Chronica
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Zitiervorschau

CORPVS CHRISTIANORVM

Séries Latina CXII

ISIDORI HISPALENSIS OPERA

TURNHOUT BR.EPOLSSPUBLISHEIIS 2003

ISIDORI HISPALENSIS CHRONICA

cura et studio José Carlos Martin

turnhout brepolsq3publishers 2003

CORPVS CHRISTIANORVM

Séries Latina

in Abbatta Sancti Pétri Steenbrvgensi a reuerendissimo Domino Eligio Dekkers fundata nunc sub auspiciis Vniuersitatum Universitérr Antwerpen - ufsia Vrjje Universiteit Brussel Universiteit Gent Kathoueke Universiteit Leuven Univt.rsité Catholique de Louvain édita

editionibus curandis praesunt Fernand Bossier Rita Beyers Georges Declercq Lue De Coninck Jean Goossens Mathijs Lamberigts Paul Tombeur Marc Van Uytfanghe Paul Verdeyen parandis opéram dant Roland Demeulenaere Luc Jocqué Roel Vander Plaetse Christine Vande Veire

This book lias been prinied on paper according to the prevailing ISO-NORMS. © 2003 BREPOLSfflPUBLISHERS (Turnhout - Belgium) Ail rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval System, or transmitted, in any form or by any means. electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher.

Avant-propos Cette édition critique n'aurait pas été possible si je n'avais pas profité à Paris durant les années 1997 et 1998 d'une Bourse Post doctorale pour la Formation des Chercheurs à l'étranger qui me fut accordée par le Ministère Espagnol de l'Éducation et de la Culture. Mais je tiens surtout à remercier ceux qui m'ont encouragé à entreprendre cette étucie et permis de la mener à bien : en pre mier lieu, François Dolbeau (EPHE-IVe Section), qui a dirigé ce travail dans le cadre de ma Thèse de Doctorat à l'EPHE (soutenue en octobre 2000) en me donnant toujours de très utiles conseils ; Carmen Codoner (Université de Salamanque), Marc Reydellet (Université de Rennes), Michel Banniard (Université de Toulouse) et Patrick Gautier Dalché (EPHE-IV1' Section), qui ont fait partie du jury de ma Thèse de Doctorat ; Jacques Fontaine (Institut de France), qui m'a accueilli au Centre Lenain de Tillemont pour le Christianisme Ancien et l'Antiquité Tardive et m'a aidé durant les deux années que j'ai passées à Paris ; Pierre Petitmengin (École Normale Supérieure), qui a eu la bienveillance de me permettre de travailler à l'École Normale Supérieure ; Dominique Poirel (In stitut de Recherche et d'Histoire des Textes), qui a lu des versions provisoires de mon étude de la tradition manuscrite et a enrichi ma réflexion par ses critiques constructives ; les chercheurs de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes en général, et en particulier Monique Peyrafort et Anne-Marie Turcan-Verkerk, qui ont toujours facilité mon travail dans cet Institut ; Jacques Elfassi (Université de Metz) et Maria Adelaida Andrés Sanz (Université Reyjuan Carlos à Madrid), qui ont lu quelques chapitres de ma thèse et m'ont fourni de multiples renseignements sur les manu scrits et la tradition indirecte ; et enfin, tous les assistants de l'Atelier médiolatin organisé par Jacques Fontaine.

Introduction générale Dans une des études les plus récentes sur l'ensemble de la pro duction isidorienne, celle de Domínguez del Val, on lit: "Como la edición de Mommsen (se. de la Chronique d'Isidore) está lejos de habernos dado el texto original salido de la pluma de Isidoro, in cumbe a los eruditos descubrir ese texto primigenio para que po damos valorar adecuadamente la Crónica del Hispalense'". En effet, la dernière édition de la Chronique d'Isidore (CI), évêque de Séville entre 600 environ et 636, effectuée par Th. Mommsen en 1894, est la seule qui puisse être réellement qualifiée d'édition critique2. En raison des énormes difficultés posées par la tradition manuscrite, personne n'avait osé aborder le problème des diffé rentes versions de CI transmises par les manuscrits - au moins deux, datées de 615/6 et 626 - afin de distinguer nettement les deux versions de l'œuvre sorties du scriptorium isidorien, et par conséquent d'offrir une nouvelle édition critique accompagnée de stemma et d'une étude des différences entre les deux rédactions et leurs sources. En effet, à cause de la complexité de la tradition manuscrite de CI, Mommsen avait renoncé à essayer d'éclaircir les relations exis tant entre tous les manuscrits dont il s'était servi pour son édi tion critique et, par conséquent, à fixer un stemma: "in uniuersum códices ñeque in classes digerere ausus sum neque ita ordinare, ut re coniuncti loco quoque omnes in serie a me instituta iungerentur"3. Cette investigation était cependant sollicitée depuis longtemps par les médiolatinistes qui s'étaient intéressés à CI: Vázquez de Parga: "Pero queda pendiente la cuestión de hasta qué punto estos textos, de que actualmente disponemos, respon den auténticamente al original dictado por el obispo hispalense. Mommsen no pretende haber conseguido, y ni aun siquiera ha ber intentado, reproducir en sus ediciones este texto original. Por otra parte el aparato crítico de ellas dista mucho de ser claro y sencillo, resultando imprudente utilizarlo sin una lectura detenida y atenta de las observaciones formuladas en cada introducción"4; 1 1 * 4

Voir Domínguez del Val. Historia, t. 3. p. 119. Th. Mommsen. MGH, chron. min. 2, pp. 424-481. Voir Mommsen. MGH, ebron. min. 2, p. 396. Voir Vázquez de Parga, Ñolas, p. 99.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Dîaz y Dîaz: "El problema de las fuentes no esta resuelto... La Crônica nos ha llegado en dos recensiones que no aparecen en absoluto delimitadas en la ediciôn de Mommsen..."5. Lorsque j'ai entrepris donc la réalisation d'une nouvelle édition critique de CI, je me suis proposé d'établir une classification sérieuse et complète des manuscrits de CI subsistants, signalant, autant qu'il est possible, quelle version du texte ils préservent. Dans ce domaine, il existe notamment trois inventaires de manu scrits: le premier, le plus complet, est celui que Mommsen a in clus dans son édition de CI6; le second, offert par Beeson, ne s'intéresse qu'aux codices antérieurs au Xe s. et ajoute un seul té moin à la liste de Mommsen7; et enfin VIndex de Dîaz y Dîaz est décevant pour une fois, puisque son catalogue est bien plus in complet que ceux de ses prédécesseurs8. En même temps, j'ai cru que cette édition devait offrir une étude approfondie de la tradi tion manuscrite qui explique l'évolution des deux rédactions de CI et leur transmission depuis le VIIe siècle jusqu'à nos jours, en incluant un stemma décrivant graphiquement les relations exis tant entre les manuscrits, et qu'elle devait permettre de distinguer clairement le texte de la première rédaction par rapport à celui de la deuxième. En plus, on savait depuis longtemps qu'Isidore luimême avait inclus un épitomé de CI dans le livre V des Étymologies, ch. 39 (publié par Mommsen et Lindsay)9. Mais étant donné les difficultés posées par les différentes versions de CI ainsi que par l'absence d'une étude approfondie de la tradition manuscrite de cette œuvre, il n'était pas évident de relever la relation existant entre cet épitomé et les deux rédactions de CI élaborées par Isi dore: a) l'épitomé avait-il été tiré de la première ou de la deuxième rédaction de CI?; b) quelle était sa place dans le stemma de CI?; c) quelle était sa date de rédaction?; et d) quelles conséquences pouvait-on tirer de l'étude des relations entre CI et l'épitomé par rapport aux différentes rédactions des Étymologies? Dans mon étude, j'ai donc essayé d'éclaircir aussi ce problème.

' Voir DfAZ Y DUz, Introduction gênerai, p. 139. 6 Voir Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp. 392 et 396-407. 7 Voir Beeson, Isidor-Studien, pp. 71-79. 1 Voir Dîaz y Dîaz, Index, n° 112. 9 Voir Mommsen, MGH. chron. min. 2, pp. 424-481 (au-dessous du texte de CI), avec une introduction aux problèmes du texte aux pp. 411-419 (et voir aussi pp. 502-506); et Lindsay, dans son édition des Étymologies (Oxford, 1911).

INTRODUCTION GÉNÉRALE

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Finalement, j'ai revu les listes d'Arévalo (de 1797) et de Brown (de 1949) des éditions anciennes de CI, afin de confirmer s'il en existait d'autres que celles qui y étaient citées et si toutes étaient, en effet, des éditions de CI - puisqu'il pouvait y avoir des erreurs -, et de déterminer quelle rédaction de CI elles réproduisaient'0. D'un point de vue littéraire, l'étude la plus complète sur CI s'intéresse à son appartenance au genre historiographique, et plus concrètement au sous-genre des chroniques universelles. En ef fet, dans ce domaine, les travaux consacrés aux œuvres histori ques d'Isidore étaient nombreux et importants. Ainsi, CI avait no tamment bénéficié des analyses de Carreras Ares, Reydellet, Bas set, Alonso-Nûnez, Zecchini, Galân Sânchez et Fontaine". En fonc tion de ces éminents travaux, il me semblait plus intéressant de nuancer, à la lumière de la nouvelle édition que je venais d'établir, ce qui avait été écrit que de recommencer à nouveau une telle étude. Et pour en finir, j'ai aussi effectué une recherche complète sur les sources de CI. En effet, depuis l'édition de Mommsen, per sonne n'avait entrepris l'étude des sources de CI. Cependant, Mommsen, comme il l'avoue lui-même, s'était contenté de se ser vir d'un ancien article de Hertzberg (daté de 1875)". Fontaine et Reydellet, de leur côté, avaient consacré quelques efforts à com pléter la liste de Hertzberg-Mommsen et avaient réussi à trouver de nouvelles sources de CI inconnues jusqu'à leurs travaux'3.

Voir Arévalo, Isidori opéra I. Isidoriana pars II, ch. 78, pp. 686-690; et Brown, Tbe Printed Works, n" 5-15. " Voir Carreras Ares, La historia universal; Reydellet, Les intentions idéologi ques, ce travail reste toujours, à mon sens, le plus précieux de tous aussi bien du point de vue des études du genre littéraire que des études concernant les inten tions idéologiques des œuvres historiographiques isidoriennes; Basset, The use 0/ history; Alonso-NOnez, Aspectos: Zecchini, Ricerche di storiografia; Galân Sànchez, El género bistoriogrâfico de la Cbronica, dans cette étude, qui est la plus minucieuse consacrée à CI du point de vue du genre littéraire, il est cependant regrettable que son auteur se soit servi de l'ancienne édition de la Patrologie La tine - c'est-à-dire, de celle d'Arévalo de 1803 - et non pas de celle de Mommsen, bien que cette dernière lui ait été connue; et Fontaine, Isidore de Séville (2000), pp. 217-224. On peut désormais ajouter à ces travaux: MartIn. La Crônica Univer sal de Isidoro de Sevilla: circunstancias histôricas e ideolôgicas. 11 Voir Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp. 394-395. et les marges de son édition de l'œuvre d'Isidore. L'article de Hertzberg est Liber die Chroniken... " Voir Fontaine, Isidore de Séville (198)); et Reydellet, Les intentions idéologi ques.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

En revanche, les quelques lignes de Starowieyski sur les sources de CI sont très maladroites'4. Ainsi Díaz y Díaz, dans son excel lente introduction à la vie et aux œuvres d'Isidore en 1982, écri vait: "El problema de las fuentes (se. de CI) no está resuelto"15. Et Domínguez del Val disait à nouveau en 1998: "tampoco está re suelto el problema de las fuentes (se. de CI); falta también un estudio sobre las mismas""6.

14 Voir Starowieyski, Isidore, pp. 135-136. Voir Díaz Y Díaz, introducción general, p. 139. 16 Voir Domínguez del Val, Historia, t. 3, p. 119.

Première partie. Le Projet Lsidorien

i. Authenticité et double rédaction de l'ceuvre Isidore de Séville, né vers 560 et mort en avril 636, évêque de cette ville andalouse entre 600 environ et jusqu'à sa mort, est l'auteur de plusieurs œuvres qui sont arrivées jusqu'à nos jours'. Une liste de ces œuvres a été transmise par la Renotatio librorum domini Isidori de Braulion de Saragosse, rédigée peu après la mon du Sévillan2. Dans ce catalogue, on peut lire, Bravl. renot. lignes 26-27: "Chronicorum a principio mundi usque ad tempus suum librum unum, nimia breuitate collectum (se. Isidorus Hispalensis edidit) ". Grâce à cette notice de Braulion, il n'y a pas de doutes sur l'attribution faite à Isidore d'une chronique du monde depuis la création jusqu'au début du VIIe siècle. Cette notice de Braulion est confirmée par les titres de nom breux manuscrits qui transmettent une chronique du monde sous le nom d'Isidore dont le contenu est précisément celui qui est in diqué par Braulion. Voici les titres des manuscrits utilisés dans cette édition: a) manuscrits qui préservent une chronique universelle du monde attribuée à Isidore: "Incipit chronica Isidori episcopi" ALCpur(à quelques petites variantes près) "In nomine domini incipit chronica Isidori spaniensis prouinciae" PB "Incipit chronica Esidori iunioris" K "Incipit conographia (sic) Ysidori iunioris" F "Incipit liber krwnikwpwm sancti Isidori episcopi" XEZYDje (à quelques petites variantes près) "Incipit expositio temporum Ysidori episcopi" b

' Pour une biographie d'Isidore de Séville, voir DIaz y DIaz. Introduction gê nerai, pp. 95-m; GarcIa Mokeno, La Andalucta. DomIngcez del Val, llistoria. t. 3. pp. 15-40; et Fontaine, Isidore de Séville (2000I. pp. 87-143. L'article de Fontaine.Cazier, Qui a chassé, est fondamental pour les problèmes posés par la famille d'Isidore et ses origines (mais c/r aussi Cazifr. Isidore de Séville, ch. Il "La famille d'Isidore", pp. 29-37). 1 Sur celte oeuvre (CPL 1206), voir Aldama, Indicaciones, pp. 84-87; Lynch.Galinoo, San Braulio, pp. 245-254 (étude de Lynch) et 335-340 (notice de Galindo); Veoa, Cuestiones. pp. 76-87; DIaz y Diaz, Introduction gênerai, p. 96-97 et 114-116; DoMfNGUEZ del Val, Historia, t. 3, p. 16, et ihid., t. 4, pp. 29-31; et Mar tin, La Renotatio (je cite selon cette édition).

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

b) manuscrits qui ne citent pas Isidore dans le titre de cette même chronique: "Incipit breuis temporum expositio Melliti" M "Liber de ordine temporum" V c) manuscrits qui préservent ladite chronique sans titre: GSTictNa Finalement, le troisième argument en faveur de l'attribution de cette chronique universelle (CI) à Isidore de Séville est fourni par le livre V des Étymologies, la grande encyclopédie d'Isidore, oii l'on trouve un épitomé de cette chronique plus longue (etym. 5,39V. Cfr, par exemple, les passages suivants: - epit. 6 "Seth ann. CCV genuit Enos, qui coepit inuocare nomen domini" = CI 5 "Seth annorum CCV genuit Enos, qui primus coepit inuocare nomen domini"; - epit. 16 "Sem anno secundo post diluuium genuit Arfaxat, a quo Chaldaei" = CI-i 19 "Sem anno secundo post diluuium genuit Arfaxat, a quo Chaldei"; - epit. 41 "Hebraei litteras habere coeperunt" = CI 55 "Hoc tempore Iudaei per Moysen simul cum lege et litteras habere coe perunt"; - epit. 132 "Macchabeorum liber inchoat primus" = CI 199 "Per idem etiam tempus Machabeorum liber inchoat primus"; - epit. 173 "Iohannes in Pathmos religatur" = CI-i 259 "Sub quo et apostolus Iohannes in Pathmos insula religatur"; - epit. 216 "Manichaeorum heresis orta est" = CI-i 321 "Manicheorum heresis orta est"; - epit. 247 "Aegyptus errore Dioscori latrat" = CI-i 384 "Alexandria et Aegyptus errore Dioscori heretici languens inmundo repleta spiritu canina rabie latrat". En se basant sur le texte de CI, tel que celui-ci a été transmis par les manuscrits, on sait depuis longtemps qu'Isidore a rédigé ' Ccl épitomé a été publié par Mommsrn, MGII, cbron. min. 2, pp, 424-481 (audessous du texte de CI), avec une introduction aux problèmes du texte aux pp. 411-419 (et voir aussi pp. 502-506); et par Lindsay, dans son édition des Étymologies (Oxford, 1911). Voir aussi Madoz, San Isidoro. p. 28; Vâzquez de Parga, Notas, p. 103-104; Dtxz y Di'az, Introducciôn gênerai, p. 137, note 105; Codonkr, Fases, no tamment pp. 129-134 et 143-146. On ne comprend pas pourquoi Brunhôlzl, Histoire. t. 1,1. p. 89, écrit: "Une rédaction plus courte (se. de la Chronique d'Isidore), pour suivie jusqu'à l'année 627, fut ajoutée par Braulion à la fin du cinquième livre des Étymologies", car on ne voit pas le besoin d'attribuer à Braulion l'ajout de l'épitomé de CI dans le livre V des Étymologies à la mort d'Isidore, vers 636, c'està-dire, vers la vingt-cinquième ou vingt-sixième année de règne d'Héraclius.

Première partie. Le Projet Isidorien

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deux versions de cette œuvre: la première du temps de Sisebut (CI-i) et la deuxième, très remaniée, du temps de Suinthila (CI-2). Ces deux rédactions d'auteur ont été généralement datées la pre mière de 615 et la deuxième de 626, en fonction du nombre d'années de règne indiquées pour l'empereur Héraclius et pour le dernier roi wisigoth qui y est cité4. En effet, les manuscrits qui contiennent CI se distribuent en deux grands groupes, le premier du temps de Sisebut dans une version de CI datée de 615/6 et le deuxième du temps de Suinthila dans une version de CI datée de 626: a) premier groupe: date du temps de Sisebut: CI-i 2 "Horum nos temponim summam ab exordio mundi usque ad Augusti Eracli uel Sisebuti régis principatum quanta potuimus breuitate notauimus..."; date de 615/6: CI-i 417 "Fiunt igitur ab exordio mundi usque in eram praesentem, hoc est in anno quinto imperatoris Eraclii et quarto religiosissimi principis Sisebuti, anni VDCCCXIH"; b) deuxième groupe: date du temps de Suinthila : CI-2 2 "Horum nos temporum summam ab exordio mundi usque ad Augusti Eracli uel Suinthilani régis temporibus quanta potuimus breuitate notauimus..."; date de 626: CI-2 417" "Fiunt igitur ab exordio mundi usque in praesentem eram DCLXIIII, hoc est in anno sexto decimo imperii Eraclii et quinto religiosissimi principis Suinthilani, anni VDCCCXXV".

4 Celte deuxième rédaction a été datée à tort de 624 par plusieurs savants, voir, par exemple: Mommsf.n, MGH, chron. min. 2, pp. 407-410; Aldama, Indicaciones sobre la cronologi'a. pp. 62-63; Vâzqiif.z de Parga, Notas, pp. 102-103. Pour sa part. Fontaine, dans une étude récente, date celle deuxième rédaction de la dixième année de Suinthila: d'abord de 631, puis de 629, voir Fontaine. Isidore de Sérille (2000), pp. 220 et 224, respectivement. Fontaine semble avoir été confondu par l'édition de Mommsen (par le ch. 4i7b de cette édition), car le passage qui date Cl de la dixième année du règne de Suinthila est une addition qui ne remonte pas à Isidore: voir Cl-i 417 apparat critique. Par contre, à la fin de cette même élude, dans I' "Appendice II", Fontaine date la deuxième rédaction de Cl de 625 (avec un signe d'interrogation), voir Fontaine, Isidore de Sérille (2000), p. 436. Une erreur semblable à celui de Fontaine se trouve encore chez Inglebert, Interpretatio christiana, p. 510, qui date CI-i de 614, CI-2 de 625 et ce qui serait CI-3 (qui n'a pourtant pas existé) de 630. La bonne date de 626 a été déjà proposée, par exemple, par Hillgarth, Historiography, pp. 287-288; Collins, Isidore, pp. 346-347; et Kf.rskf.n, Gescbichtsschreibung, p. 23.

INTRODUCTION GÉNÉRALE Étant donné la difficulté de calculer le nombre d'années de règne des empereurs et des rois de l'Antiquité, j'ai composé la ta ble chronologique suivante pour essayer d'établir avec précision la date du début et de la fin du règne des rois wisigoths cités dans CI. Information fournie par les Historiae Gothomm, Vandalonim, Sueuorum d'Isidore de Séville (hist.): - hist. 60 (rec. longa) "Aéra DCL, anno imperii Heraclii II, Sisebutus post Gundemarum regali fastigio euocatur, regnans annis VIII mensibus VI" (se. a. 612); - hist. 61 (rec. breuis) "Hii sunt anni Gothorum regum ab exordio Athanarici usque ad istum Sisebutum anni CCLI (se. a. 620/1) aera DCLXVT5 (cfrhist. 6 [rec. longa] "Aera CCCCVII [se. a. 369], anno V imperii Valentis primus Gothorum gentis administrationem suscepit Athanaricus regnans annos XIII..."); - hist. 62 (rec. longa) "Aera DCLVIIII, anno imperii Heraclii X gloriosissimus Suinthila gratia diuina regni suscepit sceptra" (= a. 621); - hist. 65 (rec. longa) "Computatis igitur Gothorum regum temporum ab exordio Athanarici régis usque ad quintum gloriosissimi Suinthilani principis annum, regnum Gothorum per annos CCLVI deo fauente reperitur esse porrectum" (se. a. 625/6). Information fournie par la Chronique mozarabe de JS4: - Chron. Muzar. § 16: "Huius Eraclii temporibus Suintila in era DCLVIIII (se. a. 621), anno imperii eius decimo, Arabum IIII, régnante in eis Mammet, digne gubernacula in regno Gothomm suscepit sceptra X annis regnans..."; - Chron. Muzar. § 17: "Huius Eraclii temporibus Sisenandus in era DCLXVIIII (se. a. 631), anno imperii eius uicessimo, Arabum XIIII, régnante in eis Amer anno pene expleto, per tirannidem 1 Cfr RodrIguez Alonso, llistorias. apparat critique: "24. dclxui codd.: requiritur deluii (Sisebuti extrema)" (se. a. 619). Et cfr ibid., p. 29: "Si nos atenemos a las fechas de las Historias. Sisebuto comenzô a reinar en la era 650, ano 612, y reinô ocho anos y seis meses (la brève da para este hecho la era 651, debido a que cuenta por error una era mâs a partir de Eurico), por lo que debiô morir el ano 619 ô 620. La primera de estas fechas résulta tambtén del cômputo de los anos que establece la brève para el tiempo de permanencia de los godos en la Peninsula, desde el ano primero de Atanarico (a. 369) hasta el ûltimo de Sisebuto: empezando a contar desde el 369, primero de Atanarico, los doscientos cincuenta y un anos de estancia goda en la Peninsula se cumplen en el 619"

Première partie. Le Projet Isidorien

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regno Gothorum inuaso quinquennio regali locatus est solio. Qui anno regni sui tertio sexagies sexies Toleto Gallie et Hispanie episcopis adgregatis cum absentum uicariis uel palatii senioribus in eclesia sancte Leocadie uirginis et martiris Xpi post priorem Reccaredum Gothorum regem, constante adhuc Ispalense Ysidoro episcopo uel in multis iam libris fulgente mirifice, de diuersis causis concilium celebrauit..."; - Chron. Muzar. § 18: "Huius Eraclii temporibus Cintila in era DCLXXIIII (se. a. 635), anno imperii eius XXV, Arabum XVIII, régnante in eis Amer anno V iam pene expleto atque incipiente iam VI, Gothis preficitur, regnans annis VI...". Abréviations employées: -

H: l'empereur Héraclius Si: le roi Sisebut Su: le roi Suinthila Se: le roi Sisenand

La table commence en 612, lors de la deuxième année de règne de l'empereur Héraclius et la première du roi Sisebut6. an 613 era 651 an 616 era 654 an 619 era 657

1—|— an 614 H3 Sil 1— |— an 617 H6 Si; 1—|— an 620 H9 Si8

an 614 era 652 an 674 era 655 an 620 era 658

1—-1—• an 615 H4 S13 1—|— an 618 H7 Si6 1—|— an 621 Hio Si9(6mois)

an 622 era 660

1—|— an 623 S112 H12

an 623 era 661

1-—|—- an 624 S113 H13

1—|-— an 625 SU4 H14

an 625 era 663

-|—Y— an 626 Sus H15

an 627 era 665

1-—|-— an 628 S117 H17

an 628 era 666

—|—-|—- an 629 Su8 H18

an 630 era 669

1—|-— an 631 Suio H20

an 631 era 669

1—|— an 632 Ser H21

an 626 era 664 an 629 era 667 an 632 era 670

-|-—|—- an 627 Su6 H16 1-—|—- an 630 SU9 H19 1-—|— an 633 Se2 H22

an 612 era 650

1—|— an 613 H2 Sh

an 615 era 653

1—|— an 616 H5 S14

an 618 era 656 an 621 era 659

1-—|—- an 619 H8 S17 1-—|—- an 622 Sui H11

an 624 era 662

4 Je n'ai pas inclus dans la table le bref règne de Reccarède II, le fils de Sisebut, car il n'est pas important pour établir la relation entre les règnes de Sisebut et Suinthila par rapport au règne de l'empereur Héraclius. Reccarède II a régné du rant deux mois environ: depuis la mort de son père, entre le 2 et le 28 février 621. et le début du règne de Suinthila. en mars de cette même année. Comme on peut lire au ch. 62 (rec. longa) de VHistoire des Goths d'Isidore. Suinthila a commencé à régner au cours de la dixième année de l'empereur Héraclius.

INTRODUCTION GÉNÉRALE Dans CI-2 417", les manuscrits préservent le texte suivant: "Fiunt igitur ab exordio mundi usque in praesentem eram DCLXIIII, hoc est in anno sexto decimo imperii Eraclii et quinto religiosissimi principis Suinthilani, anni VDCCCXXVH", mais d'après la table établie plus haut, 1ère hispanique 664 correspond soit à l'an cinq du roi Suinthila et à l'an quinze de l'empereur Héraclius, soit à l'an quinze de l'empereur et à l'an six de Suinthila, ou bien encore à l'an seize de l'empereur Héraclius et à l'an six du roi Suinthila. Il y a donc une erreur quelque part, soit dans la date de l'ère hispanique, soit dans la date du règne de l'empereur, ou dans la date du règne du roi Suinthila. La date de 1ère hispanique peut bien être aussi l'an seize de l'empereur, tan dis que l'an seize de l'empereur ne peut être l'an cinq de Suinthila. À mon sens, il faut chercher l'erreur dans la date du règne de l'empereur ou dans la date du règne de Suinthila. Mais étant donné que les deux dates sont préservées par tous les manuscrits, il faut supposer que l'erreur remonte à l'archétype, peut-être à Isidore lui-même. Pour cette raison, je n'ai pas voulu corriger les leçons des manuscrits7. La conclusion qui s'impose, selon les notices des derniers pas sages de CI et la table chronologique établie plus haut, est qu'il faut dater CI-2 de 626. Du reste, CI-2 a été aussi écrit par Isidore de Séville. Ceci est prouvé par le fait que cette version remaniée, datée du vivant d'Isidore, est attribuée au Sévillan dans plusieurs manuscrits qui la préservent; et que l'épitomé du livre V des Étymologies con tient plusieurs notices qui ne se trouvent pas dans CI-i, mais qui sont seulement transmises par CI-28. En effet, selon l'étude des 7 Cette erreur nie fait penser aussi que la date traditionnelle de l'épitomé du livre V des Étymologies: "Héraclius septimum decimum agit annum" (epit. 264. etym. 5,39,42). en fonction de laquelle cette œuvre est datée de 627/8, est aussi fautive, et qu'il faudrait dater plutôt cet épitomé des années 626/7, et plus con crètement de 627. " Il n'est pas exact de dire que l'épitomé du livre V des Étymologies a été tiré de CI-i: voir Aldama, Indicaciones, p. 64; on trouve le même avis chez Vazquf.z de Parga, Notas, p. 103. Je suis convaincu, au contraire, que cette hypothétique première rédaction des Étymologies du temps de Sisebut ne contenait pas l'épitomé de CI (ce que, du reste, DIaz y DfAZ a déjà défendu, voir son Introduc tion gênerai, p. 167: "Desde luego, es mâs que probable que algunas ampliaciones, como las résultantes de la adaptaciôn de escritos menores publicados antes independientemente (taies como los capitulos sobre los herejes, el Cronicôn, y otros), no habian tenido todavia entrada en la obra [se. lors de la première rédac tion des Étymologies du temps de Sisebut]"), mais qu'Isidore a voulu l'inclure en 627 dans l'actuel livre V de cette œuvre lors des remaniements de son encyclopé die postérieurs à la mort de Sisebut. Voir Martin, El capitula 39.

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manuscrits que j'ai effectuée et l'établissement pour la première fois des deux versions de CI (ce que Mommsen n'est pas arrivé à faire totalement), il est cenain que la version définitive de cet épitomé a été tirée d'une version de CI contenant de nombreux pas sages propres à CI-2. En voici quelques exemples: - epit. 29 "Zoroastres magicam repperit" = CI-2 32" "Hac aetate magica ars in Persida a Zoroastre rege Bactrianorum reperta est", plutôt que CI-i 32 "Sub quo Zoroastres magiae inuentor a Nino rege occiditur"; - epit. 39 "Atlans astrologiam inuenit" = CI-2 46" "Tune etiam frater eius Atlans astrologiam repperit motumque caeli et rationem primus considerauit", plutôt que CI-i 46 "Tune etiam frater eius Atlans magnus est astrologus habitus"; - epit. 53 "Chorus in Graecia inuentus" = CI-2 77'' "Hoc tempore Filemon primus apud Pitium chorum instituit", plutôt que CI-i 79 "Orfeus Trax Linusque magister Herculis artis musicae inuentores clari habentur", comme dit Mommsen; - epit. 121 "Haec aetas habuit Platonem" = CI-2 i82a "Haec aetas habuit philosophum Platonem et Gorgiam primum rhetorem", plutôt que CI-i 182 "Plato nascitur"; - epit. 201 "Hic de Parthis et Persis triumphauit", cfr CI-2 300" "Rebellantes Parthos et Persas adflixit", le passage ne se trouve pas dans CI-i; - epit. 231 "Gothi heretici effïciuntur" = CI-2 349a "Gothi suadente Valente heretici effïciuntur", plutôt que CI-i 349 "Gothi apud Strium bifarie in Fridigerno et Atalarico diuisi sunt. Sed Fridigernus Atalaricum Valentis auxilio superans huius beneficii gratia ex catholico Arrianus cum omni gente Gothorum effectus est"; - epit. 255 "Wandali Africa extinguuntur" = CI-2 399 "In Africa Vuandali per Belisarium extinguntur", plutôt que CI-i 399 "Qui deinde a Iustiniano in Africain missus Vuandalorum gentem deleuit". Le reste des passsages de l'épitomé tirés de CI-2 sont les sui vants: epit. 49 = CI-2 74; epit. 51 = CI-2 77'; epit. 76 = CI-2 114; epit. 80 = CI-2 120; epit. 82 = CI-2 122; epit. 84 = CI-2 124; epit. 91 = CI-2 i34a; epit. 94 = CI-2 140; epit. 106 = CI-2 158; epit. 119 = CI-2 177; epit. 130 = CI-2 195; epit. 140 = CI-2 210 '; epit. 153 = CI-2 232 ; epit. 154 = CI-2 232"; epit. 156 = CI-2 23411; epit. 166 = CI-2 245; epit. 193 = CI-2 290e; epit. 227 = CI-2 344.

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Il est donc évident que l'auteur de l'épitomé du livre V des Étymologies a connu CI-2 et s'en est servi. Et puisqu'il n'est pas dou teux que c'est bien Isidore de Séville l'auteur de cet épitomé, par conséquent, le Sévillan a eu sous les yeux CI-2. Si l'on tient compte à nouveau du fait que CI-2 est attribué à Isidore dans quelques manuscrits et que l'étude de la tradition manuscrite des différentes versions de CI arrivées jusqu'à nos jours ainsi que celle de l'épitomé fait penser que cette version abrégée de CI remonte à une des familles de l'archétype (évolutif) de CI-2 (11), on peut affirmer sans hésitation que l'auteur de l'épitomé et celui de CI-2 sont la même personne, qui ne peut être autre qu'Isidore de Séville. En plus, dans la plupart des manuscrits qui préservent cette version remaniée de CI qu'on a appelée CI-2 (SWPBFa, et CZ contaminés), on trouve la notice ajoutée concernant Léandre de Séville, le frère aîné d'Isidore: CI-2 408'' "Hoc tempore Leander episcopus in Spaniis scientia et fide insignis habetur". Cette no tice n'est pas transmise par CI-i, ce qui veut dire qu'elle a été ré digée par l'auteur de CI-2. Et effectivement, Isidore aimait inclure une notice sur son frère dans ses œuvres, c'est le cas du De uiris illustribus et des Versus Isidori9. Finalement, comme on verra par la suite, bien que CI-2 ait été entièrement revu, tous les remaniements qui y ont été introduits proviennent des mêmes sources utilisées lors de CI-i, ce qui n'appuie pas l'idée de deux auteurs différents, mais indique bien au contraire qu'on est face à un seul et même auteur. 2. Genre littéraire et contenu de l'œuvre Une fois bien établie l'attribution à Isidore de cette chronique et les dates des deux rédactions préservées par les manuscrits, on peut désormais considérer quels sont les éléments qui caractérissent CI en tant qu 'œuvre littéraire. D'un côté, du point de vue du contenu, CI est une chronique universelle depuis la création du monde par Dieu jusqu'à l'époque d'Isidore. Avec sa chronique, Isidore reprend donc le genre historiographique des chroniques universelles qui, aux

' Voir le ch. 28 du De uiris illustribus (éd. de Codonrk. El "De uiris illustribus " de Isidore de Sevilla), et le poème n° xrv des Versus (p. 225 de l'édition de Sânchkz Martin, CC SL 113A).

Première partie. Le Projet Isidorien IIe et IIIe siècles, connaît un modeste début avec les œuvres chro nologiques de Clément d'Alexandrie, Hippolyte de Rome et Jules Africain (ce dernier considéré par Isidore dans la préface de sa chronique comme le premier historien chrétien). Ce genre atteint sa perfection au IVL" s. grâce à la chronique d'Eusèbe (vers 326), écrite en grec, traduite et continuée quelques années plus tard par Jérôme (vers 378), dont la version latine, connue comme Chroni que d'Eusèbe-Jérôme, peut être considérée comme un des plus grands succès littéraires de tous les temps10. L'autorité de la Chronique d'Eusèbe-Jérôme prend tout de suite depuis sa parution une importance telle que personne n'osera y substituer sa propre chronique. La plupart des écrivains chrétiens se borneront à remettre à jour l'histoire du monde racontée par Eusèbe-Jérôme au moyen de suites qui recueillent les nouveaux événements historiques depuis la fin de l'œuvre d'Eusèbe-Jérôme jusqu'à l'époque où écrit le continuateur. Ces suites constituent plutôt des histoires nationales, voire régionales. Ainsi, la Chronica Gallica anni CDUI. Prosper d'Aquitaine (vers 455, qui est le seul à remanier quelque peu Eusèbe-Jérôme), Hydace (vers 468/ 9), ou Marcellin (vers 518), écrivent des suites à la Chronique d'Eusèbe-Jérôme. La nouvelle chronique qui en résultait pouvait être continuée à son tour. C'est le cas de la Chronique de Pros per, qui a reçu une suite due à Marius d'Avenches (vers 581) et, peut-être, une autre de Victor de Tunnuna (vers 566/7), ce der nier ayant été continué par Jean de Biclar (vers 590)". On arrive ainsi jusqu'à 615/6, au début du règne du wisigoth Sisebut, où une nouvelle chronique apparaît. Celle-ci, pour la pre mière fois depuis le IVe siècle, ne prétend pas être une simple

'° Sur l'évolution du genre de la chronique, on consultera surtout Zkccwni, Ricerche di storiografia ; Galân Sânchez, El généra historiogrâfico, pp. 15-76; Inglebf.rt, Les Romains chrétiens, et id., Interpretatio ebristiana, pp. 285-553. De brèves mises au point peuvent se trouver chez Romero, San Isidoro, pp. 41-45; Reydellet, Les intentions idéologiques, pp. 365-370; et Fontaine, Isidore de Séville (2000), pp. 217-220. Sur les antécédents du genre et les chroniques du IVe et Ve s., voir Momigliano, Pagan and Christian Historiography; Codoner, Las crônicas latinas ; Muhlbergf.r, The Fijih-Century Chroniclers; et Inglehkrt. L'ambition. Sur l'évolution du genre historiographique chrétien aux VIe-VIIIe siècles, cfr Vaissiere, Histoires. Sur les relations entre les chroniques de Jules Africain, d'Eusèbe et d'Isidore, voir Ckoke, The Originality. Finalement, un schéma qui décrit l'évolution du genre des chroniques depuis Jules Africain jusqu'à Isidore de Séville et Bède, peut se trouver chez Lacroix, L'historien, p. 66. " Suivant Cardelle de Hartmann, la date la plus probable de rédaction de la Chronique de Jean de Biclar serait plutôt 602. Voir Cardelle de Hartmann, CC SL 173A, pp. ijo'-rçi*.

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suite aux continuateurs de celle d'Eusèbe-Jérôme, mais s'y substi tuer en faisant une mise au point personnelle et originale de l'histoire du monde. Ainsi, Isidore, en se servant notamment de Prosper d'Aquitaine, de la Bible et d'autres écrits des Pères, com mence l'histoire universelle avec la création du monde, alors que la chronique d'Eusèbe-Jérôme commençait avec Abraham. De plus, bien qu'Isidore se serve largement d'Eusèbe-Jérôme, il y ajoute un très grand nombre de sources, comme d'autres œuvres de Jérôme, Augustin ou Cassiodore, ainsi que des auteurs païens". C'est Isidore l'auteur de cette nouvelle "réécriture" de l'histoire; et comme Eusèbe-Jérôme, il se propose de dépasser les frontières nationales pour tracer un récit global, mais condensé, de toutes les époques et tous les peuples qui se sont succédés tout au long de l'histoire du monde. D'un autre côté, du point de vue de la forme, CI répond par faitement aux canons du genre: découpage chronologique des notices racontées suivant les patriarches de la Bible et les royau mes des autres grandes civilisations (Perses, Égyptiens, Grecs, Ro mains, etc.), universalisme du contenu, providentialisme dans l'interprétation des faits historiques et concision du style'3. Mais si CI est constitué de tous les lieux communs du genre établis par la Chronique d'Eusèbe-Jérôme, il existe entre ces deux œuvres une très grande différence qui a été signalée par tous ceux qui se sont intéressés à l'œuvre d'Isidore: alors que l'histoire uni verselle d'Eusèbe-Jérôme était bâtie sur la succession des empi res, celle d'Isidore adopte, dans CI-2, le schéma des six âges du monde proposé par Augustin dans la Cité de Dieu1*.

™ Cfr Carreras Ares, La historia universal, pp. 177-178; Vàzquez de Parga, Nolas, p. 102; Zecchini. Ricercbe, p. 235; Galân Sànchez, El généra hisloriogrâfico, p. ■77" Une analyse très minutieuse des chroniques wisigothiques de Jean de Biclar et d'Isidore de Séville du point de vue du genre peut se trouver dans la récente étude de Galân Sânchez, El gênera historiogrâfico, pp. 87-208 (pp. 175-208 consa crées à Isidore). Sur le caractère providentialiste de CI, voir aussi Romero, San lsidoro, pp. 50-51; Bf.nito Ruano, La hisloriografia, pp. 56-57; Carreras Ares, La historia universal, pp. 194-196; Sànchez Salor, Elprovidencialismo, pp. 184-187. Sur le sens de la brièveté du style chez Isidore, cfr Rf.ydf.llet. Les intentions idéologi ques, p. 376; Cazier, Isidore de Séville, p. 57. M Voir, pour ne citer que quelques exemples, Mommsen, MGH, chron. min. 2, p. 420; Romero, San lsidoro, pp. 43-44; Sânchez Alonso, Historia. t. 1, p. 66; SCHMIDT, Aetates mundi; Brincken, Studien, p. 92; Carreras Arf.s, La historia uni versal. p. 189; VÀZQUF.z de Parga, Notas, p. 102; Hillgarth, Historiography, p. 291; Lacroix. L 'historien, p. 92; DfAZ y DUz, Introducciôn gênerai, p. 137; Brunholzl, Histoire, t. 1,1, p. 89 (mais dans une notice sur CI remplie d'erreurs); Alonso-

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Ainsi, CI s'ouvre par une préface à caractère programmatique, où Isidore cite les historiens dont il se proclame l'héritier (CI 1): Jules Africain, Eusèbe, Jérôme et Victor de Tunnuna, qu'Isidore confond très vraisemblablement avec Prosper d'Aquitaine"; et an nonce le but de sa nouvelle chronique (CI 2): raconter l'histoire du monde depuis la création jusqu'à l'époque de règne d'Héraclius et de Sisebut (puis Suinthila), ainsi que les deux prin cipaux procédés dont il va se servir pour le faire: brièveté et in clusion dans la marge du nombre d'années du monde depuis la création afin que l'on puisse faire à chaque instant le calcul du temps qui s'est écoulé. Ensuite, dans CI-2, avec les six jours de la création, commen cent les six âges du monde16: - premier âge (CI-2 2a): depuis la création jusqu'à Noé (CI 3-18); - deuxième âge (CI-2 i8a): depuis Noé jusqu'à Abraham (CI 19-30); - troisième âge (CI-2 33a): depuis Abraham jusqu'à David (CI 31106); Nûnez, Aspectos, pp. 3-4 (el note 5 de cette pagel et 9: Collins. Isidore, p. 353; GalAn Sànchf.z, El gênera historiogrdfico, pp. 20 et 178; et Fontaine, Isidore de Séville (2000), pp. 221-224. La meilleure analyse de cette division en six âges de l'histoire universelle chez Isidore reste celle de Reydellet, Les intentions idéologi ques, pp. 378-400; mais cfr aussi celles de Basset, The use of bistory, pp. 281-287; et Galân Sânchez, Elgénero bisloriogràfico. pp. 178-181 et 190-194. Il faut souligner cependant que la division augustinienne en six âges du monde n'est adoptée par Isidore que dans CI-2 et qu'elle ne se trouve pas dans CI-i. Parmi les auteurs cidessus indiqués, seulement Mommsen, MGH. ebron. min. 2. p. 420; Vâzquez de Parga, Notas, p. 102; Basset, The use of bistory. note 14 de la p. 280; el Collins, Isidore, p. 353, en tiennent compte. Vâzquez de Parga et Collins suivent l'avis de Mommsen, qui, pour des raisons tirées de l'étude de la tradition manuscrite avait prévenu que la division en six âges était un remaniement d'Isidore lors de Cl-2. Basset est le seul à défendre la présence de cette structure déjà dans CI-i pour des raisons exclusivement littéraires. " Voir Reydellet, Les intentions idéologiques, p. 369; et Galân Sânchez, El género historiogrdfico. pp. 199-200 (qui cite Reydellet). Cfr cependant Cardelle de Hartmann, CC SL 173A, pp. io2"-io6*. qui pense plutôt que Victor serait effective ment l'auteur d'une chronique universelle perdue, connue d'Isidore. Suivant Car delle de Hartmann, le début de la chronique de Victor se serait perdu parce qu'un copiste aurait substitué la chronique de Prosper d'Aquitaine à celle de Victor, en gardant seulement la partie de l'œuvre de Victor qui constituait la suite de celle de Prosper. Mais, d'après l'étude des sources du Sévillan, il est clair que celui-ci s'est largement servi (mot pour mot) de la Chronique de Prosper d'Aquitaine pour les années du monde antérieures à Abraham. Par contre, rien dans CI laisse sup poser l'emploi d'une autre source perdue. ,s Cfr Isid. etym. 5,38,5: "Aetas autem proprie duobus modis dicitur: aut enim hominis... aut mundi, cuius prima aetas est ab Adam usque ad Noe; secunda a Noe usque ad Abraham; tertia ab Abraham usque ad Dauid; quarta a Dauid usque ad transmigrationem Iuda in Babyloniam; quinta deinde la transmigratione Babylonis] usque ad aduentum Saluatoris in carne; sexta, quae nunc agitur, usque quo mundus iste finiatur ".

INTRODUCTION GÉNÉRALE - quatrième âge (CI-2 io6a): depuis David jusqu'à la captivité du peuple hébreu à Babylone (CI 107-166); - cinquième âge (CI-2 i66a): depuis la captivité jusqu'à Auguste (CI 167-234*); - sixième âge (CI-2 237*): depuis Auguste jusqu'à la fin des temps, mais la chronique s'arrête, bien entendu, au temps d'Isidore (CI 235-417''). CI finit avec un épilogue à caractère eschatologique (CI 418), où Isidore prévient que la fin des temps est inconnue des mor tels, et même des anges. Elle est seulement connue de Dieu, et pour cette raison il faut toujours rester en alerte et ne pas pécher, car, avec la mort, la fin de notre propre temps arrive à chacun d'entre nous17. Outre cette principale originalité, d'autres éléments propres à CI ont été aussi signalés, comme le récit linéaire de l'histoire, face à la vision simultanée des événements de l'histoire, par colonnes, que l'on trouve chez Eusèbe-Jérôme18; dans les cinq premiers âges, l'importance donnée aux notices sur l'histoire culturelle de l'humanité chez Isidore (découvertes, fondation de villes, lieu commun du primus qui, etc.)'9, et l'ampleur qu'y acquiert l'évhémérisme comme explication de la mythologie païenne20; fi nalement, dans le sixième âge, l'intérêt d'Isidore pour l'histoire de l'Église depuis la naissance du Christ et les troubles introduits par les hérésies11.

17 Sur cette idée de la fin des temps chez les auteurs médiévaux, voir surtout Haeusler, Das Ende der Gescbicbte (pp. 24-26 consacrées à Isidore). Voir aussi Sànchez Alonso, Historia, t. 1, p. 67; D!az y DIaz, Introduction gênerai, p. 138. '* Voir Reydeixet, les intentions idéologiques, p. 375; Basset, Tbe use o/bistory, pp. 297-298; Teillet, Des Coths. pp. 466-468; Galân Sànchez, El género bistoriogrâfico, pp. 185-187. Mais dans ce procédé, il est probable qu'Isidore s'est inspiré de la Chronique de Prosper d'Aquitaine, qui avait déjà remplacé les tables chro nologiques d'Eusèbe-Jérôme par une seule colonne. 19 Voir Sànchez Alonso, Historia, t. 1, p. 66; Romero, San Isidoro, p. 52; Carkeras Akfs, 1m historia universal, p. 189; Coluns, Isidore, p. 353; Galàn Sànchez, El género historiogràfico, pp. 204-205. '° Voir Cooke, Eubemerism, pp. 402-403 consacrées à Isidore de Séville; Car reras Ares, La historia universal, pp. 190-192; Galàn Sànchez, El género bislorio grâfico, pp. 183-185. Cfr Fontaine, Isidore de Séville (1983!, t. 2. pp. 534-535- sur le rôle de l'évhémérisme chez Isidore. " Voir Romero, San Isidoro, p. 54; Sànchez Alonso, Historia, t. 1. p. 66; Hrugakth. Historiography, p. 296; DfAZ y DIaz, Introduction gênerai, pp. 137-138; Bas set, The use of history. p. 291; Sànchez Salor, El providendalismo, pp. 186-187 : Galàn Sànchez, El género historiogràfico, pp. 205-206.

Première partie. Le Projet Isidorien 3. Les sources22 Du point de vue des sources, Isidore a bâti sa chronique au tour de celle d'Eusèbe-Jérôme et ses continuateurs. Ainsi, en lais sant de côté la préface programmatique (CI 1-2) - qui tire ses sources notamment de Jérôme (surtout de sa traduction de la Chronique d'Eusèbe et de son De uiris inlustribus, mais aussi de ses Commentarii in Danielem et in Isaiam), ainsi que, peut-être, du De doctrina cbristiana d'Augustin2' - et l'épilogue (CI 418) - rempli de citations bibliques ({'Ecclésiastique, les Actes des Apôtres et {'Evangile de Matthieu) qu'Isidore a trouvées, en par tie, chez Augustin (Enarrationes in Psalmos), et qu'il a complé tées avec un autre emprunt d'Augustin (du Sermon 24) -, la struc ture de CI, si Ton ne tient compte que de l'emploi des sources, est la suivante: a) CI 2;1 / 3 - 33: depuis la création jusqu'à Abraham. Il s'agit bien sûr du nombre d'années de l'histoire du monde qui ne sont pas racontées par la Chronique d'Eusèbe-Jérôme, qui commence au temps d'Abraham. Pour cette partie, la source la plus importante d'Isidore est la Chronique de Prosper d Aquitaine (CI 4-10, 12, 15, 19-23, 25, 27, 29 et 31), à laquelle le Sévillan ajoute quelques notices tirées notamment de la Genèse (CI 3-5, 13-15 et 20) et de la Cité de Dieu d'Augustin (CI 3-4, 9-10, 17-18, 22, 30 et 32). A côté de ces trois sources principales, on trouve aussi: - Jérôme: Liber interpretationis Hehraicorum nominum (CI 8), Tractatus LIX in psalmos (CI 11), Hebraicae Quaestiones in Li" Les sources de CI ont été notamment étudiées par Hf.rtzberg, Ober die Chroniken; et Mommsfn, MGH, chron. min. 2, pp. 394-395. et dans les marges de son édition sur cette œuvre d'Isidore, qui reconnaît avoir beaucoup profité du travail de Hcrtzberg (voir Mommsfn. MGH, chron. min. 2, p. 394). Aux travaux de Hertzberg et Mommsen, je n'ai pu ajouter qu'un nombre très réduit de sources, et me suis plutôt borné à revoir tous les passages indiqués par ces deux grands savants afin de préciser leur information, s'il le fallait. Quelques sources ont été aussi sig nalées par Fontaine, Isidore de Séville (iç8})\ et Reydellf.t, Les intentions idéolo giques. L'étude de Starowif.yski, Isidore, qui cite Cl aux pp. 135-136. et met en re lation quelques passages de cette œuvre (CI 244. 247 et 263) avec le Breuiarium Apostolontm (BHL 652), est très maladroite. Sur le Breuiarium Apostolorum, voir les études fondamentales de Gaiffier, Le Breuiarium apostolontm: et Dolbeau, Deux opuscules. " Les passages proches du De origine actibusque Getarum de Jordanès doi vent provenir d'une autre source, car il semble qu'Isidore n'ait pas connu cette œuvre. Cfr Brunhoizl, Histoire, t. 1,1, p. 90.

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INTRODUCTION GENERALE

bro Geneseos (CI 19 et 21), Commentarii in Esaiam (CI 22 et 30); Liber genealogus anni ccccxxvii-cccclii seu De genealogiis Patriarcharum uel Origo humani generis (CPL 2254) (CI 4 et 6-7); la version latine des Historiae antiquitatis Iudaicae de Flavius Josèphe (CI 16 et 17 - cependant, dans CI 17 Isidore se souvient aussi sans doute de son De ortu et obitu Patrum -); Justin, Epitoma Historiarum Phihppicarum Pompei Trogi (CI 26, 28 et 33); Augustin: De Genesi ad litteram l. xn (CI 3), et le Sermon 273 (CI 24); et la Chronique d'Eusèbe-Jérôme (CI 30).

Lors des remaniements de CI-2, cette partie a été très peu re touchée: on trouve la division en six âges du monde, tirée de la Cité de Dieu dAugustin (CI-2 2a, i8a et 33*), ainsi que quelques notices ajoutées relatives au lieu commun du primus qui, emprun tées à Augustin - Enarrationes in Psalmos et Quaestiones in Heptateuchum (CI-2 6a); et la Cité de Dieu (CI-2 3ia), ou peut-être Jus tin -, et Jérôme, Hebraicae Quaestiones in Libro Geneseos (CI-2 i9a). Finalement, Isidore a remanié quelque peu la notice CI 32 concernant Zoroastre, en substituant Justin à Augustin (CI-2 32") afin de privilégier la notice de la découverte de la magie face à celle du meurtre de Zoroastre. Toutes les œuvres utilisées pen dant la révision de CI étaient déjà citées par Isidore en 615/6 sauf les Quaestiones in Heptateucbum d'Augustin, qui, du reste, n'apparaissent nulle part ailleurs dans CI. b) CI 34 - 351: depuis la naissance d'Isaac, le fils d'Abraham, jusqu'à l'époque de Valentinien I (364/75, empereur d'Occident) et son frère Flavius Valens (364/78, empereur d'Orient). Ce sont les années du monde dont s'occupe la Chronique d'Eusèbe-Jérôme, qui en constitue la source principale (CI 34-35, 37-38, 41-42, 44-45, 48-54, 56-66, 69-70, 72-73, 77-81, 83-84, 86-95, 98115, 117-153, 155-158, 160-165, 167-176, 178-187, 189-207, 209-213, 215, 217231, 233-246, 248-253, 255-262, 264, 266, 268-269, 271-278, 280-283, 285288, 290-291, 294-300, 302-318, 320-324, 326, 329, 332, 334-336, 338-344, 346, 348, 35i)La deuxième source importante, mais très secondaire par rap port à la Chronique d'Eusèbe-Jérôme, est la Cité de Dieu

PREMIÈRE PARTIE. LE PROJET ISIDORIEN

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d'Augustin (surtout entre les ch. 36 et 76, consacrés à la Grèce - sauf les ch. 54-55, sur Moïse -, particulièrement à la mythologie de ce peuple, qui reçoit, comme on l'a déjà dit, une interprétation évhéméristique de la part d'Isidore: CI 36, 38, 40, 43, 45-47, 54-55, 60, 66-72, et 75-76; et ensuite: CI 85, 96, 116, 154, 166, 171, 188 et 289, aussi sur la Grèce, sauf CI 171, sur Jérusalem, et CI 289, sur la cin quième édition des livres bibliques). Les notices concernant Rome tirées d'Eusèbe-Jérôme ont été complétées avec d'autres qui proviennent de deux sources prin cipales: du Breuiarium remm gestarum populi Romani de Rufius Festus (CI 208, 214, 216, 265, 312, 323) et du Breuiarium ab urbe condita d'Eutrope (CI 253, 254, 255, 319). Finalement, les deux dernières sources importantes dans cette partie concernent l'histoire ecclésiastique. Il s'agit surtout de la traduction latine de l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe effectuée par Rufin d'Aquilée (CI 177?, 263, 267, 284, 301, 325, 330, 333, 337, 345, 347), mais aussi de YHistoire ecclésiastique de Cassiodore (CI 330?, 337, 347 et 349"35i)En comparaison des sources que l'on vient de signaler, le reste n'a pas la même importance, car on ne trouve plus que deux, trois ou, à la limite, quatre emprunts de chacune. On peut citer parmi elles: le De mensuris et ponderibus d'Epiphanius Constantiensis (sur les hérésies: deux emprunts sûrs sont CI 289 et 292, et peut-être peut-on ajouter CI 270 et 279), la chro nique connue comme Origo gentis Romanorum (= Chronica urbis Romae a. 354) (CI 152, 156), le De uiris inlustribus de Jérôme (CI 263, 277), et quelques passages de la Bible (le Livre des Juges, CI 82; le livre II des Machabées, CI 167: et les Actes des Apôtres, CI 247)D'autres sources sont moins sûres, comme les Histoires d'Orose, d'emprunt le plus clair est celui de CI 330, mais cfr aussi CI 195 et 269), la Chronique de Sulpice Sévère (CI 330, 331 et 333), le De haeresibus d'Augustin (CI 274 et 339, mais dont on a tiré aussi, peut-être, d'autres notices relatives aux hérésies), ou la pré sence dans cette partie de la Chronique de Prosper d'Aquitaine (CI 39, 232, 239 et 293). Le reste des sources ne sont utilisées qu'une seule fois par Isi dore, comme une Passio hispanique qui racontait l'affrontement des apôtres Pierre et Paul à Rome contre Simon le magicien pour CI 247 (cfr les Passions de Pierre et Paul BHL 6657 et 6667, plutôt que les Histoires d'Hégésippe, 3,2,1); le Liber génération is (CPL

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

2253) (CI 159); ou un Commentaire à l'Art mineur de Donat (CI 97) 14De plus, il est clair qu'Isidore avait sous les yeux son traité De ortu et obitu Patrum, qui est la source la plus proche de la fin de la notice CI 247 et de la notice CI 263 en entier. Et il me semble qu'Isidore s'est aussi souvenu de cette même œuvre dans la no tice CI 342. L'origine des autres emprunts est beaucoup moins claire. Quelle est la source, par exemple, des notices CI 62, 97 et 277? Ou bien, est-ce le Commentaire de Servius sur l'Enéide de Virgile la source de la notice CI 74F25 Et Isidore a-t-il connu l'Epitome Valerii Maximi de Julius Paris (CI 133)? Quant aux remaniements de cette partie, dans la plupart d'entre eux, le matériel provient de la Chronique d'Eusèbe-Jérôme, au total trente notices, dont vingt sont des additions et neuf des no tices remaniées (CI-2 37 [notice remaniée], 46b, 77*', 82a, 88 [notice remaniée], 134", 140", 158 [notice remaniée], 164 [notice remaniée], i69a, 180 [notice remaniée], i82a [notice remaniée, = 182], 195 ([no tice remaniée], 2ioa, 214", 232"", 237 [notice remaniée], 238'', 246'' c, 246e, 2î7a, 260 [notice remaniée], 276", 288a, 32oa, 344"", 345"), et du Breuiarium ab urbe condita d'Eutrope, vingt-neuf notices, dont vingt-six sont des ajouts et trois des notices remaniées (CI-2 156 [notice remaniée], 235", 241 [notice remaniée], 243'', 246e1, 250'' b, 257", 262;1, 264'', 265'', 268", 273a [notice remaniée = 273], 276'', 278a, 283a-b, 288b, 290^, 29r\ 294a, 294b, 3ooa, 3o5a, 3o7a, 3i6a, 326a b, 335a). Ainsi Eutrope devient la source qui connaît le plus grand succès lors de CI-2, car en 615/6, Isidore n'avait pris que quatre notices de cet auteur26. La troisième œuvre la plus importante dans la révision de cette partie de CI était aussi déjà connue d'Isidore, il s'agit du Breuia-

14 Voir Fontaine, Isidore de Séinlle (ipSj), t. i, p. 192, qui identifie ce Commen taire avec celui attribué à Sergius. " Il est certain qu'Isidore a connu les Commentaires de Servius et s'en est servi dans ses œuvres, cfr par exemple Thilo.-Hagen, Seruii Grammalici, t. 1, pp. xxxviii-xlv; Fontaine, Isidore de Séville (198;), t. 2, p. 749 (et cfr aussi ibid., pp. 979-980); et Codoner, Isidoro de Sevilla. Diferencias, pp. 27-37. 16 Mais il connaissait déjà en 615/6 le Breuiarium ab urbe condita d'Eutrope. Collins se trompe donc lorsqu'il pense que c'était peut-être la découverte de cette nouvelle source qui aurait poussé Isidore à créer une nouvelle version de sa chro nique du monde en y ajoutant de nombreuses notices tirées d'Eutrope. sa nou velle source d'information (voir Collins, Isidore, pp. 353-354).

Première partie. Le Projet Isidorien

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riiim rerum gestarum popidi Romani de Rufius Festus, qui ap porte onze nouvelles données, dont dix notices ajoutées et une autre remaniée (CI-2 233a"b, 265" [notice remaniée = 265], 268a, 27313, 276a, 283a, 3ooa", 3i6 \ 329a). Finalement, la Cité de Dieu d'Augustin est la dernière œuvre de poids utilisée par Isidore lors de sa deuxième rédaction de cette partie. Le Sévillan s'en est servi afin d'ajouter la division en six âges du monde (CI-2 io6a, i66a et 237a) et de remanier trois noti ces (CI-2 46" [notice remaniée = 46], 152 et 158). Les autres sources qui contribuent aux remaniements n'ont pas la même importance. On trouve à nouveau la chronique connue comme Origo gentis Romanonim (= Chronica urbis Romae a. 354) (CI-2 152 [notice remaniée], i53a [notice remaniée = 153]), YHistoire ecclésiastique de Cassiodore (CI-2 347'' et 349'' [notice remaniée = 349]), la traduction latine de Rufin d'Aquilée de {'Histoire ecclé siastique d'Eusèbe (CI-2 245 [notice remaniée]), le De uiris inlustribus de Jérôme (CI-2 259'' [notice remaniée = 259]), les Histoires d'Orose (CI-2 235''), et la Bible (les livres des Rois, dans le rema niement des notices CI-2 126 et 132; et le livre IV d'Esdras, dans CI-2 177). Il est intéressant de signaler que, dans cette partie, on trouve une des deux seules sources - l'autre sont les Quaestiones in Heptateuchum d'Augustin dans la partie précédente - qu'Isidore ajoute à sa chronique lors de sa révision: l'anonyme Liber de uiris illustribus urbis Romae (CI-2 232a)27. Et qu'Isidore s'est servi à nouveau de son De ortu et obitu Patrum, œuvre que le Sévillan cite mot pour mot dans le remaniement de CI-2 177; et qu'il a, peut-être, utilisée aussi dans le remaniement de CI-2 259". Finalement, il reste quelques questions sans réponse. Isidore s'est-il servi de la Naturalis Historia de Pline l'Ancien lorsqu'il a ajouté la notice CI-2 46'1 et remanié la notice CI-2 158? De même, a-t-il eu sous les yeux les De uita Caesarum libri vin de Suétone lorsqu'il a ajouté à CI-i la notice CI-2 235''? Et le De astronomia de Hygin dans l'expansion de la notice CI-2 74 et l'addition de la no tice CI-2 77a?2S Quelle a été la source des corrections de la notice CI-2 38?

17 Voir Fontaine. Isidore de Sévilie , t. i, p. 435 n. 3. 18 Fontaine est d'un avis favorable, voir son Isidore de Sévilie < 19831. t. 1, p. 437 n. 1 et p. 435 n. 3.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Les changements qu'Isidore introduit dans le texte de cette par tie de CI-2 touchent les aspects suivants de CI: a) il s'agit notamment de notices sur l'Empire romain: a.i.) sur l'histoire politique interne de l'Empire: CI-2 152 (no tice remaniée), 153" (notice remaniée = 153), 156 (remanié), 2é8a, 273'', 288b, 305", 307", 326'1; il y a des sous-thèmes, comme la mort des empereurs: 290e, 29ia (mais cfr aussi a.3.), 300''; a. 2.) sur les conquêtes et défaites de l'Empire: CI-2 2ioa, 233a"b, 235a, 246e1, 264'', 276a, 283a, 294", 300", 329a, 316'', 320a, 326a, 335a; a.3.) sur les vices de certains empereurs: CI-2 232'', 238"*, 241 (notice remaniée), 243"", 246'' c, 246e, 257", 278'', 288a, 291'' (mais cfr aussi a.i.); a.4.) sur les vertus d'autres empereurs: CI-2 25011"b, 262a, i6^b, iyy' (notice remaniée = 273), 283'', 294b; b) et le reste sont des notices relatives à l'histoire de la culture (concernant surtout les fondations de villes, et le lieu commun du primiis qui autour des découvertes et inventions de l'humanité): CI-2 46ab, 74, 77a b, 88, i34a, 158, i69il, 180, i82a, 2i4a, 306; c) ou à l'histoire ecclésiastique: CI-2 344", 345"*, 347a. Mais outre les additions, il y a aussi quelques omissions de no tices: le remaniement de CI-2 74 et l'addition des notices CI-2 77a~b expliquent, par exemple, la suppression de la notice CI-i 79 sur les inventeurs de la musique; la notice CI-i 258 sur les persécu tions de Domitien contre les chrétiens est remplacée par la nou velle version de la notice CI-2 260 remaniée. D'autres suppres sions sont cependant plus difficiles à comprendre: pourquoi, par exemple, sont omises les notices CI-i 41 et 78, où l'on racontait la fondation des villes de Memphis et de Tyr, un genre d'information chère à Isidore? Dans les deux cas, il y a eu des additions de no tices dans le contexte où l'on trouvait les notices sur les deux vil les: addition des notices CI-2 38 et 37 entre CI 40 et CI 42, et des notices CI-2 77a b entre CI 77 et 80. L'addition des nouvelles noti ces a pu entraîner l'omission des autres si Isidore ne voulait pas publier une deuxième édition de sa chronique beaucoup trop longue par rapport à la première. Et pourquoi les notices CI-i 253-254 sur l'empereur Titus sontelles supprimées? Peut-être Isidore a-t-il trouvé trop longue

Première partie. Le Projet Isidorien

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l'information donnée sur cet empereur si l'on tient compte que dans CI-2, il venait d'ajouter, dans le contexte immédiatement pré cédent, deux nouvelles notices sur Vespasien, le père de Titus (CI-2 250a b). De plus, Isidore a ajouté parmi les remaniements du texte en 626 une notice sur les vices du frère de Titus, Domitien (CI-2 257a). On serait, dans ce cas-là, face à la même explication de l'omission des notices CI-i 41 et 78. C'est-à-dire, l'addition de quelques notices entraîne automatiquement la suppression d'autres afin de ne pas prolonger le texte à l'excès. De même, il est difficile aussi d'expliquer l'omission de la no tice CI-i 274 sur deux hérésies, sauf si l'on pense à l'addition de la notice CI-2 273'' avant et celle de la notice CI-2 276b ensuite. Il n'est donc pas tout à fait exact de dire simplement qu'Isidore a rédigé un texte beaucoup plus long en 626. Il a ajouté de nombreuses notices, mais en même temps, il a pensé à en supprimer ou à les abréger. Finalement, l'omission de la notice CI-i 350 sur Vulfilas et le dé but de la littérature en langue gothique se situe dans un contexte où Isidore a ajouté la notice CI-2 347" et résumé la notice CI-i 349 (= CI-2 349a). Il y a tout le temps, semble-t-il, un effort pour équi librer la longueur du texte en supprimant des notices ou en les abrégeant s'il y a eu des ajouts dans le contexte immédiat29. c) CI 352 - 379: depuis Gratien (375/83) et son frère Valentinien (375/92), les deux empereurs d'Occident, jusqu'à l'époque de Théodose II (408/50, empereur d'Orient). Lorsque la Chronique d'Eusèbe-Jérôme finit, Isidore se sert de ses continuateurs. Le premier à être utilisé est Prosper d'Aquitaine (CI 352-356, 358-359, 362-365 et 368-378). À côté de cette source prin cipale, on trouve notamment l'Histoire ecclésiastique de Cassiodore (CI 357, 360, 366-367 et 379). Il y a, finalement, une notice qui pourrait provenir d'une chronique gauloise du Ve s., les Chronica Gallica a. CCCCLll (CPL 2259) (CI 361); deux autres ressemblent aussi à des données transmises par la Chronique d'Hydaœ (CI 353 et 373), très peu utilisée par Isidore tout au long de CI, mais qui était sans aucun doute connue d'Isidore déjà en 615/6 (c/r CI 382).

" C/r aussi, par exemple, l'abréviation de la notice CI-2 390 après l'ajout de deux notices: CI-2 389Jb. On pourrait penser aussi à la même explication pour l'abréviation de la notice CI-2 238, en fonction de l'addition de la notice CI-2 238''.

INTRODUCTION GÉNÉRALE Parmi les remaniements de 626, deux sont d'un intérêt particu lier: d'un côté, dans la notice CI 354 sur Priscillien, empruntée à la Chronique de Prosper d'Aquitaine, Isidore a pu ajouter la préci sion relative à la diffusion de cette hérésie en Espagne que l'on trouve dans CI-2, en lisant le De haeresibus d'Augustin (déjà connu d'Isidore en 615/6, cfrCl 339); d'un autre côté, on a rédigé à nouveau la notice CI-i 373 concernant l'invasion des peuples barbares (Vandales et Suèves dans CI-i), en substituant Hydace à Prosper d'Aquitaine (CI-2 37311). Avec la nouvelle rédaction de cette dernière notice, Isidore ajoute aux Vandales et Suèves les Alains, et ne distingue plus entre l'Hispanie et la Galice, comme il le faisait en 615/6; désormais, ces trois peuples envahissent l'Hispanie, c'est-à-dire, la péninsule, y compris la Galice, mais comme une partie de l'Hispanie. d) CI 380 - 400: depuis Marcien (450/57, empereur d'Orient) jusqu'à Justinien I (527/65, empereur d'Orient). Après la fin de la Chronique de Prosper d'Aquitaine, Isidore continue avec la suite de cette chronique rédigée par Victor de Tunnuna. Celle-ci devient la source la plus importante de cette nouvelle partie de CI et presque la seule qu'Isidore ait utilisée (CI 380-381, 383-384 et 386-400). En effet, à côté de Victor de Tunnuna, on ne trouve que deux notices empruntées, l'une à Hydace (CI 382) et l'autre à un apocryphe de Jérôme, Xlndiculus de haeresi bus (CPL 636) (CI 385). La difficulté d'Isidore à trouver d'autres sources pour ces an nées de l'histoire du monde a dû être tellement grande que, même lorsqu'il a revu cette partie de son œuvre en 626, il n'a pas pu se servir d'une autre source pour les remaniements qu'il y a introduits. Ainsi, parmi les corrections apportées par Isidore, on trouve presque exclusivement Victor de Tunnuna à nouveau : des ajouts concernant les hérésies (CI-2 386", 389", 394 ', 397" b) et l'histoire ecclésiastique (CI-2 389''), ainsi qu'un autre sur une dé faite des Ostrogoths en Italie (CI-2 399^, une notice qui se substi tue à CI-i 402, cette dernière tirée d'une chronique italienne in connue). À ces notices, Isidore a ajouté une autre notice sur l'histoire politique de l'Espagne (CI-2 399") - qui, bien qu'elle soit proche d'un passage du De origine actibusque Getarum de Jordanès. comme il a été déjà signalé plus haut, doit provenir d'une autre source -, la seule qui ne remonte pas à la Chronique de Victor de

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Tunnuna. En même temps, on a abrégé la notice CI-2 390 sur les persécutions du roi des Vandales Trasamundus contre les catho liques, et l'on a concentré l'information des notices CI-i 398-399 sur Bélisaire et ses victoires face aux Perses et Vandales, dans une seule notice sur la défaite des Vandales en Afrique, CI-2 399, ellemême abrégée. Finalement, ces derniers remaniements qui don nent un texte plus bref sont très vraisemblablement le résultat de l'addition des notices CI-2 389'' b, et CI-2 397* et 399a b dans le contexte immédiat, suivant cet effort d'Isidore de ne pas prolon ger à l'excès le texte de CI. e) CI 401 - 404: depuis Justin II (565/78, empereur d'Orient) jusqu'à Tibère (578/82, empereur d'Orient), selon Jean de Biclar (CI 401, 403, 404), le continuateur de Victor de Tunnuna. Bien qu'Isidore ait vécu les années racontées par Jean de Bi clar, le Sévillan se sert dans cette partie de CI d'expressions qui montrent sans aucun doute qu'il avait sous les yeux l'œuvre de Jean de Biclar. De même lorsqu'il raconte les conquêtes de Léovigilde, cfr CI 403 "'Hac tempestate Leuuigildus rex Gothorum quasdam Spaniae regiones sibi rebelles in potestatem sui regni superando redigit" et Jean de Biclar (ch. 35, lignes 141-143) "Leouegildus rex Aregenses montes ingreditur, Aspidium loci seniorem cum uxore et filiis captiuos ducit, opesque eius et loca in suam redigit potestatem ". La seule information qu'Isidore ait ajoutée aux notices tirées de la Chronique de Jean de Biclar concerne l'Italie, et elle doit pro venir d'une chronique italienne inconnue de nos jours (CI-i 402, elle a été remplacée dans CI-2 par une notice de Victor de Tun nuna, CI-2 3991'). La dépendance d'Isidore à l'égard de ses sources est tellement importante que même lors des remaniements de CI-2, les nouvel les notices ajoutées à CI sont aussi empruntées en grand nombre à Jean de Biclar (comme c'était auparavant le cas de Victor de Tunnuna): CI-2 401' '' (sur l'histoire ecclésiastique), 401e et 404 ' (sur l'histoire politique de l'empire, les deux notices s'occupent de la puissance des Lombards, qui finissent par envahir l'Italie après avoir vaincu les Romains). Outre les emprunts tirés à Jean de Biclar, Isidore se borne à ajouter une dernière notice sur l'histoire ecclésiastique concer nant Martin de Braga, le promoteur de la conversion des Suèves au catholicisme (CI-2 40id), pour laquelle il n'y a pas de source

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connue. Mais le Sévillan n'en avait pas besoin, étant donné sa connaissance de l'époque. Il s'agit là d'une notice qui peut bien provenir d'Isidore lui-même. Cependant, il y a dans cette partie une suppression très frap pante comme résultat des remaniements de 626: celle des con quêtes de Léovigilde (CI-i 403). Il faut sans doute voir dans cette omission un désir de Suinthila. Ses grandes victoires de 625 face aux Byzantins (CI-2 4161') lui avaient permis d'unifier tout le terri toire hispanique sous son pouvoir. Il ne voulait donc pas que cel les-ci puissent être comparées à celles de Léovigilde, encore plus éclatantes dans l'histoire politique des Wisigoths dans la pénin sule ibérique. f) CI 405 - 417 / 417'' : les trois derniers empereurs, Maurice (582/ 602), Phocas (602/10), et Héraclius I (610/41, mais CI s'arrête en 615/6 dans sa première rédaction, et en 626 dans la deuxième). Même si la Chronique de Jean de Biclar s'occupe aussi de la période entre 582 et 590, Isidore ne semble plus suivre cette source, et l'on n'a pas de source connue pour ces dernières noti ces de CI. L'explication la plus simple est qu'Isidore raconte son propre temps et n'a plus besoin de suivre une source, même s'il existe des notices comme celles de CI 409 et 411-412, pour lesquel les il est très probable qu'il en ait eu une sous les yeux. Les seules notices ajoutées à CI lors de la révision de 626 sont celle où Isidore fait l'éloge de son frère Léandre (CI-2 4o8a) et celle sur les conquêtes de Suinthila face aux Byzantins en 625 (CI-2 4i6b)'°. Isidore a aussi omis la notice CI 409 concernant la lutte des Romains face aux Avares, vraisemblablement parce que les affrontements et défaites des Romains face aux peuples barbares ont été groupés un peu plus tard dans la chronique, lors du règne d'Héraclius (CI-2 414")".

10 II est intéressant de signaler que cette notice sur les victoires de Suinthila peut être mise en relation avec le lieu commun du primus qui, aussi important tout au long de CI. En effet. Suinthila est le "premier" à avoir unifié toute la pé ninsule sous son pouvoir: CI-2 4161' "...Suinthila princeps ...céleri... uictoria totius Spaniae monarchiam regni primas obtinuit". " Bien que, dans l'édition de Mommsen, la notice "Cuius initio Sclaui Graeciam Romanis tulerunt. Persi Syriam et Aegyptum plurimasque prouincias" soit in cluse dans le même chapitre que la notice sur le nombre d'années de règne d'Héraclius (CI 414'): "Eraclius dehinc sextum decimu agit imperii annum", il au rait été préférable, à mon sens, de donner à la deuxième partie de ce chapitre un caractère indépendant, comme chapitre CI-2 4i4h, par exemple.

Première partie. Le Projet Isidorien

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Finalement, dans la notice consacrée aux victoires de Sisebut, on a substitué un sec "Sisebutus Gothorum rex" (CI-2 415 rema niée) à la magnifique expression originale "Sisebutus Gothorum gloriosissimus princeps" (CI-i 415), et l'on a raccourci la notice. Désormais, le "religiosissimus princeps" est Suinthila, voir CI-2 416'': "Post quem (se. Sisebutum) religiosissimus Suinthila prin ceps..." (et cfr aussi CI-2 417"), ce qui répond, peut-être, à un dé sir d'Isidore de faire plaisir au nouveau roi, ou plus probablement au désir du roi lui-même de recevoir le plus prestigieux titre royal de l'époque, le même que reçoit Reccarède, cfr CI-2 408: "Idem quoque Gothi Reccaredo religiosissimo principe prouoeante...". Bien sûr, les deux remaniements les plus significatifs de cette partie concernent la nouvelle date de CI, qui peut être établie selon l'information des ch. CI-2 414" et 417". Ceux-ci préservent les nouvelles dates des règnes d'Héraclius et de Suinthila. Ces dernières se sont substitués aux anciennes dates des règnes d'Héraclius et de Sisebut: on est désormais en 626, alors que l'on était avant en 615/6.

Deuxième partie. La transmission du texte

Introduction Le problème des différentes formes sous lesquelles la Chroni que d'Isidore de Séville (CI) a été conservée par la tradition ma nuscrite ainsi que le grand nombre de témoins qui la préservent ont amené Dîaz y Dîaz à écrire en 1982: "La Crônica nos ha 11egado en dos recensiones que no aparecen en absoluto delimitadas en la ediciôn de Mommsen... La dificultad... de la tradiciôn manuscrita de esta obra réside en el alto numéro de côdices que la conservan anteriores a 850"'. Récemment, Domînguez del Val signalait: "iCuândo se escribe la Crônica? La fijaciôn de la fecha esta relacionada con las dos redacciones de este escrito... La redacciôn brève représenta el texto mâs antiguo. Presentar las relaciones entre el texto de las dos redacciones es un problema difïcil y complejo, y su mismo editor, Mommsen, lo dejô intacto... es un tema que esta por hacer porque esta ediciôn de Mommsen necesita una révision a fondo"2. En effet, la plupart des manuscrits antérieurs au Xe s. qui con tiennent CI préservent un texte plus court et datent cette œuvre du temps de roi wisigoth Sisebut (a. 615/6). Mais il y en a d'autres qui citent Isidore dans leur titre, transmettent un texte plus long et ont substitué Suinthila à Sisebut aussi bien dans la préface de la chronique qu'à la fin du texte lorsqu 'Isidore écrit la date où il a achevé son travail (a. 626). Il semble donc que l'on soit face à deux rédactions du même auteur, dont la deuxième se caractérise par des remaniements très nombreux: des passages ajoutés, d'autres réécrits presque en entier, quelques-uns légèrement re touchés ou situés à l'intérieur du texte à de nouveaux emplace ments, et enfin un petit nombre parmi eux supprimés. Cependant, cette tradition complexe devient encore plus com pliquée du fait que certains manuscrits préservent des versions "intermédiaires" du point de vue du contenu entre la première et la deuxième rédaction de CI. En effet, un petit groupe de manu scrits transmettent un texte plus proche de la première rédaction, mais incluent déjà des remaniements propres à la deuxième. Et cette situation devient encore plus obscure étant donné que d'autres manuscrits contiennent aussi une autre version "intermé diaire", cette fois plus proche de la deuxième que de la première rédaction de CI, puisqu'ils préservent la plupart des remanie' Voir DlAZ Y Dîaz, Introduct ion gênerai, p. 139. 2 Voir DomInguez del Val, Historia, t. 3, p. 118.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

ments caractéristiques du texte réélaboré, mais pas tous. Finale ment, si cela n'était pas suffisant, il existe encore une branche de la tradition manuscrite de ces versions "intermédiaires" qui trans met une version abrégée de CI, dont il faut expliquer l'origine ainsi que sa relation avec les autres formes du texte. C'était pré cisément cette difficulté qui avait découragé Mommsen au mo ment de fixer le stemma des états multiformes de la tradition ma nuscrite de CI. De plus dans cette étude, il faut aussi tenir compte de l'épitomé qu'Isidore lui-même a effectué de CI et inclus dans le livre V des Étymologies (etym. 5,39), et qui ne coïncide pas exactement avec celui de la version abrégée de CI, légèrement plus longue que l'épitomé. Mais il doit y avoir forcément une relation entre cet épitomé et les différentes formes de CI. Il est donc nécessaire d'étudier cette relation en l'éclaircissant et en précisant quelle est la place de l'épitomé dans le stemma de CI. Enfin, étant donné que le genre littéraire des chroniques est toujours ouvert à recevoir des suites qui actualisent le contenu de l'œuvre suivant les différentes époques des copistes du texte, il est fréquent de trouver des versions de CI poursuivies ou rem plies d'interpolations, ou même de voir des versions plus ou moins remaniées de CI placées tout au début d'une autre chroni que postérieure dans le temps et beaucoup plus longue dont l'œuvre isidorienne constitue la source principale de la première partie, le plus souvent jusqu'à la naissance de Jésus-Christ, et quelquefois jusqu'à la date de composition de la chronique du Sévillan au début du VIIe' siècle. Par conséquent, cette étude apportera aux lecteurs dans sa pre mière partie la liste complète de tous les manuscrits subsistants qu'il faudra examiner afin d'eclaircir les multiples problèmes po sés par la tradition manuscrite de CI. Cela facilitera la lecture de l'analyse qui suit, très délicate et minutieuse, durant laquelle il sera nécessaire de tenir compte à la fois des données livrées par les manuscrits subsistants ainsi que par la tradition indirecte. Ensuite, en fonction de l'étude et de la comparaison des diver ses formes que CI a connues depuis le VIIe siècle jusqu'à nos jours, j'essayerai de montrer les relations existant entre celles-ci, de façon que l'on puisse saisir quelles ont été les raisons littérai res ainsi que les accidents matériels du texte qui permettent d'expliquer les différents états de la chronique isidorienne du monde, tels qu'ils se présentent de nos jours.

Les manuscrits subsistants: transmission Dans ce chapitre, on trouvera une liste complète de tous les manuscrits préservant la Chronique d'Isidore de Séville (CI), cités par ordre alphabétique selon leur lieu de dépôt actuel. Dans cette liste, les exemplaires utilisés pour l'établissement du texte seront précédés de leur sigle. Toute l'information sur ces témoins (bibli ographie, description du contenu, version de CI qu'ils préservent, etc.) est reportée aux notices détaillées qu'on leur consacre dans le second chapitre de cette partie'. I. Liste des manuscrits connus qui préservent CI2 i. 04) *Albi, Bibliothèque Municipale, 29 (VIIIe s.)

' Je décris minutieusement le contenu des manuscrits qui n'ont pas été com plètement décrits ou très peu. ou bien lorsque leur description est très ancienne. Pour le reste, je donne une description générale. Cependant, dans la bibliogra phie j'indique toujours au lecteur où l'on peut trouver une description complète des exemplaires étudiés. L'astérisque indique les manuscrits que j'ai vus moimême soit directement dans les bibliothèques où ils se trouvent, soit au moyen de microfilms ou de microfiches. La seule exception est London, British Library, Add. 16974. dont j'ai fait la collation à partir des planches reproduites par Favrod (ff. iiir-H3r), voir Favrod, La Chronique, p. 116 sq. (pour la partie du texte qui suit et qui n'a pas été reproduite par Favrod, je suis le texte publié par Arndt, Biscbof Marins, pp. 38-40). Les manuscrits signalés dans cette étude qui ne sont pas cités par Mommsen sont marqués du signe •>"". Les conventions employées pour citer les manuscrits et les bibliothèques où ils se trouvent sont celles de la revue Medioevo Latino. Les titres des œuvres tels qu'ils sont préservés par les manuscrits sont cités entre guillemets. Le titre habituel est mis en italique. 1 II y a un manuscrit cité par Mommsen que je n'ai pas pu identifier: Senensis 19, XIVe s. (Mommsen. MOU, ebron. min 2. p. 403 n" 54). Un autre manuscrit de la cathédrale de Pistoia reste inconnu, voir Arf.valo, Isidori Opéra, t. 1. ch. 44, p. 370: "E codice Capituli Pistoriensis describitur compendium quoddam Chronici Isidoriani. quod incipit: Daniel regnauil ann. XL. Salomon etc. Finit: Heraclins elebinc qnintnm annum agit imperii. Fiunl igilur ah exordio mundi usque ad praesentem eram, hoc est. in anno quinto imperatoris Heraclii, et quarto principis Sisehuti anni quinque millia octingenti XIII. Post. interposita uacua pagina, sequitur auctarium: Adoloaldns etc. usque ad annum MXXVII". Je n'ai trouvé aucune réfé rence à ce manuscrit chez Zaccharia, Bibliotbeca Pistoriensis, ni chez Chiti, Pis toia. pp. 62-69 consacrées aux archives de la cathédrale; ni chez Murano.-Savino.Zamponi, / manoscritti medievali (cfr p. 183). M. Alfredo Pacini, Bibliothécaire de la cathédrale de Pistoia, qui a eu la bienveillance de faire cette petite recherche pour moi, me fait part, dans une lettre datée du 13 octobre 1999. qu'il n'a trouvé dans sa bibliothèque aucun manuscrit préservant Cl. M. le Professeur S. Zamponi de l'Université de Florence, à qui j'ai écrit par la suite, et qui a eu aussi la bien veillance de faire des recherches pour moi (lettre datée du 23 octobre 1999), n'a pu non plus identifier le manuscrit cité par Arévalo. Dans cette étude, j'ai aussi consulté le dit "Legado del Doctor Anspach". qui se trouve aux Archives Histori ques Diocésaines ("Archivo Histôrico Diocesano") de Léon (Espagne). Ce legs

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

2. (" Augsburg, Universitàtsbibliothek, Cod. II.1.20 190 (XV1' s.)5 3. 'Barcelona, Biblioteca Central (Biblioteca de Catalunya), 569 (XIVe s.)4 4. (D) •Berlin, Staatsbibliothek, Phillipps 1686 (IXe s.) 5. (B) *Bern, Burgerbibliothek, 83 (IXe s.) 6. *Bern, Burgerbibliothek, 676 (XVe s.)5 7. (b) 'Bruxelles, Bibliothèque Royale "Albert Ier", 5413-5422 (IXe s.) 8. (#) Cambridge (Mass.), Harvard University, Houghton Library, Riant 87 (XVe s.)6

n'ajoute aucune nouvelle information à notre connaissance des manuscrits isidoriens qui transmettent CI entre le VII' et le X" siècle. On peut trouver la notice sur cet inventaire chez Fernândez Catôn. Catâlogo (p. 39 n° 6 pour la notice sur les manuscrits de CI). C/r aussi l'avis de Diaz y Dîaz sur le travail d'Anspach dans son lntroducciôn gênerai, pp. 234-235. Ont été exclus de cette liste les codices qui pré servent soit l'épitomé de CI inclus dans le livre V des F.lymologies, soit des ver sions de CI fortement remaniées et interpolées, soit d'autres chroniques qui se sont servi de CI comme source. Une étude complète de ces manuscrits peut être lu dans la troisième partie de cette édition "Le classement des manuscrits", chapitre "VI. Les manuscrits rejetés et leurs contenus ", pp. 227-240. ' Bibliographie: Hilo, Die Handscbriften, pp. 320-323. D'après le catalogue, CI est préservé aux ff. i3VJ-i6VJ, incipit "Incipit liber de ipsius ordine temporum. Breuem temporum per generationes et régna primus...", desinil "...scire tempora uel momenta que pater posuit in sua potestate. Amen.". " Bibliographie: Cordoliani, Los manuscritos, pp. 20-21; A. Vernkt, Un nou veau manuscrit, pp. 22-23 ( = Eludes Médiévales, pp. 104-105); Guia de la Biblioteca Central, p. 75; Riche, Dbuoda, pp. 49-50. J'ai vu un microfilm de ce manuscrit à l'IRHT de Paris: CI est transmis aux ff. i™-9vb, poursuivi (le texte de CI finit au f. 9'" au ch. 416, la suite continue depuis le f. 9" jusqu'au f. 9"''). Titre "In nomine Dei summi incipit liber cronice beati ysidori spalensis episcopi a primo homine adam usque ad Leonem imperatorem Romanum per annos v.dcccc. (le dernier "c" ajouté sur la ligne) vii. breues temporem de saeculi etatibus per generaciones et régna", incipit "Primus ex nostris Iulianus africanus sub imperatore marcho aurelio Antonino simplici storie stilo elicuit. Deinde eusebius...", desinil "...ab origine mundi an. vi. milia cccc. et ab incarnatione domini nostri ihesu xpi an. mille. I. vii. ". 1 Bibliographie: Hagen, Catalogus, p. 499; Mommsen, MCH, chron. min 2, pp. 392 et 396 n° 5; Codoner, El "De uiris Ulustribus" de Isidoro de Sevilla, pp. 102-103 ; Fernândez Catôn, Las Etimologi'as, pp. 352-353 n° 873. J'ai vu des microfiches de ce manuscrit à l'IRHT de Paris: CI est préservé aux ff. 43r-57v. à pleine page, sans titre, une autre main plus récente a écrit dans la marge supérieure: "chronicon S. Isidori episcopi", incipit "Breuem temporum explanationem per generationes et régna,..", desinil "...de saeculo migrât, tune illi saeculi consummatio est. Explicit liber cronicon sancti ysidori episcopi". 6 Bibliographie: Dutschke, The Classical World, pp. 222-223; id., Un altro manoscritlo. pp. 9-10. D'après Dutschke, Un altro manoscrilto, p. 10, CI est préservé aux ff. 59'-64', incipit "Incipit prologus in chronica beati Ysidori episcopi Hispalensis describentis breuiarium ab exordio mundi usque ad tempus Heraclii Breuem temporum dispositionem per generationes et régna...", desinil "Quando ergo quisque de hoc seculo migrât tune illi consummatio est seculi secundum magnus et minus. Explicit liber breuiorum temporum diligenter a sancto Ysidoro

Deuxième partie. La transmission du texte

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9. Cesena, Biblioteca Communale Malatestiana, D.XIII. 2 (XIV1' s.)7 10. (O *Cesena, Biblioteca Comunale Malatestiana, S.XXI.5 (VIIIe ou IXe s.) 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20.

(,) *Charleville, Bibliothèque Municipale, 20 (vol. 6) (Xir s.)8 Cheltenham, Collection Phillipps, 3706 (XVe s.)9 Cheltenham, Collection Phillipps, 7283 (XVe s.)'° Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 645 (olim XIV.18) (XVIIe s.)" (" Città del Vaticano, BAV, Chigi H.VII.246 (XVe s.)'1 'Città del Vaticano, BAV, Ottoboniensis Latinus 1720 (XVIe s.)'5 Città del Vaticano, BAV, Ottoboniensis Latinus 1758 (XVe s.)14 (Y) *Città del Vaticano, BAV, Palatinus Latinus 239 (IXe s.) (J) 'Città del Vaticano, BAV, Reginensis Latinus 215 (IXe s.) 'Città del Vaticano, BAV, Reginensis Latinus 691 (XIe s.)"

collectum iuxta ystorie fidem. Deo gratias. Amen. Per me Laurentium in Monte Sancte Marie in Cassiano MCCCCVIII". 7 Bibliographie: Mommsfn, MGH, chron. min. 2. pp. 392 et 398 n° 21 (qui le date du XVe s.); Lponardi, Calalogo, t. 4, pp. 10-13 (où l'on signale que CI est préservé aux ff. io8rl'-ii5™); Codoner, Isidoro de Sevilla. Diferencias, pp. 47-48. g Bibliographie: Catalogue Générai, in 40, t. 5, pp. 551-553; Samaran.-Makiciiai.. Catalogue, t. 5. p. 39. J'ai vu des microfiches de ce manuscrit à l'IRHT de Paris: CI aux ff. I52v-i6iv, à pleine page, titre "Incipit chronica beat! ysidori hispalensis episcopi uiri doctissimi ", incipit "Prinuis ex nostris iulianus africanus sub imperatore marco aurelio antonino. ', desinit "...quando enim de seculo migratur tune cuique consummatio seculi est. Finit". 9 Bibliographie: Schenkl, Bibliotbeca, 1,2, n° 1411 p. 63; Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp. 392 et 406 n" 79. '° Bibliographie: Mommsen, MGH, chron. min. 2. p. 406 n° 79. " Bibliographie: Mommsfn, MGH, chron. min. 2, p. 403 n° 58; Placanica, Viltore da Tunnuna. pp. xxxvw-xxxix (qui décrit les œuvres préservées par le ma nuscrit; d'après Placanica. cet exemplaire préserve une version interpolée et mu tilée de CI qui se trouve aux ff. 1 '-36' > ; Cardelle de Hartmann, CC SL 173A. pp. 44*"45*11 Bibliographie: Pellecrin, Les manuscrits classiques latins, t. 1. pp. 383-384 (CI aux ff. i69r-i73v); Ruysschafrt.-Marucchi.-La Mare, I codici latini, p. 95 n° 217. " Bibliographie: Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp. 398 n° 17 et 489; Bt'ONOcore, Bibliografia deifondi manoscritti, t. 1. n" 7781-7782; id., Bihliografia retrospeltiva, t. 1. n" 4408. J'ai vu des microfiches de ce manuscrit à l'IRHT de Paris: CI aux ff. 42v-6o', titre "Incipit liber cronicorum Isidori Hyspalensis episcopi ab exordio mundi usque ad Eraclii Augusti imperium et Sisebuti régis principatum". M Bibliographie: Mommsen. MGH, chron. min. 2, pp. 392, 403 n" 51 et 493-494 (qui signale que le texte préservé par ce manuscrit est très proche de celui d'Oxford. Ail Soûls Collège. 47); Pfixegrin. Les manuscrits classiques latins, t. 1, pp. 671-672 (CI aux ff. 5v-i2v, après le Breuiarium de Festus); Bi'onocore, Bihli ografia deifondi manoscritti. t. 1. n" 7810; id., Bibliografia retrospettiva, t. 1, n" 4420. " Bibliographie: Mommsfn, MGH, chron. min. 2, p. 403 n° 47 (qui date le ma nuscrit du XII' s. et dit que le texte de CI préservé par ce manuscrit est très pro che de celui de Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 1974); Lesne. Litres, p. 193;

44* 21. 22. 23. 24.

INTRODUCTION GÉNÉRALE (" Città del Vaticano, BAV, Ross. 748 (olim X.128) (XVIe s.)16 Città del Vaticano, BAV, Vrbinati Lat. 100 (XVe s.)'7 'Città del Vaticano, BAV, Vrbinati Latini 382 (XVe s.)'8 'Città del Vaticano, BAV, Vrbinati Latini 392 (XVe s.)'9

Buonocore, Bibliografia retrospettiva, t. 1, n° 6444-6445; Mortensen, The Diffusion, p. 152, n" 212. J'ai vu un microfilm de ce manuscrit à l'IRHT de Paris: CI est pré servé aux IT. H5v-i2ov, sans titre et sans indication d'auteur, incipil "BREVEM temporum expositionem per generationes et régna primus ex nostris iulius africanus", desinil "quando enim quis de saeculo migrât, tune illi comsummatio saeculi est. FINIT KRONICA". " Je dois la connaissance de ce manuscrit à Jacques Elfassi, qui a consulté les fichiers de la Bibliothèque Vaticane. CI aux ff. 56r-8or, titre "Liber chronicorum", incipil "Liber chronicorum ab exordio mundi usque ad Eraclii Augusti imperium et Sisebuti Régis principatum. Praefatio. Breuem temporum expositionem...", des inil "...et quartum religiosi principis Sisebuti. Anni CV. M. CCC XX.". D'après le titre, Vincipit et le desinil, il semble que ce manuscrit préserve la même version de CI que Città del Vaticano, BAV, Vrb. lat. 382. 17 Bibliographie: Mommsfn. MGH, chron. min. 2. pp. 392 et 403 n° 57; Stornajolo, Codices Vrbinales, t. 1. pp. 119-120 (où l'on dit que CI est préservé au f. 253' sq ); Buonocore, Bibliografia retrospettiva, 1. 1, n" 8001-8002; Ceresa, Bibliografia. p. 404. ,! Bibliographie: Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp. 392, 398 n° 15 et 489; Stornajolo, Codices Vrbinales. t. 1. pp. 362-364; Ch.VF. Jones, Bedae opéra, p. 161; DoLBEAl'. Une refonte wisigothique, pp. 50-51; Ceresa, Bibliografia. p. 411, J'ai vu des microfiches de ce manuscrit à l'IRHT de Paris: CI aux ff. i86'-i93v. à pleine page, titre "INCIPIT LIBER CRONICORVM ISIDOR1 HISPALENSIS EPISCOPI AB EXORDIO MVNDI VSQVE AD ERADII AVGVSTI IMPERIVM ET SISEBVTI REGIS PRINCIPATVM. PREFATIO.". incipil "Breuem temporum expositionem per gene rationes et régna primus ex nostris iulius africanus sub imperatore marco aurelio antonino simplici historié stilo elicuit. deinde eusebius caesariensis episcopus atque sanctae memoriae hieronymus... adicientes e latere descendentem lineam temporum. cuius inditio summa preteriti temporis agnoscatur. Prima seculi etas incipit.", ensuite, une liste des patriarches et des empereurs cités dans CI, au f, 1871: "INCIPIT PRIMA SECVLI ETAS DE CREATIONS OMNIVM RERVM. Sex diebus rerum omnium creaturam deus formauit. prima die condidit lucem... ". desinil "...de die autem illo et hora nemo scit neque angeli nisi pater solus. fiunt igitur ab exordio mundi usque in quintum eraclii imperatoris annum et quartum religiosi principis sisebuti anni VDCCCXX. EXPLICIT LIBER CRONICORVM SANCT1 ISIDORI HISPALENSIS ARCHIEPISCOPI". " Bibliographie: Hertzberg, Ûher die Chroniken, pp. 295-296; Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp. 392. 398 n" 16 et 489; Stornajolo, Codices Vrbinales, t. 1, pp. 371-373 ; Pellf.grin, Les manuscrits classiques Salins, t. 2,2, pp. 587-588. J'ai vu des microfiches de ce manuscrit à l'IRHT de Paris, CI est préservé aux ff. 2r-33v, titre "INCIPIT LIBER CRONICORVM ISIDORI HISPALENSIS EPISCOPI AB EXORDIO MVNDI VSQVE AD ERADII AVGVSTI IMPERIVM ET SISEBVTI REGIS PRINCI PATVM PRAEFATIO ". incipit "Breuem temporum expositionem per generationes et régna primus ex nostris... cuius inditio summa preteriti temporis agnoscatur. Prima seculi aelas incipit ", ensuite une liste des patriarches et des empereurs cités dans CI, jusqu'au f. 6V: "INCIPIT PRIMA SECVLI AETAS DE CREATIONE OMNIVM RERVM. Sex diebus rerum omnium creaturam deus formauit...", desinil "...fiunt igitur ab exordio mundi usque in quintum eradii imperatoris annum et quartum religiosi principis Sisebuti anni v.dccc.xx. EXPLICIT LIBER CRONICORVM SANCTI ISIDORI HISPALENSIS ARCHIEPISCOPI".

Deuxième partie. La transmission du texte 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32.

45*

Città del Vaticano, BAV, Vaticanus Latinus 629 (XIIe s.) 20 (0 'Città del Vaticano, BAV, Vaticanus Latinus 645 (IXe s.) Città del Vaticano, BAV, Vaticanus Latinus 1348 (XIIe s.)21 'Città del Vaticano, BAV, Vaticanus Latinus 1974 (XIe s.)22 (2) 'Città del Vaticano, BAV, Vaticanus Latinus 6018 (IXe s.) (" Città del Vaticano, BAV, Vaticanus Latinus 11564 (XVe s.)23 (" Città del Vaticano, BAV, Vaticanus Latinus 12588 (XVe s.)24 Cividale del Friuli, Museo Archeologico Nazionale, 6 (XIIe

s.)25 33. (#) Cortona, Biblioteca Comunale e dell'Accademia Etrusca, 43 (XIIe s.)26 34.

Darmstadt, Hessische Landes- und Hochschulbibliothek, 46 (XVe s.)27

35. Darmstadt, Hessische Landes- und Hochschulbibliothek, 146 (XVe s.)28

'° Bibliographie: Mommsen. MGH. chron. min. 2, pp. 391 et 396 n° 3; Vattasso.Cavaiiew, Codices Vaticani Lalini, t. 1, pp. 474-475: Klittner, Catalogue, pp. 16-20 (qui signale que Cl est préservé aux ff. nova-ii3vb); Manfredi, / codici lalini di Niccolà V, pp. 217-218. n" 348; Ceresa, Bibliografia, p. 466. " Bibliographie: Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp 392, 396 n° 2. 493 et 495 (qui le date du XI1 s.); March, Otro côdice manuscrite; Ki'TTNER, Catalogue, pp. 106-108, qui signale que CI est préserve aux ff. i66'-179v: Ceresa. Bibliografia. p. 474" Bibliographie: Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp. 392 et 403 n" 46; Nogara, Codices Vaticani Lalini III. 1912. pp. 381-382; Bannister, Monumenti, t. 1. n" 182 p, 60; Deuffic, La production manuscrite, p. 317 n" 107. J'ai vu un microfilm de ce manuscrit à 1TRHT de Paris: CI est préservé aux ff. I03v-i07v, sans titre et sans in dication d'auteur (texte: "BREVEM temporum expositionem per generationes et régna primus ex nostris iulius africanus... quando enim quis de saeculo migrât, tune illi consummatio saeculi est. FINIT KRONICA"). " Bibliographie: Ruysschaert, Codices Vaticani Lalini. pp. 311-315 (d'après le catalogue, CI est préservé aux ff. I4r-23v). 1A Je dois la connaissance de ce manuscrit à Jacques Elfassi, qui a consulté les fichiers de la Bibliothèque Vaticane. CI aux ff. l'-n*. Bibliographie: Balboni, Manoscritti sequestrati, p. 475. 11 Bibliographie: Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp. 392, 396 n" 4 et 493; Scalon.-Pani, I codici, pp. 86-88 ( selon ce catalogue, CI est préservé aux ff. 255'-262v, litre "Incipit Chronica sancti Ysidori episcopi". incipit "Breuem temporum expo sitionem per generationes et régna...", desinit "...tune illi consummatio sua est. Explicit Chronica Ysidori"). 16 Bibliographie: Mancini, / manoscritli, pp. 27-29 (qui signale que Cl est pré servé au f. io' sq., titre "Incipit liber cronicorum sancti Isydori archiepiscopi ispalensis"). *7 Bibliographie: Staub.-Knaus, Bibelhandschriften, pp. 94-95 (où l'on signale que CI est préservé aux ff. 2ir-2i7vh). ** Bibliographie: Mommsen, MGH. chron. min. 2, p. 407; Rohi.es. Manuscritos, p. 412 (CI aux ff. 2iir''-2i7vb, incipit "Breuem temporum expositionem per genera tiones..."); Mortensf.n, The Diffusion, p. 124, n" 33.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

36. (#) 'Dole, Bibliothèque Municipale, 87-91 (XV"' s.)29 37. *E1 Escorial, Biblioteca del Real Monasterio de San Lorenzo, S.I.2 (XIIIe s.)3° 38. (70 'Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Pl. XX. 54 (XIe s.) 39. Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, San Marco 587 (XIIe s.)'" 40. Firenze, Biblioteca Riccardiana, 410 (XVe s.)5* 41.

Haag (Den), Muséum Meermano-Westreenianum, 10 D 16 (XIVe-XVe s.)» 42. (*} Hereford, Cathedral Library, O.II.9 (XIIe s.)34 43. ^ Innsbruck, Universitàtsbibliothek, 81 (XVe s.)"

!9 Bibliographie: Catalogue Général, in 8°, t. 13. p. 401 ; Samaran.-Marichal, Catalogue, t. 5. p. 157. J'ai vu des microfiches de ce manuscrit à l'IRHT de Paris: CI es( préservé aux pp. 439-456, litre "cronica sancti ysidori". dans la marge supérieure, on lit "liber de breuitate temporum", incipit "Breuem temporum per generationes et régna primus ex nostris iulius affricanus,..". desitiit "Fiunt igitur ab exordio mundi usque in era présente ann. 5813 hoc est in anno quinto imperii heraclii et quarto gloriosissimi principis siseboti. Residuum saeculi tempus humane inuestigationi incertum est... quando enim quis de seculo migrât tune illi saeculi consummatio est. Explicit liber breuitate temporum diligenter a sancto ysidoro collectum iuxta hystorie fidem ab initio mundi usque ad 40 annum Chlotharii régis, ann. 5831 ", et dans la marge inférieure, on lit "liber ysiodorii de breuitate temporum". '° Bibliographie: ANTOLfN, Catâlogo IV, pp. 2-3 (qui signale à tort que le ma nuscrit ne contient que les ch. 1-57 de CI); Beyers, CC SA 10, pp. 69-70. J'ai vu ce manuscrit à l'Escurial: on trouve les ch. 3-213 au f. i6^"'yh (le manuscrit est mutilé à la fin). Titre "Incipit cronica Ysidori iunioris". incipit "Sex diebus rerum om nium creatarum summam deus formauit. primo die condidit deus lucem...", desinil "...hac etate enius poeta celebratur. Ptolomeus philometor r. a. xxv. hune anthiochus superauit". " Bibliographie: Bethmann. Nachricbten, p. 727; Mommsen. MGH, chron. min. 2. pp. 403-404 n° 59; Ullman.-Stadter, The Public Library, pp. 223 et 286. »* Bibliographie: Bethmann, Nachricbten, p. 730; Mommsen, MGH, chron. min. 2, pp. 392, 398 n° 18 et 489; Kristeller, Iter Italicum, t. 1, p. 178. J'ai vu un microfilm de ce manuscrit. CI est préservé aux ff. 54v-67v. incipit "Incipit liber Cronicorum S. Ysidori episcopi Hyspalensis ab exordio mundi usque ad eradii Augusti imperium et Sisebuti régis principatum. Incipit prologus. Breuem temporum expositionem per generationes et régna primus ex nostris... ", explicit "Explicit liber croni corum S. Isidori hispalensis archiepiscopi". " Bibliographie: Vermeeren.-Dekker, Inventaris, pp. 1-2 n° 4; Boeren, Catalo gua, p. 109 (d'après ce catalogue, CI est préservé aux ff. 59r-7ir). M Bibliographie: Mynors.-Thomson.-Guluck, Catalogue, pp. 15-16 (CI aux ff. I59r-i64v, texte "Noe annorum sexcentorum factum legitur diluuium... tune illi consummatio seculi est"); Mortensen, The Diffusion, p. 174, n° 57. " Bibliographie: Neuhauser, Katalog. t. 1, pp. 230-235 (d'après le catalogue, CI est préservé aux ff. 7i'-78v).

Deuxième partie. La transmission du texte

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44. '" Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, St. Georgen 10 (XVe s.)36 45. (/O *Kôln, Erzbischôfliche Diôzesan- und Dombibliothek, 83" (VIIIe ou IXe s.) 46.