Chapitre 1 Cours Libertés Fondamentales. PR Makoudi Ouafae [PDF]

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Zitiervorschau

COURS DROITS DE L'HOMME ET LIBERTES PUBLIQUES SEMESTRE 4 FILIERE : DROIT EN FRANÇAIS LICENCE FONDAMENTALE

Pr. OUAFAE MAKOUDI

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2019/2020

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Introduction. I-

L’enseignement des libertés fondamentales

La discipline des libertés et droits de l’Homme est un enseignement récent. Programmée dans l’université française en 1954, elle est devenue obligatoire à partir de 1962. Le but de cet enseignement, comme l’a précisé Rivero, était d’abord de trouver place à des matières qu’on n’arrivait pas à mettre sur le programme de la licence en droit comme le droit de la presse, les rassemblements et les associations. Par la suite, il s’est avéré que l’enseignement des droits et libertés pouvait remplir une autre fonction celle d’aider le juriste ( étudiant et autres) à penser le droit non comme un ensemble de matières chacune répondant à des logiques propres mais comme un système unifié autour de valeurs et considérations que la matière aide à appréhender. A ces considérations anciennes, l’enseignement des droits de l’Homme et des libertés répond de nos jours à des préoccupations nouvelles. D’abord, la discipline est appelée à aider à une prise de conscience des droits et des libertés et de leurs mécanismes de protection. Une prise de conscience qui est in dispensable à l’étudiant en droit (futur juge, avocat, fonctionnaire et autres) car elle lui permet de ne pas se contenter d’une application passive du droit mais d’une application active à l’aune de la condition humaine. En effet comme l’a justement remarqué Gilles Lebreton « le juriste doit en prendre conscience sous peine de ressembler à ces positivistes qui acceptèrent indifféremment les lois de la république et celles de Vichy, les lois de Weimar et celles des nazis. Le véritable enjeu du cours des libertés publiques est justement d’aider à cette prise de conscience le juriste ainsi que tous ceux que le droit intéresse.) (V. Gilles Lebreton : libertés publiques et droits de l’Homme. A. Colin 7ème édition p. ) La discipline ensuite, contribue à l’éducation du citoyen. Elle est « une sorte d’instruction civique à l’usage des juristes. (Lebreton Gilles, manuel précité p. 2)En 3 ème lieu l’enseignement des droits et libertés contribue à la moralisation de la personne du juriste car « la présentation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ne relève pas seulement d’un exercice de technique juridique, elle contient une forme de foi dans ces droits et ces libertés proche d’un certain militantisme. L’indifférence de l’observateur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales n’est pas 2

vraiment possible. » (Henri Oberdoff : Droits de l’Homme et libertés fondamentales. LGDJ ; 2ème édition p.3) La discipline des droits et libertés est une discipline transversale et constitue une matière essentielle de toute culture juridique. Elle intéresse le droit privé comme le droit public, le droit interne comme le droit international. Discipline carrefour elle est liée aux autres matières de droit. Ainsi, elle est liée au droit constitutionnel puisqu’elle détermine l’action politique et son but qui n’est autre que le respect des droits des individus. Elle touche au droit administratif car elle rappelle aux autorités publiques les bornes dans lesquelles s’exerce leur action. Elle concerne le droit civil aussi bien dans le domaine des droits des personnes que dans le domaine des relations familiales ; et c’est une discipline intimement liée au droit pénal. La discipline se situe au carrefour des matières juridiques et politiques mais aussi de la morale et de la philosophie, ce qui veut dire qu’au-delà de l’objectif scientifique qu’on peut assigner à son enseignement celui-ci traduit toujours un parti pris idéologique et se fait à l’aune d’un engagement intellectuel.

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Précisions terminologiques.

Une première remarque c’est que nous rencontrons plusieurs expressions. Ainsi si nous prenons l’exemple du Maroc nous avons un code des libertés publiques, un conseil national des droits de l’Homme et la constitution de 2011 consacre le titre II aux « libertés et droits fondamentaux » sans oublier de signaler à l’occasion que le ministère de la justice porte l’appellation officielle du « ministère de la justice et des libertés. » Ces différents termes ne sont certainement pas synonymes, sont – ils pour autant interchangeables ?

A- Liberté et droit : Sans entrer dans les débats philosophiques que le terme liberté suscite et d’une manière simple nous dirons avec René Capitant que : « la liberté d’un être, c’est l’autodétermination de cet être. » La liberté est donc un pouvoir d’autodétermination que l’individu exerce sur lui-même. Un être libre est un être qui choisit son comportement personnel en dehors de tout déterminisme. La 3

liberté en conséquence s’exerce dans l’indépendance c'est-à-dire qu’aucune intervention d’autrui n’est nécessaire ; ce qu’on demande à l’autre c’est de s’abstenir d’entraver l’exercice de notre liberté. La liberté ne crée envers autrui aucune obligation d’agir. Le droit par contre peut être pris dans deux acceptions et couvrir deux types de pouvoirs. Il peut être un pouvoir d’autodétermination, dans ce cas il apparait comme une liberté, libertés et droits sont synonymes ; ainsi on peut dire la liberté d’aller et de venir comme on peut dire le droit d’aller et de venir. Le droit est aussi un pouvoir que l’Homme exerce sur autrui. Dans ce cas il se différencie de la liberté car il exige de l’autre un comportement positif. Ainsi on parle d’un droit au travail, d’un droit à la santé…, ces droits ne sont pas des libertés. La liberté est un pouvoir d’autodétermination que l’homme tient de sa nature, elle existe en dehors de toute consécration par l’Etat. Le droit par contre est une créance, il nécessite l’intervention de l’Etat. Certes l’Etat intervient aussi en matière des libertés mais seulement pour les organiser c'est-à-dire permettre leur exercice simultané par tout le monde et concilier leur exercice avec les impératifs de la vie en société.

B - Libertés publiques et droits de l’Homme. 1L’expression « droits de l’Homme » dans l’acception que nous lui donnons de nos jours remonte au XVIII e siècle et la philosophie des lumières. L’idée à la base de cette notion c’est que l’Homme de par sa nature a des droits qui sont inaliénables car ils constituent sa propriété personnelle. Ces droits que l’Homme tient de sa nature existent en dehors de toute consécration étatique. En conséquence, ces droits s’imposent et ont un caractère obligatoire même s’il n’y a pas un texte de droit : la seule affirmation leur donne un caractère obligatoire. La notion droite de l’Homme introduit aussi une idée d’universalité : la nature humaine est partout la même, les droits de l’Homme sont en conséquence, communs à tous les Hommes. Ceci donc explique pourquoi la notion reste largement utilisée dans les documents Internationaux aussi bien universels que régionaux.

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2Les libertés publiques sont une expression propre à la terminologie juridique française. Elle a été employée dans des textes y compris constitutionnels. L’expression « libertés publiques » est utilisée, d’une part, pour rendre compte de la consécration juridique des droits de l’Homme. En effet l’adjectif « public » a pour rôle de montrer que les libertés sont reconnues et protégées par l’Etat. D’autre part l’expression « libertés publiques » montre que les droits reconnus font partie du droit applicable dans un Etat. De ce fait elles sont opposables à la puissance publique essentiellement à l’administration car généralement c’est le législateur qui leur accorde la consécration juridique. Les libertés publiques ont un statut législatif. 3Les droits fondamentaux : la notion de « droits fondamentaux revient à la tradition constitutionnelle allemande. Utilisée pour la première fois dans la constitution allemande du 28/mars/1848 dans une section VI, reprise dans la seconde partie de la constitution de Weimar de 1919, elle occupe une place de choix dans la loi fondamentale de la république fédérale allemande de 1949 puisque 19 articles relatifs aux droits fondamentaux sont placés à la tête de la constitution. Par la suite plusieurs autres Etats européens à l’instar de l’Espagne, la France, la Suède vont utiliser l’expression de libertés et droits fondamentaux qui sera reprise aussi par des textes internationaux. Comment distinguer les libertés et droits fondamentaux des autres notions qu’est ce qui fait la spécificité de cette notion ? En d’autres termes quel est le critère de la fondamentaliste ? Pour répondre à cette question la doctrine est divisée entre deux courants. Le courant qui privilégie la conception formelle et considère que ces droits sont fondamentaux car ils sont rattachés à une norme de degré supérieur c'est-à-dire la constitution ou des dispositions internationales. Ce rattachement à une norme de degré supérieur explique que ces droits et libertés bénéficient d’une protection complété non seulement à l’égard de l’administration mais à l’égard de tous les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Le courant qui privilégie la conception matérielle, les droits fondamentaux sont considérés comme tels eu égard à l’importance qu’ils représentent pour la société.

A retenir : 5

Les droits de l’Homme sont des droits inhérents à la nature humaine que chaque individu peut découvrir en lui-même grâce à sa faculté raisonnante. Les droits de l’Homme existent en dehors de toute consécration juridique. Les libertés publiques désignent une consécration juridique des droits de l’Homme caractérisée par la place et le rôle de la loi. Les libertés publiques ont un statut législatif et sont opposables essentiellement au pouvoir exécutif. Les libertés et droits fondamentaux ont une consécration constitutionnelle et sont opposables à tous les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.

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Chapitre I : Les droits de l’Homme : des adhésions différentes pour un idéal universel De nos jours on peut affirmer sans risque d’être contredit que malgré les atteintes aux droits de l’Homme que nous observons quotidiennement à travers le monde, existe un discours universel pour un idéal universel des droits de l’Homme. Mais derrière cette universalité de discours et d’idéal se profilent des différences de taille quant aux acceptions et aux adhésions.

Section 1 : Des adhésions différentes : Le code d’Hammourabi (1730 avant notre ère), le cylindre ou la charte de Cyrus Le Grand fondateur de l’Empire perse, le confucianisme en Chine, les religions monothéistes ont tous fait circuler l’idée de droits individuels. Mais l’idée de droits attachés à un Homme abstrait et la notion des droits de l’Homme sont apparues dans l’occident libéral du 18ème siècle. Après la deuxième guerre mondiale, la notion et les idées qu’elle circule seront repris par des documents internationaux puis régionaux mais au prix de plusieurs adaptations.

§- 1 - La conception occidentale des droits de l’Homme. Les droits de l’Homme en occident sont le résultat d’une double évolution : évolution de la pensée philosophique et évolution d’un processus politique. A-

L’évolution de la pensée philosophique :

Les fondements intellectuels des droits de l’Homme sont à trouver dans la philosophie individualiste, libérale qui met l’accent sur une sphère d’autonomie c'est-à-dire une sphère dans laquelle l’individu peut agir en dehors de toute contrainte sociale. Considérée de la sorte, l’idée des droits de l’Homme en occident est le résultat d’un triple rejet : rejet de l’holisme des cités grecques et romaines : en effet les cités grecques comme les cités romaines connaissaient seulement les libertés politiques donc les libertés de participer à la gestion de la cité. L’idée d’individu autonome était inexistante ; rejet de la hiérarchie ecclésiastique et rejet des inégalités et privilèges de l’ancien régime. Certes les 7

cités gréco-romaines et le moyen âge ont connu les libertés mais elles avaient deux caractéristiques : elles étaient inégalitaires et collectives, c'est-à-dire que les libertés étaient reconnues non à des individus autonomes mais à des groupes entiers : l’individu n’avait pas de liberté ; l’idée même d’individu était méconnue. Elle surgit suite à une longue maturation intellectuelle. 1- La maturation intellectuelle qui a mené aux droits de l’Homme en occident aL’influence de la religion chrétienne : la religion chrétienne est considérée comme une source indirecte à la théorie des droits de l’Homme car son rôle a été de former les mentalités pour une nouvelle conception de l’Homme. Son apport se résume en :  Introduire l’idée du vouloir et de la volonté car le monde est créé par un acte de volonté de Dieu, l’Homme étant créé à l’image de Dieu, lui aussi est doté de volonté ;  L’idée de la dignité humaine car l’Homme est une créature de Dieu, il est donc digne de respect en dépit de ses appartenances ;  L’idée de l’existence d’une sphère propre à l’individu, une sphère d’autonomie car la formule évangélique « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » suppose que tout ce qui concerne la conscience échappe au pouvoir ;  L’idée de la limitation du pouvoir car la dualité temporel/spirituel veut dire que le domaine de la conscience religieuse est soustrait à l’autorité de l’Etat. Le pouvoir est donc limité et l’individu est en droit de désobéir lorsque le pouvoir dépasse ses limites ;  L’idée de la légitimité de la résistance à l’oppression.

b-

L’apport des philosophies nominalistes et subjectivistes.

La philosophie nominaliste est d’abord une philosophie de la connaissance fondée au 13ème siècle sur le principe « le particulier existe et le général n’est qu’une invention humaine établie pour une commodité de réflexion et de 8

communication » Appliqué à l’organisation sociale, le courant nominaliste avec Pierre Abélard et Guillaume d’Occam envisage l’individu de manière singulière c'est-à-dire de lui-même et par lui-même indépendamment de toute référence ou appartenance à un groupe quelconque. Pour les nominalistes il n’y a que les individus, la société ou tout autre collectif n’est pas naturelle elle est une création des individus. En conséquence tout commence par l’individu. Dès lors il est nécessaire de l’affranchir de son statut d’élément de l’Univers dans lequel la pensée antique le confine pour le mettre au centre et au début du tout social. La société gravite autour de l’individu et non le contraire et elle est créée par l’individu pour qu’elle soit au service de son autonomie et de son indépendance. En résumé la pensée nominaliste a permis de dégager la notion d’individu qui en vertu d’un droit naturel a un pouvoir sur lui-même exprimé dans la liberté et la volonté. Ceci va entrainer un changement dans la conception du droit. Le droit n’est plus ce qui est juste mais un pouvoir, une prérogative. L’individu parce qu’il est titulaire de ce pouvoir devient sujet de droit. Le nominalisme ouvre la voie au subjectivisme. Le courant subjectiviste est fondé sur la notion de sujet c'est-à-dire un être pensant, conscient et autonome. La naissance de cette notion met fin à l’objectivisme qui a imprégné la pensée antique et médiévale et qui considérait que le monde était soumis à un ordre objectif qui existe en dehors de l’individu et auquel celui-ci était obligé de se soumettre pour ouvrir la voie à l’école du droit naturel moderne qui est un droit subjectif c'est-à-dire lié à la nature humaine. 2-

Les fondements intellectuels immédiats :

a- L’école du droit naturel moderne : Le droit naturel classique c'est-à-dire antiquité et moyen âge médiéval était objectif fondée sur l’existence d’une Nature qui obéit à un ordre rationnel que l’Homme doit respecter pour préserver l’Harmonie du Cosmos. Le droit naturel moderne est un droit subjectif, il rejette l’idée d’un droit à découvrir dans la nature des choses pour promouvoir l’idée d’une nature humaine abstraite à partir de laquelle tout droit peut être construit. Le droit naturel est donc un droit inhérent à la nature humaine qu’on peut découvrir par l’usage de la raison. Il est antérieur à la société et en conséquence lui est opposable. (Initié par les théologiens de l’école de Salamanque essentiellement Vittoria et Suarez au 15ème et 16ème siècle, l’idée est reprise par 9

Grotius et Pufendorf qui vont donner un fondement rationnel au droit naturel ce qui va le libérer de l’idée religieuse) b- L’école du contrat social : Du moment où l’individu devient premier et que la société ne lui est plus antérieure se pose une question évidente celle de savoir comment organiser la vie des hommes en société sans que leurs droits individuels soient sacrifiés aux contraintes sociales. L’école du contrat social essentiellement les auteurs anglais vont répondre à cette question et poser à l’occasion la problématique de la relation entre les droits naturels de l’Homme et le pouvoir. Plusieurs versions du pacte social existent mais celle qui mène aux droits de l’Homme est celle de Locke exposée dans « L’essai sur le gouvernement civil » Locke comme Hobbes pense que l’ordre social est fondé sur un pacte. Mais contrairement à Hobbes, Locke considère que pour fonder l’ordre social, l’Homme n’a pas renoncé à tous ses droits il a renoncé seulement à ceux qui sont nécessaires pour la vie en société. L’objet du pacte est justement de montrer les droits auxquels l’Homme renonce et ceux qu’il se réserve car il ne peut les aliéner, ce sont les droits qu’il tient de sa nature et qui sont opposables au pouvoir. L’école du contrat social considère que le pouvoir est contraire à la liberté, comment les concilier ? C’est la question à laquelle va répondre la philosophie des lumières. cLa philosophie des lumières : elle constitue la source théorique immédiate. Son influence sur les révolutionnaires français était fondamentale. Montesquieu a influencé la pensée révolutionnaire par deux moyens : sa conception de la loi et la séparation des pouvoirs. Pour ce qui est de la loi, Montesquieu la considère comme étant l’ensemble des rapports nécessaires qui découlent de la nature des choses. De cette définition découlent deux conséquences. La première c’est que la loi politique pour Montesquieu a le même rôle que la loi physique : en ce sens que la loi ne cherche pas à changer la société mais seulement à la décrire. La deuxième conséquence qui intéresse nos propos c’est que la loi n’est pas absolue, c’est une loi d’adaptation sociale. Il est donc possible de la contester au nom de son inadaptation sociale. Pour ce qui est de la séparation des pouvoirs elle constitue pour Montesquieu le moyen de garantir l’exercice de la liberté. En effet si tous les pouvoirs sont cumulés par une seule personne ou une seule institution il n’y a plus de liberté. Avec la séparation des

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pouvoirs entre législatif, exécutif, judiciaire, chacun d’eux exerce ses prérogatives et le pouvoir arrête le pouvoir. Pour concilier entre pouvoir et liberté Rousseau part des postulats de base de l’école du contrat social et considère que l’ordre social est fondé sur un contrat social. Pour la conclusion de ce contrat l’Homme renonce à tous ses droits. En conséquence les hommes au sein de la société se trouvent égaux comme dans l’état de nature, et par conséquent aucun ne peut imposer sa volonté aux autres ; aucun n’est subordonné à un autre ; les hommes sont libres et cette liberté est fondée sur l’égalité. Le pouvoir dans cette société d’égaux se trouve dans la volonté générale à laquelle les hommes ont décidé de se soumettre par le contrat social. En obéissant à la volonté générale chacun fait ce qu’il a choisi et n’obéit en fin de compte qu’à lui-même car il a participé à la formulation de la volonté générale. La liberté pour Rousseau est préservée par la participation. L’expression de la volonté générale c’est la loi qui ne peut être oppressive et devient le seul moyen de protéger les libertés. B-

L’évolution politique :

Parallèlement à l’évolution des idées les droits de l’Homme en occident ont été aussi le résultat d’un mouvement historique marqué par plusieurs événements à l’occasion desquelles ont été adoptés plusieurs textes toujours en vigueur et considérés par l’occident comme étant des textes de référence en matière des droits de l’Homme. 1-

Les textes anglais :

 La Magna Carta de 1215 : arrachée au roi Jean sans terre par ses barons. Elle reconnait en faveur des barons et des hommes et des hommes libres le principe du consentement à l’impôt, le droit de n’être jugés que par leurs pairs, selon un principe de légalité, ainsi que le droit d’aller et de venir.  La pétition des droits de 1628 présenté au roi Charles 1er Stuart par les deux chambres du parlement ; ses onze articles prohibaient les arrestations et les détentions illégales. Il n’a duré que deux ans.  L’Habeas Corpus 1679 : constitutionnalise la pétition ; il dispose que tout homme arrêté a le droit d’être présenté dans les trois jours à un juge qui statue sur

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la légalité de son arrestation et en cas d’actes arbitraires, cette procédure protectrice garantit des dommages et intérêts et la sanction des responsables.  Le Bill of Rights de 1689 imposé par le parlement de Westminster à Guillaume III d’Orange qui a été contraint de le signer avant son couronnement. Le bill rappelle les droits traditionnels du peuple anglais et de ses représentants. Il met fin au concept de royauté de droit divin et subordonne l’autorité royale à la loi car il stipule que le roi ne peut plus suspendre l’application d’une loi ou ne pas appliquer une loi. La loi donc est au-dessus de tout, ce qui marque la naissance de la monarchie parlementaire. Les documents anglais s’adressaient aux citoyens anglais et étaient le produit de circonstances propres à l’Angleterre mais leur apport est certain par la place accordée au droit, le fait de présenter des documents écrits et l’association qu’ils ont fait entre le respect des droits de l’Homme et la limitation du pouvoir royal. 2-

Les documents américains :

À partir du 17ème siècle plusieurs textes ont été adoptés, ils reconnaissent des droits aux colons d’Amérique. Le plus connu reste la déclaration des droits de Virginie du 12 juin 1776. La déclaration de Virginie est un texte de 18 articles dans lequel les rédacteurs reconnaissent le caractère naturel et abstrait des droits de l’Homme : « tous les hommes sont par la nature également libres et indépendants et ont certains droits inhérents. » La déclaration précise que « le gouvernement est institué pour l’avantage commun, protection ou sécurité du peuple. » La déclaration de Virginie, malgré le fait qu’elle s’adresse à une société donnée, est rédigée dans des termes très universalistes qui seront repris par la déclaration d’indépendance américaine du 4 juillet 1776. En effet dans des termes très idéalistes la déclaration d’indépendance proclame une vérité évidente d’ellemême « que tous les hommes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leur créateur de certains droits inaliénables, et que parmi ces droits figurent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. » Elan universaliste, le terme déclaration, l’importance de l’écrit, le relief important donné à la limitation du pouvoir constituent les principaux apports des documents américains et qui vont ouvrir la voie à la déclaration française.

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La déclaration française des droits de l’Homme et du citoyen :

Premier texte adopté par une assemblée constituante. Elle reste marquée par son caractère philosophique et universaliste qui lui a permis une large diffusion. La déclaration contient 17 articles. La liberté, l’égalité, la sureté, la propriété et la résistance à l’oppression constituent les principaux droits proclamés par la déclaration. Ainsi l’article 1 rappelle que « les hommes naissent libres et égaux en droit. » L’article 4 définit la liberté : « la liberté consiste à pouvoir faire ce qui ne nuit pas à autrui. » Elle ne s’arrête que là où commence celle d’autrui. En dehors de cette limite, seul le législateur peut déterminer d’autres bornes à la liberté et ce selon les termes de l’article 5 qui stipule que « tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché, nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. » La déclaration présente plusieurs caractéristiques. Ainsi elle reste marquée par son individualisme car elle ne reconnait des droits qu’aux individus et les libertés collectives sont ignorées. De même le légicentrisme de la déclaration est frappant : la loi traverse tout le texte : elle fixe les droits et leurs limites ; elle défend et réprime ; elle fixe l’ordre public. En résumé la déclaration est une réaction contre les maux de l’ancien régime c'est-à-dire les privilèges, l’arbitraire, le poids des impôts, les ordres et les corporations. C’est pourquoi l’article 16 pose les principes de l’organisation de l’Etat et affirme que « toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution. » C-

Les présupposés à la base de la conception occidentale :

La conception occidentale telle que nous en avons tracé l’évolution suppose :  La place centrale accordée au droit comme instrument au service de la liberté. Le droit est le moyen mis à la disposition de l’Homme pour protéger ses droits. Les droits de l’Homme procèdent à une juridicisation des rapports sociaux verticaux comme horizontaux.  La place centrale accordée à l’individu. La théorie des droits de l’homme est une théorie individualiste, en ce sens que l’individu est placé au centre de la société : celle-ci est créée par l’individu et pour l’individu.  La liberté comme valeur suprême exprime l’autonomie de l’individu face à l’Etat. 13

 La conception occidentale a été construite en réaction à des régimes despotiques, c’est pourquoi certaines libertés ont une valeur exceptionnelle : la conscience, l’expression, l’intégrité physique, la sureté, la vie privée. D1-

L’évolution de la conception occidentale :

L’évolution sociale :

Les libertés proclamées dans les déclarations étaient des libertés formelles ; sous l’influence de plusieurs courants de pensée essentiellement la pensée marxiste d’autres droits qui touchent de près aux conditions matérielles de l’homme seront réclamés ouvrant ainsi la voie à une autre génération des droits de l’homme. Le britannique Edmund Burke (1729-1797) critiquait le caractère trop abstrait des droits réclamés par les révolutionnaires de 1789 et prônait la reconnaissance de vrais droits tels que le droit à l’éducation, le droit à la justice ou la liberté d’entreprendre. Les sociaux-démocrates sont contre l’individualisme de la déclaration de 1789 et réclament une société fondée sur la démocratie politique mais dans laquelle l’Etat joue un rôle de premier plan dans la satisfaction des exigences des individus. Ils prônent un modèle fondé sur les prestations de l’Etat ouvrant ainsi la voie aux droits créances. La critique la plus virulente est certainement la critique marxiste. Elle est basée sur trois idées. La première idée c’est que les marxistes refusent l’existence d’une idée abstraite de l’Homme. L’homme pour les marxistes est le reflet de son histoire, en conséquence il ne peut y avoir de droits universels. Les droits de l’homme proclamés en 1789 reflètent un moment donné de l’histoire qui correspond à la montée en puissance d’une nouvelle classe : la bourgeoisie ; les droits de l’homme sont un moyen qui permet à cette nouvelle classe de vaincre l’ordre antérieur et d’asseoir sa domination. La deuxième idée c’est que les marxistes considèrent que les droits proclamés par les déclarations sont des droits formels, ils n’ont de sens que pour les concernés. Pour que ces droits soient réels il faut assurer à chacun les conditions matérielles nécessaires. En conséquence, les marxistes prônent de nouveaux droits à côté des libertés classiques tels que le droit au travail, à la santé, à l’éducation…les droits qui forment la 2ème génération des droits de l’Homme.la troisième idée des marxistes c’est que la liberté n’est 14

pas antérieure à la société ; au contraire la liberté réelle c’est la liberté de tout le monde non seulement de certains et elle ne s’exerce que dans une société où il n’ya pas d’appropriation des moyens de production c'est-à-dire une société sans classe. Etant donné que cette société n’existe pas il faut donc commencer par la construire. La liberté donc pour les marxistes n’est pas une donnée naturelle comme pour les libéraux mais elle est le résultat d’une conquête et d’une révolution. Sous l’influence de ces idées le libéralisme classique va évoluer vers un libéralisme moderne imprégné de trois caractéristiques. La première caractéristique c’est que le libéralisme moderne accepte l’intervention de l’Etat et même la sollicite. D’une part parce que les hommes en société ne sont pas égaux et ne vivent pas dans une situation de parfaite égalité matérielle ; le jeu des libertés auquel renvoie le libéralisme classique peut entraîner des situations d’oppression contre lesquelles il faut dresser l’Etat. D’autre part parce que seul l’Etat est capable de réaliser une justice sociale avec l’apparition des droits-créances et des droits reconnus aux catégories défavorisées. La deuxième caractéristique c’est que le libéralisme moderne admet l’idée de limites à la liberté et refuse l’idée de liberté absolue ou d’une sphère individuelle dans laquelle toute intervention étatique est interdite. Les libertés doivent être limitées soit pour protéger la liberté des autres, soit pour protéger l’individu lui-même soit pour protéger l’ordre public. La troisième caractéristique c’est que le libéralisme moderne lie entre le respect des droits de l’homme et la démocratie libérale politique fondée su la souveraineté du peuple ou la nation, le pluralisme politique, l’institutionnalisation du pouvoir, la primauté du droit, la reddition des comptes. 2-

La relation avec l’église catholique :

L’Eglise notamment catholique est longtemps restée hostile à la philosophie des droits de l’homme et ce pour plusieurs raisons. D’abord, pour l’église comme pour toutes les religions les droits de l’homme sont d’origine divine ; ensuite, parce que l’église n’a pas accepté l’idée que l’individu puisse renoncer à certains droits que Dieu lui accordés ; en 3ème lieu l’église n’admet pas l’idée d’un droit de propriété absolu car pour elle il y a une destination universelle des biens donc tout doit être partagé, l’appropriation individuelle reste possible à condition qu’elle ne nuise pas à autrui. Cette attitude hostile a eu pour résultat que l’église est restée à la marge de l’évolution politique du 19ème et 20ème siècle. En conséquence un 15

rapprochement a été remarqué avec Léon XIII qui par une action en faveur des classes modestes a rapproché l’action sociale de l’église de l’idée de droits innés à chaque homme. La défense du principe de la dignité au travail a permis à l’église de construire une doctrine sociale considérée comme un premier pas vers le ralliement à la théorie des droits de l’homme. Dans un 2 ème temps l’église avec Vatican II va reconnaitre l’idée des libertés individuelles mais en introduisant l’idée de l’inventaire. Le grand pas vers le ralliement sera l’œuvre du pape Jean Paul II qui a considéré la Déclaration universelle des droits de l’homme comme un bien commun de l’humanité. Ce rapprochement a été possible car la religion chrétienne sépare entre le temporel et le spirituel ce qui a permis à l’église de ne pas s’immiscer dans les affaires temporelles et a permis au pouvoir politique de construire une conception de la laïcité qui confine la religion dans la sphère privée. Reste à remarquer que le rapprochement ne veut pas dire symbiose philosophique mais seulement que l’église a su intégrer l’idée des droits de l’homme. 3-

Et lorsque les droits de l’homme deviennent un critère d’adhésion :

Après la seconde guerre mondiale un mouvement de diffusion de la notion et de l’idéologie des droits de l’homme commence avec l’adoption de la déclaration universelle. Simultanément est apparu un mouvement régional avec l’adoption de textes régionaux et la mise en place de systèmes régionaux de protection des droits de l’homme. Le conseil de l’Europe crée en 1949 est à l’origine de ce mouvement. Le conseil de l’Europe a été créé pour affirmer et protéger la communauté des valeurs de ses membres fondés sur la liberté individuelle, les libertés politiques et la prééminence du droit. Selon ses statuts notamment les articles 1 et 3 « le conseil a pour but de réaliser une union plus étroite entre ses membres, la sauvegarde et le développement des droits de l’homme et des libertés fondamentales est l’un des moyens de réaliser cette union » « tout membre du conseil de l’Europe reconnait le principe de la prédominance du droit et le principe en vertu duquel toute personne doit jouir des droits de l’homme et des libertés fondamentales. » Le respect des droits de l’homme selon le conseil de l’Europe est une condition d’adhésion. Dans ce cadre le conseil de l’Europe adopte le 3 septembre 1953 la convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

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La convention européenne est un document réparti en deux parties. La première partie de l’article 1 à 18 concerne les droits reconnus, la deuxième partie concerne le système de protection. La déclaration est complétée par des protocoles additionnels. Dans son premier article, la convention énonce que « les Hautes Parties contractantes reconnaissent à toute personne relevant de leur juridiction les droits et libertés reconnus au titre 1 de la convention ». En conséquence la convention ne prévoit aucune discrimination et s’applique non seulement aux nationaux mais aussi aux étrangers ou encore aux apatrides. La convention de plus s’applique même aux personnes morales. Le titre I de la convention européenne expose les principaux droits reconnus, il s’agit du droit à la vie, interdiction des traitements inhumains et dégradants, interdiction de l’esclavage, du travail forcé, protection de la sureté, le droit à un procès équitable, principe de la légalité des délits et des peines, respect de la vie privée, liberté de pensée de conscience et de religion, liberté d’expression, de réunion, liberté de mariage, droit au recours effectif, principe de nondiscrimination. La convention européenne ne parle pas aux Etats car selon les termes même de la convention elle reconnait à toute personne, donc la convention impose les droits de l’homme aux Etats. La convention n’est pas un énoncé de principes mais un texte juridique qui définit les droits et les libertés, précise les garanties, délimite le champ d’application et définit les restrictions. La convention reste toujours caractérisée par le système avancé de protection qui est un système juridictionnel fondé sur l’existence d’une cour appelée cour européenne des droits de l’Homme que les personnes peuvent saisir pour faire prévaloir leurs droits même contre leurs Etats. En conséquence, avec la convention européenne les droits de l’homme ne sont plus une aspiration généreuse mais constituent une obligation : l’obligation droits de l’homme. Les droits de l’homme donc sont devenus un standard international qui explique l’adhésion unanime, au moins dans le discours et ouvre la voie à des pratiques qui étaient inexistantes avant celles d’imposer la clause droite de l’homme dans plusieurs accords tels que les accords de libre-échange, les accords d’investissements ou les aides internationales. Le discours occidental actuel sur les droits de l’homme : se considérant comme le berceau des droits de l’homme l’occident se dote d’un statut avancé, un 17

statut de montreur de conduite dans le domaine et se voit comme une forteresse menacée par : L’intégrisme religieux essentiellement l’intégrisme islamique ; La contestation extrémiste essentiellement les mouvements d’extrême droite qui tentent à faire prévaloir une conception du politique fondé sur la discrimination et l’exclusion ; La dérive sécuritaire remarquée après les attentats terroristes et la crise de l’Etat providence.

§2- l’adhésion africaine : la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples : La charte africaine a été adoptée en 1981 par l’organisation de l’unité africaine (devenue union africaine) La lecture de la charte nous montre que les africains, en matière des droits de l’homme, adhèrent à l’universel même imprégné d’une touche occidentale mais posent une empreinte africaine. L’adhésion à l’universel : elle se manifeste dans le fait que la charte africaine reprend pour son compte l’acquis normatif international c'est-à-dire les droits reconnus par d’autres instruments internationaux : la déclaration universelle des droits de l’homme et d’autres déclarations. Ainsi le chapitre 1 de la première partie est réservé aux droits individuels soit 16 articles (2à 18) dans lesquels sont reconnus les principes de base des droits de l’homme, les droits politiques et les droits économiques, sociaux et culturels. ( Egalité et non-discrimination, protection de la personne humaine, le droit à la vie, l’intégrité de la personne, l’interdiction de la torture et de l’esclavage, le droit à la reconnaissance de la personnalité juridique, le droit à la justice, à un procès équitable, la légalité des peines, la liberté de mouvement, la liberté de conscience, l’information, les libertés collectives d’association et de réunion ainsi que les droits économiques et sociaux tels que le droit au travail, à une rémunération équitable, à la santé, à l’éducation…) Des lacunes sont à signaler : elles concernent l’abolition de la peine de mort, l’interdiction du travail forcé ou obligatoire, le traitement des détenus, et certains droits matrimoniaux, la nationalité, le droit de ne pas être expulsé de son territoire. L’adhésion à l’universel se remarque aussi dans le système de protection choisi. D’abord la charte africaine a prévu la constitution d’une commission des droits de l’homme, puis par la suite une cour africaine des droits de l’homme a été 18

instituée permettant à l’Afrique d’avoir une protection juridictionnelle à l’instar des continents américain et européen. L’empreinte africaine : cette empreinte africaine se remarque à plusieurs niveaux : La charte africaine porte l’appellation de charte africaine des droits de l’homme et des peuples, donc les africains lient entre ces deux droits et considèrent que les droits des peuples sont une condition nécessaire à la réalisation des droits de l’homme. Ainsi le §6 du préambule de la charte reconnait que « la réalité et le respect des droits du peuple doivent nécessairement garantir les droits de l’homme. » La charte africaine défend une conception globalisante des droits de l’homme qui insère dans un seul instrument les droits de l’homme, les droits des peuples, les droits civils et politiques, les droits économiques, sociaux et culturels et les devoirs. De ce fait la charte africaine a procédé à une triple corrélation, corrélation entre les droits des peuples et les droits de l’homme, corrélation entre les droits civils et les droits économiques et corrélation entre les droits et les devoirs. La charte africaine défend de nouveaux droits tels que le droit au développement (art 22), le droit à la paix (art 23), le droit à un environnement satisfaisant (art24) et lance de ce fait une nouvelle génération des droits de l’homme qu’on appelle la troisième génération. La prise en compte des devoirs individuels puisque la charte établit une liaison étroite entre les devoirs et les droits. Ainsi la première partie de la charte porte le titre « des droits et des devoirs » et neuf articles sont consacrés aux devoirs des peuples et individuels. (Devoirs envers l’Etat, la société, la famille, les valeurs culturelles africaines.)

§3 La relation mitigée du monde musulman avec la doctrine des droits de l’homme : Concernant la pensée des droits de l’homme, le monde arabo- musulman a une double attitude : celle d’établir un parallélisme entre les documents internationaux notamment la déclaration des droits de l’homme de l’ONU et les droits en Islam, manière de montrer que les principaux droits reconnus de nos jours ont déjà été consacrés par l’Islam, et celle de se démarquer des documents 19

universels existants et de revendiquer un particularisme dont les fondements se trouvent dans les préceptes de la religion musulmane. Les instruments arabo-musulmans : pour les musulmans, l’islam est une religion de droits qui a devancé de plusieurs siècles l’occident dans la reconnaissance de droits fondamentaux. Les musulmans défendent l’idée de l’existence d’une conception islamique des droits de l’homme fondée sur la dignité, l’égalité, la liberté, le pouvoir limité, la justice et le droit de propriété. Les instruments adoptés que ce soit dans le cadre de l’Organisation de la conférence Islamique, ou au niveau de la ligue arabe soit au niveau d’organisation non gouvernementale comme le conseil islamique d’Europe ont justement pour but de montrer les droits que l’Islam reconnait. Ainsi, la déclaration du Caire sur les droits de l’homme en Islam adoptée par L’OCI en 1990 regroupe les droits civils et politiques ( le droit à la vie :art 2, l’interdiction de la servitude, l’humiliation et l’exploitation :art 11, le droit au respect de la vie privée, familiale et le domicile : art 18, la liberté d’expression et d’information : art 22) Au total ce sont 16 articles qui sont consacrés à ces droits La déclaration consacre aussi les droits économiques, sociaux et culturels (art 9, 13, 14, 15 et 16 : l’enseignement considéré comme devoir de l’Etat et la société, droit au travail et les garanties sociales pour les travailleurs, le droit de propriété.) La déclaration reconnait les principes du droit humanitaire (art 3) La déclaration s’intéresse à certains phénomènes tels que la prise d’otage qu’elle interdit dans L’article 21 A plusieurs reprises, la déclaration mentionne les devoirs de l’Etat, la société, du peuple et de l’individu. L’article 17 est consacré à un droit de la troisième génération le droit à un environnement sain. A côté de la déclaration du Caire, existe pour le monde arabe la charte arabe des droits de l’homme adoptée dans le cadre de la Ligue arabe. Ce rapprochement avec les dispositions universelles est mieux perçu au niveau de la déclaration islamique universelle des droits de l’homme élaborée par le conseil islamique en Europe en 1981 qui défend les mêmes droits : droit à la vie (art 1), droit à la liberté (art 2), droit à la prohibition de toute discrimination(art 3), droit à la justice(art4), droit à un procès équitable (art5), le droit à la protection contre la torture (art 7), le droit d’asile(art 9), le droit des minorités(art 10), le 20

droit à la participation à la conduite des affaires publiques(art 11), le droit à la liberté de croyance, de pensée et de parole (art 12), le droit à la liberté religieuse(art 13), le droit à la libre association(art 14), le droit à la protection de la propriété(art 16), le droit des travailleurs (art 17), le droit à la sécurité sociale(art 18), le droit de fonder une famille(art19), le droit à l’éducation(art21), le droit à la vie privée(Art 22), le droit à la liberté de déplacement et de résidence(art 23)

Les fondements du particularisme de l’Islam : L’Islam est une religion messianique : en effet les musulmans pensent que le message de Mahomet est la continuation des autres messages révélés par les prophètes avant lui, mais le message de Mahomet est le dernier message, il est définitif et complet. Ainsi il est dit dans le Coran : « Aujourd’hui j’ai rendu votre religion parfaite, j’ai parachevé ma grâce sur vous, j’ai agrée l’Islam comme étant votre religion » Le message de l’Islam s’adresse à l’humanité entière, il est universel. La nature de la norme en Islam : la norme en Islam est d’origine divine. La Shari’a est la seule source de référence. En conséquence, la reconnaissance des droits en Islam se base sur les règles de la Shari’a et dans les limites imposées par elle que le musulman ne peut transgresser sans remettre en cause sa foi. En conséquence les musulmans ne peuvent se réclamer de textes autres que les textes religieux et ceci explique pourquoi les textes islamiques ne font pas référence aux documents onusiens et ce contrairement aux textes arabes qui essaient de réaliser un compromis entre les droits en Islam et les droits proclamés à l’échelle internationale.

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Section 2 : un idéal universel : Les droits de l’homme comme idéal universel a été posé d’abord par la charte de l’ONU dont le préambule proclame « la foi des Nations Unies dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine. » Plusieurs articles par la suite précisent que le rôle des Nations Unies est de développer et d’encourager « le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion. » Sur cette base a été adoptée en 1948 la déclaration universelle des droits de l’homme qui va jeter les bases du droit international des droits de l’homme et qui sera aussi l’expression de cet universalisme à atteindre.

§1- La déclaration universelle des droits de l’homme : Le contenu de la déclaration : Considérée comme le point de départ du droit international des droits de l’homme, la déclaration exprime aussi l’accord des Etats participants sur un idéal commun à atteindre par tous les peuples. Sur le plan juridique, la déclaration est une recommandation donc sans valeur contraignante, mais on lui reconnait une valeur morale en raison de son contenu. La déclaration est un document en 30 articles. Les deux premiers articles s’inscrivent dans une philosophie libérale et individualiste des droits de l’homme. Ainsi l’article 1 dispose que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » L’article 2 complète le précédent en prohibant toute discrimination dans l’accès aux droits. Sur la base de ces deux articles sont reconnus : Les droits attachés à la personne, indispensables à l’exercice de tous les autres : droit à la vie, à la liberté, à la sureté, interdiction de l’esclavage ( art 3à 11) Les droits de l’individu dans ses rapports avec autrui : vie privée, liberté de circuler, droit à l’asile, à la nationalité, au mariage, à la propriété ( art 12 à 17) Les libertés publiques et politiques fondamentales pensée, conscience, religion, réunion, association, participation politique (art 18 à 21) Les droits économiques et sociaux : droit au travail, droit à un salaire égal, droit syndical (art 22à 27) Parmi les innovations de la déclaration il y a l’affirmation de droits qui ne peuvent être satisfait dans le cadre d’un seul Etat : droit à l’asile, droit de quitter 22

son pays et d’y revenir, droit de se voir reconnaitre en tous lieux une personnalité juridique. La déclaration se termine par trois articles 28-29-30 qui font le lien entre l’individu et la société. Ainsi l’article 28 dispose que « toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés puissent y trouver plein effet. »

La signification de la déclaration : La déclaration universelle des droits de l’homme est une consécration internationale de ces droits, elle traduit de ce fait : Le dépassement d’un ordre juridique fondé sur la distinction entre ce qui est interne et ce qui est externe ; le droit international des droits de l’homme est un droit qui dépasse cette dualité. Le dépassement du cadre étatique car le contenu des droits ne dépend plus seulement des textes nationaux mais aussi de textes internationaux. L’apparition d’une protection internationale des droits de l’homme qui fait que les Etats ne peuvent plus se cacher derrière la souveraineté nationale pour porter atteinte aux droits.

§2 L’universalisme en droit de l’homme : En matière des droits de l’homme l’universalisme peut être compris de deux manières soit comme universalisme des droits soit comme universalisme du sujet des droits : L’universalisme des droits : c’est l’acception classique de l’universalisme défendu par les révolutionnaires français dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Selon cette acception les droits de l’homme sont les mêmes en tout temps et en tout lieu car ce sont des droits inaliénables et sacrés. Les droits donc sont les mêmes pour tous les hommes et ils ont vocation à s’appliquer à tous les Etats. L’universalisme du sujet des droits : dans cette acception c’est la personne humaine qui est universelle. Ceci va avoir deux conséquences. La première c’est qu’un Etat lorsqu’il adhère à un instrument international des droits de l’homme cela veut dire qu’il entend garantir ces droits à toutes les personnes aussi bien les nationaux que les étrangers. La deuxième c’est que tout sujet qui tombe sous sa 23

juridiction sera traité comme sujet des droits de l’homme. L’universalité se comprend donc à l’intérieur d’un ordre juridique national et comprend tous les êtres humains. L’universalisme dans ce cas ne se confond pas avec l’internationalisation, il se confond plutôt avec la non-discrimination. L’universalisme c’est aussi cette adhésion universelle au discours des droits de l’homme. En effet de nos jours personne ne peut se déclarer prêt à renoncer volontairement aux garanties et protection contenues dans les instruments internationaux.

Les débats autour de l’universalisme : Universalisme et catégorisation des droits de l’homme : en effet de nos jours il y a une volonté de renforcer les droits en les adaptant aux situations concrètes. En conséquence est apparue une multitude de catégories : femme, enfant, handicapés, minorités, étrangers, Travailleurs… et une multitude de textes les organisant. En conséquence, le slogan générique droits de l’homme n’est plus opérationnel, les droits cessent de chercher une application universelle pour devenir des droits spécifiques, sur mesure qui s’appliquent à des catégories spécifiques. Universalisme et relativisme culturel : le relativisme culturel est un concept né de l’anthropologie à partir de l’idée que toutes les cultures ont la même valeur. Les détenteurs de la théorie du relativisme culturel en matière des droits de l’homme défendent l’idée que la culture est une composante identitaire importante qu’on ne peut ignorer. En conséquence ils réclament un droit à la culture, un droit à la différence et défendent l’idée qu’il existe des particularismes culturels qui font que les droits : l’égalité, la liberté, la dignité ne sont pas vécus de la même manière par les différentes cultures. En conséquence, les détenteurs du relativisme culturel réclament à ce que chaque culture de façon endogène fait prévaloir sa propre conception des droits de l’homme. Les détenteurs du relativisme culturel contestent l’universalité de la déclaration des droits de l’homme de 1948 et pensent qu’elle est l’expression de la seule culture occidentale fondée sur la primauté de l’individu et que derrière la défense de droits universels se profile un néo-colonialisme occidental.

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En réponse à ces allégations les défendeurs de l’universalisme soutiennent plusieurs idées. La première c’est qu’il existe une essence humaine qui transcende les particularismes culturels. La deuxième idée défendue par la suisse Jeanne Hersch qui invoque « l’exigence fondamentale que l’on perçoit partout » comme quoi quelque chose est dû à l’être humain du seul fait qu’il est un être humain. Mireille Delmas Marty défend une troisième idée comme quoi il existe des principes directeurs communs mais qui seraient appliqués avec une marge d’appréciation nationale qui reconnaitrait aux Etats un droit à la différence mais à condition de ne pas dépasser un certain seuil. En somme ce que les universalistes craignent c’est que les Etats se retranchent derrière les particularismes culturels pour commettre de graves atteintes aux droits de l’homme. C’est pourquoi leur attitude consiste à reconnaitre la diversité culturelle vue comme une richesse, à reconnaitre les droits culturels mais à condition qu’ils n’empiètent pas sur les droits de l’homme c'est-à-dire qu’en cas de conflit de droits les droits culturels ne peuvent être invoqués pour justifier les atteintes aux droits ; la primauté sera donnée aux droits.

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DOCUMENTS - la déclaration universelle des droits de l’Homme. - la convention européenne des droits de l’Homme. - la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples. - la déclaration islamique universelle des droits de l’Homme.

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Déclaration universelle des droits de l'homme

Préambule Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde, Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme, Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression, Considérant qu'il est essentiel d'encourager le développement de relations amicales entre nations, Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande, Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales, Considérant qu'une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement, L'Assemblée générale Proclame la présente Déclaration universelle des droits de l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.

Article premier

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Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Article 2 Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.

Article 3 Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

Article 4 Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. Article 5 Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Article 6 Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.

Article 7 Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.

Article 8 28

Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.

Article 9 Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ni exilé.

Article 10 Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.

Article 11 1.

Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à

ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. 2.

Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles

ontété commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis.Article 12 Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

Article 13 1.

Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à

l'intérieur d'un Etat. 2.

Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir

dansson pays.

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Article 14 1.

Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de

bénéficier de l'asile en d'autres pays. 2.

Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées

sur uncrime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.

Article 15 1. Tout individu a droit à une nationalité. 2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.

Article 16 1.

A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à

la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution. 2.

Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement des

futurs époux. 3.

La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la

protection de la société et de l'Etat.

Article 17 1. Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété. 2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété

Article 18 Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de 30

manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.

Article 19 Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.

Article 20 1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques. 2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.

Article 21 1.

Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques

de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis. 2.

Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions

publiques de son pays. 3.

La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics; cette

volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote.

Article 22 Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.

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Article 23 1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. 2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal 3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale. 4. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

Article 24 Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques.

Article 25 1.

Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son

bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. 2.

La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales.

Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale.

Article 26 1.

Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins

en cequi concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.

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2.

L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et

au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. 3.

Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à

leurs enfants.

Article 27 1.

Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la

communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent 2.

Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de

toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur.

Article 28 Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet. Article 29 1.

L'individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et

pleindéveloppement de sa personnalité est possible. 2.

Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun

n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique. 3.

Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux

buts et aux principes des Nations Unies.

Article 30 33

Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant, pour un Etat, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.

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Série des traités européens -n° 5

Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales telle qu'amendée par les Protocoles n° 11 et n° 14 *

Rome, 4.XI.1950

Les gouvernements signataires, membres du Conseil de l'Europe, Considérant la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, proclamée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948; Considérant que cette déclaration tend à assurer la reconnaissance et l'application universelles et effectives des droits qui y sont énoncés; Considérant que le but du Conseil de l'Europe est de réaliser une union plus étroite entre ses membres, et que l'un des moyens d'atteindre ce but est la sauvegarde et le développement des droits de l'homme et des libertés fondamentales; Réaffirmant leur profond attachement à ces libertés fondamentales qui constituent les assises mêmes de la justice et de la paix dans le monde et dont le maintien repose essentiellement sur un régime politique véritablement démocratique, d'une part, et, d'autre part, sur une conception commune et un commun respect des droits de l'homme dont ils se réclament; Résolus, en tant que gouvernements d'Etats européens animés d'un même esprit et possédant un patrimoine commun d'idéal et de traditions politiques, de respect de la liberté et de prééminence du droit, à prendre les premières mesures propres à assurer la garantie collective de certains des droits énoncés dans la Déclaration universelle, Sont convenus de ce qui suit: Article 1 – Obligation de respecter les droits de l'homme 35

Les Hautes Parties contractantes reconnaissent à toute personne relevant de leur juridiction les droits et libertés définis au titre I de la présente Convention: Titre I – Droits et libertés Article 2 – Droit à la vie 1

Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi. La mort ne peut être infligée à quiconque intentionnellement, sauf en exécution d'une sentence capitale prononcée par un tribunal au cas où le délit est puni de cette peine par la loi.

2

La mort n'est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d'un recours à la force rendu absolument nécessaire: a

pour assurer la défense de toute personne contre la violence illégale;

b

pour effectuer une arrestation régulière ou pour empêcher l'évasion d'une

personne régulièrement détenue; c pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection. Article 3 – Interdiction de la torture Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants. Article 4 – Interdiction de l'esclavage et du travail forcé 1

Nul ne peut être tenu en esclavage ni en servitude.

2

Nul ne peut être astreint à accomplir un travail forcé ou obligatoire.

3

N'est pas considéré comme «travail forcé ou obligatoire» au sens du présent article: a

tout travail requis normalement d'une personne soumise à la détention dans les conditions prévues par l'article 5 de la présente Convention, ou durant sa mise en liberté conditionnelle;

b

tout service de caractère militaire ou, dans le cas d'objecteurs de conscience dans les pays où l'objection de conscience est reconnue comme légitime, à un autre service à la place du service militaire obligatoire;

36

c

tout service requis dans le cas de crises ou de calamités qui menacent la vie ou le bien-être de la communauté; d tout travail ou service formant partie des obligations civiques normales.

Article 5 – Droit à la liberté et à la sûreté 1

Toute personne a droit à la liberté et à la sûreté. Nul ne peut être privé de sa liberté, sauf dans les cas suivants et selon les voies légales: a

s'il est détenu régulièrement après condamnation par un tribunal compétent;

b

s'il a fait l'objet d'une arrestation ou d'une détention régulières pour insoumission à une ordonnance rendue, conformément à la loi, par un tribunal ou en vue de garantir l'exécution d'une obligation prescrite par la loi;

c

s'il a été arrêté et détenu en vue d'être conduit devant l'autorité judiciaire compétente, lorsqu'il y a des raisons plausibles de soupçonner qu'il a commis une infraction ou qu'il y a des motifs raisonnables de croire à la nécessité de l'empêcher de commettre une infraction ou de s'enfuir après l'accomplissement de celle-ci;

d

s'il s'agit de la détention régulière d'un mineur, décidée pour son éducation surveillée ou de sa détention régulière, afin de le traduire devant l'autorité compétente;

e

s'il s'agit de la détention régulière d'une personne susceptible de propager une maladie contagieuse, d'un aliéné, d'un alcoolique, d'un toxicomane ou d'un vagabond;

f

s'il s'agit de l'arrestation ou de la détention régulières d'une personne pour l'empêcher de pénétrer irrégulièrement dans le territoire, ou contre laquelle une procédure d'expulsion ou d'extradition est en cours.

2

Toute personne arrêtée doit être informée, dans le plus court délai et dans une langue qu'elle comprend, des raisons de son arrestation et de toute accusation portée contre elle.

3

Toute personne arrêtée ou détenue, dans les conditions prévues au paragraphe 1.c du présent article, doit être aussitôt traduite devant un juge ou un autre magistrat habilité par la loi à exercer des fonctions judiciaires et a le droit d'être jugée dans un délai raisonnable, ou libérée pendant la procédure. La mise en liberté peut être subordonnée à une garantie assurant la comparution de l'intéressé à l'audience.

37

4

Toute personne privée de sa liberté par arrestation ou détention a le droit d'introduire un recours devant un tribunal, afin qu'il statue à bref délai sur la légalité de sa détention et ordonne sa libération si la détention est illégale.

5

Toute personne victime d'une arrestation ou d'une détention dans des conditions contraires aux dispositions de cet article a droit à réparation. Article 6 – Droit à un procès équitable

1

Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, qui décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil, soit du bienfondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle. Le jugement doit être rendu publiquement, mais l'accès de la salle d'audience peut être interdit à la presse et au public pendant la totalité ou une partie du procès dans l'intérêt de la moralité, de l'ordre public ou de la sécurité nationale dans une société démocratique, lorsque les intérêts des mineurs ou la protection de la vie privée des parties au procès l'exigent, ou dans la mesure jugée strictement nécessaire par le tribunal, lorsque dans des circonstances spéciales la publicité serait de nature à porter atteinte aux intérêts de la justice.

2

Toute personne accusée d'une infraction est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie.

3

Tout accusé a droit notamment à: a

être informé, dans le plus court délai, dans une langue qu'il comprend et

d'une manière détaillée, de la nature et de la cause de l'accusation portée contre lui; b disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense; c

se défendre lui-même ou avoir l'assistance d'un défenseur de son choix et, s'il n'a pas les moyens de rémunérer un défenseur, pouvoir être assisté gratuitement par un avocat d'office, lorsque les intérêts de la justice l'exigent;

d

interroger ou faire interroger les témoins à charge et obtenir la convocation et l'interrogation des témoins à décharge dans les mêmes conditions que les témoins à charge;

e

se faire assister gratuitement d'un interprète, s'il ne comprend pas ou ne parle pas la langue employée à l'audience.

38

Article 7 – Pas de peine sans loi 1

Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction d'après le droit national ou international. De même il n'est infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'infraction a été commise.

2

Le présent article ne portera pas atteinte au jugement et à la punition d'une personne coupable d'une action ou d'une omission qui, au moment où elle a été commise, était criminelle d'après les principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées. Article 8 – Droit au respect de la vie privée et familiale

1

Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance.

2

Il ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et qu'elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire à la sécurité nationale, à la sûreté publique, au bien-être économique du pays, à la défense de l'ordre et à la prévention des infractions pénales, à la protection de la santé ou de la morale, ou à la protection des droits et libertés d'autrui. Article 9 – Liberté de pensée, de conscience et de religion

1

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l'enseignement, les pratiques et l'accomplissement des rites.

2

La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l'objet d'autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l'ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d'autrui. Article 10 – Liberté d'expression

1

Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les Etats de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations.

39

2

L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire. Article 11 – Liberté de réunion et d'association

1

Toute personne a droit à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'association, y compris le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

2

L'exercice de ces droits ne peut faire l'objet d'autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, ou à la protection des droits et libertés d'autrui. Le présent article n'interdit pas que des restrictions légitimes soient imposées à l'exercice de ces droits par les membres des forces armées, de la police ou de l'administration de l'Etat. Article 12 – Droit au mariage A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme ont le droit de se marier et de fonder une famille selon les lois nationales régissant l'exercice de ce droit. Article 13 – Droit à un recours effectif Toute personne dont les droits et libertés reconnus dans la présente Convention ont été violés, a droit à l'octroi d'un recours effectif devant une instance nationale, alors même que la violation aurait été commise par des personnes agissant dans l'exercice de leurs fonctions officielles. Article 14 – Interdiction de discrimination La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l'origine nationale ou sociale, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation.

40

Article 15 – Dérogation en cas d'état d'urgence 1

En cas de guerre ou en cas d'autre danger public menaçant la vie de la nation, toute Haute Partie contractante peut prendre des mesures dérogeant aux obligations prévues par la présente Convention, dans la stricte mesure où la situation l'exige et à la condition que ces mesures ne soient pas en contradiction avec les autres obligations découlant du droit international.

2

La disposition précédente n'autorise aucune dérogation à l'article 2, sauf pour le cas de décès résultant d'actes licites de guerre, et aux articles 3, 4 (paragraphe 1) et 7.

3

Toute Haute Partie contractante qui exerce ce droit de dérogation tient le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe pleinement informé des mesures prises et des motifs qui les ont inspirées. Elle doit également informer le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe de la date à laquelle ces mesures ont cessé d'être en vigueur et les dispositions de la Convention reçoivent de nouveau pleine application. Article 16 – Restrictions à l'activité politique des étrangers Aucune des dispositions des articles 10, 11 et 14 ne peut être considérée comme interdisant aux Hautes Parties contractantes d'imposer des restrictions à l'activité politique des étrangers. Article 17 – Interdiction de l'abus de droit Aucune des dispositions de la présente Convention ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits ou libertés reconnus dans la présente Convention ou à des limitations plus amples de ces droits et libertés que celles prévues à ladite Convention. Article 18 – Limitation de l'usage des restrictions aux droits Les restrictions qui, aux termes de la présente Convention, sont apportées auxdits droits et libertés ne peuvent être appliquées que dans le but pour lequel elles ont été prévues.

Titre II – Cour européenne des Droits de l'Homme Article 19 – Institution de la Cour Afin d'assurer le respect des engagements résultant pour les Hautes Parties contractantes de la présente Convention et de ses protocoles, il est institué 41

une Cour européenne des Droits de l'Homme, ci-dessous nommée «la Cour». Elle fonctionne de façon permanente. Article 20 – Nombre de juges La Cour se compose d'un nombre de juges égal à celui des Hautes Parties contractantes. Article 21 – Conditions d'exercice des fonctions 1

Les juges doivent jouir de la plus haute considération morale et réunir les conditions requises pour l'exercice de hautes fonctions judiciaires ou être des jurisconsultes possédant une compétence notoire.

2

Les juges siègent à la Cour à titre individuel.

3

Pendant la durée de leur mandat, les juges ne peuvent exercer aucune activité incompatible avec les exigences d'indépendance, d'impartialité ou de disponibilité requise par une activité exercée à plein temps; toute question soulevée en application de ce paragraphe est tranchée par la Cour. Article 22 – Election des juges Les juges sont élus par l'Assemblée parlementaire au titre de chaque Haute Partie contractante, à la majorité des voix exprimées, sur une liste de trois candidats présentés par la Haute Partie contractante. Article 23 – Durée du mandat et révocation

1

Les juges sont élus pour une durée de neuf ans. Ils ne sont pas rééligibles.

2

Le mandat des juges s’achève dès qu’ils atteignent l’âge de 70 ans.

3

4

Les juges restent en fonction jusqu’à leur remplacement. Ils continuent toutefois de connaître des affaires dont ils sont déjà saisis. Un juge ne peut être relevé de ses fonctions que si les autres juges décident, à la majorité des deux tiers, que ce juge a cessé de répondre aux conditions requises. Article 24 – Greffe et rapporteurs

1

2

La Cour dispose d’un greffe dont les tâches et l’organisation sont fixées par le règlement de la Cour. Lorsqu’elle siège en formation de juge unique, la Cour est assistée de rapporteurs qui exercent leurs fonctions sous l’autorité du président de la Cour. Ils font partie du greffe de la Cour.

42

Article 25 – Assemblée pléniaire La Cour réunie en Assemblée plénière: a

élit, pour une durée de trois ans, son président et un ou deux vice-présidents; ils sont rééligibles;

b

constitue des Chambres pour une période déterminée; c élit les présidents des Chambres de la Cour, qui sont rééligibles; d adopte le règlement de la Cour; e greffier et un ou plusieurs greffiers adjoints; f

élit le

fait toute

demande au titre de l’article 26, paragraphe 2. Article 26 – Formations de juge unique, comités, Chambres et Grande chambre 1

2

3

4

5

Pour l’examen des affaires portées devant elle, la Cour siège en formations de juge unique, en comités de trois juges, en Chambres de sept juges et en une Grande Chambre de dixsept juges. Les Chambres de la Cour constituent les comités pour une période déterminée. A la demande de l’Assemblée plénière de la Cour, le Comité des Ministres peut, par une décision unanime et pour une période déterminée, réduire à cinq le nombre de juges des Chambres. Un juge siégeant en tant que juge unique n’examine aucune requête introduite contre la Haute Partie contractante au titre de laquelle ce juge a été élu. Le juge élu au titre d’une Haute Partie contractante partie au litige est membre de droit de la Chambre et de la Grande Chambre. En cas d’absence de ce juge, ou lorsqu’il n’est pas en mesure de siéger, une personne choisie par le président de la Cour sur une liste soumise au préalable par cette Partie siège en qualité de juge. Font aussi partie de la Grande Chambre, le président de la Cour, les viceprésidents, les présidents des Chambres et d'autres juges désignés conformément au règlement de la Cour. Quand l'affaire est déférée à la Grande Chambre en vertu de l'article 43, aucun juge de la Chambre qui a rendu l'arrêt ne peut y siéger, à l'exception du président de la Chambre et du juge ayant siégé au titre de la Haute Partie contractante intéressée.

43

Article 27 – Compétence des juges uniques 1

Un juge unique peut déclarer une requête introduite en vertu de l’article 34 irrecevable ou la rayer du rôle lorsqu’une telle décision peut être prise sans examen complémentaire.

2

La décision est définitive.

3

Si le juge unique ne déclare pas une requête irrecevable ou ne la raye pas du rôle, ce juge la transmet à un comité ou à une Chambre pour examen complémentaire. » Article 28 – Compétence des comités

1

Un comité saisi d’une requête individuelle introduite en vertu de l’article 34 peut, par vote unanime, a

la déclarer irrecevable ou la rayer du rôle lorsqu'une telle décision peut être prise sans examen complémentaire; ou

b

la déclarer recevable et rendre conjointement un arrêt sur le fond lorsque la question relative à l’interprétation ou à l’application de la Convention ou de ses Protocoles qui est à l’origine de l’affaire fait l’objet d’une jurisprudence bien établie de la Cour.

2

Les décisions et arrêts prévus au paragraphe 1 sont définitifs.

3

Si le juge élu au titre de la Haute Partie contractante partie au litige n'est pas membre du comité, ce dernier peut, à tout moment de la procédure, l'inviter à siéger en son sein en lieu et place de l'un de ses membres, en prenant en compte tous facteurs pertinents, y compris la question de savoir si cette Partie a contesté l’application de la procédure du paragraphe 1.b. Article 29 – Décisions des Chambres sur la recevabilité et le fond

1

2

Si aucune décision n’a été prise en vertu des articles 27 ou 28, ni aucun arrêt rendu en vertu de l’article 28, une Chambre se prononce sur la recevabilité et le fond des requêtes individuelles introduites en vertu de l’article 34. La décision sur la recevabilité peut être prise de façon séparée. Une Chambre se prononce sur la recevabilité et le fond des requêtes étatiques introduites en vertu de l'article 33. Sauf décision contraire de la Cour dans des cas exceptionnels, la décision sur la recevabilité est prise séparément. Article 30 – Dessaisissement en faveur de la Grande Chambre Si l'affaire pendante devant une Chambre soulève une question grave relative à l'interprétation de la Convention ou de ses protocoles, ou si la 44

solution d'une question peut conduire à une contradiction avec un arrêt rendu antérieurement par la Cour, la Chambre peut, tant qu'elle n'a pas rendu son arrêt, se dessaisir au profit de la Grande Chambre, à moins que l'une des parties ne s'y oppose. Article 31 – Attributions de la Grande Chambre La Grande Chambre: a

se prononce sur les requêtes introduites en vertu de l'article 33 ou de l'article 34 lorsque l'affaire lui a été déférée par la Chambre en vertu de l'article 30 ou lorsque l'affaire lui a été déférée en vertu de l'article 43;

b

se prononce sur les questions dont la Cour est saisie par le Comité des Ministres en vertu de l’article 46, paragraphe 4 ; et c examine les demandes d'avis consultatifs introduites en vertu de l'article 47.

Article 32 – Compétence de la Cour 1

La compétence de la Cour s'étend à toutes les questions concernant l'interprétation et l'application de la Convention et de ses protocoles qui lui seront soumises dans les conditions prévues par les articles 33, 34, 46 et 47.

2

En cas de contestation sur le point de savoir si la Cour est compétente, la Cour décide. Article 33 – Affaires interétatiques Toute Haute Partie contractante peut saisir la Cour de tout manquement aux dispositions de la Convention et de ses protocoles qu'elle croira pouvoir être imputé à une autre Haute Partie contractante. Article 34 – Requêtes individuelles La Cour peut être saisie d'une requête par toute personne physique, toute organisation non gouvernementale ou tout groupe de particuliers qui se prétend victime d'une violation par l'une des Hautes Parties contractantes des droits reconnus dans la Convention ou ses protocoles. Les Hautes Parties contractantes s'engagent à n'entraver par aucune mesure l'exercice efficace de ce droit. Article 35 – Conditions de recevabilité

1

La Cour ne peut être saisie qu'après l'épuisement des voies de recours internes, tel qu'il est entendu selon les principes de droit international généralement reconnus, et dans un délai de six mois à partir de la date de la décision interne définitive. 45

2

La Cour ne retient aucune requête individuelle introduite en application de l'article 34, lorsque a elle est anonyme; ou

b elle est essentiellement la même qu'une requête précédemment examinée par la Cour ou déjà soumise à une autre instance internationale d'enquête ou de règlement, et si elle ne contient pas de faits nouveaux. 3

La Cour déclare irrecevable toute requête individuelle introduite en application de l’article 34 lorsqu'elle estime: a

b

4

que la requête est incompatible avec les dispositions de la Convention ou de ses Protocoles, manifestement mal fondée ou abusive ; ou que le requérant n’a subi aucun préjudice important, sauf si le respect des droits de l’homme garantis par la Convention et ses Protocoles exige un examen de la requête au fond et à condition de ne rejeter pour ce motif aucune affaire qui n'a pas été dûment examinée par un tribunal interne.

La Cour rejette toute requête qu'elle considère comme irrecevable par application du présent article. Elle peut procéder ainsi à tout stade de la procédure. Article 36 – Tierce intervention

1

Dans toute affaire devant une Chambre ou la Grande Chambre, une Haute Partie contractante dont un ressortissant est requérant a le droit de présenter des observations écrites et de prendre part aux audiences.

2

Dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice, le président de la Cour peut inviter toute Haute Partie contractante qui n'est pas partie à l'instance ou toute personne intéressée autre que le requérant à présenter des observations écrites ou à prendre part aux audiences.

3

Dans toute affaire devant une Chambre ou la Grande Chambre, le Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe peut présenter des observations écrites et prendre part aux audiences. Article 37 – Radiation

1

A tout moment de la procédure, la Cour peut décider de rayer une requête du rôle lorsque les circonstances permettent de conclure: a

que le requérant n'entend plus la

maintenir; ou b

que le litige a été résolu; ou

46

c que, pour tout autre motif dont la Cour constate l'existence, il ne se justifie plus de poursuivre l'examen de la requête. Toutefois, la Cour poursuit l'examen de la requête si le respect des droits de l'homme garantis par la Convention et ses protocoles l'exige. 2

La Cour peut décider la réinscription au rôle d'une requête lorsqu'elle estime que les circonstances le justifient. Article 38 – Examen contradictoire de l'affaire La Cour examine l’affaire de façon contradictoire avec les représentants des parties et, s’il y a lieu, procède à une enquête pour la conduite efficace de laquelle les Hautes Parties contractantes intéressées fourniront toutes facilités nécessaires. Article 39 – Règlements amiables

1

A tout moment de la procédure, la Cour peut se mettre à la disposition des intéressés en vue de parvenir à un règlement amiable de l’affaire s’inspirant du respect des droits de l’homme tels que les reconnaissent la Convention et ses Protocoles.

2

La procédure décrite au paragraphe 1 est confidentielle.

3

4

En cas de règlement amiable, la Cour raye l’affaire du rôle par une décision qui se limite à un bref exposé des faits et de la solution adoptée. Cette décision est transmise au Comité des Ministres qui surveille l’exécution des termes du règlement amiable tels qu’ils figurent dans la décision. Article 40 – Audience publique et accès aux documents

1

L'audience est publique à moins que la Cour n'en décide autrement en raison de circonstances exceptionnelles.

2

Les documents déposés au greffe sont accessibles au public à moins que le président de la Cour n'en décide autrement. Article 41 – Satisfaction équitable Si la Cour déclare qu'il y a eu violation de la Convention ou de ses protocoles, et si le droit interne de la Haute Partie contractante ne permet d'effacer qu'imparfaitement les conséquences de cette violation, la Cour accorde à la partie lésée, s'il y a lieu, une satisfaction équitable. Article 42 – Arrêts des Chambres 47

Les arrêts des Chambres deviennent définitifs conformément aux dispositions de l'article 44, paragraphe 2. Article 43 – Renvoi devant la Grande Chambre 1

Dans un délai de trois mois à compter de la date de l'arrêt d'une Chambre, toute partie à l'affaire peut, dans des cas exceptionnels, demander le renvoi de l'affaire devant la Grande Chambre.

2

Un collège de cinq juges de la Grande Chambre accepte la demande si l'affaire soulève une question grave relative à l'interprétation ou à l'application de la Convention ou de ses protocoles, ou encore une question grave de caractère général.

3

Si le collège accepte la demande, la Grande Chambre se prononce sur l'affaire par un arrêt. Article 44 – Arrêts définitifs

1

L'arrêt de la Grande Chambre est définitif.

2

L'arrêt d'une Chambre devient définitif:

3

a

lorsque les parties déclarent qu'elles ne demanderont pas le renvoi de l'affaire devant la Grande Chambre; ou

b

trois mois après la date de l'arrêt, si le renvoi de l'affaire devant la Grande Chambre n'a pas été demandé; ou

c

lorsque le collège de la Grande Chambre rejette la demande de renvoi formulée en application de l'article 43.

L'arrêt définitif est publié. Article 45 – Motivation des arrêts et décisions

1

Les arrêts, ainsi que les décisions déclarant des requêtes recevables ou irrecevables, sont motivés.

2

Si l'arrêt n'exprime pas en tout ou en partie l'opinion unanime des juges, tout juge a le droit d'y joindre l'exposé de son opinion séparée. Article 46 – Force obligatoire et exécution des arrêts

1

Les Hautes Parties contractantes s'engagent à se conformer aux arrêts définitifs de la Cour dans les litiges auxquels elles sont parties.

2

L'arrêt définitif de la Cour est transmis au Comité des Ministres qui en surveille l'exécution. 48

3

4

5

Lorsque le Comité des Ministres estime que la surveillance de l’exécution d’un arrêt définitif est entravée par une difficulté d’interprétation de cet arrêt, il peut saisir la Cour afin qu’elle se prononce sur cette question d’interprétation. La décision de saisir la Cour est prise par un vote à la majorité des deux tiers des représentants ayant le droit de siéger au Comité. Lorsque le Comité des Ministres estime qu’une Haute Partie contractante refuse de se conformer à un arrêt définitif dans un litige auquel elle est partie, il peut, après avoir mis en demeure cette Partie et par décision prise par un vote à la majorité des deux tiers des représentants ayant le droit de siéger au Comité, saisir la Cour de la question du respect par cette Partie de son obligation au regard du paragraphe 1. Si la Cour constate une violation du paragraphe 1, elle renvoie l’affaire au Comité des Ministres afin qu’il examine les mesures à prendre. Si la Cour constate qu’il n’y a pas eu violation du paragraphe 1, elle renvoie l’affaire au Comité des Ministres, qui décide de clore son examen. Article 47 – Avis consultatifs

1

La Cour peut, à la demande du Comité des Ministres, donner des avis consultatifs sur des questions juridiques concernant l'interprétation de la Convention et de ses protocoles.

2

Ces avis ne peuvent porter ni sur les questions ayant trait au contenu ou à l'étendue des droits et libertés définis au titre I de la Convention et dans les protocoles ni sur les autres questions dont la Cour ou le Comité des Ministres pourraient avoir à connaître par suite de l'introduction d'un recours prévu par la Convention.

3

La décision du Comité des Ministres de demander un avis à la Cour est prise par un vote à la majorité des représentants ayant le droit de siéger au Comité. Article 48 – Compétence consultative de la Cour La Cour décide si la demande d'avis consultatif présentée par le Comité des Ministres relève de sa compétence telle que définie par l'article 47. Article 49 – Motivation des avis consultatifs

1

L'avis de la Cour est motivé.

2

Si l'avis n'exprime pas en tout ou en partie l'opinion unanime des juges, tout juge a le droit d'y joindre l'exposé de son opinion séparée.

3

L'avis de la Cour est transmis au Comité des Ministres. Article 50 – Frais de fonctionnement de la Cour 49

Les frais de fonctionnement de la Cour sont à la charge du Conseil de l'Europe. Article 51 – Privilèges et immunités des juges Les juges jouissent, pendant l'exercice de leurs fonctions, des privilèges et immunités prévus à l'article 40 du Statut du Conseil de l'Europe et dans les accords conclus au titre de cet article. Titre III – Dispositions diverses Article 52 – Enquêtes du Secrétaire Général Toute Haute Partie contractante fournira sur demande du Secrétaire Général du Conseil de l'Europe les explications requises sur la manière dont son droit interne assure l'application effective de toutes les dispositions de cette Convention. Article 53 – Sauvegarde des droits de l'homme reconnus Aucune des dispositions de la présente Convention ne sera interprétée comme limitant ou portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales qui pourraient être reconnus conformément aux lois de toute Partie contractante ou à toute autre Convention à laquelle cette Partie contractante est partie. Article 54 – Pouvoirs du Comité des Ministres Aucune disposition de la présente Convention ne porte atteinte aux pouvoirs conférés au Comité des Ministres par le Statut du Conseil de l'Europe. Article 55 – Renonciation à d'autres modes de règlement des différends Les Hautes Parties contractantes renoncent réciproquement, sauf compromis spécial, à se prévaloir des traités, conventions ou déclarations existant entre elles, en vue de soumettre, par voie de requête, un différend né de l'interprétation ou de l'application de la présente Convention à un mode de règlement autre que ceux prévus par ladite Convention. Article 56 – Application territoriale 1

Tout Etat peut, au moment de la ratification ou à tout autre moment par la suite, déclarer, par notification adressée au Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, que la présente Convention s'appliquera, sous réserve du

50

paragraphe 4 du présent article, à tous les territoires ou à l'un quelconque des territoires dont il assure les relations internationales. 2

La Convention s'appliquera au territoire ou aux territoires désignés dans la notification à partir du trentième jour qui suivra la date à laquelle le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe aura reçu cette notification.

3

Dans lesdits territoires les dispositions de la présente Convention seront appliquées en tenant compte des nécessités locales.

4

Tout Etat qui a fait une déclaration conformément au premier paragraphe de cet article, peut, à tout moment par la suite, déclarer relativement à un ou plusieurs des territoires visés dans cette déclaration qu'il accepte la compétence de la Cour pour connaître des requêtes de personnes physiques, d'organisations non gouvernementales ou de groupes de particuliers, comme le prévoit l'article 34 de la Convention. Article 57 – Réserves

1

Tout Etat peut, au moment de la signature de la présente Convention ou du dépôt de son instrument de ratification, formuler une réserve au sujet d'une disposition particulière de la Convention, dans la mesure où une loi alors en vigueur sur son territoire n'est pas conforme à cette disposition. Les réserves de caractère général ne sont pas autorisées aux termes du présent article.

2

Toute réserve émise conformément au présent article comporte un bref exposé de la loi en cause. Article 58 – Dénonciation

1

Une Haute Partie contractante ne peut dénoncer la présente Convention qu'après l'expiration d'un délai de cinq ans à partir de la date d'entrée en vigueur de la Convention à son égard et moyennant un préavis de six mois, donné par une notification adressée au Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, qui en informe les autres Parties contractantes.

2

Cette dénonciation ne peut avoir pour effet de délier la Haute Partie contractante intéressée des obligations contenues dans la présente Convention en ce qui concerne tout fait qui, pouvant constituer une violation de ces obligations, aurait été accompli par elle antérieurement à la date à laquelle la dénonciation produit effet.

3

Sous la même réserve cesserait d'être Partie à la présente Convention toute Partie contractante qui cesserait d'être membre du Conseil de l'Europe.

4

La Convention peut être dénoncée conformément aux dispositions des paragraphes précédents en ce qui concerne tout territoire auquel elle a été déclarée applicable aux termes de l'article 56. 51

Article 59 – Signature et ratification 1 1

2

La présente Convention est ouverte à la signature des membres du Conseil de l'Europe. Elle sera ratifiée. Les ratifications seront déposées près le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe. L’Union européenne peut adhérer à la présente Convention.

3

La présente Convention entrera en vigueur après le dépôt de dix instruments de ratification.

4

Pour tout signataire qui la ratifiera ultérieurement, la Convention entrera en vigueur dès le dépôt de l'instrument de ratification.

5

Le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe notifiera à tous les membres du Conseil de l'Europe l'entrée en vigueur de la Convention, les noms des Hautes Parties contractantes qui l'auront ratifiée, ainsi que le dépôt de tout instrument de ratification intervenu ultérieurement. Fait à Rome, le 4 novembre 1950, en français et en anglais, les deux textes faisant également foi, en un seul exemplaire qui sera déposé dans les archives du Conseil de l'Europe. Le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe en communiquera des copies certifiées conformes à tous les signataires.

52

______ (*) Cette page comprend le texte de la Convention telle qu’amendée par son Protocole n° 14 (STCE n° 194) à compter de la date de son entrée en vigueur le 1er juin 2010. Le texte de la Convention avait été précédemment amendé conformément aux dispositions du Protocole n°3 (STE n° 45), entré en vigueur le 21 septembre 1970, du Protocole n° 5 (STE n° 55), entré en vigueur le 20 décembre 1971, et du Protocole n°8 (STE n° 118), entré en vigueur le 1er janvier 1990, et comprenait en outre le texte du Protocole n°2 (STE n° 44) qui, conformément à son article 5, paragraphe 3, avait fait partie intégrante de la Convention depuis son entrée en vigueur le 21 septembr e 1970. Toutes les dispositions qui avaient été amendées ou ajoutées par ces Protocoles avaient été remplacées par le Protocole n°11 (STE n° 155), à compter de la date de son entrée en vigueur le 1er novembre 1998. A compter de cette date, le Protocole n°9 (STE n° 140), entré en vigueur le 1er octobre 1994, avait été abrogé et le Protocole n° 10 (STE n° 146) était devenu sans objet.

53

Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples PREAMBULE Les Etats africains membres de L'OUA, parties à la présente Charte qui porte le titre de "Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples"; Rappelant la décision 115 (XVI) de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement, en sa Seizième Session Ordinaire tenue à MONROVIA (Liberia) du 17 au 20 Juillet 1979, relative à l'élaboration d'un avant-projet de Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, prévoyant notamment l'institution d'organes de promotion et de protection des Droits de l'Homme et des Peuples; Considérant la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine, aux termes de laquelle, "la liberté, l'égalité, la justice et la dignité sont des objectifs essentiels à la réalisation des aspirations légitimes des peuples africains"; Réaffirmant l'engagement qu'ils ont solennellement pris à l'Article 2 de ladite Charte, d'éliminer sous toutes ses formes le colonialisme de l'Afrique, de coordonner et d'intensifier leur coopération et leurs efforts pour offrir de meilleures conditions d'existence aux peuples d'Afrique, de favoriser la coopération internationale en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme; Tenant compte des vertus de leurs traditions historiques et des valeurs de civilisation africaine qui doivent inspirer et caractériser leurs réflexions sur la conception des droits de l'homme et des peuples; Reconnaissant que d'une part, les droits fondamentaux de l'être humain sont fondés sur les attributs de la personne humaine, ce qui justifie leur protection internationale et que d'autre part, la réalité et le respect des droits du peuple doivent nécessairement garantir les droits de l'homme; Considérant que la jouissance des droits et libertés implique l'accomplissement des devoirs de chacun; Convaincus qu'il est essentiel d'accorder désormais une attention particulière au droit au développement; que les droits civils et politiques sont indissociables des droits économiques, sociaux et culturels, tant dans leur conception que dans leur universalité, et que la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels garantit la jouissance des droits civils et politiques; Conscients de leur devoir de libérer totalement l'Afrique dont les peuples continuent à lutter pour leur indépendance véritable et leur dignité et s'engageant à éliminer le colonialisme, le néocolonialisme, l'apartheid, le sionisme, les bases militaires étrangères d'agression et toutes formes de discrimination, notamment celles fondées sur la race, l'ethnie, la couleur, le sexe, la langue, la religion ou l'opinion politique;

Réaffirmant leur attachement aux libertés et aux droits de l'homme et des peuples contenus dans les déclarations, conventions et autres instruments adoptés dans le cadre de l'Organisation de l'Unité Africaine, du Mouvement des Pays Non-Alignés et de l'Organisation des Nations-Unies;

54

Fermement convaincus de leur devoir d'assurer la promotion et la protection des droits et libertés de l'homme et des peuples, compte dûment tenu de l'importance primordiale traditionnellement attachée en Afrique à ces droits et libertés, Sont convenus ce qui suit: PREMIERE PARTIE: DES DROITS ET DES DEVOIRS CHAPITRE 1:DES DROITS DE L'HOMME ET DES PEUPLES ARTICLE 1 Les Etats membres de l'Organisation de l'Unité Africaine, parties à la présente Charte, reconnaissent les droits, devoirs et libertés énoncés dans cette Charte et s'engagent à adopter des mesures législatives ou autres pour les appliquer. ARTICLE 2 Toute personne a droit à la jouissance des droits et libertés reconnus et garantis dans la présente Charte sans distinction aucune, notamment de race, d'ethnie, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. ARTICLE 3

1. Toutes les personnes bénéficient d'une totale égalité devant la loi. 2. Toutes les personnes ont droit à une égale protection de la loi. ARTICLE 4 La personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie et à l'intégrité physique et morale de sa personne: Nul ne peut être privé arbitrairement de ce droit. ARTICLE 5 Tout individu a droit au respect de la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa personnalité juridique. Toutes formes d'exploitation et d'avilissement de l'homme notamment l'esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale, et les peines ou les traitements cruels inhumains ou dégradants sont interdites. ARTICLE 6 Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut être privé de sa liberté sauf pour des motifs et dans des conditions préalablement déterminés par la loi; en particulier nul ne peut être arrêté ou détenu arbitrairement. ARTICLE 7

1. Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend:

55

a. le droit de saisir les juridictions nationales compétentes de tout acte violant les droits

2.

fondamentaux qui lui sont reconnus et garantis par les conventions, les lois, règlements et coutumes en vigueur; b. le droit à la présomption d'innocence, jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction compétente; c. le droit à la défense, y compris celui de se faire assister par un défenseur de son choix; d. le droit d'être jugé dans un délai raisonnable par une juridiction impartiale. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui ne constituait pas, au moment où elle a eu lieu, une infraction légalement punissable. Aucune peine ne peut être infligée si elle n'a pas été prévue au moment où l'infraction a été commise. La peine est personnelle et ne peut frapper que le délinquant.

ARTICLE 8 La liberté de conscience, la profession et la pratique libre de la religion, sont garanties. Sous réserve de l'ordre public, nul ne peut être l'objet de mesures de contrainte visant à restreindre la manifestation de ces libertés. ARTICLE 9

1. Toute personne a droit à l'information. 2. Toute personne a le droit d'exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et règlements. ARTICLE 10

1. Toute personne a le droit de constituer librement des associations avec d'autres, sous réserve de se conformer aux règles édictées par la loi.

2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association sous réserve de l'obligation de solidarité prévue à l'article 29. ARTICLE 11 Toute personne a le droit de se réunir librement avec d'autres. Ce droit s'exerce sous la seule réserve des restrictions nécessaires édictées par les lois et règlements, notamment dans l'intérêt de la sécurité nationale, de la sûreté d'autrui, de la santé, de la morale ou des droits et libertés des personnes. ARTICLE 12

1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat, sous réserve de se conformer aux règles édictées par la loi.

2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. 3. 4.

Ce droit ne peut faire l'objet de restrictions que si celles-ci sont prévues par la loi, nécessaires pour protéger la sécurité nationale, l'ordre public, la santé ou la moralité publiques. Toute personne a le droit, en cas de persécution, de rechercher et de recevoir asile en territoire étranger, conformément à la loi de chaque pays et aux conventions internationales. L'étranger légalement admis sur le territoire d'un Etat partie à la présente Charte ne pourra en être expulsé qu'en vertu d'une décision conforme à la loi.

56

5. L'expulsion collective d'étrangers est interdite. L'expulsion collective est celle qui vise globalement des groupes nationaux, raciaux, ethniques ou religieux. ARTICLE 13

1. Tous les citoyens ont le droit de participer librement à la direction des affaires publiques de 2. 3.

leur pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis, ce, conformément aux règles édictées par la loi. Tous les citoyens ont également le droit d'accéder aux fonctions publiques de leurs pays. Toute personne a le droit d'user des biens et services publics dans la stricte égalité de tous devant la loi.

ARTICLE 14 Le droit de propriété est garanti. Il ne peut y être porté atteinte que par nécessité publique ou dans l'intérêt général de la collectivité, ce, conformément aux dispositions des lois appropriées. ARTICLE 15 Toute personne a le droit de travailler dans des conditions équitables et satisfaisantes et de percevoir un salaire égal pour un travail égal. ARTICLE 16

1. Toute personne a le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit 2.

capable d'atteindre. Les Etats parties à la présente Charte s'engagent à prendre les mesures nécessaires en vue de protéger la santé de leurs populations et de leur assurer l'assistance médicale en cas de maladie.

ARTICLE 17

1. Toute personne a droit à l'éducation. 2. Toute personne peut prendre part librement à la vie culturelle de la Communauté. 3. La promotion et la protection de la morale et des valeurs traditionnelles reconnues par la Communauté constituent un devoir de l'Etat dans le cadre de la sauvegarde des droits de l'homme. ARTICLE 18

1. La famille est l'élément naturel et la base de la société. Elle doit être protégée par l'Etat qui doit veiller à sa santé physique et morale.

2. L'Etat a l'obligation d'assister la famille dans sa mission de gardienne de la morale et des valeurs traditionnelles reconnues par la Communauté.

3. L' Etat a le devoir de veiller à l'élimination de toute discrimination contre la femme et d'assurer 4.

la protection des droits de la femme et de l'enfant tels que stipulés dans les déclarations et conventions internationales. Les personnes âgées ou handicapées ont également droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques ou moraux.

ARTICLE 19 57

Tous les peuples sont égaux ; ils jouissent de la même dignité et ont les mêmes droits. Rien ne peut justifier la domination d'un peuple par un autre. ARTICLE 20

1. Tout peuple a droit à l'existence. Tout peuple a un droit imprescriptible et inaliénable à 2. 3.

l'autodétermination. ll détermine librement son statut politique et assure son développement économique et social selon la voie qu'il a librement choisie. Les peuples colonisés ou opprimés ont le droit de se libérer de leur état de domination en recourant à tous moyens reconnus par la Communauté internationale. Tous les peuples ont droit à l'assistance des Etats parties à la présente Charte, dans leur lutte de libération contre la domination étrangère, qu'elle soit d'ordre politique, économique ou culturel.

ARTICLE 21

1. Les peuples ont la libre disposition de leurs richesses et de leurs ressources naturelles. Ce 2. 3. 4.

droit s'exerce dans l'intérêt exclusif des populations. En aucun cas, un peuple ne peut en être privé. En cas de spoliation, le peuple spolié a droit à la légitime récupération de ses biens ainsi qu'à une indemnisation adéquate. La libre disposition des richesses et des ressources naturelles s'exerce sans préjudice de l'obligation de promouvoir une coopération économique internationale fondée sur le respect mutuel, l'échange équitable, et les principes du droit international. Les Etats parties à la présente Charte s'engagent, tant individuellement que collectivement, à exercer le droit de libre disposition de leurs richesses et de leurs ressources naturelles, en vue de renforcer l'unité et la solidarité africaines.

5. Les Etats, parties à la présente Charte, s'engagent à éliminer toutes les formes d'exploitation économique étrangère, notamment celle qui est pratiquée par des monopoles internationaux, afin de permettre à la population de chaque pays de bénéficier pleinement des avantages provenant de ses ressources nationales. ARTICLE 22

1. Tous les peuples ont droit à leur développement économique, social et culturel, dans le 2.

respect strict de leur liberté et de leur identité, et à la jouissance égale du patrimoine commun de l'humanité. Les Etats ont le devoir, séparément ou en coopération, d'assurer l'exercice du droit au développement.

ARTICLE 23

1. Les peuples ont droit à la paix et à la sécurité tant sur le plan national que sur le plan

2.

international. Le principe de solidarité et de relations amicales affirmé implicitement par la Charte de l'Organisation des Nations Unies et réaffirmé par celle de l'Organisation de l'Unité Africaine est applicable aux rapports entre les Etats. Dans le but de renforcer la paix, la solidarité et les relations amicales, les Etats, parties à la présente Charte, s'engagent à interdire: i. qu'une personne jouissant du droit d'asile aux termes de l'article 12 de la présente Charte entreprenne une activité subversive dirigée contre son pays d'origine ou contre tout autre pays, parties à la présente Charte; 58

ii.

que leurs territoires soient utilisés comme base de départ d'activités subversives ou terroristes dirigées contre le peuple de tout autre Etat, partie à la présente Charte.

ARTICLE 24 Tous les peuples ont droit à un environnement satisfaisant et global, propice à leur développement. ARTICLE 25 Les Etats parties à la présente Charte ont le devoir de promouvoir et d'assurer, par l'enseignement, l'éducation et la diffusion, le respect des droits et des libertés contenus dans la présente Charte, et de prendre des mesures en vue de veiller à ce que ces libertés et droits soient compris de même que les obligations et devoirs correspondants. ARTICLE 26 Les Etats parties à la présente Charte ont le devoir de garantir l'indépendance des Tribunaux et de permettre l'établissement et le perfectionnement d'institutions nationales appropriées chargées de la promotion et de la protection des droits et libertés garantis par la présente Charte. CHAPITRE II DES DEVOIRS ARTICLE 27

1. Chaque individu a des devoirs envers la famille et la société, envers l'Etat et les autres collectivités légalement reconnues et envers la Communauté Internationale.

2. Les droits et les libertés de chaque personne s'exercent dans le respect du droit d'autrui, de la sécurité collective, de la morale et de l'intérêt commun. ARTICLE 28 Chaque individu a le devoir de respecter et de considérer ses semblables sans discrimination aucune, et d'entretenir avec eux des relations qui permettent de promouvoir, de sauvegarder et de renforcer le respect et la tolérance réciproques. ARTICLE 29 L'individu a en outre le devoir:

1. De préserver le développement harmonieux de la famille et d'oeuvrer en faveur de la cohésion 2. 3. 4. 5. 6.

et du respect de cette famille ; de respecter à tout moment ses parents, de les nourrir, et de les assister en cas de nécessité; De servir sa communauté nationale en mettant ses capacités physiques et intellectuelles à son service; De ne pas compromettre la sécurité de l'Etat dont il est national ou résident; De ne pas compromettre la sécurité de l'Etat dont il est national ou résident; De préserver et de renforcer l'indépendance nationale et l'intégrité territoriale de la patrie et, d'une façon générale, de contribuer à la défense de son pays, dans les conditions fixées par la loi; De travailler, dans la mesure de ses capacités et de ses possibilités, et de s'acquitter des contributions fixées par la loi pour la sauvegarde des intérêts fondamentaux de la société; 59

7. De veiller, dans ses relations avec la société, à la préservation et au renforcement des valeurs 8.

culturelles africaines positives, dans un esprit de tolérance, de dialogue et de concertation et d'une façon générale de contribuer à la promotion de la santé morale de la société; De contribuer au mieux de ses capacités, à tout moment et à tous les niveaux, à la promotion et à la réalisation de l'unité africaine.

DEUXIEME PARTIE: DES MESURES DE SAUVEGARDE CHAPITRE I : DE LA COMPOSITION ET DE L'ORGANISATION DE LA COMMISSION AFRICAINE DES DROITS DE L'HOMME ET DES PEUPLES ARTICLE 30 Il est créé auprès de l'Organisation de l'Unité Africaine une Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples ci-dessous dénommée "la Commission", chargée de promouvoir les droits de l'homme et des peuples et d'assurer leur protection en Afrique. ARTICLE 31

1. La Commission se compose de onze membres qui doivent être choisis parmi les

2.

personnalités africaines jouissant de la plus haute considération, connues pour leur haute moralité, leur intégrité et leur impartialité, et possédant une compétence en matière de droits de l'homme et des peuples, un intérêt particulier devant être donné à la participation de personnes ayant une expérience en matière de droit. Les membres de la Commission siègent à titre personnel. ARTICLE 32

La Commission ne peut comprendre plus d'un ressortissant du même Etat. ARTICLE 33 Les membres de la Commission sont élus au scrutin secret par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement, sur une liste de personnes présentées à cet effet, par les Etats parties à la présente Charte. ARTICLE 34 Chaque Etat partie à la présente Charte peut présenter deux candidats au plus. Les candidats doivent avoir la nationalité d'un des Etats parties à la présente Charte. Quand deux candidats sont présentés par un Etat, l'un des deux ne peut être national de cet Etat. ARTICLE 35

1. Le Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine invite les Etats parties à la 2.

présente Charte à procéder, dans un délai d'au moins quatre mois, avant les élections, à la présentation des candidats à la Commission. Le Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine dresse la liste alphabétique des personnes ainsi présentées et la communique un mois au moins avant les élections, aux Chefs d'Etat et de Gouvernement.

ARTICLE 36 60

Les membres de la Commission sont élus pour une période de six ans renouvelable. Toutefois, le mandat de quatre des membres élus lors de la première élection prend fin au bout de deux ans, et le mandat de trois autres au bout de quatre ans. ARTICLE 37 Immédiatement après la première élection, les noms des membres visés à l'article 36 sont tirés au sort par le Président de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'OUA. ARTICLE 38 Après leur élection, les membres de la Commission font la déclaration solennelle de bien et fidèlement remplir leurs fonctions en toute impartialité. ARTICLE 39

1. En cas de décès ou de démission d'un membre de la Commission, le Président de la 2.

3.

Commission en informe immédiatement le Secrétaire Général de l'OUA qui déclare le siège vacant à partir de la date du décès ou de celle à laquelle la démission prend effet. Si de l'avis unanime des autres membres de la Commission, un membre a cessé de remplir ses fonctions pour toute autre cause qu'une absence de caractère temporaire, ou se trouve dans l'incapacité de continuer à les remplir, le Président de la Commission en informe le Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine qui déclare alors le siège vacant. Dans chacun des cas prévus ci-dessus, la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement procède au remplacement du membre dont le siège est devenu vacant pour la portion du mandat restant à courir, sauf si cette portion est inférieure à six mois.

ARTICLE 40 Tout membre de la Commission conserve son mandat jusqu'à la date d'entrée en fonction de son successeur. ARTICLE 41 Le Secrétaire Général de l'OUA désigne un secrétaire de la Commission et fournit en outre le personnel et les moyens et services nécessaires à l'exercice effectif des fonctions attribuées à la Commission. L'OUA prend à sa charge le coût de ce personnel et de ces moyens et services. ARTICLE 42

1. La Commission élit son Président et son Vice-Président pour une période de deux ans 2. 3. 4. 5.

renouvelable. Elle établit son règlement intérieur. Le quorum est constitué par sept membres. En cas de partage des voix au cours des votes, la voix du Président est prépondérante. Le Secrétaire Général de l'OUA peut assister aux réunions de la Commission. Il ne participe ni aux délibérations, ni aux votes. Il peut toutefois être invité par le Président de la Commission à y prendre la parole.

ARTICLE 43

61

Les membres de la Commission, dans l'exercice de leurs fonctions, jouissent des privilèges et immunités diplomatiques prévus par la Convention sur les privilèges et immunités de l'Organisation de l'Unité Africaine. ARTICLE 44 Les émoluments et allocations des membres de la Commission sont prévus au budget régulier de l'Organisation de l'Unité Africaine. CHAPITRE II : DES COMPETENCES DE LA COMMISSION ARTICLE 45 La Commission a pour mission de:

1. Promouvoir les droits de l'homme et des peuples et notamment: i. Rassembler de la documentation, faire des études et des recherches sur les

2. 3. 4.

problèmes africains dans le domaine des droits de l'homme et des peuples, organiser des séminaires, des colloques et des conférences, diffuser des informations, encourager les organismes nationaux et locaux s'occupant des droits de l'homme et des peuples et, le cas échéant, donner des avis ou faire des recommandations aux gouvernements; ii. Formuler et élaborer, en vue de servir de base à l'adoption de textes législatifs par les gouvernements africains, des principes et règles qui permettent de résoudre les problèmes juridiques relatifs à la jouissance des droits de l'homme et des peuples et des libertés fondamentales; iii. Coopérer avec les autres institutions africaines ou internationales qui s'intéressent à la promotion et à la protection des droits de l'homme et des peuples. Assurer la protection des droits de l'homme et des peuples dans les conditions fixées par la présente Charte. Interpréter toute disposition de la présente Charte à la demande d'un Etat partie, d'une Institution de l'OUA ou d'une Organisation africaine reconnue par l'OUA. Exécuter toutes autres tâches qui lui seront éventuellement confiées par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement. CHAPITRE III : DE LA PROCEDURE DE LA COMMISSION

ARTICLE 46 La Commission peut recourir à toute méthode d'investigation appropriée; elle peut notamment entendre le Secrétaire Général de l'OUA et toute personne susceptible de l'éclairer. ARTICLE 47 Si un Etat partie à la présente Charte a de bonnes raisons de croire qu'un autre Etat également partie à cette Charte a violé les dispositions de celle-ci, il peut appeler, par communication écrite, l'attention de cet Etat sur la question. Cette communication sera également adressée au Secrétaire Général de l'OUA et au Président de la Commission. Dans un délai de trois mois à compter de la réception de la communication, l'Etat destinataire fera tenir à l'Etat qui a adressé la communication, des explications ou déclarations écrites élucidant la question, qui devront comprendre dans toute la mesure du possible, des indications sur les lois et règlements de procédure applicables ou appliqués et sur les moyens de recours, soit déjà utilisés, soit en instance, soit encore ouverts. 62

ARTICLE 48 Si dans un délai de 3 (trois) mois à compter de la date de réception de la communication originale par l'Etat destinataire, la question n'est pas réglée à la satisfaction des deux Etats intéressés, par voie de négociation bilatérale ou par toute autre procédure pacifique, l'un comme l'autre auront le droit de la soumettre à la Commission par une notification adressée à son Président, à l'autre Etat intéressé et au Secrétaire Général de l'OUA. ARTICLE 49 Nonobstant les dispositions de l'article 47, si un Etat partie à la présente Charte estime qu'un autre Etat également partie à cette Charte a violé les dispositions de celle-ci, il peut saisir directement la Commission par une communication adressée à son Président, au Secrétaire Général de l'OUA et à l'Etat intéressé. ARTICLE 50 La Commission ne peut connaitre d'une affaire qui lui est soumise qu'après s'être assurée que tous les recours internes, s'ils existent, ont été épuisés, à moins qu'il ne soit manifeste pour la Commission que la procédure de ces recours se prolonge d'une façon anormale. ARTICLE 51

1. La Commission peut demander aux Etats parties intéressés de lui fournir toute information pertinente.

2. Au moment de l'examen de l'affaire, des Etats parties intéressés peuvent se faire représenter devant la Commission et présenter des observations écrites ou orales. ARTICLE 52 Après avoir obtenu, tant des Etats parties intéressés que d'autres sources, toutes les informations qu'elle estime nécessaires et après avoir essayé par tous les moyens appropriés de parvenir à une solution amiable fondée sur le respect des droits de l'homme et des peuples, la Commission établit, dans un délai raisonnable à partir de la notification visée à l'article 48, un rapport relatant les faits et les conclusions auxquelles elle a abouti. Ce rapport est envoyé aux Etats concernés et communiqué à la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement. ARTICLE 53 Au moment de la transmission de son rapport, la Commission peut faire à la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement, telle recommandation qu'elle jugera utile. ARTICLE 54 La Commission soumet à chacune des sessions ordinaires de la conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement un rapport sur ses activités. ARTICLE 55

63

1. Avant chaque session, le Secrétaire de la Commission dresse la liste des communications 2.

autres que celles des Etats parties à la présente Charte et les communique aux membres de la Commission qui peuvent demander à en prendre connaissance et en saisir la Commission. La Commission en sera saisie, sur la demande de la majorité absolue de ses membres.

ARTICLE 56 Les communications visées à l'article 55 reçues à la Commission et relatives aux droits de l'homme et des peuples doivent nécessairement, pour être examinées, remplir les conditions ci-après:

1. Indiquer l'identité de leur auteur même si celui-ci demande à la Commission de garder l'anonymat;

2. Etre compatibles avec la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine ou avec la présente 3. 4. 5. 6. 7.

Charte; Ne pas contenir des termes outrageants ou insultants à l'égard de l'Etat mis en cause, de ses institutions ou de l'OUA; Ne pas se limiter à rassembler exclusivement des nouvelles diffusées par des moyens de communication de masse; Etre postérieures à l'épuisement des recours internes s'ils existent, à moins qu'il ne soit manifeste à la Commission que la procédure de ces recours se prolonge d'une façon anormale; Etre introduites dans un délai raisonnable courant depuis l'épuisement des recours internes ou depuis la date retenue par la Commission comme faisant commencer à courir le délai de sa propre saisine; Ne pas concerner des cas qui ont été réglés conformément soit aux principes de la Charte des Nations Unies, soit de la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine et soit des dispositions de la présente Charte.

ARTICLE 57 Avant tout examen au fond, toute communication doit être portée à la connaissance de l'Etat intéressé par les soins du Président de la Commission. ARTICLE 58

1. Lorsqu'il apparaît à la suite d'une délibération de la Commission qu'une ou plusieurs

2. 3.

communications relatent des situations particulières qui semblent révéler l'existence d'un ensemble de violations graves ou massives des droits de l'homme et des peuples, la Commission attire l'attention de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement sur ces situations. La Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement peut alors demander à la Commission de procéder sur ces situations, à une étude approfondie, et de lui rendre compte dans un rapport circonstancié, accompagné de ses conclusions et recommandations. En cas d'urgence dûment constatée par la Commission, celle-ci saisit le Président de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement qui pourra demander une étude approfondie.

ARTICLE 59

1. Toutes les mesures prises dans le cadre du présent chapitre resteront confidentielles jusqu'au moment où la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement en décidera autrement.

64

2. Toutefois, le rapport est publié par le Président de la Commission sur décision de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement.

3. Le rapport d'activités de la Commission est publié par son Président après son examen par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement. CHAPITRE IV: DES PRINCIPES APPLICABLES ARTICLE 60 La Commission s'inspire du droit international relatif aux droits de l'homme et des peuples, notamment des dispositions des divers instruments africains relatifs aux droits de l'homme et des peuples, des dispositions de la Charte des Nations Unies, de la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine, de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, des dispositions des autres instruments adoptés par les Nations Unies et par les pays africains dans le domaine des droits de l'homme et des peuples ainsi que des dispositions de divers instruments adoptés au sein d'institutions spécialisées des Nations Unies dont sont membres les parties à la présente Charte. ARTICLE 61 La Commission prend aussi en considération, comme moyens auxiliaires de détermination des règles de droit, les autres conventions internationales, soit générales, soit spéciales, établissant des règles expressément reconnues par les Etats membres de l'Organisation de l'Unité Africaine, les pratiques africaines conformes aux normes internationales relatives aux droits de l'homme et des peuples, les coutumes généralement acceptées comme étant le droit, les principes généraux de droit reconnus par les nations africaines ainsi que la jurisprudence et la doctrine. ARTICLE 62 Chaque Etat partie s'engage à présenter tous les deux ans, à compter de la date d'entrée en vigueur de la présente Charte, un rapport sur les mesures d'ordre législatif ou autre, prises en vue de donner effet aux droits et libertés reconnus et garantis dans la présente Charte. ARTICLE 63

1. La présente Charte sera ouverte à la signature, à la ratification ou à l'adhésion des Etats membres de l'Organisation de l'Unité Africaine

2. Les instruments de ratification ou d'adhésion de la présente Charte seront déposés auprès du 3.

Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine. La présente Charte entrera en vigueur trois mois après la réception par le Secrétaire Général, des instruments de ratification ou d'adhésion de la majorité absolue des Etats membres de l'Organisation de l'Unité Africaine. TROISIEME PARTIE: DISPOSITIONS DIVERSES

ARTICLE 64

1. Dès l'entrée en vigueur de la présente Charte, il sera procédé à l'élection des membres de la Commission dans les conditions fixées par les dispositions des articles pertinents de la présente Charte.

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2. Le Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine convoquera la première réunion de la Commission au siège de l'Organisation. Par la suite, la Commission sera convoquée chaque fois qu'il sera nécessaire et au moins une fois par an par son Président. ARTICLE 65 Pour chacun des Etats qui ratifieront la présente Charte ou y adhéreront après son entrée en vigueur, ladite Charte prendra effet trois mois après la date du dépôt par cet Etat, de son instrument de ratification ou d'adhésion. ARTICLE 66 Des protocoles ou accords particuliers pourront, en cas de besoin, compléter les dispositions de la présente Charte. ARTICLE 67 Le Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine informera les Etats membres de l'Organisation de l'Unité Africaine du dépôt de chaque instrument de ratification ou d'adhésion. ARTICLE 68 La présente Charte peut être amendée ou révisée si un Etat partie envoie à cet effet une demande écrite au Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine. La conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement n'est saisie du projet d'amendement que lorsque tous les Etats parties en auront été dûment avisés et que la Commission aura donné son avis à la diligence de l'Etat demandeur. L'amendement doit être approuvé par la majorité absolue des Etats parties. II entre en vigueur pour chaque Etat qui l'aura accepté conformément à ses règles constitutionnelles trois mois après la notification de cette acceptation au Secrétaire Général de l'Organisation de l'Unité Africaine. Adoptée par la dix-huitième Conférence des Chefs d'état et de Gouvernement Juin 1981 Nairobi, Kenya

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Déclaration islamique universelle des droits de l’homme de 1981 Sauter à la navigationSauter à la recherche

Déclaration islamique universelle des droits de l’homme Conseil islamique d’Europe 19 septembre 1981, Paris

Déclaration islamique universelle des droits de l’homme proposée par le Conseil Islamique d’Europe, organisme ayant son siège à Londres. La Déclaration a été promulguée le 19 septembre 1981 à Paris, lors d’une réunion organisée à l’Unesco. La version française de cette Déclaration, présentée ci-dessous, est, comme la version anglaise, sommaire. Publiée par le Conseil Islamique, elle diverge notablement du texte original en arabe. Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux

Ce manifeste-ci est une déclaration adressée aux hommes pour servir de guide et de pieuse exhortation à tous les hommes pieux (3 : 138). INTRODUCTION L’Islam a donné à l’humanité un code idéal des droits de l’homme, il y a quatorze siècles. Ces droits ont pour objet de conférer honneur et dignité à l’humanité et d’éliminer l’exploitation, l’oppression et l’injustice. Les droits de l’homme, dans l’Islam, sont fortement enracinés dans la conviction que Dieu, et Dieu seul, est l’auteur de la Loi et la source de tous les droits de l’homme. Etant donnée leur origine divine, aucun dirigeant ni gouvernement, aucune assemblée ni autorité ne peut restreindre, abroger ni violer en aucune manière les droits de l’homme conférés par Dieu. De même, nul ne peut transiger avec eux. Les droits de l’homme, dans l’Islam, font partie intégrante de l’ensemble de l’ordre islamique et tous les gouvernements et organismes musulmans sont tenus de les appliquer selon la lettre et l’esprit dans le cadre de cet ordre. Il est malheureux que les droits de l’homme soient impunément foulés aux pieds dans de nombreux pays du monde, y compris dans des pays musulmans. Ces violations flagrantes sont extrêmement préoccupantes et éveillent la conscience d’un nombre croissant d’individus dans le monde entier. Je souhaite sincèrement que cette Déclaration des droits de l’homme donne une puissante impulsion aux populations musulmanes pour rester fermes et défendre avec courage et résolution les droits qui leur ont été conférés par Dieu. 67

La présente Déclaration des droits de l’homme est le second document fondamental publié par le Conseil islamique pour marquer le commencement du 15ème siècle de l’ère islamique, le premier étant la Déclaration islamique universelle annoncée lors de la Conférence internationale sur le Prophète Mahomet (que Dieu le bénisse et le garde en paix) et son message, organisée à Londres du 12 au 15 avril 1980. La Déclaration islamique universelle des droits de l’homme est basée sur le Coran et la Sunnah et a été élaborée par d’éminents érudits et juristes musulmans et des représentants de mouvements et courants de pensée islamiques. Que Dieu les récompense de leurs efforts et les guide sur le droit chemin. Salem Amin, Secrétaire général, [Paris] 19 septembre 1981 / 21 Dhul Qaidah 1401 Ô hommes ! Nous vous avons créés [des œuvres] d’un être mâle et d’un être femelle. Et nous vous avons répartis en peuples et en tribus afin que vous vous connaissiez entre vous. Les plus méritants sont, d’entre vous, les plus pieux (49 : 13). PREAMBULE Considérant que l’aspiration séculaire des hommes à un ordre du monde plus juste où les peuples pourraient vivre, se développer et prospérer dans un environnement affranchi de la peur, de l’oppression, de l’exploitation et des privations est loin d’être satisfaite ; Considérant que les moyens de subsistance économique surabondants dont la miséricorde divine a doté l’humanité sont actuellement gaspillés, ou inéquitablement ou injustement refusés aux habitants de la terre ; Considérant qu’Allah (Dieu) a donné à l’humanité, par ses révélations dans le Saint Coran et la Sunnah de son saint Prophète Mahomet, un cadre juridique et moral durable permettant d’établir et de réglementer les institutions et les rapports humains ; Considérant que les droits de l’homme ordonnés par la Loi divine ont pour objet de conférer la dignité et l’honneur à l’humanité et sont destinés à éliminer l’oppression et l’injustice ; Considérant qu’en vertu de leur source et de leur sanction divines, ces droits ne peuvent être restreints, abrogés ni enfreints par les autorités, assemblées ou autres institutions, pas plus qu’ils ne peuvent être abdiqués ni aliénés ; En conséquence, nous, musulmans a) qui croyons en Dieu, bienfaisant et miséricordieux, créateur, soutien, souverain, seul guide de l’humanité et source de toute Loi ; b) qui croyons dans le vicariat (khilafah) de l’homme qui a été créé pour accomplir la volonté de Dieu sur terre ; c) qui croyons dans la sagesse des préceptes divins transmis par les Prophètes, dont la mission a atteint son apogée dans le message divin final délivré par le Prophète Mahomet (la paix soit avec lui) à toute l’humanité ; d) qui croyons que la rationalité en soi, sans la lumière de la révélation de Dieu, ne peut ni constituer un guide infaillible dans les affaires de l’humanité ni apporter une nourriture spirituelle à l’âme humaine et, sachant que les enseignements de l’Islam représentent la quintessence du commandement divin dans sa forme définitive et parfaite, estimons de notre devoir de rappeler à l’homme la haute condition et la dignité que Dieu lui a conférées ; e) qui croyons dans l’invitation de toute l’humanité à partager le message de l’Islam ; f) qui croyons qu’aux termes de notre alliance ancestrale avec Dieu, nos devoirs et obligations ont priorité sur nos droits, et que chacun de nous a le devoir sacré de diffuser les enseignements de l’Islam par la parole, les actes et tous les moyens pacifiques, et de les mettre en application non seulement dans sa propre existence mais également dans la société qui l’entoure ; g) qui croyons dans notre obligation d’établir un ordre islamique :

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1) où tous les êtres humains soient égaux et aucun ne jouisse d’un privilège ni ne subisse un désavantage ou une discrimination du seul fait de sa race, de sa couleur, de son sexe, de son origine ou de sa langue ; 2) où tous les êtres humains soient nés libres ; 3) où l’esclavage et les travaux forcés soient proscrits ; 4) où soient établies des conditions permettant de préserver, de protéger et d’honorer l’institution de la famille en tant que fondement de toute la vie sociale ; 5) où les gouvernants et les gouvernés soient soumis de la même manière à la Loi et égaux devant elle ; 6) où il ne soit obéi qu’à des ordres conformes à la Loi ; 7) où tout pouvoir terrestre soit considéré comme un dépôt sacré, à exercer dans les limites prescrites par la Loi, d’une manière approuvée par celle-ci et en tenant compte des priorités qu’elle fixe ; 8) où toutes les ressources économiques soient considérées comme des bénédictions divines accordées à l’humanité, dont tous doivent profiter conformément aux règles et valeurs exposées dans le Coran et la Sunnah ; 9) où toutes les affaires publiques soient déterminées et conduites, et l’autorité administrative exercée, après consultation mutuelle (shura) entre les croyants habilités à prendre part à une décision compatible avec la Loi et le bien public ; 10) où chacun assume des obligations suivant ses capacités et soit responsable de ses actes en proportion ; 11) où chacun soit assuré, en cas de violation de ses droits, que des mesures correctives appropriées seront prises conformément à la Loi ; 12) où personne ne soit privé des droits qui lui sont garantis par la Loi, sauf en vertu de ladite Loi et dans la mesure autorisée par elle ; 13) où chaque individu ait le droit d’entreprendre une action juridique contre quiconque aura commis un crime contre la société dans son ensemble ou contre l’un de ses membres ; 14) où tous les efforts soient accomplis pour libérer l’humanité de tout type d’exploitation, d’injustice et d’oppression, et pour garantir à chacun la sécurité, la dignité et la liberté dans les conditions stipulées, par les méthodes approuvées et dans les limites fixées par la Loi ; Affirmons par les présentes, en tant que serviteurs d’Allah et membres de la fraternité universelle de l’Islam, au commencement du quinzième siècle de l’ère islamique, nous engager à promouvoir les droits inviolables et inaliénables de l’homme définis ci-après, dont nous considérons qu’ils sont prescrits par l’Islam. Article 1 - Droit à la vie a) La vie humaine est sacrée et inviolable et tous les efforts doivent être accomplis pour la protéger. En particulier, personne ne doit être exposé à des blessures ni à la mort, sauf sous l’autorité de la Loi. b) Après la mort comme dans la vie, le caractère sacré du corps d’une personne doit être inviolable. Les croyants sont tenus de veiller à ce que le corps d’une personne décédée soit traité avec la solennité requise. Article 2 - Droit à la liberté a) L’homme est né libre. Aucune restriction ne doit être apportée à son droit à la liberté, sauf sous l’autorité et dans l’application normale de la Loi. b) Tout individu et tout peuple a le droit inaliénable à la liberté sous toutes ses formes physique, culturelle, économique et politique - et doit être habilité à lutter par tous les moyens disponibles contre toute violation ou abrogation de ce droit. Tout individu ou peuple opprimé a droit au soutien légitime d’autres individus et/ou peuples dans cette lutte. Article 3 - Droit à l’égalité et prohibition de toute discrimination

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a) Toutes les personnes sont égales devant la Loi et ont droit à des possibilités égales et à une protection égale de la Loi. b) Toutes les personnes doivent recevoir un salaire égal à travail égal. c) Personne ne doit se voir refuser une possibilité de travailler ni subir une discrimination quelconque ni être exposé à un plus grand risque physique du seul fait d’une différence de croyance religieuse, de couleur, de race, d’origine, de sexe ou de langue. Article 4 - Droit à la justice a) Toute personne a le droit d’être traitée conformément à la Loi, et seulement conformément à la Loi. b) Toute personne a non seulement le droit mais également l’obligation de protester contre l’injustice. Elle doit avoir le droit de faire appel aux recours prévus par la Loi auprès des autorités pour tout dommage ou perte personnels injustifiés. Elle doit également avoir le droit de se défendre contre toute accusation portée à son encontre et d’obtenir un jugement équitable devant un tribunal judiciaire indépendant en cas de litige avec les autorités publiques ou avec toute autre personne. c) Toute personne a le droit et le devoir de défendre les droits de toute autre personne et de la communauté en général (hisbah). d) Personne ne doit subir de discrimination en cherchant à défendre ses droits privés et publics. e) Tout musulman a le droit et le devoir de refuser d’obéir à tout ordre contraire à la Loi, quelle que soit l’origine de cet ordre. Article 5 Droit à un procès équitable a) Personne ne doit être jugé coupable d’un délit et condamné à une sanction si la preuve de sa culpabilité n’a pas été faite devant un tribunal judiciaire indépendant. b) Personne ne doit être jugé coupable avant qu’un procès équitable ne se soit déroulé et que des possibilités raisonnables de se défendre ne lui aient été fournies. c) La sanction doit être fixée conformément à la Loi, proportionnellement à la gravité du délit et compte tenu des circonstances dans lesquelles il a été commis. d) Aucun acte ne doit être considéré comme un crime s’il n’est pas clairement stipulé comme tel dans le texte de la Loi. e) Tout individu est responsable de ses actions. La responsabilité d’un crime ne peut être étendue par substitution à d’autres membres de sa famille ou de son groupe qui ne sont impliqués ni directement ni indirectement dans la perpétration du crime en question. Article 6 - Droit à la protection contre l’abus de pouvoir Toute personne a droit à la protection contre les tracasseries d’organismes officiels. Elle n’a pas à se justifier, sauf pour se défendre des accusations portées contre elle ou lorsqu’elle se trouve dans une situation où une question concernant un soupçon de participation de sa part à un crime pourrait raisonnablement être soulevée. Article 7 - Droit à la protection contre la torture Aucun individu ne doit subir de torture mentale ou physique, ni de dégradation, ni de menace de préjudice envers lui ou quiconque lui est apparenté ou cher, ni d’extorsion d’aveu d’un crime, ni de contrainte pour accepter un acte préjudiciable à ses intérêts. Article 8 - Droit à la protection de l’honneur et de la réputation Toute personne a le droit de protéger son honneur et sa réputation contre les calomnies, les accusations sans fondement et les tentatives délibérées de diffamation et de chantage. Article 9 - Droit d’asile 70

a) Toute personne persécutée ou opprimée a le droit de chercher refuge et asile. Ce droit est garanti à tout être humain quels que soient sa race, sa religion, sa couleur ou son sexe. b) Al-Masgid al-haram (la maison sacrée d’Allah) à la Mecque est un refuge pour tous les musulmans. Article 10 - Droit des minorités a) Le principe coranique "Il n’y a pas de contrainte dans la religion" doit régir les droits religieux des minorités non musulmanes. b) Dans un pays musulman, les minorités religieuses doivent avoir le choix, pour la conduite de leurs affaires civiques et personnelles, entre la Loi islamique et leurs propres lois. Article 11 - Droit et obligation de participer à la conduite et à la gestion des affaires publiques a) Sous réserve de la Loi, tout individu de la communauté (ummah) a le droit d’exercer une fonction publique. b) Le processus de libre consultation (shura) est le fondement des rapports administratifs entre le gouvernement et le peuple. Le peuple a également le droit de choisir et de révoquer ses gouvernants conformément à ce principe. Article 12 - Droit à la liberté de croyance, de pensée et de parole a) Toute personne a le droit d’exprimer ses pensées et ses convictions dans la mesure où elle reste dans les limites prescrites par la Loi. Par contre, personne n’a le droit de faire courir des mensonges ni de diffuser des nouvelles susceptibles d’outrager la décence publique, ni de se livrer à la calomnie ou à la diffamation ni de nuire à la réputation d’autres personnes. b) La recherche de la connaissance et la quête de la vérité sont non seulement un droit mais un devoir pour tout musulman. c) Tout musulman a le droit et le devoir de se protéger et de combattre (dans les limites fixées par la Loi) contre l’oppression même si cela le conduit à contester la plus haute autorité de l’État. d) Il ne doit y avoir aucun obstacle à la propagation de l’information dans la mesure où elle ne met pas en danger la sécurité de la société ou de l’État et reste dans les limites imposées par la Loi. e) Personne ne doit mépriser ni ridiculiser les convictions religieuses d’autres individus ni encourager l’hostilité publique à leur encontre. Le respect des sentiments religieux des autres est une obligation pour tous les musulmans. Article 13 - Droit à la liberté religieuse Toute personne a droit à la liberté de conscience et de culte conformément à ses convictions religieuses. Article 14 - Droit de libre association a) Toute personne a le droit de participer à titre individuel et collectif à la vie religieuse, sociale, culturelle et politique de sa communauté et de créer des institutions et organismes destinés à prescrire ce qui est bien (ma’ruf) et à empêcher ce qui est mal (munkar). b) Toute personne a le droit d’essayer de créer des institutions permettant la mise en application de ces droits. Collectivement, la communauté est tenue de créer des conditions dans lesquelles ses membres puissent pleinement développer leur personnalité. Article 15 - L’Ordre économique et les droits qui en découlent a) Dans leur activité économique, toutes les personnes ont droit à tous les avantages de la nature et de toutes ses ressources. Ce sont des bienfaits accordés par Dieu au bénéfice de l’humanité entière. 71

b) Tous les êtres humains ont le droit de gagner leur vie conformément à la Loi. c) Toute personne a droit à la propriété de ses biens, individuellement ou en association avec d’autres. La nationalisation de certains moyens économiques dans l’intérêt public est légitime. d) Les pauvres ont droit à une part définie de la prospérité des riches, fixée par la zakat, imposée et collectée conformément à la Loi. e) Tous les moyens de production doivent être utilisés dans l’intérêt de la communauté (ummah) dans son ensemble, et ne peuvent être ni négligés ni mal utilisés. f) Afin de promouvoir le développement d’une économie équilibrée et de protéger la société de l’exploitation, la Loi islamique interdit les monopoles, les pratiques commerciales excessivement restrictives, l’usure, l’emploi de mesures coercitives dans la conclusion de marchés et la publication de publicités mensongères. g) Toutes les activités économiques sont autorisées dans la mesure où elles ne sont pas préjudiciables aux intérêts de la communauté (ummah) et ne violent pas les Lois et valeurs islamiques. Article 16 - Droit à la protection de la propriété Aucun bien ne pourra être exproprié si ce n’est dans l’intérêt public et moyennant le versement d’une indemnisation équitable et suffisante. Article 17 - Statut et dignité des travailleurs L’Islam honore le travail et le travailleur et ordonne aux musulmans de traiter le travailleur certes avec justice, mais aussi avec générosité. Non seulement il doit recevoir promptement le salaire qu’il a gagné, mais il a également droit à un repos et à des Loisirs suffisants. Article18 Droit à la sécurité sociale Toute personne a droit à la nourriture, au logement, à l’habillement, à l’enseignement et aux soins médicaux en fonction des ressources de la communauté. Cette obligation de la communauté s’étend plus particulièrement à tous les individus qui ne peuvent se prendre en charge eux-mêmes en raison d’une incapacité temporaire ou permanente. Article 19 - Droit de fonder une famille et questions connexes a) Toute personne a le droit de se marier, de fonder une famille et d’élever des enfants conformément à sa religion, à ses traditions et à sa culture. Tout conjoint possède ces droits et privilèges et est soumis aux obligations stipulées par la Loi. b) Chacun des partenaires d’un couple a droit au respect et à la considération de l’autre. c) Tout époux est tenu d’entretenir son épouse et ses enfants selon ses moyens. d) Tout enfant a le droit d’être entretenu et correctement élevé par ses parents, et il est interdit de faire travailler les jeunes enfants et de leur imposer aucune charge qui s’opposerait ou nuirait à leur développement naturel. e) Si pour une raison quelconque, des parents sont dans l’incapacité d’assumer leurs obligations vis-à-vis d’un enfant, il incombe à la communauté d’assumer ces obligations sur le compte de la dépense publique. f) Toute personne a droit au soutien matériel, ainsi qu’aux soins et à la protection de sa famille pendant son enfance, sa vieillesse ou en cas d’incapacité. Les parents ont droit au soutien matériel ainsi qu’aux soins et à la protection de leurs enfants. g) La maternité a droit à un respect, des soins et une assistance particuliers de la part de la famille et des organismes publics de la communauté (ummah). h) Au sein de la famille, les hommes et les femmes doivent se partager leurs obligations et leurs responsabilités selon leur sexe, leurs dons, talents et inclinations naturels, en tenant compte de leurs responsabilités communes vis-à-vis de leurs enfants et de leurs parents. i) Personne ne peut être marié contre sa volonté, ni perdre sa personnalité juridique ou en subir une diminution du fait de son mariage. 72

Article 20 Toute femme mariée a le droit :

Droits

de

la

femme

mariée

a) de vivre dans la maison où vit son mari ; b) de recevoir les moyens nécessaires au maintien d’un niveau de vie qui ne soit pas inférieur à celui de son conjoint et, en cas de divorce, de recevoir pendant la période d’attente légale (’iddah) des moyens de subsistance compatibles avec les ressources de son mari, pour elle-même ainsi que pour les enfants qu’elle nourrit ou dont elle a la garde ; toutes ces allocations, quels que soient sa propre situation financière, ses propres revenus ou les biens qu’elle pourrait posséder en propre ; c) de demander et d’obtenir la dissolution du mariage (khul’ah) conformément aux dispositions de la Loi ; ce droit s’ajoute à son droit de demander le divorce devant les tribunaux ; d) d’hériter de son mari, de ses parents, de ses enfants et d’autres personnes apparentées conformément à la Loi ; e) à la stricte confidentialité de la part de son époux, ou de son ex-époux si elle est divorcée, concernant toute information qu’il pourra avoir obtenue à son sujet et dont la divulgation pourrait être préjudiciable à ses intérêts. La même obligation lui incombe vis-à-vis de son conjoint ou de son ex-conjoint. Article 21 - Droit à l’éducation a) Toute personne a le droit de recevoir une éducation en fonction de ses capacités naturelles. b) Toute personne a droit au libre choix de la profession et de la carrière et aux possibilités de total développement de ses dons naturels. Article 22 - Droit à la vie privée Toute personne a droit à la protection de sa vie privée. Article 23 - Droit à la liberté de déplacement et de résidence a) Compte tenu du fait que le Monde de l’Islam est véritablement ummah islamiyyah [Communauté islamique], tout musulman doit avoir le droit d’entrer librement dans tout pays musulman et d’en sortir librement. b) Personne ne devra être contraint de quitter son pays de résidence, ni d’en être arbitrairement déporté, sans avoir recours à l’application normale de la Loi.

NOTES D’EXPLICATION 1. Dans la formulation des "Droits de l’homme" qui précède, sauf stipulation contraire dans le contexte : a) Le terme "personne" englobe à la fois le sexe masculin et le sexe féminin. b) Le terme "Loi" signifie la shari’ah, c’est-à-dire la totalité des ordonnances tirées du Coran et de la Sunnah et toute autre Loi déduite de ces deux sources par des méthodes jugées valables en jurisprudence islamique. 2. Chacun des droits de l’homme énoncés dans la présente Déclaration comporte les obligations correspondantes. 3. Dans l’exercice et la jouissance des droits précités, chaque personne ne sera soumise qu’aux limites imposées par la Loi dans le but d’assurer la reconnaissance légitime et le respect des droits et de la liberté des autres et de satisfaire les justes exigences de la moralité, de l’ordre public et du bien-être général de la communauté (ummah). 4. Le texte arabe de cette Déclaration représente l’original.

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Les Déclarations islamiques des droits de l'homme Par Mohammad Amin Al-Midani

Au moment où on parle des projets pour le Grand Proche-Orient, de la démocratie et du respect des droits de l'homme dans cette région, des textes émanant de l'Organisation de la Conférence Islamique (Ci-après O.C.I.) [1] et des Organisations non-gouvermentales (Ci-après NGO) montrent 74

à quel point le chemin est encore long et combien les efforts sont nécessaires pour sensibiliser les Etats de cette région à l'importance des droits de l'homme et à la nécessité de leur respect tant au niveau national que régional et international. Nous allons examiner les Déclarations adoptées par l'O.C.I. (I), et les Déclarations adoptées par les ONG (II).

I. Les Déclarations adoptées par l'O.C.I. Ces Déclarations sont la Déclaration de Decca sur les droits de l'homme en Islam de 1983 (A) et la Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam de 1991 (B).

A. La Déclaration de Decca sur les droits de l'homme en Islam La quatrième conférence des ministres des Affaires étrangères de l'O.C.I, tenue à Dacca au Bangladesh, en décembre 1983 avait adopté La Déclaration de Dacca sur les droits de l'homme en Islam [2]. La proclamation de cette Déclaration a été prévue pour plusieurs Sommets islamiques de cette Organisation, mais aucun ne l'a proclamé. Cette Déclaration n'est pas divisée en articles! Ce sont des paragraphes, neuf au total. Ainsi, les Etats membres de l'O.C.I. affirment et réaffirment, dans celle-ci, leur foi en Dieu, en son unicité, en son Prophète Muhammad, dans la place d'honneur réservée à l'homme, et le rôle culturel et historique de l'Oumma islamique qui doit contribuer aux efforts déployés par l'humanité pour affirmer les droits de l'Homme et le protéger contre l'exploitation et la persécution, et lui assurer la liberté et le droit devivre dans la dignité, conformément à la Charia islamique. Ces Etats proclament l'égalité entre les hommes et demandent d'abolir la discrimination et la haine du cœur des hommes.Ils honorent la Charia qui protège les intérêts vitaux de l'homme et assure un équilibre entre les obligations et droits individuels et lesprivilèges collectifs. Les Etats islamiques sont convaincus d'après cette Déclaration que les libertés et droits fondamentaux, conformément à la Charia, sont parties intégrantes de l'Islam et que personne n'a le droit de les abolir partiellement ou entièrement ou de les violer ou de les ignorer, car il s'agit d'injonctions divines, énoncées dans Ses Livres Révélés. Enfin, ces Etats sont convaincus que l'humanité constitue une seule famille et que tous les hommes partagent la même dignité et les mêmes responsabilités et droits fondamentaux, sans distinction aucune de race, de couleur, de langue,de religion, de sexe, d'opinion politique, de statut social ou toute autre considération. Cette Déclaration présente et représente les mêmes dispositions déjà exposées à maintes reprises dans la littérature classique islamique sur les droits de l'homme en Islam! Le seul point positif est l'affirmation de l'égalité entre les hommes. C'est-à-dire l'égalité, à notre avis, entre l'homme et la femme en dignité et en droits également.

B. La Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam La dix-neuvième Conférence des ministres des Affaires étrangères del'O.C.I a adopté le 2 août 1990 par sa résolution n° 49/19-P, La Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam. Il contient un préambule et vingt-cinq articles [3].

1. Le préambule de la Déclaration du Caire Le préambule de cette Déclaration affirme que les Etats membres de l'O.C.I sontconvaincus que les droits fondamentaux et les libertés publiques en Islam, fon tpartie de la Foi islamique, car ce 75

sont les droits et les libertés dictées par Dieu dans ses Livres révélés, et qui sont l'objet du message du dernier Prophète Muhammad. Ainsi,cette Déclaration confirme le caractère divin, et à la fois sacré, des droits de l'homme qui trouvent leurs sources d'inspiration dans tous les livres révélés aux prophètes. D'autre part, la Déclaration du Caire insiste, en premier lieu, sur le rôle de l'Oumma la communauté des croyants. On attend d'elle, d'après le préambule, de jouer son rôle pour qu'elle éclaire la voie de l'humanité et pour qu'elle apporte des solutions aux problèmes chroniques de la civilisation matérialiste. La Déclaration en question reconnaît les droits de l'homme afin que l'homme soit protégé contre l'exploitation et la persécution. Enfin, force est de constater que nous ne trouvons aucune référence, dans ce préambule, ni à la Charte de l'Organisation des Nations Unies, ni à la Déclaration universelle des droits de l'homme [4]!

2. Les dispositions de la Déclaration du Caire La Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam regroupe les droits civils et politiques, les droits économiques, sociaux et culturels et quelques principes du droit international humanitaire. Elle a consacré seize articles aux droits civils et politiques. Ce sont les articles1er, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 18, 19, 20, 21, 22 et 23. Ainsi,on trouve successivement le droit à la vie (art. 2), l'interdiction de la servitude, de l'humiliation et de l'exploitation de l'homme qui est né libre(art. 11), le droit au respect de la vie privée et familiale et du domicile(art. 18), l'égalité devant la loi et les garanties judiciaires (art. 19 et 20) et la liberté d'expression et d'information (art. 22). D'autrepart, la Déclaration du Caire a consacré six articles aux droits économiques, sociaux et culturels. Ce sont les articles suivants: 9, 13, 14, 15 et 16. Elle insiste, en premier lieu, sur les droits culturels: La quête du savoir est obligatoire et la société et l'Etat sont tenu d'assurer l'enseignement qui est un devoir (art. 9). Et, Tout homme a le droit de jouir du fruit de toute œuvre scientifique, littéraire, artistique ou technique dont il est l'auteur (art. 16). L'article 13 parle du droit du travail, des garanties sociales pour les travailleurs et des devoirs de l'Etat dans ce domaine. Le droit de propriété acquise par des moyens licites est garanti (art. 15 (a)) et l'usure est prohibée (art.14).

3. Les spécificités de la Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam La spécificité de la Déclaration du Caire se manifeste par plusieurs dispositions: a) Le respect de la vie et l'intégrité du corps humain: la vie est présentée dans cette déclaration comme un don de Dieu et ce don est garanti à tout homme (art. 2 (a)). Celle du fœtus est par exemple considérée, d'après les règles de la Charia, comme une vie à partir du quatrième mois et elle doit être protégée comme la mère qui le porte (art. 7 (a)). La Déclaration insiste également sur le respect de l'intégrité du corps humain, et celui-ci ne saurait être l'objet d'agression ou d'atteinte sans motif légitime. Et, il incombe à l'Etat de garantir le respect de cette inviolabilité (art. 2 (a)). b) Les principes du droit international humanitaire: la Déclaration énonce quelques principes du droit international humanitaire. Ainsi, l'article 3 évoque ces principes comme l'interdiction, en cas de recours à la force ou de conflits armés, de tuer les personnes qui ne participent pas aux combats, tels que les vieillards, les femmes et les enfants, ou L'abattage des arbres, la destruction des cultures ou du cheptel, et la démolition des bâtiments et des installations civiles de l'ennemi par bombardement, dynamitage ou tout autre moyen. 76

L'article 3 parle aussi du droit du blessé et du malade d'être soigné, de l'échange de prisonniers, de leur droit d'être nourris, hébergés et habillés, et de la réunion des familles séparées. c) Les devoirs: la notion de devoir ou plutôt la responsabilité individuelle de l'homme et la responsabilité collective de la communauté sont également affirmées dans la Déclaration du Caire. Elle mentionne, à plusieurs reprises, les devoirs de l'Etat, de la société, du peuple et de l'individu. Ainsi, l'Etat et la société ont le devoir d'éliminer les obstacles au mariage, de le faciliter, de protéger la famille et de l'entourer de l'attention requise. (art. 5 (b)). Il incombe au mari,en tant qu'individu, d'entretenir sa famille (art. 6, (b)). Les Etats et les peuples ont le devoir de les soutenir dans leur lutte pour l'élimination de toutes les formes de colonisation et d'occupation. (art. 11 (b)).Enfin, si tout homme a droit à une éducation, cette dernière doit développer la personnalité de l'homme, consolider sa foi en Dieu, cultiver en lui le sens des droits et des devoirs et lui apprendre à les respecter et à les défendre. (art. 9 (b)). d) Le problème de la prise d'otages: la Déclaration s'intéresse à quelques phénomènes, en particulier. Ainsi, l'article 21 traite d'un problème qui préoccupe la communauté internationale, c'est-à-dire: la prise d'otages. Cet article interdit de prendre une personne en otage sous quelque forme et pour quelque objectif que ce soit [5]. e) Le droit à un environnement sain: l'article 17 parle du droit de vivre dans un environnement sain, et il incombe à l'Etat l'obligation de garantir ce droit. Un droit qui ne trouve sa place que dans l'article 24 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981.

4. Les controverses concernant quelques articles de la Déclaration du Caire Quelques dispositions de cette Déclaration ont suscité des controverses: a) L'égalité: l'article premier affirme que Tous les hommes, sans distinction de race, de couleur, de langue, de religion, de sexe, d'appartenance politique, de situation sociale ou de toute autre considération, sont égaux en dignité et en responsabilité. Ainsi, l'égalité se manifeste seulement en dignité, en devoir et en responsabilité mais pas en droit! Pourtant, le premier projet de 1979 déjà mentionné insistait dans son article premier sur l'égalité entre tous les membres de la famille humaine. La Déclaration de Dacca affirme, de son côté, l'égalité en droits fondamentaux entre tous les hommes sans distinction aucune de race, de couleur, de langue, de religion, de sexe, d'opinion politique, de statut social ou de toute autre considération. Par contre, l'article 6 alinéa (a) de la Déclaration du Caire parle de l'égalité entre la femme et l'homme mais seulement sur le plan de la dignité humaine! b) Le mariage: L'article 5 alinéa (a) de la Déclaration du Caire évoque, également, le droit de se marier. Et, Aucune entrave relevant de la race, de la couleur ou de la nationalité ne doit les empêcher de jouir de ce droit.Quant à la religion, elle n'a pas été mentionnée par cet alinéa (a) parce que la femme musulmane ne se voit pas reconnaître le droit, d'après la Charia, de se marier avec un non-musulman. c) La liberté de croyance: aucun article ne mentionne la liberté de croyance ou la liberté de manifester sa religion! L'article 10 explique, seulement, Aucune forme de contrainte ne doit être exercée sur l'homme pour l'obliger à renoncer à sa religion.... Pourquoi, a-t-on négligé de mentionner la liberté de croyance? Pourtant l'Islam respecte toutes les religions et interdit formellement toute contrainte dans la religion [6], et plusieurs versets coraniques insistent sur la liberté de religion [7]. D'autre part, les règles de la Charia protègent la présence des minorités religieuses surtout les gens du Livre (juifs etchrétiens) d) Le droit d'asile et le problème des réfugiés: l'article 12 confirme la liberté de l'homme de circuler et de choisir son lieu de résidence à l'intérieur de son pays mais à condition de respecter les règles de la Charia. D'un autre côté, ce même article affirme le droit de se réfugier dans un autre pays si l'homme est persécuté.Et, Le pays d'accueil se doit de lui accorder asile et 77

d'assister sa sécurité, sauf si son exil est motivé par un crime qu'il aurait commis en infraction aux dispositions de la Charia. e) La Charia comme seule source de référence: enfin, les articles 24 et25 précisent que les droits et les libertés énoncées dans la Déclaration sont soumises aux dispositions de la Charia et cette dernière est l'unique référence pour l'explication ou l'interprétation de l'un des quelconques articles contenus dans la Déclaration. Une grande question se pose concernant cette référence: à quelle Charia ou précisément à quelle interprétation de la Charia se réfèrent ces deux articles pour expliquer ou interpréter l'un de ces articles? Car, nous savons qu'il y a au moins quatre écoles sunnites d'interprétations, et une ou plusieurs écoles chi'ites, et quelle interprétation serait alors valable?! La Déclaration du Caire mélange en fait les normes des droits de l'homme et les normes du droit international humanitaire dans un souci de montrer que la Charia comprend des dispositions qui ressemblent, par exemple, aux dispositions figurant dans les Conventions de Genève de 1949. Quelques droits et libertés font cruellement défaut dans cette Déclaration comme la liberté de religion, la liberté de croyance ou la liberté de manifester sa religion! Il n'en reste pas moins que la Déclaration du Caire contient des dispositions qui sont très spécifiques, par exemple: l'interdiction de prendre une ou des personnes en otage ou le droit de vivre dans un environnement sain. Mais la Déclaration ne reflète pas, à notre avis, et dans une large mesure, une lecture ouverte et tolérante de l'islam d'aujourd'hui.

II. Les Déclarations adoptées par les ONG's Les ONG's arabo-musulmanes ont adopté plusieurs textes, le plus important parmi eux étant: La Déclaration Islamique Universelle desDroits de l'homme de 1981. A l'occasion de la célébration du commencement du 15ème siècle de l'hégire du calendrier musulman, le Conseil Islamique une organisation non gouvernementale basée à Londres a proclamé, le 19 décembre 1981, par son Secrétaire général au siège de l'Unesco La Déclaration islamique universelle des droits de l'homme [8]. Cette Déclaration a attiré, lors de sa proclamation, l'attention sur l'Islam et les droits de l'homme, au moment où les milieux académiques et religieux ont presque oublié que cette question a déjà été débattue lors de quatre colloques organisés à Riyad (Arabie saoudite) en 1972, et à Paris, au Vatican, à Genève et à Strasbourg en 1974 [9], et lors d'un cinquième colloque sur les droits de l'homme en Islam organisé du 9 au 14 décembre 1980 à Koweït city par laCommission Internationale des Juristes (Genève), l'Union des avocats arabes (Le Caire) et l'Université du Koweït [10]. Cette Déclaration islamique universelle contient un préambule et vingt articles et elle se base, en premier, sur le Coran et sur la tradition du Prophète Muhammad en tant que sources principales de la Charia.

A. Le préambule de la Déclaration islamique universelle Ce préambule parle, en premier lieu, de la croyance des musulmans et établit, deuxièmement, un ordre islamique basé sur quelques principes fondamentaux: tous les êtres humains sont égaux et libres, l'interdiction de la discrimination quant à la race, à la couleur, au sexe, à l'origine, ou à la langue, l'esclavage et les travaux forcés sont proscrits, le respect de la famille et de son honneur, le sgouvernants et les gouvernés sont égaux devant la loi. La phrase Loi Divine ou le mot Loi revient à plusieurs reprises dans ce préambule ce qui signifie que les dispositions de cette Déclaration sont toujours soumises à la Charia. Les droits de Dieu (hukuk Allah) sont des droits absolus affirmés par ce préambule [11]. Ces droits [12] sont un dépôt (amana), l'homme a accepté de le porter [13].

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B. Les dispositions de la Déclaration islamique universelle La plupart de ces dispositions ressemblent à celles proclamées par la Déclaration universelle des droits de l'homme comme: le droit à la vie (art. 1er), le droit à la liberté (art. 2), le droit à la prohibition de toute discrimination (art. 3), le droit à la justice (art.4), le droit à un procè séquitable (art.5), le droit à la protection contre la torture (art.7), le droit d'asile (art.9), le droit des minorités (art.10), le droit à la participation à la conduite et à la gestion des affaires publiques et cette participation est une obligation aussi (art.11), le droit à la liberté de croyance, de pensée et de parole (art.12), le droit à la liberté religieuse (art.13), le droit à la libre association (art.14), le droit à la protection de la propriété (art.16),le droit des travailleurs leur statut et leur dignité (art.17), le droit à la sécurité sociale (art.18), le droit de fonder une famille et les questions connexes (art.19), le droit à l'éducation (art.21), le droit à la vie privée(art.22) et le droit à la liberté de déplacement et de résidence (art.23). Ajoutons à cela quelques droits spécifiques comme par exemple: la protection contre l'abus de pouvoir (art.6), la protection de l'honneur et de la réputation (art.8), et l'ordre économique et les droits qui en découlent (art.9) et les droits de la femme mariée (art.20). Mais ces dispositions laissent aussi quelques interrogations concernant par exemple: la liberté de manifester sa religion ou le changement de religion même si l'art. 13 stipule que: Toute personne a droit à la liberté de conscience et de culte conformément à ses convictions. Une autre interrogation est: l'égalité entre l'homme et la femme? Si cette égalité en dignité est clairement exposée dans la Déclaration, par contre cette dernière n'est pas très claire concernant l'égalité entre l'homme et la femme en droits. Ainsi, son préambule affirme, d'un côté, le principe de l'égalité entre tous les êtres humains, les articles 19 et 20 de la Déclaration maintiennent, d'un autre côté, la position traditionnelle:…Tout conjoint possède ces droits et privilèges et est soumis aux obligations stipulées par la Loi (art. 19, al. a), et toute femme mariée au droit: d'hériter de son mari, de ses parents, de ses enfants etd'autres personnes apparentées conformément à la Loi (art. 20, al. d).Et, la Loi ici est toujours la Charia. D'autre part, cette Déclaration tranche d'une façon claire sur quelques questions. Ainsi, le droit de chercher un refuge et le droit d'asile sont garantis par l'alinéa 1er de l'art. 9: à tout être humain quelle que soient sa race, sa religion, sa couleur ou son sexe. Par contre, l'alinéa 2 de ce même article réserve aux musulmans seulement le droit detrouver un refuge à Al Masjid Al Haram (la maison sacrée d'Allah) à la Mecque. Ce qui explique ensuite que le droit de circuler librement dans le Monde de l'Islam est réservé à tout musulman(art.23) ce qui signifie que le nonmusulman n'a pas le droit d'entrer, par exemple, dans les villes saintes d'Arabie saoudite, d'après les législations de cet Etat islamique, ce qui représente à notre avis et comme nous l'avons signalé précédemment, une interprétation rigoureuse de la Charia. En guise de conclusion, nous pensons que ces tentatives de la part de l'O.C.I. et des ONG musulmanes s'inscriront dans les efforts déployés dans le monde arabo-musulman pour faire avancer le respect des droits de l'homme mais elles n'ont pas pris en compte, dans plusieurs articles (surtout la Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam), ce que la communauté internationale a réussit à affirmer comme l'égalité entre l'homme et la femme pas seulement en dignité mais aussi en droits, la liberté religieuse pourtant réaffirmée à maintes reprises par le Coran et la tradition du Prophète Mohammed. Une nouvelle version de la Déclaration du Caire s'impose pour montrer le vrai visage de l'Islam, c'est-à-dire: la tolérance, l'ouverture et l'amour. Ainsi un groupe intergouvernemental d'experts est chargé actuellement du suivi de cette Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam. Il a organisé, à cet effet, et avant janvier 2003, sept réunions qui ont été consacrées à cette tache suivie par le Secrétaire général de l'O.C.I.[14].

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Notes: Cet article a été publié sur le site oumma.com, le 31/3/2005. * Président du Centre Arabe pour l'Education au Droit International Humanitaire et aux Droits Humains, Lyon. Directeur adjoint du Groupe d'Etudes et des Recherches en Islamologie, Université Marc Bloch, Strasbourg. [1] Voir concernant la création de cette Organisation notre article: Le mouvement du panislamisme: son origine, son développement, et la création de l'Organisation de la Conférence Islamique, le Courrier du Geri. Recherches d'islamologie et de théologie musulmane, 5-6 années, volumes 5-6, n° 1-2, 2002-2003,pp. 109 et s. [2] Voir le texte de cette Déclaration dans Mohammed Amin AL-MIDANI, Les droits de l'homme et l'Islam. Textes des Organisations arabes et islamiques. Préface Jean-François Collange, Association des Publications de la Faculté de Théologie Protestante, Université Marc Bloch, Strasbourg, 2003,pp. 67 et s. (Ci-après, AL-MIDANI, Les droits de l'homme et l'Islam). [3] Voir le texte de cette Déclaration dans AL-MIDANI, Les droits de l'homme et l'Islam, pp. 69 et s. [4] Voir notre étude: La Déclaration universelle des droits de l'homme et le droit musulman, dans Lectures contemporaines du droit islamique. Europe et monde arabe, Presses Universitaires de Strasbourg, Strasbourg, 2004, pp. 153-186. [5] Il est intéressant de signaler que les ministres de la Justice et de l'Intérieur de la Ligue des Etats arabes ont signé le 22 avril 1998, au Caire, une Convention pour la lutte contre le terrorisme.Voir le texte de cette Convention dans AL-MIDANI, Les droits de l'homme et l'Islam, pp. 93 et s. [6] On lit dans leCoran 2, 256: Pas de contrainte en religion. Le Coran. Introduction, traduction et notes par Denis. MASSON, Paris, Gallimard, 1967. [7] Voir, leCoran: 2,256 ; 10,41 ; 10,99 ; 12,103 ; 18,29 ;109,6. [8] Voir le texte de cette Déclaration dans AL-MIDANI, Les droits de l'homme et l'Islam, pp.103 et s. [9] Voir, Colloques de Riyad, de Paris, du Vatican, de Genève et de Strasbourg sur Le dogme musulman et les droits de l'homme en Islam, Dar Al-Kitab Allubnani, Beyrouth, (s. d). [10] Voir concernant les travaux de ce Colloque, Robert CASPAR, Les déclarations des droits de l'homme en Islam depuis dix ans, Islamochristiana,n° 9, 1983, pp. 65-73. [11] Lucie PRUVOST,Déclaration universelle des droits de l'homme dans l'Islam et charte internationale des droits de l'homme, Islamochristiana, n° 9,1983, p.145. [12] Voir concernant la distinction entre les droits de Dieu (hukuk Allah) et les droits de l'homme (hukuk al 'abd / hukuk al insan), notre thèse, Les apports islamiques au développement du droit international des droits de l'homme, Thèse d'Etat en Droit Public,Université de Strasbourg III, octobre 1987, pp. 17-19. [13] Oui, nous avions proposé le dépôt de la foi aux cieux, à la terre et aux montagnes. Ceux-ci ont refusé de s'en charger, ils en ont été effrayés. Seul l'homme s'en est chargé, mais il est injuste et ignorant, le Coran, (chapitre 33/72).

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