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QUARANTE HADITH NAWAWI A
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SES COMMENTAIRES
Maquette et composition: Mostafa B. Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction réservés pour tous pays
© Éditions Tawhid, 2006 Seconde édition, 2010 ISBN: 978-2-84862-101-2
À mon père et à ma mère
Table de translittération
Noms hamza
Formes isolées
Transcription
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Notes préliminaires ~ Certes, Dieu et Ses anges bénissent le Prophète. Ô croyants ! B~nlssez-le et adressez-lui vos salutations. ~ (Coran 33/56) D'après al-I:Iusayn, le Prophète~) a dit:« :ravare, c'est celui qui
ne prie pas sur moi quand mon nom est prononcé en sa présence. » (Abmad, Tirmidhî, Nasâ'î)
Cc verset et ce hadith sont sans doute à l'origine de la formule consacrée : « falla lldhu alayhi wa sallam », et qui signifie « que Dieu lui accorde Sa clémence et Son salut ». Elle est à la fois un vœu et un lfmolgnage de respect formulés par le musulman, chaque fois que le nom du Prophète MuQ.ammad (~) est mentionné, que ce soit verbalement ou par écrit. Nous avons préféré, comme de nombreux confrères, faire figurer
11 calligraphie (~) de la formule arabe. Le lecteur francophone com-
prendra intuitivement, grâce à ces quelques explications, sa significa-
tion et les raisons de sa présence après le nom du Prophète (~) dans ett ouvrage comme dans tous les ouvrages religieux.
L'éditeur
INTRODUCTION
C'est avec un réel et immense plaisir que j'ai accepté le projet, proposé par les Éditions Tawhid, de réaliser une traduction commentée des Quarante hadiths de l'imam Mu.Q.yiddîn Nawawî. La tâche n'était pas aisée car d'autres traductions existaient déjà en langue française. Il fallait faire œuvre originale. En plus d'un commentaire, nous avons entrepris de développer les thèmes traités par les hadiths compilés par l'imam Nawawî, avec l'aide et la guidance de Dieu, qu'Il en soit loué. Nous l'avons appelé : Comprendre l'Islam à travers les 40 hadiths de Nawawî. Le choix de ce titre se comprend par le fait que les Quarante hadiths, choisis par Nawawî, donnent une vision globale de la religion musulmane dans ses grands aspects. Nous espérons que le développement opéré autour de ces hadiths puisse répondre à une attente de connaître cette belle et profonde religion.
Il faut dire que le recueil des Quarante hadiths (en fait quaranteJeux) de l'imam Nawawî est très populaire, au Maghreb en particulier, et dans le monde musulman en général. De ce fait, il a été édité Nous diverses formes, comme il a été traduit à maintes reprises dans plusieurs langues différentes (français, anglais, allemand, hongrois, urdu et autres). Il a été commenté plusieurs fois, spécifiquement en hmgue arabe, notamment de la part de l'imam Ibn Daqîq al-'Îd (mort
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Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
en 709 H/1309 G), par Ibn Rajab 1 (mort en 795 H/1393 G), et plus récemment par Cheikh Ibn 'Uthaymîn, et bien d'autres encore. Limam Nawawî lui-même avait donné des explications plus ou moins longues des hadiths de ce recueil. Il faut faire remarquer que beaucoup d'autres auteurs avant lui, et bien plus après lui, ont produit des recueils de (quarante ou cinquante) hadiths, reprenant plus ou moins les mêmes hadiths en ajoutant d'autres ou en en retranchant. Mais le recueil de notre imam est le seul à avoir connu cette notoriété, cette popularité et cette si longue vie. Pourtant, l'imam Nawawî n'a pas vécu longtemps. Malgré cela, il laissera derrière lui des ouvrages exceptionnels tels ce recueil, et un autre encore plus important et plus célèbre appelé « Le jardin des vertueux » (Riyârj, a;-Sâlibîn) qui constitue l'enseignement de base dispensé dans les mosquées du monde entier.
1. L'imam Nawawî Limam Yal;iyâ MuQ.yiddîn Ibn Sharaf ad-Dîn an-Nawawî (nous écrirons dorénavant Nawawî pour plus de commodité) est né en 631 H/1234 G dans un village, Nawâ, près de Damas (Syrie) dans une famille de savants. Il y mourra en 676 H (1277 G), en ayant vécu quarante-cinq années lunaires seulement, mais sa production intellectuelle est très riche. Ses ouvrages traverseront les siècles en restant des jalons dans la culture musulmane. Dès son plus jeune âge, ses parents remarquèrent sa mémoire extraordinaire, sa précocité bien avant terme et son engouement pour les sciences religieuses. Après avoir mémorisé le Coran entièrement dès la puberté, il s'initia à l'étude approfondie de la langue arabe et du fiqh, mais surtout de cette difficile science qu'est celle du hadith, l'héritage prophétique. Placé par son père dans une boutique pour acheter et vendre, il s'y ennuya tellement que son père le dirigea alors vers les cercles de sciences qui foisonnaient à Damas. Il devint alors le disciple attitré des savants de la mosquée omeyyade de Damas, et notamment
1. En fait, Ibn Rajab al-l;lanbalî a réuni cinquante hadiths et les a commentés (jdmi' al- 'u/ûm wa/-biltam). Les hadiths réunis par l'imam Nawawi sont compris dans ion rerndl. Nous nous y réfèrerons parfois.
Introduction
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de ses plus grands muftis. À l'âge où ses pairs jouaient, lui s'investissait pleinement dans les sciences musulmanes. S'il portait un intérêt certain au fiqh (jurisprudence), aux lectures du Coran, sa préférence allait sans conteste à l'héritage prophétique, à tel point qu'il en fût l'un des meilleurs spécialistes de son temps. En effet, il acquit le titre de « bâfi~ », la plus haute distinction dans la 1clencc de la compilation et del' authentification des hadiths. Il devint l'un des maîtres incontestés de l'école shâji'îte dans la jurisprudence musulmane (fiqh). L'imam Nawawî va laisser pour la postérité, toujours dans la parole prophétique, des ouvrages qui restent des références jusqu'à aujourd'hui. Dans les mosquées et les foyers, il y a toujours un Riyârj, .,.~IJ/ibîn (Le jardin des vertueux) qui se lit quotidiennement ou prc1que. Il y a toujours un Al-Adhkâr (Les invocations) sur le bureau de ceux qui écrivent sur l'Islam. Il y a toujours un Sharb iabîb Muslim (Le commentaire des hadiths authentiques recueillis par l'imam Mualim) dans les mosquées et les demeures de ceux qui veulent revenir aux sources premières de l'Islam. Pour cela et pour d'autres raisons (ion érudition, sa sagesse, son impartialité, son ascèse et sa piété), son nom restera au firmament des sources et de la culture musulmanes. Il ne se maria pas pour des raisons inconnues, mais il laissa une d11cendance autrement plus fructueuse à travers une production Intellectuelle extrêmement riche, eu égard à ses quarante-cinq années d'existence. Parmi ces nombreux ouvrages, nous pouvons citer : • Un précieux commentaire du Sabîb de l'imam Muslim2 , le second maitre du hadith de tous les temps. Ce commentaire fait autorité Jusqu'à aujourd'hui. • Il t:ommença un commentaire du Sabîb de l'imam Bukhârî, le premier maître incontesté du hadith, mais la mort ne lui permit pas de le terminer. • Sur les invocations prophétiques, son livre Al-Adhkâr (Les évocations/invocations) est considéré comme référence en la matière.
1, Voir rn annexe 2 Ici détails sur les imams BukhArl et Mu1lim.
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Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
• Un recueil beaucoup plus important de hadiths combinés avec des versets coraniques, le tout rassemblé selon des chapitres bien ordonnés, Riyâtf, af-Sâlibîn (Le jardin des vertueux), considéré comme livre de chevet pour beaucoup de croyants et de référence d'étude dans les mosquées; lui aussi a été traduit dans plusieurs langues. • Un livre sur l'éthique des mémorisateurs du Coran, At-Tibyân fi Âdâb lfamalat al-Qur'ân. • Et d'autres livres : At-Tarkhî~ fll-Ikrâm wal-Qjyâm, Bustân al- 'Ârifln (Le Jardin des connaisseurs), Rawtf,at at-Tâlibîn (Le jardin des prétendants), Al-Minhâj (La Voie, La Méthode), AlFatâwâ an-Nawawiyya (Les Fatwas de Nawâwi) ... Limam Ibn as-Subkî dit de lui3 : « Il fat un maître et un chaste. Il fat aussi un ascète. Peu lui importait que sa vie ici-bas devienne ruine, tant que sa religion était florissante. Il était distingu,é par son ascétisme et son contentement de ce que Dieu lui accordait. Il marchait sur les pas des pieux prédécesseurs (ahl as-sunna wal-jamâ'a). Dévoué et patient dans les voies du bien, il ne donnait aucun instant dans des œuvres qui n'impliquaient pas l'obéissance à Dieu. »
2. Les Quarante hadiths de Nawawi, étude thématique Limam Nawawî, à travers le recueil des Quarante hadiths, AlArba ün an-Nawawiyya (terminé en 668 H/1270 G), a voulu donner une image globale des enseignements de notre Prophète (~) sur l'Islam et ses composantes essentielles. Il a fait un choix grandement judicieux de ces quarante-deux hadiths parmi les dizaines de milliers d'autres hadiths. En effet, ce recueil reste encore l'une des premières portes pour découvrir la richesse de la parole prophétique, la puissance de son verbe, la concision (si difficilement rendue dans les traductions) de ses maximes, la valeur universelle de son enseignement, la contemporanéité toujours renouvelée des grandes valeurs individuelles et sociétales qu'elle professe et dont le Prophète (~) veut 3. In Tubfat at-tâlibin fi tarjamat al-imâm an-Nawawi, par son disciple, Cheikh Shams adDin as-Sakhàwl.
/,.mJuc·tion
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Imprégner ceux qui se réclament de sa prophétie, ceux qui l'aiment. Le choix des hadiths n'est pas fait au hasard. Je crois intimement qu'il y avait la main de Dieu qui dirigeait notre imam dans ce travail. 'foutes ces considérations et bien d'autres, ont fait que ce recueil a
pu traverser les siècles et rester un des moyens de l'enseignement et de l''ducation islamiques, alors que d'autres recueils de quarante hadiths (ou parfois plus ou moins) d'autres auteurs aussi célèbres et illustres ont été étouffés par le temps. l:lmam Nawawî, dans l'introduction de son livre, explique ainsi Il démarche : « Il y a des savants qui ont réuni quarante hadiths dans le •maint des principes de la religi,on (U[ûl ad-dîn), d'autres sur des sujets ''"' détaillés (furû '), d'autres sur le jihâd, d'autres encore sur le détache'"'"' de ce monde (zuhd), d'autres sur les bonnes manières, d'autres sur 111 J>rlches. Tous visent le bien. Quant à moi, j'ai visé un objectifplus pnti que tout cela : réunir quarante hadiths qui regroupent ces différents '61«11. Chaque hadith de ce recueil constitue une base fondamentale des ,1ll1rs de la religion. Chaque hadith [de ce recueil] a été qualifié, selon Il r111, d'axe de la religion musulmane, ou représentant la moitié de la "llt'on, ou de son tiers ou d'un qualificatifde ce genre. ( ... ) » Choix judicieux à plus d'un titre. En effet, ces paroles prophétique1, dans leurs contenus et les sujets abordés, constituent les fondements de l'enseignement islamique. Dans leur forme, la majeure partie de ces paroles prophétiques constitue des maximes concises, trt1 denses et« englobantes » quel' on appelle en langue arabe jawâmi'
1l·lt11/im. Enfin, ces hadiths sont tirés des compilations les plus reconnues d11 hadiths, quant à leur authenticité. Il dit à cet égard : «je me suis l"lllXt à ne réunir dans ce recueil que les hadiths sûrs, dont la plupart 1rovitnnent des deux livres authentiques Sabîl;4. » Nous avons procédé à une étude thématique sommaire des hadiths dt cc recueil. Il s'en est dégagé six aspects principaux que nous résumu1111 dans les paragraphes suivants.
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Introduction
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Le compagnon Anas Ibn Mâlik rapporte que }'Envoyé de Dieu (~) lui a dit : « "Ô mon fils, si tu peux faire de telle sorte que, lorsqu'arrive le matin et le soir, tu n'aies dans ton cœur une quelconque tromperie (traîtrise) pour quelque personne, alors fais-le. "Puis il me dit : "Ô mon fils, ceci fait partie de ma sunna9• Et sache_ que celui qui revivifie un de mes enseignements m'aime, et celui qui m'aime sera avec moi au Paradis !" » [Tirmidhî (2602), hadith basan] of:'
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« Ô Toi qui fais basculer les cœurs, raffermis mon cœur dans Ta religion. » [Tirmidhî (2066) et A.bmad (25457)) ....
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«.~~~~~~}AJl~~r+ul>> C'est aussi l'invocation coranique que Dieu nous enseigne: ~ Seigneur, ne fais pas dévier nos cœurs après nous avoir mis dans le droit chemin ! Étends sur nous Ta grâce, car Tu es le Dispensateur de toutes les grâces Coran (La Famille d'Imrân 3/8)
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Hadith 4: mation de l'hommt
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Nous devons demander à Dieu de nous ouvrir les portes de la bonne action. En effet, le Prophète (~) a dit devant ses compagnons : Lorsque Dieu veut du bien pour Son serviteur, Il l'utilise. » Les compagnons dirent : « Mais comment L'utilisera-t-il? » Il dit: « Dieu lui ouvre des portes de bonnes actions qu'il accomplira juste avant de mourir!» [Abmad (11595)) «
Et dans une seconde version : « Dieu lui ouvre l'opportunité de faire des bonnes actions, puis prend sa vie. » [Abmad (16585)) ~~~
Comprendre l'Islam - 40 Hadihs Nawawî
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Hadith 5 Ne pas innover dans la religion ~~I ~ tl~jil ~ ~I
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La mère des croyants 'Âïsha rapporte que l'Envoyé de Dieu (*) a dit : « Celui qui innove dans notre religion ce qui n'en est pas d'elle, [cette innovation} sera rejetée. » [Bukhârî (2499) et Muslim (3242)] Et dans une autre version de Muslim (3243) :
« Celui qui fait un acte qui n'est pas conforme à notre voie, alors cet
acte sera rejeté.
» [Rapporté aussi par Ibn Mâja°(l4), Abû Dâwûd (3990) et Al].mad
(25124)]
LES MOTS
abdatha ..!.i~I : littéralement innover. Il faut le comprendre, dans ce hadith, comme innovation dans les règles cultuelles établies par Dieu et Son Prophète (~).
SENS GLOBAL
Nous avons dit précédemment que les savants considéraient deux grands domaines : le rituel ( 'ibâdât) et le relationnel (mu 'âmalât).
Les innovations ainsi blâmées dans ce hadith sont celles touchant le domaine dans notre cultuel ( 'ibâdât).
amrinâ \,;;i : affaire, comprendre la religion musulmane.
En effet, ce domaine est régi par le pre. , ., mier principe : « Tout est interdit sauf ce rad'd )J : 11ttera1ement , , , rejeté, mardûd. que permet le Legislateur », c est-a-dire Dieu et Son prophète Mu]:iammad (~). Au sens où on ne peut adorer Dieu que comme Il le désire et nous l'a fait savoir à travers l'enseignement prophétique.
Hadith 5 : ne pas innover dam la religion
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L'imam Shâçibî29 tient à préciser que ce qui est interdit comme innovation est ce qui a pour vocation de concurrencer les enseignements prophétiques (mur/,dl;âtu ash-shar') dans ce domaine. Ainsi, d'autres façons de prier, de jeûner, d'accomplir le bajj, ajouter ou retrancher à l'enseignement prophétique constituent des « innovations » blâmables, et sont donc rejetées. Le deuxième domaine, le relationnel (mu'âmalât), est régi par le second principe : « Tout est permis sauf ce qui est interdit par le Législateur », au sens où c'est l'interdiction qui doit être prouvée, non l'inverse. Il faut cependant en exclure le sous-domaine des relations maritales (al-mankûbât) qui est régi par le premier principe. COMMENTAIRE
CONTRE TOUTE DÉNATURATION DE LA RELIGION
Ce hadith constitue ainsi un rempart fortifié contre toute dénaturation de l'essence de la religion, à savoir rendre le culte à Dieu de la façon qu'Il veut. C'est l'application scrupuleuse de ce hadith qui a permis la sauvegarde du culte musulman dans sa pureté originelle jusqu'à aujourd'hui. Les innovations formes:
«
dans la religion » peuvent revêtir différentes
• S'astreindre à des pratiques et leur donner un aspect cultuel. Tel l'exemple de cette personne qui pensait que la pénibilité et la dureté étaient recherchées par l'Islam et qui s'était astreinte à jeûner et se placer debout sous le soleil sans aucune protection, sans parler à personne ! Le Prophète (~) ayant vu cet homme et s'étant informé sur lui, dit : « Qu'il parle, qu'il se mette à l'ombre, qu'il ne reste pas debout et qu'il
termine son jeûne.
» [Bukhârî (6210), Ibn Mâja (2127)]
• S'astreindre à des pratiques cultuelles, permises par ailleurs, mais interdites en certaines occasions, comme celui qui voudrait jeûner le jour de l'Aïd.
1.'J . lmfo1 Sh.î1ihî, Al f"1i1tl111 .
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Comprtndrt /'/slllm - 40 Hadihs Nawawi
• Ajouter ou retrancher des éléments de culte instaurés par les textes coraniques et prophétiques, comme ajouter un cycle de prière (rak'a w.;), ou décider de donner moins que les 2.5% de sa fortune pour la zakât. Ou décider de ne plus se purifier pour effectuer la prière ... LINNOVATION PERMISE
Cependant, il ne faudrait pas comprendre ce hadith dans le sens opposé à son enseignement, à savoir interdire toute innovation dans le domaine hors cultuel. :Linterpréter ainsi reviendrait à s'opposer au sens compris par les compagnons du prophète MuQ.ammad (~) et les savants tous unanimement reconnus. Ainsi 'Umar a « innové » en créant la prison, en utilisant le « diwân », en règlementant la solde des troupes et des permissions régulières, en instituant une allocation familiale pour les familles démunies, en instituant un conseil de consultation pour le gouvernant, en instituant une commission pour choisir et faire élire le nouveau gouvernant, de rassembler les croyants autour de la prière nocturne des tarâwîb du ramadan ... De même Abû Bakr, premier calife, a « innové » en compilant le Coran. Ainsi que le troisième calife 'Uthmân qui a institué la première vulgate du Coran à partir de la compilation faite par Abû Bakr, qui a institué le deuxième âdhân (appel à la prière) du vendredi et ainsi de suite.
La saine compréhension de ce hadith ne s'est pas opposée à la création de nouvelles sciences par les générations des savants depuis 14 siècles. C'est donc dans le domaine de la croyance, du culte rendu à Dieu l'Unique qu'il faut comprendre ce hadith. INTENTION ET ACTIONS
Il est à remarquer que la bonne intention ne saurait justifier une innovation dans ce domaine. Ainsi sont considérés comme innovations rejetées les cultes rendus aux saints dans leurs tombes, ou l'invention de nouvelles formes d'adoration, ou l'abandon de certaines formes d'adorations prescrites par Dieu dans Son Livre Saint, et le Prophète dans ses enseignements. Autant le premier hadith (l'intention) peut être considéré comme l'étalon de mesure des actions dans l'intimité des cœurs de chacun,
Hadith 5 : nt pas innover dans Ill rtligion
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autant ce hadith est considéré comme l'étalon de mesure des actes cultuels extérieurs. Car tout acte est constitué de deux parties : l'intention en vertu de laquelle on procède à cet acte, et sa forme extérieure. Pour qu'un acte soit agréé, il faut donc que son aspect intérieur (intention) ainsi que son aspect extérieur soient conformes à la volonté divine dans son orientation et sa forme. Notre Prophète(~) n'a pas dit seulement (en référence au hadith n° 1 sur les intentions) : « Les actions ne valent que par leurs intentions. » Il a dit encore : « Tout acte non conforme à la Loi est rejeté. » Ceci est donc la preuve que la bonne conduite ne consiste ni dans la bonté de la seule intention, ni seulement dans l'exactitude de l'action, mais dans la conjonction de la forme et du fond dont l'un ne saurait se dispenser de l'autre. ~~~
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
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Hadith 6 Se garder des choses équivoques 1.J~\ ~lj-0 (_,& ~\ .. 4'1lZ .:.
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Abû 'Abdallah an-Nu'mân Ibn Bashîr dit : J'ai entendu !'Envoyé de Dieu(~) dire:
«Le [domaine du} licite est certes clai.,3° et [le domaine de} l'illicite est certes clair (évident). Entre eux deux se trouvent des choses équivoquesn que ne distinguent pas beaucoup de personnes. Celui qui s'abstient des choses équivoques préservera alors sa foi et son honneur. Et celui qui y succombe tombera dans [le domaine de} l'illicite. Tel le berger qui ferait paître [son troupeau} autour d'un enclos privé, risque de le faire paître dedans. Sachez que tout propriétaire a un enclos privé, et que l'enclos de Dieu est constitué par Ses interdits. En vérité, il existe dans le corps un morceau de chair (murj,gha) par lequel, de sa bonne santé, le corps en entier sera sain, et de sa corruption, le corps en entier sera corrompu ; sachez que ce morceau de chair est le cœur. » [Bukhârî (50), Muslim (2996) dans sa version. Rapporté aussi par Abû Dâwûd (2892) et Nasâ'î (5614)]
30. D ans le se ns d'évident. .~ 1. Dans k scm dt· moim évidt·n1 t\11) bien spécifiques à la langue arabe qui peuvent dire une chose et son opposée, le contexte se chargeant de !'expliciter.
Le hadith vise à ce que le musulman soit toujours scrupuleux en s'éloignant des choses équivoques et/ou douteuses et dont il ne sait si elles sont licites ou illicites. Et cela jusqu'à ce qu'il demande à ceux «qui savent » et d'adopter ensuite le comportement adéquat : consommation et utilisation du licite s'il le veut, abstention et éloignement de l'illicite car Dieu ne l'agrée pas.
Ce hadith, dans ce recueil, pose les premiers jalons du comportement du croyant face à l'illicite : s'en abstenir et s'en éloigner complètement. S'adonner à l'illicite est une désobéissance à Dieu et constitue le premier muf/,gha : littéralement le pas dans le chemin du courroux divin.
sens de petit morceau de chair (déjà vu plus haut). Désigne dans ce hadith le cœur.
Entre le licite évident et l'illicite évident, il y a toute une zone grise qui a besoin de connaissances pour s'y aventurer. À trop rôder autour de l'illicite, le risque est très grand d'y succomber, car l'interdit est graduellement approché, jusqu'à y tomber. Pour cette raison, le croyant se doit de s'éloigner de l'illicite, de ses environs et de ce qui y entraîne. Le hadith comme le Coran enjoignent aux croyants de consulter les savants musulmans en cas de non-connaissance d'une chose. Pour IH' citer qu'un seul verset coranique : ~ Interrogez donc les érudits des Écritures, lorsque vous ne savez 1'· 1 s . ~ Coran (Les Prophètes 21/7) et (Les Abeilles 16/43)
Puis, nous dit le Prophète( ~ ), c'est par la santé du cœur que l.1 ~a nté du corps est assurée, aussi bien physiquement que men1.ill' ment. Le sage de Tirmîdh32 , en commentant ce texte, dit : (j11tmd le cœur est corrompu, la prière, le jeûne et les autres activités des t~ . : Jli ~ 41 J_,....,.) .:iî .,J., ~ .:_r.\ if ,
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Comprtndrt l'Islam - 40 Hadihs Nawawl
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que nos cœurs n'aient jamais de haine contre les croyants.»~ Coran (I.:Exode 59/10) Le premier amour est celui d'aimer pour les autres cette foi que l'on porte, cet amour de Dieu et du Prophète, et détester pour eux l'incroyance et les turpitudes.
Et quand on ne désire pas pour son frère ce que l'on désire pour soi-même, on est alors en présence d'une jalousie totalement déplacée, fortement déconseillée, voire interdite (voir le hadith 35 de ce recueil qui en parle). COMMENTAIRE
HUMANISME MUSULMAN
« Aimer pour l'autre ! »
Cet autre n'est pas seulement le frère en religion, mais c'est tout être humain, c'est-à-dire le frère dans l'humanité. En effet, si le hadith cité dans cette compilation parle du frère en religion, d'autres hadiths citent le terme «pour les gens », utilisant ainsi des termes englobants (appelés dans le fondement du droit (~ûl fiqh), al-fâ:? al-umûm r_,.-JI .11..i.li). Ainsi, le compagnon Mu'âdh demanda au Prophète de lui indiquer le meilleur aspect de la foi 57 • Il répondit : Le meilleur aspect de lafoi est le fait d'aimer pour Dieu, et de détester pour Dieu et d'instrumentaliser ta langu,e dam l'évocation de Dieu. » Mu'âdh dit : « Et autre chose? » Le Prophète lui répondit : « Et d'aimer pour les gens ce que tu aimes pour toi-même, de détester pour eux ce que tu détestes pour toi-même, et de ne dire que du bien ou que tu te taises ! » «
[AQ.mad (21115)]
Et dans un hadith plus long dont nous extrayons cette partie, le Prophète conseille à ses compagnons : Que celui qui voudrait être éloigné (sauvé) du Feu et entrer au Paradis, que la mort le prenne alors qu'il croit en Dieu et au four dernier, et qu'ilfasse aux gem (de bien) ce qu'il aimerait qu'ils lui fassent. » [Muslim «
(3431), AQ.mad (6503 et 6516), Nasâ'î (4120)]
57. Cette question revenait très souvent de la part des compagnons, et chacun recevait une réponse adéquate, et souvent différente.
Hadith 13: aimer pour l'autrt ________________________________ _____ ----------·- -----,.
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Ces hadiths sont une condamnation de l'égoïsme sous toutes ses formes. On en tire le principe de l'universalité et de la réciprocité du devoir58 • · Ils assoient deux aspects fondamentaux : aimer le bien et un principe éthique de base. • Ces hadiths enracinent dans l'éducation du croyant l'amour du bien. Le croyant, non seulement doit aimer le bien, mais doit aussi vouloir le bien, et faire le bien afin que cet amour du bien ne soit pas un amour platonicien. Dans une autre étape, le croyant devrait aussi pouvoir aimer faire le bien, afin d'y être porté par un souffle intérieur, par une poussée profonde du cœur. • Ces hadiths assoient aussi un principe éthique de base plus important et plus généreux que celui dit de « la règle d'or » institué dans les sciences éthiques d'aujourd'hui : « Fais pour les autres ce que tu voudrais qu'ils fassent pour toi. » En effet, le croyant aime pour les autres ce qu'il aime pour lui-même, mais sans cette arrière-pensée de retour. Il le fait en vue de plaire à Dieu, non d'en attendre un retour. En effet, il s'agit de transcender sa propre personne, son propre ego pour désirer le bien pour les autres, tous les autres. C'est un appel au dépassement de sa petite personne, vers l'horizon bien plus large, plus généreux de l'humanisme musulman. Dans un hadith, notre Prophète (~) glorifie l'amour de l'autre en disant: « VtJus n'entrerez au Paradis que lorsque vous serez croyants. Et vous ne serez croyants que lorsque vous vous aimerez. Ne vous montrerais-je point la voie par laquelle vous vous aimerez? Saluez-vous. » [Muslim (81), AQ.mad
(10027), Tirmidhî (2434)]
Il s'agit donc d'aimer l'autre, telle est la voie royale pour être aimé de Dieu et de Son Prophète. AIMER POUR L'AUTRE !
Notre premier hadith ne dit pas aimer l'autre : il dit aimer pour l'autre. Parce que c'est le chemin vital pour aimer l'autre, le premier 58. Draz, Morale, p. 71.
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pas. C'est aussi l'aspect pratique pour aimer l'autre, pour que l'amour du prochain ne reste pas un sentiment diffus, une parole à prononcer, mais que cet amour trouve sa pleine expression et son entière réalisation. Les savants musulmans ont, de tout temps, voulu insister sur le fait que certains sentiments humains (aimer, détester, la colère comme on le verra dans un hadith prochain) sont difficiles ou impossibles parfois à dompter. Et que Dieu ne saurait nous imposer ce qui est au-delà de nos forces et de nos capacités, même s'Il nous incite à le faire. Par contre, tout ce qui peut aider à la réalisation de cet amour est sinon obligé (l' équité59 , le devoir de justice envers tous, les obligations légales60), du moins fortement recommandé (le don, le partage, le pardon, développer l'amour de l'autre, l'aide). Il en est de même pour ce qui concerne les autres sentiments humains sur lesquels nous avons difficilement prise. Le hadith n° 16 sur la colère montre la démarche à suivre dans ce cas. On y reviendra plus en détail. 000000
59. Entre les enfants par exemple. 60. Comme celles envers ses p;m:nts, Sl'.S l 11fon1.s ... 0
Hadith 14: pas d'agression
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«.~_,iJI J ~ 0Î 0-° _r.?- yiJI J ~ 0Î C'est dans cet esprit que 'Umar, devenu premier magistrat de l'État musulman, a ouvert les portes del' ijtihâd et a notamment innové dans la création de prisons, et de peines substitutives aux peines extrêmes prévues dans le Coran et la Sunna (appelées ta'zîr) en cas de moindre doute ou de circonstances atténuantes. Comme il a d'ailleurs innové en de nombreux autres points, mettant en place un grand nombre d'institutions. La première agression mentionnée dans le hadith, est celle contre la personne humaine. La loi du talion, décrite dans ce hadith, se retrouve dans les Livres divins plus anciens, à l'instar de la Bible israélite et chrétienne, par exemple Nombres 35:30-31, Deutéronome 19:19-21, Matthieu 5:30. Elle concerne l'agression (au sens général) dûment préméditée et intentionnelle, et non celle causée par erreur. Le Coran conseille d'ailleurs de pardonner dans tous les cas, ceci étant la meilleure voie : ~ Mais celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable et doit payer des dommages de bonne grâce., Coran (La Vache 2/ 178) ~ Mais quiconque pardonne et se montre conciliant, trouvera sa récompense auprès de Dieu., Coran (La Délibération 42/40) L'ADULTÈRE
Lautre agression dont fait mention le hadith, est celle commise contre l'honneur par l'adultère, de la part de l'homme ou de la femme mariés. Là aussi, on la retrouve dans la Bible hébraïque63 •
63. « Alors, tous les habitants de sa ville le lapideront à mort et tu feras disparaître le mal du milieu de toi, et tout Israël entendra et craindra.» (Deutéronome 21:18-21).
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Mais, en lisant la vie du Prophète(.), on remarque que cette peine n'a été appliquée qu'à la demande expresse de ceux qui ont commis l'adultère et qui voulaient ainsi se purifier, et dans aucun autre cas. On se reportera à juste titre au hadith rapporté par Al;tmad (21864) dans lequel c'est Mâ'iz lui-même [l'homme qui avait commis l'adultère] qui demanda à payer de sa propre personne. Il vint une première fois au Prophète(~) mais ce dernier lui demanda de revenir une autre fois. Il vint le lendemain, et le Prophète l'éloigna en lui demandant, une fois de plus de revenir plus tard. C'est alors que le Prophète s'enquit auprès de ses proches sur ses capacités intellectuelles et morales. Ils ne dirent que du bien de lui. Mâ'iz revint une troisième fois, et le Prophète l'éloigna encore en s'enquérant une deuxième fois sur sa santé. Le Prophète voulait assurément lui éviter de subir ce châtiment extrême. Dans la version de Muslim (3207), cette recherche du Prophète est encore plus explicite. Lorsque Mâ'iz revint la quatrième fois, le Prophète lui suggéra que peut-être il était malade, ou sous l'emprise de l'alcool ; mais il répondit à chaque fois par la négative, qu'il était conscient et en pleine possession de ses capacités, et qu'il voulait se faire purifier. De même, al-Ghâmidiyya la femme qui avait demandé de subir cette peine extrême. Le Prophète lui dit : « Reviens une autre fois. » Elle lui dit : « Veux-tu me demander de revenir encore une fois comme tu l'as fait avec Mâ 'iz ? Voilà je suis enceinte. » Le Prophète lui demanda alors de revenir après avoir accouché. Quelques mois plus tard, elle vint avec le bébé dans ses bras. Le Prophète lui demanda alors de revenir après avoir fini d'allaiter (deux années) le bébé. Elle se conforma à l'ordre du Prophète et revint après sa période d'allaitement. [Abû Dâwûd (3853)] Ainsi, de manière claire et explicite, le Prophète (~) voulait l' éloigner de ce châtiment, mais c'est elle-même qui persista dans sa volonté de subir la punition. Cheikh MuQ.ammad Draz, dans son monumental «Morale du Coran64 » dit : « Le Coran a entouré la législation sur le péché de la chair de précautions telles, que l'établissement de la transgression devient très difficile, sinon pratiquement impossible. Le dénonciateur qui n'apporte pas à son appui le témoigrzage concordant de quatre personnes probes et 64. Référence complète en fin de livre.
Hadith J4 : pas d'agrtSsion
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véridiques, non seulement sur la cohabitation d'unefemme et d'un homme étrangers l'un à l'autre dans une même chambre, mais sur la description du fait précis, sera lui-même poursuivi pour diffamation ! ( .. )Même un aveu spontané ne suffit pas à lui seulpour déterminer une condamnation. Encore faut-il s'assurer que le confessé sache bien ce qu'il dit, que cet aveu soit maintenu jusqu'au bout et non point démenti par un désaveu ultérieur, explicite ou tacite. »65
LA TRAHISON Le hadith parle aussi de l'apostasie accompagnée de la trahison. Il semblerait, selon un grand nombre de savants, que ce soit plutôt la trahison qui entraînait alors la peine de mort. Il faut aussi contextualiser ce hadith dans cette guerre de harcèlement que menaient les Mecquois et leurs alliés des tribus arabes environnantes contre le Prophète, alors qu'il avait pour mission d'appeler à l'unicité de Dieu, et à l'égalité sociale par-delà la couleur, la langue et le statut social. Ce hadith est aussi à mettre avec les autres pratiques du Prophète (~) et le verset coranique explicite, soulignés plus haut (hadith n° 8) : ~ Point de contrainte en religion.
1 Coran (La Vache 2/256)
D'autre part, le Coran ne prévoit pas de peine à l'apostat, il en parle différemment: ~ Ceux d'entre vous qui renieront leur foi et mourront en état
d'infidélité perdront à jamais le bénéfice de leurs œuvres dans cette vie et dans la vie future, et seront voués au châtiment du Feu éternel., Coran (La Vache 2/217)
La pratique prophétique indique qu'il n'y a pas eu de son vivant, une application de ce hadith. Au contraire, lors de la conclusion de l'accord de paix entre le Prophète (~) et les Mecquois en l'an 6 de l'hégire, appelé Paix de I:Iudaybiya66 (~~I ~), le Prophète s'était engagé, par écrit et contre l'avis de ses compagnons, à laisser libre ceux des Mecquois qui, musulmans, redeviendraient infidèles, et n'hébergeraient pas les nouveaux croyants qui fuiraient La Mecque.
65. Draz, Morale, p. 221. 66. Relativement au lieu appelé I;Iudaybiya, pas trop loin de La Mecque.
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Il est aussi rapporté 67 que le calife 'Umar a réprouvé Jbn 'lhC.r pour le fait qu'il avait tué un apostat. COMMENTAIRE
Et s'il y a matière à dénoncer, c'est bien le deux poids deux mesures appliqué par certains pays musulmans, appliquant la loi strictement sur les pauvres et les faibles sans leur rechercher une quelconque circonstance atténuante, et délaissant les puissants et les riches qui sont au dessus de toutes les lois, aussi bien celles de Dieu que celles des hommes.
À l'échelle internationale et dans l'histoire contemporaine, on a vu l'application de la loi du talion par beaucoup de pays avec une très grande vigueur et une très grande célérité. Elle a conduit à l'occupation militaire de nombreux pays faibles. De même, la trahison lors des guerres est très sévèrement punie, souvent par la mort, dans les conflits, y compris contemporains. ~~~
67. Ibn Hazm, Muballâ (11/191).
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--Hadith15 Dire du bien ou se taire. Honorer son voisin ~I l ·
Car tel est le conseil de Dieu : ~Et si le démon t'incite au mal, cherche refuge auprès de Dieu.
Car Il estAudient et Omniscient.f Coran (Les Murailles 7/200) 2. Changer de position : si l'on est debout, s'asseoir. Si l'on est assis, s'allonger. Le Prophète (~) dit : « Si l'un d'entre vous se met en colère alors qu'il est debout, qu'il s'assoie. Si la colère disparaît, c'est bien ; sinon qu'il s'allonge. » [Abû Dâwûd (4151), Al;imad (20386)]
Le Prophète dit aussi en décrivant l'état coléreux de l'humain :
La colère est pareille à une braise dans le cœur du fils d'Adam. N'avez-vous pas remarqué la rougeur de ses yeux et la dilatation de ses veines jugulaires ? Si l'un d'entre vous ressent cela ou une partie, qu'il s'assied. » [Tirmidhî (2117)] «
3. Éviter de parler et de répondre, afin de ne pas alimenter et envenimer la querelle et ainsi dire des paroles que l'on ne dirait pas en situation normale. En effet, le Prophète (~) conseille : « Si l'un d'entre vous s'est mis en colère, qu'il se taise. trois fois de suite. [Al;imad (2029)]
»
Il répéta cela
4. Que celui qui se met en colère aille (re)faire ses ablutions, ou se lave le visage et les mains. Les ablutions le refroidiront quelque peu et l'éloigneront du lieu et du climat responsables de la colère. En effet, le Prophète (~) recommande :
Hadith 16: nt pas s'tmporttr ·--·---- --·- ---·----
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La colère provient du démon, et le démon a été créé de feu. Si l'un d'entre vous se met en colère, qu'il refasse ses ablutions. » [Abû Dâwûd
«
(4152) etAl;imad (17302)]
Le Prophète nous a aussi appris cette invocation à prononcer pour s'aider à ne pas succomber à la colère :
Seigneur, je Te demande Ta crainte que je perçoive Ta présence ou pas ; je Te demande la parok de vérité lorsque nous agréons et lorsque nous sommes en colère; je Te demande la mesure dans la pauvreté et la richesse ; je Te demande un bienfait qui ne finit pas ; je Te demande une grâce ininterrompue chère à mes yeux ; je Te demande le consentement après le prescrit; je Te demande la fraîcheur de la vie après la mort. je Te demande la délectation de la vision de Ton Visage, la passion de Ta rencontre, loin de tout mal et trouble. Seigneur, embellis-nous par la beauté de la foi et fais de nous des guidés, et qui guident les gens. » [Nasâ'î (1288)] «
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Comprendre /1slam - 40 Hadihs Nawawî
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--Hadith17 Bien agir avec les animaux iJl~4Jà)I : Jli ~ J_,..... )1 l ,. \~~ " . l~l.J ,. ,;Î!~\ ,. 1~Û ,. :, ,/.:52i1 . .(3615)
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Abû Ya'lâ Shaddâd ibn Aws rapporte que !'Envoyé de Dieu (~) a dit :
« Dieu a prescrit le mieux faire
(ibsân) en toute chose: si vous tuez [une bête}, faites-le de la meilleure façon, si vous égorgez [une bête}, faites-le de la meilleure façon. Ajfùtez donc bien votre lame et traitez votre bête avec ménagement. » [Muslim (3615). Rapporté aussi parTirmidhî (1329), Nasâ'î (4329), Ibn Mâja (3161) etAl_imad (16516))
SENS GLOBAL LES MOTS
il;sân : déjà vu plus haut, traduit par l'expression « le mieux-faire », qui renferme une notion dynamique.
kataba ._,.;S : prescrire. Ce terme, dans le Coran et la parole prophétique, est utilisé pour désigner le fait de rendre obligatoire. Comme dans le jeûne du ramadan : ~ Le jeûne vous a été prescrit.~ Coran (La Vache
LE MIEUX FAIRE AUSSI AVEC LES BÊTES
Le mieux faire (ibsân) devrait guider le croyant de façon permanente, et englober tous les aspects de la vie du croyant (nous l'avons vu dans le hadith 2 de ce recueil). En particulier, dans certains aspects liés à la douleur et la souffrance tels que le moment de mettre à mort une bête pour s'en nourrir.
Il s'agit donc de faire tout ce qui est en ses moyens pour ne pas faire souffrir la bête 2/183). que l'on veut tuer, notamment par le fait shafratahu .;_;.,:. : Sa lame, d'aiguiser sa lame et son couteau, de ne pas le couteau ou tout autre instrument utilisé pour la tuer devant les autres bêtes vivantes, ni de la traîner de vile manière avant de la tuer. égorger les bêtes. yuril; dhahi(Jatalm
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Il faut aussi la traiter avec ménagement, ne pas affC1ter .~on cout
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113
privé et en public. Il n'y a pas un temps à Dieu et un autre à César. Il n'y a pas un lieu à Dieu et un autre à Épicure. En tout temps et en tout lieu, il faut craindre Dieu. CORRIGER L'ERREUR
Parmi les suites de la crainte de Dieu est le fait de corriger l'erreur. En effet, le Prophète (~) fait la recommandation importante suivante: si tu succombes au péché, si tu commets une erreur, alors réveille-toi, repens-toi, et corrige ton erreur par la bonne action sur-le-champ ou quelque temps après. Il ne faut surtout pas laisser le mal s'établir et s'installer sans essayer de l'effacer, c'est-à-dire de le combattre par la bonne action.
Et assurément, parmi les bonnes actions, pour effacer les mauvaises, ou tout simplement pour asseoir la piété, le bien et leur donner un sens, c'est de les appliquer. Et comment bien les appliquer si ce n'est d'avoir le meilleur comportement ? C'est la dimension relationnelle qui est mise en exergue ici. La piété et la crainte de Dieu ne sauraient se vivre seulement dans l'intimité de la personne, alors que la vie extérieure serait liée à autre chose. La piété et la crainte de Dieu sont la dimension interne accouplée vitalement et essentiellement à la dimension externe, la vie avec les autres. Cette deuxième dimension confirme ou infirme la prétention de la première dimension. À tel point que le Prophète dit : « Le meilleur d'entre vous est celui qui a le meilleur comportement envers sa famille, et moi, j'ai le mâlleur comportement avec ma famille. »
[Tirmidhî (3830), Ibn Mâja (1967)]
Il faut souligner que cette inestimable parole a été dite dans un rnntexte où la femme ne comptait pour rien ! Ce hadith pousse aussi .'1 lexamen de conscience. Car Dieu dit :
k Ô vous qui croyez! Craignez Dieu. Et que chaque âme regarde liirn cc qu'elle a avancé pour demain. Et craignez Dieu ... t Coran (1 :Exode 59/ 18)
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Le calife 'Umar disait en ce sens : «Faites votre examen de conscience -ivant qu'on ne vous demande des comptes(... )» [Tirmidhî (2383)] COMMENTAIRE - - - - - - - - -
LA CRAINTE
DE ÜIEU EN PRATIQUE
En fait, ce hadith nous indique, parmi ses grandes leçons, les :lroits de Dieu et ceux des humains. Quant aux droits de Dieu, c'est :le Le craindre (taqwâ) et de faire repentance. Et quant aux droits :les humains, c'est de les fréquenter avec le comportement le plus igréable. Le vocable taqwâ, traduit par la piété et la crainte de Dieu, est largement cité dans le Coran et dans divers aspects. C'est ainsi que Dieu dit notamment : ~
Certes, Dieu est avec ceux qui Le craignent avec piété et ceux qui sont bienfaisants.1' Coran (Les Abeilles 16/128) De même: ~ Et quiconque craint Dieu, [Dieu] lui donnera une issue favorable,
et lui accordera Ses dons par des voies insoupçonnées.~ Coran (La Répudiation 65/2) Et aussi: ~
Et Ma miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai à ceux qui (Me) craignent.~ Coran (Les Murailles 7/156)
La crainte de Dieu (taqwâ) n'est pas un mot à réciter, ou un poème à composer, ou des pages à lire. C'est d'abord un sentiment au fond :lu cœur, un état d'âme, aussitôt attestés par une pratique de tous les instants. Nous pouvons distinguer quatre niveaux d'application de :ette crainte de Dieu : • le premier niveau de pratique de la taqwâ est dans l' accomplissement des obligations divines et l'abstention des interdits. Quelqu'un a dit: «La taqwâ est le fait que Dieu soit obéi et non pas désobéi, qu'il soit évoqué et non pas oublié, et qu'il soit remercié et non pas oublié (renie'). » • Le deuxième est dans l'éloignement du croyant des endroits et œuvres douteux (shubuhât) comme en font mention les hadiths 6 et 11 précédents;
Hadith 18 : le meilleur comportement
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• le troisième est le fait d'intérioriser les valeurs de l'Islam et d'en faire son mode de vie quotidien: l'amour de l'autre (hadith 13), le partage avec lui (hadith 15 et 25), le conseiller (hadith 7), se maîtriser (hadith 16), la pudeur (hadith 20), faire le bien sous toutes ses formes (hadith 29), etc. ; . • le quatrième est celui d'arriver au mieux faire (il;sân), en adorant Dieu comme si tu Le voyais. C'est sentir sa présence en tout lieu et tout instant. C'est vivre avec Lui. Ibn Rajab 81 rapporte qu'un homme a écrit à son ami : «je te recommande, ainsi qu'à moi-même d'ailleurs, de craindre Dieu. C'est en effet le meilleur viatique en ce monde et dans !'Au-delà. Fais de la crainte de Dieu ta voie pour tout bien, et ton refuge contre tout mal. [À ceux qui le craignent], Dieu a fait de Sa crainte (taqwâ) le salut et le secours de ce qui leur fait peur, et la source de leurs richesses là où ils n'en attendaient point.» LE DROIT À L'ERREUR
En outre, Dieu a donné à l'être humain le droit à l'erreur. Mais, Il lui a aussi imposé de se reprendre de son erreur en se repentant, en éprouvant des remords, en corrigeant les dommages qu'il aurait occasionnés à une tierce personne, et en essayant d'effacer les traces de son erreur, d'abord sur sa propre personne, sur son cœur et ses membres, par le fait de faire du bien juste après l'erreur. Il est vital que la bonne action suive la mauvaise afin de l'effacer, c'est l'une des preuves de sincérité de la repentance (tawba). Et Dieu est immensément Bon, infiniment Miséricordieux : alors que la mauvaise action n'est comptabilisée que comme une seule, la bonne action est multipliée par dix (hadith 37 de ce recueil). LE MEILLEUR COMPORTEMENT
Parmi les suites de la crainte de Dieu, il y a le fait d'avoir le meilleur comportement avec les autres, quels qu'ils soient ; ce que les savants ont qualifié des droits humains sur chacun d'entre nous. Ce meilleur comportement inclut de faire le bien aux autres, d'en détourner son propre mal afin qu'il ne les atteigne pas. C'est le premier 81. Ibn Rajab,Jâmi', p.193.
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Comprtndrt l'Islam - 40 Hadihs Nawawi
,as et la première disposition de l'esprit pour accéder à la crainte de
)ieu. En effet, notre Prophète précise82
:
Vous ne pouvez pas prodiguer [à tous les} gens de vos richesses, alors rodiguez-leur un visage souriant et le meilleur comportement. » «
Au sens où vous ne pourrez rapprocher de vous les gens par vos lchesses seulement, alors faites-le par le meilleur comportement et le iit de les recevoir par un visage avenant, détendu et souriant.
Dans un autre hadith, le Prophète réunit à nouveau ces deux roits. Il a été demandé au Prophète (~) quelles sont les choses qui mt le plus entrer au Paradis. Il répondit : «La crainte (taqwâ) de Dieu et le meilleur comportement.
»
lirmidhî (1927), AQmad (9319)]
Et ceci, à l'image du comportement exemplaire dont témoigne )ieu pour Son prophète MuQ.ammad (~) dans Sa parole :
~Et tu es certes d'une moralité éminente.,. Coran (La 'lume 68/4)
Le Prophète nous indique les meilleures voies pour avoir ce omportement exemplaire :
« Les meilleures des qualités sont de renouer les liens avec celui qui les rompus, de donner à celui qui t'en a privé et de pardonner à celui qui 'a insulté. », et dans une autre version « et de pardonner à celui qui a té injuste à ton égard. » [AQmad (15065)]
On voit ainsi l'effort soutenu de la part du Prophète (~) pour âtir une nouvelle mentalité, une nouvelle culture à travers l' enseinement et la pratique de valeurs nouvelles, et parfois une réorientaon des anciennes valeurs. Rendre le bien par le bien est le minimum de bon sens et de bon omportement. Rendre le mal par le bien est encore meilleur. 000000
l. Rapporté par Nawawî dans son commentaire de ce hadith. Rapporté aussi par 'Asqalânî ms son commentaire du hadith (5575) de Bukhârî.
Hadith 19 : la certitude tn Dieu
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--Hadith19 La certitude et l'espérance en Dieu 4111 ~ ·~)IJ ~})I ·. J, W~,,,;i,.,. •~li.-~.;. .:3: Jü ,J.!., L&- • 41 ~ WI ui ·~ Y.~
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Abû 'Amr (appelé aussi Abû 'Amra) Sufyân Ibn 'Abdallah ath-Thaqaf'i rapporte :
« J'ai dit : "Ô Envoyé de Dieu (~) ! Apprends-moi de l1slam une parole telle que je ne la demanderai à personne d'autre que toi. " Il dit alors : "Dis: Je crois en Dieu: puis agis avec droiture!"» [Muslim (55). Rapporté aussi par Abmad (1861 4)] La version94 de Al)mad est la suivante : > ,,,. , .
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«J'ai dit: "Ô Envoyé de Dieu(~)! Apprends-moi de l1slam une parole telle que je ne la demanderai à personne d'autre que toi. " Il dit alors : "Dis : Je crois en Dieu: puis agis avec droiture !"Je lui demandai alors : "Que devrais-je craindre9 5 ?"Il me montra alors la langue. » SENS GLOBAL LES MOTS
fil-islâm (f......'j\ J : de (dans) l'Islam, c'est-à-dire sur son credo, ses obligations, ses enseignements. qawlan ~ j : une parole, un enseignement.
UDROITURE
Le compagnon demande à connaître un enseignement le plus simplifié possible afin de s'y conformer complètement. Il hérite alors d'une parole simple dans son énoncé, aisée dans sa compréhension, mais
94. Ajoutée par nous- mêmes, ne se rrouve pas dans la ve rsio n o ri ginak de Nawawî. 9'i. C raind1t· (111t11f/f) :111 st' IH: de q uoi dcv1.1i' jt· 1-i ii t• .1lll' llt io n ?
Hadith 21: la droiture
istaqim ~!: agis avec droiture. Le verbe arabe istaqâma veut dire être droit, agir avec droiture et rectitude vis-à-vis de ce que tu as appris. On peut aussi le comprendre comme suivre la voie droite. D'où le terme de la Fâtiba (première du. ,Coran) : 'hd' sourate , « t ma tlf-lirat a/mustaqîm », traduit par: « Guide-nous dans la voie droite!»
133
ô combien fondamentale dans son application. Il obtient la réponse suivante de notre Prophète ( ~ ) : aie foi en Dieu et agis avec droiture, c'est-à-dire suis Sa Voie sans louvoiements . Cette « droiture » (istiqâma) demandée est un niveau supérieur de l'attachement à Dieu, Son Prophète et Sa religion, l'Islam. Eli e consiste · en l' app i·!Cation · d e Ses o bl"1ga,,
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~ions, _l eloignement et 1abs~ention de Ses mterd1ts, sans chercher de detours ou fauxfuyants dans la mise en conformité de son comportement avec les enseignements coraniques et prophétiques. Dieu donne le même ordre à Son Prophète bien-aimé MuQ.ammad ( ~ ) et ceux qui l'ont suivi : ~ Agis avec droiture comme
il t'a été prescrit, ainsi qu'à ceux qui,
avec toi, se sont repentis. ,, Coran (Hûd 11/112) COMMENTAIRE
QUELLES CONSÉQUENCES AVEC LA DROITURE?
Le Prophète reprend ainsi cette exhortation divine et l'étend par delà sa propre personne et ses compagnons à tous les croyants : ayez la foi en Dieu et agissez en conséquence, sans détours. C'est sur ce chemin droit, cette Voie droite Üirât mustaqîm) que nous implorons Dieu de nous conduire et de nous y laisser ; nous le faisons au moins vingt-deux fois par jour dans notre lecture de la Fâtif;a lors de nos prières quotidiennes, la voie de ceux qu'Il aime et a comblés. Comme nous Lui demandons de nous écarter du comportement de ceux qui ont louvoyé, qui ont joué de Ses commandements en les détournant de mille et une façons, ceux qui ont mérité Sa colère et qui se sont égarés. Agir avec rectitude, suivre le chemin droit et sans équivoque, est 11 n signe fort de rapprochement à Dieu qui dit par deux fois dans le Co ran:
34
Comprtndrt l'Islam - 40 Hadihs Nawawl
~ Ceux qui disent : "Notre Seigneur est Dieu", et qui se condui-
ent avec droiture, ne doivent avoir aucune crainte et ne seront point 1Higés. Ceux-là sont les gens du Paradis où ils demeureront étertellement, en récompense de ce qu'ils faisaient.~ Coran (Al-.AJ.iqâf i6/13)
~ Ceux qui disent : "Notre Seigneur est Dieu", et qui se conduisent .vec droiture, sur eux descendront les Anges [qui leur diront] : "N'ayez >as peur et ne soyez pas affiigés ; mais ayez la bonne nouvelle du Paradis 1ui vous était promis. Notre soutien vous est acquis dans ce monde .insi que dans la vie future, où tous vos désirs seront comblés et tous 'OS vœux exaucés." Tel sera l'accueil généreux du Tout-Clément, du [out-Compatissant.~ Coran (Les Versets Détaillés 41130-32)
Ainsi, parmi les conséquences heureuses de la droiture (istiqâma) 1bservée, nous pouvons énumérer, à partir des versets cités : • pas de peur ni de crainte dans ce monde, dans la tombe, ou dans l'Au-delà; • pas de tristesse, car Dieu leur a pardonné et les fera entrer en Son Paradis; • pas de tristesse, car le plus important dans la vie, c'est la foi. On peut être patient quand on perd les moyens matériels ou même la santé, mais on ne peut l'être quand on a perdu la foi. • Le Paradis pour l'éternité avec la compagnie des prophètes, des martyrs, des élus de Dieu (awliyâ') et des pieux; • la générosité de Dieu qui ne connaît aucune limite ; • le soutien de Dieu dans ce monde !
:::oMMENCER PAR ÉDUQUER SA LANGUE
La droiture est d'abord celle du cœur de la personne. En effet, c'est a cause de la bonne ou mauvaise santé morale de la personne (hadith t 6 précédemment cité et commenté). 0
En effet, aucune droiture ne peut être observée si le 'cœur n'est pas mpli d'amour de Dieu, d'immense respect et de crainte de Lui, s'il ne e repose pas sur Lui, s'il ne revient pas à Lui. C'est un cœur empli de els sentiments qui va ensuite imprégner, de cette droiture, les autres nembres du corps, et d'abord la langue. La version citée de l'imam V}.mad est explicite en cela. En effet, la langue est la traductrice de la
Hadith 21 : /a droiturt
135
vie intérieure de tout être humain : « "Que devrais-je craindre ?"Il me montra alors la langue. » Le Prophète la désigne nommément lorsqu'il dit: « La foi de l'individu ne deviendra probe (tastaqîm) jusqu'à ce que son cœur atteigne la droiture (istiqâma), et le cœur ne deviendra probe · (mustaqîm) jusqu'à ce que la langue n'atteigne la droiture. Et toute personne dont le voisin craint ses méfaits n'entrera pas au Paradis. » [A\:imad
(12575)]
Commencer par la langue, c'est le premier instrument du bien ou du mal. Nous en avons déjà parlé plus haut dans le hadith n° 15. Le hadith 29 reviendra encore une fois sur l'importance de maîtriser sa langue. C'est ensuite tout le corps humain qui est éduqué et cela transparaît nettement dans le comportement individuel. 000000
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
136
--Hadith22 La voie du Paradis
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Abû 'Abdallah Jâbir ibn 'Abdallah al-An~ârî rapporte qu'un homme demanda à !'Envoyé de Dieu(*):
"Penses-tu que si j'accomplis les prières prescrites, que je jeûne le ramadan, que j'observe le licite, que je m'abstiens de l'illicite, et que je n'ajoute rien de plus à cela, [penses-tu que} j'entrerai au Paradis ?"Il lui répondit : "Oui !" » [Muslim (17). Rapporté aussi par Al;imad (14220)] «
LES MOTS (lra'a)'tP ~\) : littéralement penses-tu. Cela veut dire fais-moi savoir, puisque la question est posée afin de savoir.
SENS GLOBAL
DÉCRÉTER LE lfAlÀL ET LE lfARÂM
Le prophète MuQ.ammad (~) en réponse à la question nous informe sur les piliers, les fondements de l'Islam, avec comme conséa(Jlalt 11 al·balîl J~I ~î : quence que celui qui les accomplit entrera littéralement je décrète licite au Paradis. C'est une autre façon d' appréce qui l'est. Autre sens poshender ces piliers que celle utilisée dans sible : j'observe le licite tout les hadiths précédents (n° 2 et 3). Dans en le croyant comme tel. b111'nTmt11 ,tf-(Jarâm ~? ce hadith, les autres obligations (zakât et Îl_}.I: littéralement je décrète /:Jajj) ne sont pas mentionnées peut-être illicite ce qui l'est. Autre sens parce que le prophète MuQ.ammad (~) possible : je m'abstiens de le connaissant la personne qui posait laquesfaire ou de l'approcher. tion savait qu'il n'avait pas suffisamment de fortune pour les accomplir. Peut-être aussi parce qu'elles n'avaient pas été encore prescrites. Le hadith mentionne en plus deux choses fondamentales liées aux obligations connues: croire au !11t!1JI (lit.itc) et k d , , .,. ,,,.
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Abû Mâlik al-l:;lârith Ibn ~im al-Ash'arî rapporte que !'Envoyé de Dieu( ~) a dit:
«La pureté est la moitié de la foi, [dire} al-bamdu li-Lâh (Louange à Dieu) emplit la balance; [dire} subbân Allâh (Gloire à Dieu) et albamdu li-Lâh emplissent [l'espace entre} le ciel et la terre. La prière est lumière; l'aumône est preuve; la patience est clarté; le Coran est un argument en ta faveur ou en ta défaveur. Toute personne part le matin, faisant le commerce de son âme, l'affranchissant ou l'engageant vers sa perte. » [Muslim (328). Rapporté aussi par Al;imad (21828) et Dârimî (651)]
LES MOTS
On distingue en langue arabe:
• rûb c_J)I : qu'on peut rendre par esprit, en tant qu'il est donné par Dieu et qu'il est la manifestation de la vie dans toute créature humaine. Rûb est par essence sacrée, immatérielle.
• najs _,..4.:ll : rendue par âme qui a un caractère charnel, matériel, corporel.
SENS GLOBAL
Le Prophète nous ouvre, par ce hadith, un large éventail, parmi tant d'autres, de bonnes actions dans les divers aspects de la vie de l'être humain. Et toute bonne action est une aumône comme il nous le montre dans ce hadith ainsi que dans les hadiths qui vont suivre (n° 25, 26 et 29 notamment). LES DIFFÉRENTES SORTES
o' AUMÔNE
La pureté rituelle wutfl/ constitue, du point de vue de la rétribution comme l'indiqul' norrl' Prophètl' (":b;), L1 moitié ck
Hadith 23 : toute bonne action est aumône
141
la foi ! Et cela parce que la première obligament la pureté. Veut dire tion, le pilier fondamental du culte à rendre aussi les grandes ablutions à Dieu, celle dont l'acceptation conditionne (ghusl) mais surtout les les autres, à savoir la prière, nécessite cette petites (wurj,û') . pureté. {-fuhûr
J.,Ji1 : littérale-
tamla'u l-mîzân éllj:ll )Il : littéralement emplit la balance, au sens de la faire pencher d'un côté.
111-bamdu-li-lâh : Louange à Dieu, une des formes particulières du remerciement adressé à Dieu pour tous Ses bienfaits. iubbân-Allâh : glorifier Dieu au sens de reconnaître Sa Grandeur, ainsi que de I.:exempter de tout défaut. r JY : la lumière qui ne transporte pas d'effets négatifs tels que brûler. ryâ' ·~ : lumière intense transportant du coup une forte chaleur, traduit par clarté.
Dieu utilise deux termes différents pour caractériser la lumière du soleil (rJ,iyâ' .~) et celle de la lune (nûr) dans le verset: ~C'est Lui qui a fait du soleil une clarté et Je la lune une lumière.~ Coran (Yûnus 10/5) burhân éli.A .r. : traduit par preuve. Le sens originel du mot est le premier rayon de ~oleil qui le découvre et le précède. Il est la preuve de son existence.
Louer Dieu et Le remercier est tellement important (de par Sa Grâce et Son immense bonté, non de notre acte lui-même) que si on pesait la parole de louange dans une balance avec les autres actions, la première ferait pencher la balance en sa faveur! Peu de gens reconnaissent Dieu, bien peu d'entre eux reconnaissent Ses bienfaits, et encore très peu de ces derniers Le remercient de ce qu'Il les a comblés de Ses faveurs. À tel point que Dieu dit : ~ Et très peu de Mes serviteurs sont reconnaissants ... Coran (Saba 34/13)
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~ Et, pour la plupart, Tu ne les trouveras pas reconnaissants. t Coran (Les Murailles 7/17)
Glorifier Dieu et Le remercier emplit la création de Dieu, l'espace entre ciel et terre, parce que telle est la mission que Dieu a assignée à l'être humain lors de Sa création : ~ Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent.,. Coran (Les Ouragans 51156)
Toutes les autres créatures, vivantes et inertes, glorifient Dieu. Toutes glorifient leur Créateur, chacune dans son propre langage, que nous ne percevons pas. Mais toutes le font. Nous suffit-il de citer les versets suivants :
~ Ne vois-ru pas que Dieu est glorifié par tous ceux qui sont
d.1ns les cil'ux et l.1 terre; jusqu'aux oiseaux déployant leurs ailes?
142
Comprendre /'Islam - 40 Hadihs Nawawî
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Chacun, certes, a appris sa façon de adorer et de Le glorifier. 1 Coran (La Lumière 24/41) ~ Les sept cieux et la terre et ceux qui s'y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n'existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier. 1 Coran (Le Voyage nocturne 17/ 44)
On voit ainsi dans ce verset comment le tasbîb (glorification) et le bamd (louange) sont réunis dans le même verset, comme le fait aussi notre Prophète (~) dans le hadith. Le hadith qualifie la prière de lumière (nûr). Elle l'est effectivement, pour celui qui l'accomplit sincèrement, lumière en ce monde, lumière dans notre tombe, et lumière dans l'Au-delà. C'est cette lumière qui nous guide dans l'obscurité des instincts humains et leurs appétits voraces et prédateurs. Elle est lumière dans l'obscurité de la tombe dans l'attente du Jour de la Résurrection. Elle est aussi lumière lors du passage du Pont enjambant le feu de l'Enfer, passage obligé pour tout être humain. Chacun le traversera à la vitesse que lui permettra sa lumière justement. Ceux dont la lumière sera intense, traverseront le Pont comme l'éclair, d'autres au galop, d'autres à la vitesse de la marche, d'autres le traverseront en se traînant à quatre pattes, et d'autres enfin tomberont en Enfer. C'est cette lumière, issue de la première obligation qui nous aidera à traverser ce Jour difficile. L'aumône (iadaqa) est une preuve de la sincérité de la foi, comme l'est le rayon du soleil à ce dernier en lui donnant naissance ! C'est une preuve de sincérité de la foi du croyant. Elle partage avec la sincérité (#dq) la même racine arabe (idq). Faire l'aumône est une autre reconnaissance des bienfaits de Dieu sur Ses créatures : ~ Donnez en aumône de ce que Nous vous avons octroyé ... 1 Coran (La Vache 2/254)
Car les biens viennent de Dieu, même s'Il nous les a donnés pour notre usage personnel. Donner en aumône revient à reconnaître cette origine des biens et en remercier Le généreux Donateur ! Quant à ceux qui ne veulent pas reconnaître cette origine, Dieu en parle ainsi : ~ Et quand on leur dit : « Donnez en aumône une partie de ce que Dieu vous a accordé», les infidèles disent aux croyants: «Est-ce
Hadith 23 : toute bonne action est aumône
143
à nous qu'il appartient de nourrir ceux que Dieu, s'Il le voulait, pourrait nourrir de Lui-même ? Vous êtes vraiment dans un égarement manifeste. »' Coran (Yâ-Sîn 36/47) Le Coran affirme que l'acte de charité raffermit l'âme, purifie l'homme et accroît sa valeur. Dieu dit en effet : ~ Prélève de leurs biens une aumône par laquelle tu les purifies et
les bénis .. .1 Coran (Le Repentir 9/103)
LA PATIENCE La patience (iabr) est clarté. Elle demande une grande énergie intérieure. Elle exige de la personne le sacrifice de beaucoup de choses dont elle aimerait jouir. Mais c'est le passage obligé pour toute réussite et victoire. Sans la patience, l'être humain n'arriverait à rien. C'est cet aspect difficile et ardent de la patience que voudrait traduire le vocable arabe r/iyâ', clarté qui transparaît sur le visage de la personne. Non seulement par la patience, le visage s'éclaire, mais aussi le cœur et l'intellect s'éclairent eux aussi. La patience peut revêtir plusieurs formes selon le cas : • Elle est demandée face aux épreuves du temps : catastrophe, mort d'un proche, traversée difficile, maladie éprouvante ... Contre ces épreuves, l'être humain ne peut rien, n'a pas de choix hormis que de s'armer de patience. S'il ne le fait pas, il aura perdu beaucoup de bien, et son « impatience » ne changera rien aux épreuves. • Elle est demandée dans l'obéissance à Dieu et l'accomplissement de Ses prescriptions : se lever à l'aube pour faire la prière, jeûner le ramadan, accomplir le pèlerinage ... C'est une patience choisie, nécessaire pour accomplir les obligations divines. • Elle est aussi demandée pour s'opposer et contrer les tendances à la désobéissance de Dieu : résister aux tentations, aux privations parfois. Là aussi c'est une patience choisie. Les savants ont débattu pour savoir quelle est la meilleure patience : celle dans l'obéissance de Dieu ou celle dans le combat contre sa personne pour résister à l'illicite? On lira de belles pages consacrées à ce thème dans l'excellent livre de Cheikh Ibn al-Qayyim, Madârij
as-sâlikîn.
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Comp"nâ" /'ls'4m - 40 Hadihs Nawawl
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LE CORAN
Pour toutes ces raisons, celui qui s'habille de patience aura une route illuminée car il saura comment adapter sa réponse aux diverses sollicitations de ce monde. Le Prophète informe ensuite que le Coran sera un témoignage pour ou contre l'individu. À celui qui l'aura pris comme qibla (référent) orientant sa vie, comme loi régissant sa vie, comme manuel d'éthique y conformant son comportement, comme source d'inspiration première, comme compagnon dans les nuits noires, comme lumière dans l'obscurité terrestre, comme apaisement face au stress et oppressions multiples, comme recours ultime après toutes les paroles humaines, à cette personne le Coran témoignera pour lui et lui déroulera une échelle au Paradis et lui dira: « Monte, Al;tmad (6508))
monte jusqu'au dernier verset que tu as lu.
» [Tirmidhî (2839),
Et à celui qui l'aura déserté, laissé empoussiéré, qui aura vécu en conflit avec ses lois et recommandations, celui qui l'aura relégué au second plan ou même au troisième face à la parole humaine, celui qui aura vécu en contradiction avec sa lumière, celui-là verra, ébahi, stupéfait et confondu, le Coran témoigner à charge contre lui. Dieu dit, en nous présentant l'une des nobles missions divines du Coran:
~ Certes, ce Coran guide vers ce qu'il y a de plus droit, et il annonce aux croyants qui font de bonnes œuvres qu'ils auront une grande récompense ... ~ Coran (Le Voyage Nocturne 17/9) Le compagnon 'Abdallah Ibn Mas'ûd a dit : « Le Coran est un intercesseur obtenant son intercession, un défenseur que l'on croit. Celui qui le place devant lui le guidera au Paradis. Et celui qui le place derrière lui, l'entraînera en Enfer. »97
5'AFFRANCHIR OU SE PERDRE ? La leçon du hadith est qu'à chaque jour que Dieu fait, tout individu, en commençant une nouvelle journée, en sortant de chez lui, va à un marché un peu spécial, celui de la vie. Dans ce marché, cet
97. Ibn Rajab,]âmi', p. 264.
Hadith 23 : toutt bonnt action est aum6nt
145
individu, conscient ou non, sauvera sa vie en l'affranchissant ou, au contraire, il la perdra en l'aliénant. Se libérera-t-il par la foi, l'accomplissement des obligations, par son orientation à Dieu ? Ou restera-t-il prisonnier de ses instincts, ses penchants et sa négation de son Créateur, par la parole, la croyance et/ou son comportement? Chaque matin, la création appelle l'homme : « Reviens à Ton Créateur, glorifie-Le, loue-Le, remercie-Le, suis Ses ordres et recommandations, éloigne-toi du mal, fais le bien ! » Entendra-t-il cet appel? Al-l:Iasan, fils de l'imam 'Ali a dit à ce propos : Le croyant est, dans ce monde, pareil à un détenu qui fait tout pour se libérer, ne faisant aucune confiance jusqu'à ce qu'il rencontre Dieu. » «
COMMENTAIRE
PROPRETÉ DU CORPS ET DU CŒUR
Il est tout à fait extraordinaire que l'Islam, né dans cet environnement caractérisé par la raréfaction de l'eau, demande, voire exige cette propreté du croyant. Alors, effectivement, la pureté devient un acte de foi individuel et a cette valeur religieuse. Dieu en parle plusieurs fois, dont notamment dans les versets suivants : ~ Et si vous êtes souillés [par un acte sexuel], alors purifiez-vous ... ~
Coran (La Table 5/6) ~ Car Dieu aime ceux qui se repentent, et Il aime ceux qui se purifient.~ Coran (La Vache 2/222)
Et notre Prophète (~) de préciser encore davantage la valeur de cet acte, a priori anodin : « Celui qui se purifie (wudû') et qu'il le fait de la meilleure façon,
verra ses péchés s'extraire de son corps, jusqu'à ce qu'ils sortent de sous ses ongles. » [Muslim (361))
En plus de cette propreté du corps, il y a aussi l'exigence de la propreté du cœur.
Comprtndrt J1slam - 40 Hadihs Nt1wawl
146
Cette dernière est aussi importante, sinon plus, que celle exigée pour entrer en prière. Cheikh Abû l;:lâmid al-Ghazâlî explique ainsi la pureté dans son traité de 1' Il;yâ' 98 : « La pureté de cœur l'exempte de la rancune, de la jalousie, de la haine et de toutes les autres maladies du cœur. C'est seulement ainsi que la foi atteindra sa perfection. Ainsi donc, celui qui prononce l'attestation de foi (shahâda) a la moitié de la foi ; lorsqu'il purifie son cœur de toutes les maladies, sa foi sera alors complète.» PRIÈRE ET LUMIÈRE
La pureté est conjuguée dans ce hadith avec deux moments fondamentaux : évoquer Dieu et accomplir la prière. Évoquer Dieu est lumière. Accomplir la prière est lumière sur lumière (nûr 'alâ nûr). Évoquer Dieu, c'est faire résonner le monde du Nom de Dieu. C'est participer à cette mission cosmique de toute la création pour son Seigneur : subl;ân Allâh, al-bamdu li-llâh, Allâhu Akbar. Et la prière est effectivement lumière, par la parole prophétique : « Apporte à ceux qui marchent dans l'obscurité allant vers les mosquées
la bonne nouvelle d'une lumière intégrale pour le jour de la Résurrection.
»
[Ibn Mâja (772), Abû Dâwûd (474))
Et principalement la prière de la nuit (qiyâm) pour laquelle le célèbre compagnon Abû ad-Dardâ' dit : «Faites une prière de deux unités (rak'at) dans l'obscurité de la nuit, pour les retrouver lumière dans l'obscurité de la tombe. »99
Et le Prophète de souligner encore une fois le couplage prièrelumière dans le hadith suivant, à celui qui prend soin de la prière, c'est-à-dire l'accomplit en son temps et avec ses conditions et recommandations : «
Elle lui sera une lumière, une preuve et un secours le jour dernier ...
»
[Al;imad (6288))
raumône donnée est une preuve de la présence de la foi dans le cœur de l'individu, car le croyant ne saurait être avare, cupide. Notre Prophète (~) dit en effet : 98. Abû ljâmid al-Ghazâlî, Il;yâ' 'ulûm ad-dîn, chapitre sur la purification. 99. Ibn Rajab,]âmi', p. 262.
Hadith 23 : toute bonne action tst aum6nt «
147
La foi ne saurait cœxister avec l'avarice dans le cœur d'un croyant...
»
[Al;imad 8156, Nasâ'î 3063))
Et si les membres physiques de l'être humain sont purifiés par l'eau du wurj,û~ le cœur, l'esprit et l'intellect le sont justement par l' évocation de Dieu (dhikr) et la prière, l'aumône et la patience. QUELLE VENTE EXTRAORDINAIRE !
Finalement, tout homme, le matin de chaque jour, se destine, consciemment ou non, à un objectif, à un dessein. Que voudrait-il de lui-même? Pour quel devenir? Est-ce pour plus d'humanité, plus d'éthique ? Ou, à Dieu ne plaise, pour aller vers les bas-fonds des instincts partagés avec les animaux, vers plus d'ego ? Tel est le sens de cette extraordinaire parole prophétique : Toute personne part le matin, faisant le commerce de son âme, l'affeanchissant ou l'engageant vers sa perte. » «
Certains vendent leurs âmes au démon et à leurs passions, ce qui les entraînera à leur perte. D'autres la vendront à Dieu, dans l'obéissance et la conformité à Ses prescriptions. Ils y gagneront le Paradis, l'agrément de Dieu, Sa proximité, la contemplation de Son noble Visage. Mais quelle extraordinaire vente, comme le fait remarquer l'imam Nawawî1 00 : Quelle vente est plus noble ? L'acheteur est Dieu Lui-même, le vendeur est le croyant, l'objel de la vente est l'âme de ce dernier, le prix, enfin, est le Paradis!» Et comme dit l'imam Nawawî, comment Celui qui nous a donné notre vie et tous nos biens, accepte-t-Il de nous les racheter à prix si fort, alors qu'Il est notre Maître, notre Créateur ? Subl;ân Allâh ! «
Alors, si je veux sauver mon âme, si je la destine à Dieu, les chemins sont montrés dans ce hadith et les autres : que ma langue (par le dhikr) et mon cerveau (par le Coran), que mes membres (par la prière, notamment), ma fortune (par le don et le partage, zakât et ~adaqa), et mon éthique personnelle (par la patience notamment) s'orientent vers Dieu ! Âmîn ! 000000 100. Nawawî, Sharl;.
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
148
--Hadith24 Dieu dans Sa Générosité et Sa plénitude ~~_,.JJ1r~
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Abû Dharr al-Ghifârî rapporte que le Prophète (~) dit, en rapportant ces paroles de
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Ô Mes serviteurs, je Me suis interdit toute injustice, et je l'ai décrétée interdite entre vous, alors ne la commettez pas parmi vous. Ô Mes serviteurs, vous êtes tous des égarés sauf ceux que J'ai guidés ; demandez-Moi de vous guider, et Je vous guiderai. «
101 . O n appelle cela un hadith qudusÎ. C'c>t la parole de Dieu, 111 ;1h dit e p.ir k Prophète(~). À la diflfrt• rite du C o1.111 , le h;nlith 1111dmf IH' pl'lll ê11 t· l11 d.1m lt•, prière' 11il11t.
149
Hadith 24 : Dieu dans Sa générosité
Ô Mes serviteurs, vous avez tous faim saufceux à qui j'ai donné subsistance, demandez-la-Moi et je vous la donnerai. Ô Mes serviteurs, vous êtes tous dévêtus saufceux à qui j'ai donné des vêtements, demandez-les-Moi et Je vous en donnerai.
Ô Mes serviteurs, vous péchez de nuit et de jour, et je pardonne tous les péchés, demandez Mon pardon et je vous l'accorderai.
Ô Mes serviteurs, vous ne parviendrez jamais à atteindre Ma puissance102 et ainsi pouvoir Me nuire, ou M'être utiles. Ô Mes serviteurs, si, du premier d'entre vous jusqu'au dernier, êtres humains et djinns, vous étiez à l'image du cœur le plus pieux parmi vous, tout cela n'ajouterai rien à Mon Royaume. Ô Mes serviteurs, si du premier d'entre vous jusqu'au dernier, êtres humains et djinns, vous étiez à l'image du cœur le plus pervers parmi vous, tout cela ne diminuerait rien à Mon Royaume.
Ô Mes serviteurs, si du premier d'entre vous jusqu'au dernier, êtres humains et djinns, vous vous leviez tous en même temps (en un même endroit) et Me sollicitiez [de Mes faveurs} et que je donnerai à chacun sa demande, tout cela ne diminuerait pas plus de ce qu'il y a chez Moi que ne le ferait une aiguille introduite dans la mer.
Ô Mes serviteurs, ce sont vos actions que Je vous recenserai, et dont Je vous rétribuerai. Que celui qui trouve du bien [dans ce recensement] rende grâce à Dieu, et que celui qui y trouve autre chose ne s'en prenne qu'à lui-même. » [Muslim (4674). Rapporté aussi par AJ:imad (20451) en des termes légèrement différents]
SENS GLOBAL
LES MOTS ~ : traduit par injustice, veut dire à l'origine, ne pas mettre la chose à son endroit. Cela consticue donc le dépassement de la norme.
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•... .i -?~ : littéralement Ma nuisance, le fait que Je peux vous nuire.
{;INJUSTICE : UNE ÉNORMITÉ
Dieu S'est interdit l'injustice à Lui-même. Il ne saurait être injuste avec Sa création. Il dit de Lui-même : ~ Ton Seigneur n'est point injuste envers les hommes. 9' Coran (Les Versets détaillés 41/46, et aussi Qâf50/29)
102. l .iu éral crnt·111 M.1 r.1p.11 it r dt· 1111i ,a ncc.
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
150 nafî ..,....., : littéralement Ma puissance pour vous être utile, à l'opposé de
rf,arrî. djinn .):-1 : il y a le monde visible pour nous qui est constitué par toute la création « visible » par nos yeux et nos sens, et nous croyons en l'existence d'un monde invisible autour de nous, constitué spécifiquement des anges et des djinns. Ces derniers sont de deux catégories, les croyants et les maléfiques. Notre prophète Mub.ammad C•) ainsi que ses frères Envoyés de Dieu et prophètes avaient la faculté, par la grâce divine, de « voir » ce monde invisible.
Et Il interdit l'injustice entre les hommes, tous les hommes, sans aucune considération de langue, de couleur, de religion ou de statut social. l.:injustice est en elle-même une énormité et une cruauté. Elle constitue non seulement une atteinte aux droits sacrés de la personne humaine, mais aussi une atteinte aux droits de Dieu. Le prophète Mu}:tammad (~) qualifie l'injustice de voiles d'obscurité, spécialement le Jour où on aura le plus bes.oin de lumière pour nous guider : « L'injustice est obscurité multiple le Jour
dernier.
» [Bukhârî (2267), Muslim (4676))
Et dans une autre version : « Craigrzez l'injustice, car elle est obscurité multiple le jour dernier. » [Muslim (4675), Abmad (5404))
Il est tout à fait remarquable que les deux termes injustice (~ulm) et obscurité (~lâm) proviennent de la même racine (~lm); c'est dire le couplage très fort entre les deux termes. Lorsque le Prophète (~) envoya son compagnon Mu'âdh Ibn Jabal en tant qu'imam et gouverneur au Yémen, il lui fit cette recommandation extrêmement importante : « Crains la supplication (du a') de celui qui a subi une injustice ; il n'y a entre elle et Dieu nul voile. » [Bukhârî (2268) , Tirmidhî (1937)) Celui qui a subi une injustice, qu'il soit croyant ou non, ne pouvant changer la situation par la seule force du bien, ne peut que se diriger vers Dieu et Lui demander de punir le transgresseur. S'il le fait, alors Dieu l'écoutera certainement. l.:injustice peut être de deux sortes : • une injustice dirigée contre soi-même par le fait de ne pas croire en Dieu ou de Lui associer d'autres divinités. Dieu dit en effet:
~ Car le polythéisme est une injustice énorme., Coran (Luqmân 31/13)
Hadith 24: Dieu dans Sa générosité
151
• une injustice dirigée contre les autres. Cette injustice a été condamnée plusieurs fois par les termes les plus vigoureux aussi bien par la parole coranique que prophétique, dont nous avons cité quelques passages. CONSTRUCTION DU HADITH
À la lecture de ce hadith, nous remarquons ainsi sa construction : 1. Interdiction de l'injustice : Dieu rappelle qu'il S'est interdit l'injustice à Lui-même et l'a déclarée interdite entre les êtres humains.
2. Nous avons tous besoin de Lui : a. Pour nous guider, nous pourvoir en nourriture et en vêtements ; b. Nous sommes faibles et donc pécheurs, mais Il est là et nous pardonne pour autant que nous nous adressons à Lui en faisant repentance (tawba) et demandant le pardon. 3. Dieu n'a pas besoin de nous: a. Vu notre faiblesse et Sa puissance, nous ne saurions lui être d'une quelconque utilité ou nuisance, tous réunis et coalisés, hommes et djinns confondus. b. Notre piété ou notre perversité n'ajouterait rien ou ne diminuerait en rien Son royaume ou Sa souveraineté. c. Son royaume et Sa générosité sont tels qu'ils ne diminueraient en rien s'Il exauçait à chacun sa demande. l.:aiguille introduite dans la mer ne ferait sortir qu'une infime gouttelette d'eau. 4. Établissement de la justice au Jour dernier : Dieu revient sur cette notion de justice : Il ne sera injuste envers personne, et chacun sera rétribué selon ses actions. Ce sont autant de vérités que chacun doit méditer afin de reconnaître Dieu et Son omnipotence, Sa grandeur. Et, face à cela, nous sommes Ses créatures, faibles, petits, pauvres en tout, et que nous ne saurions nous passer de Ses dons et bienfaits l'espace d'un battement de cils. C'est d'ailleurs ce que nous apprend notre Prophète dans l'une de ses invocations :
152
Comprtndrt l'Islam - 40 Hadihs Nawawi
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« Seigneur, c'est Ta miséricorde que nous espérons, rze nous abandonne pas à nous-mêmes l'instant d'un clignement des yeux, et assainis notre vie,· il n'est de dieu que Toi. » [Abû Dâwûd (4426), Al;tmad (19535))
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}USTICE DIVINE EN CE MONDE
Linjustice est une énormité, qu'elle soit petite ou grande, qu'elle soit dirigée contre soi-même ou pire encore qu'elle soit dirigée contre autrui. Linjustice a pour objectif, conscient ou non, de casser l'humanité qui est en nous, et de déchoir la dignité placée en chacun d'entre nous par Dieu. Il dit en effet : ~Nous avons certes honoré les Fils d'Adam., Coran (Le Voyage Nocturne 17/70)
Le message coranique insiste sur le fait que demain, le Jour dernier, il sera procédé à la punition de ceux qui ont été injustes envers les autres, qu'il n'y aura point d'injustice. ~ Ce jour-là, pas d'injustice! , Coran (Le Pardonneur 40/17)
Mais, avant ce Jour, il y aura déjà une justice divine en ce monde, car l'injuste ne saurait demeurer dans l'impunité, et si Dieu temporise dans Sa punition en laissant du temps (yumhilu ~) à l'injuste pour se repentir et réparer sa faute, Il ne le lâchera pas (lâ yuhmilhu ~'1).
Drnu NA PAS
BESOIN DE NOUS, NOUS SI !
Nous avons tous besoin de Dieu, en tout, alors qu'Il n'a pas besoin de nous, ni pour Son adoration, ni pour une quelconque mission. Il n'est enrichi ni appauvri ni par notre obéissance et culte, ni par notre désobéissance et insubordination, ni par le mal que nous faisons. Dieu ne retire aucune puissance en plus par le fait de notre reconnaissance, et ne se verra diminué d'aucun pouvoir par notre rébellion.
153
Hadith 24 : Dieu "4ns Sa générosité
C'est nous qui avons besoin de Lui en tout ; sans Sa miséricorde, nous ne pourrions même pas trouver l'eau pour nous désaltérer, ou la nourriture pour simplement survivre. Celui qui pense ne pas avoir besoin de Dieu est dans la plus grande erreur et la plus grande confusion. C'est pour ces raisons que nous devons nous adresser à Dieu en Lui demandant de nous pourvoir en nourriture, boisson, habits, santé et guidance vers la voie du bien. Comme l'a fait notre père Ibrâhîm (.f'Ll~,,) : ~Le
Seigneur de l'univers, qui m'a créé, et c'est Lui qui me guide; Lui qui me nourrit et me donne à boire ; et quand je suis malade, c'est Lui qui me guérit ; Lui qui me fera mourir, puis me ressuscitera, et c'est de Lui que je convoite le pardon de mes fautes le Jour de la Rétribution. Seigneur, accorde-moi sagesse et fais-moi rejoindre les saints., (Coran Les Poètes 26/78 et suivants) Et c'est à cet escient que le Prophète qualifie l'invocation (du a') de « cœur de l'adoration ('ibâda) » : «
L'invocation est le cœur de l'adoration. » [Tirmidhî (3293))
C'est par l'invocation, la supplication de Dieu que l'on reconnaît et exprime notre faiblesse, petitesse, pauvreté à Celui qui a tout, notre Créateur. ~~~
Comprendre l'Islam - 40 Hadihs Nawawî
154
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COMMENTAIRE
REMERCIER
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La foi est composée de deux parts : la patience (fabr) et le remerciement (shukr). En effet, le Prophète(~) dit: Quel émerveillement devant la réaction du croyant; tout ce qui lui arrive lui procure du bien, et cela n'appartient qu'au croyant. S'il lui arrive un événement heureux, il remercie Dieu, et cela lui procure du bien [auprès de Dieu]. Et s'il lui arrive un événement pénible, il prend patience, et cela lui procure du bien [auprès de Dieu}. » [Muslim (5318)] «
Dieu a ordonné de Le remercier et a mis en exergue ceux qui le font : ~ Et remerciez Dieu pour Ses bienfaits, si c'est vraiment Lui que vous adorez.1 Coran (La Vache 2/172)
Comme Il a promis de rétribuer ceux qui Le remercient, car ne le font que ceux qui reconnaissent Dieu et Ses bienfaits : ~Et Dieu récompensera bientôt les reconnaissants (shâkirîn).1 Coran (La Famille d'Imrân 3/144)
Il a aussi promis de multiplier les bienfaits à celui qui Le remercie : ~ Votre Seigneur ne vous a-t-Il pas proclamé : « Si vous êtes
reconnaissants, très certainement]' augmenterai (Mes bienfaits) pour vous. »1 Coran (Ibrâhîm 14/7) Et Dieu, Lui-même, a pris pour Nom : ash-shakûr, le Reconnaissant : ~Il est Pardonneur et Reconnaissant.1 Coran (Le Créateur 35/30) ~ Notre Seigneur est certes Pardonneur et Reconnaissant. 1 Coran (Le Créateur 35/34)
Il suffit honneur et dignité au croyant reconnaissant, de partager cette qualification (shâkir et shakûr) avec son Créateur. Le Prophète, dans cette volonté de partager cet amour de Dieu, apprend à son cher compagnon Mu'âdh l'invocation suivante: Par Dieu, ô Mu 'âdh, je t'assure de mon amour. Alors n'oublie pas de dire après chaque prière que tu accomplis : «
115. Draz, Morale, p. 480.
Hadith 26: loutr Ditu
171
"Seigneur, je Te demande de m'aider pour T'invoquer, Te remercier et accomplir de la meilleure façon mon adoration."» [Abû Dâwûd (1301), Nasâ'î (1286)]
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UNE LISTE NON EXHAUSTIVE
Le hadith n'a pas l'intention d'établir une liste exhaustive des divers aspects du bien que le croyants' efforcera de réaliser dans sa volonté de remercier Dieu de Ses bienfaits et faveurs. D'autres hadiths indiquent d'autres voies et pistes et n'entendent pas les épuiser. Notre prophète Mul;iammad (~) les ouvre en disant : « Toute bonne action {reconnue comme telle} {ma'rûf) constitue une aumône. Même le fait de rencontrer ton frère avec un visage avenant, ou que tu verses de ton seau dans celui de ton frère. » [Tirmidhî (1893)]
LES AUMÔNES : DEUX GRANDES CATÉGORIES
Les aumônes peuvent être classifiées en deux grandes catégories :
1. celles dont l'utilité se rapporte en premier lieu à sa propre personne : dire les invocations subbân Allah, Allahu akbar, al-bamdu li-Llâhi, lire le Coran, faire des prières nâfila ; 2. celles dont l'utilité et le bien profitent aux autres : assainir les relations entre deux personnes, aider autrui, répandre la bonne parole qui inclut le salut à dire aux autres, enlever les nuisances de la voie publique, ordonner le bien, réprouver le mal, participer à la propreté des mosquées, du voisinage, aider les malentendants, les malvoyants, aider son frère dans la difficulté et la peine. Dans cette seconde catégorie, sont considérés comme aumônes : • le fait de s'acquitter des droits des autres croyants tels que répondre au salut, rendre visite au malade, suivre le convoi funèbre, répondre à l'invitation, souhaiter la miséricorde (rabimak Allâh) à celui qui éternue, prodiguer conseil (nasîba), aider celui qui subit une injustice [Bukhârî et Muslim, diverses versions] ; • le fait de contribuer et aider à ce qu'une personne lésée injustement puisse recouvrer ses droits. À tel point que le compagnon
172
Comprendre 11slam - 40 Hadihs Nawawî
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Ibn 'Abbâs dit : « Celui qui va avec son frère afin que ce dernier recouvre son droit aura pour chaque pas effectué la rétribution d'une aumône. »116 • le fait de laisser du temps à celui qui n'a pas pu te rendre ton prêt, faire du bien envers les animaux est une bonne action. Le prophète Mul)ammad (~) le dit clairement. Abû Hurayra rapporte que le Prophète leur a dit : «Alors qu'un homme était en train de marcher (voyager), il s'est trouvé très assoiffé. Arrivé près d'un puits, il y descendit et but de son eau. Lorsqu'il remonta, il trouva un chien haletant de soiflui aussi, en recherchant l'eau dans le sable. L'homme se dit: "Cet animal ressent lui aussi la soif qui m'avait étreint." Il redescendit [dans le puits} et emplit son soulier d'eau, le tint par sa bouche et remonta. Il le donna au chien qui but. L'homme remercia ensuite Dieu. Et Dieu lui a pardonné." » Les compagnons s'étonnèrent de cela et dirent : « Ô Envoyé de Dieu, serons-nous rétribués aussi pour les bonnes actions envers les animaux ? » Il leur répondit : « Oui, pour chaque animal une rétribution pour la bonne action. » [Bukhârî (2190) et Muslim (4162)]
Quant à l'imam Ibn al-Qayyim 117, il précise que la meilleure aumône est celle dont l'utilité est dirigée vers les autres.
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116. Ibn Rajab,jâmi', p. 298. 117. Ibn al-Qayyim, Al-wâbil tll-iayyib.
Hadith 27: reconnaitre le bien et le mal
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An-Nuwwâs ibn Sam'ân rapporte que le Prophète(~) a dit:
«La piété est [constituée par] le meilleur comportement, alors que le mal est ce qui trame dans ton cœur et que tu répugnes que les gens en aient connaissance. » [Muslim (4632). Rapporté aussi par Tirmidhî (2311), Alimad (16975) et Dârimî (2670)] Wâbi~a
Ibn Ma'bad al-Asad! rapporte que !'Envoyé de Dieu (ii) lui a dit :
« "Tu es venu demander après la piété et le mal ?"je lui ai répondu : "Oui. " Il a alors rassemblé ses doigts, a tapoté sa poitrine et m'a dit: "Interroge ton cœur, consulte ta conscience, ô "Wâbi~a {et la répéta trois fois}! Le bien, c'est ce vers quoi l'âme et le cœur s'apaisent. Alors que le mal est ce qui se trame en l'âme et trouble la poitrine, et ceci, même si les gens t'ont donné et redonné la permission de faire." » [Ad-Dârimî (2421) dans
sa version et Alimad (17315)]
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
174 Les
MOTS
SENS GLOBAL
al-birr ~I: est l'un des LE CŒUR : CRITÈRE DE DÉCISION mots arabes les plus difficiles à traduire tant son Notre Prophète(~) indique clairement sens est chargé. Il prend que la valeur centrale de la bonne éducadiverses acceptions selon tion et son pendant, le meilleur comporteles contextes comme on le verra. On peut le compren- ment, sont une des preuves de la piété indidre comme la piété, le bien- viduelle qui a son foyer dans la profonde intimité de la personne (souvent désignée agir, la vertu. al-ithm ~)'1: c'est l'antithèse du birr. Il désigne donc le mal, le mal-agir, le péché, la faute.
bâka !IL> : littéralement ce qui se trame au sens originel (tramer un tissu, une énigme) tout en étant invisible. Dans ce hadith, c'est aussi, par extension et de même qu'en langue française, tramer au sens de ce qui se tisse dans le cœur sans apparaître aux autres. itma'anna .:>Ul : trouver le repos et la quiétude, s'apaiser.
par le cœur). En effet, le comportement, les qualités humaines sont les manifestations externes de la qualité de ce qu'il y a dans les cœurs humains. Et la piété sise dans le cœur trouve son témoignage externe par le meilleur comportement tant déclamé dans les paroles coraniques et prophétiques. De même, le mal est ce qui se trame dans le cœur, mais qui ne voudrait pas être découvert par des tierces personnes. Tel est le premier critère que le croyant peut utiliser pour différencier entre le bien et le mal.
Dans le deuxième hadith, notre prophète MuQ.ammad (~) revient sur ce couplage naturel entre l'intimité de la personne et ce aftâka !.lbÎ : qui veut dire qui en apparaît comme manifestation extédonner des avis religieux rieure, en indiquant un second critère de (jatwâ). différenciation entre le bien et le mal, celui de consulter son cœur. En effet, le bien apaise le cœur, il lui procure un repos et un soulagement. Tandis que le mal continue à tarauder le cœur du croyant. Et notre Prophète (~) d'insister sur l'évaluation de l'action à travers ce critère intérieur malgré les permissions obtenues à travers des consultations extérieures sur la question. En effet, ces consultations (fatwa) ne peuvent concerner que les aspects extérieurs de ce que l'on veut bien montrer et indiquer, alors que notre cœur, foyer des motivations et centre des intentions, n'est accessible à per sonne parmi les créatures, hormis à nous-mêmes et à Dieu. C'est cc.:1
Hadith 27: reconnaître le bien et le mal
175
aspect caché, parfois dissimulé, des choses qui fait la différence et qui montre la licéité de la chose ou son illicéité. La distinction du bien et du mal, avant d'être une législation céleste, est une révélation intérieure, inscrite dans l'âme humaine. La vertu tient son ascendant de sa propre nature et de sa valeur intrinsèque 118 • Lhomme est doué d'une clairvoyance morale, les deux chemins, celui de la vertu et celui du vice, lui sont déjà connus 119 • Il est à remarquer que ce hadith donne un nouvel éclairage au premier de ces quarante hadiths de l'imam Nawawî affirmant que l'intention précède et conditionne tout acte. COMMENTAIRE
LA
PIÉTÉ ET LE MAL-AGIR
La piété (birr), mentionnée dans ce hadith, peut être vue sous les deux angles suivants : • C'est le fait de se comporter de la meilleure façon (if;sân) avec les autres personnes et créatures, en particulier avec les parents et qui est appelé justement birr al-wâlidayn, c'est-à-dire le fait de les traiter de la meilleure manière et en toute bonté et reconnaissance. C'est dans ce registre qu'il faut aussi comprendre le verset coranique: ~ Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes œuvres
(birr) et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. t Coran (La Table 5/2)
• Cela peut aussi être le fait de toute bonne action intérieure ou extérieure, comme le montre le verset coranique suivant : ~ Mais la piété (birr) est de croire en Dieu, au Jour dernier, aux anges, aux Livres et aux prophètes, de donner de son bien - quel que soit l'amour qu'on en ait - aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l'aide ainsi que pour délier les jougs 120 • La piété, c'est aussi 118. Draz, Morale, p. XXIV: 119. Draz, Morale, p. 8. 120. C't•s1 ;) diit• .1flr.11Hhi1 b
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Comprtndrt l'Islam - 40 HaJihs Nawawl
176
accomplir la prière (ialât), s'acquitter de la zakât, demeurer fidèle aux engagements contractés, se montrer patient dans l'adversité, le malheur et face au péril. Dieu dit ainsi : ~ Tels sont les véridiques et les vrais pieux
2/177)
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Coran (La Vache
Dans ce cas, le vocable birr recouvre les différentes manières de rendre le culte à Dieu, les grandes qualités humaines ...
Le mal (ithm), le mal-agir, quant à lui, est composé de deux traits distincts: • un trait intérieur : il laisse dans le cœur de la personne une fébrilité et un trouble ; • un trait extérieur : le fait de ne pas vouloir montrer cela aux autres en le dissimulant, par pudeur ou par peur. APAISEMENT OU TROUBLE ?
~apaisement ou le trouble sont donc posés par le prophète MuQ.ammad (~) comme des critères montrant la licéité ou non de la chose ou de l'action à entreprendre. Est-ce le critère décisif et unique à partir duquel un individu peut dire que telle chose est licite ou non ? Assurément non !
Deux limites sont à poser pour l'utilisation d'un tel critère: une éducation dans les valeurs islamiques, et choisir la voie divine plutôt que les préférences personnelles. En effet, utiliser un tel critère présuppose que la personne ait été socialisée et éduquée dans la culture musulmane et ses valeurs qui placent ces normes du bien et du mal. La fébrilité et le stress engendrés par une action considérée comme mauvaise proviennent de cette contradiction et conflit entre la valeur intériorisée et l'acte lui-même. S'il n'y a pas antagonisme entre l'acte et les valeurs portées, de deux choses l'une, ou l'acte est permis, ou la question de la licéité ne se pose même pas comme dans le cas de ceux qui ont d'autres valeurs. En effet, la foi illumine le cœur de l'homme et si elle ne peut pas empêcher les péchés mineurs, du moins elle les lui montre et lui fait des remontrances. Elle donne aussi puissance et sensibilité au cœur afin de distinguer le mal du bien dans les cas douteux ou inconnus.
Hadith 27: rtconnaltrt lt bim tt lt mal
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Encore faut-il distinguer entre les valeurs et ce qu'elles proposent et dictent, et les préférences personnelles. Ces dernières, pour autant qu'elles sont dans le licite, ne sauraient dicter le bien et le mal pour les autres. Elles restent des préférences toutes personnelles. Ces deux limites étant posées, le critère de l'apaisement du cœur ou de son trouble peut être alors utilisé. Le trouble peut provenir soit d'une non-connaissance de la règle juridique sur la question posée. Mais il peut aussi provenir après consultation religieuse (jatwa). Il semblerait que la parole prophétique vise plutôt ce deuxième cas, lorsque la consultation aboutit à la licéité de la chose. Si, malgré cette licéité, le trouble persiste dans le cœur du croyant, alors mieux vaut délaisser la chose en question. Il faut faire remarquer que cela ne doit pas entraîner à l'extrémisme, et pousser à rejeter tout avis religieux qui ne correspondrait pas à nos attentes et désirs, l'objectif du hadith n'étant pas du tout celui-là. En effet, nos attentes doivent concorder dans toute la mesure du possible avec la volonté divine. Dieu dit : ~ Non
! Par ton Seigneur ! Ils ne seront de vrais croyants que lorsqu'ils t'auront pris pour juge sur leurs différends, auront accepté sans ressentiment ce que tu auras décidé, et qu'ils s'y soumettent entièrement., Coran (Les Femmes 4/65) Ce verset comporte trois éléments successifs fondamentaux : 1. Soumettre à Dieu et Son Prophète (~) la demande de la valeur juridique 121 de la chose en question. 2. Accepter le jugement de Dieu et Son Prophète. 3. S'y soumettre par son cœur en adhérant pleinement à ce jugement. Nous voulons aussi faire remarquer, dans ce hadith, l'un des miracles du Prophète (~) en prédisant au compagnon Wâbi~a la demande dont il était porteur : « Tu es venu demander après la piété et le mal?» Pour conclure sur cette question, précisons que notre Prophète connaissait suffisamment le compagnon Wâbi~a, sa ferveur et sa piété, pour lui donner une telle réponse. À la même question venant d'une 121. La valeur juridique peut être l'une des cinq catégories suivantes: obligation (wâjib), recommandation (sunna), licite (balâl), blâmable (makrûh) ou interdit (barâm).
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Comprendre l'Islam - 40 Hadihs Nawawî
autre personne, il aurait peut-être répondu de manière différente. Mais, comme le disent les savants, «le contexte particularisant du verset ou du hadith n'empêche point sa généralisation ! »
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Hadith 28 : suivre la voie prophétique
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Abû Najîb al-'Irbâd Ibn Sâriya a dit :
« I.:Envoyé de Dieu nous a fait un sermon qui fit vaciller les cœurs et verser des larmes. Nous lui dîmes: "Ô Envoyé de Dieu, on dirait un sermon d'adieu ! Conseille-nous !" » Il dit alors : «Je vous conseille de craindre Dieu, et d'écouter et d'obéir même si c'est un esclave qui vous gouverne. Car celui parmi vous qui vivra après moi, verra beaucoup de dissensions. Alors tenez-vous à ma voie (sunna) et celle des califes bien guidés; agrippez-vous-y par vos dents. Et prenez garde aux nouveautés [dans la religion}, car toute innovation est perdition. » [Abû Dâwûd (3991) et Tirmidhî (2600), hadith bttsan Iabîb. Rapporté aussi par Abmad (16521), Ibn Mâja (42) et Dârimî (95)]
LES MOTS ~ _, : ressentir une inquiétude mélangée à
SENS GLOBAL
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de la peur. sunna : cc conccpr est un mot polysC:miquc qui pl'lll
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LES QUATRE CONSEILS PROPHÉTIQUES
Le Prophète(~), dans une vision que Dieu lui a donnée, a vu qu'après une courte période de califat bien guidé (Abû Bakr, 'Umar, 'U thmân et Ali), sa comm unaut é
Comprendre l'Islam - 40 Hadihs Nawawî
180
acceptions, selon le contexte (voir l'annexe 2). Ici, il veut dire la voie suivie par le Prophète (~) et celle de ceux qui lui ont succédé, les quatre califes bien guidés.
vivra de grandes divisions. Ces dissensions futures, qui déchireront sa communauté, l'ont attristé, et il s'est attaché à conseiller au mieux sa communauté.
Le Prophète (~) avait réuni ses compagnons après la prière de l'aube üubb). Il nawâjid .i.:::-1_,; : littérale- avait pour habitude de faire des sermons ment les dents de sagesse, en dehors des moments prévus pour cela pour indiquer la force avec (vendredi, Aïd ... ). Il fit alors un prêche qui laquelle il faudrait s'agripfit vibrer les cœurs des présents jusqu'à leur per à la voie prophétique. faire verser des larmes. Ils pressentirent que c'étaient des paroles d'adieu et lui demandèrent conseil. Il les informa alors de sa vision terrible et tragique, et leur fit quatre recommandations fondamentales.
1. La première est de craindre Dieu, car telle a été la première recommandation de Dieu à Ses créatures : ~ Nous avons recommandé à ceux qui ont reçu avant vous les Écritures, tout comme [fous le faisons] pour vous-mêmes, de craindre Dieu.~ Coran (Les Femmes 4/131) 2. La deuxième est l'obéissance aux gouvernants tant qu'ils restent attachés à la loi musulmane, même si le gouvernant est d'origine esclave (en ce temps-là déjà!). Car peu importe sa naissance, sa couleur, sa langue, ce qui importe, c'est la foi qui le porte et qu'il porte. 3. La troisième est de s'attacher à suivre la voie du Prophète(~) et celle de ses successeurs bien guidés et de ne pas se perdre dans les différentes voies offertes par les êtres humains et qui sont contradictoires avec celles mentionnées.
4. La quatrième est de ne point dénaturer la religion musulmane en procédant à des ajouts qui n'y ont pas leur origine, d'en soustraire ou d'en détacher des éléments. Il s'agit de recommandations vitales, de s'agripper très fortement à la pureté originelle de l'Islam, de s'y attacher et ne pas se conformer à l'avis des gens qui suivent leurs passions, ni des innovateurs.
Hadith 28 : suivre la voie prophétique
181
COMMENTAIRE
LE MIRACLE DE CETTE PAROLE PROPHÉTIQUE
Il est, à proprement parler, extraordinaire de lire ce hadith, de cette vision prophétique hors du temps, après les grandes dissensions vécues par la communauté musulmane à l'aube de sa naissance. Car le Prophète (~) a dit dans un autre hadith : « Le califat [après la prophétieJ durera quelques trente années, puis viendra après cela une monarchie. » [Tirmidhî (2152), ~mad (20918), Abû Dâwûd (4029)]
Et le miracle est double car la recommandation prophétique est d'obéir aux gouvernants musulmans légitimes et de suivre la voie des califes bien guidés, car la dissension s'est produite suite à la rébellion politique injustifiée et illégale contre 'Uthman, puis contre Ali. Le miracle est triple enfin, car c'est la voie de ces quatre califes dans la gestion du pouvoir qu'il fallait suivre et qui va être déviée de la part des Omeyyades puis des Abbassides. QUELLE OBÉISSANCE AU GOUVERNANT ?
Notre Prophète(~), à travers ce hadith, institue les éléments fondamentaux suivants : • eobéissance au gouvernant est due pour autant qu'il soit légitime, et cela quelle que soit son origine. Pour la mentalité arabe d'alors, affirmer qu'ils doivent obéissance à un ancien esclave était tout à fait impensable. Pourtant, notre Prophète (~) l'affirme tout haut ! Cette obéissance est aussi soulignée dans le Coran : ~ Ô Croyants ! Obéissez à Dieu, obéissez au Messager et à ceux d'entre vous qui détiennent le pouvoir. En cas de litige entre vous, référez-vous-en à Dieu et au Messager.~ Coran (Les Femmes 4/59)
• Cette obéissance au pouvoir, de par ce verset et d'autres hadiths (qui vont suivre), est conditionnée par la légitimité. La vraie légitimité, telle qu'elle découle justement de la vie et des mœurs politiques de cette période califale des bien guidés, est tirée de ce contrat public entre gouvernés et gouvernants affirmé par les quarre califes.
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Comprendre /'Islam - 40 Hadihs Nawawl
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• Ce contrat repose sur la notion (contemporaine dans le monde occidental mais abandonnée par les Musulmans !) que le pouvoir ne saurait appartenir à une personne en vertu d'un lien familial, ou se transmettre à l'intérieur d'une seule famille, ou d'un coup de force. Si le pouvoir devait revenir par lien familial, les enfants de Ali et de Fâtima seraient les plus légitimes, étant les petits-fils de notre Prophète(~), ou à défaut les enfants d'Abû Bakr ou de 'Umar, mais sûrement pas ceux de Banû Umayya (Omeyyades) ou Banû al-'Abbâs (Abbassides) ! • Ce contrat repose sur la liberté de la population de se choisir un gouvernant, par un moyen ou un autre, et le pouvoir de le révoquer. Là aussi, les discours et les pratiques des quatre califes sont édifiants à ce sujet ! Le hadith mentionne expressément de les prendre comme exemples. • Ce contrat repose aussi sur le fait que le gouvernant choisi doit comprendre qu'il n'est que locataire du pouvoir, non son détenteur à vie. Tel a été le message d'Abû Bakr et 'Umar lors de leur investiture. On s'y reportera pour plus de détails. • Ce contrat repose aussi sur la distinction très nette à faire entre les biens publics et les biens personnels ; nul ne peut considérer les premiers comme ses biens propres. Là aussi, on pourra se reporter pour tous les détails aux discours et pratiques des quatre califes. • Ce contrat enfin repose sur la mission de l'État musulman qui est d'œuvrer à la sauvegarde les cinq grandes globalités (maq~id ash-sharî'a) 122 : préserver la foi (dîn), la vie (an-na.fi), la dignité humaine (al- 'irtf), l'intellect (al- 'aql) et les biens (al-mâl). Cheikh al-Qaradâwi propose d'ajouter une sixième globalité, celle de la liberté (al-burriyya). Le Prophète (~) est très clair à ce sujet : voyez la voie des quatre successeurs et engagez-vous-y. Limam Ibn Rajab 123 dit ainsi : « [Ce hadith} est une preuve que la voie suivie par les quatre califes est à suivre, ce qui n'est pas le cas des autres. » Notre Prophète dit aussi: «L'obéissance n'est due que dans le bien (ma'rû/J. » [Bukhârî (6612), Muslim (3425)] 122. Voir Imâm Shâtibî dans son livre: Al-Muwâfaqât en particulier. 123. Ibn Rajab,fâmi', p. 315.
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Hadith 28 : suivre la voit prophltiqut --
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Et l'imam Ibn Rajab 124 explique ce hadith par le fait que, dans un pays musulman, il n'y a d'obéissance au gouvernant que dans l' obéissance à Dieu. Dans un autre hadith, notre Prophète est encore plus explicite. Le compagnon Mu'âdh demanda un jour au Prophète:
Que devons-nous foire si des personnes qui ne suivent pas ta sunna (voie) et ne suivent pas tes prescriptions nous gouvernent?» Le Prophète lui répondit alors : « Point d'obéissance à celui qui n'obéit pas à Dieu. » «
[Al;imad (12748)]
LINN OVATION
Si, sur certains aspects, il n'y a aucun texte coranique ou prophétique clair, ni une pratique tracée par les quatre califes, alors liberté est laissée aux croyants d'innover dans l'esprit de l'Islam (ijtihâd) quant aux idéaux de liberté, dignité, justice, solidarité et égalité. On se reportera au hadith (n° 34) et son commentaire pour compléter ces quelques lignes. Tout le monde comprend parfaitement que prendre référence sur cette période califale ne signifie pas la reproduire à l'identique! Il s'agit de s'en inspirer très fortement, d'en dégager les principes vitaux et pérennes dans la mise en place d'institutions musulmanes, comme le font les autres cultures (avec Montesquieu, Jefferson, etc.). ~~~
124. Ibn Rajab,]âml, p. 315.
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.O_,f.J(184 /4).s..:.;...,.j~)..ÙI Abû Tha'laba al-Khashanî Jarrhûm Ibn Nâshir rapporre que !'Envoyé de Dieu(~) a dit:
«Dieu, le Très-Haut, a prescrit des obligations, ne les négligez pas; Il a fixé des limites, ne les transgressez pas; Il a prohibé certaines choses, ne les enfreigrzez pas. Il S'est tu sur certaines choses, par miséricorde pour vous et non point par oubli, ne demandez pas après elles. » [Dâraquçnî dans ses Sunan (n° 4/184), l;asan iabîl;. Ce hadith esr aussi rapporré par Tabarânî, aurhenrifié par l'imam Nawawî lui-même, ainsi que par Ibn I:Iajar, le commentareur du Sal;îl; de Bukhârî.]
LES MOTS
farar/a ._;.,j: obliger, prescrire des obligations.
·dda 1:. : a fixé des limites. Certains ont compris le fait d'imposer des budûd, c'està-dire les peines maximales prévues par les paroles coraniques et prophétiques. Mais le premier sens est le plus approprié et ce qui a été compris par la majeure partie des commentateurs.
SENS GLOBAL
N'APPROCHEZ PAS L'INTERDIT !
Dans ce hadith, notre Prophète (~) a divisé les lois divines en trois grandes catégories : des obligations sur lesquelles existent un texte, des interdictions sur lesquelles existent aussi un texte, et des permissions par le fait qu'il n'y a aucun texte révélé en la matière.
Et il a insisté sur les interdits en précisant que Dieu a placé des limites quel' être humain ne devra pas transgresser sous peine de tomber dans l'interdit. Celui qui aura observé ces trois divisions sera parmi les gagnants auprès de Dieu.
192
Comprendre l'Islam - 40 Hadihs Nawawi
Ce hadith confirme et explicite un peu plus le hadith (n° 6), en insistant sur le fait que c'est à Dieu de permettre, d'interdire ou d'obliger. Le hadith précise que Dieu a fixé des limites à ne pas transgresser. Il vaut mieux aussi ne pas s'en approcher en appliquant le hadith n° 2, car à trop rôder autour de l'interdit, on finit par y succomber. Dieu dit expressément de ne pas approcher les interdits : ~ N'approchez pas les turpitudes apparentes ou dissimulées ... ~ Coran (Les Bestiaux 6/ 151)
Ensuite vient un élément important dans ce hadith : « Et Dieu S'est tu sur certaines choses, par miséricorde pour vous et non point par oubli, ne demandez pas après elles.» Cette partie est confirmée par d'autres hadiths, dont le suivant : « Le licite est ce que Dieu a rendu licite dans Son Livre, l'interdit est que ce Dieu a prohibé dans Son Livre, et ce qu1l a tu est à considérer comme permis ('afwun). » [Tirmidhî (1648)]
Le mot 'afwun (p) veut plutôt dire largesse de la part de Dieu, dans ce hadith, et par extension, il est compris comme permis, licite. NE PROVOQUEZ PAS LA RÉvÉLATION !
«Ne demandez pas après elles [ces choses] » : Cette injonction concerne principalement les compagnons au temps du Prophète, car s'ils questionnaient sur ce que Dieu a tu, il pouvait y avoir comme conséquence une révélation de Dieu, ou une parole prophétique qui aurait eu force de législation (en terme d'interdiction ou d'obligation). Il est donc préférable de ne pas demander trop de détails au Prophète sur les choses tues afin qu'elles gardent leur statut licite, par largesse et miséricorde divines. Il s'agit donc de ne pas provoquer la Révélation et de ne pas chercher la réglementation là où elle n'existe pas. Les grands compagnons et les plus proches du Prophète faisaient très attention de ne pas être la cause de révélations qui restreindraient le vaste champ du licite. Ils se contentaient en général des paroles que le Prophète proférait de lui-même. Cette recommandation peut aussi avoir un autre sens, celui de ne pas s'aventurer dans des discussions sur les éléments inintelligibles,
Hadith 30 : nt pas transgrtsstr /.es /imites
193
qui dépassent l'entendement humain et qui se rapportent à Dieu, Ses anges, Sa création ... En effet, nos facultés ne nous permettent pas de tout appréhender. Si nous comprenons et connaissons beaucoup de choses, bon nombre d'autres choses échappent à notre connaissance et notre entendement. Cela peut être dû au fait que nos facultés sont encore limitées ou alors qu'il existe des domaines et des champs qui n'appartiennent qu'à la science exclusive de Dieu. C'est ce qui explique le hadith suivant : « Les gens n'arrêteront pas de se questionner jusqu'à dire : 'Vieu a créé la création, qui donc a créé Dieu ?"Lorsque vous entendrez de telles choses, dites: 'Je crois en Dieu."» [Muslim (190)]
COMMENTAIRE
LES CINQ RÈGLES JURIDIQUES
Si le hadith, dans le sens apparent, n'affirme l'existence que de trois classes de règles juridiques (obligations, permissions, interdictions), un examen approfondi de la pratique prophétique en distingue en fait cinq: • l'obligation, wâjib ou far4 ; • le recommandé : sunna ou mandûb ; • le licite, balâl, mubâb ; • le blâmable, makrûh ; • l'interdit, barâm, ou mamnû', ou mab~ûr. LES QUESTIONS AU PROPHÈTE (~)
Les obligations et les interdictions ont leur source dans le Coran et la parole prophétique authentifiée. Une partie des éléments licites trouve sa source dans ces deux textes aussi. Mais ce hadith institue une règle d'or : par miséricorde divine, ce qui n'est pas mentionné comme obligatoire, interdit ou permis est licite. Enfin, sur les questions posées au Prophète(~), les compagnons étaient partagés entre deux positions : • poser trop de questions et risquer de provoquer des révélations qui iraient dans le sens des obligations et des interdictions, ce qui restreindrait la marge des croyants;
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
194 •
ne pas poser de questions et rester dans l'ignorance de choses importantes. Mais la deuxième position ne veut pas dire que le Prophète (~) ne répondait - et donc n'instituait et ne légiférait - que suite aux interventions de ses compagnons. Que non ! Lorsque l'injonction venait de Dieu, il obéissait et transmettait ce qui lui était révélé. Il faut donc distinguer deux choses, pour comprendre cette partie du hadith: • la loi (révélation coranique, parole prophétique) venait parfois d'elle-même sous les formes d'obligation, d'interdiction ou de permission ; • la loi pouvait aussi venir suite à des questions, à des demandes extérieures. Elle pouvait alors expliciter ce qui apparaissait alors comme général et global, ou instituer de nouvelles règles, ou particulariser le général. C'est cet aspect qui est visé par ce hadith. Lexemple donné est celui de l'ordre divin donné aux Fils d'Israël de sacrifier une vache 129 • Au lieu de s'exécuter et de sacrifier n'importe quelle vache quis' offrait à eux, ils posèrent mille et une questions pour connaître l'âge de la vache, sa couleur, et autres détails insignifiants. Dieu leur révéla alors des détails après chacune de leur demande. Ils trouvèrent enfin la bête à sacrifier qu'ils durent acheter à un prix très onéreux, alors que s'ils s'étaient suffit de la première injonction, cela aurait été plus simple pour eux ! ~~~
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195
Hadith 31 : par quoi m'aimerait Dieu
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ce monde et des biens des autres
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Prophète( ~)
et
lui a dit: «
"ô Envoyé de Dieu, indique-moi un acte tel que, si je le faisais,
Dieu m'aimerait ainsi que les gens. " L'Envoyé de Dieu (~) dit alors : "Dédaigne [les choses de} ce monde et Dieu t'aimera, et ne convoite pas ce qu'il y a entre les mains des gens, ils t'aimeront."» [Hadith l;asan, Ibn Mâja (4092)]
LES MOTS
SENS GLOBAL
izhad impératif du verbe zahada ~j : étymologique- PAR QUOI M'AIMERAIT Drnu? ment veut dire se détourEncore une fois comme chez tous les ner de la chose par mépris autres Compagnons, on observe la même et mésestime. Le substantif (zuhd) a été par la suite tra- tension qui les pousse à rechercher les voies duit par ascétisme, parfois et moyens pour plaire à Dieu et être agréé aussi par frugalité et renon- par Lui. Ce compagnon veut chercher cement qui sont plutôt les comment parvenir à être aimé par Dieu, conséquences de l'attitude. puis par les gens.
Alors que le terme arabe de wara' (éJ)) veut dire s'éloigner des choses douteuses, le zuhd incite plutôt à délaisser une parrie du licite, considérée comme .~11perA11 et non nfrcssairt:.
La réponse prophétique utilise le même mot (zuhd) pour rencontrer les deux amours : dédaigne le monde, au sens de ne pas lui donner une grande importance, et Dieu t'aimera, et ne convoite pas ce qui est entre les mains des gens, ils t'aimeront!
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Comprendre /'Islam - 40 Hadihs Nawawî -------------
Quant à la relation avec Dieu, ce hadith mo~ure que celui qui veut Dieu, Son amour et Sa proximité, ne peut attacher son cœur à la vie terrestre. En effet, la satisfaction effrénée de nos instincts et de nos penchants est un puissant obstacle contre 1'amour de Dieu. S'en détacher est un troisième niveau après celui de vivre dans le licite (balâl), puis celui de s'éloigner des choses douteuses (shubuhât). Devrait-on alors, pour mériter 1'amour de Dieu, s'éloigner du monde, s'abstenir de toute chose, vivre redus ou dans un ermitage, se laisser mourir petit à petit ? Ce serait mal comprendre le message de l'Islam libérateur que de penser que ces paroles poussent le croyant à vivre en ermite, éloigné de la société. Notre Prophète(~) - le parfait exemple pour nous - n'a pas vécu en ermite, pas plus que ses compagnons et ses successeurs pour que nous, nous le fassions aujourd'hui ! Ce qui est demandé, le zuhd, est un détachement du cœur des biens de ce monde. Nous détaillerons cela plus loin dans le commentaire. PAR QUOI M'AIMERAIENT MES SEMBLABLES ?
Lêtre humain est, par nature, porté à l'appropriation des biens terrestres, et le plus souvent à une appropriation exclusive. Ses penchants « naturels »vont dans le sens de 1' amplification de 1'ego et 1' encouragement de l'individualisme. C'est pour corriger cela et pour le confiner dans des limites acceptables et sans nuisances - car son abolition est presque impossible pour le commun des mortels - que les religions comportent un fort aspect éthique, et que les hommes ont essayé de produire des œuvres et réflexions morales et/ou philosophiques dans ce sens. C'est aussi pour mettre des limites à ces penchants que la loi est venue, qu'elle soit d'origine céleste (les trois hadiths suivants 32, 33 et 34 font mention) ou humaine. C'est la course effrénée à 1' appropriation des biens terrestres, par toutes sortes de moyens, qui peut empêcher l'homme de se rapprocher de Dieu et de se faire détester par ses semblables. En effet, envers ses semblables, l'homme sera détesté, ou du moins fui, par le fait qu'il convoite ce qu'ils convoitent, qu'il cherche à détenir ce qu'ils possèdent, et qu'il tende tous ses efforts pour les acquérir et en jouir. Au contraire, lorsqu'une personne a l'assurance que le lien établi ou la relation tissée avec une autre personne n'a pas pour objet un quelconque intérêt matériel, alors ce lien et cette relation peuvent s'épanouir et se développer.
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Hadith 31 : par quoi m'aimerait Dieu
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C'est ce qu'explique le Prophète dans un hadith similaire. Un homme est venu au Prophète et lui a dit : « Conseille-moi mais en quelques mots. » Il lui dit : « Lorsque tu te lèves pour accomplir la prière, fais-le comme un homme qui fait ses adieux. Et ne profère pas de paroles dont tu t'excuseras demain. Et ne sois pas avide de ce qu'il y a entre les mains des gens. » [.Alimad (22400), Ibn Mâja (4161)] Ce hadith pousse les croyants, ainsi que les autres, à établir des relations désintéressées avec autrui afin de bâtir des amitiés durables. COMMENTAIRE - - - - - - - - LEZUHD « Dédaigner ce monde » (le zuhd que nous pouvons rendre par le mot français d'ascèse) ne veut pas dire s'interdire ce que Dieu a permis, ni vivre dans les cavernes ou à l'âge de pierre. C'est plutôt une éducation des dispositions mentales du croyant afin d'arriver à ce niveau de certitude (yaqîn) illustrée par cette citation : « Le zuhd dans cette vie n'est pas d'interdire le licite ni de dissiper ses biens. C'est plutôt avoir la certitude que ce qu'il y a entre les mains de Dieu est bien plus sûr que ce qui est entre tes mains. Et que, si tu es éprouvé par la disparition de quelque bien ou proche, tu sois bien plus attaché à la rétribution liée à cette disparition qu'au bien lui-même s'il t'était resté entre les mains. 130»
Le zuhd, en plus d'être une disposition du cœur, est plus une pratique morale que celle des membres du corps humain. Un très grand nombre de définitions ou de caractérisations ont été données à ce concept (zuhd) par les savants durant les siècles écoulés jusqu'à aujourd'hui. On lira avec plaisir et un intérêt certain ce qu'en a rapporté Cheikh Ibn al-Qayyim 131, dont nous relevons les mentions suivantes: • La parole d'Ibn Taymiyya : « Le zuhd est le fait de délaisser ce qui n'est d'aucune utilité dans l'Au-delà. » • La parole de Sufyân Thawrî : « Le zuhd dans cette vie est le fait d'avoir une faible espérance {en ce monde}. » 130. Ibn al-Qayyim, Madârij, p. 285. 131. Ibn al-Qayyim, Madârij, chapitre sur le zuhd. p. 283 et suivantes.
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Comprmdrt l'Islam - 40 Hadihs Nawawl
• Limam Ahmad a été questionné sur un homme qui posséderait mille dinars 132 : peut-il être considéré comme zâhid? Il répondit : « Oui, à la condition qu'il ne soit pas plus heureux si cette somme augmente, et qu'il n'en soit pas malheureux si elle diminue ou disparaît ! » • Une autre parole de l'imam Ahmad qui était fort connu justement pour son zuhd : « Le zuhd a trois niveaux. Le premier est de délaisser l'illicite. Le second est de délaisser le superflu des choses licites. Le troisième est de délaisser ce qui te détourne de Dieu, c'est là le zuhd des connaisseurs. » Le zuhd est donc la préférence donnée à l'autre vie, la vie dernière plutôt qu'à celle-ci. Les versets en ce sens sont légion. Nous en citerons deux. Dieu dit : ~ Hélas, vous donnez la préférence à la vie de ce monde, alors
que la vie future est meilleure et plus durable.1 Coran (Le Très-Haut 87/16) ~ Dis-leur : « Le plaisir que procure la vie en ce monde est bien précaire, tandis que la vie future a bien plus de valeur pour les pieux. »1 Coran (Les Femmes 4/77)
Et dans le même registre, notre Prophète dit : « Ce monde, par rapport à la vie jùture, est à l'image de l'un d'entre vous, qui fait entrer son doigt (l'index) dans un fleuve. Qu'il regarde ce qu'il en fait sortir!» [Muslim (5101)]
Et dans un autre hadith, l'image donnée par notre Prophète(~) est encore plus prenante. Jâbir rapporte que l'Envoyé de Dieu (~) passait par un marché empli de gens; il vit alors le cadavre d'un chevreau et, en le désignant, il dit à ses compagnons : « Lequel d'entre vous voudrait l'acheter pour un dirham ? » Ils lui dirent : "Mais, ô Prophète, personne ne voudrait le prendre même gratuitement! Et qu'en ferons-nous ?"Il leur dit alors : "Voudriez-vous que je vous le donne gratuitement ?" Ils dirent : "Vivant, il ne nous aurait pas intéressé car trop chétif, comment alors aurait-il quelque valeur mort ?" Il dit : ''Par Dieu, la vie d'ici-bas est encore de moindre valeur auprès de Dieu, que cette dépouille auprès de vous !" [Muslim (5257)]
132. Les deux monnaies (en pièces) utilisées étaient le dinar (or) et le dirham (argent).
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rïmam Ali a dit dans ce sens : « Celui qui déconsidère le monde d'ici-bas,· les épreuves ne lëbranleront pas ! »133 LE ZUHD : PARTAGER DE BON CŒUR
Ce qui est flétri dans le cadre de ces versets et hadith n'est pas la Création, terre, ciel, mer, êtres humains, beauté, fortune, etc., mais ce qu'en font les hommes lorsqu'ils oublient le Créateur et Dispensateur de ces biens. Ces derniers ne doivent pas nous faire oublier nos devoirs vis-à-vis de Dieu puis de nous-mêmes, et ne doivent pas occulter leur négligeable valeur face à ce qui est chez Dieu ! En effet, notre Prophète (~) précise : « Que soit bienvenue la vie d'ici-bas, à celui qui en prend sa provision pour sa vie dernière afin de se foire agréer par Dieu, qu'elle soit malvenue la vie d'ici-bas à celui qu'elle détourne de sa vie fature et qu'elle éloigne de l'agrément de Dieu. » [Al-l;lâkim] Et dans l'instrumentalisation de cette vie pour demain, notre Prophète précise: « Que soient bienvenus les biens sains pour l'homme sain (iâlib), il en donne à ses proches, et en fait du bien. » [AJ:imad (17096)] Le texte arabe précise les biens sains (al-mâl ~-fâlib) pour désigner ceux acquis par la voie licite, et l'homme sain (iâlib) qu'il faut comprendre par bon, vertueux. Limam Nawawî, dans son commentaire de ce hadith, cite les vers suivants attribués à un savant : Point de demeure pour l'homme à habiter après la mort Sinon celle qu'auparavant il se sera bâtie S'il l'a bâtie avec le bien, quelle joie [d'y habiter} Mais si c'est par le mal quelle perte pour lui ! Le zuhd dont il est fait mention ici est bien plus une disposition du cœur que des apparences, parfois trompeuses. C'est le fait de ne pas donner plus d'importance aux choses de la vie que ce qu'elles n'en ont, à l'exception d'adorer Dieu et de Laimer. Les catastrophes « naturelles » dont nous sommes quotidiennement témoins montrent que rien n'est définitivement acquis, ni la richesse, ni le statut social, ni la notoriété. Un tremblement de terre, un accident d'avion, des décisions politiques habillées de juridisme,
133. Ibn Rajab,Jâmi', p. 348.
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Comprtndrt l'Islam - 40 Hadihs Nawawf
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un raz-de-marée, ou plus simplement une rencontre déterminée, et tout s'envole ; tout peut basculer dans le néant ! La seule certitude, c'est cette foi en Dieu qui devrait amener le croyant à aimer Dieu et à Lui consacrer sa vie. C'est ce que nous apprend cette invocation prophétique (dua') : « Seigneur, ne fais pas que notre perte soit celle de notre foi, ni que la vie terrestre soit notre plus grand souci ni le terme de notre connaissance!» [Tirmidhî (3424)]
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Abû Sa'îd Sa'd Ibn Mâlik Ibn Sinân al-Khudrî rapporte que !'Envoyé de Dieu(~) a dit:
« Ne causez de préjudice ni aux autres,
ni à vous-mêmes.
» [Ibn Mâja (2331)
hadith l;asan, Dâraquçnî (228/4), Mâlik (1234). Rapporté aussi par A\:imad (2719) dans une version un peu plus longue] SENS GLOBAL LES MOTS
t/arar _;~ : le préjudice porté aux autres de manière non intentionnelle, par exemple ce dont une personne veut jouir mais procurant préjudice à d'autres. tfirdr )~ : le préjudice porté aux autres de manière intentionnelle.
De nombreuses interprétations ont été données sur les deux notions utilisées (rj,arar et rj,irâr) selon les cas. Une première est de signifier l'interdiction de porter préjudice aux autres de manière intentionnelle ou non.
Parmi d'autres interprétations, celle de l'imam Nawawî 134 dont nous reproduisons de larges extraits : le rj,arar est le tort porté à une tierce personne sans qu'il y ait eu de la part de cette dernière un acte similaire ; alors que le rj,irâr est de rendre la pareille à celui qui a porté préjudice en premier. Le hadith énonce clairement l'interdiction de porter un quelconque préjudice à toute personne sans une juste raison, ou sans qu'il y ait eu auparavant une atteinte à l'intégrité physique, morale ou patrimoniale. Il énonce aussi clairement l'interdiction de ne pas porter préjudice à celui qui t'en a causé, sauf par l'intermédiaire d'un juge. Si 134. Nawawî, Sharl;. commentaire du hadith .
Hadith 32 : pas de préjudice
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quelqu'un t'insulte ou te frappe, ne lui rends pas la pareille pour deux raisons : •
ne pas répondre au mal par le mal ;
•
c'est à l'autorité judiciaire de trancher entre vous et d' ordonner la sanction correspondante.
Mais la portée de ce hadith est bien plus grande que cette première approche, à tel point que les savants, et parmi eux l'imam Shâfi'î, le classent parmi ce qui est appelé « les bases (ou principes) juridictionnelles » (al-qawâ'id al-fiqhiya) à partir desquelles sont inférées de très nombreuses règles juridiques. C'est ce que nous expliquerons dans le commentaire qui suit. COMMENTAIRE
REMARQUE SUR LES DÉCISIONS JURIDIQUES
Le préjudice ou tort à ne pas par-ter à l'autre, dans ce hadith, ne concerne pas les décisions juridiques. Ces dernières peuvent toucher à l'intégrité physique, morale et/ou patrimoniale, à l'exemple de la prison ou de l'exil forcé - qui sont une privation de la liberté normalement attribuée à tout individu-, de l'amende à payer - qui est une atteinte (en fait une compensation financière décidée juridiquement) aux biens normalement inviolables -, ou de la peine capitale. Ces décisions juridiques ne peuvent être appliquées que par le juge ou l'autorité qui en a les attributions. LEVER LA GÊNE ET/ou L'OBLIGATION (DE FAIRE ou DE NE PAS FAIRE)
I..:Islam ne saurait prescrire des obligations qui pourraient porter préjudice à l'être humain, comme il ne saurait interdire ce qui en luimême porterait du bien et de l'utilité aux croyants en tant qu'individus ou collectivité. Dans ce cadre, on peut distinguer les cas suivants :
1. Lever la gêne ou la rendre supportable si autrement l' application de l'ordre (de faire ou ne pas faire) entraînait une pénibilité extrême normalement insupportable. Dieu dit à cet égard : ~ Tl ne vous a imposé aucune gêne dans la religion.9' Coran (Le Pèlerinage 22/78)
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Comprendre l'Islam - 40 Hadihs Nawawî
Comme Il dit aussi :
~Dieu n'impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité., Coran (La Vache 2/286) À l'exemple de la possibilité de faire des ablutions sèches (tayammum) au malade qui ne supporterait pas l'eau, de rompre le jeûne du ramadan pour les malades et les voyageurs, de laisser le temps à l' endetté qui ne peut honorer sa dette pour le faire. Pas de préjudice ! À l'exemple aussi des poursuites judiciaires suite à des faillites financières, qui ne peuvent laisser le poursuivi dans l'indigence complète, il est fait obligation de lui laisser de ces biens ce qui lui est nécessaire pour vivre dignement; certains savants ont même précisé ce qui doit lui être laissé : habits, logis, outil de production135 • Pas de préjudice! 2. Suspendre complètement l'ordre (de faire ou ne pas faire), si la personne est en danger de mort, à l'exemple de celui qui, ne trouvant pas de quoi se nourrir risque la mort, il lui est fait obligation (et non seulement la permission) de manger ce qui était interdit dans les situations normales. Pas de préjudice là aussi! Dieu dit: ~ Obéissez à Dieu autant que vous le pouvez ! , Coran (La Déconvenue 64/16)
On voit là le trait caractéristique de l'Islam. Ce n'est ni la formule «faites ce que bon vous semble», ni celle du devoir tyranniquement rigide, sans exception ni modification. Il n'est ni l'un ni l'autre, cependant il répond à l'une et à l'autre de leurs tendances profondes 136 • ACTES VOLONTAIREMENT DÉLICTUEUX
Les actes portant préjudice aux autres peuvent être commis de manière intentionnelle ou non. Dans les deux cas, ils engagent la pleine responsabilité pénale et/ou civile du responsable de l'acte. 135. Ibn Rajab,Jâmi', p. 371. Ce que ne prévoient pas encore beaucoup de codes d'obligations contemporains de nombreux pays. D'autres ne prévoient que certaines des nécessités énoncées. D'autres ne prévoient rien du tout ! Il faut rappeler que ces règles juridiques datent de plus de dix siècles ! Ibn Rajab, qui a compilé ces avis juridiques, a vécu lui-même en 726795H I 1326-1393 apr. J.-C. 136. Draz, Morale, p. 92.
Hadith 32 : pas tk prtjudice
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Si l'acte est intentionnellement commis en vue de nuire, il n'y a aucun doute que l'Islam condamne fermement ce mal, car portant préjudice aux autres. Les cas suivants expliquent la portée de ce hadith: • La vente à celui qui a expressément besoin de ce bien mais à un prix bien plus élevé que celui normalement fixé par le marché. Préjudice dans ce cas ! Le prophète Mu]:iammad a interdit cette pratique de manière catégorique. [Abû Dâwûd (2935)) • Léguer une part supplémentaire à un/des héritier(s) de façon à porter préjudice aux autres héritiers. Ou léguer à un étranger à la famille de façon à léser les héritiers légaux. Préjudice dans ce cas aussi! Le Prophète n'a permis de léguer qu'un tiers (au maximum) du patrimoine à un étranger à la famille, s'il n'est pas prouvé que le testateur a voulu léser ses héritiers. • Creuser un puits près de celui d'un voisin afin de le lui assécher ou en diminuer le débit. Là aussi préjudice ! Interdiction de ce faire. • Le mari qui s'absente volontairement du lit conjugal prétextant des voyages, mais qui durent plus de quatre mois ou qui abandonne le lit conjugal plus de quatre mois dans une volonté manifeste de faire du tort à son épouse 137• Préjudice dans ce cas! Il faut donc libérer l'épouse. ACTES PORTANT PRÉJUDICE DE MANIÈRE INVOLONTAIRE
Dans ces cas, la personne use de ses droits naturels, mais dans cette utilisation, elle porte préjudice à des tiers. Dans ces cas-ci, il ne lui est pas permis ce faire. On peut donner les exemples suivants : • User de son droit de propriété sur un terrain : » mettre le feu dans les broussailles au risque de perdre le contrôle
du feu et incendier le terrain ou propriétés du voisin. Préjudice dans ce cas! Il en est civilement responsable. » Construire ou détruire ce qui porterait atteinte à la construc-
tion ou le confort normal du voisin. Préjudice dans ce cas ! »
Provoquer des nuisances sonores, olfactives, visuelles, etc. Préjudice dans ce cas !
137. Ibn Rajab,j4mi', p. 366.
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Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
• Ne pas accorder à un voisin, à cause de la configuration des deux propriétés, un droit de passage sur son propre terrain pour accéder à la voie publique, à un puits public, etc. Préjudice dans ce cas ! Cela est interdit. 138 EXTENSION DU PRINCIPE LÉGIFÉRANT DE CE HADITH
Notre Prophète (~) est encore allé plus loin dans l'extension de ce hadith en édictant une autre règle qui affirme le hadith en question et en illustre son étendue. En effet, notre Prophète (~) dit : « Les hommes sont co-partenaires en trois choses : l'eau, le feu et le pâturage. » [Abû Dâwûd (3016), Al:imad (22004)]
~~~
138. lbn Rajab,]t1mi', p. 169.
Hadith 33 : le fardeau de la preuve
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--Hadith33 Le fardeau de la preuve exigé du plaignant
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Ibn 'Abbâs rapporte que !'Envoyé de Dieu
( ~)
a dit :
«Si l'on accordait aux plaignants selon leurs {seules} allégations, alors ils prétendraient aux biens et au sang de~ autres [personnes}. Mais le fardeau de la preuve est exigé du plaignant, et le serment est exigé de celui qui nie. » [Hadith basan, Bayhaqî dans les Sunan (252/10), et en partie dans les deux Sabîb. Rapporté aussi par Ibn Mâja (2312) et, avec des versions légèrement différentes, par Muslim (3228), AJ:imad (3122), Bukhârî (4187)]
SENS GLOBAL
LES MOTS
idda ~ ._r;! : demander sans présenter de preuves.
al-bayyina 4,1 : la preuve sous toutes ses formes, en particulier des témoins, des aveux ou une preuve matérielle. ~\ : concept polysémique qui veut dire la droite (au sens d'opposé à gauche). Il veut aussi dire le serment fair par la main droite justement.
al-yamîn
al·mudda 'î ._r1tl : le plaignanr, celui qui porcc plaimc
ou
prétend
~)ll_l'lqul' d!o~c. _
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LE FARDEAU DE LA PREUVE EXIGÉ DU PLAIGNANT
Ce hadith vient expliciter un autre aspect de la législation musulmane et bâtir ses bases, après le hadith précédent qui a posé un premier principe juridique. Cheikh al-Islam Ibn Daqîq al-'Îd dit de ce hadith : « Il constitue un des grands principes des lois, et la plus grande référence dans le cas des conflits et des litiges. » En effet, si l'on n'écoutait qu'une seule version des faits, beaucoup de biens, de sang seraient injustement donnés à ceux
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Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
al-mudda ,, ~ 'alayhi ~ ._;.:i.1.1 : le mis en cause.
qui y prétendraient. Et l'injustice s'installerait parmi les hommes.
Llslam n'a pas voulu, et ne désire point que l'injustice s'installe dans la communauté humaine. Il n'est pas pire crime que d'encourager l'injustice, la favoriser et l'ériger comme système de vie et de gouvernance. Le hadith n° 24, en particulier, est suffisamment explicite à cet égard.
Le fardeau de la preuve est donc exigé de la part du plaignant. En effet, c'est la présomption d'innocence qui prévaut dans tous les cas (barâ'tu adh-dhimma). La preuve est constituée par des témoins, des aveux de la personne mise en examen, ou par des éléments matériels. En l'absence de preuve, il est demandé au mis en examen de prêter serment qu'il est innocent de ce dont il est accusé. S'il fait le serment de son innocence, il est acquitté dans la justice des hommes. Et son compte revient alors à Dieu. S'il est effectivement innocent, il est libéré de tout. Mais s'il ne l'est pas et qu'il prête serment sur ce mensonge, qu'il sache qu'après la justice des hommes, il y a celle de Dieu. Et même en l'absence de preuves établissant les droits d'un individu, la personne qui prétendrait à ce dont elle n'a pas droit, ou qui nierait les droits des autres sur lui, encourra la colère divine et Sa punition. Llslam apporte ici une dimension éthique qui manque au droit élaboré par les hommes. Et cette dimension, de par sa pression morale sur l'individu, fait reculer considérablement l'injustice. COMMENTAIRE
LA
QUESTION DES TÉMOINS
Les jurisconsultes musulmans ont sérié, selon le critère du nombre de témoins, les atteintes aux biens et personnes en deux grands cas : • sur les cas de fornication et d'adultère : le nombre exigé de témoins est de quatre ; ils doivent avoir constaté l'acte de fornication par eux-mêmes, de leurs propres yeux. Et il s'agit bien de l'acte de
Hadith 33 : le fardeau de la preuve
211
fornication en lui-même, pas les prémisses liées à l'acte, pas des doutes ou quelque chose qui ressemblerait à l'acte lui-même. • sur les cas de crime ou d'atteinte à l'intégrité physique, morale, les cas relatifs aux biens patrimoniaux tels le vol, la diffamation : deux témoins suffisent. LE SERMENT
Dans le cas de dépôt de plainte, il est donc exigé au plaignant d'apporter ses preuves. Si aucune preuve n'est apportée, le juge fait prêter serment à la personne mise en examen. Deux cas peuvent alors se présenter : • si la personne jure par Dieu qu'elle est innocente, elle est alors innocentée devant la justice des hommes; • si elle refuse de jurer, deux écoles (hanafite et hanbalite) la condamnent alors pour les faits, (andis que les deux autres écoles (malikite et shâfi'ite) la considèrent plutôt innocente. La prestation de serment se fait en présentant un exemplaire du Coran; l'accusé doit poser sa main droite sur le Livre, en jurant par Dieu qu'il est innocent. S'il s'agit d'un juif ou d'un chrétien, c'est la même procédure qui est engagée, sauf qu'il doit jurer sur la Thora ou l'Évangile selon la religion de chacun. Avant de leur faire prêter serment, le juge doit sensibiliser les mis en cause sur les droits des humains et l'obligation de les préserver, et sur la portée d'un tel serment sur leur vie ici-bas et dans l'Au-delà, que ce serment ne peut les délier de la responsabilité devant Dieu et qu'ils seront comptables devant Lui. Dans un cas, l'imam Ali a même fait prêter serment aux deux témoins 139 que leur compagnon disait la vérité. Les savants musulmans insistent pour dire que le juge devra trancher sur la base des preuves établies, et non sur une connaissance personnelle des mis en cause ou de simples soupçons. LE DROIT DU JUGE À L'ERREUR
Un autre point fondamental est à souligner, celui du droit à l'erreur du juge dans son appréciation des faits. En effet, notre prophète Mubammad (~ )dit: I .\'>. lhn lt1pli, /,/111t', p.. 17H
212
Comprendre l1s/,am - 40 Hadihs Nawawî
«Si le juge tranche [dans une affaire} en faisant un effort [d'interprétation} et qu'il juge juste, il est rétribué deux fois ; et s'il se trompe, il est rétribué une seule fois. » [Bukhârî (6805), Muslim (3240), en particulier]
Mais ce hadith n'excuse pas ceux qui jugent sans connaissance de cause, il ne s'adresse qu'à ceux qui connaissent la loi, qui font sincèrement l'effort de manifestation de la vérité et statuent par ce qu'ils jugent approprié à la loi. En effet, notre Prophète insiste sur cet aspect important dans le hadith suivant : « Les juges sont de trois genres, un seul ira au Paradis tandis que deux iront en Enfer. Quant à celui qui ira au Paradis, c'est celui qui connaît la vérité et juge en conséquence. Quant à celui qui connaît la vérité et juge en contradiction avec elle, il ira en Enfer. Et celui qui juge entre les gens par méconnaissance ira en Enfer. » [Tirmidhî (1244), Abû Dâwûd (3102), Ibn Mâja (2306)]
Le deuxième juge cité dans ce dernier hadith, au lieu d'établir la vérité et de juger par et pour elle, décide de transgresser cela en statuant sur une décision injuste, malgré sa connaissance de la vérité. Le troisième juge est celui qui ne connaît rien aux lois ni aux façons de faire éclater la vérité, il veut seulement s'immiscer dans des conflits ; sa bonne intention ne l'excuse pas.
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Hadith 34: réprouver le mal
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Abû Hurayra rapporte que !'Envoyé de Dieu (~) a dit : « Ne vous jalousez pas, ne surenchérissez pas sur la vente les uns sur les autres, ne vous haïssez pas, ne vous tournez pas le dos, que personne d'entre vous ne cherche à acheter au détriment de l'autre, et soyez serviteurs de Dieu, tous frères. Le musulman est le frère du musulman, il ne lui fait pas subir d'injustice, ni ne l'abandonne, ni ne lui ment et ni ne le méprise. » Puis indiquant par trois fois sa poitrine, il continua : « La crainte de Dieu (taqwâ) se trouve là! Qu'il suffise [comme mal} à la personne de mépriser son frère musulman. Toute agression du musulman sur le musulman est interdite : son sang, ses biens et son honneur. » [Muslim
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LES MOTS
basad
c'est une forme extrême de jalousie dans laquelle la personne envieuse non seulement voudrait avoir la même chose (matérielle ou immatérielle) que la personne enviée, mais pire, elle voudrait jouir seule de ce bien en espérant sa disparition ..1.....> :
SENS GLOBAL
LA FRATERNITÉ Notre Prophète(~), en voulant expliciter la fraternité musulmane, émet un certain nombre de recommandations dans ce hadith. Ces recommandations vont, selon le cas, de l'obligation (de faire ou de ne pas faire) à la recommandation (de faire ou de ne pas faire). Cet enseignement vise à ce que
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
222 pour l'autre personne. Ce qui est formellement interdit.
najash ~ : à l'origine ce terme désigne la tromperie d'une part, et le fait d'augmenter quelque chose. Dans le contexte, cela veut dire surenchérir sur un produit, non dans le but de l'acheter véritablement, mais pour faire monter artificiellement le prix, et ainsi de pénaliser l'acheteur. Cela est formellement interdit aussi. taqwâ -s.,Z: la crainte de Dieu. (voir hadith n°l8)
la fraternité (ukhuwwa), de sentiment vécu passivement, se transforme en fraternisation (ikhâ' .. L:>-0 agissante. C'est cette fraternisation que le Prophète (~) a mis en œuvre une fois arrivé à Médine. Notre Prophète va donc encourager certaines pratiques et décourager d'autres, voire les interdire. La fraternité est le sentiment qui se trouve au soubassement de tous nos devoirs sociaux. C'est ainsi que, pour nous sensibiliser à l'horreur de la calomnie, le Coran compare le calomniateur à quelqu'un qui « mangerait la chair de son frère mort » (Coran Les Appartements 49/12). « NE
vous JALOUSEZ PAS »
Comme expliqué plus haut, la jalousie khadhala .J.:i;.: c'est le fait de délaisser ton frère au condamnée est celle qui voudrait que la moment où il a besoin de personne envieuse soit la seule à profiter des toi, de l'abandonner à son bienfaits de Dieu, sans que cela soit vécu par sort. kullu l-muslimi 'alâ l- d'autres. Elle voudrait bien que le bienfait muslimi r-1-11 ~ r-1-11 J5: (richesse, beauté, science, statut social, élotoute agression physique quence ... ) soit enlevé à l'autre pour être la ou verbale, directe ou indi- seule à en bénéficier. La personne envieuse, recte, ,d'un musulman sur par ce faire, se place contre la décision d'ivme . d e d onner ou non. C' est une oppos1. son frere. harâm il_,,...: sacré • • J • d' et en. meme temps mter tt exp 11, 1 h que pus aut.
· ·c · uon manneste a' 1a vo1onte' d e D'ieu, raison • • pour laquelle elle est mterd1te.
Le hadith précédemment cité (n° 13) précisait que : « Aucun d'entre vous n'accomplira [pleinement} sa foi avant d'aimer pour son frère ce qu'il aime pour lui-même. » En effet, l'imam Nawawî 146 dit : « Quand on ne désire pas pour son frère ce qu'on désire pour soi-même, on devient jaloux. » Et Abû Bâmid al-Ghazâlî1 47 distingue trois sortes de jalousie : 146. Nawawî, Sharb, Commentaire du hadith. 147. Abû J:lâmid al Cha7.:îlî, !~1y11' 'Ulûm tlfi dîn.
Hadith 35: construire la fraternité musulmane
223
• La première consiste à souhaiter que cesse le bonheur de l'autre pour en bénéficier exclusivement, ce qui est condamnable. • La seconde consiste à souhaiter que cesse le bonheur de l'autre même si on ne devait pas en profiter soi-même ; celle-ci est pire que la première. • La troisième est le fait de répugner à ce que le bonheur de l'autre (aisance aussi) et sa position sociale l'emportent sur les siens, même sans désirer que cesse le bonheur de l'autre. Dans ce cas, cette personne n'accepte pas que la condition de l'autre soit meilleure que la sienne. Cette forme de jalousie est tout aussi interdite 148 • Cependant, la jalou,sie peut revêtir une autre forme: envier quelqu'un sans nécessairement vouloir la perte de ce bienfait pour lui. Ce sentiment, humain, n'est pas condamnable du tout, car il n'a pas prétention de s'opposer à la volonté divine. Dans certains cas, il est même admis. En effet, notre Prophète (~) dit : «Il n'y a de jalousie [permise} que dans deux cas: un homme à qui Dieu a donné [la mémorisation} du Coran et qui le récite durant la nuit et le jour; l'a alors entendu son voisin qui demande alors : "Ô que j'aimerais avoir ce que cet homme a eu, et j'en ferai [de ce bien} comme ce qu'il en fait." Et un homme à qui Dieu a donné des biens et qui en distribue [largement} dans les voies du bien; [un homme le voyant ainsi} se dit alors : "Ô que j'aimerais bien avoir ce que cet homme a eu, et j'en ferai [de ce bien} comme ce qu'il en fait."» [Bukhârî (4638), AQmad (9824) et beaucoup d'autres]
Et dans une autre version de Bukhârî (71), au lieu de citer le Coran, notre Prophète(~) cite la connaissance et la sagesse (l;ikma). « NE SURENCHÉRISSEZ PAS »
Comme expliqué plus haut, ce qui est interdit, c'est cette entente entre le vendeur et des intermédiaires qui, voyant un client intéressé par un produit, renchérissent le prix, non point pour acheter effectivement, mais pour nuire à l'acheteur intéressé par le produit en question. C'est une forme de tricherie et d'imposture interdite en Islam. Le Prophète (~) l'énonce clairement :
1tl8. Tradu((ion d ~
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• mptabilisera comme une seule mauvaise œuvre. Le verset précédent (onfirme cela. CAS DE MULTIPLICATION DE LA MAUVAISE ACTION
Mais Dieu dit également dans le Coran que la valeur négative de la 111.111vaise action peut aussi être multipliée, et cela en raison de l'hon111·111 de l'endroit et/ou de la période, ou des personnes visées par la 111.111vaisc action.
Comprendre l'Islam - 40 Hadihs Nawawî
238
Certains endroits La mauvaise action est multipliée dans sa sanction en certains endroits ; Dieu dit, en parlant du territoire sacré de La Mecque : ~ Quiconque cherche à y commettre un sacrilège injustement, Nous lui ferons goûter un châtiment douloureux.' Coran (Le
Pèlerinage 22/25) Dans ce cas, la simple pensée de commettre un péché à La Mecque, et par analogie à Médine, est punie ! Pour cette raison, plusieurs compagnons, (parmi lesquels 'Abdallah Ibn 'Abbâs, 'Abdallah Ibn 'Amr 'Ibn al-~, 'Umar Ibn 'Abd al-'Azîz) ont préféré habiter hors de ce territoire sacré ! Certaines personnes Concernant certaines personnes et à cause de leur statut spécifique, telles les épouses du Prophète, Dieu dit : ~ Ô femmes du Prophète ! Celle d'entre vous qui commettra une turpitude prouvée, le châtiment lui sera doublé !' Coran (Les Coalisés 33/30) Certaines périodes Concernant certaines périodes, par exemple durant les jours du pèlerinage, la mauvaise action est multipliée. PRENDRE LA RÉSOLUTION SEULEMENT
Que celui qui prend la résolution de faire bonne œuvre et qui en est empêché par un obstacle sache que Dieu dans Sa mansuétude et Sa générosité la lui prescrira comme s'il l'avait faite pleinement. De même, notre Prophète nous apprend que celui qui a pris lai résolution de mal faire, mais dont l'action n'aboutit pas aura quan même la rétribution d'une bonne action! Extraordinaire indulgence Mais les savants conditionnent cela, à partir d'autres hadiths, par 1 fait que l'empêchement de mal faire est venu de la crainte de Dieu. 1
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1
En effet, la version rapportée par Bukhârî dit: « [ ••• ] s'il s'en t: détourné pour Moi. », et non d'un quelconque autre empêche· ment comme des obstacles sur la route, une porte fermée, des lie clos, etc.
Hadith 37: /ïmmense générosité de Dieu
239
COMMENTAIRE
l:INFINIE MISÉRICORDE DIVINE !
On peut comprendre que Dieu rétribue pour la simple résolution de faire une bonne action, car l'engagement pour le bien est pris, le début de l'action est commencé, mais des obstacles n'ont pas permis de mener à bien la bonne œuvre. Mais Dieu est encore plus Miséricordieux, car le fait d'abandonner une mauvaise action est inscrit comme bonne action, même si on a pris la résolution de la faire, et que l'on s'arrête dans sa réalisation par piété, par crainte de Dieu ! Les savants expliquent cette rétribution par le fait que Dieu récompense le changement d'orientation du mal vers le bien. En outre, Dieu multiplie les rétributions (ou équivalences) des bonnes actions par les nombres énumérés dans ce hadith, mais aussi par d'autres nombres, comme par exemple : • le cas de la nuit du destin (laylat al-qadr), la vingt-septième du mois de ramadan, si le croyant la croise par quelque action pieuse, Dieu le rétribuera alors par l'équivalent du même acte mais réalisé durant mille mois, c'est-à-dire plus quatre-vingt-trois (83) années, ce qui fait un coefficient multiplicatif de 29 500 ! • Concernant le jeûne du ramadan, Dieu dit dans un hadith
qudusî: « Tous les actes de l'homme lui appartiennent, excepté le jeûne qui, lui, M'appartient en propre, et c'est à Moi d'en fixer la récompense. » [Bukhârî (1771), Muslim (1944)]
Il faut aussi comprendre que les nombres utilisés par Dieu dans ... ,,, ,,. > ,,. ,,. • ,,,,.
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Ibn 'Abbâs rapporte que !'Envoyé de Dieu
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a dit :
« Dieu, en ma faveur, a pardonné à ma communauté [les péchés commis par] la faute, l'oubli et ce dont ils ont été contraints de faire. » [Hadith basan, Ibn Mâja (2033), Bayhaqî dans les Sunan (35617), et d'autres. Rapporté aussi par
Bukhârî (2343), dans une version légèrement différente]
SENS GLOBAL
LES MOTS
ajâwaza _;_,~ : littéralement fermer les yeux, dans le sens de ne pas poursuivre, et pardonner.
DROITS
DE
Drnu
ET
DROIT
DES
HUMAINS
Dieu, dans Son amour pour l'ultime S'est voulu largesse, bonté tiré du verbe akraha, con- et générosité. lzrâh ol_,5! : la contrainte,
Prophète(~),
craindre.
En effet, si la faute commise intentionnellement, en vue de désobéir frontalement, est condamnable et mérite \anction de la part de Dieu, cela ne sera pas le cas pour celui qui rnmmet un acte délictueux, transgressant par là même l'ordre divin, si l'acte a été commis sous l'emprise de la faute, de l'oubli ou de la l ontrainte. Il dit : ~ Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais 1vous serez blâmés pour] ce que vos cœurs font délibérément. 1 Coran (Les Coalisés 33/5)
ri faut cependant comprendre que le pardon dont il s'agit ici, est clui de Dieu relatif à Ses droits. Dans les choses de la vie, il y a en g{-néral les droits dt• Dieu et/ou les droits des hommes. Le hadith 1
254
Comprrndrr l'Islttm - 40 Hadihs Nawawl -
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concerne les droits de Dieu. Quant aux droits des hommes, si l'acte délictueux les a transgressés, la réparation des dommages reste due à l'ayant droit. C'est ce que l'on appelle la responsabilité civile. Ainsi, si l'homme, par mégarde, oubli ou contrainte, a attenté aux biens d'autrui, il est responsable des dommages engendrés à ces biens, et s'en porte garant. Il a alors obligation de réparer. Mais, auprès de Dieu, nul reproche ne lui sera fait. Tuer sans droit est très grave aux yeux de Dieu et auprès des hommes. Mais si cela a été commis par erreur, comme lors d'une chasse par exemple, la personne est pardonnée de la part de Dieu, mais doit réparer légalement le dommage, par le prix du sang (diyya) et l'expiation (deux mois continu de jeûne) 161 • La famille de la victime peut aussi pardonner et ne pas exiger le prix du sang, c'est ce à quoi encourage vivement le Coran (4/92). Celui qui n'accomplit pas la prière en son temps par oubli, sommeil pesant ou contrainte sera pardonné pour avoir retardé son obligation, mais doit absolument rattraper sa prière une fois réveillé. eobligation demeure.
e OUBLI ET LA FAUTE 1. Si l'oubli ou la faute concerne une obligation de faire (amr), cette dernière reste due. À l'exemple de la prière donné plus haut. 2. Si l'oubli ou la faute concerne une obligation de ne pas faire (nahy), mais qui n'a pas entraîné des dommages à une tierce personne, il n'y a rien à réparer civilement. Comme par exemple une personne qui a consommé une boisson de prime abord licite, mais qui s'est révélée par la suite enivrante. Dans ce cas, il n'encourt aucune peine ni réparation. De même, le pèlerin en état de sacralisation (ibrâm) qui met du parfum ou met des habits normaux par oubli, n'a rien à réparer ; il continue dans son état de sacralisation. 3. Si l'oubli ou la faute concerne une obligation de ne pas faire (nahy), mais qui, cette fois, a entraîné des dommages à une tierce personne, la réparation des dommages reste due. 161. Beaucoup de détails sont liés à cette question. Nous ne donnons ici qu'un résumé succinct.
Hadith 39 : oubli, fou,. 1t contrtlintt
255
eoubli fait pardonner l'erreur à la condition que la personne n'ait pas participé à l'oubli de manière active. Si elle le fait, le péché est commis, et la réparation reste toujours due. À l'exemple de l'erreur commise par négligence et/ ou non diligence dans la prise de décisions nécessaires. Par exemple, celui qui a vu une tache impure sur ses vêtements, et sachant qu'il doit aller faire la prière, n'enlève pas la tâche, finit par l'oublier et entre quand même en prière. Après coup, quand il se rappelle de la souillure sur son vêtement, il doit l'enlever et refaire sa prière.
LA CONTRAINTE On peut subdiviser la contrainte selon qu'ils' agisse d'une contrainte de faire ou de dire. Concernant la contrainte de faire, elle peut, elle aussi, être divisée en deux catégories : • une contrainte supportable de telle façon que la personne puisse refuser de faire ce dont on veut la contraindre. Si cette personne exécute l'ordre, elle doit alors supporter le fardeau de son action auprès de Dieu et des hommes. Le hadith ne s'applique pas dans ce cas. • Une contrainte insupportable qui ne laisse à la personne forcée aucune possibilité de refuser de s'exécuter. Deux cas se présentent alors: » Si on veut contraindre l'individu de tuer, de forniquer ou de
frapper, ses parents en particulier, alors il ne devra pas s'exécuter dusse-t-il mourir pour ce faire. S'il s'exécute, il est pleinement responsable de ses actes. Il ne peut sauver sa vie par la vie des autres. Il ne peut commettre de fornication aussi. La place des parents est trop importante et trop élevée pour que la personne s'exécute. Ainsi, personne n'a le droit d'attenter à la vie d'un innocent pour sauver la sienne, ni même de dérober ses biens ou de violenter sa pudeur, dut-il payer son abstention par sa propre vie. » Dans les autres cas, le pardon de Dieu lui est assuré. Et concernant
une éventuelle responsabilité civile à assumer concernant des dommages occasionnés, les savants sont divisés sur ce point.
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Lorsque la contrainte concerne les paroles, le hadith s'y applique pleinement, c'est-à-dire que la faute auprès de Dieu est excusée. À l'exemple du Coran qui dit : ~ Quiconque renie Dieu après avoir cru - sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure fidèle à la foi. f Coran (Les Abeilles 16/ 106)
Ce verset a été révélé concernant l'emprisonnement du compagnon 'Ammâr Ibn Yâsir par les Mecquois. Ligoté à un arbre, il fut torturé, ainsi que ses parents qui furent tués sous ses yeux. Il fut ensuite contraint par ses tortionnaires d'insulter le Prophète (~) et de renier l'Islam. Ce qu'il fit. Puis, une fois libéré, il alla voir le Prophète (~) pour lui raconter son histoire. Le Prophète lui demanda alors : « Mais, en disant ces paroles, comment trouvais-tu ton coeur ? » Il lui répondit : « Ô Envoyé de Dieu, toujours pleinement croyant!» Le Prophète lui dit alors : « Alors, s'ils recommencent, tu peux toi aussi recommencer! »162
Pas de faute ainsi pour un croyant soumis à la torture des infidèles, s'il se trouve obligé de renier sa foi, afin d'échapper à leur violence. Il en est de même de celui que la nécessité de la faim porte à manger des aliments défendus. Même le fait indigne de la prostitution est pardonné si la femme y a été contrainte par une personne despote 163 • COMMENTAIRE - - - - - - - - -
CONTRAINTE DE DIRE ET JIHAD
Concernant la contrainte de dire, le verset cité plus haut (Coran 16/106) et son application, les savants laissent le choix au croyant: soit il prononce ce que veulent ses tortionnaires, pourvu que son cœur soit sain et reste croyant, soit il refuse de s'exécuter même si cela devait le conduire à la mort. Il sera alors compté parmi les martyrs, ce qui est bien meilleur. Mais Dieu ne veut nous contraindre à ce qui est au dessus de nos capacités.
À ce propos, notre Prophète (~) dit : 162. Ibn Kathîr, Tafiîr, Commentaire du verset cité (Coran Les Abeilles 16/106). 163. Voir Coran (La Lumière 24/33).
Hadith 39 : oubli, fouit 11 (Ontraintt
257
« Le meilleur jihâd est la parole de justice face à un gouvernant tyran. », et dans des versions, « la parole de vérité» ... [Abû Dâwûd (3781),
Ibn Mâja (4002), Nasâ'î (4138) et d'autres]
Il y a donc un choix entre préserver sa propre vie, ou élever haut la parole de vérité et de justice. Le choix est laissé, même si le hadith pousse plutôt au devoir civique. Et, en général, les savants se sont toujours sentis concernés par ce hadith et en ont fait leur choix. C'est la raison pour laquelle, en terre d'Islam, et depuis des siècles, les savants ont été les porte-drapeaux de la contestation politique. Cette question de la contrainte a valu au grand imam Mâlik d'être fouetté publiquement et traîné dans les rues de Médine par le gouverneur abbasside local. En effet, le deuxième calife abbasside d'alors, Abû Ja'far al-Man~ûr (754-775 G}, avait pris le pouvoir sans qu'il y ait eu véritablement prestation libre du serment d'allégeance. Il y eut alors des révoltes qui prenaient appui sur la contrainte exercée sur les personnes pour prêter allégeance. Limam Mâlik fut alors questionné sur le divorce prononcé sous contrainte, deviendrait-il effectif ou serait-il considéré sans effet ? Il prononça sa fameuse fatwa affirmant que le divorce obtenu sous contrainte était nul et non avenu. Mais la question, sous son aspect anodin, avait une interprétation autrement plus politique : par ce biais, il voulait aussi dire que le serment d'allégeance prononcé sous contrainte était nul et sans effet légal. Le gouverneur de Médine contacta alors l'imam Mâlik pour qu'il s'abstienne de se prononcer sur de tels cas, et de ne pas répéter cet avis religieux. Mais c'était méconnaître l'imam et sa forte personnalité que de lui demander une telle chose. À nouveau, la question se répéta, et à chaque fois, la réponse de l'imam fut la même. Cela provoqua la colère du gouverneur qui le frappa, le fouetta publiquement et le traîna dans les rues de Médine jusqu'à ce que l'épaule de notre imam se détachât de son corps. Abû !Janîfa et Al;imad ont eu, eux aussi, à subir les tortures des gouvernants abbassides. Limam AQmad, particulièrement, a été mis aux arrêts pour l'obliger à dire que le Coran était créé, ce qu'il refusa de faire. Il fut fouetté publiquement. Mais il résista aux contraintes du gouvernant (al-Mâmûn} au péril de sa vie. D'autres donnèrent la leur, comme l'imam Zayd et avant lui, son grand-père l'imam al-!Jusayn (le petit-fils du Prophète}. 00000000
Comprendre !1slam - 40 Hadihs Nawawî
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Ibn 'Umar rapporte que !'Envoyé de Dieu (~), le prenant un jour par les épaules, lui dit :
« Sois dans la vie comme un étranger ou comme un voyageur de passage.» Et Ibn 'Umar disait :
Si tu arrives au soir, n'attends point le matin, et si tu arrives au matin, n'attends point le soir. Prends de ta santé pour ta maladie et de ta vie pour ta mort. » [Bukhârî (5937). Rapporté aussi par Tirmidhî (2255), Ibn Mâja «
(4104) et Al}.mad (4534)]
LES MOTS
gharib ~_;. : étranger, veut dire aussi 'étrange', comme dans la langue française. Il est 'étranger' parce qu'il est 'étrange' dans sa langue, ses coutumes, ses habits ... 'âbir sabîl ~ .r.\; : un voyageur de passage. Très souvent le mot est utilisé pour désigner les voyageurs
en difficulté.
était encore très jeune
SENS GLOBAL
SE DÉTACHER DE CE MONDE!
Ce hadith nous montre la fonction fondamentale de notre Prophète (~) en tant que précepteur et éducateur, à l'image de ses frères prophètes qui l'ont précédé. Il utilise des exemples, des métaphores, des comparaisons afin de faire parvenir k message. Il faut savoir que 'Abdallah Ibn 'Umar à l't-poque du Prophète (~'lit,) qui était son
Hadith 40 : dans la vie comme un étranger
259
éducateur. De ce fait, il était très en avance sur son âge 164 • Le Prophète lui a fait cette recommandation: si le musulman veut vivre en paix avec lui-même, s'il veut ne pas perdre de temps et d'énergie, s'il veut vivre heureux, il doit alors se détacher, de sa propre volonté, de ce monde par le cœur et l'esprit. « Sois dans ce monde comme un étranger ou comme un voyageur de passage », c'est-à-dire ne pas se fier à ce monde et ses voluptés car rien, absolument rien n'est garanti ni acquis pour de bon. Sois à l'image de l'étranger qui ne fait que passer, ou du voyageur qui ne fait que se restaurer, se reposer un peu pour reprendre sa route.
Le monde est à l'image de cette station, de cette halte que tu quittes plus rapidement que tu n'y es venu. Le but de ton voyage n'est pas de demeurer (au sens de prendre demeure!) dans cette escale, mais il est plus éloigné : c'est vers Dieu que tu te diriges, consciemment ou pas. Et la mort est là pour le rappeler à chacun de nous. Or, la mort ne s'annonce pas. C'est une certitude inattendue qui remet les pendules à l'heure véritable. Dieu dit : ~ ... Et nulle âme ne sait ce qu'elle acquerra demain, ni ne sait en quel endroit elle mourra.~ Coran (Luqmân 31/34)
La mort n'est pas une force aveugle, comme le dépeignent les incroyants. Elle vient plutôt sur ordre de Dieu au moment et à l'endroit déterminés par le décret divin pour toute âme vivante. C'est le rappel de la mort certaine et la vie de l'Au-delà qui fait que la personne devrait donner plus d'importance à ce qui dure et vaut bien plus. Pour cette raison, la vie ici-bas ne devrait servir que pour s'approvisionner pour l'autre, la vraie vie. (~)
Le Prophète
dit dans ce contexte :
? Entre moi et le monde, l'exemple est relui d'un voyageur en plein été, et qui trouve un arbre, sy est reposé sous son ombre quelques instants puis est reparti et l'a laissé165 ! » [Al}.mad (2608)] « Qu'ai-je à faire de ce monde
164. 'Abdallah Ibn 'Umar, c'est-à-dire fils de 'Umar Ibn Al-Khattâb fut pratiquement élevé p.1r le Prophète lui-même. Bébé, le Prophète (~) le prenait sur ses genoux et lui faisait des invocations. Il était surtout connu pour la transmission des hadiths ainsi que du legs de son pc'it, et de sa volonté ck suivrt· le Prophète dans ses moindres faits et gestes. 1(1') . « ,1 \ai.\\é \',11hH 11, 0
260
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
Létranger de passage dans une ville, dans un pays, qui a laissé derrière lui ses proches, sa terre, ses biens, son histoire et ses racines, lui aussi ne voudrait pas s'attarder dans un pays qui lui est étranger, qui le coupe de tout. Il cherchera à raccourcir au plus tôt son voyage. Ainsi en est-il de la vie, l'intelligence est de la considérer comme elle est, « toute chose a une fin», pas plus. Alors il est préférable de la vivre dans le bien, dans l'adoration de Dieu. Que chaque instant soit investi dans la bonne œuvre. Et que tout instant par faiblesse ou inadvertance investi dans le mal induise un autre instant dans davantage de bien. La certitude est que tout instant de vie nous rapproche d'autant de la mort. Le problème est que si nous connaissons le moment de notre naissance, nous ne connaissons pas celui de notre fin ; serait-ce dans une heure, un jour, une année ? C'est une certitude (la mort) mêlée d'incertitude (où, quand, comment). C'est cette incertitude qui doit, non pas nous ligoter ou nous décourager, mais plutôt nous pousser vers encore plus de travail et d'efforts. À l'exemple justement du voyageur qui doit préparer ses provisions pour la longue route, au bout de laquelle il n'y a plus de retour possible, et dont l'issue dépend de son viatique : devra-t-il se satisfaire du peu, du mal, de ce qui n'a pas de valeur ou si peu ? Ou bien cherchera-t-il plutôt à puiser plus, mieux, et rechercher ce qui a le plus de valeur ? Cela doit nous pousser à faire du bien pour pouvoir le mettre dans notre besace et le présenter à Celui qui nous recevra et nous demandera des comptes. Cette attitude bivalente est décrite par la parole suivante attribuée au calife Ali Ibn Abî Tâlib : Procède pour ta vie comme si tu devais vivre éternellement, et procède pour ton Au-delà comme si tu devais mourir demain ! » «
Le hadith suivant est encore plus explicite. En effet, le Prophète recommande au croyant: Si la dernière heure arrive et qu'un plant se trouve entre les mains dt l'un d'entre vous, et qu'il puisse le planter, qu'il le fasse!» [~mad (12512)] «
Qu'il le fasse, même s'il a la certitude absolue que cela ne servirait à personne d'autre, puisque l'Heure est arrivée ! Voilà l'effort à faire pour le bien.
/\ Hadith 40 : dam la vie comme un étranger
261
Alors oui, lorsque le soir arrive, ne sois pas certain que tu voies le matin du lendemain. Et lorsque arrive le matin, ne sois pas certain que tu vives jusqu'au soir. Celui qui arrive à intégrer cette double certitude/incertitude dans sa conscience, fera sienne cette recommandation de 'Abdallah Ibn 'Umar, qui se retrouve d'ailleurs dans la parole prophétique : « Prends de ta santé pour ta maladie et de ta vie pour ta mort». C'est-à-dire : tant que tu es en bonne santé et en vie, fais provision de bien et de bonnes œuvres, avant que ne vienne la maladie qui te handicapera et ne te laissera pas de répit, ou la mort qui arrêtera le cours de ta vie et de tes actions. Parce que le terme de la vie nous est inconnu, et qu'il échoit souvent quand on s'y attend le moins, il est d'une sage prudence d'en prévenir l'heure, c'est-à-dire d'être toujours sur le pied de départ, et de tenir son compte à jour166 • Comme dit Abû I:Iâmid al-Ghazâlî : « Tant que le péché est au comptant, et le repentir à crédit, il fout y voir la révélation d'une âme vouée à la damnation! »167 COMMENTAIRE
ŒUVRER AUJOURD'HUI POUR DEMAIN
Limam Ali disait: La vie (première) a commencé son voyage en s'éloignant de nous, et la vie dernière (al-âkhira) a commencé le sien en venant vers nous. Et chacune des deux a des prétendants qui la demandent. Alors, soyez les prétendants de la vie dernière (!'Au-delà), et non point ceux de cette vie. Car aujourd'hui est une journée d'œuvre sans rendre des comptes, et demain sera une journée où il faudra rendre des comptes, mais sans possibilité d'œuvrer ! »168 «
Un jour, le savant FuQ.ayl Ibn 'IyâQ. dit à un homme : « "Combien
as-tu vécu ?"Il répondit: "Soixante ans!"
166. Draz, Morale, p. 205. 167. Abû l;Umid al-Ghazâll , lbyd', T. 4, p. 40. 168. Ibn Rajah, jdmi', p. 451.
262
Comprendre l'Islam - 40 Hadihs Nawawi
Il lui dit alors : "Alors, depuis soixante ans, tu as commencé un voyage vers ton Dieu, et tu es presque arrivé." Lhomme dit : "À Dieu nous appartenons et c'est à Lui que nous retournons !"169 Fuqayl lui dit alors : "Connais-tu le sens de ce que tu viens de prononcer ? Tu dis que tu es un serviteur de Dieu et qu'à Lui tu reviens. Celui qui comprend cela, qu'il sache qu'il sera mis debout et questionné 170• Et que celui qui sait qu'il sera questionné sache qu'il devra donner réponse à chaque question." Lhomme dit: "Quelle est alors la solution?" Fuqayl lui dit: "Elle est simple!" Lhomme dit: "Quelle est-elle?" Et Fuqayl de lui répondre: "Tu fais le bien dans ce qui te reste à vivre, alors Dieu te pardonnera sur ce qui s'est passé auparavant. Car si tu ne le fais pas, et que tu fais le mal, alors Dieu te fera payer le passé et ce qui va venir !" » Un autre savant donnait le conseil suivant: ;" ~._b.. ((.~ ~ ~
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Abû Mubammad 'Abdallah Ibn 'Amru Ibn al-'Â!j rapporte que !'Envoyé de Dieu(~) a dit: « Aucun
d'entre vous ne sera croyant avant que son désir (passion, inclination) ne se plie à [l'enseign.ement} que j'ai apporté. » [Hadith basan fabîb, que nous [Nawawî] avons rapporté dans le livre Al-lfujja172 • Rapporté aussi par
Tabarânî]
LES MOTS
/,â yu'minu ._,..Y- '1 : littéralement «n'est pas croyant». Il faut comprendre « sa foi ne sera complète que si...»
al-hawâ -.s_,..I : le désir, la passion, la forte inclination vers quelqu'un ou quelque chose. Il peut être perçu positivement ou négativement selon le cas.
SENS GLOBAL
APPLICATION SÉLECTIVE DE L'ISLAM ?
Ce hadith insiste sur le fait que la foi d'un croyant ne sera complète que lorsque ce dernier suivra tous les enseignements du Prophète( ~ ), y compris ceux relatifs à ses passions, ses instincts, ses penchants, dans sa vie la plus intime. Lenseignement prophétique est à prendre dans son intégralité et non seulement lorsqu'il va dans le
sens de nos intérêts. Il est un fait vérifiable chaque jour, que tant que l'Islam ne contrarie pas nos intérêts les plus divers, il est accepté ; par contre, lorsqu'il les contrarie, il y a beaucoup de peine à le mettre en pratique. Beaucoup de personnes font une application sélective de l'enseignement islamique, en particulier prophétique. Or, le hadith est 172. Limam Nawawî fait référence ici au livre " Al !111jj11 irlr1 {11riki l-n111!111jj11,, de C heikh Abt1 al E11l.1 Na ~ 1 Ihn lhr;î hîm .11 M.1qdisî.
Hadith 41 : suivre la voie prophétique
265
catégorique en cela: la foi ne sera complète que lorsque nous suivrons les enseignements prophétiques y compris dans ce qui nous plait ou déplait. Dieu dit dans le Coran : ~ Non! Par ton Seigneur! Ils ne seront de vrais croyants que lorsqu'ils te demanderont de juger de leurs différends, qu'ils auront accepté sans ressentiment tes sentences, et qu'ils s'y soumettront entièrement.t Coran (Les Femmes 4/65)
Il y a donc trois étapes pour arriver à cette foi complète : • soumettre les différends, qui peuvent surgir, à l'enseignement prophétique ; • accepter les décisions rendues par notre Prophète (~ ) ; • accepter la décision (s'y soumettre) non seulement par l' exécution de la décision, mais s'y soumettre aussi intérieurement, par le fait qu'il ne doit pas rester dans le cœur un quelconque ressentiment. Le hadith constitue donc une explication de ce verset. LEHAWÂ
Comme nous l'avons précisé plus haut, ce terme de « hawâ » englobe plusieurs significations, qui se retrouvent dans les acceptions d'amour et de passion. Il est connoté positivement lorsqu'il désigne l'amour du bien, de la vérité, et par-dessus tout, l'amour de Dieu et de Son Prophète(* ). On retrouve ce terme dans des poèmes restés célèbres chantant l'amour du Créateur et de Son Envoyé. Nous citons ici quelques vers de Râbi'a al-'Addâwiyya 173 qui s'adresse à Dieu ainsi: je T'aime de deux amours, l'amour de la passion (hawâ) Et un amour dont Tu es Dign.e. Quant à l'amour de la passion, C'est ma préoccupation de T'invoquer, Seul, en dehors de tout autre. Et quant à celui dont Tu es Dign.e, C'est que Tu m'ôtes le voile afin que je Te voie. 17.l.
Célèhrl' fr·mnH· 111m11l111.1nc co nnu e pour sa mys tiqu e ec sa poésie dans laquelle elle .11110111 dr 1)1rn Nfr t' ll 1OO 11 (7 19 C ) à Bas ra en Irak.
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· ~ ~ ~...1.> :Jt.;J (3463) L,?l._;.JI olJ.; d~ Anas Ibn Mâlik rapporte qu'il a entendu !'Envoyé de Dieu (~) dire : « Dieu, le Très-Haut, dit: "Ô Fils d'Adam, pour autant que tu M'adresses tes demandes et places en Moi ton espoir, je te pardonnerai tout ce qui est venu de toi sans que je M'en soucie. Ô Fils d'Adam, si tes péchés atteignaient la hauteur du ciel visible et que tu Me demandais de te pardonner, je te l'accorderais. Ô Fils d'Adam, si tu venais à moi avec le volume de la Terre entière de péchés, ensuite que tu Me rencontrais sans que tu M'associes d'autre dieu, je viendrais à toi avec un volume équivalent de pardon. » [Tirmidhî (3463) hadith basan iabîb. Rapporté aussi par Ai}.mad (20499) et Dârimî (2669)]
SENS GLOBAL
LES MOTS
rajawtani ..?y. J : tu as placé en Moi Tes espoirs. Le rajâ' .~ J est l'espoir.
LE HADITH DE LA PLUS GRANDE ESPÉRANCE
De tout le corpus de la sunna de notre prophète MuQ.ammad ( ~), ce hadith est soucie point. considéré comme celui qui porte en lui la plus grande espérance afin que personne ne désespère de la miséri corde divine face à laccumulation de nos péchés et nos erreurs. Id ubâli ~~\ 'l : Je ne m'en
Il nous faut souligner le verset coranique, appelé celui de l' espé rance, qui assoit ce hadith et l'étend. En effet, Dieu dit dans le Saint oran:
269
Hadith 42 : l'espoir en Dieu
~ Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. En vérité, Dieu absout tous les péchés. Car, c'est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux. »~ Coran (Les Groupes 39/53)
'Abdallah Ibn Mas'ûd dit à propos de ce verset: «Le verset coranique le plus grandiose est ''ayât al-kursî" (Coran 21255), le verset qui résume le mieux les notions de bien et de mal est: ~Certes, Dieu commande l'équité, la bienfaisance et l'assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l'acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez.~ (Coran16/90). Le verset qui donne le plus de bonheur est:~ Dis: ô Mes serviteurs qui avez commis des excès ... ~(Coran Les Groupes 39/53) » Cependant, le hadith, étudié ici, porte aussi des conditions à réaliser, sans lesquelles toute fausse espérance est à balayer. Car il ne s'agit pas de rester dans le mal, l'illégitime, lerreur et la tromperie et de se dire : « Oh ! Dieu me pardonnera tout cela ! » Il n'est pas plus vain espoir que pareil comportement. Le hadith pose les deux conditions suivantes pour recevoir le pardon de Dieu: 1. Lui adresser des supplications/invocations du a', et en particulier faire la demande de pardon : istighfâr. 2. Ne pas associer à Dieu d'autres divinités.
Réaliser ces deux conditions ouvre grande la voie en lespérance en Dieu, Sa miséricorde, Son pardon, Sa générosité. Car le hadith est construit sur cet axe central : le pardon de Dieu. Et il est sous-tendu par une valeur centrale: l'espérance (rajâ'). COMMENTAIRE
LES SOURCES DU PARDON
Les sources du pardon sont au nombre de trois : 1. Adresser à Dieu des supplications du a: 2. Spécifiquement demander pardon istighfâr. 3. Attester de 1'11nici1é de Dieu.
Comprtndrt l'Islam - 40 HaJihs Nawawl
270
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I. LES SUPPLICATIONS
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Le premier pas à faire est d'implorer Dieu et de Lui adresser des supplications. Dieu dit en effet : ~ Et votre Dieu dit : «Adressez-Moi vos demandes et Je vous exaucerai.»~ Coran (Le Pardonneur 40/60)
De même, le Prophète (~) explicite cela en disant : « La supplication
est le cœur de l'adoration ! » [Tirmidhî (3293)], et dans
une autre version : « La
supplication, c'est elle l'adoration ( 'ibâda) ! »
[Tirmidhî (2895), Ibn
Mâja (3818), Ab.mad (17705)] I.I. CONDITIONS POUR ÊTRE EXAUCÉ DANS SES DEMANDES
Pour que nos supplications soient exaucées, des conditions sont à remplir. Ces conditions montrent la sincérité du demandeur dans sa volonté de revenir à Dieu :
• La présence du cœur lors de la supplication tout en portant en soi l'espérance d'être entendu par Dieu et d'être exaucé. En effet, notre Prophète (~) le précise bien : « Adressez à Dieu vos supplications tout en étant convaincus de la réponse. Et sachez que Dieu n'accède à aucune demande de la part d'un cœur inattentifet distrait. » [Tirmidhî (3401))
• Qùil n'y ait point dans le cœur de celui qui demande à Dieu un quelconque doute quant à la réponse divine. En effet, le Prophète (~) a déconseillé à celui qui s'adresse à Dieu de dire : ,.
"Seigneur, pardonne-moi si Tu veux, enveloppe-moi de Ta miséricorde si Tu veux. "Mais qu'il s'adresse avec conviction dans sa supplication, car Dieu fait ce qu'il veut, et personne ne peut Le contraindre. »
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[Bukhârî (6923), Muslim (4839))
• Répéter un grand nombre de fois la supplication et ne pas se suffire de la faire une fois, ou deux, voire même trois fois. C'est la répétition qui montre l'indigence de l'être humain devant Son créateur, c'est l'un des traits caractéristiques de l'adoration. Autant le croyant répète sa supplication avec, en son cœur, l' espérance d'être entendu et exaucé, autant il est proche de Dieu et de Sa réponse.
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Hadith 42: /'tspoir!en Dieu
271
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Attention: Le prophète MuQ_ammad (~) nous a déconseillé de nous impatienter et d'abandonner ensuite les supplications sous prétexte de ne pas avoir été exaucé au moment attendu, ou que la réponse de Dieu aurait tardé, selon nous les humains. En effet, le Prophète (~) insiste pour dire : « Il sera répondu à celui d'entre vous qui ne s'impatiente pas et pour autant qu'il ne dise pas : 'J'ai adressé mes supplications et Dieu ne m'a pas répondu."» [Bukhârî (5865) et Muslim (4916)]
• Parmi les conditions à remplir pour être exaucé, le fait de vivre dans le balâl. C'est une condition fondamentale, car celui qui vit par le barâm, qui s'y complait, qui ne fait même pas l'effort de se soustraire à la désobéissance de Dieu ne sera pas entendu. Le barâm est la désobéissance à Dieu - ne l'occultons pas -, comment celui qui ne se soustrait pas à cela voudrait-il recevoir une quelconque réponse de Dieu ? Le Prophète (~) nous a parlé de « cet homme qui lève ses mains au ciel en disant : "Ô Seigneur, ô
Seigneur !"alors que son manger est fait de l;arâm, son boire est fait de barâm, son vêtement acheté de barâm, sa restauration de barâm. Comment voudrait-il être exaucé?» [Muslim (1686), Tirmidhî (2915)] Le hadith n° 10 en a déjà parlé spécifiquement. I .2.
LA RÉPONSE DE Drnu AUX SUPPLICATIONS
La réponse de Dieu aux supplications du croyant, lorsque ce dernier demande une chose de ce monde, peut avoir diverses formes : • Il l'exauce comme demandé ; • Il l'exauce par une réponse autrement meilleure que celle demandée; • Il la lui retarde jusqu'au Jour dernier ; • Il éloigne de lui un malheur en compensation ; • Il lui pardonne par ce fait. I. 3. AUTRES CAUSES DE RÉPONSES AUX SUPPLICATIONS
D'autres raisons 174 devraient être saisies par le croyant pour voir ses supplications exaucées. 174. Shawkânî, Tubfat adh-dhâkirîn, p. 55 et suivantes.
272
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
On peut choisir des moments et/ou des lieux opportuns et veiller à une certaine éthique dans ses demandes. Les moments opportuns Le fait de choisir les moments opportuns désignés par Dieu et Son Prophète (~) est hautement recommandé. En effet, par Sa compassion, Son immense miséricorde, Sa bonté, Dieu a désigné des moments et des endroits choisis par Lui, le Très-Haut. Parmi ces moments : • lors des prosternations des prières ; • durant la journée du vendredi ; • durant le mois de ramadan, et plus spécifiquement ses dix derniers jours ; • la nuit du destin (27e nuit du ramadan, laylat al-qadr) ; • les derniers moments de la nuit avant la prière de jubl; ; • après les prières ; • le jour de 'Arafat, pour les pèlerins et les autres aussi ; • les jours de Mina pour les pèlerins ; • après l'appel à la prière (adhân) ; • entre l'annonce de la prière (iqâma) et la prière ; • après la lecture du Coran, et spécialement lors de la clôture ; • en buvant l'eau de Zamzam (La Mecque) ... Des lieux opportuns Choisir des endroits recommandés tels que la mosquée, et en particulier les trois saintes mosquées (La Mecque, Médine, Al-Quds à Jérusalem), le jardinet du Prophète(~) dans sa mosquée à Médine (ar-rawr/a nabawiyya), lors de la vue de la Ka'ba, lors du fawâf .. Une éthique dans les demandes Toute une éthique est souhaitée de la part du croyant lorsqu'il s'adresse à son Créateur dans ses demandes. Nous pouvons les résu· mer dans ce qui suit: • avoir une bonne opinion de Dieu au sens où l'on doit être certain que Dieu répondra à la demande ; • être en état de pureté wutf,û'; • s'orienter vers la qibla (La Mecque) ;
Hadith 42 : l'espoir en Dieu
273
• élever ses mains, paumes au ciel. Puis, faire les invocations en veillant à ces recommandations : • commencer d'abord par louer Dieu, Linvoquer par Ses Noms et Ses Attributs ; • faire la prière sur le Prophète(~) au début de l'invocation, en son milieu et terminer avec elle ; • faire une repentance sincère ; • reconnaître ses fautes et péchés, prendre la résolution de ne plus y succomber ; • commencer l'invocation en demandant d'abord pardon; • invoquer à voix basse. 2.
LA DEMANDE DE PARDON : ISTIGHFÂR
Demander pardon est le deuxième pas à faire après le fait de témoigner de l'unicité de Dieu. C'est aussi la première des supplications à adresser au Créateur de l'univers, avant toute autre. 2. I. EXEMPLES DE DEMANDE DE PARDON
Al-l;Iasan disait à ce sujet: « Dites très souvent la demande de pardon (istighfiîr) dans vos demeures, lorsque vous vous mettez à table, lorsque vous marchez dans la rue, et dans vos marchés, lors de vos assemblées partout où vous les tenez, parce que vous ne savez pas où ni quand vous serez exaucés. »175
Le prophète Mul;iammad (~) entendit un jour un homme se lamenter sur ses erreurs et péchés, comme s'il avait perdu tout espoir et dire: «
Ô mes péchés!» (deux ou trois fois) ».Le Prophète lui dit alors:
« Dis : "Seigneur Ton pardon est plus grand que mes péchés, et mon espérance en Ta miséricorde est bien plus grande que mon espérance en mes actions. "» -;:,,-
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175. Ibn Rajab,]4mi', p. 468.
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Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
Lhomme prononça cette invocation une première fois, et le Prophète de lui dire : «Répète-la. » Lorsqu'il la répéta trois fois, le Prophète lui dit alors : « Dieu t'a pardonné. » [al-I:Iâkim] Il faut souligner que la demande de pardon (istighfâr) doit être précédée par le repentir (tawba). Le repentir sincère (tawba khâliia) s'articule autour de quatre éléments cardinaux : • arrêter de faire le mal et s'éloigner du péché sur-le-champ, si on n'y a pas procédé encore ; • éprouver des remords pour le mal que l'on a fait ; • prendre la résolution de ne pas revenir à ces péchés ; • si la faute a été commise envers une autre personne, veiller à lui rendre ses droits, au besoin, lui demander pardon, sinon essayer de compenser cela par quelques bonnes actions vers elle. En effet, toute demande de pardon qui ne s'accompagnerait pas de ces conditions n'est que jeu et frivolité. Et on ne joue pas avec Dieu. 2.2. PRENDRE LA RÉSOLUTION DE NE PAS REVENIR À SES
11
PÉCHÉS
La demande de pardon n'aurait aucun effet si l'on ne prend pas la résolution, de manière ferme et sincère, de ne pas revenir à ses péchés, ainsi que de prendre toute disposition qui renforcerait cette décision. 1
S'il arrive malencontreusement que l'on tombe à nouveau dans le " même péché, procéder sur-le-champ à l'istighfâr, et encore une fois prendre la résolution de ne pas y revenir. Quant à demander pardon du bout des lèvres sans que le cœur n'y participe effectivement par une cassure en son sein, sans que les yeux n'y participent par des pleurs, sans que le corps n'y participe par une flétrissure, et que le lendemain la personne revienne à ses erreurs, ses péchés, cette personne ne saurait être comprise dans cette immense espérance apportée par ce hadith. C'est une demande de pardon mensongère que ce faire. Or, rien d'autre que la sincérité profonde ne peut sauver. Il faut savoir que l'istighfâr a été une pratique constante et soutenue de la part de notre prophète Mubammad (1"5).
" Hadith 42: l'espoir en Dieu
275
En effet, il est rapporté que le Prophète a dit : « Par Dieu, je demande pardon à Dieu et je me repens à lui plus de 70 fois par jour. » [Bukhârî (5832)]
Lui, le Prophète à qui Dieu a pardonné tous les actes antérieurs et postérieurs se repentant plus de 70 fois par jour ! Pauvres de nous ! Le Prophète (~) nous a enseigné la meilleure formule pour demander pardon, qu'il a appelée « la meilleure demande de pardon » sayyid al-istighfâr. Il dit : «
La meilleure demande de pardon est la suivante :
''Mon Dieu, Tu es mon Seigneur, il ny a de Dieu que Toi, et je suis Ton serviteur; Tu m'as créé et je suis dans Ton alliance et Ta promesse, autant qu'il est en mon pouvoir. je cherche en Toi protection contre le mal que j'ai commis. je suis reconnaissant envers tous les bienfaits que Tu m'as accordés; etje n'attribue qu'à moi-même les péchés que j'ai commis; je me suis fait tort à moi-même, je reconnais mon péché, daigne pardonner mes péchés passés et présents. Tu es le Seul à pardonner tous les péchés. " Celui qui la dit le soir et qu'il meurt cette nuit-là, sera parmi les gens du Paradis. Et celui qui la dit le matin et qu'il meurt en ce jour, sera parmi les gens du Paradis. » [Bukhârî (5831), Tirmidhî (3315) et d'autres]
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Comprtndrt l'Islam - 40 Hadihs Nawawl
2. 3. LES CONSÉQUENCES DE L' ISTIGHFÂR
Le Prophète (~) nous annonce que : Celui qui demande pardon (istaghfara) à Dieu de nombreuses fois, Dieu mettra après chaque épreuve une issue1 76 heureuse, et après chaque angoisse1 77 une sortie heureuse, et lui donnera des richesses de là où il ne s'attendait point. » [Abû Dâwûd (1297)] «
Limam Shâfi'î déclamait ces vers, lorsqu'il approchait au terme de sa vie: Et lorsque mon cœur s'est durci et que soient devenues étroites mes pensées ; j'ai alors mis mon espérance en Toi comme échelle atteignant Ton pardon ; Mes péchés me sont apparus immenses. Mais lorsque je les ai comparés À Ton pardon, ô mon Dieu, Ton pardon est apparu encore bien plus grand.
Pour terminer, nous citons volontiers ce hadith. Abû Bakr demanda un jour au Prophète (~) : ' « Apprends-moi une invocation que je dirai dans mes prières. » Le Prophète (~) lui répondit : « Dis : "Seigneur, j'ai commis énormément d'injustices contre moi-même, et personne ne pardonne les péchés hormis Toi, accorde-moi de Ta part un pardon, et enveloppe-moi de Ta miséricorde, Tu es certes Celui qui pardonne, le Miséricordieux. » [Bukhârî (5851),
Muslim (4876) et d'autres] Il'
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Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
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Comprendre l'Islam - 40 Hadihs Nawawî
304
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ÉTAPES DE LA CRÉATION DE L'HOMME
~..ùl HADITH
L'ISLAM
43
J ~~iJl If ~I : 5 ..!...:~l
PAS INNOVER DANS LA RELIGION
Contre toute dénaturation de la religion . I.:innovation permise. Intention et actions . . . . . . . . . . .
48 49 50 50
..:.i~l ~1,,,.., If ~l: 6 ..!...:~l HADITH
6 : SE GARDER DES
CHOSES ÉQ.UIVOQ.UES
52
Faire attention aux zones grises . . . . . . . . . . . . . . 54 La face et le cœur, même rayonnement. . . . . . . . . . . 5 5 ~..ùl ~~ h... ,a: H: 7 ..!...:~l HADITH
7:
LE DEVOIR DE CONSEIL
56
Le devoir de conseil et de critique . . . . . . . . . . . . . . 58 Les formes de la ntljîf;a . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Devoir d'opposition politique . . . . . . . . . . . . . . . . 60 .J~J r-Wl i~ 4,.,?: 8 ..!...:~l HADITH
8 : C1NTÉGRITÉ
DU MUSULMAN
Liberté de croyance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Garantir l'intégrité physique, morale et patrimoniale . .
62 . 62 . 63
~~lJ Jl,;-Jl ô}S If ~l: 9 ..!...:~l HADITH
9:
PRÉFÉRER LE FACILE ET DÉLAISSER LE DIFFICILE
Les obligations restent ! . . . . Ne provoquez pas la révélation ! Recherchez la connaissance. . .
66 67 68
69
Table des Matières
337 .~..ùl ~~l .b _;;, J':>Y-1 : 1 0 ..!...:~l
71
HADITH IO: LE LICITE, CONDITION POUR ÊTRE EXAUCÉ
Le licite est pureté . . . . Demander à Dieu le Pur . La pureté globale. . . . . Lever ses mains au ciel lors
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de la demande
. . . . . . .
. . . . . . . .
. . . .
. . . .
. . . .
71 72 74 75
'":--!)l If~~ ~l : 11 ..!...:~l HADITH 11 : S'ÉLOIGNER DES AMBIGUÏTÉS
77
Le critère du cœur . . . . . . La socialisation du musulman . . . . . . . .
78
79
~ ~ J~~l : 1 2 ..!...:..l;L.1 HADITH 12: S'OCCUPER DE SES AFFAIRES SUFFIT 1
80
La sphère privée inviolable . . . . . . . . S'occuper de ce qui a rapport à la société . . . . .
80 82
~~I: ~~~lJ~ :_r: 13 ..!...:~1 HADITH
13 : AIMER POUR L'AUTRE
: LE CHEMIN POUR AIMER
84
L'AUTRE
Humanisme musulman . . . Aimer pour l'autre ! . . . . .
. . . . .
. .
. . . .
. . . 86 . . . . 87
~~I ÎJs. : 1 4 ..!...:~l
14: PAS D'AGRESSION 1 La personne est sacrée : sa vie, ses biens, son honneur . . I.: adultère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La trahison .
HADITH
89 . 89 . 91 93
~l Îl..,$1 - ~I J} : 1 5 ..!...:~l HADITH I
5 : ÜIRE
DU BIEN OU SE TAIRE. HONORER SON
VOISIN
Dire les meilleures paroles ou se taire Le voisin . . . . . . I.:invité . . . . . . . Tisser le lien social .
95
96 97 99 . 100
338
Comprendre l'IslAm - 40 Hadihs Nawawî
~1,y ~I : 16 ~...LJ-1 HADITH 16: NE PAS s'EMPORTER
102
La colère, mauvaise conseillère . . .
. 102 . 104 . 105 . 106
Canaliser les sentiments . . . . . . Encore quelques mots sur la colère . Thérapie de la colère . . . . . . . . · 1- 1- L ~)1 iJ~.t.T
: 1 7 .!....i...LJ-1 •
HADITH 17 : BIEN AGIR AUSSI AVEC LES ANIMAUX
Le mieux faire aussi avec les bêtes Le mieux faire en toute chose ! Les droits des animaux ! . Et ceux des êtres humains . . .
,,
108
. 108 . 109 . 110 . 110
~I Jl.:1-1 : 1 8 ~...LJ-1 HADITH 18 : LE MEILLEUR COMPORTEMENT
Taqwâ : la crainte de Dieu . . . Corriger l'erreur . . . . . . . . La crainte de Dieu en pratique Le droit à l'erreur . . . . . Le meilleur comportement . . . .&1 HADITH 19:
J ~~)IJ ~I : 1 9 ~...LJ-1
LA CERTITUDE ET L'ESPÉRANCE EN DIEU
Protéger (les ordres de) Dieu . · La certitude en Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . Espérer en Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La volonté et la puissance premières : celles de Dieu Fatalisme ou effort à fournir? Sois patient . . . . . . . Adore Dieu dans l'aisance . . i:,i~~I HADITH 20 :
117 . 118 . 118 . 119
. 120 . 122 . 123 . 124
;r ~t:J-1: 20 ~...LJ-1
LA PUDEUR VIENT DE LA FOI
La pudeur: valeur adamique. Etre pud'ique, c' est quoi';>. . . . . . . . . . . Pudeur et timidité . . . . . . . . . . . . . . Apprentissage et intériorisation de la pudeur . A
112
. 112 . 113 . 114 . 115 . 115
126
. 126 . 127 . 130 . 131
Table des Matières
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4.oU::.......~I: 21 ~...LJ-1 HADITH 21 : AGIR AVEC RECTITUDE
La droiture . . . . . . . . . . . . . . . Quelles conséquences avec la droiture ? Commencer par éduquer sa langue . . ~I
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2 2 ~JJ.-1
LA VOIE DU PARADIS .,, Décréter le /:Jalâl et le barâm . . . . . . . • . . • • , , • , , 156
HADITH 22:
Être agréé par Dieu . . . . . . . . . . . . . . , , , • , 157 Péchés véniels et capitaux . . . . . . . . . . . . . . , , , , 151 ~~ HADITH 2 3
J:> JS" - ~1 ei~ : 2 3 ~...LJ-1
: TOUTE BONNE ACTION EST UNE AUM6N&
140
Les différentes sortes d'aumône . . . . . . . . , , , , , 140 La patience . . . . . . . . . . . . . . . . • , , , , 145 Le Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , , , 144 S'affranchir ou se perdre ? . . 144 Propreté du corps et du cœur 145 Prière et lumière . . . . . . . '146 Quelle vente extraordinaire! ... 147 •••
1
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1
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.i..l~ J .&1 i ..,$ : 2 4 ~...LJ-1 HADITH 24 : DIEu DANS SA GÉNÉROSITÉ ET SA PLÉNITVDB
1 ..8
I:injustice : une énormité . Construction du hadith . . Justice divine en ce monde Dieu n'a pas besoin de nous, nous si ! ~.,P-1 ~I
. 149 . 151 . 152 . 152
J _;, : 2 5 ~...LJ-1
HADITH 25: LES VOIES DIVERSES DU BIEN
154
Aimer faire le bien . . . . . . . . . . . . . . . 155 I:aumône envers soi: le dhikr . . . . . . . . . . . . . . . 156 ... Et l'aumône envers les autres . 156 Cohabiter avec son épouse . . . . . . . . 157 Le dhikr (évocation) et sa place centrale . 157
340
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
S'orienter vers Dieu . . . . . . . Aspects multiformes de l'aumône
. 160 . 160
41 .)...?- : 2 6 ~..lJ-1 HADITH 26 : LouER DIEu : VOIES MULTIPLES
Oui, remercier Dieu ! . . . . . . Remercier Dieu encore une fois ! Trois niveaux de remerciement La prière de t/-ubâ ........ . Les divers aspects du bien : Rendre la justice entre deux personnes. Aider un homme à monter sur sa monture . La bonne parole . . . . . . . . . . . . . Aller à la prière . . . . . . . . . . . . . . Enlever les nuisances de la voie publique . Remercier Dieu encore . . . . . . . . . Une liste non exhaustive . . . . . . . . Les aumônes : deux grandes catégories .
162
. . . .
162 163 165 166
. 167 . 168 . 168 . 168 . 169 . 170 . 171 . 171
~~IJ ~I ~~ : 2 7 ~..lJ-1 HADITH 2 7
: RECONNAÎTRE LE
Le cœur : critère de décision . La piété et le mal-agir . Apaisement ou trouble ? . . . ~...W.1)1
173
BIEN ET LE MAL
. 174 . 175 . 176
i>LlliL-I L...J i.r-: 2 8 ~..lJ-1 !179 . . . . . . . . 179 . . . . . . . . . 181 . . . . . 181 . . . . . 183
HADITH 28: SUIVEZ MA VOIE ET CELLE DES BIEN GUIDÉS
Les quatre conseils prophétiques . . . . Le miracle de cette parole prophétique . Quelle obéissance au gouvernant ? . . . l:innovation . . . . . . . . . . . . . .
o.).M:.1.1.;f-1 ~ly,i : 2 9 ~..lJ-1 HADITH 29 : ENTRER AU PARADIS ET ÊTRE SAuvÉ DE L'ENFER
Faciliter l'entrée au Paradis . Les quatre obligations Les portes du bien . . . . .
184 . 185 . 186 . 186
Table des Matières
341
La prière de la nuit (qiyâm al-layl) . . . . . . Lessence de toute chose: soumission et prière . La langue, instrument de bien ou de mal . Entrer au Paradis par la miséricorde divine . .
. 187 . 188 . 188 . 189
t_rl .)JJ.> ~ J _;.,JI : 3 o ~..lJ-1 HADITH 30: NE PAS TRANSGRESSER LES LIMITES
191
N'approchez pas l'interdit! . . . . . . . . . . . . . . . . . 191 Ne provoquez pas la révélation ! . . . . . . . . . . . . 192 Les cinq règles juridiques . . . . . . . . . . . . . . . . 193 Les questions au Prophète (~) . . . . . . . . . . . . 193
~1.:.11 ~'"":i J LoJ ~..ùl J .uj-11: 31 ~..lJ-1 HADITH
3 1 : DÉTOURNE-TOI DE CE MONDE ET DES BIENS DES
I9f
AUTRES
. . D"ieu .~ . . . . . . . . . . . . . . . . . 195 Par quoi. m' aimerait Par quoi m'aimeraient mes semblables ? . . . . . . • • • • 196 Le zuhd . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . 197 Le zuhd : partager de bon cœur . . . . . . . . . . . . . . . 199 La suffisance de ce l'on possède (qana a) . . . . . . . . . . . 200
)..rP 'lJ .;..rP'l : 3 2 ~..lJ-1 HADITH 32 : NI TORT À SOI-MÊME NI PRÉJUDICE AUX AUTRES
204
Remarque sur les décisions juridiques Lever la gêne et/ou l'obligation . . . Actes volontairement délictueux Actes portant préjudice de manière involontaire Extension du principe légiférant de ce hadith
.. 205 . .. 205 . . . 206 . 207 . 208
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~..ûl ~ ~I : 3 3 ~..lJ-1 HADITH
3 3 : LE
FARDEAU DE LA PREUVE EXIGÉ DU PLAIGNANT
2.09
Le fardeau de la preuve exigé du plaignant . La question des témoins . Le serment . . . . . . . Le droit du juge à l'erreur
.. 209 . 210
. 211 . 211
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
342
~} fal ~ : 3 4 ~..LJ..I HADITH 34: RÉPROUVER LE MAL: UN ACTE CIVIQUE
213
Le civisme en tant que valeur . . . . . . . . . . . . . . . . 213 La gradation dans le changement du munkar . . . . . . . . 214 Être indifférent au mal ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 Des conditions pour le changement par la main . . . . . . . 216 Le changement par le cœur . . . . . . . . . . . . . . . . . 217 Le changement par la parole et le devoir d'opposition . . . 217 La dimension spirituelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220 t1-il _,>Î t1-il : 3 5 ~..LJ..I HADITH 3 5 : CONSTRUIRE LA FRATERNITÉ MUSULMANE
La fraternité . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Ne vous jalousez pas » • • • • • • • • • • • • • « Ne surenchérissez pas ». . . . . . . . . . . . . «Ne vous haïssez pas». . . . . . . . . . . . . . « Ne vous détournez pas les uns des autres ». . . . . « Ne cherche pas à acheter au détriment de ton frère ». La fraternité musulmane . . . . . . . . . . . . La crainte de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . La sacralité du musulman . . . . . . . . . . . . . ~I ~»-
221
. .
. . 221 222 . . . . . 223 . . . . . 224 . . . . . 224 . . . . 224 . . . . 225 . . . . 226 . . . . . 227 • • • • •
J : 3 6 ~..LJ..I
HADITH 3 6 : ÊTRE AU SERVICE DES AUTRES
Dieu soustrait des tourments celui qui... La valeur de la connaissance . . . . . . . Partager tout ! . . . . . . . . . . . . . Le grand tourment : kurba . . . . . . . La rétribution du même genre que l'acte ! Faciliter à l' endetté . . . . . . . . . . . Couvrir l'erreur et la faiblesse passagère Aide l'autre et Dieu t'aidera . . . . . . . Le meilleur rappel (dhikr) : Le Coran . .
. . . . . . .
. . . . . . . . .
228
. . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. 229 . 230 . 231 . 231 . 232 . 233 . 234 . 234 . 235
J..:).-1 41 Î _;S : 3 7 ~..LJ..I HADITH 3 7
: I..:IMMENSE GÉNÉROSITÉ DE DIEU La bonne action . . La mauvaise action . . . . . . . . . . . . . . . . .
236
. 237 . 237
Table des Matières
343
Cas de multiplication de la mauvaise action . . Prendre la résolution seulement . . . . . :Linfinie miséricorde divine! . . . . . . .
41 ~J
. 237 . 238 . 239
: 3 8 ~..LJ..I
HADITH 3 8 : I..:AIMÉ DE DIEU !
241
:Lextraordinaire amour de Dieu! . . . . . . . . . . . . . . 242 D'abord les obligations, puis les nawâfil . . . . • . . • • . • 243 Être aimé de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244 Aller vers Dieu, faire l'effort ! . . . . . . . . . . . . . . . 246 Le "waliy" musulman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 Demander l'amour de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . 248 Aimer Dieu, le chemin . . . . . . . . . . . . . . . . . 249 Aimer Dieu, c'est aussi aimer . . . . . . . . . . . . . . . . 250 Mon Dieu, Ton amour . . . . . . . . . 252
~µIJ lY..1 :,r- jJ~I : 3 9 ~..LJ..I HADITH 3 9
: ÛUBLI, FAUTE ET CONTRAINTE SONT PARDONNÉS 253
Droits de Dieu et droit des humains . :Loubli et la faute . . . . . La contrainte . . . . . . . Contrainte de dire et jihâd
. 253 . 254 . 255 . 256
~}:- ..!.l;ts' ~..ùl J :_,5: 4 o ~..LJ..I HADITH 40 : Sms DANS LA VIE COMME UN ÉTRANGER
Se détacher de ce monde ! . . . . Œuvrer aujourd'hui pour demain . . . . . .
258
. 258 . 261
~~lt_~l: 41~..LJ..I HADITH 41 : SUIVRE LA VOIE PROPHÉTIQUE
264
Application sélective de l'Islam ? . • . . • . • . . . . . . • 264 Le hawâ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265 .&I ôfo ~J ~~ )1: 42 ~..LJ..I HADITH 42 : I..:ESPOIR EN DIEU ET SON IMMENSE PARDON268
Le hadith de la plus grande espérance . . . . . . . . . . . . 268
344
Comprendre l1slam - 40 Hadihs Nawawî
Les supplications (du iî') . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270 Conditions pour être exaucé dans ses demandes . . . . . . 270 La réponse de Dieu aux supplications . . . . . . . . . . . . 271 Autres causes de réponses aux supplications . . . . . . .. 271 La demande de pardon : istighfâr . . . . . . . . . . . . . . 273 Exemples de demande de pardon . . . . . . . . . . . . . . 273 Prendre la résolution de ne pas revenir à ses péchés . . . . . 274 Les conséquences de l' istighfâr . . . . . . . . . . . . . . . . 276 Attester de l'unicité de Dieu. . . . . . . . . . . . . . . . . 276 I..:espérance en Dieu (rajâ') . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
3ème Partie: ANNEXES Annexe 1 : Introduction au hadith
281
1. LE HADITH : DÉFINITION
• • •
281
2. VALEUR JURIDIQUE DU HADITH
• • • • • • • • • • • 282
3.
SUNNA • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
283
4.
CLASSIFICATION DES HADITHS DU PROPHÈTE (~)
5.
LES GRANDS COMPILATEURS DU HADITH. • • • • • •
287
6.
CLASSIFICATION DES COMPILATEURS DU HADITH ••
291
• 286
Annexe 2 : Versets coraniques et paroles prophétiques cités dans le livre. 293 BIBLIOGRAPHIE INDEX
330 333
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