Version Memoire 1.1 PDF [PDF]

  • 0 0 0
  • Gefällt Ihnen dieses papier und der download? Sie können Ihre eigene PDF-Datei in wenigen Minuten kostenlos online veröffentlichen! Anmelden
Datei wird geladen, bitte warten...
Zitiervorschau

UNIVERSITÉ ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY

Faculté des Lettres et Sciences Humaines Département de Sociologie et d’Anthropologie

MÉMOIRE DE FIN DE CYCLE

Option : Master socio-anthropologie de la santé Thème : Santé sexuelle et reproductive des adolescentes au Niger

Sujet : Représentations et pratiques de l’hygiène menstruelle des adolescentes scolarisées au CEG II de la commune urbaine de Tibiri (Maradi)

Présenté par : Boukari Dan Bouzoua Zeinabou N° 25547 Encadreur : Dr Hamani Oumarou Co-encadreur : Dr Amadou Oumarou

ANNEE : 2018-2019

1

DEDICACES

Je dédie ce travail à ma chère mère Fatima Garba et à mes nièces chéries

I

REMERCIEMENTS Mes remerciements vont d’abord :  À mon encadreur Dr Hamani Oumarou Enseignant à l’université Abdou Moumouni de Niamey et Chercheur au Lasdel, qui malgré ses multiples occupations, a bien voulu accepter de me recevoir à chaque fois que le besoin se fait sentir ;  À mes parents Fatima Garba et Boukari Dan Bouzoua (Repose en Paix mon trésor) pour vos soutiens financiers et moraux durant tout mon cursus académique ;  A la structure Initiative OASIS (Organiser l’Avancement des Solutions au Sahel) Niger qui m’a octroyée une bourse de stage pour la réalisation de la phase terrain de mon mémoire particulièrement à Abdou Moumouni Nouhou (Directeur Pays) et Alisha Graves (Responsable du projet) ;  À mon frère et mes sœurs particulièrement Charhassila Boukari Dan Bouzoua et Rabi Boukari Dan Bouzoua qui m’ont accompagné moralement et financièrement ;  À ma cousine Rabi Yacouba Dan Bouzoua (Repose en Paix ma sœur) qui m’a accepté chez elle durant ma phase terrain à Maradi ;  A tout(es) les jeunes adolescent(e)s de l’école CEG II de Tibiri (Maradi), leurs mères, leurs enseignants et les agents de santé du CSI Goumar de la commune Urbaine de Tibiri, grâce à votre participation ce travail a vu le jour ;  Ensuite, à tous les enseignants de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines pour vos multiples sages conseils et suggestions durant mon cycle universitaire ;  À tous les chercheurs du Lasdel pour vos formations et conseils dans l’amélioration de mon travail de recherche ;  Aux chercheurs du CRAMS-EXA notamment Aboubacar Souley et Marthe Diarra qui m’ont toujours motivée et encouragée à persévérer dans ma carrière universitaire ;  À mes amis, collègues, promotionnaires du département de sociologie en particulier ceux de master en socio-anthropologie de la santé pour vos suggestions et conseils ;  Enfin, mes remerciements vont également à tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail.

II

Sigles et Abréviations AGR : Activité Génératrice de Revenus AME : Association des Mères Educatrices APE : Association des Parents d’Elèves BM : Banque Mondiale CCC : Communication pour un Changement de Comportement CEG : Collège d’Enseignement Général CHR : Centre Hospitalier Régional CIPD : Conférence Internationale sur la Population et le Développement COGES : Comité des Gestions de Plainte CSI : Centre de Santé Intégré DRES : Direction Régionale de l’Enseignement Secondaire DRSP : Direction Régionale de la Santé Publique EDSN : Enquêtes Démographique et de santé et à Indicateurs Multiples EFS : Economie Familiale et Sociale ENSP : Ecole Nationale de Santé Publique EPS : Education Physique et Sportif EPS : Education Pour la Santé FLSH : Faculté des lettres et sciences humaines FMI : Fonds Monétaire International GHM : Gestion de l’Hygiène Menstruelle INRP : Institut National de Recherche Pédagogique INS : Institut National de la Statistique OASIS : Organiser l’Avancement des Solutions au Sahel OCB : Organisation Communautaire de Base III

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement OMS : Organisation Mondiale de la Santé ONG : Organisation Non Gouvernemental PDC : Plan de Développement Communautaire PF : Planification Familiale PMI : Protection Maternelle Infantile PTME : Prévention de la Transmission Mère-Enfant RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat SR : Santé de la Reproduction SVT : Science de la Vie et de la Terre UNFPA: United Nations Fund for Population Activities UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

Plan Introduction Première partie : Cadre méthodologique Chapitre I : Construction théorique de l’objet d’étude Chapitre II : Cadre pratique Chapitre III : Présentation de la zone d’étude

Deuxième partie : Présentations des résultats (Traitement, analyse et interprétation des données) Chapitre IV : Représentations autour des menstrues Chapitre V : Pratiques et interdits autour des menstrues Chapitre VI : Education sexuelle de la jeune fille à l’école et à la maison

Conclusion

IV

V

Introduction La santé sexuelle et reproductive a fait l’objet de plusieurs débats et écritures scientifiques dans le monde depuis des décennies. Cette préoccupation mondiale touche spécifiquement la santé maternelle et infantile. Mais ces dernières années, la santé des adolescents devient de plus en plus une préoccupation et une priorité pour les pays en voie de développement. Cette catégorie de personnes (les adolescents) est relativement oubliée et moins prise en compte. En Afrique, la question de la santé sexuelle et reproductive touche aussi bien les femmes que les adolescentes. C’est ainsi que notre travail s’inscrit dans les questions de genre. Cette dernière consiste à faire ressortir les droits des adolescentes et des femmes, qui sont exposées à différents problèmes de la santé. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS 2015) « Le concept de santé sexuelle reste pertinent tout au long de la vie. Il intègre la notion de diversité sexuelle. La santé sexuelle est par ailleurs influencée par les questions de genre et par les manifestations du pouvoir : elle s‟appréhende ainsi dans son contexte socio-économique et politique, toute réflexion restant subordonnée au respect des droits individuels humains. Le cadre d‟analyse de la santé sexuelle intègre donc les droits humains, et des dimensions mentales, émotionnelles, sociales et physiques. Le respect des droits humains est ainsi la condition d‟une bonne santé sexuelle » Au Niger, le sujet reste encore un problème crucial sur le plan sanitaire et éducatif. Il touche principalement les adolescentes et les femmes, c’est pour cette raison qu’aujourd’hui on parle plus de la santé sexuelle et reproductive des adolescentes et des jeunes femmes. Ces dernières sont non seulement exposées aux problèmes de la santé, de l’éducation, de la pauvreté mais aussi ; elles traversent des moments difficiles pendant le développement de leur corps. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF 2011) : « Aujourd‟hui dans le monde, 1,2 milliard d‟adolescents traversent la période difficile entre l‟enfance et le monde des adultes. Neuf sur dix d‟entre eux vivent dans un pays en développement et sont confrontés à des problèmes d‟une extrême gravité, allant des difficultés de la scolarisation à la suivie pure et simple. Et les obstacles sont encore plus difficiles pour les filles et les jeunes femmes ». D’après le 4ième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH 2012) du Niger : « Les adolescents âgés de 10-19 ans sont au nombre de 3 799 078, soit 22,16% de l‟ensemble de la population du Niger. Les filles représentent 10,98% et les garons 11,18%. D‟après les données de l‟Institut National de la Statistique (INS) l‟évolution par groupe d‟âge montre clairement l‟explosion de la population des adolescents entre 2001 et 2012. En effet, dans le groupe d‟âge 10-14 ans, la population a presque doublé en 11 ans. Le taux d‟accroissement est de 5,1% chez les garçons alors 1

qu‟il vaut environ 7,2% chez les filles. Ces taux représentaient 4,6% et 4,4% respectivement entre 1988 et 2001 ». (EDSN-INS 2015) D’après le Forum Social Mondial de Tunis du 28 mars 2013, le Niger a une population de 15 millions d’habitants à 95% de confession musulmane avec une population majoritairement rurale. Il occupe la 167ème place sur l’indice de développement humain (175 pays classés) et le taux d’analphabètes est de 71% (57,2% pour les hommes, 83% pour les femmes). Le taux d'alphabétisation est de 29 % (42,8 % pour les hommes et 17,1 % pour les femmes). Le taux brut de scolarisation est de 72,9 % (81,9 % pour les garçons et 63,9 % pour les filles). Aussi la fécondité chez les femmes nigériennes demeure élevée puisque chaque femme donne naissance, en moyenne, à 7,6 enfants dans sa vie. Dans les régions de Zinder et de Maradi surtout, les niveaux de fécondité sont les plus élevés (respectivement 8,5 et 8,4). La fécondité des adolescentes demeure élevée dans le groupe d’âges 15-19 ans, 40 % des jeunes filles ont déjà commencé leur vie procréative. (INS 2015) Par ailleurs nombreux sont les adolescents qui ont peu de connaissances sur leur santé sexuelle et reproductive. Ce qui explique le taux des grossesses non désirées et des cas de maladies sexuellement transmissibles élevées dans la région de Maradi. Ces cas de grossesses non désirées sont plus identifiés chez les filles scolarisées. Le programme enseigné sur la santé sexuelle et reproductive dans les écoles notamment les cours d’économie familiale et sociale (EFS) et de science de la vie et de la terre (SVT) fournissent peu d’informations aux adolescentes. Alors que la connaissance des menstrues occupe une place importante dans la vie quotidienne des adolescentes. D’où la nécessité de mener des recherches sur les représentations et pratiques autour des menstrues chez les jeunes adolescentes scolarisées dans la commune urbaine de Tibiri (Maradi). L’interrelation et la communication sur les questions de menstrues entre adolescentes, enseignants et agents de santé sont moins importantes. Les enseignants expliquent insuffisamment ou s’abstiennent. De leur côté les agents de santé parlent faiblement. Ceci s’explique par l’ignorance, le manque d’ouverture d’esprit, les tabous ou interdits et surtout même la religion qui empêchent les discussions sur les menstrues. Nous notons qu’il y’a une insuffisance des travaux empiriques sur les menstrues en ce qui concerne le contexte du Niger. Les résultats de cette recherche sont structurés en deux parties: première partie concerne la revue littéraire notamment la construction de l’objet d’étude, le cadre pratique et la présentation de la zone 2

d’étude ; et la deuxième partie concerne les informations issues du terrain à savoir les représentations et perceptions sociales autour des menstrues, les pratiques et interdits autour de l’hygiène menstruelle , l’éducation sexuelle de la jeune fille à la maison et l’école et les enjeux autour de la santé sexuelle et reproductive des adolescentes. Quelques recommandations proposées par les acteurs sociaux rencontrés ont été recensés.

3

PREMIERE PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE

4

Chapitre I : Construction théorique de l’objet d’étude 1.1. Raisons du choix de sujet Deux raisons essentielles expliquent le choix de ce sujet. Il s’agit des raisons subjectives et des raisons objectives. 1.1.1 Raisons subjectives Les raisons subjectives qui m’ont poussé à m’intéresser aux menstrues sont multiples. D’abord j’ai constaté autour de moi que beaucoup d’adolescentes n’ont pas connaissance de l’existence des menstrues jusqu’à leurs arrivées. Comme je discute souvent avec les adolescentes dans mon quartier, certaines viennent souvent me poser des questions sur ces aspects. Ensuite la seconde raison est que personnellement les menstrues ont beaucoup marqué mon adolescence, parce que non seulement je ne savais pas avec qui discuter au moment de leur survenance mais aussi je n’ai jamais entendu parler des menstrues. Et enfin la troisième raison est la passion personnelle de faire la recherche et d’apporter une contribution dans les productions scientifiques ayant trait notamment à la santé sexuelle et reproductive des jeunes adolescentes. 1.1.2 Raisons objectives Les raisons objectives du choix de ce sujet sont multiples. D’abord l’objectivité de ce sujet est liée au fait que c’est une obligation de soutenir un mémoire à la fin du Master à l’Université Abdou Moumouni de Niamey. La prochaine raison est liée à mes lectures. Ainsi, suite aux questions récurrentes des adolescentes de mon quartier, j’ai essayé d’approfondir mes connaissances sur la question de la santé sexuelle et reproductive chez les jeunes adolescentes à travers des lectures ; mais je me suis rendu compte que la question sur les menstrues chez les adolescentes n’est pas suffisamment traitée surtout au Niger. La question de la santé sexuelle et reproductive chez les jeunes adolescentes est d’actualité mais moins prise en compte aujourd’hui dans le monde notamment par la société, par les agents de santé et les humanitaires. Il existe peu de productions scientifiques dans la recherche. Par ailleurs les années 2000 ont été marquées par l'atteinte des Objectifs du Millénaire par l'ensemble des donateurs (BM, FMI, etc.). L’atteinte des OMD sur la base des 8 objectifs à atteindre en 2015 : (1)Lutter contre la pauvreté/malnutrition, (2)Assurer l’éducation primaire pour tous,(3) Promouvoir l’égalité de sexe et l’autonomisation des femmes pour réduire les inégalités liées au faible développement humain,(4) Réduire la mortalité des enfants de moins de 5ans, (5) Améliorer la santé maternelle,(6) Combattre le sida et les maladies infectieuses, (7) Assurer un environnement durable, (8) 5

Mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Ce

travail s’inscrit dans cette

perspective conformément aux objectifs 3 et 6 notamment (3) promouvoir l’égalité de sexe et l’autonomisation des femmes pour réduire les inégalités liées au faible développement humain et (6) combattre le Sida et les maladies infectieuses. Une autre raison est que j’ai participé à une recherche sur la gestion de l’hygiène menstruelle (GHM)1 qui s’est déroulée au Niger en 2015 dans les écoles des communes rurales respectivement de Madaoua, Maradi et Zinder. Cette recherche a beaucoup attiré mon attention sur les comportements des jeunes filles lors des entretiens. C’est ce qui m’a poussé à me poser des interrogations sur les représentations et les pratiques que font les adolescentes autour de l’hygiène menstruelle. En effet, les menstrues ont rarement été l’objet d’étude socio-anthropologie. Alors que c’est une des raisons qui marque la vie féminine. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à porter un regard objectif sur les représentations et pratiques autour des menstrues chez les adolescentes. Après les raisons du choix du sujet, nous allons voir la revue de littérature.

1.2. Revue de littérature La revue de littérature est une phase fondamentale dans un travail de recherche. Elle consiste à faire l’état des connaissances des travaux antérieurs en rapport avec le sujet de recherche. En général, la question des représentations et des pratiques autour des menstrues demeure un sujet tabou dans le monde. Particulièrement en Afrique il reste toujours un tabou. Je note d’emblée une faible documentation sur le thème comme susmentionné : les documents existants abordent le sujet à petite échelle. La plupart sont des rapports et des études réalisées dans les pays développés. Aux antipodes, dans les pays en voie de développement le sujet passe sous silence. La littérature existante aborde quatre principales thématiques qui traitent des représentations sociales autour des menstrues et de la gestion de l’hygiène menstruelle : (1) les représentations autour des premières règles chez les jeunes filles, (2) la construction de l’identité féminine liée à la puberté chez la jeune fille, (3) adolescence et changements psychologiques, physiologiques, affectives et culturels et (4), la gestion de l’hygiène menstruelle. 1.2.1 Représentations autour des premières règles chez la jeune fille D’une manière générale les règles sont des signes de maturité chez toutes les femmes mais leur première apparition se présente particulièrement chez la jeune fille. Les premières règles sont des signes de

1

L’étude sur la Gestion de l’hygiène menstruelle a été commanditée par UNICEF. Nous faisons partis de l’équipe de recherche.

6

maturité chez la fille, des signes qui montrent qu’elle est maintenant devenue une femme dans les sociétés africaines. La jeune fille rentre en ce moment dans la programmation des systèmes d’organisation et de reproduction sociale. En effet, « Pour une femme avoir ses règles c‟est perdre du sang de manière régulière (une fois par mois) par le vagin. Quand une jeune fille commence à avoir ses règles cela signifie qu‟elle peut désormais tomber enceinte. » (Sow.F et Bop.C 2004 :81) Cependant des changements liés aux comportements psycho-sociaux concomitants chez la jeune fille peuvent subvenir. Ces changements de comportement et d’attitudes simultanés sont liés à l’apparition des premières règles. C’est en ce sens que (Sow.F et Bop.C 2004) dans leur ouvrage « notre santé, notre corps » affirment que : « Les règles sont un phénomène naturel et normal qui marque la vie d‟une femme pendant plusieurs années. Certaines femmes peuvent ressentir des malaises, un mal de bas ventre plus ou moins fort, des maux de têtes, un changement d‟humeur qui peuvent subvenir avant ou pendant les règles » Le cycle menstruel est déterminé par une période qui marque l’arrivée des menstrues et la vie de la femme, d’où il est « la période comprise entre le premier jour où les règles commencent et la survenue des règles suivantes. Sa durée est de 20 à 36 jours, soit une moyenne de 28 jours. Les règles durent en général 2 à 6 jours » (Sow.F et Bop.C 2004). En d’autres termes « Si l‟ovule n‟a pas été fécondé, la muqueuse utérine, devenue inutile, se détache, ce qui produit un saignement. Le sang, l‟ovule et les débris de la muqueuse sont alors expulsés par le vagin. Ce sont les règles ». (Mardon.A 2011 : 37). Dans les sociétés occidentales, les règles commencent entre 11 et 16 ans et ne cesseront qu’à la ménopause (entre 45 et 55) à moins que la femme ne soit enceinte, allaitante ou malade. Le sang menstruel est un objet traité souvent de façon négative. « En fait, il est vu souvent comme une source de souillure naturelle que les femmes doivent impérativement dissimuler. Cette manière dont ces représentations sont transmises aux adolescentes et l‟effet qu‟elles peuvent avoir sur leur expérience sur la ménarche a donc rarement été explorée ». (Mardon.A 2011 : 1) Le sang menstruel est comme un déchet, signe de souillure naturelle (Mardon.A 2011 : 37). Cette représentation se retrouve dans la littérature savante et les discours populaires, qui fait des menstruations une source de souillure naturelle et, par conséquent, de honte et de dégoût pour les femmes (Lowy et Marry 2007, cité par Mardon.A 2011 : 37). Les menstruations sont présentées comme un échec de la fertilisation et le sang des règles comme un déchet. Cependant, elles sont un signe de féminité chez toute femme.

7

Dans certaines sociétés, des conceptions péjoratives sont portées sur les menstrues, et encore plus sur celle qui les produisent, la femme. C’est dans ce cadre que Mardon.A (2011 : 37) trouve que le sang menstruel porte également en lui le poids d’un jugement négatif. En général, ces deux auteurs démontrent que l’apparition des premières règles se représente de façon ambiguë : d’une part elles sont comme un signe de maturité et de féminité : ce qui montre également que la jeune fille est déjà dans le système de reproduction. D’autres parts elles sont comme un objet qui est traité de façon négative, elles sont vues comme un signe de souillure et comme un déchet naturel que la femme porte. Ces écrits abordent les représentations et la perception des menstrues de la femme en général et non principalement de l’adolescente. Cependant leur première apparition se présente particulièrement chez les jeunes filles. Ces écrits nous permettent de connaitre les contours de la conception des menstruels chez la femme liée à la médecine, à la culture, etc. Les écrits n’ont pas montré que les menstrues sont souvent une fierté, une joie pour la famille dans les sociétés traditionnelles. La maturation féminine est surtout marquée par un facteur très important qui est la construction de l’identité féminine ou puberté. La puberté est un processus de changement physiologique, psychologique et morphologique du corps de la jeune fille. 1.2.2 Construction de l’identité féminine chez la jeune fille Le début de la puberté est un âge marqué d’angoisse, d’inquiétude et d’irritabilité. Ainsi l’âge de la puberté est de 10 à 11 ans chez les jeunes (garçons et filles) et se termine vers 18-20 ans. Pour les professeurs psychologues Nobecourt et Goden, l’âge de la puberté débute chez les garçons à partir de 14 ans, éclosion vers 15 ans et demi et achèvement vers 17 ans et demi ; chez la jeune fille c’est à partir de 12ans, éclosion 13ans, achèvement 15 ans. Au total l’installation de la puberté dure 3ans chez les garçons et les filles mais avec une avancée d’environ 2 ans pour la fille. 1.2.2.1 Corps humain

La puberté est la période d’orientation et d’affirmation sexuelle. Chez les filles, le premier signe visible de la puberté est le développement des seins. Chez les garçons on observe l’apparition des poils sur le pubis, les testicules et le pénis augmentent leur production de testostérone qui constitue le premier signe visible de la puberté chez les garçons. La force des muscles augmente chez les garçons de façon 8

marquée et contribue à développer les bras, les jambes, la voix qui devient roque. J. Sousselet note que : « les garçons sont soumis très tôt à des efforts physiques, trop violents et trop prolongés ou astreints à des études trop ardues sont formés plus tard que leurs camarades moins fatigués ». Il note encore : « une bonne alimentation, une bonne hygiène sont des choses parfaites, le fait d‟habiter la ville plus tôt que la campagne, semblent favoriser une éclosion pubertaire précoce ». Les filles et les garçons qui habitent la ville ont généralement une puberté précoce. La fillette développe des caractères sexuels primaires : ovaire, organes génitaux et des caractères secondaires : les seins, les poils, la pilosité sexuelle et le bassin. Mais l’apparition des premières règles fournit chez la jeune fille, la date précise de la puberté (13-14 ans). La puberté féminine commence en moyenne à 10 ans et demi (âge de l’apparition du bourgeon mammaire). Le développement complet des seins, qui, après l’apparition des règles, signe la fin de la puberté, est acquis en moyenne à 14 ans. (INRP 2012). Les menstruations précoces ou tardives relèvent de grandes variations qui sont de plusieurs ordres : effet du milieu, de mauvaises conditions d’hygiène et l’hérédité qui interviennent très souvent. Par ailleurs il existe différentes sortes de puberté : prématurées, précoces et retardées. Les filles sont davantage plus touchées par la puberté précoce que les garçons. La puberté est une période normale dans le développement de la personne où se produisent les transformations morphologiques, psychologiques et sexuelles. C’est ainsi qu’elle provoque des changements de transformations concomitants physiques et psychologiques. Ces changements entrainent le passage de l’adolescence à la maturité pour donner une identité aux filles et aux garçons. 1.2.2.2 Corps de la femme sur le plan social

La construction de l’identité féminine chez la jeune fille est une étape de croissance entre le début de la menstruation et l’âge adulte. Cette identité est marquée dans certaines sociétés par une importance capitale du développement du corps « Le début de la menstruation est une partie du processus de maturation. Il fait partie du cycle reproducteur de la femme qui commence lorsque les filles deviennent sexuellement matures au moment de la puberté » (Africa Sciences 2011). L’évolution de la transformation du corps d’un homme est différente de celle du corps de la femme. C’est ainsi que « Le corps de la femme dès l‟adolescence est confronté à des mutations à chaque stade de son évolution. La petite fille, naïve, ignorante ne peut pas comprendre ces changements qui la conduisent à devenir femme petit à petit. Ainsi le corps féminin est confronté à des changements liés à son âge à toutes les périodes de la vie ». (Sow.F et Bop.C 2004 :70)

9

Le corps de la femme a une importance capitale dans les sociétés africaines. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ « En Afrique, le corps de la femme c‟est d‟abord un objet de changement social, d‟esthétique, de désir, de convoitise, de reproduction, etc. Le corps de la jeune fille subit des changements suite à la venue des premières menstrues. C‟est ainsi que la culture et la religion tentent depuis longtemps de le contrôler ». (Sow.F et Bop.C 2004) Les jeunes filles de leur côté ont une autre conception de la puberté. Pour la jeune fille « la puberté est un signe du début de l‟âge adulte et du rôle correspondant, assorti d‟attributs positifs ou négatifs selon les sociétés. Ironiquement, elle marque aussi la fin de l‟éducation sur les questions liées à la sexualité qui sont devenues sensibles ; bien trop souvent, elle coïncide de surcroit avec la fin de la scolarité pour bon nombre de filles ». (OMS 1995 : 9). Le corps de la femme a une valeur sociale et culturelle dans les sociétés africaines. Mais il est confronté à des transformations qui sont liés à son âge et aux étapes d’évolution : l’enfance, l’adolescence et la jeune pour ne citer que ceux-là. La connaissance sur ces changements chez la fille au moment de son adolescence n’est pas enseignée à la maison. Ce qui marque souvent la fin de la communication entre mère et adolescente dans bien de familles comme le Niger. 1.2.2.3 Education de la jeune fille sur la sexualité

L’éducation sur la sexualité est une étape importante dans la vie de la jeune fille mais peu d’entre elles ont des connaissances. Par rapport aux menstrues, les connaissances sont insuffisantes. Concernant les connaissances sur les questions de sexualité, Mardon.A (2009) affirme que : « Les jeunes filles ont peu d‟informations concernant les menstrues alors que ces dernières sont une étape de leur évolution identitaire, un signe de leur accession à la catégorie de femmes, qui vient marquer la fin de l‟enfance, modifiant ainsi le regard qu‟elles portent sur elles-mêmes et leur statut » Selon (Sow.F et Bop.C 2004 :75), « les adolescentes n‟osent pas poser des questions sur les profonds changements qui interviennent dans leur corps à la puberté. Quand elles commencent leur vie sexuelle et reproductive, elles ignorent le plus souvent comment cette dernière fonctionne, à quoi ressemble celui du partenaire, comment se protéger des grossesses non désirées, des maladies sexuellement transmissibles, comment éprouver et donner du plaisir. Le manque de connaissances de son corps et de son évolution pour l‟adolescente peut engendrer des affections de son appareil génital et reproductif. » Selon une récente étude sur la gestion de l’hygiène menstruelle au Niger, il ressort que les filles semblent maîtriser les transformations que subit leur corps mais manque d’informations sur les menstrues. (UNICEF 2015 : 20) 10

Dans les sociétés islamiques comme le Sénégal et le Niger, à la fin des menstrues, les femmes sont appelée à se purifier à travers des pratiques religieuses. Cette pratique est le bain de purification corporelle ou les grandes ablutions. Platon disait, dans le Cratyle (in Dénise, 2007) « Ablutions et aspersions, toutes ces pratiques n‟ont qu‟un but, et c‟est de rendre l‟homme pur de corps et d‟âme. Déjà le sang, comme liquide corporel, peut être bon ou mauvais, présentant une bivalence positive, thérapeutique, associée à la vie, et négative, toxique, associée à la mort; identifié à l‟âme de la chair, il doit en être séparé ; il fut et reste une substance tabouée » Ces écrits nous informent que les menstrues commencent toujours par le développement de certaines parties du corps. Celles-là montrent que la jeune fille est devenue maintenant mature, et le jeune garçon est devenu fertile. Impressionnés par ces changements concomitants, les parents empêchent l’observance et les attouchements de certaines parties intimes du corps. De leur côté, les filles sentent l’arrivée des changements concomitants dans leur corps, qui fait l’objet de la construction de l’identité sociale. Mais n’ont pas de connaissances nettes sur ces changements. La purification du corps et de l’âme après les menstruations est apparue récemment dans nos sociétés. Ces auteurs n’ont pas parlé de la toilette intime des femmes avec détails et surtout de la jeune fille contemporaine nigérienne. Ainsi que les croyances populaires liées au sang menstruel ni de ses interdits dans les sociétés musulmanes nigériennes. La conception du sang menstruel dans la société nigérienne n’a pas été suffisamment expliquée. Les auteurs n’ont pas abordé les types d’éducation sur les questions de sexualité, ni les manières dont des jeunes filles étaient éduquées. Ils n’ont pas abordé l’entrée de la fille dans la vie sexuelle et reproductive concernant la ville de Maradi. Bien que la puberté soit un processus de changement d’identité féminine pour les adolescentes, les menstrues sont aussi marquées par les étapes de l’adolescence et des changements psycho-sociaux culturels lié à son âge. 1.2.3 Adolescence et changements psychologiques, physiologiques, affectifs et culturels L’adolescence est une période de la vie qui marque le passé et le présent des garçons et des filles. Pendant la période d’adolescence on observe des changements de transformations comme susmentionné. Les filles et les garçons font leur représentation de l’adolescence et des menstrues. Alors que pour les parents c’est un signe de maturité et masculinité. « Présenté et accueilli par la famille comme un signe de féminité et de maturité, l‟apparition des menstrues agit sur les représentations que les filles se font d'elles-mêmes et de leur statut et impliquent pour elles des changements d'actions et d'attitudes. Par 11

conséquent, les premières règles possèdent une place fondamentale dans la sortie de l'adolescence alors même que cet âge de la vie est surtout défini par ses codes culturels. (Mardon.A 2011: 37). L’adolescence est toujours suivie par des changements concomitants chez l’homme. C’est d’ailleurs une phase très importante car elle arrive le plus souvent avec des crises pubertaires. « En principe, tout être humain peut maîtriser n'importe quel fait culturel, même sous son aspect le plus subtil, s'il a l'occasion de l'apprendre. C‟est ainsi que l‟annonce de l‟adolescence arrive avec un certain changement qui est concomitants

ce que Mead appelle, dans son analyse, les « crises de la puberté », soi-disant

déterminées biologiquement chez les adolescentes. Pendant longtemps, les psychologues de l'enfance soutenaient que l'instabilité émotive de la puberté féminine était inévitable, puisqu'elle provenait des changements biologiques qui se font jour à cette époque de la vie. » (Mead in Melville J. Herskovits 1950 :35). Ces crises pubertaires et transformations corporelles créent le plus souvent le désir sexuel chez les filles et les garçons. « Les modifications corporelles se produisant à la puberté peuvent influencer la personnalité de l‟adolescent, ses émotions et ses pensées, avec très souvent, des complexes physiques dus aux changements rapides dans son corps. Mais le plus grand changement psychologique de la puberté est l‟apparition du désir sexuel, associé à des fantasmes et éventuellement des rêves érotiques. L‟apparition du désir de grossesse est aussi très fréquente chez les filles. » (INRP 2012) En somme, l’apparition des premières règles chez la jeune fille, l’adolescence et la puberté (chez le garçon et la jeune fille) sont des moments de transitions identitaires. Les jeunes éprouvent tous des sentiments très ambivalents à l’égard de ce changement de statut (féminité et masculinité). La famille n’aide pas suffisamment à découvrir les menstrues. Les croyances socioculturelles conduisent la jeune fille en menstrues à s’isoler ou à pratiquer une mauvaise hygiène. Ces auteurs n’ont pas abordé le niveau de connaissances des filles, des garçons, des mères et des spécialistes de la santé sexuelle et reproductive concernant les menstrues dans le milieu scolaire et dans la société. Ils n’ont pas encore montré comment la jeune fille aborde la question de la sexualité dans sa famille, et comment elle se procure des informations pour préserver sa santé. Après les transformations physiologiques, psychologiques et affectives de l’adolescence nous allons passer à la gestion de l’hygiène menstruelle chez les adolescentes à l’école et à la maison. 1.2.4 Gestion de l’hygiène menstruelle chez les adolescents à l’école et à la maison Le terme hygiène provient du grec hygieinon qui signifie « santé » selon OMS (1946). Pour l’homme depuis plusieurs millénaires le lien entre l’hygiène et la santé est très clair: «l‟hygiène est l‟ensemble des 12

principes, des pratiques individuelles ou collectives visant à la conservation de la santé, au fonctionnement normal de l'organisme ». L’hygiène doit correspondre à un état complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. (OMS 1946) Les menstruations sont des phénomènes physiologiques, psychologiques et affectifs dans la vie des femmes. C’est pour cette raison que l’état de santé de la femme et plus particulièrement de la jeune fille est déterminé par un facteur important et essentiel qui est« l’hygiène menstruelle et génitale». La santé sexuelle et reproductive occupe une place importante dans la vie quotidienne des filles et des femmes. Mais tout cela est marqué par l’hygiène menstruelle. Une conférence en ligne sur la gestion de l’hygiène menstruelle en 2012 a été réalisée par le siège de l’UNICEF et l’Université de Columbia à New York, soulignant les développements et les problèmes relatifs à la gestion de l’hygiène menstruelle dans 13 pays africains. Il ressort que l’assainissement privé et adéquat dans les écoles peut permettre aux filles en périodes de menstruation de continuer à venir à l’école. (UNICEF 2013) Une récente étude sanitaire dans les écoles en Sierra Leone (2012) montre que la seule distribution de brochures sur la gestion de l’hygiène menstruelle ne produit aucun impact sur les pratiques, à moins qu’elles soient incorporées dans une formation pratique ou des activités du programme d’hygiène sanitaire dans les écoles. Ainsi, les besoins en gestion de l’hygiène menstruelle doivent être généralisés dans les milieux scolaires et les questions relatives à la gestion de l’hygiène menstruelle devraient faire partie du cursus ainsi que de la formation des enseignants concernant l’assainissement et l’hygiène à l’école afin de conduire à la dissémination systématique des connaissances et des pratiques relatives à la gestion de l’hygiène menstruelle. (Unicef 2013 : 8) Selon ces études, les menstruations demeurent un sujet tabou dans de nombreuses sociétés et les matériels éducatifs sur la gestion de l’hygiène menstruelle sont rares. Les enseignants et les élèves ont souvent peu de connaissances sur la puberté et la gestion de l’hygiène menstruelle. Les filles peuvent manquer l’école pendant les périodes de menstruation, particulièrement lorsque l’école manque d’installations sanitaires nécessaires pour maintenir l’hygiène. Une étude pilote basée sur les évidences portant sur la présence scolaire des filles réalisée au Ghana en 2008-2009 et a pu examiner la relation entre la protection hygiénique et l’assiduité scolaire des filles. Lorsque 120 filles recevaient 12 tampons hygiéniques par mois leur absentéisme a été divisé de moitié. L’étude a montré que les tampons hygiéniques réduisaient les barrières pour que les filles restent à l’école, qui étaient nombreuses : craintes des salissures, craintes des odeurs, et même lorsqu’il y avait 13

des installations sanitaires à l’école, la crainte de laisser des traces visibles de sang dans les latrines. (Montgomery et al 2012 : 23) La production des tampons hygiéniques est faite à l’extérieur du Niger. « Les cotons importés coûtent autour de 300-1200 FCFA par paquet et ils sont trop chers pour la plupart des ménages. Ainsi, la majorité des filles scolarisées utilisent principalement des morceaux de tissu et occasionnellement du coton absorbant comme protection hygiénique. Les filles les plus aisées, principalement dans les milieux urbains, utilisent seulement du coton absorbant comme protection pendant les menstruations » (UNICEF 2013 :23) En mai 2014, l’OMS a publié un rapport de premier plan intitulé «La santé des adolescents dans le monde». Ce rapport analyse les données connues sur la santé des adolescents, y compris les facteurs positifs ou négatifs, souligne les lacunes des politiques et des services de santé. De ce fait la santé des adolescents demeure une préoccupation mondiale mais mal comprise. Ainsi environ 1 personne sur 6 dans le monde est un adolescent: autrement dit, on compte 1,2 milliard de jeunes entre 10 et 19 ans. La plupart sont en bonne santé, mais on constate encore un nombre important de décès, de maladies et de pathologies chez les adolescents. Les maladies telles que les infections sexuellement transmissible VIH/SIDA, les complications au moment des grossesses précoces ou non désirées peuvent entraver leur croissance et leur plein épanouissement. « Le VIH est maintenant la deuxième cause de décès chez les adolescents (la première cause étant les accidents de circulation). À l‟inverse de la baisse du nombre de décès maternels et de la mortalité due à la rougeole, il semble, d‟après les estimations, que les décès dus au VIH soient en augmentation dans le groupe d‟âge des adolescents. Cette augmentation survient essentiellement dans la Région de l‟Afrique alors que les décès dus au VIH diminuent dans tous les autres groupes de population ». (OMS 2014) Cette préoccupation beaucoup plus ressentie en Afrique, concerne également et spécifiquement les femmes fertiles ou infertiles. C’est dans cette perspective que Macky.A, en 2015 à réaliser le film « Un arbre sans fruit »2 sur l’infertilité chez la femme montrant tous les problèmes que comporte la grossesse, et à quel point la femme nigérienne souffre d’infertilité d’où l’importance et la nécessité d’avoir des enfants après le mariage dans les sociétés nigériennes. Par ailleurs, dans la même logique Masquelier.A dans ses recherches préliminaires sur la « Possession, scolarité et moralité au Niger :

2

Information recueillis lors de la projection du film documentaire d’Aicha Macky en septembre 2016, pendant l’Université d’été du Lasdel.

14

réflexions sur l‟expérience de la jeune fille à l‟école »3 en 2016 démontre à quel point la possession de l’esprit peut jouer un rôle important sur la fertilité de la jeune fille scolarisée. Ces catégories de femmes sont confrontées à divers problèmes au stade de développement de leur corps. Elles reçoivent des éducations sanitaires à travers la planification familiale et autres canaux, telles que scolaires et familiaux. J’ai constaté à travers mes différentes lectures que la jeune fille manque d’informations sur la sexualité notamment sur les menstrues dans la famille et dans le monde extérieur. Aussi elles manquent de moyens financiers pour acheter les serviettes hygiéniques. La majorité des études qui ont été faites sur l’hygiène menstruelle ont seulement traité d’une seule thématique particulièrement dans les écoles. Aussi il y a peu d’informations disponibles sur les études portant sur les représentations et pratiques autour de l’hygiène menstruelle chez adolescentes scolarisées et non-scolarisées conduites en Afrique de l’Ouest. Il n’y a moins d’études sur comment se construisent les représentations et sur la façon dont ces représentations déterminent les pratiques des jeunes filles. La jeune fille manque d’information sur la sexualité au sein de la famille et à l’école. Alors que la connaissance de la santé sexuelle et reproduction occupe une place importante dans la vie des adolescentes. Après le point de la revue de littérature nous allons passer à la problématique.

1.3 Problématique La question de la santé sexuelle et reproductive reste toujours une préoccupation majeure dans le monde. En Afrique surtout, les femmes et les jeunes filles sont les plus exposées aux problèmes de la santé sexuelle et reproductive. Elles sont confrontées à plusieurs risques : de grossesses non désirées, des maladies sexuellement transmissibles et de mortalité infantile au moment de l’accouchement. « L'organisation mondiale de la santé indique que “le sexe - fait biologique d'être un homme ou une femme - et le genre ont un impact important sur la santé”. Plus de 500 000 femmes meurent chaque année au cours de leur grossesse ou pendant l‟accouchement. Les victimes du VIH/Sida sont pour moitié des femmes. En Afrique subsaharienne, leur nombre a doublé entre 1994 et 2004 (de 7 à 13,8 millions de femmes) et 75 % des 15-24 ans nouvellement séropositifs sont des femmes ». (Ministère des Affaires Etrangères de France 2006).

3

Informations recueillis lors de la présentation du thème« Possession, scolarité et moralité au Niger : réflexions sur l’expérience de la jeune fille à l’école » par Adeline MASQUELIER, mardi du lasdel en décembre 2016.

15

Au Niger, près de 3 800 000 adolescents, dont la moitié est constituée de filles (RGPH 2012), se réveillent chaque matin pour faire face aux problèmes de l'adolescence. Parmi ces préoccupations majeures, on note surtout le mariage précoce, la découverte de la sexualité avec son corollaire notamment les grossesses précoces, non désirées et les risques liés à la maternité précoce, les maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida. À ceux-là s’ajoutent les migrations massives des jeunes filles et garçons du monde rural en milieu urbain, les difficultés d'accès et de maintien à l'école, le chômage et la pauvreté. Au Niger, les adolescents demeurent la deuxième catégorie de personnes exposées aux problèmes de santé sexuelle et reproductive, après les femmes. Selon une étude sur « la monographie des adolescents à Maradi », il a été démontré dans les écrits que les adolescents ont longtemps été ignorés dans les analyses thématiques de la population. « Souvent assimilées à des thèmes plus globaux, elles ne constituaient pas des sujets à part entière d‟analyses approfondies. C'est aux États-Unis que l'intérêt, en tant qu'objet d'étude, commença principalement avec l'arrivée à l'adolescence des générations du "Baby-Boom1"4 (DIOP, 1995) dans les années 1960. Soumises à des facteurs d'ordres variés, ces générations avaient adopté des comportements différents de ceux des générations précédentes, en particulier une plus grande pratique de la sexualité avant le mariage. C‟est ainsi que cette frange de la population attira une attention particulière des pays occidentaux. L‟adolescence qui constitue une phase transitoire entre l‟enfance et l‟âge adulte se caractérise en général par de multiples problèmes comportementaux et dont l‟implication touche plusieurs domaines notamment social, éducatif, démographique, économique et sanitaire. (INS 2015) Selon les résultats des recherches menées par l’OMS en 2018, il est ressorti que : « L‟année 2016 est cruciale pour la santé sexuelle et reproductive des adolescents, alors que débute la mise en œuvre de deux stratégies sanitaires mondiales importantes – le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et la Stratégie mondiale des Nations Unies pour la santé de la femme, de l'enfant et de l'adolescent.(la première stratégie consiste selon l‟OMS a travaillé avec ses partenaires sur l‟Étude mondiale sur les jeunes adolescents, qui vise à produire des éléments de connaissance sur la manière dont les normes en matière de genre se forment au début de l‟adolescence et comment elles prédisposent ensuite les jeunes gens aux risques sexuels et autres ; la seconde vise à collaborer avec

d‟autres

membres

du

Réseau

interinstitutions

des

Nations

Unies

pour

l‟épanouissement des jeunes en vue d‟élaborer une stratégie des Nations Unies pour les jeunes et un cadre de résultats connexe. L‟objectif est de veiller à ce que les adolescents et les jeunes adultes 4

Le baby-boom désigne l’augmentation temporaire de la natalité observée dans certains pays industrialisés, entre 1945 et 1975, suite à une reprise de la fécondité après la seconde guerre mondiale. 16

(âgés de 10 à 30 ans) soient reconnus et soutenus pour mener des vies épanouissantes et réaliser leur potentiel en tant qu‟agents positifs et actifs du changement, d‟ici à 2030). Ces deux stratégies détermineront et favoriseront les efforts mondiaux de collaboration en faveur de la santé sexuelle et reproductive des adolescents au cours des 15 prochaines années. Si les buts et les cibles de ces stratégies ont été acceptés, les indicateurs pour contrôler que les cibles ont été atteintes font l‟objet d‟un débat » (OMS 2018) La santé maternelle et infantile à pendant longtemps été étudié par les chercheurs et les services de santé. Mais celle des jeunes adolescentes a été explorée rarement et moins encore sur les questions de menstruation. Dans le monde à travers des débats sur les sujets tabou, les menstrues sont moins débattues, mais plus sur les droits reproductifs et sexuels des femmes, c’est en ce sens que « Des conventions internationales et des plans d'action s'étendent sur les droits reproductifs et sexuels des femmes, mais ils ne vont pas jusqu'à mentionner explicitement les menstruations. Pourtant, dans les pays en développement, des centaines de millions de femmes et de filles souffrent en silence de stigmatisation sociale. La gestion de l'hygiène menstruelle (MHM) constitue un domaine extrêmement difficile et tabou de l'assainissement et de l'hygiène » (hommage à la femme, briser le silence)5 Les services de santé et le cercle familiale étant les cadres privilégiés de communication et d’information, se préoccupent peu des questions de la sexualité des jeunes adolescentes. C’est dans cette perspective que le Fonds des Nations Unies pour l’Adolescence UNFPA a décidé de financé au Niger spécifiquement dans le secteur de la santé sexuelle et reproductive des adolescentes à travers un plan d’action de 2015 à 2020 dans le but de promouvoir le développement, et de réduire les cas des grossesses non désirées et précoces chez les adolescentes vivant en milieu scolaire et extra-scolaire.6 Les adolescents demeurent les catégories de personnes plus visibles socialement, surtout dans le secteur éducatif où ils partagent beaucoup de savoirs liés à leur situation personnelle qui a trait à la sexualité. En plus, l’école qui devrait être un second lieu de socialisation et d’éducation sexuelle pour les jeunes adolescentes prend en compte faiblement la question des menstrues. On constate de nos jours la suppression des cours d’EFS (économie familiale et sociale) dans certaines écoles, par manque d’enseignant ou les cours sur la santé sexuelle et reproductive sont remplacés par des cours sur la couture et le dessin. On note aussi qu’il existe un faible intérêt pour les cours d’EFS par les élèves.

5

Document retrouvé sur internet sans date, sans année mais donnant des informations pertinentes, le titre est « hommage à la femme : la gestion de l’hygiène menstruelle, briser le silence », reflétant les réalités des jeunes filles indiennes sur la gestion de l’hygiène Menstruelle à l’école. 6 FNUAP, 2016, informations recueillis lors d’une rencontre entre agents de santé, FNUAP, le ministre de la santé publique et le ministre de l’éducation dans la mise en œuvre d’une stratégie nationale pour lutter contre la grossesse chez l’adolescence

17

Pourtant, les matières telles que SVT et EFS ont un avantage certain sur la culture générale de leur santé et la connaissance de leur corps.

Plus encore, les modifications que subissent le corps et les

changements qui surviennent lors de la puberté, chez le jeune garçon et chez la jeune fille ne sont pas toujours expliquées à l’école surtout dans les pays sous-développés. Alors que l’école est le premier milieu de discussion des menstrues pour les adolescentes scolarisées. C’est ainsi que:« l‟accès aux informations, les croyances culturelles entourant les menstruations, le soutien disponible pour les filles et l‟acceptabilité de la discussion sur les menstruations dans une école, varient selon les pays » (UNICEF 2013). C’est dans cette perspective que le Niger en 2014 a produit un guide pour la formation des adolescents. Celui-ci a été conçu par des scientifiques occidentaux pour l’unique raison de transmettre des connaissances aux adolescentes nigériennes : sur la puberté, l’adolescence et les menstrues afin de mieux sécuriser la santé sexuelle et reproductive. Mais pour des raisons culturelles, les raisons religieuses surtout, cela n’a pas pu aboutir7. Les cours d’EFS et SVT sont censés être des cours spécifiquement sur la santé des adolescentes notamment sur la santé sexuelle et reproductive. Mais celles-ci donnent des connaissances sur l’allaitement, le poids et la taille du bébé, la grossesse et l’alimentation. Ce qui décourage certains garçons à ne pas suivre les cours. La puberté et les menstrues sont insuffisamment connues par les adolescentes dans la société et à l’école. Au Niger, la majorité des filles scolarisées ne connaissent pas bien la puberté et les menstrues (jusqu’à leur arrivé) car elles ne sont pas bien apprises ni à la maison ni au sein des établissements scolaires (UNICEF 2015). L’arrivée des menstrues fait l’objet de stigmatisation sociale des jeunes. Suite à ces préoccupations qui touchent la vie et la santé sexuelle des jeunes adolescentes, je me suis posé une question de recherche et des questions connexes sur les représentations et pratiques de l’hygiène menstruelle au Niger plus particulièrement dans la commune urbaine de Tibiri (Maradi). Question de recherche : Quelles sont les représentations et pratiques autour de l’hygiène menstruelle des adolescentes scolarisées de l’école CEG II et la commune urbaine de Tibiri (Maradi) ? Questions connexes : - Quels sont les sens et perceptions autour des menstrues des adolescentes de l’école CEG II et leur entourage ? - Quels sont les pratiques et interdits qui existent autour de l’hygiène menstruelle des adolescentes et leur entourage? 7

Guide de formateur formation en santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes pour un comportement responsable, à l’intention des professeurs, et du collège et du lycée.

18

- Quelles sont les interactions sociales autour de l’éducation sexuelle à l’école et à la maison ? 1.3.1 Hypothèses de recherche Cette recherche dispose d’une hypothèse principale et des hypothèses spécifiques :  Hypothèse principale La honte, la tristesse, le gène et l’insuffisance des connaissances chez les adolescentes expliquent les représentations et les pratiques de l’hygiène menstruelle à l’école et à la maison. .  Hypothèses spécifiques - L’enseignement de l’économie familiale et sociale (EFS), de la science de la vie et de la terre (SVT) et l’éducation des parents fournissent peu d’informations aux adolescentes sur les menstrues ; - La gestion des menstrues est influencée par des pratiques modernes et traditionnelles ainsi que des interdits ; - l’école et la famille manquent d’un dispositif consistant pour l’éducation sexuelle des adolescentes. 1.3.2 Objectifs de la recherche Deux objectifs sont à atteindre dans cette recherche. Il s’agit d’un objectif général et des objectifs spécifiques.

 Objectif général L’objectif général de la présente étude est de connaitre les représentations et les pratiques associées à l’hygiène menstruelle dans une école et auprès de la famille.

 Objectifs spécifiques -

Savoir les connaissances variées et les perceptions autour des menstrues des adolescentes et de leur entourage ;

-

Saisir les différentes pratiques et interdits associées à l’hygiène menstruelle des adolescentes et de leur entourage ;

-

Identifier l’impact des enseignements reçus à l’école et à la maison sur le comportement des adolescentes.

19

1.3.3 Modèle d’analyse Le modèle d’analyse qui convient à cette recherche sur les représentations et les pratiques autour des menstrues est le fonctionnalisme classique de Mary Douglas dans son ouvrage « De la souillure, études sur les notions de pollution et de tabou » en 1971. Ce modèle d’analyse développé par Mary Douglas a pour objet de fonder une science comparée des religions primitives sous deux aspects : en premier lieu les religions primitives seraient inspirées par la peur et les secondes seraient inextricablement liées aux notions de souillure et d’hygiène. Mary Douglas dans ses recherches approfondies dans les cultures primitives ne trouvant pas cette peur. Mais l'hygiène disait-elle, en revanche, se révèle une excellente piste si nous savons la suivre en profitant des connaissances que nous avons de nos propres sociétés : plus nous connaissons les religions primitives, plus il nous apparaît qu'il y a, dans leurs structures symboliques, une place pour la méditation sur la saleté qui est aussi une réflexion sur le rapport de l'ordre au désordre, de l'être au non-être, de la vie à la mort. Ainsi l’analyse des propos et du contexte social des adolescents et leur entourage nous permettrait de comprendre les représentations et les pratiques sociales liées à l’hygiène menstruelle propre à une société : hausa. Dans certaines sociétés, les menstrues ou les règles sont traitées comme un phénomène naturel et normal chez les femmes par contre dans d’autres elles sont perçues comme un objet négatif que la femme porte. C’est ainsi que : « Le sang menstruel est considéré tantôt comme purement naturel et normal tantôt considéré comme des déchets de l‟organisme. Le sacré et l‟impur sont deux pôles opposés. Tout dépend des cultures et des religions, tout ce qui est sale pour un autre peut paraitre propre pour quelqu‟un d‟autre mais c‟est le langage qui diffère. (Mary Douglas 1971) Ce qui nous amène à étudier la gestion de l’hygiène menstruelle des adolescentes dans le contexte Nigérien plus précisément à Tibiri (Maradi). C’est ainsi que nous avons identifié les connaissances variées et les différentes pratiques des adolescentes et leur entourage. Celles-ci nous permettront de comprendre la place des menstrues dans la santé de la reproduction et pour la société. Le cadre d’analyse consiste à faire la confrontation entre les hypothèses et les concepts clés du sujet de recherche pour faire ressortir le lien qui existe. Il s’agit des représentations et pratiques autour des menstrues chez les adolescentes et leur entourage, l’interrelation avec la société autour de la santé sexuelle et reproductive.

20

1.3.4 Définition des concepts Dans toute recherche en sciences sociales il est important de définir d’abord les concepts clés du sujet afin d’élucider sa compréhension. C’est dans cette optique que nous allons tenter de définir quelques concepts clés de notre sujet. Il s’agit des termes et des concepts suivants : représentations sociales, pratiques sociales, adolescence, santé sexuelle et reproduction et scolarisation. 1.3.4.1 Représentations sociales

« Représenter » veut dire évoquer, mettre devant l’esprit, rappeler le souvenir d’une personne ou d’une chose. Ainsi selon le dictionnaire Larousse (2010), en psychologie la « représentation » signifie une perception, une image mentale etc., dont le contenu se rapporte à un objet, à une situation, à une scène du monde dans lequel vit le sujet. Selon le dictionnaire Larousse (2013) la « représentation » est l’action de représenter quelque chose au moyen d’une figure, d’un symbole, d’un signe : l’écriture est une représentation de la langue parlée par des signes graphiques. Selon le dictionnaire d’économie et des sciences sociales, les « représentations » sont similaires aux représentations collectives. C’est ainsi que les représentations collectives sont définies comme « les perceptions et constructions mentales propre à une collectivité (société, groupes sociaux), expression utilisée par Durkheim avec celle de la conscience collective dont elles seraient en quelque sorte le contenu ». Aussi selon le même dictionnaire « c‟est une notion très générale, recouvrant aussi bien les représentations courantes (perceptions du temps, de l‟espace, stéréotypes sociaux), les systèmes élaborés de représentation (vision du monde, schèmes religieux, idéologies) que l‟imaginaire social (les rêves, mythes, fantasmes collectifs). Concept proche de celui d‟idéologie au sens large. (Claude Danièle 2014 :430) Associée à d’autres termes, ce concept est défini par certains auteurs de façon tantôt similaire, tantôt complémentaire, tantôt nuancée. Ainsi on parle de « représentation sociale », « représentation collective » et « représentation populaire ». La représentation sociale désigne : « une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus largement, elle désigne une forme de pensée sociale. Les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique orientées vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et idéel » ((Jodelet 1997 :365), in Moutari.O 2016) Pour Moscovici et alliés « les représentations sociales, fondement de la pensée sociale, se situent véritablement à l‟interface entre l‟individuel et le social. Il s‟agit des constructions sociocognitives élaborées progressivement en fonction des relations entre les individus, les groupes et leur 21

environnement physique, social et idéologique ». Selon le lexique de sociologie 2ème

édition : « les

représentations sociales peuvent être comparées à des théories du savoir commun, des sciences populaires qui se diffusent dans la société » ((Moscovici et al. 1961 : 27-28), in Moutari.O 2016) Les représentations sociales sont également « une forme de pensée sociale donnant lieu à des connaissances particulières et ayant pour fonction d'orienter les conduites en même temps que d'assurer la communication entre individus. En tant que forme de connaissance partagée et donc socialement construite, elles ont vocation à "assurer la communication entre les membres d'une communauté en leur proposant un code pour leurs échanges et un code pour nommer et classer de manière univoque les parties de leur monde, de leur histoire individuelle ou collective". (Moscovici 1961 :11, in Roussiau.N et Bonardi.C 2001). Selon Olivier de Sardan. JP : « les représentations populaires sont les représentations les plus largement partagées par lesquelles les différentes maladies sont dites ou décrites au sein de la plus grande majorité » (Olivier de Sardan. JP 1999 : 20), in Moutari.O 2016). Il existe une complémentarité entre « perceptions sociales » et « représentations sociales » : « représentations et perceptions sociales sont des concepts théoriquement complémentaires pour comprendre les conduites sociales. Nos conduites et plus précisément nos comportements sont déterminés par nos attitudes vis-à-vis d‟objet particulier, c'est-à-dire par les émotions et/ ou sentiments induits par la présence réelle ou évoquée de cet objet (composante affective de l‟attitude), par un ensemble de croyances, de savoirs et jugement en rapport avec cet objet (composante cognitive de l‟attitude) et l‟intention d‟action éveillée par l‟objet (composante conative de l‟attitude)» ( (Mbanzoulou et al., 2008), in Moutari.O 2016) Les savoirs et perceptions des acteurs sociaux autour d’une maladie sont considérés comme des représentations globalisantes. C’est ainsi que « Dès lors, il conviendrait d'orienter l'analyse des représentations bien davantage sur une logique de la nomination des symptômes. C'est ainsi que savoirs et expériences des spécialistes et des non spécialistes, des hommes, des femmes, etc., forgent ensemble des conceptions populaires définies comme des « représentations globalisantes, classant les expériences singulières de l'affection à partir de caractéristiques communes dans un nombre relativement restreint d'entités nosologiques populaires » (Jaffré.Y 1999). Nous comprenons que les représentations sont des manières de pensées collectives par rapport à un objet précis. Par ailleurs les représentations et les perceptions sont complémentaires.

22

1.3.4.2 Pratiques sociales

Selon le dictionnaire Larousse (2010), « Pratique » veut dire connaissance acquise par expérience, par une connaissance approfondie de quelque chose. Les pratiques sont comme des vécus historiques des individus. Ce sont des visions du monde et du contexte dans lequel se trouve les individus se trouvent. Ainsi selon (Marcel.JF 2002) « les pratiques s‟inscrivent dans un déterminisme historique et contextuel qu‟il s‟agit de dévoiler et qui éclaire les prétentions et le cadre de légitimité du dispositif. Les pratiques ne sont pas des activités désincarnées, fondées sur une simple logique instrumentale, elles reflètent des visions du mode, des conceptions philosophiques et des déterminismes économiques auxquelles elles sont assujetties ».. Par ailleurs, selon (Olivier De Sardan.JP 2008) les pratiques sociales sont comme « des normes multiples et diversifiés dans le rapport entre l‟homme et professionnalisme. Les normes pratiques ne sont pas nécessairement homogènes, tout au contraire. Elles peuvent être constituées de « couches » différentes. Elles sont d‟extension très variable. Elles peuvent aussi être divergentes, voire concurrentes ». Nous comprenons à travers ces auteurs que les pratiques sociales sont des connaissances et des expériences des individus par rapport à leur vécu. Elles dépendent du contexte et sont comme des visions du monde, elles sont non seulement variables mais aussi morales. 1.3.4.3 Menstrues

Selon le dictionnaire Larousse illustré 2010, les menstruations sont un phénomène physiologique caractérisé par un écoulement sanguin périodique (les règles) dû à l’élimination de la muqueuse utérine. Il se produit chez la femme lorsqu’il n’y a pas eu fécondation. C’est un phénomène cycliste et sa durée est de la puberté à la ménopause. La menstruation est un processus physique naturel - un inoffensif sous-produit d'un événement biologique (Sowmyaa Bharadwaj Archana Patkar 2014). Biologiquement l’apparition des règles chez les jeunes filles signifient que le corps est prêt à reproduire. Après chaque période, des nouvelles membranes sont formées dans l’utérus et sont prêtes à recevoir un ovule fécondé qui deviendra fœtus. Si l’ovule produit n’est pas fécondé (environ deux semaines après l’ovulation), la femme commence à saigner. Le rôle de cette perte de sang est d’enlever ces membranes ainsi que les autres particules et fluides qui ont été produits dans l’utérus en vue de recevoir l’ovule fécondé. Contrairement à une blessure corporelle, le sang dans l’utérus ne coagule pas, jusqu’à ce que tout ait été nettoyé. C’est la raison pour laquelle les règles durent plusieurs jours. (Journal santé des femmes 2016) 23

La durée habituelle des règles est de deux (2) à sept (7) jours selon les femmes. La longueur du cycle menstruel dépend des femmes. Il peut durer habituellement entre vingt-six (26) ou trente-cinq (35) jours. Pendant les règles, le saignement contient du sang, des tissus et des fluides qui proviennent des membranes qui se trouvent dans l’utérus. Au début des règles, il se compose de plus de sang qu’à la fin. C’est pourquoi le sang change de couleur. La couleur du sang des règles peut aussi varier selon les périodes, l’âge et la femme. La couleur légale du sang des règles ne peut être : rouge noir (surtout au début), ou rouge vif (très souvent, telle est la couleur du sang), jaunâtre ou noir sale (mélange noir et blanc). Pour les savants musulmans la durée des règles ne peut être fixée, elle dépend de chaque femme qui, au vu de ses habitudes, peut savoir combien de temps durent ses règles. Le prophète (Paix et salut d’Allah soit sur lui), questionné sur ce sujet a remis aux mains de la femme la connaissance de cette durée, de la couleur et de la consistance du sang de ces règles. Les deux hadiths suivants montrent cela : Fatima Bint Abi Hubaysh, compagnonne (Sahabiya) du Prophète, avait des écoulements sanguins en dehors de la période de ses règles. Elle demanda au Prophète (Que la prière et salut d’Allah soit sur lui) de l’éclairer sur ce sujet. Il lui dit : « lorsque le sang des règles vient, il est plutôt d‟un noir reconnaissable. Si c‟est effectivement lui, alors n‟accomplie pas la prière. Si c‟est un autre sang, effectue les petites ablutions et fais tes prières, car cet écoulement est plutôt une hémorragie » (Tirmini (247), Abu Daoud (247) Nasa’’i (216). Dans un autre hadith, elle vint demander au prophète : « j’ai des écoulements sanguins continus, devrais-je délaisser la prière ? ». Il lui dit : « non, car ceci est une hémorragie, mais n‟accomplis pas la prière autant de jours durant tes règles normales, puis procède aux grandes ablutions et fais tes prières ». (Boukhari (314), Abu Daoud (240) On comprend à travers ces deux hadiths que les règles ont exceptionnellement la couleur rouge noirâtre. Autre couleur qui n’est pas cette couleur est une anomalie liée au cycle menstrues. La durée des règles dépend des personnes. La durée maximale légale des règles est de 15 jours pour celles dont les règles sont irrégulières, selon l’avis majoritaire des savants. Au-delà de cette période tout saignement est considéré comme hémorragie (maladie istihada) et traité comme tel. (Mostafa Suhayl Brahami 2015). Selon la religion musulmane, les femmes en période des règles sont privées de prier. Des anomalies des menstruations peuvent exister comme des règles trop abondantes en quantité ou en durée, appelées ménorragies ou des règles douloureuses, appelées dysménorrhées. Le cycle menstruel peut être altéré de plusieurs façons : absence de règles, règles peu ou très abondantes, règles douloureuses, règles prolongées... En cas de règles abondantes et prolongées, on parle de ménorragie et 24

d'hyperménorrhée. Il s'agit du trouble menstruel le plus fréquent. Il survient surtout à l'issue d'un cycle sans ovulation. (Journal Santé des femmes 2016)8 Dans le Journal santé des femmes, les menstruations sont le nom scientifique des règles, les pertes de sang mensuelles par voies génitales chez la femme en rapport avec le cycle menstruel. Elles démarrent à la puberté, vers 11-13 ans, puis reviennent de façon cyclique en moyenne tous les vingt-huit (28) jours. Elles durent généralement de trois (3) à cinq (5) jours. Elles proviennent de la destruction de la couche interne de l'utérus, appelée muqueuse utérine ou endomètre par chute du taux des hormones ovariennes en cas d'absence de fécondation. (Journal Santé des femmes 2016). Les menstruations cessent durant la période de grossesse et d'allaitement à cause des modifications hormonales qu'elles engendrent. Certaines pilules contraceptives peuvent aussi les bloquer. L'arrêt définitif des menstruations indique la fin de la capacité reproductrice : c'est la ménopause qui survient généralement vers l'âge de 45 à 50 ans. Par ailleurs, les menstrues sont comme un liquide naturel tout comme la sueur, la salive, les larmes, qui sort naturellement du corps humain spécifiquement chez les femmes. Le sang menstruel ou le sang des règles n’est pas sale ou non hygiénique, il est simplement constitué de sang et de tissus qui se sont détachés de la paroi de l’utérus. Les odeurs survenant pendant les règles sont causées par une mauvaise hygiène des parties génitales. Trois catégories de femmes ont des menstrues : les adolescentes (celles qui ont les menstrues pour la première fois), les adultes (celles qui y sont habitués) et les femmes enceintes (celles qui sont mariées, qui ont l’habitude de portée la gestation et qui n’ont pas atteint l’âge de la ménopause). (Moukhtaçar Alcheick, Sidi abderrahamane Al-Akhadi (1416-1995 : 14)) Nous comprenons que d’après les savants musulmans et selon les scientifiques que les règles sont un phénomène ambigu et complexe et varie selon l’organisme des femmes depuis le temps du Prophète Mohammed (Paix et Salut d’Allah sur lui). La durée du cycle dépend aussi des personnes. D’autres peuvent avoir un cycle long d’autres courts. On a également des écoulements sanguins en dehors des règles qu’on appelle la ménorragie. Cela signifie que la personne est malade. Les règles ont un début et une fin dans la vie de la femme.

8

Information recueillis à partir de Google France

25

1.3.4.4 Adolescence

Selon (Broderick, 1993, in Benny Rigaux-Bricmont et Pierre Balloffet) l’adolescence est une étape qui marque la vie de l’être humain. Il est marqué par le développement physique des fonctions de l’organisme : « L‟adolescence, qui est le passage de l‟enfance à l‟âge adulte, est généralement définie comme l‟époque à laquelle l‟individu commence à s‟épanouir indépendamment de ses parents. Elle est caractérisée par un développement physique, intellectuel, sexuel et émotionnel. Si la puberté est le point de repère manifeste du développement physique (et des pulsions sexuelles), le développement des fonctions intellectuelles qui permettent d‟appréhender des problèmes de plus en plus complexes, est beaucoup plus graduel et dépend de l‟apprentissage accumulé et de l‟éducation » Dans le dictionnaire Larousse illustré (2010), l’adolescence est une période de la vie entre l’enfance et l’âge adulte, pendant laquelle se produit la puberté et se forme la pensée abstraite. L’adolescence est une phase de transition entre l’enfance et l’adulte. « L’adolescence est une période de vie, l‟âge de transition entre l‟enfance et l‟âge adulte. Elle touche le groupe d‟âge de 10 à 19 ans et la jeunesse concerne les personnes âgées 10 à 24 ans ». (Vony 2001) L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les adolescents comme « le groupe d‟âge de 10–19 ans, les jeunes comme celui de 15–24 ans et la population jeune comme celle comprenant les adolescents et les jeunes de 10–24 ans. L‟adolescence se définit alors comme étant la période du cycle de vie qui se situe à la frontière de l‟enfance et de l‟âge adulte ». (Cité par Guiella.G 2004) La notion de l’enfance et d’adolescence se complètent souvent, vue que les étapes se succèdent c’est pourquoi la convention des Nations Unis sur le droit de l’enfant définit un enfant : « comme une personne âgée de moins de 18 ans. Bien que l‟adolescence soit difficile à définir d‟autant plus que les expériences individuelles de la puberté varient considérablement. On comprend en général par adolescent, une personne ayant un âge compris entre 10 et 19 ans qu‟on distingue par tranche d‟âge : « jeune adolescente de 10 à 14 ans), « mi- adolescence (15 à 16 ans) » et fin d‟adolescence (17 à 19ans) ». (Rapport Plan 2015) L’adolescence est une période pendant laquelle (i) l’être humain passe du stade de la première apparition des caractères sexuels secondaires à celui de la maturité sexuelle ; (ii) il acquiert des structures psychologiques et les méthodes d’identification qui transforment l’enfant en adulte ; (iii) une transition se réalise entre le stade de dépendance sociale et économique totale à celui de l’indépendance relative. Cette identification prend en compte quatre étapes de l’adolescence : l’éveil sexuel vers 13-15 26

ans ; - les premières relations sexuelles vers 14-17 ans ; - le rôle sexuel vers 16-19 ans ; - le choix d’un rôle déterminant dans la société vers 18-25 ans. (OMS) Le concept d’adolescence recouvre plusieurs dimensions : « biologique, démographique, sociale, psychologique, juridique, économique ; il n‟est par conséquent pas étonnant que les définitions utilisées diffèrent selon les chercheurs. L‟absence d‟une définition univoque de ce concept rend ainsi difficile la détermination d‟une période stable de la vie à laquelle s‟appliquerait l‟adolescence ». (Frédéri Kobelembi) A travers ces auteurs nous comprenons que l’adolescence est la période qui détermine la vie de l’homme. Il varie selon les expériences de la vie. Il n’a pas un âge exact mais il peut être compris entre 10 à 19 et le groupe d’âge de 10 à 24 ans représente la jeunesse. On peut affirmer que les concepts « adolescence » et « jeunesse » sont imbriqués du point de vue âge et des expériences vécues. La puberté marque le début des règles alors la ménopause signifie la fin des règles. Les règles ont un temps dans la vie d’une femme. 1.3.4.5 Santé sexuelle et reproductive

La Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD) (Caire, 1994) a fourni une définition consensuelle de la Santé de la Reproduction : « Par Santé de la reproduction, on entend le bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l‟appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l‟absence de maladies ou d‟infirmités… » (Programme d’action CIPD, paragraphe 7.2) (Coalition). Cela suppose : • Le droit de mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité • le droit d’être informé sur les problèmes de Santé de la Reproduction • le droit d’accéder à des services de qualité qui contribuent à la santé et au bien-être Selon l’OMS en 2002, La santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social associé à la sexualité. Elle ne consiste pas uniquement en l‟absence de maladie, de dysfonction ou d‟infirmité. La santé sexuelle a besoin d‟une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, et la possibilité d‟avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité

et

sans

contraintes,

discrimination

ou

violence.

Afin d‟atteindre et de maintenir la santé sexuelle, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et assurés. La sexualité est un aspect central de la personne humaine tout au long de la vie et comprend le sexe biologique, l‟identité et le rôle sexuels, l‟orientation sexuelle, l‟érotisme, le plaisir, l‟intimité et la reproduction. La sexualité est vécue sous forme de pensées, de fantasmes, de 27

désirs, de croyances, d‟attitudes, de valeurs, de comportements, de pratiques, de rôles et de relations. Alors que la sexualité peut inclure toutes ces dimensions, ces dernières ne sont pas toujours vécues ou exprimées simultanément. La sexualité est influencée par des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, éthiques, juridiques, historiques, religieux et spirituels ». Selon le dictionnaire Grand Robert de la langue française en (2012), la santé de la reproduction signifie le fait de produire des nouveaux gamètes de façon continuelle. Celle-là concerne en général le bien être globale de l’organisme humain, en particulier elle englobe tout ce qui touche la santé de la mère et de l’enfant, le planning familiale, la contraception ainsi que les droits de planification de la grossesse et l’accouchement. Or, la santé reproductive s’inscrit dans le cadre de la santé telle qu’elle est définie par l’OMS s’intéresse aux mécanismes de la procréation et au fonctionnement de l’appareil reproducteur à tous les stades de la vie. Elle implique la possibilité d’avoir une sexualité responsable, satisfaisante et sûre ainsi que la liberté pour les personnes de choisir d'avoir des enfants si elles le souhaitent et quand elles désirent. Cette conception de la santé génésique suppose que les femmes et les hommes puissent choisir des méthodes de régulation de la fécondité sûres, efficaces, abordables et acceptables, que les couples puissent avoir accès à des services de santé appropriés permettant aux femmes d'être suivies pendant leur grossesse et offrant ainsi aux couples la chance d’avoir un enfant en bonne santé. Un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. Les termes « santé sexuelle » et « santé de la reproduction » sont intimement liés du point de vue scientifique et professionnel. C’est pour cette raison qu’on ne peut pas parler de la santé sexuelle sans parler de la santé de la reproduction. Nous comprenons à travers les différentes définitions de la santé sexuelle et la santé de reproductive que les deux termes sont nuancés. On ne peut pas parler de l’un sans parler de l’autre. Cette santé n’est pas seulement physique mais plutôt mental et social. Les femmes ont le droit d’être informer sur tout ce qui concerne leur santé sexuelle et reproductive et ont surtout le choix de planifier leurs enfants. 1.3.4.6 Scolarisation

La scolarisation est le fait d’inscrire les enfants dans une institution ou une école dans le but de leur transmettre des connaissances dans un cadre formel. Ainsi la scolarisation est le « processus qui consiste à doter des enfants et des jeunes de connaissances dans le cadre du système d‟enseignement formel » (Kobiané 2006). C’est donc la fréquentation d’un établissement scolaire par un enfant d’âge scolaire.

28

L’éducation formelle consiste de transmettre aux élèves un savoir-faire et un savoir être. L’école est un milieu où il y a les interactions entre les amis et les enseignants dans le but de transmission des connaissances. « Parlant même de l‟éducation, la scolarisation, la socialisation, tout se résume au terme « école ». L’école est une institution scolaire. Le terme école même à eu sa naissance « après la seconde guerre mondiale, l‟institution scolaire a été en outre chargée de diffuser de nouvelles techniques et de nouvelles valeurs de la civilisation urbaine dans l‟ensemble du système social. La constitution progressive d‟une identité nationale et de la transformation rapide des mentalités et des modes de vie dans ce dernier quart de siècle confirment amplement la réussite de cette entreprise » (Marie Duru-Bellat et Agnes Van Zanten, 2011 :75) Les jeunes scolarisés ont le devoir d’apprendre non seulement l’éducation formelle mais aussi la locale. C’est ainsi que « l‟alphabétisation est perçue comme le canal de connaissance et de maîtrise des faits sociaux (naissances, décès, mariages, migrations). Ainsi, une personne alphabétisée est une personne capable à la fois de lire, écrire et comprendre un texte simple (en français, arabe ou toute autre langue nationale ou étrangère) sur des faits relatifs à sa vie quotidienne ». (UNFPA 2015). L’école est le lieu non seulement de formation mais aussi d’apprentissage de bonnes manières pour les élèves. L’école est également un lieu où les élèves reçoivent une éducation sur la santé, c’est en ce sens qu’« éduquer, ce n'est pas seulement instruire ou informer. C'est faire adopter des attitudes nouvelles, c'est apporter le changement... comment quelqu'un apprend-il quelque chose? Tout d'abord, l'individu doit se rendre compte d'un fait, par exemple l'eau est à l'origine de certaines maladies. Il y a chez lui une prise de conscience ou une sensibilisation. Puis son intérêt s'éveille si la question proposée peut l'aider à résoudre un problème qui le préoccupe. Ensuite, l'individu approuve la nouveauté... L'éducation pour la santé est un art, l'art de convaincre les gens» (Sillonville 1979, in Didier. F & Yannick. J). Nous comprenons que les termes comme éducation, socialisation ou bien même scolarisation se résument au terme école comme l’ont soulignés ces auteurs. D’une manière générale, L’école est un milieu d’apprentissage et de transmission de connaissances. Il est aussi un lieu d’alphabétisation. Après avoir présenté un aperçu de la construction de l’objet d’étude, nous allons passer au prochain chapitre qui est le cadre méthodologique.

29

Chapitre II : Cadre pratique de l’étude Dans ce second chapitre nous allons rendre compte de l’ensemble des activités réalisées pour mener cette recherche. Il s’agit de : la méthode, les techniques et outils utilisées, le déroulement des activités, le dépouillement et les conditions et difficultés rencontrées.

2.1 Méthodologie de la recherche 2.1.1 Méthode qualitative Dans toute recherche en sciences sociales, il est important de choisir une méthode qui permettrait au chercheur de recueillir des informations pertinentes et de produire des résultats réels et justifiables. La méthode « C'est la procédure logique d'une science, c'est-à-dire l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en œuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable » (Aktouf.O 1987). En effet, j’ai opté pour la méthode qualitative dans le but de recueillir les perceptions, les opinions et les différents points de vue des adolescents et leur entourage sur les questions de représentations et pratiques autour des menstrues. Cette approche a permis de comprendre les représentations, les pratiques autour des menstrues des adolescentes, ainsi que l’impact de l’éducation sexuelle à l’école et à la maison.

2.2 Techniques et outils 2.2.1 Recherche documentaire Pour réaliser ce travail sur les représentations et pratiques autour des menstrues j’ai fait d’abord une revue de littérature. Cette dernière consiste à faire recours aux travaux antérieurs qui sont en lien avec notre sujet de recherche. C’est dans cette perspective que j’ai consulté avec attention des documents et des ouvrages tels que les articles, les mémoires, les thèses, les journaux, les études, les travaux et des prises de notes lors des débats et conférences. Ces recherches ont été faites à la bibliothèque de la faculté des lettres et sciences humaines (FLSH), au club de sociologie, à la bibliothèque du Lasdel, lors des conférences et des débats sur la santé sexuelle et reproductive. Cette revue littéraire a permis de faire un état de lieu des connaissances autour du sujet ; de préciser la question de recherche ; de poser la problématique et d’élaborer les outils de collecte. 2.2.3 Techniques de production des données Les techniques qui ont été utilisées pour mener ce travail sont : le focus group, et le récit de vie (le récit de vie concerne uniquement les jeunes adolescentes. Les autres entretiens individuels se sont passés avec les enseignants, les agents de santé et les mères). Le focus group permet de centrer le point de vue du groupe sur un sujet particulier. Il constitue également une méthode appropriée de recueil de données 30

lorsque l’on s’intéresse aux représentations sociales car ils sont fondés sur la communication et celle-ci est au cœur de la théorie des représentations sociales. Moscovici (1984) précise que « nous pensons avec nos bouches », indiquant que la formation d’idées, de croyances et d’opinions s’insère dans et par la communication. J’ai choisis de faire les focus group pour savoir le point de vue commun du groupe par rapport à la question de menstruation. Le récit de vie est utilisé dans cette recherche pour savoir la diversité des expériences vécues des jeunes adolescentes par rapport à la survenance des premières règles. Les entretiens individuels avec les autres acteurs sociaux sont faits pour compléter certains détails de la recherche. Ces techniques de collecte ont permis de comprendre d’une manière générale les représentations et pratiques communes propre à la société et d’une manière spécifique l’importance et l’utilité de la question de la santé sexuelle et reproductive chez les adolescents et leur entourage. 2.2.4 Entretiens Pour réaliser cette étude quatre (4) guides d’entretien ont été élaborés et structurés en fonction des différents groupes sociaux à enquêter. Il s’agit des adolescents (filles et garçons), des mères, des enseignants et des agents de santé. Les entretiens avec les adolescents ont permis d’identifier les différentes représentations et pratiques autour des menstrues et les différentes expériences vécues pendant les premières règles. Les entretiens avec les mères, les enseignants et les agents de santé ont permis de renforcer les propos des jeunes adolescents. Des entretiens avec quelques personnels de DRSP et DRES de Maradi, le maire de la commune urbaine de Tibiri, et le chef du quartier Sabon Gari ont été menés pour recueillir des informations par rapport aux écoles et aux enseignements(les cours d’EFS et de SVT) afin de cadrer la problématique. Dans la conduite de ces entretiens, l’entretien semi-directif et l’administration indirecte ont été priorisés du fait que d’une part les enquêtés sont analphabètes et d’autre part, pour avoir plus de précision sur certains aspects qui paraissent importants. Deux types d’entretien ont été menés au cours de cette étude : entretiens formels et informels. L’entretien informel a permis de comprendre les réalités concernant les menstrues. Pour compléter les informations, une observation directe sur les comportements des acteurs lors des entretiens a été faite. 2.2.5 Observation directe Pendant cette étude, j’ai eu la curiosité d’observer directement les comportements et attitudes des différents acteurs sociaux lors des entretiens du fait que parler des menstrues constitue un tabou dans les sociétés haoussa. Quelques réactions ont été identifiées telles que :

31

 Dès qu’on aborde la question des menstrues c’est la honte chez les adolescentes, elles baissent la tête et prennent un long moment avant de réagir ; certaines filles refusent de parler carrément, d’autres prennent la fuite.  Les filles se sentent plus à l’aise pour raconter leur expérience vécue des menstrues en s’isolant à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison.  Les mères aussi préfèrent s’isoler au moment des entretiens que de parler devant les enfants, ou elles regardent de gauche à droite ou encore baissent la voix pour répondre.  Les spécialistes de santé expriment un sentiment de joie et de partage de leur connaissance, ils trouvent la thématique pertinente et intéressante, et qu’ils reçoivent toujours des cas des dysménorrhées (règles douloureuses) et des grossesses non désirées chez l’adolescente. Un sujet qui touche la commune urbaine de Tibiri (Maradi). 2.2.6 Pré-enquête Avant de commencer l’enquête proprement dite, un pré-test des outils a été fait. Celui-ci est une opération qui consiste pour le chercheur à vérifier l’opérationnalité de ses outils de collecte de données. En effet, après avoir élaboré un guide d’entretien, un premier pré-test a été fait au « CSP Fameye Wadata » de Niamey. Ce pré-test a permis de comprendre la place de la santé sexuelle et reproductive des jeunes dans une école. Ensuite après avoir bénéficié de la bourse de stage9 de l’INITIATIVE OASIS Niger, un second pré-test fut fait au CEG II Bourdja dans la ville de Maradi. Enfin ce dernier a permis d’amender les outils et de mieux les adaptés au contexte de la ville de Maradi et dans la commune urbaine de Tibiri (Maradi). La pré-enquête consiste à faire un bref séjour sur le terrain enfin de s’informer de la réalité. C’est ainsi que j’ai mené des entretiens semi-directifs avec quelques personnes de la DRSP et la DRES de Maradi. Des entretiens exploratoires ont été réalisés avec des personnes ressources notamment, les professionnels de la santé sexuelle, les adolescents et les enseignants toujours dans la ville de Maradi. Tout cela a permis dans un premier temps de préciser la problématique et dans un second temps de voir clairement la réalité et d’être mieux orienté sur le terrain. L’enquête proprement dite s’est réalisée à Tibiri du fait que les élèves du CEG II sont plus accessibles, accueillants et sociables. Le choix de faire la pré-enquête à Maradi plutôt qu’à Tibiri est dû au faite que ce sont deux villes approximatives et vivent relativement les mêmes réalités professionnelles, économiques, socio-culturelles et religieuses.

9

J’ai vu cette bourse de stage sur le site « Nigeremploi » et j’ai postulé. Par chance, j’ai été bénéficiaire. Cette bourse m’a permis d’une part de faire le terrain en toute flexibilité et d’autres parts j’étais financièrement et techniquement stable.

32

2.2.7 Échantillonnage L’échantillonnage est une technique qui permet au chercheur de déterminer dans la population mère, un échantillon qui lui permettrait de mener sa recherche. C’est ainsi que l’échantillon est une partie de la population-mère à partir de laquelle vont être récoltées les données généralisables de la dite population. Une technique d’échantillonnage peut être comme « l‟ensemble des opérations permettant de sélectionner un sous-ensemble d‟une population en vue de constituer un échantillon » (Depelteau 2000). En effet, on distingue deux principales techniques d’échantillonnage. Il s’agit des techniques probabilistes et des techniques non-probabilistes. Ce présent travail, s’inscrit dans la logique de la technique d’échantillonnage non-probabiliste qui concerne spécifiquement l’échantillon boule de neige. Le choix de cette technique est dû au faite que le sujet de recherche porte sur une question qui est tabou dans la société de Tibiri. Autre raison est que le déroulement des activités sur le terrain a eu lieu pendant les grandes vacances des élèves : dans une période allant de Juin à Aout.

Le tableau ci-dessous récence toutes les personnes interviewées au cours de cette recherche Tableau 1 : Nombre d’enquêtés par acteurs sociaux rencontrés Maire/ personnels de direction régionale de l’enseigneme

Agents de

rencontrés

Adolescent(e)s

Enseignants

l’école

Mères

nt

santé

Total

Nombres des

39 adolescentes/ 11

2 enseignantes

1 gardien

7 mères

1 maire de la

2 infirmières/

72

personnes

adolescents

EFS/ 2

commune

3 sages-

personnes

enseignantes

urbaine de

femmes

SVT/ un

Tibiri/ 2

directeur/ 2

personnels de

surveillants/ une

la DRES

Acteurs

Gardien de

interviewés

enseignante de français Nombres des

2 focus group avec

6 entretiens

1 entretien

7 entretiens

3 entretiens

5 entretiens

8

entretiens

les garçons∕ 6 focus

individuels

individuel

individuels

individuels

individuels

focus grou

group avec les filles

p ∕ 26

∕4 entretiens

entretiens

individuels avec les

individuels

jeunes filles

= 34 entretiens

Source : Zeinabou Boukari/ élaboré à partir des données de l’enquête

33

2.2.8 Identification des groupes stratégiques  Les adolescents : ce groupe est la cible principale. Il est composé des jeunes adolescents (filles et garçons) scolarisés âgés de 14 à 24 ans révolus issus de l’établissement CEG II de Tibiri. A ces groupes de jeunes scolarisés viennent s’ajouter les filles non scolarisées, habitant dans les parages de l’école avec qui je me suis entretenue. Selon une étude de l’INS en 2015, sur la monographie des adolescents dans la région de Maradi « l‟analyse du lien de parenté des adolescents avec le chef de ménage met en exergue le système de « confiage » les résultats montrent que 31% des adolescents ne vivent pas avec leurs parents biologiques ». Dans cette recherche la majorité des jeunes adolescents rencontrés vivent soit avec leurs grands-parents, soit avec leurs frères ou sœurs, soit avec leur oncle ou tante, soit avec autres parents ou soit avec des personnes sans lien de parenté.  Les mères : ce groupe cible constitue la famille de la jeune fille. Ici, je me suis entretenue avec les mères uniquement car les sœurs étaient déjà dans le groupe des adolescentes intervieuvées. Les mères sont des personnes ressources importantes pour cette étude, car elles sont la base de l’éducation sexuelle notamment les discussions sur les menstrues, une tâche exclusivement connue sous la charge des femmes. Celles-là sont majoritairement analphabètes, mères, ménagères au foyer. Seulement 2% de ces mères intervieuvées sont scolarisées jusqu’à un niveau primaire. Elles sont toutes femmes au foyer.  Les enseignants : c’est le personnel administratif de l’établissement. Ce sont essentiellement des contractuels et des titulaires qui enseignent au niveau secondaire. Leur profil est le suivant : des sociologues, des géographes, des philosophes pour ne citer que ceux-là. A ceux-là s’ajoute quelques agents de santé qui sont chargé soit de dispenser le cours de science de la vie et de la terre(SVT) soit le cours d’économie familiale et sociale (EFS).  Les spécialistes de la santé : ce sont les personnels de santé issus du CSI Goumar, formé dans le domaine de sage-femme et infirmier. Ils sont au nombre de cinq (5) personnes soignants : trois sages-femmes et deux infirmiers. Ils ont suivis leur formation professionnelle à l’ENSP de Niamey. Ils ont vécu plusieurs expériences avec les adolescentes dans leur carrière professionnelle antérieure et continuent de recevoir des filles qui souffrent des dysménorrhées au sein de leur CSI.

2.3 Déroulement de l’enquête sur le terrain 2.3.1 Déroulement des entretiens Au début, des entretiens informels ont été réalisés avec la principale cible les filles(les cibles spécifiques étant les garçons, les enseignants, les agents de santé et les mères). Ce qui a permis de rencontrer les 34

mères dans leur famille et d’identifier le CSI Goumar comme étant le centre de santé le plus fréquenté par les élèves en cas des règles douloureuses. Le CSI Goumar est à 100m du CEG II. Des entretiens formels ont été menés avec les mères, les agents de santé et les enseignants. Les entretiens avec les mères se sont passé la plupart dans la cour de la maison. Pour les agents de santé et les enseignants, ils se sont déroulés dans leur bureau. Souvent les entretiens avec les agents de santé étaient entrecoupés à cause de la surcharge du travail. Les entretiens avec les jeunes filles de CEG II ont été réalisés dans une villa du quartier du fait que l’école est fermée pendant les vacances et que les filles sont plus accessibles au sein du quartier. Les entretiens avec les jeunes filles du village de Baurataoua se sont réalisés dans le groupe « save space »10 ou « espaces surs » en langue locale « hausa ». Concernant les jeunes garçons, je les aie rencontrés dans leur fada11 pour mener l’entretien. Ces lieux d’entretien ont été choisis par les acteurs sociaux parce qu’ils se sentaient plus à l’aise et plus confiant.

2.3.2 Production des données Après la conception et la validation des outils à travers le pré-test, l’étape suivante pour la chercheure est d’aller vers la population à enquêtée. En effet, je me suis rendue à la DRSP et DRES comme mentionner plus haut pour collecter des informations par rapport au fonctionnement des écoles et à l’enseignement d’EFS et la SVT, matières qui abordent l’hygiène, eau, assainissement et santé corporelle. Ensuite, je me suis rendue à Tibiri où j’ai eu un entretien avec le premier vice-maire. Ces informations recueillies sont issues de la contextualisation de la commune urbaine de Tibiri, de la situation géographique et des écoles existantes dans la commune. Après une recherche documentaire et des entretiens exploratoires, l’enquête de terrain s’est déroulée sur une durée de 10 semaines allant du 30 mai au 15 aout 2016. Période accordée par l’«INITIATIVE OASIS NIGER »12. En effet, je faisais ma collecte parallèlement j’effectuais les activités du projet. Après la collecte des données nous avons passé au dépouillement. 10

Save space ce sont les lieux de discussions des jeunes filles appelés aussi Initiative des adolescents. C’est un programme de FNUAP en collaboration avec l’ONG Songes et ONG Lafia Matassa. Il a été créé en 2012 au Niger dans le but de réduire les mariages et grossesses précoces chez l’adolescente et renforcer les capacités de la vie courante et les connaissances en santé de la reproduction. 11 Selon Lucas Khalil Bazoum en 2011, les fada sont apparus à Zinder suite à l’appel de David Ko, animateur Radio Anfani, personnage particulièrement charismatique (sur les ondes de Zinder) et influencent auprès des jeunes auditeurs. Selon Florence Boyer en 2014, l’origine du terme Fada exprime une dimension spatiale, terme haoussa. D’une part, il désigne les conseillers du chef traditionnel qui passe la journée dans la cour de ce dernier et d’autres parts, c’est également un groupe de jeunes hommes qui se réunissent chaque nuit dans les espaces de l’entre-deux. Il est également un espace où la parole se libère, cette dernière confinée à ce lieu et ce moment particulier. Les fada questionnent les normes spatiales et sociales des ainés sans entrer en conflit avec celle-ci. 12 Initiative Oasis Niger est un projet de l’Université de Berkeley à Californie et de Venture Strategies for Health. Il a été créé en 2015 dans le but d’organiser l’avancement des solutions dans le sahel. Le projet vise à catalyser une transition démographique pour favoriser un développement humain et socioéconomique durable dans les pays du Sahel en général et au Niger en particulier.

35

2.4 Dépouillement Le dépouillement ou traitement des données consiste à organiser les données collectées issues de la recherche. Il s’agit de les coder, les classer et les regrouper selon la chronologie des idées. D’abord j’ai recensé et classer les informations qui constituent les différentes représentations et pratiques autour des menstrues chez les adolescentes, les femmes et les agents de santé. Ensuite j’ai dégagé une tendance des représentations et pratiques autour des menstrues chez les acteurs sociaux. Enfin, j’ai fait ressortir l’impact de l’éducation sexuelle les adolescentes et les raisons pour lesquelles c’est un sujet qui reste tabou depuis bien des années. 2.4.1 Conditions de recherche et difficultés rencontrées 2.4 .1.1 Conditions de recherche

Comme je travaille sur un sujet tabou dans les sociétés haoussa, j’ai commencé d’abord par un séjour de deux semaines avec les adolescentes. Pendant ce séjour j’ai fait des entretiens informels c’est-à-dire que j’ai passé ensemble des moments des causeries notamment sur leurs études, leur mode de vie au sein de la commune, etc….pendant ce séjour la confiance s’est instaurée. Au bout de trois semaines ce sont les jeunes adolescentes qui venaient me rendre visite. De là j’ai constitué des groupes d’adolescentes et j’ai mené les entretiens : focus group et entretien individuel. Ma position sociale par rapport aux acteurs est comme telle : -

Pour les adolescents je suis comme une grande sœur, elles viennent souvent me voir pour poser des questions liés aux menstrues. Certaines adolescentes pensent que je fais des recherches qui n’ont aucune importance. « Elle fait des recherches sur les foutaises : les menstrues », disait une jeune fille du collège. Au début quand je partais sympathiser, personne ne me parlait, à mon retour à ma base j’ai discuté avec une étudiante de la zone (Tibiri). C’est de là qu’elle m’a fait comprendre que je dois obligatoirement porter un hijab si je veux être écouté.

-

Pour les agents de santé et les enseignants, je suis vue comme un personnel d’une ONG qui œuvre pour les questions de la santé des adolescentes, car ils ne cessent de plaider pendant les entretiens. C’est le cas d’une sage-femme qui disait lors d’un entretien individuel : « Nous sommes fatigué de recevoir des filles qui viennent pour des avortements, vraiment il faut y penser »

-

Les mères étaient contentes et trouvent la recherche pertinente. Nos échanges étaient flexibles. J’étais comme leur fille.

36

2.4.1.2 Difficultés rencontrées

Toute recherche en sciences sociales ne peut se dérouler sans avoir de difficultés. C’est ainsi que pendant notre recherche sur le terrain quatre principales contraintes ont été identifiées. Ces contraintes sont relativement liées à l’indisponibilité des acteurs sociaux du fait de la surcharge du travail chez les agents de santé, de la surcharge des activités économiques et des travaux champêtres chez les mères et les vacances pour certaines filles. -

Indisponibilité des filles pendant les vacances : elles sont scolarisées mais des vendeuses ambulantes pendant les vacances, elles se trouvent la plupart du temps dans les ruelles et au marché à la recherche de l’argent pour préparer le trousseau de mariage. Avec l’appui d’une jeune étudiante de la zone j’ai pu les rencontrer.

-

Difficulté pour certaines filles de répondre aux questions sur les menstrues : elles baissent la tête et refusent de parler carrément. Il a fallu développer une stratégie, celle de raconter mon expérience par rapport aux menstrues et de leur donner la parole par la suite. Cette stratégie n’a pas été tout à fait efficace du fait que c’est un sujet tabou dans leur société.

-

Indisponibilité des mères pour répondre aux entretiens : la recherche s’était déroulée pendant la saison pluvieuse : elles passent plus d’une demi-journée aux champs et au retour c’est le petit commerce à la maison. Cette contrainte est liée aux surcharges des activités économiques et des travaux champêtres. Pour réaliser les entretiens, j’ai pris des rendez-vous selon la disponibilité des enquêtés. Généralement le soir au retour des champs. Indisponibilité des personnels de santé : la difficulté de les rencontrés est liée à la surcharge professionnelle et au manque de personnels soignants. Ils sont au nombre de cinq (5) agents au CSI. Pour mener les entretiens, j’ai pris des rendez-vous selon également leur disponibilité. Tous les entretiens avec les agents de santé se sont déroulés généralement après le travail le soir ou au moment où il y a moins de travail. En ce qui concerne les enseignants et les garçons je les ai rencontrés sans aucun problème. A ces contraintes d’indisponibilité vient s’ajouter un complexe de supériorité. Comme nous sommes toutes des filles et que les menstrues sont une affaire de femme, les filles parlent mais trouvent amusant et intéressant le sujet. Un des obstacles relevé est lié au fait que je n’ai pas le même âge que les adolescentes et que je suis vue comme une grande sœur pour elles, tantôt elles sont relaxes tantôt elles sont réticentes. Les garçons ne se sentent pas concernés par la problématique. 37

Toutes ces contraintes ont constituées un blocus dans le déroulement des activités et a pris un long séjour sur le terrain. Par ailleurs, des rendez-vous sont pris selon la disponibilité des enquêtés pour pouvoir menés les entretiens. Après le compte rendu de notre cadre méthodologique, nous allons passer au chapitre 3 qui concerne la présentation de la zone d’étude.

38

Chapitre III : Présentation de la zone d’étude Dans ce troisième chapitre je vais donner une vue d’ensemble de la commune urbaine de Tibiri. Je vais parler d’une manière spécifique du cas de l’établissement CEG II du quartier Sabon gari et du CSI Goumar. 3.1 Présentation de la commune urbaine de Tibiri Gobir 3.1.1 Position géographique Crée par la loi n°2002_014 du juin 2002, la commune urbaine de Tibiri est l’une des cinq (5) communes que compte le département de Guidan-Roumdji. Elle couvre une superficie de 1200km et s’étale en longueur d’Est en Ouest sur environ 85km. A sa base Sud-Ouest, le long de la frontière nigériane, elle s’étend sur environ 40km et au sommet le long de la route nationale n°1 de Imbelbellou à Jaanjouna Dan Tanin sur environ 20km, au Nord et de Imbelbellou à Kataré à l’Est sur près de 5km. Elle est limitée : -

A l’Est par la commune rurale de Saé Saboua ;

-

Au Nord par les communes rurales Chadakori et de Saé Saboua ;

-

A l’Ouest par la commune rurale de Guidan Sori et la frontiere nigériane ;

-

Au Sud par les communes rurales de Sarkin Yamma, de Safo (département de Madarounfa) et la frontière nigériane ;

-

Enfin au Sud-Est par la commune urbaine de Maradi.

-

Tibiri, chef-lieu de la commune urbaine se situe à 50km de son chef-lieu du département (Guidan –Roumdji), à 7km du centre urbain de Maradi, chef-lieu de la région et est à 650km de la capitale du Niger, Niamey.

Ainsi malgré sa proximité avec le chef-lieu de la région de Maradi, la commune urbaine de Tibiri-Gobir, est située dans une zone enclavée car plus de 2/3 de son territoire est difficilement accessible par manque

d’infrastructures

routières

adéquates.

Elle

compte

116

villages

administratifs/campements/hameaux totalisant une population estimée 140188habitants dont 69015 hommes soit 35% et 71174 femmes soit 52%. En dépit de sa situation peu enviable (insécurité alimentaire récurrente, conséquence d’une pluviométrie erratique, une explosion démographique galopante, une surexploitation des ressources naturelles, une pauvreté rurale endémique, un enclavement persistant), cette commune regorge d’énormes potentialités : -

Population majoritairement jeune ;

-

Disponibilité des terres aménageables au niveau de la vallée du Goulbi ; 39

-

Disponibilité des ressources en eau souterraine ;

-

Bonne cohésion sociale ;

-

Existence des organisations communautaires de base (OCB).

Sur le plan administratif la commune urbaine de Tibiri dispose d’une marie. Elle est constituée de 21conseillers hommes et femmes dont deux de droit. Selon le maire de la commune urbaine de Tibiri, le personnel administratif est composé d'un maire, deux adjoints, d’un Secrétaire générale, d'un receveur, d’un secrétaire municipal, d'un agent chargé des affaires domaniales, d’un service d'état civil, d’un informaticien, d'un planton et de deux chauffeurs. 3.1.2 Cadre physique de la zone d’étude Le cadre physique de la zone de Tibiri Gobir est composé essentiellement des ressources naturelles et des ressources économiques.  Relief Il comprend la zone des vallées située à l’Est de la commune couvrant environ 10% de la superficie et la zone de plateau située à l’Ouest occupant 90% de la superficie totale.  Sols A ce niveau, la structure du sol est liée à la nature du relief. Ainsi deux types de sols sont rencontrés : les sols argileux (Fadama) situés à l’Est de la commune, qui subissent les effets de l’érosion hydrique (ravinement, ensablement et sapement des bergers) ; et les sols dunaires ou ferrugineux tropicaux (Jigawa) situé à l’ouest qui sont les plus importants, mais subissent les effets de l’érosion éolienne. En plus, il s’agit des sols totalement lessivés sur le plan agricole.  Climat D’une manière générale, le climat est de type sahélo-soudanien caractérisé par trois(3) saisons distinctes : -

La saison sèche et froide d’octobre à Février avec des températures de 10°C ;

-

La saison sèche et chaude de Mars à Mai avec des températures de plus de 40°C ;

-

La saison pluvieuse de Juin à Septembre avec des températures relativement basses ;

Les deux principaux vents sont : -

L’harmattan (vent chaud et sec), souffrant d’Octobre à Mai avec une vitesse de 4 à 10m/s ;

-

La mousson (vent humide), soufflant de Juin à Septembre.

40

Les pluies sont mal réparties dans le temps et dans l’espace. Les plus fortes pluies sont enregistrées aux mois de Juillet-Aout et la moyenne pluviométrique annuelle oscille entre 400 et 500 mm. 3.1.3 Population et valeurs religieux La population de Tibiri-Gobir est essentiellement rurale et se repartie entre sédentaires plus de 97% et nomades moins de 3% occupant la commune. La population est estimée à 137.072 habitants (par extrapolation à partir des résultats du RAC réalisé en 2009). La composante féminine se situe 52% soit 71.277 femmes. Les hommes sont au nombre de 65. 795 soit 48% de l’effectif. La densité est de 128nhabitants par km2. La population est rurale et se partage entre sédentaires (plus de 97%) et nomades (3%). (PDC 2011-2015) Trois (3) groupes ethniques composent essentiellement la population de la commune urbaine de TibiriGobir. Il s’agit d’haoussas (majoritaires) évoluant principalement dans le commerce, l’agriculture et l’élevage, des peulhs et de Touaregs. Ces derniers pratiquent les mêmes activités que les haoussas. Les langues parlées sont les Haoussa, le peul et le Tamasheq. Les trois (3) groupes vivent en parfaite harmonie. Le flux migratoire se fait suivants deux axes : -

La migration interne. Il s’agit des jeunes venant de l’intérieur de la Région de Maradi à la recherche d’un mieux-être. Cette migration est saisonnière et se fait en saison sèche (décembre à Mai).

-

La migration externe se fait en direction des pays voisins comme. Elle peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années.

Ainsi, l’exode rural est très pratiqué et concerne les bras valides qui émigrent après les récoltes vers d’autres cieux plus promoteurs. Il s’agit le plus souvent d’une migration saisonnière de 5 à 7 mois (Novembre à Mai) à l’intérieur, mais aussi le plus souvent à l’intérieur à l’extérieur du pays. Les principales destinations sont à Maradi et Niamey à l’intérieur du pays et les pays de la sous-région comme le Nigéria, la Lybie, le Togo, le Ghana, le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire et ceux du Moyen Orient (Arabie Saoudite), d’Amérique et l’Europe. Cette population est majoritairement jeune. En effet, plus de 60% ont moins de 15ans ; ce qui impose aux familles et à l’Etat de lourdes charges de santé, d’éducation et d’emploi. La plus grande partie de la population est sédentaire et vit essentiellement de l’agriculture et de l’élevage qui constituent les principales activités socio-économiques de la commune. L’occupation de l’espace dans la Commune Tibiri-Gobir par les différentes ethnies s’est faite progressivement et à des époques différentes. 41

Le fonctionnement de la société traditionnelle est basé sur une organisation de type de la coutume haoussa ou les liens de la solidarité et d’entraide sont très prégnants et constituent les fondements sur lesquels se base la communauté. Le Sultanat du Gobir tire ses origines de la bravoure et de la persévérance de ses dignes fils qui ont œuvré inlassablement à asseoir et à fortifié un pouvoir coutumier moderne qui puise sa force et sa fierté de ses ancêtres. L’islam, la religion majoritaire à plus de 98% joue prépondérant dans les rapports sociaux. Le mouvement migration porte d’une part sur une migration intérieure(Maradi) et d’autres parts sur une migration internationale vers le Nigéria et surtout la Libye. Cette population à un taux d’accroissement annuel de 3,5%. La population est majoritairement jeune (plus de 60%). L’âge moyen du premier mariage pour les filles est de 13 à 15 ans et de 18 à 25 ans pour les garçons (ISS/GSP femmes). Ce phénomène de mariage précoce à des conséquences néfastes sur la santé des jeunes filles (fausses couches, fustile) et sur la vie du couple (divorce précoce, prostitution). La polygamie est aussi très fréquente et les épouses sont soumises à l’autorité de leurs époux conformément à la tradition musulmane (l’islam étant la principale religion dans la zone). 3.1.3.1 Répartition des taches

La hiérarchisation sociale et la répartition du travail sont également très remarquées : -

Les adultes sont chargés des travaux physiques « durs » notamment les travaux champêtres ;

-

Les jeunes participent aux travaux agricoles et vont également en exode ;

-

Les femmes s’occupent des tâches domestiques (corvée d’eau et de bois, battage et pilage). Elles pratiquent l’agriculture à une échelle réduite sur les lopins de terre octroyés par leurs époux ainsi que l’élevage des petits ruminants. Elles assurent également l’entretien et l’éducation des enfants.

La vie professionnelle se caractérise par l’existence d’un multiple de regroupements socioprofessionnelle formels mais aussi informels. En effet, on dénombre une trentaine de groupements féminins, 37 groupements des jeunes ou Fadas, 9 groupements et associations reconnus. Les différents métiers exercés sont la forge, la couture, la tannerie, la boucherie, la cordonnerie, le petit commerce, la vente du bétail et les AGR des femmes (extraction d’huile et dérivés, vente beignets, galettes, pattes, etc…)

42

L’auto - encadrement des villageois est presque inexistant. En effet, il n’existe pas des structures des relais au niveau communautaire et dans tous les domaines. Même les structures citées plus haut ne sont pas fonctionnelles dans leur grande majorité faute d’un suivi permanent des services techniques. 3.1.3.2 Vie communautaire

 Main d’œuvre Elle est constituée de personnes actives de la Commune et se répartit en main d’œuvre familiale d’une part et salariée d’autre part. Les deux catégories de main d’œuvre sont utilisées dans toutes les activités de développement de la Commune.  Liens de solidarités intercommunautaires Ils sont renforcés par les mariages intra et exter-communautés sans distinction de groupes ethniques. Les travaux d’intérêts collectifs (salubrité publique, désherbage et balayage de cimetières) et l’entraide familiale justifient et consolident ces liens. Ils font intervenir surtout le groupe des jeunes (Fada, clubs des jeunes etc…). Les associations des femmes y sont très actives en particulier lors des mariages, décès, baptême etc…  Sur le plan coutumier L’encadrement des populations est assuré par la chefferie traditionnelle. La commune urbaine de Tibiri compte 182 villages/campements/ hameaux chacun dirigé par un chef nommé sultan de Gobir.  Sur le plan religieux Les populations sont encadrées par les chefs religieux (marabouts, pasteurs, chef animiste). Les chefs religieux sont nommés par le sultan du Gobir. L’islam est fortement implanté dans la commune urbaine de Tibiri ; 98% de la population y adhère. L’existence de ces groupes religieux fait que certains rites sont encore vivaces (Yan Taouri, Yan Kalmana, les tradipraticiens). En effet, en raison du cout élevé de la vie, les populations ont de plus en plus tendance à se soigner chez les tradipraticiens.  Sur le plan culturel La région de Maradi se caractérise par la présence de trois grands groupes ethniques. Les Haoussa majoritaires (83%), qui se concentrent au sud-est de la région, les peulh (10%) qu’on retrouve un peu partout et les Touaregs (6%) se localisant dans le département de Dakoro. Plus de 90% de la population parle le « Haoussa » et seule 10% parle le « Fulfuldé », le « Tamasheq », le « Zarma » et l’arabe. En outre, l’islam (95%), le christianisme et l’animisme, constituent les principales religions qui se pratiquent actuellement (RGPH 2001 2012). 43

3.1.4 Position socio-économique de la femme Malgré des multiples campagnes de sensibilisation menées par certains partenaires au développement (projets, ONG et associations, etc..), les femmes de la commune urbaine de Tibiri-Gobir végètent encore dans une situation socio-économique peu enviable. En effet, les différentes activités reproductives auxquelles elles sont soumises quotidiennement (pilage des céréales, cuisson des aliments entretien du foyer, éducation des enfants) empêchent de se consacrer aux activités productives telles que les AGR. De même, la situation sociale de la jeune fille est très préoccupante (non accès à l’école, pratique journalière du petit commerce, mariage précoce etc….) Toutefois, on constate de plus en plus, une prise de conscience aussi bien des femmes dans la lutte pour leur émancipation et leur promotion socio-économique (autonomisation). Cependant, beaucoup d’efforts doivent être entrepris en direction de ces femmes en vue de leur participation pleine et entière dans le processus du développement.  Vie associative Le mouvement associatif dans la commune urbaine de Tibiri comprend plusieurs organisations parmi lesquelles on peut citer : -

L’association islamique

-

Groupements féminins ;

-

Les parties politiques ;

-

L’association des parents d’élèves(APE) ;

-

L’association des mères éducatrices (AME) ;

-

Les Comités des gestions à tous les niveaux et dans tous les domaines (COGES) ;

-

Les associations des femmes (AFN, RDFN) ;

-

L’association des éleveurs ;

-

L’association des bouchers ;

-

L’association des tacherons ;

-

L’association des commerçants ;

-

L’association des transporteurs ;

-

Les syndicats ;

-

L’association des tradipraticiens ;

-

Les groupements et coopératives agricoles ;

-

L’association des artisans (menuisiers, forgerons, tailleurs, etc…)

44

Ces différentes organisations sont très actives chacune dans son domaine et participent dans une certaine mesure pour le développement socio-économique, politique et culturel des populations. C’est dans ce sens que le Coges du domaine éducatif a contribué à construire les deux latrines pour les enseignants dans le CEG II de Tibiri et la boite à pharmacie pour les élèves en cas de maladie.

3.2 Services sociaux de base Concernant l’aspect social, nous retenons deux volets essentiels : la santé et l’éducation qui sont spécifiquement nos champs de travail. 3.2.1 Domaine de la santé

La commune urbaine de Tibiri dispose des formations sanitaires suivantes : -

Deux (2) cliniques médicales ou cabinet médicaux privés ;

-

Une pharmacie populaire ;

-

Deux (2) pharmacies privées ;

-

Deux (2) CSI de type I

-

Deux (2) maternités privées ;

Le service public de la santé est quasi absent dans la commune. C’est le privé qui occupe le terrain. Les principales maladies rencontrées sont : le paludisme, les IST/VIH SIDA, les maladies respiratoires, la tuberculose. A l’instar du reste des autres communes au niveau national, la commune urbaine de Tibiri souffre de la prolifération des moustiques ce qui entraine le paludisme. Les eaux stagnantes et les ordures ménagères mal et/ou peu évacuées contribuent à cette prolifération des moustiques durant toute l’année. Il faut signaler que la population de la commune a tout de même accès à certaines formations sanitaires présentes dans la communauté urbaine de Maradi à cause notamment de la proximité de certaine dernière (CHR, District sanitaire, CSI, Maternité etc…), ce qui réduit leur problème d’accès aux établissements de la santé. Cependant, il faut noter que compte tenu des couts élevés de soins de santé et de l’état de pauvreté de la population, beaucoup de personnes ont recours à la pharmacie par terre et à la pharmacie traditionnelle. 3.2.1.1 Comportements, attitudes et pratiques en matière de la santé maternelle et infantile

En matière de santé maternelle et infantile, la fréquentation des centres de santé est relativement moyenne avec un taux de couverture estimé à 47%. Cependant, ce taux présente des disparités entre les villages et les quartiers composant la communauté urbaine de Tibiri.

45

Au niveau des centres de sanitaires, les femmes vont en consultation prénatale au 4ème mois de la grossesse. Elles accouchent à la maternité et viennent pour les consultations post-natales à partir 3ème mois. Par contre la fréquentation des femmes des villages éloignés des centres de santé reste encore faible malgré les campagnes périodiques de sensibilisation. Cela est dû essentiellement au problème d’éloignement des centres sanitaires publics et aux difficultés de transport. Elles arrivent dans les centres de santé en cas de difficultés d’accouchement où des menaces après l’épuisement des pratiques traditionnelles. Cette faible fréquentation s’explique par l’insuffisance de la couverture sanitaire. Il s’avère donc nécessaire d’investir dans la construction et l’équipement des infrastructures, la formation et l’affectation des agents de santé. Les femmes accèdent aux micronutriments (fer, vitamine A) au niveau des centres de santé et lors des journées nationales de vaccination sur le polio (JNV). L’allaitement n’est pas exclusif au premier jour de la naissance. Il est accompagné du lait de chèvre, de l’eau, du citron et du sucre. Le lait maternel n’est donné qu’après. Mais ces pratiques tendent à disparaitre car les femmes ont compris l’importance du cholestérol qui fortifie l’organisme de l’enfant et le rend plus intelligent. Les bébés reçoivent leurs premiers aliments solides à partir du 6ème et 7ème mois. Le sevrage se fait le plus souvent à partir du 18ème et 20ème mois. Elles utilisent le SRO, SSS pour traiter la diarrhée chez les enfants. Les intervalles ou espacements de naissance se font en moyenne entre 20ème et 24ème mois sauf en cas de force majeure. Les difficultés rencontrées avant et après l’accouchement sont les œdèmes ou éclampsie (Borin Guichiri), les saignements ou anémie (Tchiwon Jini), les douleurs dorsales et ventrales, les maux de tête, les enfilements des pieds, les déchirures. (Source : DPC/ISS GSP femmes). 3.2.1.2 Maladies courantes et IST/VIH SIDA

Parmi les maladies les plus courantes, on peut citer entre autres : le paludisme, la méningite, la rougeole, l’hématie, le diabète, le rhumatisme la diarrhée, l’estomac, la gale, la conjonctivite, la bilharziose, la chaleur, le manque d’hygiène, les abus du sucre, du sel, du piment, l’eau des mares, etc. les infections sexuellement transmissibles sont : la gonococcie, la syphilis, le chancre, les hépatites et le Sida. Les femmes sont peu sensibilisées sur les risques de contamination et de méthodes de prévention. Les partenaires potentiels au développement sollicités pour la mise en œuvre des différentes actions retenues sont : PAC, SNV, UNICEF…etc.

46

3.2.1.3 Présentation du Centre de Santé intégré de Goumar

Le CSI Goumar est situé à 100m de l’école CEG II de Tibiri. Auparavant c’était un CSI de type I mais maintenant c’est une maternité. La transformation de la maternité a eu lieu en 2012, et les activités ont débutés en 2013. Le local était transformé à la création de la maternité. Il y’a eu un prolongement de quatre salles faites par la DRSP. C’est en ce moment qu’on a mis les personnels en place, c’est un CSI type II actuellement. Avant c’était un CSI de type I en 2011-2012. Auparavant c’était cinq (5) personnels de santé mais maintenant avec les affectations ils sont au nombre treize (13) dans le CSI.  Structuration du CSI Au niveau de la maternité il y’a deux suites de couches, la salle de travail, salle d’accouchement, bureau de la sage-femme et celui du major, il y a le magasin, il y a la pmi là où on fait la consultation nourrisson, le PEV et le crénas, la grande pharmacie, la salle de frais (là où on garde les vaccins et la douche). Au niveau du CSI il y’a le tri, la salle de garde et la perception. Il y’a neuf (9) salles au total. Les tantes servent d’accueil et des sensibilisations pour les malades.  Paquet d’activités du CSI Les activités au niveau du CSI type I et II c’est tous les jours sauf le weekend où les activités sont triées. Il s’agit de la consultation des malades, l’accueil des malades, la consultation et traitement des malades. La sensibilisation des femmes allaitantes et des femmes enceintes se font ensemble parce ce que la maternité et le centre de santé sont côte à côte, EPS( éducation pour la santé) en fonction des thématiques d’actualités ou CCC( communication pour un changement de comportement), consultation des nourrissons sains et malades ( les malnutri), contrôle du carnet de santé de l’enfant, la PTME, le dépistage volontaire de VIH, le counseling individuel et en groupe, a la PMI c’est le traitement les femmes malades, enceintes et celles qui sont en post partum, les CPN pour les femmes, la PF et la PTME pour les femmes enceintes. 3.2.2 Domaine de l’éducation La commune dispose des infrastructures suivantes : écoles primaires classiques (publique et privées), écoles primaires franco-arabes, collèges d’enseignements (CEG), lycée d’enseignement

général,

préscolaires (jardin d’enfants) et un CES (complexe d’enseignement supérieur). Les classes des écoles sont construites une partie en durs et une partie en paillote. Les personnels enseignants sont essentiellement des contractuels et des titulaires.

47

L’une des problématiques de développement de la Commune urbaine de Tibiri relativement à l’éducation est donc le faible taux de scolarisation des enfants en général et des filles en particulier. Pour atteindre le taux de 84% fixé par les OMD d’ici 2015, il faudra construire 97 nouvelles classes et recruter de nouveaux enseignants. L’autre problématique importante est l’abandon ou la déperdition scolaire. En effet, la majorité des élèves inscrits au primaire n’accèdent pas au lycée et cela favorise le phénomène de l’exode en direction des pays voisins et par là accentue le développement de certaines maladies comme par exemple le Sida. En matière d’éducation non formelle, la Commune compte 30 centres. Le taux d’alphabétisation est de 27%. (Source : service communal d’alphabétisation). 3.2.2.1 Présentation de Collège d’Enseignement Général de la commune urbaine de Tibiri

L’établissement CEG II de la commune urbaine de Tibiri est situé derrière la mairie, dans le quartier Sabon Gari. Ce quartier est une zone privilégiée d’urbanisation actuellement. Il est situé au Sud par l’école Mederesa et le commissariat au Nord par la mairie commune de Tibiri, à l’Est et l’Ouest par des maisons environnants l’école. Il y’a 18 classes dans l’établissement, un bloc de quatre (4) classes en matériaux définitifs, une (1) de ces classes est transformé en administration, compte tenu qu’il n y a pas de bureau, pour pouvoir garder les matériaux de l’école ; c’est aussi la salle des professeurs et le bureau du directeur ; les 16 classes restantes sont des paillotes qu’on plie pendant les vacances à cause de la pluie, et qu’on déplie à la rentrée. Dans l’établissement, il existe 6 (6ème), 4 (5ème), 4 (4ème) et 4 (3ème) : au total 18 classes. L’effectif des élèves est de 1484 filles et garçons réparti dans 18 classes. Le personnel administratif est composé de cinq (5) membres, un directeur, un secrétaire, trois surveillants et un gardien. Il existe 32 enseignants dont 12 femmes et 20 hommes. L’école n’est pas clôturée, elle est en chantier. Pendant les vacances l’espace est utilisé pour les cultures de contre saison. En ce qui concerne les infrastructures sanitaires, l’école dispose d’une pompe et de deux toilettes uniquement pour les enseignants et l’administration. Les deux toilettes ont été construites sur le fond du COGES. L’Etat a juste construit le bâtiment sans équipement : les tables banc, les armoires, les chaises, les bureaux. Le COGES a construit deux latrines et à mis en place une pompe. Disait le directeur de l’établissement. Au niveau de l’administration, il existe une petite pharmacie scolaire qui a été donné par les COGES, pour les premiers soins des élèves avant de les orienter dans les CSI. L’école dispose aussi d’un drapeau qui se trouve à la devanture des classes. 48

 Corps enseignants : rôles et responsabilités Le personnel administratif de l’établissement est essentiellement composé des contractuels et des titulaires qui enseignent au niveau de CEG II. Leur profil est le suivant : des sociologues, des géographes, des philosophes pour ne citer que ceux-là. A ces enseignants vient s’ajouter quelques agents de santé qui sont chargées de faire le cours de la science de la vie et de la terre (SVT) et le cours d’économie familiale et sociale (EFS). Il y a quatre (4) professeurs de SVT, quatre (4) professeurs d’EFS et quatre (4) professeurs d’EPS. Le personnel administratif a un âge compris entre vingt-cinq (25) à quarante-cinq (45 ans).  Cours dispensés A l’école CEG II de Tibiri on enseigne les matières suivantes : le français, l’anglais, la mathématique, la science de la vie et de la terre, l’économie familiale, le sport, histoire et géographie communément appelées EFS, SVT, EPS et HG. Selon les jeunes adolescents et les enseignants issus de l’établissement, les matières telles qu’EFS et SVT abordent les questions sur la santé. Les élèves soutiennent qu’exempté ces matières, l’EPS est aussi une matière qui apporte la santé à l’organisme. Les enseignants soutiennent que les garçons sont plus présents à l’école plutôt que les filles. Ce qui bloque la scolarisation de la jeune fille c’est surtout les travaux champêtres, le mariage précoce et les travaux domestiques. Par ailleurs les jeunes sont motivées par les études, elles sont participatives et intelligentes. 3.2.3 Domaine de l’eau L’approvisionnement en eau potable est assuré par la société d’Exploitation des Eaux du Niger (SEEN) à travers des infrastructures communales. Dans la commune urbaine de Tibiri, plusieurs familles n’ont pas le moyen de payer un branchement à domicile. La corvée d’eau reste un véritable calvaire quotidien pour les femmes et les enfants. Malgré l’existence des bornes fontaines dans certaines localités, le maillage ne satisfait pas totalement la population, la multiplication des bornes fontaines, les branchements sociaux et la réalisation de nouveaux points d’eaux (PMH, mini-AEP) sont les souhaits des populations. 3.2.4 Domaine d’électricité La distribution de l’énergie électrique est assurée par la Nigelle dans certains gros centres proches des installations électriques. La couverture des besoins est loin d’être atteinte. Beaucoup de zones n’ont pas encore accès à cette denrée rare et recherchée.

49

La commune urbaine de Tibiri dispose d’un certain nombre d’infrastructures et équipements socioéconomiques à savoir : -

2 châteaux

-

45 bornes fontaines ;

-

4 marchés hebdomadaires

3.3.5 Habitat et Urbanisme L’habitat est composé des maisons traditionnelles faites en banco ou en matériaux précaires (sécko, tige de mil, de sorgho ou de maïs, etc.) qui sont des éléments les plus utilisés dans la construction des maisons. Les briques en banco sont confectionnées à partir de la terre argileuse récupérée dans les lacs au moment de la drome qu’on mélange avec du fumier ou autre matière organique. L’urbanisme est presque inexistant car le manque d’infrastructures urbaines (électricité, route, caniveaux) se fait sentir de manière notoire et criarde dans de nombreuses localités. Après avoir présenté la première partie de notre travail, nous allons passer à la deuxième partie.

50

DEUXIEME PARTIE : Présentation, analyse et interprétation des données

51

Chapitre IV : Représentations et perceptions sociales autour des menstrues à l’école et à la maison Ce chapitre aborde les représentations et perceptions des menstrues chez les adolescents et leur entourage. Il abordera aussi les premières expériences des règles.

4.1 Connaissances variées autour des menstrues à l’école et à la maison Les menstrues ont plusieurs nominations et sens dans la commune urbaine de Tibiri. D’autant plus que les personnes ciblées sont différentes du point de vue âge et statut, les connaissances sociales autour des menstrues

varient d’un groupe social

à un autre. Les connaissances autour des menstrues sont

classées selon les acteurs sociaux rencontrés : les adolescents (filles et garçons), les mères, et les spécialistes de la santé de reproduction. 4 .1.1 Connaissances chez les adolescents Les jeunes adolescents, âgés de 15 à 24ans, sont majoritairement scolarisés de nos jours en dehors de quelques cas rares des filles déscolarisées ou non-scolarisés mariées avant leurs premières menstruations. C’est ainsi que leur connaissance par rapport aux menstrues ne peut être liée à leur âge et aux expériences qu’elles ont vécues et selon les périodes pubertaires. Leur connaissance des menstrues est liée au cours enseigné à l’école et aux quelques connaissances qui proviennent de la maison et de la société. D’une manière générale selon les jeunes adolescentes, les menstrues sont appelées les « règles » ou les « indispositions » à l’école et « al „ada » (qui signifie les règles et en d’autres termes cela signifie la tradition) dans la société. Les termes tels que la puberté, l’adolescence sont imbriqués dans les définitions du cycle menstruel. D’une manière spécifique, selon les jeunes adolescentes, les menstrues se définissent en ces termes : « Les règles sont l‟écoulement sanguin par le vagin de la femme à la fin de chaque mois. Elles durent deux à trois jours selon l‟organisme des personnes». (Fille scolarisée 14 ans Tibiri), « Les règles se nomment al‟ada dans notre village mais à l‟école on dit les règles. Cela veut dire que la jeune fille est pubère, elle est devenue femme » (fille scolarisée 16 ans Baura), « Le cycle menstruel commence à la puberté et se termine à la ménopause. Le cycle menstruel est variable, car il y‟a des cycles court, moyen et long. Le cycle moyen est de 21 jours, le cycle long est de 25 jours et le cycle normal est de 28 jours. » (Fille scolarisée 16 ans Tibiri), « Dans le cours on nous a dit que le cycle menstruel c‟est l‟ensemble des changements physiologiques et psychologiques qui prépare l‟organisme à une éventuelle fécondation » (fille scolarisée 19 ans Tibiri).

Les filles scolarisées tirent la majorité de leur connaissance des menstrues à l’école. Tandis que les jeunes filles non scolarisées et les jeunes filles mariées connaissent peu les menstrues. Leur connaissance est plutôt liée aux expériences personnelles qu’elles ont vécues chez elles après le mariage puisqu’elles n’avaient pas connues les menstrues

avant. Voici ce qu’elles disent d’une manière

spécifique : « J‟ai vu mes règles un an après mon mariage, j‟avais eu peur, je pleurais pendant des jours car le sang ne s‟arrêtait pas, j‟ai informé mon mari et il m‟a dit d‟aller voir mes parents, c‟est en ce moment que j‟ai connu les règles ». (Fille mariée non scolarisée, 15 ans, village Baura), « Je n‟ai jamais entendu parler des menstrues jusqu‟au jour de mon mariage où mes règles sont survenues le soir et c‟est en ce moment qu‟on m‟a expliqué ce que cela signifiait» (fille déscolarisée mariée, 20 ans, village Baura) A travers ces propos des jeunes filles scolarisées et des filles déscolarisées ou mariées on constate que les premières ont plus de connaissances que les secondes du fait de la scolarisation. Les filles mariées précocement ou déscolarisées n’ont aucune connaissance jusqu’à leur mariage ou elles sont contraintes de revenir à la maison afin de s’informer et d’apprendre les pratiques. Les connaissances des menstrues chez les garçons sont limitées par les enseignants qui les font sortir de la classe quand il s’agit de bien expliquer aux jeunes filles la sexualité ou la reproduction. « En ce qui concerne le cours d‟EFS notre enseignante nous fait sortir ; parce qu‟elle dit que c‟est le cours des filles uniquement. Un jour je suis entrée en classe pendant qu‟elle dispensait le cours, elle m‟a fait sortir, j‟étais parti voir le surveillant c‟est lui qui était venu lui parler et c‟est en ce moment qu‟elle a laissé tous les garçons entrer dans la classe et suivre le cours, j‟ai vraiment apprécié le cours car j‟ai appris beaucoup sur l‟accouchement, la naissance et le cycle menstruel. » (Garçon scolarisé, 22 ans, Tibiri), « Je n‟ai aucune notion sur la matière EFS, je vois que ça n‟a pas d‟importance, mais je suis le cours de SVT car on parle de la santé de reproduction et des différentes maladies » (garçon scolarisé, 22ans, Tibiri) Les lieux de connaissances sur les menstrues sont l’école et la société. Ces derniers constituent les cadres sociaux de partages d’expériences et de connaissances sur la santé sexuelle. Les sœurs jouent aussi un rôle important dans le partage de l’information avec les petites sœurs en ce qui concernent les menstrues. De leur côté les parents qui sont mieux placés pour parler des menstrues n’en parlent point. Les adolescents garçons sont informés uniquement à l’école. Mais ces connaissances sont souvent fausses du fait d’une part qu’ils n’accordent pas d’attention aux cours enseignés et d’autres parts les menstrues concernent plus les filles.

53

Nous avons également recensés d’autres sources d’information par rapport aux menstrues : l’école, les lieux de discussion entre les filles « fagué » et à la maison à travers les échanges entre les sœurs, à l’école coranique (makaranta) ou elles insistent qu’elles tirent la majorité de connaissances sur les menstrues à travers leurs marabouts « oustaz » et leur enseignante «malama ». D’une façon spécifique elles s’expriment à ces termes : « C‟est à l‟école coranique auprès de notre malama que j‟ai appris ce que signifiait les menstrues y compris la gestion » (fille scolarisée, 17ans, Tibiri), « On parle des menstrues entre les filles quand on se rencontre généralement le soir au fagué pour causer et s‟amuser » (fille scolarisée, 19ans, village Baura), « C‟est ma sœur qui m‟a expliqué ce que signifie les règles parce qu‟elle à commencer avant moi et j‟entends toujours qu‟elle en parle avec ses amies. » (Fille scolarisée, 16ans, Tibiri) Les jeunes adolescentes scolarisées ont plus de chance de découvrir les menstrues à travers l’école et les lieux de causeries alors que les non-scolarisées mariées ou déscolarisées sont privées d’informations car elles sont toujours à la maison. La source d’information pour les garçons est l’école. 4.1.2 Connaissances chez les mères Les connaissances des mères par rapport aux menstrues proviennent de l’éducation qu’elles ont reçue de leurs parents. « J‟ai appris les menstrues auprès de ma grand-mère c‟est elle qui m‟a tout appris comme j‟ai grandi auprès d‟elle. Les menstrues sont l‟écoulement du sang par le vagin de la femme à la fin de chaque mois. Elles sont naturelles chez toute femme ». (Mère, sans enfant, 40 ans, Tibiri) Dans le contexte Hausa, selon les mères, les menstruations ont plusieurs nominations

mais qui

signifient toujours les règles chez la femme. Il s’agit des termes et des concepts suivants : « jaa mota (voiture rouge), shiga guida (entrer dans la maison), gani hanu (voir la main), al’ada (tradition), wanki (laver), kariya baya (cassure du dos), jan adiko, (foulard rouge), jini (sang), haila (règles), kewaya (contourner), karama hayhouwa (petit accouchement)

54

Tableau 2 : sémiologie populaire des menstrues Les menstruations en termes populaires

Traduction

Al’ada

La tradition, les règles

Jini haila

Le sang des règles

Jaa mota

La voiture rouge

Jan adiko

Le foulard rouge

Karama haihuwa

Le petit accouchement

Gani hano

Voir la main

Kewaya

Contourner

shigo guida

Entrer dans la maison

Kariya baya

Cassure du dos

Yarinya ta kosa

La fille est devenue pubère

Fashin sallah

Absence de prière

Wanki

Faire la lessive

Le plus souvent les mères et les adolescents se réfèrent à la couleur du sang pour l’interpréter. C’est ce qui explique toutes ces nominations populaires du sang menstruel. Ces façons de désigner soit d’une manière camouflée soit d’une expression ouverte les règles sont d’une valeur importante pour la société. Par exemple le terme « ta shigo guida » signifie pour la mère que sa fille est prête pour l’organisation du mariage. La mère doit commencer à préparer le trousseau de mariage. « Chez nous, quand la jeune fille commence à voir ses règles, on dit « ta shigo guida ». Cela signifie qu‟on doit vite la marier, elle a atteint l‟âge ». (Mère de 6 filles, 50 ans, village Baura) Sur le plan social, chez les haoussas, avoir ses règles signifie que la jeune fille est prête pour l’organisation du mariage. Cette construction de pensée est une réalité dans bien d’autres pays de l’Afrique comme le Sénégal, Sow.F et Codou.B l’ont démontré dans leur ouvrage « notre santé, notre corps » en 2004. Et le terme « karama haihuwa » signifie pour la mère, que la jeune fille a fait un petit accouchement. Selon les mères, après l’accouchement tout le corps de la femme change. Elle devient plus grosse, belle, élégante, avec un visage éclatant, la peau douce au touché. Et ce sont les mêmes signes qu’on observe à la fin des menstruations chez une fille. Elle devient comme une jeune mariée qui vient d’accoucher, après toutes les souffrances qui entourent l’accouchement. Olivier de Sardan J.P l’avait souligné dans ses écrits autour de l’accouchement au Niger. « L‟accouchement c‟est la guerre, grossesse et accouchement en milieu rural nigérien (Olivier de Sardan J.P, Souley.A et Al. 2001). « Haila ay karama haihouwa ce, tunda jini da yake zubewa shine haihuwa » (le sang menstruel c‟est le petit accouchement, parce le sang qui coule pendant les menstrues représente l‟accouchement chez la jeune 55

fille). On l‟appelle « karama haihouwa » parce que ce sont les mêmes symptômes qui se présentent chez la jeune fille quand elle porte les menstrues: sentiment de fatigue général, envie de dormir, envie de manger des crudités, nervosité. » (Mère 50 ans village Baura). D’une manière générale toutes les femmes voient leurs règles. Mais Il existe une minorité des femmes qui ne voient jamais les menstrues dans toute leur vie. Ces femmes ne peuvent pas enfanter même si elles se marient. Celles-là sont peu connues par la société. Sauf quelques rares femmes agées qui sont au courant de leur existence et savent qu’elles souffrent de stigmatisation sociale. Dans les sociétés haussa, les femmes qui ne voient pas leurs règles, sont qualifiées socialement de « gaillard ». « mace da bata gani haila ay kato ce » (la femme qui ne voit pas ses règles est synonyme d’un gaillard). En médecine, ces femmes sont appelées aménorrohéiques. « Elles vivent dans la stérilité absolue, cette absence complète des menstrues est une pathologie. Elles vivent dans une double stigmatisation, celle de la femme sans enfant et celle de la femme sans règles ». (Hadiza Moussa 2014). Une femme agée affirme à ses propos : « Ma fille, la différence même entre l‟homme et la femme ce sont les règles et la reproduction ». (Mère de 4 filles, 65ans, village Baura). Sur le plan religieux, l’arrivée des menstrues est une « ibada »13 exclusivement reconnue chez la femme. D’après une sage-femme, c’est une obligation religieuse que toutes les femmes voient leurs règles parce que cela est une chance et une grâce de Dieu. « Le fait de laver le sang de la serviette hygénique ou summa14 souillé avant de la jeter est une ibada, Dieu te récompense par ce que tu n‟as pas jeté la protection tacheté de sang. Tu le laves très bien, tu enlèves tout le sang, et tu mets dans un sachet pour le jeter dans la poubelle ou dans une latrine. Cet acte est une ibada et une récompense de la part de Dieu» On constate d’une manière générale que les menstrues ont une place importante non seulement dans la vie d’une femme mais aussi sur le plan social, culturel et religieux. 4.1.3 Connaissances chez les agents de santé Les connaissances autour des menstrues chez les agents de santé sont liées à la médecine. Selon eux, le sang menstruel c’est l’écoulement provenant de la muqueuse utérine à la fin de chaque mois. Il a une durée de 2 à 6 jours et dépend de l’organisme des personnes. Le sang menstruel a plusieurs caractéristiques: rouge noirâtre, concentré, rouge vif, léger ou lisse. Ces couleurs dépendent de l’état de santé de l’individu. D’autres personnes peuvent être malades d’autres biens portants.

13

Ibada c’est la soumission à une obligation divine en religion musulmane Morceau de pagne que les femmes utilisent pour se protéger des menstrues pendant la période des règles. Ce sont des protections hygiéniques traditionnionelles appelés en langue local « summa » 14

56

Les règles souvent changent de période, ce qui inquiète beaucoup de femmes. Ce problème peut être lié aux hormones et est pris en charge par les gynécologues. «Quand la femme commence les règles, il y‟a aussi des changements des cycles qui interviennent et inquiètent toujours les femmes. Les situations telles que le sang est beaucoup, ça ne vient pas régulièrement, ce sont les problèmes hormonaux et généralement ça se règlent avec les gynécologues ». (Sage-femme, CSI Goumar) Dans la logique des menstrues leurs durées varient de 3 à 6 jours. Mais au-delà de ces jours cela signifie qu’il y a un problème lié à la santé sexuelle. « Tant que les règles n‟ont pas dépassé six (6) jours elles sont normales. Quand ce ne pas la période des menstrues, il n‟y a aucun problème sauf les cas de menaces d‟avortements, les problèmes de contraceptions, car il y‟a des contraceptives qui donnent des saignements de tort à travers, la ménopause donne aussi des saignements, d‟autres personnes ont des troubles hormonaux qu‟il faut corriger, et on les soigne avec les contraceptifs, quand ça nous dépasse on les réfère à un gynécologue ». (Major, CSI Goumar) Selon les agents de santé intervieuvées, la couleur du sang menstruel est rouge sombre, souvent il vient liquide ou avec des caillaux. Les caillaux peuvent être malades. Par exemple des caillaux dus à des infections peuvent jouer sur la morphologie des règles. Cela peut être des cancers ou des kystes. Certaines femmes coulent abondamment

par contre d’autres coulent moins, tout dépend des

organismes. Il existe aussi des pathologies qui font que la femme saigne abondamment comme, le fibrome ou le kyste. Ce sont des maladies qui sont liés à l’utérus comme le sang menstruel vient de l’utérus. Le sang lié aux pathologies sent très mauvais par contre le sang menstruel ne sent pas mauvais. Par ailleurs les agents de santé ont parlés de quelques expériences vécues avec les jeunes filles scolarisées et la manière dont ils les sont soignés. Les règles sont biologiques, naturelles et normales chez toute femme. Leur arrivée est suivie de douleurs qui mettent mal à l’aise la fille. Certaines filles qui viennent au CSI ne parlent pas en présence de leurs mères à cause de la honte surtout quand il s’agit des premières règles. C’est la sage-femme qui comprend à travers les échanges avec la jeune fille que ce sont des douleurs pelviennes. Une sagefemme du CSI Goumar expliquait à travers ses propos la manière dont elles traitent les filles qui souffrent des douleurs liés aux menstrues. Il s’agit des injections ou des prises des médicaments comprimés. « Les douleurs du bas-ventre ce sont des douleurs pelviennes. Si ce sont les premières règles c‟est encore pire, elles ne disent rien comme leurs mamans sont à côté. On comprend que ce sont les règles à travers les échanges avec la jeune fille et on lui donne des antispasmodiques. Ce sont des médicaments qui agissent vite sur les douleurs, il y a aussi les antalgiques et des anti-inflammatoires, des 57

paracétamols et cela marchent bien ; l‟ibuprofène est donné pour les douleurs dues à l‟inflammation des trompes ; on fait la combinaison des trois médicaments, c‟est un traitement de cinq jours. On fait aussi des injections antispasmodiques et antalgiques, en associant des traitements par voie orale et on lui explique comment il faut faire une fois à la maison. Quand elle va commencer le traitement toutes les douleurs vont s‟arrêter après c‟est le sang qui va juste couler, elle n‟aura plus de douleurs. Les douleurs liées aux menstrues ne peuvent pas être traitées à vie mais elles peuvent être calmées à travers les comprimés ». « On traite les douleurs avec les pilules et cela marche. Si par exemple la personne saigne beaucoup et qu‟elle a des douleurs c‟est très efficace et puis cela régularise le cycle. Si la personne saigne sept jours cela peut réduire le nombre de jours pour le ramener à 3 jours » Les sages-femmes et infirmiers du CSI Goumar ont vécu plusieurs expériences avec les jeunes filles scolarisées uniquement. Ils affirment que les filles non scolarisées se soignent à la maison. « J‟ai rencontré beaucoup de jeunes filles qui viennent avec des dysménorrhées, ce sont des cas fréquents. Ce sont les filles qui ont étudié qui ont une idée de venir au CSI, les non scolarisés se soignent à la maison. Quand elles sont avec leur mamans elles ne disent rien par honte, elles ne disent pas clairement ce qu‟elles ont ». A travers ces propos nous comprenons que les menstrues sont purement une affaire gynécologique. En cas des règles douloureuses c’est uniquement les filles scolarisées qui viennent au niveau du CSI pour se soigner, les filles non scolarisées se soignent traditionnellement à la maison. Les offres des soins sont des comprimées et des injections pour calmer les douleurs. D’après les agents de santé les menstrues ne peuvent pas être traitées du fait qu’elles sont naturelles et normales chez toute femme. Souvent certaines filles sont accompagnées par les mères au CSI en cas de douleurs liées aux menstrues. La présence de la mère ne permet pas à l’agent de santé de discuter avec la jeune fille à cause de la honte. Nous comprenons que parler de sa santé sexuelle avec sa mère est un tabou chez les adolescentes. Nous pouvons retenir que les menstrues se définissent comme un phénomène naturel et normal chez toute femme. Elles durent 2 à 6 jours et varient selon les personnes. Les sources d’information pour les adolescents sur les menstrues sont l’école et la société. Parler des menstrues entre la fille et sa mère reste un tabou culturel et traditionnel même pour les filles scolarisées.

Les règles sont naturelles et

physiologiques mais aussi social car elle marque l’identité féminine. « Présenté et accueilli par la famille comme un signe de féminité et de maturité, l‟apparition des menstrues agit sur les représentations que les filles se font d'elles-mêmes et de leur statut et impliquent pour elles des changements d'actions et d'attitudes. Par conséquent, les premières règles ont une place fondamentale dans la sortie de l'adolescence alors même que cet âge de la vie est surtout défini par ses codes culturels. (Mardon.A 2011). 58

4.2 Perceptions sociales des menstrues Les perceptions sociales des menstrues sont surtout liées à la santé de la reproduction (SR). L’arrivée des menstrues montrent que la femme peut donner naissance. Ces perceptions sont classées selon les acteurs sociaux rencontrés. 4.2.1 Chez les filles et les garçons scolarisés Les perceptions sur les menstrues pour les filles sont liées à la santé sexuelle et reproductive et aux échos qu’elles ont entendus auprès de leurs parents. Les jeunes adolescentes scolarisées ont des perceptions des menstrues provenant de leurs parents et de la religion musulmane. Selon elles, les règles ont une grande importance c’est un don de Dieu, une prise de conscience et une joie pour la femme. Au contraire, les femmes qui ne voient pas leur règle souffrent en silence. Elles affirment que les règles ont une grande importance dans la vie procréatrice de la femme. D’une manière spécifique elles répondent à ses termes : « Les règles sont importantes dans la vie d‟une femme car nos parents disent que si une femme ne voit pas ses règles, elle ne peut pas tomber enceinte ni avoir des enfants. Elles sont naturelles chez toutes les filles, tel que Dieu l‟a voulu » (fille scolarisée, 15ans, Tibiri), « Nos mamans disent qu‟avoir ses règles c‟est une bonne chose, c‟est un don de Dieu, l‟avantage c‟est d‟avoir des enfants après le mariage, avoir ses règles c‟est être responsable et consciente. L‟on cesse tous jeux violents, on devient femme et plein d‟énergie. Avoir les règles c‟est une joie et c‟est une belle chose parce que celles qui ne les ont pas sont toujours tristes » (Filles scolarisées de 15-20 ans, village Baura) A travers ces propos nous comprenons que les filles savent que les règles sont importantes dans la vie procréatrice. Celles qui souffrent sont celles qui ne voient pas. Elles permettent aussi de prendre conscience et d’être responsable. Les jeunes garçons pensent que les menstrues sont un signe de reproduction chez la femme. « Quand la fille ne voit pas ses règles cela veut dire qu‟elle ne peut pas avoir d‟enfants. Quand une fille ne voit pas ses règles durant un ou deux mois cela veut dire qu‟elle est soit malade ou enceinte, donc elle doit aller au CSI ou informer ses parents. L‟absence des menstrues chez une femme mariée, cela signifie qu‟elle est enceinte » (Garçons scolarisés 21-24 ans, Tibiri). En ce qui concerne les représentations sur les menstrues on peut affirmer que les filles semblent avoir plus de connaissances sur les menstrues par rapport aux garçons. Ces connaissances sont lié au fait que c’est elles qui les portent et les garçons accordent moins d’importance parce qu’ils pensent que les menstrues sont purement féminin. Mais ils savent que c’est signe de la reproduction chez la femme. Eux

59

tous (Filles et garçons) sont unanimes que les menstrues sont une affaire de femme. Mais les filles sont mieux placées pour expliquer les menstrues. Hormis les perceptions des adolescents sur les menstrues, les mères aussi ont leurs perceptions. 4.2.2 Chez les mères et les filles non-scolarisées Pour les mères, il y’a des femmes menstruées et non-menstruées. La différence c’est la procréation. Et généralement les hommes aiment plus les femmes qui accouchent. Mais entre les femmes il n’existe pas ce paradoxe, elles sont toutes les mêmes. « Les femmes qui voient leurs règles sont différente des femmes qui ne les voient pas ; parce que celles qui voient peuvent espérer avoir d‟enfant et celles qui ne voient pas n‟ont aucun espoir. Chez nous les femmes, il n‟y a aucune différence dans la société, nous sommes toutes des femmes, mais la différence provient des hommes parce que c‟est eux qui disent qu‟ils veulent des femmes qui accouchent » (Mère, 35 ans, Tibiri) Les menstrues sont importantes dans la vie d’une femme à cause de la reproduction. Selon les femmes ce sont les hommes qui aiment les femmes qui accouchent. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’enfantement est une d’une importance capitale dans la vie d’une femme. Par ailleurs, les filles non-scolarisées, ont des perceptions des menstrues qui sont lié aux tabous culturels et religieux. « Chez nous on ne parle pas de règles, en parler est une foutaise, la religion interdit de parler de cela, c‟est le secret de la femme ». (Fille non-scolarisée, 16 ans, Tibiri) Echanger sur les menstrues est vu comme une foutaise par certaines adolescents non-scolarisées. Les menstrues sont considérées comme le secret de la femme, c’est pour cela qu’on n’en parle pas dans la société. Les filles non-scolarisées manquent de connaissances des menstrues du fait que les parents n’en parle pas ouvertement avec elles. D’une manière générale, la grande majorité des mères interviewées et des filles non-scolarisées ont affirmé que les menstrues sont un secret de la femme, raison pour laquelle les femmes n’en parle pas dans la société. Le fait que la jeune fille voit ses règles, cela représente un secret pour la mère, elle ne parle pas de cela à personne et non plus à sa famille. Le dire à son entourage signifie que la mère a dévoilé le secret de sa fille. Tout se discute entre la fille et sa mère. 4.2.3 Chez les agents de santé Les perceptions des agents de santé intervieuvées sont plutôt d’ordres scientifiques et religieux. D’une part ils affirment que les informations scientifiques par rapport aux menstrues sont les mêmes que celles de la religion musulmane. Ils pensent que les recherches sur les menstrues sont importantes car cela permettrait de comprendre différents problèmes liés à la santé sexuelle et reproductive. J’ai recensé une 60

divergence d’avis. « Les menstrues sont importantes dans la vie d‟une femme parce que c‟est Dieu qui a voulu que ça soit uniquement la femme qui les portent, s‟il n‟y a pas les menstrues il n y a pas la naissance » (Sage-femme CSI Goumar), « haila dole ne ga mace kenan dole ne mu amsheta da hanu biyu, tunda ita take sa a samu komi na duniya, tunda a na samu diya, in ba a yin ta ba a samu haihuwa » (les menstrues sont une obligation pour une femme, c’est une obligation pour nous les femmes de l’accepter avec nos deux mains, parce que c’est grâce aux menstrues que les femmes arrivent à avoir des enfants, si les femmes ne voient pas leur règles elles ne peuvent jamais avoir des enfants). (Infirmière, CSI Goumar). Les menstrues ont une importance dans la vie d’une femme mariée en général et d’une jeune fille en particulier. Elles (les menstrues) permettent de connaitre le temps de grossesse. « Avoir les menstrues c‟est une bonne chose parce que c‟est partant de là que la femme mariée peut savoir si elle est enceinte ou pas. S‟il n y a pas les règles on ne peut pas parler de la reproduction. Les menstrues ont une importance particulière parce que c‟est à travers les menstrues qu‟on arrive à savoir les périodes à risque chez une jeune fille ». (Sage-femme, CSI Goumar). Selon les agents de santé les règles permettent à une femme d’avoir des enfants. C’est Dieu qui a décidé qu’elles les portent. La médicine et la religion musulmane ont la même perception des menstrues. Les menstrues permettent de déterminer les périodes de grossesse chez une femme. Pour les femmes mariées, les menstrues sont importantes à cause du moment de la grossesse et pour la jeune fille la connaissance des menstrues lui permettront de savoir la période à risque pour la grossesse. 4.3 Survenue des premières règles, expériences vécues et attitudes des jeunes filles La survenue des premières règles est une étape obligatoire dans la vie d’une femme en général et celle de la jeune fille en particulier. Les adolescentes se sentent mieux en s’isolant pour parler de leurs premières expériences. Une analyse des expériences vécues fait ressortir quelques attitudes avant, pendant et après les menstrues. 4.3.1 Survenue des premières règles L’arrivée des premières règles marque la vie de toute femme. Leur survenance est marquée par des sentiments de traumatisme psychologiques et physiologiques notamment la peur, le gêne, la honte, le dégout, la découverte de leur corps et des changements concomitants qui surviennent chez toutes les filles. La plupart des filles rencontrées affirment généralement qu’elles voient leurs premières règles apparaitre à l’école ou à la maison, pendant les travaux domestiques, les travaux champêtres, pendant les jeux violents et la course entre amies. « Quand j‟ai vu mes premières règles, c‟était pendant que je balayais la cour de la maison, j‟ai vite informé ma maman et elle m‟a dit d‟aller voir ma sœur pour qu‟elle 61

m‟explique » (fille scolarisée, 16 ans, Tibiri). Quand les jeunes filles voient leur règles il y’a un sentiment de peur et de honte (la honte de parler des menstrues et la honte de demander l’argent de serviettes hygiéniques) c’est pour cette raison qu’elles ne disent rien à leurs parents. « On ne parle pas à nos parents parce qu‟on a honte, « nawhi muké ji »15, on a peur que les parents nous disent que nous avons fait des bêtises avec les garçons », « Avant j‟utilisais les summa mais maintenant que j‟ai compris, je travaille avec des serviettes hygiéniques ; auparavant je ne savais pas que ces serviettes existaient et maintenant que j‟ai su j‟ai honte de demander l‟argent des serviettes hygiéniques à mes parents. » (Fille scolarisée, 21ans, Tibiri), « Je n‟ai jamais entendu parler des règles, quand je les ai eu, j‟ai eu très peur, j‟ai parlé à ma sœur. Après je sais plus comment calculer mon cycle et je ne peux pas demander parce que j‟ai honte de demander. Quand je ne les vois pas c‟est la peur et la tristesse parce qu‟elles sont sensés venir chaque mois ». L’apparition des premières règles chez les jeunes filles d’aujourd’hui est différente de celle d’auparavant. La différence se trouve au niveau de l’âge, de la nouvelle génération et du comportement des jeunes filles. « L’arrivée des premières règles chez les filles de maintenant n‟est pas la même que celle des filles d‟auparavant parce que les filles de l‟époque voient leurs règles à l‟âge de 16 ou 18 ans, maintenant on a des filles qui ont les menstrues déjà à l‟âge de 12 ans. C‟est le « zamani »16 qui a amené tout ce changement : changement de génération. Le mode de vie n‟a pas changé mais ce sont les gens qui ont changé. Les jeunes d‟aujourd‟hui ne respectent pas leurs supérieurs, quand un enfant te voit avec un bagage en main, il ne court jamais pour t‟aider, les enfants font ceux qui leur semble juste, quand tu les dérange, elles peuvent même t‟insulter » (mère, 50ans, Tibiri) On constate à travers les propos des jeunes filles que les menstrues sont un tabou psychologique et culturel. Elles n’en parlent pas parce qu’elles ont honte. La honte que les parents ne disent pas qu’elles ont fait des bêtises avec les hommes. Les personnes auxquelles elles font recours à premier lieu sont : les amies et les sœurs parce qu’elles sont très proches et causent toujours ensemble. Les mères sont informées rarement à cause de la honte et de la peur. D’une part elles ont peur et honte d’en parler avec les parents, d’autre part, elles savent comment se prendre en charge avec le changement de mode de vie comme les mères l’on souligné. Les filles ont également parlés de leur expérience personnelle des premières règles d’une manière très spécifique dans les récits de vie.

15 16

C’est lourd de parler des menstrues avec les parents La nouvelle génération

62

4.3.2 Expériences personnelles autour des menstrues Récit de vie de Djamila Hassane Djamila Hassan fréquente le CEG II de Tibiri Gobir. Elle est en classe de 4 éme. Elle a 15 ans et habite dans le village de Bauratawa à 10km de Tibiri. Elle quitte tôt le matin à 6h pour se rendre à l’école avec ses ami(e)s. Elle fait une heure de temps de marche pour venir à l’école. Elle a vu ses premières règles l’année passée sur le chemin de retour à la maison. « Mes premières règles ont survenues sur chemin de l‟école, le soir en revenant à la maison. On jouait tous ensemble entre garçons et filles, on chantait, on courait, on dansait sur le chemin de retour…quand tout à coup j‟ai senti des fortes douleurs au niveau du bas ventre. C‟est en ce moment que j‟ai arrêté de jouer, mes deux mains au ventre, je suis assise sous un arbre, mes ami(e)s m‟ont entouré en me demandant ce qui m‟arrivait….ils m‟ont soutenus jusqu‟à la maison. Arrivée à la maison, je me couché, je ressentais une fatigue générale. Apres un moment, je me suis levé pour partir aux toilettes comme j‟avais envie d‟uriner et j‟ai vu mes règles, j‟avais eu peur…A ma sortie, j‟ai raconté à ma maman car je ne savais pas ce qui m‟arrivait. Elle m‟a demandé des explications, quand je lui ai expliqué, elle m‟a fait comprendre que c‟est la course qu‟on faisait en revenant de l‟école avec les garçons. Elle m‟a demandé si je n‟ai pas commis quelque chose avec les garçons de notre école, j‟ai répondu non. Et elle m‟a dit que cela est normal chez toute femme « c‟est ton heure des règles qui a sonné »disait ma maman. Elle m‟a donné comme conseils : l‟arrivée des règles signifie que tu es désormais consciente et que tu dois prendre soin de ton corps. Et quand tu es avec les gens tu dois faire en sorte que personne ne comprenne, tu dois prendre soin de ton corps car ce la saleté n'est pas bonne. On ne m‟a donné aucun médicament. Ensuite elle m‟a orienté vers ma grande sœur pour plus explications. C‟est ma sœur qui m‟a montré comment on doit faire quand on a les menstrues. J‟utilise les morceaux de pagnes comme protection c‟est ça qu‟on m‟a appris à la maison. Moi j‟utilise toujours summa, parce que je n‟ai pas d‟argent pour acheter le coton et nous ici en campagne on ne voit même pas les cotons, il faut uniquement au niveau de la case de santé. J‟utilise les bouts de pagne qui restent pour mes coutures pour me protéger, quand j‟enlève, je lave, je les fais sécher et je dépose pour la prochaine fois, je les fais sécher dans les toilettes. Pour partir à l‟école je me prépare bien, car je mets un grand summa. Je fais trois jours de règles. A 63

chaque fois que je les vois j‟ai la chair de poule, des maux de têtes, maux de dos, une fatigue générale, j‟ai seulement envie de dormir. Maintenant cela fait 5 mois que je vois mes règles. J‟ai toujours des douleurs au moment de leur arrivée. A l‟école on nous a expliqué le cycle menstruel en cours de SVT. C‟est un homme qui nous enseigne, il explique en langue local. Tout le monde suit le cours mais souvent ce sont les garçons qui ne suivent pas, ils passent leur temps à rigoler au moment des explications. Les filles ont honte et peur au moment des explications. Souvent les enseignants ne sont pas réguliers, ce qui nous décourage à suivre le cours. Le cours d‟EFS c‟est l‟hygiène de la maison et de l‟environnement alors que SVT c‟est le corps humain et la vie procréatrice de la femme. C‟est à l‟école uniquement qu‟on nous parle des menstrues, à la maison on nous parle jamais de ça. Parfois quand nous sortons dans le village pour causer la nuit, on discute entre amies. J‟ai entendu parler des menstrues pour la première fois auprès de mes amis sur le chemin de l‟école. Cela fait 5 mois que j‟ai commencé à voir mes règles. Jusqu‟à présent je ne comprends pas bien les menstrues,je vois mes règles souvent après deux mois alors qu‟on nous a dit à l‟école que c‟est chaque mois. Et souvent j‟ai des douleurs à la fin des règles Depuis que j‟ai vu mes règles je me sens indifférente par rapport aux autres filles. Je me sens responsable, je ne joue plus avec les enfants de mon village. Il y a une différence entre l‟enfance et l‟adolescence parce que maintenant que mes règles ont survenues je ne suis plus enfant. L‟arrivé des menstrues c‟est être malade, parce que tu ne peux rien faire, tu ne peux pas jouer, ni faire les activités domestiques, tu es seulement toujours couché. Quand tu as les règles tu ne pries pas, tu ne prépares pas, même quand tu prépares les gens vont la considérer comme une saleté, tu ne peux pas piler. A l‟école on n‟a pas un endroit pour rechanger les protections, même les besoins sont faits à l‟air libre. Les règles sont importante car j‟entends mes parents dire que si la femme ne voit pas ses règles elle ne peut jamais accoucher c‟est ce qui explique leur importance chez la jeune fille. Le souvenir que je ne peux pas oublié de mes premières règles ce sont les conseils que ma maman m‟a donné, cela m‟a énormément touché »

En définitif j’ai mené plusieurs récits de vie, celui-ci semble être plus détaillé de tous. Tous les récits menés sont relatifs. Toutes ont affirmé un sentiment de peur et de honte. Les parents parlent rarement 64

des menstrues à leurs enfants. Il revient toujours aux sœurs pour plus d’explications. L’école encore aborde le sujet faiblement. Ces enseignements qui ne sont pas clair conduit à la jeune fille à des pratiques de tâtonnements en qui concerne l’hygiène menstruelle. L’analyse des récits de vie réalisés montre des attitudes des jeunes filles avant, pendant et après les menstrues. 4.3.3 Attitudes avant, pendant et après la survenue des menstrues Les attitudes avant, pendant et après la survenance des règles est la peur et la honte d’entendre parler des menstrues. Selon les adolescentes scolarisées, chaque étape de la vie d’une femme a une signification. Les signes avant, pendant et après les menstrues marquent la vie d’une femme.  Les signes avant les règles : avant l’arrivée des menstrues chez la jeune fille il y’a l’enfantillage (kurucia), la folie, l’insouciance, les jeux violents avec les enfants. Le début des règles s’annonce par des signes tels que la fatigue générale, maux de bas ventre et la douleur au bas ventre. Pendant cette période, la fille se sent libre et fait toutes actions qu’elle désire.  Les signes pendant les règles : dès que les règles apparaissent le teint change, des boutons sur le visage, la fatigue générale, les maux de tête, l’arrêt de tous jeux violents, la forte douleur au bas ventre, la prise de conscience et le cœur triste. L’apparition de ces signes pendant les menstrues sont non seulement le début de la puberté mais aussi entraine un sentiment de mal à l’aise, de peur et de gêne. La jeune fille est stigmatisée socialement à cause de la survenance des premières règles.  Les signes après les menstrues : après les menstrues, les filles ont exprimé un sentiment de parfaite santé, un poids lourd qui est partit, se sentir libre dans ses mouvements, une souplesse en marchant et un sourire retrouvé. Ici il s’agit de la fin du cycle périodique c’est-à-dire après chaque 28 jours non pas de la ménopause qui est la fin définitive des règles. Chaque période de la vie d’une femme est marquée par des facteurs psychologiques, physiques et moraux qui changent la vie de la jeune fille. Les règles jouent un rôle très important dans la vie d’une femme. Elle devient consciente, belle, joyeuse mais souvent elles sont source de tristesse et de honte chez les jeunes adolescentes.

65

Chapitre V : Pratiques et interdits autour des menstrues Ce chapitre présente les pratiques autour des menstrues notamment les différentes types de protections utilisés par les filles et les femmes pour se gérer leurs menstrues. J’aborderais également la gestion de l’hygiène menstruelle à l’école, et enfin les interdits autour des menstrues.

5.1 Les différentes types de protections hygiéniques Deux types de protections ont été identifiés lors de la recherche sur le terrain : la protection moderne et la protection traditionnelle. Il existe aussi des pratiques liées à la culture et à la religion. 5.1.1 Les protections modernes Les protections modernes sont des cotons hygiéniques qui sont utilisées pour se protéger de l’écoulement sanguin lors des règles. Il s’agit des cotons synthétiques tels que les vanias, les pads et le coton hydrophile. Dans le coton il y’a deux sortes : le coton hydrophile et les cotons légers emballés dans des sachets. 5.1.2 Les protections traditionnelles Les protections traditionnelles sont des morceaux de tissus en lillons, de pagnes et d’éponge. Ces différentes protections sont toutes utilisées par les jeunes mères et les adolescentes. Auparavant les vieilles mères utilisaient uniquement les protections telles que les summa (morceau de pagne). 5.1.3 Préférence et mode d’utilisation par les adolescents et les mères Selon les adolescentes, les protections qui sont les plus utilisées sont les morceaux de pagnes et les cotons. Ce sont les deux différentes protections que les jeunes filles utilisent en ville et en campagne. Les morceaux de pagnes sont les petits bouts de pagnes des habits souvent déchirés, qu’elles utilisent comme protection hygiénique. L’utilisation de ces protections dépend du contexte dans lequel la personne se trouve. Si une jeune fille se trouve au village, elle utilise les « summa » par manque de latrines pour jeter les protections usées. Même si elle a le coton elle ne peut pas l’utiliser. Mais quand elle se trouve en ville elle peut utiliser le coton sans problème parce que les toilettes sont disponibles. Les toilettes sont aussi des lieux de rechange des protections hygiéniques. Les adolescentes du village de Baurataoua affirment que nombreuses sont les filles qui utilisent le coton et les morceaux de pagne (summa) pour se protéger pendant les menstrues. Apres utilisation des summa, elles sont bien lavés, sécher et déposer jusqu’aux prochaines règles. Les serviettes hygiéniques sont jetées dans les latrines après usage. La grande majorité des filles préfèrent utiliser les cotons hygiéniques

66

parce qu’elles se sentent plus à l’aise et en bonne santé. Une minorité des filles n’utilisent pas de cotons par ce qu’elles ne coulent pas trop. Les jeunes filles et les jeunes mères préfèrent utiliser les serviettes hygiéniques du fait que c’est plus propre et pratique. La personne se sent à l’aise et bien portante. La pratique avec les morceaux de pagnes se limite à la maison par manque de latrines. Les filles et les mères sont unanimes que le coton est mieux pour une bonne protection hygiénique.

5.2 Gestion de l’hygiène menstruelle à l’école Les filles de l’école CEG II de Tibiri (Maradi) gèrent leurs menstrues avec des protections comme « summa » et souvent les serviettes hygiéniques. L’arrivée des menstrues à l’école n’empêchent pas la jeune fille de suivre normalement les cours. Des stratégies sont développées par les filles à l’école : le recours aux maisons environnantes l’école, avoir ses protections toujours dans le sac et l’entraide entre amies. « Quand les règles arrivent à l‟école, on ne rentre pas à la maison, on cherche une maison à coté de l‟école pour demander le coton ou bien dès qu‟on a le pressentiment de la période d‟ovulation, on circule avec les cotons dans le sac. Au cas où si on n‟a pas sur place, on peut demander à une amie qui en a dans son sac de nous prêter parce qu‟on est toutes des filles. On s‟absente rarement au cours quand les règles arrivent ». (Filles scolarisées, Baura) L’école ne dispose pas non plus d’un dispositif pour permettre aux filles de gérer leurs menstrues. Souvent les filles rentrent à la maison en cas de douleurs persistantes. Certains enseignants orientent les jeunes filles vers l’administration. Celle-là dispose d’une boite à pharmacie pour faire les premiers soins des élèves en cas de maladie « Cette année une élève de la classe de 4eme avait eu ses règles pendant que je dispensais mes cours, elle est venue m‟informer et je l‟ai orienté vers la surveillance, on lui a donné des médicaments et elle est rentré à la maison. Il y‟a une petite boite à pharmacie à l‟administration, elle contient des médicaments qui ne sont pas chères. Aucun dispositif n‟a été mis pour prendre en charge les élèves en période de menstrues ». (Enseignante, EFS Tibiri) Quand elles éprouvent des douleurs pelviennes elles sont amenées au CSI par le directeur de l’école. Elles sont soignées dans le fond du Coges. « Les menstrues, c‟est un secret pour la fille, quand elles disent qu‟elles ont mal au ventre comme nous nous sommes les parents on comprend. Un jour une fille était tombée en classe à cause de maux de bas ventre, c‟était le directeur qui l‟a transporté avec son véhicule pour l‟amener au CSI, c‟est arriver au CSI qu‟on a dit au directeur que ce sont les règles douloureuses, la fille était soignée dans le fond du Coges ». (Surveillant CEG II Tibiri) Hormis la gestion des cas de filles menstruées, les enseignants soulignent également les problèmes liés aux esprits qui dérangent les élèves à l’école. « Le problème qu‟on gère le plus souvent c‟est lié aux 67

esprits qui attaquent les jeunes filles, et on les oriente toujours vers l‟administration. On a uniquement des médicaments disponibles pour les petites blessures mais pas pour les esprits on soigne l‟élève sur place» D’une manière générale nous comprenons que l’établissement CEG II de Tibiri ne dispose d’aucun dispositif pour prendre en charge les filles en période de menstrues. Néanmoins il existe une boite à pharmacie pour calmer les douleurs pelviennes. Les personnels administratifs accompagnent les filles jusqu’au CSI pour les soins. Les menstrues n’empêchent pas les filles de suivre les cours car elles ont toujours une prévision de protections dans le sac. Elles rentrent à la maison uniquement en cas de douleurs persistantes.

Image 4: Boite à pharmacie offerte par le Coges pour les premiers soins de l’élève On constate malgré le manque du dispositif pour prendre en charge les menstrues, il y’a des enseignants qui participe à la prise en charge des filles menstruées. Le Coges aussi joue un rôle important car il participe financièrement dans la prise en charge des élèves en cas de menstrues. L’absentéisme des filles à l’école en période de menstrues est lié aux douleurs pelviennes persistantes. Ils soulignent le véritable problème qu’ils rencontrent après la gestion des cas de menstrues : les esprits qui attaquent les filles à l’école. Ce qui retrace les travaux d’Adeline Masquelier sur « La possession de l’esprit : cas de la jeune fille scolarisée au Niger en 2016 ». 5.2.1 Existence et fréquentation des sanitaires scolaires L’école CEG II de Tibiri (Maradi) dispose de deux latrines. Ces dernières sont réservées uniquement aux enseignants. Elles sont toujours fermées à cadenas. Les filles et garçons n’ont pas de latrines. Ils font leur besoin dans les maisons environnantes l’école. Ceci est lié au manque de latrines pour les filles et les garçons séparément. Conscient que les latrines sont pour les enseignants, ils ne les fréquentent pas car celles-ci sont toujours fermées.

68

« Je ne sais pas comment est la fréquentation des toilettes, je ne rentre pas dans les toilettes, mais je sais qu‟elles sont toujours fermées à cadenas. » (Enseignante EFS Tibiri), « Les latrines sont toujours fermées parce que ce sont les ordres du directeur. Les élèves rentrent pour jouer aux heures libres. On a une double clé, le directeur aussi a une avec lui et ne donne uniquement aux enseignants au besoin » (gardien CEG II Tibiri), «Généralement les filles ne s‟intéressent pas aux toilettes des écoles, elles préfèrent aller dans les maisons environnantes l‟école. Les élèves salissent l‟endroit et ne veulent pas laver c‟est pour cela qu‟ils préfèrent aller dans les maisons. Souvent aussi les garçons guettent les filles dans les toilettes » (Surveillant CEG II Tibiri). « Les filles et les garçons font leur besoins à l‟air libre. Mais on a prévu de faire deux compartiments pour les garçons et les filles, c‟est l‟Etat qui construit, on attend toujours. Même les deux petites douches c‟est dans l‟argent de l‟élève, pour le bien-être de l‟école ». (Surveillant CEG II Tibiri), « Si on veut changer les cotons on part chez le gardien ou dans une maison d‟à côté parce qu‟on ne dispose pas de latrines à l‟école. Si on a envie de faire les besoins, soit fait à l‟aire libre, soit on part chez les voisins qui se trouvent à côté de l‟école. Les toilettes sont réservées uniquement pour les enseignants. » (Filles CEG II Tibiri) Par manque de latrines dans l’école les élèves sont contraints d’aller dans les maisons environnantes pour faire leur besoin. Même les enseignants qui disposent les toilettes les fréquentent moins car cellesci sont toujours fermées à cadenas. Elles sont fermées parce que d’un côté les élèves rentrent pour jouer et de l’autre elles sont réservées uniquement pour les enseignants.

Image 5 : Latrines des enseignants fermées à cadenas

69

Le fait que les élèves partent dans les maisons environnantes pour faire leur besoin ou pour des rechanges de protections hygiéniques ne permet pas à la jeune fille de suivre ses cours régulièrement pendant la période des menstrues. 5.2.3 Modes d’utilisation et disponibilité des protections La majorité des jeunes filles utilisent deux types de protections. Il s’agit des cotons et des morceaux de pagnes comme mentionner plus haut. Les filles se sentent plus à l’aise avec les serviettes hygiéniques parce qu’on ne passe pas le temps à le laver comme le morceau de pagne. C’est plus pratique de le jeter dans les latrines après utilisation. Mais souvent l’argent pour acheter le coton cause problème. Elles ne peuvent pas demander à cause de la honte. Les serviettes hygiéniques sont achetées le plus souvent au marché ou à la pharmacie à un prix qui varie de 700f à 2000f. Le coton hydrophile est disponible généralement dans les pharmacies et les CSI. Les serviettes hygiéniques comme les pads se trouvent au marché ou dans les boutiques de la ville. L’utilisation des cotons hydrophile n’est pas bonne parce qu’elle peut facilement laisser les traces de sang sur les habits alors que les serviettes hygiéniques ne laisse aucune traces sur le slip, l’habit et le corps. Tandis que les morceaux de pagnes n’absorbent pas bien le sang et peuvent donner des infections. Selon les agents de santé ces morceaux de pagnes n’ont pas d’inconvénient sur la santé au cas où elles sont bien entretenues. Si c’est en ville après utilisation, les protections sont jetées directement dans les latrines alors qu’en campagne, il faut bien les laver et l’enterrer ou jeter dans les poubelles. Nombreuses sont les femmes qui ne savent pas comment utiliser les protections hygiéniques, ni quel comportement adopté après utilisation. « Certaines femmes du village utilisent les torchons parce qu‟elles ne trouvent pas de serviettes hygiéniques. Les torchons ne sont pas bon pour la santé car ça peut donner des infections, le sida parfois, mais si c‟est un torchon personnel cela n‟a aucun inconvénient. S‟il y‟a une bonne hygiène il n y‟a aucun risque de maladie. Il suffit de bien le caché dans un endroit propre et sec mais s‟il est jeté dans les endroits sales cela peut donner des infections vaginales ou des irritations» (Infirmière CSI Goumar). « Après utilisation, tout dépend du milieu, mais en ce qui concerne le Niger qui est un pays religieux, il est recommandé de laver tout ce que les menstrues ont touché avant de le jeter. Mais parfois quand on part dans les formations et séminaires quand on rentre dans les toilettes, on voit les cotons tacheter des caillots de sang jeter dans les toilettes. Beaucoup des femmes les jettent comme ça, sans la recommandation musulmane alors que nous sommes dans un milieu musulman. Or, dans le sachet des pads même il y‟a des sachets d‟emballages pour emballer la serviette hygiénique avant de la jeter. Apres utilisation c‟est mieux de les mettre dans les latrines parce que les enfants ne peuvent ni voir ni jouer avec. Mais quant aux VC ce n‟est pas 70

conseiller car les cotons peuvent aller bloquer les fosses. Alors que c‟est même écrit sur le sachet que les serviettes ne doivent pas être jetées dans les VC pour ceux qui prennent le temps de bien lire avant l‟utilisation. Dans le cas de nos milieux on a les latrines à dal c‟est ça qu‟on utilise pour jeter les cotons, car si on les jette dans les poubelles les enfants peuvent prendre et jouer avec et cela n‟est pas bien pour leur santé. (Sage-femme CSI Goumar) Selon une sagefemme, l’utilisation à long terme des cotons hydrophiles peut entrainer des liaisons, parce que certaines femmes les introduisent dans leur vagin si cela n’est pas hygiénique cela peut donner des infections. Surtout qu’elles sont en vraque et ne sont pas hygiéniques mais contrairement aux pads, elles sont bien enfermés dans leur emballage. Nombreuses sont les femmes qui ne savent pas comment utiliser les serviettes hygiéniques ni quel comportement adopter après utilisation. Ce qui constitue souvent

un

problème

Image 1 : Morceau de pagne

à

leur

Image 2 : Coton hydrophile

santé

et

à

l’environnement.

Image 3 : Protections hygiéniques (pads)

5.2.4 Quelques recommandations des spécialistes de la SR et les pratiques des femmes La gestion des menstrues est la chose la plus difficile à pratiquer comme les agents de santé les témoignent. Pour cela l’on doit savoir pratiquer une bonne hygiène afin d’éviter certaines maladies. Quand la femme est en règles, elle doit d’abord connaitre comment pratiquer les règles d’hygiène, à savoir l’utilisation des couches hygiéniques. C’est en ce sens que les agents de santé proposent les pratiques d’hygiènes suivantes. « Il faut avoir une idée d‟hygiène pour gérer les menstrues, pour éviter les infections. Il faut porter des dessous propres, mettre des couches qui peuvent supporter la charge du sang, telles que les couches vanias, celles qu‟on vend sur les marchés. Certaines femmes préfèrent les cotons hydrophiles et les morceaux de pagnes ou les chiffons. Il y‟a aussi les couches sous forme tuyau qu‟on introduit c‟est surtout pour les femmes mariées mais pour le cas des jeunes filles ce n‟est pas conseiller qu‟elles les utilisent. On a plusieurs couches mais qui diffère du milieu. L‟utilisation des protections dépendent des milieux : dans les pays développés ce sont les pads ». «En ce qui concernent les protections de 71

morceaux de pagnes l‟utilisation n‟est pas garantie, celles qui les utilisent ce sont généralement des profanes, ce sont les jeunes femmes qui n‟ont jamais été à l‟école ou qui sont déminues des moyens financiers pour s‟acheter les protections hygiéniques. L‟utilisation de ces protections peut entrainer des infections, des brulures et des douleurs pelviennes, surtout quand on utilise les pagnes en lilon. Il y‟a d‟autres filles qui utilisent les chiffons des matelas et avec les urines des enfants cela peut donner des infections. Oubien après utilisation des chiffons, les jeter dans la chambre. Même si elles sont lavées régulièrement, il n‟est pas conseiller de faire la protection. Il faut voir l‟aspect du matériel, le lilon n‟est pas conseiller pour les échanges intimes, même les slips en lilon peuvent infecter la femme de temps en temps. Les slips en cotons aèrent très bien, et absorbent très bien le sang et n‟ont aucun effet secondaire, ça n‟irrite pas ça ne gratte pas alors que les autres peuvent entrainer des maladies et infections ». « Traditionnellement les femmes utilisent les morceaux de pagnes. Celles-ci sont laver et déposer après chaque utilisation. Les cotons sont changés après chaque urine normalement, mais pour celles qui mettent les cotons de 8h jusqu‟à midi, là il n‟y a pas une bonne hygiène. Chez les jeunes femmes elles utilisent des tampons qu‟on vend dans les grands magasins, ces genres de tampons absorbent bien le sang, la femme n‟a même pas besoin de mettre le slip. Tout dépend de l‟utilisation si le tampon en forme de tuyau est rempli de sang et qu‟on ne l‟enlève pas pour rechanger, il peut provoquer des infections vaginales. Le changement des protections dépend de l‟écoulement de la femme, certaines femmes peuvent changer deux fois le matin, deux fois dans l‟après midi et deux fois la nuit. Par contre d‟autres femmes qui ne coulent pas beaucoup peuvent changer de couche, trois fois par jours ». « L‟utilisation des morceaux de pagne n‟est pas bonne parce qu‟il peut être sale, si la femme prend et introduit sans se rendre compte, elle peut développer des infections. Selon moi les serviettes hygiéniques sont mieux parce que c‟est plus hygiénique plus doux et les morceaux de pagne parfois ne sont pas doux elles sont rugueux. Surtout que c‟est une zone sensible cela peut irriter l‟endroit, et ça va donner des blessures » A travers les propos des spécialistes de la santé de reproduction les cotons sont mieux pour une bonne gestion des menstruations. Mais la différence se trouve au niveau de l’utilisation des cotons. Nombreuses sont les femmes qui ne savent pas gérer les menstrues. Cela peut provoquer des problèmes à leur santé comme le sida, les irritations et les infections vaginales. Certaines femmes manquent de moyens financiers pour se procurer des serviettes hygiéniques. A défaut elles utilisent les morceaux de tissus ou de pagnes. Ce qui n’est pas bon pour leur santé.

72

5.3 Pratique autour de menstrues en lien avec la culture

La pratique culturelle consiste à faire des recettes à base des plantes pour donner à la jeune dans le but de bloquer les menstrues. Par exemple, quand une fille n’a pas encore vu ses règles et que la mère pense qu’elle pourrait les avoir bientôt, elle fait recours à des pratiques traditionnelles. Elles préparent des recettes à base des plantes pour bloquer l’arrivée des menstrues. La raison de cette pratique est liée à la crainte des parents pour que leurs filles ne contractent pas une grossesse hors mariage. Le médicament est cassé le jour ou la jeune fille va se marier, pour faire venir le sang menstruel, et pour qu’elle puisse tomber enceinte après le mariage. D’après les mères, cette recette est faite et donner aux enfants parce que les jeunes filles d’aujourd’hui ne reste pas tranquille, elles courent toujours sur le chemin de l’école ou elles rencontrent des garçons. C’est pour cette raison qu’elles les font boire cette recette avant l’arrivée des premières règles. La jeune fille ne pourra plus voir les menstrues jusqu’au jour de son mariage. Le médicament peut être cassé le jour du mariage au moment où on lui verse le henné sur la tête. Ce qui provoquera l’apparition des règles. Il existe des femmes vendeuses des médicaments traditionnelles ou aphrodisiaques naturelles, qui circulent dans la ville et dans les hôpitaux. Ces produits empêchent la survenance des règles. Ces femmes sont connues par la société Hausa. Ces produits vendus par les femmes ne sont généralement pas bon pour l’organisme de la jeune fille. D’après certaines filles, ces aphrodisiaques provoquent le plus souvent les menstrues.

5.4 Pratique religieuse ou la purification du corps (les grandes ablutions) Le Niger est un pays laïc pieusement musulman. Plus de 98% de la population sont des musulmans seulement 1% pratiquent le christianisme, le judaïsme et l’indouisme. C’est ainsi que la religion musulmane est dominante particulièrement dans la région de Maradi à cause de la proximité du Nigeria. A Maradi, tout semble être tabou à cause de la religion : notamment l’interdiction de se promener en ville sans voile ou hijab, le jeune garçon et la jeune fille n’ont pas le droit de causer dans la ville au vu et au su de tout le monde, cela est qualifié comme une indignité pour ne citer que ceux-là. C’est ainsi qu’après chaque cycle menstruel, il existe des pratiques propres à tout musulman. C’est ce qu’on appelle « la purification du corps entier après les menstrues », en langue locale on l’appelle « wanka janaba ou wanka hayla ». Scientifiquement on l’appelle les grandes ablutions. Elles se font sans savon avec une quantité d’eau moyenne dans un sceau. Selon les adolescentes cette purification est 73

enseignée à l’école coranique par les marabouts. Une adolescente explique comment se fait la pratique des grandes ablutions : « Tu amènes un demi sceau d’eau propre dans les toilettes. Tu te déshabilles et tu t’accroupies devant le sceau, tu commences d’abord par « Au nom d’Allah ». Tu fais tes petites ablutions sans lavé les pieds et tu laves tout le corps en commençant par le côté droit après le côté gauche. Pendant cette purification tu frotte bien tout le corps. A la fin du bain, tu prononces des invocations qui consistent à remercier le bon Dieu. Après cela tu peux commencer à prier, à jeuner et à toucher le Coran. Les grandes ablutions sont faites dans un endroit propre, car l’islam c’est la propreté». Après avoir effectué cette grande purification, la femme musulmane peut passer à tout acte religieux comme prier, jeuné, aller dans la mosquée et faire la lecture du Coran. Nous constatons que l’école moderne renseigne la jeune fille sur la connaissance des menstrues. Alors que l’école coranique informe la jeune fille sur les connaissances et les pratiques autour des menstrues en lien avec la religion.

5.5 Interdits autour des menstrues et le port du hijab en milieu scolaire Selon les personnes rencontrées, il existe des interdits autour des menstrues. Celles-ci sont liés à l’alimentation et aux quelques activités qui requière la force. Quelques raisons de port du hidjab en milieu scolaire et extra-scolaire ont été identifiées. 5.5.1 Interdits en période des menstrues Les interdits autour des menstrues existent d’après la population de la commune urbaine de Tibiri. Les avis ne sont pas partagés entre les filles et les mères. Les filles soutiennent qu’il existe des tabous alors que les mères soutiennent le contraire. Selon les filles les tabous sont liés à l’alimentation et aux certaines activités qui demandent

de

l’énergie. « En période de menstrues, on ne peut pas faire le balayage de la cour de maison, la cuisine, pas trop de déplacement, la longue marche, le sport. Par exemple même si on fait la cuisine le repas n‟est généralement pas bon, les gens ne mangent pas. Ils pensent que c‟est comme s‟ils ont mangé de la saleté» (filles scolarisées village Baura). D’autres filles scolarisées par contre soutiennent qu’on peut tout faire en période des menstrues. « En cas de menstrues on peut faire toute sorte d‟activité, il suffit juste de bien se protéger, on peut se rendre à l‟école, au marché, voyagé et faire le petit commerce ». (Filles scolarisées CEG II Tibiri). L’aliment qui provoque rapidement l’apparition des menstrues est le piment. Selon les mères, le piment provoque l’apparition précoce des règles. « Le piment est très dangereux pour la santé sexuelle des

74

adolescentes parce que sa consommation excessif provoque rapidement les règles. On a des filles aujourd‟hui qui consomment beaucoup de piment, c‟est qui fait qu‟elles ont des règles très tôt ». Selon les mères il n’existe aucun tabou autour des menstrues. C’est seulement autour de la grossesse qu’il existe des tabous. « On peut tout manger pendant les menstrues, c‟est seulement pendant la grossesse qu‟il y‟a des aliments interdits. Comme le fait de ne pas consommer trop de sel, de l‟arôme. Ces aliments peuvent jouer sur la santé de la mère et de l‟enfant. Tout ce que les gens racontent sur les interdits alimentaires autour des menstrues n‟est qu‟illusion, on peut tout faire (excepté les pratiques religieuses) en période menstruelle. Même auparavant c‟est parce qu‟il n‟y avait pas l‟ouverture d‟esprit, maintenant nous avons compris qu‟il n‟existe aucun interdit lié aux menstrues. ». On constate à travers ces propos des jeunes filles et des mères qu’il y’a une divergence de point de vue. Selon les filles scolarisées du village de Bauratawa il existe des tabous alimentaires et des tabous liés aux activités ; les filles scolarisées de CEG II Tibiri et les mères pensent qu’il n’existe aucun Tabou. Il suffit de bien se protéger. Nous pouvons affirmer que la population de Tibiri a compris qu’il n’existe pas de tabou ou interdit en période de menstrues. Néanmoins il existe quelques cas rares des mauvaises perceptions autour des menstrues chez les jeunes filles scolarisées du village de Baurataoua. 5.5.2 Port du hijab dans le milieu scolaire et extra-scolaire Selon une définition du Google, le Hidjab est un signe religieux que portent les femmes musulmanes. Ce voile recouvre l’ensemble de la chevelure et une partie du corps afin d’en cacher les courbes. Le visage reste cependant dégagé. Selon le livre Sain Coranique, Dieu a dit : « O Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes croyantes de se couvrir leur mantes. C‟est pour elles le moyen le plus indiqué pour se faire reconnaitre et éviter ainsi d‟être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (Sourate 33 : les coalisés, verset 59). La commune urbaine de Tibiri à une population majoritairement musulmane. Presque toutes les femmes et les filles scolarisées et non scolarisées portent le hijab. Pendant cette recherche, j’étais contrainte de mettre le hijab afin d’avoir des informations en lien avec mon sujet. C’est pour cela que j’étais intéressé à savoir les raisons du port du hidjab dans cette localité. D’une manière spécifique les raisons du port du hijab sont les suivantes : « Je porte le hidjab parce que tout le monde porte, on ne peut pas être différente des autres femmes, il est rare de voir une femme sans hidjab c‟est notre culture » (fille scolarisée, 16ans, Maradi), «Le port du hijab, c‟est l‟éducation des enfants. Depuis qu‟on était toutes petites, bien avant le mariage on portait le hidjab, et tu dois éduquer tes enfants de cette manière » (mère, 50ans, village Baura), « Si 75

notre malam me voit sans hidjab il va me frapper, c‟est pour cela que je le porte » (fille scolarisée 22ans), « On porte le hidjab pour aller à l‟école, parce que souvent les règles peuvent te surprendre et te tacher les habits mais si tu circule avec le hidjab, tu peux te couvrir pour rentrer à la maison sans que personne ne le sache », (fille scolarisée 20ans CEG II), « La première raison c‟est la religion, mais il y a certaines filles qui portent le hidjab et ne font pas ce que dit la religion, même à l‟école toutes les filles portent hidjab, c‟est rare de voir une fille venir à l‟école sans hidjab » (enseignante de Français Tibiri), « C‟est leur mode de vie ici, elles le portent pour aller à l‟école et à makaranta, et la première école ici c‟est l‟école coranique. Les parents s‟intéressent plus à l‟école coranique qu‟à l‟école moderne, c‟est comme l‟on protège sa dignité. Quand tu ne portes pas le hijab les gens t‟interprète » (enseignante EFS Tibiri), Le port du hijab est pour une cause religieuse et aussi pour l’éducation des parents. Néanmoins certaines filles se sentent mal à l’aise à cause de la puberté c’est pour cette raison qu’elles les portent. « Les filles portent le hijab à cause de l‟éducation religieuse qu‟elles ont reçues à la maison. Certaines filles ont honte de montrer leur pudeur, c‟est pour cela qu‟elles cachent leur corps et leur dignité. Les filles commencent à porter le hijab, quand elles sont pubères. Elles ont honte que les hommes voient leur corps, elles n‟aiment pas que les hommes les regardent quand elles marchent. Surtout quand les seins commencent à pousser, elles portent le hijab pour cacher leurs seins, les filles se sentent comme nues si elles ne portent pas le hidjab. Elles se sentent libres en marchant avec le hidjab. Le hidjab c‟est l‟éducation des parents, et c‟est devenu comme un style, tout est lié à la culture de notre société. Le port du hidjab n‟empêche pas de faire des péchés en cachette. Toutes les filles portent, même les chrétiens portent ». (Garçons CEG II Tibiri) Nous pouvons comprendre que plusieurs raisons expliquent le port du hijab. Pour les parents le port du hijab c’est d’abord pour une cause religieuse, pour une bonne éducation ensuite c’est pour préserver la dignité de la femme, cela montre aussi que la fille est bien éduqué et de bonne famille. Selon les filles, le port du hijab est une obligation religieuse, parce que tout le monde porte, mais encore il te protège quand les règles surviennent accidentellement à l’école. Pour les enseignants c’est le conformisme, elles se cachent derrière ce voile pour faire des bêtises. Pour les garçons, les filles commencent à porter le hijab quand elles sont pubères, elles ont honte que les hommes voient leur corps. A la suite de ce chapitre nous comprenons qu’il existe des rapports sociaux entre la femme et les menstrues. Quand elle voit ses règles, elle ne peut pas pratiquer la religion totalement. Quand elle a ses règles ses relations sont limitées. Les règles se présentent sous deux dimensions : corps social et corps biologique. Quand elle a ses règles la société lui attribue un autre regard social. Quand elle ne les as pas elle est bien portante et accepter par tout le monde. La pratique religieuse et la pratique moderne sont 76

apprises respectivement à l’école coranique et moderne. Ces pratiques permettent à la femme de vivre en toute harmonie et de suivre sa religion. Les tabous sont souvent d’ordre alimentaire. La femme qui a les menstrues ne doit pas préparer le plat familial ou manger beaucoup de piment. Ce qui n’est pas tenable avec l’ouverture d’esprit des parents et de quelques filles scolarisées de Tibiri. Le port du hijab est un signe d’éducation et de conformisme dans la société nigérienne notamment dans la région de Maradi.

77

Chapitre VI : Scolarisation, éducation sexuelle de la jeune fille et enjeux de la santé de reproduction Ce chapitre aborde la question de l’éducation sexuelle à l’école et dans la famille. Il s’agit d’abord de voir comment l’école et la famille éduquent les adolescentes sur les questions de santé sexuelle et reproductive. Ensuite parler de la scolarisation de la jeune fille et enfin nous allons présenter les enjeux de la santé de reproduction dans les sociétés haussa.

6.1 Education sexuelle à l’école, dans la famille et scolarisation de la jeune fille Deux types d’enseignements sur la santé sexuelle ont été identifiés lors de cette recherche. Il s’agit de l’enseignement reçu à l’école et à la maison. Par ailleurs les raisons de la scolarisation de la jeune fille ont été également recensées. 6.1.1 Education de la santé sexuelle ou l’enseignement d’EFS et d’SVT au CEG II de Tibiri A l’école CEG II de Tibiri, de la 6

ème

à la 3

ème

les matières enseignées sont : le français, l’anglais, la

mathématique, la physique chimie, la science de la vie et de la terre (SVT), l’économie familiale et sociale (EFS), le sport, histoire et géographie (HG). Cependant celles qui abordent les questions d’hygiène corporelle, d’eau, d’assainissement sont : l’EFS et SVT. Selon les jeunes adolescents et leur enseignant, le cours d’EFS enseigne aux élèves les bonnes manières et les bons comportements. Ceux-là (hygiène, assainissement, et hygiène corporelle) doivent être pratiqués à l’école, à la maison et dans la société. Le cours de SVT enseigne tout ce qui touche l’appareil génital chez l’homme et chez la femme, ses fonctions et son fonctionnement, leurs rôles, l’environnement, les plantes, les différentes maladies, la santé de la mère et de l’enfant et l’accouchement. Le cours d’EFS et de SVT abordent les questions de la santé sexuelle et reproductive chez les adolescents notamment celles des menstrues. Néanmoins dans leurs contenus (programmes), il existe une différence nette : le cours de l’EFS aborde les questions de menstrues d’une manière générale et sociale sur les connaissances ; et le cours d’SVT aborde la question des menstrues d’une manière spécifique et scientifique. Ces matières sont complémentaires et ont un lien qui est celle de la santé corporelle et les différentes maladies. Selon les jeunes adolescents et leurs enseignants les cours d’EFS et de SVT ont une nuance. « Tous les deux cours à savoir EFS et SVT abordent les mêmes questions en ce qui concerne les 78

différentes maladies et la santé aussi on en parle dans les deux matières » (filles scolarisées 12-24ans Tibiri) L’apprentissage de ces principales matières est d’une importance capitale dans l’éducation sexuelle chez les adolescents. Les adolescents soutiennent aussi que le cours d’éducation physique et sportif (EPS) est aussi une matière qui apporte la santé à l’organisme. C’est le cas d’une fille de 18ans qui disait lors d’un focus group : « EFS et SVT ne sont pas uniquement les matières sur la santé, EPS aussi apporte la santé à l‟organisme, il permet d‟évacuer certaines maladies et de se sentir bien dans sa peau ». « Si tu pratique le sport en cas de maladie, tu recouvres la santé, le sport fait du bien surtout pour les personnes obèses, apprendre à bien marcher avec élégance ». Les trois matières ont un lien qui est celui des maladies, de l’hygiène corporelle et du bien-être de l’individu. L’EPS est pratiquée une fois par semaine tandis que SVT et EFS sont enseignées deux fois par semaine et dans chaque classe Les garçons comme les filles s’intéressent moins aux cours d’EFS du fait que les enseignantes ne sont pas régulières et que c’est une matière qui ne vient pas à l’examen. Pour les enseignants et le directeur de l’école l’EFS est une matière de culture générale. Alors que le contenu de ces matières pourrait leur permettre de connaitre leur santé sexuelle et reproductive. Par manque d’intérêt et d’attention, les adolescents néglige les cours d’EFS et SVT. On pourrait dire qu’ils s’intéressent plus à validation des matières qu’à la maitrise de la formation. La participation des élèves en classe dépend de la préférence des cours. Les garçons aiment les matières scientifiques tandis que les filles préfèrent les matières littéraires. D’après les enseignants, les filles sont plus participatives : elles passent au tableau, elles font les exercices ; elles sont régulières et ont toujours eu la moyenne. Tandis que peu de garçons restent au moment des cours. Surtout pendant les cours d’EFS où ils pensent que celle-là est réservée uniquement aux jeunes filles. Les garçons disent que la couture c’est pour les femmes, et cela ne vient pas à l’examen, et ils n’ont aucun intérêt à ce cours. D’après les enseignants, les filles travaillent plus que les garçons, mais il y’a seulement le manque de niveau des élèves, à cause du portable et la télévision qui les empêchent de travailler. « Pour cela on a même pris une décision. Toute fille qu‟on voit avec un cellulaire on arrache jusqu‟à la fin de l‟année, mais avec tout cela, vous allez voir des filles dans les classes avec leur hidjab entrain de manipuler les portables en écoutant les musiques, parfois elles sortent pour regarder les films dehors pendant les heures de cours et c‟est ce qui les empêche de travailler souvent. Les élèves ne cherchent pas à 79

apprendre les cours, ils ne lisent pas ils passent tout leur temps à tricher. Les directeurs des établissements achètent même des livres pour leur donner. Aussi le laisser passer nous bloque vraiment, avec 3 et 5 de moyenne on laisse les filles passés en classe secondaire à l‟inspection ». (Surveillant CEG II Tibiri). Les perceptions sur les cours d’EFS et SVT sont l’importance et la régularité que les filles donnent aux cours d’EFS. Ceci est lié au fait que ce sont des cours qui concerne directement la santé de femme. «Presque tout le monde reste pour suivre le cours d‟EFS et de SVT. Mais l‟EFS surtout est très pratiquante, parce qu‟on nous apprend le cycle menstruel et les organes génitaux, on nous parle des choses féminines et masculines, c‟est pourquoi la majorité qui reste pour suivre le cours sont des filles » (filles scolarisées 14-19ans Tibiri) En général, les filles sont plus intéressées par la scolarisation que les garçons mais d’après leurs enseignants c’est la nouvelle technologie qui bloque leur avancement académique. Malgré les dispositions prise par l’administration, ceci reste un défi à relever. Aussi le passage automatique de la classe de CM2 à la classe de 6eme n’est pas favorable pour les élèves, parce qu’ils se retrouvent en classe supérieure avec un faible niveau. 6.1.2 Education sexuelle dans la famille L’éducation sexuelle des adolescents est le rôle spécifiquement réservé aux parents. Parler de la sexualité est un tabou dans les sociétés haussas. Ceci est lié au fait que plus de 80% de la population nigérienne est musulmane. Cependant les thèmes de discussions entre parents et adolescents sont les suivants : scolarisation, les travaux domestiques, la vie en société, les relations avec les copains et souvent la santé sexuelle. Les causeries sur les menstrues sont faites uniquement entre la mère et la jeune fille à des endroits discrets : s’isoler dans la chambre ou dans la cour de la maison. Les garçons ne sont pas impliqués parce que les menstrues sont un secret et une affaire de la femme. Mais il existe certains parents qui ne parlent pas des menstrues à leurs enfants à cause de la honte et des cultures traditionnelles de leurs ancêtres. En ce concerne l’éducation sexuelle à la maison il existe deux catégories des mères : les mères attentives et les mères négligentes. Les mères qui sont attentives discutent et donnent des conseils à leurs filles dès le début de la puberté. Il s’agit de savoir comment est son cycle menstruel. « Vérifier le cycle menstruel de la fille, c‟est le rôle le plus important d‟une mère, si la fille n‟a pas vu ses règles tu dois la suivre pas à pas et lui poser des questions. Si tu es une bonne mère, tu peux toujours comprendre l‟état de santé de ta fille. Il faut être une mère très sérieuse et curieuse pour comprendre les jeunes filles ». (Mère 41ans Tibiri), « Je 80

comprends si ma fille est en règle parce qu‟elle me dit souvent qu‟elle a des maux de ventre ou quand je lui dis d‟aller prier, elle dit qu‟elle n‟est pas dans un bon état » (mère 50ans Tibiri) Pour ces catégories des femmes, la communication sur les menstrues se fait dans la chambre, à deux, entre la mère et sa fille. « Dès que ta fille te dis qu‟elle a vu ses premières règles. Tu lui explique pas à pas comment elle doit procéder pour bien se protéger pour que personne ne comprends. Tu lui donne le coton et les slips et tu lui montre comment ça se fait. Au moment de la communication, les filles se taisent et ne pose pas de question, sauf en cas de douleurs elles demandent comment elles doivent faire. On leur fait comprendre que c‟est l‟arrivé des menstrues qui donne des maux de ventre intense et que c‟est passager». Une mère rajoute: « Parfois c‟est devant moi-même qu‟elle change de coton. Maintenant les choses ont évoluées les mères informent leur fille sur les menstrues, maintenant il y a l‟ouverture d‟esprit par rapport aux années antérieures ». Les jeunes adolescentes confirment qu’il existe des mères qui donnent des conseils comme. « Il faut bien vous protégé, méfiez-vous des hommes, ils vont vous enceinté et vous gâcher votre avenir » (filles scolarisées village Baura). Les mères négligentes transmettent à leurs enfants l’éducation qu’elles ont reçue auprès de leurs parents. « On ne parle pas avec nos enfants parce que c‟est une tradition chez les hausa de ne pas discuter avec nos filles quand elles ont les menstrues. Surtout quand il s‟agit d‟ainé, là il n y a même pas de communication. C‟est comme ça qu‟on a trouvé nous aussi avec nos parents et on applique à nos enfants » (mère 35ans Tibiri) La communication s’arrête uniquement quand la mère veut envoyer la fille pour lui acheter quelque chose chez le tablier du quartier ou au marché, ou pour lui faire les tâches domestiques. Les mères pensent que c’est un secret de femme. « Les filles ne nous parlent pas quand elles ont les menstrues, elles pensent que c‟est un secret personnel, sincèrement pas de communication sur ce point » (mère 38 ans Tibiri). Elle ajoute « Généralement c‟est l‟école qui éduque la jeune fille sur comment prendre soin d‟elle en cas de menstrues, on pense que l‟école est mieux placer pour enseigner aux enfants comment elles doivent gérer leur règles » En ce qui concernent les enfants aussi il y’a deux catégories des filles : celles qui écoutent les conseils de leurs mères et celles qui font fient des conseils. La première catégorie ce sont les filles qui sont toujours liées à leur mère, elles sont comme des amies pour leur mamans tandis que la deuxième catégorie ne se mêlent pas des affaires de leurs parents. Celles qui écoutent sont généralement celles qui sont sages et qui demandent quand elles ont un problème de santé. Celles qui n’écoutent pas sont laissées à leur sort. La différence entre les deux c’est le bon comportement. « par exemple quand tu vois que ton enfant fait quelque qui n‟est pas bien, tu 81

peux attirer son attention tout en lui donnant des conseils de temps en temps, si c‟est un enfant qui écoute et qui prend les conseils, il change de comportement mais si c‟est un enfant qui n‟écoute pas, la mère a beaucoup parler jusqu‟à fatigué, elle informe le père, et si le père à son tour le conseil jusqu‟à fatiguer sans satisfaction, on laisse l‟enfant à son sort » ( mère 42 ans Tibiri). De leur côté les garçons pensent que la sexualité est un tabou dans le contexte de Maradi à cause de la religion et par manque d’ouverture d’esprit de certaines familles. Parler de la sexualité est un tabou à Maradi parce que la majorité de la population est musulmane. « La religion est un blocus pour la sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive, ce qui limite l‟enseignement dans les écoles » (garçons CEG II Maradi) Le manque d’ouverture d’esprit est aussi un blocus pour parler de la sexualité au sein des familles « Vraiment c‟est très difficile, ici les gens manque d‟ouverture d‟esprit même si l‟on essaye de leurs expliqué, ils ne vont jamais comprendre, ils ont des idées encrées dans la tête qui ne leur permettent pas d‟accepter certaines sensibilisations » (garçons CEG II Tibiri) On constate à travers ces propos des différents groupes cibles que par parler de l’éducation sexuelle est un problème du

point de vue familiale et social, du fait que la population est majoritairement

musulmane et par manque d’ouverture d’esprit comme le souligne les jeunes garçons scolarisés. Mais par ailleurs il existe des mères exemplaires et attentives et des mères non attentives. Les premières sont très sensibles et rigoureuse sur l’éducation sexuelle alors que les secondes sont rattachées aux éducations de leurs parents et préfèrent que ça soit l’école qui s’occupe de cette éducation à leur place. La honte ne permet pas les discussions sur les menstrues entre adolescent et mère. Les filles de leur côté il y’a celles qui sont sages et intimement liées à leurs mères ; celles-là pratiquent les conseils de leur mère. La seconde catégorie de filles fait ce qu’elles veulent et n’écoutent pas leurs parents. Ces dernières sont laissées à leur sort. 6.1.3 Scolarisation de la jeune fille Selon une étude sur la monographie des adolescents de la région de Maradi en 2015, les résultats ont montré que les adolescents du milieu urbain profitent plus de l’alphabétisation que leur homologue du milieu rural quel que soit l’âge considéré. Le taux est de 74,2% en milieu urbain alors qu’il n’est que de 41,5% en milieu rural. Ce taux vaut 55,6% chez les garçons pendant qu’il est de 37,7% chez les filles. Partant des résultats de cette étude nous comprenons que la scolarisation concerne aussi bien les filles que les garçons. Les filles vivant dans les milieux urbains sont plus privilégiées que celles qui sont dans les milieux ruraux.

82

Notre cas d’étude sur la scolarisation de la jeune fille concerne les filles de la commune urbaine de Tibiri particulièrement. Les raisons de la scolarisation de la jeune fille dans la commune urbaine de Tibiri sont multiples. Les filles, les enseignantes et les mères ont chacune leur propre raison. Voici d’une manière spécifique ce que les filles et les mères pensent de la scolarisation de la jeune fille. « Nous partons à l‟école pour aider les parents, avoir les meilleurs conditions de vie, être indépendante, la lutte contre l‟ignorance, avoir un bon avenir, apprendre les bonnes habitudes. »(Filles scolarisées 1422ans Tibiri), « Je pense qu‟amener les enfants à l‟école est la seule richesse du monde. Celui qui ne fait pas ceci me fait vraiment pitié parce que l‟éducation moderne a beaucoup d‟avantages. Je regrette de ne pas être à l‟école, si je savais que le monde sera ainsi, j‟allais insister pour qu‟on m‟inscrive à l‟école. Par exemple si tu as un enfant qui a été à l‟école tu n‟as pas besoin d‟aller chez les voisins pour qu‟on te lise une lettre et dévoiler ton secret». (Mère 50ans Tibiri). Les mères sont motivés à envoyer leurs enfants à l’école pour savoir lire et écrire. « Mon mari a obtenu plusieurs diplômes d‟études depuis le temps du Président Seyni Kountcé, donc je connais bien l‟importance de l‟école. Mais maintenant il est en retraite, il est actuellement le directeur de l‟école des handicapés de Maradi. Tous mes enfants sont inscrits à l‟école. Chez nous l‟école est comme un héritage, même mes petits fils partent à l‟école actuellement. Avant on pensait que l‟école n‟est pas faite pour les filles, on les cachait dans les maisons, on pensait que l‟école gâtent les filles mais maintenant on leur donne même les frais de recréation». (Mère 45ans Tibiri) , «De mon point de vue l‟école est plus importante que le petit commerce que les jeunes filles font parce que l‟école a une garantie durable alors que le commerce une fois après le mariage ce n‟est pas facile de le continuer. Les filles font également les écoles coraniques, parce c‟est à travers cela que l‟école moderne est claire ». (Mère 38ans Tibiri) D’après les enseignants, avant, les parents n’ont pas de connaissance sur la scolarisation mais maintenant ils inscrivent leurs enfants à l’école même si elles sont de grande taille. «Avant c‟était de l‟anarchie absolue, les gens sont sans pudeur, ils ne savent ni lire, ni écrire. Maintenant il y‟a plusieurs écoles, et les parents mettent leur enfants à l‟école. Maintenant même si les personnes sont grandes de taille, on les met à l‟école, dès qu‟un enfant rate la base c‟est un problème » (enseignante de français CEG II Tibiri) On constate à travers les propos des parents que la scolarisation de la jeune occupe une place prépondérante dans la société. La jeune fille reçoit beaucoup d’avantages tels que savoir lire et écrire. L’école est une richesse et un héritage pour certaines familles. Mais auparavant les parents n’avaient pas une bonne perception de l’école. La scolarisation de la jeune fille permet aussi d’assurer la discrétion entre fille et mère quand il s’agit de lire une lettre. D’autres parents interdisent la vente 83

ambulante à cause de l’école. Pour les mères, les enseignements coraniques accompagnent la scolarisation de la jeune fille. Pour les filles, la scolarisation c’est pour aider les parents et être autonome. Pour les enseignants, il y’a un changement du point de vue social avec la prolifération des écoles. Ces perceptions sont pour les personnes résidant en milieu urbain, il se serait important de voir comment est la scolarisation de la jeune fille dans le contexte rural. A travers ces différents propos nous pouvons dire qu’il y’a une évolution sur le plan social, comportemental et éducatif par rapport à l’époque. On assiste à une société qui évolue grâce à la scolarisation de la jeune fille. Mais aujourd’hui, ce qui bloque la scolarisation de la jeune fille, ce sont les grossesses indésirables les travaux champêtres et les travaux domestiques.

6.2 Santé de la reproduction et enjeux : Phénomène de grossesses non désirées, Mariage précoce et infertilité 6.2.1 Phénomène de grossesses non désirées Le phénomène de grossesse non désirées prend de l’ampleur dans la commune urbaine de Tibiri. Les filles qui tombent clandestinement enceintes sont généralement scolarisées. Le premier recours après avoir détecté la grossesse est le CSI pour des formalités. Selon les groupes sociaux rencontrés, les grossesses non désirées détruisent la société. Les facteurs favorisant les grossesses non désirés varient d’un groupe cible à un autre. D’après le Major du CSI Goumar, plusieurs raisons expliquent les grossesses non désirées : les portables Android, les groupes sociaux, le mariage des amies, les vidéos pornographiques. La nouvelle technologie et les mariages sont non seulement à la base du changement de comportement des jeunes filles mais aussi à l’accélération de la puberté. « Une fille de CM2 connait déjà les hommes, les parents viennent faire du bruit inutile au CSI alors que les filles ont duré dans l‟activité sexuelle. Et elles le font avec plusieurs hommes, même la fille ne peut pas identifier la personne qui l‟a enceinter. Tout est lié au matériel, les séries télévisées jouent beaucoup sur la conscience des filles, elles apprennent comment embrasser un homme comment faire l‟amour avec un homme. La deuxième chose quand il y‟a les mariages ou baptêmes tout le monde veut porter un nouvel habit et avec les parents qui sont pauvres comment peut-on le faire ? On impose à son copain pour faire un échange contre quelque chose, comme le sexe, il y‟a aussi les portables Android, avec lequel on peut échanger sur WhatsApp pour envoyer des vidéo pornographiques. La vie évolue et le rythme de vie change. Les jeunes filles d‟aujourd‟hui draguent elles-mêmes les garçons. Dès que la 84

jeune fille se met en tête qu‟elle a besoin de l‟homme, le développement des hormones s‟accélère vite et elles vont se sentir déjà pubères, ce qui provoque la puberté très tôt. Quand elles sont pubères elles n‟écoutent mêmes pas les parents ». Les jeunes filles scolarisées viennent au CSI avec des problèmes liés à leur santé sexuelle et reproductive : les grossesses non désirées et pour avoir des certificats médicaux. « Les différents problèmes qu‟on rencontre avec les jeunes filles c‟est surtout les grossesses indésirables, les tentatives de viol, les problèmes nous viennent surtout du commissariat, quand on nous envoie la fille, on détermine les mois de la grossesse. Un jour le directeur d‟une école primaire était venu avec 20 filles déviergées par le gardien, il leur donnait 100f par élève parce qu‟elles gagnaient de quoi aller à la recréation, elles se laissaient faire. On est fatigué de faire les certificats médicaux légaux. L‟autorité ou la police nous envoie la réquisition d‟expert et moi je fais les certificats médicaux légaux, j‟agrafe et j‟envoi, ce qui leur permettra de juger la grossesse. » (Major CSI Goumar Tibiri) Nombreuses sont les filles qui font les activités sexuelles en cachette, et les parents apprennent souvent en retard. « Les jeunes filles ne viennent pas régulièrement, elles font leur chose en cachette, c‟est en cas de grossesse qu‟elles viennent. Elles sont généralement accompagnées par leurs mères qui les grondent et disent de regarder cette fille, qu‟elle n‟a pas confiance en elle. Ce sont des filles scolarisées généralement. Il existe aussi des parents qui découvrent tardivement que leur fille sont déjà dans les activités sexuelles » (Sage-femme, CSI Goumar). Les causes des grossesses non désirées c’est aussi le matériel. « On a des cas de filles non mariées qui tombent enceinte en pleine année. L‟année passée un professeur a enceinté une fille en échange contre de l‟argent, il lui avait promis 15.000 milles et elle a accepté, après avoir fini avec elle, il lui a donné 3000 milles c‟est en ce temps que l‟affaire a éclaté et on a tous été informer, il a été gardé à la prison de Guidan Roumdji, par la suite la fille à fait un avortement. Les cas de grossesses non désirées sont très fréquents ici à Tibiri. C‟est surtout l‟argent qui les attire, elles abandonnent l‟école par la suite ». (Enseignante de français Tibiri) Les grossesses indésirables prennent aussi de l’ampleur dans les écoles. Les acteurs sont entre autre les vieillards et les enseignants. « Cette année il y‟a eu tellement de grossesses non désirées dans la commune de Tibiri. Un enseignant d‟EPS m‟a dit que 20 filles ont été enceintées de la 4ème à la 3ème, jusqu‟à le directeur a fait un appel à un médecin pour faire le test de grossesse aux filles. D‟après les investigations de la police ce sont les vieillards de la commune urbaine de Tibiri qui enceinte les filles, parce que dès qu‟on demande aux filles de faire sortir ceux qui les ont enceinter, on voit des vieillards qui apparaissent, ils donnent aux filles de l‟argent ». (Enseignante EFS Tibiri)

85

D’après les enseignants, le fait que les parents ne donnent pas les frais de récréation est aussi un facteur qui pousse les adolescentes vers les grossesses non désirées. « Tu sais nous ici on ne donne pas l‟argent de petit déjeuner, ni pour le repas de midi, c‟est pour cela les jeunes filles cherchent de l‟argent au niveau des copains. Tu reviens avec la faim, on ne te donner pas de quoi manger, de quoi subvenir à tes besoins, c‟est pour cela que les filles suivent les hommes. Dès qu‟un homme vient chez la jeune fille, on pense qu‟il est sérieux, on le laisse pour aller causer avec la fille. Après quelques mois c‟est la grossesse. 80% des jeunes filles sont enceintées chez elles. » (Enseignante EFS Tibiri) Selon les filles ce sont les hommes qui les maraboutent et leur donne de l’argent, par la suite la fille est obligé de le suivre. « Les filles qui tombent enceinte sont plutôt attiré par l‟argent, ce sont généralement les enseignants qui leur donne de l‟argent petit à petit et elles acceptent, et de là, la fille est obligée de suivre le garçon jusqu‟à dans sa chambre. Ce sont les hommes qui maraboutent les filles pour qu‟ils les violent » (filles scolarisées village de Baura) Selon les garçons c’est la civilisation et le comportement des jeunes qui sont à la base des grossesses chez la jeune fille. «On en trouve beaucoup de cas de grossesses non désirées. Aujourd‟hui les jeunes adolescents ont pris un nouveau comportement, parce que c‟est une nouvelle génération qui est entrain de venir, si tu es avec une fille, si tu ne l‟embrasse pas, ne la caresse pas, on pense que tu n‟es pas civilisé et ce qui conduit beaucoup des jeunes filles à tomber enceinte. Les jeunes aiment avoir des relations sexuelles entre eux et avec des hommes vieux et riches ». (Garçons scolarisés Tibiri) A travers ces propos des enseignants, des agents de santé, des filles et des garçons nous pouvons comprendre que plusieurs raisons sont à la base des grossesses non désirées. Selon les agents de santé c’est l’insouciance des parents, les séries télévisées, les films pornographiques, les réseaux sociaux, les portables Android et les mariages des amies ; pour les enseignants et les filles c’est l’argent et le maraboutage des hommes ; pour les jeunes garçons c’est surtout le mauvais comportement des jeunes. Les acteurs des grossesses non désirées sont les enseignants et les vieillards de la commune. Ils échangent leur sexe avec les filles contre de l’argent. Le fait que les filles courent derrière les hommes provoquent la puberté précoce. Par ailleurs on constate que la virginité n’a plus sa valeur. Nous pouvons affirmer que les mariages précoces et forcées ont tendance à diminués de nos jours. Mais le phénomène qui se développe c’est surtout les grossesses non désirées. En d’autres terme le mariage précoce prend une autre forme dans les sociétés haussa.

86

6.2.2 Mariage précoce des jeunes filles Dans les régions haussa le mariage occupe une place importante. Les parents marient leurs enfants souvent avant les premières règles. L’apparition des premières règles n’est pas le seul signe qui montre que la jeune fille est prête pour le mariage. Autres raisons poussent les parents à marier leurs enfants très tôt. Voici quelques propos avancés par les mères : « On comprend qu‟une fille est prête pour le mariage, au moment où, la mère lève sa main pour la frapper quand elle déconne, si elle attrape la main de sa mère, cela signifie qu‟elle a besoin d‟un mari », « Quand on constate que la jeune fille n‟aime pas étudiée, on l‟a marie » ; « Quand elles ne restent pas tranquille aussi on les marie, quand elles suivent les garçons », « Dès que la jeune fille commence a attaché plus d‟un pagne cela veut dire qu‟elle est maintenant une femme » ; « Quand la jeune fille commence à copier les mêmes comportements et le même habillement que sa maman, on la marie très rapidement », « On les marie vite parce la génération est dégradée (mougoun zamani). On préfère même la marier avant les premières règles à cause de la mauvaise génération. » (Mère 50 ans, village Baura), « On laisse les filles étudier mais quand elles ne travaillent pas à l‟école et qu‟elle ne vaut rien aussi à la maison, on les marie très tôt. » Nous comprenons à travers ces propos plusieurs raisons expliquent le mariage précoce : quand la jeune fille refuse la scolarisation, quand elle suit trop les garçons, dès qu’elle commence à attacher plus d’un pagne, quand la mère ne peut plus lever la main sur elle, quand elle a le même comportement et habillement que sa mère et davantage à cause de la nouvelle génération. D’autres mères comparent leur contexte à celui d’aujourd’hui en ce qui concerne le mariage des enfants. De nos jours les filles sont libres de choisir leur conjoint pour le mariage, après le rôle des parents c’est uniquement la célébration et les conseils. « Auparavant dès qu‟on voit une fille commence à pousser les seins ou elle est grande de taille on dit qu‟elle est prête pour le mariage mais maintenant si la fille est prête pour le mariage c‟est elle qui cherche et amène l‟homme qu‟elle veut marier. Notre rôle les parents, c‟est uniquement de concrétiser et de donner les bons conseils. Maintenant il y‟a moins de mariage forcé la plupart ce sont des mariages par amour ». « Auparavant, on prenait toute la charge de nos filles, on leur choisi aussi les maris, maintenant elles ont refusées, c‟est elles même qui amène leur copain pour nous présenter. Elle lui amène une chaise pour s‟asseoir. Il y a des filles qui achètent même des ustensiles de cuisine pour déposer, pour préparer leur mariage. »

87

Nous comprenons que les mariages forcés sont remplacés par les mariages par amour. Les filles décident de tout sur leur mariage y compris le choix du conjoint et les préparatifs du mariage. Le rôle des parents se limite seulement à sceller le mariage et à donner des conseils. Aussi nous comprenons à travers ces propos qu’il y’a une différence nette en ce qui concerne le mariage d’auparavant et le mariage d’aujourd’hui. Avant la poussé des seins et la taille sont les seuls indicateurs pour le mariage des enfants. Mais aujourd’hui plusieurs raisons l’expliquent tels que le refus de la scolarisation, courir derrière les hommes, quand la mère ne peut plus lever la main sur sa fille et quand la jeune fille adopte les comportements de sa mère. On peut affirmer sans risque de se tromper que les mariages forcées sont remplacées par les précoces ou mariages par amour. Le rôle des parents a aussi changé. Avant c’était les parents qui font le trousseau de mariage et décident du mari mais maintenant les filles se font tout. On assiste à un changement de l’organisation social du mariage et le choix du conjoint. Les filles sont libres de leur choix. Ce qui nous amené à parler de la différence entre la génération des mères et celle de leurs enfants.

6.2.3 Différence de génération entre celle des mères et des jeunes filles d’aujourd’hui La génération des parents est différente de la génération de leurs enfants. C’est ainsi que les parents ont tendance à faire les comparaisons entre leur génération et celle de leurs enfants ou petits-enfants. Nous avons recensé une divergence de points de vue par rapport aux différents changements qui sont observés par les personnes âgées et les jeunes mères. Elles se résument à ses propos: « Zamani yanzu ba daya ne ba da na dauri, saboda a da dounia yan dauri basu san komi ba, yara yanzo sun himo kwarewa da ganewa, zamani da dana yanzu ba day ne ba, saboda diyan yanzu basu da ladabi» (la génération d’auparavant et celle de maintenant ne sont pas les mêmes. Avant les hommes et les femmes n’ont pas d’expériences ni de connaissances. Les jeunes d’aujourd’hui ont plus d’expériences et d’esprit de compréhension mais ne sont pas respectueux). « diyan da ladabi da biyaya garesu »(les jeunes filles d’avant sont plus soumises et écoutent attentivement leur supérieurs). (Mère 38ans Baura) Les enfants d’aujourd’hui n’ont pas le même comportement que leurs parents. « Les enfants d‟aujourd‟hui même si tu les appels, elles font semblant de ne pas t‟entendre, et ils ont même le kilo de te regarder droit dans les yeux .Comment peux-tu mettre un enfant au monde qui n‟a pas le même comportement que toi ? Nos enfants d‟auparavant continuent à nous aider bien que nous sommes vieilles mais les jeunes d‟aujourd‟hui on ne les comprend pas, ni comment les éduquer ». (mère 70ans, village Baura)

88

Les filles d’avant sont libres d’aller les lieux de distraction et d’épanouissement mais celle de maintenant aiment avoir des relations sexuelles. « A notre temps les femmes sont libres, elles partent dans les « samaria »17 pour danser, sans slip sans soutien, s‟amuser sans que les parents ne se préoccupent mais aujourd‟hui on ne peut pas laisser les jeunes filles aller faire ce qu‟elles veulent, car elles aiment trop les garçons, et risquent de revenir un jour avec une grossesse ».( mère 40ans Tibiri) Comme nous l’avons souligné plus haut, il existe des femmes négligentes et non attentionnées qui ne contrôlent pas la santé sexuelle de leur fille ce qui entraine souvent des grossesses indésirables. « Les filles d‟auparavant pleurent quand elles voient leur règle, par contre celles de maintenant, si ce n‟est pas une mère qui prête beaucoup d‟attention à sa fille, la fille peut faire son cycle menstruel et terminé sans pour autant qu‟elle ne le sache. C‟est pour cela tu vois des filles qui tombent enceintes jusqu‟a accouché sans que la maman ne le sache, tout cela est la négligence des mamans qui ne prête pas attention à leurs enfants ». (Mère 45ans Baura) Les enfants d’auparavant n’osent pas demander de l’argent à leur parents et ne savent pas faire le commerce ni l’exode ce qui est le contraire chez les filles de maintenant. « Le matin l‟enfant ne demande jamais de l‟argent pour aller acheter le petit déjeuner, même si tu le frappes il ne va jamais oser quitter la maison, parce qu‟il ne sait pas où aller, mais maintenant quand elles font des erreurs elles ne reviennent pas à la maison, elles partent en ville pour bien manger et revenir à la maison ». « Les enfants d‟auparavant ne font ni le commerce ni l‟exode. Mais maintenant une petite fille de 14ans aime l‟argent sait comment chercher de l‟argent. Aujourd‟hui, les filles et les femmes font toutes le petit commerce et s‟entraide mutuellement » (vieille 60ans Baura) Les filles d’avant utilisent les protections comme les petits morceaux de pagnes pendant les menstrues alors que ceux de maintenant savent tout, et n’ont pas besoin d’explication. « En cas des menstrues les jeunes filles d‟auparavant utilisent des summa et on leur montre comment prendre soin d‟elles. Mais les filles de maintenant savent tout, si elles sont en règle on n‟a pas besoin de les sensibiliser, elles se font tout. Les filles d‟aujourd‟hui connaissent la vie mieux que nous. C‟est le « zamani » qui a amené tout cela. C‟est le jour de ton mariage que tu apprends tout, le couple ne se connaissait pas, on vous marie seulement sans consentement, mais maintenant les filles sont sans pudeur, elles font le copain en cachette, c‟est après qu‟elles viennent présenter le copain qu‟elles veulent marier. Les filles de maintenant sont sans éducation » (mère 50ans Baura) A travers ces propos des parents nous pouvons comprendre que les temps ont changés sur le plan social, éducatif et sanitaire. A l’époque les parents manquent de connaissances sur les questions de la santé, de

17

Lieu de rencontre des filles et des garçons dans le but de chanter, dansé, s’amuser entre eux.

89

l’éducation mais de nos jours avec la prolifération des écoles, on a tendance à avoir des filles qui savent orienter leur choix et décident de leur vie.« ce qui se transmet malgré tout, ce n‟est en effet pas tant la « valeur » ou le « volume » de ce capital, que la position spécifique qu‟il occupe et fait occuper dans l‟espace social, quand bien même celui-ci évolue d‟une génération à l‟autre. En ce sens, le changement social fait intégralement partie de ce processus de transmission structurelle : ce qui est intéressant, plus que la comparaison terme à terme des comportements culturels de chaque génération, c‟est l‟observation de la transmission de systèmes d‟appétences différentielles ». La transmission culturelle est un processus de transmutation, non seulement des biens, des pratiques et des usages, mais également des goûts. l’école promeut des activités, modèles et valeurs culturelles classiquement légitimes, dont l’acceptation dépend de la situation scolaire de l’enfant – performance, adhésion aux normes scolaires –, valeurs qui sont souvent plutôt congruentes avec celles des familles des catégories supérieures, et opposées aussi bien à celles des familles populaires qu’à celles portées par les groupes juvéniles. (Sylvie octobre et al 2011) D’après les mères, les enfants d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes valeurs sociales et culturelles que celles d’avant. Les gens d’auparavant sont plutôt soumis et écoutent les conseils prodigués par leurs parents alors que la génération d’aujourd’hui est sans pudeur. On assiste à une génération qui n’écoute pas les supérieurs. C’est l’une des principales raisons qui poussent les parents à marier leurs enfants très tôt. Les mères négligentes sont celles qui souffrent de la grossesse non désirée des filles, par manque de contrôlent de l’état de santé sexuelle de sa fille. La différence est claire. Les filles d’avant ne quittent jamais les maisons à cause d’une erreur, les filles d’auparavant ne font pas l’exode et le petit commerce, celles d’aujourd’hui sont autonome, elles ne demandent jamais les frais de recréation. En cas de menstrues elles pleurent alors que celles d’aujourd’hui les connaissent tout d’avance. Les filles d’aujourd’hui connaissent les hommes et le rapport sexuel alors celles d’avant se marie tôt. Partant des perceptions des mères nous pouvons affirmer que le monde à évoluer de point de connaissances et expériences. Mais cette évolution d’une part a rendu les jeunes filles plus libres mais d’autres parts les comportements qu’elles adoptent dégradent les valeurs culturelles, morales et religieuses des sociétés Haussa. Nous notons que la scolarisation, l’ouverture d’esprit et les nouvelles technologies de l’informatique sont à la base de cette dégradation. 6.2.4 Infertilité Les règles sont naturelles chez toute femme. Leur arrivée signifie que la femme est prête à se marier et à donner naissance. Néanmoins, il existe des femmes qui voient leurs règles mais ne procréent pas. On les 90

appelle scientifiquement les aménohréiques. Selon les personnes rencontrées, nombreuses sont les femmes dont les ovules ne peuvent pas donner un enfant. Quelques perceptions ont été dégagées par les mères et les agents de santé. L’infertilité c’est Dieu qui décide. « Si c‟est la femme qui est infertile même si elle se divorce pour aller se remarier, elle n‟aura jamais d‟enfants et c‟est le même cas chez l‟homme parce que c‟est Dieu qui l‟a décidé ainsi » (Mère 40ans Tibiri). L’infertilité est un problème qui touche les hommes et les femmes moralement, psychologiquement et socialement. « Si une femme voit que ses amies de même génération ont eu beaucoup d‟enfants et qu‟elle n‟en n‟a pas, c‟est normal qu‟elle perd patience et la conscience n‟est plus tranquille, elle a toujours le cœur gâté et qui saigne. Rishin ayhowa ay tashi hankali ne, hayhouwa ita ce iyali, rishin ayhowa bayada dadi, diya ay rahama ce ». (L‟absence d‟enfant est une absence d‟esprit, l‟accouchement c‟est ça une famille, l‟absence d‟enfant n‟est pas bon. Les enfants sont une Miséricorde.) (Une femme de 60 ans village de Baura). Cette affirmation m’a beaucoup touché et j’ai prolongé l’entretien pour plus d’explicitation et de compréhension. Elle continue en disant : « Ma fille, avant dans notre village il n‟y avait rien, à part les grands espaces vides. Nous avons construit trois cases, mais maintenant que le village a évolué, il est remplit des maisons en banco et des boutiques un peu partout. Tout cela est dû au faite que les femmes ont beaucoup accouché ; ce sont les travaux de ces jeunes enfants qui ont rendu le village plus grand. Si les femmes n‟avaient pas accouchées, a ton avis qui fera ce travail ? Aussi si tu es pauvre, Dieu va te donner un enfant qui te rendra riche et jusqu‟à donner à tes proches parents, tu vois, l‟enfantement c‟est tout. Avant nous n‟avons que des cases mais maintenant les jeunes adolescents ont tout fait, ils ont construit des maisons et des boutiques et ont mis l‟ordre dans le village. A l‟arrivée de la fête, les jeunes adolescents nous achète des habits». Dans les sociétés Hausa dès qu’une femme se marie, un an après on attend à ce qu’elle tombe enceinte, si elle prend des années sans accoucher d’autres femmes se fâchent et quittent le foyer d’autres par contre restent tout en espérant qu’un jour elles auront un. C’est ce qui reflète la réalité du film d’Aicha Macky dans son titre « un Arbre sans fruit » ou elle racontait son histoire du mariage. Cinq (5) ans sans avoir d’enfant, d’un côté il y’a la belle-famille qui attend la naissance du premier enfant et de l’autre coté la société qui parle. (Aicha Macky 2016) Par ailleurs une minorité de femmes ne voient pas les menstrues. Les règles ont une grande importance dans la vie de la femme disait une sage-femme, chez nous les hausa on dit « mace da bata jini ba mace ba ce ba » (une femme qui ne voit pas ses règles n’est pas une femme). Si une femme voit ses règles on peut dire qu’elle est fertile et qu’elle peut donner naissance parce qu’elle porte ce qui peut donner naissance : les menstrues. Mais il y’a des cas de femmes que leurs constitution des règles ne peut pas donner un enfant c’est pareil aussi chez l’homme. Ce passage retrace l’ouvrage de Hadiza Moussa, « entre absence et refus d‟enfant ». (Hadiza Moussa 91

2012). Les femmes infertiles ne pensent pas quitter leur mari malgré que cela fait mal, elles restent par amour et à cause de Dieu. Même avec les proverbes lancés par les parents et connaissances, elles restent auprès de leurs maris. Nous comprenons à travers ces propos que les menstrues sont d’une valeur importante dans la vie d’une femme. Même si par ailleurs d’autres femmes les voient et ne peuvent pas donner naissance. Leur arrivée d’une manière générale signifie que la femme peut donner naissance. Les règles jouent un rôle très important dans la santé sexuelle et reproductive car c’est grâce à elles que chaque femme peut espérer avoir un enfant. « Allah crée ce qu‟Il veut. Il fait don à qui Il veut, et don de garçons à qui Il veut, ou bien Il donne à la fois de garçons et filles ; et Il rend stérile qui Il veut » (Sourate 42 versets 4950). A la lumière de ce chapitre, nous pouvons conclure que l’éducation sexuelle des adolescents est limitée à cause de la religion musulmane et de la culture traditionnelle. La scolarisation de la jeune fille prend de l’ampleur et elle est la bienvenue pour la population de Tibiri. Néanmoins les parents pensent que l’autonomisation des jeunes filles limite souvent la scolarisation. Les enjeux autour de la santé sexuelle et reproduction des adolescents et des femmes occupent de plus en plus une place prépondérante dans la société. L’accouchement des femmes a permis l’accroissement de la population et l’évolution de la société. L’enfant est vue comme une richesse dans les sociétés Hausa d’où l’utilité d’avoir les règles, même si par ailleurs les grossesses non désirées, le mauvais comportement des jeunes filles et l’infertilité ont un impact négatif dans le développement démographique, socio-économique, culturel et religieux.

92

Conclusion – Recommandations Conclusion

A la lumière de ce travail nous pouvons affirmer que les jeunes filles savent ce que signifient les menstrues mais ces connaissances viennent surtout de l’école et de leur entourage. Les menstrues sont un phénomène biologique, physiologique et psychologique qui marque toute la vie de la femme. Elles changent aussi le statut de la jeune fille. Les perceptions sont liées à l’importance d’avoir un enfant après le mariage. Selon les jeunes filles, l’école coranique explique mieux les menstrues que l’école moderne. Les savoirs reçus à l’école coranique sont plus détaillés et permettent de pratiquer une bonne hygiène menstruelle selon l’ordre religieux. Par contre celles reçues à l’école moderne sont partielles et moins explicites. Il existe aussi des pratiques autour des menstrues telles que les pratiques liées la culture et à la religion. Ces pratiques sont fréquentes chez les adolescents comme chez les mères. D’autres parts il y’a le port du hijab en milieu scolaire. Cette pratique a des nombreux avantages comme l’éducation des parents, l’ordre religieux et la protection pour la jeune fille pendant le cycle menstruel. Selon les adolescentes, d’une manière générale, les protections utilisées sont les morceaux de pagnes et les cotons pads. Les adolescents affirment que le manque d’eau et des latrines adéquates dans l’école et dans le village ne permet pas de pratiquer une bonne hygiène menstruelle. Elles sont contraintes d’utiliser les morceaux de pagne pour gérer les menstrues à la maison, ce qui n’est pas bon pour leur santé. Par contre pour venir à l’école elles utilisent les protections hygiéniques (pour celles qui en ont le moyen) comme les pads du fait qu’il existe des latrines à côté de l’école et des lieux de rechange (les maisons avoisinantes l’école) des protections hygiéniques. Selon les agents de santé, nombreuses sont les femmes qui ne savent pas comment utiliser les protections hygiéniques ni quel comportement adopter après utilisation. Les jeunes garçons n’accordent pas d’importance aux questions des menstrues parce qu’ils pensent que celles-là concernent plus les filles. Pour la population de Tibiri, les menstrues sont « le secret de la femme » c’est pour cette raison qu’on en parle pas. Mais le fait que les menstrues soient un phénomène de honte est transversal dans les résultats de cette recherche. La honte est de trois ordres : le fait d’informer ses parents quand on a les premières règles est une honte pour les adolescents, la honte de demander l’argent pour acheter les protections hygiéniques et la communication entre mère et fille sur l’éducation sexuelle est un tabou pour certaines mères. Par ailleurs, scientifiquement, selon les agents de la santé, les menstrues sont des 93

affaires gynécologiques et biologiques : seuls les gynécologues et les biologistes sont mieux placer pour parler des menstrues. La question de la santé sexuelle et reproductive reste un sujet tabou dans la commune urbaine de Tibiri. Ceci s’explique par le manque de communication de la part des mères et du mauvais comportement des adolescentes. Les conseils donnés par les mères n’aident pas suffisamment les jeunes filles à bien gérer les menstrues. Selon les mères la génération a changé et les filles deviennent de plus en plus indépendantes, ouvertes et intelligentes. Seuls les agents de la santé peuvent discuter avec elles aisément. Le mode vie a changé. Les enseignants de leur côté se plaignent tout comme les agents de santé des grossesses non désirées et de l’abandon de l’école à cause du mariage précoce ou forcé. Mais les mariages précoces et forcés ont tendances à disparaitre parce que maintenant ce sont les jeunes filles qui choisissent leur mari, qui décident de quand se marier et qui préparent leur trousseau de mariage. D’une part les adolescents scolarisés (filles et garçons) sont moins exposés aux problèmes de la santé sexuelle et reproductive du fait qu’ils fréquentent l’école et d’autres parts ces connaissances sont un obstacle pour leur vie quotidienne. Les plus exposés aux problèmes de la santé sexuelle et reproductive sont celles qui sont non-scolarisées et déscolarisés du faite qu’elles ont manqué l’éducation scolaire dès le bas âge; et parce qu’elles sont soient mariées tôt, soient ont abandonnées l’école tôt ; et l’éducation reçue à la maison n’aborde pas très souvent les menstrues. Le phénomène de grossesse indésirables prend de l’ampleur cela est lié aux matériels. Les acteurs sont les vieux hommes et les enseignants, rarement les jeunes entre eux. Les filles scolarisées et non scolarisées exercent toutes des activités génératrices de revenus(AGR). Ces AGR sont faites pendant l’année scolaire mais surtout pendant les vacances. Cette activité qu’elles pratiquent les exposent à différents problèmes (santé et scolaire) : des grossesses non désirées, différentes maladies qui peuvent affecter leur santé sexuelle et reproductive et à l’abandon de l’école souvent. Deux principaux défis restent à relever dans cette recherche, chez la jeune fille et chez sa mère : -

La jeune fille se préoccupe plus des AGR que de ses études et de sa santé. Ceci pourrait entrainer des grossesses non désirées et d’autres maladies qui peuvent nuire à sa santé sexuelle et reproductive.

-

Les mères utilisent leurs enfants pour chercher de l’argent à toutes les périodes de l’année. Ceci pourrait les exposer aux risques des grossesses non désirées et à ralentir leur progression scolaire.

94

Par ailleurs des projets de développement dans le domaine de la scolarisation de la jeune fille et de la gestion des menstrues à l’école sont en cours. Notamment l’UNFPA dans le domaine de la santé sexuelle des adolescents en formant les enseignants du niveau secondaire pour renforcer les capacités des adolescents sur les matières d’EFS et SVT. L’UNICEF à travers une bourse qui accompagne 250 filles à l’école jusqu’en classe de 3ème dans la ville de Maradi. Cette bourse permet le maintien de la jeune fille à l’école. L’INITIATIVE OASIS qui œuvre pour la santé reproductive des jeunes et leur autonomisation. Nous ne pouvons pas terminer ce travail sans poser des questions qui pourrait susciter d’autres réflexions : Vu que les menstrues sont bien enseignées dans les écoles coraniques plutôt que les écoles modernes comme le soutiennent les jeunes filles, pourquoi ne pas transférer ces renforcements de capacité dans les écoles coraniques où l’enseignement est plus clair et plus pratique pour les jeunes filles? Par ailleurs, il serait important de savoir comment les menstrues sont enseignées dans les écoles coraniques ?

95

Recommandations

Les recommandations formulées sont au niveau de l’importance des recherches sur les menstrues d’où la sensibilisation des adolescents scolarisées et non-scolarisées ou même mariées. Les agents de santé ont besoin d’appui humanitaire pour la prise en charge des cas de filles en période de menstrues et des jeunes femmes mariées. D’autres parts les enseignants pensent que le rôle de la sensibilisation revient aux parents. -selon les agents de santé, cette recherche est importante car elle permettrait d’analyser les problèmes liés à la santé sexuelle et reproductive des femmes et de savoir comment y remédier. Ces informations sont comme un biais pour la sensibilisation des jeunes. « Je pense que les sensibilisations sur la santé sexuelle et reproductive va donner beaucoup de choses, parce que les filles intellectuelles vont prendre conscience, et elles vont cesser certaines choses. Quand la jeune fille commence à avoir des rapports sexuelles avec les hommes elle ne va plus parler de mariage et elle va continuer jusqu‟à ce qu‟elle vieillisse : l‟avenir est gâché. Ensuite cela aidera les filles à bien poursuivre leurs études. La solution ici c‟est de se préserver de la grossesse non désirée et de maladies infectieuses. Si l‟Etat prend en compte ce texte, on va beaucoup diminuer le cas des grossesses chez la jeune fille. ». (Major CSI Goumar Tibiri) ; « Les recherches sur les menstrues peuvent interpeller les ONG pour qu‟elles apportent leur aide. Ils peuvent aussi doter les centres de santé des matériels nécessaires pour appuyer les jeunes filles et les femmes. Et prendre en charge les femmes qui souffrent même si par ailleurs ce n‟est pas une maladie mais un phénomène naturel chez toute femme. Une femme normale doit voir ses menstrues chaque mois pour pouvoir tomber enceinte. Les filles doivent connaitre les menstrues, ça ne doit pas être un sujet tabou ». (Sage-femme CSI Goumar Tibiri) -les mères quant à elles soumettent des doléances à l’endroit des enseignants de passer le message à l’école parce qu’ils sont mieux placer pour faire comprendre aux adolescents ce que signifie réellement les menstrues. -les enseignants quant à eux pensent qu’il est temps que les menstrues ne soient plus un tabou culturel ou traditionnel dans les sociétés haussa ; les maladies sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées doivent dimunié ; les mères sont mieux placés pour discuter avec leurs filles.

96

Bibliographie  Adeline Masquelier, (2016), « Possession, scolarité et moralité au Niger : réflexions sur l‟expérience de la jeune fille à l‟école », présentation de ses travaux préliminaires lors d’un Mardi du Lasdel  Baptiste Barbot et Todd Lubart, (2012), « Adolescence, créativité et transformation de Soi » Université Paris Descartes, Laboratoire Travail, Adaptation.  Cadre Directeur Continental pour la Santé Sexuelle et les Droits Liés à la Reproduction, commission de l’union africaine, (juillet 2006), Adis – Abéba  Claude Daniele Echaudemaison, (2014), « Dictionnaire d‟économie et de sciences sociales », édition Nathan, 574pages.  Compte-rendu (10 juin 2015) « Session de la Santé sexuelle : concept, ressources et retours d'expériences », Centre universitaire des Saints-Pères, Paris  Coran, (Sourate 33, verset 59), (Sourate 42 versets 49-50)  Document sans année et sans auteur lire sur internet, « hommage à la femme : la gestion de l‟hygiène menstruelle briser le silence », Réalité indienne, Water Supply and Sanitation, Collaborative Council  Florence Boyer, (2014), « faire Fada à Niamey (Niger) : un espace de transgression silencieuse ? », Institut de Recherche pour le Développement, UMR205 « Société et Migration », IRD, Université Paris-Diderot, Carnets de Géographe N°7, Juin 2014, Rubriques Carnets de recherche  Forum Social Mondial de Tunis, (28 mars 2013), Atelier commun Commission Femmes de l'UGTT et SUD éducation – Solidaires. ''Discrimination des filles dans l'accès à l'éducation et la formation professionnelle'', Intervention de SUD éducation, scolarisation de la jeune fille au Niger.  Georges Guiella, (2004), « Santé Sexuelle et de la Reproduction des Jeunes au Burkina Faso : Un Etat des Lieux », Occasional Report, New York : The Alan Guttmacher Institute, No. 12.  Georges Vigarello, (1993), « Histoires pratiques de santé, Le sain et le malsain, santé et mieux être depuis le moyen âge », Edition Seuil  Hadiza Moussa, (2012), Entre absence et refus d‟enfant, une étude socio-anthropologique de la gestion de la fécondité féminine à Niamey, au Niger, Edition l’harmattan, la Sahélienne,  INS (2012) Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples (EDSN-MICS IV), Edition septembre 2013.  INS, (juin 2015), « Monographie sur les adolescents, région de Maradi », à partir des données du Quatrième Recensement de la Population et de L’Habitat Niger 2012 97

 INS, Annuaire statistique 2010_2014  Irène Vony, (2003) «Grossesse : Connaissance – Attitude – Pratique Des Adolescentes Du Csb Ii De Mahamasina», Université d’Antananarivo Faculté de Médecine, Antananarivo.98pages  Jean Pierre Olivier De Sardan, (1990), « Sociétés, développement et santé », Paris, Éditions Ellipses, Collection Médecine tropicale, 287 pages  Jean Pierre Olivier De Sardan, (2015), La rigueur du qualitatif, les contraintes empiriques de l’interprétation socio-anthropologique, Edition Academia  Jean-François Marcel, Paul Olry et Al, (Mars 2002), «Les pratiques comme objet d‟analyse », Note de synthèse  JMP, (2014), « hygiène menstruel et gestion des pays en développement: prise en stock », Junction social Développement social Consultants 201A Gagangiri, 10 Carter Road, Khar, Mumbai 400 052, INDE  Jodelet Denise, (2007), «Imaginaires érotiques de l‟hygiène féminine ». Approche anthropologique, n 87, pp. 105-127  Journal

des

femmes

Santé,

«

Menstruations

-

Règles

-

Définition

»

(santemedecine.journaldesfemmes.com)  Mardon Aurélia, (2009), «Les premières règles des jeunes filles: puberté et entrée dans l'adolescence» in Sociétés contemporaines, vol. 3, n 75, pp. 109-129. Ou www.cairn.info/revuesocietes-contemporaines-2009-3-page-109.htm  Mardon Aurélia, (2011), « Honte Et Dégoût Dans La Fabrication Du Féminin» L'apparition des menstrues P.U.F. | Ethnologie française, Vol. 41 pages 33 à 40  Mary Douglas, (1971), « De la souillure, études sur la notion de pollution et de tabou », FM/Fondations, collection : La découverte Poche/ Sciences humaines et sociales, édition Paris, date de parution : 27/ 10/2005, 191 pages  Melville J. Herskovits, (1950) «Les bases de l‟anthropologie culturelle», Paris : François Maspero Éditeur, 1967, Collection : Petite collection Maspero, no 106, 331 pages  Ministère des Affaires étrangères, (2006), (« Promouvoir l‟égalité entre homme et femme », Initiatives et Engagements français en matière de genre et développement), Courants de Femmes, Bamako, 2004 ; MAE, Egypte ; Régis Delbru, Sénégal.  Mostafa Suhayl Brahami, (2015), « le livre de la prière, les règles de la prière en islam », Fiqh as-salat, Tawhid, Editions Tawhid  Moukhtaçar Al-cheick, Sidi abderrahamane Al-Akhadi, Fi Al-ibadat, (1416 hidgra-1995), imprimé aux frais de l’organisation charitable islamic, International au Koweit

98

 Moutari Ousmane, (2016), « Perceptions et résistances de la population aux campagnes de vaccination anti-poliomyélite dans le District Sanitaire de la ville de Maradi », mémoire, option socio-anthropologie de la santé, Niger, Maradi  Neilsen.AC, (2010), Sanitation Protection: Every Women’s Health Right, Plan India, Academia  Omar Aktouf, (1987), « Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations, une introduction à la démarche classique et une critique », Université de Québec, 213pp  OMS, (1995), « Santé et développement des adolescents. La clé de l‟avenir », Document à l’intention de la commission mondiale pour la santé des femmes, Genève, 61pages  OMS, (2018), « Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l‟enfant et de l‟adolescent (2016-2030) : développement du jeune enfant », rapport du Directeur général, soixante et onzième assemblée mondiale de la santé, point 12.3 de l’ordre du jour provisoire  Ramiantarivelo Lovasoa, (2007) « La représentation de la sante de la reproduction des adolescents chez les élèves de classe de seconde : cas du lycée jules ferry d‟Antananarivo », Certificat d’aptitude pédagogique de l’école normale (CAPEN), Département de formation initiale scientifique centre d’étude et de recherche scientifique sciences naturelles, Université d’Antananarivo Ecole Normale Supérieure (Madagascar), 84p  Service Technique d’Appui aux Opérations (mars 2009), Médecins du Monde  Sow Fatou et Bop Codou, (2004), Notre corps, notre santé: la santé et la sexualité des femmes en Afrique subsaharienne, Dakar(Sénégal), harmattan 405pages.  Sylvie Octobre, Christine Détrez, Pierre Mercklé, Nathalie Berthomier, (2011), « La diversification des formes de la transmission culturelle : quelques éléments de réflexion à partir d‟une enquête longitudinale sur les pratiques culturelles des adolescents », Union nationale des associations familiales (UNAF) | « Recherches familiales »  UNICEF, (2011), « Situation des enfants dans le monde », publié en février 2011.  UNICEF, (2013), « L‟hygiène menstruelle dans les écoles de deux pays francophones d‟Afrique de l‟Ouest. Burkina Faso et Niger. Études de cas », 79pages  UNICEF, (2015) « Rapport final de la phase de recherche formative sur la gestion de l‟hygiène menstruelle dans les écoles et développement des outils et supports adaptés au contexte du Niger. »

Webographie  http://lasantepourtouteslesfemmes.msd-france.com/le-blog/sante-sexuelle-feminin/definitionsante-sexuelle-oms/ 99

 http://www.bulletindepsychologie.net View publication stats  https://www.cairn.info/revue-recherches-familiales-2011-1-page-71.htm

100

TABLE DES MATIÈRES DEDICACES

I

REMERCIEMENTS

II

SIGLES ET ABREVIATIONS

III

PLAN

IV

INTRODUCTION

1

PREMIERE PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE

4

CHAPITRE I : CONSTRUCTION THEORIQUE DE L’OBJET D’ETUDE

5

1.1. RAISONS DU CHOIX DE SUJET 1.1.1 RAISONS SUBJECTIVES 1.1.2 RAISONS OBJECTIVES 1.2. REVUE DE LITTERATURE 1.2.1 REPRESENTATIONS AUTOUR DES PREMIERES REGLES CHEZ LA JEUNE FILLE 1.2.2 CONSTRUCTION DE L’IDENTITE FEMININE CHEZ LA JEUNE FILLE 1.2.3 ADOLESCENCE ET CHANGEMENTS PSYCHOLOGIQUES, PHYSIOLOGIQUES, AFFECTIFS ET CULTURELS 1.2.4 GESTION DE L’HYGIENE MENSTRUELLE CHEZ LES ADOLESCENTS A L’ECOLE ET A LA MAISON 1.3 PROBLEMATIQUE 1.3.1 HYPOTHESES DE RECHERCHE 1.3.2 OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 1.3.3 MODELE D’ANALYSE 1.3.4 DEFINITION DES CONCEPTS

5 5 5 6 6 8 11 12 15 19 19 20 21

CHAPITRE II : CADRE PRATIQUE DE L’ETUDE

30

2.1 METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 2.1.1 METHODE QUALITATIVE 2.2 TECHNIQUES ET OUTILS 2.2.1 RECHERCHE DOCUMENTAIRE 2.2.3 TECHNIQUES DE PRODUCTION DES DONNEES 2.2.4 ENTRETIENS 2.2.5 OBSERVATION DIRECTE 2.2.6 PRE-ENQUETE 2.2.7 ÉCHANTILLONNAGE 2.2.8 IDENTIFICATION DES GROUPES STRATEGIQUES 2.3 DEROULEMENT DE L’ENQUETE SUR LE TERRAIN 2.3.1 DEROULEMENT DES ENTRETIENS 2.3.2 PRODUCTION DES DONNEES 2.4 DEPOUILLEMENT 2.4.1 CONDITIONS DE RECHERCHE ET DIFFICULTES RENCONTREES

30 30 30 30 30 31 31 32 33 34 34 34 35 36 36

CHAPITRE III : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE

39

101

3.1 PRESENTATION DE LA COMMUNE URBAINE DE TIBIRI GOBIR 3.1.1 POSITION GEOGRAPHIQUE 3.1.2 CADRE PHYSIQUE DE LA ZONE D’ETUDE 3.1.3 POPULATION ET VALEURS RELIGIEUX 3.1.4 POSITION SOCIO-ECONOMIQUE DE LA FEMME 3.2 SERVICES SOCIAUX DE BASE 3.2.1 DOMAINE DE LA SANTE 3.2.2 DOMAINE DE L’EDUCATION 3.2.3 DOMAINE DE L’EAU 3.2.4 DOMAINE D’ELECTRICITE 3.3.5 HABITAT ET URBANISME

39 39 40 41 44 45 45 47 49 49 50

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES

51

CHAPITRE IV : REPRESENTATIONS ET PERCEPTIONS SOCIALES AUTOUR DES MENSTRUES A L’ECOLE ET A LA MAISON 52 4.1 CONNAISSANCES VARIEES AUTOUR DES MENSTRUES A L’ECOLE ET A LA MAISON 4 .1.1 CONNAISSANCES CHEZ LES ADOLESCENTS 4.1.2 CONNAISSANCES CHEZ LES MERES 4.1.3 CONNAISSANCES CHEZ LES AGENTS DE SANTE 4.2 PERCEPTIONS SOCIALES DES MENSTRUES 4.2.1 CHEZ LES FILLES ET LES GARÇONS SCOLARISES 4.2.2 CHEZ LES MERES ET LES FILLES NON-SCOLARISEES 4.2.3 CHEZ LES AGENTS DE SANTE 4.3 SURVENUE DES PREMIERES REGLES, EXPERIENCES VECUES ET ATTITUDES DES JEUNES FILLES 4.3.1 SURVENUE DES PREMIERES REGLES 4.3.2 EXPERIENCES PERSONNELLES AUTOUR DES MENSTRUES 4.3.3 ATTITUDES AVANT, PENDANT ET APRES LA SURVENUE DES MENSTRUES

52 52 54 56 59 59 60 60 61 61 63 65

CHAPITRE V : PRATIQUES ET INTERDITS AUTOUR DES MENSTRUES

66

5.1 LES DIFFERENTES TYPES DE PROTECTIONS HYGIENIQUES 5.1.1 LES PROTECTIONS MODERNES 5.1.2 LES PROTECTIONS TRADITIONNELLES 5.1.3 PREFERENCE ET MODE D’UTILISATION PAR LES ADOLESCENTS ET LES MERES 5.2 GESTION DE L’HYGIENE MENSTRUELLE A L’ECOLE 5.2.1 EXISTENCE ET FREQUENTATION DES SANITAIRES SCOLAIRES 5.2.3 MODES D’UTILISATION ET DISPONIBILITE DES PROTECTIONS 5.2.4 QUELQUES RECOMMANDATIONS DES SPECIALISTES DE LA SR ET LES PRATIQUES DES FEMMES 5.3 PRATIQUE AUTOUR DE MENSTRUES EN LIEN AVEC LA CULTURE 5.4 PRATIQUE RELIGIEUSE OU LA PURIFICATION DU CORPS (LES GRANDES ABLUTIONS) 5.5 INTERDITS AUTOUR DES MENSTRUES ET LE PORT DU HIJAB EN MILIEU SCOLAIRE 5.5.1 INTERDITS EN PERIODE DES MENSTRUES 5.5.2 PORT DU HIJAB DANS LE MILIEU SCOLAIRE ET EXTRA-SCOLAIRE

66 66 66 66 67 68 70 71 73 73 74 74 75

CHAPITRE VI : SCOLARISATION, EDUCATION SEXUELLE DE LA JEUNE FILLE ET ENJEUX DE LA SANTE DE REPRODUCTION 78 6.1 EDUCATION SEXUELLE A L’ECOLE, DANS LA FAMILLE ET SCOLARISATION DE LA JEUNE FILLE 102

78

6.1.1 EDUCATION DE LA SANTE SEXUELLE OU L’ENSEIGNEMENT D’EFS ET D’SVT AU CEG II DE TIBIRI 6.1.2 EDUCATION SEXUELLE DANS LA FAMILLE 6.1.3 SCOLARISATION DE LA JEUNE FILLE 6.2 SANTE DE LA REPRODUCTION ET ENJEUX : PHENOMENE DE GROSSESSES NON DESIREES, MARIAGE PRECOCE ET INFERTILITE 6.2.1 PHENOMENE DE GROSSESSES NON DESIREES 6.2.2 MARIAGE PRECOCE DES JEUNES FILLES 6.2.3 DIFFERENCE DE GENERATION ENTRE CELLE DES MERES ET DES JEUNES FILLES D’AUJOURD’HUI 6.2.4 INFERTILITE

78 80 82 84 84 87 88 90

CONCLUSION – RECOMMANDATIONS

93

CONCLUSION RECOMMANDATIONS

93 96

BIBLIOGRAPHIE

97

WEBOGRAPHIE

99 I

ANNEXE

103

Annexe Guide 1 : Entretien approfondi avec l’adolescente I. Information sur la scolarisation et le lien avec les cours enseignés 1. âge 2. classe 3. nombre d’années dans l’établissement. 4. Raisons de la scolarisation et la motivation des élèves 5. préférence des matières 6. Matières qui abordent les questions de la santé et leur contenu. 7. Enseignant ou enseignante chargée (e) du cours (homme, femme). 8. Compréhension du cours par les élèves au moment de l’enseignement. 9. Motivation des élèves par rapport aux cours. 10. Participation des filles et des garçons .Les notes des élèves. II- Relation entre enseignants et la jeune fille 11. Portrait de l’enseignant, son comportement vis-à-vis des élèves. 12. Comment se fait la communication entre élève et enseignant chargé de faire les cours d’EF et SVT ? 13. Pratiquez-vous les conseils issus du cours ? Si oui ou non pourquoi ? III. Connaissances et expérience sur l’apparition des premières règles 14. Définition et conception des menstrues par les élèves. Quelles sont les différentes appellations par les élèves. 15. Ou as-tu entendu parler des menstrues pour la première fois ? 16. quelle était ta réaction quand tu as entendu parler? 17. à quel âge as-tu vu tes premières règles ? À l’école, en ville ou à la maison ? Ou les avait vous vu. Combien de jours ont duré les menstrues ?

i

18. quelle a était ta première réaction ? Racontez 19. qu’est-ce que tu as utilisé comme protection hygiénique ? 20. Existe-il des interdits en période de menstrues ? Si oui, lesquelles ? 22. les activités qu’on pratique, celles qu’on ne peut faire en période des menstrues ? 23. ton cycle ?comment as-tu fais pour comprendre cela ? Maitrise du cycle menstruel par la jeune fille. 24. en cas des retard ou des complications ou est-ce que tu te rends ?et pourquoi ? Comment réagissez-vous en cas de retard ? 25. Les pratiques avant, pendant et après les menstrues à l’école : menstrues et fréquentation à l’école : la gestion des premières menstrues 26. Quelles sont les pratiques avant l’arrivée des menstrues, pendant ?les menstrues ?et après les menstrues? Autres pratiques. 27. Types de bains, les lieux fréquentés, types d’alimentations, types d’eaux IV. Gestion des menstrues 28. Comment faites-vous quand vous avez les menstrues à l’école ? (rester à l’école ou rentrez à la maison). 29. Qui vous informez en première position ?pourquoi le choix de cette personne ? 30. Vous rentrez à la maison ?ou vous restez ? Les types de protections que vous utilisez ?à l’école ? À la maison ? 31. Ou est que vous les achetez ? À combien ? Accès (disponibilité) et accessibilité(les couts) des protections, les moyens 32. Les poubelles pour jeter, des dispositifs en place. 33. Est-ce que vous avez des toilettes dans votre école ? Sont-elles praticable 34. Est-ce que vous les utilisez ? Est-ce qu’il existe des toilettes filles ou garçons ? Mixte? 35. La communication entre parents et élèves II- les perceptions sur les cours les menstrues, la santé sexuelle et reproductive 36. Quelle enseignement tu tires des cours sur les menstrues ? 37. Selon vous quelle est l’importance des menstrues dans la vie d’une fille ou d’une femme. ii

38. Qu’est-ce que tu retiens comme souvenir marquant des menstrues ? 39. Les écoles corniques, les classes d’âge.

Guide 2 : Entretien avec les adolescents I. Scolarisation et les cours sur la santé de la reproduction 1. La perception de l’école selon les adolescents. 2. Le but et l’objectif visé de l’école qui permet aux adolescents de venir à l’école. 3. les matières enseignées au niveau de chaque classe. 4. Les cours enseignés qui parlent de la santé à l’école. 5. le programme du cours sur la santé dans chaque classe. Quelles sont les thématiques principales abordées ? 6. la perception du cours sur la santé par les élèves. II. le lien entre la société et les élèves : 1. Le choix des amis à l’école et hors de l’école. 2. Les relations entre les enseignants et les élèves. 3. Les relations entre la famille, les services de santé et les élèves. III.

Le lien entre les élèves et les cours sur la santé

1. l’enseignement de l’économie familiale (EF) et de SVT à l’école. Les chargés du cours (homme, femme), le nombre de fois enseignés par semaine et les horaires du cours. 2. le contenu du cours d’EFS et de SVT. 3. les élèves qui assistent les cours d’EF et SVT fréquemment (les filles ou les garçons). 4. Est-ce qu’on vous parle des menstrues, l’adolescence, la puberté en classe ? 5. définition des menstrues selon les adolescents (filles, garçons) 6. représentation de la menstruation chez une fille ou une femme. 7. Avec qui vous parler de ce sujet le plus souvent ?pourquoi ? VI. connaissances et changements du corps lors de la puberté : 1. Perception du corps de la jeune fille et du jeune garçon avant la puberté. iii

2. Perception du corps de la jeune fille et du jeune garçon après la puberté 3. Perceptions du corps de la jeune fille après l’apparition des premières règles. 4. Perceptions sur les transformations que subit le corps pendant les menstrues 5. Perceptions sur les changements d’humeur et de comportement pendant l’adolescence.

Guide 3 : Entretien avec agent de santé Les spécialistes de la santé sexuelle et reproductive (gynécologue, infirmier, sage-femme) les pratiques de l’agent de santé

I-

Formation, le choix du domaine, carrière, nombre d’années de service, le poste actuel occupé, les domaines d’interventions. les liens avec l’enquêté et les menstrues

II-

1. définitions et conceptions des menstrues. Définitions de l’adolescence et la représentation du cycle menstruel. 2. Représentation de la puberté et l’âge de la puberté chez la jeune fille et le jeune garçon 3.

Expérience vécue par rapport aux menstrues avec les adolescentes.

3. les types de femmes qui ont les menstrues et les raisons pour lesquelles elles les ont. Quelle est la couleur du sang menstruel normal, et anormal ? 4. les problèmes que rencontrent les adolescentes sur la santé sexuelle et reproductive. 5. quelles sont les maladies liées aux menstrues et à la santé sexuelle des adolescentes. 7. parlez-nous de la bonne gestion des menstrues, de la mauvaise pratique de l’hygiène menstruelle. 8. quelles sont les protections hygiéniques utilisées au moment des menstrues ? Comment sont-elles ? 9. Existe-t-il des conséquences sur la santé sexuelle et reproductive par rapport aux protections? 10. Est-ce que les adolescentes viennent vers vous pour plus d’informations sur les menstrues? Pourquoi ? 11. Est-ce que ce sont des scolarisés ou des non scolarisés qui viennent fréquemment? Pourquoi ? III-

les perceptions par rapport aux menstrues et la santé sexuelle et reproductive

1. perceptions sur la connaissance des menstrues et leur importance iv

2. les perceptions sur les élèves qui viennent chercher des informations par rapport aux menstrues. 3. perceptions de la gestion des menstrues à l’école. 4. perceptions sur la santé sexuelle, santé de la reproduction dans les structures de santé. 5. perceptions de la recherche sur les menstrues dans un pays comme le Niger. Vos conseils à l’endroit des humanitaires.

Guide 4 : Entretien avec les enseignants I-

Les pratiques de l’enseignant :

Formation, option, le choix de l’enseignement, le nombre d’années d’enseignement. II-

le lien entre le cours enseigné et les menstrues

1. les cours qui abordent les questions de la santé et leur contenu. 2. Définitions et conceptions des menstrues. 3. les expériences vécues avec les élèves menstruées pendant le cours. 4. la réaction de l’enseignant et de la jeune fille en question pendant le cours au moment de la scène. 5. les attitudes des autres élèves par rapport à la jeune fille. 6. les solutions prises au moment de la survenance des menstrues en classe. 7. la gestion des menstrues avec l’administration. 8. le dispositif mis en place pour aider les jeunes filles à gérer au mieux leurs menstrues à l’école. III- les perceptions sur les menstrues et la santé de la reproduction 1. les opinions par rapport aux menstrues. 2. perceptions de l’enseignement de la santé sexuelle à l’école 3. les savoirs tirés des menstrues liées aux expériences vécues à l’école 4. vos opinions sur la gestion des menstrues à l’école. 5. perceptions sur les élèves menstruées.

Guide 5 : Entretien avec les mères

v

I-

Informations relatives à la famille de la jeune fille :

Type d’habitat, la composition des membres de la famille, le groupe ethnique, le niveau de scolarisation de l’enquêté. II-

Relation parents-adolescentes

1. Le degré de confiance et d’amitié entre adolescent et parent. 2. les sujets abordés avec les enfants le plus souvent. Est-ce que vous discutez sur les menstrues ? 3. Est-ce que les enfants vous approchent le plus souvent ? Quelles étaient leur réaction ? 4. Comment se fait la communication sur la santé sexuelle avec les adolescents ? 6. Quelle est sa réaction pendant ce temps de communication ?dans quel endroit ? 7. Est-ce qu’elle vous écoute ? Comment est son comportement, votre comportement ? 8. Quand elle a des préoccupations sur sa santé sexuelle est ce qu’elle vous approche ? 9. Qu’est-ce qu’elle demande le plus souvent sur sa santé sexuelle ? 10. Quelles sont les conseils que vous leur prodiguez ? comment se fait la pratique des conseils ? III-

Relations entre les frères-sœurs et l’adolescente

1. vos relations de sœurs 2. le partage de la même chambre 3. le partage des secrets entre sœurs 4. vos sujets de discussions habituelles. 5. vos discussions sur de la santé sexuelle. 6. vos discussions sur les menstrues. 7. est-ce que l’adolescente vous pose des questions sur les menstrues? 8. ses réactions lorsqu’elle vous approche par rapport aux questions des menstrues. 9. les informations que la jeune fille demande sur les questions des menstrues. 10. les conseils donnés par la sœur sur les menstrues. 11. parlez-nous de la pratique des conseils sur les menstrues par la jeune fille.

vi

III. Les perceptions des menstrues par les parents : 1. perceptions sur la gestion des premières menstrues à la maison. 2. perception sur les cours dispensés à l’école et les questions de la sexualité. 3. perceptions d’une fille qui voient ses règles dans votre société. 4. les liens qui existent entre les menstrues et la tradition, la religion et la culture.

vii