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École doctorale Littératures, Cultures et Sciences Sociales (ED 68)
Les textes astronomiques e e syriaques (VI et VII siècles) : établissement d’un corpus et de critères de datation, édition, traduction et lexique.
Année universitaire 2011-2012
Thèse de l’Université de Caen Basse-Normandie en Langues et Littératures Anciennes soutenue par Emilie Claude-Villey sous la direction de Philippe Fleury, Professeur de latin
Équipe de Recherche sur les Littératures, les Imaginaires et les Sociétés EA 4254 Axe “Sources anciennes, Multimédias et Valorisation du patrimoine” (ERSAM)
École doctorale Littératures, Cultures et Sciences Sociales (ED 68) Thèse de l’Université de Caen Basse-Normandie en Langues et Littératures Anciennes dirigée par Philippe Fleury, Professeur de latin à l’Université de Caen Basse-Normandie / Équipe de Recherche sur les Littératures, les Imaginaires et les Sociétés / EA 4254 - Axe “Sources anciennes, Multimédias et Valorisation du patrimoine” (ERSAM) et soutenue par
Emilie Claude-Villey
Les textes astronomiques syriaques (VIe et VIIe s.) : établissement d’un corpus et de critères de datation. Édition, traduction et lexique.
Jury BRIQUEL-CHATONNET F., directrice de recherche au CNRS, UMR 8167 Orient et Méditerranée, Ivry-sur-Seine. DESREUMAUX Alain, directeur de recherche au CNRS, UMR 8167 Orient et Méditerranée et président de la Société d'études syriaques, Paris. FLEURY Philippe, professeur de latin à l’Université de Caen BasseNormandie. HUGONNARD-ROCHE Henri, directeur de recherche émérite au CNRS, Institut des traditions textuelles, Villejuif et directeur d'études émérite à l'École pratique des Hautes Études, Paris. JACQUEMARD Catherine, professeur de latin à l’Université de Caen BasseNormandie. TIHON Anne, professeur émérite de l’Université Catholique de Louvain-laneuve (Belgique).
Année universitaire 2011-2012
Remerciements
Ma gratitude va à mon directeur de thèse, Monsieur Philippe Fleury, professeur de latin à l’Université de Caen, qui m’a fait confiance pour mener à bien ce projet en dehors des sentiers battus. Qu’il soit remercié pour son constant soutien, pour ses encouragements, ses lectures et ses conseils. Je tiens à remercier tout spécialement Monsieur Henri HugonnardRoche, directeur de recherche au CNRS, qui a suivi la progression de ce projet. Il a pris le temps de lire ce travail, pas à pas, et ses conseils se sont toujours révélés éclairants et constructeurs. Je le remercie pour ses lectures, pour son précieux soutien et pour les beaux moments d’échanges dont il m’a honorée sur Paris. Un grand merci va à Madame Anne Tihon, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, spécialiste d’astronomie grecque. De notre rencontre est née un échange épistolaire qui m’a permis d’enrichir la qualité de certaines de mes traductions et des notes apportées à la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht. Merci pour son enthousiasme, pour ses encouragements et son précieux soutien. Je remercie également Madame Françoise Briquel-Chatonnet, directrice de recherche au CNRS, qui s’est souciée de me transmettre des informations bibliographiques en matière d’astronomie syriaque et qui m’a mise en contact avec les spécialistes de la codicologie orientale. Je la remercie également de m’avoir récemment confié, dans le cadre de la Société des études syriaques, certaines missions qui visent à mettre en valeur la littérature scientifique syriaque. J’en suis heureuse et honorée. Un grand merci va à Monsieur Alain Desreumaux, directeur de recherche au CNRS et président de la Société d’études syriaques, puits de savoir, qui m’a patiemment initiée aux joies de l’édition critique d’un texte
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Remerciements
syriaque, et qui a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à des questions ponctuelles. Je remercie Madame Catherine Jacquemard, professeur de latin à l’Université de Caen Basse-Normandie, de m’avoir prodigué quelques conseils de lecture au début de ce travail et d’avoir accepté de faire partie des membres du jury. Cette thèse n’aurait pas vu le jour sans le soutien de Monsieur Thomas Villey, doctorant en histoire romaine à l’Université de Caen. Je le remercie d’avoir pris le temps de relire plusieurs fois ce travail. Je le remercie également de m’avoir aidée à financer un séjour d’études à Rome durant près de deux ans. Sa compagnie et nos échanges ont rempli les années consacrées à cette thèse de beaucoup de joies et d’un grand amour de la recherche. Je remercie également vivement Monsieur Raymond Mercier, spécialiste d’astronomie et de mathématique médiévale, chercheur associé à l’Université de Cambridge, qui a pris le temps de voir si ma lecture des chiffres astronomiques dans le ms. Paris BnF syr. 346 était exacte. Je tiens aussi à le remercier de m’avoir généreusement expédié un exemplaire du premier volume des Tables facile de Théon d’Alexandrie que lui-même et Madame Anne Tihon ont publié tout récemment. Merci à Monsieur Denis Savoie, astronome, directeur du planetarium au Palais de la découverte, qui a bien voulu apporter son avis d’expert sur les points techniques de cette thèse. Je le remercie pour ses explications et pour les améliorations que ses lectures ont permis d’apporter à ce travail. Merci à Monsieur Sebastien Brock, Professeur à l’University d’Oxford, pour les références bibliographiques communiquées au tout début de mon travail de recherche. Je remercie également Madame Natalia Viola, codicologue, chercheuse associée au CNRS (UPR76) qui m’a très aimablement aidée à décrire matériellement le manuscrit Paris BnF syr. 346.
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Remerciements
Un grand merci va à Monsieur Gregory Kessel, chercheur à la Faculté de Théologie de l’Université de Marburg, qui m’a fait savoir qu’il avait tout récemment découvert une troisième copie du Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht dans le manuscrit syr. 553/13 (XVe s.) de l’église syriaque orthodoxe des Quarante martyrs à Mardin et qui a fait en sorte de me fournir cette copie. Je remercie Monsieur Émiliano Fiori, chercheur à l’Université Vrije d’Amsterdam, de m’avoir très aimablement communiqué une photocopie de l’édition du texte syriaque du De Mundo au tout début de la préparation de ce travail. J’ai plaisir à me rappeler l’expression de joie qui s’est affichée sur son visage quand il m’a remis, victorieux, ce texte, difficile d’accès en France, qu’il avait trouvé à Rome ! Merci à Madame Flavia Ruani, doctorante en histoire religieuse et en littérature syriaque à l’École Pratique des Hautes Études, d’avoir bien voulu relire et corriger la traduction d’un passage du Livre d’Alexandre le grand ou traité d’astronomie (extrait du ms. Vat. sir. 555). Je remercie aussi Madame Agnès Debeuré, graphiste à la Caisse des Dépôts et Consignations, ma Tante, qui a eu la grande gentillesse de réaliser la première de couverture.
Mes remerciements les plus profonds vont naturellement aux personnes qui ont cru que l’astronomie syriaque valait la peine qu’on y consacre du temps et de l’argent : je pense à Monsieur Thomas Villey, à Madame Sylvie Debeuré, à Monsieur Laurent Claude et à Madame Maryse Claude-Libert. Que ces bienfaiteurs soient tous chaleureusement remerciés !
Cette thèse serait bien différente si je n’avais pas bénéficié du soutien de l’École française de Rome. Je suis très reconnaissante à cette institution de m’avoir accordé par deux fois une bourse et des conditions de travail exceptionnelles pour effectuer mes recherches. 4
Remerciements
Je remercie le personnel de la bibliothèque Vaticane, qui m’a autorisé l’accès à deux des manuscrits du fonds syriaque, ce qui m’a permis, durant trois semaines, de les lire et d’en faire des notices précises. Enfin je tiens à remercier chaleureusement le personnel de la Bibliothèque du Pontificio Istituto Orientale de Rome, qui m’a autorisée à procéder à des recherches dans ses locaux durant toute l’année 2009-2010. Je remercie en particulier le Père François Gick, directeur de cette incroyable bibliothèque, qui, durant mon séjour dans la Ville éternelle, m’a tenue régulièrement au courant des nouvelles sorties éditoriales dans le domaine de la littérature syriaque.
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Système de translittération, symboles, sigles et abréviations
Système de translittération
Nous avons parfois recours à la translittération pour rendre accessible au lecteur non syriacisant le lexique astronomique syriaque. Le système adopté est simple : nous ne tenons pas compte de la longueur des voyelles ni de l’adoucissement des consonnes (b/v ; k/kh ; t/th ; p/ph), sauf pour des cas évidents de translittération d’un mot grec (comme philosophos au lieu de pilosopos, scholion au lieu de skolion et enfin Synṭaxis au lieu de Sunṭaksis) ; le redoublement des consonnes en revanche est noté. En dehors des cas de translittérations du grec, nous transcrirons chaque graphème de la façon suivante : Syriaque ܐ ܒ ܓ ܕ ܗ ܘ ܙ ܚ ܛ ܝ ܟ
Translittération phonétique a/o/e b g d h u/o ou w1 z ḥ ṭ i/e ou y2 k
Syriaque ܠ ܡ ܢ ܣ ܥ ܦ ܨ ܩ ܪ ܫ ܬ
Translittération phonétique l m n s ʽ p ṣ q r š t
Les voyelles brèves, qui se prononcent mais ne se notent pas nécessairement en syriaque, produisent des sons que l’on retrouvera facilement grâce à la notation phonétique suivante : a, i et o. Le son [u] est noté u, le son [e] est noté e.
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Lorsque cette lettre est utilisée comme semi-consonne, nous la notons « w ». Lorsque cette lettre est utilisée comme semi-consonne, nous la notons « y ». Quand le yud sert simplement de support à la voyelle (c’est-à-dire qu’il marque l’allongement de cette dernière), nous le notons « e » ou « i » et très rarement « a » quand cette vocalisation est notée sans équivoque dans la copie manuscrite. 2
Translittérations et abréviations
On note d- le dolat qui introduit un complément du nom ou une proposition subordonnée. L’orthographe des noms propres s’établit selon des critères peu objectifs. Nous avons essayé, autant que faire se peut, de reprendre l’usage le plus courant. Ainsi les noms de personnalités et de lieux que l’on connaît par l’intermédiaire de la littérature syriaque seront orthographiés de la manière suivante : Basile de Chypre (pour ) ܒܣܝܠ ܕܓܙܪܬܐ ܕܩܘܦܪܐ Djazira (pour ܓܙܝܪܬܐ/ Gezirta), région septentrionale de Mésopotamie , à différencier de ( ܓܙܪܬܐavec un yud bref), l’île. Herat (pour ܗܪܗ/ Herah), ville du Khorassan. Actuellement capitale d’une province occidentale de l’Afghanistan. Khorassan (pour ܟܘܪܣܢ/ Kurasan ), région orientale de l’empire sassanide. Situé au nord-est de l’Iran actuel. Qennešrin (pour ܩܢܫܪܝܢ/ Qennešrin), ville de Syrie occidentale (ancienne Chalcis). Sergius de Rešʽayna (pour ܣܪܓܝܣ ܕܪܝܫ ܥܝܢܐsoit Sergis d-Reš ʽayna)
ܽ Sévère Sebokht (pour ܘܟܬ ܼ ܣܐܘܪܐ ܣܒ/ Seuero Sebukt) Stéphane (pour ܣܛܦܢܘܣ/ Stephanus) Théodore de Kark Juddan (pour )ܬܐܕܘܪܐ ܕܟܪܟ ܓܘܕܢ
Symboles, sigles et abréviations3 † : mort en. < vient de (transcription ou emprunt) < > ajout de l’éditeur
adj. : adjectif adv. : adverbe alt. : alterum 3
Pour les abréviations bibliographiques on se reportera directement à la bibliographie. 7
Translittérations et abréviations
anc. : ancien apr. J.-C. : après J.-C. ar. : arabe av. J.-C. : avant J.-C. BAV : Biblioteca Apostolica Vaticana BL : British Library BnF : Bibliothèque nationale de France BYU : Brigham Young University c. : circa f. : folio fém.: féminin George Ar. : Georges des Arabes gr. : grec inf. : inferiore IRHT : Institut de Recherche en Histoire des Textes (CNRS, Paris) L : manuscrit London BL Add. 14 658, VIIe s. L1 : copiste du ms. London BL Add. 14 658, VIIe s. L2 : seconde main du ms. London BL Add. 14 658 litt. : littéralement marg. : margine n. : nom P : manuscrit Paris BnF syr. 346, 1309 apr. J.-C. P1 : copiste du ms. Paris BnF syr. 346, 1309 apr. J.-C. P2 : seconde main du ms. Paris BnF syr. 346 (après 1309 apr. J.-C.) pl. : pluriel Ptol. : Ptolémée r : recto s. : siècle Serg. Reš. : Sergius de Rešʽayna Sév. Seb. : Sévère Sebokht sg. : singulier subs. : substantivé sup. : superiore syr. : syriaque v : verso
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
Les manuels scolaires d’aujourd’hui aiment à rattacher le contenu des savoirs scientifiques qu’ils transmettent, aux grandes figures de l’antiquité grecque qui se sont illustrées en philosophie et en mathématiques : on apprend par exemple en Terminale à structurer sa pensée de manière dialectique en attribuant la conceptualisation de cette méthode à Platon ou à utiliser certains outils de la logique aristotélicienne comme les syllogismes ; les théorèmes géométriques attribués à Thalès et à Pythagore ainsi que le principe d’Archimède font partie des programmes de fin de collège ; enfin la loi dite « d’Euclide » relative aux propriétés des droites fait encore partie intégrante des exercices de démonstrations géométriques imposées à nos lycéens. Il est surprenant de voir comme certains savoirs perdurent, continuant de conditionner, plus de deux mille ans après qu’ils aient été fixés par écrit, certains fondements de notre pensée. Mais au fait, les textes fondateurs de notre culture, ont-ils jamais été « fixes » ? Quelles modifications chacun d’eux a-t-il subi au gré de sa transmission ? Quand nous lisons ces textes en français aujourd’hui, sont-ils traduits du grec ? du latin ? de l’arabe ? Sont-ils parvenus en latin après avoir été traduits de l’arabe ? A-t-on conscience des transformations apportées à ce qui, depuis deux mille ans, a pu être copié une dizaine de fois et traduit dans trois langues différentes avant de nous parvenir ? Au final, de quels textes parlons-nous ? Il n’est donc pas seulement question de réfléchir ici à la transmission des concepts scientifiques et des savoir-faire techniques. Notre enquête s’inscrit avant tout dans une démarche qui consiste à s’interroger sur la part de ceux qui ont agi sur le texte : l’auteur, l’éditeur, les copistes, les traducteurs. On connaît de mieux en mieux la chaîne de transmission qui a vu évoluer les œuvres scientifiques grecques en arabe1 puis en latin2 à l’est et au sud du
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Sur la transmission des textes et des concepts du grec en arabe, voir notamment GUTAS D., Greek Thought, Arabic Culture. The Graeco-Arabic Translation Movement in Baghdad and Early ‘Abbāsid Society (2nd-4th/8th-10th centuries), London-New York,
Introduction
bassin méditerranéen, ainsi que la chaîne qui a consisté à transmettre les œuvres en grec ou du grec au latin du côté septentrional de la Méditerranée3. Il existe une autre chaîne de transmission que l’on connaît moins et qui a consisté à traduire des œuvres grecques d’abord en syriaque, puis éventuellement en arabe et en latin. Certaines œuvres, perdues en grec, ne sont d’ailleurs plus lisibles qu’en syriaque comme les Météorologiques de Théophraste4 ou le Traité des poids et mesure d’Épiphane5 ; et des textes, comme le fameux De Mundo, se sont révélés mieux conservés en syriaque — c’est-à-dire plus fidèles à l’archétype — que dans la plupart des copies préservées en grec ou dans des versions latines, prouvant par là qu’on aurait tort de négliger des témoins syriaques dans l’édition critique d’un texte ancien. D’ailleurs, certaines œuvres fondamentales pour l’histoire du
Routledge, 1998 ; HASNAWI A., ELAMRANI-JAMAL A. et AOUAD M. (éd.), Perspectives arabes et médiévales sur la tradition scientifique et philosophique grecque. Actes du colloque de la Société internationale d’histoire des sciences et de la philosophie arabes et islamiques (Paris, mars-avril 1993), Louvain-Paris, Peeters, 1997 ; ENDRESS G. and KRUK R. (éd.), The Ancient Tradition in Christian and Islamic Hellenism : Studies on the transmission of Greek Philosophy and Sciences Dedicated to H. J. Drossaart Lulofs on his 90th Birthday, Leiden, Research School CNWS, 1997 et KUNITZSCH P., Von Alexandria über Bagdad nach Toledo. Ein Kapitel aus der Geschichte der Astronomie, München, Verlag der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, 1991. 2 Voir en particulier GOYENS M., DE LEEMANS P. et SMETS A. (éd.), Science translated. Latin and vernacular translations of scientific treatrises in medieval Europe, Leuven, University Press, 2008 ; BURKE P., Lost (and Found) in Translation : a Cultural History of Translators and Translating in Early Modern Europe, Wassenaar, NIAS, 2005-2006 [Koninklijke Bibliotheek Lecture 1] ; WALZER R., « Arabic transmission and greek thought to medieval Europe », Bulletin of the John Rylands Library 29, 1945-46, p. 162-185 ; HUGONNARD-ROCHE H., « Influence de l’astronomie arabe en Occident médiéval », in Rashed R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie théorique et appliquée, Paris, Seuil, 1997, p. 309-328 ; 3 Pour la transmission latine des textes astronomiques, voir BAKHOUCHE B., Les textes latins d’astronomie. Un maillon de la chaîne du savoir, Louvain-Paris, Peeters, 1996 ; pour la transmission grecque voir TIHON A., « L'astronomie à Byzance à l'époque iconoclaste », in BUTZER P. L. and LOHRMANN D. (éd.), Science in Western and Eastern Civilization in Carolingian Times, Basel-Boston-Berlin, Birkhäuser, 1993, p. 181-203 ; voir aussi PEDERSEN O., « The corpus Astronomicum and the Traditions of Mediaeval Latin Astronomy », in GINGERICH O. and DOBRZYCK J. (éd.), Astronomy of Copernicus and its background : proceedings of the joint Symposium of the IAU [International astronomical Union] and the UIHPS [Union international d’histoire et de philosophie des sciences], Torun, 1973, Wroclaw, Ossolineum, 1975 [coll. « Studia Copernicana » XIII], p. 57-96. 4 D’après DROSSART L. J, The Syriac translation of Theophrastus’s Meteorology, Louvain, Publications universitaires de Louvain, 1955 ; WAGNER E. und STEINMETZ P., Der Syrische Auszug der Meteorologie des Theophraste, Mainz, Akademie der Wissenschaften und der Literatur, 1964 ; en revanche, d’après DAIBER H., « Theophrasts Meteorologica in syrischarabischer Überlieferung », in ENDRESS G. (éd.), Symposium Graeco-Arabicum II : Akten des Zweiten Symposium Graeco-Arabicum, Ruhr-Universität Bochum (3-5 März 1987), Amsterdam, B. R. Grüner, 1989, p. 10-18, le texte aurait également été transmis en arabe. 5 Epiphanius’ Treatise on weights and measures. The syriac version edited by J. Elmer Dean with a foreword by M. Sprengling, Chicago, University of Chicago Press, 1935. 10
Introduction
christianisme, perdues en grec, sont lisibles en syriaque comme les Theophania d’Eusèbe de Césarée, les Discours sur Luc de Cyrille d’Alexandrie, les Lettres festales d’Athanase ou les œuvres d’Évagre le Pontique ou de Théodore de Mopsueste. L’étude de ces traductions syriaques effectuées entre le
IV
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et le
e
VII
siècle apr. J.-C. nous permet de
nous assurer de la fiabilité de la transmission latine ou, le cas échéant – c’est-à-dire si l’on constate des divergences – de considérer avec beaucoup de précautions la tradition latine. Ce que l’on sait moins encore, c’est que certains érudits de langue syriaque de la fin de l’antiquité, formés à la philosophie grecque (certains comme Sergius de Reš‘ayna ont étudié à Alexandrie, d’autres dès le
VII
e
siècle disposaient de tout l’Organon d’Aristote traduit en syriaque) ont produit des œuvres tout-à-fait originales dans d’autres domaines du savoir comme en géographie, en sciences naturelles, peut-être en médecine, et en astronomie. Ces textes, qui peuvent éclairer notre compréhension des chaînes de savoir, sont restés jusqu’à présent largement inexploités. Nous avons choisi d’étudier de plus près l’astronomie, pensant qu’au-delà de cette simple enquête sur les textes et leurs manuscrits, notre travail contribuerait à mieux comprendre le rapport que les chrétiens des premiers siècles purent établir avec cette science des astres, poussée à un haut degré de développement et de scientificité par les philosophes païens d’Alexandrie, mais qui contredisait fortement la théorie archaïque du cosmos véhiculée par l’Ancien Testament6. L’astronomie a intéressé des érudits de langue syriaque avant l’arabisation des administrations proches et moyennes orientales (réforme imposée par ‘Abd al-Malik en 694/95 apr. J.-C.), qui marque le début de la domination culturelle arabe. Les textes les plus anciens conservés qui témoignent de cet intérêt datent du VIe et du VIIe siècles. Ce sont ces témoins que nous avons voulu étudier de plus près dans le cadre de cette thèse de doctorat. Notre étude prend appui sur une dizaine de manuscrits.
6
Pour un point de vue d’ensemble à ce sujet, voir I NGLEBERG H., Interpretatio christiana : les mutations des savoirs (cosmographie, géographie, ethnographie, histoire) dans l’Antiquité chrétienne, 30-630 après J.-C., Paris, Institut des études augustiniennes, 2001. 11
Introduction
Jusqu’à aujourd’hui, seule une petite partie de ce corpus était aisément accessible : il s’agit de deux ouvrages de Sévère Sebokht, évêque de Qennešrin au
VII
e
siècle, le Traité sur l’astrolabe, qui est un manuel
d’astronomie pratique, et le Traité sur les constellations, qui peut se définir comme un manuel de cosmographie7. Ces deux traités ont été traduits en français par F. Nau en 1899 et 19318, mais seul le Traité sur l’astrolabe a bénéficié d’une édition scientifique, ce qui limitait l’approche philologique du corpus. Depuis F. Nau, les textes astronomiques syriaques sont restés soit à l’état de manuscrits, soit non traduits9. Malgré le manque évident de travaux d’édition et de traduction en langues modernes des textes de ce corpus astronomique, on trouve de nombreuses études prenant position sur le rôle des syriaques dans la transmission des sciences en général et sur la transmission des savoirs astronomiques
en
particulier.
Certains
évoquent
l’ « influence
déterminante » des chrétiens orientaux et de leurs traductions dans la transmission des œuvres astronomiques grecques aux arabes 10 . D’autres considèrent que les syriaques ont vraisemblablement joué un rôle mineur à
7
On définit actuellement la cosmographie comme la partie descriptive de l’astronomie, sans les démonstrations mathématiques. Voir SAVOIE D., Cosmographie. Comprendre les mouvements du Soleil, de la Lune et des planètes, Paris, Belin, 2006, p. 3 et MORELON R., « L’astronomie arabe orientale entre le VIIIe et le XIe siècle », in RASHED R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris, Seuil, 1997, p. 39. 8 NAU F., Le Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des sources grecques et publié pour la première fois avec traduction française [extrait du JA], Paris, E. Leroux, 1899 et NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27, 1929/30, p. 333-410 et ROC 28, 1931/32, p. 85100 (Introduction, traduction intégrale de 18 chapitres, édition partielle des chapitres IV, V, et VI). 9 Nous savons, depuis la publication d’un récent article d’H. TAKAHASHI (« The Mathematical Sciences in Syriac : from Sergius of Resh‘aina and Severus Sebokht to Barhebraeus and Patriarch Ni’matallah », Annals of Science 68, 2011, fasc. 4, p. 480, note 8), qu’Edgar Reich a préparé un commentaire et une édition complète de ces deux traités de Sévère Sebokht, ainsi que de deux lettres astronomiques de Georges des Arabes, mais cet ouvrage n’est pas paru au moment où nous écrivons ces lignes. 10 Voir notamment : LE COZ R., Les Médecins nestoriens. Les maîtres des Arabes, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 90 : « Il faut bien se rendre compte que tous les savants de l’Islam n’ont jamais eu accès aux textes anciens originaux , tous leurs travaux ayant été effectués à partir de traductions ») ; on verra aussi à ce propos YOUSIF E. I., Les philosophes et traducteurs syriaques d’Athènes à Baghdad, Paris, L’Harmattan, 1997 et WALZER R., « Arabic transmission and greek thought to medieval Europe », Bulletin of the John Rylands Library 29, 1945-46, p. 168-171 : « The preservation and transmission of greek philosophy and science […] to posterity, is almost exclusively due to the Christians of the later centuries of the Roman Empire ». 12
Introduction
ce niveau11, même si, parmi ces derniers, on a pu reconnaître que l’approche de ce sujet était tributaire des témoignages arabes postérieurs12. En réalité, il est impossible de juger du rôle des Syriaques dans l’histoire de l’astronomie sans passer par l’établissement d’un corpus de textes qui fasse de leur activité scientifique, avant l’arabisation des administrations, non plus un mythe mais une réalité sondable. Le texte le plus récent que nous présenterons est approximativement contemporain de l’instauration du califat omeyyade en Syrie (661 apr. J.-C.) 13 . Nos investigations se bornent donc à cette date, qui coïncide, à peu de chose près, avec la date de mort de Sévère Sebokht (environ 666 apr. J.-C.). En posant cette limite, nous exposerons sans ambiguïté le travail des savants de langue syriaque dans le cadre de la transmission des savoirs astronomiques avant la naissance d’une érudition en langue arabe dans ce domaine. Nous ne nous sommes pas imposé de limite chronologique antérieure, étant bien entendu qu’il n’existe, du moins à notre connaissance, pas de témoignage d’une production littéraire en langue syriaque avant le
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II
siècle apr. J.-C. et
que les premiers témoins manuscrits datés ne remontent pas au-delà du Ve s. apr. J.-C.
11
Voir GIGNOUX Ph., « L’apport scientifique des chrétiens syriaques à l’Iran sassanide », JA 289, 2001, fasc. 2, p. 220-221 : « La littérature pehlevi héritière des mathématiques grecques, […] mais les Syriaques n’auraient joué aucun rôle dans cette transmission »; TROUPEAU G., « Le rôle des Syriaques dans la transmission et l’exploitation du patrimoine philosophique et scientifique grec », Arabica 38, 1991, p. 3 : « Quant aux autres sciences, comme les mathématiques et l’astronomie, il ne semble pas que les syriaques leur aient porté un grand intérêt, car peu d’œuvres importantes, dans ces disciplines ont été traduites en syriaque durant cette période ( V-VIIe siècles) » ; SALIBA G., « Revisiting the Syriac Role in the Transmission of Greek Sciences into Arabic », Journal of the Canadian Society for Syriac Studies 4, 2004, p. 27-31; ID., Islamic Science and the Making of the European Renaissance, Cambridge, MA, 2007, p. 58-64 qui n’attribue pas de rôle particulier à ces chrétiens de langue syriaque avant l’époque abbasside ; voir aussi GUTAS, Greek Thought, 1998, p. 20-22 qui considère que les érudits de langue syriaque n’ont pas joué le rôle qu’on a pu leur attribuer dans la promotion du mouvement de traduction des œuvres scientifiques grecques aux arabes ; PINGREE D., « The teaching of the Almagest in Late Antiquity », Apeiron 27, 1994, fasc. 4, p. 88 : « It is only in our imaginations, then, that we can reconstruct a continuous school of Ptolemaic astronomy flourishing in Syria between the sixth and the ninth century […] ». 12 Voir PINGREE D., « The recovery of early Greek Astronomy from India », Journal of the history of astronomy 7, 1976, p. 109: « It is certain that Greek astronomical texts were translated into Syriac and into Pahlavī, as well as into Sanskrit, but of the former we still have but little, and of the latter almost nothing; and in both cases we must rely for much of our knowledge on late accounts in Arabic ». 13 Il s’agit de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht. D’après les informations contenues dans cette lettre, Sévère la rédigea avant septembre de l’an 662 apr. J-.C., peut-être l’année d’avant. 13
Introduction
Le lecteur trouvera en première partie des informations sur les manuscrits et sur la bibliographie produite à ce sujet. L’ « astronomie » y est prise dans un sens large, car nous avons dû prendre en compte des textes qui, bien que relevant de la pure cosmologie, ont été indûment qualifiés d’astronomiques14. Notre lecteur accèdera ensuite à des sources qui étaient restées jusquelà inédites ou dont la traduction était inédite. Ce matériau permettra à l’historien des sciences et au linguiste de disposer de sérieux points d’appui pour comprendre de quelle manière la science astronomique s’est transmise en Orient. On trouvera ainsi édités et traduits en français : -
un Traité sur la cause des éclipses de lune (anonyme),
-
le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna,
-
l’Exemple au sujet du mouvement du soleil (anonyme)15,
-
la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht.
En outre, l’application de critères de datation permettra d’intégrer d’autres textes à ce corpus astronomique syriaque : comme le long extrait du Traité sur les révolutions planétaires et les conjonctions astrales (ms. Paris BnF syr. 346), une Lettre sur la sphère céleste attribuée à un certain Basile (ms. Vat. sir. 516) et une Lettre sur la conjonction des planètes (Paris BnF syr. 346). Pour des raisons évidentes de temps, nous avons renoncé à éditer et à présenter une traduction intégrale de ces trois derniers textes. On en trouvera cependant de bons passages édités et traduits dans la première et troisième partie. Le lecteur sera frappé par le fait que la plupart des textes que nous venons de mentionner sont anonymes. Quelle garantie avons-nous que cette littérature a bien été produite avant le VIIIe siècle ? Nous pensons que l’étude philologique de ces textes peut apporter ce genre de garantie et c’est ce que nous avons cherché à démontrer dans la troisième partie de cette thèse. Le 14
C’est le cas du Pseudo-Denys l’Aréopagite, Traité astronomique et météorologique, texte introduit, édité et traduit dans KUGENER A., « Un traité astronomique et météorologique syriaque attribué à Denys l’Aréopagite », in Actes du XIVe Congrès international des Orientalistes (Alger 1905), Nendeln, Kraus, 19682 (Paris, E. Leroux, 19071), Partie II, p. 137-163. 15 Nous avons appris, après avoir effectué le travail d’édition et de traduction que nous présentons, que Georges Saliba avait déjà traduit ce texte en anglais dès 1995 dans la revue Byzantion. Nous avons en revanche tenu compte, avec grand intérêt, de ses commentaires. 14
Introduction
langage astronomique syriaque, ayant évolué au fil des générations, parfois de manière très surprenante, fournit en effet aux lecteurs d’aujourd’hui des indices précieux sur l’époque de production des ouvrages. Il ne nous restait plus finalement qu’à vérifier que les critères de datations, mis au point par S. Brock pour les corpus biblique, liturgique et patristique 16 , étaient également valables pour le corpus astronomique (à partir des textes datés) et à les appliquer aux textes anonymes, ce que nous nous sommes employée à faire dans la section II de la troisième partie. Le présent travail vise à offrir des outils linguistiques qui permettront de progresser non seulement dans la datation des textes astronomiques syriaques, mais aussi dans l’édition et la traduction des textes, restés à l’état de manuscrit, grâce à un lexique syriaque-français des termes astronomiques et philosophiques présents dans sept textes17.
Notre étude s’applique essentiellement aux fonds manuscrits syriaques de dix grandes bibliothèques européennes dont nous avons effectué un dépouillement complet à partir des catalogues de manuscrits syriaques qui étaient à notre disposition. Parmi ces collections, nous avons retenu quatre manuscrits à partir desquels nous avons choisi d’éditer de nouveaux textes ou d’appliquer nos critères de datations. Il s’agit des manuscrits Paris BnF syr. 346, Vat. sir. 516 et Vat. sir. 555 que nous avons pu étudier à la Bibliothèque nationale de France et à la Biblioteca Apostolica Vaticana. Les notices détaillées que nous avons pu réaliser nous ont permis d’enrichir considérablement notre travail. Le quatrième manuscrit dont nous avons édité et traduit un texte est un manuscrit du 16
VII
e
siècle : il s’agit du BL Add.
Ces critères de datations, obtenus notamment à la suite d’une longue observation des textes syriaques traduits du grec, ont été présentés dans BROCK S. P., « Diachronic aspects of Syriac word formation : an aid for dating anonymous texts », OCA 236, 1990 [= 5e Symposium Syriacum 1988, Louvain], p. 321- 331 ; BROCK S. P., Syriac Perspectives on late antiquity, London, Variorum Reprints, 1984 [compilation d’articles sur le sujet] et BROCK S. P., « Towards a history of Syriac translation technique », OCA 221, 1983 [= 3e Symposium syriacum 1980, Roma], p. 1-14. 17 Il s’agit du Traité sur la cause des éclipses de lune (Paris BnF syr. 346, XIVe s., f. 51v60r), de l’Exemple au sujet du mouvement du soleil (BL Add. 14 658, f. 149v), du Traité sur l’action de la lune de Sergius de Rešʽayna (BL Add. 14 658, f. 141v-149v), de la traduction du De Mundo du même Sergius (chapitre 4, d’après l’édition de LAGARDE P., Analecta Syriaca, Osnabrück, Leipzig, Teubner, 1858, p. 134-158), et enfin de trois textes de Sévère Sebokht, le Traité sur l’astrolabe, le Traité sur les constellations et la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant (se trouvant respectivement aux f. 36v-51v ; f. 78r-121v et f. 124v-127v du ms. Paris BnF syr. 346). 15
Introduction
14 658 consulté sous forme microfilmée à l’Institut de Recherche en Histoire des Textes (IRHT) de Paris. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il nous a semblé opportun d’aborder d’autres points essentiels comme la définition de la science astronomique chez les Syriaques, le contenu scientifique des textes et leurs caractéristiques littéraires. Nous nous focaliserons uniquement sur les textes syriaques relevant de la pure astronomie scientifique. Le corpus est en réalité plus large et comprend également, comme nous l’avons dit, des textes à caractère cosmologique 18 , qui seront présentés dans la première partie. Mais étant donné qu’un bon nombre de ces derniers ont été édités, traduits et ont déjà fait l’objet d’études, il nous a semblé plus impérieux d’introduire l’astronomie scientifique syriaque dont le lecteur découvrira dans cette thèse des témoins inédits. Nous définirons ainsi précisément ce que les anciens entendaient par le terme d’« asṭronomia » ( ; ) ܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ nous exposerons ensuite la portée scientifiques des ouvrages qu’ils nous ont transmis avant d’en venir aux particularités manuscrites et littéraires du corpus en question.
I. Place et définition de la science astronomique dans les milieux scholastiques syriaques 1. L’astronomie dans le cadre des études philosophiques
Comme dans le reste du bassin méditerranéen, et plus tard chez les Arabes, les plus anciens écrits de philosophes syriaques qui nous sont
18
« La cosmologie se propose de traiter de l’univers pris dans sa totalité, et non des objets singuliers qu’il contient. Elle s’interroge sur la nature de la matière, de l’espace et du temps, sur leurs liens éventuels, sur la notion même d’univers en tant que réalité comprenant tout ce qui existe, sur son passé et son avenir. Cette démarche ancienne vécut longtemps de spéculations cantonnées à la métaphysique, ou d’intuitions énoncées sans démonstration possible, faute de preuves données par l’observation ou l’expérimentation » (cf. « Cosmologie », in SERRES M. et FAROUKI N. (dir.), Dictionnaire des sciences, Paris, Flammarion, 1997, p. 220 ). 16
Introduction
parvenus, et parmi eux le Traité de logique de Paul le Perse19 (début du
e
VI
siècle), distinguent deux branches de la philosophie, dont l’une (la philosophie théorique) comprend l’étude de ce que nous appelons généralement les mathématiques ou quadrivium, c’est-à-dire la géométrie, l’arithmétique, la musique et l’astronomie. Sergius de Reš‘ayna († 536) opère lui aussi cette classification20. Nos textes astronomiques n’apportent pas un témoignage très clair sur la façon dont on concevait la répartition des savoirs aux
VI
e
et
VII
e
siècles :
dans le prologue à son Traité sur l’action de la lune, Sergius de Reš‘ayna distingue l’« enseignement de la médecine » ( )ܝܘܠܦܢܐ ܕܐܣܝܘܬܐde la « philosophie de la nature » ( )ܦܝܠܣܦܘܬܐ ܟܝܢܝܬܐainsi que, du point de vue de « ceux qui ont porté de l’intérêt à la sphère , aux astres qui sont en elle et à ce qui, comme ils disent, peut se produire dans cette région-ci du fait des nombreuses variations de la lune et des mouvements variables de tout ce qui se déplace en cercle », c’est-à-dire l’« astronomie » ()ܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ. Au début du Traité sur l’astrolabe, Sévère Sebokht distingue l’astronomie « des autres arts, je veux dire de la géométrie, de la musique, de la médecine et de tous les arts manuels ». Notons que le terme consacré pour désigner la « science » astronomique chez Sergius, chez Sévère Sebokht ainsi que dans le Traité anonyme sur la cause des éclipses de lune est ( ܐܘܡܢܘܬܐaumenuto) c’est-à-dire « l’art » 21. Deux des textes astronomiques syriaques du
e
VI
siècle témoignent du
fait que la science des astres s’établissait au moyen d’instruments de raisonnement et de classification définis par la logique aristotélicienne 22 : 19
Voir HUGONNARD-ROCHE H., La logique d’Aristote du grec au syriaque, Paris, Vrin, 2004, p. 233-254. 20 Voir Sergius de Rešʽayna, Commentaires aux Catégories I, 6 : « Les êtres intermédiaires qui sont appelés mathématiques sont en vérité disciplines des choses ; je parle de la géométrie, de l’arithmétique, de l’astronomie et de la musique » (trad. HUGONNARDROCHE, La logique d’Aristote, 2004, p. 192-193). 21 Voir Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5 et Sév. Seb., Traité sur les constellations XVII. 2 où le terme aumenuto (= art) est appliqué à la géométrie ; le terme n’apparaît pas chez Sergius de Reš‘ayna qui parle toujours d’ « astronomie » ou du « point de vue des astronomes ». Ce terme est utilisé par Sergius de Reš‘ayna pour désigner les sciences du quadrivium dans son Commentaire aux catégories I. 6 (voir HUGONNARDROCHE, La logique d’Aristote, 2004, p. 192). 22 Les propos de Paul le Perse (sur la nécessité de faire reposer toute connaissance philosophique sur des principes logiques) ont été résumés et commentés dans TEIXIDOR J., « Introduzione », in Storia della scienza, 2001, vol. 4, p. 15. 17
Introduction
Sergius de Reš‘ayna rappelle dans le prologue au Traité sur l’action de la lune qu’il convient d’enseigner l’astronomie « conformément à la vénérable philosophie aristotélicienne »23 et enchaîne avec une démonstration logique sur la notion du général et du particulier ; et c’est bien au moyen de syllogismes, que l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune veut prouver que la théorie de l’Atalya 24 est sans fondement et que l’ombre de la terre est la seule cause d’éclipses de lune ou de soleil 25 . Au Sévère
Sebokht
invoque
également
l’autorité
e
siècle,
d’Aristote :
c’est
VII
vraisemblablement lui qui est désigné sous l’expression de « philosophe éloquent »26. Nous disposons en revanche de peu d’éléments sur la façon dont était enseignée l’astronomie chez les érudits de langue syriaque. Si les Grecs, au moins depuis Platon, dispensaient des rudiments de mathématiques en guise de propédeutique aux études philosophiques 27 , il semble que dans les milieux syriaques on renforçait les bases grammaticales des étudiants désireux d’accéder à un enseignement supérieur 28 . Dans ces conditions, comment se transmettait le savoir astronomique accumulé en langue syriaque ? En vérité, il est difficile d’expliquer comment Sévère Sebokht et Sergius de Reš‘ayna ont pu se former en astronomie, tout comme il serait du reste délicat d’expliquer comment Claude Ptolémée, Théon d’Alexandrie, Proclus ou Ammonius ont pu accéder à la maîtrise de savoirs astronomiques
23
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2. On trouvera d’autres témoignages de Sergius considérant Aristote comme « le principe et le commencement de tout savoir » et son œuvre logique comme l’instrument indispensable à toute connaissance dans HUGONNARD-ROCHE, La logique d’Aristote, 2004. 24 Théorie selon laquelle les éclipses de lune et de soleil seraient dues à la présence d’un corps dont la tête et la queue s’intercaleraient entre la terre et l’un des astres, dissimulant ces astres à l’observateur terrestre. Cette théorie est notamment exposée dans le Traité sur la cause des éclipses de lune 4. 5. On trouvera d’autres témoignages dans NAU, « La cosmographie », 1910, p. 253-254 et FURLANI G., « Tre trattati astrologici siriaci sulle eclissi solare e lunare », RANL [Scienze morali], ser. 8, vol. 2, fasc. 11-12, 1947, p. 576606. 25 Voir Traité sur la cause des éclipses de lune 4. 5. 26 Sévère Sebokht se réfère, au cours du chapitre I de son Traité sur les constellations, au philosophe éloquent pour différencier « les événements, les pensées, les paroles et les écrits » (Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 2). 27 On se souvient de la célèbre inscription qui figurait au fronton de l’Académie : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » (d’après Plat., Rép., VII, 526e, 6-7). Voir aussi CLEARY J. J., Aristotle and mathematics. Aporetic method in cosmology and metaphysics, Leiden-New York- Köln, Brill, 1995 (et en particulier le chapitre intitulé « Geometry and astronomy as propaideutic », p. 12-17). 28 Voir TEIXIDOR, « Introduzione », 2001, p. 15. 18
Introduction
aussi techniques et mathématisés que ceux qu’ils exposent dans leurs ouvrages
29
. À l’époque impériale, à Alexandrie notamment, les
mathématiques s’apprenaient dans le cadre d’une formation supérieure en philosophie (et d’ailleurs plutôt à la fin de cette formation) et tous les mathématiciens de renom recevaient le titre de philosophe30 . Le fait que Sévère
Sebokht
désigne
régulièrement
sous
l’expression
de
« philosophe » 31 , ou « philosophe-astronome » 32 , Claude Ptolémée ou Théon d’Alexandrie, associé à la remarque de Sergius de Reš‘ayna sur le fait que « la vénérable philosophie aristotélicienne » recommande « de connaître le propos général concernant l’opinion globale conçue par les astronomes », nous donne à penser que ce genre de savoir devait se transmettre, tout comme à Alexandrie, dans un contexte d’études poussées en philosophie. D’ailleurs, tous les disciples de Sévère Sebokht n’ont-ils pas laissé
les
témoignages
d’activités
philosophique
et
astronomique
conjuguées ? En effet Jacques d’Édesse (633-708) qui entreprit une nouvelle traduction des Catégories d’Aristote, inséra des éléments d’astronomie dans son Hexaemeron ; Athanase de Balad († 687), dont on a conservé une introduction en syriaque à la logique d’Aristote, une traduction de l’Isagogue de Porphyre et qui vraisemblablement procéda également à la traduction des Analytiques seconds, des Topiques et des Réfutations sophistiques33, est vraisemblablement ce même disciple envoyé par Sévère Sebokht auprès du « noble » Stéphane pour lui expliquer les mouvements du 29
Voir HADOT I., « Scienza e istituzioni », in Storia della Scienza, 2001, vol. 1, p. 999 : « l’insegnamento presso un filosofo era ricercato solamente da una ristretta minoranza di giovani dopo la fine, o verso la fine, degli studi di grammatica e retorica, cosicché, durante tutta l’Antichità, le conoscenze matematiche, anche superficiali, erano piuttosto rare ». 30 Voir PINGREE, « The teaching of the Almagest », 1994, p. 78 et HADOT, « Scienza e istituzioni », 2001, p. 999 : « Chi cercava un insegnamento in queste materie doveva seguire […] un insegnamento di filosofia, nel quale spesso s’impartivano le scienze matematiche. D’altra parte, nell’Antichità molti scienziati erano noti come filosofi e, per quanto riguarda l’epoca imperiale, fra i matematici il cui nome è giunto fino a noi Diofante è il solo di cui non possediamo indizi che lo classifichino fra i filosofi ». 31 Cf. Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe I, p. 73 (« le philosophe qui construisit l’astrolabe ») ; Sévère emploie en réalité indistinctement les termes de « philosophe » et d’« astronome » pour désigner Claude Ptolémée : « Il y a encore une autre division faite par l’astronome Ptolémée. […] il est évident qu’ici encore ce philosophe nous apprend à mesurer la latitude depuis le pôle nord jusqu’au pôle sud » (Traité sur l’astrolabe II. 24, p. 114) 32 Voir par exemple Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 4, p. 346 (« Lorsque le philosophe astronome a voulu nous instruire au sujet de ces étoiles […] »). 33 Voir à ce propos HUGONNARD-ROCHE, « La tradizione della logica », 2001, p. 22. 19
Introduction
soleil comme en témoigne la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant 34 . Enfin, Georges des Arabes, dont les commentaires et les traductions relatives au corpus des textes de logique restent encore à analyser, nous a transmis deux lettres à caractère astronomique35. Les lettres astronomiques syriaques des VIe et VIIe siècles nous apportent quelques compléments d’information sur la manière dont les savoirs astronomiques étaient transmis. La forme épistolaire de ces savoirs et certains propos contenus dans ces lettres nous laissent penser que l’astronomie était l’affaire de quelques spécialistes, relativement isolés36 ; d’autre part la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant indique que ce savoir n’était pas réservé au seul milieu ecclésiastique 37 (ou monacal) mais qu’il s’ouvrait aussi à une élite bureaucratique impériale38 ; enfin cette même lettre, associée aux informations recueillies dans les différents traités, montre que la formation en astronomie était dépendante des tables et des manuels astronomiques grecs39. 34
« Quant à savoir comment le soleil s’incline, c’est le vénérable Athanase, avec lequel je me suis entretenu, qui se chargera de le lui expliquer » (Sev. Seb., Lettre sur les nœuds ascendant et descendant III). 35 Voir Georgs des Araberbischofs Gedichte und Briefe : aus dem Syrischen, übersetzt und erläutert von V. Ryssel, Leipzig, S. Hirzel, 1891 et RYSSEL H. V. (éd.), « Die astronomischen Briefe Georgs des Araberbischofs », ZA 8, 1893, p. 1-55. 36 A propos de son activité d’astronome, Sévère Sebokht déclare : « Quant à savoir dans quelles conditions le soleil se couvre d’un voile pudique […] la raison pour laquelle je suis incapable aujourd’hui tient en ce que non seulement je suis seul à me fatiguer sur ces sujets, mais aussi parce qu’il n’y a personne d’autre qui puisse m’aider à ce propos. Et ce sujet requiert beaucoup de travail et le plus d’études possible » (Sév. Seb., Lettre sur les nœuds III). 37 Contrairement donc à l’astronomie babylonienne, qui semble avoir été réservée, d’après les colophons des tablettes retrouvées à Uruk, à un cercle de prêtres (voir NEUGEBAUER O., The exact sciences in antiquity, Providence RI, Brown University Press, 19572 (Copenhagen-Princeton NJ, E. Munksgaard-Princeton University Press, 19511), p. 137). 38 Dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, Sévère Sebokht charge un frère de transmettre les méthodes de calcul astronomique exposées à l’illustre ou noble « Stéphane (ou Étienne) chartulaire de toute la Djazira ». Au sujet de la fonction de chartulaire, voir KAPLAN M., Les hommes et la terre à Byzance du VIe au XIe siècle : propriété et exploitation du sol, Paris, Publications de la Sorbonne, 1992, p. 286-289. 39 On lit à la fin du Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5 : « Les calculs grâce auxquels on pourra trouver les nœuds avec des résultats exacts se trouvent dans le livre appelé Tables des calculs de Ptolémée l’astronome sur le cours et le mouvement de tous les astres. […] Aussi est-ce en suivant sa démonstration que nous avons pu établir les causes exactes et justes des éclipses » ; Sévère Sebokht, quant à lui, demande au destinataire de sa lettre d’apprendre à se servir des Tables faciles : « Nous voulons, frère, que tu connaisses ces et grâce à elles le noble puisse établir », et il recommande, pour le calcul des éclipses solaires et lunaires, la lecture de « Théon, que nous avons cité par l’intermédiaire du Commentaire qu’il a écrit aux Tables faciles » (Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 6). Enfin Sergius de Reš‘ayna affirme au sujet des nœuds ascendant et descendant que « les calculs grâce auxquels on pourrait constamment les retrouver sont exposés dans le Livre du Calcul de Ptolémée. » (Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1). 20
Introduction
Il existait donc de forts points de contacts entre Grecs et Syriaques dans la manière d’envisager l’étude de cette science mathématique. Ceci n’a rien d’étonnant quand on sait que Sergius de Reš‘ayna, l’un de nos « philosophesastronomes » avait effectué un long séjour d’études à Alexandrie. L’histoire ne dit pas si Sergius avait suivi autre chose que des cours de logique aristotélicienne. Mais au vu des sources qu’il cite dans son Traité sur l’action de la lune (notamment Claude Ptolémée), il est probable qu’il ait été également initié à l’astronomie. D’autant plus qu’au moment où il fréquentait la grande école d’Alexandrie, l’institution était dirigée par Ammonius († 517), auprès de qui Damascius serait venu trouver un guide dans la lecture de l’Almageste40.
2. De la nécessité de distinguer astronomie et astrologie La
frontière
entre
astrologie
progressivement dessinée au cours des
et e
VI
astronomie et
VII
e
semble
s’être
siècles chez les auteurs
syriaques intéressés par l’étude des astres. Deux textes astronomiques 41 , conservés dans le BL Add. 14 658 (VIIe siècle), témoignent du fait que l’astronomie était utilisée à des fins astrologiques et dans l’un d’eux il apparaît clairement que les termes ( ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣasṭronomos) et ( ܐܣܛܪܘܠܘܓܘܣasṭrologos) étaient perçus comme synonymes. En effet, le titre du Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna annonce que l’ouvrage portera « sur la manière dont on peut connaître l’action de la lune du point de vue des astronomes (» )ܐܣܛ̈ܪܢܡܘ, alors qu’au cours du desinit, le contenu du traité est résumé comme suit : « Voilà ce qu’on peut savoir de 40
Voir Damascius, Vitae Isidorii, p. 199 : « τοῦτον (sc. Ἀμμώνιον) … ἐξηγητὴν αὑτῷ γεγενῆσθαι Δαμάσκιος ἀναγράφει καὶ τῆς συντάξεως τῶν ἀστρονομικῶν Πτολεμαίου βιβλίων. » (extrait de la Bibliothèque de Photios). Dans son cours sur l’Histoire des sciences, Anne Tihon relève « des rumeurs persistantes » attribuant à Ammonius des tables astronomiques ou des éphémérides : « Au XIe siècle, l'astronome de Cordoue Al-Zarqalî (Azarquiel) compose un almanach dérivé de celui d'un certain Aumatius (Aumanius, Humeniz ou autres formes du nom), philosophe égyptien. Et un texte byzantin du VIIIe siècle (?), d'un certain Stéphane astrologue, parle des « tables d'Ammonius ». On remarquera que les observations d'Héliodore-Ammonius parlent aussi d' « éphémérides ». (cf. TIHON A. [cours d’Histoire des sciences], « La transmission des sciences du IVe au XIIe siècle et quelques autres considérations », d’après une version corrigée d’avril 2005, p. 150, très aimablement communiquée par Madame Tihon). 41 Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna et Exemple sur le mouvement du soleil, que l’on trouvera édités et traduits dans la seconde partie de cette thèse. 21
Introduction
la pensée des astrologues ( )ܐܣܛܪܠܓܘfondée sur le mouvement des étoiles ». Alors astronomie ou astrologie ? Cette distinction ne semble pas claire aux yeux de Sergius († 536) ; la dimension astrologique de son propos semble d’ailleurs le déranger puisqu’il met clairement à distance les savoirs qu’il vient tout juste d’exposer pour affirmer sa foi !42. Vraisemblablement à la même époque, ou peut-être un peu plus tard, dans le Traité sur la cause des éclipses de lune, l’auteur s’efforce de réfuter des théories astrologiques43 en leur opposant des arguments astronomiques exposés de manière logique. Il s’agit en l’occurrence de réfuter la théorie de l’Atalya. Mais la démarche est cette fois-ci bien différente car si les théories astrologiques (ici celle de l’Atalya) sont condamnées, elles le sont, non pas au bénéfice de la foi chrétienne, mais dans un souci d’appliquer la logique aristotélicienne et pour démontrer que le système astronomique ptoléméen est digne d’intérêt. En effet on y prouve, à l’aide de syllogismes, que les nœuds lunaires ascendant et descendant (appelés par les astrologues « tête » et « queue » d’Atalya) n’ont pas d’existence propre. Un siècle plus tard, la distinction entre astrologie et astronomie se précise, grâce à Sévère Sebokht († vers 666). Cet évêque consacra les cinq premiers chapitres de son Traité sur les constellations à réfuter les fondements de l’astrologie. L’astrologie est, selon lui, le produit des « poètes » et des « astrologues », sans aucun rapport avec ce qu’il nomme la « science des astronomes »44. Les poètes et les astrologues n’ont pas la part belle dans son traité puisque Sévère les qualifie à plusieurs reprises de charlatans, d’ignorants et de faiseurs de fables, à qui il prête des paroles « pleines d’inepties et de bavardage sans fin, entremêlant et imaginant des figures […] selon l’astrologie qu’ils ont créée »45. C’est une condamnation 42
Ces propos apparaissent à la fin du texte : « Ces relèvent de l’astronomie ou de l’astrologie ou comme on voudra les appeler. Voici ce qu’ils ont pensé au sujet de ces choses, eux qui n’ont pas eu la sagesse de dire avec nous que le Seigneur la terre dans sa totalité : le monde et ses habitants. » (Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 5). Mais ces lignes, qui viennent conclure le propos, juste avant l’explicit, peuvent avoir été insérées par un copiste. 43 Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 3. 2 : « Le destin n’existe pas, pas plus qu’il n’y a d’horoscope défini ». 44 Sa démonstration consiste à prouver que les zones, les cercles et les constellations n’ont pas de nature propre mais qu’il s’agit de pures conventions, utiles au quadrillage du ciel et par là-même à l’étude des mouvements des astres errants. 45 Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 2, p. 372. 22
Introduction
sans appel46, nettement plus sévère que celle qu’on avait pu trouver jusquelà. Il faut noter que, s’il condamne aussi durement l’astrologie, il le fait toujours dans le souci de différencier l’astronome ou plutôt le « philosopheastronome » de l’astrologue, confondu avec la figure du poète. Il met ainsi d’un côté les « amis de la science » qui s’intéressent à l’étude de l’astronomie et de l’autre les astrologues qui imaginent que les figures qui sont dans le ciel peuvent influencer la destinée des hommes. L’acharnement avec lequel l’évêque de Qennešrin réfute les thèses astrologiques s’inscrit certes dans la démarche commune des Pères de l’Église, soucieux de prouver le bien-fondé d’un pan capital de la doctrine chrétienne, à savoir le libre-arbitre. Mais, contrairement aux docteurs de l’Église 47 , Sévère Sebokht
distingue la science astronomique de l’astrologie et ses
démonstrations visent, à notre avis, moins à condamner l’erreur des païens qu’à sauver l’astronomie du naufrage auquel la condamnation de certains Pères de l’Église la vouait48.
46
« Dès maintenant déjà, d’après ce qui vient d’être dit, on peut conclure qu’il est démontré que ces constellations n’existent que par convention et en parole et non par nature et en vérité, comme l’ont imaginé à tort les astrologues et certains d’entre les païens » (Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 7, p. 347). Cette dernière assertion signifie-t-elle qu’on comptait aussi des auteurs chrétiens parmi les astrologues ? Il est possible que Sévère Sebokht, qui ne mentionne jamais les travaux de son prédécesseur Sergius de Reš‘ayna, le classe dans la catégorie des auteurs « astrologues » (en effet l’argument principal du Traité sur l’action de la lune de Sergius relève davantage de l’astrologie que de l’astronomie, même si ce texte comporte par ailleurs des passages purement astronomiques). 47 On trouvera une liste de ces docteurs dans Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], Livre X. L’astronomie, confondue avec l’astrologie, fut l’objet du rejet brutal des grandes figures du christianisme syriaque comme Éphrem et Rabbula — qui avaient classés comme hérétiques les personnalités qui s’étaient attachées à ces sciences (notamment Bardesane) — ou comme Cosmas Indicopleustès qui condamna toute forme de science astronomique ne découlant pas directement de l’exégèse biblique, ce qui eut pour effet d’amener un bon nombre d’auteurs chrétiens syriaques à considérer que la terre était cubique (Voir à ce propos la synthèse de INGLEBERG, Interpretatio, 2001). 48 Certains auteurs des premiers siècles de l’Église chrétienne ont en effet cherché à discréditer l’astronomie en confrontant les résultats de cette science aux Écritures. Sévérien de Gabala (IVe siècle) dans le troisième livre de son Hexaemeron propose un bel exemple de ce rejet : « Dieu a donc fait le ciel, non pas une sphère, comme le prétendent les arguties des diseurs de sottises ; en effet, Dieu n’a pas fait de sphère tournante, mais comme le dit le prophète Il dressa le ciel comme une voûte et le déploya comme un tabernacle (Is. 40, 22) » (Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], livre X, 31, p. 268). On lira à propos du combat de Sévère Sebokht, tout un développement sur ses « adversaires » dans la troisième partie de cette thèse (Partie 3, section I. 1. b) ainsi que sur ce que nous avons interprété comme des tentatives de justification de l’étude de l’astronomie grecque face au « nationalisme » syriaque et au fondamentalisme religieux de l’époque. 23
Introduction
3. Polémique entre chrétiens
Plusieurs témoins littéraires, au sein de la littérature grecque et syriaque, attestent un mouvement de polémique fort entre « philosophesastronomes » et fondamentalistes chrétiens aux
e
VI
et
VII
e
siècles. Le point
de vue des astronomes syriaques s’exprime notamment à travers la Lettre sur l’origine de la science syrienne partiellement traduite du syriaque et éditée par F. Nau49 et un passage du Traité sur la cause des éclipses de lune traduit du syriaque dans la deuxième partie de cette thèse. Dans le contexte qui nous intéresse, ceux que nous qualifions de « fondamentalistes » chrétiens avaient rejeté toute forme de savoir astronomique qui aurait pu contredire le modèle cubique, modèle qu’ils pensaient pouvoir déduire des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament 50 . Ces « fondamentalistes » semblent avoir été notamment bien représentés par certains dyophysites ou nestoriens de Nisibe et d’Alexandrie. Nous renvoyons au prologue de la Topographie chrétienne de Cosmas Indicopleustès, rédigée en grec au
e
VI
siècle, où l’on peut lire : Il existe des chrétiens d’apparence qui, sans tenir compte de la divine Écriture qu’ils dédaignent et méprisent à la manière des philosophes du dehors, supposent que la forme du ciel est sphérique, induits en erreur par les éclipses du soleil et de la lune.51 Wanda Wolska-Conus, qui a consacré une partie de l’introduction de son édition-traduction de la Topographie de Cosmas à la polémique entre nestoriens et monophysites, a montré que le principal objectif de la 49
NAU F., « La cosmographie du VIIe s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 248-252. Selon A.-L. Caudano : « La méfiance envers le modèle sphérique à la fin du IVe siècle peut s’expliquer comme un rejet général du paganisme, si l’on considère que le modèle sphérique faisait partie intégrante de la religiosité païenne. Critiquer le modèle sphérique du cosmos était aussi une manière facile de réfuter l’astrologie » (cf. CAUDANO A.-L., « Un univers sphérique ou voûté ? Survivance de la cosmologie antiochienne à Byzance ( XIe et e XII s.) », Byzantion 78, 2008, p. 68). On trouvera une analyse plus nuancée dans INGLEBERG, Interpretatio christiana, 2001 (voir en particulier les pages 54 et 216 où il oppose le système cubique antiochien — illustré par Jean Chrysostome, Sévérien de Gabala, Théodoret de Cyr, le Pseudo-Césaire et surtout Cosmas Indicopleustès — au modèle sphérique adopté par les Pères cappadociens dès le IVe siècle — Basile de Césarée, Grégoire de Naziance et Grégoire de Nysse —, mais aussi au VIe siècle, à Alexandrie, avec le chrétien Jean Philopon. 51 Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], Prologue, 4, p. 264. 50
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Introduction
Topographie avait été de s’opposer au De Opificio Mundi du monophysite alexandrin Jean Philopon52 (Jean Philopon s’était lui-même évertué à réfuter le Commentaire de la Genèse du dyophysite Théodore de Mopsueste53). Il se trouve que nous pensons avoir trouvé un nouvel écho à cette polémique dans l’un des textes que nous avons traduits et dont nous avons estimé que la date de rédaction pouvait remonter à la première moitié du VIe siècle, c’est-à-dire à une période contemporaine de celle de Cosmas Indicopleustès et de Jean Philopon. On lit en effet dans le Traité sur la cause de l’éclipse de lune :
les Amis du travail (philoponoi) à travailler avec assiduité et à ne pas se détourner de l’amour de la science, quand bien même les détracteurs ont la bouche béante et la langue bien pendue. 54 Dans de telles conditions, on imagine que l’étude de l’astronomie dans un contexte syro-occidental (celui des auteurs des textes astronomiques étudiés jusqu’à présent) devait être difficile et laissait peu de répit aux rares savants qui s’y adonnaient 55 . Il semble en outre que la qualité du contenu scientifique des textes préservés nous donne un indice supplémentaire sur le fait qu’il devait être laborieux pour un chrétien syriaque de s’investir dans le domaine des mathématiques en général et particulièrement en astronomie.
52
« La comparaison du De Opificio Mundi avec la Topographie montre, non seulement que les deux auteurs connaissent leurs doctrines respectives, mais encore qu’ils se provoquaient et se répondaient tour à tour. Les problèmes sur lesquels ils discutent nous font entrevoir deux univers opposés, l’un sphérique, l’autre cubique, deux systèmes du monde se réclamant tous deux de la Genèse, mais s’adjoignant en outre, l’un l’aristotélisme, l’autre les traditions populaires de l’Orient » (WOLSKA, Cosmas Ind., 1968, Introduction, p. 41). On trouvera un autre écho à cette polémique dans WATTS E. J., City and school in late antique Athens and Alexandria, Berkeley, University of California press, 2006, p. 253-255. 53 Voir WOLSKA, Cosmas Ind., 1968, Introduction, p. 40-41. 54 Voir à ce propos les longues notes que nous avons apposées à ce passage du Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5. 55 Voir la remarque précédente (note 23) à propos du témoignage de Sévère Sebokht manifestant clairement sa solitude dans ses activités astronomiques (Sév. Seb., Lettre sur les nœuds III ). 25
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II. Contenu scientifique des textes
Nous touchons ici à une problématique centrale de notre travail de recherche : quel est le contenu scientifique des textes astronomiques syriaques ? Peut-on penser que les érudits chrétiens syriaques des
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et VIIe
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siècles étaient en mesure d’appréhender l’œuvre astronomique de Claude Ptolémée et de transmettre le niveau astronomique atteint aux Arabes ? Quand un auteur anonyme (que nous supposons du début du
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siècle)
présente son travail comme « quelque petite goutte » comparé à « la grande mer de science précieuse »56 qui est dans les livres de Ptolémée, s’agit-il de modestie rhétorique ou d’un aveu ? La littérature astronomique syriaque antérieure au VIIIe siècle a-t-elle dépassé le stade de la cosmographie ?
1. Sources astronomiques utilisées par les astronomes syriaques
Parmi les sources astronomiques utilisées par les auteurs syriaques de la période qui nous intéresse, on trouve les deux astronomes alexandrins Claude Ptolémée et Théon d’Alexandrie. Ces auteurs sont nommés57 et le titre de leurs œuvres est précisé. Il s’agit de la Syntaxe mathématique58 — ou Almageste —, des Tables faciles 59 et de la Géographie 60 de Claude 56
Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1 ( ܦܛܠܡܐܘܣ/Pṭolomaos) ; Exemple au sujet du mouvement du soleil 3 ( ܩܠܘܕܝܘܣ ܦܛܠܡܐܘܣ/ Qlaudios Pṭolomaos) ; Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5 ( ܦܛܠܡܐܘܣ ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣ/ Pṭolomaos asṭronomos) ; Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU] II, 69 ( ; )ܦܛܐܠܡܘܣ ܐܣܛܪܘܢܡܘܣSév. Seb., Traité sur les constellations III. 2 ; XIV. 10 ; XV. 8 ; XVI. 1. Pour Théon d’Alexandrie, voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1 ( ܬܐܘܢ ܿܗܘ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ/ Theon hau alexandroyo). 58 Cité dans le ms. Paris BnF syr. 346, f. 168v-169r (passage édité et traduit par F. Nau dans l’Introduction du Traité sur les constellations, p. 332-333, que Nau attribue à Sévère Sebokht) : « » ܐܦ ܗܘ ܦܛܐܠܘܡܘܣ ܒܣܘܢܛܟܣܝܣ/ « Ptolémée dans la Synṭaxis ». 59 Voir Exemple au sujet du mouvement du soleil 3 ( ܟܬܒܐ ܕܩܢܘܢܐ/ « le livre des tables ») ; Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5 ( ܩܢܘܢܐ ܕܚܘܫܒܢܐ/« Table des calculs ») ; Sév. Seb., Lettre sur les nœuds, titre et II. 1 ( — ܦܪܘܟܝܪܘܣtranslittéré du grec Προχείρος — / Table facile) ; Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II. 7, p. 96 (Le Canon de Ptolémée). Sévère Sebokht se rapporte enfin fréquemment aux Tables faciles dans son Traité sur les constellations (voir par exemple XIV. 10 ; XV. 8 ; le titre du XVI et XVI. 1-6). On trouve également des précisions concernant les tables utilisées : la table des latitudes de la lune (voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5) ; la table sur la sphère droite (cf. Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II. 10 : « Ce nombre des ascensions se trouve aussi dans la table pour la sphère droite ») ; la table des villes (voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 10). Pour une édition des tables faciles on se reportera, pour la première table, aux travaux 57
26
Introduction
Ptolémée, du Petit Commentaire aux Tables faciles
61
de Théon
d’Alexandrie. On trouve même une citation littérale du Petit Commentaire de Théon62. Notons que les textes astronomiques syriaques du
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siècle ont
eu tendance à confondre les ouvrages de Ptolémée avec ceux de son éditeur, ce qui leur a fait attribuer un « Livre du calcul » ou « Livre des tables » à Ptolémée, quand le contexte en l’occurrence nous permet de comprendre que l’auteur renvoie non pas directement aux Tables faciles mais au Petit Commentaire de Théon63. Les « philosophes-astronomes » syriaques manifestent une grande admiration pour les travaux de leurs prédécesseurs grecs et leur confèrent une autorité scientifique sans égale, comme en témoignent les deux passages suivants, extraits (1) du Traité sur la cause des éclipses de lune (anonyme du
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siècle) et (2) de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
(Sévère Sebokht, VIIe siècle) :
(1) Mais les calculs grâce auxquels on pourra trouver les nœuds avec des résultats exacts se trouvent d’A. Tihon et de R. Mercier (TIHON A., Πτολεμαίου Πρόχειροι Κανόνες. Les « Tables Faciles » de Ptolémée, vol. 1a : Tables A1-A2, Introduction, Édition critique, LouvainParis, Peeters, 2011 et MERCIER R., Πτολεμαίου Πρόχειροι Κανόνες. Ptolemy’s Handy Tables, vol. 1b : Tables A1-A2, Transcription and Commentary, Louvain-Paris, Peeters, 2011. En attendant la suite de ces éditions, on devra se reporter à l’édition de HALMA N. B., Θέωνος ἀλεξανδρέως ὑπόμνημα, Commentaire de Théon d’Alexandrie sur le livre III de l’Almageste. Tables manuelles des mouvements des astres. Traduites pour la première fois du grec en français sur les manuscrits de la bibliothèque du Roi, Paris, 1822-1825, 3 vol. 60 Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 10. 61 Voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1 ( ܣܟܠܝܘܢ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ/ Scholion d-procheiros, Commentaire aux Tables faciles) ; II. 5 (où ce commentaire est présenté comme un « abrégé », indiquant qu’il s’agit du Petit et non du Grand Commentaire de Théon aux Tables faciles) et II. 6. 62 Voir Sev. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1 (traduction littérale du chap. 15 du Petit Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie ; pour une édition du texte de Théon, voir TIHON A. (éd.), Le « Petit Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée (Histoire du texte, édition critique, traduction), Città del Vaticano, BAV, 1978 [Studi e testi 282]). Cette citation est d’autant plus précieuse qu’aucune traduction arabe du Petit Commentaire de Théon n’a été conservée (en dehors de quelques fragments récemment découverts dans le ms. palimpseste Vat. sir. 623 identifiés dans PROVERBIO D. V., « Theonis Alexandrini fragmentum pervetus Arabice. Su più antico manoscritto del Commentarium parvum di Teone Alessandrino », in RANL [Classe di Scienze Morali, storiche e filologiche], ser. 9, vol. 13, 2002, p. 373-386) et que le premier témoin arabe de la transmission de son œuvre date du IXe siècle : il s’agit d’une citation du Commentaire à l’Almageste retrouvée dans un ouvrage de Ya’qūb b. Isḥāq al-Kindī d’après MORELON, « L’astronomie arabe orientale », 1997, p. 38. 63 Voir à ce propos nos notes et le texte de l’Exemple au sujet du mouvement du soleil 3 et celui de Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1 ; on comparera également avec le Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5. 27
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dans le livre appelé Tables des calculs de Ptolémée l’astronome, sur le cours et le mouvement de tous les astres. Alors que nombreux sont ceux qui l’ont précédé et ses successeurs, lui seul est devenu plus célèbre que tous ceux qui l’ont précédé et qui lui ont succédé dans l’art de l’astronomie. Aussi est-ce en suivant sa démonstration que nous avons pu établir les causes exactes et justes des éclipses. 64 (2) Quant au fait de pouvoir calculer rapidement et sans effort les nœuds ascendant et descendant, je ne l’ai trouvé nulle part et je pense que personne d’autre à faire en sorte que le calcul des nœuds ascendant et descendant soit plus rapide, plus facile et nécessitant moins de travail que le calcul d’après les Tables faciles, comme l’a enseigné Théon d’Alexandrie dans son Commentaire aux Tables faciles.65 Cette admiration n’a toutefois pas empêché Sévère Sebokht de maintenir un certain esprit critique vis-à-vis des Tables faciles de Ptolémée qu’il tient pour perfectibles : Quand nous cherchons les levers d’un signe quelconque et les levers de la sphère droite, il est évident que si nous faisons tourner l’araignée jusqu’au point diamétralement opposé à celui que nous cherchons, et si nous regardons en même temps de combien l’index de l’araignée s’éloigne du milieu du ciel, puis que nous comparons le Canon 66 à l’astrolabe et que nous ne trouvons pas le même nombre, nous devrons en conclure que le Canon ou bien l’astrolabe est mal fait, et nous contrôlerons les deux, car le Canon de Ptolémée est fait d’après l’astrolabe. 67 Cependant il faut rester prudent au sujet de cet « esprit critique » car le Traité sur l’astrolabe pourrait être une traduction d’un traité astronomique grec68, auquel cas on ne devrait parler que de « sensibilisation » à un certain esprit critique véhiculé par le traité grec en question.
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Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 66 C’est-à-dire les Tables faciles. 67 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II.7, p. 96. 68 Nous ne savons pas avec assurance qui est l’auteur du Traité sur l’astrolabe qui a également inspiré Jean Philopon un siècle avant Sévère Sebokht. Selon al-Yaqubi (IXe s.), il s’agirait d’un ouvrage de Théon d’Alexandrie. Mais Théon ne fait jamais référence à cet 65
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Aucun autre astronome grec n’est clairement mentionné. Pourtant les textes astronomiques syriaques puisent à bien d’autres sources : Georges Saliba a, par exemple, identifié en 1995 le texte anonyme intitulé Exemple au sujet du mouvement du soleil en longitude comme la traduction d’un passage des Elementa apotelesmatica (Eisagogika) de Paul d’Alexandrie69. Il est vraisemblable qu’en poursuivant le travail sur les sources, on soit amené à découvrir bien d’autres correspondances avec la littérature astronomique grecque. Mais ce sont actuellement les seules informations fiables que nous sommes en mesure de communiquer.
Parmi les ouvrages que les érudits syriaques avaient manifestement à disposition pour se former en astronomie et pour procéder à certains calculs nécessitant l’usage de tables, on trouve, à côté des ouvrages des astronomes grecs, des sources plus orientales. Les plus anciens textes astronomiques syriaques préservés évoquent en effet la science astrale des « Chaldéens » 70, appelés aussi « Anciens »71. Il faut remarquer que ces Chaldéens ne sont jamais mentionnés dans des textes du
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siècle. Les deux textes qui font
référence aux calculs des Chaldéens sont le Traité sur la cause des éclipses de lune et le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna. Si Sergius évoque vaguement les « Anciens » à propos de la définition de la ouvrage dans aucun de ses écrits. Sévère Sebokht attribue vaguement l’invention de l’astrolabe à un « philosophe » (Traité sur l’astrolabe I, p. 73 ; p. 79 et p. 82 ; II. 24), mais le seul philosophe nommé dans ce traité est Claude Ptolémée (Traité sur l’astrolabe II. 24). Il est par ailleurs étrange que Sévère Sebokht, qui se plaît dans ses autres ouvrages astronomiques à citer Théon d’Alexandrie, ne prenne pas le temps de le faire ici – à moins bien entendu qu’il ne s’agisse d’une traduction et que l’auteur grec, traduit ici, se réfère à Ptolémée comme à l’inventeur de l’astrolabe. 69 Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed. BOER], 28, p. 79. Voir SALIBA G., « Paulus Alexandrinus in Syriac and Arabic », Byzantion 65, 1995, p. 440-454 et repris dans ID., Islamic Science and the Making of the European Renaissance, Cambridge, MA, 2007, p. 8. Paul d’Alexandrie était un astrologue important et un contemporain de Théon d’Alexandrie. 70 À la même époque on sait que Marinus (à Athènes) réputé pour ses savoirs astronomiques, en plus du cursus philosophique habituel (comprenant l’étude des textes d’Aristote et de Platon) avait été formé à la lecture des livres des Chaldéens, comme cela est rappelé dans WATTS, City and school, 2006, p. 234 : « The life of Proclus suggests that Marinus read through the entire Aristotelian and Platonic curriculum and took classes in the Chaldean writings ». 71 Selon Bar Hébraeus, « les Anciens » est le terme consacré pour les désigner (cf. Bar Héb., Cours d’astronomie I, 8, 1 : « Nous disons que les Chaldéens sont les anciens et les Grecs les modernes »). De fait, on trouve cette même expression en usage dans le Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 3, associée clairement aux Chaldéens, ainsi que dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5. 29
Introduction
conjonction astrale72, le Traité sur la cause des éclipses de lune parle plus précisément des « Livres de la Chaldée » 73 . Les livres des Chaldéens ne bénéficiaient, semble-t-il, pas du même prestige que les traités astronomiques grecs : ils sont cités afin d’être réfutés. On démontre en effet que leurs théories astrologiques sont inacceptables et que leur tentative d’explication des éclipses de lune et de soleil par la théorie de l’Atalya ne résiste pas à quelques arguments logiques74. Cependant, bien qu’ils soient décriés sur ces points, l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune leur reconnaît une certaine capacité à procéder aux calculs des éclipses de soleil et de lune avec une grande précision : Le fait est que, bien qu’ils aient déclaré ceci à propos d’Atalya, une partie de leur propos est exacte dans le sens où il s’est produit ce qu’ils avaient dit. En effet on établira une distinction entre ce qu’ils disent à propos d’Atalya – qui serait la cause de l’éclipse – et leur estimation du jour et de l’heure de l’éclipse, qui se produit conformément à ce qu’ils avaient estimé ! (Bien qu’il n’y ait pas d’Atalya, comme cela a été démontré plus haut). Le fait est qu’ils ont dit vrai, dans leur calcul sur l’éclipse, et qu’ils ont, à ce propos, prévu ce qui arriverait : ils ont dit vrai, non pas parce qu’ils croyaient qu’Atalya existe, mais du fait de la justesse et de la précision de leurs calculs dont ils ignoraient le fondement, au moment où ils les exécutaient.75 Ce témoignage recoupe les recherches qui ont été menées sur les tablettes babyloniennes retrouvées notamment à Uruk et qui ont permis de se rendre compte du bon niveau de calcul astronomique atteint par les Mésopotamiens durant la période séleucide76. 72
Voir Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5. Voir Traité sur la cause des éclipses de lune 3. 6. 2. 74 Voir notamment Traité sur la cause des éclipses de lune . 75 Traité sur la cause des éclipses de lune 6.4. 76 Ces tablettes, découvertes par des Allemands en 1914, sont actuellement conservées à Berlin, Paris et Chicago. Leur étude a permis, à partir de 1929, de prendre conscience du fait que les témoignages grecs nous avaient jusqu’alors fourni une image peu fiable des compétences astronomiques de ces Chaldéens ou Babyloniens (cf. NEUGEBAUER, The exact sciences, 1957, chap. 5, p. 97 : « it very soon became evident that mathematical theory played the major role in Babylonian astronomy as compared with the very modest role of observations ». Neugebauer précise au sujet de la datation de ces tablettes : « Only the last three centuries B.C. furnished us with texts based on a consistent mathematical theory of lunar and planetory motion. The latest astronomical text has been recently identified by 73
30
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Nous ne nous attarderons pas sur les sources astrologiques grecques citées par nos textes, qui ne font pas l’objet de notre étude. Notons simplement que le ms. Paris BnF syr. 346 contient une traduction de la Tétrabible de Claude Ptolémée et que Sévère Sebokht, en cherchant à réfuter les théories astrologiques, cite les Phénomènes d’Aratos à de nombreuses reprises aux chapitres IV et V de son Traité sur les constellations.
2. Les concepts astronomiques abordés Les textes astronomiques syriaques produits avant l’instauration du califat omeyyade en Syrie traitent essentiellement du mouvement de la lune et du soleil et des conditions de leurs conjonctions. Ces sujets sont abordés du point de vue de l’astronomie mathématique, c’est-à-dire appuyée par une corrélation d’observations et de calculs arithmétiques. Comme on l’a vu plus haut, les calculs pour prévoir une éclipse de lune ou de soleil ou tout simplement pour situer le nœud ascendant ou descendant de la lune se font sur le modèle des calculs proposés par Théon d’Alexandrie dans le Petit Commentaire aux Tables faciles de Claude Ptolémée. Le recours à ces méthodes de calcul présuppose la connaissance de modèles géométriques de référence appliqués à la sphère céleste, à savoir la répartition de cette même sphère en cercles, zones, hémisphères, le tout inséré dans une grille quadrillée par des parallèles et des méridiens permettant de fournir des résultats en latitude (c’est-à-dire en hauteur, à partir de l’équateur jusqu’au pôle nord) et en longitude (lignes perpendiculaires à l’équateur). On trouve également quelques remarques assez sommaires sur la période de révolution des planètes ainsi que sur leurs conjonctions.
Sachs and Schaumberger, with the date of 75 A. D. These late theories, on the other hand, proved to be of the highest level, fully comparable to the corresponding Greek systems and truly mathematical character ». 31
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a. Référents spatiaux et temporels - La mesure de l’espace Les textes astronomiques syriaques du
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siècle manifestent peu
d’intérêt pour les référents spatio-temporels indispensables à l’astronome pour se repérer dans l’espace et dans le temps et pour effectuer ses calculs : le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna nous apprend sommairement que le mouvement du soleil s’étudie « sur le zodiaque » qui est un « cercle » de 360° divisé en douze parties égales de 30° chacune77 ; le petit texte traduit du grec, intitulé Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil, précise qu’un degré se compose de 60 minutes, qu’une minute comprend 60 secondes, puis l’auteur associe à ces intervalles des durées (correspondant au mouvement du soleil), c’est-à-dire que le soleil traverse 30° en 30 jours et que, le jour se composant de 24 heures, on verra le soleil avancer approximativement d’1° toutes les 24 heures78. Il faut en réalité attendre les productions de Sévère Sebokht au
VII
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siècle pour voir un système de référents spatio-temporels plus complexe se mettre en place : il s’agit principalement d’une répartition de la sphère céleste en zones et en cercles sans lesquels, dit Sévère dans son Traité sur les constellations, « on ne pourrait pas faire de calcul pour le soleil, la lune et les cinq planètes, ni mesurer le ciel et la terre et l’espace qui est entre eux ou les climats et les villes qu’ils contiennent » 79 . Les cercles nommés arctique, antarctique, tropique d’été, tropique d’hiver et équateur permettent une première répartition en latitude de la sphère dont il est précisé qu’elle « est égale de tous côtés » 80 , c’est-à-dire qu’elle est parfaitement sphérique81. La latitude est « constamment, dans tous climats
77
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 1 et 2. 3. Exemple au sujet du mouvement du soleil 1 et 2. 79 Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 2, p. 395 (trad. Nau). 80 Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 4. Au sujet de la parfaite sphéricité de la terre, voir Traité sur les constellations XVIII. 81 On sait depuis le XVIIIe s. qu’elle est en réalité légèrement écrasée aux pôles. 78
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et toute ville, comptée du cercle de l’équateur vers le nord »82. Cette latitude peut-être approchée de manière plus fine grâce aux parallèles83. Viennent ensuite les cercles méridiens qui « mesurent l’anglehoraire » 84 , c’est-à-dire la longitude. La longitude « est comptée de l’Occident à l’Orient, c’est-à-dire depuis les îles qui sont dans l’Océan et que les poètes ont nommés îles des Bienheureux »85. Le méridien d’une ville est défini comme le cercle passant à son zénith à la limite entre la 6e et la 7e heure du jour86. Sévère Sebokht admet que le cercle méridien ainsi que celui de l’horizon ne sont pas « fixes » mais qu’ils varient d’une ville à l’autre en fonction de la longitude et de la latitude. Ceci n’a rien d’une évidence pour l’époque puisqu’on peut par exemple lire chez Isidore de Séville que le soleil se lève au même moment pour tous les habitants de la terre87. Enfin, le cercle de l’écliptique, qui passe par le milieu du zodiaque, est celui sur lequel marche le soleil « sans le quitter ni au nord ni au sud ». Ce cercle est incliné de 23°51’ par rapport à l’équateur88. Le zodiaque est la bande (ou « couronne ») qui élargit ce cercle au nord et au sud. Le zodiaque se divise en douze parties appelées dodécatoméries de 30 degrés chacune. Chacune de ces dodécatoméries reçoit le nom d’un signe zodiacal. La première dodécatomérie est celle du Bélier, la seconde celle du Taureau, etc… 89 . Le cercle du zodiaque partage la sphère des fixes en deux hémisphères : les constellations situées au nord du zodiaque sont réparties en longitude selon 19 sections ; les constellations de la zone sud, moins nombreuses, se répartissent sur 15 sections90. C’est au sein de chacune de ces sections qu’il convient de situer les étoiles les plus brillantes. Les cercles mentionnés plus haut (arctique, antarctique, tropiques d’été et d’hiver, équateur) délimitent des « zones » dont trois seulement sont 82
Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 7. Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe I, p. 79-80. 84 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe I, p. 79-80. 85 Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 7. 86 Sév. Seb., Traité sur les constellations XII (voir « cercle 9 »). 87 Voir Isidore de Séville, Traité de la nature, XVI, p. 230 : « Le rayonnement du soleil se trouve exactement à la même distance pour tous les hommes. Le soleil est semblable pour les Indiens et les Bretons : les uns et les autres le voient au même moment lorsqu’il se lève. » (trad. J. Fontaine). 88 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II. 22 et 24 ; Sév. Seb., Traité sur les constellations XVI. 89 Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 2. 90 Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 2-4. 83
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Introduction
habitables : la zone équatoriale et les deux zones tropicales. La zone équatoriale est peu habitée à cause de la chaleur excessive. Sévère suppose que la zone tropicale d’hiver est habitée, mais personne, à sa connaissance, ne le sait véritablement 91 . Ainsi c’est seulement la zone tempérée du tropique d’été qu’on subdivise de nouveau, en latitude, en sept climats : le climat de Méroé (16°27’), celui de Syène (23°51’), celui du Delta du Nil (30°22), celui de Rhodes (36°), celui de l’Hellespont (40°56’), celui du « milieu du Pont » (45°30’) et celui du Borysthène (48°32’)92, ce qui permet de connaître approximativement la longueur du jour dans chaque ville. À la fin du Traité sur les constellations on trouve une liste d’instruments mathématiques et d’unités de mesure exposées 93 . On y apprend que le diamètre d’un cercle représente le tiers de sa circonférence (soit π = 3) et que : 1 stade = 200 pas ; 1 pas = 2 coudées ; 1 coudée = 2 empans ; 1 empan = 12 doigts ; 1 mille = 7 ½ stades et 1 degré = 700 stades. Ce qui permet à Sévère Sebokht de déduire que la terre a une circonférence de 360° x 700 stades = 252 000 stades, soit 33 600 milles et un diamètre de 84000 stades94.
- La mesure du temps La mesure du temps chez Sévère Sebokht se prend en nychthémères 95 (jour divisé en 24 heures) comptés, comme chez la plupart des astronomes, à partir de midi. Mais il prend aussi souvent la peine de convertir l’heure de midi en heures du matin (qui commencent au lever du soleil)96, qui est la façon habituelle de compter les heures de la journée depuis l’introduction du
91
Sév. Seb., Traité sur les constellations XVIII. 5. Toutes ces indications chiffrées que l’on trouve dans Sév. Seb., Traité sur les constellations XVI (conformément aux données de la Géographie VII de Ptolémée) sont fournies de manière plus approximative au chapitre XIV. 1. 93 Comparer avec Épiphane, Traité sur les poids et mesures. 94 Ces estimations de la circonférence et du diamètre de la terre correspondent à celles qui avaient été formulées par Ératosthène puis acceptées par Hipparque. Tous les détails à propos du calcul réalisé par Ératosthène se trouvent dans NEUGEBAUER O., A History of Ancient Mathematical Astronomy, Berlin-Heidelberg-New York, Springer, 1975, vol. 2, partie IV, p. 733-736. 95 Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 10. 96 Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 2. 92
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calendrier julien97. Le calendrier de référence des astronomes syriaques est le calendrier julien (calendrier solaire qui prévoit 365 jours par an, répartis en 12 mois, et une journée bissextile tous les 4 ans) 98 , mais les mois reçoivent des noms sémitiques et voient leur rang modifié, ce qui correspond en réalité au calendrier à caractère julien dit d’Antioche99. Voici les noms syriaques correspondant aux mois du calendrier julien :
1. Octobre 2. Novembre 3. Décembre 4. Janvier 5. Février 6. Mars
= = = = = =
Tišri I Tišri II Kanun I Kanun II Šebat Adar
7. Avril = 8. Mai = 9. Juin = 10. Juillet = 11. Août = 12. Septembre =
Nisan Iyyar Haziran Tammuz Ab Elul
Notons que le traducteur syriaque de l’Exemple au sujet du mouvement du soleil ainsi que l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune ne s’expriment qu’en mois syriaques. Sévère quant à lui se réfère, le plus souvent, non pas aux mois sémitiques, mais aux mois égyptiens, utilisés dans le calendrier alexandrin. Ce calendrier, depuis la réforme d’Auguste, fait coïncider le début de l’année égyptienne, le Ier de Thoth, avec le 29 août du calendrier julien. Il comprend 360 jours répartis en 12 mois auxquels s’ajoutent 5 jours dits « épagomènes ». Voici la liste des mois égyptiens, associés aux dates juliennes :
29 août 28 septembre 28 octobre 27 novembre 27 décembre 26 janvier 24-28 août
= = = = = = =
Ier Thoth Ier Phaophi Ier Athyr Ier Choiak Ier Tybi Ier Mechir Epagomenai
26 février 27 mars 26 avril 26 mai 25 juin 25 juillet
= = = = = =
Ier Phamenoth Ier Pharmouthi Ier Pachon Ier Payni Ier Epiphi Ier Mesorè
Sévère Sebokht utilise ensuite plusieurs moyens de datation100. Pour ses calculs astronomiques, il doit tout d’abord se référer à l’ère de Philippe
97
Voir GRUMEL V., Traité d’études byzantines I La Chronologie, Paris, PUF, 1958, p. 163. Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 4. 99 Voir GRUMEL, La Chronologie, 1958, p. 172. 100 Pour les identifier et pour nous permettre de convertir les dates qu’il utilise, d’un système dans un autre, nous nous sommes référés à l’ouvrage de GRUMEL, La Chronologie, 1958 . 98
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Introduction
Arrhidée 101 (qui est le prolongement de l’ère de Nabonassar utilisée par Claude Ptolémée dans ses Tables faciles). Mais avant de parvenir à une date en années de Philippe Arrhidée (que Sévère appelle « années des Grecs » 102 ), comptée à partir du 12 novembre 324 av. J.-C. 103 , il doit convertir les dates en usage dans son milieu, qui prennent pour référence l’ère de Dioclétien (date de départ : Ier Thoth 284 apr. J.-C.). Ce calendrier est rythmé par un cycle lunaire de 19 ans, dit « cycle pascal », dont le début est placé le Ier Thoth 303, ce qui correspond à la façon de compter des Alexandrins depuis le début du
IV
e
siècle apr. J.-C. 104 . D’ailleurs Sévère
attribue lui-même cette façon de compter aux Alexandrins105. Sévère accompagne parfois ses dates du numéro de l’année de l’Indiction 106 (période de 15 ans), ce qui nous permet de connaître avec assurance les dates auxquelles il se réfère. La question que Sévère pose dans le proemium de sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant (à savoir : « le 14 lunaire de Nisan qui aura lieu la 19e année du cycle lunaire dans la 8e année de l’indiction, c’est-à-dire la prochaine, faut-il le placer le 5 ou le 6 de nisan ? ») montre que la réforme du comput pascal 107 sous Justinien était encore une question épineuse dans les années 660 du côté syro-occidental mais que Sévère et son 101
L’ère de Philippe Arrhidée commence le Ier Thoth 425 de Nabonassar, soit le 12 novembre julien 324 av. J.-C. C’est grâce aux conversions de dates effectuées dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II.1 qu’il a été possible d’identifier cette ère de comput. 102 Cette dénomination pousse à confusion, car l’expression « années des Grecs » est couramment utilisée pour inscrire une date dans l’ère séleucide qui commence en 311 av. JC. Il conviendra donc de vérifier, au moyen de l’indiction si l’auteur s’exprime dans l’une ou l’autre de ces ères (celle des Grecs ou celle de Philippe Arrhidée). 103 C’est la correspondance faite (dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2) pour une même date entre sa forme exprimée en années de Dioclétien (378) et en ère des Grecs (976) qui nous a permis de déduire que cette ère des Grecs était bien celle de Philippe Arrhidée et non celle des Grecs (qui commence en 311 av. J.-C.). 104 Cf. GRUMEL, La Chronologie, 1958 , p. 36-37. 105 Voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 3 : « On saisira ce résultat, puis les mois de l’année dans laquelle on se trouve en partant de Thoth, d’après le alexandrin ». 106 L’indiction (ou ἐπινέμησις) est une période de 15 ans, utilisée pour dater les actes et les événements. Avec ce moyen de datation, les années seules de chaque période sont exprimées, et non le nombre des périodes écoulées depuis le commencement. Pour en savoir plus sur ces indictions dont on attribue l’institution à Dioclétien (liée à l’impôt foncier), voir GRUMEL, La Chronologie, 1958, p. 192. On verra un exemple du recours à l’indiction dans le proemium de Sév. Seb., Lettre sur les nœuds. 107 Cette réforme prévoyait notamment de fixer le XIV lunaire (qui devait correspondre à la date de résurrection du Christ) au 5 et non plus au 6 de nisan. Pour en savoir plus sur cette réforme qui s’est opérée en plusieurs étapes et qui a été acceptée différemment d’une province de l’empire à l’autre, voir GRUMEL, La Chronologie, 1958, p. 98-110. 36
Introduction
interlocuteur suivaient la réforme dans sa forme initiale, c’est-à-dire conformément aux résultats obtenus lors de la conférence d’Aeas 108 . Évidemment il faudrait traduire la Lettre sur le XIV lunaire de Nisan qui se trouve dans le ms. Paris BnF syr. 346 (fol. 136r-141r) pour en savoir davantage sur la position préconisée par Sévère dans le cadre de cette polémique qui opposa les Alexandrins aux Constantinopolitains. Comme Ptolémée avait enregistré toutes ses données astronomiques dans un système qui se réfère au calendrier égyptien, en ère de Nabonassar, Sévère devait donc utiliser une méthode, présentée dans le Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie, pour convertir les dates alexandrines dans le calendrier égyptien 109. En effet le calendrier alexandrin prévoyait une année de 365 jours ¼ alors que le calendrier égyptien prévoyait une année dite « vague » de 365 jours. Ainsi, tous les quatre ans, l’année égyptienne prenait un jour d’avance sur le calendrier alexandrin, comme l’explique très clairement Théon d’Alexandrie dans le premier chapitre de son Petit commentaire aux Tables faciles de Ptolémée110.
108
On lira à ce propos tous les détails fournis dans GRUMEL, La Chronologie, 1958, p. 98110. Nous donnons ici en substance les informations principales à retenir de cette étude : Justinien organisa une réunion de computistes à Alexandrie qui « avait pour but l’unité et la régularité dans la célébration de la fête de Pâques ». « Le problème était de résoudre les divergences des dates du XIV lunaire pascal : 6 avril et 26 mars selon le comput de Constantinople, suivi par les Arméniens ; le 5 avril et 25 mars selon le comput d’Alexandrie suivi dans l’Empire. Ces divergences résultaient du saltus lunae placé au début du cycle respectif. La discussion dut donc porter sur la valeur comparative des cycles alexandrins et constantinopolitains. Comme il n’y avait que deux années de distance entre les deux cycles, il suffisait que chacune des deux parties fit un pas vers l’autre en déplaçant son cycle d’une année pour réaliser l’accord. Cela se fit, pour l’une, en abaissant le saltus lunae commun donnant la date pascale du 25 mars, une des dates propres au cycle alexandrin. Cela entraîna, comme contrepartie, par développement régulier des épactes, le déplacement du XIV lunaire du 5 avril au 6 avril, date propre au cycle de Constantinople. Ainsi chaque partie sacrifiait une date propre pour adopter celle de l’autre. Tel est le résultat fondamental, absolument certain, de la réunion . Là-dessus fut construit un nouveau cycle officiel, un an au-dessus du cycle constantinopolitain, un an au-dessous du cycle alexandrin, en sorte que ce cycle s’ouvrait par la date pascale du 25 mars et se terminait par la date du 6 avril ». Notons que c’est effectivement le cycle suivi par Sévère Sebokht dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, puisqu’au lieu d’avoir une première année du cycle lunaire proposée pour le 5/6 avril, il situe cette date pour le XIV lunaire la 19e année de ce cycle. Ensuite Grumel ajoute que « ce cycle nouveau subsista dans son état pur, c’est-à-dire et quant à l’ordre des années, et quant aux dates du XIV lunaire pascal, chez les nestoriens de Perse. Il nous a été conservé par Élie de Nisibe et par Siméon šanqlawaja. Tous deux en effet, mettent à la première année du cycle le XIV lunaire du 25 mars et, à la dernière, celle du 6 avril ». Ces remarques de Grumel à propos d’Élie Bar-Šinaya et de Siméon šanqlawaja sont également valables pour Sévère Sebokht. 109 Cette méthode est exposée dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II.2. 110 Voir Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 1, p. 303 (trad.). 37
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b. Mouvement du soleil
Il est clair, pour tous les auteurs de textes astronomiques syriaques, que le mouvement réel du soleil s’effectue constamment sur l’écliptique111 d’ouest en est112. Les anomalies de son mouvement, qui lui font parcourir plus ou moins 1° vers l’est le temps d’un nychthémère, sont rapidement exposées dans le petit extrait traduit des Elementa de Paul d’Alexandrie : on apprend que le soleil a une vitesse variable qui lui permet de parcourir 30 degrés dans un laps de temps qui va de 29 à 30 jours, c’est-à-dire environ 1° en un nychthémère (entre 57’ et 1°2’ exactement)113. La cause des anomalies est exposée avec plus de détails dans le chapitre XIV du Traité sur les constellations de Sévère Sebokht : on y explique que la vitesse du soleil dépend de sa proximité avec la terre. Lorsqu’il est en apogée (c’est-à-dire quand le soleil s’éloigne du centre de la terre entre mars et septembre), sa vitesse diminue ; lorsqu’il est au périgée (c’est-à-dire lorsqu’il est plus proche du centre de la terre, entre les mois d’octobre et de février), sa vitesse augmente 114 . Quoiqu’il en soit le soleil parcourt les 360° de son cercle en 365 jours et 6 heures115. Les calculs proposés pour déterminer la position du soleil à une date précise se font selon la méthode prescrite par les astronomes alexandrins116.
111
L’écliptique est la trajectoire apparente du soleil dans le ciel au cours de l’année. D’un point de vue héliocentrique, c’est aussi le plan de révolution de la terre autour du soleil. 112 Le mouvement d’ouest en est correspond effectivement à son mouvement réel, à la différence du mouvement diurne, lié à la rotation de la terre sur elle-même en vingt-quatre heures, qui donne l’impression que le soleil circule en direction de l’ouest. 113 Voir Exemple au sujet du mouvement du soleil 2. 114 Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 12, p. 409. Dans un système héliocentrique on ne parlerait pas d’apogée ni de périgée, mais d’aphélie ou de périhélie. 115 Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 4. L’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune quant à lui semble recourir au chiffre plus approximatif de 365 jours (voir le calcul effectué dans Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 2 (note 51). 116 Exemple au sujet du mouvement du soleil 3 : « Quant au lieu de passage précis du soleil, on le trouvera grâce au deuxième livre des Tables qui montre le calcul de Claude Ptolémée […] ». Une seconde méthode de calcul est proposée dans ce texte. On verra à ce propos le commentaire scientifique d’O. Neugebauer dans Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed. BOER], p. 138-139. 38
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c. Mouvement de la lune et de ses nœuds Sergius de Reš‘ayna écrit que la lune parcourt 12° vers l’est en plus ou moins 24 heures, ce qui fait d’elle l’astre le plus rapide de tous 117 . Son cercle est légèrement incliné par rapport à celui du soleil « du fait de son mouvement en latitude »118. Dans le Traité sur la cause des éclipses de lune, on démontre que c’est la variation en latitude de son mouvement, par rapport à l’écliptique, qui explique le fait qu’elle ne soit pas éclipsée chaque mois 119 . Sévère explique de plus que la lune accomplit sa révolution et redevient visible en 30 jours120 (contre les 29 jours, 12 heures et 44 minutes attendus). La lune variant en latitude coupe chaque mois l’écliptique en deux endroits qu’on appelle les nœuds 121 . Ces nœuds sont dits ascendant ou descendant en fonction de la direction du mouvement lunaire vers le nord ou vers le sud de l’écliptique. Ils se meuvent sur l’écliptique selon un mouvement de précession qui les fait reculer chaque mois d’un certain nombre de degrés vers l’ouest. Notons que la valeur accordée à ce mouvement n’est pas toujours la même : les nœuds progressent chaque mois de 1°26’ vers l’ouest selon le Traité sur la cause des éclipses de lune (dans lequel il est précisé que ces nœuds opèrent une révolution complète en 20 ans, 4 mois et 6 jours) 122, tandis que pour Sévère Sebokht les nœuds ont une vitesse de 1°35’ par mois (révolution complète en approximativement 18 ans et 5 mois) 123. Ces deux auteurs, ainsi que Sergius de Reš‘ayna, qui, lui, n’entre pas dans les détails, renvoient aux Tables faciles de Ptolémée pour calculer la position exacte de ces nœuds124. Sévère Sebokht propose dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant plusieurs méthodes pour effectuer ce calcul, dont deux résultent de propositions de calculs de Théon 117
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5 et 2. 6. 1. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 119 Traité sur la cause des éclipses de lune 4. 2 et 4. 4. 120 Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 5. 121 On trouve une définition de ces nœuds lunaires dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1 ; dans le Traité sur la cause des éclipses de lune 2. 2 et 6. 1 et dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 122 Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 1. 123 Voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 3. 124 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1 ; Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 1. 118
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d’Alexandrie. S’il s’inspire de la méthode de Théon, Sévère Sebokht est capable d’effectuer lui-même ses propres calculs puisque l’exemple qu’il donne, pour l’année 986 des Grecs, n’est jamais fourni dans le Petit Commentaire de Théon et prend en compte une situation astronomique contemporaine de l’évêque (année 662 apr. J.-C.) 125.
d. Calcul des éclipses
Les érudits de langue syriaque sont-ils parvenus à une méthode de calcul suffisante pour prédire avec assurance une éclipse totale de soleil ? Il faut savoir que pour pouvoir prédire ce type de phénomène, l’astronome doit être en mesure de prendre en compte les parallaxes126 de la lune, ce qui nécessite un calcul compliqué127. Or on ne retrouve pas ce type de calcul dans nos textes. Pourtant la méthode était exposée dans l’Almageste de Claude Ptolémée et surtout dans le Petit Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie, dont on sait à présent avec assurance qu’il circulait précocement chez les érudits syriaques qui s’intéressaient à l’astronomie. Si des calculs de ce genre ne sont jamais exposés, on note en revanche que Sévère Sebokht y fait clairement allusion et qu’il s’engage, auprès du destinataire de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, à produire, dans un courrier ultérieur, des « paradigmes sur les éclipses » à l’attention de l’illustre Stéphane chartulaire de toute la Djazira. Le contexte en l’occurrence montre que ces paradigmes comprenaient des prévisions d’éclipses solaires. Sévère témoigne à cette occasion de la difficulté des calculs à réaliser pour établir ce genre de pronostic :
Quant à savoir dans quelles conditions le soleil se couvre d’un voile pudique, c’est le vénérable Athanase, avec lequel je me suis entretenu, qui se chargera de le lui expliquer. La raison pour laquelle je suis incapable aujourd’hui tient en ce que non seulement je suis seul à me fatiguer sur ces sujets, mais aussi parce qu’il n’y a personne d’autre qui puisse m’aider à ce propos. Et ce sujet requiert beaucoup de travail et le plus d’études possible, même si peut-être cela peut vous paraître aussi simple que d’autre .128 Ce témoignage est certes le seul à nous suggérer l’idée que peut-être, à Qennešrin, au milieu du VIIe siècle, au moins un érudit syriaque était capable d’effectuer des calculs compliqués pour prévoir une éclipse de soleil et il est à espérer qu’on découvre un jour, en syriaque, ces paradigmes conçus par Sévère. Si Sévère ne nous expose pas les calculs sur les parallaxes, en revanche il formule très clairement les conditions d’éclipse. Pour qu’il soit possible qu’une éclipse de soleil ait lieu, il faut que la lune soit située à moins de 8° de son nœud en longitude (quand le soleil est exactement situé dans le même nœud) et qu’elle se trouve, au moment de sa conjonction avec le soleil, à une distance angulaire minimale de l’écliptique. Soit x la distance angulaire longitudinale de la lune par rapport à son nœud, et β sa distance angulaire en latitude, c’est-à-dire par rapport à l’écliptique. Si au moment de la nouvelle lune, on trouve :
x < 8° et β < 1°37’ au nord de l’écliptique ou β < 0°47 au sud de l’écliptique129, alors il est possible que l’éclipse solaire ait lieu. On retrouve toutes les données astronomiques présentées ci-dessus dans le Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie130.
128
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds III. On retrouvera toutes ces données dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5. Actuellement on estime que les chiffres pour exprimer les conditions d’éclipses sont, en latitude, de 1°34’ et de 0°52’ (voir SAVOIE, Cosmographie, 2006, p. 89). Ces valeurs sont donc très proches de celles exprimées par Sévère. 130 Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 23, p. 342 (trad.). 129
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Avant Sévère Sebokht, pour prévoir les éclipses de lune, les auteurs syriaques dont nous conservons le témoignage recourent à la notion de « limites écliptiques ». Les « limites écliptiques » sont des intervalles spatiaux, situés au niveau des nœuds lunaires en latitude et en longitude, au delà desquels la lune et le soleil ne sauraient entrer en éclipse. Chez Sergius de Reš‘ayna, ces limites sont de 15° en longitude de chaque côté des nœuds131, tandis que dans le Traité sur la cause des éclipses de lune, les mêmes limites se resserrent à un intervalle de 12°24’ par rapport aux nœuds132. Dans les deux cas, on explique que c’est la latitude de la lune par rapport au nœud qui est déterminante pour prévoir une éclipse, mais aucune limite écliptique en latitude n’est proposée ! On trouve plus de précisions dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht, puisque des limites écliptiques sont proposées en latitude comme en longitude. Ainsi il est possible qu’une éclipse de lune ait lieu si la lune est à moins de 12°24’ en longitude de l’un des nœuds (quand le soleil est exactement dans le nœud opposé) et à moins de 1°4’ en latitude133 ; Sévère propose ensuite une seconde méthode pour déterminer les conditions dans lesquelles l’éclipse est envisageable. Soit x la somme des chiffres de la limite boréale additionnés à la position longitudinale de la lune en temps de pleine lune134 : Si 78° < x < 102° ou si 258°< x < 282°, alors il est possible que l’éclipse lunaire ait lieu. Cette méthode ne considère que les limites écliptiques en longitude et leur attribue la valeur approximative de 12° de chaque côté du nœud.
e. Répartition et conjonction des planètes
Les planètes sont peu étudiées dans nos textes. Elles ne sont guère mentionnées que pour permettre à l’auteur de présenter son système
131
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 4. 3. Traité sur la cause des éclipses de lune 3. 2. 2. 133 Aujourd’hui, on estime ce chiffre à 1° 26’ (cf. SAVOIE, Cosmographie, 2006, p. 84). 134 Ce calcul n’est réalisable qu’en disposant des Tables faciles. 132
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physique (forme de l’univers) 135 , ou de parler de conjonction. On ne trouvera aucune tentative d’explication du mouvement rétrograde des planètes, ni même aucune mention de ce mouvement. Le terme syriaque utilisé pour désigner les planètes de façon générique est construit sur une racine sémitique ( )ܛܥܐqui signifie « errer », tout comme πλάνης en grec136. Sergius expose très clairement qu’il y a cinq planètes : Mercure (ܗܪܡܝܣ/Hermes), Vénus (ܒܝܠܬܝ/Belti), Mars (ܐܪܝܣ/Ares), Jupiter (ܒܝܠ/Bel) et Saturne (ܟܐܘܢ/Kewon) 137 , tandis que chez Sévère Sebokht, les planètes sont tantôt au nombre de 7 (comprenant la lune et le soleil)138, tantôt au nombre de cinq139. Notons, à propos de la représentation physique de l’univers, que Sergius a corrigé le passage du De Mundo, qu’il a traduit en syriaque et dont il nous reste une copie, où il était question de l’ordre des planètes. Le De Mundo conservé en grec prévoyait en effet un ordre des planètes comme suit : lune-soleil-Vénus-Mercure-Mars-Jupiter-Saturne Sergius apporte une modification au texte de sorte que l’ordre des planètes apparaît comme suit :
lune-Mercure-Vénus-soleil-Mars-Jupiter-Saturne Ainsi Sergius rétablit un ordre des planètes conforme au système ptoléméen140.
135
Comme dans la traduction de Sergius au De Mundo, cf. Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE] (voir chap. 4 édité et traduit dans cette thèse : Partie III, Section I. 1. a). 136 On trouvera de plus amples explications au sujet de cette terminologie dans la troisième partie de cette thèse. 137 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2 et 2. 2. 5. Ce qui signifie que Sergius ne s’est pas laissé influencer par sa lecture et traduction du De Mundo où la lune et le soleil sont comptabilisés parmi les astres errants ou « planètes » : « τὸ δὲ τῶν πλανήτων, εἰς ἑπτὰ μέρη κεφαλαιούμενον […] », cf. Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], IV, 6 ; pour accéder au texte grec et à sa traduction syriaque, se reporter à Partie III, Section I. 1. 138 Voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I ; Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 7. On trouve aussi dans le Traité sur la cause des éclipses de lune une mention des « sept planètes » (cf. Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 3. 2). 139 Voir par exemple Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 2. 140 Cf. Ptol., Alm. [trad. TOOMER], IX, 1, p. 419 : « almost all the foremost astronomers agree that all the spheres are closer to the earth […], neither obscured by them either ». Cette seconde opinion, corrigée par Sergius, a été partagée par Platon, Ératosthène et 43
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Au cours du Traité sur les constellations, on apprend que les cinq planètes ont un mouvement limité en latitude par ce que Sévère appelle la « couronne » du zodiaque ; mais les planètes peuvent couper l’écliptique « rapidement en passant soit du nord au sud soit du sud au nord »141. La hauteur de cette bande zodiacale n’est pas précisée dans les textes, mais elle est actuellement estimée à 8°30’ de part et d’autre de l’écliptique142. La seule raison pour laquelle les astronomes syriaques manifestent de l’intérêt pour les planètes semble résider dans les phénomènes de conjonction. La notion de conjonction ne recevait cependant pas toujours la même acception, raison pour laquelle Sergius de Reš‘ayna s’évertue à définir la notion dans son Traité sur l’action de la lune. Il rappelle que selon les Chaldéens, il est question de conjonction lorsque deux planètes se retrouvent dans le même signe zodiacal, c’est-à-dire à une distance longitudinale de moins de 29 degrés ; les Grecs quant à eux exigent un écart maximum de 12 degrés en longitude pour pouvoir parler de conjonction143. Notons qu’au moment d’appliquer ces théories à des cas concrets de conjonction, Sergius adopte la définition grecque. Par ailleurs, on trouvera un calcul pour la conjonction des « sept planètes » dans un extrait qui a été attribué à Bardesane et qui est cité par Sévère Sebokht 144 et Georges des Arabes. Dans cet extrait, chaque « planète » se voit affecter une durée de révolution propre (30 ans pour Saturne, 12 ans pour Jupiter, un an et demi pour Mars, un an pour le soleil, 10 mois pour Vénus et 6 mois pour Mercure)145.
Archimède. Pour plus de détails à ce sujet, cf. NEUGEBAUER, A History of Ancient Mathematical Astronomy, 1975, vol. 2, partie IV, p. 690-693. 141 Sév. Seb., Traité sur les constellations X. 7. 142 Cette valeur correspond sensiblement à la latitude écliptique maximale de Vénus (cf. SAVOIE, Cosmographie, 2006, p. 35), les autres planètes et la lune se déplaçant à l’intérieur de ces limites. 143 Au sujet de cette différence de définition entre Grecs et Chaldéens, voir l’exposé de Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5. 144 On pourra lire la citation faite par Sévère dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 212 (texte) et p. 214 (trad.) et celle faite par Georges des Arabes dans NAU F., « Bardesanes Edessenus, Liber legum regionum, cujus textum syriacum instruxit, latine vertit F. Nau, annotationibus locupletavit Thedore Nöldeke », Patrologia syriaca I. 2, 1907. 145 On retrouvera toutes ces informations dans la Lettre sur la conjonction des planètes de Sévère Sebokht (f. 122v, l. 21 à 27 du ms. Paris BnF syr. 346) dont le contenu a été présenté dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 211 (texte) ; p. 214 (trad.). 44
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En revanche, il n’est jamais question de la théorie des épicycles 146 exposée chez Ptolémée, ni d’aucune anomalie apparente dans le mouvement de ces astres.147
f. Répartition des astres fixes
Comme cela a déjà été mentionné ci-dessus dans la section consacrée aux référents spatiaux-temporels, les astres fixes avaient fait l’objet, du moins chez Sévère Sebokht, d’une répartition quadrillée sur la sphère céleste. Cette répartition prévoyait 12 constellations sur le zodiaque, 19 constellations au nord du zodiaque et 15 au sud du zodiaque. Ce sont en tout 46 constellations que Sévère énumère et nomme dans le sixième chapitre de son Traité sur les constellations 148 . À l’intérieur de chacune de ces constellations, Sévère mentionne également le nom des étoiles les plus brillantes.
3. Les applications pratiques de l’astronomie syriaque Il apparaît clairement, à la lecture du Traité de l’astrolabe et du Traité sur les constellations, que Sévère Sebokht cultivait la science astronomique pour son aptitude à renseigner la science pratique des géographes. Être en mesure de calculer l’heure et les coordonnées des villes en fonction des astres et de leurs conjonctions permettait de cartographier le monde chrétien avec précision et d’établir des calendriers religieux prenant en compte la situation géographique des différentes communautés chrétiennes de par le 146
Dans une perspective géocentrique, les épicycles sont de petits cercles décrits par les planètes autour d’un centre circulant lui-même autour de la terre sur un cercle plus grand (appelé déférent). 147 Selon Claude Ptolémée les planètes présentent deux anomalies affectant à la fois leur mouvement en latitude et en longitude (cf. Ptol., Alm. [trad. TOOMER], IX, 2, p. 209). 148 Claude Ptolémée répertoriait quant à lui 48 constellations selon une répartition en hémisphère nord (27 constellations) et hémisphère sud (21 constellations) ; cf. Ptol., Alm. [trad. TOOMER], VII, p. 341-370. Au sujet de la transmission syriaque et arabe de la liste des constellations du livre VIII de l’Almageste, voir KUNITZSCH P., « Über einige Spüren syrischen Almagestübersetzung », in Prismata : Festschrift für W. Hartner, Wiesbaden, E. Steiner, 1977, p. 203-210 et ID. , Claudius Ptolemaus, Der Sternkatalog des Almagest. Die arabisch-mittelalterliche Tradition, I. Die arabischen Ûbersetzungen, herausgegeben, ins Deutsche übertragen und bearbeitet, O. Harrassowitz, Wiesbaden, 1986. 45
Introduction
monde149. Les chapitres II, XII et XIV du Traité sur les constellations ont ainsi pour principale visée de faire des données astronomiques un outil applicable à la science géographique 150. Il en va de même pour les chapitres XIII à XVII de la seconde partie du Traité sur l’astrolabe151. Certains ouvrages astronomiques syriaques proposent aussi des applications pratiques à visées astrologiques. Le fait que le court Exemple au sujet des mouvements du soleil utilise le terme de « » ܒܝܬܐ, c’est-à-dire maison, pour désigner les signes du zodiaque, va dans ce sens 152. Sergius de Reš‘ayna consacre les deux tiers de son Traité sur l’action de la lune à identifier les conditions d’aspects lunaires avec les autres planètes et rappelle de quelle manière chacun de ces aspects peut influencer la vie des hommes. Même Sévère, qui condamne si durement l’astrologie dans les six premiers chapitres de son Traité sur les constellations, n’est pas étranger à ce type d’intérêt : en effet, ne consacre-t-il pas la « règle 1 » de la seconde partie de son Traité sur l’astrolabe à déterminer la position des « quatre centres » (degré de vie, degré des noces, degré du milieu du ciel, degré des « Pères ») qui n’ont d’autre utilité, semble-t-il, que de fixer l’horoscope ?153
149
Nous conservons une lettre de Sévère encore inédite sur la longitude des villes (ms. Paris BnF syr. 346, f. 127v-134r). 150 Au chapitre II du Traité sur les constellations, Sévère présente une répartition de la terre en zones géographiques qui correspond à celle que l’on trouve dans la Géographie de Claude Ptolémée, à savoir que la terre habitable se divise en trois parties — Europe, Libye, Grande Asie —, que chacune de ces parties est redistribuée en pays, villes et éparchies. Au cours de ce chapitre, Sévère montre d’ailleurs qu’il lit les « philosophes géographes ». Au chapitre XII, il explique que les cercles astronomiques servent à « faire le calcul pour le soleil et pour la lune et pour les cinq planètes, pour mesurer le ciel et la terre et l’espace qui est entre eux ou les climats et les villes qu’ils contiennent […] » ; au chapitre XIV, il se sert de ses calculs astronomiques pour établir la latitude des climats ; enfin au chapitre XVI. 8, il explique que « c’est par l’observation, par exemple des éclipses de soleil et de lune » qu’on est capable de déterminer la distance en longitude entre Alexandrie et Ctésiphon. 151 Le chapitre XIII du Traité sur l’astrolabe se fixe pour objectif de déterminer la latitude d’une ville ; au chapitre XIV, il faut déterminer la longitude des villes ; au chapitre XV, il convient de déterminer le décalage horaire entre deux villes, etc… 152 Le texte grec utilisait pourtant le terme de μοῖρα (degrés) ; cf. Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed. BOER], p. 79, l. 1-3. 153 F. Nau note, à propos de ce chapitre, que Sévère résout le problème proposé de la même manière que Macarius Hiéromonachus (voir Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], note p. 87). Ces quatre centres sont plus clairement associées à quelque théorie astrologique dans Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 2. 46
Introduction
III. Particularités du corpus astronomique syriaque
1. Deux manuscrits, deux auteurs ?
Il y a encore de nombreuses inconnues concernant les auteurs du corpus astronomique syriaque et leurs interlocuteurs. Certains textes astronomiques ont été indûment attribués à Sergius de Reš‘ayna ou à Sévère Sebokht, pour la seule raison qu’ils se trouvaient dans un manuscrit qui semblait être une édition de l’œuvre de l’un ou de l’autre de ces auteurs : il s’agit des manuscrits Paris BnF syr. 346 et BL Add. 14 658. Le ms. Paris BnF syr. 346 contient essentiellement des œuvres de Sévère Sebokht, ce qui a fait supposer que tel ou tel texte astronomique de ce manuscrit était de lui154. Cependant, la présente thèse tend à montrer, notamment sur un plan linguistique, que certaines de ces attributions sont à reconsidérer155. H. Hugonnard-Roche soulevait également ce problème en demandant qu’un examen plus attentif soit entrepris avant de pouvoir attribuer la traduction du court Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil à Sergius de Reš‘ayna. Cette traduction, qui se trouve dans le BL Add. 14 658, a été attribuée à cet auteur parce qu’elle se trouvait juste après le Traité sur l’action de la lune (attribué par le scribe à Sergius) et pour la raison que le ms. BL Add. 14 658 présente essentiellement des œuvres de cet auteur. Il faut donc être très vigilant. En éditant et en traduisant le Traité sur la cause des éclipses de lune (extrait du ms. Paris BnF syr. 346), qui avait jusqu’alors été attribué à Sévère Sebokht, nous avons été notamment frappée par la différence de vocabulaire entre ce texte et les deux autres 154
La Lettre sur l’origine de la science astronomique qui se trouve dans le ms. Paris BnF syr. 346, f. 168v-171v, a par exemple été attribuée à Sévère Sebokht. F. Nau, E. Reich et H. Takahashi ont même considéré qu’il s’agissait d’une lettre de Sévère adressée au périodeute Basile de Chypre, alors que la copie manuscrite n’indique aucun nom d’auteur ni de destinataire (cf. NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 25-27 ; NAU, « La cosmographie », 1910, p. 248-252 ; NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/30, Introduction, p. 332-333 ; REICH, « Ein Brief des Severus Sebokt », 2000, p. 478 ; TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 480-481). Mais cette attribution réclame, selon nous, une justification. 155 C’est le cas du Traité sur la cause des éclipses de lune (Paris BnF syr. 346, f. 51v-59v) dont nous rediscutons plus loin. 47
Introduction
traités attribués à Sévère Sebokht (Traité sur les constellations et Traité sur l’astrolabe). Or le Traité sur la cause des éclipses de lune circule dans le même manuscrit que les deux autres, et comme ces derniers, a été clairement attribué par le scribe à Sévère Sebokht. Si l’analyse linguistique menée sur ce texte est jugée satisfaisante156, nous aurions donc affaire à un autre auteur, dont le nom ne nous est malheureusement pas parvenu.
2 . Auteurs, dates et lieux de rédaction Seuls deux noms illustrent la pratique de l’astronomie dans les milieux érudits syriaques des VIe et VIIe siècles. Il s’agit de Sergius de Reš‘ayna et de Sévère Sebokht. Il convient de réunir à ce moment de l’introduction des éléments biographiques sur ces auteurs. Gravitent autour des deux astronomes mentionnés des personnalités qui semblent avoir manifesté de l’intérêt pour cette science sans qu’on sache exactement de quelle manière : il s’agit de Théodore, évêque de Kark Juddan (VIe s.), d’Athanase de Balad (VIIe s.), de Stéphane de Djazira (VIIe s.) et de Basile de Chypre (VIIe s.). a. Sergius de Reš‘ayna Peu d’informations nous sont parvenues sur la vie de Sergius de Reš‘ayna. L’essentiel des éléments biographiques recueillis à propos de cet auteur ont été présentés par H. Hugonnard-Roche157, puis plus récemment par H. Takahashi 158 . On sait que Sergius, mort en 536, de confession jacobite
(c’est-à-dire
monophysite),
avait
effectué
ses
études
(vraisemblablement de médecine et de philosophie) à Alexandrie et qu’il avait reçu le titre de grand médecin (ἀρχίατρος). Il est surtout connu pour son œuvre de traducteur de textes grecs en syriaque : il aurait traduit une trentaine d’œuvres médicales de Galien en syriaque (mais une partie très 156
On pourra se reporter, à ce sujet, à notre Partie 3, Section II. 2. b. HUGONNARD-ROCHE, La logique d’Aristote, 2004, p. 123-142 et ID., « Notes sur Sergius », 1997, p. 121-143 (on trouvera dans ce dernier article la liste de ses œuvres. On se reportera aussi à ID., « La tradizione della logica », 2001, p. 16-19. 158 TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 479. Voir aussi BROCK S. P., « Sergius of Rešˁayna », in Gorgias Encyclopedic Dictionary of Syriac Heritage, 2011. 157
48
Introduction
fragmentaire de cette production a été conservée), ainsi que des œuvres théologiques liées au corpus du Pseudo-Denys. Il a également composé deux Commentaires aux Catégories d’Aristote. Deux des préfaces de Sergius sont adressées à Théodore, évêque de Kark Juddan, dans lesquelles Aristote est présenté comme le fondateur de la méthode scientifique. Sergius entendait mettre à disposition de ses lecteurs de langue syriaque, non seulement la logique, mais aussi chacun des écrits d’Aristote. Selon H. Hugonnard-Roche, le traité adressé à Théodore (Commentaire aux Catégories) ne serait que la première partie d’un programme plus vaste qui aurait dû comprendre une présentation complète de la science physique, de la métaphysique et de l’éthique. Mais il semble que seule la première partie de ce programme ait été exécutée159. En
matière
d’astronomie,
Sergius
nous
a
laissé
quelques
développements intéressant la notion de conjonction et les nœuds ascendant et descendant dans le Traité sur l’action de la lune dont une traduction inédite est présentée dans cette thèse. H. Takahashi mentionne enfin une traduction à caractère astronomique réalisée à partir du Commentaire au livre 6 des Épidémies de Gésius (Ve s.), mais l’attribution à Sergius n’est pas encore certaine160. Quoi qu’il en soit, l’intérêt de Sergius de Reš‘ayna pour l’astronomie se manifeste toujours de manière périphérique, étant donné que ses considérations se trouvent toujours liées soit à une visée astrologicomédicale (comme cela est le cas pour le Traité sur l’action de la lune), soit à des développements d’ordre métaphysique (comme dans sa traduction du De Mundo ou sa traduction du Traité sur les causes du tout d’Alexandre d’Aphrodise161).
159
HUGONNARD-ROCHE, « La tradizione della logica aristotelica », 2001, p. 18. A ce propos voir TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 479 qui renvoie à une communication orale de G. Kessel : G. Kessel, « The Syriac Epidemics (MS Damascus Syr. Orth. Patr. 12/25) and its Relation to the Commentary of Galen », paper presented at the conference Epidemics in Context: Hippocrates, Galen and Hunayn between East and West, The Warburg Institute, 12-13 November, 2010. 161 Voir FIORI E., « L’épitomé syriaque du traité Sur les causes du tout d’Alexandre d’Aphrodise attribué à Serge de Resh‘ayna : édition, traduction et index», Le Muséon 123, 2010, p. 127-158. 160
49
Introduction
b. Sévère Sebokht162
Sévère Sebokht († c. 666) étudia et enseigna au monastère jacobite de Qennešrin
en Syrie
occidentale. Il
a
rédigé
plusieurs ouvrages
astronomiques comme le Traité sur l’astrolabe, le Traité sur les constellations, une Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, une Lettre sur la conjonction des planètes et une Lettre sur le calcul de la date de Pâques pour l’année 665. Toutes ces productions sont lisibles dans le ms. Paris BnF syr. 346 et une partie d’entre elles le sont également dans le ms. Berlin syr. 186 ainsi que dans le ms. Mardin, église des 40 martyrs, syr. 553/13. D’autres ouvrages lui ont été attribués, mais en l’absence d’une édition et d’une analyse linguistique de ces textes, il faut, comme nous l’avons suggéré précédemment, rester prudent. La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant nous informe sur le fait que Sévère se sentait très isolé à la fin de sa vie, que les conditions requises pour étudier l’astronomie n’étaient pas réunies pour lui permettre de produire les ouvrages que le chartulaire de la Djazira, l’illustre Stéphane, lui réclamait. Il se plaint d’être seul à s’adonner à cette science qu’il qualifie lui-même de très difficile. Pourtant il confie clairement à son disciple Athanase la tâche de renseigner le chartulaire sur les mouvements du soleil. Sévère formait donc certains de ses disciples à l’astronomie. On sait de plus que l’évêque était consulté par des gens d’Église (notamment par le prêtre Basile de Chypre) pour savoir à quelle date il fallait fixer la cérémonie de Pâques. Les questions des prêtres qu’il avait sous sa responsabilité ont naturellement pu l’inciter à se former en astronomie, mais si Basile est de l’île de Chypre, et qu’il correspond avec lui de là-bas, cela indiquerait que Sévère était devenu une référence en son temps en matière d’astronomie.
162
On retrouvera plus ou moins les informations bibliographiques que nous présentons dans HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 36-41; ID., La logique d’Aristote, 2004, p. 414-18 ; MCMAHON, « Severus Sebokht », in Biographical Encyclopedia of Astronomers, 2007, p. 1044-45; TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 480, qui signale qu’un article entièrement consacré à la biographie de Sévère Sebokht est à paraître dans REININK G. J., « Severos Sebokht », in Gorgias Encyclopedic Dictionary of Syriac Heritage, 2011. 50
Introduction
c. Stéphane, chartulaire de Djazira
Stéphane est le destinataire de deux lettres astronomiques de Sévère Sebokht : la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant et la Lettre sur le XIV
lunaire de Nisan 163 . Dans la première lettre, où il reçoit le titre
d’« illustrius », Stéphane est présenté comme remplissant la fonction de chartulaire pour la Djazira. On sait que Justinien avait fixé à cent le nombre total de chartulaires pour l’Église d’Orient, que ces fonctionnaires, laïcs (aucun grade ecclésiastique), souvent issus des bureaux financiers, étaient dépêchés par l’empereur pour assurer la bonne gestion des biens ecclésiastiques, et qu’ils faisaient généralement partie du personnel affecté à l’économe164. Cependant la Djazira faisait partie, d’après la définition qui nous est parvenue des géographes arabes, de l’empire sassanide 165 . En réalité le titre latin (illustrius) qui est conféré à ce chartulaire, ainsi que le nom de sa fonction, lui aussi translittéré du grec, ne nous permettent pas de douter du fait que ce fonctionnaire dépendait bien de l’empire byzantin et non du pouvoir sassanide. La Djazira, à l’époque de Sévère Sebokht, recouvrait-elle une autre acception que celle qu’elle allait prendre plus tard sous la domination arabe ? Quoiqu’il en soit il s’agit peut-être d’un cas de maintien, sous la domination arabe, d’un fonctionnaire mis en place par le pouvoir byzantin. Ce qui sous-entend que cette région se trouvait, au moins sous Justinien et jusqu’à la conquête arabe (631) en territoire byzantin. Or à la mort de Justinien (565), Nisibe ne faisait déjà plus partie de l’empire byzantin. Faut-il croire que la Djazira, à l’époque de Sévère, était la région d’Édesse ? 163
Sév. Seb., Lettre sur le XIV lunaire de Nisan de la 19e année en l’an 976 des Grecs, fautil le compter le 5 ou le 6 de Nisan ? texte inédit conservé dans les mss Paris BnF syr. 346 (f. 136r-140r) et Berlin syr. 186 (f. 98v-102v). 164 Toutes ces informations sur la fonction du chartulaire proviennent de KAPLAN, Les hommes et la terre à Byzance, 1992, p. 286-289. 165 Chez les géographes arabes, la Djazira (Gezirta en syriaque) était la partie septentrionale du territoire situé entre l’Euphrate et le Tigre. La Djazira est un plateau d’altitude assez faible comprenant le Karadja Dagh (Entre Amid et l’Euphrate), le Tur Abdin (entre Mardin et Djazira Ibn ‘Umar), le Djabel Sindjar (entre Khabur et le Tigre) et le Djabel Makhul (sud d’al-Mawsil). L’une des régions de la Djazira (région de Nisibe) était appelée par les Perses “Arvastan” et par les Araméens “Beth Arabaya”. Au moment de la conquête arabe (639-640) la Djazira était partagée entre la Perse (De Nisibe au Tur Abdin) et Byzance (de Reš‘ayna à l’Euphrate), la frontière se situant entre Nisibe et Dara (D’après l’Encyclopédie de l’Islam, vol. II, p. 536). 51
Introduction
3. Le genre épistolaire et didactique au service de l’astronomie
Tous les textes astronomiques syriaques des
e
VI
et
VII
e
auxquels nous avons pu avoir accès relèvent du genre didactique
siècles 166
: ils
peuvent prendre la forme soit de traités (mimre), soit de lettres.
a. Liste des mimre - Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna. - Traité sur la cause des éclipses de lune. - Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht. - Traité sur les constellations de Sévère Sebokht.
b. Liste des lettres -
Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht.
-
Lettre sur la conjonction des sept planètes de Sévère Sebokht.
-
Lettre sur la date de Pâque (665) de Sévère Sebokht.
c. Caractéristiques littéraires
En réalité, les éléments qui nous permettent de distinguer ces deux formes littéraires sont très minces. Les lettres se caractérisent par le fait qu’elles répondent de façon évidente à une sollicitation ponctuelle et que le cadre de l’énonciation se limite à deux personnes bien identifiées, celui qui écrit (en l’occurrence il s’agit toujours de Sévère Sebokht) et celui à qui est adressé le message (à savoir Basile de Chypre ou Stéphane le Chartulaire de
166
La fonction première de chacun de ces textes est en effet d’enseigner, ce que trahissent les propos suivants : « Tu pourras construire […] tout autre aspect […] et réaliser les combinaisons comme j’ai dit, sans énumérer celles qui ne sont en rien utiles à l’enseignement » (Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 3) ; « Il faut que tout cela soit parfaitement retenu en mémoire » (idem, 4. 4) ; « j’expliquerai et commenterai le traité du mieux que je pourrais […] de cette manière, la compréhension de cette science sera facile et légère » (NAU, Le Traité sur l’astrolabe, 1899, Introduction, p. 73 et alii) ; « afin que celui qui lira ces règles, les retienne facilement » (idem, p. 75) ; « à l’auditeur docile […] nous voulons enseigner » (Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 1) ; « le procédé n’était pas commode pour l’enseignement » (idem II. 5). 52
Introduction
Djazira). Le tout s’ancre dans un temps assez bien déterminé (entre 661 et 665). Les conditions d’énonciation sont donc bien précisées167, comme le requiert le genre épistolaire. Au contraire, l’identité de celui (ou de ceux) à qui s’adresse le mimro reste souvent floue. Mais ce n’est pas toujours le cas puisque, au début du Traité sur l’action de la lune, Sergius rédige un prologue dans lequel il s’adresse à Théodore. Mettons le prologue à part : il n’en reste pas moins que les traités didactiques sont rédigés, comme les lettres, à la première personne du singulier 168 ou du pluriel 169 et qu’ils s’adressent à un interlocuteur (auditeur ? 170) directement interpellé à la deuxième personne du singulier171. Qu’il s’agisse de lettres ou de traités, les écrits astronomiques présentent tous la caractéristique d’être introduits par un texte plus ou moins long qui inscrit le discours dans un cadre de communication plus large : dans le cas de Sergius de Reš‘ayna, il s’agit d’un prologue qui explique à la suite de quel texte (en l’occurrence après sa traduction d’un des livres de Galien), pour quelle raison et de quelle manière il compte aborder le sujet
167
Au début de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, on peut lire : « Puis de ce qu’a écrit, ou plutôt rappelé, l’ami du Christ, Stéphane l’Illustre, chartulaire de toute la Djazira, à qui seront humblement présentés de ma part, ô mon frère, les sujets : le 14 lunaire de Nisan qui aura lieu la 19e année du cycle lunaire dans la 8e à venir de l’indiction (ἐπινέμεσις), c’est-à-dire l’an prochain, faut-il le placer le 5 ou le 6 de Nisan ? etc.. ». 168 C’est le cas de Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 3; Traité sur la cause des éclipses de lune 4.2 et 6.2 ; Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 73 (« je commencerai par traiter en peu de mots de la composition […] et auparavant je donnerai sa définition, puis j’expliquerai et commenterai le traité du mieux que je pourrai ») ; Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 17 (« J’ai placé ici en peu de mots et pour mémoire […] ») ; V. 4 (« Je pense avoir suffisamment démontré par tout cela que […] »). 169 Comme dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2 ; 2. 3 ; 2. 4. 3 et alii ; Traité sur la cause des éclipses de lune 2. 1 ; 4. 2 ; 6. 1 etc… ; Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 73-74 (« nous allons l’exposer […] nous pourrons […] nous partagerons en règles distinctes » ; Sév. Seb., Traité sur les constellations I (« nous voulons enseigner ») ; III. 8 (« Nous blâmerons donc leurs inepties ») ; VI. 1 (Il nous faut séparer et indiquer les constellations […] ») ; 170 Sévère Sebokht s’adresse en effet, peut-être de façon indirecte, à un « auditeur » et non à un lecteur : voir par exemple Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 1 (« à l’auditeur docile ») ; IV. 17 (« Qu’y a-t-il de plus inintelligent que cela, c’est à l’auditeur de bon sens qu’il appartient de le décider »). 171 Voir par exemple Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 3 ; Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 84 (« Il est temps dès lors pour toi, ô ami de l’étude, ô notre fils spirituel et chéri dans le Seigneur, d’aborder le traité ») ; Sév. Seb., Traité sur les constellations I (« ô ami de la science […] ô ami de la vérité […] ») ; XIII. 9 (« Si tu veux mener par la pensée l’axe polaire […] tu trouveras […] » ; XV. 1 (« ô ami de la science ») ; XVIII. 7 (« ô cher Ami »). 53
Introduction
des « jours critiques ». Dans le cas du Traité sur la cause des éclipses de lune, de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, du Traité sur l’astrolabe et du Traité sur les constellations, nous avons affaire à de véritables proemia qui ont pour fonction ou de présenter sommairement le contenu du traité172 ou de fournir la liste des écrits qu’il convient de lire en parallèle de ce traité 173 . Les proemia se composent invariablement de phrases interrogatives. La manifestation d’un souci de brièveté est un topos littéraire que l’on retrouve dans plusieurs de nos écrits174. Enfin, le souci d’enseigner est omniprésent dans tous ces textes. Certaines recommandations pédagogiques, au sein de ces ouvrages, nous laissent penser qu’elles étaient en tout premier lieu destinées à un intermédiaire, chargé d’enseigner l’astronomie. C’est dans ce sens que nous interprétons le conseil suivant que Sergius de Reš‘ayna adresse à son interlocuteur : Tu pourras construire […] tout autre aspect […] et réaliser les combinaisons, comme j’ai dit, sans énumérer celles qui ne sont en rien utiles à l’enseignement.175 Ou encore : Il faut que tout cela soit parfaitement retenu en mémoire.176 Dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, Sévère s’adresse à un « frère » à qui il confie la tâche de « présenter » de sa part les sujets astronomiques qu’il compte aborder dans la présente lettre et dans les 172
C’est le cas du proemium du Traité sur la cause des éclipse de lune qui annonce que le propos portera d’abord sur la cause des éclipses de lune, puis sur la cause de la partialité ou de la totalité des éclipses et enfin sur l’orientation des éclipses. Ces sujets sont effectivement abordés (excepté le développement sur la cause de la partialité ou de la totalité des éclipse) dans cet ordre dans le traité. On notera que le proemium du Traité sur l’astrolabe ne donne le sommaire que de la première partie du traité. Le Traité sur les constellations est aussi flanqué d’un proemium qui présente l’ordre et les sujets qui seront abordés. 173 Dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, le proemium annonce qu’après l’explication sur les nœuds et sur la cause des éclipses (qui fait l’objet de la lettre), le propos portera sur le calendrier lunaire et la conjonction des sept planètes (qui font l’objet de deux autres lettres). 174 Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune, Prologue 1. 2 ; 4. 2. 4 et 4. 3 ; Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 73 ; Sév. Seb., Traité sur les constellations I ; III. 8 ; IV. 17. 175 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 3. 176 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 4. 54
Introduction
suivantes 177 . À la fin de cette même lettre, Sévère déclare qu’il confie à Athanase le soin d’« expliquer » au destinataire final de la lettre (ici le chartulaire Stéphane) les mouvements du soleil. Dans le premier chapitre du Traité sur les constellations Sévère Sebokht prodigue à son interlocuteur direct, qu’il qualifie d’« ami de la science » ou d’« ami de la vérité », quelques conseils pédagogiques qui lui permettront d’enseigner la science astronomique de façon appropriée. Il lui explique notamment qu’il convient de recourir à une certaine forme de langage et de discours dans le cadre de l’enseignement : Je vais te dire à ce sujet, ô ami de la vérité, en peu de mots, ce qui me paraît bon et vrai. Avant tout, il nous faut faire connaître à l’auditeur docile que tout ce que nous voulons enseigner – c’est-à-dire faire connaître à d’autres par la parole – nous ne pouvons pas l’enseigner sans employer des noms et des paroles, qu’il s’agisse d’enseigner des choses qui existent par nature ou de celles qui existent par convention178. Plus loin il insiste sur la nécessité de toujours recourir à une démonstration prouvant le bien-fondé du propos à enseigner :
Si cela est connu clairement par une démonstration véritable, l’esprit de celui qui écoute ce que nous avons dit plus haut n’hésitera nulle part, tandis que s’il n’en est pas ainsi, (tout cela) tombera sous le soupçon du doute et ne sera pas acceptable ; car, dans de telles choses, ce qui est privé de la démonstration qui est enseignée par les choses n’est pas acceptable.179 Quand Sévère parle d’un « auditeur», de « celui qui écoute », désignet-il de façon générique le ou les élèves du destinataire de la lettre ? Ou est-ce une manière rhétorique de parler de celui qui le lit ? Il semble que le témoignage de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant où l’ « auditeur » est clairement identifié et distinct du destinataire de la lettre, nous permet de trancher à ce sujet. Les propos de Sergius de Reš‘ayna (que nous avons cités) montrent également que l’ouvrage est transmis par un 177
Lire à ce propos le proemium de Sév. Seb., Lettre sur les nœuds. Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 1-2 179 Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 1. 178
55
Introduction
expert en astronomie à une personnalité un peu moins experte dans le domaine, mais chargée d’enseigner. Dans ce sens va la remarque de Sergius indiquant à son interlocuteur des passages à retenir par cœur. Ces ouvrages sont-ils des « livres de l’enseignant » ? C’est-à-dire le manuel dont l’enseignant devra s’inspirer pour savoir quel contenu astronomique il pourra transmettre et de quelle manière il pourra le transmettre ? Ajoutons que le public, auquel ce type de connaissance était finalement destiné, était, selon Sévère, capable d’appréhender ce savoir « avec raison et esprit droit »180. L’auditeur est qualifié de « docile »181. Ces informations se recoupent précisément avec les résultats de l’étude présentée plus haut sur « I. 1. L’astronomie dans le cadre des études philosophiques », où il apparait que l’étude de l’astronomie était réservée à une élite resserrée d’étudiants achevant ou ayant achevé leur cursus supérieur philosophique. Cela signifie-t-il que Stéphane de Djazira avait suivi des études supérieures philosophiques complètes ? Que Théodore de Kark Juddan faisait partie d’une institution où était proposé ce genre de cursus ? En est-il de même pour Basile de Chypre ? Toutes ces questions restent ouvertes et il faudra d’autres témoignages pour pouvoir confirmer ces interprétations.
180 181
Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 8. Sév. Seb., Traité sur les constellations I. 1. 56
Première partie État des sources
État des sources
Introduction
Cette première partie vise à rassembler toute la bibliographie (éditions et traductions) relative au corpus des textes astronomiques syriaques produits avant le
VIII
e
siècle, ainsi qu’aux études attenantes. Nous
avons bien entendu, pour ce faire, pris en considération les travaux de F. Nau1, ainsi que les articles récents d’H. Hugonnard-Roche2 et d’H. Takahashi3. Mais il nous est apparu nécessaire de considérer l’ « astronomie » dans un sens plus large que ces auteurs, en prenant également en compte les traités syriaques à dominante cosmographique et cosmologique. Ce choix se justifie d’autant plus que les ouvrages astronomiques de Sergius de Reš‘ayna se situent dans cette veine et que le fameux Traité sur les constellations de Sévère Sebokht n’est autre qu’un manuel de cosmographie. Nous avons retenu trois critères de sélections pour répertorier un texte dans le corpus des textes astronomiques syriaques de l’époque qui nous intéresse : ce texte doit être essentiellement dédié aux astres ; il doit présenter au moins un passage de pure astronomie ; enfin il doit avoir été clairement identifié comme une production antérieure à la date de décès de Sévère Sebokht (vers 666). Cela nous permet ainsi d’intégrer le Traité astronomique et météorologique du Ps.-Denys l’Aréopagite et le Traité sur la composition de la terre du Ps.-Bérose, qui présentent les traits d’une astronomie archaïque. Nous avons enfin accordé une place prioritaire, tout au long de nos recherches, à l’aspect matériel des textes dans l’espoir que la codicologie, la paléographie et le contenu textuel des manuscrits nous apportent des informations supplémentaires sur la transmission de ce corpus. Ainsi, aucun de ces textes astronomiques ne sera présenté indépendamment de sa forme manuscrite. 1
NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27, 1929/30, INTRODUCTION, p. 327-342 ; ID., « La cosmographie du e VII s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 225-254 et ID., « Notes d’astronomie syrienne », JA 16, 1910, p. 209-228. 2 HUGONNARD-ROCHE H., « Matematica e astronomia », in Storia della scienza, 2001, vol. 4, p. 36-41. 3 TAKAHASHI H., « The Mathematical Sciences in Syriac : from Sergius of Resh‘aina and Severus Sebokht to Barhebraeus and Patriarch Ni’matallah », Annals of Science 68, 2011, fasc. 4, p. 477-491. 58
État des sources
Il faut considérer le fait que les témoins d’une littérature astronomique syriaque produite avant le
VIII
e
siècle sont rares. Malgré le
caractère précieux que lui confère cette rareté, le corpus a fait l’objet de peu d’études. Les textes que nous présentons sont visibles dans onze manuscrits syriaques répartis dans cinq bibliothèques, toutes localisées en Europe occidentale, à Londres (British Library), Birmingham (Selly Oak Colleges), Paris (Bibliothèque nationale de France), Berlin (Königliche Bibliothek) et au Vatican (Biblioteca Apostolica Vaticana). Beaucoup de fonds syriaques d’autres bibliothèques n’ont pas encore été exploités. Même parmi les manuscrits des bibliothèques d’Europe occidentale, il reste des textes astronomiques vierges de toute étude. Il suffit pour s’en faire une idée de jeter un coup d’œil au chapitre que nous consacrons aux « Manuscrits inexploités » à la fin de cette partie. Notre étude tend à présenter le matériel disponible dans les bibliothèques mentionnées et à élargir cette liste en offrant un aperçu de quelques manuscrits intéressants conservés au Patriarcat d’Alep et au monastère Sainte-Catherine du Mont Sinaï. Nous donnerons ainsi à voir le seul matériel que nous étions en mesure d’exploiter en matière d’astronomie syriaque. Comparé aux manuscrits grecs4, ce matériel est pauvre et largement inexploité : en dehors du manuscrit Paris BnF syr. 346 et, dans une certaine mesure, du ms. Vat. sir. 516, nous n’avons trouvé aucun manuscrit entièrement consacré à l’astronomie, ce qui différencie considérablement ce corpus des corpus grec et arabe. Les textes que nous présenterons sont souvent soit inédits, soit restés sans traduction. Dans tous les cas, ils n’ont jamais fait l’objet d’une étude philologique.
4
On pourra se faire une idée du matériel astronomique antique conservé dans les manuscrits grecs en parcourant la première partie du volume qu’A. Tihon a consacré au Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie et où elle présente le contenu d’une quarantaine de manuscrits comportant des textes astronomiques grecs (cf. « Première partie : Histoire du texte » dans TIHON A., Le « Petit Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée (Histoire du texte, édition critique, traduction), Città del Vaticano, BAV, 1978 [Studi e testi 282], p. 13-192. 59
État des sources
Il est intéressant de constater que certains des manuscrits qui contiennent ces textes astronomiques sont très anciens. Nous conservons notamment un manuscrit produit durant la période qui nous occupe : il s’agit du BL Add. 14 6585 daté du VIIe siècle. Les autres s’échelonnent du e
XVII
VIII
e
au
siècle. Il faut également noter que tous ces manuscrits ont été produits
dans des milieux chrétiens syro-occidentaux : huit d’entre eux sont clairement monophysites, un autre est maronite, et le manuscrit Paris BnF syr. 378 présente quelques caractéristiques christo-palestiniennes6. Les trois manuscrits les plus anciens (VIIe–VIIIe siècles)7 présentent une écriture esṭrangelo, trois autres (Xe-XIVe siècles) sont en semi-cursive ou cursive jacobite8 et les quatre plus récents (XVIe et
e
XVII
siècles) sont en serṭo9, ce
qui, semble-t-il, suit le processus normal d’évolution de l’écriture syriaque en milieu syro-occidental. Seul le ms. Vat. sir. 516 fait figure d’exception puisqu’il présente une écriture syro-orientale. Cependant il faut noter qu’il présente une particularité codicologique qui le rattache aux manuscrits christo-palestiniens, puisque ses premiers cahiers portent des signatures dites « en miroir »10. Vu le petit nombre de manuscrits dont nous disposons pour cette étude, il serait aventureux de déduire que seul le milieu chrétien syrooccidental s’est intéressé à l’astronomie avant le
e
VIII
siècle. Il faut bien
tenir compte du fait que l’essentiel des collections de manuscrits syriaques des
bibliothèques
européennes
occidentales
résulte
d’un
héritage
essentiellement proche-oriental. Le manuscrit le plus oriental que nous 5
WRIGHT W., Catalogue of the Syriac Manuscripts of the British Museum acquired since the year 1838, t. 3, London, British Museum, 1872, p. 1154-1160. 6 Le ms. Paris BnF syr. 378 résulte d’une compilation de fragments dont certains ont été copiés en Palestine (le fragment n° 9 a notamment été copié au monastère Saint-Saba de Jérusalem au VIIIe siècle ; le fragment n° 8 est en écriture arabe chrétienne palestinienne et le fragment n° 4 porte des notes en grec dans la marge). Voir à ce propos BRIQUELCHATONNET F., Manuscrits syriaques de la bibliothèque nationale de France (n°356-435, entrés depuis 1911), de la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence, de la bibliothèque municipale de Lyon et de la bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg (Catalogue), Paris, Bibliothèque nationale de France, 1997, p. 69-77. 7 BL Add. 14 658 (VIIe s.) ; BL Add. 7 192 (VII-VIIIe s.); BL Add. 12 154 (VIIIe ou IXe s.). 8 BL Add. 14 538 (Xe s.) ; Paris BnF syr. 378 (fr. 3 /couche supérieure du XIIIe s.) ; Paris BnF syr. 346 (1309 apr. J.-C.). 9 Mingana syr. 71 (XVIIIe s.) ; Sachau 26 (1556 apr. J.-C.) ; Vat. sir. 217 (XVIe s.) ; Vat. sir. 555 (1501 apr. J.-C.). 10 Nous avons pu faire ce recoupement grâce à une présentation d’André Binggeli à propos des manuscrits christo-palestiniens (conférence tenue à Nice, oct. 2011, lors du Workshop intitulé « The Making of Oriental Manuscripts »). 60
État des sources
possédons, et dont nous conservons la mention du lieu de copie, a été produit au monastère de Mar Hananya près de Mardin (à la frontière entre la Turquie et la Syrie, à proximité de l’Irak) au début du XIVe siècle.
LISTE DES MANUSCRITS
Voici une liste, rubriquée par manuscrit, des textes astronomiques anciens recensés à ce jour : cette liste présente non seulement les textes qui ont déjà fait l’objet d’une étude ou d’un signalement particulier, mais aussi les textes que nous avons pu identifier dans les manuscrits Paris BnF syr. 346, Vat. sir. 516 ou Vat. sir. 555 et qui, après que nous leur avons appliqué nos critères de datation, se sont révélés être des textes anciens. Les astérisques (*) indiquent les textes qui font l’objet d’une étude approfondie dans la seconde ou dans la troisième partie de notre thèse. Nous excluons de cette liste les textes astronomiques dont les études, ou dont les attributions, montrent clairement qu’il s’agit de productions postérieures, comme c’est le cas pour l’œuvre de Bar Hebraeus. À la fin de cette présentation nous donnons une liste de textes syriaques au sujet desquels nous sommes encore incapable de dire s’ils sont antérieurs ou non au
e
VIII
siècle et même si leur
sujet est véritablement astronomique ou non. En recoupant le contenu des manuscrits, on verra qu’il existe parfois plusieurs copies d’un même texte, ce qui laisse augurer d’un bel avenir pour les éditions critiques : Berlin, Staatsbibliothek, syr. 186 [anc. Petermann 26](1556 apr. J.-C.) - Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sebokht (f. 82v et 98r) - Lettre sur le XIV lunaire de Nisan de la 19e année en l’an 976 des Grecs, faut-il le compter le 5 ou le 6 de Nisan ? de Sévère Sebokht (f. 98v-102v) - Lettre sur le cycle de 95 ans de Sévère Sebokht (f. 103v-105v) - Lettre sur la date de naissance du Christ (f. 105v-108r) Birmingham, Selly Oak Colleges, Mingana syr. 71 (XVIIe s.) - Traité astronomique et météorologique attribué à Denys (f. 108v112v) London, BL Add. 14 658 [Wright 987] (VIIe s.) - (*) Περὶ κόσμου du Pseudo-Aristote traduit par Sergius de Reš‘ayna (f. 107v-122r)11. 11
Édition et traduction du chapitre IV (plus particulièrement orienté sur des questions d’astronomie) dans notre Partie 3, section I. 2. a. 61
État des sources
- (*) Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna (f. 141r149v12). - (*) Exemple sur les mouvements du soleil, anonyme (f. 149v)13. - (*) Une liste des signes du zodiaque d’après l’école bardesanite (f. 149v)14. London, BL Add. 7 192 [Rosen-Forshall 51] (VIIe-VIIIe s.) - Traité astronomique et météorologique attribué au Ps.-Denys l’Aréopagite (f. 56v-65v). London, BL Add. 14 538 [Wright 863] (Xe s.) - Traité sur les constellations de Sévère Sebokht (f. 153r-155r). London, BL Add. 12 154 [Wright 860] (VIIIe ou IXe s.). - (*) Extrait portant sur la conjonction des planètes attribué à Bardesane (f. 248v)15. Mardin, église syro-orthodoxe des quarante martyrs, syr. 553 /13 (XVe s.) - Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sebokht (f. 3r-53r). Paris BnF syr. 378 (XIIIe s.?) - Traité astronomique et météorologique attribué au Ps.-Denys l’Aréopagite (f. 69v-70 et 27r). Paris BnF syr. 346 (1309 apr. J.-C.) - (*) Tétrabible de Claude Ptolémée, traduction syriaque anonyme (f. 1v-36v)16 - Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sebokht (f. 36v-51v). - (*) Traité sur la cause des éclipses de lune (f. 51v-54r et 55v59v)17. - Extrait d’un Traité sur la cause des éclipses de soleil (f. 54v-55r) - Traité sur les constellations de Sévère Sebokht (f. 78r-121v) - (*) Lettre sur la conjonction des planètes de Sévère Sebokht (comprenant l’extrait sur la conjonction des planètes attribué à Bardesane, f. 122v) (f. 121v-124v)18 - (*) Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht (f. 124v-127v)19 - Traité sur les climats de Sévère Sebokht (f. 127v-136r) - Lettre sur le XIV lunaire de Nisan de la 19e année en l’an 976 des Grecs, faut-il le compter le 5 ou le 6 de Nisan ? de Sévère Sebokht (f. 136r-140r) - Lettre sur l’origine de la science astronomique (f. 168v-171v) - (*) Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes conjonctions totales ou partielles de la lune avec le soleil, présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya (f. 172r-177v)20 Vatican, BAV, Vat. sir. 217 (XVIe s.) - Pseudo-Bérose, De la composition de la terre (f. 84v-91r) Vatican, BAV, Vat. Sir. 516 (XIXe s.) 12
Édition et traduction intégrales dans notre Partie 2, texte 2. Édition et traduction dans notre Partie 2, texte 3. 14 Voir Partie 1. 1. a. 15 Édition, traduction et analyse dans : Partie 3, section II. 1. B. 16 Pour une étude lexicale, voir notre Partie 3, section II. 2. a. 17 Édition et traduction inédites dans notre Partie 2, texte 1. 18 Voir Partie 3, section II. 2. d. 19 Édition et traduction inédites dans notre Partie 2, texte 4. 20 Voir Partie 3, section II. 2. c. 13
62
État des sources
- Basile, Exposé sur la course de la sphère céleste (f. 26r-31r) Vatican, BAV, Vat. sir. 555 (1501 apr. J.-C.) - Pseudo-Rufin, De la composition de la terre (f. 46r-62v) Nous présenterons ces textes dans un ordre que nous croyons être respectueux de leur date de rédaction (ou traduction). Nous justifierons ce choix au cours de la troisième partie de notre travail qui consiste à fixer puis à appliquer des critères de datation aux textes astronomiques syriaques produits avant la fin du VIIe siècle.
63
État des sources
I. Passages astronomiques attribués à l’école bardesanite
Bardesane d’Édesse est réputé avoir fait œuvre de philosophe et d’astronome à la cour du roi Abgar au IIe s. apr. J.-C. Malheureusement nous ne conservons plus rien de ses écrits d’astronome, si ce n’est quelques témoignages indirects : un vestige de traité comprenant une liste de signes zodiacaux, qui ne lui est pas attribuée en titre, mais porte l’étiquette « bardesanite » dans un manuscrit du
VII
e
siècle, et une citation reprise par
Sévère Sebokht (VIIe s.) et Georges des Arabes (VIIIe s.) concernant la conjonction des planètes. Si nous ne conservons aucune de ses œuvres astronomiques, en revanche, des éléments de sa cosmologie ont été transmis à travers le Livre des Lois des pays21 ainsi que par Théodore Bar Koni22. Mais ces textes ne sont pas à mettre dans le corpus des textes astronomiques syriaques, relevant davantage du domaine de la philosophie, de l’ethnographie et de la cosmologie 23. A. Une liste des signes du zodiaque d’après l’école bardesanite
Le manuscrit BL Add. 14 658, que nous présenterons plus loin, contient au f. 149v un début de traité intitulé :
21
Pour le texte syriaque, voir NAU F., « Bardesanes Edessenus, Liber legum regionum, cujus textum syriacum instruxit, latine vertit F. Nau, annotationibus locupletavit Thedore Nöldeke », Patrologia syriaca I. 2, 1907 ; pour une traduction anglaise voir DRIJVERS H. J. W., The book of the laws of the countries. Dialogue on fate of Bardaisan of Edessa, Assen, Van Gorcum, 1965. On trouvera également une traduction française dans NAU F., Bardesane, Le Livre des Lois des pays. Texte syriaque et traduction française avec une introduction et de nombreuses notes, Paris, Ernest Leroux, 1899 et une traduction italienne dans LEVI DELLA VIDA G., Pitagora, Bardesane e altri studi siriaci, a cura di R. Contini, Roma, Bardi, 1989, p. 63-111. 22 Pour le texte voir POGNON H., Inscriptions mandaïtes des coupes de Khouabir. Texte, traduction et commentaire philologique avec quatre appendices et un glossaire, Paris, Imprimerie Nationale, 1898, vol. 1, p. 123. Pour un bref commentaire à propos de ce fragment voir TEIXIDOR, « Introduzione », 2001, p. 5 et 6 qui montre que la théorie des éléments de Bardesane résulte d’une tradition orientale et non aristotélicienne de cette doctrine stoïcienne. 23 On trouvera toutes les références bibliographiques nécessaires à ce sujet dans CAMPLANI A., « Bardesane et les bardesanites », Annuaire de l’École pratique des Hautes Études 112, 2003-2004, p. 29-50. 64
État des sources
Tit. : « Les noms des signes du zodiaque selon l’école bardesanite » ̈ ̈ ܕܡܠܘܫܐ ܐܝܟ ܕܒܝܬ ܒܪ ܕܝܨܢ ܀ ܫܡܗܐ Inc. : « Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau, Poissons »
. ܩܢܫܠܡܐ. ܫܒܠܬܐ. ܐܪܝܐ. ܣܪܛܢܐ. ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ. ܬܘܪܐ. ܐܡܪܐ ̈ . ܕܘܐܠ. ܓܕܝܐ. ܨܠܡܐ ܪܒܐ. ܥܩܪܒܐ . ܢܘܢܐ (Le reste du texte a été gratté) On trouve donc la liste complète des douze signes zodiacaux puis… plus rien. Le reste du traité a été visiblement gratté et W. Wright, qui a établi la notice du manuscrit, a constaté que plusieurs feuillets avaient été arrachés à cet endroit24. De quoi aiguiser notre curiosité et ce d’autant plus que le manuscrit en question date du VIIe siècle25! Cette liste, qui figure dans le catalogue de W. Wright, avait déjà été traduite en anglais par B. H. Cowper en 186126, puis reproduite et traduite en latin par J. P. N. Land en 186227. On retrouve également cette liste reproduite sans traduction par E. Sachau en 187028, puis F. Nau la réimprima (texte et traduction latine) en 190729. Les noms des signes du zodiaque reproduits dans cette liste forment peut-être le précieux témoignage d’une certaine terminologie astronomique usitée à Édesse avant le
V
e
siècle (époque à partir de laquelle on n’entend
plus parler de sectateurs de Bardesane). Or, dans la troisième partie de cette thèse, nous verrons qu’elle ne coïncide pas avec les listes anciennes
24
WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158: « The original writing has been erased, with the exception of the two first words, but this was apparently done by the scribe himself ». 25 On verra la présentation de ce manuscrit un peu plus loin (C. Traités attribués à Sergius de Reš‘ayna). 26 COWPER B. H., Syriac Miscellanies or Extracts relating to the first and second General Councils, and Various Other Quotations, Theological, Historical and Classical, trans. into English from mss. in the British Museum and the Imperial Library of Paris with notes by B. H. Cowper, London, Williams and Norgate, 1861, p. 55 + voir note 49, p. 107. 27 LAND J. P. N., Anecdota Syriaca, Lugduni Batavorum, E. J. Brill, 1862, t. 1, p. 32. 28 SACHAU E. (éd.), Inedita Syriaca. Eine Sammlung syrischer Übersetzungen von Schriften griechischer Profanliteratur. Mit einem Anhang. Aus den Handschriften des brittischen Museum, Wien, Halle, 1870, p. 126. 29 NAU, « Bardesanes », 1907, col. 513 (reproduit en fait la traduction latine de LAND, Anecdota Syriaca, 1862, t. 1, p. 32). 65
État des sources
retrouvées sur des amulettes iraniennes en langue syriaque30. Cela pose la question d’une différenciation précoce du lexique astronomique entre les sphères culturelles syro-orientales et syro-occidentales.
B. Extrait portant sur la conjonction des planètes
Nous conservons également un court extrait de traité astronomique attribué à Bardesane sur la durée de révolution des planètes rapportée à l’année solaire pour expliquer les conjonctions : il s’agit d’une citation faite par Sévère Sebokht (d’après le ms. Paris BnF syr. 346, f. 122v) et reprise par Georges des Arabes (d’après le BL Add. 12 154, f. 248v). Dans les deux cas, l’extrait est explicitement attribué à Bardesane. Pour accéder au texte de cette citation, on pourra consulter deux articles de F. Nau : « Conjunctiones astrorum iuxta Bardesanem » publié en 190731, dans lequel il reproduit et traduit en latin la citation selon Georges des Arabes, et « Notes d’astronomie syrienne » publié en 191032 où il édite et traduit en français la citation faite par Sévère Sebokht. La citation de Georges des Arabes est lisible, en syriaque, également dans les Analecta syriaca édités en 1858 par P. de Lagarde33 et on peut lire une traduction de ce passage dans le livre que F. Nau consacra en 1899 au Livre des Lois des pays34. La confrontation des deux citations incita F. Nau à penser que Georges des Arabes aurait repris la citation, non d’un traité véhiculant sous le nom de Bardesane, mais de Sévère Sebokht lui-même. On trouvera une analyse philologique de cette citation que nous avons de nouveau éditée et traduite dans la troisième partie de cette thèse (Partie 3, section II, 1. b).
30
Pour accéder au texte de ces amulettes, voir GIGNOUX Ph., Incantations magiques syriaques, Louvain, E. Peeters, 1987 [Collection de la Revue d’Études Juives 24], p. 45-59. 31 NAU F., « Bardesanes », 1907, col. 612-615. 32 NAU F., « Notes d’astronomie syrienne », JA 16, 1910, p. 212 (texte) ; p. 214 (trad.). 33 LAGARDE P., Analecta Syriaca, Osnabrück, Otto Zeller, 19672 (Leipzig, Teubner, 18581), p. 114-115. 34 NAU, Le Livre des Lois des pays, 1899, INTRODUCTION, p. 31. 66
État des sources
II. Un Traité astronomique et météorologique attribué au Pseudo-Denys l’Aréopagite Il s’agit d’un traité cosmologique en sept chapitres portant sur la durée de révolution de la lune et du soleil, sur les phénomènes d’éclipses, de saisons, sur les phénomènes météorologiques et visant en dernier ressort (chapitre VII) à réfuter la théorie astrologique des Chaldéens. La démarche de son auteur n’est en rien scientifique puisqu’il présente tous ces phénomènes comme résultant d’une cause que nous qualifierons de « mythologique ». Il trouve dans la Genèse de l’Ancien Testament les explications au décalage du calendrier solaire et lunaire, explique le mouvement du soleil par l’action combinée des quatre vents, et voici comment il explique le phénomène d’éclipse solaire : « De temps en temps s’ouvre l’un des magasins qui servent le vent d’en haut, et le vent qui sort de l’un de ces magasins l’emporte sur celui qui est attelé au char du soleil, et il précipite la sphère au-dessous du degré où il passe, et la lumière (du soleil) s’obscurcit jusqu’à ce que sa sphère remonte et se replace sur le chemin de son parcours. Ceci a lieu parce que, aussitôt que l’un des grands cétacés s’élève pour monter de la mer où ils naissent […] ». Bien que ce texte n’ait pas sa place dans notre corpus de textes astronomiques, nous avons jugé bon de le présenter, non seulement parce qu’il utilise du vocabulaire astronomique, mais aussi et surtout parce que sa date de production a été estimée entre la fin du Ve et le début du VIe siècle, faisant de lui un précieux témoin linguistique.
1. Les manuscrits
Il existe à notre connaissance trois manuscrits contenant tout ou partie de ce Traité astronomique et météorologique. Les deux manuscrits déjà recensés se trouvent actuellement à Londres (BL Add. 7192, f. 56v-65v)35 et à Paris (Paris BnF syr. 378, f. 69v-70 et 27r)36. Il existe également à Birmingham une autre copie, dans une version brève (collection Mingana 35 36
Voir ROSEN and FORSHALL, Catalogus, 1838, p. 83-84. Voir BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 72-73. 67
État des sources
syr. 71, f. 108v-112r )37, que nous avons réussi à identifier grâce aux microfiches de l’IRHT (Section grecque) de Paris. Si les copies de Londres et de Paris sont bien connues et ont été confrontées entre elles par F. Nau dès 1927, celle de la collection Mingana n’a jamais fait l’objet d’une discussion. La raison pour laquelle la copie de Birmingham est restée dans l’obscurité tient en vérité à peu de chose : A. Mingana, pensant qu’il s’agissait d’un texte de Denys Bar Salibi, l’a rangé sous ce nom dans l’index de son catalogue. M. A. Kugener a signalé qu’on pouvait également trouver des passages de ce traité dans deux autres textes syriaques : la Catena Patrum du moine Sévère (IXe s.) et le Livre des Trésors de Jacques ou Sévère bar Schakako, évêque de Tagrit au XIIIe siècle38. a. BL Add. 7 192 [Rosen et Forshall 51] (f. 57r-65v, VII-VIIIe s.)
Ce manuscrit est actuellement conservé à la British Library sous la cote Add. 7 192. Il a été daté du
X
e
siècle dans le catalogue conçu en 1838
par Rosen et Forshall39. Mais cette datation aurait été trop basse et la présentation du manuscrit erronée. Une trentaine d’années plus tard, W. Wright décrit ce manuscrit (dans l’appendice consacré aux corrections à apporter au catalogue de Rosen et Forshall) comme un assemblage de deux autres : les cinquante premiers feuillets auraient appartenu à un manuscrit du VII
e
siècle, les suivants (f. 51-76), qui contiennent le texte du Pseudo-Denys,
viendraient d’un autre manuscrit datant des
VII-VIII
e
siècles40. G. Furlani,
quant à lui, faisait remonter la copie du texte au VIIIe siècle41.
37
Voir MINGANA A., Catalogue of the Mingana collection of Manuscripts now in the possession of the trustees of the woodbrooke settlement, Selly Oak, Birmingham, vol. 1: syriac and garshuni manuscripts, W. Heffer and Sons, Cambridge, 1933, p. 185-186. 38 Cf. KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 165-166 (trad.) ; p. 193-194 (texte) ; on verra également le §. IX de l’introduction. F. Nau avait déjà commencé à publier les extraits repris par Sévère Bar Schakako d’après le ms. Paris BnF syr. 316 dans le Journal Asiatique de 1896, p. 286-331. 39 ROSEN and FORSHALL, Catalogus, 1838, p. 83-84. 40 Cf. WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1206 (Appendice). Cette datation a été semble-t-il confirmée par S. P. Brock, d’après ce qu’en dit A. SU MIN RI dans son Commentaire de la Caverne aux trésors , CSCO 581, 2000, p. 538. 41 FURLANI G., « A cosmological tract by Pseudo-Dionysius in the Syriac language (PHD) », [ed. from BL Add. 7192, and provided with an English translation], The Journal 68
État des sources
Il s’agit d’un recueil de traités divers, en parchemin et de format 210 x 280 mm, mutilé au début et à la fin et ne comportant plus que 76 feuillets. Son écriture en esṭrangelo, soignée et élégante, se répartit sur deux colonnes. Le nom du commanditaire ne figure pas sur les feuillets, pas plus que le nom du scribe, ni son lieu de confection. Cependant, au vu du contenu, le commanditaire devait appartenir à l’église monophysite syrooccidentale. Les textes qu’il renferme portent tantôt sur l’histoire de l’Antiochène, tantôt sur des controverses théologiques (la plus grande partie du manuscrit est un fragment du Traité contre Damien de Pierre Callinique ou Junior, Patriarche d’Antioche), ou bien sur un récit de martyr. Le Traité d’astronomie et de météorologie attribué à Denys l’Aréopagite semble être le seul texte de ce manuscrit à présenter des considérations (archaïques) sur le mouvement des astres, les vents, les saisons et les éléments. Le texte est en réalité à dominante cosmologique. Compris entre les feuillets 57r et 65v, il est précédé de l’ Histoire de Julien l’Apostat et se trouve suivi de Questions adressées à Maximianos.
Tit. (f. 57r) : « Calcul et nombre sans erreur, fait par le saint Mar Denys évêque d’Athènes »
ܚܘܫܒܢܐ ܘܡܢܝܢܐ ܕܠܝܬ ܒܗ ܛܘܥܝܝ ܇ ܕܥܒܝܕ ܠܩܕܝܫܐ ܡܪܝ ܕܝܘܢܣܝܘܣ . ܐܦܣܩܦܐ ܕܐܬܝܢܘܣ Inc. (f. 57r) : « Au sujet du calcul et du nombre relatif au soleil et à la lune »
ܡܛܘܠ ܕܚܘܫܒܢܐ ܘܡܢܝܢܐ ܕܫܡܫܐ ܘܕܣܗܪܐ ܇ Des. (f. 65v): « […] les Pléiades, les Hyades, Orion, le Chien d’Orion, le Joug, la petite Ourse, la Couronne, le Poids, la Balance, la Voie lactée, l’Étable, le Temple, toutes ces montrent sans erreur, à ceux qui ont de la science, qui possèdent de l’intelligence, et qui sont versés dans la sagesse, tout le service des temps. »42
. ܘܥܓܠܬܐ. ܘܢܝܪܐ. ܘܟܠܒܗ ܕܓܢܒܪܐ. ܘܓܢܒܪܐ. ܘܥܝܘܬܐ. ܘܟܝܡܐ ܗܠܝܢ. ܘܗܝܟܐܠ. ܘܛܝܪܐ. ܘܫܒܝܠ ܬܒܢܐ. ܘܡܣܐܬܐ. ܘܡܬܩܐܠ. ܘܟܠܝܐܠ of the Royal Asiatic Society of Great Britain and Ireland 49 (New Series), Apr. 1917, p. 245. 42 Trad. de KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 193. 69
État des sources
ܟܠܗܘܢ ܆ ܐܠܝܠܝܢ ܕܐܝܬ ܠܗܘܢ ܝܕܥܬܐ ܘܩܢܝܢ ܣܘܟܐܠ ܆ ܘܪܕܝܢ ܒܚܟܡܬܐ ܆ ܿ ̈ ܟܘܠܗ ܬܫܡܫܬܐ . ܕܙܒܢܐ ܿܡܚܘܝܢ ܠܗܘܢ ܕܐܠ ܛܘܥܝܝ Exp. (f. 65v): « Fin du traité sur les oracles, les incantations, les fortunes et les rencontres (conjonctions) »
̈ ̈ ܘܓܕܐ ̈ ܫܠܡ ܫܪܒܐ ܕܥܠ ̈ܩܨܡܐ ܘܦܓܥܐ ܀ ܘܢܚܫܐ Les dix feuillets cosmologiques de ce manuscrit furent sortis de l’ombre pour la première fois grâce à une édition et une traduction française qu’en fit M. A. Kugener, présentées au XIVe Congrès des Orientalistes en 190543. M. A. Kugener n’avait à cette époque pas encore eu connaissance de deux autres manuscrits qui contenaient le texte du Ps.-Denys. b. Paris BnF syr. 378 (f. 69v-70v et 27r, XIIIe s.) C’est sous la plume de François Nau, grâce à un article publié en 1930 dans la Revue de l’Orient Chrétien, que le manuscrit Paris BnF syr. 378 des fonds parisiens arriva à la connaissance du monde scientifique 44. Mais les remarques restèrent succinctes (F. Nau ne se risqua pas, par exemple, à dater la partie du manuscrit qui nous intéresse et ne parvint pas à identifier le texte inférieur du palimpseste). Il fallut attendre 1997 et le très complet travail de catalogage de Françoise Briquel-Chatonnet pour pouvoir bénéficier d’une notice claire à propos de ce manuscrit45. Selon F. Briquel-Chatonnet, la pièce 378 de la collection syriaque de Paris est un ensemble composite formé de fragments de neuf manuscrits différents. Les feuillets qui nous intéressent forment le troisième fragment : il s’agit d’un palimpseste de onze feuillets. La couche inférieure, du du
e
VIII
VII
e
ou
siècle, contient un fragment du Roman de Julien l’Apostat. Le texte
supérieur, peut-être du
XIII
e
siècle, est une copie anonyme et non datée,
rédigée à l’encre noire dans une écriture esṭrangelo semi-cursive et de
43
KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 137-198. NAU F., « Analyse du manuscrit syriaque de Paris n°378 de la Bibliothèque Nationale », ROC 27, 1929-1930, p. 411-421. 45 BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 72-73. 44
70
État des sources
format 19 x 14,5 cm, comprenant 24 à 26 lignes par page. Cette couche présente, entre autre, deux textes attribués à Denys l’Aréopagite : son Autobiographie et récit de vision à Baalbeck (f. 23-26 et 69r-v)46 ainsi que des fragments de son Traité astronomique et météorologique (f. 69v-70v et 27r). La couche supérieure contient également un discours d’Isaac d’Antioche (Mimro sur la pénitence et l’enseignement des frères).
Fragment 1 (f. 69v-70v) Tit. : « Du même saint Denys, sur le mouvement du firmament et le changement qui a lieu à l’intérieur de la terre. »
ܕܝܠܗ ܕܩܕܝܫܐ ܕܝܘܢܣܝܘܣ ܥܠ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܗ ܕܗܢܐ ܪܩܝܥܐ ܘܥܠ ܗܘܦܟܐ . ܕܒܓܘ ܐܪܥܐ Inc. : « À vous, ô amis de la sagesse et de l’intelligence, je dirai et j’expliquerai le mouvement du firmament et les changements qui ont lieu à l’intérieur de la terre. »
ܡܛܠ. ܠܟܘܢ ܐܡܪ ܐܢܐ ܘܡܦܫܩ ܐܢܐ ܐܘ ̈ܪܚܡܝ ܚܟܡܬܐ ܘܣܘܟܐܠ ̈ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܐ ܕܗܢܐ ܪܩܝܥܐ ܘܡܛܠ . ܗܘܦܟܐ ܕܒܓܘ ܐܪܥܐ Fragment 2 (f. 70v et 27r) Tit. : « J’expliquerai le changement affectant la mer inférieure à ceux qui ont de l’intelligence. »
̈ . ܥܠ ܫܘܚܠܦܐ ܕܥܠ ܗܘ ܝܡܐ ܬܚܬܐ ܡܚܘܐ ܐܢܐ ܐܠܝܠܝܢ ܕܩܢܝܢ ܣܘܟܐܠ Inc. : « Sous la terre il y a une mer d’eaux vives et sous l’eau, le feu, et sous le feu, le vent. »
̈ ܕܚܝܐܐ ܘܠܬܚܬ ܡܢ ̈ . ܡܝܐ ܢܘܪܐ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܝܡܐ ܐܝܬ ܿܗܘ . ܘܠܬܚܬ ܡܢ ܢܘܪܐ ܪܘܚܐ
46
On retrouve également cette histoire dans le ms. Par. syr. 235, fol. 260v à 264v. Voir l’édition et la traduction de ce texte dans KUGENER M. A., « Une autobiographie syriaque de Denys l’Aréopagite », Oriens Christianus 7, 1907, p. 312 à 338. 71
État des sources
La découverte de ce fragment permit à F. Nau dès 1930 d’apporter quelques précisions au texte (chapitres 2 et 3) qui avait été précédemment édité et traduit en français par M. A. Kugener à partir du simple manuscrit de Londres. Ces remarques ont été consignées dans un article47 publié par la Revue de l’Orient Chrétien en 1929. c. Le Mingana syr. 71 (f. 108v-112r) (XVIIe s.)
À la suite de voyages en Orient entrepris dans les années 1920-1930, A. Mingana rapporta avec lui une grande quantité de manuscrits syriaques issus de tout le Proche Orient. Cette collection équivalait alors, en ampleur, à celle de Paris et de Berlin réunies. La démarche de ce collectionneur était intéressante : quand il n’obtenait pas un manuscrit, il en faisait faire une copie manuscrite par les moines, auxquels la copie appartenait, et qu’il rémunérait pour cela. Mais en l’occurrence le manuscrit qui contient le Traité astronomique et météorologique porte la cote 71 et son écriture a été datée du XVIIe siècle par A. Mingana 48. Il s’agit d’un recueil de textes variés (Vie de saints, grammaire, histoire, astronomie, doctrine monophysite, éthique). Le manuscrit est de taille moyenne (21,8 x 15,5 cm), composé dans une écriture claire syro-occidentale à deux mains et comporte 154 feuillets dont les pages présentent 18 à 20 lignes chacune. La date et le lieu de copie ne sont malheureusement pas mentionnés. Les textes se ressemblent en ce qu’ils sont souvent brefs, simples et orientés idéologiquement dans la lutte contre le nestorianisme oriental. Il pourrait s’agir d’un manuel scolaire utilisé au sein d’une communauté monophysite orientale. En effet le contenu de ce manuscrit pourrait avoir une certaine cohérence si l’ensemble était destiné à un public peu cultivé, ayant besoin de se forger une certaine culture générale en lisant des textes simples et édifiants destinés à renforcer la foi monophysite dans un climat qu’on sent tendu par rapport aux nestoriens (on trouve par exemple un passage apocalyptique dans l’Histoire du moine Sergius Bahira aux f. 27-37). A. Mingana signale dans ce manuscrit des Notes astronomiques et 47 48
NAU, « Analyse du ms. Par. syr. 378 », 1929/30, p. 412-413. MINGANA, Catalogue, 1933, p. 185-186. 72
État des sources
médicales attribuées à un certain Denys, qui se trouvent en fait être le Traité astronomique et météorologique présenté par M. A. Kugener. Situé entre les feuillets 108v et 112r, il suit une petite histoire portant Sur les aventures d’un chien et précède un petit texte explicatif sur Comment tenir une controverse avec un nestorien.
Tit. (f. 108v) : « Denys explique clairement dans le présent discours quelle est la cause de l’éclipse solaire » ( = Chapitre II)
ܡܘܕܥ ܢܗܝܪܐܝܬ ܒܡܠܬܗ ܗܪܟܐ ܕܝܘܢܢܣܝܘܣ ܡܛܠ ܩܠܝܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܿ .ܕܡܢܐ ܗܝ ܕܥܠܬܗ Inc. (f. 108v) : « Au temps de nos pères, par un commandement divin, s’ouvrit l’un des magasins supérieurs qui envoya un vent supérieur »
ܡܬܦܬܚ ܿܚܕ ܡܢ ܿܗܠܝܢ ܐܘܨ̈ܪܐ ̈ܥܠܝܐ.ܿܒܙܒܢ ܐܒܢ ܒܦܘܩܕܢܐ ܐܠܗܝܐ ܿ . ܕܡܫܡܫ ܠܪܘܚܐ ܿܗܝ ܥܠܝܬܐ 2. Édition / Traduction Kugener (1907) et Furlani (1917)
Le Traité astronomique et météorologique attribué à Denys l’Aréopagite a été édité pour la première fois et traduit en français en 1907 par M. A. Kugener49. Ce dernier y avoue ne pas réussir à traduire certains termes syriaques relatifs aux astres. Il faut dire qu’en dehors de l’opuscule sur l’astrolabe édité et traduit huit ans plus tôt par F. Nau, aucun travail scientifique moderne n’avait encore porté sur les textes astronomiques syriaques de cette époque et les éditions ou traductions des textes astronomiques grecs postérieurs à Ptolémée n’abondaient pas. Les références dont disposait M. A. Kugener en matière de terminologie astronomique antique étaient donc limitées. On ne peut que souhaiter une reprise du travail de ce savant et la parution d’une édition critique, rendue désormais possible par la découverte de deux nouveaux manuscrits. Dix ans après la parution du travail de M. A. Kugener, G. Furlani faisait paraître une autre édition du Traité astronomique et météorologique du Ps.-Denys accompagnée d’une traduction anglaise pour le Journal of the 49
KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 137-198. 73
État des sources
Royal Asiatic society50. L’édition se fonde toujours sur le manuscrit BL Add. 7 192. Sans mentionner le travail de M. A. Kugener, G. Furlani considéra que les feuillets attribués à Denys l’Aréopagite dans ce manuscrit se répartissaient en deux textes. Il a ainsi exclu de sa publication ce qui équivaut au chapitre 7 chez M. A. Kugener. L’édition de G. Furlani présente une vocalisation normée et les corrections opérées ne sont pratiquement jamais mentionnées ; au contraire, M. A. Kugener reprend la vocalisation du
manuscrit,
respecte
la
ponctuation
du
manuscrit
et
indique
systématiquement la version de la copie quand le texte doit être corrigé. En somme, l’édition de M. A. Kugener est plus scientifique : elle rend mieux compte de sa source et justifie systématiquement les corrections opérées. Dix années seulement séparent les deux publications et nous nous expliquons mal le fait que G. Furlani n’ait pas eu connaissance de ce travail. Les deux savants avaient puisé à la même source (BL Add. 7 192). La British Library n’a-t-elle pas ici joué son rôle de relais d’information ? M. A. Kugener n’a-t-il pas signalé qu’il travaillait sur l’un de leurs manuscrits ? Cela aurait permis à G. Furlani de justifier par exemple sa datation du manuscrit, ou d’éviter d’argumenter à propos d’une correction du texte syriaque qui avait déjà été suggérée par M. A. Kugener.
3. Études
En dehors des deux introductions préparées par M. A. Kugener et G. Furlani, nous recensons deux études discutant du texte du Pseudo-Denys. Elles sont dues à G. Levi Della Vida en 1910 et à A. Götze en 1922. Dès 1910, une publication avait mis en valeur le travail de M. A. Kugener : Giorgio Levi Della Vida publiait cette année-là un article pour la Rivista Degli Studi Orientali 51. Il s’agissait d’éditer un fragment d’ouvrage épistolaire (portant notamment sur des questions de météorologie et d’astronomie) attribué au Pseudo-Bérose syriaque accompagné d’une traduction italienne. G. Levi Della Vida y présentait les points de contact entre le texte qu’il éditait et celui du Pseudo-Denys. En effet, il s’avérait que 50 51
FURLANI, « A cosmological tract », 1917, p. 245-272. LEVI DELLA VIDA G., « Pseudo-Beroso Siriaco », RSO 3, 1910, p. 7-43. 74
État des sources
les concepts présentés et la terminologie employée par les deux textes présentaient de nombreux parallèles. Le travail de G. Levi Della Vida nous intéresse particulièrement en ce qu’il nous renseigne à propos de la tradition sur laquelle s’appuient les deux textes. De plus, il opère, à la lumière de ce nouveau texte syriaque, quelques corrections à la traduction de M. A. Kugener. A. Götze, quant à lui, mit en rapport les textes du Pseudo-Denys avec celui de la Caverne des Trésors et avec la tradition iranienne dans son ouvrage Die Schatzhöhle. Ueberlieferung und Quellen52 publié en 1922. G. Furlani n’est pas le seul à avoir méconnu l’existence du travail de M. A. Kugener : aucune discussion n’apparaît chez M. de Gaudillac53 (1954), ni chez R. Roques dans son étude sur l’Univers dionysien54 ; plus récemment, en 2003, dans son article intitulé « Météorologiques. Tradition syriaque, arabe et latine »55, Pieter L. Schoonheim ne parle pas non plus du Traité astronomique et météorologique attribué au Pseudo-Denys, alors que ce texte remet notamment en cause la théorie sur la formation des nuages formulée par Aristote. Il faut donc croire que cette littérature est quelque peu tombée dans l’oubli… Enfin, mentionnons l’édition et la traduction d’une Autobiographie syriaque de Denys l’Aréopagite réalisées par M. A. Kugener. Ce texte, composé, selon M. A. Kugener, à la fin du
e
VI
siècle, mentionne les
questions scientifiques qui sont exposées dans le Traité astronomique et météorologique56, ce qui pourrait pousser à croire que le rédacteur de l’autobiographie s’est inspiré du traité dont nous venons de parler.
52
GÖTZE A., « Die Schatzhöhle. Ueberlieferung und Quellen » dans Sitzungsberichte der Heidelberger Akademie der Wissenschaften 13 [Philosophisch-Historische Klasse], 1922, fasc. 4, p. 46-47. 53 M. de Gaudillac publia une traduction française des Œuvres complètes du Pseudo-Denys l’Aréopagite. Le traité astronomique et météorologique syriaque n’apparaît pas même en bibliographie. 54 ROCQUES R., L’Univers dionysien : structure hiérarchique du monde selon le PseudoDenys, Paris, Le Cerf, 1983. 55 SCHOONHEIM P. L., « Météorologiques. Tradition syriaque, arabe et latine » dans R. Goulet (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, Supplément, Paris, CNRS, 2003, p. 324-328. 56 Voir KUGENER, « Une autobiographie », 1907, p. 292-348. 75
État des sources
III. Pseudo-Bérose, De la composition de la terre
Le Vatican conserve deux copies d’un même texte syriaque ancien intitulé De la composition de la terre dans des manuscrits du
e
XVI
siècle,
traitant de sujets cosmologiques, météorologiques et philosophiques. G. Levi Della Vida s’est appliqué à éditer, traduire et commenter une version de ce texte dès 1910, mettant en valeur le fait que ce texte comportait de nombreux points de contacts avec le Traité astronomique et météorologique attribué à Denys l’Aréopagite.
1. Les manuscrits L’existence d’un traité attribué à Bérose et intitulé De la composition de la terre est connu depuis longtemps puisqu’il apparaît déjà en 1759 dans la notice que J. S. Assemani57 consacra au manuscrit 217 de la collection syro-chaldéenne du Vatican. La seconde copie, en revanche, ne fut connue qu’à l’arrivée d’un autre manuscrit (aujourd’hui portant le numéro 555 de la collection vaticane syriaque) en 1938, à l’occasion du don qui fut fait à la Bibliothèque Apostolique Vaticane par le patriarche des Syriens d’Antioche, le cardinal Gabriele Tappouni. Nous aurions en fait affaire à une version courte (Vat. sir. 217) et à une version longue du texte (Vat. sir. 555), à chaque fois sous forme fragmentaire. Seuls deux chapitres du texte relèvent de l’astronomie et retiendront donc notre attention58.
57
ASSEMANUS J. S., Bibliothecae apostolicae Vaticanae codicum manuscriptorum Catalogus in tres partes distributus in quarum prima orientalies in altera graeci in tertia latini italici aliorumque europaenorum idiomatum codices, Romae, Komarek, pars prima, tomius tertius complectens reliquos codices chaldaicos sive syriacos, 1759, p. 503-505. 58 Il s’agit des chapitres XI et XII du texte publié dans LEVI DELLA VIDA, « PseudoBeroso », 1910, p. 27-33. 76
État des sources
a. Vat. sir. 217 (f. 84v-91r) (XVIe s.)
Une copie du traité intitulé De la composition de la terre, relatif à des sujets d’astronomie, de météorologie et de philosophie se trouve dans le manuscrit syriaque n° 217 de la collection vaticane, aux feuillets 84v à 91r. Ce manuscrit a été décrit par J. S. Assemanus dans le tome 3 de la première partie de son catalogue publié en 175959 ; puis G. Levi Della Vida en 191060 et enfin G. Furlani en 194661 et 194862 ont publié des articles qui permettent d’affiner l’approche du manuscrit. Il s’agit d’un recueil de textes divers composés en syriaque et en carshouni au
e
XVI
siècle, vraisemblablement
dans un milieu ecclésiastique maronite, soit par la communauté libanaise d’un collège maronite de Rome, soit au Liban. J. S. Assemanus le décrit comme un codex de format A4 en parchemin, de 334 feuillets. Les feuillets relatifs aux astres se trouvent dans le manuscrit aux f. 1 à 94 (Gabriel Barclai, De la sphère [f. 1-16] ; textes attribués à Daniel sur le zodiaque, les éclipses, etc… [f. 16-84v]63; Ps.-Bérose, De la composition de la terre [f. 84v-91r] ; astrologie et lunaires [f. 92-94]), puis aux f. 195 à 212 se trouvent des calendriers ainsi que des lunaires ; et enfin aux f. 331 à 335 se trouve un Traité sur les sept climats). On notera que la plupart de ces textes sont écrits en vers (mètre heptasyllabique). Le reste du manuscrit est composé de textes religieux, de lettres officielles (du patriarche maronite au roi de France en 1575) et de textes relatifs à la médecine, à la botanique et à la zoologie. Le passage consacré à l’astronomie, dans le texte attribué à Bérose, se trouve aux f. 86r-88v64.
Ps.- Bérose, De la composition de la terre [f. 84v-91r] (en 12 chapitres) Tit. : « Savoir excellent au sujet de la composition de la terre, d’après le livre de Bérose le sage.» 59
ASSEMANUS, Bibliothecae, 1759, p. 503-505. LEVI DELLA VIDA, « Pseudo-Beroso », 1910, p. 7-43. 61 FURLANI G., «Un trattato palmomantico in garsciunico», RSO 21, 1946, p. 183-187. 62 FURLANI G., « Tre trattati astrologici siriaci sulle eclissi solare e lunare », RANL [Scienze morali, ser. VIII], vol. 2, fasc. 11-12, 1947, p. 569-606. 63 Une partie de ces textes a été traduite et commentée par FURLANI, « Tre trattati astrologici », 1947. 64 Correspondant à LEVI DELLA VIDA, « Pseudo-Beroso », 1910, p. 27-33. 60
77
État des sources
ܿ ܡܘܙܓܗ ܕܐܪܥܐ ܚܟܡܬܐ ܡܝܬܪܬܐ ܡܢ ܟܬܒܗ ܕܒܪܘܙܝ ܡܠܦܢܐ ܡܛܠ . ܚܟܝܡܐ Inc. : « Regarde, mon Fils Théon, ce que je te dis au sujet de la composition de la terre. »
ܿ . ܡܘܙܓܗ ܕܐܪܥܐ ܚܙܝ ܒܪܝ ܬܐܝܘܢ ܡܕܡ ܕܐܡܪ ܐܢܐ ܠܟ ܡܛܠ Des. (f. 91r) : « De même, comment la terre se trouve-t-elle suspendue et à quel point s’enfonce-t-elle dans les eaux où elle se trouve ? À quelle profondeur descendent les eaux et quelles sont leurs limites ? Et sous elles, qu’y-a-t’il à connaître ? En cherchant ces choses admirables qui se déplacent constamment devant tes yeux, en les cherchant et en te concentrant avec sagesse, tu ne chercheras pas ce qui est invisible et insaisissable ».
̈ ܘܟܡܐ ܢܚܬܐ. ܘܐܪܥܐ ܬܘܒ ܐܝܟܢ ܣܝܡܐ ܘܒܗܘܢ ܬܠܝܐ ̈ ܒܗܢܘܢ ܡܝܐ ܿ ܘܟܡܐ ܿܢܚܬܝܢ ܗܢܘܢ. ܕܣܝܡܐ ܒܗܘܢ ܘܡܢܘ ܓܘܢܗܘܢ ܕܗܢܘܢ. ܒܗ ܿ ܡܬܝܗܬܐ ̈ ̈ ܥܩܒ ܥܠ ܗܠܝܢ ܗܟܝܠ. ܡܝܐ ܘܠܬܚܬ ܡܢܗܘܢ ܡܢܐ ܡܬܝܕܥ ܿ ̈ ܕܪܗܛܢ ܩܕܡ ܘܥܠ ܗܠܝܢ ܕܐܠ. ܥܝܢܟ ܐܡܝܢܐܝܬ ܥܩܒ ܘܐܕܪܟ ܒܚܟܡܬܟ ̈ ܡܬܚܙܝܢ ܘܐܠ ܡܬܕ̈ܪܟܢ ܐܠ ܬܥܩܒ ܀ ܀ Expl. (f. 91r) : « Fin. Nous avons recopié ce que nous avons pu car le livre était vieux et en grande partie effacé »
̄ ܐܝܬܘ ܗܘܐ ܘܐܒܕ ܫܠܡ ܘܗܠܝܢ ܕܐܫܟܚܢܢ ܟܬܒܢ ܡܛܠ ܕܟܬܒܐ ܥܬܝܩܐ ܡܢܗ ܣܓܝ ܀ b. Vat. sir. 555 (f. 46r-62v) (1501 apr. J.-C.)
Depuis 1938, la Bibliothèque Apostolique Vaticane possède un manuscrit, offert par le patriarche d’Antioche des Syriens, contenant un texte qui, bien que fragmentaire, correspond en grande partie au texte attribué à Bérose dans le manuscrit Vat. sir. 217. Mais dans le manuscrit
78
État des sources
Vat. sir. 555, le texte est attribué à Rufin, il est plus long et, selon G. Levi Della Vida65, mieux ordonné. Le manuscrit Vat. sir. 555, composé en 1501, a été très brièvement décrit par A. Van Lantschoot en 1965 dans son Inventaire des manuscrits syriaques des fonds Vatican66. Avec l’aimable autorisation du directeur de la Bibliothèque apostolique vaticane, nous avons pu consulter ce manuscrit et produire une notice plus détaillée : c’est un petit recueil de textes consacrés aux sciences naturelles (astronomie, médecine, zoologie) écrit en serṭo. La fin est mutilée. Le manuscrit, en papier brun, est de format 210 x 75 mm et comporte 64 feuillets. La reliure a disparu (les feuillets, sommairement reliés, sont désormais contenus dans une pochette cartonnée avec fermeture à rubans). L’écriture en serto se répartit sur 60 x 180 mm à raison de 24 lignes par page. L’encre brune y alterne avec une encre rouge réservée aux titres. Le copiste dit avoir réalisé cette copie l’an 1812 des Grecs (fol. 64r). Les numéros de feuillets ont été tamponnés récemment en chiffres arabes67. La numérotation dans la marge supérieure, en syriaque, atteste d’un état plus ancien du manuscrit : il manque par exemple 13 feuillets entre le f. 15 et le f. 16. Du coup, la numérotation imprimée se poursuit de 15 à 16 alors que la numérotation syriaque passe de 15 à 29. Acéphale68 et tronqué à la fin, le manuscrit Vat. Sir 555 contient actuellement sept cahiers, dont les trois premiers présentent une organisation étrange69. Les cahiers 4, 5 et 6, en revanche, sont des quinions complets. Le cahier final, ou cahier 7 est incomplet et est suivi de feuillets rajoutés (3 ou 4). Deux feuillets sont mutilés (f. 2 et 52 ) et le bas extérieur des premiers feuillets n’est pas lisible. La plupart des textes de ce manuscrit sont encore inédits. Le traité qui correspond à celui du Ps.-Bérose du Vat. sir. 217, f. 84v-91r, se trouve, dans 65
Voir LEVI DELLA VIDA, « La Dottrina », 1951, p. 481. VAN LANTSCHOOT A., Inventaire des manuscrits syriaques des fonds Vatican (490-631), Barberini oriental et Neofiti, Città del Vaticano, BAV, 1965, [Studi e Testi 243], p. 74-75. Une première description sommaire de ce manuscrit apparaissait déjà dans VAN LANTSCHOOT A., « Fragments syriaques du Physiologus », Le Muséon 72, 1959, p. 37. 67 La numérotation récente imprimée passe du f. 33 au f. 35 (elle oublie le f. 34) alors que la numérotation syriaque se suit (en passant de 46 à 47). 68 La première signature de cahier apparaît au f. 10v pour indiquer la fin du second cahier et est suivi par le gomal annonciateur au f. 11r du 3e cahier. Le début du manuscrit manque donc. 69 Ces trois premiers cahiers se présentent actuellement de cette manière : cahier 1 (signé )ܒ (4/6) : f. 2-10 ; cahier 2 (signé ( )ܓ3/2) : f. 11-15 ; cahier 3 (signé ( )ܕ2/5) : f. 16-22. Les autres cahiers sont des quinions réguliers. 66
79
État des sources
le Vat. sir. 555, aux feuillets 59r à 62v. Comme dans le Vat. sir. 217, il est adressé au disciple Théon :
Tit. : « Au sujet de la composition de la terre et de la sagesse supérieure » (f. 59r)
ܬܘܒ ܡܛܠ ܡܘܙܓܐ ܕܐܪܥܐ ܘܚܟܡܬܐ ܡܝܬܪܬܐ Inc. : « Regarde, mon Fils Théon, ce que je te dis au sujet de la composition de la terre » (f. 59r)
ܿ . ܡܛܠ ܡܘܙܓܐ ܕܐܪܥܐ. ܕܐܡܪ ܐܢܐ ܠܟ ܡܕܡ. ܚܙܝ ܒܪܝ ܬܐܝܘܢ Des. (f. 62v) : « […] durant cette nuit-là, la lune s’obscurcit en vérité complètement tant qu’elle est hors de portée du soleil. Et ensuite elle pousse son disque. Mais si le sommet oriental est pointu et que celui de droite est obscur, même si c’est l’hiver, l’air sera chaud, et jusqu’à la nouvelle lune, la terre ne recevra pas de pluie. »
ܿ ܟܠܗ ܿܗܘ ܥܕܢܐ. ܒܗܘ ܠܠܝܐ ܿܚܫܟ ܣܗܪܐ ܒܫܪܪܐ ܿ ܡܢ ܕܚܙܝܗܝ. ܕܗܘܐ ܿ . ܠܫܡܫܐ ܿ ܘܗܝܕܝܢ ܐܢܕܝܢ ܿܗܘ ܪܝܫܐ ܡܕܢܚܝܐ ܢܗܘܐ ܿܚܪܝܦ. ܛܒܥܐ ܓܝܓܠܗ ܿ . ܘܗܘ ܬܝܡܢܝܐ ܢܗܘܐ ܥܡܘܛ ܆ ܐܢܗܘ ܕܣܬܘܐ ܗܘ ܐܐܪ ܫܚܝܢܐ ܿܗܘܐ . ܐܠ ܿܣܒܐܠ ܐܪܥܐ ܡܛܪܐ. ܘܥܕܡܐ ܕܡܬܝܠܕ ܣܗܪܐ Expl. (f. 62v): « Fin du chapitre. Rufin le sage. »
ܫܠܡ ܬܪܥܐ ܪܘܦܝܢܘܣ ܚܟܝܡܐ Le texte conservé dans le Vat. sir. 217 aux f. 84v à 91r se retrouve intégralement dans la copie du Vat. sir. 555, à l’exception d’un passage (que l’on ne retrouve donc que dans le Vat. sir. 217 au f. 62r)70.
ܘܢܬܟܐܠ ܐܦ ܫܡܫܐ ܕܐܠ ܢܥܒܪ ܐܠܘ ܓܝܪ ܦܫܝܛ ̈ ܩܘܡܬܐ ܗܘܐ ܗܕܐ ܿܗܘܝܐ ܗܘܬ ܀ ܒܗܠܝܢ ܓܝܪ ܡܝܐ ܕܐܝܬ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ̈ . ܚܡܝܡܐ ̈ ܡܝܐ ܓܝܪ ܠܝܬ ܒܗܘܢ ̈ܪܚܫܐ ܡܛܠ ܕܒܙܒܢ ܩܪܝ̈ܪܐ ܐܝܬܝܗܘܢ ܘܒܙܒܢ ̈ ܿ ܕܡܒܘܥܐ ܚܠܝܢ ܘܒܣܝܡܝܢ ܘܥܐܠܝܢ ܠܝܡܐ ܡܠܝܚܘܬܗ ܕܝܡܐ ܕܢܗܪܘܬܐ ܐܦ ܿ ܿ ̈ ̈ ̈ ܐܟܐܠ ܠܗܘܢ ܠܗܠܝܢ ܡܝܐ ܒܣܝܡܐ ܟܠܗܘܢ ܓܝܪ ܝܡܡܐ ܒܐܘܩܝܢܘܣ ܪܒܐ ܗܘ ܿ ܠܟܠܗ ܐܪܥܐ ܿܫ ̈ܕܝܢ ܘܗܘ ܐܘܩܝܐܢܘܣ ܿܫܕܐ ܠܗܘܢ ܠܒܪ ܿ ܿ ܕܚܕܪ ܿ ܒܗܘ ܝܡܐ ܠܗ 70
Voici ces lignes inédites : «
80
État des sources
Le ms. Vat. sir. 555 insère ce que nous appelons le Traité sur la composition de la terre dans un traité plus long comprenant notamment plus de dix feuillets de texte avant le passage sur la composition de la terre. Le traité long, qui commence au f. 46r, attribue d’ailleurs la totalité du texte non plus à Bérose, mais à un certain Rufin : Tit. (f. 46r): « Discours d’un philosophe appelé Rufin à son disciple Théon »
̈ ܬܘܒ ܡܡܠܐܠ ܕܐܢܫ ܡܢ ܦܝܠܘܣܘܦܐ ܕܫܡܗ ܪܘܦܝܢܘܣ ܕܠܘܬ ܬܠܡܝܕܗ ܬܐܝܘܢ ܀ Inc. (f. 46r) : « Il convient à l’homme qui est sage d’être formé dans toutes les choses de son temps, avec et contre son temps (?) et de ne pas s’opposer aux choses de son temps, mais d’être patient, à la manière d’un homme sage. »
ܕܥܡ ܟܠ ܡܕܡ ܒܙܒܢܗ ܘܥܡ ܙܒܢܗ ܘܠܘܩܒܠ. ܠܒܪܢܫܐ ܕ ܿܚܟܝܡ.ܿܙܕܩ ܠܗ ܗܟܝܠ ܘܠܘܩܒܠ ܡܕܡ ܒܙܒܢܗ ܐܠ ܢܗܘܐ ܿܩܐܡ ܐܐܠ ܢܓܪ ܪܘܚܗ. ܙܒܢܗ ܡܬܕܒܪ .ܐܝܟ ܓܒܪܐ ܚܟܝܡܐ Enfin, il faut relever que dans le supplément de texte qui se trouve entre les feuillets 46r et 59r se trouve un développement particulièrement intéressant (f. 54v-56r) concernant l’astronomie, que nous éditons par ailleurs et dont nous rediscuterons dans la troisième partie de notre thèse (III. Section 2. 4. d. « Traité sur les éclipses de lune »).
2. Édition Levi Della Vida (1951) / Traduction (1910/13)
ܫܗܝܐ ܘܦܗܝܐ ܕܠܒܪ ܡܢ ܟܠܗ ܥܠܡܐ ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܒܐܘܩܝܢܘܣ ܝܡܐ ܪܒܐ ܿܥܡܕ ܿ ܦܝܗ ܕܐܪܥܐ ܐܝܬܘܗܝ ܘܡܚܕܐ ܿ ̈ ܿ ܕܒܣܘ ܕܢܚܬ ܫܡܫܐ ܠܝܡܐ ܘܢܚܬ ܡܛܠ ܿ ܘܕܚܝܐܠ ܘܗܟܢ ܿܥܡܕ ̈ ̈ ܘܢܚܬ ܘܥܐܠ ܘܫܝܐ ܕܐܘܩܝܐܢܘܣ ܪܒܐ ܿܝܗܒ ̈ܩܐܠ ܿ ܬܪܝܨܐܝܬ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܐܝܟ ܿܗܝ ܡܪܕܝܬܐ ܕܗܝ ܐܘܪܚܐ ܕܐܚܝܕ ܗܘܐ ̈ ܡܛܥܝܢܐ » ܠܬܚܬ ܓܝܪ ܡܢ ܐܪܥܐ ܐܝܬ ܠܗ ܬ̈ܪܥܐ ܕܢܥܒܪ ܒܗܘܢ 81
État des sources
G. Levi della Vida a tout d’abord édité et traduit en italien le traité De la composition de la terre, à partir du seul manuscrit Vat. sir. 217, en 1910. Son travail fut publié par la Rivista degli studi orientali71. Quarante ans plus tard, G. Levi della Vida publiait pour les Atti della Accademia dei Lincei une « édition critique » de ce même traité en tenant compte des deux manuscrits Vat. sir. 217 et Vat. sir. 555 et en prenant le texte du Vat. sir. 555 pour base72. Il faut signaler que la traduction italienne73 proposée, quant à elle, part, non pas du texte syriaque, mais de la version arabe qu’il édite également dans le même article74. Cette version arabe faisait de son auteur un certain Stomathalassa s’adressant toujours au disciple Théon. Il faut se méfier de la dernière édition proposée par G. Levi Della Vida : elle ne reflète absolument pas le contenu du manuscrit Vat. sir. 555, qu’elle est censée prendre pour base, puisque tout un passage astronomique, présent dans la copie du ms. Vat. sir. 555, disparaît dans son édition : G. Levi Della Vida a sans vergogne taillé ce passage qui couvrait les f. 54v56v, pour faire correspondre son édition syriaque à la version arabe ! Ceci est d’autant plus regrettable que le passage oublié (f. 54v-56v) traitait véritablement d’astronomie75.
3. Études Pour l’étude de ce texte et la comparaison des deux versions syriaques entre elles et avec la version arabe, et pour une discussion sur les titres et attributions de ces textes, on se reportera à deux articles de G. Levi della 71
LEVI DELLA VIDA, « Pseudo-Beroso », 1910, p. 7-43 [Ajouts et corrections aux p. 611612 et dans RSO 6, 1913, p. 772-773]. Pour l’édition, voir p. 10 à 24 ; pour la traduction, voir p. 25 à 39. 72 Pour l’édition critique du texte syriaque, voir LEVI DELLA VIDA, « La Dottrina », 1951, p. 514-524. 73 LEVI DELLA VIDA, « La Dottrina », 1951, p. 524-540; pour la traduction des suppléments contenus dans Vat. sir. 217 et Vat. sir. 555, voir p. 540 à 542. 74 G. Levi Della Vida propose en réalité également une traduction du texte syriaque pour les parties qui ne se retrouvent pas dans les manuscrits arabes : cela correspond aux f. 46r-48r (qui n’ont rien à voir avec l’astronomie) ainsi qu’aux f. 62r-62v (mélange d’astronomie archaïque et de météorologie) du Vat. sir. 555. Il faut consulter pour cela LEVI DELLA VIDA, « La Dottrina », 1951, p. 541-542 (= LEVI DELLA VIDA, Pitagora, Bardesane, 1989, p. 189-191). 75 Nous discutons de ce texte dans notre Partie 3, section II. 4. d. (« Traité sur les éclipses de lune »). 82
État des sources
Vida, publiés en 1947 et 1950, qu’on lira commodément dans une compilation d’articles de G. Levi Della Vida que R. Contini publia en 1989 sous le titre : G. Levi Della Vida, Pitagora, Bardesane e altri studi siriaci76. Il s’agit des articles suivants : - « Sopra un trattato di ermetismo popolare in siriaco e in arabo », Ricerche religiose 18, 1947, p. 350-362 (les pages 358-362 sont consacrées
au
contenu
astronomique,
météorologique
et
cosmographique de ce texte, ainsi qu’aux sources utilisées). - « La Dottrina e i Dodici Legati di Stomathalassa. Uno scritto di ermetismo popolare in siriaco e in arabo », Atti della Accademia dei Lincei [Memorie, Classe scienze morale], sér. 8, vol. 3, 1950, p. 477-542 (Les chapitres 11 et 12 traitent plus particulièrement d’astronomie).
76
LEVI DELLA VIDA, Pitagora, Bardesane, 1989. 83
État des sources
IV. Basile, Exposé sur la course de la sphère céleste
Cette lettre, attestée dans le seul ms. Vat. sir. 516 (f. 26r-31r), met en scène un certain Basile exposant à un « ami de l’enseignement »77 la théorie sur la sphéricité de la terre ainsi que la durée de révolution des sept astres errants. Le contenu de cette lettre est en accord avec celui de la citation de Bardesane (vu plus haut) faite par Sévère Sebokht, mais le lexique employé diffère quelque peu.
1. Manuscrit Vat. sir. 516 (f. 26r-31r)
La Bibliothèque Apostolique Vaticane conserve, dans son fonds syriaque, sous la cote Vat. sir. 516, un manuscrit très intéressant qui n’a pourtant fait l’objet que d’une brève notice dans le catalogue qu’A. Van Lantschoot consacra aux dernières acquisitions de cette bibliothèque en 196578. Ce manuscrit nous intéresse particulièrement, non seulement parce qu’il est exclusivement consacré à l’astronomie, à la météorologie et à l’astrologie, mais aussi parce que nous pensons qu’il contient aux f. 26r à 31r un texte astronomique ancien. A. Van Lantschoot a décrit ce manuscrit comme étant une production du
XIX
e
siècle, portant une écriture syro-
orientale, sur 171 feuillets, répartie sur 13 à 17 lignes par page, de format 200 x 145 mm. Après avoir observé ce manuscrit de plus près, nous pouvons préciser que ses 171 feuillets se répartissent sur 19 cahiers (9 quaternions et 9 quinions). Seul le dernier quinion est incomplet. Bien que le manuscrit se présente sous la forme de deux unités codicologiques distinctes79, la main semble se poursuivre d’une unité à l’autre80. Nous notons que l’écriture, très négligée, est répartie sur pratiquement toute la page, dépassant souvent le cadre préalablement tracé à la mine. L’encre marron-noire alterne régulièrement avec des encres violette et rouge. Les 77
Expression que l’on retrouve couramment dans les autres textes astronomiques syriaques et notamment chez Sévère Sebokht. 78 VAN LANTSCHOOT, Inventaire des manuscrits, 1965, p. 45-46. 79 Les neufs premiers quaternions constituent la première unité codicologique qui comprend donc les feuillets 1 à 72. 80 Selon Van Lantschoot, il s’agit de deux mains différentes. Voir VAN LANTSCHOOT, Inventaire des manuscrits, 1965, p. 45. 84
État des sources
numéros de pages sont inscrits en chiffres modernes au milieu de la marge supérieure et en lettres arabes dans le coin extérieur de la marge inférieure. La reliure occidentale, récente, présente des plats en carton beige clair et un cuir rouge sur le dos. Le texte qui nous intéresse se trouve dans la première unité codicologique : les neuf premiers cahiers de cette unité sont constitués d’un papier clair très épais, à 18 vergeures par 20 mm. La marge extérieure est gravement rongée, sur 30mm, par les vers81. Les cinq premiers cahiers se différencient des autres en ce qu’ils présentent un cas très particulier de « signatures en miroir ». Ces signatures ont été présentées par André Binggeli comme une caractéristique des manuscrits christo-palestiniens82. Dans la première unité codicologique, on trouve les textes suivants : f. 1v-24v, un Traité de météorologie dans lequel nous avons trouvé une liste des signes du zodiaque présentant une terminologie ancienne, semblable à celle du ms. BL Add. 14 658, f. 149v ; au f. 24v commence un Traité sur « le calcul de la lune » (ou combien de jours la lune se lève-t-elle dans un mois solaire ?), rédigé en l’an 1769 des Grecs (= 1548 apr. J.-C.) ; f. 26r31r, Exposé sur la révolution de la sphère céleste de Basile ; f. 31r, Démonstration relative aux nœuds ascendant et descendant ; f. 32v, Traité sur les éclipses de lune et de soleil ; f. 33v, un autre Traité sur l’éclipse de lune (avec au f. 34v un exemple pour l’an 1935 des Grecs) ; au f. 36r commence un autre texte sur les cinq planètes ; f. 37v, liste des signes du zodiaque (la terminologie employée est différente et plus moderne que celle recensée dans le traité météorologique), suivie d’une liste des sept « zones du ciel » ; f. 38v, autre démonstration à propos des signes du zodiaque (commence un chapitre consacré à l’influence des planètes sur la terre en fonction de leur position sur le zodiaque) ; f. 39r, Traité sur l’apparence des planètes ; f. 39v, début d’un chapitre sur la circonvolution ( ) ܟܪܘܟܝܐdes 12 signes et leur déplacement durant l’année. Le f. 45r est laissé en blanc et le scribe reprend à partir du f. 45v et jusqu’au f. 144v sur des sujets qui mêlent l’astrologie à la médecine. 81
La seconde unité codicologique est constituée d’un papier nettement plus fin, transparent, lisse et sombre dont les vergeures sont invisibles. 82 Présentation des caractéristiques codicologiques des manuscrits christo-palestiniens, faite à Nice (oct. 2011) lors du Worshop intitulé « The making of the oriental book » organisé par le programme Comparative Oriental Manuscript Studies financé par l’ESF (European Science Foundation). 85
État des sources
L’Exposé sur la course de la sphère céleste attribué à un certain Basile se trouve donc au f. 26r-31r. Tit. (f. 26r) : « D’après l’exposé de Basile au sujet de la course de la sphère céleste »
݃ ܡܢ ܿܡܡܠܐܠ ܕܒܣܝܠܝܣ ܛܡܛܠ ܡܪܕܝܬܐ ܕܓܝܓܐܠ ܕܫܡܝܐ
Inc. (f. 26r) : « Puisque tu m’as demandé, ô ami de l’enseignement, de quelle manière s’effectue la course du ciel, je te répondrai, autant qu’il est en mon pouvoir […] »
ܿ ܡܛܠ ܿܕܬ ܿܒ ݃ ܐܘ ܪܚܡ ܝܘ ܿ ܥܬ ܡܢܝ ܿ ܠܦ ݃ܢܐ ܿ ܕܐ ܝܟ ݃ܢܐ ܐܝܬܝܗ ܿܡܪܕܝ ݃ܬܐ ݃ܗ ܛܕܐ ܛ ܛ ݃ ܐ ܿܡ ܿ . ܫܡ ݃ܝܐ ݃ ܐܝܟ ܿܚ ݃ܝܐܠ ܕܝܠܝ ݃ܠܟ ܿ ܿܕ ܪܢܐ ݃݃
ܿ
݃
ܿ ܕܓܢܒܪܐ ܨܠܝ ݃ܒܐ ܕܝܘܠܦܢܐ ܘܐܝܬܝܗܘܢ ܿ ܘܟܠ ܛܒܗ ݃ ܠܓ Des. (f. 31r) : ܪܒܝܐ ܡܢ
݃ ܕܫ ݃ ܕܡ ܿ ܘܡ ݃ܬܐ ܿ . . ܠܘ ̈ܫܐ ݃ ܒܬܐ ܒܗܘܢ ܿ ܟܠܝ ݃ܐܠ ݃ ܒܥܐ ܿܝ ݃ ܘܫ ̈ ܒܗܠܝܢ ܿܢ ܗܝܪܐ
ܛܡܬܒܥ ܛܝܢ ܀܀܀ 2. Étude
Pour une première approche de ce texte, on pourra se reporter à la troisième partie de cette thèse (Partie III, section II, 3.).
86
État des sources
V. Traité sur la cause des éclipses de lune (texte anonyme) Inédit et jusqu’alors mal identifié quant à son contenu, à sa longueur et à son auteur, le Traité sur la cause des éclipses de lune nous apporte un témoignage exceptionnel sur l’état du savoir astronomique syriaque à l’époque qui nous intéresse. Nous avons estimé sa date de rédaction au
e
VI
siècle, considérant, au vu du langage astronomique, que son auteur devait être plus ou moins contemporain de Sergius de Reš‘ayna83. L’objectif principal de l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune est de prouver que la cause de l’éclipse de lune réside dans la projection de l’ombre de la terre sur la lune et de réfuter la théorie de l’Atalya84. Cette dernière théorie consistait à penser qu’il y avait dans le ciel un dragon dont la tête et la queue viendraient s’intercaler entre la terre et la lune ou le soleil, provoquant les éclipses. Pour appuyer son propos et réfuter cette théorie qu’il attribue aux Chaldéens, l’auteur fait appel à l’autorité d’Aristote et de Claude Ptolémée. 1. Manuscrit Paris BnF syr. 346 (f. 51v-54r et 55v-60r) 85
Le Traité sur la cause des éclipses de lune se trouve dans le Paris BnF syr. 346 aux feuillets 51v à 54r et se poursuit normalement aux feuillets 55v à 60r. Il se situe après le Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht et précède un chapitre anonyme (f. 60r-61v)86 intitulé Sur la cause pour laquelle les cornes de la lune sont droites ou obliques. Tit. (f. 51v) : « Chapitre suivant87 : quelle est la cause de l’éclipse de lune ? Pour quelle raison s’obscurcit-elle parfois complètement et parfois de
83
Voir à ce propos notre Partie 3, section II, 2. b. Ce mot serait à rapprocher de l’assyrien atalû qui signifie « éclipse ». Il est rendu par le terme « dragon » par F. Nau. Sur l’origine et le développement de la théorie astrologique du « dragon » à travers la littérature syriaque, voir l’article de FURLANI, « Tre trattati astrologici », 1947, p. 569-606. 85 Voir une description dans NAU, « La cosmographie », 1910, p. 229-230. 86 Cet anonyme cite Jacques d’Édesse et Sévère Sebokht. 87 Le scribe a écrit au dessus du texte, dans une écriture plus petite : « Nous écrivons ces chapitres sur le soleil et la lune à partir d’un autre manuscrit ». Dans la marge de gauche, la même main a écrit de façon verticale : « à partir de là, il manque le chapitre suivant » ; dans la marge de droite, la même main a écrit de façon verticale : « tout comme nous avons écrit 84
87
État des sources
façon incomplète ? Pour quelle raison s’obscurcit-elle parfois au nordest et parfois au sud-est ? »
ܿ ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܩܦܐܠܘܢ ܐܚܪܢܐ ܥܠ ܿܗܝ ܿ ܟܠܗ ܚܫܟܐ ܘܒܙܒܢ ܠܘ ܿ ܘܡܛܠܡܢܐ ܒܙܒܢ ܘܡܛܠܡܢܐ ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ. ܟܠܗ . ܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܡܕܢܚ ܬܝܡܢ. ܿܡܕܢܚ ܓܪܒܝ ܿܚܫܟܐ Inc. (f. 51v) : « Pour ce faire, nous traiterons, dans cette section, de l’éclipse lunaire. »
ܿ ܠܗܘ ܿܡܐ ܕܐܡܪ ܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ ܿ ܘܒܗܐ ܣܕܪܐ ܪܫܡܝܢܢ Des. (f. 59v) : « Nous achevons ici notre propos en citant le prophète de Dieu, sage entre tous devant le créateur de toute chose admirable : « Comme tes œuvres sont grandes, Seigneur, et tes desseins profonds ! Fou l’homme qui ne le sait pas et sot celui qui ne l’a pas compris ».
ܿ ܿ ܟܕ ܥܡ ܢܒܝܐ ܐܠܗܝܐ. ܢܢܝܚܝܗ ܠܡܠܬܢ ܘܚܟܝܡ ܒܟܠ ܠܘܬ ܚܢܢ ܕܝܢ ܗܪܟܐ ݃ . ܕܡܐ ܪܘ̈ܪܒܝܢ ̈ܥ ܿܒܕܝܟ ܡܪܝܐ ܿ ܐܡܪܝܢܢ ܆ ܿ ܿܥܒܘܕܐ ܕܟܠ ܒܕܘܡܪܐ ܘܛܒ ܿ ܿ . ܓܒܪܐ ݃ܫܛܝܐ ܐܠ ܿܝܕܥ. ܡܚܫܒܬܟ ̈ ̈ ܥܡܝܩܢ ܡܣܬܟܠ ܘܣܟܐܠ ܐܠ . ܒܗܕܐ Exp. (f. 59v-60r) : « Fin du Traité sur la cause de l’éclipse des astres et qu’il n’y a pas d’Atalya et d’où vient l’éclairement de la lune ; fait par le saint évêque Sévère dit Sebokht le nisibéen » (sic)
ܘܕܠܝܬܘܗܝ.ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܠ ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܚܣܝܐ ܐܦܝܣܩܘܦܐ. ܘܕܡܢ ܐܝܟܐ ܡܬܢܗܪܐ ܣܗܪܐ.ܐܬܠܝܐ .ܣܐܘܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܣܒܘܟܬ ܢܨܝܒܢܐ
ces propos qu’a tenus Sévère Sebokht dans les sections mentionnées »). En l’occurrence, les sections mentionnées dans le texte sont les sections 20 et 300. Ces assertions du copiste nous apparaissent confuses, car si effectivement le manuscrit comprend un chapitre 20 attribué à Sévère Sebokht, il s’agit bien d’un chapitre ( ) ܩܦܐܠܘܢet non d’une section () ܣܕܪܐ. De plus, la lettre de Sévère, à laquelle le copiste renvoie, ne traite absolument pas « en long et en large des étoiles » comme le dit l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune (en parlant de la fameuse section 20), mais du calcul de la position des nœuds ascendant et descendant. 88
État des sources
L’attribution à Sévère Sebokht est, à notre avis, l’œuvre du copiste qui, cherchant à combler une lacune dans sa collection des œuvres de l’évêque de Qennešrin (comme il l’indique en marge), a substitué à un Traité sur la cause des éclipses des luminaires de Sévère Sebokht, le Traité sur la cause des éclipses de lune d’un autre auteur anonyme qui faisait vraisemblablement partie de la bibliothèque de Sévère Sebokht88. Quoi qu’il en soit, le copiste du
XIV
e
siècle, ou peut-être l’un de ses prédécesseurs,
avait dû considérer que ce texte appartenait à un fonds ancien. Il faut signaler qu’un autre texte a été inséré aux feuillets 54v-55r, portant sur la cause des éclipses de soleil. Cet ajout provoque une rupture nette du Traité sur la cause des éclipses de lune à la fin du feuillet 54r, qui reprend normalement, exactement là où il s’était arrêté, au feuillet 55v. Ceci est confirmé par la présence d’une phrase de réclame (à l’encre rouge) à la fin du f. 54r, annonçant les premiers mots du feuillet 55v.
2. Édition et traduction Pour l’édition et la traduction du Traité sur la cause des éclipses de lune, on se reportera à la deuxième partie de cette thèse (Texte 1). Notre édition reprend le texte du Paris BnF syr. 346, f. 51v-60r. Nous n’avons pas tenu compte des feuillets 54v-55r que le copiste a manifestement rempli a posteriori, après les avoir laissés en blanc (par erreur ?). En effet, le texte qu’on peut lire sur les feuillets 54v et 55r porte sur la cause, non plus des éclipses de lune, mais sur celle des éclipses de soleil. Ce texte est vraisemblablement, au vu de la langue et de la façon de présenter le sujet, du même auteur que celui du Traité sur la cause des éclipses de lune.
3. Études
Le Traité sur la cause des éclipses de lune que nous avons édité et traduit d’après le ms. Paris BnF syr. 346 n’est vraisemblablement pas de Sévère Sebokht. Des doutes quant à cette attribution avaient déjà été émis
88
Voir à ce propos notre Partie 3, section II, 2. b. 89
État des sources
par F. Nau89, puis plus récemment par H. Takahashi90. L’étude linguistique que nous avons menée dans la troisième partie de cette thèse finit, nous l’espérons, de trancher la question en envisageant plutôt une date de production contemporaine de Sergius de Reš‘ayna. La langue de ce texte présente en effet des points communs beaucoup plus nets avec le langage astronomique de cet auteur du début du VIe siècle qu’avec la prose de Sévère Sebokht, nettement plus influencée par la terminologie grecque. F. Nau avait donné un résumé de ce traité et, en guise d’illustration, avait édité et traduit de petits extraits tirés des feuillets 58r, 58v et 59v qu’il a commentés91. Il rapproche notamment les passages où l’on démontre qu’il n’existe pas d’Atalya – ces chapitres sont dirigés contre les astrologues qui attribuaient des propriétés particulières aux lieux d’éclipse – avec le texte de Sergius de Reš‘ayna (dans lequel les jours employés par la lune pour parcourir les lieux d’éclipses étaient censés être des jours néfastes)92.
89
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 229 (note 2 : « Une note marginale porte : ܗܠܝܢ ̈ . Nous avons tiré ces chapitres d’un . ܩܦܐܠ ܡܢ ܢܘܣܟܐ ܐܚܪܢܐ ܟܬܒܢܢ ܕܥܠ ܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ autre traité sur le soleil et la lune. Le manuscrit est l’œuvre d’un compilateur qui emprunte à des sources diverses, comme nous le verrons »). 90 TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 480 (note 11: « The attribution of this piece to Severus requires further study, since, although it is attributed at its end to Severus, a marginal note ascribes the second chapter (on the lunar eclipse) to George of the Arabs ».). En réalité, la note marginale indique seulement « Georges », et cette indication n’apparaît qu’aux feuillets 54v-55r qui, comme on l’a vu, ont été vraisemblablement remplis après coup par le copiste. 91 Voir NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 219- 224. 92 NAU, « La cosmographie », 1910, p. 227. 90
État des sources
VI. Extrait d’un Chapitre sur la cause des éclipses solaires, anonyme (Paris BnF syr. 346, f. 54v-55r)
Dans le manuscrit Paris BnF syr. 346, au beau milieu de la copie du Traité sur la cause des éclipses de lune, se trouve, comme nous l’avons dit précédemment, un autre texte qui vient interrompre sur deux pages le Traité sur la cause des éclipses de lune. Il s’agit d’un chapitre sur la cause des éclipses de soleil. Étant donné le sujet abordé, le type de vocabulaire et la syntaxe en usage dans cet extrait, il est possible que son auteur soit le même que celui du Traité sur la cause des éclipses de lune. Une note marginale, d’une autre main, apparaissant dans la marge supérieure du f. 54v indique : « » ܩܦܐܠܘܢ ܗܢܐ ܓܐܘܪܓܝ/ « Ce chapitre est de Georges ». Tit. (f. 54v) : « Chapitre sur la cause de l’éclipse du soleil ; pour quelle raison se voile-t-il parfois complètement et parfois de façon partielle ? Pour quelle raison se voile-t-il parfois par l’ouest exactement, parfois par le sud-ouest, et parfois par le nord-ouest ? »
ܿ ܥܠܗܝ ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܝܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܡܛܠܡܢܐ ܒܙܒܢ ܩܦܐܠܘܢ ܘܡܛܠܡܢܐ ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܡܥܪܒܐ. ܘܒܙܒܢ ܡܢܬܐ ܡܢܗ. ܟܠܗ ܡܬܚܦܐ ܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ. ܬܪܝܨܐܝܬ ܡܬܚܦܐܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܡܥܪܒ ܬܝܡܢ . ܡܥܪܒ ܓܪܒܝ Inc. (f. 54v) : « Et ils ont dit : « dans la section 20, nous avons illustré et démontré largement quelle était la cause véritable des éclipses de soleil et de lune et qu’il est faux qu’Atalya en est la cause, comme l’ont dit certains. Ainsi nous voulons à présent faire le point et ajouter des éléments d’illustration spécifique au sujet de l’éclipse solaire, comme nous l’avons fait au sujet des éclipses de lune. »
ܿ ܐܬܝܗ ܥܠܬܐ ܕܐܝܕܐ. ܘܐܡܪܝܢ ܕܒܣܕܪܐ ܕܟܦ ܪܫܡܢܢ ܘܚܘܝܢܢ ܦܬܝܐܝܬ ܿ ܘܕܠܘ ܡܢ. ܡܪܐܢܝܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ ܥܠܬ ܐܬܠܝܐ ܿܗܘܝܐ ̈ ܬܘܒ ܿܫܘܕܥܢܢ ܬܢܢ ܕܝܢ ܡܢܬܐܝܬ ܘܕܝܠܢܐܝܬ. ܐܢܫܝܢ ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ
91
État des sources
ܡܘܣܦܝܢܢ ܠܡܪܫܡ ܥܠ ܐܩܠܝܦܣܝܣ ܫܡܫܢܝܬܐ ܐܟܡܐ ܕܪܫܡܢܢ ܥܠ . ܩܠܝܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ Des. (f. 55r) : « Aussi au sujet de ces nœuds qu’on appelle ascendant et descendant, avons-nous offert une illustration dans la section 20 au sujet de leur déplacement de signe en signe ou disons de révolution sur toute la couronne des signes du zodiaque. Fin. »
̈ ܬܘܒ ܕܝܢ ܘܥܠ ܗܠܝܢ ܢܘܩܕܬܐ ܕܡܬܩ̈ܪܝܢ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܒܗ ̄ ܒܣܕܪܐ ܕܩ ̄ܦ ܪܫܡܢܢ ܐܝܟܢܐ ܡܬܐܡܪ ܥܠܝܗܝܢ ܫܘܢܝܐ ܆ ܡܢ ܡܠܘܫܐ ̈ ܠܡܠܘܫܐ ܐܘܟܝܬ ܟܪܘܟܝܐ ܕܒܟܠܗ ܟܠܝܐܠ ܕܡܠܘܫܐ ܫܠܡ
Nous ne recensons aucune étude particulière sur ce texte. La note marginale a fait émettre l’hypothèse, de la part de F. Nau, puis d’H. Takahashi, que l’ensemble des f. 51v-60r (qui comprennent donc en réalité non pas un, mais deux traités) pouvait être de Georges des Arabes. Mais cette attribution à Georges des Arabes ne se fonde que sur la seule présence de cette note marginale. Dans la troisième partie du présent travail de thèse, une analyse codicologique conjuguée à une étude linguistique du texte (application des critères de datation) nous a indiqué que le Traité sur la cause des éclipses de e
lune avait peu de chance de pouvoir être d’un auteur postérieur au
VI
siècle
apr. J.-C. L’état du lexique astronomique en usage dans ce texte (influence quasi nulle du grec, faible présence de néologismes), nous a même fait penser qu’il pouvait s’agir de la production d’un contemporain de Sergius de Reš‘ayna ou d’un auteur légèrement antérieur (tout début du
e
VI
s.). Si le
petit extrait sur la cause des éclipses de soleil est, comme nous le pensons, du même auteur que celui du Traité sur la cause des éclipses de lune, il faut donc le classer parmi les productions du début du
e
VI
siècle. Une édition et
une traduction de ce texte seraient bien entendu les bienvenues pour envisager de creuser la question de cette attribution et du rapport des deux textes entre eux.
92
État des sources
VII. Traités attribués à Sergius de Reš‘ayna
Sergius de Reš‘ayna
93
, connu pour avoir traduit et commenté des
traités de Galien et d’Aristote au
e
VI
siècle, a également manifesté un
sérieux intérêt pour les sciences mathématiques94. Deux traités de cet auteur, relatif aux astres, nous sont parvenus : une traduction du traité pseudoaristotélicien Περὶ κόσμου ainsi qu’un Traité sur l’influence de la lune directement rédigé en syriaque et inspiré du Περὶ κρισίμων ἡμερῶν de Galien. Ces textes se trouvent dans un manuscrit du
e
siècle : le BL Add.
VII
14 658. Il faut ajouter à cette liste une traduction du Commentaire aux Épidémies VI d’Hippocrate de Gésius (Ve siècle) tout récemment identifié par Gregory Kessel95 et qui contient des passages relatifs à l’astronomie. A. Le Περὶ κόσμου du Pseudo-Aristote
1. Les manuscrits a. BL Add. 14 658 [ancien cod. syr. 987] (f. 107v-122r) (VIIe s.)
La British Library possède sous la cote BL Add. 14 658 une pièce fort rare et très précieuse qui nous viendrait tout droit du
93
e
VII
siècle. E. Renan a
Pour une étude d’ensemble sur l’activité de Sergius de Reš‘ayna voir BAUMSTARK, « Lucubrationes », 1894, p. 358-384 et BAUMSTARK, Geschichte, 1922, p.167-169. On tiendra également compte des remarques faites par H. Hugonnard-Roche à propos du corpus de Sergius de Reš‘ayna dans HUGONNARD-ROCHE, « Aux origines de l’exégèse orientale », 1989, p. 1-17 et dans ID., « Notes sur Sergius », 1997, p. 121-144. 94 Voir son propre témoignage dans l’épitomé qui précède sa traduction du Traité sur les causes du tout d’Alexandre d’Aphrodise d’après FIORI E., « L’épitomé syriaque du Traité sur les causes du tout d’Alexandre d’Aphrodise attribué à Serge de Reš‘ayna », Le Muséon 123, 2010, p. 145 et KING D., « Alexander of Aphrodisias’ On the Principles of the Universe in a Syriac Adaptation », Le Muséon 123, 2010, p. 166. 95 KESSEL G., « The Syriac Epidemics (MS Damascus Syr. Orth. Patr. 12/25) and its Relation to the Commentary of Galen », conférence présentée à l’occasion du colloque intitulé ‘Epidemics in Context: Hippocrates, Galen and Hunayn between East and West’ au Warburg Institute qui s’est tenu le 12 et le 13 Novembre 2010. Cette identification remet en cause celle proposée précédemment par Rainer Degen dans DEGEN R., « Galen im Syrischen: eine Übersicht über die syrische Überlieferung der Werke Galens » in NUTTON V. (ed.), Galen : Problems and Prospects, London, Wellcome Intitute for the history of Medecine, 1981, p. 151. 93
État des sources
fait connaître ce manuscrit, au moyen d’une longue notice, dès 1852 96. W. Wright en donne également une notice détaillée dans le troisième volume de son catalogue97. C’est un recueil de textes philosophiques profanes (à l’exception d’une apologie du christianisme due à un certain « Ambros, prince des Grecs »98, aux feuillets 161r à 163r, et d’ un « Discours du philosophe Méliton adressé à Antonin César pour lui faire connaître Dieu et la voie de la vérité » 99 aux feuillets 176r-181v ). Le manuscrit est en parchemin de format 286 x 184 mm et se compose de 188 feuillets. L’écriture en esṭrangelo claire et régulière (estimée du
e
VII
siècle)
se répartit sur deux colonnes par page à raison de 37 lignes environ par colonne. La présence de signatures nous permet de voir que le premier cahier est manquant. Les trois derniers sont dans un très mauvais état. Le manuscrit devait présenter 22 cahiers à l’origine. La date exacte et le lieu de copie nous échappent. Il est difficile de savoir qui a pu commanditer un tel manuscrit : assurément une personne ou une communauté de langue syriaque versée dans les sciences profanes. W. Wright pensait que la plupart des textes contenus dans ce manuscrit étaient dus à Sergius de Reš‘ayna. Mais son nom n’est en fait mentionné que dans les textes de sa propre composition, les traductions ne lui sont pas explicitement attribuées100. Les cent premiers feuillets qui restent sont consacrés à la logique ; les trente derniers composent une sorte de recueil de sentences philosophiques ; entre ces deux ensembles on trouve, sur cinquante feuillets :
96
RENAN E., « Lettre à M. Reinaud sur quelques manuscrits syriaques du Musée britannique, contenant des traductions d’auteurs grecs profanes et des traités philosophiques », JA 19 (sér. 4), 1852, p. 293-324 ; voir aussi une brève notice du même auteur dans De philosophia peripatetica apud Syros. Commentationem historicam, Paris, A. Durand, 1852, p. 25-26. 97 WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1154-1160. 98 RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 302 décrit ce texte comme une « apologie chrétienne, remplie de controverses contre les dieux du paganisme, à la manière de Tatien et d’Hermias ». 99 D’après RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 305-306 : « Un fragment de 22 colonnes, contenant tout le début de l’apologie de Méliton, évêque de Sardes, adressée à Marc-Aurèle, après la mort de Lucius Vérus, vers l’an 175. On ne possédait de cet important ouvrage que de très courts fragments, conservés par Eusèbe ». 100 H. Hugonnard-Roche a démontré notamment que la traduction des Catégories d’Aristote contenue dans ce manuscrit n’était pas de Sergius (cf. HUGONNARD-ROCHE H., « Sur les versions syriaques des Catégories d’Aristote », JA 275, 1987, p. 205-222) ; pour les problèmes d’attributions abusives faites à Sergius de Reš‘ayna, voir aussi HUGONNARDROCHE, « Aux origines de l’exégèse orientale », 1989, p. 1-5. 94
État des sources
- La traduction du Traité sur la cause du tout d’Alexandre d’Aphrodise par Sergius de Reš‘ayna. - La traduction du Περὶ κόσμου par Sergius de Reš‘ayna. - Un extrait du De natura hominis de Némésius d’Émèse. - Un traité de Sergius de Reš‘ayna Sur le genre, les espèces et l’individualité. - Le Livre des Lois des Pays attribué à Bardesane. - Le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna. - L’Exemple sur les mouvements du soleil. - La liste des signes du zodiaque attribuée à l’école bardesanite. La traduction syriaque du Περὶ κόσμου se trouve aux feuillets 107v122r de ce manuscrit BL Add. 14 658. Le copiste attribue clairement cette traduction à Sergius de Reš‘ayna.
Tit. (f. 107v) : « Lettre du philosophe Aristote, traduite du grec en syriaque par l’excellent Mar Sergius prêtre de la ville de Reš‘ayna ».
. ܐܓܪܬܐ ܕܐܪܝܣܛܘܛܠܝܣ ܦܝܠܣܘܦܐ ܇ ܕܡܦܫܩܐ ܡܢ ܝܘܢܝܐ ܠܣܘܪܝܝܐ ܠܡܝܬܪܐ ܡܪܝ ܣܪܓܝܣ ܩܫܝܫܐ ܕܪܝܫܥܝܢܐ ܡܕܝܢܬܐ ܀ Inc. (f. 107v) : « La lettre que je t’ai envoyée, mon Cher, est celle qu’a écrite le philosophe Aristote au roi Alexandre au sujet de la connaissance des étants »
ܐܓܪܬܐ ܕܫܕܪܬ ܠܝ ܓܒܝܘܬܟ ܐܝܕܐ ܕܥܒܝܕܐ ܐܠܪܝܣܛܘܛܠܝܣ ̈ ܦܝܠܣܘܦܐ ܇ ܠܘܬ ܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܿܡܠܟܐ ܥܠ ܐܝܕܥܬܐ ܕܗܘܝܐ ܆ Des. (f. 122r) : « Platon a dit : Dieu, suivant l’antique opinion, étant le commencement, le milieu et la fin des êtres, conduit en ligne droite et les fait avancer de façon conforme à la nature ; toujours le suit la justice qui se venge des manquements à la loi divine ; et quiconque veut être meilleur et bienheureux doit suivre étroitement la
95
État des sources
Loi dès le commencement, sans s’en écarter, mais au contraire en la recevant »101
ܦܠܛܘܢ ܐܡܪ ܕܐܠܗܐ ܠܡ ܆ ܐܝܟܐ ܕܐܦ ܡܠܬܐ ܥܬܝܩܐ ܡܟܪܙܐ ܇ ܟܕ ̈ . ܕܗܘܝܐ ܩܢܐ ܇ ܬܪܝܨܐܝܬ ܡܕܒܪ ܫܘܪܝܐ ܘܡܨܥܬܐ ܘܫܘܠܡܐ ܕܝܠܗܘܢ ܘܠܗ ܒܟܠܙܒܢ ܢܩܝܦ ܕܝܢܐ ܕܐܝܬܘܗܝ ܬܒܥܬܐ ܕܐܝܠܝܢ. ܟܕ ܟܝܢܐܝܬ ܪܕܐ ܘܗܢܐ ܒܠܚܘܕܘܗܝ ܥܬܝܕ ܠܡܗܘܐ ܡܝܬܪܐ. ܕܫܒܩܝܢ ܢܡܘܣܐ ܐܠܗܝܐ . ܿܗܘ ܕܗܘ ܠܢܡܘܣܐ ܕܒܪ ܫܥܬܗ ܡܢ ܫܘܪܝܐ ܐܠ ܿܫܒܩ ܠܗ. ܘܛܘܒܬܢܐ ܿ ܐܐܠ . ܢܣܒ ܠܗ Exp. (f. 122r) : « Fin de la lettre qu’envoya Aristote au roi Alexandre au sujet des étants »
ܫܠܡܬ ܐܓܪܬܐ ܕܫܕܪ ܐܪܝܣܛܘܛܠܝܣ ܐܠܠܟܣܢܕܘܣ ܿܡܠܟܐ ܥܠ ܝܕܥܬܐ ̈ . ܕܗܘܝܐ Le texte y est complet et comporte des suppléments par rapport au grec : on trouve en effet une préface du traducteur Sergius de Reš‘ayna, le sixième chapitre est un ajout et il faut voir d’autres ajouts aux chapitres 5 et 7.
b. Ms. syr. 14 du Couvent Ste-Catherine (Mont Sinaï) ( ? ) W. L. Lorimer102 a suggéré que le manuscrit 14 du Couvent SainteCatherine au Mont Sinaï pouvait peut-être contenir une autre copie de ce texte aux feuillets 131r à 140v. En effet, le catalogue des manuscrits syriaques de Sainte-Catherine paru en 1894 mentionne pour ce manuscrit 14 la présence d’un « Aristote » et la composition du manuscrit du Sinaï est 101
Le texte s’achève donc avec une citation de Platon (Lois IV, 715e à 716a et V, 730b), comme dans la version grecque éditée et traduite par Lorimer (cf. LORIMER W. L. (éd.), Aristotelis qui fertur libellus De Mundo. Accedit Capitum V, VI, VII interpretatio syriaca ab Eduardo König Bonnensi Germanice versa, Paris, Les Belles Lettres, 1933, p. 101-103). Nous avons fait en sorte, autant que faire se peut, de faire correspondre notre traduction du syriaque avec la traduction de Tricot réalisée à partir du grec (cf. TRICOT J. (trad.) , Traité du Ciel suivi du Traité pseudo-aristotélicien du monde / traduction et notes [pour les deux textes] par J. Tricot, Paris, Vrin, 1949, p. 204). 102 LORIMER W. L., The text tradition of Pseudo-Aristotle « De Mundo » together with an appendix containing the text of the medieval Latin versions, Oxford, Milford H., 1924, p. 24, note 2. 96
État des sources
tellement proche de celle du manuscrit parisien que W. L. Lorimer est légitimement en droit de se poser la question. Mais nous ne pouvons pas apporter de précision à ce sujet, si ce n’est de présenter ce manuscrit, d’après le catalogue d’A. Smith Lewis 103 : il s’agit d’un assemblage de fragments divers pris à des Pères de l’Église ou à des philosophes antiques. Cette collection porte le titre de : « Collection d’écrits saints pour le bénéfice des âmes ». Le manuscrit est du Xe siècle, mais certains fragments sont postérieurs. En parchemin, de format 210 x 150 mm, il présente 181 feuillets. L’écriture est en esṭrangelo sur une seule colonne, à raison de 25 lignes par page. Le commanditaire n’est pas connu. De la même manière que le BL Add. 14 658, ce manuscrit présente, dans les quarante derniers feuillets, une compilation de sentences philosophiques : parmi les auteurs recensés, on trouve Thémistius, Platon, Didyme, Sérapion, Théodore, Éphrem, Cyrille, Jean Chrysostome, Athanase, Jules de Rome, Justin, etc… Le texte attribué à Aristote précède ce recueil de sentences des feuillets 131r à 140v.
2. Édition Lagarde (1858) La traduction syriaque que Sergius de Reš‘ayna a faite du Περὶ κόσμου a été éditée par P. de Lagarde en 1858 dans ses Analecta syriaca104. Cette édition se fonde sur le seul manuscrit BL Add. 14658. L’ouvrage de P. de Lagarde a connu une réimpression en 1967 grâce à O. Zeller.
3. Traductions Les chapitres 1 à 4 de la version syriaque du Περὶ κόσμου ont été traduits pour la première fois en allemand par V. Ryssel en 1881 105 ; puis les
103
SMITH LEWIS A., Catalogue of the syriac manuscripts in the convent of S. Catherine on Mount Sinai, London, C.J. Clay and Son, 1894, p. 17. Voir également l’appendice p. 127. 104 LAGARDE P., Analecta syriaca, Leipzig, Teubner, 1858 (voir plus commodément la réimpression d’Osnabrück, O. Zeller, 19672 ), p. 134-158. 105 RYSSEL H. V., Über den textkritischen Werth der syrischen Übersetzungen griechischer Klassiker, Leipzig, Fernau, 1881, vol. 2. 97
État des sources
chapitres 5 à 7 ont été traduits, toujours en allemand, par E. König106 en 1933 et introduits à la suite de l’édition du texte grec faite par W. L. Lorimer. Malheureusement, la traduction de V. Ryssel est désormais introuvable et la traduction de E. König a déjà été jugée « pleine de fautes » par W. Raven107. Il semble donc qu’une nouvelle traduction de ce texte soit attendue.
4. Études Le texte pseudo-aristotélicien transmis sous le titre de Περὶ κόσμου fut vraisemblablement composé au
er
I
ou au
II
e
siècle apr. J.-C. en grec.
Nombreuses sont les copies grecques que nous conservons de ce texte. Il fut fréquemment édité depuis le
XV
e
siècle108. Nous avons également hérité de
traductions latines, arméniennes, arabes ainsi que de la fameuse traduction syriaque de Sergius de Reš‘ayna. W. L. Lorimer (1933) est le premier éditeur du texte grec à avoir pris en considération la version syriaque dont il tint compte dans son apparat critique109. Même si son travail d’édition (au regard de la version syriaque) est à reprendre, il faut saluer ses recherches sur les traditions indirectes du texte pseudo-aristotélicien110 : il a notamment montré la proximité des extraits que l’on trouve chez Stobée avec la version syriaque de Sergius, ce qui, d’après le stemma proposé, ferait de Sergius de Reš‘ayna le témoin d’une des copies grecques les plus proches de l’archétype 111.
106
KÖNIG E., « Capitum V, VI, VII interpretatio syriaca germanice », in LORIMER, Aristotelis, 1933, p. 105-118. 107 RAVEN W., « De Mundo : Tradition syriaque et arabe », in GOULET R. (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, Supplément, Paris, 2003, p. 481-483. 108 On trouvera toutes les références nécessaires à ce sujet dans LORIMER, The text tradition of Ps.-Aristotle, 1924 repris dans l’introduction de l’édition du même auteur : LORIMER, Aristotelis, 1933. Signalons également la traduction française de TRICOT J., Traité du Ciel suivi du Traité pseudo-aristotélicien du monde / traduction et notes [pour les deux textes] par J. Tricot, Paris, Vrin, 1949. 109 LORIMER, Aristotelis, 1933. Mais ce travail a été critiqué par RAVEN, « De Mundo », 2003, p. 481 pour qui « Lorimer n’a pas toujours compris le texte de Ryssel et la traduction de König est pleine de fautes, ce qui dévalorise l’apparat critique en ce qui concerne les variantes syriaques ». 110 Voir aussi LORIMER, The text tradition of Ps.-Aristotle, 1924, p. 15-28. 111 LORIMER, The text tradition of Ps.-Aristotle, 1924, p. 18. 98
État des sources
La version syriaque du Περὶ κόσμου a été mentionnée à plusieurs reprises par H. Hugonnard-Roche qui classe cette traduction parmi les œuvres philosophiques de Sergius de Reš‘ayna112. Mentionnons enfin le récent article de W. Raven, paru dans le Dictionnaire des philosophes antiques en 2003, portant sur la tradition syriaque et arabe du Περὶ κόσμου113. Il énumère et donne les références de quatre manuscrits arabes présentant trois versions de ce texte114. Les études portant sur ces versions ont montré que deux d’entre elles avaient été réalisées à partir du syriaque tout en consultant des manuscrits grecs. Mais ces études n’ont pas tenu compte de la version syriaque de Sergius de Reš‘ayna qui leur est restée manifestement inconnue. Une étude comparative des textes arabes avec la version syriaque est donc encore à entreprendre : elle nous renseignerait sur la tradition orientale du Περὶ κόσμου et ferait progresser les études philologiques sur ce texte.
B. Traité sur l’action de la lune Le traité Sur l’action de la lune est le second texte, relatif aux astres, conservé de Sergius de Reš‘ayna. Il est, à notre connaissance, contenu dans un seul manuscrit. Édité pour la première fois en 1870, il est resté jusqu’à présent sans traduction. Notre lecteur sera donc bien content de savoir qu’il pourra enfin accéder à ce texte dont nous présentons une traduction française dans la deuxième partie de cette thèse (texte 2). Le traité se présente comme une explication de la théorie « difficile » présente dans un des traités de Galien relatif aux « jours critiques » (le Περὶ κρισίμων ̈ ἡμερῶν) du point de vue des astronomes ( ܕܐܣܛܪܘܢܡܘ ) ܐܝܟ ܬܪܥܝܬܐ.
112
Voir notamment HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, p. 126. RAVEN, « De Mundo », 2003, p. 481-483. 114 Il s’agit des manuscrits suivants : le ms. Istanbul, Fātiḥ 5323, f. 86r-108r ; le ms. Istanbul, Aya Sofia 4260, f. 97v-120r ; le ms. Princeton 2989, Yahuda 308, f. 293v303v et le ms. Istanbul, Köprülü 1608, f. 182v-189v. Tous ces manuscrits ont été découverts et décrits entre 1935 et 1965. Les trois versions arabes ont été éditées et l’une d’entre elle a fait l’objet d’une traduction en anglais grâce aux soins de D. A. Brafman ( BRAFMAN D. A., The Arabic “De Mundo”: An edition with translation and commentary, PhD Duke University, Durham NC, 1985). 113
99
État des sources
1. Le manuscrit BL Add. 14 658 (f. 141r-149v)
Ce texte est conservé dans le BL Add. 14 658 du feuillets 141r à 149v
e
VII
siècle aux
115
. Il s’agit du douzième texte de ce manuscrit, inséré
entre deux autres attribués à l’école bardesanite : Le Livre des lois des pays et le Nom des signes du zodiaque. Le texte est introduit de la manière suivante : « Traité du médecin chef Sergius dédié à Théodore sur l’action de la lune ». Il est donc attribué sans équivoque à Sergius de Reš‘ayna. L’existence du Traité sur l’action de la lune a été révélée pour la première fois par E. Renan116, qui le présente comme un résumé du troisième livre de Galien Περὶ κρισίμων ἡμερῶν et en traduit les premières lignes de la préface en latin. Dans la notice qu’il consacre au ms. BL Add. 14 658, W. Wright le présente, quant à lui, comme une « illustration »117 du traité de Galien, ce qui n’est pas le cas, comme l’explique lui-même Sergius dans sa préface118.
Tit. : « Autre traité de Sergius, grand médecin, adressé à Théodore, sur la manière dont on peut connaître l’action de la lune du point de vue des astronomes. »
ܥܠ ܿܗܝ. ܠܘܬ ܬܐܕܘܪܐ. ܬܘܒ ܡܐܡܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܣܪܓܝܣ ܐܪܟܐܛܪܘܣ ܕܐܝܟܢܐ ܐܢܫ ܢܕܥ ܥܒܕܗ ܕܣܗܪܐ ܐܝܟ ܬܪܥܝܬܐ ܕܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ ܀ Inc. : « Après avoir lu notre traduction de ce troisième traité qui est le dernier de l’ouvrage portant Sur les jours critiques119, ô notre frère Théodore, et constatant la complexité de la pensée que l’auteur avait placée dans ce livre, tu nous as persuadé de t’exposer aussi brièvement que possible la théorie à laquelle Galien recourait, afin qu’en la lisant, 115
Voir notice de WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158. RENAN, De philosophia peripatetica apud Syros, 1852, p. 26 : « E primis lineis apparet hoc opus epitomen esse libri tertii Galeni Περὶ κρισίμων ἡμερῶν ». Voir aussi la traduction française de ces lignes dans RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 321-322. 117 WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158 : « This tract is explanatory and illustrative of the treatise of Galen Περὶ κρισίμων ἡμερῶν…». 118 Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 119 Gal., De diebus decretoriis, lib. III in KÜHN C.G. (éd.) 1825. Voir aussi Georges des Arabes in RYSSEL (éd.) 1893 : ܒܚܘܪܐ ̈ ܕܐܢܫܝܢ ܩܪܝܢ ܠܗܘܢ ̈ ܝܘܡܬܐ ܐܝܬܝܗܘܢ ܿܗܢܘܢ ̈ ̄ ܗܠܝܢ. ܚ 116
100
État des sources
on puisse la trouver agréable et en recevoir quelque vertu par laquelle on pourrait s’ouvrir à la connaissance des sujets qu’il aborde. »
ܕܐܝܬܘܗܝ ܐܚܪܝܐ ܕܡܟܬܒܢܘܬܐ: ܡܢ ܒܬܪ ܕܦܫܩܢܢ ܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܕܬܠܬܐ ̈ ܿܗܝ ܕܥܠ ܝܘܡܬܐ ܒܚܘ̈ܪܐ ܐܘ ܐܚܘܢ ܬܐܘܕܪܐ ܆ ܡܛܠ ܕܚܙܝܬ ܥܣܩܘܬܐ ܐܦܝܣܬ ܠܢ ܠܡܪܫܡ ܠܟ. ܕܪܥܝܢܐ ܕܣܡ ܒܗ ܒܡܐܡܪܐ ܗܘ ܡܟܬܒܢܐ ܿ ܥܠܝܗ ܆ ܬܐܘܪܝܐ ܿܗܝ ܕܐܬܚܫܚ ܿ . ܒܗ ܓܠܝܢܘܣ ܐܝܟ ܕܡܨܝܢܢ ̈ܒܦܣܝܩܬܐ ܘܢܣܒ ܡܢܗ ܚܝܐܠ ܡܕܡ. ܿܗܘ ܡܐ ܕܟܕ ܿܩܪܐ ܠܗ ܐܢܫ ܡܫܟܚ ܕܢܬܗܢܐ . ܕܗܠܝܢ ܕܡܢ ܿܗܘ ܐܬܐܡ̈ܪܝ. ܕܡܫܒܠ ܠܗ ܠܘܬ ܝܕܥܬܐ Des. (f. 149r) : « Ces relèvent de l’astronomie ou de l’astrologie ou comme on voudra les appeler. Voilà ce qu’ils ont pensé au sujet de ces choses, eux qui n’ont pas eu la sagesse de dire avec nous que le Seigneur la terre dans sa totalité : le monde et ses habitants. »
ܿܗܢܘܢ ܓܝܪ ܕܡܢ ܐܣܛܪܘܢܡܝܐ ܐܘ ܐܣܛܪܘܠܓܝܐ ܐܘ ܐܝܟܢ ܕܗܘ ܐܠ ܓܝܪ ܚܟܡܘ. ܗܟܢܐ ܡܬܪܥܝܢ ܥܠ ܗܠܝܢ. ܕܢܨܒܐ ܐܢܫ ܕܢܫܡܗ ܐܢܘܢ ܿ ܿ ܥܡܘ̈ܪܝܗ ܇ ܬܒܝܠ ܘܟܠܗܘܢ. ܒܡܐܠܗ ܠܡܐܡܪ ܥܡܢ ܇ ܕܡܪܝܐ ܗܝ ܐܪܥܐ Exp. (f. 149r) : « Fin du traité rédigé par le prêtre et grand médecin Sergius. Voilà ce qu’on peut savoir de la pensée des astrologues fondée sur le mouvement des étoiles. »
ܥܠ ܿܗܝ ܕܐܝܟܢܐ. ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܣܪܓܝܣ ܩܫܝܫܐ ܘܐܪܟܐܛܪܘܣ ̈ ܙܘܥܐ ̈ ܢܕܥ ܐܢܫ ܡܢܐ ܡܬܪܥܝܢ ܐܣܛ̈ܪܘܠܘܓܐ ܒܝܕ ܀. ܕܟܘܟܒܐ 2. Édition Sachau (1870) E. Sachau120 a édité ce texte en 1870 à partir du seul manuscrit BL Add. 14 658. On trouvera, dans la seconde partie de cette thèse, une édition critique de ce texte, qui propose des corrections à l’édition de Sachau. Cette édition s’accompagne, comme annoncé précédemment, d’une traduction française inédite. 120
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 101-124. 101
État des sources
3. Études À la suite d’E. Renan, E. Sachau121 présenta le Traité sur l’action de la lune comme un exposé sur le contenu du troisième livre du Περὶ κρισίμων ἡμερῶν de Galien, que Sergius aurait préalablement traduit. En réalité, le traité de Sergius tend à expliquer non pas tout le traité de Galien, mais une théorie astronomique sur laquelle il repose et qui le rend difficile d’accès. Cette théorie, Sergius la qualifie tantôt d’« astronomique », tantôt d’« astrologique ». Galien recourrait à cette théorie dans son Traité sur les jours critiques, sans prendre le temps de l’exposer véritablement, ce qui devait avoir pour effet de perdre le lecteur. Sergius se proposait donc de remédier à la situation :
ܿ ܐܢܐ ܕܝܢ ܿ ܐܡܪܬ ܆ ܕܡܠܬܗ ܐܠ ܡܢ. ܟܠܗ ܕܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܿ ܐܝܬܝܗ܆ ܘܐܠ ܬܘܒ ܡܢ ܬܐܘܪܝܐ ܝܘܠܦܢܐ ܕܐܣܝܘܬܐ ܐܐܠ ܢܣܝܒܐ ܠܗ ܡܢ ܐܘܪܚܐ ܿܗܝ ܕܪܕܘ. ܕܦܝܠܣܦܘܬܐ ܟܝܢܝܬܐ ܿ ܟܠܗܘ. ܒܗ ܢ ܐܝܠܝܢ ܕܗܘܬ ܠܗܘܢ ܒܛܝܠܘܬܐ ܥܠ ܡܘܙܠܬܐ ܿ ܘܥܠ ܢܗܝ̈ܪܐ ...ܕܒܗ « […] j’ai abordé tout le propos de ce traité, non pas selon l’enseignement qui relève de l’art médical, ni non plus selon la théorie de la philosophie de la nature, mais selon les règles que conçoivent tous ceux qui ont porté de l’intérêt à la sphère ( ) ܡܘܙܠܬܐ, aux astres qui sont en elle, etc… »
Dans ces conditions, nous pensons qu’il serait juste de classer cette production originale de Sergius de Reš‘ayna dans le corpus des textes astronomiques syriaques, même s’il faut admettre que la matière astronomique s’y trouve éparpillée dans un amas de considérations astrologiques. En ce qui concerne la dédicace de ce texte, faite à un certain Théodore, E. Renan puis E. Sachau avaient supposé qu’il s’agissait de
121
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, Introduction, p. VIII. 102
État des sources
Théodore de Marw122. Ceci fut démenti par H. Hugonnard-Roche dans un article publié en 1997123 : le vrai dédicataire des ouvrages de Sergius serait un évêque de Kark Juddan, située sur le Tigre. En 1910, F. Nau offrait un résumé alléchant de ce traité dans l’introduction de sa synthèse sur « La cosmographie au
e
VII
s. chez les
124
Syriens »
. À l’occasion d’un article publié en 1997 sur Sergius de
Reš‘ayna, H. Hugonnard-Roche réactualisa la mémoire de ce texte syriaque, demeuré jusqu’alors sans traduction125. S. P. Brock mentionne également ce texte la même année126. Signalons qu’il existe, dans un manuscrit de la bibliothèque Escuriale de Madrid (cod. 793), une traduction arabe du Περὶ κρισίμων ἡμερῶν recensée par J. G. Wenrich127 en 1842. En 1891, M. Steinschneider précisait que la version arabe avait été traduite en latin par Gérard de Crémone. Nous disposerions également d’une version en hébreu de ce texte128. Pour une vue d’ensemble sur la transmission syriaque du corpus de textes attribués à Galien, on se reportera à l’article de R. Degen : « Galen im syrischen : Eine Übersicht über die syrische Überlieferung der Werke Galen’s » 129. 122
RENAN, De philosophia peripatetica apud Syros, 1852, p. 29 et SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. VIII. 123 HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, voir note 13, p. 124. 124 NAU F., « La cosmographie du VIIe s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 225. 125 HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, p. 123-124. A l’occasion de cet article, l’auteur indique que le Traité sur l’action de la lune figure dans une liste attribuée à Ḥunayn b. Isḥāq (voir Ḥunayn b. Isḥāq, Über die syrischen und arabischen GalenÜbersetzungen, hrsg. Bergsträsser G., [Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes 17, 2], Leipzig, 1925. Voir aussi HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 36 et ID., « Textes philosophiques et scientifiques », 2005, p. 413. 126 Voir BROCK, A Brief Outline of Syriac, 1997, p. 201-202. S. P. Brock a publié une traduction du prologue dans ce livre (D’après Tannous p. 116). 127 WENRICH J. G., De Auctorum graecorum versionibus et commentariis syriacis, arabicis, armeniacis, persicisque. Commentatio quam proposita per regiam scientarum societatem quae Gottingae floret questione, Lipsiae, Vogelii G., 1842, p. 244. Etant donné que cet ouvrage de Wenrich est difficile à consulter, nous retranscrivons ici son propos : “ De diebus criticis, sive decretoriis Περὶ κρισίμων ἡμερῶν, libros III الجحر ان ثالث كتاب أيام ٯقاالتArabicos fecit Honainus. Exempla hujus versionis habentur in bibliotheca Escuriale cod. 793 (Casirii biblioth. Arab. I. c.) ; nec non in bibliothec. Medic. Cod. 235 (Biblioth. Medic. Cod. mss, orr. Catalog., p.361).” 128 Cf. STEINSCHNEIDER M., « XIV. Die griechischen Aerzte in arabischen Uebersetzungen. Kritische Bibliographie » (§. 15, 14), Archiv für pathologische Anatomie und Physiologie und für klinische Medizin 124, Folge 12, Bd. 4, p. 282. Les références apportées par M. Steinschneider ne sont malheureusement pas plus précises que cela, ni en ce qui concerne la traduction arabe, ni en ce qui concerne les versions latines et en hébreu : il renvoie à un autre ouvrage, plus ancien, que nous n’avons pas réussi à nous procurer (Wüstenfeld F., Geschichte der arabischen ärzte ; über latinische Übersetzungen ). 129 Dans NUTTON V. (éd.), Galen : Problems and Prospects, London, Wellcome Institute for the History of Medicine, 1981, p. 131-166. 103
État des sources
VIII. Exemple au sujet du mouvement du soleil (traduction anonyme) Il s’agit d’une traduction d’un passage des Apotelesmatica de Paul d’Alexandrie portant sur le mouvement réel du soleil et comportant une méthode de calcul pour prévoir une position de cet astre sur l’écliptique réparti en signes, degrés et minutes.
1. Le manuscrit BL Add. 14 658 (f. 149v)
Ce petit texte se trouve au feuillet 149v du manuscrit BL Add. 14 658, déjà décrit par ailleurs. Il a été signalé pour la première fois et a fait l’objet d’une brève description par E. Renan en 1852 dans sa « Lettre à M. Reinaud »130. Il se situe juste après le Traité sur l’action de la lune attribué à Sergius de Rešʽayna. W. Wright le décrit de nouveau brièvement en 1871 dans son Catalogue131. Le copiste ne précise pas le nom du traducteur de texte.
Tit. : « Exemple au sujet du mouvement du soleil »
. ܬܚܘܝܬܐ ܡܛܠ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܗ ܕܫܡܫܐ Inc. : « Comment on pourra savoir, à chaque fois qu’on le souhaite, dans quelle maison et dans quel degré il circule plus ou moins. »
ܘܕܐܝܟܢܐ ܡܫܟܚ ܐܢܫ ܠܡܕܥ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܡܬܒܥܐ ܕܒܐܝܢܐ ܒܝܬܐ ̈ ܘܒܐܝܕܐ ܡܢ . ܡܢܘܬܗ ܪܕܐ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ Des. : « Là où tombera le nombre (appliqué en sens direct), sous ce degré, se trouvera plus ou moins le soleil. »
ܿ ܕܫܠܡ ܡܢܝܢܐ ܕܒܐܝܕܟ܆ ܿ ܘܐܝܟܐ . ܚܣܝܪ. ܒܗ ܒܡܢܬܐ ܐܝܬܘܗܝ ܫܡܫܐ ܝܬܝܪ
130 131
RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 293-333. WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158. 104
État des sources
Exp. : « Fin du propos tenu sur le passage du soleil. »
ܫܠܡܬ ܥܠܬܐ ܕܐܡܝܪܐ ܥܠ ܡܪܕܝܬܐ ܕܫܡܫܐ ܀ 2. Édition / Traduction
Le fragment Sur le mouvement du soleil a été édité pour la première fois, à partir de la copie du BL Add. 14 658, par E. Sachau en 1870 dans ses Inedita Syriaca132. Il a été traduit pour la première fois en anglais par G. Saliba en 1995133. Dans la seconde partie de notre thèse, le lecteur trouvera une édition et une traduction française de ce petit texte.
3. Études Longtemps considéré comme un appendice au Traité sur l’influence de la lune, ce court texte sur le mouvement du soleil a été couramment attribué à Sergius de Rešʽayna134. Mais H. Hugonnard-Roche135 a montré de façon tout-à-fait convaincante qu’il fallait remettre en cause cette attribution et attendre d’obtenir des éléments plus probants pour faire de Sergius son auteur. Georges Saliba a identifié ce texte comme la traduction syriaque du chapitre
28
d’Alexandrie
136
des
Elementa
apotelesmatica
(Eisagogika)
de
Paul
. Notons cependant qu’une partie du texte syriaque ne se
retrouve pas dans le texte grec qu’A. Boer a édité en 1962137. De plus nous avons relevé que la dernière partie du texte présentait également de fortes 132
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 125-126. Voir SALIBA G., « Paulus Alexandrinus in Syriac and Arabic », Byzantion 65, 1995, p. 440-54 et repris dans ID., Islamic Science and the Making of the European Renaissance, Cambridge, MA, 2007, p. 8. 134 RENAN, « Lettre à M. Reinaud », 1852, p. 293-333 ; WRIGHT, Catalogue, 1872, p. 1158; SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 127-134 ; BAUMSTARK, « Lucubrationes », 1894, p. 358384 et BAUMSTARK, Geschichte, 1922, p. 167-169. 135 HUGONNARD-ROCHE, « Aux origines de l’exégèse orientale », 1989, p. 1-17 (voir en particulier p. 1 à 4) ; HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, p. 129. 136 Voir SALIBA, « Paulus Alexandrinus in Syriac », 1995, p. 440-54 et repris dans SALIBA, Islamic Science, 2007, p. 8. 137 Cf. Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed. BOER], chap. 28. 133
105
État des sources
similitudes avec un passage du chapitre II du Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie
138
au point que nous avions considéré de prime abord qu’il
pouvait s’agir d’une traduction libre de ce texte.
138
Cf. Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 2. 106
État des sources
IX. Traités attribués à Sévère Sebokht
L’évêque jacobite Sévère Sebokht († c. 666) impulsa l’étude des sciences profanes et religieuses au monastère de Qennešrin (ancienne Chalcis, située sur la rive gauche de l’Euphrate, à proximité de l’actuelle Alep). Il tenta dans le même temps de constituer un corpus de connaissances scientifiques en langue syriaque et de promouvoir l’étude du grec 139. L’œuvre scientifique de Sévère Sebokht nous est pour l’instant connue par l’intermédiaire de quatre manuscrits (le BL Add. 14 538 du Xe siècle ; le ms. Paris BnF syr. 346 du
XIV
e
siècle, le Berlin syr. 186 du
e
XVI
siècle et le
Mardin, Église des 40 martyrs, syr. 553/13 du XVe siècle ). Le ms. Paris BnF syr. 346 est particulièrement intéressant parce qu’il se présente comme une édition des œuvres astronomiques de ce savant. Ont été ainsi préservés, par l’intermédiaire de ce manuscrit, quatre traités astronomiques 140 (dont deux sont attestés par d’autres manuscrits) ainsi que quatre de ses lettres141 (traitant de la conjonction des planètes, des nœuds ascendants et descendants, de la fixation de la Pâque le XIV lunaire de Nisan, et de la date de naissance du Christ). Sur les quatre traités, trois n’ont jamais fait l’objet d’une véritable édition et deux de ces derniers n’ont jamais été traduits142 ; aucune des quatre lettres n’a, à notre connaissance, fait l’objet d’une édition 139
Voir à ce propos HUGONNARD-ROCHE, « La tradizione della logica », 2001, p. 21, puis « Matematica e astronomia », 2001, p. 36-38 et plus récemment ID., « Textes philosophiques et scientifiques », 2005, p. 414-418. Pour une biographie de Sévère, voir REININK G. J., « Severos Sebokht », in Gorgias Encyclopedic Dictionary of Syriac Heritage, 2011 et MCMAHON J., « Severus Sebokht », in Biographical Encyclopedia of Astronomers, 2007, p. 1044-45. Fuat Sezgin donna un bref aperçu de ses œuvres astronomiques dans Geschichte des arabischen Schrifttums, Leiden, Brill, vol. 6, 1978, p. 111-112 et vol. 5, 1974, p. 211-13. 140 Il s’agit du Traité sur l’astrolabe, du Traité sur les constellations, du Traité sur les climats et du Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes conjonctions totales ou partielles de la lune avec le soleil, présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya. 141 Nous excluons ici les lettres astronomiques, contenues dans le Paris BnF syr. 346, dont l’attribution à Sévère Sebokht n’est pas assurée. 142 Seul le Traité sur l’astrolabe a été édité et traduit. Sur les dix-huit chapitres que contient le Traité sur les constellations, seuls cinq d’entre eux ont fait l’objet d’une édition. Quant aux Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes conjonctions totales ou partielles de la lune avec le soleil, présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya et les chapitres sur les climats, ils n’ont été, à notre connaissance, ni édités ni traduits. Hidemi Takahashi annonce la publication à venir d’Edgar Reich qui se présenterait sous la forme d’une édition et d’un commentaire des œuvres astronomiques de Sévère Sebokht, suivi des deux lettres astronomiques de Georges des Arabes (Cf. TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 480 (note 8). ID.,
107
État des sources
ni d’une traduction intégrale. Un seul savant s’est jusqu’à présent préoccupé de rendre accessible l’œuvre scientifique de Sévère Sebokht : François Nau143 en publiant notamment ses traductions du Traité sur l’astrolabe et du Traité sur les constellations.
A. Traité sur l’astrolabe plan Le Traité sur l’astrolabe, écrit avant 660, décrit l’instrument et toutes ses composantes avec une grande précision dans une première partie, puis, dans une seconde partie, propose de résoudre vingt-cinq problèmes d’astronomie pratique en ordre de difficulté croissante. Ce texte est une pièce unique dans la littérature syriaque et se trouve être, après le traité de Jean Philopon144, le texte le plus ancien témoignant clairement de l’utilisation de l’astrolabe plan à la fin de l’antiquité.
1. Les manuscrits (3)
La Staatsbibliothek de Berlin ainsi que la Bibliothèque nationale de France conservent chacune une copie du Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht. Celle de Berlin est connue depuis la publication du catalogue de E. Sachau145 en 1899. La même année, F. Nau éditait et traduisait le texte en français. Ce n’est que quelques onze ans plus tard, en complétant le catalogue de H. Zotenberg, que F. Nau s’aperçut qu’il existait une seconde copie dans un autre manuscrit à Paris. Il lui attribua la cote 346 et en publia aussitôt une notice dans la Revue de l’Orient Chrétien146 en 1910. Le manuscrit parisien serait en fait le modèle de la copie de Berlin, les lacunes du manuscrit parisien se répercutant sur la copie de Berlin147. Il existe une 143
Voir note précédente. Voir SEGONDS P. (éd.), JEAN PHILOPON, Traité de l’Astrolabe, Paris, Astrolabica 2, 1981. 145 SACHAU, Handschriften, 1899, p. 604-608. 146 NAU, « La cosmographie », 1910, p. 229 et 248, et NAU F., « Notices des manuscrits syriaques, éthiopiens, mandéens, entrés à la bibliothèque de Paris depuis l’édition des Catalogues », ROC 16, 1911, p. 301. 147 Nous rapportons ici les propos de F. Nau : « Nous pouvons même affirmer que le manuscrit de Berlin (Sachau 26), daté de 1556, provient directement ou indirectement de 144
108
État des sources
troisième copie du texte, très récemment identifiée par Gregory Kessel qui nous a fait part, en décembre 2011, de sa découverte : cette copie, plus complète que les deux autres, se trouve au couvent des 40 Martyrs à Mardin. a. Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26] (f. 82v-98r) (XVIe s.)
Le manuscrit 186 de la collection syriaque de la Staatsbibliothek de Berlin comporte 112 feuillets de dimension 205 x 150 mm. Il a été décrit par E. Sachau, en 1899 dans son catalogue des manuscrits de la bibliothèque impériale de Berlin148, puis de façon plus succinte par F. Nau dans le Journal asiatique de 1899149. Il faut y voir deux parties bien distinctes, tant par le contenu que par la forme. Le Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht se trouve dans la deuxième partie de ce manuscrit : les 25 feuillets qui la composent sont copiés dans une écriture jacobite peu soignée. Selon E. Sachau, cette partie est datée de 1’année 1867 des Grecs (= 1556) 150, au feuillet 108v, et est consacrée à l’astronomie pratique, le souci principal étant de déterminer certaines dates (Pâques, dates en années du monde, naissance du Christ…). Le Traité sur l’astrolabe est le premier texte de cette partie du manuscrit, situé entre les feuillets 82v et 98r. Il porte le titre de « Scholion sur l’astrolabe » et est attribué à Sévère Sebokht de Nisibe, évêque de Qennešrin. Il est suivi par des lettres de Sévère adressées au prêtre Basile de Chypre, puis on trouve un calendrier lunaire et des tableaux de cycle des années.
celui-ci (Parisinus 346) daté de 1309, car ils ont les mêmes lacunes, et c’est dans le manuscrit 346 que le feuillet manquant est tombé » (extrait de NAU, « La cosmographie », 1910, p. 226) et un peu plus loin : « Le Traité de Sévère Sebokht sur l’astrolabe plan les mêmes lacunes que le manuscrit de Berlin […]. En particulier, à l’endroit où le manuscrit de Berlin porte : « Ici il manque un feuillet », il manque bien ici un feuillet f. 48v-49, sans aucune apparence de lacune. Il s’ensuit que le manuscrit de Berlin provient, avec ou sans intermédiaires, de celui-ci. » (p. 229). 148 SACHAU, Handschriften, 1899, p. 604-608. 149 NAU F., Le Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des sources grecques et publié pour la première fois avec traduction française (extrait du JA), Paris, Leroux, 1899, p. 57-58. 150 Il ne faut pas tenir compte, à ce propos, de la datation proposée par F. Nau dans NAU, Le Traité sur l’astrolabe, 1899, INTRODUCTION, p. 7, qui se corrige d’ailleurs dans un autre article (voir NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 221, note 1). 109
État des sources
Titre (f. 82v) : « Grâce à Dieu, Seigneur de toutes choses, nous écrivons le traité (σχόλιον) sur l’astrolabe : qu’est-ce que l’astrolabe d’airain ? de quoi se compose-t-il ? et de quoi se composent chacune de ses parties ? comment appelle-t-on les pièces et les dessins qu’il comporte ? »
ܬܘܒ ܒܝܕ ܐܠܗܐ ܡܪܐ ܟܠ ܟܬܒܝܢܢ ܣܟܘܠܝܘܢ ܕܥܠ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܥܠ ܿܗܝ ܘܡܢ ܐܝܠܝܢ. ܘܐܝܟܢܐ ܡܪܟܒ. ܕܡܢܐ ܐܝܬܘܗܝ ܗܘ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܢܚܫܐ ̈ ̈ ܘܐܝܟܢܐ ܡܬܩܪܝܢ. ܡܢܘܬܗ ̈ ܕܘܟܝܬܐ ܐܝܬܝܗܝܢ ܟܠܚܕ ܡܢ ܘܕܐܝܟ ܐܝܟܢ . ܘ̈ܪܘܫܡܐ ܕܒܗ Inc. (f. 82v) : « Avant d’aborder le traité de l’astrolabe et d’apprendre ainsi comment il faut s’en servir pour trouver l’heure […] »
ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܩܕܡ ܕܢܦܓܥ ܐܢܫ ܒܣܟܘܠܝܘܢ ܕܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܐܝܟܢܐ ܕܡܢܗ . ܿܢܐܠܦ ܕܐܝܟܢܐ ܙܕܩ ܠܡܬܚܫܚܘ ܒܗ ܠܘܬ ܢܣܝܒܘܬܐ ܕܫܥܬܐ Des. (f. 98r) : « […] puis on tourne l’araignée jusqu’à ce que le degré de vie soit sur le méridien et on regarde de combien de degrés a avancé l’indicateur des degrés de l’araignée, on retranche les degrés de vie des degrés du milieu du ciel, et dans le reste on trouve les degrés d’une heure pour le point de vie. »
̈ ܕܚܝܐ ܬܗܘܐ ܒܣܝܡܝܘܢ ܘܬܘܒ ܡܗܠܟܝܢܢ ܐܪܟܐܢܐ ܥܕܡܐ ܕܡܘܪܐ ܘܚܙܝܢܢ ܕܟܡܐ ܡܘ̈ܪܣ ܗܠܟ ܡܚܘܝܢܐ ܕܡܘ̈ܪܣ. ܕܡܗܣܝܡܒܪܝܢܘܢ ̈ ̈ ܘܡܒܨܪܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ. ܕܐܪܟܐܢܐ ܘܒܗܢܝܢ ܕܚܝܐ ܡܢ ܡܘ̈ܪܣ ܕܡܨܥܬ ܫܡܝܐ ̈ ̈ ܘܡܫܟܚܝܢܢ. ܕܦܝܫܢ ܒܥܝܢܢ ̈ ܫܥܢܝܐ ܕܡܘܪܐ ̈ . ܕܚܝܐ ܙܒܢܐ Exp. (f. 98r) : « Fin du traité (σχόλιον) au sujet de l’astrolabe fait par l’abbé Mar Sévère le nisibéen ou Sebokht. Priez pour celui qui a écrit. »
ܫܠܡ ܣܟܘܠܝܘܢ ܕܡܛܠ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܥܒܝܕ ܐܠܒܣ ܡܪܝ ܣܐܘܝܪܐ . ܢܨܝܒܢܝܐ ܐܘܟܝܬ ܣܒܘܟܬ ܀ ܨܠܘ ܥܠ ܕܣܪܛ
b. Paris BnF syr. 346 (f. 36v-51v) (1309 apr. J.-C.) 110
État des sources
Conservé à la Bibliothèque nationale de France, le manuscrit syriaque portant la cote syr. 346 a été copié en 1309 au monastère de Mar Hananya près de Mardin. Il a été décrit pour la première fois en 1910 par F. Nau dans la Revue de l’Orient Chrétien151 : la notice y est longue et bien fournie. Une autre notice de ce manuscrit, très succincte, a ensuite été intégrée au supplément du catalogue de H. Zotenberg que F. Nau publia l’année suivante dans la même revue152. L’évêque Jacques de Hesn, qui acheta ce manuscrit en 1506, le décrit comme un « Livre d’astronomie, sur les astres, sur les sept planètes, sur la sphère et le firmament […] ». C’est un codex présentant une reliure moderne en basane : il est composé de 177 feuillets en papier épais non filigrané de format 180 x 130 mm regroupés en 19 cahiers signés153. L’écriture qu’il porte est jacobite et se répartit sur 24 à 28 lignes par page. Le manuscrit est acéphale : il manque les cahiers 1 à 3, c’est-àdire une trentaine de feuillets. Il en manque d’autres tout au long du manuscrit (entre les f. 40-41, 48-49 et 70-71 et peut-être un autre feuillet entre les f. 141 et 142). La fin est tronquée. L’ensemble du recueil compile des textes qui portent sur l’astronomie théorique et pratique. La plupart d’entre eux sont attribués à Sévère Sebokht, dont le Traité sur l’astrolabe qui se trouve aux feuillets 36v à 51v. Parmi les autres traités attribués par le copiste à Sévère Sebokht se trouvent : le Traité sur les constellations (en 18 chapitres) ; le Traité sur la cause des éclipses de lune (comprenant un passage d’un Traité sur la cause des éclipses de soleil) et un Traité sur les climats (en 4 chapitres). On trouve également, parmi sa correspondance scientifique : une Lettre sur la conjonction des planètes, une Lettre sur les nœuds ascendants et descendants; une Lettre sur le XIV lunaire ; une Lettre 151
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 225-254. L’analyse du manuscrit syriaque 346 commence à la page 228. 152 NAU, « Notices des manuscrits syriaques », 1911, p. 301. 153 Chaque cahier est signé au début et à la fin (quand ils sont entiers). Les feuillets qui les composent se répartissent de la manière suivante : cahier 1 (signatures manquantes) (1/7) : f. 1-8 ; cahier 2 (( )ܗ5/5) : f. 9-18 ; cahier 3 (( )ܘ5/5) : f. 19-28 ; cahier 4 (( )ܙ6/6) ; cahier 5 (signatures manquantes) (4/4) : f. 41-48 ; cahier 6 (( )ܛ6/6) : f. 49-60 ; cahier 7 (( )ܝ5/5) : f. 6170 ; cahier 8 (( )ܝܐ3/4) : f. 71-76 ; cahier 9 (( )ܝܒ5/5) : f. 78-87 ; cahier 10 (( )ܝܓ5/5) : f. 88-97 ; cahier 11 (( )ܝܕ5/5) : f. 98-107 ; cahier 12 (( )ܝܗ5/5) : f. 108-117 ; cahier 13 (( )ܝܘ5/5) : f. 118127 ; cahier 14 (( )ܝܙ5/5) : f. 128-137 ; cahier 15 (( )ܝܚ4/4) : f. 138-145 ; cahier 16 (( )ܝܛ5/5) : f. 146-155 ; cahier 17 (( )ܟ4/4) : f. 156-163 ; cahier 18 (signatures manquantes) (4/4) : f. 164171 ; cahier 19 (signatures manquantes) (5) : f. 172-177. 111
État des sources
sur le cycle des années ; une Lettre sur la date de naissance du Christ ; une Lettre sur l’origine de la science astronomique. L’attribution du Traité sur l’astrolabe à Sévère Sebokht ne semble pas devoir être remise en question étant donné que ce traité est par ailleurs cité dans deux autres textes de Sévère (Traité sur les Constellations154 et Traité sur les climats155) et qu’il s’en attribue lui-même la paternité.
Tit. : « Grâce à Dieu, Seigneur de toutes choses, nous écrivons le traité Astrolabe : qu’est-ce que l’astrolabe d’airain ? De quoi se compose-til ? De quoi se compose chacune de ses parties ? Comment appelle-ton les pièces et les dessins qu’il comporte ? »
ܥܠ ܿܗܝ ܕܡܢܐ156ܒܝܕ ܐܠܗܐ ܡܪܐ ܟܠ ܟܬܒܝܢܢ ܣܟܘܠܝܘܢ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ̄ ܐܝܬܘ ܗܘ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܢܚܫܐ ܇ ܘܐܝܟܢܐ ܡܪܟܒܐ ܘܡܢ ܐܝܠܝܢ ܘܕܐܝܟ ̈ ܡܬܩ̈ܪܝܢ ̈ ܐܝܬܝܗܝܢ ܟܠܚܕܐ ܡܢ ܿ ̈ ܕܘܟܝܬܐ ܡܢܘܬܗ ܆ ܘܐܝܟܢܐ ܐܝܟܢ . ܘ̈ܪܘܫܡܐ ܕܒܗ Inc. : « Avant d’aborder le traité d’astrolabe et d’apprendre ainsi comment il faut s’en servir pour trouver l’heure […] »
ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܩܕܡ ܕܢܦܓܥ ܐܢܫ ܒܣܟܘܠܝܘܢ ܕܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܐܝܟܢܐ ܕܡܢܗ . ܢܐܠܦ ܕܐܝܟܢܐ ܙܕܩ ܠܡܬܚܫܚܘ ܒܗ ܠܘܬ ܢܣܝܒܘܬܐ ܕܫܥܬܐ Des. (f.) : « […] puis on tourne l’araignée jusqu’à ce que le degré de vie soit sur le méridien et on regarde de combien de degrés a avancé l’indicateur des degrés de l’araignée, on retranche les degrés de vie des degrés du milieu du ciel, et dans le reste on trouve les degrés d’une heure pour le point de vie. »
̈ ܕܚܝܐ ܬܗܘܐ ܒܣܝܡܝܘܢ ܘܬܘܒ ܡܗܠܟܝܢܢ ܐܪܟܐܢܐ ܥܕܡܐ ܕܡܘܪܐ ܘܚܙܝܢܢ ܕܟܡܐ ܡܘ̈ܪܣ ܗܠܟ ܡܚܘܝܢܐ ܕܡܘ̈ܪܣ. ܕܡܗܣܝܡܒܪܝܢܘܢ ̈ ̈ ܘܡܒܨܪܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ. ܕܐܪܟܐܢܐ ܘܒܗܢܝܢ ܕܚܝܐ ܡܢ ܡܘ̈ܪܣ ܕܡܨܥܬ ܫܡܝܐ ̈ ̈ ܘܡܫܟܚܝܢܢ. ܕܦܝܫܢ ܒܥܝܢܢ ̈ ܫܥܢܝܐ ܕܡܘܪܐ ̈ . ܕܚܝܐ ܙܒܢܐ
154
Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 1 et XVI. 1. Signalé par F. Nau au quatrième chapitre du Traité sur les climats (cf. NAU, « La cosmographie », 1910, p. 241). 156 Dans le manuscrit, le mot astrolabe est surmonté d’un signe de renvoi. Dans la marge de gouttière, on lit en rouge : ܦܪܘܝܡܝܘܢ. 155
112
État des sources
Exp. : « Fin du traité au sujet de l’astrolabe, fait par l’abbé Monseigneur Sévère le nisibéen ou Sebokht [ suivi d’un colophon ] »
ܫܠܡ ܣܟܘܠܝܘܢ ܕܡܛܠ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܥܒܝܕ ܐܠܒܣ ܡܪܝ ܣܐܘܝܪܐ ܢܨܝܒܝܢܝܐ ܐܘܟܝܬ ܣܒܘܟܬ ܀ c. Ms. Mardin, église syriaque orthodoxe des Quarante martyrs, syr. 553/13 (XVe s.) Une troisième copie du Traité sur l’astrolabe a été récemment identifiée par G. Kessel : elle est conservée à la bibliothèque de l’église syriaque orthodoxe des Quarante martyrs à Mardin (sud-est de la Turquie) dans un manuscrit syriaque en papier du
XV
e
siècle, portant la cote 553/13.
De dimension 185 x 130 x 150 mm, ce manuscrit de 56 feuillets, composé de six cahiers signés157, ne contient pas d’autre texte que le Traité sur l’astrolabe. Il est rédigé en serṭo à l’encre noire et rouge. Le texte se répartit sur 18 à 21 lignes par page sur une seule colonne. L’unique colonne de texte ne s’étend que sur la moitié interne de la page, c’est-à-dire du côté de la reliure. Si la copie du traité est entière, en revanche, force est de constater que le manuscrit est inachevé : une deuxième colonne de texte, laissée vide côté marge de gouttière, devait manifestement présenter soit des commentaires soit une traduction en arabe. Mais seul le texte syriaque est présent sur une colonne d’à peine quatre centimètres de large, du côté de la marge intérieure. La copie présente des lacunes qui diffèrent de celle des copies de Paris et Berlin, ce qui permet d’obtenir le texte complet. Le Traité sur l’astrolabe se trouve entre les feuillets 3r et 53r.
157
En observant la reliure et les signatures présentes au début et à la fin de chaque cahier de ce manuscrit, on voit que les cahiers se présentent de la manière suivante : cahier 1 ()ܐ (5/5) : f. 2r-11v ; cahier 2 (( )ܒ3/4) : f. 12r-18v ; cahier 3 (( )ܓ6/4) : f. 19r-28v ; cahier 4 (( )ܕ5/5) : f. 29r-38v ; cahier 5 (( )ܗ5/5) : f. 39r-48v ; cahier 6 (( )ܘ3/ ?) : f. 49r- ?. Il manque donc au moins un feuillet dans la première partie du cahier 2 (quadernion) et deux feuillets dans la seconde partie du cahier 3 (sénion). Les cahiers 1, 4 et 5, qui sont des quinions, semblent entiers. 113
État des sources
Tit. (f. 3r) : « Livre du Traité d’astrolabe. En syriaque. Par la force de notre Seigneur Jésus-Christ, nous commençons à écrire le recueil digne de louanges sur le livre dont la folle épée d’Alqoš s’est emparé (?) . »
ܥܠ ܚܝܠܗ ܕܡܪܢ ܝܫܘܥ. ܣܘܪܝܝܐ. ܟܬܒܐ ܕܘܣܟܘܠܝܘܢ ܕܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܡܫܝܚܐ ܡܫܪܝܢܢ ܠܡܟܬܒ ܡܟܢܫܐ ܕܐܬܬܨܚ ܥܠ ܨܚܚܐ ܕܫܒܐ ܣܝܦܐ ܕܘܕܐ ܐܠܩܘܫܝܐ Exp. (f. 53r) : « Fin du traité au sujet de l’astrolabe fait par l’abbé Monseigneur Sévère le nisibéen ou Sebokht ».
ܫܠܡ ܣܟܘܠܝܘܢ ܕܡܛܠ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܕܥܒܝܕ ܐܠܒܣ ܡܪܝ ܣܐܘܝܪܐ ܢܨܝܒܝܢܝܐ ܐܘܟܝܬ ܣܟܘܟܬ 2. Édition / Traduction Nau (1899) Le Traité sur l’astrolabe a été édité intégralement et traduit en français pour la première fois par F. Nau en 1899 dans un numéro spécial du Journal Asiatique158. L’édition se fonde sur le seul manuscrit de Berlin (noter que la cote du manuscrit telle qu’elle est donnée par F. Nau 159 est erronée : il ne s’agit pas du Petermann 37, mais de l’ancien Petermann 26, catalogué aujourd’hui sous la cote syr. 186. Ce grand savant profitait d’un précédent travail de traduction qu’il avait réalisé à partir du cours d’astronomie de Bar Hebraeus (XIIIe s.)160. Mais à la différence du texte de Bar Hebraeus, celui de Sévère Sebokht est truffé de translittérations du grec. Or quelques-unes de ces translittérations n’ont pas été bien rendues dans la traduction de F. Nau. L’exemple le plus frappant est certainement celui du ὁ διὰ μέσων (qu’il faut entendre comme ὁ διὰ μέσων
τῶν ζῳδίων κύκλος) : cette expression, qui désigne
158
NAU, Le Traité sur l’astrolabe, 1899. NAU, Le Traité sur l’astrolabe, 1899, p. 58. 160 NAU F., Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre. Cours d’astronomie rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfarag dit Bar Hebraeus publié d’après les manuscrits de Paris, d’Oxford et de Cambridge par F. Nau, Paris, E. Bouillon, 1899 [Bibliothèque de l’École pratique des Hautes Études 121], vol. 1 (Texte syriaque) ; 1900, vol. 2 (Traduction française). 159
114
État des sources
l’« écliptique », est bien attestée dans le Petit Commentaire de Théon161. On la retrouve, telle quelle, translittérée en syriaque dans le Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht. F. Nau le traduit non pas par « écliptique », mais par « milieu du ciel », ce qui ne rend pas bien compte du concept abordé. À la lumière des récentes éditions-traductions de textes astronomiques grecs tardifs, comme le Petit commentaire de Théon d’Alexandrie, que l’on doit à A. Tihon, nous sommes aujourd’hui mieux armés que ne l’était F. Nau pour relever ce genre de difficulté. Enfin la présence de deux autres copies rend désormais possible la réalisation d’une édition critique de ce précieux texte. Signalons enfin que Robert Theodore Gunther162 publia, en 1932, une traduction anglaise (réalisée par Jessie Payne Smith) de ce traité, non pas à partir de la traduction de F. Nau, mais directement, semble-t-il, à partir du syriaque163.
3. Études F. Nau a consacré une introduction d’une dizaine de pages à ce traité : il en résume le propos, en précise les articulations puis s’évertue à reconstituer une histoire de l’astrolabe. Ce travail permit au monde scientifique de prendre conscience du fait que l’astrolabe plan n’était pas une invention des Arabes, mais qu’elle pouvait remonter à Eudoxe de Cnide ou Apollonios de Perge d’après un témoignage de Vitruve164. Dans un autre article, il discute de la date du Traité sur l’astrolabe qu’il situe en 660 de notre ère165. Si F. Nau a bien su mettre en valeur ce traité syriaque dans le cadre de l’histoire des sciences, en revanche, l’aspect philologique n’a pas été exploité. F. Nau ne présente pas même de lexique sur les termes techniques à la fin de son édition-traduction. Pourtant, H. Hugonnard-Roche a signalé 161
Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 21. Dans GUNTHER R. Th., The Astrolabes of the World, Oxford, University Press, 1932, vol. 1, p. 82-102. 163 D’après MCMAHON, « Severus Sebokht », 2007, p. 1044-45. 164 Vitr., De Arch., IX, 9. 165 NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 209-228. Voir en particulier p. 227. 162
115
État des sources
une particularité étonnante de ce texte, à savoir que de nombreux termes grecs comme ἐποχή (« position » ou « lieu vrai ») ou τροπή ἰσημερινή (« tropique équatorial », soit « équateur ») ne sont pas traduits, mais simplement translittérés en syriaque 166. Ce texte, bien qu’il soit une pièce unique dans la littérature syriaque, et bien qu’il soit, après celui de Jean Philopon, le texte le plus ancien témoignant clairement de l’existence de l’astrolabe plan, a cependant très peu attiré l’attention des philologues. En 1949, le célèbre historien des sciences Otto Neugebauer publia une étude sur ce traité, qu’il compara à celui de Jean Philopon167. Neugebauer considère que le traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht et celui de Jean Philopon puisent à une source commune qu’il attribue à Théon d’Alexandrie. En outre, vu la qualité scientifique des deux œuvres, Neugebauer a estimé que Sévère présentait une bien meilleure édition du texte de Théon que Jean Philopon. En 1981, Philippe Segonds168 éditait et traduisait justement le Traité sur l’astrolabe de Jean Philopon. Au cours de son introduction, qui est longue et très riche, il a confronté, au sein d’un tableau, les titres des chapitres des traités de Jean Philopon (grec), de Sévère Sebokht (syriaque) et ceux transmis par la notice d’al-Yaqubi (arabe). D’après les rapprochements et le témoignage d’al-Yaqubi, Ph. Segonds en vint lui aussi à penser que les textes de Jean Philopon et de Sévère Sebokht avaient pour source commune Théon d’Alexandrie169. Pour envisager une étude philologique comparée du texte de Sévère Sebokht, il nous semble important de mentionner dès maintenant les autres 166
HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 37. NEUGEBAUER O., « The Early History of the Astrolabe », Isis 40, 1949, p. 240-256 [ = repr. in NEUGEBAUER O., Astronomy and History. Selected Essays, New York/Berlin/Heidelberg, Springer-Verlag, 1983, p. 278-294]. 168 SEGONDS, Jean Philopon, 1981. Avant lui, B. Hase avait déjà édité le texte de Jean Philopon et en avait proposé une traduction allemande dans Rheinisches Museum für Philologie 6, 1839, p. 219-256, mais ce travail fut violemment critiqué par P. Tannery (cf. TANNERY P., « Notes critiques sur le traité de l’Astrolabe de Philopon », in Mémoires scientifiques 4, Sciences exactes chez les byzantins, Toulouse-Paris, J.-L. Heiberg, 1920, p. 241-260) : B. Hase ne se fondait que sur un seul manuscrit, le suppl. gr. 55, le plus mauvais de la tradition, quand Ph. Segonds, en 1981, recensait 18 témoins du texte de Philopon. 169 Conclusion reprise par H. Hugonnard-Roche (HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 37) ; mais A. Tihon émet quelques doutes à ce propos, considérant le fait que Théon, qui a laissé par ailleurs de longs traités d’astronomie, ne fait jamais référence à un ouvrage sur l’astrolabe. 167
116
État des sources
textes, portant sur l’astrolabe plan, ayant bénéficié d’une édition et d’une traduction moderne. Deux traités, en langue grecque, sont désormais disponibles grâce aux travaux de Ph. Segonds (1981) 170, de R. Leurquin (1990)171 et d’A. Tihon (2001)172 ; en 1929 R. T. Gunther173 publiait un traité latin attribué à Messahalla ; nous disposons également, en dehors de la notice arabe d’al-Yaqubi, d’une édition-traduction d’un traité arabe sur l’astrolabe174, ainsi que d’un traité latin (non traduit de l’arabe)175. Nous signalons également qu’un autre manuscrit parisien pourrait bien contenir une traduction arabe du Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht : il s’agit du ms. Paris BnF syr. 242 (XVIe s.). Il contient en effet aux feuillets f. 168-192v un Traité sur l’astrolabe, en carshouni (arabe en écriture syriaque). Il existe des centaines de traités sur l’astrolabe en arabe qui diffèrent du texte de Sévère, mais, ce qui retient particulièrement notre attention, dans ce manuscrit 242, est le fait que le Traité sur l’astrolabe soit précédé d’un Traité sur les constellations et suivi d’un calendrier lunaire calculé sur 19 années, qui sont justement des textes que l’on retrouve dans le ms. Paris BnF syr. 346. Il serait désormais souhaitable qu’une édition critique du texte syriaque de ce Traité sur l’astrolabe voie le jour. Elle permettrait de reprendre la traduction de F. Nau, qui, bien qu’elle ait le grand mérite d’exister, ne rend pas toujours bien compte du lexique astronomique employé.
170
SEGONDS, Jean Philopon, 1981. LEURQUIN R. (éd.), Théodore Méliténiote, Tribiblos astronomique Livre 1, Louvain-LaNeuve, Academia eds, 1990 [Corpus des Astronomes byzantins 4] (voir chapitres 11 à 25 : Traité sur l’astrolabe, p. 154-288, ainsi que le commentaire p. 335-413). 172 TIHON A., LEURQUIN R. et SCHEUREN C., Une version byzantine du Traité sur l’astrolabe du Pseudo-Messahalla, Louvain-La-Neuve, Academia eds, 2001[Corpus des astronomes byzantins 10] : on verra en particulier le très pratique lexique fourni en fin d’ouvrage. 173 GUNTHER R. T. (éd.), Chaucer and Messahalla on the Astrolabe, Oxford, Oxford University Press, 1929. 174 Al-Farghānī, On the astrolabe, arabic text edited with translation and commentary by Richard Lorch, Stuttgart, F. Steiner, 2005. 175 Raymond de Marseille, Opera Omnia. Traité de l’astrolabe, Liber cursuum planetarium, éd. E. Poulle, C. Burnett et M.-T. d’Alverny, Paris, CNRS (collection Sources d’histoire médiévale), 2009. 171
117
État des sources
B. Traité sur les constellations
Rédigé en 661, le Traité sur les constellations expose un propos relatif à l’astronomie générale, qu’on peut qualifier de cosmographique. Il est divisé en dix-huit chapitres. Les premiers chapitres sont dirigés contre les poètes et les astrologues qui attribuent aux constellations une influence sur la destinée des hommes. Sont cités à cette occasion plusieurs passages des Phénomènes d’Aratos. Les autres chapitres traitent de la sphéricité de la terre, des signes du zodiaque et des étoiles, de la voie lactée, des cercles de la sphère céleste, des climats, de la durée des jours et des nuits selon la latitude, de la mesure du ciel et de la terre ainsi que des zones habitables de la terre. L’auteur fait, à cette occasion, référence à la Géographie et aux Tables faciles de Claude Ptolémée ainsi qu’au précédent Traité sur l’astrolabe de Sévère. Il faut noter que le traité n’aborde jamais les questions d’astronomie planétaire qui sont, comme l’a relevé H. HugonnardRoche, la partie la plus importante de l’astronomie ptoléméenne176. Ce traité se présente en réalité comme le correspondant théorique du précédent manuel rédigé par Sévère sur l’usage de l’astrolabe.
1. Les manuscrits
Deux manuscrits contiennent, à notre connaissance, le Traité des constellations de Sévère Sebokht, mais un seul présente le texte complet : le Paris BnF syr. 346, celui-là même qui contient le texte du Traité sur l’astrolabe du même Sévère Sebokht, connu donc depuis 1910 (voir la présentation de ce manuscrit ci-dessus). Le Traité sur les constellations y est présenté intégralement et ses chapitres sont numérotés de 1 à 18. Le second manuscrit, celui de Londres, le BL Add. 14 538, comporte une copie en mauvais état des deux derniers chapitres de ce traité, soit des chapitres 17 et 18 : ces chapitres avaient attiré l’attention d’E. Sachau, bien avant que W. Wright ne fît son catalogue, puisqu’il en publiait le texte syriaque dès 1870.
176
Voir HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 38. 118
État des sources
a. BL Add. 14 538 [Wright 863]177
Ce manuscrit sur vélin fait partie de la collection achetée par Claudius Rich à Mossoul et vendue en 1825 au British Museum. De format 260 x 181 mm, il comprend 155 feuillets de textes syriaques. L’écriture, cursive jacobite, petite et claire, a été estimée par Wright comme datant approximativement du Xe siècle. Le nombre de lignes par page varie de 36 à 50. 152 feuillets sont consacrés à l’expression de la doctrine chrétienne sur divers sujets théologiques selon les Pères de l’Église. Certaines de ces démonstrations doctrinales sont orientées contre les dyophysites. Seuls trois feuillets, sans grand rapport avec le reste et situés à la toute fin du manuscrit,
traitent
d’astronomie
et
de
géographie.
Il
s’agit
vraisemblablement d’une commande de l’Église jacobite, mais nous n’en savons pas plus. Les feuillets 153r à 155r présentent des textes à sujet astronomique et géographique. On y trouve quatre chapitres extraits du Traité sur les constellations de Sévère Sebokht (f. 153r-154v) et un extrait sur les mouvements du soleil et de la lune (f. 155r). Seule une partie des quatre derniers chapitres du Traité sur les constellations a été copiée dans ce ms. BL Add. 14 538. On y trouve en effet la fin du chapitre XV portant sur la durée du jour et de la nuit en différents endroits de la terre (peu lisible) (f. 153r-153v), puis, dans le désordre, les chapitres 16 à 18 :
Le chapitre 16 sur la forme du ciel et de la terre (f. 153v-154r)
Inc. : « Sur le fait de savoir si le ciel passe sous la terre et sur la terre sous la forme d’une sphère ».
ܿ ܥܠ ܿܗܝ ܕܐܢܗܘ ܕܥܒܪ ܫܡܝܐ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܘܠܥܠ ܡܢ ܐܪܥܐ . ܒܓܘܫܡܗ ܕܡܘܙܠܬܐ Le chapitre 18 sur les parties habitables et inhabitables de la terre (f. 154r-154v) : 177
WRIGHT, Catalogue, 1871, p. 1003-1008. 119
État des sources
Tit. : « Chapitre sur la terre habitable et sur celle qui n’est pas habitable ; sur la disposition de ceux qui habitent sur tout le cercle du dessus ou du dessous de Sévère Sebokht évêque de Qennešrin d’après son Traité sur les constellations. » [=Paris BnF syr. 346, f. 119r].
ܿ ܩܦܐܠܘܢ ܥܠ ܐܪܥܐ ܡܬܥܡܪܢܝܬܐ ܟܝܬ ܘܡܛܠ. ܘܗܝ ܕܐܠ ܡܬܥܡܪܐ ܿ ܿ ܛܟܣܐ ܕܝܠܗ. ܕܠܥܠ ܟܝܬ ܐܦ ܕܠܬܚܬ. ܚܘܕܪܗ ܕܗܢܘܢ ܕܥܡܪܝܢ ܥܠ ܟܠܗ ̈ ̄ ܕܡܘܬܐ ܐܦܝܣ ܕܩܢܫܪܝܢ ܡܢ ܡܐܡܪܐ ܕܥܠ . ܕܣܐܘܪܐ ܣܐܒܘܟܬ . ܕܒܡܘܙܠܬܐ Inc. : « Au sujet de la terre habitable et de celle qui n’est pas habitable, voici ce que disent les Anciens : puisque toute la surface de la terre a été divisée en cinq zones, comme la surface du ciel, […] ».
ܿ ܘܡܛܠ ܕܝܢ ܐܪܥܐ ܿܗܝ ܡܬܥܡܪܢܝܬܐ ܟܝܬ ܘܗܝ ܕܐܠ ܡܬܥܡܪܐ ܆ ܬܘܒ ̈ ܡܛܠ ܗܟܝܠ ܕܠܚܡܫ. ܩܕܡܝܐ ܿ ܐܬܦܠܓܬ ܿ ̈ ܗܟܢܐ ܐܡܪܘ ܿܗܢܘܢ ܟܠܗ ܙܘܢܣ . ܫܛܝܚܘܬܐ ܕܐܪܥܐ ܐܝܟ ܗܠܝܢ ̈ܫܡܝܢܝܬܐ Le chapitre 17 sur la mesure du ciel et de la terre (il manque le début et la fin du chapitre) [=Paris BnF syr. 346, f. 117v, l.9- f. 118r, l. 10].
Tit. (f. 154v) : « Du même Sévère Sebokht, au sujet de la mesure du ciel et de la terre et de l’espace qui est entre eux ».
ܘܕܛܘܪܐ. ܕܝܠܗ ܕܣܐܘܪܐ ܣܐܒܘܟܬ ܡܛܠ ܡܫܘܚܬܐ ܕܫܡܝܐ ܘܕܐܪܥܐ . ܿܗܘ ܕܒܡܨܥܬܗܝܢ Inc. mut. (f. 154v) : « Ceux qui, avec un grand amour du travail, ont cherché avec soin la mesure du ciel et de la terre, l’ont atteinte autant que possible et l’ont transmise par écrit. »
ܿܗܢܘܢ ܗܟܝܠ ܕܒܪܚܡܬ ܥܡܐܠ ܣܓܝܐܬܐ ܇ ܝܨܝܦܐܝܬ ܥܩܒܘ ܥܠ ܡܫܘܚܬܐ ܕܫܡܝܐ ܘܕܐܪܥܐ ܇ ܘܠܗܕܐ ܐܝܟ ܕܡܨܝܐ ܐܕܪܟܘ ܘܒܟܬܒܐ ܐܫܠܡܘ ܇
120
État des sources
Contrairement à la copie du ms. Paris BnF syr. 346, celle du BL Add. 14 538 écrit les chiffres en toutes lettres (alors que le ms. de Paris présente les nombres symbolisés par des lettres surmontées de traits horizontaux, comme dans le système numéral grec). On note que la copie du BL Add. 14 538 comprend à la fois des ajouts et des omissions par rapport à la copie de Paris, excluant la possibilité que l’une soit la copie de l’autre.
b. Paris BnF syr. 346 (f. 78r-121v)
Nous renvoyons à la description que nous avons faite de ce manuscrit dont F. Nau avait déjà publié une notice en 1910178 (cf. Traité sur l’astrolabe). Le Traité sur les constellations en 18 chapitres se situe aux feuillets 78r à 121v, entre un Traité sur les vents et une Lettre sur la conjonctions des planètes. Il est explicitement attribué au saint Sévère, évêque de Qennešrin, dit « Sebokht » de Nisibe :
Tit. (f. 78r) : « Traité du même saint Sévère évêque de Qennešrin dit Sebokht le Nisibéen, sur les constellations qu’on dit voir dans le ciel : y sont-elles par nature ou par convention ? Sur leur lever et leur coucher ; sur les cercles (ou zones) de la sphère ; sur la hauteur des pôles ; sur la latitude des climats ; sur la mesure du ciel et de la terre ; sur les régions habitables et inhabitables. En 18 chapitres. »
ܬܘܒ ܡܐܡܪܐ ܐܚܪܢܐ ܕܝܠܗ ܟܕ ܕܝܠܗ ܕܩܕܝܫܐ ܣܐܘܝܪܐ ܐܦܝܣܩܘܦܐ ̈ ܕܡܘܬܐ ܗܠܝܢ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ ܥܠ. ܕܩܢܫܪܝܢ ܕܡܬܩܪܐ ܣܒܘܟܬ ܢܨܝܒܢܝܐ ̈ ܐܘ ܒܣܝܡܐ ܘܥܠ ܟܝܬ. ܕܐܢ ܒܟܝܢܐ ܟܝܬ ܐܝܬܝܗܝܢ. ܕܡܬܚܙܝܢ ܒܫܡܝܐ ̈ ܘܥܠ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܘܟܝܬ. ܕܢܚܐ ܘܥܪܒܐ ܕܝܠܗܝܢ . ܙܘܢܣ ܕܝܠܗ ܕܐܣܦܝܪܐ ̈ ̈ ܘܥܠ ܡܫܘܚܬܐ ܕܫܡܝܐ. ܕܩܠܝܡܛܐ ܘܦܬܝܐ. ܕܦܘܠܘ ܘܐܟܣܐ̈ܪܡܐ ̈ ܕܐܝܬ. ܘܕܕܘܟܝܬܐ ܡܬܥܡ̈ܪܢܝܬܐ ܟܝܬ ܘܐܠ ܡܬܥܡ̈ܪܢܝܬܐ . ܘܕܐܪܥܐ ̈ ܒܗ . ܩܦܐܠܐ ܝܚ
178
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 225-254. L’analyse du manuscrit syriaque 346 commence à la page 228. 121
État des sources
Inc. (f. 78r) : « Premier chapitre : sur le fait que ce n’est pas par nature que les constellations sont dites être dans le ciel mais par convention seulement. »
̈ ̈ ܕܡܬܚܙܝܢ ܕܡܘܬܐ ܗܠܝܢ ܩܦܐܠܘܢ ܩܕܡܝܐ ܥܠ ܿܗܝ ܕܠܘ ܒܟܝܢܐ ܐܝܬܝܗܝܢ . ܒܫܡܝܐ ܐܐܠ ܒܣܝܡܐ ܒܠܚܘܕ Des. (f. 121v) : « […] nous nous étonnerons encore avec le psalmiste sacerdotal David, de la beauté de la sagesse de Dieu qui apparaît ainsi dans les créatures, nous dirons : Que tes œuvres sont grandes, Seigneur, tu les as toutes faites avec sagesse (Ps. CIII, 24). Nous arrêtons ici le discours ».
ܬܘܒ ܟܕ ܥܡܗ ܕܡܙܡܪܝܐ ܟܗܢܝܐ ܕܘܝܕ ܡܬܕܡܪܝܢܢ ܒܦܝܘܬ ܚܟܡܬܐ ܿ ܕܐܠܗܐ ܗܕܐ ܕܗܟܢܐ ܡܬܚܙܝܐ ܒܒ̈ܪܝܬܗ ܡܐ ܪܘ̈ܪܒܝܢ ܿܥ ̈ܒܕܝܟ. ܐܡܪܝܢܢ ܿ ܢܚܝܚܗ ܠܡܠܬܐ ܀ ܡܪܝܐ ܇ ܘܟܠܗܘܢ ܒܚܟܡܬܐ ܥܒܕܬ ܐܢܘܢ ܇ ܗܪܟܐ Exp. (f. 121v) : « Fin du Traité sur les constellations et sur les cercles qu’on dit être sur la sphère céleste ; et au sujet de la latitude des climats et de la mesure du ciel et de la terre et de l’espace qu’il y a entre eux. Fait par le vénérable abbé Mar Sévère Sebokht. Nous l’avons écrit l’an 971 des Grecs, troisième année de l’indiction. »179
̈ ܕܡܘܬܐ ܘܚܘܕ̈ܪܐ ܕܡܬܐܡ̈ܪܝܢ ܕܐܝܬ ܒܐܣܦܝܪܐ ܫ ܛܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܠ ̈ ̈ ܕܫܡܝܐ ܇ ܘܕܡܛܠ ܦܬܝܐ ܘܕܡܘܫܚܬܐ ܟܝܬ ܕܫܡܝܐ ܘܕܐܪܥܐ ܕܩܠܝܡܛܐ ܘܕܛܘܪܐ ܿܗܘ ܕܒܡܨܥܬܐ ܇ ܕܥܒܝܕ ܠܚܣܝܐ ܐܒܣ ܡܪܝ ܣܐܘܝܪܐ ܣܒܘܟܬ ̈ ܐܬܟܬܒ ܕܠܢ ܒܫܢܬ ̄ܨܥܐ. ܐܢܕܩܛܝܘܢܐ ܕܛܪܝܛܐ ܀܀. ܕܝܘܢܝܐ
2. Éditions partielles et traduction Le texte syriaque du Traité sur les constellations n’a jamais été édité intégralement. Seuls les chapitres IV, V, VI, XVII et XVIII ont fait l’objet 179
Le scribe a ajouté une remarque en marge, mais il est difficile de savoir si cette information se rapporte au Traité sur les constellations ou au traité suivant sur la conjonction des planètes, qui démarre juste après, à la fin du f. 121v. On lit en effet en marge : « Écrit comme solution aux questions et à certaines demandes provenant d’hommes qui aiment l’enseignement, comme à l’ami de Dieu le prêtre et visiteur Basile ». 122
État des sources
d’une édition partielle. En 1870, E. Sachau publiait le texte des deux derniers chapitres de ce traité dans ses Inedita Syriaca180 à partir du seul manuscrit de Londres. En 1930, F. Nau éditait, pour sa part, une partie des chapitres 4 à 6 en se fondant sur le manuscrit parisien. En revanche, les dix-huit chapitres de ce Traité sur les constellations ont tous été traduits en français par F. Nau à partir de la copie parisienne. Cette traduction a été publiée dans deux numéros de la Revue de l’Orient Chrétien181, en 1930 et 1932.
3. Études En dehors de l’introduction182 que F. Nau propose à sa traduction, nous ne recensons aucune étude concernant ce Traité sur les constellations. F. Nau n’y consacre d’ailleurs pas plus de quatre pages dans son introduction, le reste étant dévolu à la présentation biographique de Sévère Sebokht d’après le témoignage du manuscrit Paris BnF syr. 346. On retiendra de cette étude que le Traité sur les Constellations fut composé après le Traité sur l’astrolabe puisque Sévère Sebokht y cite cet ouvrage à deux reprises.
C. La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant fait partie des nouveaux textes que nous mettons à la disposition du lecteur. C’est une lettre clairement attribuée à Sévère Sebokht († c. 666). On y trouve plusieurs méthodes de calcul pour déterminer la position des nœuds ascendant et descendant (point de l’écliptique coupé par la trajectoire de la lune), ce qui, comme l’explique le texte, est un préalable au calcul qui permettra de prévoir ou non une éclipse de lune ou de soleil.
180
SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 127-134. NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27, 1929/30, p. 343-410 et ROC 28, 1931/32, p. 85-100. 182 NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/1930, p. 327-342. 181
123
État des sources
Cette lettre, destinée à un certain Stéphane chartulaire de toute la Djazira, n’est pas clairement attribuée à Sévère Sebokht par le scribe. Cependant, plusieurs éléments, sur lesquels nous reviendrons, rendent cette attribution assez évidente : un proemium nous indique notamment qu’il était prévu que le destinataire de cette lettre en reçoive deux autres, dont l’une devait porter sur le XIV lunaire de Nisan (Paris BnF syr. 346, f. 136r-140r) et l’autre sur la conjonction des planètes (Paris BnF syr. 346, f. 121v-124v). Or ces deux lettres, présentes dans le même manuscrit, sont clairement attribuées à Sévère Sebokht. On verra qu’à cet argument s’ajoute une proximité linguistique flagrante avec la prose astronomique de Sévère attestée dans le Traité sur l’astrolabe ou le Traité sur les constellations.
1. Manuscrit Paris BnF syr. 346 (f. 124v-127v) La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant n’est pour l’instant attestée que dans le seul ms. Paris BnF syr. 346, aux feuillets 124v à 127v. Elle est située, dans le manuscrit, juste après la Lettre sur la conjonction des planètes de Sévère Sebokht (f. 121v-124v) et précède les quatre chapitres sur les climats (f. 127v-136r) ainsi que la Lettre sur le
XIV lunaire
de Nisan
qui sont également attribués à Sévère Sebokht. Le scribe l’a rubriquée sous le numéro de chapitre XX.
2. Édition / Traduction
Nous avons édité le texte à partir de la seule copie connue, à savoir le ms. Paris BnF syr. 346 (f. 124v-127v), dans la seconde partie du présent travail (texte 4). Cette édition est accompagnée d’une traduction et de notes. On trouvera également des informations concernant le destinataire de la lettre et le contexte de rédaction dans la notice que nous avons placée avant le texte. Tit. (f. 124v) : « Chapitre 20 : comment calculer les nœuds ascendant et descendant d’après les Tables faciles ou sans les Tables faciles ? Comment prévoir s’il y aura une éclipse de soleil ou de lune ? Puis de ce qu’a écrit, ou plutôt rappelé, l’ami du Christ, l’illustre Stéphane, chartulaire de toute la Djazira, à qui seront humblement présentés de ma part, ô mon frère, les sujets : Au sujet du
XIV
lunaire de Nisan qui aura lieu la 19e année du cycle
lunaire dans la 8e à venir de l’indiction, c’est-à-dire l’an prochain, faut-il le placer le 5 ou le 6 de Nisan ? On veillera aussi à savoir si les sept planètes peuvent ensemble former ou non une conjonction en s’associant les unes aux autres, et à quelle fréquence elles le font. J’ai déjà parlé de ce qui se rapporte à ce sujet précédemment. »
ܿ ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܆ ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܝܟܢܐ ܿܚܫܒ ܐܢܫ ܡܛܠ ܐ ܿܢܐܒܝܒܙܘܢ ܿ ܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܘ ܣܛܪ ܡܢ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܘܕܐܝܟܢܐ ܬܘܒ. ܘܩ ܿܛܐܒܝܒܙܘܢ ܿ ܢܩܕܡ ܐܢܫ ܢܕܥ ܕܐܢ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܕܣܗܪܐ ܿ ܐܘ ܐܠ ܿܗܘܝܐ ܿ ܡܛܠ ܕܝܢ ܗܠܝܢ ܕܟܬܒ ܐܘܟܝܬ ܥܗܕ ܪܚܡ ܠܡܫܝܚܐ ܡܪܝ ܣܛܦܢܘܣ ܿ ̈ ܕܢܬܝܕܥܢ ܠܗ ܡܢ ܒܨܝܪܘܬܢ ܕܟܠܗ ܓܙܝܪܬܐ ܇ ܐܝܠܘܣܛܪܝܘܣ ܘܟܪܛܘܠܪܐ ܿ ܕܗܘܝܐ ܿ ܡܛܠ ܿܡܢ ̄ܝ ̄ܕ ܕܣܗܪܐ ܕܢܝܣܢ ܿܗܝ. ܒܐܝܕܝ ܐܚܘܬܟ ̄ ܒܫܢܬܐ ̈ ܕܝ ̄ܛ ̄ ܕܚܘܕܪܐ ܕܠܗ ܕܣܗܪܐ ܒܐܦܝܢܡܝܣܝܣ ܕܚ ܗܕܐ ܕܥܬܝܕܐ ܐܘܟܝܬ ܕܝܬܝܪ ܿ ܠܡܚܫܒܗ ܿ ̈ ܐܘ ̈ ܩܪܝܒܐ ܇ ܕܐܢ ܒܫܬܐ ܇ ܬܘܒ ܕܝܢ ܒܚܡܫܐ ܠܡ ܒܢܝܣܢ ܿܙܕܩ ܠܢ ̈ ܘܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܢ ܿܥܒܕܝܢ ܠܡ ܐܟܚܕܐ ܗܠܝܢ ̈ܫܒܥܐ ܛܥܝܐ ܣܘܢܕܘܣ ܠܘܬ ܿ ̈ܚܕܕܐ ܗܐ ܡܢ ܟܕܘ ܆ ܒܗܠܝܢ ܕܡܢ ܠܥܠ. ܘܕܠܟܡܐ ̈ܫܢܝܐ ܿ ̈ܥܒܕܝܢ. ܐܘ ܐܠ . ܩܕܝܡܐ ܐܡܝܪܐ Inc. (f. 125r) : « Nous parlerons donc autant que possible du calcul des nœuds ascendant et descendant. »
ܡܛܠ ܕܝܢ ܚܘܫܒܢܐ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܗܫܐ ܐܝܟ ܕܡܨܝܐ ܐܡܪܝܢܢ ܀ Des. (f. 127v) : « Mais pour l’heure, je pense que ces propos suffisent et que c’est déjà beaucoup eu égard à la grande faiblesse qui m’affecte et à la cécité elle-même qui m’est survenue depuis peu, comme je l’ai déjà dit, à plusieurs reprises. »
ܿ ܕܫܥܬܐ ܕܝܢ ̈ܣܦܩܢ ܗܠܝܢ ܐܝܟ ܕܣܒܪ ܐܢܐ ܘܣܓܝ ̈ܣܦܩܢ܇ ܠܦܘܬ ܿ ܕܓܕܝܫܬ ܠܝ ܡܢ ܗܪܟܐ ܡܚܝܠܘܬܐ ܕܠܝ ܣܓܝܐܬܐ ܘܥܘܪܘܬ ܢܦܫܐ ܿܗܝ
125
État des sources
̈ ܕܙܒܢܬܐ ̈ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ܆ ܿܗܝ ܐܣܓܝܐܬܐ ܗܐ ܡܢ ܟܕܘ ܿܩܕܝܡܐ ܐܡܝܪܐ ܀܀܀ 3. Études F. Nau avait déjà, en 1910183, signalé l’existence de cette Lettre sur les nœuds ascendant et descendant dont il a ensuite, en 1929, édité et traduit un court extrait184. Mais le passage présente une date astronomique que F. Nau n’a pas su rendre correctement, faisant de cette lettre une production antérieure à l’année 359 de Dioclétien (soit 643 apr. J.-C.), alors qu’il s’agissait en réalité de l’année 379 de Dioclétien (soit 662 apr. J.-C.)185. Si la lettre a été rédigée à une date proche de celle utilisée pour le calcul, on peut donc situer chronologiquement les œuvres de Sévère de la manière suivante : le Traité sur l’astrolabe (avant 660), le Traité sur les constellations (660) et la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant (661?). H. Hugonnard-Roche a récemment rappelé l’existence et le contenu de cette lettre186.
D. La Lettre sur la conjonction des planètes
Cette lettre de Sévère Sebokht fut adressée au prêtre périodeute chypriote Basile en 662 apr. J.-C., en réponse à sa question sur la conjonction des sept planètes. Après avoir rappelé l’exemple de la conjonction des sept planètes qui eut lieu l’année 245 de Dioclétien, Sévère explique comment calculer, au moyen des Tables faciles de Ptolémée, les
183
Voir NAU, « La cosmographie », 1910, p. 240. Selon F. Nau, Basile, le prêtre et périodeute, serait l’intermédiaire par lequel Stéphane et Sévère échangeaient à propos de ces questions astronomiques. Mais le nom de Basile ne figure pas dans cette lettre. 184 Voir NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennešrin », ROC 27, 1929/30, Introduction, p. 333-337. 185 Cette correction était de toute façon indispensable pour faire correspondre la date formulée en ère de Dioclétien, avec la date formulée en ère de Philippe Arrhidée dans le même passage, cf. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2. 186 Voir HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 38. 126
État des sources
positions des planètes pour une date déterminée et affirme qu’après la conjonction de 245, il y en aurait bien d’autres.
1. Les manuscrits
La Lettre sur la conjonction des planètes est attestée dans deux manuscrits : le BL Add. 12 154 (f. 248v) et le Paris BnF syr. 346 (f. 121v124v). V. Ryssel puis F. Nau en 1899 en ont d’abord pris connaissance par l’intermédiaire d’une citation qu’en a fait Georges des Arabes, citation préservée dans le manuscrit londonien. Dix ans plus tard, en analysant le manuscrit 346 de la collection parisienne, F. Nau identifiait la lettre complète de Sévère Sebokht.
a. Paris BnF syr. 346 (f. 121v-124v)
La Lettre sur la conjonction des planètes de Sévère adressée au prêtre Basile de Chypre, située entre les folios 121v et 124v, suit immédiatement le Traité sur les constellations et précède la Lettre sur les nœuds ascendants et descendants. Elle a été rubriquée sous le numéro de chapitre XIX par le scribe. Tit. : « 19e chapitre sur la conjonction des sept planètes qui a parfois eu lieu et qui aura lieu prochainement ; pour quelle raison ne peut-on observer la plupart du temps que la conjonction de 5 planètes seulement ? Au sujet de révolution de chacune d’entre elles. »
̈ ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܗܘܬ ܒܙܒܢ ܣܘܗܢܕܘܣ. ܕܝܛ ܕܫܒܥܐ ̈ܛܥܝܐ ܇
187
ܩܦܐܠܘܢ
ܘܐܦ ܥܬܝܕܐ ܕܬܗܘܐ ܘܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܠܘ ܐܝܟ ܕܒܣܘܓܐܐ ̄ ܡܬܚܙܝܐ ܘܐܦ ܐܠ ܣܘܢܕܘܣ ̈ ܕܗ ܒܠܚܘܕ ܘܡܛܠ ܟܪܘܟܝܐ ܕܟܠܚܕ ܚܕ. ܛܥܝܐ . ܡܢܗܘܢ
̈ ܘܕܫܘܐܐܠ ܡܕܡ ܕܗܘܘ ܡܢ ̈ ̈ ̈ ܐܢܫܝܢ Le copiste ajoute en marge : « ܐܚܡܝ ܕܦܘܫܟܐ ܐܬܟܬܒ ܫܪܝܐ . » ܝܘܠܦܢܐ ܐܝܟ ܕܠܘܬ ܪܚܡ ܐܠܗܐ ܩܫܝܫܐ ܘܣܥܘܪܐ ܒܣܝܠ.
187
127
État des sources
Inc. : « Au sujet de ce que tu as écrit, mon Frère, à savoir que ce ne sont pas les mêmes qui vous sont peu visibles, aussi à ce propos […] »
̈ ܡܬܚܙܝܢ ܡܛܠ ܕܝܢ ܕܐܦ ܐܚܪܬܐ ܟܬܒܬ ܐܚܘܬܟ ܇ ܕܠܘ ܠܡ ܙܥܘܪܝܐܝܬ . ܗܢܘܢ ܟܕ ܗܢܘܢ ܿܗܢܘܢ ܕܠܘܬܟܘܢ ܐܦ ܥܠ ܗܕܐ Des. (f. 127v) : « Et ces choses que je viens d’écrire, je les ai écrites dans une grande nécessité, parce que j’y ai été fortement poussé par amour pour toi, mon Frère spirituel. »
̈ ܿ ܘܐܦ ܗܠܝܢ ܐܢܝܢ ܟܕ ܒܐܘܠܨܢܐ ܣܓܝܐܐ ܿܟܬܒܬ. ܕܟܬܒܬ ܗܫܐ ܡܬܥܨܐ ܐܢܐ ܣܓܝ ܇ ܡܢ ܚܘܒܐ ܕܐܚܘܬܟ ܪܘܚܢܝܬܐ ܀ b. BL Add. 12 154 [ancien cod. syr. 860] (VIIIe ou IXe s.)
Conservé à la British Library, le manuscrit portant la cote Add. 12 154 a été daté par W. Wright de la fin du
VIII
e
ou du
IX
e
siècle. On peut en
trouver une longue notice dans le deuxième volume de son Catalogue188. C’est un recueil hétéroclite de textes monophysites. Le manuscrit est en parchemin de format 237 x 159 mm de 294 feuillets, dont certains sont mutilés à la fin. Le manuscrit présente 27 à 41 lignes par pages. Il semble avoir été copié par trois mains différentes, en esṭrangelo. Vu son contenu, cette compilation résulte d’une commande interne à l’Église monophysite. Trois parties se dessinent dans l’organisation de ce manuscrit : les 31 premiers feuillets sont consacrés à une défense de la doctrine monophysite, la seconde partie est une sorte d’anthologie littéraire sans problématique thématique, essentiellement puisée aux Pères de l’Église. La troisième partie (f. 222r-293v), enfin, contient l’œuvre de Georges des Arabes (Traité de logique, correspondance scientifique et autres…). La citation portant sur les conjonctions astrales apparaît au feuillet 248v dans l’une des trois lettres adressées au prêtre Ješua du village d’Anab durant l’année des Grecs 1025 (714 apr. J.-C.). On notera que ce manuscrit comporte également d’autres
188
WRIGHT, Catalogue, 1871, p. 976-989. 128
État des sources
lettres, notamment celles adressées à Jean le Stylite, entièrement consacrées à des problèmes d’ordre chronologique et astronomique (f. 265v-284r).
Inc. (f. 248v) : « Sur le discours (cours ?) qui a été tenu par lui au sujet de la conjonction des astres célestes les uns avec les autres. »
̈ ̈ ܣܘܢܘܕܘ ܕܠܘܬ . ܚܕܕܐ ܕܢܗܝ̈ܪܐ ܕܫܡܝܐ ܒܫܪܒܐ ܚܕ ܕܥܒܝܕ ܠܗ ܡܛܠ 2. Édition / Traduction
La première partie de cette lettre (fol. 121v-123r ) a été éditée, à partir du ms. Paris BnF syr. 346, et fut traduite en français par F. Nau dans ses « Notes d’astronomie syrienne » publiées dans le Journal asiatique en 1910189. La citation de Bardesane, contenue dans cette lettre et qu’on retrouve sous la plume de Georges des Arabes, a été reproduite par P. de Lagarde en 1858190 puis par V. Ryssel en 1891191, traduite par F. Nau à la suite du Livre des Lois des pays192 en 1899 puis éditée et traduite en latin de nouveau par F. Nau, dans le deuxième volume de la Patrologia Syriaca193 en 1907.
3. Études
H. Hugonnard-Roche a rapproché le contenu de cette lettre avec la polémique qui opposa Jean Philopon à Proclus au sujet de l’éternité du monde. Jean Philipon tout comme Sévère mentionnent une conjonction des sept planètes qui aurait eu lieu dans le Taureau durant l’année 245 de Dioclétien (c’est-à-dire l’année 529 de notre ère)194.
189
NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 210-213 (texte) et p. 213-214 (trad.). P. de Lagarde avait édité sans traduction tout le contenu de la lettre de Georges des Arabes dans LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, 1858, p. 108 à 134. La citation attribuée à Bardesane sur la durée de révolution des planètes se trouve dans la deuxième partie de cette lettre qui comprend neuf chapitres (cf. p. 114-115). 191 RYSSEL V., Georgs des Araberbischofs Gedichte und Briefe : aus dem Syrischen, übersetzt und erläutert von V. Ryssel, Leipzig, S. Hirzel, 1891, p. 122-129. 192 NAU, Bardesane, Le Livre des Lois des pays, 1899. 193 NAU, « Bardesanes », 1907, col. 612-615. 194 Voir HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 38. 190
129
État des sources
Remarquons que Sévère cite une fois de plus Ptolémée à la fin de cette lettre (f. 124r) : « […] on sait que chacune des 7 planètes circule le long du cercle du zodiaque et qu’on la trouvera dans tel ou tel signe, en fonction de ce qu’en dit Ptolémée dans son Isagogue ( » ) ܐܝܣܓܘܓܝ. On trouvera quelques compléments d’information sur cette lettre dans la troisième partie de cette thèse (voir Partie 3, section II, 2, d.)
E. Quatre chapitres sur les climats
1. Paris BnF syr. 346 (f. 127v-136r)
Le manuscrit parisien contient également quatre chapitres (chapitre 21 à 24) qui ont pour thème commun les climats et leur localisation sur la sphère céleste. Nous proposons de les regrouper sous le titre de « Traité sur les climats ». Ces chapitres sont de Sévère Sebokht car dans le titre du quatrième de ces chapitres, l’auteur renvoie au Traité sur les constellations, dont il prétend être l’auteur. Ces chapitres sont donc postérieurs à 660 apr. J.-C. De plus, comme cet ensemble a été recopié entre la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant (rédigée peu avant 662 apr. J.-C.) et la Lettre sur le
XIV
lunaire de Nisan (rédigée en 664 apr. J.-C.), et si, comme
nous le pensons, les textes attribués à Sévère Sebokht apparaissent de manière chronologique dans le manuscrit, alors nous pouvons penser que ces quatre chapitres ont pu être rédigés par Sévère Sebokht entre ces deux dernières dates. Voici l’intitulé de chacun de ces chapitres :
Chapitre 21 Tit. (f. 127v) : Chapitre 21. Au sujet des noms des sept climats l’un après l’autre ; latitude de chacun d’eux ; jour le plus grand ; au sujet de leur longitude.
̈ ̈ ܡܛܠ. ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܚܕ ̈ ܕܫܒܥܐ . ܩܠܝܡܛܐ ܕܚܕ ܒܬܪ ܚܕ ܫܡܗܐ . ܘܡܛܠ ܐܘܪܟܗܘܢ. ܘܐܝܡܡܗܘܢ ܿܗܘ ܪܒܐ. ܘܦܬܝܐ ܕܟܠܚܕ ܡܢܗܘܢ 130
État des sources
Chapitre 22 Tit. (f. 128v) : Chapitre 22. Au sujet de la répartition de la sphère du ciel en cinq zones ; comment compte-t-on, en chaque climat, la distance à l’horizon sud et aussi à l’horizon nord ; comment pouvons-nous connaître la latitude de chaque climat.
̈ ܠܚܡܫ ܡܛܠ ܦܘܠܓܐ ܕܐܣܦܝܪܐ ܕܫܡܝܐ. ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬ̈ܪܬܝܢ ̈ ܘܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܝܟܢܐ ܚܫܒ ܐܢܫ ܠܗܠܝܢ ܕܒܟܠ ܩܠܝܡܐ ܇ ܕܟܡܐ ̈ܪܚܝܩܢ. ܙܘܢܣ ܘܡܛܠ ܿܗܝ. ܡܢ ܐܘܪܝܙܘܢ ܬܝܡܢܝܐ ܐܟܚܕܐ ܕܝܢ ܐܦ ܡܢ ܿܗܘ ܓܪܒܝܝܐ ̈ ܕܐܝܟܢ ܢܕܥ ܠܦܬܝܐ ܕܟܠܚܕ ܡܢ . ܩܠܝܡܛܐ
Chapitre 23 Tit. (f. 131r) : Chapitre 23. Comment, de manière plus démonstrative, d’après la latitude de chaque climat, on peut calculer ce que nous avons dit précédemment, pour chacun des climats ; comment le soleil se situe en chacun d’eux quand il se trouve au commencement du Cancer ou du Capricorne ; de la même manière pour chaque ville.
ܕܐܝܟܢܐ ܝܬܝܪ ܡܚܘܝܢܐܝܬ ܡܢ ܦܬܝܐ ܕܟܠܚܕ. ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬܠܬܐ ̈ ܕܟܠܚܕ ܚܕ ܡܢ. ܕܩܕܝܡܢ ܐܡܝ̈ܪܢ ̈ ̈ ܚܕ ܡܢ . ܩܠܝܡܐ ܚܫܒ ܐܢܫ ܗܠܝܢ. ܩܠܝܡܛܐ ܿ ܐܡܬܝ. ܘܐܝܟܢܐ ܩܐܡ ܫܡܫܐ ܒܟܠ ܚܕ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܕܗܘܐ ܒܪܝܫܗ ܿ . ܕܣܪܛܢܐ ܐܘ ܕܓܕܝܐ . ܘܒܟܠ ܡܕܝܢܬܐ. ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ ܕܝܢ Chapitre 24 Tit. (f. 134r) : Chapitre 24. Au sujet des climats qui sont sur l’astrolabe ; au sujet du signe de la Balance ; explication, la plus brève possible, au sujet de ces constellations qui sont sur la sphère céleste, dont nous avons parlé dans le traité que nous leur avons consacré.
̈ ܡܛܠ. ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܐ̈ܪܒܥܐ ܘܡܛܠ. ܩܠܝܡܛܐ ܕܒܐܣܛܪܘܐܠܒܘܣ ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܘܢ ܕܡܣܐܬܐ ܘܡܥܗܕܢܘܬܐ ܐܝܟ ܕܒܙܥܘ̈ܪܝܬܐ ܡܛܠ ̈ ܕܡܘܬܐ ܿܗܢܘܢ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܡܪܢܢ ܒܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܕܥܒܕܢܢ ܥܠ . ܕܐܝܬ ܒܐܣܦܝܪܐ ܕܫܡܝܐ 131
État des sources
2. Texte inédit
Ces quatre chapitres sur les climats sont, à notre connaissance, restés inédits et sans traduction. Nous ne recensons aucune étude à leur propos.
F. Lettre sur le XIV lunaire de nisan de la 19e année en l’an 976 des Grecs, faut-il le compter le 5 ou le 6 de nisan ?
Cette lettre, qui résulte d’un échange entre Sévère Sebokht et le prêtre Basile de Chypre, vise à déterminer la date de Pâque de l’année 976 des Grecs (année présentée comme « à venir »). Après la conférence d’Aeas (organisée sous le règne de Justinien), une certaine confusion règne au sujet de la fixation des calendriers et des dates de cérémonies chrétiennes. Le choix d’une célébration de la Pâque le 5 plutôt que le 6 de nisan n’était en rien anodin195. Nous recensons pour l’instant deux témoins de cette lettre, préservés dans le ms. Paris BnF syr. 346 et dans le ms. Berlin syr. 186.
1. Les manuscrits
a. Paris BnF syr. 346 (f. 136r-140r)
Située aux feuillets 136r à 140r du ms. Paris BnF syr. 346, cette lettre a été rubriquée par le scribe sous le numéro de chapitre XXV (noté en marge). Elle fait ainsi suite aux quatre chapitres (XXI-XXIV) traitant des sept climats et précède une autre lettre (= Chapitre XXVI) de Sévère Sebokht adressée à Basile de Chypre sur les cycles de 95 ans et de 532 ans.
195
Voir à ce sujet l’Introduction générale, II. 2. a. « la mesure du temps » sur la réforme d’Aeas (en note). 132
État des sources
Tit. (f. 136r) : « Du même vénérable et saint Sévère Sebokht. Réponse à quelques
doutes
et
demandes
formulés
par
des
amis
de
l’enseignement. Cette réponse a été écrite conformément du prêtre et périodeute Basile, ami de dieu. Premièrement : au sujet du XIV lunaire de nisan de la 19e année, qui est l’an 976 des Grecs. Faut-il le compter le 5 ou le 6 de nisan ? »
ܫܪܝܐ ܕܦܘܫܟܐ. ܕܝܠܗ ܟܕ ܕܝܠܗ ܕܚܣܝܐ ܘܩܕܝܫܐ ܣܐܘܪܐ ܣܒܘܟܬ ̈ ̈ ܐܬܟܬܒ ܕܝܢ. ܐܢܫܝܢ ̈ܪܚܡܝ ܝܘܠܦܢܐ ܘܕܫܘܐܐܠ ܡܕܡ ܡܕܡ ܀ ܕܗܘܘ ܡܢ ܩܕܡܝܐ. ܗܘ ܫܪܝܐ ܐܝܟ ܕܠܦܘܬ ܪܚܡ ܐܠܗܐ ܩܫܝܫܐ ܘܣܥܘܪܐ ܒܣܝܠ ܿ ܡܛܠ ܐܪܒܥܣܪܐ ܕܣܗܪܐ ܕܢܝܣܢ ܕܫܢܬܐ ܕܝܛ ܿܗܝ ܕܗܘܝܐ ܒܫܢܬ ̈ ܘܫܝܬ ̈ ܒܚܡܫܐ ܒܢܝܣܢ ܐܘ ̈ ̈ ̈ ̈ ܘܫܒܥܝܢ ܒܫܬܐ ܙܕܩ ܕܝܘܢܝܐ ܕܐܢ ܬܫܥܡܐܐ ܿ . ܠܡܚܫܒܗ Inc. (f. 136r) : « Au sujet de ce que tu nous a écrit, mon Cher, voici maintenant quelque explication, destinée aux amis de l’enseignement qui sont chez vous sur l’île de Chypre : je parlerai du XIV lunaire de la 19e année, la prochaine, qui tombera l’an 976 des Grecs, dans la 8 e année de l’Indiction) »
ܡܛܠ ܕܟܬܒܬ ܠܢ ܐܚܘܬܟ ܇ ܕܦܘܫܩܐ ܡܕܡ ܗܘܐ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ ܇ ܐܠܢ ̈ܫܝܢ ܪܗܚܡܝ ܝܘܠܦܢܐ ܠܘܬܟܘܢ ܒܩܘܦܪܘܣ ܓܙܪܬܐ ܇ ܐܡܪ ܐܢܐ ܕܝܢ ܡܛܠ ̄ܝ ̄ܕ ̈ ̄ ܕܝ ̄ܛ ܗܕܐ ܕܥܬܝܕܐ ܕܬܗܘܐ ܒܫܢܬ ̄ܨ ̄ ܕܣܗܪܐ ܕܫܢܬܐ ܕܝܘܢܝܐ ܥ ̄ܘ ̄ ܒܗܦܝܢܝܡܝܣܝܣ ܕܚ ܇ b. Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26] (f. 98v-102v)
Le manuscrit syr. 186 conservé à la Staatsbibliothek de Berlin présente un second témoin de cette lettre, vraisemblablement copié du ms. Paris Bnf syr. 346. La lettre porte même, dans la marge près du titre, le numéro de chapitre 25 (comme dans le manuscrit parisien), alors que le reste du manuscrit n’est pas réparti en chapitres. Située aux feuillets 98v à 102v, cette lettre fait suite au Traité sur l’astrolabe (f. 82v-98r) et précède,
133
État des sources
tout comme dans le ms. Paris BnF syr. 346, une autre lettre de Sévère Sebokht sur les cycles de 95 et 532 ans (f. 103r-105v). Tit. (f. 98v) : « Du même vénérable et saint Sévère Sebokht. Réponse à quelques
doutes
et
demandes
formulés
par
des
amis
de
l’enseignement. Cette réponse a été écrite conformément du prêtre et périodeute Basile, ami de Dieu. Premièrement : au sujet du XIV lunaire de nisan de la 19e année, qui est l’an 976 des Grecs. Faut-il le compter le 5 ou le 6 de nisan ?
̈ ܕܦܘܫܟܐ ܕܝܠܗ ܟܕ ܕܝܠܗ ܕܚܣܝܐ ܘܩܕܝܫܐ ܣܐܘܪܐ ܣܒܘܟܬܐ ܫܪܝܐ ̈ ܘܕܫܘܐܐܠ ܡܕܡ ܕܗܘܘ ܡܢ ̈ ܐܬܟܬܒ ܕܝܢ ܗܘ ܫܪܝܐ. ܐܢܫܝܢ ̈ܪܚܡܝ ܝܘܠܦܢܐ ܐܝܟ ܕܠܘܬ ܪܚܡ ܐܠܗܐ ܩܫܝܫܐ ܘܣܥܘܪܐ ܒܣܝܠ ܩܕܡܝܐ ܡܛܠ ܐܪܒܥܣܪܐ ܕܣܗܪܐ ܕܢܝܣܢ ܕܫܢܬܐ ܕܝܛ ܿܗܝ ܕܗܘܝܐ ܒܫܢܬ ܬܫܥܡܐܐ ̈ ܘܫܒܥܝܢ ܘܫܝܬ . ܕܝܘܢܝܐ ܕܐܢ ܒܚܡܫܐ ܒܢܝܣܢ ܐܘ ܒܫܬܐ ܙܕܩ ܠܡܚܫܒܗ Le texte s’achève, tout comme dans le Paris BnF syr. 346, avec deux tableaux permettant de connaître à l’avance le jour exact du XIV lunaire pour un cycle de 19 ans.
2. Texte inédit / Études Cette lettre n’a jamais fait l’objet d’édition ni de traduction. F. Nau en a seulement édité et traduit le titre et a résumé le contenu de cette lettre dans un article de 1910196. H. Hugonnard-Roche a également présenté un autre résumé de ce texte en 2001197.
196
Voir NAU, « La cosmographie », 1910, p. 242. HUGONNARD-ROCHE, « Matematica e astronomia », 2001, p. 38 : « In un’ altra lettera, indirizzata anch’essa a Basilio, Sebokht interviene per stabilire la data della quattordicesima Luna piena del mese di Nisan (marzo/aprile) dell’anno 665; si trattava di sapere se il giorno di Luna piena successivo all’equinoxio di primavera, che determinava la data della Pasqua, cadesse il 5 o il 6 aprile, e se si dovesse celebrare la Risurrezione la domenica 6 o la domenica 13 aprile dell’anno 665 ». 197
134
État des sources
G. La Lettre sur le cycle de 95 ans
Cette lettre a été signalée pour la première fois par E. Sachau dans le second volume de son catalogue des manuscrits syriaques de la Königliche Bibliothek de Berlin en 1899. C’est encore une lettre de Sévère Sebokht adressée à Basile de Chypre. Métrodore y est désigné comme l’inventeur du cycle solaire de 532 ans. D’autres auteurs sont cités parmi lesquels on trouve Théon d’Alexandrie (f. 105r). 1. Manuscrit : Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26] (f. 103r-105v)198
Située entre la Lettre sur le
XIV lunaire
de Nisan et une autre lettre de
Sévère Sebokht Sur la date de naissance du Christ, la Lettre sur le cycle de 95 ans se trouve aux feuillets 103r à 105v du ms. Berlin syr. 186.
Tit. (f. 103r) : « spécifique aux questions posées par le prêtre Basile de l’île de Chypre, à propos desquelles il a éprouvé un doute »
̈ ܐܢܝܢ ܐܘܟܝܬ ܕܕܝܠܢܐܝܬ ܿܗܘ ܩܫܝܫܐ ܒܣܝܠ ܕܡܢ ܩܘܦܪܘܣ ܓܙܪܬܐ ܫܐܠ . ܐܬܦܫܟ ܒܗܝܢ Inc. (f. 103r) : « Au sujet du cycle de 95 ans. J’ai écrit à ce sujet, mon frère, que je n’avais qu’une seule chose à dire, à savoir que ce cycle de 95 ans (c’est-à-dire 5 et quatre-vingt dix) ne prend pas en compte les jours de la semaine, […]
̈ ܡܛܠ ܕܝܢ ܩܘܩܠܘܣ ܗܘ ܕܬܫܥܝܢ ܘܚܡܫ ܫܢܝܢ ܕܐܦ ܡܛܠܬܗ ܟܬܒܬ ̈ ܕܨ ̄ܗ ̄ ܕܩܘܩܠܘܣ ܗܢܐ. ܐܚܘܬܟ ܚܕܐ ܒܠܚܘܕ ܐܝܬ ܠܝ ܕܐܡܪ ܫܢܝܢ ̈ ̄ ܐܘܟܝܬ ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܠ. ܒܝܘܡܬܐ ܕܫܒܬܐ ܕܗ ܬܫܥܣ̈ܪܝܘܬܐ ܡܕܓܠ ̄ ܡܣܬܩܡ ̄ܘ ̄ܫܪ 2. Texte inédit
Ce texte est resté, à notre connaissance, parfaitement inédit et sans traduction. 198
SACHAU, Handschriften, 1899, p. 607. 135
État des sources
H. La Lettre sur la date de naissance du Christ
La Lettre sur la date de naissance du Christ est conservée, à notre connaissance dans deux manuscrits : le Paris BnF syr. 346 et le Berlin, syr. 186. Cette lettre ne présente pas, à proprement parler, de contenu astronomique. Nous la mentionnons cependant, car elle fournit des indications précieuses sur le calendrier en usage chez les Syriaques des et
VIII
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VII
e
siècles, et notamment sur la façon de formuler les dates. On y
apprend par exemple que Sévère recommande de placer la naissance du Christ l’an 312 des Grecs, ce qui est conforme aux propositions d’Eusèbe de Césarée.
1. Les manuscrits
a. Paris BnF syr. 346 (f. 142v-145r)
On trouve une copie de la Lettre sur la date de naissance du Christ dans le ms. Paris BnF syr. 346 aux feuillets 142v à 145r. Cette lettre fait suite à la Lettre sur le cycle de 95 ans de Sévère Sebokht (entre ces deux lettres s’intercale ce que F. Nau considère comme un appendice au chapitre XIII de la Tétrabible de Claude Ptolémée, dont une traduction syriaque figure au début de ce même manuscrit) et précède une lettre de Georges des Arabes.
Tit. (f. 142v) : Chapitre 27 sur la date de naissance de notre Seigneur Jésus Christ et sa passion salvatrice dans la chair ; en quelles années du Christ elles eurent lieu.
̈ ܡܛܠ ܙܒܢܐ ܕܝܠܝܕܘܬܗ ܕܡܪܢ ܝܫܘܥ ܡܫܝܚܐ. ܘܫܒܥܐ ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ̈ ܫܢܝܐ ̈ ܘܚܫܗ ܦܪܘܩܝܐ ܕܒܒܣܪ ܕܒܐܝܠܝܢ . ܕܝܘܢܝܐ ܗܘܘ
136
État des sources
b. Berlin syr. 186 [ancien Petermann 26]199
La Lettre sur la date de naissance du Christ se trouve juste après la Lettre de Sévère Sebokht à Basile sur le cycle de 95 ans.
Tit. :
ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣܪܝܢ ܘܫܒܥܐ ܡܛܠ ܙܒܢܐ ܕܝܠܝܕܘܬܗ ܕܡܪܢ ܝܫܘܥ ܡܫܝܚܐ ̈ ܫܢܝܐ ̈ ܕܚܫܗ ܦܪܘܩܝܐ ܕܒܒܣܪ ܕܒܐܝܠܝܢ . ܕܝܘܢܝܐ ܗܘܘ En marge :
̈ . ܦܬܚܐ ܘܡܫܟܚ ܐܢܬ ܘܩܪܝ ܫܘܡܠܝܗ ܕܩܦܐܠܘܢ ܗܢܐ ܐܥܒܪ ܬ̈ܪܝܢ 2. Texte inédit, traduction et études
Ce texte, inédit, a été mentionné dans la notice du ms. Paris BnF syr. 346 que F. Nau publia en 1910200. Il montre, à cette occasion, qu’une partie de ce texte a été repris dans une lettre de Georges des Arabes dont le texte a été entièrement publié par V. Ryssel en 1891201. Il n’existe, à notre connaissance, aucune traduction intégrale de cette lettre.
I. La Lettre sur l’origine de la science astronomique ( ? ) Il s’agit d’une lettre dans laquelle l’auteur insiste sur le lien quasi « originel » établi, selon lui, entre la culture syriaque et le savoir astronomique antique et sur le fait que ce type de savoir n’est pas réservé aux seuls « Grecs ». Cette lettre a un intérêt scientifique et historique considérable car elle présente peut-être le premier témoignage d’une transmission des chiffres indiens vers l’Occident.
199
SACHAU, Handschriften, 1899, p. 607. Comparer avec la traduction de NAU, « La cosmographie », 1910, p. 243-244. 201 Voir RYSSEL, Georgs des Araberbischofs, 1891, p. 49. 200
137
État des sources
1. Manuscrit : Paris BnF syr. 346 (f. 168v-171v)
Cette lettre se trouve, à notre connaissance, dans le seul ms. Paris BnF syr. 346 aux f. 168v-171v. Elle fait suite à un chapitre, traitant d’astronomie générale, extrait des Cours d’astronomie de Bar Hebraeus (f. 161v-168v) et précède une explication au grand Périhermeneias (f. 171v-172r) due à Sévère Sebokht.
Tit. (f. 168v) : Chapitre au sujet de la précédence du savoir des Syriens dans le cadre de l’enseignement de l’astronomie ; sur le fait que la science de ces sujets est commune aux Grecs et aux Barbares, pourvu qu’ils s’y appliquent202 ;
. ܩܦܐܠܘܢ ܡܛܠ ܩܕܝܡܘܬ ܝܕܥܬܐ ܕܣܘ̈ܪܝܝܐ ܕܒܝܘܠܦܢܐ ܕܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ ̈ ܘܕܕܓܘܐ ܐܝܬܝܗ ܝܕܥܬܐ ܕܗܠܝܢ ܇ ܕܐܝܬܝܗܝܢ ܕܝܘܢܝܐ ܟܝܬ ܘܕܒ̈ܪܒܪܝܐ ̈ ܐܢ ܢܗܘܘܢ . ܚܦܝܛܐ Inc. (f. 168v) : Au sujet de ce que certains d’entre les Grecs disent à votre propos, comme tu l’as écrit, mon cher, à savoir qu’il ne serait absolument pas possible que des Syriens sachent quoique ce soit en ce domaine. Je parle du calcul des astres et des éclipses solaires et lunaires dont ils estiment que seuls les Grecs auraient la science.
̈ ܐܢܫܝܢ ܡܢ ̈ ܝܘܢܝܐ ܠܘܬܟܘܢ ܐܝܟܢܐ ܕܐܚܘܬܟ ܡܛܠ ܕܝܢ ܿܗܝ ܕܐܡܪܝܢ ܟܬܒܬ ܕܐܠ ܠܡ ܡܨܝܐ ܣܟ ܕܣܘ̈ܪܝܝܐ ܢܕܥܘܢ ܡܕܡ ܕܐܝܟ ܗܟܢ ܇ ܐܡܪ ̈ ܕܟܘܟܒܐ ܘܕܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܕܣܗܪܐ ܇ ܟܕ ܿܡܣܒܪܝܢ ܐܢܐ ܚܘܫܒܢܐ ܿ ܐܝܬܝܗ ܿ ܟܠܗ ܝܕܥܬܐ ܕ̈ܪܝܘܢܝܐ ܒܠܚܘܕ Des. (f. 171v) : De même que c’est par toi, mon frère, grâce à toi et par ton entremise que de tels sujets seront appris, c’est par Sévère Sebokht qu’ils ont été enseignés.
202
E. Reich a traduit différemment : « Kapitel über die Priorität des Wissens der Syrer auf dem Gebiet der Astronomie ; und darüber, dass die Erkenntnis des Seienden Allgemeingut sowohl der Griechen als auch der « Barbaren » ist, sofern sie sich nur darum bemühen ; sowie einige Fragestellungen, bzw. Probleme, die sich auf gewisse Dinge aus dieser Wissenschaft beziehen » (cf. REICH, « Ein Brief des Severus Sebokt », 2000, p. 484). 138
État des sources
ܿ ܿ ܕܒܐܝ ̈ ܒܡܨܥܝܘܬܗ ܇ ܕܝܗ ܐܘܟܝܬ ܬܘܒ ܕܝܢ ܘܐܦ ܕܐܚܘܬܟ ܕܠܟ ܿܗܝ ܗܠܝܢ ܟܝܬ ܘܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܿܝܠܦܬ ܿܚܣܝܐ ܠܣܐܘܝܪܐ ܣܒܘܟܬ ܇
2. Édition / Traduction
Cette lettre a été partiellement éditée et traduite par F. Nau en 1910 dans sa notice du ms. Paris BnF syr. 346 203. Il l’attribue à Sévère Sebokht pour la raison que le texte donne la position d’une étoile pour l’année 973 des Grecs, soit l’an 662 apr. J.-C. Une édition du texte accompagnée d’une traduction allemande a été publiée en 2000 par Edgar Reich204 qui ne semble pas remettre cette attribution en cause. Une traduction anglaise partielle du texte a été publiée en 2010 par Hidemi Takahashi205.
3. Études Cette lettre a particulièrement retenu l’attention des chercheurs étant donné la mention qu’y fait l’auteur des neuf chiffres indiens. Sur l’importance de ce témoignage, on verra les commentaires que F. Nau a glissés dans trois de ses articles entre 1910 et 1930206. E. Reich a accompagné sa traduction de nombreuses notes qui renseignent notamment sur la proximité de ce texte avec la littérature grecque ; enfin on pourra se reporter au récent article de H. Takahashi publié en octobre 2011207. Il serait à présent nécessaire de mener une analyse philologique sur ce texte afin de justifier son attribution à Sévère Sebokht, étant donné que le 203
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 248-252. REICH E., « Ein Brief des Severus Sebokt » in Sic itur ad astra. Studien zur Geschichte der Mathematik und Naturwissenschaften. Festschrift für den Arabisten Paul Kunitzsch zum 70. Geburtstag, edited by M. Folkerts and R. Lorch, Wiesbaden, 2000, p. 479-483 (texte); p. 484-489 (trad.). 205 TAKAHASHI H., « Between Greek and Arabic : The Sciences in Syriac from Severus Sebokht to Barhebraeus », in KOBAYASHI H. and KATO M. (éd.), Transmission of Sciences: Greek, Syriac, Arabic and Latin, Tokyo, Waseda University (WIAS), 2010, p. 21-23. 206 NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 25-27 ; NAU, « La cosmographie », 1910, p. 248252 ; NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/30, INTRODUCTION, p. 332-333. 207 TAKAHASHI, « The Mathematical Sciences », 2011, p. 480-481. 204
139
État des sources
nom de cet auteur n’est jamais mentionné par le scribe, phénomène que ne signalent ni H. Takahashi ni E. Reich. Comme cela a été expliqué en introduction, il faut se méfier car certains textes du ms. Paris BnF syr. 346, pourtant attribués par le scribe à Sévère Sebokht, ne résistent pas à une étude comparative du lexique (comme cela est le cas pour le Traité sur la cause des éclipses de lune) et s’avèrent être d’un auteur dont le nom a été perdu.
J. Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes conjonctions totales ou partielles de la lune avec le soleil, présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya ( ? )
Nous présentons ici un ouvrage que F. Nau a attribué à Sévère Sebokht sans que cette attribution soit clairement fondée. Ce texte n’a jamais fait l’objet d’une édition ou d’une traduction intégrale, et pour son contenu, il faut encore se référer à la notice du ms. Paris BnF syr. 346 de F. Nau publiée en 1910208. Ce texte, qui présente un contenu astronomique, et cherche à réfuter la théorie de l’Atalya, n’est, à notre connaissance, attesté que dans le ms. Paris BnF syr. 346, sur les six derniers feuillets. F. Nau, constatant que le début et la fin du texte manquait, émit l’hypothèse que ces feuillets avaient été transposés. Nous avons donc voulu, pour ce texte, mener une étude codicologique plus approfondie, conjuguée à notre lecture cursive.
1. Manuscrit : Paris BnF syr. 346 (f. 172r à 177v)
Le manuscrit Paris BnF syr. 346, qui comprend 177 feuillets, comprend actuellement 18 cahiers (f. 1-171) auxquels s’ajoutent six feuillets indépendants de la reliure ancienne, mais qui ont été intégrés à la fin du volume lors d’une restauration. Ces feuillets indépendants sont numérotés de 172 à 177. Le traité que F. Nau a intitulé Traité sur les révolutions 208
NAU, « La cosmographie », 1910. 140
État des sources
planétaires, sur les différentes conjonctions totales ou partielles de la lune avec le soleil, présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya recouvre intégralement ces feuillets indépendants. Mais il manque le début et la fin du texte, de sorte qu’il nous a fallu, dans un premier temps, analyser un à un le contenu de ces feuillets pour nous assurer qu’ils avaient bien été placés dans le bon ordre209. C’est le cas. Un autre élément codicologique nous fait penser que si ces feuillets sont disposés dans le bon ordre, ils ne sont pas pour autant à leur place dans le manuscrit : il s’agit à la fois de l’épaisseur de l’écriture et de l’encre. Il se trouve que l’écriture portée par ces derniers feuillets est en rupture avec celle du cahier précédent. L’encre des feuillets 172 à 177 est noire et rouge et surtout plus fine que celle des feuillets précédents, qui présentent une écriture moins soignée dans une encre marron et rouge nettement plus épaisse. En réalité, l’écriture des derniers feuillets se rapproche de celle des cinquante premiers feuillets du manuscrit, qui étaient eux aussi écrits à 209
Une lecture cursive suffit effectivement à opérer cette vérification : le texte commence brusquement, sans début, au f. 172r. Aux f. 172r-172v Aristote est cité comme une référence vénérable avant que soit exposé un système sphérique géocentrique classique : la terre est présentée au centre de l’univers, le soleil met 365 jours et 6 heures à en faire le tour, les planètes forment cinq cercles. Ces dernières sont nommées, on compare leur vitesse de révolution et le f. 172v s’achève avec une définition des hémisphères nord et sud. Aux f. 173r et173v : les premiers mots complètent le propos entamé fin 172v sur la parfaite sphéricité du ciel. Ce feuillet porte sur la conjonction de la lune et du soleil. Dans la seconde partie du f. 173v commence un autre paragraphe sur les phases de la lune. F. 174r et v : ce feuillet semble devoir logiquement être placé après le f. 173, étant donné que l’exposition des phases lunaires se poursuit. À la fin du f. 174r commence un nouveau chapitre sur les éclipses astrales et sur la cause attribuée par les Anciens à ces éclipses : c’est-à-dire Atalya. On y explique ce qu’est Atalya (un corps de 24° de hauteur et de 180° de largeur, dont la forme ressemble à celle d’un serpent), combien de degrés il parcourt en un nychthémère, en un mois, en un an et combien de temps il lui faut pour faire un tour complet. Aux f. 175r-175v, le contenu indique qu’il doit s’agir de la suite logique. L’auteur cite, sans les nommer, des auteurs anciens, afin d’expliquer en quoi consistait la théorie de l’Atalya, censé expliquer les phénomènes d’éclipse. L’auteur met ces citations à distance en usant largement de la particule lam ( )ܠܡet finit par qualifier au f. 175v leurs idées de « folles » et de « pures inventions ». La dernière information apportée sur le f. 175v est que les Anciens avaient conçu une Table de calculs des mouvements d’Atalya pour situer les points. F. 176r-176v : ces points sont explicités comme étant les nœuds ascendant et descendant. Il est encore question des tables de calcul d’Atalya, grâce auxquelles les anciens pouvaient prévoir des éclipses. Si les astres se situaient à plus de 12 degrés de ces nœuds (appelés aussi tête et queue d’Atalya), alors aucune éclipse n’était prévisible. F. 177r et v : ce feuillet est peu lisible, étant dans un mauvais état de conservation. Il y est question des planètes, puis de nouveau des 8 années (?), 7 mois et 16 jours qu’il faut à l’Atalya pour effectuer une révolution complète. L’auteur commence à donner des arguments pour expliquer que cette théorie de l’Atalya ne tient pas : le premier argument consiste à rappeler que si le mouvement des planètes est régulier, en revanche celui de la lune ne l’est pas. L’auteur donne ensuite une définition de l’écliptique, définit plus sérieusement ce que sont les nœuds ascendant et descendant et précise qu’aucune éclipse n’est à prévoir tant que le soleil et la lune seront distants de plus de 12°24’ de ces nœuds. 141
État des sources
l’encre noire dans une écriture fine. Étant donné que la forme des lettres ne varie pas, il nous paraît peu probable qu’il s’agisse de deux mains différentes. Il est plus vraisemblable que le scribe ait utilisé des calames et une encre différente à partir du feuillet 51 de son manuscrit. Il aurait donc écrit dans un premier temps à l’encre noire avec un calame fin, et, au cours de l’actuel sixième cahier (signé ) ܛ, fut vraisemblablement amené à changer d’encre (f. 51v exactement) ; à partir de là le travail apparaît moins régulier et soigné210. Or le changement de calame au feuillet 51v s’effectue au cours du cahier 6 (signé )ܛqui commence au f. 49r et semble complet211 ! Ces feuillets s’inséraient-ils juste avant ce cahier ? Cela est impossible car le Traité sur l’astrolabe couvre justement les feuillets 36v à 51v. Nous nous interrogeons donc encore sur la place originelle de ces six feuillets dans le manuscrit…
2. Édition et traduction partielles F. Nau a édité une partie du f. 174r, tout le f. 174v et les a traduits212. Nous ne recensons aucune étude sur ce texte. Au sujet de la théorie de l’Atalya, on se reportera à toute la bibliographie fournie dans la section consacrée au Traité sur la cause des éclipses de lune.
3. Étude Pour une étude sur ce texte, on se référera pour l’instant aux analyses que nous avons consignées dans la troisième partie de cette thèse (Partie 3, section II, 2, c).
210
Toutefois, il faut noter qu’au feuillet 55v, si l’encre marron est de rigueur, en revanche, l’écriture épaisse alterne avec une écriture un peu plus fine, indiquant peut-être un nouveau changement de calame. 211 Il s’agit d’un sénion comprenant les feuillets 49 à 61, avec la cordelette de reliure normalement située entre les f. 54 et 55 et les deux signatures en début et fin de cahier. 212 NAU, « La cosmographie », 1910, p. 253-254. 142
État des sources
AU SUJET DE CERTAINS MANUSCRITS INEXPLOITÉS
Il
existe
d’autres
textes
syriaques,
conservés,
portant
sur
l’astronomie : ils ont été recensés par les auteurs de catalogues de manuscrits et sont en attente d’être redécouverts. Certains se trouvent dans des manuscrits très anciens, laissant augurer qu’ils aient pu être rédigés avant le VIIIe siècle, mais en l’absence de toute étude, nous ne pouvons rien assurer. Nous donnons ici une simple liste de manuscrits qui ont retenu notre attention durant nos recherches, en précisant, bien entendu, l’objet de notre curiosité. Ces relevés ont été opérés à partir des catalogues de manuscrits de six fonds différents :
-
La Bibliothèque nationale de France213
-
La British Library214
-
Le Biblioteca Apostolica Vaticana215
-
La collection Mingana du Selly Oak Colleges, Birmingham216.
-
Le catalogue de S. P. Brock sur les fragments du monastère SainteCatherine au mont Sinaï217
-
La bibliothèque du patriarcat d’Alep218
ALEP, Bibliothèque du Patriarcat Parmi les manuscrits du patriarcat d’Alep, il faut signaler le ms. n° 80 (XVIIe s.) qui contient un traité syriaque sur les signes du zodiaque qui
213
ZOTENBERG H., Catalogues des manuscrits syriaques et sabéens (mandaïtes) de la Bibliothèque nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1874 [mss 1 à 288] ; et BRIQUELCHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997 [mss 356 à 435]. 214 A partir des recensions faites par ROSEN and FORSHALL, Catalogus, 1838 et WRIGHT, Catalogue, 1871 (t.1) / 1872 (t.2). 215 A partir des catalogues ASSEMANUS, Bibliothecae, 1759 et VAN LANTSCHOOT, Inventaire des manuscrits, 1965. 216 MINGANA, Catalogue, 1933. 217 BROCK S. P., Catalogue of syriac fragments (new finds) in the Library of the Monastery of Saint Catherine, Mount Sinai, Athens, Mount Sinai Foundation, 1995. 218 NAU F., « Catalogue sommaire des manuscrits du père Paul Asbath », ROC 17, 1912, p. 280-285 et 449 ; ROC 18, 1913, p. 241-248. 143
État des sources
s’élèvent en Orient. Ce traité est précédé d’un traité arabe sur l’astrolabe de Jamal ed-Dine Abou el-Kassem ben Mahpouz219. BIRMINGHAM, Selly Oak Colleges220
À Birmingham, il reste encore beaucoup de manuscrits à découvrir, parmi lesquels : -
le Mingana 71 (XVIIIe-XXes.) qui contient au fol. 72 de brèves notes sur le soleil et la lune. Il y est dit que la circonférence de la lune est la même que celle de la terre et que celle du soleil est dix-huit fois plus grande que celle de la terre ;
-
le Mingana 161 (XIXe s.) en écriture syro-occidentale ; en dehors des ouvrages attribués à Bar Hebraeus, on trouve aux feuillets 5v à 12r un texte sur les signes du zodiaque et les constellations ; une énumération des constellations dans lesquelles la lune fait ses quartiers ; deux dessins représentent les cercles du ciel et de la terre selon Ptolémée ; on trouve une carte de la terre avec les sept climats selon Ptolémée ; et enfin des notes chronologiques ;
-
le Mingana 266 (43 feuillets du
XIX
e
s.) ; contient un traité anonyme
d’astronomie et d’astrologie en syriaque et carshouni ; -
le Mingana 311 (XVIIIe s.) en écriture syro-occidentale, ce manuscrit est entièrement constitué de traités d’astrologie et d’astronomie en syriaque et en carshouni ;
-
le Mingana 480 (écriture syro-occidentale, non daté) comporte de splendides cartes accompagnant des commentaires bibliques, avec des représentations de la terre selon Mar Éphrem, les sept climats selon Ptolémée, et deux cartes représentant les signes du zodiaque sur une sphère ainsi que les principales constellations ;
-
le Mingana 519 (XVIIIe s.) contient aux fol. 2r à 10v des traités d’astrologie, d’astronomie, de magie, accompagnés de nombreuses tables ;
219 220
Voir la notice de ce manuscrit dans NAU, « Catalogue », 1913, p. 246. Pour consulter les notices de tous les manuscrits cités, voir MINGANA, Catalogue, 1933. 144
État des sources
-
le Mingana 556 (XVIIe s.) comprend huit feuillets consacrés à des notes chronologiques, astronomiques et astrologiques ;
-
le Mingana 559 (XIIIe s.) en écriture syro-occidentale, contient entre autres, aux f. 40r à 125v un traité d’histoire naturelle, un autre de médecine, d’astronomie, de philosophie et de théologie, attribués à Jacques d’Édesse sous le titre : Livre des Trésors ;
-
le Mingana 597 (XVIIe s.), qui contient un diagramme astronomicoastrologique relatif aux parties éclairées et obscures de la terre.
MONT SINAÏ, Bibliothèque du Monastère Sainte-Catherine
Parmi les fragments de manuscrits répertoriés par S. P. Brock au monastère Sainte-Catherine du mont Sinaï, on conserve sous la cote « Sparagmata 46 » un calendrier syriaque, peut-être du esṭrangelo (sous-couche d’un palimpseste du
e
VIII
e
VI
siècle, en
siècle) qui présenterait
une forme apocopée d’un cycle lunaire de 19 ans. Cette pièce pourrait être le plus ancien calendrier syriaque conservé221.
PARIS, Bibliothèque nationale de France
La Bibliothèque nationale de France possède trois autres manuscrits intéressants : - le ms. Par. syr. 11 présente des marges (au niveau de la première partie du volume) couvertes d’un certain nombre de corrections et de gloses ainsi qu’un traité d’astronomie et d’astrologie en syriaque, en carshouni et en arabe ; - le ms. Par. syr. 389 contiendrait un texte astronomique (le fragment O serait du
e
IX -X
e
s., en serṭo, et correspondrait au fragment d’un comput
222
astronomique ) ; - le ms. Par. syr. 392 nous renseigne sur l’histoire du ms. Paris BnF syr. 346 : son copiste indique que certains feuillets du manuscrit, bien 221
Cf. BROCK, Catalogue of Syriac fragments, 1995, p. 119-121. Voir en particulier p. 120 : « it seems more likely that we have here a unique Syriac fragment of a sixthcentury calendar, refering to 582/3 and 585/6 ». 222 BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 101. 145
État des sources
identifié, d’après sa description, comme étant le ms. Paris BnF syr. 346 du Tur Abdin, ont été arrachés et placés dans ce ms. Paris BnF syr. 392 au XIV
e
s. Les feuillets récupérés correspondent notamment au premier livre de
la traduction de la Tétrabible de Claude Ptolémée qui manquait dans le ms. Paris BnF syr. 346223. - La bibliothèque possède également un étrange manuscrit, le ms. Paris BnF syr. 383, de la main de F. Nau avec en appendice un texte intitulé « Héraclius astronome et astrologue » (fol. 180-186)224. Nous ne savons pas au juste pourquoi ce manuscrit, composé entièrement en grec et en latin, se trouve dans les fonds syriaques. - F. Briquel-Chatonnet a également signalé que la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg conservait un manuscrit nestorien du XIX
e
s., le ms. syr. 4121 (copié à Urmia, il porte au feuillet 235 un encadré
sur la création et au feuillet 236 un schéma représentant les étages du ciel à la terre sur cinq niveaux, dans l’angle gauche, sous un portique arrondi)225.
VATICAN
Le fonds syriaque de la Bibliothèque Vaticane possède des pièces également très intéressantes. On consultera pour s’en persuader les notices des manuscrits suivants : -
le codex 68 qui contient (fol. 265v) des Tables pour déterminer les mouvements de la lune de Georges évêque des Arabes ainsi qu’un traité sur les éclipses de lune et de soleil en carshouni (f.274v275r)226 ;
-
le Vat. sir. 489 (XVIIIe s.) contient deux feuillets présentant des planisphères et une table de calcul pour le comput ;
223
Tous les détails sont fournis dans BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 109. 224 BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 84. 225 BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 209. 226 Une notice détaillée de ce manuscrit se trouve en ligne sur le site internet de la BYU (Brigham Young University). 146
État des sources
-
le Vat. sir. 492 (XVe s.) contient une présentation des jours fastes et néfastes qu’on pourra rapprocher du Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna (f. 146-152) ;
-
le Vat. sir. 579 (XIXe s.) en écriture nestorienne, comprend notamment une table pour calculer le moment du lever du soleil aux différents jours du mois ainsi qu’une chronologie attribuée à Eusèbe de Césarée, sur sept feuillets ;
-
le Vat. sir. 618 (XIXe s.), de Mossul, présente une écriture nestorienne, avec aux feuillets 104v à 112v un texte sur la stabilité du ciel et de la terre, peut-être de Bar Hebraeus.
BILAN
Cette présentation de la bibliographie relative aux sources montre que le corpus des textes astronomiques syriaques reste encore largement difficile d’accès. Le domaine souffre d’un manque évident d’études en tout genre : aucune étude philologique n’est recensée, pratiquement aucune édition critique n’a vu le jour, en dehors du Traité sur la composition de la terre par G. Levi Della Vida, dont le travail, au regard du texte syriaque, est, comme nous l’avons vu, à reprendre. Enfin, l’histoire de ces manuscrits n’a jamais fait l’objet d’aucune publication. Ainsi, la littérature scientifique syriaque et l’histoire attenante demeurent dans une sorte de flou artistique. En effet, au moment de prendre les manuscrits à bras le corps, une difficulté s’est imposée à nous, comme une évidence : comment réussir à dater, même de façon approximative, les textes astronomiques anonymes que nous rencontrions ? Nous pensons qu’en faisant se recouper une étude sur l’histoire des manuscrits avec une étude lexicale, nous serons à même de fixer des critères de datation de ces textes astronomiques syriaques. À la suite de cette première étude sur les sources, nous observons deux phénomènes : les plus anciens manuscrits comportant des textes astronomiques en langue syriaque (VIIe-XVIIe s.) ont été copiés au ProcheOrient, dans un milieu chrétien jacobite ; le manuscrit le plus récent (XIXe s.) porte une écriture syro-orientale. Si nous élargissons notre point de vue aux « manuscrits inexploités », cette première constatation se confirme et nous 147
État des sources
observons un autre phénomène : celui d’un intérêt croissant syro-oriental pour les traités astrologico-astronomiques entre le
e
XVII
et le
XIX
e
s. en
langue arabe (carshouni).
Par comparaison avec le corpus astronomique grec, latin ou arabe, on notera que l’ensemble syriaque est nettement moins orienté vers les sciences techniques et vers l’astronomie mathématique. En dehors du Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sebokht, on ne recense, pour l’instant, aucun traité technique. De plus, les manuscrits sont pauvres en schémas géométriques. Ce phénomène peut-il être considéré comme le symptôme caractéristique d’un faible développement de cette science à l’intérieur des communautés érudites de langue syriaque ?
148
Deuxième Partie Textes et traductions
Partie 2 : textes et traductions
Nous avons choisi de mettre en valeur quatre textes de la liste précédemment présentée. Nous avons tout d’abord tenu à rendre accessible le Traité sur la cause des éclipses de lune, d’une part parce qu’il est foncièrement dévolu à l’astronomie, d’autre part parce que nous pensons qu’il fait partie des plus anciennes productions de notre corpus (voir notre étude en troisième partie). Nous avons été frappée par ses caractéristiques lexicales qui nous ont convaincu que ce texte ne pouvait pas être de l’auteur du Traité sur l’astrolabe, ni même d’un quelconque auteur du VIIe siècle. En éditant et en traduisant ce texte, nous permettrons ainsi au lecteur d’en juger. Enfin ce texte est le seul qui soit accompagné de schémas géométriques dans sa copie manuscrite. Le second texte qu’on lira ici est à dominante astrologique et présente quelques développements astronomiques relatifs à la notion de conjonction, d’écliptique, de nœuds lunaires. Bien que ce texte n’ait pas sa place dans le corpus des textes astronomiques, nous l’y avons intégré pour la raison que, se trouvant dans un manuscrit du
e
VII
siècle, il présente un vocabulaire
relatif aux astres employé incontestablement à l’époque qui nous intéresse. De plus ce texte est l’un des rares à bénéficier d’une attribution claire (Sergius de Rešʽayna) qui ne semble pas devoir être remise en question, ce qui a facilité notre recherche de critères de datation présentée dans la troisième partie. Nous avons présenté le troisième texte (Exemple sur les mouvements du soleil) pour la même raison, c’est-à-dire parce qu’il se trouvait dans un manuscrit du VIIe siècle. Le quatrième texte, la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant devait être rendue accessible parce qu’elle apporte des informations capitales sur l’état du savoir astronomique dans le milieu érudit syrooccidental au VIIe siècle et sur la manière dont ces savoirs étaient transmis.
150
TEXTE 1 Traité sur la cause des éclipses de lune [ = Paris BnF syr. 346, f. 51r-60v]
I. Avertissement
Nous éditons et traduisons ici le Traité sur la cause des éclipses de lune qui se trouve aux f. 51r-60v du manuscrit Paris BnF syr. 346. Le texte syriaque est inédit. F. Nau en a présenté un résumé en 19101, puis édité et traduit deux passages2. Nous avons supprimé le texte qui a été ajouté aprèscoup aux f. 54v-55r par le même copiste et qui aborde non plus la question de l’éclipse lunaire, mais de l’éclipse solaire. Notre intervention est légitimée par l’auteur du texte lui-même : ce dernier prétend en effet qu’après avoir déjà formulé des généralités sur la cause des éclipses de lune et de soleil à la section 20 (à laquelle il renvoie), il souhaite désormais traiter « en particulier de l’éclipse de lune, de la même manière que nous avions traité, en particulier, de l’éclipse du soleil en réalisant la section 300 ». Le présent traité doit donc être entièrement dévolu à la cause des éclipses de lune et l’extrait qui s’est trouvé inséré aux f. 54v-55r (le copiste avait-il sauté ces pages, qu’il cherche à combler par la suite ?) doit vraisemblablement être rattaché à la section 300 dont parle l’auteur. Si chacune des sections comprenait, comme la section consacrée à la cause des éclipses de lune, environ 10 feuillets, on imagine facilement que l’ouvrage astronomique de notre auteur devait représenter, dans sa forme complète, une somme colossale !3
1
Voir NAU F., « Notes d’astronomie syrienne », JA 16, 1910, p. 221-224. Il a édité et traduit les f. 58r/v dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 222 (texte), p. 223 (trad.) ; le f. 59v est lisible dans NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennešrin », ROC 27, 1929/30, INTRODUCTION, p. 330 (texte), p. 330/1 (trad.). 3 L’auteur ayant consacré une section entière à la cause des éclipses de soleil, nous devrions logiquement avoir affaire à une nouvelle section consacrée à la cause des éclipses de lune. Or il se trouve que le texte est rubriqué sous le terme « chapitre ». Étant donné que l’ensemble des textes contenus dans le manuscrit parisien syriaque 346 sont ordonnés par chapitres, il est fort possible qu’on doive cette nouvelle façon de rubriquer notre traité (en 2
Traité sur la cause des éclipses de lune
Le texte est attribué à Sévère Sebokht par le copiste. Cependant, comme nous l’avons déjà évoqué, le lexique astronomique employé est très différent de celui qu’emploie habituellement l’évêque de Qennešrin. De plus, les chiffres fournis par ce texte pour mesurer la précession des nœuds lunaires ne correspondent pas à ceux employés par Sévère Sebokht dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant : pour l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune, les nœuds rétrogradent chaque mois de 1° 26’ (pour une révolution complète en 20 ans et 6 mois), alors que pour Sévère, qui utilise les mêmes données que Théon d’Alexandrie, ces nœuds rétrogradent de 1° 35’ par mois environ (pour une révolution complète en 18 ans et 5 mois). Ensuite, il faut noter que l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune n’emploie que des noms de mois syriaques, alors que Sévère, lui, recourt aux mois alexandrins. D’autres indices, fournis par les gloses et par une adresse aux philoponoi 4 , nous poussent à envisager la possibilité que ce texte ait été produit à une époque antérieure à celle de Sévère, plus vraisemblablement au début du VIe siècle5. Nous exposons tous ces indices dans la troisième partie de la thèse6. Le Traité sur la cause des éclipses de lune apparaît dans le manuscrit accompagné de deux schémas et de gloses. Nous avons tenté de reconstituer les schémas et d’éditer les gloses, bien que leur texte soit devenu, parfois, illisible. L’auteur des gloses se trouve en Djazira (Haute-Mésopotamie)7 et n’a pas pu assister à l’éclipse totale de soleil qui eut lieu au mois de iyyar (mai) dans la ville de Herat au Khorassan8 durant deux heures. Afin de faciliter la lecture du Traité sur la cause des éclipses de lune, nous avons ajouté quatre schémas qui illustrent les différentes manières dont la lune peut entrer en immersion au cours d’une éclipse.
chapitres donc) non pas à l’auteur du VIe siècle, mais à un choix éditorial du copiste du XIVe siècle. 4 Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5. 5 Les philoponoi formaient une confrérie laïque d’étudiants chrétiens très actifs dans les institutions scholastiques à Alexandrie à partir des années 480. Ce groupe se caractérise, sur le plan doctrinal, par un rattachement au mouvement anti-chalcédonien. 6 Voir Partie 3, Section II. 2. b. Traité sur les éclipses lunaires et solaire. 7 À propos de la Djazira, voir notre Introduction générale, p. 51 (note 165). 8 Le Khorassan se trouvait, au VIe siècle, dans la région nord-est de l’empire perse sassanide. 152
Traité sur la cause des éclipses de lune
Dans le but de faciliter les recherches sur le lexique, l’orthographe des termes astronomiques a été homogénéisée : cette homogénéisation s’est opérée sur la base du Syriac lexicon de M. Sokoloff 9 , mais nous nous sommes
écartée
de
ce
dictionnaire
lorsqu’un
mot
apparaissait
majoritairement, dans tous nos textes, sous une orthographe qui n’avait pas été retenue par M. Sokoloff. Ces divergences concernent essentiellement le vocabulaire translittéré du grec ( ܛܪܝܓܘܢܘܢ, ܛܛܪܓܘܢܘܢ, ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ, )ܣܘܢܕܘܣ, mais aussi ܪܫܐqui sera orthographié sans le yud intermédiaire, ܡܫܘܚܬܐ, etc... Quelle que soit la variante retenue, la leçon manuscrite demeure toujours visible dans l’apparat critique.
II. Plan du traité
(fin du paragraphe 2. 3 sur les ‘limites écliptiques’)
9
SOKOLOFF M., A syriac lexicon. A translation from the Latin, Correction, Expansion, and Update of C. Brockelmann’s Lexicon Syriacum, Winona Lake/Piscataway, Eisenbrauns /Gorgias Press, 2009. 153
Traité sur la cause des éclipses de lune
: Représentation, par la géométrie, des conditions dans lesquelles il peut y avoir d’éclipse astrale. : Représentation, par la géométrie, des conditions dans lesquelles il ne peut pas y avoir d’éclipse astrale.
154
Traité sur la cause des éclipses de lune
III. Édition et traduction du Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܘܡܛܠܡܢܐ ܩܦܐܠܘܢ ܐܚܪܢܐ ܥܠ ܿܗܝ10 ܿ ܟܠܗ ܚܫܟܐ ܘܒܙܒܢ ܠܘ ܿ ܒܙܒܢ ܘܡܛܠܡܢܐ ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܿܡܕܢܚ ܓܪܒܝ. ܟܠܗ ܘܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܡܢ ܡܕܢܚ ܬܝܡܢ. ܿܚܫܟܐ ܒܗܠܝܢ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܥܠ ̈ܟܘܟܒܐ. ܘܐܡܪܝܢܢ ܕܦܬܝܐܝܬ ܘܐܪܝܟܐܝܬ ܒܣܕܪܐ ܕܟ̄ ̄ܦ.1 ܿ ܿ ܐܝܬܗ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܐܝܕܐ ܐܘܟܝܬ ܢܗܝ̈ܪܐ ܪܫܡܢܢ ܘܫܘܕܥܢܢ ܓܘܢܐܝܬ ܿ ܬܢܢ ܕܝܢ ܬܘܒ ܪ ܿܫܡܝܢܢ ܕܝܠܢܐܝܬ ܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ. ܕܗܘܝܐ ܠܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ ܿ ܕܣܗܪܐ ܐܝܟܢܐ ܕܒܣܕܪܐ ܕܫܝܢ ܥܒܕܢܢ ܘܪܫܡܢܢ ܕܝܠܢܐܝܬ ܥܠ . ܚܫܟܐ ܕܫܡܫܐ
Chapitre suivant11 : quelle est la cause de l’éclipse de lune ? Pour quelle raison s’obscurcit-elle parfois complètement et parfois de façon incomplète ? Pour quelle raison s’obscurcit-elle parfois au nord-est et parfois au sud-est ?
Nous renvoyons à la section 2012, aux chapitres dans lesquels nous avons traité, en long et en large, des étoiles (c’est-à-dire les astres) et où nous avons annoncé des généralités sur la cause des éclipses affectant le soleil et la lune. Mais ici, nous traiterons en particulier de l’éclipse de lune, de la même manière que nous avions traité, en particulier, de l’éclipse du soleil en réalisant la section 300. Titulum ܗܠܝܢ ̈ܩܦܐܠܐ ܡܢ ܢܘܣܟܐ ܐܚܪܢܐ ܟܬܒܢܢ ܕܥܠ ܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐadd. P ante textum cum scritura minima || ܀ ܡܢ ܗܪܟܐ ܘܠܥܠ ܚܣܝܪ ܩܦܐܠܘܢ ܐܚܪܝܐadd. in marg. sinistr. verticalice P1 || ܘܐܝܟܢܐ ܕܠܗܠܝܢ ܕܐܡܪ ܣܐܘܝܪܐ ܸܣܒܘܟܬ ܪܫܡܝܢ ܒܗܠܝܢ ܣܕ̈ܪܐ ܕܐܡܝ̈ܪܝܢadd. in marg. dext. verticalice P1 || 1. post ܕܫܡܫܐalt. add. ܗܟܢܐinter lineas verticalice P1 || --------------------------------------------------------------------------------------------------11 Le scribe a écrit au dessus du texte, dans une écriture plus petite : « Nous écrivons ces chapitres sur le soleil et la lune à partir d’un autre manuscrit ». Dans la marge de gauche, la même main a écrit de façon verticale : « à partir de là, il manque le chapitre suivant » ; dans la marge de droite, la même main a écrit de façon verticale : « tout comme nous avons écrit ces propos qu’a tenu Sévère Sebokht dans les sections mentionnées ». En l’occurrence, les sections mentionnées dans le texte sont les sections 20 et 300. Ces assertions du copiste nous apparaissent confuses, car si effectivement le manuscrit comprend un chapitre 20 attribué à Sévère Sebokht, il s’agit bien d’un chapitre ( )ܩܦܐܠܘܢet non d’une section ()ܣܕܪܐ. De plus la Lettre de Sévère à laquelle le copiste renvoie ne traite absolument pas « en long et en large des étoiles » comme le dit l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune (en parlant de la fameuse section 20), mais du calcul de la position des nœuds ascendant et descendant. 12 Nau a pensé que ce chapitre sur les éclipses de lune pouvait peut-être avoir été écrit après le chapitre 20 de ce même manuscrit (f. 124v-127v). Cf. NAU, « La cosmographie », 1910, p. 240 (note 1). Il semble peu probable que le présent traité renvoie à la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant pour les raisons développées à la note précédente. D’ailleurs, étant donnée l’indication fournie à la phrase suivante, si cette section fait suite à la section 300, consacrée aux éclipses de soleil, il faut alors peut-être lui attribuer le numéro 301. 10
155
Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ ܠܗܘ ܿܡܐ ܕܐܡܪ ܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ ܿ ܘܒܗܐ ܣܕܪܐ1 .2 ܛܒ. ܪܫܡܝܢܢ ܓܝܪ ܢܗܝܪܐܝܬ ܡܚܘܐ ܠܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܗܟܢܐ ܡܛܠ ܗܟܝܠ ܿ ܿ ܘܩܘܡܗ ܕܐܪܥܐ ܣܟܪܗ ܕܕܘܟܬܐ ܿܗܝ ܕܓܠܝܙܐ ܡܢ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܇ ܒܥܠܬ ܿ ܿ ܕܒܡܨܥܬܐ ܇ ܿܢܦܝܠ . ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ̄ܒܣܕܪܐ ̄ܕܩܦ. ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܒܗ ܓܝܪ ܟܕ ܐܠ ܿܫܢܙܐ ܡܢ. ܿܥܒܕܐ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܐܡܝܢܐܝܬ13ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܿ ] ̈ܡܠܘܫܐ ܇ ܿܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ ܫܡܫܐ ܆ ܐܠ ܠܓܪܒܝܐ ܘܐܠ22 r[ ܕܒܡܨܥܬ ܣܘܪܛܐ ܿ . ܐܦ ܗܝ ܡܬܬܙܥܐ. ܒܟܠ ܙܒܢ ܓܝܪ ܠܘܩܒܠ ܙܘܥܗ ܕܫܡܫܐ. ܠܬܝܡܢܐ
Pour ce faire, nous traiterons dans cette section de l’éclipse lunaire. On expliquera très clairement la cause de l’éclipse de lune par le fait qu’il y a un endroit privé de la lumière du soleil à cause de la position de la terre et de l’obstacle qu’elle forme au milieu. En effet, tant qu’elle est plongée dans l’ombre de la terre, comme nous l’avons montré à la section 20, elle forme un aspect en opposition avec le soleil, sans s’écarter [fol. 52r] ni vers le nord, ni vers le sud de l’écliptique 14 où marche le soleil. Aussi son mouvement relatif au soleil varie-t-il constamment.
13
|| ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܕܠܩܘܒܐܠadd. P1 in marg. inf. || ----------------------------------------------------------------------------14 ̈ Nous traduisons par écliptique l’expression syriaque «ܡܠܘܫܐ ( »ܣܘܪܛܐ ܕܒܡܨܥܬla ligne du milieu des signes) qui nous semble correspondre à l’expression grecque κύκλον τὸν Διάμεσων ζῳδιακοῦ (le cercle du milieu du zodiaque) (cf. Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 7). Si le grec abrège couramment l’expression en « Διάμεσων ζῳδιακοῦ » (milieu du zodiaque) pour désigner l’écliptique, notre auteur syriaque, quant à lui, abrège différemment l’expression en ne retenant, dans le reste du texte, que le début de l’expression « ( » ܣܘܪܛܐla ligne). Pour que les explications soient bien claires, et étant donné que cette « ligne » a été clairement précisée au début du texte comme étant celle de l’écliptique, nous proposons de rendre systématiquement le terme « ( » ܣܘܪܛܐla ligne) par « écliptique ». 156
Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ ܿ ܕܢܦܝܠ. ܙܕܩ ܠܡܕܥ ܕܐܡܬܝ ܕܡܣܬܩܒܠ ܗܕܐ ܕܘܟܬܐ2 .2 . ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܒܗ ܿ ܐܡܪܝܐ ̈ ܠܚܕܐ ܡܢ ܿ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ. ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ ܐܘ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ̄ܗ ܡܣܩܬܐ ܿ ܘܣܗܪܐ ܬܘܒ ܒܗ ܟܕ ܒܗ ܒܙܒܢܐ ܟܕ ܐܦ ܗܝ ܐܣܟܝܡܐ. ܐܘ ܡܚܬܬܐ ܿ ܕܬܬܡܛܐ ܠܚܕ ܿܡܢ ̈ܕܘܟܝܬܐ ܗܠܝܢ ̄ܗ ܠܕܘܟܬܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܥܒܕܐ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܿ ܿ ܿ ܘܗܟܢܐ ܬܦܣܩܝܘܗܝ ܠܣܘܪܛܐ ܇ ܡܛܠ. ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܕܒܗ ܿܢܦܝܠ ܐܝܕܐ 15 ܿ ̄ ܿ ܕܒܕܘܟܬܐ ܗܝ ܕܐܠ ܡܨܝܐ ܕܢܕܢܚ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܇ ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ܒܣܕܪܐ ܕܟܦ ܡܬܟܐܠ. ܣܗܪܐ ܕܝܢ ܡܢ ܫܡܫܐ ܡܩܒܐܠ ܢܘܗܪܐ ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ܡܢ ܠܥܠ. ܿ ܡܛܠ ܕܒܕܘܟܬܐ ܕܓܠܝܙܐ ܡܢ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ. ܥܠܝܗ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܡܢ ܕܢܕܢܚ ܿ ܠܗ16ܠܗ ܣܗܪܐ ܘܡܬܚܦܝܐ ܡܢ ܚܙܬܢ ܥܕܡܐ ܕܥܒܪܐ ܿ ܘܚܫܟܐ ܿ . ܡܗܠܟܐ ܿ ܟܘܠܢܐܝܬ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ܘܡܢ ܛܠܐܠ ܕܒܣܘܪܛܐ ܠܓܪܒܝܐ ܐܘ ܠܬܝܡܢܐ
Il faut savoir que lorsque l’endroit où se projette l’ombre de la terre arrive au niveau de l’un des nœuds dits nœud ascendant 17 et nœud descendant 18(c’est-à-dire le montant et le descendant) 19, et que la lune, au même instant, forme elle-aussi un aspect en opposition avec le soleil de sorte à parvenir au niveau de l’un de ces endroits, c’est-à-dire à l’endroit où se projette l’ombre de la terre, alors elle coupera l’écliptique, se retrouvant à l’endroit où il sera impossible à la lumière du soleil de briller, comme nous l’avons démontré dans la section 20. Or la lune, qui reçoit la lumière du soleil, comme nous l’avons montré plus haut, sera privée de la lumière du soleil qui brillait sur elle, parce que la lune cheminera dans un lieu privé de la lumière du soleil, où elle s’obscurcira et se dérobera à notre vue jusqu’à ce qu’elle ait complètement quitté l’écliptique et l’ombre qui est sur l’écliptique, soit vers le nord, soit vers le sud.
|| ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ܒܣܕܪܐ ܕܟ̄ ̄ܦ: ܐܝܟ ܕܝܠܦܢܢ ܡܢ ܠܥܠadd. P1 inter lineas || || ܕܥܒܪܐ: ܕܥܪܒܐadd. P1 in marg. || -----------------------------------------17 anabibazon (< gr. ἀναβιβáζων). 18 qaṭabibazon (< gr. καταβιβáζων). 19 Ces noms sont directement translittérés du grec. Étant donné que, dans le reste du texte, l’auteur n’emploie plus que la terminologie grecque pour désigner les nœuds ascendant et descendant, il nous a semblé juste de les rendre systématiquement par l’expression consacrée en français. 15 16
157
Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ . 20 ܗܕܐ ܓܝܪ ܓܕܫܐ ܒܙܒܢܐ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ3 .2 ܒܗܘ ܓܝܪ ܙܒܢܐ ܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܐܠ ܗܘܐ ܕܝܢ ܡܛܠ ܗܕܐ ܟܠ ܐܡܬܝ. ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܿ ܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܝܢ. ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ. ܕܗܘܝܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܿ ܕܗܘܝܐ ܿ ܡܛܠ ܕܦܪܝܩܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ܠܓܪܒܝܐ. ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܐܘ ܠܬܝܡܢܐ ܒܟܡܐ ܐܡܝܢܐܝܬ ܓܝܪ ܣܗܪܐ ܠܒܪ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ܗܝ ܐܠ ܗܘܐ ܒܣܘܪܛܐ. ܕܗܘ ̈ܣܣܐ ܿ ܕܘܟܬܐ ܕܝܢ ܿܗܝ.21ܐܝܟ ܕܐܡܝܪܐ ܒܣܕܪܐ ܕܟܦ ܿ ܿ ܕܢܦܝܠ ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܒܗ ܿ . 22] ܐܝܟ ܕܐܦ ܗܕܐ ܐܡܝܪܐ ܒܣܕܪܐ ܕܟ̄ܦ22v[ ܐܝܬܝܗ ܆ ܒܟܠܙܒܢ ܒܣܘܪܛܐ 23 ܿ ܐܐܠ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܗܕܐ ܣܗܪܢܝܬܐ. ܐܠ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܿ ܛܠܠܗ ܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܿܗܘܝܐ ̄ܗ ܟܕ ܩܪܝܒܐ ܣܗܪܐ ܠܣܘܪܛܐ ܇ ܿܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ . ܕܐܪܥܐ
Ceci peut se produire au moment de la pleine lune24 car, à ce moment-là, la lune forme un aspect en opposition avec le soleil. Mais ce n’est pas pour autant qu’à chaque fois qu’il y aura pleine lune, l’éclipse lunaire aura lieu : parfois il y a pleine lune alors que la lune est éloignée de l’écliptique en direction du nord ou en direction du sud, d’un certain nombre de degrés. En effet, si la lune, qui n’est pas constamment sur l’écliptique, est en dehors de l’écliptique, [f. 52v] (comme cela a été dit à la section 20), quand l’endroit où se projette l’ombre de la terre est, lui, tout le temps sur l’écliptique (comme cela a été également dit à la section 20), il ne peut pas y avoir d’éclipse. Mais à chaque fois qu’il y aura éclipse lunaire, la lune sera pleine au moment même où elle s’approchera de l’écliptique sur lequel court l’ombre de la terre.
20
|| ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ: ܦܢܣܠܝܢܘܣP ܕܡܠܝܘܬܗadd. P1 in marg. || || ܒܣܕܪܐ ܕܟܦ: ܡܢ ܠܥܠadd. P1 inter lineas || 22 || ܒܣܕܪܐ ܕܟܦ: ܡܢ ܠܥܠadd. P1 inter lineas || 23 || ܐܩܠܦܣܝܣ: ܐܩܠܝܦܣܝܣP || ------------------------------------------24 L’auteur utilise ici un terme translittéré du grec (panselenus). On note qu’en marge du texte, le copiste donne un équivalent culturel syriaque, voir note 14). 21
158
Traité sur la cause des éclipses de lune
̈ ̈ ܐܡܬܝ ܕܡܬܡܛܝܐ. ܘܐܠܦܝ ܣܘܪܛܐ ܠܕܘܟܝܬܐ . ܡܬܩܪܒܐ ܕܝܢ ܠܣܘܪܛܐ4 .2 ̈ ̈ ܕܡܫܬܡܗܢ ܟܕ. ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܕܝܢ ܘܕܩܛܐܒܝܒܙܘܢ. ܬܚܘܡܐ ̈ܚܫܟܢܝܐ ܗܠܝܢ ܿ ܿ ̈ ܬܘܒ ܐܠ ܗܘܐ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܡܬܡܛܝܐ ܣܗܪܐ ܐܘ ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܠܬܚܘܡܐ ܿ ̈ ܙܒܢܝܢ ܓܝܪ ̈ ܘܛܠܠܗ ܣܓܝܐܢ ܡܬܡܛܝܐ ܣܗܪܐ . ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ. ̈ܚܫܟܢܝܐ ̈ ܠܬܚܘܡܐ ̈ ̈ ܐܠ ܿܗܘܝܐ. ܡܬܡܛܝܢ ܚܫܟܢܝܐ ܇ ܘܡܛܠ ܕܒܠܥܕ ܡܢ ̈ܚܕܕܐ ܕܐܪܥܐ ܿ ̈ ܒܬܚܘܡܐ. ܐܐܠ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܗܕܐ ܣܗܪܢܝܬܐ. ܐܩܠܦܣܝܣ ̈ ܐܐܠ ܐܢ ܗܘ ܿܡܢ ܕܒܗܝܢ. ̈ܚܫܟܢܝܐ ܿܗܘܝܐ ̄ܗ ܒܦܢܣܠܝܢܘܣ ܒܢܘܩܕܬܐ ܇ ܗܠܝܢ ܿ ܿ . ܕܒܗܝܢ ܿܦܣܩܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ܇ ܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܛܠܠܗ ܒܗܝ ܕܒܕܘܟܬܐ ܟܠܗ ܿ ܕܐܪܥܐ ܿܥܒܪܐ ܣܗܪܐ . ܣܗܪܐ ܚܫܟܐ ܡܢ ܡܕܢܚܐ ܬܪܝܨܐܝܬ. ܟܠܗ
Elle sera proche de l’écliptique et dans ses environs lorsqu’elle parviendra aux endroits appelés « limites écliptiques25 », même s’il n’est pas vrai qu’à chaque fois que la lune ou l’ombre de la terre parviendront aux limites écliptiques, il y aura éclipse, car de nombreuses fois la lune et l’ombre de la terre peuvent parvenir au niveau des limites écliptiques, tant qu’elles ne coïncideront pas, il n’y aura pas d’éclipse. En revanche, à chaque fois qu’il y aura éclipse lunaire, la lune sera et pleine et dans les limites écliptiques. Mais si la lune est pleine au niveau des nœuds où se coupent les cercles, à l’endroit même où passe toute l’ombre de la terre, la lune s’obscurcira elle-même à l’est exactement.
25
Litt. « limites obscures ». Au sujet des « limites écliptiques », voir Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 21, p. 279 (« τοὺς ἐκλειπτικοὺς ὅρους ») ; p. 338 (trad.). 159
Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ ܐܢܕܝܢ ܠܡܕܢܚ.3 ̈ ܐܘ ܠܡܥܪܒܐ ܡܢ ܗܠܝܢ ܒܡܫܘܚܬܐ ܿܗܝ ܕܐܬܐܡܪܬ ܇. ܢܘܩܕܬܐ ̄ ܘܒܣܕܪܐ ܿ ܿ ܬܘܒ ̄ܕܟܦ ܆ ܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ̄ ܛܠܠܗ ܒܗܝ ܕܐܠ ܒܟܠܗ ܡܢ ܠܥܠ ܆ ܿ ܿ ܿ . ܐܐܠ ܡܢܬܐ ܡܢܗ. ܐܠ ܡܟܝܠ ܟܠܗ ܣܗܪܐ ܚܫܟܐ. ܕܐܪܥܐ ܥܒܪܐ ܣܗܪܐ ܿ . ܐܘ ܿܡܕܢܚ ܓܪܒܝ ܿ ܐܐܠ. ܘܐܠ ܬܘܒ ܡܢ ܡܕܢܚܐ ܬܪܝܨܐܝܬ ܐܘ ܡܢ ܡܕܢܚ . ܬܝܡܢ
Si la pleine lune a lieu à l’est ou à l’ouest de ces nœuds, d’après l’indication fournie plus haut, ainsi qu’à la section 20, étant donné que la lune ne passera pas dans toute l’ombre de la terre, ce n’est pas toute la lune qui s’obscurcira, mais une partie d’elle, et non pas à l’est exactement, mais au nord-est ou au sud-est.
160
Traité sur la cause des éclipses de lune
ܐܢܗܘ ܕܒܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ̄ܗ ܡܣܩܬܐ ܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܆. ܕܐܝܟ ܐܝܟܢ1 1 .3 ܿ . ܐܢܗܘ ܿܡܢ ܕܠܡܥܪܒܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ ܡܢ ܡܕܢܚ ܓܪܒܝ ܚܫܟܐ ܒܗܘ ܓܝܪ ܙܒܢܐ ܿ ܿ ܐܠ ܓܝܪ ܥܕܟܝܠ ܡܛܬ ܠܢܘܩܕܬܐ. ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܠܬܝܡܢܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ܘܒܕܓܘܢ ܓܪܒܝܐ. ] ܠܓܪܒܝܐ53r[ ܕܬܦܣܩܝܘܗܝ ܠܣܘܪܛܐ ܘܬܥܒܪ ܡܢܗ . ܬܚܦܝܬܐ
Par exemple : admettons qu’il y ait pleine lune au niveau du nœud ascendant (c’est-à-dire le montant). Si elle est à l’ouest du nœud, elle s’obscurcira par le nord-est, car à ce moment-là, la lune sera au sud de l’écliptique. En effet, elle ne sera pas encore parvenue au nœud26 qui coupe l’écliptique et à partir duquel elle passera au nord27. [53r] Et c’est pourquoi l’immersion sera septentrionale.
NORD Nœud ascendant
Trajectoire de la lune
OUEST
EST
écliptique Ombre de la terre Lune
SUD
26
En effet, la lune, qui progresse chaque jour d’environ 13° vers l’est, sera de fait plus proche du nœud le jour suivant. 27 Le nœud ascendant est par définition celui que la lune traverse en allant vers le nord. 28 Ces schémas (cas 1 à 4), qui n’existent pas dans le manuscrit, rendent compte du mouvement réel de la lune et du cône d’ombre de la terre projeté sur l’écliptique : ce mouvement entraîne la lune et le soleil (et donc l’ombre de la terre) dans le sens ouest-est, contrairement au mouvement diurne (dû à la rotation de la terre) qui donne l’impression que ces astres circulent vers l’ouest. L’angle d’inclination de la trajectoire de la lune par rapport à l’écliptique, qui est normalement d’environ 5°, est ici exagéré pour rendre le phénomène d’immersion plus visible. 161
Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ . ܡܢ ܡܕܢܚ ܬܝܡܢ ܡܫܬܟܚܐ. ) ܐܢܕܝܢ ܠܡܕܢܚܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ3( 2 1 .3 ܒܗܘ ܓܝܪ ܿ ܒܗܝ ܕܥܒ ܿ ܠܗ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ ܿ ܪܬ ܿ . ܐܝܬܝܗ ܿ ܕܒܗ ܙܒܢܐ ܣܗܪܐ ܠܓܪܒܝܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ̈ . ܘܡܛܠܗܕܐ ܬܝܡܢܐ ܬܚܦܝܬܐ. ܐܠܦܝ ܓܪܒܝܐ ܡܬܦܣܩ ܣܘܪܛܐ
Si elle est à l’est du nœud, c’est par le sud-est qu’elle sera obscurcie, car à ce moment-là, la lune sera au nord de l’écliptique, précédant, côté nord, le nœud où l’écliptique peut être coupé. C’est pour cette raison que l’immersion sera méridionale.
NORD Nœud ascendant
Trajectoire de la lune
Lune EST
OUEST écliptique Ombre de la terre
SUD
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Traité sur la cause des éclipses de lune
) ܐܢܕܝܢ ܒܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܆ ܐܢܗܘ ܿܡܢ ܕܠܡܥܪܒܐ ܡܢ4( 1 2 .3 ܿ ܒܗܘ ܓܝܪ ܙܒܢܐ ܣܗܪܐ ܠܓܪܒܝܐ ܡܢ . ܡܢ ܡܕܢܚ ܬܝܡܢ ܿܚܫܟܐ. 29ܢܘܩܕܬܐ ܿ ܐܠ ܓܝܪ ܥܕܟܝܠ ܡܛܬ ܠܢܘܩܕܬܐ ܕܬܦܣܩܝܘܗܝ ܠܣܘܪܛܐ. ܐܝܬܝܗ ܣܘܪܛܐ . ܘܡܛܠܗܕܐ ܬܝܡܢܐ ܬܚܦܝܬܐ. ܘܬܥܒܪ ܡܢܗ ܠܬܝܡܢܐ
Mais admettons que la pleine lune ait lieu au niveau du nœud descendant : si elle est à l’ouest du nœud, elle s’obscurcira par le sud-est, car à ce moment-là, la lune sera au nord de l’écliptique. En effet elle ne sera pas encore parvenue au nœud 30 qui coupe l’écliptique et qui passe respectivement au sud. C’est la raison pour laquelle l’immersion sera méridionale.
NORD
Nœud descendant
Lune OUEST
EST
écliptique
Ombre de la terre Trajectoire de la lune
SUD 29
|| ܕܠܡܥܪܒܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐcorrexi : ܕܡܢ ܡܥܪܒܐ ܠܢܘܩܕܬܐP || ------------------------------------------30 Même remarque que pour le cas 1 : la lune n’est pas encore dans son nœud qu’elle atteindra le jour suivant, étant donné qu’elle ralentit d’environ 13° vers l’est chaque jour. 163
Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ . ܡܢ ܡܕܢܚ ܓܪܒܝ ܡܫܬܟܚ. ܐܢܕܝܢ ܠܡܕܢܚܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ2 2 .3 ܒܗܘ ܓܝܪ ܿ ܿ ܠܗ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ ܿ ܕܥܒܪܬ ܿ . ܐܝܬܝܗ ܿ ܕܒܗܝ ܒܗܝ ܙܒܢܐ ܣܗܪܐ ܠܬܝܡܢܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ̈ . ܘܡܛܠܗܕܐ ܓܪܒܝܐ ܬܚܦܝܬܐ. ܐܠܦܝ ܬܝܡܢܐ ܕܡܬܦܣܩ ܣܘܪܛܐ
Mais si la lune est à l’est du nœud, elle s’obscurcira par le nord-est, car à ce moment-là, la lune sera au sud de l’écliptique, précédant, côté sud, le nœud où l’écliptique peut être coupé. C’est la raison pour laquelle l’immersion sera septentrionale.
NORD
Nœud descendant Ombre de la terre EST
OUEST écliptique Lune
SUD
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Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܡܢ ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ ܕܒܗܝܢ ܿܗܝ ܓܝܪ ܕܟܕ ܪܚܝܩܐ ܣܗܪܐ ܐܦ ̄ ̈ ̄ ̈ ܿܦܣܩܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ܠܚܕܕܐ ܒܪܡ ܠܓܘ ܡܢ ̄ܝ ̄ܒ ܣܣܐ ܟܕ ̈ܩܛܝܢܢ ܕܐܬܐܡ̈ܪܝ ܒܣܕܪܐ ̈ ܕܟ̄ܦ . ܣܗܪܢܝܬܐ31ܡܫܬܟܚܢ ܓܕܫܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܿ ܘܐܡܪ ܕܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ) ܐܐܠ ܕܝܢ ܟܒܪ ܿܡܗܦܟ ܐܢܫ ܠܩܘܒܠܢ1( 1 .4 ܿ ̄ ܦܠܓܗ ܕܐܣܦܝܪܐ . ܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ̄ܗ ̄ܩ ̄ܦ ̈ܣܣܐ ܕܗܠܝܢ ܕܠܩܘܒܐܠ ܬܪܝܨܐܝܬ ܇ ܡܘܫܚܬ ܿ ) ܠܗܢܐ ܕܝܢ ܐܣܟܝܡܐ ܒܟܠ ܝܪܚܐ ܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܐܡܝܢܐܝܬ2( ] ܡܒܨܪܐ ܡܢ ܡܫܘܚܬܐ ܗܕܐ25v[ ܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܟܕ ܐܠ ܿܡܘܣܦ ܐܦܐܠ ܿ ܐܢܕܝܢ ܿܡܘܣܦܐ: ܕܐܬܐܡܪܬ ܐܘ ܿܒܨܪܐ ܐܦܢ ܒܚܕܐ ܩܛܝܢܬܐ ܐܠ ܡܟܝܠ ܐܦܐܠ ܕܝܢ ܟܘܠܢܐܝܬ ܡܬܡܠܝܐ ܣܗܪܐ. ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܿܥܒܕܐ ܿ . ܢܘܗܪܐ . ܒܗܝ ܕܓܢܝܐ ܒܟܡܐ ܕܗܘ ܡܢ ܫܡܫܐ En effet, comme la lune et l’ombre de la terre s’éloignent des nœuds, où se coupent les cercles, tant qu’elles se trouveront à une distance de moins de 12°24’32, ce qui a été indiqué dans la section 20, il se peut qu’il y ait éclipse lunaire.
Mais quelqu’un voudra peut-être nous contredire en disant que l’aspect en opposition, qui les oppose exactement, équivaut à un rapport de 180° (soit une demi-sphère). Or la lune forme cet aspect avec le soleil chaque mois de façon constante au moment de la pleine lune, sans faire augmenter ni diminuer [f. 53v] le rapport indiqué. Si elle le faisait augmenter ou diminuer, ne serait-ce que d’une minute, la lune ne formerait alors plus d’aspect en opposition et ne se remplirait plus totalement de lumière, parce qu’elle se cacherait du soleil d’un certain nombre 33. 31
|| ܐܩܠܦܣܝܣ: ܩܠܝܦܣܝܣP || ------------------------------------------32 Ces 12°24’ correspondent au nombre de degrés dont la lune est ralentie chaque jour (le calcul prévoit de diviser les degrés du cercle, soit 360°, par le nombre de jours du mois synodique, soit 29 jours. Ainsi 360°/29 j.= 744’ soit 12°24’). L’auteur ne fournit donc que des limites écliptiques en longitude pour prévoir une éclipse de lune. Dans la suite du texte il démontre que la position de la lune en latitude par rapport à l’écliptique est déterminante pour prévoir de telles éclipses, sans jamais indiquer cependant les limites écliptiques en latitudes. Ces limites sont en revanche précisées chez Sévère Sebokht (Lettre sur les nœuds II. 2). Comparer avec Bar Hebraeus : « La distance maximum aux nœuds ascendant et descendant pour la production des éclipses a été trouvée de douze degrés, parce qu’à ce moment la latitude de la lune est la somme des rayons de la lune et de l’ombre, à savoir un degré et trois minutes dont dix-sept minutes pour le rayon de la lune et quarante-six pour celui du cône d’ombre » (trad. Nau de Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU], I, 7, 7, p. 77). Pour Théon d’Alexandrie, « lorsqu’on a trouvé la lune distante de plus de 1°4’, nous ne ferons pas le présent calcul, parce qu’elle ne tombe pas dans les limites écliptiques », cf. Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 21, p. 338 (trad.) ; p. 279 (texte). 33 La même expression se retrouve au début du feuillet suivant (f. 54r) : elle précise qu’il s’agit bien de degrés. 165
Traité sur la cause des éclipses de lune
̈ ܐܝܟ ܕܚܘܝܢܢ ܒܣܕܪܐ. ܓܒܝܢ ܘܡܛܠ ܕܐܣܦܝܪܐ ܕܫܡܝܐ ܫܘܝܐ ܗܝ ܡܢ ܟܠ2 .4 : ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ. ܐܠܨܐ ܗܝ ܕܗܝ ܡܫܘܚܬܐ ܕܐܝܬ ܒܝܬ ܣܗܪܐ ܠܫܡܫܐ. ܕܟܦ ܿ ܠܡܥܪܒܐ ܗܝ ܟܕ ܗܝ ܬܗܘܐ ܐܝܬ. ܐܡܪ ܐܢܐ ܘܠܡܕܢܚܐ ܒܙܒܢܐ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܿ . ܒܝܢܬܗܘܢ ܐܦ ܠܦܘܬ ܦܬܝܐ ܐܡܪܢܐ ܕܝܢ ܠܓܪܒܝܐ ܘܠܬܝܡܢܐ ܘܡܛܠ ܕܗܟܢܐ ̈ ܡܬܡܫܚ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܡܢ ܟܠ ܓܒܝܢ ܘܐܠ ܡܨܝܐ ܕܬܫܢܙ ܣܗܪܐ ܡܢ ܣܘܪܛܐ ̈ ܠܚܕܐ ܡܢ ܒܗ ܓܝܪ ܒܣܘܪܛܐ ܐܦ ܗܝ ܡܫܬܟܚܐ ܠܘܩܒܠ ܫܡܫܐ. ܦܢܝܬܐ ܿ ܠܘܩܒܠ. ܛܠܠܗ ܕܝܢ ܬܘܒ ܕܐܪܥܐ ܐܝܟ ܕܐܬܐܡܪܬ ܒܣܘܪܛܐ ܗܘ ܐܡܝܢܐܝܬ . ܟܕ ܐܠ ܿܫܢܝ ܠܚܕܐ ܡܢ ̈ܦܢܝܬܐ. ܫܡܫܐ ܐܡܝܢܐܝܬ ܕܝܐܡܛܪܐܝܬ
Étant donné que la sphère céleste est égale de tous côtés 34, comme nous l’avons démontré dans la section 20, le rapport qu’il y a entre le soleil et la lune est nécessairement le même en longitude (je veux dire vers l’est ou vers l’ouest), en temps de pleine lune, que celui qu’ils entretiennent en latitude (je veux dire vers le nord et vers le sud)35. Et une fois qu’on aura ainsi établi le rapport en opposition de tous côtés et qu’il sera impossible à la lune de s’écarter de l’écliptique dans aucune des directions, elle pourra, sur ce même écliptique, s’opposer au soleil. L’ombre de la terre est, pour sa part, comme cela a été dit, constamment sur l’écliptique, étant constamment diamétralement opposée au soleil sans aller dans aucune direction.
34
C’est-à-dire qu’elle est parfaitement sphérique. Il faut comprendre ici que pour qu’il y ait éclipse lunaire, la lune et le soleil doivent avoir un rapport angulaire de 180° aussi bien en latitude qu’en longitude, et pas seulement en longitude, comme le proposent les contradicteurs que l’auteur vient de citer. 35
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ܿ . ܕܒܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܐܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ ܐܡܝܢܐܝܬ ܐܢܢܩܝ ܓܝܪ3 .4 ܿ ܿ ܿ . ܣܟܪܗ ܕܐܪܥܐ ܕܒܡܨܥܬܐ ܿܗܢܘܕܝܢ: ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܘܐܢܗܘ ܕܒܥܠܬ ܘܗܟܢܐ ܚܫܟܐ. ܡܬܓܠܙܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܐܝܟ ܕܐܬܐܡܪܬ . ܣܗܪܢܝܬܐ ܬܗܘܐ36 ܿܙܕܩ ܗܘܐ ܕܒܟܠ ܙܒܢܐ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܐܩܠܦܣܝܣ. ܘܡܘܦܝܐ ܿ ܿ ܿܚܫܟܐ. ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐ ܒܥܠܬ ܕܐܠ ܗܘܐ. ܡܛܠ ܕܝܢ ܕܐܠ ܿܗܘܝܐ ܝܕܥܐ ܗܝ ܕܡܛܠܗܕܐ ܐܐܠ ܿܗܘܝܐ. ܐܢܕܝܢ ܠܡ ܬܬܐܡܪ. ܣܗܪܐ ܐܐܠ ܒܥܠܬ ܐܬܠܝܐ ܡܛܠ ܕܐܝܬ ܐܡܬܝ ܕܦܪܝܩܐ ܣܗܪܐ. ܣܗܪܢܝܬܐ ܒܟܠ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ37ܐܩܠܦܣܝܣ ܠܚܕܐ ܡܢ ̈ܦܢܝܬܐ ܒܟܡܐ ܕܗܘ ̈ܣܣܐ ܿܙܕܩ ܗܘܐ ܡܕܝܢ38] ܡܢ ܣܘܪܛܘܢܐ24 r[ ܿ ܡܛܠ ܕܡܓܢܝܐ. ܠܝܘܬܗ ܟܘܠܢܝܬܐ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ ܕܬܗܘܐ ܚܣܝܪܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܿܡ ܿ ܒܟܡܐ ܕܗܘ ̈ܣܣܐ. ܗܝ ܡܢ ܫܡܫܐ ܐܝܟܢܐ ܓܝܪ. ܕܫܢܙܐ ܠܚܕܐ ܡܢ ̈ܦܢܝܬܐ ܿ ܕܐܦ ܡܘܣܦܐ ܿ ܡܠܝܘܬܗ ܿܚܣܝܪܐ ܗܝ. ܐܘ ܿܒܨܪܐ ܡܢ ̄ܩ ̄ܦ ̈ܣܣܐ ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ ̄ ܿ . ܐܦ ܟܕ ܡܘܣܦܐ ܐܘ ܿܒܨܪܐ ܡܢ ̄ܩܦ ܣܣܐ ܠܦܘܬ ܦܬܝܐ. ܗܟܢܐ ܚܣܝܪܐ . ܝܕܥܐ ܗܝ ܕܒܣܘܪܛܐ ܗܝ. ) ܡܛܠ ܕܝܢ ܕܚܙܝܢܢ ܕܐܠ ܡܬܘܡ ܚܣܝܪܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ4( . ܓܠܝܐ ܗܝ ܕܠܝܬܘܗܝ ܛܠܐܠ. ܘܡܛܠ ܕܝܢ ܕܟܕ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ ܐܠ ܿܚܫܟܐ ܘܡܘܦܝܐ ̄ ܐܢܕܝܢ ܐܝ . ܐܢܢܩܝ ܡܕܝܢ ܕܬܚܫܟ. ܬܘ ܛܠܐܠ
Encore faudrait-il que la lune se trouve à ce moment-là constamment dans l’ombre de la terre. Si c’était à cause de l’ombre de la terre (c’est-àdire à cause de l’obstacle de la terre au milieu) que la lune est privée de la lumière du soleil, comme cela a été indiqué, et qu’ainsi elle devient obscure et disparaît, il aurait fallu, à chaque période de pleine lune, qu’il y ait éclipse lunaire ; mais étant donné que ce n’est pas le cas, on sait que ce n’est pas à cause de l’ombre de la terre que la lune s’obscurcit, mais à cause d’Atalya. Car pour prétendre que la seule raison pour laquelle il peut y avoir éclipse lunaire à chaque pleine lune est que parfois la lune s’éloigne [f. 54r] de la ligne dans l’une des directions d’un certain nombre de degrés, il aurait fallu que la lune soit diminuée de sa totale plénitude à ce moment, étant donné qu’elle est éloignée du soleil d’autant de degrés qu’elle dévie dans l’une des directions. En effet, de même que la pleine lune serait amoindrie en faisant augmenter ou diminuer de 180° en longitude, de même s’amoindrirait-elle en faisant augmenter ou diminuer de 180° en latitude. Mais étant donné que nous constatons que la pleine lune n’est jamais amoindrie, on sait qu’elle est sur l’écliptique. Or étant donné que lorsqu’elle est sur l’écliptique, elle ne s’obscurcit ni ne disparaît, il est évident qu’il ne saurait y avoir d’ombre. S’il y avait eu une ombre, elle l’aurait nécessairement obscurcie. 36
|| ܐܩܠܦܣܝܣ: ܐܩܠܝܦܣܝܣP || || ܐܩܠܦܣܝܣ: ܐܩܠܝܦܣܝܣP || 38 || ܣܘܪܛܘܢܐ: ܣܪܛܢܐP || 37
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Traité sur la cause des éclipses de lune
. ܘܗܟܢܐܐ ܚܐܕܐ ܥܐܐܠ ܚܐܕܐ ܡܬܩܛ̈ܪܓܝܐܢ ܚܐܐܘܕܪܢܐܝܬ ܐܝܐܟ ܕܐܦ ܩܘܩܠܐܐܘܣ4 .4 ܿ ܿ ܘܗܕܐ ܡܢ ܗܕܐ: ܚܢܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܿܗܘ ܿܡܐܢ ܕܗܕܐ ܐܗܦܐܟ. ܐܝܬܝܗ ܗܦܟܬܐ ܟܠܗ ܆ ̄ ܿ ܿܗܘ ܕܦܠܐܐܠ. ܐܝܐܐܬܘ ܿ ܠܐܐܗ ܕܫܪܝܪܐܝܐܐܬ ܐܣܟܝܡܐܐܐ ܕܕܝܐܡܛܐܐܪܘܢ ܿܗܘ. ܐܡܪܝܢܐܐܢ ̄ ̄ܩ39 ܒܡܫܘܚܬ. ܐܠܣܦܝܪܐ ܬܪܝܨܐܝܬ ܿ ܠܦܐܘܬ ܐܘܪܟܐܐ. ܐܦ ̈ܣܣܐܐ ܐܡܐܢ ܐܠ ܕܝܐܢ 40 ̈ ܗܟܢܐ ܕܝܢ ܐܦ ܿܗܢܘܢ. ܠܦܘܬ ܦܬܝܐ ܛܪܝܓܘܢܐܘܢ. ܐܣܟܝܡܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܫܪܟܐ ܘܐܠ. ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ ܡܬܡܫܚܝܐܢ42 ܘܣܘܢܕܘܣ41 ܘܐܟܣܓܘܢܘܢ. ܘܛܛܪܓܘܢܘܢ ܿ ܘܡܛܠܗܢܐܐܐܐ ܟܐܐܐܠ ܐܡܐܐܐܬܝ. ܗܘܐ ܠܦܐܐܐܘܬ ܦܬܝܐܐܐܐ ܕܥܒܐܐܐܕܐ ܐܠܣܟܝܡܐܐܐܐ ܗܢܐܐܐܐ ܿ ̈ ܐܟܡܐܐ. ܛܠܠܗ ܕܐܪܥܐܐ . ܕܙܒܢܝܐܢ ̈ܣܓܝܐܐܢ ܐܡܪܝܐܢ ܕܒܗ ܫܟܝܚ. ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܿ ܿ ܗܢܘܕܝܢ ܕܒܙܒܢܐ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܇ ܟܕ ܦܪܝܩܐܐ ܡܐܢ. ܐܠ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ . ] ܕܬܚܣܪ ܿܡܠܝܘܬܗ22v[ 43ܣܗܪܐ ܐܠ ܡܨܝܐ
C’est de cette manière qu’ils nous accusent régulièrement, de manière cyclique, et ceci est la principale objection. Mais nous, favorables à ce que celle-ci a réfuté, nous disons la chose suivante : en vérité, l’aspect en opposition est celui qui partage la sphère, de façon exacte, dans un rapport de 180 degrés en longitude, certes, mais pas en latitude44 ! Il en va de même pour le reste des aspects : le trigone, le carré, le sextile et la conjonction qui doivent être mesurés en longitude et non en latitude. C’est la raison pour laquelle à chaque fois qu’elle forme un aspect en opposition, là où l’ombre de la terre est censée se trouver, aussi souvent qu’ils le disent, il n’y a pas d’éclipse lunaire. Le fait est qu’au moment de la pleine lune, lorsque s’éloigne de la lune, il lui est impossible d’amoindrir sa face pleine.
39
|| ܒܡܫܘܚܬ: ܒܡܘܫܚܬP || || ܛܪܝܓܘܢܘܢ: ܛܪܝܓܢܘܢP || 41 || ܐܟܣܓܘܢܘܢ: ܐܟܣܘܓܘܢܘܢP || 42 || ܘܣܘܢܕܘܣ: ܘܣܘܢܢܕܘܣP || 43 || infra ܡܨܝܐadd. ܐܥܒܪܝܘ ܦܬܚܐ ܒܡܨܥܬ ܟܘܪܣܐP1 in marg. inf. verticalice || post textum add. ܥܒܪ ܠܦܬܚܐ ܐܚܪܝܢܐ ܘܩܪܝ ܐܝܟܐ ܕܐܡܪ ܕܬܚܣܪ ܡܠܝܘܬܗP1 in marg. inf. (reclama folii 55v) || -----------------------------------------44 L’auteur insiste sur la distinction à opérer entre les notions d’opposition et d’éclipse. L’opposition se définit en longitude, tandis que l’éclipse se définit à la fois en longitude et en latitude. 40
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Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ ܥܠܬܐ ܐܝ. ܐܐܠ ܟܠܢܐܝܬ ܡܬܡܠܝܐ ܢܘܗܪܐ ܡܛܠ ܕܐܠ ܠܦܘܬ. ܬܝܗ ܗܕܐ ܿ ܿ ܿ ܿ ܦܬܝܗ ܡܬܡܠܝܐ ܣܗܪܐ ܒܓܒܗ ܓܝܪ ܡܥܪܒܝܐ ܐܘܪܟܗ ܘܚܣܪܐ ܇ ܐܐܠ ܠܦܘܬ ̄ ܿ ܡܬܡܠܝܐ ܇ ܟܕ ܒܓܒܗ ܡܕܢܚܝܐ ܿܚܣܪܐ ܇ ܗܢܐ ܕܝܢ ܐܝܬܘ ܐܘܪܟܐ ܇ ܟܕ ܒܓܒܐ ̄ ܬܪܒܝܬܐ. ܐܠ ܡܬܘܡ ܿܩܒܠܬ. ܐܝܬܘ ܦܬܝܐ ܓܪܒܝܝܐ ܘܬܝܡܢܝܐ ܇ ܗܢܐ ܓܝܪ 45 ܿ ܓܠܝܐ ܗܝ ܕܐܦ ܒܙܒܢ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܟܕ ܐܝܬܝܗ ܒܦܬܝܐ ܆ ܐܠ. ܘܚܘܣܪܢܐ ܿ . ܡܢܗ ܘܬܚܫܟ ܡܓܢܝܐ ܡܢ ܫܡܫܐ ܐܝܟ ܕܬܬܓܠܙ ܡܢ ܢܘܗܪܗ ܕܫܡܫܐ ܡܢܬܐ ܿ ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐ ܕܝܢ. ܘܒܕܓܘܢ ܟܘܠܢܐܝܬ ܡܬܡܠܝܐ ܿ ܥܠܝܗ ܫܡܫܐ ܆ ܘܐܠ ܕܢܚ ܿ ܿ ܿ ܐܘ ܡܢܗ ܐܝܬܘܗܝ ܐܘ ܠܡܕܢܚܐ ܐܡܝܢܐܝܬ ܓܝܪ. ܗܘܐ ܠܦܘܬ ܦܬܝܐ ܿ ܐܦܢ ܓܝܪ. ܠܡܥܪܒܐ ܿ ܿ ܡܬܓܪܒܐ ܡܢܗ ܐܘ ܡܬܬܝܡܢ ܇ ܠܦܘܬ ܙܠܝܡܘܬܐ ܕܟܠܝܐܠ ܿ ܩ̈ܪܢܬܗ ܒܠܚܘܕ ܿܙܠܡܐ ܠܓܪܒܝܐ ܿ ̈ ܐܘ ܠܬܝܡܢܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܡܢ ܠܥܠ ܆ ܕܡܠܘܫܐ ܆
Au contraire, sa lumière sera à son maximum, pour la raison que ce n’est pas en latitude que la lune augmente ou diminue, mais en longitude. En effet son côté occidental peut se remplir quand son côté oriental diminue, cela est dû à la longitude, alors que les côtés septentrionaux et méridionaux, qui sont liés à la latitude, n’accusent jamais ni de croissance ni de décroissance. Cela est également manifeste au moment de la pleine lune, lorsque prenant de l’altitude, elle ne se dissimule plus au soleil de sorte qu’aucune partie d’elle n’est privée de la lumière du soleil. C’est pourquoi elle peut être totalement pleine. Mais c’est en longitude que le soleil la rattrape et non en latitude. En effet, il est constamment soit à sa droite soit à sa gauche, même s’il peut être plus au nord ou plus au sud du fait de l’obliquité de la couronne du zodiaque. Seules ses cornes peuvent pencher vers le nord ou vers le sud en fonction de ce que nous avons dit plus haut.
45
|| ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ: ܦܢܣܠܝܢܘܣP || 169
Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ ܿ ܘܐܠ ܗܘܐ ܕܢܚ ܿܗ ܡܬܟܐܠ ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܊ ܘܬ̈ܪܬܝܢ ܕܐܡܝܢܐܝܬ ܒܦܬܝܐ. ܡܢܗ ܿ ܙܒܢܝܢ ܒܠܚܘܕ ܒܟܠ ܝܪܚܐ ܡܬܩܪܒܐ ܠܣܘܪܛܐ ܆ ܐܠ ܗܘܐ ܒܠܚܘܕ ܚܢܢ ̈ . ܐܡܪܝܢܢ ̈ ܿ ܕܐܡܪܝܢ ܿ ܒܚܘܫܒܢܝܗܘܢ ܟܬܝܒ ܓܝܪ. ܘܡܘܕܝܢ ܕܐܝܬ ܐܬܠܝܐ ܐܐܠ ܐܦ ܿܗܢܘܢ ܿ ܕܟܠ ܐܡܬܝ ܠܡ ܕܪܚܝܩܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܪܫܗ. ܗܟܢܐ ܐܘ ܡܢ ܕܘܢܒܗ ܕܐܬܠܝܐ ܆ ܿ ܐܡܬܝ ܕܝܢ ܕܒܐܬܠܝܐ ܒܪܫܗ. ܐܬܝܗ ܿ ܐܘ ܒܕܘܢܒܗ ܒܣܘܪܛܐ ܐܝܬ ܿ ܝܗ ܒܦܬܝܐ
Et son lever ne saurait être entravé, même partiellement, tant que la lune s’élève en latitude. Deux fois par mois seulement, elle s’approche de l’écliptique. Nous ne sommes pas les seuls à le dire : ceux qui disent et croient qu’Atalya existe le disent aussi. En effet, il est écrit dans leurs calculs : « A chaque fois que la lune s’éloigne de la tête ou de la queue d’Atalya, elle s’élève en latitude ; mais lorsqu’elle est dans l’Atalya, au niveau de sa tête ou de sa queue, elle est sur l’écliptique ».
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Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ ] ܐܬܠܝܐ ܆ ܐܢܗܘ25r[ ܐܝܬܝܗ ܕܐܠ ܐܝܬܘܗܝ (ܟܕ) ܐܦ ܗܕܐ ܡܟܣܢܘܬܐ5 .4 ܿ ܓܝܪ ܕܟܠ ܐܡܬܝ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܝܢ. ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܒܐܬܠܝܐ ܗܝ ܣܗܪܐ ܿ ܕܒܐܬܠܝܐ ܗܝ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ ܊ ܟܠ ܐܡܬܝ ܐܪܐ ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ ܿ ܊ ܐܢܕܝܢ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ ܣܗܪܐ ܊ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܝܢ ܕܠܘ ܒܣܘܪܛܐ ܗܝ ܿܒܦܬܝܐ ܗܝ ܊ ܟܠ ܐܡܬܝ ܐܪܐ ܕܐܠ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܿܒܦܬܝܐ 46 ܐܡܬܝ ܕܝܢ ܕܒܦܬܝܐ ܗܝ ܣܗܪܐ ܆ ܡܨܝܐ ܗܝ ܕܬܗܘܐ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ. ܗܝ ܣܗܪܐ ܟܕ. ܿܡܨܝܐ ܕܐܠ ܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ. ܗܝ ܣܗܪܐ47 ܐܡܬܝ ܐܪܐ ܕܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ. ܿ ܿ ܕܠܘ ܒܥܠܬ ܐܬܠܝܐ. ܕܡܣܬܟܠ ܐܬܟܢܫ ܆ ܝܕܥܬܐ ܿܗܝ ܠܟܠ ܡܢ ܕܝܢ ܗܠܝܢ ܗܟܢܐ ܐܐܠ ܒܥܠܬ ܣܘܪܛܐ ܆ ܓܠܝܐ ܗܝ ܕܐܦܐܠ ܗܘ ܐܬܠܝܐ. ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ . ܘܗܘܝܘ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ. ܫܟܝܚ ܗܘ ܕܝܢ ܒܠܚܘܕ ܣܘܪܛܐ. ܩܢܘܡܗ ܐܝܬܘܗܝ ܘܗܠܝܢ ܡܢ ܠܘܬ ܗܦܟܬܐ ܿܗܝ ܕܐܬܬܣܝܡ ܿܬ ܇ ܚܢܢ ܕܝܢ ܟܕ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ̈ܥܠܬܐ ܿܢܩܦܝܢܢ ܆
Il existe cet autre type de réfutation 48 visant à dire [56r] qu’Atalya n’existe pas :
Si à chaque fois qu’il y a éclipse, la lune est dans l’Atalya ; et qu’à chaque fois qu’elle est dans l’Atalya, elle est sur l’écliptique ; Alors à chaque fois qu’il y a éclipse, elle est sur l’écliptique.
Ensuite, si à chaque fois qu’il y a éclipse, la lune est sur l’écliptique ; et qu’à chaque fois qu’elle n’est pas sur l’écliptique, elle s’élève en latitude ; Alors à chaque fois que l’éclipse n’a pas lieu, la lune s’élève en latitude.
Or lorsque la lune s’élève en latitude, il est possible qu’elle devienne pleine ; donc lorsque la lune est pleine, il se peut qu’il n’y ait pas d’éclipse. Après être parvenu à des telles conclusions, quiconque est doué d’intelligence saura que ce n’est pas à cause d’Atalya qu’a lieu une éclipse, mais à cause de l’écliptique. Il est évident que cet Atalya n’a pas d’existence propre, mais que seul l’écliptique est présent et que c’est lui la cause de l’éclipse. Il y a d’un côté ceux qui sont favorables à l’objection qui vient d’être présentée et de l’autre nous, qui adhérons aux arguments . 46
|| ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ: ܦܢܣܠܝܢܘܣP || || ܒܦܢܣܝܠܝܢܘܣ: ܕܒܦܢܣܠܝܢܘܣP || ------------------------------------------48 Le terme « réfutation » ( )ܡܟܣܢܘܬܐest également utilisé, en syriaque, pour renvoyer au ̈ ̈ ܿ ܣܘܦܝܣܛܐ ܿ ܡܟܣܢܘܬܐ traité d’Aristote intitulé Περὶ σοφιστικῶν ἐλέγχῶν ( ܡܫ ܿܡܗ ܠܗ ܕܗܠܝܢ ܥܠ ) ܗܘ ܐܪܝܣܛܘܛܐܠܝܣ ܣܘܦܝܣܛܝܩܢܘܐܠܝܢܘd’après le lexique de Jesu Bar Bahlul (cf. Ibn alBuhlūl, al-Ḥasan al-Ṭayrahānī al-Nasṭūrī, Proben aus Jesus Bar-Bahlul's syrischarabischem Lexicon, Breslau, hrsg. Bernstein, Georg Heinrich, 1842). Mais nous n’avons pas connaissance d’une traduction syriaque de ce traité de logique d’Aristote avant Athanase de Balad (mort en 687), d’après les gloses du manuscrit arabe 2346 de la Bibliothèque nationale de France, auxquelles H. Hugonnard-Roche fait référence dans HUGONNARD-ROCHE H., « La tradizione della logica aristotelica », in Storia della scienza, 2001, vol. 4, p. 22. 47
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Traité sur la cause des éclipses de lune
ܿ ܠܚܘܕ̈ܪܐ ܗܠܝܢ ܕܫܡܫܐ. ܢܬܢܗܪ ܿܗܘ ܿܡܐ ܕܐܡܪܢܢ ܐܝܟܢܐ ܕܝܬܝܪܐܝܬ.2 ܿ ̈ ̈ ܕܦܣܩܝܢ ܠܚܕܕܐ ܒܬ̈ܪܬܝܢ ܢܘܩܕܬܐ ܆ ܒܝܕ ܚܙܬܐ. ܘܕܣܗܪܐ ܕܡܢ ܠܥܠ ܐܬܐܡܪܘ ܿ ܟܕ. ܪܫܡܝܢܢ ܿ ܡܕܡ ܘܬܐܘܪܝܡܐ ܓܐܘܡܛܪܝܩܝܐ ܠܗܘ ܡܐ ܕܡܢ ܠܥܠ ܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ ܐܪܝܟܐܝܬ ܐܡܪܢܢ ܆ ܗܫܐ ܟܪܝܐܝܬ ܘܒܣܘܓܐܐ ̈ ܿ ܕܦܣܝܩܬܐ ܒܝܕ ̈ܪܘܫܡܐ ܬ̈ܪܝܢ ܗܠܝܢ ܕܡܢ ܠܬܚܬ ܟܕ ܒܚܕ ܪܘܫܡܐ. ܡܚܘܝܢܢ ܿ . ܒܐܚܪܢܐ ܕܝܢ ܕܐܝܟܢ ܐܠ ܗܘܝܐ. ] ܐܩܠܦܣܝܣ25v[ ܡܚܘܝܢܢ ܆ ܕܐܝܟܢ ܿܗܘܝܐ ̈ ܕܚܣܝܪ ܠܡܡܠܠܘ ܥܠ ܿ ܿ ܘܗܝܕܝܢ ܠܘܬ ܿܗܘ ܡܐ ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ ܕܒܗܝܢ ܿܦܣܩܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ̈ ܠܚܕܕܐ ܡܬܦܢܝܢܢ ܀
Afin de mettre davantage en lumière ce que nous avons dit, nous illustrerons le fait que les cercles du soleil et de la lune, dont il a été question plus haut, se coupent l’un l’autre au niveau de deux nœuds, au moyen de quelque schéma et représentation géométrique. Après avoir parlé longuement, ci-dessus, de ce qui concerne l’éclipse des astres, désormais, c’est de façon brève et avec une grande économie, à l’aide des deux figures ci-dessous, que nous poursuivrons notre exposé : à l’aide du premier, nous montrons dans quelles conditions l’éclipse peut avoir lieu, à l’aide du suivant dans quelles conditions [fol. 56v] elle ne peut pas avoir lieu. Ensuite, nous reviendrons sur ce qu’il restera à dire des nœuds au niveau desquels les cercles se coupent l’un l’autre ܀
172
Traité sur la cause des éclipses de lune
ܬܐܘܪܝܡܐ ܕܒܝܕ ܓܐܘܡܛܪܝܐ ܕܐܝܟܢ ܿܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ
49
.ܓܪܒܝܐ . Nord
ܣܘܢܕܘܣ
ܦܢܣܠܝܢܘܣ
conjonction
pleine lune
ܦܢܣܠܝܢܘܣ
̈ ܬܚܘܡܐ ̈ ܚܫܟܢܝܐ
Pleine lune
limites écliptiques
ܣܘܢܕܘܣ
ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܐܪܥܐ n. descendant
terre
conjonction
ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ
̈ ܬܚܘܡܐ ̈ ܚܫܟܢܝܐ limites écliptiques
n. ascendant
ܣܘܢܕܘܣ ܦܢܣܠܝܢܘܣ
conjonction
pleine lune
sud
.ܬܝܡܢܐ .
> Fin du discours sur la cause de l’éclipse des astres ; sur le fait qu’il n’existe pas d’Atalya grâce auquel on pourrait expliquer la lune. Fait par le saint évêque Sévère dit Sebokht le nisibéen.
186
Traité sur la cause des éclipses de lune
IV. Éléments de commentaire Nous mettons ici quelques éléments de commentaire que nous n’avons pas eu la place d’insérer dans les notes.
1. Au sujet de la glose du f. 56v Cette glose témoigne d’une éclipse solaire totale qui se serait produite à Herat dans le Khorassan : il est malheureusement difficile de savoir si cette glose est de l’auteur ou du scribe, ce qui nous laisse des possibilités d’éclipses étendues sur huit siècles (Cf. F. RICHARD-STEPHENSON, Historical eclipses and earth’s rotation, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 368). Voici, entre les
V
e
et les
XIV
e
siècles (la dernière date
correspondant au moment de production de la copie manuscrite conservée), la liste des éclipses solaires totales qui ont été visibles à Herat : 14 janvier 484 (mais cette éclipse était également visible en Djazira) ; 23 mai 700 ; 7 avril 1000 ; 21 avril 1167 ; 3 juin 1239 et 26 septembre 1242. Il est probable que les notes soient l’œuvre d’un copiste du
e
XIII
siècle pour la raison qu’en
1242, il s’est effectivement produit une éclipse totale de soleil à Herat (actuellement en Afghanistan) qui n’était absolument pas visible au ProcheOrient (la visibilité de cette éclipse commençait en effet, en longitude, au 35° Est, soit au niveau du cœur de l’Iran actuel). Mais ceci n’expliquerait pas la mention du mois de mai (iyyar) dans ces notes. Toutes les autres éclipses étaient visibles au Proche-Orient, même si elles ne l’étaient pas en Djazira. 2. Au sujet d’Atalya Il en est question dans des Psaumes manichéens coptes du IVe siècle à l’occasion d’une éclipse lors de la passion du Christ71, où le terme Atalya 71
« ]…[ ils le flagelèrent jusqu’au sang, ils le suspendirent à la croix, ils le singèrent en roi, ils lui mirent une couronne, ils lui mirent un manteau, ils lui mirent un vêtement rouge, ils placèrent un roseau dans sa main, ils lui firent boire de la myrrhe, ils le transpercèrent au moyen d’une lance, le soleil supprima sa lumière et fut voilé par Atalya » (cf. Corpus Fontium Manichaeorum Series Coptica I Liber Psalmorum Pars II, Fasc. 2, ed. et trad. 187
Traité sur la cause des éclipses de lune
désigne clairement le phénomène de l’éclipse censé avoir eu lieu au moment de la mise en croix du Christ. Il est fait mention d’Atalya dans un autre texte syriaque du IXe siècle : La cosmographie de Išoʽ bar Nun72. Il s’agit en réalité non d’un extrait de Išoʽ bar Nun, mais d’un résumé de son traité. Le contenu est cosmologique : La lune aussi nous paraît grandir et diminuer, mais il est de sa nature que sa sphère n’augmente pas et ne diminue pas jusqu’à la fin de ce que Dieu lui a donné ; mais l’ange qui la conduit est celui qui cache son cercle à nos yeux et elle nous paraît petite. Lorsque les hommes voient qu’Atilya (le dragon céleste) – comme ils le nomment – dévore (la lune), c’est son ange conducteur qui nous la montre ainsi, afin que nous craignions Dieu et que nous confessions son nom. 73 5. De l’influence des astres sur la destinée humaine :
Revenons sur le passage que nous avons intitulé . L’auteur s’interroge pour savoir si les nœuds ascendant et descendant « accordent des dons et sont déterminants pour l’horoscope en fonction de leur situation parmi les signes zodiacaux et de leur position en haut ou en bas de la « voûte étoilée ». La réponse est négative parce que seul le dieu créateur accorderait des dons. Au e
VI
siècle, Simplicius avait également dirigé un argumentaire contre les
tenants de l’astrologie qui prétendaient que les astres non seulement indiquaient (σημαίνειν) le destin des hommes, mais qu’ils l’influençaient (ποῖειν)74. Dans cette vieille querelle, les néoplatoniciens avaient adopté une
Siegfried G. Richter, Turnhout, Brepols, 1998, Psaume n° 6, p. 82 (texte) ; p. 83 (trad. “Die Sonne zog ihr Licht ein und kleidete sich in Finsternis (Atalya)”). 72 NAU F., « La cosmographie de Jésus fils de Noun », ROC 27, 1929/1930, p. 126-138. Ce texte se trouve dans un manuscrit du Vatican, Borgia 88, fol. 381-385. Le même texte se trouve dans deux autres manuscrits (n°45 et 326) du couvent de Notre-Dame-des-Semences (cf. Catalogue Vosté, Paris, 1929). Le manuscrit 45, de l’année 1698, peut être la source des deux autres.
ܳ ܰ 73 ܳ ܕܝܪܒ ܿ ܗܘ ܓܝܪ ܰܒܟ. ܘܙܥܪ ܳ ܗܪܐ ܬܘܒ ܕܡܬܚܙܐ ܠܢ ܝܢܗ ܕܐܣܦܝܪܗ ܐܠ ܳܝܪܒ ܘܐܠ ܳܙܥܪ ܡܢ ܣ ܰ ܰ ] ܗܘܝܗ383[ ܐܐܠ ܡܐܠܟܐ ܗܘ ܕܡܕܒܪ ܠܗ. ܡܕܡ ܕܣܡ ܠܗ ܐܠܗܐ ܥܕܡܐ ܠܫܘܠܡܐ ܿ ܰܕܡܚܦܐ ܘܡܬܚܙܐ ܰܒܪ ܙܥܘܪ ܀ ܘܗܕܐ ܰܟܕ ܳܚܙܝܢ ܕܒܠܥ ܠܗ. ܠܗ ܠܓܝܓܠܗ ܡܢ ܰܥܝ̈ܢܐ ܕܝܠܢ ܽ ܳ ܠܝܐ ܰ ܐܬ ܐܝܟ ܕܢܕܚܠ ܡܢ. ܰܡܐܠܟܐ ܰܗܘ ܰܕܡܕܒܪ ܠܗ ܗܘܝܘ ܕܡܚܘܐ ܠܢ ܗܟܢ. ܢܫܝܢ ̈ ܐ ̱ ܕܩܪܝܢ ܰ ܐܠܗܐ ܘܢܘܕܐ ܠܫܡܗ ܀
74
Dans Simplicius, In Ench. Epict., Livre I, p. 293-310 et p. 443-548. (cf. HADOT I., Simplicius, Commentaire sur le Manuel d’Epictète, Paris, Les Belles Lettres, 2003, 188
Traité sur la cause des éclipses de lune
position plus nuancée qui reposait sur une très subtile interprétation d’ensemble du Timée et du mythe d’Er au Xe livre de La République de Platon75.
INTRODUCTION, p. CXXIX-CLXII (appendice intitulé : « La destinée des hommes : Fatalité, Providence, Pouvoir de détermination ou Libre arbitre »). 75 Cf. JUNOD E., Origène, Phocalie XXI-XXVII (Sur le libre arbitre), Scholies sur l’Exode, Paris, Le Cerf, 1976 [SC 226], INTRODUCTION et en particulier le chapitre sur « La polémique anti-astrologique chez les Pères antérieurs et chez les contemporains d’Origène » (p. 36-65) : « Les néoplatoniciens affirment, comme les astrologues, que les astres non seulement « indiquent » la destinée des hommes, mais en même temps la produisent en fixant beaucoup de détails extérieurs de la vie humaine. Mais ils se distinguent des astrologues en soulignant que, si les astres produisent la destinée de l’homme, ils la produisent en dépendance de la providence divine et en n’ayant aucun pouvoir contraignant sur le libre arbitre et les attitudes morales de l’homme ». 189
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
TEXTE 2 Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune [BL Add. 14 658, f. 141v-149v]
I. Avertissement Le texte que nous rééditons ici est d’autant plus fondamental pour notre investigation scientifique qu’il se trouve dans un manuscrit du
VII
e
siècle. La copie conservée est ainsi quasiment contemporaine de la date de production du texte (rédigé avant 536 apr. J.-C, date de décès de Sergius de Reš‘ayna). Il s’agit donc d’un témoin extrêmement précieux et incontestable de l’usage du lexique astronomique employé à l’époque qui nous intéresse, raison pour laquelle, bien que le texte présente un long développement astrologique, nous avons choisi d’en présenter une édition et une traduction intégrales. Le texte correspond à celui qui a été édité par Eduard Sachau dans Inedita Syriaca 1 . Nous avons corrigé cette édition soit en rétablissant la leçon du manuscrit noté L (pour BL Add. 14 658, f.141v-149v), soit en procédant à quelques corrections que le bon sens imposait ou par souci d’homogénéisation de l’orthographe. Les corrections plus délicates apportées à cette précédente édition sont justifiées à la fin de la présente édition-traduction. Les notes de bas de pages renvoient au numéro de correction à consulter (ainsi CORR. 8 renvoie à la correction n°8 qu’on trouvera à la fin du texte). Bien que l’orthographe des termes astronomiques ait été homogénéisée, nous indiquons systématiquement les corrections apportées dans l’apparat critique. Cette homogénéisation s’est faite sur la base de notre observation de la plus haute fréquence orthographique d’un 1
SACHAU E. (éd.), Inedita Syriaca. Eine Sammlung syrischer übersetzungen von Schriften griechischer Profanliteratur. Mit einem Anhang. Aus den Handschriften des brittischen Museum, Wien, Halle, 1870, p. 101-124. 190
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
mot dans l’ensemble des textes astronomiques étudiés. Nous avons d’ailleurs retenu cette orthographe dans le lexique qu’on trouvera en annexes. D’autre part, nous avons pris la liberté de séquencer le texte syriaque et sa traduction en chapitres et sous-chapitres qui ne correspondent pas à la présentation de ce texte dans la copie manuscrite. La traduction est inédite. À chaque fois que le syriaque emploie littéralement l’expression « étoile de Mars » ou « étoile de Vénus » (comme cela se fait également en langue grecque), nous avons traduit directement « Mars », « Vénus », etc… Les notes de bas de pages apportent des compléments d’information sur le texte et des références bibliographiques minimales. Les commentaires que nous n’avons pu insérer dans ces notes se trouvent après la traduction (IV. Éléments de commentaire). Étant donné que le texte de Sergius se réfère souvent au cercle du zodiaque pour situer les astres, il nous a semblé opportun d’insérer ici un schéma auquel le lecteur pourra se reporter afin de suivre les démonstrations du texte.
191
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
Représentation schématique du cercle du zodiaque comprenant la première figure mentionnée par Sergius au cours de ses exemples :
Verseau
Poissons
Capricorne
Bélier
Sagittaire
Taureau
Gémeaux
Scorpion
Balance
Cancer
Vierge
Lion
192
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
II. Plan du traité
< Titre>
< 2. Éléments de théorie astronomiques> < 2. 1. Étoiles nocturnes, étoiles diurnes>
193
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
194
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
III. Édition et traduction du Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna
ܥܠ ܿܗܝ. ܠܘܬ ܬܐܕܘܪܐ. ܬܘܒ ܡܐܡܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܣܪܓܝܣ ܐܪܟܐܛܪܘܣ ܀3 ܥܒܕܗ ܕܣܗܪܐ ܐܝܟ ܬܪܥܝܬܐ ܕܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ2ܕܐܝܟܢܐ ܐܢܫ ܢܕܥ ܕܐܝܬܘܗܝ ܐܚܪܝܐ ܕܡܟܬܒܢܘܬܐ ܿܗܝ: ܡܢ ܒܬܪ ܕܦܫܩܢܢ ܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܕܬܠܬܐ ̈ ܕܥܠ ܝܘܡܬܐ ܒܚܘ̈ܪܐ ܐܘ ܐܚܘܢ ܬܐܘܕܪܐ ܆ ܡܛܠ ܕܚܙܝܬ ܥܣܩܘܬܐ ܕܪܥܝܢܐ ܿ ܥܠܝܗ ܆ ܬܐܘܪܝܐ ܐܦܝܣܬ ܠܢ ܠܡܪܫܡ ܠܟ. ܕܣܡ ܒܗ ܒܡܐܡܪܐ ܗܘ ܡܟܬܒܢܐ ܿ ܿܗܝ ܕܐܬܚܫܚ ܿܗܘ ܡܐ ܕܟܕ ܿܩܪܐ ܠܗ. ܐܝܟ ܕܡܨܝܢܢ ̈ܒܦܣܝܩܬܐ4ܒܗ ܓܠܝܢܘܣ ܕܗܠܝܢ. 5 ܘܢܣܒ ܡܢܗ ܚܝܐܠ ܡܕܡ ܕܡܫܒܠ ܠܗ ܠܘܬ ܝܕܥܬܐ. ܐܢܫ ܡܫܟܚ ܕܢܬܗܢܐ . 6ܕܡܢ ܿܗܘ ܐܬܐܡ̈ܪܝ
Autre traité de Sergius, grand médecin (ἀρχίατρος), adressé à Théodore7, sur la manière dont on peut connaître l’action de la lune du point de vue des astronomes. 8 Après avoir notre traduction de ce troisième traité qui est le dernier de l’ouvrage portant Sur les jours critiques 9 , ô notre frère Théodore, constatant la complexité de la pensée que l’auteur avait placée dans ce livre, tu nous as persuadé de t’exposer aussi brièvement que possible la théorie à laquelle Galien recourait, afin qu’en la lisant, on puisse la trouver agréable et en recevoir quelque vertu par laquelle on pourrait s’ouvrir à la connaissance des sujets qu’il aborde.
2
|| ܢܕܥcorrexi : ܝܕܥL || || ܕܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘcorrexi : ܕܐܣܛܪܝܡܘL ܕܐܣܛܪܢܡܘcorrexit Sachau || (CORR. 1) 4 || ܓܠܝܢܘܣ: ܓܠܢܘܣL Sachau || 5 || ܠܘܬ ܝܕܥܬܐ: ܠܘܬ ܐܝܕܥܬܐL Sachau || 6 || ܐܬܐܡ̈ܪܝcorrexi : ܐܬܐܡܪܝcorrexit Sachau ܐܬܐܡܪL || (CORR. 2) --------------------------------------------7 Théodore est également le destinataire de deux autres ouvrages de Sergius : son Commentaire sur les Catégories (Voir HUGONNARD-ROCHE, La logique d’Aristote, 2004, p. 167-170) et sa traduction du livre VI de Galien Sur les remèdes simples (voir MERX, « Galenus’Schrift », 1885, p. 245). Ce Théodore a été identifié par H. Hugonnard-Roche comme l’évêque de Kark Juddan sur le Tigre (voir HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, note 13, p. 124). Le Commentaire aux Catégories « se donne comme le premier d’une série d’ouvrages (non conservés et probablement jamais écrits) où devaient être commentés tous les écrits d’Aristote » (cf. HUGONNARD-ROCHE, La logique d’Aristote, 2004, p. 167). 8 Comparer avec le prologue de la Tétrabible (Ptol., Apotel.[trad. FERABOLI], p. 9-11). 9 Gal., De diebus decretoriis, III. La même terminologie est employée par Georges des ̈ ܗܠܝܢ ̄ܚ Arabes (voir RYSSEL, « Die astronomischen Briefe Georgs », 1893 : ܝܘܡܬܐ ܐܝܬܝܗܘܢ ̈ ܿ )ܗܢܘܢ ܕܐܢܫܝܢ ܩܪܝܢ ܠܗܘܢ ܒܚܘ̈ܪܐ. 3
195
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
ܿ ܐܢܐ ܕܝܢ ܿ ܐܡܪܬ ܆ ܕܡܠܬܗ ܐܠ ܡܢ ܝܘܠܦܢܐ ܕܐܣܝܘܬܐ. ܟܠܗ ܕܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܿ ܐܐܠ ܢܣܝܒܐ ܠܗ ܡܢ. ܐܝܬܝܗ ܆ ܘܐܠ ܬܘܒ ܡܢ ܬܐܘܪܝܐ ܕܦܝܠܣܦܘܬܐ ܟܝܢܝܬܐ ܿ ܟܠܗܘ. ܐܘܪܚܐ ܿܗܝ ܕܪܕܘ ܒܗ ܢ ܐܝܠܝܢ ܕܗܘܬ ܠܗܘܢ ܒܛܝܠܘܬܐ ܥܠ ܡܘܙܠܬܐ ܿ ܘܥܠ ܢܗܝ̈ܪܐ ܡܢ. ܕܒܗ ܆ ܘܥܠ ܐܝܠܝܢ ܕܒܐܬܪܐ ܗܢܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ ܡܣܬܥ̈ܪܢ ̈ ̈ ܫܘܚܠܦܐ ̈ ܣܓܝܐܐ ܕܣܗܪܐ ܇ ܘܡܢ ܙܘܥܐ ̈ܡܫܚܠܦܐ ܕܟܠܗܘܢ ܿܗܢܘܢ ܕܒܚܘܕܪܐ ܠܗ ܠܡܕܥ ܆ ܿܗܘ ܡܐ ܕܥܠ10 ܘܒܕܓܘܢ ܐܠܨܐ ܐܠܝܢܐ ܕܐܩܦܐ. ܡܬܬܙܝܥܝܢ ̈ ܝܘܡܬܐ ܒܚܘ̈ܪܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪ ܆ ܐܟܙܢܐ ܕܥܠ11ܨܒܘܬܐ ܚܕܐ ܝܚܝܕܝܬܐ ܿ ܟܠܗ ܥܠ12ܓܠܝܢܘܣ ܒܡܐܡܪܐ ܿܗܘ ܕܬܠܬܐ ܆ ܕܢܕܥ ܡܠܬܐ ܕܓܘ ܐ ܡܣܒܪܢܘܬܐ ܕܗܘܬ ܐܠܣܛ̈ܪܘܢܡܘ ܇ ܥܠ ̈ܥܠܠܬܐ ܟܠܗܝܢ ܐܝܠܝܢ ܕܡܣܬܥ̈ܪܢ ܆13 ܐܝܟ ܕܡܪܬܐ ܓܝܪ ܦܝܠܘܣܘܦܘܬܐ ܕܐܪܝܣܛܛܠܝܣ. ܒܐܬܪܐ ܗܢܐ ܐܢܫܝܐ
Toutefois, j’aborderai tout le propos de ce traité, non pas selon l’enseignement qui relève de la médecine, ni non plus selon la théorie de la philosophie de la nature, mais en suivant le chemin qu’ont parcouru à ce propos tous ceux qui ont porté de l’intérêt à la sphère , aux astres qui sont en elle et à ce qui, comme ils disent, peut se produire dans cette région-ci14 du fait des nombreuses variations de la lune et des mouvements variables 15 de tout ce qui se déplace en cercle. C’est pourquoi il est nécessaire, pour celui qui cherche à savoir ce qu’il en est de cette chose si particulière que sont les jours critiques, selon ce qu’en dit Galien dans le troisième traité, de connaître le propos général concernant l’opinion globale conçue par les astronomes, relative à la cause de tout ce qui peut se produire dans la région humaine16 , comme la vénérable philosophie aristotélicienne17.
10
|| ܕܐܩܦܐcorrexit Sachau : ܕܐܟܦܐL || || ܝܚܝܕܝܬܐ: ܐܝܚܝܕܝܬܐL Sachau || 12 || ܕܓܘܐcorrexi : ܕܓܘܢL Sachau || 13 || ܦܝܠܘܣܘܦܘܬܐ ܕܐܪܝܣܛܛܠܝܣcorrexi : ܐܪܝܣܛܛܠܝܣL Sachau || -------------------------------------------14 Il faut comprendre, comme cela est explicité plus bas, la région sub-lunaire. 15 Cf. Gal., De diebus decretoriis III, p. 901. 16 C’est-à-dire dans la région inférieure, celle qui est corruptible. Aristote l’appelle « région sub-lunaire » (voir note suivante). 17 On lit dans Arist., Mete. [éd. GROISARD], 1, 2 [339r] : « Ἔστι δ’ἐξ ἀνάγκης συνεχής πως οὗτος ταῖς ἄνω φοραῖς, ὥστε πᾶσαν αὐτοῦ τὴν δύναμιν κυβερνᾶσθαι ἐκεῖθεν. Ὅθεν γὰρ ἡ τῆς κινήσεως ἀρχὴ πᾶσιν, ἐκείνην αἰτίαν νομιστέον πρώτην » / « Or ce monde est nécessairement continu avec les translations d'en haut, de sorte que toute sa puissance est gouvernée depuis là-haut; en effet, ce dont toute chose tire le principe de son mouvement, c'est cela qu'il faut considérer comme cause première » (trad. GROISARD J., 2009) ; cf. aussi en note de ce passage la remarque de J. Groisard : « Aristote ne remonte pas ici jusqu'au Premier Moteur: dans la perspective adéquate aux Météorologiques, la cause première des transformations du monde d'ici-bas est le mouvement des astres »). 11
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
̈ ܐܢ ܐܢܫ ܿܝܕܥ ܚܕܐ ܡܢ ܝܚܝܕܝܬܐ ܆ ܗܢܐ ܠܘ ܡܢ ܟܠ ܦܪܘܣ ܡܫܬܟܚ ܿܝܕܥ ܐܦ ̈ ܐܠܨܐ ܕܐܦ. ܕܓܘܢܝܬܐ ܐܢ ܕܝܢ ܢܗܘܐ ܠܓܘ ܡܢ ܐܝܕܥܬܐ. ܗܠܝܢ ܕܓܘܐ ̈ ̈ ܡܛܠ. ܒܝܚܝܕܝܬܐ ܢܗܘܐ ܡܦܣ ̈ ܗܠܝܢ ܕܝܢ. ܕܝܚܝܕܝܬܐ ܒܗܠܝܢ ܕܓܘܐ ܚܒܝܫܢ ̈ ܐܢ ܗܘ ܗܟܝܠ ܕܥܬܝܕ ܐܢܫ ܠܡܕܥ ܆ ܠܘ. ܐܝܚܝܕܝܬܐ ܐܠ ̈ܡܣܝܟܢ ܡܢ. ܕܓܘܐ ̈ ܿ ܿ ܒܠܚܘܕ ܘܡܢ ܕܐܬܐܡܪ ܡܢ ܓܠܝܢܘܣ ܒܡܐܡܪܐ ܗܘ ܕܬܠܬܐ ܥܠ ܝܘܡܬܐ ܒܚܘ̈ܪܐ ܆ ܐܐܠ ܘܐܦ ܥܠܬܐ ܕܟܠܗܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܆ ܠܗܢܐ ܐܠܨܐ ̈ ̈ ܨܒܘܬܐ ) ܘܢܥܐܠ ܢܦܫܗ ܠܘܬ ܐܝܠܝܢ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ141v( ܝܚܝܕܝܬܐ ܆ ܕܢܫܒܘܩ 19 18 ̈ ܿ ܿ ̈ ̈ ܥܠ ܫܘܚܠܦܝܗ ܘܥܠ ܐܣܟܝܡܝܗ ܣܓܝܐܐ. ܓܘܢܐܝܬ ܡܢ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ ̈ ܘܢܨܘܕ ܡܢ ܗܠܝܢ ܪܥܝܢܐ. ܘܕܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡܗܘܢ ܕܣܗܪܐ ̈ ܕܓܘܐ ܇ ܕܒܗ ܡܣܬܥ̈ܪܢ ܟܠܗܝܢ ܐܝܠܝܢ ܕܗܘܝܢ ܒܐܬܪܐ ܗܢܐ ܬܚܬܝܐ ܇ ܐܝܟ ܿ ܬܪܥܝܬܗܘܢ ܫܘܪܝܐ ܗܟܝܠ ܕܡܠܬܐ ܡܢ ܗܐ ܡܟܐ ܀. ܕܗܢܘܢ Ce n’est pas parce qu’on sait une chose particulière 20 qu’on se trouvera automatiquement de connaître ce qui est général ; mais si on est introduit par des connaissances générales, on sera aussi nécessairement informé sur les choses particulières, parce que les particularités sont contenues dans le général21. En revanche, ce qui est général ne se détermine pas à partir des particularités. Donc, si jamais quelqu’un cherche à comprendre non seulement ce dont traite Galien dans le troisième livre Sur les jours critiques, mais aussi la cause de tous les autres de ce genre, [f. 141v] il lui faudra laisser de côté les choses particulières et orienter son esprit vers ce qui est généralement dit par les astronomes, sur les variations et sur les nombreux aspects de la lune et des autres étoiles avec lesquelles elle peut entrer en conjonction 22 et on considèrera, de manière générale, que c’est à cause de ces phénomènes, que tout ce qui a lieu dans la région inférieure23 peut se produire, d’après l’opinion de ces gens-là24. Début du propos à partir de là : 18
|| ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ: ܐܣܛ̈ܪܢܡܘL || ܿ ܐܣܟܝ ܿ ̈ || ܡܝܗ : ܐܣܟܝܡܝܗ L Sachau || (CORR. 3) -------------------------------------------20 Litt. : « un des détails ». Le même sens est attesté dans un autre texte de Galien traduit par Sergius de Reš‘ayna (cf. MERX, « Galenus’Schrift », 1885, p. 260). 21 Mêmes considérations dans le prologue au Petit Livre sur les remèdes simples : ܐܢܗܘ . ܕܨܒܘܬܐ ܆ ܠܗܢܐ ܐܠܨܐ ܠܗ ܨܒܘܬܐ ܡܢ ܟܠ ܦܪܘܣ ̈ ܗܟܝܠ ܕܥܬܝܕ ܐܢܫ ܠܡܗܘܐ ܒܝܕܥܬܗܝܢ ܚܬܝܬܐ ܩܢܘܢܐ ܕܓܘܐ ̈ ( ܕܗܘܐ ܿܝܕܥcf. MERX, « Galenus’Schrift », 1885, p. 244-245) / « Donc si quelqu’un cherche à avoir une connaissance exacte de ces choses, il lui faudra y de façon générale, en sachant les règles générales ». 22 Ce passage a été pris en exemple dans SOKOLOFF qui propose de conférer à « » ܐܫܬܘܪܝ (šafel de ) ܝܪܝun sens astronomique particulier en le rendant par « entrer en conjonction ». 23 L’expression est différente de celle employée plus tôt (« région humaine »). D’après Sévérien de Gabbala, la « région inférieure » (ou ciel visible) contient « des choses exprimables par la parole » tandis que le « ciel supérieur » appartient aux choses intelligibles (cf. Hexaemeron, livre II, PG 56, col. 441,2-443). Ces propos ont été ensuite rapportés et interprétés sans équivoque par Cosmas Indicopleustès, contemporain de Sergius, qui situe l’ensemble des planètes et des astres dans le ciel inférieur (Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], 1973, vol. 3, Livre X, 39, p. 278-279). On peut éventuellement expliquer la confusion du propos de Sergius par une contamination du vocabulaire des docteurs de l’Église. 24 C’est-à-dire des astronomes, évoqués deux phrases plus haut. 19
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
̈ ܐܡܪܝܢ ܗܟܝܠ܆ ܕܬܠܬܐ ܐܝܬܝܗܘܢ ܘܚܕ. ܟܘܟܒܐ ܕܐܝܡܡܐ ܘܬܠܬܐ ܕܠܠܝܐ 26 ܠܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܟܐܘܢ. ܆ ܕܐܝܡܡܐ ܕܝܢ ܿܩܪܝܢ25ܕܣܝܡ ܒܝܢܬ ܗܠܝܢ ܡܨܥܐܝܬ ܿ ܕܠܠܝܐ ܕܝܢ ܆ ܿܗܘ ܕܐܪܝܣ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܘܗܝ. ܘܠܗܘ ܕܒܝܠ ܘܠܫܡܫܐ ܿ . ܘܗܘ ܕܒܝܠܬܝ ܿ . ܣܝܡܝܢ ܠܗ ܆ ܕܓܘܐ27 ܠܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣ. ܘܣܗܪܐ ܬܘܒ ܥܡܗܘܢ ܘܐܦ ܗܘ ܕܐܝܡܡܐ. ܐܝܟ ܿܡܢ ܕܡܫܬܟܚ ܒܙܒܢ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܡܡܐ ܿ . ܐܢ ܕܝܢ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܠܠܝܐ ܡܬܟܝܢ. ܿܗܘܐ ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ ܕܠܠܝܐ ܀. ܡܚܘܝܢ ܓܝܪ ܆ ܕܚܝܐܠ ܕܓܘܐ ܩܢܐ ܟܘܟܒܐ ܗܢܐ ܒܟܠܙܒܢ. ܡܬܩܪܐ
< 2. Éléments de théorie astronomiques> < 2.1. Étoiles nocturnes, étoiles diurnes> Ils disent qu’il y a trois étoiles diurnes, trois nocturnes et une qui a une situation intermédiaire entre ces deux . Ils qualifient de « diurnes » Saturne, Jupiter et le soleil ; ils disent que sont « nocturnes » Mars, Vénus ainsi que la lune. Quant à Mercure, ils ont estimé qu’elle était diurne quand elle se trouvait avec l’une des diurnes ; de la même manière elle est dite nocturne si elle se trouve avec l’une des nocturnes. Ils ont montré en effet que cette étoile possédait de façon générale une influence permanente28.
25
|| ܡܨܥܐܝܬL : ܡܨܥܬܝܬSachau || (CORR. 4) || ܠܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܟܐܘܢ: ܠܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܟܘܢL Sachau || 27 || ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣ: ܿܗܘ ܕܐܪܡܝܣL Sachau || -------------------------------------------------28 D’après Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], I, 7 cette influence est double, Mercure se trouvant soit asséchante, soit humidifiante. Les deux effets alterneraient de façon rapide « comme si Mercure était entrainé dans un tourbillon par son mouvement rapide autour du soleil » (trad. Hübner). 26
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
̈ ܟܠܗܘܢ ܕܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܆ ܒܚܘܕܪܐ29ܕܐܣܟܝܡܐ . ܒܬܪ ܗܠܝܢ ܕܝܢ ܙܕܩ ܠܡܕܥ ̈ ̈ ̈ ܟܠܗ ܕܡܠܘܫܐ ܆ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܐܘ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܗܠܝܢ ܚܡܫܐ ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ̈ ܗܢܘ ܕܝܢ. ܚܡܫܐ ܐܝܬܝܗܘܢ .ܕܐܬܐܡܪ ܆ ܕܡܬܩ̈ܪܝܢ ܐܦ ̈ܡܛܥܝܢܐ ̈ ܕܐܝܬܘܗܝ. ܓܘܢܘܬܐ ܆ ܘܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܕܬܠܬ30ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ̈ ̈ . ܓܘܢܘܬܐ ܘܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܕܫܬ. ܓܘܢܘܬܐ ܕܐ̈ܪܒܥ ܿ ܘܕܣܘܢܕܘܣ ܕܐܝܬܝܗ. ܕܐܝܬܘܗܝ ܦܠܓܗ ܚܬܝܬܐ ܕܚܘܕܪܐ. 31ܘܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ̈ ܡܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐ ܆ ܐܘ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܗܠܝܢ ̈ܚܡܫܐ ܟܘܟܒܐ . ܐܚ̈ܪܢܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ
Après cela il convient de connaître tous les aspects que forme la lune sur l’ensemble du cercle du zodiaque en s’associant au soleil ou à l’une des cinq étoiles mentionnées, appelées aussi « planètes »32. Il y en a cinq : le trigone, qui se compose de trois angles ; le carré33, qui se compose de quatre angles ; le sextile, qui se compose de six angles ; l’opposition, qui est la moitié exacte du cercle ; et la « σύνοδος » qui a lieu lorsque la lune entre en conjonction avec le soleil ou, comme ils disent, avec l’une des cinq autres étoiles34.
̈ ̈ ܕL Sachau || (CORR. 5) || ܕܐܣܟܝܡܐ : ܐܣܟܡܐ || ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ: ܕܛܪܝܓܘܢL Sachau || (cf. infra CORR. 16) 31 || ܘܕܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܘܕܕܡܛܪܘܢL Sachau || -------------------------------------------32 mat‘yone (construit sur la racine t‘o, « errer »). 33 Pour désigner les aspects planétaires, le syriaque recourt ici à des translittérations du grec : τρίγωνον pour trigone, τετράγωνον pour tétragone, ἑξάγωνος pour sextile, διάμετρος pour l’opposition et σύνοδος que nous avons laissé tel quel pour désigner la conjonction. 34 Comparer cette présentation des aspects (et celle qui suit) avec Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], I, 14 pour le grec et pour le syriaque avec le passage du Causa causarum [éd. KAYSER], t. 1, p. 208, l. 15-20 (= f. 95r). 29 30
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
ܒܝܕ ܐ̈ܪܒܥܐ ̈ܡܠܘܫܐ ܗܘܝܐ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢ.35ܐܐܠ ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ̈ ̈ ܬܠܬ ܓܝܪ. ܐܘ ܒܝܕ ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܡܘ̈ܪܣ. ܐܠܥܘܗܝ ܙܒܢܝܢ ܐ̈ܪܒܥܐ ܐ̈ܪܒܥܐ ̈ ܘܬܠܬ ܬܘܒ. ܬܪܥܣ̈ܪ ܥܒܕܝܢ ܙܒܢܝܢ ܡܐܐ ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܕܝܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܟܠܗܘܢ ̈ܡܠܘܫܐ ܕܚܘܕܪܐ ܘܟܘܠܗܝܢ. ܥܒܕܝܢ ܘܬܠܬܡܐܐ. ܬ̈ܪܥܣܪ ܓܝܪ ܐܝܬܝܗܘܢ ܟܠܗܘܢ ̈ܡܠܘܫܐ. ܕܝܠܗܘܢ36ܡܘ̈ܪܣ 37 ) ܡܛܠ ܕܟܠ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܠܬܠܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ141r( . ܘܫܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܕܝܠܗܘܢ . ܡܬܦܠܓ 39 38 ܿ ܐܡܪܝܢ ܕܗܘܝܐ ܐܦ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢ. ܐܣܟܝܡܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ̈ ܐ̈ܪܒܥ ܓܝܪ. ܐܘ ܒܝܕ ܬܫܥܝܢ ܡܘ̈ܪܣ. ܒܝܕ ܬܠܬܐ ̈ܡܠܘܫܐ. ܐܠܥܘܗܝ ̈ ܙܒܢܝܢ ̈ ̈ ܘܗܟܘܬ ܬܘܒ ܐܦ ܐ̈ܪܒܥ. ܬܠܬܐ ܬܠܬܐ ܬܪܥܣ̈ܪ ܥܒܕܝܢ . ܙܒܢܝܢ ܬܫܥܝܢ ̈ ܕܐ̈ܪܒܥ ܕܝܢ ܐܠܥܝܢ ܐܝܬ. ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܕܟܠܗ ܚܘܕܪܐ ܡܫܡܠܝܢ ̈ ̈ ܓܘܢܘܬܐ ܆ ܐܝܟ ̈ܬܠܬ ܐܠܥܝܢ ܘܬܠܬ ܘܐ̈ܪܒܥ. ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ40ܒܐܣܟܝܡܐ ̈ . ܗܕܐ ܠܟܠ ܐܢܫ ܐܝܕܝܥܐ41ܓܘܢܘܬܐ ܒ ܿܗܘ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ
Mais l’aspect du trigone42 : chacun de ses côtés comprend quatre signes, soit cent vingt degrés43. En effet, trois fois quatre font douze et de même trois fois cent vingt font trois cent soixante, ce qui correspond à la somme des signes du cercle et à la somme des degrés qu’il comprend. En effet, il y a, en tout, douze signes et trois cent soixante degrés, qu’ils se partagent, parce que [f.142r] chacun d’eux se subdivise en trente degrés.
Ensuite l’aspect du carré : ils disent que chacun de ses côtés comprend trois signes, soit quatre-vingt-dix degrés. En effet, quatre fois trois font douze, de même que quatre fois quatre-vingt dix font les trois cent soixante degrés qui composent tout le cercle. Le carré a quatre côtés et quatre angles, de même que le trigone a trois côtés et trois angles, ce que tout le monde sait.
35
|| ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ: ܕܛܪܝܓܢܘܢL Sachau || (cf. infra CORR. 16) || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘܪܘܣL Sachau || (CORR. 6) 37 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || (cf. CORR. 6) 38 || ܐܣܟܝܡܐ: ܐܣܟܡܐL Sachau || (cf. CORR.5) 39 || ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ: ܕܛܛܪܓܢܘܢL Sachau || 40 || ܒܐܣܟܝܡܐ: ܒܐܣܟܡܐL Sachau || (cf. CORR. 5) 41 || ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ: ܕܛܪܝܓܢܘܢL Sachau || --------------------------------------------42 Nous renvoyons au lexique d’A. Le Boeuffle (Astronomie, Astrologie, Lexique latin, Paris, Picard, 1987) pour la terminologie astrologique actuelle relative aux aspects planétaires. 43 L’aspect désigne la distance angulaire de deux planètes par rapport à la terre. Le sommet de cet angle étant toujours la terre, les côtés dont il est question ici sont ceux qui relient la terre aux planètes concernées. L’angle, exprimé ici en degrés de longitude, correspond pour le cas du trigone à un écartement de quatre signes. Or sachant que chaque signe comprend, de façon conventionnelle, 30°, cette distance angulaire doit nécessairement être de 120°. 36
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
ܐܣܟܝܡܐ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܆ ܐܦ ܗܘ ܒܝܕ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܡܠܘܫܐ ܗܘܝܐ ܟܠ ܚܕܐ ̈ ̈ ܡܛܘܠ ܓܝܪ ܕܫܬ. ܐܠܥܘܗܝ ̈ ܡܢ ܐܝܕܝܥܐ ܗܝ. ܓܘܢܘܬܐ ܐܠܥܝܢ ܩܢܐ ܐܦ ܫܬ 44 ̈ ܕܒܝܕ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܡܠܘܫܐ ܆ ܐܘ ܒܝܕ ܫܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܗܘܝܐ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢ . ܐܠܥܘܗܝ ̈ ܙܒܢܝܢ ̈ܫܬ ܆ ܘܫܬ ̈ ܬ̈ܪܬܝܢ ܓܝܪ ܬ̈ܪܥܣܪ ̈ܡܠܘܫܐ ܘܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ. ܙܒܢܝܢ ܫܬܝܢ ̈ ܕܝܠܗܘܢ45ܡܘ̈ܪܣ . ܥܒܕܢ ܿܗܘܐ ܐܦ ܗܘ ܒܝܕ ܫܬܐ ̈ܡܠܘܫܐ ܐܘ ܒܝܕ ܡܐܐ46ܐܣܟܝܡܐ ܕܝܢ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ̈ ܒܟܠܙܒܢ ܓܝܪ ܠܬ̈ܪܝܢ ܡܦܠܓ ܠܗ ܠܚܘܕܪܐ. 47ܘܬܡܢܐܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܠܝܬ. ܕܡܠܘܫܐ ܀. ܓܝܪ ܘܐܠ ܚܕ ܐܣܟܝܡܐ ܐܚܪܢܐ ܕܪܚܝܩ ܐܝܟ ܗܢܐ ܕܟܠܗ ܚܘܕܪܐ 49 ܿ ܐܘ ܥܡ. ܕܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐ48ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ ̈ ܚܡܫܐ ̈ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ . ܠܗܕܐ ܕܝܢ ̈ܩܕܡܝܐ ܐܡܪܝܢ ܗܘܘ ܕܗܘܝܐ. ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ̈ ܕܗܢܘܢ ܿ ܡܐ ܕܒܗ ܟܕ ܒܗ ܒܡܠܘܫܐ ܡܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܇ ܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ . ܟܘܟܒܐ ܿ ܘܟܘܟܒܐ ܿܗܘ.50ܐܝܬܝܗ ܒܡܘܪܐ ܕܝܠܗ ܕܡܠܘܫܐ ܿܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܘܐܦܢ ܬܗܘܐ ܿ ܿ . ܒܗܝ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬܫܥ. ܕܡܬܐܡܪܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡܗ
L’aspect du sextile : chacun de ses côtés comprend deux signes. En effet, c’est parce qu’il possède six côtés aussi bien que six angles qu’on sait que chacun de ses côtés comprend deux signes, soit soixante degrés. En effet, deux fois six et six fois soixante font respectivement douze signes et trois cent soixante degrés.
L’aspect de l’opposition : chacun de ses côtés comprend six signes soit cent quatre-vingt degrés. En effet, elle divise toujours en deux le cercle du zodiaque. Il n’y a aucune autre figure qui éloigne autant que celle-ci sur tout le cercle.
La « σύνοδος » quant à elle est la conjonction de la lune avec le soleil ou avec l’une des cinq autres étoiles. Les Anciens51 avaient dit à son propos qu’elle avait lieu dès que la lune se trouvait dans le même signe que l’une de ces étoiles, et même si elle s’avérait être dans le premier degré d’un signe et que l’étoile, avec laquelle elle est dite entrer en conjonction, est dans le 29e. 44
|| ܐܘ ܒܝܕ: ܘܒܝܕL Sachau || (CORR. 7). || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 46 || ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܕܕܝܡܛܪܘܢL Sachau || 47 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 48 || ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ: ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐL Sachau || (CORR. 8) 49 ܿ ܿ || ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܕܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐ ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝcorrexi :ܐܝܬܝܗ ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ ܿ ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ ܣܗܪܐ ܕܥܡ ܫܡܫܐSachau ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ ܣܗܪܐ ܥܡ ( || ܕܡܫܡܐCORR. 9) 50 || ܩܕܡܝܬܐcorrexi : ̈ܩܕܡܝܬܐL Sachau || --------------------------------------51 Sergius pourrait bien se référer ici aux Chaldéens. Selon Bar Hébraeus, « les Anciens » est le terme consacré pour les désigner (cf. Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU], I, 8, 1 : « nous disons que les Chaldéens sont les anciens et les Grecs les modernes »). On trouve également cette même expression en usage dans le Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 3 pour désigner « ceux qui inventèrent la fable de l’Atalya ». 45
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
ܿܗܢܘܢ ܕܝܬܝܪܐܝܬ ܐܣܬܒܪܘ. 52ܚܬܝܬܐܝܬ ܕܝܢ ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ ܿ ܡܐ ܕܬܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܥܡ53ܐܝܬܝܗ ܣܘܢܕܘܣ .ܕܐܬܓܘܝܘ ܒܝܕܥܬܐ ܕܥܠ ܗܠܝܢ ̈ ܫܡܫܐ ܐܘ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ̈ܚܡܫܐ ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܒܗ ܟܕ ܒܗ ܒܡܠܘܫܐ܇ ܗܝܕܝܢ ܓܝܪ ܡܬܐܡܪܐ. 54ܘܬܗܘܐ ܪܚܝܩܐ ܡܢܗ ܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ ) ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܇141v( ܠܗܝܢ55ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܆ ܥܡܗ ܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐ ܡܐ ܕܝܢ ܕܐܕܪܟܬܗ. ܘܡܕܪܟܐ ܠܗ ܠܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܡܬܐܡܪܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡܗ ܿ ܥܒܪܬ ܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܝܢ ܕܝܢ ܠܗܠܝܢ. ܠܗ ܡܟܝܠ ܡܢ ܣܘܢܕܘܣ ܡܬܐܡܪܐ 56 ܘܡܕܪܟܐ ܠܫܡܫܐ. ܐܝܟ ܒܚܕ ܠܝܠܝ ܐܝܡܡ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ. ܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ̈ ܡܛܠ ܕܝܬܝܪ ܡܢ ܟܠܗܘܢ ܩܠܝܠ. ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܘܠܟܠ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܚܡܫܐ ܿ . ܙܘܥܗ
Voici exactement ce qu’en dirent les astronomes qu’on tient pour particulièrement avertis dans la connaissance de ces choses : « Il y a « σύνοδος » tant que la lune se trouve dans le même signe que le soleil ou avec une des cinq autres étoiles et qu’elle est distante de moins de douze degrés »57. En effet, on dit qu’il y a conjonction tant que la parcourt ces douze degrés [f.142v] et qu’elle cherche à atteindre l’étoile avec laquelle elle est dite entrer en conjonction et jusqu’à ce que, après l’avoir atteinte, quittant la « σύνοδος » mentionnée, elle ait parcouru de nouveau douze degrés, ce qui correspond plus ou moins à un nychthémère 58 . Elle peut atteindre le soleil et n’importe laquelle des cinq autres étoiles parce que son mouvement est plus rapide que le leur59.
52
|| ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ: ܐܣܛ̈ܪܘܢܘܡܘL Sachau || || ܣܘܢܕܘܣ: ܣܘܢܗܕܘܣL Sachau || 54 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 55 || ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܆ ܥܡܗ ܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐcorrexi : ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܆ ܥܡܗ ܕܡܫܬܘܪܝܐL Sachau || (CORR. 10). 56 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || -------------------------------------------57 Sergius cite manifestement ici un auteur grec. Mais nous n’avons pas réussi à savoir de quel auteur il s’agissait ni si la citation s’étendait davantage. 58 Le syriaque réalise ici une traduction miroir du grec νυχθήμερον. Le nychthémère correspond à 24 heures. Dans une lettre adressée au prêtre Jean [f. 266v], Georges des Arabes affirme que la lune parcourt 12° en vingt-quatre heures (Cf. George Ar. [trad. RYSSEL], p. 116 : « jeden Tag, der aus 24 Stunden besteht, 12 Grade – ohne dass was di Sonne laüft – der Mond in der Sphäre des Himmels laüft, indem er bekanntlich alle 2 Stunden eine Minute laüft ». 59 En effet, la lune se déplace d’environ 12 degrés vers l’est chaque jour alors que le soleil se déplace, durant le même laps de temps, d’environ 1°, Mercure de 4°, Vénus de 1°36’, Mars de 0°31’, Jupiter de 0°4’ et Saturne de 0°2’. Ces chiffres sont des moyennes qui tiennent compte du mouvement en longitude, mais aussi des anomalies. Ces mouvements moyens ont été présentés par Claude Ptolémée (Ptol., Alm. IX, 4) et expliqués dans O. NEUGEBAUER, A History of Ancient Mathematical Astronomy, 1975, vol. 2, p. 907. 53
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. ܥܕܪܐ ܕܝܢ ܕܐܠ ܒܙܥܘܪ ܠܘܬ ܐܝܕܥܬܐ ܕܐܝܠܝܢ ܕܥܬܝܕܢ ܕܢܬܐܡ̈ܪܢ ܐܦ ܗܕܐ ܚܕ. ܚܝܒܐ ܠܢ ܠܡܕܥ ܆ ܕܬ̈ܪܝܢ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ܕܡܬܪܢܝܢ ܒܬܪܥܝܬܐ ܘܐܠ ܬܘܒ ܫܘܝܐܝܬ. ܕܗܢܘܢ ܗܠܝܢ ܐܠ ܦܪܩܝܢ ܡܢ ̈ܚܕܕܐ. ܕܫܡܫܐ ܘܚܕ ܕܣܗܪܐ ܿ ܘܦܣܩܝܢ ̈ܚܕܕܐ ܒܬ̈ܪܬܝܢ. ܐܐܠ ܕ̈ܪܟܝܒܝܢ ܥܠ ̈ܚܕܕܐ. ܣܝܡܝܢ ܠܘܩܒܠ ̈ܚܕܕܐ ̈ ̈ ܡܛܠ ܓܝܪ ܕܚܘܕܪܗ ܕܫܡܫܐ ܇ ܒܟܠܙܒܢ. ܢܘܩܕܬܐ ܕܡܬ̈ܪܢܝܢ ܐܦ ܗܢܝܢ ܒܬܪܥܝܬܐ ̈ ܒܡܨܥܬܗ ܐܝܬܘܗܝ ܕܚܘܕܪܐ ̈ ܕܡܠܘܫܐ ܇ ܿܗܘ ܕܝܢ ܕܣܗܪܐ ܆ ܙܠܝܡ ܠܘܩܒܠ ܙܘܥܝܗ ܕܠܦܬܝܐ ܕܝܠܗ ܕܣܗܪܐ ܆ ܝܕܝܥܐ ܗܝ ܕܙܠܡܗ ܕܗܢܐ ܿܥܒܕ ܠܗܘܢ ܠܚܘܕ̈ܪܐ ܕܢܪܟܒܘܢ ̈ܚܕܕܐ ܒܬ̈ܪܬܝܢ ̈ܡܢܘܬܐ ̈ ܕܘܟܝܬܐ ܿܗܢܝܢ ܗܟܝܠ ܿܗܢܝܢ ܬ̈ܪܬܝܢ. ܐܝܠܝܢ ܕܬ̈ܪܝܨܢ ܫܘܝܐܝܬ ܠܘܩܒܠ ̈ܚܕܕܐ ܗܢܘ. 61 ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ60ܕ̈ܪܟܝܒܝܢ ܒܗܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ̈ܚܕܕܐ ܇ ܡܬܩܪܝܢ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ . ܕܝܢ ܡܣܩܢܐ ܘܡܚܬܢܐ
Autre chose très utile relative à la connaissance des sujets que nous nous apprêtons à aborder : il nous faut savoir qu’il y a, selon eux, deux cercles qui doivent être pris en compte : celui du soleil et celui de la lune qui ne sont ni éloignés l’un de l’autre, ni juxtaposés62 l’un à l’autre, mais qui se chevauchent l’un l’autre et se coupent en deux nœuds qui doivent également être pris en compte. En effet, le cercle du soleil est constamment au milieu du cercle du zodiaque63, tandis que celui de la lune, à l’inverse, est incliné64 du fait des mouvements en latitude propres à la lune.
On sait que l’inclinaison de ce dernier provoque le chevauchement des cercles sur deux portions parfaitement juxtaposées l’une à l’autre. Or ces deux endroits, où les cercles se chevauchent l’un l’autre, sont appelés nœud ascendant et nœud descendant65, c’est-à-dire le montant et le descendant66.
ܰ L Sachau || || ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ: ܐ ܰܢܒܝܒܙܢ || ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ: ܘܩܛܒܝܒܙܢL Sachau || -------------------------------------------62 Nous rendons l’adverbe syriaque signifiant « également » ( )ܫܘܝܐܝܬpar le préfixe juxtaqui, étymologiquement, porte ce sens. Littéralement, le syriaque dit ensuite que les deux cercles sont juxtaposés « l’un en face de l’autre » ( )ܠܘܩܒܠ. Il nous semble que le préfixe verbal peut à lui seul rendre ce que le syriaque exprime finalement en deux mots. 63 Litt. « le cercle des signes ». Expression consacrée pour désigner le cercle du zodiaque partout dans le présent traité, désignant la bande de 16° de latitude qui encadre l’écliptique. 64 En effet, le plan orbital de la lune est incliné d’environ 5°09’ par rapport au cercle de l’écliptique (cf. SAVOIE, Cosmographie, 2006, p. 72). 65 Termes translittérés du grec ἀναβιβάζων et καταβιβάζων. 66 Le nœud ascendant (montant) étant celui que la lune traverse en allant vers le nord, le nœud descendant celui qu’elle traverse en allant vers le sud. 60 61
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. ܩ̈ܪܝܢ܇ ܠܪܟܒܗܘܢ ܕܚܘܕ̈ܪܐ ܿܗܘ ܕܠܥܠ ܡܢ ܐܪܥܐ67ܐܐܠ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܿ ܕܝܢ ܡܫܡܗܝܢ68ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ . ܠܗܘ ܪܟܒܗܘܢ ܐܚܪܢܐ ܕܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܡܬܬܙܝܥܝܢ ܕܝܢ ܘܐܦ ܗܢܘܢ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܝܗܘܢ܆ ܘܣܝܡܝܢ ̈ܚܘܫܒܢܐ ܕܡܢܗܘܢ ̈ 69 ܒܟܬܒܐ ܿܗܘ ܕܚܘܫܒܢܐ ܕܦܛܠܡܐܘܣ. ܡܫܬܟܚܝܢ ܗܠܝܢ ܒܟܠܙܒܢ ܘܒܕܘܟܝܬܐ ̈ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܀. ܣܓܝܐܬܐ ܿ ܐܠ. ܡܛܠ ܿܗܝ ܗܟܝܠ ܕܐܦ ܗܢܘܢ ܡܬܬܙܝܥܝܢ ܗܘܐ ܚܫܟܐ ܕܣܗܪܐ ܒܟܠ ܝܪܚܐ ܿ ܗܟܢܐ ܡܫܬܟܚܝܢ ܠܘܩܒܠ ̈ܚܕܕܐ ܐܝܟ ܕܬܫܬܟܚ. ܒܗܝ ܕܠܘ ܒܟܠܙܒܢ ܫܘܝܐܝܬ ܡܢ ܟܠܦܪܘܣ ܕܝܢ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܚܫܟܐ ܣܗܪܐ. ܐܪܥܐ ܒܡܨܥܬܗܘܢ ܬܪܝܨܐܝܬ ܒܪܘܚܐ ܓܪܒܝܝܬܐ ܆ ܘܗܝ70ܫܡܫܐ ܡܫܬܟܚ ܒܕܘܟܬܐ ܿܗܝ ܕܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ) ܒܪܘܚܐ ܬܝܡܢܝܬܐ ܆ ܐܘ ܫܡܫܐ141r( 71ܣܗܪܐ ܒܕܘܟܬܐ ܗܝ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ .ܒܪܘܚܐ ܬܝܡܢܝܬܐ ܇ ܘܗܝ ܣܗܪܐ ܒܓܪܒܝܝܬܐ Ils appellent « nœud ascendant » le chevauchement des cercles qui mène audessus de la terre et ils donnent le nom de « nœud descendant » à l’autre chevauchement qui mène sous la terre. Aussi ces deux-là se déplacent-ils. Les calculs grâce auxquels on pourrait constamment les retrouver sont exposés dans le Livre du Calcul 72 de Ptolémée et à de nombreux autres endroits. ܀
Du fait de leur déplacement, l’éclipse de lune n’a pas lieu tous les mois, parce qu’il n’est pas vrai qu’on les trouve à chaque fois pareillement opposés l’un à l’autre de manière à ce que la terre se trouve exactement au milieu d’eux. Mais de manière générale, à chaque fois que la lune s’éclipse, le soleil se trouve à l’endroit du nœud descendant en direction du nord et la lune à l’endroit du nœud ascendant [f.143r] en direction du sud ; ou alors le soleil est en direction du sud et la lune en direction du nord.
67
|| ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ: ܐܢܒܝܒܙܢL Sachau || || ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ: ܩܛܒܝܒܙܢL Sachau || 69 || ܕܦܛܠܡܐܘܣ: ܕܦܛܘܠܘܡܐܘܣL Sachau || 70 || ܕܩܛܐܒܝܒܙܘܢ: ܕܩܛܒܝܒܙܘܢL Sachau || 71 || ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ: ܕܐܢܒܝܒܙܢL Sachau || ------------------------------------------72 L’expression désigne sans aucun doute les Tables faciles de Claude Ptolémée. Étant donné que l’expression n’est pas précédée de la préposition ( ) ܥܠ, habituellement réservée à l’introduction des titres d’ouvrage (voir plus haut le cas du traité de Galien Sur les jours critiques), il n’est pas évident de savoir si nous avons affaire ici à une périphrase ou au titre de la Syntaxe consacré en syriaque (du moins selon Sergius). On comparera avec le Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 5 et on lira la note qui se rapporte à ce passage. 68
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
ܗܟܢܐ ܓܝܪ ܒܠܚܘܕ ܟܕ ܡܬܟܝܢܐ ܐܪܥܐ ܡܨܥܬ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܝܗܘܢ ܢܗܝ̈ܪܐ ܿ ܛܠܠܗ ܿ ̈ ܙܠܝܩܐ ܕܫܡܫܐ ܥܠ ܣܗܪܐ ܘܡܚܫܟܐ ܕܗܘܐ ܡܢ ܬܪܝܨܐܝܬ ܘܡܫܡܪܐ 73 ܿ ܠܘ ܗܟܝܠ ܟܘܠ ܐܡܬܝ ܕܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܘܫܡܫܐ ܒܐܢܐܒܝܒܙܘܢ. ܠܗ ܐܐܠ ܟܘܠ ܐܡܬܝ ܕܗܘܝܐ. ܕܣܗܪܐ75 ܇ ܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ74ܘܒܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ̈ ܆ ܐܠܨܐ ܕܒܗܝܢ76ܗܕܐ ܐܩܠܦܣܝ ܣ ܒܕܘܟܝܬܐ ܗܠܝܢ ܢܫܬܟܚܘܢ ܫܡܫܐ ܕܒܠܥܕ ܚܕܐ ܡܢܗܝܢ ܐܠ ܡܨܝܐ. ܬܠܬ ܓܝܪ ܡܬܒܥܝܢ ̈ܨܒܘܬܐ. ܘܣܗܪܐ ܗܢܘ ܕܝܢ ܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ ܕܣܝܡܝܢ ܒ̈ܪܘܚܬܐ. ܡܬܘܡ ܕܢܗܘܐ ܚܫܟܐ ܕܣܗܪܐ ܀. ܕܕܠܩܘܒܐܠ ܆ ܘܐܪܥܐ ܕܣܟܪܐ ܒܡܨܥܬܐ ܇ ܕܐܠ ܢܩܒܠ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܠܚܒܪܗ
En effet, c’est seulement lorsque la terre est exactement au milieu de ces deux astres et qu’elle projette son ombre, qui est la privation des rayons du soleil sur la lune, qu’elle l’obscurcit. C’est pourquoi il est faux de dire qu’il y aura une éclipse à chaque fois que la lune et le soleil seront dans les nœuds ascendant et descendant. Mais toutes les fois qu’a lieu cette éclipse, il faut que le soleil et la lune se trouvent à ces endroits77. En effet, trois conditions sont requises, sans l’une desquelles il est absolument impossible qu’ait lieu l’obscurcissement de la lune : le soleil et la lune doivent être situés dans des directions opposées et la terre doit faire obstacle au milieu, de telle manière qu’aucun d’eux ne puisse faire face à l’autre.
73
|| ܒܐܢܐܒܝܒܙܘܢ: ܒܐܢܒܝܒܙܘܢL Sachau || || ܘܒܩܛܐܒܝܒܙܘܢ: ܘܒܩܛܒܝܒܙܘܢL Sachau || 75 || ܐܩܠܦܣܝܣ: ܐܩܠܝܦܣܝܣL Sachau || 76 || ܐܩܠܦܣܝܣ: ܐܩܠܝܦܣܝܣL Sachau || ------------------------------------------77 Comparer ce passage avec le Causa causarum [éd. KAYSER], p. 221, l. 15-20 et le Traité sur la cause des éclipses de lune 2. 3 et 2. 4. 74
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
̈ ܕܝܕܝܥܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܆ ̈ ܕܫܒܥܐ ܠܡ ܐܡܪܝܢ ܗܟܝܠ ܿܗܢܘܢ ܕܗܘܘ ̈ܡܥܩܒܢܐ ̈ ܘܢܛܪܝܢ ܠܗܘܢ. ܝܘܡܬܐ ܕܐܠ ܫܦܝ̈ܪܝܢ ܒܟܠ ܚܕ ܡܢ ܝ̈ܪܚܐ ܐܝܬܝܗܘܢ 78 ܿ ܓܘܢܐܝ ܬ ܆ ܕܐܠ ܢܫܪܘܢ ܒܚܕ ܡܢܗܘܢ ܠܡܥܒܕ ܣܘܥܪܢܐ ܡܕܡ ܇ ܐܘ ̈ ܘܒܕܓܘܢ ܐܦ ܠܫܘ̈ܪܝܐ ܕܟܘ̈ܪܗܢܐ. ܒܨܒܘܬܐ ܐܝܕܐ ܕܗܝ79ܠܡܫܬܕܝܘ ܕܗܘܝܢ . ܐܡܪܝܢ. ܒܗܘܢ ܆ ܠܗܠܝܢ ܐܘ ܕܛܒ ܥܣܩܝܢ ܆ ܐܘ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܕܐܠ ܐܣܝܘ ܿ ̈ ܝ̈ܪܚܝܗ ܝܘܡܬܐ ܕܢܛܪܝܢ ܠܗܘܢ ܓܘܢܐܝܬ ܒܟܠ ܚܕ ܡܢ ܗܢܘܢ ܕܝܢ ܗܠܝܢ ܫܒܥܐ . ܕܣܗܪܐ ܆ ܐܝܬܝܗܘܢ ܗܠܝܢ
80 Ceux qui se sont adonnés à ce genre de sciences disent qu’il y a chaque mois sept jours sombres81. Et ils se gardent généralement durant ces jours, d’entreprendre aucune action, ou de se lancer dans aucune affaire que ce soit. Et c’est ainsi , ces jours-là, des débuts de maladies ou très graves ou impossibles à curer. Ils disent que ces sept jours, dont ils se gardent de façon générale chaque mois lunaire, sont les suivants :
78
|| ܓܘܢܐܝܬL : ܓܘܢܐܢܬSachau || (CORR. 11) || ܠܡܫܬܕܝܘ: ܠܡܫܕܝܘSachau ܠܡܫܬܝܘL || (CORR. 12) -------------------------------------------80 Nous rendons ici l’expression « » ܿܗܢܘܢ ܕܗܘܘ ̈ܡܥܩܒܢܐpar « ceux qui se sont adonnés ». Cette forme de ܥܩܒn’est pas attestée dans le Thes. Syr. D’après SOKOLOFF ce terme apparaît uniquement dans une autre traduction de Sergius de Reš‘ayna (voir MERX, « Galenus’Schrift », 1885, p. 263, l. 12), comme équivalent du grec περίεργος dans le sens de « adonné à » (NT, Luc 19, 19). Il semblerait que ce terme soit légèrement dépréciatif, ̈ servant à indiquer un excès de minutie. Il s’agit du second terme (après ܝܚܝܕܝܬܐ ) uniquement attesté, dans ce sens, chez Sergius, confirmant l’attribution qui lui est faite de ce texte. 81 Litt. « non beaux/bons ». Sergius se réfère peut-être ici aux sept jours « sombres » dont fait état Macrobe dans Sat., I, 16, 22-24. Ces jours sombres ont fait l’objet d’une analyse dans BRIND’AMOUR, Le Calendrier romain, 1983, p. 229-231, selon lequel on les tenait pour néfastes et de mauvais augure : « ce jour sombre prit aux yeux des gens un caractère funeste. […] il devint sombre, de mauvais augure, dans la mesure où un jour chanceux était candidus, clarus, clarior, lucidus, pellucidus, liquidus, etc… On n’osa plus rien entreprendre ces jours-là » (cf. p. 231). Selon P. Brind’Amour, ces jours sombres ou dies atri, non mentionnés au calendrier, seraient « les lendemains des Calendes, des Nones et des Ides, ainsi que le dies alliensis et les trois jours où le mundus patet ». Plusieurs sources latines (Tit.-Liv., 6, 1, 12 ; Aulu-Gelle, 5, 17, 2 et Macr., Sat., 1, 16, 25) expliquent le caractère « sombre » de ces jours par le fait qu’on y interdisait d’allumer un feu pour les sacrifices. On verra que Sergius donne une toute autre explication en reliant ces jours aux jours d’obscurité de la lune. Le fait que par la suite Sergius insiste lourdement sur le rapport que ces sept jours entretiennent avec le « lieu d’obscurité » de la lune, c’est-à-dire les limites écliptiques, nous incite à traduire l’expression ܐܠ ܫܦܝܪpar « sombre », afin de faciliter l’accès de ce texte au lecteur. Mais ceci n’est qu’une proposition de lecture. 79
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ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܐ ܕܟܕ ܡܬܚܛܦܐ. ܫܡܫܐ82ܩܕܡܝܐ ܿܗܘ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܒܗ ܣܗܪܐ ܥܡ 84 ܿ ܿ ܗܝܕܝܢ ܓܝܪ ܕܐܠ ܢܘܗܪܐ ܐܝܬܝܗ. 83ܡܢܗ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܬܗܘܐ ܪܚܝܩܐ ̈ ܒܝܘܡܐ ܿܗܘ ܟܠܗ ܆ ܥܕܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐ . 85ܠܗܝܢ ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܿ ܡܢ ܬܡܢ ܓܝܪ ܡܛܠ ܕܥܒܪܐ. ܥܡܗ ܕܫܡܫܐ86ܒܗ ܒܡܢܬܐ ܿ ܘܐܬܝܐ ܩܝܡܐ ܠܗ ܿ ܿ . ܚܪܝܦܐܝܬ ܘܒܕܓܘܢ. ܙܘܥܗ ܆ ܡܫܪܝܐ ܠܗ ܡܟܝܠ ܕܬܣܒ ܢܘܗܪܐ ܒܗܝ ܕܩܠܝܠ ܿ ܿ ܕܒܚܦܛܗ ܝܘܡܐ ܗܟܝܠ ܿܗܘ. ܐܝܬܝܗ ܡܟܝܠ ܐܠ ܐܡܪܝܢ ܠ ܿܗ ܗܝܕܝܢ ܕܕܐܠ ܢܘܗܪܐ 87 ܿ ܫܟܝܪܐ ܐܡܪܝܢ. ܕܡܫܬܘܪܝܢܘܬܗ ܗܠܝܢ ܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ. ܡܬܬܙܝܥܐ ܿ ܡܛܠ ܕܕܐܠ ܢܘܗܪܐ ܐܝܬܝܗ ܒܗ ܆ ܘܡܥܡܛܐ. ܕܐܝܬܘܗܝ ܐܝܟ ܕܐܡܪܝܢ ܒܟܠܙܒܢ ܿ )341v( ܀. ܥܡܗ ܠܗܢܐ ܟܠ ܠܗ ܝܘܡܐ ܕܝܢ ܐܚܪܢܐ ܕܢܛܪܝܢ ܠܗ ܓܘܢܐܝܬ ܒܟܠ ܝ̈ܪܚܝܗ ܕܣܗܪܐ ܆ ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ ܕܚܡܫܐ ܒܗ ܒܣܗܪܐ ܟܕ ܐܠ ܝܗܒܝܢ ܡܦܩ ܒܪܘܚܐ ܡܕܡ ܕܥܠ ܡܢܐ ܐܝܬܘܗܝ ܀. ܐܐܠ ܐܡܪܝܢ ܕܗܟܢܐ ܠܡ ܐܬܢܛܪ ܘܐܫܬܟܚ. ܫܟܝܪܐ ܝܘܡܐ ܗܢܐ
Le premier est celui durant lequel la lune entre en conjonction avec le soleil, c’est-à-dire lorsque, étant distante de moins de douze degrés88, elle se dérobe . En effet elle est privée de lumière tant que, se déplaçant89 sur ces douze degrés, (et) elle va se positionner dans le même axe 90 que le soleil. A partir de là, passant rapidement du fait de son mouvement rapide, elle recommencera à recevoir la lumière. La raison pour laquelle ils disent que ce jour est « étrange » ne vient pas du fait qu’il n’y a plus de lumière le jour durant lequel elle parcourt avec entrain les douze degrés de sa conjonction, comme ils l’ont toujours dit, parce que la lune est sans lumière ce jour-là et parce qu’elle reste obscure pour toute cette durée. [143v]
L’autre jour dont ils se gardent de façon générale chaque mois lunaire est le cinquième lunaire, durant lequel ils estiment qu’on ne doit pas se disperser dans n’importe quelle direction pour la raison que ce jour est « étrange ». Et ils disent que c’est en se conduisant ainsi qu’on se préservera. || ܿܗܘ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܒܗ ܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐcorrexi : ܿܗܘ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܒܗ ܣܗܪܐ ܥܠ ܫܡܫܐL Sachau || || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 84 ܿ || ܐܝܬܝܗ : ܐܝܬܘܗܝL Sachau || 85 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 86 || ܒܡܢܬܐ: ܒܡܢܬܐL Sachau || 87 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || ------------------------------------------88 Il faut certainement comprendre que la nouvelle lune a lieu tant que la lune ne s’éloigne pas de plus de six degrés de l’axe formé par l’alignement soleil-terre-lune. Le cône d’ombre aurait donc un diamètre de 12°. 89 Litt. : elle sera sans lumière durant tout ce jour, tant qu’elle se déplacera… 90 Le syriaque utilise ici le terme ( ܡܢܬܐmento), c’est-à-dire axe, à ne pas confondre avec ܳ (menoto) qui désigne le degré. ܡܢ ܳܬܐ 82 83
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̈ ܿܗܢܘܢ ܕܝܢ ̈ ܝܘܡܬܐ ܚܡܫܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܡܢ ܫܒܥܐ ܕܢܛܪܝܢ ܠܗܘܢ ܓܘܢܐܝܬ ܒܟܠ ̈ ܐܡܪܝܢ ܡܛܠ. ܝ̈ܪܚܐ ܆ ܣܘܟܐܠ ܩܢܝܢ ܕܕܐܝܟ ܗܢܐ ܕܒܕܘܟܝܬܐ ܗܠܝܢ ܙܕܩ. ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܚܫܟܐ ܟܠ ܐܡܬܝ ܕܚܫܟܐ92 ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ91ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ̈ ܠܡܕܥ ܆ ܕܗܢܝܢ ܗܠܝܢ ܿ ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܐ ܕܬܗܘܐ. ܚܫܟܗ ܡܬܩ̈ܪܝܢ ܕܘܟܝܬܐ ܆ ܒܝܬ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܆ ܘܥܕܡܐ ܕܬܥܒܪ ܿܗ93ܪܚܝܩܐ ܡܢ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢܗܝܢ ܐܝܟ ܡܘ̈ܪܣ ܡܛܠ ܗܟܝܠ ܕܬ̈ܪܬܝܢ ܐܝܬܝܗܝܢ ܗܠܝܢ. ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ94ܐܝܟ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܿ ܐܡܪܝܢ ܕܡܬܦܪܫܢ ܩܕܡ ܟܠ95ܚܫܟܗ ܆ ܘܐܝܟ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܕܘ ̈ܟܝܬܐ ܕܒܝܬ ܿ ܿ ܡܬܟܢܫܢ ܐܦ ܬܢܢ96ܘܒܬܪܗ ܆ ܐܝܕܝܥܐ ܗܝ ܆ ܕܐܝܟ ܫܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܡܢܗ ܚܕܐ ܿ ܿ ܠܘ ܐܝܟ ܡܢ ܕܟܠ ܐܡܬܝ ܕܡܬܟܝܢܐ ܒܗܝܢ ܣܗܪܐ. ܕܡܬܩܪܝܢ ܒܝܬ ܚܫܟܗ ܕܣܗܪܐ ܕܟܠ ܐܡܬܝ ܕܚܫܟܐ. ܐܐܠ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܡܢ ܠܥܠ. ̈ܒܕܘܟܝܬܐ ܗܠܝܢ ܚܫܟܐ ܚܫܟܐ ܇97 ܘܐܦܐܠ ܬܘܒ ܟܘܠ ܐܡܬܝ ܕܚܫܟܐ ܇ ܬܠܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ. ̈ܒܗܝܢ ܡܬܟܝܢܐ ܿ .99ܚܫܟܗ ܚܕ̈ܪܝ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܡܬܚܡܝܢ ܠܒܝܬ98ܘܡܛܠ ܗܢܐ ܬܠܬܝܢ ܡܘ̈ܪ ܣ . ܘܬܠܬܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܢ ܚܕ̈ܪܝ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ
Puis, concernant les cinq autres jours, parmi les sept, dont il faut se préserver en général chaque mois, ils ont eu l’intelligence de dire qu’elle (la lune) s’éclipsait à chaque fois aux endroits des nœuds ascendant et descendant, comme nous l’avons dit. Il faut savoir que ces endroits sont dits être son « lieu d’éclipse » : c’est-à-dire lorsqu’elle est distante de chacun d’eux de moins de quinze degrés environ et jusqu’à ce qu’elle dépasse le d’environ quinze autres degrés. Or étant donné qu’il y a deux endroits pour son lieu d’éclipse, et qu’ils assignent à chacun d’eux environ quinze degrés avant et après, on sait que ce sont environ soixante degrés au total qu’autrement dit on peut appeler « Lieu d’éclipse de la lune ». Non pas que la lune s’obscurcisse à chaque fois qu’elle sera à ces endroits, mais, comme nous avons dit plus haut : à chaque fois qu’elle sera éclipsée, elle sera là. Il n’est pas vrai non plus qu’elle s’éclipse à chaque fois sur trente degrés, et qu’à cause de cela ce sont trente degrés qui circonscrivent son lieu d’éclipse autour du nœud ascendant et trente autres autour du nœud descendant.
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|| ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ: ܕܐܢܒܝܒܙܢL Sachau || || ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ: ܘܩܛܒܝܒܙܘܢL ܘܩܛܒܝܒܙܢSachau || 93 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 94 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 95 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 96 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 97 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 98 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 99 || ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ: ܐܢܒܝܒܙܘܢSachau ܐܝܒܝܒܙܘܢL || 92
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ܿ 100ܐܐܠ ܐܝܟ ܕܐܡܪܬ ܆ ܟܕ ܪܚܝܩܐ ܐܝܟ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܡܢܗ ܕܕܘܟܬܐ ܿ ܿ ܕܚܫܟܐ101ܚܬܝܬܬܐ ܕܬܥܒܪܝܗ ܬܘܒ ܐܝܟ ܚܡܫܥܣ̈ܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܒܗ ܆ ܘܥܕܡܐ ܿ ̈ܡܬܟܢܫܢ ܗܟܝܠ ܡܢ ܬ̈ܪܬܝܗܝܢ ܗܠܝܢ. ܚܫܟܗ ܡܬܩܪܐ ܐܬܪܐ ܕܒܝܬ. ܐܚ̈ܪܢܝܢ 103 ̈ ̈ ܕܘܟܝܬܐ ܕܠܗܝܢ. ܕܒܗܝܢ ܚܫܟܐ ܣܗܪܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܆ ܐܝܟ ܡܘ̈ܪܣ ܫܬܝܢ ̈ . ܠܗܠܝܢ ܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܝܢ ܣܗܪܐ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ ̈ܒܝܘܡܬܐ ܚܡܫܐ
102
̈ ܠܗܠܝܢ ܗܟܝܠ ܿ ܚܫܟܗ ܕܣܗܪܐ ܆ ܿ ܘܠܗܢܘܢ ܬ̈ܪܝܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܝܘܡܬܐ ̈ܚܡܫܐ ܕܒܝܬ ܿ ܿ ܠܗܘ ܚܡܝܫܝܐ ܿ ܕܐܡܪܢܢ ܗܢܘ ܕܝܢ ܫܬܘܪܝܢܘܬܗ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܟܘܠܗܘܢ ܘܠܗܘ ܕܡ )144r( ܢܛܪܝܢ ܠܗܘܢ ܓܘܢܐܝܬ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ ܆ ܐܝܟ ̈ܒܝܫܐ ܒܟܠ ܚܕ ܡܢ. ܫܒܥܐ ܿ ܒܚܕ. ܟܕ ܐܡܪܝܢ ܕܟܠ ܫܘܪܝܐ ܕܨܒܘܬܐ ܐܝܕܐ ܕܗܝ ܕܗܘܝܐ. ܝ̈ܪܚܝܗ ܕܣܗܪܐ ̈ ܡܢ ܗܠܝܢ ܫܒܥܐ . ܡܛܠ ܗܕܐ ܡܫܬܐܠܝܢ ܡܢܗܘܢ ܒܟܠܙܒܢ. ܝܘܡܝܢ ܒܝܫ Mais comme j’ai dit, c’est lorsqu’elle sera distante de moins de quinze degrés environ de l’endroit exact où elle s’éclipse et jusqu’à ce qu’elle le dépasse une nouvelle fois d’environ quinze degrés qu’on pourra désigner la région « lieu de son éclipse »104. Or le total de ces deux endroits, à l’intérieur desquels la lune peut s’éclipser, comme nous avons dit, est d’environ soixante degrés, que la lune parcourt en plus ou moins cinq jours.
A l’intérieur de chaque mois lunaire, ce sont donc ces cinq jours du « lieu d’éclipse de la lune » ainsi que les deux autres dont nous avons parlé (c’està-dire le 5e et celui de la conjonction), ce qui fait en tout sept jours, que les astronomes tiennent généralement [144r] pour funestes, se référant à toute prise d’initiative quelle qu’elle soit durant l’un de ces sept jours funestes. C’est à cause de cela qu’ils évitent toujours d’agir durant ces .
100
|| ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || || ܚܬܝܬܬܐ: ܚܬܝܬܐL Sachau || 102 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 103 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || ------------------------------------------104 Bet ḥeško. L’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune employait une autre expression pour renvoyer aux limites écliptiques : tehwome ḥeškonoye (cf. Traité sur la cause des éclipses de lune 2. 4) et les limites écliptiques encadrant chacun des nœuds étaient évalués à 24° et non à 30°. 101
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ܿ ̈ ܝܘܡܝܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܆ ܐܘ ܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬ̈ܪܝܢ ܘܦܠܓܗ ܆ ܠܗܢܘܢ ܕܝܢ ܥܣ̈ܪܝܢ ܘܬܠܬܐ . ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܕܫܪܟܐ ܡܢ ܝ̈ܪܚܝܗ ܕܣܗܪܐ ܆ ܠܚܡܫ ̈ܡܢܘܢ ܡܦܠܓܝܢ ܠܗܘܢ ܘܠܡܢܗܘܢ. ܠܡܢܗܘܢ ܓܝܪ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܫܦܝ̈ܪܐ ܆ ܘܠܡܢܗܘܢ ܫܟܝ̈ܪܐ ܿ ܐܐܠ. ̈ܡܨܥܝܐ ܠܬܠܬܐ. ܠܗܢܘܢ ̈ܡܨܥܝܐ ܡܦܠܓܝܢ ܠܗܘܢ ܐܦ ܠܗܘܢ ̈ ܕܐܠ. ܡܢܗܘܢ ܓܝܪ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܒܡܨܥܬܐ ܫܘܝܐܝܬ. ܦܘ̈ܪܫܢܐ ܛܒܝܢ ܘܡܢܗܘܢ ܠܘܬ ܿܗܢܘܢ. ܘܡܢܗܘܢ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܫܦܝ̈ܪܐ ܿܨܠܝܢ ܝܬܝܪ. ܘܐܠ ̈ܒܝܫܝܢ ̈ ܐܝܟ ܕܢܗܘܘܢ ܡܢ ܗܪܟܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܚܡܫܐ ܆ ܟܠܗܘܢ. ̈ܒܝܫܐ . ܦܘܠܓܐ ܿ .105ܘܕܗܢܘܢ ̈ܒܝܫܐ ܿ ܕܝܘܡܬܐ ܫܦܝ̈ܪܐ ̈ ܘܕܗܢܘܢ ̈ܡܨܥܝܐ ܕܐܠ ̈ ܛܒܝܢ ܗܢܘ ܕܝܢ ܿ ܿ ܿ ܿ ̈ ̈ ܘܕܗܢܘܢ ܬܘܒ. ܘܕܗܢܘܢ ܡܨܥܝܐ ܕܩ̈ܪܝܒܝܢ ܠܘܬ ܗܢܘܢ ܛܒܐ. ܘܐܠ ̈ܒܝܫܝܢ ܿ ܕܐܝܬܝܗ ܥܠܬܐ ܕܝܢ ܐܦ ܕܗܠܝܢ ܐܡܪܢܢ. ̈ܡܨܥܝܐ ܕܨܠܝܢ ܠܘܬ ܿܗܢܘܢ ܒܝ ̈ܫܐ ܿ ܕܐܝܬܝܗ ܒܬܪܒܝܬܐ ܐܚܪܢܐ ܚܝܐܠ ܐܡܪܝܢ ܕܩܢܝܐ ܣܗܪܐ ܡܐ. ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܿ ܡܠܝܘܬܗ ܇ ܡܐ ܕܚܣܪܐ ܥܕܡܐ ܘܐܚܪܢܐ ܬܘܒ ܡܢ ܒܬܪ. ܥܕܡܐ ܕܡܠܝܐ ܿ . ܠܛܘܠܩܗ
Quant aux vingt-trois autres jours (ou vingt-deux et demi) qui restent des mois lunaires, ils les divisent en cinq parts : en effet ils distinguent parmi eux les propices, les étranges, les intermédiaires et ils divisent encore les intermédiaires en trois espèces : parmi lesquelles ils distinguent ceux qui sont tout juste intermédiaires, n’étant ni bénéfiques ni funestes, ceux qui ont plutôt tendance à être propices et ceux qui sont plutôt funestes. Telles sont donc les cinq divisions dont nous avons parlé : soit les jours propices, les funestes 106 , les intermédiaires qui ne sont ni bénéfiques ni funestes, les intermédiaires qui s’apparentent aux bénéfiques et les intermédiaires à tendance funeste.
Nous avons dit que la cause de ces vient du fait que, comme ils disent, la lune possède une certaine force entre le moment où elle entre en croissance et celui où elle est pleine, et qu’elle en possède une autre, après avoir été pleine, entre le moment où elle décroître et la nouvelle lune.
ܿ L : ܘܕܗܢܘܢ ܒܝܫܐ ܿ || ܘܕܗܢܘܢ ̈ܒܝܫܐ Sachau || (CORR. 13) -----------------------------------------106 Les jours « étranges » et les jours « funestes » forment donc un seul et même type de jours, parmi les 23 jours non sombres. Mais nous avons vu que le cadre des jours étranges et funestes débordait celui des jours non-sombres, puisque plus haut deux des jours sombres sont qualifiés de jours « étranges » (Le 1er et le 5ème lunaire) ; tandis que les cinq jours du « lieu d’obscurité de la lune » sont qualifiés de « funestes » (Comparer avec les jours fastes du calendrier romain avant la réforme julienne). 105
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ܿ ܿ ܡܐ ܕܚܣܪܐ ܕܝܢ. ܢܘܗܪܗ ܡܘܣܦܐ ܕܒܬܪܒܝܬܗ ܟܘܠ ܝܘܡ ܒܝܘܡ ܥܠ ܡܛܠ ܿ . ܡܒܨܪ ܒܨܪܐ ܟܠ ܝܘܡ ܡܢ ܢܘܗܪܗ ܿ ܥܡ107ܒܡܠܝܘܬܗ ܆ ܐܡܪܝܢ ܕܐܢܗܘ ܕܐܬܬܟܝܢ ܘܡܢ ܗܟܝܠ ܕܪܒܝܐ ܥܕܡܐ ܕܩܝܡܐ 108 ̈ ܫܡܫܐ ܆ ܐܘ ܥܡ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܟܘܟܒܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܐܝܡܡܐ ܆ ܗܢܘ ܕܝܢ ܕܟܐܘܢ ̈ ܘܕܒܝܠ ܆ ܐܘ ܬܫܬܟܚ ܥܒܕܐ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܐܣܟܝܡܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܆ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܆ ܠܘܬ ܚܕ110 ܐܘ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܐܘ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ109ܐܘ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ̈ ܘܒܝܠ ܆ ܐܘ111ܟܘܟܒܐ ܕܐܝܡܡܐ ܆ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܫܡܫܐ ܘܟܐܘܢ ܡܢܗܘܢ ܕܗܠܝܢ ܕܚܫܚ. ܠܘܬ ܿܗܘ ܕܓܘܐ ܕܐܝܬܘܗܝ ܗܪܡܝܣ ܆ ܗܝܕܝܢ ܝܘܡܐ ܐܝܬܘܗܝ ܫܦܝܪܐ ̈ . ܟܘܟܒܐ ܕܠܠܝܐ ܐܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ. 112ܐܡܪܝܢ ܠܫܘܪܝܐ ܕܟܠ ܨܒܘܬܐ ܐܘ ܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܠܘܬ ܗܪܡܝܣ ܬܫܬܟܚ. 113ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܐܪܝܣ ܘܒܝܠܬܝ ܿ ܥܒܕܐ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ̈ ܐܣܟܝܡܐ ܆ ܐܘ ܬܫܬܘܪܐ ܥܡ ܚܕ )144 v( ܕܗܢܘܢ ܐ̈ܪܒܥܐ . ܡܢܗܘܢ ܆ ܝܘܡܐ ܒܝܫܐ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܗܝܕܝܢ Parce qu’en période de croissance sa lumière augmente chaque jour, tandis que, lorsqu’elle décroît, sa lumière devient assurément plus faible.
C’est pour cela que dès qu’elle croît et jusqu’à ce qu’ait lieu la pleine lune, ils disent que si elle accompagne le soleil ou l’une des autres étoiles diurnes, c’est-à-dire Saturne et Jupiter, ou si on la trouve en train de former l’un des autres aspects : celui du trigone, du carré, du sextile ou de l’opposition, en s’associant à l’une des étoiles diurnes que sont le soleil, Saturne et Jupiter ou en s’associant à l’ commune qu’est Mercure, alors le jour sera propice, parce qu’il sera profitable, disent-ils, à toute prise d’initiative114.
Mais si c’est en s’associant à l’une des étoiles nocturnes, que sont Mars et Vénus, ou si c’est avec l’une d’elles, tout en s’associant à Mercure, [144v] qu’on trouve en train de former l’un des quatre aspects ou entrant en conjonction avec l’une d’elles, alors, disent-ils, il y aura un jour funeste.
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|| ( ܕܐܬܬܟܝܢlegendum est ?) : ܕܬܬܟܝܢL Sachau || || ܕܟܐܘܢ: ܕܟܘܢL Sachau || 109 || ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ: ܕܛܛܪܢܘܢܘܢL Sachau || 110 || ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܕܕܝܡܛܪܘܢL Sachau || 111 || ܘܟܐܘܢ: ܘܟܘܢL Sachau || 112 || ܨܒܘܬܐ: ܨܒܘL Sachau || (CORR. 14) 113 || ܘܒܝܠܬܝ: ܘܒܠܬܝܢL Sachau || (CORR. 15) -----------------------------------------114 Litt : il sera utile pour le commencement de n’importe quelle affaire. 108
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ܿ ܡܢ ܒܬܪ ܕܝܢ ܕܡܫܪܝܐ. ܕܐܝܬܝܗ ܒܬܪܒܝܬܐ ܐܡܪܝܢ ܕܗܘܝܢ ܐܐܠ ܗܠܝܢ ܡܐ ܿ ܗܢܘ ܕܝܢ ܆ ܐܢ ܗܘ. ܕܬܚܣܪ ܥܕܡܐ ܠܛܘܠܩܗ ܆ ܕܕܠܩܘܒܐܠ ܕܗܠܝܢ ܐܡܪܝܢ ܕܣܥܪܐ ̈ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܐܘ ܕܥܒܕܐ ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ ܆ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܟܘܟܒܐ ܘܢܛܪܝܢ ܠܡܥܒܕ ܒܗ ܐܘ. ܕܐܝܡܡܐ ܆ ܝܘܡܐ ܒܝܫܐ ܣܝܡܝܢ ܠܗ ܕܐܝܬܘܗܝ ܗܝܕܝܢ ̈ ܟܘܟܒܐ ܕܠܠܝܐ ܬܗܘܐ ܥܒܕܐ ܚܕ ܐܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ. ܠܡܪܚܫ ܡܕܡ ܣܟ ̈ ܡܢܗܘܢ ܕܐܣܟܝܡܐ ܆ ܘܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܆ ܗܝܕܝܢ ܝܘܡܐ ܫܦܝܪܐ .115ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܕܚܫܚ ܠܫܘܪܝܐ ܕܟܘܠ ܨܒܘܬܐ ̈ ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܢܘܢ ܕܐܬܐܡܪܘ ܐܘ ܐܢ ܕܝܢ ܬܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܕܥܒܕܐ ܚܕ ܡܢ ܿ ܿ ܿ ܒܬܪܒ ̈ ܟܘܟܒܐ ܇ ܗܢܘ ܕܝܢ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܗܢܘܢ ܒܒܨܪܗ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܝܬܗ ܐܘ ܕܐܝܡܡܐ ܇ ܘܠܘܬ ܐܚܪܢܐ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܠܠܝܐ ܆ ܗܝܕܝܢ ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ ܣܝܡܝܢ ܠܗ . ܠܗܢܐ ܕܐܠ ܒܝܫ ܝܬܝܪ ܘܐܠ ܛܒ Mais ils disent que cela n’est vrai qu’en période de croissance. En revanche, aussitôt qu’elle commencera à décroître, et jusqu’à la nouvelle lune, elle sera, disent-ils, apaisante116 : c’est-à-dire que s’il s’avère qu’elle entre en conjonction ou qu’elle forme n’importe lequel des aspects en s’associant à l’une des étoiles diurnes, alors ils ont fixé que ce jour serait funeste et ils veillent à ne rien faire et à ne pas se mouvoir durant ce jour-là, mais si elle forme un des aspects en s’associant à l’une des étoiles nocturnes ou en entrant en conjonction avec l’une d’elle, alors, disent-ils, le jour sera propice parce qu’il sera favorable à toute prise d’initiative.
Mais si la lune se trouve former l’un des aspects mentionnés, qu’elle soit en période de croissance ou de décroissance, avec deux étoiles : c’est-à-dire avec une des étoiles diurnes et avec une autre parmi les nocturnes, alors, ont-ils décidé, ce jour-là sera intermédiaire en ce qu’il ne sera pas plus funeste que bénéfique.
115
|| ܨܒܘܬܐ: ܨܒܘL Sachau || (cf. CORR. 14). -----------------------------------------116 Litt. « qui guérit » : salvatrice ? bienfaisante ? bénéfique pour la santé ? porteuse de guérison ? 212
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̈ ܐܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܬܠܬܐ ܿ ܒܬܪܒܝܬܗ ܟܘܟܒܐ ܐܟܚܕܐ ܬܫܬܟܚ ܥܒܕܐ ܐܣܟܝܡܐ ܿ ܒܒܨܪܗ ܇ ܗܢܘ ܕܝܢ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܡܡܐ܇ ܘܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܐܘ ܿ ܿ ܕܠܠܝܐ ܆ ܗܝܕܝܢ ܐܢ ܒܬܪܒܝܬܗ ܐܝܬܝܗ ܆ ܐܦܢ ܡܨܥܝܐ ܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܆ ܐܐܠ ܿ ܥܠܒܐ ܒܗ ܿܗܝ ܐܢ ܕܝܢ ܡܚܣܪ ܚܣܪܐ ܆ ܡܨܥܝܐ ܬܘܒ. ܕܨܠܝܐ ܠܘܬ ܫܦܝܪܬܐ ܿ ܡܛܠ ܕܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܕܐܠ ܡܚܝܢܝܢ. ܕܨܐܠ ܠܘܬ ܒܝܫܬܐ ܡܫܬܟܚ ܝܘܡܐ ܿܗܘ ܠܗ ܿ ܘܠܘܬ ܚܕ ܕܡܚܝܢ. ܥܒܕܐ ܐܣܟܝܡܐ ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܘܐܦܢ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܡܢ. ܠܗ ̈ ܿܗܢܘܢ ܬ̈ܪܝܢ ܘܐܢ ܗܘ ܕܬܫܬܟܚ. ܟܘܟܒܐ ܕܠܠܝܐ ܘܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܡܡܐ ܿ . ܐܝܬܝܗ ܕܥܒܕܐ ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ ܇ ܝܕܝܥܐ ܗܝ ܆ ܕܐܢ ܒܬܪܒܝܬܐ ܗܘܝܐ ܐܢ ܕܝܢ ܒܚܣܝܪܘܬܐ ܬܗܘܐ. ܝܘܡܐ ܗܘ ܡܨܥܝܐ ܕܨܐܠ ܠܘܬ ܒܝܫܬܐ ܿ .ܐܝܬܝܗ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ ܕܐܦܢ ܡܨܥܝ ܆ ܐܐܠ ܥܠܒܐ ܒܗ ܫܦܝܪܬܐ Soit se trouvant former un aspect avec trois étoiles ensemble, c’est-à-dire avec deux des étoiles diurnes et avec une des nocturnes, qu’elle soit en période de croissance ou de décroissance : si elle est en période de croissance, le jour, même s’il est intermédiaire, s’imposera par sa tendance propice ; si vraiment elle décroît, on trouvera un jour intermédiaire à tendance funeste, parce que formera un aspect avec deux qui ne la vivifient pas et avec une qui la vivifie. Il en va de même si, dans le même temps, elle s’associe aux deux étoiles nocturnes et à l’une des diurnes et si elle se trouve en train de former quelque aspect que ce soit. On sait que, si elle est en période de croissance, le jour intermédiaire sera à tendance funeste ; mais si elle est en période de décroissance, ce jour, même intermédiaire, s’imposera par sa tendance propice.
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
̈ ܕܚܡܫܐ ܕܝܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܟܠܗܘܢ ̈ ܘܙܕܩ. ܐܡܝܪ ܗܘ ܠܢ ܡܢ ܠܥܠ.117ܐܣܟܝܡܐ 118 ܿ )341r( ܛܪܝܓܘܢܘܢ ܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬܝܗܘܢ. ܕܢܬܥܗܕܝܗ ܠܗܕܐ ܒܟܠ ܙܒܢ 119 ܿ ܐܣܟܝ ̈ ܘܥܡ. ܡܝܗ ܘܛܛܪܓܘܢܘܢ ܘܐܟܣܓܘܢܘܢ ܘܕܝܐܡܛܪܘܢ ܟܘܠܗܘܢ 120 ܿ ̈ . ܗܠܝܢ ܬܘܒ ܆ ܐܦ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܗ ܕܣܗܪܐ ܕܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܕܗܠܝܢ ܟܘܟܒܐ ̈ ܐܣܟܝܡܐ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܟܢܐ ܕܝܢ ܐܡܪܝܢ ܕܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܚܕ ܡܢ ܗܠܝܢ ̈ . ܟܘܟܒܐ ܕܐܝܡܡܐ ܐܘ ܕܠܠܝܐ ܿ ܕܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܗܟܝܠ ܕܥܡ ܚܕ ܡܢܗܘܢ. ܐܡܪ ܐܢܐ ܡܢ ܗܪܟܐ ܬܘܒ 121 ܿ ܡܬܐܡܪܐ ܆ ܡܐ ܕܬܗܘܐ ܪܚܝܩܐ ܡܢܗ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ ܥܕܡܐ ܿ . ܙܘܥܗ ܆ ܠܟܠܗܘܢ ܡܕܪܟܐ ܘܥܒܪܐ ܠܗܘܢ ܡܛܠ ܓܝܪ ܕܩܠܝܠ. ܕܬܕܪܟܝܘܗܝ ܐܘ ܒܚܕ ܡܢ. ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܐܦ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܐܘ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܇122ܿܗܢܘܢ ܬ̈ܪܝܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܘܕܕܝܐܡܛܪܘܢ
Nous avons déjà dit plus haut qu’il y avait en tout cinq aspects et il convient de garder cela toujours en mémoire : les aspects de la lune sont, disent-ils, les suivants : le trigone, [f. 145r] le carré, le sextile et l’opposition, auxquels il faut ajouter la conjonction de la lune avec une des étoiles. Puis ils disent de quelle manière la lune forme tel ou tel aspect avec telle ou telle des étoiles diurnes ou nocturnes.
Maintenant, je vais parler de la conjonction : il en est question tant que est distante de moins de douze degrés de l’une des et jusqu’à ce qu’elle l’atteigne, car, ayant un mouvement rapide, elle peut toutes les atteindre et les dépasser. Il en est de même dans le cadre de l’aspect trigonal, du carré ou de l’un des deux autres aspects que sont le sextile et l’opposition.
̈ : ܐܣܟܡܐ ̈ L Sachau ||(cf. CORR. 5) || ܐܣܟܝܡܐ || ܛܪܝܓܘܢܘܢ: ܛܪܝܓܘܢܢL Sachau || (CORR. 16) 119 || ܘܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܕܝܡܛܪܘܢL Sachau || 120 ܿ ܿ || ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܗ : ܡܫܬܪܪܝܢܘܬܗ L Sachau || 121 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 122 || ܘܕܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܕܕܝܡܛܪܘܢL Sachau || 117 118
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̈ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܆ ܐܘ ܠܘܬ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܟܘܟܒܐ ̈ ܿ . ܝܬܝܗ ܬܪܝܨܐܝܬ ܓܒܘܗܝ ܕܐܣܟܝܡܐ ܬܗܘܐ ܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܆ ܠܘ ܡܐ ܕܒܚܕ ܡܢ ܿ ܘܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܗܘ ܓܒܗ ܐܚܪܢܐ ܕܐܣܟܝܡܐ ܿ ܙܠܝܩ ܿ ̈ ܙܘܥܗ ܘܡܫܬܟܚܐ ܪܡܝܐ ܝܗ ܠܒܪ ܡܛܠ ܕܥܒܪܐ ܠܗ ܗܝܕܝܢ ܡܚܕܐ ܒܝܕ ܕܩܠܝܠ ܡܕܝܢ ܠܘ ܡܐ ܕܩܝܡܐ. ܡܢܗ ܕܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܥܒܕܐ ܗܘܬ ܐܣܟܝܡܐ ܠܘܬܗ ܬܪܝܨܐܝܬ ܒܗ ܒܓܒܗ ܕܐܣܟܝܡܐ ܇ ܐܡܪܝܢ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܿܗܘ ܕܥܒܕܐ ܟܠܗܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ. ܐܐܠ ܡܐ ܕܪܚܝܩܐ ܡܢܗ ܕܓܒܐ ܿܗܘ. ܠܘܬܗ ܐܣܟܝܡܐ ̈ ܐܣܟܝܡܐ ܠܘܬ ܆ ܗܝܕܝܢ ܗܘ ܓܝܪ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܒܚܕ ܡܢ123ܡܘ̈ܪܣ ܥܕܡܐ ܕܬܕܪܟܝܘܗܝ124 ܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ. ܟܘܟܒܐ ܡܐ ܕܝܢ ܕܐܕܪܟܬܗ. ܠܓܒܗ ܕܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܡܬܐܡܪܐ ܕܥܒܕܐ ܥܡ ܟܘܟܒܐ ܿ ܠܗܝܢ ܕܝܢ. ܕܙܘܥܗ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܡܛܘܠ ܩܠܝܠܘܬܗ. ܠܗ ܒܪܫܥܬܗ125ܥܒܪܐ . ܆ ܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܝܢ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ ܒܝܘܡܐ ܚܕ126ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ On dit que la lune s’associe au soleil ou à l’une des autres étoiles non pas seulement lorsqu’elle est exactement sur l’un des bords de l’aspect et que l’étoile en question, qui s’associe à elle, est opposée à l’autre bord de l’aspect, car, grâce à son mouvement rapide, comme elle la dépasse aussitôt, elle se trouverait en train de projeter ses rayons en-dehors de l’étoile avec laquelle elle devait former un aspect. Ce n’est donc pas seulement quand elle est positionnée exactement sur le même bord de l’aspect, disent-ils, qu’elle s’associe à l’étoile avec laquelle elle forme l’aspect, mais dès qu’elle sera distante de moins de douze degrés de le bord. Ainsi, en effet, on considérera qu’elle s’associe à une étoile dans le cadre d’un aspect, le temps qu’elle parcourra ces douze degrés jusqu’à ce qu’elle atteigne le bord de l’aspect qu’elle est censée former avec l’étoile. Puis dès qu’elle l’a atteinte, elle la dépasse aussitôt à cause de la rapidité de son mouvement comme nous l’avons expliqué. Ces douze degrés, elle les parcourt plus ou moins en un jour.
123
|| ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 125 || ܥܒܪܐcorrexi : ܥܒܕܐL Sachau || 126 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 124
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̈ ܡܛܠ ܕܝܢ ̈ ܕܢܗܘܝܢ ̈ܝܕܝܥܢ ܗܠܝܢ ̈ܒܬܚܘܝܬܐ ܝܚܝܕܝܬܐ ܆ ܡܬܩܪܒܝܢܢ ܬܘܒ ܐܦ ܿ ܕܡܠܘܫܐ ܆ ܘܥܠܝܗܘܢ ܡܢܗܪܝܢܢ ̈ ܠܘܬܗܘܢ ܟܕ ܥܒܕܝܢܢ ܠܗ ܫܘܪܝܐ. ܠܗ ܠܡܠܬܐ ܗܢܐ ܗܟܝܠ ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܟ ܕܐܡܝܪ ܠܢ ܡܢ. ܡܢ ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ . 128 ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܡܘ̈ܪܣ127 ܐܘ ܒܝܕ. ܠܥܠ ܆ ܒܝܕ ܐ̈ܪܒܥܐ ̈ܡܠܘܫܐ ܿܗܘܐ ܿ ܕܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ܇ ܕܗܝ ܗܕܐ )141v( ܬܗܘܐ ܗܟܝܠ ܿ ܿ ܿ ܘܠܘܬ ܗܝ ܬܘܒ. ܥܒܕܐ ܓܒܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܠܘܬ ܡܢܬܐ ܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ ܿ ܠܘ ܗܟܝܠ ܡܐ ܕ. ܩܕܡܝܬܐ ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ ܒܗ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ ܇ ܟܕ ܐܟܙܢܐ. ܐܢ ܗܘ ܐܝܬܘܗܝ ܟܘܟܒܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ. ܢܦܐܠ ܐܠܥܗ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܕܟܐܘܢ ܐܘ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܇ ܐܡܪܝܢ ܕܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܐܣܟܝܡܐ ܿ ܕܡܛܠ ܕܡܚܕܐ ܕܡܕܪܟܐ ܕܥܒܪܐ. ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܠܘܬܗ ܠܗ ܇ ܠܡܢܬܐ ܿܗܝ ܿ ܫܡܪܬ. ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ ܠܗ ܙܠܝܩܐ ܠܘܬ ܡܢܬܗ ܕܬ̈ܪܬܝܢ ܕܐܪܝܐ ܘܥܒܕܬܗ . ܠܟܐܘܢ ܠܒܪ
Afin que ces faits soient connus au moyen d’exemples précis, nous les appliquerons aux signes du zodiaque et nous expliquerons le traité à ce sujet, en commençant par l’aspect trigonal : comme nous l’avons dit plus haut, cet aspect nécessite quatre signes zodiacaux, soit cent vingt degrés.129 Soit la lune [f. 145v] dans le premier degré du Bélier de sorte à former un bord du trigone en s’associant avec le premier degré du Lion et un autre avec le premier degré du Sagittaire130. Ce n’est pas seulement lorsqu’elle sera dans le premier degré du Lion, là où tombera le côté du trigone, qu’elle pourra former, disent-ils, l’aspect trigonal avec une étoile, si tant est qu’il y en ait une là comme Saturne ou une des autres ; car sitôt qu’elle aurait dépassé le premier degré du Bélier après l’avoir atteinte, elle enverrait un rayon vers le second degré du Lion et mettrait Saturne hors de sa portée.
127
|| ܐܘ ܒܝܕcorrexi : ܘܒܝܕL Sachau || (cf. CORR. 7) || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || -----------------------------------------129 C’est-à-dire que du point de vue de l’observateur terrestre, chacun des côtés du trigone s’étendra sur quatre signes, ce qui représente 120 degrés en longitude. 130 On pourra suivre la démonstration en s’accompagnant de l’illustration que nous avons placée juste avant le texte. 128
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
. ܡܕܝܢ ܡܐ ܕܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܒܡܘܪܐ ܿܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ ܿ ܢܫܬܟܚ ܕܝܢ ܟܐܘܢ ܗܝܕܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ. ܒܗܝ ܡܘܪܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܐܪܝܐ 131 ܿ ܟܘܠܗ ܇ ܕܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܐܬܝܐ ܠܘܬ ܟܐܘܢ ܥܕܡܐ ܝܘܡܐ ܿܗܘ 132 ܿ ܿ ܡܢ. ܕܬܬܙܝܥ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܕܐܡܪܐ ܇ ܘܬܕܪܟ ܪܫܗ ܕܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܠܒܪ. ܡܟܝܠ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܕܒܐܪܝܐ ܐܝܬܝܗܝܢ133ܗܕܐ ܓܝܪ ܘܠܗܠ ܆ ܠܘܬ ܡܘ̈ܪܣ ܿ ܙܠܝܩ ̈ ܡܢ ܟܐܘܢ ܡܫܡܪܐ ܐܢ ܕܝܢ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ ܆ ܢܗܘܐ ܩܐܡ. ܝܗ ̈ ܡܟܝܠ ܿܗܝ ܕܬܫܥܣ̈ܪܐ. ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܿ ܕܢܘܢܐ ܆ ܟܐܘܢ ܡܢ ܟܕ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܬܙܝܥ ܟܠܗ ̈ ܫܪܟܢܗܘܢ ܿ ܒܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ ܘܬܩܘܡ. 134ܕܢܘܢܐ ܇ ܕܐܝܬܘܗܝ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܿ . ܕܐܝܬܝܗ ܓܒܗ ܬܚܬܝܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܿ ܒܗ ܕܝܢ ܒܕܡܘܬܐ ܿܢܣܒ ܿܗܝ.135ܕܐܡܪܐ ̈ ܕܗܘܝܢ ܒܚܘܕܪܐ136ܐܢܬ ܐܦ ܥܠ ܟܘܠܗܘܢ ܛܪܝܓܘܢܘܢ ܘܥܠ. ܕܡܠܘܫܐ ̈ ܟܠܗܘܢ ...ܟܘܟܒܐ ܿܗܢܘܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܇ ܕܥܒܕܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬܗܘܢ ܐܣܟܝܡܐ ܗܢܐ
C’est donc plutôt dès que la lune sera, comme nous l’avons dit, dans le premier degré du Bélier, alors que Saturne se trouve dans le douzième degré du Lion, qu’on pourra dire de la lune ce jour-là qu’elle s’associe à Saturne en aspect trigone et ce tant qu’elle parcourra les douze degrés du Bélier et jusqu’à ce qu’elle atteigne le tout début du degré douze137. En effet, à partir de ce point et par la suite elle projette ses rayons vers d’autres degrés qui sont dans le Lion, Saturne hors de portée. Mais si Saturne est positionnée dans le premier degré du Lion, alors que la lune est dans le dix-neuvième degré des Poissons, on dira qu’elle s’associe à elle en aspect trigone tant qu’elle se déplacera sur les degrés restants des Poissons, ce qui fait douze degrés, et tant qu’elle sera positionnée dans le premier degré du Bélier où se trouve le bord inférieur du trigone. Tu pourras traiter de la même manière de tous les trigones qui sont sur le cercle du zodiaque ainsi que de toutes les autres étoiles avec lesquelles la lune forme cet aspect.
131
|| ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ: ܕܛܪܝܓܘܢܢL Sachau (cf. CORR. 16) || ܡܘ̈ܪܣcorrexi : ܡܘܪܘܣL Sachau || (cf. CORR. 17) 133 || ܡܘ̈ܪܣcorrexi : ܡܘܪܘܣL Sachau || 134 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 135 || ܕܐܡܪܐcorrexi : ܕܐܪܝܐL Sachau || (CORR. 18) 136 || ܛܪܝܓܘܢܘܢ: ܛܪܝܓܘܢܘLSachau || (cf. CORR. 16) -------------------------------------------137 Il s’agit donc du treizième degré. Voir un peu plus loin le paragraphe sur l’opposition (3.4). 132
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ܿ ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܘܐܦ ܥܠ ܐܣܟܝܡܐ ܿܗܘ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܇ ܕܗܘܐ ܒܝܕ ܬܠܬܐ ܿ ܕܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܐܡܪܝܢ ܚܢܢ ܕܠܘ ܡܐ. 139 ܬܫܥܝܢ ܡܘ̈ܪܣ138 ܐܘ ܒܝܕ. ̈ܡܠܘܫܐ ̈ ܒܚܕܐ ܡܢ ܿ ܒܗܝ ܐܠܥܗ ܐܚܪܬܐ ܐܠܥܘܗܝ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܇ ܘܟܘܟܒܐ ܐܐܠ. ܗܢܐ140) ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ141r( ܬܪܝܨܐܝܬ ܇ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ̈ ܒܡܨܥܬܐ ܬܓܕܫ ܓܝܪ141ܕܢܗܘܝܢ ܬܘܒ ܐܝܬ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ ܡܐ 142 ܿ ܿ ܿ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܒܝܠ ܐܘ. ܕܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܘܪܐ ܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܣܪܛܢܐ ܿ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܐܚ̈ܪܢܐ ܢܫܬܟܚ ܇ ܠܘ ܇ ܟܪ143ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܩܢܫܠܡܐ ܿ ܐܐܠ ܒܡܘܪܐ ܿܗܝ. ܬܪܝܨܬܐ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܗܢܐ145 ܐܠܥܗ144ܕܐܝܬܝܗ 147 146 ܗܝܕܝܢ ܓܝܪ ܝܘܡܐ ܿܗܘ ܟܠܗ ܥܕܡܐ. ܢܣܬܩܒܠ. ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܩܢܫܠܡܐ ܘܡܕܪܟܐ ܿܗܝ. 148ܕܡܬܬܙܝܥܐ ܣܗܪܐ ܇ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܘܣ ܡܢ ܣܪܛܢܐ 149 ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܆ ܕܐܬܝܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܒܝܠ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ . ܡܬܐܡܪܐ
Nous disons également à propos de l’aspect carré, qui comprend trois signes, soit quatre-vingt dix degrés, que ce n’est pas lorsque la lune est sur l’un des côtés du carré et l’étoile exactement en face, sur l’autre côté150, qu’on pourra dire de la lune qu’elle [146r] s’associe à cette dernière dans le cadre de cet aspect, mais aussi lorsqu’elles seront à douze degrés d’intervalle. En effet, en admettant que la lune soit dans le premier degré du Cancer, Jupiter (ou une des autres) pourrait non pas se trouver dans le premier degré de la Balance où tombe exactement le côté de ce carré, mais au contraire se présenter dans le douzième degré de la Balance : on dirait en effet que tout ce jour-là, la lune s’associe à Jupiter en aspect carré tant qu’elle parcourra douze degrés à partir du Cancer et jusqu’à ce qu’elle atteigne le douzième degré151.
138
|| ܐܘ ܒܝܕcorrexi : ܘܒܝܕL Sachau || (cf. CORR. 7) || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 140 || ܒܐܣܟܝܡܐ: ܒܐܣܟܡܐL Sachau || (cf. CORR. 5) 141 || ܡܘ̈ܪܣL : ܡܘܪܘܣSachau || (cf. CORR. 17) 142 || ܕܣܪܛܢܐ: ܕܣܘܪܛܢܐL Sachau || (CORR. 19) 143 || ܕܩܢܫܠܡܐSachau : ܠܡܐ ܴ ܝܫ ܷ ܱܩL || 144 ܿ || ܕܐܝܬܝܗ L : ܐܝܬܝܗSachau || (CORR. 20) 145 ܿ || ܐܠܥܗL : ܐܠܥܗ Sachau || (CORR. 21) 146 || ܕܩܢܫܠܡܐ: ܕܩܝܫܠܡܐL Sachau || 147 || ܢܣܬܩܒܠ: ܢܣܩܒܠL Sachau || 148 || ܣܪܛܢܐ: ܣܘܪܛܢܐL Sachau || 149 || ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ: ܕܛܛܪܓܢܘܢL Sachau || (CORR. 22) -------------------------------------------150 On se serait attendu à ce que l’auteur parle ici d’angles et non de côtés. 151 Même problème que plus haut (cf. note 67). On se serait attendu à ce que l’association soit efficiente jusqu’à ce que la lune atteigne le 13e degré du Cancer. 139
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܆ ܗܝܕܝܢ ܠܘܬ ܡܘܪܐ152ܡܐ ܓܝܪ ܕܬܫܪܐ ܒܗ ܒܡܘܪܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܣܪܛܢܐ 153 ܿ ܕܐܝܬܝܗ ܠܒܪ ܡܢ ܐܠܥܗ ܬܪܝܨܬܐ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܩܢܫܠܡܐ 154 ܿ ̈ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܣܪܛܢܐ ܡܫܡܪܐ ܙܠܝܩܝܗ܆ ܘܥܒܪܐ ܠܗ ܠܟܘܟܒܐ.ܕܠܘܬ ܿܡܢܬܐ ܿ ܿ ܕܩܐܡ.ܠܘܬܗ ܗܟܢܐ ܕܝܢ.155ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܩܢܫܠܡܐ ܿܗܘ ܕܐܬܝܐ ܗܘܬ ̈ ܐܦ ܥܠ ܟܘܠܗܝܢ.ܡܨܐ ܐܢܬ ܠܡܣܒ ܐܠܥܐ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܕܐܝܬ ̈ ܒܟܠܗ ܚܘܕܪܐ .ܕܡܠܘܫܐ ܿ ܕܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܬܗܘܐ. ܐܦ ܥܠ ܐܣܟܝܡܐ ܬܘܒ ܿܗܘ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܓܒܗ ܗܟܝܠ ܬܪܝܨܐ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܕܠܘܬ ܗܕܐ.156ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܕܘܐܠ ܿ ܟܕ ܗܟܢ ܢܫܬܟܚ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ ܠܘ ܒܗܕܐ ܇.ܐܝܬܝܗ ܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ ܗܝܕܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ.ܐܐܠ ܒܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܝܠܗ ܕܐܡܪܐ ܥܕܡܐ ܕܐܬܬܙܝܥ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ.ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ̈ ܕܥܒܪܐ.ܡܘ̈ܪܘܣ ܒܕܘܐܠ .ܠܗܝܢ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ ܐܝܟ ܕܐܡܪܢܢ ܒܝܘܡܐ ܚܕ En effet, dès qu’elle commencera dans le douzième degré du Cancer, elle enverra ses rayons vers le douzième degré de la Balance, qui est en dehors du côté du carré qui se rattache directement au douzième degré du Cancer, et elle dépassera l’étoile à laquelle elle s’était associée qui se trouve dans le douzième degré de la Balance157. Tu peux traiter de cette manière tous les autres côtés du carré qu’il peut y avoir sur tout le cercle du zodiaque.
Il en va de même concernant l’aspect du sextile. Soit la lune de telle manière qu’elle soit dans le premier degré du Verseau : le bord du sextile qui lui fait face l’associe au premier degré du Bélier, où devrait se trouver Vénus (non pas uniquement dans ce degré, mais dans les douze degrés qui appartiennent au Bélier). On dira alors de la lune qu’elle s’associe à elle en aspect sextile tant qu’elle parcourra les douze degrés du Verseau, qu’elle devrait dépasser plus ou moins en un jour, comme nous avons dit.
152
|| ܕܣܪܛܢܐ: ܕܣܘܪܛܢܐL Sachau || (cf. CORR. 19) || ܕܩܢܫܠܡܐSachau : ܕܩܝܫܠܡܐL || 154 || ܘܥܒܪܐcorrexi : ܕܥܒܪܐL Sachau || 155 || ܕܩܢܫܠܡܐSachau : ܕܩܝܫܠܡܐL || 156 || ܕܕܘܐܠL Sachau (« cod. » ܕܕܘܢܐindicauit Sachau, sed error in codicem non est) || -------------------------------------------157 Cette explication parait absurde. On ne voit pas pourquoi le 12 e degré se retrouverait en dehors de l’association, à plus forte raison si la lune y projette ses rayons… L’explication serait nettement plus logique si le texte était corrigé de la manière suivante : « En effet dès qu’elle commencera dans le treizième degré du Cancer, elle enverra ses rayons vers le treizième degré de la Balance, qui est en dehors de l’angle du carré… ». 153
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ܿ ܙܠܝܩܗ ܠܒܪ ܡܢ ܟܘܟܒܐ ܢܦܠ ܠܗ.158ܡܐ ܕܝܢ ܕܬܡܛܐ ܠܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܐܢ ܕܝܢ.܇ ܕܣܡܢܝܗܝ ܕܐܚܝܕ ܿܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܐܡܪܐ159ܿܗܘ ܕܒܝܠܬܝ ܿ ܪܫܗ ܆ ܡܢ160ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ ܢܗܘܐ ܐܝܬܘܗܝ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ ܕܒܓܕܝܐ ܆ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ161 ܕܡܢܬܐ ܿܗܝ ܕܬܫܥܣ̈ܪܐ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܐܟܣܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܡܛܐ ܠܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ ܕܕܘܐܠ ܿ )141v( ܡܢܗ ܡܢ ܘܗܟܘܬ ܬܘܒ. ܕܐܝܬܝܗܝܢ ܐܦ ̈ܗܢܝܢ ̈ܡܢܘܬܐ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܿ ܿ ܡܫܪܝܐ162ܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܕܘܐܠ ܠܒܪ ܡܢ ܟܘܟܒܐ. ܙܠܝܩܗ ܠܗ ܠܡܫܡܪܘ . ܕܩܐܡ ܒܡܘܪܐ ܿܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ. ܗܘ163ܕܒܝܠܬܝ ̈ܗܢܝܢ ܗܠܝܢ ܐܡܪܝܢܢ ܆ ܕܠܘ ܡܐ ܕܬܗܘܐ164ܐܦ ܥܠ ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ̈ ܪܚܝܩܐ ܣܗܪܐ ܡܢ ܚܕ ܡܢ ܟܘܟܒܐ ܫܬܐ ̈ܡܠܘܫܐ ܒܠܚܘܕ ܕܡܬܩܝܡܝܢ ܡܢ ܡܐܐ ܐܐܠ ܡܐ. ܇ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ ܗܢܐ165ܘܬܡܢܐܝܢ ܡܘ̈ܪܣ ܗܢܘ ܕܝܢ ܫܬܐ ̈ܡܠܘܫܐ. 166ܕܬܗܘܐ ܦܪܝܩܐ ܡܐܐ ܘܬܫܥܝܢ ܘܬ̈ܪܬܝܢ ܡܘ̈ܪܣ .ܘܝܬܝܪ ܡܢ ܚܕܐ ܡܢ ܬܠܬ ܕܐܚܪܢܐ Puis dès qu’elle sera parvenue au douzième degré, son rayon laissera Vénus hors de portée167, en supposant que Vénus occupe le douzième degré dans le Bélier. Mais si Vénus est dans le premier degré du Bélier, c’est dès le dixneuvième degré du Capricorne 168 qu’on pourra dire de la lune qu’elle s’associe à elle en aspect sextile, et ce jusqu’à ce qu’elle parvienne au premier degré du Verseau qui fait également partie des douze degrés . Et ainsi de suite : à partir du [146v] premier degré du Verseau, commencera à envoyer ses rayons en dehors de Vénus positionnée dans le premier degré du Bélier…169
Concernant l’aspect en opposition, disons que ce n’est pas seulement lorsque la lune sera distante de l’une des étoiles de six signes (qui s’étendent sur cent quatre-vingt degrés) qu’on pourra dire qu’elle s’associe à elle dans le cadre de cet aspect, mais plutôt dès qu’elle sera éloignée de cent quatrevingt-douze degrés, c’est-à-dire de six signes plus un tiers. 158
|| ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ: ܕܬܪܥܣܪܐL Sachau || || ܕܒܝܠܬܝ: ܕܒܠܬܝL Sachau || (cf. CORR. 15) 160 || ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ: ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܢܝL Sachau || 161 || ܕܬܫܥܣ̈ܪܐ: ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐL Sachau || (CORR. 23) 162 || ܕܕܘܐܠcorrexi : ܕܕܡܐL Sachau || 163 || ܕܒܝܠܬܝcorrexi : ܕܒܝܠL Sachau || (CORR. 24) 164 || ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܕܕܝܡܛܪܘܢL Sachau || 165 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 166 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || -------------------------------------------167 Litt. : son rayon tombera en dehors de l’étoile de Vénus. 168 Dans le manuscrit, on lit : « dans le 12e degré du Capricorne » ; cette erreur entraîne un problème de raisonnement et nous renseigne sur le peu de soin apporté ou à la rédaction du traité, ou sa copie un siècle plus tard. Nous avons corrigé le texte à cet endroit. 169 Même problème de raisonnement que précédemment : si l’association a bien lieu sur douze degrés, et si elle commence quand la lune est au 19e degré du Capricorne, alors l’association devrait être valable non pas jusqu’au 1er, mais jusqu’au 2e degré du Verseau. 159
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
ܿ ܬܗܘܐ ܗܟܝܠ ܕܐܝܬ ܿ ܝܗ ܣܗܪܐ ܕܝܢ170 ܟܘܟܒܐ. ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬܘܪܐ 172 ܿ 171 ܟܕ ܐܝܬܝܗ ܕܝܐܡܛܪܘܢ. ܕܐܪܝܣ ܢܗܘܐ ܠܘ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܥܩܪܒܐ ܿ ܿ ܐܐܠ ܢܗܘܐ. ܬܪܝܨܬܐ ܕܠܘܬ ܣܗܪܐ . ܕܝܠܗ ܕܥܩܪܒܐ ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܿ . ܗܝܕܝܢ ܡܟܝܠ ܥܕܡܐ ܕܡܕܪܟܐ ܣܗܪܐ ܡܢܬܐ ܗܝ ܕܒܬܠܬܥܣ̈ܪܐ ܕܒܬܘܪܐ . 175 ܡܬܐܡܪܐ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝ ܣ174ܕܐܬܝܐ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܿ ܐܢ ܕܝܢ. ܕܐܝܬܘܗܝ ܒܡܘܪܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܥܩܪܒܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܥܩܪܒܐ ܇ ܢܗܘܐ ܐܝܬܘܗܝ ܟܘܟܒܐ ܗܢܐ ܆ ܡܢ ܿܗܝ ܕܬܫܥܣ̈ܪܐ ܕܐܡܪܐ ܆ ܥܕܡܐ ܿ ܡܐ ܕܝܢ ܕܬܡܢܥ. ܠܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬܘܪܐ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܿ ܠܗܕܐ ܫܡܪܬ . ܠܗ ܡܟܝܠ ܙܠܝܩܐ ܠܗܠ ܡܢܗ ܘܥܒܪܬܗ
173
ܥܠ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܕܝܢ ܐܡܪܢܢ ܡܢ ܠܥܠ ܆ ܕܐܦ ܗܝ ܡܐ ܕܪܚܝܩܐ ܣܗܪܐ ̈ ܡܢ ܚܕ ܡܢ176ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܟܘܟܒܐ ܡܬܐܡܪܐ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܥܡܗ ܥܕܡܐ 177 ̈ ܗܠܝܢ ܗܟܝܠ ܗܟܢܐ ܐܡܪܢܢ ܥܠ ܿܗܢܘܢ. ܕܬܕܪܟܝܘܗܝ ܘܬܥܒܪܝܘܗܝ ܚܡܫܐ ̈ .178ܐܣܟܝܡܐ
Soit donc la lune dans le premier degré du Taureau : Mars devra être non seulement dans le premier degré du Scorpion, où elle sera diamétralement opposée à la lune, mais elle pourra se trouver dans le douzième degré appartenant au Scorpion ; alors, jusqu’à ce que la lune atteigne le treizième degré dans le Taureau, on pourra dire qu’elle s’associe dans un aspect d’opposition à Mars, qui est au douzième degré du Scorpion. Mais si cette étoile se trouve dans le premier degré du Scorpion, ce sera entre le dixneuvième degré du Bélier et le premier degré du Taureau qu’on pourra dire de la lune qu’elle s’associe à elle. Mais une fois arrivée à ce point , elle enverra donc un rayon au-delà de et la dépassera.
Nous avons parlé plus haut de la conjonction en disant que lorsque la lune est distante de moins de douze degrés de l’une des étoiles, on pouvait dire qu’elle entrait en conjonction avec elle, jusqu’à ce qu’elle l’atteigne et qu’elle la dépasse. Voilà ce que nous avions à dire concernant ces cinq aspects.
170
|| ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ: ܘܟܘܟܒܐ ܕܝܢL Sachau || (CORR. 25) || ܩܕܡܝܬܐ ܕܥܩܪܒܐSachau : ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐL ( ܕܐܡܪܐerasum est atque ܕܥܩܪܒܐscribit in marg. L2) || 172 ܿ ܿ || ܐܝܬܝܗ ܟܕcorrexit Sachau : ܕܐܝܬܝܗ L || 173 || ܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܕܝܡܛܪܘܢL Sachau || 174 || ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܕܕܝܡܛܪܘܢL Sachau || 175 ܿ || ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝܣ: ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝܣL ܐܪܝܘܣ ܟܘܟܒܐ ܕSachau || (CORR. 26) 176 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 177 ̈ L : ܚܡܫܐSachau || || ܚܡܫܐ 178 ̈ : ܐܣܟܝܡܝܢ ̈ || ܐܣܟܝܡܐ L Sachau || (CORR. 27) 171
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ܢܣܒ ܐܢܘܢ ܕܝܢ ̈ܒܦܣܝܩܬܐ ܠܟܠܗܘܢ ܛ̈ܪܝܓܘܢܐ ܐܟܚܕܐ ܘܠܟܘܠܗܘܢ ̈ . ܘܐܠܟܣܓܘܢܐ ܬܘܒ ܡܢܗܘܢ ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ ܡܢܗܘܢ ܟܘܠܗܘܢ ܿ 179ܘܠܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܟܘܬ ܬܬܢܗܪ ܡܠܬܐ ܓܠܝܐܝܬ ܐܠܝܠܝܢ. ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ . ܬܘܒ ܫܘܪܝܐ ܡܢ ܛ̈ܪܝܓܘܢܐ180 ܟܕ ܥܒܕܝܢܢ. ܕܩ̈ܪܝܢ ܿ . ܐܝܬܝܗ ܒܬܪܒܝܬܐ ܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ ܆ ܟܕ ܥܕܟܝܠ ܿ ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܢܫܬܟܚ )141r( ܡܬܐܡܪܐ ܗܟܝܠ. ܕܐܪܝܐ181ܒܡܢܬܐ ܕܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܠܘܬܗ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ ܿܡܢܬܐ ܿܗܝ . ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܫܦܝܪܐ.182ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܐܡܪܐ ܿ ܬܘܒ ܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܒܝܠ ܘ ܿܗܘ. ܒܡܢܬܐ ܿܗܝ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ ܿ ܕܒܝܠܬܝ ܆ ܢܫܬܟܚܘܢ ܠܘܥܕܐ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܗܘܢ. ܕܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ ܗܟܝܠ ܗܠܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ ܡܛܘܠ ܕܠܘܬ. ܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ. ܕܬܕܪܟ ܿܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܐܪܝܐ ̈ ܬ̈ܪܝܢ .. ܟܘܟܒܐ ܚܕ ܕܐܝܡܡܐ ܘܚܕ ܕܠܠܝܐ ܐܡܪܝܢ ܕܐܬܝܐ
Ils ont ensuite brièvement considéré tous les trigones ensemble, tous les carrés à part ainsi que les sextiles et de la même manière avec les oppositions, de sorte que le traité explicite clairement les sujets étudiés en commençant par les trigones.
Soit la lune dans le premier degré du Bélier, alors qu’elle est encore en période de croissance, et le soleil présent au douzième degré du Lion. On dit alors [147r] de la lune qu’elle s’associe à lui en aspect trigone jusqu’à ce qu’elle occupe le douzième degré du Bélier et le jour est propice.
Soit la lune dans le premier degré du Lion et Jupiter ainsi que Vénus présents aux environs du douzième degré du Sagittaire. On dit alors que la lune s’associe à ces deux étoiles en aspect trigone jusqu’à ce qu’elle atteigne le douzième degré dans le Lion. Ils disent que le jour est intermédiaire parce que la lune s’associe à deux étoiles dont l’une est diurne et l’autre nocturne.
179
|| ܘܠܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܘܠܕܝܡܛܪܐL Sachau || (CORR. 28) || ܥܒܕܝܢܢL : ܥܒܕܝܢSachau || 181 || ܕܬܪܬܥܣ̈ܪܐL : ܕܬܪܬܥܣܪܐSachau || 182 || ܒܐܡܪܐL : ܒܡܐܡܪܐSachau || (CORR. 29) 180
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
ܿ ܬܗܘܐ ܕܐܝܬ183ܬܘܒ ܬ̈ܪܝܢ ܕܝܢ. ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ184ܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ̈ ܿ ܗܢܘ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܒܝܠܬܝ. ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܐܡܪܐ ܿ ܟܘܟܒܐ ܢܗܘܘܢ ܘܗܘ ܿ ܗܝܕܝܢ ܬܘܒ ܥܕܡܐ ܕܬܬܙܝܥ ܣܗܪܐ ܘܬܩܘܡ. ܕܐܪܝܣ ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܘܐܝܬܘܗܝ. ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܒܗ ܒܐܣܟܝܡܐ. ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ ܿ ܐܝܬܝܗ ܒܬܪܒܝܬܗ ܣܝܡܐ ܠܢ ܗܫܐ ܕܥܒܕܐ ܠܗ ܡܛܘܠ ܕܟܕ. ܝܘܡܐ ܒܝܫܐ ̈ ܿ . ܘܐܬܝܐ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܟܘܟܒܐ ܕܠܠܝܐ ܕܐܠ ܡܚܝܢܝܢ ܠܬܪܒܝܬܗ. ܐܠܣܟܝܡܐ ܗܢܐ ܿ ܿ ܿ ܿ ܚܘܣܪܢܗ . ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬܘܪܐ ܕܐܝܬܝܗ ܒܙܒܢ ܢܣܝܡܝܗ ܠܣܗܪܐ ܬܘܒ ܕܝܢ 185 ܿ . ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܕܐܪܝܣ ܐܘ ܕܗܪܡܝܣ ܢܫܬܟܚܘܢ ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܝܢ ܕܫܒܠܬܐ ܕܐܬܝܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܒܐܣܟܝܡܐ186ܘܐܦ ܗܝܕܝ ܢ ܿ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܡܢܥ ܘܡܬܐܡܪ. ܠܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܒܬܘܪܐ ̈ 187ܒܚܘܣܪܢܗ ܐܬܝܐ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܿ ܿ ܟܘܟܒܐ ܇ ܐܝܬܝܗ ܡܛܘܠ ܕܟܕ. ܝܘܡܐ ܫܦܝܪܐ . ܚܕ ܕܠܠܝܐ ܘܚܪܢܐ ܕܓܘܐ
Soit la lune dans le premier degré du Sagittaire et deux étoiles au douzième degré du Bélier. Prenons Vénus et Mars. Ainsi tant que la lune se déplacera et jusqu’à ce qu’elle se positionne au douzième degré du Sagittaire, on dira qu’elle s’associe à ces toujours dans le même aspect. Le jour est funeste parce que, en supposant que c’est en période de croissance qu’elle forme cet aspect, elle s’associe à deux étoiles nocturnes qui ne stimulent pas sa croissance.
Plaçons la lune de sorte qu’elle soit, en période de décroissance, dans le premier degré du Taureau. Soient Mars et Mercure présentes dans le douzième degré de la Vierge : ainsi on pourra dire, ici aussi, de la lune qu’elle s’associe à ces étoiles en aspect trigone, jusqu’à ce qu’elle parvienne au douzième degré du Taureau. On dira du jour qu’il est propice parce que c’est en période de décroissance qu’elle se sera associée aux deux étoiles, l’une étant nocturne et l’autre commune .
183
|| ܬܘܒL : ܘܬܘܒSachau || || ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܨܠܡܐ ܪܒܐcorrexit Sachau : post ܩܕܡܝܬܐadd. ܕܣܗܪܐL || 185 || ܕܗܪܡܝܣ: ܕܐܪܡܝܣL Sachau || 186 || ܘܐܦ ܗܝܕܝܢ ܕܐܬܝܐcorrexi : ܘܐܦ ܿܗܝ ܕܝܢ ܐܬܝܐL Sachau || (CORR. 30) 187 || ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢL : ܠܘܬ ܠܬ̈ܪܝܢSachau || 184
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ܿ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ. 188ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܫܒܠܬܐ ܬܗܘܐ ܕܝܢ ܬܘܒ 190 . ܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܆ ܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܕܓܕܝܐ189ܕܒܝܠ ܘܕܒܝܠܬܝ ܿ ܘܐܦ ܗܝܕܝܢ ܗܟܝܠ ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ ܣܗܪܐ . ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܫܒܠܬܐ ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ. ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ. ) ܐܡܪܝܢܢ ܕܐܬܝܐ141v( ܡܛܘܠ ܕܟܕ ܚܣܝܪܐ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ. ܡܨܥܝܐ ܿ . ܠܗ ܿ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܕܡܚܝܢ . ܘܗܘ ܐܚܪܢܐ ܕܐܠ ܡܚܝܢ ܠܗ ܢܫܬܟܚܘܢ ܕܝܢ. ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܐܦܢ ܬܫܬܟܚ ܣܗܪܐ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܓܕܝܐ ܠܘܬܗܘܢ. ܒܬܘܪܐ191ܫܡܫܐ ܘܟܘܟܒܐ ܕܟܐܘܢ ܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܿ ܬܘܒ ܡܬܐܡܪܐ ܣܗܪܐ ܕܐܬܝܐ ܥܕܡܐ ܕܬܩܘܡ ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܝܠܗ ܡܛܠ ܕܠܘܬ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܡܡܐ ܐܬܝܐ ܆ ܟܕ. ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܒܝܫܐ. ܕܓܕܝܐ ܿ ܿ .. ܕܚܘܣܪܢܗ ܐܝܬܝܗ ܒܙܒܢܐ
Soit la lune dans le premier degré de la Vierge, Jupiter et Vénus aux environs du douzième degré192 du Capricorne : alors, jusqu’à ce que la lune occupe le douzième degré de la Vierge, on pourra dire qu’elle s’associe à ces étoiles en aspect trigone. Le jour sera intermédiaire, parce que c’est en décroissant [147v], disons-nous, qu’elle s’associe aux deux étoiles, dont l’une la vivifie et l’autre non.
Il en va de même si la lune se trouve dans le premier degré du Capricorne et que le soleil et Saturne se trouvent aux environs du douzième degré193 dans le Taureau. Aussi dira-t-on de la lune qu’elle s’associe à elles jusqu’à ce qu’elle se positionne dans le douzième degré appartenant au Capricorne. Le jour sera funeste parce qu’elle se sera associée à ces étoiles diurnes tout en étant en période de décroissance.
188
|| ܕܫܒܠܬܐcorrexit Sachau : ܕܩܝܫܠܡܐL (add. ܕܫܒܠܬܐL1 in marg.) || 189 || ܘܕܒܝܠܬܝ: ܘܕܒܠܬܝL Sachau || (cf. CORR. 15) 190 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 191 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || ----------------------------------------192 Litt. « aux environs des douze degrés ». 193 Idem 224
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̈ ܘܐܦ ܥܠ ܿܗܢܘܢ ܬܘܒ ܛ̈ܪܝܓܘܢܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܐܝܬ ܒܗ ܒܚܘܕܪܐ ܕܡܠܘܫܐ ܆ ܗܝ ܿ ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܆ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܬܗܘܐ ܓܝܪ. ܟܕ ܗܝ ܡܠܬܐ ܡܬܢܣܒܐ ܿ ܿ ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܘܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠ ܇. ܐܝܬܝܗ ܒܙܒܢ ܕܬܪܒܝܬܗ ܕܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ ܆ ܟܕ 197 196 195 ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠ ܐܬܝܐ. ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪ ܣ ܕܩܢܫܠܡܐ194ܠܘܥܕܐ ܿ ܥܕܡܐ. ܣܗܪܐ ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ. ܠܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ . ܫܦܝܪܐ ܟܕ ܥܕܟܝܠ ܪܒܝܐ ܆ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ.198ܬܘܒ ܣܗܪܐ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܩܢܫܠܡܐ ܠܘܬ. ܘܕܒܝܠ ܘܥܡܗܘܢ ܬܘܒ ܐܦ ܿܗܘ ܕܐܪܝܣ ܢܫܬܟܚܘܢ199ܕܟܐܘܢ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܗܟܝܠ ܬܠܬܝܗܘܢ ܐܬܝܐ ܣܗܪܐ. ܕܕܘܐܠ200ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ .201 ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ ܿܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܩܢܫܠܡܐ. ܒܐܣܟܝܡܐ ܕܛܪܝܓܘܢܘܢ ܐܢ ܕܝܢ ܒܡܘܪܐ. ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ ܕܨܐܠ ܝܬܝܪ ܠܘܬ ܫܦܝܪܬܐ ܿ ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܇ ܿ ܒܗܝ ܕܝܢ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܕܘܐܠ ܬܗܘܐ ܢܬܟܝܢ ܫܡܫܐ ܥܡ ܐܪܝܣ ܆ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܬܘܒ ܐܬܝܐ ܆ ܥܕܡܐ ܕܬܡܛܐ ܠܡܘܪܐ .. ܘܐܝܬܘܗܝ ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ. ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܝܠܗ ܕܕܘܐܠ
On pourra traiter de la même manière les autres trigones qui sont sur ce même cercle zodiacal : en effet, soit la lune dans le premier degré des Gémeaux, alors qu’elle est en période de croissance, et le soleil et Jupiter aux environs du douzième degré202 de la Balance. La lune s’associe à ces dernières jusqu’au douzième degré des Gémeaux. Le jour sera propice.
Soit la lune dans le premier degré de la Balance, alors qu’elle est encore croissante. Soient Saturne, Jupiter et, avec elles, aussi Mars présentes dans le douzième degré du Verseau203. La lune s’associe donc à ces trois-là en aspect trigone jusqu’à ce qu’elle occupe le douzième degré dans la Balance. Le jour sera intermédiaire à tendance plutôt propice. Mais si c’est dans le premier degré du Verseau qu’est la lune et que le soleil, accompagné de Mars, se présente dans le douzième des Gémeaux, elle s’associera aussi à ces étoiles jusqu’à ce qu’elle parvienne au douzième degré appartenant au Verseau et le jour sera intermédiaire.
194
|| ܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐL : ܘܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐSachau || (CORR. 31) || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 196 || ܕܩܢܫܠܡܐSachau : ܕܩܝܫܠܡܐL || 197 || ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠ ܐܬܝܐ ܣܗܪܐcorrexi : ܠܘܬܗܘܢ ܐܬܝܐ ܣܗܪܐL Sachau || (CORR. 32) 198 || ܕܩܢܫܠܡܐSachau : ܕܩܝܫܠܡܐL || 199 || ܕܟܐܘܢ: ܕܟܘܢL Sachau || (CORR. 33) 200 || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 201 || ܒܩܢܫܠܡܐSachau : ܒܩܝܫܠܡܐL || -------------------------------------------202 Litt. « aux environs des douze degrés ». 203 Litt. « dans les douze degrés du Verseau ». 195
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ܐܠܨܐ.204ܗܟܢܐ ܬܘܒ ܐܦ ܒܛܪܝܓܘܢܘܢ ܿܗܘ ܕܐ̈ܪܒܥܐ ܕܐܝܬܘܗܝ ܐܚ̈ܪܝܐ ܿ ܕܟܕ ܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܣܪܛܢܐ ܇ ܘܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ ܘܕܗܪܡܝܣ 206 ܿ ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ ܆ ܥܕܡܐ. ܒܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܥܩܪܒܐ ܿ ܕܬܗܘܐ ܘܐܢܗܘ ܕܡܪܒܐ ܪܒܝܐ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ. ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܣܪܛܢܐ . ܝܘܡܐ ܗܘ ܫܦܝܪܐ. ) ܕܝܢ ܡܚܣܪ ܚܣܪܐ141r( ܐܢ. ܒܝܫܐ
205
̈ ܒܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܿ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܥܩܪܒܐ ܿ ܐܢ ܕܝܢ ܕܢܘܢܐ ܆ ܙܕܩ ܕܢܚܘܪ ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ. ܠܘܬܗܘܢ ܓܝܪ ܡܬܐܡܪܐ ܕܐܬܝܐ. ܕܐܝܠܝܢ ܐܝܬ ܬܡܢ . ܿܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܥܩܪܒܐ ̈ ܐܢ ܕܝܢ ܒܫܘܪܝܗܘܢ ܿ ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܆ ܿܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܢܘܢܐ ܬܗܘܐ . ܠܘܬ ܗܕܐ ܓܝܪ ܡܬܐܡܪܐ ܗܝܕܝܢ ܕܐܬܝܐ ܣܗܪܐ. ܕܒܣܪܛܢܐ ܙܕܩ ܕܬܬܥܩܒ ̈ ܐܐܠ ܗܠܝܢ ܥܠ ܛ̈ܪܝܓܘܢܐ. ܕܒܢܘܢܐ ܥܕܡܐ ܕܬܐܚܘܕ ܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ .207ܐܬܐܡܪܝ
De même pour les quatre derniers trigones208: il faut que lorsque la lune sera dans le premier degré du Cancer, l’étoile de Vénus et celle de Mercure soient dans le douzième degré du Scorpion. On pourra ainsi dire qu’elle s’associe à ces dernières jusqu’à ce qu’elle soit dans le douzième degré du Cancer. Si jamais elle était véritablement croissante, [148r] le jour serait funeste. Au contraire, si assurément elle décroissait, le jour serait propice.
Mais si dans le premier degré du Scorpion, c’est au niveau du douzième degré des Poissons qu’il faut fixer le regard pour voir quelles sont les étoiles qu’il y a là, car c’est avec celles-là, dit-on, qu’elle s’associera jusqu’à ce qu’elle occupe le douzième degré dans le Scorpion.
Mais si la lune est au début des Poissons, c’est le douzième degré dans le Cancer qu’on cherchera, car c’est à ce point, dit-on, que la lune sera alors associée, jusqu’à ce qu’elle occupe le douzième degré qui est dans les Poissons. Mais j’en ai dit assez sur les trigones.
204
|| ܐܚ̈ܪܝܐ: ܐܚܪܝܐL Sachau || (CORR. 34) || ܘܕܗܪܡܝܣ: ܘܕܐܪܡܝܣL Sachau || 206 || ܠܘܬܗܘܢ ܗܟܝܠcorrexi : ܠܘܬܗܘܢ ܕܗܠܝܢL Sachau || (CORR. 35) 207 || ܐܬܐܡܪܝcorrexi : ܐܬܐܡܪL Sachau || -------------------------------------------208 Litt. « De la même manière pour le trigone qui est parmi les quatre derniers ». On comprend que le procédé est valable pour le reste des quatre exemples qui seront évoqués, à savoir : 1. Cas où la lune croissante est dans le Cancer ; 2.Cas où la lune décroissante est dans le Cancer ; 3. Cas où la lune est dans le Scorpion ; 4. Cas où la lune est dans les Poissons. 205
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
ܿ ܬܗܘܐ ܕܝܢ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ.209ܒܗ ܕܝܢ ܒܕܡܘܬܐ ܢܣܒ ܘܐܦ ܥܠ ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ ܿ ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܘܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠ ܆. ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܪܐ ܒܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܣܪܛܢܐ ܿ ܿ . ܒܚܘܣܪܢܗ ܕܝܢ ܒܝܫܐ . ܝܘܡܐ ܗܘ ܫܦܝܪܐ ܗܢܐ. ܒܬܪܒܝܬܗ ܕܣܗܪܐ ܿ ܐܝܬܝܗ ܣܗܪܐ ܟܕ ܟܘܟܒܐ ܬܘܒ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬܘܪܐ ܇ ܡܐ ܕܬܗܘܐ ܿ ܕܟܐܘܢ ܿ ܢܗܘܘܢ ܗܝܕܝܢ. ܘܕܗܘ ܕܐܪܝܣ ܒܡܢܬܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܐܪܝܐ ܆ ܝܘܡܐ . ܗܘ ܡܨܥܝܐ ܐܢ ܪܒܝܐ ܘܐܢ ܚܣܪܐ ܬܪܬܥܣ̈ܪܐ ܕܝܢ ܡܘ̈ܪܣ. ܬܘܒ ܣܗܪܐ ܒܡܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ ܆ ܐܢ ܡܪܒܐ ܪܒܝܐ ܆ ܝܘܡܐ211 ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝܣ ܘܕܒܝܠܬܝ. ܒܫܒܠܬܐ ܢܗܘܐ ܐܚܝܕ ܿ ܐܢ ܕܝܢ. ܗܘ ܒܝܫܐ . ܡܒܨܪ ܒܨܪܐ ܫܦܝܪ ܗܘ
210
On considèrera les carrés de la même façon : soit la lune dans le premier degré du Bélier, le soleil et Jupiter dans le douzième degré du Cancer ; durant la croissance de la lune, ce jour sera propice ; durant sa décroissance, il sera funeste.
De même, dès que la lune sera dans le premier degré du Taureau, Saturne et Mars étant alors dans le douzième degré du Lion, le jour sera intermédiaire si la lune croît, mais si la lune décroît…212
Soit la lune dans le premier degré des Gémeaux, Mars et Vénus occupant le douzième degré dans la Vierge : si est véritablement croissante, le jour sera funeste, si, bien au contraire, elle s’affaiblit, il sera propice.
209
|| ܛܛ̈ܪܓܘܢܐcorrexi : ܛܛܪܓܘܢܐܘܢL Sachau || (CORR. 36) || ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || 211 || ܘܕܒܝܠܬܝL : ܕܒܠܬܝSachau || ------------------------------------------212 Il manque le second membre de phrase. L’auteur invite le lecteur à poursuivre le raisonnement par lui-même. C’est un indice du fait que ce texte ressemble plus à condensé de notes qu’à une véritable édition. 210
227
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
̈ ܡܐ ܕܬܠܬܐ. ܗܟܘܬ ܬܘܒ ܘܐܦܢ ܒܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ ܕܣܪܛܢܐ ܬܫܬܟܚ ܟܘܟܒܐ ܕܟܐܘܢ ܘܕܐܪܝܣ ܘܕܒܝܠ ܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܠܘܥܕܐ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܡܘ̈ܪܣ ܐܐܠ ܐܢ ܡܪܒܐ ܪܒܝܐ ܝܬܝܪ ܨܠܝܐ ܠܘܬ. ܝܘܡܐ ܡܨܥܝܐ. 214ܒܩܢܫܠܡܐ .. ܐܢ ܕܝܢ ܡܚܣܪ ܚܣܪܐ ܆ ܠܘܬ ܒܝܫܬܐ ܨܠܝܐ ܝܬܝܪ. ܫܦܝܪܬܐ
213
ܿ ܒܗ ܕܝܢ ܒܕܡܘܬܐ ܕܐܦܢ ܒܡܘܪܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܪܝܐ ܬܗܘܐ ܣܗܪܐ ܇ ܟܘܟܒܐ ܿ ܕܝܢ ܕܒܝܠ ܘܕܒܝܠܬܝ ܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܒܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܥܩܪܒܐ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ .. ܡܨܥܝܐ ܐܢ ܪܒܝܐ ܘܐܢ ܚܣܪܐ ܿ ܡܢܬܗ ܩܕܡܝܬܐ ܕܫܒܠܬܐ ܆ ܠܘܬ ܿܗܝ ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܒܗ ܬܘܒ ܟܕ ܒܗ ܒܙܒܢܐ ܆ ܡܢ 216 215 ܿ ܘܡܢ ܫܘܪܝ ܐ ܬܘܒ ܕܩܢܫܠܡ ܐ ܠܘܬ ܗܝ. ܕܨܠܡܐ ܪܒܐ ܚܐܪ ܐܢܬ ̈ ܘܡܢ ܨܠܡܐ ܪܒܐ ܠܘܬ. ܘܡܢ ܥܩܪܒܐ ܠܘܬ ܕܘܐܠ. ܕܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ܕܒܓܕܝܐ . ܢܘܢܐ ̈ )141v( ܘܡܢ. ܘܡܢ ܕܘܐܠ ܠܘܬ ܬܘܪܐ. ܘܡܢ ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܐܡܪܐ ܢܘܢܐ ܠܘܬ ̈ ܘܗܟܘܬ ܡܫܬܟܚ ܐܢܬ ܕ ܿܥܒܕ ܐܢܬ ܡܠܬܐ ܥܠ ܟܠܗܘܢ. ܨܠܡܐ ܬ̈ܪܝܢ . ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ
Il en va de même si elle se trouve dans le premier degré du Cancer, tandis que les trois étoiles de Saturne, de Mars et de Jupiter sont aux environs du douzième degré217 dans la Balance. Jour intermédiaire. Si, au contraire, elle croît véritablement, il aura plutôt tendance à être propice. Si elle décroît, il tendra plutôt à être funeste.
De la même façon, si la lune est dans le premier degré du Lion et que Jupiter et Vénus sont dans le douzième degré du Scorpion, le jour sera intermédiaire, qu’elle croisse ou décroisse.
Dirige ton regard au même moment du premier degré de la Vierge vers le douzième degré du Sagittaire, puis du début de la Balance vers le douzième degré du Capricorne, puis du Scorpion vers le Verseau, puis du Sagittaire vers les Poissons, puis du Capricorne vers le Bélier, puis du Verseau vers le Taureau [148v], puis des Poissons vers les Gémeaux, et ainsi tu te trouveras en mesure de discourir sur tous les carrés.
213
|| ܡܘ̈ܪܣ: ܡܘ̈ܪܘܣL Sachau || || ܒܩܢܫܠܡܐSachau : ܒܩܝܫܠܡܐL || 215 || ܘܡܢ ܫܘܪܝܐcorrexit Sachau : ܘܡܢ ܫܘܪܝܗL || 216 || ܕܩܢܫܠܡܐSachau : ܕܩܝܫܠܡܐL || ---------------------------------------------217 Litt. « aux environs des douze degrés ». 214
228
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
ܿ ܐܟܣܓܘܢܐ ܕܝܢ ̈ ܕܢܚܘܪ ܐܢܫ. ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ ܡܦܝܣܝܢ ܚܢܢ ܠܡܣܒ ܗܢܘ ܕܝܢ ܘܥܠ 219 218 ̈ . ܡܢ ܐܡܪܐ ܠܘܬ ܬ̈ܪܝܢ ܨܠܡܐ. ܒܗ ܟܕ ܒܗ ܒܛܘܦܣܐ ܕܐܬܐܡܪ ܡܢ ܠܥܠ ܘܡܢ ܣܪܛܢܐ ܠܘܬ. ܘܡܢ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ ܠܘܬ ܐܪܝܐ. ܘܡܢ ܬܘܪܐ ܠܘܬ ܣܪܛܢܐ ܘܡܢ. ܘܡܢ ܫܒܠܬܐ ܠܘܬ ܥܩܪܒܐ. 220 ܘܡܢ ܐܪܝܐ ܠܘܬ ܩܢܫܠܡܐ. ܫܒܠܬܐ ܘܡܢ ܨܠܡܐ. ܘܡܢ ܥܩܪܒܐ ܠܘܬ ܓܕܝܐ. ܬܘܒ ܠܘܬ ܨܠܡܐ ܪܒܐ221ܩܢܫܠܡܐ ̈ ܘܗܟܢܐ ܬܘܒ ܡܢ ܓܕܝܐ ܠܘܬ. ܪܒܐ ܠܘܬ ܕܘܐܠ . ܘܡܢ ܕܘܐܠ ܠܘܬ ܐܡܪܐ. ܢܘܢܐ ̈ ܘܡܢ ܟܕ ܓܝܪ ܚܐܪ ܐܢܬ ܐܦ ܒܗܠܝܢ ܒܙܒܢܐ ܿܗܘ ܕܐܬܐܡܪ. ܢܘܢܐ ܠܘܬ ܬܘܪܐ ܡܛܘܠ.ܡܢ ܠܥܠ ܡܢ ܢܦܫܟ ܡܨܐ ܐܢܬ ܕܬܫܟܚ ܟܠܗܘܢ ̈ܪܘܟܒܐ ܕܗܘܝܢ ܒܗܘܢ ̈ ܡܡܛܝܢ ܓܝܪ ܐܦ.ܕܠܡܦܩ ܟܠܗܘܢ ܒܡܠܬܐ ܐܠ ܡܫܟܚܐ . ܐܠܠܦܐ ܘܠ̈ܪܒܘܬܐ ܿܗܘ ܓܝܪ ܕܨܒܐ ܠܡܦܩ ܟܠܗܘܢ ̈ܪܘܟܒܝܗܘܢ ܕܐܣܟܝܡܐ ܕܒܐܝܕܐ ܒܐܝܕܐ ̈ ܡܬܐܠܨ ܆ ܕܠܟܠ ܡܘܪܐ ܕܐܝܬ ܒܟܘܠܗ ܚܘܕܪܐ ܕܡܠܘܫܐ ܢܣܝܡܝܗ ܬܠܬܡܐܐ ̈ ܙܒܢܝܢ ܒܟܠ ܚܕ ܡܢ ܿ ܠܗ ܟܕ ܿ ܘܢܥܦܝܗ ܿ ̈ ̈ ܘܫܬܝܢ ܠܗ ܬܠܬܡܐܐ . ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ ̈ ܘܫܬܝܢ . ܙܒܢܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܢ
Concernant les sextiles, nous invitons quiconque à les traiter de la même manière, c'est-à-dire à suivre le protocole fourni plus haut : en allant du Bélier vers les Gémeaux, du Taureau vers le Cancer, des Gémeaux vers le Lion, du Cancer vers la Vierge, du Lion vers la Balance, de la Vierge vers le Scorpion, et de même de la Balance vers le Sagittaire, du Scorpion vers le Capricorne, du Sagittaire vers le Verseau, et de la même manière du Capricorne vers les Poissons, du Verseau vers le Bélier, des Poissons vers le Taureau, car si tu suis dans ce cas ce qu’on a déjà dit plus haut, tu pourras toi-même trouver toutes les combinaisons possibles, parce qu’on ne saurait les trouver toutes exposées dans un traité, étant donné qu’elles atteindraient des mille et des mille. D’ailleurs, celui qui voudrait exposer, l’une après l’autre, toutes les combinaisons d’aspects, devrait observer chaque degré présent sur tout le cercle du zodiaque, trois cent soixante fois, pour chaque aspect quel qu’il soit, et multiplier ce même une autre fois par trois cent soixante.
218
> ܒܛܘܦܣܐ ܕgr. τύπος. || ܕܐܬܐܡܪL : ܕܐܬܐܡܪܐSachau || 220 || ܕܩܢܫܠܡܐSachau : ܕܩܝܫܠܡܐL || 221 || ܕܩܢܫܠܡܐSachau : ܕܩܝܫܠܡܐL || 219
229
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
̈ ܘܗܟܘܬ ܢܪܟܒ ܒܟܘܠ ܐܣܟܝܡܐ ܐܚܪܢܐ ܬܠܬܡܐܐ ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ . ܙܒܢܝܢ ܿ ܘܢܥܒܕ ̈ܪܘܟܒܐ ܐܝܟܢܐ ܐܝܠܝܢ ܕܠܡܠܦܢܘܬܐ ܡܕܡ ܐܠ. ܕܐܡܪܬ ܟܐܡܬ ܕܐܠ ̈ܡܢܝܢ 222 ̈ ܿ ̈ܣܦܩܢ ܓܝܪ ܗܠܝܢ ܕܐܬܐܡܪܝ ܕܢܦܠܢ ܢܗܝܪܐܝܬ ܠܟܠ ܐܝܢܐ. ̈ܡܗܢܝܢ ܕܩܪܐ ܠܗܝܢ ܿ ܢܐܡܪ ܡܕܝܢ ܒܗ. ܐܣܟܝܡܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܡܬܪܟܒܝܢ ܐܝܟܢ ܕܗܘ ̈ ܕܢܣܬܟܠ ܒܟܘܠܗܘܢ . ܒܕܡܘܬܐ ̈ܒܦܣܝܩܬܐ ̈ ܐܦ ܥܠ ܐܦ ܥܠ ܗܠܝܢ ܗܟܝܠ ܡܢ ܐܡܪܐ ܠܘܬ..223ܐܣܟܝܡܐ ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ ܘܡܢ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ ܠܘܬ. ܘܡܢ ܬܘܪܐ ܠܘܬ ܥܩܪܒܐ. ܙܕܩ ܕܢܚܘܪ ܐܢܫ224ܩܢܫܠܡܐ ܘܡܢ ܫܒܠܬܐ. ܘܡܢ ܐܪܝܐ ܠܘܬ ܕܘܐܠ. ܘܡܢ ܣܪܛܢܐ ܠܘܬ ܓܕܝܐ. ܨܠܡܐ ܪܒܐ ̈ ܠܘܬ ܿ ..225ܠܗܝܢ ܠܟܘܠܗܝܢ ܕܝܐܡܛ̈ܪܐ ̈ ܘܗܟܘܬ ܿܢܦܩ. ܢܘܢܐ ܙܕܩ ܕܝܢ ܒܫܘܠܡܐ ) ܐܦ ܿܗܝ ܕܐܡܪܝܢ ܕܐܝܬ ܫܘܚܠܦܐ ܡܕܡ ̈ܒܝܘܡܬܐ141r( . ܕܟܠܗܝܢ ܠܡܬܥܗܕܘ ܿ ̈ ܘܒܗܢܘܢ ܬܘܒ ܡܐ ܓܝܪ ܠܡ ܕܐܬܝܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ. ܒܝܫܐ . ܫܦܝ̈ܪܐ ܿ . ܕܟܐܘܢ ܒܙܒܢ ܬܪܒܝܬܗ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ ܫܦܝܪܐ Tu pourras construire de la même manière tout autre aspect trois cent soixante fois et réaliser des combinaisons comme j’ai dit, sans énumérer celles qui ne sont en rien utiles à l’enseignement. En effet, celles que j’ai mentionnées suffisent, parce qu’elles peuvent s’appliquer clairement à tout ce qu’on a dit, ce qui permettra de comprendre tous les autres aspects possibles et imaginables en le disant de manière brève.
Concernant les aspects en opposition : à leur sujet, il convient également à quiconque de diriger son regard du Bélier vers la Balance, du Taureau vers le Scorpion, des Gémeaux vers le Sagittaire, du Cancer vers le Capricorne, du Lion vers le Verseau et de la Vierge vers les Poissons. C’est ainsi qu’on fera apparaître toutes les oppositions. Il faut que tout cela soit parfaitement retenu en mémoire, [149r] y compris le fait qu’ils disent qu’il y a quelques variations entre les jours propices et funestes. En effet, tant que la lune s’associe à Saturne, en période de croissance, le jour sera propice.
222
|| ܕܐܬܐܡܪܝ: ܕܐܬܐܡܪL Sachau || || ܕܕܝܐܡܛܪܘܢ: ܕܕܝܡܛܪܘܢL Sachau || 224 || ܕܩܢܫܠܡܐSachau : ܕܩܝܫܠܡܐL || 225 || ܕܝܐܡܛ̈ܪܐ: ܕܝܡܛ̈ܪܐL Sachau || 223
230
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
̈ ܐܝܟ ܕܠܘܬ. ܐܐܠ ܝܬܝܪ ܐܡܪܝܢ ܕܫܦܝܪ ܨܒܘܬܐ ܕܡܣܬܥ̈ܪܢ ܒܟܣܝܐ ܘܐܝܟ ܐܢ ܕܝܢ ܙܒܢ. ܕܒ̈ܪܙܐ ܡܕܡ ܡܛܠ ܕܐܝܟ ܗܢܐ ܐܝܬܘܗܝ ܟܝܢܗ ܕܟܘܟܒܐ ܗܢܐ ܿ ܘܡܢ ̈ܨܒܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܙܕܩ ܕܢܗܘܐ. ܚܘܣܪܢܗ ܗܘ ܆ ܝܘܡܐ ܗܘ ܒܝܫܐ 227 ̈ ܡܐ ܕܝܢ ܕܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠ ܬܫܬܟܚ ܐܬܝܐ ܒܚܕ ܡܢ ܐܣܟܝܡܐ. 226ܐܢܫ ܕܙܕܩ ܠܡܬܩܪܒܘ. ܕܐܬܐܡܪܘ ܡܢ ܠܥܠ ܆ ܝܘܡܐ ܐܝܬܘܗܝ ܐܢܗܘ ܕܡܪܒܐ ܪܒܝܐ ̈ ܒܗ ܠܘܬ ܗܟܢ ܬܘܒ ܐܦܢ ܠܘܬ ܫܡܫܐ ܬܗܘܐ.. ܨܒܘܬܐ ܕ̈ܪܝܫܢܘܬܐ ܘܕܝܕܥܬܐ ̈ ̈ . ܐܣܟܝܡܐ ܕܫܦܝ̈ܪܝܢ ܒܨܒܘܬܐ ܕܡܥܠܝܘܬܐ ܘܕܪܒܘܬܐ ܙܕܩ ܥܒܕܐ ܚܕ ܡܢ ̈ ܘܠܘܬ ܗܪܡܝܣ ܬܘܒ ܡܐ ܕܬܫܬܟܚ ܕܥܒܕܐ ܫܦܝܪ ܚܕ ܡܢ ܐܣܟܝܡܐ. ܠܡܫܪܝܘ ܿ 228ܘܕܝܘܠܦܢܐ ܘܕܝܕܥܬܐ ̈ ܿ ܐܝܕܐ ܕܗܝ ܐܢ. ܙܕܩ ܠܡܫܪܝܘ ܒܣܘܥ̈ܪܢܐ ܕܡܠܝܠܘܬܐ ̈ 229 ܕܝܢ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܕܒܝܠܬܝ ܬܫܬܟܚ ܐܬܝܐ ܡܚܝܢܐܝܬ ܒܨܒܘܬܐ ܕܡܟܘ̈ܪܐ ̈ ܐܘ ܕܝܘܬ̈ܪܢܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܐܝܠܝܢ ܕܗܘܝܢ ܡܢ . ܐܡܪܝܢ ܕܥܕܪܐ ܠܡܫܪܝܘ.ܢܫܐ
Plus exactement, ils disent qu’il est propice aux affaires qui se produisent en secret et le plus mystérieusement possible, car telle est la nature de cette étoile. Si elle est en période de décroissance, le jour sera funeste, et il conviendra de se tenir à l’écart de telles affaires. Puis, à partir du moment où on la trouvera associée à Jupiter dans le cadre de l’un des aspects mentionnés plus haut, le jour sera tel que, si elle est véritablement croissante, il conviendra de se lancer dans des affaires relatives au pouvoir et à la connaissance... De même, si elle s’associe au soleil en formant l’un des aspects propices, il convient de se lancer dans des affaires supérieures et importantes. De même, dès qu’on la trouvera associée à Mercure en train de former de façon propice l’un des aspects en période de décroissance, il conviendra de prendre des initiatives de quelque type que ce soit en matière d’éloquence, d’enseignement et de connaissance. Puis, si on la trouve associée de façon vivifiante à Vénus, ils disent que c’est avec profit qu’on entreprendra des fiançailles ou toute autre affaire impliquant des femmes.
ܿ || ܘܡܢ ̈ܨܒܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܙܕܩ ܕܢܗܘܐ ܐܢܫcorrexi : ܐܝܬܝܗ ܒܝܫܬܗ ܘܡܢ ̈ܨܒܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ L Sachau || (CORR. 37) 227 || ܡܐ ܕܝܢL : ܡܢ ܕܝܢSachau || 228 || ܘܕܝܕܥܬܐ: ܘܕܐܝܕܥܬܐL Sachau || 229 || ܡܢܝܚܐܝܬcorrexit Sachau : ܡܚܝܢܐܝܬL || 226
231
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
̈ ܐܢ ܕܝܢ ܠܘܬ ܟܘܟܒܐ ܕܐܪܝܣ ܬܫܬܟܚ ܐܬܝܐ ܬܘܒ ܫܦܝܪ ܒܨܒܘܬܐ ܕܩܪܒܐ ̈ ܕܓܕܫܢ ܡܐ ܕܠܩܘܒܐܠ ܕܝܢ ܕܗܠܝܢ ܟܠܗܝܢ ܐܡܪܝܢ. ܘܕܣܛܪܛܝܘܣ ܦܩܚܐ ܠܡܫܪܝܘ . ܕܒܝܫܐܝܬ ܘܐܠ ܡܢܝܚܐܝܬ ܬܫܬܟܚ ܐܬܝܐ ܣܗܪܐ ܠܘܬ ܟܠ ܚܕܐ ܡܢ ܗܠܝܢ ܕܐܡܬܝ ܕܝܢ ܐܬܝܐ ܠܘܬ ܟܠ ܚܕ ܡܢܗܘܢ. ܒܟܘܠ ܐܣܟܝܡܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ ܫܦܝܪܐܝܬ ܘܡܢܝܚܐܝܬ ܇ ܐܡܬܝ ܬܘܒ ܒܝܫܐܝܬ ܘܐܠ ܠܚܡܐܝܬ ܆ ܐܡܝܪ ܓܠܝܐܝܬ ̈ ܡܢ ܠܥܠ ܘܒܕܓܘܢ ܐܠ ܣܢܝܩ ܐܢܫ . ܕܗܢܝܢ ܟܕ ܗܢܝܢ ܢܐܡܪ ܬܢܢ ܐܘ ܐܝܟܢ ܕܗܘ231 ܐܘ ܐܣܛܪܘܠܘܓܝܐ230ܿܗܢܘܢ ܓܝܪ ܕܡܢ ܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ ܐܠ ܓܝܪ ܚܟܡܘ. ܗܟܢܐ ܡܬܪܥܝܢ ܥܠ ܗܠܝܢ. ܕܢܨܒܐ ܐܢܫ ܕܢܫܡܗ ܐܢܘܢ ܿ ܿ ܥܡܘ̈ܪܝܗ ܇ ܘܟܠܗܘܢ232 ܬܐܒܝܠ. ܒܡܐܠܗ ܠܡܐܡܪ ܥܡܢ ܇ ܕܡܪܝܐ ܗܝ ܐܪܥܐ ܥܠ ܿܗܝ ܕܐܝܟܢܐ ܢܕܥ. 233ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܣܪܓܝܣ ܩܫܝܫܐ ܘܐܪܟܐܛܪܘܣ ̈ ܙܘܥܐ ̈ ܒܝܕ234ܐܢܫ ܡܢܐ ܡܬܪܥܝܢ ܐܣܛ̈ܪܘܠܘܓܐ ܀. ܕܟܘܟܒܐ Si on la trouve associée à Mars, propice, on entreprendra avec avantage des affaires relatives à la guerre et à l’armée. Mais ils disent que c’est le contraire de tout cela qui arrive, pour peu que la lune se trouve associée de manière funeste et non vivifiante à chacune de ces , dans le cadre de quelque aspect que ce soit. On a dit clairement plus haut que pouvait s’associer à chacune de ces autant de façon propice et vivifiante que de façon funeste et non vivifiante et c’est pourquoi il n’est pas nécessaire de répéter cela maintenant. 235 Ces relèvent de l’astronomie ou de l’astrologie ou comme on voudra les appeler. Voici ce qu’ils ont pensé au sujet de ces choses, eux qui n’ont pas eu la sagesse de dire avec nous que le Seigneur la terre dans sa totalité : le monde et ses habitants.
Fin du traité rédigé par le prêtre et grand médecin Sergius. Voilà ce qu’on peut savoir de la pensée des astrologues fondée sur le mouvement des étoiles.
230
|| ܐܣܛܪܘܢܘܡܝܐ: ܐܣܛܪܘܢܡܝܐL Sachau || || ܐܣܛܪܘܠܘܓܝܐ: ܐܣܛܪܘܠܓܝܐL Sachau || 232 || ܬܐܒܝܠ: ܬܒܝܠL Sachau || 233 || ܘܐܪܟܐܛܪܘܣ: ܘܐܪܟܝܛܪܘܣL Sachau || 234 || ܐܣܛ̈ܪܘܠܘܓܐ: ܐܣܛ̈ܪܘܠܓܘL Sachau || -------------------------------------------235 Il est possible que cet avant-dernier paragraphe, qui manifeste une certaine hostilité envers l’astronomie, ne soit pas de Sergius mais ait été ajouté après coup par un copiste. Ceci expliquerait pourquoi le point de vue des astrologues et celui des astronomes apparaissent ici confondus, alors que, dans le prologue, Sergius expliquait clairement à l’avance qu’il traiterait le sujet du point de vue des astronomes. Cependant, il n’est pas impossible que cette confusion se trouve dans l’esprit de Sergius étant donné que le grand philosophe grec qu’il a l’habitude de traduire (Aristote) emploie systématiquement le terme « astrologie » pour désigner ce que nous qualifierions aujourd’hui d’astronomique (cf. à ce sujet l’étude de TANNERY P., Recherches sur l’histoire de l’astronomie ancienne, Hildesheim-New York, G. Olms, 19762 (Paris, 18931), p. 1-2. 231
232
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
IV. Justification des corrections apportées à l’édition de Sachau
1. < ( ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘTitre>, f. 141r) E. Sachau modifie ici la leçon du manuscrit ( )ܕܐܣܛܪܝܡܘen proposant d’écrire : ܕܐܣܛܪܢܡܘ. Or ni SOKOLOFF ni le Thes. Syr. n’offrent d’entrée pour ce mot orthographié de cette manière. Ces dictionnaires ܳ ܳ ܣܛܪ ܶ (forme attestée avec le sens d’ astronome chez Bar ܳ ܘܢ proposent ܘܡ ܳܝܐ ܐ Hebraeus ; dans le sens d’astrologue dans un autre texte de Bar Hebraeus). Attestations non recensées : Il existe cependant dans les textes d’autres formes orthographiques de ce mot pour désigner l’astronome. Chez Sévère Sebokht, Claude Ptolémée est qualifié d’ ( ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣSév. Seb., Traité sur les constellations V. 4 dans Paris BnF syr. 346, f. 90r) avec la variante orthographique de ܐܣܛܪܘܢܡܘܣ. Au pluriel, le terme apparaît sous la forme ( ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘSév. Seb., Traité sur les constellations III. 1 dans Paris BnF syr., f. 83v) ; chez Sergius de Reš‘ayna, on ne recense par ailleurs que des formes au pluriel : ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ, ( ܐܣܛ̈ܪܢܡܘSerg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1 dans BL Add. 14 658, f. 141r et 141v ) et ( ܐܣܛ̈ܪܘܢܘܡܘSerg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5 dans BL Add. 14 658, f. 142r) ; dans le Traité astronomique et météorologique du Ps. Denys, on trouve une forme plurielle encore différente :
236
; ܐܣܛܪܢܘܡܝܘ ܢchez Bar Hebraeus,
Candélabre des sanctuaires 237 , il est attesté au pluriel sous la forme ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ. Les auteurs syriaques anciens qui ont porté un intérêt particulier à l’astronomie semblent donc s’accorder sur l’orthographe de ce terme : on doit retenir qu’au singulier le nom « astronome » s’écrit ( ܐܣܛܪܘܢܡܘܣvar. )ܐܣܛܪܘܢܘܡܘܣtandis qu’au pluriel, perdant le semkat final, il se présente sous la forme : ( ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘvar. ܐܣܛ̈ܪܘܢܘܡܘet )ܐܣܛ̈ܪܢܡܘ.
236 237
Voir Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER] (d’après BL Add. 7 192), f. 62r. Dans PO 24, 3, p. 369 (voir 4e partie, 2e section). 233
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
2. < ( ܐܬܐܡ̈ܪܝ1.>, f. 141r) E. Sachau propose de corriger la leçon du manuscrit ( ) ܐܬܐܡܪpar un fém. plur. ܐܬܐܡܪܝ. Notre correction se borne donc juste ici à ajouter les seyomé, caractéristiques du féminin pluriel.
ܿ ܐܣܟܝ ̈ 3. ܡܝܗ (, f. 141v) Nous ajoutons les seyomé, qui n’apparaissent pas dans l’édition de Sachau.
4. , f. 141v) Erreur de frappe dans l’édition de Sachau qui proposait ܡܨܥܬܝܬ.
̈ (, f. 141v) 5. ܐܣܟܝܡܐ Nous préférons homogénéiser l’orthographe de ce terme qui est attesté ̈ avec un yud chez Sévère Sebokht. Chez Sergius, ܐܣܟܝܡܐ apparaît systématiquement orthographié avec un yud, excepté à deux endroits de la copie du Traité sur l’action de la lune (f. 141v et 144v).
6. ( ܡܘ̈ܪܘܣf. 141v) Par souci d’homogénéité, nous préférons ajouter ici les seyomés pour marquer le pluriel. L’orthographe de ce terme est relativement régulière dans l’ensemble du présent traité : quand il recourt à la translittération du mot
grec
pour
parler
des
degrés
du
cercle,
Sergius
marque
orthographiquement la différence entre le singulier et le pluriel. Au singulier, il emploie systématiquement la forme ( ܡܘܪܐcf. f. 142r, 145v, 146r et 148r), alors qu’au pluriel il utilise la forme ( ܡܘ̈ܪܘܣcf. f. 141v, 142r, 143r/v, 145r/v, 146r), avec la variante ( ܡܘ̈ܪܣf. 141v, 142r/v). Étant donné que les formes du singulier et du pluriel se trouvent bien distinctes, on peut comprendre qu’il soit parfois apparu superflu au copiste d’ajouter les 234
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
seyomés au pluriel, comme c’est le cas aux f. 141v, 145v et 146r de notre traité. Mais la forme la plus largement répandue au pluriel reste cependant celle qui présente les seyomés (il en va de même chez Sévère Sebokht).
7. , f. 142r) La leçon du manuscrit ()ܘܒܝܕ, reprise par Sachau, n’est pas satisfaisante. En l’état, le texte sous-entend que l’angle du sextile cumule l’écartement des deux signes, auquel il faut ajouter soixante degrés. Or c’est bien l’écartement angulaire des signes sur le zodiaque qui doit être équivalent à soixante degrés pour obtenir un aspect des astres en sextile. De plus, on notera que la même expression revient dans chaque notice de présentation des aspects, où il est toujours question d’une équivalence entre écartement de signes et nombre de degrés, marquée par la conjonction de coordination ()ܐܘ, c’est-à-dire « ou ». Il faut donc corriger.
8. , f. 142r) Nous proposons d’uniformiser l’orthographe de ce terme dans le présent traité et d’indiquer en notes les variantes orthographiques présentes dans le manuscrit. Nous adopterons comme forme de référence celle du Thes. syr., à savoir ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ. Cette correction éditoriale s’impose d’autant plus que l’orthographe proposée par la copie à cet endroit, à savoir ( ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐf. 142r), n’est attestée qu’une seule fois dans tout le traité (comparer avec ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐqui apparaît aux f. 143r , 143v, 145r et 146v).
ܿ 9. « ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ ܕܣܗܪܐ ܥܡ ܫܡܫܐ » ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ (, f.142r) ܿ Ms. : ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ ܣܗܪܐ ܥܡ ܕܫܡܫܐ ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ ܿ Éd. Sachau : ܐܝܬܝܗ ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐ ܣܗܪܐ ܕܥܡ ܫܡܫܐ ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܢ ܐܦ ܗܝ Il nous semble plus logique d’insérer le dolat avant ܣܗܪܐ, afin d’indiquer qu’elle est une expansion du nom ( ܡܫܬܘܪܝܢܝܬܐComplément du nom).
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
10. « ܥܡܗ ܡܐ ܕܡܬܬܙܝܥܐ ܠܗܝܢ ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ. ܕܡܫܬܘܪܝܐ , f. 142v) Ms./Sachau : ܥܡܗ ܕܡܫܬܘܪܝܐ ܠܗܝܢ ܠܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ. ܕܡܫܬܘܪܝܐ
ܡܘ̈ܪܣ. En traduisant l’édition de E. Sachau, on obtiendrait : « elle entre en conjonction avec l’étoile avec laquelle elle entre en conjonction sur douze degrés ». Or le raisonnement exposé par l’auteur dans ce passage est très clair : on définit l’intervalle de temps durant lequel il est possible de dire que la lune entre en conjonction avec un astre (qu’il s’agisse du soleil ou d’une des cinq planètes) : les conjonctions temporelles ܡܐ ܕ/ ܡܐ ܕܝܢ ܕ doivent offrir un balancement pour exprimer les deux temps de la conjonction (celle qui a lieu avant l’éclipse et celle qui a lieu après l’éclipse), soit tant que…. et jusqu’à ce que…. Dans les deux cas il s’agit de préciser combien de degrés la lune peut parcourir, en dehors du lieu exact de la conjonction astrale, pour qu’on puisse considérer qu’elle entre en conjonction avec ce même astre. Dans les deux membres de phrases il est précisé qu’elle peut parcourir douze degrés. Le parallélisme de construction nous force à croire que la forme verbale originellement utilisée ici était ( ܡܬܬܙܝܥܐse déplacer) et non ( ܡܫܬܘܪܝܐentrer en conjonction). Nous avons donc corrigé dans ce sens.
11. , f. 143r) L’édition de Sachau présente une erreur de frappe à cet endroit en écrivant : ܓܘܢܐܢܬ.
12. , f. 143r) Sachau avait proposé la solution suivante : ܠܡܫܕܝܘ. Dans tous les cas il s’agit de l’infinitif Etpeel de ܫܕܐ. Reste à savoir si, comme le pense Sachau, le dolat assimile le tau, ou si le copiste n’a pas ou tout simplement oublié le dolat ou procédé à une assimilation progressive du dolat par le tau ! Nous aurions tendance à vouloir suivre la leçon du manuscrit à ce niveau où le scribe devait somme toute retranscrire les sons de la langue 236
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
pratiqué à son époque (début XIVe s.). Mais étant donné que la prononciation de cet infinitif, doté de toutes ses consonnes, ne nous pose pas a fortiori de problèmes, nous conservons provisoirement la forme que l’on s’attendrait à trouver dans nos paradigmes (cf. COSTAZ L., Grammaire syriaque, Beyrouth, Dar el-Machreq SARL, 2003, 5e édition).
13. , f. 144r) Sachau a oublié d’ajouter la marque du pluriel (seyomé).
14. , f. 144r) Sachau avait suivi le manuscrit en faisant apparaître la forme abrégée du mot. Nous préférons fournir la forme, telle qu’elle apparaît dans les dictionnaires, quitte à redonner en note la leçon abrégée du manuscrit.
15. , f. 144r) Le nom de Vénus peut apparaître sous deux formes orthographiques :
( ܒܠܬܝattestée deux fois dans le traité mais aussi chez Sévère Sebokht) et ܒܝܠܬܝqui est de loin la forme la plus attestée dans le traité de Sergius. C’est l’orthographe que nous retiendrons. Notons que le ܒܠܬܝܢqu’on trouve au f. 144r doit résulter d’une erreur du copiste.
16. , f. 144v) Nous souhaitons homogénéiser l’orthographe de ce terme. Au singulier, la copie présente les variantes suivantes : ܛܪܝܓܘܢܘܢ, la plus courante (attestée une dizaine de fois ; ex. f. 144r, 145r, 147r), mais aussi ( ܛܪܝܓܘܢܢf. 144v, 145r/v) et ( ܛܪܝܓܢܘܢf. 141v et 142r) également attestée chez Sévère Sebokht. En somme, le copiste syriaque devait retranscrire de manière différente un mot qu’il entendait phonétiquement comme « trigunun ». Au pluriel, le terme prenait une tournure phonétique différente (« trigune »). En effet aussi bien chez Sévère Sebokht que chez Sergius de Reš‘ayna, le 237
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
pluriel du trigone se transcrit systématiquement de la manière suivante : ( ܛ̈ܪܝܓܘܢܐcf. 146v, 147v, 148r). Il convient ainsi de corriger au f. 145v ce que nous croyons être une erreur du copiste ( ) ܛܪܝܓܘܢܘ, reprise dans l’édition de Sachau.
17. , f. 145v) Par souci d’homogénéité, nous préférons ajouter ici les seyomé pour marquer le pluriel. Cf. Remarques CORR. 4.
18. , f. 145v) Dans ce passage, on explique sur quels degrés du cercle du zodiaque la lune doit se trouver pour pouvoir s’associer en trigone à la planète Saturne située dans le premier degré du Lion. Partant des Poissons, elle ne pouvait ensuite arriver que dans …le Bélier ! Et non dans le Lion comme le laissait apparaître la copie manuscrite et l’édition de Sachau.
19. , f. 146r) Le
signe
du
Cancer
est
bien
attesté
en
syriaque
sous
l’orthographe ܣܪܛܢܐ, sarṭono (liste zodiacale attribuée à l’école bardesanite dans le BL 14658 (f. 149v) ; Sévère Sebokht ; Ps.-Denys l’Aréopagite, etc…). Seul le feuillet 146r propose successivement ce même terme dans une orthographe différente : ܣܘܪܛܢܐ, surṭono. Dans un souci d’homogénéité, nous préférons adopter la même orthographe partout. Cela dit, cette erreur du copiste nous indique une vocalisation différente de celle qui a été proposée par le Thes. syr., trahissant peut-être une prononciation plus antique. Partout ailleurs, la copie propose ( ܣܪܛܢܐsarṭono).
ܿ 20. ܐܝܬܝܗ (, f. 146r) ܐܠܥܐ, qui désigne l’angle, est un nom féminin. Son genre est d’ailleurs marqué par l’accord de son adjectif épithète : ( ܬܪܝܨܬܐsituée en
238
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
face) lui aussi donc au féminin. Le ܐܝܬ, pour servir de verbe d’état, doit donc porter un affixe féminin se rapportant à ܐܠܥܐ, d’où notre correction.
21. , f. 146r) Si la traduction que nous proposons est correcte, le complément du nom ܐܠܥܐest masculin ( ) ܕܛܛܪܓܘܢܘܢ ܗܢܐet il faut dans ce cas supprimer le point au-dessus du heth.
22. , f. 146r) Comme pour le trigone, nous cherchons à homogénéiser l’orthographe du carré en syriaque. On trouve, au sein du traité, de nombreuses variantes orthographiques au singulier (ܛܛܪܓܢܘܢ, ܛܛܪܢܘܢ, ܛܛܪܓܘܢܐܘܢ, )ܛܛܪܢܘܢܘܢ mais la forme la plus attestée (au moins cinq occurrences) est ܛܛܪܓܘܢܘܢ. Au pluriel l’orthographe ne varie pas : ܛܛ̈ܪܓܘܢܐ.
23. , f. 146r) D’après le raisonnement qui précède dans le texte, la lune peut s’associer à une planète si elle est positionnée sur le même degré (à deux, trois, quatre ou six signes d’écart) ou si elle est positionnée sur un intervalle de 12 degrés situé avant le degré précis de l’association. Au paragraphe suivant, par exemple, Sergius explique que si Mars se trouve dans le premier degré du Scorpion : « ce sera entre le dix-neuvième degré du Bélier et le premier degré du Taureau qu’on pourra dire de la lune qu’elle s’associe à elle ». Il nous paraît donc nécessaire d’opérer une correction ici pour respecter la logique mise en place et de substituer le « 12e degré du Capricorne » par le 19e.
24. , f. 146v) Ce paragraphe explique de quelle manière on peut généraliser le cas précédent qui prenait en considération la lune et Vénus. Il faut à l’évidence
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Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
remplacer Jupiter (Bel), qui figure dans la copie manuscrite et qui a été repris par l’édition de Sachau, par Vénus (Bilti).
25. , f. 146v) La présence du waw semble superflue ici, étant donné que le ܕܝܢsuffit à marquer la coordination. Partout ailleurs, le traité utilise le ܕܝܢsans le waw pour le même type de construction.
26. , f. 146v) Coquille de l’édition de Sachau. La copie manuscrite présente bien l’orthographe attendue ܐܪܝܣet non ܐܪܝܘܣ.
̈ 27. ܐܣܟܝܡܐ (, f. 146v) La copie propose uniquement à cet endroit une orthographe étrange pour le pluriel de ܐܣܟܝܡܐ. Cette orthographe a été maintenue dans ̈ l’édition de Sachau. La forme pluriel ܐܣܟܝܡܐ apparaissant trois autres fois ̈ dans le traité (f. 144r/v et 145r) avec une variante en ܐܣܟܡܐ (f. 141v et 144v), nous pensons qu’il est préférable d’homogénéiser l’orthographe à cet endroit.
28. , f. 146v) Nous modifions l’édition de Sachau par souci d’homogénéité. La forme orthographique la plus courante pour désigner l’opposition en syriaque dans le Traité sur l’action de la lune est ܕܝܡܛܪܘܢ. Nous avons relevé deux autres variantes : en ܕܝܡܛܪܐ, diameṭro (deux occurrences) et ܕܡܛܪܘܢ, dmṭrun (une seule occurrence).
29. , f. 147r) Nous corrigeons une coquille apparue dans l’édition de Sachau : il s’agit bien évidemment ici du « douzième degré du bélier (beh b-emro)» et non pas du douzième degré du discours (beh b-mimro). 240
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
30. , f. 147r) La conjonction ܿܗܝ ܕproposée par l’édition Sachau ne permet pas d’obtenir une construction syntaxique satisfaisante : le verbe principal de la proposition ( )ܡܬܐܡܪܐappelle une complétive directe simple introduite par un dolat. Dans les autres exemples, les passages correspondants sont introduits soit par ܗܝܕܝܢsoit par ܗܟܝܠ. Nous avons opté pour la solution graphique la plus proche de ce que nous pensons être une erreur de copie.
31. , f. 147v) Le waw laissé par l’édition de Sachau n’a pas lieu d’être puisque nous avons affaire ici à une seule et même proposition qui ne réclame pas l’usage d’une coordination. Nous conservons donc la leçon manuscrite.
32. , f. 147v) Il manque une conjonction de coordination ou une particule pour indiquer une nouvelle phrase. Cela suggère que la copie a été réalisée rapidement, avec peu de soin (prises de notes ?), et qu’elle n’était vraisemblablement pas destinée à être lue autrement que par son auteur. La copie comporte, à d’autres endroits, des traces d’abréviations ou d’abrègement du texte qui font penser que cette production n’était peut-être pas originellement adressé à Théodore.
31. , f. 147v) Nous avons tenu à homogénéiser l’orthographe du nom de cette planète, mais ce choix reste discutable étant donné que la variante orthographique en ܟܘܢest quasiment aussi bien attestée que celle retenue dans le présent traité.
241
Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune
34. , f. 147v) Cet adjectif doit se rapporter aux quatre exemples de trigones qui achèvent effectivement la présentation : il doit s’agir des « quatre derniers trigones » et non du « dernier trigone qui est quatre », raison pour laquelle nous décidons de corriger en ajoutant la marque du pluriel à cet adjectif.
31. , f. 147v) Même remarque qu’en CORR. 28 : il manque une conjonction de coordination pour marquer l’enchaînement des phrases.
31. ( ܛܛ̈ܪܓܘܢܐf. 148r) ܛܛܪܓܘܢܐܘܢest une forme erronée de la copie (reprise telle quelle dans l’édition Sachau) : sorte de mixte entre la forme au singulier ( ܛܛܪܓܘܢܘܢattestée une dizaine de fois dans la copie avec des variantes en )ܛܛܪܓܢܘܢet celle du pluriel ( ܛܛ̈ܪܓܘܢܐattestée au f. 146v et 148v). Nous optons pour une forme au pluriel.
31. , f. 149r) Nous avons peut-être affaire ici à une erreur du copiste, répétant la qualité « funeste du jour ». L’édition de Sachau conserve la leçon suivante du manuscrit : ܿ ܐܝܬܝܗ ܒܝܫܬܗ ܘܡܢ ܨ̈ܒܘܬܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ Qu’on devrait littéralement rendre par « et loin des affaires de ce genre elle est funeste ». On voit que le dernier morceau de phrase pose un problème évident de clarté… Nous proposons de le supprimer et de le remplacer par ܙܕܩ ܕܢܗܘܐ ܐܢܫsoit « il convient d’être ».
242
Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil
TEXTE 3 Exemple au sujet du mouvement du soleil (traduction anonyme)
Le court Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil est lisible dans le même manuscrit que celui dont est extrait le traité de Sergius [BL Add. 14 658 du
e
VII
siècle]. Nous reprenons ici l’édition réalisée en
1870 par E. Sachau1. Notre traduction, en français, se fonde sur cette édition, que nous avons amendée de façon très ponctuelle. On trouvera également une traduction anglaise de ce texte dans un article de G. Saliba paru en 19952. C’est G. Saliba qui s’est aperçu le premier que ce texte était une traduction d’un extrait du chapitre 28 des Elementa apotelesmatica (Eisagogika) de Paul d’Alexandrie. Nous indiquons le grec de Paul d’Alexandrie dans l’apparat critique en suivant l’édition de A. Boer3. Cette traduction, qui fait suite au Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna dans le BL Add. 14 658 au f. 149v, ne bénéficie d’aucune attribution dans le manuscrit. L’étude à laquelle on pourra se reporter dans la troisième partie de cette thèse révèle que le langage astronomique de ce texte est caractéristique des
productions
anciennes.
Cette
traduction
serait
donc
plus
vraisemblablement due à un contemporain de Sergius de Reš‘ayna qu’à un contemporain de Sévère Sebokht.
1
SACHAU E. (éd.), Inedita Syriaca. Eine Sammlung syrischer übersetzungen von Schriften griechischer Profanliteratur. Mit einem Anhang. Aus den Handschriften des brittischen Museum, Wien, Halle, 1870, p. 125-126 à partir du seul manuscrit BL Add. 14 658) [f. 149v] du VIIe siècle. 2 Voir SALIBA G., “ Paulus Alexandrinus in Syriac and Arabic”, Byzantion 65 (1995), p. 440-54 et repris dans id., Islamic Science and the Making of the European Renaissance, Cambridge, MA, 2007, p. 8. 3 Pauli Alexandrini elementa apotelesmatica, ed. A. Boer, Lipsiae, Teubner, 1962. Le chapitre 28 se trouve aux pages 79 et 80 de cette édition. 243
Exemple au sujet du mouvement en longitude du soleil
ܬܚܘܝܬܐ ܡܛܠ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܗ ܕܫܡܫܐ ܘܕܐܝܟܢܐ ܡܫܟܚ ܐܢܫ ܠܡܕܥ ܟܠ .ܐܡܬܝ ܕܡܬܒܥܐ ܕܒܐܝܢܐ ܒܝܬܐ ܘܒܐܝܕܐ ܡܢ ܡܢܘܬܗ ܪܕܐ ܝܬܝܪ ܚܣܝܪ ܗܠܝܢ ܕܡܘ̈ܪܘܣ. ܙܕܩ ܗܟܝܠ ܠܡܕܥ ܕܟܘܠ ܒܝܬܐ ܬܠܬܝܢ ܡܢܘܢ ܡܬܦܠܓ.1 ܘܟܠ ܚܕܐ ܡܢܗܝܢ ܕܗܠܝܢ ܡܘ̈ܪܘܣ ܡܬܦܠܓܐ ܠ̈ܪܦܦܐ ܩܕܡܝܐ. ܡܫܡܗܝܢ ܠܗܝܢ 5 . ܡܬܦܠܓ ܬܘܒ ܠܫܬܝܢ ̈ܪܦܦܐ ܐܚ̈ܪܢܐ. ܘܟܠ ܚܕ ܚܕ ܡܢ ܗܠܝܢ ̈ܪܦܦܐ. ܫܬܝܢ
4
< Titre > Exemple au sujet du mouvement du soleil : comment peut-on savoir, à chaque fois qu’on le souhaite, dans quelle Maison6 et par laquelle de ses parties il passe plus ou moins7 ? < 1. Définitions préalables > Il faut savoir que chaque Maison se subdivise en trente parties qu’on appelle 8 degrés (μοῖρας); chacun de ces degrés se subdivise en soixante minutes et chacune de ces minutes se subdivise de nouveau en soixante secondes.
|| ܩܕܡܝܐcorrexi : ܩܕܡܝܐL Sachau || -------------------------------------------5 Texte grec : (Titre) «
< II. 4. Application à l’année des Grecs 985/6 >
250
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
III. Édition et traduction de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht3
ܿ ܿ ܿ ܐܒܝܒܙܘܢ ܼ ܩܦܐܠܘܢ ܕܥܣ̈ܪܝܢ ܆ ܡܛܠ ܗܝ ܕܐܝܟܢܐ ܿܚܫܒ ܐܢܫ ܡܛܠ ܼܐ ܼܢ.>I< 5 ܿ ܿ ܼܿ ܘ ܣܛܪ ܡܢ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܘܕܐܝܟܢܐ ܬܘܒ4 ܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ. ܐܒܝܒܙܘܢ ܢܩܕܡ ܼ ܛ ܼ ܼ ܘܩ ܿ ܿ ܿ 6 ܐܢܫ ܼܢܕܥ ܕܐܢ ܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܫܡܫܐ ܘܕܣܗܪܐ ܐܘ ܐܠ ܗܘܝܐ ܡܛܠ ܕܝܢ ܿ ܕܟܬܒ ܐܘܟܝܬ ܼܥܗܕ ܪܚܡ ܠܡܫܝܚܐ ܡܪܝ ܣܛܦܢܘܣ ܐܝܠܘܣܛܪܝܘܣ ܗܠܝܢ ܼ 7 ܿ . ܘܟܪܛܘܠܪܐ ܕܟܠܗ ܓܙܝܪܬܐ ܇ ܕܢܬܝܕܥܢ ܠܗ ܡܢ ܒܨܝܪܘܬܢ ܒܐܝܕܝ ܐܚܘܬܟ
Chapitre 20 : comment calculer les nœuds ascendant et descendant d’après les Tables faciles8 ou sans les Tables faciles9 ? Comment prévoir s’il y aura une éclipse de soleil ou de lune ? Puis de ce qu’a écrit, ou plutôt rappelé, l’ami du Christ Stéphane l’Illustre (illusṭrius 10 ), Chartulaire de toute la Djazira11, à qui seront humblement présentés de ma part, ô mon frère, les sujets :
3
L’édition et la traduction proposées se fondent exclusivement sur la copie du ms. Paris BnF syr. 346 (f. 124v-127v) du XIVe s. Ce manuscrit a été décrit dans NAU F., « La cosmographie du VIIe s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 225-254. Les nœuds ascendant et descendant ont été définis par Théon, dans son Petit Comm., comme « les points d’intersection de l’écliptique » avec le parcours d’un objet céleste, en l’occurrence ici de la lune. ------------------------------------------4 || ante titulum add. ̄ܗ ܡܛܝܒܐ. ̄ܗ ܕܩܠܝܐܠ ܦܫܝܩܐ. ̄ܗ ܕܩܕܡ ܐܝܕܐP1 in marg. || 5 || ܘܕܐܝܟܢܐcorrexi : ܘܐܕܝܟܢܐP || 6 ܼܿ > gr. προγιγνώσκω ? ܢܩܕܡ ܐܢܫ ܼܢܕܥ 7 || ܘܟܪܛܘܠܪܐcorrexit P1 in marg. : ܟܠܛܘܪܐP || ------------------------------------------8 Le terme désignant les Tables faciles est systématiquement surmonté, dans le titre, d’une note ( = ܗ5) renvoyant à des inscriptions marginales (cf. note suivante). 9 On lit en marge : « grâce auxquelles est rapide, facile et bien fait ». On trouvera une édition et un commentaire de ces tables dans A. TIHON (éd.), Ptolemaiou Procheiroi Kanones. Les « Tables Faciles » de Ptolémée, vol. 1a : Tables A1-A2, Publications de l’Institut Orientaliste de Louvain 59B, Louvain, 2011 et R. MERCIER, Ptolemaiou Procheiroi Kanones. Ptolemy’s Handy Tables, vol. 1b : Tables A1-A2. Transcription and Commentary, Publications de l’Institut Orientaliste de Louvain 59B, Louvain, 2011. 10 ܐܝܠܘܣܛܪܝܘܣ, illusṭrius renvoie au titre honorifique latin illustris (> gr. ἰλλούστριος). 11 Chartulaire de toute la Djazira : Karṭularo d-kulloh gezirta. La Djazira désigne une région de la Haute Mésopotamie (région de Tur Abdin et encore plus à l’est). 251
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܿ ܕܗܘܝܐ ܿ ̄ܝ ̄ܕ ܕܣܗܪܐ ܕܢܝܣܢ ܿܗܝ12ܡܛܠ ܿܡܢ ̄ ܒܫܢܬܐ ܕܝ ̄ܛ ܕܚܘܕܪܐ ܕܠܗ ܕܣܗܪܐ ̄ ܒܐܦܝܢܡܝܣܝܣ ܕܚ ܗܕܐ ܕܥܬܝܕܐ ܐܘܟܝܬ ܕܝܬܝܪ ܩܪܝܒܐ ܇ ܕܐܢ ܒܚܡܫܐ ܠܡ ܿ ܠܡܚܫܒܗ ܿ ] ܬܘܒ ܕܝܢ ܘܡܛܠ ܿܗܝ ܕܐܢ ܿܥܒܕܝܢ521 r[ ܐܘ ܒܫܬܐ ܇ ܒܢܝܣܢ ܿܙܕܩ ܠܢ ܿ ܠܘܬ ܚܕܕܐ13ܠܡ ܐܟܚܕܐ ܗܠܝܢ ܫܒܥܐ ܛܥܝܐ ܣܘܢܕܘܣ ܘܕܠܟܡܐ ܫܢܝܐ. ܐܘ ܐܠ . ܗܐ ܡܢ ܟܕܘ ܆ ܒܗܠܝܢ ܕܡܢ ܠܥܠ ܩܕܝܡܐ ܐܡܝܪܐ. ܿܥܒܕܝܢ ܡܛܠ ܕܝܢ ܚܘܫܒܢܐ ܕܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܗܫܐ ܐܝܟ ܕܡܨܝܐ ܐܡܪܝܢܢ ܀
le XIV lunaire de Nisan qui aura lieu la 19e année du cycle lunaire dans la 8e à venir de l’indiction14, c’est-à-dire l’an prochain, faut-il le placer le 5 ou le 6 de Nisan ?15 [fol. 125r] On veillera aussi à savoir si les sept planètes peuvent ensemble former ou non une conjonction en s’associant les unes aux autres, et à quelle fréquence elles le font. J’ai déjà parlé de ce qui se rapporte à ce sujet précédemment16. Nous parlerons donc autant que possible du calcul des nœuds ascendant et descendant.
|| ܡܛܠ ܿܡܢcorrexi : ܡܛܠ ܿܡܢ ܡܛܠ ܿܡܢP || || ܣܘܢܕܘܣ: ܣܘܢܘܕܘܣP || -----------------------------------------14 Translittération du grec ἐπινέμεσις. 15 La date de Pâques est tombé un 6 de nisan en l’an 665, ce qui correspond non pas à la 8e indiction 8 (période de 15 ans). Mais d’après V. Grumel (cf. « Tableau des cycles pascal, solaire et lunaire dans les ères chrétiennes-dionysienne byzantine et alexandrine » dans La Chronologie, p. 272), l’année 665 correspond non pas à la 19e année du cycle lunaire (qui tombe en 663), mais à l’année 1 du cycle lunaire qui, selon le cycle lunaire alexandrin, recommence en 665. 16 En effet le chapitre précédent (n° 19 dans le manuscrit Paris BnF syr. 346) portait sur la conjonction des sept planètes. La première partie de ce chapitre 19 a été traduite et publiée dans NAU F., « Notes d’astronomie syrienne », JA 16, 1910, p. 210-213 (texte) et p. 213214 (trad.). 12 13
252
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܿ ܕܨܒܐ ܕܩܠܝܐܠܝܬ ܘܕܐܠ ܥܡܐܠ ܼܢܫܟܚ ܿ ܘܡܛܠ ܿܡܢ ܿܗܝ ܕܢܚܫܒ ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܟܝܬ ܿ ܿ ܿ ܣܒܪܐ ܼܢܐ ܕܝܢ ܕܐܦܐܠ ܐܢܫ. ܘܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܆ ܐܢܐ ܿܡܢ ܐܠ ܒܕܘܟ ܐܫܟܚܬ ܐܚܪܝܢ ܇ ܚܘܫܒܢܐ ܕܐ ܼܿܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܕܩ ܿܛܼܐܒܝܒܙܘܢ ܇ ܕܩܠܝܠ ܘܦܫܝܩ ܘܕܣܟ ܠܝܬ ܿ ܒܗ ܥܡܐܠ ܆ ܛܒ ܡܢ ܚܘܫܒܢܐ ܿܗܘ ܕܐܝܟ ܩܢܘܢܐ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ ܆ ܐܝܟܢܐ ܕܡܠܦ ܬܐܘܢ ܿܗܘ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܒܣܟܠܝܘܢ ܕܠܗ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ܀ ܿ . ܐܡܪ ܓܝܪ ܆ ܕܟܕ ܿܢܣܒܝܢܢ ܿܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ ܠܦܘܬ ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܡܢܘܬܐ 17 ܿ ܡܢܝܢܐ ܿܗܘ ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ ܆ ܘܠܗܢܐ ܿܢܦܩܝܢܢ ܠܗ ܡܢ ܪܫ ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܕܢܩܦܝܢ ܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ ܙܘܕܝܐ ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ܬܠܬܝܢ ܆ ܐܝܟܐ ܿ . ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܿ ܬܡܢ. ܕܢܫܠܡ ܿܗܘ ܡܢܝܢܐ ̄ ̄ ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ܒܗܘ ܕܝܢ ܐܡܪܝܢܢ ܿܗܝܕܝܢ . ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ. ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ < II. Calcul des nœuds>
Quant au fait de pouvoir calculer rapidement et sans effort les nœuds ascendant et descendant, je ne l’ai trouvé nulle part et je pense que personne d’autre à faire en sorte que le calcul des nœuds ascendant et descendant soit plus rapide, plus facile et nécessitant moins de travail que le calcul d’après les Tables faciles, comme l’a enseigné Théon d’Alexandrie dans son Commentaire aux Tables faciles18 ܀ Il dit en effet que lorsque nous prenons ce qui manque pour 360 degrés (μοῖρα), c’est-à-dire parties, chiffre de la limite boréale obtenu des 5 sections19, et que nous avançons celui-ci en partant du commencement du capricorne, en sens direct, et en donnant 30 degrés à chaque signe, là où tombera ce chiffre, nous dirons que se trouve alors le nœud ascendant et, au point diamétralement opposé, le nœud descendant20.
17
|| ܪܫ: ܪܝܫP || -----------------------------------------18 Sévère fait ici référence au Petit commentaire de Théon. Pour le texte grec et sa traduction en français voir TIHON A. (éd.), Le « Petit Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée (Histoire du texte, édition critique, traduction), Città del Vaticano, BAV, 1978 [Studi e testi 282] ; on pourra également comparer avec le Grand commentaire de Théon lisible dans les éditions suivantes : MOGENET J. (†)/ TIHON A., Le « Grand commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée Livre 1 […], 1985 ; TIHON A., Le « Grand Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée Livres 1 et 2 […], 1991 et TIHON A., Le « Grand Commentaire » de Théon d’Alexandrie aux Tables faciles de Ptolémée Livre 4 […], 1999. 19 Théon Al., Petit Comm. [trad. TIHON], chap. 1, p. 302 : « Il s’agit des périodes de 25 ans, des années simples, du mois égyptien, du jour égyptien, de l’heure à partir de midi ». 20 Trad. littérale d’un extrait de Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 15, p. 239 (texte)/ p. 320 (trad) justement consacré aux nœuds ascendant et descendant : « Τοῦ γὰρ καταχθέντος τοῦ βορείου πέρατος ἀριθμοῦ ἐκ τῶν πέντε κεφαλαίων τὸν λείποντα εἰς τὰς τξ μοίρας λαμβάνοντες καὶ τοῦτον ἐκβάλλοντες ἀπὸ τῆς τοῦ Αἰγόκερω ἀρχῆς εἰς τὰ ἑπόμενα ἑκάστῳ ζῳδίῳ διδόντες μοίρας λ, ὃπου δ’ἂν καταλήξῃ ὁ ἀριθμός, ἐκεῖ τότε φήσομεν τυγχάνειν τὸν ἀναβιβάζοντα, εἰς δὲ τὸ τούτου κατὰ διάμετρον, τὸν καταβιβάζοντα. ». Voir aussi Théon, Grand Comm., I, 21, p. 157 (éd. Mogenet †/A. Tihon) où se trouve le même passage. 253
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܿ ܘܐܝܟܢܐ ܕܐܝܟ ܕܒܬܚܘܝܬܐ ܢ ܿܢ ܿܗܪ ܢܬܬܣܝܡ ܙܒܢܐ ܆ ܕܫܢܬܐ ܕܐܬܐܡܪܬ ܆ ܠܗܝ ܼ ܼ ܼ ܼ ܿ ̄ ܡܢ ܿܗܝ ܝܘܡܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܫܒܥܐ. ܝܪܚܐ ܕܝܢ ܬܘܬ. ܕܫ ̄ܥ ̄ܛ ܕܡܠܟܐ ܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ ̄ ̄ ܫܥܬܐ ܕܝܢ ܿܗܝ. ܕܠܗ ܕܝܪܚܐ . ܕܐܝܬ ̄ܘ ܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܿܗܘ. ܕܝ ̄ܒ ܕܐܝܡܡܐ ̄ ܕܨ ̄ ܿܗܝ21ܿܫܢܬܐ ܿܡܢ ܕܐܝܩܘܣܝ ܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣ ܝܪܚܐ. ̄ܥ ̄ܘ ܕܦܫܝܛܬܐ ܕܝܢ ܗܝ ܕܝ ̄ ܫܥܬܐ ܕܝܢ ܿܗܝ. ܝܘܡܐ ܕܝܢ ܿܗܘ ܕܟ̄ ̄ܗ. ܕܝܢ ܡܝܟܝܪ ܟܕ. 22ܕܘ ܕܒܬܪ ܡܣܡܒܪܝܐ ܿ ܿܢܣܒܝܢܢ ܓܝܪ ̄ ܠܗܢܝܢ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪܣ ܕܣܝܡܢ ܠܘܩܒܠ ̄ܨ ܥ ̄ܘ ܫܢܝܢ
En suivant les paradigmes23 on expliquera ce qui, dit-on, se produira la 379e année de Dioclétien24, au mois de thoth, le 7e jour de ce mois, à la 12e heure du jour, ce qui correspond, selon les Tables faciles, à une 976e année et, selon les périodes de 25 ans25, à une 10e année26, au mois de mechir, le 25e jour, à la 6e heure après midi27. Car en prenant les de la limite boréale qui sont placés en face des 976 ans , on obtient :
21
|| ܕܐܝܩܘܣܝ ܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣP : add. ( ܡܬܝܢsic) P1 in marg. || ̄ ܫܥܬܐ ܕܝܢ ܗܝP : add. ܚܡܫP1 in marg. || post ܡܣܡܒܪܝܐadd. ܛܗܪܝܬܐP1 || ܕܘ ܕܒܬܪ ܡܣܡܒܪܝܐ in marg.|| -------------------------------------------23 Taḥwito. Un peu plus loin (f. 125v), ce terme ( )ܬܚܘܝܬܐest donné clairement comme un équivalent culturel du παράδειγμα grec. 24 Le calcul proposé pour l’an 378 de Dioclétien, correspond donc à l’année 662 de notre ère, soit à l’année 378 + 284 + 324 = 986 de l’ère de Philippe Arrhidée. Nous pouvons déduire de cet exemple que la présente lettre fut écrite par Sévère Sebokht avant le 4 septembre 662 apr. J.-C (= 986 de Philippe le 25 de mechir). L’erreur de F. Nau (qui avait lu 359 au lieu de 379) est due ici à l’écriture ambigüe du copiste. R. Mercier et A. Tihon nous ont permis d’obtenir quelques garanties sur le déchiffrage de cette date en syriaque, en vérifiant, à partir de leur travail d’édition des Tables faciles de Ptolémée, la concordance exacte entre la date donnée en années de Dioclétien (le 4 thoth 379) et celle donnée en années de Philippe (le 25 mechir 986). Nous devons à Denis Savoie la conversion en ère chrétienne proposée. 25 Le copiste ne comprend manifestement pas la translittération du grec εἰκοσαπενταερίδες (période de 25 ans). Il en fait trois mots εἰκοσα-πεντ-(t)αερίδες et se trompe en notant après la transcription du premier : « » ܡܐܬܝܢc’est-à-dire « deux cents ». Il faut admettre, à sa décharge, que la translittération n’est pas des plus heureuses : il y a un « ṭ » de trop en syriaque. 26 Littéralement : « une 976e année et, selon les périodes de 25 ans, à une 10e année ». En réalité le texte se trompe quand il formule ces chiffres (976 et 10) sous forme ordinale. Comme cela est expliqué à la phrase suivante il s’agit bien de l’année 976 et non de la 976 e année (ce qui équivaudrait à l’an 975) et pour obtenir l’an 986 nous ne devons pas recourir à la dixième année (ce qui signifierait que seules 9 années seraient révolues) mais à l’an 10 après 976. 27 Le scribe a noté « cinq » dans la marge et propose un équivalent culturel sémite pour rendre le terme «midi », mesembria translittéré du grec μεσημβρία. 22
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Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܕܐܝܩܘܣܝܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣ ܆ ܕܐܝܬܝܗܝܢ ܘܐܠ ܡܕܡ ̄ܠ ̄ܗ ܠܦܛܐ ܇ ܿ ܠܗܢܝܢ ܕܝܢ ܓ ܠܦܛܐ ܟ ܇ ܿ ܕܠܘܩܒܠ ܫܢܝܐ ܝ̄ ܦܫܝܛܬܐ ܆ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܩ ̄ܨ ̄ ܠܗܢܝܢ ܕܝܢ ܕܠܘܩܒܠ ܝܪܚܐ ܿ ܡܝܟܝܪ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܕ ܠܦܛܐ ܢ̄ܙ̄ ܇ ܿ ̄ ̄ ܠܗܢܝܢ ܕܝܢ ܕܠܘܩܒܠ ܝܘܡܐ ܗܘ ܕܟܗ ܆ ܡܘܪܐ ܚܕܐ . ܠܗܢܝܢ ܕܝܢ ܠܘܩܒܠ [ ]521 vܫܥܬܐ ܿܗܝ ̄ ܠܦܛܐ ̄ܝ ̄ܘ ܿ . ܕܘ ܘܐܠ ܡܕܡ ܆ ’Pour les périodes de 25 ans : 0°35 ’Pour les 10 années simples : 193°20 ’Pour le mois de Mechir : 7°57 ]Pour le 25e jour : 1°16’ [fol. 125v Pour la 6e heure : rien
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-
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܿ ܐܬܟܢܫ ܿܗܘ ܿ ܕܗܘܐ ܡܘ̈ܪܣ ܘܠܡܢܝܢܐ ܟܠܗ ܿܗܘ ܕܡܢ ܗܠܝܢ ̄ܗ ܩܦܐܠܐ ܕܐܡܝܪܝܢ ܼ ̄ ܿ ܠܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ ܗܢܐ ܠܡܘܠܝ ̄ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ܇ ܿܗܘ ܿ . ܓ܆ ܠܦܛܐ ̄ܚ ܠܒܟܝܢܢ ̄ ̄ܪ ܕܗܘܐ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܩܢ̄ ̄ܘ ܠܦܛܐ ܢ̄ ̄ܒ܆ ܟܕ ܢܦܩܝܢܢ ܡܢ ܓܕܝܐ ܐܠܦܝ ܕܘܐܠ ܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ ܙܘܕܝܐ ̄ . ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ܠ ܡܫܟܚܝܢܢ ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܿܡܢ ܒܬܐܡܐ ܆ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܘ ܠܦܛܐ ̄ܝ ̄ܒ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܒܟܫܛܐ ܆ ܒܗܝܢ ܟܕ ܒܗܝܢ ܀. ܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܕܝܢ ܒܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ ̄ ܘܡܬܘ ̄ܕܘܣ ܿܡܢ ܦܫܝܩܬܐ ܘܕܐܠ ܥܡܐܠ ܕܡܛܠ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܿܗܝ ܐܘܟܝܬ ܬܚܘܝܬܐ ܆28ܕܬܐܘܢ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܕܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ܆ ܥܡ ܦܪܕܝܓܡܐ ܿ ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܘܫܦܝܪ ܐܝܬ ܠܗ܀
Le chiffre total retenu, lorsqu’on additionne les 5 sections mentionnées, est de 203°8’. Il manque 156°52’ pour arriver à 360°. En avançant du Capricorne vers le Verseau et en attribuant 30° à chacun des signes, nous trouvons le nœud ascendant dans le Gémeau à 6°12’ et le nœud descendant, diamétralement opposé, c’est-à-dire dans le Sagittaire au même degré ܀ Méthode facile et nécessitant peu d’effort au sujet des nœuds ascendant et descendant de Théon d’Alexandrie, d’après les Tables faciles, avec paradigme29 c’est-à-dire exemple. Comment bien s’en servir ܀
28
|| ܦܪܕܝܓܡܐ: ܦܪܐܕܝܓܡܐP || -----------------------------------------29 Le syriaque donne ici la translittération du grec παράδειγμα. 256
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܐܢܕܝܢ ܠܘ ܗܕܐ ܿܫܦܪܐ ܠܒܪ ܚܐ̈ܪܐ ܕܐܡܝܪ ܇ ܐܐܠ ܕܚܢܢ ܥܒܕ ܠܗ ܡܬܘܕܘܣ ܡܕܡ ܐܚܪܬܐ ܇ ܐܝܟܢܐ ܕܡܢ ܗܕܐ ܐܦ ܟܕ ܐܠ ܩܪܝܒ ܠܗ ܩܢܘܢܐ ܿܗܘ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ ܇ ܿ ܢܗܘܐ ܡܚܫܒ ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܆ ܘܐܦܐܠ ܠܘܬ ܗܕܐ ܡܐܡܢܝܢܢ ܿ ܡܛܠ ܚܘܒܐ ܕܐܚܘܬܟ ܇ ܘܒܐܝܕܝܗ ܐܦ ܕܠܗ ܕܓܒܪܐ ܡ ܿܚܫܒ ܗܘܐ ܐܢܗܘ ܕܗܕܐ ܗܟܢܐ ܿܫܦܪܐ ܠܗ ܆ ܒܗܢܐ ܙܢܐ ܀ . ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܘܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܼ ܿ ܡܢ ܫܢܝܐ ܡ ܼܿܫܠܡܢܝܬܐ ܗܠܝܢ ܕܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ ܟܡܐ ܕܗܘܝܢ ܒܙܒܢܐ ܿܗܘ ܕܒܥܐ ܟܕ ܿ ܡܒܨܪ ܐܡܝܢܐܝܬ ̄ܫܙ̄ ܫܢܝܐ ܆ ܘܠܗܠܝܢ ܿ ܕܫ̈ܪܟܢ ܠܗ ܠܒܟ ܆ ܬܘܒ ܕܝܢ ܘܠܝ̈ܪܚܐ ܿ ܕܫܢܬܐ ܿܗܝ ܕ ܒܗ ܿܩܐܡ ܇ ܿܗܢܘܢ ܕܡܫ̈ܪܝܢ ܡܢ ܿܬܘܬ ܐܝܟ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܇ ܘܠܝܘܡܬܐ ܬܘܒ ܟܡܐ ܕܗܘܝܢ ܕܠܗ ܕܝܪܚܐ ܇ ܘܠܟܠ ̄ܕ ܫܢܝܢ ܡܢ ܗܠܝܢ ܕܫ̈ܪܟܢ ܠܗ ܇ ܡܘܣܦ ܚܕ ܝܘܡܐ ܥܠ ܝܘܡܬܐ ܿܗܢܘܢ ܕܐܚܝܕ ܆
Bien que cela ne soit pas satisfaisant, nous pouvons, à l’attention du noble 30 mentionné, utiliser une autre méthode, à partir de laquelle on pourra aussi, sans recourir aux Tables faciles, procéder au calcul des nœuds ascendant et descendant. Mais n’étant pas habile en ces choses, c’est en comptant sur ton amour, frère, et en l’occurrence à l’aide du auteur (Théon ?), qu’on a pu procéder au calcul des nœuds ascendant et descendant de la manière suivante, si tant est que cela puisse être satisfaisant à ses yeux : En soustrayant toujours 307 ans31 aux années achevées de Dioclétien, on obtiendra un chiffre. On saisira ce résultat, puis les mois de dans laquelle on se trouve en partant de Thoth, d’après le alexandrin, puis le nombre des jours écoulés dans le mois et tous les quatre ans on ajoutera au résultat un jour aux jours retenus.
30
Stéphane chartulaire de Haute Mésopotamie. Ce chiffre correspond aux années qui séparent la 5e année d’Auguste (l’an 23 av. J.-C. correspond en effet à un retour de concordance entre les calendriers solaires égyptien et alexandrin) de la première année de Dioclétien (284 apr. J.-C.), soit 23+284 = 307 ans. Le calcul proposé ici est étrange : il ne faut pas soustraire 307 mais les ajouter aux années de Dioclétien pour pouvoir estimer le nombre de jours tétraétérides. On devrait donc lire : « en ajoutant toujours les 307 ans ajoutés aux années achevées de Dioclétien ». Ensuite, comme l’indique le texte, il faut diviser par quatre la somme obtenue, ce qui permet de connaître le nombre des jours tétraétérides, dont on doit tenir compte en passant du calendrier alexandrin au calendrier égyptien des Tables faciles, et qui se calculent effectivement depuis la dernière concordance des deux calendriers, c’est-à-dire la 5e année du règne d’Auguste (23 av. J.-C.). La méthode est déjà expliquée au premier chapitre du Petit commentaire aux Tables faciles de Ptolémée de Théon d’Alexandrie. Dans la scholie du ms. par. gr. 2394 au chapitre 20 du Petit comm. de Théon, il est question non pas de 307 ans, mais de 308 ans après Dioclétien qu’on utiliserait pour le calcul des jours tétraétérides - voir apparat critique p. 257 de l’édition d’A. Tihon ). 31
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Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
̄ ܒܝ ̄ܛ ܡܘ̈ܪܣ ̄ ܒܬܪܟܢ ܕܝܢ ܠܫܢܝܐ ܿܡܢ ܟܡܐ ܕܗܘܝܐ ܡܥܦܦ ܠܗܝܢ ܠܦܛܐ ܇32ܟ ̄ 33ܠܝ̈ܪܚܐ ܕܝܢ ܒܚܕܐ ܡܘܪܐ ܠܗ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܠܝܘܡܬܐ ܕܝܢ܇. ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ34܇ܟ ܿ ܕܡܬܟܢܫ ܇ ܕܡܘ̈ܪܣ ܘܡܢ ܡܢܝܢܐ ܟܠܗ ܿܗܘ. ̄ܒ ̄ܓ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܝ̄ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܿ ]521r[ ܐܡܪܢܐ ܘܕܠܦܛܐ ܇ ܿ ̄ ܡܒܨܪ ܐܡܝܢܐܝܬ ܛ ܡܘ̈ܪܣ . ܢ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܿ ܫܕܝܐ ܕܚܘܕܪܐ ܿ ܕܫܪܟ ܡܢ ܒܬܪ ܿ ܘܠܗܘ ܡܐ ܿ ܐܘ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܢ ܬܓܕܫ ܇ ܡܒܨܪ ܡܢ ܿ ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܇ ܓܕܝܐ ܐܠܦܝ35ܘܠܗܘ ܡܐ ܕ ܿܦܐܫ ܡܢ ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܿܢܦܩ ܐܢܬ ܡܢ ܪܫ ܿ ̄ ܿ ܘܒܙܘܕܝܘܢ ܐܝܢܐ ܕܡܫܟܚ. ܕܘܐܠ ܕܐܝܬ ̄ܘ ܕܫܠܡ ܒܗ ܡܢܝܢܐ ܆ ܬܡܢ ܢܐܡܪ ܼ ܿ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܇ ܘܒܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܒܗ ܒܕܡܘܬܐ ܀
Ensuite on multipliera le nombre des années par 19°20’, celui des mois par 1°35’20’’ et celui des jours par 0°3’10’’36. Au chiffre total obtenu, dis-je, en degrés et en minutes, [fol.126r] on soustraira systématiquement 9°50’. À ce qui reste, du fait de la soustraction d’un ou plusieurs cercles s’il y a lieu37, on soustraira 360 degrés, et, ce qui dépasse des 360 degrés, tu le reporteras en partant du commencement du Capricorne en direction du Verseau. Le signe dans lequel on trouve que le chiffre tombe, c’est là, dirons-nous, qu’a lieu le nœud ascendant et, dans la constellation diamétralement opposée à celui-ci, le nœud descendant. ܀
̄ : ܟP || || ܟ || ܩܕܡܝܬܐcorrexi : ܩܕܡܝܬܐP || 34 ̄ : ܟP || || ܟ 35 || ܪܫ: ܪܝܫP || -----------------------------------------36 Ces chiffres permettent de prendre en compte la rétrogradation des nœuds lunaires qui se déplacent régulièrement sur l’écliptique vers l’ouest d’environ 19°20’ par an (soit de 1°35’20’’ par mois / On comparera ces valeurs avec celles fournies dans le Traité sur la cause des éclipses de lune 6. 2.). Cette conversion est nécessaire pour tout calcul astronomique, car les tables astronomiques de Claude Ptolémée suivent le calendrier égyptien. 37 L’équivalent exact grec de cette expression est : « μετὰ ἀφαίρεσιν κύκλου ἢ κύκλων ἐὰν τύχη/οὕτως ἔχωσι » (Cf. Théon, Petit Comm., 8, p. 222 (éd.) /p. 312 (trad.). Nous essayons de proposer une traduction qui, tout en respectant le texte syriaque, soit la plus proche possible de la traduction d’A. Tihon, afin qu’on puisse rapidement apprécier la proximité des deux textes. En l’occurrence le syriaque ne dit pas littéralement « après la soustraction » mais « après le rejet » des cercles, ce qui équivaut parfaitement au grec. La solution proposée par A. Tihon nous semble cependant la meilleure façon de rendre ce passage compréhensible en français. 32 33
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Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
̄̄ ܝܪܚܐ ܿܗܘ. ܕܫܠ ̄ܚ ܕܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ ܘܐܝܟ ܕܒܬܚܘܝܬܐ ܠܡܐܡܪ ܆ ܫܢܬܐ ܡܢ ܿܗܝ ܿ ܡܢ ܫ ܼܢܝܐ ܗܟܝܠ. ܕܠܗ ܕܝܪܚܐ ܼ ܝܘܡܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܟ̄ ̄ܗ. ܕܬܫܥܐ ܕܡܬܩܪܐ ܦܐܟܘܢ ̄ ܿ ̄ ̄ ܝ̈ܪܚܐ. ܡ ܼܿܫܠܡܢܝܬܐ ̄ܫ ̄ܥܙ̄ ܕܕܝܘܩܠܝܛܝܢܘܣ ܟܕ ܿܒܨܪܝܢܢ ܫܣܙ ܇ ܫ̈ܪܟܢ ܠܢ ܫܢܝܐ ܥܣ̈ܪ ̄̄ ܿ ܕܡܫ̈ܪܝܢ ܡܢ ܬܘܬ ܿ ܿ ܕܫܢܬܐ . ܕܫܠ ̄ܚ ܠܒܟܝܢ ̄ܚ ܐܡܪܢܐ ܿܗܝ ܕܝܢ ܡܫܡܠܝܐ ܿܗܢܘܢ ܼ ܝܘܡܬܐ ܕܝܢ ܟ̄ ̄ܗ ܇ ܥܠ ܗܠܝܢ ܟܕ ܐܘܣܦܢܢ ܬ̈ܪܝܢ ܝܘܡܝܢ ܡܛܠ ܫܢܝܐ ̈ܪܒܝܥܝܬܐ ̄ ܒܝ ̄ܛ ܡܘ̈ܪܣ ̄ ܗܘܘ ܝܘܡܬܐ ܟ̄ܙ̄ ܒܬܪܟܢ ܠܫܢܝܐ ܥܣ̈ܪ ܟܕ ܿܥܦܦܢܢ ܟ ܼ . ܕܐܡ ܼܝ̈ܪܢ ̄ ̄ ̄ ̄ ̄ ܘܐܫܟܚܢܢ ܕܡܬܟܢܫܢ ܡܘ̈ܪܣ ܩܨܓ ܠܦܛܐ ܟ ܠܝ̈ܪܚܐ ܕܝܢ ܚ ܒܚܕܐ . ܠܦܛܐ ܼ ̄ ܿ ܘܐܫܟܚܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܝ ̄ܒ ܠܦܛܐ ܡܘܪܐ ܠ ̄ܗ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܥܣ̈ܪܝܢ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܇ ܩܕܡܝܬܐ ̄ܡ ̄ܒ ܇ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܕܝܢ ̄ܡ ܇ < II. 4. Application à l’année des grecs 985/6 > En guise d’exemple : soit la 378e année de Dioclétien, le 9e mois (appelé Pâcôn), le 25e jour du mois 38 . En retranchant donc 367 39 aux années achevées de Dioclétien, 377, il nous restera dix ans 40. Ensuite nous saisirons les 8 mois révolus à partir de Thôth de l’année 378 mentionnée. Puis en ajoutant deux jours aux 25 jours, à cause des années bissextiles41 mentionnées, nous obtenons42 27 jours. Ensuite en multipliant les dix ans par 19°20’ (et) nous trouvons un total de 193°20’ ; les 8 mois par 1°35’20’’, nous trouvons 12°42’40’’ ;
38
Correspond, selon R. Mercier, au 20 mai 662 apr. J.-C. On s’attendrait ici à trouver le chiffre de 307 (« )» ܫܙdonné dans l’explication qui précède et non 367 (« )» ܫܣܙ. 40 Le texte est très confus à cet endroit. Le calcul à faire devrait être le suivant : il faut additionner les 307 ans aux années de Dioclétien : 307 + 377 = 684 et calculer à partir de ce résultat les jours tétraétérides à ajouter, soit 684/4 = 171 jours. Comme la date qui nous intéresse se situe au 9e mois, on voit qu’en ajoutant 171 jours, on devra prendre en compte pour le calcul qui va suivre non plus l’an 377 mais l’an 378, le 3e mois et le 15e jour. Pour convertir cette date alexandrine dans le calendrier égyptien nous lui ajoutons les années qui vont de Philippe à Dioclétien, soit : 378 + 284 + 324 = 986. Or on a vu plus haut que l’entrée pour les périodes de 25 ans se faisait sous le chiffre 976. Il faut donc, comme le dit ici le texte considérer les 10 années restantes et ajouter de nouveau les jours tétraétérides (c’est-à-dire deux) au résultat qu’on obtiendra en multipliant, comme le dit la suite du texte, le chiffre correspondant aux années (dans les Tables Faciles) par 19°20’, celui correspondant aux mois par 1°35’20’’ etc… la suite du calcul permettant d’obtenir la position des nœuds lunaires est clairement exposée dans la suite du texte . 41 Le syriaque emploie l’expression « ( » ܫܢܝܐ ̈ܪܒܝܥܝܬܐlittéralement : années quatrièmes) rappelant l’explication de Théon, Petit Comm., 1 : « lorsque à partir d’une date donnée selon les Alexandrins ou les Grecs, nous préférons prendre le mois et le jour égyptien, nous prenons le quart de la somme des années depuis la cinquième année d’Auguste jusqu’à la date donnée, parce que comme nous l’avons dit, ils prennent un jour d’avance tous les quatre ans ; négligeant le reste jusqu’à trois, nous aurons comme résultat le nombre de jours dont le temps égyptien a devancé le temps alexandrin, jours qui sont appelés tétraétérides (τετραετηρίδες). » (trad. A. Tihon, p. 303). 42 Le syriaque dit : « il y avait 27 jours ». 39
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Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܠܝܘܡܬܐ ܕܝܢ ܟ̄ܙ̄ ̄ܒ ̄ܓ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܥܣ̈ܪ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܇ ܘܐܫܟܚܢܢ ܡܘܪܐ ܚܕܐ ܇ ̄ ̄ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܟ̄ ̄ܗ ܇ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܠ ܆ ܘܡܢ ܡܢܝܢܐ ܕܗܘܐ ܡܘ̈ܪܣ ܪܙ̄ ܇ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܟ̄ ̄ܚ .ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܕܝܢ ܥܣ̈ܪ ܆ ܿܒܨ̈ܪܢܢ ̄ܛ ܡܘ̈ܪܣ ܇ ̄ ܢ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܇ ̄ ܿ ܘܠܗܘ ܡܐ ܕܫܪܟ ܕܗܘܐ ܡܘ̈ܪܣ ̄ܩ ̄ܨܙ̄ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܠ ̄ܚ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܕܝܢ ܥܣ̈ܪ ܇ ܿܒܨܪܢܢ ܡܢ ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܠܗܢܝܢ ܕܫ̈ܪܟܢ ܗܘܝܢ ̄ܩ ̄ܣ ̄ܒ ܡܘ̈ܪܣ ܇ ܟ̄ ̄ ܐ 43ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܇ ̄ ̄ ܕܐܝܬܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܢ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܇ ܟܕ ܢܦܩܢܢ ܡܢ ܓܕܝܐ ܐܠܦܝ ܕܘܐܠ ܆ ܐܫܟܚܢܢ ̄ ̄ ̄ ̄ ܿܡܢ ܒܬܐܡܐ ܆ ܡܘ̈ܪܣ ܝܒ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܟܐ .ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ ܕܝܢ ܚܡܫܝܢ . ܿ ܿ ܒܕܡܘܬܐ ܊ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܕܝܢ ܒܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ ܗܢܘ ܕܝܢ ܒܟܫܛܐ ܆ ܒܗ ܼ
et les 27 jours par 3’10’’, nous trouvons 1°25’30’’. Au chiffre obtenu (207°28’10’’) nous retranchons 9°50’ et ce qui reste, c’est-àdire 197°38’10’’, nous le retranchons aux 360°, ce qui fait 162°21’50’’. En reportant du Capricorne en direction du Verseau, nous trouverons que le nœud ascendant dans le Gémeaux au 12°21’50’’ et le nœud descendant dans la constellation diamétralement opposée, c’est-à-dire dans le ܀ Sagittaire.
|| Pܟܐ :ܟ̄ ̄ ܐ || 260
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Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
]܀ܘܡܬܘܕܘܣ ܬܘܒ ܿܗܝ ܕܣܛܪ ܡܢ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܆ ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܡܨܐ ܐܢܫ621v[ ܡܚܫܒ ܡܛܠ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܟܝܬ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܀ ܼܿ ܐܩܠܦܣܝܣ ܕܝܢ ܡܫܟܚ ܐܢܬ ܕܢܕܪܟ ܆ ܠܘ ܡܢ ܿܗܝ ܕܢܕܥ ܫܚܡܐܝܬ ܕܒܐܝܢܐ ܙܘܕܝܘܢ ̄ ܕܓܒܪܐ45 ܬܚܘܝܬܗ44ܕܐܡܪ ܼܬ ܐܝܬܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܟܝܬ ܘܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ܐܝܟ ܼ ܒܗܘܦܡܢܝܣܛܝܩܘܢ ܿܗܘ ܕܥܒܕ ܠܘܬ ܐܚܘܬܟ ܆ ܐܐܠ ܩܕܡܝܐܝܬ ܿܡܢ ܡܢ ܿܗܝ 46 ܿ ܗܘܦܟ ܝ ܐܝܬܝܗ ܐܝܟ ܕܒܐܘܪܟܐ ܕܝܐܣܛܣܝܣ ܿܗܝ ܕܒܝܢܬ ܕܟܡܐ. ܕܢܕܥ ܼ ܿ . ܕܣܗܪܐ ܐܠܢܐܒܝܒܙܘܢ ܟܝܬ ܐܘ ܠܩܛܐܒܝܒܙܘܢ
[fol. 126v] Autre méthode sans les Tables faciles : comment on pourra effectuer des calculs grâce aux nœuds ascendant et descendant ܀ Tu pourras en effet trouver la prochaine éclipse, non pas en sachant simplement dans quel signe se trouvent les nœuds ascendant et descendant comme le propose les paradigmes de l’auteur de l’abrégé 47 , qu’on t’a adressé, frère, mais avant tout, en sachant de combien la lune est distante, en longitude, du fait de son déplacement 48 entre les nœuds ascendant et descendant49.
ܿ ܕܐܡP || || ܪܬ correxi : ܪܬ ܼ ܕܐܡ ܼ ܼ || ܬܚܘܝܬܗlectio incertior || 46 || post ܗܘܦܟܝadd. ܪܘܚܩܐP1 || -----------------------------------------47 Translittération du mot grec τὸ ὑπομνηστικόν (attesté chez Clément d’Alexandrie Strom. 61, 1), qu’on pourrait également rendre par Commentaire ; mais nous avons déjà utilisé ce terme plus haut pour rendre la translittération du mot scholion. Théon d’Alexandrie utilise également le verbe ὑπομνηματίσαθαι pour décrire son œuvre de commentateur (cf. Petit Comm. 1, p. 199 (texte) ; p. 301 (trad. A. Tihon)). 48 Nous avons rendu par déplacement le terme « ܗܘܦܟܝ » (hupoki). En marge de sa copie, le ܼ scribe précise le sens de ce terme en indiquant « » ܪܘܚܩܐqui signifie « distance » ou « éloignement ». Comme le scribe, nous sommes étonné du choix du terme syriaque hupoki qui plus loin dans le texte sert à désigner la conversion des heures saisonnières en heures équinoxiales. 49 On trouve cette méthode exposée de la même manière pour la latitude chez Théon, Petit Comm., 21 : « Nous calculerons donc, d’abord comme nous l’avons appris précédemment d’après le chiffre de la limite boréale, de combien la lune est distante de l’écliptique en latitude au moment vrai de la pleine lune » « ἁπὸ τοῦ Βορείου πέρατος ἀριθμοῦ πόσον ἡ σελήνη κατὰ πλάτος ἀπέχει τοῦ διὰ μέσων τῶν ζῳδίων κατὰ τὸν ἀκριβῆ τῆς πανσελήνου χρόνον » (éd. p. 279 / trad. p. 338). 44 45
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Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܬܫܬܟܚ ܕܝܐܣܛܣܝܣ ܆ ܕܠܒܪ ܡܢ ܡܥ ܼܿܩܒ ܆ ܼܿ ܘܐܢ ܼܗܘ ܕܟܕ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ ܼ ܿ . ܕܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܐܝܬܝܗ ܆ ܢܕܥ ܆ ܕܐܠ ܣܟ ܡܨܝܐ ̄ܝ ̄ܒ ܡܘ̈ܪܣ ܟ̄ ̄ܕ ܠܦܛܐ ܼ ܿ ܐܝܬܝܗ ܿܗܝ ܕܝܐܣܛܣܝܣ ܕܒܡܨܥܬܐ ܆ ܐܢܕܝܢ ܠܓܘ ܡܢ ܡܢܝܢܐ ܕܐܡܝܪ ܆ ܿ ܿ ܿ ܐܢܕܝܢ ܟܕ ܥܠ ܗܝ ܫܡܫܢܝܬܐ ܡܥܩܒ ܆ ܬܫܬܟܚ ܼܗܝ. ܕܬܗܘܐ ܕܡܨܝܐ ܼ ܿ ̄ ܐܢܕܝܢ. ܕܬܗܘܐ ܕܝܐܣܛܣܝܣ ܆ ܕܠܒܪ ܡܢ ܚ ܡܘ̈ܪܣ ܐܝܬܝܗ ܆ ܕܐܠ ܣܟ ܡܨܝܐ ܼ ܕܬܗܘܐ ܀ ܼ ܠܓܘ ܡܢ ܗܠܝܢ ܆ ܕܡܨܝܐ ܿ ܿܝܕܥ ܕܝܢ ܠܗ ܼܢܐ ܟܕ. ܀ ܒܬܪܟܢ ܕܝܢ ܡܢ ܿܗܝ ܕܢܕܥ ܠܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ ܡܚܠܛ ܠܬ̈ܪܝܗܘܢ ܿ ܿܗܘ50ܠܗܘ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪ ܿܣ ܿ ܡܢܝܢܐ ܥܡ ܚܕܕܐ ܇ ܐܡܪܢܐ ܕܝܢ ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ܿ ܕܣܗܪܐ ܇ ܣܘܢܘܕܝܩܝܬܐ ܟܝܬ51ܘܠܗܘ ܕܐܦܘܟܝ ܿ ܩܦܐܠܐ ܆ ܐܘ ܦܐܢܣܠܝܢܝܩܝܬܐ ܇
Si jamais, cherchant une éclipse lunaire, tu trouves que la distance est supérieure à 12°24’52, on saura qu’il est absolument impossible qu’il y ait une éclipse, mais si la distance qui est entre eux est inférieure au chiffre indiqué, qu’elle peut avoir lieu. Et si, menant des recherches au sujet de l’ solaire, on trouve que cette distance est supérieure à 8°, qu’il ne sera pas possible qu’elle ait lieu, mais si qu’elle est inférieur à ce , qu’elle pourra avoir lieu. Ensuite c’est en connaissant la latitude de la lune qu’on pourra connaître : en additionnant deux chiffres, je veux parler de celui de la limite boréale qu’on tirera de la section 5 et de celui du lieu vrai de la lune, conjonction et pleine lune53.
ܿ ܿ || ܦܐܪܣ : ܦܐܪܐܣ P || || ܐܦܘܩܝP : add. ܩܘܡܐP1 in marg. || -----------------------------------------52 Dans Ptol., Alm. VI, 5, la limite donnée pour l’observation des éclipses de lune est de 12°12’. Ce même chiffre (12°24’) se retrouve dans le même manuscrit à la fin du f. 177v (où il est également question de nœuds ascendant et descendant) ainsi que dans le Traité sur les éclipses de lune. 53 On trouve la même expression chez Théon, Petit Comm., 20, p. 256 : « τῆς σελήνης συνοδικῶν τε καὶ πανσεληνιακῶν » (éd. A. Tihon) : Sévère Sebokht translittère l’expression grecque. On la trouve également dans Ptol., Alm. I, 5, a’ (à propos de la construction de l’astrolabe) et b’ (Sur l’utilisation des tables d’anomalies de la lune) ; Tables faciles, vol. 2, p. 176 (chap. intitulé Περὶ συνόδων καὶ πανσελήνων); Tétrablible, livre 2, chap. 11 (Sur la nouvelle lune) et 13 (Considérations sur les particularités de la constitution athmosphérique). 50 51
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Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܐܢ. ܘܠܡܢܝܢܐ ܿܗܘ ܕܫܪܟ ܡܢ ܚܘܠܛܢܐ ܕܬ̈ܪܝܗܘܢ ܡܢ ܒܬܪ ܫܕܝܐ ܕܚܘܕ̈ܪܐ . ܬܓܕܫ ܆ ܼܿܡܥܠ ܠܗ ܠܩܢܘܢܐ ܕܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ ܇ ܐܡܪܢܐ ܕܝܢ ܠܡܢܝܢܐ ܕܓܘܐ ܘܐܠܝܠܝܢ ܕܣܝܡܝܢ ܠܘܩܒܠܗ ܒܣܠܝܕܐ ܿܗܝ ܬܠܝܬܝܬܐ ܕܦܬܝܐ ܕܣܗܪܐ ܟܕ ܿ ܿܗܢܝܢ ܕܐܢ ܼܗܘ ܿܡܢ ܕܟܕ ܥܠ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ. ܥܒܕ ܿܢܣܒ ܐܢܐܠܘܓܣܐ ̄ ܿ ܡܥܩܒ ܆ ܡܫܟܚ ܠܗܝܢ ܕܠܓܘ ܡܢ ܚܕܐ ܡܘܪܐ ܕ ܠܦܛܐ ܐܝܬܝܗܝܢ ܆ ܐܡܪ ܕܡܢ ܟܠ ܿ ܐܢ ܒܠܠܝܐ ܟܝܬ. ܦܪܘܣ ܗܘܝܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ ܐܘ ܒܐܝܡܡܐ ܆ ܐܠ ܿ ܥܕܟܝܠ ܝܕܥܐ ܆ ܡܛܠ ܗܦܘܟܝܐ ܕܫܥܐ ܇ ܕܫܘܝܬܐ . ܐܡܪ ܐܢܐ ܠܐܠ ܫܘܝܬܐ ܐܢܕܝܢ ܠܥܠ ܡܢ ܚܕܐ. ܕܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܠܡܕܝܢܬܐ ܿܗܝ ܕܡܬܒܥܝܐ54ܘܕܡܣܡܒܪܝܐ [127r] ܕܐܠ ܣܟ ܡܨܝܐ ܕܬܗܘܐ ܀. ܡܘܪܐ ̄ܕ ܠܦܛܐ
Le chiffre résultant de l’addition de ces deux-là, après soustraction des cercles s’il y a lieu, tu le rapporteras à la table 55 des latitudes de la lune, je veux dire au chiffre inférieur et à ceux qui sont placés en face dans la troisième colonne relative à la latitude de la lune. Prenons ces chiffres en opérant la comparaison suivante : si, alors qu’on cherche une éclipse lunaire, on trouve que ceux-ci sont inférieurs à 1°4’, il a dit56 qu’en général l’éclipse lunaire avait lieu. Si ce sera de nuit ou de jour, on ne le sait pas encore à cause de la conversion des heures équinoxiales57, dis-je, en heures saisonnières58, et à cause de la conversion des heures données depuis midi59 à Alexandrie pour la ville désirée. Mais s’ils dépassent [fol. 127r] 1°4’, qu’il n’était en aucun cas possible qu’elle ait lieu. ܀
54
|| ܘܕܡܣܡܒܪܝܐP : add. ܡܨܥܝܘܬ ܛܗܪܐP1 in marg. || ------------------------------------------55 ܿ ܠܗܘ ܡܐ ܿ Il s’agit du rappel abrégé d’un concept formulé plus haut : « ܫܪܝܐ ܼ ܕܫܪܟ ܡܢ ܒܬܪ ܿ ܿ ܿ ̄ ̄ ̄ ܿ ̄ ܕܚܘܕܪܐ ܐܘ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܢ ܬܓܕܫ ܇ ܡܒܨܪ ܡܢ ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ ܇ ܘܠܗܘ ܡܐ ܕܦܐܫ ܡܢ ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ ܢܦܩ ܐܢܬ ܡܢ ܪܝܫ ܿ ܕܘܐܠ ܼ < ; » ܓܕܝܐ ܐܠܦܝOn appliquera> le résultat au cercle dans le sens direct. S’il se trouve qu’il y ait plusieurs cercles, on leur soustraira 360° et ce qui dépasse de 360° tu le reporteras au commencement du Capricorne en direction du Verseau. On retrouve cette même phrase dans Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 2, p. 208 : « καὶ τὸν γινόμενον ἐκ τῆς ἐπισυναγωγῆς αὐτῶν ἀριθμόν, μετὰ κύκλον ἢ κύκλους ἐὰν τύχη, εἰσάγοντες εἰς τον κανόνα ». 56 De tels propos sont effectivement tenus dans Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 21, p. 338. 57 Litt. « heures égales ». Les heures équinoxiales sont utilisées par Claude Ptolémée et Théon d’Alexandrie. 58 Litt. « heures non égales ». Les heures saisonnières correspondent aux heures locales, qui varient en fonction de la durée du jour. 59 Le scribe indique dans la marge une traduction miroir du grec Μεσ-ημβρία. Mais au lieu de dire « milieu-du jour », il écrit : « milieu- de midi ». 263
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܐܢܕܝܢ ܟܕ ܥܠ ܿܗܝ ܫܡܫܢܝܬܐ ܡܥܩܒ ܆ ܡܫܟܚ ܠܗܝܢ ܕܒܓܪܒܝܐ ܿܡܢ ܠܓܘ ܡܢ ܚܕܐ ̄ ܡܢܬܐ ܠܙ̄ ܠܦܛܐ ܇ ܒܬܝܡܢܐ ܕܝܢ ܠܓܘ ܡܢ ̄ܡܙ̄ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܐܝܬܝܗܝܢ ܆ ܼܿܢܣܒܪ ܆ 60 ܟܡܐ ܙܒܢܝܢ ܕܝܢ ܡܛܠ ܦܪܐܠܟܣܝܣ. ܕܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܫܡܫܢܝܬܐ ܕܡܨܝܐ ܼ ܐܢܕܝܢ ܠܥܠ ܡܢ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܬܐ ܕܐܡܝ̈ܪܢ ܆ ܕܐܠ. ܐܠ ܿܗܘܝܐ. ܕܩܠܝܡܐ ܒܝܬ ܼܝܐ ܕܬܗܘܐ ܊ ܼ ܣܟ ܡܨܝܐ ܐܢܗܘ ܓܝܪ . ܬܘܒ ܕܝܢ ܒܙܢܐ ܐܚܪܢܐ ܡܨܝܐ ܕܢܕܥ ܠܙܒܢܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܗܟܢܐ ܼ ܐܦܘܟܝ ܣܗܪܢܝܬܐ ܕܡܢ ܘܕ61ܕܡܢܝܢܐ ܿܗܘ ܕܐܡܝܪ ܕܡܢ ܚܘܠܛܢܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪܣ ܼ ̄ ܆ ܡܢ62ܒܬܪ ܫܕܝܐ ܕܚܘܕܪܐ ܐܢ ܬܓܕܫ ܆ ܒܙܒܢܐ ܡܢ ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܥ ̄ܚ ܡܘ̈ܪܣ ̄ ̄ ܿ . ܠܩ ̄ܒ ̄ ܥܕܡܐ ܡܫܬܟܚ ܆ ܐܡܪܝܢܢ ܕܡܢ ܟܠܦܪܘܣ ܗܘܝܐ ܐܘ ܡܢ ܪܢ̄ ̄ܚ ܥܕܡܐ ܠܪ ̄ܦ ̄ܒ ܼ ܿ ܐܢ ܒܠܠܝܐ. ܐܩܠܦܣܝܣ ܣܗܪܢܝܬܐ ܐܘ ܒܐܝܡܡܐ ܐܠ ܥܕܟܝܠ ܝܕܥܐ ܆ ܡܛܠ . ܥܠܬܐ ܿܗܝ ܕܐܡܝܪܐ ܡܢ ܠܥܠ
Puis si, cherchant une éclipse solaire, on trouve que ces sont d’une part au nord sous le 1°37’, d’autre part au sud sous le 0°47’ 63, on considèrera qu’il est possible qu’une éclipse solaire ait lieu. Mais parfois, à cause de la parallaxe64 propre au climat, ce ne sera pas le cas. Mais si dépassent les minutes indiquées, il est absolument impossible qu’elle ait lieu. De même on peut, d’une autre manière, connaître la date d’une éclipse : s’il se trouve en effet que le chiffre mentionné, résultant de l’addition du de la limite boréale avec celui du lieu vrai de la lune, après la soustraction des cercles s’il y a lieu, soit trouvé, en temps de pleine lune, entre les degrés 78° et 102°, ou entre les degrés 258° et 282°, nous dirons que l’éclipse lunaire peut de toute manière avoir lieu. On ne pourra pas encore savoir si elle nocturne ou diurne, pour la raison donnée plus haut.
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|| ܦܪܐܠܟܣܝܣ: ܦܪܐܐܠܟܣܝܣP || || ܦܐܪܣ: ܦܐܪܐܣP || 62 || ܕܦܢܣܝܠܝܢܘܣ: ܕܦܢܣܠܝܢܘܣP || -----------------------------------------63 Chiffres donnés par Claude Ptolémée (Cf. Ptol., op. min., p. 181, 15) et repris dans Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 23, p. 342 : « Nous parlerons des éclipses de soleil qu’il faut observer […] lorsque, au moment de la conjonction vraie, la lune est distante de l’écliptique en latitude de moins de 1°37’ vers le nord et 47’ vers le sud » (Trad. A. Tihon). 64 Théon, Petit Comm., 19 « Les parallaxes de la lune » : « La parallaxe est la différence entre la position apparente et la position vraie ». Dans Petit Comm. Théon explique au chapitre 23 consacré aux éclipses de Soleil, comment remédier à ce problème des parallaxes en utilisant la table des parallaxes (cf. éd. Tihon, p. 343). 61
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Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
̄ ܕܐܡܝܪ ܡܢ ̄ܦ ̄ܒ ܡܘ̈ܪܣ ܥܕܡܐ ܠܨ ̄ܚ ܇ ܐܢܕܝܢ ܒܙܒܢܐ ܕܣܘܢܕܘܣ ܼܗܘ ܟܕ ܼܗܘ ܡܢܝܢܐ ܼ ̄ ̄ ܿ ܿ ̄ ܠܪ ܕܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܥ ̄ܚ ܡܫܬܟܚ ܆ ܐܡܪܝܢܢ ܆ ܕܡܨܝܐ ܐܘ ܡܢ ܪ ̄ܣ ̄ܒ ܥܕܡܐ ܼ ܿ . ܟܡܐ ܕܝܢ ܙܒܢܝܢ ܡܛܠ ܥܠܬܐ ܿܗܝ ܕܩܕܝܡܐ ܐܡܝܪܐ. ܫܡܫܢܝܬܐ ܐܡܪܢܐ ܕܝܢ ܿ ܡܛܠ ܦܪܐܠܟܣܝܣ ܕܩܠܝܡܐ ܿܗܘ ܕܒܗ ܐܢܕܝܢ ܠܒܪ ܡܢ ܗܠܝܢ. ܡܚܫܒܝܢܢ ܐܠ ܿܗܘܝܐ 65 ܡܢܝܢܐ ܕܐܡܝ̈ܪܝܢ ܆ ܢܫܬܟܚ ܡܢܝܢܐ ܿܗܘ ܕܡܢ ܚܘܠܛܢܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪ ܣ ܿ ܐܡܪ ܐ ܿܢܐ ܿ 66ܘܕܐܦܘܟܝ ܣܗܪܢܝܬܐ ܇ ܒܙܒܢ ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ ܐܘ ܒܙܒܢ ܣܘܢܕܘܣ ܆ ܼ ܘܗܠܝܢ ܬܘܒ ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܀. ܕܬܗܘܐ ܐܩܠܦܣܝܣ ܼ ܐܡܪܝܢܢ ܕܟܠ ܕܠܗ ܐܠ ܡܨܝܐ ܿ ܡܛܠ ܕܝܢ ܿܗܝ ܐܚܪܬܐ ܕܐܦܝܣ ܼܗܘ ܒܪܚܐ̈ܪܐ ܪܚܡ ܠܡܫܝܚܐ ܕܐܡܝܪ ܇ ܿ ܿ ܕܦܐܪܐܕܝܓܡܐ ܥܒܕ ܠܗ ܚܢܢ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܫܡܫܢܝܬܐ ܘܕܗܝ ܣܗܪܢܝܬܐ ܇ ܘܟܕ ܛܒ ܼ ܼ ܿ ܕܐܬܥܗܕܢܢ ܒܗ ܥܒܝܕܐ ܗܕܐ ܠܣܓܝܐܐ ܇ ܘܝܕܥܐܝܬ ܠܗ ܠܬܐܘܢ ܿܗܘ ܼ ܿ ܿ ܕܥܒܕ ܡܛܠ ܦܪܘܟܝܪܘܣ ܆ ܼ ܣܟܠܝܘܢ ܗܘ ܼ ܼܒ Et si, au moment de la conjonction, le même chiffre, déjà indiqué, se trouve entre les degrés 82° et 98° ou entre 162° et 178°, nous dirons qu’il est possible que l’éclipse solaire ait lieu. Mais parfois, pour la raison invoquée précédemment, je veux dire à cause de la parallaxe du climat dans lequel nous effectuons notre calcul, cela ne sera pas le cas. Mais s’il se trouve que le chiffre résultant de l’addition de celui de la limite boréale avec celui du lieu vrai de la lune dépasse les chiffres indiqués en temps de pleine lune, je veux dire au moment de la conjonction, nous disons qu’il n’est absolument pas possible qu’il y ait éclipse. Voici les choses telles quelles sont ܀ 67 Une dernière chose : le noble ami du Christ, dont on a parlé, nous a persuadé de concevoir un exemple se rapportant aux éclipses solaire et lunaire, bien que ceci ait été très bien fait et à plusieurs reprises par Théon, que nous avons cité par l’intermédiaire du Commentaire qu’il a écrit aux Tables faciles.
65
|| ܦܐܪܣ: ܦܐܪܐܣP || || ܦܢܣܝܠܝܢܘܣ: ܦܢܣܠܝܢܣP || -----------------------------------------67 On comparera la traduction que nous proposons de ce paragraphe avec celle de NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27 (1929/30), Introduction, p. 336-337. 66
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Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
] ܕܡܫܡܗ܆621v[ ܕܬܕܥ ܐܚܘܬܟ ܿܨܒܐ ܐ ܼܢܐ ܘܒܐܝܕܝܗ ܐܦ ܼܗܘ ܒܪ ܚܐ̈ܪܐ ܿ ܕܒܡܚܝܠܘܬܐ ܣܓܐܬܐ ܿ ܘܗܠܝܢ. ܐܝܬܝ ܐܝܟ ܕܗܘ ܫܪܪܐ ܿܣܗܕ ܠܝ ܕܟܬܒܬ ܗܫܐ ܼ ܼ ܿ ܿ ܿ ܐܘܟܝܬ ܓܣ ܐܢܐ ܒܥܪܣܐ ܆ ܘܦܫܝܛܢ ܠܝ ܼ ܐܨ ܼܚܬ ܆ ܒܥܡܐܠ ܣܓܝܐܐ ܘܟܕ ܡ . ̈ܪܓܠܝ ܡܢ ܟܐܒܐ ܘܐܝܟܢܐ ܕܐܦ ܢܟܦܐ ܫܡܫܐ ܡܪܝ ܐܬܢܣ ܕܠܗ ܕܚܙ ܼܢܝ ܒܥܝܢܘܗܝ ܥܬܝܕ ܕܢܫܬܥܐ ܿ ܕܐܢܐ ܚܕܐ ܿܡܢ.ܠܗ܆ ܒܕܓܘܢ ܐܠ ܼܡܨܐ ܐ ܼܢܐ ܝܘܡܢܐ ܡܕܡ ܕܐܝܟ ܗܟܢ ܿ ܒܠܚܘܕܝ ܘܐܢܫ ܐܚܪܝܢ ܕܡܥܕܪ ܠܝ. ܐܝܬܝ ܿܗܘ ܕܐܠܐ ܐ ܼܢܐ ܒܗܠܝܢ ܕܐܝܟ ܗܟܢ ܼ . ܘܥܡܐܠ ܣܓܝܐܐ ܘܣܦܝܩܘܬܐ ܕܐܠ ܒܙܥܘܪ ܿܒܥܝܐ ܼܗܝ ܨܒܘܬܐ.ܒܗܝܢ ܠܝܬ . ܟܒܪ ܡܣܬܒܪܐ ܕܐܝܟ ܗܠܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܦܫܝܩܐ ܼ ܐܦܢ ܠܟܘܢ Nous voulons, frère, que tu connaisses ces et grâce à elles le noble puisse [fol. 127v] établir , car je suis dans une grande faiblesse, comme la vérité peut en témoigner pour moi. Ce que j’ai écrit ici – ou plutôt dicté -- avec beaucoup de peine, alors que je suis alité et que mes pieds sont tendus de douleur. 68 Quant à savoir dans quelles conditions le soleil se couvre d’un voile pudique69, c’est le vénérable Athanase70, avec lequel je me suis entretenu, qui se chargera de le lui expliquer. La raison pour laquelle je suis incapable aujourd’hui tient en ce que non seulement je suis seul à me fatiguer sur ces sujets, mais aussi parce qu’il n’y a personne d’autre qui puisse m’aider à ce propos. Et ce sujet requiert beaucoup de travail et le plus d’études possible, même si peut-être cela peut vous paraître aussi simple que d’autre.
68
On comparera la traduction que nous proposons de ce paragraphe avec la proposition de NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27 (1929/30), Introduction, p. 336-337. 69 « se couvre d’un voile pudique », c’est-à-dire lorsqu’il s’éclipse. Le sens premier du verbe ܢܟܦau Pe‘al est celui d’« avoir honte » ou d’« être pudique ». 70 Vraisemblablement Athanase de Balad, élève de Sévère au monastère de Qennešrin et qui devint le patriarche Athanase II d’Antioche (mort en 687). L’œuvre d’Athanase reprend des éléments de logique des Catégories, du De interpretatione et des Analytiques premiers. Il est entre autre connu pour ses traductions d’ouvrages logiques d’Aristote (quelques gloses marginales du ms. arabe 2346 conservé à la Bibliothèque nationale de France indiquent qu’il avait traduit des parties des Analytiques Seconds, des Topiques et des Réfutations sophistiques), mais aussi pour sa traduction de l’Isagoge de Porphyre en 645. Voir à ce propos HUGONNARD-ROCHE H., « La tradizione della logica aristotelica » dans Storia della scienza, vol. IV Medioevo, Rinascimento, sezione La scienza siriaca, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 2001, p. 21-22. 266
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
ܿ ܕܐܙܠ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ ܠܚܕܐ ܡܢ ܗܠܝܢ ܚܡܝܡܬܐ ܐܚܪܬܐ ܕܝܢ ܕܡܛ ܿ ܼܝܒ ܐ ܼܢܐ 71 ܿ ܗܢܐ ܕܣܐܒ ܘܕܒ.ܕܗܪܟܐ ܡܛܠ ܟܐܒܐ ܿܕ̈ܪܓܠܝ܇ ܡܐܠܘܢ ܕܝܢ ܕܟܠܗ ܦܓܪܝ ܢܬܠ ܡܪܝܐ ܚܘܠܡܢܐ ܼ ܒܪܡ ܕܝܢ ܐܢ.ܘܐܬܡܚܠ ܡܢ ܫܠܝ ܘܠܒܪ ܡܢ ܣܘܟܝܐ ܿ ܡܛܝܒ ܐܢܐ.ܒܨܠܘܬܟ ܘܐܢ ܐܝܬܝܟ ܡܢ ܬܡܢ ܗܐ.ܕܐܥܒܕ ܐܦ ܗܕܐ ܼ ܼ ܿ ܿ ܼܿ ܘܐܫܕܪܝܗ ܐܬܦܪܣ ܘܡܢܚ ܐܢܬ ܠܗ ܠܓܒܪܐ ܕܐܡܝܪ ܘܐܢܕܝܢ ܐܠ.ܛܒܐܝܬ ܿ ܿ ܠܦܐ̈ܪܐܕܝܓܡܐ ܿܗܝ ܕܥܒܕ ܐ ܼܢܐ ܒܬܪ ܙܒܢܐ ܐܢ ܡܪܝܐ ܢܨܒܐ ܡܛܠ ܐܩܠܦܣܝܣ܆ ܼ ܿ ܕܫܥܬܐ ܕܝܢ ܣܦܩܢ ܗܠܝܢ.ܡܬܦܪܣ ܐ ܼܢܐ ܡܛܠ ܿܢܚܝܐ ܕܐܚܘܬܟ ܘܐܦ ܗܕܐ ܿ ܐܝܟ ܕܣܒܪ ܐ ܼܢܐ ܘܣܓܝ ܣܦܩܢ܇ ܠܦܘܬ ܡܚܝܠܘܬܐ ܕܠܝ ܣܓܝܐܬܐ ܘܥܘܪܘܬ ܿ ܕܓܕܝܫܬ ܠܝ ܡܢ ܗܪܟܐ ܒܙܒܢܐ ܗܢܐ܆ ܿܗܝ ܕܙܒܢܬܐ ܐܣܓܝܐܬܐ ܗܐ ܡܢ ܢܦܫܐ ܿܗܝ ܼ ܟܕܘ ܿܩܕܝܡܐ ܐܡ ܼܝܪܐ ܀܀܀
(1) Sinon je me prépare à aller en ce moment même à l’une de ces sources thermales d’ici à cause de mon mal de pieds ou plutôt tout mon corps. (2) C’est que j’ai vieilli, que j’ai la goutte et que je suis sans arrêt et à l’improviste pris de faiblesse. (3) Cependant, si le Seigneur m’accorde la guérison par l’intermédiaire de tes prières, je serais prêt à faire ceci également, mais sinon, (4) s’il te plaît, procure et envoie à l’homme dont on a parlé les paradigmes sur les éclipses que j’aurai produits d’ici peu, si Dieu le veut. (5) Je pourvoirai aussi à ceci parce que telle est ta volonté, mon frère. (6) Mais pour l’heure, je pense que ces propos suffisent et que c’est déjà beaucoup eu égard à la grande faiblesse qui m’affecte et à la cécité elle-même qui m’est survenue depuis peu, comme je l’ai dit à plusieurs reprises précédemment ܀܀܀
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Du grec μᾶλλον. 267
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
IV. Éléments de commentaire
1. Au sujet de la citation de Théon d’Alexandrie D’après R. Morelon le premier astronome arabe à avoir cité Théon d’Alexandrie (Commentaire à l’Almageste) serait un auteur arabe du
IX
e
siècle : Ya’qūb b. Ishāq al-Kindi. Mais la traduction arabe du Commentaire de Théon est perdue 72 . Depuis, D. V. Proverbio 73 a trouvé dans le ms. Vat. sir. 623, un autre témoin arabe (dans un manuscrit syriaque palimpseste) de la transmission précoce de ce texte (avant 886 apr. J.-C., date de la couche supérieure grecque) et A. Tihon a démontré que la couche inférieure de ce manuscrit, comprenant d’une part les Tables faciles en écriture onciale grecque, d’autre part des fragments d’une traduction arabe du Petit Commentaire de Théon, était de la même main74 issue d’un milieu araméo-palestinien hellénophone75. Pour une approche paléographique de ce fragment du Petit Commentaire de Théon conservé en arabe, on lira l’analyse que Paolo La Spisa a réalisé à la demande d’A. Tihon76.
72
Voir MORELON R., « L’astronomie arabe orientale entre le VIIIe et le XIe siècle » dans RASHED R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris, Seuil, 1997, p. 38 73 PROVERBIO D. V., « Theonis Alexandrini fragmentum pervetus Arabice. Su più antico manoscritto del Commentarium parvum di Teone Alessandrino » dans Rendiconti dell’Academia Nazionale dei Lincei. Classe di Scienze Morali, storiche e filologiche, ser. IX, 13, 2002, p. 373-386. 74 « Le texte arabe contient quelques mots grecs […]. Il semble bien que ce soit la même main qui ait copié les tables, car la forme et l’inclinaison des lettres onciales sont identiques. De même quelques mots arabes inscrits en marge du diagramme des horizons confirment les liens entre le texte arabe et les tables. » (extrait de TIHON A., Πτολεμαίου Πρόχειροι Κανόνες. Les « Tables Faciles » de Ptolémée, vol. 1a : Tables A1-A2, Louvain, Publications de l’Institut Orientaliste de Louvain 59B, 2011, INTRODUCTION, p. 46). 75 Voici les conclusions de son étude : «[…] le traducteur, probablement un chrétien hellénophone, disposait dans sa bibliothèque d’un exemplaire des tables qu’il a recopiées et d’un texte grec du Petit Commentaire de Théon qu’il a entrepris de traduire en arabe. Le texte arabe de Théon apparaît comme une transposition assez littérale du texte grec, et le résultat devait être peu compréhensible pour un arabophone. Et, pour autant que l’on puisse en juger par d’aussi courts fragments, le traducteur n’était pas familiarisé avec les sujets astronomiques. Première étape d’une tentative de traduction avant 886, ces fragments arabes sont en tout cas antérieurs aux manuscrits byzantins conservés du Petit Commentaire de Théon, qui ne remontent pas au-delà de la fin du XIIIe siècle, à l’exception d’un seul fragment du IX /Xe siècle conservé dans le Leidensis BPG 78. » (extrait de TIHON, Πτολεμαίου Πρόχειροι, 2011, INTRODUCTION, p. 46 ; voir aussi PROVERBIO, Theonis Alexandrini fragmentum, 2002, p. 376-377). 76 LA SPISA P., « Note paléographique sur le palimpseste arabe Vaticanus siriacus 623 » dans TIHON, Πτολεμαίου Πρόχειροι, 2011 [= ANNEXE V], p. 84-86. 268
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
2. Au sujet du Chartulaire de Djazira On consultera l’Encyclopédie de l’Islam et Pour un ‘Oriens Christianus Novus’. Répertoire des diocèses syriaques orientaux et occidentaux de J. M. Fiey77. Selon l’Encyclopédie de l’Islam (vol. II, p. 536), les géographes arabes désignaient sous le terme de « Djazira » la partie septentrionale du territoire situé entre l’Euphrate et le Tigre. En fait, la Djazira est un plateau d’altitude assez faible comprenant des blocs de montagne. Cette région regroupe le Karadja Dagh (entre Amid et l’Euphrate), le Tur Abdin (entre Mardin et Djazira Ibn ‘Umar, le Djabel Sindjar (entre Khabur et le Tigre) et le Djabel Makhul (sud d’al-Mawsil). L’une des régions de la Djazira (région de Nisibe) était appelée par les Perses Arvastan et par les Araméens Beth Arabaya. Au moment de la conquête arabe (639-640) la Djazira était partagée entre la Perse (De Nisibe au Tur Abdin) et Byzance (de Reš‘ayna à l’Euphrate), la frontière se situant entre Nisibe et Dara. J.-M. Fiey classe le diocèse de Djazira parmi les diocèses occidentaux. En 1933 fut créé un évêché syriaque orthodoxe sous le nom de « Djazira et le Khabur », qui changea de nom en 1943 (Djazira et l’Euphrate). Son siège est à Hassaka. Ce diocèse recouvre la plaine du Nord-Est de la Syrie entre le Tigre et le Khabur. En revanche il existe en Orient (auj. Cizre, en Turquie du Sud-Est) la ville de Djazira Ibn ‘Umar que J.M. Fiey abrège souvent en Djazira : fondée en 864 par Ibn ‘Umar. 3. Au sujet d’Athanase L’Athanase, dont il est question dans la lettre est Athanase de Balad, est évoqué par Grégoire Bar Hebraeus dans son Chronicon Ecclesiasticum78.
77
FIEY J. M., Pour un ‘Oriens Christianus Novus’. Répertoire des diocèses syriaques orientaux et occidentaux, Beirut, Orient-Institut der deutschen morgenländischen Gesellschaft (Band 40), 1993, p. 193. On pourra également consulter FIEY J. M., Communautés syriaques en Iran et Irak des origines à 1552, London, Variorum reprints, 1979. 78 « Mar Athanasios who is called ‘of Balad’ was ordained Patriarch, who is an exegete of the Holy Scriptures, a student of Severos Sebokht who, in his youth, was trained and studied intensely the Greek language in the monastery of Qenneshre » (Chronicon Ecclesiasticum, col. 287-290 ; nous reproduisons ici la traduction anglaise de ce passage que nous avons trouvée dans TANNOUS J. B. V., Syria Between Byzantium and Islam : Making incommensurables speak, vol. 1 (A dissertation presented to the faculty of Princeton University in candidacy for the degree of Doctor of Philosophy recommended for acceptance by the Department of History) (adviser : Peter Brown), Nov. 2010, p. 281. 269
Troisième partie Établissement de critères de datation et application au corpus des textes astronomiques syriaques
Établissement et application de critères de datation
Introduction Dans les années 1980, S. P. Brock fit paraître une série d’articles et d’ouvrages marquant une avancée décisive dans la recherche de critères de datation des textes anonymes syriaques 1 . Ses recherches se fondent essentiellement sur l’examen de la littérature biblique, liturgique, patristique et prennent également en compte les traductions syriaques du corpus des textes de logique. Après avoir observé attentivement les traductions syriaques produites à partir du grec entre le
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et le
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s. apr. J.-C.,
S. P. Brock a proposé de fixer plusieurs critères de datation. Le premier critère repose sur l’examen de l’attitude et des intentions du traducteur : un ouvrage qui chercherait à mettre la source grecque à la portée du lecteur syriaque et à exprimer un point de vue au-delà du contenu du texte, tendrait à indiquer que le traducteur s’inscrit dans une tradition ancienne prévalant aux
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IV -V
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s. apr. J.-C. ; en revanche, un traducteur effacé devant l’autorité
de sa source et manifestant le souci de transmettre un texte le plus fidèlement possible (en accordant une grande importance au signifiant), indiquerait plutôt qu’il exerce aux VIe-VIIe siècles.2 1
S. P. Brock a réuni des articles et une bibliographie à ce sujet dans BROCK S. P., Syriac Perspectives on late antiquity, London, Variorum Reprints, 1984. Cette collection doit être complétée par deux autres articles : BROCK S. P., « Towards a history of Syriac translation technique », OCA 221, 1983 (3e Symposium syriacum 1980, Roma), p. 1-14 et BROCK S. P., « Diachronic aspects of Syriac word formation : an aid for dating anonymous texts », OCA 236, 1990 (5e Symposium Syriacum 1988, Louvain), p. 321-331. 2 La récente thèse de J. B. V. Tannous (TANNOUS J. B. V., Syria Between Byzantium and Islam : Making incommensurables speak, vol. 1 - A dissertation, Princeton University -, Nov. 2010, p. 116-124), qui se fonde en partie sur l’examen des colophons de manuscrits de cette période, fait également état de cette évolution dans la technique de traduction des Syriaques. Au sujet de Sergius de Rešʻayna (qui réalisait ses traductions à deux : l’un effectuant une première traduction par oral, le second reformulant le tout en bon syriaque par écrit), voir BROCK S. P., A Brief Outline of Syriac Literature, Kottayam, Gorgias Press, 1997, p. 202 ; sur les témoins du VIIe s., voir TANNOUS, Syria Between Byzantium, 2010, p. 121-124 et en particulier l’intéressant témoignage de Jacques d’Édesse sur le littéralisme de cette époque : « They have been translated from the Greek tongue into the Edessene or Syriac speech by the saintly Mar Paul who was bishop of the city of Edessa, while he was on the island of Cyprus, in flight from the Persians. And they have been with great care and love of toil [sc. φιλοπονία] corrected and compared with the Greek manuscripts with all possible accuracy by me the poor and sinful Jacob the lover of toil [sc. φιλόπονος ] and with all the carefulness in my power I have distinguished between the words of the teacher and those that were added by the same Mar Paul in order that the number of rhythmical divisions might be equal when the words are pronounced, on account of the brevity and succinctness of the expressions of this Syriac language in comparison with the Greek language, by writing the words of the teacher in ink, and writing those that were added in 271
Établissement et application de critères de datation
En partant de l’étude serrée du corpus évagrien et de diverses homélies, S. P. Brock 3 considère que l’année 500 apr. J.-C. constitue une date de rupture dans la technique de traduction des Syriaques, du moins pour les traductions réalisées à partir du grec. Cette date charnière correspondrait au passage d’une période de traduction de type « exposé » à une période de traduction dite « en miroir ». Avant 500 apr. J.-C., le traducteur pouvait, ou bien chercher à pénétrer le contenu essentiel de l’original, ou bien imposer son point de vue ou celui d’un groupe au-delà du texte qu’il était en train de traduire, de manière à ce que son texte pût servir à des fins de propagande. Après 500 apr. J.-C. on constate que les traducteurs ont eu tendance à s’effacer et à adopter un comportement révérencieux vis-à-vis du texte dont ils cherchaient à produire une traduction « en miroir » : toute leur attention est orientée vers la source, plus que vers le lecteur. Bien entendu tous ces critères sont exposés avec nuance dans les travaux de S. P. Brock, auxquels il convient de se reporter. S’ajoutent d’autres indices d’ordre philologique susceptibles de faciliter la datation de textes syriaques anonymes : le premier se fonde sur l’examen des particules de liaisons 4 , le second sur le recensement des néologismes5. En effet les traducteurs syriaques des
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siècles, qui
cherchaient à rendre le grec le plus fidèlement possible, en vinrent à mettre en place un nouveau système de marqueurs logiques et à intensifier la formation : de nouveaux mots suffixés en -ono (noms d’agents) ou en –oyo (adjectifs) ; de noms abstraits suffixés en –onuto (noms féminins abstraits) ; d’adverbes en –onoit.
red paint (σηρικόν); while the words which the translator altered, for the same reason, inserting one expression in place of another, in order that the measure of the period might agree with the rhythm of the Greek words, I have written for you in small, fine letters above the same groups of words between the lines, in order that you may easily know how they stand in the Greek whenever you wish to do so; and how the proofs and testimonies from the scriptural words of the Holy Scriptures in the hymns themselves run, without variation and without addition or diminution » (traduit du syriaque par J. B. V. Tannous à partir de BROOKS E.W.(éd.), « The Hymns of Severus and Others in the Syriac Version of Paul of Edessa as Revised by James of Edessa », PO 7, 1911, p. 801-802). 3 Cf. BROCK, « Syriac translation », 1983, p. 4. 4 Cf. Ibid., p. 7. 5 Cf. BROCK, « Diachronic aspects », 1990, p. 322-325. 272
Établissement et application de critères de datation
Ces critères sont-ils applicables au corpus des textes astronomiques ? Pour le savoir, nous appliquerons dans un premier temps les critères de datation suggérés par S. P. Brock aux seuls textes astronomiques syriaques bénéficiant d’une claire attribution, c’est-à-dire ceux pour lesquels nous sommes sûre de l’époque de production. Si les résultats que nous obtenons concordent avec les observations de S. P. Brock, nous pourrons alors valider ces critères pour l’ensemble du corpus astronomique. Nous ajouterons d’autres critères de datation résultant de notre observation attentive du lexique astronomique syriaque et de son évolution, de l’époque de l’école bardesanite (IVe s.) à celle de Grégoire Bar Hebraeus (XIIIe s.).
La seconde étape de notre travail consistera à appliquer ces critères à une dizaine de textes astronomiques syriaques anonymes sélectionnés au sein de trois manuscrits : le ms. Paris BnF syr. 346, le ms. Vat. sir. 516 et le ms. Vat. sir. 555. La méthode que nous choisissons d’adopter ici présente certaines limites, à propos desquelles il convient d’avertir le lecteur. Le premier problème réside dans la rareté des textes astronomiques syriaques bénéficiant d’une claire attribution avant la fin du du premier tiers du
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siècle. On conserve,
siècle, deux ouvrages de Sergius de Rešʽayna6 : une
composition astrologico-astronomique intitulée Traité sur l’action de la lune7 ainsi que la traduction d’un texte pseudo-aristotélicien connu sous son
6
Pour un panorama de la production de Sergius de Reš‘ayna (mort en 536 apr. J.-C.) voir BAUMSTARK, Geschichte, 1922. Pour une mise à jour à propos de ses traductions des œuvres de logique d’Aristote, voir HUGONNARD-ROCHE H., « Notes sur Sergius de Rēšʽainā, traducteur du grec en syriaque et commentateur d’Aristote », in ENDRESS G. and KRUK R. (éd.), The ancient tradition in Christian and Islamic Hellenism, dedicated to H. J. Drossaart Lulofs on his ninetieth birthday [Proceedings of the Third Symposium Graeco-Arabicum 1991], Leiden, Research School CNWS, 1997, p. 121-144 et ID., La logique d’Aristote du grec au syriaque, Paris, Vrin, 2004 ; pour une synthèse sur ses traductions du De Mundo (du Ps. Aristote) et du Traité sur les causes de l’univers (d’Alexandre d’Aphrodise) voir ID., « De Caelo. Traditions syriaque et arabe » dans GOULET R. (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, suppl., Paris, CNRS, 2003, p. 283-294 ; à propos de ses traductions du Ps.-Denys, voir HORNUS J.-M., « Le corpus dionysien en syriaque », Parole de l’Orient 1, 1970, p. 69-93 ; à propos de ses traductions de Galien, voir DEGEN R., « Galen im Syrischen : Eine Übersicht über die syrische Überlieferung der Werke Galens », in NUTTON V. (ed.), Galen : Problems and Prospects, London, Wellcome Intitute for the history of Medecine, 1981, p. 131-166. 7 Voir ce texte édité et traduit Partie 2, texte 2. 273
Établissement et application de critères de datation
nom latin de De Mundo8; quant aux textes préservés du
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siècle, seuls
deux traités, attribués à Sévère Sebokht9, sont actuellement disponibles pour l’étude, quoique l’un deux ne soit que partiellement édité : il s’agit du Traité sur l’astrolabe 10 et du Traité sur les constellations 11 dont seuls trois chapitres sur dix-huit ont été édités. Nous ajoutons à ce corpus la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant
12
de Sévère Sebokht dont nous
présentons le texte et une traduction inédits dans cette thèse 13. Il est clair que ces seuls témoins ne nous permettront pas d’établir un état des lieux exhaustif de la production des textes astronomiques syriaques pour la période qui nous intéresse. De plus, comme nous ne disposons pour cette étude d’aucun témoin fiable antérieur à 500 apr. J.-C., il nous a été difficile de proposer une observation globale de l’évolution des techniques de traduction au sein de ce corpus. Cela dit, le Traité sur l’action de la lune et la traduction du De Mundo que nous conservons de Sergius de Rešʽayna, produits très tôt au VIe siècle, comme on le verra, présentent encore certaines caractéristiques des productions anciennes.
Le second problème vient du fait que ces ouvrages ne sont pas tous des traductions. À l’exception de la traduction du De Mundo par Sergius de Rešʽayna, les textes astronomiques dont nous disposons sont de pures productions syriaques, même si on y trouve certes des passages traduits du grec. Est-il bien légitime, dans ces conditions, de vouloir appliquer les
8
Texte syriaque édité à partir du ms. BL Add. 14 658 dans LAGARDE P., Analecta Syriaca, Osnabrück, Otto Zeller, 19672 (Leipzig, Teubner, 18581), p. 134-158. On trouvera le texte et une traduction du chapitre IV de ce traité un peu plus loin Partie 3, section I, 2. 9 Pour un aperçu de l’œuvre et quelques notes biographiques à propos de Sévère Sebokht, évêque de Qennešrin (Syrie), voir NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27, 1929/1930, Introduction, p. 333-338. 10 NAU F. (éd.), Le Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des sources grecques et publié pour la première fois avec traduction française (extrait du JA), Paris, E. Leroux, 1899. 11 Ce traité n’ayant été que partiellement édité par Nau (chap. 4-6), nous renvoyons, pour le texte, aux feuillets 78r à 121v du ms. Paris BnF syr. 346. La traduction intégrale des 18 chapitres de ce traité se trouve dans NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27, 1929/30, p. 333-410 et ROC 28, 1931/32, p. 85-100. 12 Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant éditée et traduite dans cette thèse à partir du ms. Paris BnF syr. 346, f. 124v-127v. 13 Le ms. Paris BnF syr. 346 contient d’autres textes astronomiques attribués à Sévère Sebokht, que nous avons présentés en Partie I (« État des sources »), mais qui, demeurant inédits, ne sont pas encore disponibles pour le genre d’étude que nous souhaitons mener. 274
Établissement et application de critères de datation
critères de datation de S. P. Brock ? Nous répondons par l’affirmative pour la raison que ces textes, qui font souvent suite à une traduction du grec14, reposent intégralement sur des théories astronomiques grecques et se trouvent dans tous les cas placés sous l’autorité d’un auteur grec : Galien et Claude Ptolémée pour Sergius de Rešʽayna, Théon d’Alexandrie et Claude Ptolémée pour Sévère Sebokht. En effet Sergius prétend expliciter une théorie astronomique qu’il a lu chez Galien, et Sévère Sebokht renvoie sans cesse au Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie ainsi qu’aux Tables manuelles de Ptolémée pour calculer des éclipses de lune. La langue de ces savants doit ainsi être tenue pour le véhicule d’un savoir astronomique qui se transmettait du grec en syriaque.
14
Sergius de Rešʽayna dit que son traité fait suite à une traduction, réalisée par lui-même, du Traité sur les jours critiques de Galien : cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2 (Prologue). Ce même traité contient d’ailleurs des citations du grec (sans qu’on ait toujours réussi à en déterminer la source). En ce qui concerne Sévère Sebokht, nous avons retrouvé dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant des passages cités littéralement du Petit Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie. Sévère disposait donc d’une copie de cet ouvrage. Mais nous ne sommes actuellement pas en mesure de préciser si le texte qu’il avait sous la main était l’édition grecque elle-même ou bien une traduction syriaque de ce texte. Quoiqu’il en soit le propos de Sévère est fortement contaminé par le lexique astronomique grec de cet ouvrage. 275
Établissement et application de critères de datation
Section I : vérification des critères de S. P. Brock
La première étape de notre travail consistera donc à tester les critères de datation, proposés par S. P. Brock, sur les cinq textes suivants : la traduction du De Mundo15 et le Traité sur l’action de la lune16 de Sergius de Rešʽayna († 536 apr. J.-C.), puis pour le
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siècle le Traité sur
l’astrolabe17, le Traité sur les constellations18 et une Lettre sur les nœuds ascendant et descendant19 attribués à Sévère Sebokht. L’attitude du traducteur syriaque étant selon S. P. Brock révélatrice de son époque, nous interrogerons dans un premier temps le rapport que chacun put entretenir avec la source grecque en amont et avec son lecteur en aval. Nous examinerons ensuite de plus près les techniques de traduction mises en œuvre : il s’agira de définir les séquences de traduction, de préciser à chaque fois l’importance accordée au signifiant grec, d’observer le type de néologismes créés par chacun des deux auteurs syriaques et enfin de relever les connecteurs logiques. Ce test nous permettra aussi de préciser les contours de certains critères définis par S. P. Brock, afin de rendre compte de la spécificité du corpus astronomique syriaque produit avant la fin du VIIe siècle.
15
Nous ne prendrons en considération pour cette étude que le quatrième chapitre de ce traité car il est le seul qui contienne véritablement du lexique astronomique (les autres chapitres traitent en effet de géographie, de météorologie et d’ontologie). On se réfèrera pour le texte syriaque à l’édition de LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, Osnabrück, Otto Zeller, 19672 (Leipzig, Teubner, 18581), p. 136-137, pour le texte grec à l’édition de LORIMER W. L. (éd.), Aristotelis qui fertur libellus De Mundo. Accedit Capitum V, VI, VII interpretatio syriaca ab Eduardo König Bonnensi Germanice versa, Paris, Les Belles Lettres, 1933, p. 50-54 et pour une traduction française du grec à TRICOT J. (trad.), Traité du Ciel suivi du Traité pseudo-aristotélicien du monde, Paris, Vrin, 1949. Mais nous avons fourni le texte syriaque avec le texte grec en vis-à-vis un peu plus loin dans notre démonstration. 16 Sergius de Rešʽayna, Traité sur l’action de la lune (d’après BL Add. 14658, f. 141v149v). Pour le texte et la traduction de ce texte, se référer à notre travail (seconde partie de la thèse). 17 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU]. 18 Sév. Seb., Traité sur les constellations. 19 Sév. Seb., Lettre sur les nœuds, f. 124v-127v. 276
Établissement et application de critères de datation
1. Attitude des traducteurs
a. Sergius de Reš‘ayna - Traité sur l’action de la lune Dès le prologue de son Traité sur l’action de la lune, Sergius définit clairement ses intentions :
Après avoir notre traduction de ce troisième traité qui est le dernier de l’ouvrage portant Sur les jours critiques 20 , ô notre frère Théodore, constatant la complexité de la pensée que l’auteur avait placée dans ce livre, tu nous as persuadé de t’exposer aussi brièvement que possible la théorie à laquelle Galien recourait, afin qu’en la lisant, on puisse la trouver agréable et en recevoir quelque vertu par laquelle on pourrait s’ouvrir à la connaissance des sujets qu’il aborde21. Plus loin, le traducteur de Galien nous renseigne sur la raison pour laquelle ce Théodore éprouve des difficultés de compréhension à la lecture de la version syriaque du Traité sur les jours critiques : c’est parce qu’il y a trouvé des développements fondés sur une théorie astronomique que Galien n’avait pas pris la peine de reformuler. Sergius promet donc d’apporter des explications supplémentaires à sa précédente traduction. Pour ce faire il s’appuie sur des ouvrages d’astronomes grecs qu’il rattache au courant aristotélicien 22 . Son attitude vis-à-vis des sources grecques qu’il cite est ambiguë. Sergius se montre respectueux de ses sources grecques en ce qu’il prend le temps de les citer : à trois reprises dans le prologue il cite Galien et le titre de son ouvrage ; à trois reprises il prétend expliciter le traité de Galien à la lumière des théories développées chez les astronomes. Tout son traité est ponctué d’expressions telles que : selon eux, ils pensent que, ils 20
Cf. Gal., De diebus decretoriis, l. III dans KÜHN C. G. (éd.), Claudii Galeni Opera Omnia, t. 9, Leipzig, G. Olms, 19652 (18251), p. 900-941. 21 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2. 22 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 1. 2 : « […] il est nécessaire, […] de connaître le propos général concernant l’opinion globale conçue par les astronomes, relative à toutes les causes qui peuvent affecter la région sub-lunaire, comme la vénérable philosophie aristotélicienne ». 277
Établissement et application de critères de datation
ont dit, faisant référence à des auteurs grecs. Au moment d’inviter son lecteur à opérer des calculs pour déterminer la position des nœuds ascendant et descendant, Sergius propose notamment de recourir aux Tables faciles de Claude Ptolémée23; puis à la toute fin de son prologue il explique que les études astronomiques sont recommandées par Aristote dont il estime que la philosophie est morto, c’est-à-dire vénérable24. Cependant, à la fin du traité, les astronomes grecs sont brusquement mis à l’index, car ils n’auraient « pas la sagesse de dire […] que le Seigneur la terre dans sa totalité : le monde et ses habitants »25. Sergius apporte donc à son lecteur, chrétien, des connaissances contre lesquelles il préfère le mettre en garde, ces théories, développées par les Grecs, demeurant des théories païennes. Le Traité sur l’action de la lune, qui est un exposé sur la théorie astronomique utilisée par Galien, montre son rédacteur, Sergius de Reš‘ayna, tiraillé entre sa volonté de transmettre les auteurs grecs et celle d’adapter cette littérature à un public chrétien. - De Mundo26 Dans sa traduction du De Mundo, le même Sergius de Reš‘ayna n’hésite pas à censurer le texte qu’il attribue à Aristote lorsqu’apparaissent des termes susceptibles de troubler un lecteur chrétien : par exemple quand le texte grec décrit la planète Vénus sous les traits de Lucifer27 , Sergius
23
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1. Ibid. 1. 2. 25 Ibid. 4. 5. 26 On retrouvera l’ensemble des informations d’ordre linguistique, que nous apportons sur ce texte, dans le chapitre consacré aux séquences de traductions, où le chapitre 2 fera notamment l’objet d’un examen détaillé, dans le cadre d’une confrontation avec le texte grec préservé. 27 Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 2, p. 54 : « ὁ τοῦ Φωσφόρου, ὃν Ἀφροδίτης, οἱ δὲ Ἥρας προσαγορεύουσιν ». Dans la littérature médiévale le Diable est couramment appelé Lucifer ou Satan, mais les auteurs antiques chrétiens, et dans une large mesure ceux du Haut Moyen Âge appliquent parfois ce nom de « Lucifer » au Christ, le porteur de lumière, comme dans Grégoire le Grand, Morales sur Job, Préface VI, 13, (SC 32, 1952), p. 161 : « […] jusqu’à ce que, à la fin de la nuit, le Rédempteur des hommes, véritable étoile du matin, se lève. » (trad. A. De Gaudemaris). Pour plus de renseignements à ce propos consulter RUSSELL F. B., Lucifer. The Devil in the Middle Ages, Ithaca and London, Cornell University Press, 1984, p. 247. En réalité nous ne connaissons pas la raison exacte pour laquelle Sergius décide de supprimer ce nom. 24
278
Établissement et application de critères de datation
préfère lui substituer un terme archaïque syriaque 28 . Cette traduction présente également, à de nombreux endroits, des ajouts par rapport au texte grec de départ : il s’agit soit d’expliquer le sens d’un mot grec en particulier29, soit d’offrir une paraphrase30 permettant de rendre le propos plus clair auprès d’un lecteur non hellénophone. Notons que Sergius profite par ailleurs de son expérience de traducteur habitués aux œuvres de logique aritotélicienne pour apporter une ̈ précisions au texte grec en ajoutant au titre le mot ܗܘܝܐ (les étants)31. Enfin il corrige, à la fin du deuxième chapitre, la description de l’organisation du système solaire en situant le soleil non pas dans le voisinage de la lune, comme le propose Aristote, mais entre les planètes dites inférieures (Vénus et Mercure) et supérieures (Mars, Jupiter, Saturne), comme le propose Claude Ptolémée32.
Les modifications opérées sur le texte grec du De Mundo trahissent clairement l’intention du traducteur de faire accepter et recevoir ce texte par un lecteur chrétien (voir la suppression de la mention de Vénus Lucifer) de langue syriaque33 et une volonté d’amender le texte qu’il a sous les yeux.
Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137 « ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܿܡܢ. ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ ܕܟܘܟܒܬܐ ܐܢܫܝܢ ܕܝܢ ܕܗܐܪܐ. » ܕܒܝܠܬܝ ܿܩܪܝܢ ܠܗ. 29 Voir par exemple la définition du mot ἄξονα in Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 136. 30 Sergius insère notamment dans sa traduction une explication portant sur la confusion de certains Grecs qui ont pu croire que l’éther était de nature ignée du fait de la proximité en grec des mots Ἄιθη et αἰθήρ. Cf. Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 136. 31 Cf. Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 134. 32 Comparer le texte grec (« εἶτα ὁ ἡλίου, καὶ τελευταῖος ὁ τῆς σελήνης » in Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 2, p. 54) avec le syriaque (« . ܠܥܠ ܕܝܢ ܡܢ ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣ ܐܝܬܘܗܝ ܘܐܚܪܝܐ ܕܟܠܗܘܢ ܠܬܚܬ ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ ܕܣܗܪܐ. » ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܫܡܫܐin Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137). Ce qui permet donc à Sergius de situer le soleil entre Mars et Mercure et non entre Vénus et la Lune comme le suggérait le texte grec du Ps.-Aristote. Comparer avec Arist., Cael., II, 12 et Ptol., Alm., IX, 1. 33 On verra plus loin qu’aucun des noms grecs des planètes n’a été retranscrit, en dehors de ceux de Mercure et Mars, intégrés très tôt dans la langue syriaque, et que les termes translittérés du grec sont quasiment tous accompagnés d’une glose. 28
279
Établissement et application de critères de datation
b. Sévère Sebokht Plus d’un siècle plus tard, Sévère Sebokht, alors évêque du monastère de Qennešrin, n’incrimine plus Théon d’Alexandrie pour ses origines païennes. Dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, Sévère se révèle non seulement soucieux de transmettre le contenu scientifique des compositions astronomiques grecques de son choix, mais il est aussi attaché au fait de transmettre ces textes à la lettre, le plus précisément possible. Dès le début de la lettre, le lecteur est renvoyé au Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie ainsi qu’aux Tables faciles de Claude Ptolémée :
Quant au fait de pouvoir calculer rapidement et sans effort les nœuds ascendant et descendant, je ne l’ai trouvé nulle part et je pense que personne d’autre à faire en sorte que le calcul des nœuds ascendant et descendant soit plus rapide, plus facile et nécessitant moins de travail que le calcul d’après les Tables faciles, comme l’a enseigné Théon d’Alexandrie dans son Commentaire aux Tables faciles.34 Méthode facile et nécessitant peu d’effort au sujet des nœuds ascendant et descendant de Théon d’Alexandrie, d’après les Tables faciles35 […] comme le propose l’exemple de l’auteur dans le Commentaire, qu’on t’a adressé36
Les sources grecques sont donc dûment citées et Sévère Sebokht ne manque pas, à plusieurs reprises, de recommander à son lecteur l’usage exclusif d’un certain type de sources, et d’éviter de recourir à d’autres méthodes de calcul :
Bien que cela ne soit pas convenable pour le noble mentionné, nous pouvons utiliser une 34
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 1. Ibid. II. 2. 5. 36 Ibid. II. 5. 2. 35
280
Établissement et application de critères de datation
autre méthode, à partir de laquelle on pourra aussi, sans recourir aux Tables faciles, calculer les nœuds ascendant et descendant. Mais n’étant pas habile en ces choses, c’est en comptant sur ton amour, frère, et grâce à la fraternité d’un compagnon, qu’on a pu calculer les nœuds ascendant et descendant de la manière suivante, si tant est que cela puisse être convenable.37 Il n’hésite pas non plus à répéter les mérites et à vanter la clarté du traité de Théon, insistant sur le fait qu’on doive utiliser ce livre et aucun autre pour prévoir des éclipses :
Le noble ami du Christ, dont on a parlé, nous a persuadé de concevoir un exemple se rapportant aux éclipses solaire et lunaire, bien que ceci ait été très bien fait et à plusieurs reprises par Théon, que nous avons cité par l’intermédiaire du Commentaire qu’il a écrit aux Tables faciles. Nous voulons, frère, que tu connaisses ces et grâce à elles le noble puisse établir 38.
Il ne fait pas de doute que le destinataire final de cette lettre, soit l’Illustre Stéphane, chartulaire de Haute Mésopotamie, disposait des Tables faciles de Claude Ptolémée et d’un Commentaire de Théon d’Alexandrie relatif à ces Tables. Il est même possible que Sévère, qui insiste tant pour que ce correspondant recoure directement à Théon, ait lui-même préalablement envoyé ces ouvrages. Les livres de Théon d’Alexandrie et de Claude Ptolémée circulaient donc en Orient, en grec ou en syriaque, et exerçaient une autorité considérable sur notre savant syro-occidental. Cette lettre est en outre un témoin exceptionnel des étapes de la transmission de Théon d’Alexandrie et de Claude Ptolémée vers l’Orient : si la traduction syriaque ou les textes grecs eux-mêmes circulaient déjà au
VII
e
siècle, les
lecteurs orientaux, comme Stéphane, ne semblaient pas encore assez formés pour pouvoir s’en servir. Tout l’intérêt de la lettre de Sévère Sebokht résidait donc dans une application concrète et pédagogique des ouvrages astronomiques sus-mentionnés. Sévère s’appuie pour ce faire sur des 37 38
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 3. 1. Ibid. II. 6. 281
Établissement et application de critères de datation
exemples, auxquels il applique la méthode fournie par Théon d’Alexandrie. Cette application se fait avec tant de scrupules que plusieurs passages sont traduits littéralement du Petit Commentaire.
Selon F. Nau nous conserverions un autre type de discours de Sévère, le montrant particulièrement polémique vis-à-vis des astronomes grecs. Nous souhaitons revenir sur cette interprétation de Nau, que nous pensons discutable. Le premier texte qu’il présente comme un témoin est la Lettre sur l’origine de la science astronomique (cf. Partie I, IX, i) que Nau attribue à Sévère alors que le copiste ne procède jamais à cette attribution dans le ms. Paris BnF syr. 346 (cf. f. 168v-170v)
39
. Son auteur cherche
manifestement à valoriser les apports astronomiques babyloniens et égyptiens et insiste sur leur précédence :
Certains croient que les Grecs seuls savent faire des calculs astronomiques, mais tous les écrivains grecs reconnaissent que les Babyloniens, puis les Égyptiens, ont précédé les Grecs, or les Babyloniens sont des Syriens. Ptolémée dans sa Syntaxe le montre encore, puisqu’il fait le comput du soleil, de la lune et des planètes d’après les années de Nabuchodonosor ; il montre ainsi qu’il a pris aux Babyloniens le fondement de ses calculs. 40
F. Nau y vit un propos polémique, « contre les Grecs » 41 . Nous pensons au contraire que l’auteur syriaque en question a cherché à valoriser les astronomes grecs, et en particulier Claude Ptolémée en l’inscrivant dans une chaîne de transmission des savoirs dont les racines se trouveraient en 39
On peut lire des extraits de cette lettre en syriaque et en traduction française dans NAU F., « La cosmographie du VIIe s. chez les Syriens », ROC 15, 1910, p. 248-250 et dans son introduction à Sév. Seb., Traité sur les constellations, p. 332-333. Pour une édition et une traduction allemande complète du texte, cf. REICH, « Ein Brief des Severus Sebokt », 2000, p. 478-489. 40 Trad. NAU, « La cosmographie », 1910, p. 248-249. 41 NAU, « Le traité sur les constellations », 1929, Introduction, p. 332. Nau s’appuie également, dans cette même introduction, sur d’autres propos virulents (cf. p. 330 à 332) qu’il a trouvé dans un des traités du ms. Paris BnF syr. 346, mais en réalité ce dernier texte n’est pas attribuable à Sévère Sebokht, mais à un auteur du VIe siècle (voir notre démonstration à propos de la datation de ce texte du ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v- 60r à la fin de notre troisième partie en II. 2. b. Traité sur les éclipses lunaires et solaires). Si les propos en question sont certes virulents, ils ne visent d’ailleurs pas les Grecs de façon explicite. 282
Établissement et application de critères de datation
Orient. C’est en comparant le propos de Sévère avec celui d’autres auteurs grecs chrétiens contemporains (Cosmas Indicopleustès et Rufin le sage 42 ), que nous sommes arrivée à la réflexion que l’auteur, qui s’adressait à des interlocuteurs chrétiens, devait prendre en compte la part d’obscurantisme43 et de fondamentalisme44 de ses interlocuteurs, et justifier son intérêt pour l’astronomie. Au nom des divines Écritures, ne vit-on pas un Cosmas Indicopleustès défendre la théorie d’une terre rectangulaire dans sa Topographie chrétienne45, consacrer Moïse grand et divin cosmographe46 et reprocher aux astronomes grecs d’être des faiseurs de fables, des « sophistes » ? Dans son Traité sur les constellations, Sévère défendit au contraire, nous semble-t-il, la cause des astronomes grecs à propos de cette accusation,
42
Le ms. Vat. sir. 555 conserve, aux feuillets 46r à 62v, un traité astronomicométéorologique intitulé Exposé sur le soleil, son parcours et son éclipse attribué à Rufin que nous désignons de la manière suivante : Ruf., Exp. [Vat. sir. 555]. Il faut différencier cette version longue du texte édité par G. Levi Della Vida (d’après la version courte de Vat. sir. 217) dans LEVI DELLA VIDA G., « La Dottrina e i Dodici Legati », Atta della Academia dei Lincei [Mem. Scienze morali, sér. 8] 3, fac. 8, 1951, p. 477-542 [= Pitagora, Bardesane e altri studi siriaci, a cura di R. Contini, Roma, Bardi, 1989, p. 125-191]. La traduction proposée par G. Levi Della Vida a d’ailleurs été réalisée à partir du texte arabe. G. Levi Della Vida a estimé que la partie du texte qui nous intéresse était la plus ancienne, vraisemblablement de la fin du Ve siècle. 43 Dans son Exposé sur le soleil, son parcours et son éclipse, Rufin le sage, qui rapporte le plus souvent des théories fumeuses sur le mouvement des astres, la stratification du ciel et la composition de la terre, ponctue régulièrement son propos de remarques du genre : « quand tu chercheras à connaître cela et les règles, n’en expose pas davantage à ceux qui voudraient s’instruire en cela et tu te montreras sage et philosophe » (Ruf., Exp. ܿ ܕ̈ܪܕܝܢ. ܡܚܘܐ ܐܢܬ ܠܗܘܢ ܿ ܓܝܪ ܟܕ ܿ ܘܐܘܪܚܐ ܐܠ. ܬܒܥ ܐܢܬ ܡܢܗܘܢ [Vat.sir. 555], f. 59v : « ܝܬܝܪ.ܒܗ ̈ » ܡܢܗܘܢ. ܚܟܝܡܐ ܘܦܝܠܠܘܣܘܦܐ ܡܬܚܙܐ ܐܢܬ 44 e À la fin du VI s. Cosmas Indicopleustès inscrit dans le prologue de sa Topographie chrétienne : « Il existe des chrétiens d’apparence qui, sans tenir compte de la divine Écriture qu’ils dédaignent et méprisent à la manière des philosophes du dehors, supposent que la forme du ciel est sphérique, induits en erreur par les éclipses du soleil et de la lune. […] » (Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 1, p. 264) ; « Que celui qui, avec l’aide de Dieu, en est capable, s’applique, surtout à l’aide de cet ouvrage et de ce volume, à détruire jusqu’aux fondements l’erreur des théories païennes ». Il s’agit en réalité de contredire la théorie de la sphéricité de la terre, comme il apparaît clairement dans le titre d’un des chapitres de sa Topographie : « Contre ceux qui veulent être chrétiens mais croient et professent, comme les gens du dehors, que le ciel est sphérique » (Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 1, p. 272-274). Voir aussi le propos du Ps.-Denys l’Aréopagite : « Or les Grecs […] ont accumulé erreur sur erreur, en disant que les ténèbres ne sont pas une chose créée ni faite […] Les Grecs mêlent aussi l’erreur à toutes les durées de révolution » (Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER], p. 148 (texte) ; p. 172 (trad.). 45 Il s’appuyait en l’occurrence sur Ex. 25, 23 comme on le voit dans Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 2, p. 356 : « Ainsi la divine Écriture se trouve véridique lorsqu’elle avance que la longueur de la terre est double de sa largeur : Tu feras, dit-elle, la table à l’image de la terre, longue de 2 coudées et large d’1 coudée ». 46 Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 3, p. 492. 283
Établissement et application de critères de datation
qui faisait d’eux de beaux parleurs47, et reprit le débat en faisant intervenir la Bible d’une manière bien différente48 : Quand Cosmas parle de l’origine des sciences, le ton et le propos sont bien différents et nettement plus virulents que ceux que l’on trouve dans le ms. Paris BnF syr. 346. Voici ce qu’on lit par exemple dans la Topographie :
Que les Grecs ne lèvent donc pas les sourcils avec orgueil, comme s’ils étaient les premiers à inventer quelque chose de neuf pour le bien du monde, alors qu’ils ont butiné chez d’autres aussi bien les caractères écrits et les lois que les hypothèses de la sphère, l’astronomie et l’astrologie. En effet, venus dans le monde à une époque tardive, ils s’imaginent que l’univers était éternel ; initiés par d’autres à l’hypothèse de la sphéricité du ciel, ils se crurent les premiers à l’inventer et exposèrent le Canon de l’astronomie comme leur propre découverte […] ce sont des ingrats devant Dieu 49. Les propos de Cosmas sont méprisants et clairement polémiques. L’ingratitude est le grief essentiel qu’il fait aux astronomes grecs. Sévère Sebokht, bien au contraire, présente Claude Ptolémée comme un auteur grec tout-à-fait conscient de sa dette vis-à-vis des Babyloniens :
47
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 1 : « […] les géomètres et les astronomes viennent témoigner en faveur de ma thèse – je veux dire que les constellations qu’on dit être dans le ciel n’y sont pas par nature mais par convention seulement et en paroles – […] Ils jugèrent bon en effet –avec sagesse et amour de la vérité – de dire ce qui convenait à la nature des choses, et non ce qui provenait d’une imagination quelconque de l’esprit, laquelle n’aurait aucune base solide qui puisse la recommander à un philosophe intelligent […] » (trad. Nau, p. 352). Puis Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 7 : « Les géomètres et certains astronomes, considérant tout cela avec sagesse, nommèrent ces douze parties du cercle des sections ou des dodécatoméries, comme nous l’avons dit, et s’écartèrent (f. 86v) de la fabrication des noms, c’est-à-dire de l’ineptie des dénominations imaginées par les poètes et les astrologues » (trad. Nau, p. 354). 48 « Pourquoi nous étonner qu’on ait imaginé des noms pour les étoiles qui apparaissent avec un certain être, puisque les hommes ont donné aussi des noms et des dénominations aux choses qui n’existent pas ? […] » ; « Le Livre divin48 lui-même n’a pas hésité à les nommer selon la coutume des hommes, car il dit : Qui a fait le Char et les Pléiades et les Hyades et le géant (Orion), et qui a entouré le sud ? Et il ne mentionne pas seulement ceux-là, mais encore Arcturus imaginé par les fables païennes des poètes – du moins dans la version grecque de la Bible » (Sév. Seb., Traité sur les constellations II ; trad. Nau, p. 349 ). 49 Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA] , vol. 2, livre XII, chap. 12, p. 372-373. 284
Établissement et application de critères de datation
Ptolémée lui aussi en rend témoignage dans la Syntaxe, car lorsqu’il choisit une origine pour le comput du soleil, de la lune et des cinq planètes, il ne commence pas aux années des rois Grecs, mais à celles des rois de Babylone […]. Il montre bien par là qu’il a trouvé chez les Babyloniens, et non chez les Grecs, le début et le fondement des calculs qu’il a faits. C’est donc sur ce fondement qu’il a construit et entassé les nombreux calculs qu’il a faits.50
L’ouvrage astronomique de Claude Ptolémée repose, selon Sévère, sur des observations compilées depuis l’époque babylonienne. L’antiquité des savoirs sur lesquels repose l’ouvrage lui confèrerait une autorité de poids et pouvait bien faire accepter à un lecteur chrétien le fait de lire l’auteur païen qu’était Ptolémée. Sévère Sebokht trouve donc peut-être le moyen de légitimer l’utilisation des travaux de ce dernier, en les présentant comme les réceptacles de tous les savoirs astronomiques accumulés depuis des millénaires par les Babyloniens. Notons que les Babyloniens sont, à cette occasion, présentés comme les ancêtres des Syriens. Manœuvre habile lorsqu’on sait le poids que les apologétistes chrétiens accordaient au critère d’ancienneté dans l’Antiquité. L’insistance avec laquelle Sévère Sebokht associe la pratique astronomique à l’identité syrienne se place également dans une démarche de justification de son intérêt pour cette science. À la différence des destinataires de la Topographie, qui étaient de langue grecque et vraisemblablement d’Alexandrie 51 , ceux de Sévère étaient de langue syriaque et, d’après la dédicace de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, enracinés dans une terre sémitique52. On sait par ailleurs qu’il 50
NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/1930, Introduction, p. 332-333 (texte et traduction). 51 Dans une note à son édition-traduction de la Topographie chrétienne de Cosmas Indicopleustès, W. Wolska écrit : « Cosmas oppose notamment au premier livre de cette Topographie la théorie des vrais chrétiens à celle des païens, auxquels il associe par la même occasion les monophysites d’Alexandrie, désignant par là l’école de Jean Philopon (Cf. Cosm. Ind., Top. Chrét. [éd. WOLSKA], vol. 1, p. 274-276, note 3). 52 Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I. 3 : « Puis de ce qu’a écrit, ou plutôt rappelé, l’ami du Christ Stéphane Illusṭrius, Chartulaire de toute la Haute Mésopotamie (Djazira), à qui seront humblement présentés de ma part, ô mon frère, les sujets […] ». 285
Établissement et application de critères de datation
existait, depuis le milieu du
IV
e
siècle de notre ère, une forme de repli
identitaire syriaque en réaction à l’arianisme et à d’autres hérésies propagées en langue grecque. Éphrem de Nisibe53 puis Rabbula au
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e
siècle sont les
grands représentants de ce repli, qui était vraisemblablement encore latent à l’époque de Sévère. Cette donnée semble, en tout cas, prise en compte par l’évêque de Qennešrin quand il invite son interlocuteur syriaque à cultiver non pas un savoir qui lui viendrait des Grecs, mais une science ancestrale qui lui viendrait de ses ancêtres syriens, désignés dans le discours comme les descendants naturels des Babyloniens:
Que les Babyloniens aient été des Syriens, je crois que personne ne le niera. Par suite, ils se trompent grandement ceux qui disent qu’il n’est pas possible que les Syriens sachent quelque chose de tel , puisque ces Syriens ont été les inventeurs et les premiers maîtres en ces matières.54
Nous pensons que l’intention de Sévère n’est donc pas tant ici d’établir une critique des savoirs astronomiques, que de faire croire à ses correspondants que le fait de cultiver la science astronomique est non seulement légitime pour un Syrien, mais qu’il est prédisposé pour cela ! Il met ainsi en valeur l’œuvre de Ptolémée en la présentant comme le prolongement d’une chaîne de savoirs qui prend racine chez les Babyloniens. Les critères d’ancienneté et d’appartenance intrinsèque à la culture syriaque devaient suffire sans doute à dissiper certaines hésitations. Telles étaient du moins, si notre interprétation est correcte, les intentions de Sévère Sebokht. Nous doutons cependant du fait que ce genre d’argument ait pu suffire à protéger l’évêque.
53
Voir BECK E. (éd.), EPHREM, Hymnes sur la foi (CSCO, 154-155), 1955 (cf. hymne 2): « Heureux celui qui n’a jamais touché au venin des Grecs ». Pour une réflexion à ce propos, cf. BROCK S. P., « From antagonism to assimilation : Syriac Attitudes to Greek learning », in East of Byzantium : Syria and Armenia in the Formative Period, Washington D.C., Dumbarton Oaks, 1982, p. 17. 54 NAU, « Le traité sur les constellations », 1929, Introduction, p. 332-333 (texte et traduction). 286
Établissement et application de critères de datation
En somme il n’y a rien dans l’attitude de Sévère Sebokht qui puisse nous faire penser qu’il se soit montré polémique vis-à-vis des textes astronomiques grecs55. En cela cet auteur-traducteur du
e
VII
siècle présente
une attitude tout à fait conforme à celle que S. P. Brock jugea caractéristique des traducteurs syriaques des VIe–VIIe siècles. En ce qui concerne Sergius de Reš‘ayna, qui œuvra avant 536 apr. J.-C. (date de sa mort), le fait qu’il soit partagé entre son admiration pour les auteurs grecs et sa gêne à rendre compte d’un écrit païen fait de lui un bon témoin de cette rupture décrite par S. P. Brock et située aux alentours de 500 apr. J.-C. Il était important de revenir sur cette interprétation de Nau et de rétablir l’attitude fondamentalement très positive de Sévère Sebokht vis-à-vis de ses sources grecques, car elle nous permet de confirmer le premier critère de S. P. Brock : si, au tout début du VIe siècle, Sergius de Reš‘ayna s’est permis des modifications et prit parfois quelques distances par rapport au savoir qu’il cherchait à transmettre, au contraire Sévère Sebokht semble nettement plus soucieux de transmettre fidèlement le sien.
2. Techniques de traduction Cette attitude est d’ailleurs confirmée par une approche plus linguistique : en effet, il est frappant de voir qu’au moment où il cite le Petit
55
L’autre témoin sur lequel s’appuie F. Nau pour montrer des éléments de polémique contre les Grecs est un extrait du Traité sur la cause des éclipses de lune, que Nau attribue à Sévère Sebokht. En réalité, nous pouvons démontrer, d’une part, que ce texte ne peut pas être de Sévère Sebokht, d’autre part que le passage cité par Nau et qu’il qualifie d’ « antigrec » (« bien que les adversaires ouvrent fortement la bouche et aiguisent leur langue », f. 60r »), ne l’est absolument pas. Si l’on se réfère à la traduction que nous proposons de ce texte dans la Partie II (texte 1), on verra que cette interprétation n’est pas tenable pour la simple et bonne raison que l’auteur y fait justement les louanges des astronomes grecs, et en particulier celle de Claude Ptolémée. D’ailleurs, nous ne voyons pas pour quelle raison il faudrait d’emblée exclure l’idée que le ton polémique puisse viser certains groupes ou individus syriaques. F. Nau (dans NAU, « Le traité sur les constellations », 1929/30, INTRODUCTION, p. 331) argumentait de la façon suivante : « Les ennemis auxquels Sévère Sebokht vient de faire allusion, en l’an 661, ne sont ni les Arabes (qui n’écrivent pas encore), ni les Arméniens, ce sont les Grecs, car il revient sur ce sujet l’année suivante et attaque ceux qui se croient arrivés seuls à la limite de la science parce qu’ils parlent grec (Paris BnF syr. 346, f. 169v)». Cette dernière citation est extraite d’un passage sur l’histoire de la science astronomique. Or à la fin du propos, l’auteur précise : « Je ne dis pas cela pour mépriser la science des Grecs […], mais pour montrer que la science est commune » (trad. NAU, « La cosmographie », 1910, p. 250). 287
Établissement et application de critères de datation
Commentaire de Théon d’Alexandrie, Sévère cherche tant à respecter le grec à la lettre, que son syriaque en devient illisible ! La lettre de Sévère est en effet émaillée de citations littérales extraites du Petit Commentaire. Une analyse philologique de ces passages traduits du grec nous permettra de comparer les techniques de traduction utilisées par Sergius de Rešʻayna avant 536 apr. J.-C. et celles utilisées par Sévère Sebokht avant 662 apr. J.C. L’examen attentif du vocabulaire astronomique syriaque permettra ensuite d’évaluer l’impact de la langue grecque dans ces traités. Nous achèverons cette analyse par un repérage des connecteurs logiques qui ont fait l’objet d’une analyse quantifiée par S. P. Brock dans d’autres corpus.
a. Séquences de traduction
- Sergius de Rešʻayna La présente étude repose sur l’observation du début de la traduction syriaque du De Mundo réalisée par Sergius de Rešʻayna avant 536 apr. J.C. : nous avons limité cette étude au deuxième chapitre, parce qu’il correspondait à la partie astronomique du traité. Il n’a malheureusement pas été possible d’étendre notre étude aux citations présentes dans le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna pour la raison que nous ne sommes pas parvenue à en déterminer l’origine grecque56. En revanche le texte grec du De mundo est conservé, circulant sous le nom d’Aristote. À la lecture des deux textes, il s’avère que, par chance, la tradition manuscrite grecque nous a livré un texte très proche de celui utilisé par Sergius.
Le prologue que Sergius a rédigé au De Mundo, qui nous renseigne sur la technique de traduction qu’il cherche à mettre en œuvre :
56
Voir la discussion à ce propos dans l’introduction à notre traduction du texte syriaque : Partie 2, texte 2 : Sergius de Rešʻayna, Traité sur l’action de la lune. 288
Établissement et application de critères de datation
Lettre du Philosophe Aristote traduite du grec en syriaque par son Excellence Mon Seigneur Sergius prêtre de la ville de Reš‘ayna ܀J’ai bien reçu la lettre que ta Bonté m’a envoyée, celle qui fut adressée par le philosophe Aristote au roi Alexandre au sujet de la science des êtres. Tu m’as ordonné de la traduire autant que possible du grec dans la langue des Syriaques. J’ai été détourné de cette tâche jusqu’à aujourd’hui pour de nombreuses raisons que je n’ai pas le temps d’exposer ici. Mais désormais, comme je suis libéré de mes obligations, j’ai pu prendre soin de réaliser tes commandes, même si de nombreuses autres tâches bien contraignantes m’incombent. Je les ai mises de côté à cause de l’ordre que tu m’avais adressé et j’ai fait en sorte d’accomplir ta volonté. Mais je t’en supplie, mon Cher, s’il se trouve plus ou moins un autre chapitre à l’intérieur de cette lettre, que ta Bonté n’en impute pas la faute à notre faiblesse, car ce que j’ai trouvé dans le livre qui m’a été envoyé de ta part, mon Cher, j’ai pris soin de le conserver dans sa parfaite totalité en n’ajoutant rien à ce qui avait été écrit là par le philosophe et en ne retranchant rien non plus de ses propos autant que possible. 57 De fait la traduction opérée par Sergius est, comme l’avait déjà noté V. Ryssel 58 , très proche du texte grec édité par Bekker 59 (qu’on lira aujourd’hui plus commodément dans l’édition de W. L. Lorimer60). Mais Sergius effectue quelques ajouts qui ne se trouvent nulle part ailleurs dans la tradition grecque61. Voici quelques exemples relevés pour le chapitre 1 du De Mundo :
57
Pour le texte syriaque, voir LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, 1858 , p. 134. RYSSEL H. V., Über den textkritischen Werth der syrischen Übersetzungen griechischer Klassiker, Leipzig, Fernau, 1881, vol. 2., p. 10 : « […] so ist seine Übersetzung ein Meisterwerk metaphrastischer Wiedergabe des Urtextes, indem er mit völliger Korrectheit des syrischen Ausdrucks die getreueste Wiedergabe des griechischen Textes und mit einer fast buchstäblichen Übersetzungsmethode doch auch im Einzelnen eine freiere Verfügung über den Wortschatz des Syrischen zum Ausdrucke des Sinnes der einzelnen griechischen Wendungen in glücklichster Weise zu verbinden gewusst hat. » (voir aussi RYSSEL, Über den textkritischen, 1880, vol. 1, p. 4). 59 BEKKER I., ΠΕΡΙ ΚΟΣΜΟΥ ΠΡΟΣ ΑΛΕΧΑΝΔΡΟΝ, Aristoteles graece (ex recensione I. Bekkeri edidit Academia Regia Borussica), vol. 1, Berolini, Georgium Reimerum, 1831, p. 391- 401. 60 LORIMER W. L. (éd.), Aristotelis qui fertur libellus De Mundo. Accedit Capitum V, VI, VII interpretatio syriaca ab Eduardo König Bonnensi Germanice versa, Paris, Les Belles Lettres, 1933 (Introduction sur les traditions textuelles du De Mundo en grec, latin, arménien, syriaque etc…). 61 Nous ne mentionnons donc pas les modifications du texte syriaque lorsque ces variantes sont communes avec celles d’autres manuscrits grecs signalées dans l’apparat critique de Lorimer. Par exemple, à la fin du chap. 1, la copie syriaque omet de rendre « καὶ θέσεως » comme les manuscrits C G et Fl qui n’ont pas été retenu dans l’établissement du texte grec. 58
289
Établissement et application de critères de datation
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Le titre syriaque diffère de celui suggéré par la leçon majoritaire des manuscrits grecs conservés (Ἀριστοτέλους περὶ κόσμου) et ajoute : « sur la science des étants » 62.
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Chapitre I : ajout d’un adjectif ( )ܟܠܗܘܢ: « seule la philosophie a pu s’élever à la contemplation de les étants » ; traduction du verbe κατοπτεύω (scruter) au moyen de deux formes verbales coordonnées en syriaque : ( ܣܠܩmonter) et ( ܚܙܐvoir)63 ; de même pour le verbe συμφορεῖν (rassembler) rendu par la coordination de ( ܟܢܫrassembler) et ( ܚܒܫmaintenir) 64 ; ajout de l’adjectif
grand
« »ܪܒܬܐdans l’expression : « C’est pourquoi ceux qui nous ont décrit avec soin la nature de cette région […] » ; ajout et modification du vocabulaire pour rendre l’expression grecque οἱ δὲ τὸ Κωρύκιον ἄντρον (d’autres de l’antre de Corycus) 65 : ( ܘܡܢܗܘܢ ܬܘܒ ܗܝܟܐܠ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܩܘܪܘܩܝܘܢd’autres du temple dit de Corycus) ; ajout de la formule « il ne convient pas de les admirer » ( ) ܒܗܠܝܢ ܠܘ ܠܡܬܕܡܪܘ ܙܕܩ66 ;
Comparons à présent les deux textes pour le chapitre 2 qui, traitant plus spécifiquement de cosmographie, contient des bribes de vocabulaire astronomique :
62
Titre : « ܕܗܘܝܐ ̈ ( » ܐܓܪܬܐ ܕܫܕܪ ܐܪܝܣܛܘܛܠܝܣ ܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܥܠ ܝܕܥܬܐLettre qu’Aristote envoya à Alexandre au sujet de la science des étants). La deuxième partie du titre relève vraisemblablement d’une initiative de Sergius cherchant à rattacher ce texte au corpus des textes philosophiques aristotéliciens déjà traduits par lui (ce corpus philosophique a été bien étudié par H. Hugonnard-Roche : voir notamment HUGONNARD-ROCHE, La logique d’Aristote, 2004). La première partie du titre se rapproche du ms. gr. B qui propose : « ἀριστοτέλης πέπομφε τὸν μακεδόνα ταύτην ». 63 « ( » ܠܡܣܩ ܘܠܡܚܙܐArist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 135, l. 7). Cette traduction n’est d’ailleurs pas heureuse pour rendre le sens du κατοπτεύω grec (= scruter), même si le sens induit par cette modification se prête, il est vrai, très bien au contexte (il est question de l’âme rendue capable par la philosophie d’échapper du corps pesant pour aller contempler la région céleste). Comparer avec le grec de Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 1, p. 48, l. 4. 64 « ( » ܟܢܫܬ ܘܚܒܫܬtexte syriaque p. 135, l. 11). Comparer avec le grec de Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 1, p. 48. 65 Cf. Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 1, p. 49. 66 Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], p. 49 : « οἰκτίσειεν ἄν τις τῆς μικροψυχίας […] » / « on serait tenté de les prendre en pitié pour l’étroitesse de leur esprit » (Arist. (Ps.), Mu. [trad. TRICOT], p. 180); Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE] : « ܐܐܠ ܠܡܚܣ. ܒܗܠܝܢ ܠܘ ܠܡܬܕܡܪܘ ܙܕܩ » ܥܠ ܚܣܝܪܘܬܐ ܪܥܝܢܗܘܢ/ « Il ne convient pas de les admirer, mais au contraire de prendre en pitié leur étroitesse d’esprit ». 290
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Texte grec67
Texte syriaque68
1. Κόσμος μὲν οὖν ἐστι σύστημα ἐξ οὐρανοῦ καὶ γῆς καὶ τῶν ἐν τούτοις περιεχομένων φύσεων. Λέγεται δὲ καὶ ἑτέρως κόσμος ἡ τῶν ὅλων τάξις τε καὶ διακόσμησις, ὑπὸ θεοῦ τε καὶ διὰ θεὸν φυλαττομένη. Ταύτης δὲ τὸ μὲν μέσον, ἀκίνητόν τε καὶ ἑδραῖον ὄν, ἡ φερέσβιος εἴληχε γῆ, παντοδαπῶν ζῴων ἑστία τε οὖσα καὶ μήτηρ. Τὸ δὲ ὕπερθεν αὐτῆς, πᾶν τε καὶ πάντῃ πεπερατωμένον εἰς τὸ ἀνωτάτω, θεῶν οἰκητήριον, οὐρανὸς ὠνόμασται.
ܥܠܡܐ ܗܟܝܠ ܐܝܬܘܗܝ ܩܘܝܡܐ ܕܡܢ.1 ̈ ܟܝܢܐ ܕܚܒܝܫܝܢ ܫܡܝܐ ܘܐܪܥܐ܆ ܘܡܢ . ܡܬܐܡܪ ܕܝܢ ܬܘܒ ܥܠܡܐ. ܒܓܘܗܘܢ ̈ ܿܗܘ. ܗܘܝܐ ܘܒܛܟܣܐ ܘܬܘܩܢܐ ܕܟܘܠܗܘܢ ܕܡܬܢܛܪ ܘܡܬܩܝܡ ܡܢ ܐܠܗܐ ܘܡܛܠ ܡܨܥܬܗ ܗܟܝܠ ܕܗܢܐ ܬܘܩܢܐ ܿܗܝ. ܐܠܗܐ ܿ . ܐܝܬܝܗ ܡܫܪܪܬܐ ܘܐܠ ܡܬܙܝܥܢܝܬܐ ܕܐܦ ܿ . ܐܠܪܥܐ ܕܐܝܬܝܗ ܡܝܬܝܬ ܟܠ ܦܐ̈ܪܝܢ ܡܛܬ ܗܕܐ ܗܝ ܓܝܪ ܐܡܐ ܕܚܝܘܬܐ ܕܟܠ ܓܢܣ ̈ ܿ ܿܗܘ ܕܝܢ ܕܡܢ ܠܒܪ. ܘܡܪܒܝܢܝܬܐ ܐܠܦܝ ܠܗ ̈ . ܓܒܝܗ ܡܣܟ ܠܥܠ ܆ ܟܠܗ ܡܢ ܟܘܠ ̈ ܘܡܫܬܡܗ. ܕܐܠܗܐ ܡܥܡܪܐ ܐܝܬܘܗܝ . ܫܡܝܐ
1. Le Monde est un assemblage composé du ciel et de la terre et des natures qui y sont contenues. Mais le Monde est encore pris en un autre sens : c’est l’ordre et l’arrangement de toutes choses, conservé sous l’action de Dieu et à cause de Dieu. Dans cet Univers, le centre, qui est immobile et fixe, a été donné en partage à la Terre, source de vie, qui est le foyer et la mère des êtres animés de toutes sortes. La région supérieure de l’Univers est tout entière et en tous sens enclose dans des limites, et sa partie la plus élevée, séjour des dieux, est appelée Ciel.
67 68
1. Le Monde est un assemblage composé du ciel et de la terre ainsi que des natures qui y sont contenues. Aussi comprend-on le Monde dans le sens de « Ordre et Création de tous les étants conservée et établie par Dieu et à cause de Dieu ». Le centre de cette Création, qui est fixe et immobile, revient à la terre, qui porte tous les fruits. En effet celle-ci est la mère et la nourrice des êtres animés de toutes sortes. Ce qui, de part et d’autre, la limite de tous côtés, c’est le séjour des dieux qu’on appelle le Ciel.
Arist. (Ps.), Mu. [éd. LORIMER], 2, p. 50-54. D’après LAGARDE, Analecta Syriaca, 1858, 136-137. 291
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2. Πλήρης δὲ ὢν σωμάτων θείων, ἃν δὴ καλεῖν ἄστρα εἰώθαμεν, κινούμενος κίνησιν ἀίδιον, μιᾷ περιαγωγῇ καὶ κύκλῳ συναναχορεύει πâσι τούτοις ἀπαύστως δι’αἰῶνος. Τοῦ δὲ σύμπαντος οὐρανοῦ τε καὶ κόσμου σφαιροειδοῦς ὄντος καὶ κινουμένου, καθάπερ εἶπον, ἐνδελεχῶς, δύο ἐξ ἀνάγκης ἀκίνητά ἐστι σημεῖα, καταντικρὺ ἀλλήλων, καθάπερ τῆς ἐν τόρνῳ κυκλοφορουμένης σφαῖρας, στερεὰ μένοντα καὶ συνέχοντα τὴν σφαῖραν, περὶ ἃ ὁ πᾶς ὄγκος κύκλῳ στρέφεται∙ Καλοῦνται δὲ οὗτοι πόλοι∙
̈ ̈ ܿܗܢܘܢ. ܐܠܗܝܐ ܓܘܫܡܐ ܘܡܐܠ ܟܠܗ.2 ̈ ܕܟܘܟܒܐ ܡܥܕܝܢ ܚܢܢ ܡܫܡܗܝܢܢ ܠܗܘܢ ܡܬܙܝܥ ܕܝܢ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܐ ܐܝܬܝܝܬܐ ܿ ܡܬܗܦܟ ܥܡ ܿܗܢܝܢ ܟܕ. ܒܚܘܕܪܐ ܘܒܟܪܟܐ ܿ ܡܛܠ ܗܟܝܠ ܕܟܠܗ. ܕܒܗ ܕܐܠ ܫܠܘܐ ܠܥܠܡ ܫܡܝܐ ܘܥܠܡܐ ܆ ܐܣܦܝܪܐ ܐܝܬܘܗܝ ܐܡܝܢܐܝܬ. ܕܡܬܬܙܝܥ ܆ ܐܝܟܢܐ ܕܐܡܪܬ ̈ . ܢܘܩܕܐ ܕܐܠ ܡܬܬܙܝܥܝܢ ܐܠܨܐ ܕܬ̈ܪܝܢ ̈ . ܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܕܣܝܡܝܢ ܠܘܩܒܠ ܚܕܕܐ ܐܟܙܢܐ ܕܒܛܘܪܢܘܣ ܡܐ ܕܡܬܓܠܦܐ ܒܗ ܘܡܬܢܓܕܐ ܐܣܦܝܪܐ ܆ ܿܗܢܘܢ ܕܡܟܬܪܝܢ ܥܠ ܿ ܿ ܕܘܟܬܗܘܢ ܆ ܘܐܚܝܕܝܢ ܠܟܠܗ ܐܣܦܝܪܐ ܆ ܠܗ ܟܕ ܥܠܝܗܘܢ ܡܬܟܪܟ ܒܚܘܕܪܐ ܟܠܗ ܿ ܓܘܫܡܗ ܆ ܡܫܬܡܗܝܢ ܕܝܢ ܗܢܘܢ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܝܢ ̈ ̈ . ܢܘܩܕܝܢ ܦܘܠܘ
2. étant plein de corps divins que nous nommons des astres, et se mouvant d’un mouvement éternel, effectue en mesure, sur une seule orbite, une révolution circulaire avec tous les Corps célestes, et cela sans arrêt pendant toute l’éternité. Le Ciel tout entier et le Monde étant de forme sphérique, et se mouvant, ainsi que je l’ai dit, continuellement, il y a nécessairement deux points qui sont immobiles, situés à l’opposite l’un de l’autre, comme dans le cas du mouvement de rotation imprimé à la roue d’un tour : points qui restent fixes et retiennent la sphère, et autour desquels la masse entière du Ciel tourne en cercle. Ces points sont appelés pôles.
2. Il est plein de corps divins que nous avons l’habitude d’appeler « étoiles ». Il effectue un mouvement éternel en cercle et selon une révolution, tournant continuellement et sans relâche en même temps que les qui sont en lui. Le Ciel tout entier et le Monde formant une sphère qui se meut, comme je l’ai dit, continuellement, il faut nécessairement qu’il y ait deux points immobiles qui soient situés à l’opposé l’un de l’autre, comme dans le cas du tour du potier par lequel on sculpte et contraint une sphère. Ceux-ci restent fixes à ces endroits et maintiennent toute la sphère, chaque corps étant mis en rotation autour de ces selon un cercle. On appelle ces deux points les pôles.
292
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3. δι᾿ὧν εἰ νοήσαιμεν ἐπεζευγμένην εὐθεῖαν, ἥν τινες ἄξονα καλοῦσι, διάμετρος ἔσται τοῦ κόσμου, μέσον μὲν ἔχουσα τὴν γῆν, τοὺς δὲ δύο πόλους πέρατα. Τῶν δὲ ἀκινήτων πόλων τούτων ὁ μὲν ἀεὶ φανερός ἐστιν ὑπὲρ κορυφὴν ὢν κατὰ τὸ Βόρειον κλίμα, ἀρκτικὸς καλούμενος, ὁ δὲ ὑπὸ γῆν ἀεὶ κατακέκρυπται, κατὰ τὸ νότιον, ἀνταρτικὸς καλούμενος.
ܘܒܗܠܝܢ ܟܕ ܢܬܚܫܒ ܕܡܬܝܚ ܣܘܪܛܐ ܡܕܡ.3 ܡܢ ܗܢܐ ܠܗܢܐ ܆ ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܐܘܟܣܢܐ ܐܡܪܝܢܢ ܕܗܘ. ܡܫܡܗܝܢ ܠܗ ܆ ܗܢܘ ܕܝܢ ܣܪܢܐ .ܗܢܐ ܣܘܪܛܢܐ ܕܝܡܛܪܘܣ ܐܝܬܘܗܝ ܕܥܠܡܐ ̈ . ܕܐܝܬܝܗ ܡܨܥܬܗ ܐܪܥܐ ܣܟܘܗܝ ̈ .ܦܘܠܘ ܕܝܢ ܐܝܬܝܗܘܢ ܬ̈ܪܝܗܘܢ ܿܗܢܘܢ ̈ ܗܢܘܢ ܕܝܢ ܿܗܢܘܢ ܬ̈ܪܝܗܘܢ ܦܘܠܘ ܆ ܿܗܘ ܚܕ ܿܡܢ. ܕܐܝܬܝܗܘܢ ܕܐܠ ܡܬܬܙܝܥܢܘܬܐ ܡܛܠ ܕܠܥܠ ܡܢ ܪܝܫܢ. ܡܬܚܙܐ ܗܘ ܠܢ ܘܡܫܬܡܗ. ܐܝܬܘܗܝ ܒܩܠܝܡܐ ܿܗܘ ܓܪܒܝܝܐ ܿܗܘ ܕܝܢ ܐܚܪܢܐ. ܐܦ ܗܘ ܦܘܠܣ ܓܪܒܝܝܐ . ܬܚܝܬ ܐܪܥܐ ܡܛܫܝ ܒܓܒܐ ܬܝܡܢܝܐ ܀. ܘܡܬܩܪܐ ܕܠܘܩܒܠ ܓܪܒܝܝܐ
3. Si nous imaginons une ligne droite passant par ces pôles et les joignant l’un à l’autre (l’axe, comme on la nomme parfois), on aura le diamètre du Monde, avec la Terre pour centre et les deux pôles pour extrêmités. De ces pôles immobiles, l’un est toujours visible, étant au sommet de l’axe dans la région septentrionale du Ciel, et il est appelé pôle arctique ; l’autre est toujours caché au-dessous de la Terre dans la région méridionale, et il est appelé pôle antarctique .
3. Imaginons que par eux passe une ligne droite allant de l’un à l’autre, que certains appellent Auxono, c’est-à-dire l’axe. Nous pouvons dire que cette ligne est le diamètre du Monde ayant la terre pour centre et les deux pôles fixes pour extrêmités. ces deux pôles, qui sont sans mouvement, l’un nous est visible, parce qu’il est au-dessus de nos têtes dans la région septentrionale ; aussi l’appelle-t-on « pôle nord ». L’autre, situé sous la terre, est caché du côté sud et on l’appelle « à l’opposé du nord ».
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4. Οὐρανοῦ δὲ καὶ ἄστρων οὐσίαν μὲν αἰθέρα καλοῦμεν, οὐχ, ὥς τινες, διὰ τὸ πυρώδη οὖσαν αἴθεσθαι, πλημμελοῦντες περὶ τὴν πλεῖστον πυρὸς ἀπηλλαγέμην δύναμιν, ἀλλὰ διὰ τὸ ἀεὶ θεῖν κυκλοφορουμένην, στοιχεῖον οὖσαν ἕτερον τῶν τεττάρων, ἀκήρατόν τε καὶ θεῖον.
̈ ܩܪܝܢܢ. ܘܕܟܘܟܒܐ ܐܠܘܣܝܐ ܕܝܢ ܕܫܡܝܐ.4 ̈ ܿ ܡܛܠ. ܠܘ ܐܝܟ ܕܣܒܪܝܢ ܐܢܫܝܢ. ܠܗ ܐܬܝܪ ܿ ܿ ܒܝܕ. ܐܝܬܝܗ ܘܡܫܠܗܒܐ ܕܕܡܐ ܕܚܡܝܡܬܐ . ܗܘ ܫܡܐ ܗܢܐ ܕܡܫܠܗܒܐ ܒܝܘܢܝܐ ܐܠܬܝܪ ̈ ܒܚܝܐܠ ܿܗܘ. ܡܣܟܠܝܢ ܿܗܢܝܢ ܓܝܪ ܛܒ ܣܓܝ ܐܐܠ ܡܫܬܡܗܐ. ܕܛܒ ܪܚܝܩ ܡܢ ܢܘܪܐ ܡܛܠ ܕܒܟܠܙܒܢ ܪܗܛܐ ܟܕ ܡܬܟܪܟܐ. ܗܟܢܐ ܿ ܐܝܬܝܗ ܟܕ. ܚܪܝܦܐܝܬ ܒܚܘܕܪܐ ܐܣܛܘܟܣܐ ܐܚܪܢܐ ܐܠܗܝܐ ܘܕܐܠ ܢܟܝܢ ܠܒܪ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܐ̈ܪܒܥܐ ܕܥܝܕܐ ܀
4. La substance du Ciel et des astres, nous l’appelons éther, non pas, comme le prétendent certains, parce qu’il brûle du fait de sa nature ignée (c’est là méconnaître sa nature, qui est tout ce qu’il y a de plus éloigné de celle du feu), mais parce qu’il court toujours dans son mouvement circulaire, étant un élément différent des quatre autres, sans mélange et divin.
4. La substance du Ciel et des astres, nous l’appelons Ether, non pas, comme le pensent certains, parce qu’elle est brûlante et enflammée, du fait de la ressemblance en grec du nom de l’inflammation avec celui de l’« éther » 69 (en effet ils sont très nombreux ceux qui se trompent sur propriétés qui sont en réalité très éloignées de du feu), mais on l’a appelé ainsi parce qu’il entre en rotation rapidement suivant un cercle, que c’est un élément différent, divin et qu’il n’est pas affecté par les quatre habituels.
69
En effet en grec l’Ἄιθη (Aethè : litt. de feu) ressemble au mot αἰθήρ (éther). 294
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5. Τῶν γε μὴν ἐμπεριεχομένων ἄστρων τὰ μὲν ἀπλανῶς τῷ σύμπαντι οὐρανῷ συμπεριστρέφεται, τὰς αὐτὰς ἔχοντα ἕδρας, ὧν μέσος ὁ ζῳοφόρος καλούμενος κύκλος ἐγκάρσιος διὰ τῶν τροπικῶν διέζωσται, κατὰ μέρη διῃρημένος εἰς δώδεκα ζῳδίων χώρας, τὰ δέ, πλανητὰ ὄντα, οὔτε τοῖς προτέροις ὁμοταχῶς κινεῖσθαι πέφυκεν οὔτε ἀλλήλοις, ἀλλ’ἐν ἑτέροις καὶ ἑτέροις κύκλοις, ὥστε αὐτῶν τὸ μὲν προσγειότερον εἶναι, τὸ δὲ ἀνώτερον.
ܿ ܟܘܟܒܐ ܕܝܢ ܿܗܢܘܢ ܕܐܝܬ ̈ ܒܗ ܇ ܡܢ.5 ܿܡܢܗܘܢ ܿܡܢ ܕܐܠ ܛܘܥܝܝ ܡܬܟܪܟܝܢ ܥܡ ܟܠܗ ̈ ܟܕ ܩܢܝܢ ܠܗܝܢ ܟܕ ܠܗܝܢ. ܫܡܝܐ ܠܕܘܟܝܬܐ ܿܗܘ ܿܗܢܘܢ ܕܒܡܨܥܬܗܘܢ ܚܘܕܪܐ ̈ ܕܡܫܬܡܗ ܛܥܝܢ . ܟܕ ܣܝܡ ܙܠܝܡܐܝܬ. ܚܝܐ ܒܝܕ ܿܗܢܘܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܕܡܫܬܡܗܝܢ ̈ ܚܙܝܩ ܟܕ ܡܦܠܓ. ܛ̈ܪܘܦܝܩܘ ܠܡܢܘܬܐ ̈ ܕܘܟܝܬܗܘܢ ܕܐܝܬܝܗܝܢ. ܬ̈ܪܬܥܣܪܐ ̈ . ܕܡܠܘܫܐ ܕܐܠ. ܡܢܗܘܢ ܕܝܢ ̈ܡܛܥܝܢܐ ܡܫܬܡܗܝܢ ܿ ܒܕܡܘܬܐ ̈ ܕܗܢܘܢ ܩܕܡܝܐ ܡܟܢܝܢ ܠܡܬܬܙܥܘ ̈ ܘܐܠ ܬܘܒ ܒܕܡܘܬܐ. ܐܐܠ. ܕܚܕܕܐ . ܒܟ̈ܪܘܟܝܐ ܐܚ̈ܪܢܐ ܘܐܚ̈ܪܢܐ ܡܬܬܙܝܥܝܢ ܐܝܟܢܐ ܕܡܢܗܘܢ ܠܘܬ ܐܪܥܐ ܢܗܘܐ ܩܪܝܒ ̈ ܐܠܦܝ ܠܥܠ ܀ ܘܕܡܢܗܘܢ. ܟ̈ܪܘܟܝܗܘܢ
5. Des astres qui sont contenus dans le , les uns circulent sans relâche70 avec le ciel tout entier. Ils sont toujours positionnés aux mêmes endroits ; ceux qui se concentrent en leur milieu un cercle qu’on appelle « le zodiaque » 71 , posé de façon oblique entre ces autres cercles qu’on appelle tropiques. Il est ceint et divisé en 12 parties qui sont autant de lieux des signes. Les autres astres sont des planètes ; ils Les autres sont nommés « planètes » : ne se meuvent pas naturellement avec elles ne sont pas semblables aux la même vitesse que les précédents, ni premières en ce qu’elles sont capables même avec la même vitesse les uns par d’avoir un mouvement . Ce rapport aux autres, mais ils se meuvent mouvement n’est pas le même d’une dans des orbites différentes, de sorte planète à l’autre : elles l’effectuent que l’une est plus rapprochée de la terre selon des révolutions différentes les unes des autres, de telle sorte que et l’autre plus haute que le Ciel. certaines verront leur mouvement de rotation rapproché de la terre, tandis que les autres seront à l’inverse . 5. Des astres qui sont contenus dans le , les uns sont fixes, en ce que leur révolution s’accomplit avec le ciel tout entier, leurs positions relatives restant les mêmes ; à leur milieu, ce qu’on appelle le cercle du zodiaque forme une ceinture qui passe obliquement à travers les tropiques, et il est divisé en parties correspondant aux douze régions du zodiaque.
70 71
Litt. sans erreur, ce qui rend de façon littérale le grec ἀπλανῶς. Litt. le porteur de vivants. 295
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6. Τὸ μὲν οὖν τῶν ἀπλανῶν πλῆθος ἀνεξεύρετόν ἐστιν ἀνθρώποις, καίπερ ἐπὶ μιᾶς κινουμένων ἐπιφανείας τῆς τοῦ σύμπαντος οὐρανοῦ∙ τὸ δὲ τῶν πλανήτων, εἰς ἑπτὰ μέρη κεφαλαιούμενον, ἐν τοσούτοις ἐστὶ κύκλοις ἐφεξῆς κειμένοις, ὥστε ἀεὶ τὸν ἀνωτέρω μείζω τοῦ ὑποκάτω εἶναι, τούς τε ἑπτὰ ἐν ἀλλήλοις ἐμπεριέχεσθαι, πάντας γε μὴν ὑπὸ τῆς τῶν ἀπλανῶν σφαίρας περιειλῆφθαι.
ܿ ܣܘܓܐܐ ܗܟܝܠ.6 ܕܗܢܘܢ ܕܡܬܟ̈ܪܟܝܢ ܕܐܠ ̈ ܟܕ ܛܒ ܒܚܕ. ܐܠ ܡܬܕܪܟ ܠܒܢܝܢܫܐ. ܛܘܥܝܝ ܗܢܘ ܕܝܢ ܒܓܒܗ ܿܗܘ. ܐܬܪܐ ܡܬܬܙܝܥܝܢ ܿ ܡܢܝܢܐ ܕܝܢ. ܕܟܠܗ ܫܡܝܐ ܿ ܕܗܢܘܢ ܕܠܟܐ ̈ ̈ ܥܕܡܐ ܠܡܢܝܢܐ ܕܫܒܥܐ. ܕܡܬܩܪܝܢ ܡܛܥܝܢܐ ܟܕ ܡܬܬܙܝܥܝܢ ܐܦ ܗܢܘܢ ܒܚܘܕ̈ܪܐ. ܣܠܩ ܐܝܟ ܕܢܫܬܟܚ. ܕܣܝܡܝܢ ܒܬܪ ̈ܚܕܕܐ. ̈ܫܒܥܐ ܕܪܒ ܗܘ ܡܢ. ܒܟܠܙܒܢ ܿܗܘ ܕܡܥܠܝ ܡܢ ܚܒܪܗ ܘܢܗܘܘܢ ܐܝܬܝܗܘܢ. ܿܗܘ ܕܠܬܚܬ ܡܢܗ ̈ ܀ ܟܠ ܡܕܡ. ܫܒܥܬܝܗܘܢ ܒܓܘ ̈ܚܕܕܐ ̈ ܕܟܘܟܒܐ ܿܗܢܘܢ ܡܢ ܐܣܦܝܪܐ ܿܗܝ. ܗܟܝܠ . ܐܠ ̈ܡܛܥܝܢܐ ܚܒܝܫ
6. Quant au nombre des étoiles fixes, il est impénétrable aux hommes, bien qu’elles se meuvent sur une seule surface, qui est celle du ciel tout entier. Au contraire, le nombre des planètes se ramène en somme à sept divisions, distribuées en autant de cercles successifs et situés de telle façon que toujours le cercle d’au-dessus est plus grand que le cercle placé au-dessous, les sept cercles étant emboîtés les uns dans les autres, et tous étant enveloppés par la sphère des fixes.
6. Un grand nombre de ceux qui circulent sans relâche ne sont pas perceptibles par les hommes, bien qu’ils se déplacent dans une seule région c’est-à-dire à la surface [du lac ?] du Ciel tout entier. Le nombre de celles qu’on nomme « planètes » s’élève à 7. Elles se déplacent sur 7 cercles juxtaposés de telle manière qu’un cercle plus élevé qu’un autre se trouvera plus grand que celui qui est sous lui. C’est ainsi que s’enchevêtrent les 7 cercles les uns à l’intérieur des autres. Tout cela est maintenu par la sphère des astres fixes72.
72
Litt. La sphère des astres non errants. 296
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7. Συνεχῆ δὲ ἔχει ἀεὶ τὴν θέσιν ταύτῃ ὁ τοῦ Φαίνοντος ἅμα καὶ Κρόνου καλούμενος κύκλος, ἐφεξῆς δὲ ὁ τοῦ Φαέθοντος καὶ Διὸς λεγόμενος, εἶθ’ὁ Πυρόεις, Ἡρακλέους τε καὶ Ἄρεος προσαγορευόμενος, ἑξῆς δὲ ὁ Στίλβων, ὃν ἱερὸν Ἑρμοῦ καλοῦσιν ἔνιοι, τινὲς δὲ Ἀπόλλωνος∙ μεθ’ὃν ὁ τοῦ Φωσφόρου, ὃν Ἀφροδίτης, οἱ δὲ Ἥρας προσαγορεύουσιν, εἶτα ὁ ἡλίου, καὶ τελευταῖος ὁ τῆς σελήνης, μέχρις ἧς ὁρίζεται ὁ αἰθήρ, τά τε θεῖα ἐμπεριέχων σώματα καὶ τὴν τῆς κινήσεως τάξιν. […]
ܿ ܿ ܢܩܝܦ.7 ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ. ܒܣܝܡܗ ܠܗ ܕܝܢ ܠܗܕܐ ܘܒܬܪ. ܕܡܬܩܪܐ ܕܦܢܘܢ ܐܟܚܕ ܘܕܟܘܢ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܦܬܘܢ. ܗܢܐ ܬܘܒ ܣܝܡ 73 ܿܗܘ ܕܣܘܡܩܐ. ܘܒܬܪܟܢ ܬܘܒ. ܘܕܒܝܠ ܘܒܬܪ. 74ܕܡܫܬܡܗ ܕܗܪܩܠܝܣ ܐܘ ܕܐܪܝܣ ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܕܩܕܝܫܐ. ܗܢܐ ܬܘܒ ܿܗܘ ܕܡܒܪܩ . ܘܐܢܫܝܢ ܕܐܦܠܘ. ܗܪܡܝܣ ܡܫܡܗܝܢ ܠܗ . ܘܒܬܪ ܗܢܐ ܬܘܒ ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ ܕܟܘܟܒܬܐ ܐܢܫܝܢ ܕܝܢ. ܿܗܘ ܕܐܢܫܝܢ ܿܡܢ ܕܒܠܬܝ ܿܩܪܝܢ ܠܗ ܠܥܠ ܕܝܢ ܡܢ ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣ. ܕܗܐܪܐ ܘܐܚܪܝܐ. ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܫܡܫܐ. ܐܝܬܘܗܝ . ܕܟܠܗܘܢ ܠܬܚܬ ܐܝܬܘܗܝ ܿܗܘ ܕܣܗܪܐ . ܕܥܕܡܐ ܠܨܐܕܘܗܝ ܡܢ ܠܥܠ ܐܬܐ ܐܬܝܪ ܟܕ ܿܚܒܫ ܠܗܘܢ ܒܓܘܗ. ܘܬܡܢ ܡܬܬܚܡ ̈ ̈ ܘܠܡܛܟܣܘܬܐ. ܐܠܗܝܐ ܠܓܘܫܡܐ ܀. ܕܙܘܥܗܘܢ
7. La position contiguë à cette dernière sphère est constamment occupée par le cercle dit de l’Étoile brillante ou encore de Saturne ; à sa suite est le cercle dit de Phaeton ou de Jupiter ; ensuite le cercle de l’Étoile flamboyante, appelée aussi Hercule et Mars ; puis l’Étoile scintillante, consacrée, selon certains, à Mercure, selon d’autres, à Apollon ; après vient le cercle de Lucifer, qu’on appelle tantôt Vénus, tantôt Junon ; ensuite, le cercle du Soleil, et en dernier lieu celui de la lune, jusqu’auquel l’éther étend sa limite, et qui enveloppe les Corps divins et l’ordre invariable de leur mouvement.
7. Le cercle dit de Φαίνοντος (dit aussi de Saturne) est, de par sa position, contigu à cette dernière. Après ce se trouve celui dit de Φαέθων (ou Jupiter) ; ensuite se trouve le Rougeoyant, dit d’Hercule (ou Mars)75 ; puis la Brillante, celle à qui certains attribuent le nom de Saint ( ?) Hermès et d’autres celui d’Apollon ; après lui Vénus, que certains nomment Bălty et d’autres Héra. Au dessus du cercle de Mercure se trouve celui du soleil, et, le dernier, inférieur à tous, est celui de la Lune jusqu’auquel s’étend l’éther supérieur qui s’arrête là, lui qui contient en son sein les corps divins et l’ordre de leur mouvement.
73
|| ܕܣܘܡܩܐcorrexi : Ms. || ܣܘܡܩܐ || ܐܘ ܕܐܪܝܣcorrexi : Ms. || ܘܕܐܪܝܣ 75 Litt. Ares, comme en grec. 74
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Chaque mot a été considéré en lui-même comme objet de traduction. Seuls deux d’entre eux ne figurent pas dans la verison syriaque 76 et il n’est pas dit que ces omissions ne relèvent pas de la copie grecque dont disposait Sergius77. Voici quelques exemples assez significatifs de la littéralité de cette traduction:
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(§. 1) le grec qualifie la terre de φερέσβιος (nourricière). Sergius s’évertue à rendre le sens étymologique de ce terme en traduisant chacun des deux radicaux qui composent l’adjectif : φερέ- (rendu par le participe Afel de ܐܬܝqui signifie « porter » en syriaque) et βιος (rendu par l’expression sémitique « ܟܠ ܦܐ̈ܪܝܢtous les fruits »).
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( §. 2) le terme antarctique (ἀντ-αρτικὸς) est rendu par l’expression sémitique « qui est à l’opposé du nord » ( ) ܕܠܘܩܒܠ ܓܪܒܝܝܐ.
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(§. 5) Le zodiaque devient, comme en grec (ὁ ζῳοφόρος), « le ̈ ) ܛܥܝܐ. porteur de vivants » ( ܚܝܐ
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(§. 7) L’adjectif ἱερὸν qui accompagne la planète Mercure dans le texte grec a été compris dans le sens le plus littéral qui soit puisqu’il est rendu par l’adjectif qaddišo (saint).
On notera cependant la présence de quelques ajouts, correspondant soit à un souci de clarté syntaxique soit à des remarques d’ordre paraphrastique ou sémantique. Nous relevons ici les additions du deuxième et du troisième type :
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(§. 3) Après avoir translittéré en syriaque le mot ἄξονα, en parlant de l’axe qui relie le pôle nord au pôle sud, Sergius insère une petite explication : « c’est-à-dire l’axe », offrant ainsi
une sorte
d’équivalent culturel syriaque, en l’occurrence ( ܣܪܢܐsarno, l’axe).
76
Il s’agit de l’adjectif κυκλοφορουμένης (§. 2) et de l’adverbe ἀεὶ (§. 3) qui ne se retrouvent pas dans la version syriaque. 77 Bien que ceci ne soit pas confirmé par la recension des diverses copies grecques collationnées par Lorimer pour son édition du De Mundo. 298
Établissement et application de critères de datation
-
(§. 4) Dans ce paragraphe Sergius indique la raison pour laquelle certains ont pu croire que l’éther était de nature ignée. Il ajoute pour ܿ ܒܝܕ ce faire une phrase entière : ܕܕܡܐ ܗܘ ܫܡܐ ܗܢܐ ܕܡܫܠܗܒܐ ܒܝܘܢܝܐ ( ܐܠܬܝܪdu fait de la ressemblance en grec du nom de l’inflammation avec celui de l’« éther »); ἀκηρατόν (sans mélange) est rendu par la périphrase ( ܕܐܠ ܢܟܝܢ ܠܒܪ ܡܢ ܗܢܘܢlitt. : sans être endommagé, à l’écart de ceux-ci - -) ;
-
(§. 5) L’adjectif ἐγκάρσιος (oblique) est rendu par la périphrase ܟܕ ( ܣܝܡ ܙܠܝܡܐܝܬposé de façon oblique).
-
(§. 6) L’expression τῶν ἀπλανῶν (les fixes) est rendue par ( ܕܡܬܟܪܟܝܢ ܕܐܠ ܛܘܥܝܝlitt. Qui circulent sans errer) ; ἐπὶ μιᾶς ἐπιφανείας (sur une seule surface) devient ܒܚܕ ܐܬܪܐ ܗܢܘ ܕܝܢ ܒܓܒܗ ( ܗܘdans un seul espace, c’est-à-dire du côté de); τῆς τῶν ἀπλανῶν ̈ σφαίρας (la sphère des fixes) devient ܕܟܘܟܒܐ ܿܗܢܘܢ ܕܐܠ ܐܣܦܝܪܐ ܿܗܝ ( ̈ܡܛܥܝܢܐla sphère des étoiles non errantes).
-
(§. 7) Le dernier ajout que nous avons relevé est très intéressant puisqu’il permet à Sergius de rectifier l’ordre des sept planètes. Le texte grec proposait de classer les planètes en fonction du diamètre de leur cercle de révolution : dans un ordre décroissant il répertoriait ainsi Saturne, Jupiter, Mars, Mercure, Vénus, le soleil et enfin la lune. Au moment où le soleil apparait dans la liste, Sergius opère une rectification astronomique en précisant que son cercle se situe : ( ܠܥܠ ܕܝܢ ܡܢ ܿܗܘ ܕܗܪܡܝܣau-dessus du de Mercure), plaçant ainsi le soleil non plus en deuxième position en partant de la terre, mais en quatrième. Correction judicieuse qui permet de faire concorder cette liste du De Mundo avec celles des astronomes grecs alexandrins. Enfin relevons que, dans la liste des planètes, Sergius n’a pas hésité à
substituer des formes sémitiques aux noms grecs. Ainsi ὁ τοῦ Κρόνου (Saturne) devient ( ܕܟܐܘܢd-Kewon), ὁ τοῦ Διὸς (Jupiter) devient ( ܕܒܝܠdBel), et ὁ τοῦ Ἀφροδίτης (Vénus) ( ܕܒܝܠܬܝd-Bilti). Le texte grec identifiait également Vénus avec l’étoile de Lucifer (ὁ τοῦ Φωσφόρου), mais Sergius 299
Établissement et application de critères de datation
n’a pas tenu à rendre compte de cette expression, alors qu’il le fait pour toutes les autres planètes : ὁ τοῦ Φαίνοντος – Saturne – ; ὁ τοῦ Φαέθοντος – Jupiter – ; ὁ Πυρόεις – Mars – ; ὁ Στίλβων – Mercure –, et lui a substituée un terme archaïque syriaque : ( ܟܘܟܒܬܐkaukbto). Bien que, dans sa préface, Sergius promît à son lecteur d’effectuer une traduction fidèle du grec, sans omission ni addition, il est évident qu’il n’est pas complètement parvenu à réaliser ce programme. L’accumulation de toutes les petites remarques lexicales ou autres apportées au texte ont pu ainsi donner l’impression que la version syriaque présentait un chapitre supplémentaire par rapport au texte grec.
Ainsi la traduction de Sergius de Rešʻayna se caractérise par un rendu plutôt littéral du texte-source, auquel s’ajoutent, de façon parcimonieuse, de brèves remarques. Enfin précisons que la littéralité de la traduction pratiquée par Sergius n’est pas stricte puisqu’il n’hésite pas à rendre un terme grec par une périphrase en syriaque. La séquence de traduction est donc de l’ordre du mot, certes, mais elle ne donne pas lieu à une traduction servile. Bien au contraire, Sergius cherche à rendre le texte qu’il produit le plus intelligible possible pour un locuteur syriaque, ce qui lui vaudra d’ailleurs une grande réputation parmi les traducteurs syriaques de la période arabe78.
- Sévère Sebokht -
Le cas est très différent chez Sévère Sebokht : les citations que nous trouvons dans le Traité sur les nœuds ascendant et descendant sont tellement bien délimitées et littérales qu’il nous a été aisé d’en retrouver la source grecque. Cette lettre contient en effet plusieurs citations du Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie. Les passages sont traduits de façon tellement littérale, qu’il est difficile de les lire en syriaque et d’en dégager 78
Voir à ce propos la synthèse réalisée par T ANNOUS, Syria Between Byzantium, 2010, p. 104-105. 300
Établissement et application de critères de datation
un sens satisfaisant sans l’équivalent grec. Voici la citation la plus longue que nous ayons recensée, accompagnée du texte grec édité par Anne Tihon79 : Théon d’Alexandrie
Traduction syriaque de Sév. Seb.80
Τοῦ γὰρ καταχθέντος τοῦ βορείου πέρατος ἀριθμοῦ ἐκ τῶν πέντε κεφαλαίων τὸν λείποντα εἰς τὰς τξ μοίρας λαμβάνοντες καὶ τοῦτον ἐκβάλλοντες ἀπὸ τῆς τοῦ Αἰγόκερω ἀρχῆς εἰς τὰ ἑπόμενα ἑκάστῳ ζῳδίῳ διδόντες μοίρας λ, ὃπου δ’ἂν καταλήξῃ ὁ ἀριθμός, ἐκεῖ τότε φήσομεν τυγχάνειν τὸν ἀναβιβάζοντα, εἰς δὲ τὸ τούτου κατὰ διάμετρον, τὸν καταβιβάζοντα.
ܿ ܐܡܪ ܓܝܪ ܆ ܕܟܕ ܿܢܣܒܝܢܢ ܿܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ ̄ ̄ ̈ ܡܢܝܢܐ. ܠܦܘܬ ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܡܢܘܬܐ ܿ ܿܗܘ ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ ܆ ܿ ܘܠܗܢܐ ܢܦܩܝܢܢ ܠܗ ܡܢ ܪܝܫ ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ̈ ܕܢܩܦܝܢ ܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ ̈ ܙܘܕܝܐ ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ̈ ܿ ܬܡܢ. ܬܠܬܝܢ ܆ ܐܝܟܐ ܕܢܫܠܡ ܗܘ ܡܢܝܢܐ ܿ . ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܿ ̄ ܒܗܘ ܐܡܪܝܢܢ ܿܗܝܕܝܢ ̄ ̄ ̄ ܕܝܢ ܕܐܝܬܘ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ
Lorsque nous prenons ce qui manque pour faire 360 μοῖρα, au chiffre de la limite boréale obtenu des 5 sections, et que nous avançons celui-ci en partant du commencement du Capricorne, en sens direct, et en donnant 30 degrés à chaque signe, là où tombera ce chiffre, nous dirons que se trouve alors le nœud ascendant et, au point diamétralement opposé, le nœud descendant.
Il dit en effet que lorsque nous prenons ce qui manque pour 360 μοῖρα, c’est-à-dire degrés, chiffre de la limite boréale obtenu des 5 sections, et que nous avançons celui-ci en partant du commencement du Capricorne, en sens direct, et en donnant 30 degrés à chaque signe, là où tombera ce chiffre, nous dirons que se trouve alors le nœud ascendant et, au point diamétralement opposé, le nœud descendant.
Il est remarquable de voir qu’il ne manque pas un mot du grec dans la traduction de Sévère et que chaque mot équivaut à un autre. Le premier morceau est très intéressant à analyser : pour rendre le τοῦ καταχθέντος τοῦ βορείου πέρατος ἀριθμοῦ ἐκ τῶν πέντε κεφαλαίων (du chiffre de la limite boréale obtenu à partir des 5 sections) Sévère fait une entorse à la syntaxe syriaque en le rendant par :
ܿ ܡܢܝܢܐ ܿܗܘ ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ
79 80
Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], chap. 15, p. 239 (texte) ; p. 320 (trad.). Sév. Seb., Lettre sur les nœuds, II, 1, (2). 301
Établissement et application de critères de datation
qu’on rendrait littéralement en français par « le chiffre qu’on obtient des 5 sections de la limite boréale ». En syriaque le rendu porte à confusion : en juxtaposant deux compléments du nom, on pourrait comprendre que les cinq sections concernent la limite boréale, alors que c’est bien l’addition des chiffres des cinq colonnes qui permet d’obtenir celui de la limite boréale. L’enchevêtrement de génitifs en grec dut poser problème à Sévère qui, en adoptant une traduction trop littérale, ne sut pas au final rendre compte, de façon claire, du sens du texte.
Nous espérons que les échantillons de traduction que nous venons de voir sont assez représentatifs de la méthode de traduction employée par nos deux auteurs syriaques. Si tout deux recourent à la technique de la traduction littérale, Sergius de Rešʻayna n’hésite pas à opérer quelques ajouts pour rendre le contenu du texte plus accessible au lecteur syriaque, quant Sévère Sebokht, en revanche, pousse le littéralisme à un point tel qu’il en distord la syntaxe de sa propre langue, rendant son travail difficile d’accès à un lecteur syriaque ignorant le grec. Il nous faut à présent aller plus avant dans l’analyse philologique et porter une attention particulière au traitement du signifiant grec par ces deux traducteurs. b. L’importance du signifiant Étudier de près le lexique astronomique présent dans l’œuvre des deux savants syriaques, et les confronter, s’avère extrêmement riche d’enseignements : à un siècle d’écart Sergius et Sévère ont parfois eu recours à une terminologie complètement différente pour désigner de mêmes concepts astronomiques ou objets célestes. Cela est dû à l’importance que chacun des traducteurs accorda, au moment de la traduction, au signifiant. Nous prions le lecteur de bien vouloir nous pardonner à l’avance, mais le développement qui va suivre requiert le maximum de concentration.
302
Établissement et application de critères de datation
Il faut distinguer trois techniques de traductions à l’œuvre dans les textes astronomiques syriaques pour rendre compte d’un terme grec : il peut s’agir soit d’un équivalent culturel, soit d’une traduction miroir, soit d’une translittération du grec.
- Les équivalents culturels -
Nous entendons par « équivalent culturel » un mot renvoyant au même concept qu’un terme grec, mais qui, pris dans son sens littéral, renvoie à une image différente. Par exemple la Voie Lactée qui se dit en grec Γαλαξίας évoque, dans son sens littéral, l’image du chemin du lait. En syriaque, pour désigner la Voie lactée les auteurs classiques emploient une autre expression qui, prise dans un sens littéral, signifie le Chemin de paille. Ainsi quand un Syriaque parle du Chemin de paille, il désigne exactement cette partie du ciel rendue blanche par la densité des étoiles qui s’y trouvent, ce à quoi renvoie la Voie lactée pour les Grecs. L’équivalent culturel s’emploie quand le concept est déjà bien connu et couramment exprimé dans la langue syriaque. Voici quelques exemples d’équivalents culturels présents chez Sergius de Rešʻayna ou chez Sévère Sebokht (les croix indiquent que le concept n’est pas exprimé par l’auteur ; nous avertissons également du fait que les traductions que nous fournissons rappellent le sens premier du mot utilisé et non nécessairement son sens astronomique) :
Français
Grec
Sergius de Reš‘ayna (V-VIe s.) 81
Le Bélier
Ὁ Κριός
ܐܡܪܐ
[emro] (=l’agneau)
81
Sévère Sebokht (VIIe s.) 82
ܐܡܪܐ
[emro] (=l’agneau)
On en trouve de nombreuses occurrences dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune (voir par exemple en 3. 1). 82 Cf. Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II. 10, p. 52 (texte), p. 100 (trad.) et Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 4, p. 356 (texte), p. 363 (trad.). Sévère emploie peu ce terme, préférant l’usage de [ ܕܟܪܐdekro] qui renvoie comme le grec à l’image du bélier (Voir le tableau suivant sur les traductions en miroir). 303
Établissement et application de critères de datation
La Balance
83
Ὁ ζυγός
ܠܡܐ ܴ ܝܫ ܷ ܱܩ
[qašelmo] (= le fléau) 84
Le Capricorne
Ὁ Αἰγοκερεύς
La conjonction
ἡ Σύνοδος
ܓܕܝܐ
[gadio] (= le chevreau) 86
(cf. tableau trad. miroir) 85
ܓܕܝܐ
[gadio] (= le chevreau) (transl. gr)87
ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐ
[meštaurinuto] (= la rencontre) 88
La Couronne boréale
Les Gémeaux
X
Οἱ Δίδυμοι
89
ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ [tren ṣalme] (= les deux images)
[ṭayro d-ʻezo] (= l’écurie de la chèvre ) (cf. tableau trad. miroir) 90 91
X
Les Hyades Jupiter
ܛܝܪܐ ܕܥܙܐ
Ὁ Διός ἀστήρ
92
ܒܝܠ
[Bel]
83
ܥܝܘܬܐ
[ʻiuto] 93
ܒܥܠܫܡܝܢ
[b‘elšamin]
Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 3. 2. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 3. 3. 85 Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 2. 86 Néologisme manifestement créé par Sergius que l’on retrouve à trois reprises dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5 ; 2. 6. 1 et 3. 4. Sergius utilise une fois le terme grec Σύνοδος dans Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5 qu’il prend le temps de définir par le néologisme créé en syriaque pour parler de conjonction. 87 Pour désigner la conjonction astrale, Sévère ne recourt qu’à la translittération du grec [ ܣܘܢܕܘܣsunodus] : cf. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I. 5. 88 On trouve une seule occurrence de cette expression syriaque dans le Traité sur les constellations. Partout ailleurs Sévère recourt à une traduction miroir du grec : ܟܠܝܐܠ [ ܓܪܒܝܝܐklilo garbyoyo] (= couronne du nord). Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations ܰ ܡܛܠ ܕܝܢ ܟܠܝܐܠ ܓܪܒܝܝܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܡܢ ܕܡܝܘܬܐ IV. 11, p. 359 ( ܛܝܪܐ ܕܥܙܐ ܠܘܬ ; ) ܣܘ̈ܪܝܝܐp. 365 ( Au sujet de la Couronne boréale, qui est nommée chez les Syriens « l’écurie de la chèvre », d’après sa forme ). 89 Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 4. 1. 7. 90 L’expression syriaque [ ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐtren ṣalme] n’apparaît jamais dans les travaux de Sévère Sebokht qui préfère une fois de plus recourir à une traduction miroir du grec (en ̈ l’occurrence ܬܐܡܐ [teme] soit les jumeaux). Cf. Tableau sur les traductions dites en miroir. 91 Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 3, p. 349 (trad.) ; pour le texte, inédit, cf. ms. Paris BnF syr. 346, f. 81r. 92 Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 1 et Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137. 93 Seulement deux occurrences dans Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 10, p. 358 (texte) ; p. 365 (trad.) et Idem IV. 14, p. 360 (texte) ; p. 366 (trad.). Le reste du temps, Sévère emploie la translittération du grec [ ܙܘܣZeus] pour évoquer cette planète. 84
304
Établissement et application de critères de datation
Orion
Ὠρίων
94
X
Les Pléiades
Πλειάδες
ܓܢܒܪܐ
[ganbro] (= le Géant) 95
X
ܟܝܡܐ
[kimo] Le Sagittaire
Saturne Vénus
Voie lactée
Ὁ τοξότης (= l’archer)
Ὁ Κρόνου ἀστήρ Ὁ Ἀφροδίτης ἀστήρ
96
(trad. miroir)97
ܨܠܡܐ ܪܒܐ
[ṣalmo rabbo] (= La grande image) 98
(transl. gr. )99
ܟܐܘܢ/ ܟܘܢ [Kewon]
100
101
ܒܝܠܬܝ/ ܒܠܬܝ
[Belati ?]
[Bilti ou Belti]
Γαλαξίας ( = le chemin du lait)
102
X
ܒ ܰܠܬܝ
ܫܒܝܐܠ ܕܬܒܢܐ
[šbilo d-tebno] ( = le chemin de la paille)
Il est frappant de voir que Sévère Sebokht apporte une explication détaillée confrontant le lexique syriaque au lexique grec à chaque fois qu’il rapporte
un
équivalent
culturel
syriaque.
94
L’équivalent
est
ainsi
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 8, p. 357 (texte) ; p. 364 (trad.). Sévère utilise cet équivalent culturel en alternance avec la translittération du grec [ ܐܘܪܝܘܢOrion], voir idem. 95 Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 2, p. 349 (trad.) ; pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 81r. 96 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 3. 1. 97 L’équivalent culturel employé par Sergius ne se retrouve jamais dans les œuvres de Sévère Sebokht qui ne recourt qu’au terme [ ܟܫܛܐkašoṭo] résultant d’une traduction en miroir du grec. Voir tableau suivant sur les traductions en miroir et les explications attenantes. 98 Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 1 et Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137. 99 Sévère Sebokht emploie uniquement la forme translittérée du grec ([ ܩܪܘܢܣQronos]) pour désigner Saturne (Voir notamment Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 3, p. 373 (trad.) ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 89v. 100 Cet équivalent culturel présente parfois une variante orthographique en [ ܒܠܬܝBelti]. Pour la forme la plus commune ([ ܒܝܠܬܝbelti]) voir Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. et Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137. 101 Une seule occurrence de cette forme chez Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 2, p. 369 (texte) ; p. 372 (trad.) qui préfère utiliser la translittération du grec ܐܦܪܘܕܝܛܝ [Aphroditi], comme dans Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 3, p. 369 (texte) ; p. 373 (trad.). 102 Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 2, p. 349 (trad.) ; pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 81r. Mais Sévère préfère l’expression translittérée du grec : [ ܓܐܐܠܟܣܝܣgalaxias] : voir Sév. Seb., Traité sur les constellations X. 4, p. 391 (trad.) ; pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 101r. 305
Établissement et application de critères de datation
systématiquement accompagné soit d’une translittération exacte de l’expression grecque soit d’une traduction miroir. Dans le cas de la Voie lactée, Sévère donne d’abord l’équivalent culturel syriaque puis la translittération du mot grec :
Cela nous est encore montré par ce cercle chargé d’étoiles qui est blanc, c'est-à-dire obscur, lequel d’après une coutume commune chez tous les Syriens (f. 81v) est nommé chemin de ceux qui portent de la paille, c’est-àdire chemin de paille [šebil d-tebno], et chez les Grecs Γαλαξίας [galaxias], c’est-à-dire chemin du lait103.
Pour traduire « la Couronne boréale » (constellation), Sévère fournit d’abord une traduction miroir puis l’équivalent culturel syriaque :
Au sujet de la Couronne boréale [klilo garbyoyo], qui est nommée chez les Syriens « l’écurie de la chèvre » [ṭayro d-ʻezo] d’après sa forme, il (Aratos) dit que c’est la couronne d’Ariane104. Chez Sergius en revanche les équivalents culturels ne sont accompagnés d’aucune explication pour introduire le vocabulaire grec. Il est intéressant de noter la fréquence d’apparition de ces équivalents culturels chez Sévère Sebokht : on a noté, par exemple, que l’expression désignant la Voie lactée avait fait l’objet d’une attention toute particulière, puisqu’à deux reprises Sévère entreprend de confronter sémantiquement les expressions grecque et syriaque au cours de son Traité sur les constellations
105
. Dans le reste du traité, les deux formes se font
concurrence : nous avons relevé deux fois l’expression syriaque Chemin de
103
Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 2, p. 349 (trad.) ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 80v-81r. 104 Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 11, p. 359 : « ܡܛܠ ܕܝܢ ܟܠܝܐܠ ܓܪܒܝܝܐ ܿܗܘ ܰ » ܕܡܬܩܪܐ ܡܢ ܕܡܝܘܬܐ. ܛܝܪܐ ܕܥܙܐ ܠܘܬ ܣܘ̈ܪܝܝܐ 105 Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 2, p. 349 (trad.) ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 81r. Voir aussi Sév. Seb., Traité sur les constellations XI. 1, p. 392 (trad.) ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 102r. 306
Établissement et application de critères de datation
paille106 pour désigner, sans l’équivalent grec, la Voie lactée et six fois la translittération du grec chemin de lait. Il en va de même pour la constellation d’Orion qui est nommée par Sévère tantôt avec l’expression grecque (Orion), tantôt avec l’expression syriaque (Le Géant)107. Enfin au chapitre II, 3 de son Traité sur les constellations, Sévère rappelle que les termes syriaques désignant les constellations des Pléiades, des Hyades ainsi qu’Orion apparaissent déjà dans la Bible. On comprend du coup que Sévère ait préféré conserver des expressions qui pouvaient être connues par ailleurs des lecteurs syriaques chrétiens. Concernant la Couronne boréale, Sévère, après avoir expliqué à son interlocuteur l’expression consacrée dans sa langue, abandonne purement et simplement le syriaque pour ne plus désigner la constellation que sous une expression résultant d’une traduction miroir du grec. Le cas des planètes Vénus et Jupiter est intéressant : Sévère translittère ces noms directement du grec. Sergius, quant à lui, recourt à la version masculine et féminine du nom de Baal, divinité orientale. Sévère ne prend la peine de mentionner l’ancien nom syriaque de ces planètes qu’une seule fois pour Vénus et deux fois pour Jupiter (voir tableau précédent). Il convient de noter que ces formes anciennes n’apparaissent, chez Sévère, qu’au moment précis du traité où sont rapportés les propos des auteurs qualifiés « d’ineptes et de bavards », c’est-à-dire les poètes et les astrologues 108 (que Sévère distingue nettement des astronomes) dans le quatrième chapitre de son ouvrage qu’il intitule : « Sur la fiction (qui attribue) une figure aux constellations et sur les fables ineptes (imaginées) à leur sujet par les poètes » . Il est fort possible que ces formes isolées
106
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations XI. 3, p. 393 (trad.) ; pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 102v. Voir aussi Sév. Seb., Traité sur les constellations XI. 4, p. 393 ; pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 102v. 107 Nous avons relevé dans le seul Traité sur les Constellations au moins quatre occurrences de l’expression syriaque (cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations II. 3 ; IV. 2 ; IV. 8 ; VII. 4) et quatre de l’expression grecque ( ibid. IV. 8 ; VI. 4 ; VI. 5 ; IX. 4). 108 Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 2, p. 372 : « Ils disent beaucoup de choses de ce genre, pleines d’inepties et de bavardage sans fin, en entremêlant et en imaginant des figures, des situations et des sorts, des regards et des témoignages dans les signes du zodiaque qui leur conviennent le plus, dans les lieux et les figures les plus appropriées, selon l’astrologie qu’ils ont créée, en voulant par là supprimer chez eux la liberté et le librearbitre que Dieu a donné aux Hommes […] ». 307
Établissement et application de critères de datation
résultent d’une contamination ponctuelle du discours de Sévère par l’auteurastrologue qu’il est en train de citer. Le cas de la Voie lactée est différent : l’expression typique syriaque persiste dans le texte, bien qu’elle soit concurrencée par la forme translittérée du grec. La persistance de l’expression syriaque résulte de la forte popularité de
cette partie du ciel
et de son intégration dans le
vocabulaire courant. Nonobstant cet usage, Sévère a remplacé, à plusieurs reprises, l’expression syriaque par la translittération du grec : c’est un comportement étrange qui trahit une attention particulière pour la lettre grecque, sans considération pour le lecteur syriaque. Cette tendance se confirme quand on voit Sévère abandonner les expressions qui servaient, encore chez Sergius de Reš‘ayna, à désigner le signe des Gémeaux et celui du Sagittaire. Mais cette fois-ci Sévère n’usa pas de la translittération pour se rapprocher du grec, mais de la technique de la traduction dite « en miroir ».
- Traduction dite « en miroir » -
Il faut différencier deux types de traduction en miroir : nous les qualifierons de « miroir droit » et de « miroir convergent ». Celle en « miroir droit » met sur le même plan des signifiants renvoyant à la fois au même concept et à une même image. Celle en « miroir convergent » au contraire met sur le même plan deux signifiants qui, originellement, renvoyaient à des concepts différents, même si les images auxquelles les mots renvoient sont communes. Afin d’illustrer la technique de la traduction dite « en miroir convergent », prenons pour exemple le Sagittaire : pour désigner ce signe zodiacal, la langue syriaque dispose de l’expression ܨܠܡܐ [ ܪܒܐṣalmo rabbo] (la grande image), qui renvoie à une image bien différente de celle de l’expression grecque Ὁ τοξότης (l’archer). Or Sévère, refuse d’utiliser l’équivalent syriaque, lui préférant le terme [ ܟܫܛܐkašoṭo] (le lanceur de flèche). L’emploie du terme kašoṭo pour désigner le signe zodiacal n’est pas attesté avant Sévère. L’auteur du Traité sur l’astrolabe et du Traité sur les constellations exerce donc une contrainte sur le lexique
308
Établissement et application de critères de datation
syriaque (puisque l’image du lanceur de flèche n’a, à notre connaissance, avant Sévère, jamais servi à désigner une constellation, mais renvoie à une activité sportive ou guerrière), le forçant à désigner les mêmes concepts que le grec lorsqu’il y a convergence d’image. C’est ce procédé que nous appellons traduction en miroir convergent.
Pour illustrer le cas de la traduction en « miroir droit », prenons l’exemple du signe zodiacal de la Vierge. Le grec a deux façons de le désigner : sous le nom de Παρθένος ou, de façon métonymique, sous celui de στάχυς, c’est-à-dire l’Épi. En syriaque on dispose également de deux termes pour désigner ce signe : btulto (la vierge), et šbelto (l’épi). Cette communauté d’images s’explique par une origine mésopotamienne de la représentation du signe de la Vierge109. Sévère peut donc à son aise rendre compte des deux signifiants grecs par des signifiants syriaques qui renvoient aux mêmes images et au même concept. Les cas de traductions en miroir droit sont de loin les plus nombreux, ce qui est tout à fait naturel étant donné l’héritage culturel mésopotamien qu’eurent en commun les hellénophones et les araméophones. Ainsi, dans les deux langues, utilise-t-on les mêmes images pour désigner par exemple le signe des Poissons, celui du Verseau, du Lion et du Scorpion ; le terme générique de planète se trouve également dans les deux idiomes construit sur une racine renvoyant à l’idée d’errance. Nous nous intéresserons davantage aux cas de traduction en miroir convergent qui sont bien entendu plus révélateurs de la part d’influence du grec sur la langue des traducteurs syriaques. Le tableau qui suit fournit quelques exemples représentatifs de l’évolution de la technique de traduction entre Sergius de Rešʻayna et Sévère Sebokht. Si Sergius cultive les équivalents culturels, Sévère quant à lui tend à s’en débarrasser en privilégiant la technique de la traduction dite en miroir convergent :
109
Voir LAFFITTE R., « Sur l’origine de la constellation de la Vierge », JA 292, 2004, p. 63-
73. 309
Établissement et application de critères de datation
Traduction française
Théon d’Alexandrie
Sergius de Reš‘ayna (V-VIe s.)
La Balance
Ὁ ζυγός
(cf. tabl. équivalents culturels)
Le Bélier
Les Gémeaux
Le nœud ascendant Le nœud descendant Sagittaire
Ὁ Κριός
(cf. tabl. équivalents culturels)
Οἱ Δίδυμοι (= les jumeaux)
(cf. tabl. équivalents culturels)
ἀναβιβάζων
113
ܡܣܩܢܐ
Sévère Sebokht (VIIe s.) 110
ܡܣܐܬܐ
[masato] (= la balance) 111
ܕܟܪܐ
[dekro] (= le bélier) 112
̈ ܬܐܡܐ
[teme] (= les jumeaux) (transl. gr)
[masqono] καταβιβάζων
114
ܡܚܬܢܐ
(transl. gr)
[maḥtono] Ὁ τοξότης (= l’archer)
(cf. tabl. équivalents culturels) 116
Le zodiaque
̈ ܛܥܝܢ ܚܝܐ
115
ܟܫܛܐ
[kašoṭo] (= l’archer) (transl. Gr)117
[ṭ‘in ḥaio]
Pour rendre compte des concepts astronomiques, Sergius cultive davantage les équivalents culturels syriaques. Il rend par exemple le signe
110
Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 3, p. 369 (texte) ; p. 373 (trad.) ou Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II. 7, p. 46 (texte) ; p. 94 (trad.). 111 Sévère préfère utiliser ce terme qui rend mieux compte du grec et du point de vue figuré et du point de vue sonore : voir Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 2, p. 375 (texte) ; p. 377 (trad.) et Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II. 7, p. 46 (texte) ; p. 94 (trad.). Mais il arrive également à Sévère de réemployer l’ancien nom syriaque : voir notamment Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 4 et Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe II. 10, p. 52 (texte) ; p. 100 (trad.). 112 Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 2, p. 375 (texte) ; p. 377 (trad.). 113 Néologisme. Cette traduction miroir du grec ἀναβιβάζων n’apparaît qu’une seule fois dans Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1. Le reste du temps Sergius emploie la translittération du grec, comme le fit après lui Sévère. 114 Cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1. Même remarque que dans la note précédente. 115 Sévère emploie exclusivement ce terme dans tous ses écrits : voir Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 3; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 84r (le scribe a inscrit en marge l’équivalent culturel syriaque – la Grande Image-, signe que la proposition de Sévère n’a vraisemblablement pas connu une grande postérité). Voir aussi Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 2, p. 375 (texte) ; p. 377 (trad.) et Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2. (3). 116 Traduction miroir du grec ὁ ζῳοφόρος dans Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137, 4. 117 On ne trouve dans l’œuvre de Sévère que la forme translittérée du grec : ܙܘܕܝܐܩܘܢ [zodiaqon]. Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 1 (trad.) ; pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 83v. 310
Établissement et application de critères de datation
zodiacal des Gémeaux par l’expression tren ṣalme (les deux images). Cette expression est attestée en syriaque dans les textes les plus anciens comme dans la liste des signes du zodiaque attribuée à l’école bardesanite (conservée dans un manuscrit du
e
VII
siècle). Sévère Sebokht abandonne
quant à lui cette terminologie, adoptant un terme qui rend davantage compte du Δίδυμοι grec : teme ( jumeaux). On pourrait faire la même remarque à propos de la désignation du Sagittaire : Sergius le rend par ṣalmo rabbo (la grande image), quand Sévère cherche à rendre l’idée du lanceur de flèche contenue dans le mot grec τοξότης en recourant à la racine sémitique kšṭ qui signifie « lancer une flèche ». Le cas de la Balance est un peu différent. Le mot utilisé par Sergius est un exact équivalent sémiotique du ζυγός grec, puisque, dans les deux cas, le terme renvoie, au-delà du signe zodiacal, au fléau de la balance. Au contraire, le terme masato, employé par Sévère, désigne de façon globale l’objet balance. Faut-il croire que l’ancien mot syriaque avait, à l’époque de Sévère, perdu de sa valeur métonymique ? Ou le sens métonymique du terme grec a-t-il prévalu au point de faire oublier, au
e
VII
s., son sens
premier118 ? La modification terminologique de Sévère à cet endroit montre, quoi qu’il en soit, que le terme qašelmo utilisé par Sergius (attesté dans la liste des signes zodiacaux de l’école bardesanite), dont on ne trouve plus aucune attestation par la suite (ni dans l’œuvre de Sévère Sebokht ni dans celle de Bar Hebraeus119), était dès le VIIe s. tombé en désuétude120.
118
C’est-à-dire qu’à force de parler de « fléau » pour désigner la balance, les Grecs avaient peut-être fini par considérer que le terme désignait non plus seulement une partie de l’objet, mais l’objet dans sa globalité. 119 Voir NAU F., Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre. Cours d’astronomie rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfarag dit Bar Hebraeus publié d’après les manuscrits de Paris, d’Oxford et de Cambridge par F. Nau, Paris, E. Bouillon, 1899 [Bibliothèque de l’École pratique des Hautes Études, fasc. 121], vol. 1 (texte syriaque) ; 1900, vol. 2 (traduction française). Voir en particulier la section I, 5, 4. 120 On trouve certes une occurrence du qašelmo syriaque dans le Causa causarum, qui a été daté par son éditeur (Kayser) du Xe siècle. Mais l’auteur, anonyme, explique que sous ce terme il faut comprendre la Balance masato, ce qui peut indiquer que ses lecteurs n’étaient plus habitués à l’ancienne terminologie (Voir KAYSER C. (éd.), Das Buch von der Erkenntniss der Wahrheit, oder, Der Ursache aller Ursachen, Leipzig/Strasbourg, J. O. Hinrich, 1889/1893, vol. 1, p. 193). 311
Établissement et application de critères de datation
La pratique de la traduction en miroir convergent, qui relève d’un bras de fer entre le traducteur et sa propre langue, caractérise le travail de Sévère Sebokht. Ce dernier n’hésite pas à distordre sa langue afin de lui faire prendre parfaitement le pli du grec. Sergius quant à lui ne s’inscrit absolument pas dans cette démarche. - Les translittérations –
La translittération, qui est la troisième technique de traduction utilisée par Sergius de Reš‘ayna et Sévère Sebokht, sert essentiellement à introduire des concepts nouveaux dans la langue syriaque. Les translittérations sont peu nombreuses dans les traités de Sergius, mais il convient de les relever :
Liste de termes astronomiques translittérés chez Sergius de Reš‘ayna : ܐܣܟܝܡܐ
[askema]
l’aspect121
ܐܪܝܣ
[ares]
Mars122
ܐܪܡܝܣ/[ ܗܪܡܝܣermes / hermes] Mercure123 ܛܪܝܓܢܘܢ
[ṭrigonun]
Le trigone124
ܛܛܪܓܘܢܘܢ
[ṭeṭragonun]
le carré125
ܐܟܣܓܘܢܘܢ
[eksagonun]
le sextile126
ܕܡܛܪܘܢ
[dmeṭrun]
l’opposition127
ܣܘܢܕܘܣ
[sunodus]
la conjonction128
ܡܘܪܣ/ܡܘܪܘܣ
[muros / murus] le degré129
ܐܢܒܝܒܙܢ
[anabibazon]
le nœud ascendant130
121
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2, 1 ; Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], II, p. 137. Il désigne également la planète sous le nom d’Hérakles [( ]ܗܪܩܠܝܣidem, p. 137, 19). 123 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 1 ; Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137. Également Apollon [apollo] (idem, p. 137). 124 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 125 Ibid. 2. 2. 126 Ibid. 2. 2. 127 Ibid. 2. 2. 128 Ibid. 2. 2. 129 Ibid. 2. 2. 1. 122
312
Établissement et application de critères de datation
ܩܛܒܝܒܙܢ
[qaṭabibazon]
le nœud descendant131
ܛ̈ܪܘܦܝܩܘ
[ṭropiqu]
les tropiques132
Le terme askema n’est pas pertinent pour notre étude puisqu’il est attesté de nombreuses fois dans la littérature syriaque la plus ancienne. Il importe plutôt de noter les translittérations des mots grecs signifiant le trigone, le carré, le sextile et la conjonction : à la première occurrence de ces translittérations dans son Traité sur l’action de la lune, Sergius prend soin de les accompagner d’une définition :
[…] le trigone [ṭrigonun], qui se compose de trois angles ; le carré [ṭeṭragonun], qui se compose de quatre angles ; le sextile [eksagonun], qui se compose de six angles ; l’opposition [dmeṭrun], qui est la moitié exacte du cercle ; et la « σύνοδος » [sunodus] qui a lieu lorsque la lune entre en conjonction avec le soleil ou, comme ils disent, avec l’une des cinq autres étoiles.133
Un lecteur grec n’aurait pas eu besoin de telles précisions puisque le terme grec contient en soi l’idée que le « tri-gone » se compose de trois angles. Mais pour les lecteurs syriaques de Sergius, en revanche, il était de rigueur d’apporter une petite explication. Il en va de même pour les expressions désignant les nœuds ascendant et descendant, puisque Sergius fournit une explication au moment où il introduit ces termes translittérés du grec : […] les deux endroits, où se chevauchent les cercles l’un l’autre, sont appelés nœud ascendant [anabibazon] et nœud descendant [qaṭabibazon], c’est-à-dire le montant [masqono] et le descendant [maḥtono]134 130
Ibid. 2. 3. 1. Ibid. 2. 3. 1. 132 Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE], p. 137. La translittération de ce terme grec est également attestée dans un court texte anonyme portant sur le mouvement du soleil (conservé dans un ms. du VIIe s.). Cf. SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 128. 133 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 134 Ibid. 2. 3. 1. 131
313
Établissement et application de critères de datation
Il nous reste finalement, parmi toute la liste des termes translittérés, fournie plus haut, seulement trois termes translittérés du grec apparaissant dans le texte de Sergius sans explication : il s’agit de la planète Mars, de Mercure ainsi que des degrés. D’après les dictionnaires, ces translittérations ne sont pas attestées plus tôt dans la littérature syriaque. Cette apparition incognito du vocabulaire grec, dans le cours du traité, est le témoignage, au tout début du
e
VI
s., d’une intégration avérée de ce lexique astronomique
dans la langue syriaque. La Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht montre que, depuis Sergius, la fréquentation des textes astronomiques grecs, et le processus d’assimilation du lexique qu’ils renferment, se sont intensifiés : Sévère translittère abondamment les termes astronomiques qu’on peut trouver chez Claude Ptolémée et Théon d’Alexandrie. Ces translittérations sont parfois surprenantes, comme dans le cas de la « limite boréale », en grec τοῦ βορείου πέρατος (gén.), qu’on trouve par exemple au chapitre 8 du Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie ou dans plusieurs des tableaux des Tables faciles de Claude Ptolémée. Sévère translittère l’expression intégrale, ce qui équivaut non plus à la translittération d’un mot, mais d’un groupe de mot. On lit dans sa lettre : […] lorsque nous prenons ce qui manque pour 360 μοῖρα, c’est-à-dire degrés, chiffre de la limite boréale (boreyon peras) obtenu des 5 sections, […]là où tombera ce chiffre, nous dirons que se trouve alors le nœud ascendant […]135
Le titre du Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie est également entièrement translittéré du grec : Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 2 : « ܟܕ ܿܢܣܒܝܢܢ ܿܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ ܠܦܘܬ ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܿ ܡܢܝܢܐ ܿܗܘ. ̈ܡܢܘܬܐ ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ ܆ ܘܠܗܢܐ ܿܢܦܩܝܢܢ ܠܗ ܡܢ ܪܝܫ ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ܕܢ̈ܩܦܝܢ ̈ ̈ ܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ ܿ ̄ ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ܐܡܪܝܢܢ ܿܗܝܕܝܢ ܬܡܢ. ܙܘܕܝܐ ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ܬܠܬܝܢ ܆ ܐܝܟܐ ܕܢܫܠܡ ܿܗܘ ܡܢܝܢܐ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ. ». 135
314
Établissement et application de critères de datation
[…] comme l’a enseigné Théon d’Alexandrie dans son Commentaire aux Tables faciles [teon hau aleksandroyo b-skolion d- leh d-prokeirus]136
Voici une liste d’autres groupes de mots translittérés chez Sévère137 : ܩܢܘܢܐ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ
[qanuno d-prokeiros]
Tables faciles138
[ ܐܝܩܘܣܝܦܢܛܐ ܐܛܐܪܝܕܣeikosipenṭe eṭerides]
périodes de 25 ans139
ܦܪܐܐܠܟܣܝܣ ܕܩܠܝܡܐ
la paralaxe du climat140
[paralaxis d-klima]
[ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪܣqephalaia d-boreyon peras] section de la limite boréale141
La liste des termes astronomiques translittérés du grec est de fait bien plus importante dans la simple lettre de Sévère, quand bien même cet écrit est, du point de vue de sa dimension, quatre fois moins important que le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna : Liste des termes astronomiques simples translittérés chez Sévère142 : ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ
[anabibazon]
Le nœud ascendant
ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ
[qaṭabibazon]
Le nœud descendant
ܐܩܠܦܣܝܣ
[eqlipsis]
L’éclipse
ܐܦܝܢܡܣܝܣ
[epinemesis]
l’épinémésis
ܣܘܢܘܕܘܣ
[sunodos]
La conjonction
ܡܘ̈ܪܣ/ܡܘܪܐ
[muro, pl. muros]
Le degré / les degrés
ܿ ܐܝܟܢܐ Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1. 1 : « ܕܡܠܦ ܬܐܘܢ ܿܗܘ ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܒܣܟܠܝܘܢ ܕܠܗ » ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ. 137 Ce relevé se limite à la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant. 138 Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I. 1. 139 Ibid. II. 2. 1. 140 Ibid. II. 5. 11. 141 Ibid. II. 5. 5. 142 Ce relevé se limite donc à la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant. On retrouvera facilement chacun de ces termes grâce au lexique situé en annexes. 136
315
Établissement et application de critères de datation
La limite boréale
ܒܘܪܝܘܢ ܦܐܪܣ ̈ ܙܘܕܝܐ/ܢ ܙܘܕܝܘ
[zodion, pl. zodie] Le signe zodiacal
ܕܝܐܡܛܪܘܢ
[diameṭron]
(en) opposition
ܬܘܬ
[toth]
(mois de) Thoth
ܡܝܟܝܪ
[mekir]
(mois de) Méchir
ܦܐܟܘܢ
[pakon]
(mois de) Pachon
ܡܣܡܒܪܝܐ
[mesembrio]
midi
ܟܝܡܪܝܢܘܣ ̈ ܠܦܛܐ
[keimerinos]
hivernal (adj.)
[lepṭa]
Les minutes
̈ ̈ ܠܦܛܐ ܩܕܡܝܐ
[lepṭa qadmie] Les minutes « premières »143
ܐܟܣܝܩܘܣܛܐ ̈ ܠܦܛܐ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐ
[ekseqosṭo]
[lepṭa trenite] Les secondes144
ܕܝܐܣܛܣܝܣ
[diasṭesis]
La distance
ܐܦܘܟܝ
[epoke]
L’ ἐποχή (position ou lieu vrai d’un astre)
ܣܘܢܘܕܝܩܝܬܐ
[sunodiqoyoto] (adj. fém.) en conjonction
ܦܐܢܣܠܝܢܝܩܝܬܐ
[panseleniqito] (adj. fém.) en période de pleine lune.
ܦܢܣܠܝܢܘܣ
[panselenos]
La pleine lune
ܦܪܐܐܠܟܣܝܣ
[paralaksis]
La parallaxe
ܩܠܝܡܐ ̈ ܛܡܝܡܐ
[qlima]
Le climat
[ṭmema]
La section du cercle (= 30°)
[boreyon peras]
Le soixantième
Dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant on remarque qu’aucune des translittérations du grec n’est accompagnée, comme chez Sergius, d’une définition145, alors que tous ces termes se rapportent à un 143
Expression utilisée uniquement pour différencier les minutes des « minutes secondes », c’est-à-dire des secondes. 144 Ou « minutes secondes ». 145 Une exception cependant concerne les degrés (cf. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 1, (2) : « 360 degrés (μοῖρα), c’est-à-dire les parties [menuto] » / « » ̄ܫ ̄ܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ̈ܡܢܘܬܐou dans Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 1. Voir texte (inédit) dans ms. Paris BnF syr. 346, f. 83v : « » ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܕܪܓܐ. Dans la Lettre sur les nœuds, les deux termes alternent pour exprimer les degrés (le calcul de position est notamment exprimé en 1 mento 37 λέπτα (au nord sous le 1°37’) au lieu de 1 μοῖρα 37 λέπτα, comme le fait Sévère partout ailleurs). A la lecture des deux autres textes astronomiques syriaques produits par Sévère (Traité sur l’astrolabe et Traité sur les constellations) nous constatons que ce terme de mento n’est quasiment jamais usité et que μοῖρα est bel et bien le terme communément 316
Établissement et application de critères de datation
lexique astronomique technique (la parallaxe, l’ἐποχή d’une planète, la limite boréale etc…). Si Sévère ne se donne pas la peine de définir ces termes, c’est que le destinataire de la lettre est habitué à lire ce genre de littérature. D’ailleurs Sévère dit clairement dans sa lettre que le courrier fait suite à un précédent envoi qui comprenait le Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie146. S’agissait-il d’une traduction syriaque ou du texte grec lui-même ? Quoiqu’il en soit il faut noter les nombreux renvois que Sévère fait à des numéros de colonnes dans les Tables faciles147. On retrouve chez Sévère tous les termes translittérés qui étaient déjà en usage chez Sergius de Reš‘ayna comme la conjonction, les nœuds ascendant et descendant, l’opposition, le degré. Étant donné qu’il n’est jamais question des planètes dans la Lettre, on ne saurait retrouver les équivalents des translittérations de Mars et Mercure pratiqués chez Sergius. Mais le Traité sur les constellations du même Sévère Sebokht nous fournit ce complément d’information, puisque Mars y est désigné sous le terme de [ ܐܪܝܣAres]148 et Mercure sous celui de [ ܗܪܡܝܣHermes]149, comme chez Sergius. On retrouve également les translittérations des termes signifiant le trigone, le carré, le sextile et l’aspect. La transmission des termes astronomiques grecs translittérés au VIe s. par Sergius de Reš‘ayna (ou à son époque) est donc totale.
utilisé par l’évêque de Qennešrin pour désigner les degrés du cercle du zodiaque. Si Sévère prend la peine d’expliciter ce terme, communément adopté au moins depuis Sergius de Reš‘ayna, c’est vraisemblablement pour rendre compte d’une définition qui se trouve dans les du Petit Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie, où la notion de « degrés » est définie de la manière suivante : « […] ἄλλου τινὸς μεγίστου κύκλου εἰς τξ ἴσα διαιρουμένου, ἕκαστον διάστημα μοιριαῖον καλεῖται. » / « […] n’importe quel grand cercle étant divisé en 360 parties égales, chaque division est appelée degré » 145 (cf. Théon Al., Petit Comm. [éd. TIHON], I , p. 200 (texte) ; p. 301 (traduction)). En revanche le recours au terme archaïque de [dargo] dans Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 1 est plus difficilement explicable, d’autant plus que ce terme n’apparaît nulle part ailleurs dans le reste de ses œuvres astronomiques. Un copiste plus tardif a-t-il pu prendre l’initiative d’insérer cette glose ? 146 Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5. 2 : « Tu pourras en effet trouver la prochaine éclipse, non pas en sachant simplement dans quel signe se trouvent les nœuds ascendant et descendant comme le propose l’exemple de l’auteur dans le Commentaire, qu’on t’a envoyé ( ) ܕܥܒܕ ܠܘܬ, frère » 147 Cf. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2. 1 ou II. 5. 5. 148 Cf. Sév. Seb., Traité sur les constellations V. 3. 1. 149 Cf. Ibid. IV. 14. 4. 317
Établissement et application de critères de datation
En outre la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht montre que plusieurs étapes ont été franchies dans l’acquisition d’un vocabulaire scientifique relatif aux astres : depuis le Traité sur l’action de la lune, les érudits syriaques de l’entourage du monastère de Qennešrin sont non seulement familiarisés avec la notion de nœuds ascendant et descendant, indispensable pour le calcul précis des éclipses de lune et de soleil, mais ils sont en passe d’être capables de se servir des Tables astronomiques conçues par Claude Ptolémée, grâce au Commentaire qu’en a fait Théon d’Alexandrie. Si Sévère ne prend pas la peine de définir les expressions qu’il traduit du grec dans sa lettre, c’est que vraisemblablement son destinataire a déjà assimilé dans sa propre langue tout ce type de vocabulaire. Ainsi les termes grecs désignant les parallaxes, l’éclipse, la conjonction, la limite boréale, les périodes de 25 ans, l’ἐποχή, les signes zodiacaux, les minutes et les secondes n’auraient plus eu aucun secret pour cet interlocuteur. La lecture du Traité sur les Constellations de Sévère Sebokht nous montre cependant que l’acquisition de ce vocabulaire précède de peu la rédaction de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant : en effet la plupart des termes qui apparaissent sans définition dans cette lettre, se trouvent justement accompagnés d’une définition claire, au moment de leur première occurrence, dans le Traité sur les constellations. On y trouve notamment une explication du mot grec désignant les signes zodiacaux (τὰ ζώδια) ou encore le sens de l’expression grecque renvoyant à la notion de « Lieu vrai » ou position d’un astre (ἐποχή) : ̈ ] ܝܒ...[ ܘܡܛܠ ܗܠܝܢ ܬܘܒ ܙܘܕܝܐ ܗܘܟܝܬ ̈ܡܠܘܫܐ Au sujet de ces […] 12 ζώδια c’est-à-dire signes du zodiaque [malwoše] 150
151
[...] ܐܝܟܢܐ ܙܕܩ ܠܡܕܥ ܗܦܘܩܝ ܐܘܟܝܬ ܩܘܡܐ ܕܣܗܪܐ Comment on peut connaître l’ἐποχή de la lune, c’est-à-dire sa position [qumo] 150
Sév. Seb., Traité sur les constellations VIII. 13, p. 386 (trad.) ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 97v. On trouve exactement la même définition au tout début du Traité sur l’astrolabe : voir Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23 (texte) ; p. 74 (trad.). 151 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II, 5, p. 43-44 (texte) ; p. 92 (trad.). Comparer avec ibid. II. 5, p. 44 (texte) ; p. 93 (trad.). 318
Établissement et application de critères de datation
Les deux autres traités astronomiques attribués à Sévère comprennent bien d’autres translittérations de termes techniques grecs accompagnées d’une définition qui n’apparaissent pas dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant. On trouvera ainsi, entre autres, la définition des termes suivants : - Le cercle arctique ἀρκτικός152 - L’antarctique ἀνταρκτικός 153 - L’apogée τὸ ἀπόγειον154 - L’araignée ἀράχνη 155 (pièce de l’astrolabe) - L’astrolabe ἀστρολάβος 156 - Le cercle axial ἀξώνιος 157 - La Coupe Κρατήρ158 - Le diamètre (d’un cercle) ἡ διάμετρος159 152
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 3, p. 395 : « Le premier est celui du nord qui est nommé ἀρκτικός, c’est-à-dire « de l’ours » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 103v : « » ܩܕܡܝܐ ܿܗܘ ܓܪܒܝܝܐ ܕܡܬܩܪܐ ܐܪܩܛܝܩܘܣ ܐܘܟܝܬ ܕܒܢܝܐ. 153 Ibid. XII. 7, p. 396 : « l’ἀνταρκτικός, c’est-à-dire celui qui est situé à l’opposé de celui de l’Ourse » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 103v : « ܐܢܛܪܩܛܝܩܘܣ܇ » ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܕܣܝܡ ܠܩܘܒܐܠܝܬ ܠܗܘ ܕ ܳܒ ܳܢ ܳܝܐ. Une autre définition apparaît au f. 97v. 154 Ibid. XIV. 12, p. 409 : « il fait apogée, parce qu’il est plus éloigné du centre de la terre » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 112r : « ܐܦܘܓܝܘܣ ܿܥܒܕ܆ ܒܚܬܝܪ » ܪܚܝܩ ܡܢ ܩܢܛܪܘܢ ܕܐܪܥܐ. 155 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23 : « ܐܪܟܢܐ ̄ܗ ܓܘܓܝ ܡܛܠ ܿܗܝ ܕܕܡܐ ̈ ܒܕܡܘܬܐ ܐܝܢܣ ܡܕܡ ܐܘܟܝܬ ܡܢܐ. ܒܗܝ ܕܡܦܠܛ ܐܡܪ ܐܢܐ ܕܐܝܬ ܒܦܠܛܘܗܝ. ܠܓܘܓܝ. ܟܐܡܬ ܒܚܙܬܗ. . ; » ܕܐܝܬ ܒܓܘܓܝp. 74-75 : « ἀράχνη, c’est-à-dire « araignée », parce que les appendices qu’il porte le font ressembler au corps et aux pattes d’une araignée ». 156 Cf. Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 21-22 : « ܐܝܬܘܗ ܗܟܝܠ ܗܘ ̈ ̈ [...]ܕܟܘܡܒܐ ܕܒܐܝܕܘܗܝ ܗܘܝܐ ܡܬܢܣܒܢܘܬܐ ; » ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܐܘܪܓܢܘܢ ܐܘܡܢܝܐ ܡܪܟܒܐ « L’ἀστρολάβος est un instrument artificiel composé, grâce auquel a lieu la capture des étoiles […] » (Comparer avec la traduction proposée par Nau, p. 73). Cette nouvelle traduction trouve sa justification dans l’explication fournie par Sévère dans le même ̈ ̈ paragraphe : cf. Ibid. I, p. 22 : « ܕܟܘܟܒܐ ܘܕܗܠܝܢ ܕܫܪܟܐ ܕܒܐܝܕܘܗܝ ܗܘܝܐ ܡܬܢܣܒܢܘܬܐ [...] ܡܬܐܡܪ ̈ [...] ܕܢܬܦܪܫܘܢ ܗܢܘܢ ܐܘ̈ܪܓܢܐ ܕܫܪܟܐ ܕܐܘܡܢܘܬܐ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ. ») ; « On l’appelle […] grâce auquel a lieu la capture des étoiles, pour en distinguer les instruments des autres arts » (comparer avec la traduction de Nau, p. 73). 157 Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 10, p. 396 : « Le huitième est nommé ἀξώνιος, c’est-à-dire l’axial » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, ܿ ܕܬܡܢܝܐ ܕܝܢ܇ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ̈ f. 104r : « ܐܟܣܘܢܝܘܣ ܐܘܟܝܬ ܿܣܪܢܢܝܐ ». 158 Sév. Seb., Traité sur les constellations VI, 3, p. 375 : « ; » ܩܪܛܝܪ ܐܘܟܝܬ ܐܓܢܐp. 377 : « Κρατήρ [qrater], c’est-à-dire la Coupe [agono] ». 159 Sév. Seb., Traité sur les constellations XVII. 2, p. 92 : « Tout cercle que tu voudras imaginer dans ta pensée, qu’il soit grand ou petit, a un diamètre, c’est-à-dire (toute) droite passant par le milieu, qui est le tiers nécessairement » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris ̄ BnF syr. 346, f. 117v : « ܐܝܬܘ ܘܐܢ ܙܥܘܪܐ ܟܠ ܚܘܕܪܐ ܐܝܢܐ ܕܗܘ ܕܬܨܒܐ ܕܬܣܒ ܒܬܪܥܝܬ ܐܢ ܪܒܐ 319
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- La dioptre δίοπτρα160 (pièce de l’astrolabe) - La dodécatémorie δωδεκατημόριον161 - L’écliptique τὸ Διὰ μέσων ζῳδιακοῦ162 - L’Épi στάχυς 163 (étoile dans la Vierge) - L’équateur ἰσημερινός 164 ܝ - L’Éridan (constellation australe) Ἠριδανός165 - La Flèche Οἰστός166 - Hercule (constellation) dit « l’Agenouillé » Ἐνγόνασιν167 ( » ܇ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܠܗComparer avec SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 132 qui propose une édition de ce chapitre XVII d’après le ms. de Londres add. 14538 du Xe s.). 160 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 25 : « . ܠܗ ܕܝܢ ܠܗܕܐ ܟܢܘܢܬܐ ̈ ܕܐܬܐܡܪܬ ܕܩ̈ܪܝܒܢ ܒܗ ܗܢܘܢ ܬܪܬܝܢ ܛܒܠܘܣܝܬܐ ܡ̈ܪܟܒܬܐ ܘܙܥܘ̈ܪܝܬܐ ܕܐܡܝ̈ܪܢ ܕܒܗܝܢ ܢܩܝܒܝܢ ܗܠܝܢ ܬ̈ܪܬܝܢ ̈ ܒܗܝ ܕܒܗ ܚܙܝܢܢ ܬܪܝܨܐܝܬ ܠܙܠܝܩܐ ܕܫܡܫܐ ܐܘ. ܩܪܝܢ ܠܗ ܓܐܘܡܛܪܝܣ ܕܝܘܦܪܐ. ܚ̈ܪܘܪܐ ܚܕ ܠܘܩܒܠ ܚܕ . ; » ܕܢܗܝܪܐ ܐܚܪܢܐp. 77 : « Cette règle dont nous venons de parler, sur laquelle sont fixées les deux petites tablettes percées de deux trous l’un en face de l’autre est appelée δίοπτρα par les géomètres, parce qu’elle nous permet de voir en ligne droite un rayon du soleil ou d’un autre astre ». 161 Sév. Seb., Traité sur les constellations III, p. 352 : « On trouve aussi le nom δωδεκατημόριον, c’est-à-dire un de douze, pour désigner chacun des douze ζώδια » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 83v : « ܐܝܬ ܕܝܢ ܐܝܟܐ ܕܐܦ ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܐ ̈ » ܐܘܟܝܬ ܚܕܐ ܡܢ ̄ܝ ̄ܒ ̈ܡܢܘܢ ܠܚܕ ܚܕ ܡܢ ̄ܝ ̄ܒ. Puis voir ibid. IV. 8, p. 357 : « ܦܣܩܐ ܐܘܟܝܬ ܙܘܕܝܐ ̄ ; » ܡܠܘܫܐ ܬܝܡܢܝܐ ܕܚܘܕܪܐ ܐܘܟܝܬ ܒܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܘܢ ܗܘp. 364 : « La 8e section, c’est-à-dire ܕܚ signe du cercle, c’est-à-dire dans le 8e δώδεκατημόριον». 162 Le plus souvent sous la forme abrégée Διὰ μέσων, comme le pratiquent les astronomes grecs. On trouve la forme entière translittérée dans le Traité sur l’astrolabe, mais il faut voir le texte syriaque directement (Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], p. 45 : « [ ܕܝܐܗܡܣܘܢ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢdiahmeson d-zodiaqon] »), F. Nau n’ayant pas identifié l’expression dans sa traduction (cf. Ibid., p. 94 : « sur le plan diamétral du zodiaque »). Pour les explications de Sévère relatives à la translittération du grec, nous renvoyons au Traité sur les constellations X. 7, p. 391 : « Cercle qui est nommé Διὰ μέσων, à savoir la ligne qui est au milieu du zodiaque sur lequel marche le soleil en longitude constamment sans le quitter ni au nord ni au sud » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, ܿ ܗܘ ܕܒܡܨܥܬܐ ܙܘܕܝܐܩܘܢ ܿ ܕܝܐܡܣܘܢ ܐܘܟܝܬ ܣܘܪܛܐ f. 101v : « ܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ ܫܡܫܐ ܐܠܘܪܟܐ ܿ ܿ .» ܐܡܝܢܐܝܬ܇ ܟܕ ܐܠ ܣܟ ܡܫܢܐ ܡܢܗ ܠܓܪܒܝܐ ܟܝܬ ܐܘ ܠܬܝܡܢܐ. On trouve une autre définition, semblable, dans ibid. XII. 9, p. 396 : « Le διὰ μέσων du zodiaque, c’est-à-dire la ligne qui est en son milieu, qui est la voie droite de la marche du soleil en longitude, sans qu’il s’en éloigne à droite ou à gauche » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 104v : ܿ ܕܝܐܡܣܘܢ ܕܝܠܗ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ ܇ ܐܘܟܝܬ ܣܘܪܛܐ ܿ « ܕܒܡܨܥܬܗ ܇ ܕܗܘܝܘ ܫܒܝܐܠ ܬܪܨܐ ܕܗܠܟܬܗ ܕܫܡܫܐ ܗܘ ܿ » ܐܝܟ ܕܐܠܘܪܟܐ ܇ ܟܕ ܐܠ ܿܣܟ ܿܡܣܛܐ ܡܢܗ ܠܝܡܢܐ ܟܝܬ. ܐܘ ܠܣܡܐܠ 163 Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 5, p. 376 : « ܒܬܘܠܬܐ ܕܝܢ ܗܘ ܕܡܫܬܡܗ ܣܛܐܟܘܣ ; » ܐܘܟܝܬ ܫܒܠܢܝܐp. 378 : « dans la Vierge, celle qui est nommée στάχυς, c’est-à-dire l’Épi ». 164 Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 5, p. 395 : « l’ἰσημερινός, c’est-à-dire du jour égal, qui est tracé avec mesure égale au milieu des deux pôles, celui du nord et celui du sud, sur lequel il y a égalité du jour et de la nuit, d’où il a pris son nom » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 103v : « ܐܝܣܝܡܪܝܢܘܣ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܕܫܘܝܘܬ ܝܘܡܐ܇ ܕܣܪܛ ܒܡܫܘܚܬܐ ̈ ܫܘܝܬܐ ܒܡܨܥܬ ܬ̈ܪܝܗܘܢ ܿ ܦܘܠܘ܇ ܓܪܒܝܝܐ ܟܝܬ ܘ ܿܗܘ ܬܝܡܢܝܐ܇ ܕܒܗ ܿܗܘܝܐ ܫܘܝܘܐ ܐܝܡܡܐ ܘܐܠܝܐ܇ ܡܢ ܿ ». ܗܝ ܕܐܦ ܡܫܬܡܗ 165 Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 4, p. 375 : « ; » ܢܗܪܐ ܐܘܟܝܬ ܗܪܝܕܐܢܘܣp. 377 : « le Fleuve [nahro], c’est à-dire l’ Ἠριδανός [heridanos] ». 166 Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 3, p. 375 : « ; » ܐܘܐܝܣܛܘܣ ܐܘܟܝܬ ܓܐܪܐ p. 377 : « Οἰστός [owoisṭos] c’est-à-dire la Flèche [gero]». 320
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- Les heures équatoriales ἰσημεριναί168 - L’horizon Ὁρίζων169 - L’horoscope Ὡροσκόπος170 - L’inclinaison ou hauteur des pôles ἐξάρματα171 - Le lever (ou ascension) d’un signe ἀναφορά172 - Le méridien μεσημβρινός173 - La minute angulaire ἑξηκόστος174 - Orion Ὠρίων175 167
Sév. Seb., Traité sur les constellations VII. 3, p. 380 : « et tout l’Ἐνγόνασιν à l’exception du pied gauche qui est sur la tête du Dragon, depuis le genou de son pied droit, qui est au-dessus du [f. 92v] bâton que tient le Bouvier […], il se lève à rebours et il plie sur ses genoux, c’est pour cela qu’on l’a nommé l’Ἐνγόνασιν » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 92v. 168 Sév. Seb., Traité sur les constellations XVI. 4, p. 90 : « Il est évident qu’il s’agit d’heures ἰσημεριναί, c’est-à-dire égales » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 116v : « » ܝܕܥܐ ܗܝ ܕܝܢ ܕܐܝܣܝܡ̈ܪܝܬܐ ܐܘܟܝܬ ̈ܫܘܝܬܐ. 169 Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 12, p. 397 : « Le dixième est celui qui est nommé Ὁριζων, c’est-à-dire celui qui limite, parce qu’il délimite les moitiés supérieure et inférieure de la sphère » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, ܿ̈ ̈ f. 104v : « ܕܦܠܘ ܡܢ ܓܪܒܝܐ ܕܬܝܫܥܐ ܕܝܢ ܇ ܿܗܘ ܕܡܫܬܡܗ ܡܣܡܒܪܝܢܘܣ܇ ܕܣܪܝܛ ܬܪܝܨܐܝܬ ܡܢܗܘܢ » ܠܬܝܡܢܐ ܥܠ ܬ̈ܪܬܝܗܝܢ ܦܠܓܘܬ ܐܣܦܝܪܐ ܡܢ ܠܥܠ ܟܝܬ ܐܟܚܕ ܘܡܢ ܠܬܚܬ. 170 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II. 10, p. 52-53 : « ܗܝ ܕܕܢܚܐ ܐܘܟܝܬ [ ܕܐܪܣܩܘܦܘܣ ܐܘܟܝܬ ܠܡܘܪܐ ܕܙܘܕܝܘܢ ܗܝ ܕܕܚܐ ܒܫܥܬܐ ܗܝ ܕܒܥܝܢܢ ܐܢ ܒܐܝܡܡܐ ܘܐܢ...] ܕܐܪܣܩܘܦܘܣ ; » ܒܠܠܝܐp. 100 : « l’ὡροσκόπος c’est-à-dire […] le degré du zodiaque qui se lève à l’heure considérée, soit de jour soit de nuit ». 171 Sév. Seb., Traité sur les constellations XIII. 9, p. 400 : « ἔξαρμα, c’est-à-dire inclinaison des pôles sur le cercle horizon » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, ̈ » ܐܟܣܐܪܡܐ ܐܘܟܝܬ ܡܨܛܠܝܢܘܬܐ. La même définition f. 106v : « ܠܦܠܘ ܡܢ ܚܘܕܪܐ ܐܘܪܝܙܘܢ apparaît deux autres fois dans ibid. XIV. 2, p. 402 (trad.) et XIV. 3, p. 402 (trad.) ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 107v et 108r. Une autre définition apparaît un peu plus loin dans laquelle la forme plurielle est cette fois-ci translittérée du grec : voir ibid. XIV. 7, p. 405 : « L’ ἐξάρματα, c’est-à-dire inclinaison des pôles » ; pour le texte (inédit), ̈ » ܐܠܟܣܐܪܡܛܐ ܐܘܟܝܬ ܠܡܨܛܠܝܢܘܬܐ ܕܝܠܗܘܢ. voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 109v : « ܕܦܠܘ 172 Sév. Seb., Traité sur les constellations XVI. 4, p. 90 : « nous prenons les ἀναφοραί qui se lèvent en ce jour-là depuis le matin – c’est-à-dire depuis le degré qui est diamétralement opposé au soleil – jusqu’au matin » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, ܿ ܕܩܐܡ ܿ » ܐܢܐܦܘ̈ܪܣ ܗܠܝܢ ܕܕܢ̈ܚܢ ܒܝܘܡܐ ܿܗܘ ܡܢ ܨܦܪܐ ܇ ܐܘܟܝܬ ܡܢ ܡܘܪܐ ܿܗܝ. f. 116v : « ܒܗ ܫܡܫܐ 173 Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 11, p. 397 : « c’est de là qu’il est nommé μεσημβρινός, c’est-à-dire milieu du midi» ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 104v : « » ܕܡܢ ܗܪܟܐ ܐܦ ܿܢܫܬܡܗ ܡܣܡܒܪܝܢܘܣ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܡܨܥܬ ܛܗܪܐ. Cette définition est étrange, on se serait attendu à une définition du genre : « milieu du jour ». 174 Unité angulaire servant à fractionner le degré, qu’on distinguera de la minute temporelle. Voir Sév. Seb., Traité sur les constellations XVI. 1, p. 89 : « ces petites divisions que l’on nomme ἑξηκόστος, c’est-à-dire un soixantième de degré » ; pour le texte (inédit), voir ̈ ܒܗܘܢ ms. Paris BnF syr. 346, f. 116r : « ܩܛܝܢܬܐ ̈ܗܢܝܢ ܕܡܬܐܡ̈ܪܢ ܐܟܣܝܩܘܣܛܐ ܐܘܟܝܬ ܚܕܐ ܡܢ ̄ܣ » ܕܡܘܪܐ. 175 Sév. Seb., Traité sur les constellations IV. 8, p. 357 : « ܥܠܝܗ ܟܝܬ ܘܥܠ ܗܘ ܕܡܢ ܟܠܢܫ ܿܡܢ ܐܝܟ ̈ ܕܟܘܟܒܐ ܕܡܬܩܪܐ ܓܢܒܪܐ ܇ ܡܢ ̈ ܦܘܐܝܛܐ ܕܝܢ ܕܒܣܘܓܐܐ ܡܢ ܕܡܝܘܬܐ ܕܣܕܪܐ ܐܘܟܝܬ ܕܐܣܟܝܡܗܘܢ ; » ܐܘܪܝܘܢp. 364 : « Au sujet de celui qui est nommé par tout le monde le Géant, d’après la forme de la disposition, c’est-à-dire de la figure des étoiles, et que les poètes (nomment) Orion […] ». Explication étymologique du nom de ce géant un peu plus loin en ibid. IV. 9, p. 358 (texte) ; p. 364 : « […] quand les dieux urinèrent sur la peau du taureau qui avait été 321
Établissement et application de critères de datation
- Les paradigmes παράδειγμα176 - Le parallèle παράλληλος177 - Pégase Πήγασος178 - Le périgée τὸ περίγειον179 - Le pôle ὁ πόλος180 - La position astrale ἐποχή181 - Le quart de cercle ou quadrant τεταρτημόριον 182 - La règle σπαθίον183 (pièce de l’astrolabe) - La section ou segment de cercle τμῆμα184 - La sphère σφαῖρα185 - Le stade (unité de mesure) τό στάδιον186 - Le tropique d’été θερινòς τροπικός 187 tué. A l’aide de leur urine et de la peau du taureau ils firent Orion » ; en marge : « le Géant : on l’aurait d’abord appelé Ourion parce qu’il provenait de l’urine ». Voir aussi ibid. IX. 3, p. 388 : « Orion, c’est-à-dire le Géant ». 176 Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 2. 5. : « ܦܪܐܕܝܓܡܐ ܐܘܟܝܬ ܬܚܘܝܬܐ܆ ܐܝܟ ܦܪܘܟܝܪܘܣ܆ ܥܡ ܿ » ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܘܫܦܝܪ ܐܝܬ/ « d’après les Tables faciles avec παράδειγμα, c’est-à-dire ܠܗ exemple ». 177 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 28 : « ܚܘܕܪܐ ܕܨ ܡܬܩܪܝܢ ܦܐ̈ܪܠܝܠܘ ̄ܗ ̈ ; » ܩ̈ܪܝܒܝp. 79 : « 90 cercles correspondants sont appelés παραλλήλοι, ܐܘ ܕܒܬܪ ̈ܚܕܕܐ. ܠܚܕܕܐ c’est-à-dire : proches l’un de l’autre, ou : qui se suivent l’un l’autre ». 178 Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 3, p. 375 : « ; » ܣܘܣܝܐ ܐܘܟܝܬ ܦܝܓܐܣܘܣ p. 377 : « le Cheval [susio], c’est-à-dire Pégase [pegasus] ». 179 Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 12, p. 409 : « il fait périgée, parce qu’il est plus proche du centre de la terre » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 112r : « » ܟܕ ܦܪܝܓܝܘܣ ܿܥܒܕ ܒܕܝܬܝܪ ܩܪܒ ܠܘܬ ܩܢܛܪܘܢ ܕܐܪܥܐ. 180 Sév. Seb., Traité sur les constellations XV. 5, p. 87 : « le pôle, c’est-à-dire le centre de chacun d’eux » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 114v : « ܦܘܠܣ ܐܘܟܝܬ » ܩܢܛܪܘܢ ܕܟܠܚܕ. 181 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], II. 4, p. 42 : « ܗܦܘܟܝ ܐܘܟܝܬ ܩܘܡܐ « ; » ܕܫܡܫܐl’ ἐποχή , c’est-à-dire la position ( )ܩܘܡܐdu soleil » (comparer cette traduction avec celle de Nau, p. 91). 182 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23 : « ܥܠ ܛܛܪܛܡܘ̈ܪܝܘܢ ܐܘܟܝܬ ܥܠ ; » ܚܕܐ ܡܢ ܐ̈ܪܒܥ ܕܝܠܗp. 75-76 : « sur un quadrant [τεταρτημόριον], c’est-à-dire sur l’un des quarts de la tablette ». 183 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 24 : « ܥܠ ܗܕܐ ܛܒܠܝܢ ܪܡܝܢ ܐܡܝܢܐܝܬ ; » ܐܣܦܬܐ ܡܕܡ ܒܕܡܘܬ ܟܢܘܢܬܐ ܿܗܝ ܕ̈ܪܥܝܗ ܡܢ ܚ̈ܪܝܦܢ ܘܥܒܝܕܝܢ ܒܕܡܘܬ ܩܢܛܪܘܢp. 76 : « Sur cette tablette est fixée une ܐܣܦܬܐou « règle » dont les bras sont aiguisés en pointe ». 184 Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 1, p. 352 : « les géomètres ainsi que les astronomes désignent sous le terme de τμῆμα, c’est-à-dire segment, les 12 parties du cercle nommé zodiaque » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 83v : « ܓܐܘܡܛ̈ܪܐ ̈ ܕܛܡܝܡܐ ܐܘܟܝܬ ܿ ܘܗܢܘܢ ܬܘܒ ܐܣܛ̈ܪܘܢܡܘ ̈ ܦܣܩܐ ܩܪܘ ܠܡܢ̈ܘܬܐ ̄ܝ ̄ܒ ܕܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܒܗܝ » ܙܘܕܝܐܩܘܢ. 185 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 28 : « ; » ܕܐܣܦܝܪܐ ܐܘܟܝܬ ܕܥܠܡܐ p. 79 : « σφαῖρα, c’est-à-dire le monde ». 186 Sév. Seb., Traité sur les constellations XVII. 6, p. 93 : « le stade est de deux cents pas » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 118v : « ܐܣܛܕܐ ܕܝܢ ܿܗܘܐ ̈ܡܐܬܝܢ ̈ ». ܦܣܥܬܐ 322
Établissement et application de critères de datation
- Le tropique d’hiver χειμερινòς τροπικός188 - La Voie lactée γαλαξίας 189 - Le σημεῖον auquel Sévère attribue clairement le sens de zénith190. - Le zodiaque ζωδιακός191
La densité des translittérations bénéficiant d’une définition dans le Traité sur les constellations, ajoutée au fait que ce traité a été recopié avant la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant au sein du manuscrit Paris BnF syr. 346 192 sont autant d’indices de l’antériorité du traité sur cette dernière. Sévère s’y plie aux exigences de la définition, ce qu’il ne fait pas dans la lettre. Il semble assez logique de croire que le fait de définir des termes astronomiques grecs, de façon assez systématique, trahisse l’introduction récente de ce répertoire lexical dans la prose syriaque et par conséquent une acquisition de ce vocabulaire qui ne semble pas pouvoir être antérieure à Sévère Sebokht. On pourrait bien sûr objecter que les 187
Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 4, p. 395 : « dans le θερινòς τροπικός, c’està-dire solstice (litt. changement) d’été » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 104r : « » ܬܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܣ܇ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܫܘܚܠܦܐ ܩܝܛܝܐ. 188 Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 6, p. 396 : « Le quatrième est le χειμερινòς τροπικός, c’est-à-dire le solstice (litt. changement) d’hiver » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 103v : « ܕܐ̈ܪܒܥܐ ܕܝܢ܇ ܟܝܡܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ܇ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ; » ܫܘܚܠܦܐ ܣܬܘܝܐpuis ibid. XII. 8, p. 396 : « le Sagittaire tombera sur le χειμερινòς τροπικός, c’est-à-dire d’hiver, diamétralement opposé à celui d’été » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 104r : « ܠܟܫܛܐ ܇ ܬܗܘܐ ܢܦܐܠ ܐܦ ܗܝ ܥܠ ܟܝܡܪܝܢܘܣ ܛܪܘܦܝܩܘܣ ܿ » ܐܘܟܝܬ ܣܬܘܝܐ ܕܝܐܡܛܪܐܝܬ. ܠܗܘ ܩܝܛܝܐ 189 Sév. Seb., Traité sur les constellations XI. 1, p. 392 : « le cercle γαλαξίας, c’est-à-dire lacté, […] est nommé chez les Syriens chemin de ceux qui portent de la paille » ; pour le ܿ ܗܘܓܐܠܟܣܝܣ ܐܘܟܝܬ ܚܠܒܢܝܐ ܇ ܿ ܚܘܕܪܐ texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 102r : « ܗܘ ܿ ̈ .» ܕܠܘܬ ܣܘ̈ܪܝܝܐ ܡܫܬܡܗ ܫܒܝܐܠ ܕܣܟܠܝ ܬܒܢܐ. 190 ̄ ܠܡܘܪܐ ܗܝ Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 24 : « ܕܨ ܗܝ ܕܣܝܡܐ ܿ ̄ [ ܡܘܪܐ ܗܝ ܕܨ ܒܣܝܡܘܢ...] ܬܪܝܨܐܝܬ ܠܥܠ ܡܢ ܩܢܛܪܘܢ ܕܐܪܥܐ ܐܘܟܝܬ ܠܥܠ ܡܢ ܩܪܩܦܬܐ ܕܟܠܚܕ ܡܢܢ . ; » ܐܘܟܝܬ ܩܢܛܪܘܢ ܕܡܨܥܬ ܫܡܝܐp. 75 : « point situé au-dessus du centre de la terre, c’est-àdire au-dessus de la tête de chacun de nous […] le 90e degré est au σημεῖον ( ܣܝܡܘܢ/sēmōn), c’est –à-dire au point du milieu du ciel ». 191 Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 8, p. 396 : « Le sixième est celui qui est nommé ζωδιακός, c’est-à-dire animal » ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF ܿ ܕܫܬܐ ܕܝܢ܇ ̈ »). Une définition un syr. 346, f. 104r : « ܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܙܘܕܝܐܩܘܢ ܇ ܿܗܢܘ ܕܝܢ ܚܝܘܬܢܝܐ peu différente apparaît dans Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 22 : « ܣܝܡ ̈ ܙܘܕܝܐ ; » ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢ ܒܕ ܪܫܝܡ ܒܗ ܟܠܚܕ ܡܢp. 74 : « cercle que l’on nomme ζωδιακός parce qu’il porte les ζώδια ». 192 Il semble que le manuscrit Paris BnF syr. 346 ait été conçu de sorte à présenter les œuvres de Sévère Sebokht dans un ordre chronologique : il aurait ainsi d’abord composé le Traité sur l’astrolabe (f. 36v-51v), ensuite le Traité sur les constellations (f. 78r-121v) dans lequel des renvois au Traité sur l’astrolabe apparaissent, et enfin la Lettre sur les nœuds ascendants (f. 124v-128v). 323
Établissement et application de critères de datation
destinataires de ces trois compositions (Traité sur l’astrolabe, Traité sur les constellations et Lettre sur les nœuds ascendant et descendant) ont pu être différents et d’un niveau inégal en astronomie. Mais nous imaginons difficilement que Sévère n’ait pas pris soin de communiquer au fur et à mesure ses travaux astronomiques aux correspondants désireux de ce genre de lecture, d’autant plus qu’il appartenait à un monastère où la copie de manuscrits était courante193. Précisons que le répertoire lexical, que nous considérons comme récemment intégré à la langue de Sévère, ne concerne que les translittérations de termes astronomiques grecs dûment définis dans les écrits de notre auteur ! Car il reste, dans les œuvres de Sévère Sebokht, d’autres translittérations qui apparaissent à l’état brut, sans équivalent culturel ni définition d’aucune sorte. Ces termes nous intéressent particulièrement parce qu’ils donnent peut-être un indice de l’existence de précédents ouvrages astronomiques syriaques dans lesquels l’étape de l’assimilation de ce vocabulaire grec a pu se réaliser. S’agit-il d’autres traités ou lettres de Sévère Sebokht encore antérieurs à la date de rédaction du Traité sur les constellations ? Ou pourrait-il s’agir de l’œuvre d’un auteur intermédiaire entre lui et Sergius de Reš‘ayna ? Voici la liste des mots grecs translittérés pour lesquels nous n’avons trouvé aucune définition dans les trois écrits astronomiques de Sévère Sebokht (nous excluons les noms de constellations liés à des personnages mythologiques comme Andromède, Cassiopée, Céphée, Argo, Persée, etc ; les astérisques indiquent que le terme apparaît déjà, accompagné d’une définition, chez Sergius de Rešʻayna) :
193
-
Ἀντάρης (étoile dans le Scorpion),
-
Ἀρκτοῦρος (étoile de la constellation du Bouvier),
-
Ἀστρολόγος (dans le sens d’astrologue),
-
Ἀστρονόμος*,
-
Θυτήριον (L’Autel, constellation australe),
-
Κῆτος (La Baleine, constellation australe),
Cf. TANNOUS, Syria Between Byzantium (diss.), 2010, p. 109-110. 324
Établissement et application de critères de datation
-
Βοώτης ou Ἀρκτοφύλαξ (Le Bouvier, constellation boréale)194,
-
Ὡρολόγιον (le cadran solaire),
-
Κάνωβος (Canope, étoile),
-
Κέντρον,
-
Κλιμάτα (au pl.),
-
Ἡνίοχος (Le Cocher, constellation boréale),
-
Κυκνος ou ὄρνις (Le Cygne, constellation boréale),
-
Σελίδιον (colonne d’un tableau),
-
Κόλουροι (au pl. ; Les colures),
-
Σύνοδος (La conjonction)*,
-
Δελφῖνος (au gén. ; Le Dauphin, constellation boréale),
-
Διάστασις (La distance),
-
Ἔκλειψις (L’éclipse),
-
Ἐπινέμησις195,
-
Γεωμέτρης (Le géomètre),
-
Ὓδρα (L’Hydre, constellation boréale)196,
-
Ζεύς (planète Jupiter),
-
τοῦ βορείου πέρατος (La limite boréale),
-
Θηρίον (La Bête ou Centaure, constellation),
-
Λύρα (La Lyre, constellation boréale),
-
Ἄρης* (planète Mars),
-
Μεχεὶρ (Méchir, mois égyptien),
-
Ἑρμῆς* (Planète Mercure),
-
Μεσημβρία (Midi),
-
Ἀναβιβáζων et καταβιβáζων (nœuds ascendant et descendant)*,
-
Διάμετρον * (à l’acc. ; l’opposition),
194
Appelé tantôt Βοώτης, tantôt Ἀρκτοφύλαξ dans Sév. Seb., Traité sur les constellations VI. 3 et 5, p. 375 (texte) ; p. 377 (trad.). On notera que la désignation du Bouvier sous le terme d’Ἀρκτοφύλαξ n’apparaît jamais dans la Tétrabible (d’après HÜBNER W. (éd.), Claudius Ptolemaeus vol. III, 1 : Apotelesmatika, Stutgardiae et Lipsiae, Teubner, 1998). On la trouve en revanche plusieurs fois attestée dans les Phénomènes d’Aratos (Cf. MARTIN J. (éd.), Aratos, Phénomènes, 2 tomes, Paris, Les Belles Lettres, 1998). 195 L’épinémesis est l'indiction, période de 15 ans liée à l'impôt et couramment utilisée pour les datations. 196 Noter que le syriaque translittère la forme au féminin, comme celle que l’on trouve dans les Phénomènes d’Aratos : « Ὕδρην » (cf. Arat., Phaen. [éd. MARTIN], t. 1, v. 444). La Tétrabible emploie quant à elle un masculin : τὸν Ὕδρον (cf. Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Livre 1, 655, p. 41). 325
Établissement et application de critères de datation
-
Παχών (mois égyptien),
-
Παράλλαξις (La parallaxe),
-
Εἰκοσαπενταερίδες (Périodes de 25 ans),
-
Πανσέλενος (La pleine lune),
-
Προκύων (constellation),
-
Προτρυγητήν (à l’acc. ; étoile dans le Lion),
-
Τετραπλευρά (Le quadrilatère),
-
Κρόνος (Planète Saturne),
-
Προχείροι κανόναι (Les Tables de calcul ou Tables faciles),
-
Ἀποτομή (La section),
-
Σείριος (Sirius, étoile dans le Chien),
-
Τετράγωνον* (à l’acc. ; le carré),
-
Thoth (Mois égyptien),
-
Τρίγωνον* (à l’acc. ; le trigone),
-
Ἀφροδίτη (Vénus).
Nous pouvons d’ores et déjà ne pas tenir compte de tous les termes qui ont déjà fait l’objet d’une définition précise chez Sergius de Rešʻayna et qui, de ce fait, doivent désormais être considérés comme faisant partie intégrante du vocabulaire syriaque (il s’agit des termes marqués d’un astérisque). Nous pouvons également écarter les termes techniques relatifs à l’astrolabe car il faut savoir que toute la première partie du Traité sur l’astrolabe est consacrée à une description de cet instrument et de tous ses composants. Nous ne tiendrons pas non plus compte de tout le vocabulaire qui se rapporte aux Tables faciles de Ptolémée (à savoir les parallaxes, les colonnes, les exemples, la limite boréale, les périodes de 25 ans et le nom des mois égyptiens utilisés par les astronomes grecs d’Alexandrie), puisque, comme nous l’avons expliqué précédemment, Sévère dit clairement avoir envoyé une traduction de cet ouvrage ou l’ouvrage lui-même à son correspondant l’Illustre Stéphane.
326
Établissement et application de critères de datation
En somme il ne nous reste pratiquement plus que des termes relatifs aux constellations astrales. La sphère d’airain dont parle Sévère Sebokht197 est présentée comme étant une création d’Aratos sur laquelle il est possible de lire le nom de toutes les étoiles qui portent un nom, et de visualiser les constellations astrales. Les Phénomènes d’Aratos, cités plusieurs fois dans le Traité sur les constellations, étaient bien connus de Sévère Sebokht. On sait par ailleurs que le manuscrit parisien (ms. Paris BnF syr. 346), celui qui contient justement les œuvres de Sévère Sebokht, présente la traduction syriaque d’un autre texte astrologique grec où sont énumérées les étoiles et les constellations : il s’agit de la Tétrabible (ou Apotelesmatica)198 attribuée à Claude Ptolémée199. Nous avons comparé les translittérations de Sévère afférant à ce lexique avec la terminologie grecque employée d’une part dans les Phénomènes d’Aratos (quand cette terminologie est attestée par le témoignage d’Hipparque) et d’autre part dans le Livre I de la Tétrabible de Ptolémée. Quelques remarques à ce sujet : -
Sévère emploie deux termes (Κάνωβος et Κύκνος) qu’on ne retrouve en amont dans aucun des deux textes grecs précités.
-
Sévère translittère le nom de l’étoile Ἀντάρης qui ne figure pas chez Aratos, mais qu’on trouve attesté dans la Tétrabible.
-
Trois noms translittérés par Sévère (Θυτήριον, Ἀρκτοφύλαξ et Σείριος200) sont présents chez Aratos mais absents de la Tétrabible.
Le fait que Sévère translittère du grec deux noms absents de nos sources grecques s’explique facilement : Canope étant la deuxième étoile la 197
Sév. Seb., Traité sur les constellations III, 2, p. 352 ( « Celui qui a fait la sphère d’airain n’a pas trouvé ici, je veux dire sur la sphère céleste, d’étoile qui aient une telle forme, aussi il a laissé cette partie de la sphère sans représentation et sans nom » ) ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 83v-84r. 198 L’énumération des étoiles et de leurs constellations est lisible dans Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], I, p. 38-41. 199 Les huit premiers feuillets, contenant ce texte, qui manquent dans le Paris BnF syr. 346, se trouvent dans le ms. Paris BnF syr. 392. A. (Cf. BRIQUEL-CHATONNET, Manuscrits syriaques, 1997, p. 109). 200 Nous savons que ces trois termes étaient bien ceux qui furent employés en grec par Aratos (et qu’ils ne résultent donc pas d’une traduction byzantine tardive) grâce au témoignage qu’en fait Hipparque (voir à ce propos l’édition critique du texte des Phénomènes d’Aratos réalisée par Jean Martin - MARTIN J.(éd.), Aratos, Phénomènes, 2 tomes, Paris, Les Belles Lettres, 1998 - et en particulier, pour Ἀρκτοφύλαξ au vers 92 ; pour Σείριος au vers 332 et pour Θυτήριον au vers 403). 327
Établissement et application de critères de datation
plus brillante du ciel, elle devait faire partie du vocabulaire de base d’un amateur d’astronomie. Le terme Κύκνος quant à lui est déjà attesté dans les productions syriaques antérieures à Sévère comme chez Jacques de Saroug pour désigner la constellation. La présence de ces deux translittérations dans le Traité sur les Constellations ne nous entraine donc pas nécessairement sur la piste d’une autre source grecque. Ἀντάρης, bien que ne figurant pas dans le traité d’Aratos, est un nom qui porte en lui-même sa propre signification : ant- Ares, désignant l’étoile la plus brillante du Scorpion, d’un aspect rouge semblable à Mars. Mars (ou plutôt Arès en grec) faisant partie du vocabulaire syriaque, la signification du nom Ἀντάρης devait paraître évidente au lecteur et à Sévère en premier lieu. En revanche les trois noms qui ne se trouvent pas dans la Tétrabible mais que Sévère translittère du grec nous donnent un indice fort de la source d’information de l’auteur syriaque : si Sirius est une étoile bien connue dans l’Antiquité, le terme Ἀρκτοφύλαξ pour désigner la constellation du Bouvier et celui de Θυτήριον pour désigner l’Autel (qui est une des constellations du Centaure) peuvent difficilement avoir fait partie du bagage lexical courant d’un locuteur syriaque aussi cultivé soit-il. Nous sommes donc en mesure de confirmer que la source grecque influant sur la rédaction de Sévère (du moins au moment où il rédige son Traité sur les constellations) a pu être le traité d’Aratos. Un dernier indice vient appuyer cette relation : il s’agit de la translittération du nom de l’Hydre qui court à trois reprises sous la plume de Sévère au genre féminin : [ ܗܘܕܪܐhudra]. La forme féminine du nom de l’Hydre est attestée chez Aratos, quand la Tétrabible recourt à la forme masculine du terme pour désigner la constellation, soit Ὕδρος.
Nous sommes ainsi en mesure de retrouver la trace de toutes les translittérations du lexique astronomique grec qui apparaissent chez Sévère Sebokht sans définition : elles résultent soit d’une traduction antérieure d’un texte grec (Aratos, Les Phénomènes ; Traité sur l’astrolabe ; Petit Commentaire aux Tables Faciles de Claude Ptolémée par Théon d’Alexandrie), soit d’une assimilation précoce du terme grec dans la langue courante syriaque (comme pour le nom des planètes Mars et Mercure), soit 328
Établissement et application de critères de datation
d’un héritage d’autres auteurs syriaques ayant traité d’astronomie en subissant l’influence linguistique du grec (Sergius de Reš‘ayna). À la lumière de ces remarques, force est de constater que le faible emploi de mots grecs dans la prose de Sergius incite à croire qu’il n’ait pas connu de nombreux prédécesseurs dans le champ des études astronomiques, même si l’on tient compte du fait que les traducteurs syriaques ayant précédés Sergius avaient pu favoriser la technique de l’équivalent culturel. Le cas de Sévère Sebokht est différent, mais en tout état de cause il semble que l’enrichissement considérable de son vocabulaire (issu du grec) soit dû au fait qu’il ait lui-même préalablement traduit des ouvrages astronomiques du grec, exception faite des expressions servant à désigner les constellations qui sont vraisemblablement prises d’une traduction des Phénomèmes d’Aratos qui lui est peut-être antérieure.
c. Les néologismes syriaques
À force de se mesurer aux traités grecs, les auteurs syriaques des VIe et
e
VII
siècles créèrent un langage astronomique particulier :
composé de mots translittérés du grec, il s’est aussi peu à peu nourri d’un nouveau type de néologismes. Nous distinguerons, parmi ces néologismes, ceux forgés sur des racines sémitiques, de ceux construits sur des racines translittérées du grec. Ces mots ont pour point commun de présenter une suffixation syriaque. Afin de procéder à la validation des critères de datation fixés par S. P. Brock, nous avons limité notre étude aux néologismes suffixés en –oyo (adjectifs), –ono (noms ou ajectifs) , -onuto (noms féminins) et -onoit (adverbes). En l’absence d’un corpus syriaque informatisé201 comparable au TLG ou au TLL, nous nous sommes appuyée, pour notre étude, sur les deux
201
Un tel projet est actuellement en cours, mis en œuvre par l’action coordonnée de deux laboratoires du CNRS : l’IRHT, section grecque (avec André Binggeli et Muriel Debié) et de l’UMR 8167 (avec Françoise Briquel-Chatonnet et Alain Desreumaux), dans le cadre du projet SYRAB de l’ANR. Il verra prochainement le jour sous la forme d’une base de données, accessible par internet, intitulé « e-ktobe : manuscrits syriaques ». Le site est hébergé par e-corpus. 329
Établissement et application de critères de datation
meilleurs outils disponibles à ce jour : le Syriac Lexicon de Sokoloff202 et le Thesaurus syriacus de Payne Smith203. - Les adjectifs en –oyo Les recherches menées par S. P. Brock204 ont montré qu’aux V
e
IV
e
et
siècles de notre ère, les traducteurs syriaques ont eu tendance à recourir à
la juxtaposition de deux noms pour rendre compte d’un nouveau concept. Aux
VI
e
et
VII
e
siècles, les traducteurs dépassèrent cette difficulté en créant
de nouveaux adjectifs composés du suffixe –oy(o). Ce suffixe est intéressant à relever parce qu’il était d’un usage très limité aux IVe et Ve siècles. Notons qu’il servit également à former des noms et des adverbes. Voici la liste des néologismes en –oy(o) présents chez Sergius de Rešʻayna et chez Sévère Sebokht :
-
Sergius de Rešʻayna, Traité sur l’action de la lune ̈ ܐܝܚܝܕܝܬܐ [iḥidoyoto] (adj. fém. pl. subs.) les particularités (?)
205 206
-
[ ܡܨܥܐܝܬmeṣʻoyt] (adv.) au milieu
Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant 207
[ ܣܗܪܢܝܬܐseharnoyto] (adj. fém.) lunaire
202
SOKOLOFF M., A syriac lexicon. A translation from the Latin, Correction, Expansion, and Update of C. Brockelmann’s Lexicon Syriacum, Winona Lake/Piscataway, Eisenbrauns/Gorgias Press, 2009. 203 Thesaurus Syriacus auxit digessit exposuit edidit R. PAYNE SMITH, Oxonii, E Typographeo Clarendoniano, 1879, 2 vol (vol. 1 : 1879 ; vol. 2 : 1901). 204 Toute notre étude sur les adjectifs en –oyo reprend les critères exposés par S. P. Brock dans BROCK, « Diachronic aspects », 1990 p. 321-331 (voir en particulier p. 322). Nous cherchons à valider ces critères pour la littérature astronomique. 205 Non attesté d’après SOKOLOFF. Dans Thes syr. le terme est attesté, en dehors de Sergius, dans sa forme pluriel pour désigner des propriétés particulières chez Jacques de Saroug, Homélie 177 (VIe s.) et dans des traductions de Théodore de Mopsueste. 206 SOKOLOFF le signale uniquement dans une lettre de Sévère d’Antioche (cf. PO 12, 1919, p. 299 : la traduction syriaque de cette lettre en l’occurrence est d’Athanase de Nisibe, soit de la fin du VIIe s-déb. VIIIe s.) dans le sens de « ambigu ». Selon Thes. syr., ce terme est en usage seulement à partir du VIe s. : première attestation dans la troisième partie de l’Histoire Ecclésiastique de Jean d’Éphèse (cf. CSCO syr. 54-55, 1952). 207 D’après Thes. syr. et SOKOLOFF on trouve la première attestation de cet adjectif dans un texte attribué à Hippolyte de Rome (la traduction syriaque de ce texte est conservée dans un manuscrit du VIIIe s. Voir le texte dans LAGARDE P. (DE) (éd.), Analecta Syriaca, 1858, 330
Établissement et application de critères de datation 208
[ ܫܡܫܢܝܬܐšemšnoyto] (adj. fém.) solaire
209
[ ܦܐܢܣܠܝܢܝܩܝܬܐpanseleniqoyto] (adj. fém.) en pleine lune
210
[ ܣܘܢܘܕܝܩܝܬܐsunodiqoyto] (adj. fém) en conjonction
Traité sur l’astrolabe (1ère partie) 211
[ ܡܠܝܠܝܬܐmliloyto] (adj. fém) logique, rationnel
212
[ ܛ̈ܪܘܦܝܩܝܬܐtropiqoyto] (adj. fém) tropicales
213
[ ܐܝܣܡܗܪܝܐisemehroyo] (adj. masc.) équatorial
Les néologismes forgés par l’ajout d’un suffixe en –oy(o) sont très limités chez Sergius de Rešʻayna et concernent plutôt le vocabulaire hérité de ses traductions du corpus logique aristotélicien. En revanche chez Sévère Sebokht le procédé est plus couramment employé et, ce qui nous intéresse p. 90) ; il est ensuite attesté dans la chronique de Bar Hebraeus (XIIIe s.). Nous avons trouvé cet adjectif au féminin dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds 2. 5. 3. 208 D’après SOKOLOFF on trouve la première attestation de cet adjectif chez Georges des Arabes (VIIIe s.) (cf. George Ar. [éd. RYSSEL], p. 35) ; on le trouve ensuite chez Michel le Syrien (J. B. CHABOT (éd.), Chronique de Michel le Syrien, patriarche jacobite d’Antioche, 1166-1199, vol. 4, 1910, 264c : 35) et dans la chronique de Bar Hebraeus. 209 Cet adjectif n’est attesté ni par SOKOLOFF ni dans Thes. syr. Il s’agit d’une translittération de l’adjectif grec πανσεληνικὸς auquel le syriaque a ajouté le suffixe –oyo : voir Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5. 5. 210 Suffixé de cette manière, l’adjectif n’est pas attesté dans Thes. syr. (voir Thes. syr. t. 2, p. 2675 sous la racine -)ܣܢܗܕ. D’après SOKOLOFF on trouve la première attestation de cet adjectif, sous ce sens, chez Georges des Arabes (VIIIe s. ; cf. George Ar. [éd. RYSSEL], p. 26). Mais l’adjectif, dans le sens de « synodal » pour qualifier les rassemblements ecclésiastiques était utilisé déjà dans les Synodes orientaux (cf. J. B CHABOT, Synodicon orientale, ou, Recueil de synodes nestoriens (Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale et autres bibliothèques, 37), 2 vol., Paris, 1902, p. 130). L’attestation de cet adjectif dans Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5. 5, dans le sens de « conjonction » est donc pour l’instant la plus ancienne. 211 Non attesté d’après le Thes. syr. D’après SOKOLOFF on trouve la première attestation de cet adjectif dans Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 21 (texte). On le trouve également dans les œuvres des grammairiens Elie (BAETHGEN F. (éd.), Syrische Grammatik des Mar Elias von Tirham, Leipzig, 1880, p. 17) et dans le glossaire de HOFFMANN G. (éd.), De Hermeneuticis apud Syros Aristoteleis, Leipzig, 1869, p. 188 (pour τὸ λογιστικόν). 212 Forme adjectivale uniquement attestée, selon le Thes. syr., chez Bar Hebraeus. D’après SOKOLOFF on trouve la première attestation de cet adjectif dans Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 22 (texte), mais aussi dans les chapitres, dédiés à la géographie, édités par SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 128. Attribués à Sévère Sebokht, ces chapitres (17 et 18) sont les derniers du Traité sur les constellations. Il faut ensuite attendre Bar Hebraeus (XIIIe s.) pour une autre occurrence de cet adjectif. 213 Forme adjectivale attestée, selon Thes. syr., t.1, p. 162, chez Bar Hebraeus, sous l’orthographe ܐܝܣܝܡܝܪܝܐ. D’après SOKOLOFF on trouve cet adjectif attesté au plus tôt chez Sévère Sebokht (Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 30 (texte) et SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 127). 331
Établissement et application de critères de datation
particulièrement, il affecte le vocabulaire astronomique syriaque. Sur les huit cas que nous avons relevés dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant et dans la première partie du Traité sur l’astrolabe, trois sont construits par l’ajout du suffixe –oy(o) à une racine sémitique (ܣܗܪܢܝܬܐ [seharnoyto], [ ܫܡܫܢܝܬܐšemšnoyto] et [ ܡܠܝܠܝܬܐmliloyto]). Dans les autres cas, Sévère ajoute le suffixe directement à la forme translittérée du grec : on passe ainsi de συνοδικ-ός (gr.) à sunodik-oyo (syr.) ; de πανσεληνιακ-ός (gr.) à panselenik-oyo ; de τροπικ-ὸς (gr.) à ṭropiq-oyo (syr.) et de ἰσημερ(ιν)ὸς (gr.) à isemehr-oyo (syr.). Il faut noter que ce dernier type de néologismes en –oyo (ceux donc construits à partir des formes translittérées du grec) proposé par Sévère Sebokht ne connut pas une grande postérité : en dehors de l’adjectif sunodikoyo, utilisé par ailleurs pour qualifier les réunions d’évêques, on ne trouve plus trace ensuite de ces adjectifs ni dans la littérature astronomique syriaque ni dans la littérature syriaque tout court. Nous trouvons seulement une occurrence de l’adjectif signifiant « tropical » chez Grégoire Abul Farag dit Bar Hebraeus dont on sait très bien qu’il travaillait à partir d’un manuscrit contenant les œuvres astronomiques de Sévère Sebokht. Nous avons relevé, de façon cependant non exhaustive, d’autres néologismes suffixés en –oyo dans le reste de l’œuvre de Sévère Sebokht (seconde partie du Traité sur l’astrolabe et Traité sur les constellations) : ܐܢܛܐܪܩܛܝܩܝܐ
214
[anṭarcṭiqoyo]
antarctique (adj.)
ܐܪܩܛܝܩܝܐ
215
[arcṭiqoyo]
arctique (adj.)
214
Il s’agit de la translittération de l’adjectif grec ἀνταρτικ-ός auquel on a greffé le suffixe –oyo. Cette forme n’est attestée ni dans le Thes. syr., ni dans SOKOLOFF, ce dernier ne recensant que la forme en –us. 215 Il s’agit de la translittération de l’adjectif grec ἀρτικ-ός auquel on a greffé le suffixe – oyo. Cette forme n’est attestée ni dans le Thes. syr., ni dans SOKOLOFF, ce dernier ne recensant que la forme en –us : [ ܐܪܩܛܝܩܘܣarqtiqus]. Pourtant on retrouve la forme suffixée en –oyo au moins deux fois dans le Traité sur les constellations (Sév. Seb., Traité sur les constellations XIV. 12, p. 409 ; pour le texte (inédit), voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 112r et 112v). 332
Établissement et application de critères de datation -
Les néologismes en –ono, -onuto et onoit -
Un autre type de néologisme est de plus en plus fréquemment utilisé entre le IVe et le VIIe siècle216. Ce sont les noms d’agent formés en –ono, les mots abstraits formés en –onuto et les adverbes formés à l’aide du suffixe onoyt. Voici les néologismes que nous avons trouvés formés à l’aide de ces suffixes chez Sergius et Sévère : Sergius de Rešʻayna, Traité sur l’action de la lune 217
[ ܡܫܬܘܪܝܢܘܬܐmeštouryonuto] (nom fém.) la conjonction
218
[ ܡܣܩܢܐmasqono] (nom masc.) l’ascendant
219
[ ܡܚܬܢܐmaḥtono] (nom masc.) le descendant
220
[ ܡܥܩܒܢܐmʻaqbono] (adj.) adonné à221
Sévère Sebokht, Traité sur l’astrolabe 222
[ ܡܬܢܣܒܢܘܬܐmetnasbonuto] la compréhension
223
[ ܕܝܦܢܐdipono] bipartite
216
D’après BROCK, « Diachronic aspects », 1990, p. 321- 331. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5 : le terme y est donné comme équivalent à συνοδός. D’après SOKOLOFF, il n’y a pas d’autre attestation. Le Thes. syr. ne recense pas ce terme. 218 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1. Ce terme n’est pas vraiment un néologisme, puisque la forme est attestée avant Sergius, sans être jamais utilisée dans un cadre astronomique. Nous le laissons apparaître dans cette liste pour faire un parallèle avec le terme désignant le nœud descendant. 219 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. 1. Les premières attestations de ce mot se retrouvent, dans un sens non astronomique, chez un contemporain de Sergius : Jacques de Saroug (BEDJAN P., Homiliae Selectae Mar-Jacobi Sarugensis, vol. 3, 1907, p. 204) et dans une traduction de Jean d’Ephèse (BROOKS E. W., John of Ephesus, Lives of the Eastern Saints, PO 17, 1923, p. 85). 220 Non recensé par le Thes. syr. D’après SOKOLOFF ce terme n’est attesté que chez Sergius médecin. Voir en l’occurrence sa traduction de Galien dans MERX A., « Proben der syrischen Uebersetzung von Galenus’Schrift über die einfachen Heimittel », Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft, Bd 39, p. 263. 221 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 4. Équivalent au grec περίεργος. 222 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 21 (texte). D’après SOKOLOFF il n’y a pas d’autre attestation de ce mot qui n’est, d’ailleurs, pas attesté dans le Thes. syr. 223 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23 (texte). Donné comme équivalent au grec διπλοῦς. D’après le Thes. syr. et SOKOLOFF il n’y a pas d’autre attestation de ce mot. Jean Philopon, dans le même contexte, utilisait les termes de διμοιρίαιοι et de τριμοιρίαιοι (cf. Jean Phil., Traité de l’Astr. [éd. SEGONDS]). 217
333
Établissement et application de critères de datation 224
[ ܛܪܝܦܢܐṭripono]tripartite
225
[ ܡܕܪܟܢܘܬܐmadrkonuto] la compréhension
226
[ ܡܬܟܪܟܢܘܬܐmetkarkonuto] la révolution
227
[ ܡܥܗܕܢܐܝܬmʻahdonoyt] de façon claire (litt. explicitement)
228
[ ܡܙܕܥܙܥܢܐܝܬmezd‘ez‘onoyt] de façon mobile
Sur les dix néologismes créés avec le suffixe -ono, six regardent le vocabulaire astronomique. Sergius voulut créer au sein de la langue syriaque un équivalent au συνοδός grec mais sa proposition fut abandonnée par Sévère Sebokht qui privilégia la forme translittérée du grec. D’ailleurs, après Sergius, on n’entendra plus jamais parler, semble-t-il, de meštaourionuto pour désigner une conjonction astrale. Le
nœud
ascendant
(ἀναβιβáζων)
et
le
noeud
descendant
(καταβιβáζων) deviennent : le montant ([ ܡܣܩܢܐmasqono]) et le descendant ([ ܡܚܬܢܐmaḥtono]). Remarquons que les néologismes proposés par Sergius pour désigner les nœuds (ascendant et descendant) ne furent manifestement fournis que pour expliciter ponctuellement le terme translittéré du grec, puisqu’il n’utilise plus par la suite que les termes translittérés. Quant à Sévère Sebokht, on constate une nouvelle fois qu’il peut forger des néologismes aussi bien à partir de racines sémitiques (comme pour [ ܡܬܢܣܒܢܘܬܐmetnasbonuto], [ ܡܕܪܟܢܘܬܐmadrkonuto] et ܡܥܗܕܢܐܝܬ [mʻahdonoit]), qu’à partir de formes translittérées du grec comme pour ces adjectifs utilisés pour qualifier les degrés de « διπλοῦς » (bipartites) ou de
224
Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 23 (texte). Donné comme équivalent au grec τριπλοῦς. On attestation recensée par le Thes. syr. SOKOLOFF trouve une autre attestation de cet adjectif dans BUDGE (éd.), Syrian Anatomy , 1913, p. 311. 225 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 31 (texte). D’après SOKOLOFF on trouve ce terme également dans HOFFMANN (éd.), Apud Syros, 1869, p. 167 (= κατάληψις). Non recensé par le Thes. syr. 226 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 31 (texte). On trouve une autre attestation de ce terme dans une traduction de Jacques d’Edesse achevée en 701 A.D. (cf. PO 4, p. 17) et dans Jac. Edess., Hexaem.[éd. CHABOT], p. 147 (texte) ; p. 123 (traduction) ; puis dans le Causa causarum [éd. KAYSER], p. 193 et chez Bar Hebraeus. 227 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 35 (texte). 228 Sév. Seb., Traité sur les constellations XII. 11 (Paris BnF syr. 346, f. 104v). 334
Établissement et application de critères de datation
« τριπλοῦς » (tripartites). Sévère fait un découpage étrange de ces formes (en dip- et trip-) et leur ajoute le suffixe adjectival en –ono. En somme l’étude des néologismes suffixés en –oy(o), –ono et leurs dérivés s’avère riche d’enseignements au sujet du langage astronomique qui est en train de se forger aux
e
VI
et
e
VII
s. apr. J.-C. : la
langue syriaque ne se contente pas simplement d’intégrer le vocabulaire grec, elle tente aussi de trouver en elle-même les ressources pour exprimer des concepts astronomiques. Notre étude sur les néologismes, qui complète celle menée sur les translittérations et sur les traductions dites en miroir, révèle que cette tentative de création d’un vocabulaire astronomique proprement syriaque s’est effectuée la plupart du temps sur du vocabulaire relativement courant (la planète, la conjonction, les adjectifs solaire et lunaire, …). Enfin nous notons que peu d’innovations linguistiques de Sergius et de Sévère furent retenues par la postérité. Si Sévère ne retient aucune des propositions de Sergius (pour désigner notamment la conjonction astrale et les nœuds ascendant et descendant), forgées sur des racines sémitiques, les propositions de Sévère, qui aime à suffixer sur un mode syriaque des translitérations de termes grecs, ne furent pas davantage retenues par ses successeurs, puisqu’un bon nombre de ces termes ne sont attestés que chez lui. Les écrits astronomiques de Sergius et de Sévère nous apparaissent comme des sphères linguistiques relativement hermétiques : sortes de bulles émanant à chaque fois d’une initiative individuelle, et qui ne semblent pas avoir dépassé le cercle des disciples directs 229 . Mais toute tentative de théorisation à ce sujet ne peut pour l’instant aboutir qu’à une impasse. Nous manquons de sources, de sources astronomiques syriaques datées. Il faut pour l’instant se contenter d’observer. Venons-en maintenant à l’examen des particules de liaison ou connecteurs logiques.
229
Le lexique astronomique développé par Sévère Sebokht se retrouve en effet partiellement dans les ouvrages, relatifs à l’astronomie, de deux de ses disciples, à savoir Jacques d’Édesse (dans Jac. Edess., Hexaem.[éd. CHABOT]) et Georges des Arabes (dans George Ar. [éd. RYSSEL]). Mais certains termes d’usage courant chez Sévère (comme la translittération du mot grec servant à désigner les degrés) ne se retrouvent pas chez eux. 335
Établissement et application de critères de datation
d. Les connecteurs logiques Dans un article de 1983230, S. P. Brock explique qu’avant le
e
VI
siècle les traducteurs avaient peu pratiqué la correspondance entre les connexions grecques et syriaques. Ce n’est qu’ensuite que, l’équivalence formelle devenant la norme, les syriaques se mirent de façon systématique à rendre les particules δέ, γάρ et οὑν par den, ger et hakil. Au cours du
V
e
siècle étaient déjà apparues les particules man (< gr. μέν) et badgun (< gr. γοῦν), tandis que eiṭa (< gr. τε) et kit (dont l’usage correspond à celui de la particule grecque γε) semblent être des innovations du VIIe siècle. Notre repérage des particules syriaques s’est effectué de la manière suivante : nous avons comparé l’usage que Sergius de Rešʻayna faisait des particules de liaison dans un texte qu’il a traduit du grec (De Mundo)231 et dans un ouvrage qu’il a produit directement en syriaque (Traité sur l’action de la lune)232. Cette observation s’est effectuée sur des longueurs de texte égales. Il en est résulté que son usage des particules s’effectuait dans des proportions similaires, nous confortant dans l’idée que nous pouvions étendre notre examen à des textes astronomiques qui n’étaient pas nécessairement traduits du grec, mais dont la langue pouvait être tenue pour le véhicule d’un savoir exprimé en langue grecque. Nous avons ensuite relevé les particules en usage dans les travaux de Sévère Sebokht sur une longueur de texte équivalente, c’est-à-dire dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant 233 et dans la première partie du Traité sur l’astrolabe234.
230
BROCK, « Syriac translation », 1983, p. 1-14. Arist. (Ps.), Mu. syr. [éd. LAGARDE]. Afin d’obtenir une longueur de texte équivalente à celle du Traité sur l’action de la lune, nous avons dû limiter notre examen aux chap. 1 à 4 compris (sans tenir compte du prologue), ce qui correspond aux fol. 107v-115v du ms. BL Add. 14 658. 232 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune. Le texte s’étend des f. 141v à 149v du BL Add. 14 658. 233 Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant éditée et traduite dans la seconde partie de cette thèse à partir du ms. Paris BnF syr. 346, f. 124v-127v. 234 Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], p. 20-35 (= f. 82v-87v du manuscrit Berlin syr. 186). 231
336
Établissement et application de critères de datation
Voici le tableau qui résulte de ces relevés :
Sergius de Reš‘ayna (VIe s.)
Sévère Sebokht (VIIe s.)
Mu. syr.
Traité sur l’action de la lune
ܿܡܢ/man
17
1
23
ܒܕܓܘܢ/badgun
2
4
2
125
84
93
13
42
14
17
24
3
ܐܝܛܐ/eiṭa
0
0
0
ܟܝܬ/kit
0
0
17
V
e
VI
ܕܝܢ
s.
e
s.
/den
ܓܝܪ
/ger
ܗܟܝܠ/hakil e
VII
s.
Nous obtenons un relevé qui s’inscrit parfaitement dans les grandes lignes descriptives de S. P. Brock : la particule kit est, selon le chercheur, une innovation des traducteurs du VIIe siècle. Nous constatons effectivement que si cette particule (qui fait office de conjonction de coordination) est présente dix-sept fois dans les écrits retenus de Sévère Sebokht, en revanche nous ne la trouvons pas une seule fois dans tout le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Rešʻayna. Il faut également signaler que cette particule a un autre pendant en aukit ( ) ܐܘܟܝܬqui signifie « c’est-à-dire ». Elle sert souvent à expliciter une translittération d’un terme technique grec. Nous l’avons trouvée trente et une fois dans notre sélection de textes de Sévère Sebokht. Elle n’apparaît en revanche jamais chez Sergius. C’est à partir du
e
VI
siècle que le recours aux particules den, ger et
hakil serait selon S. P. Brock, devenu la norme pour rendre l’équivalence aux particules grecques δέ, γάρ, οὖν. Effectivement, Sergius utilise déjà abondamment ces particules. Sévère Sebokht en fait un usage un peu moins 337
Établissement et application de critères de datation
fréquent, mais tout cela est très relatif : on trouverait difficilement une page de Sévère sans deux ou trois de ces particules. Nous remarquons par ailleurs que la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant présente une densité de particules bien supérieure à celle du Traité sur l’astrolabe : on trouve 53 den dans la Lettre et seulement 40 dans la première moitié du Traité. Or rappelons que la Lettre est trois fois moins longue que la première partie du Traité sur l’astrolabe. On pourrait faire la même remarque à propos de la particule man. La présence des autres particules reste proportionnelle à la longueur des textes. Den est de loin la particule la plus usitée et chez Sergius et chez Sévère, comme en rend compte le tableau ci-dessus. Nous constatons qu’au moment où Sévère traduit littéralement des passages du grec, la fréquence de ce den augmente considérablement. Cette remarque est également valable pour les ouvrages de Sergius qui présentent une densité en den plus importante quand ils sont traduits du grec. On observera enfin que cette particule est quasiment absente des titres, des incipit et des excipit de chacun de ces écrits astronomiques. Une forte concentration de den dans un texte syriaque de cette période pourrait donc bien indiquer une certaine proximité avec un texte grec.
3. Bilan de l’application des critères de datation Le bilan s’avère positif. Nous avons validé, les uns après les autres, les critères de datation fixés par S. P. Brock. On constate effectivement un changement d’attitude entre Sergius et Sévère vis-à-vis des sources grecques et vis-à-vis des destinataires de leurs écrits. Si Sergius cherche avant tout à mettre un savoir astronomique grec à la portée de son lecteur en prenant soin de créer des néologismes en syriaque pour rendre compte de nouveaux concepts, sans jamais hésiter à mettre ostensiblement des distances vis-à-vis de l’ « esprit » de sa source, les écrits de Sévère, quant à eux, ne portent, selon nous, pas la moindre trace de polémique. Nous avons dû, à ce propos, montrer que F. Nau avait mal interprété certains passages attribués (ou faussement attribués) à Sévère au sujet de l’origine de la science 338
Établissement et application de critères de datation
astronomique. Il semble plus vraisemblable que l’évêque de Qennešrin ait cherché, au contraire, à promouvoir le savoir astronomique grec et à transmettre les concepts et les écrits de Claude Ptolémée et de Théon d’Alexandrie le plus fidèlement possible : cette fidélité se manifeste entre autre par une augmentation considérable des termes translittérés du grec (qu’il s’agisse de translittérations brutes ou de translittérations suffixées selon un procédé propre à la langue syriaque), par le recours à la traduction en miroir dite « convergente » et par le décalque du système des particules grecques, avec notamment l’apparition du kit, qu’on ne trouve pas avant le VII
e
s. Nous avons vu enfin que la densité des particules man, den et ger
pouvait éventuellement indiquer un passage traduit du grec dans une production syriaque. L’application de tous ces critères nous permet de différencier des traductions, ou productions fortement influencées par le grec, élaborées entre le
IV
e
et le VIIe s. Cependant le chercheur qui se trouve face à un texte
anonyme syriaque contenu dans un manuscrit du
XIV
e
ou du XVe s., comme
c’est le cas du ms. Paris BnF syr. 346 ou du ms. Vat. sir. 555, est confronté au dilemme suivant : comment différencier un texte du IX
e
VII
s. d’un texte du
e
, du Xe ou du XIe siècle ? S. P. Brock apporte des éléments de réponse dans un ouvrage de 1984
intitulé Syriac Perspectives on late antiquity235 : en 708 apr. J.-C. le grec a cessé d’être la langue officielle au Proche-Orient pour céder la place à l’arabe. Suite à cette évolution linguistique régionale, les savants eurent un accès de plus en plus difficile aux textes grecs. Dans ces conditions le signifiant perdit de son importance : les traducteurs se concentrèrent sur le message à transmettre et trouvèrent un compromis entre le résumé (pratiqué aux
IV
e
–
V
e
siècles) et la traduction servile littérale, en adoptant une
technique de traduction qui fit de la phrase une unité de traduction. Il faut donc s’attendre, face à un texte astronomique syriaque produit après le
VIII
e
siècle, à lire un texte syriaque moins influencé par le grec (absence de translittération, de traduction miroir…) et par conséquent plus respectueux
235
BROCK, Syriac Perspectives,1984. 339
Établissement et application de critères de datation
de la syntaxe syriaque et plus attaché à un fond de vocabulaire sémitique, voire à la présence d’un lexique propre à l’arabe. Mais en l’absence d’une application concrète, ces critères restent trop vague pour permettre actuellement une datation fiable des textes astronomiques syriaques produits après le
VII
e
s. et restés dans l’anonymat.
Après Sévère Sebokht, nous ne disposons finalement pour mener notre enquête que de deux écrits d’auteurs bien identifiés traitant d’astronomie : il s’agit de Jacques d’Édesse (VIIIe s.)236, de Georges des Arabes (VIIIe s.), qui nous a laissé une correspondance scientifique 237 , et de Grégoire Bar Hebraeus (XIIIe s.) dont nous conservons un cours d’astronomie complet238. Or nous constatons dans bien des cas que ce n’est pas l’auteur le plus proche de Sévère, son élève, Jacques d’Édesse, qui fut formé au monastère de Qennešrin, qui hérita le plus du vocabulaire technique adopté par Sévère dans ses productions relatives à l’astronomie239. En revanche, dans l’état actuel de nos recherches et suite à l’étude que nous venons de présenter, nous disposons de sérieux outils susceptibles de nous aider à dater les textes anonymes syriaques produits avant la période arabe. Bien entendu le type de vocabulaire utilisé nous donnera des indices supplémentaires : il semble évident que nous avons peu de chance de trouver par exemple l’un des termes nouvellement translittérés du grec et accompagné d’une définition ou l’un des néologismes employés par Sévère Sebokht dans un texte antérieur ou contemporain à Sergius de Rešʻayna.
236
Jacques d’Édesse aborde des sujets astronomiques, mais toujours dans une visée théologique (cf. Jac. Edess., Hexaem. [éd. CHABOT], CSCO 92 (texte) et 97 (trad.), 1953. 237 LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, 1858, p. 108-134 (texte syriaque). 238 Aboul-Faradj, Gregorius Bar Hebraeus, Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre, cours d’astronomie / rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfaradj, dit Bar Hebraeus ; publié pour la première fois d’après les manuscrits de Paris, d’Oxford et de Cambridge par F. Nau, Paris, E. Bouillon, 1899. 239 Par exemple Jacques d’Édesse n’emploie plus la forme translittérée du grec pour désigner les degrés (cf. Jac. Edess., Hexaem.[éd. CHABOT], p. 176 (texte) ; p. 148-149 (trad.) ou les signes zodiacaux (cf. ibid., p. 172 (texte) ; p. 145 (trad.)) alors que Bar Hebraeus les utilise couramment (cf. Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU]). 340
Établissement et application de critères de datation
Section II : application des critères de datation
Nous avons décidé d’appliquer ces critères de datation à treize textes syriaques relatifs à l’astronomie, dont sept sont complètement inédits. Les deux premiers, édités, sont attribués à Bardesane ou à son école : il s’agit d’une liste de signes zodiacaux et d’un extrait portant sur la conjonction des planètes (cité par Sévère Sebokht et Georges des Arabes). Les quatre textes suivants, que nous souhaitons soumettre à examen, sont inédits et conservés dans le ms. Paris BnF syr. 346 : il s’agit d’une traduction de la Tétrabible de Claude Ptolémée ; de deux chapitres consacrés à la Cause des éclipses de la lune et du soleil ; d’un Traité sur la conjonction des planètes (à l’intérieur duquel on retrouve d’ailleurs la citation prêtée à Bardesane) et d’un passage portant sur la cause des éclipses attribuée à Atalya (f. 174r-177v). Le ms. Vat. sir. 516 contient un Traité sur les éclipses inédit attribué à un certain Basile que nous analyserons également. Les quatre textes suivants, également inédits, sont tirés du ms. Vat. sir. 555 : il s’agit d’une liste très ancienne de signes zodiacaux ; d’un « Livre d’Alexandre le grand » ; d’un traité sur la position des planètes sur le cercle du zodiaque (f. 26v-28r) ; et enfin d’un Traité sur les éclipses de lune qui nous intéresse tout particulièrement parce qu’il traite, comme dans les ouvrages de Sévère et de Sergius, des nœuds ascendant et descendant. Enfin nous profiterons de tous les éléments d’observation et de datation des textes astronomiques syriaques que nous aurons préalablement compilés pour vérifier les datations de deux textes astronomiques anonymes ayant déjà fait l’objet d’une édition : l’un, édité par E. Sachau, fut longtemps attribué à Sergius de Rešʻayna240 (il s’agit d’un court passage sur Les Mouvements du soleil, conservé dans un manuscrit du 240
e
VII
siècle),
Mais H. Hugonnard-Roche pense qu’il faut d’autres arguments pour justifier cette attribution que le simple fait de se situer dans le même manuscrit que d’autres traductions dues à Sergius. Voir HUGONNARD-ROCHE, « Aux origines de l’exégèse orientale », 1989, p. 1 à 4 et HUGONNARD-ROCHE, « Notes sur Sergius », 1997, p. 129. 341
Établissement et application de critères de datation
l’autre, intitulé Traité d’astronomie et de météorologie, a été édité et traduit par M. A. Kugener241 (le texte fut daté approximativement par lui de la fin du Ve s.). En dehors des textes attribués à l’école bardesanite et des deux derniers textes mentionnés, toutes les compositions dont nous parlerons sont donc inédites et ne figurent même pas toujours dans les notices de catalogue. Enfin rappelons que les manuscrits Paris BnF syr. 346 et Vat. sir. 555 qui sont les seuls à notre connaissance à être entièrement consacrés à l’astronomie, sont arrivés tardivement en Occident (1938 pour le manuscrit de la Vaticane ; 1910 pour le manuscrit parisien), ce qui explique le fait que leur matière soit restée jusqu’à ce jour en partie inexploitée.
1. Les compositions attribuées à l’école bardesanite
a. La liste des signes zodiacaux
On conserve, dans un manuscrit du
VII
e
siècle (le BL Add. 14 658
au f. 149v), une ancienne liste des signes du zodiaque, que le copiste attribue à l’école bardesanite. Cette liste correspond en tout point à la terminologie employée par Sergius de Reš‘ayna dans son Traité sur l’action de la lune et dans sa traduction du De Mundo. C’est-à-dire que le vocabulaire porte encore les caractéristiques culturelles de l’Orient mésopotamien, sans être de quelque façon que ce soit influencé par les expressions grecques, comme on le note par exemple pour le Sagittaire, la Balance et les Gémeaux chez Sévère Sebokht. Cette liste nous permet d’avoir une vision diachronique de cette petite partie du langage astronomique que sont les signes du zodiaque. Il est
241
KUGENER A. (éd), « Un traité astronomique et météorologique syriaque », in Actes du XIVe Congrès international des Orientalistes (Alger 1905), Nendeln, Kraus, 19682 (Paris, E. Leroux, 19071), Partie II, p. 137-163 (Introduction, édition et traduction). 342
Établissement et application de critères de datation
intéressant dès à présent de fixer un tableau permettant de visualiser ce lexique et son évolution allant de l’école bardesanite jusqu'à Bar Hebraeus. Il nous servira par la suite de point de référence au moment de dater d’autres textes comportant ce genre de lexique :
Bélier Taureau Gémeaux Cancer
Ecole bardesanite242
Sergius de Rēš‘aynā Traité sur l’action de la lune (fin Ve-déb. VIe s.)
Sévère Sebokht, Traité sur les constellations (VIIe s.)
Bar Hebraeus Livre de l’ascension de l’esprit… (XIIIe s.)243
ܐܡܪܐ [emro]
ܐܡܪܐ
ܕܟܪܐ
ܐܡܪܐ
[emro]
[dekro]
[emro]
ܬܘܪܐ
ܬܘܪܐ
ܬܘܪܐ
ܬܘܪܐ
[turo]
[turo]
[turo]
[turo]
̈ ܬܐܡܐ
̈ ܬܐܡܐ
ܬܪܝܢ ܨܠܡܐ
ܬ̈ܪܝܢ ̈ܨܠܡܐ
[tren ṣalme]
[tren ṣalme]
[teme]
[teme]
ܣܪܛܢܐ
ܣܪܛܢܐ
ܣܪܛܢܐ
ܣܪܛܢܐ
[sarṭono]
[sarṭono]
[sarṭono]
[sarṭono]
ܣܘܪܛܢܐ [surṭono]
ܐܪܝܐ
ܐܪܝܐ
ܐܪܝܐ
[aryo]
[aryo]
[aryo]
[aryo]
Vierge
ܫܒܠܬܐ
ܫܒܠܬܐ
ܣܒܠܬܐ
ܒܬܘܠܬܐ
[šbalto]
[šbalto]
[sbalto]
Balance
ܩܢܫܠܡܐ
ܩܝܫܠܡܐ
ܡܣܐܬܐ
ܡܣܐܬܐ
[qa(n)šlomo]
[qašlomo]
[masato]
[masato]
ܥܩܪܒܐ
ܥܩܪܒܐ
ܥܩܪܒܐ
[ʻeqarbo]
[ʻeqarbo]
[ʻeqarbo]
[ʻeqarbo]
ܨܠܡܐ ܪܒܐ
ܨܠܡܐ ܪܒܐ
ܟܫܛܐ
ܟܫܛܐ
[ṣalmo rabbo]
[ṣalmo rabbo]
[kašoṭo]
ܓܕܝܐ
ܓܕܝܐ
ܓܕܝܐ
ܓܕܝܐ
[gadyo]
[gadyo]
[gadyo]
[gadyo]
Lion
Scorpion Sagittaire Capricorne Verseau Poissons
ܐܪܝܐ
[btulto]
ܥܩܪܒܐ [kašoṭo]
ܕܘܐܠ
ܕܘܐܠ
ܕܘܐܠ
[dolo]
[dolo]
̈ ܢܘܢܐ
[dolo]
ܢܘܢܐ
̈ ܢܘܢܐ
[dolo]
ܕܘܐܠ
[nuno]
[nune]
[nune]
[nune]
̈ ܢܘܢܐ
L’ancienneté de la liste attribuée à l’école bardesanite est d’emblée attestée par le fait de sa présence dans un manuscrit du
VII
e
siècle. Notons
que le vocabulaire est archaïque pour trois des termes employés : le 242 243
Cette liste se trouve dans le BL Add. 14 658 au f. 149v (ms. du VIIe siècle). Cf. Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU]. 343
Établissement et application de critères de datation
Sagittaire, la Balance et les Gémeaux reçoivent des signifiants qui n’ont plus cours au moins à partir de Sévère Sebokht dans la littérature astronomique syriaque. En effet on note qu’à partir du début du
VII
e
siècle
l’influence du grec sur cette terminologie est persistante : ainsi on ne parlera plus ni de La grande image (pour le Sagittaire), ni des Deux images (pour les Gémeaux), ni du Fléau (pour la Balance). Cette évolution nette du vocabulaire astronomique syriaque est attestée, comme on le voit dans le tableau, chez Sévère Sebokht bien entendu, mais aussi chez Bar Hebraeus, et dans d’autres textes médiévaux qui ont consacré des chapitres à des questions astronomiques comme l’Hexameron de Jacques d’Édesse244 et le Causa causarum245.
b. Extrait sur la conjonction des planètes (Paris BnF syr. 346)
Cette citation de Bardesane par Sévère Sebokht est très clairement circonscrite dans le ms. Paris BnF syr. 346, aux f. 122v-123r : elle est tout d’abord introduite par deux lam ()ܠܡ, particule qui peut servir, en syriaque, à introduire un discours rapporté. Le manuscrit parisien ajoute un signe de ponctuation forte (croix formée au moyen de quatre points reliés horizontalement et entourés d’un cercle) afin de permettre au lecteur de comprendre encore plus facilement qu’il s’agit d’une citation. Voici le texte (nous indiquons en notes sous le sigle G les variantes de la citation de Georges des Arabes d’après le BL Add. 12 154, f. 248v) :
244
Au sujet de la Balance, cf. Jac. Edess., Hexaem.[éd. CHABOT], p. 172 (texte) ; p. 145 (trad.). 245 Causa causarum [éd. KAYSER]. On peut reconstituer une liste des signes du zodiaque employé par l’auteur (anonyme du Xe siècle) aux pages 193 (texte) et 252 (trad.) du premier ̈ volume de cette publication : ܬܐܡܐ ܣܪܛܢܐ ܐܪܝܐ ܫܒܠܬܐ ܩܢܝܠܡܐ ܕܗܘ ܡܣܐܬܐ ܐܡܪܐ ܬܘܪܐ ܥܩܪܒܐ ܟܫܛܐ ܓܕܝܐ ܕܘܐܠ ܢܘܢܐ, ce qui correspond à la liste utilisée par Sévère Sebokht. 344
Établissement et application de critères de datation
) ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀123r( ܬ̈ܪܝܢ ܠܡ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܩܪܘܢܘܣ.1 246܀ ܐ̈ܪܒܥܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܪܝܣ.3 ̈ܚܡܫܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܙܘܣ ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀.2 ̈ ܫܬܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܫܡܫܐ ̈ .5ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀ ̈ ܫܒܥܝܢ .4̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀ ̈ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܕܗܪܡܝܣ.6 ܘܬ̈ܪܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܦܪܘܕܝܛܐ ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀ ̈ .7̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀ ܫܒܥܡܐܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܣܗܪܐ ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ܀ ܿ ܐܘܟܝܬ ܙܒܢܐ.ܐܝܬܝܗ ܚܕܐ ܣܘܢܕܘܣ ܕܟܠܗܘܢ ܘܗܕܐ ܠܡ.8 ̈ ̈ ܕܚܕܐ ܣܘܢܕܘܣ ܕܝܠܗܘܢ ܐܝܟܢܐ ܕܡܢ ܗܪܟܐ ܠܡܐܐ ܣܘܢܕܘ ܕܐܝܟ ̈ ̈ ̈ܡܐܬܝܢ.9ܕܫܢܝܐ ܢܗܘܘܢ ܕܐܝܟ ܐܝܟܢ ܀ ܐܠܦܐ ܗܕܐ ̈ܫܬܐ ̈ ̈ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܩܪܘܢܘܣ ܫܬܐ ܐܠܦܝܢ ܚܡܫ ̈ܡܐܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢ.11 ܕܫܢܝܐ ܀ ̈ ̈ ̈ ܐܠܦܝܢ ܐ̈ܪܒܥܐ ܐܠܦܝܢ ܕܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܪܝܣ ܊.11 ܕܫܢܝܐ ܀ ܕܙܘܣ ̈ܫܬܐ ̈ ̈ ̄ ̄ ̈ ̈ ܫܬܐ ܘ ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܫܡܫܐ ܘ ܐܠܦܝܢ.12 ܐܠܦܝܢ ܕܫܢܝܐ ܀ ̈ ̈ ̄ ܙ.13 ܕܫܢܝܐ ܀ ̈ ܐܠܦܝܢ ܐܠܦܝܢ ܘܡܐܬܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܦܪܘܕܝܛܐ ̄ܘ ̈ ̈ ̈ ܐܠܦܝܢ ̈ .15 ܕܫܢܝܐ ܀ ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܗܪܡܝܣ ̄ܘ ̄ܝ ̄ܒ.14 ܕܫܢܝܐ ܀ ̈ ̈ ̄ ̈ ܘܗܢܐ ܿܡܢ.16 ܕܫܢܝܐ ܀ ܐܠܦܝܢ ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܣܗܪܐ ̄ܘ ܥ ̄ܒ ܿ ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܐܡܪ .ܘܚܫܒ « 1 Deux révolutions de Saturne font soixante ans ; 2 cinq révolutions de Jupiter font soixante ans ; 3 quarante révolutions de Mars font soixante ans ; 4 soixante révolutions du Soleil font soixante ans ; 5 soixante-douze révolutions de Vénus font soixante ans ; 6 cent vingt révolutions de Mercure font soixante ans ; 7 sept cent vingt révolutions de la Lune font soixante ans. 8 Ceci est une conjonction qui les toutes, c’est-à-dire le moment d’une de leurs conjonctions ; de sorte que cent conjonctions de ce genre font six mille ans de la manière suivante : 9 deux cents révolutions de Saturne font six mille ans ; 10 cinq cents révolutions de Jupiter font six mille ans ; 11 quatre mille révolutions de Mars font six mille ans ; 12 six mille révolutions du Soleil font six mille ans ; 13 sept mille deux cents révolutions de Vénus font six mille ans ; 14 douze mille révolutions de Mercure font six mille ans ; 15 soixante-douze mille révolutions de la Lune font six mille ans ; 16 voici ce qu’il a dit et calculé […] »247.
̈ G. || 2. ̈ܚܡܫܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢP : ܗ ܚܘܕ̈ܪܝܢG || 3. ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢ ̈ G : ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢP || 1. ̈ܫܢܝܐ ̈ܫܬܝܢP : ܫܢܝܐ ܣ ̈ P : ܿܥܒ ܚܘܕ̈ܪܝܢG || 8. ܣܘܢܕܘܣ 6. ̈ܡܐܐ ܘܥܣ̈ܪܝܢ ܕܗܪܡܝܣP : ܩܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܗܪܡܝܣG || 7. ܫܒܥܡܐܐ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ̈ ̈ ̈ P : ܣܘܢܘܕܘܣut semper G || ܠܡܐܐ ܣܘܢܕܘP : ܠܣܘܢܘܕܘ ܩG || ܕܐܝܟ ܗܕܐP : ܕܐܝܟ ܗܠܝܢG || ܐܝܟܢ ̈ P : ܐܝܟܢܐG || 9. ̈ܡܐܬܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢP : ܪ ܚܘܕ̈ܪܝܢG || ܕܩܪܘܢܘܣom. P sed add. in marg.] || 10. ܚܡܫܡܐܐ ̈ ̈ ̈ ̈ ܿ ܚܘܕ̈ܪܝܢP : ܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢG || ܕܙܘܣP : ܕܙܝܘܣG || ܫܬܐom P || ܐܠܦܝܢP : ܘܐܠܦܝܢG || 11. ܐܠܦܝܢ ܕܚܘܕ̈ܪܝܢ ̈ ̈ ̈ ܕܐܪܝܣP : ܕܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܪܝܣG || 12. ܐܠܦܝܢpr. om. P sed add. interlinea || ܐܠܦܝܢalt. om. P ̈ ̄ ܙG : ܙ̄ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܦܪܘܕܝܛܐP [add. sed add. interlinea || 13. ܐܠܦܝܢ ܘܡܐܬܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܐܦܪܘܕܝܛܐ ̈ ̈ ̄ ̄ ̈ ̈ || ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ̈ ̈ interlin. ܘ ܐܠܦܝܢ ܕܫܢܝܐ || ]ܐܠܦܝܢG : ܘ ܫܢܝܐP [ add. interlin. ]ܐܠܦܝܢ ̄ܝ ̄ܒG : ̄ܝ ̄ܒ ̈ ̈ ̈ ̄ ̄ ̈ ̈ ̄ ܚܘܕ̈ܪܝܢP [ ܐܠܦܝܢin marg.] || 14. ܘ ܐܠܦܝܢ ܕܫܢܝܐG : ܘ ܕܫܢܝܐP [ ܐܠܦܝܢadd. interlin.] || 15. ܥ ̄ܒ ̈ ̄ ܿ ̄ ܐܠܦܝܢ ܚܘܕ̈ܪܝܢ ܕܣܗܪܐG : ܥܒ ܚܘܕ̈ܪܝܢP [ ܕܣܗܪܐadd. interlin. P] || 16. ܘܗܢܐ ܡܢ ܕܐܝܟ ܗܟܢܐ ܐܡܪ ܿ ܘܗܠܝܢ ܿܡܢ ܗܟܢܐG || ܿ P : ܚܫܒ ܒܪܕܝܨܢ ܘܚܫܒ 246
247
Traduction dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 214. Nous avons légèrement remanié cette traduction de sorte à mettre en évidence l’écriture des chiffres. 345
Établissement et application de critères de datation
Dans le discours de Sévère cette citation est précédée de la mention :
Bardesane qui est appelé le philosophe araméen, homme très instruit dans toutes les choses de ce genre […] Il compte leurs conjonctions de la manière suivante : citation248.
Georges des Arabes introduit le passage d’une manière semblable et le clos par : « Voilà comment Bardesane calculait ces choses ». En somme, Sévère, tout comme Georges des Arabes, était clairement persuadé de citer là un texte ancien qu’il attribuait à Bardesane (IIe s.). Regardons de plus près ce qu’il en est :
Le passage mentionne les planètes sous des noms grecs (qronos, zeus, ares, aphrodite, hermes). Cet élément ne saurait franchement témoigner d’une ancienneté du texte : si Sévère emploie bien ce vocabulaire au
VII
e
siècle, en revanche on voit dans le Traité sur l’action de la lune que Sergius de Reš‘ayna († 536) attribuait encore à Jupiter, Vénus et Saturne des noms issus du fond culturel mésopotamien (Bel, Belti et Kewon).
Cependant plusieurs éléments de langage pourraient témoigner en faveur de son ancienneté : -
On note une absence totale de particules de liaisons. Pas un den, pas un ger ne vient ici rythmer la présentation des révolutions planétaires.
-
Les chiffres sont écrits en toutes lettres : le syriaque dit par exemple « soixante » ans au lieu de « 60 » ans. L’extrait, tel qu’il est cité par Sévère Sebokht, ne donne en effet aucun chiffre sous forme de lettre surmontée d’une barre, comme on les trouve habituellement dans les traités de cet auteur. Au contraire Georges des Arabes, qui reprend la citation faite par Sévère un siècle plus tard, modifie les chiffres,
248
Passage édité dans NAU F., « Notes d’astronomie syrienne », JA 1910, p. 214. 346
Établissement et application de critères de datation
comme on le voit dans l’apparat critique, en les faisant apparaître sous forme de lettres, correspondant plus ou moins au système numéral grec. Sévère Sebokht semble respecter plus fidèlement le passage cité par ses soins. Le fait de « verbaliser » les chiffres semble bien être un archaïsme de langage, si l’on en juge par la manière de faire de Sergius de Reš‘ayna ou d’auteurs antérieurs. Ainsi deux critères s’opposent, rendant difficile la datation de ce passage : d’une part l’absence de particules semble nous indiquer qu’il s’agit d’un texte fort ancien, antérieur au
V
e
siècle, époque d’introduction
des particules de liaison grecques dans la langue écrite syriaque. Mais ce phénomène pourrait très bien s’expliquer par une présentation du texte sous forme de liste ; d’un autre côté le vocabulaire astronomique présent dans le passage montre une influence totale du grec : tous les termes sont issus de la translittération du grec, qu’il s’agisse de la σύνοδος ou du nom des cinq planètes. Deux hypothèses s’imposent : ou les noms des planètes (essentiellement Vénus et Jupiter) ont été tardivement remaniés, peut-être par Sévère luimême, ou bien cette terminologie était connue et précocement employée par Bardesane et son école. Ce serait alors une particularité propre à cette école, étant donné qu’Éphrem et Aphraate utilisaient au IVe siècle une terminologie purement sémitique (on a par exemple kewon249 pour Saturne et kaukboto pour Vénus dans les Hymnes sur les hérésies d’Éphrem). Pour valider l’une ou l’autre de ces hypothèses, nous disposons d’un autre texte, attribué à Bardesane, vraisemblablement dû à l’un de ses disciples du
IV
e
siècle : il
s’agit du Livre des Lois des Pays. L’antiquité de ce texte ne fait aucun doute car, comme l’expliquait déjà F. Nau dans l’introduction de son ouvrage consacré à ce texte, un passage en est cité par Eusèbe de Césarée.250
Nous nous sommes concentrée sur la lecture du passage du Livre des Lois des pays où Bardesane explique à ses disciples en quoi la théorie
249 250
Ephrem, Hymnes sur les hérésies, 8, 13. Eus., Prep. Ev., VI, 9. 347
Établissement et application de critères de datation
développée par les Chaldéens n’est pas recevable251. Il s’avère qu’aucune mention n’est faite de quelque σύνοδος que ce soit : c’est la préposition ܥܡ qui sert à exprimer la conjonction astrale. En outre les cinq planètes apparaissent sous les noms suivants : Saturne ܟܘܢ
[kewon]
Jupiter [ ܟܘܟܒܝܠkaukbel] Vénus
ܒܠܬܝ
[belti]
Mars
ܐܪܣ
[ares]
Mercure [ ܗܪܡܝܣhermes]
Vénus, Jupiter et Saturne reçoivent ainsi des noms sémitiques étrangers à l’influence du grec. Nous pouvons d’ores et déjà invalider la seconde hypothèse relative à la présence de termes astronomiques grecs dans le passage attribué à Bardesane sur la conjonction astrale cité par Sévère Sebokht. Le vocabulaire de ce passage fut évidemment remanié tardivement, vraisemblablement par Sévère Sebokht lui-même. Une remarque à propos de la planète Jupiter : elle reçoit dans le Livre des Lois des pays le nom de kaukbel (= étoile de Bel) alors que Sergius la désigne toujours sous le nom de Bel. En recoupant ce vocabulaire avec la façon qu’Éphrem a de désigner Jupiter et Vénus (respectivement kaukbel et kaukbto), on obtient une confirmation de l’antiquité du lexique employé dans le Livre des Lois des Pays et a contrario une preuve supplémentaire du remaniement tardif du passage cité par Sévère Sebokht.
Si nous pouvons certes retenir la liste des signes du zodiaque comme le témoignage d’un langage astronomique antique syriaque, en revanche il semble difficile de considérer la citation faite par Sévère, puis reprise par Georges des Arabes, comme un juste représentant du langage employé par Bardesane ou par ses disciples d’Édesse. Ce passage a été bien trop contaminé par la langue des auteurs postérieurs pour pouvoir servir de
251
Cf. NAU F., Bardesane, Le Livre des Lois des Pays, Paris, E. Leroux, 1899, p. 17-25 (texte syriaque) ; p. 44-54 (trad.). 348
Établissement et application de critères de datation
référence linguistique. D’ailleurs ce texte est-il vraiment, à l’origine, de Bardesane ?
2. Manuscrit Paris BnF syr. 346
Nous avons choisi quatre textes, extraits du manuscrit syriaque parisien 346, auxquels nous souhaitons appliquer les critères de datation. Le premier de ces textes porte sur des thèmes non pas astronomiques mais astrologiques. Il retient cependant notre attention, non seulement parce qu’il est inédit et qu’il contient des éléments de lexique astronomique, mais aussi parce qu’il s’agit de la traduction d’un texte grec conservé : la Tétrabible de Claude Ptolémée (f. 1-36v). Le second texte, également inédit, porte sur la cause des éclipses (f. 51v-60r). Le troisième texte a fait l’objet d’une traduction partielle par F. Nau dans la Revue de l’Orient Chrétien : il s’agit d’un autre traité sur la cause des éclipses ou Atalya (f. 172r-177v). Le dernier texte que nous avons choisi d’analyser est la Lettre sur la conjonction des planètes (f. 121v-124v) qui contient la citation de Bardesane. Ce texte a été, comme on l’a vu plus haut, attribué à Sévère Sebokht par F. Nau.
a. Une traduction de la Tétrabible de Claude Ptolémée
Le manuscrit Paris BnF syr 346 contient aux feuillets 1r à 36v une partie de la traduction syriaque de la Tétrabible252 de Claude Ptolémée. Le manuscrit étant acéphale, il manque la première partie du texte (Le livre I manque en entier ainsi que les chapitres 1-2 et 4-9 du livre II). Notons qu’il doit également manquer plusieurs feuillets entre les actuelles pages 2 et 3, car on passe brutalement du Livre II, 3 au chapitre 10 de ce même livre.
252
On ne connaît pour l’instant pas d’autre copie de cette traduction dans les manuscrits syriaques. En revanche la tradition grecque comprend de nombreux témoins puisque W. Hübner a recensé près de cinquante manuscrits contenant le texte de la Tétrabible. Il existe également quelques traductions latines et arabes. 349
Établissement et application de critères de datation
Nous avons comparé le texte syriaque avec l’édition grecque réalisée récemment par W. Hübner pour Teubner253. La traduction se caractérise par une grande littéralité254 et par de nombreuses petites omissions, de l’ordre d’une ou deux phrases255. Le manuscrit étant acéphale, nous avons perdu la traduction du titre. Cependant voici l’explicit du Livre II de la Tétrabible : ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܬ̈ܪܝܢ ܕܦܛܐܠܘܡܣ ܠܘܬ ܣܘܪܘܣ ܬܠܡܝܕܗ
« Fin du second traité de Ptolémée adressé à son disciple Syrus ».
Les analyses que nous proposons se fondent sur la lecture des chapitres 10 à 15 du livre II préservé, ainsi que sur le proemium du Livre III, c’est-à-dire les feuillets 3r à 7r du manuscrit. À première vue, cette traduction peut être attribuée à un auteur du
e
VII
siècle : l’emploi de la
particule de liaison kit, l’abondance de néologismes présentant le suffixe – onuto ou les adjectifs suffixés en –oyo, et enfin les noms attribués aux planètes ainsi qu’aux signes du zodiaque, qui accusent fortement l’influence du grec, ne permettent pas de doute à ce sujet. Les noms attribués aux planètes et aux signes zodiacaux correspondent en tout point au vocabulaire employé par Sévère Sebokht dans ses différents traités.
253
Cf. HÜBNER W. (éd.), Claudius Ptolemaeus vol. III, 1 : Apotelesmatika, Stutgardiae et Lipsiae, Teubner, 1998. Noter qu’il y a un décalage dans la numérotation des chapitres (le syriaque accorde 15 chapitres au second livre de la Tétrabible, alors qu’en grec (d’après l’édition de W. Hübner) il n’y en aurait que 14) : le chapitre 11 annoncé en syriaque correspond donc au chapitre 10 de l’édition de W. Hübner. 254 Chacune des particules grecques est par exemple méticuleusement rendue par le traducteur (den, man, ger, kit, le ἔτι est rendu par ܬܘܒ, le ἤ par ܐܘܟܝܬ, τουτέστι par ) ̄ܗ. Lorsqu’il y a une combinaison de particules grecques, le syriaque combine également : ainsi μέν γὰρ est toujours rendu par ܡܢ ܓܝܪ. On a aussi un ἔτι μᾶλλον rendu par ܬܘܒ ܡܐܐܠܘܢ. 255 Il serait intéressant de comparer cette traduction syriaque avec la copie grecque (V) du Vat. gr. 1038, f. 352-384 (il s’agit en l’occurrence du manuscrit grec le plus ancien contenant le texte de la Tétrabible, daté du XIIIe siècle) qui présente les mêmes particularités : fréquentes omissions de phrases et modification du titre avec insertion de l’adresse à Syrus. Pour avoir la liste des indications relatives à ces lacunes, cf. BOLL F., « Zur Ueberlieferungsgeschichte der griechischen Astrologie und Astronomie », Sitzungsberichte d. K. B. Akad. D. Wiss. Zu München, phil.-hist. Cl., 1899 (= CCAG vol. 1, n°9). 350
Établissement et application de critères de datation
Les néologismes en –onuto et en –oyo qui apparaissent dans les chapitres 10 à 15 du Livre II sont les suivants (Notons que la plupart d’entre eux ne sont attestés nulle part ailleurs d’après le Thes. syr. ou le SOKOLOFF)256 :
Livre II, chap. 10 ( ܡܬܓܡܪܢܘܬܐutilisé comme équivalent de « ἀποτελέσμα » dans le sens de prédiction astrale. )
Livre II, chap. 11 ( ܨܘܨܝܢܘܬܐL’expression ܟܘܟܒܐ ܨܘܨܝܢܐdésigne habituellement la comète en syriaque. La forme suffixée en -onuto est utilisée ici pour rendre le grec « τῶν κατὰ τὰ σχήματα τῆς κόμης προσνεύσεων » qu’on pourrait rendre par le fait de tomber, selon la caractéristique de la comète. Le syriaque, économe, propose un néologisme qui ressemblerait en français à la proposition « cométage » ). ( ܡܬܒܩܝܢܘܬܐDans le sens d’observation. Attesté uniquement par SOKOLOFF dans un texte astronomique du
X
e
siècle257, mais aussi dans une traduction
de Grégoire le théologien comme équivalent au grec « σκέψις ». Ici le terme est donné en équivalent à « ἐπίσκέψις »)
Livre II, chap. 12 ( ܡܠܘܫܢܝܐlitt. constellé. Adjectif utilisé pour qualifier le cercle dans l’expression ܚܘܕܪܐ ܡܠܘܫܢܝܐ. L’expression en entier est, dans le cas présent, donnée comme équivalent à l’expression grecque « ἐν τῶ διὰ μέσων τῶν ζῳδίων » désignant l’écliptique. Il ne semble pas qu’on retrouve le concept, sous cette formulation, dans les autres traités de Sévère Sebokht).
Livre II, chap. 14
256
Nous indiquons systématiquement, quand le terme est attesté, dans quel dictionnaire on pourra trouver plus d’informations. S’il n’y a pas de note, c’est que le terme n’est pas attesté. 257 Causa causarum [éd. KAYSER]. 351
Établissement et application de critères de datation
( ܛܪܘܦܝܩܝܐtropical. L’adjectif est attesté ensuite chez Bar Hebraeus d’après le Thesaurus syriacus. Il faut y ajouter les occurrences trouvées dans les traités astronomiques de Sévère Sebokht). ( ܣܘܢܘܕܝܩܝܬܐde la conjonction. On retrouve cet adjectif uniquement chez Sévère Sebokht). ( ܦܢܣܠܢܝܩܝܬܐadjectif relatif à la pleine lune. Il s’agit d’une suffixation en oyo de la translittération du grec « πανσέληνος ». Οn retrouve cette forme également chez Sévère Sebokht). Il est certain que cette traduction n’est pas antérieure au
e
VII
siècle,
vu l’abondance de néologismes et vu le respect scrupuleux des particules de liaisons grecques qu’on y observe. Pour savoir si cette traduction pouvait être postérieure, c’est-à-dire de la période arabe, nous avons comparé les expressions astronomiques employées avec celles utilisées dans deux autres textes de la période arabe : Le Livre de l’ascension de l’Esprit ou Cours d’astronomie de Bar Hebraeus258 et le Causa Causarum (Livre 7, chapitre 4-6)259. Voici nos résultats : À la différence du Causa causarum, cette traduction ne contient aucun arabisme. De plus il faut noter que, contrairement à la traduction, le texte du Causa causarum est pratiquement vierge de particules de liaisons grecques et que son auteur commence et finit systématiquement ses paragraphes par une invocation à la protection divine du genre ܥܡ ܐܠܗܐ (avec Dieu) ou ( ܒܝܕ ܐܠܗܐpar la grâce de Dieu), ce qui n’est absolument pas le cas dans la traduction. Enfin le texte du Causa causarum recourt nettement moins au fonds lexical grec : pour rendre les concepts d’équinoxes et de solstices, par exemple, l’auteur du Causa causarum recourt indifféremment au terme ( ܫܘܚܠܦܐlitt. changement) alors que le traducteur de la Tétrabible différencie, comme en grec, l’équinoxe du solstice en rendant ce dernier par ( ܛܪܘܦܝܩܝܐṭropiqoyo). Comparativement au Cours d’astronomie de Bar Hebraeus, la présente traduction de la Tétrabible contient en revanche nettement moins
258 259
Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU]. Causa causarum [éd. KAYSER]. 352
Établissement et application de critères de datation
de termes translittérés du grec : pour désigner par exemple les signes zodiacaux, les dodécatoméries, l’équateur, les degrés ou les minutes, notre ̈ traducteur utilise des équivalents culturels syriaques (ܡܠܘܫܐ servant indistinctement à traduire les expressions désignant les signes zodiacaux et les dodécatoméries tandis que les expressions ܫܘܝܘܬ ܐܝܡܡܐ, ܡܢܘܬܐ, et ܩܛܝܢܬܐrenvoient à l’équateur, au degré et à la minute) quand Bar Hebraeus, même s’il connaît ces expressions typiquement syriaques, utilise plus couramment le lexique grec. Il y a d’autres différences terminologiques notables comme la façon de désigner un point du ciel : si Sévère utilise le terme translittéré du grec (σημεῖα), Bar Hebraeus est revenu à un vocable plus sémitique ( ) ܢܘܩܕܬܐ. Le traducteur de la Tétrabible n’utilise ni l’un ni l’autre de ces termes en préférant le ܪܘܫܡܐappartenant à un lexique bien plus archaïque. Il est difficile d’imaginer que cette traduction ait pu être l’œuvre d’un des disciples de Sévère Sebokht : le lexique grec couramment employé par Sévère et son disciple Georges260 ne se retrouve pas systématiquement dans cette traduction. Ce qui nous frappe le plus, c’est certainement le fait que le traducteur utilise encore de façon systématique le même terme que Sergius de Reš‘ayna pour désigner les degrés ()ܡܢܘܬܐ, quand Sévère recourt pratiquement toujours à l’expression grecque ( ܡܘܪܣou murus). Se pourrait-il que cette traduction soit une œuvre de jeunesse de Sévère Sebokht, c’est-à-dire exécutée par lui avant qu’il n’ait fixé le vocabulaire astronomique qui serait le sien dans les traités que nous connaissons ? Notons quelques traits de traduction intéressants qui concernent le rendu de termes astronomiques grecs que nous n’avons trouvé nulle part ailleurs dans les textes astronomiques syriaques :
260
Nous pensons aux lettres astronomiques laissées par Georges des Arabes (pour accéder aux textes on consultera : RYSSEL H. V. (éd.), « Die astronomischen Briefe Georgs des Araberbischofs », ZA 8, 1893, p. 1-55 [= BL . Add. 12 156, f. 264v-284r c’est-à-dire trois lettres astronomiques adressées à Jean le stylite] et Georgii Arabum episcopi epistula in LAGARDE, Analecta Syriaca, 1858, p. 108-134 [= BL Add. 12 156, f. 245r-261r, il s’agit d’une lettre en neuf parties adressée à un certain Yešua du village d’Anab]. 353
Établissement et application de critères de datation
« ἐν τῶ διὰ μέσων τῶν ζῳδίων » : « » ܒܚܘܕܪܐ ܡܠܘܫܢܝܐ261 « συζυγία » (la syzygie) : « » ܡܙܘܓܬܐ262 « συμπάθεια » (le rapport) : « » ܡܫܦܢܘܬܐ263 « περιστροφὴ ἀποκαταστάσεως » : « » ܡܬܦܢܝܢܘܬܐ ܕܟܪܘܟܝܐ264 « τὰς πρὸς ἥλιον φάσεις » : « » ܒܦܣܝܣ ܕܠܘܬ ܫܡܫܐ265 « ἐπιφάνεια » (la brillance) : « » ܡܬܚܙܝܢܘܬܐ266 « ἡ τοῦ ἔτους νουμηνία » : « » ܪܝܫܝܬܗ ܕܫܢܬܐ267 « κατάστημα » : « » ܩܘܡܐ268
Cette traduction du
VII
e
siècle est un véritable réservoir de
vocabulaire astronomique qu’il faudrait prendre la peine d’examiner attentivement. En effet, bien que ce texte soit à visée astrologique, il utilise un lexique commun à l’astronomie. Si notre estimation en matière de date est juste, nous disposerions ainsi d’un des rares textes traduits du grec susceptible de nous renseigner sur le langage astronomique syriaque pour la période qui nous intéresse.
261
« ἐν τῶ διὰ μέσων τῶν ζῳδίων » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 881-882, p. 147); « ( » ܒܚܘܕܪܐ ܡܠܘܫܢܝܐms. Paris BnF syr. 346, f. 4r, Livre II, chap. 12). 262 ̈ « συζυγίαι » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 920, p. 150) ; «ܠܡܙܘܓܬܐ » (ms. Paris BnF syr. 346, f. 4v, Livre II, chap. 12). 263 « συμπαθείας » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 890, p. 148) ; « » ܡܫܦܢܘܬܐ (ms. Paris BnF syr. 346, f. 4v, Livre II, chap. 12). 264 « περιστροφὴν ἀποκαταστάσεως » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 878, p. 147) : Robbins traduit « circular course of the revolution » (voir Ptolemy Tetrabiblos edited and translated into english by F. E. ROBBINS, London, W. Heinemann pour Loeb, 1980, p. 195), S. Feraboli « rivoluzione annuale » ( Ptol., Apotel.[trad. FERABOLI], p. 159) ; « ܡܬܦܢܝܢܘܬܐ ( » ܕܟܪܘܟܝܐms. Paris BnF syr. 346, f. 4r, Livre II, chap. 12). 265 « τὰς πρὸς ἥλιον φάσεις » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, θ’, 805, p. 142 ; « ܒܦܣܝܣ ( » ܕܠܘܬ ܫܡܫܐms. Paris BnF syr. 346, f. 3r, Livre II, chap. 10). 266 « ἐπιφανείας » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ι’, 855, p. 145 ; « » ܡܬܚܙܝܢܘܬܐ (ms. Paris BnF syr. 346, f. 3v, Livre II, chap. 11). 267 « ἡ τοῦ ἔτους νουμηνία » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ια’, 871, p. 147 ; « ܪܝܫܝܬܗ ( » ܕܫܢܬܐms. Paris BnF syr. 346, f. 4r, Livre II, chap. 12). 268 « κατάστημα » (Ptol., Apotel. [éd. HÜBNER], Β’, ιβ’, 925, p. 150) : situation/position (comparer avec les traductions proposées par Robbins et Feraboli qui reproduisent la même erreur à cet endroit); « ( » ܩܘܡܐms. Paris BnF syr. 346, f. 5r, Livre II, chap. 13). 354
Établissement et application de critères de datation
b. Traité sur la cause des éclipses de lune (f. 51v-60r)
Un traité astronomique inédit se trouve aux feuillets 51v à 60r du manuscrit parisien. Il fait immédiatement suite au Traité sur l’astrolabe de Sévère Sebokht. Ce traité a été attribué à Sévère Sebokht par le copiste, à la fin de la copie. Cependant nous verrons qu’on peut émettre de sérieux doutes quant à cette attribution. Le texte se présente sous la forme de deux chapitres ou traités : un premier chapitre (f. 51v-54r qui se poursuit aux f. 55r-60r) expose la cause des éclipses de lune et un autre, inséré dans le premier, expose la cause des éclipses solaires (f. 54v-55r). Dans le Traité sur la cause des éclipses de lune il est notamment question de la théorie de l’Atalya, ce corps de 24 degrés de hauteur dont la tête et la queue seraient à l’origine de l’obscurcissement de la lune et du soleil en s’interposant entre eux et la terre. L’auteur du traité, peut-être chrétien 269 , cherche longuement à démontrer l’erreur de cette théorie, véhiculée chez les « Anciens » (qadmoye), dans ce que l’auteur appelle « le livre des Chaldéens ». Deux figures, assez rudimentaires, annoncées dans le traité, viennent résumer de façon schématique la théorie exposée sur les éclipses. Les derniers feuillets qui composent le Traité sur la cause des éclipse de lune portent une longue louange au « livre intitulé Table des calculs de Ptolémée l’astronome, sur le cours et le mouvement des astres ». L’attribution faite par le scribe de ce traité est peu claire. Les informations qu’il nous communique nous paraissent contradictoires : -
Note 1 : entre l’explicit du Traité sur l’astrolabe et le début du Traité sur les causes d’éclipses de lune, le copiste note dans une écriture très petite : « Nous copions les chapitres qui suivent, relatifs au soleil et à la lune, à partir d’une autre copie270 ».
269
Le traité s’achève par une citation d’un livre prophétique de l’Ancien Testament (f. 59v). Mais ce genre de citation, située juste avant le desinit, pourrait tout aussi bien être un ajout du copiste. 270 Ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v : ܗܠܝܢ ̈ܩܦܐܠܐ ܡܢ ܢܘܣܟܐ ܐܚܪܢܐ ܟܬܒܢܢ ܕܥܠ ܫܡܫܐ ܘܣܗܪܐ 355
Établissement et application de critères de datation
-
Note 2 : une note marginale à gauche du texte, située au début du traité, nous indique : « à partir de là et plus haut il manque un chapitre »271.
-
Note 3 : note marginale à droite du texte, située au début du traité : « Voici comment Sévère Sebokht parla de ces sujets, écrits dans l’ordre où ils ont été dits »272.
-
Note 4 : note marginale dans la partie supérieure du f. 54v (c’est-àdire au début du Traité sur la cause des éclipses de soleil) : « Ce chapitre est de Georges »273 (main postérieure, différente de celle du scribe).
-
Note 5 : sous le corps du texte du f. 55r (à la fin du Traité sur la cause des éclipses de soleil), le scribe écrit : « Fin » ()ܫܠܡ.
-
Note 6 : Note marginale en haut du f. 55v : « Autre » ( ) ܐܚܪܢܐ.
-
Explicit, f. 59v-60r : « Fin du traité (mimro) sur la cause de l’éclipse des astres, sur le fait qu’il n’y a pas d’Atalya et sur les zones d’éclaircissement de la lune. Fait par le pieux évêque Sévère dit Sébokht le nisibéen »274.
Le copiste procède donc à la copie d’un nouveau texte, à partir d’un manuscrit qu’il précise être « différent » de celui dans lequel il puise le Traité sur l’astrolabe (note 1). La raison de ce changement de modèle paraît évidente si on recoupe cette information avec celle apportée par la note marginale n°3, dans laquelle le scribe affirme vouloir respecter l’ordre d’apparition des œuvres de Sévère Sebokht : il manque manifestement un Traité sur les éclipses dans le manuscrit qui lui avait, jusqu’alors, servi de modèle ! Pour pouvoir juger du bon ordre des œuvres, le scribe possédait très certainement une liste de référence. Après le Traité sur l’astrolabe la liste mentionnait à coup sûr un Traité sur les éclipses de lune et de soleil. Comme le copiste ne disposait malheureusement pas de ce texte dans son 271
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v : ܀ ܡܢ ܗܪܟܐ ܘܠܥܠ ܚܣܝܪ ܩܦܐܠܘܢ ܐܚܪܢܐ Ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v : ܘܐܝܟܢܐ ܕܠܗܠܝܢ ܕܐܡܪ ܣܐܘܪܐ ܣܒܒܘܟܬ ܪܫܡܝܢ ܒܗܠܝܢ ܣܕ̈ܪܐ ܕܐܡܝ̈ܪܝܢ 273 Ms. Paris BnF syr. 346, f. 54v : ܕܓܐܘܪܓܝ ܩܦܐܠܘܢ ܗܢܐ 274 Ms. Paris BnF syr. 346, f. 59v-60r : ܫܠܡ ܡܐܡܪܐ ܕܥܠ ܕܐܝܕܐ ܗܝ ܥܠܬܐ ܕܐܩܠܦܣܝܣ ܕܢܗܝ̈ܪܐ ܘܕܠܝܬܘܗܝ ܐܬܠܝܐ ܘܕܡܢ ܐܝܟܐ ܡܬܢܗܪܐ ܣܗܪܐ ܕܥܒܝܕ ܠܚܣܝܐ ܐܦܝܣܩܘܦܐ ܣܐܘܪܐ ܿܗܘ ܕܡܬܩܪܐ ܣܒܘܟܬ ܢܨܝܒܝܐ ܀ 272
356
Établissement et application de critères de datation
premier modèle, nous pensons qu’il est allé chercher un autre livre d’astronomie dans lequel il était question de ces sujets et qu’il en a attribué la paternité à Sévère Sebokht. Un lecteur postérieur semble douter de cette attribution en proposant un autre nom : « Georges ». F. Nau pensa qu’il pouvait s’agir d’une œuvre de Sévère Sebokht, même si certains passages pouvaient être attribués à Georges des Arabes275. Nous souhaitons rediscuter de tout cela.
Nous avons lu attentivement ce texte que nous avons présenté avec une traduction dans la Partie II (texte 1). Plusieurs indices nous laissent penser que ce texte est beaucoup plus ancien que le copiste cherche à le faire croire : les archaïsmes de langue sont susceptibles de nous le prouver. Trois éléments de langage présents dans la copie sont en effet caractéristiques de la période de production antérieure au VIIe siècle : -
Les particules de liaisons sont celles habituellement pratiquées entre le
V
e
et le
e
VI
siècles : abondance de ger, man, badgun, mais on ne
trouve pas de kit ni de eita qui sont des innovations du VIIe siècle ; -
nous avons été surpris par le nombre de termes qu’on ne retrouvait par ailleurs attestés que dans des productions des
e
e
IV -VI
siècles276.
Voici quelques exemples : ( ܸܒܕܝܐl’invention, la folie, f. 58r et 58v), (ܓܘܪܓܐl’encouragement), ( ܡܥܗܕܢܘܬܐle commentaire, f. 59v), l’expression ( ܒܣܕܪܐ ܕdans l’alignement de), l’emploi de l’etpa’al du verbe ܣܟܠdans le sens de voir, percevoir (f. 58r), le terme ̈ܣܣܐ pour désigner les degrés, ( ܚܟܡܬܐliberté, f. 59v) ou encore l’expression ( ܐܝܕܐ ܒܐܝܕܐgraduellement, f. 58r) ; -
enfin la faible technicité du vocabulaire astronomique montre que l’auteur de ce traité ne connaissait rien au jargon d’un Sévère Sebokht. On y retrouve certes le vocabulaire translittéré du grec utilisé par Sergius dans son Traité sur l’action de la lune comme l’éclipse, la pleine lune, l’aspect, le trigone, le carré, le sextile,
275
NAU, « La cosmographie », 1910, p. 230. Attention, il est possible que cette observation soit fausse si le Thes. syr. et S OKOLOFF n’ont, pour les mots qui vont suivre, fourni que l’attestation la plus ancienne. 276
357
Établissement et application de critères de datation
l’opposition et la conjonction277, mais un certain nombre de concepts astronomiques de base sont exprimés différemment comme le cercle du zodiaque278, l’écliptique279 ou les degrés280. On notera également une particularité de langage dans la désignation des nœuds ascendant et descendant, qui ne correspond pas exactement à celle de Sergius281. En somme les traits de langage ne sont assurément pas ceux d’une production postérieure au VIe siècle. Étant donné les archaïsmes de langue et après avoir comparé les expressions astronomiques avec celles de Sergius de Reš‘ayna, nous serions même tenté de situer la production de ce traité à une date antérieure à celle du Traité sur l’action de la lune. Cependant la forte présence de certaines particules de liaisons (comme man et badgun) et la présence de quelques néologismes en –onuto ne nous permettent pas de remonter au-delà du VIe siècle. Nous estimons donc que ce traité a dû voir le jour entre 500 et 550 apr. J.-C. dans la sphère syriaque occidentale. Ce texte serait l’un des rares témoins connus aujourd’hui d’une production astronomique syriaque au
e
VI
siècle. Il est unique en sa période
en ce qu’il est le seul connu à ce jour à être à visée purement astronomique, contrairement au Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna ou à un texte comme le Traité astronomique et météorologique attribué au Ps.-
277
On notera que l’orthographe du terme désignant la conjonction est cependant différente de celle pratiquée par Sergius de Reš‘ayna. 278 ̈ =( » ܚܘܕܪܐle cercle des signes), alors que Sergius le nomme couramment : « ܕܡܠܘܫܐ ̈ =( » ܟܠܝܐܠla l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune le nomme : « ܕܡܠܘܫܐ couronne des signes, ms. Paris BnF syr. 346, f. 55v et 57v). 279 Sergius recourt systématiquement au terme générique =( ܚܘܕܪܐle cercle, cf. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3 ) alors que l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune parle de =( ܣܘܪܛܐla ligne, ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v-52r). Une définition exacte du concept d’écliptique apparaît d’ailleurs dans le traité au f. 52r : « ܣܘܪܛܐ ܕܒܡܨܥܬ ̈ܡܠܘܫܐ . ܐܠ ܠܓܪܒܝܐ ܘܐܠ ܠܬܝܡܢܐ. =( » ܇ ܿܗܘ ܕܒܗ ܪܕܐ ܫܡܫܐl’écliptique qui passe au milieu du zodiaque, que parcourt le soleil sans jamais aller ni au nord ni au sud). 280 ܡܘ̈ܪܣchez Sergius, ̈ܣܣܐdans le Traité sur la cause des éclipses de lune. 281 ܿ ܐܡܪܝܐ ̈ ܿ Ms. Paris BnF syr. 346, f. 52r : « ܐܘ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ̄ܗ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ. ܢܘܩܕܬܐ ܗܠܝܢ ܿ » ܡܣܩܬܐ ܐܘ ܡܚܬܬܐ. On trouve des expressions légèrement différentes dans le Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna, qui n’emploie pas le mot « nœud » mais « endroit » et qui utilise une suffixation différente (en –no et non en –to) pour désigner le ̈ montant et le descendant : « ܕܘܟܝܬܐ ܕ̈ܪܟܝܒܝܢ ܒܗܝܢ ܚܘܕ̈ܪܐ ̈ܚܕܕܐ܇ ܡܬܩܪܝܢ ܿܗܢܝܢ ܗܟܝܠ ܿܗܢܝܢ ܬ̈ܪܬܝܢ ܰ ܰ » (Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 3. . ܗܢܘ ܕܝܢ ܡܣܩܢܐ ܘܡܚܬܢܐ.ܐܢܒܝܒܙܢ ܘܩܛܒܝܒܙܢ 1). 358
Établissement et application de critères de datation
Denis l’Aréopagite282 dont on pourra juger de l’obscurantisme omniprésent et du manque d’intérêt total pour l’observation astronomique. Ce témoignage est d’autant plus exceptionnel qu’il nous renseigne sur la transmission des œuvres de Claude Ptolémée en Orient en nous confirmant le fait que la Syntaxe mathématique était connue et utilisée par des savants de langue syriaque dès la première moitié du
e
VI
siècle à des fins purement
astronomiques.
c. Traité sur les révolutions planétaires, sur les différentes conjonctions totales ou partielles de la lune avec le soleil, présentation et réfutation de la théorie de l’Atalya (f. 172r-177v)
Six feuillets ont été transposés à la fin du manuscrit parisien : leur cahier d’origine n’est plus identifiable. À la lecture il s’avère que ces feuillets ont été replacés dans le bon ordre, mais il nous manque et le début et la fin du texte. Les sujets abordés étant les mêmes que ceux du Traité sur la cause des éclipses de lune, vu précédemment (f. 51r-60r), nous avions de prime abord envisagé l’hypothèse que ces deux traités pussent en fait être les deux fragments d’un seul, dont le but essentiel aurait été de réfuter la théorie de l’Atalya. En effet une première lecture nous avait convaincu de la proximité des propos : même façon d’aborder le sujet, même façon ̈ ̈ particulière d’exprimer les degrés ()ܣܣܐ et les minutes ()ܩܛܝܢܝܢ, mêmes expressions pour qualifier la folie des anciens, pour désigner la ligne de l’écliptique, etc… Cependant quatre éléments nous empêchent d’attribuer ce texte à l’auteur du texte précédent : -
Les particules de liaison sont pratiquées différemment : on notera l’abondance de ( ܗܟܝܠéquivalent de οὖν) associé au fait qu’à de nombreuses reprises on trouve des « paquets » de particules, c’est-àdire des juxtapositions qui trahissent certainement une proximité
282
Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER]. 359
Établissement et application de critères de datation
avec le grec 283 . Notons cependant que, comme dans le texte précédent, dont nous estimons la date de production au
e
VI
siècle,
nous ne relevons aucun kit. -
Il nous était beaucoup plus facile de lire ce traité que le précédent : la syntaxe et le style nous semblaient nettement plus familiers que ceux du traité précédent284.
-
Des formes translittérées ou calquées sur le grec faisaient leur apparition, conférant au texte une grande densité en terminologie grecque : on peut notamment relever l’introduction des termes ζώδια285 pour désigner les signes zodiacaux, de πλανήτες286 suivi du nom des cinq planètes fourni en grec (qronos, zeus, ares, aphrodiṭi, hermes) 287 ,
l’expression ( ܦܠܘܓܬ ܐܣܦܝܪܐlitt. mi-sphère) pour
désigner l’hémisphère288, le terme murus apparaît au f. 172v pour ̈ On désigner les degrés et offrir une alternative à l’ancien terme ܣܣܐ. y trouve également les termes σήκωμα (f. 173v), des expressions calquées sur le modèle grec pour différencier les minutes, des secondes ( ܩܛܝܢܬܐ ܩܕܡܝܬܐou minute première pour désigner les minutes et ܩܛܝܢܬܐ ܬ̈ܪܝܢܝܬܐou minutes secondes pour désigner les secondes)289 , le terme σημεῖον pour désigner des points précis de l’écliptique (f. 176r), la formule impersonnelle ἀνάγκη ()ܐܢܢܩܝ employée cinq ou six fois (cf. f. 175r-177). -
Le dernier élément notable est la forte présence de la particule lăm ( )ܠܡutilisée en syriaque pour introduire une citation. Les 5 feuillets qui vont de 172 à 177 en regorgent, nous indiquant que le texte mêle deux discours : celui de l’auteur et celui du livre qu’il cite et qui rapportait la théorie de l’Atalya.
283
Voici quelques exemples tirés du ms. Paris BnF syr. 346, f. 172r-172v : « ܒܙܒܢ ܕܝܢ ܬܘܒ ( » ܥܠf. 172r) ; « ...( » ܗܟܢܐ ܕܝܢ ܐܦ ܙܕܩ ܕf. 172r); «( » ܗܟܘܬ ܕܝܢ ܐܦ ܗܠܝܢf. 172r); « ܬܘܒ ܕܝܢ ܙܕܩ ...( » ܠf. 172v) ; « ( » ܗܟܘܬ ܕܝܢf. 172v). 284 Au moment où nous avons fait cette remarque, nous étions imprégnée des textes de Sévère Sebokht, puisque nous avons dû relire, en syriaque, le Traité sur l’astrolabe, le Traité sur les constellations et traduire la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant. 285 ̈ ܒܝ ̄ܒ܇ ̄ » ܓܡܪ ܚܘܕܪܗ. Ms. Paris BnF syr. 346, f. 172r : « ܙܘܕܝܐ ܐܘܟܝܬ ̈ܡܠܘܫܐ 286 ̈ ̈ Ms. Paris BnF syr. 346, f. 172r : « » ܟܘܟܒܐ ܕܡܫܬܡܗܝܢ ܦܠܢܝܛܐ. 287 Ms. Paris BnF syr. 346, f. 172v : « » ܩܪܘܢܘܣ, « » ܙܘܣ, « » ܐܪܝܣ, « » ܐܦܪܘܕܝܛܝet «» ܗܪܡܝܣ. 288 Cf. ms. Paris BnF syr. 346, f. 172v. 289 Cf. ms. Paris BnF syr. 346, f. 174v. 360
Établissement et application de critères de datation
En somme, seule une traduction précise de ces six feuillets pourrait nous permettre de mieux comprendre le rapport que ce texte peut entretenir avec le Traité sur les éclipses de lune des feuillets 51v à 60r. Mais au regard des quelques éléments apportés par notre lecture, nous serions tentés de formuler l’hypothèse suivante : se pourrait-il que ce texte, et non celui qui se trouve aux f. 51v à 60r, soit une œuvre de jeunesse de Sévère Sebokht ? Le fait que nous nous sentions en terrain familier en lisant ces lignes et la forte influence du grec ne sont d’ailleurs pas les seuls éléments qui nous ont mis sur la piste : le terme syriaque le plus couramment employé pour désigner les planètes correspond, non pas à celui employé par Sergius de ̈ Reš‘ayna ou par le Livre des lois des pays (soit ܡܛܥܝܢܐ )290, mais bien à celui employé systématiquement dans les ouvrages de Sévère Sebokht et qu’on ̈ retrouve dans la traduction de la Tétrabible, à savoir : 291ܛܥܝܐ. Ensuite les chiffres fournis au cours du traité pour déterminer : 1) le nombre de degrés parcourus en un an, selon la théorie de l’Atalya, par les nœuds ascendant et descendant (en l’occurrence 19° 20’)292, et 2) la distance aux nœuds à partir de laquelle on peut prévoir ou non une éclipse (12°24)293, sont exactement les mêmes que ceux fournis par Sévère Sebokht dans sa Lettre sur les nœuds ascendant et descendant et en contradiction avec ceux fournis par le Traité sur la cause des éclipses de lune. Remarquons que Sergius utilisait un chiffre rond pour la distance des luminaires aux nœuds (12 degrés294 au lieu de 12°24’ chez Sévère Sebokht295). Enfin on retrouve à la toute fin de l’extrait conservé, la mention des nœuds ascendant et descendant accompagnée de leurs équivalents syriaques. Ces équivalents ne sont pas ceux formulés par Sergius de Reš‘ayna dans son Traité sur l’action de la lune, mais ceux qu’on a pu trouver dans le Traité sur la cause des éclipses de lune et dont nous avons pensé qu’il pouvait dater du
e
VI
siècle.
Le lien entre les deux textes nous semble établi, si toutefois nous acceptons de suivre notre hypothèse : il se pourrait que Sévère s’appuie sur le texte 290
Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds I. 5. 292 Voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 174v. 293 Voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 177v. 294 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 2. 5. 295 Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II. 5. 3. 291
361
Établissement et application de critères de datation
précédent pour exposer la théorie de l’Atalya et pour la contredire. En ce cas, les deux chapitres contenus aux f. 51v-60r du manuscrit parisien ne seraient pas l’œuvre de Sévère Sebokht, mais pouvaient faire partie de sa bibliothèque. Cependant ces hypothèses sont encore à prendre avec de grandes précautions : nous relevons en effet d’autres éléments pouvant nous faire douter de cette attribution. On ne trouve par exemple aucune particule kit (caractéristique des productions du
e
VII
siècle, et notamment de celles de
Sévère) et le terme utilisé pour désigner le signe zodiacal de la Balance (296 ܩܢܝܐproche de la forme297 ܩܝܫܠܡܐutilisée par Sergius) ne correspond pas à la forme employée ailleurs et de façon systématique par Sévère Sebokht 298
(
) ܡܣܐܬܐ. Si ce long extrait n’est pas de Sévère lui-même, il est l’œuvre
d’un auteur légèrement antérieur, vraisemblablement proche du milieu de l’évêque de Qennešrin, mais postérieur à Sergius, soit de la seconde moitié du
e
VI
siècle. Seul l’établissement du texte pourraient nous permettre d’y
voir plus clair.
d. Lettre adressée à Basile sur la conjonction des planètes (f. 121v-124r)
Après le Traité sur les constellations de Sévère Sebokht, le scribe poursuit la numérotation des chapitres et copie, sous le numéro 19, un chapitre sur la conjonction des planètes (ms. Paris BnF syr. 346, f. 121v124v). Ce texte se situe donc juste avant la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant qui porte le numéro de chapitre 20. Mais contrairement aux autres chapitres, celui-ci ne présente pas d’attribution claire. On suppose que pour le copiste l’attribution à Sévère Sebokht allait de soi. Qu’en est-il réellement ? Les planètes portent des noms grecs ; les signes zodiacaux, notamment la Balance et le Sagittaire sont désignés de la même manière 296
Cf. ms. Paris BnF syr. 346, f. 174r. Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune I. 3. 2. 298 Sév. Seb., Traité sur les constellations III. 2. 297
362
Établissement et application de critères de datation
que chez Sévère Sebokht, on trouve la particule kit (en plus de toutes les autres : man, ger, hokil, badgun) une dizaine de fois et le texte est très riche en translittérations de termes astronomiques grecs (il est notamment question, au f. 123v de διάστασις, de δωδεκατημόρια confondus avec les ζώδια, du quatrième κλίμα, de la notion de δορυφορία 299 , au f. 124r d’ἀποκατάστασις (donné comme équivalent de ܟܪܘܟܝܐservant à désigner la révolution astrale) ; le cercle du zodiaque est désigné de la même façon que chez Sévère Sebokht (300 ; ܚܘܕܪܐ ܕܙܘܕܝܐܩܘܢḥudro d-zodyaqon) ; on y cite Claude Ptolémée à deux reprises301. À la fin du texte l’auteur se plaint d’être malade et dans l’incapacité de procéder à des observations précises, à la minute près. Le texte est adressé, d’après une note marginale située au début du texte, à « mon frère Basile », lui conférant ainsi le statut de lettre. Il n’y a aucun doute sur l’attribution possible de ce texte : étant donné sa place dans le manuscrit parisien 346 et étant donné les caractéristiques linguistiques et biographiques qu’il présente, il ne peut s’agir que d’une lettre de la confection de Sévère Sebokht. Nous ne relevons aucun élément qui puisse contredire cette attribution. De plus, étant donné les éléments biographiques fournis en fin de chapitre, il faut considérer ce texte comme faisant partie de ses œuvres de vieillesse, au même titre que la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant, où Sévère se plaint également du poids de la vieillesse. Le fait que cette lettre traite de la conjonction des planètes et qu’elle ait été destinée à un certain Basile nous intéresse particulièrement, parce que nous avons trouvé dans un autre manuscrit une autre lettre, attribuée à Basile, sur le même sujet. 299
Ms. Paris BnF syr. 346, f. 123v : « [ » ܕܘܪܘܦܘܪܘܣ ܕܫܡܫܐdoruphoros d-šemšo] (le doryphore du soleil). Cf. BOUCHÉ- LECLERC A., L’astrologie grecque, Paris, E. Leroux, 1899, p. 252-254, qui propose de traduire doryphore par « satellite » (voir notamment la note p. 252 : « Ptolémée ne définit pas la δορυφορία, mais il s’en sert dans les pronostics concernant les parents (Tetrab., III, 4) et surtout au chapitre des honneurs de la τυχή ἀξιωματική (ibid, IV, 2) ». 300 Ms. Paris BnF syr. 346, f. 124r. Comparer avec Sév. Seb., Traité sur les constellations XIII, 7, p. 354 (trad.) ; pour le texte (inédit) voir ms. Paris BnF syr. 346, f. 86r et Sév. Seb., Traité sur l’astrolabe plan [éd. NAU], I, p. 22 (texte). 301 Au f. 124r du ms. Paris BnF syr. 346, l’auteur rappelle que les planètes font leur révolution dans la zone du zodiaque, sur une même ligne, comme l’avait déjà dit Ptolémée dans son Introduction (eisagoge). Au f. 124v, l’auteur renvoie aux Tables faciles (prokeiros) pour calculer la position des nœuds ascendant et descendant. 363
Établissement et application de critères de datation
3. Ms. Vat. sir. 516 : extrait d’un Exposé sur la course de la sphère céleste attribué à Basile.
Le manuscrit Vat. sir. 516 contient à partir du f. 26r une lettre relative à la sphéricité du ciel et à la durée de révolution des sept astres errants. Ce texte est l’un des rares du corpus à être conservé dans un manuscrit présentant une écriture syro-orientale302. Voici le début de cette lettre :
ܡܢ ܿܡܡܠܐܠ ܕܒܣܝܠܝܣ ܸܡܛܠ ܡܪܕܝܬܐ ܕܓܝܓܐܠ ܕܫܡܝܐ ܿ ܡܛܠ ܿܕܬ ܿܒ ܿ ܥܬ ܡܢܝ ܿ ܐܘ ܪܚܡ ܝܘܠܦܢܐ ܿ ܕܐ ܝܟܢܐ ܐܝܬܝܗ ܿܡܪܕܝܬܐ ܸ ܸ ܿ . ܫܡܝܐ ܿ ܗܕܐ ܿܕ ܐܝܟ ܿܚܝܐܠ ܕܝܠܝ ܠܟ ܐ ܿܡܪܢܐ ܸ Extrait de l’exposé de Basile au sujet de la course de la sphère céleste : « Puisque tu m’as demandé, ô ami de l’enseignement, de quelle manière s’effectuait la course du ciel, je te répondrai, autant qu’il est en mon pouvoir […] ». Tout le feuillet 26 est consacré à l’explication de la sphéricité du ciel, tandis que les feuillets 27 à 29 traitent de la durée de révolution des astres errants autour de la terre. L’ordre dans lequel sont indiqués les astres (Saturne, Jupiter, Mars, le soleil, Vénus et Mercure) et les temps de révolution qui leur sont affectés (respectivement 30 ans, 12 ans et 1 an et demi pour Saturne, Jupiter et Mars, puis 1 an pour le soleil, 10 mois pour Vénus, 6 mois pour Mercure et 1 mois pour la lune) correspondent en tout point aux informations apportées par Sévère Sebokht dans sa Lettre sur la conjonction des planètes (f. 122v, l. 21 à 27)303. Or dans cette lettre, Sévère attribue la révélation de ces chiffres à Bardesane. Dans la lettre du manuscrit Vat. sir. 516, en revanche, le nom de Bardesane n’est pas mentionné. Voici les deux extraits en vis-à-vis :
302
Cependant la disposition en « miroir » des signatures des cahiers de ce manuscrit nous indique qu’il a vraisemblablement été réalisé en milieu syro-occidental melkite. André Binggeli a récemment exposé lors du workshop intitulé « The Making of the Oriental Book » (tenu à Nice en septembre 2011) que les signatures de cahiers dites « en miroir » étaient une caractéristique notable des manuscrits christo-palestiniens. 303 Ce passage a été présenté et traduit dans NAU, « Notes d’astronomie », 1910, p. 211 (texte) ; p. 214 (trad.). 364
Établissement et application de critères de datation
Basile, Exposé sur la course de la
Propos de Bardesane rapportés par
sphère céleste
Sévère Sebokht, Lettre adressés à
)(Vat. sir. 516, f. 27v
Basile sur la conjonction des planètes
)(Paris BnF syr. 346, f. 122v ܢܘܣ ܿܒ̈ܪܝܐ ܡܛܠ ܠܡ ܕܩܪܘܢܘܣ ̈ ܩܪܘ ܿ ܿ ܣܝܡ ܟ ܿ ܠܬܠܬܝܢ ̈ܫܢܝܢ ܠܩܘܪܒܐ ܬܩܪܐ ܐܘܢ ܕܝܢ ܸ ܕܡ ܸ ܸ ܿ ܿ ܿ ܡܐܠ ܪܗܛܗ ܠܬܠܬ ܫܢܝܢ ܍ ܫܡܫܐܠ ܚܘܕܪܗ܇ ܕܐܣܦܝܪܐ .ܘܡܫ ܸ ܐܝܟ ( )27vܕܢܐܬܐ ܿܠܡܢܬܐ ܿܕ ܿ ܿ ܢܦܩ ܡܢܗܿ ܸ ܸ ܿ ܿ ܿ ܿ ܘܐܝܬܘܗܝ ܐܬܪܐ ܕܥܡܪ ܸܒܗ ܫܡܝܐ .. ܠܝ ̄ܒ ̈ ܣܡ ܿܟܘ ܿܟܒܐ ܕܒܝܠ ܕܡܬܩܪܐ ܿܙܘܣ .ܒܗ ܿ ܒܐܬܪܐ ܙܘܣ ܕܝܢ ̄ ܫܢܝܢ ܀ ܸ ܸ ܸ ܸ ܣܦܝܪܐ ܿ .ܘ ܿ ܿ ܡܫܡܐܠ ܐ ܢ ܬܪܝ ܐ ܕܡܝܐ ܿܘܒܚܘܕܪ ܕܐ ܸ ܸ ܿ ܿ ܿ ܪܗܛܸܗ ܠܬ̈ܪܥܣܪ ܫܢܝܢ .. ܿ ܿ ܿ ܿ ܿ ܿ ܘܠܬܚܬ ܸܡ ܸܢܗ ܣܝܡ ܐܪܝܣ ܒܐܬܪܐ ܕܢܘܪܐ ܐܪܝܣ ܕܝܢ ܠܫܢܬܐ ܚܕܐ ܘܦܠܓܗ ܀ ܣܦܝܪܐ ܿ .ܘ ܿ ܡܫܡܐܠ ܿܘܒܚܘܕܪܐ ܬܠܝܬܝܐ ܕܐ ܸ ܸ ܿܪܗܛܗ ܿ ܘܦܠܓܗ .. ܠܫܢܬܐ ܸ ܠܬ ܸ ܿ ܿܘ ܿ ܿ ܚܬ ܡܢ ܗܢܐ ܣܝܡ ܸܫܡܫܐ ܸܒܗ ܒܐܬܪܐ ܫܡܫܐ ܕܝܢ ܠܫܢܬܐ ܚܕܐ ܀ ܿ ܣܦܝܪܐ . ܕܢܘܪܐ ܘܒܚܘܕܪܐ ܪܒܝܥܝܐ ܕܐ ܸ ܸ ܡܫܡܐܠ ܿܪܗܛܗ ܿ ܿܘ ܿ ܠܫܢܬܐ ܚܕܐ .. .. ܸ ܸ ܿ ܿ ܿ ܿ ܘܠܬܚܬ ܡܢ ܗܢܐ ܣܝܡܐ ܟܘܟܒܬܐ ܕ ܸܒܠܬܝ ܦܪܘܕܝܛܐ ܕܝܢ ܠܥܣ̈ܪܐ ܝ̈ܪܚܢ ܀ ܐܦܪܘܕܝܛܝ ܿ ܬܩܪܝܐ ܿ ܕܡ ܿ ܒܐܬܪܐ ܕܪܘܚܐ ()28r ܸ ܿ ܿ ܿ ܣܦܝܪܐ ܘܡܫܡܠܝܐ ܪܗܛܸܗ ܕܐ ܸ ܘܒܚܘܕܪܐ ܚܡܫܝܐ ܸ ܿ ܿ ܠܫܢܬܐ ܦܨܝܪ ܬܪܝܢ ܝܪܚܝܢ .. ܠܬ ܿ ܿܘ ܿ ܢܗ ܒܗ ܿ ܒܐܬܪܐ ܕܪܘܚܐ ܿܘܒܚܘܕܪܐ ܐܪܡܝܣ ܕܝܢ ̈ ܚܬ ܡ ܿ ܠܫܢܬܐ ܝ̈ܪܚܢ ܀ ܸ ܿ ܿ ܿ ܕܐܣܦܝܪܐ .ܣܝܡ ܐܪܡܝܣ ܟܘܟܒܐ ܫܬܝܬܝܐ ܸ ܿ ܕܡܬܩܪܐ ܿܢܒܘ ܿ ܘܕ ܿܒܝܩ ܠܫܡܫܐ ܿ .ܘ ܿ ܡܐܠ ܪܗܛܸܗ ܡܫ ܸ ܸ ܸ ܸ ܿ ܠܦܠܓܗ ܿ ܕܫܢܬܐ .. ܿ ܿ ܿ ̈ ܿܘܠܬܚܬ ܡܢ ܟܠܗܘܢ ܟܘܟ ܸܒܐ ܘܢ ܿ ܗܝ ܸܪܐ ܣܝܡ ܿܣܗܪܐ ܸܒܗ ܒܐܬܪܐ ܕܪܘܚܐ ܿܘܒܚܘܕܪܐ ܫܒܝܥܝܐ ܣܗܪܐ ܕܝܢ ܠܝܪܚܐ ܚܕ ܊ ܿ ܿ ܿ ܘܬܫܥܐ ܟܠܚܕ ܡܢܗܘܢ ܕܝܢ ܠܩܘܪܒܐ ܐܝܟܢܐ ܕܩܕܝܡܐ ܕܐ ܸ ܠܥܣܪܝܢ ܸ ܡܐܠ ܪܗܛܸܗ ܸ ܣܦܝ̈ܪܐ ܘܡܫ ܸ ܸ ܿ ̈ ܿܝ ̈ ܠܣܘܢܘܕܘ ܿ ܕܥܒܕܝܢ ܗܟܢܐ ܠܓܗ .ܡܢ ܣܗܪܐ ܓܝܪ ܠܗܠ ܸܝܢ ܐܡܝܪܐ ܡܚܫܒ ܠܗܘܢ ܘܡܝܢ ܸ ܘܦ ܸ ܿ ܿ ̈ ܐ ܿ ܬܝܗܘܢ ܣܛܘܟ ܸܣܐ ܣܝܡܝܢ ( )28vܕܐܝ ܐ ܪܒܥܐ ܸ ܿ ܐܪܥܐ ..ܘܡܝܐ ..ܘܢܘܪܐ .ܘܐܐܪ
? Que dire de la langue de cet exposé
Nous relevons extrêmement peu de particules : seules ger et den y apparaissent de façon parcimonieuse. L’influence du grec est peu marquée : on y trouve seulement les termes σφαῖρα et στοιχεῖον translittérés du grec, qui firent cependant très tôt partie du vocabulaire syriaque. Le nom des planètes est certes fourni en grec (qronos, zeus, ares, aphroditi et ermes), mais ces dénominations sont systématiquement accompagnées d’un équivalent culturel sémitique (kewon, kaukbto, d-bel, bilti, nabu) à l’exception de Mars. Le texte est en tout cas vierge de toute influence arabe. Le fait que la planète Mercure reçoive le 365
Établissement et application de critères de datation
nom de Nabu retient particulièrement notre attention, car c’est un terme que nous n’avions jamais rencontré au cours de nos lectures de textes astronomiques (qui étaient tous en provenance d’un milieu syro-occidental). En revanche nous savons, par l’intermédiaire d’amulettes magiques écrites en syriaque au
e
VI
siècle en milieu persan304, que les orientaux de Perse
avait repris cette vieille dénomination babylonienne pour désigner cette planète, qu’on retrouve également dans le lexique mandéen305. Le vocabulaire astronomique en usage dans cette lettre est emprunté à un fond lexical ancien, peu précis, le genre de lexique que l’on peut trouver dans le Commentaire de la Genèse d’Éphrem. Le terme giglo est, par exemple, utilisé pour désigner indifféremment la sphère, le disque, le cercle (terme biblique employé surtout chez Éphrem), celui de marduto pour désigner la marche des planètes, celui de rehṭo pour renvoyer à l’orbite. L’expression klilo d-malwoše (= couronne des signes) renvoie au cercle du zodiaque. C’est exactement l’expression qu’avait employée l’auteur du Traité sur la cause des éclipses de lune 306 qui probablement écrivait au début du VIe siècle. Mais les concepts ne correspondent pas à ceux exposés par Éphrem qui prônait un modèle archaïque du cosmos307 (tout comme Aphraate308 puis plus tard Narsaï 309 et Jacques de Saroug 310 ). Cette lettre défend bien au contraire l’idée que l’univers est parfaitement sphérique et que les cercles formés par les planètes autour de la terre sont inclinés et restent dans la zone
304
Ph. Gignoux a publié et traduit le texte de ces amulettes dans GIGNOUX Ph., Incantations magiques syriaques, Louvain, E. Peeters, 1987 [Collection de la Revue d’Études Juives 24], p. 45-59. 305 Cf. FURLANI G., « I pianeti e lo zodiaco nella religione dei Mandei », Atti della Academia nazionale dei Lincei (ser. 8) 2, fasc. 3, 1948, p. 134. 306 Celui qui se trouve dans le ms. Paris BnF syr. 346 aux f. 51v-60r. 307 Éphrem de Nisibe, Commentaire sur la Genèse (CSCO 152-153) [vers 350 A.D.]. Pour une étude comparative des représentations cosmographiques chez les auteurs chrétiens syriaques de la fin de l’antiquité et du moyen âge, voir l’excellente étude de INGLEBERG H., Interpretatio christiana : les mutations des savoirs (cosmographie, géographie, ethnographie, histoire) dans l’Antiquité chrétienne, 30-630 après J.-C., Paris, Institut des études augustiniennes, 2001, et en particulier le tableau 3 de la page 42. 308 Aphraate le sage persan, Les Exposés, traduction du syriaque, introduction et notes par M.-J. Pierre, Paris, Le Cerf, 1988, vol. 1 (SC 349) ; 1989, vol. 2 (SC 359). Les Exposés ont été composés entre 336 et 345 apr. J.-C. 309 NARSAÏ, Homélies sur la création, PO 34 (fasc. 3 et 4), Turnhout, Brepols, 1968. Narsaï composa ces homélies à la fin du Ve siècle. 310 Cf. en particulier les Homélies sur l’Hexaméron de Jacques de Saroug, composées vers 510 apr. J.-C. 366
Établissement et application de critères de datation
du cercle du zodiaque. On sait que ce modèle astronomique avait été défendu par Bardesane (vers 200) puis par Sergius de Reš‘ayna et enfin au monastère de Qennešrin (Sévère Sebokht, Jacques d’Édesse, Georges des Arabes). Les mois reçoivent les noms du calendrier syriaque habituel et non ceux du calendrier alexandrin comme le pratiquait Sévère Sebokht. Malheureusement l’extrait que nous avons trouvé à la Bibliothèque Apostolique Vaticane n’est pas assez long pour pouvoir appliquer nos critères de datations dans des conditions satisfaisantes. De plus, si nous avons là, comme nous le pensons, un témoin de l’astronomie pratiquée chez les syro-orientaux, il est alors possible que nous touchions aux limites de notre méthode de datation. Cela étant dit, il reste des éléments qui nous font croire à l’ancienneté du texte : tout d’abord la lettre est vierge de toute influence linguistique arabe ; le vocabulaire est parfois archaïque ; enfin, l’extrait défend l’idée du mouvement régulier des astres, comme le faisait l’auteur du fragment sur les éclipses conservé dans les derniers feuillets du ms. Paris BnF syr. 346 311 , alors que Claude Ptolémée puis les astronomes arabes avaient contesté la régularité du mouvement de révolution des planètes en tentant d’expliquer les phénomènes de rétrogradation à l’aide notamment de la théorie des épicycles312.
Si ce texte avait été produit dans un milieu syro-occidental, nous aurions pu attribuer la faible influence du grec à une production précoce (Ve siècle). Mais l’auteur étant un syriaque oriental (étant donné le nom de
311
L’auteur du fragment insiste sur l’« évidence » de la régularité des mouvements des ܿ ܐܢܗܘ ܓܝܪ ܕܢܡܫܘܚ ܐܢܫ ܐܬܪܐ ܕܚܘܕܪܐ ܕܚܕ ܚܕ ܡܢܗܘܢ܇ planètes : « ܘܢܦ ܸܚܡ ܙܘܥܐ ܕܚܕ ܚܕ ܡܢܗܘܢ ܥܡ ܿ ܐܐܠ. ܡܫܟܚ ܐܢܬ ܕܠܝܬ ܒܗܘܢ ܕܡܬܝܢ ܐܘ ܕܩܠܝܠ ܡܢ ܚܒܪܗ.ܕܚܒܪܗ܆ ܠܦܘܬ ܪܡܘܬܐ ܐܘ ܙܥܘܪܘܬܐ ܕܚܘܕܪܗ « ; » ܕܫܘܝܢ ܘܡܬܬܙܝܥܝܢ ܐܝܟ ܚܕܐ ܒܚܕܐ ܡܘܫܚܬܐ ܀Car si on mesurait l’espace des cercles de chacune des planètes, et qu’on comparait le mouvement de chacune d’elle à celui de son compagnon, en fonction de la grandeur ou de l’étroitesse du cercle, tu trouverais qu’aucune parmi elles n’est plus lente ou plus rapide que son compagnon, mais qu’au contraire elles se meuvent de la même manière, au même rythme ». Ce qui est complètement faux et qu’un observateur du ciel attentif aurait pu facilement réfuter. 312 L’influence des progrès réalisés par les astronomes arabes à ce niveau est manifeste dans Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU], Partie I, chap. 4, §. 5, p. 40-42). 367
Établissement et application de critères de datation
Nabu qu’il utilise pour désigner Mercure), nos critères de datation ne sont peut-être pas tout-à-fait pertinents pour pouvoir être appliqués à la lettre. Quoi qu’il en soit, cette lettre ne saurait être le témoin d’une correspondance entre Sévère et son ami Basile évoqué dans la lettre précédente. Ici la lettre est adressée à quelqu’un qui cherche à apprendre de l’auteur, c’est-à-dire de Basile. Ce Basile pourrait-il être l’un des interlocuteurs orientaux de Sévère Sebokht313 ? La question reste ouverte, même si nous penchons en faveur d’une production plus ancienne de ce texte.
4. Ms. Vat. sir. 555
La bibliothèque Apostolique Vaticane possède un autre manuscrit fort intéressant et de petite dimension (format de poche) consacré à des sujets se trouvant tous plus ou moins liés à l’astronomie (voir la notice détaillée de ce manuscrit en annexes). Nous avons relevé une liste des signes du zodiaque identique à celle contenue dans le manuscrit londonien (datant du
e
VII
siècle), ainsi que trois
autres textes. Bien que la copie de ce manuscrit soit clairement datée, par le scribe, de l’an 1812 des Grecs (1501 apr. J.-C.), à la fin du manuscrit, nous avons retrouvé d’autres dates, à l’intérieur des textes, indiquant que les exemples astronomiques pris pour opérer des calculs avaient pu être utilisés par des auteur à des dates bien antérieures : c’est le cas de deux traités (Traité sur la position de la lune et sur la cause de ses phases, f. 35r-36r, et le Traité sur la fixation du jeûne, f. 40r-43r ) qui proposent tous deux d’opérer le calcul pour l’an 1000 des Grecs (= 688 apr. J.-C.). Il est fort probable que ces traités soient donc du
VII
e
siècle. Rappelons également que ce manuscrit
313
Selon F. Nau, l’interlocuteur de Sévère Sebokht était un certain Basile, prêtre de l’île de Chypre, ce qui réduit encore les chances qu’il puisse s’agir des mêmes individus (cf. NAU, « Le traité sur les constellations », 1929, Introduction, p. 331). Ceci est notamment confirmé dans une lettre de Sévère sur la répartition des climats en latitude, où Sévère explique que lui-même, vivant en Syrie profonde et que son interlocuteur, vivant sur l’île de Chypre, appartiennent tous deux au quatrième climat (texte inédit du ms. Paris BnF syr., f. 128r). 368
Établissement et application de critères de datation
contient un texte dont G. Levi Della Vida avait estimé qu’il avait été composé au
e
VI
siècle314. Ainsi nous nous trouvons en présence de sérieux
indices pouvant attester de l’antiquité de plusieurs des textes contenus dans ce manuscrit. Mais tous les traités relatifs à l’astronomie ne proposant pas de calculs avec mention de dates, il nous faut pousser plus avant l’analyse linguistique et examiner le contenu scientifique des textes.
a. Liste des signes zodiacaux Nous signalons simplement qu’au f. 5r se trouve une liste dans laquelle figurent des termes très anciens pour désigner les signes du zodiaque. Les noms accordés au Sagittaire [ṣalmo rabbo], aux Gémeaux [tren ṣalme], à la Vierge [šbalto] et à la Balance [qa(n)šlomo], qu’on y lit, ne sont notamment plus attestés sous cette forme après Sergius de Reš‘ayna. Voici cette liste :
[ ܬܪܝܢ...] [ ܘܬܘܪܐ...] ܐܡܪܐ. [...] “ܬ̈ܪܥܣܪ ̈ܡܠܘܫܐ [ ܩܢܫܠܡܐ...] [ ܫܒܠܬܐ...] [ ܐܪܝܐ...] [ ܣܪܛܢܐ...] ܨܠܡܐ ̈ [...] [ ܕܘܐܠ...] [ ܓܕܝܐ...] [ ܨܠܡܐ ܪܒܐ...] [ܥܩܪܒܐ...] ”. ܢܘܢܐ
b. Le Livre d’Alexandre le grand ou Traité d’astronomie
Le premier texte astronomique qui a attiré notre attention, dans ce ms. Vat. sir. 555, se trouve aux f. 20v à 25v. Voici son incipit :
314
Il s’agit du Discours du philosophe Rufinus à son disciple Théon (ms. Vat. sir 555, f. 46r62v). Notons qu’il ne faut pas se fier complètement aux indications bibliographiques de VAN LANTSCHOOT, Inventaire des manuscrits, 1965, p. 74-75 : G. Levi Della Vida n’a pas édité et traduit ce texte. Le texte qu’il a établi et traduit dans LEVI DELLA VIDA, « La Dottrina », 1951, correspond à celui qu’on trouve dans le ms. Vat. sir. 217. Le manuscrit Vat. sir. 555 renferme pour sa part aux f. 45v-62v un long développement astronomique, absent du manuscrit Vat. sir. 217 et qu’on ne retrouve pas dans l’édition de G. Levi Della Vida. 369
Établissement et application de critères de datation
ܬܘܒ ܒܝܕ ܐܠܗܐ ܡܨܐ ܟܠ ܡܫܪܝܢܢ ܠܡܟܬܒ ܟܬܒܐ ܕܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܕܡܬܩܪܐ ܐܪܒܐܝܬ ܙܝܓ ܕܡܘܕܥ ܒܗ ܥܠ ܗܠܝܢ ̈ ̈ ܟܘܟܒܐ ܛܥܝܐ ܘܟܪܘܟܝܐ ܕܝܠܗܘܢ ܫܒܥܐ « Par la grâce du dieu omnipotent nous commençons à écrire le Livre d’Alexandre dit en arabe zij315 grâce auquel on connaîtra les sept étoiles errantes et leur révolution » Ce texte est bien évidemment à exclure du corpus, à cause du ܐܪܒܐܝܬqui implique une rédaction durant la période arabe. Nous tenons cependant à présenter ce texte à propos duquel il n’existe, à notre connaissance, aucune étude. Il est en effet important, dans une perspective comparatiste, de montrer à quoi ressemble un texte astronomique syriaque produit à cette époque, et ce qui, dans la langue, le manifeste comme tel. Ce traité nous semble d’ailleurs être un modèle de comparaison idéal parce qu’il traite des mêmes sujets astronomiques que ceux abordés dans les textes produits avant le
VIII
e
siècle, à savoir : le temps de révolution de chacune
des planètes autour de la terre et la notion de nœuds ascendant et descendant. Notons d’emblée que dès l’incipit nous avons deux éléments nouveaux qui n’apparaissaient pas dans les textes de la période qui nous intéresse : l’invocation à Dieu et le recours à la langue arabe.
Le traité se répartit ensuite en sept paragraphes traitant respectivement de la révolution de Saturne (f. 20v-21r), de la répartition du zodiaque (f. 21r-22r), de la révolution de Jupiter (f. 22r-22v), de la révolution de Mars (f. 22v-23r), de la révolution de Mercure (f. 23r-24r), de
315
Ce terme désigne couramment le calendrier en arabe. Mais R. Morelon remarque que « beaucoup de traités d’astronomie sont désignés par le mot zīj, terme d’origine persane correspondant au grec kanon ; au sens propre, il s’agit de recueils de tables de mouvements des astres, introduites par l’exposition des schémas qui permettent leur composition ; mais ce mot zīj est souvent utilisé comme terme générique pour désigner de grands traités d’astronomie qui comportent des tables (Par exemple l’œuvre importante d’al-Battānī al-Zīj al-Ṣābī ou celle d’al-Bīrūnī al-Qānūn al-Masʻūdī – où est conservée la transcription du grec - »). Cf. MORELON R., « Panorama général de l’histoire de l’astronomie arabe », in Rashed R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris, Seuil, 1997, p. 17. 370
Établissement et application de critères de datation
la révolution de Vénus (f. 24r-25r) et enfin du calcul des nœuds ascendant et descendant (f. 25r-25v).
Les planètes sont désignées par les noms suivants : Saturne316 : [ ܩܪܘܢܘܣqronos] (gr.) ; [ ܟܐܘܢkewon] (syr.) ; [ ܙܚܠzuḥal] (ar.). Jupiter317
: [ ܙܘܣzeus] (gr.).
Mars318
: [ ܐܪܝܣares] (gr.).
Mercure319 : [ ܗܪܡܝܣhermes] (gr.) ; ‘[ ܥܛܪܕuṭarid] (ar.). Vénus320
: [ ܦܪܘܕܝܛܝphroditi] (gr.) ; [ ܐܠܣܝܪalsir] (ar.)321
Toutes les planètes reçoivent des noms grecs ; l’auteur du texte prend également le temps de préciser pour certaines d’entre elles leur nom arabe (Saturne, Mercure et Vénus), voire le nom sémitique ancien (kewon pour Saturne), mais il revient ensuite au nom grec pour les désigner. Finalement, seul Saturne continue de bénéficier de son nom syriaque, en concurrence avec son nom grec et arabe, mais on voit clairement que l’ancienne terminologie n’est plus en usage. En revanche le lexique arabe fait son apparition : trois planètes sur cinq reçoivent dans ce court traité un nom arabe. On notera que la planète Vénus est la seule à être désignée deux fois sous son nom arabe. Cela n’a rien d’étonnant, si l’on prend en considération le fait que cette étoile est la plus facile à observer dans le ciel. L’ « étoile du berger » n’avait sans aucun doute pas attendu les travaux des astronomes pour passer de la langue arabe à la langue des autochtones syriaques.
316
Ms. Vat. sir. 555, f. 20v. Les différents noms de Saturne sont présentés de cette manière : « ܚܫܘܒ ܫܢ̈ܝܐ. ܚܘܫܒܢܐ ܕܩܪܘܢܘܣ ܕܡܬܩܪܐ ܙܚܠ ܆ ܐܢ ܨܒܐ ܐܢ̄ܬ ܕܬܕܥ ܐܝܟܐ ܐܝܬ ܟܐܘܢ » ܕܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܡܠܟܐ/ « Calcul relatif à Qronos dit Zuḥal : si tu veux savoir où est Kaun, compte les années depuis le règne d’Alexandre ». 317 Ms. Vat. sir. 555, f. 22r. 318 Ms. Vat. sir. 555, f. 22v. 319 Ms. Vat. sir. 555, f. 23r. 320 Ms. Vat. sir. 555, f. 24v. 321 Translittération un peu lointaine de l’arabe āz-zŭhirā. 371
Établissement et application de critères de datation
Un autre terme astronomique est également marqué par l’arabe : pour désigner les degrés, l’auteur recourt au terme ( ܕܪܓܐdargo), qui appartient au fonds lexical sémitique et désigne, dans la bible, en hébreu et en syriaque, les degrés d’une échelle, les marches d’un escalier. En arabe, le terme a été utilisé pour désigner précisément les degrés d’un cercle. L’utilisation qui est faite, dans ce contexte, du ܕܪܓܐindiquerait donc l’influence de l’arabe. On note d’ailleurs que le grec murus utilisé couramment par Sévère Sebokht puis par Bar Hebraeus n’est pas réemployé ici. Les minutes s’expriment en qṭinto ()ܩܛܢܬܐ, ce qui est courant en syriaque, mais qui va à l’encontre de la proposition faite par Sévère Sebokht ̈ translittérée du grec, suivi qui avait introduit la forme plurielle lepṭa ()ܠܦܛܐ en cela par Bar Hebraeus. Le terme burgo, issu de l’arabe, fait également son apparition dans ce texte. Il sert à désigner de façon générale les signes du zodiaque, c’est-àdire ces 30 degrés, qui forment une unité de mesure pour l’astronome afin de se repérer plus facilement sur le cercle du zodiaque et de faciliter bien entendu les calculs. Sévère Sebokht avait repris du grec le terme zodion ()ܙܘܕܝܘܢ, qui fut également utilisé par Bar Hebraeus, ainsi que celui, encore plus technique de dodekatemoria ()ܕܘܕܩܛܝܡܘܪܝܐ, mais dans le présent traité ̈ il n’est question que de malwoše (ܡܠܘܫܐ, signes) et de burge (qu’on pourrait éventuellement rendre par « maisons »).
Grâce à ce traité astronomique nous pouvons également reconstituer une liste des signes du zodiaque pratiqués durant l’époque arabe. Cette liste correspond en tout point à celle utilisée par Sévère Sebokht, par l’auteur du Causa causarum (Xe s.)322 et par Bar Hebraeus (XIIIe s.), confirmant notre étude précédente. Regardons à présent de plus près le dernier paragraphe sur les nœuds ascendant et descendant :
322
Causa Causarum, [éd. KAYSER], vol. 1, p. 193 (texte) : on trouve le nom de tous les signes sur cette seule page. 372
Établissement et application de critères de datation
̄ ܐܝܬܘ ܪܝܫܐ ܐܦ ܕܘܢܒܐ ܀ ܘܐܢ ܿܨܒܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܐܝܟܐ ܿ ܫܢܝܐ ܕܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܡܠܟܐ ܒܙܒܢܐ ̈ ܠܒܘܟ ܘܐܘܣܦ. ܕܒܥܐ ܐܢܬ ̈ ̈ ܘܦܘܩ ܠܡܢܝܢܐ ܕܡܐܐ ܬܠܬܝܢ ܬܠܬܝܢ. ܥܠܝܗܝܢ ܡܢ ܕܝܠܟ ܚܡܫܐ ܿ ܡܫܡܐܠ ܚܘܫܒܢܗܝܢ ܡܐܐ ܦܘܩ ܐܢܝܢ ܘܕܫܪ ܕܡܢܝܢܐ ܕܐܠ ܿ ܿ ̄ ܬܡܢܬܥ ܘܕܐܠ ܡܐܠ ܬܡܢܬܥܣܪ ܫܪܐ ܘܡܢܝ ܡܢ ܪܝܫܐ ܬܡܢܬܥܣܪ ̄ 323 ܿ ܘܐܝܟܐ ܕܫܠܡ. ܡܠܘܫܐ ܚܕ ܘܦ ... ܗܦܟܐܝܬ ܠ. ܕܬܐܡܐ ̄ ܘܡܢܝ ܐܢܬ ܫܒܥܐ ܡܠܘܫܐ ܡܢ ܕܘܟܬܐ. ܐܝܬܘ ܪܝܫܐ ܡܢܝܢܟ ܬܡܢ ܿ ܿ ) ܠܘܩܒܠܗ ܬܪܥܐ25v( ܕܡܫܬܟܚ ܒܗ ܪܝܫܐ ܘܬܡܢ ܩܐܡ ܐܦ ܕܘܢܒܐ ̄ ܐܝܬܘ ܪܝܫܐ ܐܦ ܕܘܢܒܐ ܐܚܪܢܐ ܇ ܐܢ ܿܨܒܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܐܝܟܐ ܿ . ܠܒܘܟ ܫܢܝܐ ܕܐܠܟܣܢܕܪܘܣ ܡܠܟܐ ܒܙܒܢܐ ܕܒܥܐ ܐܢܬ.ܠܘܩܒܠܗ ̈ ̈ . ܘܕܫܪܟܐ ܕܡܢܝܢܐ ܦܘܩ ܐܢܝܢ ܬܠܬܝܢ ܬܠܬܝܢ. ܘܦܘܩ ܡܢ ܡܢܝܢܟ ܚܕ ̈ ̈ ̈ ܡܢ. ܬܠܬܝܢ ܿܫܪܝ ܘ ܡܢܝ ܗܦܟܐܝܬ .ܬܐܡܐ ܘܗܠܝܢ ܕܐܠ ܡܠܝܢ ܬܠܬܝܢ ̄ ܘܦ ܚܕ ܘܦܠܓܗ ܘ ܘܐܝܟܐ ܕܐܠ ܿܡܐܠ ܚܕ ̄ ܘܗܒ ܠܟܠ ܒܝܬܐ ܚܕ . ܘܦ ܬܡܢ ܿܩܐܡ ܪܝܫܐ ܘܠܘܩܒܠܗ ܐܦ ܕܘܢܒܐ ܆ ܫܠܡ ܡܢܝܢܐ ܗܢܐ ܒܥܘܨܠܘ Si tu veux savoir où se trouvent les nœuds ascendant (rišo ;= la tête) et descendant (dunbo ; = la queue), prends les années du roi Alexandre au moment de ta recherche et ajoutes-y un cinquième324. Rapporte le chiffre de 100 de trente en trente et s’il s’avère que le chiffre ne s’arrête pas au compte de 100, rapporte le reste de 18 en 18, et ce qui ne complète pas dix-huit, fais-les commencer et comptes-les à partir du commencement des Gémeaux, dans le sens inverse du cercle du zodiaque jusqu’à 180. Et là où tombera ton chiffre se trouve le nœud ascendant (rišo) et en comptant jusqu’au septième signe à partir de l’endroit où se trouve le nœud ascendant, on déterminera également celui du nœud descendant (dunbo ) à l’exact opposé. Autre paragraphe : si tu veux savoir où se trouve le nœud ascendant (rišo) mais aussi le nœud descendant (dunbo), son opposé, prends les années du roi Alexandre au moment de ta recherche et rapporte le chiffre obtenu une fois. Ce qui reste du chiffre, rapporte-le de trente en trente et ce qui ne complètera pas trente, reporte-les et décomptes-les dans le sens rétrograde, à partir des Gémeaux. Attribue à chaque région 180, soit une moitié, et la région qui ne sera pas complète, c’est là où se trouvera le nœud ascendant et à l’endroit opposé le nœud descendant. Par la grâce.
323 324
Mot rogné en fin de ligne. Il reste une lettre après le lomad. On s’attendrait ici plutôt à une division par quatre pour le calcul des jours bissextiles. 373
Établissement et application de critères de datation
Notons d’emblée que les explications sont peu cohérentes. Nous pouvons ainsi nous faire une idée du degré de qualification de l’auteur de ce texte qui ne se manifeste pas comme un spécialiste en astronomie.
La terminologie utilisée par notre auteur est bien différente de celle pratiquée par les astronomes du VIe et du
VII
e
siècle : ces derniers, recourant
au grec (ἀναβιβάζων pour le nœud ascendant et καταβιβάζων pour le nœud descendant), avait linguistiquement tiré un trait sur la vieille théorie de l’Atalya (dont la tête et la queue auraient été la cause des phénomènes d’éclipse). Le présent texte, intitulé Livre d’Alexandre, ou Calendrier, composé durant la période de domination arabe, n’a pris en compte ni les propositions de Sergius de Rešʻayna ni celles de Sévère Sebokht, mais a préféré retourner à l’ancienne terminologie, tout aussi teintée de mythologie qu’elle ait pu être, en appelant le nœud ascendant rišo, c'est-à-dire la tête (d’Atalya) et le nœud descendant dunbo, soit la queue (d’Atalya). Ce n’est pas le cas de tous les écrivains syriaques de la période arabe intéressés par l’astronomie : Bar Hebraeus, qui proposa des cours d’astronomie bien plus sérieux que celui qu’on peut lire ici, employait la même terminologie que celle de Sévère 325 et l’auteur anonyme du Causa causarum326, même s’il peut lui arriver de rappeler l’ancienne terminologie syriaque, en privilégiant l’usage du lexique grec.
En somme, on voit que durant la période arabe, le type de vocabulaire employé pour exprimer des concepts astronomiques pouvait varier en fonction du niveau de qualification de l’écrivain. Nous notons une certaine tendance à récupérer un vocabulaire archaïque, qui devait être un fond sémitique bien commode pour les Syriaques qui cherchaient non plus seulement à introduire des concepts dans leur langue, mais à s’adapter à la terminologie arabe. Ainsi les noms accordés au degré, à la minute, au 325
Voir par exemple Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU], I, 7, 8, p. 95 (texte) ; p. 79 (trad.). Causa causarum [éd. KAYSER], vol. 1, p. 193 : « ܘܡܬܩܪܝܐ ܚܕ... ܐܣ̈ܪܐ ܐܘܟܝܬ ܩܛ̈ܪܬܐ . ܘܐܚܪܬܐ ܩܛܪܬܐ ܕܕܘܢܒܗ ܕܬܢܝܢܐ ܘܡܬܩܪܐ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ. ܐܘܟܝܬ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ.ܩܛܪܬܐ ܕܪܝܫܗ ܕܬܢܝܢܐ ̈ ̈ ̈ ܡܬܚܙܝܢ ܕܠܥܝܢܐ ܐܠ ܕܘܟܝܬܐ ܐܠܨܬܐ ܒܡܘܙܠܬܐ » ܗܠܝܢ ܐܝܬܝܗܝܢ/ « des nœuds (qaṭarte) […], l’un est appelé noeud de la tête du dragon ou anabibazon, et l’autre noeud de la queue du Dragon dit aussi qaṭabibazon : ces deux endroits exacts de l’écliptique sont invisibles à l’œil nu ». 326
374
Établissement et application de critères de datation
cercle, à la sphère, au signe zodiacal, à l’orbite, à l’écliptique, qui étaient jusqu’à la période arabe issus du grec, tendent à être abandonnés au profit d’un vocabulaire plus proche de l’arabe. Un mot comme dargo (daraga en arabe), qui existait bel et bien dans la langue syriaque, mais qui n’avait jamais appartenu au champ lexical astronomique, devient, sous l’influence de l’arabe, le terme de référence pour désigner les degrés du cercle ! Ainsi il faut croire qu’à l’époque arabe, daraga tendait à détrôner le murus, cher à Sévère. Enfin, il convient de différencier les productions techniques, à vocation scientifique, comme celles de Sévère Sebokht ou de Bar Hebraeus, des traités un peu charlatanesques, comme celui du présent Livre d’Alexandre, ou les propos de l’auteur anonyme du Causa causarum, insérés dans un ouvrage plus général dont la visée est théologique. Seul Bar Hebraeus, qui composa les traités astronomiques les plus méthodiques et les plus poussés du point de vue de la précision des concepts exposés et des calculs, hérita du vocabulaire technique mis en usage par Sévère Sebokht.
c. Traité sur la position des planètes
Le copiste du manuscrit Vat. sir. 555 entame un nouveau texte à partir du f. 26v dont voici l’Incipit :
ܬܘܒ ܫܪܒܐ ܕܡܚܘܐ ܙ̄ ܕܒܐܝܢܐ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܬܪܥܣܪ ܒܘ̈ܪܓܐ ̈ ܟܘܟܒܐ ܩܐܡ ܟܠ ܚܕ ܡܢ ܿܗܢܘܢ ܫܒܥܐ. ܡܬܟܝܢ ܐܘܟܝܬ ܘܠܫܬܟܚ ̈ ܕܫܡܝܐ ܘܕܐܪܥܐ327ܡܪܗܛܢܐ ܘܡܕܒ̈ܪܝܐ ̈ ̈ ܘܕܥܕܢܐ ܒܝܕ ܘܕܫܒܐ ̈ . )72r( ܕܟܘܟܒܐ ܡܛܠ ܕܗܘ ܡܢܝܢܐ ܡܢܐ. ܪܡܙܗ ܕܐܠܗܐ ̈ ܘܠܟܠܗܘܢ ܩܪܐ ܫܡܗܐ ܀ « Nouveau traité montrant dans lequel des douze signes se trouvent les 7 , c’est-à-dire où on peut les trouver. Chacune de ces sept étoiles présente des courses et une existence solitaire rythmée par le ciel, la terre, les semaines et les heures, selon le mystère de Dieu, de sorte qu’ le nombre des étoiles et leur donner des noms à chacune. »
327
Lire ܡܕܒ̈ܪܢܐ. 375
Établissement et application de critères de datation
L’auteur invoque, comme dans le texte précédent, l’autorité divine. Les noms qu’il donne ensuite à chacune des planètes comprennent des termes arabes, ce qui ne nous permet pas de douter du fait que cet écrit soit une composition de la période arabe, postérieure au
e
VII
siècle. Voici les
noms affectés aux planètes, dans l’ordre où elles apparaissent : Saturne328 : [ ܩܪܢܘܣqronos] (gr.) ; dans la marge [ ܙܚܠzuḥal] (ar.). Jupiter329 : [ ܙܘܣzeus] (gr.) ; dans la marge [ ܐܠܡܫܬܪܝelmaštari] (ar.) Mars330
: [ ܐܪܝܣares] (gr.).
Vénus331
: [ ܦܪܘܕܝܛܝphrodiṭi] (gr.) ; dans la marge [ ܙܗܪܐzuhara] (ar.) ; puis, à la fin du calcul apparaissent les trois noms de cette planète : [ ܒܠܬܝbilti] (syr.), [ ܙܗܪܐzuhara] (ar.) et [phrodiṭi] (gr.).
Mercure332 : [ ܗܪܡܝܣhermes] (gr.)
On notera que ce texte est complètement dépourvu de particules de liaisons grecques.
d. Traité sur les éclipses de lune
Un dernier traité conservé dans le ms. Vat. sir. 555 a retenu notre attention : il s’agit d’un développement astronomique sur les éclipses de lune, placé arbitrairement au milieu des Discours du Philosophe Rufinus adressés à son disciple Théon, aux f. 53v à 56v : G. Levi Della Vida qui, pour l’édition des discours, avait procédé à la collation de plusieurs manuscrits arabes et de deux manuscrits syriaques (Vat. sir. 217 et Vat. sir. 555), avait remarqué que seul le manuscrit 555 du Vatican
328
Ms. Vat. sir. 555, f. 27r. Idem. 330 Idem. 331 Ms. Vat. sir. 555, f. 27v. Noter que le terme arabe, employé ici pour désigner Vénus ([ ܙܗܪܐzuhara]), est différent de celui en usage dans le Calendrier d’Alexandre (texte précédent, qui employait la forme [ ܐܠܣܝܪalsir]). Alsir est le nom d’usage de cette planète en arabe. En revanche zuhara pourrait bien être un équivalent du grec φοσφόρος (cf. BOUCHÉ-LECLERC A., L’astrologie grecque, Paris, E. Leroux, 1899, p. 66-67). 332 Ms. Vat. sir. 555, f. 27v. 329
376
Établissement et application de critères de datation
présentait ce développement, dont il ne mentionna pas même l’existence dans son édition. Il en avait certainement déduit que cet ajout du copiste visait, comme l’indique l’incipit, à « éclairer » quelques notions astronomiques, et il a tout simplement exclu ce passage de son édition. Voici le titre de ce passage inséré dans le Vat. sir. 555 :
ܿ ܫܥܐ ܕܐܝܡܡܐ ܘܕܠܠܝܐ ܕܟܡܐ ̈ ܢܗܝܪܘܬܐ ܡܛܠ ܗܘܝܢ ܒܟܠ ܝܪܚܐ 333 ܒܝܪܚܗ Explications relatives aux heures du jour et de la nuit : combien y en t-il chaque mois ?
Après un paragraphe consacré à déterminer la part des heures nocturnes et diurnes dans une journée, en fonction du mois de l’année (f. 53v-54v), l’auteur aborde la question des éclipses de lune (f. 54v-55v) puis celle des phases lunaires (f. 55v-56v).
Regardons de plus près le passage relatif aux éclipses de lune :
ܐܢ ܿܨܒܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܗܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܇ ܒܐܝܕܐ ܡܢܬܐ ܿ ܘܩܛܝܢܬܐ ܒܒܝܬܐ ܕܐܢܒܝܒܙܘܢ . ܐܘ ܕܩܛܒܝܒܙܘܢ ܿܩܐܡ ܫܡܫܐ ܿ ܐܢ ܡܢ ܚܕ. ܬܘܒ ܩܐܡ ܣܗܪܐ. ܘܒܐܝܕܐ ܡܢܬܐ ܘܩܛܝܢܬܐ ܿ ̄ ܐܘ ܠܝܒ ̈ܡܢܘܢ ܪܚܝܩ ܣܗܪܐ ܡܢ ܐܢܒܝܒܙܘܢ ܘܥܕܡܐ ܿ ) ܗܘܝܐ ܗܩܠܦܣܝܣ ܐܢܕܝܢ ܝܬܝܪ ܡܢ55r( ܡܢ ܟܠܦܪܘܣ. ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ ̈ ܝܒ ̄ ܬܘܒ ܚܙܝ ܒܐܝܕܐ ܫܠܬܐ. ܪܚܝܩ ܐܠ ܿܡܨܝܐ ܕܬܗܘܐ. ܡܢܘܢ ܿ ܘܡܫܪܐ. ܡܫܠܡ ܣܗܪܐ ܚܡܫܬ ܥܣ̈ܪ ܿ ܘܐܢ. ܒܗܘ ܕܐܫܬܐ ܥܣ̈ܪ ܿ ܒܐܝܡܡܐ ܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܿܗܘܝܐ ܗܩܠܦܣܝܣ ܘܐܠ. ܡܫܡܐܠ ܿ ܘܐܢ ܕܝܢ ܒܠܠܝܐ ܠܥܠ ܡܢ ܐܪܥܐ ܿܗܘܝܐ ܘܡ. ܬܚܙܝܐ ܿ ܡ ܬܚܙܝܐ ܇ ܐܢ ܿܨܒܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܗܩܠܦܣܝܣ ܕܣܗܪܐ ܐܝܟ ̈ ܕܒܦܣܝܩܬܐ ܣܥܘܪ ̈ ܿܗܘ ܕܡܢ ܩܕܡ ܗܩܠܦܣܝܣ. ܫܥܐ ܒܐܝܡܡܐ ܿ ܿ ̈ ܕܠܪܡܫܐ ܕܒܬܪܗ ܗܘܝܐ ܐܬܠܝܐ ܘܫܥܘܗܝ ܕܣܗܪܐ ܕܝܠܗ ܿ ܕܡܬܚܙܝܐ ܗܩܠܦܣܝܣ ܡܛܠ ܕܠܬܚܬ ܡܢ ܐܪܥܐ ܕܥ ܘܚܙܝ. ܕܐܝܡܡܐ ܿ ܿ ܕܬܕܥ ܟܠܗ ܣܗܪܐ ܐܡܬܝ ܡܬܚܦܐ ܐܘܡܢܗ ܇ ܐܢ ܡܢ. ܗܘܝܐ ̈ ܚܕܐ ܘܥܕܡܐ ܠܫܬ ܪܚܝܩ ܣܗܪܐ ܡܢ ܐܢܒܝܒܙܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ. ܡܢܘܢ ܿ ܡܣܩܢܐ ܿ ܟܠܗ ܡ. ܐܘ ܩܛܒܝܒܙܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܿܡܚܬܢܐ ܬܚܦܐ ܐܢܕܝܢ ܕܣܗܪܐ. ) ܝܬܝܪ ܟܠ ܡܢܬܐ ܕܐܝܬܝܪ ܡܢ ܐܫܬܐ ܚܕ ܡܢ ܫܬ55v( 334 ܿܦܐܫ ܕܐܠ ܡܬܚܦܐ 333
Ms. Vat. sir. 555, f. 53v. Nous proposons la traduction suivante (même si certains passages nous sont restés obscurs) : « Si tu veux connaître l’éclipse de lune, dans quel degré, quelle minute, quelle 334
377
Établissement et application de critères de datation
Ce passage présente très peu de particules de liaison. À peine voit-on quelques den ici et là. Il faut le confronter avec le passage dans lequel Sergius de Reš‘ayna traitait lui-aussi de la prévision des éclipse de lune335 : les concepts y sont exprimés de la même manière, à l’aide notamment des mêmes chiffres. On explique dans les deux cas, plus ou moins maladroitement, que la lune doit se situer dans une conjonction de 12 degrés d’intervalle avec le soleil pour qu’une éclipse puisse avoir lieu. Il fallait en outre que la lune et le soleil se situent à moins de 15 degrés de chacun des nœuds ascendant et descendant. On a vu que Sévère Sebokht avait abordé le même sujet en proposant non plus un intervalle de 12° entre la lune et l’écliptique pour prédire une éclipse, mais, comme nous l’avons rappelé plus haut, un intervalle de 12°24. De plus, l’auteur de ce développement emploie exactement les mêmes termes que Sergius pour désigner les nœuds ascendant et descendant :
ܿ ܐܢܒܝܒܙܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܡܣܩܢܐ ܐܘ ܩܛܒܝܒܙܘܢ ܕܐܝܬܘܗܝ ܿܡܚܬܢܐ « Le nœud ascendant (anabibazon) qui est le montant (masqno) ou le nœud descendant (qaṭabibazon) qui est le descendant (maḥtno). »
Or nous avions vu que le choix des équivalents culturels syriaques, en l’occurrence ici des participes présent, pour expliciter les termes grecs maison du nœud ascendant et descendant se positionne le soleil et dans quel degré et quelle minute de même se positionne la lune. Si la lune est distante de 1 à 12 degrés du nœud ascendant ou descendant, en général, il peut y avoir éclipse. Mais si elle est distante de plus de 12 degrés, il n’est pas possible qu’il y en ait. De même, regarde à quelle heure la lune est pleine le 15 et commence le 16. Si le jour entier elle est sous la terre, il y aura éclipse et elle sera invisible. Mais si durant la nuit elle est au-dessus de la terre, elle aura lieu et sera visible. Si tu veux connaître l’éclipse de lune brièvement, considère, le jour qui précède l’éclipse, les heures qui vont jusqu’au soir – soir après lequel il y aura éclipse lunaire (Atalya)- et les heures diurnes de la lune. Regarde et sache que l’éclipse est visible parce qu’elle est sous la terre. Pour connaître la lune à chaque fois qu’elle est cachée Aomenh. Si la lune est distante de 1 à 6 degrés du nœud ascendant, qui est celui qui monte, ou du nœud descendant, qui est celui qui descend, elle sera complètement cachée, mais si elle est audelà de ces 6 degrés qui vont de 1 à 6, il en résultera que la lune ne sera pas voilée. » 335 Serg. Reš., Traité sur l’action de la lune 2. 4. 1. 378
Établissement et application de critères de datation
d’anabibazon et de qaṭabibazon, n’avaient pas toujours été les mêmes. Le Traité sur la cause des éclipses de lune du ms. Paris BnF syr. 346 que nous avions daté du
e
VI
siècle par exemple recourait à des suffixes en –to et non
en –no pour désigner les nœuds. On obtenait ainsi masqto et maḥtto au lieu du masqno et du maḥtno utilisés par Sergius de Reš‘ayna et par l’auteur du présent développement. Remarquons également que Sergius et l’auteur du texte qui nous intéresse recourent au même terme pour désigner les degrés du cercle (mento au singulier, menun au pluriel). Nous regrettons bien entendu que la brièveté de ce passage nous empêche de mener une comparaison plus approfondie des deux textes. Un dernier élément nous a d’autant plus alerté que nous ne l’avions trouvé dans aucun des textes précédemment étudiés : il s’agit de la distinction faite par l’auteur entre les unités de temps et les unités servant à mesurer l’espace. En effet on trouve exprimées des minutes-temps (ܩܢܛܝܡܐ [qenṭimo])336 et des minutes-espace ([ ܩܛܝܢܬܐqṭinto])337. Le terme ܩܢܛܝܡܐ [qenṭimo], employé pour désigner une unité de temps, est attesté d’après Sokoloff chez deux auteurs : dans une traduction due à Sergius de Rešʻayna d’un texte médical 338 et dans une des lettres astronomiques de Georges des Arabes339.
Concluons sur le fait que cet extrait présente des caractéristiques qui le rapproche étrangement des productions de Sergius de Rešʻayna. Il faudrait étudier davantage ce texte pour voir jusqu’où son attribution à Sergius peut être envisagée, ou tout du moins pour valider notre première hypothèse, à savoir que l’auteur pourrait bien être soit un contemporain de Sergius, soit légèrement antérieur (deuxième moitié du l’utilisation qui est faite des particules de liaison.
336
Ms. Vat. sir. 555, f. 56v. Ms. Vat. sir. 555, f. 55v. 338 Cf. BUDGE (éd.), Syrian Anatomy , 1913, p. 452, 13 et p. 531, 20. 339 Cf. George Ar. [éd. RYSSEL], p. 11. 337
379
V
e
s.) au vu de
Établissement et application de critères de datation
5. Application des critères de datation à deux textes édités. Étant donné qu’il demeurait quelques incertitudes concernant la datation de deux autres textes du corpus, il nous a semblé utile de leur appliquer nos critères. Ces deux textes ont déjà fait l’objet d’une édition et d’une traduction : le premier est plutôt un fragment, anonyme, portant sur les mouvements du soleil (cf. Partie II, texte 3) ; le second, bien qu’ayant reçu par son éditeur le titre de « Traité astronomique et météorologique », se présente davantage comme un traité de cosmologie.
a. Exemple sur le mouvement du soleil340 Le court passage sur les mouvements du soleil qui figure au f. 149v du BL Add. 14 658 fut édité par E. Sachau en 1870 dans ses Inedita Syriaca341. Nous avons fourni le texte syriaque, tel qu’il a été publié par Sachau, ainsi qu’une proposition de traduction annotée. Parce qu’il se trouvait juste après le Traité sur l’action de la lune dans le manuscrit, on a longtemps considéré ce passage comme un appendice au Traité sur l’action de la lune de Sergius de Reš‘ayna. H. Hugonnard-Roche pensa avec raison qu’il fallait une étude plus approfondie de ce texte, afin d’apporter la preuve de cette attribution. En effet, on trouve dans ce passage un lexique relatif au ciel qui diffère quelque peu de celui employé dans le Traité sur l’action de la lune : -
[ ܒܝܬܐbayto] : la maison (pour désigner les 30 degrés d’un signe
zodiacal). ̈ - ܩܕܡܝܐ [ ̈ܪܦܦܐrpope qadmoye] : les minutes (litt. instants premiers). - [ ̈ܪܦܦܐ ܐܚ̈ܪܢܐrpope ḥrine] : les secondes (litt. instants autres). Le terme de « maison » relève de l’astrologie et non de l’astronomie. On ne le retrouve employé nulle part ailleurs dans le corpus des textes
340 341
Extrait du ms. BL Add. 14 658 (VIIe s.), f. 149v. SACHAU, Inedita syriaca, 1870, p. 125-126. 380
Établissement et application de critères de datation
astronomiques syriaques que nous avons réunis, y compris dans le Traité sur l’action de la lune qui comprend pourtant de longs développements astrologiques. Le terme rpope pour désigner des fractions de temps est d’un usage plutôt
archaïque :
on
le
trouve
employé
comme
tel
dans
le
Traité astronomique et météorologique du Ps.-Denys qui a été daté par M. A. Kugener 342 de la fin du
V
e
s. On le trouve également dans une
traduction de Sergius de Rešʻayna traitant de questions de médecine. On ne le retrouve plus par la suite chez aucun auteur de textes astronomiques syriaques connus de nous (Sévère Sebokht, Georges des Arabes, l’auteur anonyme du De Causa causarum, Grégoire Bar Hebraeus) et dans aucun des textes auxquels nous avons pu accéder à travers les manuscrits parisiens et du ceux du Vatican. Mais il faut noter une particularité dans l’emploi de ce terme : c’est associé aux adjectifs qadmoye (premiers) et ḥrine (autres ou secondes) que rpope sert à désigner tantôt les minutes et tantôt les secondes. C’est un procédé calqué sur le grec qui parle également de minutes premières (Πρῶτα λεπτὰ ou minutes) et de minutes secondes (δεύτερα λεπτὰ ou secondes). Sévère Sebokht, suivant comme à son habitude de très près le grec, avait utilisé des expressions semblables mais en substituant au terme rpope un vocable translittéré du grec, à savoir lepṭa
343
au pluriel
(< gr. Λεπτα) et lepton344 au singulier (< gr. λεπτὸν) et, pour différencier les minutes des secondes, il avait eu recours aux expressions lepṭa qadmoyoto 345 (minutes premières) et lepṭa trainoyoto (minutes secondes). La terminologie adoptée par Sévère sur ce point précis fut d’ailleurs récupérée par Bar Hebraeus346. Avant Sévère, il y eut donc des tentatives de transposer en syriaque le mode d’expression grec pour désigner les unités de temps. Le processus semble d’autant plus naturel que dans le passage en question se trouve cité le Petit Commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie relatif aux 342
KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 140. Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II, 2. 344 Cette occurrence est attestée dans un autre traité du ms. Paris BnF syr. 346 portant Sur la conjonction des 7 planètes (inédit) au f. 122v. 345 Sév. Seb., Lettre sur les nœuds II, 3. 346 Bar Heb., Cours d’astr. [éd. NAU] I, 1, 11. 343
381
Établissement et application de critères de datation
mouvements du soleil. C’est donc la seconde fois que nous trouvons ce traité astronomique grec cité dans nos sources, la première occurrence se trouvant dans la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht. Comparons les deux citations en syriaque :
Sév. Seb., Lettre sur les nœuds… [Ms. Par. syr. 346]
Anonyme, Sur le mouvement du soleil BM cod. syr. 987 (Add. 14658)
. ܛܒ ܡܢ ܚܘܫܒܢܐ ܿܗܘ ܕܐܝܟ ܩܢܘܢܐ ܐܐܠ ܕܘܟܬܐ ܫܪܝܪܬܐ ܕܡܪܕܝܬܐ ܕܫܡܫܐ ̈ ܕܡܠܦ ܬܐܘܢ ܿܗܘ ܝܕܥܐ ܿܗܝ ܕܟܬܒܐ ܿ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ܆ ܐܝܟܢܐ ܕܩܢܘܢܐ ܕܬܪܝܢ ܘܕܚܘܫܒܢܐ . ܐܠܟܣܢܕܪܝܐ ܒܣܟܠܝܘܢ ܕܠܗ ܕܦܪܘܟܝܪܘܣ܀ ܕܩܠܘܕܝܘܣ ܦܛܠܡܐܘܣ ܡܚܘܐ Quant au lieu de passage précis du soleil, on le trouvera grâce au deuxième livre des Tables qui montre le calcul de Claude Ptolémée.
ܠܦܘܬ ܕܝܢ ܕܐܢܫ ܢܕܥ ܦܫܝܩܐܝܬ ܒܐܝܕܐ ܢܚܫܘܒ ܗܟܢܐ. ܕܘܟܬܐ ܡܫܬܟܚ ܫܡܫܐ ̈ ܝܘܡܬܐ ܕܡܢ ܪܝܫܗ ܕܐܝܠܘܠ ܐܚܕ ܐܢܬ ܥܕܡܐ ܠܝܘܡܐ ܕܒܥܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܒܗ ܘܡܐ ̈ ܝܘܡܬܐ ܡܘܣܦ ܐܢܬ ܕܟܢܫܬ ܟܠܗܘܢ ̈ ̈ . ܥܠܝܗܘܢ ܡܐܐ ܘܚܡܫܝܢ ܘܬܡܢܝܐ ܝܘܡܝܢ ܘܡܢ ܟܠܗ ܡܢܝܢܐ ܕܐܬܟܢܫ ܢܦܩ ܐܢܬ ܦܠܓܗܘܢ ܕܝ̈ܪܚܐ ܕܡܢ ܐܝܠܘܠ ܥܕܡܐ ܠܝܪܚܐ ܕܒܥܐ ܐܢܬ ܕܬܕܥ ܒܗ ܘܐܢ ܐܝܬ ܒܐܝܕܟ ܚܘܕܪܐ ܿܗܘ ܕܗܘܐ ܬܠܬܡܐܐ ܘܫܬܝܢ ܫܪܝ ܿ ܘܗܘ ܡܢ ܡܢܝܢܐ ܕܐܚܝܕ ܐܢܬ ܚܘܕܪܐ ܚܕ ܡܕܡ ܕܦܐܫ ܒܐܝܕܟ ܦܘܩ ܡܢ ܪܝܫܗ ܕܐܡܪܐ ܿ ܟܕ. ܝܗܒ ܐܢܬ ܠܟܠ ܒܝܬܐ ܬܠܬܝܢ ܬܠܬܝܢ ܡܢ ܿ ܡܕܡ ܕܐܝܬ ܒܐܝܕܟ ܘܐܝܟܐ ܕܫܠܡ ܡܢܝܢܐ ܿ ܕܒܐܝܕܟ܆ ܒܗ ܒܡܢܬܐ ܐܝܬܘܗܝ ܫܡܫܐ . ܚܣܝܪ. ܝܬܝܪ ܫܠܡܬ ܡܠܬܐ ܕܐܡܝܪܐ ܥܠ ܡܪܕܝܬܗ ܕܫܡܫܐ܀ Mais pour savoir facilement à quel l’endroit se trouve le soleil, on effectuera le calcul suivant : prends le de jours qu’il y a entre le début d’élul et le jour durant lequel tu effectues ta recherche. Quand tu auras fait la somme de ces jours, ajoute-leur cent cinquante-huit jours. Applique le chiffre total obtenu ( le contenu des mois qui va d’élul jusqu’au mois durant lequel tu fais ta recherche) et s’il y a en sens direct un cercle de trois cent soixante, soustrais un cercle au chiffre
Calcul d’après les Tables faciles, comme l’a enseigné Théon d’Alexandrie dans son Commentaire aux Tables faciles ܀
ܿ ܐܡܪ ܓܝܪ ܆ ܕܟܕ ܿܢܣܒܝܢܢ ܿܗܘ ܡܐ ܕܚܣܝܪ ̄ ̄ ̈ ܡܢܝܢܐ. ܠܦܘܬ ܫܣ ܡܘ̈ܪܣ ܐܘܟܝܬ ܡܢܘܬܐ ܿ ܿܗܘ ܕܢܚܬ ܡܢ ̄ܗ ̈ܩܦܐܠܐ ܕܒܘܪܝܘܢ ܿܦܐܪܣ ܆ ܿ ܘܠܗܢܐ ܢܦܩܝܢܢ ܠܗ ܡܢ ܪܝܫ ܓܕܝܐ ܠܘܬ ܗܠܝܢ ̈ ܕܢܩܦܝܢ ܆ ܘܠܟܠܚܕ ܡܢ ̈ ܙܘܕܝܐ ܿܝܗܒܝܢܢ ܡܘ̈ܪܣ ̈ ܬܡܢ. ܬܠܬܝܢ ܆ ܐܝܟܐ ܕܢܫܠܡ ܿܗܘ ܡܢܝܢܐ ܿ . ܕܐܝ ̄ܬ ̄ܘ ܐܢܐܒܝܒܙܘܢ ܿ ̄ ܒܗܘ ܐܡܪܝܢܢ ܿܗܝܕܝܢ ̄ ̄ ̄ . ܕܐܝܬܘ ܕܝܐܡܛܪܘܢ ܕܗܢܐ ܕܝܢ ܩܛܐܒܝܒܙܘܢ
(2) Il dit en effet que lorsque nous prenons ce qui manque pour 360 μοῖρα, c’est-à-dire degrés, chiffre de la limite boréale obtenu des 5 sections, et que nous avançons celui-ci en partant du
382
Établissement et application de critères de datation
retenu et ce qui reste applique-le en sens direct depuis le commencement du Bélier, en donnant à chaque signe trente . Là où tombera le nombre (appliqué en sens direct), sous ce degré se trouvera plus ou moins le soleil.
commencement du capricorne, en sens direct, et en donnant 30 degrés à chaque signe, là où tombera ce chiffre, nous dirons que se trouve alors le nœud ascendant et, au point diamétralement opposé, le nœud descendant
Notons que les deux auteurs ne citent pas l’œuvre de Théon d’Alexandrie de la même manière. L’auteur anonyme qui cite un passage du livre II du Petit Commentaire relatif au mouvement du soleil ne prend ni le temps de mentionner le nom de l’auteur grec, ni le temps de fournir le titre exact du livre dans lequel il est allé puiser l’information. Au contraire, les références fournies par Sévère sont précises et devaient permettre à son lecteur de se référer à l’ouvrage grec directement. Ce trait dénote chez l’auteur anonyme une attitude nettement moins encline à transmettre fidèlement ses sources grecques qu’à se mettre au niveau de son lecteur syriaque. Cela pourrait éventuellement être interprété, d’après les études de S. P. Brock, comme une caractéristique des productions syriaques du
IV
e
et
du Ve s. tendant à s’estomper au cours du VIe s. En l’occurrence, grâce à une étude de G. Saliba, on sait désormais que cet Exemple sur le mouvement du soleil est en réalité une traduction d’un passage des Elementa apotelesmatica de Paul d’Alexandrie347, qui, lui-même, a puisé une partie de son propos dans le Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie. Mais le nom de ce dernier auteur n’apparaît pas davantage. L’étude de la langue vient appuyer notre première impression : si la prose de Sévère est saturée d’idiomatismes grecs (cela touche au vocabulaire, mais également à la façon algébrique d’écrire les chiffres), en revanche celle du traducteur anonyme reste profondément sémitique en recourant au calendrier syriaque (élul) et en adoptant une traduction très libre du texte grec, ce qui lui fait d’ailleurs perdre de sa précision348. Notons
347
Paul Alex., Elementa apotelesmatica [ed. BOER], chap. 28. Le manque de précision et de technicité se manifeste par le fait qu’il ne transcrive pas les chiffres à la manière grecque (une lettre surmontée ou non d’un signe indiquant les dizaines ou les centaines) et qu’il ne traduise pas certains mots comme par exemple les degrés. 348
383
Établissement et application de critères de datation
enfin que cette traduction présente fort peu de particules de liaison, indice supplémentaire de son ancienneté. Si nous appliquons nos critères de datations à ce texte, il semblerait qu’il faille situer sa rédaction à une date antérieure à 550 voire peut-être même à 500 apr. J.-C., ce qui est particulièrement intéressant étant donné que Théon d’Alexandrie et son contemporain Paul ont produit leurs œuvres à la fin du IVe siècle. L’hypothèse d’une attribution de ce texte à Sergius de Reš‘ayna n’est donc pas à exclure, mais les quelques divergences terminologiques constatées (pour désigner les degrés, les dodécatoméries et aussi le titre de l’ouvrage attribué à Claude Ptolémée 349 ) nous amènent à envisager la possibilité que ce texte ait pu faire partie de la bibliothèque de Sergius, sans faire nécessairement partie de ses productions.
b. Le Traité astronomique et météorologique du Ps.-Denys l’Aréopagite
Nous tenons à revenir sur un dernier texte qui ne bénéficie pas d’une attribution claire : celui que M. A. Kugener a intitulé Le traité astronomique et météorologique du Ps.-Denys l’Aréopagite. Le choix d’un tel titre semble assez malheureux étant donné qu’il n’y est jamais véritablement question d’astronomie ! La copie syriaque avait indiqué pour titre : « Calcul des chiffres par lesquels il n’y a pas d’erreur ». Les théories farfelues350 relatives au ciel, qui y sont exprimées, sont toutes tirées de la 349
Pour désigner les Tables faciles de Ptolémée (éditées en réalité par Théon d’Alexandrie), ̈ ܟܬܒܐ le passage sur les mouvements du soleil emploie l’expression : « ܕܩܢܘܢܐ ܕܚܘܫܒܢܐ ( » ܕܩܠܘܕܝܘܣ ܦܛܠܡܐܘܣ ܡܚܘܐlivre des Tables de calcul de Claude Ptolémée) alors que Sergius employait, dans son Traité sur l’action de la lune (2, 3, 1), l’expression : « ܟܬܒܐ ܿܗܘ ( » ܕܚܘܫܒܢܐ ܕܦܛܘܠܘܡܐܘܣlivre de calcul de Ptolémée). La terminologie adoptée pour désigner les Tables faciles de Claude Ptolémée ne diffère que très légèrement : Sergius parle du « Livre de Calcul de Ptolémée », l’anonyme du « Livre des Tables qui expose le calcul de Claude Ptolémée ». Ces expressions diffèrent en revanche assez nettement avec l’expression employée par Sévère Sebokht : « Tables faciles », qui précise qu’elles lui sont connues par l’intermédiaire du Petit Commentaire de Théon d’Alexandrie. 350 On explique par exemple que l’éclipse de soleil est due au fait que le soleil sorte quelques instants de sa trajectoire (de l’écliptique donc), poussé par les vents du nord (cf. Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER], p. 174-175). Ensuite la notion de degrés et de minutes échappe complètement à l’auteur de ce texte qui ne sait que s’exprimer, d’un point de vue astronomique, de manière très floue. A. Kugener rend le terme dargo []ܕܪܓܐ par degré, mais si l’on accepte cette traduction alors il faudrait comprendre que les calculs 384
Établissement et application de critères de datation
Bible et ne s’en écartent guère, hormis en ce qui concerne le calendrier (dans lequel l’année comprend 365 jours et un jour supplémentaire les années bissextiles) . Les particules de liaison de ce texte se limitent à un emploi très parcimonieux de den et de ger, alors que nous avons précédemment vu que le recours à ces particules s’était particuièrement intensifié à partir du
e
VI
siècle. En outre on n’y trouve aucun néologisme portant les suffixes décrits par S. P. Brock comme caractéristiques des écrits syriaques à partir de 500 apr. J.-C. Enfin le vocabulaire ayant trait aux objets célestes reste toujours très vague et est de nature purement sémitique 351 . Il présente également quelques archaïsmes de langue : les planètes sont désignées sous le terme de ̈ ( ܡܛܥ ̈ܝܢܐmaṭ‘yone), comme chez Sergius de Reš‘ayna contre ܛܥܝܢܐ (ṭ‘yone) chez Sévère Sebokht. La planète Vénus reçoit le nom de ܟܘܟܒܬܐ ܕܢܘܗܪܐ [kaukbto d-nuhro] comme dans le Livre des Lois des Pays et chez Éphrem. Nos critères de datation nous permettent d’estimer que ce texte a peu de chance d’avoir vu le jour après la seconde moitié du
e
VI
siècle.
M. A. Kugener estimait que ce traité devait « avoir été écrit après l’introduction de la science grecque en Mésopotamie, c’est-à-dire au
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V -VI
e
siècle ap. J.-C. »352. Il faut retenir la date la plus haute et même ne pas exclure le fait qu’il ait été rédigé encore plus tôt, car il ne semble pas que l’introduction de la science grecque en Mésopotamie puisse être un élément déterminant pour la datation de ce texte qui ne comporte à vrai dire aucune trace de l’influence des textes astronomiques grecs. Il serait davantage utile, afin de pouvoir dater ce texte, d’analyser de plus près l’ensemble des citations bibliques en les comparant avec les états anciens, quand ils sont recensés, de la Pešiṭta et de la syro-hexaplair. de l’auteur l’amènent à penser que le soleil accomplit sa révolution autour de la terre en 360 heures ! (voir la traduction de Kugener à ce propos dans Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER], p. 173). 351 Les noms des mois appartiennent au calendrier syriaque, comme šabto (février) au lieu de méchir en égyptien. Deux listes des constellations figurent dans le traité. Il s’avère que les noms ne correspondent en rien au lexique grec et sont puisés au fond culturel mésopotamien (Chaldéen) : « Le Distributeur, le Conducteur, l’Indicateur, le Précepteur, le Messager rapide, le Hérault de la Paix, la Donatrice de la science, l’étoile intellectuelle, celle qui fait comprendre, qui rend maigre, la fille de la sagesse, la Donatrice de la vue, l’intelligente, […] » (cf. Denys Ar. (Ps.), Traité astro. [éd. KUGENER], p. 193). 352 KUGENER, « Un traité astronomique », 1907, p. 140. 385
Établissement et application de critères de datation
Bilan de l’application des critères de datation
Il semble que nous soyons désormais dotés de sérieux outils nous permettant de dater les textes astronomiques syriaques produits avant la période arabe : les critères formulés par S. P. Brock (basés notamment sur l’observation des particules de liaison, du type de suffixation des néologismes et de la méthode de traduction employée) sont valables pour ce corpus. Le lexique astronomique a évolué de façon remarquable entre le et le
e
VII
IV
e
s. sous l’influence du grec (néologismes construits sur des racines
sémitiques ; translittération de termes grecs ; néologismes consistant en une suffixation syriaque de termes astronomiques grecs) et une étude diachronique nous a permis d’obtenir des repères déterminants pour estimer la date de production de ces textes. Le lecteur pourra facilement bénéficier de ce travail en utilisant le lexique que nous plaçons en annexe. Après avoir appliqué ces critères à ces quelques textes anonymes présents dans quatre manuscrits (de la British Library, de Paris et de deux manuscrits du Vatican), il s’avère que nous pouvons intégrer quatre nouveaux textes au corpus astronomique syriaque produit avant la période arabe et confirmer le rattachement de deux autres textes, édités ou partiellement édités. Trois de ces textes sont peut-être à rattacher au Ve siècle : -
Un Traité sur la lune (Vat.sir 555, fol. 54v-56v) [inédit] : fin Ve s.
-
L’ Exemple sur le mouvement du soleil (BL Add. 14 658 du e
VII
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s. ;
e
éd. E. Sachau, Inedita syriaca, 1870) : fin V - début VI s. Trois textes sont vraisemblablement du VIe siècle : -
Le Traité sur la cause des éclipses de lune (ms. Paris BnF syr. 346, f. 51v-60r) [édité et traduit dans cette thèse]
-
Un long extrait d’un Traité sur les révolutions planétaires et les conjonctions astrales (ms. Paris BnF syr. 346, f. 172r-177r ; partiellement édité et traduit par F. Nau) : fin VIe s. 386
Établissement et application de critères de datation
-
Une Lettre de Basile sur la sphère céleste (ms. Vat. sir. 516, f. 26r29v) [inédit] : unique témoin nestorien issu d’un milieu perse assurément antérieur au VIIe s. (Ve s. ? VIe s. ?).
Un texte du VIIe s. : -
Une Lettre à Basile sur la conjonction des planètes (ms. Paris BnF syr. 346, f. 121v-124v ; partiellement éditée et traduite par F. Nau) : qu’il faut compter parmi les œuvres de maturité de Sévère Sebokht (entre 660 et 670 apr. J.-C.).
387
CONCLUSION GÉNÉRALE
Cette enquête sur les textes astronomiques syriaques anciens s’est révélée particulièrement fructueuse : alors qu’il y a six ans nous prenions le risque de ne trouver aucune autre source que les deux traités de Sévère Sebokht traduits par F. Nau, le dépouillement des catalogues de manuscrits syriaques et l’approche directe de certains manuscrits nous ont permis de redécouvrir des sources insoupçonnées au départ ; notre effort d’édition et de traduction de certaines d’entre elles nous a ensuite permis d’établir des critères de datation et de concevoir un lexique astronomique syriaquefrançais qui étaient des étapes indispensables pour permettre d’envisager un classement et une traduction à la fois rigoureuse et sereine d’autres textes astronomiques syriaques. Le premier résultat est donc déjà important en soi, puisque nous avons pour l’instant retrouvé une dizaine de textes et mis à disposition des outils linguistiques pour les comprendre et les dater. Le second résultat de nos recherches intéresse l’histoire des sciences : nous avons désormais la preuve que des milieux syro-occidentaux vouaient, aux VIe et VIIe siècles, un véritable intérêt scientifique à l’étude des objets et phénomènes célestes et que parmi eux, certains avaient adopté le modèle sphérique de la terre et du cosmos (en revanche force est de constater que nous n’avons trouvé aucun témoin du
V
e
siècle allant dans ce sens). Les
connaissances astronomiques s’acquéraient manifestement à la fin d’un parcours d’études philosophiques, qui incluait l’apprentissage de la logique aristotélicienne. Les auteurs de textes astronomiques syriaques que nous avons appelés « philosophe-astronomes » produisaient des ouvrages qui s’inspiraient largement de deux auteurs
alexandrins, à savoir Claude
Ptolémée et Théon d’Alexandrie. L’influence de cette littérature scientifique grecque sur la production des philosophe-astronomes syriaques a été progressive entre le
e
VI
et le
VII
e
siècle et se manifeste de trois manières :
d’une part, le nom des astronomes alexandrins est mentionné ainsi que le titre de leurs ouvrages (on trouve même des citations littérales de ces
Conclusion
textes) ; d’autre part ces auteurs s’évertuent à combattre des théories ancestrales, comme celle de l’Atalya (dragon dont la tête et la queue provoqueraient les éclipses), à grand renfort d’arguments logiques et de calculs dont la méthode est clairement attribuée aux auteurs grecs ; enfin la langue de ces textes est de plus en plus marquée par l’influence du vocabulaire astronomique grec : si au début du
e
VI
siècle Sergius de
Reš‘ayna n’emploie qu’une dizaine de mots translittérés de cette langue, au milieu du
e
VII
siècle, plus d’une centaine de termes techniques se déploient
sous la plume de Sévère Sebokht, soient directement translittérés du grec (avec parfois des aménagements suffixaux pour syriaciser ces termes), soit sous la forme de traductions dites « en miroir ». C’est plus qu’il n’en faut pour prouver qu’aux
e
VI
et au
e
VII
siècle certains érudits de langue syriaque
s’étaient confrontés aux textes astronomiques fondamentaux de leur époque : l’Almageste et les Tables faciles de Claude Ptolémée. Si on ne trouve pas trace des dix petits textes précités, en revanche il semble que les commentaires de Théon d’Alexandrie aient joué le rôle d’introduction à l’utilisation des œuvres complexes du grand astronome alexandrin. Le niveau technique atteint par les érudits syriaques n’est manifestement ni celui de Claude Ptolémée, ni celui des astronomes arabes qui s’illustrèrent quelques siècles plus tard. Cependant, il faut leur reconnaître une vraie volonté de conquérir ce savoir et de s’astreindre à une disciple scientifique pour parvenir à leurs fins, en évinçant la mythologie de leurs propos, en se dotant progressivement des outils linguistiques indispensables à l’expression des concepts scientifiques, mais aussi en faisant circuler, en grec, certains ouvrages astronomiques fondamentaux comme la Syntaxe et les Tables faciles de Claude Ptolémée ou encore le Petit commentaire aux Tables faciles de Théon d’Alexandrie. Il faut noter que l’acquisition des concepts s’est effectuée lentement (il a d’abord fallu délimiter la sphère astronomique de celle de l’astrologie) et sous la menace d’un environnement parfois hostile (polémique virulente
390
Conclusion
avec les tenants du modèle archaïque), qui, selon le témoignage de Sévère Sebokht, tendait à isoler les adeptes de cette science1. Il ne semble pas que la recherche ait mis à jour une telle tentative de récupération des savoirs astronomiques grecs chez les érudits de langue latine, de l’autre côté de la méditerranée, pour la même période. En effet le niveau des exposés que l’on trouve chez Isidore de Séville ne s’élève pas au-dessus des schémas cosmologiques que l’on peut trouver dans le De Mundo. On sait, de plus, que les Tables faciles n’eurent guère d’influence, sinon très indirectement. Le monde latin du haut Moyen Âge ne les aurait connues qu’à travers un traité rédigé vers 535 apr. J.-C. intitulé Preceptum Canonis Ptolomei 2. En revanche, du côté byzantin, à Constantinople, les œuvres de Ptolémée connurent un succès attesté dès le début du perduré jusqu’au
XV
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VII
siècle et qui a
siècle. Nous avons d’ailleurs hâte de pouvoir
découvrir, à ce propos, les travaux de Jean Lempire, qui a récemment présenté une thèse de doctorat, sous la direction de Madame Anne Tihon, à propos de l’ouvrage de Stéphane d’Alexandrie intitulé « Commentaire aux Tables faciles de Ptolémée »3. Nous sommes d’autant plus intéressée que cet astronome byzantin fut l’exact contemporain de Sévère Sebokht4. Il faut espérer que le travail sur les sources astronomiques de cette période passionnante (dont le contexte intellectuel mouvementé a été dépeint avec beaucoup de verve par E. J. Watts5), se poursuive tant du côté 1
Voir la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant. D’après TIHON, Les « Tables Faciles », 2011, INTRODUCTION, p. 50-53. Pour accéder au texte du Preceptum Canonis Ptolomei, voir PINGRE D., The Preceptum Canonis, LouvainLa-Neuve, eds. Academia, 1997 [Corpus des Astronomes Byzantins VIII]. Sur la transmission des œuvres de Ptolémée dans le monde arabe voir MORELON R., « L’astronomie arabe orientale entre le VIIIe et le XIe siècle » in RASHED R.(dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris, Seuil, 1997, p. 36-47. 3 LEMPIRE J., Le "Commentaire" de Stéphanos d'Alexandrie aux "Tables Faciles" de Ptolémée : histoire du texte et édition critique, traduite et annotée, Louvain-la-Neuve, Université Catholique de Louvain-la-Neuve, 2010. 4 Pour une étude sur la transmission des savoirs astronomiques dans le monde byzantin, voir TIHON A., « L'astronomie à Byzance à l'époque iconoclaste » dans Science in Western and Eastern Civilization in Carolingian Times, edited by P. L. Butzer and D. Lohrmann, Basel-Boston-Berlin, 1993, pp. 181-203 et TIHON A., « Les Tables faciles de Ptolémée dans les manuscrits en onciale », Revue d’Histoire des Textes 22, 1992, p. 47-87. 5 WATTS E. J., City and school in late antique Athens and Alexandria, Berkeley, University of California press, 2006. 2
391
Conclusion
grec que syriaque. Nous ne doutons pas du fait que cette littérature inexploitée nous réserve encore bien des surprises qui nous permettront de nous faire une idée plus précise de l’état du savoir astronomique cultivé au Proche-Orient à la fin de l’antiquité. Cela permettra également de mieux cerner les canaux de transmission qui ont pu alimenter en textes grecs les astronomes arabes qui se sont illustrés par leurs compétences tout au long de l’âge d’or et jusqu’au XVe siècle à l’observatoire de Samarkand6. Mais il reste de nombreuses zones d’ombres : on sait par exemple que si dès le IXe siècle les astronomes arabes puisaient aux sources de la Syntaxe mathématique et des Tables faciles de Claude Ptolémée, ils utilisaient également d’autres sources comme le Livre des Hypothèses ou le Phaseis dont nous n’avons pour l’instant pas détecté l’influence sur les productions syriaques anciennes. Régis Morelon fait également état d’un recours au Commentaire à l’Almageste (l’Almageste étant le nom arabe pour désigner la Syntaxe mathématique) de Pappus d’Alexandrie ainsi que d’une petite collection de textes astronomiques comprenant les Données, l’Optique, la Catoptrique et les Phénomènes d’Euclide, les Sphériques, les Habitations, Les jours et les nuits de Théodose, La sphère en mouvement, Le Lever et Le coucher des astres d’Autolycos, Des grandeurs et des tailles du soleil et de la lune d’Aristarque de Samos, les Ascensions d’Hypsiclès et les Sphériques de Ménélaus. Cet ensemble, qui servait d’introduction à l’étude de l’Almageste7, est complètement inconnue de la littérature astronomique syriaque à laquelle nous avons pu avoir accès. On sait par ailleurs que si tous ces ouvrages, qui subsistent en grec, ont été transmis aux Arabes et conservés dans le monde grec byzantin, en revanche ils seraient restés généralement inconnus de l’Occident latin pendant le Moyen Âge 8. Les Arabes ont également eu recours à des sources astronomiques indiennes produites entre le
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et le
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6
siècle apr. J.-C. Or en dehors de la
Voir à ce propos MORELON R., « Panorama général de l’histoire de l’astronomie arabe » dans Rashed R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris, Seuil, 1997, p. 17-33. 7 Cf. MORELON R., « Panorama général de l’histoire de l’astronomie arabe » dans Rashed R. (dir.), Histoire des sciences arabes 1. Astronomie, théorique et appliquée, Paris, Seuil, 1997, p. 19. 8 TANNERY P., Recherches sur l’histoire de l’astronomie ancienne, Hildesheim-New York, G. Olms, 19762, p. 35-36. 392
Conclusion
mention des chiffres indiens par Sévère Sebokht, nous ne savons rien du contact de l’astronomie syriaque avec cette dernière littérature. Il y a une autre zone d’ombre qui s’attache aux productions astronomiques syriaques postérieures à la période qui nous a retenu jusqu’à présent. Que contiennent les textes astronomiques rédigés en syriaque durant la période arabe ? Nous avons mentionné l’existence de certains d’entre eux au cours de la troisième partie de notre travail. Mais ces textes restent pour l’instant inédits et vierges de toute étude. Pour l’instant, les seuls textes syriaques de la période arabe auxquels nous avons accès, et qui abordent des points d’astronomie, relèvent du genre encyclopédique et ne présentent pas de développements réellement techniques comme le Causa Causarum (anonyme du Xe s.)9, le Livre des Trésors de Jacques de Bartela10 ou la Cosmographie de Jésus fils de Noun (IXe s.)11. Seul le Cours d’astronomie de Bar Hebraeus fait figure d’exception au XIIIe siècle12. Pour envisager de soulever ces zones d’ombres, il est nécessaire de poursuivre l’étude des textes astronomiques syriaques dans deux directions : il convient d’une part de faire avancer le travail d’édition et de traduction qui permettra de renforcer les outils linguistiques susceptibles de nous faciliter la compréhension de ces textes, mais aussi de les dater ; il faut enfin œuvrer pour qu’à l’avenir, les compétences d’astronomes, d’historiens des sciences et de linguistes s’associent pour faire la lumière sur ces textes en les commentant et en les confrontant de plus près aux productions astronomiques grecques, arabes, persanes et indiennes qui ont alimenté pendant des siècles notre beau patrimoine scientifique.
9
KAYSER C. (éd.), Das Buch von der Erkenntniss der Wahrheit, oder, Der Ursache aller Ursachen, Leipzig/Strasbourg, J. O. Hinrich, 1889/1893, 3 vol. (vol 1 et 2 : texte syriaque / vol. 3 traduction allemande). 10 NAU F., « Littérature cosmographique syriaque inédite. Notice sur le Livre des trésors de Jacques de Bartela, évêque de Tagrit », JA 7 (IXe série), 1896, p. 286-331. 11 NAU F., « La cosmographie de Jésus fils de Noun », ROC 27 (1929/1930), p. 126-138. 12 NAU F., Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre. Cours d’astronomie rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfarag dit Bar Hebraeus publié d’après les manuscrits de Paris, d’Oxford et de Cambridge par F. Nau [Bibliothèque de l’Ecole pratique des Hautes Etudes, fasc. 121], Paris, E. Bouillon, vol. 1 : Texte syriaque, 1899/ vol. 2 : Traduction française, 1900. 393
LEXIQUE ASTRONOMIQUE SYRIAQUE
Un outil de ce genre était devenu indispensable pour qui envisage de comprendre un texte astronomique syriaque.
L’astronomie a été
particulièrement délaissée par les dictionnaires syriaques, pour la bonne raison qu’en dehors du Traité sur l’astrolabe, édité et traduit par F. Nau, on ne trouve aucune autre édition-traduction de textes scientifiques de ce genre produits avant le
VIII
e
siècle. Or le vocabulaire astronomique de cette
période admet une technicité et se caractérise par un processus d’évolution et d’intégration du grec (langue astronomique qui elle-même a connu une évolution entre Claude Ptolémée et Jean Philopon) qui rendait périlleux l’exercice consistant à récupérer une occurrence dans un texte édité sans traduction. Ainsi le sens de nombreux mots, expressions ou formes verbales prises dans un contexte astronomique n’apparaît pas dans les dictionnaires. En outre force est de constater que nombre de translittérations du grec ou de néologismes à racine sémitique ne trouvent pas même une entrée dans les dictionnaires consultés. S’il était toujours possible de « supposer » a priori, puis de confirmer a posteriori le sens d’un mot à racine sémitique, les termes techniques translittérés du grec posaient de véritables problèmes au lecteur qui devait dans un premier temps réussir à identifier le mot grec sous la couche souvent déformée du syriaque, puis, dans un second temps, trouver le sens astronomique de ce mot grec. Or nous manquons une fois de plus d’outils à ce niveau1.
Pour palier quelques-unes de ces difficultés, le présent lexique recense le vocabulaire astronomique et philosophique contenu dans sept textes astronomiques syriaques produits aux
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VI
et
VII
e
siècles : il s’agit du Traité
2
sur la cause des éclipses de lune , de l’Exemple au sujet du mouvement du 1
Nous n’avons pu nous aider que du lexique publié en fin d’ouvrage par TIHON A., LEURQUIN R. et SCHEUREN C. dans Une version byzantine du Traité sur l’astrolabe du Pseudo-Messahalla, [Corpus des astronomes byzantins 10], Louvain-La-Neuve, 2001. Pour une étude sur les lexiques scientifiques, consulter : BERTRAND O., GERNER H. et STUMPF B., Lexiques scientifiques et techniques. Constitution et approche historique, Palaiseau, Éditions de l’École Polytechnique, 2007. 2 D’après le texte édité et traduit Partie II, texte 1.
Lexique astronomique
soleil 3 , du Traité sur l’action de la lune 4 de Sergius de Reš‘ayna, de la traduction du De Mundo du même Sergius5 et des trois textes dus à Sévère Sebokht, à savoir le Traité sur l’astrolabe6, le Traité sur les constellations7 et la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant 8 . Nous indiquons également, de manière ponctuelle, le vocabulaire en usage dans Le Livre de l’ascension de l’esprit ou Cours d’astronomie de Bar Hebraeus édité et traduit par F. Nau. Nous n’indiquons que la première occurrence d’un terme au sein de chacun de ces textes. D’autres occurrences pourront être mentionnées, au sein d’un même texte, quand elles précisent le sens du terme, ou quand ce même terme admet clairement une autre signification. Les chiffres renvoient aux chapitres et aux paragraphes des textes tels que nous les avons édités dans cette thèse, sauf pour le Traité de l’astrolabe et le Traité sur les constellations pour lesquels nous avons suivi la répartition du texte suggérée par F. Nau. Il nous est arrivé de proposer occasionnellement des corrections aux traductions de F. Nau (en indiquant par exemple non plus « SbANau » –pour Sévère Sebokht, Traité sur l’Astrolabe, éd. Nau - mais « SbAVil. » - pour Sévère Sebokht, Traité sur l’astrolabe, correction Villey-) pour les cas qui 3
D’après le texte édité et traduit Partie II, texte 3. Une précédente édition avait été réalisée par SACHAU E. dans Inedita Syriaca. Eine Sammlung syrischer übersetzungen von Schriften griechischer Profanliteratur. Mit einem Anhang. Aus den Handschriften des brittischen Museum, Wien, Halle, 1870, p. 125-126 à partir de ce même manuscrit. 4 D’après le texte édité et traduit Partie II, texte 2. 5 Nous n’avons pris en compte que le chapitre 4 de ce traité, plus particulièrement consacré aux astres et à la cosmographie. Dans la Partie III de cette thèse le lecteur trouvera le texte syriaque de ce chapitre (repris de LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, Osnabrück, Otto Zeller, 19672 (Leipzig, Teubner, 18581), p. 134-158) ainsi que notre proposition de traduction. Étant donné que le texte syriaque conservé est très proche de la tradition grecque éditée par W. L. Lorimer (cf. LORIMER , Aristotelis, 1933), nous avons systématiquement indiqué l’équivalent grec dans notre lexique. Pour la traduction française de ces termes, nous avons tenu compte de la traduction de J. Tricot, réalisée à partir du grec (cf. TRICOT J., Traité du Ciel suivi du Traité pseudo-aristotélicien du monde / traduction et notes [pour les deux textes], Paris, Vrin, 1949). 6 D’après l’édition et la traduction de F. Nau (cf. NAU F., Le Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des sources grecques et publié pour la première fois avec traduction française (extrait du JA), Paris, Leroux, 1899, p. 20-71). Cette édition se fonde sur la seule copie manuscrite conservée à Berlin (Sachau syr. 186, f. 82v-98r). 7 Ce texte étant inédit, nous avons dû nous référer directement au manuscrit (Paris BnF syr. 346, f. 78r-122v). En revanche nous nous sommes appuyée sur la traduction intégrale de ce traité proposée par NAU F. dans « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27 (1929/30), p. 333-410 et ROC 28 (1931/32), p. 85-100. 8 D’après le texte édité et traduit Partie II, texte 4. 395
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nous paraissaient évidents. Nous avons conservé ses propositions quand nous n’étions pas en mesure d’apporter une solution meilleure et clairement fondée. Ce travail réclamerait au préalable une édition critique des textes. Le lexique devra donc être repris dès lors qu’une nouvelle édition de ces traités et qu’une nouvelle traduction verront le jour. Enfin nous apportons des informations étymologiques lorsque le terme syriaque est transcrit, emprunté ou déformé du grec ou du latin.
Système d’abréviations Système d’abréviations grammaticales ou autres Acc. : accusatif adj. : adjectif adv. : adverbe akk. : akkadien déform. : déformation exp° : expression f. : féminin Gén. : génitif gr. : grec gr. n. : groupe nominal lat. : latin m. : masculin n. : nom par opp. : par opposition à part.pr. : participe présent prép. : préposition Tit. : titre trad. : traduction de vb. : verbe Système d’abréviations bibliographiques utilisées dans le lexique An.écl.lu : Anonyme, Traité sur la cause des éclipses de lune. An.mouv.sol. : Anonyme, Exemple au sujet du mouvement du soleil. BhCA : Le Livre de l’ascension de l’esprit sur la forme du ciel et de la terre. Cours d’astronomie rédigé en 1279 par Grégoire Aboulfarag dit Bar Hebraeus publié d’après les manuscrits de Paris, d’Oxford et de Cambridge par F. Nau, Paris, E. Bouillon, vol. 1 : Texte syriaque, 1899/ vol. 2 : Traduction française, 1900. Bhchr : P. Bedjan, Gregorii Bar-Hebraei chronicon syriacum, Paris 1890. SbANau : Sévère Sebokht, Traité sur l’astrolabe plan, d’après NAU F. (éd.), Le Traité sur l’astrolabe plan de Sévère Sabokht écrit au 7e s. d’après des sources grecques et publié pour la première fois avec traduction française 396
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par F. Nau (extrait du JA), Paris, Leroux, 1899. Les chiffres romains renvoient aux parties du traité, les chiffres arabes aux pages de l’édition. SbAVil. : proposition de traduction de E. Villey. Les chiffres romains renvoient aux parties du traité, les chiffres arabes aux pages de l’édition de Nau. SbCNau : Sévère Sebokht, Traité sur les constellations. Texte syriaque séquencé suivant le découpage de F. Nau (NAU F., « Le traité sur les constellations écrit en 660, par Sévère Sébokt, évêque de Qennesrin », ROC 27 (1929/30), p. 333-410 et ROC 28 (1931/32), p. 85-100). Mais ce texte n’ayant été que partiellement édité par Nau (chap. 4-6), il faut se reporter au ms. Paris BnF syr. 346, f. 78r à 121v pour les autres chapitres (1-3 et 7-18). Les chiffres romains renvoient aux chapitres et les chiffres arabes aux paragraphes de la traduction de Nau. SbCVil. : proposition de traduction d’E. Villey. Les chiffres romains renvoient aux chapitres et les chiffres arabes aux paragraphes de la traduction de Nau. SbN : Sévère Sebokht, Lettre sur les nœuds ascendant et descendant. C1SbN : copiste de la Lettre sur les nœuds ascendant et descendant de Sévère Sebokht (scholies marginales). SgL : Sergius de Reš‘ayna, Traité sur l’action de la lune. SgMu. : LAGARDE P. (éd.), Analecta Syriaca, Osnabrück, Otto Zeller, 19672 (Leipzig, Teubner, 18581), 134-158 (texte syriaque de la traduction du De Mundo réalisée par Sergius de Rešʻayna). Signes
ajout de l’éditeur
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ܐ ܐܐܪn.f./m. (< ἀήρ) air SbANau I.33 ; ܐܓܘܦܛܘܣn. Égypte SbCNau II.6 ; ܰ [cf. ] ܩܪܛܝܪ. ܳ ܐ ܓ ܳܢܐ ܐܘܐܝܣܛܘܣn.m. (< Ὀιστός) constellation septentrionale ܐܘܐܝܣܛܘܣ ܐܘܟܝܬ ܓܐܪܐὈιστός, c’est-à-dire la Flèche SbCNau VI.3 ; [ ܐܘܟܣܢܐcf. ] ܐܟܣܘܢ. ܐܘܡܢܘܬܐn.f. art ܐܘܡܢܘܬܐ ܡܠܝܠܝܬܐart rationnel (en parlant de ̈ l’astronomie) SbANau I.21 ; ܐܘܡܢܘܬܐ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܕܓܐܘܡܛܪܝܐ ܐܡܪ ܐܢܐ ܘܡܘܣܝܩܝ ܘܕܐܣܝܘܬܐles autres arts, je veux dire la géométrie, la musique, la médecine SbANau I.22 ; ܐܘܡܢܘܬܐ ܕܓܐܘܡܛܪܝܐl’art de la géométrie SbCNau XVII.2 ; ܐܘܡܢܝܐadj. artificiel ܐܝܬܘܗܝ ܗܟܝܠ ܗܘ ܐܣܛܪܘܠܒܘܢ ܐܘܪܓܢܘܢ ܐܘܡܢܝܐ SbANau I.21 ; ܐܘܣܝܐn.f. (< οὐσία) substance SgMu. 4 ; ܳ ܐܘܩ ܰܝn.m. (< Ὠκεανός) océan SbCNau XIV.Tit ; ܐܢܘܣ ܐܘܪܓܢܘܢ, pl. ܐܘ̈ܪܓܢܐ, n.m. (< ὄργανον) instrument astronomique SbANau I.21 ; pour désigner l’astrolabe plan SbANau II.40 ; SbCNau XVI.Tit. ; ܐܘܪܘܦܝn. Europe SbCNau II.7 ; ܐܘܪܝܘܢn. (< Ὠρίων) Orion constellation australe SbCNau IV.8 ; ܐܘܪܝܘܢ ܐܘܟܝܬ ܓܢܒܪܐOrion c’est-à-dire le Géant SbCNau VI.4 ; ܐܘܪܝܙܘܢ, ܐܘܪܝܘܢ ܐܘܪܘܝܙܘܢܛܘܣn.m. (< ὁρίζων) horizon SbANau I.24 ; SbCNau IX.3 ; ܐܘܪܝܙܘܢ ܐܘܟܝܬ ܡܬܚܡܢܐl’horizon, c’est-à-dire qui limite SbCNau XII.12 ; ܐܘܪܟܐn.m. 1. longitude ܠܦܘܬ ܐܘܪܟܐen longitude An.écl.lu 4.2 ; ܒܐܘܪܟܐ en longitude SbN II.5 ; SbANau I.20 ; SbCNau I.4; 2. longueur SbANau I.25 ; 3. hauteur d’un astre SbANau I.30 ; 4. ascension droite (?) ܐܘܪܟܐ ܕܟܠܗ ܐܣܦܝܪܐascension droite de toute la sphère SbANau I.34; ܐܘܪܢܝܣn. (< Ὄρνις) Cygne, constellation septentrionale9 SbCNau VI.3 ; ܐܚܝܕ ܚܘܝܐexp° Celui qui tient le serpent (Ophiuchus), constellation septentrionale SbCNau VI.3 ; ܐܛܐܪܝܕܣen exp° [voir ]ܐܝ ܳܩܘܣܝ. ܐܝܕܘܣn.m. (< lat. idus) ides SbCNau II.4 ; ܐܝܟadv. environ SgL. 2.4.3 ; ܐܝܠܘܠn. Elul (août-septembre) (trad. de Θὼθ) An.mouv.sol. 3 ; ̈ ܐܝܡܡܐ, pl. ܐܝܡܡܐ n.m. jour SgL. 2.1 ; SbN II.2 ; SbANau II.36 ; exp° ܦܠܓܘܬ ܐܝܡܡܐmilieu du jour SbANau II.40 ; SbCNau XVI.Tit. ; ܐܝܢܕܩܛܝܘܢܐ, ܗܢܕܩܛܝܘܢܐn.m. (< lat. indictio) indiction SbCNau II.5 et XVIII.9 ; 9
Appelée aussi « Croix du Nord ». 398
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ܐܝܣܝܡܝܗܪܝܢܛܪܘܦܝܩܝn. (déform. de l’exp° ἰσημερινὸς τροπικός) tropique
équatorial ̄ܟ ̄ܕ ܿܡܢ ܠܓܪܒܝܐ ܡܢ. ܕܬܠܬ ܕܝܢ ܕܡܬܩܪܝܐ ܐܝܣܝܡܝܗܪܝܢܛܪܘܦܝܩܘܣ ̄ܡ ̄ܚ ܐܝܣܝܡܪܝܐ ̄ܟ ̄ܕ ܕܝܢ ܐܚ̈ܪܢܝܬܐ ܠܬܝܡܢܐla troisième est appelée « tropique équatorial » et compte 48 degrés (dont 24 degrés) au nord de l’équateur et les 24 autres (au sud) SbANau II. ̈ ܐܝܣܝܡܪܝܐadj. (< ἰσημερινός) 1. équinoxial SbANau II.55 ; ܫܥܐ ̈ ܫܘܝܬܐ ܐܝܣܝܡ̈ܪܝܬܐ ܐܘܟܝܬheures équinoxiales, c’est-à-dire égales SbCNau XVI.4 ; 2. équatorial ܙܘܢܐ ܐܝܣܝܡܪܝܬܐzone équatoriale SbANau II.64 ; ܐܣܡܗܪܝܐ ܐܝܣܝܡܪܐ ܐܝܣܝܡܪܝܢܘܣn.m. (< ἰσημερινός) équateur SbANau II.66 ; ܚܘܕܪܐ ܐܝܣܝܡܪܝܢܘܣcercle de l’équateur SbCNau IX.5 et X.4 ; ܐܝܣܝܡܪܝܢܘܣ ܗܢܘ ܕܝܢ ܕܫܘܝܘܬ ܝܘܡܐl’équateur, c’est-à-dire du jour égal SbCNau XII.5 ;