7. - u - - ; l'élément constitutif est l'ionique. Les Turcs l'ont pris au système arabo-persan ; cf. A. SCHAADE, El, supplément, pp. 196-197. 8. Le vers turc, arabe et persan est un distique appelé beyt, composé de deux mi�riic . Dans notre ouvrage le mot CI vers » désigne toujours un mi�rii' ; chaque mi,réi ' a la icansion suivante : - u - - Il

- Il - u - ; les 2 mi,rii' d'un même beyt riment ensemble. '9. Bu la'al-i na�m kim �a!!ane d ür

- u -

üç bi't) yedi yüz otuz dane d ür (éd., p. 108). 10. Cf. E. J. W. GIBB, HOP, l, pp. 76 et s . . 11. I l est courant dans les ouvrages turcs que les rubriques soient écrites en persan. 12. Qa�i Na�reddin 'Abdullah bin 'Omer Bey�avi, exerça la j urisprude nce à Shiraz, puis à Tabriz, où il mourut à une date incertaine : 1282, 1291 ou 1316. Il est l'auteur d'un commentaire du Coran en arabe, et d'une histoire universelle en langue persane depuis Adam jusqu'à 1275 intitulée Nizam-üt- Teviirih ; cf. C. BROCKELMANN, dans E l, s. v. � l-Bai üb j u b ; im lim > üm jum : alup (v. 28), gelüp (v. 27), ba� um (v. 2412), ben üm (v. 2410), etc . . . L'accusatif d'un nom ou d'une forme nominale du verbe terminée par le suffixe de la troisième personne se présente tantôt sous sa forme ancienne sans i final 1 : �erbetin mevtüYJ neler içmi�dürür (v. 6), lfaq du(üstn anu"tl ètdi m üsteeüb (v. 46), çünki pa�a geldügin bildi jirenk (v. 103) ; tantôt sous sa forme actuelle avec un i analogique de celui de l'accusatif sans suffixe personnel : çoyini an uYJ helük ëtmi� (azep (v. 21 8), kalir orduslni yayma qlldllar (v. 423), etc. L'ablatif est employé après certaines postpositions de direction 2 : benden yaYJa (rubrique p. 107), andan yaYJa (v. 2 1 52). Le cas relatif est employé dans le sens du locatif 3 : anu1) ardlnea (v. 48), anu'fj yanlnea (v. 84) ; et avec les noms prop res pour désigner l'appartenance, là où actuellement on attendrait un génitif 4 : biz Umürea oylanlarlyuz (v. 784). Le pronom démons­ tratif bu se présente tantôt sous sa forme simple, tantôt sous la forme composée : i* bu 5 , ; le pronom personnel kendi est employé parfois combiné avec le mot oz + suffixe possessif : kendozi (v. 1 498) 6. Le cas comparatif de IHo§manll ancien en -eileyin j-dlayln 7, se rencontre plusieurs fois dans le D üs­ tiirn ame : beneileyin (v. 2394), anellayln (v. 300) à côté de la forme courante avec gibi. Les formes verbales sont encore archaïques et les désinences du verbe se rapprochent du pro­ nom personnel 8 : benem (v. 5 1 3), ben sen ü'fj . . . qulam (v. 1658), çün bu qi* qilmaya sen bunda qarar (v. 1659), varavuz (v. 818), donsev üz (v. 386), qaçsavuz (v. 1 629), bilmezüz (v. 2 1 1 5), qaçma'fjuz siz (V. 809), etc ... La première personne du singulier de l'optatif est en -eyin j-ayin 9 : goreyin (v. 2078), gireyin (v. 2460), distincte de celle de l'optatif-subj onctif en em j-am : alam (v. 2493), ôlem (v. 2494), q'ilam (v. 1657). La troisième personne du présent du verbe substantif se présente tantôt sous sa forme pleine dür ür jdùrur, dérivée de la troisième personne de . l'aoriste du verbe durmaq 1 0, tantôt sous sa forme dür jdur, comme actuellement. L'impératif est suivi à la deuxième personne du singulier du suffixe gil jyll 1 1, encore vivant dans les dialectes orientaux 1 2 : qllmayll (v. 1468) ,dëgil (v. 1837), gelgil (v. 1971). Les phrases conditionnelles sont généralement construites avec l'ancien suffixe -iser j-lsar 1 3 : dédiler kim jO'fjusar Merie qaa jRum ëlin ü'fj ayrl*lsar aqini (v. 1 651, 1 652). Près du gérondif en üp jup qui est continuellement employé, on rencontre l'ancienne forme complexe en - üben j-u ban 1 4 : ëd üben (v. 21 48), egird üben (v. 243), uyra*uban (v. 402) ; ou en - übeni j ubanl : gorüben i (v. 1 790) ; ainsi qu'une forme particulièrement intéressante, parce qu'elle n'est relevée dans aucune grammaire, en - übenin j-ubanln ; alubanln (v. 583), ba�ubanln (v. 336), yol ëdübenin (v. 1 400). On rencontre également le gérondif consécutif en - (y) ieek j-(y) ieaq qui a le sens de « quand, lorsque » 15 : gôricek anlarl pa*a depdi at Cv. 1003), bullcaq kimseneye vermezdi ba* (v. 2124) et le gérondif substitutif en - (y) inee j-(y)lnea qui a le sens de « au lieu de » 18 : 01 gelinee e*di otuz bè* gemi (v . 365). 1.. A. VON GABAIN, Alttürkische Grammatik, Leip­ zig, 1941, p. 98. 2. Cf. Jean DENY, Grammaire, pp. 628 et s. 3. Jean DENY, Grammaire, p. 652 ; cet emploi du relatif existe encore aujourd'hui dans les parlers d'Anatolie. , 4. Cet emploi est particulièrement intéressant et n'est pas relevé par les grammaires du turc ·O�manll. 5. Jean DENY, Grammaire, p. 220. 6. Op. ' cit., p. 1096. ' ' 7. Op. cit., p. 633 . ' 8. Jean DXNY, Structure de la langue turque, dans

Conférences de l'Institut de Linguistique de l' Université de Paris, IX (1949), p. 48. 9. A. VON GABAIN, A.T. G., pp. 109 et s. 10. Jean DENY, Grammaire, p. 352. . 11. Op. cit., p. 389. 12. Par exemple en O zbek ; cf. A. VON GABAIN, Üzbekische Grammatik, Leipzig et Vienne, 1945, p. 108. 13. A. VON GABAIN, A.T. G. , pp. 152 et 185. 14. Jean DENY, Grammaire, p. 886. 15. Op. cit., p. 996. 16. Op. cit., pp. 993 et s.

38

LE DES TAN D' UMUR PACHA

Une place considérable est faite au discours direct, ce qui est une des particularités de la langue turque : « qorqldam » �anurdl, ils pensaient « que je lui fasse peur 1 » (v. 1 08) ; « da.l]i qurtulam » �anur, il pensait : « je peux encore me sauver » (v. 1 458) ; cependant dans le Destan d' Umiir pacha on ren­ contre fréquemment un discours direct à l'intérieur d'un autre discours direct, ce qui obscurcit beau­ coup le sens des vers : « tut ki : çaUy'im ' », « suppose q-qe : je suis la bruyère ' » (v. 539) ; « biz üm ël üm üzi bize qo' dëgil », « dis lui : laisse notre pays à nous 1 ' » (v. 1 837). t

t

t

Du point de vue du vocabulaire il est intéressant de noter que certains verbes, d'un emploi courant aujourd'hui, ont encore souvent un sens archaïque : istemek « suivre à la trace » 1 (aujourd'hui : « vouloir »), (v. 7 1 5) ; got ürmek « enlever en l'air » 2 (auj ourd'hui : « emporter ») (v. 258) ; yazmaq « orner » 3 (auj ourd'hui : « écrire »), (v. 547) ; bilmek « apprendre » (auj ourd'hui : « savoir »), (v. 834), etc ... D'autres mots sont intéressants par leurs réminiscences de traditions anciennes : �olen 4 « ancien festin des Turcs chamanistes » (v. 1 380) ; ou par leur rareté : ëllik « la paix » 5 (v. 1 44), ëlle� ürmek « faire la paix, s'entendre » (v. 474). Il est enfin intéressant de noter la richesse du texte du point de vue ·du vocabulaire militaire : grande variété des noms d'armes, des différentes parties de l'armure, des machines de guerre, termes de tactique ; ces mots seront étudiés en note dans la traduction du Destan d'Umiir pacha et dans le lexique.

LES DONNÉES HISTORIQ UES DU DEST.AN D' UM iJR PA CHA L'histoire des Emirats d'Asie Mineu,re est celle d'une suite de pirateries sur mer et de razzias accomplies par les Turcs, le plus souvent pour leur propre compte, mais parfois aussi pour celui des Byzantins ou d'autres chrétiens d'Orient. Pour ces états, composés d'éléments guerriers à demi-noma­ des, les razzias étaient un important moyen de subsistance ; la religion les j ustifiait au nom de la Guerre S{linte 6. Le Destan d' Umur Pacha est l'histoire d'une de ces principautés, qui fit régner la confusion et l'insécurité dans toute la Méditerranée Orientale. Dans les premières années du XIVe siècle, le beau-fils de l'émir de Mente�e, Sasa Beg, après avoir conquis de nombreuses villes pour son suzerain, se sépara de lui et se mit à guerroyer pour son compte, en s'associant à un émir vassal du beg de Germiyan, Mel).med Beg fils d'AydIn 7. Telle est l'ambiance dans laquelle s'ouvre le Destan d'Umiir Pacha, qui nous fait assister à une succession d'événements que nous avons essayé de replacer chronologiquement dans les cadres de l'histoire. 1. Ka§giiri, Divanü Lûgat-it- Türk, traduction de Besim Atalay, Ankara, 1 940 (Türk Dil Kurumu), l, p. 272. 2. Tanrklariyle Tarama Sozlü gü, Istanbul, 1943 (T ürk Dil Kurumu), l, p. 328.

3. Ibid. , p. 808. 4. �olen a dans le D üsturname le sens de

«

festin

».

5. Ka� giiri, l, pp. 49 et 200 : él « réconciliation entre deux begs ». 6. P. WITTEK, The Rise 01 the Ottoman Empire, Londres, 1938, pp. 1 7 et s., p. 40.

7. Pachymère (ed. Bonn, I I, p . 589B) est, avec le Destan d'Umur pacha, la seule source où il soit fait mention de Sasa beg ; M. HIMMET AKiN a fait remarquer (Aydin 0 gullarl Tarihi hakklnda bir Ara�tirma, Anka­ ra, 1 946, p. 25) que son nom ne se rencontre dans aucune inscription et dans aucun document d'archi­ ves ; M. Ismail HAKKI UZUNÇARSILI a fait des recher­ ches sur la famille Sas a beg (cf. Çelebi Mef.tmed lara­ Ilndan verilmi� bir lemlikhiine ve Sasa beg Ailesi, dans Belleten, III, 1939, pp. 389-399), mais le document sur lequel il se base est du xve siècle et n'intéresse par conséquent pas le Sasa beg dont il est question ici ; cf. p. 46, note 7.

INTROD UC TION

1 307 _

1

( 1 308)

(1 308)

5

1309 Entre 1 309 et 1 326.

39

Prise de Birgi (Pyrgion) par Sasa beg (attribuée à Me l).med beg après la trahison de Saga beg). Prise d'Ayasoluq 2 (Ephèse) par Mel).med beg, pour le compte de Sasa beg 3. Prise de Keles 4 (dans les mêmes conditions que pour Ayasoluq). Coalition, contre Me l).med beg, des Chrétiens, auxquels se joint Sasa beg par ja lousie ; défaite et mort de Sasa 'beg ; Mel).med beg hérite, en fait, du pouvoir de Sasa beg. Naissance d'Umur, deuxième fils de Mel).med beg. Prise de l'Acropole d' Izmir par Me l).med beg 6.

1. La date est donnée par l'inscription de la mos­ quée Ulu Cami' à Birgi, construite par Me l}.med beg en 712 /1312 ; l'inscription, en langue arabe, a été publiée dans 1. H. UZUNÇAR � ILI, Anadolu Kitabeleri, I I, Istanbul, 1 929, p. 1 1 0 et HIMMET AKiN, op. cft., pp. 105 et s. ; d'après cette inscription, la conquête est attribuée à Me l}.med beg, contrairement au témoi­ gnage du vers 25 du Destan d' Umür pacha qui l'attri­ bue à Sasa beg ; il est à présumer qu'après la trahison de Sasa beg (cf. vers 37-40), son nom fut honni et ses conquêtes attribuées à son successeur, Me l}.med beg. 2. L'appellation Ayasoluq ou Ayasoluy provient du nom de l ' église de Saint Jean à Ephèse. La ville d'Ephèse était appelée par les Grecs, du nom de èette église, a)'tot; 'Iw�'/\rl)t; ou a)'tot; 8�oÀ.é)'ot;, d'où le nom de la ville en italien Altoluogo, qui est devenu en turc Ayasoluq ; cf. W. HEYD, Histoire du Commerce du Levant au moyen âge, trad. Furcy-Raynaud, Leip­ zig, 1 923, l, pp. 540 et s. ; IB N BA1'Ü,!A, Voyages, trad. C. Defremery et B. R. Sanguinetti, Paris, 1 854, II, p. 308. 3. La ville d'Ephèse fut conquise par Sasa beg, par la faim, le 24 octobre 1304 : Pachymère, I I, p. 589B. Elle fut reprise par les Catalans en 1308 : Chron ique de Ramon Muntaner, traduction de J; A. Buchon, Paris, 1827 (Collection des Chroniques Nationales Françaises, VI), I I, pp. 230 et s. C'est vraisemblable­ ment sur les Catalans qu'elle fut conquise par Me l}.med beg peu après cette date. .. 4. Ville du vilayet d'AydIn, à 28 km. au sud d'Ode­ mi � ; d'après W. H. RAMSAY ( The Historieal Geogra, phy of ASia Minor, Londres, 1 890, p. 105), l'ancien nom de la ville était Kolose (sur le Kaystros) ; cf. �EMSETTIN SAMI FRA�ERI, Qiïmüs-ul-A 'liim, Cons­ tantinople, 1 896 ; le nom actuel de la ville est Kiraz : ISMAIL HAKKI UZUNÇARSILI, Anadolu Kitabeleri, I I, p. 1 1 7 ; pour plus de détails, cf. HlM MET AKIN , op. eit. , pp. 99 et s. 5. La date de ces événements n'est pas connue, par ailleurs. MÜKRIMIN HALIL YINANÇ. suppose qu'ils se

placent lors des opérations des Turcs contre les Che­ valiers Hospitaliers qui s'étaient emparés de l'île de Rhodes : les Turcs avaient fait pour reprendre l'île plusieurs tentatives, dont l'une dirigée par 'Osman beg, que les historiens occidentaux ont identifié à tort avec le premier sultan des Ottomans ; M ükrimin Halil pense qu'il s'agit de 'O§.man, frère de Me l}.med beg Aydinoglu (cf. v. 19). Mais P. WITTEK attribue ces opérations plutôt aux émirs de Mente � e, qui déte­ naient alors la suprématie de la mer (cf. Das Fürsten­ tum Mentesche, Istanbul, 1934, pp. 38 et s.). Mükri­ min Halil place ces événements, d'après les histo­ riens occidentaux, en 1310 (cf. M ükr. HaUl, p. 22), mais il se base sur des ouvrages très anciens, car la prise de Rhodes, d'après les recherches récentes, a eu lieu le 15 août 1308 (cf. AZIZ SURYAL ATIYA, The Crusade in the Later Middle A ges, Londres, 1 938, p. 289). Cette date est confirmée par le D estan d'Umür pacha qui place la défaite et la mort de Sasa beg avant la naissance d'Umür pacha en 1309. H IMME T AKIN (op. cit., pp. 22-25) est de notre avis, mais propose de reculer la date de la mort de Sasa beg jus­ qu'en 1307, se basant sur l'inscription de la mosquée de Birgi (cf. ci-dessus, note 1) : il pense que la ville de Birgi a été prise par Me l}.med beg Aydlnoglu après la mort de Sasa beg. Mais cette hypothèse est contredite par les vers 27 et suivants, selon lesquels Me l}.med beg avait conquis Ayasoluq (Ephèse) et Keles pour le compte de Sasa beg et de son vivant : Ayasoluq ayant été prise par les Catalans en 1308 (cf. ci-dessus, note 3) n'a pas pu être reprise par Me 'l}.med beg avant cette date, et il faut plutôt croire qu'après la mort de Sasa beg ses conquêtes, y compris, celle de Birgi en 1307, ont été attribuées à Me l}.med beg Aydinoglu. 6. Nol,ls n'avons aucune autre mention de la conquête de l'acropole d' Izmir par Me l}.med beg. Le traité de Nymphée du 13 mars 1261 accordait aux Génois un établissement à Izmir : en échange de l'appui de la flotte génoise pour la reconquête de Constantinople, l'empereur ' Michel V I I I Paléologue leur avait donné l'église de Sainte Marie et la pleine 0

o

LE DES TAN D' UMUR PACHA

40

1317 Vers 1 326. 1 326-1 328. (1329) 8 (1 332)

4

(1333) 6

(?) 1 334, janv. 1 334 ou 1 335

Mel}.med beg se proclame émir (indépendant de Germiyan) 1. Mel}.med beg partage son territoire entre ses cinq fils 2. La forteresse du port d' Izmir tenue par Martin Zaccaria est prise par Umür pacha. Incursion navale d' Umiir pacha vers l'île de Bozca (Tenedos). Reconquête de l'île de $aqiz (Chios), alors aux mains de Martin Zaccaria, par l'Empereur Andronic I I I. Razzia d'Um iir pacha sur l'île de $a qiz. Malgré la défense de Mel}.med beg, Umür pacha et le fils de l'émir de $aru­ gan, Temür khan, font une incursion aux environs de Gelibolu (Gallipoli) et pillent une forteresse dans le port. Incursion d'UmOr pacha dans la mer Egée : Mumduniça (Bodonitza), Ayribos (Negrepont), Moneve§ya (Monemvasie). Incursion d'Umür pacha contre l'île de Quluri (Salamine). Attaque d' Izmir par les Chrétiens coalisés 6. Mort de Mel.lmed beg 7, UmOr pacha lui succède. Incursion d'Umür pacha et du fils de l'émir de $aruhan, Süleyman beg, en Grèce : Moneve�ya, pays d' l�pen, Mistra.

possession du port . et de la ville d'Izmir ; cf. G. I.

BRATIANU, Recherches sur le conunerce génois dans la mer Noire au XIIIe siècle, Paris, 1929, pp. 81 et s. W. HEYD, Histoire du Conunerce du Levant, l, p. 429 ·

et p. 461 . C'est vraisemblablement sur la famille génoise des Zaccaria, mentionnée à l'occasion de la prise de la citadelle inférieure (v. · 139, v. 1 43) que Me I,lined beg conquit l'Acropole entre les années 1307, conquête de Birgi, et 1 326, début des opérations d'Umür pacha contre la citadelle inférieure. Mükri­ min HaJil a placé cet événement en 1 3 1 1 ('1) , (cf. Mükr. Halil, p. 84) : ce n'est qu'une conjecture qui ne repose sur aucun document, mais cette date a été reproduite dans d'autres ouvrages de savants turcs d'après Mükr. Halil (cf. I.H� UZUNÇAR� ÏLI, Anadolu Beglikleri, Ankara, 1 937, p. 1 9 ; HIMMET AK IN , op. cil. , p. 30 et p. 203). Il convient de ne pas en tenir compte (H. Akln a �;j ;

Cl. CAHEN, Traité d'Armurerie,

pp. 153-4 ; K. HUURI, Zur Geschichte des Mittelal­ terlichen Geschüizwesens aus Orienialischen Quellen, pp. 96 et s.

54

a�ayadan oq atar idi cazep yuqaru kafir b ürüme yedi hep c ümle salqlm salqlm olup çlqdilar pes kôken ü"t) çevresine çoqdIlar

LE DES TAN D' UMUR PACHA

D'en bas les cazeps 1 lançaient des flèches et en haut des co ques les Mécréants reçurent sans cesse des [ coups dans le ventre 2. Les cazeps, par grappes, y grimpèrent

1 90 et s'amassèrent sur leurs bords.

kimi SÜ"t) ü el de tutar kimi tiy gôk dem ür çaldlqlariydi bi-deriy

Les uns tenaient à la main une lance, d'autres une épée, frappant sans relâche �es armures d'acier 3 ennemies ;

kim blçaq eIinde �alar �aq 0 �aq cenk oldi iki g ün iki gece çaq

d'autres brandissaient des couteaux : châk, châk 1 Le combat dura deux jours et deux nuits entières.

g üvlege bir nice kafir çiqdilar gerçi I?ava� qilip a"t)a çoqdilar ta�i a"t)ulcaq ataridi cad ü yoq mecali oqa kim gôstere rü red ederlerdi meterisle ta�i parelendi gemin ü"t) içi ti�i

1 95 Beaucoup de Mécréants montèrent dans les hunes et s'y entassèrent tout en combattant.

L'ennemi j etait des pierres à un rythme asseZ lent, il n'avai t plus la force d'affronter les flèches. Les Turcs se défendaient des pierres derrière les plats-bords

200 Les coques furent fendues de part en part.

qandan oldi qipqizil derya yüzi qat! cenk ederidi pa�a ôzi

La surface de la mer était rouge de sang. Le pacha lui-même se battait durement.

oqla Ibrahim 0 beg Ilyas 0 beg bi-1).ad ôld ürdiler 01 kôkede seg

Ibrahim beg et Ilyas beg avec leurs flèches tuèrent sans relâche les chiens de ces coques.

çiqdI avaz iki ya"t)adan gôge pare pare oldi 1).arbeyle kôke �uya dôk üldi cad ülar bi-� ümar aylarid� kôkedeki zar ü zar iki günden �o"t)ra nagah çlqdi yel gerçi pare p are yelken s ürdi yel

205 Des deux côtés les cris montèrent jusqu'au ciel,

l�s coques furent mises en pièces par les piques.

Des ennemis innombrables tombèrent à }'eau, ceux qui restaient dans les coques se lamentaient. Après deux j ours le vent s'éleva soudain

210 et gonfla les voiles en lambeaux.

yel gibi uçup kôkeler gitdiler de"t)ize dôkülenini dutdilar

Les coques filèrent, rapides comme le vent. Ceux qui étaient tombés à la mer furent faits prisonniers.

kôkeler Istanbula oldi revan çlqdi Izmire gel üp �ah-i civan

Les coques se dirigèrent vers Istanbul, et le j eune shah regagna Izmir.

yêlkeni küregi güvlegi temam kirpi gibi o qdan olmI� �ac o b ram

4.

215 Leurs voiles, leurs rames, leurs hunes à toutes étaient devenues, à cause des flèches, comme des hérissons :

[rudes mais inoffensives.

194. 1 : cenk olur iki gün iki gë ce çaq. 11 213. 1 : kôkeler Istanbula ol dIlar revan. Il 214. 1 : çlqdl Izmire gelüp �ah-i cihan. Il 216. Ed : kerti gibi. 1. 'Azep, Il célibataire D. Dans les premiers temps de l'Empire ottoman, les 'azeps constituaient l'infan­ terie légère ; ils étaient armés d'arcs et d'épées et se lançaient les premiers à l'attaque ; ils portaient des bonnets rouges et des bâtons. Il ressort cependant du Destan d'Umiir Pacha qu'au XIVe siècle les 'azeps constituaient également une classe de soldats qui servaient dans la marine ; cf. I.A., s. v. 'azep ; 1. H. UZUNÇ, OsmanIl Tarihi, p. 261 .

2. bürüme, « douleur aiguë de l'estomac ou des entrailles » ; cf. D. KÉLÉKIAN, Dictionnaire TurcFrançais, Constantinople, 1911, s. v. �J..Jy, . 3. gok demür, « fer bleu D. 4. meieris, rempart, endroit où l'on est à couvert contre l'atteinte de l'ennemi, tranchée avec parapet ; en matière navale : plat-bord d'un navire ; cf. A. JAL, Glossaire Nautique, p. 1 102.

LI VRE D U D US T URNAME

55

çlqdllar Istanbula g ücile hep çoylnl anUl} helak ètmi� tazep

Les ennemis rejoignirent Istanbul avec peine, la plupart avaient été victimes des tazeps.

gôrdi tekfür 01 geminül} l).alini gitdi �andï ba�ïyiIe mallni

220 il crut que e'en était fait de sa tête et de ses biens.

Quand le tekfür 1 vit l'état de ces bateaux,

dü�di küffar ëline qorqu qati èrdi pa�anUl} firenge heybeti

Une grande peur enva;.hit le pays des Mécréants et le prestige du pacha arriva j usqu'aux Francs.

biIdiler cümle firengistan baber 01 �ava�dan eümle dedi el-l).aôer

La nouvelle se répandit dans tous les pays francs ; « que Dieu nous garde d'un pareil combat 1 » s' écrière nt-ils [tous. En arrivant à Izmir, le pacha projeta une nouvelle guerre sainte. Il la fit.

225

çünki pa�a dôndi Izmire gelür bir yaza tedbir èder ani qiIur dün ü gün tedbiridi cenk ü qltal ta ki ra�i ola andan ô ü-l-celal yine diler qïllci aqlda qan yine diler b3$,ma qiIdura fiyan

Il prépara nuit et jour les combats pour que le Seigneur 2 en fût satisfait. Il désirait voir encore son épée verser le sang,

230 il désirait faire encore gémir ses ennemis,

yine diler bal) 0 r ôZi qaynada at firengist�n èlinde oynada

il désirait faire encore bouillonner la mer et faire cabrioler son cheval dans le pays des Francs.

q�dl bu kim R üm êline tazm ède ala kafir èlIerini rezm ède

Son intention était d'atteindre le pays de R üm 3, de s'emparer des régions mécréantes et de les mettre à sac.

Ensuite il voulut se rendre à l' Ue de $aqrz . et il ne tenait pas d'impatience.

Bunul} ard'inca $aq'iz adas'ina ç'iqmaq ister k üymez ol jerdaslna

235 Ecoute ; le tekf ür qui régnait à Istanbul

Dil}le Istanbul 0 tekf ürl ki vâr olmï�idi kôkelerden �er 0 msar

fut rempli de honte par le désastre de ses coques.

diledi pa�aya qiIa intiqam qorqar illa yine qiImaz ihtimam qa�di �aqlz adaslna eyledi « Mese Martiye varul} » dip sôyledi

Désirant prendre sa; revanche sur le pacha, malgré sa crainte, il ne prenait pas de précaution. Il jeta son dévolu sur l'île de $aqïz.

240 Il ordonna à ses hommes de marcher contre Messire Marti .

gemiler tutundl anda bi-� ümar geldi qIldi $aqiz üzre kar ü zar

Des bateaux sans nombre attaquèrent l'île, des combats s'y livrèrent ;

bir nice günde ègird üben alur Mese Marti'i esir anda qilur

après un siège de plusieurs j o urs il s'en empara et fit prisonnier Messire Marti.

225. P : çünkim ; 1 : çünki pa�a dëdi Izmire gelür. Il 226. 1 : bir yavzii tedbir eder anl qllur. Il 227. 1 : dün ü gün tedbir idi cenk qltiil. Il Rubrique : P et 1 : çlqmaz ister. Il 240. Dip pour deyüp ; 1 : varul} di:lyü s ôyledi. Il 241. P et ed : le � de luiundl n'a pas de point.

1. L'empereur Andronic 1341).

.

III

Paléologue (1328-

2. ô ii-l-celiil, 3. Cf. p . 47,

CI

Celui qui est doué de sublimité 9.

note

1).

LE DES TAN D' UMUR PA CHA

56 kodl bir kafir Peresto a"tla ad gitdi Istanbula andan go"tlli �ad i�id ür bu }:laI 0 den pa�a baber yaray etdi I:Iaq vere fet }:l ü Ziafer pes gemi yapdurdl yêgirmi sekiz yaylanup cümlesi oldi qalfadiz

245 Il installa dans l'île un Mécréant du nom de Peresto,

1

puis regagna Istanbul le cœur j oyeux.

Le pacha apprit cette affaire ; il se prépara, pour que .Dieu lui accordât la victoire. Il fit construire vin gt-huit bateaux ;

250 tous furent graissés, enduits de poix 2.

yêdi qadlrya idi hem iyribàr qayiq on dort idi ta�cil etdi kàr

Il Y avait sept galères, sept grippes 3 et quatorze qaylqs ; la construction fut rapide.

çoq gemide ça"tlra oqile t üfek yêlken açIldI çekildi hem k ürek

On remplit les bateaux de chancres, flèches et tüfeks; on déploya les voiles, on tira sur les rames.

etd ürürler Izmir o"tlinde gemi 01 gemiler geldi toldI àdemi Izmirü"tl begi E }:lad $uba�I hem bindi qadiryaya got ürdi �alem

4

255 Les bateaux étaient construits devant Izmir, puis ils furent remplis d'hommes .

. Le beg d' Izmir, E l)ad $uba�I, monta dans une galère et hissa l'étendard

245. 1 : qodl bir ka Peresto a"tla ad. Il 250. P : qafladuz ; ed : qayladuz. kar ü zar ; P : qayly on dort idi ; ed : qayly l on dort idi. 1. En 1329 An dronic I I I reconquit l'île de Chios ( �aqlz) sur Martin Zaccaria qui s'était proclamé indépendant ; Léon Kalothétos fut nommé gouver- ' neur de l'île, et resta dans cette fonction jusqu'en 1340 ; Martin Zaccaria fut emprisonné à Constanti­ nople et ne recouvra sa liberté qu'en 1 337 à la requête du pape Benoît X I I. Au retour de cette expédition, l'empereur fit un accord avec les émirs d'AydIn et de �aruban contre le sultan Ottoman Orban (cf. p. 60, note 2) ; M. Rimmet AKIN pense que c'est pour cette raison qu'il retourna à Istanbul « le cœur joyeux » (cf. vers suivant) ; cf. Canto I I, 1 0-13, ed. Bonn, l, pp. 370-391 ; J. GAY, op. cil., pp. 36 et s. ; H. AKIN, op. cit. , p. 33. 2. alfadïz « ')I.aÀa�cX't't)ç) ; ')I.(XÀ(X�a'td'l « réparer un navire " , « l'enduire de poix )l ; ')I.(XÀa�cX't't)ç « celui qui calfate Il ; cf. C. Du CANGE, Glossarium ad Scriptores Mediae et Infimae Graecitatis" S. V. ')I.aÀ(X!p(X'tE-r'l ; G. MEYER, Türkische Studien, l, pp. 9 et 78. 3. Iyribar, de l'italien grippo ou griparia ( > ïp-r'ltoÇ ?) " « grip, grippe ou griperie 1), petit navire assez commun au moyen âge dans la Méditerranée ; il apparaît plus ordinairement comme un navire de commerce, mais il put être employé d'abord pour la pêche ; il n'appa­ raît que dans les documents du midi et a probable­ ment une origine méridionale ; nous ne savons rien sur sa forme, mais c'était probablement un bâtiment à rames et à voiles analogue au brigantin, petit navire de la famille des galères ; cf. A. JAL, Glossaire Nau­ tique, pp. 802 et s. ; Id., Archéologie navale, Paris, 1840, Il, pp. 132 et S .

"

252. 1

:

5.

qayiq on dort idi ta'ci

4. Tüfek ; chez Ka� gari (l, p. 388) ce terme désigne la « sarbacane » : « écorce de saule humide ou d'un autre arbre de ce genre enroulée en cornet dont on se sert pour tuer les moineaux en y introduisant des petits cailloux ronds Il ; au XIVe siècle tüfek désigne peut-être le « bâton à feu )l dont se servaient les Byzantins pour lancer le feu grégeois pendant les sièges et qui est à l'origine des armes à feu (cf. C. ZENGHELIS, Le feu grégeois et les armes à feu des Byzantins, dans Byzantion, VII, 1 932, pp. 265-286) ; les flèches à fusée, invention chinoise, (appelées par les Arabes « flèches de Hatay Il ) p énétrèrent chez les Arabes et les Byzantins vers le milieu du XIIIe siècle avec les invasions mongoles ; les Arabes perfec­ tionnèrent cette arme en fabriquant des lances creu­ ses d'où j aillissait un projectile ; cf. J. T. REINAUD et 1. FAVÉ, Du feu gl'égeois, des feux de guerre et des origines de la poudre à canon chez les Arabes , les Persans et les Chinois, JA, I I, 1 849, pp. 311-327 ; Cl. CAHEN, Un Traité d'armurerie composé pour Saladin, pp. 1 39 et S. ; M. MERCIER, Le Feu Grégeois, Paris, 1 952, p. 27 ; plus tard, d'après le témoignage de Doukas, les Byzantins opposaient à l'artillerie géante des Turcs, durant le siège de Constantinople de 1453, de petits canons dont l'effet était insigni­ fiant, appelés 't'ou�cX')I.€� (tüfek) (cf. L. BRÉHIER, Ins­ titutions Byzantines, Paris, 1 949, p. 400) ; actue1 lement, tütek signifie « fusil )1. 5. Cf. 'p. 52 , note 1 0.

L I VRE

D U D US T URNAME

57 D' Ayasoluq Hi�ir beg envoya. vingt-deux bateaux

Ayasoluqdan yegirmi iki gemi veribir hem Hi�ir beg çoq ademi

260 avec beaucoup d'homme.) :

kimi qayiq kimi idi iyribar himmet eyledi Hi�ir beg nam 0 dar

il y avait des qayiqs et des grippes qui constituaient l'aide de Hi�ir beg au bon renom.

her gemi üstine dikdiler talem çalinuridi naqara zir ü bem

Sur chaque bateau on planta des étendards. Les timbales retentissaient de sons aigus et graves ;

ôteridi bori u surnay u nay çayri�ur Allah deyü bay ü geday

. 265 les cors, les zurnas et les flûtes sonnaient ;

gôrdiler kim yolda bir kôke gider pes E }:lad $uba�i alla qa�d eder qildi pa�a alla iraqdan nazar �uba�iya gônd ürür anda baber

riches et pauvres criaient

: «

Allah ! »

Ils aperçurent une coque qui voguait, E Qad $uba�i jeta sur elle son dévolu ; le pacha la regarda de loin

270 et envoya un messager au �uba�l.

dêdi : « sen tenha kôkeyi vamp al yalulluz anda sen eylegil qital »

Il lui dit : « Empare-toi seul de cette coque, attaque;..la seul ! »

pes E Qad Q3-mle (e)yledi vardl alla bir �ava� qildi · gôren qalur talla

Alors E Qad $uba�l l'accosta, l'assaillit et livra un combat tel qu e ceux qui le virent en étaient stu­ [péfaits.

kôke Midillinüllidi d êr « aman » anda tekfOr-i pelidi 01 zeman çlqdi: geldi qIldl pa�aya tapu elin ôpdi alla yoyidi qapu verdi bi- Qad sim ü zer pa�aya 01 qulullam deyüp temelluq qndl 01 verdi bir te�ne qlzil altun qabi cizye kesdi qar�u durdl quI gibi çe�meye geldi HI�ir beg nam 0 dar gônd ürür pa�ayl aylar zar ü zar dedi : « Allaha seni lsmarlarim » . e�di pa�a gitdi 01 atmaz ad lm

275 Cette coque était de Midilli 1 , elle demanda grâce. Alors le tekfOr 2, ce salaud 3, à ce moment-là, en sortit et vint rendre hommage 4 au pacha ; il lui baisa la main ; il n'avait d'autre issue. Il lui donna de l'or et de l'argent à profusion, « j e suis ton esclave ! »

280 il le flatta en disant :

Il lui donna un poignard avec un fourreau en or rouge, il s'engagea à payer le cizye 5 ; il se tint devant lui comme [un esclave. tn:�Ir beg au bon renom vint jusqu'à Çe�me 6, tout en larmes, il assista au départ du pacha . « Je te confie à Dieu r » Le pacha partit à cheval, mais lui restait, sans faire un pas .

285 Il lui dit :

260. 1 : vérbidi hem HI�lr beg çoq ademi. " 271 . 1 : dedi : « sen tenha kôkeleri varup al Il. Il 276. P : anda tekfürl biledi 01 zeman. Il 279. P : verdi bi- l;lad sim zer pa�aya 01. Il 286. P et 1 : le j de atmaz n'a pas de point. 1. Mytilène. 2. Le gouverneur de Mytilène. 3. Pelid, terme d'injure, « sale Il. 4. Tapu (o yuz : tap uy ; çayatay : tapuq), vient du verbe tapmaq, « obéir », « se sOllmettre à Dieu ou à un conquérant en lui demandant grâce (aman) Il, « adorer une divinité Il, « rendre hommage Il. Le tapu est un genre d'hommage rendu en se prosternant trois fois, selon la coutume oyuz, la tête découverte, les mains aux oreilles ; la cérémonie semble avoir comporté l 'offrande d'une coupe, car il existe l'expression

tapu �ayrayl, « la coupe d'hommage » ; d'après Syl­ vestre de Sacy, tapu et b iomet ont la même signifi­ cation, ce que confirme l'emploi des deux mots dans le Destan d'Umiir Pacha ; cf. Jean DENY, E. I., s. v. Umar. 5. Cizye, impÔt individuel payé par les habitants mâles des pays conquis en échange du libre exercice de leur culte (Coran, IX, 29) ; cf. H. MASSÉ, l'Islam, Paris, 1948, pp. 64 et s. 6. Ce*me, Cyssus.

58

LE DES TAN D' UMUR PA CHA Puis il retourna à Ayasoluq, tandis que les autres arrivaient

Ayasoluya dôn üben geldi 01 $aqiz adasina bunlar buldi yol pes E l.tad $uba�iya l.tükm eyledi « sen alay d üz yüri » dêyü sôyledi

290

üç bill erle çiqdi 01 düzdi alay Allah » eyderler « ola m ü�kil qolay

«

pes Besertoya firenk oldi baber : « Tür 0 k, toldi ada toldi � ür ü �er

»

on bill er miqtari varidi firenk c ümle ahenp ü� geldi qildi cenk gürIeyüp kafir yür ür atIu yayan bir uyurdan l.tamle qildi 01 zeman bir l?ava� oldI ki hergiz r üz 0 gar gôrmemi�di anciIayin kar 0 zar

1)

à rîle de $aqiz.

Le pacha ordonna alors à El.tad $uba�I : Range tes hommes 1 et marche . . »

«

Celui-ci débarqua trois mille hommes en ordre de marche ; « Allah, crièrent-ils, rends-nous facile ce qui est difficile r » Bi�erto le Franc reçut alors cette nouvelle : « Les Turcs ont rempli l'île, la confusion y règne r

»

295 Les Francs étaient au nombre de dix mille, tous couverts de fer ; ils vinrent livrer c o mbat.

Avec un bruit de tonnerre, les Mécréants s'avançaient à pied e t d'un seul coup ils attaquèrent. [et à cheval Il y eut un combat tel

300 que le monde n'en avait jamais vu de pareil r

iki kafir tutdiIar anda meger gôndürür pa�aya eyledi baber

On prit deux Mécréants. On envoya un messager prévenir le pacha.

adada pa�a alay d üzmi� gel ür ç ün baber oldi a7}a l.tamle qiIur

Le pacha, ayant disposé ses hommes dans l'île, arrivait ; dès qu'il reçut la nouvelle, il attaqua.

iki kafirden birin qiIdi helak qoyivêrdi birini qilmadl bak dôndiler pa�a ata binmez yayan nacre urdi yüridi 01 nevcivan bile Y üsuf begle Ilyas etdi cenk atilur oq oldI dermande firenk

305 Des deux Mécréants, il en tua un

et laissa partir l'autre sans aucune crainte.

Les Francs prirent la fuite ; le pacha ne monta pas à cheval, c'est à pied que, poussant un cri, il marcha contre eux, ce [jeune homme. Yüsuf beg et Ilyas beg se battaient au.ssi ;

310 les flèches pleuvaient, les Francs étaient à bout de forces.

qarda�i pa�anull Ibrahim 0 beg bile anda qat 0 1 qIldI nice seg

Le frère du pacha, Ibrahim beg, tua lui aussi beaucoup de ces chiens.

ald! pa�a eline tiy-i bUITan taqlnup qalqan 0 yüridi yayan

Le pacha dégaina son épée tranchante, il fixa son bouclier et marcha :

her kimi kim çaldisa 01 nam 0 dar iki pare qiIdi manen d-i blyar d ü�di 01 demde Bi�irto qaçdi zar dôndi qorqudan penah êtdi l.til?3.r qareye dek qlra qira d ü�mani le�den 01 g ün qIldIlar çoq barman!

3 1 5 chaque bomme frappé par cet homme au bon renom, étai t fendu en deux comme un concombre.

A ce moment Bi�erto tomba et s'enfuit misérablement, rempli de peur, il chercha refuge dans le fort. Ils allèrent vers la forteresse, tuant les Mécréan ts sur leur [passage ;

320 Ils firent ce j our grande moisson de cadavres.

299. P : En marge, en face du mot �ava�, est marqué le mot neberd. " 301 . 1 binmez beyan. Il 3 1 7. 1 : Le mot dem est omis.

1 . AMy « gr. �).).�"(tOV « poste de soldats, senti­ nelle »), « troupe de soldats » ; ce mot a été emprunté au grec dès l'époque Seldjoucide ; cf. Fuat KOPRÜLÜ,

:

dutdllar. /1 307. P

:

ata

Bizans Müesseselerinin Osman ll Müesseselerine Te'siri p. 277.

LI VRE D U D US T URNA ME

59

sey 0 1 gibi qan revan olmi�idi k iih u �aJ:.lra govdeler tolmi�idi

Le sang coulait comme un torrent, la montagne et la plaine étaient couvertes de corps.

01 adayi c ümle yayma qildila,r balqile malin quma�in aldilar

Ils firent dans cette île un pillage général, ils s'emparèrent de sa population, de ses biens et de ses étoffes.

qomadilar 01 adada bir J:.li�ar oldi yayma eH qildi c ümle zar oylan u qiz u gelind ür bi-caded altun u g ümi�e bod yoyidi J:.lad �aqizu1} bir qaresi qaldi heman qaldi içinde Bi�irto qaltaban

325 Ils n'y laissèrent pa� un seul fort intact,

tout fut dévasté ; ce n'était que lamentations. Ils prirent des garçons, des vierges, des jeunes femmes sans de l'or et de l'argent sans mesure. [nombre, Une seule forteresse de �aqiz subsista,

330 Bi�erto, ce maquereau, s'y réfugia.

dôndi andan çiqdi pa�a Izmire 01 yanimet malin anda kim dere

Le pacha retourna à Izmir après avoir ama ssé to ut ce butin.

geldi Izmire Hi:�i:r beg serfiraz qarda�ile gori� ür 01 kar 0 saz

Hi�ir beg vint à Izmir la tête haute, il rencon tra le pacha, cet homme habile.

iki go zlerinden pa�ayi oper ba yrina ba�uban arqàsin yeper qoqular s ünb üllelÎn gün yüziIe burrem anU1} oldi ziba sozile Hi:�ir beg dedi a1}a : « ey nevcivan qil ba1}a b u qi:��a va�fin das 0 tan

335 Il baisait le pacha sur les deux yeux,

l' embrassait, le pressait sur sa poi trine l, .lui caressait le dos. . Il respira le parfum de ses cheveux bouclés 2 et de son visage et ses belles paroles le remplirent de j oie. [de soleil Hi�ir beg lui dit

:

cc

0 j eune homme,

340 fais-moi le récit de tes exploits.

»

01 yazayi: pa�a ç ün �erh eyledi her ne kim oldisa bir bir soyledi

Le pacha fit le récit de la guerre sainte et lui raconta tout ce qui s'était passé.

�ad 0 liyu1} J:.laddi u payani: yo q he m yanimet malinu1} orani: yoq

Il n'y avait p.i bornes, ni limites à la joie, il n'y avait pas de mesure aux richesses du butin.

armayan ay y üzl ü bi-J:.lad verdi qiz her biri bi1} qizile degildi qiz

345 Il lui donna en cadeau nombre de vierges au visage de lune chacune était sans pareille entre mille.

hem firenk oylanIarin verdi güzel saçlarinu1} m ü�kiIin kim ede J:.lal

Il lui donna aussi de beaux garçons francs pour qu'il dénouât les tresses de leurs cheveux

aItun u gümi� u �ayraq bi-� ümar armayan verdi a1}a 01 nam 0 dar

A ses cadeaux il ajouta, cet homme au bon renom, 350 de l'or, de l'argent et des coupes innombrables.

penc üyek çiqardi qismet eyledi le�kerin cümle yanimet eyledi

Il réserva le cinquième du butin qu'il distribua à toute l'armée.

4, il partagea le reste,

322. 1 : küh �al;1ra govdeler tolmi� idi. Il 323. 1 : 01 ovayl cümle yayma qIldIlar. Il 327. 1 gelin dèr bi-'aded. Il 336. P : bayrlna ba�ubanln arqasin y eper. 1 . Bay Ir, « le foie » (Ka� giiri, 1, p. 360), puis la région du corps au-dessus de la ceinture. 2. Sünbül, « hyacinthe », métaphore courante pour désigner les boucles de la chevelure. 3. M. à m. « les complications de leurs chevelures » ; d'après le témoignage d' Ibn Batüta, Me l;1med beg Aydlno glI avait dans son entourage des pages grecs dont les cheveux tombaient en tresses ; cf. Ibn Ba­ tüta, I I, p. 303.

3.

:

oylan u qlz u

4. Pencüyek > pencik, « le cinquième lI, impôt prélevé sur le butin de l'aqln (cf. p. 52, note 5) ; les 4 /5 du butin étaient partagés entre tous ceux qui avaient pris part au combat, le dernier cinquième était la part de Dieu et appartenait aux orphelins, aux nécessiteux et aux voyageurs (Coran, VIII, 420) ; cf. H. MASSÉ, l'Islam, p. 63.

60

LE DES TAN D' UMUR PACHA Riches et pauvres furent comblés et tous étaient pleins de j oie.

bay u yoqsul anda çoq i l,lsan bulur 01 yanimetden qamu �adan olur gece yedi içdi yatdi iki (e)mir ,?ub 0 l,l dem gond ürdi verdi çoq esir

355 Cette nuit les deux émirs mangèrent, burent et aimèrent,

au. matin il accompagna son frère et lui donna beauco up de [prisonniers. Hi�ir beg au bon renom regagna sa ville et pria j our et nuit pour le pacha .

geldi �ehrine Hi:�;lr beg nam 0 dar qildi pa�aya duca leyl ü nahar

Le cinquième du butin était immense. penc üyek kim çiqdi yoq payan u l,lad 360 L'émir E l,lad ramena les bateaux à leurs chaînes ; sürdi gemi qaydina mir-i E l,lad bir nice gün anda. qildilar qarar yine le�ker cemc 0 qildi nam 0 dar

ils y demeurèrent plusieurs j ours. Puis il rassembla de nouveau son armée, cet homme au bon [renom.

Il repartit de nouveau en razzia, Bir aqlna andan ëtdi gine azm pes MUQammed beg qllur menc ëtdi Qazm MUQammed beg 1 le lui avait défendu 2, car il était prudent. C

Me l,lmed beg envoya deux messagers pour le prier de venir, il lui défendit de faire la guerre; mais le pacha désirait repartir 3 :

Iki ki�i veribir daCvet eder men ê der ya cni a'r}a raybet eder c

01

gelince e�di otuz be� gemi toptoludi içi l,larbi ademi

365 au lieu de se rendre auprès de son père " il se mit en route remplis d'hommes d'armes.

Les bateaux accostèrent au pays de Saruban les gazis s'y rassemblèrent.

gemiler Sarban eline çiqdilar yaziler bir yere anda ço qdilar Sarban oyli anda Atmaz muntazir anda pa�aya hem Orban muntazir

[avec trente-cinq bateaux 5,

Le fils de Saruban, Atmaz,

370 et au�si Orban y attendaient le pacha.

geldi pa�ayiIe gori�di bular . birbiri l,lalini êori�di bular

Ils vinrent s'entretenir avec le pacha ; chacun demanda à l'autre de ses nouvelles.

anda qildilar �iyafet bi-l,lesab kim �arab içer kimi nuql u kebab

Ils firent un festin indescriptible : les uns buvaient du vin, les autres mangeaient du keb ab 6 et [des nuql 7 . Ils mangèrent et burent tout j oyeux, tandis que le père se consumait de chagrin.

�ad 0 liq qilup bular yeyüp içer "J'W.iêayile , anda atasi geçer

375

354. 1 : 01 yanimetde qamu �adan olur. Il 366. 1 : �arb-ü ademi. Il 367. Sar!1an pour $aru!1an. Il 369. P : �arban oyU an da Atm�z ban muntazlr ; 1 : Le mot han est barré. Il 375. P : �aB 0 IIq ; 1 : yeyüp éçer. 1. Pour le besoin de la métrique, le chroniqueur a écrit ici Mu l,lammed beg au lieu de Mel,lmed beg. 2. D'après les historiens byzantins, Andronic I I I, au retour de son expédition contre l'île de Chios en 1329 et pour parer aux progrès d'Orban fils d" O§man, sultan des Ottomans, passa en Anatolie et fit un accord avec l'émir de �a.ruban et Me �med beg, émir d'AydIn, qui ne put venir lui-même voir l'empereur, étant malade, mais lui dépêcha une a.mbassade avec beaucoup de présents ; cette alliance fut sans doute la cause de l'opposition de Me l,lmed beg aux incur­ sions de son fils dans les pays grecs ; cf. p. 56, note 1.

3. Raybet, « désir )l, « inlilination violente pour quelque chose » ; proverbe : men' édilen �eye raybet çoqdur, « la chose défendue a un attrait violent ) . 4 . Gelince, gérondif substitutif, cf. p . 37. 5. L'émirat de �aruban fut fondé au début du XIVe siècle sur les côtes d' Ionie j usqu'à Izmir et en Lydie, par un émir vassal de Germiyan, �aruban fils d'Alpagi (mort en 1346) ; sa capitale, Manissa (Ma­ gnésie), fut conquise en 1313 ; cf. 1. H. UZUNÇ, Ana­ dolu Beglikleri ; Id., Osmanll Tarihi, pp. 18 et s. 6. Kebiib, viande grillée. 7. Nuql, Il mets sucrés servis avec le vin ll.

61

LI VRE D U D US T URNAME Soudain un vaei� 1 vint trouver le pacha ; un envoyé s'entretint avec son excellence le pacha.

nagahan pa�aya vaei� èri� ür l,la�ret-i pa�aya èlçi gôri� ür

Mais quand le vaci� lui eut défendu la guerre sainte,

ani vaci� çun yazadan qildi mene atasi sôzin dèdi ètmedi seme

380 il dit qu'il n'avait pas entendu les paroles de son père.

dèdi : « mene ètmek yazadan dur günah bize himmet yolda� èts ün padi� ah »

Il dit : « défendre la, guerre sainte est un péché, le padishah devrait favoriser notre campagne.

dèr ki : « qilmi�dur Res iil-ullah yaza kafire kim qil di 01 resme ceza

Il dit : « le Prophète de Dieu a mené la guerre sainte, c'est de cette manière qu'il punissait les Mécréants.

�imdi biz dônmek yazadan ne seza meC�iyet var bunda dônsevüz bize »

385

qoydi pa�a anlari gemiye hem geminül} y üzince gôtrildi ealem aldi $arban oylini bile gider 01 Temür ban namidur dil}le nèder

Maintenant quelle honte pour nous que de renoncer à la Nous commettrions un péché en y renonçant. » [guerre sainte,

«

Il emmena aussi le fils de $aruban,

atlu otuz bill yègirmi bill yaya urq olup geleni �Ol}ra kim �aya le�ker-i Islam çiqdi çekdi �af d ü�man alayin oqa qildi hedef

.

390 son nom était Tem ür Khan 2 : écoute ce qu'il fit. Des vacil; et des b wace 3 lisaient des versets du Coran, ils reçurent du pacha beaucoup de présents.

Comment le shah victorieux lut envoyé par Dieu au Tek/ür Asen 4. à Gelibolu.

Gelibollya Esen tek/ara çun bükm olur lfaqdan §eh-i man�ür 0 çun

01 Esen tekf ür ola elli bill er cern e qildi qar�u çiqdr qopdr �er

»

Le pacha les fit monter dans les bateaux, les bateaux mirent les voiles, on déploya les étendards.

vaei� ü bWace oqur Quran dèlim buldi pa�adan bular i l,lsan dèlim

ç ün Geliboliya çiqdilar yuzat gôrdiler kim le�ker olmi� kayinat

»

Quand les gazis débarquèrent à Gelibolu, ils virent que tout le monde était en armes.

395 Ce tekfiir Asen, avait rassemblé cinquante mille hommes ;

ils sortirent au devant des Turcs, il se fit un grand tumulte.

Il y en avait trente mille à cheval, vingt mille à pied et qui pouvait compter ceux qui vinrent ensuite se j oindre' [à eux 1 L'armée de l' Islam débarqua, se mit en ordre de bataille

400 et prit les troupes ennemies comme cible pour ses flèches.

' 388. gOtrildi pour gôtürildi. Il 390. Neder pour ne ëder. Il Rubrique. 1 � 1. Va'iz, prédicateur, celui qui fait le sermon du vendredi. 2. Le nom de Tem ür kha� fils de f;laruban ne réap­ paraît plus dans le texte. Il est possible qu'il s'agisse du fils que l'émir de �aruban venait de perdre lors de la visite que lui fit Ibn Batüta en 1333 : Ibn Batiita, I I, p. 313. 3. Ilwace, l'origine de ce mot est discutée ; d'après l'historien persan Ra�ideddin, lJ wace est un mot d'origine turque (qoca '1) et c'est un titre donné aux vieillards ; depuis l'époque des Gaznévides ce titre

:

�eh man!?iira çun.

était donné aux gens de plume et aux fonctionnaires civils ; c'est l'emploi qu'il a gardé en Anatolie sous les Seldjoucides et les Ilkhanides ; lJ w{ice désigne un homme instruit et un fonctionnaire ; cf. I.A. s. v. llace. 4. Durant l'incursion d'Umiir pacha contre rUe de Samothrace et son débarquement en Thrace (cf. p. 40, note 4), le Grand Domestique Jean Cantacu­ zène se trouvait avec son beau-père Andronic Asen, dans la suite de l'empereur Andronic III.

62

LE DES TAN D' UMUR PACHA Les armures d'acier des ennemis grinçaient, les deux armées étaient aux prises.

gok demür a'da çiyi� çiyis eder iki le�ker uyra�uba,n cenk eder

Le combat dura trois j ours et trois nuits entières, les Musulmans gémissaient, il régnait un grand tumulte .

d ün ü gün cenk oldi üç gün sertaser M üsIimanlar zari qilur qopdi �er

405 Des deux armées le sang coulait comme un torrent ;

I?an ki seyl iki çeriden qan revan oldl 01 dem qopdl feryad ü fiyan

Alors s'élevèrent des lamentations et des cris de détresse. Quand le pacha vit que la situation était mauvaise et que les Musulmans étaient à bout de force,

gordi pa�a ç ünki yatIu oldl 1}.al M üsIimanlar içre qaImadl mecal atdan indi y üzini pa�a urur anl m ü'minler yiriv ëd üp gorür

il descendit de cheval, il frappa son visage contre terre,

410 les Croyants le virent se lamenter.

dedi pa�a : « 1 ütf et ey Perverdigar qalml�uz biçare ü 1}.ayran ü zar

Le pacha dit : « Aie pitié de nous, 0 Père Nourricier ! car nous sommes sans ressources, éperdus, affligés.

bize bu dem Senden olmazsa meded qillmazuz biz bu çoq küffare red »

Si Tu ne D O US accordes pas maintenant Ton aide, nous ne p ourrons résister à tant de Mécréants 1 »

l:Iaq anU1} qildl dufaslD m üstecab 4 1 5 Dieu exauça sa prière : un vent s'éleva ; les Croyants virent s'ouvrir l�s portes du çlqdl bir yel buldl m ü'min fet1}.-i bab [succès. tozl yèl kafirler üzre �avurur Le vent souffla la poussière sur les Mécréants, gôzlerine toldurur topraq urur la terre remplit leurs yeux. slndl kafir 01 arada hWar u zar 01 Esen tekfür oldl �ër 0 msar

Les Mécréants furent misérablement défaits

420 et le tekfür Asen fut couvert de honte.

oldl kafir gôvdesi �a1}.ra tolu bir don üm yerde ola be� bi1} ôl ü

La plaine se couvrit des corps des Mécréants ; sur chaque arpent de terre peut-être cinq mille morts.

kafir orduslnl yayma qildilar orduya ç ünkim muzaffer geldiler

Ils pillèrent le camp des Mécréants lorsqu'ils eurent remporté la victoire.

Cette fois-ci le pacha attaqua le port de Gelibolu afin de rendre facile cette tâche difficile.

GeliboIrnu1} l�mon qa�dln bu gez qlldl pa�a tii Dia m ü�kil ge1}ez Çun lemona erdi mir-i nam 0 dar Laz 0 gol adJ var anda bir 1}.i�ar

425 Quand l'émir au bon renom parvint au port, il y trouva un fort nommé Lazgôl

01 1}.i�ara ü�diler sabt oldl cenk M üsIimanlar 01 I?ava�dan oldl denk Pi� 0 rev beg boyazlnda yara yer heybetinden le�kerü1} dit:rerdi yer

01

i�e pa�a qat! yazban olur qare andan alinup viran olur

1.

Ils s'amassèrent autour de ce fort, le combat fut rude, les Musulmans en furent surpris.

430

Pi�rev beg fut blessé à la gorge ; la terreur des soldats faisait trembler la terre. Le pacha fut très irrité de cet incident, c'est pourquoi, quand la forteresse fut prise, elle fut détruite .

403. 1 : dünigün cenk oldl. " 407. Ed : tilu oldI 1;tal. " 408. 1 : qIlmadI mecal. " 409. 1 : atdan indin. 410. 1 : yiri édüp gÔrür. " 41 7. P : torI yël kafir üzère l?avIrur. /1 418. P : topray. " 421 . 1 : le mot �olu est écrit �olva. Il 430. 1 : ditredi. 1 . Lazgol, «le lac Laz » ; Laz « Lazare) est un nom donné par les Turcs aux Serbes ; aucun endroit

de ce nom n'est connu dans la région de Gelibolu. Laz dé.,igne aussi les Lases de la Mer Noire.

LI VRE D U D US TURNAME

63 Ils pillèrent l'intérieur en combattant et en tirèrent des richesses incalculables.

içini yaymalayup oldi qItal bi-l).ad anda l).�il oldi r üz u mal

435 Puis le j eune shah rentra à Izmir.

çiqdi andan Izmire �ah-i civan Vlu Beg i�itdi oldi �ad 0 man

Le Grand Beg

1

, Se réj ouit en apprenant son retour.

De là ils se rendirent à Birgi et vinrent rendre hommage au padishah.

Birgiye andan revane oldIlar padi�ahu"ll biBmetine erdiler çayiri�ur çavu�lar der « merl).aba bayir maqdem ey �eh-i ehl-i qaba »

Les Çavu�

2

criaient à l'envi :

«

Salut r

,

440 Sois le bienvenu, 0 Shah des hommes à la robe de bure 8 r

vardi pa�a ôpdi atasi dizin 01 anu"ll ôpdi iki gôzin yüzin

Le pacha en arrivant baisa les genoux de son père, celui-ci lui baisa les deux yeux et le visage ;

dedi kim : « sen nitesin ey ban oyul bu seferler zal).metinden can oyul »

il lui dit : « Comment vas-tu, 0 Khan 4, mon fils, après les fatigues des combats, 0 mon fils chéri ? »

dedi �aha. : « himmetü"Ilde burremüz qanda olsa devlet ü"ll d e bi-yamuz »

445 Il répondit au Shah : « Dans ta faveur, nous sommes j oyeux, où que nous soyons, dans ta souveraineté, nous ignorons la . ' ' b rables. Il 1 UI appo rtait de,s presen ts lnnom Ils mangèrent et burent tout j oyeux.

getürür bi-l).add u payan armayan oldilar yeyüp içüben �ad 0 man atasiyle qildi bir qaç g ün qarar yine Izmire varur 01 nam 0 dar

437. 1

:

Burgaya pour Birgiye.

»

[tristesse r

»

Il resta quelques j ours auprès de son père,

450 puis il reprit le chemin d' Izmir, cet homme au bon renom. ,

/1 439.

P : ç aylrI�up.

1 . Uiu Beg : dans les émirats d'Anatolie, le fief était considéré comme le bien d'une famille ; le chef de la famille était appelé Ulu Beg ou Emir-i 'Azam ou Sultiin-i 'A�am. Ces deux derniers titres étaient les titres officiels usités dans les actes protocolaires, firmans, prÔnes, prières, épitaphes, tandis que le pre­ mier titre était en usage chez le peuple et dans la tribu. L' Ulu Beg résidait dans la capitale, ses enfants et ses frères géraient les affaires gouvernementales dans les provinces dont l'administration leur était attribuée ; t'était le système en usage chez les Turcs avant l'adoption de l' Islam ; cf. I.H. UZUNÇ, Ana­ dolu Beglikleri. 2. çavu* (uyyur : çabl� ; < çav « le cri, la voix, la renommée )l) d'après les textes chinois, les çabl* existaient chez les Tou-kiue et étaient des messagers ; chez les Uyyurs ils avaient une fonction militaire ; au XIe siècle, d'après Ka�gari (cf. l, p. 368), leur rôle consistait à ranger les troupes pendant le combat et à empêcher le pillage et les abus des soldats en temps de paix ; sous les Seldjoucides les çavu� portant une ceinture d'argent et un bâton orné marchaient devant le Sultan et lui ouvraient le chemin ; à la cour des Seldjoucides de R üm et des Emirs d'Anatolie ils étaient employés à différentes fonctions : éclaireurs, héraults d'armes, gardes, muezzins, messagers, musi­ ciens du palais, ils conduisaient aussi les ambassa­ deurs étrangers devant le souverain, etc ... ; d'après

le Selcuqniime de YazIcIoglu 'Ali (le fait ne se trouve pas dans la version persane d' Ibn-i Bibi), ils trans­ mettaient à l'armée le signal du combat donné par le souverain en criant : atlan, atlan f ( yafriliyis. 5. Cf. ci-dessus, note 3. ,

LE DES TA N D' UMUR PACHA

86

dediler : « biz qavle turup gelmi� üz d ü�manu"l} qa�dina yaraq qilmi�uz »

ils lui dirent : « Nous sommes venus, fidèles à notre parole, nous nous sommes préparés pour repousser ton ennemi. »

dê di kim : « bo� geldü"l}üz biz ümiç ün1 105 Il leur dit : « Soyez pour nous les bienvenus ayayu"l}uzu"l} tozi y üzümiçün et que la poussière de vos pieds soit sur mon visage r

1

Le pacha a prise la peine de venir, il a eu la générosité de nous porter secours.

geldi pa�a eyleyüp rence qadem emenüp bizümiç ün qildi kerem

Mais quand mon ennemi a connu votre arrivée, d ü�manùm gelecegü"l} ÜZ bildi çun 1 1 1 0 renonçant à son attaque, rempli de crainte, il a fait la paix. qodi beni bari�ur oldi zeb ün » Quand le pacha apprit cette nouvelle, il rugit du fond de la forêt de la religion, ce lion mâle 1

çunki pa�aya êri�di bu baber k ükredi din pi�esinden �ir-i ner biômetini anu"l} etmedi qab ül dedi : « yaCni êl üm êder 01 fu�ül

»

Il n'accepta pas ses hommages 2 et s'écria : « Il tient donc mon peuple pour négligeable r

»

urdi evvel 01 yêri üzdi belin vardi hem yürilisu"l} yiqar ëlin

1 1 1 5 Il attaqua d'abord cet endroit et le ravagea, puis il alla aussi dévaster le pays de yürilis.

toyurup 01 iki elden le�keri dôndi Izmire gider yine geri

Ayant rassasié de butin son armée, il reprit le chemin d' Izmir. Ils débarquèrent ensuite à l'île d' Àndiz 3 1 120 et ravagèrent aussi le pays de Messire Nicolo

, Andiz adasina andan çiqdilar hem Mese Nikolo êlin yrqdilar

»

4.

Sancunosi Sanyunosi dabi hem Nab�a'i Bara a dasin �anma kem

Puis ils dévastèrent Sancunos, Sanyu nos 5, Nab�a, l'île de Bara 6 ; ce fut une affaire importante.

anda olur idi Mese Nikolo tabt! oldur anda var qare ulu

Là se trouvait Messire Nicolo, c'était sa capital�, il y avait là une grande forteresse.

1 1 25 ils prirent de la forteresse extérieure, se rassasièrent de butin aldilar ta� qaresini toydilar et emmenèrent vers leurs bateaux beaucoup de richesses et gemiye çoq mal ü niemet qoydilar [de biens. varidi bir babçe çevresi ravu� bir sumaqi ta�dan var and a 1}.avu� yüz bi"l} aqça derler 01 ta�a baha burd ederler ani bulmadi reha 1 109. 1 : gelece"l}üz. Il 1 127. P sumaqi var ta�dan taavu�.

Des jardins entouraient la forteresse de toutes parts, il y avait un bassin en pierre de porphyre dont la valeur était, disait-on, de mille a qçe 7, 1 1 30 ils le mirent en pièces, il ne trouva pas le salut.

:

baridi ; 1

:

�av� pour rav�. Il 1128. Sumiiqi pour summiiqi ; 1 : bir

, 1 . Traduction de l'expression persane h iik-i piiy la poussière des pieds Il qui est fréquemment em­ ployée en turc. 2. !!iômei {( service ll, est ICI employé c omme synonyme de tapu « hommage » ; cf. p. 57, note 4. 3. Ile d'Andros ; elle appartenait au duché de Naxos. 4. Nicolo 1 Sanudo, duc de Naxos (1323-1341), dut passer sa vie à lutter contre les Turcs et les Cata­ lans qui faisaient sans cesse des descentes dans ses territoires. En particulier, à une date donnée par les historiens occidentaux comme étant 1345, l'île fut dévastée par les forces turques. Mükr. Halil croit 1

sans doute avec raison qu'il faut placer cet événe­ ment avant la défaite d'Umur pacha par les . Latins en 1344 : cf. Mükr. Halil, p. 40. 5. Sanc unos, San,unos, tIes de Siphnos et de Siki­ nos, que les Byzantins avaient reprises aux Sanudo, ducs de Naxos, en 1 276-1278. 6. Ile de Paros, appartenant aux ·Sanudo. 7. Aqçe ou aqça (turc aq-ça « blanchet )l,diminutif de aq « blanc ll ) , aspre, monnaie en argent ; les pre­ miers aqçe frappés par le sultan Orban à Brousse étaient de 6 carats et pesaient 1 ,154 gramme ; cf. M. Z. PAKALiN, Osmanli Tarih Deyimleri, s. v. ; aqça.

87

L I VRE D U D US T URNAME çiqdi andan Iyribosu't} tu�ina geldi tekfiiri oluban a�ina

De là ils sortirent sur la route d'Ayribos ; son ami, le tekf ur vint

qar§u çiqdi çoq �iyafet eyledi el ô p üp pa�aya biomet eyledi

à sa rencontre et lui fit de grands festins ; il baisa la main du pacha et prit soin de lui.

1 1 35 De là ils allèrent au port de Qoç

Qoç limônina pes andan ërdiler Sirf ëlin Arnavut ëlin urdilar

1

et dévastèrent les pays des Serbes et des Albanais 2. Il y avait là une forteresse, ils s'en approchèrent en masse, dressèrent des échelles et y montèrent ;

anda bir qare var a't}a çoqdilar nerd üban uruban a't}a çiqdilar

la porte de la forteresse s'ouvrit aussitôt, qarenü't} qapusin açdilar revan §ehre pa�a girdi kafir dêr : « aman » 1 140 le pacha entra dans la ville, les Mécréants crièrent :

«

Grâce !

»

bir kilise vardi içi tolu genc kafir ani dev�irüp çekmi�di renc

Il Y avait là une église dont l'intérieur était rempli de trésors, que les Mécréants avaient amassés avec beaucoup de peine ;

anda çoq qandil 0 var altun g ümi§ her birin bir ulu beg a�a qomi�

elle contenait beaucoup de lampes d'or et d'argent, chacune avait été suspendue par un grand beg ;

bir mur��a« perde and a buldilar �oyqu�up ani çiqarup aldilar kimse �erl) eylemez anu't} qiymetin qildi anu't} dabi pa�a qismetin

1 1 45 ils y trouvèrent un rideau incrusté de pierreries 3, ils le défirent et le dépouillèrent,

personne ne pourrait décrire sa richesse. Le pacha fit aussi partager les pierreries ; cette église était incrustée d'un bout à l'autre,

anï qilmï§lar mura��a sertaser fer§i ü divariyidi surb-i zer t

1 150 le sol et les murs étaient en or rouge,

c ümle altun kiremidi aldilar

gôtürüp yük yük gemiye . geldiler

ils s'emparèrent de toutes ses dalles en or et les emportèrent par paquets dans leurs bateaux ;

Hi�ir eoan oqidi andan gider bir ulu kôkeye nagah yëtdiler

Hi�ir beg y dit la prière et ils repartirent. Soudain ils tombèrent sur une grande coque,

ani ' pa§a yalu't}uz vardi alur uyra§ ëtdi balqi c ümle qatl olur

01 firengü't} padi�ahidi ulu yüz ola �anduq 0 latl içi tolu Istefaya çiqdi andan ol dilir nagah uyrar bir çeriye ol emir üç ki�iyile heman �ah-i yuzat on bi't} er artuq �alardi a"tla at

1141. 1 : içi pür genc. ki�ileri heman.

" 1 150.

1 1 55 Le pacha l'aborda seul et s'en empara ;

ses occupants combattirent et tous furent massacrés ;

elle appartenait à un grand souverain Franc et contenait cent coffres pleins de rubis. Puis· il débarqua à Istefa 4, cet émir vaillant ;

1 1 60 il Y rencontra soudain une armée,

il n'ava.it avec lui guère plus de trois hommes, le shah des [gazis, plus de dix mille lancèrent sur lui leurs chevaux ; 1 : fer�i divâriyidi surh-i ser� Il 1 1 61. P : üç ki�i leyldi heman ; 1 : üç

1. VmOr pacha arriva au golfe de Volo et pénétra en Thessalie et en Epire ; cf. Mükr. Halil; p. 40. 2. Peu de temps après la reddition de Phocée de 1 336, Andronic III avec 2.000 Turcs engagés à sa solde se vengeait des Albanais qui pillaient la Thessa­ lie ; cf. Canto II, 32, ed. Bonn l, pp. 495-509.

3. Probablement le rideau qui fermait les portes centrales de l'iconostase. 4. Thèbes de Béotie, appelée Estives par les Latins, qui appartenait aux Catalans depuis 131 1 ; cf. A. BON, Forteresses Médiévales, pp. 136-208.

88

LE DESTAN D' UM UR PACHA

ils les tuèrent tous, il n'en resta pas de vivants un seul d'entre eux fut blessé.

c ümIesini qlrdilar qalmaz diri bildiler mecrü};t 0 likin bir eri Kadalanul}dur f?orarlar 01 çeri anda bir qaç gün bular oldi uri

;

1 165 Ils apprirent que cette armée appartenait aux Catalans

1.

Ils restèrent à piller cet endroit pendant plusieu,rs jou.rs,

anda pa�a gerniyi qor terk eder der : «01 ürem bunda ben» dôndi gider

voilà que le pacha laissa le bateau et les abandonna, il dit : « Si je reste ici je vais mourir », il se tou,rna et partit ;

alors tous les gazis poussèrent des cris, anda cümIesi yiriv etdi yuzat menC ederler derler : « 01 degil ol}at » 1 1 70 ils l'en empêchèrent et lui dirent : (c Ce n'est pas bien.

»

gid üp andan Uskuraya geldiler yêI qatidur anda be� gün qaldilar

Ils partirent de là et arrivèrent à Uskura 2 ; le vent était violent, ils y restèrent cinq jours ;

yoq aziq yêl dil}mez andan e�diler engine naçar oluban d ü�diler

il n'y avait plus de vivres, le vent ne cessait pas, ils repar­ [tirent et se virent soudain portés vers le large ;

yêIden oldi 01 gerniler tar ü mar her biri bir yal}a qildi ah ü zar

1 1 75 le vent dispersa les bateaux,

chacun se trouva jeté d'un côté ; des plaintes s'élevèrent,

qopdi deryanul} yüzinde racd ü berq az qaIupdi cümIe le�ker ola yarq .

sur la surface de la mer éclata le tonnerre, et des éclairs, peu s'en fallut que toute l'armée fût noyée 1

ba};t 0 rda tenha qalur pa�a meger Le pacha resta seul sur la mer, her gemi ayrildi qopdi � ür Ü �er 1 180 tous les bateaux se trouvaient loin de lui ; grande fut la [confusion ; yèI urup gerni diregin yaturur le vent, en soufflant, coucha le mât du bateau , b ürin ür yelken f?anurlar baturur il emmêla les voiles, ils crurent qu'ils allaient être engloutis ; yel urur gemiyi iki aylrur Qal 0 ayruqsi olu,r pa�a gôrür yüzi üzre baIq cürnle dü�diler ayIa�uban birbirini qu�dilar

le vent, en soufflant, fendit en deux le bateau : le pacha vit que la situation devenait très critique, 1 1 85 tout l'équipage tomba face contre terre,

en pleurant ils s'étreignirent l'un l'autre ;

gemiyi uryanlarile f?ardilar çayri�up cürnle yere yüz urdilar . anda pa�a yüz urup qilur duca müstecab ètdi ducasin 01 Büda

ils entourèrent le bateau avec des câbles, tous frappèrent leurs visages contre le sol en criant. Alors le pacha se prosterna et se mit à prier

1 1 90 et Dieu, exauça sa prière.

tala bata bir qayaya çiqdilar 01 Midilli qar�usidi baqdilar

Luttant contre les vagues, ils débarquèrent sur un rocher, ils regardèrent autour d'eux, ils se trouvaient en face de [Midilli 8 j un bateau p art't . 1 de Mid l'll'I a 1eur secours et les prit à bord.

bir gemi çlqdI Midilliden gel ür anlari anda gerni içre alur geldi tekfür ôpdi Midillide el 1:Iaq te' ala qildi m ü�killeri };tal

,

1 1 95 A Midilli le tekfür vint lui baiser la main,

pi�ke�ile geldi çoq tekf ür alla anlari gôren ki�i qaldi talla 1 1 74. 1 : engine çara oluban. � 1 180. quçdUor. 1/ 1190. 1 : Hüoa.

1. Voir note précédente. 2. Cf. p . 64, note 8 . -

Dieu le Très Haut avait dénoué leu,rs difficultés.

Le tekfür vint au-devant de lui avec beaucoup de présents, ceux qui virent ces présents en furent émerveillés. 1 :

qopdl �ür �er. Il 1 181. 1

3.

Cf.

:

yel varur. 1/ 1 186. Qu*dllar pour

p. 57, note 1 .

LIVRE D U D US T UHNAMB

89

pes gemisini meremmet qildilar qar�u turup çoq �iyafet qildllar

Puis ils réparèrent son bateau, 1200 ils restèrent devant lui et lui firent de grands festins.

çiqdi Izmire gel ür tenha emir anu"tlile kimd ür ede dar ü gir

L'émir repartit seul pour Izmir, qui aurait osé l'attaquer ?

êl qara geyüp qamu olmi�di yas �àô 0 liq eyledi mecm iri ünàs

Tout son peuple s'était vêtu de noir et faisait deuil tout le monde fit fête

�ày u salim çiqdi mecmüti çeri toyurur ëli yuzàtul} serveri

1205 qu,and il débarqua sain et sauf avec tous ses hommes. Le chef des gazis rassasia son pays de butin,

vêrdi her ne kim var idi penc-i yek yobsula mecmü tin oldur genc-i yek

Yine pa�a nàmeler irsal êder

Les gazis couvraient les alentours d' Izmir, la montagne et la plaine et les six côtés 8 étaient pleins [d'hommes armés. Ils descendirent tous vers le port et montèrent dans les bateaux avec leurs armes ;

Izmirü"tl cevreyanin tutar yuzat u �aQra le�ker oldi �e� cihàt

c ümlesi anda limona indiler yarayile hep gemiye bindiler

1215 dans chaque galère monta un beg quand ils descendirent au port avec leurs chevaux.

bindi pa�a bir qadiryaya dabi üç yüz ellidi gemisi ey abi 1

çalinur küs. u naqàra u boru d ü�man ister uyra�a 01 �ir 0 rü

1.

Le pacha envoya de nouveau des, lettres, 1210 il avait hâte d'entreprendre cette guerre sainte.

tay

her qadlryaya birer beg bindiler atlarile ç ün limona indiler

il donna à chacun sa part et cette part pour les pauvres était une fortune

Il tira ses bateaux vers la Mer Noire par voie de terre, il surgit et conquit le monde J

Qara Deryiiya qurudan 01 gemi çekdi qopdi let/:l 0 qildi • âl em i

01 yaza êtmege istitcal eder

Le pacha lui aussi monta dans une galère, il avait trois cent cinquante bateaux, 0 Frère 1

Les tambours, les timbales et les trompettes sonnaient, 1 220 il cherchait un ennemi pour se battre, ce lion 1

gece günd üz on toquz gün gitdiler qaraya yêgirmi günde yetdiler

Ils naviguèrent nuit et jour pendant dix-neuf jours, . le vingtième jour ils atteignirent la terre.

01 ya"tlada uracaq êl yoyidi

De ce côté-là il n'y avait pas de pays à dévaster, car la plupart des endroits étai�nt en ruines.

gerçi kim virane yerler çoyidi

1207. 1 : pene ü yek. fi Rubrique. Ed : qaradan. " 1208. 1 yazà qllmaya. Il 1 216. 1 : è rdiler. 1 . Le deuil en noir n'est pas une coutume turque

ou islamique, c'est peut-être tine : les Byzantins, en

1 ;

une influence

byzan­

signe de deuil, déchiraient

leurs vêtements, se coupaient les cheveux, se revêtaient de noir et s'asseyaient par terre ; cf. L. BRÉHIER, Civilisation Byzantine, Paris, 1950, p. :il0.

:

genc

2. Jeu

de

yek ; yo!!sula pour yoqsula. 11 1 210 1

ü

mot

intraduisible entre

pencüyek

et

gencüyek.

3.

Dans la cosmologie islamique l'espace est divisé

en six cOtés : haut, bas, droite, gauche, devant et derrière ; cf. ABDÜLBAKi GOLPINARLI, Yunus Emre, Dil1anl, p. 692.

LE DESTAN D' UM URPA CHA

90

ç ünki bunlar Germeye êri�diler yaziler Germeyi ôte a�dilar girdi bunlar Qara De7)iz 01 taraf Germe ô"I}inde bular bayladi �af 1). ük 0 m pa�a qildI ëtdiler yaraq qurudan gemi çeker olup yayaq

1 225 Quand ils arrivèrent à Germe

1,

les gazis franchirent Germe

et prirent la direction de la Mer Noire. Devant Germe ils se mirent en ligne, le pacha donna l'ordre du départ, ils s'apprêtèrent

1 230 à tirer les bateaux par voie de terre à pied ;

tabtalari dô�eyüp �ab iinile gemileri çekdi anlar ünile

ils enduisirent les planches de savon et tirèrent les bateaux en criant.

Qara De"l}ize girür üç y üz gemi borular ôter yaraqlu ademi

Trois cents bateaux entrèrent dans la Mer Noire, les hommes armés sonnaient les trompettes.

çün gemiler cümle deryaya girür 1 235 Quand tous les bateaux eurent pris la mer, ils hissèrent les voiles et se mirent en route, par ordre de Dieu . qaldurup yëlken B:aq emrile yürür Mw;; l,laf oqiyup qilur pa�a namaz ral,ll ô"I}inde Allaha qilur niyaz bir iki gün bunlar oldilar revan geçdi Istanbul ô"I}inden 01 zeman 1238.

1

:

Le pacha lisait le Coran la et faisait sa prière, devant le pupitre 3 il rendait grâce à Dieu. Ils voguèrent pendant un ou deux jours, 1 240 puis ils passèrent devant Istanbul.

ra};lle.

1 . Ger'me « muraille )J ; plusieurs villes de Turquie portent ce nom, mais aucune ne se trouv.e sur la côte dans la région des Dardanelles ; cependant ce no m Germe se retrouve dans la troisième partie de la chronique d' Enveri : « De Gelibolu (Gallipoli) il partit en guerre sainte, afin de punir les ennemis de Dieu ; d'une mer à l'autre il y avait Germe, une forte­ resse solide en face de Berklü Qavaq n (éd. p. 83, 1. 1 9 et 20). D'autres sources nous apprennent qu'Umür pacha avait également tiré ses bateaux par voie de terre lors de son expédition dans la région d'Athènes : PiRi RE' 18 (Kitii b-i Ba l;riye, Istanbul, 1935, p. 318) raconte qu'il y avait devant Ine bahtI (Naupacte) une petite île appelée Ke� i�lik ( l . Mumcilaya el �alar �ah-i cihan 1 590 Il fit signe de la main à Mumcila, le shah du monde, çaylrur pa�a dêdi : « vêrdem aman » dêdi : « qoyil anlad ey pehlivan »

le pacha l'appela et lui dit : « J'ai fait grâce, épargne ces hommes, 0 héros. »

geldi andan dabi çoq mal u quma� aItun u gümi� ü hem qiymetl ü ta�

Ils re çurent là beaucoup de biens et d'étoffes, de l'or, de l'argent et aussi des pierres précieuses.

anda deryaya yaqIn bir �eh 0 r var 1 595 Il Y avait une ville à proximité de la mer, gitdi andan anda vardl �ehriyar en quittant cet endroit, le monarque s'y rendit ; Iyrican �ehridür 01 çiqdi çoq er ba�di pa�a ardini qïldI �arar dondi pa�a 01 çeriye depdi at ba� 0 m �Indl bula ml andan necat 1593.

1

:

c'était la ville d' Iyrican 3, beaucoup d'hommes en sortirent, . le pacha les attaqua par derrière, les malmena, puis il se retourna et lança de nouveau contre eux son cheval4•

1 600 L'ennemi fut vaincu, aurait-on pu trouver le salut ?

geldi anda da b i çoq mal

0

quma�. Il 1597. P : ç oy.

1 . Mumcila, le bulgare Momitzilo, que Cantacu ­ zène prit à son service ; cf. Canto I I I, 65, ed. Bonn, II, pp. 398 -403. 2. Komotini. 3. Gratianoupolis. 4. Tactique militaire dite parthique qui consistait à tourbillonner autour de l'adversaire pour l'étourdir,

puis se dérober à l'attaque en simulant la fuite, et faire volte-face ; cette tactique était très employée par la cavalerie asiatique, les Turcs et les Mongols en particulier : F. LOT, L'Art Militaire et les Armées au moyen dge, Paris, 1 945, l, p. 206, I I, p. 281 , pp. 332 et S.

102

LE DESTAN D' UMUR PACHA

payesi qlrïldl kim(i) oldï esir elli tonlu, at alur anda emir

La plupart furent mis à mort, certains furent faits prison­ l'émir s'empara de cinquante chevaux harnachés 1. [niers,

Siif u Bulyar êllerine girdiler

Ils pénétrèrent dans les pays serbes et bulgares et s'emparèrent de beaucoup de bœufs, de juments et de [moutons,

çoq �iyir ü yund u qoyun sürdiler

gotlirürler arpa buyday bi-keran Dimetoqaya getûrdiler reva �

1 605 ils emportèrent aussi de l'orge et du blé sans limites et amenèrent le tout à Dimetoqa. Qaloyan partit pour Istanbul, le shah du monde lui en donna l'autorisation.

Qaloyan Istanbula oldi revan verdi destiir alla 01 �ah-i cihan gitdi tekfiirile pa�a aqlna atlu u yayan lraya yaqlna

Le tekfiir et le pacha repartirent en razzia : 1610 à cheval, à pied, çà et là.

Pi� 0 rev beg yolda d ünyadan gider dondi pa�a geldi ani defn eder

En route Pi�rev beg trépassa, le pacha revint sur ses pas et l'enterra.

qlldl pa�a anulliçün qat! yas qara geydi anull(i)ç ün c ümle nas

Pour lui il fit grand deuil, tout le monde se vêtit de noir,

anda fevt oldl yasaqçlsi bile

zi sac adet I:Iaq yollnda kim ole

1. 6 1 5 c'était son yasaqçi li! qui était mort. 0 quel bonheur attend ceux qui meurent au service de Dieu :

sinleleri yapllupdur ta�ile yoyrulup topraqlari goz ya�ile gitdi bol ük bol ük oluban yuzat ü�di pa�a üç ki�iyle depdi at

leurs cimetières sont faits de pierres, la terre qui les recouvre est pétrie de larmes 1 Les gazis partirent, troupe par troupe, 1 620 le . pacha resta avec trois hommes, il éperonna son cheval :

biri Ilyas beg E l).ad begdür biri hem El).ad beg oyli le�ker serveri

l'un était Ilyas beg, l'autre El).ad beg et le troisième était le fils d'El).ad, chef d'armée.

bir ulu toz qopdi qar�u nagahan le�ker êri�di bulara bi-keran

Soudain un gros nuage de poussière s'éleva en face d'eux, une armée innombrable arriva sur eux :

qalllllar arpa buyday u taru alti bill er bile çalinur boru

1 625 il y avait des chariots d'orge, de blé et de millet et six mille hommes qui sonnaient des trompettes.

geldi pa�a yanlna otuz ki�i bu qadar dur anda ancaq yolda�ï

Trente hommes se rangèrent près du pacha, il n'y avait là que ce nombre de compagnons.

Le pacha leur dit : c( Si nous fuyons, ils nous rattraperont dedi pa�a : « qaçsavuz bunlar yeter 1 630 et nous serons tous piétinés sous les sabots des chevaux ; at ayaylnda cemicumuz yiter eyü adile �ava�da olel üm c ümlemüz bunda �ehadet bulalum der El).ad beg : « isterid ük bu güni I:Iaq bu gün bititdi i�bu d ügüni » .

»

mourons en combattant avec un bon renom, trouvons ici tous ensemble le martyre. » El).ad beg dit : « Nous cherchions ce jour, Dieu a voulu qu'aujourd'hui ait lieu notre banquet funèbre 1

»

1602. P : olur. 1/ 1603. 1 : Sirl Bulyar. Il 1604. 1 : yund qoyun. Il 1610. 1 : atlu yayan Iraya VU yaqlna. 1611. 1 : Pi� 0 rev yolda. 1/ 1 615. Ed : yaqçlsl. Il 1616. Zi sa'adel pour Ôi sa'adel. 1/ 1 617. Ed : yapllldur. 1 624. 1 : bi-güman. /1 1 625. 1 : darI. 1. Donlu al, m. à m. « chevaux en vêtements » ; cf. p. 115, note 2. 2. Yasaqçl, « yasaq, code de lois), homme qui

veille à ce que l'ordre soit maintenu, fonctionnaire de police ; cf. Tarama Sozlügü, l, s. v, yasaqçl.

103

LI VRE DU D US T URNAME

1 635

çekdi qillç c ümle bunlar yüridi turduyI arada kafir qu,ridi

ta pU

qlldl c ümle geldi 01 çeri yer ôper pa�a ô7lÏnde ber biri

Ils tirèrent tous leurs épées et marchèrent. Les Mécréants tinrent conseil là où ils s'étaient arrêtés et l'armée entière vint rendre hommage au pacha ; chacun vint à son tour baiser la terre devant lui

dediler : « sa"rla qulu,z ey �ebriyar bizi qirma eylemegil kar ü zar »

et ils lui dirent :

«

Nous sommes tes esclaves, 0 Monarque 1

t 640 Ne nous tue pas, ne nous livre pas combat.

»

ta"rla batdi gôren anda 01 i�i otuz ere tapdi alti bi"rl ki�i

Ceux qui en furent témoins furent frappés d'étonnement : six mille personnes rendant hommage à trente hommes !

01 azu,q Istanbula qilmi�di cazm Dimetoqada vamp qilmadI rezm

Ce convoi de vivres se rendait à Istanbu.l, il ne livra pas combat, il fut détourné vers Dimetoqa

gitdi destfir oldl 01 alti bi.,. er Qulubaya erdi yaziler meger

1645

anu'rl elin c ümle yayma êtdiler ylquban yaqup dôn üben gitdiler çlqdI Dimitoqaya nagab bular calemi bir ayda qildl tar u mar

1 650

et ces six mille hommes eurent la permission de repartir. Quant aux gazis, ils arrivèrent à Qolba 1 et mirent toute la région au pillage. Ayant tout dévasté, tout brûlé, ils prirent le chemin du [retour et surgirent soudain à Dimetoqa : en un mois ils avaient bouleversé le monde.

dediler kim : « to'rlusar Meriç qati R fim ëlinü'rl ayri�Isar aqini »

On lui dit : « Si le Meriç gèle, les razzias en Roumélie seront impossibles.

a'rldl pa,a dabi bem qarda�larin yedügi nan ü· nemek yolda�larin

Alors le pacha pensa à ses frères, aux compagnons avec qui il mangeait le pain et le sel ;

geldi teIdfir ilerü eyledi ah : benümile 01 bu, qi� ey padi�ah

1 655

, «

»

mais le tekffir vint vers lui et dit : « Hélas ! reste avec moi cet hiver, 0 Padishah !

qI� yarayln ber ne kim vardu,r qilam ben senü'rl qapu'rlda biçare qulam

Je préparerai tes quartiers d'hiver : je suis au seuil de ta porte ton pauvre esclave !

çün bu qi� qilmaya sen bunda qarar Si tu ne restes pas ici cet hiver, beni kafir çiqup ëder tar u mar 1660 les Mécréants m'attaqueront et me mettront en déroute. sen eger gitse'rl beni al bile gi t varam Izmire evümle himmet et

Si tu veux partir, prends-moi avec toi, j'irai à Izmir avec ma maison, donne�nous ta protection.

»

Pes El)ad $uba�iyle Ilyas 0 beg gider oldl qaldï 01 �ah-i dilir

Puis El)ad $uba�i et Ilyas beg partirent, il resta, ce shah vaillant.

Gôndürür bu iki li'uba,lyl 01 ayla,uban gitdi anlar dutdl yol cUmle le,ker giidi vü cümle gemi qaldi ancaq bi'rl yarar er ademi 1637� Ed :

qu,.

Il

Il renvoya ces deux li'uba�l, ils se mirent en route en pleurant ;

1665

tapu qul d l . Il 1640. P : kar pour bl,are.

1658. 1 : bi,lire

1 . Qolba ('1), Quluba (1).

»

toute son armée et tous ses bateaux partirent, seuls restèrent mille hommes vaillants ; 0

zar.

Il 1650.

P:

tar

0

mare

Il 1652. P : ayrl� narsar. Il 1657. Ed :

104

LE DESTAN D' UM UR PACHA

aldIlar mal u quma�ln gitdiler nagahan Ayasoluya yetdiler tll�lr beg çun qaldl pa�ayl bil ür bu ikiye d ürl ü mi1).netler qIlur

ils prirent les biens et les étoffes, ils partirent et arrivèrent à Ayasoluq à l'improviste. Quand tll�ir beg apprit que le pacha était resté,

1 670 il fit à ces deux �uba�i toutes sortes de reproches,

dedi : « qani qarda�umuz nitd ü"t} ÜZ siz qoyup kafir eline gitd ü"t} ÜZ »

il leur dit : « Où est donc notre frère, qu'en avez-vous fait ? Vous êtes partis en l'abandonnant au pays des Mécréants 1 »

dêdiler kim : « biz quluz 01 padi�ah bizi 01 gônd ürdi 01 gôsterdi rah

Ils lui répondirent : « Nous sommes esclaves et lui padishah : c'est lui qui pous a renvoyés, qui nous a fixé notre route ;

el üm üzden gelmez eylemek tinad gücile kendiiden etdi bizi yad » bu ya"t}ada geldi pa�a oturur c ümle sevdaYI ba�lndan gôt ürür Zayora ovaslna vardl çeri urdl yaret qIldl yaqdl 01 yêri

1 675 il ne nous sied pas de montrer de l'obstination,

il nous a éloignés d'auprès de lui contre notre , gré. »

Le pacha séj ourna dans ce pays et chassa de sa tête toute mélancolie

-

1

Ses hommes envahirent l� plaine de Zayora 2,

1 680 ils dévastèrent, pillèrent et incendièrent cette région.

atlarlnl çaylra �alml�idi Dimetoqada bular qalml�idi

Puis, ayant envoyé leurs chevaux aux pâturages, ils restèrent à Dimetoqa.

Edrineden nagahan erdi çeri toz gôge çlqdl dider le�ker yeri

Soudain une armée arriva d'Edirne ' : la poussière montait j usqu'au ciel, l'armée déchirait le sol ;

ne qadar �a1).rada buldlsa tavar s ürdi gitdi vü toparladi bular urdIlar hem Dimetoqa dek elin üzdiler tekfüru"t} anu"t}la belin yügürüp pa�a depinüp çapinur buldi bir at bindi a"l}a depin ür

1 685 tout ce qu'elle trouva dans la campagne comme bétail,

elle le ramassa et l'emmena. ; elle dévasta aussi tout le pays jusqu'à Dimetoqa et mit le tekf ür à mal.

Le pacha s'élança, s'empressa, il courut, 1 690 trouva un cheval, le monta et l'éperonna.

yêtdi ardlndan yalu"l}uz le�kere ani gôrüp dôndi le�ker yeksere'

Il arriva seul sur l'armée par derrière ; en le voyant, l'armée se retourna d'un seul coup.

ç ün yalu"l}uz anda yetdi 01 dilir di"l}le netdi 01 bahadir la-na�ir

En arrivant sur eux tout seul, ce vaillant, écoute ce qu'il fit, ce héros sans pareil ;

1).a.mle qildi çun a"l}a c ümle çeri tutuban yoyun sÜ"l}üler her biri 01 yegirmi s Ü"l}üye SÜ"l}Ü urup �indi s Ü"l} üsi qiliç çekdi turup

c ümle kafir êri� üp urdi S Ü"l} Ü dônmedi 0 1 turdi gerüp üze"l}ü çaldi kesdi üç sÜ"t}ün ü"l} ayacin bir s Ü"l} ün ü"t} dabi yalmani ucin 1669. 1 : bulur. 1 700. 1 : gezüp.

Il 1671.

1 695 quand toute l'armée l'attaqua,

chacun tenant dans la main une lourde lance,

contre vingt de ces lances il brandit la sienne ; elle se brisa, il tira son épée ; -

tous les Mécréants le frappèrent de leurs lances,

1 700 il ne recula pas, il tendit ses étriers ;

il frappa et brisa les manches de trois lances, ainsi qu.e la pointe de l'une d'elles ;

Nitdü"I}üz pour ne etdü"l}üz.

1. Sevdii, bile noire, passion ou désir violent ame­ nant un état de mélancolie et d'égarement.

Il 1693.

1

:

yetdir. Il 1694. Nëtdi pour ne ëtdi.

2. Zayra ou Zayora, nom donné à la Bulgarie balkanique au moyen âge.

105

LI VRE D U D US T URNAME

bir atU1l boynrn çalar ylqndr 01 oldr s Ü1l üyile qIllç �a y u �ol

il frappa au cou un des chevaux qui s'écroula ; à droite et à gauche, ce n'étaient que lances et épées ;

at yrqildr çaldr issin ôld ürür yavuz étd ügini a1la bildürür

1 705 le cheval s'effondra, il frappa son maître, le tua, lui montrant sa férocité.

nagahan pa�anu"f} erdi bi"f} eri yayan olup oq atarlar her biri

Soudain les mille hommes du pacha arrivèrent : étant tous à pied, ils tiraient des flèches.

Edrine tekfüri geldi ilerü depdi atin durdr 01 le�ker gerü

Le tekfür d'Edirne 1 s'avança, 1 7 1 0 il éperonna son cheval, l'armée resta derrière ;

�unuban pa�a ani atdan qopar qalqan édindi ani 01 �ehriyar

le pacha tendit la main et l'arracha de son cheval, il en fit son bouclier, ce monarque .

depin ür 01 le�ker ani almaya ta qomayalar ba�ini çalmaya

Son armée se rua pour le prendre, afin d'empêcher qu'on lui coupe la tête ; 1 7 1 5 mais les Mécréants, criblés de flèches, prirent la fuite, leurs chevaux blessés paraissaient voler.

kafire oq urdIlar dôndi qaçar atlari mecriil}. olup �ankim uçar

Le pacha le jeta à terre et le tua , il remplit Edirne de pleu.rs et de lamentations.

yere urup ani pa�a ôldürür zar ü efyan Edrineyi toldurur qova qira gitdiler hem on bi"f} er küh u �al}.ra toldi gôvde sertaser

Ils s'élancèrent, poursuivant et massacrant dix mille hommes: 1 720 la montagne et la plaine se remplirent de corps d'un bout [à l'autre ; . '" ' 1es autres CInq Mecrean ts, 1es uns pnrent d IX, les uns les tuaient, les autres les prenaient vivants.

kimi on tutdi kimi bé� kafiri kimi ôld ürür kimi tutar diri

.

Le tekfür survint alors et vit le pacha, il avait douze homnles à ses côtés ;

çiqdi tekfür anda pa�ayi gôrür on iki er vardi yaninda turur

çoq dut alar qIldi oqur aferin 1 725 il dit beaucoup de prières, il le félicita varuban hem gôrdi 01 uyra� yerin et se rendit aussi sur le champ de bataille : gôrdi tekfür �nda hurd olmi�idi k üh u �al}.ra gôvdeler tolmi�idi dédi : « tekfüri budur Edrinenü"f} vatdesi toprayi bundaymi� bunu1l

il vit que le tekfür d'Edirne avait été taillé en pièces, que la montagne e t la plaine étaient couvertes de corps. »

il dit : « C'est le tekfür d'Edirne, 1 730 son terme était donc fixé, c'est ici que devà.it être sa tombe 1 »

ani tekfür idügin çünkim bil ü r ayladi pa�a qati nevl}.a qnur

Quand il apprit que c'était le tekfür, le pacha pleura beaucoup et se lamenta.

ani tabiita qoyuban �atdnar on bi1l altuna bahaya �atdIlar

Ils le mirent dans un cercueil et le vendirent, ils le vendirent au prix de dix mille pièces d'or.

dëdi : « bu dur taqibet tâlem i�i bu ecel �arbini içer her ki�i �ah eger qulu eger bây ü gedây cümle fanid ür gider b ay ü hüday

1 735 Il dit : « Voilà la fin qui attend tout le monde, chacun de nous subira ce coup de la mort ; »

qu'il soit shah ou esclave, riche ou pauvre, tous sont mortels, les seigneurs et les souverains passent [aussi 1 »

1 720. 1 : ktih �aJ}ra., Il 1 724. 1 : yan da. " 1728. 1 : ktih l?aJ}ra. " 1 736. P : bu ecel �arbln içer her bir ki�i. 1 738. 1 : hüB ay ; l'original de ce vers a pu être : cümle fanidür gidet baqi !l:üday. , 1 . Phrantzès, gouverneur d'Andrinople ; cf. p. 41 , note 1 0.

106

LE DESTAN D' UMUR PACHA

geldi pa�a �ehre tekfürile çün bir ulu �o 1)bet qurndi �an dügün .

Quand le pacha rentra à la ville avec le' tekfür, 1 740 Un grand festin avait été préparé, comme pour des noces ;

evine pa�ayi da'vet eyledi ba��atan evinde �o1)bet eyledi

il invita le pacha dans sa maison, il y avait fait spécialement préparer une fête ;

dêdi : « pa�a ba"t}a gelsün basteyim derd üme andan deva ben isteyim »

il dit : « Que le pacha vienne me voir, car je suis malade et je veux lui demander un remède pour mon mal. » 1 745 Le pacha se rendit dans la nuit à la maison du teldür, afin de le soulager et de le réjouir par sa vue.

geldi pa�a gêce tekfür evine ta ki yêrinmeye gore sevine

II vit tout le palais décoré, ce bel endroit avait été transformé en paradis.

gôrdi bezenmi�idi q�r ü seray cennete donmi�idi 01 büb 0 cay

Le tekf ür avait trois filles, belles comme des hüris 1, 1 750 leurs vêtements de la tête aux pieds étaient dé l'or et des [richesses ; elles étaient toutes trois couvertes de pierres précieuses, quel plaisir pour, celui qui pouvait les voir 1

varidi üç qizlari 1) üri mi�al tonlari ba�dan ayaya zer ü mal 01 qizu"t} üçi mura��at pô� 0 dur anlari goren ü"t} i�i bô� 0 dur

Tous les begs et ces filles s'y trouvaient, elles se tenaient là, adorables comme des 1) üris.

c ümle begler qizlari anda temam 1) üriler gibi cenan qnmi� maqam Des 0 pina bir qiz adi 01 nigar Q üsn,ile gormedi mi�lin rüz 0 gar

1 755 L'une des filles s'appelait Despina, elle était belle, jamais sa pareille en beauté n'avait vu le j our. Quand le tekfür les laissait voir, aucune d'elles ne laissait les âmes séjourner dans les corps.

çünki tekfür eyledi 'ar� anlari her biri tende qomazdi canlari qaldurup ba�ini êtmez iltifat ba� a�aya eylemi� �ah-i yuzat

Mais il ne leva pas la tête pour les regarder, 1 760 il baissa les yeux, le shah des gazis.

dêdi tekfür : « ey b üdavend-i cihan ben kemine quI sa"t}a sen ba"t}a ban

Le tekfür lui dit : « 0 Seigneur du monde, je suis ton pauvre esclave, tu es mon khan r

mal u ba�um oylum u qizum sen ü"t} bu cihanda ne ki var biz üm senü"t}

Mes biens, ma tête, mon fils, ma fille, tout est à toi : tout ce qui dans ce monde est à nous, est à toi ;

i�bu üç qizdan birini al sa"t}a » gôrdi pa�a bunlari qaldi ta"t}a

1 765 prends donc pour toi l'une de ces trois filles. . Le pacha les vit, il en fut ébloui,

utanup dondi otayina gider qarda�i tekfüri 01 nümid êder

»

il rougit, se retourna et regagna sa tente s. Il jeta son frère le tekfür dans le désespoir.

Un mécréant vint le trouver et lui dit : « 0 Monarque 1 geldi bir kafir dëdi : « ey �ehriyar al qizin tekfüri qnma �er 0 msar » 1 770 Prends donc sa fille, ne rends pas le tekfür honteux. » 01 zeman pa�a dêdi 01 kafire

Le pacha dit alors à ce Mécréant : « Mais cela se fait-il de donner sa fille à son frère ?

qarda�um tekfür 0 dur qizi qizum dinüm üzde yoqdurur i�bu biz üm »

Le tekfür est mon frère, sa fille est ma fille, dans notre religion cela ne se fait pas. »

«

qarda�a ne vec

1761 .

1

0

h ki�i qiz vere

: büoavend-i cihan. Il 1 773.

1

: qarda�l ; P : le

1 . /f üri, les vierges éternelles du Paradis, douées d'une beauté céleste et de toutes les vertus, qui seront les compagnes des bienheureux.

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2. Olay (> oda, « chambre »), la tente du chef ; cf. Ka� garl , III, p. 208.

LI VRE D U D US T URNAME

107

Je te raconterai la pureté du pacha tends l'oreille à mon récit.

Art dirligini pa�anu"t} sa"t}a �erQ 0 qïlam qulay ap benden ya"t}a

Geldi ardin sôze Despina nigar pi�e-i dinde qila sirri �ikar

1 775 Puis l'histoire en vient · à Despina la belle qui menait une chasse secrète dans la forêt de la religion.

Ses vêtements étaient semés de perles et rubis, ses épaule s elle dévoila son visage et parla au pacha. [couvertes de rJoyaux 1 ; dêdi a"t}a : « ne d ür adu"t} ey nigar Il lui dit : « Quel est ton nom, 0 Beauté ? gêce gêldü"t} bizi qildu"t} �er 0 msar 1 780 Tu viens vers nous au milieu de la nuit, tu nous rends tou.t [honteux 1 seni bunda kim getürdi sôylegil Qui t'a amenée ici, dis-le moi ? ne ki l).alü"t} var l).ikayet eylegil » Que me veux-tu, conte-le moi ? » toni inc'Ü lacl u yaqüt omuzi yüz açup pa�aya sôyler 01 sôzi

dêdi zari qilup 01 qiz : « ey begüm seni gôrdüm qalmadi caqlum ogüm kirpik oqin qa�laru"t} yayi atup 1 785 yara urdU"t} gÔ"t}lümü"t} qu,�in ôtüp al beni olam sa"t}a bir qarava� terk êdem yolu"t}a milk ü can ü ba� » dèdi pa�a : « dé ned ür adu"t} ba"t}a ben seni gôrübeni qaldum ta"t}a »

Elle lui dit en soupirant, cette jeune fille : « 0 mon Beg, depuis que je t'ai vu il ne m'est resté ni sagesse, ni raison : les arcs de tes sourcils en jetant les flèches de tes cils m'ont blessée et ont percé l'oiseau qui battait dans mon [cœur 1 Prends-moi, je serai pour toi une esclave, j'abandonnerai p our te suivre mes biens, mon âme et ma vie. »

Le pacha lui dit : « Dis-moi quel est ton nom, 1 790 car en te voyant je suis tout ébloui 1 »

dêdi qiz : « çun ba"t}a tapu"t} qavu,�a adum eydem sa"t}a ben ey padi� a »

« Quand tu auras répondu à mon amour 2, Majesté, lui dit la alors je te dirai mon nom, 0 Padishah 1 » [jeune fille,

dédi : « buni u�lu dêmez ey nigar yoq bizüm dinde l).arama iCtibar

Il dit : « Une fille sage ne dit pas cela, 0 Beauté 1 Dans notre religion l'amour défendu est sévèrement puni

kim uyar Iblise 01 uymi�duru,r 1 795 Celui qui s'y donne " se donne à Iblis celui qui l'accomplit 6 sera brûlé. » �ol ki maq�üda èrer gôymi�d ürür » dédi : « gôymek l).addan a�di ey emir redd édüp qilma beni bor u l).aqir

3.

5,

Elle lui répondit : « Ce que je ressens est plus fort que le feu [de l'Enfer, 0 Emir. Ne m'humilie pas par un refus.

Je ne suis pas en état de supporter la douleur de la sépa.ra­ yoq qararu,m furqata duymaz ôzüm �abr édemezüm sa"t}a budur sôzüm)) 1 800 je ne puis plus résister, voilà ce que j'ai à te dire 1 » [tion, dédi pa�a : « ey qati yüzl ü nigar nefse uyup sende yoq �abr u qarar (

Le pacha lui dit : « 0 Beauté Effrontée 1 cèdes au désir, tu n'as pas la force d'y résister ?

Tu,

Rubrique : dürligini pour dirligini. Il 1782. P : ne I,lalü"t} I,likayet eylegil ; Ed : ne dürür l). alü"t}. " 1 785. P : qa�larln. " 1790. P : gÔrüben. " 1 792 1 : adum1. " 1794. 1 : yoq bizüm hergiz I,larama i'tibar. " 1795. 1 : uyur. pour uyar " 1797. 1 : l,laddln. " 1798. 1 : I,lor. U 1 799. P : duyman. 1. Yaqut, ( � gr. ù.xl'.W66Ç, « hyacinthe » ), « pierre précieuse )) ; �arl yaqut, « topaze » ; qlrmizl yaqut, « rubis ) ; gak yaqut, « saphir », etc . . . 2 . Qavu�maq, « accomplir l'acte sexuel » ; cf. Ka� ­ gari, II, pp. 102-103. 3. M. à m. « ce qui est défendu n'est pas tenu en considération ». !!arum (contraire de tzalul), Il ce qui

est illégitime, toute chose défendue par la religion ou contraire à la morale ». 4. Uymaq, « se conformer [ à quelque chose ] lI, �eylana uymaq, (1 se laisser tenter et induire au mal D. 5. Iblis ( � gr. at.x�oÀo�), le Diable. 6. Maq� ii.d, « le but » ; au sens figuré : « l'accom­ plissement de l'amour ».

LE DES TA N D' UM UR-PACHA

1 08

yüri utan Te"t\riden qoyn bizi olma yüzsüz dème bu resme sôzi

»

Va-t-en, aie honte devant Dieu, laisse-nous, ne sois pas sans pudeur, ne parle pas ainsi ! » 1805 En le voyant fâché, la jeune fille se troubla, elle essuya un échec, elle en fut honteuse.

qaqryuban 01 qrz oldr m ünfa fil buldr l).rrman oldr i�inden bacil

Le pacha cacha soh visage dans ses mains et les tenant devant ses yeux, il maudit sa faiblesse.

gômmi� ellerini pa�a yüzine qar�u tutup vèrdi qarr� ôzine

La jeune fille partit, déçue, en regardant derrière elle, 1 8 1 0 remplie de confusion, les larmes de ses yeux coulaient.

gitdi mal}riim olup ardrna baqar bacIetiIe gôzleri ya�r aqar d ün ü gün pa�anu"t\ i�id ür yaza nefse uymayup qnur dayrm ceza

Le devoir du pacha, jour et nuit, est la guerre sainte, en résistant au désir, il doit se punir sans cesse.

nefsi kim yè"t\er yaza èder ulu 01 ebed diri qalur olmaz ôl ü

Celui qui surmonte le désir fera de grandes victoires, il restera éternellement vivant, il ne mourra pas.

. nefsi ba�san pehlivan srn sen qat! 1 8 1 5 Si tu peux étouffer le désir, alors tu es un vrai héros et tu trouveras la gloire dans le royaume de Dieu.. bullsarsrn I:Iaq qrtlnda fizzeti Ce qui apporte aux hommes la calamité, c'est le désir et la puisse Dieu éloigner de nous ces maux ! [passion,

ki�iye qilan bel a nefs ü heva bizden anu"t\ �errini Te"t\ri �ava

Qui pourrait décrire la perfection du pacha ? 1 820 II cherchait ce qui était permis et ne mangeait pas du. fruit [défendu. gëce geçdi çùnkim oldr �ub 0 l).dem La nuit passa, quand arriva le matin turdr dïvan geldi tekfiir anda hem le tekfiir vint le trouver et prit une attitude de respect ; kim dèye pa�a kemalini temam 01 l).alal isterdi yèmezdi l}aram

alors le pacha dit au tekfiir : Tous ces pays se sont rendus à toi d'un bout à l'autre

dëdi pa�a anda tekf iira meger : « tapdr bu ëller tapu"t\a sertaser

«

1 825 et nous pouvons partir en te remettant ton empire ; ta main s'étend sur tous les begs,

giderüz r�marIaruz sa"t\a èl ü"t\ üstün oldr c ümle beglerden el ü"t\ bize gemi çaresin ëtInek gerek ç ün bahar oldr bize gitmek gerek i�bular bu sôz içindeydi meger gel di Istanbul içinden bir baber

»

il faut maintenant que tu nous trouves des bateaux, car le printemps est venu et il faut que nous partions.

»

Tandis qu'ils se disaient ces paroles, 1 830 une nouvelle arriva d' Istanbul,

favretinden geldi tekfiiru"t\ ki�i dëdi : « ey pa�a yavuz ëtdü"t\ i�i

un envoyé vint de la part de la femme du tekfiir 1 et dit : « 0 Pacha, tu as mal agi :

biz senü"t\le yavuz ètmedük niçün kafir ëllerin yrqarsrn d ün ü gün

nous ne t'avons pas fait de mal, pourquoi dévastes-tu les pays des Mécréants jour et nuit ?

dë Domestikosa yavuz êtmesün êyü yrqdr bizi 01 incitmesün

1 835 Dis à Domestikos qu'il ne fasse plus de mal ; il nous a beaucoup ruinés, qu'il ne nous opprime plus.

1801. Gomi� pour gommi� ; on attendrait plutôt : gommi� ellerine pa§a yüzini . I l 1811. 1 : dün gün pa�anuYj i�idi yaza. 1/ 1814. P : diri olur. Il 1818. 1 : Te"t\ri 'ilora. Il 1832. 1 : yavuz étdüYj bizi. Il 1 834. 1 : dün gün.

1. La régente Anne de Savoie, femme d'Andronic III.

109

LI VRE DU D US T URNAME

Cbizüm el ümüzi bize qo' degil alduyi olsun anU7} qaydin yegil

Dis-lui qu'il nous laisse notre pays, nous lui rendrons ce qu'il nous a fait 1, qu'il s'en méfie 21 »

»

genc ü mali bi-l:ladd 01 diler done lik 0 yoqdurur gemi a7}a bine

Il avait des biens et des trésors sans nombre, mais il voulait [rentrer

1 840 et il n'avait touj ours pas de bateaux.

Qaloyan beg anda tekfür oyli hem gemiler gond ürdi eyledi kerem

Alors Qaloyan beg, le fils du tekfur, eut la bonté de lui envoyer des bateaux ;

be� qayiq yêgirmi qadirya gel ür bunlari mal)zün iken burrem qilur

cinq barques et vingt galères arrivèrent, elles dissipèrent sa tristesse et le rendirent j oyeux.

01 gemileri tola�durup meger Merice qoymi�laridi nagahvar

1 845 On fit entrer ces bateaux

dans le Meric, ils accostèrent à l'improviste ;

Dimetoqanu7} o7}ine indiler �aô 0 liq qilup gemiye bindiler

les Turcs descendirent de Dimetoqa et, remplis de joie, montèrent dans les bateaux.

gondürür pa�ayi tekfür evine ta ki gore qarda�larini sevine

Le tekfiir renvoyait le pacha chez lui,

1 850 afin qu'il revit ses frères et se réjouît.

Inoza dek gondürür tekfür ani dondi evine yerini yerini

Il l'accompagna jusqu'à Inoz 3, puis il rentra chez lui tout triste.

çün bular engine dü�üp gitdiler nagahan Izmire bir gün yetdiler

Alors ceux-ci voguèrent au large et arrivèrent un j our à Izmir.

hem tJï�ir beg hem Bahadur beg 1 855 tJi�Ir beg et Bahadur beg vinrent à sa rencontre, gorü�üp birbirine tizzet qilur [gel ür ils se virent, ils s'embrassèrent ; t Isa beg et S üleyman Shah 'arrivèrent aussi, tou,s ceux-ci étaient les frères du pacha.

geldi t Isa beg S üleyman �ah dabi 'kim bular pa�aya dur c ümle abi c ümle pa�adan alurlar armayan buli�up l)asretler oldI �ad 0 man

Il leur donna à tous des présents,

1860 en se retrouvant leur tristesse se changea en joie.

geldi pa�a çIqdI çün Izmire �ad d ün ü gün I:Iaq ôikrini eyledi yad

Quand le pacha arriva tout j oyeux à Izmir, jour et nuit il invoqua le nom de Dieu.

y�ne qarda�lari gitdi yerine verdi bi-l)ad mal anU7} her birine

Ses frères repartirent de nouveau, tout tristes, il leur donna à chacun des richesses sans nombre.

HWace Selmandan i�idildi bu soz yaza katip naql eder 01 yüze yüz

1 865 Ce récit entendu de HWace Selman,

l'auteur l'a transcrit en le rapportant fidèlement 4. Ici les Francs débarquèrent à Izmir, ils livrèrent combat et s'emparèrent de la forteresse du port.

çrqduyr Izmire bundadur lirenk • aldr limonu7} tzi�iirrn qlldr cenk

Di7}le ne vechile d ür bu das 0 tan evvel-abir �erl) eydem ey dos 0 tan 1 840. Ed

:

yine pour bine.

Il 1 843.

Ecoute de quelle manière est composé ce récit : je vous le raconterai avec tous ses détails 6, 0 Amis 1 1

:

pes qaylq.

1 . A lacay l olsun, m. à m. « que (le mal qu'il a fait) lui soit rendu, qu:il lui reste à recevoir ce qu'il a fait » ; « on le lui rendra, il le paiera Il . 2. (Bir §eyin) qaydlnl yemek, "s'inquiéter pour quel­ que chose. "

1 846. Negahviir pour nagahvar. Il 1866. P

:

yazdl.

3. [noz, Aenos, à l'embouchure de la Maritza. 4. Cf. pp. 31 , 32. 5. Evvel- a/J lr (j.)I\ J' JJ)I\ 0A) « depuis le

début jusqu'à la fin ».

LE DESTAN D' UMUR PACHA

1 10

Parce que le pacha avait dévasté les pays des Mécréants, 1 870 parce qu'il s'était emparé de leurs biens et de leurs têtes [et les avait mis à mal,

ç ünki pa�a yiqdi kafir êllerin mal u ba�in aldi üzdi bellerin c ünile kafirden alup bac u barac qomadï kafir elinde tant u tac

parce qu'il avait prélevé de tous les Mécréants bac et barac et n'avait laissé entre leurs mains ni trône ni couronne ;

Qara Deryaya u Aq Deryaya 01 çoq yazalar eyleyüp çoq a�di yol

parce que dans la Mer Noire et dans la Méditerranée il avait remporté beaucoup de victoires et franchi beau­ [coup de chemin,

aldi deryadan bir ayliq yol temam 1 875 parce qu'il avait pris de la mer un mois entier de route et avait détruit ceux qui refusaient de lui rendre hommage, urdi kim tapmadisa 01 nik 0 nam [cet homme au bon renom, Arnavud u R üm u Bulyar u Firenk ittifaq etdi derilüp qila cenk vardi Babosa bular feryad êder her ne pa�a etdise anlar yad eder

les Albanais, les Grecs, les' Bulgares et les Francs se coalisèrent pour lui faire la guerre 1.

Ils allèrent trouver le Pape 2 et se plaignirent à lui, 1 880 ils lui racontèrent tout ce que le pacha avait fait.

pes Babos buyurdi kim cemt ola mal qUa pa�ayi bular ta payimal

Alors le Pape décréta de rassembler des biens, afin de détruire le pacha.

her bir iqlime Babos Q. ükm eyledi « din yolina çali�ul} » der sôyledi

Le Pape donna l'ordre à tous les pays : « Mettez-vous au service de la religion », leur dit-il.

1 885 Les uns donnèrent mille florins, les autres cent, bill filuri kimi vêrdi kimi yüz les uns cinq cents, les autres cinquante ou trente ; kimi be� yüz kimi elli kim(i) otuz toldururlar çoq nazayin mal ü genc ta ki vereler pa�aya d ürl ü renc

ils amassèrent beaucoup de trésors, de biens et de j oyaux, afin d'infliger au pacha toutes sortes de maux.

Beaucoup de cottes de mailles, de boucliers, de cuirasses et çoq 0 zirh hem qalqan u çuqal i�iq d üzdiler bi-Q.add oluban müttefiq 1 890 furent fabriqués par ces pays alliés ; [de heaumes hem qiliçlar Q.arbeler hem gürdeler d üzdiler bunlar çeri etmek diler

ils firent aussi des épées, des j avelots et des poignards, , ils désiraient constituer une armée ;

d üzdiler hem çal}ralar hem zenberek oq u yaylar bile qildilar t üfek

ils firent aussi des chancres et des arbalètes, des arcs et des flèches et des t üfeks ;

yonilur qadiryalar çoq eri� ür �ava� alatin d üzenler düru�ür

1 895 ils construisirent beaucoup de galères, les fabricants d'engins de guerre travaillaient sans relâche ;

yaray eylediler üç yil on bir ay ç ün temam oldi çalindi küs u nay

ils se préparèrent pendant trois ans et onze mois et quand tout fut prêt, ils firent sonner tambours et flûtes.

gemilere yoyidi atdad u Q.add Le nombre de leurs bateaux était incalculable, kimse qilmami� kitab içinde Q.add 1 900 personne dans les livres n'a cité tant de bateaux ! �ol Mese Marti ki tutyun idi 01 çiinki tekfür ôldi nagah buldi yol

Ce Messire Marti 3 qui était prisonnier, retrouva sa liberté à la mort du tekfür ;

1 870. 1 : mal vu ba� al dl vü üzdi bellerin. Il 1880. Ce vers est hypermètre. cern' ola mal. Il 1 889. 1 : çoq zlrh qalqan u çuqal u 1�lq. Il 1 8 9 4. 1 : qaldllar. 1. Cf. p. 47, note 10. 2. Le Pape Clément VI (1342-1352).

Il 1 881.

1

:

pes Babos buyurdl

3. Cf. p. 51, note 2 et p. 56, note 1.

LI VRE D U D US T URNAME

111

Babosa vardi çeriye oldi ba� diler 01 pa�ayile qila �ava�

il arriva près du Pape et devint l'un des chefs de l'armée ; il cherchait l'occasion de se battre contre le pacha.

bir bahadir varidi Batra� adi 1905 Il Y avait un guerrier nommé Batra� 1, ba� olur hem Babos a"t}a : « var » dëdi il devint chef, lui aussi, et le Pape lui dit : « Va ! » hem · Mese Piri dabi ba� êtdiler dêrilüp bi-I}.ad çeriler gitdiler her ne adaya kim ëri�di çeri bile gônülerdi 01 ada eri

Messire Pir S fut nommé chef, lui aussi ; ayant rassemblé des troupes sans nombre, ils partirent.

1 910

Dans chaque île par où ils passaient, ils se ralliaient aussi des hommes ;

cern' 0 her millet olur efrengile kimi bô�luyile kimi rencile

tous les pays s'unirent aux Francs, les uns de bon gré, les autres par la force.

Dimetoqadan vêribidi baber qarda�i tekfür 0 dur kim qopdI �er

De Dimetoqa on envoya la nouvelle au pacha, son frère, le tekfür, était dans l'inquiétude .

bildi pa�a kim gel ür çoqluq firenk içleri kin tolu ti�laridi cenk

1 915

Tandis qu'il en lisait la nouvelle, soudain les bateaux appa­ remplissant le monde de leurs cris de guerre : [rurent

gôrinür bu sôzdeken nagah gemi toldurup avaz-i yavya calemi gemilerü"t} kimisidi Rodosul} kimi Babosu"t} kimi Iyribosul}

Le pacha apprit que venait une multitude de Francs, que leur cœur était plein de haine et qu'ils apportaient la [guerre.

1 920

les uns appartenaient à Rhodes, les autres au Pape et les autres à Iyribos

3.

birayup lenger qamusi çekdi �af lJaq teCala bunlari qila telef

Jetant l'ancre, ils se rangèrent tous en ligne de bataille puisse Dieu le Tout Puissant les anéantir 1

vëribir üç oqi Batra�-i latin I}a�ret-i pa�aya tolu kibr ü kin

Batra� le Maudit lança trois flèches 4 à son excellence le pacha, remplies d'arrogance et de haine ;

dëdi : « sa"t}a ururam üç oqlari hem senii"t}le ôld ürem ben çoqlari » bu dabi üç kesme gôndürdi a"t}a dèdi a"t}a : « buyise qal?du"t} ba"t}a

1 925

il lui dit : « Je te lance trois flèches et je tuerai avec toi beaucoup de tes hommes 1 » Mais le pacha lui envoya trois traits 5 et lui dit : « Si c'est cela ton intention envers moi,

1905. Ed : Batras. Il 1 907. Mese Marti : il faut vraisemblablement lire Mese Piri . lardl. Il 1916. P : içleri kin tolu u tl�laridi cenk. Il 1 920. 1 : Iyribosusu"t}. 1. Henri d'Asti, patriarche (yuz, tribu turque, pp. 29, 34, 50, 57, 95.' Omer, calife, p. 126. Omeyyades, califes, p. 29. Or"Q.an, sultan, pp. 32, 56, 60, 86. Orhan, p. 60. Organ, émir de Mente�e, p. 73. 'O§man, calife, p. 126. 'O§miin, sultan, pp. 30, 32, 33, 39, 49, 72. 'O§miin Aydlnoglu, pp. 39, 46, 78. 'O§miin (maison d'), pp. 23, 28, 29, 32, 33, 35. Ottoman (empire), pp. 23, 54. Ottomans, pp. 24, 29, 30, 32, 53. Oxford (Bibliothèque Bodléienne à), pp. 35, 36. OZbek, p. 37. Pachymère, chroniqueur, pp. 38, 39. Paléologue (Balyoyolos), p. 75. Pallavicini (Guglielma), marquise de Bodonitza pp. 66, 67, 68. Pallavicini (Guido), p. 66.

Pape, pp. 72, 93, 110, 111, 117, 118. Parakimoménos, voir Apokaukos. Paris (manuscrit de la Bibliothèque Nationale de), pp. 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 33. Paros (Bara), pp. 41, 86. Peresto, voir Beserto. Pergame, voir Bergama. Perithéorion, voir Buru Qal'e. Perse, pp. 28, 33, 73.' Petite Arménie, p. 47. Phères, p. 124. Philadelphie, voir Ala�ehr. Phocée, pp. 51, 87. Phrantzès, gouverneur d'Edirne, pp. 41, 105. Phrygie, p. 46. Piémont, p. 25. Pierre dalle Carceri, voir Carceri (Pierulo dalle). Pierre Zeno, voir Zeno (Pierre). Piri Re'is, p. 90. Pi�dadi, dynastie de la Perse, p. 29. Pi�rev beg, pp. 49, 62, 79, 97, 102. Poros (en Thrace), p. 40. Prophète, voir Mu1;lammed, Prophète. Prophètes (les), pp. 28, 29. Psara, île, voir Ipsin. Pyrgion, voir Birgi. Rachidiens, califes, p. 29. Rama�iin (mois de), pp. 25, 26, 27. Ra�ideddin, historien, p. 61. Rhodes, île, pp. 39, 42, 77, 111. Rhodes (Chevaliers de), voir Hospitaliers (Chevaliers de Rhodes). Rhodope (Mont), p. 4t. Rhvan, p. 129. Romains, p. 47. Roumélie, p. 24. Rom (pays de), pp. 34, 47, 55, 63, 64. Rû.meli (pays de). pp. 47, 95, 103. R û.meli I:Ii�ar (Boya� Kesen), p. 30. R üstem, héros du Shahname, p. 121. Sa'deddin Mübiirek Qablz, p. 46. Saffarides, rois de Perse, p. 29. Sa'id, pp. 82, 83. Saint Jean, église à Ephèse, pp. 39, 47. Saint Jean-Baptiste, église à Izmir, p. 116. Sainte Marie, église à Izmir, p. 39. �aqlz (Chios), pp. 40, 41, 42, 51, 55, 56, 58, 59, 60, 84. Salamine, voir Quluri. Salgurides, rois de Perse, p. 29. Salonique (Thessalonique, Selânik), pp. 41, 66, 93,

_

94, 96, 98, 124.

Sam-i Suvar, héros du Shahname, p. 121. Samanides, rois de Perse, p. 29. Samarcande, p. 32.

LE DESTAN D'UMUR PA_CHA

154

Samothrace, pp. 40,6L Sancunos (île de Siphnos), pp. 41,86. Sanyunos (île de Sikinos), pp. 41,86. Sanudo (Nicolo 1), duc de Naxos, pp. 85,86. Sanudo (Nicolo II), duc de Naxos, p. 11L $arl $altuq Dede (épopée de), (�altuqname), pp. 34, 49.

$arlca Kemal, poète, p. 24. $aruhan, (Sari:an), fils d'Alpagi, émir, pp. 60, 61, 120,122,123,125.

$aru!:!an (émirs de), pp. 46,56,60. $aruhan (pays de), pp. 60,81,123. $aruhan, voir Süleyman, fils de $aru�an. $aruhan, voir Temür Khan, fils de $arugan. Sasa beg, pp. 38,39,45,46,47,48. Sassanides, rois de Perse, p. 29. Seldjoucides, sultans, pp. 29,32,34,46,50,61,63,69. Seldjoucide (empire), pp. 33,35,47,58. Semerqandi, chroniqueur, pp. 29,32,33. Serbes, pp. 41,47,62,87,102,124. Serbie, p. 24. Serrès, voir Siroz. Seyyid Battal (épopée de), p. 34. Shah Süleyman, fils d'Or�an, p. 30. Shahname, œuvre de Firdousi, p. 12L Sikinos, voir Sanyunos. Siphnos, voir Sancunos. Siroz (Serrès), pp. 41,99. Siroz (tekfür de), p. 99. Sivas, p. 117. Skopelos, voir Iskebolos. Skyros, voir Uskura. Smyrne, voir Izmir. Spanos, voir I�pen. Süheyl ü Nevbahar, poème, p. 35. Süleyman (Emir), fils de Bayezid YIldlrlm, p. 33. Süleyman Aydlnoglu (Süleyman Shah), pp. 48, 49, 73, 109, 113, 128.

Süleyman, fils de $arugan, pp. 40, 41, 42, 78, 79, 81,95,96,123,125.

Süleyman, émir de Germiyan, p. 32. Süleyman. émir de Qaresi, p. 123. Süleyman, émir de HI�Ir beg, p. 116. Sultan I:Ii�ar (Nyssa), pp. 40,46,48. Sultan Veled, fils de CeIaleddin Rümi, p. 35. Symbolon (monts du), p. 99. Syrie, p. 73 $uca beg, p. 74. �ukrullah Rümi, chroniqueur, pp. 24,30. . Tabriz, p. 28. Tanta Qal 'e, p. 65. Taurus, p. 115. Teferrücname (Livre de Plaisance), œuvre d'Enver!, pp. 28, 29, 45.

Temür khan, fils de $aruhan, pp. 40,6L Temürta�, p. 117. Ténédos, voir Bozca. Tevaril!-i Al-i Selcuq (Selcuqname), chronique de Yazlcloglu 'Ali, pp. 23, 63. Tevari�-üs-Selatin-ül-'O§maniyye, œuvre de Ni�anci Me l)med pacha, p. 33. Thèbes de Béotie, voir Istefa. Thermopyles, pp. 64, 66. Thessalie, pp. 77, 80,87. Thrace, pp. 40, 41,6L Thyraion, voir Tire. Tiepolo-Guisi, p. 64. Timur-Leng, p. 33. Tire (Thyraion), pp. 40,49,112. Toyan, fils d'Arslan, p. 116. Toyrul, sultan Seldjoucide, p. 29. Tonzus, voir Tunca. Torfil, voir Dauphin Humbert II. Tou-kiue (Turcs), p. 63. Tral1es, voir Aydln. Trébizonde, p. 47. Tunca (Tonzus), p. 95. Turcs, pp. 28,34, 38,39,40,47, 49,53,54,56,58, 61, 62,63, 64, 68, 69, 77, 85, 86, 87,93,95, 96,97,98,100,101,109, 111,112, 113,114, 115, 116,117,118,119,121,122,129.

Turquie, pp. 24,90. Tursun beg, fils _de Qaresi, p. 123. Tuzla, p. 65. Uyurlu beg, p. 97. Ulu Cami', mosquée de Birgi, pp. 39,45. 'Umari (Al-), pp. 45,46. Umür pacha Aydlnoglu (Baha-edclin Umür pacha), émir d'Izmir, pp. 23, 28,32, 35,39,40, 41,42, 45, 48,49, 50,51, 52, 53, 54, 55,56,57,58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 66, 67, 69,70, 71, 72, 73, 74, 75� 76, 77, 78, 79, 80, 81,82, 83,84, 85,86,87, 88, 89, 90,91, 92,93,94,95,96, 97,98, 99,100,101, 102, 103,104, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 115, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 130.

Umür Yèri, p. 90. Uskura (Iskura, Skyros), pp. 41,64, 88. Uygurs, p. 63. Vaillant, orientaliste français du XVIIe siècle, p. 25. Valachie, voir Eflaq. Valachie (campagne de), p. 28. Valaques, voir Alains. Venise, pp. 66,69,11L Venise (bayle de), p. 69. Vénitiens, pp. 69,85. Veria, voir Berrhoé.

155

INDEX

Vérone, p. 69. Volo, golfe, pp. 77, 87. Wansleben (père), voyageur du XVIIIe siècle, p. 25. Xanthia, voir Eksya. Yah�i, fils de Qaresi, émir de Bergama, pp. 40, 77, 123. Yal!�i Faqïh, chroniqueur, p. 32. Ya'qüp, fils d"Ali�ïr, émir de Germiyan, pp. 45, 46, 123.

Yayça (Jajcza), ville de Bosnie, p. 28. Yazïcïoglu 'Ali, chroniqueur, pp. 23, 63. Yïldïrïm Bayezïd, voir Bayezid, 1. Y6rük, tribu turque, p. 115. Y ûnus Emre, poète, p. 35.

yüsuf beg, pp. 49, 58, 64, 79. Zaccaria (famille des), p. 40. Zaccaria (Bartolomeo), p. 66. Zaccaria (Benedetto), p. 51. Zaccaria (Manuel), p. 51. Zaccaria (Martin), (Messire Marti), pp. 40, 51, 55, 56, 66, ,85, 110, 114, 116, 118.

Zayra (Zayora), plaine, pp. 41, 104. Zeno (Pierre), bayle de Négrepont (Messire Pir), pp. 40, 69, 77, 111, 114, 116. Zigna (Zichna), pp. 41, 99. Zonaras, chroniqueur, p. 29. Zorzi, voir Giorgio.

MATIBRES

DES

TABLE

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13

LISTE DES ABRÉVIATIONS ET SIGNES EMPLOYÉS











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INTRODUCTION

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AVANT-Pl\OPOS

















OUVftAGES CONSULTÉS





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Les manuscrits, p. 2(. Düstornlme, p.

30.

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0

L'œuvre et son auteur, p. 27.

ques remarques sur la langue du Düstornlme, p. d'Umor Pacha, p.

-

Composition et sources du

Le Destin d'Umor Pacha dans la littérature turque, p.

36.

33.

Quel­

-

Les données historiques du Destin

-

38.

LE DESTAN D'UMÜR PACHA, TEXTE ET TRADUCTION

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LEXIQUE



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INDEX DES NONS DE PERSONNES ET Di: LIEUX





























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IMPRIMERIE

DES

PRESSES

FONDERIE DU MIDI ÉDIT. : 23.152

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UNIVERSITAIRES BORDEAUX IMP.':

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