Stress Hydrique [PDF]

  • 0 0 0
  • Gefällt Ihnen dieses papier und der download? Sie können Ihre eigene PDF-Datei in wenigen Minuten kostenlos online veröffentlichen! Anmelden
Datei wird geladen, bitte warten...
Zitiervorschau

Gestion de l’eau au Maroc et changement climatique Abdelhak BENNOUNA, Laboratoire de Recherches, d’Etudes Géographiques, Aménagement et Cartographie (L.E.G.A.C.) ; FLSH Sais-Fès. Résumé : Etant conscient de l’importance et de l’actualité du sujet de la gestion de l’eau au Maroc. Et surtout de la gestion rationnelle qui devrait tenir compte des impacts du changement climatique sur les ressources naturelles et sur l’agriculture. Nous avons choisi de traiter trois points essentiels dans cet article : - Les ressources hydriques au Maroc et les risques liés au changement climatique ; - La gestion de l’offre d’eau au Maroc, en tenant compte du changement climatique ; - La gestion de la demande en eau au Maroc dans deux secteurs essentiels : domestique et agricole. Mots clés : Ressources hydriques au Maroc ; Risques liés au changement climatique ; Gestion de l’eau au Maroc ; Gestion de l’offre ; Gestion de la demande. Abstract : Being conscious of the importance and the news of subject of the water management in Morocco. And mostly the rational management that should take into account the impacts of climate change on natural resources and on agriculture... We chose, in this article, to treat three essential points : - Water resources in Morocco and risks of climate change ; - Water supply management in Morocco, taking into account the climate change ; - Water demand management in Morocco, in two essential sectors : domesticated and agricultural. Keywords : Water resources ; Risks of climate change ; Water managemet in Morocco ; Water supply management ; Water demand management. ‫ملخص‬:: ‫ وخاصة ما يتعلق بالتدبري العقالين الذي جيب أن يأخذ باالعتبار تأثريات التغري املناخي سواء على املوارد الطبيعية‬،‫وعيا منا بأمهية وراهنية موضوع تدبري املاء باملغرب‬ ‫ تدبري العر على متتو املاء‬،‫ اخرتنا يف هذه املقالة أن نعاجل ثالث نقط وهي املوارد املائية باملغرب واملخاطر املرتبطة بظاهرة التغري املناخي‬،‫أو على الفالحةأساسية‬ ‫ مع الرتكيز على قطاعي االستهالك املنزيل والفالحة‬،‫باملغرب وتدبري الطلب‬ ‫ تدبري الطلب‬، ‫ تدبري العر‬،‫ تدبري املاء باملغرب‬،‫ التأثريات الناجتة عن التغري املناخي‬،‫املوارد املائية باملغرب‬: ‫كلمات مفاتيح‬

250

Introduction : Le manque d’eau dont souffre le Maroc constitue aujourd’hui un problème urgent susceptible d’imposer à ce pays – pendant les décennies à venir – des contraintes importantes pour son développement économique et sa sécurité alimentaire. Le secteur agricole sera la première victime du manque d’eau. Cette situation s’aggrave quand on sait que l’agriculture embauche environ 40 ٪ des actifs du pays ; et que le secteur agricole est le premier consommateur de l’eau au Maroc (plus de 85 ٪ des eaux disponibles). Le changement climatique impacte significativement la disponibilité des ressources en eau. Et cela peut aggraver la situation du pays en matière d’approvisionnement durable en eau ; afin de satisfaire les besoins croissants des populations, de l’agriculture et des autres activités urbaines. Certes, la croissance démographique et les besoins en eau de secteurs clés (comme l’agriculture) font de la gestion de la demande en eau un impératif. Etant donné que le manque d’eau peut-être dû non seulement à une pénurie de la ressource, mais aussi à une infrastructure d’approvisionnement inadaptée et à une mauvaise gestion de l’eau. Des travaux sur le changement climatique dans la région méditerranéenne (dont figure notamment le Maroc) (1) s’accordent sur une augmentation de la variabilité spatio-temporelle de la pluviométrie. Et que cela entraine une multiplication et une intensification des événements extrêmes (inondations, canicules, sécheresses…) ; ainsi que des risques associés en termes de pertes économiques et de vies humaines. Le stress hydrique présente en effet, une préoccupation majeure dans la région méditerranéenne et notamment au Maroc. Sachant qu’une grande partie de la population mondiale « pauvre en eau » vit dans le bassin méditerranéen dont les ressources en eau sont réparties inégalement. Et où le manque d’eau existe principalement dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée. Etant conscients de l’importance et de l’actualité du sujet de la gestion de l’eau au Maroc. Et surtout de la gestion rationnelle qui devrait tenir compte des impacts du changement climatique sur les ressources naturelles et sur l’agriculture ; nous avons choisi de traiter trois points essentiels dans cet article : 1 – les ressources hydriques au Maroc et les risques liés au changement climatique ; 2 – La gestion de l’offre d’eau au Maroc (en tenant compte du changement climatique) ; 3 – La gestion de la demande en eau au Maroc (dans deux secteurs essentiels : domestique et agricole). 1 – Les ressources hydriques au Maroc et les risques liés au changement climatique : 1 – 1 - Les ressources hydriques au Maroc : Le potentiel des ressources en eaux naturelles au Maroc est estimé en année moyenne à près de 22 Milliards de mètres cubes (eaux de Surface : 18 Milliards de mètres cubes par an et eaux souterraines : 4 Milliards de mètres cubes par an). Ce potentiel est caractérisé par une grande disparité territoriale : plus de 70 ٪ des eaux de surface sont concentrées sur moins de 15 ٪ du territoire national à l’extrême Nord-Ouest du

251

Royaume. Le Maroc dispose actuellement d’un patrimoine de 140 grands barrages d’une capacité globale de 17,3 milliards de mètres cubes. Ces infrastructures ont permis au Royaume : - l’accès généralisé à l’eau potable en milieu urbain et un taux d’accès d’environ 96 ٪ en milieu rural, - l’irrigation de près de 1,5 millions d’hectares, - la protection contre les inondations de vastes territoires, - la couverture de près de 10 ٪ des besoins en électricité par la production de l’énergie hydroélectrique (en année d’hydro-électricité normale). Cependant, notre pays est considéré en situation de pénurie hydrique. Ses ressources en eau sont actuellement évaluées à moins de 650 mètres cubes par habitant par an, contre 2500 mètres cubes en 1960 et devraient baisser en deçà de 500 mètres cubes à l’horizon de 2030. Quant à la disponibilité de l’eau au Maroc : ce qui est sûr, c’est qu’elle va décroitre, car la capacité régulatrice des barrages – réservoirs a tendance à diminuer sous l’effet de l’envasement. En plus, ce déficit en quantité est aggravé par une baisse de la qualité due à la contamination des ressources en eau de surface et eaux souterraines du pays. 1 – 2 - les risques liés au changement climatique : Le Maroc est l’un des pays méditerranéens les plus vulnérables à la variabilité du climat. Il est donc bien soumis aux risques du changement climatique. Les spécialistes du climat méditerranéen ont montré que ces changements climatiques pourraient provoquer un dérèglement des régimes naturels saisonniers des oueds ; ainsi que la réduction de la capacité de stockage des retenus des barrages (en raison d’un envasement accéléré par une érosion accentuée des sols des bassins versants). Certes, la pénurie d’eau au Maroc subit l’effet du changement climatique à travers la hausse des températures et l’irrégularité des précipitations. Et nous savons que sous l’influence du changement climatique, il y aura moins d’eau disponible pour l’irrigation, la production énergétique, et les usages domestiques et industriels, ainsi que des cours d’eau moins abondants. Cela signifie aussi d’avantage de stress sur les écosystèmes situés le long des fleuves. Les graves sécheresses survenues récemment sont un avertissement de ce qui pourrait se passer dans notre pays, et notamment dans les pays du Sud et de l’Est du bassin méditerranéen à l’avenir. De tels évènements, qui pourraient devenir plus fréquents et plus intenses, pourraient menacer la disponibilité en eau et la sécurité alimentaire, que ce soit dans notre pays, ou dans les autres pays du Sud et de l’Est méditerranéen. Les projections climatiques établies par la Direction de la Météorologie Nationale prévoient une augmentation des températures moyennes estivales de l’ordre de 2 à 6 ˚ et une régression de 20 ٪ en moyenne des précipitations d’ici la fin du siècle. Ce réchauffement climatique a une incidence directe sur la pluviométrie dont dépendent le taux de remplissage des barrages, la réalimentation des nappes et les eaux de surface. Ceci, en

252

plus d’une accélération des phénomènes extrêmes (sècheresses et inondations) et une élévation du niveau de la mer. Rappelons que le Maroc est passé d’une sécheresse tous les dix ans pendant les années 1950 – 1960 à deux à trois sécheresses par décennie depuis les années 1980. Durant la période 1955 – 2004, le Maroc a dû faire face à 7 périodes de sécheresse généralisée, dont 5 après 1975. Certaines études internationales indiquent que les changements climatiques pourraient provoquer la disparition de 80 ٪ des ressources d’eau disponibles dans notre pays dans les 25 prochaines années. Malheureusement, en dépit de cette situation alarmante, l’eau continue d’être surexploitée au Maroc. 2 – Gestion de l’offre d’eau au Maroc (qui tient compte du changement climatique) : Avec un déficit en eau qui devra atteindre 5 milliards de mètres cubes par an en 2030 (contre 2 milliards en 2015), le Maroc a bien des raisons pour améliorer la gouvernance de ce secteur. Ainsi, pour répondre aux besoins de sa population et pour éviter les défaillances pouvant s’accentuer lors des prochaines décennies, le Maroc a mis en place sa Stratégie Nationale de l’Eau, établie à l’horizon 2030, avec pour principaux objectifs (2) : A - La gestion et le développement de l’offre de l’eau à travers : ‫ ٭‬La construction de grands barrages et plusieurs petits barrages ; ‫ ٭‬Le transfert des ressources en eau brutes des bassins du Nord vers le Sud ‫ ٭‬La mobilisation des ressources non conventionnelles par la réutilisation

des

eaux usées traitées, le captage des eaux de pluie, le dessalement de l’eau de mer ; B - La préservation et la protection des ressources en eau du milieu naturel et des zones fragiles ; C - La réduction de la vulnérabilité liée aux inondations et aux sécheresses qui se ferait à travers : ‫ ٭‬les travaux de protection contre les inondations ; ‫ ٭‬le plan de gestion de sécheresses par bassin hydraulique ; ‫ ٭‬l’amélioration de la prévision hydrométéorologique.

Cependant, le Maroc a accusé un retard important dans la valorisation des eaux usées. Et il est temps de s’orienter vers l’adoption d’une approche épuration – réutilisation au lieu de l’Approche épuration – rejet, (comme l’a souligné Madame Charafat Afilal dans une interview au journal L’Economiste du 27 – 4 - 2018 ; page 2). En effet, le recours à la réutilisation des eaux usées épurées (en tant que ressources non conventionnelles), notamment la réutilisation contrôlée et sécurisée, est devenu impératif. Ce procédé permet de soulager la pression sur les nappes phréatiques et de contribuer à la résorption de déficits locaux. L’amélioration de la gestion de l’eau exige, en effet, une stratégie qui combine la conception et l’exploitation de nouvelles ressources en eau conventionnelles et non

253

conventionnelles (gestion de l’offre), et des réformes de grande ampleur visant à optimiser l’utilisation des approvisionnements existants (gestion de la demande) (3). Dans son Rapport de Synthèse, paru en 2014, le CESE (4) précise que l’offre d’eau au Maroc est menacée par des facteurs tels que : le changement climatique et l’épuisement ou la dégradation des ressources conventionnelles, … Il ne s’agit plus ici de se contenter de ce que la nature nous permettait traditionnellement de mobiliser, mais de pousser les mobilisations des ressources non conventionnelles à la limite du réalisable. En effet, l’examen des possibilités de dessalement d’eau de mer, de réutilisation des eaux usées épurées, de déminéralisation des eaux saumâtres, et d’exploitation de l’humidité de l’atmosphère, entre autres, tout en agissant parallèlement sur la rationalisation de la demande, devrait permettre un double gain. Le 26 Septembre 2019, le CESE tire la sonnette d’alarme (5). Et appelle à entreprendre des mesures urgentes. Car, en dépit de sa rareté, l’eau continue d’être surexploitée et gaspillée, notamment en ce qui concerne les nappes souterraines. Et vue l’incapacité de mettre en place des moyens de contrôle efficaces. D’où la nécessité d’agir en urgence pour assurer la sécurité hydrique du pays. Notons aussi que la gestion de l’eau par bassin hydrologique constitue toujours une bonne méthode, car elle permet d’associer les usagers, les institutionnels et les opérateurs. Les bassins constituent les espaces pertinents pour une gestion intégrée de l’eau (6). Mais, dans ce sens, il faut veiller à augmenter l’efficacité des Agences de Bassins Hydrauliques ; Et ceci, en améliorant leurs dotations financières et en augmentant leurs moyens humains. 3 – La gestion de la demande en eau au Maroc : La question de la demande en eau, par opposition à l’approvisionnement dans le cadre de la gestion de l’eau, soulève des problèmes importants auxquels il faut être particulièrement attentifs dans les zones limitées en eau, comme le Maroc et les autres pays du Sud et de l’Est méditerranéen. Longtemps le concept de la gestion de l’approvisionnement a prévalu dans notre pays. En effet, au cours du siècle dernier, la région méditerranéenne (et notamment le Maroc) a connu de grands projets d’approvisionnement en eau, comprenant d’immenses retenus, des transferts sur de longues distances et l’exploitation d’eaux fossiles et des nappes phréatiques. Cependant, ces projets se heurtent à de nombreuses limitations sociales et environnementales qui imposent de composer entre gestion de l’approvisionnement et gestion de la demande, en réduisant au maximum les déperditions, en améliorant l’efficacité et en effectuant des travaux de protection. Certes, l’augmentation de l’efficacité (grâce à la réduction des déperditions et du gaspillage) doit permettre de stabiliser la demande en eau dans notre pays qui est menacé, d’ailleurs, par une rareté continue en eau dans les décennies à venir. Sachant que la stratégie nationale de l’eau (mentionnée ci-dessus) préconise que La gestion de la demande et la valorisation de l’eau se font par : - le programme d’économie d’eau en irrigation ; - et l’économie d’eau potable, industrielle et touristique avec incitation à l’utilisation des

254

pratiques économes (7). Cependant, les besoins en eau d’une population, d’une agriculture et d’une industrie en pleine croissance exercent une pression considérable sur des stocks d’eau déjà limités. Des solutions durables doivent donc être envisagées afin de satisfaire la demande actuelle et future, tout en protégeant les écosystèmes (8). Toutefois, les prix, taxes et subventions peuvent influer sur la demande en eau et son utilisation afin de répondre à : l’efficacité économique, au développement social, à l’équité sociale et aussi à la protection de l’environnement (9). Dans un contexte marqué par la baisse des ressources en eau, la demande nationale devrait atteindre 16,7 Milliards de mètres cubes en 2030 contre 13,7 Milliards de mètres cubes en 2015. Chose qui nécessite une refonte de loi sur l’eau vers une meilleure maitrise de la demande. Car la gestion de la demande a longtemps été ignorée dans la réglementation concernant l’eau au Maroc. Et les efforts étaient principalement axés sur le développement de l’offre. Or la croissance démographique et les besoins en eau de secteurs clés comme l’agriculture font de la gestion de la demande un impératif. Dans ce cadre, le Conseil Economique, Social et Environnemental rappelle (dans son Alerte rendue publique au mois de Septembre 2019) que la demande en eau au Maroc est aujourd’hui supérieure à la quantité disponible en ressources annuelles renouvelables d’eau douce. Chose qui fait que la sécurité hydrique devient, par conséquent, une priorité pour le Maroc aujourd’hui et pour les années à venir. La réponse nécessaire donc à cette situation doit émaner d’une politique à la fois protectrice et valorisante de la ressource en eau, mais également novatrice et inspirée des meilleures pratiques en matière de gouvernance. 3 – 1 – Gestion du secteur domestique : Pour le secteur domestique : l’analyse des études nationales démontre que les mesures de gestion de la demande en eau sont souvent efficaces et peuvent permettre de libérer des volumes d’eau significatifs. C’est le cas des mesures visant l’efficience des réseaux et l’installation d’équipements hydro-économes chez les ménages (10). Ou encore la réparation des fuites de canalisation survenant au niveau des réseaux publics de distribution d’eau potable et chez les usagers. Toutefois, les économies d’eau peuvent être plus significatifs si elles sont accompagnées de campagnes pédagogiques et de sensibilisation contre le gaspillage de l’eau. Sachant que des réformes tarifaires ont conduit à des baisses de consommation d’eau, lorsque les consommateurs sont sensibles aux prix. Mais, dans tous les cas un contrôle efficace et une gestion adaptée de l’eau nous paraissent nécessaires pour améliorer la situation de l’eau au Maroc, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement du secteur domestique en eau. 3 – 2 – Gestion du secteur agricole : L’agriculture, en tant que premier consommateur d’eau au Maroc, a un impact négatif sur la qualité de la ressource. Et l’eau qu’elle utilise est considérablement gaspillée. Pourtant dans les pays menacés par la rareté de l’eau, comme le Maroc, l’on peut dire que : Produire plus avec moins d’eau, semble bien être le défi majeur des décennies à venir. Sachant que l’agriculture peut être tenue à la fois pour responsable et victime du manque d’eau. Mais, dans tous les cas, on remarque que de tous les secteurs de l’économie, l’agriculture est celui qui est

255

en effet le plus sensible à la problématique de l’eau. Et ce en dépit que le secteur agricole reste le principal consommateur des ressources en eau. Toutefois, les besoins en eau destinés à couvrir la demande agricole et industrielle, et des chiffres qui, à proportion du volume d’eau actuellement disponible, sont préoccupants. Cette situation nécessite, par conséquent, d’agir en urgence pour faire face au déficit hydrique qui guette notre pays. Etant donné que les réformes tardives ne pourront qu’accentuer notre déficit en eau. Le tableau suivant éclaire les différences qui existent en matière de la consommation de l’eau par les pays méditerranéens dans le secteur agricole. On y voit ainsi la part du lion qu’occupe l’agriculture dans la consommation de l’eau dans un grand nombre de pays, notamment le Maroc : Tableau n 1 : Consommation de l’eau par les pays méditerranéens dans le secteur de l’agriculture durant la période 2000 – 2011 (en ٪) :

+ 50 ٪ des ressources en eau pour l’agriculture Rang 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Pays Grèce Syrie Maroc Egypte Chypre Lybie Tunisie Turquie Espagne Algérie Liban Israël

٪

89 88 87 86 86 83 76 74 61 61 60 58

- 50 ٪ des ressources en eau pour l’agriculture Rang 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Pays Palestine Italie Albanie Malte France Serbie Croatie Monténégro Bosnie Slovénie

٪

45 44 39 35 12 2 1 1 -

Source : Annuaire de la Méditerranée 2013 ; (Annexes, page 443). On constate, d’après le tableau ci-dessus, que : six pays (dont figure le Maroc, et dont la majorité possède moins de 1000 mètres cubes d’eau par individu et par an en 2011) consacrent + de 80 ٪ de leurs ressources en eau à l’agriculture. Tandis que la France, pays du Nord, n’en consacre que 12 ٪ à son agriculture. L’agriculture est donc le secteur le plus aquavore dans la région (au Nord comme au Sud de la Méditerranée) : elle utilise en moyenne 64 ٪ de l’eau consommée, suivie par l’industrie, l’énergie et le tourisme qui utilisent en moyenne 22 ٪Tandis que le secteur domestique n’en consomme que 14 ٪ Ceci implique que le secteur agricole devra améliorer la productivité de ses cultures rapportées à l’eau consommée pour espérer garantir la sécurité alimentaire. C’est en effet l’agriculture irriguée qui est la première consommatrice d’eau au Sud et à

256

l’Est de la Méditerranée comme au Maroc. Cependant, des économies d’eau importantes pourraient être réalisées grâce à la réutilisation ou le recyclage des eaux usées. Ainsi, pour faire face au manque d’eau au Maroc (et parvenir aussi à la sécurité alimentaire dans le pays) il est donc impératif de mettre en place une gestion durable de la ressource. Conclusion : Le Maroc, pays méditerranéen, est particulièrement vulnérable aux conséquences du changement climatique sur les ressources en eau et leurs usages, en raison notamment d’une dégradation croissante de ces ressources. Cette dégradation est dû à : la surexploitation, la pollution, la salinisation et la diminution de la pluviométrie ; ainsi que l’accroissement de la demande agricole et urbaine… S’adapter aux effets du changement climatique sur les ressources en eau nécessitera des ajustements techniques, politiques, institutionnels et comportementaux à mettre en œuvre de manière dynamique (11). Les économies d’eau sont devenues en effet, que ce soit pour la région méditerranéenne ou pour le Maroc, une nécessité absolue. D’ailleurs, il est démontré qu’une diminution des pertes tout au long de la chaine de distribution (des cultures aux infrastructures de transport), en plus de l’utilisation des ressources alternatives en eau pourraient largement contribuer à équilibrer l’offre et la demande. Dans ce cadre, les décideurs politiques doivent adopter des stratégies intelligentes pour planifier et mettre en œuvre des politiques efficaces en faveur de la sécurité hydrique et alimentaire. Les défis à venir en matière d’eau au Maroc (et aux pays du Sud et de l’Est Méditerranéen) réclament des solutions innovantes. Certes, les défis à relever sont nombreux et nécessitent : - une plus grande efficacité dans les usages ; - une collecte et un traitement systématique des eaux usées (domestiques et industrielles) ; - la lutte contre les pollutions diffuses ; - l’adaptation de la gestion des ressources en eau aux impacts du changement climatique. Sachant que ce dernier est susceptible d’aggraver le déséquilibre entre demande d’eau et quantité disponible. L’eau est une ressource vitale qui se fait de plus en plus rare dans notre pays. Mais en dépit de sa rareté, l’eau continue d’être surexploitée et gaspillée. Ce qui aggrave notre situation hydrique. ; d’où la nécessité d’agir en urgence pour nous sauver de cette situation alarmante. Le grand défi pour toute gestion rationnelle de l’eau au Maroc réside, en effet, dans notre capacité à affronter le caractère irréversible de la raréfaction de nos ressources en eau. A ce titre, trois grandes actions, issues des Rapports et Avis du CESE, s’avèrent nécessaires : - Prendre des mesures de sensibilisation urgentes afin d’agir sur le comportement des usagers. Ceci, en mettant en œuvre une stratégie de communication pour sensibiliser les citoyens, les collectivités locales et les acteurs économiques... de l’importance capitale d’adopter des comportements écoresponsables à l’égard de l’eau. Et dans ce but, il faut rompre avec la pratique d’arrosage des espaces verts publics et des différents structures sportives avec l’eau potable par un recours systématique à la réutilisation des eaux usées.

257

- Prendre des mesures d’ordre institutionnel et réglementaires ; Cela surtout en systématisant l’étude d’impact et efficacité hydrique pour les projets d’investissements, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et du tourisme. Et instaurer, en plus, le recours à l’arbitrage du Chef du Gouvernement dans ce domaine. - Prendre des mesures d’ordre stratégique pour une meilleure allocation des investissements dans le domaine de l’eau. Et ceci, en accélérant le recours massif aux ressources hydriques non conventionnelles, notamment à travers la généralisation du dessalement de l’eau de mer pour les zones côtières et la réutilisation des eaux usées épurées.

Notes : 1 – Voir par exemple : la publication du Plan Bleu (2011) : « Adaptation au changement climatique dans le secteur de l’eau en Méditerranée : situation et perspectives ». Les Cahiers du Plan 10 ; page 7. 2 – - Ministère délégué auprès du Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l’Environnement / Royaume du Maroc, (Mars 2014) : « Politique du changement climatique au Maroc » ; page 29. 3 – CIHEAM / Méditerra (2016) : « Gestion des ressources en eau » ; page 81. 4 – Conseil Economique, Social et Environnemental (C.E.S.E.), (2014) : « Gouvernance par la gestion intégrée des ressources en eau au Maroc : levier fondamental de développement durable » ; Synthèse ; page 2. 5 - Conseil Economique, Social et Environnemental (Septembre 2019) : « Le droit à l’eau et la sécurité hydrique, gravement menacés par un usage intensif : le C.E.S.E. tire la sonnette d’alarme et appelle à entreprendre des mesures urgentes ». 6 – GUIGOU(J.L.), (2015) « La raréfaction des ressources en eau en Méditerranée ». IPEMED ; Page 3. 7 – Ministère chargée de l’environnement (2014) ; Op.cit. page 29. 8 - CIHEAM / Méditerra (2016) ; Op. cit. Pages 72 – 73. 9 – BLINDA (M.), (2012) : « Vers une meilleure efficience de l’utilisation de l’eau en Méditerranée ». Les Cahiers du Plan Bleu 14 ; Page 19. 10 – Ibid. ; page 35. 11 - Plan Bleu (2011) : « Adaptation au changement climatique dans le secteur de l’eau en Méditerranée : situation et perspectives » ; Les Cahiers du Plan Bleu N° 10 ; Page 8. Bibliographie sélective : 1 - Aysegul Kibaroglu (2017) : « Les défis de l’eau dans la région Méditerranéenne ». Annuaire IE Med. de La Méditerranée 2017 ; pp. 304 – 307. Consultable in : www.iemed.org/publications-fr/ 2 - BLINDA (M.), (2012) : « Vers une meilleure efficience de l’utilisation de l’eau en Méditerranée ». Les Cahiers du Plan Bleu 14 ; (41 pages). Consultable in : www.planbleu.org 3 - Choing- Kuper (A.), Garzon Delvaux (P. A.), Strosser (P.), (2014) :

258

« Approche

économique de la gestion de la demande en eau en Méditerranée : instruments économiques ». Les Cahiers du Plan Bleu 15 ; (82 pages). Consultable in : www.planbleu.org 4 - CIHEAM / Méditera (2016) : « Gestion des ressources en eau » ; Chapitre 3 ; pp. 71 – 93. Consultable in : www.ciheam.org 5 – Conseil Economique, Social et Environnemental (C.E.S.E.), (2014) : « Gouvernance par la gestion intégrée des ressources en eau au Maroc : levier fondamental de développement durable » ; Synthèse ; 5 pages. Consultable in : www.ces.ma 6 - Conseil Economique, Social et Environnemental (Septembre 2019) : « Le droit à l’eau et la sécurité hydrique, gravement menacés par un usage intensif : le C.E.S.E. tire la sonnette d’alarme et appelle à entreprendre des mesures urgentes ». Consultable in : www.ces.ma 7 - GUIGOU (J. L.), (Déc. 2015) : « La raréfaction des ressources en eau en Méditerranée ». IPEMED / go Med ; 3 pages. Consultable in : www.ipemed.coop 8 - LAMADDALENA (N), (2010) : « changement climatique et ressources en eau dans la région Méditerranéenne » ; La lettre de Veille du CIHEAM / Hiver 2010 – N° 12 ; (4 pages). Consultable in : www.ciheam.org 9 - Ministère délégué auprès du Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l’Environnement / Royaume du Maroc, (Mars 2014) : « Politique du changement climatique au Maroc » ; (36 pages). 10 - Plan Bleu (2011) : « Adaptation au changement climatique dans le secteur de l’eau en Méditerranée : situation et perspectives » ; Les Cahiers du Plan Bleu N°10 ; (63 pages). Consultable in : www.planbleu.org

259