Concept et gouvernance du développement durable [PDF]

  • 0 0 0
  • Gefällt Ihnen dieses papier und der download? Sie können Ihre eigene PDF-Datei in wenigen Minuten kostenlos online veröffentlichen! Anmelden
Datei wird geladen, bitte warten...
Zitiervorschau

Master Intelligence Economique et Management de Projet.

Concept et gouvernance du développement durable. Encadré par : Pr.Ouchekkir Ali Réalisé par : ELOUMARY Zineb ;,ELHAFA Soukaina ; EL GHARBALI Ibtissam

2022-2023

Introduction générale : « Il n’y a pas seulement pour l’humanité la menace de disparaître sur une planète morte. Il faut aussi que chaque homme, pour vivre humainement, ait l’air nécessaire, une surface viable, une éducation, un certain sens de son utilité. Il lui faut au moins une miette de dignité et quelques simples bonheurs. 1 » Marguerite Yourcenar, Les Yeux ouverts (entretiens avec Matthieu Galey), Éditions du Centurion, 1980. Faisant le départ à partir de cette citation de Madame Marguerite Yourcenar, la notion de développement doit répondre aux aspirations de l’être humain. Au cours de l’histoire et encore aujourd’hui, le développement est une question de survie. La qualité de vie est également au coeur des objectifs de développement d’une société. Pour promulguer cette qualité de vie à ses membres, la société doit satisfaire les besoins des individus qui la composent dans une perspective de pérennité tout en s’assurant de posséder (ou de se donner) les structures et la capacité d’y répondre. La qualité de vie est une notion qui varie d’une société à l’autre et ne signifie pas exclusivement quantité de biens. (Villeneuve 1998) 2. La qualité de vie humaine passe donc par la satisfaction des besoins essentiels et conséquemment, un minimum de consommation est nécessaire pour les satisfaire. Croissance économique et développement, vue de façon complémetaire, devraient ainsi assurer, pour tous les peuples de toutes les nations et pour les générations futures, la satisfaction des besoins essentiels que sont: la santé et la longévité, l’occupation valorisante, l’éducation, les sentiments de liberté et de sécurité, le respect des droits fondamentaux et la culture. D’où la question de durabilité qui donne au développement un critère de continuité et la pérennité du progès d’une manière viable et équitable.  Développement ne veut pas dire croissance Le développement anticipé à long terme est fort différent de la croissance. Cette perspective du développement, partagée par les organisations internationales (et nationales), affirmée dans le rapport Brundtland et réaffirmée lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, nous invite à concevoir désormais la croissance sous un angle plus englobant, plus viable et surtout plus équitable. Cependant, pour que ce développement puisse être mis en oeuvre, il nécessite des 1

https://www.cairn.info/le-developpement-durable--9782130801573-page-3.htm Rapport de recherche « Évolution conceptuelle et historique du développement durable » ; Jérôme Vaillancourt, chargé de projets ; L’Atelier d’aménagement, d’urbanisme et d’environnement 1085, de Salaberry, bureau 331 , Québec 1998. 2

1

changements profonds des schèmes de valeurs sociales et de consommation qui ont cours actuellement et surtout, il devra surpasser les préceptes de la doctrine néolibérale montante. La notion de développement durable fait aujourd'hui partie intégrante du discours de la majorité des dirigeants et des politiques de développement. Ce concept est toutefois apparu après une longue réflexion sur les effets néfastes de l'activité humaine sur l'environnement. Une seule organisation ne peut assurer la prospérité des générations futures mais collectivement, les organisations peuvent s’inscrire dans le projet du développement durable et d’une économie plus verte et équitable. Le développement durable est une notion de plus en plus diffusée. Cette notion est utilisée par des acteurs, dont les intérêts sont parfois contradictoires... provoquant souvent des interrogations sur sa portée et sa pertinence. Ce qui nous mène dans cette recherche à pose un certain nombre de questions ?  Existe-t-il une définition exacte du développement durable ?  Comment mieux appréhender l’histoire, les enjeux, du développement durable ?  Comment est-il mis en œuvre ?  Qu’en est-il au Maroc ? Pour répondre à ces questions nous avons adopté le plan suivant : Dans la première section on va essayer de répondre à la question de l’évolution historique, à la définition du concept et à l’appréhension des enjeux et piliers du développement durable. Dans la deuxième section on va traiter le concept de gouvernance du développement durale. Quels acteurs et quels outils de mise en œuvre du développement durable. Dans la troisième section, on va mette l’accent sur le processus de mise en œuvre du développement durable dans le contexte marocain.

2

I.

Contexte et Conceptualisation du développement durable :

Si l’expression de « développement durable » n’est passée dans le langage courant qu’à la fin des années 1980, la notion de développement durable est ancienne. Développée tour à tour par différentes traditions intellectuelles, elle intègre des réflexions écologiques, économiques et socio-culturelles qui puisent leurs racines dans l’histoire des idées et des pratiques économiques et sociales. Aujourd’hui, il devient urgent de regarder notre mode de vie à la lumière de ce concept, pour que change le monde dans lequel nous vivons.

1. Evolution conceptuelle et historique et définition du concept : a. Evolution historique du concept .

Le concept du développement durable trouve ses origines théoriques dans le milieu du XIXe siècle. Une vaste littérature a permis de raffiner la définition conceptuelle de cette notion que l’on associe souvent aux négociations internationales portant sur l’environnement et le développement et surtout aux travaux de la Commision Brundtland. Le concept a débuté à se forger très tôt, mais ce n’est qu’en 1980, avec la publication de la stratégie mondiale de la conservation (SMC), que le terme « développement durable » a été employé au sens qu’on lui attribue aujourd’hui. C’est en effet entre la publication de la SMC et la déclaration de Rio en passant par le rapport Brundtland « Notre Avenir à tous », que le concept de développement durable a d’une part grandement évolué et, d’autre part, été le plus largement diffusé. Certains attribuent à la Commission Mondiale sur l’Environnmenet et le Développement (CMED) la popularisation du terme « développement soutenable » ou « durable », c’est selon, et y voient également la définition la plus fiable du concept. D’autres, sans rejeter l’ensemble du rapport de la Commission, n’y perçoivent qu’une définition diplomatique fort englobante mais imprécise quant à l’application concrète. Il n’en demeure pas moins que la Commission Brundtland marquait un point tournant dans l’évolution conceptuelle du développement durable. Essentiellement, le concept de développement durable tente de réconcilier le développement et le respect de la nature. Grâce au rapport Brundtland, « le concept est devenu le cri de ralliement de tous ceux qui s’intéressent au développement économique et à la protection de 3

l’environnement, c.-à-d. à l’harmonisation de l’économie et de l’écologie... C’est un peu comme si madame Brundtland et son équipe de commissaires avaient réussi à trouver une formule magique capable de réconcilier les militants de l’écologisme et les tiers-mondistes d’une part, avec les bureaucrates gouvernementaux et les entrepreneurs développementalistes de l’autre. » (Vaillancourt 1990: 21)3.

 Des dates marquantes des différentes conférences :  En 1992, à Rio de Janeiro, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) conforte la notion de développement durable à travers la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement et par des propositions juridiquement non contraignantes, rassemblées dans le plan Action 21. 

En 2002, le Sommet mondial sur le développement durable (SMDD) de Johannesburg marque un tournant important pour la promotion du développement durable.



En 2012, La Conférence des Nations Unies sur le développement durable 2012 (Rio+20) est la continuité du Sommet de Rio 1992. En 2015, les objectifs du développement durable (ODD) remplacent les objectifs du millénaire pour le développement (OMD).



D’autres conférences et sommets internationaux marquent les grandes étapes de la construction du concept de développement durable.

b. Conceptualisation et Definition :

Le concept de développement durable conjugue deux termes ayant un historique et un corpus référentiel distincts. Le terme développement évoque « l'action d'un déploiement» (Cadène, 2003, p. 245) et trouve ses origines au XVIIIe siècle avec l'idée de progrès, période pendant laquelle il est souvent associé à la doctrine capitaliste de croissance illimitée. Ces modèles économiques fondés sur l'idée que la croissance doit être illimitée et sur « le grand récit de l'amélioration », pour reprendre l'expression de Berthoud (1995), ont été largement remis en question par nombre de chercheurs car ils vont à l'encontre du but recherché puisqu'ils menacent de détruire la base des ressources dont ils dépendent. 3

Rapport de recherche « Évolution conceptuelle et historique du développement durable » ; Jérôme Vaillancourt, chargé de projets ; L’Atelier d’aménagement, d’urbanisme et d’environnement 1085, de Salaberry, bureau 331 , Québec, 1998. P 4 et 5. 4

Devant les crises sociales, environnementales et économiques qui affectent le système actuel, le concept de développement a été couplé à la notion de temporalité ou de durabilité.

 Le développement durable : Le terme développement durable connaît une pluralité de définitions.  La formule du rapport Brundtland : Selon la formule Brundtland, universellement acceptée, le développement durable est « un mode de développement qui permet de satisfaire les besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures de répondre aux leurs ». Deux concepts sont inhérents à cette de notion : le concept de besoins, plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent à la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.  Écodéveloppement (« Environmentally sound development ») par Maurice Strong et Ignacy Sachs « Concept qui désigne un type de développement intégré qui tient compte des contraintes écologiques et du long terme, un développement socio-économique écologiquement viable »  Développement autre ou société de conservation Fondation Dag Hammarsköld, Kimon Valaskis, EdwardGoldsmith et Société Royale du Canada : « Proposait un autre type de développement confiant en soi, endogène, centré sur les besoins réels, en harmonie avec la nature et ouvert au changement institutionnel ».  D’autres définitions : Le développement durable est « un type de développement qui prévoit des améliorations réelles de la qualité de la vie des hommes et en même temps conserve la vitalité et la diversité de la Terre ». Le but est un développement qui soit durable. À ce jour, cette notion paraît utopique, et pourtant elle est réalisable. Le développement durable est « une démarche visant l’amélioration continue de la qualité de vie des citoyens par la prise en compte du caractère indissociable des dimensions 5

environnementale, sociale, économique et culturelle du développement durable dans une perspective d’équité intra- et intergénérationnelle» (OIF, 2002). Le développement durable est une tentative de créer un modèle de développement qui intègre à la fois l'économie, le progrès social et la protection de l'environnement. Cet objectif est né de l'idée que la qualité environnementale et le bien-être économique et social sont intimement liés et que, par conséquent, ces trois dimensions ne peuvent pas être considérées séparément. Le développement durable devient ainsi plus qu'un simple outil de protection pour l'environnement: c'est un projet de créer un modèle de développement pouvant être soutenu à très long terme ou dans le meilleur des cas, indéfiniment. Le rapport Brundtland va même dire que c'est un moyen de protéger le développement de l'humanité.

2. Les principes et les piliers du développement durable : a. Principes :

Le développement durable est conçu comme devant reposer sur des piliers interdépendants et vise à traduire dans des politiques et des pratiques un ensemble de principes. •

La protection de l’environnement : La protection de l’environnement doit faire partie intégrante du processus de développement.



La production et la consommation responsables : Les modes de production et de consommation doivent évoluer en vue de réduire au minimum leurs répercussions défavorables sur les plans social et environnemental.



La responsabilité : La responsabilité s’exerce aux niveaux individuel et collectif. À l’échelle internationale, les États ont des responsabilités communes, mais différenciées. Les pays développés admettent la responsabilité qui leur incombe dans l’effort international en faveur du développement durable.

Exemple : Les pays riches, principaux responsables du changement climatique global, s’engagent à respecter des quotas de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, en faisant payer une taxe aux industries qui polluent beaucoup.

6



La solidarité : La solidarité se conçoit dans le temps et dans l’espace. Dans le temps, entre les générations présentes et futures. Ainsi, les choix du présent doivent tenir compte des besoins des générations à venir.

Exemple : leur droit à vivre dans un environnement sain. Dans l’espace, entre les peuples, entre les pays, entre les régions pauvres et les régions riches, entre milieu urbain et milieu rural. •

La participation et l’engagement : Le développement durable repose sur l’engagement et la participation de tous. Ces deux principes visent à mettre en œuvre des processus d’information transparente et pluraliste, de consultation, de débat public, en intégrant tous les acteurs concernés à tous les niveaux de décision, du local à l’international.

Exemple : la mise en place de conseils de jeunes, les conférences de citoyens. •

La précaution : En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l’environnement.

Exemple : Limiter les émissions de CO2 pour freiner le changement climatique. •

La subsidiarité : La prise de décision et la responsabilité doivent revenir à l’échelon administratif ou politique le plus bas en mesure d’agir efficacement.

Exemple : Une action de coopération internationale doit s’intégrer aux politiques décidées et mises en œuvre localement et non s’y substituer. b. Les piliers du développement durable.

i.

Le pilier économique :

L’économie est un instrument au service du développement humain. Par conséquent, le développement durable n’exclut pas la poursuite de la croissance (l’augmentation de la production de biens et de services), pour répondre aux besoins des générations présentes et futures. Toutefois, le développement durable promet une gestion saine et durable, sans préjudice pour l’environnement et le social. 7

ii.

Le pilier social et sociétal :

Le développement durable vise à assurer la cohésion sociale en veillant à la réduction de la pauvreté et des inégalités, au partage équitable des revenus et des services, à une répartition équitable de la richesse en fonction de la contribution de chacun. Le pilier social inclut aussi la dimension sociétale, qui vise les rapports de l’entreprise avec la société civile (élus, médias, administration, communauté scientifique, organismes non gouvernementaux, communautés, actionnaires, banquiers, assureurs, fournisseurs, sous-traitants, clients, consommateurs).

iii.

Le pilier environnemental :

Le développement durable vise la limitation de l’impact des activités humaines sur l’environnement naturel, mais aussi urbain. Il s’agit de préserver les ressources naturelles à long terme en réduisant leur surexploitation, les nuisances, la défiguration des paysages, l’exploitation des énergies fossiles au profit d’énergies renouvelables. Exemples : la réduction des rejets polluants l’atmosphère, la lutte contre le déboisement et la désertification, la protection de la biodiversité et des forêts, la promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé.

iv.

Le pilier culturel (la culture et la diversité culturelle) :

Depuis le Sommet mondial sur le développement durable de 2002, la culture est considérée comme une quatrième composante du développement durable. La culture, dans sa diversité, est une richesse. Il n’est plus possible de concevoir un développement durable qui ne respecterait pas la préservation des libertés et des droits culturels, d’identités, de savoirs, de langues, de modes et de rythmes de développement diversifiés.

8

3. Les objectifs et enjeux du développement durable : Ce paragraphe se focalise sur les enjeux et les perspectives du développement durable. Elle présente, également, le cadre opérationnel du programme de développement durable à l’horizon 2030. a. Un regard global sur les objectifs de développement durable.

Pour de nombreux auteurs, le nouveau programme des objectifs du développement durable (ODD), contrairement aux objectifs millénaire du développement (OMD), a une dimension globale et couvre l’ensemble des enjeux du développement, au Nord comme au Sud. Le nouveau programme repose sur les OMD et cherche à parachever ce qui ne l’a pas été (des progrès inégaux, des OMD en suspens, notamment la santé maternelle, néonatale et infantile). Mais en termes de portée, il va plus loin que les OMD, c’est-à-dire au-delà de l’éradication de la pauvreté, de la promotion de la santé, de l’éducation, de la sécurité alimentaire et de la nutrition. D’ici 2030, l’intention annoncée est : 

d’éliminer la pauvreté et la faim partout dans le monde ;



de combattre les inégalités et construire des sociétés pacifiques, justes et solidaires ;



de protéger durablement la planète et ses ressources ;



de créer les conditions d’une croissance économique soutenue et globale, s’inscrivant dans la durée, et d’une prospérité partagée.

Pour atteindre les ODD, les défis et les perspectives sont immenses : 

les défis : l’appauvrissement des ressources naturelles, les famines, les crises humanitaires, les conflits, la dégradation de l’environnement (sécheresses, inondations, changements climatiques, dégradations des sols et de la biodiversité) ;



les perspectives : le développement des technologies de l’information et de communication favorisant l’inter-connectivité mondiale, ainsi que l’innovation scientifique et technologique dans divers domaines tels que la médecine et les énergies renouvelables.

9

b. Les enjeux du développement durable.

Le concept de développement durable comporte par nature de très nombreux volets associés de manière systémique. Ces enjeux sont les suivants : Pour l’objectif de la satisfaction des besoins de chacun, ce que l’on appelle la solidarité intergénérationnelle, on peut citer, entre autres : se nourrir, être en bonne santé, se loger, être éduqué, réduire les inégalités, maîtriser les enjeux démographiques. Dans le contexte de l’environnement, pour ce qui est de la condition du développement durable, en d’autres termes le fait de vivre dans un environnement sûr et de qualité, les enjeux couvrent les aspects suivants : 

aménager des territoires durables (les villes et les campagnes),



maîtriser les transports (des humains, des marchandises et du bétail),



réduire l’effet de serre afin de limiter la variabilité climatique,



préserver ou restaurer la qualité de l’air, de l’eau, des écosystèmes, et préserver et gérer les risques majeurs naturels et technologiques.

En ce qui concerne la gestion et le partage des ressources pour demain, donc la solidarité intergénérationnelle, les enjeux concernent : 

les ressources hydrauliques et les zones humides,



la question énergétique (ressources renouvelables ou non, l’enjeu nucléaire),



les ressources halieutiques,



les ressources forestières,



la biodiversité.

Pour ce qui est de l’objectif de produire et consommer autrement, les enjeux concernent : 

les options vers une agriculture durable,



une industrie non polluante,



un tourisme durable et un commerce équitable, de même que le fait de produire moins de déchets et de savoir les collecter, les trier et les recycler.

À l’intersection des quatre objectifs se trouve l’enjeu éthique majeur du type de gouvernance pour assurer les progrès de valeurs universelles telles que la paix, la démocratie, la solidarité et l’équité.

10

II.

Gouvernance du développement durable : les acteurs et les outils de la mise en œuvre du développement durable.

L’atteinte des objectifs du développement durable passe nécessairement par une bonne gouvernance de l’environnement à tous les niveaux de décisions, en vue de trouver des solutions aux problèmes actuels. Les principes de bonne gouvernance, ainsi que les systèmes de gouvernance stables et crédibles sont abordés à tous les niveaux d’échelle. La gouvernance du développement durable est définie comme la manière de gérer et de diriger le domaine du développement durable. Rappelons que le développement durable peut se décliner de manières complémentaires : au niveau politique, sur les territoires, dans les entreprises, voire dans la vie personnelle de chaque citoyen. Dans cette section on va essayer de mettre l’accent sur les acteurs et les outils qui permettront d’assurer la gouvernance du développement durable.

1. La bonne gouvernance Le concept de la gouvernance est associé à la fois à la démocratie et à l’administration, à la transparence, la participation et la responsabilité. En effet, pour la Commission sur la gouvernance mondiale (1995), la gouvernance est « la somme des différentes façons dont les individus et les institutions, publics et privés, gèrent leurs affaires communes ». La gouvernance, c’est précisément la capacité des sociétés humaines à se doter de systèmes de représentation, d’institutions, de procédures, de moyens de mesure, de processus, de corps sociaux capables de gérer les interdépendances de manière pacifique. La bonne gouvernance ne sert pas seulement à maintenir le cap, mais est aussi un instrument d’aide au changement. L’article 4 du Plan de mise en œuvre du Sommet mondial de Johannesburg sur le développement durable précise qu’«Il ne peut pas y avoir de développement durable sans une bonne gouvernance aux niveaux national et international. À l’échelon national, des politiques environnementales, sociales et économiques bien conçues, des institutions démocratiques répondant comme il convient aux besoins des populations, la prééminence du droit, des mesures de lutte contre la corruption, l’égalité des sexes et un environnement favorable aux investissements constituent la base du développement durable4».

4

« La gouvernance du développement durable » ; Fiche de gouvernance et guide de l’utilisateur Par : Claude Villeneuve et Georges Lanmafankpotin ; Chaire en éco-conseil ; Département des sciences fondamentales ; Université du Québec à Chicoutimi ;Juillet 2017. 11

La bonne gouvernance préside, ce mode d’organisation sociale et politique vise un bien-être social maximal et des coûts humains et sociaux très réduits, sous des conditions bien définies, telles que : La durabilité, la responsabilité de l’administration, l’efficacité de la gestion des services publics, la transparence, la participation et la coopération, la liberté d’expression 5; etc.

La gouvernance du développement durable se définit quant à elle comme «une démarche de

concertation et de prise de décision, qui implique de façon responsable les acteurs ou les populations concernées par les politiques de développement durable et leurs plans d’action. L’objectif de la gouvernance est d’aboutir à des décisions acceptables par la majorité, dans la mesure du possible, et qui vont dans le sens du bien commun6». Plus simplement, elle regroupe l’ensemble des mécanismes de régulation d’un système économique et social en vue d’assurer des objectifs communs (la sécurité, la prospérité, la cohérence, l’ordre, la continuité du système, le développement durable). Deux ingrédients semblent cependant être nécessaires à l’analyse des pratiques de bonne gouvernance : 

Tenter d’aborder les défis, les questions dans leur globalité, ce qui implique que « les modes de gouvernance doivent être capables de prendre en charge les relations entre les différents secteurs d’activité, entre les acteurs sociaux, entre les activités humaines et les écosystèmes » (DDC, 2007).



Approcher la réalité à partir d’un territoire local limité et défini, pas seulement au niveau géographique, mais aussi et surtout au niveau des interrelations entre acteurs existant sur ce territoire limité.

2. Les acteurs du développement durable Le développement durable concerne tous les acteurs, qui regroupent toutes les personnes physiques et morales (gouvernements, collectivités locales, associations, entreprises, citoyens) contribuant à la définition des valeurs et des objectifs du développement durable et à leur mise en œuvre.

5

RevuE Interdisciplinaire Vol 1, N° 1 (2018) « QUELLE GOUVERNANCE POUR LA MISE EN OEUVRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ? : CAS DES ENERGIES RENOUVELABLES AU MAROC » ; KOUSKOUS Adil ; EZ-ZAOUINE Jamila ; Université med premier Oujda. 6 « La gouvernance du développement durable » ; Fiche de gouvernance et guide de l’utilisateur Par : Claude Villeneuve et Georges Lanmafankpotin ; Chaire en éco-conseil ; Département des sciences fondamentales ; Université du Québec à Chicoutimi ;Juillet 2017. 12

Le principe 10 de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement affirme que : « La meilleure façon de traiter les questions d’environnement est d’assurer la participation de tous les citoyens concernés. » Le préambule du plan Action 21 de Rio, quant à lui, souligne que « le développement durable doit être mis en œuvre par tous les acteurs, publics, privés et de société civile, au niveau local, national, sous régional, mondial » (Adéquations, « Les acteurs du développement durable », 2008). Les principes du développement durable s’appliquent au sein d’une entreprise, d’une collectivité territoriale, mais aussi dans la vie de tous les jours. Tous les acteurs de la société civile ou de la sphère économique et politique, les associations, les citoyens ont un rôle à jouer en matière de développement durable. Depuis le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro (1992), les territoires sont au cœur du développement durable. À l’aide du plan Action 21, véritable feuille de route de la politique de développement durable des collectivités, les réseaux de villes et les communautés urbaines sont à même d’exprimer les besoins et de mettre en œuvre des solutions.

a. Des organisations internationales aux fonctions diverses. Les organisations internationales sont dotées d’une personnalité juridique de droit international, elles possèdent leurs organes propres et édictent leurs propres actes. On peut notamment citer : le Programme des Nations unies pour l’environnement ; le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) ; la Commission des Nations Unies pour le développement durable (CDD) ; les secrétariats ; la Banque mondiale ; l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ; le Fonds monétaire international (FMI).

b. Les États. Les outils d’intervention de l’État sont très variés. Ils relèvent, entre autres, de la sensibilisation, de la formation, de l’information, du conseil, de la communication, de la normalisation.



La gouvernance environnementale à l’échelle de l’État.

L’État, de par sa nature même, est le principal acteur du développement durable et ceci, quelles que soient ses modalités d’intervention. Le mode d’action de l’État en matière de développement durable couvre les aspects suivants : 

fixer les objectifs, choisir les indicateurs, produire et diffuser les informations, mener les évaluations, répartir les responsabilités entre les acteurs, choisir et équilibrer les moyens

13

d’action de l’État pour gérer ses propres ressources ou pour orienter ou cadrer les autres acteurs.



La participation des États à la gouvernance environnementale mondiale.

Les visions différentes et souvent contraires qu’ont les États sont une source d’inquiétude, car ce sont eux et, concrètement, les pays du Nord, qui tirent les ficelles du financement des institutions internationales et qui peuvent freiner ou accélérer les différents processus. Ces tensions renvoient le problème de la gouvernance environnementale mondiale à son origine, car ces pays sont les principaux donateurs des institutions internationales et en contrôlent les politiques.

c. Les entreprises. La gouvernance environnementale des entreprises correspond au pilier environnemental d’une notion plus vaste, la responsabilité sociétale des entreprises, qui est l’application des principes du développement durable aux entreprises. La gouvernance environnementale des entreprises prend en considération la gestion qu’une société a de ses impacts et de ses risques ; elle sert à évaluer ses actes et ses possibilités d’action dans le domaine environnemental.

d. Les acteurs non étatiques. La question des acteurs participant à la gouvernance environnementale est directement liée à la démocratisation de cette dernière. Il existe un consensus sur le fait « qu’une plus grande participation des acteurs non étatiques dans les décisions environnementales à caractère multilatéral renforce la légitimité démocratique de la gouvernance environnementale. Mais au-delà des résultats positifs de l’action des mouvements sociaux sur la démocratisation des sociétés dont ils font partie, il convient de se demander dans quelle mesure ils peuvent être les acteurs principaux d’une transformation du territoire ou jusqu’à quel point ils contribuent à générer une gouvernance environnementale au niveau territorial.

e. Les accords multilatéraux sur l’environnement Les accords multilatéraux sur l’environnement (AME) visent à protéger et à restaurer l’environnement mondial et à contribuer au développement durable. Exemples : la Convention de Ramsar sur les zones humides (1971), la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Convention de Washington, 1973), la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (1992) et le Protocole de Kyoto (1997) qui la renforce. 14

Les accords multilatéraux sur l’environnement jouent un rôle fondamental pour servir les pays, renforcer les communautés, favoriser le bien-être de ceux qui en font partie, et inciter à la compréhension mutuelle et à la paix. En outre, à travers toute une gamme de biens et de services, les gènes, les espèces et les écosystèmes contribuent souvent directement aux sources de subsistance et au développement durable.

f. Les institutions internationales : 

Le Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Le PNUE est la plus haute autorité en matière environnementale dans le système des Nations Unies. Fort de son expertise, il renforce les normes et les pratiques environnementales tout en aidant au respect des obligations en matière environnementale aux échelons national, régional et international. 

Le Fonds pour l’environnement mondial

Le FEM est une organisation financière indépendante lancée à l’initiative de gouvernements donateurs tels ceux de l’Allemagne et de la France. C’est la première organisation financière qui se consacre pleinement à l’environnement à l’échelle mondiale. 

La Commission des Nations Unies sur le développement durable

La CNUDD est une institution intergouvernementale qui se réunit deux fois par an pour évaluer les efforts consentis lors du Sommet de Rio. 

Les secrétariats des conventions et accords multilatéraux

Les secrétariats des conventions et accords multilatéraux constituent des piliers de la réglementation environnementale mondiale. Ils ont une grande influence sur les parties contractantes dans la mise en œuvre des résolutions et décisions des conférences des Parties. 

La Banque mondiale

La Banque mondiale influe sur la gouvernance environnementale par l’entremise d’autres acteurs, en particulier le FEM. Son mandat en matière de gestion environnementale n’est pas suffisamment défini, même si elle a incorporé cette thématique dans sa mission. L’OMC et le FMI sont aussi considérés comme des organisations internationales. D’autres institutions internationales intègrent la gouvernance environnementale dans leur plan d’action, par exemple : 

le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ;



l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ; 15



l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ;



l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

 Ainsi, une bonne gouvernance et une saine gestion publique constituent des préalables à la mise en œuvre de mesures de développement durable. La réalisation des objectifs du développement durable exige souvent des pouvoirs publics des initiatives particulières pour mieux intégrer les objectifs économiques, environnementaux et sociaux qui relèvent du domaine de compétence de leurs diverses institutions. Le manque de coordination réelle entre les secteurs et entre les échelons de l’administration constitue donc l’un des principaux obstacles à surmonter.  Au niveau mondial, la gouvernance environnementale se heurte à quatre obstacles fondamentaux : des structures parallèles et concurrentes ; des contradictions et des incompatibilités ; la concurrence entre les multiples accords provenant d’organisations différentes et comportant des objectifs, des règles et des processus différents ; le chaînon manquant entre l’échelle mondiale et l’échelle locale.

3. Les outils de mise en œuvre du développement durable : Si le développement durable est si important, pourquoi notre volonté politique est-elle si peu souvent mise en œuvre de manière efficace ? La réponse tient en partie au caractère inadapté des outils de gouvernance. L’atteinte des objectifs du développement durable passe par l’utilisation adéquate d’un certain nombre d’outils d’ordre technique, politique ou socioéconomique. L’objectif de ce paragraphe est donc de discuter, de certains de ces outils et de mettre en exergue leur rôle dans le processus du développement durable. a. Les outils économiques Le rôle de l’économie est de plus en plus indispensable à l’atteinte des objectifs du développement durable. Tous les secteurs clés comportent un volet économique, dans lequel divers outils peuvent être utilisés. Dans notre cas, nous estimons que la question du financement est essentielle. À cela s’ajoute la question de l’économie verte, qui prend de l’importance dans la mise en œuvre du développement durable, après Rio+20.

16

i.

Le financement du développement durable

Le financement des activités d’un pays suppose la création de richesse. Il s’agit de la croissance économique. Le financement du développement durable est tributaire de la croissance économique. On peut supposer qu’en période de crise, les financements seront moins disponibles qu’en période de forte croissance. Cependant, le financement du développement durable est aussi une question de volonté politique et d’engagement au niveau national et international.  Le financement public Le financement public du développement durable relève en général des organisations internationales et des gouvernements nationaux. Il a donc une dimension internationale et nationale. À l’échelon international, des organisations comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale sont des partenaires clés du développement. Pour l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD), le FMI (2015, p. 1) envisage : 

de relever l’accès des pays en développement aux ressources du FMI, ce qui leur permettrait de mieux faire face à leurs besoins de financement de la balance des paiements tandis qu’ils cherchent à accélérer leur croissance ;



d’accroître l’aide à l’établissement de diagnostics et d’intensifier le renforcement des capacités pour les pays qui cherchent à augmenter leur investissement pour réduire leur déficit d’infrastructures ;



de mettre davantage l’accent sur l’équité, l’inclusion et l’équilibre des genres dans les travaux opérationnels, en s’inspirant de l’analyse en cours et des travaux d’autres institutions ;



de mettre davantage l’accent sur les pays fragiles et les pays touchés par des conflits ;



d’intensifier de manière sélective le renforcement des capacités dans les domaines de la mobilisation des recettes, de la taxation de l’énergie et du développement des marchés financiers.

La mobilisation d’un financement public interne pour l’environnement nécessite donc la mise en place d’une fiscalité environnementale dédiée, ce qui suppose de revoir la taille de l’assiette fiscale et d’améliorer l’administration des impôts et taxes.

17

La fiscalité environnementale est un instrument qui vise à prendre en compte, dans les coûts supportés par les acteurs économiques (entreprises, ménages, secteur public), le coût des dommages environnementaux causés par leurs activités. Les taxes environnementales peuvent être distinguées en fonction de la problématique environnementale à laquelle elles s’appliquent : la consommation de ressources (ressources biotiques, ressources en eau, matières premières énergétiques et minérales), les changements climatiques (émissions de gaz à effet de serre), les pollutions (pollution de l’air et de l’eau et gestion des déchets).

 Le financement privé. Le développement d’un pays est lié au dynamisme du secteur privé, car le public ne peut pas supporter à lui seul tous les investissements indispensables à la croissance économique. Les ressources privées sont donc des moteurs de croissance et de création d’emplois. Même si, de nos jours, le secteur privé est sensibilisé à la cause de l’environnement, son niveau d’investissement dans ce domaine reste faible. Ainsi, pour stimuler un financement privé interne, les pouvoirs publics devraient mettre en place des politiques pour encourager les investissements de long terme dans le domaine de l’environnement. Pour ce faire, selon les Nations Unies (2015), il faudrait : 

assurer un meilleur accès aux services financiers aux ménages et aux microentreprises ; promouvoir les prêts pour les petites et moyennes entreprises ;



développer des marchés financiers pour les investissements à long terme ; améliorer la réglementation pour une meilleure gouvernance dans le système financier.

 Le financement mixte : Les besoins de financement du développement durable sont considérables, en particulier dans une période de crise économique. Il faudrait donc envisager des financements mixtes combinant des capitaux privés et publics. Cela implique la mise en place de partenariats innovants pour financer le développement durable. S’il est bien conçu, le financement mixte permet aux gouvernements d’utiliser des fonds publics pour lever des capitaux privés. Il existe aussi un avantage à ce mode de financement : partager les risques et les rendements. L’État peut donc jouer son rôle régalien sur le plan social, environnemental et économique, au nom de l’intérêt général.

18

ii. L’économie verte : La notion d’économie verte a été un des points saillants des débats à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20). Le développement durable n’est possible qu’en prenant des trajectoires de croissance économique respectueuses de l’environnement. C’est ainsi que l’économie verte est considérée comme un outil de développement durable. Plusieurs termes sont utilisés dans le cadre de ce concept, allant de l’économie verte aux emplois verts.  Une première définition à mettre en relief est celle du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE, 2011a) : « une économie qui améliore le bien-être humain et l’équité sociale tout en réduisant de façon significative les risques environnementaux et les pénuries écologiques ». Sous sa forme la plus simple, l’économie verte se caractérise par un faible taux d’émission de carbone, l’utilisation rationnelle des ressources et l’inclusion sociale.  Un autre terme employé est celui d’emplois verts, que plusieurs organisations comme le Bureau international du travail mettent en relief. Selon Les Verts (2014), les emplois verts recouvrent toute activité professionnelle qui contribue à protéger l’environnement et à lutter contre le changement climatique parce qu’elle économise de l’énergie et des matières premières, encourage les énergies renouvelables, réduit les déchets et la pollution ou protège la biodiversité et les écosystèmes.

ii.

L’économie circulaire

La notion d’économie circulaire est née des limites de l’économie actuelle, qui est linéaire. Depuis la révolution industrielle, le modèle de production et de consommation repose sur des ressources naturelles abondantes, et sur un schéma d’utilisation linéaire : on extrait des matières premières  on produit des biens et services  on consomme ces biens et services  on se débarrasse des déchets. Ce modèle conduit inexorablement à l’épuisement des ressources naturelles. Le principe clé de l’économie circulaire est d’éviter le gaspillage des ressources et l’impact environnemental. Pour Laurent et Le Cacheux (2015), l’économie circulaire vise des prélèvements limités des ressources, l’utilisation d’énergies renouvelables et la minimisation des déchets. Selon l’ADEME (2013, p. 4), l’économie circulaire est un « système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de 19

l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus ».

b. Les outils techniques : i.

L’analyse du cycle de vie :

L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode normalisée qui permet de mesurer les effets quantifiables de produits ou de services sur l’environnement. L’ACV est un outil d’aide à la décision. Ses résultats peuvent être utilisés pour des besoins d’écoconception, d’affichage environnemental ou encore d’orientation des politiques publiques. L’ACV a pour objectif de présenter une vision globale des impacts générés par les produits (biens, services ou procédés), déclinée selon différentes simulations : pour les politiques industrielles, il s’agit de choix de conception et d’amélioration de produits, de choix de procédés, etc. ; pour les politiques publiques, de choix de filières de valorisation ou de critères d’éco-labellisation des produits.

ii.

L’évaluation environnementale

L’évaluation environnementale (EE) est un concept qui a beaucoup évolué depuis son apparition. Elle devient de plus en plus une pratique obligatoire dans les pays aux termes de lois et de réglementations nationales et internationales.

 Définition et objectif Selon André, Delisle et Revéret (2010), l’évaluation environnementale est un ensemble de processus qui vise la prise en compte de l’environnement dans la planification ou le développement d’opérations de projets, de plans, de programmes ou de politiques. L’EE a pour objectif de réaliser le développement tout en assurant la protection de l’environnement et la conservation des milieux de vie. Elle vise donc à : 

améliorer la décision par une prise en compte explicite et sélective des considérations environnementales ;



fournir une base solide pour la gestion des conséquences sur l’environnement des actions d’aménagement ;



permettre aux citoyens de s’exprimer sur les modifications prévisibles de leur cadre de vie;



favoriser l’intégration des objectifs fondamentaux que sont la protection de l’environnement et le développement durable.

20

La finalité de l’EIES est la délivrance (ou la non-délivrance) d’un certificat de conformité environnementale par le décideur afin d’autoriser (ou de refuser) la réalisation d’un projet. c. Les outils de sensibilisation et de communication. L’atteinte des objectifs du développement durable passe par un changement des comportements de tous les acteurs, à tous les niveaux. Nous abordons ici trois notions complémentaires : l’éducation environnementale, la communication et le marketing social.

L’éducation environnementale :

i.

Plusieurs termes sont utilisés pour désigner l’éducation environnementale : l’éducation environnementale au développement durable (EEDD), l’éducation au développent durable (EDD), ou encore l’éducation relative à l’environnement (ErE).

Pour Goffin (1993 ; 1999), l’éducation relative à l’environnement consiste à systématiser l’apprentissage de compétences (démarche) pour influer sur les comportements individuels et collectifs en matière d’environnement (résultats), dans un but de développement global des personnes et des sociétés (finalité). On peut retenir que l’éducation environnementale est un ensemble de modes éducatifs qui ont pour objet de promouvoir des comportements individuels et collectifs, susceptibles de favoriser un rapport harmonieux entre les hommes et leurs milieux de vie. ii.

La communication

Dans l’atteinte des objectifs du développement durable, la communication est un volet essentiel. La communication, d’une manière générale, est l’ensemble des techniques et des moyens qui servent à se présenter soi-même, son activité, ses produits ou les services que l’on propose. Communiquer a plusieurs objectifs : 

transmettre des informations ;



améliorer son image ; accroître sa notoriété ;



multiplier les contacts avec des clients potentiels.

Ainsi, pour communiquer efficacement, il faut utiliser plusieurs outils : les médias : la télévision, la radio, la presse écrite, Internet ; l’organisation d’événements : journées portes ouvertes, festivals, conférences.

21

iii.

Le marketing social

Le changement de nos comportements est un des grands enjeux pour l’atteinte des ODD. Le marketing social est un des outils utilisés à cette fin. Le marketing social est un outil essentiel pour réaliser des campagnes de prévention ou de changement de comportement, notamment en tout ce qui touche l’environnement, mais aussi pour communiquer en temps de crise, pour réagir à des catastrophes naturelles, comme un tremblement de terre, ou à des désastres écologiques, comme le déversement accidentel de pétrole brut dans un écosystème.

22

III.

La mise en œuvre et la gouvernance du développement durable au Maroc :

1. Panorama général : Le Modèle de développement du Royaume du Maroc est basé sur la convergence des enjeux socioéconomiques et l’adoption des stratégies sectorielles volontaristes dans de nombreux secteurs (agriculture, industrie, tourisme, commerce, NTIC, pêche maritime, logistique, innovation, énergie, mines). La promotion du développement humain et de la solidarité sociale constitue également l’un des piliers centraux de ce modèle ; elle se concrétise par l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), la mise en place du Régime d'Assistance Médicale (RAMED) au profit de la population démunie et celle de l'Assurance Médicale Obligatoire (AMO), la généralisation de la scolarité, la réforme de l'éducation, l’accès à l'eau potable en milieu rural (Programme d'Approvisionnement Groupé en Eau Potable des Populations Rurales - PAGER) et l’électrification du rural (Programme d'Electrification Rurale Global PERG) ainsi que le Programme National des Routes Rurales (PNRR)... En offrant une meilleure visibilité, cette convergence s’accompagne aussi par une intégration de plus en plus grande de la composante environnementale. Sur le plan des réalisations, plusieurs avancées ont été enregistrées :  Recul de deux tiers, du taux de pauvreté.  Doublement du revenu par habitant.  Evolution du PIB à un rythme annuel moyen de 4% entre 1999 et 2019.  Recul de l’analphabétisme et généralisation de l’enseignement primaire  Grands chantiers structurants d’infrastructures (autoroutes, ports, aéroports…).  Stratégies sectorielles ambitieuses.  Avancées en matière de droits et des libertés publiques.

23

2. Le cadre juridique et institutionnel du développement durable au Maroc. La nouvelle constitution du Maroc de 2001, reconnait le développement durable en tant que droit, l’article 31 de la constitution témoigne l’intérêt porté son égard. « À la mobilisation de tous les moyens à disposition pour faciliter l’égal accès des citoyennes et des citoyens aux conditions leur permettant de jouir du droit : (...) - au développement durable ». L’importance du développement durable pour le pays se manifeste par l’article 35, alinéa 2 de la constitution « l’État garantit la liberté d’entreprendre et la libre concurrence. Il œuvre à la réalisation d’un développement humain et durable, à même de permettre la consolidation de la justice sociale et la préservation des ressources naturelles nationales et des droits des générations futures ». D’autre part, la constitution considère que le développement durable est l’affaire de tous, et nullement une compétence exclusive. Ainsi, son article 136 prescrit, dans le cadre de l’organisation territoriale, de favoriser la contribution des populations concernées au « développement humain intégré et durable ». Par ailleurs, la constitution prévoit l’élargissement des missions du Conseil Économique Social, en y ajoutant le volet environnemental. La Constitution le charge, en vertu de son article 152, de donner son avis sur « les orientations générales de l’économie nationale et du développement durable » (Majdoubi, 2016). Les attributions du CESE sont fixées par la loi organique 128-12 du 31 juillet 2014. Cette loi lui procure un droit d’être consulter par le Gouvernement, la Chambre des représentants et la Chambre des conseillers sur tous les projets de loi a l’exception des projets de lois de finance. Sur le plan juridique, le pays a voté la loi portant sur la charte nationale de l’environnement et du développement durable (loi-cadre N 99-12, Mars 2014), elle définit le développement durable comme « une démarche de développement qui s’appuie dans sa mise en œuvre sur le caractère indissociable des dimensions économique, sociale, culturelle et environnementale des activités de développement et qui vise à répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures dans ce domaine » (Article 9, titre III, loicadre 99-12, 2014). Il peut être relevé dans cette définition deux dimensions. Une dimension de développement économique, culturelle, social et environnementale et une dimension de pérennisation de ce développement pour les générations à venir. Cette loi a pour objectifs de renforcer la protection et à préserver des ressources et des milieux naturels, de la biodiversité 24

et patrimoine culturel toute en appliquant le principe de territorialité par la prise en considération de la dimension territoriale, notamment régional. La nouvelle loi cadre, priorise quelques secteurs et activités en termes d’exigence de respect du développement durable, ils ont été définis comme disposant d’une haute potentialité de durabilité et présentant un caractère prioritaire en termes d’exigence de respect du développement durable. A cet effet les départements ministérielles tutelles ont d’une part la responsabilité de veuille sur des mesures de durabilités concrète et d’autres part d’assurer la diffusion a grande échelle de ces mesures au sein de leurs secteurs (Article12). Dans le même sens, l’état, les collectivités locales, les établissements et entreprises publiques sont appelés à une intégration du développement durable dans les politiques globale et sectorielles qu’ils élaborent (Article 13). L’intégrer du développement durable dans les politiques publiques sectorielles passe par une approche globale intersectorielle et transversale lors de l’élaboration des politiques, des stratégies et des plans de développement dans le moyen et long terme. Il deviendrait nécessaire d’harmoniser le cadre juridique national aves les standards internationaux, de renforcer les mesures d’adaptation aux changements climatiques, de décider les reformes d’ordre institutionnel, économique, financier et culturel en matière de gouvernance environnementale, de définir les engagements de l’état, des collectivités territoriales des établissements publique et enfin d’établir un régime de responsabilité environnementale et un système de contrôle environnemental7.

3. Les ODD au Maroc. Le Programme de développement durable est un plan d’action pour l’humanité, la planète et la prospérité. Il vise aussi à renforcer la paix partout dans le monde dans le cadre d’une liberté plus grande » Extrait de la résolution 70/1 adoptée par l’Assemblée générale le 25 septembre 2015. Ce programme mondial est articulé en 17 objectifs, 169 cibles et 231 indicateurs. En vertu de décret N°2.19.452 du 17 Juillet 2019, portant organisation de la Commission Nationale du Développement Durable, présidée par le chef de gouvernement, Le HautCommissariat au Plan, est chargé de l’élaboration des rapports sur les objectifs du développement durable au niveau national et régional. Après celui de 2016, le HCP a élaboré, en 2020 et 2021 deux rapports nationaux en coordination avec la commission nationale de développement durable8.

7

Page 579 Émergence du développement durable au Maroc : Approche historique » ; Moulay Hfid BENSLIMANE Enseignant chercheur Faculté Polydisciplinaire d’Errachidia Université Moulay Ismail – Maroc Revue Française d’Economie et de Gestion ISSN : 2728- 0128 Volume 3 : Numéro 6 ; 2022 ; p10 et 11. 8 https://www.hcp.ma/Objectifs-de-developpement-Durable-ODD_r532.html. 25

 Proportion de la population urbaine utilisant des services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité (%) : 97,5 % de la population urbaine utilise les services d'alimentation en eau potable en 2020. Année

Urbain

2020

97.5

2019

98.0

2018

97.7

2017

97.6

2016

97.5

Source : Haut Commissariat au Plan  Proportion de la population rurale utilisant des services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité (%) :96 % de la population rurale utilise les services d'alimentation en eau potable en 2020. Année

Rural

2020

96.0

2019

97.4

2018

97.0

2017

96.6

2016

96.0 Source : Haut Commissariat au Plan

 Prévalence d’une insécurité alimentaire modérée ou grave, évaluée selon l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue (échelle FIES) (en %) : La prévalence d’une insécurité alimentaire modérée ou grave est de 25,9% en 2020.

4. La charte Nationale de l’environnement et du Développement Durable :

Le Maroc a adopté dans sa stratégie de développement le concept de développement durable qui favorise l'équilibre entre les dimensions environnementales, économiques et sociales, avec pour objectifs l'amélioration du cadre de vie des citoyens, le renforcement de la gestion durable des ressources naturelles et la promotion des activités économiques respectueuses de l'environnement.

26

Conformément à ses engagements au niveau international dans le cadre des sommets de la Terre de Rio de Janeiro (1992) et de Johannesburg (2002) et des conventions pertinentes, le Maroc a mis en place les fondements visant à instaurer le développement durable dans le pays à travers plusieurs réformes politiques, institutionnels, juridiques et socio-économiques. Ce processus a été renforcé par l'adoption de la Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable, dont l'élaboration a été lancée suite aux directives de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, lors de son discours du Trône du 30 Juillet 2009.

La concrétisation de ce processus s'est traduite par le processus d'intégration des principes de développement durable dans les stratégies sectorielles, la mise en œuvre de la Stratégie de Mise à Niveau de l'Environnement (MANE) et de l'Initiative Nationale de Développement Humain (INDH), ainsi que le lancement de l'élaboration 9 : 

de la Loi Cadre portant Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable, en application des orientations royales du Discours du Trône du 30 Juillet 2010;



de la Stratégie Nationale de Protection de l'Environnement (SNPE).



de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD).

5. La gouvernance du développement durable au Maroc. Le développement durable est typiquement un sujet transversal. Il implique une démarche « tridimensionnelle », qui prend en compte l’élaboration des décisions à la fois les aspects économiques, environnementaux et sociaux. D’où une nouvelle difficulté institutionnelle, non seulement parce que cette réalité impose aux pouvoirs publics d’agir rapidement, mais aussi et surtout parce qu’elle est en contradiction avec les processus traditionnels d’élaboration des politiques. Mettre en œuvre une ou des politiques de développement durable passe nécessairement par une gouvernance adéquate, que ce soit sur le plan international, national, régional ou local.

9

https://www.environnement.gov.ma/fr/80-categorieaccueil/597-la-charte-nationale-de-l-environnement-etdu-developpement-durable-suite-2 27

a. Les principaux acteurs du développement durable au Maroc.

La charte porte une vision sociétale, globale et progressive qui appel à une opérationnalisation et une implication de quatre acteurs principaux, à savoir 10 :  Les pouvoirs publics, dont les missions est le renforcement du cadre législatif et réglementaire national en matière d’environnement et de développement durable et ceux à travers l’élaboration des lois, normes spécifiques au pays. Mais également ils ont la mission de mettre à disposition des autres acteurs, les ressources financières nécessaires pour la mise en œuvre des stratégies environnementales pour un développement durable contextualisé, à noter que les pouvoirs publics représentent l’exemplarité en la matière.  Le deuxième acteur pour cette nouvelle charte c’est les collectivités locales, leur mission principale est l’intégration des priorités environnementales dans le cadre d’une planification territorial en s’inscrivant dans le chantier de la régionalisation avancée.  La charte prévoit l’implication du secteur privé comme acteur incontournable, en le mobilisant et en l’encourageant à mettre en œuvre dans leurs politiques et stratégies, les principes du développement durable.  La CGEM ainsi que les fédérations professionnelles jouent un rôle de coordinateur pour l’opérationnalisation de la charte auprès des entreprises. Pour la société civile, la charte définie leur rôle en tant qu’acteur qui aura la mission de sensibilisation du grand public et les différentes catégories de la société́ à travers la promotion des principes de protection de l’environnement et la promotion des éco-comportements.

10

Revue Française d’Economie et de Gestion ISSN : 2728- 0128 Volume 3 : Numéro 6 Revue Française d’Economie et de Gestion www.revuefreg.fr Page 579 « Émergence du développement durable au Maroc : Approche historique » ; p 8 ; Moulay Hfid BENSLIMANE Enseignant chercheur Faculté Polydisciplinaire d’Errachidia Université Moulay Ismail – Maroc.2022. 28

b. Gouvernance territoriale comme levier du développement durable 11.

Lors de sa 104e session ordinaire, tenue le 28 novembre 2019, l’Assemblée Générale du CESE a adopté à l’unanimité le rapport intitulé «La gouvernance territoriale: Levier du développement équitable et durable», dont est extrait cet avis. La gouvernance territoriale n’a de sens que si elle apporte une amélioration concrète au cadre de vie des citoyens et leur bien-être. L’ensemble des instruments de la gouvernance visent l’amélioration, la cohérence et la pertinence de l’action publique dans les domaines économique, social, culturel et environnemental pour un développement harmonieux des territoires. Malgré l’ambition affichée à travers les dispositions législatives, l’impact des mesures prises sur la gouvernance économique régionale reste limité. Un long chemin reste à parcourir pour donner à l’action publique territoriale la cohérence, le sens de la coordination et de la concertation qui lui sont nécessaires. Dans cette perspective, l’Etat et les acteurs locaux sont appelés à concentrer leurs efforts en vue de :  Veiller à la cohérence des projets de développement territorial et de leur mise en oeuvre, dans le respect des compétences de chaque entité ;  Appuyer les régions et les autres collectivités territoriales dans la définition et l’identification de leur vocation et spécialisation économique, en vue de faciliter l’élaboration des projets et programmes créateurs de la valeur ajoutée et de l’emploi pour tous, notamment en faveur des jeunes ;  Faciliter la coordination de groupes d’acteurs hétérogènes au niveau territorial ;  Contribuer à l’élaboration de dispositifs de concertation larges permettant de décider en commun les voies de leur développement économique futur.

11

« La gouvernance territoriale Levier de développement équitable et durable », www.cese.ma Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental Auto-Saisine n°42/2019 La gouvernance territoriale Levier de développement équitable et durable ; 29

Les ressources financières des collectivités territoriales sont peu diversifiées et dépendent fortement de l’Etat. A cela s’ajoute la faible contribution des collectivités territoriales à l’investissement public. Malgré les efforts investis pour favoriser le développement économique des régions, les disparités persistent et constituent des défis majeurs à relever dans le futur, surtout avec le rôle que devraient jouer les régions et les autres collectivités territoriales dans le cadre de la réforme profonde de l’Etat. L’animation économique territoriale et la mobilisation du secteur privé constituent le coeur de mission de la région. Cependant, les initiatives en faveur des Petites et Moyennes Entreprises et des Toutes Petites Entreprises (PME/TPE) sont peu dynamisées. L’amélioration de l’animation économique territoriale requiert de lever les contraintes ayant trait au déficit en matière de disponibilité foncière, la persistance des lourdeurs administratives, les problèmes de logistiques, du transport et des facilités de gestion (Management Facilities, Mutualisation des prestations de services en faveur des PME et TPE). La création des pôles de développement permettra de tirer profit des avantages comparatifs que procure le potentiel propre à chaque région, notamment dans les secteurs stratégiques tels que le secteur agricole et agro-industriel, l’industrie, le numérique, l’énergie, etc. Autant de secteurs dans lesquels les pôles de développent peuvent stimuler la création d’activité et d’emploi dans les territoires La gouvernance territoriale de l’action sociale, quant à elle, souffre de l’absence d’une approche d’intervention unifiée et coordonnée. Par ailleurs, elles peuvent, dans le cadre contractuel avec l’Etat, contribuer notamment à la mise à niveau sociale dans les domaines de santé, de formation, des infrastructures et des équipements pour assurer ces missions, les provinces et préfectures auront besoin du transfert des compétences et des ressources correspondantes. Les budgets dont elles disposent actuellement restent particulièrement modestes.  Protection de l’environnement La protection de l’environnement revêt une importance capitale dans les politiques publiques territoriales. La qualité de l’environnement est une condition nécessaire pour l’attractivité des territoires et la compétition entre régions et agglomérations. Facteur essentiel de préservation du cadre de vie en milieu urbain et rural, la protection de l’environnement appelle l’intervention d’acteurs multiples auxquels les lois assignent des missions à des niveaux 30

différents. Néanmoins, la multitude d’acteurs, tant au niveau central qu’à l’échelon territorial et la diversité des dispositifs juxtaposés voire empilés, avec un caractère fortement sectoriel, soulèvent de nombreuses difficultés de coordination, l’absence de vision intégrée et parfois même des jeux d’acteurs conflictuels. Ainsi, la question du développement durable et la protection de l’environnement réclament aujourd’hui une réelle mobilisation de tous les acteurs, la redéfinition des rôles et l’engagement effectif de toutes les parties prenantes au niveau national et territorial. L’engagement du Maroc dans le processus du développement durable Le Maroc a ratifié les trois conventions issues du processus de la Conférence de Rio et qui portent sur la lutte contre les changements climatiques, la protection de la biodiversité et la lutte contre la désertification. Le Maroc est également engagé dans l’agenda 2030 des nations unies pour le développement durable. La Constitution de 2011 qui fait du développement durable un droit de tous les citoyens, définit les rôles des différentes parties prenantes et élargit le domaine de compétences du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) qui donne son avis sur l’économie nationale et sur le développement durable.  Loi Cadre 99-12 portant Charte Nationale de l'Environnement et du Développement Durable, et de laquelle émane la Stratégie Nationale du Développement Durable 2016- 2030.  Loi 12-03 relative aux études d’impact sur l’environnement (EIE).  Loi 81-12 relative au littoral.  Loi 36-15 sur l'eau.  Loi N°49-17 relative à l’évaluation environnementale stratégique : outil préventif qui peut assurer un équilibre entre l’investissement, la protection de l'environnement et la prise en considération de la durabilité.  Décret n° 2-19-721 du 3 ramadan 1441 (27 avril 2020) portant création de la commission nationale des changements climatiques et de la diversité biologique.  Décret n° 2-14-782 du 30 rejeb 1436 (19 mai 2015) relatif à l’organisation et aux modalités de fonctionnement de la police de l’environnement.

31

Conclusion générale. De ce qui précède, on comprend bien que le développement ne peut pas simplement répondre à des besoins immédiats, il doit être envisagé en fonction d'un temps, le futur, d’où la nécéssité de lui intégrer la notion « durable ». Le concept du développement durable a évolué et s’est raffiné au cours des trente dernières années et plus particulièrement depuis 1987. L’étude de cette évolution peut se limiter aux événements marquants et documents majeurs qui ont fait progresser, connaître et diffuser le concept de développement durable: la conférence de Stockholm et sa déclaration (1972) en réaction au concept de croissance zéro du Club de Rome (Halte à la croissance, 1972), la Stratégie mondiale de la conservation (1980), la Commission mondiale des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (CMED- Rapport Brundtland, Notre Avenir à tous) en 1988, la Stratégie pour l’avenir de la vie (1991) et la Déclaration de Rio (1992).

Le terme « développement durable » fait son apparition, suite à la parution du rapport Brundtland 1988 qui établit un diagnostic quant aux problèmes environnementaux, sociaux et de développement qui affectent les sociétés humaines. C’est un rapport qui a donné la première définition officielle du développement durable. De cette proposition découlent trois objectifs fondamentaux le maintien de l'intégrité de l'environnement, l'amélioration de l'équité sociale et de la qualité de vie et l'amélioration de l'efficacité économique. La réalisation des objectifs du développement et la réussite de la mise en place d’un processus de développement durable équitable, viable et pérenne, nécessitera l’engagement, la concertation et la multiplication des efforts de toutes les parties prenantes, qu’elles soient l’Etat et le gouvernement à traver la réglementation, l’orientation et le financement, les entreprises à travers la création des projets innovants qui répondent aux besoins à la fois économiques sociaux,et environnementaux, les acteurs non étatiques, la société civile et toute partie intéressée par le développement durable. Mais ceci ne va pas être réalisé sans concevoir un mode de gouvernance cohérant et efficace qui va être acceptable et appliquée efficacement par toutes les parties prenantes sans engendrer des conflits. D’où la nécessité d’un cadre réglementaire qui déterminera les missions et domaine d’intervention de chaque partie prenante, et aussi des bons outils pour concrétiser et réaliser les objectifs du développement durable. 32

Concernant notre pays, le Maroc ne fait pas exception des autres pays intéressés par le développement durable, il est engagé dans le processus de sa mise en œuvre à travers la ratification de trois conventions issues de la Conférence de Rio qui portent sur la lutte contre les changements climatiques, la protection de la biodiversité et la lutte contre la désertification. Il est engagé aussi dans l’agenda 2030 des nations unies pour le développement durable. Le conseil Economique, Social et de l’environnement a publié un rapport d’auto-saisine, dans lequel il recommande l’activation effective du chantier de la régionalisation avancée qui permettra de décentraliser la gestion des questions sociales, économique, environnementale et culturelle au niveau territorial, afin de permettre à chaque région du territoire de mieux appréhender ses besoins, aux questions du développement durable, trouver les moyans et ressources pour financer, impliquer les différents acteurs, d’où la nécessité de la gouvernance territoriale comme levier de développement durable. Un film institutionnel serait diffusé directement devant vous, pour résumer les efforts consentis par le Maroc pour la mise en œuvre du processus de développement durant ces dernières années.

33

Bibliographie

 Ouvrages :  « Economie et politiques de l’environnement : Principe de précaution, Critère de soutenabilité, Politiques environnementales. » ; Hervé DEVILLE ; l’Harmattan ; 2010 ; Paris .  « Le Développement Durable » ; Farid Baddache ; Eyrolles ; 2010 ; Paris.  « Environnement et Entreprises ; en finir par les discours » ; Dominique Bourg, Alain Grandjean, Thierry Libaert ; Village Mondiale ; Pearson 2006 ; Paris.

 Thèses doctorales :  « LE DÉVELOPPEMENT DURABLE: ENJEUX DE DÉFINITION ET DE MESURABILITÉ » ; MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN SCIENCE POLITIQUE PAR LUKAS DIBLASIO BROCHARD JUIN 2011.

 Articles et rapports scientifiques :  Rapport de recherche « Évolution conceptuelle et historique du développement durable » ; Jérôme Vaillancourt, chargé de projetsL’Atelier d’aménagement, d’urbanisme et d’environnement ; Québec 1998.  « La gouvernance du développement durable » Fiche de gouvernance et guide de l’utilisateur ; Par : Claude Villeneuve et Georges Lanmafankpotin Chaire en éco-conseil Département des sciences fondamentales Université du Québec à Chicoutimi ; Juillet 2017. Organisation Internationale de Francophonie.  « QUELLE GOUVERNANCE POUR LA MISE EN OEUVRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ? : CAS DES ENERGIES RENOUVELABLES AU MAROC » ; KOUSKOUS Adil Doctorant en Sciences de Gestion – Laboratoire de recherche sur l’entrepreneuriat et management de l’environnement de l’entreprise (LAREME) / FSJES de Mohammedia. Université Hassan 2 de CASABLANCA. MAROC et EZ-ZAOUINE Jamila Doctorante en Sciences de Gestion – Laboratoire de Gestion Appliquée et Intelligence Marketing (LAGAIM) / ENCG – Université Mohammed Premier d’OUJDA.Revue Interdisciplinaire ; Vol 1, N° 1 (2018).  « Émergence du développement durable au Maroc : Approche historique » ; Moulay Hfid BENSLIMANE Enseignant chercheur Faculté Polydisciplinaire d’Errachidia Université Moulay Ismail – Maroc ; Revue 34

Française d’Economie et de Gestion ISSN : 2728- 0128 Volume 3 : Numéro 6 ; www.revuefreg.fr Page 579.  « DÉVELOPPEMENT DURABLE : Comprendre et analyser des enjeux et des actions du développement durable » ; Martin Yelkouni ; Cécile Duclaux-Monteil Ott ; Michelle Mongo ; Paul Ouédraogo ; Flavien Tchapga ; Louis-Édouard Pouget ; Éditeur : Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) ; Publication : 2018 ; Site Internet : www.ifdd.francophonie.org .  « Que recouvre le concept de développement durable ? » ; Robert Joumard : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal02398387 ; Submitted 2019.  « GOUVERNANCE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE » ; Serge RaynalDirection et Gestion | « La Revue des Sciences de Gestion »2009/5 n°239-240 | pages 17 à 28 ; https://www.cairn.info/revue-des-sciences-degestion-2009-5-page-17.htm .  « Gouverner le développement durable » ; l’Encyclopédie du Développement Durable ; N 46 mai 2007. Edition des Récollets.  « Le développement durable au Maroc Une analyse croisée selon la triple performance dans un contexte de dérèglement climatique et de crise systémique induite par la pandémie de la Covid-19 » ;Sommet euroméditerranéen des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires ; Abdellah MOUTTAQI ; Membre du CESE du Royaume du Maroc ; Secrétaire général de l’office national des hydrocarbures et des mines.

 Webographie :         

http://encyclopedie-dd.org/strategies-pour-le-developpement https://www.hcp.ma/Objectifs-de-developpement-Durable-ODD_r532.html https://youtu.be/MCtzzz1Z0vU http://plateforme-odd.hcp.ma/ODD_HCP/fr/# https://www.environnement.gov.ma/fr/ https://www.undp.org/fr/sustainable-development-goals www.cese.ma https://www.cairn.info/le-developpement-durable--9782130801573-page-3.htm http://www.adequations.org/spip.php?rubrique117

35

Tables des matières Introduction générale : .......................................................................................................................1 I.

Contexte et Conceptualisation du développement durable : .......................................................3 1.

Evolution conceptuelle et historique et définition du concept : .................................................3 a.

Evolution historique du concept . ........................................................................................3

b.

Conceptualisation et Definition :..........................................................................................4

2.

Les principes et les piliers du développement durable : ...........................................................6 a.

Principes : ............................................................................................................................6

b.

Les piliers du développement durable.................................................................................7

3.

Les objectifs et enjeux du développement durable :..................................................................9 a.

Un regard global sur les objectifs de développement durable. .............................................9

b.

Les enjeux du développement durable. ............................................................................. 10

II. Gouvernance du développement durable : les acteurs et les outils de la mise en œuvre du développement durable.................................................................................................................... 11 1.

La bonne gouvernance ........................................................................................................... 11

2.

Les acteurs du développement durable ................................................................................... 12 a.

Des organisations internationales aux fonctions diverses. .................................................. 13

b.

Les États. ........................................................................................................................... 13

c.

Les entreprises. ................................................................................................................. 14

d.

Les acteurs non étatiques .................................................................................................. 14

e.

Les accords multilatéraux sur l’environnement .................................................................. 14

f.

Les institutions internationales : ........................................................................................ 15 Les outils de mise en œuvre du développement durable : ...................................................... 16

3.

III.

a.

Les outils économiques...................................................................................................... 16

b.

Les outils techniques : ....................................................................................................... 20

c.

Les outils de sensibilisation et de communication. ............................................................. 21 La mise en œuvre et la gouvernance du développement durable au Maroc : ......................... 23

1.

Panorama général : ................................................................................................................ 23

2.

Le cadre juridique et institutionnel du développement durable au Maroc. ............................... 24

3.

Les ODD au Maroc. .............................................................................................................. 25

4.

La charte Nationale de l’environnement et du Développement Durable : ................................ 26

5.

La gouvernance du développement durable au Maroc. ........................................................... 27 36

a.

Les principaux acteurs du développement durable au Maroc. ........................................... 28

b.

Gouvernance territoriale comme levier du développement durable. ................................. 29

Conclusion générale.......................................................................................................................... 32 Bibliographie .................................................................................................................................... 34 Tables des matières .......................................................................................................................... 36

37