Dossier Du Dopage [PDF]

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Zitiervorschau

La mouche du coche out a commencé un peu comme dans les dessins animés, oil l'on voit des héros courir dans le vide avant que, ( rattrapés , par la gravité, lls se retrouvenl sous sa loi, c'est-à-dire en chute libre. C'est ainsi qu'en juillet derniet la Loi et ses gardiens ont fait une irruption, pour le moins brutale, sur une ,,r cne sportive où le dopage était comme suspendu dans le vide. Depuis, il ne s'est passé de mois sans qu'on déroLrvre, dans le cyclisme et ailleurs, l'" étendue d'une pratique que, depuis des décennie5, tout le monde " ,'evertuait, san5 mal apparent, à croire inexistante. Après la loi du silence est donc arrivée celle de la ve,1u I le dopage ne doit plus passer; le dopage ne pas!i.r.r plus. Le but est noble; qui le critiquerait? Majs il reste à l'atteindre et c'est toute la question. Elle tient, sur le fond, en une phrase : comment faire reconnaitre des limites à des êtres humains qui, ( haque jout sont littéralement. conditionnés ' à les dépasser? Tel est, au fond des choses, le dilemme, .edoutable, que nous expose dans ce numéro (p. I l2) Claire Carrier, médecin du sport et psychiatre à I'INSEP C'est, en effet, dans le cadre de la préparation physique et psychique à laquelle se soumet un sportif de haut niveau que le dopage peut en venir à êùe perçu, hors de tout sentiment de faute, comme une conduite logique. ll est ce qui, dans une situation de crise - blessures, difficultés relationnelles avec l'équipe technique, baisse de forme, fin de carrière, etc. - vient, de façon magique, re5taurer la maîtrise perdue des risques inhérents à la performance. Ot comme nous l'explique Didier Primault, (p. 128), de telles crises, la vie des sportifs en est remplie. Au plan du volet préventif de la lutte antidopage, on va donc devoir prendre acte de cette réalité perverse : que la disponibilité à la déviance est installee au cceur mème du sporr de haut niveau, en tant que système organisé de production de performances ( r). Faute de ceja, I'erplication des risques à terme pour la santé, si graves soient-ils - et pour ne considérer que cet axe de i'information préventive -, aura 5ans doute l'effi€acité d'un cautère sur une jambe de bois. On voit en effet assez mal comment on pou.rait, en raison, convaincre du pire, à venir dans un futur toujours lointain, des gens qui, quotidiennement et avec l'approbation générale, sont positivement préparés à jouer avec l'angoisse de risques réels, et ceux-là, immédiats. Au demeurant, qui sera en mesure de les en convaincre? Tous ceux qui concoctent et gèrent leur savante préparation bioloqique et psychique? Quant à l'autre axe de la prévention - le respect de l'éthique sportive -, il conviendra d'en donner la charge à des rhétoriciens chevronnés. 5'agissant par exemple d'expliquer les marchés du CIO ou les compliments, olympiens mais pas seulemenl adres:és en son temps à M. Honnecker, dopeur en chef de la jeunesse est-allemande, cette compétence ne leur sera pas inutile. ll conviendrait aus5i, dans les faits, qu'ils n'appartien nent ni à la population dépendante des somnifères et autres anxiolytiques, ni à celle qui triche dans quelque domaine que ce soit, ni entin - et juste pour l'ironie de l'anecdote à celle qui s'est régalée d'un film récent dans lequel l'exception française s'identifie à la potion magique. Venons-en au second volet I celui de la répression. Dans la loi appelée à être votée au cours des semaines qui viennent, les médecins sont au cæur du dispositif. On peut d'emblée craindre qu'ils ne s'y sentent pas spontanément à l'aise. Les articles 3 bis et 3 ter les obligent, en effet - et au risque de sanctions disciplinaires -, à rntormer des antennes médicales spécialisées sur tout fait évoquant une pratique de dopage chez leurs patient5 sportifs. Outre qu'il 5'agit d'une première, car cette obligation n'est, encore à ce jour, assortie d'aucune dérogation légale à la levée du secret médical, on voit assez mal avec quelle oreille ils seront à l'écoute de eurs malades : celle d'un médecin ou celle d'un supplétif? Et il est d'ailleurs possible que les patients, ne le voyant pas très bien eux-mêmes, raioutent à tous les risques avec lesquels ils jouent déià, celui d'éviter de \',rdresser à toute personne portant une plaque de cuivre sur son seuil. Au demeurant - et de façon annexe l',rll,rire n'apparaît pas gagnée au plan technique : à l'indétectabilité, pour l'instant patente, de nombreux pro(lirl\.rctuels, s'ajoutera sans doute, pour ceux de demain, un meilleur ciblage physiologique. On peut " " , (l,r[,nrent penser que le surdosage systématique des produits à l'ceuvre auiourd'hui, et dont les effets ( lrll(lrx'\ \ernblent spectaculaires, cède le pas à des pratiques beaucoup plus fines et aboutissant à brouiller (l.rv.ùrt,r(tr cncore les pistes. Le débat sur la nandrolone physiologique apparaît à cet égard précurseur. làce .ru cortège de la responsabilité vertueuse, il était tentant, dans cet édlto, de se donner le mauvais rôle : r elLri de la nrouche du coche. Puis5e la réalité de demain lui brûler les J-p I

ailes.

le sjsi;;iE. 1

Éditorial

la dopedu

futur tA

PAR DonoTHÉt aÉ otT BROWAEYS :T EMMANUEL

MO}INIER

Une ûeille histoire PAR PATNKX LAURE

Médecin, chercheur la faculté de Nancy

vertigineuses tllconnues

à

Les

Plusvih, pfts haut plusfort. Jusqdàquand 10

?

PAR

ltAil,rRANçOtt

dudopaç PAR

v

ESCAXDE

Professeur et chef du service 'EAN.PAUI

de dermatologie-vénérologie à l'Hôpital Cochin-Tarnier, Paris

BOURG

Directeur de la jeunesse et des sports de la ville de f.ive

Soupçons de poids

19

PAR IEAII.PIf,RRE DE MOIIDTNARD

Un labyrinthe

Médecin du 5port

juridique

50

PAR CHARLES DUDOGNO

Responsable de la formation continue au Centre de droit et d'économie du sport (CNRS - ERSo160), Limoges

Biochimie CommerTt

fonctirnne lemusde P

R

ProduiÉ interdiB: 22

soPHtt (OtSltE

estetablie

lalisb

Gesmoléades

quidopent

PAR MAT'lII,remarqtse-t-on à la direction générale des douanes. Les médecins < sont responsables au premier rang. Ih savent ce qu ik font [...] Ce sont les ordonnances qui permelknt de réaliser le tdtc dénonc€, de son côté. ", le prince Alexandre de Mérode, président de la commissiqu médicale du Comité intemational olympique (CIO) (te F,garo du 17 aoûr 1998). En 1979 déjà, lonque le coureur Joop Zoetemelk est contrôlé positif à la nandrolone lors du Tour de France, il expiique que la substance prohibée lui a été presoite par son médecin. Les médecins sponifs, dont la dépendance financière à l'égard des clubs a été dénoncée par I'Ordre national et sera combattue dans le câdre de la loi Buffet. ne sont pas les seuls en cause. I1 est facile poul un patient, relève Patrick Laure, de simuler un mal banal et de se faire prescrire quelques comprimés Où commence la complaisance. s'inlerroge un pédiatre de province. conftonté à des pare \ts qvi < ftclament des vitamines pour que le gamin récupère mieux après I'entraînement "2 Et que faire face aux menaces I d'un sportif rendu agressif par le manque d'ana- | bolisant. cosrme en a renconhé Alain Duvallet 1 I La complicité des médecins est souvent rétros-t pective. raconte un praticien qui a travaillé pour le ministère des Sports < Dans des compétitbns tégionales, il arrive qu'un sponif contrôlé positif obtienne de son médecin compréhensif un cenificat antidaté. J'oi v4 au ministère, un ceniftcat dont ls. rédaction

ampouEe montrsit qu'il était Étospectif >.

L Ordre â déjà saîctionné des médecins qui avaient prescrit des ânabolisants. Avec certaines I

-

&ttblrJd/,'0, of

hr6

il,{.dkin . 197,

rct 3I,

pp25&259.

A;:Llii:tf,

rien si on ne sait pas comment Yen servir. Le bouche à orcille permet, dans bien des cas,

d'en apprendre

beaucoup. Mais ceux qui veulent perfectionner leurs connaissancei utilisent des livres, en vente sur le marché parallèle et vê ritables bibles de l'usadétoumé des médicaments. AprÈs une mise en garde sibylline du genre : * Nous ne

ç

soutenons

nullem t

I'usoç de

ces

poduits

hors de leur contexte

médîcol

,, c6 owragf5

détaillent aræc précision le mode d'emploi des dopanb. Dans Sté.

Kides onahlisonts (1996) les auteurs evoquent tour à tour la testostéroflg la nandrolone et autres androgènes, en comparânt leur efficacité respective. lls foumie sent les noms de commercialisation à l'étranger, pour les sportif: en déplacemenç indi-

quent les doses optimales, les mélanges à elfectuer, les effets indésirables et les sub-

stances à consommer

pour les prévenir. On peut y lire : . tei ité. rciida sont considéré; ouiourd'hui ûcore, comme le moym le plus etficace pour améliorer les peÉommnces sport vei ,. Un autre livre,

The

UnderEMnd Ste.

toid Handtuk (1982) explique notamment l'usâge de l'hormone de coissance, dont l'auteur - anonyme

-

dilt " Les utilinteuT Fwent esçÉrer un qoin de l5 ù 20 kihs en dk seînins si, toutefoi, ils pewent ingércr l0 000 coloies pat froles

iouî Qwtre

p/iennent ervircn

à 600-E00 dolhn ". Dans un auùe registre, lhe Sbroid bible

(1994 fait la promotion de noLrveaux pro. duis comme l'lcF-1. Fort de son succès, ce livre en est à sa Foisè me édition. On ùouve également des ou-

wages spécialis6,

comme Clenbutérol, le

prduit

de

favmir

(1996)

o!

StéKiide

oftemotive (1997). De quoi occuper les longues rcirées d'hiver- - -

Patrick Laure

Linites < Nous ze pouvons mener d'investigation sur certaiw agissemenx quz s'il y a une plainte portée contre un médecin, venant soit du patient, soit d'une tierce personne >, explique Bernard Glorion, président de I'Ordre national des médecins En 1996, plusieus médecius ont été condamnés à

prison ferme. Dâns les dix demières années, des praticiens de Lyon, Reims ou Strasbourg ont été sanctionnés des peines de

Entre le médecin et le sportif, s,insère un maillon indispensable : le pharmacien. Abusé par ure fausse ordotrnance ou une prescdption de complaisance. il peut être parfois complice. ( Z ur? des soigneurs de l'équipe Ia Française des Jeux s'ap-

provisiowntit chez un pharmacim de

Veynes, d.ans

les Hautes-Alpes qui le foumissait en corticoides et

t09

en amphétamines >. rappelle un enquêteur du

Tour de France. Jean Arnault. président du Conseil régional Nord-Pas-de-Calais de I'ordre des phamacien! chargé du dossier dopage, admet qu'il y a eu des détournements de dérivés d'amphétaminer vendus en fait comme anoreigènes pour l'Ordre de repérer les dénur" Il est diffi.cile nements à paft pour les stupéfrants qui sont comptsbilisés sur des carnets à souche spéciita ,, Ce:. tains anabolisants. prescrits pour des traitements contre la stérilité. ne sont pas chers, poursuit Jean Amault. Davantage que l'appât du gain. c'est plutôt la proximité avec le client. par exemple fréquenté dans une salle de sport. qui va ( piéger /e phnrmacien ou le médecin >. Lordre des pharmaciens, alerté par les inspecteurs de la sécurilé so-

ciale. a néanmoins sanctionné plusieurs officines L'efficacité de ces inspections est toutefois limi tée : < Il n'y a que deux. pharmaciens inspecteurs en Ile-de-France

. '>

se

nalre Alain Duvallet.

Producteurs étrangets, entraîneun, médecins. pharmaciens. lous ces maillons ne doivent pas faire oublier que. dans de nombreux caq le pourvoyeur, c'est d'abord le sportif lui-même. Un " soir, j'oi invité à dîner des médecins passi.onnés de vélo en compagnie d'un cycliste professionnel, raconte le dirigeant d'un laboratoire pharmaceutique. Noas érions sidérés, le cycliste connaissait

par

cæur

le

médicaments

Vid.al

", le

dictionnaire

des

FOURT{ISSEURS MALGRÉ EUX Yvan Cali. cvcliste anateur du Cercle olympique Chamaliérois connaissait sans doute aussi son Vidal. Il a été arrêté en août 1996 alors qu'il tentait de se procurer dans une pharmacie de Riom des produits dopants grâce à une ordonnance falsifiée. La police a découven à son dornicile un stock d'hormone de croissance et d'EPO dérobé dans quatre pharmacies d'hôpitaux de la région. deux de Clermont-Ferrand. celui d'Annonay (Ardèche). et celui de Riom. En féwier 1998.

comparaissant devant le tribunal correctionnel de Riom(La Montogne du 26 féwier 198). Yvan Cali déclarait : o "/e connaissais bien les hôpitaux pour y être aLlé sotwent. C'est comme ça que j'si commmcé à cambrioler Il semble. à en retenir ". les propos de l'audience, que le jeune cycliste n'était pas une tête de réseau > et n'avait vendu " qu'une seule fois à un ami. Il exisle pounanl des moyens beaucoup moils dsqués pour faire son marché de produits dopants. Saus parler de rer.ues même pas vendues sous le manteau. mais sur des salons publics com-

110

me le Fitness > à Villepinte. Internet s'impose " comme une ôlière d'impunité. L androsténédione par exemple. coosommée

par le champion américain de base-batl Mark McGwire, est classée aux Etats-Unis. par la FDA (Food and Drug Administratioo) comme simple complément nutritiomel Rien de plus facile que d'en commander via Internet. C est aussi un jeu d'enfant pour la fféatine de synthèse. substance interdite par cenaines fëdérations françaises er en vente dans n importe quel drugstore américain. Le cybernaute n'a guère besoin d'être introduit dans des milieux de dopés pour trouver des produils sur le réseau mondial. Les versions électroniques d,e Muscle Mag Intemational ot Muscle Med.ia 2000 sont d,es catalogues de vente d'hormone de croissance. Une simple demande sur un moleur de recherche. les index d'Internet. entraîne sans peine le surfetr vesla Steroid Bible et âutres sites sur lesquels, moyennant la saisie de son numéro de cafie de crédit. on peut passet commande d'anabolisants les plus variés. ,< Ce qui est inquiétan r, analyse un policier de l'esl de la France. c est que certains médicaments nouveaux très spécialisés sont déjà détoumês On a I'impression que des gms se tiennent à I'affit de loutes les nouveauÉs pharmaceutiques ce qui suppose des connaissances très poinnrcs et des complicités actives ou passives de pharmacologues de haut niveau. > Ainsi, l'interleukine 3 et les PFC (perfluorocarbones, substitut d'hémoglobine) circulent déjà chez les sportifs. En fait. ce phénomè-

ue n'est pas nouveau. déplore le Dr Duvallet. premiers anabolisants que j'ai connw, c'était " Les par des sportifa avanl leur mise sur le marché . . . ll y a quinze ans, je recevais déjô des PFC en vrac

pour des expériences sur /es rar pounuit Alain ". Duvallet, désabusé. Rien de plus facile. selon lui. de commander au fabricant un produit avec un papier à en-têt€ d'un laboratoire de recherches. (Le fabricânt n est pas regardan!. ce n est pas son

lrôle. " On sait dans quelle universitë l'athlète lohn lS^nh ua v procurer des prodtir.r .. dénonce par

I exemple Jacques Piasenta. entraineur de la sprin-

I teuse Cbristine Arron {Le Figoro du l9 Sep, I tembre 1998). Il est difficile par natue de faire la part des différentes filières Mais devalt une telle profusion de moyens de se procurer des substances dopantes couper toutes les têtes de I'hydre relève de I'utopie.

Même s'il s'annonce de longue haleine. le combat pow étouffer ce marché tres dispersé dewa se porter au moins autant contre la denande - par la sanction ea l'éducation - que conûe I'offre. -J

ous I'g

nse des sens

I,OB'ECTIF DE LA HAUTE PCRFORMANCE sPORTIVE L'objectif de la haute performance sportive joue sur la linite entre extrême et excès. Par là, el.le devient en elle-méme une mise en situation de déséquilibre physique er psychique d'un indivi-

e dopage dénonce une transgression, un auCe phénomène est assodelà du naturel

"

".

cié à la recherche, pâr l'être humain. de la performance psychomotrice dâns le cadre de la compétition sportive. telle qu'elle exisle dans nos sociétés. La concernant. le corps social a de fortes eKigences. Constarnment en forme et dlnamique. le sportiJ de haut niveau. ainsi que nous le répètent les messages publicitaires, esl porteur de I'illusion d'une éternelle jeunesse. Son équilibre corporel et psychologique constitue le modèle construit de I'adaptation optimale à notrc système culturel en mutation, si ce n'est en crise. Cette image-performance produite par nos champions, nous permet de repérer l'âspect immobile d'un imaginaAe social - le nôtre - ébloui par lui-même dans un instant < hon-temps ') totalement maîtrisé et anticipé : le record. Elle témoigne de notre lascination pour des références culturelles organisées autour de la tôute-puissance des créations hurnaines dont I'homme est à la fois auteur et interprète. Ces points se retrouvent dans l'évolution de la relation au savoir médical. lui aussi devenu support d'images-performance, Il n'est plus tant il]terpellé dans le domaine du soin devant une souf-

france. que dans celui de I'amélioration des comÉtences humaioes. Dans une redéfinition du naturel et de l'artifitiel. l'éthique médicale est au-

tant concernée par des recherches sur, par exemple, la grossesse chez la femme ménopausée

ou le clonage que par le sport de haut niveau... Dans c€ dernier domaine. elle I'est d'autant plus que la mise à jour. le dévoilement objectif. d'une conduite illégale ne s'appuie que sur des données

biologiques Passenl ainsi entre les mailles du filet tout ce qui est irdosable selon ces méthodes et alussi tout procédé - chirurgical. physiologique. psychologique - non réductible à une approche mesurable. Pensons par exemple à ce que nous promettetrt les concepteun d'organes artificiels dans le domaine de la restitution ou du maintien de la performance. Il n'est toutefois pas de notre propos de discuter ici du contexte de notre forctionnemeot en cette iin de millénaire. dans les sociéÎés économiquement fortes. A partir de dix ans de pratique cli-

nique auprès de sportifs de haut niveau. nous nous attacherons plutôt à repérer, davaûage dans

un but préventil que curatii les déterminants amenant un acteur sportif à d'abord rechercher un artifice dopant puis à se l'appliquer à luimême.

n4

du donné dans le moment exceptionnel et extTaordinaire qu'est le spectacle de la compétition. Les modèles mathématiques montre cependant j que. d'un point de vue corporelll'. les perforI mances de la " machine humaine ' dans les disci-

fplines olympiques stagnent. surrout chez

II

les hommes. Ce constat n'est pas sans conséquence. Il conduit à accroitre la mise en scène de la compétition selon deux modalités : d'une part. en densifiant les calendriers sponifs et en multipliant les

disciplines (le triatblon mod€me a dix ans et mssemble trois disciplines déjà connues ; natation. cyclisme, athlétisme): d'autre part. en préférart. à résultats équivalerts, Ia précocité : les adolescents sont ainsi de plus en plus concemés par cette course à I'excellence. Parallèlement. les mesures d'évaluation du geste peformant connaissent d'imponants progrès techniquer I-a performance réalisée devient donc autant celle de I'acteur sportif humain que celle de

la configuration du plateau technique qui l'a, d'une part, autorisée et. d'autre palt. reconnue. Ce demier aspect soulève de difÉciles questions d'arbirage. telle, par exernple, celle que pose la tragile limite entre la préparation biologique et le dopage. La première s'arrête en fail à la précision technique du dépistage du second. En particulier, la marge est étroite entre ce qui est consi déré comme un dopage endocrinien et une Ircompensation endocrinienne dotrt les buts seraient d'améliorer la compétence en réparant les déficits hormonaux provoqués par l'effort répété (au risque de masquer tous les s)'mptômes du surentraînement). Lengagement dans cette voie ferait qu il n y aurait plus de dopés mais uniquement des sportifs en compensation de déficits endocriniens (2). Ce défi d'un au-delà humain est lancé à I'in" " dividu enfermé dans son cocon géniteur de perlbrmance à un moment - celui de l'épreuve - oir il se trouve soùmis à des tensions contrâdictoires En fait, un moment. pour le sujet. d'inquiétante étrangeté. Il hri faut en effet dépasser les repères comlruits par sa mémoire du geste et de la douleur. pour accéder à un au-delà de ce qu'il connaît de lui-meme, Dans ce conflit entre tension de survie et aûgoisse de mort. seule la pensée magique est à même d'apporter l'iilusoire maîtrise de I'au-



La marée

des " hommes de fer " sportlve appro non plus < vide ,, actuellement impossible. mais " vidée . au risque d'une soumission au préparateur devenu alors gourou, Les circonstances de ces demandes Lrdirectes peuvent se regrouper autour de différents axes Premier axe : lorsque la relation d'interdépendance normdement adnise entre le sportif et son staff a céd.é la place à une emprise de I'uu sur l'âutre. Mode]é par l'athlète, conçu et organisé dans les valeurs de la société sportive, le néo-corps sportif met à distanc€ les crilères identilaires < nâtuels ) au profit des nouveaux reÈres acquis tout au long des entraînements. Ceux-ci interpellent la sensibilité profonde (proprioceptive en paniculier) donc les assises du sentiment d'idenlité. Cette redéfinition des repères identitaires est d'autant plus marquée qu'investissement sportif et adolescence sollicilent l'individu en même lemps Au plan du psychisme, l'un et l'auûe de ces processus reposent en effel sut uue transformagénéralistes

- Pâr c€ terme. les FychÊirEi dknvent un proc€ssus v€fiJ d€ rËp€ndance à I'auûe Èl que celui qui car.ctèrise le raladon de I'enfar( à râ îÈre, aârt qu'il a(cede au bryâge et au sênimeit de sà propre adeûritê. 7

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C. Gnier (

pi{è 315 -123.

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Lê dopage e0 quesdon

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Esrrit, Ocobr€

I

998

n' 38fi,

mation du néo-corps par la pratique sponive intensive: pour I'autre. inconnu du développement

I'un éteint l'autre. Cette dernière situation s'observe principalement lorsque I'adaptation aux contrailtes de la lensioo d'effon envahit toute la conscience, et donc inhibe le recul critique nécessaire à une < bonne > prise de risque. Iæ hors-limil€ s'installe alors au quotidien et peut s'€xprimer en par:ticulier par une conduite de quête d'un produit dopant.

En cas de dépendance, apparaissent

des

conduites addiciives plurielles (y compris la toxicomanie exogène) s'exprimant plus particulière-

mentpard@ taire (anorexie. boulimieI ou une addiclion seffitfi?u d-épiâced;i

à la

Deuxième axe : la peur de sastûer. Cefte tension

inattendue fail recbercher l'artifice dopanr afin d'agit une per{otmance par procuration : " C'est pas moi, c'est le produit en nloi ! ,. A tra-

\,)

)\

vers celâ s'expdm€nt des ângoisses de solitude (seul en descendant du podium. absence d'objeci tif...), de séparation ou d'abandon de l'équipe encadratte. de rivalités complexes (sportives ou familiales) etc. ïioisième axe : I'anticipâtion impossible. Les causes en sont multiples : manque de temps pour la récupération. pour se réentraîner au letour d'une blessure, pour s'adapter à la densification des calendriers compétirils. pour organiser sa reconversion tout en négociant sa fin de carrière.. ou manque de moyens énergétiques, pas assez de force. pas assez de nutiwteûts (< de Tet pow faire mon geste sportif) . . . En guise de conclusion, la complexité du problème de la < bonne > tension comme de la < bonne > distance à respecter tout au long d'une car_

rière sportive (e) i-pliqrr" d'organiser la prévention sur un mode pluriel et global ; social. médical, psychologique. éducatil Et peut-être, devant l'hétérogénéité des politique$ devrait-elle aussi avoir ses relais intelnationaux. La prévention concerne l'ensemble de la population, depuis l'éducation sur le sens de la prise de médicamenls (surtout, en Franc€, après les résultats du rapport Zarifian) jusqu'à l'accompagnement de Dos retraités sponifs (d autanr plus que mineurs et/ou pratiquant des disciplines à matudté précG

ce) en passant par la recherche. a prlori. d'altematives au dopage plutôt qu€ de substituts autorisés

.

119

une décision sans

pÉcédent Recordman de France de l'heure, le cycliste Pierre-Henri Menthéour avoue s'être dopé. ll veut rendre son titre et vient d'en aviser par écrit la Fédération. Récit d'un engrenage infernal. PaR CHRrsropHE LaBBÉ ET

19

Olrvra

REcasENs

:!ff

il est 13h55 au vélodrome de Bordeaux lorsque PierreHenri Menthéour s'élalce sur la piste. En une heure il va avaler 52,543 kilomètres et ce faisant, pulvériser le record de France qu'il avair luimême établi I'aonée préédente. Tiois ans plus tard. Pierre-Heûi Menthéour avoue s'être dopé pour réaliser ses deux exploits, et dans utre lettre adressée le 15 janvier dernier à la Fédération française de cvclisrne, il demande que lui soit retiré son titre. Pour ce hors-série de Science & Vie,le champion breton décrit l'engeûage infemal qui I'a poussé à prendre cette décision. " J'ai battu nxon premier record grâce à une cure d'EPO, explique-t-il. .Ie récepionnais les flncons par colis directement en provenance d'Inlie. Durant le mois qu'à duré ma préparstion, je me faisais ùois injections par semoine que j'ai complétées par une hormone de croissance quinze jours avant Ie jour J. Ie ne crois pas qu'un homme puisse rouler à 50 km.4t à I'eau. Quand tu I'as fait une fois, tu sais que ce n'est pas possible. 1l faut rcster à 172 puhatiorls pendant une heure et siùrne regardes pos mn palseur pendant dix. secondet tu redescends de trois pulses tout de suite. Mais, malgré Le dopage, la souffrance est terrible. I'ai rcrminé dans wr état pitoyable. I'étais d.émoli. En fait, je n'avais pas su come 12

octobre

.

ment uiliser correctement I'EPO et l'hormone de croissance. " Aussi, l'année suivante, Pierre-Heûi Menthéour décide de recourir aux services d'un médecin italien. professionnel du dopage, pour bénéficier d'une védtable ( préparation biologique ". " "/s 2g l'ai jam"ais renconîé, précise PierreHenri Menthéour. J'ai payé 15000 francs et il m'a fLxé la liste des produits avec les heures précises auxquelles les prendre jour après jour Du mercredi 11 sep-

120

é

tembre au lundi 8 octobre, j'ai pris de l'EPO en intaveineuse, de l'homtone de croissance par voie I intramusculaire et inïocutanëe. des conkoi:des des I produits pour soigner le foie. de I'acide foliqur. du lfer... et deux gros ftacow d albumine humaine à s'injecter sous perfusion la veille et I'avant-veille de la course. ) 1,e to',J.t avec son cortège d'effets se-

condaires. " J'avais I'impression pqr moments d'avoir des ballons à la place des rcins. mais je ne voulais pas envisager les conséquences sur ma sanÉ. Parfois je me dkais : qu'est-ce que tu es en ttain de faire? Mais je contiruuis en essayant de ne pas y penser Il n'était pas question de faire msrche arriire et puis je me disais que j'étais jeune et qlt'en tant que .oureur cycliste j'allais ëliminer très vite ces foutus produirs. A aucun moment je n'ai eu le sentiment de tricher, parce que c'était la règLe du jeu. D'ailleurs lors de mon deuxième record, j'ai subi un contrôle antidopage et je suis possé au traver& Dans ma tête, j'étais "nfukel". Une anecdo" te qui interpelle sur la fiabilité des contrôles ântidopage mis en culre par la Fédération française de cyclisme lorsqu'elle homologue un record. Il est wai que dès ses premiers pas dans le cy-

clisme. Pierre-Henri Menthéour a lout de suite été confronté à la < culture du dopage >. o En 1978, je suis parti à Munich pour les championnats du monde J'avais moins de 17 ans. Avant la finaLe individuelle par points sur piste, Ie médecin de l'équipe de Frcnce de l'époque m'a fait ma première injeaion intraveineLlse. C'était juste de la vitamine C nnis k pas ém franchi. La première foi5 ce qui fair peur c'est I'aiguille. Après, Eund tu as pris l'habinde de te pi4uer tout seul, ce n'est pas plus diffrcik que de se lever le matin, et changer le produit dans la seringue n'est pas un problème. 't

Ne par se falre plncer Lannée suivante, Pierre-Henri. présélectiomé pour les Jeux oll,rnpiques de Moscou, passe aux carticn\des. J'ai commencé tès prudemment. Je " faisais Eutre à cinq jours avec une seule ampoule d'un millilitre. A 19 ans, j'ai essayé les anabolisants avec des injections de Durabolin. Puis j'ai tes-

Mais c'était encore très ponctuel. le me réfrénaig sachant qu'après avoir enftlé të les smphétamines,

le maillot professionnel, je serais obligé d'y

passer... , C'est ce qui ardve en 1980, année à paftir de

laquelle il s'arlaque au Tour d'Espagne puis au Tour de France comme coéquipier de I-awent FignoL Au bout de tois semaines, avec des étapes

"

de 200 kilomètrcs, on atteint nos dernières limites physiqua Comme tout le monde, je prenais le dé-

122

paft du Tour avec wE mallette qui contenait tou! ce qu'il fallait. On étûit comme des chsudières Paradoxalemenl, les rares qui n'en croquaient pas ont payé de leur santé.

"

A cette époque, le seul souci de Pierre-Henri Menthéour est de ne pas se faire pincer. " Pat'ois dûL ruser pour passer entre les mailles du flet. Un jour grâce à un tour de passe-passe que je pré-

j'ai

fère ne pas dévoiler, j'ai dupé un contrôle snidopage inopiné, avoue-t-il non sans flelté. C'est à panir de 1985 que je me suis mis à "mper dons les boîtes", c'est-à-dire à abuser de cermins produits Mêrne quand je ne m'entaînais pas je continuais à m'injeaer des amphétamines Now avions des mideciru qui now foumissaient très facilement. Sinon je m'approvisionnais en Belgique ou au PortugaL le prerwis une ampoule de Tenedron et dc Pewim,

je mélangeais les deut et celo me durait une journée Sur sa lanég le jeune cycliste breton gotte " aussi au ( pot belge ", ce mélange d'amphétamines, de cocaïne. d'antalgiques, de caféine et d'héroine. Comme disent les couteurs, c'est "un " produit qui t'appellc". Quand tu vetn que I'effet dure vès longremps. tu te "flèches" gy;gyygy1g_ née et si ru veut un flash c'est une infiaveineuse. Très vite tu ne sens même plus la piqûre. C'est le même processus que la drogue. Des cyclistes alloient jusqu'à se flécher en course, D'autes, quand ils n'avaient plus rien sow la main, se faisaient des injections d'eau distillée ! A cette époque je suis devenu complètement accroc des amphétamines. Mais je n'en parlais à penonne. J'étais dars la position de l'alcooli4ue qui cache aux autes sa dépendance , A la suite d'une commotion cerébrale consécutive à une chute lors du Ibur du Vaucluse en 1986 et de problèmes à répétition aux genoux. PierreHeûi doit quitter l'équipe belge de Miko Carlos o Cela a marqué I'arrêt de ma caftière professionnelle. Mais j'ai continui le vélo en tant qu'amateur de haut niveau. Ie faisais une course sur deux complètement allumé par les arnphétamines. En 1988, j'ai senti qu'il fallait que je m'arrête. La corde était tendue. I'ai stoppé net ma consommation d'smphétamines et ronxpu avec les hqbitudes d'un milieu où tous les excès émient permis. , En 199, après ses deux records de I'heure, Pier-

re-Henri Menthéour range délinitivement son vélo pour devenir dkecteur sportif d'ute équipe

d'amateurs de haut niyeau,

" Le problème

est

qu'en planifiant des programmes d'entaînement I a r2!_S2l_h"!!S!-p

*_t9y4t

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bicn q u

?

\le cyclkte vo avoir besoin d'ad.juvanrs. J'ai pris moïmême des produits el j'en assume les consé-

ALERTE AU FER DANS LE PELOTON

I

'annonce a fait l'effet d'une

LUorU".

Fin ianvier, le

quotidien lr'bérotibn évélait les premieF ésultats du suivi " biologique longitudinal ) des coureun d'élite (incluant les équipes professionnelles), débuté en novembre. Les chifftes qui auraient dû rester conlidentiels - sont alarmants. sur 200

-

60 montrent " Jérreuses Pour 90 d'entre ".

cyclistes testét

d6

pettwbations biologiques

eux, le bilan indique une inquiétante surcharge en fer. Les taux sanguins de feniùne, bon reflet de fétat des no€ks, atteignent tusqu'à 2000 nglml. soit plus de vingt fois la normale... dah, ù quelques excep. "tionsestprèt que ces onomolies sont dues à Io pdse de ptduits médicomenteux ,, assurc Armand MegreÇ médecin de la Fâiéntion française de cyclisme. Une preuve flagmnte du dopage dans le peloton? Le raisonnement est tentant. Tout semble trahir la prise d'EPO, un des dopants les plus puissants du moment. Pour être effcace, I'EPO doit être couplée à des iniections de fer. Tout simple ment parce que ce dopant fait grimper le nombre de globules

ouges, donc la guantité d'hémoglobine qui nécessite du fer pour sa fabrication... On

"

est allé peut-être un peu vite en

attibuant

ces toux de

fenitine

élevés à la prise d'EPO ,, temFÈre Michel Audrân, de la

faculté de pharmacie de Montquences mais je ne pouNûis pûs

pellier. De fait les sportifs sont coutumiers des injections d'ol! gcéléments ou de vitamines. EPO ou pas, rien ne leur interdit de s'iniecter du fer dans le5 veines ou en intramusculaire... Reste que cette anomalie est pour le moins prârcupante pour la santé des cyclistes. Une maladie génétique, l'hémG chromatose, permet de se faire une idée des dangers encourus. A long terme, le fer en excès forme des dépôts dans le foie, le pancréas, les poumons, le cæur,.. Est{e le même tableau qui attend les coureurs? Nous "

biologique a fait appamître une insuffisance des glandes sunénales, complication posible de la prise massive de stéroiides. Leur état a été iugé suffisamment sévère pour motiver le reûait de leur licence. La soixantâine de paramètres hématologiques, biochimiques, métaboliques relwés lors du suM - à raison d'un bilan par trimestre - dewait permettre de détecter d'autres désordres. Comme, peut-être, ceux liés à

sommes conftontés à un vérftd e problème de médecine expérimentole ", observe l'hématologue Gérard Dine, qui mène le suivi longitudinal. " Comment voulez-wus que je vous dise ce qu'il vd se Wsser dans cinq ou dix ans pour læ personnes concemées ? Probdblement, il faudro les prendre en chorge... " Pour l'instant, les cyclistes ayant un taux de feïitine anormal sont libres de couir. l/s onf " subi les tests d'eîfott hobituels, qui n'ont Ws révélé, à chdud, de contre-indication ou spoft ", précise Armand Megrel Face à

l'ampleur du problème, la fedê ration a décidé de cré€r un seNice mÉlical centnl, où des spécialistes

la prise d'hormone de croissànce. ll laut nous laisser le temps " de volider les données, explique Gérard Dine. Nos prcmies résultats commenceront ù softir ou deuxième semestre de 1999. , lloccasion de voir si d'autres disciplines sont aussi touchées. Plusieurs fédérations - athlétisme, triathlon, pentathlon. escri-

me, badminton, natation

- ont

déjà entamé le suivi biologique de leun sportifs de haut niveau. D'auûes - aviron, rugby, ski, basket - s'apprêtent à les reioindre. Les cyclistes profee sionnels devraien! eux, en être à leur ûoisième bilan au départ du Tour de France. Peutêtre cemera-t-on alors un p€u

mieux les conÉquences de la surcharge en fer. ,( Lo question est de savoit si, dans le cos où toute monirylation est orrètée,

d'hépatologie

pounont cogiter sur les anomalies retrouvês. fexcès de fer n'est qu'un des dangers guettant le peloton. Pour deux coureurs, le profil

I'anomalie est révenible, estime Armand Mégret. a Si cela ne baisse pog ob'J I'avenir sero dssez inquiétont... " Laure Schalchli

lermer

jour

par le coureur cycliste Alain Djouqd-Guibeft. ,le crois qu'il est lemps d'instiater une pratique saine

responsable des pépins de santé d'un de mes coureufs ,

du cyclisme. avec des sponsors qui financeraient

coninuer

à

les yeux sur c?t ptatrqÙes eI nte senlit un

Les événemens du demier Tour de France et Ia récenle conlession de son jeune frere Erwam. qui a été I'un des preniers à ré\'éler l'importance du dopage au sein du peloton. ont précipité les

choses. Aujourd'hui. à -18 ans. Pierre-Henri Menthéour tourne la paee. - J ai décid.é de rejoindre l'Associttion de lune contre le dopage créée

propres sans imposer une obligation de résultats. On ferait 25e ou 3(f mais on véhiculerait une image positive du sport. Mai.s svant d'enramer ce combat je veux pouvoir me regarder dcns une des éEdpes

glace. On reproche toujours aur sportifs leurs aveur tardifs, m.ais comment pourrait-il en être autrement? Pour avouer une faute, il faut déjà I'avoir

commise...,

J

12i

SPORT ET STUPEFIANTS I

Ce juge-

ment, émis par un joueur de

Entre dopage et toxicomanie, la f rontière est parfois mince. Dures ou douces, les drogues ne sont pas absentes des milieux sportifs.

tennis françâis dâns les années 80, visait à clouer le bec de ceux

PAR PATRTCK PrRo

qui soupçonnaient la cocaine d'aYoir des adeptes dans le milieu. tout consommateur de ce que I'on appelle cornmunément

-

les drogues

cocarre, amphéta-

mineq morphine, héroihe, cannabis, etc. - ayant nécessairement le profil d'un toxicomane délabré. Lâ déjà longue hisloùe du dopage dément largement ces propos simplistes. La cocai'ne s'est rapidement révélée un puissant

stimulant. Dans le monde du sport, les premiers compétiteurs

à la consommer pour doper leurs performances sont... des chevaux de course. Dès 1903, on détecte des traces de cocai'ne mais aussi de morphine et d'hé-

-

roihe

-

chez des équidés

Cenains vétérinaires acquiè-

'l

ll

rent une réelle maîtrise

des

dosages. au point qu'on les ret ouve âutour des vélodromes-

où se déroulent des compétitions dites

"

de

6

joun

o:6

joun

tourner sans relâche plus de 14 heures parjour, à coup d'injections détonantes de cocaïne et de morphine. Aux Étab-Unis, dans certains sports,la coke â, jusque récemà

ment. servi de détonateur

à

{'agressiyité, ingrédiefi sine qua

nor du spectacle. Al, alcien joueur de football américain vi124

vant aujourd'hui en France, évoque ses snifs d'avant match, pow êîe < comme une pile électrique, pendant deux heures ". Dale Berra. qui a connu son heure de gloire dans le base-ball des années 80. raconte son eu-

phorie et sa sensation d'invincibilité quand il se n chargeait ), o une clé de contact pour le match. Eî 1985 . on estimait à " 40 o/o le nombre de professionnels du base-ball et du basketball usagen de cocaine. La cocaitre a aussi séduit par ses effets anti-douleur- Out.e les coureurs cyclistes avant les années 40, les boxeurs, jusque " dans les qnnées 60. écrit JeanPierre de Mondenard, s'appliquaient des baumes à base de cocaïne sur le thorax pout ne pas sentir les coups Au tennis ou " en escrime, la cocâine s'infiltre dans le coude. pour en calmer les douleurs Autre attrait de la cocaihe : coupe-fain, elle a aidé des

)

compétition. Meilleurs excitants que la cocaine, parce que leurs effets sont plus durables. les amphétamines sont aussi d'excellents coupe-fatigue. Avec un inconvéniert majeur : elles n'effacent pas magi-

se

contentent d'en annihiler les madfestations Privé de signaux d'alarmes, le sportif a l'illusion de pouvoir prolonger son effort,

alors que son organisme est dans le rouge >. L'abus d'amphétamines a ainsi alimenté une nécrologie dont le plus illustre décédé est le cycliste anglais Tom Simp6on, pris d'un malaise

"

en pleine ascension du Mont Ventoux, âu cours du Tour de France 1967. Jean-Pierre de Mondenard a recensé le nombre de disciplines sportives où des cas de dopage aux amphétamines ont é1é avérés : une

trentaine. " Jusqu'au rugby à XV, comme cela m'a été confirmé par un grand international français des années 80... >, et même la voile, sport réputé < propre >. En effet, les spécialistes restent perplexes devant les €xploits des Darins lors des

counes au large : comment liennent-ils le coup en plein effort,

en ne dormant que quelques poignées de minutes parjour?

Amphétâmines, répond-on régalièrement. < On semble cependant kur p r éfé r eylglg1lgfu un autre stimulant du système nerveux central, , indique Patrick Laure, chercheur nanéien dans le domaine du dopage et des drogues

ll

Aujourd'hui, la plupart

boxeun à .apidement

re le juste poids

" fâiavânt une

quement la lâssitude, elles

des

ont plus ou moins laissé tomber la professionnels

-

poudre et les < amphéts' " " que I'on sait tacilement détecter dans les urines - pour des pro