Hegel ou Spinoza   [HORS COLLECTION ed.]
 270711961X, 9782707119612 [PDF]

  • 0 0 0
  • Gefällt Ihnen dieses papier und der download? Sie können Ihre eigene PDF-Datei in wenigen Minuten kostenlos online veröffentlichen! Anmelden
Datei wird geladen, bitte warten...
Zitiervorschau

Armillaire se veut un espace de refaion ouvert a toutes les sciences humaines et li toutes les combinaisons de ces diffkrents savoirs. Son ambition ? Aider l'honnete homme li faire le point des connaissances, li aborder de nouveaux terrains, ri klaborer de nouveaux outils conceptuels. Chacun des ouvrages de cette collection participe a l'intelligibilite' du monde et des hommes d'hier et d'aujourd'hui.

DLpassant le clivage habitue1 entre les disciplines, n'he'sitant pas ci emprunter des chemins inqlore's, Armillaire rassemble des livres s'adressant a la fois ri l'l~istorien, au philosophe, a l'e'conomiste, a I'ethnologue, a l'e'pistkmologue, au biologiste, a l'historien des religions... Des ouvrages dont la dkmarche, l'e'criture, et le ton, libres des modes, ofient au lecteur dksireux de saisir ['essence des choses grbce a la c l a d des mots une approche stimulante d'un objet particulier.

Hegel ou Spinoza

La sphkre armillaire dessinCe par M. Dessertenne, qui figure en ttte de I'ouvrage, est extraite du L.arousse d u x,Ysi.?rle avec l'aimable autorisation de la Librairie Larousse.

.

0 2

I-

UI-

:% .%

s% EG

Georges Albert Astre, Pierre Lipinasse, La dktnocratie contrariie. L>obbieset je~u.d~rpouvoir alcx Etclts-Unis. Lire Braudel, ouvrage collectif. Jean-Michel Besnier, La politiq~~erlc 1 'ir71possible. L 'intellectuel erztre rkvolte el enguger rlent. OIivier BCtournC et Agl:tia I. I-Iartig, Penso l'histoire de la Rkvolutior~ frmcaise. Edward H. Carr, Qu'est-ce qirc I'histoire ? Maria Daraki, Une religiosi~Csor~sDieu. Fran~oisDosse, L'histoire en nzietres. Des Annoles a la Nouvelle Histoire. Jean Duvignaud, Hb-e'sie ot S L I ~ V P I S ~ OEssais ~L. sur lhnomie. Esprit, TraversCes d~rXX' siecle (ouvrage collectif). Fran~oisFourquet, Richesse ct l)uissar~ce.Une gknialogie de la v a l ~ ~ t r . Jean-Yves Guiomar, La nation er~trzI'histoire et la raison. Michael IgnatieR', La libcrtk d'2tre h~tmain. Essai sur le de'sir et le besoin. Gilles Kepel, Le Propll?te et Plzcrtnon. Lc.7 morivements islarnistes duns I'Egypte contempomir~e. Zaki Lai'di, Les contrnintc.~d'llne rivalitt Les superpuissances et I'Afrique (1960- 1985). Abdallah Laroui, lslo~net 171orlerrlitL Bernard Lewis, Comrnerzt I'lsltrrn o de'couvert I'Erirope. C.B. Macpherson. Prirzcipc~set limites dc la dkmocratie libkrale. Silvano Petrosino, Jacques Rolland. La vb.itC nomade. lrltroduc~ion2 Errrrnari~lelLPvinas. Shlorno Sand, L'ill~rsior~ (111 politiqrle. Ckorges Sore1 et le dkbat ir~tellect~~el 1900. Pierre-Andri. l'aguicff, Ltr jor.ce (111 p+jugk. Essai sur le rocisme el .ses ~l0rlhl~.ss. Yossef Flayirn Ycrushalnli, Ztrkhor; 1ri.stoirr jui11e et 117c;rnoiwjr~it,e.

Consacrer une Ctude au rapport de deux grandes philosophies historiques, comme le sont celles de Spinoza et d e I lcgel, c'est indiscutablement se confronter, au-del8 des limites d'une cornparaison formelle, acadkmique dans sa tldmarche et indiffkrente dans son contenu, 8 certains enjeux I'ondamentaux de la dCmarche philosophique considCrCe en !:dnCral. N Spinoza n, cc Hegel , ,: ces expressions indiquent d'abord I)our nous des systkmes de pensee ayant valeur en eux~l~Cmes, et attach& 8 I'existence personnelle d e leurs auteurs, tlui d'emblke les nomme, c'est-8-dire 8 la fois les dCsigne c.1 les signe. Or, si I'on prend quelque peu au sCrieux I'cntreprise de la pensCe philosophique, on doit reconnaitre . I ocllc-ci une relative autonomie par rapport 8 de telles ~)~-ockdures d'identification, qui, sous prCtexte de la singuI;II-iscr,la dispersent, et tendanciellement la font disparaitre ,l;tlls une pluralite indistincte de doctrines, en privilkgiant (c.4 , confond deux figures 1 1 , . I'clv;iluation comparCe que d'autres langues distinguent , 1 1 1 (x~lltraire : c'est ainsi que ce ccou D du franqais traduit ~~~tIi\ti~lctcmcnt le vel et le aut... aut du latin, qui disent des I IIII\(.S apparemment contraires. Aut... aut est la formule de I I qq)o"irion et de I'exclusive : c'est (ou) I'un ou I'autre, mais ~ I . I \ less deux a la fois. Si cc Hegel ou Spinoza v se disait de I re. manikre, aut Hegel nut Spirioza, c'est-a-dire cc ou bien I I(.!:(.I ou bien Spinoza D, cela reviendrait a les prCsenter I I I I I I I I C ~ C U Xfornles de pensCe irreductibles, constituant les 1 1 . 1 I I I C ' S d'un choix qu'il n'est pas possible de laisser indCI I I I I I I I C I ~ ~ suspendu. Or, en privilkgiant, pour signaler le , . I I .lc.{Crc incontournablc de cette alternative, I'ordre des IIOIII\ ( l t r i renverse la succession chronologique, en faisant , I I I I I C . 1);IsscrSpinoza aprks Hegel, et non avant lui, on semble I,II!:;I!:CS d'emblee dans un tel choix : car on a d e cc fait 1111l)ll(.itcnicnt recusC la logique evolutive qui constitue le l r . 1 1 1 ( l u systkme hkgklien, d'apres laquelle ce qui vienl .IIII(.\ ctlglobc et comprend nkcessairement ce qui, le preI ~ I , I I I I , n'cn constituait que I'anticipation ou la preparation ; I .1111si o n 21 inverse la perspective qui commande la lecture I I I !~.lr(.~tllc dc Spinoza, en la subordonnant i celle, nCces..I I I ~ . I I I C hypothktique, .I~~ d'une lecture spinoziste de Hegel, I I I I I I I 1;1 puissance spdculative semble des lors I'emporter. \ I I II~.I;I tl'unc mesure reciproque des syst2mes, qui les fait $ 1 1 11c.11t1r.c tlc leur relation, ce jeu du cc ou bien... ou bien >> I.IIII)I(. tlol~c.ddbouchcr, plus ou moins dogmatiquement, sur 1 1 1 1 1 . I (.>ol~~liori d~ 121 crise ouverte par leur confrontation : I 1 . 1 1 c.l~oisiss;~nt dc placer Spinoza en alternative a Hegel, I I I O I I I'it~vcrsc,c'cst du c6te du premier, sen~blc-t-il,que 1 \ ; I c.l~crcllcsIcs conditions dc cctte solution, par unc 1 , 1 1 - . l o 1 1 (10111 !;I 116cessil6 rcstcrait alors a 6tablir et a I

O I I I I ) ~ ~

1

I

I

I

I

t

I ~ I I

1

111~.1111(.1

Hegel ou Spinoza

Mais il ne faut pas oublier que K Hegel ou Spinoza D, cela peut aussi se traduire cc Hegel'vel (sive) Spinoza n, qui signifie apparemment le contraire. Le * ou >> est ici la formule de I'identite et de l'kquivalence. C'est lui qu'on retrouve dans la farneuse expression si souvent imputee a Spinoza, alors que, sous cette forme, il ne I'a jamais ecrite, Deus sive natura, dans laquelle N Dieu >> et > se prksentent comme deux noms differents, mais aussi indiffkrents, pour une seule et mCme chose. cc Hegel >> et u Spinoza >> ne seraient-ils pas egalement deux noms pour une meme chosc, et quelle serait alors cette chose qu'ils dksigneraient indistinctement ? A cette question, il convient de conscrver jusqu'au bout son caractere interrogatif, sans prktendre la rCsoudre dkfinitivement. C'est elle qui soutient, et traversc de bout en bout, 1'Ctude qu'on va lire. Selon I'esprit de cette interrogation, il est manifeste que, s'il est ineluctable de lire Spinoza ct Hegel en opposition I'un ii I'autre, c'est le c6t6 aut... aut du cc ou ,>,il n'est pas moins nkcessaire de les r6flCchir I'un avec I'autre, comme s'ils donnaient ses ClCmenls, ou ses parties, B un unique discours, a I'intCrieur duquel lcurs positions respectives seraient indissociables, parce que lcur sens ne s'expliquerait que dans leur interaction - et ici c'est lc cBtC sive du cc ou >> qu'on fait ressortir. Le debat qui s'eleve entre ces deux formes de pensee n'aurait donc pas de nkcessitk, et ne prksenterait aucune signification, si elles n'avaient en partage une meme vCritC, dont le processus n'appartient ni a I'une ni a I'autre, parce qu'il se produit a l'intersection de leurs parcours respectifs. Cette vkritk suspendue, issue de la contestation et du conflit, n'a plus de ce fait la valeur d'une thkse arri2tCe : mais elle est celle d'une critique et d'une epreuve, dont I'objet est la philosophie elle-meme, telle qu'elle se dkploie, travers I'ensemble de son histoire, dans I'Clement problkmatique de la difference et du dkbat. Pierre M AC HERE Y, juin 1990.

30 juillet 1816, le prorecteur de 17universitCde HeidelCcrit a Hegel, alors proviseur du gymnase de Nurem11t.11:. pour lui proposer une chaire de professeur titulaire. I1 I t1111111cnle son offre de la fason suivante : Heidelberg .IIII;III pour la premikre fois en votre personne un philo. I I ~ ) ~ I Ctlepuis . la fondation de I'UniversitC. Spinoza fut une IIII,,;~l)pclCici, mais en vain, comme vous le savez sans I ~ O I I I C ... * On connait en effet la lettre du 30 mars 1673 (( au I I t . , , I lluslre et trks distingue Dr Louis Fabritius, professeur . I I A(-;~tlCmie de Heidelberg et conseiller de I7Electeur palaI 1 1 1 ', l);lr laquelle Spinoza avait dCclinC I'invitation qui lui 1 . 1 1 1 I;~ilcd'occuper une chaire professorale, car, en se ~ I I , , ; I C .an1 I h I'enseignement de la jeunesse, il craignait de I I I . \ O I I - I-cnoncer h ses travaux philosophiques personnels ; I I I I O I I I , i l redoutait que sa liberte de philosopher puisse etre I I I I I I I ( ~ . p;lr la nkcasite de respecter les lois Ctablies et les I t~.(.l)Icstle la religion. Son refus, clairement motivC, se 1111c-l11;1il i~ilisi: ( I Ce qui m'arrkte, ce n'est pas du lout I t . , . l ) t 111. ( I ' L I I ~ C l'orlune plus haute, mais I'amour de ma tran1 I I I l l I 1; clue jc crois devoir prkserver, en quelque manikre, I I I ~ll';ll~\lc~iarlt de lcqons publiques. )) Hegel connaissait cet I ~ I . . O ~ ~ C c. l u ' i l rclalc ainsi dans ses L e p n s sur l'histoire de la I ~ l u l o \ o l ~ l l i:c ~ Spinoza (tl'aprks ce que nous rapporte sa lc-,l)(~~(l;~ncc) rcpoussa cclte offre, mais a bon escient, .II 1 1 IIC* x ; ~ v ; ~ i pas l tliins q~lellcslin~ilesserait restreinte I

C.

111.1,:

1,

I

I

1

11

I

I

1

(1

t

I

1'alternative

Hegel ou Spinoza sa libertC philosophique, pour qu'elle ne paraisse pas inquid-

ter la religion officiellement Ctablie ". )) Le 6 aoiit 1816, Hegel rCpond au prorecteur avec empressement : cc par amour pour les Ctudes universitaires n, il accepte sa proposition, alors meme que d'autres perspectives sont pour lui ouvertes, du c6tC de I'UniversitC de Berlin ; il demande seulement que le traitement qu'on !ui offre soit amCliorC, qu'on le loge gratuitement, que les r a i s de son dCplacement soient remboursCs... Un peu plus tard, le 20 aofit 1816, ces questions matCrielles Ctant rCglCes B sa satisfaction, Hegel revient sur sa nomination pour (( exprimer sa gratitude, en partie pour l'intkret que [son correspondantl veut bien prendre B son affaire, en partie pour celui qu'il porte avec lui 2 1'Ctat de la philosophie en Allemagne et dans les universitks )I. I1 ajoute : cc Non moins rCjouissante est pour moi la bontC avec laquelle vous considCrez mes travaux antCrieurs et - ce qui est plus encore - la bontC avec laquelle vous fondez des espoirs sur mon activitC dans une universitk. Dans aucune science, en effet, on n'est aussi solitaire que dans la philosophie, et j1Cprouve vivement le dCsir d'un cercle d'action plus vivant. Je peux dire que c'est le v e u le plus ClevC de ma vie. Je sens aussi trop combien l'absence d'une action rkciproque a kt@jusqu'ici dkfavorable 2 mes travaux. Hegel restera une annCe a Heidelberg, o c il composers et professera en meme temps son Etzcyclope'die des sciences philosophiqurs. En 1817, il acckde enfin au poste qu'il convoitait B 1'UniversitC de Berlin. Derrikre ce que ces circonstances ont d'anecdotique s'annonce dCji pourtant un sens. De cette histoire, des hCgCliens retiendront surtout que Hegel a occupC la place que Spinoza avait laissCe vacante : rernplissant, dans cette relkve n, une tiche que l'autre n'avait pu ou voulu accomplir. Nu1 ne peut sauter pardessus son temps : le moment n'Ctait pas venu. avec Spinoza, que la vraie philosophie s'exposbt publiquement. D'autres, que I'on peut bien nommer spinozistes, y verront au contraire l'indice d'une divergence, d'un irrCductible Ccart : sinon entre deux systkmes, au moins entre deux conceptions, voire deux pratiques de la philosophie. L e systttme hCgClien, dont l'exposC se construit et se ))

((

~ l i . ~ o ~en r l c mCme temps que son auteur parcourt, avec I ~ l ) ~ l l ~ cles u r ,Ctapes de la carrikre universitaire (du prCcep1 1 1 1 . 1 1 privC B 1'UniversitC de Berlin, en passant par toutes les I I.III(..; intermkdiaires), I'une se rCflCchissant dans l'autre et ~!.l.ll~l.oquement, et lui donnant sa vCritC, n'est-il pas fait ~ll..l(.~~icnt, dans son organisation hikrarchique, pour Ctre proII..:.~.. dans le cadre d'une institution publique d'enseigne1 1 1 1 . 1 1 1 !' J. Derrida dit cela trks bien : (( Hegel ne conqoit pas I t . 0 1 ~ . comme la consCquence ou l'image du systkme, voire ~ ~ I I I I sa I I ~ pars totalis : le systkme lui-mCme est une immense 111t..tic part en part 1'autoencyclopCdie de l'esprit absolu I ~ . I I I , , I(: savoir absolu. Et une Ccole dont on ne sort pas, une I I I . . I I 11c.r ion obligatoire aussi : qui s'oblige elle-mCme puisque I I ~lcx.c.ssitkne peut plus y venir du dehors '. I : I tloctrine spinoziste, au contraire, bien qu'elle ait su 1 1 I I I I I (;111 . I . S O U C ~politique sa vraie place dans la spCculation llo\ol>lliclue (voir non seulement les Traitb, mais aussi I I / I , i c l ~ r o .dont c'est l'une des clCs), rCpugne profondkment I I I I Ilclle ~ . officialisation. Elle expose le point de w e d'un 11 1 1 . 1 I I C , tl'un rCprouvC, d'un rebelle, et se transmet de bouche I , 1 1 c . 1 1 I(.. D'etre professke, elle risque d'entrer en contradic. I \ ~elle-meme, c en acceptant de tenir une place dans * a I I I ~ X . ;11 I isme d'oppression matkrielle et intellectuelle qui 1 1 1 I , B I ( I O I ~ I ~ C toute chose au point de vue de l'imagination. La 1 1 1 1 1 ~*;oljl~ic supprime la crainte et iznore I'obCissance : elle 11' II(.III tlollc Ctre enseignke publiquement. La philosophie , I t I I t . ~ ~,'cnscigne ~.l 2 des Clkves, de haut en bas ; la philo1 1 1 1 1 1 1 . t l ~ . Spinoza se transmet a des disciples, a @galit&. Ici . I I 1 1 , I I C.C. ~ I I ~diffirence C qu'il faut prendre au skrieux. I ' sI I I I ( ; I 1 1 1 . c'cst un lieu commun que de rapprocher Spinoza I I I t , , , c . I , I>arce qu'existe entre eux une Cvidente familiaritk. I 1 1 1 1 1 ~ . I J L - ~ I aujourd'hui ~ lire Spinoza sans penser a Hegel, I I I L . I I1);ircc ~ . qn'entre Spinoza et nous il y a Hegel, qui 1 1 I 1 1 . 1 ~ I O . ; ~ . 011 < ~ ~ interckde. l i Hegel lui-nieme n'a cesse de ou plut6t de le penser : pour le digCrer, 1 I I i o I 1 1 ,~ I I I I C .coll~rllc I, un dinlent domink de son propre sysI

8

I

t

))

4

1 1 l 1

I I I I I I

11

I

a

-

I

r

1 . . I l l ,111

,I (

8

/1,.11t.( i t , it1 ~ ) l ~ i i o . \ ~ o:',p i ~l-'l^lge i~ de Hegel I< 1 : . I ' 1 1 . . 11. 100.

11.

recueil col-

1'alternative

121uc.Mais le fait que Hegel n'ait cessC de revenir sur le 1~1.c'hli.me que lui posait la philosophie de Spinoza indique ;~r:ssiclu'il y trouva quelque chose d'indigeste, une rdsistance ~ 1 1 1 ' i l l u i fallut toujours de nouveau affronter. Tout se passe corlllnc si Spinoza avait occupe, vis-B-vis du discours hCgClic~i,I;I posilio~id'iine limite, qu'il rejetait au moment m2me tlc I'inclr~rc. ("csl ~~ourclrioi I'c~~trcprise de cotnpnrcr la philosophie de S,,ino/;l el ccllc dc Hegel est fondamentalement dicevante. I 1 far~lmisir en cffct sur quoi porte une telle comparaison : xur dcs systkmes, c'cst-Adire sur des discours organisCs forrncllelnent A partir d'un principe de cohCrence interne, entre lesquels on ;leu: chercher B dtablir une correspondance, qui s'interprkte comme un rapport de filiation, ou une diffkrence, qui exclut toute possibilitd de comprendre I'un B partir de I'autre. Ainsi, dans une annexe de sa monumentale Ctude sur Spinoza, analysant I'interpretation que Hegel donne du spinozisme, M. Gueroult conclut B une radicale (( mCconnaissance v , fondCe sur une affabulation 1) : ceux qui reprennent cette interprktaiion ne font que projeter dans la doctrine de Spinoza tout un ~nondede concepts nes ailleurs et sans rapport avec elle' 1 1 . Comme nous le niontrera une Ctude dCtailiCe des textes que Hegel consacre B Spinoza, il est difficile de ne pas donner acte B M. Gueroult de ceci au moins : la recherche d'une prCtendue homogdneitd, d'une ressemblance, ou d'un rapport Cvolutif. entre les deux philosophies, si elle n'est pas abso!ument vouCe B l'Cchec, conduit a des rCsultats sans intCrEt. Elle tend tout simplement B ramener Ics deux doctrines B un modiile comnlun qui ne reprisente ;~~~IhcnIiqrlcn~ent ni l'une ni l'autre. M;li>, h ' i l ~ ' ; I I I ~allcr contre la pente des rapprochements 1 1 1 1 1 1 c:vi11(.111\ c 1 1 1 i l~~.o~.?(lcnt par analogie, Ccarter la tentaI I O I I1 1 1 . I;(.II! I ( * I ~ . I I ~Y lIi i,l .l o / ; ~ C I l l c ~ c lla sin1ilitude 210Il.1la ~ 1 ' 1 1 1 1 .I.II.. I I I I I I I I ~ I I I I , .I I ~ . I \ ( *Irt1~1~~1 I.\ sc r~':~nifesterait 1 I I ( 1 1 1.1 < O I I ! I I ' , , . I I I ( 11,. ( I ( . I I \ I ) C . I I S Ci l: Lnc ~ , serait 1, I 1 1 1 ~ ~ 1 1 1 11' I I I ~ I I 1 1 , 1 ~ . 1 c ~ 1( 1 1 1 ' 1 1 ~ , ' ; I ~ ~ (IcI I (lcrix formes , I t I , 1 1 , I ~ ~ I1 I ~ 1 O ~~ ~ ~ I I 1 I O ~ ~ I I ,~ II I~ I I ~ , I I ( ~ I I I ~ ~C I ~ I \I I C ~ ~ ~ ~ C 'l'une ~ I I ~ ~ AS ((

((

11.1

( 1 8 .

,

r1 de les renvoyer comme des systkmes Ctrangers B l~ltl(:l>cndance. En effet, il est incontestable que Hegel I ' , ~ I I I I O / ; I se sont rencontris, meme si leur rencontre a pris, o l , ~ , I~, . tlc Hegel, la forme d'un extraordinaire malentendu. '.I ' 3 ~ ~ ~ ct ~H~e o ~ e/ lne ; ~ parcourent pas, ensemble ou I'un , I t I I I I I , I':~r~tre, . un m2me chemjn, il reste, c'est un fait, que 111.. I O ~ I I C ' She sont croisCes, se rapprochant 2 certains ! I 1 , I I I I , - I I ~ , 1>00rs'ecarte: ensuite vers des directions fort oppo. I )(. cc point de vue. plut6t que de comparer des sys11 .. r(.r~~;~(ivc vouCe B I'kchec ou B des succks trop faciles, I I 1 1 1 ( . I I L . significatif de rechercher entre ces deux p?ii!oI I I I , . . (I(.> points de recoupement sing1.11iers.Car ce sont I I 1111 C'Y pliquent le sentiment d'etrange fan~iliarite < I I I III,IIIL'L. ~oilt lecteur hC2Clien de Spinoza, tout lecteur 1 1 1 1 1 1 I:I.,I(. tlc Hesel. I I . I I I ~ , \osc ~ ~ L . sur uiie formidable mCprise : tout se 11, I I . ., , I I I I I I I?ri I ( I. Ic:-cI s7Ct;lit donnC les moyens de construire I I I I I . I I I I C . I ; I ( I ( 111 (111 S I ~ / I ~ ~ Z qui ~ S 1ui I ~ ~perniette C d'en igno, , I 1.1 I(.(.oII t.\s~~~(icIIe. c11 (ant q i ~ cc e l l e ~ ijustement a l l l l ~ ~, . 110\1.:I V O I I . ; I V U C xo~ipropre systCme. Cette interpriI 1 1 1 ~ 1 1 1 . I I I I I . I I ; I ~ I C . O I I I unc I I I ~4ol.I~dc defense obstinCc dressCe

I

1111 I

1,

III

o

I S

I,

I S

111

I,

L

I

8

I < \

((

8

l ,

3 8

111

8

IIDI.,,

%

11

11111

1

1

~

~

1

I I I I I L , ,

Hegel ou Spinoza

Ce livre reprend en le dtveloppant le contenu d'un expos6 que j'avais fait en 1977 au colloque Spinoza organist par les UniversitCs de Leyde et dJArniens : un passage du troisikme chapitre est publit par ailleurs dans les actes de ce colloque. D'autre part, j'ai dfi traiter ces rntmes questions % plusieurs reprises B I'occasion de cours : je tiens k remercier les Ctudiants qui avaient eu la patience de m'entendre et dont les rCactions, les suggestions et les contributions rn'ont CtC bien utiles ; j'ai eu lire plusieurs rnCmoires de maitrise sur Spinoza, en particulier celui de Bruno Huisman (Hegel devant Spinoza), qui comportait un essai d e traduction du chapitre sur Spinoza des Lecons sur l'histoire de la philosophie de Hegel (en collaboration avec A. Lacroix). Pour ce dernier texte, je risque ici nies proprcs traductions. Pour les autres textes de Hegel, je me suis r6fCrC aux traductions franqaises existantes. C'est-%-dire. essentiellernent :

- Pour La Science de la Logique : les livres I et I1 dans le texte de la prernitre edition, trad. Labarrikre et Jarczyk (Aubier, 1972-1976) ; les livres I, 11 et 111 dans le texte de la deuxikme Cdition, trad. Jankelevitch (Aubier, 1947) ; le chapitre de la Ire partie sur la Mesure, trad. Doz (P. U. F.). - Pour I'Errcyclope'die des sciences philosophiqlies : la premibrc partie dans le texte des trois Cditions, trad. Bourgeois (Vrin, 1970) ; le texte complet dans le texte de la troisikrne Cdition, trad. de Gandillac (Gallimard, 1970).

HEGEL LECTEUR DE SPINOZA

I

I

I

t i r ~ ~ ~ n c n chez c c , Hegel, par une reconnaissance :

t

I 1 1 1 1

11

1 . 1 1 1 , 1;1 philosophie de Spinoza quelque chose d'excep-

I 1.1 tl'i~~Cluctable. (( Spinoza constitue un tel point 1 1 1 u 1 1 1 1 I;! philosophie moderne qu'on peut dire en

crufait .lb1 ., 1,. c.l~oiuentre le spinozisme ou pas de philosophie .I I I I I 1,111 I I ~ IcS n t~ w e d e r clerl Spino,-istlzus oder k e i n e Pllilo: J ' . , I I I'aut en passer par Spinoza, parce que c'est . 1 III~iIt~sopI~ic que se noue le rapport essentiel de la 1,. . I \ ( . ( . I':~hsolu,seul point de vue duquel s'expose la 1 I 1 . 1 , I c.~ili;'r.c, d'ou il apparait que la raison n'a rien 1l I I I ~ I I mais ~ C comprend tout en soi. Ainsi toute ' l 1 1 1 1 1 ( . . I O I I I C la philosophie devient possible. l I t . ~ ~ ~ . Spinoza l . occupe donc la position d'un prCIII : I \ t,c. I u i q ~ ~ c l q uchose e commence. Mais il n'est 1 , 1 1 1 ~ 1 1 1 cl11'1rn pl.i.curseur : ce qui commence en lui n'abou1.1 1 ' 1 . . . I 1;1 1';1~ond'une pensee arr&tCe qui s'6te la 1.. , I 1 I ( I t . I I ; I I . V C I;IU ~ ~ but ~ par elle pourtant indiquC. C'est I dans I'cruvre de Spinoza tous les I . I I I ~ I I I O I I l t . , ~ ( ~ (I6co~1v1.c I' t l ' r ~ ~ l c .lc~llativeavorlde, emp2chCe par des diffiI I I I , . I I I rt~or~~;~l>lca clu'clle a elk-m2mc dressCcs devant sa I ' . .I,I I , - I t . \ \ i o ~(~ .'c. s;~voirfondamcntal rnais dCchirC n'a , 1 1 1 11111.s i ~ ~ ~ i l i c ; ~ l historiquc ioll : dans le processus I . I' , (1,. 1;1 ~ ~ l i i l o s o p hSpinozn i~, occupe une position 1 . 1 , 1 1 1 1 , I I I I ~ . I ( ' , (I'oi~I';~l,solu CSI a p e r p . 111ais saki restric. 1 1 1 , I I I I I I I I ~ . I I I I C SIII>\I;IIICC. AVCCSpino~n.ct son effort li..lllll

'

11

8

I

I I

?

):I

8

4.11,.

I , I I I I ~

l p l t l ~ ~ a

I

11

1 1 1

1,

I I

,.

11

1 1

1 1 1 l 1 1 ~ .

t .

111'

I

I

. . , I !

>, 1lt.s amplifient. La discussion prkcedente portait essentiel1, I I I ~ . I I Isur les conditions d'une connaissance vraie, et elle metI I I I .1111si en jeu la position de la pensCe par rapport au reel. Or I 1 1 1 l t . 1 iel(tion des catkgories de substance et d'attribut dans 11 11:litcmentde ce problkme fait apparaitre entre Spinoza . I I lt.!lcl une divergence essentielle. Pour Hegel, pensCe et I inoza et Descartes un rapport de filiation ; c'est elle dans )) I I ..t~l~slance comme une unit6 d'opposks. I:l.lr~.cnonsla dkfinition que Spinoza donne des attributs : ..IIII[ cc ce que l'entendement p e r ~ o i t de la substance .. constituant son essence ) I . Nous avons dkj8 remar.III$ 111rcSpinoza ne prkcise pas quel est l'entendement qui I I I I ici la substance : s'azit-il d'un entendement infini, qui 1 ' . I 1 1 1 toutes ses essences, ou d'un entendement fini, qui I, 1 1 ~~crqoit que deux ? Pourquoi cette distinction n'inter1 1 1 c.llc pas dans la dkfinition gknkrale des attributs ? I1 est I 1 1 1 c.11(out cas que Hegel ne tient aucun compte de cette ~lll~l~,~c'ision, ou plut6t de cette absence de prkcision, et qu'il I lj~clc la ddfinition des attributs dans un sens trks parti. I I I I I . I , qui est restrictif : pour lui, I'entendement qui (( consti1 1 1 1 . 1c.s attributs en percevant la substance, c'est l'entende!,I, I 11 Iini qui apprkhende celle-ci seulement sous les deux I S I I I ( . \ {le la pensde et de 1'Ctendue. \ I (;ueroult a soulignd l'inspiration kantienne de l'inter1 . 1 I Ion que Hegel propose de Spinoza : c'est effectivement 1 1 1 - ~~:I'Gl.ence implicite 5 Kant qui justifie I'accusation de ll~.~lismc portde contre Spinoza. Les attributs ne sont pas , I I . I I I ~ ' I ~ [ les essences de la substance, ils sont ses formes. I I 1 ; 1 limite, ses phknomknes. L'atti-ibut, c'est la substance I. 1 1 , (1l1'clleapparait, pour un entendement qui la dkcom!,', tl':lpr$s les conditions memes de sa perception, c'est-a.III, c l 1 1 i la dktermine en la limitant. E n ce sens, pour Hegel, 1 I I I I I I I I I Ctles attributs, qui exprime leur identitk avec la I I ~ ~ . I . I I Iest ~ C .une infinitd sans contenu : elle est l'infinitk 1 1 1 1 , . Iormc qui, en elle-mime, comme forme, dans la limita1 1 1 1 i la constitue, du point de vue de l'entendement qui I I 1)c.lyoitN, est une forme finie. Ainsi tout se tient : l'im1,111.. . I I I C C tle Spinoza a penser concrktement l'absolu rdsulte '1, I - clo'il s'est plack d'emblde au point de vue de l'entende1 1 1 l i r ~ i , qui est par sa nature propre incapable de saisir I 1 1 1 1 1 1 1 1 ;~ulren~ent qu'en le ddcomposant, c'est-Adire en le I I 1 1 1 1 . 1 1 ; 1 1 1 1 A des essences abstraites. Notons que, sous-jacente I I I I I ~ . ccllc argumentation, s'annonce la distinction kan1 1 1 I I I I (Ic ( . I;I raison (voude a l'inconditionnk) et de l'entende1 1 1 1 ~ .

. .I

.,,I

i

~

c l u i l'autorise a prdsenter l'unitk des attributs

.

I I I I I I I ~ .

I

,

l

f

b

1111,

11

I.l

I

~

~

11

I ~ , I I I

I

1 1 1 ~

14

I

((

))

((