Ressources en Eau Du MAROC Tome II [PDF]

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ROYAUME DU MAROC MINISTERE DU COMMERCE, DE L'INDUSTRIE, DES MINES ET DE LA MARINE MARCHANDE DIRECTION DES MINES, DE LA GEOLOGIE ET DE L ' ENERGIE DIVISION DE LA GEOLOGIE NOTES ET MEMOIRES DU SERVICE GEOLOGIQUE N° 231

Ressources en Eau du Maroc Tome 2

Plaines et bassins du Maroc atlantique

EDITIONS DU SERVICE GEOLOGIQUE DU MAROC RABAT 1975

PRÉSENTATION DU DOMAINE ATLANTIQUE

Table des matières Introduction ................................................................................................................... 18 Le domaine Atlantique ................................................................................................. 19 Présentation du domaine Atlantique (par A. Kabbaj & M. Combe)……………. 21 Présentation géographique .......................................................................................... 21 Géologie ................................................................................................................... Climatologie .............................................................................................................. Hydrologie superficielle ............................................................................................ Hydrogéologie .......................................................................................................... Références .................................................................................................................

25 28 32 35 39

INTRODUCTION

Après le tome 1 des Ressources en Eau du Maroc consacré aux Domaines du Rif et du Maroc oriental, le présent tome 2 traite du Domaine du Maroc Atlantique. Il s'agit de la région délimitée par les montagnes du Rif au Nord, du Moyen Atlas à l'Est, du Haut Atlas au Sud et par l'océan Atlantique à l'Ouest. C'est de très loin la région la plus riche en eau du Pays et celle où le développement économique est le plus important ; pour ces raisons, les études de ressources en eau ont été très nombreuses par le passé et les connaissances sont très avancées. On trouvera dans ce tome 2 le point des résultats acquis à la fin de l'année 1972. Il est toujours tentant de retarder la publication d'un tel ouvrage, surtout lorsque d'importants travaux de synthèse sont encore en cours en certaines régions et que l'on attend de ces travaux des résultats beaucoup plus fiables que ceux dont on dispose actuellement. Or c'est à partir des années 1971 et 1972 que les synthèses hydrogéologiques prennent au Maroc une dimension nouvelle avec l'emploi systématique des simulations analogiques et surtout mathématiques ; on trouvera dans certains chapitres des résultats partiels car les études n'étaient pas encore achevées au moment de la remise du manuscrit. Dans le domaine hydrologique également, les travaux informatiques réalisés à partir de 1971 permettent d'obtenir des résultats mieux contrôlés et plus rapidement exploités que par le passé ; il n'a pas été possible pour la rédaction de cet ouvrage de toujours disposer de ces derniers résultats pour l'ensemble des bassins versants du domaine. Cependant, il faut bien convenir que dans une région où le développement progresse aussi rapidement que dans ce domaine Atlantique, il n'est guère possible d'aboutir à quelque moment que ce soit, ni à un état homogène des études par bassins, ni à des conclusions définitives. On a donc toujours tenté de dégager ce qui était acquis, les hypothèses et les orientations d'études complémentaires qu'elles impliquent. Le présent tome a été réalisé par Abdellatif KABBAJ et Michel COMBE, avec la participation de leurs collaborateurs ingénieurs de la Division des Ressources en Eau mentionnés chacun en ce qui le concerne en tête des chapitres dont il est l'auteur. Une dernière lecture du manuscrit a été effectuée par Jean MARGAT et Lucien MONITION au titre de leur longue expérience marocaine ; il a été tenu compte autant que possible de leurs observations et critiques dont nous les remercions. Il faut enfin reconnaître ici le mérite de ceux sur lesquels reposait la préparation matérielle de l'ouvrage : C. LAMOUREUX, artiste cartographe, A. BEL FQUIH, A. ABJAOU, A. ABRAJI, H. BENDRIS dessinateurs cartographes, A. IKEN et B. Soussi dactylographes expérimentées .

LE DOMAINE ATLANTIQUE

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BASSINS HYDROGEOLOGIQUES

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TOME 2 (Présent ouvrage)

TOME 1 (Paru en 1971) Dom ai ne Ri f ai n

1 2 3 4

Zone axiale du Rif Zone r ifaine Zone et r ides pr ér if aines Bas Loukkos

5 Tangérois 6 Kerte 7 Gareb et Sou Areg Domaine du Maroc Oriental 26 27 28 29 30 31 32

Haute Moulouya - Itzer Moyenne Moulouya Rekkame Chaîne des Horsts Hauts Plateaux G u e r c if Couloir Taourirt - Oujda.

33 B n i - B o u - Y a h i - B n i - S n a s s e n e 34 T r i f f a

TOME 3 (A paraître)

Plaines et bassins atlantiques

Domaine atlasique

8 9 10 11

Plateau de Mekhnès - Fès et couloir Fès-Taza Rharb et Dradère - Soueïre Meseta Rehamna

21 22 23 24

Moyen Atlas et Causse Haut Atlas occidental Massif ancien du Haut Atlas Haut Atlas calcaire

12 13 14 15 16

Chaouia côtière et plaine de Berrechid Plateau des Phosphates Doukkala - Abda Sahel de Safi à Azemmour Tadla

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Haut Atlas oriental-Tamlelt

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Souss et bassin de Ti znit

17 18 19 20

Bahira Jbilete et Mouissate Haouz de Marrakech Synclinal Essaouira-Chichaoua

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Bassin de Ouarzazate Bassin Ksar es Souk_ Boudenib

Domaine du sillon sud-atlasique

Domaine anti-atlasi que 38 39 40

Ant i- Atlas- zone ax iale Ant i- At las or ient a l Moyenne vallée du Drâ

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Bas-Drâ et Rani Seyad-Noun

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Sud du Drâ et Hamada du Drâ Domaine du Sud – est marocain

44 45 46

Fig. 1 - Situation géographique du domaine Atlantique.

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PRESENTATION DU DOMAINE ATLANTIQUE par Abdellatif KABBAJ & Michel COMBE

Le domaine Atlantique qui fait l'objet des descriptions du présent tome numéro deux de l'ouvrage « Ressources en Eau du Maroc » est encadré au N par la chaîne rifaine qui, avec son prolongement du Maroc oriental, a fait l'objet du tome premier, et à l’E et au S par la chaîne atlasique qui avec le Maroc sud-atlasique fera l'objet du tome trois et enfin à l'W par l'océan Atlantique (fig. 1). Les plaines et plateaux du versant Atlantique du Maroc sont isolés du reste du pays par deux hautes chaînes montagneuses, le Rif et l'Atlas, qui constituent des barrières naturelles à de nombreux titres et confèrent à ce domaine une homogénéité d'ensemble qui s'avèrera pourtant très relative en pénétrant plus avant dans le détail ; ceci ne saurait par trop étonner si l'on considère que le domaine s'étend sur 4 degrés de latitude (entre les parallèles 31 et 35 degrés N) et 6 degrés de longitude (entre les méridiens 4 et 10 degrés W) et s'étend sur une superficie de l'ordre de 80 000 km2 représentant le sixième du Maroc. Ce domaine contient des potentialités naturelles abondantes par comparaison au reste du pays. Si l'Etat effectue depuis plusieurs années des actions de développement de toutes natures sur l'ensemble du territoire, il faut bien reconnaître que la plupart des actions les plus amples, les mieux réussies et les plus rentables intéressent ce domaine Atlantique qui détient à lui seul en dépit de son étendue relativement restreinte, à peu près les trois quarts du potentiel de production économique du Maroc, tout comme il recèle les 2/3 des terres irriguées pérennes, plus des 2/3 du potentiel hydraulique, les 2/3 de la population et les 4/5 des industries.

PRESENTATION GEOGRAPHIQUE

Le domaine Atlantique, c'est avant tout 600 km de côtes entre Larache au N et Essaouira au S. Puis vient une bande plus ou moins large de basses plaines côtières d'altitude inférieure à 200 mètres. Entre ces plaines côtières et les massifs montagneux élevés du Rif et de l'Atlas (plus de 3000 m d'altitude) se situent, de part et d'autre,

de vieux massifs primaires très érodés et d'altitude modeste (500 à 1 500 m) qui sont la Méséta centrale, les Rehamna et les Jbilete, des plateaux et hautes plaines compris entre 200 et 600 mètres d'altitude où les développements de l'irrigation permettent une agriculture prospère.

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

La côte atlantique entre Larache et Essaouira Cette côte, redoutée jadis des plus audacieux navigateurs, est dans l'ensemble monotone, rectiligne et sans abri naturel. Secouée par des tempêtes violentes, elle demeurait avant l'édification de ports modernes fréquemment inabordable en hiver pendant des semaines entières, lorsque la barre y développe sa frange de rouleaux créés par le déferlement d'une houle qu'engendrent des perturbations atmosphériques très éloignées, sur une plate-forme continentale large et peu profonde. La côte est constituée assez généralement par une dune sableuse récente plus ou moins consolidée en grès, d'altitude comprise entre 5 et 20 mètres et rarement fixée par la végétation. Au N de Rabat et jusqu'à Larache une plage presque ininterrompue de sables fins, plus ou moins recouverte pendant le flot, s'étend au pied de la falaise dunaire. Entre Rabat et Meddouza, les plages de sables fins alternent avec des promontoires rocheux (chicots de socle primaire ou grès du Quaternaire ancien) et se trouvent parfois isolées de la mer ouverte par une barre rocheuse qui protège une lagune (Oualidia). De part et d'autre de Safi, de

Meddouza à l'embouchure du Tensift, de hautes falaises constituées de terrains crétacés, dominent l'Océan de plusieurs dizaines de mètres ; le cordon dunaire existant partout ailleurs disparaît dans ce secteur. Au S de l'oued Tensift, les dunes vives réapparaissent et prennent autour d'Essaouira une extension qu'elles n'ont nulle part ailleurs sur la côte. En arrière immédiat de la côte se situe la zone des dunes du Quaternaire ancien, mortes et fixées, constituant le Sahel. Celui-ci est formé de sols légers et sablonneux faciles à labourer et s'échauffant rapidement. Le profil des dunes, quoique très émoussé, impose au littoral une morphologie caractéristique faite de longues croupes parallèles à la côte, séparées par des sillons à fond plat s'allongeant en dépressions plus ou moins marécageuses. Ces dunes anciennes contiennent une nappe phréatique facile à exploiter et souvent assez riche, ce qui fait du Sahel très tempéré par la proximité de l'Océan, une zone à vocation d'agriculture intensive, encouragée par la facilité d'écoulement des produits vers les grandes villes proches du littoral.

Les basses plaines côtières La chaîne du Rif vient plonger au N dans l'Atlantique en enserrant la basse plaine du Loukkos qui appartient naturellement au domaine Atlantique mais a été traitée par ailleurs (tome 1, chapitre 4). Les dernières collines prérifaines séparent la plaine du Bas-Loukkos au N de la plaine du Rharb-Mamora au S. Le bassin du Rharb-Mamora est une vaste cuvette fermée dont le centre, occupé par l'oued Sebou, a une altitude inférieure à 10 mètres alors que les bords ne dépassent pas une centaine de mètres. Vers la mer, la cuvette est également fermée par le Sahel dunaire large de 5 à 25 km et haut de 30 à 50 mètres. La plaine est subsidente et fait l'objet d'un alluvionnement important depuis le Miocène par le Sebou, fleuve le plus abondant du Maroc et qui la traverse d'E en W. Le fleuve s'écoule entre ses propres levées de berges qui dominent la plaine environnante, et déborde fréquemment, provoquant des inondations catastrophiques et très redoutées. Cette plaine fertile où 50 000 ha de cultures riches sont irriguées a fait l'objet d'un plan d'aménagement destiné à étendre les

irrigations à 200 000 ha d'ici l'an 2 000 ; l'exécution de ce plan a été entamée en 1970. Au S du bassin Rharb-Mamora, la frange littorale de la Méséta centrale marocaine correspond à une bande étroite et basse (altitude de 100 à 200 m) où le socle primaire est recouvert de sols peu épais mais qui portent des cultures céréalières et des pâturages, faute de nappe phréatique en dehors du Sahel côtier voué au maraîchage. Entre Rabat et Azemmour, la plate-forme primaire est profondément entaillée (de l'ordre d'une centaine de mètres) par des rivières dont l'eau, située à une côte trop basse par rapport au sommet des rives, est de ce fait inemployée, même lorsque les oueds ne sont pas temporaires (Bou-Regreg – Mellah - Oum-erRbia). Des arêtes de quartzites durs appartenant au socle primaire font parfois saillie dans le paysage, du plateau côtier, en rompant la monotonie. Au S de l'Oum-er-Rbia, la plaine des AbdaDoukkala est un autre bassin alluvionnaire fermé qui possède la particularité de n'être parcouru par aucune

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Limites du domaine atlantique Limite de bassin hydrogéologique Plaine de Meknès-Fès et couloir de Taza Plaine du Rharb et bassin de Dradère Meseta centrale et Meseta côtière Massif de Rehamna Chaouia intérieur et Chaouia côtière Plateaux des Phosphates Abda- Doukkala Sahel de Safi à Azemmour Plaine de Tadla Plaine de Bahira Jbilete et Mouisssate Haouz de Marrakech Bassin d'Essaouira - Chichaoua

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FIG. 2 – Le domaine Atlantique. Limites et découpage en bassins hydrogéologiques

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

rivière permanente. Les oueds torrentiels qui y débouchent en provenance du massif des Rehamna n'ont plus aucun exutoire et s'épandent dans la plaine, s'infiltrant dans le sol perméable et s'évaporant après avoir causé des dégâts aux aménagements mis en place. Cette plaine possède beaucoup de sols de bonne qualité ; un périmètre moderne d'irrigation est en cours d'équipement à partir des eaux de l'Oum-er-Rbia et atteindra 30 000 ha en 1972 sur 65 000 ha au moins envisagés actuellement et 125 000 ha potentiels. Le Tensift qui se jette à l'Océan entre Safi et

Essaouira n'est pas pérenne à ce niveau car ses eaux sont totalement utilisées à l'amont pendant l'été. Au Sud du Tensift, l'altitude se relève et l'on peut parler d'un plateau côtier d'Essaouira, interrompu par des chaînons montagneux qui se rattachent au système atlasique. Cette région méridionale de la zone côtière atlantique est la plus pauvre en eau, tant souterraine que superficielle ; en outre les sols sont peu épais et généralement sableux, ce qui explique qu'en dépit d'un climat très doux, l'agriculture ne soit pas prospère et possède un fort caractère aléatoire.

Les massifs hercyniens Trois massifs anciens et très érodés brisent avec une direction E-W l'extension du N vers le S des basses plaines. Ce sont successivement la Méséta centrale, les Rehamna et les Jbilete. La Méséta centrale est une succession de plateaux tabulaires d'altitudes croissantes d'W en E, atteignant 1400 m au pied de l'Atlas et culminant à 1 650 m. Constituée de roches primaires schistes, quartzites et granites, la Méséta est fortement entaillée par les vallées profondes des réseaux hydrographiques du Bou-Regreg et du Beth. Les sols provenant de la décomposition des roches primaires sont des plus médiocres et il n'existe pas de nappe d'eau souterraine étendue dans le substratum. C'est l'abondance des précipitations grâce à la proximité de l'océan et à l'altitude qui donne à cette région d'excellentes aptitudes pastorales et une vocation forestière. On y note en outre quelques cultures céréalières, des vergers

de pommiers (Oulmès) et quelques exploitations minières. Les Rehamna ont la même constitution géologique que la Méséta, mais demeurent à une altitude plus basse (moins de 700 mètres) et se situent déjà beaucoup plus à l'intérieur des terres. Les précipitations (300 mm/an) sont plus que deux fois inférieures à celles reçues par la Méséta ; cette région est avec les Jbilete la moins peuplée du Maroc atlantique. Cependant, grâce à cette faible densité, les habitants des Rehamna qui disposent de vastes parcours, sont moins démunis que certaines tribus d'autres régions plus à l'étroit sur de meilleurs sols. Les Jbilete ne sont séparés des Rehamna que par le plateau des Ganntour et la plaine de la Bahira. Ils sont peu élevés puisqu'ils culminent vers 1 000 m, mais possèdent des caractères encore un peu plus continentaux que les Rehamna de sorte que les deux massifs, de même constitution, sont très semblables.

Les plaines et plateaux intérieurs Dans la partie septentrionale du domaine Atlantique, le bassin côtier du Rharb-Mamora se poursuit vers l'E par le plateau de Meknès-Fès prolongé jusqu'à Taza par le couloir sud-rifain ; ce secteur est bien circonscrit par le Rif, le Moyen Atlas et la Méséta centrale. La disposition du relief de ce couloir en fait la voie de passage la plus importante de l'Afrique du Nord ; cette fonction géographique s'est épanouie en un rôle historique prestigieux lorsque les Idrissides établirent à Fès au IXe siècle les bases de l'Etat chérifien. Le plateau, dont le soubassement calcaire poursuit le massif du Moyen Atlas, recèle une nappe d'eau souterraine abondante qui dégorge en de grosses sources, utilisées de longue date pour l'irrigation. Par ailleurs, l'humidité océanique pénètre jusqu'à ces

régions et établit des conditions très normales à la culture des céréales sans irrigation ; le plateau de Meknès-Fès porte de riches terres à blé qui sont parmi les plus prospères du Maroc. La prairie dense, formation végétale la mieux adaptée à la modération du climat, permettrait également un élevage prospère ; les croupes marneuses et les piémonts montagneux qui bordent les plateaux portent des arbres fruitiers, oliviers surtout au N, mais aussi cerisiers (Sefrou), pommiers, vignes et agrumes. Fès et Meknès sont deux très grandes villes à vocation commerçante, dont le rôle historique est considérable. Au S de la Méséta centrale, la présence de sédiments crétacés et éocènes sur le socle primaire individualise les plateaux des Phosphates et des Ganntour qui sont

DOMAINE ATLANTIQUE

régulièrement inclinés du N vers le S, entre les altitudes 1 000 et 600 m. Ces plateaux, sans arbre et sans accident notable sont d'une monotonie désespérante ; aucun cours d'eau important ne les traverse. Le climat est très continental et les sols sont peu profonds en général ; la région donne l'impression d'un désert de pierres en été et ne porte en hiver que quelques cultures de céréales (orge surtout) dont la rentabilité est liée directement à l'abondance des pluies annuelles. Le mouton constituait le capital de cette région avant la découverte et la mise en exploitation des gisements phosphatiers (plus de 10 millions de tonnes par an) dont Khouribga est la capitale sur le plateau des Phosphates et Youssoufia, celle du plateau des Ganntour. Vers le SE, le plateau des Phosphates s'abaisse progressivement vers la plaine du Tadla qui s'adosse aux montagnes des Moyen et Haut Atlas. Cette région devenue cuvette synclinale à la fin du Tertiaire, après la surrection des Atlas, fut longtemps occupée par un lac que les torrents qui y convergeaient en dévalant de la montagne ont progressivement comblé de leurs alluvions. Le puissant Oum-er-Rbia sépare la plaine en deux secteurs : les Beni-Amir sur la rive droite et les Beni Moussa sur la rive gauche qui étaient à l'origine très différents. En effet, l'Oum-er-Rbia ne reçoit pas d'affluent en rive droite et la nappe phréatique était profonde, de sorte que les Beni-Amir étaient essentiellement voués à l'élevage ; en rive gauche au contraire parviennent plusieurs affluents abondants alimentés par de grosses sources, dérivées partiellement depuis de longues années par des seguias d'irrigation. Le climat du Tadla est très continental et les cultures annuelles ne peuvent y subsister sans irrigation ; les bonnes terres sont nombreuses et l'eau abondante dans les rivières qui le traversent ou le

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bordent, ce qui a incité à créer d'importants aménagements hydroagricoles qui ont permis à cette date la mise en eau de 90 000 ha irrigués de façon moderne (25 000 ha dans les Beni-Amir et 65 000 ha dans les Beni Moussa). Des extensions pouvant atteindre 45 000 ha sont prévues pour les prochaines années. Au S des Jbilete qui constituent un seuil très aisément franchissable, s'étend la plaine du Haouz, dans des conditions très comparables à celles du Tadla, mais au pied du Haut Atlas. La continentalité de cette plaine est encore plus accusée que celle du Tadla et la végétation spontanée est la steppe à jujubiers ; on ne peut qu'exceptionnellement y pratiquer des cultures sèches. Cependant, l'irrigation est facilitée par la disposition de la plaine qui descend en pente douce du Haut Atlas vers un drain naturel : l'oued Tensift qui s'écoule tout à fait au N, en longeant les Jbilete d'E en W. Le Haut Atlas, où la neige se conserve longtemps grâce aux altitudes de 4 000 m, constitue une réserve d'eau importante distribuée entre plusieurs. affluents qui s'écoulent du S vers le N ; ces affluents sont dérivés à leur entrée dans la plaine par de nombreuses seguias et les infiltrations d'eau dans les formations alluvionnaires souterraines sont également exploitées pour l'irrigation, par des puits où des drains souterrains dénommés rhettaras. Grâce à l'irrigation, très ancienne en ce secteur, toutes les cultures sont possibles et la population est exceptionnellement dense ; des aménagements sont en cours ou prévus pour porter à 50000 ha les irrigations modernes de ce secteur (Haouz et vallée de la Tessaoute) ; Marrakech, ville impériale au passé prestigieux, possède une puissance d'attraction considérable pour l'ensemble du Maroc Sud-occidental; les possibilités touristiques exceptionnelles de cette cité constituent une ressource susceptible d'une grande expansion.

GEOLOGIE (fig.3) (d'après G. CHOUBERT & A. FAURE-MURET, 1962) Le domaine Atlantique appartient, au sens géologique, au « domaine atlasique » qui s'étend entre « le domaine rifain » au N et le domaine « anti-atlasique » au S. Par définition, ce domaine atlasique a pour substratum la chaîne hercynienne qui affleure en Méséta centrale, dans les massifs des Rehamna et des Jbilete ainsi que dans le Haut Atlas, mais qui disparaît ailleurs sous une couverture (Secondaire, Tertiaire ou Quaternaire). L'ensemble représente, en avant du bouclier africain, la plate-forme hercynienne qui, bordée au N par la Mésogée, a été ultérieurement plus ou moins envahie par la mer à différentes époques. C'est l'évolution de ce domaine depuis la fin du Primaire qui sera résumée ici, les aspects particuliers de la stratigraphie et de la tectonique de chaque région étant repris ensuite dans chacun des différents chapitres.

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

PERMO-TRIAS Le « Stéphano-Autunien » non différencié a été identifié au Maroc par des flores permiennes, mais il est encore assez mal connu. D'une façon générale, ces séries sont recouvertes en discordance angulaire par des dépôts continentaux rouges appelés PermoTrias. Lithologiquement, deux termes successifs différents s'individualisent dans la plupart des bassins : des grès rouges à la base, puis des argiles souvent salifères admettant en leur milieu des coulées de basaltes. Le régime des lagunes salifères est l'élément caractéristique du Trias du domaine atlasique ; les couches de sel sont continues ou en lentilles et donnent lieu à des projets d'exploitation importants dans certains bassins subsidents : Maaziz-Rommani, Chaouia, Doukkala. En d'autres lieux, les diapirs ont été reconnus (région d'Essaouira, E de Taza). Dans ces bassins, le Trias peut être d'épaisseur supérieure à 1 000 m. L'histoire géologique au cours du Trias semble comporter une première période pendant laquelle se forment et se remplissent les bassins subsidents, grâce au démantèlement de la chaîne hercynienne, suivie d'une seconde période où l'aplanissement devient quasi parfait pratiquement dans tout le domaine, ce que traduit une sédimentation argileuse et lagunaire perturbée par une intense activité volcanique.

JURASSIQUE Au cours du Jurassique, la majeure partie de l'E du domaine atlasique est envahie par la Méditerranée ; la transgression débute au Lias inférieur et s'avance vers le S jusqu'à l'Anti-Atlas. Néanmoins un môle très vaste reste émergé, comprenant la Méséta centrale, la Bahira, les Jbilete, le Haouz et le Massif ancien du Haut Atlas ; cette zone se prolonge vers le N sous la plaine du Rharb, isolant l'Atlantique de la Méditerranée, ainsi que l'ont montré des sondages pétroliers. Les fosses situées sur le pourtour de ce môle émergé accumuleront des sédiments calcaréodolomitiques souvent en grande quantité (Moyen et Haut Atlas et bassin des rides prérifaines) jusqu'à la fin du Lias moyen. Avec le Lias supérieur (Toarcien) débute, avec une régression provoquée par un léger mouvement tectonique, une sédimentation marneuse ou marnocalcaire qui se poursuivra jusqu'à l'AalénoBajocien dans les zones immergées situées à l'extérieur du domaine Atlantique étudié ici et qui demeure toujours hors d'eau, mis à part la fosse des Haha (bassin entre Essaouira et Agadir) où règne un régime laguno-continental.

Cette répartition des terres émergées se poursuit au Jurassique supérieur ; dans la fosse des Haha en communication avec l'Atlantique et soumise au régime lagunaire jusqu'à la fin du Dogger, la mer pénètre au Callovien et dépose au Jurassique supérieur une série alternativement calcaire, marneuse puis à nouveau calcaire avec un régime semi-lagunaire, alors que la fosse s'étend vers le N jusqu'à Safi et Meddouza où règne le régime lagunaire (gypse et anhydrite) pendant toute cette époque.

CRETACE Les mouvements tectoniques de la fin du Jurassique (post-Portlandien) modifient totalement la physionomie de l'histoire géologique du domaine atlasique. Au lieu du vaste bassin jurassique mésogéen s'avançant profondément à l'E du môle hercynien de la Méséta-Rehamna-Jbilete, les mers du Crétacé forment des golfes et détroits axés sur le Haut Atlas naissant. Contrairement aux transgressions jurassiques qui étaient d'origine méditerranéenne, les transgressions crétacées viennent de l'Atlantique. La première transgression du Crétacé inférieur (Néocomien) est importante sur l'W de la Méséta, dans un golfe large de 200 km vers l'E et recouvrant les Doukkala jusqu'à l'Oum-er-Rbia ; les sédiments déposés sont des calcaires jaunes puis des argiles dont les dernières sont rouges et gypsifères, marquant le retrait de la mer. Dans le bassin des Haha existait une vasière à cette époque ; des marnes s'y sont déposées, passant vers l'E à des marnocalcaires puis tout à fait à l'E à des dépôts lagunocontinentaux. Dans ce bassin, plusieurs pulsations de la mer ont été reconnues dans le Crétacé inférieur, chacune avec une extension variable mais localisée. Au Crétacé moyen (début du Cénomanien) s'observe une importante transgression atlantique qui s'étale largement sur le Maroc. Deux terres émergées subsistent : la Méséta centrale au N reliée au Rif et au Maroc nord-oriental et l'île des Rehamna-Jbilete au S. La coupe classique du Cénomanien-Turonien au Maroc comprend des grès à la base, puis des marnes à gypse et enfin des calcaires au sommet. Au Crétacé supérieur, la sédimentation marine se poursuit pendant le Sénonien sur le Maroc occidental, mais la mer est partout en retrait par rapport à son extension du Crétacé moyen. Le type de la série sénonienne est constitué par des marnes à la base, puis des alternances de calcaires et de marnes et enfin une nouvelle série marneuse au sommet. Une phase tectonique termine ce cycle sédimentaire.

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Limites du domaine atlantique Limite de bassin hydrogéologique Plaine de Meknès-Fès et couloir de Taza Plaine du Rharb et bassin de Dradère Meseta centrale et Meseta côtière Massif de Rehamna Chaouia intérieur et Chaouia côtière Plateaux des Phosphates Abda- Doukkala Sahel de Safi à Azemmour Plaine de Tadla Plaine de Bahira Jbilete et Mouisssate Haouz de Marrakech Bassin d'Essaouira - Chichaoua

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SCHEMA GEOLOGIQUE TRES SIMPLIFIE DU DOMAINE ATLANTIQUE Antécambrien, Primaire, et Permo-Trias Jurassique Crétacé et Tertiaire Plioquaternaire Nappes périfaine et rifaine

FIG. 3 Shéma géologique très simplifié du domaine atlantique

28

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

TERTIAIRE Dès le Maestrichtien une nouvelle transgression est enregistrée, suivie par celle de l'Eocène ; toutes deux sont très semblables, tant par la sédimentation phosphatée que par l'extension. Au S et au SW de la Méséta centrale s'étendent deux golfes ouverts sur l'Atlantique, séparés par l'île des Jbilete qui se trouve séparée de l'île des Rehamna car la Bahira est immergée. La sédimentation est phosphatée jusqu'au Montien, puis calcaréo-gréseuse au Lutétien. A la fin du Lutétien se produit le premier grand plissement de l'Atlas, suivi d'une exondation totale du domaine atlasique. Deux nouvelles phases paroxysmales de plissement se produisent encore à l'Oligocène et au Miocène (Tortonien) ; pendant cette période, la sédimentation est continentale dans tout le domaine. La phase orogénique miocène est suivie par la transgression vindobonienne qui s'étend brusquement au N de la Méséta, faisant communiquer l'Atlantique et la Méditerranée par le détroit sud rifain. La sédimentation marine comprend des molasses à la base,

surmontées d'une épaisse série marneuse (marnes bleues) qui s'achève par un épisode sableux, rapporté au Pliocène, marquant le retrait de la mer à la suite d'une nouvelle phase tectonique : c'est alors l'avènement d'une importante phase lacustre (Pliovillafranchien) très étendue dans les régions de Meknès Fès, Tadla, Bahira, etc. suivie sur la côte Atlantique d'une transgression limitée (Moghrebien = Calabrien de la Méditerranée). QUATERNAIRE On assiste au Quaternaire à un exhaussement presque continu des terres émergées et sur la côte des allées et venues de la mer très peu étendues et en rapport avec les lointaines glaciations ; des dépôts de lumachelles alternent avec des dunes consolidées. Sur le continent, alternent des phases climatiques humides et sèches qui se manifestent par les régimes de terrasses fluviatiles.

CLIMATOLOGIE Le domaine Atlantique qui bénéficie de l'influence modératrice de l'Océan grâce aux vents d'Ouest dominants et qui se situe à une latitude pas trop basse, Est la région du Maroc la plus favorisée en ce qui concerne la pluviosité moyenne. Bien des facteurs jouent en fait dans la répartition des pluies d'une région à une autre, mais en moyenne il pleut entre 200 et 600 millimètres par an sur ces régions. Les écarts de températures; modérés sur la côte, deviennent sensibles à l'intérieur en fonction de l'altitude et de la continentalité. Le climat, selon la classification de Thornthwaite, est subhumide dans la partie septentrionale du domaine, semi-aride sur la côte au S de Rabat et aride dans le SE, vers l'intérieur.

LES PLUIES La répartition des pluies dans le domaine Atlantique dépend de plusieurs facteurs qui sont : la latitude, l'altitude, la continentalité et l'exposition des versants. L'allongement principal des isohyètes (fig. 4) perpendiculairement à la côte démontre parfaitement que la latitude constitue l'influence dominante dans la répartition des pluies ; on remarquera néanmoins (fig. 5) que la pluviométrie annuelle décroît rapidement au bord de la côte lorsque l'on descend du N vers le S jusqu'à El-Jadida, puis qu'en poursuivant vers le S la diminution devient beaucoup moins importante. Ce phénomène est général dans les régions sub-tropicales et principalement sur les bordures occidentales des continents.

La continentalité est moins immédiatement perceptible parce qu'elle est troublée par les accidents du terrain ; elle est pourtant manifeste en raison de la provenance océanique des vents pluvieux amenés par les dépressions atlantiques. A relief égal (altitude 30 m) deux postes situés à la même latitude l'un en bordure de mer : Kénitra, l'autre à 60 km de la mer : Sidi-Slimane reçoivent des quantités de pluies annuelles respectives de 600 et 455 mm. La représentation des diagrammes pluviométriques (fig. 6) montre clairement cette influence. L'influence du relief est également évidente et à latitude égale la pluie augmente avec l'altitude. Par exemple, Rabat situé en bord de mer reçoit 510 mm, Meknès à l'altitude 530 m en reçoit 573 mm et Oulmès à 1 260 m : 784 mm. Les dorsales montagneuses du Rif et de l'Atlas qui bordent le

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FIG 4. Climatologie , carte des isohyètes moyenne actuelles

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Limites du domaine atlantique Limite de bassin hydrogéologique Plaine de Meknès-Fès et couloir de Taza Plaine du Rharb et bassin de Dradère Meseta centrale et Meseta côtière Massif de Rehamna Chaouia intérieur et Chaouia côtière Plateaux des Phosphates Abda- Doukkala Sahel de Safi à Azemmour Plaine de Tadla Plaine de Bahira Jbilete et Mouisssate Haouz de Marrakech Bassin d'Essaouira - Chichaoua

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

neige y sont exceptionnelles ou très rares. Les précipitations supérieures à 600 mm se situent en bordure du Rif et du Moyen Atlas et sur les zones orientales élevées du plateau central. Le plaine du Rharb et les plateaux du sud et de l'est reçoivent 500 à 600 mm seules quelques grandes vallées encaissées et orientées N-S, parallèlement à la côte (oued Beth par exemple), sont moins" bien arrosées. Le littoral jusqu'à Casablanca et le glacis méridional du plateau central reçoivent entre 400 et 500 mm seulement.

HAUTEURS MOYENNES DE PLUIE EN MM/AN

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Au sud de la ligne Casablanca-Kasba-Tadla. les précipitations s'abaissent partout au-dessous de 400 mm sauf sur quelques reliefs littoraux

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FIG. 5 - 200

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domaine au N et à l'E sont partout soulignées par des bandes de pluviosité relativement fortes. Des hauteurs de pluie réellement observées autorisent à admettre que les sommets du Moyen Atlas et de l'Atlas reçoivent entre 1 000 et 2 000 mm par an, alors que les totaux les plus élevés dans le Rif dépassent fort probablement ces derniers chiffres. Malheureusement la faible densité des stations de montagne ne permet pas d'établir avec exactitude 1e gradient de variation de la pluviométrie selon l'altitude. En particulier, la décroissance des précipitations au-delà d'une certaine altitude est encore mal connue ; le maximum se situerait vers 2 500 m d'après certains pluviomètres totalisateurs et les observations des botanistes. En outre, tous les versants accusent une dissymétrie entre les versants ouest ou nord-ouest exposés aux vents pluvieux et les versants est abrités des vents pluvieux par la montagne. Des îlots de sécheresse peuvent ainsi apparaître dans des vallées profondes et abritées alors que les sommets sont très arrosés (haute vallée du Sebou par exemple). On distingue deux zones dans la répartition de l'abondance des pluies dans le domaine Atlantique; la partie septentrionale au N d'une ligne CasablancaKasba-Tadla est plus humide que la partie méridionale (carte des isohyètes, moyennes annuelles). Le domaine septentrional reçoit des précipitations comprises entre 400 et 800 mm par an ; les chutes de

32

Pluviosité moyenne annuelle en fonction de la latitude, le long du littoral Atlantique

31

(Doukkala-Jbel Cadid au N d'Essaouira) et la bordure occidentale du Haouz. La neige est pratiquement inconnue. Certaines cuvettes reçoivent moins de 200 mm (Chichaoua et Haouz central). Le nombre de jours de pluies par an et la répartition des quantités de pluies dans l'année varient sensiblement au N et au S du domaine. De 50 à 70 au N de la ligne Casablanca-KasbaTadla, le nombre de jours pluvieux descend au S entre 50 et 30 (et même moins parfois) ; le nombre de mois secs s'élève entre 7 et 10 au S de la précédente ligne, contre 5 à 6 au N. La répartition des précipitations dans l'année ressort bien des diagrammes pluviothermiques (f g. 6). LES TEMPERATURES Les cartes en courbes isothermes des températures moyennes annuelles montrent un alignement remarquable parallèlement à la côte Atlantique, ce qui traduit parfaitement l'influence océanique qui modère plus ou moins la continentalité. On admet généralement, pour l'influence de l'altitude, un gradient vertical moyen de 0°45 C de diminution de température moyenne pour une élévation de 100 mètres ; cependant, on a noté que la température décroît moins vite avec l'altitude pendant la saison chaude que pendant la saison froide. Les diagrammes pluviothermiques (fig. 6) illustrent les variations thermiques mensuelles dans les sens W-E

FIG 6. Diagrammes pluviothermiques selon quatre coupes méridiennes dans le domaine atlantique

32

RESSOURCES EN E A U DU MAROC

et N-S du domaine Atlantique. L'amplitude thermique extrême moyenne (moyenne des maxima moins la moyenne des minima) a été cartographiée (Debrach, 1953). Lorsque l'amplitude est inférieure à 15°C le climat est qualifié d'insulaire ; ce climat se rencontre en un seul lieu au Maroc, dans la région côtière d'Essaouira au SW du domaine Atlantique, conséquence des montées d'eaux froides du courant des Canaries qui circule au large.

Le climat littoral (amplitude comprise entre 15 et 25°C) est le fait d'une bande large d'une quarantaine de kilomètres et qui s'étend sur toute la frange côtière. Les plaines et plateaux intérieurs du domaine ont un climat semi-continental avec amplitudes thermiques comprises entre 25 et 35°C. Seuls les reliefs élevés de la Méséta centrale ont un climat continental marqué, à amplitude thermique extrême supérieure à 35°C.

HYDROLOGIE SUPERFICIELLE (fig. 7) Le domaine Atlantique, le plus favorisé du Maroc pour la pluviosité, est bien entendu le plus favorisé également en ce qui concerne les apports d'eaux superficielles. On y relève le bassin versant le plus abondant du Maroc pour les apports moyens annuels (bassin du Sebou) et le bassin dont les débits d'étiage sont les plus importants et les plus réguliers (bassin de l'Oum-erRbia). BASSIN VERSANT DU SEBOU Ce vaste bassin (39 000 km2 à l'embouchure) s'alimente dans les domaines rifains (Ressources en Eau du Maroc, tome 1) et atlasiques (Ressources en Eau du Maroc, tome 3). L'oued Sebou achève son cours dans les deux bassins hydrogéologiques du Plateau de Meknès-Fès (n° 8) et de la plaine du Rharb (n° 9) ; dans ce cours inférieur il ne reçoit que des affluents d'importance très secondaire sur le plan des apports. Les apports moyens annuels du Sebou à l'embouchure, rapportés à la période 1932-1970 s'élèvent à 6 600 millions de mètres cubes. La variabilité de ces apports est assez grande puisque les volumes annuels se situent entre un minimum de 1500 106 m³ (194445) et un maximum de 14 700 106 m³ (1962-63). Ces apports sont essentiellement des volumes de crues et proviennent pour presque la moitié de l'affluent Ouerrha alimenté par 7 300 km² de bassin situé sur le versant méridional du Rif (cf. Ressources en eau du Maroc, tome 1, pp. 85-88). Le principal affluent de la rive gauche rejoignant le Sebou dans son cours inférieur est le Beth qui est régularisé en grande partie par le barrage d'El-Kansera en service depuis 1934; les apports moyens annuels du Beth à El-Kansera pour la période 1932-70 sont de 380 millions de m³. Le régime hydrologique du Beth à El-Kansera a été exposé en détail dans le tome 1 de Ressources en Eaux du Maroc (pp. 106-107), ainsi que les régimes du R'Dom (p. 106) et du R'Dat (p. 88). La figure 7 récapitule la provenance des apports du Sebou à l'embouchure, en régime presque naturel car il n'a pas été tenu compte des débits dérivés pour l'irrigation en

amont de la confluence Sebou-Ouerrha (débits inférieurs à 300 Mm³/an). La caractéristique essentielle du régime de ce bassin réside en une grande abondance des apports de crues, générateurs d'inondations fréquentes et catastrophiques dans le cours inférieur (plaine du Rharb), s'opposant à des étiages assez peu soutenus. BASSIN VERSANT DE L'OUM-ER-RBIA Le bassin versant de l'Oum-er-Rbia (superficie à l'embouchure : 34 400 km²) s'alimente essentiellement dans le domaine atlasique (Ressources en Eau du Maroc, tome 3) où des sources très abondantes garantissent des étiages très soutenus. C'est le cours d'eau le plus régulier du Maroc ; son cours se situe toujours dans une vallée encaissée, si bien que les risques d'inondations graves sont inexistants. L'Oumer-Rbia et ses affluents drainent les bassins hydrogéologiques suivants, appartenant au domaine Atlantique : Tadla (n° 16), plateau des Phosphates (n° 13), Rehamna (n° 11), et de façon très marginale les bassins du Haouz (n° 19), de la Bahira (n° 17) et des Doukkalas (n° 14). Les apports moyens annuels naturels de l'Oumer-Rbia à l'embouchure, rapportés à la période 19361970 s'élèvent à 3 700 millions de mètres cubes. La variabilité des apports est faible pour une rivière d'Afrique du Nord puisque les volumes annuels à Imfout se situent entre un minimum de 1 060 106 m3

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Limites du domaine atlantique Limite de bassin hydrogéologique Plaine de Meknès-Fès et couloir de Taza Plaine du Rharb et bassin de Dradère Meseta centrale et Meseta côtière Massif de Rehamna Chaouia intérieur et Chaouia côtière Plateaux des Phosphates Abda- Doukkala Sahel de Safi à Azemmour Plaine de Tadla Plaine de Bahira Jbilete et Mouisssate Haouz de Marrakech Bassin d'Essaouira - Chichaoua

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FIG. 7 - Bilan des ressources en eaux superficielles à l'embouchure des principaux bassins, en modules annuels et à l'étiage. Situation du réseau national de mesures de la Division des Ressources en Eau (1971).

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

(1944-45) et un maximum de 7 550 106 m3 (193334). L'importance des débits d'étiage est remarquable puisque le débit moyen mensuel du mois le plus sec à Imfout, est de l'ordre de 30 à 40 m3 /s, et n'a jamais été observé en dessous de 20 m3/s (débit moyen du mois le plus sec : août 1952) ; il faut noter que les chiffres cités ci-dessus sont très inférieurs aux débits naturels en raison de l'importance des débits dérivés à l'amont pour l'irrigation. Fleuve calme et régulier, l'Oum-er-Rbia est le cours d'eau le plus équipé du Maroc en barrages d'accumulation, à utilisations hydroélectrique et hydroagricole. BASSIN VERSANT DU TENSIFT Ce bassin versant (superficie 20 100 km2 à l'embouchure) s'alimente essentiellement dans le domaine montagneux atlasique (Ressources en eau du Maroc, tome 3). La partie occidentale du Haut Atlas occidental d'où proviennent les principaux affluents, est constituée de terrains imperméables dans leur grande majorité, ce qui ne permet pas l'existence de réserves souterraines. Cependant, l'altitude élevée de la haute chaîne (3 à 4 000 m) provoque la constitution de réserves hydriques annuelles sous forme de neige. La neige fond progressivement depuis le printemps jusqu'au début de l'été et constitue ainsi un régulateur des cours d'eau atlasiques. Le bassin versant du Tensift intéresse essentiellement le bassin hydrogéologique du Haouz de Marrakech (n° 19) et de façon très marginale ceux du synclinal d'Essaouira-Chichaoua (n° 20) et des Jbilete et Mouissate (n° 18). L'apport moyen annuel du Tensift à l'embouchure est difficile à préciser ; une station de mesure vient tout juste d'être installée. On peut estimer, en fonction essentiellement des résultats obtenus à la station de mesure du barrage de Lalla Takerkoust (oued N'Fis), que pour la période 1924-1970 l'apport moyen annuel doit être de l'ordre de 1 000 millions de mètres cubes en débit naturel ; on peut par contre affirmer que la variabilité annuelle des apports est grande (de l'ordre de 1 à 20) et que le Tensift n'est pas pérenne toute l'année à l'embouchure. Néanmoins cet apport naturel a peu de sens en ce cas, car les populations installées au pied de l'Atlas, dans le Haouz de Marrakech notamment, savent de longue date utiliser au maximum pour l'irrigation les débits qu'elles dérivent à l'aide d'ouvrages rudimentaires sur les affluents atlasiques. Des évaluations récentes permettent d'estimer que 30 à 40 % des apports des affluents atlasiques sont dérivés artificiellement, ce qui représente un fort pourcentage d'utilisation des ressources à peu de frais.

BASSINS VERSANTS ATLANTIQUES D'IMPORTANCE SECONDAIRE Appartiennent au domaine Atlantique, du Nord au Sud, les bassins suivants : - DRADÈRE (superficie 600 km2). Ce petit bassin côtier, bien arrosé et très perméable a des apports superficiels annuels modestes et évalués à environ 30 millions de mètres cubes. Les étiages par contre sont très réguliers et très soutenus par le dégorgement des nappes souterraines (de l'ordre de 0,5 m3 /s en saison sèche). Ces eaux sont encore très peu utilisées, bien que d'excellente qualité. Des projets d'aménagements hydroagricoles sont maintenant achevés et devraient déboucher rapidement sur des réalisations. - BOU-REGREG (superficie 9 700 km2). Ce vaste bassin est entièrement situé dans le domaine Atlantique et plus précisément dans la Méséta primaire montagneuse, essentiellement imperméable. Les apports moyens annuels ne sont pas connus avec précision, en raison d'une longue interruption des mesures hydrologiques. Cependant, les reconstitutions des apports sont assez sûres et l'on peut avancer comme très vraisemblable un volume moyen annuel de 560 millions de mètres cubes pour la période 1932-1970. La variabilité des apports est grande, faute de réservoir souterrain régulateur ; elle se situerait entre 160.106 m3 (1944-45) et 1 600.106 m3 (1962-63). Par ailleurs, les étiages sont naturellement très bas (de l'ordre de 1 m3/s) pendant trois mois chaque année. Les rivières se trouvant très encaissées, l'eau n'est pratiquement pas utilisée et se perd en totalité à l'Océan. Un grand barrage d'accumulation est en cours de construction pour l'alimentation en eau potable des villes de la côte atlantique jusqu'en 2000 ; cet ouvrage permettra l'exploitation très rationnelle d'une ressource en eau difficilement utilisable pour une autre fin. - YKEM (430 km2), CHERRATE (700 km2), NEFIFIKH (830 km2), MELLAH (2 800 km2). Ces quatre petits cours d'eau de la Méséta possèdent les mêmes caractères que le Bou-Regreg. Leurs apports totaux sont de l'ordre de 250 millions de mètres cubes par an. Seul l'oued Mellah est actuellement équipé d'un barrage d'accumulation à usage mixte : irrigation d'un petit périmètre moderne situé en fond de vallée, peu avant l'embouchure, et alimentation en eau potable d'une partie de l'agglomération urbaine de Casablanca.

35

DOMAINE ATLANTIQUE

- KSOB (1 700 km2). Ce petit bassin côtier très méridional du domaine Atlantique, peu arrosé et situé sur des formations essentiellement imperméables a des apports moyens annuels mesurés depuis peu et de ce fait imprécis. Pour la période 1965-1970, ces apports seraient de l'ordre de 110 millions de mètres cubes par an. Les étiages sont pratiquement nuls, mises à part quelques résurgences de nappes à proximité de l'embouchure, résurgences utilisées dans leur totalité pour l'alimentation en eau potable de la ville d’Essaouira. Un aménagement par barrage d'accumulation pourrait être envisagé, à condition d'utiliser l'ouvrage à plusieurs fins : irrigations et alimentation en eau potable de la ville d'Essaouira ; un tel projet mérite d'être examiné. BASSINS ENDOREIQUES Un certain nombre de bassins fermés, ne possédant aucun exutoire superficiel pour les eaux de pluie qui les arrosent, existent dans le domaine Atlantique. Les eaux de pluies ne possèdent alors que deux issues : infiltration puis écoulement hors du bassin, ou bien

évaporation, les deux possibilités étant souvent combinées. On reviendra dans les descriptions régionales sur ces bassins qui constituent à chaque fois des cas particuliers (Doukkala - plaine de Berrechid - Bahira). RESSOURCES EN EAU SUPERFICIELLE Sur la figure 7 sont mentionnés les apports moyens annuels à la mer des grandes rivières du domaine Atlantique. La somme de ces apports représente une ressource de 11940 millions de mètres cubes (ou 379 m3 /s fictifs continus) ; si l'on y ajoute les ressources des bassins endoréiques, on obtient un total un peu supérieur à 12 milliards de m3 /an (ou 380 m3 /s) chiffres que l'on retiendra. Par ailleurs le domaine Atlantique peut disposer, lors du mois de l'année le plus sec, d'au moins 41,5 m3/s pérennes (soit 64 % des ressources pérennes des rivières du Maroc). Ainsi, le domaine Atlantique voit transiter dans ses rivières environ 58 % du volume total des ressources en eau superficielle du Maroc alors qu'il ne représente que 20 % de la superficie du Pays. Bien entendu ces ressources proviennent pour une très grande part du domaine atlasique qui domine le domaine Atlantique, mais qui ne peut guère utiliser ses propres ressources sur place en raison de son relief accidenté.

HYDROGEOLOGIE (fig. 8) Le domaine Atlantique est sans contestation possible le domaine marocain le plus propice aux investigations hydrogéologiques. On y rencontre en effet les réservoirs aquifères les plus étendus et les plus abondants du Pays. Mises à part certaines exceptions, les nappes importantes se situent dans des formations géologiques assez récentes (Plio-villafranchien et Quaternaire) où elles peuvent être libres ou captives ; les exceptions sont constituées par la nappe profonde des calcaires jurassiques du plateau de Meknès-Fès et la nappe profonde des calcaires turoniens du bassin moyen de l'Oum-er-Rbia. On distinguera dans l'exposé suivant, les grands ensembles aquifères constitués par les formations gréso-sableuses plio-quaternaires du littoral atlantique, puis par les formations fluvio-lacustres plio-quaternaires de l'intérieur et enfin les aquifères renfermant des nappes dites profondes. LES AQUIFERES GRESO-SABLEUX PLIO-QUATERNAIRES DU LITTORAL Sur toute la longueur du littoral atlantique s'étend une frange de sédiments plio-quaternaires dont le dépôt est en relation avec les allées et venues de la mer à cette époque. En outre, la mer s’est parfois largement avancée sur le continent en des golfes profonds (Rharb - Chaouia -Doukkala situés entre des môles anciens qui demeuraient émergés (Méséta Rehamna). Les sédiments

déposés sont de nature gréseuse et sableuse pour le principal et comportent fréquemment des intercalations limoneuses ou encore, vers l'intérieur des terres surtout, des passées caillouteuses qui témoignent de reprises périodiques de la sédimentation fluviatile. On rencontre ainsi, du Nord vers le Sud, les bassins suivants : Dradère-Soueïre, Rharb-Mamora, Souissi-Temara, Chaouia intérieure (plaine de Berrechid) et Chaouia côtière (littoral de Casablanca à Azemmour), Sahel d'El-Jadida à Safi

14 15 16 17 18 19 20

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NAPPE DE LA BAHIRA Ressource 100 Mm³ (20% exploités)

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DNAPPES DE HAOUZ Ressource : 285 Mm³ (55% exploités)

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CASABLANCA

NAPPES CHAOUIA COTIERE Ressource : 75 Mm³ (90% exploités)

NAPPES ABDA-DOUKKALA-SAHEL Ressource 100 Mm³ (50% exploités)

NAPPE ESSAOUIRA CHICHAOUA Ressources 150 Mm³ (20% exploités)

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MEKNES NAPPES CHAOUIA INTERIEURE Ressource : 85 Mm³ (80% exploités)

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9 NAPPES SOUISSI TEMARA Ressource : 23 Mm³ (80% exploités)

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DOMAINE

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NAPPES RHARB MAMORA Ressource : 300 Mm³ (57% exploités)

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10

NAPPES DRADERE SOUEIRE Ressource: 70 Mm³ (14% exploités)

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9

Limites du domaine atlantique Limite de bassin hydrogéologique Plaine de Meknès-Fès et couloir de Taza Plaine du Rharb et bassin de Dradère Meseta centrale et Meseta côtière Massif de Rehamna Chaouia intérieur et Chaouia côtière Plateaux des Phosphates Abda- Doukkala Sahel de Safi à Azemmour Plaine de Tadla Plaine de Bahira Jbilete et Mouisssate Haouz de Marrakech Bassin d'Essaouira - Chichaoua

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8

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PLATEAU DES PHOSPHATES (ET EXTENSION PROFONDE SOUS LE TADLA) Ressources 200 Mm³ (10% exploités)

NAPPE DE TADLA Ressource 400 Mm³ (25% exploités)

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NAPPES PHREATIQUES Aquifères plio-quaternaires grèso-sableux Aquifères plio-quaternaires fluviaux-lacustres Aquifères divers d'âges secondaire ou teriaire NAPPES PROFONDES EN CHARGE Aquifères plio-quaternaires

Aquifères jurassiques

Aquifères crétacés

Aquifères divers

ZONES SANS NAPPE ETENDUE

FIG. 8 – Bilan des ressources en eaux souterraines par aquifères, avec indication du taux d’exploitation (1971)

DOMAINE ATLANTIQUE

et plaine des Doukkala, plateaux côtiers d'Akermoud et d'Essaouira. Les bassins sont de moins en moins bien arrosés par les pluies au fur et à mesure que l'on descend du N vers le S. De 600 mm/an au N, la pluviosité décroît progressivement jusqu'à 300 mm/an au S. Ce facteur est particulièrement important car l'alimentation naturelle de ces nappes est imputable essentiellement à l'infiltration des eaux de pluies. Rien d'étonnant par conséquent à ce que les nappes des bassins du N soient plus riches que celles des bassins du S. D'autres facteurs entrent néanmoins en jeu, dont l'existence éventuelle d'un recouvrement superficiel limoneux (Mamora-Chaouia intérieure, Doukkala, plateaux d'Akermoud et d'Essaouira) ou l'épaisseur des niveaux gréso-sableux constituant les réservoirs; les épaisseurs sont plus grandes dans les zones subsidentes (Dradère-Soueïre, Rharb, Sahel des Doukkala) que sur les plates-formes stables telle la Méséta. La qualité hydraulique des réservoirs grésosableux du Plio-quaternaire est d'une constance assez remarquable. Les perméabilités varient évidemment selon les proportions de grès et de sables, mais apparaissent en moyenne très voisine, d'une région à l'autre, lorsque l'on dispose de suffisamment de mesures pour calculer une moyenne significative ; cette moyenne est toujours comprise entre 2 et 5.10 -4 m/s. Il y a encore lieu de noter que des circulations karstiques importantes ont été signalées à maintes reprises dans les zones les plus gréseuses de cet aquifère (captage de Taïcha en zone côtière de la Mamora - source de Aïn-Reboula dans la nappe de Temara - grotte de Douar Debagh à Rabat - puits de Zemamra dans le Sahel des Doukkala, etc.). On observe assez fréquemment dans ces aquifères, la mise en charge de l'eau des niveaux inférieurs par des couches limoneuses moins perméables (Dradère, zone côtière du Rharb, Chaouia intérieure) ou par un recouvrement superficiel récent, d'âge quaternaire (Rharb). Les niveaux en charge, d'une bonne productivité en général, sont exploités grâce à des forages habituellement réalisés par la méthode rotary. Les nappes du Plio-quaternaire gréso-sableux sont très exploitées lorsque le niveau d'eau est peu profond (zone côtière de Kénitra à Azemmour-Berrechid). Sinon, des moyens techniques et par conséquent financiers importants s'avèrent indispensables pour vaincre les difficultés de creusement des puits dans des formations alternativement gréseuses et sableuses qui s'éboulent facilement d'une part,et d'autre part présentent des passages consolidés très durs ; ces moyens ne sont souvent pas à la portée des

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petits exploitants petits exploitants agricoles, maraîchers essentiellement. Des captages à haute productivité ont été exécutés un peu partout pour l'alimentation en eau potable des centres urbains (Rabat, Casablanca, Kénitra, Berrechid, Essaouira), de très nombreuses petites agglomérations et des industries. On a couramment à se préoccuper pour ces aquifères côtiers, des risques d'invasion marine à la suite de mises en exploitation intensives ; à l'heure actuelle, ce phénomène est peu prononcé, sauf cas particuliers. LES AQUIFERES FLUVIO-LACUSTRES PLIO-QUATERNAIRES Les formations de piémont, d'origine fluviale ou fluvio-lacustre, provenant de l'érosion des chaînes atlasiques, se sont accumulées en certaines grandes cuvettes dont les principales sont le Tadla, le Haouz de Marrakech et le bassin de Meknès-Fès. Des épaisseurs souvent importantes (pouvant atteindre une centaine de mètres) de sédiments graveleux et caillouteux, calcareux (d'origine lacustre), limoneux et argileux, se sont entassées de façon assez capricieuse. Elles constituent cependant des réservoirs aquifères de premier ordre, souvent très abondants. Ces aquifères se situent dans des régions assez peu arrosées en général (sauf en ce qui concerne Meknès-Fès) si bien que l'alimentation directe des nappes par l'infiltration de la pluie est un phénomène sans grande importance. L'alimentation des réservoirs s'effectue naturellement, surtout par l'infiltration des eaux de surface, et elle a été considérablement accrue pas l'intervention de l'homme qui provoque des épandages artificiels par le fait d'irriguer ; le transport des eaux dérivées à la sortie de la montagne jusqu'à la plaine par des canaux en terre non revêtus et l'épandage d'irrigation supérieure aux besoins des plantes provoquent des infiltrations importantes. Ainsi, dans le Haouz où la tradition d'irriguer est ancienne et la nappe en équilibre, on remarqué que les débits de front de nappe, négligeables près des piémonts, s'accroissent au fur et à mesure que l'on s'avance vers l'aval dans des proportions n'ayant aucune mesure avec ce qu'il serait pensable d'attribuer à des infiltrations provenant de la pluie. Au Tadla, où l'irrigation est récente et a été appliquée de façon massive, les nappes des Beni-Amir et Beni-Moussa, jadis pauvres et profondes, sont maintenant presque parvenues au niveau du sol et nécessitent l'exécution de dispositifs de drainage superficiel. Les qualités hydrauliques de ces réservoirs sont extrêmement variables d'un secteur à un autre et même parfois entre deus points voisins. On possède désormais, à la suite de nombreuses années d'études

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

systématiques et détaillées, une bonne connaissance de ces grands aquifères, ce qui permet d'y implanter des captages importants avec le maximum de chances de succès. Il ne faut surtout pas omettre de considérer, dans ces secteurs, pour chaque application, la qualité chimique de l'eau qui, souvent recyclée plusieurs fois, se détériore jusqu'à devenir inutilisable en certains endroits. Les trois grands aquifères d'origine fluvio-lacustre du domaine posent des problèmes tout à fait différents aux hydrogéologues. Le plateau de Meknès-Fès est mis en valeur par des dérivations de petits oueds et par le captage de sources et résurgences aux débits très importants, mais grevés de droits d'eau très anciens perpétuant un mode d'exploitation qu'il est très difficile de songer à modifier car aucun apport d'eau supplémentaire provenant de réserves nouvelles (superficielles en particulier) ne peut être assuré, sauf investissements déraisonnables. La plaine du Tadla par contre, est abondamment irriguée par des apports massifs d'eaux provenant de réservoirs superficiels ; ces apports ont alimenté et constitué une nappe abondante qu'il faut désormais drainer, mais qui commence déjà à être utilisée comme un réservoir supplémentaire permettant de recharger les canaux d'irrigation en certaines périodes de l'année. La nappe du Haouz enfin, est exploitée de longue date pour l'irrigation par des ouvrages originaux, les rhettaras (drains souterrains de confection traditionnelle) et depuis une trentaine d'années par des stations de pompage modernes ; une extension de la mise en valeur grâce à l'irrigation massive par des apports d'eau superficielle d'une part et l'accroissement des exploitations de la nappe d'autre part, est prévue à court terme. Dans les trois cas cidessus, le problème de la gestion intégrée des ressources souterraines et superficielles est d'ores et déjà posé et commence à faite l'objet d'études d'un genre nouveau, encore jamais abordées au Maroc jusqu'à tout dernièrement. LES NAPPES PROFONDES On entend désigner sous ce terme des nappes généralement en charge, situées dans des aquifères nettement séparés (par un horizon imperméable ou semi-perméable) d'un aquifère superficiel contenant une nappe phréatique (libre). On rencontre des niveaux profonds, suffisamment individualisés et étendus horizontalement dans le Plioquaternaire gréseux du Dradère, du Rharb (n° 9) et de la Chaouia intérieure (Plaine de Berrechid n° 12). Des niveaux calcareux ou gréso-sableux de Crétacé moyen et supérieur ainsi que de l'Eocène renferment des nappes profondes habituellement assez pauvres sous le

plateau des Phosphates (n° 13) et la Bahira (n° 17). La barre calcaire du Turonien, bien qu'épaisse d'une trentaine de mètres environ, s'est avérée être un excellent aquifère en quelques points du Tadla (n° 16) et du plateau des Phosphates (n° 17). Cependant elle s'enfouit très rapidement du N au S, sous ces bassins, et de ce fait n'a encore été explorée qu'en de rares points, ce qui ne permet pas d'avoir une idée très précise sur ses possibilités. Il en est de même de la formation des calcaires de Dridrate (Crétacé inférieur) de la région de Safi (bassin n° 15). Les formations calcaires du Lias du Moyen Atlas se prolongent vers le N sous le plateau de Meknès-Fès et le couloir sud-rifain (bassin n° 8) en s'enfonçant progressivement du S vers le N. Puissantes et bien alimentées en eau par le Moyen Atlas montagneux, ces calcaires dégorgent leurs réserves d'eau dans le bassin n° 8 à l'occasion d'accidents géologiques (failles et flexures). Par ailleurs, des forages profonds ont atteint cet aquifère et l'exploitent. Dans la réalité, la distinction entre l'origine des sources (nappe phréatique ou nappe profonde) est souvent malaisée et il est assez difficile d'effectuer un bilan des réserves de chacune des nappes. On trouvera un exposé détaillé de la méthode adoptée (modèle analogique électrique) mis en oeuvre pour mieux approcher ce problème. BILAN DES RESSOURCES EN EAUX SOUTERRAINES DU DOMAINE ATLANTIQUE La figure 8 constitue un récapitulatif graphique des ressources renouvelables en eau souterraine du domaine Atlantique. Ces ressources atteindraient, au stade actuel des investigations, un total de l'ordre de 2 100 millions de m3 /an dont 40 % seraient utilisés en 1971. Le solde non utilisé rejoint plusieurs destinations qui sont - L'atmosphère par évaporation. Cette issue qui concerne presque toutes les nappes dans les secteurs ou elles sont peu profondes constitue l'exutoire essentiel de certaines parties fermées des bassins n° 9, 17 et 20. On admet un total de 8 m3/s pour les pertes par cette voie. - La mer par écoulement souterrain, en ce qui concerne les nappes aquifères du littoral appartenant aux bassins n° 9, 10, 12, 14, 15 et 20. Le débit total perdu est évalué à 8 m3 /s. - La mer par écoulement superficiel, collecté par les rivières qui drainent les excédents des réservoirs aquifères. Ce volume écoulé par les rivières (24 m3 /s) ne doit surtout pas, sous peine de double

DOMAINE ATLANTIQUE

double comptabilisation, être ajouté aux ressources en eaux superficielles puisqu'il est déjà pris en

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compte dans ces dernières ressources précédemment évaluées à 380 m3/s transitant par le domaine Atlantique.

REFERENCES CHOUBERT G. & FAURE-MURET A. (1960-62) : Évolution du Domaine atlasique marocain depuis les temps paléozoïques. M. h. sér. Soc. géol. Fr. (Livre mémoire P. Fallot), t. 1, pp. 447-527. COMBE M. (1969) : État en 1968 des connaissances sur le bilan des ressources en eau du Maroc et sur leur pourcentage d'utilisation. Mines & Géol. Rabat, n° 29, pp. 5-12. DEBRACH J., GAUSSEN H. & JOLY F. (1958) : Précipitations annuelles. Atlas du Maroc, notice explicative. Sect. 2, pl. n° 4 a. C o m . Géogr. Maroc, Rabat, 36 pp.

THAUVIN J.P. & ZIVCOVIC Z. (1969) : Quelques données de base des moyennes climatologiques du Maroc (Période 1933-1963). Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 63 pp., 1 carte. THAUVIN J.P. (1969) : Indices climatiques de Thornthwaite pour 110 stations du Maroc. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE, 115 pp., 1 carte. Division des Ressources en Eau (1971) : Annuaire hydrologique du Maroc 1944-1970 et récapitulatifs des débits mensuels aux stations de mesures depuis l'origine, document provisoire. Edit. Direction de l'Hydraulique, Rabat.

S o m m a i r e Table des matières .......................................................................................................... 7 Introduction ................................................................................................................... 18 Le domaine Atlantique ................................................................................................ 19 Présentation du domaine Atlantique, par A. Kabbaj & M. Combe ………………. 21 2.8. Le bassin de Meknès-Fès et le couloir de Fès-Taza……………..……… 41 Le bassin de Meknès-Fès, par J. Chamayou, M. Combe, B. Genetier & C. Leclerc ..................................................................................... 41 Le couloir de Fès-Taza, par M. Combe ..................................................... 72 2.9. Le bassin Rharb-Mamora et les petits bassins septentrionaux des oueds Dradère et Soueïre ............................................................................. 93 Le bassin Rharb-Mamora, par M. Combe ....................................................... 93 Le bassin des oueds Dradère et Soueïre, par M. Combe .................................... 129 2.10. Méséta centrale et Méséta côtière, par M. Combe, M. Ferré & J.-P. Thauvin .............................................................................................. 147 2.11. Le massif des Rehamna, par M. Combe, M. Ferré & J.-P. Thauvin .......... 173 2.12. ChaouIa et plaine de Berrechid ....................................................................... 185 La plaine de Berrechid et la Basse-Chaouia entre Casablanca et Mohammedia, par J.-P. Ruhard .................................................................. 185 La Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour, par A. Bentayeb ............. 222 2.13. Le plateau des Phosphates, par C. Archambault, M. Combe & J.-P. Ruhard ............................................................................................... 239 2.14 et 15. Le bassin des Abda-Doukkala et du Sahel de Azemmour à Safi, par M. Ferré & J.-P. Ruhard ................................................................. 261 2.16. La plaine du Tadla, par H. Etienne & D. Guessab (coll. C. Archambault) ........................................................................................... 299 2.17. Plateau des Ganntour et plaines de la Bahira et de la Tessaoute aval, par M. Combe ...................................................................................... 367 2.18. Jbilete et Mouissate, par A. Cochet ................................................................. 393 2.19. Le Haouz de Marrakech et le bassin du Mejjate, par G. Bernert & J.-P. Prose ................................................................................................... 399 2.20. Bassin d'Essaouira-Chichaoua et zone côtière d'Essaouira, par A. Cochet & M. Combe .............................................................................. 433 Liste des figures ............................................................................................................... 447

TABLE DES MATIERES

Introduction .......................................................................................................................... 18 Le domaine Atlantique ........................................................................................................ 19 Présentation du domaine Atlantique (par A. Kabbaj & M. Combe) ......................... 21 Présentation géographique ................................................................................................. 21 Géologie .......................................................................................................................... 25 Climatologie ..................................................................................................................... 28 Hydrologie superficielle ................................................................................................... 32 Hydrogéologie ................................................................................................................. 35 Références ........................................................................................................................ 39 2.8. Bassin de Meknès-Fès et couloir de Fès-Taza ...................................................... 41 Le bassin de Meknès-Fès (par J. Chamayou, M. Combe, B. Genetier & C. Leclerc) ................................................................................................................... 41 Introduction géographique ........................................................................................... 41 Géologie ..................................................................................................................... 41 Cadre géomorphologique ........................................................................................ 41 Cadre géologique ..................................................................................................... 42 Stratigraphie ............................................................................................................. 43 Climatologie ................................................................................................................ 43 Précipitations ........................................................................................................... 43 Températures ............................................................................................................ 43 Évaporation ............................................................................................................. 43 Hydrologie ................................................................................................................. 45 Hydrogéologie ............................................................................................................ 47 Structure hydrogéologique ....................................................................................... 47 La nappe phréatique ................................................................................................. 47 Hydrodynamique de la nappe libre .................................................................... 49 Calcul des débits par fronts de nappe ................................................................. 49 Le Saïs ........................................................................................................... 50 Plateau de Meknès .......................................................................................... 55 Bilan hydraulique de la nappe libre .................................................................... 59 La nappe profonde du Lias ................................................................................... 61 Structure du Lias sous le bassin ............................................................................. 62

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Caractères physiques et chimiques de la nappe profonde ............................................... 63 Bilan sommaire de la nappe du Lias ............................................................................ 64 Etude de l'exploitation du système aquifère de la plaine du Saïs par simulations sur modèles analogiques................................................................... 65 Bilan hydraulique global - Ressources totales en eau du bassin de Meknès-Fès ......................................................................................................... 67 La pluie et sa répartition............................................................................................ 67 L'écoulement et l'infiltration ....................................................................................... 68 Les ressources utilisées................................................................................................ 68 Les ressources disponibles ........................................................................................... 70 Conclusions générales ........................................................................................................... 70 Références

....................................................................................................................... 71

Le couloir de Fès-Taza (par M. Combe) ..............................................................................72 Présentation géographique.................................................................................................. 72 Géologie (avec la collab. de J. Chamayou et J. Cl. Vidal) ................................................. 73 Stratigraphie .................................................................................................................. 73 Structure .................................................................................................................. 75 Tectonique .................................................................................................................. 75 Climatologie .................................................................................................................... 76 Pluviométrie .................................................................................................................. 76 Températures .................................................................................................................. 76 Hydrologie ....................................................................................................................... 76 Hydrogéologie .................................................................................................................... 78 Recherches dans les calcaires du Lias................................................................................ Réservoirs des faciès détritiques du Miocène .................................................................. Réservoirs plio-villafranchiens ...................................................................................... Réservoirs alluviaux des vallées ....................................................................................... Thermalisme .................................................................................................................. Le centre thermal de Sidi-Harazem ............................................................................. Autres sources thermo-minérales du couloir Fès-Taza ..................................................

78 81 81 81 81 81 84

Aménagement des eaux du couloir Fès-Taza....................................................................... 84 Le barrage Idriss 1er au site d'Arabat (Oued Inaouène) ..................................................... 84 Les ouvrages de dérivation du Sebou dans la retenue du barrage Idriss 1er et l'aménagement hydroélectrique du Haut Sebou .......................... 90 Projet d'aménagement de la vallée de l'Inaouène......................................................... 91 Références

....................................................................................................................... 92

2.9. Le bassin Rharb-Mamora et les petits bassins septentrionaux des oueds Dradère et Soueïre.................................................................................................. 93 Le bassin Rharb-Mamora (par M. Combe) ........................................................................ 93 Présentation géographique .................................................................................................... 93 Géologie ........................................................................................................................... 94

TABLE DES MATIERES Climatologie ..................................................................................................................... 96 Hydrologie superficielle ................................................................................................... 97 Modules et crues ........................................................................................................... 97 L'estuaire du Sebou à l'étiage ....................................................................................... 101 Hydrogéologie ................................................................................................................. 103 Structure hydrogéologique, définition des niveaux aquifères ......................................... 103 Les zones d'alimentation en bordure du bassin ................................................................ 103 Alimentation par l'W : les dunes côtières du Rharb .................................................... 103 Alimentation par le S : la forêt de la Mamora ....................................................... 105 Alimentation par 1e SE : Zrar et Cherarda ................................................................. 109 Alimentation par l'E : infiltrations à partir des oueds Sebou et Ouerrha ....................................................................................................... 109 Alimentation par le NE (Mechra-bel-Ksiri) et le N (Lalla-Zohra) ..................... 110 La nappe profonde en charge de la plaine du Rharb ...................................................... 110 Mur imperméable et aquifère .................................................................................... 110 Qualité chimique des eaux ......................................................................................... 112 Artésianisme, transmissivités, fluctuations piézométriques, piézométrie .............. 112 Drainance ................................................................................................................ 115 Bilan moyen annuel de la nappe profonde .................................................................. 116 La nappe phréatique de la plaine du Rharb .................................................................... 116 Mur imperméable et nature de l'aquifère ................................................................... 116 Piézométrie ........................................................................................... .................. 118 Fluctuations piézométriques ................................................................. .................. 118 Qualité chimique des eaux ...................................................................... .................. 119 Bilan de la nappe phréatique ................................................................................. 121 Alimentation de la nappe phréatique par drainance de la nappe profonde .......................................................................................... 121 Alimentation de la nappe phréatique par infiltration des pluies et des épandages ................................................................................. 122 Hydrogéologie appliquée ................................................................................................ 122 Recherche et exploitation des eaux souterraines profondes .............................................. 123 Exploitation des eaux superficielles ............................................................................... 123 Les problèmes de mise en valeur agricole en liaison avec la nappe 124 phréatique ........................................................................................................... Plan de mobilisation des eaux souterraines du bassin ....................................................... 124 Plan d'aménagement du Rharb .......................................................................................... 127 Références ....................................................................................................................... 127 Les bassins des oueds Dradère et Soueïre (par M. Combe) ..................................... 129 Présentation géographique .............................................................................................. 129 Climatologie ................................................................................................................... 129 Hydrologie ...................................................................................................................... 130 Géologie ......................................................................................................................... 130

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Stratigraphie ................................................................................................................130 Structure du bassin .......................................................................................................130 Nature des sols ..............................................................................................................132 Hydrogéologie ................................................................................................................133 Les points d'eau ...........................................................................................................133 Les sources .............................................................................................................133 Les puits ....................................................................................................................136 Les forages ............................................................................................................136 Ressources en eau souterraine .....................................................................................138 Le secteur de Dehar-el-Hadechi ...............................................................................138 Le secteur N en rive droite du Soueïre ...............................................................139 Le secteur S du bassin (El-Fahis) .......................................................................139 Le bassin de l'E, synclinal Ferjane-Lalla-Mimouna ..........................................140 Le secteur Merja Zerga et dunes côtières de l'W ..............................................140 Le bassin côtier entre Moulay-Bou-Selham et Bargha .................................140 Ressources en eau du bassin (récapitulatif) .......................................................141 Aménagement des ressources en eau ...........................................................................143 Principe de la mobilisation des ressources en eau ...............................................143 Les périmètres de pompage d'eaux souterraines dans 1e bassin côtier ...................................................................................................................143 Références ...........................................................................................................................145

2.10. Méséta centrale et Méséta côtière (par M. Combe, M. Ferré & J.P. Thauvin) ...............................................................................................................147 Aperçu géographique .......................................................................................................147 Le cadre géologique de la Méséta ................................................................................150 Méséta centrale marocaine ..........................................................................................150 Méséta côtière .............................................................................................................151 Climatologie

...................................................................................................................152

Les pluies ....................................................................................................................152 Les températures ..........................................................................................................153 L'évaporation .............................................................................................................155 Hydrologie ........................................................................................................................155 L'Oued Beth ..............................................................................................................155 L'Oued Bou-Regreg .....................................................................................................155 Les oueds côtiers .........................................................................................................155 Hydrogéologie ..................................................................................................................157 Hydrogéologie générale ................................................................................................157 La Méséta centrale ...................................................................................................157 La Méséta côtière .....................................................................................................159 Hydrogéologie appliquée ..............................................................................................161 Alimentation en eau des centres ruraux ................................................................161 Irrigation ...................................................................................................................163 Aménagement des eaux .................................................................................................. 164 L'alimentation en eau potable des centres urbains de la côte Atlantique entre Kénitra et Casablanca jusqu'en l'an 2000 ............................... 164 La situation initiale en 1968 ................................................................................ 164

TABLE DES MATIERES Le barrage provisoire du Grou .............................................................................. Les besoins et les ressources en eau jusqu'en l'an 2000 ...................... ................ Choix des ressources à exploiter pour l'alimentation en eau potable jusqu'en 2000 ................................................................... ............... Le barrage du Bou-Regreg ....................................................................................

11 164 165 166 168

Les sources thermales de la Méséta ........................................................................... 168 La source Lalla-Aghya d'Oulmès ......................................................................... 168 Autres sources thermominérales de la Méséta ........................................................ 170 Références ..................................................................................................................... 171 2.11. Le massif des Rehamna (par M. Combe, M. Ferré & J.P. Thauvin) .................................. 173 Présentation géographique ............................................................................................. 173 Géologie ........................................................................................................................ 174 Stratigraphie ............................................................................................................... 174 Primaire ................................................................................................................ Secondaire ............................................................................................................ Tertiaire et Quaternaire ......................................................................................... Tectonique .................................................................................................................

174 174 176 176

Climatologie ................................................................................................................... 177 Hydrologie ....................................................................................................................... 177 Hydrogéologie ............................................................................................................... 179 Les aménagements de l'Oum-er-Rbia inférieur ............................................................... 179 Les ouvrages existants .............................................................................................. 179 Barrage et galerie d'Imfout ..................................................................................... 179 Barrage de Daourat ................................................................................................. 181 Barrage de Sidi-Saïd-Maachou ............................................................................. 182 Les ouvrages projetés .................................................................................................. 183 Barrage de Sidi-Chého ......................................................................................... 183 Barrage de Mrija ..................................................................................................... 184 Références ..................................................................................................................... 184 2.12. Chaouia et Plaine de Berrechid .................................................................................... 185 La plaine de Berrechid et la Basse Chaouia entre Casablanca et Mohammedia (par J.-P. Ruhard) ................................................................................................................... 185 Présentation géographique ............................................................................................. 185 Géologie .......................................................................................................................... 187 Stratigraphie ............................................................................................................... 187 Le Primaire ........................................................................ ................. ................. 187

12

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Le Secondaire ...........................................................................................188 Le Tertiaire et le Quaternaire ....................................................................189 Aperçu structural de la région .......................................................................189 Climatologie ....................................................................................................191 Hydrologie superficielle ...................................................................................193 Bassins versants et régimes ...........................................................................193 Les crues ...................................................................................................193 Hydrogéologie générale .....................................................................................196 Caractéristiques hydrogéologiques des différents terrains .............................196 Les formations primaires ...........................................................................196 Les formations secondaires .......................................................................196 Les formations tertiaires et quaternaires ....................................................197 La nappe de la Plaine de Berrechid ...............................................................198 Caractéristiques de la nappe ......................................................................198 Hydrochimie de la nappe ...........................................................................200 Etude quantitative par sondage et géophysique .........................................203 Réserves ....................................................................................................204 Alimentations et exutoires .........................................................................205 La nappe de la Chaouia côtière entre Casablanca et Mohammedia ...............207 Caractéristiques de la nappe ......................................................................207 Hydrochimie des eaux souterraines ...........................................................211 Etude quantitative des eaux souterraines ...................................................217 Aménagement des eaux .....................................................................................218 Exploitation des eaux souterraines ................................................................218 Drainage des dayet .......................................................................................219 Conclusions ..................................................................................................219 Références .........................................................................................................220 La Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour (par A. Bentayeb)…………. 222 Présentation géographique ................................................. ...................................222 Géologie ................................................................................................................222 Climatologie ..........................................................................................................223 Précipitations ....................................................................................................223 Températures ....................................................................................................225 Humidité - Brouillard - Vent .......................................................................... 323 Type de climat ..................................................................................................225 Hydrogéologie ......................................................................................................226 Piézométrie ....................................................................................... ...............226 Piézométrie en période des hautes eaux ....................................................226 Piézométrie en des période basses eaux ......................................................230 Effets des marées ...........................................................................................230 Hydrochimie ....................................................................................................233

TABLE DES MATIERES Caractéristiques hydrodynamiques ....................................................................233 Essai de bilan ......................................................................................................236 Références ................................................................................................................238 2.13. Le Plateau des Phosphates (par C. Archambault, M. Combe & J.-P. Ruhard) ............................................................................................................ 239 Présentation géographique ........................................................................................239 Géologie ...................................................................................................................240 Stratigraphie .......................................................................................................240 Structure .............................................................................................................240 Climatologie .............................................................................................................240 Hydrologie ...............................................................................................................242 Hydrogéologie ..........................................................................................................242 Le système aquifère ............................................................................................242 Nappe du Primaire altéré ......................................................................................245 Généralités ......................................................................................................245 Nappe de Gueffaf-Sidi-Amor ...........................................................................245 Nappe de l'Infracénomanien ..................................................................................246 Nappe du Cénomanien ..........................................................................................247 Nappe du Turonien du Plateau des Phosphates et du Tadla ..................................247 Lithologie et géométrie du Turonien ...............................................................247 Caractéristiques hydrauliques ........................................................................248 Piézométrie ......................................................................................................248 Chimie de l'eau ...............................................................................................251 Perspectives d'exploitation du réservoir turonien .........................................251 Nappe du Sénonien du Plateau des Phosphates et du Tadla .............................253 Nappe de l'Eocène .................................................................................................255 Exploitation des eaux ...............................................................................................256 Alimentation en eau des centres urbains ..............................................................256 Khouribga ..........................................................................................................256 Settate ...............................................................................................................257 Oued-Zem ..........................................................................................................257 Petits centres ruraux .............................................................................................257 Le barrage de retenue sur l'Oued Bou-Guerroum ............................................257 Conclusion ............................................................................................................258 Références .................................................................................................................258 2.14 et 15. Les bassins des Abda-Doukkala et du Sahel de Azemmour à Safi. (par M. Ferré et J.-P. Ruhard) ........................................................... 261 Présentation géographique ...........................................................................................261 Géologie .....................................................................................................................261 Stratigraphie .........................................................................................................262 Structure ...............................................................................................................266

13

14

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Géomorphologie ............................................................................................... 266 Climatologie ............................................................................................................ 271 Les précipitations ........................................................................................... 271 Les températures ............................................................................................. 273 Evaporation et évapotranspiration ...................................................................... 274 L'aridité ............................................................................................................. 276 Hydrologie superficielle ........................................................................................ 277 Bassins versants et régimes ............................................................................. 277 Les crues ........................................................................................................... 281 Hydrogéologie ....................................................................................................... 282 Caractéristiques hydrogéologiques des différents niveaux stratigraphiques 282 Hydrogéologie de la plaine des Abda-Doukkala ............................................. 283 Schéma général ............................................................................................. 283 Les nappes profondes ................................................................................... 283 La nappe générale ........................................................................................ 284 Les nappes perchées des limons quaternaires .............................................. 287 Hydrogéologie du Sahel ................................................................................... 287 Sahel de Safi .................................................................................................. 288 Sahel central ................................................................................................. 289 Plateau d'El-Jadida ...................................................................................... 289 Sahel d'Haouzia ............................................................................................ 289 Essai de bilan hydraulique régional .............................................................. 291 Aménagement des eaux ......................................................................................... 292 Le plan d'aménagement du périmètre d'irrigation moderne des Abda-Doukkala ......................................................................................... 292 Laminage des crues ........................................................................................... 293 Drainage et assainissement ............................................................................... 294 Alimentation en eau des populations ................................................................ 296 Conclusions ...................................................................................................... 297 Références ............................................................................................................. 297 299 2.16. La plaine du Tadla (par H. Etienne & D. Guessab, coll. C. Archambault) ....................................................................................................... 299 Présentation géographique ..................................................................................... 299 Géographie physique ........................................................................................ 300 Géographie humaine ........................................................................................ 301 Géologie ................................................................................................................ 302 Cadre géologique ............................................................................................. 302 Formations plio-quaternaires du Tadla ........................................................... 305 Pédologie .......................................................................................................... 306 Climatologie ......................................................................................................... 307 Hydrologie ............................................................................................................... 308 Réseau hydrographique ................................................................................... 308 Modules annuels et interannuels ...................................................................... 311

TABLE DES MATIERES Crues ................................................................................................................... Etiages ................................................................................................................. Hydrogéologie ....................................................................................................... Nappe phréatique des Bni-Amir ....................................................................... Nappe phréatique des Bni-Moussa ................................................................... Bilan hydraulique des nappes phréatiques des Bni-Amir et des Bni-Moussa ................................................................................................... Nappes anté plio-quaternaires ........................................................................... Aménagement des eaux ......................................................................................... Le plan d'aménagement du périmètre d'irrigation moderne du Tadla .............................................................................................................. Pompages à fort débit dans les Bni-Amir pour l'Office Chérifien des Phosphates (secteur de Khouribga) ............................................................ Etudes par simulations du développement des exploitations d'eau souterraines dans la région des Bni-Moussa de l'Est........................................... Exploitation de la nappe phréatique dans la région de Sidi-Jabeur pour 1e renforcement du réseau gravitaire et drainage ..........................................

15 312 312 313 314 317 323 327 327 327 329 336 339

Comparaison de rendements de puits et forages - Essais au micromoulinet-Acidification des forages : exploitation pour l'irrigation du secteur dominé par le canal médian-est ........................................... 347 Mesures directes des infiltrations depuis la surface du sol. essais de mise en eau d'un secteur en terre du canal médian-ouest................................. 354 Alimentation en eau potable des centres urbains ....................................................... 358 Références ..................................................................................................................... 364 2.17. Plateau des Ganntour et plaines de la Bahira et de la Tessaoute aval (par M. Combe) ..................................................................................... Présentation géographique ..................................................................................... Géologie.................................................................................................................. Climatologie .......................................................................................................... Hydrologie ............................................................................................................. Bassin endoréique de la Bahira ....................................................................... La Tessaoute aval .......................................................................................... L'Oued el-Abid à Ouaouirint .......................................................................... Hydrogéologie ....................................................................................................... La Bahira occidentale ...................................................................................... La Bahira centrale .......................................................................................... Géologie ....................................................................................................... La nappe phréatique .................................................................................... La Bahira orientale (ou Tessaoute aval) ......................................................... Géologie et structure profonde .................................................................. Nappes profondes ........................................................................................ La nappe phréatique .................................................................................... Ressources en eau pour l'aménagement de la Bahira orientale et centrale ..........................................................................................................

367 367 367 368 370 370 371 372 373 373 374 375 375 378 378 380 381 388

Références ........................................................................................................... 391

16

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

2.18. Jbilete et Mouissate (par A. Cochet) 393 Présentation géographique ..................................................................................393 Géologie ..............................................................................................................393 Climatologie ......................................................................................................394 Hydrogéologie .....................................................................................................395 Les Jbilete .....................................................................................................395 Caractéristiques des différents aquifères .....................................................395 Chimie des eaux ..........................................................................................395 Les Mouissate .................................................................................................395 Conclusions, bilan .................................................................................................397 Références .................................................................................................397 2.19. Le Haouz de Marrakech et le bassin du Mejjate (par G. Bernert & J. P. Prost) ..........................................................................399 Cadre géographique ..............................................................................................399 Géologie ................................................................................................................400 Stratigraphie ..................................................................................................400 Haouz oriental et central .................................................................................402 Haouz occidental .............................................................................................403 Climatologie...........................................................................................................403 Précipitations ...................................................................................................403 Températures ...................................................................................................403 Hygrométrie - évaporation ..............................................................................403 Hydrologie superficielle .......................................................................................404 Les bassins versants ..........................................................................................404 Les débits et les régimes ...............................................................................405 Le réseau des seguias .......................................................................................407 Chimie des eaux superficielles ..........................................................................407 Hydrogéologie .......................................................................................................407 Généralités .........................................................................................................407 Méthodologie et historique des travaux de synthèse ..........................................409 Phase de dépouillement ................................................................................409 Phase de synthèse .........................................................................................409 Caractéristiques des méthodes de simulation .....................................................412 Le montage analogique ...............................................................................412 Le traitement sur ordinateur ........................................................................412 Caractéristiques physiques de la nappe phréatique .......................................412 Le réservoir aquifère ....................................................................................412 Morphologie de la nappe .............................................................................414 Nature des limites géographiques ................................................................415 Mécanisme de l'alimentation de la nappe ...............................................415 Piézométrie ..................................................................................................415 Profondeurs de la nappe ...............................................................................416

TABLE DES MATIERES

Physico-chimie des eaux souterraines ........................................................................ Mode d'exploitation de la nappe .................................................................................. Les puits ................................................................................................................... Les rhettaras ........................................................................................................... Les pompages ......................................................................................................... Essai de bilan ............................................................................................................... Expression du bilan .................................................................................................. Discussion des termes du bilan .................................................................................

17

416 417 417 418 419 419 420 420

Aménagement des eaux .................................................................................................... 424 Le plan directeur d'aménagement du Haouz ................................................................ 424 Alimentation en eau potable de la ville de Marrakech ..................................... 429 Conclusions .................................................................................................................. 430 Références ......................................................................................................................... 431 2.20. Bassin d'Essaouira-Chichaoua et zone côtière d 'Essaouira (par A. Cochet & M. Combe) ........................................................................................ 433 Présentation géographique ................................................................................................. 433 Géologie ............................................................................................................................ 433 Stratigraphie ............................................................................................................... 433 Tectonique .................................................................................................................. 435 Climatologie ..................................................................................................................... 436 Hydrologie ........................................................................................................................ 436 Hydrogéologie ................................................................................................................... 437 Caractéristiques des différents aquifères .................................................................... Alluvions quaternaires ........................................................................................... Recherches dans le Bas-Tennsift ............................................................................ Dunes récentes .......................................................................................................... Le Pliocène ............................................................................................................... Le Sénonien et l'Eocène ........................................................................................... Le Cénomanien et le Turonien ................................................................................. L'Aptien et le Barrémien ......................................................................................... Le Jurassique supérieur ........................................................................................... Chimie des eaux ......................................................................................................... Bassin d'Essaouira-Chichaoua ................................................................................ Zone côtière d'Essaouira ..........................................................................................

437 437 437 438 438 442 442 442 442 442 442 443

Aménagement des eaux ..................................................................................................... 444 Alimentation en eau d'Essaouira ............................................................................... 444 Projet de barrage sur l'Oued Ksob ............................................................................... 445 Conclusions ............................................................................................... ................... 446 Références ....................................................................................................................... 446 Liste des figures .................................................................................................................... 447

2.08.

BASSIN DE MEKNES-FES ET COULOIR DE FES-TAZA

2.8. Bassin de Meknès-Fès et couloir de Fès-Taza .................................... Le bassin de Meknès-Fès (par J. Chamayou, M. Combe, B. Genetier & C. Leclerc) .............................................................................................

41

41

Introduction géographique .....................................................................

41

Géologie ...............................................................................................

41

Cadre géomorphologique ...................................................................

41

Cadre géologique ...............................................................................

42

Stratigraphie .....................................................................................

43

Climatologie ...........................................................................................

43

Précipitations .....................................................................................

43

Températures .....................................................................................

43

Évaporation .......................................................................................

43

Hydrologie ............................................................................................

45

Hydrogéologie .......................................................................................

47

Structure hydrogéologique ..................................................................

47

La nappe phréatique ...........................................................................

47

Hydrodynamique de la nappe libre ...............................................

49

Calcul des débits par fronts de nappe ...........................................

49

Le Saïs ......................................................................................

50

Plateau de Meknès ....................................................................

55

Bilan hydraulique de la nappe libre ...............................................

59

La nappe profonde du Lias .............................................................

61

Structure du Lias sous le bassin .......................................................

62

Caractères physiques et chimiques de la nappe profonde .....................

63

Bilan sommaire de la nappe du Lias ........................................................

64

Etude de l'exploitation du système aquifère de la plaine du Saïs par simulations sur modèles analogiques ................................................

65

Bilan hydraulique global - Ressources totales en eau du bassin de Meknès-Fès ............................................................................................... La pluie et sa répartition ...........................................................................

67

L'écoulement et l'infiltration .....................................................................

68

Les ressources utilisées ............................................................................

68

Les ressources disponibles .......................................................................

70

Conclusions générales ..............................................................................

70

67

Références .................................................................................................

71

Le couloir de Fès-Taza (par M. Combe) ....................................................

72

Présentation géographique .......................................................................

72

Géologie (avec la collaboration de J. Chamayou et J. Cl. Vidal) ...............

73

Stratigraphie .............................................................................................

73

Structure ...................................................................................................

75

Tectonique ................................................................................................

75

Climatologie ..............................................................................................

76

Pluviométrie ..............................................................................................

76

Températures ............................................................................................

76

Hydrologie .................................................................................................

76

Hydrogéologie ............................................................................................

78

Recherches dans les calcaires du Lias .....................................................

78

Réservoirs des faciès détritiques du Miocène ...........................................

81

Réservoirs plio-villafranchiens ..................................................................

81

Réservoirs alluviaux des vallées ...............................................................

81

Thermalisme .............................................................................................

81

Le centre thermal de Sidi-Harazem ..........................................................

81

Autres sources thermo-minérales du couloir Fès-Taza .......................

84

Aménagement des eaux du couloir Fès-Taza ...........................................

84

Le barrage Idriss 1er au site d'Arabat (Oued Inaouène) .........................

84

Les ouvrages de dérivation du Sebou dans la retenue du barrage Idriss 1er et l'aménagement hydroélectrique du Haut Sebou……….. Projet d'aménagement de la vallée de l'Inaouène .....................................

90

Références .................................................................................................

92

91

2. 8

LE BASSIN DE MEKNES-FES ET LE COULOIR DE FES-TAZA

2-8-1 LE BASSIN DE MEKNES-FES Par Jean CHAMAYOU, Michel COMBE, Bernard GENETIER & Claude LECLERC

Introduction géographique Le bassin de Meknès-Fès forme la partie centrale du sillon sud-rifain ; il domine l'oued Beth à l'W et le Sebou à l'E et est encadré par les rides prérifaines au N et le rebord du Causse moyen-atlasique au S. La superficie totale du bassin est de 2 100 Km², se subdivisant en deux parties structurales : le plateau de Meknès à L'W (600 à 700 m d'altitude) et la plaine du Saïs à l'E (500 à 550 m d'altitude). La population totale est de l'ordre de 700 000 habitants en 1970, les deux villes voisines de Fès (322000 habitants en 1971) et Meknès (248 000 habitants en 1971) dominent par l'importance numérique de leur population l'ensemble du bassin. La répartition de la population rurale est assez inégale,

puisqu'elle varie entre 30 habitants par km2 et plus de 90 ; ces variations de densité sont principalement dues aux modalités de l'utilisation du sol: faible dans les secteurs de céréaliculture, forte dans les secteurs de viticulture. L'agriculture est la grande richesse de la région. Les principales spéculations agricoles sont : la viticulture (50 % de la production du Maroc), la céréaliculture, les légumineuses alimentaires, tandis que l'élevage occupe une place modeste. L'artisanat garde une activité importante. Des industries textiles ont été créées à Fès et des industries de matériaux de construction à Meknès, les industries alimentaires s'étant développées dans ces deux villes.

Géologie CADRE GEOMORPHOLOGIQUE Le plateau de Meknès qui présente une pente de 12°/oo du S vers le N est interrompu par quatre flexures de direction SW-NE. Il se redresse très rapidement au contact des rides prérifaines des jbels Zerhoun et Kannoufa dans sa partie septentrionale.

La plaine du Saïs a une altitude décroissante du S au N, mais qui se relève au contact des rides prérifaines (jbels Tratt et Zalagh). La flexure de Rasel-Ma divise cette plaine en deux parties : celle de Fès au SE, celle d'Aïn-Taoujdate au NW. Entre cette flexure et la ville de Fès s'étend une zone basse mal drainée et marécageuse (étang de Douyet).

42

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Le bassin de Meknès-Fès considéré dans son ensemble est un vaste synclinal dissymétrique de direction E-W qui s'enfonce progressivement du S vers le N, et se redresse brusquement au contact des rides prérifaines. Le remplissage est constitué, au-dessus des marnes du Tortonien par des formations détritiques et lacustres. Les calcaires du Plio-Villafranchien déterminent une surface structurale que les oueds érodent et entaillent profondément, dans le plateau de Meknès. Par contre, la plaine du Saïs est en grande partie une plaine d'érosion encroûtée. CADRE GEOLOGIQUE (fig. 9) Le bassin de Meknès-Fès fait partie du « couloir sudrifain » qui s'étend de la plaine du Rharb à l'W jusqu'au col du Touahar à l'E. Entre les deux grandes unités structurales qui forment les limites N et S du bassin (Prérif et Moyen Atlas) une transgression marine a déposé au Miocène une série marneuse très puissante, suivie au Plio-Villafranchien et au Quaternaire par des dépôts continentaux. Les deux grandes unités du Prérif et du Moyen Atlas, influencent directement la structure actuelle du bassin : le Moyen Atlas se prolonge sous le bassin et correspond au substratum anté-Néogène dont les accidents ont rejoué en déterminant toutes les flexures de direction SW-NE. Le Prérif, ou plus précisément la tectonique rifaine, crée toutes les flexures de direction SE-NW.

SILLON

CAUSSE DU

Le substratum anté-Néogène est formé essentiellement par le Lias calcaire et dolomitique, les argiles bariolées du Trias ou les schistes du Primaire, suivant l'importance de l'érosion et les lacunes de sédimentation. Le Lias du Causse moyen-atlasique s'enfonce progressivement sous le bassin de Meknès-Fès, vers le N. Il est affecté par des failles et des flexures. La description de cette unité sera détaillée dans l'étude de l'aquifère profond. Explorée par de nombreux sondages et plusieurs campagnes de géophysique, la structure du Néogène est connue avec une bonne précision. Présents dans tout le bassin les dépôts du Néogène sont très puissants le long de la grande dépression synclinale qui jalonne les rides prérifaines au N du bassin (subsidence qui se poursuit encore) ; leur toit s'abaisse progressivement du S au N avec une pente moyenne de 2 %. Toutes les flexures affectant le Pliocène et visibles en surface dans la plaine, se retrouvent dans les marnes miocènes sousjacentes. Elles sont le résultat du rejeu des accidents du substratum anté-Néogène. D'autres flexures qui sont en disharmonie avec la structure du socle ont subi l'influence de la tectonique rifaine, notamment la flexure d'Aïn-Taoujdat. Le redressement brutal du Néogène à la limite nord du bassin, au contact des rides prérifaines, est marqué par des fractures et des plis déversés.

RIDES

SUD - RIFAIN

MOYEN ATLAS

Source froide bicarbonatée trés peu minéralisée

Source thermale bicarbonatée Peu minéralisée

1

2

Source Hyperthermale Sulfureuse Trés minéraliée 3

J.TRATT 900

PRERIF

PRERIFAINES

FES

SE

NW

600

NAPPE PRERIFAINE

300 - 0 300 600 900

MIOCENE - Marnes

1200

DOGGER -

Marno-calcaire et marnes

1200

LIAS -

Calcaires et dolomies

TRIAS -

Argiles, gypse, sel

FIG. 9 — Coupe géologique schématique du sillon sud-rifain passant par la ville de Fès, avec les différents types de sources de débordement (1), de flexure (2), de faille (3).

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

STRATIGRAPHIE Le Primaire affleure seulement au S du plateau de Meknès entre El-Hajeb et Agouraï, sous forme de schistes bruns, violacés, à intercalations de bancs gréseux. Le Trias connu en affleurement sur la bordure S-W du bassin se compose d'argiles gypsifères et de basaltes doléritiques dont la puissance peut dépasser 700 m. Le Lias inférieur et moyen, d'une puissance de 200 m environ, est formé de dolomies, de calcaires et de calcaires dolomitiques. Des séries schisteuses et marno-calcaires constituent le Lias supérieur mais sont souvent absentes en profondeur, principalement vers le S. Le Miocène du bassin n'est représenté que par le Tortonien. La série débute par des calcaires gréseux à l'W et des molasses au S, se poursuit ensuite par des marnes blanches puis se termine par des grès et des marnes bleues. Le Miocène peut atteindre une puissance de 1000 m à la verticale de Fès; il se termine

43

par un faciès gréso-sableux peu épais (30 à 50 m) dit « sahélien » et rapporté au Pliocène. Au Pliocène et au Villafranchien se déposent : des calcaires lacustres, des poudingues et des sables fauves, trois faciès des dépôts du bassin lacustre de Meknès-Fès. Dans la plaine du Saïs les calcaires et marne-calcaires (craie) lacustres, d'une puissance de 60 à 100 m reposent directement sur les marnes bleues du Tortonien ou sur les marnes gréseuses du Sahélien. Dans la partie orientale ils passent latéralement à des poudingues ; sur le plateau de Meknès, leur épaisseur moyenne est de 20 m et ils recouvrent les sables fauves, ou s'interstratifient dans ces sables et ces poudingues, lesquels sont des dépôts fluviatiles. Le Quaternaire est représenté par des dépôts variés: cônes de déjection et d'éboulis au pied du Causse moyen-atlasique, travertins d'El-Hajeb, de Sefrou, de la médina de Fès, limons et croûtes calcaires, dépôts marécageux (en particulier dans la région de Douyet) et coulées basaltiques sur la bordure et sur le Causse moyen-atlasique.

Climatologie Les principaux renseignements climatiques concernent les stations de Fès, Meknès, Aïn-Taoujdate dans la plaine et El-Hajeb, Sefrou, Immouzzer du Kandar sur la bordure sud (fig. 10). PRECIPITATIONS Les données sur les hauteurs moyennes mensuelles et annuelles sont calculées sur la période de 1933 à 1963. Dans tout le bassin les régimes des pluies sont très voisins : fortes pluies d'automne et de printemps, minimum relatif en hiver et pluies presque nulles en été. La variabilité interannuelle est plus forte à Sefrou qu'à Fès ou Meknès où les écarts à la moyenne sont respectivement de 70, 46 et 57 %. La hauteur de pluie moyenne annuelle croît de 483 mm à Aïn-Taoujdate, à 573 mm à Fès, 573 mm à Meknès, 654 mm à Sefrou et 660 mm à El-Hajeb. L'indice pluviométrique moyen pour l'ensemble du bassin, calculé par la méthode des isohyètes et celle de. Thyessen est proche de 540 mm/an. Compte tenu du petit nombre de stations servant de base au calcul, on peut considérer que l'erreur est d'environ ± 10 %, ce qui donne un indice compris entre 490 et 590 mm/an,

soit environ 500 à 600 mm/an. Le nombre de jours de pluie varie en moyenne entre 57 pour Aïn-Taoujdate et 70 pour Fès (valeurs extrêmes). Les précipitations journalières et mensuelles sont maximales en novembre et décembre, et minimales en août. TEMPERATURES LIRES Les principales données sur la température dans le bassin de Meknès-Fès sont reportées dans le tableau de la figure 10. Les températures sont assez constantes dans l'ensemble du bassin mais légèrement plus élevées dans le Saïs que sur le plateau de Meknès. Les mois les plus chauds sont juillet et août où les moyennes des maxima extrêmes se situent entre 42,7° et 45,5°C tandis que les moyennes des minima extrêmes se situent en janvier et février, mois les plus froids, avec des valeurs comprises entre 0,5 et -2°C. EVAPORATION Les mesures de l'évaporation au bac Colorado ou au Piche sont trop irrégulières et trop peu nombreuses pour être retenues.

44

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

CLIMATOLOGIE 1933-1963 8 - COULOIR DE TAZA ET PLAINE DE FES-MEKNES

MAROC ATLANTIQUE

Nom de la station

Réseau

Situation dans le bassin

Coordonnées

Altitude

Pluviométrie moyenne (mm) S

O

N

D

TAZA

SMN

510

34° 13’

4° 01'

est

99

98

100

69

48

9

4

5

14

48

79

126

699

TAHALA SIDI JLIL KOUMMYA FES AIN TAOUJDATE MEKNES EL KANSERA

MI MI MI SMN MARA SMN ONE

500 205 600 415 550 550 90

34° 04' 34° 06' 34° 00' ’ 34° 02 33° 55’ 33° 53’ 34° 02'

4° 27' 4° 35' 4° 43' 5° 00’ 5° 16' 5° 32' 5° 55'

sud-est sud-est centra centre centre centre nord-ouest

74 63 87 79 67 85 60

70 60 72 65 58 68 48

81 69 88 80 66 73 52

58 52 72 65 49 56 40

37 33 45 41 31 37 25

11 10 13 11 11 9 8

0 0 2 1 1 4 1

2 2 2 2 2 2 2

12 12 16 14 14 12 9

48 42 50 45 38 50 38

79 66 81 74 64 74 64

111 92 105 96 82 103 77

583 501 633 573 483 573 424

Lat .N.

Long.W.

J

F

M

A

M

J

J

A

Ann.

Moyennes des températures maximales et minimales (°C) et minimales

Nom de la station

JANV. Max.

FEVR.

Mini. Max.

TAZA FES AIN TAOUJDATE MEKNES

14.1 15.2 16.1 14.8

4.2 4.5 3.8 4.9

16.0 17.2 17.9 16.8

EL KANSERA

17.4

6.8 19.4

MARS

Mini. Max.

5.1 5.4 4.2 5.5

18.4 19.6 20.6 19.2

7.3 22.2

AVR.

MAI

MIni Max. Mini. Max.

7.6 7.6 6.3 7.5

21 .0 22.2 22.7 21.6

9.5 9.4 7.8 9.0

Mini.

JUIN Max

JUIL.

J

SEPT.

OCT.

Mini.

Max. Mini. Max. Mini. Max.

24.6 12.0 30.7 15.6 37.1 25.5 11.7 30.8 15.0 35.7 26.2 9.0 31.2 12.9 35.7 24.6 11.3 29.5 14.3 33.9

18.9 18.0 15.4 17.1

37.0 38.7 35.4 33.8

9.1 24.9 11.0 27.7 12.9 32.0 15.8 36.1

O

31 .4 31.4 31.4 30.0

16.9 16.1 13.9 15.4

24.8 25.7 26.8 25.0

Classification Thornthwaite N

D

13.0 12.6 11.3 12.3

ETR (mm)

Ann.

Indice global

Type climatique

DEC.

Mini. Max.

18.8 20.0 21.2 19.6

8.6 8.6 7.5 8.7

14.8 15.9 17.1 15.7

10.6 18.4

5.5 5.7 4.7 6.2

24.1 11.3 24.6 11.1 25.2 9.4 23.7 10.8

6.2 26.5 12.4

Evaporation mesurée

Evaporation d'après Turc (mm)

Année

Mini. Max. Mini.

(P=Piche B=Bac) (mm) Période Quantité

F

M

A

M

J

J

A

9.2

10.6

13.0

15.2

18.3

23.2

20.0

28.0

24.2 18.9

13.7 10.2

17.7

420

- 4,5

FES AIN TAOUJDATE MEKNES

9.8 10.0 9.6

11.3 11.0 11.2

13.6 13.4 13.4

15.8 15.2 15.3

18.6 18.0 18.0

22.9 22.0 21.9

26.8 25.6 25.5

27.0 25.6 25.7

23.8 19.2 22.6 19.0 22.7 18.6

14.3 14.4 14.2

10.8 10.9 11.0

17.8 17.3 17.3

420 390 430

- 18,3 - 22,5 - 12,7

C1 B’3 sb'4 DB'3 sa’ C1 B’3 sa’

520 450 510

1980 (P) 1600 (P)

1952-1961

EL KANSERA

12.1

13.4

15.6

18.0

20.3

23.9

27.0

27.2

24.8 21.2

16.5

13.3

19.4

420

- 35,5

DB'4 da'

420

1790 (E)

1957-1964

TAZA

S

39.1 15.2 15.7 17.6

NOV.

Mini Max.

18.0 36.1 18.4 32.8 16.7 28.3 14.0 22.4

Moyennes des températures moyennes (°C)

Nom de la station

AOUT

Mini. Max.

C1 B’3 s2 b'4

600 1952-1961

FIG. 10

Le calcul de l'évapotranspiration théorique par la méthode de Thornthwaite permet d'obtenir des

J Evapotranspiration potentielle en mm Evapotranspiration réelle en mm

J

J

18 23 40 55 80 122

168

163

115

72 36 21

913

Meknès 20 24 39 53 76 112

149

147

'105

70 37 23

855

Fès

Fès Meknès

F

M

A

valeurs approchées qui figurent ci-dessous (période 1933-1963) :

M

A

S

O

N

D

Année

18 23 40 55 80

71

2

1

13

51 36 21

411

20 24 39 53 76

74

173

1

11

64 37 23

425

L'évapotranspiration moyenne réelle calculée ainsi dans le bassin de Meknès-Fès serait comprise entre 400 et 450 mm/an ce qui représente sur la superficie totale (2 100 km2) un volume de 800 à 900 Mm3 /an, assimilable à un déficit d'écoulement moyen. Le climat de la région de Meknès-Fès peut être

considéré comme semi-aride à hiver tempéré, mais à régime semi-continental ; les caractères d'aridité et de continentalité sont plus accusés à Aïn-Taoujdat. L'indice global de Thornthwaite varie de - 18,3 à - 12,7 entre Fès et Meknès. L'amplitude thermique extrême décroît de 31,5°C à 29,8°C entre ces deux villes.

45

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

Hydrologie (fig. 11) — Mikkés atteint 1 300 km2 dont 600 dans le Saïs ou le plateau de Meknès, — oued Fès dont la superficie totale est de 700 km2, 375 km2 étant dans le Saïs.

L'oued El-Kell affluent du Beth, le R'Dom et les affluents rive gauche du Mikkés drainent le plateau de Meknès, tandis que l'oued Fès et les affluents rive droite du Mikkès (N'ja, Atchane) collectent les eaux du Saïs. Tous ces oueds sont des affluents du Sebou. Ils coulent généralement du SSE au NNW, excepté l'oued N'ja qui a une direction générale E-W et l'oued Fès qui coule W-E. Ces deux derniers ont des bassins versants presque exclusivement alimentés par la pluie tombée sur la plaine et par les sources issues des aquifères du bassin, tandis que lés autres oueds ont presque tout leur hautbassin situé dans le Causse moyen-atlasique.

Le Sebou lui-même draine 150 km2 du Saïs par l intermédiaire d'affluents secondaires à écoulement très sporadique. '

La pente moyenne des cours d'eau est généralement comprise entre 2 et 3 % dans le plateau de Meknès et dans la partie sud du Saïs. Elle est par contre beaucoup plus faible pour les oueds Fès et N'ja dans la partie basse du Saïs où elle ne dépasse pas 0,5 %.

La superficie totale des cinq bassins versants principaux est d'environ 3 800 km2, dont 1 700 km2 pour les bassins versants dominant le plateau du Moyen Atlas et 2 100 km2 représentant la surface drainée sur le plateau de Meknès-Fès. La répartition de ces cinq bassins est la suivante : — El-Kell couvre une superficie totale de 740 km2 dont 390 sur le plateau de Meknès. — R'Dom couvre une superficie totale de 1 100 km2 dont 390 sur le plateau de Meknès,

Les cours d'eau sont très encaissés dans le plateau de Meknès (40 à 100 m au-dessous de la surface structurale) ce qui explique l'apparition de nombreuses petites sources en bordure des vallées. Ils sont peu encaissés dans le Saïs, sauf dans les zones de flexures qui ont provoqué la surimposition des vallées (BouR'Keiss sur la flexure de Ras-el-Ma par exemple) mais ont une action drainante plus marquée que dans le plateau de Meknès. MOULAY YACOUB

520

530

540

Ou ed

510 O.

Se b

FES

s ke Nik

BASSIN DE MEKNES - FES

Fes

Bourkri

AÏN TAOUJDAT 370

77/14

255/15

76/15

O.

O

el

257/15 869/15

Ke ll

uis

O .

Kouchlane

el

m Se did a Gn ao u

Bou

116/22

HAJ KADDOUR

112/22

Bo u

O.

Fekrane

Regraga

530

115/22

123/22 121/22

152 / 15 Source et n° I.R.E Trop-plein des eaux du Lias

106/22

108/22 107/22

114/22 110/22

130/22

350

9/22

Lo

Artnat

O.

525/22

O.

ula

phréatiques

8/22

Oued perenne

131/22

Prise d'eau partiteur Limite de la nappe phréatique Zone marécageuse - étang

fa li De

EL HAJEB

124/22

les calcaires lacustres Sources de déversement des eaux

109/22

127/22

O.

126/22

Emergence des eaux de Lias dans Emergence des eaux phréatiques

Oued

BOUFEKRANE

540

LEGENDE

360

119/22

113/22 120/22

Cheggag

42/15

am a

Dayet la

O.

360

AÏN CHEGAG O. Ma dh

O.

SEBAA AIOUN 2195/15 254/15 256/15

370

52/15

54/15

917/15

O. Bitit

MEKNES

AÏN LORMA

248/15

121/15 48/15

51/15

360

Oued

697/15

O.

822/15

O. Hanrar

Madhoume

878/15

h

2194/15

380

Chkef

500

119/15

O.

490

38/15

Nja

O.

Sejra

694/15

O.

O.

480 Fre

DOUYET

159/15

916/15 819/15 Oued

872/15 470

O.

1179/15 125/15

380

O. S men e

COURS D'EAU PERENNES ET PRINCIPALES SOURCES

Limite de bassin versant

340

340

0

AGOURAÏ 470

480

490

500

FIG. 11

510

520

ou

2055/15

10 Km

46

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Il existe deux « lacs » temporaires situés dans le Saïs : — le dayet El-Kochtam à 7 Km au N de l'AïnBittit, temporaire, est situé dans une zone semifermée, sur un substratum marneux imperméable ; — l'étang de Douyet à 10 Km à l'W de Fès correspond à une cuvette synclinale subsidente, comblée par des dépôts quaternaires limoneux, très peu perméables, qui rendent captive la nappe des calcaires lacustres. La superficie de ce lac atteint 100 ha en hiver. Les cours d'eau sont fortement tributaires des sources qui les alimentent. Les sources les plus importantes sont les exsurgences du Lias sur le rebord du Causse (Aïn-Bittit, Aïn-Aguemgam, Aïn-Sebaa...), et les émergences de la nappe des calcaires lacustres sur les lignes de flexures importantes (Aïn-Chkeff, Aïn-RasEl-Ma, Aïn-Amelal..), celles-ci étant partiellement

réalimentées par la nappe profonde du Lias. Les émergences des calcaires lacustres dans les parties basses du Saïs ou en bordure des oueds peu encaissés (ex. l'Ouislam, affluent du R'Dom) drainent la nappe. Les sources de déversement des formations lacustres ou pliocènes sur les versants des thalwegs encaissés sont nombreuses, en particulier dans l'oued El-Kell et ses affluents, mais elles ont généralement de très faibles débits. Les principaux cours d'eau pérennes sont au nombre de six dans le bassin de l'oued Fès, de quatre dans le bassin du Mikkés, de six dans le bassin du R'Dom. L'oued El-Kell s'assèche parfois en été, malgré l'apport des sources de déversement. Les trois principaux oueds (Fès, Mikkès, R'Dom) drainent à eux seuls l'ensemble des sources non captées et les débits perdus par la nappe. Le bilan hydraulique des cours d'eau dans la plaine pour une année moyenne théorique (hauteur de pluie de 573 mm) est le suivant : m3 /s

%

1 200

38

100

Ruissellement de ta pluie

70 à 190

2à6

6 à 16

Infiltration

170 à 185

5à6

14 à 15

Evapotranspiration

960 à 825

26 à 30

80 à 69

Mm3 / an

Unités (valeurs arrondies) Pluie sur le bassin lacustre

Les valeurs du coefficient de ruissellement ont été obtenues en analysant les courbes des débits annuels des années hydrologiques 1965-66 à 1969-70 ; la variabilité constatée est principalement due à la plus ou moins grande fréquence des débits jaugés. Celles Facteur de l'écoulement

Ruissellement de la pluie sur la plaine

en % en Mm3 / an

28 70 à 190

du coefficient d'infiltration sont déduites de l'analyse des périodes de recharge de la nappe (analyse des diagrammes de variations piézométriques). La répartition des différents facteurs d'écoulement de l'année moyenne théorique est la suivante :

Drainage par Les oueds

25

Apports des oueds à l'amont de la plaine

Ecoulement à l'aval

17

170 à 220

60 à 75

100 350 à 420

N.B. Les écarts de chacun des facteurs n'étant pas indépendants les uns des autres, l'écoulement total n'est pas tout à fait la somme des valeurs extrêmes des facteurs partiels. En outre, le drainage par les oueds inclue indirectement des apports souterrains depuis la nappe profonde du Lias.

Le volume drainé par les cours d'eau pendant l'année à hauteur de pluie minimale (3/1962 -3/1963) est de

l'ordre de 70 à 90 Mm3 /an, correspondant à un volume de pluie tombée sur la plaine de 680 Mm3 /an.

470

480

490

500

510

520

530

540

PLAINE DE MEKNES-FES

FES 450

Carte hydrogéologique, relevés piézométrique de 1967

O. Nja

O. Sejra

ia O. Sidi Aïn Oulad

Hamam

O. el Atchane

C

K

370 Aïn Bou R'krit Aïn el Beida Aïn Ablouz

Gnaou

Rkaiz bo u

750

Fekrane

Jhal

N'

hkett

M'

Aïn Atrous

A'

Aïn Ribaa

u

L'

Aïn Agouengam

O. Defali

O.

K' 700

Aïn Seba Aïn S'Lmir

Puits Forage

bo

Kell O. el

Aïn Akkous

O.

J'

Forage artésien Source

0 45 Courbe pièzométrique (équidistance 50m) Limites latérales des panneaux hydrauliques (utilisées pour les calculs de débits defronts de nappes ) Faille

Aïn Arthat

X' 750

ial

ja ou O. L o reb Sa

O.

W'

Am e llah

Zone où le substratum miocène est au dessus du niveau piézomètrique

O. D

O. O uc

O. Bitit

Aïn Bitit

0 80

Idder

Z'

Aïn Hijja

Aïn Jaoui

650 Y'

700

C' B'

650

360

D'

600

Aïn Cheggag

Aïn Aouire

Aïn Si Chafi

T'

Q' P'

it

O.

bou

am

V'

Aïn du Ksir

ida Djid

isl Ou O.

ou O. b

Z

O.

O.

U'

O. Sebah

O. Ti s gu

E'

R' 550

Y''

550

N

Aïn Taoujdete

H'

G'

ll Ke

Ro ma ne

Aïn Chkeff

Aîn Amellal

MEKNES

bo u

500

L

F'

O.

380

P 450

Aïn Smène

450

el O.

Aïn Amier

Aïn Res el Ma

D

B

H G

E A

om O. Rd

Frah O.

O. bo u

O. Mk es

bil

s Fe

arez O. M

O. Ch e

O.

Aïn Jouaou

O. bou

Fekrane

D'APRES J. CHAMAYOU et C. LECLERC

Aïn Senne

Marnes bleues Aïn Maarouf

El Hajeb

800

850

Schistes, argiles, dolérites

Primaire

Sables, conglomérats, calcaires lacustres, limons, croûtes

Quaternaire et

Travertins

Plio- Villafranchien

Calcaires gréseux et mollasses

Miocène transgressif

Calcaires et dolomies

Lias

Limite S. de l'extension du Tortonien (Marnes bleues)

FIG.12

Miocène (Tortonien )

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

47

Hydrogéologie Les études hydrogéologiques du bassin de MeknèsFès débutent en 1929 par celles de P. Russo à l'occasion de diverses interventions particulières. Puis à partir de 1947, dans le cadre du Centre des Etudes Hydrogéologiques, J. Margat et P. Taltasse entreprennent l'étude systématique de ce bassin, les nombreuses informations recueillies aboutissant à la publication en 1960 de la carte hydrogéologique au 1/100 000 de J. Margat. Puis successivement de 1958 à 1968, G. Chapond, J. Chamayou et C. Leclerc ont rassemblé de nouvelles données : caractéristiques hydrodynamiques, fluctuations piézométriques, mesures systématiques des débits des sources et des cours d'eau aux limites du système aquifère. Ces informations ont permis d'établir un bilan général des ressources en eau du bassin et de définir, pour le Projet Sebou (Projet de mise en valeur intégrée du bassin du Sebou, Gouvernement MarocainFAO, 1963-1968), les ressources naturelles renouvelables dans l'ensemble du bassin de Meknès-Fès. Par la suite ce bilan a pu être affiné grâce à la poursuite jusqu'en 1971 des séries de mesures hydrologiques. STRUCTURE HYDROGEOLOGIQUE On distingue deux réservoirs aquifères importants : la nappe profonde du Lias et la nappe phréatique qui circule dans les formations lacustres du PlioVillafranchien. Les eaux infiltrées sur le Causse dans les calcaires dolomitiques du Lias, alimentent une nappe libre dans le Causse et en bordure du bassin de MeknèsFès ; cette nappe s'enfonce ensuite sous les terrains imperméables du Tertiaire et constitue la nappe captive profonde sous la plaine ; cette nappe peut communiquer directement par des flexures, ou indirectement par drainance, avec la nappe phréatique des calcaires lacustres qui constituent le réservoir le plus accessible du bassin de Meknès-Fès (fig. 9). LA NAPPE PHREATIQUE (fig. 12) Elle se manifeste par de nombreuses sources et a été reconnue par près de 100 forages dont 25 l'ont traversé et atteignent la nappe profonde. Dans le domaine du plateau de Meknès, la nappe circule principalement dans les sables, les grès et les conglomérats du Sahélien et du Pliocène et localement dans les calcaires lacustres lorsque les conditions topographiques et structurales s'y prêtent ; parfois, on distingue plusieurs couches aquifères isolées par des passées argileuses ou marneuses. Dans la plaine du Saïs, les sables et grès du Pliocène de faciès dit « sahélien », recouverts par les calcaires lacustres, s'étendent jusqu'au Bou-R'Keiss à l'E et sous la vallée

beaucoup plus faible de l'oued N'ja. Leur épaisseur, que dans le plateau de Meknès, va en diminuant d'W en E et ne dépasse pas trois mètres près de Ras-ElMa. Plus à l'E, ils disparaissent et les calcaires lacustres reposent directement sur les marnes bleues du Tortonien. Dans le Saïs E, les calcaires lacustres passent latéralement à des conglomérats qui reposent aussi directement sur les marnes bleues. Dans le Saïs N, en particulier dans la basse plaine de Douyet, la nappe circule dans une série de remplissage, d'âge quaternaire, qui peut atteindre 70 m d'épaisseur. Ces dépôts argilo-sableux deviennent parfois franchement marneux et provoquent la mise en charge de la nappe phréatique. Les marnes du Tortonien, très faiblement perméables suivant leur épaisseur (elle peut atteindre 900 m), constituent la séparation entre la nappe libre et la nappe captive profonde. La puissance de l'aquifère est essentiellement fonction du modelé du toit du Miocène, les épaisseurs les plus importantes se trouvant au droit des cuvettes miocènes (entre AïnLorma et Bou-Fekrane, région de Douyet, au N d'AïnChegag), mais cette épaisseur est comprise entre 10 et 20 m sur plus de 1 200 km2 (60 % de la superficie totale). Dans la plus grande partie du bassin, la nappe libre se situe à une profondeur moyenne comprise entre 10 et 30 m. Dans la plaine de Douyet, au nord d'Aïn-Taoujdate et en bordure du Causse entre AïnBittit et Aïn-Chegag, cette profondeur est inférieure à 10 mètres ; la nappe peut affleurer et créer des étangs temporaires après de fortes recharges, comme au dayet El-Kochtam. La surface de la nappe est en général plus profonde dans le plateau de Meknès où les niveaux piézométriques peuvent se situer à plus de 70 m sous le sol (région d 'Haj-Kaddour et à l'Ouest d'El-Hajeb). La surveillance de 120 puits témoins depuis 1955 a permis de constater que : — les fluctuations annuelles de la nappe suivent grosso modo celles des précipitations, avec un retard de un à trois mois dans la plaine du Saïs, et de un à deux mois dans le plateau de Meknès, — la hauteur moyenne annuelle de fluctuation est de 2 m. Les plus fortes amplitudes s 'observent dans les conglomérats pliocènes du Saïs-Est et sur la bordure sud du plateau dans la région de Meknès, c'est-à-dire dans les zones les plus éloignées de limites d'émergence et de plus forte alimentation, comme il se doit logiquement.

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

L'étude des caractéristiques hydrauliques au moyen d'essais de pompage montre que les terrains aquifères sont très hétérogènes. Les valeurs de la perméabilité sont comprises entre 1.10-5 et 5.10-3 m/s, tandis que celles de la transmissivité sont comprises entre 2.10-5 et 1.10-1 m / s . Ces diverses valeurs sont dispersées et on ne peut attribuer une gamme bien définie aux différents faciès lithologiques. Le coefficient d'emmagasinement varie entre 1.10-3 et 6,5.10-2. Le volume des terrains aquifères étant de l'ordre de 45 milliards de m3, le volume de la réserve d'eau totale serait de 650 à 1 300 millions de m3 (coefficient d'emmagasinement moyen de 1,5 à 3.10-2), total très modeste pour une superficie de 2 100 Km² et de surcroît très inégalement réparti selon les secteurs du bassin (le synclinal du Saïs nord en renfermant la plus grande part). La température des eaux a été relevée mensuellement sur 120 puits témoins de 1955 à 1963, elle suit sensiblement les fluctuations de la température atmosphérique. Les extrêmes sont de 23 et 13°C suivant la situation et la profondeur de la nappe. Les écarts annuels le plus forts sont accusés dans les zones où la nappe est proche du sol et les plus faibles dans les zones de grande profondeur de la nappe. Les températures minima s'observent au moment des fortes

recharges d'automne ou de printemps, avec un retard de un à trois mois sur les pluies. En comparaison avec beaucoup de nappes libres du Maroc, ce qui caractérise avant tout les eaux du bassin lacustre de Meknès-Fès, c'est leur minéralisation exceptionnellement faible qui est souvent inférieure à 0,5 g/l et dépasse rarement 1 g/l. Seules les zones où la nappe est peu profonde et subit ainsi une évaporation intense, ont une concentration qui peut atteindre 2 à 2,5 g/1. C'est en particulier le cas de la plaine de Douyet où la nappe se situe à moins de 10 m de profondeur. Les zones à l'aval de la nappe ont aussi des eaux plus concentrées en sels, ce qui est normal. Par contre à l'amont et au pied de la flexure d'Aïn-Taoujdate, la nappe est diluée par les apports de la nappe du Lias dont l'eau est plus douce. La concentration des eaux varie aussi en fonction de la lithologie des aquifères qui, par leurs perméabilités différentes, provoquent une circulation plus ou moins lente de l'eau et une dissolution de sels variable.

550

385

Vers Moula y

20 15 10

Yacoub

V er s

Fes 5

5

Vers Sid

5

i Kacem

Douyet

5

10 380 es ekn sM Ver

15

10

325

20

15 20

Sources

Résidu sec à 180 °C entre 0 et 500 mg/l

Puits ou sondages

Résidu sec à 180 °C entre 500 et 1000 mg/l Résidu sec à 180 °C entre 1000 et 1500 mg/l

Courbe isobathe

10

Résidu sec à 180 °C entre 1500 et 2000 mg/l Résidu sec à 180 °C entre 2000 et 2500 mg/l

FIG.13 — Nappe phréatique du plateau de Meknès-Fès (région de Douyet), isobathes et isocônes de l'eau exprimées en résidus secs à 180°C.

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

Les eaux des calcaires lacustres sont les moins chargées en sels (0,2 à 0,4 g/l) ; suivent ensuite celles des grès et sables du Pliocène (0,4 à 0,8 g/l) et enfin les eaux des alluvions du Quaternaire (0,5 à 1,5 g/l). Les eaux de la nappe sont bicarbonatées calciques et magnésiennes et très légèrement chlorurées sodiques. Ces faciès caractérisent les formations lacustres et, à un moindre degré, les grès et les sables du Pliocène. Les eaux sont généralement basiques et incrustantes par suite de leur forte teneur en carbonates. Les rapports rSO4/rCl augmentent de 0,2 à 1,5 avec les concentrations par évaporation ou avec la lente circulation des eaux dans les formations peu perméables. La dilution par apport des eaux du Lias ne modifie guère les faciès normaux car les eaux sont aussi bicarbonatées calciques et magnésiennes. Le degré hydrotimétrique des eaux de la nappe libre est assez élevé : 30 à 33 dans les calcaires lacustres et les grès du Pliocène, 35 à 40 dans les conglomérats du Saïs E, 40 à 50 pour les eaux du Quaternaire (région de Douyet). Ce sont donc en général des eaux bonnes pour l'alimentation mais assez mal adaptées à l'industrie parce que trop incrustantes. Pour l'irrigation, la qualité des eaux est généralement excellente, exception faite pour celles de Douyet plus alcalines et qui ne devraient être utilisées que mélangées aux eaux de surface ou en alternance avec celles-ci. Dans l'ensemble, les caractéristiques chimiques de l'eau conviennent à l'irrigation des cultures les plus variées, sans problème de drainage ou de lessivage des sols. HYDRODYNAMIQUE DE LA NAPPE LIBRE Afin de déterminer l'ordre de grandeur des écoulements souterrains dans le bassin de Meknès-Fès, une approche par calcul manuel par front de nappe avait été réalisée en 1966-67. C'est ce calcul qui est reproduit cidessous, avec toutes ses extrapolations et imprécisions dans le détail ; il est évident que les méthodes de calcul automatique disponibles maintenant permettraient de bien meilleures approches. Néanmoins, les résultats déduits de cette méthode étaient suffisants dans leurs ordres de grandeur et les conclusions auxquelles ils conduisent pour ne pas nécessiter jusqu'à présent une reprise de l'étude. Calcul des débits par front de nappe L'écoulement dans une nappe obéit à la loi de Darcy, exprimant que le débit est proportionnel à la perméabilité, à la section traversée et au gradient hydraulique (ou pente de la surface. piézométrique) ; la relation est de la forme : Q = K. b. l. i. = T . l . i .

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Q : débit en m3/s K : perméabilité en m/s T : transmissivité en m2/s (T = K. b.) b : épaisseur de l'aquifère en mètres l : longueur en m de la courbe équipotentielle limitée par deux lignes de courant i : gradient hydraulique ou pente de la nappe. Le schéma de calcul des débits d'écoulement d'une zone donnée est le suivant, en régime permanent: — détermination de limites latérales de panneaux hydrauliques par des lignes de courant ; les panneaux constituent un découpage arbitraire du système aquifère en zones homogènes ou séparées par des lignes de partage des eaux, — calcul du débit d'écoulement le long d'une courbe isopiézométrique à l'amont de la zone étudiée, connaissant les gradients hydrauliques et les transmissivités dans des puits ou forages, — calcul du débit d'écoulement le long d'une courbe isopiézométrique à l'aval de la zone étudiée (ou suivant une courbe intermédiaire), — connaissant les apports extérieurs (infiltrations dues à la pluie, aux irrigations) ou les prélèvements (pompages), on vérifie aux approximations près la cohérence des résultats obtenus ci-dessus en estimant que les variations de réserves sont négligeables. Cette méthode nécessite la connaissance aussi précise que possible de la surface piézométrique et des valeurs de la transmissivité. Dans le cas de la plaine de Meknès-Fès, la carte piézométrique est en général de bonne qualité, mais les valeurs des transmissivités, assez dispersées à l'échelle de toute la plaine, sont beaucoup plus homogènes le long d'une même courbe isopiézométrique. Les résultats obtenus, bien que peu précis, sont assez cohérents globalement. La plaine de Meknès-Fès a été subdivisée en panneaux hydrauliques dont les limites correspondent à des lignes de courant de la nappe. Ces panneaux apparaissent sur la carte piézométrique (fig. 12). Dans le plateau de Meknès, trois panneaux principaux : celui d'El-Kell, de Meknès centre, et de Meknès Est ont été délimités. Dans le Saïs, trois panneaux inégaux : le Saïs Ouest, le Saïs centre et une petite unité correspondant aux conglomérats : le Saïs Est, ont été également distingués.

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

1. Ligne piézométrique amont 550 m, points NàP(1) T = 1,65.10-2 m2/s (puits 2 096/15) l = 7 500 m i = 2.10-2, soit Q = 0,250 m3/s. A l'amont de l'isopièze 550, un haut bassin

Le Saïs Est (fig. 15), forme une unité lithologique qu'il est préférable de traiter à part. Sa superficie ne dépasse pas au total 120 km2. Elle a la forme d'un trapèze dont la grande base se situe au pied du Causse alors que la petite base est sur la courbe isopiézométrique 400, à proximité de Fès. DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU

D'après H. SCHOELLER

Rés. sec

et E. BERKALOFF Figuré

Ca + +

Mg + +

+ Na + K +

1/? à 25°C

Teneurs en mg/l

à 180° C

n° IRE

SO --

Cl -

mg/l

4

10 000

dh mmhos ° fr /cm

pH

10 000

10 000

milliéquivalents

10 000

23/15 1270

485

1012/15 650

38

255/22

650

34

48/15

360

29

100 1 000

-CO 3 combiné -( CO3 + HCO 3 - ) 1 000

milliéquivalents

1 000 NO 3 1 000 1 000 1 000 1 000

du

100

100

Eau

100 des cong lomé ra

ts

t oue de D aire tern qua

E au

10

10

100

100

grès des Eau

100

1

100

1

10

Eau des

10 10

calca

10

lac ires

10

10

s ustre

0.1

10

10

0.1

FIG. 14 — Plateau de Meknès-Fès, types d'eaux souterraines de la nappe phréatique, influence de la lithologie.

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BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

trapézoïdal de 60 km2 constitué de cônes de déjection, est propice à l'infiltration de la pluie ou des eaux d'irrigation. La hauteur de pluie près d'Aïn-Chegag est proche de 600 mm/an au cours d 'une année moyenne théorique. Pluie totale : 60 km2 x 0,600 m = 36 Mm3. Pluie infiltrée : 15 % (au plus) = 5,5 Mm3 soit 0,170 m3/s environ Irrigation de l'ordre de 0,100 m3/s environ Eau d 'irrigation infiltrée (20 à 30 %), ce qui représente 0,02 à 0,03 m3/s environ ( 2 ) Total des apports superficiels : 0,190 à 0,200 m3/s. Les débits sur la ligne isopièze amont peuvent s 'expliquer uniquement par les infiltrations superficielles. Les apports profonds seraient faibles ou négligeables dans cette zone. 2. Ligne aval 450 (OR) ( 1 ) T =4.10 -4 m2/s d'après le puits 1 165/15, l = 6 000 m i = 2.10 -2, soit Q = 0,05 m3/s Entre les lignes 550 et 450 il se perdrait 0,2 m3/s environ malgré les apports de la pluie et des eaux

d'irrigation sur 70 km2, apports qui compensent largement les pertes par évapotranspiration. La valeur de T, calculée sur un seul essai de débit, est en fait sujette à caution. Deux autres puits testés respectivement à 3 et 5 Km à l'Ouest du puits 1 165/15 ont donné des valeurs de T extrêmement mauvaises. La source en aval de la ligne (Aïn-Amier) débite à elle seule 0,1 m3/s qui s'ajoutent au drainage de l'oued Maarez, au moins égal à cette valeur. On est donc très proche des valeurs de la ligne 550 en tenant compte des débits de la source et du drainage de l'oued. En conclusion, le débit souterrain de ce panneau est de l'ordre de 0,20 à 0,25 m3/s, ce qui correspond à un débit par kilomètre de front de 30 35 l/s. Ce débit provient en quasi totalité des infiltrations des eaux de pluie et d'irrigation.

(1) (2)

Position de ces points sur la figure 12. Le coefficient d'infiltration à partir des irrigations est généralement plus élevé qu'à partir des eaux de pluie car les eaux sont épandues sur des superficies plus limitées, en quantités supérieures à celles des eaux de pluies tombées au cours d'une averse.

Aïn Amier 0,1 m³/s

O. Maarez 0,1 m³/s

0,20 m³/s

Isopièze 450

Infiltrations Pertes par pluie - irrigation

évapotranspiration

0,2 m³/s

Isopièze 550

0,25 m³/s

Infiltrations pluie - irrigation 0,2 m³/s

Causse

FIG. 15 — Saïs Est, schéma des débits d'écoulement

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Le Saïs centre est avec le Saïs Ouest la zone la plus complexe car c'est sur ces panneaux que les communications entre la nappe phréatique et la nappe profonde semblent les plus importantes. Les deux panneaux sont séparés par une crête hydraulique dans la région de Douyet où les eaux se partagent en deux zones de drainage E et W (oueds Fès et N'ja). On peut scinder ce panneau du S vers le N en trois secteurs : — le secteur amont entre le Causse et la ligne isopièze 500, — le secteur intermédiaire entre les lignes 500 et 400, — le secteur aval ou de drainage par l'oued Fès. 1. Secteur amont compris entre le Causse et l'isopièze 500 m délimitée entre K et M. (1) La superficie de cette zone est de 80 km2 environ. La hauteur de pluie moyenne près d'Aïn-Chegag et en bordure du Causse qui est de 600 mm environ (année moyenne théorique) correspond à un apport de 48 Mm3 /an. Les infiltrations de la pluie (15 %) sont de l'ordre de 7 Mm3 /an et représentent un débit fictif continu de 0,23 m3 /s environ. Les irrigations sur ce plateau calcaire par les séguias d'Aïn-Chegag (source du Lias) apportent 0,8 à 1,0 m3 /s ce qui permet d'estimer à 0.2 ou 0,3 m3 /s les débits infiltrés vers la nappe (coefficient d'infiltration 20 à 30 %). Au total les apports superficiels à la nappe représentent de 0,43 à 0,53 m3 /s soit environ 0,5 m3 /s que l'on doit retrouver sur la ligne aval (500). A ces apports s'ajoute un débit provenant de l'amont, dû à la continuité hydraulique entre le Lias et les formations lacustres, attestée notamment par la source AïnChegag. 2.

Débit le long de l'isopièze 500 (K, L, M)

(1)

Pour cette courbe il sera retenu deux modes de calcul ; l'un basé sur le débit total des sources situées à proximité, l'autre s'appuyant sur la formule : Q = K. A. i. où Q : est le débit exprimé en m3 /s, K : la perméabilité exprimée en m/s, A : la section en m, et i : le gradient hydraulique. Les forages 1828 et 1829/15 se situant dans une fosse, il est préférable d'utiliser la section car l'épaisseur de la nappe n'est pas uniforme sur toute la longueur de l'isopièze.

Débit sur le front de nappe : la section tracée d'après la carte des isopaches de la nappe entre les points L et M a une superficie totale de 600 000 m2 . La perméabilité moyenne du forage 1828/15 a pour valeur 3,4.10 -1 m/s. Le gradient hydraulique est égal à 1 . 4 . 1 0 -2 . La valeur de Q est 2,8 m3 /s. Entre K et L, le débit qui s'écoule doit sans doute être très faible, car l'Aïn-Bou-R'Keiss a déjà drainé la zone d'alimentation, en amont. Un ordre de grandeur de 3 m3 /s pour l'ensemble du segment K, L, M, pourrait être avancé en s 'appuyant sur les seules valeurs des forages 1828 et 1829/15. Débit total des sources : les débits de l'Aïn-Smène, d'Aïn-El-Beïda et d'Aïn-Chkeff, sources plus à l'aval de la courbe isopièze 500, sont de l'ordre de 0,8 à 1,2 m3 /s. Ce débit est très inférieur d'environ 2 m3 /s au débit calculé précédemment. Le calcul fondé sur une seule valeur de perméabilité est donc peu précis et dans ce cas surestimé. Les calculs du paragraphe suivant permettent d'évaluer le débit d'écoulement vers l'aval (au-delà des sources) à 0,5-0,6 m3 /s provenant de l'isopièze 500. Le débit d'écoulement souterrain le long de la courbe K.L.M. serait de l'ordre de 1,3 à 1.8 m3 /s et le débit total (y compris l'Aïn-Bou-R'Keiss) de 2 à 2,5 m3 /s. Conclusion. Entre le Causse et la ligne isopièze 500, les débits infiltrés à partir des eaux de pluies ou des eaux d'irrigation ont une valeur de 0,5 m3 /s environ. Sur l'isopièze 500, le débit total est de 2 à 2,5 m3 /s (y compris l'Aïn-Bou-R'Keiss) ce qui laisse supposer que de 1,5 à 2 m3 /s viennent par en dessous, à partir des eaux du Lias. Ces échanges peuvent se produire en bordure du Causse par abouchement dans la zone où les deux nappes ne sont pas encore isolées, mais peuvent aussi se produire sur les lignes de flexures où se rencontrent les gros débits (l'Aïn-BouR'Keiss, Aïn-Chkeff...), dans ces zones où les pertes de charge sont moins fortes et les circulations favorisées par la structure profonde. En ajoutant les débits de l'Aïn-Chegag, en bordure du Causse (1 m3 /s), l'apport total du Lias atteindrait de 2,5 à 3 m3 /s et constituerait la véritable alimentation de ce panneau. 1.

Débit le long de l'isopièze 400 (F, G, H, J) Cette courbe a été décomposée en trois segments FG, GH, HI sur lesquels se situent des puits ou des forages. Sur le segment FG, le débit des sources de Ras-ElMa, en aval, doit théoriquement se retrouver sur cette fraction de courbe et avoisiner 0,35 à 0,50 m3 /s. Les débits sur les segments GH et HJ sont respectivement de 0,38 m3 /s et de 0,16 m3 /s. Au total on peut

53

BASSIN DE MEKNES-FÈS

Res el Ma : 0,35 - 0,5 m³/s O. Fès : 1 - 2 m³/s 1,3 - 1,6 m³/s Infiltraions Pluie - irrigations

0,4 - 0,5 m³/s

Irrigations

0,9 - 1,1 m³/s

Isopièze 400

Infiltrations Pluie- irrigations

Aïn Smene - El Baida Chkeff 0,5 - 1,2 m³/s

0,4 - 0,5 m³/s

Isopièze 500

1,3 - 1,8 m³/s

Aïn Bou R'Keïss : 0,6 m³/s

Irrigations

Infiltrations Pluie - irrigations

0,5 m³/s Aïn Cheggag -+ 1 m³/s 1,5 - 2 m³/s 1 m³/s Causse LIAS 2 - 3 m³/s

FIG. 16 — Saïs centre, schéma des débits d'écoulement.

estimer à 1 m3/s environ le débit transitant au niveau de l'isopièze 400 entre F et J, ce qui correspond à un débit de 70 l/s par kilomètre de front. Origine de ce débit : celui-ci provient de l'écoulement souterrain de l'amont et des infiltrations entre les isopièzes 500 et 400. La superficie totale de 90 km2 et les fortes irrigations dans ce secteur, peuvent justifier une infiltration de 0,4 à 0,5 m3/s qui s'ajoute à l'écoulement naturel provenant de l'amont de la nappe. Ceci suppose que 0,5 à 0,6 m3/s transitent entre les

isopièzes 500 et 400, malgré les forts débits des émergences. Ce qui confirme l'apport profond du Lias (1,5 à 2 m3/s) sur les flexures ou à l'amont de celles-ci. 4.

Débits à l'exutoire aval (oued Fès)

L'eau écoulée sur la courbe isopièze 400, se retrouve ensuite dans l'oued Fès qui draine toute la basse plaine. Les débits des oueds Bou-R'Keiss, Aïn-Smène, Chkeff, à leur confluence avec l'oued Fès sont négligeables, car l'eau a été entièrement distribuée.

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Le drainage par l'oued Fès varie en étiage de 1 à 2 m3/s en relation avec la charge à l'amont. Les infiltrations sur une superficie de 90 km2 sont de l'ordre de 0,4 à 0,5 m3 /s qui s'ajoutent à l'écoulement de l'amont (0,9 à 1,1 m3/s), ce qui donne un débit total de 1,3 à 1,6 m3/s à l'aval (valeurs intermédiaires aux débits d'étiage de l'oued Fès sur les cinq années observées). Les débits qui s'évaporent à Douyet proviennent principalement des infiltrations sur la zone nord. La superficie de l'étang dépasse rarement 1 km. Ce qui

représente un volume annuel évaporé de 1 à 1,5 Mm3. L'évapotranspiration n 'est importante que lorsque la nappe est à moins de 5 m du sol, ce qui est rarement le cas, sauf dans la zone de drainage de l'oued Fès et en bordure de l'étang de Douyet ; son importance, difficile à chiffrer, est inférieure à l'erreur que l'on peut commettre dans les estimations et n'est mentionnée que pour mémoire. Le Saïs Ouest (fig. 17) 1. Entre le Causse et la flexure (courbe isopièze 500). Les infiltrations à partir de la pluie ou des eaux N'JA 1,5 m³/s (Sources de l'oued)

Isopièze 400

1,5 m³/s

Irrigations

Infiltrations Pluie - irrigation 0,5 - 0,6 m³/s Isopièze 500

Irrigations

Sources 1 m³/s 0,8 - 1 m³/s

Alimentation Infiltrations Pluie - irrigation 0,8 - 1 m³/s

exsurgences

2,5 - 3 m³/s

1 m³/s

Causse

LIAS 3,5 - 4 m³/s

FIG. 17 — Saïs Ouest, schéma des débits d'écoulement.

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

d'irrigation sur une superficie de 190 km2 environ, se décomposent comme suit : —

Pluie 190 km2 x 0,6 m = 114 Mm3 pluie infiltrée 15 % au plus = 17 Mm3, soit un débit de l'ordre de 0,5 m3/s.



Irrigations : 1,5 m3/s environ, eau infiltrée 20 à 30 %, soit de 0,30 à 0,45 m3/s.

Au total il s'infiltre de 0,8 à 1 m3/s, débit qui doit se retrouver au niveau de la courbe isopièze 500. 2. Débit le long de la courbe isopièze 500: le débit total des sources au pied de la flexure d'Aïn-Taoujdate (et sur l'isopièze 500) est de l'ordre de 1 m3/s. On peut donc dire que le débit infiltré entre le Causse et l'isopièze 500 ressort par les sources situées à proximité de cette ligne. 3. Débit le long de la courbe isopièze 4 0 0 : le débit total calculé le long de cette isopièze entre les points A et F, peut être décomposé en quatre segments (AB, BC, CD, DF). Sur la longueur totale de 15,5 Km, le débit est de 2,2 m3/s environ soit un débit de 140 l/s par kilomètre de front. Les infiltrations entre les isopièzes 500 et 400, sur une superficie de 120 Km², sont de l'ordre de 0,5 à 0,6 m3/s (0,3 m3/s pour les eaux de pluie et 0,2 à 0,3 pour les eaux d'irrigation). Entre le débit total le long de l'isopièze 400 (2,2 m3/s) et le débit infiltré (0,5 à 0,6 m3/s) il y aurait un surplus de 1,6 à 1,7 m3/s qui ne peut s'expliquer que par les apports du Lias, mais ces débits sont surestimés comme le montre le paragraphe suivant. 4. Débit à l'exutoire sur l'oued N'ja : les débits des principales sources sur l'oued N'ja, atteignent près de 1,5 m3/s. Il y aurait donc un déficit entre l'isopièze 400 et l'exutoire de 0,7 m3/s. déficit qui ne s'explique pas par les prélèvements ou les pertes par évapotranspiration qui sont largement compensées par les infiltrations à partir des eaux épandues. Les sources captées près de l'isopièze 500 ne s'écoulent pas vers l'exutoire. Il faut donc en déduire que le débit à l'amont, le long de la courbe isopièze 400, est probablement surestimé, en particulier sur le segment DE, de plus de 0,7 m3/s, ce qui réduit à moins de 1 m3/s les apports du Lias, par abouchement. Les exsurgences en bordure du Causse ont un débit compris entre 2,5 et 3 m3/s qui, ajoutés aux apports profonds du Lias à la nappe libre, donnerait un débit total des eaux du Lias, compris entre 3,5 et 4 m3/s, sur ce panneau de Saïs Ouest.

55

Conclusions sur le Saïs L'écoulement de la nappe libre le long de l'isopièze 500 est compris entre 2,5 et 3 m3/s et entre 2,5 et 3,5 m3/s aux exutoires. Dans cet écoulement, une part provient des apports profonds du Lias, comme l'ont démontré les paragraphes précédents ; ces apports peuvent se produire soit par abouchement tant que les deux aquifères ne sont pas encore séparés, soit par drainance de bas en haut à travers les marnes du Tortonien. Il faut cependant remarquer que les grosses sources se situent soit au pied de la flexure d'Aïn-Taoujdate de style et d'orientation rifaine, soit à la rencontre de celle-ci avec les flexures de style et de direction atlasique : Aïn-Chkeff sur la flexure d'Aïn-Chegag Aïn-Ablouz sur la flexure de Ras-.El-Ma Aïn-Amelal sur la flexure de même nom. La source importante de Bou-R'Keiss se situe par contre dans un sillon, entre les deux premières flexures. On peut supposer que la fracturation importante des marnes miocènes au niveau des flexures favorise les échanges de bas en haut, en diminuant les pertes de charge des circulations entre la nappe profonde captive et la nappe libre. Importance du Lias dans le Sais La nappe profonde du Lias constitue la principale richesse du Saïs, soit par les exsurgences au pied du Causse, soit par des sources de flexures où se matérialisent les apports profonds qui ont pu diffuser à travers les marnes séparant les deux nappes. Les apports du Lias dans le Saïs peuvent se résumer ainsi : — Sources de trop plein, exsurgences : 3,5 à 4 m3/s — Abouchements et apports profonds du Lias sources de flexures pro parte): 2,5 à 3 m3/s. Au total l'alimentation de la nappe libre en provenance de la nappe du Lias atteint de 6 à 7 m3/s; ces apports sont beaucoup plus importants que les infiltrations de la pluie et des irrigations. Plateau de Meknès Il a été divisé en trois panneaux : celui de Meknès Est, celui de Meknès centre et celui de Meknès Ouest (ou panneau de l'oued El-Kell), suivant les mêmes critères que pour la plaine du Saïs.

56

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

à 0,30 m3/s dont 0,17 pour la pluie et 0,08 à 0,13 pour les eaux d'irrigation.

Le panneau de Meknès Est (fig. 18) 1. 1. Courbe isopièze amont (700). Cette isopièze de 17 Km de long a été subdivisée en trois segments (A'B', B'C', C'D'). Les débits transitant le long de ces trois segments sont respectivement de 0,28 m3/s pour A'B', 0,08 m3/s pour B'C' ; pour le segment C'D', les sources situées peu à l'aval (Aïn-El-Jaoui, Aïn-Aouine, Aïn-Chaffit) réparties sur tout le tronçon de ligne, ont un débit proche de 0,1 m3/s (3) . Au total près de 0,5 m3/s s'écoulent à l'aval de cette ligne. Entre le Causse et l'isopièze 700, sur une superficie de 90 km2, les infiltrations seraient de l'ordre de 0,25 (3)

Position de ces points sur la figure 12. Isopièze 550

0,5

-

Le long de la courbe isopièze 700, il apparaît donc un surplus de 0,20 à 0,25 m3/s qui peut s'expliquer par des abouchements entre la nappe libre et la nappe profonde. Les communications ne peuvent s'effectuer qu'au Sud-Est car le reste du panneau surmonte un môle primaire sans Lias. 2. Courbe aval 550 Ce front de nappe d'une longueur totale de 19,5 Km peut se diviser en trois segments (E'F', F'G', G'H') ; les débits que l'on obtient par le calcul à l'aide des transmissivités sont de deux à quatre fois plus élevés que ceux qui sont déduits de la décharge des sources et du drainage des oueds.

0,75 m³/s

Sources (Aïn Titrit Sidi Saïd ) groupe de sources Sbaâ Aïoun Infiltrations

0,15 - 0,2 m³/s

Pluie - irrigation 0,4 - 0,5 m³/s

Aïn El Jaoui Aïn Aouine Aïn Sidi Chaffit 0,1 m³/s

Isopièze 700

0,5 m³/s

Irrigation Infiltrations Plie - irrigation

Aïn Akkous

0,25 - 0,3 m³/s 0,3 - 0,4 m³/s

Causse

0,2 - 0,25 m³/s 0,5 - 0,65 m³/s

LIAS FIG. 18 — Meknès-Est, schéma des débits d'écoulement.

57

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

Entre les courbes isopièzes 700 et 500 il y a un apport de 0,4 à 0,5 m3/s par les infiltrations sur les 210 km2 de superficie mais une décharge de 0,15 à 0,20 m3/s par les sources. La différence entre les entrées et les sorties fait ressortir un débit à l'exutoire, compris entre 0,60 et 0,75 m3/s.

0,25 m3/s et le débit des exsurgences est de 0,3 à 0,4 m3/s (Aïn-Akkous). Le Lias ne fournit donc que de 0,5 à 0,65 m3/s dans ce panneau privé de nappe profonde sur près de la moitié de sa superficie. Meknès centre (fig. 19)

3

3. Conclusion. Ce débit de 0,60 à 0,75 m /s alimente les sources de déversement et les affluents du Mikkès à l'aval. Les apports à l'amont par le Lias sont faibles 0,2 à

l. Courbe isopièze amont (700) Cette courbe est décomposée en cinq segments J'K', K'L', L'M', M'N', N'A' par où s'écoule au total 1 m3/s environ sur les 19,7 km de longueur totale,

Oued Ouislam Oued Boufekrane 0,9 - 1,3 m³/s

Isopièze 550

1,1 - 1,4 m³/s

Infiltration pluie -irrigation 0,4 - 0,6 m³/s

Irriagations

Aïn Karrouba 0,2 - 0,25 m³/s

Isopièze 700

1 m³/s

Irrigations Infiltration

Aïn Bou Jaoui Aïn Maarouf

pluie - irrigations

Aïn aarbat El Hajeb 0,8 - 0,9 m³/s

0,5 - 0,6 m³/s

0,8 - 0,9 m³/s

X0,4 - 0,5 m³/s

LIAS 1,3 - 1,4 m³/s

FIG. 19 — Meknès centre, schéma des débits d'écoulement.

58

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

soit un débit de 50 l/s par kilomètre de front de nappe. Le débit sur le segment M'N' a été calculé d 'après l émergence d'Aïn-Karrouba qui a un débit de 0,20 à 0,25 m3/s (la transmissivité du puits 494/22 n 'étant certainement pas représentative de l'ensemble du segment). '

Du Causse à la ligne isopiézométrique 700, soit sur une superficie de 1190 Km², les infiltrations totales atteignent de 0,5 à 0,6 m3/s dont 0,35 m3 /s d'eau de pluie et 0,15 à 0,25 m3/s d'eau d'irrigation. Il y a donc un surplus de 0,4 à 0,5 m3/s qui peut s'expliquer par les abouchements de la nappe captive profonde avec la nappe libre ou par apports préférentiels sur les flexures de Bou-Fekrane à HajKaddour et de l'oued Bou-Gnaou. 2.

Courbes isopièzes aval 550 et 600.

Celles-ci ont été décomposées en quatre segments dont deux (P'Q', O'R') sur la courbe 550 et deux (T'U', U'V') sur la courbe 600 pour rester à proximité des puits ou forages dont les caractéristiques hydrauliques ont été déterminées. Le débit total souterrain n'atteint plus que 0,6 m3/s bien qu'il y ait des infiltrations évaluées entre 0,4 et 0,6 m3/s, réparties sur une superficie de 170 Km² entre les courbes isopièzes` amont et aval. 3.

Débit aux exutoires

Les exutoires de ce panneau sont les oueds : Ouislam et Bou-Fekrane les deux principaux affluents de l'oued R'Dom dont le débit total se situe en étiage entre 0,6 et 1 m3/s ce qui, ajouté aux prélèvements sur ces deux oueds pour alimenter Meknès (0,3 m3/s environ), donne un ordre de grandeur de 0,9 à 1,3 m3/s. 4.

Conclusion

Sur ce panneau, l'écoulement moyen de la nappe libre est de l'ordre de 1 m3/s. Les apports du Lias par abouchement ou sur les flexures seraient de 0,4 à 0,5 m3/s en amont de l'isopièze 700. Les exsurgences (Aïn-Bou-Jaoui, AïnMaarouf, Aïn-Arhbal) et le groupe de sources d'ElHajeb débitent de 0,8 à 0,9 m3/s, ce qui suppose un apport total du Lias de 1,2 à 1,4 m3/s sur le panneau de Meknès centre. Panneau de Meknès Ouest ou d'El-Kell Ce panneau qui correspond approximativement au bassin de l'oued El-Kell est scindé en deux par l'oued : une partie rive droite de 90 Km environ, une partie rive

gauche de 160 km2 . Un petit panneau nord correspond à l'extrémité du plateau sur la route principale Meknès-Rabat au-delà du bassin du R'Dom (40 km2 environ). Plusieurs mesures de transmissivités dispersées sur ces trois fragments du panneau donnent un ordre de grandeur assez logique des débits. 1.

Débit sur la rive droite entre W' et X'. Isopièze 740 Le débit sur 6 Km est d'environ 0,16 m3 / s ;

Soit un débit de 25 à 30 l/s par kilomètre. Entre le Causse et cette courbe, les infiltrations de la pluie (de 0,10 à 0,15 m3 /s) expliquent presque entièrement les débits du front de nappe, le restant étant comblé par l'infiltration des eaux d 'irrigation (assez faibles dans ce secteur). Le Lias faisant défaut en dessous, il n'y a pas d'apport profond à la nappe libre, ce qui est confirmé par les débits au droit de l'isopièze. L'écoulement de la nappe alimente à l'aval les nombreuses sources de déversement de l'oued El-Kell. 2.

Débit sur la rive gauche entre Y' et Z'. Isopièze 600

Le débit de 0,27 m3 /s sur 8 Km correspond à un débit de près de 35 l/s par kilomètre et s'explique entièrement par les apports superficiels. La pluie tombée sur 130 km2 et les irrigations peuvent donner lieu à des infiltrations de 0,20 à 0,25 m3 /s, ordre de grandeur comparable au débit sur ce segment d 'isopièze. 3. Débit sur la rive gauche entre Y" et Z". Isopièze 550 Le front de nappe se réduit de moitié et la nappe se vide par de nombreuses sources de déversement sur les rives de l'oued El-Kell et de ses affluents. Il ne reste plus sur ce segment d'isopièze que 40 l/s soit un débit de 8 l/s par kilomètre. 4. Débit au Nord de l'oued El-Kell. Isopièze 480. Ce panneau surélevé, drainé de toutes parts, est alimenté seulement par les infiltrations de l'eau de pluie et celles des irrigations effectuées au moyen de quelques rares stations de pompage dans la nappe. Sur 5 Km le débit est d'environ 20 l/s soit un débit de 4 l/s par kilomètre. Ces trois panneaux de l'oued El-Kell sont donc pauvres en eau souterraine parce que mal alimentés (pluie seulement, irrigations peu développées) et ne bénéficiant d'aucun apport profond. Cela démontre que la nappe profonde est la vraie richesse de la plaine de Fès-Meknès, et met en évidence la relative

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

pauvreté de la nappe libre lorsqu'elle n 'est pas soutenue par des apports de la nappe profonde du Lias. Conclusions sur le plateau de Meknès Le débit sur la ligne isopièze amont (700) atteindrait au total près de 2 m3 /s sur une longueur de 40 Km, ce qui correspond à un débit moyen de 45 l/s/Km environ.

59

proportion par les eaux du Lias, transitent à, travers la nappe libre et sont comptabilisés dans les apports du Lias à la nappe libre. L'alimentation se fait aussi en deuxième lieu par les apports de la nappe profonde du Lias à la nappe libre soit par abouchement, soit par drainance verticale à travers les marnes bleues du Miocène. Infiltration des eaux de pluie

3

Ces 2 m /s ne s'expliquent pas entièrement par les infiltrations des eaux de surface (pluies ou irrigations) qui seraient de l'ordre de 1,1 à 1,3 m3 /s. Le surplus (0,6 à 0,7 m3 /s) doit donc provenir des apports profonds du Lias. Apports du Lias Les apports indirects de la nappe du Lias à la nappe libre (abouchements, venues profondes par les flexures et les failles) seraient assez faibles dans le plateau de Meknès où le Lias est souvent absent (0,6 à 0,7 m3 /s). Les exsurgences du Lias en bordure du Causse atteignent de 1,1 à 1,3 m3 /s. Le Lias apporterait donc un débit total de 2 m3 /s environ dans le plateau de Meknès, mais cette valeur est trois fois moins élevée que dans le Saïs, ce qui suffit à montrer la différence de richesse en eau entre les deux unités. Cette différence qui n 'apparaît pas dans les mesures de débit, montrant au contraire une certaine homogénéité entre les deux unités, est surtout due aux sources de trop plein (exsurgences) en bordure du Causse, et aux transferts entre les deux nappes, plus importants dans le Sais que dans le plateau de Meknès. On peut dire que la relative richesse du Sais est surtout due à la nappe profonde qui débite de 6 à 7 m3 /s, tandis que dans le plateau de Meknès elle n'écoule directement ou indirectement que 2 m3 /s environ. BILAN HYDRAULIQUE DE LA NAPPE LIBRE Alimentation de la nappe Elle comprend d'abord les infiltrations des eaux de pluie, et des eaux d'irrigation issues des sources du Lias. Les réinfiltrations des eaux provenant de ses propres émergences et des sources de flexures à origine mixte (nappe profonde et nappe phréatique) seront soustraites aux décharges et n'interviennent donc pas comme facteur d'alimentation car les eaux sont recyclées ; en effet, les débits des sources de flexures qui paraissent être alimentées dans une forte

Le volume d'eau de pluie infiltré (cf. § Hydrologie) dans le Sais est compris entre 85 et 92 Mm3 /an et atteint de 85 à 93 Mm3 /an sur le plateau de Meknès, plus étendu mais moins perméable. Le volume total est compris entre 170 et 185 Mm3 /an soit un débit fictif continu de l'ordre de 5 à 6 m3 /s. Infiltration des eaux d'irrigation provenant du Lias 1. Dans le Sais les débits dérivés à partir des exsurgences situées en bordure du Causse représentent de 3,5 à 4 m3 /s auxquels il faut soustraire les débits prélevés pour l'alimentation en eau de Meknès (0.4 m3 /s) ou dérivés du Sais vers le plateau de Meknès (0,2 m3 /s), et ajouter 0,15 m3 /s issus des forages profonds, ce qui représente un débit utilisable pour l'irrigation à partir du Lias de 3 à 3,5 m3 /s et un volume réinfiltré de 20 à 30 Mm3 /an (coefficient d'infiltration : 20 à 30 %). 2. Sur le plateau de Meknès, les débits dérivés sont plus faibles. Les sources du Lias en bordure du Causse débitent de 1,1 à 1,3 m3 /s, plus 0,2 m3 /s venant du Saïs par prélèvement d'une partie du débit d'Aïn-Ribaa et d'Aïn-Akkous. Les débits des forages profonds sont de l'ordre de 0,1 m3 /s. Au total sur les 1,4 à 1,6 m3 /s dérivés à partir des eaux du Lias, 20 à 30 % se réinfiltrent, ce qui représente un volume annuel de 10 à 15 Mm3 . Sur l'ensemble du bassin les apports à la nappe par réinfiltration des eaux d'irrigation provenant du Lias atteignent un volume total de 30 à 45 Mm3 /an. Les apports profonds du Lias à la nappe libre sont déduits du calcul des débits par front de nappe et par conséquent estimés à au moins 50 % près. Dans le Sais ils sont évalués entre 2,5 et 3 m3 /s, ce qui représente de 78 à 94 Mm3 /an. Sur le plateau de Meknès ce débit serait compris entre 0,6 et 0,7 m3 /s soit de 18 à 22 Mm3 /an. Au total 95 à 115 Mm3 /an environ, issus de la nappe profonde, viendraient enrichir la nappe phréatique. L'alimentation annuelle moyenne peut se résumer par :

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

60 Infiltration des eaux de pluie de Mm3/an

Irrigation par les eaux du Lias (infiltration)

Saïs

85 à 92

20 à 30

78 à

Plateau de Meknès

85 à 93

10 à 15

18 à 22

113 à 130

Ensemble du bassin

170 à 185

30 à 45

96 à 116

296 à 346

Apports annuels

L'alimentation globale serait ainsi en débit fictif continu de l'ordre de 10 m3/s. Décharge de la nappe Celle-ci est aussi complexe que l'alimentation, car il est difficile de distinguer la décharge de la nappe profonde de celle de la nappe libre. Les sources de flexure en sont un exemple type, car les eaux du Lias se mélangent aux eaux de la nappe libre. Cependant, comme il est tenu compte des apports profonds dans l'alimentation de la nappe libre, il est logique de considérer les débits des sources de flexures comme un facteur de décharge de cette même nappe, bien que l'eau des sources de flexures ait une double origine. Les principaux facteurs de décharge sont par ordre décroissant: — le drainage des cours d'eau à l'aval (débits exportés hors du bassin); — les émergences, les sources de déversement et de flexures captées pour l'irrigation (débits nets consommés dans le bassin). — les prélèvements à la nappe pour l'alimentation en eau potable et par pompage pour l'irrigation (débits partiellement consommés et exportés), — l'évapotranspiration directe dans le bassin. Drainage par les cours d'eau Le volume drainé par les oueds est évalué à 170270 millions de m3/an (cf. § Hydrologie) pour l'ensemble de la plaine. Ce drainage constitue le principal facteur de décharge de la nappe phréatique, et se répartit ainsi (en arrondissant) : — 3,6 à 5,7 m3/s, pour le Sais, soit de 115 à 180 Mm3, — 1,8 à 2,8 m3/s, pour le plateau de Meknès, soit de 55 à 90 Mm3. Les oueds Fès et N'ja drainent le Sais, tandis que les affluents rive gauche du Mikkès drainent le plateau de Meknès.

Mm3/ an

Apports profonds du Lias Mm3/ an 94

Total en millions de m3/an 183

à 216

Au total : 5,5 à 8,5 m3/s, s'écoulent de la nappe vers les cours d'eau en année moyenne. Ce débit comprend aussi les eaux de sources non captées à l'aval du Saïs et du plateau de Meknès et à un moindre degré, la part des débits dérivés, restitués aux cours d'eau (restitution). Sources captées pour les irrigations 1. Sources d'émergence et de déversement de la nappe libre. La plupart des sources du milieu de la plaine sont généralement captées pour les irrigations. Le débit des sources utilisé pour l'irrigation est de l'ordre de 0,7 à 0,8 m3/s dans le Sais et de 0,5 à 0,6 m3/s sur le plateau de Meknès, soit au total de 1,2 à 1,4 m3/s. Une partie de ce débit (20 à 30 %) est réinfiltré, ce qui réduit à 1 m3/s environ le débit réellement consommé pour l'irrigation, soit un volume annuel moyen de l'ordre de 30 Mm3. 2. Les sources de flexures d'origine mixte, mais dont l'eau transite par l'aquifère des formations lacustres sont captées pour l'irrigation et pour l'alimentation des villes en eau potable. La plupart de ces sources et celles qui ont le plus fort débit se situent dans le Sais. Sur les 2 à 2,5 m3/s captés, le débit consommé par l'irrigation, donc diminué des réinfiltrations (20 à 30 %) s'élève à un volume annuel moyen de l'ordre de 50 à 55 Mm3. Le débit d'eau total des émergences, des sources de flexure, et des sources de déversement, utilisé et consommé pour l'irrigation dans le bassin, est compris entre 80 et 85 Mm3/an dont 20 à 30 Mm3 environ pour le plateau de Meknès et de 55 à 60 Mm3 pour le Saïs. Sources captées pour l'alimentation en eau potable et prélèvement par pompage dans la nappe Ce facteur de décharge comprend en particulier une partie des débits prélevés et exportés pour en eau des

61

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

0,3 à 0,4 m3 /s sur le plateau de Meknès et de 0,1 à 0,2 m3 /s dans le Saïs.

villes de Fès et de Meknès, plus les débits de pompage dans la nappe libre. Les débits prélevés pour l'alimentation des centres ruraux et des douars sont faibles.

Les prélèvements dans la nappe phréatique pour l'alimentation et pour les irrigations par pompage atteignent un débit de 1 à 1,25 m3 /s, soit un volume annuel moyen de 30 à 40 Mm3 , moitié prélevé dans le Saïs, moitié dans le plateau de Meknès. Evapotranspiration L'évapotranspiration directe de la nappe est le facteur le plus difficile à évaluer, car le bilan peut s'équilibrer sans tenir compte de ce phénomène. La valeur que l'on pourrait avancer serait inférieure à l'erreur que l'on peut commettre dans le calcul des autres facteurs. La surface de la nappe se situant le plus souvent à une profondeur supérieure à 10 m, on peut en conclure que l'évapotranspiration directe de la nappe, sur l'ensemble de la plaine, très peu boisée, est probablement négligeable car inférieure à 0.5 m3 /s, mis à part l'évaporation sur le lac de Douyet qui a été chiffrée entre 1 et 1,5 Mm3 /an.

La ville de Fès prélève dans la nappe libre 0,10 m3 /s environ de l'Aïn-Amier, 0,15 m3 /s de l'AïnChkeff, 0,25 m3 /s de l'Aïn-Bou-R'Keiss. Ces deux dernières sources ont probablement une alimentation mixte (nappes libre et profonde). Les débits des forages artésiens (0,3 m3 /s) ne sont pas comptés car ils intéressent exclusivement la nappe profonde et en outre on ignore dans quelle mesure il s'agit d'exploitation de réserves. Au total, la ville de Fès exporte 0,5 m3 /s qui peuvent être assimilés par excès à un prélèvement dans la nappe libre. La ville de Meknès dérive 0,15 m3 /s de l'AïnKarrouba, source de la nappe libre, plus 0,3 à 0,4 m3 /s prélevés à l'Aïn-Bittit dont l'eau provient du Lias.

Total de la décharge Les débits totaux de décharge connus peuvent se résumer dans le tableau ci-dessous (en millions de m3 /an et en m3 /s pour la dernière ligne) :

Les stations de pompage pour l'irrigation ou pour l'alimentation des douars représentent un débit de l'ordre de 0,4 à 0,6 m3 /s mais inégalement réparti :

Prélèvements Débit annuel des décharges

Drainage par les oueds

Irrigations (captage des sources)

Saïs

115

à 180

55

à

Plateau de Meknès'

55

à 90

20

Ensemble de la plaine en Mm3

170

à 270

Débit en m3 /s

5,5

à 8,5

60

Eau potable (sources) + pompages

Total

15

à 20

185 à 260

à 30

15

à

90 à 140

75

à 90

30

à 40

2,3

à 2,9

1 à 1,3

20

275 à 400

8,7 à 12,7

Conclusions — Orientations des études ultérieures

évacués par les sources de la nappe, valeurs directement mesurables.

Le débit global des décharges connues est compris entre 275 et 400 Mm3 /an soit de 8,7 à 12,7 m3 /s. Ces valeurs sont du même ordre de grandeur que celles de l'alimentation 296 à 346 Mm3 /an. A l'intérieur de chaque unité, les valeurs restent assez proches, mais plus imprécises dans le Sais tant pour les facteurs d'alimentation que pour les facteurs de décharge. Ceci tend à prouver qu'il vaut mieux orienter les observations et les mesures futures vers une meilleure connaissance des débits drainés par les oueds ou

LA NAPPE PROFONDE DU LIAS Alimentés par les eaux qui s'infiltrent sur les reliefs du Causse moyen-atlasique, les calcaires dolomitiques du Lias constituent un aquifère à nappe d'abord libre dans le Causse et en bordure de la plaine de MeknèsFès, puis captif dans le sous-sol du bassin, sous la couverture des terrains imperméables du Tertiaire. La nappe captive se manifeste par les exsurgences et par

62

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

les exsurgences et les sources de trop-plein en bordure du Causse, par les sources des flexures (pro parte) et par les sources artésiennes hydrothermales du Saïs. Elle est reconnue et exploitée par des forages artésiens généralement très productifs. STRUCTURE DU LIAS SOUS LE BASSIN La nappe captive s'écoule dans les calcaires et les dolomies du Lias et dans les grès, sables et conglomérats du Miocène transgressif qui surmontent le Lias, là où ils existent (bordure sud et est du Saïs en particulier). Sur le rebord sud-ouest du plateau de Meknès, le Lias est absent ainsi que dans le môle primaire au Nord

d'El-Hajeb, ce qui a été démontré par différentes campagnes de prospection géophysique. Le Lias s'enfonce progressivement par failles et flexures en direction du Nord-Ouest, avec une pente moyenne de 6 %, et atteint sa profondeur maximale (1000 m) dans la zone synclinale en bordure du Prérif. Il se redresse ensuite brutalement par failles pour constituer le coeur des anticlinaux des rides prérifaines (tome 1, chapitre 3). Dans tout le bassin et principalement dans le Sud, le Lias est découpé en panneaux séparés par des failles de direction atlasique NE-SW, comme celle d'AïnChkeff qui a un rejet de l'ordre de 200 m.

SIDI FES

600

HRAZEM

1566/15

105/15 1755/15 380

2165/15 2060/15

AÏN

AM E

RA S

EL

LLA L

M A

872/15

CH

KE F

AÏN SKRONNAT

1

MEKNES

732/15

XU RE

TAO UJD ATE

UR E

FL E

1539/15 AÏN

2

296/15 370

FL E

FLE XUR E

FL EX

Xx

XU RE

AÏN

A. Chkef

A. Bou Rkaiss

AÏN TAOUJDATE

225/15 68/15

152/15

700 820/15

A. Cheggag

600

288/15

42/15

UG

NAO U

67/15

800

BO

552/15

360

NE KR E

OU ED

1000 1100

A.Ribaa 350 A.Aguengam A.Arhbal

199/22 137/22 214/22

Calacires et dolomies du Lias

EL HAJEB

213/22

540

526/22 530

XU RE B

527/22

A. Sebaa

A.Akkous

201/22

700 Xx/22

A. Bitit

A. el Atrous

FL E

BOUFEKRANE

290/22

OU FE

215/22

A.Ekous

FLE X

554/22

900

URE

553/22

HA JK

AD DO UR

HAJ KADDOUR

Limite de la zone des rides Prérifaines

A. Maarouf

Flexure

800 340

Zone avec lacune du Lias 600 Courbe isopèze (équidistance 100 m)

900

Limite sud de l'artésianisme Source du Lias

Limite sud de l'extension du toit impérméable (Tortonien)

Forage atteignant le Lias 0 100

Forage artésien au Lias Puits au Lias

330

Projet de champ captant au Lias pour alimenation 520

510

500

1 490

0 110

en eau potable de FES

FIG. 20 — Esquisse piézométrique de la nappe profonde du Lias du plateau de Meknès-Fès et do la bordure du Causse moyen-atlasique.

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

La région comprise entre Bou-Fekrane et El-Hajeb est particulièrement disloquée, le Lias est discontinu et localement absent, enlevé par l'érosion anté-miocène. Les eaux du Lias circulent sous la plaine dans un certain nombre de panneaux, individualisés et séparés par des failles importantes. De l'W à l'E on distingue plusieurs unités : — sous le plateau de Meknès, le panneau de Meknès à l'W de la flexure Bou-Fekrane—HajKaddour où le Lias se termine en biseau stratigraphique sur le socle primaire ou triasique. Dans ce compartiment, le niveau piézométrique est très bas. Les communications latérales avec le panneau d'HajKaddour s'effectuent avec de très fortes pertes de charges à travers le Pliocène ou le Miocène transgressif. Des lacunes du Lias expliquent la relative pauvreté en eau profonde et phréatique de ce panneau. Le panneau de Haj-Kaddour, compris entre la flexure de Bou-Fekrane—Hadj Kaddour à l'W et ce de l'oued Bou-Gnaou à l'E est très disloqué vers le Sud, mais s'enfonce ensuite vers le Nord plus régulièrement avec une pente moyenne de 5 0 /00. Ce panneau a été reconnu par les forages artésiens : 553, 554 et 290/22 (forage à la limite de l'artésianisme ; devient jaillissant lors des remontées du niveau piézométrique). Le môle primaire du N d'El-Hajeb s'étend entre les flexures d'oued BouGnaou à l'W et celle d'Ain-Taoujdat au N, sur une largeur moyenne de 8 à 10 km. L'absence de Lias rend ce panneau stérile en profondeur ; — sous la plaine du Saïs et sa zone amont, le panneau de Ribaa-Bittit déborde à l'W sous le plateau de Meknès. Il est limité par le môle d'El-Hajeb à l'W, par la flexure d'Ain-Chkeff à l'E et la flexure d'AïnTaoujdat au N. Bien que non reconnu par forage, l'existence du Lias ne fait aucun doute en raison de l'importance des principales sources du bassin (BittitRibaa, Aguemgam, Akkous) et des émergences sur les flexures situées au N de la flexure d'Aïn-Taoujdat. Le panneau d'Aïn-Chegag à l'E de la flexure d'Aïn-Chkeff, est exploité par les sondages artésiens alimentant la ville de Fès. Il s'étend au large vers l'E et le NE ce qui explique la présence des sources thermales de SidiHarazem. Dans la cuvette synclinale du Saïs proprement dit, le Lias semble exister partout et forme un vaste synclinal limité au S par la flexure de style rifain d'Aïn-Taoujdat, à l'E par celle d'Aïn-Chkeff, et au N par les rides prérifaines. Cette fosse probablement fermée, est compartimentée par les flexures de Ras-El-Ma et d'Aïn-Amellal, mais la nappe du Lias y est très profonde. Au-dessus du Lias, les dépôts transgressifs du Miocène, dont la puissance peut atteindre 340 m dans la plaine du Saïs (sondage 2230/15) mais va en diminuant vers l'W (0 à 20 m) dans le plateau de

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Meknès, constituent un réservoir en continuité avec celui du Lias. En bordure du Causse, ces dépôts servent de relais entre la nappe phréatique des formations lacustres et la nappe profonde du Lias. CARACTÈRES PHYSIQUES ET CHIMIQUES DE LA NAPPE PROFONDE (fig. 20). SURFACE PIÉZOMÉTRIQUE DE LA NAPPE PROFONDE

Elle est relativement connue dans les parties des panneaux d'Ain-Chegag et de Haj-Kaddour. Dans le premier panneau, la surface piézométrique passe de la cote 630 à la cote 590 m, avec une pente moyenne de 4°/00 et chute brutalement au passage de la flexure d'Aïn-Chkeff. Dans le deuxième panneau, la cote varie entre 740 et 690 m avec une pente de 4 °/00 . La cote, plus élevée dans ce panneau, est due à la flexure d'Aïn-Taoujdat qui se répercute aussi bien dans la structure du PlioVillafranchien que dans celle du Lias. Les eaux du Lias et du Miocène transgressif se mettent en charge sous les marnes imperméables du Miocène (Tortonien). La limite d'artésianisme suit approximativement la cote 700 sur le plateau de Meknès et la cote 630 environ dans le Saïs (moins les pertes de charge). Les évolutions des charges sont peu connues, car les observations sont peu étalées dans le temps et discontinues. Les variations observées sur un sondage du Lias (290/22) situé entre El-Hajeb et Meknès, peuvent atteindre une amplitude pluriannuelle de l'ordre de 10 m (fig. 21). Ces variations pluriannuelles sont assez sensibles : les années 1965 à 1967 à recharges médiocres (pluies faibles et absence de neige hivernale sur le Causse) se traduisent par une baisse de charge très importante dans la nappe captive à une dizaine de kilomètres de la partie libre du réservoir. Par contre, on note que les fluctuations annuelles sont très amorties. La température des eaux est comprise entre 18 et 25°C et assez constante à chaque point observé. Les eaux de fonte de neige et un écoulement rapide concourent à abaisser la température des eaux qui sont moins chaudes que celle des sources hydrothermales, la température de ces dernières pouvant provenir de réactions exothermiques (notamment dans les marnes et schistes pyriteux). Les eaux du Lias sont peu chargées en sels dissous, légèrement basiques, incrustantes. Elles sont généralement bicarbonatées calciques et magnésiennes, mais peuvent devenir chlorurées sodiques lorsqu’

64

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

265/22 NAPPE PHREATIQUE X=479.600 Y=354.000 Z(sol)=698 m

ARTESIEN

NAPPE DU LIAS 290//22 X=497.800 Y=353.850 Z(sol)=292m

métres

+2

265/22 290/22

+1

SOL

19 0

ARTESIEN

20 1

21 2

22 3

23 4

24 5

25 6

1963

1964

1965

1966

1967

1968

1969

1970

1971

1972

FIG. 21 — Evolution piézométrique de 1963 à 1972 de la nappe profonde du Lias du plateau de Meknès-Fès (piézomètre n° 290/22).

elles cheminent dans les faciès transgressifs du Miocène. Le résidu sec est généralement compris entre 0,2 et 0,3 g/l mais peut atteindre 0,8 g/l lorsque les eaux transitent dans le Miocène transgressif. Les eaux sont d'une qualité chimique excellente pour l'alimentation humaine, mais leur dureté les rend peu favorables à l'industrie. Pour les irrigations, l'eau est suffisamment douce et peu alcaline et ne pose aucun problème de lessivage ou de drainage. BILAN SOMMAIRE DE LA NAPPE DU LIAS Les principaux facteurs de décharge de la nappe profonde dans le bassin de Meknès-Fès et de la nappe du Lias dans le Causse, peuvent être approximativement connus. A partir de la hauteur de pluie annuelle moyenne sur le Causse (aire d'alimentation) et la superficie des bassins versants dominants, on peut

déterminer un coefficient d'infiltration, en faisant cependant deux réserves. 1. Les limites des bassins hydrogéologiques sont supposées être proches des limites topographiques des bassins versants, 2. Le calcul du coefficient d'infiltration utilisant le volume total des décharges, suppose que celles-ci sont compensées par des recharges égales ou proches de la valeur globale des décharges. a. Le tableau ci-après détaille les principaux facteurs de décharge de la nappe du Lias. Si les débits moyens des exsurgences, des sources thermales, et des forages sont relativement bien connus, par contre les transferts vers la nappe phréatique (apports profonds et abouchements) ainsi que les débits des émergences et des sources de déversement du Causse sont bien moins précisés.

65

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

Les sorties par les exutoires latéraux à l'E et à l'W de la plaine sont inconnues. Cependant la nappe profonde réagissant assez rapidement aux variations importantes des recharges d'hiver et de printemps d'une année à l'autre, on peut supposer que ce réservoir profond, interrompu vers le Nord, est pratiquement fermé et qu'en conséquence les sorties occultes sont probablement faibles. b. Le coefficient d'infiltration calculé est compris entre 22 et 25 %, sans tenir compte des sorties occultes par les exutoires latéraux. Ces valeurs paraissent plausibles bien que supérieures à celles qui sont retenues pour le bassin de Meknès-Fès. La nature des terrains et l'enneigement sur les plateaux très karstifiés et en partie fermés, favorisent une infiltration plus importante que dans la plaine. Cet ordre de grandeur doit être vérifié par des calculs de pluie efficace (pluie moins évapotranspiration réelle) sur l'ensemble du domaine karstique atlasique. ETUDE DE L 'EXPLOITATION DU SYSTEME AQUIFERE DE LA PLAINE DU SAIS PAR SIMULATIONS SUR MODELES ANALOGIQUES L'étude du phénomène de drainance de la nappe profonde du Lias vers la nappe libre, dans la plaine du Saïs, a été réalisée au moyen de modèles analogiques (résistances - capacités) et mathématiques ; cela a permis d'examiner le fonctionnement du système aquifère et de rechercher les conditions d'exploitation optimales. Un modèle en coupe en régime permanent a d'abord permis d'évaluer l'ordre de grandeur des caractéristiques hydrodynamiques du Miocène les plus vraisemblables, valeurs qui ont été ensuite utilisées dans un modèle bidimensionnel en plan. L'étude en coupe s'est faite selon un tube de courant de 3 kilomètres de large, intégrant une source amont d'exsurgence du Lias, Aïn-Chegag, une source de flexure, Aïn-Chkeff et l'exhaure aval constitué par les sources de déversement et le drainage de l'oued Fès. Les débits de sortie étaient fixés à leur valeur d'étiage, respectivement 1, 0,5 et 0,25 m3/s et équilibraient un débit d'alimentation qui, introduit dans la zone d'abouchement à nappe unique, à l'amont, se répartissait ensuite entre les deux couches aquifères suivant les caractéristiques hydrodynamiques du Miocène et des formations lacustres de la nappe libre. Connaissant des valeurs de transmissivités obtenues au cours d'essais de pompage dans ce tube de courant (T =3,6.10-² m2/s en amont de Aïn-Chkeff et T = 2,4.10-3 m2/s près de Fès),

l'ajustement sur le modèle du profil piézométrique de la nappe libre a permis d'obtenir les caractéristiques du Miocène et de compléter celles de l'aquifère à nappe libre. Le schéma obtenu montra que 48 % du débit disponible dans la nappe libre provenait de la nappe profonde du Lias, la perméabilité horizontale du Miocène étant d'environ 2.10-7 m/s, l'anisotropie de 6 dans la partie amont au S (Kv = 3.10-8 m/s) et de 30 dans la partie aval au N (Kv = 6.10-9 m/s). Dans l'étude en plan, pour raison de simplification des conditions aux limites dans la partie W de la nappe, la partie de la nappe étudiée fut limitée aux zones « SaïsEst » et « Saïs-Centre » représentant un front d'environ 25 kilomètres. A l'amont et à l'aval, les conditions aux limites utilisées furent des conditions de niveau, isopièze 650 à l'W et isopièze 600 à l'E pour l'amont, isopièze 380 à l'aval (oued Fès et zone d'évaporation). Sur les flancs, les conditions sont de flux nul, ligne de courant correspondant au partage des eaux entre oued N’ja et oued Mikkès à l'W, ligne de courant correspondant à la disparition de la nappe aux abords de l'oued BouFekrane. Les potentiels imposés aux sources étaient : + + + +

500 mètres NGM à Aïn-Blouze—Ain-Beida 520 mètres NGM à Aïn Bou-R'keiss 480 mètres NGM à Aïn-Smène 460 mètres NGM à Aïn-Chkeff.

L'ajustement fut effectué en fin d'étiage, lorsque le régime est non influencé et s'apparente à un régime permanent. Il a consisté à déterminer une carte des transmissivités telle que, pour sa cote respective, chaque source fournisse le débit d'étiage correspondant, soit respectivement 500, 700, 300 et 500 l/s. Le débit total de base du système aquifère était de 4 m3/s, celui des sources étant de 2 m3/s, donc le débit évacué vers l'aval et drainé par les émergences et l'oued Fès ou évaporé était de 2 m3/s. Par la suite, la représentativité du modèle en plan fuit contrôlée en régime transitoire par l'étude des effets d'une modulation de l'alimentation amont sur le débit des sources de flexure et sur l'évolution dans le temps des niveaux piézométriques aux puits témoins, compte tenu d'un coefficient d'emmagasinement moyen de 2,5 %. L'introduction à la limite amont de la plaine du Sais d'une fluctuation de niveau arrondie à 10 mètres (évaluée à partir des excédents pluviométriques et du « coefficient d'infiltration » du bassin versant amont pour l'année la plus pluvieuse : 1962-1963) entraînait sur le modèle, au droit des puits témoins, des variations de niveau de 1,20 à 1,50 mètres, en accord avec les observations de l'année 1962-1963 et des déphasages de l'ordre de trois mois. En aval des sources de flexure et au droit de ces mêmes sources, les fluctuations de niveau

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EN EAU DU MAROC

Bilan sommaire de la nappe du Lias (Nappe du Causse et Nappe profonde de la plaine de Meknès-Fès) TOTAL Plaine du Saïs m3/s

Facteurs de décharge de la nappe du Lias

Causse m3/s

Émergences et sources du Causse (débit consommé)

0,5 à 1

Exsurgences au pied du Causse



3,5 à 4

Apports profonds et abouchements avec la



2,5 à 3



0,5 à 0,6

Plateau de Meknès m3/s





en m3/s

en Mm3/an

0,5 à 1

15 à 30

1,1 à 1,3

4,6 à 5,3

145 à 165

0,6 à 0,7

3,1 à 3,7

95 à 115

nappe phréatique Sources thermales Forages profonds en artésiens ou ascendants)

0,3 à 0,4

Sorties vers les exutoires latéraux



TOTAL

0,5 à 1



0,1

p. m.

p. m.

6,8 à 8

1,8 à 2,1

0,5 à

0,6

15 à 20

0,4 à 0,5

10 à 15

p.m.

p.m.

9,0 à 11,0

280 à 345

TOTAL Superficie des bassins versants du Causse en km2

1 700





1 700

Pluviométrie moyenne annuelle sur le Causse en mm

750 à 800





750 à 800

Volume total d'eau de pluie en Mm3/an

1 275 1 360

Volume d'eau infiltré (d'après les décharges) Coefficient d'infiltration de la pluie en %

à





1 275 à 1 360









280 à 345 22 à 25 (Soit 200 mm de pluie efficace)

p.m. (pour mémoire).

restaient négligeables, les répercussions sur l'aval étant absolument nulles (oued Fès). A une certaine distance de la limite amont, passée la zone d'infiltration, le système

hydraulique est donc régularisé ; le modèle montrait par ailleurs que les variations d'alimentation ne représentent en fait que 10 % du débit de base. Ce chiffre était

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

en accord avec les hydrogrammes disponibles aux sources du groupe Ribaa-Bittit pour lesquelles on observe que les suppléments de débit cumulés en période pluvieuse n'excèdent que rarement 20 % du débit de base. La simulation de plusieurs modes d'exploitation de la nappe par pompage dans les sources fut alors réalisée sur ce modèle en plan et décomposée en deux parties : — pompage cyclique sur une courte durée (année), — pompage à débit fictif continu sur une longue durée (24 ans). La simulation du pompage 6 mois sur 12 à AïnBlouze, d 'un débit supplémentaire de 300 l/s par rapport au régime de base (500 l/s), réalisée sur quatre années consécutives, montra que le processus périodique tendait à se stabiliser rapidement. Le supplément de débit obtenu provenait, pour 1/4 par diminution du débit des autres sources, pour 1/4 par réduction du débit de fuite aval, et pour moitié par augmentation de l'alimentation amont (et donc du Lias). Les rabattements généralisés autour de la source en pompage atteignaient 13 mètres, la période de tarissement de celle-ci étant inférieure à 1 mois. La simulation sur une longue période du pompage simultané sur les sources à débit fictif continu montra que le nouvel état d'équilibre était atteint au bout de 6 à 8 ans. Pour un débit de pompage supplémentaire de 500 l/s, représentant un supplément de 25 % par rapport au débit des sources, on déterminait alors des rabattements généralisés de 16 mètres. Cette simulation confirmait que la récupération du débit pompé se faisait pour moitié sur l'alimentation amont, ce qui entraîne des répercussions sur la nappe du Lias et donc sur les sources (Aïn-Bittit, Aïn-Chegag,...)

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exsurgences de cette nappe. Ces simulations sur réseau résistances-capacités ayant montré que le transfert hiver-été d'un certain volume d'eau par pompage en été dans les sources, était réalisable ; il fallait évaluer le rendement du procédé. Cette étude fut réalisée en utilisant un modèle mathématique à deux dimensions (en plan), car le nombre de mailles et de pas de temps limites du modèle R.C. ne permettait pas d'obtenir une finesse suffisante. Le rendement a été défini comme étant le rapport du volume transféré au volume supplémentaire obtenu pendant l'été, le volume transféré représentant la diminution du volume qui se serait normalement écoulé en l'absence de pompage. Les résultats du modèle mathématique montrèrent qu'en moyenne le rendement était de 35 %, les valeurs extrêmes étant de 41 % sur Aïn-Smène et de 30 % sur Aïn-Bou-Rkeiss. D'autre part, ce rendement dépend peu du débit de pompage, du moins dans la fourchette 5-20 % étudiée ; en conséquence, le volume supplémentaire pompé au cours de l'été, devrait être fixé en fonction des rabattements admissibles et des interférences avec les sources de la nappe du Lias. Les études sur modèles ont confirmé que la nappe libre était déjà régularisée d'elle-même puisque les variations d 'alimentation en hiver ne représentent environ que 10 % du débit de base ; cette régularisation est due essentiellement à l'importance des apports en provenance du Lias. Une meilleure utilisation de l'eau pourrait être obtenue en augmentant les prélèvements, par pompage des sources en été au détriment des débits d'hiver. Mais ce transfert des débits d'hiver en débits d'été s'effectue pour moitié au détriment des ressources amont. Ces études devraient être complétées par un essai de pompage de longue durée dans l'une des sources à aménager, avant de conclure définitivement sur l'intérêt du procédé.

Bilan hydraulique global. Ressources en eau potentielles totales du b a s s i n de Meknès-Fès Le débit des eaux de surface dépend en grande partie des eaux souterraines et la nappe libre du bassin est en communication directe ou indirecte avec d'une part les cours d'eau superficiels et, d'autre part, les eaux profondes du Lias. Les bilans partiels en eaux de surface, eaux de la nappe libre et eaux de la nappe profonde, nécessitent des coupures artificielles, qu 'un bilan global permet d'éviter. Ce bilan hydraulique total, présenté sous forme de tableau, schématise la complexité des phénomènes hydrauliques qui interfèr-

ent entre eux. Il appelle quelques remarques d'ensemble sur les principaux facteurs qui le composent (fig. 22). LA PLUIE ET SA RÉPARTITION Sur les 3 800 km2 environ que couvrent les zones d'alimentation (Causse + bassin de Meknès-Fès), la pluie alimente les eaux superficielles et souterraines. Le volume total de la pluie au cours d'une année

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

CAUSSE MOYEN - ATLASIQUE

BASSIN LACUSTRE DE MEKNES - FES 2100 km² Superficie : Hauteur de pluie annuelle : 573 mm

5 - 16 %

Coeffi de ruissel. : Coef. d'infil. :

1700 km²

Superficie :

15 - 13 %

Haut. de pluie ann. :

PRECIPITATION SUR LA PLAINE

750 - 800 mm

1275 - 1360 Mm³/an

SUPEFICIEL

( 38 m³/s )

( 40 - 43 m³ )

Evapotranspiration sur le bassin

170 - 185 Mm³ (5 à 6 m³/s)

280 - 345 Mm³ ( 9 à 11 m³/s)

HYDRAULIQUE

(30 m³/s) Q = qr + qd + qa # 350 - 420 Mm³ Drainage par les Oueds Ruissellement qr

qd

70 - 190 Mm³

170 - 220 Mm³

Ecoul.t à l'amont qa 50 - 75 Mm³

RESTITUTION

BILAN

Infiltration

Evapotranspiration sur le Causse 960 - 975 Mm³

Infiltration

825 - 960 Mm³

( 26 à 30 m³/s)

Evapotranspiration

5-6% 22 - 25 %

PRECIPITATIONS SUR LE CAUSSE

1200 Mm³/an ( 1065 - 1335 Mm³/an )

lacustre :

Coef. de ruissel. : Coef. d'infil. :

RESTITUTION

~0

CONSOMMATION

~0

( Evapotranspiration )

90 -100 Mm³

120 - 145 Mm³

Réinfiltration 20 -25 Mm³

Drainage de la nappe

Réinfiltration

( émergences non captées) 170 - 220 Mm³

30 - 45 Mm³

15 - 30

105 115

Alimentation

IRRIGATION

des villes (p.p) 20 Mm³

135 - 160 Mm³

IRRIGATION par les sources

SOUTERRAINE

100 - 110 Mm³

Alimentation 20 Pompages 10 - 20

Total 155 - 180 Mm³ Resurgences en bordure

Irrigation + Alimentation

du causse

Captage des sources (émergences - sources

HYDRAULIQUE

de deversement, sources de flexures) + Pompages

Evapotranspiration Evaporation 10 - 15 Mm³

145 - 165 Mm³

Forages artésiens 10 - 15 Mm³

NAPPE LIBRE Volume d'eau emmagasiné : Renouvllement annuel moyen :

650 - 1300 Mm³ 295 - 345 Mm³ Réinfiltration sur le causse 5 - 10 Mm³

BILAN

Apports profonds Abouchements 95 - 115 Mm³

Emergences du causse 20 - 40 Mm³ Sortie occultes p.m Sources thermales 15 - 20 Mm³

NAPPE DU LIAS ( Nappe libre du Causse, nappe captive de la plaine ) Renouvellement anuel moyen ; 280 - 345 Mm³

NAPPE LIBRE

NAPPE DU LIAS

FIG. 22 — Bilan hydraulique total du plateau de Meknès-Fès,

moyenne théorique est de 2340 à 2700 Mm3, ce qui équivaut à un débit fictif continu de 74 à 86 m3 /s. L'évaporation directe ou l'évapotranspiration par la végétation (1 785 à 1 935 Mm3), correspond à 70-75 % du total, tandis que le restant : 25 à 30 %, se répartit entre les écoulements de surface et les infiltrations souterraines (555 à 765 Mm3 /an). L 'ÉCOULEMENT ET L'INFILTRATION

villes ponctionnent une part du débit qui retourne à la nappe par réinfiltration (25 à 30 %) ou est évapotranspiré et consommé (75 à 80 %). Le volume infiltré ou réinfiltré à partir des eaux captées est compris entre 55 et 480 Mm3/an. La part évaporée ou évapotranspirée par les plantes est de l'ordre de 210 à 245 Mm3/an. LES RESSOURCES UTILISÉES

Pour l'irrigation Les parts écoulées ou infiltrées se recyclent et s'approvisionnent mutuellement en transitant par la nappe profonde ou par la nappe libre. Au fur et à mesure que les eaux s'écoulent, les dérivations et les captages pour l'irrigation et pour l'alimentation des

Les irrigations à partir des eaux de surface sont rares dans la plaine, sauf là où les oueds sont directement alimentés par des sources importantes. Les pluies d'hiver et de printemps conditionnent le rendement

69

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

des cultures non irriguées, tandis que les captages des sources et les prélèvements dans les nappes sont utilisés par les cultures irriguées. Les irrigations se font surtout à partir des eaux qui ont transité par les nappes dont 135 à 160 Mm3/an à partir des eaux du Lias (exsurgences au pied du Causse) et 80 à 85 Mm3/an à partir des émergences, des sources de déversement et de flexure, plus 10 à 20 Mm3 de pompages dans la nappe libre, soit un total de 225 à 265 Mm3 par an et un débit fictif continu de 7 à 9 m3/s environ.

Au total 35 à 40 Mm3/an sont prélevés dans les nappes pour l'alimentation humaine, moitié dans la nappe libre moitié dans la nappe du Lias. Répartition des utilisations Pour les deux nappes, les différentes utilisations se répartissent ainsi : Utilisations

La plus grande partie de l'eau est consommée et évapotranspirée et une faible part s'écoule à l'aval vers les exutoires naturels, sans compter la part infiltrée ou réinfiltrée vers la nappe libre. Le retour aux oueds (restitution) est insignifiant en période d'irrigation, mais plus élevé durant les périodes pluvieuses, durant lesquelles les eaux de sources sont peu utilisées. Ces pertes restent en moyenne assez faibles à côté des volumes utilisés. Pour l’alimentation en eau des villes Cette alimentation s'effectue à partir des eaux de la nappe libre du bassin et des eaux de la nappe captive ou libre du Lias. Dans la plaine, ce sont surtout les villes de Fès et de Meknès qui doivent être prises en considération. 3

La ville de Fès prélève (1970) 0,15 à 0,20 m /s par les forages artésiens, 0,4 m3/s des sources de flexures à origine mixte, et 0,1 m3/s de l'Aïn-Amier, émergence de la nappe libre, soit un volume annuel moyen de l'ordre de 20 Mm3. Les besoins moyens en 1982 sont évalués à 1 100 l/s, ceux du mois de pointe étant de 1 400 l/s. Dans l'état actuel des connaissances, ces besoins pourraient être satisfaits, en premier lieu, en éliminant les pertes des adductions actuelles, puis en augmentant les prélèvements dans la nappe du Lias au S de la ville (fig. 20) au moyen de forages nouveaux. D'ici 1982, l'étude approfondie de la nappe profonde devrait permettre, soit d'augmenter ultérieurement les prélèvements dans cette nappe, sinon on pourrait exploiter les sources suivant différents schémas. La ville de Meknès est alimentée (1970) par les eaux du Lias (Aïn-Bittit : 0,3 à 0,4 m3/s) et par la nappe libre (0,15 à 0,20 m3/s de l'Aïn-Kharrouba), soit un débit compris entre 0,45 et 0,60 m3/s et un volume moyen annuel de 15 à 20 Mm3. Les besoins moyens en 1985 sont évalués à 1 100 l/s ; la ville dispose d'un droit d'eau de 300 l/s sur la source Aïn-Ribaa, la réalisation de cette adduction portera les ressources de la ville à 800 l/s, suffisantes jusqu'en 1974. Au-delà, on pourrait vraisemblablement exploiter la nappe profonde du Lias au SE de Meknès (*).

en Mm3

en %

Irrigations (captage des sources + pompages)

245 à 290 50

Drainage par les oueds

170 à 220 34 à 35

Alimentation des villes

35 à 40

Sources thermales Evaporation Captage dans le Causse des émergences

45 à 75

Total

495 à 625

à 46

7

9

à 12

100

Taux de renouvellement des ressources souterraines Le taux de renouvellement, ou fraction de la réserve totale renouvelée. annuellement en moyenne, est le rapport Q/V, du volume moyen annuel global d'alimentation d'une nappe (Q) au volume moyen de la réserve totale (V). Le renouvellement de la réserve peut servir à classer les nappes aquifères : — un taux de renouvellement élevé, égal ou supérieur à 1, sera le propre des nappes à faible réserve, sans capacité régulatrice utilisable, à exploiter à la manière de cours d'eau réguliers, par des ouvrages « au fil de l'eau » ; — un taux moyen, de l'ordre de 0,5, caractérisera des nappes à capacité régulatrice annuelle utilisable, mais à capacité régulatrice pluriannuelle limitée ; — un taux petit, de l'ordre de 0,1, correspondra à des nappes à capacité régulatrice pluriannuelle optimale, pour des exploitations en régime d'équilibre. (*)

Des forages profonds au Lias (600 à 700 m) exécutés en fin 1974 ont permis, après acidifications, d'obtenir des débits artésiens jaillissants de 30 à 40 l/s par unités, les débits en pompage dépassent 100 l/s par ouvrage. Un champ captant proche de la ville (secteur Haj Kaddour) assurera par conséquent la couverture des besoins de Meknès dans l'avenir.

70

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Dans la plaine de Meknès-Fès, la réserve de la nappe phréatique est évaluée à 650 - 1300 Mm3 . Le débit annuel d'alimentation de cette nappe est de l'ordre de 295 à 345 Mm3 /an, comprenant les infiltrations de l'eau de pluie (170 à 185 Mm3 /an), les apports profonds de la nappe du Lias (95 à 115 Mm3 /an) et les infiltrations des eaux d 'irrigation provenant de la nappe profonde (30 à 45 Mm3 /an). Le taux de renouvellement a pour valeurs extrêmes 0,22 et 0,53. La nappe libre est à capacité régulatrice annuelle, utilisable avec une certaine capacité régulatrice pluriannuelle médiocre en général, sauf dans le bas-Saïs. LES RESSOURCES POTENTIELLES DISPONIBLES

Les ressources disponibles comprennent les eaux de ruissellement et celles résultant du drainage de la nappe phréatique par les cours d'eau. Les volumes des eaux de ruissellement sur le Causse

sont de 60 à 75 Mm3 /an, ceux concernant la plaine de 70 à 190 Mm3 /an. C'est-à-dire un volume total de 130 à 265 Mm3 /an (4 à 8,5 m3 /s). Ces eaux superficielles sont en partie mobilisables soit au moyen de barrages si le procédé est réalisable économiquement, soit en les utilisant « au fil de l'eau », plus à l'aval. Les volumes drainés par les oueds s'élèvent à 170220 Mm3 /an. Les droits d 'eau à maintenir, à l'aval, sont au moins égaux au débit de drainage de l'étiage, soit 70 à 90 Mm3 /an. Afin de diminuer les volumes drainés, 100 à 130 Mm3 /an (3,2 à 4,8 m3 /s) supplémentaires pourraient être prélevés ; 70 à 90 Mm3 /an pourraient l'être dans la plaine du Saïs et 30 à 40 Mm3 /an dans le plateau de Meknès. Ces prélèvements supplémentaires seraient effectués dans les zones préférentielles connues, par exemple les sources dont la surexploitation pendant la période estivale devraient permettre la diminution du débit de drainage pendant l'hiver.

Conclusions générales Les diverses études, ainsi que le modèle analogique, ont confirmé que la nappe profonde du Lias influence le comportement de la nappe phréatique ; celle-ci présente une certaine discontinuité, quelques forages s'étant révélés secs. D 'une façon générale, les aquifères où circule la nappe libre du bassin ont des caractéristiques hydrauliques médiocres qui ne permettront pas l'installation de stations de pompage importantes. Les grosses sources qui y apparaissent sont en fait alimentées essentiellement par la nappe profonde du Lias. L'ensemble des zones d 'alimentation (Causse et bassin de Meknès-Fès) reçoit, sous forme de pluie, 2340 à 2700 Mm3 /an au cours de l'année moyenne théorique. Le volume d 'eau ruisselée représente 130 à 265 Mm3 /an, les coefficients de ruissellement qui en résultent étant de 5 à 6 % pour le Causse et 6 à 16 % pour la plaine. Le volume global infiltré alimentant la nappe libre du bassin et la nappe profonde, s'élève à 450-530 Mm3 /an, les « coefficients d 'infiltration » qui en résultent ayant pour valeur 22 à 25 % dans le Causse et 13 à 15 % dans la plaine. L'irrigation des cultures à partir des eaux de surface est rare dans le bassin et s'effectue essentiellement par des eaux souterraines captées. Celles-ci proviennent des sources au pied du Causse, des sources de déversement et de flexure et de quelques stations de pompage dans la nappe libre du bassin. Le volume ainsi distribué s'élève à 245-290 Mm3 /an, représentant 46 à

50 % du volume des eaux utilisées (495 à 625 Mm3 /an). Les oueds de la plaine drainent de 170 à 220 Mm3 /an, représentant 35 % du volume utilisé. L'alimentation des villes, les sources thermominérales, etc., constituent les autres formes d'utilisation. Les quantités d'eau prélevées et consommées ou exportées totalisent 240 à 285 millions de m3 /an, soit 8 à 9,5 m3 /s fictifs continus sur une ressource globale de 425 à 495 Mm3 /an ou 14 à 16,5 m3 /s fictifs continus répartie entre 150-160 Mm3 /an pour l'alimentation propre de la nappe libre du bassin et 275-335 Mm3 /an pour la nappe du Lias (Causse et bassin de MeknèsFès). Un peu plus de la moitié des ressources potentielles en eau souterraine est exploitée, la majeure partie du reste étant constituée par les débits drainés par les cours d'eau et qui sont également utilisés et grevés de droits d'eau. Il n'y a donc presque plus de ressources renouvelables disponibles en eau souterraine. Le volume de la réserve totale de la nappe phréatique est évalué à 650 - 1300 Mm3 , l'ordre de grandeur du taux de renouvellement étant de 0,2 à 0,5 ; il en résulte que, en fonction du taux d'exploitation, la nappe libre du bassin possède une capacité régulatrice annuelle globale satisfaisante, mais une capacité régulatrice pluriannuelle restreinte, sauf localement dans le Nord du Saïs.

BASSIN DE MEKNÈS-FÈS

Parmi les ressources en eau souterraine disponibles, un volume supplémentaire de 100 à 130 Mm3/ a n (70 à 90 Mm3/an dans la plaine du Saïs, 30 à 40 Mm3/an dans le plateau de Mekhnès) pourrait être obtenu en diminuant les volumes d'eau drainés par les cours d'eau. Ces prélèvements seraient effectués dans des zones préférentielles connues, par exemple les sources dont la surexploitation pendant la période estivale devraient permettre de diminuer les débits de drainage des cours d'eau pendant l'hiver. Afin de mobiliser le maximum de ressources en eau, il est nécessaire de rechercher l'exploitation optimale avec régularisation pluriannuelle (décennale). Cette recherche, tant hydrogéologique qu'économique, sera tentée au moyen de modèles analogique ou mathématique,

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mais dans la mesure où davantage d'informations seront disponibles. Ces informations comprennent : l'étude du Causse et de la nappe profonde, afin de déterminer avec plus de précision le volume infiltré, le volume de la réserve totale de cette nappe, une meilleure connaissance des niveaux piézométriques à l'amont de la plaine du Saïs, enfin une détermination plus précise des débits des cours d'eau à l'amont et à l'aval de la plaine en augmentant la périodicité des jaugeages et en modifiant l'emplacement de quelques stations de mesures. Mais pour pouvoir réaliser cette étude plus précise à long terme, il est indispensable de poursuivre des mesures régulièrement espacées dans le temps et simultanées de toutes les variables (niveaux piézométriques, débits des sources et des cours d'eau, pluviométrie).

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2.8.2. LE COULOIR DE FES-TAZA

Par Michel COMBE

Présentation géographique

Le couloir de Fès à Taza constitue la partie la plus orientale de l'unité géologique dénommée couloir sudrifain. Du point de vue hydrogéologique, cette unité offre une grande parenté avec le bassin de Meknès-Fès, car la présence en profondeur d'importantes assises de calcaires et dolomies liasiques rend possible l'existence d'une puissante nappe profonde artésienne ; mais contrairement au bassin lacustre de Meknès-Fès qui dispose des ressources en eau d'une importante nappe phréatique, le couloir de Fès-Taza dont les recouvrements superficiels sont imperméables, se trouve être moins riche en eau. Les limites de ce sous-bassin hydrogéologique sont ainsi définies (fig. 23) : au N, la limite d'affleurement des formations essentiellement marneuses appartenant aux nappes prérifaines ; à l'W, le bassin lacustre de Meknès-Fès ; de l'WSW à l'ENE, la limite des affleurements continus des calcaires liasiques du Moyen Atlas rejoint vers le NE celle des Nappes prérifaines au niveau du massif primaire du Tazzeka, un peu à l'W de Taza. Le couloir de Fès-Taza prend ainsi la forme d'un triangle très allongé dans le sens Ouest-Est et d'une superficie approximative de 750 km2. Le couloir de Fès-Taza est morphologiquement un fossé compris entre deux unités montagneuses : le Rif au N et le Moyen Atlas au S, fossé qui se rétrécit progressivement d'W en E jusqu'à disparaître un peu à l'W de Taza. Ce couloir correspond essentiellement à la vallée de l'Oued Inaouène, affluent important du Sebou. L'Inaouène ne cesse de faire reculer vers l'E la séparation entre le versant atlantique et le versant médi-

terranéen du Moyen Atlas car il existe une différence de 200 m entre les niveaux de base locaux formés à l'W par le confluent Inaouène-Sebou et à l'E par celui du M'Soun et de la Moulouya. Par ailleurs il faut noter la dissymétrie des bordures du couloir, le versant méridional (Moyen Atlas) étant beaucoup plus abrupt que le versant rifain constitué de collines marneuses. Le couloir de Fès-Taza constitue naturellement une voie de communication humaine très ancienne et très importante entre le Maroc atlantique et le Maghreb oriental. L'eau est rare en dehors des vallées des oueds Sebou et Inaouène, mais la pluviosité étant élevée, les collines et plateaux qui modèlent la région sont couverts de cultures céréalières et plantés d'oliveraies ; l'élevage y est important mais fournit des produits de qualité médiocre. Dans les vallées des oueds Sebou et Inaouène existent de petits périmètres irrigués voués à la culture maraîchère et quelques plantations d'agrumes, peu nombreuses d'ailleurs. Les centres urbains de Fès et Taza, situés chacun aux extrémités du couloir, constituent les métropoles d'attraction pour les échanges commerciaux de la région. Quelques bourgades telles Matmata, Tahala et Bir-TamTam ne regroupent guère plus de quelques milliers d'habitants chacune et ont essentiellement un rôle de marchés ruraux. Cette région est très peuplée (70 habitants au km2 en moyenne) par rapport à ses ressources et les conditions de vie de cette population sont médiocres.

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COULOIR DE FÈS-TAZA

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Formations jurassiques du domaine atlasique

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Formations du Miocène du quaternaire du couloir sud rifain Limite entre le bassin lacustre de Meknès -Fes et le couloir sud-rifain de Fes à Taza 0

10

20

30

40

50 km

FIG. 23 — Couloir Fès-Taza : plan de situation et unités géologiques.

G é o l o g i e* Le couloir Fès-Taza appartient au sillon sud-rifain qui s'étend de l'Atlantique à la Méditerranée entre la chaîne du Rif au N et les môles hercyniens de la Méséta et du Moyen Atlas au S. Le couloir de Fès à Taza constitue la partie la plus étroite du couloir sudrifain. Le Causse moyen-atlasique au S s'ennoie progressivement vers le N sous des formations miocènes transgressives sur le Primaire ou le Jurassique. Au Miocène supérieur (Tortonien), après les phases tectoniques majeures qui ont déformé et exhaussé la chaîne rifaine mais n'ont pas affecté son avant-pays le Moyen Atlas, s 'est formée une zone de sédimentation qui est le domaine prérifain. STRATIGRAPHIE DE LA BORDURE DU CAUSSE MOYEN-ATLASIQUE ET DU COULOIR DE FES-TAZA PRIMAIRE ET SECONDAIRE Le Primaire du Causse est constitué par des schistes et grès, parfois métamorphiques, bien représentés * Texte écrit en collaboration avec J. CHAMAYOU et J: Cl. VIDAL.

dans plusieurs boutonnières dont la plus importante est celle du Jbel Tazzeka au NE. Puis vient une série permo-triasique de marnes rouges continentales et lagunaires, discordantes sur le Primaire, souvent accompagnées de coulées de basaltes doléritiques (100 à 120 mètres d 'épaisseur) ; cette série rouge est salifère, le sel se présentant selon les endroits, en amas ou bien de façon diffuse selon les conditions de sédimentation de l'époque. Les calcaires et dolomies du Lias viennent pratiquement en concordance sur le Permo-Trias. Le Lias inférieur est constitué d'une série massive épaisse de 100 à 120 mètres ; puis vient le Lias moyen sous forme de calcaires dolomitiques lités et de calcaires à silex et à chailles ou de calcaires sublithographiques (épaisseur totale de 40 à 50 mètres). MIOCÈNE-PLIOCÈNE Le Miocène transgressif est venu se déposer sur un Causse émergé depuis le Jurassique (Domérien), érodé, plissé et fracturé ; il s'est moulé sur des structures anciennes qu 'il a fossilisé avant d'être à son tour plissé par des mouvements tardifs de faible importance. Deux

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

niveaux principaux peuvent être différenciés : à la base l'Helvétien détritique (grès et marno-calcaires), puis le Tortonien essentiellement marneux, à fines intercalations marno-gréseuses (série dite des marnes bleues), considérablement plus épais que l'Helvétien. De façon générale le Miocène s'épaissit rapidement du S vers le N et de l'E vers l'W ; cependant, des prospections géophysiques par méthode électrique sur le plateau qui prolonge le Causse vers le N ont permis de mettre en évidence des fossés contenant des épaisseurs importantes de Miocène, comme la Rhomra (370 m au sondage électrique n° 7) ou les Beni-Saden (260 m au sondage électrique n° 3). Vers l'E à Matmata, c'est-à-dire au niveau du rétrécissement du couloir de Fès-Taza, le forage 2153/15 a traversé 425 m de Miocène marneux avant d'atteindre le Lias. Les faciès du Miocène varient selon la situation géographique dans le bassin. Dans le S et le SW (secteur de l'oued Sebou) la série débute par des imbrications de faciès continentaux et marins, puis se poursuit par des dépôts marins ; au N et NE (secteur de l'oued Inaouène) la totalité des faciès de la série semble d'origine marine. Dolomies et brèches dolomitiques En discordance sur les calcaires jurassiques et même probablement sur le Trias, apparaissent des faciès dolomitiques. Ce sont à l'Est des dolomies massives beiges, parfois un peu sableuses, de faible épaisseur, datées du Tortonien ; à l'Ouest des brèches dolomitiques à patine noire, très épaisses (environ 100 m) qu'il est difficile de distinguer du Lias. L'origine .de ces brèches est encore difficile à préciser : s'agit-il d'altération sur place du calcaire liasique ou y-a-t-il eu transport ? Le problème reste posé; toutefois. Ces faciès dolomitiques sont bien d'âge Miocène. Faciès détritiques Au-dessus des dolomies on a souvent un niveau conglomératique peu épais (zéro à quelques mètres) à galets roulés, principalement de calcaires liasiques. Viennent ensuite des calcaires et des argiles sableuses jaunes qui passent latéralement dans la région de l'oued Sebou à des faciès continentaux. L'importance de ces niveaux détritiques alimentés à partir du Moyen Atlas, s'accroît beaucoup vers l'Ouest. On citera notamment : — Des conglomérats à galets liasiques essentiellement, qui constituent la base de la série miocène sur la rive gauche du Sebou et peuvent atteindre jusqu'à 50 mètres d'épaisseur au SW. Des niveaux marneux, gréseux ou calcaires s'intercalent parfois. — Des argiles gréseuses et des grès fins argileux d'épaisseur variable mais pouvant atteindre 100

mètres se rencontrent en bordure du Sebou et au milieu de la cuvette de la Rhomra. Ces séries continentales en bordure du Causse sont rattachées à l'Helvétien. — Des marno-calcaires, grès dunaires, calcaires gréseux, formations de littoral, se rencontrent au SW, entre le Causse et les anticlinaux liasiques qui le précèdent vers le N ; ils peuvent atteindre 20 à 30 mètres d'épaisseur. On y rencontre de magnifiques Huîtres géantes fossiles. — Des marnes gréseuses surmontent la série conglomératique et gréseuse de base vers le N et le NE (oued Inaouène). Des bancs de grès peu épais (1 à 3 m) s'intercalent dans cette série qui peut s'épaissir jusqu'à 150 ou 200 mètres. Marnes bleues Ce sont des marnes compactes contenant quelques rares niveaux gréseux. Le plus souvent elles passent latéralement aux formations détritiques que nous venons de décrire par l'intermédiaire de marnes sableuses blanches. Vers l'Est, les marnes bleues reposent sur les conglomérats et même très souvent, directement sur les dolomies. Elles renferment une microfaune abondante qui a permis de les dater du Tortonien ou du Messinien. Ces marnes peuvent être très épaisses (425 m à Matmata, mais plus de 1 000 m au N de. Fès). Complexe prérifain On désigne ainsi un ensemble chaotique à matrice marneuse, où sont mêlés des éléments de toutes tailles (depuis celle du Foraminifère jusqu'à celle du lambeau de nappe de plusieurs centaines de milliers de mètres cubes), appartenant à tous les terrains connus dans les nappes de charriage rifaines. Les éléments durs sont arrondis ou très émoussés ; les éléments marneux ont un aspect disloqué très caractéristique. On trouve tous les intermédiaires entre des formations marneuses bien stratifiées et des formations entièrement chaotiques. Le caractère sédimentaire de celles-ci est attesté par la présence au voisinage de leur extrémité, de niveaux détritiques stratifiés et par leur inter stratification dans les sédiments marneux. Il s'agit d'olistostromes, accumulation chaotique de matériel varié mis en place par des glissements sous-marins. Ces olistostromes se sont mis en place en même temps que les nappes et comme elles, proviennent du nord du bassin prérifain. Ce complexe est daté du Tortonien. Il correspond à ce que l'on appelait la « nappe prérifaine ».

75

COULOIR FES-TAZA

Le Messinien côtier ( « faciès Sahélien » ) A l'Ouest du plateau des Beni-Saden, reposant sur les marnes bleues et sur le complexe, on a des marnes sableuses jaunes et des grès à stratification entrecroisée de couleur fauve. Ils sont d'âge Messinien et ce sont les derniers dépôts marins de la région. Les dépôts lacustres Ils débutent par des conglomérats à ciment argileux et à galets paléozoïques et jurassiques. Ils sont surmontés par des argiles roses, des tufs et parfois par une épaisseur notable (plusieurs mètres) de calcaire lacustre massif. Ces dépôts lacustres sont légèrement discordants sur tous les terrains antérieurs. Ils sont à peu près du même âge que les calcaires lacustres du Saïs qui ont été datés du Pliocène (Mammifères). STRUCTURE Jusqu'à 1970 on considérait que la « nappe prérifaine » chevauchait les marnes bleues tortoniennes et la « molasse de base » du Miocène inférieur. Actuellement il y a deux hypothèses. La première considère toujours que la « nappe pré-rifaine » comprenant le complexe et les nappes, chevauche tectoniquement un autochtone tortonien, constitué de marnes bleues passant latéralement à des faciès détritiques côtiers. La deuxième considère la mise en place des nappes et du complexe comme un phénomène sédimentaire (Vidal, 1971) et la structure de la région comme le résultat du dépôt simultané de matériel de nature et d'origine différentes. La plus grande partie du matériel, complexe et nappes, provient du Nord et se met en place par glissements sous-marins qui s'arrêtent à l'endroit le plus profond du fossé. Les marnes bleues, provenant vraisemblablement de la même région, sont transportées par l'eau et se déposent en avant du complexe et en même temps que lui. Le matériel détritique provenant de l'érosion du Moyen Atlas au Sud, se dépose en même temps sur la pente sud du fossé, d'où le passage latéral observé de ces trois faciès. La grande épaisseur des dépôts détritiques à l'Ouest et le fait que, à l'Est, le complexe repose sur une mince couche de dolomies ou même sur le Paléozoïque, peuvent être expliqués par la présence d'un fort courant sous-marin qui a empêché la sédimentation de matériel fin mais qui n'a pas été suffisant pour déplacer les dépôts mis en place par glissement en masse. A la fin du Tortonien, la sédimentation du complexe s'arrête et un nouveau bassin « Sud-Rifain » s'ébauche au Sud et au Sud-Ouest du domaine Pré-rifain. Il semble qu'une phase de distension provoqua la formation

de deux demi-grabens (graben de Tahala et de la Rhomra) orientés WNW-ESE, qui se prolongent vers l'Ouest par le bassin du Saïs où s'est déposée une grande épaisseur de marnes bleues (600 à 700 m dans la région de Fès) probablement en grande partie d'âge messinien. Les dépôts côtiers du jbel Bou-Rdim, d'âge messinien, montrent que la mer s'est retirée assez tôt du domaine prérifain. Cette région serait l'extrémité orientale d'un détroit messinien s'ouvrant sur l'Atlantique. Le retrait définitif de la mer est marqué dans cette zone déprimée par les dépôts lacustres. TECTONIQUE Cette région n'a jamais subi de mouvements tectoniques importants après les phases hercyniennes. Les seules déformations que l'on observe sont des failles dues à des mouvements épirogéniques qui se sont produits au cours du Secondaire et du Tertiaire, notamment ceux qui ont provoqué la formation puis la surrection du bassin Sud-Rifain. La tectonique profonde des prolongements calcaires du Causse moyen-atlasique sous le recouvrement miocène du couloir de Fès-Taza est importante à connaître sur le plan hydrogéologique, car le réservoir constitué par les calcaires du Lias contient éventuellement les seules ressources en eaux souterraines non encore exploitées dans ce secteur. Les derniers mouvements hercyniens ont affecté les séries primaire et permo-triasique avant le dépôt du Lias; on a pu noter que certains de ces accidents ont rejoué par la suite. Deux phases orogéniques alpines et anté-Miocène peuvent ensuite être reconnues (Colo, 1961) ; l'une, au milieu de l'Eocène (Lutétien) a provoqué dans le Lias de grands accidents orientés NESW, l'autre datant de l'Oligocène occasionna des accidents transversaux aux premiers (soit NW-SE) et pouvant les décrocher. A cette époque, alors que les formations se plissaient ou cassaient, des fossés d'effondrement se créaient, fossés qui seront par la suite envahis par la mer miocène (la Rhomra par exemple). Enfin, des mouvements tertiaires survinrent encore pendant le dépôt du Miocène, provoquant des cassures bien visibles dans certains bancs durs du Miocène gréseux. L'importance des accidents tectoniques affectant le Lias calcaire du Causse et son prolongement sous le Miocène, ressort parfaitement des études de détail (cartographie géologique à 1/20 000, prospections sismiques et électriques) réalisées sur le tracé de la galerie souterraine projetée pour amener les eaux du Sebou dans l'Inaouène (Chamayou, 1967 ; C.A.G., 1968). Ces accidents sont très nombreux et affectent les

76

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

structures profondes du Lias de décrochements verticaux pouvant atteindre 100 à 150 mètres ; on aboutit ainsi à un compartimentage du Lias en horst et

graben, très défavorable à la prospection hydrogéologique par forages explorant le Lias calcaire sous la couverture miocène (fig. 26).

Climatologie PLUVIOMETRIE (cf. tableau de la fig. 10) Le couloir de Fès-Taza est caractérisé par un régime des pluies qui divise l'année en deux. L'hiver est pluvieux de novembre à avril et l'été est sec, voire très sec de juin à septembre. La pluviosité varie entre 500 mm vers l'W (confluence Sebou-Inaouène) et 700 mm vers l'Est (Taza) ; les zones montagneuses bordant le bassin sont beaucoup plus arrosées : jusqu'à 1500 mm au SE sur les sommets lu jbel Tazzeka et un peu plus de 1000 mm sur es hauts versants septentrionaux. La variabilité interannuelle de la somme des précipitations est assez grande et se situe dans un rapport de 1 à 6.

L'hiver, les précipitations peuvent tomber sous forme de neige au-dessus de 1 000 m d'altitude c'est-àdire sur les bordures du couloir sud-rifain, mais la neige ne tient pas au-dessous de 1500 mètres d'altitude. TEMPERAT URES Les moyennes des températures minimales varient entre 11° 1 C (Fès, altitude 415 m) et 11°C (Taza, altitude 510 m) ; les moyennes des températures maximales sont de 24°6 C à Fès et 24°1 C à Taza. Les températures minimales s 'observent en janvier (moyennes du mois : 4°2 à Taza, 4°5 à Fès) et les maximales en juillet (35°1 à Taza et 35°7 à Fès).

Hydrologie L'oued Sebou traverse la partie occidentale du couloir sud-rifain avec une direction SSE ; son affluent l'oued Inaouène parcourt d'E en W le couloir sud-rifain, sur sa bordure septentrionale, avant de rejoindre le Sebou. Des projets d'aménagement importants intéressent ces deux rivières. L'oued Sebou avant son entrée dans le couloir sudrifain est équipé d 'une station de jaugeage fonctionnant depuis 1932 à Aïn-Timedrine (superficie du bassin versant : 4 387 Km²), dans le Moyen Atlas. Le module moyen annuel de la période d'observation 1932-1970 est de 21,5 m3 / s ; l 'année la plus sèche est 1944-45 (6,1 m3 /s) et la plus humide 1962-63 (41,2 m3 /s). Au niveau d'Aïn-Timedrine, le Sebou est donc assez régulier pour un fleuve maghrébin ; les réservoirs calcaires du Moyen Atlas assurent cette régulation et surtout permettent l'existence de débits d 'étiage appréciables, de l'ordre de 7 à 8 m3 /s en moyenne en août-septembre. Les plus faibles débits moyens mensuels observés ont été de 2,7 m3 /s (juillet et août 1945) et 3,1 m3 /s (août 1967). Les débits maxima instantanés de crues s'élèvent à : — crue millénaire : 2 000 m3 /s

de jaugeage à Touaba (bassin versant : 3 320 km2 ) située immédiatement à la sortie du couloir sud-rifain, un peu en amont du barrage Idriss 1er . Le module moyen annuel reconstitué pour la période 1932-1970, à partir d'une corrélation avec Aïn-Timedrine, s'élève à 19,4 m3 /s ; l'année la plus sèche est 1944-45 (2,7 m3 /s) et la plus humide 1962-63 (50,6 m3/s). L'irrégularité des apports est donc beaucoup plus importante que dans le bassin voisin du Sebou ; ceci s'explique par le fait que la majeure partie du bassin de l'Inaouène est de composition marneuse. Les étiages de l'Inaouène sont assez sévères ; les débits moyens des mois les plus secs, août et septembre, sont respectivement de 2,2 et 2,4 m3 /s pour 1932-70, mais sur cette période de 38 années, ils sont inférieurs ou égaux à 2 m3 /s : 28 fois en août et 24 fois en septembre, dont inférieurs ou égaux à 1 m3 /s: : 9 fois en août et 10 fois en septembre. Le débit mensuel minimum observé est de 0,5 m3 /s en août 1962, mais on a estimé à 0,4 m3 /s le débit moyen mensuel d'août 1945. Les débits maxima instantanés de crues s'élèvent d'après les calculs statistiques à : — crue millénaire : 2 500 m3/s

3

— crue centennale : 1 200 m /s — crue décennale : 600 m3 /s. L'oued Inaouène est équipé, depuis 1960, d'une station

— crue centennale : 1 400 m3/s — crue décennale : 660 m3/s.

77

COULOIRDE FÈS-TAZA

à 180°C ) reste compris entre 600 et 1 100 mg/litre la composition de ces eaux est figurée sur le diagramme logarithmique de la figure 24.

DIAGRAMME + + LOGARITHMIQUE Rés. sec Ca en mg par litre Mg en mg par litre n° IRE 20 000 7000 4000 300

8000

2000 3000

700

7000

600

6000 5000

70

4000

2000

2000 30

1000 900

600

800

500

700

7

400

200 300

70

4 200

70

50

100 90 80

50

40

500 400

300

60

200

30

20

100 90 80

0.4 20

10 9 8 7

300

1 2

5

10 9 8

5

7 6

800

500

6

400

7

700 600

8

300

400

CO

300

2

100

5

60 50

70 60 50

40 30

10 9 8 7

7.00

6

1

5

2

4

3

3

4 10

5

2

6 5 4 3

7 8

40

9 20 1

1 0.9

2

8.00

STATION HYDROLOGIQUE TOUABA

0.8 0.7 0.6 0.5

COMPOSITION DES EAUX DE L'OUED 2

PRELEVEES LE :

2

0.4

3

0.3

10

1/1/64

9 8

1/5/64

7

1/8/64

6

1/10/64

5

3 1 0.9 0.8 0.7

4

0.6 2

9

20

20

50

30

OUED INAOUENE 3

60

40

9.00

30

30

70 100 90 80

70

4 5

8 9

4

50 40 100 90 80

100 90 80

4

2 3

5

6

4

0.2

4

600

3

6

40

3

200

50

30

2

800

7

8.00

40

50

700

200

60

60

1

libre

8 9

100 90 80 70

6.00

1000 900

200

6

0.3

9

1000 900

6

6 7

9 8 7

8

3000

500

7.00

3

20

40

30

9 8 7

10

3000

4000

4 5

30

20

50

d'équilibre à 18 ° C 1000 6.00 900 1 800 2 700 3 600 4 5 500 6 7 400 8 9

70

20

7

2000

pH

200

6

4000 6000

1 2

40

30

0.6

0.1

100 90 80

60

70

0.5

600

40

2

0.8 0.7

800

60

3

1000 900

50 100 90 80

100 90 80

2000

70

200

6

1 0.9

200

60

500

300

7000

3000

300

300

700 600

5000

5

2000

700

800

10 9 8

5000

400

400

400 1000 900

8000

800

500

5

2000

600

20

6000

6000

500 1000 900 700

40

10 000 9000

4000

300 4

7000

7000

3000

pH mesuré 3

8000

5000

60 3000

4000

( D'après H. SCHOELLER )

CO 3en mg par litre

en mg par litre

10 000 9000

8000

800

8000

100 90 80

50

1000 900

4000 10 000 9000

SO4

en mg par litre

10 000 9000

6000

3000

5000 200

Cl

Na en mg par litre

7000

6000 5000

TENEUR EN MILLIVALENCES

dH

0.5

3

FIG. 24 — Oued Inaouène à la station hydrologique de Touaba — Diagramme logarithmique de la composition des eaux au cours d'une année.

4 5

0.2

6 7 8

0.1

TENEUR EN MILLIVALENCES

La qualité des eaux du Sebou et de l'Inaouène est toujours bonne. Les eaux de l'Inaouène sont un peu plus chargées mais leurs sels totaux (résidu sec

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

78

Hydrogéologie (fig. 25) Aucune étude d'ensemble n'a jamais été exécutée dans le couloir de Fès-Taza. Plusieurs interventions d'hydrogéologues sont à noter depuis celle du médecin major P. Russo à Taza (1926), toujours orientées vers la résolution de problèmes d'alimentation en eau potable ou encore pour l'étude de projets de mise en valeur. Les projets principaux étaient à caractère hydrogéologique (prospections de Bou-Ourhouil, de la Rhomra, des Beni-Saden, équipement de la station thermale de SidiHarazem) ou orientés vers le génie civil (sites de barrages d'Arabat et du col de Touahar sur l'Inaouène, projet de galerie hydro-électrique du Sebou à l'Inaouène).

RECHERCHES DANS LES CALCAIRES DU LIAS

O

UE D

LB EN

Autour des années 1950, d'importantes recherches hydrogéologiques ont été effectuées sur la bordure nord du Causse moyen-atlasique entre Bou-Ourhouil et Tahala, en pays marneux miocène recouvrant le substratum de calcaires liasiques. En effet, l'implantation de fermes importantes se développait rapidement à cette époque, dans une région dépourvue de ressource en eau superficielle ; la présence des calcaires liasiques sous-jacents permettait d'entretenir de sérieux espoirs sur l'exploitation captif pas trop

(PRERIF)

DOMAINE RIFAIN

120/16

Site de BARRAGE

400

DAR EL ARSA

AMLIL

BARRAGE IDRISS 1er

OUED INAOUENE TOUABA

MATMATA

BO U

1845/15

BENI 1566/15

858/15

TAHALA

(PR

1810/15

SADEN

T A Z Z E K A

FES

SE

GA LE RIE OJ ET )

2152/15

OU ED

253/15

147/16

1818/15 149/16

Sidi Harazem

Bir Tam Tam

1820 et 1840/15

BASSIN LACUSTRE DE MEKNES - FES

1520 à 1522/15

380

554/15

1822/15

RHOMRA

QUATERNAIRE récent, alluvions

1838/15

MIOCENE - PLIOCENE, marnes et recouvrement gréseux

2145 à 2148/15 1225/15 156/15

LIAS ; calcaires et dolomies

288/15

PRIMAIRE : schistes et grès Nappes périfaines ; marnes avec écailles diverses

611/22

EL MENZEL

SEFROU

Limite d'avancée vers le S de la nappe périfaine Forages

540

DOMAINE ATLASIQUE

560

( MOYEN ATLAS )

580

0

Forages ayant atteint le Lias 5 10

FIG. 25 — Couloir de Fès-Taza : implantation des forages exécutés.

15 km

20

79

COULOIR DE FÉS-TAZA

profond et bien mis en évidence quelques kilomètres en amont grâce à plusieurs sources au contact du Miocène et du Lias. On s'est intéressé en premier lieu à la structure et à la profondeur du calcaire liasique sous le recouvrement des marnes miocènes. Trois études isolées par géophysique (méthode électrique) ont été effectuées en 1949-1950 dans les Beni-Saden, la Rhomra et à BouOurhouil ; il est à noter que l'espacement entre sondages électriques (1 pour 2 km2) paraît à présent bien lâche pour aboutir à une carte structurale, d'autant que le relief de la région est assez tourmenté. Ceci et le fait que les études n'avaient que des extensions très localisées, sans lien entre elles, expliquent que le compartimentage du Lias profond en panneaux n'ait pas été très bien vu à l'époque, ce qui entraîna plusieurs échecs lors de l'implantation de sondages de vérification. A l'Ouest, au nord de Sefrou, dans le secteur de Bou-Ourhouil où l'extrapolation était la plus simple en raison de la proximité des affleurements liasiques et d'un plongement régulier du Lias du S vers le N, un forage (156/15, 1952) confirmait les prévisions et permettait d'extraire un débit de 5 l/s du Lias, débit très vraisemblablement inférieur aux possibilités qu'offrirait actuellement un captage correctement exécuté. Dans la plane de la Rhomra (fig. 26), le problème se présente différemment. Cette plaine est située entre les plongements calcaires du Moyen Atlas au S et deux bombements anticlinaux Liasiques (Saya et Chaïrat) au N et à l'W ; entre ces deux structures, la plaine de la Rhomra s'inscrit comme une fosse profonde comblée de Miocène, bien mise en évidence par la géophysique. Au

centre de la dépression, le Lias serait à environ 350 mètres de profondeur. Suite à l'étude géophysique, diverses considérations hydrogéologiques tendaient à conclure que, même s'il était aquifère, le Lias contiendrait de l'eau faiblement artésienne ; dans ces conditions, aucun sondage n'avait été exécuté vers les années 1950. Deux sondages au Lias ont été exécutés en 1968 à l'Ouest de la Rhomra, dans le cadre des reconnaissances sur le tracé de la galerie SebouInaouène ; le premier (1822/15) aurait peut-être mis en évidence un niveau d'eau vers 207 mètres de profondeur alors que le second (1838/15) s'avérait sec à la profondeur de 100 mètres dans le Lias calcaire, profondeur à laquelle le forage fut stoppé. La campagne géophysique de 1968 (électrique et sismique) ayant confirmé la structure en cuvette de la Rhomra et ayant de surcroît mis en évidence plusieurs failles compartimentant le Lias calcaire en profondeur, il semble inutile de poursuivre les recherches hydrogéologiques en ce secteur. Dans la région des Beni-Saden (fig. 26) c'est-à-dire au NW de Bir-Tam-Tam, l'ennoyage vers le N du Lias calcaire des anticlinaux de Chaïrat et Saya sous le Miocène est connu grâce à la campagne électrique de 1949-50 précisée par les travaux de géophysique électrique et sismique de 1968. Ces derniers travaux, à mailles très denses, montrent que le toit du Lias calcaire plonge du S vers le N avec une pente de l'ordre de 10 pour 100 ; ce plongement assez régulier est interrompu par plusieurs failles NNE-SSW surtout et quelques failles orthogonales à cette direction. Ces accidents occasionnent des remontées anticlinales de Trias argileux qui constituent autant d'obstacles à la circulation des eaux du S vers le N. En bref, le problème hydrogéo-

BASSIN DE

S

N

LA RHOMRA BIR TAM TAM

USINE HYDROELECTRIQUE PROJETEE (Chute : 190 m )

VERS OUED SEBOU

FORAGE

FORAGE 554/15

1822/15

500 m

VERS OUED INAOUENE

FORAGE 1818/15 SE88

SE 195

SE63

SE27 SE2

400 GALERIE PROJETEE

200 MIO-PLIO-QUATERNAIRE

0

LIAS: calcaires dolomitiques TRIAS : argiles et basaltes

SE2

Sondage électrique N° 2 (Campagne C.A.G. 1968 )

0

1

2

3

4 Km

FIG. 26 — Coupe géologique N-S sur le tracé du projet de galerie Sebou-Inaouène, montrant la structure du Lias calcaire dans le fossé de la Rhomra au S, les anticlinaux de Saya et Chaïrat au centre et les Beni-Saden au N.

80

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

logique est complexe du fait de la tectonique profonde du Lias et mériterait un examen très détaillé avant tout projet d'implantation de captage. En 1952, un forage profond de 185 m avait été tenté à Bir-Tam-Tam pour l'alimentation en eau du centre (554/15) ; il recoupa successivement 3 mètres de marnes miocènes, puis 115 mètres de Lias calcaréo-dolomitique avant de pénétrer dans les argiles rouges du Trias. Le forage était sec, mais il est à noter que les travaux détaillés de 1968 ont bien montré qu'il se situait dans une zone de horst calcaire limité par des failles ce qui, joint au fait que le Lias est insuffisamment épais à cet endroit, vouait toute recherche à l'échec. Par contre un forage exécuté en 1968 pour la reconnaissance de la galerie SebouInaouène (1840/15) à 1,5 Km au N de Bir-Tam-Tam a permis de mettre en évidence un niveau d'eau dans le Lias à 164 m de profondeur. Il paraît actuellement à peu près exclu d'espérer exploiter la nappe profonde du Lias en ce secteur ; un examen minutieux des données existantes demeure néanmoins à faire. Quelque 20 Km à l 'Est de Bir-Tam-Tam, à Tahala, en bordure même du Causse moyen-atlasique où les calcaires liasiques affleurent, deux forages successifs destinés à l'alimentation en eau potable du centre, les 147 et 149/16 ont traversé la totalité des calcaires. Soit respectivement 104 et 101 mètres (1959). Tous deux ont dû être abandonnés en dépit d'opérations spéciales destinées à accroître les débits d 'exhaure qui étaient en définitive de 2,7 l/s avec 40 m de rabattement pour le 147/16 et de 0,7 l/s avec 50 m de rabattement pour le 149/16. Il est maintenant étonnant de constater les résultats positifs obtenus par deux forages de reconnaissance exécutés en 1964 à Matmata, localité située à 15 Km au NE de Bir-Tam-Tam et à 12 Km au NW de Tahala, soit assez près et en aval hydraulique de deux zones où les recherches avaient échoué auparavant. Ces deux ouvrages avaient été implantés sans reconnaissance géophysique préliminaire, en bordure des deux affluents de l'Inaouène dénommés Matmata et Zemlane, sans autre objectif qu'une reconnaissance hydrogéologique du Lias calcaire en amont hydraulique de deux sources bicarbonatées chaudes (voir ci-dessous : thermalisme). Le premier sondage (2152/15) implanté au SE de Matmata, au bord de l'oued Zemlane traversa successivement : 10 m de limons plio-quaternaires, puis 40 m de marnes miocènes, puis 135 m de calcaires liasiques avant d'être arrêté à 250 m de profondeur dans le Trias (30 m d'argiles rouges surmontant des dolérites). Les calcaires du Lias contenaient une nappe captive en charge dont le niveau s'établissait à 15 m sous le sol ;

le débit d'exploitation de l'ouvrage pouvait être fixé à 30 l/s pour un rabattement de 8 m (transmissivité : 4.10 -2 m2 /s - perméabilité : 5.10-4 m/s). Le second forage (2153/15) implanté au SW de Matmata, à 4,5 km à l'W du précédent et sensiblement à la même cote topographique, présente une coupe géologique très différente : 12 m d'alluvions argileuses quaternaires, puis 414 m de marnes miocènes avant de pénétrer de 44 m dans les dolomies du Lias dans lesquelles le forage a été arrêté. Le Lias calcaréo-dolomitique contient une nappe captive en charge, jaillissante cette fois, avec un débit au sol de 33,5 l/s correspondant à un rabattement de 123,5 m (pression en tête du forage : 12,35 kg/cm² — transmissivité : 9.10 -4 m2 /s). Ainsi, à moins de 5 km de distance, les cotes absolues du toit du Lias sont — 193 m à l'W (2153/15) et + 213 m à l'E (2152/15) ; le niveau piézométrique de la nappe du Lias est en cotes absolues : + 260 m à l'E (2152/15) et + 356 m à l'W (2153/15). Ceci illustre l'importance des accidents tectoniques au niveau du Lias, découpant les calcaires en compartiments indépendants ayant des charges différentes et des bassins d'alimentation séparés ; il est rigoureusement impossible d'interpréter les résultats de ces deux forages sans une couverture géophysique détaillée et d'extension régionale (électrique et sismique). Encore plus à l'Est de Matmata, à oued Amlil, un autre forage au Lias s'est révélé positif en 1956 (forage 120/16). Ce forage a traversé successivement : 12 m de terrasse quaternaire, 38 m de complexe de la nappe prérifaine, 87 m de calcaires gréseux du Miocène inférieur (fig. 27), avant de pénétrer de 19 m dans les calcaires du Lias. Un débit de 10 l/s pouvait être exhauré ; la nappe est en charge et son niveau s'établit à 2 m sous le niveau du sol. Le forage 120/16 a été détruit en hiver 1970 par une crue violente de l'Inaouène. En conclusion, il est certain qu'une nappe profonde exploitable n'existe pas systématiquement dans le Lias calcaire. Des recherches longues et coûteuses permettraient sans doute d'obtenir quelques résultats positifs, du type des captages de Matmata, principalement au N du couloir de Fès-Taza. Ces recherches devraient débuter par une couverture géophysique systématique, en électrique et sismique, de la région, avec une maille dense, de façon à préciser la géométrie du toit des calcaires sous le recouvrement. Des forages relativement profonds suivraient ensuite, avec vraisemblablement un assez fort pourcentage d'échecs qu'il faut être prêt à accepter, compte tenu de la nature du réservoir et de sa géométrie complexe.

COULOIR DE FÈS-TAZA

81

Sidi Bou Thaleb

N m 450 400 350

S

Inaouene

A. Ansar Labrarek 120/16

300 250 200 150 100 50 0 LEG ENDE

TER RASSE Q U ATER NAIRE

M olasse m iocène anté-nappe

C om plexe choatique de la nappe

C alcaire du jurassique

prérifaine à prédom inance m arneuse M arnes gypsifères du Trias

FIG. 27 — Coupe géologique N-S à Oued Amlil d'après B. Lemaire (1956).

RESERVOIRS DES FACIES DETRITIQUES

RESERVOIRS ALLUVIAUX DES VALLEES

DU MIOCENE

Les vallées du Sebou et de l'Inaouène présentent un fond alluvial quaternaire assez développé et susceptible d'être exploité. Ainsi, la vallée de l'Inaouène est bien connue au niveau du site de barrage d'Arabat, grâce aux nombreux travaux de recherche effectués avant l'exécution de l'ouvrage ; à ce niveau, on rencontre de façon très générale 3 à 10 mètres d 'alluvions graveleuses à la base, surmontées de 4 à 8 mètres d'alluvions limoneuses. Les graviers sont aquifères et présentent une perméabilité de l'ordre de 3.10 -3 m/s (forages 2242 et 2243/15) ; les débits extraits sont de 10 à 20 l/s par ouvrage de captage tubé en diamètre 317 mm ; l'eau est de qualité passable (200 à 600 mg de chlore selon la saison et les secteurs). On trouvera à titre indicatif (fig. 28) une coupe développée selon le fond de l'oued du réservoir alluvial de l'Inaouène de part et d 'autre du barrage Idriss ler (site d'Arabat).

Il n 'y a pas de nappe généralisée dans les niveaux gréseux ou calcaires de l'Helvétien, où dans les marnes altérées du Tortonien. Ces roches emmagasinent un certain temps l'eau de pluie ou de ruissellement au fond des thalwegs, mais les réserves sont faibles et tarissent très rapidement en été ; des puits peu profonds (3 à 6 m) exploitent ces ressources et se situent de manière générale au fond de dépressions et de thalwegs. Aucune source émanant de ces niveaux n'est connue hors des fonds de vallées. RESERVOIRS PLIO-VILLAFRANCHIENS Sur le plateau d'El-Ouata en rive gauche du Sebou, le Plio-villafranchien crayeux et conglomératique contient une nappe phréatique qui se déverse par des sources de faible débit, au bord de la falaise qui domine le Sebou, comme Aïn-Azemmour, Aïoun-Iklifène, Aïn-Smar et plus au S la grosse exsurgence d'Aïn-El-Ouata (2209/15, 500 l/s) qui permet d'irriguer tout le plateau. Quelques puits situés dans des lambeaux de calcaires lacustres couronnant les buttes de la Rhomra et des BeniSaden exploitent de petites réserves localisées dans ces calcaires qui reposent sur les marnes imperméables du Tortonien. On citera par exemple les puits 1411, 2084 et 2086/15.

THERMALISME LE CENTRE THERMAL DE SIDI-HARAZEM La station thermale de Sidi-Harazem se situe 12 Km au SE de la ville de Fès. Connues et réputées depuis plusieurs siècles pour leurs propriétés médicinales, les sources furent longtemps fréquentées

COTES N.G.M 175

170

165

160

155

150

145

FIG .20

NW

W ZONE X

NH F36 ZONE IX

F35 E F32

N

F33

COUPE DE BASSES TERRASSES DEVELOPPEE SUIVANT LE COURS DU FLEUVE

NH

ZONE VIII

NH NH F34

par des curistes à la journée ignorant toute prescription ou usage médical en ce domaine. Puis vinrent les expérimentations médicales du Professeur Chiray et du Docteur Secret qui confirmèrent après plusieurs années la renommée de la station, essentiellement dans le domaine de la diurèse. Soucieux de mettre en valeur ses richesses hydrothermales, l'Etat marocain a promu et participé à la création d'une société chargée d'élaborer un plan d'aménagement d'ensemble susceptible de transformer le site en une station thermale pilote. Cette station fonctionne désormais avec des installations très modernes ; une station d'embouteillage d'eau minérale lui a été adjointe et le produit a acquis un grand succès sur le marché marocain.

F30

ZONE VI

NH

ZONE V

F26

S

ZONE VII

NH

F27

W

0 F23

NH F22 F21

E

NH

N

ZONE V

NH

1 km

F20

NH F19

NH F18 S

NH

F17 W

NH F16

F15

NH NH F12

Le gîte des eaux thermo-minérales est incontestablement constitué par les calcaires et dolomies du Lias qui, épais de 200 mètres environ, se situeraient à une profondeur estimée de 600 à 900 mètres d'après la thermométrie et les études géophysiques. Ces calcaires affleurent au S dans le Moyen Atlas et s'ennoient du S vers le N sous un recouvrement miocène d'abord gréseux (60 m de puissance) puis marneux avec des intercalations gréseuses (fig. 29). Des travertins poreux recouvrent les émergences des sources sur une dizaine de mètres d'épaisseur et supportent une oasis très pittoresque. Les sources jalonnent un pli-faille miocène qui est très visible à Sidi-Harazem et se poursuit vers l'E et vers l'W. Les griffons réels, recouverts par une épaisse couche de travertins, n'apparaissent pas et les émergences actuelles sont sans rapport avec eux. Ces émergences sont au nombre de 5 et offrent des débits compris entre 1 et 300 l/s, le débit total étant de 400 l/s. La température des eaux varie selon les émergences entre 27 et 33°C.

E

NH

F10

N

F9

ZONE IV

P5

NH

Argiles

NH S1 ZONE III

B5 B1

S

NH

F1W

BARRAGE IDRISS 1 er

F7 P3

NH

NH

P4 F8

Limons argileux

Limons et limons sableux

Sables

NH F2 ZONE I

NH F3

Gravillons et graviers

Galets

F1

NH F4 F5

ZONE II

NH

Substratum (calcaires ou marnes )

Limite : limons - grveleux

NH

La forte perméabilité des travertins sur lesquels se trouve implantée la station et les installations balnéaires a beaucoup inquiété les hygiénistes et en particulier ceux qui étaient chargés de contrôler le captage des eaux destinées à l'établissement thermal. En dépit de la création d'un périmètre de protection sévèrement contrôlé, une tentative de captage par puits dans les travertins ne peut aboutir au prélèvement d'échantillons bactériologiquement irréprochables. On s'orienta alors vers un captage des eaux entre leur gisement profond et l'émergence dans les travertins, c'est-à-dire au-dessous de ceux-ci mais pas trop profondément tout de même de façon à ne pas risquer de capter des eaux de qualités chimiques et thérapeutiques différentes de celles des émergences. Un premier forage incliné fut réalisé en

E

Cotes N.G.M 175

SE

F6

170

165

160

155

150

145

FIG. 28

83

Ruisseau

Ruisseau Oued Sebou

Route Fès-Taza Chemin de fer

Sce Sidi Hrazem

Chemin

Chemin

Ruisseau Chemin

Oued Sidi Arous

SW

Oued Sid Hazem

m 500

Ruisseau

COULOIR DE FÈS-TAZA

NE

400 300 200 100 0

Terrasse récente = Soltanien ?

Argiles miocène faciès tortonien Argile et grès miocène de base

Terrasse ancienne = Tensiftien ?

Travertins

Conglomérats

Calcaires et Dolomies : Lias

Faille

FIG. 29 — Coupe géologique interprétative au niveau des sources de Sidi-Harazem.

1964, permettant de recouper la zone de faille qui amène les eaux à la surface, entre les profondeurs de 63 et 92 mètres ; un débit jaillissant de 24 l/s était obtenu dans un tubage de diamètre 78 mm. La température des eaux du forage était de 35° C, donc supérieure à celle des sources les plus chaudes (33°C) et demeure constante dans le temps. Les résultats de ce forage d'exploration qui servit d'ailleurs d'ouvrage d'exploitation pendant quelque temps, permirent l'exécution en 1970 du forage d'exploitation lui-même, situé à 43 m du précédent. Réalisé selon les règles de l'art, l'ouvrage est profond de 84 m et équipé d'une colonne en alliage inoxydable de diamètre 150 mm, soigneusement cimentée jusqu'au jour. La pression de l'eau au sol est de 1,2 kg/cm2 et le débit jaillissant correspondant est de 60 l/s, largement supérieur aux besoins du centre thermal et de l'usine d'embouteillage. Il est à noter qu'en cours de forage, des débits de l'ordre de 200 l/s jaillissants avaient été notés lors de la pénétration dans la brèche de faille. Ce forage qui est équipé en surface d'une tête de production en

alliage inox également, dessert désormais les installations ; il a été vérifié que les qualités de l'eau captée étaient rigoureusement identiques à celles de l'eau des sources, avec de surcroît la garantie totale de la pureté bactériologique. Les eaux de Sidi-Harazem appartiennent au groupe des bicarbonatées à bases alcalino-terreuses, de faible minéralisation. Les eaux des forages, régulièrement contrôlées, montrent des variations de la concentration totale (résidu sec à 180°C) comprises entre 675 à 950 mg/l. Ces variations semblent essentiellement imputables aux différences de concentrations en ions C a ++ et Mg++ dont le rapport r Mg/r Ca oscille entre 0,43 et 2,33 ; le rapport r Na/r Ca + Mg est compris entre 0,93 et 2,00, mais demeure assez stable autour de 1,10 ; le rapport r So4/r Cl est stable autour de 0,08. Ces rapports sont caractéristiques des eaux du Lias de la région ; l'analyse type est la suivante (en mg/ litre) :

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

84 C a ++ Mg Na K

+

+

Sio2

++

= = =

76 45 192

=

4

=

7,5

ClSo4

--

Co3H

353

RS à 180°C

=

872

=

31

Dureté

=

37,6°F

TAC

=

26,73°

=

326

-

=

3

---

=

0,3

No3 Po4

-

=

La radioactivité des eaux est faible, due presque exclusivement au radon. Les applications thérapeutiques essentielles ont trait à la diurèse traitée par des ingestions et des bains. Des guérisons ont été également observées dans les affections suivantes : colibacillose, pyélite, cystite et eczéma.

(Aïn-Skouna - 1564/15) et l'autre (1565/ 15) à 8 km plus au S. La première débite 50 l/s d'eau bicarbonatée à 32°C ; la seconde 20 l/s d'eau du même type à 25°C. Toutes deux ont leur gisement dans le Lias calcaire profond et émergent sur le tracé de failles qui assurent la remontée de l'eau dans des conditions tout à fait semblables à celles qui règnent à Sidi-Harazem.

AUTRES SOURCES THERMO-MINÉRALES DU COULOIR FÈS-TAZA

Deux sources chaudes sont connues, l'une à Matmata

Aménagement des eaux du couloir Fès-Taza Plusieurs aménagements ont été projetés dans le couloir Fès-Taza. Ils concernent les eaux superficielles qui représentent une ressource importante ; le premier de ces aménagements, le barrage Idriss l er sur l'Inaouène au site d'Arabat, est en travaux depuis 1969. Il doit être mis en eau partiellement à partir de 1972 et définitivement au début de 1973. La galerie de dérivation du Sebou dans la retenue d'Idriss 1er doit suivre, ainsi que le barrage de M'Dez qui permettra la prise d'eau dans le Sebou. Ces deux aménagements profiteront à l'aval du couloir de FèsTaza ; par contre, un projet de barrage sur l'Inaouène dans les gorges de Touahar en amont d'Idriss l er serait destiné à l'irrigation de la vallée de l'Inaouène entre les deux barrages. Ces ouvrages ont été conçus dans le cadre de l'aménagement global du bassin du Sebou par la mission FAO-MAROC dénommée Projet Sebou (1963-1968). Un projet partiel et antérieur avait envisagé l'édification d'un barrage d'accumulation au site de M'Dez sur le Sebou avec utilisation agricole des eaux sur le plateau de Meknès-Fès ; en dépit de l'intérêt d'étendre les irrigations sur le riche plateau de Meknès-Fès, ce projet doit être éliminé par le Projet Sebou en raison du coût prohibitif du canal têtemorte à réaliser. LE BARRAGE IDRISS 1er AU SITE D'ARABAT (OUED INAOUENE) Les considérations technico - économiques ayant conduit au choix du site d'Arabat pour l'édification d'un grand barrage de retenue ont déjà été exposées dans le tome 1 de l'ouvrage «Ressources en Eau du Maroc » (pp.

89 à 91). Rappelons simplement ici que le barrage est dimensionné pour permettre l'irrigation de 45 000 ha nouveaux dans la plaine du Rharb, surface qui pourra atteindre 70 000 ha après réalisation de la galerie de dérivation du Sebou dans l'Inaouène. Les études préliminaires du site d'Arabat ont débuté en 1964 et l'exécution de l'ouvrage Idriss 1er a donc suivi très rapidement. L'ouvrage et la retenue se situent en bordure du couloir sud-rifain, mais dans l'unité des nappes prérifaines. La géologie régionale de ce secteur est fort complexe en raison de l'extrême désordre qui règne dans les superpositions de couches ; on retiendra essentiellement l'existence d'écailles rigides, de dimensions variables allant du simple bloc jusqu'au massif imposant, fichés dans une série marneuse malaxée et broyée, aux qualités mécaniques très mauvaises et qui sera englobée sous l'appellation de « complexe marneux ». La présence de ce « complexe » dans les zones d'appuis ou de fondations de sites de barrages conduit irrémédiablement à l'élimination de ces emplacements pour l'édification d'ouvrages hydrauliques importants. Le long de la vallée de l'Inaouène, à proximité du resserrement d'Arabat (fig. 30), s'observent précisément plusieurs affleurements de ce « complexe marneux », ainsi que des massifs calcaires qui constituent les écailles rigides dont il vient d'être question. Sur l'esquisse géologique, cinq écailles ont été mises en évidence et numérotées ; leurs volumes respectifs sont variables et les pendages de couches, anarchiques de l'une à l'autre,

85

COULOIR DE FES-TAZA

démontrent leur indépendance actuelle ; la coupe interprétative donne une idée de la structure générale dans cette région.

L'écaille n° 5, où se situe le resserrement d'Arabat, se présente comme parfaitement circonscrite par les formations du « complexe » ; sur la rive gauche de l'Inaouène, ces formations ont été mises en évidence

ESQUISSE STRUCTURALE

N

1500 m 560

0

1 40°

90°

50°

45° A

F 20°

45° 2 40°

30°

F

F

5

10°

3

40°

30°

15°

40°

B

20° 15° 395

25°

395

20°

4 10°

20° 20°

Complexe marneux Ecailles rigides (calcaires - grés - marnes calcaires )

20° 25° O.

Site de barrage d' ARABAT

15°

80°

IN A

25°

OU EN E

NGM 500 400

A

2

3

4

560

F 5

1 F

F

BARRAGE

300 200

100 0

FIG. 30 — Site d'Arabat (barrage Idriss 1er ) ; esquisse structurale et coupe géologique régionale.

B

CARTE GEOLOGIQUE

F1

F9 (10,3)

Complexe marno-salifère

N.110.55°

DU SITE DE BARRAGE D'ARABATE

Idem

N.130.40°

(OUED INAOUENE) Q2

PAR 396 400

C2

M. COMBE

sous recouvrement quaternaire

Marnes et calcaires marneux à silex = Eocène Oligocène Idem sous recouvrement quaternaire

N.100.45°

P4(6,75)

Calcaire marneux à pâte fine = Tortonien inférieur, série des "calcaires du site" F8(10,3)

idem

N50.50°

Crés calcaires et calcaires marneux = Tortonien inférieur, série "gréseuse supérieure" Idem sous recouvrement Quaternaire

Q2

N.110.40°

Q1 C1

sous recouvrement quaternaire

N 100.20°

Recouvrement de pente Quaternaire

P3(6,5)

Terrasse quaternaires : Q1 = Rharbien Q2 = Soltanien Q3 = Tensiftien Q4 = Amirien Glissements : Quaternaire

N 90.20°

396 200 N.100.50° F7(9,9)

C1-C2 Contacts anormaux F 1-2-3 Failles

N.100.30° B4(70,0)

Q1 F1

S1(30,0)

N 340 40° Pendages de couches (direction et intensité du pendage

G5(44,2) N.90.25°

ed Ou

DP3(45,0) 396 000

B7(30,0) B6(40,0) B3(41,5) B5(40,0)

G4(32,1) N.320.40°

B2(30,2)

P11(6,5)

N 110.15°

S603(50,0)

G3(40,0)

N20.20°

Q2

B1 (30,0)

F2

D4

S602(100,2)

DP2(50,7) G1(30.1)

N 110.8°

395 800

Q1

N.150.40° DP1(35,0)

G2(15,0)

N. 20.20°

Q2

F3

Q3

N.140.20° F1(10,5) N.330.40°

Q2

N 31.40°

Q1

Inaouene

TRAVAUX DE RECONNAISSANCE

N.220.40° 395 600

F2

N.100.20°

F2(10 5

S.602(100) Sondage 1 ère campagne (1964) et pronfondeur en m B1(30,0) Sondage 2 ème campagne (1965) et profondeur en m

B

65 540° galerie et longueur en m

Q1 F1 (10.6) Forage de reconnaissance de matériaux profondeur en m P11 (6,5) Puits d'échantillonnage de matériaux et

395 400

FIG. 31

561 000

556 800

N.50.45°

556 600

C2

556 400

C1

560 200

560 000

559 800

559 600

559 400

559 200

profondeur en m

COULOIR DE FÈS-TAZA

entre les écailles 4 et 5 et affleurent par ailleurs largement, vers le N, dans la vallée ; sur la rive droite, l'examen de la carte révèle une disposition identique, encore plus évidente sur le terrain où les contacts sont très visibles à l'aval comme à l'amont du site. Après l'étude géologique préliminaire, certains doutes demeuraient sur la façon d'interpréter la vallée de l'Inaouène, au niveau de l'emplacement du barrage. Les recouvrements alluvionnaires récents ne permettent effectivement aucune observation sur une largeur de 250 mètres, suffisante pour masquer le passage d'un accident injecté de « complexe » ; l'oued pouvait justement avoir utilisé une telle zone faible pour frayer son chemin. Les premiers travaux de reconnaissance permirent d'éliminer cette hypothèse pessimiste. GÉOLOGIE DU SITE DE BARRAGE (fig. 31) COMPLEXE MARNEUX

Ce terme a été précédemment défini comme représentant un ensemble de matériaux plastiques ayant subi les chevauchements et les glissements de masses plus rigides. Il est bien entendu que, géologiquement parlant, cette appellation ne possède aucun sens car elle réunit dans un même ensemble des formations de natures et d'âges très différents. Cependant ces matériaux sont si souvent étroitement mêlés et malaxés qu'ils constituent une entité aux qualités mécaniques extrêmement constantes et particulièrement mauvaises.

87

— des formations d'âge divers qui se présentent sous forme de blocs emballés, aux dimensions des plus variables. FORMATIONS CONSTITUANT L'ÉCAILLE D'ARABAT

Une coupe géologique complète des terrains constituant l'écaille d'Arabat existe depuis la bordure de cette dernière en aval rivé droite du site jusqu'au sommet du massif rive droite. On y observe, sur le « complexe marneux » : Série des marnes à silex Epaisse de 75 mètres environ, elle est rapportée à l'Eocène et à l'Oligocène. C'est une alternance de marnes blanchâtres et de calcaires marneux gris, en couches épaisses de dix centimètres environ, avec intercalations de niveaux à gros silex brun-noir. Au sommet de cette série, une dizaine de mètres de marnes grises peuvent sans doute être rattachées à l'Oligocène, non formellement daté sur la rive droite, mais identifié par microfaunes sur la rive gauche, à l'Ouest du mamelon Aïcha. Série des « calcaires du site » Son épaisseur est de l'ordre de 350 mètres et son âge Miocène (Tortonien inférieur).

Lithologiquement, c'est un matériau marneux, broyé, trituré, décomprimé, gypsifère : 0,2 à 0,5 % de sulfate de calcium (gypse) et souvent salifère, jusqu'à 2 % de chlorure de sodium, caractérisé : — dans les formes du paysage, là où il affleure, par des glissements de terrain généralisés, — dans les études géophysiques par méthode électrique, par de basses résistivités, inférieures à 1,5 ohm, — dans les essais au laboratoire, par des indices de plasticité élevés, toujours supérieurs à 30, des densités sèches de l'ordre de 1,65 (compacité médiocre), une cohésion en essai non consolidé autour de 1 kg/cm2 .

Cette série, très homogène, est composée de calcaires marneux à pâte fine contenant 62 à 85 % de CO 3 Ca, gris sombre ou clair en profondeur, d'autant plus sombres qu'ils sont plus marneux, s'altérant en jaune en surface. A l'affleurement, ils se présentent en bancs épais de dix centimètres, se désagrégeant en boules sous les chocs ; quelques rares inclusions lenticulaires de marnes ligniteuses noires à gypse et sel avaient été notées, quoique d'épaisseurs inférieures à un centimètre, particulièrement dans la partie supérieure de la série. On en retrouve en sondages, mais le gypse et le sel en proportion infime : Cl Na inférieur à 0,1 % et SO4 Ca 2H 20 inférieur à 0,05 % dans les échantillons analysés. Les sondages ont également permis d'observer de rares intercalations de niveaux gréseux ou bréchiques épais de quelques centimètres.

En entrant dans le détail, on peut reconnaître parmi les sédiments : — des marnes versicolores à gypse, des grès violacés à boules de gypse et de sel gemme qui sont ; rapportés au Trias (niveau le plus inférieur des décollements), — des marnes bariolées et des marnes noires à gypse qui appartiennent au Crétacé,

Tous les ouvrages de reconnaissance sur le site de barrage sont demeurés dans cette formation. D'après les affleurements, cette série serait essentiellement marnocalcaire à la base et au sommet, et plus calcaire dans la partie moyenne ; mais ceci est très subjectif car les variations du pourcentage en CO 3 Ca suffisent pour expliquer des érosions différentielles sensibles dans les lignes du relief.

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Série supérieure gréseuse Epaisse de 170 mètres et rapportée au Miocène (Tortonien inférieur), cette séquence se subdivise en : — Une série gréseuse dite « série repère 1 » ou « R 1 ». Epaisse de 30 mètres, elle fut partiellement traversée, en rive droite, par le sondage 134 et la galerie G5 ; elle ressort nettement dans le paysage en constituant un abrupt et sa cartographie permit de mettre en évidence la structure générale de l'écaille. C'est une alternance de calcaires marneux gris du type « calcaires du site » et de calcaires gréseux jaunes en bancs épais d'un mètre environ, apparaissant en relief dans le paysage. — Une série marno-calcaire intermédiaire. Puissante de 120 mètres, elle est constituée de calcaires marneux identiques aux « calcaires du site mais présentant quelques minces intercalations gréseuses. — Une série gréseuse supérieure dite « série repère 2 » ou « R 2 » ; elle couronne les sommets en rive droite et est identique à la série gréseuse inférieure « R 1 » ; cette formation n'apparaît pas sur la carte géologique car elle se situe hors de ses limites, vers l'Est. Formations récentes : le Quaternaire Sont rapportés au Quaternaire : les alluvions de l'Inaouène, en terrasses, les éboulis de pente et les glissements. Terrasses de l'Inaouène Six niveaux de terrasses existent dans la région, mais seuls les quatre plus récents apparaissent à proximité du site. Eboulis de pente Constitués d'un mélange d'argiles jaunes et de fragments anguleux de calcaires ou de grès empruntés aux affleurements locaux, ils constituent, au niveau des zones d'appui du barrage, un recouvrement épais de 5 à 15 mètres en rive gauche et de 2 à 3 mètres en rive droite. A l'amont du site, en rive droite, les masses d'éboulis paraissaient importantes et il fut envisagé de les utiliser comme matériau de recharge d'une digue en terre ; cinq tranchées furent ainsi exécutées pour évaluer les volumes disponibles. RÉSULTATS DES TRAVAUX DE RECONNAISSANCE

Rapports entre l'écaille d'Arabat et le « complexe marneux » : épaisseur de l'écaille La géologie de surface et la géophysique ont démontré

que l'écaille d'Arabat était circonscrite de « complexe » ; il semble très probable qu'elle repose entièrement sur ces mêmes formations. La profondeur du « complexe » sous la fondation est supérieure à 100 mètres d'après le sondage 602 et en raison de considérations d'ordre stratigraphique, elle est sans doute double ou triple. Pour l'implantation des ouvrages annexes se développant vers l'aval et latéralement en rive gauche, c'est-à-dire en direction d'affleurements de « complexe », il était intéressant de préciser la pente du contact entre les formations calcaires et les formations salifères. Le sondage 601, placé en bordure d'écaille, a été réalisé dans ce but ; profond de 100 mètres, il est demeuré dans l'écaille, série des « calcaires du site », sans même les traverser complètement, Le contact est par conséquent pratiquement vertical sur la bordure ouest ; les résultats géophysiques semblent confirmer par ailleurs qu'il en est de même au Nord, à l'aval du site. Dans ces conditions, on pouvait donc conclure que, dans la zone intéressée par les ouvrages, zone pratiquement imposée par la topographie, le « complexe marneux » ne serait très probablement jamais rencontré à moins de cent mètres de profondeur et ne pose par conséquent aucun problème. Structure de l'écaille Structure d'ensemble : depuis sa bordure nord-est jusqu'à 250 mètres à l'amont du site, c'est-à-dire jusqu'à la faille F 2, l'écaille se présente comme un monoclinal dont les pendages régulièrement dirigés vers le sud-est, décroissent progressivement en intensité d'aval en amont ; en effet, au contact du « complexe », les couches sont verticales alors qu'elles ne plongent plus qu'à 45° cent mètres à l'aval du site, à 25° sur le site et à 10° cent mètres à l'amont. Contre la faille F 2, les couches se relèvent et prennent un pendage aval ; il s'amorce ainsi un petit synclinal. Au sud-est de la faille F 2, les pendages sont peu marqués, mais on peut reconnaître une structure anticlinale affectée d'une faille importante. Les accidents : contacts anormaux et failles : dans les limites de la carte géologique du site, les contacts anormaux C 1 et C 2 délimitant le « complexe » ont été tracés à l'aide des observations de surface complétées par les résultats de la prospection électrique. Trois failles, numérotées F 1, F 2, F 3 ont été mises en évidence. La faille F 1 se manifeste en surface, au nord-est, par des contre-pendages anormaux et paraît verticale ; elle affecte des terrains homogènes de

COULOIR DE FES-TAZA

l'épaisse formation des « calcaires du site ». Cette faille a été suivie, sous les alluvions de l'oued, par la prospection électrique qui indique un relèvement d'une trentaine de mètres du compartiment nord par rapport au compartiment sud. Enfin, vers le sud-ouest, cet accident semble s'amortir et ne pas affecter la rive gauche de l'Inaouène où on ne le remarque ni sur la base sismique I, ni entre les sondages électriques A 6 et A 7, ni entre les sondages mécaniques S 1 et DP 3 ; cependant, dans les galeries G 3 et G 4 se rencontrent des zones broyées verticales, orientées N 20°, sensiblement dans le prolongement de F 1 (elle-même orientée N 15°), qui pouvaient représenter le passage de cette faille dans l'appui rive gauche. Ce dernier point a été confirmé lors des décapages effectués pendant la construction du barrage Idriss 1er. La faille F 2 s'observe en surface dans le massif calcaire de la rive droite et semble ensuite s'amortir rapidement vers l'Ouest. Des pendages inverses jalonnent son tracé dans le massif, jusqu'à l 'oued. A l'E, elle est verticale avec un rejet d'une vingtaine de mètres, bien mis en évidence par l'abaissement des grès de la série repère R 1 appartenant au compartiment nord. Au niveau de l'oued, des bancs calcaires disloqués et redressés à 40° indiquent encore sa présence. Sous les alluvions, la prospection électrique permet de la suivre jusqu'au milieu de la vallée mais il semble logique de la poursuivre jusque dans la rive gauche, dans la cuillère de glissement amont située dans son prolongement exact ; en effet F 2 délimite deux types différents de structures en grand et se définit donc comme un accident important. La faille F 3 se signale en surface, au bord de l'oued, essentiellement par une brusque diminution du pendage des couches qui passe de 40° à 20° sur une distance de quelques mètres avec une interruption dans la continuité des observations. Le rejet et les broyages créés par cette faille doivent être faibles puisqu'on ne remarque pas sa présence sur la base sismique 1, aux dromochroniques parfaitement symétriques de part et d'autre de son éventuel passage et que les sondages électriques dans la vallée ne permettent pas davantage de la poursuivre. Tous les sondages exécutés sur le site au cours des deux campagnes de reconnaissance, furent soumis à des essais d'eau du type Lugeon. Chaque coupe de sondage possède un diagramme d'absorption plus ou moins continu et les résultats obtenus ont été regroupés sur un profil transversal à la vallée. Il paraissait certain que la perméabilité des calcaires marneux d'Arabat était fonction des fractures et

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fissures ; les essais l'ont rapidement confirmé et dès lors, il devenait inutile d'effectuer des mesures lorsque le matériau se montrait compact à la sortie du carottier (fond des sondages B 4, B 7,. S 1, SP 1 et DP 2). Par contre, les zones fracturées perméables subirent souvent plusieurs essais successifs, de façon à localiser plus précisément les cotes des pertes importantes. Perméabilité des appuis Le mamelon Aïcha qui constitue l'appui rive gauche est parcouru par un réseau de fractures et de fissures encore actif, alimenté par l'infiltration des eaux de pluies sur ses bordures ouest et sud-ouest, puisque l'on retrouve dans les galeries G 1 et G 3 des dépôts de gypse fibreux provenant probablement de dissolutions effectuées dans le « complexe ». Des circulations naturelles de type karstique ont été mises en évidence par le sondage DP 2 vers la cote 190 mètres. Dans la partie amont du massif, entre DP 1 et DP 2, les terrains compacts peu perméables existent en profondeur un peu au-dessus de la cote de l'oued ; dans la partie aval, vers DP 3, ces formations n'apparaissent qu'une vingtaine de mètres au-dessus de l'oued. L 'OUVRAGE IDRISS ler

Les travaux de construction ont été inaugurés au printemps 1969 par Sa Majesté Hassan II et se poursuivront jusqu'au début de l'année 1973. Le barrage est un ouvrage poids évidé en béton, à 25 plots dont 4 déversants (évacuateur de crues). La hauteur maximale du barrage est de 62 m, au-dessus du lit et de 68 m au-dessus des fondations. Au couronnement, l'ouvrage est long de 447,3 m ; sa largeur est de 63 m en pied et de 2,5 m en crête. L'évacuateur de crues peut déverser 6 000 m3 /s. Les 2 vidanges de fond débitent ensemble 920 m3 /s à retenue pleine. Les 2 vidanges de demi-fond débitent 820 m3 /s à retenue pleine. Une usine hydro-électrique sera installée au pied du barrage en rive gauche et sera équipée de 2 groupes turbine-alternateurs de 17,5 MW chacun (débit équipé de 2 x 40 = 80 m3 /s). La retenue à un volume total de 1 430 millions de m3 représentant une superficie de 57 km2 . Le volume utile à l'irrigation est de 1 100 millions de m3 ; 200 millions de m3 ont été réservés pour l'envasement et 130 millions de m3 constituent le volume de laminage. La vocation principale du barrage Idriss 1 er est la garantie interannuelle des besoins en eau de l'agriculture. Dans le plan d'aménagement du bassin du Sebou, ce barrage est plus particulièrement affecté à la satisfaction des besoins de périmètres à créer dans la

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plaine du Rharb. Les études de gestion de la retenue ont montré que :

sans tenir compte des eaux sauvages). Le fait d 'avoir dimensionné l'ouvrage Idriss 1er pour obtenir une retenue de 1 100 millions de m3 utiles implique que l'option de réaliser les ouvrages de dérivation du Sebou dans l'Inaouène est arrêtée et sera entreprise à moyen terme.

— tant que le barrage ne dispose que des apports de l'Inaouène (550 millions de m3/an) le volume de régularisation nécessaire de la retenue est de 700 millions de m3 pour garantir les besoins en eau de 80000 hectares irrigués compte tenu de l'utilisation au niveau du périmètre des eaux sauvages du bassin intermédiaire situé entre Idriss ler et la prise dans le Rharb (45 000 ha sans tenir compte des eaux sauvages) ; — après la mise en service de la dérivation du Sebou dans l'Inaouène qui apporte 400 à 600 millions de m3 d 'eau supplémentaires, le volume de régularisation de 1 100 millions de m3 de la retenue du barrage Idriss 1 er permet de garantir les besoins en eau de 135 000 ha irrigués (90 000 ha

LES OUVRAGES DE DERIVATION DU SEBOU DANS LA RETENUE DU BARRAGE IDRISS 1 er (OUED INAOUENE) ET L'AMENAGEMENT HYDROELECTRIQUE DU HAUT SEBOU Deux considérations complémentaires ont été à l'origine de la conception de ce projet. La première est un facteur naturel noté de longue date : la différence de niveau topographique de 200 mètres existant entre

0 40 INA

BARRAGE DAR EL ARSA

OU E

BARRAGE EXISTANT ( OU EN CONSTRUCTION EN 1972 )

NE

barrage existant (ou en construction en 1972)

CENTRALE MATMATA

PROJET DE BARRAGE

MAMATA GALERIE

BARRAGE IDRISS 1 er

PROJET DE CENTRALE PROJET DE GALERIE

OU

ED

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AN

BIR TAM TAM SEFROU FES

BARRAGE AÏT YOUB

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CENTRALE EL MENZEL

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GALERIE EL MENZEL

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BARRAGE AÏN TIMEDRINE

0

4

6

8

10 km

550

0 35

2

BARRAGE M'DEZ

FIG. 32 — Couloir de Fès-Taza : projet d'aménagement hydroélectrique et hydroagricole des eaux, implantation des ouvrages principaux.

D UE

O ZL

UL

COULOIR DE FÉS-TAZA

le Sebou au niveau d'Aït-Youb et le bas Inaouène. La seconde a trait aux grandes possibilités d'accroissement du volume de la retenue du site d'Arabat sur l'Inaouène, en fonction de faibles augmentations des hauteurs du barrage. Ces deux circonstances conduisent à valoriser l'ouvrage d'Arabat par une série d'aménagements que leur propre productivité en énergie hydroélectrique permet d'amortir économiquement de façon indépendante. Ces aménagements comporteraient de l'amont vers l'aval (fig. 32) : — 1 barrage de retenue sur le Sebou à M'Dez pour régulariser les apports de la rivière. Une première centrale hydroélectrique est prévue au pied du barrage ; — 1 prise à Aïn-Timedrine destinée à recueillir les lâchers de M'Dez pour les envoyer dans une galerie parallèle au cours du Sebou et débouchant à El-Menzel où serait installée une seconde usine utilisant une chute de 200 mètres ; — une nouvelle prise s'effectuerait sur le Sebou à Aït-Youb, réutilisant les eaux turbinées à M'Dez et El-Menzel pour les dériver vers l'Inaouène dans une galerie souterraine dénommée galerie de Matmata. Une troisième usine, souterraine, implantée à Matmata, profiterait d'une chute de 200 m avant d'amener les eaux du Sebou dans la retenue du barrage Idriss 1er ; — enfin, l'usine installée au pied du barrage Idriss ler turbinerait à nouveau les eaux de l'Inaouène et celles dérivées du Sebou selon les lâchers effectués pour l'agriculture. La taille des équipements hydroélectriques optimum serait, en débits installés : M'Dez 20 m3 /s, El Menzel 20 m3 /s, Matmata 20 m3 /s, Arabat 60 m3 /s. La production moyenne totale serait de 570 gigawatt/heure. La réalisation des équipements peut être échelonnée dans le temps selon les besoins agricoles d'une part et les besoins énergétiques d'autre part. Le barrage du M'Dez se situe dans un site de grès calcaires et marnes remarqué de longue date mais n'ayant pas fait l'objet de reconnaissances détaillées. Un ouvrage en enrochements à noyau central en terre semble bien adapté. L'apport annuel du Sebou à M'Dez est de 250 millions de m3 ; une retenue de 230 millions de m3 est envisagée pour un barrage haut de 70 m et long de 275 m en crête. Le barrage de prise d'Aïn-Timédrine est un barrage assez important puisqu'il est conçu pour régulariser les éclusées de M'Dez à l'échelle hebdomadaire. Haut de 34 m, il aurait une retenue de 4 millions de m3 . Un ouvrage en béton poids a été projeté, mais les travaux de reconnaissance restent à faire ; le site est

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constitué de calcaires liasiques. La galerie d'Aïn-Timédrine à la centrale d'El-Menzel est une galerie en charge de 3,5 m de section, longue de 13,1 km et parallèle au Sebou. Elle permet d'actionner l'usine d'El-Menzel qui restitue les eaux dans le Sebou. Aucune reconnaissance n'a été effectuée au stade du projet préliminaire. Le barrage d'Aït-Youb, reprenant les eaux pour les détourner vers l'Inaouène est également destiné à assurer une régularisation hebdomadaire. Du type enrochement, le barrage, haut de 43 m, permet une retenue de 47 millions de m3 . Il est situé dans des calcaires liasiques et le site n'a pas fait l'objet de travaux de reconnaissance. La galerie de Matmata serait longue de 13,3 km de Aït-Youb jusqu'à l'usine de Matmata ; en charge sur ce tronçon, elle aurait une section de 3,5 m. Les ouvrages de chute seraient entièrement souterrains ainsi que la centrale. La restitution des eaux turbinées vers la retenue du barrage Idriss 1 er s'effectuerait par une galerie de fuite de 3,9 km aboutissant dans l'oued Khifane, affluent de l'Inaouène. Cette galerie a fait l'objet de reconnaissances géologiques de surface au 1/20 000, de reconnaissances géophysiques (électrique et sismique) et de reconnaissances par forages mécaniques qui ont permis de juger qu'elle ne posait pas de difficulté majeure, tant en ce qui concerne les terrassements que les éventuelles venues d'eau (fig. 26). Il en est de même de l'usine souterraine de Matmata qui serait implantée dans les marnes du Miocène. PROJET D'AMENAGEMENT DE LA VALLEE DE L'INAOUENE : LE BARRAGE DES GORGES DE TOUAHAR Il a été dit ci-dessus que le barrage Idriss ler au site de Arabat est destiné à la desserte de périmètres irrigués situés très à l'aval, dans la plaine du Rharb. Néanmoins 1 600 ha seraient également irrigués à partir de cet ouvrage, dans la vallée de l'Inaouène avant la confluence avec le Sebou. Avant la construction du barrage, seuls 400 ha environ étaient irrigués dans la totalité de la vallée de l'Inaouène, grâce à des réseaux d 'irrigation rustiques alimentés par des pompages dans la rivière ; or le potentiel des terres irrigables a été chiffré à 6 500 ha. Un périmètre irrigable de 3 350 ha nets a été étudié à l'amont de la retenue du barrage Idriss 1er ; il nécessite l'édification d'un barrage de régularisation des eaux de l'Inaouène, barrage pour lequel un site intéressant a été examiné à l'entrée ces gorges de Touahar dans le massif primaire du Tazzeka. Un barrage voûte en béton pourrait être exécuté sur des

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

schistes de bonne qualité mécanique ; la capacité utile serait de l'ordre de 60 millions de m3 pour un ouvrage haut de 37 m et de 120 m de longueur en crête, d'un coût relativement modeste estimé à 10 millions de dirhams en 1968 ; par ailleurs les investissements pour le réseau d'irrigation étaient à la même époque estimés autour de 10

millions de DH pour les 3 350 ha. Cet aménagement serait susceptible d'intervenir à moyen terme car il se situe parmi les projets à bonne rentabilité dans l'ensemble des possibilités inventoriées dans le bassin du Sebou.

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GUESSAB D. (1971) : Alimentation en eau du centre de Oued Amlil. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 7 pp., 2 fig. HAZAN R. (1960) : Alimentation en eau de Tahala, résultats des essais de pompage sur le forage 147/16. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 3 pp., 2 fig. LAZAREVIC D. (1966) : Etude hydrologique du bassin du Sebou. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 90 pp., 118 tabl., 194 cartes et graph. LEBLANC D. (1971) : Structure du Prérif oriental au N de Taza. Notes Serv. géol. Maroc, t. 31, n° 237. pp. 41-48. LECLERC C. (1970) : Esquisse hydrogéologique des Causses du Moyen Atlas, observations effectuées pendant l'année 1968-69. Rapp, inéd. MTPC/DH/DRE, 21 pp., 3 fig., 2 cartes. LEMAIRE B. (1956) : Rapport sur l'alimentation en eau du futur centre de Oued Amlil. Rapp. inéd. MTPC/ DH/DRE, 13 pp., 2 fig. MARTIN J. (1966) : Recherches morphologiques sur la bordure septentrionale du Causse de Sefrou (moyen atlas marocain). R. Géogr. Maroc, n° 10, pp. 31-46. Projet Sebou (1968) : Développement régional du Sebou, rapport général, annexe 3, tome 1, aménagement hydraulique. Rapp. inéd. PNUDFAO Maroc, 433 pp., nbx, fig. TALTASSE P. (1949) : Rapport préliminaire sur l'hydrogéologie des BniSadden. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 8 pp., 1 fig. VIDAL J. Cl. (1971) : Texte manuscrit sur la géologie du couloir sud-rifain entre Fès et Taza.

2.9.

Le bassin Rharb-Mamora et les petits bassins septentrionaux des oueds Dradère et Soueïre

Table des matières

2.9. Le bassin Rharb-Mamora et les petits bassins septentrionaux des oueds Dradère et Soueïre.............................................................................. Le bassin Rharb-Mamora (par M. Combe) .....................................................

93 93

Présentation géographique ...................................................................................

93

Géologie ............................................................................................................

94

Climatologie ................................................................................................. Hydrologie superficielle ................................................................................

96 97

Modules et crues ........................................................................................ L'estuaire du Sebou à l'étiage ...................................................................

97 101 103

Hydrogéologie .............................................................................................. Structure hydrogéologique, définition des niveaux aquifères .... Les zones d'alimentation en bordure du bassin ............................................ Alimentation par l'W : les dunes côtières du Rharb ................................ Alimentation par le S : la forêt de la Mamora ................................... Alimentation par 1e SE : Zrar et Cherarda ............................................. Alimentation par l'E : infiltrations à partir des oueds Sebou et Ouerrha .................................................................................... Alimentation par le NE (Mechra-bel-Ksiri) et le N (Lalla-Zohra)

109 110

La nappe profonde en charge de la plaine du Rharb ..................................

110

Mur imperméable et aquifère ................................................................ Qualité chimique des eaux ..................................................................... Artésianisme, transmissivités, fluctuations piézométriques, piézométrie ............................................................................................................. Drainance ............................................................................................. Bilan moyen annuel de la nappe profonde ...............................................

103 103 103 105 109

110 112 112 115 116

La nappe phréatique de la plaine du Rharb ................................................

116

Mur imperméable et nature de l'aquifère ................................................ Piézométrie ........................................................................................... Fluctuations piézométriques ................................................................. Qualité chimique des eaux ...................................................................... Bilan de la nappe phréatique ............................................................. Alimentation de la nappe phréatique par drainante de la nappe profonde ....................................................................... Alimentation de la nappe phréatique par infiltration des pluies et des épandages .............................................................

116 118 118 119 121

Hydrogéologie appliquée ............................................................................

121 122 122

Recherche et exploitation des eaux souterraines profondes .... Exploitation des eaux superficielles ............................................................ Les problèmes de mise en valeur agricole en liaison avec la nappe phréatique ......................................................................................... Plan de mobilisation des eaux souterraines du bassin ....................................

123 123 124 124

Plan d'aménagement du Rharb .......................................................................

127

Références ...................................................................................................

127

Les bassins des oueds Dradère et Soueïre (par M. Combe) ................... Présentation géographique ........................................................................... Climatologie ................................................................................................ Hydrologie .................................................................................................. Géologie ...................................................................................................... Stratigraphie ......................................................................................... Structure du bassin ............................................................................... Nature des sols ..................................................................................... Hydrogéologie ...................................................................................... Les points d'eau ............................................................................. Les sources ................................................................................... Les puits ....................................................................................... Les forages .................................................................................... Ressources en eau souterraine ............................................................... Le secteur de Dehar-el-Hadechi ..................................................... Le secteur N en rive droite du Soueïre ........................................... Le secteur S du bassin (El-Fahis) ................................................... Le bassin de l'E, synclinal Ferjane-Lalla-Mimouna ........................ Le secteur Merja Zerga et dunes côtières de l'W ............................ Le bassin côtier entre Moulay-Bou-Selham et Bargha .................... .. Ressources en eau du bassin (récapitulatif) ........................................... Aménagement des ressources en eau ..................................................... Principe de la mobilisation des ressources en eau .................................. Les périmètres de pompage d'eaux souterraines dans 1e bassin .............. Références ............................................................................................

129 129 129 130 130 130 130 132 133 133 133 136 136 138 138 139 139 140 140 140 141 143 143 143 145

2.9

LE BASSIN RHARB - MAMORA ET LES PETITS BASSINS SEPTENTRIONAUX DES OUEDS DRADERE ET SOUEIRE

2.9.1 LE BASSIN RHARB — MAMORA par

Michel COMBE

Présentation géographique La superficie du bassin hydrogéologique RharbMamora est de 7 500 km2; ses limites sont constituées par l'océan Atlantique à l'W, les collines de Lalla-Zohra au N, celles de Ksiri, Bou-Drâa, Outita à l'E et par les reliefs entre Khémissete et Tiflete au S. La moitié nord du bassin, correspondant à la plaine du Rharb, a environ 4000 km2 de superficie. La morphologie de l'ensemble du bassin correspond à une vaste cuvette dont les 4/5 sont à une altitude inférieure à 20 m, alors que les bordures présentent des reliefs très doux. L'oued Sebou pénètre dans la plaine par l'E, y dessine une ample courbe vers le N avant de revenir au S pour atteindre l'Océan par la trouée de KénitraMehdya ; toujours endigué dans ses propres levées qui dominent partout la plaine environnante, l'oued a un trajet en méandres de 223 Km pour 107 Km de trajet réel en ligne droite suivant l'axe de la gaine fluviale. Son principal affluent l'oued Beth, est canalisé dans la plaine de façon à assurer la permanence de l'exutoire au Sebou. Le centre de la plaine, naturellement marécageux, était initialement impraticable six mois par an aux cavaliers ; d'importants travaux de drainage ont considérablement amélioré cette situation.

La population du Rharb atteint 500 000 personnes dont 360 000 vivent de la terre ; les statistiques montrent que en 1971, 67 % des familles rurales possèdent leur terre (5 hectares par famille en moyenne) et cultivent annuellement 350 000 hectares. L'implantation étrangère : 18 000 personnes en 1956, est en très forte régression puisqu'elle n'atteignait plus que quelques dizaines de familles. à la fin 1971 ; en 1956, 174 000 hectares dont 100 000 cultivés annuellement lui appartenait (chiffres ramenés à 20 000 ha en 1971), divisés en unités d'exploitation comprises pour la moitié entre 200 et 500 hectares. Sur ces superficies, 57 217 hectares ont été transférés à l'Etat par les dahirs des 9 mai 1959 et 27 septembre 1963 et sont gérés par lui, provisoirement. La population citadine se rassemble en une grande ville : Kénitra, capitale provinciale, port et centre industriel (139000 habitants en 1971) et en quelques agglomérations réparties dans la plaine : Sidi-Kacem (20 000), SidiSlimane (15 000), Souk-el-Arba (12 000), MechrabelKsiri (5 000). La superficie cultivée annuellement couvre 350 000 hectares en 1971 dont 60 000 en secteur irrigué. En sec les céréales, blé dur essentiellement, couvrent 240 000 hectares avec des rendements de 11 quintaux par hectare

94

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

dans le secteur moderne et 6,25 qx/ha chez le fellah (blé dur - décennie 1948-1958). Les légumineuses et les oléagineux viennent ensuite. En irrigué, la betterave (30 000 ha), les agrumes (21 000 ha) et le riz, 4 à 8 000 ha suivant les années, dominent largement. L'accroissement des superficies irriguées qui portent des cultures plus rémunératrices se trouvait limité par les ressources en eau ; l'édification de grands barrages d'accumulation en amont de la plaine du Rharb permet désormais des aménagements très importants. L'élevage ne cesse de décroître en quantité et qualité en raison de pratiques pastorales extensives alors que les pâtures se réduisent au fur et à mesure de la mise en culture de la plaine. Le cheptel compte en 1970 environ 430 000 ovins, 200 000 caprins. Là encore des modifications profondes sont à attendre prochainement grâce à l'extension des irrigations. La forêt tient une large place ; la Mamora au S couvre 135 000 ha peuplés de chênes-lièges ; les reboisements que l'on effectue y implantent l'eucalyptus et l'acacia. En bordure méridionale de la plaine ont été plantés 15 000 ha d'eucalyptus utilisés essentiellement

pour la fabrication de cellulose. Les ressources minières sont limitées au petit bassin pétrolier de Sidi-Kacem dont la production décroît régulièrement, se situant à 35 000 t/an de brut en 1971. Après un long sommeil, les prospections par sondages ont repris dans la plaine en 1965 et se poursuivent depuis cette date avec quelques succès (découverte et exploitation d'un petit gisement de gaz à Dar-Gueddari). L'industrialisation; du Rharb est encore embryonnaire. A l'échelle nationale, la raffinerie de pétrole de Sidi-Kacem, les usines de traitement de la betterave sucrière à Sidi-Slimane, Sidi-Allal-Tazi et Mechra-belKsiri et de l'eucalyptus pour cellulose à Sidi-Yahya ainsi que la Compagnie marocaine des cartons et papiers et la Compagnie marocaine de fabrication cotonnière à Kénitra, constituent des entreprises employant jusqu'à 600 personnes. Quelques entreprises secondaires conditionnent des produits agricoles locaux et sont implantées essentiellement à Kénitra qui possède de nombreux atouts pour devenir à moyen terme un important centre industriel.

Géologie A la limite de deux grands ensembles structuraux : Méséta primaire rigide plongeant régulièrement du S vers le N avec une pente de 3°, et domaine rifain dont les formations se sont avancées sur les précédentes du NE vers le SW, en nappes de charriage, le Rharb se trouve affecté d'une subsidence continue depuis le Vindobonien moyen (mise en place des nappes). Encore active de nos jours, cette subsidence est soulignée par un enfoncement de 3 m des égoûts de la cité romaine de Banasa située au coeur de la plaine ; elle apparaît déjà nettement sur la carte du toit du Miocène (fig. 33).

bassin : au N, ce sont des lumachelles et conglomérats, à l'E, des sables jaunes, au SE des sables et grès coquilliers, Divers sondages ont rencontré ces formations sous la plaine. Ces dépôts, en général peu épais, ne constituent qu'exceptionnellement l'objectif de recherches hydrogéologiques.

Alors que s'effectue dans la mer tortonienne l'avancée des nappes prérifaines, la sédimentation se poursuit, déposant, jusqu'au début du Pliocène, une épaisse série marneuse pouvant atteindre 2 000 m de puissance dans la plaine, contre quelques centaines de mètres sur les bordures, conformément à l'ampleur de la subsidence dans le bassin. Cette série, dite des « marnes bleues », constitue le plancher imperméable des niveaux aquifères du Rharb ; tous les terrains antérieurs ne jouent pratiquement aucun rôle hydrogéologique.

A la fin du Pliocène, la mer n'occupe plus dans le Rharb qu'un golfe qui va sans cesse se rétrécir. Les premières transgressions marines quaternaires (Calabrien - Sicilien) n'intéresseront plus qu'une étroite bande (20 Km au plus) parallèle à la côte actuelle ; les suivantes seront encore moins sensibles. Ces pulsations ont laissé des sédiments d'origine marine : calcaires gréseux, grès et sables qui sont datés à l'affleurement en quelques points privilégiés de la Mamora et qu'accompagnent d'anciens cordons dunaires apparaissant sous forme de sables souvent grésifiés. L'ensemble de ces formations, localisé en zone côtière et dans une partie de la Mamora, peut atteindre 200 m d'épaisseur et constitue une zone d'infiltration et un réservoir aquifère de première importance.

Le cycle sédimentaire de l'ère tertiaire s'achève au Pliocène, caractérisé par des dépôts à caractères régressifs identifiés à l'affleurement sur les bordures du

A l'amont de cette zone d'influence marine s'accumulaient, au cours de la même période, des sédiments d'origine continentale, alternativement grossiers (galets

CARTE DE SITUATION

ROYAUME DU MAROC

OUJDA

KENITRA

AT LA NT IQ UE

OFFICE NATIONAL DES IRRIGATIONS

50

SERVICE DES RESSOURCES EN EAU

Souk el Arba

Par L. MONITON

-250

-15 0

NAPPE PROFONDE

-20

FES MEKNES

CASABLANCA EL JADIDA

SAFI

ESSAOUIRA

AGADIR

Zone d'infiltration Ligne de partage des eaux

-150

OC EA N

-100

PLAINE DU RHARB

1026/14 PR7

TANGER

a ohr aZ Lall

SE BO U

0

500 km

0

Forage piézométre et son numéro

Mra bel Ksiri

au fichier de l'inventaire des Ressources en eau (I.R.E) Courbe de niveau du substratum 50 -1

imperméable Zone de mise en charge

Ouerrha Oued Dar Gueddari

OUED

Ou e -200 d

-150

IQ

U

E

-100

O

UE D

SEBOU

T N LA

Sidi Yahia

-100

Beth

1020/14 PR4

1025/14 PR3

-50

IT A

d Tif elte

50

O ue

ZRAR

J.O UT

Fo ua ra te O ue d

J. BOU DRAA

PR7

FORET DE MAMORA O ue d

N A E C

HA

SIDI KACEM

1026/14

O

IC

Sidi Slimane 0

50

AR

PR11

Sm en to

A

T

1027/14

KENITRA

H J.

100

150

SALE

Barrage d'el Kansera M el la h ue d

0

20

40 KM Sk el Arbaa

Aï n

O

el K

Ta ha re st

G RE

G RA

CARTE DU FACIES DES EAUX

O ue d

U BO

O

ue d

100

OUED

er ne bo u

RABAT

Eau chlorurée sodique

KENITRA

Eau bicarbonatée

Tiflète 0

10

20 KM RABAT

FIG. 33

Eau chloobicarbonatée

Si Kacem

Sables à graviers et lits conglomératiques

Sables et garviers Argiles bleues Sables et graviers

Sables et grés Argiles gris bleu

Argiles grises sableuses

Argiles sableuses grises

Sables rouges Argiles grises

Marnes bleues X = 469,5 Y = 408,2 BORDURE SUD-EST DU RHARB

Grés et sables argileux

Argiles bleues X=416,5 Y= 454,3 NW DU RHARB, DUNES COTIERS

COUPES GEOLOGIQUES DE QUELQUES FORAGES DU RHARB

Sables rouges argileux

Sables argileux à

CALABRIEN - SICILIEN

Sables, graviers et galets avec passées

917/8 0

Argiles jaunes

Marnes bleues

100

X=450,5 Y=426,0 BOURDURE OUEST DU RHARB

150

FIG. 34

Marnes bleues

X=419,3 Y=411,6 BOURDURE SUD DU RHARB SIDI YAHIA

358 m X=434,5 Y=442,9 CENTRE NORD DU RHARB

Argiles jaunes sableuses Grés et sables argileux

consolidées

50

X=437,5 Y=431,6 CENTRE SUD DU RHARB DAR- GUEDDARI

Grés et sables passées d'argiles Argiles jaunes et gris-bleu Sables et grés ( niveau capté, Q=27l/s pour A=3,0m)

Argiles jaunes

graviers et galets

Argiles sableuses bleues

Argiles sableuses

MIO-PLIOCENE

Limons sableux ocres

AMIRIEN

SOLTANIEN ET RHARBIEN

SOLTANIEN RHARBIEN TENSIFTIEN

Sables, graviers, galets

Argiles sableuses

Argiles jaunes Argiles jaunes grises et beues Sableuses, niveux de grés durs et de lumachelles

Galets et graviers

VILLAFRANCHIEN, SOLTANIEN QUATERNAIRE ANCIEN ET MOYEN RHARBIEN

VILLAFRANCHIEN ET QUATERN. ANC. PLIOCENE MIOCENE

300

Sables rouges

Argiles gris-bleu

Argiles jaunes

PLIOCENE

Argiles jaunes

200

250

Argiles gris-beu

Argiles sabeuses jaunes

Argiles jaunes

VILLAFRANCHIEN , QUATERNAIRE ANCIEN ET MOYEN

AMIRIEN

150

Grés et sables

Grés et argiles

244/14

Argiles jaunes et grises

Argiles sableuses

VILLAFRANCHIEN ET QUATERNAIRE , ANCIEN PLIOCENE ( Moulouyen - Regréguien - Salétien )

TENSIFTIEN

Sables, graviers et galets parfois consolidés

Grés et sables

QUATERNAIRE INDIFFERENCIE

grises 100

Argiles jaunes et brunes

PLIOCENE

Argiles sableuses

Argiles grises et jaunes

Sables et graviers VILLAFRANCHIEN - QUAT - ANCIEN- AMIRIEN TENSIFTIEN

Sables et graviers

PLIOCENE

RHARBIEN SOLTANIEN

50

Argiles jaunes

Sables et grés

697/8 SOLTANIEN

583/8

QUAT. ANCIEN

1538/8

1495/14

PLIOCENE

227/8

m 0

Argiles beiges Sables argileux

Argiles vertes Sables rouges très fins, argileux Sables jaunes très fins, argileux

Sables fins jaunes sables et galets Sables fins bleus Argiles bleues et lumachelles marines X=442,2 Y=449,8 NE DU RHARB ENTRE KSIRI ET SOUK- EL-ARBA

96

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

- cailloutis) et fins (limons et argiles) selon la pluviosité des époques et la violence de l'érosion. En fait, dans le détail, la répartition de ces matériaux est capricieuse et varie rapidement dans le sens latéral. De gros efforts ont été déployés par les hydrogéologues pour identifier des repères et corréler ces niveaux à distance ; la plupart des procédés modernes de l'analyse sédimentologique : microfaunes, minéraux lourds, granulométrie, minéraux argileux ainsi que les procédés classiques de la corrélation : examen et conservation des déblais de forage, carottage mécanique, carottage électrique, ont été mis en oeuvre sans apporter de résultats satisfaisants ; actuellement encore, c'est la seule comparaison subjective avec les affleurements les plus proches ou les sondages voisins qui guide les corrélations chronologiques. On affecte habituellement : — Au Villafranchien et Quaternaire ancien (Moulouyien - Régrégien - Salétien) d'importants épandages de galets et cailloutis, bien représentés au N et à l'E de la plaine, qui peuvent atteindre 250 m d'épaisseur. Les formations rouges de la Mamora, constituées de

sables fin argileux et de cailloutis, bien développées au S, se rattachent également à cette période ; — A l'Amirien, des sédiments argileux et limoneux à poupées calcaires (jusqu'à 50 m d'épaisseur) ; — Au Tennsiftien, un nouvel épisode à cailloutis dans des sables plus ou moins argileux (jusqu'à 60 m d'épaisseur) ; — Au Soltanien, des faciès limoneux rouges et jaunes comportant quelques niveaux de cailloutis à la base (jusqu'à 50 m d'épaisseur) ; — Au Rharbien (ou Actuel), des dépôts qui recouvrent l'ensemble de la basse plaine et qui sont soit des limons plus ou moins sableux (dess) soit des sols noirs argileux (tirs). Les quelques coupes lithologiques des forages présentés sur la figure 34 donnent une idée des nombreuses variations lithologiques susceptibles d'être rencontrées dans le Rharb.

Climatologie (fig. 35) La pluviosité annuelle moyenne se situe autour de 600 mm dans la zone côtière, mais descend à 450 mm dans le SE de la plaine ; il faut signaler cependant l'existence d'importants écarts interannuels puisque les extrêmes enregistrés à Kénitra sont de 330 et 841 mm. Ces précipitations se répartissent grossièrement en 70 jours pluvieux, essentiellement compris entre la fin novembre et la fin mars, alors que la sécheresse est pratiquement totale entre le 15 juin et le 15 septembre. L'irrégularité dans la distribution des précipitations est donc très nette. L'influence océanique sur les températures est bien marquée par le parallélisme à la côte des lignes isothermes des cartes. On a cependant fait ressortir l'anomalie froide de l'hiver dans le Rharb (minimum absolu : moins 6°C), et une constance des températures estivales (moyenne 26°C en août) qui n'est troublée que par quelques coups de chaleur lorsque souffle le vent chaud ou chergui d'origine saharienne ; le maximum absolu est de 50°C à Kénitra. L'insolation, mesurée en 1957-58 à Kénitra, se traduit par 4421 heures/an de présence du soleil au-dessus de l'horizon, dont 44 % pendant le semestre d'hiver. Les jours d'insolation nulle sont en moyenne de 4 par an et les jours d'insolation continue sont de 51 par an (contre 100 à Fès et

119 à Marrakech). Kénitra connaît en général plus de 66 jours/an de brouillard alors que ce nombre décroît rapidement lorsque l'on s'éloigne de l'Océan ; on note en général un maximum en été (août-septembre) et un autre maximum en hiver. Les vents d'W dominent nettement (63,3 %), avec une faible intensité en général puisque la vitesse moyenne de l'année est de 10,9 Km/h. Le vent chaud du SE ou chergui souffle en moyenne 35 jours/an à Kénitra, très nocif par ses effets déshydratants envers les cultures, le bétail et les enfants en bas âge. L'évaporation potentielle a été mesurée pendant 5 années (1949-1953) à Kénitra à l'évaporomètre de Fiche et atteint 1 360 mm/an soit plus du double des précipitations ; ce chiffre est très supérieur à l'évaporation réelle déduite des indices de Thornthwaite (430 mm) ou du bilan hydraulique (500 mm). L'humidité atmosphérique est relativement inégale dans la région ; en zone côtière (Kénitra) elle se situe en permanence autour de 80 % avec de faibles différences saisonnières, alors que la saturation nocturne est

97

BASSIN RHARB-MAMORA

CLIMATOLOGIE 1933-1963 9 – PLAINE DU RHARB, MAMORA ET DRADERE

MAROC ATLANTIQUE

Nom de la station

Réseau

Coordonnées

Altitude Lat .N.

SOUK EL ARBA SIDI SLIMANE AIN JOHRA TIFLETE RABAT KENITRA

MI MI EF EF SMN ONE

30

34° 41' 24° 15'

30

33° 54’ 33' 55' 34°16'

6°00' 5° 55' 6° 22' 6° 16' ! 6' 50' 6° 35’

MARS

AVR.

34° 06'

150 320 115 25

Pluviométrie moyenne (mm)

Situation dans le bassin

Long.W.

Nord-est est sud sud Sud-ouest ouest

J

F

M

A

M

J

91 69 74 80 78 87

70 55 61 63 60 70

74 56 61 68 63 68

47 41 42 46 42 43

33 25 21 34 27 28

6 7 7 4 5 7

J 0 1 0 1 0 0

A 1 1 2 1 1 1

S

O

N

D

Ann.

10 8 9 I0 8 9

53 39 40 42 43 58

97 70 75 70 82 101

124 84 93 103 101 127

611 455 485 522 510 599

Moyennes des températures maximales et minimales (°C)

Nom de la station

JANV.

FEVR.

MAI

Max.

Mini. Max.

Mini. Max.

MIni Max.

MIni. Max.

SOUK EL ARBA

18.4

5.7

20.0

6.4

22.5

8.6

9.9

SIDI SLIMANE AIN JOHRA TIFLETE RABAT

18.3 18.1 16.7 17 .5

4.6 5.1 5.4 8.1

20.0 20.0 18.5 18.6

5.1 5.9 6.1 8.3

22.6 7.1 22.5 7.4 21.2 7.9 20.4 10.1

25.0 8.8 25.2 8.9 23.7 9.3 22.0 11.3

KENITRA

18.2

5.9

19.1

6.3

21.4

23.5

J

F

M

SOUK EL ARBA

12.0

13.2

15.6 17.2

19.6

SIDI SLIMANE AIN JOHRA TIFLETE RABAT RABAT

11.4 11.6 11.0 12.8

12.6 12.9 12.3 13.4

14.8 15.0 14.6 15.2

KENITRA

12.0

12.7

14.9 16.7

18.6

8.4

24.4

9.9

JUIN

Mini.

JUIL.

A 16.9 17.0 16.5 16.6

M

J

J

A

NOV.

OCT.

16.9

35.6 17.2 32.6 15.8 29.0 12.9

23.4

19.5

7.2

26.6 11.4

28.2 27.7 26.7 23.6

36.4 35.7 35.5 28.8

16.8 15.9 17.2 17.9

36.3 35.9 35.8 28.4

23.2 8.5 23.9 8.6 21.6 9.2 21.4 11.7

19.4 19.1 17.5 18.3

5.6 6.0 6.6 9.3

27.1 26.0 25.7 23.0

25.1 12.1 27.8 15.1 30.4

16.7

31.1 17.1 29.1 15.4 26.6 12.6

22.3

19.3

7.1

24.5 11.4

14.7 13.5 14.6 16.0

17.3 15.9 16.8 18.3

33.0 33.1 32.2 27.1

15.6 14.2 15.1 16.9

30.6 28.8 27.4 24.9

Classification Thornthwaite

12.1 11.6 12.4 14.6

Evaporation

9.5

9.6

Mini. Max. Mini.

10.6 10.3 11.0 13.0

Evaporation mesurée

Ann.

ETR (mm)

Indice global

16.4 13.4

19.0

420

- 14.1

C1 B'3 sa'

560

15.8 16.2 15.4 16.6

12.5 12.6 12,0 13.8

18.9 18.6 18.3 18.0

380 390 400 420

-

28,6 12.5 21.7 21.8

DB'3 da' C1 B’3 sa' DB'3 sa' DB’ 3 da'

440 460 490 48O

1030 (P)

1952 - 1961

19.6 16.0 13.2

17.9

420

- 12.0

C1 B’3 sa'

540

1140 (P)

1952 - 1961

O

22.9 26.0 26.4

24.2

21.0

19.7 23.4 26.6 26.8 19.4 22.7 25.8 25.9 19.0 22.8 26.4 26.3 18.5 20.7 23.0 23.4

24.3 23.6 23.6 22.0

21.4 20.2 19.9 19.8

22.2

N

D

Type climatique

Mini Max. Mini. Max.

Année

27.3 12.0 30.9 14.9 35.2 32.1 31.9 31.0 25.4

Mini. Max.

DEC.

Max. Mini. Max.

S

21.4 23.6 24.1

SEPT.

MinI.

Moyennes des températures moyennes (°C)

Nom de la station

AOUT

Mini. Max.

11.2 11.1 11.2 13.4

Max

d'après Turc (mm)

(P=Piche B=Bac) (mm) Période Quantité

FIG. 35

fréquemment de 100 %. L'été, le taux s'abaisse rarement au-dessous de 50 % et n'atteint 20 % qu'exceptionnellement, par temps de chergui. A l'intérieur (station de Sidi-Slimane) les saturations moyennes sont inférieures de 5 à 10 % à celles de la côte.

On ne possède aucun chiffre concernant les précipitations occultes : brouillard, rosée, condensation à l'ombre. Divers essais de condensation sur tôles ou galets lisses n'ont pas donné de résultat qui puisse permettre d'estimer leurs influences sur le ralentissement de l'évaporation.

Hydrologie superficielle MODULES ET CRUES Le bas Sebou est le collecteur terminal des eaux d'un bassin versant de 34 000 km2 qui s'étend sur les domaines du Rif (essentiellement imperméable) du Moyen Atlas (calcaire) et de la Méséta (essentiellement imperméable) où les massifs montagneux sont largement représentés et bien arrosés (jusqu'à 2 m de pluie par an). Or ce collecteur est un goulet d'étranglement qui s'avère, une année sur deux, incapable d'évacuer les énormes quantités d'eaux qui déferlent à la suite d'une période pluvieuse un peu prolongée, et provoquent de catastrophiques inondations dans la plaine.

Tous les oueds sont soumis au régime pluvial si bien que les précipitations persistantes et généralisées sur l'ensemble du bassin sont particulièrement redoutables en plaine, en raison des risques d'inondation ; par ailleurs ces oueds adoptent les irrégularités saisonnières du climat et ne débitent en été que des volumes d'eau insuffisants en regard des potentialités en terres irrigables. La salure des eaux demeure toujours peu élevée et varie entre 400 et 700 mg/l de résidu sec, en raison inverse du débit. La figure 36 présente le bilan hydrologique des principaux oueds à leur entrée dans le bassin RharbMamora. Il montre que c'est un débit fictif continu

STATIONS DE JAUGEAGES

Limite de sous-bassin versant

ALI-CHERIF OC u

Limite du bassin Rharb-Mamora

Ou ed

ed

Tn ine

Station hydrologique fonctionnant depuis plus de 10 ans

SOUK-ELARBA DU GHARB

SOUK-EL-TLETA

PONT DU RDAT T t

E

Oued SEBOU

SIDI-ALLAL-TAZI T

U

Station hydrologique

Mda

Limite du bassin versant du Sebou

a Rd

ed Ou

I

Q

nouvelle (créée en 1966)

Khnichet C

Ou ed

T

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SIDI - AISSA

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Oued

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SIDI YAHYA S

SIDI SLIMANE

A

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KENITRA

SIDI KACEM

ou

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A

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SOUK-EL-HAD

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N

E OU

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C

Oued

SALE O

B EL - KENSERA

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O. Seira

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MEKNES

TIFLETE

Station cyclopotence .F

lam

O

is Ou O.

C

Station téléphérique

Station simplifiée

O. Boufe

ll O el Ke O. O

Barrage

krane

B

h ra

S

uchk ett

BILAN HYDROLOGIQUE A L’ENTREE DU BASSIN VERSANT RHARB – MAMORA (période 1932 – 1963) (entre parenthèses : chiffres extrapolés)

FLEUVE

SEBOU OUERRHA MDA RDAT TNINE

ALTITUDES MOYENNES DU BASSIN VERSANT

MESURE

SUPERFICIE DU BASSIN VERSANT Km2

AZIB SOLTANE

16 276

940

129,2

69,5

19,7

700

4000

KHENICHET

7 200

680

231,4

101,3

7,4

2700

7000

ALI-CHERIF

360

140

_

STATION DE

ROUTE _

DEBITS MOYENS INTERANNUELS (m ³/s ) DU MOIS LE PLUS HUMIDE

MOYEN

DU MOIS LE PLUS SEC

CRUES ( m ³/ s ) MOYENNE MAXI (1 an sur 2 ) CONNU

m.

729

_

190

435

140

_

(01)

0,0

_

(0,2)

0,0

_

(0.1)

0,0

_

(200)

(500)

RDOM

SOUK-EL-HAD

17 96

670

_

(0,5)

(0,3)

(160)

(400)

BETH

EL-KANSERA

4536

870

26,5

11,4

1,8

600

1100

_

183,1

29,2

TOTAL DES DEBITS MOYENS FIG. 36

99

BASSIN RHARB-MAMORA

R

S

R

E

E

B

U

O

U

O H A

R' D

AT

AZIB SOLTANE 2 215 Mm³

M'JARA : 3 340 Mm³ :3

30

CONFLUENCE : 5 570 Mm³ M

R'D

OM

M 25 :1

TH BE

m ³ O



³ Mm 80 3 :

RA MO A .M

m³ 0M 0 :2

EMBOUCHURE : 6 600 Mm³ Mm³ : Millions de m³/an

Mm3= Millions de m3/an FIG. 37 . Répartition des apports de l'Oued Sebou par sous-bassin versants (1932- 4970). d'environ 210 m3 /s, soit 6,6 milliards de mètres cubes/an, correspondant à un bassin versant de 34 000 km2 qui transite chaque année dans la plaine du Rharb par les cours d'eau. La figure 37 fournit graphiquement l'origine des débits du Sebou par sous-bassins. La largeur du Sebou endigué dans ses propres levées, sa faible pente sur 230 Km de son cours dans la plaine (1/10 000 aux hautes eaux) et l'influence de la marée dynamique qui se fait sentir jusqu'à 85 Km de l'embouchure, ne permettent pas au fleuve d'évacuer plus de 1 600 m3/s à Mechra-bel-Ksiri et 2 000 m3/s à Sidi-Allal-Tazi, débits de l'ordre des crues moyennes (fréquence 1 an sur 5) de son seul grand affluent :

Date

Décembre Février Janvier Janvier Janvier

1951 1955 1960 1963 1970

Conjonction des débits les plus forts 3 en m /s 8000 3100 4600 10000 11000

l'Ouerrha. De fait, entre 1944 et 1972, trente sept années ont été marquées par des débordements ; pour juger de l'ampleur des dommages causés, il suffit de se souvenir que les berges du Sebou dominent la plaine de plusieurs mètres, et que par conséquent les eaux de débordement envahissent rapidement de vastes superficies qu'elles ne pourront quitter par le trajet inverse, stagnant donc, souvent pendant plusieurs semaines. Les crues les plus dangereuses se produisent lorsqu 'il y a conjonction des crues particulières du Sebou et de l'Ouerrha auxquelles s'ajoutent généralement celles des autres petits affluents. Quelques chiffres, obtenus pour certaines années montrent l'ampleur du désastre : Durée des débordements en heures 45 163 82 165 408

Superficies inondées en hectares 159 000 72 000 100 000 180 000 150 000

INONDATIONS DE LA CRUE DE JANVIER 1963

LIMITE DU BASSIN HYDROGEOLOGIQUE LIMITE DE MISE EN CHARGE DE LA NAPPE LIMITE DU PERIMETRE IRRIGUE DE DE L'OUED BETH

Karia Oulad Daouia

ZONES SUBMERGEES ENTRE LE 10 JANVIER ET LE 14 JANVIER 1963

460

O ue d

SOUK-EL-ARBA DU GHARB

Mda

CANAUX

O ue d

Souk-el-Tleta Oued

O ue d Tn in e

M

Oued Sahel

ad èr e

SEBOU

MECHRA-BEL-KSIRI HAD KOURT Rd

Sidi-Allal Tazi

440

ed Ou

U BO

Beht ed

SE

at

Ou

Souk Jemaa

O

O d ue

Moghrane

Oued

Dar Gueddari

R UE

RH

A

Khnichet SEBOU

t Be

ed

h

Ou

Sidi Abdelaziz

420

Lalla Ito Oued

O ued Rd

SIDI YAHYA DU RHARB

h Ti

om

Kcebia

ili

FIG. 38

SIDI KACEM

480

460

440

SIDI SLIMANE

420

me nto ed S Ou

400

Oued Tiflète

KENITRA Mehdia

BASSIN RHARB-MAMORA

L'inondation de janvier 1963 (fig. 38), une des plus importantes de mémoire d'homme, était provoquée par les débits conjoints de : 8 000 m3 /s à la confluence Sebou-Ouerrha, 500 m3 /s sur le Beth, 500 m3 /s sur le R'Dat, 400 m3 /s sur le R'Dom ; les 600 m3 /s restant constituaient l'apport des autres petits oueds (M'Da - Hamma - Tihili - Tiflete - Touirza, etc.). Cette inondation a été dépassée en 1970 provoquant des dégâts beaucoup plus coûteux car l'équipement du Rharb progresse régulièrement ; cette fois, les volumes de débordements (2,9 milliards de m3 ) étaient sans commune mesure avec ce que l'on avait connu antérieurement (1,4 milliards de m3 en 1963). Le mécanisme des débordements et le cheminement de l'inondation dans la plaine sont parfaitement connus ; un système d'alerte radio fonctionne dès les premières pluies. Il centralise à Kénitra les renseignements émanant des stations de jaugeages situées à l'amont et permet de donner l'alarme plusieurs heures avant le début des débordements dans la plaine. Le temps est suffisant pour évacuer les zones menacées. Les remèdes à cette situation ont été étudiés dans le cadre du projet de mise en valeur globale de la plaine par le gouvernement marocain et une mission d'experts de la F.A.O. (1964-1968). L'étude d'un canal d'évacuation (by-pass) doublant la capacité de transit du Sebou montre la nécessité d'un ouvrage de coût très élevé ; on s'était alors tourné vers la création de grands barrages sur l'Ouerrha (M'Jara), le Sebou moyen (Dar-El-Arsa) et l'Inaouène (Arabat) qui possèdent l'avantage supplémentaire de constituer de vastes réserves d'irrigation. Les travaux du premier de ces ouvrages (Arabat), prévu parmi les grands aménagements qui doivent être réalisés au cours du Plan quinquennal 1968-1972 ont été inaugurés en 1969. Les dégâts des inondations de 1970 ont conduit à poser en d'autres termes économiques le problème de la création d'un by-pass au Sebou et de nouvelles études sont entreprises sur ce sujet depuis 1972. L ' E S T U A IR E D U S E B O U A L ' ET IA G E

A l'étiage, les débits moyens mensuels du Sebou à Sidi-Allal-Tazi peuvent descendre en année sèche à 5 m3 /s ; compte tenu des pompages existant entre Tazi et Kénitra, le débit du fleuve est parfois pratiquement nul à l'embouchure. Selon l'amplitude des marées, le courant de flot mesuré à l'embouchure introduit dans l'estuaire entre 8,5 et 19 millions de mètres cubes

101

d'eau salée en l'espace de 5 heures, ce qui explique l'importance des phénomènes marégraphiques dans l'estuaire à l'étiage. Les études effectuées en 1966 ont montré que les effets dynamiques de l'onde de marée se font sentir jusqu'à 85 Km de l'embouchure (Sidi-Allal-Tazi) ; les lieux géométriques des plus hautes et plus basses mers ont été déterminés sur toute cette portion de l'estuaire. Lors de marées très amples les variations thermiques des eaux de l'estuaire peuvent atteindre jusqu'à 3°3 C à l'embouchure au cours d'un cycle de marée et se font sentir jusqu'à 42 km de l'embouchure. Des augmentations de la salinité des eaux de l'estuaire en liaison avec les remontées marines peuvent se manifester jusqu'à 35 Km de l'embouchure, lors de très fortes marées. La figure 39 montre la répartition de la salinité dans l'estuaire à marée haute en fonction des hauteurs de marée pour deux débits du Sebou à Kénitra : moins de 4 m3 /s et 12 m3 /s qui peut être considéré comme un débit moyen annuel d'étiage. A Kénitra, où les industriels sont tentés par ces eaux de l'estuaire en raison de leur coût très bas, il est possible d'enregistrer des augmentations de salinité supérieures à 1 g/l de ClNa, pendant la haute mer, dès que le Sebou débite moins de 40 à 50 m3 /s, c'est-à-dire pendant plus de 4 mois consécutifs par an ; lorsque le débit du fleuve tombe à moins de 4 m3 /s, les salinités peuvent en cette zone dépasser 20 g/l de ClNa et demeurent en permanence supérieures à 1,5 g/l de CINa, même à basse mer. De ce fait, la qualité des eaux du Sebou s'avère fréquemment trop mauvaise pour convenir à de nombreux usages industriels, à Kénitra. D'autre part, la régularisation de l'oued Sebou par des barrages implantés dans le bassin amont aura pour effet certain une aggravation des débits d 'étiage naturels ; les eaux douces ne contiendront plus les eaux salées marines dans le bas de l'estuaire, et celles-ci remonteront chaque année aussi loin que lors des années sèches actuelles. Or l'eau à bon marché fait défaut à Kénitra, ce qui freine l'expansion industrielle de cette cité qui devrait voir s'installer, grâce au développement agricole de son arrière-pays, un bon nombre d'industries alimentaires et frigorifiques ; les eaux de l'estuaire étant inutilisables une bonne partie de l 'été il faudra rapidement envisager, pour couvrir les besoins industriels, une adduction spécifique pour laquelle des solutions existent, telles l'édification de barrages de garde contre la salinité de marée ou la prolongation du canal principal d'irrigation rive gauche du Rharb, ou encore des captages dans les dunes.

102

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

SALINITE DES EAUX DE L'ESTUAIRE A MAREE MONTANTE EN FONCTION DES COTES DU PLAN ET FREQUENCE MENSUELLE DES COTES 1. DEBIT DU SEBOU INFERIEUR A 4 m3/s A KENITRA : 436/290?) 444/36 (>447/>152?) 446/36 447/36

200

RBIA

(-365/-401!!!)

229/36

(?/210)

(403/170)

(403/170)

JBILE TE

10

20

30

40

DAR OULD ZIDDOUH 3000/36

(-?/-439)

Carte structurale du Turonien

500

Profondeur du Turonien sous le sol Limite Nord du bassin versant de l'oum er Rbia moyen

800

-400 900S. ES SEBT

Limite des formations primaires au Nord et l'Ouest

1000

Limite du domaine atlasique au Sud

(+/-555)

Affleurements de terrains secondaires anté-turoniens

828/45 (?/190)

Affleurement du Turonien

El

O.

0

BENI MELLAL

NAPPE TURONIENNE LIBRE

O.

759/45

Abid

Tessaout

L'W

?

TU R O

NIEN VER S

D'E XT DU ENSIO N

? E LIMIT

1535/45 (146/210)

200

(>352/?)

300

100

391/45 (380/227)

100

EL KSIBA

(?/92)

2105/37

Darna

700OUM

OUED

18/36

2104/37

ER

600 449/36

100

(1/237)

O.

400 500

1533/36

(470/283)

2108/37 (1/178)

(9/41)

0

(?/289)

1914/37

FQUIH BEN SALAH 276/36

(290/290?)

2102

KASBA TADLA

2107/37 (1/387)

442/36 (?/254?)

490/36

100

645/36

(?/>313)

Sidi Chaho (site de barrage)

(512/479?)

644/38

(463/466)

(503?/500?)

642/36

Barrage

(306/298)

Lac de Bin el Ouidane

EL KELAA DES SRARHNA

Forage profond et son numéro I.R.E.& cotes NGM du niveau Barrage de la nappe turonienne puis du toit du Turonien piézométrique Limite approximative probable entre nappe turonienne libre et captive Limite approximative possible du domaine où la nappe turonienne est artésienne

FIG. 112 — Carte des profondeurs sous le sol du toit des calcaires du Turonien supérieur.

50

350

300

400

450

BASSIN DES CALCAIRES TURONIENS DE TADLA SITUATION DES FORAGES PROFONDS

SETTAT 580/28 127/28 (?/675)

(793/809)

1/28

250

(?/649)

159/28 6/28 4/28

KHENIFRA

800

BOUJNIBA

(?/702)

3/28 5/28 (603/637) (?/654)

Chaouka

O.

1007/28

750 OUED ZEM 700

KHOURIBGA

(642/665)

(?/612)

650

2/28

O.

(?/313)

400

350

(462/463)

443/36

(462/277)

EL TLETA DES BENI OUKIL

EL BOROUJ

448/36 (?/221?)

(290/290)

642/36

331/36

(306/296)

(365?/198)

2102 1914/37

441/36 ( >440/2337) 406/36 (>436/290?) 444/36 (>447/>152?) 446/36 447/36

(470/283)

2104/37

2108/37 (1/237)

RBIA

400

449/36 (-365/-401!!!)

(403/170) JBILE TE

EL KELAA DES SRARHNA

500

OUM

BENI MELLAL

Piézométrie NGM de la nappe turonienne

Limite Nord du bassin versant de l'oum er Rbia moyen

229/36

100

(>352/?)

Abid

Tessaout

DAR OULD ZIDDOUH 3000/36

(-?/-439)

Limite des formations primaires au Nord et l'Ouest

S. ES SEBT

Limite du domaine atlasique au Sud (+/-555)

Affleurements de terrains secondaires anté-turoniens Affleurement du Turonien

El

O.

(?/190)

NAPPE TURONIENNE LIBRE

O.

L' W

?

NIEN VER TURO S

D'EX T DU ENSIO N

? E LIMIT

759/45

40

828/45

1535/45

(403/170)

30

OUED

(?/210)

(146/210)

20

Darna

450

ER

200

391/45

10

O.

276/36 (9/41)

(380/227)

0

FQUIH BEN SALAH

491/36

18/36

EL KSIBA

(1/98)

2105/37 (1/178)

(290/290?)

1533/36

(?/289)

KASBA TADLA

2107/37 (1/387)

442/36 (?/254?)

490/36 Sidi Chaho (site de barrage)

(512/479?)

644/38

(463/466)

(503?/500?)

300

Srou

550

642/36

Barrage

(306/298)

Lac de Bin el Ouidane

Forage profond et son numéro I.R.E.& cotes NGM du niveau Barrage de la nappe turonienne puis du toit du Turonien piézométrique Limite approximative probable entre nappe turonienne libre et captive Limite approximative possible du domaine où la nappe turonienne est artésienne

FIG. 113 — Carte piézométrique de la nappe des calcaires du Turonien supérieur - Equidistance des courbes : 50 m.

50

PLATEAU DES PHOSPHATES

principalement dans la zone SE, au coeur du synclinal du Tadla ; — en aval-écoulement de la nappe au SW, l'écoulement s'effectue d'E en W avec un gradient plus marqué au niveau de l'Oum-er-Rbia ; les sources en charge de l'Aïn Igli (18/36) et de la confluence Tessaoute—Oum-er-Rbia (8 et 9/36 - 378/36) ne fournissent malheureusement que des indications piézométriques approximatives. Dans ce secteur, la Tessaoute aval et l'Oum-er-Rbia semblent constituer des axes de drainage très importants ; — enfin, deux secteurs différents se distinguent dans cette nappe de part et d'autre de la ligne de courant passant par El-Borouj : le secteur NW où le Turonien affleure peu et est de ce fait peu alimenté par infiltration de la pluie, et le secteur NE où les affleurements sont importants (800 km2 ) et qui bénéficie de ce fait d'infiltrations de la pluie plus abondantes. CHIMIE DE L' EAU Excepté dans les zones d'affleurement, il est souvent difficile d'attribuer les eaux d'un captage (puits ou forage) à un niveau donné. Sur le diagramme de la figure 114, des eaux dont la provenance turonienne est pratiquement certaine ont été rassemblées en tenant compte d'une large répartition géographique. Toutes ces eaux sont du type carbonaté calcomagnésien. On note que les eaux proches des zones d'infiltration de la pluie (puits de Oued-Zem : 86/29 Khouribga : 1007/28) sont moins chargées que celles situées au centre du bassin (El Borouj : 642/36 et Kasba-Tadla : 1914/37), ces dernières étant plus douces que les eaux de l'aval (sources Aïn-Igli : 18/36 et Bissi-Bissa : 9/36). L'éventail des concentrations totales (résidus secs à 180°C) demeure compris entre 500 et 1 000 mg/l de l'amont à l'aval ; les eaux du Turonien sont par conséquent de bonne qualité dans l'ensemble du bassin. Il reste à vérifier qu 'il en est bien de même au coeur du synclinal du Tadla. PERSPECTIVES D'EXPLOITATION DU RÉSERVOIR TURONIEN Le Turonien pourrait constituer une réserve d'eau considérable dans l'ensemble du bassin Tadla-Plateau des Phosphates-Bahira orientale. Pour la zone où la nappe est captive (5 000 km2 ) le volume emmagasiné serait de l'ordre de 10 à 50 milliards de mètres cubes. En outre, le réservoir est régulièrement alimenté par infiltration de la pluie sur les zones d'affleurement. On a tenté (cf. introduction climatologique) d'es-

251

timer les infiltrations à partir de la pluie et de l'évapotranspiration calculée d'après Thornthwaite en tenant compte du fait d'observation montrant qu'il n'y a pratiquement pas d'écoulement superficiel dans les zones d'affleurement du Turonien. Avec des hypothèses prudentes, l'infiltration est estimée de 10 à 20 % des précipitations, correspondant pour le secteur NE de Oued-Zem-Boujad à une alimentation effective de la nappe turonienne comprise entre 35 et 70 millions de m3 /an. Dans les autres zones d'affleurement (300 km2 sur les pourtours NW, W et SW) l'alimentation directe serait de 5 à 10 millions de m3 /an. Au total, l'alimentation de la nappe par infiltration directe de la pluie serait comprise entre 40 et 80 millions de m3 /an, l'essentiel provenant du secteur NE. C. Archambault ajoute à cette alimentation directe une alimentation indirecte par drainance verticale de haut en bas à travers les assises de recouvrement du Turonien lorsque celles-ci sont peu épaisses (niveau Sénonien) et justifie cette alimentation par les observations et mesures effectuées de l'infiltration rapide des eaux de la retenue du petit barrage du Bou-Guerroum (NE de Fquih-Ben-Salah). La retenue repose sur 60 mètres de marnes calcaires sénoniennes à 2,2.10-6 m/s de perméabilité verticale recouvrant l'assise des calcaires du Turonien ; la retenue s'étend sur 37 hectares et absorbe 0,7 m3 /s sous une charge moyenne de 2,6 m. En généralisant ce phénomène, l'auteur admet qu'une centaine de millions de m3 /an pourraient représenter l'alimentation indirecte s'ajoutant à l'alimentation directe. Selon que l'on admet ou non cette hypothèse, l'alimentation de la nappe serait alors de 40 à 180 millions de m3 /an. On peut tenter, compte tenu des quelques indications que l'on possède sur la piézométrie et la transmissivité du réservoir turonien dans les secteurs septentrionaux, de chiffrer les débits souterrains s'écoulant le long d'une courbe isopièze. Dans le secteur NW (plateau des Phosphates, partie à l'W d'Oued-Zem), le long de la courbe piézométrique 500 m, le débit serait de l'ordre de 1 m3 /s (avec T = 5.10 -3 m2 /s - pente piézométrique = 0,5.10-2 - longueur du front = 45 km), Pour le secteur NE (Plateau des Phosphates à l'E de Oued-Zem), le débit souterrain le long de la courbe piézométrique 500 m serait, estimé de la même manière, de l'ordre de 3 m3 /s avec T = 5.10 -3 m2 /s et de 6 m3 /s avec T = 1.10 2 m2/s, les autres facteurs (pente piézométrique = 1.10 -2 - longueur du front de nappe = 60 km) demeurant constants. Les deux valeurs retenues pour la transmissivité du secteur NE étant tout aussi vraisemblables l'une que l'autre, on retiendra un apport moyen de l'ordre de 130 millions de m3 /an. En y ajoutant l'apport du secteur NW, l'alimentation peut s'estimer à 160 millions de m3 /an au niveau de la courbe piézométrique 500 m, chiffre

252

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU D'après

H. SCHOELLER

Rés. sec

et E. BERKALOFF Figuré

Ca + +

Mg + +

+ Na + K +

1/? à 25°C

Teneurs en mg/l

mg/l

dh mmhos ° fr /cm

642/36

534

39

1914/37

610

à 180° C

n° IRE

SO --

Cl -

4

10 000

pH

10 000

10 000

-

86/29

640

54

18/39

1000

56

500

41

975

49

milliéquivalents

10 000

1007/36 9/35

100 1 000

-CO 3 combiné -( CO3 + HCO 3 - ) 1 000

milliéquivalents

1 000 NO 3 1 000 1 000 1 000 1 000

10

10 100

100 100 100 100 100 100

1

1 10

542/36 Forage El Borouj 1914/37 Forage kasba Tadla

10 10

86/29 Puits Oued Zem 10 18/36 Aïn Igli 10

1007/28 Khouribga

10

9/36 Aïn Bissi Bissa

0.1

10

0.1

FIG. 114 — Composition chimique des eaux des calcaires turoniens en représentation sur diagramme logarithmique. voisin du double du maximum admis ci-dessus pour l'infiltration de la pluie sur les zones d'affleurement du Turonien. En retenant ce chiffre, on notera que l'alimentation annuelle ne représenterait que de l'ordre de 1 % des réserves (10 à 50 milliards de mètres cubes). Les débits de sortie du réservoir sont actuellement très mal connus et l'on ne possède guère de moyen pour les mieux approcher de manière directe car les résultats

hydrologiques sont insuffisamment précis pour un tel usage. Les sorties connues se situent en Tessaoute aval ; sources Aïn Igli (18/36), sources de Bissi-Bissa (8,9 et 378/36), drainage par la rivière ; au total, elles représentent un peu plus de 1 m3/s (cf. chapitre 17; Ganntour et Bahira), il est certain que par ailleurs l'Oum-er-Rbia moyen et peut-être l'oued El-Abid aval drainent également la nappe turonienne si l'on s'en réfère à la carte piézométrique ; il est cependant très

253

PLATEAU DES PHOSPHATES

hypothétique d’avancer un débit de drainage. C. Archambault 1972 accordait un rôle essentiel à une décharge de la nappe turonienne par drainance ascendante vers la nappe phréatique du Tadla, surtout en rive droite de l'Oum-er-Rbia ; afin de tenter de préciser ce point un modèle mathématique a été confectionné en 1972. Ce modèle ne pouvait qu 'être très imparfait en raison des incertitudes qui pèsent sur la répartition des transmissivités dont la gamme mesurée s'étend entre 1.10 -1 et 1.10 -4 m2 /s avec une distribution spatiale très lâche ; en jouant sur les transmissivités, il était possible de reproduire la piézométrie des zones d'alimentation par le N et le SW avec des débits d'entrée variant très largement (de 1 à 5). Cependant, il s'est avéré impossible de reproduire à la fois la piézométrie des zones d'alimentation et de sortie et celle du coeur du synclinal (courbes 450 et 400 m de la figure 113) sans faire intervenir une exhaure au niveau du centre du Tadla, en rive droite de l'Oum-er-Rbia. Dans la mesure où la piézométrie extrapolée au centre du Tadla est bien conforme à la réalité (seuls des forages de reconnaissance peuvent vérifier cette hypothèse), la décharge de la nappe turonienne par drainance verticale vers la nappe phréatique plio-quaternaire peut être considérée comme une certitude. Sur le cas traité par le modèle, la drainance évacuait environ les 2/3 des volumes d'alimentation provenant du secteur NE du plateau des Phosphates (zone à l'E de Khouribga). Ces considérations sur les entrées et sorties du système aquifère turonien sont hypothétiques et théoriques et n'affectent pas de façon décisive le projet d'exploitation du système qui doit être axé sur l'utilisation des réserves. Compte tenu de la carte des profondeurs du Turonien, de la limite probable du domaine où la nappe profonde est artésienne jaillissante (fig. 113) et des besoins en eau dans le bassin, on peut concevoir deux zones où d'exploitation serait intéressante : d'une part, le secteur de Fquih-BenSalah où l'eau souterraine profonde et douce pourrait servir à la recharge du canal d'irrigation des BeniAmir pour environ 100 millions de m3 /an (projet de modernisation du périmètre des Ben Amir), d'autre part le secteur de la Tessaoute aval où des ressources nouvelles sont à apporter aux périmètres irrigués traditionnels en substitution aux débits pérennes de la Tessaoute-Lakhdar dont ils ne disposeront plus lorsque ces rivières seront aménagé e s au profit du Haouz de Marrakech ; un prélèvement de l'ordre de 50 à 100 millions de m3 /an peut être envisagé en ce secteur. 3

Au total, quelque 200 Mm /an pourraient être captés dans la nappe profonde du Turonien dans un premier temps ; une partie de ce volume serait prélevée sur les réserves de la nappe. Seule l'exploitation permettra de définir la part des réserves qui est soustraite à titre définitif, mais compte tenu de

l'importance de ces réserves, on peut affirmer qu'aucun problème grave n'interviendra dans les dix à vingt ans consécutifs à la mise en exploitation. Au fur et à mesure de la mise en exploitation, les niveaux d'eau baisseront lentement et la nappe jaillissante à l'origine, devra être pompée. Les connaissances acquises jusqu'à présent sur cet aquifère important demeurent très minces, principalement dans la zone en charge. Aussi, est-il essentiel avant d'inclure des projets d'exploitation dans les plans d'aménagement des Beni-Amir et de la Tessaoute aval d'exécuter des travaux de forage profond afin de vérifier la constance de la bonne qualité du réservoir et d'acquérir des compléments sur les niveaux piézométriques et la délimitation du secteur d'artésianisme jaillissant. Ces travaux seront certes onéreux, mais ils doivent être conçus pour que les ouvrages d'étude s'intègrent ensuite dans le réseau d'exploitation ; ces travaux doivent débuter dès1973 (*).

NAPPE DU SENONIEN DU PLATEAU DES PHOSPHATES ET DU TADLA Le Sénonien, constitué dans le plateau des Phosphates (épaisseur de l'ordre de 60 m) d'alternances de marnes et de marno-calcaires d'origine marine, ne peut être considéré comme un bon aquifère ; seule la « dalle calcaire intercalaire », située environ au tiers supérieur de la formation, présente des caractéristiques physiques permettant des circulations d'eau appréciables. Le Sénonien s'épaissit depuis les bordures du bassin vers le centre du synclinal du Tadla ; au sondage 3 000/26 au pied de l'Atlas mais près du coeur du synclinal du Tadla, le Sénonien inférieur lagunaire à évaporites à la base (épaisseur 200 m) est surmonté d'un Sénonien marin épais de 200 m. Cependant le Sénonien est très mal connu au S d 'une ligne passant par El-Borouj— Fquih-Ben-Salah—Kasba-Tadla. L'extension de la nappe sénonienne est identique à celle des terrains sénoniens, sauf semble-t-il au S et SW de Boujad où aucun puits ne paraît la rencontrer. Peut-être y a-t-il dans ce secteur une vidange directe (*) Une campagne de forages profonds a été effectivement entreprise en 1973-74 pour vérifier les hypothèses précédentes. Sept forages profonds de 200 à 500 m étaient achevés en fin 1974, ayant tous apporté des résultats décevants : mauvaise transmissivité du Turonien profond (1 à 5.10-3 m2 /s), faibles débits d'exploitation, eau assez chargée en sels dans quelques cas. De fait, le Turonien s'individualise mal en cuttings et log électrique et une étude micropaléontologique des échantillons est en cours, ainsi qu'une étude des isotopes naturels des eaux du bassin, afin d'expliquer ces mauvais résultats et éventuellement orienter la poursuite des forages.

300

350

400

450

SETTAT cT

cT

cT cT

KHOURIBGA

KHENIFRA O.

Chaouka

750 OUED ZEM

400

250

80 0

85 0

650 600

70 0

O.

cT

Cs

BOUJAD

Cs

Srou

0 55 55 0

550 500

50 0

cT

450

45 0 EL BOROUJ Sidi Chaho (site de barrage)

500

400 400

cT

FQUIH BEN SALAH 350

0

RBIA

Darna

ER

200

5

O.

Limite Nord du bassin versant de l'oum er Rbia

OUM

BENI MELLAL

Limite du domaine atlasique au Sud

OUED

Abid

Infracombrien et cénomanien

El O.

O.

Tessaout

Limite des formations primaires au N, à l'E et à l'W

cT

Turonien

Cs

Crétacé supérieur : Sénonien

Barrage

Maestrichtien et Eocène Lac de Bin el Ouidane

JBILE

TE

EL KELAA DES SRARHNA

Mio - plio - quaternaire

400

Courbes piézométriques du Sénonien et de l'Eocène

FIG. 115 — Plateau des Phosphates : répartition des affleurements du Sénonien et de l'Eocène et piézométrie schématique des nappes contenues dans ces niveaux.

10

15

20

25 km

2.55

PLATEAU DES PHOSPHATES

vers le Turonien sous-jacent et très perméable, par percolation verticale à travers les assises du Sénonien inférieur. Une carte piézométrique de la nappe sénonienne (figure 115) a été dressée en fonction des relevés récents (1968-71) à l'E du méridien Lambert 350. Entre les méridiens 350 et 320, l'Eocène sus-jacent semble contenir une nappe généralisée dont le niveau piézométrique serait très proche (bien que légèrement supérieur) de celui de la nappe sénonienne. Comme il est souvent délicat de déterminer le niveau aquifère exploité dans les puits anciens, on a admis comme à rattacher au Sénonien les niveaux d'eau relevés dans les puits profonds de cette zone. A l'W du méridien 320 l'Eocène est érodé et les quelques observations dont on dispose peuvent être rattachées au Sénonien, exceptés quelques forages qui manifestement exploitent le Turonien et quelques rares puits peu profonds situés en fond de vallées et qui puisent dans une nappe alluviale plus ou moins temporaire. Eu égard à cette simplification, la carte piézométrique est discutable, mais les observations détaillées effectuées en particulier entre les méridiens Lambert 345 et 355 où l'on peut souvent distinguer les nappes sénonienne et éocène ont montré (Archambault, 1972) que la nappe éocène avait un niveau systématiquement supérieur à celui de la nappe sénonienne. L'écart qui est de l 'ordre d 'une quinzaine de mètres au N en amont du bassin se réduit à moins de 10 m au S, au niveau du contact avec le PlioQuaterpaire de la plaine du Tadla. Par rapport à la nappe profonde du Turonien, la nappe sénonienne a un niveau piézométrique toujours plus élevé sur le plateau des Phosphates (40 m en amont, 10 m en aval) alors que le phénomène s'inverse u S sous la plaine du Tadla. La pente de la nappe est dans l'ensemble assez régulière du N au S dans la partie orientale du N au SW dans la parte occidentale, un peu plus forte à l'E qu'à l'W où rappelons le les relevés sont plus certains ; le gradient hydraulique est de l'ordre de 1.10 -2 dans la zone aval ; il semble que, comme pour la nappe turonienne, le gradient diminue fortement lorsque la nappe sénonienne s'ennoie au S sous le recouvrement plio-quaternaire du Tadla. Sous le plateau des Phosphates, la nappe sénonienne est toujours profonde : 10 mètres sous le sol dans les zones aval, 30 à 40 mètres à l'amont. Les caractéristiques hydrogéologiques sont médiocres dans la majorité des quelques cas où elle a été mesurée : transmissivités entre 2.10 -4 et 2.10 -5 m2 /s. perméabilités de l'ordre de 3.10 -5 à 3.10 -7 m/s. Les débits exhaurés par puits sont toujours inférieurs à 2 ou 3 l/s pour des rabattements importants. L'eau est douce en général et de bonne qualité chimique : faciès chloruré bicarbonaté ma-

gnésien-calcique, résidu sec à 110°C entre 300 et 800 mg/l. Les potentialités hydrauliques de la nappe sénonienne, bien que difficiles à évaluer, sont vraisemblablement modestes et les perspectives d'exploitation demeurent limitées à la création de points d'eau de faibles débits unitaires. Rappelons encore que cette nappe très étendue joue peut-être un rôle important en alimentant par drainance verticale vers le bas, la nappe turonienne sous-jacente. On trouvera dans le paragraphe « exploitation des eaux » l'exemple d'infiltration verticale vers le Turonien à partir de la retenue du barrage de l'oued Bou-Guerroum.

NAPPE DE L'EOCENE Dans la partie septentrionale du plateau des Phosphates les terrains éocènes paraissent secs, l'eau de pluie s'infiltrant jusqu'au Sénonien ; ceci laisse d'ailleurs supposer que la série phosphatée EocèneMaestrichtien et les calcaires du Lutétien sont assez perméables sur toute leur hauteur. En effet il n'y a que trois puits (au sud immédiat de Khouribga : 2 069/28, et au sud-ouest d'Oued-Zem : 2 054/28 et 2 059/28) qui captent des nappes vraisemblablement lenticulaires et contenues dans l'Eocène du Plateau. Par contre une nappe généralisée est connue au NW (secteur des Ouled-Ayad à l'W de Khouribga) ainsi que vers le S dans les régions de Tleta des BeniOukil et d'El-Borouj, et en bordure nord du Tadla. Cette nappe s'ennoie ensuite vers le S sous le Tadla où elle devient captive. Il est possible qu'en certains endroits la piézométrie de la nappe éocène et celle de la nappe mio-plio-quaternaire du Tadla se raccordent de manière continue ; l'Eocène alimenterait donc latéralement les aquifères récents du Tadla. L'écoulement de la nappe libre se fait selon la même direction que pour la nappe sénonienne sousjacente et l'on a déjà vu que les piézométries étaient assez voisines, principalement dans la partie aval du plateau des Phosphates (fig. 115). Vers le S, la nappe se mettrait en charge progressivement sous le synclinal du Tadla. Les caractéristiques hydrauliques de cette nappe ne sont pas bien connues. A Kasba-Tadla, un test au niveau du calcaire lutétien, au forage 1 914/37, a permis de déterminer une transmissivité de 5.10 -4 m2 /s et une perméabilité horizontale moyenne de 2.10-5 m/s. De même, deux autres forages situés au pied de l'Atlas, entre Taghzirt, et Beni-Mellal, ont rencontré des terrains marneux appartenant peut-être à l'Eocène : le forage 1 930/37 et le forage 1939/37 dont les valeurs des transmissivités sont respectivement 9.10 -4 m2 /s

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

et 2.10 -4 m2 /s et celles des perméabilités horizontales moyennes de 3.10 -5 m/s et 5.10 -6 m2/s. Le puits 695/36 situé à 5 km au NW de Fquih-Ben-Salah donne T = 5.10 -3 m2 /s et K= 3.10 -4 m2 /s, correspondant probablement au calcaire à Thersitées du Lutétien. La perméabilité des couches phosphatées n'est pas connue sur le plateau des Phosphates, mais a été évaluée autour de 1.10 -5 à 1.10 -l m/s dans le plateau des Ganntour (Youssoufia). La qualité chimique de l'eau est variable, en général de faciès bicarbonaté chloruré (parfois sulfaté) calco-magnésien, avec résidu sec à 110°C généralement compris entre 500 et 1 500 mg/l. Parfois l'eau est plus salée, en particulier au puits 763/36,

où le résidu sec est de 9 050 m/l et le faciès chlorurésulfaté-magnésien-calco-sodique. Dans le secteur occidental l'eau est souvent fluorée (1 à 3 mg/l de fluor) et l'on relève de nombreux cas de darmouss (maladies dentaires et osseuses). D'une manière générale cette nappe de l'Eocène est encore plus pauvre que la nappe sénonienne sousjacente et l'eau qu'elle contient est de moins bonne qualité. Cette nappe peut constituer une gêne pour l'exploitation de gisements phosphatiers (gisement de Sidi-Hajjaj au NW entre Settate et Khouribga par exemple); cependant l'expérience du dénoyage acquise à Youssoufia montre que les volumes d'eau à extraire sont faibles et que les travaux miniers n'en sont guère affectés.

Exploitation des eaux ALIMENTATION EN EAU DES CENTRES URBAINS KHOURIBGA En ajoutant aux habitants de la ville (80 000 en 1970) ceux des villages miniers alentours (23 000 en 1970), l'agglomération de Khouribga dépasse 100 000 personnes et est affectée d'une croissance rapide puisque la population a doublé entre 1960 et 1970. De village à l' origine (8 000 habitants en 1936), l'agglomération urbaine s'est étendue grâce aux activités extractives du phosphate. C'est l'Office Chérifien des Phosphates qui a pris en main dès l'origine de ses activités dans la région, la question d'alimentation en eau de la population en même temps que les questions relatives à la satisfaction de ses propres besoins en eau industrielle. Cet Office a réalisé aussi bien les adductions lointaines que les réseaux de distribution urbains ; depuis 1969 le réseau municipal de Khouribga a été remis à la Municipalité qui en assure la gestion. A l'origine les besoins de la ville furent couverts grâce à des puits peu profonds dans le calcaire lutétien (nappe perchée) ou le Sénonien puis par des ressources locales ou assez proches constituées par les sources : Aïn Kahla (13 1/s — distance 10 km), Aïn Nedja (16 l/s — 20 km) et Aïn Bouirat (10 l/s — 8 km). Ces sources sont toutes situées au N de la ville, au pied de la falaise sénonienne dominant le massif primaire de la Méséta situé au N ; ce sont des émergences dans le Cénomano-turonien, et leur captage servit longtemps pour la satisfaction des besoins alimentaires et industriels. Vers 1947 les besoins (500 000 m3 /an pour la ville seule) dépassaient les ressources ; plusieurs forages furent exécutés au droit de Khouribga ou un peu plus au sud, sans succès probant car ils captaient

la nappe sénonienne profonde (plus de 70 m) et de mauvais rendement ; la nappe cénomano-turonienne trop profonde (de l'ordre de 140 m) était inexploitable. L'O.C.P. exécuta alors un petit barrage sur l'oued Zamrine au N de la ville, barrage achevé en 1949, d'une capacité de retenue de 500 000 m3 qui fut portée à 640 000 m3 en 1952 grâce à une surélévation ; l 'ouvrage est décrit dans le chapitre n° 10 : « Méséta centrale et Méséta côtière » et servait également à couvrir les besoins supplémentaires de l'O.C.P. en eau industrielle. Vers les années 1952-53, les besoins (1 000 000 m3 /an pour l'ensemble) progressant toujours très vite, le problème du captage de nouvelles ressources se trouvait posé. De nouvelles solutions furent envisagées : surélévation du barrage du Zamrine — construction d'un nouveau barrage sur le Zamrine ou l'oued Grou — prospection de la nappe de Gueffaf—Sidi-Amor au nord du plateau; toute nouvelle prospection par forage au droit de la ville était alors rejetée. Après études hydrogéologiques fut réalisée l'adduction depuis la nappe de Gueffaf—Sidi-Amor, adduction à 55 l/s de débit moyen annuel et 80 l/s en débit de pointe mais qui était considérée comme une solution d'attente. En 1958 furent exécutées les études préliminaires pour une adduction lointaine à partir du canal D d'Afourer (Beni-Moussa du Tadla) ; en 1959 l'idée fut émise de raccourcir cette adduction en captant la nappe phréatique du Tadla autour de Fquih-BenSalah. C'est finalement ce dernier projet qui est réalisé ; 3 forages totalisant une capacité d'exhaure de 465 l/s furent exécutés (cf. chapitre 16 : plaine du Tadla). L'adduction, réalisée en 1963-65, longue de 45 km, a une capacité de transport de 40 000 m3 /j. En 1972, la totalité des besoins de la région de

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Khouribga atteint 28 000 m3/j dont 10 000 m3/j d'eau alimentaire et 18 000 m3/j d'eau industrielle. Une nouvelle laverie consommant 12 000 m3/j entrera en fonctionnement en 1973. Les ressources : 50 000 m3 /j dont 10 000 m3 /j de ressources locales et 40 000 m3 /j provenant de Fquih-Ben-Salah sont estimées supérieures aux besoins jusqu'en 1976. C'est pourquoi de nouvelles prospections ont été effectuées dans le secteur de Fquih-Ben-Salah en 1970-71, permettant de garantir la possibilité de pomper 450 l/s supplémentaires dans la nappe des Beni-Amir, d'une eau de la meilleure qualité possible pour cette région. SETTATE La ville de Settate, devenue depuis peu chef-lieu de Province, est un gros bourg rural situé dans une région d 'agriculture en sec assez prospère. Cette ville qui avait 18 000 habitants en 1936 en comptait 40 000 en 1970. Le premier captage et la première adduction, datant de 1923, concernait l'Aïn Nzhar. Plusieurs améliorations furent réalisées depuis cette date. La source est captée par deux drains divergents. L'eau provient de calcaires diaclasés interstratifiés dans des marnes, d'âge cénomanien ; le débit important de ce point d'eau (13 l/s à l'origine, portés à 35 l/s par les derniers travaux de captage) est imputable à sa situation privilégiée car c'est l'exutoire principal d'un synclinal fermé de 40 km2 de superficie. Une adduction longue de 3,6 km relie l'Aïn Nzhar à Settate ; les pertes au cours du transport ont été évaluées à 12 l/s, soit le tiers du débit capté.

intéressant ; les meilleurs puits ne débitent guère plus de 5 l/s et les forages profonds déjà exécutés pour recouper la totalité de la série cénomanienne ont été des échecs. Cette adduction lointaine pourrait provenir soit de la plaine de Berrechid (20 km environ) mais dont les ressources sont déjà convoitées à d'autres fins (agriculture — ville de Casablanca — industries) soit de l'Oum-er-Rbia avec ouvrage de prise dans la retenue du barrage projeté à Sidi-Chéo ; si l'exploitation du gisement de phosphates de Sidi-Hajjaj à l'E de Settate voyait le jour à moyen terme, une solution mixte O.C.P — ville de Settate, du type de celle adoptée pour Khouribga, présenterait des avantages pour l'amortissement des importants investissements à consentir dans l'adduction à l'Oum-er-Rbia longue de quelque 45 km. OUED-ZEM D 'une population de 30 000 habitants en 1970, ce centre ne disposait que de 5 l/s et vivait en état de vive pénurie depuis de nombreuses années (10,5 l/hab./jour. en 1970). Ces 5 l/s sont fournis par 2 puits et 2 forages exploitant le calcaire turonien aux abords même de la ville. Des travaux de prospection systématique suivis du creusement de puits, travaux effectués de 1970 à 1972, viennent d'être couronnés de succès au S de la ville : un débit de 40 l/s a été obtenu, garantissant la satisfaction des besoins jusqu'en 1985. On avait un moment songé à raccorder la ville à la conduite OCP : Fquih-Ben-Salah—Khouribga, grâce à une bretelle Boujniba—Oued-Zem longue de 21 km et extrêmement onéreuse. PETITS CENTRES RURAUX

Un autre captage, l'Aïn Settate, est exploité depuis 1956 en plein coeur de la ville. La source constitue un exutoire important d'un bassin synclinal semblable à celui de l'Aïn Nzhar, rempli de Cénomanien marnocalcaire et plus vaste (160 km2 ). Cette source est captée par un puits à galerie équipé d'un groupe électro-pompe. Le captage débite 15 à 20 l/s selon l'hydraulicité des années. Il est à noter que les deux captages, non protégés, sont très vulnérables aux pollutions (notamment l'Aïn Settate située en pleine ville). Dans le passé des travaux de forage et de puits effectués à proximité des sources ont montré que celles-ci étaient rapidement influencées et qu'on ne pouvait escompter exploiter de nouvelles ressources à proxi m i t é des 2 captages existants. Pour l'avenir il faudra avoir recours à une adduction lointaine, seule solution susceptible de satisfaire de nouveaux besoins importants tout en supprimant les risques sanitaires des captages actuels. En effet, il n'existe pas à proximité de la ville d’autres sources que celles captées, d'un débit suffisamment

Boujad — Un drain en travers de la vallée de l'oued Bou-Guerroum à 10 km au NNW de la ville produit environ 1 l/s, débit très insuffisant. Des recherches du type de celles effectuées à Oued-Zem sont en cours et ont de fortes chances d'aboutir. El-Borouj — Un forage au Turonien, profond de 113 m, équipé d'une pompe immergée, est susceptible de produire 10 l/s pour une population de l'ordre de 5000 habitants. Ces installations datent de 1956-57. LE BARRAGE DE RETENUE SUR L'OUED BOU-GUERROUM Ce petit ouvrage est le seul aménagement hydraulique des eaux superficielles sur le plateau des Phosphates ; le petit barrage sur l'oued Zamrine servant à l'alimentation de l'O.C.P. à Khouribga se situant dans la Méséta (chapitre 10). L'emplacement de l'ouvrage se situe à mi-distance entre Boujad au N et Fquih-Ben-Salah au S, au centre

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

d'une vaste zone de pacage qui, faute de possibilité d'abreuvement, devait autrefois être abandonnée par les troupeaux dès la fin des dernières pluies en raison du tarissement rapide des oueds. Afin de maintenir les troupeaux dans cette zone un peu plus longtemps, on construisit vers 1930 une retenue collinaire sur une petite vallée morte où l'eau est acheminée grâce à une prise de dérivation sur l'oued Bou-Guerroum et un canal d'amenée long de 3,5 km. Il s'agit donc d'un réservoir latéral à l'oued Bou-Guerroum, réservoir sommairement aménagé, sans dispositif particulier d'élimination des dépôts solides au niveau de la prise ou du bassin d'accumulation ; la digue est une levée de terre longue de 420 m, haute de 7 m en son maximum à l'origine et surélevée de 1,5 m en 1969. Sa capacité qui était de 325 000 m3 à l'origine est passée à 800 000 m3 en 1969 pour une hauteur d 'eau moyenne 2,6 m et une superficie du plan d 'eau de 370 000 m2 . De 1930 à 1965, une épaisseur de vase de près de 3 m s'était déposée sur l'ensemble de la cuvette, réduisant sa capacité, ce qui introduisit la nécessité d'une surélévation. Avant 1969, la retenue s'asséchait progressivement en été, phénomène attribué à l'évaporation. Dès le début des travaux de surélévation, la retenue n'étant plus alimentée par l'oued, on constata qu'elle se vidait trop rapidement pour que l'évaporation soit seule en cause et des séries de mesures précises mirent en évidence des fuites imputables à une percolation verticale généralisée de l'eau à travers les assises du fond de la cuvette. La retenue est construite sur la série marneuse et marno-calcaire du Sénonien, épaisse de 60 m et reposant sur le calcaire très perméable du Turonien qui constitue un drain profond. On a pu mesurer les perméabilités verticales des vases superficielles (1.10 -9 m/s) et du Sénonien (2,2.10 -6 m/s) et chiffrer les infiltrations qui à retenue pleine, passaient de 400 l/s avant surélévation à 740 l/s après surélévation en raison de la charge supplémentaire créée par une plus grande épaisseur d'eau. Les travaux de surélévation ayant été exécutés, on ne peut que vérifier les prévisions des études : en dépit du plus grand volume accumulé, le plan d'eau s'assèche aussi rapidement qu'avant les travaux, ceux-ci lui garantissant une durée d'existence supplémentaire d'une dizaine de jours dans la saison sèche. Des épandages uniformes de vases dans la cuvette ont été conseillés pour ralentir un peu l'infiltration. Cette réalisation est riche d'enseignements. Tout d'abord le rôle important du Turonien calcaire dans la partie orientale du plateau des Phosphates est bien mis en évidence ; cet aquifère est susceptible de drainer des débits considérables, même lorsqu'il est recouvert par des assises plus récentes et assez peu perméables. Ensuite sur le plan pratique, une telle retenue ne se

justifie pas en cette région ; il serait moins onéreux et beaucoup plus efficace de créer un réseau de puits exploitant la nappe turonienne, points d'eau qui ouvriraient aux troupeaux de vastes zones de pacage actuellement inaccessibles en dehors de la saison pluvieuse. CONCLUSION On a longtemps cru que le plateau des Phosphates était l'une des régions les moins aquifères du Maroc ; c'était aussi l' une des régions les plus mal connues. Les travaux récents tendent à prouver que cette opinion demeure valable dans la partie septentrionale, à I'W de Oued-Zem, (plateaux de Settate—Ben-Ahmed et de Khouribga) mais est fausse ailleurs. En fait le plateau des Phosphates constitue un « château d'eau souterraine » assez bien arrosé, où le ruissellement est faible, laissant une belle part de la pluviosité à l'infiltration verticale vers un niveau privilégié, très transmissif qui est le Turonien calcaire. Ce niveau draine en profondeur l'essentiel des débits souterrains. Sur le plateau des Phosphates, la forte pente du N au S de la formation turonienne entraîne un gradient piézométrique élevé et une hauteur d 'aquifère mouillé réduite, particulièrement en certaines zones où les captages par puits s'avèrent difficiles ou impossibles ; cependant vers le S, lorsque la nappe turonienne est en charge, les débits des captages deviennent parfois plus importants alors que leur coût s'accroît rapidement en raison de la profondeur de la couche productrice. Sur le plan du bilan on peut considérer comme vraisemblable une alimentation annuelle en eau souterraine de l'ordre de 200 millions de m3 , dont 160 millions sortent du domaine au S pour alimenter la nappe profonde du Turonien du Tadla et 40 millions sortent aux limites du domaine sous forme d'abouchements avec la nappe phréatique du Tadla ou de sources au N et à l'W ou encore de consommations sur place. Le plateau des Phosphates n'a guère de possibilités agricoles faute de bonnes terres. Sa vocation est pastorale et minière. Si l'exploitation phosphatière peut consentir les lourds investissements nécessaires à l'approvisionnement en eau de ses centres urbains et de ses usines de traitement à partir de ressources lointaines captées dans un autre bassin, il n'en est pas de même pour les activités pastorales. Aussi est-il nécessaire de poursuivre les investigations hydrogéologiques systématiques, notamment dans la partie occidentale du plateau des Phosphates afin de pouvoir conseiller efficacement la mise en place progressive d'un réseau dense de points d'eau à faible débit unitaire, destinés aux troupeaux ; le succès de l'entreprise est à ce prix.

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retenue du Bou-Guerroum en 1969. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 5 pp. ARCHAMBAULT C. (1971) : Reconnaissance de la nappe captive du

Turonien et alimentation en eau potable du centre de Kasba-Tadla par le forage 1914/37. Perspectives d'avenir et programme de reconnaissances complémentaires. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 44 pp., 6 fig. ARCHAMBAULT C. (1971) : Alimentation en eau des centres de Oued-Zem

et Boujad, compte rendu de la campagne de pompages d'essais sur puits. Rapp_ inéd. MTPC/DH/DRE, 4 pp., 1 fig. ARCHAMBAULT C. (1972) : Piézométrie des aquifères du Plateau des

Phosphates et du Tadla. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 33 pp., 13 cartes. BENZAQUEN M. & Boujo A. (coll. J.W.H. van den Bosch) (1963) : Etude

préliminaire du bassin de la Bahira-Tadla (partie orientale). Rapp. inéd. Bur. Bassins séd., DMG, Rabat.

atlasique marocain depuis les temps paléozoïques. M. h. sér. Soc. géol. Fr. (Livre mémoire P. Fallot), t. 1, pp. 447-527. COMBE M. (1973) : Modèle mathématique préliminaire de la nappe captive

du Turonien du Tadla, orientations de la campagne de reconnaissances 1973-1974. a inéd. MTPC/DH/DRE, 10 pp., 6 fig. FERRÉ M. & HAZAN R. (1963) : Exploitation de la nappe de Sidi AmorGueffaf utilisée pour le complexe phosphatier de Khouribga. Ass. int.

Hydrol. sci., Comm. eaux souterr., Congr. Berkeley (Calif.), publ. Gentbrugge, n° 64, 1964, pp. 473-481. HAZAN R. (1958) : Alimentation en eau de Khouribga. Résultat des essais de

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Adduction Gueffaf-Sidi-Amor. Rapp, inéd. MTPC/DH/DRE, 37 pp., nbx. fig. MESSAOUD M. (1958) : Alimentation en eau d'El Borouj, étude de la nappe

du Turonien. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 6 pp.

BENZAQUEN M. (avec coll. A. Boujo & J.W.H. van den Bosch) (1964) :

Etude préliminaire du bassin de la Bahira-Tadla (partie occidentale). Rapp. inéd. Bur. Bassins séd., DMG, Rabat. BOLELLI E. (1952) : Alimentation en eau des futures bases aéronavales à

Khouribga. Rapp. inéd. arch. MTPC/ DH/DRE, 4 pp., 2 fig. BOLELLI E. (1952) : Plateau des Phosphates, in : Hydrogéologie du Maroc

Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 97, pp. ,197-204, 2 fig.

NÉRAT DE LESGUISE M. (1953): Etude hydrogéologique en vue de

l'alimentation en eau du centre de Settate. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 14 pp., ,18 fig. NÉRAT DE LESGUISE M. (1953) : Etude hydrogéologique de la région située

au N et NE de Khouribga. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE, 20 pp., 8 fig.

Zem. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/ DRE, 9 pp., 4 fig.

YOVANOVITCH B. (:1937): Etude hydrogéologique des abords de Settate. Bull. CEES, 3ème sér., t. II, pp. 7-32.

Bureau de Recherches et de Participations Minières (B.R.P.M.) (1969).

YOVANOVITCH B. (1937) : Généralités sur l'hydrologie du plateau de Settate

BOLELLI E. (1953): Etude hydrogéologique de la région au NW d'Oued

dans la partie méridionale. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE.

2.14 et 15. LES BASSINS DES ABDA-DOUKKALA ET DU SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI.

Table des matières

2.14 et 15. Les bassins des Abda-Doukkala et du Sahel de Azemmour à Safi. (par M. Ferré et J.-P. Ruhard) ..................................................... Présentation géographique ......................................................................................

261

Géologie ................................................................................................................

261

Stratigraphie ....................................................................................................

262

Structure ..........................................................................................................

266

Géomorphologie ..............................................................................................

266

Climatologie ..........................................................................................................

271

Les précipitations ............................................................................................

271

Les températures .............................................................................................

273

Evaporation et évapotranspiration ...................................................................

274

L'aridité ...........................................................................................................

276

Hydrologie superficielle ........................................................................................

277

Bassins versants et régimes .............................................................................

277

Les crues .........................................................................................................

281

Hydrogéologie .......................................................................................................

282

Caractéristiques hydrogéologiques des différents niveaux stratigraphiques…

282

Hydrogéologie de la plaine des Abda-Doukkala .............................................

283

Schéma général ...........................................................................................

283

Les nappes profondes .................................................................................

283

La nappe générale .......................................................................................

284

Les nappes perchées des limons quaternaires .............................................

287

Hydrogéologie du Sahel ..................................................................................

287

Sahel de Safi ...............................................................................................

288

Sahel central ...............................................................................................

289

Plateau d'El-Jadida ......................................................................................

289

Sahel d'Haouzia ..........................................................................................

289

Essai de bilan hydraulique régional ................................................................

291

Aménagement des eaux .........................................................................................

292

261

Le plan d'aménagement du périmètre d'irrigation moderne des Abda-Doukkala ...........................................................................................

292

Laminage des crues .........................................................................................

293

Drainage et assainissement .............................................................................

294

Alimentation en eau des populations ..............................................................

296

Conclusions .....................................................................................................

297

Références .............................................................................................................

297

2.14 et 15 LES BASSINS DES ABDA-DOUKKALA ET DU SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI par Michel FERRÉ & Jean-Paul RUHARD Présentation géographique La région qui fait l objet du présent chapitre côtière de quelques kilomètres de large, « l'Oulja », appartient au Maroc occidental ; elle est comprise porte de riches cultures maraîchères. entre les latitudes 32° 15' et 33° 15' dessinant un ensemble d 'environ 7 700 km2 , dont le centre se situe La Plaine des Doukkala (3 500 km2 ) est une vaste près de Sidi-Bennour, à 125 km en droite ligne au SW étendue limoneuse inclinée régulièrement (2 à 3 %) de Casablanca. du Sud-Est au Nord-Ouest et son altitude décroît de 300 m en bordure des Rehamna à 120-130 m au pied Ses limites sont les suivantes (fig. 116) : du Sahel. Elle se prolonge à son extrémité SW par le − au N et à l'E, l'oued Oum-er-Rbia, couloir étroit des Abda. − à l'W et NW, l'océan Atlantique, Cette plaine présente des potentialités agricoles − au S, la base des collines des Mouissate, remarquables car les sols, formés à partir des limons, − au SE, le massif des Rehamna. sont variés et de bonne qualité (en particulier les sols Deux grandes régions naturelles, disposées en argileux ou « tirs » dans le SW). Consacrée presque bandes sensiblement parallèles à l'Océan, doivent être totalement (76 % de la surface cultivée) à la distinguées : le Sahel, bassin endoréique côtier à l'W céréaliculture (390 000 ha), cette région devrait et la plaine des Abda-Doukkala située à l'Est. pouvoir, grâce à l 'irrigation, diversifier ses cultures et 2 ' Le Sahel (4 200 km ), s étend sur une profondeur introduire des assolements plus rémunérateurs (coton, de 30 à 50 km depuis Azemmour jusqu'à Safi, soit sur betterave). L'équipement en grande hydraulique est en une longueur de 150 km. C'est un pays de dunes cours. consolidées, allongées en longues crêtes d'orientation La population, très importante (700 000 habitants SW-NE, parallèles au rivage ; par sa position et sa en 1960), est essentiellement rurale et dispersée en morphologie, il constitue une barrière naturelle à 2000 douars de faible importance chacun (moins de l'écoulement vers l'Océan des eaux superficielles 1000 habitants). Les villes sont situées en bordure de issues de la plaine des Abda-Doukkala et du Massif l'Océan, aux deux extrémités du Sahel et se des Rehamna. développent rapidement : El-Jadida (40 000 habitants ' C est une région pauvre où les sols, limités aux en 1960, 55 000 en 1971) et surtout Safi (80 000 dépressions interdunaires, sont squelettiques, peu habitants en 1960, 130 000 en 1971) ; la croissance de profonds et inaptes à produire de bonnes récoltes. La Safi est due à l'implantation d'un très important vocation de la région est l'élevage. Seule une frange complexe industriel (chimie). '

Géologie Les Abda-Doukkala appartiennent à la grande unité géologique, connue sous le nom de « Méséta marocaine»: celle-ci est définie par le régime tabulaire

des dépôts secondaires et tertiaires reposant sur des terrains primaires fortement plissés par l'orogenèse hercynienne.

262

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

0 Limons quaternaires

AZEMMOUR

Quaternaire marin et dunaire

EL JADIDA

5

10

15

20

25

KM

Limites vers l'Est du SAHEL et des ABDA DOUKKALA Canal principale d'irrigation

O UE D

Eliocène Eocène Cénomanien Crétacé inférieur Jurassique supérieur Trias

OUM

Ordivicien Combrien Granite

ER

Micaschistes

DAOURAT (Barrage)

Metamorphisme de contact Limite vers le nord des dépôts jurassiques Limite Est de la transgression pliocène

IA RB

OUALIDIA

Si BENNOUR

Mra BEN ABBOU

ZEMAMRA

C. MEDDOUZA

SAFI

YOUSSOUFIA

BENGUERIR

FIG. 116 — Situation, limites et schéma géologique simplifié des Abda-Doukkala et de leurs, bordures.

STRATIGRAPHIE Une carte géologique simplifiée permet de résumer (fig. 116). Le socle primaire constitué de schistes et de quartzites affleure au NE et à l'E des Doukkala, notamment dans la vallée de l'Oum-er-Rbia; partout ailleurs, il est masqué par les dépôts postérieurs, à l'exception du pointement cambrien d'El-Jadida. La position du socle sous la plaine est assez mal connue : un sondage proche de Boulaouane (IRE 1/27) a rencontré les schistes à 90 m de profondeur ; par ailleurs, dans le centre de la plaine, la géophysique situe ceux-ci entre 1 500 et 4 000 m de profondeur sous la surface du sol. Le Permo-Trias est connu dans la vallée de l'Oumer-Rbia sous forme de dépôts d'argiles et pélites

rouges, avec des coulées basaltiques. Au M'Tal, ces formations sont associées à des conglomérats rouges carbonifères. Le forage 69/35 implanté à quelques kilomètres du M'Tal a traversé 73 m de basaltes, sans les recouper en totalité. Il semble que le Trias soit très répandu dans le sous-sol avec une très grande puissance et un développement important des faciès salifères. Le Jurassique n'est présent qu'au S des Doukkala; en affleurement, il constitue les collines des Mouissate. On le retrouve sous le Pliocène en affleurements dispersés dans la région de Tleta-Sidi-Embarek et Jemaa-Sahim. Plus au N, les forages le suivent à 60-70 m de profondeur jusqu'à l'Arba-Reguibate. Il forme aussi la base des falaises qui s'étendent au N de Safi. Seul le Jurassique supérieur est représenté ; à cette

263

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

époque, la mer s'est avancée en transgression sur le continent émergé et son extension maximum vers le Nord est limitée sensiblement par une ligne reliant Youssoufia au Tnine-Rharbia. Les dépôts du Jurassique supérieur sont constitués par des calcaires et marnocalcaires jaunâtres, à lits argileux, contenant de nombreux bancs de gypse : certains forages de la région de Safi témoignent en faveur de l'importance des faciès gypseux (IRE 5 / 3 4 : 109 m de gypse sur 154 m de Jurassique). La puissance totale de ces dépôts est de plusieurs centaines de mètres.

Le Crétacé est extrêmement important et constitue le substratum presque continu des terrains plioquaternaires aquifères des Doukkala, tandis que certains niveaux calcaires renferment les nappes les plus intéressantes du Sahel. Une transgression néocomienne fait suite sans discontinuité à la transgression jurassique, mais elle est plus étendue vers le Nord et l'Est. A Safi, il n'y a pas de discontinuité avec le Jurassique ; par contre, en bordure des Rehamna, la série néocomienne est transgressive sur le Primaire ou le Permo-Trias. AZEMMOUR

LEGENDE

EL - JADIDA

Forage

Ou m

300 -e r H' -r

bia

G

Courbe de niveau du toit de l'argile de Safi (ci 2a)

40 0 -20

O.

H

U D'E Cé LJ no AD ma ID nie A n

Toit des argiles inférieures (jcC) Zone d'affleurement des argiles de Safi (ci 2a) dans le Sahel JORF LASFAR Affleurement du Crétacé inférieur en bordure des Rehamna

Si SAÏD MAACHOU

PL AT EA

1: Zones calcaires; 2: Zones argilo-sableuses Affleurements des formations primaires Axe anticlinal Axe synclinal

100

F

Monoclinal Flexure Faille N'

N

Tracé et référence des coupes géologiques

N'

Si MOUSSA 20

0

2

4

6 8

0

10 km

Had-ouledfrej

DAOURATE

G'

E

N

E'

BOULAOUANE

20 40

40

M' F'

40 80

Si SMAÏN L

40

250 M

D 20

20

OUALIDIA

0

C

60 60

K

80

ZEMAMRA

60

Si BENNOUR DAR- CAID TOUNSI

60

B

A

0 20 40 0 0 8

80 0 10 0 12

J

60 CAP MEDDOUZA 0 -10

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I C' 80

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10

0

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ciC

100

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IMFOUT

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20

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Bhrati

Jemaa-Sahim J'

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A MN

YOUSSOUFIA BENGUERIR PLATEAU

DES

GANNBTOUR

250

ne Zo

cé é ta

200 HA RE

200

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SAFI

Sk el ArbaOuled-Amrane B'

80

60

40 40 60

150

60

FIG. 117 — Esquisse structurale du Crétacé inférieur d'après géophysique (méthode électrique) et forages. Les tracés AA', BB'... sont ceux des coupes géologiques fig. 120 et 121.

264

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Le tableau ci-dessous résume la constitution lithologique et la puissance des différentes formations du Crétacé inférieur, formations parmi lesquelles le calcaire de Dridrate doit être signalé par l'importance de son rôle en hydrogéologie. A la fin du Néocomien, la mer se retire et le reste ETAGE

Hauterivien

SAFI

du Crétacé inférieur manque totalement. Le Crétacé inférieur est absent dans la région d'El-Jadida et les Abda. La figure 117 synthétise les données acquises dans le domaine par les campagnes de géophysique par méthode électrique. Une nouvelle transgression marine se produit SIDI-BENNOUR

Argiles rouges et grès : 60 m Calcaires de Dridrate : 30 m Argiles de Safi : 60 m

Argiles sableuses bariolées : 64 m

Calcaire-repère : 31 m Valanginien

Calcaires :

5 m

Argiles rouges

BORDURE DES REHAMNA Sables, grès et argiles rouges : 60 m

Calcaires « moyens » : 10 m Argiles rouges : 40 m

Conglomérats Calcaires : 200 m Jurassique

Marno-calcaires

Transgression et discordance

Argiles à gypse

Equivalence et variations latérales des faciès du Crétacé inférieur au Cénomanien : on observe des affleurements au NE du Sahel. Un forage a montré à Sidi-Bennour l'existence de marno-calcaires attribuables à ce niveau (I.R.E. 232/35) où le gypse est très abondant. La puissance totale peut être estimée à 100 ou 200 m et témoigne d'une légère subsidence. Les terrains éocènes, célèbres par leurs gisements de phosphates, affleurent seulement en bordure des Rehamna à l'Est. L'existence du Miocène (20 m environ de marnes sableuses ou d'argiles rouges) est probable au SE d'ElJadida et près de Harichate situé à 10 km au N de Sidi-Smaïn et dont on reparlera en détail à propos des essais d'injection d 'eaux de colatures. Ces niveaux argileux discontinus ne peuvent jouer qu'un rôle hydrogéologique local. Plio quaternaire : une transgression marine importante est venue déposer ensuite sur la région un calcaire détritique jaune, formé de débris de coquilles triturées et de grains de sables ; lors de la régression, cette mer a laissé derrière elle des dunes côtières, constituées par le même matériau. Il est donc difficile de distinguer les deux types de dépôts (marins ou dunaires), lithologiquement semblables ; ainsi groupet-on le Pliocène (ou Moghrébien) avec le Quaternaire,

sous le terme de Plio-Quaternaire. Son importance hydrogéologique est considérable. La figure 118 est une esquisse structurale de la base du PlioQuaternaire. Dans les Doukkala, cet étage est masqué par la couverture limoneuse quaternaire, mais des affleurements se situent dans la vallée de l'Oum-erRbia, près de Safi, dans les Abda et le Sahel, L'Oumer-Rbia se jetait alors dans cette mer près de Boulaouane. Lors de la régression se sont édifiées des dunes côtières qui constituent le Sahel ; leurs crêtes émergent encore des limons au Nord d'une ligne TnineRharbia─Khemis-M'Touh─Boulaouane. Le retrait de la mer est ensuite marqué par une alternance d'épisodes transgressifs et régressifs. Les différents faciès lithologiques rencontrés dans ces niveaux sont les suivants : — des conglomérats grossiers en masses, caractéristiques de l'ancien estuaire de l'Oum-er-Rbia, près de Boulaouane. Les éléments sont de taille moyenne et le ciment calcaire est peu abondant ; on ne les retrouve pas ailleurs ; — des calcaires détritiques, lumachelliques, jaunes et très poreux : ils représentent le faciès normal,

265

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

LEGENDE

AZEMMOUR

H

Affleurement des formations primaires

ID LJ AD D'E

ma n no

EA U

Monoclinal

Si SAÏD MAACHOU

Tracé et référence des coupes géologiques 30

Forage et horizon géologique atteint (ciC...)

mm

Pliocène

cM ciC

Cénomanien

40

F

Niveau rencontré sous le Plioquaternaire

50

?

Néocomien argiles supérieures

cieb

"

= calcaires de Dridrate

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"

= argiles de Safi

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100

ciC

PL AT

Axe synclinal

20



Axe anticlinal

ien

JORF LASFAR

Faille ou flexure

N'

300 err H'bia

A

Courbe de niveau de la base du Plioquaternaire Pendage

N

Ou m-

G

Limite entre le Sahel (Plioquaternaire affleurant) et les Doukkala (comblement limoneux sur le Plioquaternaire) 60

O.

EL - JADIDA

Affleurement des formations crétacées

60

Si MOUSSA

N'

70

Had-ouledfrej

ci2b ci2b

= jurassique supérieur

80

ciC

DAOURATE

E

G'

N

80 ci2b

D

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90

Si SMAÏN

ciC ciC ci2b ciC

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ciC

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0 12 0 11

ZEMAMRA

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200

BENGUERIR PLATEAU

DES

GANNBTOUR

FIG. 118 — Esquisse structurale de la base du Plioquaternaire d'après géophysique et forages. Les tracés AA', BB', etc. sont ceux des coupes géologiques des fig. 120 et 121.

constitué de débris de coquilles liés par un ciment de calcite et d'hydroxyde de fer. La porosité (20 à 30 %) est fonction de l'importance du ciment et résulte de l'arrangement des coquilles ; — des sables jaunes, grossiers : c'est le même faciès que précédemment, mais sans ciment ; — des calcaires recristallisés, très durs : le ciment calcaire a tout envahi ; il semble que ce faciès corresponde à la circulation d'eaux souterraines actuelles ou fossiles, d'après de nombreux indices (géodes, calcite automorphe, etc.) ;

250

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— des calcaires à grain fin, sans fossiles : c'est le faciès dunaire, tendre et chargé en éléments argileux ; — des marnes sableuses. La répartition horizontale et verticale de ces différents faciès est irrégulière et capricieuse : il s'agit d'une sédimentation de type peu profond, effectuée dans des conditions très variées. La puissance des faciès marins, connue grâce à de nombreux forages, est très régulière dans la plaine des Abda-Doukkala (20 à 40 m). Dans le Sahel, il semble

266

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

que le faciès marin soit moins épais (10 m) ; les dunes par contre, prises à leur sommet, peuvent atteindre 70 m d'épaisseur au-dessus du substratum marin. Les forages peuvent donc, selon leur position par rapport aux crêtes et creux inter-dunaires, rencontrer des épaisseurs de formations plio-quaternaires de 10 à 80 m, avant d'atteindre le Crétacé sous-jacent. Le Quaternaire continental des Doukkala a fait l'objet de nombreuses études géologiques et pédologiques. Des forages exécutés dans les dayet Fertouaou (à 6 km à l'Est de Sidi-Bennour) et Ouarar (à 15 km plus au Sud), permettent de distinguer dans ces terrains : — des limons anciens (ou inférieurs) ; ils sont épais, essentiellement argileux et forment les 4/5 du remplissage de la plaine. Les indices de plasticité (20 à 58) déterminés en laboratoire, en font des sols à plasticité moyenne ; leur teneur en eau naturelle varie entre 12 et 18 % (soit une teneur à saturation de 25 %) ; — des limons récents (ou supérieurs) ; peu encroûtés et plus épais dans les axes d'oueds importants, ils apparaissent beaucoup plus sableux et graveleux que les précédents ; ils ont subi l'action de phénomènes pédogénétiques et l'action d'agents morphologiques récents (lessivage, tirsification, déflation éolienne). La densité des limons est très élevée (comprise entre 1,85 et 2,1). L'épaisseur des limons varie entre 10 et 50 m, avec un maximum de 88 m (forage 6/35), ce qui fait apparaître la forme synclinale d'orientation SW-NE du bassin des Doukkala. la zone la plus creuse étant excentrée vers les Rehamna (fig. 119). A noter l'existence de glacis à éléments grossiers très encroûtés, disposés en auréoles autour des Rehamna ; ils plongent sous la surface actuelle de remblaiement.

L'étude stratigraphique a révélé d'importantes lacunes dues au retrait de la mer. A chacune d'elles correspond une érosion ou une abrasion des terrains précédemment déposés lors d'une transgression de la mer. Etant donné l'intérêt hydrogéologique des formations plio-quaternaires et crétacées, deux phases d'érosion doivent retenir l'attention : — L'érosion anté-pliocène (fig. 118) et l'abrasion marine pliocène. Les niveaux atteints par cette phase sont les marno-calcaires cénomaniens, les argiles rouges hauteriviennes et les calcaires de Dridrate. Dans le Sahel, des campagnes de géophysique ont mis en évidence une érosion importante relative aux argiles rouges : les calcaires plio-quaternaires et de Dridrate forment alors un seul et même ensemble perméable. Dans les Doukkala, l'érosion a donné au Crétacé un modelé complexe : cette topographie enfouie conditionne en partie l'écoulement souterrain de la nappe. L'érosion quaternaire. Les transgressions marines ont modelé les plates-formes en escaliers entre Sidi-Smaïn et El-Jadida c'est-à-dire du SE vers le NW et donné naissance à des falaises mortes ; la plus récente, la falaise ouljienne, est très nette entre Jorf Asfar (Cap Blanc) et Meddouza (Cap Cantin). L'érosion marine a enlevé les argiles rouges au toit des calcaires de Dridrate. Quant à l'érosion continentale, son importance est manifestée par le creusement du réseau hydrographique; la géophysique a notamment mis en évidence des zones d'érosion totale du Plio-Quaternaire dans les dépressions présahéliennes (voir coupes géologiques, fig. 120 et 121).

STRUCTURE C'est essentiellement la tectonique tertiaire, conséquence à la fois des mouvements orogéniques rifains et atlasiques, qui a donné sa structure à la région. On distingue deux directions principales aux plis : -

une direction N-S, souvent superposée à des éléments tectoniques hercyniens ; une direction SW-NE à E-W, qui est celle de l'orogenèse atlasique.

Toute cette tectonique est douce : on note en effet des plis à grand rayon de courbure et des flexures à pendage faible ; les failles sont rares et n'intéressent que des secteurs très limités.

GEOMORPHOLOGIE Trois éléments morphologiques sont à distinguer dans la plaine des Abda-Doukkala (fig. 122) : — les plateaux, — les vallées, actuelles ou anciennes, — les reliefs dunaires. LES PLATEAUX Ils représentent les restes de la surface de comblement par les limons inférieurs argileux ; sous une mince épaisseur (1 à 2 m) de limons récents, on rencontre toujours les argiles rouges fortement encroûtées au sommet. La topographie de ces plateaux est peu régulière et des « dayet » (dépressions qui se

267

250

225

220

25

6

17 26 43

250

10

35

ER-RBIA

30

10

20

25

O. OUED

175

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

250

30 41

10

37

8

5

2 ZEMAMRA

43

225

40

35

56 88

30 30 60 18

40

4 38 60 30 52

40 80

Principaux axes de flexures

50 220

6

220

48

250

5 5

225

50

225

8

22 38 33 30 35 41 28 30 Si BENNOUR 21

35 5

5m

Sondage et épaisseur des limons traversés Zone d'affleurement du substratum antéquaternaire Epaisseur inférieure à 10 m Epaisseur comprise entre 10 et 30 m Epaisseur comprise entre 30 et 50 m

220

175

15

Epaisseur supérieure à 50 m

FIG. 119 — Carte schématique de l'épaisseur des limons quaternaires dans la plaine des Doukkala.

remplissent d'eau en année pluvieuse) parsèment leur surface. Des talus les limitent, dont l'origine peut être tectonique ou fluviatile.

d'ensembles à topographie tourmentée à l'E d'une ligne Youssoufia-Zemamra.

En approchant du contact avec le Sahel et vers I'Oum-er-Rbia, les premières crêtes dunaires qui émergent de la couverture limoneuse, apparaissent. Leur direction SW-NE a souvent imposé leur tracé aux vallées. La déflation éolienne s'exerçant par ailleurs sur les limons supérieurs très sableux, a conduit à l'édification

LES VALLÉES ACTUELLES OU ANCIENNES Le réseau hydrographique comprend deux oueds principaux : l'oued Farerh et l'oued Bouchane, et des oueds moins importants : oued Aouja, oued Souani, oued Mtal, oued Guerrando. Le dessin des vallées est complexe : à côté de thalwegs vifs, lorsque la pente est suffisante, il existe de nombreux thalwegs morts, cons-

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

268

Aïn Takabrat Digue de Safi NNW

Carrières S

RS121

Rs121

RS126

100 m

SSE

RP12

454/54

A'

A Océan

0m

B

100 m

RS121

Conduite d'Aïn Rhor

Puits

1194/34

SE

130/34 Dar si Aissa

NW

B' F

0m

Tleta Bouarris

NW 100 m

RS

235/26 C

1274/26 137/26 1272/26

RS126 1252/34

En nouat

Projection 1195/34

SE

C'

0m D NW

Aïn R'Tem 28/34

SE

100 m 0m NW Projection 233/26 D 100 m Oualidia Lagune 0m

NW

E 210/26

195/26

Tnine Rharbia 3/34 F D

Dépression d'Ain Rhor

53/26

SE

253/26

RS121

100 m

SE

0m

NW S 100 m

Proj.251/26 El Tleta

Proj.254/26

RS 121

Proj.250/26

213/26 248/26 Proj.214/26 Proj.217/26 Proj.215/26 258/26

SE E

Proj.252/26

0m SE Sidi smain

NW

6/27 Had Ouled Aissa 1/25

F 100 m

Proj.224/26 Lagune

F

0m

NW G

Oued Fel-Fel

Proj 9/27 Moulay abdellah

100 m

1708/27

Oued Fel-Fel

SE

R.P.9 ?

? 0m F W

H H El Jadida RP Oued Fel-Fel

100 m

Oum er Rbia SE

0m

ql pq mm cM

Limons-Quaternaire

Marnes sableuses-Miocéne

js

Argiles de Safi - Hauterivien inférieur Calcaires marnes et gypse-jurassique supérieur

kj c Rhyolite et dolomie d'El Jadida - Primaire

Calcaires marneux et marnes-Cénomanien

cMa Argiles à gypse-Crétacé inférieur ou moyen ciC

ci2b Calcaire de Dridrate - Hauterivien moyen ci2a

Calcaires détritiques-Plioquaternaire

28/34

Sondage et numéro I.R.E

argiles sableuses rouges-Hauterivien 0 km

5 km

FIG. 120 — Coupes géologiques W -E à travers le Sahel (les tracés AA' - 13W, etc. sont repérés sur les fig. 117 et 118).

SE

NW SAHEL I 1252/34 RS126

200

I'

Galerie canal de Safi 126/34

Proj. 1258/34 1257/34

pq

100 ciC

Jemaa Sahim 8/34

420/34

NP

F?

NP

?

?

js?

js js

js

ci2a

ci2b

0

MOUISSATE

ABDA

300

10

5

0 Métres 400

ESE Arba Amrane

WNW J 300

Projection

Oued Bouchane

9/35

Puits

1245/34

J'

4/34

Tnine Rharbia

ci1

200 ci2b 100 ci2a

ci2b

ci2a

ci2b NP

F

0

K

Azouz b. Youssef

1288/34

200

Collines de M'Tal ESE

R.P.9

WNW 300

ciC

Projection 1201/34

4/35

Zemamra

1259/34

Daya Ouarar 1147/35

Oued Farhi

2/34

ci1

K'

285/35

1148/35

jcC

1200/34

F

PT

pq

100

cM?

ci2b ci2a

ci2b

0

cM Fl

cMa?

100 WNW SAHEL Drain du M'Tal Drain Transversal Sidi Smain 300 5/27 1207/27 Drain du Fahri L 1210/27 1257/27 1211/27 200

DOUKKALA Sidi Bennour

ciC?

cM?

cM

ciC

L' PT

ci1 jcC cM

Fl

pq

NP

cM cMa

Fl

cMa

0

REHAMNA

69/35

3/35

pq

100

SSE

Projection 212/35

211/35 202/35

cMa ciC ci1 jcC

NP

jcC

cMa

100

ciC cM L'

Oued Fel-Fel

NNW

Projection Arba Mogress

1706/27

ql : Limons Quaternaire Projection 173/27

1704/27 1705/27

1702/27

1289/27

pq

100 0

cM cMa

cM cMa

cMa

cMa?

cM cMa

Encroûtement calcaire épais

SEE

Fl

F

pq : Calcaires détritiques

- Plioquaternaire

cM : Calcaires marneux

- Cénomanien

cMa : Marnes à gypses-Crétaé inférieur ou moyen ciC : Argiles plus ou moins sableuses-Crétacé inférieur

E W Jema Beni Hellal Projection 1707/27

100

cM? F

0 W

N 100

Oued Farerh 4/27

Np

Puits

1/27

Projection 299/27 pq

Np

NP cMa

cM cMa

ci22b : Calcaires de Dridrate - hauterivien moyen

Oum er Rbia M'

ci1 : Calcaire moyen - Hauterivien inférieur ? ci2a : Argiles de Safi - Hauterivien inférieur

jcC ks1

Np

Jurassique inférieur jcC : Conglomérat et argiles

Projection 302/27

FA1

Had Ouled Frej 27/27 Drain

Drain

NP

ci1

js : Calcaires, marnes et gypse - Jurassique supérieur

E

PT : Conglomérats, grés et argiles rouges - Permo - Trias

N'

pq ciC

Crétacé supérieur

Oum er Rbia

Oued Farerh (colature)

pq cM?

0

300/27

M

200

Boulaouane

ci1 jcC

ks : Schistes et quartzites - Combrien PT

1/27

Sondage et numéro I.R.E

F

Faille - fl Flexure

FIG. 121 — Coupes géologiques â travers les Doukkala (les tracés AA' - BB', etc... sont repérés sur les fig. 117 ou 118)

270

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

tituant une suite de dépressions plus ou moins fermées. Un seul oued possède un exutoire : l'oued Farerh, dont le cours S-N s'infléchit ensuite vers le NE par suite d'un phénomène de capture, pour aller se jeter dans l'Oum-er-Rbia. Les autres oueds se perdent dans la plaine, qui constitue ainsi un bassin fermé, endoréique. Le réseau hydrographique existant à la fin du dernier pluvial quaternaire a été reconstitué ; complexe dans le détail, avec de nombreuses diffluences et confluences, il ne présentait que deux exutoires : l'oued Farerh et l'oued Fel-Fel ou « rivière d'El-Jadida » qui devait couler avant l'établissement d'un système d'épandage de crues sur l'oued Bouchane. Cette vallée, entaillée dans les cordons dunaires, conduit aux platesformes d'El-Jadida, interprétées par M. Gigout comme d'anciens golfes marins quaternaires. LES RELIEFS DUNAIRES Le Sahel, ou région côtière, est loin d'être une région uniforme. Le NE, compris entre l'Oum-er-Rbia et les plates-formes d'El-Jadida, constitue la zone la plus large de cette région (50 km), où les rides dunaires sont entièrement dégagées des limons. Dans l'ensemble, la morphologie dunaire est régulière : les crêtes se suivent sur de grandes distances avec la même orientation SSW-NNE, séparées par des dépressions interdunaires, remplies de limons très sableux. La portion centrale, entre Cap Cantin et Cap Blanc, se présente comme un alignement régulier de crêtes dunaires, parallèles à la côte sur une largeur de 20 km. Dans ce secteur, se développe un important effondrement karstique appelé «Bled-Sersif». Une étroite frange côtière de quelques kilomètres de large contraste avec le reste du Sahel : c'est l'Oulja. Elle correspond à la plate-forme d'abrasion de la mer ouljienne (phase de creusement entre les glaciations quaternaires du Riss et Würm) et est bordée à l'E par une importante falaise morte. La gouttière elle-même n'est protégée vers l'Océan que par un cordon dunaire et une partie est d'ailleurs envahie par les eaux marines qui forment les lagunes d'Oualidia et de Sidi-Moussa. Vers le SW, jusqu'à Safi, le Sahel présente un aspect différent par suite de la disparition du manteau plioquaternaire et de l'affleurement des divers niveaux du Crétacé. LE KARST Les phénomènes karstiques jouent un très grand rôle dans l'hydrologie superficielle et souterraine de la

région. Ils apparaissent dans la morphologie sur la bordure sahélienne des Doukkala ; en effet à l'intérieur de la plaine, le manteau limoneux forme un matelas trop épais au-dessus des formations calcaires et gypseuses pour que les karsts soient bien développés. Les plateaux crétacés de la bordure des Rehamna ne présentent pas de formes karstiques, malgré la grande superficie où affleurent les calcaires. Les niveaux susceptibles de subir une karstification intense sont les suivants : — le Jurassique supérieur, calcaire et gypseux, très épais, — les calcaires hauteriviens de Dridrate, plus ou moins dolomitiques, — les marnes à gypse du Crétacé inférieur ou moyen, — les calcaires cénomaniens, — les calcaires détritiques plio-quaternaires. Ils n'ont pas tous la même importance ni la même aptitude à la karstification ; le plus important est le Jurassique supérieur qui joue le rôle principal dans toute la partie SW de la région étudiée. Plus au Nord, lorsque le Jurassique a disparu, les phénomènes les plus spectaculaires proviennent surtout des marnes à gypse du Crétacé inférieur ou moyen. Quant au PlioQuaternaire, sa constitution lithologique limite le développement d'ouvertures de grande taille. Les lapiaz abondent au centre du Sahel, sur les crêtes dunaires dénudées par l'érosion ; dans le fond des dépressions, ils peuvent être masqués en partie par les limons qui s'y rassemblent. Les grottes ou gouffres sont très nombreux et connus surtout dans le Sahel ; l'ouverture de ces grottes qui sont sèches, est sans doute ancienne. Les dolines sont fréquentes ; de belle taille, elles se trouvent le plus souvent en groupes, alignés ou en essaims. Un alignement de formes très récentes se situe notamment à l'extrémité nord de la vallée de l'oued FelFel ; il s'agit d'un karst qui redevient acte à l'occasion de crues exceptionnelles (décembre 1963, novembre 1966). Il apparaît en outre qu'une relation étroite existe entre la tectonique récente, les zones de creusement fluviatile au Quaternaire et le développement des karsts ; la tectonique a favorisé la karstification et aidé ainsi le drainage souterrain de la plaine. Les uvalas ou dolines coalescentes existent dans les mêmes zones que les dolines simples. Il convient de signaler en effet l'existence de grandes dépressions comme le Bled-Sersif (8 km sur 2 km), terme ultime de la coalescence de dolines très nombreuses, ou comme le Bled-Khatazakan (12 km sur 3,5 km), réceptacle et

azemmour

MORPHOLOGIE DU MASSIF ANCIEN

O.

EL - JADIDA V

Principales crête appalachiennes des grès-quartzites Relief de granite sain Arénes granitiques

Ou

IV

merrb

300

ia 0

MORPHOLOGIE DE LA COUVERTURE CRETACEE Plateaux ou collines à sommets aplatis MORPHOLOGIE DE LA COUVERTURE PLIOQUATERNAIRE Principales crêtes dunaires Falaise morte (en bordure de l'ocean) Corniche plioquaternaire (le long de l'Oum-er-rbia)

CAP BLANC

2

4

6

8

10 km

III Si SAÏD MAACHOU

MORPHOLOGIE DE LA PLAINE QUATERNAIRE Oued avec berges sapées ; débordements exceptionnels Oued sans lit bien marqué ; débordements fréquents Principales diffluences

II

Réseau d'épandages de crues du Bouchane Principales dayas Vallée encaissée dans les dunes plioquaternaires Vallée ancienne, rarement fonctionnellle, sensible dans la topographie

Si MOUSSA I

Bled-ouledHaj

DAOURATE

a

Talus (pentes supérieures à 10%) Zones de sables à morphologie dunaire Dolines Ouvala

u

l

j

MODELE KARSTIQUE O

Formes fraiches

BOULAOUANE

Dolines empatées par des limons Dépressions d'origine karstique

Si SMAIN 250

à fond sensiblement plat Zyen Zones karstiques complexes Gypse affleurant

OUALIDIA IMFOUT

Si BENNOUR ZEMAMRA

DAR-CAÏD-TOUNSI

Gorane CAP CANTIN

p.q.

e rie d Gale Safi

Bhrati

p.q.

p.q.

Sk el arbaOuled amrane 200

Jemaa-Sahim SAFI p.q.

p.q.

YOUSSOUFIA BENGUERIR

p.q. p.q.

PLATE-FORME D'EL-JADIDA :

I Ouled-Rafaï (95-70 m)

II Sebt-Douib (65-55 m)

III Pacha (35-25 m)

IV Douar Khenedra (20-15 m)

V Chanps de courses (5 m)

GEOLOGIE Calcaires-marno-calcaires : Crétacé et Eocène (Ganntour) Granite

Failles visible dans la topographie

Flexure

Pendage général

FIG.122. Esquisse géomorphologique des Abda-Doukkala

250

Schiste et grès : Cambrien

Schistes métamorphiques

200

Calcaires détritiques : plioquaternaire Conglomérats et argiles rouges : Permo-Trias

150

1. Limons argilo-sableux-2-sables : Quaternaire Calcaires-marnes-gypse : jurassique supérieur

271

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

ficiels, les Doukkala possèdent un ensemble d'exutoires souterrains qui ont fonctionné aux diverses époques pluviales du Quaternaire et parfois fonctionnent encore.

exutoire d'eaux superficielles venant des Mouissate (poltjé). Il semble donc que, dépourvus d'exutoires super-

Climatologie La région des Abda-Doukkala se situe à la latitude moyenne du Maroc (32-33° N), à proximité immédiate de l'Océan. Son relief est à peu près négligeable en ce qui concerne l'influence possible sur la climatologie. Les températures sont modérées dans les zones proches de l'Océan, plus contrastées à l'intérieur. Les pluies tombent régulièrement en automne et en hiver ; une longue saison sèche s'étend au printemps et en été. Les sécheresses catastrophiques sont rares, mais le total pluviométrique ne correspond pas partout aux besoins minima des cultures (300 mm/an). Les précipitations occultes (brumes, brouillards) sont d'un secours sensible à la végétation jusqu'à une grande distance de la côte et atténuent les effets de l'aridité. D'après la classification des climats du Maroc de G. Debrach, uniquement basée sur les températures, le Sahel aurait un climat littoral modéré, tandis que la plaine des Doukkala se placerait dans le climat semicontinental chaud, caractéristique du Maroc au N de l'Atlas. La saison sèche s'étend de juin à septembre, tandis que la saison humide couvre en moyenne la période d'octobre à mars. Les pluies génératrices des grosses crues proviennent de la succession à intervalles réduits de plusieurs perturbations d'Ouest. LES PRECIPITATIONS Dans la région étudiée, les observations pluviométriSTATIONS

Maximum annuel

ques sont assez nombreuses (29 postes), mais leur répartition dans le temps et l'espace laisse souvent à désirer. La pluviométrie des Doukkala a fait l'objet d'études statistiques très poussées, montrant qu'un ajustement des pluviométries annuelles à la loi de Gauss était très satisfaisant pour les stations choisies en raison de leur longue série d'observations (période continue de 30 années agricoles : 1933-1963, fig. 123 et 124). Le calcul des modules pluviométriques des stations a été effectué soit directement (5 stations au total), tandis que des coefficients de corrélation étaient calculés pour les autres dont les observations n'étaient pas continues : ceci a permis d'homogénéiser les données et d'obtenir la lame d'eau moyenne annuelle des différentes régions par les méthodes des isohyètes (fig. 125) et de Thiessen. Les hauteurs de la lame d'eau moyenne obtenues par ces deux méthodes sont les suivantes : —

— Doukkala : 325 mm (isohyètes) et 315 mm (Thiessen). Il faut noter une dispersion importante des résultats pluviométriques du régime hyperannuel par rapport aux valeurs moyennes annuelles. Le tableau suivant rend compte de ces écarts observés.

Minimum annuel

observé mm EL-JADIDA SAFI

738 575

SIDI-BENNOUR BRHATI SIDI-EMBAREK

Ecart à la moyenne

Sahel : 350 mm (isohyètes) et 330 mm (Thiessen).

observé mm

Ecart à la moyenne

Rapport des extrêmes

+ 105 % + 76 %

206 137

— 43 % — 58 %

3,5 4,2

477

+52 %

189

— 40 %

2,5

485

+ 53 %

152

— 52 %

3,2

558

+ 75%

181

— 43 %

3,1

Ecarts extrêmes à la moyenne Par contre, la répartition des pluies à l'échelle mensuelle est plus difficile à étudier statistiquement et

il a fallu se contenter de l'étude de quelques stations caractéristiques aux résultats complets, à savoir :

CLIMATOLOGIE 1933-1963 14 – PLAINE DES ABDA DOUKKALA

MAROC ATLANTIQUE

Nom de la station

Réseau

Coordonnées

Altitude Lat .N.

Pluviométrie moyenne (mm)

Situation dans le bassin

Long.W.

KHEMIS ZEMARA

SPGM

150

32° 38’

8°32’

nord-ouest

SIDI BONNOUR YOUSSOUFIA SAFI

MARA SPGM SMN

155 320 25

32°40’ 32° 16’ 32° 10’

8° 26’ 8° 32’

nord centre

9°15’

sud

J

F

M

A

M

52 46 39 56

41 41 34 35

41 39 39 36

27 27 22 24

17 17 16 16

J 1 1 3 3

J

A

0 0 0 0

0 0 0 0

S 4 6 10 6

O

N

D

35 33 25 39

47 48 40 58

62 59 44 63

Ann. 327 317 272 336

Moyennes des températures maximales et minimales (°C)

Nom de la station

JANV.

FEVR.

MARS

Max.

Mini. Max.

Mini. Max.

SIDI DONNOUR

18.5

5.4

20.0

5.8

22.5

7.3

Y0USSOUFIA SAFI

17.0 18.8

7.8 8.4

19.0 19.7

8.3 8.8

21.4 21.2

10.0 10.3

AVR.

MIni Max.

MAI

JUIN

JUIL.

A

M

NOV.

9.3

26.6

11.5

30.2

14.0

33.7 15..6 34.8

15.6

33.2

14.4

30,0

12.0

24 8

9.0

20.2

6.7

26.5

24.0 23.3

11.7 12.0

26.6 24.4

13.1 13.8

29.8 26.0

15.9 16.0

33.9 28.9

18.6 18.0

30.4 27.6

17.4 17.0

26.4 25.4

15.0 15.0

21.7 22.1

11.9 12.1

17.4 19.3

8.9 9.4

25.1 13.0 23.9 13.2

Classification Thornthwaite

S

O

N

D

Ann.

ETR (mm)

Indice global

Mini Max. Mini. Max.

Année

24.5

33.7 29.5

Mini. Max.

DEC.

Mini. Max.

17.7 17.8

Max. Mini. Max.

OCT.

Max

A

MinI.

SEPT.

Mini.

Moyennes des températures moyennes (°C)

Nom de la station

AOUT

MIni. Max.

d'après Turc (mm)

J

F

M

J

J

SIDI DONNOUR

11.7

12.9

14.9 16.9 19.0

22.1

24.6

24.7 23.8

21.0 16.9

13.4

18.4

310

- 40,4

E1B’ 3 db’2

310

Y0USSOUFIA

12.4

13.6

15.7 17.8 19.8

22.8

25.8

26.1 23:9

20.7 16.8

13.2

19.0

270

SAFI

13.6

14.2

15.8 17.6 19.1

21.0

23.4

23.8 22.2

20.2 17.1

14.4

18.5

330

- 42,8 - 38,2

E1B’ 3 da’ DB’3 da’

330

10.6

Evaporation mesurée

Evaporation

Type climatique

Mini. Max. Mini.

(P=Piche B=Bac) (mm) Période Quantité

260 1600 (P)

1952-1961

FIG. 123

CLIMATOLOGIE 1933-1963 15 – SAHEL DE SAFI - AZEMMOUR

MAROC ATLANTIQUE

Nom de la station

Réseau

Coordonnées

Altitude Lat .N.

EL JADIDA ADIR OUALIDIA OUED RHAG DAR SIDI AISSA DRIDRATE SAFI

SPGM SPGM EF MARA MARA ONE

55 30 130 100 150 25

33° 15’ 32° 56' 32° 38' 32° 23' 32° 24' 32° 10'

FEVR.

MARS

Pluviométrie moyenne (mm)

Situation dans le bassin

Long.W.

nord

8° 24' 8° 47' 8° 57' 9° 10' 9° 10' 9° 15'

centre centre sud sud-ouest sud-ouest

J

F

M

A

M

J

55 56 53 66 57 56

46 35 42 41 36 35

39 36 41 43 37 36

30 24 28 39 25 24

20 16 18 18 17 16

2 3 1 3 4 3

J

0 0 0 0 0 0

A

1 0 0 0 0 0

S

O

N

D

9 6 4 7 7 6

34 39 35 46 40 39

58 59 47 69 59 58

72 63 63 74 64 63

Ann.

366 337 332 406 346 336

Moyennes des températures maximales et minimales (°C)

Nom de la station

JANV.

Mini. Max.

AVR.

MIni Max.

MAI

MIni. Max.

JUIN

Mini.

Max

JUIL.

Mini. Max.

AOUT

Max. Mini. Max.

NOV.

OCT.

Mini. Max.

DEC.

EL JADIDA ADIR

18.1

6.9

19.1 7.3 20.7 8.7 21.9 10.6 23.2 12.7 25.1 15.2 26.8 16.7 27.3 16.7 26.6 15.5 25.0 13.2

22.1 10.4 19.3

8.1

22.9 11.8

SAFI

18.8

8.4

19.7 8.8 21.2 10.3 23.3 12.0 24.4 93.8 26.0 16.0 28.9 17.8 29.5 18.0 27.6 17.0 25.4 15.0 22.1. 12.1 19.3

9.4

23.9 13.2

J

F

Classification Thornthwaite

Moyennes des températures moyennes (°C)

Evaporation

Ann.

ETR (mm)

Indice global

EL JADIDA ADIR

12.5 13.2 14.7 16.2 18.0 20.2 21.8 22.0 21.0 19.1 16.2 13.7 16.6

360

- 33,8

DB'2 da'

360

SAFI

13.6 14.2 15.8 17.6 19.1 21.0 23.4 23.8 22.3 20.2 17.1 14.4 18.5

330

- 38,2

DB'3 da'

330

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Fig. 124

Type climatique

Mini Max. Mini. Max.

Année

Mini. Max.

Nom de la station

MinI.

SEPT.

Max.

d'après Turc (mm)

Mini. Max. Mini.

Evaporation mesurée (P=Piche B=Bac) (mm) Période Quantité

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

El-Jadida, Safi et Sidi-Bennour. Les conclusions de ces études appellent les remarques suivantes : — la quasi-totalité des mois peut avoir une pluviosité nulle, — la courbe des moyennes présente un ou deux maxima ; le premier, le plus net, se situe au mois de décembre ; le second au mois de février-mars, — les courbes des différentes fréquences mettent bien en évidence la coupure en janvier de la saison pluvieuse en deux périodes : 1. pluies d'automne débutant en septembre et présentant leur maxima en novembre-décembre, 2. pluies de printemps, maximum en févriermars et décroissant en avril-mai, — la sécheresse débute en juin et se poursuit en juillet et août, mois durant lesquels les précipitations sont exceptionnelles. Le nombre de jours pluvieux reste inférieur à 100 et n'atteint en moyenne 50 que pour la région d'ElJadida, s'établissant à 45 à Safi et 46 à Sidi-Bennour. On note une diminution du Nord au Sud et d'Ouest en Est. La répartition mensuelle présente un maximum très net en décembre et un secondaire en mars ; il n'y a pas, en moyenne, plus de 10 jours de pluie par mois et les maxima dépassent rarement 20 jours par mois. Une étude statistique des pluies journalières a été menée par ailleurs à partir des valeurs maximales de celles-ci pour chaque année de la série étudiée. Etant donné l'intérêt hydrologique de ces valeurs, 7 stations ont été sélectionnées pour tenter des essais d'ajustement graphique à diverses lois statistiques (Gibrat-Gauss, Gumbel, Fréchet). Après comparaison des résultats obtenus sur la station de Sidi-Bennour, la loi de Fréchet a été choisie et appliquée aux autres postes. Ainsi, malgré la dispersion des résultats, il apparaît que les valeurs décroissent avec l'éloignement océanique, pour une même probabilité de retour. On retiendra :

Sahel Doukkala

10 ans

25 ans

50 ans

100 ans

55 mm

70 mm 65 mm

90 mm 80 mm

105 mm 95 mm

50 mm

Ces chiffres sont au demeurant fort modestes pour un climat de type méditerranéen. La prise en compte des pluies journalières maximales est suffisante pour la prévision des débits de crues. Les séquences de jours pluvieux ont donc été

273

étudiées : il s'agit du nombre de journées successives pendant lesquelles une quantité de pluie a été recueillie. L'étude de la fréquence d'apparition des jours de pluie consécutifs montre que le phénomène de persistance est très faible et que les pluies tombent surtout au cours de journées isolées. Enfin, pour permettre une étude hydrologique des Doukkala, les averses ont été étudiées pendant 3 années agricoles, grâce à 8 pluviographes implantés dans les bassins versants des Rehamna (7) en amont de la région, et à Zemamra. Une cinquantaine d'averses par postes ont pu être ainsi analysées. L'histogramme des fréquences a montré un maximum très aigu pour les averses de durée inférieure ou égale à 1 heure, suivi d'une décroissance rapide. Il apparaît en outre que les averses à précipitations supérieures à 10 mm se répartissent en deux ensembles : — celles aux hyétogrammes pointus et à base très étroite, de type orageux : elles correspondent à des orages d'automne ou à des temps à « grains » accompagnant le passage du front froid des dépressions ; — celles aux hyétogrammes à base large, de type cyclonique et présentant plusieurs pointes : elles correspondent à des précipitations peu intenses, de longue durée, lors du passage du front chaud des dépressions. Quant aux averses-types, on a pu déterminer les hyétogrammes représentatifs de même fréquence que celles des crues qu'on désirait estimer. Cette approche a été possible à partir des constatations suivantes : •

Les fortes averses représentent la quasi-totalité des hauteurs de pluies observées en 24 h; ainsi on a pu se servir des ajustements statistiques des pluies journalières pour estimer les précipitations pour des averses de même fréquence ;



On a enregistré pendant les 3 années d'observations dans les Rehamna, des averses de hauteurs voisines des maxima observés en 30 ans et appartenant aux deux types d'averses définis plus haut. LES TEMPERATURES

La moyenne des températures maxima et minima mensuelles et annuelles est reportée dans les tableaux des figures 123 et 124. Les courbes d'amplitude mettent en relief des différences notables d'amplitude moyenne journalière entre les stations. Au cours de l'année, cette variation d'amplitude est faible pour les postes voisins de l'Océan, avec un minimum en été.

274

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

On a relevé par ailleurs les températures maximales absolues suivantes :

les conséquences biologiques, écologiques hydrologiques en sont très importantes.

El-Jadida : 40°C Safi : 50°C Sidi-Bennour : 51°C valeurs qui sont comparables à celles de stations présahariennes du Maroc. Ces pointes extrêmes sont atteintes lorsque souffle le « chergui », vent de secteur E originaire des dépressions sahariennes ; elles sont moins fréquentes que dans le Sud (10 à 15 jours par an). Quant aux minima, on observe quelques gelées exceptionnelles à l'intérieur, mais jamais en bordure océanique.

Dans le domaine des vents, les observations ont été sporadiques. D'octobre à mai, les vents sont surtout de secteur NW à SW ; de mai à septembre, ce sont des vents de N et NE et surtout des brises marines d'W. L'existence de vents plus violents en été contribue à augmenter le contraste entre l'évaporation en saison chaude et en saison froide.

Des mesures de la température de l'eau n'ont été faites que dans le bac type Colorado de Zemamra, à raison de 2 par jour, à partir de 1965. Leur dépouillement montre que : — la température de l'eau varie moins que celle de l'air ambiant ; — pendant l'hiver, la température moyenne de l'eau doit correspondre à la température moyenne de l'air ; — pendant le reste de l'année (surtout en été), les températures de l'eau excèdent de plusieurs degrés la température moyenne de l'air. En ce qui concerne l'humidité de l'air, seules des mesures psychrométriques ont été effectuées à Zemamra, à partir de septembre 1966. Les maxima varient très peu et sont élevés ; les minima sont beaucoup plus variables, accusant un minimum en saison sèche et un maximum en décembre. L'observation montre toutefois que les brouillards sont très fréquents et pénètrent loin à l'intérieur des Doukkala. On les observe surtout au printemps et à l'automne.

et

Les observations relatives à la température du sol portent à Zemamra sur les profondeurs suivantes : 2 5 - 10 - 20 et 30 cm et sont relatives à une seule année. Il en ressort que le sol est plus chaud que l'air ambiant : l'écart, de 2 à 3°C en hiver, croît rapidement en été pour dépasser 10°C en août. EVAPORATION ET EVAPOTRANSPIRATION Dans les Doukkala, de rares mesures directes d'évaporation ont été faites ; celles relatives à l'évapotranspiration sont inexistantes. Quant aux méthodes indirectes d'appréciation de ces deux grandeurs, elles dépendent de facteurs conditionnels, dont certains sont totalement ignorés (rayonnement solaire, pression atmosphérique). De ces facteurs, la température de l'air est celui dont les observations sont les plus nombreuses : 3 postes ont été retenus (El-Jadida, Safi et Sidi-Bennour) pour une période de 20 à 30 ans. Les moyennes annuelles se tiennent entre 17 et 19°C avec une augmentation du N au S et d'W en E, tandis que l'amplitude annuelle est pour :

Le régime diurne se décompose ainsi à Zemamra :

El-Jadida : 9°6 C Safi : 10° C Sidi-Bennour : 14°1 C Pour étudier l'évapotranspiration, le fait important est l'écart positif plus ou moins grand suivant les saisons entre la température du sol et celle de l'air.

— un palier voisin du maximum entre 22 h et 6-8 h du matin en été ; il couvre en hiver l'intervalle 18 h - 10 h ;

Quant à la durée moyenne de l'insolation, on a admis qu 'elle est, dans les Doukkala, comprise entre les valeurs de Casablanca et de Marrakech.

— une décroissance rapide de part et d'autre de ce maximum et un minimum entre 12 h et 16 h.

Pour le calcul de l'évaporation sur eau libre, la formule empirique de J. Loup, basée sur l'évaporation « Colorado » : E mm = 9t - 33 pour t < 21°C

Les maxima extrêmes sont voisins de 100 %, lors des journées à brouillard matinal ; les minima absolus sont atteints les jours de « chergui » (moins de 10 %). En conclusion, si les températures sont comparables à celles des zones arides du Maroc, le facteur humidité de l'air rend toute comparaison impossible ;

E mm = 19t - 243 pour t > 21°C (où t est la température moyenne du mois considéré), conduit à des valeurs moyennes tout à fait acceptables de l'évaporation sur bacs, malgré une légère surestimation hivernale. L'évaporation Colorado annu-

275

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

0

AZEMMOUR EL JADIDA

10

15

20

25

KM

Canal principale d'irrigation

O UE D

Isohyète interannulle 300 mm

l'Adir

300

Stations pluviométriques en fonctionnement plus en 1969

400

35 0

Stations pluviométriques en fonctionnement en 1969

5

Limites vers l'Est du SAHEL et des ABDA DOUKKALA

Sidi Saïd Maâchou

OUM ER

Had Oulad Frej

DAOURAT (Barrage) Bir Bou ali Boulaouane

F. Mechre

OUALIDIA

250

IA RB

35

0

Khmis M'Touh

Imfout (barrage)

Si BENNOUR Er Rag

Mra BEN ABBOU Mra BENABBOU

Dar Caïd Tounsi

ZEMAMRA

Azib Caïd Tounsi

C. MEDDOUZA La Gare 300

Fme Fontaine Tnine Ouled Amrane

Od Harat

Skour Rehamna

O. Lakhdar

M'Tel

M'Tel Dar Si Aïssa

Fme Prioux Bhrati Sid Ali

0 40

Dridrat

Cheikh Salah 0 30

Aït Moussa

SAFI

YOUSSOUFIA

Sidi Embarek Bouguedra

25

0

Bir El Maäti

El Khtakhta

Bled Ganntour

El Hadi Larbi

Sept Brikiine

BENGUERIR BENGUERIR

El Anba

Loubirel

FIG. 125 — Abda-Doukkala, carte des isohyètes moyennes annuelles pour la période 1933-63 et position des postes pluviométriques.

Il manque en outre dans les Doukkala d'importants renseignements pour calculer l'évaporation physique potentielle mensuelle par la formule de L. Turc : radiation globale et vitesse du vent notamment. Les évaluations simplificatrices de ces valeurs conduisent aux résultats des tableaux ci-après.

elle croît de 1485 mm à El-Jadida jusqu’à 1 806 mm à Sidi-Bennour, le maximum mensuel se situant en août (173 à 259 mm) et le minimum en janvier (77 à 89 mm). Le tableau ci-dessous rassemble les résultats obtenus.

Station

S

O

N

D

J

F

M

A

M

A

Total

99 112 123 147 171

173

1 485

J

J

El-Jadida

158 138 113 89

77

85

Safi Sidi-Bennour

177 146 122 96

89

95

107 124 139 154 200

205

1 654

217 160 111 81

77

87

104 122 147 192 249

259

1 806

Calcul de l'évaporation Colorado, méthode de J. Loup

276

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Station

S

O

N

D

J

F

M

A

El-Jadida

65

73

100

123

150

173

183

SidiBennour

65

75

102

130

160

185

200

M

J

J

A

Total

174

152 126

96

68

1 483

190

160 134

96

65

1 562

Evapotranspiration potentielle selon L. Turc

Les valeurs obtenues pour l'évaporation par la méthode de Thornthwaite (tableau cidessous) apparaissent assez faibles. On retiendra que l'évapotranspiration potentielle est plusieurs fois supérieure à la pluviométrie.

Station El-Jadida

S 94

O

N

D

J

F

74

49

44

30

32

M

A

M

J

J

46 59

76

100

118

A

Total

113

825

Sidi-Bennour

117

83

44

26

25

27

42 59

84

115

157

154

933

Safi

111

80

51

36

32

35

50 65

82

106

132

129

899

Evapotranspiration potentielle, méthode de Thornthwaite

Quant aux mesures directes de l'évaporation, celles obtenues à l'évaporomètre Piche montrent une valeur annuelle dans les Doukkala dépassant 1 900 mm avec des valeurs estivales mensuelles considérables : 280 mm, soit plus de 9 mm/jour. Elles portent sur la période 1964-67 aux stations de Zemamra et de l'Oued-Frej. L'évaporation à Zemamra (1965-67) au bac Colorado modifié, est de 1306 mm, mais la précision des résultats n'est valable qu'à 20 ou 30 % près. Au total, la meilleure estimation de l'évaporation est celle obtenue à partir de la formule de J. Loup, avec un coefficient de minoration de 0,8. Ces résultats sont d'ailleurs recoupés par ceux du bac Colorado. On adoptera les valeurs suivantes : Sahel

: Partie NE :1 200 mm ± 250 mm Partie SW :1 300 mm ± 250 mm

Doukkala : Moitié NW :1 400 mm ± 300 mm Moitié SE : 1 500 mm ± 300 mm Traduits en débit fictif continu, ces chiffres représentent de 0,4 à 0,5 l/s/ha soit 40-50 l/s/km2 de surface évaporante. L'évapotranspiration potentielle est plus difficile à chiffrer, aucune formule n'étant recoupée par des observa-

tions. Ce sont les valeurs données par la formule de Turc qui apparaissent les plus raisonnables. On adoptera : Sahel : 1 300 à 1 500 mm/an Doukkala : 1 400 à 1 600 mm/an L'ARIDITE Cette notion, de caractère empirique, est accessible par des indices, qui font intervenir une combinaison des précipitations et de l'évaporation. P L'indice d'E. de Martonne s'écrit I = ______________ T + 10 avec P = hauteur moyenne annuelle des précipitations T = température moyenne. Calculé pour diverses stations des Doukkala, il donne les valeurs suivantes : El-Jadida I = 13,2 Sidi-Bennour I = 10,8 Safi I = 11,5 Ces résultats contribuent à placer la limite (I = 10) entre les domaines aride et semi-aride à l'intérieur de la plaine. Le même calcul réalisé à l'échelle mensuelle donne les résultats suivants à Sidi-Bennour, rendant mieux compte du contraste climatique des saisons :

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

J

F

M

24,2

20,6

22,8

Sub-humide

A

M

J

J

A

11,5

6,4

3,6

0

0

Semiaride

Rappelons que le climat subhumide correspond à des oueds semi-pérennes, les climats arides et semiarides à des écoulements temporaires. L'indice de Thornthwaite est le plus répandu. Les calculs ont été exécutés par F. Joly pour 3 stations. Les types climatiques sont les suivants : EI-Jadida : D. B'2. d. a' avec I = — 35,6 Safi :D. B'3. d. a' I = — 38,2 Sidi-Bennour : EI. B'3. d. b'2 I = — 40,4 La limite entre l'aride et le semi-aride se situerait donc près de Sidi-Bennour comme précédemment. Néanmoins, il semble bien que l'indice du littoral océanique soit trop élevé, l'humidité de l' air y freinant considérablement l'évaporation ; on ne doit pas remonter au-delà du type subhumide sec. Quant à l'indice de J. Dubief, il se réfère à l 'évaporation journalière, de l'évaporomètre Piche et exp rime le nombre théorique de jours que mettrait à s'évaporer la pluie tombée en une année : D' = P/EJ. En utilisant les valeurs précédentes, on obtient : Sahel : E = 4,l mm D = 83 Doukkala : E = 5,3 mm/j D = 60 Dans cette gamme l'indice 28 correspond à la

S 2,1

O

N

D

12,7

21,7

28,0

Semiaride

Aride

277

Sub-humide

limite de la steppe et du désert et l'indice 100 marque la limite des cultures non irriguées. Ces résultats convergent assez bien ; en dehors de la frange, côtière, où existent des conditions subhumides sèches, le Sahel et la moitié occidentale des Doukkala appartiennent au domaine semi-aride, la partie plus interne s'intégrant à la zone aride. La limite ne peut être précisée davantage. Par contre le quotient pluviométrique de L. Emberger a permis de séparer plusieurs zones, liées aux étages bioclimatiques. Sidi-Bennour est proche de la limite semi-aride — aride tandis que la zone côtière se situe dans l'étage semi-aride. La carte phytogéographique publiée par L. Emberger place d'ailleurs cette limite en bordure des collines des Aounate, du M'Tal et des Mouissate. On retiendra que les bassins versants amont des Doukkala se placent dans le domaine aride ; il convient donc de s'attendre à des écoulements superficiels temporaires et à des nappes souterraines alimentées de façon très irrégulière. L'évaporation potentielle est de loin supérieure à la pluviométrie, ce qui ne signifie pas une absence d 'écoulement ; mais l 'impossibilité de prendre en compte la concentration de la pluie sur quelques jours ou quelques heures suffisent à expliquer ces anomalies.

Hydrologie superficielle BASSINS VERSANTS ET REGIMES Les oueds issus des Rehamna, à l'amont du bassin ont des caractères particuliers. Ils n'ont pas de débit d 'étiage et l'écoulement ne s'effectue que sous forme de crues brèves et violentes. Ils se disti n g u e n t entre eux par la taille de leurs bassins, la pente moyenne et la nature des terrains drainés. Mais c'est l'intensité de la pluie qui conditionne surtout le ruissellement. Les seuils pluviométriques à partir desquels on observe un écoulement ont pu être mis en évidence :



Oued M'Tal (S = 37 km2 ) 4 à 5 mm en 12 h

— Oued Kaf (S = 148 km2 ) 7 à 10 mm en 12 h — Oued Fareh (S = 637 km2 ) 12 à 15 mm en 12 h. Le tableau suivant résume les caractéristiques des crues de fréquence décennale pour les bassins des Rehamna.

278

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Oued M'Tal

Oued Kaf

Oued Fareh

60 m3 /s

100 m3 /s

125 m3 /s

Crue d'orage Q maxi pointe Q spécifique

1 700 l/s/km2 50%

Cru

680 l/s/km2 35%

200 l/s/km2 20%

Crue cyclonique Q maxi pointe Q spécifique Cru

50 m3 /s

65 m3 /s

85 m3 /s

1 200 l/s/km2

440 l/s/km2

200 l/s/km2

55 %

25 %

20 %

Oued M'Tal

Oued Kaf

Oued Fareh

3/4 h à 1,5 h

2à3h

8à9h

Temps de base

4hà5h

7 à 9h

12 à15 h

Temps de concentration

5hà6h

9 à 10 h

18 à 20 h

Hydrogramme Temps de réponse

Caractéristiques des crues décennales des bassins versants issus des Rehamna (Cru = coefficient de ruissellement utile)

Au niveau des stations hydrologiques situées en bordure amont de la plaine, les lits des oueds sont encaissés et empêchent tout débordement important, tandis que leurs pentes permettent le transport de la charge alluvionnaire. La situation évolue par contre rapidement en avançant dans la plaine : les pentes diminuent, les lits deviennent moins encaissés, les débordements et les diffluences se multiplient. Les éléments qui conditionnent l'hydrologie sont outre les oueds issus des Rehamna ou de la plaine, les dayet ou mares temporaires qui occupent les points bas de la topographie, et les dolines ou avens, susceptibles d'absorber une partie du débit de surface. L'action de l'homme a par ailleurs contribué à perturber le réseau : création du système de drainage et de colatures, de zones d 'épandage de crues, des rhedir ou dayet artificielles et des forages absorbants. Le découpage en bassins est très délicat, mettant en évidence le caractère tourmenté de la plaine (fig. 126) très défavorable à un équipement hydraulique. Le bassin tributaire de l'Oum-er-Rbia est par contre bien drainé et présente des thalwegs courts et pentus. L'oued Fareh, à sa sortie des Rehamna, fait un coude à angle droit pour prendre une direction S-N et se jeter dans l'Oum-er-Rbia par une vallée encaissée dans les dunes du Sahel. Cet exutoire est le résultat d'une capture, lors de l'enfoncement du fleuve au Quaternaire. Le lit est dans l'ensemble encaissé entre

des berges hautes de 5 à 10 m, tandis que la section est suffisante pour le passage des crues décennales jusqu'au centre du casier d'irrigation de Boulaouane. L'oued commençait à divaguer avant l'aménagement en colature d 'une de ses branches et la réalisation du réseau de drainage. Les stagnations d'eau sous forme de dayet sont pratiquement inexistantes, du fait de l'exutoire vers l'Oum-er-Rbia. A l'E de la vallée de l'oued Fareh, la zone des sables de Bni Hellal constitue une zone de stagnation des précipitations sans apport amont ni exutoire aval. Le bassin central qui recouvre les casiers d'irrigation de Sidi-Smaïn et de Sidi-Bennour, est le point de convergence des oueds issus des Rehamna, à l'exclusion du Fareh. La partie amont est une zone de ruissellement où les stagnations n'existent pas, tandis qu'à l'aval, à partir de la cote 200 m, on note leur présence sous forme de dayet. Le réseau hydrographique très dégradé ne permet le passage vers l'aval que d 'une faible partie des débits. L'oued Fel-Fel constitue cependant, lors des fortes crues, un exutoire possible au bassin central, dont le drainage artificiel améliore l'évacuation des eaux de surface. La zone des sables de Zemamra est une zone à topographie dunaire, très comparable à la zone des

279

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

5

0

10

15

20

25

KM

Limites vers l'Est du SAHEL et des ABDA DOUKKALA

AZEMMOUR EL JADIDA

Canal principale d'irrigation

O Colatures principales

UE D

Réseau d'épandage des crues Forage absorbant Karst fonctionnel Limites des bassins de plaine Limites des sous bassins Oueds et diffluences

OUM

Ecoulement concentré sans apport amont

O. F

Tributaires de l'Oum er Rbia Faregh

ER

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

elFe l

Dayas importantes BASSINS

Sables de Beni Hellal

2

Central

DAOURAT (Barrage)

Sables de Zemamra Présahélien Tnine Rharbia Jema Sahim Oued Safi

Si SMAIN

pied Khatazeken

IA RB

3

4 OUALIDIA

5

6

Si BENNOUR

Mra BEN ABBOU

ZEMAMRA gh O. fare

C. MEDDOUZA Ao uja O.

7

M'T al

8 9

O. Kal

SAFI

YOUSSOUFIA

BENGUERIR

10

Fia. 126 — Schéma hydrologique de la plaine des Abda-Doukkala. Réseau hydrographique et découpage en bassins versants.

sables de Bni-Hellal. Cette zone est caractérisée par une absence totale de ruissellement et une densité étonnante de dayet de toutes tailles. Les dépressions présahéliennes, en contrebas de la ligne d'affleurement des premières dunes plio-quaternaires (entre Zemamra et Had-Ouled-Frej), constituent une zone de transition avec le Sahel, dont la bonne qualité du drainage est liée à la faible profondeur des calcaires du Plio-quaternaire. Le bassin de Tnine-Rharbia est caractérisé par un ruissellement concentré, sans aucune liaison hydrologique avec les bassins amont. L'eau se rassemble dans de vastes dayet où seule l'action de l'évaporation se manifeste actuellement. Une évacuation importante des eaux de surface devait s'effectuer au Quaternaire dans le réseau karstique des calcaires de Dridrate.

Dans le bassin de Jemaa-Sahim, les oueds issus des Mouissate ne sont pas assez conséquents pour que leurs eaux atteignent la gouttière des Abda : elles se perdent par épandage sur le piedmont. On note la présence de dayet autour de Jemaa-Sahim où existent des infiltrations importantes, à la faveur de dolines, dans le Jurassique. Il en est de même dans le bassin de Safi, où on note en outre, à la suite de pluies abondantes, une évacuation des eaux jusqu'à l'Océan. Enfin le Bled-Khatazakan, au SE de Safi, collecte des eaux d'un bassin de 250 km2 sur le flanc NW des Mouissate. En novembre 1966, il a reçu environ 6.106 m3 , confirmant ainsi son activité karstique actuelle. Le réseau actuel est une image peu modifiée du réseau quaternaire à la fin du dernier pluvial ;

280

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

la modification principale réside dans l'établissement d'une ligne de partage des eaux entre l'oued Bouchane et l'Ouest de la plaine. Les Doukkala ne sont pas et n'ont jamais été véritablement un bassin endoréique, à cause de l'existence d'exutoires vers l'Océan pour le centre, les Abda et le SW, vers l'Oum-er-Rbia au NE.

L'hypothèse d'exutoires souterrains karstiques permet seule d'expliquer l'anomalie pour la région située entre Tnine-Rharbia et Sidi-Smaïn. L'endoréisme principal des Doukkala existe par contre surtout à l'échelle du sous-bassin et de la parcelle. Le tableau suivant résume les données relatives



Dénomination

1

Tributaires Oum-er-Rbia

2

3

Bassin du Fareh

Zones des sables de Bni-Hellal

Superficie km2

Superficie km2

Sous-bassin







Nord

380

637

Sud

115



Nord

225



Sud

205



270

203

535

1 230

Youssoufia

160

150

Aval

320



495

430

Aouja M’Tal Bouchane 4

5

6

Bassin central

Sables de Zemamra

1285



290

— Zemamra

120



Had-Ouled-Frej

180



10









Piedmont des Mouissate

140

150

Plaine Abda

110









110

220.





250

Dépressions présahéliennes

310 Arba-Mogress

7

8

9 10

Bassin de Tnine-Rharbia

Bassin de Jemaa-Sahim

Bassin de l'oued Safi Bled-Khatazakan

Superficie totale :

Bassin amont km2

725

250

4 000 km2

Découpage des bassins de la plaine des Doukkala

2 600 km2

281

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

aux superficies des bassins de la plaine des Doukkala. La pente moyenne générale est par ailleurs inférieure à 1 %.

BASSIN

LES CRUES L'observation de fortes crues dans la plaine en décembre 1963 et novembre 1966 a permis d 'obtenir certaines valeurs du coefficient de ruissellement, fonction des débits issus de l'amont :

XII / 1963

XI / 1966

Bassin central

3%

13 %

Bassin de Safi



5,5 %

Bled-Khatazakan



8,5 %

L'Oued Fareh évacue la quasi totalité de ses eaux à l'Oum-er-Rbia ; lors des débits de pointe, km étalement de la crue s'opère cependant entre KhémisM'Touh et Had-Ouled-Frej et on peut admettre que les pertes liées à cet épandage ne dépassent pas 15 à 20 % de l'apport.

DAYA

Les oueds Aouja et M'Tal concentrent 1 eaux à l'aval de Sidi-Bennour : il s'y opère un laminage et des pertes importantes. L'oued Bouchane répartit ses eaux entre les dayet Fertouaou et Ouarar selon les modalités suivantes :

XII / 1963

XI / 1966 6,6.106 m3 (stockage)

Fertouaou Ouarar

1.106 m3 1,1.106 m3

2,4. 106 m3 (évacués à l'aval) 9.106 m3

Le ruissellement propre de la plaine a été étudié sur le bassin de Tnine-Rharbia qui ne reçoit aucun apport de l'amont et ne possède aucun exutoire, à partir du planimétrage des dayet sur photos aériennes ; on a obtenu une valeur globale élevée, comprise entre 4,5 et 5,5 %. Le calcul a permis en outre de fixer la valeur de 0,29 l/s/ha comme base d'estimation des volumes journaliers à évacuer en cas de pluie, en l'absence de tout réseau de drainage. L'estimation du volume stocké dans les dayet a été tentée pour la crue de décembre 1963 et chiffrée à 27.166 m3 .

vices techniques pour évacuer les eaux de la daya, a modifié cet équilibre naturel et rendu l'oued Fel-Fel à nouveau fonctionnel, au point que ses eaux menacent El-Jadida, en cas de crue exceptionnel-le.

Des observations détaillées de la propagation des crues ont été effectuées sur le Fel-Fel. Des différences importantes apparaissent de 1927 à 1963 et sont liées à la variabilité des conditions pluviométriques et à l'action de l'homme. Quant à l'écoulement du Fel-Fel, il dépend à la fois des crues de l'oued Aouja et de celles de l'oued Bouchane qui débouchent dans la daya Fertouaou: sa fréquence liée d'abord au remplissage de celle-ci, devait être jusqu'à une date récente de 1 fois en 25 ou 30 ans. Mais l'intervention récente des ser-

Au total, les observations quantitatives de la période novembre 1963 - janvier 1964 peuvent être synthétisées ainsi pour la plaine des Abda-Doukkala (3500 km2 ) :

Les crues de l'oued Aouja doivent, pour dépasser Sidi-Bennour, atteindre un volume de 1 à 1,5.10 6 m3 ; la fréquence des crues d 'un volume supérieur est au moins décennale. Là encore, l'action de l'homme a dynamisé les eaux sauvages et accéléré leur transit vers l'aval de la plaine.

Précipitations (250 mm) Apports des oueds amont Exutoires (Fel-Fel et Fareh) Infiltrations dans la nappe Rétention superficielle (dayet)

= 875.10 6 = 12,6.10 6 = 5.106 = 2 à 5.10 6 = 27.106

m3 m3 m3 m3 m3

Il est certain cependant que les dayet n'apparaissent

282

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

raissent pas systématiquement chaque année dans les Doukkala. Il ressort de tout ce qui précède que deux facteurs principaux jouent : la hauteur de pluie cumulée et la concentration. En dessous de 100 mm/ mois, quelle que soit l'intensité, aucune daya ne dure plus de quelques jours ; les « années à dayet » sont

celles au cours desquelles on observe un total de pluies supérieur à 200 ou 250 mm en 2 ou 3 mois, avec au moins 90 à 100 mm recueillis en une quinzaine ; la fréquence de retour du phénomène doit se situer entre 10 et 15 ans, le facteur interannuel devant en outre s'y superposer.

Hydrogéologie

CARACTERISTIQUES HYDROGEOLOGIQUES DES DIFFERENTS NIVEAUX STRATIGRAPHIQUES PRIMAIRE ET PERMO-TRIAS

Ils présentent peu d'intérêt pour les circulations souterraines. Le Primaire, essentiellement schisteux, est imperméable, sauf dans sa partie superficielle altérée, où il peut exister de petites nappes d'extension très limitée. Un essai de débit effectué dans les schistes (245/35) a fourni une perméabilité de 5.10-6 m/s. Le Permo-Trias est peu étendu. On a rencontré localement une nappe ascendante dans les basaltes (forage 69/35 à proximité de M'Tal), très fissurés à 228 m de profondeur. Le résidu sec de l'eau était de 1 750 mg/l (débit de 1 l/s pour 3 m de rabattement. assez exceptionnel pour ces formations). Il faut signaler en outre le cas des dolomies d 'ElJadida qui, très karstifiées, sont susceptibles de présenter localement des circulations importantes. JURASSIQUE SUPÉRIEUR

Ce niveau, formé de puissantes assises de calcaires alternant avec des lits marneux, présente une perméabilité de fissures : les circulations se font souvent par de véritables galeries qui résultent de la dissolution du calcaire et du gypse. Comme en zone karstique, les forages stériles voisinent souvent avec les ouvrages productifs. Une nappe existe dans les Abda ; elle est très mal connue, son niveau piézométrique étant très profond ; le résidu sec de l'eau varie entre 2 et 5 g/I avec faciès sulfaté qui contraint souvent à l 'abandon des forages productifs. Dans la région de Safi, plusieurs forages ont montré des transmissivités de 1.10 -1 à 1.10 - 3 m2 /s. CRÉTACÉ INFÉRIEUR

Dans le Sahel, les argiles de Safi constituent un bon imperméable. Le calcaire de Dridrate lorsqu 'il est franchement calcaire, est un niveau karstique à fissuration très importante. On a noté à ce propos une

perte totale et constante de circulation dans les forages au toit de ces calcaires, dans lesquels de véritables grottes peuvent se développer (Aïn-Rhor au N de Safi). Le dépouillement des essais de pompage conduit à estimer la perméabilité moyenne du calcaire de Dridrate à 5.10 -3 m/s. Les horizons argilo-sableux supérieurs se comportent différemment selon la nature du niveau considéré (plus sableux ou plus argileux). La perméabilité est certainement faible, mais suffit sans doute à expliquer l'alimentation du calcaire de Dridrate et l'absence de nappe dans le PlioQuaternaire d'une grande part du Sahel, lorsque les deux formations sont au contact l'une de l'autre. Dans les Doukkala, la lithologie est hétérogène et présente d'importantes variations latérales. Les couches rouges inférieures voient alterner des conglomérats et grès avec des niveaux argileux ; des forages profonds ont rencontré localement des nappes. Le calcaire moyen présente une perméabilité de fissures quand il n'est pas marneux, mais ne peut être comparé en tant qu 'aquifère au calcaire de Dridrate. Localement certains forages, près de Had-Ouled-Frej (n° IRE 27/27) ont donné de bons résultats, mais le petit nombre d 'ouvrages ayant atteint ce niveau ne permet pas de plus grandes extrapolations. Les couches rouges supérieures sont surtout argileuses avec quelques rares bancs gréseux perméables. CRÉTACÉ MOYEN

Le Cénomanien, calcaires et marnes, présente une fissuration irrégulière. Quelques essais à Sidi-Bou-Zid près d'El-Jadida ont donné de faibles perméabilités : 5.10 -5 à 5.10- 6 m/s. PLIO-QUATERNAIRE MARIN ET DUNAIRE

Les faciès marin et dunaire se confondent en un seul ensemble perméable, mais c'est presque toujours le faciès marin sous-jacent, plus cimenté et moins argileux qui contient la nappe. Les caractéristiques des circulations aquifères dans ces calcaires détritiques sont de deux types : — perméabilité d'interstices, prépondérante dans les horizons sableux (valeur K 3.10 -5 m/s

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

en moyenne - coefficient d'emmagasinement S = 8.10 3) ; — perméabilité de fissures prédominante dans les horizons riches en ciment (valeur K 6.10 -4 m/s en moyenne - coefficient d'emmagasinement S = 5.10 -2). Ce sont des essais d'injection et non de pompage, qui ont permis de prouver la coexistence de ces deux types de perméabilités. LIMONS QUATERNAIRES Les limons formant la quasi-totalité du recouvrement des Doukkala, les possibilités d'infiltration sont directement liées à la perméabilité de cette couverture. La connaissance de données précises relatives aux caractéristiques hydrauliques permettra d'évaluer : — les pertes profondes par irrigation, provoquant des remontées de la nappe phréatique, — les pertes dans les canaux d'irrigation en terre, — l'alimentation de la nappe par sa surface. Différentes méthodes ont été utilisées in-situ pour connaître la perméabilité des limons (méthode de Müntz, du large infiltromètre, du trou à la tarière). Leur défaut commun est qu'elles s'appuient toutes sur un écoulement permanent de l'eau, alors qu'en absence de nappe, le régime est toujours transitoire ; des essais comparatifs ont été réalisés dans la Daya Fertouaou. Les résultats d'ensemble obtenus dans les Doukkala se répartissent statistiquement (200 mesures environ) ainsi, par catégorie de sols : • Les sables dunaires récents, peu argileux, ont une perméabilité comprise entre 5,5 et 6,7.10-3 cm/s ; • Les sables argileux ont une perméabilité plus faible, comprise entre 1 et 3,9.10 -6 cm/s ; • Les limons récents de plateaux, où le caractère argileux est encore plus accentué, montrent une perméabilité comprise entre 1,6 et 4,2.10-3 cm/s; • Les limons inférieurs encroûtés, essentiellement argileux occupent un intervalle compris entre 5.10 -8 et 5.10 -5 cm/s ; • Les limons supérieurs sablo-argileux, couvrent la gamme 10 -6 - 10 -3 cm/s. Dans l'ensemble, les valeurs obtenues sont très dispersées pour les limons, ce qui est en contradiction avec la lithologie ; mais une précision supérieure nécessiterait un plus grand nombre de mesures. En outre, la représentativité des résultats serait améliorée,

283

si elle concernait des mesures effectuées en dessous des 50 premiers centimètres de limons souvent remaniés ; la médiane voisinerait alors vraisemblablement 1.10 -6 cm / s . HYDROGEOLOGIE DE LA PLAINE DES ABDA-DOUKKALA SCHÉMA GÉNÉRAL La densité des points d'eau est très différente entre le Sud-Ouest et le reste de la plaine des AbdaDoukkala ; au S d'une ligne joignant Youssoufia à Tnine-Rharbia, les puits deviennent très rares et l'alimentation en eau des populations s'effectue à partir de citernes. Cette zone d'environ 1 000 km2 n'est pas en réalité une zone sans nappe, mais l'eau souterraine se situe dans le Jurassique supérieur ; profonde et de qualité chimique très mauvaise, elle n'est donc pas exploitée. Dans le reste de la plaine, on distingue deux types d'ouvrages : — les plus nombreux ou « Bir », sont des puits de construction soignée, avec un cuvelage et une margelle : leur profondeur dépasse 20 m et peut atteindre 100 m ; — les « oglats », puits plus rares et peu profonds (2 à 10 m), sont de simples trous, constamment éboulés et recreusés. Ces deux types de points d'eau correspondent à des gisements aquifères différents : les « oglats » exploitent les nappes perchées dans les zones les plus perméables des limons quaternaires, tandis que les « Bir » atteignent la nappe générale, située le plus souvent dans les calcaires détritiques plio-quaternaires. Le nombre total de points d'eau recensés s'élève à environ 1 millier pour l'ensemble de la plaine, mais la densité (1 par km2 ) est loin d'être régulière. Une carte piézométrique au 1/100 000 a été établie avec des courbes équidistantes de 10 m ; les mesures ont été effectuées de mars à mai 1962 et peuvent être considérées comme homogènes malgré leur étalement dans le temps, étant donné la faible amplitude des fluctuations annuelles de la nappe. Des relevés périodiques s'effectuent régulièrement depuis cette date dans des piézomètres de référence. LES NAPPES PROFONDES La nappe du Crétacé inférieur L'observation du plongement des niveaux crétacés de la bordure occidentale des Rehamna sous les limons des Doukkala, avait fait espérer l'existence de nappes

284

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

ascendantes dans la plaine. Trois forages implantés dans la région de Sidi-Bennour et du M'Tal ont été exécutés en 1952 pour vérifier cette hypothèse. Dans le forage 202/35 près de Sidi-Bennour, l'eau a été ascendante à 350 m de profondeur dans les calcaires néocomiens et le niveau stabilisé à 35 m sous le sol ; un essai de pompage a donné 5 l/s pour un rabattement de 10 m. Le faciès de l'eau était chloruré sodique avec un résidu sec de 2,7 g/l.

Les puits sont donc très rares et les habitants des Abda-Doukkala s'alimentent à partir de citernes.

Dans le forage 285/35 à 20 km au S de SidiBennour, plusieurs niveaux se sont avérés aquifères : — à 53 m, la nappe du Plio-Quaternaire ;

LA NAPPE GÉNÉRALE Ce terme a été adopté pour bien marquer que la nappe des Doukkala n'est pas entièrement liée à un niveau stratigraphique déterminé et qu 'elle ne présente pas les caractères d 'une nappe phréatique classique.

— à 161 m du sol, un niveau calcaire dans la série des marnes à gypse offrait un débit de 10 l/s pour un rabattement de 4 m ; le résidu sec à 180°C était de 2,2 g/l, eau à faciès sulfaté. Le niveau, ascendant, s'établissait au niveau de la nappe phréatique ; — à 320 m de profondeur, un essai dans les couches supérieures de l'Hauterivien produisit 2 l/s pour un rabattement de 10 m ; le résidu sec à 180°C était de 2,8 g/l et le faciès chloruré sodique. Niveau ascendant ; — à 380 m enfin, un essai effectué dans les couches rouges de base de l'Hauterivien fournit 1 l/s pour un rabattement de 13 m ; le résidu sec était de 4,4 g/l. On a conclu après ces recherches que le Crétacé n 'est pas exploitable sous les Doukkala en raison de sa profondeur importante, ne permettant pas de multiplier les forages, mais surtout de sa faible productivité et de la salure des eaux qu 'il contient. La nappe du Jurassique supérieur Le Jurassique supérieur n'existe que dans le Sud de la plaine et sa limite nord correspond sensiblement à une ligne joignant Youssoufia à Tnine-Rharbia. Le Plio-Quaternaire repose directement sur le Jurassique et toute l'eau infiltrée en surface percole jusqu'aux marnes de la base du Jurassique, ne laissant que de rares niveaux perchés dans le Pliocène sus-jacent. La perméabilité du Jurassique supérieur est de type karstique. L'écoulement se fait selon une direction générale E-W ; les pertes de charge étant faibles. La pente est inférieure à 1 0 /00 et le niveau piézométrique à la cote 75-80 m au Jemaa-Sahim est à + 1 m près de Safi. L'exutoire est l'Océan avec lequel le Jurassique est en communication directe sur une longueur de côte supérieure à 50 km. La profondeur de la nappe est toujours importante : 80 à 130 m au Jemaa-Sahim, 50 à 60 m à Safi. La qualité chimique de l'eau est très mauvaise, étant donné l'abondance du gypse.

En conclusion de ce paragraphe concernant les nappes profondes, on peut dire que toutes ces nappes sont ascendantes (leurs niveaux piézométriques se situent entre 40 et 50 m de profondeur) mais que la médiocrité des débits et la mauvaise qualité chimique des eaux condamne toute exploitation de ces nappes profondes dans les Doukkala.

Sur la moitié environ de la zone intéressée (1 200 sur 1 500 km2 ), la nappe circule dans les calcaires plioquaternaires. Son imperméable de base n'est pas très bien défini, car le Cénomanien présente des faciès tantôt calcaires, tantôt marneux. La disposition structurale en cuvette et l'absence d'affleurements quaternaires en bordure des Rehamna, rendent cette nappe tributaire, tant pour son alimentation que pour ses exutoires, des niveaux crétacés ; mais l'état actuel des études ne permet pas de préciser comment s'effectuent ces abouchements de nappes. La nappe apparaît au total comme une nappe libre profonde qui, dans certaines conditions structurales, peut être captive sous les limons, avec une charge qui reste modeste. Forme et gradient hydraulique L'allure générale de la surface piézométrique apparaît complexe dans le détail. On peut distinguer (fig. 127) : — un secteur amont, limité à l' isopièze 180 m, où les courbes sont parallèles entre elles et très serrées ; le gradient hydraulique est fort, de 12 à 15 %, mais diminue vers l'aval et dans la vallée de l'oued Bouchane. L'influence des facteurs structuraux sur les directions d'écoulement est très nette ; la direction générale SE-NW jusqu'à l'oued Fareh, s'infléchit ensuite pour devenir E-W, en conformité avec le changement de direction entre le monoclinal des Aounate et la flexure de Daourate ; — un secteur central, correspondant à la zone où la nappe circule dans le Plio-Quaternaire et où trois « dorsales » S-N cloisonnent la région dans le sens transversal. L'origine de ces protubérances de la nappe apparaît liée à une surélévation de l'imperméable correspondant aux axes anticlinaux.

285

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

0

Affleurement du substratum antéquaternaire Zones à fortes stagnations 150

5

10

15

20

25

KM

Limites vers l'Est du SAHEL et des ABDA DOUKKALA

AZEMMOUR EL JADIDA

Canal principale d'irrigation

O

Isopièze 150 m

UE D

Ligne de partages des eaux souterraines Principaux axes d'écoulement Limites des aquifères

OUM

0 10 150

ER

0 10

15 0

Si BENNOUR 20

ZEMAMRA

Mra BEN ABBOU

20 0

15 0

C. MEDDOUZA

0

IA RB

100

OUALIDIA

DAOURAT (Barrage)

0 15

REHAMNA

200

SAFI

YOUSSOUFIA

BENGUERIR

GANNTOUR

FIG. 127 — Carte piézométrique de la nappe phréatique de la plaine des Doukkala.

Les isopièzes sont ici beaucoup plus espacées et le gradient ne dépasse pas 1 %. Les directions d'écoulement différent au NE et au SW de la première dorsale ; dans le secteur de l'oued Fareh notamment, l'écoulement souterrain apparaît nettement conditionné par la direction du synclinal qui s'infléchit progressivement vers l'W. Au SW par contre, l'écoulement reste conforme à ce qu'il était à l'amont : l'anticlinal de Sidi-Bennour, par son orientation perpendiculaire à l'écoulement général, doit jouer un rôle de barrière et ne permettre le transit vers l'aval que du « trop-plein » de la cuvette synclinale amont ; —

un secteur aval, moins bien connu, où la narre circule dans les niveaux crétacés sous-jacents du Plio-Quaternaire : ceci tient à la structure anti-

clinale de la bordure sahélienne et à l'absence d'alimentation par la surface de la plaine. Dans le N du secteur du Fareh notamment, la disparition de la nappe Plio-Quaternaire est brutale : à Had-OuledFrej, trois sondages confirment en effet son absence dans les calcaires détritiques, alors qu'on rencontre une nappe importante dans les calcaires moyens ; le problème du déversement de la nappe du PlioQuaternaire n'est donc pas résolu. Profondeur de la nappe Le caractère profond de la nappe est mis en évidence par la carte des isobathes. Dans l'ensemble, la profondeur est supérieure à 40 m et peut atteindre 70-80 m ; dans la vallée de l'oued Fareh seulement, elle demeure inférieure à 40 m.

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

286 Profondeur

Superficie

% cumulé

%

Observations

km² moins de 30 m

35

1,5

de 30 à 40 m de 40 à 50 m

385 490

15,5 49,5

17,0 36,5

de 50 à 60 m de 60 à 70 m

820 530

33,0 21,0

69,5 90,5

de 70 à 80 m

150

6,0

96,5

de 80 à 90 m plus de 90 m

80 10

3,0 0,5

99,5 100

2 500

100,0

TOTAL

environ 10 km² à moins de 20 m

Nappe de la plaine des Doukkala. Répartition des profondeurs jusqu'à l'eau Puissance aquifère Les isopaches de la nappe ont été tracées dans l'état actuel des connaissances, mais en fait ce n'est que lorsque la nappe circule dans le Plio-Quaternaire qu 'il est possible d 'estimer son épaisseur. Celle-ci est essentiellement comprise entre 10 et 20 m, à l'exception de deux gouttières synclinales où elle excède alors 20 m. Calcul des réserves Il ne peut être tenté que de manière très approchée, étant donné l'indétermination qui pèse à la fois sur la puissance aquifère et le coefficient d'emmagasinement. D'après la carte des isopaches, le volume des terrains aquifères calculé par intégration est de 15.10 9 m3 , ce qui représente une épaisseur moyenne de 12 m ; en admettant un coefficient moyen d'emmagasinement de 10 -2 , les réserves s’élèveraient à150.10 6 m3 , valeur très faible pour une si vaste étendue (2 500 km2 ).

inférieur à 1 g/l présentent une répartition remarquable dans l'axe des vallées des oueds, au débouché des collines (oueds Fareh et Bouchane). Quant aux taches à concentration supérieure à 2 g/l, elles se situent soit dans des zones où le niveau piézométrique s'établit dans le Crétacé (NE de la vallée du Fareh), soit au centre de la plaine, en bordure de la limite aval de la nappe du Plio-Quaternaire : le substratum et l'anticlinal de Sidi-Bennour sont les facteurs déterminants de ces alignements de taches à concentration élevée. A noter enfin qu'à l'approche du Sahel on retrouve des eaux moins concentrées, ce qui s'explique par une alimentation directe par la pluie. Les faciès chimiques sont peu variés et surtout du type chloruré sodique. On note aussi un faciès sulfaté calcique au SW de Sidi-Bennour, où il coïncide avec un résidu sec supérieur à 2 g/l, et entre Sidi-Smaïn et Had-Ouled-Frej. Ce faciès est acquis au contact des argiles à gypse du Crétacé, là où le toit cénomanien de la nappe a disparu. Enfin, très rarement, existe un faciès bicarbonaté calcique en bordure du Sahel.

Température de l'eau Le caractère profond de la nappe fait prévoir qu'elle doit être relativement constante : c 'est ce que des mesures systématiques effectuées pendant un an ont confirmé. Elle est comprise entre 23 et 24°C. Hydrochimie Une carte au 1/200 000 des résidus secs à 180°C fait ressortir l'absence d'une zonalité régulière des minéralisations. La plus grande partie de la nappe (tableau ci-dessous) a un résidu sec compris entre 1 et 2 g/1 ; localement, il s'y superpose des taches plus concentrées ou plus diluées. Les taches à résidu sec

Résidu sec à 180°C inférieur à 1 g/l 1 à 2 g/1 2 à 3 g/l plus de 3 g/1 TOTAL

Superficie en km2

%

% cumulé

250 1740 370

10 69 14

10 79 93

140

7

100

2500

100

Salure de la nappe de la plaine des Doukkala

287

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

Dans l'ensemble la qualité des eaux des Doukkala est très médiocre. Près de 1 000 puits ont fait l'objet de prélèvements pour analyses chimiques de l'eau, représentant environ 80 % des puits existant dans la plaine. Régime de la nappe Le réseau de surveillance de la nappe comporte 55 puits-témoins ; ceux-ci ont été relevés mensuellement depuis 1963, mais leur densité est trop faible et pas assez homogène. L'examen des courbes de variations annuelles montre que seuls les puits situés à l'amont de la nappe ont un régime de fluctuation annuel : le minimum se place en septembre-octobre, tandis que le maximum, plus variable, se situe de décembre à avril (IRE 646, 1093 et 1094/35). Vers l'aval, les amplitudes de variation diminuent pour ne plus être sensibles dans le centre de la plaine. A l'approche du Sahel par contre, les variations annuelles redeviennent sensibles. On peut noter sur les courbes de variation piézométrique de la plupart des puits témoins une tendance hyperannuelle de très faible hauteur (2 à 5 m) en valeur absolue : comparées cependant à l'épaisseur moyenne de la nappe, ces variations apparaissent relativement importantes. Alimentation et exutoires de la nappe Les alimentations peuvent être dues : à une infiltration des eaux de pluie et d'épandage à partir de la surface de la plaine elle-même, des plateaux calcaires de bordure ou également à partir des oueds. L'infiltration sur la plaine est à rejeter en raison de l'absence de fluctuation annuelle de la nappe, de la présence d'une couverture limoneuse à faible perméabilité mais aussi de la persistance de dayet à la surface de la plaine. Des infiltrations localisées existent cependant à partir de certaines dayet, en particulier la daya Fertouaou, mais il s'agit là du cas particulier d'une daya liée au réseau hydrographique. L'infiltration par les calcaires crétacés de bordure existe, mais les modalités en sont difficiles à préciser ; le raccordement progressif et continu des courbes piézométriques du plateau situé entre M'Tal et l'oued Bouchane avec celles de la nappe dans la plaine, est un argument en faveur de l'alimentation latérale. L'apport principal est cependant celui des oueds et de leur nappe alluviale : il est continu, mais il s'y superpose une alimentation épisodique, liée aux crues des oueds et surtout aux décrues, lorsque les conditions de vitesse sont plus favorables à l'infiltration.

Il semble donc illusoire de vouloir chiffrer l'alimentation de la nappe des Doukkala ; elle doit d'ailleurs être très faible et très aléatoire. Les secteurs les plus favorisés se situent au débouché dans la plaine des oueds importants : Bouchane et Fareh. Dans le secteur d'Had-Ouled-Frej où la piézométrie est régulière, la formule de Darcy a permis d'approcher le débit transité. Pour T 4.10-3 m2 /s on aboutit à un débit de 40 l/s par kilomètre de front de nappe sur l'isopièze 110, soit 100 l/s pour toute la largeur de la vallée. Les exutoires sont moins bien connus encore, notamment à l'W d'une ligne Sidi-Bennour—Zemamra, où les puits sont rares ; plus au Sud, le Jurassique doit constituer un exutoire pour la nappe du PlioQuaternaire. A l'E de la ligne Sidi-Smaïn—SidiBennour, la nappe semble par contre en liaison étroite vers le Nord avec celle du Cénomanien ; il est vraisemblable que la nappe du Plio-Quaternaire se déverse dans la nappe cénomanienne, à la faveur d'un changement de faciès du sommet de cet étage et qu'elle trouve ainsi son exutoire vers l'Océan. LES NAPPES PERCHÉES DES LIMONS QUATERNAIRES Il s'agit d'accumulations très locales dans la partie superficielle des limons. Elles sont liées au réseau hydrographique actuel ou fossile. L'eau est contenue dans les limons alluviaux récents, dans les zones les plus sableuses, l'imperméable étant constitué par les limons anciens sous-jacents. Ces niveaux se situent entre 2 et 10 m de profondeur. Par leur position dans le creux des vallées, leur alimentation est assurée annuellement. La minéralisation de l'eau est très variable, mais inférieure à celle de la nappe générale. Il en résulte que l'eau de ces puits est très appréciée qualitativement. HYDROGEOLOGIE DU SAHEL L'inventaire des points d'eau est moins avancé dans le Sahel, le nombre total des puits recensés (1250) ne représentant que 50 % environ du total des ouvrages ; ils sont surtout localisés dans l'Oulja, entre Oualidia et Sidi-Moussa. L'absence d'unité hydrogéologique caractérise le Sahel, car aucune nappe généralisée n'existe par suite de la structure des terrains. C'est pourquoi on distinguera successivement quatre régions de caractéristiques différentes et qui sont du S au N : le Sahel de Safi, le Sahel central, le plateau d'El-Jadida et le Sahel d'Haouzia.

288

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

SAHEL DE SAFI Dans le Sahel de Safi au Sud-Ouest (fig. 128), secteur compris entre Cap Cantin, Tnine-Rharbia, SidiBou-Guedra et Safi, les calcaires de Dridrate représentent le seul aquifère de quelque intérêt, par ses qualités hydrogéologiques. Son plancher imperméable est constitué par les argiles de Safi, tandis que les argiles

supérieures sus-jacentes bloquent toute percolation vers lui. Par contre, là où le Plio-Quaternaire repose directement sur les calcaires, toute l'infiltration parvient à la nappe du Dridrate et il n'existe plus de nappe audessus. Le calcaire de Dridrate affleure sur 220 km2 et est enfoui directement sous du Plio-Quaternaire sur environ 240 km2 ; n l'ai r rs o Ve Rh

js sec

pq

TNINE RHARBIA Nappe au contact pq

pq/ciC 220 Nappe

pq

Profonde dans ci2b

ci2b

js

pq

sec

ci2b ci2b

ci2b

150

Petits niveaux

100

js

js 25

sec

Nappes perchées au

très locaux dans le

contact pq/ciC

js sec

Aïn Tameï Aïn Saxou

Plioquaternaire

pq A. Takabrot

js 86

200

Si Bouzid Nappe Karstique du Jurassique

Puits de l'aviation

SAFI

18

180

160

140

Localement niveau dans le pq

LEGENDE

pq ci2b

ci2a Argiles de Safi = imperméable

Ligne de partage des eaux souterraines dans le calcaire des Dridrate

ciC Argiles supérieures semi-imperméable

Ligne de partage des eaux (hypothétique)

Calcaire détritique : Plioquaternaire

Direction générale d'écoulement dans le calcaire de Dridrate

Calcaire de Dridrate aquifèe principal

Perméable

js 86

Sondage à niveau aquifère et altitude du niveau piézométrique

Calcaire marneux : Jurassique supérieur

Axe anticlinal

Limite des limons des Doukkala

Aqueduc d'Aïn Rhor à Safi

Limite de la région érudiée

FIG. 128 — Hydrogéologie du Sahel de Safi.

Axe synclinal

Source

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

il est donc présent sur 460 km2 représentant 36 % de la superficie du Sahel de Safi (1 200 km2). Quelques sources intéressantes sont issues de cette formation : l'Aïn-Rhor ( 1 9 /3 4 : 20 à 60 l/s) est la plus importante. Des calculs sommaires donnent un coefficient d'infiltration de 7 %. Ces eaux ont une faible minéralisation (0,5 à 1 g/l de résidu sec) et un faciès chloruré sodique et sont finalement assez peu exploitées actuellement. Les niveaux aquifères situés dans les argiles sableuses crétacées et le Plio-Quaternaire servent à l'alimentation des populations. Les réserves sont très faibles. La qualité chimique des eaux du Plio-Quaternaire est variable, mais très acceptable en général. Il s'agit toujours de petites nappes indépendantes, possédant de faibles réserves et alimentées par les infiltrations de la pluie. En conclusion, le Sahel de Safi est pauvre en eau souterraine ; quelques structures synclinales du calcaire de Dridrate demeurent à explorer car elles sont susceptibles d'avoir accumulé quelques réserves. SAHEL CENTRAL Dans le Sahel central, au N du précédent (fig. 129), les circulations s'effectuent dans les calcaires de Dridrate avec des pertes de charge très faibles, indices d'une fissuration importante qui est confirmée par le bon rendement des forages d'exploitation. Des travaux de géophysique électrique ont permis en 1958 la découverte de cette nappe et sa délimitation. La nappe est présente sur environ 400 km2 de superficie et se met en charge du SE au NW par suite de la structure et de la présence des argiles supérieures. Au niveau de l'Oulja à proximité de l'Océan, cette nappe se confond avec celle du Plio-Quaternaire (érosion des argiles rouges). Les coefficients d'emmagasinement sont compris entre 1 et 2.10-2 dans la zone libre de la nappe (secteur Tleta-Bouaris) et la puissance des calcaires égale 30 m ; les réserves seraient alors comprises entre 100 et 200.106 m3. Le calcul de l'alimentation ne peut être effectué que par l'application de la loi de Darcy sur le front de nappe (transmissivité 2.10-1 et pente de 3,5 pour dix mille), les exutoires étant occultes ; elle paraît se situer entre 1 et 2 m3/s (30 à 60.106 m3/an). Cette alimentation provient vraisemblablement de l'amont, soit des zones d'affleurement du calcaire de Dridrate, soit des zones où cette formation est en contact direct avec le PlioQuaternaire gréseux (170 km2). Le coefficient d'infiltration atteindrait alors près de 50 %. La qualité chimique de l'eau est remarquable, là où

289

la protection par les argiles est assurée (résidu sec à 180°C entre 400 et 800 mg/l). Près de l'Océan, la qualité se dégrade. Il existe dans cette région plusieurs nappes du PlioQuaternaire. La nappe côtière (120 km2 de superficie environ pour un bassin d'alimentation de près de 650 km2) est bien définie et ne s'étend pas au-delà de 3 km du rivage. Son alimentation considérable par l'arrièrepays (40 à 50.106 m3/an pour un coefficient d'infiltration de 6 %) explique que l'invasion marine ne soit pas plus généralisée, malgré l'intensité des pompages maraîchers. La teneur en sels dépasse souvent 3 g/l pour atteindre 30 g/l près de Oualidia en relation avec la présence de la lagune. La nappe du système Aïn-Rhor-Aïn-Rtem entre Tnine-Rharbia et Oualidia a un écoulement de type karstique bien caractérisé. Le débit moyen des sources serait de 40 l/s; compte tenu d'une pluviométrie moyenne de 330 mm sur un impluvium de 60 km2, le coefficient d'infiltration serait compris entre 5 et 10 %. La qualité chimique de l'eau est remarquable (25 à 300 mg/l de résidu sec à 180°C). En dehors du cas de la nappe d'Aïn-Rhor qui résulte de la conjonction de conditions très particulières, on connaît dans le Plio-Quaternaire certains secteurs aquifères localement ; cependant il n'existe pas une nappe d'extension généralisée. PLATEAU D'EL-JADIDA Le plateau d'El-Jadida constitue une nouvelle unité du Sahel située au N de la précédente et d'une superficie de 400 km2. Un manteau à peu près continu de PlioQuaternaire repose au S sur les calcaires et marnes du Cénomanien ; vers le N le Plio-Quaternaire est totalement érodé et le Cénomanien affleure. De façon générale des niveaux d'eau localisés ont été reconnus dans la couverture plio-quaternaire, mais l'hydrogéologie de ce secteur est vraisemblablement conditionnée par le Cénomanien. Peu de recherches ont encore été effectuées dans cette unité ; il semble qu'un niveau d'eau généralisé existe dans le Cénomanien au S du Cap Blanc, avec quelques sources comme exutoires (la source du Cap Blanc : 3 l/s est la plus importante), alors qu'au N plusieurs réseaux karstiques indépendants semblent coexister en raison de l'observation de cotes très variables de l'eau dans des puits voisins. L'eau du Cénomanien est toujours de qualité médiocre. SAHEL D'HAOUZIA Le Sahel d'Haouzia est la zone la plus septentrionale du Sahel et correspond au synclinal d'Azemmour. Les dunes plio-quaternaires affleurent, recouvrant du

LEGENDE

ciC

Argiles supérieures . Semi-perméable

Calacires détritiques - Plioquaternaire - Perméable

Calcaire de Dridrate aquifère - Perméable

Zone de contact direct pq/ci2b

Limite des limons des Doukkala

Limite de la région étidiées Nappes

260

Ligne théorique de patage des eaux souterraines dans les calcaires de Drtidrate

discontinues

E

Direction générale d'écoulement

au contact

U Axe anticlinal

pq/ciC

Q

Source

Sondage

I T

Aquedu d'Aïn Rhor

N L

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T

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K

K

A

L

A 240

S

E

ZEMAMRA

di Si

pq

CAP MEDDOUZA

Tnine Rharbia

FIG. 129 — Hydrogéologie du Sahel central.

200

180

160

140

ci2b

291

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

Crétacé inférieur et du Cénomanien. Une nappe généralisée existe grâce aux infiltrations de la pluie dans le Plia-Quaternaire. L'interprétation de la piézométrie est difficile, faute de travaux de reconnaissance et ce secteur est très mal connu. ESSAI DE BILAN HYDRAULIQUE REGIONAL L'établissement d'un bilan précis est actuellement

impossible en raison du nombre important d'inconnues sur les différents facteurs. Les écoulements superficiels et les alimentations des nappes semblent être des phénomènes éminemment aléatoires au stade actuel des observations. Aussi présente-t-on un bilan global simplifié où les différents termes ont des valeurs relatives certainement meilleures que les valeurs absolues que l'on ne peut guère connaître avec quelque précision.

ACTIF

PASSIF (3 500 km2)

PLAINE DES DOUKKALA

mm

10 6 m3

%

Sorties

Précipitations

320

1 110

99

Ecoulement sup. vers l'Océan

0,1





Eaux superficielles des Rehamna

1,5

3,5

Ecoulements des nappes vers le Sahel

1,4

5,0

0,5

1,0

2,5







1,5

5,0

0,5

1 111

99,5

322,5

1116

100

0

0



souterrains vers l'Océan

20

90

6

TOTAL

20

90

6

Evapotranspiration

321,4

1 335

94

1425

100

Apports

Eaux souterraines des Rehamna

TOTAL Evapotranspiration directe et indirecte TOTAL

322,5

1116

100

TOTAL

mm 10 6 m3

321

%

S A H E L (4 200 km2)

Précipitations

340

1 420

99,5

Eaux souterrainnes des Doukkala .

Ecoulements

(transfert) 1,4

TOTAL

Ecoulements superficiels

341,4

5,0

1425

0,5

100

Ce bilan met en relief la prédominance absolue de l’évapotranspiration sur tous les termes du passif (99% pour les Doukkala et 94 % pour le Sahel).

TOTAL

341,4

Les relations hydrologiques entre ces deux unités et l'unité amont des Rehamna ne représentent que d'infimes pourcentages des précipitations.

292

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

artificiels d'un débit continu supérieur à 10 m3 /s en première approximation. Les conditions naturelles permettront-elles cette évacuation souterraine vers le Sahel et la mer ?

Il est à noter que l'irrigation des Doukkala par dérivation à Imfout de 600 106 m3 /an provenant de l'Oum-er-Rbia va profondément modifier ce bilan. En effet, le drainage par injection dans les nappes des eaux de colatures va créer des écoulements souterrains

Aménagement des eaux eaux d'Imfout vers les Doukkala de 1947 à 1953 ; parallèlement le canal principal bas-service était exécuté sur 110 km à partir de 1950. Il a été prolongé sur 50 km jusqu 'à Safi en 1965. L'irrigation a débuté en 1955 dans le casier de Boulaouane, casier le plus proche de l'Oum-er-Rbia, puis a progressé lentement par la suite.

LE PLAN D'AMENAGEMENT DU PERIMETRE D'IRRIGATION MODERNE DES ABDA-DOUKKALA C'est en février 1939 qu 'un Dahir déclarait d'utilité publique les travaux à réaliser pour la mise en valeur par irrigation de la plaine des Doukkala à partir des eaux du fleuve Oum-er-Rbia. Le barrage de dérivation d'Imfout fut construit de 1939 à 1947 (cf. chapitre : Les Rehamna) et la galerie (17 km) de dérivation des

Le plan d'aménagement (fig. 130) a été conçu en 1952 et n'a subi que de légères modifications

AZEMMOUR EL JADIDA O

UE D

OUM ER

I

Q

U

E

IA RB

T

Had Oduled Frej

A

N

DAOURAT (Barrage)

T

L

Casier Faregh

A

Boulaouane

N

Sd Smaïl

E

A

Casier Si ICE Smaïl ERV 3/s

O

C

S

BA

Casier Zemamra

S

40

s 3/ m

42

m

Galerie d'IMFOUT 42 (48) m3/s

Imfout (Barrage)

Casier Si Bennour

CANAL 25 m3/s

Si BENNOUR

ZEMAMRA

E IC RV SE

C. MEDDOUZA

Casier Tnine Rharbia

15

m3

/s

UT HA

L NA CA

PROJET E LD NA CA 3/s m 4

DE 0

FI SA

5

10

15

20

Périmétre d'irrigation délimité Surfaces équipées en fin 1972

SAFI

Extension possible par un canal haut-service YOUSSOUFIA

FIG. 130 — Schéma d'aménagement du périmètre irrigué des Abda-Doukkala.

ABDA-D0UKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

ultérieures en ce qui concerne le schéma d'ensemble; par contre des compléments importants ont été apportés pour atteindre un développement régional intégré. L'aménagement du périmètre irrigué est basé sur un canal principal d'irrigation bas-service desservant 72000 ha bruts répartis en sept casiers ; le débit de pointe nécessaire est de 48 m3 /s, correspondant à la capacité maximum de transport de la galerie d'Imfout. En outre, un canal haut-service pourrait être exécuté et dominer quelque 20 000 ha supplémentaires au centre de la plaine à condition d'aménager par des barrages et des digues un certain nombre de réservoirs artificiels (dayet Fertouaou et Ouarar) que l'on remplirait lorsque le canal bas-service n'est pas utilisé à son débit maximum de pointe. L'irrigation des Doukkala n 'est pas un problème de qualité de terres (111 000 ha sont irrigables sans réserve et 115 000 ha avec précautions) mais un problème de disponibilité en eau dans l'Oum-er-Rbia au niveau d'Imfout. En effet, ce périmètre est le plus aval du bassin qui en comporte 3 autres : Tadla (90000 ha), Tessaoute amont (28 000 ha) et dérivation vers le Haouz de Marrakech (superficie non arrêtée mais comprise entre 15 000 et 25 000 ha), ainsi que de nombreux périmètres traditionnels qui pourraient être aménagés en périmètres modernes. Il faut ajouter à ces besoins agricoles d'autres besoins à satisfaire pour l'eau potable (Casablanca—El-Jadida—Azemmour— Safi) et l'industrie (Safi notamment). Après une étude méthodique de répartition des eaux du bassin de l'Oum-er-Rbia, on semble actuellement s'orienter vers une limitation à 60 000 ou 70000 ha nets du périmètre irrigué des Doukkala. Les besoins en eau correspondants sont de 560 à 650.106 m3 /an sur un volume moyen inter-annuel naturel des ressources en eau de I'Oum-er-Rbia de l'ordre de 3 850.10 6 m3 à Imfout. En 1972, les équipements externes réalisés concernent 23 000 hectares dans les casiers de Boulaouane, Sidi-Smaïl, Sidi-Bennour et très partiellement dans celui de Zemamra ; les superficies irriguées couvrent environ 10 000 ha. L'équipement doit se poursuivre au rythme moyen de 4 000 ha/an dans les prochaines années. Parallèlement à l'équipement pour l'irrigation, l'équipement d'assainissement et de drainage du périmètre se poursuit. L'assainissement hydraulique est un préalable au développement agricole de la plaine des Doukkala car les passages des crues provoquent des stagnations des eaux de ruissellement ainsi que des dégâts aux ouvrages et aux cultures. Par ailleurs l'irrigation par gravité de vastes superficies s'accompagne d 'abondantes pertes d 'eau ; un réseau de drainage est mis en place pour recueillir ces surplus

293

ainsi que les eaux de ruissellement mais, faute d'exutoire naturel vers l'Océan, des exutoires artificiels ont été imaginés : injection dans les nappes et épandage superficiel. Les études hydrologiques et hydrogéologiques ont été très importantes entre 1958 et 1966 et orientées tant vers la protection contre les crues que vers les essais d'injection dans les nappes souterraines. LAMINAGE DES CRUES L'étude hydrologique a permis de connaître des données relatives aux débits de pointe et aux volumes annuels écoulés pour les différents oueds. L'étude du laminage des crues dans les Doukkala a conduit aux résultats suivants : — plusieurs oueds ne nécessitent pas la création de digues, un simple recalibrage du lit suffisant en général ; il s'agit des oueds M'Tal, Guerrando et Souani ; — les oueds Fareh, Aouja et Kaf doivent être aménagés par contre avec de telles digues ; — l'oued Bouchane, ne présentant aucun site d'aménagement possible par digue, étant donné la largeur de son lit, doit être recalibré. Sur l'oued Fareh, seul un site a été étudié à l'amont. L'ouvrage permettant de stocker un volume de 13.10 6 ms, pour une hauteur de 15 m a été réalisé au cours du plan quinquennal 1968-1972. Un autre ouvrage similaire a été réalisé pendant la même période sur l'oued Aouja. Une digue haute de 7,5 m a une capacité de retenue de 9.106 m8 . La crue de fréquence 25 ans y serait entièrement retenue si le barrage est vide au moment où elle survient. Sur l'oued Kaf, deux sites très favorables ont été envisagés. A l'origine du projet de laminage des eaux de crues par des digues, l'idée d'utiliser les eaux stockées pour étendre les irrigations dans des zones non desservies par le réseau, avait été retenue ; mais le laminage et la création de réserves pour irriguer sont basés sur des principes bien distincts, la première opération imposant des réservoirs vides jusqu'à la fin de la saison humide. Il faut ajouter en outre à cet obstacle, les deux suivants : — la variabilité des apports selon les années, — l'intensité de l'évaporation s'exerçant sur les retenues. Il est donc préférable d'envisager une irrigation sommaire d'appoint de type traditionnel avec l'eau disponible éventuellement dans les retenues en fin de

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

saison pluvieuse et d'accorder aux ouvrages une priorité d'exploitation pour le laminage des crues. Les colatures principales ont déjà été établies pour la zone située à l'aval du canal bas-service. Les drains principaux utilisent essentiellement le réseau hydrographique (drain du Farhi, du M'Tal, du Fareh), tandis que la colature principale emprunte un ancien tracé de l'oued Aouja. L'utilisation de la carte des écoulements superficiels dans la plaine permettra d'opérer les rectifications nécessaires de tracé pour maîtriser les eaux sauvages. Quant au dimensionnement des colatures, il est lié à la décharge aval des barrages de laminage. DRAINAGE ET ASSAINISSEMENT L'aménagement agricole des Doukkala a pour préalable l'évacuation des eaux excédentaires, actuellement stagnantes. Celles-ci comprennent : — les eaux pluviales, qui résultent des précipitations directes et du ruissellement vers la partie la plus basse; — les eaux superficielles en provenance des Rehamna; leur importance, très modeste en année déficitaire, est telle en année humide qu'elles peuvent entraîner la destruction totale des cultures par submersion des terres ; — les eaux excédentaires d'irrigation dont le débit, moins important, affluent cependant régulièrement de 4 à 7 mois par an. Dans les Doukkala, de très grandes difficultés existent pour réaliser le schéma classique du drainage d'un périmètre irrigué ; elles relèvent : — du morcellement des casiers d'irrigation dû à la topographie compliquée, qui nécessite plusieurs systèmes de colatures indépendants ; — de l'absence d'exutoires naturels vers la mer, liée à l'écran des dunes du Sahel. Seul le casier de Boulaouane qui possède un oued susceptible de constituer un drain est pourvu d'un exutoire: l'oued Fareh. Quant aux casiers de Sidi-Smaïn et Sidi-Bennour, l'exutoire naturel est constitué par l'oued Fel-Fel, dont la vallée n'est plus tracée en aval d'Harichat et il serait donc nécessaire de le canaliser sur plus de 50 km pour atteindre l'Océan. L'absence d'exutoire superficiel a fait penser depuis longtemps à la création d'exutoires souterrains, par injection dans les nappes. Le choix de zones où l'injection sera réalisée dépend à la fois de conditions géologiques, hydrogéologiques et topographiques, ces dernières étant

impératives pour assurer un écoulement uniquement gravitaire ; la zone de contact entre la plaine et le Sahel répond favorablement à ces conditions. Le choix du terrain perméable à injecter ne peut être conduit que par des essais, tandis qu'une étude structurale et hydrogéologique détaillée doit s'assurer de la possibilité d'un écoulement. On envisage d'utiliser concurremment dans les Doukkala : — l'injection artificielle par forages, — l'injection dans les dolines, — l'épandage sur les lapiaz. Le drainage par injection artificielle nécessite d'injecter les plus gros débits possibles avec le minimum d'ouvrages, ce qui impose de s'adresser à des terrains où la fissuration est bien développée ; on recherche en même temps des niveaux peu profonds où ces phénomènes karstiques sont les plus développés. Seul le PlioQuaternaire a été utilisé jusqu'à présent dans les Doukkala. Après des recherches assez empiriques au départ, un canevas général d'études a été mis au point : — l'étude de la structure et des possibilités d'écoulement est réalisée par la géophysique électrique, accompagnée de forages d'étalonnage ; — l'exécution de forages de reconnaissance avec essais par tranches descendantes est entreprise d'après les résultats précédents, en tenant compte de l'aménagement d'un ouvrage définitif ; — la réalisation de l'ouvrage d'injection est faite à proximité du meilleur forage de reconnaissance, avec des essais en vraie grandeur. Un premier forage absorbant (IRE 1195/27) a été réalisé à Sidi-Bouknine, dans le casier de Boulaouane, à un endroit où la nappe est contenue dans le Plio-Quaternaire, à la limite de déversement dans le calcaire cénomanien sous-jacent. Trois forages de reconnaissance (IRE 1207, 1210 et 1211/27) avec essais avaient été réalisés au préalable. Des piézomètres furent disposés autour du forage d'injection. L'essai en vraie grandeur a été conduit ainsi : — 30 l/s injectés pendant 5 jours, — 88 l/s injectés pendant 11 jours, — 150 l/s injectés pendant 2 heures. et interprété selon la méthode de Theis. L'écoulement a été laminaire pour le premier palier seulement. Ainsi l'efficacité du procédé était-elle prouvée, le débit de 30 l/s correspondant à celui de la colature voisine. Depuis 10 ans ce dispositif est en place et a rempli son rôle ; un bac de décantation des sédiments précède l'injection directe des eaux dans le forage. De nouveaux essais effectués

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

El jadida

0

10

20

30

40

295

Ou ed

50

Talaa Taghra

Safi

al c ip

Im-Fout

Sidi Bennour

R.P.9

R. P.

8

Canal Khemis des Zemamra

p r in

Oum er Rbia

Doline d'Harichat 1195/27

FIG. 131 — Plan de situation des ouvrages absorbants en fonctionnement dans les Doukkala.

après 10 ans de fonctionnement du forage ont montré que ses qualités absorbantes demeuraient intactes. Des études ont été entreprises ensuite dans les casiers de Sidi-Smaïn, de Zemamra et de Rharbia ; souvent décevantes, elles ont montré que les caractéristiques hydrauliques du Plio-Quaternaire se dégradaient vers le SW du périmètre. Le débit maximum injectable à Sidi-Smaïn ne dépasse pas en effet 20 l/s (IRE 1283/27). On peut cependant s'adresser pour les deux derniers casiers à des horizons plus profonds (calcaires de Dridrate et Jurassique supérieur), bien délimités par la géophysique, à des profondeurs acceptables. Une objection très fréquente émise à l'encontre de ce procédé est celle des risques de colmatage des ouvrages, l'expérience montrant qu'il était illusoire de vouloir une décantation poussée des sédiments argileux car les débits solides varient en, effet de 1 à 4 g/l (50 % d'argile). Des essais contrôlés à Sidi-Bouknine ont donc été entrepris 2 ans et 12 ans après la première injection et ont montré que les caractéristiques hydrauliques étaient semblables à celles du début, malgré le dépôt de boue au fond de l'ouvrage. Le nettoyage périodique par moyens mécaniques et chimiques (polyphosphates) s'est avéré une solution satisfaisante au problème.

Les débits injectés artificiellement ne pouvant guère dépasser 100 l/s, on a songé à utiliser des effondrements karstiques comme zones d'injection naturelle : le drainage du bassin central nécessite en effet un exutoire calibré pour plusieurs m3 /s. Les crues de 1963 ayant permis de réaliser une absorption notable du débit de l'oued Fel-Fel dans la doline de Harichate, des essais en vraie grandeur ont été envisagés. Rappelons que cet exutoire, de 100 m de diamètre, appartient à un ensemble de dolines alignées SSW-NNE sur 3 km environ. Des sondages ont mis en évidence une dépression brutale de la base plioquaternaire au droit de la doline et l'absence de nappe dans cet horizon, liée à la discontinuité de l 'écran marneux sous-jacent. Les crues exceptionnelles de novembre 1966, ayant noyé entre temps l'exutoire et provoqué d'importants effondrements, l'injection naturelle n 'a pas pu être conduite rationnellement. Seuls les piézomètres ont indiqué l'amplitude de variation de la nappe (maximum de 10 m au piézomètre 1700/27). La réalisation d'essais contrôlés pendant 1 mois dans la doline a permis depuis (été 1969) de chiffrer le débit moyen injectable qui ne pourra dépasser 200 l/s, valeur nettement inférieure à celle que l'on attendait. Une autre voie s'offre pour résoudre le problème des colatures : l'épandage dans les rides interdunaires

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

du Sahel, assez perméables en surface et de peu d'intérêt agricole. La condition préalable est cependant la traversée du cordon dunaire. Une zone favorable a été choisie en bordure du casier de Zemamra, en raison d'un abaissement à ce niveau de l'axe des dunes (région de Khemis des Zemamra). Des essais ont été exécutés en 1970 en noyant une zone calcaire percée de 13 puits. 550 000 m3 ont été injectés en 10 jours (500 à 700 l/s), ne provoquant que de faibles remontées du niveau piézométrique, remontées suivies d'une vidange normale après l'arrêt de l'injection. Il semble que 300 à 500l/s puissent être injectés en ce point, suffisant au drainage du casier de Zemamra. Des dispositifs de prédécantation sont à prévoir. Un problème demeure toutefois : celui des montées possibles de la nappe. L'apport d'eau moyen retenu dans le projet de mise en valeur des Doukkala est de 9 120 m3/ha/an et les pertes, estimées à 40 %, représentent une lame d'eau équivalente de 364 mm, soit une fois et demie la pluviométrie. Celles-ci comprennent des pertes par évaporation, ruissellement et infiltration ; ces dernières seules, situées le long du canal principal, dans les parcelles et le réseau de colatures doivent retenir l'attention. Les paramètres du problème sont les suivants : — épaisseur de la couverture de limons anciens, — existence et profondeur de la nappe libre profonde, — amplitude des fluctuations annuelles de la nappe sans irrigation, — épaisseur de la nappe comparée à celle du niveau perméable, — conditions d'écoulement vers l'aval, — existence des nappes perchées. L'examen de toutes ces données pour chaque casier permet d'affirmer que la montée possible de la nappe sous irrigation ne revêt aucun caractère de gravité. Ceci a d'ailleurs été parfaitement vérifié sur le casier de Boulaouane depuis le début de l'irrigation. Cependant un risque existe de créer, notamment dans les casiers de SidiBennour et Sidi-Smaïn, une nappe très superficielle, saturant les limons récents. Là où les limons présentent une tirsification qui favorise la stagnation de l'eau, une irrigation par aspersion est prévue. Quand aux observations faites sur le canal bas-service, elles montrent que les débits infiltrés sont minimes et que le canal ne nécessite qu'un revêtement local, lorsqu'il rencontre des poches sableuses. Il n'existe pratiquement aucune possibilité d'irrigation par pompage dans la plaine des Doukkala, ceci étant lié à

la mauvaise perméabilité des aquifères, à la profondeur importante du niveau piézométrique et à la qualité chimique médiocre de l'eau. Dans le Sahel, l'irrigation par pompage n'est pratiquée en grand que dans la zone côtière et a pour but le maraîchage entre le Cap Blanc et Oualidia. Les débits obtenus sont élevés, mais la nappe de l'Oulja est certainement exploitée (1,25 m3/s environ) à la limite de ses possibilités, bien qu'aucune invasion marine caractérisée n'ait été observée. Il conviendrait en tous cas d'éviter les gaspillages et de rationnaliser l'exploitation en créant des stations collectives. L'entretien d'un cheptel important peut être facilement résolu dans les Doukkala par des puits équipés d'éoliennes ou de pompes à manège ; dans le Sahel, la réalisation de points d'eau pastoraux a été rendue possible grâce à la nappe des calcaires de Dridrate ; la profondeur de l'eau impose alors l'éolienne. Les faibles débits prélevés (0,5 l/s par ouvrage) ne constituent aucun danger de surexploitation et leur multiplication est souhaitable. ALIMENTATION EN EAU DES POPULATIONS Dans la moitié nord de la plaine des Doukkala, le problème de l'alimentation en eau des douars peut être résolu à partir de la nappe plio-quaternaire; par contre, les centres de Zemamra et Sidi-Bennour ne peuvent plus s'en contenter et il a fallu prendre l'eau du canal principal d'irrigation. Mais la situation est pire dans le Sud des Doukkala et les Abda, où aucune nappe exploitable n'existe. Outre les puits traditionnels, on note la présence de pompes à manège à traction animale, qui ont connu un vif succès auprès des populations rurales, ainsi que des citernes dans les Abda. Le problème est encore plus crucial pour les villes de la région. El-Jadida (40 000 habitants) et Azemmour (15000 habitants) sont toutes deux alimentées à partir d'une station (Sidi-Daoui) de prise dans l'Oum-er-Rbia (50 l/s en moyenne en 1972). Quant à l'alimentation en eau de Safi, elle a toujours été plus difficile à assurer par le manque de ressources proches. Effectuée d'abord grâce à des sources proches, puis grâce au captage de l'Aïn-Rhor distante de 50 km, maintes fois repris et amélioré, l'alimentation en eau potable a été accrue grâce au forage de plusieurs sondages d'exploitation entre 1959 et 1965 dans la nappe des calcaires de Dridrate, près de Oualidia ; mais les besoins nouveaux résultant de la création d'un complexe chimique ont imposé de réaliser une adduction à partir du canal basservice des Doukkala et une digue pour assurer une réserve de 2.106 m3. Safi (130 000 habitants) consomme

ABDA-DOUKKALA ET SAHEL DE AZEMMOUR A SAFI

297

CONCLUSIONS

potable des populations rurales. Au total, seuls quelque 100 millions de m3/an représentent les ressources en eaux souterraines de la région ; sur ce total, la moitié environ est exploitée à raison de 40 millions de m3/an pour l'irrigation (Sahel) et 10 millions de m3/an pour l'eau potable (Safi et populations rurales). Les ressources encore disponibles sont très difficiles à utiliser en raison soit de leur répartition diffuse dans la zone, soit du coût élevé des ouvrages à exécuter en rapport avec leur faible productivité ; ces ressources sont de toutes manières à réserver pour l'alimentation en eau potable ou pour la création de points d'eau pastoraux.

La région des Abda-Doukkala et du Sahel de Safi à Azemmour est caractérisée par une pénurie d'ensemble des ressources en eau tant superficielles que souterraines, seule la partie extrême occidentale du Sahel fait exception. Par ailleurs, les eaux sauvages provoquent, faute de possibilités naturelles d'écoulement à la mer, des dégâts lors des crues et une stagnation caractéristique en surface dans des dayet ou lacs temporaires. L'évaporation reprend à 99 % dans les Abda-Doukkala et à 94 % dans le Sahel, les eaux précipitées sur cette région en pure perte car elles sont pratiquement inutilisables ; les nappes souterraines, profondes et isolées en surface des ruissellements par des écrans argileux imperméables, ne bénéficient pas d'alimentations conséquentes et de ce fait ne jouent un rôle important que pour l'approvisionnement en eau

L'apport progressif de 600 millions de m3/an d'eaux superficielles en provenance de l'Oum-er-Rbia va totalement modifier l'aspect du problème dans la région. On évalue à quelque 300 millions de m3/an l'injection artificielle dans les nappes d'eaux d'irrigation et de ruissellement lorsque le périmètre d'irrigation sera achevé. Cette injection pose de très sérieux problèmes hydrogéologiques mais des essais en vraie grandeur ont montré qu'elle était possible ; certains ouvrages fonctionnent d'ailleurs depuis plusieurs années en donnant toute satisfaction. Il s'en suivra un accroissement des ressources en eau souterraine, notamment dans le Sahel, ressources qui permettront d'intensifier l'activité pastorale qui est la vocation de cette unité.

en 1972 un débit de 150 l/s entièrement fourni par les eaux souterraines, mais il faut prendre garde à l'invasion marine étant donné la faible distance (5 km) de l'Océan aux forages de Tleta-Bouaris et le caractère karstique des circulations souterraines dans le calcaire de Dridrate. Les complexes chimiques consomment actuellement 200 l/s et leur développement nécessite une reprise du prolongement du canal de Safi et une surélévation du barrage de retenue servant de bassin de compensation.

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298

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

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2.16. LA PLAINE DU TADLA

Tables des matières 2.16. La plaine du Tadla (par H. Etienne & D. Guessab, coll. C. Archambault) .................................................................................................... Présentation géographique ................................................................................. Géographie physique .................................................................................... Géographie humaine ....................................................................................

299 299 300 301

Géologie .............................................................................................................

302

Cadre géologique ......................................................................................... Formations plio-quaternaires du Tadla ........................................................ Pédologie ......................................................................................................

302 305 306

Climatologie .....................................................................................................

307

Hydrologie ...........................................................................................................

308

Réseau hydrographique ................................................................................

308

Modules annuels et interannuels ..................................................................

311

Crues ............................................................................................................ Etiages ...........................................................................................................

312 312

Hydrogéologie ...................................................................................................

313

Nappe phréatique des Bni-Amir ....................................................................

314

Nappe phréatique des Bni-Moussa ................................................................

317

Bilan hydraulique des nappes phréatiques des Bni-Amir et des Bni-Moussa ............................................................................................

327

Nappes anté plio-quaternaires .......................................................................

327

Aménagement des eaux ................................................................................

327

Le plan d'aménagement du périmètre d'irrigation moderne du Tadla ........................................................................................................

327

Pompages à fort débit dans les Bni-Amir pour l'Office Chérifien des Phosphates (secteur de Khouribga) ....................................................

329

Etudes par simulations du développement des exploitations d'eau souterraines dans la région des Bni-Moussa de l'Est .......................

336

Exploitation de la nappe phréatique dans la région de Sidi-Jabeur pour 1e renforcement du réseau gravitaire et drainage .....................

339

Comparaison de rendements de puits et forages - Essais au micromoulinet-Acidification des forages : exploitation pour l'irrigation du secteur dominé par le canal médian-est .......................

347

Mesures directes des infiltrations depuis la surface du sol. essais de mise en eau d'un secteur en terre du canal médian-ouest.................

354

Alimentation en eau potable des centres urbains .........................................

358

Références .......................................................................................................

364

2.16

LA PLAINE DU TADLA par Hubert ETIENNE & Driss GUESSAB (avec la collaboration de Christian ARCHAMBAULT)

Présentation géographique La plaine du Tadla couvrant une superficie de 3 600 km2 environ s'étend au Nord de la chaîne du Haut Atlas. Elle est limitée vers le Nord par le plateau des Phosphates qui s'élève graduellement sans marquer une transition vraiment nette ; vers l'Est la plaine se rétrécit le long de l'Oum-er-Rbia en direction des reliefs accusés du pays Zaïan. Enfin, à l'Ouest, aucune limite géographique ne sépare le Tadla de la Bahira qui lui fait suite. Le cours inférieur de l'oued El-Abid sera pris comme limite régionale et hydrogéologique de cet ensemble dénommé Tadla. La longueur de la plaine ainsi définie atteint environ 125 km tandis que sa largeur maximum au centre est de 50 km environ. L'altitude moyenne varie de 350 m à 500 m avec le point le plus bas à SidiDriss (station hydrologique sur l'Oum-er-Rbia : 315 m) et le plus haut sur la route principale 24 aux environs de Tighboula (750 m environ). Géologiquement, le Tadla se présente comme une vaste dépression asymétrique recouverte de dépôts mio-plio-quaternaires hétérogènes. Il s'agit d 'un synclinal dont l'axe est situé en bordure ou sous l'Atlas (forages profonds récents à objectifs pétroliers) dans lequel se sont déposées de puissantes séries allant du Trias au Quaternaire. Le Tadla est traversé de part en part par l'oued Oum-er-Rbia sur environ 160 km ; la plaine se trouve ainsi divisée en deux moitiés de superficies inégales qui offrent des caractéristiques hydrologiques et hydrogéologiques différentes. Sur la rive droite s'étend une région semi-aride de

type endoréique, désorganisée au point de vue hydrologique. Une nappe phréatique alimentée par les précipitations et sans doute par drainance à partir des aquifères profonds (Turonien notamment) y était connue avant la mise en valeur par irrigation. La rive gauche au contraire possède un réseau hydrographique relativement bien organisé, constitué par deux oueds importants drainant essentiellement la zone montagneuse : à l'Est l'oued Derna ou Drent au régime très irrégulier et à l'Ouest l'oued El-Abid collectant les eaux d 'un bassin versant très vaste. D'autres oueds de moindre importance dont les parcours sont limités à la plaine elle-même, ont été transformés en collecteurs lors de l'aménagement du périmètre d'irrigation. Avant les irrigations, une nappe phréatique mieux alimentée que celle de la rive droite y était connue. Cette rive gauche offre également un caractère semi-aride, moins prononcé toutefois dans la zone de piémont. Deux périmètres irrigués ont été créés dans cette immense plaine : l'un en rive droite de l'Oum-er-Rbia dénommé Bni-Amir, l'autre en rive gauche dénommé Bni-Moussa. Ils sont fréquemment traités comme un ensemble sous la dénomination de « Périmètre du Tadla », mais à tort puisque chacun présente des caractéristiques différentes sous bien des points de vue. Plusieurs facteurs ont concouru à la création de ces deux périmètres : tout d'abord la présence de bonnes terres pouvant être facilement irriguées par gravité, puis la proximité de ressources en eau en quantité importante, enfin des conditions climatiques qui

300

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

pouvaient devenir propices à certaines cultures à condition qu'une irrigation bien conduite soit réalisée. Alors que l'on faisait appel à l'eau légèrement salée de l'Oum-er-Rbia pour irriguer les Bni-Amir, les BniMoussa devaient bénéficier d'une eau d'excellente qualité accumulée dans le lac artificiel de Bine-elOuidane (apport des oueds El-Abid et Ahansal). GEOGRAPHIE PHYSIQUE La plaine du Tadla forme un contraste saisissant avec la chaîne du Haut Atlas dont les sommets lointains atteignent 4 000 m (Ighil-Mgoun : 4 071 m). La bordure sud du Tadla est ceinturée de sommets dépassant 2 000 m dans la région de Bni-Mellal (Tassemite : 2 247 m et Jbel Rnim : 2 404 m) et s'abaissant progressivement vers l'WSW. Le raccord entre la montagne et la plaine constitue une zone de piémont (dir) formée par des terrains d'âges secondaire et tertiaire, fortement tectonisés, recouverts partiellement par des cônes de déjection se prolongeant en direction de l'Oum-er-Rbia. Vers l'Est, la plaine se termine en biseau peu à l'Ouest de Dechra-el-Oued. Sur les deux autres côtés, la plaine est beaucoup moins bien délimitée : au NW, elle s'élève et passe progressivement au plateau des Phosphates surtout constitué de formations de l'Eocène et du Crétacé tandis qu'au NE la région turonienne d'Oued-Zem (780 m) et de Boujad (680 m) lui fait suite sans coupure particulièrement visible. A l'Ouest, le Tadla ne peut pas être délimité géographiquement, sauf au Sud de l'Oumer-Rbia où l'oued El-Abid le sépare nettement de la Bahira. Cette vaste plaine ne présente aucun relief, mais un certain nombre de « vallées » peu profondes sont bien visibles ainsi que des bas-fonds. Sur la rive gauche de l'Oum-er-Rbia on remarquera, outre les cours encaissés des oueds Derna et El-Abid, ceux de l'oued Zemkil et de l'oued Day assez marqués dans la topographie générale de la plaine et les anciens marécages d'El-Arich qui constituaient une zone d'émergence de la nappe phréatique. Sur la rive droite de l'Oum-er-Rbia, le seul cours d'eau important est l'oued Bou-Guerroum dont les eaux n'atteignent qu'exceptionnellement l'Oum-er-Rbia. Au point de vue toponymique, on distinguera d'Ouest en Est les régions suivantes : sur la rive droite de l'Oum-er-Rbia, les Bni-Amir, au sens le plus large du terme, s'étendent de la région d'El-Berouj au canal principal des Bni-Amir, puis ce sont les Bni-Maâdane et enfin les Semguett ; sur la rive gauche de l'Oum-erRbia, les Bni-Moussa au sens le plus large du terme, couvrent la région comprise entre les oueds El-Abid et Derna, puis ce sont les Ouled-Youssef et les Guettaya

qui enjambent l'oued Zemkil jusqu'à l'Oum-er-Rbia. A l'exception des régions irriguées traditionnellement, la végétation originelle est celle d'un pays semi-aride. La forêt a pu exister sous une forme xérophytique mais, détruite, elle a fait place à des formations de doum et de jujubier sauvage. Dans les parties anciennement irriguées, l'olivier domine avec çà et là des orangers et des citronniers (en particulier à Bni-Mellal et à Timoulilt). Dans les zones non irriguées, le fellah cultivait des céréales (blé dur et orge) là où les conditions du sol le permettaient, mais la plus grande partie des terres était réservée aux parcours d'hiver et de printemps pour le bétail (ovins surtout). Si ce type de culture et d'élevage s'est conservé pratiquement inchangé dans les régions que l'irrigation moderne n'a pas encore atteintes (Bni-Maâdane, Semguett), il a été radicalement transformé dans les zones mises en irrigation. A ce propos, il y a lieu de distinguer, outre les zones de piémont irriguées de manière traditionnelle, trois types de périmètres irrigués : périmètres en plaine, partiellement irrigués (anciennes séguias améliorées), périmètres des BniAmir de type moderne, mais relativement ancien, et périmètre des Bni-Moussa, le plus moderne. Dans les zones irriguées du premier type (région située de part et d'autre de l'oued Derna et jusqu'à l'oued Zemkil), on cultive surtout du blé tendre, des haricots verts et des agrumes qui sont irrigués par des séguias améliorées et, de plus en plus, par des pompages dans la nappe phréatique. Dans le périmètre des Bni-Amir les cultures sont fonction des règles d'assolement : céréales, légumineuses, coton (une usine de traitement) et betteraves sucrières ; les oliviers constituent une culture marginale permanente pratiquée en général en bordure des champs. L'élevage est encouragé par la création d'étables modèles et repose sur la culture de la luzerne qu'on envisage de conditionner par la construction d'unités de séchage. Les agrumes ne sont pratiquement pas représentés du fait de la médiocre qualité des eaux d'irrigation. A l'origine de la mise en valeur de la plaine du Tadla, les premiers colons s'étaient installés dans les Bni-Amir ; comme l'irrigation gravitaire n'existait pas encore, ils pensaient irriguer à partir de pompages dans la nappe phréatique malheureusement trop souvent mal alimentée pour être exploitée. Aussi la plupart des agriculteurs émigrèrent-ils vers les BniMoussa. Dans le périmètre des Bni-Moussa l'essor de l'agrumiculture lors de la mise en eau du périmètre, puis de la betterave sucrière avec la construction de trois sucreries : Souk-es-Sebt des Ouled-Nemaâ

PLAINE DU TADLA

301

(SUTA), Bni-Mellal (SUBM) et Ouled-Ayad (SUNAT), a été considérable. La culture des céréales, du coton (deux usines de traitement), de la luzerne (séchage prévu) est également très importante. On assiste actuellement à une extension de l'oléiculture qui se fera sans doute, à terme, au détriment de l'agrumiculture. L'organisation de la commercialisation des produits maraîchers permettra l'extension ultérieure d'une activité rémunératrice et créatrice d'emplois.

De modestes agglomérations existaient soit dans la zone de piémont à proximité de sources (BniMellal, Ouled-Ayad), soit à la faveur de situations géographiques privilégiées comme Kasba-Tadla (longtemps considérée comme la ville principale du Tadla), comme Oued-Zem et Boujad (en dehors du Tadla proprement dit), comme Dar-Ould-Zidouh (bords de l'Oum-er-Rbia), ou encore comme Fkih-benSalah et Souk-es-Sebt des Ouled-Nemaâ (tous deux de création plus récente).

La cartographie générale du Maroc est assurée par la Division de la Carte de la Direction de la Conservation foncière et des Travaux topographiques du Ministère de l'Agriculture et de la Réforme Agraire qui édite des cartes régulières au 1/50 000 et au 1/100 000. Il existe également une carte de reconnaissance au 1/100 000 et au 1/200 000 actuellement abandonnée au profit des cartes régulières. La Division de la Carte a publié également plusieurs couvertures phototopographiques concernant une partie ou la totalité de la plaine aux échelles suivantes : 1 / 1 0 000 (1962), 1/40 000 (1963), 1 / 5 0 000 (1951-1952 et 1970), 1/45 000 à 1/60 000 (y compris le domaine atlasique) (1964).

La mise en valeur du Tadla allait modifier cette structure : d'une part les campagnes devaient accueillir des émigrants de provenances diverses (Srarhna, Haouz oriental, bordure nord du Haut Atlas — y compris la zone noyée par la retenue de Bine-elOuidane — plateau des Phosphates et, dans une moindre mesure, Rif oriental et régions présahariennes), d'autre part les villes existantes allaient se développer rapidement : Bni-Mellal dont la population a cru d'une manière spectaculaire, Fkih-ben-Salah, siège de l'Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Tadla (ORMVAT), plus récemment Souk-es-Sebt des OuledNemaâ et Ouled-Ayad (construction de sucreries). L'installation de colons étrangers devait également modifier l'équilibre de la population.

D'autres cartes topographiques et photographies aériennes à des échelles diverses (jusqu'au 1 /5 000 pour les cartes) ont été exécutées par divers organismes ou sociétés de topographie pour des buts précis, notamment pour la mise en valeur agricole du Tadla. GEOGRAPHIE HUMAINE Avant la mise en valeur agricole moderne du Tadla, la plaine, bien que cultivée extensivement (céréaliculture) dans son ensemble, était relativement peu peuplée : environ 95 000 habitants ruraux au début du XXe siècle (26 habitants/km2 ) ; seules les zones où une petite irrigation était possible accueillaient une population un peu plus dense. Il s'agissait du piémont s'étendant de Tighboula à Bzou (intéressant surtout de Rhorm-el-Alem à Afourere), des bords de l'Oum-er-Rbia où les effets conjugués de petites sources à débit variable dominant des terres d'extension très limitée et de l'attrait exercé par l'Oum-er-Rbia (et dans une moindre mesure par les oueds El-Abid et Derna) au cours permanent permettant une, alimentation domestique, de petits périmètres situés le long d'oueds plus ou moins pérennes (oueds Day, Rbat, etc.) ou construits à partir d'une source (Aïn Kraïcheur). Des nomades parcouraient également ces vastes étendues : faisant paître en hiver et au printemps leurs troupeaux auprès des rares points d 'eau comme c'est encore le cas actuellement dans le Bni-Maâdane, ils rejoignaient les pacages de montagne en été. Cependant la sédentarisation s'est effectuée partiellement avant la création, des périmètres d'irrigation modernes, au début du XX e siècle.

Parallèlement les voies de communication routière se développaient ; elles comprennent actuellement un important réseau entièrement revêtu dont la nouvelle liaison directe de Khouribga à Fkih-ben-Salah faisant de cette dernière localité un noeud routier important. Par contre, le chemin de fer et l'aviation civile ne s'y sont pas développés, phénomène probablement dû à la faible distance séparant le Tadla de Casablanca (moins de 200 km). Toutefois la population et les autorités locales ont demandé qu'une liaison ferroviaire soit créée jusqu'à Bni-Mellal et que l'aérodrome de BniMellal soit aménagé au cours du plan quinquennal 1973-1977. Si l'on met à part Oued-Zem relié à Casablanca par chemin de fer et que l'on pouvait jusqu'alors considérer comme la tête de pont du Tadla (entrepôts importants), les villes en voie d'industrialisation sont : Bni-Mellal (huileries, usine d'égrenage de coton, tannerie, sucrerie, secteur tertiaire), Fkih-ben-Salah (huileries et usine d'égrenage de coton), Souk-es-Sebt des Ouled-Nemaâ (usine d'égrenage de coton, sucrerie et raffinerie de sucre) et Ouled-Ayad (sucrerie). Par contre Kasba-Tadla a perdu depuis longtemps son rôle de capitale régionale et, dernièrement, son importance comme noeud routier puisque la liaison Casablanca— Bni-Mellal ne passe plus par Kasba-Tadla. Enfin, proche de Sidi-Aïssa, la petite localité des OuledZmam possède une fabrique de tuyaux d'eau et de canaux d'irrigation (Société Nationale des Conduites d 'Eau) implantée sur les bords de l'Oum-er-Rbia. Tous les éléments de canaux secondaires et tertiaires du

302

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

La population du Tadla offre un mélange complexe de type « berbère » et « arabe » du fait de la proximité de la limite plaine montagne et des mouvements engendrés par ce phénomène sur lequel viennent se surimposer les divers flux migratoires dus à la création des périmètres modernes.

périmètre du Tadla y ont été préfabriqués. L'économie reste essentiellement axée sur l'agriculture (céréales, agrumes, olives, coton, betterave sucrière et élevage moderne) mais deux tendances se manifestent nettement : d 'abord une orientation vers une polyculture industrielle (betterave sucrière, coton, etc.), puis un mouvement vers les industries de conditionnement et de transformation. Il faut également noter un essai d'implantation d'industrie laitière avec étables-modèles et une tendance au développement de luzernières avec projets de création d'unités de séchage.

La population rurale dont l'habitat est soit du type isolé (nouala, gourbi, etc.) soit du type agglomération (en particulier sur les bords de l'Oum-er-Rbia, ce type d'habitation étant peut être à attribuer à des raisons de sécurité), est nettement prépondérante ; même des localités comme Bni-Mellal possède un caractère urbain limité bien qu'évoluant rapidement. Toutefois les conditions générales de l'habitat rural changent actuellement grâce à la création des villages ruraux conçus selon des normes modernes : construction en dur, adduction d'eau potable, électrification, réseau routier, etc.

Malgré la mise en valeur moderne, la culture céréalière reste encore largement pratiquée par les fellahs ainsi qu 'un élevage extensif et peu rationnel. Le cheptel, important et mal nourri dans son ensemble, peut être estimé à 300 000 ovins, 50 000 caprins, 25 000 asins, 5 000 équidés et 30 000 camelins en année normalement humide.

En 1960, la population rurale du Tadla se montait à 198 000 habitants (55 habitants au km2 ).

Population urbaine du Tadla Localité

Province

Cercle

Altitude moyenne (m)

Population Recensement Recensement 1971 1960

Afourere

Bni-Mellal

Bni-Mellal

Bni-Mellal Khouribga

Ouaouizarht Bni-Mellal

470 538

1 158 28 933

9 069* 53 826

Oued-Zem

680

14 728

18 838

Bni-Mellal

Fkih-ben-Salah

El-Borouj Fkih-ben-Salah

Settat Fkih-ben-Salah

372 407 435

8 704*

Settat Bni-Mellal

3 955 13 484

12 686* 4 489 26 918

Kasba-Tadla

Bni-Mellal

Oued-Zem

Khouribga

Bni-Mellal Oued-Zem

496 780

11 733 18 640

33 323

Souk-es-Sebt des Ouled-Nemaâ

Bni-Mellal

Fkih-ben-Salah

409

21 012*

6 080

122 347

181 005

Boujad Dar-Ould-Zidouh

15 776

(*) Chiffre comprenant les habitants de la commune entière.

Géologie CADRE GEOLOGIQUE (fig. 132) La plaine du Tadla est constituée par une vaste dépression synclinale remplie de dépôts mio-plio-quaternaires (fig. 133). Vers le S, le Haut Atlas calcaire plissé domine abruptement la plaine en raison d'un système de failles et, probablement, de déversements et de charriages importants. D'abord de direction NE- SW

d'El-Ksiba à Bni-Mellal, la bordure atlasique s'oriente E-W de Bni-Mellal aux environs de Bzou où la plaine de la Tessaoute pénètre profondément en direction du Sud (à l'Ouest de Bzou). Sur la bordure, l'essentiel des affleurements consiste en des calcaires du Lias reposant généralement sur des formations tertiaires ou crétacées qui semblent s'ennoyer sous l'Ales dans certaines zones.

440

420

380

400

340

360

BOUJAD

2/28 240 240 3/36

2/36

2119/37

Oued Mellah

524/37

ME OU

644/36 379/37

645/36 2107/37 445/36

378/37

443/36

P24 2110/37 2102/37

2114/37

3014/36

441/36

2103/37

320/37

P 22 220

2106/37

KASBA TADLA

2111/37 914/37

2109/37

BIA R-R

2101/37 220

406/36

448/36

2105/37

T 1658 3013/36

EL KSOB

2108/37

3010/36 446/36

444/36

2104/37

447/36

FKIH-BEN SALEH

276/36

2112/37

3011/36

3867/36

T 13 0

442/36

2629/36 3012/36

T 728

631/37

T 1786 P 24

331/36 - Xx

- Xx 0

200

10

20 km 200

T 17

GEOLOGIE GENERALE

28

449/36

ER-RBIA

OUED

MIO - PLIO - QUATERNAIRE en général (7

0,7

13,5

-

-

3,5

4,5

76,0

44,0

-

-

86,0

80,0

13,4

38,9

-

-

32,8

28,0

Cl-

8,5

35,5

8,5

60

8,5

8,5

NO3-

2,8

4,5

0

10

4,8

3,8

305,0

323,3

384,3

pH lors du prélèvement K+

HCO3CO3--

0

0

SO4--

9,6

0

Somme des ions analysés

425,0

461,2

Résidu sec à 110°C

380

380

Conductivité en millimhos/cm Valeurs exprimées en mg/l. - : non étudié.

0,44

0,55

6,9

1632/37

-

-

390,4

-

-

0

0

60

19,2

0

-

545,9

0 -

220 0,35

600 0,83

450 0,61

509,8

490 0,55

PLAINE DU TADLA

N° I.R.E.

361

1914/37

Coordonnées

X

Lambert

Y

417.764 222.252

Altitude du sol (m)

472,00

Profondeur totale (m) par rapport au sol Equi-

Diamètre (")

pement

Longueur pleine (m)

actuel *

Longueur crépinée (m)

Nappe étudiée

221,50

10

6

0-117,10 117,10-149,25 149,25-195,00 néant Turonien

Niveau piézométrique par rapport au sol (m)

8

néant

195,00-221,50

Sénonien

Lutétien

2,27

7,53

24.06.71

19.05.71

26.04.71

Rabattement maximum (m)

2,71

6,08

11,36

Débit moyen (l/s)

37,0

1,3

3,4

A la date du

Descente Transmissivité (m2/s)

4,140-2

4,84

— -6

Remontée

9,7.10-2

7,6.10 **

— : pas de mesure * Il ne s'agit pas de l'équipement utilisé pour les essais du Lutétien et du Sénonien ** Calculé par la méthode Lefranc.

5.10-4

362

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Année

1971

Nombre d'habitants

consommation

Volume m3

Débit fictif continu l/s

Nombre de litres par habitants

annuelle

653 882

20,7

41 448

quotidienne moyenne

1791

20,7

113,6

15 776

annuelle 1985

quotidienne moyenne annuelle 2000

1 368 750

43

3 750

43

2 810 500

89

7 700

89

45 625

30 000* 125*

51 100

55 000* quotidienne moyenne

140*

* Prévisions selon rapport : Approvisionnement en eau potable — Projet O.M.S. — Maroc 3201. N° I.R.E. Date du prélèvement

1914/37 (nappe du Turonien) 24.06.71

25.06.71

pH lors du prélèvement

7,2

7,2

K+

1,2

1,3

N+

71,0

66,0

Ca++

68,0

68,0

Mg++

41,0

41,0

106,0

106,0

6,8

6,3

396,0

403,0

ClNO3HCO3CO3--

0

0

SO4--

19,0

14,0

Somme des ions analysés

709,0

705,6

Résidu sec à 110°C

620

610

Conductivité en millimhos/cm Valeurs exprimées en mg/l

0,94

0,93

PLAINE DU TADLA

Il est vraisemblable que cet ouvrage puisse être exploité à un débit couvrant les besoins de KasbaTadla jusqu 'en 2 000, soit 89 l/s. Toutefois vu les faibles diamètres des divers tubages d'équipement, il faut s'attendre à des pertes de charge assez importantes; le rabattement pour 100 l/s serait vraisemblablement de l'ordre de 19 m, ceci à condition de pouvoir installer une pompe adaptée à la chambre de pompage de 10" de diamètre. ALIMENTATION EN EAU POTABLE DE FKIH-BEN-SALAH

La ville de Fkih-ben-Salah dont l'alimentation en eau est assurée par l'Office National de l'Eau Potable (ONEP) tire ses ressources du puits 2 660/36 foncé dans la nappe phréatique au NW du forage 722/36. Les caractéristiques hydrodynamiques du puits sont résumées dans le tableau ci-dessous :

N° I.R.E.

2660/36 X

378.682

Y

213.760

Coordonnées Lambert

Altitude du sol (m) Profondeur totale par rapport au sol (m) Niveau piézométrique par rapport au sol (m) A la date du

437,90 17,80

6,97

16.01.63

Débit maximum pompé (l/s)

12,0

Transmissivité à la descente (m2 /s)

1,1.10–2

Transmissivité à la remontée (m2/s)

1,2.10–2

Chlorures (Cl– )

480,0

(mg/l)

Nitrates (NO3– ) (mg/l) Résidu sec à 105°C (mg/l)

54,6 1416,4

N.B. L'analyse chimique complète se trouve dans la partie consacrée aux pompages à fort débit pour l'OCP (p. 334).

363

Comme dans tous les puits de cette Zone, la qualité chimique de l'eau est à la limite de la potabilité. Par ailleurs le puits semble être exploité à son débit maximum possible (30 l/s environ) lors des pointes journalières ; ce débit serait d 'ailleurs insuffisant. Pour l'avenir plusieurs solutions peuvent être envisagées : — pompage dans la nappe phréatique aux environs de la localité soit au moyen de puits, soit au moyen de forages. Si la qualité chimique de l'eau sera médiocre, l'exploitation à des débits relativement élevés ne semble pas devoir poser de problème, — prise dans le futur canal d'irrigation lorsque le barrage de Dechra-el-Oued sera construit (1980). Cette solution constituerait un excellent relai de la précédente, — une alimentation à partir de l'aquifère du Turonien semble difficile, sinon impossible. En effet, les résultats obtenus tant à Fkih-benSalah même, grâce au forage 3867/36, qu'à l'Ouest de cette localité, sont très médiocres et peu encourageants. En conclusion, la solution de l'avenir semble bien résider dans une prise sur le futur canal d'irrigation des Bni-Amir.

364

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Année

1971

Nombre d'habitants

26 918

Consommation

annuelle annuelle

1985

50 000*

quotidienne moyenne

2000

90 000*

annuelle quotidienne moyenne

Volume 3 m

Débit fictif continu l/s

Nombre de litres par habitant

388 000

12,3

14 414

49

31 025

49

85*

104

36 500

1 551 250 4 250

3 285 000 9 000

104

100*

* Prévisions selon rapport : Approvisionnement en eau potable — Projet O.M.S. — Maroc 3201.

REFERENCES ARCHAMBAULT C. (1970) : Evolution de la chimie de la nappe phréatique du périmètre irrigué des Beni Amir depuis le début de la mise en valeur. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 8 pp., 5 pl.

eau potable du centre de Kasba-Tadla par le forage 1914/37. Perspectives d'avenir et programme de reconnaissances complémentaires. Rapp. inéd., MTPC/ DH/DRE, 42 pp., 2 tabl„ 6 pl.

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ARCHAMBAULT C. (1972) : Piézométrie des aquifères du Plateau des Phosphates et de la plaine du Tadla. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 23 pp., 14 pl. (dont 13 cartes au .l/50 000).

ARCHAMBAULT C. (1971) : Rapport de présentation de documents de synthèse relatifs à la nappe phréatique du Tadla. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 20 pp., 1,1 pl. ARCHAMBAULT C., ETiENNE H. & GÉNÉTIER B. (197,1) : Acidification du forage 2184/36. Zone du canal MédianEst des Beni Moussa, périmètre du Tadla (Province de Beni-Mellal). Rapp. inéd., MTPC/DH/ DRE, ,18 pp., 4 pl. ARCHAMBAULT C. & GUESSAB D. (1971) : Evolution de la chimie de la nappe phréatique du périmètre irrigué des Beni-Moussa depuis 1949. Rapp. inéd., MPTC/ DH/DRE, 8 pp., 5 pl. ARCHAMBAULT C. (1972) : Reconnaissance de la nappe captive du Turonien sous le Tadla et alimentation en

AURIOL, J., GUESSAB D. & VANDENBEUSCH H. (1972) : Evaluation du potentiel des ressources en eaux souterraines de la région des Beni-Moussa-Est. Etude économique de la mise en exploitation. Rapp. inéd,, MTPC/DH/DRE, 39 pp., 6 fig., 19 pl., ,11 tableaux, 1 annexe. BOLELLI E. (1948) : Problèmes d'irrigation et de drainage dans la plaine du Tadla, Beni Amir (Rive droite). Notes Serv. géol. Maroc, t. 1, n° 71, pp. 147-.160, une carte géologique et hydrogéologique des Beni Amir au l/50 000. BOLLELI E. (1951) : Carte géologique au l/50 000 et carte de la nappe phréatique au l/50 00(1 des Beni Moussa avec notice explicative. Rapp, inéd., MTPC/DH/ DRE.

PLAINE DU TADLA

BOLELLI E. (1952) : Les plaines et les plateaux du domaine marginal de l'Atlas : 2. Beni Amir—Beni Moussa, in : Hydrogéologie du Maroc. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 97, pp. 197-204.

365 Publ. Inst. Nat. Rech. Agron., Rabat, 1967, t. 24, pp. 163206.

BREIL P. (1963) : Etude sur la nappe phréatique du) Tadla. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 13 pp., 9 cartes.

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2.17. PLATEAU DES GANNTOUR ET PLAINES DE LA BAHIRA ET DE LA TESSAOUTEAVAL

Table des matières 2.17. Plateau des Ganntour et plaines de la Bahira et de la Tessaoute aval (par M. Combe) …………………………………………………………………......

367

Présentation géographique ............................................................................................

367

Géologie .......................................................................................................................

367

Climatologie .................................................................................................................

368

Hydrologie ....................................................................................................................

368

Bassin endoréique de la Bahira ........................................................................ La Tessaoute aval ................................................................................................. L'Oued el-Abid à Ouaouirint ................................................................................ Hydrogéologie ..............................................................................................................

370 371 372 373

La Bahira occidentale ...........................................................................................

373

La Bahira centrale ...............................................................................................

374

Géologie ………………………………………………………………………. La nappe phréatique ..........................................................................................

375 375

La Bahira orientale (ou Tessaoute aval) ...........................................................

378

Géologie et structure profonde ..................................................................... Nappes profondes ........................................................................................ La nappe phréatique ...................................................................................

378 380 381

Ressources en eau pour l'aménagement de la Bahira orientale et centrale .............................................................................................................. Références ....................................................................................................................

388 391

2.17 PLATEAU DES GANNTOUR ET PLAINES DE LA BAHIRA ET DE LA TESSAOUTE AVAL par Michel

COMBE

Présentation géographique Ce bassin sédimentaire s'insère entre le massif primaire des Jbilete au S et le massif primaire des Rehamna au N ; le plateau tertiaire des Ganntour recouvrant les Rehamna, se prolonge vers le S sous la Bahira ; vers l'W, il se termine contre le plateau secondaire des Mouissate. Aucune limite nette n'existe vers l'E où la plaine de la Bahira se poursuit par la plaine de la Tessaoute aval, puis par la plaine des BniMoussa qui appartient au Tadla ; on conviendra de limiter cette unité au niveau de l'oued El-Abid. Ainsi définie, la région concernée par l'exposé suivant représente quelque 5 000 km2 de superficie. La partie centrale de la Bahira constitue une dépression fermée, endoréique, ne possédant aucun exutoire pour les eaux de ruissellement qui s'infiltrent dans le sol ou s'évaporent. Deux lacs salés temporaires, le Sedd-el-Mejnoun au centre (superficie de l'ordre de 35 km2 ) et le lac Zima à l'Ouest (superficie d'environ 6 km2 ) y ont des extensions variables selon les saisons mais constituent des machines évaporatoires s'apparentant aux chotts sahariens. A l'Est, la vallée de la Tessaoute traverse les Jbilete à l'E d'El Kelaa des Srarhna et rejoint l'Oum-er-Rbia en suivant un cours orienté S-N. La Tessaoute qui fut au Tertiaire un affluent du Tensift

a été captée par l'Oum-er-Rbia dont la puissance érosive était très supérieure à celle du Tensift. Ce cours de la Tessaoute aval est un lieu important d'irrigation traditionnelle s'exerçant facilement à l'aide de dérivations des eaux pérennes de l'oued grâce à des barrages rustiques d 'où partent des séguias en terre. Environ 40 000 ha sont irrigués de la sorte ; des projets existent pour la modernisation de ces exploitations grâce à une fourniture d 'eau régularisée par un barrage sur l'oued Lakhdar (affluent rive droite de la Tessaoute) et la prolongation du canal G des BniMoussa alimenté par le barrage de retenue de Bin-elOuidane (oued El-Abid). Des pompages dans les nappes souterraines contribueraient également à la satisfaction des besoins agricoles. La population de cette région est de l'ordre de 300000 habitants. La seule agglomération importante est El-Kelaa des Srarhna située au bord de l'oued Gaino qui provient du Haouz ; cette cité agricole comprend quelques milliers d'habitants. Les ressources naturelles sont agricoles (40 000 ha irrigués), pastorales (ovins et caprins) mais également minières grâce aux importants gisements de phosphates de Youssoufia, en exploitation depuis 1931 à raison de 2 millions de tonnes/an en 1972, et de Benguerir (mise en exploitation en 1974-75).

Géologie Les Ganntour sont un plateau monoclinal à pendage sud plongeant des Rehamna vers les Jbilete. La Bahira est un vaste fossé synclinal resserré entre le horst des Rehamna au Nord et le pli de fond des Jbilete au Sud.

Le socle primaire est recouvert par des formations de couverture triasiques, crétacées et éocènes, antérieures aux premiers mouvements atlasiques ; ces formations affleurent au Nord, s'enfoncent sous la plaine vers le Sud et se terminent en biseau au Sud

368

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

contre le socle paléozoïque. Elles sont recouvertes par des formations continentales néogènes de remplissage et par des dépôts quaternaires. Etage

Puissance 15 à 30 m

Néogène

Calcaires lacustres et conglomérats. Marnes el marno-calcaires rose saumon

20 m 20 à 50 m

Eocène

Complexe phosphaté comprenant des couches de phosphate, des marnes, des calcaires phosphatés à silex, des lits de silex et des bancs calcaires. L'ensemble est couronné par la « dalle de calcaires à Thersitées » d'âge Lutétien

100 m

Crétacé moyen et supérieur

Marnes, marno-calcaires et calcaires

Crétacé inférieur

Grès rouges comportant des bancs de petits conglomérats avec barre de calcaire vers le tiers inférieur

Jurassique supérieur

Calcaires à gypse (en bordure ouest, dans les Mouissate seulement)

?

Trias

Marnes et grès rouges avec dépôts de sel gemme

?

Secondaire

Primaire

Faciès Limons anciens et limons récents, souvent salés; conglomérats, galets, cailloutis, croûtes calcaires

Quaternaire

Tertiaire

Le tableau suivant donne, par étage, un aperçu lithologique des formations :

Grès et quartzites Schistes avec intrusions de roches éruptives, rhyolites, dolérites et granites. Bancs gréseux ou calcaires.

La couverture triasique n'est représentée que sous la plaine de Chemaïa, à l'extrémité occidentale de la Bahira, dans les Jbilete et son sillon bordier nord. Le Jurassique bien différencié n'existe qu'à l'W du bassin, dans les Mouissate. Un Crétacé inférieur continental est connu au NW (Youssoufia) et sous la Bahira grâce à des forages profonds (2004/21). La série du Crétacé moyen à l'Eocène est bien connue grâce aux affleurements des Ganntour et aux travaux miniers de l'Office Chérifien des Phosphates. En Bahira les croûtes calcaires et les limons quaternaires recouvrent les terrains plus anciens reconnus par forages, la plupart du temps à objectifs

50 m

100 m

plusieurs milliers de mètres

hydrogéologiques. Plus de 60 forages ont été effectués en Bahira. Dans la partie orientale, l'oued Tessaoute a continué d'accumuler ses alluvions au N des Jbilete, formant un cône de déjection de galets, graviers, sables et limons. A la suite de campagnes de géophysique et de divers sondages, il apparaît que le socle primaire et la couverture secondaire sont affectés de fractures essentiellement de direction E-W sous la plaine. Par ailleurs, une faille importante sépare au Sud le sillon de la Bahira du massif des Jbilete ; au Nord, le socle

Climatologie (fig. 147) Le climat de la Bahira est de type semi continental aride, à hiver tempéré. La pluviosité est faible sur l'ensemble de son étendue, se situant pour la période

1933-1963 autour de 250 mm en moyenne (fig. 147) ; les écarts à la moyenne sont très importants et sont notés ci-dessous :

0

1

3

4

5 km

Toit du paléozoïque (sondage électrique) Faille (Gravimétrie)

Paléozoïque

Schistes

?

Maestrichtien marin

?

Crétacé supérieur transgressif

Eocène inférieur et moyen

?

Marnes et phostphates

?

Sidi-Said 2004/44 BH1

Complexe argilo-gréseux rouge

Marnes phosphatés

azib-Salah 2021/44 BH2

Koudiat-Diab

S

230 mm 386 mm (1938-39)

Minimum 156 mm (1936-37) 115 mm (1936 -37)

Fig 146. Coupe géologique N-S des Rehamna aux Jbilete, le long de la route principale RP 9 (d'après Benzaquen, Boujo & Médioni, 1963)

?

Hzélete-Mouka

JBILETE 251 mm 349 mm (1933-34)

Lutétirn supérieur

Plio-Quaternaire (?)

Quaernaire continental

1333/44

Sebaa-Touilate

BAHIRA

Moyenne Maximum

Calcaires siliceux et marnes (dalle à thersitées)

Argiles roses à passées détritiques

Sable grossier

Croûte

2

Oued Smiria

Draa-bou-Rket

GANNTOUR

CHEMAIA BENGUERIR

FIG. 146 — Coupe géologique N-S des Rehamna aux Jbilete, le long de la route principale RP 9 (d'après Benzaquen, Boujo & Médioni, 1963).

0

100

200

300

400

500

N

REHAMNA

STRUCTURE DU BASSIN DE LA BAHIRA

Pluviomčtrie annuelle période 1933-1963 EL-KELAA

257 mm 526 mm (1921 - 22) 125 mm (1936 - 37)

370

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Les températures maximales moyennes mensuelles sont élevées et varient entre 18°C en janvier, mois le plus froid et 40°C de moyenne en juillet, mois le plats chaud. Les températures minimales moyennes varient entre 4°C en janvier et 18°C en juillet. Les vents dominants sont de N ou NE en hiver et d'W en été.

calculée par la méthode de Thornthwaite à El-Kelaa pour la période 1933-63 est de 965 mm, l 'évaporation réelle étant de 250 mm, pratiquement égale à la hauteur de pluie moyenne. Un calcul mois par mois permet de montrer qu'il y a un excédent pluviométrique en décembre, janvier et février, ce qui permet en année moyenne ou humide une vie des cultures jusqu 'en mars ou avril grâce au potentiel hydrique accumulé dans le sol. En dehors de ces périodes, l'existence d'une vie végétative est liée à l'apport d 'eau par irrigation.

L'évaporation moyenne annuelle mesurée au Piche est de 2 100 mm à Chemaïa, 2 400 mm à Benguerir et 2 700 mm à El-Kelaa. L'évapotranspiration potentielle

CLIMATOLOGIE 1933-1963 17 – PLAINE DE LA BAHIRA

MAROC ATLANTIQUE

Nom de la station

Réseau

Coordonnées

Altitude Lat .N.

S

O

N

D

MI

465

32° 03’

7° 26’

est

32

32

33

38

14

7

2

3

14

19

30

39

257

ONE

475

32° 14’

7°58’

centre

29

30

32

19

16

5

1

1

9

20

29

39

230

EL KELAA DES SRHARNA BENGUERIR

Pluviométrie moyenne (mm)

Situation dans le bassin

Long.W.

J

F

M

A

M

J

J

A

Ann.

MI

380

32° 06’

8° 37’

ouest

39

32

36

19

13

4

0

0

6

22

37

44

251

YOUSS0UFIA

SPGM

320

32° 16’

8° 32’

ouest

39

34

39

22

15

3

0

0

10

25

40

44

272

Nom de la station

JANV.

FEVR.

CHEMAIA

Moyennes des températures maximales et minimales (°C)

MARS

AVR.

Max.

Mini. Max.

Mini. Max.

MIni Max.

EL KELAA DES SRHARNA

17.6

4.3

20.0

6.0

23.1

8.2

23.4 10.8

BENGUERIR YOUSS0UFI A

19.4 17.0

4.9 7.0

21.5 19.0

6.0 8.3

24.2 8.1 21.4 10.0

26.8 10.1 24.0 11.7

MAI

Mini. Max.

JUIN

Mini.

JUIL.

J

F

M

A

M

J

EL KELAA DES SRHARNA

11.0

13.0

15.6

17.1

21.2

25.0

BENGUERIR YOUSS0UFI

12.2 12.4

13.8 16.2 18.4 21.0 13.6 15.7 17.8 19.8

J

A

SEPT.

NOV.

OCT.

DEC.

Mini.

Max. Mini. Max.

Mini. Max.

29.1 13.3

34.0

16.1

39.8

18.4

39.3

19.6

34.1

17.2

28.6

13.7

23.0

9.4

19.5

5.5

27.6

11.9

29.6 12.4 26.6 13.1

33.4 29.8

15.1 15.9

37.8 33.9

17.5 17.7

38.4 33.7

18.2 18.6

34.1 30.4

16.2 17.4

29.4 26.4

13.3 15.0

23.9 9.4 21.7 11.9

19.6 17.4

6.1 8.5

28.2 25.1

11.4 13.0

Ann.

ETR (mm)

Classification Thornthwaite N

D

Indice global

Type climatique

Mini Max. Mini. Max.

Année

Mini. Max.

Moyennes des températures moyennes (°C)

Nom de la station

AOUT

Max

Evaporation d'après Turc (mm)

S

O

29.1 29.4

25.6

21.2

16.2 12.5

19.7

250

- 45,1

E1 B'4 db'4

250

24.2 27.6 28.3 22.8 25.8 26.1

25.2 23.9

21.4 16.6 12.8 20.7 16.8 13.2

19.8 19.8

230 270

- 46,5 - 42,8

E1 B'4 da'4 E1 B'3 da'

220 260

Mini. Max. Mini.

Evaporation mesurée (P=Piche B=Bac) (mm) Période Quantité

FIG. 147 Hydrologie BASSIN ENDOREIQUE DE LA BAHIRA La majeure partie de la Bahira, depuis son extrémité occidentale jusqu 'au méridien d 'El-Kelaa, n'est drainée par aucun oued. Les petits oueds qui descendent des Jbilete ou des Rehamna disparaissent en arrivant dans la plaine. Les eaux de ruissellement s 'accumulent dans les dépressions fermées du Sedd-elMejnoun et du lac Zima, s'infiltrent ou s'évaporent. L'oued Gaïno qui pénètre dans la Bahira à ElKelaa est issu du versant SE des Jbilete mais draine

une partie des eaux de la nappe phréatique du Haouz oriental. Sec en dehors des suites d'averses, cet oued possède un sous-écoulement permanent qui a été évalué à 50 l/s par des travaux de forage. Un ouvrage de prise capte en partie ces eaux au seuil d'El-Kelaa. Au seuil d 'El-Kelaa pénètrent également dans la Bahira deux séguias d'irrigation apportant l'une des eaux du Lakhdar (séguia Yacoubia) et l'autre des eaux dérivées de la Tessaoute. Les apports superficiels du Gaïno en crue sont inconnus mais très probablement faibles, se situant peut-être autour de quelque 5 millions de m3/an.

371

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

flotteur quotidiens, ce qui permet de bien connaître le régime en étiage, hors des crues dont les évolutions ne sont pas suivies par une limnimétrie continue. Enfin on possède des mesures régulières des débits dérivés par les séguias permettant de connaître les volumes utilisés dans les différents périmètres depuis 20 à 30 ans.

LA TESSAOUTE AVAL (fig. 152) La Tessaoute qui a reçu son affluent de rive droite Lakhdar avant de pénétrer dans la Bahira orientale, est une rivière importante issue du Haut Atlas calcaire ; le point culminant de son bassin versant est le jbel IrhilMgoun (4 071 m), Les réserves nivales du haut bassin et les réserves souterraines des calcaires de l'Atlas garantissent des débits de printemps soutenus et des étiages appréciables. La Tessaoute était autrefois très exploitée à l' amont de la Bahira par un périmètre d'irrigation traditionnel dit de la Tessaoute amont (20000 ha) ; la modernisation de ce périmètre s'achève après avoir été rendue possible par l'édification du barrage Moulay-Youssef au site d'Aït-Aadel (260 millions de m3 /an régularisés). De tous temps c'est donc l'oued Lakhdar qui conflue avec la Tessaoute après le périmètre de la Tessaoute amont, qui a essentiellement contribué à l'irrigation du périmètre de la Tessaoute aval, tout en desservant à l'amont un périmètre traditionnel également et dénommé périmètre du Lakhdar. Une station de jaugeage, Bissi-Bissa, fonctionne depuis 1962 sur la Tessaoute, juste avant sa confluence avec l'Oum-er-Rbia. Cette station comptabilise donc les eaux inutilisées à l'amont. Deux stations, l'une sur la Tessaoute (Timi-n'Outine), l'autre sur le Lakhdar (Sidi-Driss) sont implantées au pied de l'Atlas, avant le débouché de ces rivières dans la plaine et par conséquent mesurent les débits à l'amont des principaux prélèvements pour l'irrigation. Par ailleurs, la station du pont de la route RP 24, située en amont des dernières prises importantes d 'irrigation de la Tessaoute aval est exploitée par des jaugeages au

S Tessaoute à Bissi-Bissa (débits mesurés) Somme des prélèvements à l'amont

O

N

La station de Bissi-Bissa contrôle un bassin versant de 5 870 km2 et est située sur la Tessaoute, à 2 km à l'amont de sa confluence avec l'Oum-er-Rbia. Equipée d'échelles limnimétriques en 1962, elle a été complétée par un téléphérique en 1963 ; 113 jaugeages de crues y ont été effectués entre 1963 et 1970. La série des observations a pu être étendue à la période 1948-1962 en corrélant des mesures sporadiques aux flotteurs faites au Pont de la route 24 avec celles fournies par la station permanente de Bissi-Bissa, sur la période commune 1962-70. Enfin une extension des résultats à la période 1941-1948 a été tentée à partir des résultats des stations d'amont, sans que l'on puisse juger de la validité des chiffres obtenus ; c'est pourquoi on se référera à la période de 1947-48 et 1969-70. Le module moyen annuel de la Tessaoute à BissiBissa pour la période 1947-48 et 1969-70 est de 16,5 m3 /s, variant entre 4,5 m3 /s (année 1952-53) et 41 m3 /s (année 1962-63). Le module moyen annuel naturel a pu être reconstitué pour la même période en fonction de la somme des prélèvements du Lakhdar et de la Tessaoute amont et aval ; il serait de 27,8 m3 /s, variant entre 15,4 et 50,6 m3 /s, Les modules moyens mois par mois sont les suivants, pour la période 1947-48 à 1969-70 : D

J

F

M

A

M

J

J

A

Année

5,3 8,5 15,9 15,0 9,4 18,0 25,8 39,4 33,1

13,1

4,6

3,2

16,5

8,9 9,4

9,8 10,0 10,4 12,8 14,7 15,4 10,8

11,9

9,7

8,9

11,3

14,2 17,9 25,7 25,0 29,8 30,8 40,5 54,8 43,9

25,0

14,3 12,1

27,8

Tessaoute, débits naturels reconstitués

Tessaoute à Bissi-Bissa, période 1947-1948 à 1969-1970

Ce tableau met clairement en évidence le régime de la Tessaoute. Alors que les pluies sur le bassin versant d'altitude moyenne soutiennent les débits d'automne et d'hiver, la rétention nivale sur les hauts reliefs fournit

les apports les plus importants au printemps. Ce régime qui garantit des débits soutenus toute l'année, excepté en été, permet un développement considérable des prélèvements au fil de l'eau pour l'irrigation.

372

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

pour l'irrigation. Ces prélèvements atteignent en moyenne 40 % des apports naturels, ce qui est très appréciable compte tenu du fait que cette régularisation est obtenue à l'aide d'ouvrages rudimentaires. On notera que les prélèvements sont réguliers dans l'année, les maxima se situant en Mars-Avril. Pour terminer, on notera qu'un certain débit pérenne demeure actuellement, en période d'étiage, à BissiBissa. Or l'examen des mesures à la station du Pont de la route 24 située en amont, à l'entrée du périmètre d'irrigation de la Tessaoute aval, montre que la Tessaoute est pratiquement à sec à l'étiage à ce niveau. Les apports d'eau entre le Pont de la Route RP 24 et Bissi-Bissa représentent le drainage des nappes de la Tessaoute aval ; on reviendra sur ce point dans le paragraphe hydrogéologie. L'OUED EL-ABID A OUAOUIRINT (route RP 24) Cette station se situe à l'aval du sous-bassin de l'oued El-Abid et à la sortie du cours atlasique de cet affluent de l'Oum-er-Rbia. La superficie du bassin versant de l'oued El-Abid à la station est de 7 840 km2 ; des mesures plus ou moins régulières ont été effectuées en ce point de 1925 à 1952, date à laquelle le barrage de Bin-el-Ouidane situé en amont et contrôlant un bassin de 6 470 km2 a été mis en service. Après une longue Ouaouirint mesurés

A. Ouarda évacués

Apports 1 370 km2

3,75 3,99 6,40

0,0 0,0 0,0

3,75 3,99 6,40

Mars

15,00

0,0

15,00

Avril

13,60

0,0

Décembre 1967 Janvier 1968 Février

interruption, les mesures ont repris en 1967 permettant, compte tenu de la connaissance des lâchers au barrage, de déterminer les apports naturels des 1 370 km2 du bassin montagneux calcaire intermédiaire entre le barrage et la station de mesure. Les débits moyens mensuels et annuels constituant les apports des 1 370 km2 du bassin intermédiaire s'obtiennent actuellement en diminuant les débits mesurés à Ouaouirint des débits évacués au barrage de compensation (Aït-Ouarda) du barrage de retenue de Bin-el-Ouidane ; trois années de mesures sont disponibles et récapitulées dans le tableau ci-dessous. L'examen de cette série montre que le débit moyen mensuel du bassin intermédiaire n'est jamais descendu au-dessous de 3 m3/s ; cependant, cette série rapportée aux mesures de la période 1952-70 à Bin-el-Ouidane, apparaît comme moyenne à humide du point de vue hydraulicité. Les apports à Bin-el-Ouidane du mois le plus sec observé (août 1966) sont un tiers plus faibles que les apports d'août 1970 ; en appliquant ce rapport à Ouaouirint, il semble que I'on puisse fixer à 2 m3/s l'apport moyen mensuel minimum du bassin intermédiaire entre Bin-el-Ouidane et Ouaouirint. Le débit utilisable au fil de l'eau dans l'oued El-Abid au niveau de Ouaouirint serait alors pour le mois de l'année le plus sec, de l'ordre de 3 m3/s en année moyenne, pouvant s'abaisser à 2 m3/s en année sèche. Ouaouirint mesurés Mai 1969 Juin Juillet

A. Ouarda évacués

Apports 1 370 km2

29,30 8,59 6,58

18,70 0,09 0,00

10,60 8,50 6,58

Août

5,37

0,00

5,37

13,60

Septembre

5,00

0,08

4,92

Octobre

5,83

1,40

4,43

Mai

6,59

0,0

6,59

Juin

5,34

0,0

5,34

Novembre

6,11

0,84

5,27

Juillet

4,14

0,0

4,14

Décembre

5,50

0,47

Août

3,45

0,0

3,45

Janvier 1970

22,20

13,50

5,03 8,70

Septembre Octobre

3,19 3,03

0,0 0,0

3,19 3,03

Février Mars

16,60 26,00

9,16 20,00

7,44 6,00

Novembre Décembre

6,54 7,21 6,12

0,0 0,0

6,54 7,2,1

Avril Mai

21,50 5,45

14,90 0,00

6,60 5,45

6,12

Janvier 1969

12,00

Juin Juillet

0,04

12,00

0,0 0,0

4,84

Février

4,26

0,10

4,80 4,16

Mars

25,90

13,0

12,90

Août

3,77

0,08

3,69

52,20

34,8

17,40

Avril 3

Apports en m /s du bassin versant intermédiaire entre Ouaouirint et Bin-el-Ouidane

200

200

250

300 200 35 36

ci

360 em

509

420

43 0

E

Courbe isopiézomètrique (équidistance 10 m) Limite du pétimètre irriqué d'El Kelaa

B

I

L

2004/44 44 45 300

10 km

35 36 35 44

290

8

T

E 270

6

250

4

240

2

230

0

260

J

Alimentation de la nappe de la Bahira

O

0 39

ED U

Limites des indices IRE des pointd d'eau 36 45

ex: forage 2004/44

44 45 310

SIDI BOU OTMANE

280

440

220

210

Ligne de partage des eaux souterraines 200

190

150

Forage et son n° IRE

500

Paléozïque sub-affleurant (seuil de Rhirat)

2004 P à 330 m

Cénomanien

GA IN O

450

Sénonien

160

420

Roches cristallines hercyniennes Paléozoïque affleurant

320

R. S. 1

440

490

Eocène (série phosphatée) Maesstrichtien

Turonien cm

1337

Permo-Trias

ct

470

Crétacé inférieur continental Jurassique supérieur

csm

0

1336

E

Lutétien (calcaires)

170

TESSAOUT

1640 1641

R.P. 7

ci

1637

768

2004

js

765

4

EL KELAA

160

Quaternaire

2 P. R.

839

2082 2083

Pliovillafranchien

JN ME

47

2080 2081

DD SE

846 840

L-E

0

1643

1636

1335

767 172

759

410

0 43 836

2087

847

766

835 1638

0 42

2078 et 2079

848 843

838

N OU

OUE D

. 12

844

2021

R.P.9

R.P

pvcl 842

410

400

37 0 430 2085

1639

849 841

36 45 828

43

25

420 1332

em 850 837

2086

cs

1535

400 410

1334

2075

ei

391

38 0

400

410 1321

em

0

0 43 420 410

390 380

CHEMAIA

1644

em

180

0

1333

44

2077

pvcl

0 40

298

40

csm

csm

420

em

37 0

138

LAC ZIMA

350

450

csm

380

360

410

410

ei

35 44

190

cs

BEN GUERIR

419

MO416

180

A

H

R.S. 125

csm

TE SA UIS

E

M

340

R

js

ct

N

330

ci

YOUSSOUFIA

320

cm

A

FIG.148. Bahira occidentale et centrale – Géologie (d’après Benzaquen, Boujo & Médioni 1963), et piézométrie (d’après Cochet, 1963, modifiée par Combe 1972)

200

200

35 36

ci

cm

A

R

js

S UIS MO

A

H

BEN GUERIR

50

10

ei csm

30

em

30

35 44

20

40

20

180

csm

csm

20

180

508

40 12 5 R. S.

em

50

152

pvcl

40

CHEMAIA

20

818

50

5

5

10

em

5

45

5

em

10

36

350 10

20

190

cs

R.S. 125

csm

E AT

E

N

M

10

ci

YOUSSOUFIA

ct

853

30

20

24 P. R.

170

20

5

EL KELAA

10 20 30 40 50

Crétacé inférieur continental

Roches cristallines hercyniennes

30

PROFONDEUR DE LA NAPPE PHREATIQUE

ct

10

Sous le sol en mètres

4

6

8

10 km 240

2

230

0 220

210

Ligne de partage des eaux souterraines 200

190

J

le texte

Turonien Cénomanien

B

I

E

L

ED U

E T

853

Piézomètres et leurs n° IRE cités dans

O

Paléozïque sub-affleurant (seuil de Rhirat)

260

Paléozoïque affleurant

Sénonien

250

Maesstrichtien

SIDI BOU OTMANE

35 36 35 44 2004/44 44 45 300

10

csm

cm

150

20

Limites des indices IRE des pointd d'eau 36 45

ex: forage 2004/44

44 45

FIG.149. Bahira occidentale et centrale – Géologie (d’après Benzaquen, Boujo & médioni 1963), et piézométrie (d’après Cochet, 1963,modifiée par Combe 1972)

320

Eocène (série phosphatée)

GA IN O

Permo-Trias

ei

310

Lutétien (calcaires)

cs

160

Jurassique supérieur

em

290

js

280

ci

Pliovillafranchien

270

Quaternaire ct

50 40 30

R.P. 7

pvcl

E TESSAOUT

20 10

50 160

OUE D

20

R.P.9

R.P . 12

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

373

Hydrogéologie

Sous la plaine de la Bahira les eaux circulent dans les formations récentes du Quaternaire et du Néogène (nappe phréatique) et dans les niveaux calcaires de l'Eocène et du Crétacé (nappes profondes). Les problèmes hydrogéologiques posés par ces nappes sont totalement différents d'Ouest en Est, et l'on peut en fait distinguer trois sous-régions qui sont: – La Bahira occidentale, secteur de Ras-el-Aïn— Chemaïa où les eaux souterraines convergent vers le « lac » Zima qui constitue un exutoire par évaporation. – la Bahira centrale entre la route RP 9 et le méridien d'El-Kelaa des Srarhna où les eaux souterraines convergent vers le « lac » du SeddEl-Mejnoun qui constitue à nouveau un exutoire par évaporation. – la Bahira orientale à l'E du méridien d'El-Kelaa des Srarhna et jusqu'à l'oued El-Abid où les eaux souterraines s'écoulent du S vers le N jusqu'à l'Oum-er-Rbia qui est le collecteur aval. LA BAHIRA OCCIDENTALE (fig. 148) Une ligne de partage des eaux souterraines est bien mise en évidence sur la carte piézométrique de la nappe phréatique, un peu à l'W de la route RP 9 de ElJadida à Marrakech ; cette ligne sépare la Bahira occidentale de la Bahira centrale. L'alimentation souterraine provient essentiellement du plateau Crétacé et Eocène de Youssoufia ainsi que de l'infiltration dans la basse plaine des petits oueds temporaires provenant des Jbilete, des Mouissate et du plateau de Youssoufia. En ce secteur, la plaine de la Bahira constitue une zone basse entre les plateaux des Mouissate à l'W, des Ganntour au N et le massif des Jbilete au S. La série stratigraphique comprend successivement audessus du substratum primaire des Rehamna au N et Jbilete au S : le Trias argileux et salifère affleurant autour du « lac » Zima et dans les Jbilete, un Jurassique supérieur marno-calcaire affleurant à l'Ouest seulement (Mouissate), le Crétacé moyen et supérieur marno-calcaire affleurant au N, l'Eocène marno-calcaire et phosphaté puis calcaire (Lutétien supérieur) et enfin le Néogène représenté par des calcaires lacustres, conglomérats, marnes et marnocalcaires. Il est certain que le Jurassique est absent à l'E du « lac » Zima ; le Crétacé et l'Eocène se biseautent du N vers le S sur les Jbilete (forages 1944 et 2 075/44). On notera l'absence en ce secteur des calcaires du Turonien, niveau très perméable existant à l'Est. L'origine de la ligne de partage des eaux constituant la limite orientale est probablement à rechercher dans

l'existence d ' un horst du substratum paléozoïque que les synthèses structurales (fig. 148) ont bien mis en évidence à l'E de la route RP 7. Entre Sidibou-Othmane et Benguerir, sur la route RP 9, une faille E-W délimite un compartiment sud où le Primaire est sub-affleurant et un compartiment nord ou l'Eocène supérieur existe sous le Néogène. On ne peut malheureusement délimiter ce horst vers l’W, faute de reconnaissance géophysique ou de forage. Les eaux souterraines provenant du plateau Crétacé et Tertiaire de Youssoufia au N gagnent le sillon collecteur de la Bahira occidentale et s'écoulent alors d'E en W vers le « lac » Zima. Le « lac » Zima est une dépression topographique mais correspond au coeur érodé d'un anticlinal. Son substratum est triasique (argiles surtout et bancs gréseux) ; il collecte les eaux superficielles provenant des reliefs bordiers (Mouissate Ganntour, Jbilete), ainsi que les eaux souterraines du plateau de Youssoufia. Quatre forages de reconnaissance pour l'exploitation de salines ont rencontré le Trias sub-affleurant au SE du lac, vers Chemaïa ; le plus profond d'entre eux a pénétré de 122 m dans les argiles rouges sans rencontrer le substratum primaire. Le lac lui-même est peu étendu : 6 km2 environ, superficie variant selon les années en raison de l'hydraulicité. B est peu profond : a u plus 1,50 m. On a noté que la salure élevée des eaux (exploitation de salines) est acquise dans la région du Zima car les oueds qui y aboutissent sont peu salés, ainsi d 'ailleurs que la nappe phréatique. Il semble bien ressortir d'anciennes études que les eaux du lac dissolvent peut-être du chlorure de sodium dans le Trias sous-jacent, mais se concentrent surtout par évaporation. Des études hydrogéologiques ont été effectuées à partir des années 1960 afin d'alimenter en eau le centre phosphatier de Youssoufia. Les niveaux susceptibles d'être aquifères sont : – les séries phosphatées de l'Eocène, essentiellement marneuses donc peu productives et de toutes façons fournissant des eaux fortement fluorées (de nombreuses études hydrogéologiques ont été exécutées pour le dénoyage des gisements phosphatiers de Youssoufia), – les calcaires de l'Eocène, karstiques, affleurant largement au S du plateau de Youssoufia où les recherches sont très aléatoires, mais très certainement plus productifs sous la Bahira, lorsqu 'ils se situent au-dessous du niveau de la nappe phréatique dans des secteurs où le réservoir calcaire se biseaute sur les Jbilete au S,

374

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

— les formations néogènes ou quaternaires de la Bahira occidentale : calcaires marneux, marnes, conglomérats, sables, qui étaient exploitées par puits à I'E. Des travaux de reconnaissance par forages ont été exécutés en 1960-61. A Ras-el-Aïn, le forage 2 075/44 a traversé 11 m de Plio-Quaternaire, puis 6 m de calcaires gris et 21 m de conglomérats à éléments de Trias et de Crétacé avant de pénétrer dans les schistes primaires. L'eau se situait dans les conglomérats, ne fournissant qu'un faible débit (7 l/s pour un rabattement de 17 m) et Ras-el-Aïn apparaissait comme un seuil du Primaire dépourvu d'Éocène, seuil étendu vers l'W puisque le forage 1944/ 45 confirmait ultérieurement la coupe du 2075/44. Sept forages ont ensuite été exécutés sur un profil N-S implanté à 9 km à l'E de Ras-el-Aïn dans une zone de convergence des lignes de courant de la nappe phréatique. Quatre de ces forages ont atteint l'Eocène calcaire (2077, 2078, 2079, 2084/44) situé vers 40 m de profondeur ; ils montrèrent de bonnes qualités hydrauliques (transmissivité du calcaire de 5.10-1 à 7.10 m2/s, perméabilité de 2.10-2 à 2.10-3 m/s). Les autres forages ont exploré le recouvrement plio-quaternaire extrêmement hétérogène et nettement plus épais au S qu'au N ; les caractéristiques hydrauliques des meilleures formations (des conglomérats plus ou moins argileux) étaient médiocres : transmissivités de 5.10-3 à 7.10-4 m2/s, perméabilités de 4.10-4 à 7.10-5 m/s, ce qui conduisit à des débits spécifiques peu intéressants. Deux forages d'exploitation : 2 086 et 2 087/44 furent alors exécutés afin de capter le calcaire éocène ; les débits exploitables sur les deux ouvrages atteignent au total 150 l/s en pointe. Les niveaux d'eau dans les calcaires éocènes et dans la nappe phréatique sont identiques en ce secteur ; l'alimentation de la nappe, provenant essentiellement du plateau de Youssoufia étant inconnue, des réserves avaient été exprimées à l'époque quant au débit moyen exploitable. Un réseau de 14 puits-témoins répartis autour des ouvrages d'exploitation fut mis en place avant la mise en service des pompages et est surveillé régulièrement depuis. Les pompages ont débuté en décembre 1966 et atteignent en 1971 une moyenne de 23 l/s au total, très inférieure à la prévision initiale (50 l/s). De 1966 à 1971, les prélèvements n'ont pas modifié l'équilibre de la nappe et il a été décidé de réaliser les équipements pour une exhaure moyenne de 120 l/s atteinte par tranches successives de débit croissant, avec débit de pointe de 150 l/s, couvrant l'évolution des besoins des centres urbains de la région Youssoufia—

Chemaïa et les besoins industriels de l'Office Chérifien des Phosphates jusqu'en 1990 *. La qualité des eaux de cette nappe pose des problèmes en raison de son titre hydrotimétrique élevé (jamais inférieur à 30° français) et surtout des teneurs importantes en fluorures. La teneur maximale admise en fluor dans des eaux destinées à la consommation humaine était de 0,8 mg/l jusqu'en 1971, taux relevés ensuite à 1,4 mg/l par l'OMS. Les eaux des captages (forages récents et Ras-el-Aïn) ont des teneurs de l'ordre de 1,1 à 1,2 mg/l compatibles avec les normes actuellement admises et aucun accident sanitaire n'a jamais été signalé ; il ne semble pas que l'exploitation accrue depuis 5 à 6 ans ait amené une détérioration de la qualité initiale de l'eau des captages, mais cette question est régulièrement suivie à l'aide d'analyses chimiques. Il est à noter que des concentrations en fluor beaucoup plus élevées (jusqu'à 3,6 mg/l) avaient été rencontrées dans l'eau des terrains du recouvrement plio-quaternaire. Il est impossible, dans l'état actuel des connaissances, de chiffrer sérieusement les ressources souterraines exploitables. Les infiltrations sur les calcaires éocènes au N et dans la plaine (crues des petits oueds ayant leur bassin versant en bordure) sont totalement inconnues. Les décharges de la nappe, exceptée l'exhaure d'environ 40 l/s par pompage, s'effectuent par évaporation sur l'ensemble de sa superficie (profondeur de l'eau : 10 à 30 m à l'E et nulle au lac Zima à l'W) ; le lac Zima évaporerait à lui seul environ 100 l/s. L'extension des prélèvements d'eau potable et industrielle pour Chemaïa-Youssoufia jusqu'en 1990 correspond à une exhaure d'une centaine de litres par seconde que la nappe devrait pouvoir fournir ; mais il est indispensable de ne pas permettre d'autres prélèvements nouveaux en Bahira occidentale avant d'avoir observé les répercussions des pompages complémentaires de Youssoufia—Chemaïa. Au cas où ces exploitations s'avèreraient excédentaires, il serait nécessaire d'exécuter des ouvrages de réalimentation artificielle des calcaires éocènes à partir de barrages destinés à infiltrer les crues. LA BAHIRA CENTRALE Cette unité est limitée à l'W par la ligne de partage des eaux souterraines orientée N-S et située à quelque 10 km à l'W de la route RP 9 ; à l'E (*) Deux forages : 2886 et 2887/44 exécutés en 1974 sont exploitables au débit total de 210 l/s d'après les essais de pompage et la conduite d'amenée à Youssoufia a été calibrée à 200 l/s. -1Les transmissivités sont excellentes : respectivement 4.10 et 9.10-2 m2/s A noter qu'une acidification dans le forage 2887/44 a fourni d'excellents résultats (rapport G. Bernert, 1974, MTPC/DH/DRE).

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

la limite hydrogéologique est constituée par une ligne de partage des eaux entre la Bahira centrale et la Bahira orientale, ligne se situant à, l'E du méridien de ElKelaa. La superficie de la Bahira centrale est beaucoup plus grande que celle de la Bahira occidentale. GÉOLOGIE La couverture sédimentaire des Ganntour se présente ici de façon sensiblement différente par rapport à la zone occidentale ; bien que les terrains soient les mêmes, l'amincissement de la série et son plongement plus rapide vers le S, sous la Bahira, réduit les zones d'affleurement du Crétacé et de l'Eocène à une bande large de 7 à 10 km seulement (contre 20 km à l'W) ce qui diminue notablement leur rôle hydrogéologique. En outre, le calcaire lutétien qui constituait un réservoir intéressant sur le plateau de Youssoufia puis sous la Bahira occidentale, se trouve beaucoup plus érodé ici et semble totalement absent en profondeur sous la Bahira, (sauf dans l'extrémité NE) ; le Plio-quaternaire repose sur l'Eocène inférieur, le Crétacé ou même le Primaire. De ce fait, aucune nappe profonde susceptible de produire des débits importants n'existe sous la Bahira centrale, faute de disposer d'alimentations substantielles. Trois sondages ont prospecté le Turonien calcaire (391/36 et 1535/36 au NE et 759/45 au N d'El-Kelaa) à des profondeurs supérieures à 200 m ; l'eau est en charge, mais le niveau piézométrique est inférieur à celui de la nappe phréatique ; les débits obtenus étaient de l'ordre de 10 l/s, satisfaisants pour la création de points d'eau, mais le fait que l'eau du forage 759/45 soit très chargée et sulfatée semble montrer que cet aquifère est à considérer avec prudence en ce secteur. On dispose de peu de données pour comprendre la géologie profonde de la Bahira centrale, sous le recouvrement quaternaire ; une analyse sommaire montre pourtant que cette connaissance est essentielle pour l'étude hydrogéologique. Dans les Ganntour, la couverture sédimentaire n'est affectée que par des déformations de faible amplitude reflétant précisément les déformations du substratum paléozoïque ; ce substratum paléozoïque est connu dans ses grandes lignes sous la Bahira grâce à la géophysique (gravimétrie - magnétométrie - électrique) et à deux forages profonds situés le long de la route RP 2 : 2021/44 au N, 2004/44 au S. Le substratum paléozoïque des Rehamna plonge vers le S sous les Ganntour avec une pente régulière et faible : 2 à 3° ; à la limite Ganntour—Bahira, il est à environ 300 m de profondeur (forage 2021/11, extrapolation des forages 850/44, 298/35, 391/36, 1535/36). Entre Benguerir et Sidi-bou-Othmane, une faille E-W de 300 m de rejet, fait remonter en surface le socle paléozoïque qui se

375

trouve sub-affleurant sur une vaste zone longue de 30 km, orientée E-W, comme on a pu le constater en examinant les déblais de nombreux puits et les coupes de certains forages (profondeur des schistes : 39 m au forage 1336/44, 9 m au 1337/44, 52 m au 1641/44). Vers le S, le Paléozoïque s'ennoie rapidement sous un sillon bordant les Jbilete, puis remonte rapidement grâce à la flexure limitant le massif des Jbilete. Le sillon bordier des Jbilete est peu profond à l'W (200 à 300 m au maximum, forage 2004/44) mais très profond à l'E, jusqu'à 2 000 m d'après la géophysique au droit d'El-Kelaa ; il est rempli de sédiments détritiques fins : Permo-Trias argileux, Secondaire continental, mais certaines transgressions du Crétacé et de l'Eocène y ont pénétré en certaines zones. Au forage 2004/44, le Maestrichtien et la série phosphatée de l'Eocène inférieur et moyen sont représentés alors que le calcaire lutétien est absent ; par contre, sur le seuil primaire situé entre Benguerir et Sidi-bou-Othmane, le calcaire lutétien est transgressif directement sur le substratum (fig. 146). La structure générale du bassin de la Bahira a considérablement influencé le régime de la sédimentation continentale depuis la fin du Lutétien. Les dépôts récents se classent en deux groupes : -

au N, des calcaires lacustres à passées conglomératiques et niveaux terrigènes dominent, mais ont une extension discontinue. Leur épaisseur n'est pas supérieure à 50 m ;

-

au S se situe un complexe d'argiles très épais (240 m au 2004/44) avec des lits de graviers et cailloutis.

L A NAPPE PHRÉATIQUE L'hydrogéologie de la Bahira centrale est essentiellement liée aux recouvrements plio-quaternaires dans lesquels existe une nappe phréatique. Ce recouvrement est de nature variable, mais en sus les variations latérales de faciès sont rapides et fréquentes. Caractéristiques physiques de l'aquifère De façon assez sommaire, on peut dire que les calcaires lacustres plio-villafranchiens, crayeux et fissurés, se trouvent essentiellement à une quinzaine de kilomètres de part et d'autre de la route RP 7 de Benguerir, au Nord du parallèle Lambert 165 qui délimite grossièrement la partie septentrionale du horst primaire de Rhirat (forages 837 à 848/44, 1334/44, 1335/44 et 1636/44) ; ils existent parfois en d'autres zones d'étendue restreinte (forages 391 /36 au NE et 1336/44 au centre sud) ; les niveaux calcaires sont intercalés avec des passées argileuses ou graveleuses plus ou moins importantes.

376

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Les calcaires lacustres ont de bonnes caractéristiques hydrauliques (perméabilité 5.10-4 m/s, transmissivité 3.10 -2 m2 /s au forage 840/44) et des débits intéressants peuvent en être extraits : 10 à 30 l/s par ouvrage en moyenne. Au S de la plaine de la Bahira, le Plio-quaternaire souvent très épais dans le sillon bordant les Jbilete (240 m au forage 2004/44), est de nature essentiellement argileuse, avec quelques intercalations graveleuses ou sableuses. Les caractéristiques hydrauliques sont mauvaises (perméabilité k = 5.10 -7 m/s, transmissivité 1.10 -5 m2 /s au forage 1640/44) et les débits exploitables se situent autour de 1 l/s par ouvrage. Dans les zones centrales de la plaine, le remplissage plio-quaternaire est de qualité intermédiaire entre les calcaires lacustres et les argiles du sillon méridional ; il est constitué d'alternances graveleuses et argileuses en proportions variables. Les transmissivités sont comprises entre 1.10 -3 et 1.10 -5 m2 /s. Dans l'ensemble les qualités hydrauliques sont meilleures vers l'E (secteur d'El-Kelaa), car les éléments graveleux sont plus abondants. Piézométrie et alimentations de la nappe (fig. 148) En Bahira centrale, la nappe phréatique s'écoule depuis les bordures du bassin vers le centre constitué par le Sedd-el-Mejnoun (cote 404 m) qui n'est pas le point le plus bas de la nappe puisqu'une zone inférieure à la cote 400 m le prolonge vers le NE et qu 'une autre zone également inférieure à 400 m existe au N. Le tracé de la carte piézométrique repose sur un relevé de 700 puits effectués en 1963. Le Sedd-el-Mejnoun est topographiquement un point bas et constitue de ce fait un lieu de convergence des écoulements superficiels occasionnels. Les terrains du recouvrement quaternaire sur lesquels il repose sont très argileux (forages 1332, 1338 et 1339/44) et très épais (134 m au forage 1332/44). La nappe phréatique se situe très près du fond de la cuvette mais n'affleure pas ; les eaux de ruissellement remplissent la cuvette après les pluies et s'infiltrent partiellement dans la nappe dans les quelques semaines qui suivent. L'évaporation ponctionne une part des eaux ruisselées, puis par la suite agit sur les eaux emmagasinées dans la nappe peu profonde. L'examen de la carte piézométrique montre que les gradients d'écoulement sont en général très faibles, excepté en deux zones : au NW et à l'E. La faiblesse des gradients du N et du S vers le centre de la Bahira s'explique par l'absence d'alimentation importante à partir des Ganntour comme des Jbilete ; on peut noter que le gradient est fort en bordure des Jbilete, dans le sillon bordier, en raison des très mauvaises secteur.

Au NW de la Bahira centrale, une alimentation souterraine importante provient du plateau de Youssoufia ; elle est canalisée entre le seuil primaire de Rhirat au S et la retombée sud d'un petit bombement anticlinal des Ganntour entre les routes RP 7 et RP 9. Les eaux infiltrées dans les calcaires lutétiens du plateau de Youssoufia franchissent vers l'E, toujours dans les calcaires lutétiens, le goulet du Douar-Rhirat large de 3 à 4 km, ce qui se traduit par un fort accroissement du gradient de la nappe (6/1 000 entre les courbes 430 et 410 m), puis toujours canalisées au nord du seuil primaire passent dans les calcaires lacustres transmissifs situés au S de Benguerir où le gradient piézométrique s'abaisse considérablement. Ainsi s'explique l'abondance relative des eaux souterraines au S de Benguerir, dans le secteur de l'ancienne base américaine ou secteur du périmètre d'irrigation pilote des Ouled-Moussa (forages 839 et 840/44) qui, démontrant l'existence d'eau, est à l'origine d'une prolifération inquiétante de pompages privés. Il est malheureusement très difficile d'estimer les ressources de la nappe dans un tel aquifère karstique et plus ou moins continu ; au droit de la route RP 7, transiterait approximativement d'W en E un débit d 'une centaine de litres/sec (transmissivité = 3.10 -2 m2 /s, pente piézométrique 5.10 -4, largeur du front 6 000 m) correspondant en gros aux utilisations actuelles qui sont : ville de Benguerir et école hôtelière installée sur l'ancienne base américaine (30 l/s), périmètre irrigué des Ouled-Moussa (50 l/s), pompages privés (20 l/s). La nappe doit à l'avenir être régulièrement contrôlée en ce secteur. A l'Est de la Bahira centrale, dans le secteur d'ElKelaa, la nappe bénéficie des apports souterrains de l'oued Gaino qui, provenant du Haouz au S, traverse le Primaire des Jbilete par la trouée dite du Gaino. L'oued n'est pas pérenne, mais un sous-écoulement existe dans sa vallée alluviale ; le débit de ce sousécoulement à la sortie du Haouz est connu grâce à une série de 7 sondages réalisés en 1960. Ce débit est de 50 à 100 l/s, mais de nouveaux pompages implantés dans le Haouz (périmètre de Freita) le feront baisser à l'avenir. Ce sous-écoulement est partiellement capté à l'amont même d'El-Kelaa (résurgence, rhettaras et pompages) ; la salure de l'eau est de 3 à 5 g/l, ce qui implique qu'elle soit mélangée avec des eaux douces provenant de séguias, avant leur épandage dans le périmètre irrigué Un périmètre d'irrigation d'environ 20 000 hectares fonctionne au N d'El-Kelaa grâce à des apports d'eaux superficielles provenant de la Tessaoute et du Lakhdar, eaux véhiculées par des séguias qui empruntent la trouée du Gaino. Sur les 20 000 hectares, environ le tiers serait irrigué en année moyenne, la majeure partie pendant quelques mois grâce à des irrigations d'eaux de crues, et 2 000 ha environ grâce à des irrigations pérennes. Au total,

200

200

35 36

ci

cm

A

R

js

M

H

N

M

BEN GUERIR

50

10

ei csm

30

em

30

35 44

20

40

20

180

csm

csm

20

180

508

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em

R.

50

5

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10

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818

50

152

pvcl

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CHEMAIA

45

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10

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20

190

cs

R.S. 125

csm

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E

A

10

ci

YOUSSOUFIA

ct

853

30

20

P. R.

24

170

20

5

EL KELAA

10 20 30 40 50

Crétacé inférieur continental Jurassique supérieur 30

PROFONDEUR DE LA NAPPE PHREATIQUE

ct

Sous le sol en mètres Piézomètres et leurs n° IRE cités dans

4

6

8

10 km 240

2

230

0 220

200

210

Ligne de partage des eaux souterraines

Cénomanien 190

cm

J

le texte

Turonien

B

I

U ED

T

E

L

O

10 853

35 36 35 44 2004/44 44 45

FIG.149. Bahira occidentale et centrale – Profondeurs de la nappe phréatique

300

Paléozïque sub-affleurant (seuil de Rhirat)

280

Paléozoïque affleurant

Sénonien

E

SIDI BOU OTMANE

290

10

270

Maesstrichtien

150

20

Limites des indices IRE des pointd d'eau 36 45

ex: forage 2004/44

44 45 320

Roches cristallines hercyniennes

GA IN

Permo-Trias

Eocène (série phosphatée)

310

Lutétien (calcaires)

csm cs

160

O

js

260

ei

ci

Pliovillafranchien

250

em

Quaternaire ct

50 40 30

R.P. 7

pvcl

E TESSAOUT

20 10

50 160

OUE D

20

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300

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200

200

200

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190

cs

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ei csm em csm

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180

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em em pvcl

A

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P.

24

170

OUE D

R.P.9

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UN NO EJ L-M E D ED

EL KELAA

E TESSAOUT

12

160

SALINITE DES EAUX DE LA NAPPE

Maesstrichtien

Paléozoïque affleurant

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Sénonien

Paléozïque sub-affleurant (seuil de Rhirat)

Compris entre 2 et 5 g/l

4

6

8

10 km 240

2

B

I 260

J

Supérieur à 5 g/l 0 220

200

210

Ligne de partage des eaux souterraines

Cénomanien 190

cm

250

Turonien

T 230

ct

E

SIDI BOU OTMANE

35 36

E

L

150

2004/44 44 45

FIG.150. Bahira occidentale et centrale ––Salinité des eaux de la nappe phréatique

Limites des indices IRE des pointd d'eau 36 45

35 44

ex: forage 2004/44

44 45 320

PHREATIQUE :RESIDUS SECS A 180°C

csm cs

GA IN O

Roches cristallines hercyniennes

U ED

Eocène (série phosphatée)

O

Permo-Trias

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310

Lutétien (calcaires)

300

Jurassique supérieur

em

290

Crétacé inférieur continental

280

ci js

270

ct

Pliovillafranchien

R.P. 7

Quaternaire pvcl

160

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

les épandages d 'irrigation seraient de l'ordre de 50 millions de m3 /an dont 15 millions de m3 /an alimenteraient la nappe phréatique ; ces chiffres pourraient être précisés par le dépouillement de 30 ans de mesures des débits des séguias et par la comparaison de la carte phréatique actuelle avec une carte datant de 1948, antérieure à l'aménagement du périmètre. On constate en effet une nette monté des niveaux de la nappe entre 1948 et 1963 au droit du périmètre. Profondeurs de la nappe et fluctuations piézométriques (fig. 149) Les profondeurs de la nappe de la Bahira centrale vont régulièrement en diminuant depuis les bordures vers le centre où le Sedd-el-Mejnoun occupe le coeur d'une zone à profondeurs inférieures à 5 m s 'étendant sur quelque 200 km2 . Localement, dans quelques secteurs d'alimentation en bordure du bassin (El-Kelaa, Benguerir, Sidi-bou-Othmane), la nappe peut être peu profonde (5 à 10 m). Les plus grandes profondeurs se notent dans le sillon bordier des Jbilete (jusqu'à 50-60 m) et à la limite Ganntour-Bahira (30 à 50 m). La figure 149 montre schématiquement la distribution des profondeurs.

377

haute (novembre à avril selon les pluies) et la période basse (septembre-octobre). Il semblerait que depuis quelques années les apports provenant du périmètre d'El-Kelaa aient tendance à retarder le mouvement de baisse saisonnière jusqu'à l'été. Salure de l'eau La carte de la figure 150 montre la répartition des salures, exprimées en résidus sec à 180°C, des eaux de la nappe phréatique. Les salures ont un rapport évident avec la profondeur de la nappe, ce qui démontre l'importance de l'évaporation en tant qu'exutoire général. Les eaux provenant de l'infiltration sur le plateau de Youssoufia sont douces (moins de 1 g/l), ainsi que celles issues de l'infiltration des crues de petits oueds descendant des Jbilete (secteurs de Sidibou-Othmane et de la RP 9). Les excédents d'eaux d'irrigation infiltrés sur le périmètre d'El-Kelaa sont déjà plus chargés : 1 à 2 g/l à l'amont, 2 à 3 g/l à l'avalécoulement, alors que les eaux dérivées dans la Tessaoute et conduites sur le périmètre titrent moins de 1 g/l en toutes saisons. Enfin la zone basse de la nappe: Sedd-el-Mejnoun et son prolongement vers le NE, est marquée par une vaste tache de salure élevée, supérieure à 5 g/l.

Sept puits-témoins à relevés mensuels fonctionnent en Bahira, cinq depuis 1955-56 et deux depuis 1968. Dans le secteur au S de Benguerir (853/44) les fluctuations annuelles sont faibles, toujours inférieures à 1 m ; par contre on note une montée régulière du plan d'eau de 2 m au total entre 1956 et 1970, montée imputable à la réduction considérable des prélèvements dans le secteur à la suite de la désaffectation de la base américaine et avant la mise en service du périmètre irrigué des Ouled-Moussa.

Les eaux sont du type chloruré-sodique et l'on rencontre localement, dans le secteur du Sedd-elMejnoun, des eaux hyperchlorurées sodiques titrant de 10 à 90 g/1 de résidu sec.

Trois piézomètres contrôlent le périmètre d'irrigation d'El-Kelaa. Le 152/45, situé au centre du périmètre, enregistre des variations saisonnières inférieures à 1 m, avec hautes eaux au printemps, lors des épandages d'irrigation ; entre 1956 et 1965, le niveau moyen est remonté régulièrement de 5 mètres, consécutivement à l'équipement du périmètre et semble stabilisé actuellement vers 8 m de profondeur. A l'aval du périmètre, le niveau est remonté rapidement de 16 à 12 m (508/36) et de 6 à 2 m (350/36) entre 1955 et 1965 et semble à peu près stabilisé depuis à ces cotes hautes ; les fluctuations annuelles sont peu importantes, inférieures à 1 m, marquant nettement les apports d'irrigation du printemps.

Il est fort difficile d'approcher un bilan des eaux de la Bahira centrale car les entrées comme les sorties sont encore fort mal connues. On ne peut donc qu'aboutir à des ordres de grandeur qui permettent de fixer les idées.

Le piézomètre 818/44 situé immédiatement au N de Sedd-el-Mejnoun fluctue peu (amplitude maximale de 2,40 m de 1956 à 1971) ; les années sèches et humides se distinguent bien, alors que les fluctuations saisonnières peuvent atteindre 2 mètres entre la période

Dans les puits témoins, on remarque que la salure est assez peu variable au cours de la saison et que les salures observées en 1955 sont semblables à celles que l'on retrouve en 1971. Bilan et conclusion

Les sorties sont constituées par l'exploitation de la nappe et l'évaporation. L'exploitation de la nappe est d 'une centaine de l/s autour de Benguerir et peut-être de 200 1/s au maximum ailleurs (700 puits dont plusieurs équipés de moyens mécaniques d'exhaure pour irrigation ou alimentation de laveries de mines) ; au total on admettra 300 l/s, chiffre qui pourrait être précisé par des enquêtes. L'évaporation sur les 200 km2 de la zone centrale où la nappe est à une profondeur inférieure à 5 m est vraisemblablement de l'ordre de grandeur de 30 à 50 % de l'évapotranspiration potentielle moins la pluviométrie (soit 960-250 mm, arrondi à 700 m) et représenterait quelque 40 à 70 millions de m3 /an.

378

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Les ressources seraient donc de 50 à 80 Mm3 /an dont environ le quart proviendrait d'apports extérieurs au bassin (15 Mm3 /an infiltrés sur le périmètre d'ElKelaa, irrigué à partir d'eaux de la Tessaoute et du Lakhdar). Les infiltrations dans la nappe des pluies et des crues des oueds temporaires de ce bassin versant de 3 000 km2 environ ne représenteraient que 35 Mm3 /an soit 4 à 8% des pluies moyennes (800 Mm3 /an), chiffres à priori plausibles. Sur les ressources de 50 à 80 Mm3 /an, seuls 10 Mm3 seraient exploités actuellement. Il est envisagé d'étendre les prélèvements au N du Sedd-el-Mejnoun, à concurrence d'une cinquantaine de l/s, pour les besoins en eau potable et industrielle des nouvelles exploitations de phosphates situées à l'E de Benguerir. On a déjà souligné que le secteur sud de Benguerir où prolifèrent les pompages privés devra probablement être l'objet très bientôt de mesures conservatoires. Ailleurs, les qualités hydrauliques de l'aquifère sont médiocres ou mauvaises, ne permettant pas des exhaures ponctuelles économiquement intéressantes, ou bien la nappe est inutilisable en raison de sa forte salure (secteur NE en particulier). Seul reste à développer, à la rigueur, le secteur aval d'El-Kelaa où des pompages d'été de 5 à 10 l/s par ouvrage (forage 766/45) permettraient une recharge des séguias d'irrigation avec une eau il est vrai assez chargée (2 à 3 g/l de résidu sec). Un ancien projet des années 1950 semble avoir repris quelque vigueur vingt ans après. Il consistait à irriguer plus intensément qu'actuellement le périmètre d 'El-Kelaa grâce à un apport d'eau régularisée par le barrage de Bin-el-Ouidane (oued El-Abid) et transportée par le prolongement du canal G des BniMoussa. Lors de sa réalisation, ce canal a été calibré pour faire face à cette éventualité. A l'origine, c'étaient quelque 200 Mm3 /an, soit quatre fois plus que dans le périmètre traditionnel, qui étaient épandus sur le périmètre d'El-Kelaa, ce qui n'aurait pas manqué de provoquer de nouvelles re-montées de la nappe avec accroissements des salures de l'eau souterraine et aurait posé de façon certaine des problèmes difficiles de drainage étant donnée la morphologie du secteur. Actuellement, les nouvelles dispositions du projet consisteraient plutôt à distribuer les mêmes volumes qu'utilise le périmètre traditionnel en assurant une meilleure répartition annuelle et interannuelle. La prolongation du canal G desservirait alors à la fois les périmètres d'El-Kelaa et de la Bahira orientale en substituant l'eau de l'oued EI-Abid aux ressources antérieurement utilisées (oueds Tessaoute et Lakhdar) et que l'on transférerait en grande partie dans le Haouz de Marrakech. On reviendra sur ce point au terme du chapitre.

LA BAHIRA ORIENTALE (OU TESSAOUTE AVAL)

Aucune synthèse hydrogéologique n'avait encore été rédigée sur ce secteur limité à l'W par l'anticlinal crétacé de Mzizoua puis par une ligne de partage des eaux de la nappe phréatique séparant la Bahira centrale de la Bahira orientale, au S par les Jbilete, au SE par l'Atlas calcaire, à l'W par l'oued El-Abid encaissé à ce niveau, et enfin au N par l'Oum-er-Rbia également encaissé. De fait cette région s'apparente au Tadla tant aux points de vue géologiques qu'hydrogéologique plus qu'à la Bahira qui possède un caractère endoréique que l'on ne trouvera pas ici. GÉOLOGIE ET STRUCTURE PROFONDE (fig. 151) Sur les massifs primaires des Rehamna au NW et des Jbilete au S s'est déposée depuis le Secondaire une série sédimentaire qui comporte sans doute le PermoTrias à la base (argileux, basaltique et salifère) et peutêtre du Jurassique vers le SE (sondage TAN 101 du BRPM dans l'anticlinal de Bou-Ghazi) ; l'Atlas calcaire est charrié vers le N sur le synclinal du Tadla comme l'avaient montré les études géologiques que viennent de vérifier des forages profonds implantés à l'E de la Bahira (2269 et 3000/36). Permo-Trias et Jurassique n'ont été reconnus nulle part en bordure ou sous le bassin de la Bahira orientale. Viennent ensuite : le Crétacé inférieur continental finement détritique et argileux (anticlinal de Mzizoua, forages 827/45 et TAN 101 dans l'anticlinal de BouGhazi), le Cénomanien marneux et marno-calcaire (Mzizoua, Bou-Ghazi, forages 1533/36 et 1535/36), le Turonien calcaire (Mzizoua - forages 1533/36, I535/36 et 759/45 un peu à l'W), le Crétacé supérieur marneux puis marneux et phosphaté (Mzizoua - forages 828 et 1535/36, 1533/36), l'Eocène phosphaté puis les calcaires lutétiens (Mzizoua et forage 1535/36), le Plio-Villafranchien conglomératique et argilo-sableux rencontré dans tous les forages courts (509 et 510/36 765, 767 et 768/45 etc.) et enfin le Quaternaire limoneux et encroûté. La structure profonde de la Bahira orientale sous le recouvrement quaternaire est mal connue, faute d'un nombre suffisant de forages profonds (cinq au total : 827/45, 828/45, 1533/36, 1535/45 et 759/45, ces 2 derniers étant très excentrés). Deux campagnes géophysiques par la méthode électrique (CAG, 1964 et 1966) permettent d'effectuer des hypothèses, alors qu 'une sismique pétrolière est encore hors du domaine public. Le profond sillon dans le Primaire, comblé par une

379

140

25130 0

ANTICLINAL DE MZIZOUA

30 0

120

0 20

8/36 NP=312

cm

9/36 NP=316 378/36 NP=320

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10 0

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150

110

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

190

190

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100

369/36

150

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0 20

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15 0

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180

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NP=346 Z=208

200

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20 0

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ANTICLINAL DE BOU GHAZI 627/45

170

0 25

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300

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300

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200

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cm

ct

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I

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E

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Crétacé inférieur continental

Lutétien

Jurasique du domaine atlasique

Eocène phosphaté

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100

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Forage ayantdépassé le Plioquaternaire NP

Turonien 0

2

4

6

8

10 km

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Cote NGM du Niveau piézométrique dans le Turonien Cote NGM du toit du Turonien

120

Cénomanien 110

cm

Source rapportée au Turonien et NP (cote NGM de l'émergence) 18/36 140

ct

Axe synclinal au niveau du Turonien Xx

Créatcé supérieur et Mastrichtien

130

csm

FIG. 151 — Bahira orientale : carte géologique de surface et carte structurale profonde du toit des calcaires du Turonien. Réinterprétation de la géophysique électrique C.A.G. 1966 en fonction des forages récents, par M. Combe, 1972.

380

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

épaisse série sédimentaire ( Permo-Trias et Crétacé inférieur continental), bordant les Jbilete au N, sillon bien mis en évidence à l'W d'El-Kelaa, existe sans doute encore à l'E de la Tessaoute où on le verrait assez bien se prolonger vers le NE entre l'anticlinal de BouGhazi au S et l'anticlinal de Mzizoua au NW. Ce sillon SW-NE correspond à une forte anomalie gravimétrique négative qui avait déjà suggérée l'existence possible d'un Trias salifère en ce secteur (Benzaquen, Boujo & Medioni, 1963). En outre, le Crétacé continental a été partiellement traversé au SE par le forage 827/45 dans l'anticlinal de Bou-Ghazi, ainsi que par le forage TAN 101 qui y a rencontré une puissante assise basaltique. Au niveau de la couverture tertiaire, une carte structurale du Turonien calcaire (fig. 151) a pu être établie à l'aide de la géophysique et des forages profonds ; cette carte, probablement fiable au centre et au NE, l'est beaucoup moins dans le quart SE en raison de l'existence en ce secteur d'Eocène (calcaires lutétiens et marno-calcaires phosphatés) plus ou moins discontinu et introduisant ainsi de sérieuses perturbations dans l'interprétation des sondages électriques. La carte structurale montre, reposant sur le Primaire, un avant-pays crétacé constitué par les deux anticlinaux de Bou-Ghazi au S et de Mzizoua à l'W, anticlinaux séparés par un étroit sillon au niveau de la faille F 3, sillon probablement surimposé à une structure du même type mais plus importante existant au niveau du Primaire. A partir de cet avant-pays s'effectue un plongement général vers le NE, c'est-àdire vers le coeur du synclinal du Tadla, plongement parfois compliqué un peu avant l'Oum-er-Rbia, par des accidents d 'orientation NW-SE, différente de l'orientation W-E qui affectait la couverture sédimentaire de la Bahira. Une gouttière synclinale NW-SE également, semble bien marquée à l'aval, constituant la terminaison ouest du synclinal du Tadla. Une autre gouttière E-W borde au N l'anticlinal de Bou-Ghazi ; en son point le plus bas et contre la faille F 5 émerge l'Aïn Igli (18/36).

de Bou-Ghazi (forage 827/45). Son épaisseur est certainement variable, mais il comporte d'importantes passées détritiques toujours plus ou moins argileuses ; au forage 827/45, du gypse a été noté dans des niveaux argilo-sableux. Aucun forage n'a permis de tester le niveau piézométrique et la salure de l'eau dans cette formation en Bahira orientale. A l'E de l'oued El-Abid, les forages pétroliers de Dar-Ould-Zidouh y ont rencontré de l'eau salée (plus de 10 g/l) en quantité importante. Il semble que le Crétacé inférieur ne puisse pas constituer un objectif hydrogéologique, sauf information complémentaire, en raison de la salure de l'eau qu'il contient. Les calcaires du Turonien, épais de vingt à trente mètres, très perméables, constituent un objectif très intéressant dans l'ensemble du synclinal du Tadla. Des débits fort importants peuvent en être extraits par forages (plus de 100 l/s par ouvrage au NE du Tadla) moyennant des précautions dans la technologie du captage (cf. chapitre Plateau des Phosphates). L'étude structurale qui précède avait pour objet de définir le comportement de l'assise turonienne sous la Bahira orientale et également de conclure sur l'origine turonienne ou non de l'Aïn Igli, source importante (400 à 500 l/s) émergeant au centre de la plaine (IRE 18/36) et dont le débit soutenu ne s'expliquait pas en faisant appel au réservoir superficiel plio-quaternaire, même en imaginant l'existence d'un lit fossile très transmissif de la Tessaoute que la géophysique à très courte ligne infirmait (CAG, 1966).

Les niveaux susceptibles d'être de bons aquifères dans la série crétacée de la Bahira orientale sont le Crétacé inférieur continental et le Turonien calcaire. L'Eocène marno-calcaire et surtout le Lutétien calcaire qui était un bon aquifère en Bahira centrale et occidentale, semblent moins perméables à l'E de l'anticlinal du Mzizoua. Ni la géophysique, ni les forages 1533/36 et 828/45 n'ont mis en évidence ces niveaux qui semblent absents au centre de la Bahira orientale.

L'Aïn Igli est constituée par une suite de résurgences s'échelonnant du S au N au fond d'un thalweg, sur quelques centaines de mètres de longueur. Le plan d'eau se situe à la cote 352 m dans le thalweg dont les sommets dépassent la cote 354 m alors que le fond est à 351,5 m. La pente du plan d'eau dans la zone d'émergence est de 6/10 000 contre 30/10 000 pour la pente de la nappe phréatique dans ce secteur ; il semble bien que la source est en charge car des bouillonnements s'observent par endroits. Du point de vue composition chimique, l'eau de l'Aïn Igli est bicarbonatée calcique et magnésienne, de type voisin de celui des sources 8 et 9/36 dont l'eau provient manifestement du Turonien, mais également très voisin du type des eaux de la Tessaoute (fig. 153) largement épandues sur le périmètre d'irrigation et constituant l'alimentation principale de la nappe phréatique ; pour cette raison les différences de composition sont peu significatives de l'origine des eaux de l'Aïn Igli. Les températures de l'eau aux émergences de l'Aïn Igli et dans la nappe phréatique sont toujours voisines de 22°C.

Le Crétacé inférieur continental est connu aux coeurs des anticlinaux du Mzizoua (affleurements) et

On dispose de jaugeages au moins mensuels de l'Aïn Igli depuis 1962 ; ces mesures effectuées au

NAPPES PROFONDES

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

flotteur sont peu précises. En examinant la série disponible, on peut se rendre compte qu'un écart supérieur au tiers du débit existe parfois entre 3 mesures effectuées le même mois (avril et mai 1968 par exemple) et que de tels écarts se retrouvent entre 2 mesures effectuées toujours le même mois. Entre 2 mois consécutifs des écarts du même ordre de grandeur sont très fréquents de 1962 à 1965 puis beaucoup moins marqués ensuite. Tout ceci conduit à n'accorder que peu de poids à la valeur absolue du débit et à prendre plutôt en considération une moyenne globale écartant tous les pics positifs ou négatifs qui ne peuvent d 'ailleurs s'expliquer puisque aucun cycle annuel n'apparaît. Il faudra vérifier par des jaugeages précis et systématiques que la conclusion à laquelle on aboutit ici : débit assez constant entre 440 et 540 l/s avec variations lentes interannuelles, est bien valable ; en effet, s'il en est ainsi, l'Aïn-Igli constitue l'exutoire d'un important réservoir à régularisation interannuelle, réservoir dont l'alimentation serait lointaine et qui correspondrait alors au synclinal turonien du Tadla. En effet on ne peut expliquer le débit élevé et sans variation annuelle nette de l'Aïn-Igli par une alimentation proche ; le Turonien calcaire n'affleure à proximité (Ganntour, Mzizoua, Bou-Ghazi) que sur 30 km2 environ, dans un secteur à pluviométrie moyenne annuelle de l'ordre de 300 mm apportant, avec une infiltration maximale de 30 % un débit de 100 l/s tout au plus. S'il existait des infiltrations de la Tessaoute dans le Turonien, les alimentations donneraient lieu à des fluctuations saisonnières du débit de la source, tout comme les alimentations à partir de la pluie ; or on n'observe pas de telles fluctuations. Dans ces conditions, on doit admettre que l'Aïn Igli, ainsi que les sources 8-9 et 378/36 situées près de la confluence Tessaoute—Oum-er-Rbia et dont les débits élevés (120 à 150 l/s pour les 3 sources) sont incompatibles avec la superficie des affleurements turoniens susceptibles de les alimenter directement, sont des exutoires de la nappe profonde des calcaires turoniens du bassin du Tadla. Les conditions structurales et piézométriques connues jusqu 'à présent à propos de ce réservoir sont compatibles avec cette hypothèse (cf. Synthèse du réservoir des calcaires turoniens du bassin du Tadla, chapitre n° 13 : Plateau des Phosphates). Dans ces conditions, il serait également possible qu'une partie au moins du débit de drainage de la Tessaoute entre le pont de la route RP 24 et la confluence Tessaoute— Oum-er-Rbia, provienne également du Turonien, situé à faible profondeur en ce secteur ; ceci est difficile à prouver par étude chimique, les eaux du Turonien et de la Tessaoute étant de composition voisine, mais pourrait expliquer la présence de zones marécageuses dans le lit de la Tessaoute vers x = 324, y = 184, z = 355 m compatible avec ce que l'on sait de la piézométrie

381

de la nappe profonde du Turonien. En outre, ces zones marécageuses sont dans le prolongement vers l'W de la faille F 5. Il est désormais important de vérifier ces hypothèses grâce à des jaugeages périodiques précis de l'Aïn Igli et des sources 8-9 et 378/36, puis par une campagne de forages permettant de réaliser une piézométrie du réservoir turonien dans la moitié N et NE de la Bahira orientale. Il n 'est en effet pas exclu que l'on puisse disposer dans ce réservoir turonien, d'une ressource en eau très bien régularisée et pouvant atteindre au moins 1 à 2 m3 /s grâce à des pompages ou peut-être davantage en pointe si l'on veut utiliser le réservoir comme complément saisonnier à d'autres ressources (dérivations par séguias). Le coût du plan directeur d 'aménagement du périmètre irrigué de la Tessaoute aval pourrait en être considérablement diminué (*) LA NAPPE PHRÉATIQUE Terrain aquifère La nappe phréatique, d'extension continue en Bahira orientale, se tient dans les formations détritiques et graveleuses du Plio-Quaternaire. En bordures de la plaine, on note un niveau phréatique dans les formations du Crétacé : niveau marno-calcaire du Sénonien du N de l'anticlinal de Bou-Ghazi (forage 767/45), calcaires du Turonien de l'anticlinal de Mzizoua (sources 8 et 378/36). Les épaisseurs du recouvrement plio-quaternaire sont mal connues car peu de forages ont été exécutés dans cette région. A l'W, le long de la ligne de partage des eaux entre l'anticlinal de Mzizoua et El-Kelaa, le Plio-Quaternaire est épais (120 m au forage 759/45) mais essentiellement limoneux et de mauvaise perméabilité (K = 5.10 -5 m/s au forage 766/45). A l'E du seuil entre les anticlinaux de Mzizoua et de BouGhazi, soit un peu à l'W de la Tessaoute, l'épaisseur du Plio-Quaternaire semble diminuer rapidement, mais ni la géophysique, ni les forages 765 et 768/45 qui n'ont pas atteint la base du Plio-Quaternaire ne permettent de préciser ce point. Toujours est-il qu'à l'E de la Tessaoute, on ne rencontre plus que 26 m de recouvrement Post-crétacé au forage 828/45, et 22 m (*) Des travaux effectués en 1973-74 infirment beaucoup de ces hypothèses. Les eaux des sources 18/36 - 8 et 9/36 - 378/36 contiennent du tritium et sont donc en partie récentes (infiltrations des irrigations à partir des séguias). En outre, 4 forages profonds ayant le Turonien comme objectif (dont un près de l'Aïn Igli) ont donné de très médiocres résultats dans ce secteur; le Turonien est plus profond que prévu et moins nettement calcaire qu'ailleurs, si bien qu'il se distingue mal. Des études micropaléontologiques sont en cours et la campagne de sondages doit se poursuivre en 1975.

382

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

au forage 767/45. Dans la partie NE de la plaine, les épaisseurs du Plio-Quaternaire sont de l'ordre d 'une vingtaine de mètres (16 m au 510/36, 23 m au 369/36, 11 m au 1533/36) mais les perméabilités sont bonnes : 1,1.10 -3 m/s au 369/36. Dans la vallée de la Tessaoute les alluvions sont épaisses : plus de 40 m au 509/36 et très perméables (1,7.10-3 m/s au 509/36). Piézométrie, alimentations de la nappe La carte piézométrique de la figure 152 a été établie d'après un relevé d'une centaine de points d'eau effectué en 1963. L'oued Tessaoute semble alimenter la nappe depuis sa sortie des Jbilete jusqu 'à 3 km à l'aval du pont de la route RP 24. A l'aval du pont, la rivière est fréquemment asséchée à l'étiage par les prises de nombreuses séguias qui dérivent ses eaux vers les périmètres traditionnels d'irrigation situés sur les deux rives. Entre 4 à 5 km à l'aval du pont de la route 24 et la confluence avec l'Oum-er-Rbia, la Tessaoute draine la nappe phréatique (mais peut-être également la nappe profonde des calcaires turoniens) car il existe toujours un écoulement au niveau de la confluence, même lorsque la Tessaoute est sèche au pont de la RP 24. Ce drainage n 'apparaît pas nettement dans la piézométrie de la nappe phréatique, sans doute à cause de la densité insuffisante du relevé. En amont, à la traversée des Jbilete, la Tessaoute coule sur un lit alluvial épais d'une dizaine de mètres ; le débit du sous-écoulement a été évalué à 150 l/s grâce à 3 forages d 'essais en 1962. Dans la zone centrale de la plaine, l'alimentation de la nappe phréatique provient essentiellement de la réinfiltration partielle des épandages d'irrigation effectués à partir des séguias traditionnelles, lesquelles séguias, toujours non revêtues, perdent également par infiltration tout au long de leur parcours une part appréciable des eaux dérivées. L'écoulement en ce secteur s'effectue du SW vers le NE si bien que le secteur NE où il n'existe pas d'épandage d 'irrigation (région du forage 369/36) est alimenté souterrainement depuis les zones d'épandage situées au centre de la plaine. Néanmoins, des apports par infiltration des eaux des crues des petits oueds descendant de la montagne au S doivent exister, car on ne pourrait sans cela expliquer que la nappe phréatique soit présente au SE, nappe pauvre et profonde il est vrai. Profondeurs de la nappe, fluctuations piézométriques La nappe phréatique de la Bahira orientale est peu profonde en général. Les profondeurs moyennes (fig. 155) vont en croissant depuis moins de 1 m à l'aval au N jusqu 'à un peu plus de 40 m au SE. Dans les zones

irriguées, les profondeurs sont toujours inférieures à 20 m. Les remontées de nappe à l'aval, le long de l'Oum-er-Rbia, semblent s'expliquer par l'existence d 'un cordon E-W de terrains moins perméables ; c'est du moins ce que démontrerait la campagne géophysique en courtes lignes (AB= 20 m et AB = 40 m) de 1966 si l'on acceptait les résultats obtenus, résultats criticables à notre avis car on n'a pas assez tenu compte des salures et profondeurs de la nappe phréatique dans l'interprétation des mesures. Trois piézomètres seulement, implantés en 1964 (369 et 510/36) ou 1966 (1533/36) permettent de suivre avec une fréquence mensuelle les évolutions de niveaux piézométriques. Ceci est très insuffisant, d 'autant que les forages 510 et 1533/36 sont tous deux situés dans le secteur d'irrigation très particulier de l'Aïn Igli et que le 369/36 est hors des zones irriguées. Aucun piézomètre n 'existe donc dans les zones d 'épandage des séguias de la Tessaoute. Au NE (369/36) en zone non irriguée, la nappe est à une vingtaine de mètres de profondeur et les fluctuations sont faibles (de l'ordre du mètre en une année) ; les hautes eaux sont en hiver et au printemps, puis les niveaux décroissent régulièrement par la suite. A l'aval de l'Aïn Igli, la nappe est peu profonde mais ses battements saisonniers sont relativement plus importants ; les hautes eaux vont depuis la fin de l'automne jusqu 'au printemps à partir duquel débute une décroissance régulière. Salure des eaux de la nappe Les salures des eaux de la nappe phréatique (fig. 155) sont en général inférieures à 2 g/l de résidu sec à 180°C, sauf dans une petite zone située à l'aval de l'Aïn Igli où les eaux titrent entre 2 et 3 g/l. Les eaux de la Tessaoute épandues sur le périmètre d'irrigation sont du type bicarbonaté-calcique et magnésien et titrent toujours moins de 1 g/l de résidu sec, ainsi d 'ailleurs que les eaux de la source Aïn Igli (fig. 153) largement épandues à l'aval. Bilan de la nappe phréatique Les superficies irriguées en Bahira orientale telle que définie ici, sont de l'ordre de 50 000 ha. Les épandages correspondants seraient de l'ordre de 175 millions de m3 /an sur lesquels 30 à 50 millions de m3 devraient gagner la nappe (surplus d 'irrigation et pertes dans les réseaux de séguias), quelques infiltrations de fortes pluies et de crues de petits oueds compléteraient l'alimentation, ainsi que des apports souterrains latéraux probablement faibles, le plus important étant celui de l'underflow de la Tessaoute (5 millions de m3 /an).

383

cm

140

ANTICLINAL DE MZIZOUA

130

120

110

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

cm OUED

320 O UM

cm

N'JABELIA

510/36

JABRIA

T

ER

TE SS AO U

cm

330

cm 190

190

RBI

340

1533/36

em? 369/36

MO

330

UA

340 FAK ROU NIA

OUE D

NI A

AO UD IA

ME SS

IA

MA RH

ME

IA AIN SM

AL G CAN

NI ZE

ANTICLINAL DE BOU GHAZI

R ZE cm

IRZATEN

BEN

765/45

I MO

410 AS D IA

170 F3

170

627/45

0 42

GRINIA

R.P. 24

IA

CHERKAOUIA

767/45

U AO

U N

TA Y

0 40

39 0

D AM H

172/45 O

38 0

766/45

180

350

MO USS 828/45

370

0 40 1535/36

759/45

360

391/36

ID AB

UIA

AO UIA - RE

CH ER KAO

GR AG

EL

UIA

18/36 Ain Igli

USS A

EL KOUANN A

ABIA

400

180

A IA NI NE

350

T HAT

0 41

cm

ct

IA HAK

430

TA BO UH AS SI T

ZINT TAOU

460

450

470

CA IH O

450

768/45

OUED

440

EL KELAA DES SRARHNA

YAGOUBIA 46 160

0 cic

160

Plioquaternaire Lutétien Eocène phosphaté

ct

E

Saguia traditionnelle d'irrigation

F3 Crétacé inférieur continental

Station de jaugeage Jurasique du domaine atlasique

Projet de canal (tracé 1952) Primaire des Jbilete

Forage Créatcé supérieur et Mastrichtien Turonien

400 0

2

4

6

8

Courbe izopièze de la nappe phréatique

10 km

Ligne de partage des eaux de la nappe phréatique 120

Cénomanien 110

cm

T

E

L

140

csm

cic

130

em?

I

B CAIDIA IA B RHA

YACOUBIA

J

FIG. 152 — Bahira orientale : piézométrie de la nappe phréatique (d'après A. Cochet, 1963) et ' carte du réseau des principales séguias traditionnelles d irrigation.

BAHIRA ORIENTALE - FORAGES D 'ESSAI

IRE

X (Lambert)

Y (Lambert)

Z m

Prof. m

G E O L O G I E

ZNP

Q l/s

R m

T m2/s

K m/s

S

Q

RS mg/l

Exploit 369/36

341,4

186,4

357

51,0

PQ - Limons Galets, graviers

0-8 m

336,5

40,2

14,4

3,5.10-2

3,9.10-1

1 100

Q = 30 l/s

377,2

30,5

2,2

4,5.10-2

1,7.10-3

2,5.10-1

700

Q = 30 l/s

336,8

29,0

11,5

1,0.10-2

2,5.10-4

2,5.10-2

2050

Q = 20 l/s

412,0

27,0

2,4

2,0.10,

8,2.10-4

5,6.10-2

782

Q = 30 45

410,0

9,5

14,7

1,5.10-3

5,0.10-5

8,2.10-3

4 635

Q=

8 l/s

5,2

11,0

1,3.10-4

3,0.10-1

1 350

Q=

3 l/s

1,1.10-3

8-23 m

Crétacé marnes et marnocal. 23-51 m 509/36 510/36

329,9 330,0

179,1 191,0

388 342

41,0 35,0

PQ Galets, graviers, sables 0-41 m PQ - Sables à graviers 0-16 m crétacé ? marno-cal. 16-23 m

(Capté 16 à 35)

Crétacé ? limons-graviers 23-35 m 765/45

320,1

170,8

424

42,0

PQ - Galets, &av. sam. 0-34 m ?

766/45

308,1

174,4

420

40,0

argile rouge

34-42 m

PQ - argile, limon à grav. 0-40 m

767/45

329,3

174,6

408

55,0

PQ - galets. graviers 0-22 m Crétacé marno-calc. 22-49 m

381,0 (Capté

5,0.10-3

22 à 25) ( ?)

( ?)

Crétacé argiles à galets 49-55 m 768/45

321,1

164,9

454

45,0

PQ - galets, graviers, limons PQ - limons à graviers

0-27 m

440,7

25,0

10,0

1,1.10-2

2,5.10-4

1,0.10-1

1 000

Q = 20 l/s

27-45 m ZNP = Cote NGM du niveau piézométrique; Q = Débit maximum d'essai; R = Rabattement correspondant à Q; T = Transmissivité; K = Perméabilité; S = Coefficient d'emmagasinement; RS = Résidu sec de l'eau; Q exploit= Débit fixé pour exploitation.

385

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU D'après

H. SCHOELLER

Rés. sec

et E. BERKALOFF Figuré

Ca + +

Mg + +

+ Na + K +

1/? à 25°C

Teneurs en mg/l

à 180° C

n° IRE

SO --

Cl -

mg/l

4

10 000

dh mmhos ° fr /cm

pH

10 000 Puits 323/36

1200

64

Source 8/36

1000

46

7,37

Aïn Igli

1000

58

7,43

Source 9/36

800

46

7,65

Tessaout

540

25

8,60

5,95

10 000

milliéquivalents

10 000

100 1 000

-CO 3 combiné -( CO 3 + HCO 3 - ) 1 000

milliéquivalents

1 000 NO 3 1 000 1 000 1 000 1 000

10

10 100

100 100 100 100 100 100

1

1 10

10 10 10 10 10 10

0.1

10

0.1

FIG. 153 — Bahira orientale : diagramme logarithmique de la composition des eaux de l'oued Tessaoute et de la nappe profonde du calcaire turonien.

Les sorties de la nappe sont constituées surtout par le drainage de la Tessaoute et peut-être par les drainages des oueds Oum-er-Rbia et El-Abid probablement négligeables, car ces deux dernières rivières sont encaissées et aucune source n'est connue dans les berges; l'évaporation en zone aval du périmètre (nappe à moins de 5 m de profondeur) n'est que d'importance secondaire

par rapport à la sortie par la Tessaoute. Le drainage global de la Tessaoute (drainage de la nappe phréatique et peut-être de la nappe profonde du Turonien) peut être estimé par différence entre les débits moyens mensuels à Bissi-Bissa et au pont de la route

386

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

RP 24. Le tableau suivant récapitule ces différences pour les mois d'étiage des 8 dernières années pour lesquelles on possède des mesures à Bissi-Bissa; le débit de drainage est obtenu en diminuant la somme des débits moyens mensuels d'étiage de la Tessaoute à Bissi-Bissa et des prélèvements des séguias entre le pont de la RP 24 et Bissi-Bissa, du débit de la Tessaoute au pont de la RP 24. Les prélèvements des séguias sont mesurés pour les séguias Mouaayanine et Hattabia, et estimés à 10 % du débit de la séguia Hattabia pour la séguia El-Kouanna qui n'est pas observée mais n'irrigue qu'un tout petit périmètre.

Excepté quelques différences aberrantes et que la non-homogénéité des mesures au pont de la RP 24 peuvent expliquer, on constate que le débit à BissiBissa est toujours supérieur à celui du pont de la route 24. Les différences de débit sont positives et de l'ordre de 1,5 à 2,5 m3/s; on peut adopter 2,0 m3/s comme chiffre moyen du drainage entre les deux stations. Avec ce drainage de 60 millions de m3/an, on retrouve un peu plus que les chiffres avancés antérieurement pour l'alimentation de la nappe à partir des pertes d'irrigation (30 à 50 millions de m3/an) et il serait possible qu'une part du drainage provienne de la nappe profonde des calcaires du Turonien.

Drainage de l'oued Tessaoute entre la R P 24 et Bissi-Bissa en m 3/s DATE

Tessaoute à Bissi-Bissa m3/s (1)

Août 1970 Juillet Septembre 1969 Août Juillet Septembre 1968 Août Juillet Septembre 1967 Août Juillet Septembre 1966 Août Juillet Septembre 1965 Août Juillet Septembre 1964 Août Juillet

2,70 3,93 1,95 1,96 3,32 1,83 2,72 8,13 4,83 1,97 1,97 4,38 2,15 2,04 10,70 5,20 3,93 9,92 4,21 7,47

Septembre 1963 Août Juillet

8,00 9,57 15,40

Tessaoute à RP 24 m3/s (2) 0,17 1,44 1,32 1,99* 3,67* 0,51 1,15 5,71 3,79 0,22 0,09 3,27 0,11 0,00 5,93* 5,45* 2,47 7,27 1,74 4,54 5,63 8,10 13,60

Séguias RP 24 à Bissi-Bissa m3/s (3)

Drainage par Tessaoute m3/s (1) + (3) - (2)

0,13 0,43 0,37 0,49 0,45 0,34 0,29 0,49 0,31 0,00 0,04 0,62 0,00 0,00 0,35 0,38 0,41 0,24 0,23 0,30

+ 2,66 + 2,92 + 1,00 + 0,46* + 0,10* + 1,66 + 1,86 + 2,91 + 1,35 + 1,75 + 1,92 + 1,73 + 2,05 + 2,04 + 5,12* + 0,13* + 1,87 + 2,89 + 2,70 + 3,23*

0,19 0,32 0,39

+ 2,56 + 1,79 + 2,19

(* : Valeurs jugées aberrantes). Le débit de drainage souterrain pourrait être récupéré partiellement par pompages dans la nappe phréatique afin d'alimenter les séguias d'irrigation lors de l'étiage de la Tessaoute, étiage qui sera de plus en plus sévère à l'avenir en raison des aménagements (barrages de retenue) de l'amont: barrage Moulay-Yous-

sef aux Aït-Aadel sur la Tessaoute en service depuis 1971 et barrages projetés sur le Lakhdar. On peut raisonnablement escompter capter 1 000 l/s sur un front de 15 km de longueur entre le pont de la route 24 et Bissi-Bissa mais il reste à montrer que ce débit est utilisable en ce secteur très aval. En se basant sur des

Q en l/s

Aïn Igli

700

600

500

400

Résultat brut de mesure mensuelle ou moyenne de plusieurs mesures mensuelles valeur probable du débit réel

300

1962

1963

1964

1965

1966

1967

1968

1969

1970

J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS ON D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS O N D J F MA MJ J AS ON D J F MA MJ J AS O N D

FIG. 154 — Bahira orientale évolution dans le temps du débit de la source Aïn Igli (18/36) d'après les jaugeages effectués par l'ORMVAH.

388

RESSOURCES EN EAU D U M A R O C

ouvrages du type du forage 509/36 au débit d'exploitation de 30 l/s, il faudrait réaliser une quarantaine de sondages profonds d'une quarantaine de mètres, soit 1 600 mètres forés et équipés représentant un investissement de l'ordre de 1 300000 Dh. La zone de captage serait parallèle à la Tessaoute et située au plus près de la rivière afin de bénéficier de zones aquifères épaisses et très transmissives; l'espacement des forages sur une ligne N-S serait de l'ordre de 400 mètres. Avant d'exécuter le programme d'équipement complet, il est indispensable de vérifier par une dizaine de sondages s'intégrant ultérieurement au dispositif d'exploitation, que les conditions favorables du captage 509/36 se retrouvent bien de part et d'autre de cet ouvrage. Par ailleurs, on peut émettre l'hypothèse que la Tessaoute, point bas topographique, draine quelque 0,5 m3 /s d'eau provenant de la nappe profonde du Turonien du Tadla entre les stations de la RP 24 et de Bissi-Bissa. Obtenir un chiffre plus exact n'a pas une grande importance si l'on envisage l'exploitation progressive des réserves de la nappe profonde captive du Turonien du Tadla dans le secteur de la Tessaoute aval ; il est donc inutile de vouloir chercher à le préciser. Des pompages d'eau souterraine viendraient en déduction du débit à apporter au périmètre de la Tessaoute aval par le canal devant prolonger le canal G du Tadla en apportant des eaux du barrage de Binel-Ouidane (Oued El-Abid) en remplacement des eaux de la Tessaoute qui seront à l'avenir partiellement ou totalement barrées en amont. Un ancien projet de la Direction des Travaux Publics (1952) prévoyait l'irrigation moderne d'un secteur de 6 600 ha dit périmètre de la Foukrounia, implanté dans le secteur aval des séguias traditionnelles Foukrounia, Messaoudia, Ben-Yaya, Regraga où l'eau n'arrive pas en quantité suffisante ; l'eau était fournie par une prise sur la prolongation du canal G du Tadla allant de l'oued El-Abid à El-Kelaa. RESSOURCES EN EAU POUR L'AMENAGEMENT DE LA BAHIRA ORIENTALE ET CENTRALE Les deux régions de la Bahira orientale (ou Tessaoute aval) et de la Bahira centrale (périmètre irrigué d'El-Kelaa) sont actuellement indissociables car les eaux d'irrigation proviennent dans les deux cas de la Tessaoute. Les débits prélevés dans la Tessaoute et dérivés dans les séguias traditionnelles atteignent au total 200 Mm3 /an en moyenne pour les périmètres de la Tessaoute et d'El-Kelaa; il s'y ajoute les ressources locales représentant 25 Mm3 /an: Aïn Igli (0,5 m3 /s),

sources et rhettaras du Gaino (0,1 m3 /s), Aïn BissiBissa et pompages (0,15 m3 /s) Avec ces 225 Mm3/an bruts, quelque 60 000 ha seraient irrigués; dont 15 000 ha d'arbres (oliviers surtout). Comme on le voit, les modules d'irrigation sont extrêmement faibles et il s'agit essentiellement d'épandages d'eaux de crues permettant des cultures céréalières, les débits pérennes étant réservés à l'irrigation des arbres et de quelques cultures fourragères. Le plan directeur d'aménagement de cette région n'est pas encore précisément défini car il est conditionné par les choix qui seront faits de l'utilisation des eaux de l'oued Lakhdar et en particulier des volumes à dériver vers le Haouz de Marrakech. Les limites extrêmes entre lesquelles se situera ce plan d'aménagement peuvent être ainsi définies, en termes de besoins en eau : -

limite inférieure : elle correspond à la garantie de fourniture des volumes d'eau équivalents aux droits traditionnels, soit 200 millions de m3 /an prélevés actuellement dans la Tessaoute par les séguias,

-

limite supérieure : elle, est constituée par l'irrigation des bonnes terres à raison de 5 000 ha intensifs et 35 000 ha semi-intensifs, représentant un besoin en eau de 210 millions de m3 nets à la parcelle ou 250 millions de m3 bruts fournis aux pieds des ouvrages de régularisation; 20 000 ha demeureraient irrigués par des eaux de crue, ou des eaux sauvages provenant des Jbilete.

Les ressources en eau disponibles sont les suivantes : 1.

Prolongement du canal G des Bni-Moussa à l'W de l'oued El-Abid (90 Mm3 /an régularisés garantis).

2.

Pompage au fil de l'eau des débits disponibles dans l'oued El-Abid et correspondant aux apports du bassin versant intermédiaire entre. le barrage d'accumulation de Bin-el-Ouidane et la confluence oued El-Abid—Oum-er-Rbia. Ce débit peut varier entre 2.0 m3 /s (étiage d 'année sèche) et 3,8 m3 /s (étiage d 'année moyenne), représentant une ressource moyenne de 60 à 110 Mm3 /an.

3.

Dérivation dans les séguias du débit pérenne de la Tessaoute aval. Un certain débit demeurera toujours à l'entrée dans la Bahira orientale, provenant du drainage des périmètres du Lakhdar et de la Tessaoute amont. La valeur de ce débit est actuellement difficile à prévoir faute de connaître les aménagements qui seront exécutés sur le Lakhdar et les résultats de la gestion du système constitué par les épandages de 220 Mm3 régularisés en Tessaoute amont et la reprise des infiltrations par

389

140

ANTICLINAL DE MZIZOUA

130

120

110

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

cm

cm OUE D O

cm

ER

TE SS AO UT

cm cm

UM

510/36

190

RBI

190 1533/36

em?

5 369/36 F5

18/36 Ain Igli

10

20

AB

ID

F5

20 10 5

508/38

180

30

180

350/36

5

40

10

OU ED

R.P. 24

10 765/45

170

cm

170

cm

ct

20

20

EL KELAA DES SRARHNA

ANTICLINAL DE BOU GHAZI

OUED CA IH O

160

cic

160

J

I

B cic

Plioquaternaire

Eocène phosphaté

Primaire des Jbilete

E

Profondeur de la nappe phréatique en mètres

510/36 Piézomètre et son n° IRE (relvés mensuels) Salures de la nappe phréatique Résidu sec à 180° C < 1g/l

Créatcé supérieur et Mastrichtien

entre 1 et 2 g/l

Turonien 0

2

4

6

8

entre 2 et 3 g/l

10 km

Cénomanien

> 3 g/l 140

cm

10

130

ct

Jurasique du domaine atlasique

120

csm

Lutétien

110

em?

T

E

L

Crétacé inférieur continental

F I G 155 — Bahira orientale: carte des profondeurs de la nappe phréatique et des salures (résidus secs à 180°C). d'après A. Cochet, 1963.

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

cm

140

ANTICLINAL DE MZIZOUA

130

120

110

390

cm OUED O

JABRIA

cm 190

UM

ER

510/36

N'JABELIA

cm

phréatique

TE SS AO UT

cm

190

RBI

1533/36

INE

369/36

EL MO UA AIA N

Champ captant nappe profonde

Ain Igli

ID AB

cm

El

170

627/45

GRINIA

A

OUE D

ANTICLINAL DE BOU GHAZI

AL G

E AG PT bid CA el A 3/s ed ou 3,8 m à 0 , 2

USS

IA AIN SM

R ZE NI ZE IRZATEN

765/45

R.P. 24

CAN

NA SD IA

767/45

I MO

CHERKAOUIA

O U

170

A UI AO D AM H

759/45

ME TA YIA MA RH NIA ME SS AO UD IA

828/45

766/45 172/45

FAK ROU NIA

1535/36

180

BEN

IA-R SSA OU Champ

MO U

391/36

180

1 à 2 (?) m3/s { àétudier }

CH ER KA OU IA

EG RAG UIA

EL KOUANN A

IA

captant

T AB H AT

nappe

em?

3 m3/s

L NA CA

cm

ct

IA HAK

Plioquaternaire Lutétien Eocène phosphaté csm

Créatcé supérieur et Mastrichtien

ct

Turonien

160

I

B cic

0

T

E

L

E

Saguia traditionnelle d'irrigation Crétacé inférieur continental

Station de jaugeage Jurasique du domaine atlasique

Projet de canal (tracé 1952) Primaire des Jbilete

Forage

2

4

6

8

10 km

140

130

120

Cénomanien 110

cm

1 0 2 m3/s

YAGOUBIA

cic

CAIDIA IA B RHA

YACOUBIA

J em?

CAPTAGE TESSAOUTE

SEGUIAS TESSAOUTE ET LAKHDAR

GA 0,1 INO 5m 3/s

160

UH AS

768/45 CA IH O

TA BO

OUED

SI T

ZINT TAOU

EL KELAA DES SRARHNA

FIG. 156 - Bahira orientale : ressources en eau mobilisables pour l'irrigation du périmètre de la Tessaoute aval dans le cas où les oueds Tessaoute et Lakhdar sont totalement utilisés à l'amont.

GANNTOUR, BAHIRA ET TESSAOUTE AVAL

pompages dans la nappe à l'aval du Haouz. Il est probable que 1 à 2 m3/s seront drainés en Tessaoute amont et passeront en Tessaoute aval (soit 30 à 60 Mm3/an). 4. Maintien dans la Tessaoute ou le Lakhdar de débits régularisés à l'amont par les ouvrages de retenue existants eu à construire et destinés à desservir tout ou partie des besoins (droits d'eau). En ce cas, des améliorations do l'irrigation en Tessaoute aval pourraient intervenir par l'exploitation des ressources locales (nappes souterraines). Les orientations récentes visant à utiliser au maximum les eaux de la Tessaoute et du Lakhdar dans le Haouz, on recherchera ici des solutions pour minimiser les contributions de ces deux rivières à l'irrigation de la Tessaoute aval. 5. Utilisation des nappes. Actuellement, quelque 25 Mm3/an (dont 18 Mm3/an provenant de sources) sont utilisés. Moyennant certains travaux complémentaires à réaliser, on doit pouvoir pomper 1 m3/s (30 Mm3/an) dans la nappe phréatique et au moins autant dans la nappe profonde turonienne. Au total, les nappes devraient fournir au moins 80 Mm3/an (Gaïno et Aïn Igli compris) (*). Les ressources disponibles au niveau de la Bahira, sans faire appel à des ouvrages de régularisation s u r l a Tessaoute et le Lakhdar, seraient comprises entre 260 et 430 Mm3/an bruts. On disposerait donc des 250 Mm3 nécessaires pour réaliser le programme maximum envisagé jusqu'à présent. Au terme de cet exposé, deux grandes lignes directrices d'aménagement des ressources peuvent être imagées : 1. On ne fait pas appel aux ressources régularisées de la Tessaoute et du Lakhdar. On pourrait en ce cas (*) On a déjà signalé (cf. note infrapaginale précédente) que les travaux de forages au Turonien de 1973-74 étaient décevants dans la région. Il est donc probable que l'objectif de la nappe profonde turonien sera abandonné (soit 30 Mm3/an, à déduire). L'objectif de la nappe phréatique doit être reconnu en 1975 par une campagne de 10 forages peu profonds.

391

mobiliser au mois 260 Mm3/an avec les aménagements suivants : ouvrage de prise sur l'oued El-Abid et station de pompage, canal El-Abid—El-Kelaa (intégrant les apports du canal G), ouvrage de prise sur la Tessaoute (débits de drainage du Haouz), champs captants des nappes phréatique et profonde comportant des pompages. Il faut au préalable s'assurer du rendement des captages dans la nappe profonde turonienne et de leur localisation optimale. 2. On fait appel à des ressources régularisées de la Tessaoute et du Lakhdar: — Pour couvrir la totalité des droits d'eau des séguias (200 Mm3/an). Des améliorations sont apportées en aval du périmètre par le pompage dans les nappes de 30 à 60 Mm3/an. Aucun ouvrage n'est exécuté sur l'oued El-Abid. — Pour couvrir une partie des besoins, ceux du périmètre actuel à l'E d'El-kelaa par exemple (séguias Yacoubia - Rhabia - Caïdia) transitant par le Gaïno ; les épandages dans ce périmètre seraient régularisés mais non accrus, ce qui éviterait d'avoir à faire face à de difficiles problèmes de drainage. Les apports du canal G des Bni-Moussa et les pompages dans l'oued ElAbid transiteraient alors dans un canal ElAbid—Tessaoute et desserviraient la partie centrale du périmètre de la Tessaoute aval raval du périmètre serait soutenu en étiage pur les pompages dans les nappes. L'amont du périmètre, entre le canal et la trouée de la Tessaoute, serait alimenté par le débit de drainage sortant du Haouz par la trouée de la Tessaoute On rappellera enfin une nouvelle fois que les possibilités de pompage dans les nappes phréatique et profonde, nettement plus importantes que ce que l'on espérait autrefois, doivent absolument être vérifiées et mieux définies dans les meilleurs délais afin de disposer d'éléments économiques certains pour leur introduction dans le plan directeur d'aménagement de cette région.

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2.18. JBILETE ET MOUISSATE

Table des matières 2.18. Jbilete et Mouissate (par A. Cochet) Présentation géographique ..................................................................................

393 393

Géologie .............................................................................................................

393

Climatologie .......................................................................................................

394

Hydrogéologie ....................................................................................................

395

Les Jbilete ....................................................................................................... 395 Caractéristiques des différents aquifères .................................................... 395 Chimie des eaux .......................................................................................... 395 Les Mouissate ................................................................................................ 395 Conclusions, bilan ................................................................................................

397

Références ........................................................................................................... 397

2.18 JBILETE ET MOUISSATE par André COCHET

Présentation géographique Ces deux unités, différentes sur le plan géologique et hydrogéologique, ont néanmoins des caractéristiques communes en ce qui concerne la géographie, la climatologie et l'hydrographie. Les Jbilete, ou « petites montagnes », sont bordées au Nord par la plaine de la Bahira et au Sud par celle du Haouz de Marrakech; à l'Est elles se terminent en biseau contre le Haut Atlas tandis qu'à l'Ouest elles s'ennoient sous le plateau des Mouissate qui surplombe lui-même la plaine des Abda. Les altitudes ne dépassent guère 800 m dans les Mouissate et 1 000 m dans les Jbilete. La superficie des Jbilete est de l'ordre de 3 500 km2 et celle des Mouissate de 1 800 km2. Cet ensemble est le siège d'un habitat très dispersé; la population est au nombre d'environ 150 000 habitants ; il n'est traversé que par quelques voies de communication (routes et voie ferrée) en ses points bas. Moins du 1/6e de la superficie fait l'objet de

cultures; il s'agit essentiellement de céréales, d'oliviers et de figuiers cultivés ou plantés dans les fonds de vallées. Un cheptel d'environ 360 000 têtes, composé pour les 3/4 d'ovins, sillonne les pentes. Les seules ressources minières importantes sont constituées par des filons de pyrrhotine exploités dans la mine de Kettara, à 30 km au NW de Marrakech, pour le complexe chimique de Safi. Le réseau hydrographique se compose de nombreux petits oueds, longs d'une vingtaine de kilomètres au maximum, qui n'ont d'eau dans leur lit que lors des pluies. Ils sont soit tributaires des plaines de la Bahira ou des Abda, soit au Sud de l'oued Tennsift. Celui-ci longe ou entame légèrement les Jbilete et les Mouissate dans leur bordure méridionale sur une longueur de 150 km. A l'Est des Jbilete, les oueds Gaino et Tessaoute font communiquer par leurs trouées les plaines du Haouz et de la Bahira.

Géologie Dans les Jbilete les formations géologiques sont presque toutes paléozoïques. Les Jbilete occidentales correspondent aux schistes et aux grès (exception faite du Jbel Irhoud, calcaire) cambriens et très probablement aussi ordoviciens. Les roches de la partie centrale de la chaîne sont constituées principalement par une série schisteuse puissante et monotone dont l'âge a été rapporté (Huvelin, 1961) au Viséen supérieur et au Namurien. Cette série est recoupée par des granites, des microgranites, des gabbros et des dolérites, en forme de

batholithes ou de sills, et par des filons minéralisés. A l'Est, le terrain dominant est le Silurien schistogréseux reposant sans doute sur l'Ordovicien. Considérées sous l'angle de la tectonique, les Jbilete sont un édifice complexe résultant de la superposition de deux orogénies : - l'orogénie hercynienne post-viséenne a donné naissance à un synclinorium dont l'axe N-S est marqué par la série schisteuse de la partie centrale, - L’orogénie tertiaire a suffisamment retenti sur les Jbilete paléozoïques poux qu'elles s'offrent

394

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Il s'agit d'une épaisse série de calcaires et de marnocalcaires jaunâtres avec lits argileux et bancs de gypse très fréquents et importants. La puissance de cette série est voisine de 200 mètres et des lentilles de gypse ont été traversées par des sondages sur une épaisseur de plus de 100 mètres. Ce gypse est intercalé en bancs réguliers ; il provient donc d'un dépôt marin ou lagunaire sans remaniement ni déformation.

maintenant comme une voûte orientée franchement WE et fermée périclinalement à ses deux extrémités. Des failles, dont les directions, sub-équatoriales, sont comprises entre ESE et ENE, hachèrent le socle au cours de ces plissements. Les formations de couverture post-hercyniennes ont été entièrement déblayées par l'érosion sauf quelques placages de Stéphano-Trias continental aux extrémités occidentale et orientale. Les formations quaternaires sont représentées par des arènes, des cailloutis et des alluvions de fonds de vallées. Elles couvrent une superficie très réduite et leur puissance est en général très faible. Les Mouissate sont entièrement constitués par les formations du Jurassique supérieur qui est transgressif sur le Paléozoïque ou le Stéphano-Trias de l'extrémité occidentale des Jbilete.

Cette couverture de Jurassique supérieur a été affectée par la tectonique tertiaire qui a soulevé les Jbilete il en résulte quelques failles et quelques flexures. L'oued Tennsift qui recoupe la partie sud de ce massif a déposé des alluvions le long de son cours; ce sont les seules formatons récentes de quelque importance des Mouissate.

Climatologie (fig. 157) Sur le pourtour de cet ensemble existent quatre stations dont les moyennes pluviométriques pour la période 1933-1963 sont: El-Kelaa des Srharna Chemaïa

Youssoufia Marrakech

272 mm : 250 mm

De plus la station de Jbilete (altitude 542 m) a enregistré, pour la période 1938-1954, une pluviométrie moyenne de 265 mm ; pendant la même

257 mm 251 mm

CLIMATOLOGIE 1933-1963 18 – JBILETE ET MOUISSATE

MAROC ATLANTIQUE

Nom de la station

Réseau

(EL KALAA DES SRHARNA) JBILETE CHEMAIA FERME JOUET

Coordonnées

Altitude Lat .N.

Long.W.

Pluviométrie moyenne (mm)

Situation dans le bassin

J

F

M

A

S

O

D

Ann.

MI

465

32° 03’

7° 26’

est

32

32

35

30

14

M

7

J 2

J

3

A

14

19

30

N

39

257

EF MI EF

540 380 325

31° 52’ 32° 06’ 32° 00’

7° 57’ 8° 37’ 9° 02’

centre Nord-ouest Nord-ouest

33 38 56

35 32 35

36 36 36

22 19 24

19 13 16

6 4 3

1 0 0

1 0 0

18 6 6

23 22 39

33 37 58

45 44 63

264 251 336

Moyennes des températures maximales et minimales (°C)

Nom de la station

JANV. Max.

(EL KALAA DES SRHARNA)

FEVR.

Mini. Max.

167.6 4.3

20.0

AVR.

Mini. Max.

Mini Max.

6.0

9.2

23.1

MAI

MIni. Max.

23.4 18.8

Mini.

29.1 13.3

JUIN

JUIL.

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

11.3

13.0

15.6

17.1

21.2

25.0

29.1

29.4

25.6

21.2

AOUT

SEPT.

Mini. Max.

Mini.

Max. Mini. Max.

Mini. Max.

34.0

16.1

39.8

18.4

39.3

17.2

D

Ann.

ETR (mm)

19.7

250

19.6

34.1

Classification Thornthwaite N

16.2 12.5

FIG. 157

Indice global - 45,1

Type climatique E 1 B’4 db’ 4

NOV.

OCT.

Max

Moyennes des températures moyennes (°C)

Nom de la station (EL KALAA DES SRHARNA)

MARS

28.6

DEC.

Mini Max. Mini. Max. 13.7

23.0

Evaporation d'après Turc (mm) 250

9.4

19.5

Année

Mini. Max. Mini. 5.5

27.6

11.9

Evaporation mesurée (P=Piche B=Bac) (mm) Période Quantité

395

JBILETE ET MOUISSATE

période, on a relevé à Marrakech (altitude : 470 m) une moyenne de 250 mm. Aucune mesure ne permet de se faire une idée sur l'abondance des pluies dans les zones d'altitude entre 500 et 1 000 m.

Le climat est semi-aride, chaud, à forts contrastes de températures. La culture est partout aléatoire, consacrée essentiellement à l'orge,

Hydrogéologie LES JBILETE L'ensemble des Jbilete, constitué de matériel ancien, métamorphique ou éruptif, peut être considéré comme quasi imperméable. Il n'y a pas de nappe profonde ni de nappe phréatique généralisée, Cependant les eaux de ruissellement s'infiltrent en partie dans les zones fissurées et altérées, dans les alluvions des oueds et dans les zones faillées. Il en résulte des possibilités de points d'eau pour les habitants des douars, leurs troupeaux et quelques cultures ; cela pose également des problèmes à certaines exploitations minières. CARACTÉRISTIQUES DES DIFFERENTS AQUIFERES

Zones fissurées ou altérées La fissuration des quartzites, la schistosité des gneiss et des schistes, le redressement des bancs favorisent l'infiltration. Les gneiss et les schistes s'altèrent dans les zones superficielles et donnent des produits argileux peu perméables. Les quelques zones granitiques se transforment superficiellement en arènes perméables. Les zones altérées sont décapées sur les pentes mais peuvent atteindre une dizaine de mètres d'épaisseur dans les vallées et renfermer des réserves d'eau non négligeables. La perméabilité moyenne étant faible, le débit par puits est en général inférieur à un l/s. Le puisage s'y fait d'ordinaire à la main ou avec l'aide d'un animal. Zones faillées Les zones faillées recoupent et drainent des bancs de quartzites, de gneiss ou de schistes ; elles peuvent pour cette raison donner des débits importants. Les Jbilete renferment un certain nombre de gisements miniers situés dans de telles zones. Au cours du fonçage de puits et de galeries des venues d'eau importantes sont parfois constatées et gênent l'exploitation. C'est ainsi qu'à la mine de plomb et zinc de Skoura, à 32 km au NE de Marrakech, l'évacuation des eaux d'exhaure nécessitait un pompage de 30 l/s continus ; ce débit provenait en partie de la nappe phréatique du Haouz drainée par le prolongement de la zone Faillée.

Alluvions des oueds Le lit des oueds est généralement tapissé de galets, graviers et sables provenant du remaniement et du transport des formations paléozoïques. Ces alluvions sont assez perméables mais leur épaisseur est faible et n'atteint quelques mètres que vers les débouchés des vallées dans les plaines. Dans les trouées des oueds Gaïno et Tessaoute, qui font communiquer les plaines du Haouz et de la Bahira, l'épaisseur d'alluvions quaternaires est en moyenne de 25 m et 10 m respectivement et les débits sortis de sondages ont atteint plusieurs dizaines de litres/seconde (sondage 646/45: 37,5 l/s pour 0,40 m de rabattement). Mais il s'agit dans ces deux trouées d'alluvions quaternaires d'origine atlasique qui sont gorgées d'eau par des oueds descendus du Haut Atlas et par la nappe phréatique du Haouz. CHIMIE DES EAUX L'eau des sous-écoulements, dans les alluvions et la partie superficielle fissurée ou altérée des terrains anciens, métamorphiques ou éruptifs, est assez douce en général ; elle se concentre cependant de l’amont à l'aval des vallées (0,3 à 2 grammes de résidu sec par litre, faciès bicarbonaté calcique à chloruré sodique). A l'extrémité occidentale les eaux sont salées dans plusieurs dépressions à dépôts de Permo-Trias (2 à 6 gammes par litre, faciès chloruré sodique). LES MOUISSATE Le caractère marquant de l'hydrogéologie des Mouissate est la karstification liée principalement à la dissolution du gypse. Cette formation incluse dans le Jurassique supérieur sous forme de lentilles de grandes dimensions (plusieurs kilomètres parfois) et d'épaisseur parfois supérieure à 100 m, est très affectée par la dissolution, et est le siège de gouffres, dolines, etc. Cette karstification existe également, mais à une moindre échelle, dans les calcaires. De toutes manières l'eau est très peu utilisée ; les puits sont rares, très profonds, et l'eau est de mauvaise qualité; la concentration varie de 1 à plus de 5 g/l; le faciès sulfaté calcique est prédominant, mais les eaux chlorurées sodiques ne sont pas rares. En règle générale, l'alimentation en eau des douars est assurée par citernes.

JURASSIQUE Formations éluviales ou alluviales

Formations calcaires à gypse

- PLIO-QUATERNAIRE

Formations argilo-gréseuses rouges

Formations anciennes,

PERMO-TRIAS

Sedimentaires, peu pérmeables

Youssoufia

Benguerir

0

B Chemaïa Se

dd

jn Me El

E

L

25 km

El Kelaa des Srarhna

O.

T

Skoura

O. T e ss

O. Ard ougi?

I

20

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Sidi Bou Otmane

J

15

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A

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A

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PRIMAIRE

Métamorphiques ou éruptives

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A

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OCENA ATLANTIQUE

SUPERIEUR

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H

A

Marrakech

O

U

FIG. 158 — Jbilete et Mouissate, plan de situation et schéma géologique.

Z

dat

La

kh

da

r

397

JBILETE ET MOUISSATE

Dans la vallée de l'oued Tennsift, les alluvions sont le siège d'un sous-écoulement, mais les eaux en sont

toujours salées (2 à 5 g/l de résidu sec; faciès chloruré sodique).

Conclusions — Bilan LES JBILETE

LES MOUISSATE

Ces « petites montagnes » ne sont alimentées en eau que par les précipitations directes. Les trouées du Gaïno et de la Tessaoute dans la partie orientale, les coupures de l'oued Tennsift dans la bordure sud ne sont que des interruptions par où ne font que transiter des eaux superficielles et souterraines d'origine atlasique.

Ce plateau également n'est alimenté en eau que par les précipitations directes; le long de l'oued Tennsift cependant une partie des eaux superficielles d'origine atlasique peut s'infiltrer dans les calcaires du Jurassique sous les alluvions. Pour une pluviométrie annuelle moyenne de 300 mm et en considérant que le coefficient d'infiltration peut être de l'ordre de 10 % dans les formations calcaires, on déduit que la quantité d'eau infiltrée sur ce plateau est d'environ 50 millions de m3 par an, ce qui représente moins de 1 l/s par km2.

Pour une pluviométrie moyenne annuelle de 265 mm et en considérant que le coefficient d'infiltration est inférieur à 10 % dans les formations schisteuses qui composent cette chaîne, on déduit que la quantité d'eau infiltrée sur l'ensemble des Jbilete est inférieure à 120 millions de m3 par an, ce qui représente moins de 1 l/s par km2. Les puits d'exploitation, de même que les cultures, sont concentrés dans les fonds de vallées; ils peuvent y bénéficier du drainage des versants; les prélèvements sont dans l'ensemble faibles et n'excédent probablement pas l'alimentation.

Cette eau s'infiltre profondément et, au contact du gypse, devient de mauvaise qualité; après avoir cheminée en profondeur sous la plaine des Abda elle s'abouche directement à la mer ; l'exploitation est à peu près nulle. Mise à part une étroite zone le long de l'oued Tennsift, les besoins de l'alimentation en eau sont satisfaits essentiellement par des citernes.

REFERENCES COCHET A. (1960) : Région Sidi Tiji—Tleta Bouguedra. Etude hydrogéologique, possibilités en eau potable pour les nouveaux souks de ces 2 centres. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. COCHET. A. (1961) : Mine de Skoura. Etude hydrogéologique. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE COCHET A. & H A Z A N , R. (1961) Etude des exutoires NE du Haouz (trouées du Gaino et de la Tessaoute). Etude hydrogéologique et estimation des débits d'écoulement souterrain. Rapp. inéd. MTPC/DH/ DRE. COCHET A. (1961) Etude hydrogéologique pour une adduction d'eau à la mine de Kettara. Rapp. Inéd. MTPC/DH/DRE.

GIGOUT M. (1951) Etudes géologiques sur la Méséta, marocaine occidentale. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n' 86, 507 pp. AUVENTS P. (1961) Sur l'âge viséen supérieur des schistes de Kettara et du jbel Sarhlef (Jebitet centrales, Maroc). C.R. somm. Soc. géol. Fr., 10, pp. 290-291. MARGAT J. (1961) Les eaux salées au Maroc. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 151, 138 pp. MAZEAS J.P. & NATAF M. (1967) : Le gypse de la région de Safi; gisements, utilisations, marchés. R. Géogr. Maroc, Rabat, n° 12, pp. 91-112.

2.19. LE HAOUZ DE MARRAKECH ET LE BASSIN DU MEJJATE

Table des matières 2.19. Le Haouz de Marrakech et le bassin du Mejjate (par G. Bernert & J. P. Prost) ......................................................................... 399 Cadre géographique ............................................................................................. 399 Géologie ............................................................................................................... 400 Stratigraphie ................................................................................................... 400 Haouz oriental et central ................................................................................. 402 Haouz occidental ............................................................................................. 403 Climatologie ......................................................................................................... 403 Précipitations .................................................................................................. 403 Températures .................................................................................................. 403 Hygrométrie - évaporation .............................................................................. 403 Hydrologie superficielle ...................................................................................... Les bassins versants .......................................................................................... Les débits et les régimes ............................................................................... Le réseau des seguias ...................................................................................... Chimie des eaux superficielles .........................................................................

404 404 405 407 407

Hydrogéologie ...................................................................................................... 407 Généralités ........................................................................................................ Méthodologie et historique des travaux de synthèse ......................................... Phase de dépouillement ................................................................................ Phase de synthèse ........................................................................................ Caractéristiques des méthodes de simulation .................................................... Le montage analogique ............................................................................... Le traitement sur ordinateur ........................................................................ Caractéristiques physiques de la nappe phréatique ....................................... Le réservoir aquifère ................................................................................... Morphologie de la nappe ............................................................................. Nature des limites géographiques ............................................................... Mécanisme de l'alimentation de la nappe .............................................. Piézométrie .................................................................................................. Profondeurs de la nappe ...............................................................................

407 409 409 409 412 412 412 412 412 414 415 415 415 416

Physico-chimie des eaux souterraines ..................................................................... 416 Mode d'exploitation de la nappe .............................................................................. 417 Les puits ............................................................................................................ 417 Les rhettaras ...................................................................................................... 418 Les pompages ................................................................................................... 419 Essai de bilan ........................................................................................................... 419 Expression du bilan .......................................................................................... 420 Discussion des termes du bilan ........................................................................ 420 Aménagement des eaux ........................................................................................... 424 Le plan directeur d'aménagement du Haouz .................................................... 424 Alimentation en eau potable de la ville de Marrakech .................................... 429 Conclusions ....................................................................................................... 430 Références ................................................................................................................ 431

2.19 LE HAOUZ DE MARRAKECH ET LE BASSIN DU MEJJATE par Guy BERNERT & Jean-Pierre PROST Aux confins du Haut Atlas, entre les degrés 31 et 32 de latitude nord, le Haouz de Marrakech que prolonge à l'Ouest le bassin du Mejjate, forme une unité hydrogéologique très différenciée. Objet d'une première monographie en 1952 (Ambroggi & Thuille) ultérieurement complétée par les rapports de G. Thuille (1957) et A. Cochet (1962), le Haouz a été, ces dernières années, le thème d'importants travaux de recherche, liés aux projets d'aménagement de la plaine et axés essentiellement, en ce qui concerne l'hydrogéologie, sur l'expression d'un bilan hydrodynamique des nappes souterraines : synthèse limitée aux parties centrales et orientales du Haouz, car le bassin du Mejjate (Haouz occidental), mal connu, n'a fait jusqu'ici l'objet que d'études fragmentaires. Cadre géographique (fig. 159) Entre les contreforts de la chaîne atlasique au Sud et les chaînons des Jbilete au Nord, entre les plateaux d'Essaouira-Chichaoua à l'Ouest et les premiers versants du Moyen Atlas à l'Est, le Haouz de Marrakech et le bassin du Mejjate constituent une vaste plaine alluviale d'environ 6 000 km2 de superficie. Fermée de toute part, elle prend ainsi l'apparence d'une dépression large d'environ 40 km et allongée d'Est en Ouest sur plus de 150 km. Dominée par les hauts sommets de l'Atlas qui, au Jbel Toubkal culmine à 4 165 m, bordée par les reliefs plus mous des Jbilete qui s'élèvent à 1 061 m, la plaine offre le contraste de sa platitude et d'une morphologie monotone à laquelle un climat semi aride a conféré un aspect steppique, quasiment saharien. La bordure sud en est toutefois plus accidentée, elle se raccorde progressivement à la montagne dont elle reçoit les éboulis et les cônes torrentiels. De là, l'altitude décroît insensiblement vers le Nord, passant ainsi de 900 à 300 mètres. Enfin, près de l'oued N'Fis, une ligne de collines, les monts Mzoudia, de direction SE-NW, séparent le Haouz proprement dit du bassin du Mejjate. Le climat plus humide des versants nord de l'Atlas

a favorisé la constitution de deux grands réseaux hydrographiques qui, bien que de régime très irrégulier, ont profondément marqué le Haouz de leur empreinte. Ce sont : — Le système du Tennsift, collecteur au cours EstOuest qui, prenant sa source à Ras-el-Aïn, dans la partie orientale de la plaine, reçoit en hiver l'apport d'oueds atlasiques : R'dat, Zat, Réraya et N'Fis. — Le système de la Tessaoute et du Lakhdar qui, perçant la fermeture des Jbilete, rejoint le bassin de l'Oum-er-Rbia. De ces caractères morphologiques et hydrographiques résulte la division géographique habituelle du Haouz en trois unités: orientale, centrale et occidentale, correspondant respectivement soit au bassin de la Tessaoute moyenne, entre les oueds Lakhdar et R'dat, soit aux terres comprises entre R'dat et N'Fis, soit enfin au bassin du N'Fis augmenté de ceux du Mejjate, d'Imin-Tanout et de Chichaoua. La population du Haouz atteint le chiffre d'environ 400 000 habitants, très inégalement répartis entre la campagne et la ville. Le secteur rural intéresse au total

400

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

COUPE GEOLOGIQUE 1 ( FIG. 160 )

CADRE GEOGRAPHIQUE EL KELAA

1

2

3

4

COUPE GEOLOGIQUE 2 (FIG. 160)

5 km

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HAOUZ CENTRAL

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MARRAKECH

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JBILETE

( FIG.160 )

CHICHAOUA

L NTA RIE O Z

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COUPE GEOLOGIQUE 3

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A ATL

S

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AMIZMIZ

FIG .155 — Haouz, cadre géographique. 44 000 personnes, ce qui conduit sur l'ensemble de la plaine à une densité moyenne de 7 habitants au k m 2 . L'habitat, souvent dispersé, se regroupe localement en gros douars, voire en petits centres administratifs et commerciaux au développement rapide ; tels sont, d'Est en Ouest, Demnate, Tamelelt, Aït-Ourir, Amizmiz, Chichaoua et Imin-Tanout. Quant aux activités humaines, elles consistent essentiellement en la pratique ancestrale et traditionnelle de l'élevage, de la culture bour et de la culture irriguée (céréales, agrumes et arboriculture) par séguias, rhettaras et pompages privés. Toutefois la réalisation de grands ouvrages hydrauliques —les barrages de Lalla Takerkoust sur le

N'Fis et de Moulay-Youssef sur la Tessaoute — et la mise en place de réseaux d'irrigation modernes et de stations de pompage dans la nappe phréatique ont accéléré la mutation du secteur agricole, la transformation des paysages et la mise en valeur plus large des terres. Quant au secteur urbain, il est représenté par la ville de Marrakech, métropole régionale de 340 000 habitants à vocation commerciale et touristique, carrefour routier entre la côte Atlantique et le Moyen Atlas, entre le Nord du pays et les villes du Sud.

Géologie STRATIGRAPHIE Le Haouz de Marrakech doit être considéré comme un bassin de sédimentation modérément subsident avant-fosse d'origine tectonique dans laquelle se sont accumulées au Tertiaire (Néogène) et au Quaternaire, d'abondantes formations détritiques continentales et fluviatiles, issues du démantèlement des chaînes Atlas-

iques. Tous les étages de la série géologique, du Primaire au Quaternaire récent, sont représentés, sous les faciès décrits par le tableau stratigraphique suivant. Ils connaissent toutefois une répartition très inégale dans le sous-sol de la plaine, comme en témoignent trois coupes schématiques Nord-Sud, dressées du Haut Atlas aux Jbilete (fig. 160).

COUPES GEOLOGIQUES SCHEMATIQUES NS DE LA PLAINE DU HAOUZ

(d'après R. AMBROGGI et G. THUILLE) N

S COUPE I

Jbilete 1200 m El Kelaa 900

Haut Atlas

Sondage de la Tessaout

Trouée du Gaino

600 3000

10

20 km Haut Asni Atlas COUPE II

J. Gueliz Marrakech

1200 m Jbilete 900

Tahanout Sondage de Ourika

O. Tensift

600 0 300

20

10

Jbilete 2000 1000 0 1000 0

Haut Atlas J. Ourgouz. 1481 m

COUPE III Chichaoua

O. Tensift

5

10

15

Ras el Ain

Imi n'Tanout

20

LEGENDE Conglomérats : Villafranchiens

Marnes et Marno-calcaires Crétacé supérieur

Calcaires lithologiques Jurassiques

Marnes gréseuses Miocène Continental

Calcaires et Marnes Crétacé moyen

Grés rouges Permo-Trias

Eocène et Sables. Calcaires et Marnes phosphatés Maestrichien

Marnes Crétacé inférieur

Schistes Primaire non differencié

Coupe I Haouz Orienal

Coupe II: Haouz Central

Coupe III: Mejjat

FIG. 160

Quaternaire

402

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Série stratigraphique D’après R. AMBROGGI & G. THUILLE (1952) et A. COCHET (1962)

Faciés

Divisions géologiques

Villafranchien Néogène continental supérieur Eocène

Marnes gréseuses rose saumon fluviolacustres, calcaires lacustres et onglomérats Formations rouges et brunes continentales

moyen et inférieur Calcaires et sables phosphatés avec ni- veaux de marnes jaunes supérieur moyen

Crétacé

inférieur Jurassique

maximale Sables, graviers et galets d'oueds. ForMations détritiques consolidées des terrasses. Limons de la plaine Conglomérats plus ou moins consolidés. Marnes gréseuses et calcaires lacustres

Quaternaire récent

Sup. & moyen sup. Lias

moyen inf.

Stéphano-Trias

Primaire anté-stéphanien

Puissance

50 m

100 m 600 m 200 m 50 m

Grés et marnes Calcaires dolomitiques, marnes et marnocalcaires Marnes vertes et argiles rouges gypsifères

100 m 100 m

Formations continentales à l'Est, marines à l'ouest, avec des calcaires et des argiles

200 m

200 m

Formations continentales rouges Calcaires et calcaires lités dolomitiques, surtout représentés à l'Est Marno-calcaires et marnes à gypse

500 m

Coulées de dolérites au sommet. Argiles, grès et conglomérats rouges avec dépôts de gypse et de sel gemme

1 200 m

Schistes, grès et quartzites. Présence de calcaires au Dévonien

6 000 m à 8 000 m

HAOUZ ORIENTAL ET CENTRAL Le socle primaire, essentiellement constitué de séries schisteuses très redressées, modelés par l'orogénie hercynienne, a connu dès la fin du Paléozoïque un premier cycle d'érosion. Les couvertures secondaires et paléogènes, déposées en discordance sur une topographie restée très irrégulière, n'apparaissent toutefois qu'en bordure de l'Atlas. Plongeant vers le Nord, elles disparaissent très rapidement, à la seule exception du Trias, ou plutôt du Permo-Trias, plus largement distribué. Cette lacune, mise en évidence par forages profonds, a eu pour effet de faire directement reposer sur les terrains primaires des sédiments postéocènes de caractères continentaux et dulçaquicoles,

et cela juste après que les premiers mouvements de l'orogénie tertiaire aient provoqué l'individualisation, au niveau du Haouz, d'un grand fossé de subsidence. Ce fut un bassin d'origine tectonique, induit par le jeu de deux grands systèmes de failles et de flexures : — le premier, longeant la montagne à la limite sud de la plaine, — le second, prenant par son orientation SW-NE le Haouz en diagonale, et bien marqué en surface, par la flexure d'Assoufid. Dès lors ont pu se succéder en parallèle les phénomènes de surrection de l'Atlas, de comblement de son avant-fosse par accumulation des matériaux arrachés à la chaîne et de subsidence. Ils ont conduit

403

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE

à la mise en place, entre la montagne et les Jbilete, de formations néogènes et quaternaires discordantes sur le substratum. Ce remplissage, venu sur un paléorelief très différencié, se caractérise par de fortes variations de puissance, parfois brutales. Evaluée à plusieurs centaines de mètres aux confins de l'Atlas, l'épaisseur du remplissage diminue toutefois progressivement vers le Nord pour s'annuler au niveau du Tennsift où le socle primaire réapparaît. Certains dépôts ont un caractère purement continental: fruits de la désagrégation mécanique des roches et d'un très court transport par gravité, ils s'ordonnent le long de la montagne en de vastes éboulis de piémont. Tel est le cas de tout le Sud du Haouz central, entre les oueds Ourika et Réraya. Toutefois, la majorité des sédiments a subi le transport par l'eau. Charriés par un réseau hydrographique au régime torrentiel, ils se sont trouvés regroupés en d'immenses zones d'épandage, accrues et retaillées sans cesse par les changements de cours des oueds, en un système parfois complexe de cônes étagés ou emboîtés, aux pentes localement fortes (jusqu'à 15 %). Plus au Nord, toutes ces structures passent latéralement à des terrasses

alluviales planes. La nature des alluvions varie du galet libre au conglomérat plus ou moins consolidé, grossier, hétérogène et polygénique, à ciment souvent pélitique, et du grès argileux fin au limon du Quaternaire récent. Les conglomérats abondent essentiellement au pied de la montagne et dans le vaste cône de l'oued Tessaout. Les sédiments gréseux se rencontrent au Nord et au Centre de la plaine. Quant aux lits de galets, ils soulignent les cours actuels ou fossiles des différents oueds. La pétrographie des formations de remplissage n'est pas sans rapport avec la lithologie actuelle des bassins versants. Ainsi les sédiments, et notamment les ciments, sont-ils plus argileux à l'Ouest (Haouz central et occidental) et plus sableux à l'Est (Haouz oriental). HAOUZ OCCIDENTAL Si l'histoire géologique du bassin du Mejjate est sensiblement identique à celle qui vient d'être décrite, les structures y différent toutefois de façon notable, car la couverture anté-néogène, partout conservée sous la plaine, a été plissée. Ainsi se sont individualisés, du Nord au Sud, la cuvette synclinale de Chichaoua et le synclinorium du Mejjate proprement dit (coupe III de la figure 160).

Climatologie (fig. 161) TEMPERATURES Sur l'ensemble de la plaine règne un climat continental de type aride, caractérisé par une pluviosité et une hygrométrie faibles, une forte évaporation et des températures moyennes élevées, aux écarts mensuels et journaliers importants.

PRECIPITATIONS Rares et peu abondantes, groupées pendant la saison froide, du mois de septembre au mois de mai, avec deux maxima en novembre-décembre et en mars-avril, elles correspondent à une pluviométrie moyenne partout inférieure à 300 mm, irrégulière dans le temps et dans l'espace. Ainsi, à Marrakech : — altitude ............................................... 470 m — pluviométrie moyenne annuelle calculée sur 30 ans…………………….250 mm — moyenne mensuelle maximale (décembre) …………………………….35mm — moyenne mensuelle minimale (juillet)…………………………………2 mm — variabilité interannuelle ....................... 330 mm En outre, géographiquement, les moyennes croissent d'Est en Ouest (proximité plus grande du littoral) et du Nord au Sud (augmentation de l'altitude).

Les contrastes en sont remarquables, avec des variations diurnes, saisonnières et annuelles. A Marrakech, la moyenne annuelle, calculée sur 20 ans, est de 19°8, avec pour extrêmes les valeurs suivantes: - 3 ° et 48°1, enregistrées l'une en février 1935 et l'autre en juillet 1929. Quant aux moyennes mensuelles, elles oscillent généralement entre 11°5 en janvier et 28°8 en août. Corrélativement, le nombre de jours d'insolation moyenne se chiffre à 240, dont 119 d'insolation continue. HYGROMETRIE - EVAPORATION Soulignant la sécheresse du climat, l'humidité relative passe en moyenne de 73 % en janvier à 33 % en juillet. Durant ce même mois, elle descend couramment à 18 % pondant l'après-midi, pour parfois s'annuler par temps de chergui ou de sirocco. Ceux-ci, contrairement aux vents dominants originaires de l'Ouest ou du Nord-Ouest, soufflent respectivement de l'Est et du Sud, et ce, pour une durée cumulée d'environ 39 jours par an. L'évaporation moyenne annuelle, mesurée sur 20 années à l'évaporomètre de Piche, est de 2 700 mm, les extrêmes mensuels moyens étant de 93 mm en décembre et de 400 mm en août.

404

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

CLIMATOLOGIE 1933-1963 19 – PLAINE DU HAOUZ

MAROC ATLANTIQUE

Nom de la station

Réseau

Coordonnées

Altitude Lat .N.

CHICHAOUA

Ml

AMIZMIZ Z. LALLA TAKARKOUST DAR EL CAID OURIKI AIT OURIR (EL KALA DES SRHARNA) DEMNATE

MI ONE EF MARA MI SPGM

MARRAKECH

SMN

Pluviométrie moyenne (mm)

Situation dans le bassin

Long.W.

J

F

M

A

S

O

N

D

340

31° 33’

8° 47’

ouest

27

25

23

16

9

M

3

J

0

J

0

A

8

19

26

31

Ann. 187

1005 654 800 660 465 995

31° 13’ 31° 21’ 31° 22’ 31° 34’ 32° 03’ 31° 43’

8° 14’ 8° 09’ 7° 47’ 7° 40’ 7° 26’ 6° 59’

sud sud sud sud-est sud-est est

49 24 49 35 32 66

45 31 53 40 32 69

62 31 66 47 35 86

75 42 72 52 30 88

49 28 51 30 14 51

14 8 13 12 7 16

2 1 3 2 2 6

4 3 3 3 3 4

32 14 23 13 14 22

49 26 43 30 19 44

52 29 52 41 30 59

55 33 61 47 39 80

.488 270 489 352 257 590

470

31° 37’

8° 02’

centre

27

32

32

29

20

8

2

2

10

21

31

35

250

Moyennes des températures maximales et minimales (°C)

Nom de la station

JANV.

FEVR.

MARS

AVR.

MAI

JUIN

CHICHAOUA AMIZMIZ Z. LALLA TAKARKOUST

Max. 19.0 16.3 16.4

Mini. Max. 3.3 21.1 3.6 18.2 4.4 20.5

Mini. 5.1 5.0 5.7

Max. 24.0 20.5 23.0

MIni Max. 7.5 26.4 6.9 20.8 7.6 23.2

MIni. Max. 9.5 29.5 9.2 25.3 10.0 20.2

Mini. 11.7 11.4 12.4

Max 33.0 28.7 31.9

AIT OURIR (EL KALA DES SRHARNA)

18.4 17.6

5.6 4.3

18.7 20.0

6.8 6.0

21.5 23.1

8.5 8.2

21.9 23.4

30.7 10.8

27.7 29.1

13.1 13.3

MARRAKECH

18.1

5.1

20.3

6.7

23.0

8.9

23.3

11.5

28.7

14.0

J

F

M

A

M

11.2 11.0 11.4

13.1 11.6 13.1

15.8 13.7 15.3

18.0 15.0 16.6

20.6 18.4 20.3

AOUT

Mini 12.1 11.7 12.8

Max. Mini. Max. 23.7 8 3 19.9. 20.4 8. 0 17.8 22.9 8.9 20.0

Mini. Max. Mini. 4.8 27.9 10.6 43 23.9 10 0 5.4 26.7 11.2

31.6 34.0

15.9 16.1

37.0 39.8

18.3 18.4

36.6 39.3

19.6 19.6

31.0 34.1

16.9 17.2

26.6 28.6

13.5 13.7

21.4 20.0

9.5 9.6

18.2 19.5

6.2 55

25.8 27.6

12.0 11.9

32.7

16.7

37.9

19.0

37.5

20.2

32.0

17.9

27.9

14.4

22.9

10.1

19.0

6.3

27.1

12.6

D

Ann.

Classification Thornthwaite

23.6 27.6 21.2 24.4 23.4 27.0

27.9 24.6 27.4

24.6 21.8 24.1

20.5 16.0 12.4 18.2 14.2 11.0 20.2 15.9 12.7

19.3 17.0 19.0

N

Indice global - 49,2 - 26,0 - 43,1

Type climatique

Evaporation d'après Turc (mm) 180 460 260

11.0

12.8

15.0

16.3

20.4

23.0 27.6

28.1

24.4

20.0 15.4 12.2

18.9

350

- 38,2

E1 B’3 da’ DB’3 da’ E1 B’3 da’ DB’3 da’

(EL KALA DES SRHARNA)

11.0

13.0

15.6

17.1

21.2

25.0 29.1

29.4

25.6

21.2 16.2 12.5

19.7

250

- 45,1

E1 B’4 db’4

250

MARRAKECH

11.6

13.5

16.0

17.4

21.4

24.7 28.4

28.8

25.4

21.2 16.5 13.0

19.8

240

- 45,7

E1 B’4 db’4

240

Z. LALLA TAKARKOUST AIT OURIR

Année

Mini. Max. 15.3 28.9 14.7 24.6 16.2 27.5

ETR (mm) 180 470 270

O

DEC.

Mini. Max. 17.9 33.8 16.5 20.0 18.6 32.0

S

J

NOV.

OCT.

Max. 37.9 32.8 36.2

A

J

SEPT.

MinI. 17.3 15.6 17.3

Moyennes des températures moyennes (°C)

Nom de la station CHICHAOUA AMIZMIZ

JUIL.

Mini. Max. 14.2 37.8 13.7 33.7 15.0 36.6

Evaporation mesurée (P=Piche B=Bac) (mm) Période Quantité

340

2190 (P)

1952-1961

FIG. 161 Hydrologie superficielle '

Les principaux oueds, tous d origine atlasique, se regroupent en deux systèmes bien distincts intéressant, l'un les domaines centraux et occidentaux de la plaine, l'autre le Haouz oriental. Ce sont rappelons-le, celui du Tennsift qui, du R'Dat au Chichaoua, reçoit en rive gauche tous les oueds issus du versant nord de l'Atlas, et celui de la Tessaoute et du Lakhdar, affluents de l'Oum-er-Rbia. Alors que ce dernier système peut se caractériser par des bassins versants de grande étendue, des débits importants et des régimes relativement stables dans le temps, il n'en va pas de même pour le réseau du Tennsift qui connaît à la fois des débits plus modestes et des variations saisonnières beaucoup plus importantes. Du point de vue morphologique, les lits des cours d'eau ne sont généralement pas encore stabilisés et chaque crue provoque la dégradation des berges et le creusement de nouveaux chenaux ; les lits mineurs sont toujours très étroits, à la différence des lits majeurs dont la largeur peut couramment atteindre 500 à 1 000 m. LES BASSINS VERSANTS

Collecteurs de toutes les eaux superficielles ou

souterraines circulant dans le Haouz, les divers bassins versants peuvent être classés entre eux par comparaison de certaines de leurs caractéristiques fondamentales. Aussi le tableau suivant indique-t-il, pour les principaux oueds, outre la superficie des bassins, leurs paramètres physiques, lithologiques et pluviométriques essentiels. On notera que les plus grandes surfaces de réception sont situées dans le Haouz oriental : ce sont celles de la Tessaoute et surtout du Lakhdar ; que les altitudes moyennes varient entre 1 500 et 3 000 m et que les pentes des versants, plus fortes au centre du domaine, s'adoucissent sur ses extrémités. La composition lithologique des bassins versants intervient à divers titres : — le pourcentage en roches meubles à l'affleurement conditionne le débit solide des cours d'eau, donc en particulier les possibilités d'envasement des barrages. A ce titre, les terrains érodables, essentiellement triasiques, abondent à l'Ouest du R'Dat (réseau du Tennsift) ; — la proportion de terrains superficiels imperméables agit sur l'infiltration et le ruissellement des eaux le long des pentes, ainsi que, plus en aval, sur la

405

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE

composition du milieu alluvionnaire: transmissivités du sous-sol et possibilités d 'alimentation des nappes souterraines en sont fonction. Là encore, l'unité orientale

du Haouz est favorisée par la présence, plus au Sud, de formations calcaires perméables susceptibles d'emmagasiner l'eau et de régulariser les régimes.

Bassins versants Caractéristiques

OUED

Lithologie

Indice

Superficie Hauteur pente moyenne

km2

P.

S P.

I.

pluviométrique

m

%

%

%

%

mm

LAKHDAR

2 844+

1670

16

57

37

6

661

TESSAOUTE

1 500+

1540

21

35

48

17

656

R’DAT

537°

1825

15

14

56

30

648

ZAT

525°

1960

18

14

40

46

541

OURIKA

503°

2700

21

6

39

55

673

RERAYA N'FIS

225°

2 000

21

26 15

59

609

1 290°

2 320

17

20

71

579

9

+

à la station de jaugeage O.R.M.V.A.H. (Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Haouz). ° à la station de jaugeage D.R.E. (Division des Ressources en Eau de la Direction de l'Hydraulique) P. terrains perméables SP. terrains semi-perméables I. terrains imperméables

SUPERFICIE TOTALE, DES BASSINS VERSANTS………………..

Autre conséquence, les transmissivités des formations néogènes et quaternaires de la plaine y sont, nous le verrons, plus élevées. Enfin, en ce qui concerne la pluviométrie et si l'on excepte le bassin versant du Reraya dont la hauteur moyenne est très élevée, les précipitations sont plus abondantes sur les bassins de la Tessaoute et du Lakhdar qui sont seuls, en outre, à connaître un enneigement durable. LES DEBITS ET LES REGIMES Viennent dans le tableau suivant les débits des principaux oueds atlasiques. Calculés sur une période d'observation d'une quarantaine d'années (1932-1970), après dépouillement de jaugeages effectués au flotteur ou au moulinet, ils conduisent à un débit total de 47950

7424 km2

l/s, c'est-à-dire à un apport moyen annuel d'environ 1,5 milliards de m3. En particulier, la part des oueds Lakhdar et Tessaoute représente à elle seule plus de la moitié de ces totaux, soit un débit de 28 300 1/s (900 millions de m3 par an). Tous les régimes sont caractérisés par leur variabilité saisonnière et interannuelle : les oueds coulent en hiver et la plus grosse partie des débits est évacuée par les crues qui, au printemps, après la fonte des neiges et les pluies, atteignent leur intensité maximale. L'étiage est en août, seuls coulent encore à cette époque la Tessaoute et le Lakhdar qui, pour l'ensemble des raisons lithologiques et climatologiques déjà citées, connaissent des régimes plus stables dans le temps que le système du Tennsift.

406

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Les crues que provoquent des averses violentes, révèlent des hydrogrammes « en pic », caractérisés par une apparition subite, un temps de montée très court et une décrue tout aussi rapide, succession qui souligne les caractéristiques morphologiques des bassins versants, et notamment la raideur de leurs pentes et le faible taux de leur boisement. Dans tout ce schéma, le cas du Tennsift est quelque peu particulier. Dépourvu de haut bassin versant, il coule d'Est en Ouest, ayant pris sa source à Ras-el-Aïn, dans le Haouz

oriental, aux dépens de la nappe phréatique. De là, son alimentation procède, soit du drainage de cette même nappe tout au long du cours de l'oued, soit des débits apportés par les affluents, essentiellement pendant leurs crues. La part du drainage est connue : elle vaut en moyenne 2 500 l/s qui représentent environ 80 millions de m3 par an. Par contre, l'apport en eaux superficielles est bien difficilement chiffrable, à cause de la complexité d'utilisation de ces eaux. Aussi des mesures systématiques par jaugeages différentiels ont-elles été récemment décidées pour lever cette incertitude.

Débits moyens des Oueds et des séguias S éguias % débit moyen débit moyen (1935-1960) par rapport (1932-1970) au débit de l'Oued l/s l/s Oueds

Unité hydrologique

Bassin

Lakhdar

16500

1970

Tessaoute

11800

4780

12

Oueds Débit résiduel l/s

14530

Oum-er-Rbia

T E N N S I F T

40

7020

R'Dat

3030

2460

81

570

Zat

4370

2620

60

1750

Ourika

5 120

4 310

84

810

Reraya

1730

900

52

830

N'Fis

5400

3 070

57

2 330

Unité Oum-er-Rbia

Débit des oueds

Débit total prélevé par séguias

Pourcentage du débit prélevé par séguias

28 300 l/s

6750 l/s

24%

Unité Tennsift

19 650 l/s

13 360 l/s

68%

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE

LE RESEAU DES SEGUIAS Les séguias sont des ouvrages destinés à l'irrigation des terres par les eaux superficielles se composant d'une prise sur oued au fil de l'eau, de canaux primaires de distribution et de ramifications secondaires au niveau des parcelles cultivées. Il s'agit, dans le Haouz, d'un ensemble essentiellement traditionnel, au tracé extraordinairement complexe, directement façonné dans la terre, rarement bétonné. La Tessaoute fait toutefois exception à ce schéma avec un réseau moderne en cours d'achèvement, alimenté par le barrage Moulay-Youssef, ainsi que l'oued N'Fis avec le barrage de LallaTakerkoust dont dépend depuis 1937, un système d'adduction rationnel. Les prises se regroupent généralement toutes au débouché des oueds sur la plaine; elles s'échelonnent parfois plus à l'aval. Ce sont, pour la plupart, de simples murettes en pierre, suffisantes pour détourner de l'oued la totalité de son débit; mais, d'un autre côté, la possibilité de destruction par les crues évite la surcharge, le débordement et la détérioration de tout le réseau des séguias. Les débits de ces ouvrages, mesurés journellement au flotteur depuis trente ans par les services des Travaux Publics et de l'Agriculture, apparaissent sous la forme d'un ensemble considérable de mesures dont le dépouillement n'a pu être envisagé que par voie automatique. L'homogénéité de présentation des archives en a permis la perforation directe, et le traitement

407

sur ordinateur a conduit aux valeurs moyennes inscrites dans le tableau précédent. Ce tableau précise en outre le débit résiduel des oueds après les ouvrages de prise et la proportion, en pourcentage, des eaux ainsi captées. CHIMIE DES EAUX SUPERFICIELLES A leur entrée dans le Haouz, la salure des différents oueds dépend directement de la nature des bassins versants, c'est-à-dire de l'extension à l'affleurement des formations continentales et lagunaires et notamment des terrains salifères permo-triasiques. Mais elle est aussi fonction de la saison : maximale à l'étiage d'été, puis en automne lorsque les premières pluies lessivent sur le sol les encroûtements salins, elle décroît avec les crues d'hiver et de printemps. Dans ces conditions, le résidu sec de l'eau des oueds peut varier de 0,1 à 5 g/l; il ne dépasse toutefois 1 g/1 qu'en étiage. et pour les oueds R'Dat et Zat dont les bassins versants sont particulièrement riches en Permo-Trias. Par ailleurs, les eaux superficielles sortant du Haouz sont salées : le Tennsift et le Gaïno connaissent des résidus secs compris à l'étiage entre 1 et 5 g/1. Du point de vue de leur chimie, les .eaux ont essentiellement le faciès chloruré-sodique.

Hydrogéologie Les premières études hydrogéologiques de la plaine remontent à l'année 1948, date de implantation à Marrakech d'une section régionale du Centre des Etudes Hydrogéologiques. Dès lors furent menés de nombreux travaux concernant plus spécialement les problèmes de lithologie et de structure dans le Haouz et ses bordures, l'inventaire des ressources en eau avec la constitution du fichier, la définition des divers horizons aquifères et la détermination de leurs caractéristiques. GÉNÉRALITÉS L'alternance, dans la série géologique, de niveaux imperméables et de couches susceptibles de circulation d'eau interstitielle ou fissurale rend possible la définition d'un certain nombre de réservoirs. Ce sont, au-dessus d'un substratum primaire et permo-triasique généralement imperméable, ceux du Jurassique, du Crétacé (Cénomano-Turonien) et de l'Eocène (calcaires et sables phosphatés de l'Eocène inférieur, calcaires blancs gréseux de l'Eocène supérieur), d'autre part le remplissage alluvial néogène et quaternaire. L'imperméabilité du Paléozoïque est essentiellement due à l'abondance de ses séries schisteuses. Local-

ement toutefois s'intercalent des bancs de grès et de quartzites qui, fissurés, sont le siège d'un écoulement: c'est le cas au Nord de Tamelelt où il y a individualisation d'une nappe aquifère au sein des assises primaires des Jbilete. Quant aux formations perméables du Secondaire et de l'Eocène, elles ont été reconnues en 1951 par J.-R. Villemur tout au long de la bordure atlasique où elles se marquent par des lignes de sources plus ou moins abondantes. Le pendage des bancs vers le Nord et leur plongement sous le recouvrement détritique récent, autoriserait à supposer l'existence, dans le Haouz, de nappes profondes captives. Cette hypothèse est fondée dans le cas du Haouz occidental où les couvertures anté-néogènes ont été conservées (coupe III de la figure 160) : les trois nappes du Jurassique supérieur, du Cénomano-Turonien et de l'Eocène y sont connues. Caractérisées par un écoulement fissurai orienté vers le Nord, elles se manifestent le long de l'oued Chichaoua, là où sa vallée recoupe le point haut des structures, par un ensemble de sources dont le débit global atteint 1000 l / s ; au contraire, vers le centre des deux cuvettes synclinales d'Imin-Tanoute et de Chichaoua, l'eau est captive, ainsi que l'ont montré divers sondages de reconnaissance ci-après répertoriés.

180,90

397/52

648/45

341,30

264,40

171,40

396/52

800/53

167,70

X

134,10

100,40

90,35

83,70

81,50

Y

Coordonnées

150/52

N° I.R.E.

Calcaires Calcaires

Lutétien Turonien

Lias

Eocène Crétacé moyen

121 - 150

149 - 180 460 - 495

160 - 325

495 - 560 595

Calcaires et Marnes

220 - 370

HAOUZ ORIENTAL

Marnes

HAOUZ CENTRAL

Calcaires

Calcaires Grès et Marnes

Lutétien

Cotes de profondeur m

HAOUZ OCCIDENTAL

Nature lithologique

Turonien Cénomanien

Niveaux traversés

Reconnaissance par sondages des nappes profondes

59

18 —

43

au-dessus du sol 129 111

Profondeur du niveau piézométrique m

0,1

4 —

3,2

0,85 1

0,05

Débit d'essai l/s

59

20 —

0,21

0,6 0

0

Rabattement m

Contact direct Lias-Néogène

Imperméable

Disparition du Turonien

Nappes en charge

Débit artésien très faible

Remarques

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE

Dans tout le Haouz central et oriental, ces mêmes réservoirs aquifères, parfois reconnus par sondages profonds dans le sud de la plaine, se biseautent très rapidement (coupes I et II de la figure 160), mettant directement en contact le Néogène avec le substratum. L'existence de nappes profondes n'est donc pas possible et les terrains du Secondaire et du Néogène s'abouchent directement avec les formations plus récentes. Seules ces formatons datées de la fin du Tertiaire (Néogène) et du Quaternaire (Villafranchien et Quaternaire récent), sont d'ailleurs le siège d'une nappe importante et généralisée: la nappe phréatique. Le réservoir, constitué par les produits de démantèlement de l'Atlas, plus ou moins remaniés par les eaux courantes, donc grossièrement détritiques dans une matrice souvent argileuse, peut se caractériser par son extrême hétérogénéité verticale et latérale. De par son importance, la nappe phréatique a été seule à faire l'objet d'un programme complet de reconnaissance et d'interprétation: il ne sera désormais plus question que d'elle dans la suite de cet exposé. METHODOLOGIE ET HISTORIQUE DES TRAVAUX DE SYNTHESE La nappe phréatique du Haouz de Marrakech, omniprésente dans le sous-sol alluvionnaire de la plaine, intéresse, par son extension et par ses potentialités, un vaste domaine semi-steppique d'environ 600 000 ha, dont elle conditionne ainsi directement la mise en valeur. C'est la raison pour laquelle relevés, campagnes de reconnaissance, études locales et synthétiques se sont, depuis trente ans environ, succédés à un rythme rapide. Ces travaux permettent aujourd'hui de prétendre à une bonne connaissance du système aquifère, des points de vue morphologique, géologique, piézométrique et chimique, ainsi dans son principe, que du mécanisme de l'écoulement. Toutefois, faute des données indispensables et d'outils d'analyse assez puissants, aucun bilan quantitatif de la nappe n'avait pu encore être tracé : c'est précisément vers l'expression d'une balance hydrodynamique, suffisamment rigoureuse pour servir de base aux projets d'aménagement, qu'ont tendu les efforts de ces dernières années. Ils se sont traduits dans la pratique par un programme complémentaire d'investigations sur le terrain (inventaire et piézométrie, essais de pompages, forages) réparti sur les années 1970 à 1972, par un dépouillement systématique, manuel ou automatique, de toutes les archives connues, susceptibles d'être utilisées, et par une phase d'interprétation et de synthèse de tous les chiffres retenus.

409

PHASE DE DÉPOUILLEMENT Un des traits originaux propres à la nappe du Haouz est certainement l'abondance des mesures de toutes sortes, conservées parfois depuis une quarantaine d'années (jaugeages des oueds, séguias et rhettaras, relevés piézométriques, enquêtes sur les débits pompés) et qui se comptent par centaines de mille. Aussi un des premiers buts a-t-il été la recherche et le regroupement d'archives provenant soit du Centre Régional de Marrakech, soit de l'Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Haouz, soit des Services Centraux de la Division des Ressources en Eau. Leur traitement a été opéré en partie manuellement quand le nombre des renseignements restait acceptable, mais surtout par voie automatique, à l'aide de programmes de traitement spécifiques (séguias et rhettaras). Après élimination de toutes les valeurs douteuses, les informations restantes ont été disposées sous forme de tableaux puis, en vue du report rapide sur modèles, groupées par mailles (kilométriques ou bikilométriques) sur cartes au 1/100 000. PHASE DE SYNTHESE Le but en était l'examen de la cohérence des données et le bilan de la nappe en régime permanent. Cette étape de l'interprétation n'a été rendue possible que par l'utilisation de techniques de simulation analogique ou numérique, seules capables d'intégrer, dans un bilan, l'ensemble des valeurs dont on disposait. Elle a supposé à la fois la construction, au Centre Régional de Marrakech, d'un laboratoire complet de papier conducteur et le recours à l'ordinateur, ce qui permet, par I'une et l'autre méthodes, de réaliser le réglage d'une vingtaine de modèles (fig. 162 et 163), et de déboucher sur l'ex-pression d'un bilan hydrodynamique de la nappe. Les deux méthodes ont été pratiquées de façon complémentaire : — L’analogie électrique sur papier conducteur, pour son faible prix de revient, ses facilités de mise en oeuvre et sa rapidité d'exécution, qualités qui jointes à l'avantage de traiter les modèles sur place, à Marrakech, et partant de pouvoir se référer à tout moment aux archives ou au terrain, en ont fait un outil privilégié. Elle a permis toute une série d'études de détail, là où le réservoir pouvait être considéré comme suffisamment homogène (soit en pratique un rapport des transmissivités extrêmes n'excédant pas 10, condition très généralement remplie dans le Haouz) ; l'objet en était l'analyse critique des hypothèses, le dégrossissage des problèmes et l'établissement de bilans partiels de la nappe ; — les méthodes mathématiques quand l'hétérogénéité du réservoir interdisait le recours au papier conducteur, et pour les modèles de synthèse.

PLAINE DU HAOUZ

EL KELAA

ETUDE SUR PAPIER CONDUCTEUR carte d'assemblage 1 HOUZ CENTRAL NORD

2 HAOUZ CENTRAL SUD

3 AIT OURIR NORD

4 AIT OURIR 2

ANNEXE ASSOUFID

7

FEITOUT

La

kh

da

r

aout

6

5

TAMELELT

Tess

HAOUZ

5

7

5

Ou ed

0

Ou ed

81 Oued

DEMNAT

5

Tens ift

Ou e dR dat

5 H El

3

r aja

Si RAHAL

1

5

4

MZOUDA

570

Oued

AIT OURIR

is N'F

Oued Rmel

d ue O

6 550

2

Zat

a ray Re

Issil

ed Ou

5

5

570

O.

ed Ou

MARRAKECH

5 800 BARRAGE LALLA TAKERKOUST

TAHANOUT

0

AMIZMIZ

FIG. 162 — Haouz, étude sur papier conducteur.

5

10

15

20 km

PLAINE DU HAOUZ

EL KELAA

ETUDE SUR PAPIER CONDUCTEUR carte d'assemblage 1 HOUZ CENTRAL NORD

2 HAOUZ CENTRAL SUD

3 AIT OURIR NORD

4 AIT OURIR 2

6

ANNEXE ASSOUFID

7

5

FEITOUT

La kh da

r

Tess aout

HAOUZ

5

TAMELELT

7

5

Ou ed

Ou ed

0 81 Oued

DEMNAT

5

Tens ift

3

r aja

Si RAHAL

1

4

MZOUDA

570

Oued

AIT OURIR

N'F

Oued Rmel

d ue O

6 is

550 Issil

ed Ou

2

Z at

ray Re

5

5

570

H El O.

ed Ou

MARRAKECH

5

Oue d Rd at

5

a

5 800 BARRAGE LALLA TAKERKOUST

TAHANOUT

0

AMIZMIZ

FIG.163 —Haouz, étude sur modèles mathématiques,

5

10

15

20 km

412

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Ceux-ci consistaient en un regroupement des modèles partiels de façon, d'une part à disposer d'une représentation d'ensemble, d'autre part à vérifier l'absence de distorsion entre secteurs voisins. Mouture finale de la simulation, le modèle « Haouz 2 », représentant les domaines centraux et orientaux de la nappe entre les oueds N'Fis et Lakhdar, a conduit à l'évaluation des termes de son bilan global, tels qu'ils apparaissent ci-dessous. Seul le secteur du Mejjate n'a pas été traité car le nombre de données était par trop insuffisant (*). De façon générale, tous les résultats présentés dorénavant dans ce texte (transmissivités, piézométrie, débits aux limites) sont le fruit commun des enseignements du terrain et des interprétations sur modèles. CARACTERISTIQUES DES METHODES DE SIMULATION Ce sont toutes deux des techniques de résolution, en analyse appliquée, de l'équation mathématique définissant le mouvement permanent d'un liquide dans un terrain. L'une y parvient par simulation électrique du sein d'un conducteur continu, l'autre par calcul numérique automatique sur un domaine préalablement discrétisé. LE MONTAGE ANALOGIQUE L'analogie électrique au papier conducteur assimile: le réservoir aquifère à un conducteur solide (papier à base de graphite) de même contour, l'écoulement de l'eau au mouvement du courant électrique, le niveau piézométrique au potentiel, le débit à l'intensité. Dans le cas du Haouz, la particularité des simulations résidait dans l'obligation d'imposer de très nombreuses conditions de potentiel (drainages d'oueds) et d'intensité (entrées et sorties), de façon à tirer le plus de profits de la richesse des informations hydrogéologiques. Aussi le montage, réalisé en courant continu, a-t-il été conçu pour offrir la possibilité d'afficher, de façon immédiate, une centaine environ de potentiels et une cinquantaine d'intensités distinctes, chaque condition étant séparément commandée par un potentiomètre ou un rhéostat indépendant. Quant aux hétérogénéités de la nappe, elles ont été simulées par empilement de papier ou par coupures locales du conducteur, selon que la transmissivité augmentait ou diminuait. (*) Postérieurement à cette rédaction, un travail analogue à celui décrit ici pour le Haouz s'est déroulé sur le Mejiate et a été intégré sur un modèle d'ensemble en 1974. D'une superficie de 1 600 km2, la plaine du Mejjate possède une nappe phréatique pauvre, alimentée par infiltration des écoulements d'oueds (200 l/s) et des réseaux d'irrigation (250 l/s).

LE TRAITEMENT SUR ORDINATEUR Le principe en est l'évaluation en tout point d'un bilan hydrodynamique, par l'approximation aux différences finies. Dans le cas du Haouz, les programmes de calcul utilisés par les auteurs ont été principalement les programmes du Bureau de Recherches Géologiques et Minières français dénommés: D.R. PER et plus accessoirement le programme D.R. PLIBY. Tous deux ont pour champ d'application les écoulements bidimensionnels permanents ; toutefois le second permet de prendre en compte les irrégularités du mur et du toit des nappes : il a été réservé à une simulation plus fine de la région d'Assoufid. Ces programmes ont été mis en oeuvre, à Casablanca, sur ordinateur I.B.M. 360/40. En ce qui concerne D.R. PER, les données à introduire à sa suite sont les valeurs, en chaque maille, de la transmissivité du réservoir et des débits échangés avec l'extérieur, ainsi que des potentiels imposés localement à la nappe (équipotentielles d'alimentation, drainage, etc.). L'ordinateur calcule alors, en tout point du domaine, le potentiel hydraulique ainsi que les débits aux limites. La figure 164 montre, en exemple, la carte piézométrie que obtenue à l'issue des simulations sur le modèle «Haouz2» Les limites de capacité de l'I.B.M. 360/40 autorisent un découpage maximal en 2 400 noeuds. Cette contrainte n'a pas rendu possible la représentation directe de l'ensemble de la nappe, selon un maillage kilométrique, aussi le « Haouz 2 » a-t-il été conçu avec des mailles de 2 km de côté la précision du résultat reste toutefois très suffisante. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DE LA NAPPE PHREATIQUE La nappe s'étend de la bordure de l'Atlas au Sud jusqu'à l'oued Tennsift (Haouz occidental et central) et jusqu'aux trouées de la Tessaoute et du Gaïno (Haouz oriental). L E RÉSERVOIR AQUIFÈRE. La forme du substratum imperméable est partiellement connue par des travaux géophysiques qui sont à l'origine de cartes locales en isohypses. Ils confirment, par interprétation des diagrammes de prospection électrique, la morphologie très accidentée du socle et mettent clairement en évidence, dans la région de Marrakech, le tracé de la flexure d'Assoufid ; celle-ci se marque, sur une coupe SE-NW, par une remontée en surface du substratum primaire (seuil), immédiatement suivie d'une fosse de 400 à 500 m de profondeur. La puissance du réservoir néogène et quaternaire ne peut, dans ces conditions, qu'être très variable; déterminée par les forages de reconnaissance et d'exploitation, elle évolue de plusieurs centaines de mètres (bordure de

FIG. 164 — Modèle mathématique Haouz en fin de calage. Les courbes en tiretés figurent la piézométrie de référence, mesurée sur le terrain. Les alignements de chiffres figurent la piézométrie reconstituée par le modèle selon les symboles répertoriés en bas et à droite de la figure.

414

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

l'Atlas, fosse d'Assoufid) jusqu'à des valeurs très faibles (seuil d'Assoufid) ou nulles (Tennsift). De l'hétérogénéité des lithologies et des puissances découle la diversité des chiffres caractérisant le comportement hydrodynamique de la roche magasin: transmissivité et coefficient d'emmagasinement. Ces grandeurs ont été testées soit au hasard de la mise en service d'ouvrages captants, soit depuis 1970, grâce à des campagnes systématiques do pompages d'essais sur puits privés et forages. Au nombre d'environ 200, répartis plus ou moins uniformément sur l'ensemble du domaine, plus rares sur les bordures, ils dénotent en général une homogénéité assez grossière mais réelle du réservoir, avec les fourchettes moyennes suivantes : — transmissivité comprise entre 2.10-3 et 2 . 1 0 -2 m2/s, — coefficient d'emmagasinement compris entre 1 et 8%. Allant plus loin, le recours aux modèles a permis l'établissement d'une carte synthétique des transmissivités (fig. 165) qui fait bien apparaître les diverses unités de la nappe, mettant de plus en évidence les formations de chenaux, les fosses et les zones marginales. Haouz oriental Dans un fond de terrains de transmissivité constante (1,2 à 1,5.10-2 m2/s), s'individualisent trois hétérogénéités principales: le cône de la Tessaoute de meilleure caractéristique (3 à 4.10-2 m2/s) et les confins de la nappe au Sud de Sahrij ou au Nord de Feitout (T = 6.10-3 m2/s). Le cône de la Tessaoute se présente sous la forme d'un vaste domaine d'allongement SW-NE dont on peut expliquer les propriétés de bonne transmissivité par le dépôt, en bas des versants, d'alluvions fluviatiles très grossières. Il se serait progressivement accru au fur et à mesure du changement de cours de la Tessaoute qui coulait primitivement vers le Tennsift selon le tracé de l'actuelle séguia Sultania. A Feitout, au contraire, les qualités médiocres du réservoir sont imputables à la réduction de sa puissance et au changement latéral de son faciès; c'est en effet à ce niveau que se produit l'abouchement entre les schistes et quartzites primaires des Jbilete peu perméables, et les alluvions quaternaires. Enfin, c'est à un fait structural, la ride de Sahrij, que l'on doit, décroissant vers le Sud, les très faibles transmissivités observables vers l'extrémité orientale de la plaine. Haouz central Les terrains y sont généralement moins perméables et la transmissivité moyenne y vaut 6.10-3 m 2 / s ;

C’est la conséquence d'une plus grande richesse des bassins versants centraux en roches argileuses ou marneuses. Cela dit, la carte des transmissivités se caractérise, dans le détail, par une extrême complexité. On y distinguera des chenaux fluviatiles plus perméables : ce sont d'Ouest en Est ceux du N'Fis (2,4.10-2 m2/s), du Reraya (1 à 2.10-2 m2/s) et des oueds Ourika, Ramat et El-Hajar (1 à 2,4.10-2 m 2/s), auxquels ils convient d'ajouter, plus à l'Est, deux hétérogénéités (4,2.10-2 m2 /s) évoquant, par leur manque de continuité, les méandres éventuels d'un paléo-cours du Zat. Milite en faveur de cette hypothèse la saute d'orientation de l'oued dont le cours, primitivement SSE-NNW, devient en amont de Taferiat brusquement Est-Ouest ; un ancien tracé, plus rectiligne, est morphologiquement possible. Quant au cône actuel, il est l'exemple typique d'un alluvionnement colmaté par une matrice argileuse (de 1,5 à 2,5.10-3 m2/s). Au Sud-Ouest de Marrakech, la flexure d'Assoufid s'inscrit nettement dans la carte par une zonation des transmissivités en bandes d'extension SW-NE. Faibles au niveau du seuil (de 0,8 à 4.10-3 m2/s), elles augmentent en aval de celui-ci, traduisent ainsi l'existence de la fosse bordière et prouvent du même coup la grande puissance locale de la nappe : elle serait présente sur plusieurs centaines de mètres et non pas localisée, comme on pouvait le penser, dans une tranche assez mince de terrains superficiels. Enfin, entre les oueds Ourika et Reraya, s'individualisent différentes zones de mauvaise qualité hydrodynamique (6.10-3 à 10-4m2/s), due à une cimentation argileuse du vaste éboulis descendu des versants. A ce propos, la rive droite du Reraya montre l'existence d'une zonation en éventail tout à fait remarquable, car elle rend compte de la morphologie actuelle du paysage et peut être corrélée avec l'emboîtement des terrasses fluviatiles. MORPHOLOGIE DE LA NAPPE Les travaux ont consisté en un levé général de points d'eau effectué en 1971 dans le but de dresser des cartes de piézométrie, de profondeur et de conductivité de la nappe. Les particularités de cette campagne, venant 20 ans après celle de G. Thuille qui avait conduit à l'expression d'une première piézométrie, et 9 ans après celle de A. Cochet, ont été d'une part l'imposition d'un délai d'intervention très court (un mois), permettant de comparer toutes les mesures entres elles, d'autre part le choix de 1 400 points d'observation très uniformément répartis, à une densité moyenne d'environ 1 point tous les 4 km2. Le réseau a été, dans la mesure du possible, serré au maximum sur les bordures du réservoir, afin de

330

320

310

300

290

280

270

260

250

DIRECTION DE L'HYDRAULIQUE DIVISION DES RESSOURCES EN EAU

PLAINE DU HAOUZ CARTE DES TRANSMISSIVITES

RIDE DE SAHRIJ 150

150

OU ED

SYNTHESE DES ESSAIS DE POMPAGE

LA K

150

ET DES RESULTATS OBTENUS SUR MODELE

140

140

C. BERNERT - A. BOUDON - J.P. PROST

600

1500

ATTAOUIA ECH CHAIBIA

240

230

D UE

T

300

130

B

J

TENSIFT

100 TID M

PALEOCHENAL DE L'OUED ZAT

600

SIL AS

3600

I

OUED

2400

ED OU

1200

E L

O

300

TAMELELT

220

HD AR

1200

1972

I?

10

130

IFT TENS

FOSSE D'ASSOUFID OUED

Si ZOUINE

1200 ED OU

600

4200

120

120

600

-600

4200

2400

CONE DE DEJECTION OU

1000

BARRAGE MLY YOUSSEF

DE L'OUED TESSAOUT

ED OU

1200 ED

2400 1200

R DA T

150

CHENAL DE L'OUED

150

0 15

LA

DE L'OUED ZAT

RH

110

1000

250

400 1000

1000

ED OU

0 40

CONE DE DEJECTION

2400

250

N'FIS 110

UT AO SS TE

2400

10

1000

600

M

EL LA H

T ZA

50 'F

320

310

ED OU

OURIKA

100

1000

FLEXURE D'ASSOUFID

N

300

CHENAL DE L'OUED

1400 1000

100

330

200

LIMITE DU RESERVOIR AQUIFERE

1000

IS

LIMITE PROBABLE DU RESERVOIR AQUIFERE

100 10

LEGENDE

LIMITE DE COURANT (limite du modèle)

50

VALEURS DES ZONES DE TRANSMISSIVITES EN 10-5 m²/s

CHENAL DE L'OUED RERAYA

90

90

BARRAGE LALLA TAKERKOUST

10

10 à 80

100 à 200

200 à 300

400 à 600

100 O IK UR A

Aa kil

290

280

260

250

240

230

aht?

220

CONE D'EBOULIS

270

Talb

1000 à 2000

FIG.165 -- Haouz, carte des transmissivités

0 ECHELLE

2

2000 à 4200 4

6

8

10 km

350

340

330

XX

DRAINAGE GAINO 170 l/s

55

DRAINAGE TESSAOUT 650 l/s

0

ED

55 0

GAIN O

XX

PLAINE DU HAOUZ

150

OU

150

55 0

550

CARTE DES PIEZOMETRIQUE CARTE DES CONDITIONS AUX LIMITES

ENTREE 140 l/s

OU ED

SEGUIAS DE L'OUED TESSAOUT INJECTION 310 l/s

LA KH DAR

60 0

PRELEVEMENTS 1000 l/s

C. BERNERT -- J.P. PROST

E

T

190

L

ED

I

U

B

O

J

140

SEGUIA SULTANIA INJECTION 150 l/s TAMELELT

550

140

ATTAOUIA ECH CHAIBIA

TE

SS

AO

SIL IS

UT

180

320

310

300

290

280

270

260

250

240

230

220

210

200

DIRECTION DE L'HYDRAULIQUE DIVISION DES RESSOURCES EN EAU

DRAINAGE N'FIS

OUED

DRAINAGE RDAT 160 l/s

30

0

OUED

130

NAPPE OUED

130

ED OU

ED OU

DRAINAGE TENSIFT

CAPTIVE

35 0

2300 l/s

IFT NS TE

DRAINAGE EL HAJAR 420 l/s

DEMNATE LA

50 0

TENSIFT

RH

U BO

0

45

O.

OU ED

0

EL

RD

ENTREE 1600 l/s

AT

OU

AR HAJ

ED

ED OU

RHRASS ?

PRELEVEMENTS 100 l/s

600

A OU ICHA CH

OUED

40

Si ZOUINE

300

OU ED

460 l/s

TENSIFT

120

120

Si RAHAL

OUED

MARRAKECH

BARRAGE MLY YOUSSEF

PRELEVEMENTS 2800 l/s

ENTREE 120 l/s 55

ED OU

0

OUED

BAAJA

IMI ZA

600

T

TE

ZAT

AO SS

400

ED OU

S N'FI

AT

OU ED

RD

550

OU ED

100

LA EL

IS

75

500

Affleurements de roche primaire

OUED

OUED

ASSIF

IF ASS

TAHANAOUT

L MA EL

courbe isopiézomètrique sûre

700

Courbe isopiézomètrique probable

Limite sûre du reservoir aquifère

YA

A RIK OU

RE RA

IZ IZM

Limite probable du reservoir aquifère 80

HAUT

Limite d'alimentation Débit inconnu

ATLAS

SEGUIAS OUED ZAT INJECTION 750 l/s

PRELEVEMENTS 1000 l/s

Valeur moyenne des débits d'injections au niveau des reseaux de seguias et de leur périmètre d'irrigation (Testée sur modèle) Valeur des débits prélevés en 1970 par pompage, rhettaras et sources, en admettant les coefficents d'infiltration suivants - Profondeur de la nappe inférieur à 10 m : 50% -Profondeur de la nappe comprise entre 10 et 20 m : 25 % Limite de l'extension des zones de prélevement Limite du modèle

Limite étanche Limite d'alimentation Débit calculé sur modèle

OUED

ED OU

650

AAKIL

TALBAHT?

SIF AS

OUED RERAYA + SEGUIAS INJECTION 1200 l/s

ENTREE 100 l/s

AM

CARTE PIEZOMETRIQUE CONSTRUITE A PARTIR DE 1400 MESURES DE NIVEAU D'EAU EFFECTUEES DU 1 AU 30 AVRIL 1971

Oued drainant la nappe Oued pérenne 280

270

260

250

240

230

220

210

200

190

180

AMIZMIZ

FIG. 166

350

OUED OURIKA + SEGUIAS INJECTION 2000 l/s 90

80

340

LEGENDE

80 0

90

550

330

0

800

BARRAGE LALLA TAKERKOUST

320

300

N'F

750

700

310

0

290

65

ENTREE 70 l/s

550

H

700

500

ZAT

M

0

UT HA

OUED ZAT+ SEGUIAS INJECTION 750 l/s 65 0

A AY

50

ENTREE 900 l/s R RE

100

GUEDJI ?

RHMAT ?

L ISSI

OU ED

450

ED

ENTREE 180 l/s 500 0

110

OU

OUED

450

45

S LA AT

UT

0 65 AIT OURIR

CHICHAOUA

110

550

OUED

OUED N'FIS + SEGUIAS INJECTION 1500 l/s

350

Oued non pérenne

0 ECHELLE

2

4

6

8

10 km

350

340

330

ED

156

5

316

OU

156

324

50 00

314

312

GA INO

320

310

300

290

280

270

260

250

240

230

220

210

200

DIRECTION DE L'HYDRAULIQUE DIVISION DES RESSOURCES EN EAU

-52

-5

326

-22

322

-22

318

154

154

10000

3000

-5

-1

-1

+13 -2

+17 -6

+17 -4

+17

+13

+13

+13

+13

+13

+13

ATTAOUIA ECH CHAIBIA

-8

+150

-2

-14

-11

-10

-10

-10

-9

-1

-10

-10

3000

-2

TE

-3

-1

N'FI

108

30

30

238

234

+20 -14

+20 -17

-10 -60

+10

+5 -12

-10

-3

+10

+5 -4

-7

-6

-71

-3

-5

-4

-5

-27

-1

-17

-23

-12

-13

-10

-19

-16

228

ER

+20

224

+20

+20

248

244

246

30

-50

96

+15

+60

+100 +20

-16 +54

-10

+61 -20

+76 -20

+76 -27

+76 -4

+15 -29

+62 -24

+62 -67

-62

+64 -4

+54 -3

+32

-6

50

252

30

20

EL L MA

262

264

OU ED 168

208

OU

212

206 204

202

198

ED

314

90

CARTE DES DEBITS ECHANGES ANNEE 1970

+300 -1 +10

Prélevement total net en l/s (mesuré) Injection en l/s (calculée sur modèle) Taille bikilométrique limitée Chauvauchement de modèles ou drainage de l'Oued

80

CARTE DES ISOPROFONDEURS AVRIL 1971

ATLAS

CARTE DES CONDUCTIVITES DE LA NAPPE 1971

228

224

Courbe d'isoconductivité en micromhos 226

222

218

216

188

Zone salée (plus de 3000 micromhos)

AMIZMIZ

FIG.167

320

310

300

290

280

270

260

250

240

230

220

210

200

190

334

312

LEGENDE

92

0 180

342

1500

ED

322 318

90 308

304

302

96

Courbe d'égale-profondeur de la nappe par rapport au sol

HAUT

214

194

192

100

98

A RIK OU

186

UT HA

AAKIL

YA

184

+23

102

OU ED

86

268

258

+25

RERA

ED

106

104

IZ IZM AM 78 78

OUED

OU

110

232

266

254

10

10

UA

272

172

UT TANO

108

OUED

+10

+15 TALBAHT?

+10

+100

IF

OUED

+25

+10

SIF AS

174

+70

112

AIT OURIR

10

0 50 10

ASSIF

+300

84

78

+8

70 114

+100 +100 +150

TAHANAOUT

82

78

274

-16 -15 +54 -7

0 50

226

224

+16 -4 +56 -13

+128 +1354 --

120

116

30

+6

+16 -5

ASS

88

BARRAGE LALLA TAKERKOUST

+48

+8

+8

+54 -9

50

88

+9

-5

+16 -23

00

50

+86

+94 -1 +89

+50

+4

-1

+16 -15

10

30

+30 50

10

+8 -6

+200

92

+22

+21

+92

+4 -15

+20

+20 +20

122

+50

Si RAHAL

ZAT

-6

+8 -1

+75 00

H

+15

+21

+12

LA EL

+25

+12

+10

M

226

A AY

+20

+20

+20

+20

10

+12

10 +4

-2

+13

+13

118

T

ZAT

+4

+10

50

+8 ZA

-10

-31

-4

IS N'F

174

+7

+18 2000

-20 IMI

-5

+5 -15

-1

+14

AT

-10

92

84

+8

-12 -17

-46

-10 -10

-10

+5 -25

+10

326

278

-34

+5

86

276

272 266

268

264

258

+20

+5 -10

-7

OU ED

-7

96

176

-21

+18

+2

-8

+10

98

94

1000

262

254

256

+10 +5 -11 -22

+20 -7

-2

150 0 94

-29

-16

OUED

+11

RD

232

+10 -39

-21

-20

+15 -4

+15

+20 -21

-31

-15

98

96

-10 -21

-14

R

50

98

+10

-25

-47

OUED

-25

-4

104

102

+6

-15

+2 -3

+6

-21

-25

+15 -1

D UE

50

102

100

+20 -5

-23

-17

-1

-6

-2

O

200

-1

RHMAT ?

50 0

+30

L ISSI

200

30 00 10

---

00 10

+200

+50

104

+40 -4

-9

-9

-3

-8

500

+50

10 106

-5

S

+5

+20

-7

284

282

-25

+20 -12

+25 -9

+10 -6

-1

328

286

+20

-24

-1

T

+5

-1

-21

-27

U

+20

252

-14

-3

CHICHAOUA 110

+20 -14

-13

-16

O

+20

+10

+40 -2

-6

-20

A SS

+10

+20

+35 -4

+15

+40 -5

-9

-18

AT

TE

+10

+10

+20 -19

-29

-27

126

124

RD

ED OU

+20

+20

+10

+20

-19

-15

+209 -159

+9

+10

10

+20

+15 -2

-10 -36

-4

-53

+12

ED

350

+10 -1

-9

OU

XX

+10 -4

-11

OUED

+10 +10 -1

+10

+5

112

112

-10 +10

-2

-12

-20

+20

340

+15 -2

-38 -20

-10

-12

MARRAKECH

+20

1000

+15

+10 -3

BAAJA

+10 +20 -1 +10 -20

-4

+15 -1

-28

-23

-2

+13 +24

330

-1

+6

+20 -2

-14

-19

-19

ED OU

-16

-102

-1

-12

10 114

+20

-23

-5

+10

-15

296

+16

116

+10 +15 -27 -17

+10 -3

-22 -7

-47

0?

130

DEMNATE

294

+3 -8

+20 +5 -5 -39

+1

-40

292

-5

-91

-2

+20 -15

-2

OU

288

-2

-32

+20 -4

-24 -12500 -24

288

-1

+15 -3

-3

+20 -20

+20 +20 -4 -24

-11

-15

+97 +35

128

286

-1

2000

-16 -28

-10

+201 +172 +317

+300

25 00

2000

00 0

282

+10 +10 -25 -5 1500

-11

-3

126

4 30 000? 00

-23 -75

278

-16

+24

-24

-7

GUEDJI ?

-1

-5

-12

-12

OUED

2000

O.

-24

OUE D

+4 -3

118

+20

+20 -27

-5

-9

-10

+12

15 00

+20 -3

-10

+10 -10

20 00

276

-49

3000

+10 -5

+107 2

15 00

OUED

ED OU

-1

-25

TENSIFT

+1

-2 -10 -4

OUED

-1

-1

ED OU

-2 2500

-5 +5 9

15 00

00

-2 0

-1

-1

10 00

-6

+5 -10

-7

246

-15

+10 -10

248

-4

30

192

-5

AR HAJ

-4

-5 -1

-25

-8

-9

EL

25

RHRASS

300

120

242

232

228

236

238

224

234

222

5000

3000

188

186

226

218

216 212

214

206

208

202

204

194

196 184

182

00 15

-1

3000

70

-116

RH LA

-2

IFT NS TE

90

-1

?

-1

-2 --

-1

132

00

U BO

-1

-1

50

10

A OU ICHA CH

00

Si ZOUINE

122

-1 -1

3000

30 200 00 0

I

2000

2000

140

1500

50

M

-4

1000 150 0

SS

00 60

5

-30

AR

30

UT

-4

-5

KH D

-9

-3

AO

-4

LA

338

1500

-1

-9

334

304

306 298 296

294

292

288 284 282

-50

OU ED

10

SIL IS

1500 2 30 000 00 10

190

-24

? 00 40

ED OU

ED OU

-2

-6

128

124

182

4000

-21

148

-3

TID

OUED

-2

50

126

124

1000

-5

+20

-4 -5

00

150

+17 -37

OUED

180

-7

+20 -19

00

40

-1

+17 --X

D UE

3000

00 25

TENSIFT

SE KS AO

+20 -2

+17 -26

-36

-11

1500

5

130

IMIN

+20

0 250

TAMELELT

134

172

-16

152

-171

-22

O

+25 -1

-6

136

164

-13

-94

00 10

-1

OUED

164

-23

-27

00

T

E

L

I

5

5

B

J

140

20

-1 +21 -3

+20 -5

142

138

166

-50

+35 -33

+35 -9

200

2500

15

1500

144

C. BERNERT - J.P. PROST

80

00 30--X

-3

1971

88

10

148

5

CARTE DES ENTREES SORTIES DES PROFONDEURS ET DES CONDUCTIVITES DE LA NAPPE

86

+35 -55

-162 -57 0

-23

-9

-6

336

00 15 150

90

-47

8000

1000

152

PLAINE DU HAOUZ

2

4

6

8

10 km

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE

conduire à une bonne définition des conditions aux limites ; il correspond en général à des puits non équipés, éloignés de tout pompage, où le niveau peut être considéré comme statique. NATURE DES LIMITES GÉOGRAPHIQUES (fig. 166)

Le contact de la nappe avec les Jbilete ou l'Atlas joue généralement le rôle d'un front étanche. Ce caractère peut être du à l'imperméabilité propre des terrains qui bordent le réservoir quaternaire : c'est le cas des schistes primaires des Jbilete ou des formations houillères de l'Atlas. Mais il peut aussi être la conséquence d'effets structuraux: ainsi les pendages vers le Sud des assises crétacées de la région d'AïtOurir (structure synclinale) drainent les eaux d'infiltration vers l'intérieur du massif, interdisant toute entrée directe dans la nappe. L'étanchéité des bordures s'interrompt toutefois au débouché des différents oueds dont le sous-écoulement et les pertes constituent un mode essentiel d'alimentation et au niveau des calcaires jurassiques aquifères de l'Atlas (entre Tessaoute et Lakhdar qui, pendant vers le Nord, s'abouchent avec le milieu alluvionnaire; il en est de même le long des Jbilete à Feitout et la nappe reçoit l'apport d'horizons schisto-quartzitiques perméables et enfin dans le Mejjate où le réservoir se nourrit au Sud des eaux ruisselées sur les bassins versants ou issues des nappes secondaires et éocènes. D'autres entrées de moindre importance, procèdent de l'existence le long de l'Atlas, de bassins versants de faible extension ; ainsi en est-il, de la région de Tameslouht ou de l'extrême sud du Haouz, entre les oueds Ourika et Reraya. Quant aux sorties, ce sont soit les limites de drainage qu'imposent le Tennsift et le cours aval de tous les oueds atlasiques, soit un sous-écoulement de trouée (trouées de la Tessaoute et du Gaïno).

415

PIÉZOMÉTRIE La carte piézométrique de la figure 166, construite à partir de profondeurs mesurées et de cotes altimétriques estimées grâce au fond topographique au 1/50 000, présente avec celle de A. Cochet (1962) de nombreux points communs qui étayent l'hypothèse d'un écoulement moyen interannuel de la nappe actuellement quasi-permanent. Il est, en règle générale, orienté du Sud vers le Nord. Il convient toutefois dans le détail de distinguer les deux unités hydrogéologiques habituelles, qui d'ailleurs, dans la piézométrie, s'inscrivent clairement. Haouz oriental L'eau provient à la fois du Sud (calcaires atlasiques de Demnate) et du Nord (schistes et quartzites des Jbilete). Les lignes de courant issues de ces deux limites convergent dans la région de Tamelelt. Mais l'examen des isopièzes montre avant tout l'existence, au centre de l'unité, d'une ligne de partage de l'écoulement SE-NW. De part et d'autre, les filets liquides s'orientent soit vers l'Ouest, entrant dans le Haouz central et rejoignant le Tennsift, soit vers le Nord, se fondant dans le sous-écoulement des oueds au niveau des trouées du Gaino (El-Kelaa) et de la Tessaoute ou sortant en surface par de nombreux exutoires : ainsi les sources situées en rive gauche de la Tessaoute donnent un débit cumulé de plus de 1 000 l/s. Le gradient hydraulique reste faible, valant en moyenne 0,25 %, sauf au Sud de Sahrij (bordure sud-est de la nappe) où la ride structurale et la lithologie médiocre des terrains se traduisent par un resserrement marqué des lignes piézométriques et par des gradients compris entre 2 et 4 % . Haouz central et occidental

MÉCANISME DE L'ALIMENTATION DE. LA NAPPE

La percolation directe des eaux de pluie peut, en raison de la faible pluviosité régnant sur la plaine et d'un recouvrement limoneux important, être tenue pour négligeable. Aussi doit-on essentiellement invoquer le sous-écoulement des oueds à leur entrée dans le Haouz et l'infiltration des eaux de crue le long des lits majeurs, les pertes régulières des réseaux d'irrigation soit tout au long des canaux d'amenée soit au niveau de la parcelle cultivée, l'abouchement possible avec d'autres aquifères, enfin la drainance qui, dans le Haouz occidental, conduirait au passage dans la zone phréatique d'eaux venues des nappes profondes. Ces entrées de divers types peuvent se reclasser en conditions extérieures déjà définies agissant sur les limites géographiques du domaine, et en débits d'échange verticaux qui lui sont intérieurs (pertes des séguias et drainance).

Le comportement de la nappe y est plus simple et les tubes de courant, tous parallèles, s'allongent vers le Nord-Ouest. L'alimentation par les oueds est évidente. Dans le cas du Zat ou du Réraya, elle donne naissance à des ligures piézométriques tout à fait remarquables, convexes vers l'aval-hydraulique. Les entrées plus modestes, dues à l'existence des bassins versants de faible extension, se marquent aussi. Mais ce sont surtout les éléments structuraux qui se dégagent explicitement de l'examen de la carte: au seuil d'Assoufid correspond une augmentation importante du gradient hydraulique ; plus en aval, le phénomène inverse souligne l'amélioration locale des transmissivités et circonscrit la fosse d'Assoufid ; une autre anomalie piézométrique, entre Tadert et Tahanaout, exprimée par un resserrement des courbes, évoque de la

416

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

manière la flexure d'Oumenast décrite par R. Ambroggi & G. Thuille; enfin, le bassin du Mejjate montre, en son centre, une configuration identique aux deux précédentes. Les gradients prennent les valeurs moyennes suivantes: de 2 à 4 % à l'extrême Sud du domaine, au niveau des cônes de l'Ourika et du Reraya ; de 1 à 2% sur le seuil d'Assoufid ; de 0,25 à 0,5 % au niveau de la fosse; de 0,5 à 1% à l'aval. Deux secteurs s'opposent ainsi très nettement: le réservoir amont caractérisé par une piézométrie à forte pente, voire même par des « chutes » au niveau des flexures, et le réservoir aval où la topographie de la surface libre s'adoucit. Quant aux sorties, ce sont outre les débits passant directement au Tennsift par drainage, toute une ligne de sources s'ouvrant, en rive gauche, le long de son lit. PROFONDEURS DE LA NAPPE Ainsi que le montre la carte des isobathes (fig. 167), la surface libre de la nappe phréatique s'équilibre en moyenne à une vingtaine de mètres du sol. Plus proche le long du Tennsift et selon les chenaux fluviatiles du Zat, de l'Ourika et du Reraya (5 à 10 m), ce qui dans ce dernier cas confirme la percolation des eaux superficielles, elle s'approfondit brutalement au Sud du Haouz oriental (plus de 60 m) et du Haouz central (plus de 50 m), conformément à la différence de pentes existant entre la surface du sol et celle de la nappe. Elle révèle aussi par sa forme les irrégularités du socle et les zones d'exploitation intensive, marquées par une anomalie de profondeur (périmètre de la Targa). PHYSICO-CHIMIE DES EAUX SOUTERRAINES La paysico-chimie des eaux souterraines est connue par les analyses d'échantillons effectuées lors des relevés de points d'eau et par les mesures de conductivité que l'on peut directement mettre en corrélation avec la valeur des résidus secs. On dispose à cet égard de trois cartes des salures, l'une établie en 1951 par G. Thuille, la seconde en 1962 par A. Cochet et la troisième en 1971. Celle-ci (fig. 167) confirme sensiblement les tracés antérieurs, et a été dessinée à partir de données du mois d'avril 1971, recueillies parallèlement à la campagne piézométrique. Elles ont toutefois nécessité la définition d'un réseau d'observation distinct, plus lâche, établi sur des ouvrages exploités où l'eau ne stagne pas. Les conductivités sont généralement comprises entre 1 000 et 2 000 micromhos, ce qui correspond à des salures acceptables pour les besoins de l'agriculture, inférieures à 2 g/l.

Les zones caractérisées par un résidu sec plus important ne représentent qu'une superficie maximale de 400 km2 dont 5 % à peine répondent à des salures supérieures à 5 g/l La teneur en sels augmente régulièrement de l'amont vers l'aval hydraulique : l'eau des oueds, généralement douce à l'entrée de la plaine (excepté l'oued Mellah entre le Zat et l'Ourika), s'infiltre. Le cheminement dans les alluvions a pour effet leur lessivage, donc la minéralisation des eaux, encore accentuée par un phénomène d'évaporation qui, agissant localement sur une nappe à faible profondeur, induit un processus de concentration. Ces deux phénomènes (lessivage et concentration par évaporation) s'exacerbent encore dans les terrains de mauvaises caractéristiques où l'eau séjourne plus longuement; au contraire, un écoulement naturellement rapide ou artificiellement accéléré au niveau, par exemple, des zones de prélèvements, provoquent une diminution de la salure. Ces observations sont clairement confirmées par l'examen du diagramme logarithmique de la figure 168 qui, sur l'exemple du N'Fis, montre bien un gradient positif de salinité. Sur la carte de la figure 167, le seuil d'Assoufid se marque aussi par des concentrations plus fortes, ainsi que les rives du Tennsift, notamment dans le Haouz occidental, en aval de Sidi-Zouine; le même phénomène, le long du Gaïno et dans la trouée d'ElKelaa, peut s'expliquer quelque peu différemment, par l'existence, au Nord du Haouz oriental, interceptant l'écoulement, de dépôts limoneux salés provenant d'anciens chotts. Le gradient est parfois inverse, la salure décroissant d'amont en aval : c'est le cas pour les eaux des oueds R'Dat et Zat salées par les formations perme-triasiques de l'Atlas qui, après infiltration, se diluent progressivement dans la nappe, au fur et à mesure de leur cheminement. Parmi les autres caractéristiques physiques, la température oscille entre 17 et 22°C, selon que la mesure affecte des zones de forte circulation ou au contraire des régions profondes du réservoir à vitesse d'écoulement lente. Quant au pH, légèrement basique, il varie généralement de 7 à 7,5 (fig. 169). Le faciès chimique des eaux varie en fonction de la localisation de la prise, c'est-à-dire en fonction en fait du résidu sec. La comparaison des courbes dressées sur les diagrammes logarithmiques des figures 168 et 169 le montre: lorsque le résidu sec reste faible, inférieur à 1 g/l, l'eau est essentiellement bicarbonatée-calcique et magnésienne. Après passage dans les terrains, par échanges de bases et pour des satures supérieures à 1 g/l, elle devient chlorurée-sodique (échantillon 1291/44). Enfin l'analyse des eaux de la nappe profonde du Cénomanien-Turonien dans le bassin du Mejjate, portée sur la figure 169, révèle des teneurs en chlorure

417

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJIATE

DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU D'après

H. SCHOELLER

Rés. sec

et E. BERKALOFF Figuré

Ca + +

Mg + +

+ Na + K +

à 180° C mg/l

4

10 000 10 000

10 000 10 000 milliéquivalents

n° IRE

SO --

Cl -

1/? à 25°C

Teneurs en mg/l

219/44

2500

1709/44

3200

1291/44

6000

1312/44

400

1235/53

400

dh mmhos ° fr /cm

pH

100 1 000

-CO 3 combiné -( CO 3 + HCO 3 - ) 1 000

milliéquivalents

1 000 NO 3 1 000 1 000 1 000 1 000

10

10 100

100 100 100 100 100 100 Oued

Tensift

1

1 1283/44 1291/44

1312/44

Marrakech

219/11

N'FIS

10

1236/53 !

5

10

15

20 km

OUE

0 0.1

D

10

0.1

ANALYSE CHIMIQUE DES EAUX DE LA NAPPE BASSIN DU N'FIS FIG. 168 de sodium très faibles, inférieures à 50 mg/l et un caractère bicarbonaté-calcique accentué, pour un résidu sec de 800 mg/l (échantillon 116/52).

des particuliers et les stations d'état dépendant de l'Agriculture (irrigation) ou des Travaux Publics (alimentation en eau potable).

MODE D'EXPLOITATION DE LA NAPPE Il s'agit soit d'une exploitation traditionnelle par des puits ou des rhettaras, soit d'un mode de prélèvement plus moderne par pompages. Dans ce dernier cas, il convient de distinguer les ouvrages privés appartenant à

LES PUITS Ce sont des ouvrages généralement foncés à faible profondeur dans la nappe phréatique, exploités manuellement, équipés parfois en norias. Leur nombre est difficile à évaluer; pour l'ensemble de la plaine,

418

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU D'après

H. SCHOELLER

Rés. sec

et E. BERKALOFF Figuré

Ca + +

Mg + +

+ Na + K +

à 180° C

n° IRE

SO --

Cl -

mg/l

4

10 000 10 000

10 000

215/53 Ghettara Aguedal

500

1152/53

800

dh mmhos ° fr /cm

pH

Puits AEP Marrakech

10 000 milliéquivalents

1/? à 25°C

Teneurs en mg/l

116/52 Source Abaino

500

100 1 000

-CO 3 combiné -( CO 3 + HCO 3 - ) 1 000

milliéquivalents

1 000 NO 3 1 000 1 000 1 000 1 000

10

10 100

100 100 100 100 100 100

1

1 10

10 10 10 10 10 10

0.1

0.1

10

ANALYSE CHIMIQUES DES EAUX SOUTERRAINES EN QUELQUES POINTS CARACTERISTIQUES FIG. 169 il peut atteindre 2 000 à 3 000. Quant au débit global ainsi prélevé, il reste à coup sûr négligeable en regard des autres modes de prise. LES RHETTARAS Ce sont des galeries captants, construites depuis le Xe siècle qui, partant à l'air libre en aval, s'enfoncent sous terre et rejoignent la surface libre de la nappe par le fait d'une pente inférieure à celle du sol. Très nombr-

euses dans le Haouz central et essentiellement à l'Est de Marrakech, elles sont au total environ 650, correspondant à une longueur cumulée de 700 km ; selon la topographie, certaines rhettaras de la zone amont ne dépassent guère quelques centaines de mètres alors que d'autres, lancées de l'aval, offrent des tracés de plusieurs kilomètres. L'ensemble forme un réseau contrôlé depuis trente ans, à la fréquence mensuelle ou hebdomadaire, par les Services de l'Agriculture et des Travaux Publics.

419

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJIJATE

Les débits sont mesurés au déversoir, à la sortie à l'air libre de la rhettara. Se chiffrant à plus de 200 000 valeurs, ils se présentent sous la forme d'archives volumineuses dont le dépouillement n'était concevable que sur ordinateur. De même que pour les séguias, l'homogénéité dans la présentation des informations a permis leur perforation directe, puis leur traitement par des programmes spécifiques de vérification, de tri et de calcul, et l'établissement de moyennes interannuelles par rhettara. Le débit cumulé moyen de tous les ouvrages, calculé entre 1930 et 1970, s'élève environ à 7 000 l/s. Pendant cette période, il a connu toutefois une forte décroissance que l'on peut mettre en corrélation d'une part avec l'abaissement du niveau piézométrique dû aux pompages, d'autre part avec la disparition de nombreuses rhettaras dépourvues d'entretien. Le mode de fonctionnement d'une rhettara est dans le détail très complexe. Dans la nappe, la galerie se comporte comme un drain, mais une partie des eaux ainsi détournées la rejoint sitôt franchie la surface piézométrique. A l'air libre le débit résiduel, que l'on connaît par les mesures, s'écoule dans un système superficiel de séguias, avec tout ce que cela comporte comme pertes par infiltrations. Le débit global effectivement prélevé doit prendre en compte ces recy-

Culture

Blé/Orge

Débit en l/s/ha

0,04

Bersim Fève

0,19

clages il est inférieur au chiffre précédemment avancé. LES POMPAGES Tant publics que privés, ils se sont multipliés, ces dernières années, à une cadence rapide. Ouvrages privés Extrêmement nombreux, répartis dans tout le Haouz, mais surtout dans son unité centrale entre les oueds N'Fis et Zat ainsi qu'au Nord du Haouz oriental, ils ont fait l'objet, en 1970, d'une enquête exhaustive destinée à en dresser l'inventaire et à en évaluer les débits. Les renseignements demandés pour ce faire étaient de deux ordres, concernant à la fois les caractéristiques hydrauliques de l'ouvrage et agronomiques de l'exploitation ; mais il s'est vite avéré que seules ces dernières étaient utilisables. Elles ont permis en deux temps le calcul des débits : après répartition par type de culture des surfaces irriguées, chacune a été affectée d'un débit unitaire annuel moyen, évalué par l'Agriculture selon le besoin en eau réel de la plante. Ces débits unitaires sont les suivants :

Coton/Mais Luzerne Maraîchage

Agrumes

Abricotier

Arboriculture

0,38

0,19/0,28

0,16

0,16

Les chiffres auxquels ils conduisent ne correspondent pas aux quantités d'eau réellement prélevées dans la nappe: ils leur superposent l'effet de la réinfiltration, compte non tenu d'un taux inconnu d'évaporation. Il faut en outre citer le cas où séguias et puits concourent de façon complémentaire à l'irrigation; il en résulte des sorties plus faibles, sur la base d'une utilisation uniquement estivale des eaux souterraines. A partir de ces éléments ont été établis des documents au 1/100 000 donnant, par maille kilométrique, la valeur des débits ponctionnés. Ils atteignent un total de 1 500 l/s. Stations d'état (fig. 171) Il s'agit de batteries de pompage destinées soit à l'irrigation des terres, soit à l'alimentation en eau potable. D'un débit actuel cumulé d'environ 500 l/s, les pompages sont implantés essentiellement dans le Haouz central au sein des périmètres de Suelha-TargaM'Hamdia et Beggaria, et dans le Haouz oriental, avec ceux de Joualla et de Freita. Ces prélèvements encore

relativement modestes de 500 l/s ne sont que provisoires ; ils doivent augmenter au fur et à mesure de la mise en service des ouvrages construits. Dès lors pourront se poser, dans certains cas, compte tenu de l'importance des projets et de la densité des puits et forages, tous les problèmes d'une exploitation trop intensive qui risque d'affecter l'aquifère de façon dangereuse. A titre d'exemple, le périmètre de la Targa (pompages privés et collectifs) se marque par un abaissement local de la nappe d'une dizaine de mètres (fig. 167). Quant aux stations de Joualla-Freita, si elles ne tirent actuellement qu'un débit total de 80 l/s, elles ont en fait un potentiel de plus de 1 000 l/s qui, s'il était utilisé, induirait des rabattements de plusieurs dizaines de mètres, compte non tenu des infiltrations un niveau du périmètre irrigué de la Tessaoute. ESSAI DE BILAN Le dernier passage du modèle « Haouz 2 », au terme définitif de la simulation en régime permanent,

420

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

a permis l'écriture d'un bilan hydrodynamique de la nappe, établi pour l'année moyenne 1971. La notion de bilan hydrodynamique a été réservée au résultat d 'un calcul effectué sur un domaine exclusivement limité à l'aquifère, dans lequel n 'interviennent que les entrées et sorties sur les limites, exprimées sous forme de débits fictifs continus. En sont exclus tous les termes autres (pluviométrie, ruissellement, infiltration, évapotranspiration...) qui n 'ont ici d 'influence que pour moduler, à l'extérieur du modèle, les débits échangés. Telles sont les caractéristiques de ce premier schéma quantitatif de la nappe du Haouz. EXPRESSION DU BILAN On le trouvera dans le tableau ci-après sous une forme analytique détaillée. Les chiffres ont été consignés tels qu'ils ressortent soit de l'affichage, soit du calcul sur modèles : leur expression au litre près n'a bien entendu aucune prétention à une telle précision ; elle a pour unique objet une fermeture correcte d'un bilan qui se doit d 'être transcrit avec la rigueur d 'une pièce comptable. Au stade de l'exploitation ne seront toutefois pris en compte que les ordres de grandeur des phénomènes, tels qu 'ils apparaissent sur la carte de la figure 166. En année moyenne, ce sont ainsi 9 à 10 m3 /s de débit fictif continu qui, dans le Haouz, s'échangent au sein du réservoir aquifère. Au niveau des entrées, deux tiers des apports sont dus aux pertes du réseau hydrographique et des séguias ; le tiers restant, au processus d 'abouchement et à la percolation des eaux de ruissellement. Quant aux sorties, elles se répartissent de façon à peu près égale entre les drainages par les oueds et les multiples formes de prélèvement naturel (sources) ou provoqué (pompages et rhettaras). Ces valeurs se situent à mi-chemin entre les estimations précédemment faites soit par R. Ambroggi & .G. Thuille (1952) qui assignaient à la nappe un débit global compris entre 5 100 et 9 500 1/s, soit par A. Cochet (1962) qui, pour la seule unité centrale du Haouz, proposait une fourchette variant de 7 200 à 12 000 l/s, avec une moyenne de 8 200 l/s. Ce dernier bilan, calculé d 'après les sorties aux limites et les prélèvements, peut d'ailleurs être tenu pour surestimé, dans la mesure où n'apparaît pas le recyclage probable par réinfiltration des eaux. Un élément très intéressant, calculé par ces auteurs sur des évaluations concernant une période de dix années (1946-1956) est le coefficient d 'irrégularité entre année sèche et pluvieuse. Valant environ 1,5 il situe l'amplitude de variation possible des débits, complétant en cela notre bilan dressé pour la seule année 1971.

DISCUSSION DES TERMES DU BILAN LES ENTRÉES On en doit discerner deux types principaux, l'un correspondant à des apports étendus sur les limites géographiques du réservoir, l'autre à des pertes verticales d'eaux superficielles. Echanges aux limites L'eau de pluie, précipitée sur les bassins versants, ruisselle et s'infiltre en partie. Circulant dans les terrains, elle rejoint parfois directement la nappe phréatique, sans procéder d 'aucun système hydrographique particulier. Le schéma le plus simple est celui d 'une infiltration en bas de pente, directement dans le réservoir. Mais il peut parfois y avoir transit dans un aquifère distinct puis abouchement des deux nappes. Ce mode d 'alimentation, détaillé dans le tableau ci-joint, représente un débit d'environ 2 000 à 3000 l/s. Il est essentiel dans le Haouz oriental où les deux entrées, au niveau de l'Atlas au Sud et des Jbilete au Nord, répondent à un mécanisme complet d 'abouchement ; ce sont ainsi d 'une part 1 600 l/s qui, tombés entre les oueds Lakhdar et Tessaoute, sur les affleurements de calcaire jurassique, cheminent vers le Nord par les fissures de la roche pour finalement rejoindre le milieu alluvionnaire de la plaine, d 'autre part 140 l/s qui, s 'écoulant cette fois vers le Sud, au Nord de Tamelelt, empruntent les niveaux quartzitiques des séries schisteuses des Jbilete. Dans le Haouz central, outre deux entrées de faible importance, après ruissellement sur des versants bordant la plaine, elles du cône d 'éboulis (100 l/s) et de Tameslouht (70 l/s), une condition de 900 l/s, au niveau du N'Fis correspond vraisemblablement à un processus mixte, dû aussi en partie à l'action de l'oued. Les coefficients d'infiltration qu'impliquent de tels débits, peuvent être évalués, après estimation, sur la carte au 1/500 000 de H. Gaussen & al., des lames d'eau moyennes annuelles et des superficies qu 'elles intéressent. Ils sont généralement de l'ordre de 10 %. Ce chiffre est voisin du module admis ailleurs, mais il demande à être confirmé. Percolation d'eaux superficielles Il s'agit essentiellement des phénomènes d 'injection au niveau des cônes, auxquels on peut adjoindre la part due au sous-écoulement des oueds. Ce dernier qui, dans le cas des oueds Tessaoute et R'Dat, ne peut rejoindre la nappe localement trop profonde, voire même en charge, a été chiffré, pour le Zat, à 180 l/s calculés le long de l'isopièze 640. Dans le cas des oueds Ourika, Reraya et N'Fis, la distinction entre le sous-écoulement et les pertes verticales de l'oued et des séguias n'a pas été faite. L'alimentation par infiltration d'eaux superficielles

179 95 75 940 448 50 278 752 2111 1 145 1 476

Entrée Aït-Ourir

Entrée cône d'éboulis

Entrée Tameslouht

Entrée N'Fis

Oued Tessaoute

Oued Larh

Oued R'Dat

Oued Ourika

Oued Reraya

Oued N'Fis

Prélèvements nets

Drainages

TOTAL ………………………………………………………..9 000 l/s

4 875

4 202

TOTAL ………………………………………………. 9 000 l/s

4 875

2 342

457

424

157

654

168

Débit l/s

Prélèvements nets……………………………………………………………….5 000 l/s

Sources

Rhettaras Pompages

Oued Tennsift

Oued N'Fis

Oued El-Hajar

Oued R'Dat

Oued Tessaoute

Oued Gaïno

Dénomination

Percolation d'eaux superficielles……………………………………… 6 000 l/s

RESUME

6 260

3 041

Nature

Drainages…………………………………………………………………….. 4 000 l/s

Oued Zat

145

1 607

Débit l/s

Entrée Jbilete

Entrée Demnate

Dénomination

SORTIES

Entrées aux limites ………………………………………………….. 3 000 l/s

Percolation des eaux superficielles

Limites d'alimentation

Nature

ENTREES

Bilan de la nappe du Haouz

422

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

s'effectue à la fois au droit des lits et des cônes fluviatiles (notamment en période de crue), le long des séguias, enfin au niveau des parcelles irriguées. Chiffrée globalement à 6 300 l/s, elle représente environ 20 % du débit cumulé moyen des oueds atlasiques. On notera dans le détail (voir tableau) la diversité selon les oueds des coefficients de perte qui varient de 4 à 65 %. Les raisons qu'il est plausible d'invoquer, sont de deux ordres : — lithologiques d'une part : les débits de percolation sont une fonction croissante de la perméabilité des terrains. Ainsi, à profondeurs égales de nappe, le Zat, l'Ourika et le Reraya se caractérisent par des

pourcentages respectifs de 20, 40 et 60, pour des transmissivités respectives de 2,5, 10 et 20.10 m2/s. Des divergences aussi importantes illustrent clairement les variétés de comportement possibles entre cônes différemment colmatés ; — géométriques d'autre part : il semble bien, d'après les essais sur modèles, que la percolation, importante pour une surface phréatique proche du sol (50 % du débit superficiel pour des profondeurs de nappe inférieures à 10 m, 25 % entre 10 et 20 m), diminue très rapidement pour devenir très faible lorsque la profondeur excède 20 m.

Alimentation par abouchement ou infiltration directe Pluviométrie moyenne

Bassins versants

Taux d'infiltration moyen

Origine de l'alimentation

Valeur de l'alimentation calculée sur modèle (l/s)

Superficie km2

mm

980

710

Calcaires jurassiques de l'Atlas

1 690

Jbilete (Feitout)

58

350

Schistes et quartzites primaires

140

Cône d'éboulis

127

600

Eau de ruissellement

100

Tameslouht

54

350

Eau de ruissellement

70

N'Fis

80

350

Ruissellement et infiltration de l'oued

940

Dénomination

Demnate

%

10%

TOTAL: 2850 l/s

Tel est par exemple le cas des oueds Larh, R'Dat et Tessaoute. On notera d'ailleurs que les 450 l/s d'injection attribués à la Tessaoute n'intéressent que le Nord du Haouz oriental, c'est-à-dire des périmètres au droit desquels la nappe est précisément à moins de 20 m du sol. Ils correspondent à 10 % environ du débit dévié par les séguias.

a montré la nécessité, pour son réglage, d'une injection de 150 l/s, soit 25% du débit de la séguia Soltania, seule responsable de l'irrigation locale des terres. Ce dernier chiffre situe, en l'absence de tout autre mécanisme possible et en un domaine où la recharge par percolation est certaine, l'ordre de grandeur du taux d'infiltration des eaux épandues.

En confirmation de ces résultats viennent deux séries d'arguments: d'une part des jaugeages différentiels tout au long des canaux en terre qui ont prouvé l'existence de pertes souvent considérables sur les dix premiers kilomètres après la prise (20 %, 50 % et parfois même 80 à 90 % des débits) ; d'autre part, sur un secteur entourant Tamelelt, une simulation de détail qui

LES SORTIES On peut en distinguer trois types : les écoulements d'oueds, les drainages et les prélèvements gravitaires ou pompés, auxquels les sources ont été associées. Deux classes de conditions distinctes prévalent, en

423

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE

Alimentation par percolation d'eau superficielle

Nom de l'oued

Tessaoute

Débit moyen l/s

11 800

Débit des séguias l/s

4 780

Profondeur de la nappe à l'entrée dans le Haouz m

Infiltrations

Débit injecté l/s

% par débit

Transmissivité du cône alluvionnaire x 10-2 m2/s

moyen de l'oued

448

4

> 100

variable

50

7

1 00

12

Larh

700

R'dat

3030

2460

278

9

90

12

Zat

4370

2620

752

17

10

2,5

Ourika

5 120

4 310

2 1,11

41

10

10

Réraya

1 900

900

1 145

60

10

20

N'Fis

5 400

3 020

1 476*

27*

30

24

?

* Chiffre partiel Débit global des oueds

32320 1/s

Percolation

6 300 l/s

Pourcentage moyen d'Infiltration

sortie, sur les limites géographiques du domaine: il s'agit soit de drainages avec, de ce point de vue, le rôle prépondérant que joue le Tennsift pour tout le Haouz central et occidental, soit d'un sous-écoulement de trouée, mode d'exutoire naturel du Haouz oriental. La part de ce dernier mécanisme est difficile à faire car, dans l'expression du bilan, il se confond nécessairement avec d'autres phénomènes ; ainsi le chiffre de 170 l/s, trouvé au niveau de la trouée d'El-Kelaa, intègre le sous-écoulement du Gaïno et le drainage de la nappe par cet oued ; de la même manière, le débit correspondant à la sortie « Tessaoute » comprend à la fois drainage, sous-écoulement et sorties, à la cote 550, par les sources localisées sur sa rive gauche. Les drainages Détaillés dans le tableau annexé, ils atteignent un débit global d'environ 3 400 l/s pour le système du Tennsift qui, outre cet oued collecteur principal, comprend en rive gauche R'Dat, El-Hajar et N'Fis. Quant aux oueds du Haouz oriental, Tessaoute et Gaïno, ils drainent une part difficile à chiffrer des 800 l/s sortant au Nord de l'unité. Enfin, le cas du Lakhdar n'a

20 %

pas été abordé, car son cours se situait légèrement à l'extérieur du modèle; mais une expérience sur papier conducteur permet de proposer la valeur de 200 l/s. Les débits spécifiques varient selon l'oued: moyens pour le Tennsift (32 l / s / k m ) et pour l'El-Hajar (27 l/s/km), ils sont plus grands pour le R'Dat et le N'Fis (52 et 46 l/s/km). D'un autre côté, le chiffre de 2 300 l/s donné pour le Tennsift s'accorde avec les estimations antérieures de A. Cochet qui s'élevaient à 2 500 l/s, et avec le taux communément admis de 30 l/s/km ; il est très supérieur aux résultats d'une campagne de terrain qui en 1927, par jaugeages différentiels, avait conduit à un débit de 1 500 l/s ; toutefois, depuis cette date, il y a eu baisse générale des prélèvements par rhettaras, ce qui a pu secondairement induire une augmentation des drainages. Parallèlement aux simulations, ont été systématiquement effectués du 1 au 3 novembre 1972, des jaugeages différentiels sur les oueds Tennsift, R'Dat, El-Hajar et N'Fis, dont le but était de vérifier les volumes drainés. Au dépouillement, les résultats que l'on peut, en l'absence de toute pluie antérieure, considérer comme représentatifs de l'étiage d'été, sont consignés sur le tableau ci-joint; ils montrent des ordres de grandeur sensiblement identiques aux valeurs calculées.

424

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

périodique destinée à l'acquisition de moyennes annuelles.

Ce réseau de mesures par jaugeages est désormais en place et sera l'objet, dans l'avenir, d'une surveillance

Sorties par drainages Débits drainés Nom de l'oued mesurés par jaugeages Gaino Lakhdar Tessaoute R'dat EI-Hajar N'Fis Tennsift

— — — 320 190 130 2 820

calculés sur modèle

Longueur de l'oued en km

168 200 654 157 424 457 2 342

3 S 7 3 16 10 73

Débit spécifique drainé l/s/km — 25 — 52 27 46 32

Remarque: Le débit du Gaïno comprend le sous-écoulement de l'oued Le débit de la Tessaoute comprend les sources sises en rive gauche Le débit mesuré du Tennsift comprend rapport venu des Jbilete. Debit total drainé : 4200 l/s

Les prélèvements Le débit brut prélevé est de l'ordre de 8 000 l/s, et correspond aux sorties par rhettaras, sources et pompages. Ce total est toutefois très largement surestimé : si les débits pompés sur puits privés, calculés d'après les besoins en eau des plantes, se rapprochent de ce qui est effectivement pris à la nappe, il n'en va pas de même pour les rhettaras et les stations d'état dont les débits, mesurés

par jaugeages ou compteurs, doivent être diminués de la réinfiltration. Les taux retenus sont identiques à ceux que l'on avait adoptés pour les pertes des séguias, soit: 50 % pour la nappe proche à moins de 10 m du sol et 25 % pour des profondeurs comprises entre 10 m et 20 m. Après ces corrections, le prélèvement réel se chiffre à environ 5 000 l/s; il est explicité par zones (fig. 170) dans le tableau ci-après qui consigne également, dans chacun des cas, le détail des valeurs brutes.

Aménagement des eaux LE PLAN DIRECTEUR D'AMENAGEMENT DU HAOUZ Tous les travaux analytiques conduits sur modèles mathématiques et précédemment exposés ont permis la construction d'un grand modèle analogique résistancecapacité qui est l'outil destiné aux études d'exploitation du réservoir souterrain du Haouz de Marrakech. Cet outil a été choisi pour les simulations en régime transitoire en raison du prix de revient plus économique des manipulations en analogie par rapport au prix de celles conduites en mathématique, mais également pour des raisons matérielles

car les ordinateurs en service au Maroc ne sont pas assez puissants pour exécuter les calculs nécessités par les modèles mathématiques en régime transitoire. La géométrie du modèle analogique est identique à celle du modèle mathématique de synthèse à mailles bikilométriques ; ce modèle comprend 773 noeuds situés à l'intersection de 34 lignes et 57 colonnes; une extension du modèle à la région du Mejjate est prévue pour 1973. Le calage de ce modèle en régime permanent a été obtenu rapidement et sans difficulté à partir des données déduites des travaux sur modèles mathématiques ; les écarts entre les deux types de modèles, écarts inévitables compte tenu

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE

425

Prélèvements

Prélèvements bruts (l/s)

Prélèvements nets (l/s)

Région rhettaras

pompages pompages

sources

privés

Total

d'Etat

Sidi-Zouine

820

90

50

960

520

Suelha-Targa

140

420

230

790

590

1 040

220

160

1 420

1 140

340

10

20

370

320

Vallée de l'Ourika

1 100

10

1 110

730

du Zat au R'dat

1 400

110



1 510

810

120

210



330

320

1 240

690

Marrakech-Est Tameslouht

Feitout Joualla-Freita Sahel) Total

600 290 5 850



560

80





1 630

540

Total des prélèvements

des contraintes physiques imposées à l'analogie (gamme des résistances disponibles dans le commerce en particulier), demeurent peu importants et sont sans incidence sur les résultats puisque l'exploitation s'effectue en variations relatives par rapport à une situation de référence de la piézométrie. L'idée directrice en 1973 de l'aménagement des eaux dans le Haouz consiste en un épandage d'eaux superficielles destinées à l'irrigation dans les zones amont et moyenne de la plaine (épandage provoquant des recharges de la nappe phréatique), suivi d'une exploitation intensive des eaux souterraines par pompages dans les zones aval de la plaine. En ce sens, on utilise l'important réservoir souterrain du Haouz comme un régulateur qui permet d'utiliser à l'aval l'excédent des épandages de l'amont. L'étude du comportement du réservoir souterrain soumis annuellement à des recharges (infiltrations des épandages d'irrigation et des débits des oueds atlasiques) et des décharges (pompages) modulées plus ou moins différemment, se rapporte à des phénomènes d'écoulement

290 8 020

hors modèle 5 120

: 5 000 l/s

souterrain transitoires, d'où la nécessité de disposer d'un outil de simulation tel que le modèle analogique, permettant d'effectuer des prévisions du comportement du réservoir en régime annuel mais également interannuel car l'effet de réserve peut être considéré pour franchir des périodes d'années sèches. Les eaux destinées à permettre une irrigation importante du Haouz de Marrakech parviendront au terme de l'aménagement, de plusieurs sources qui sont 1.

Des eaux des affluents atlasiques de l'oued Tennsift (Zat - R'Dat - Ourika - Reraya) captées traditionnellement au fil de l'eau et épandues essentiellement au piémont de l'Atlas dans l'amont de la plaine. Comme on l'a vu, les captages traditionnels dérivent une part importante (60 à 80 %) des apports naturels de ces oueds, si bien que tout aménagement moderne que l'on peut envisager pour régulariser les 20 à 40 % perdus, doit d'abord régulariser ce qui l'est traditionnellement

drainage Gaino - 166 l/s

PLAINE DU HAOUZ

Injections seguias : 448 l/s

EL KELAA

MODELE MATHEMATIQUE GENERAL HAOUZ ² CARTE DES DEBITS RESULTATS DEFINITIFS

Entrée JBILE : 145 l/s Ou ed

Drainage Tessaout 654 l/s *

940 l/s : Débit affiché La

Débit calculé par le programme DRPER 5

0

10

15

20 km

TAMELELT

Prélevement par pompages et rhettaras - 100 l/s ?

Drainage Rdat - 157 l/s

ed

Drainage de Tensift -2342 l/s O

Drainage el Hajer - 424 l/s

da r

Ou

Drainage de N'Fis -457 l/s*

kh

Tess aout

2342 l/s * :

ued

DEMNAT Tens

Oue d

ift

Entrée DEMNATE : 1607 l/s

jar Ha El O.

Ou ed

MARRAKECH

Injections Larh : 50 l/s Si RAHAL

Injections seguias + oued Rdat : 278 l/s Injections seguias + oued Zat : 752 l/s

PRELEVEMENT PAR POMPAGES ET RHETTARAS -3874 l/s

MZOUDA

Rda t

Oued

AIT OURIR O

Oued Rmel

d ue

N'F is

Injections seguias + oued Ourika : 2011 l/s

Issil

R ed Ou

Entrée N'FIS : 940 l/s

Entrée AIT OURIR 179 l/s *

Zat

ya era

Injections seguias + oued N'Fis : 1476 l/s +Issil + Rmat Entrée TAMESLOUHT : 75 l/s BARRAGE LALLA TAKERKOUST

SORTIES Pompages + Rhettaras

= - 4 875 l/s

Drainages ..........

= -4 202 l/s

TAHANOUT

ENTREES Entrée CONE : 95 l/s

Injections seguias +oued Reraya : 1245 l/s

Injections de seguias......... = + 6 260 l/s et des oueds................... Entrées aux limites

AMIZMIZ

FIG. 170

= + 3 041 l/s

POSSIBILITES D'AMENAGEMENT 110

FREITA

DU HAOUZ DE MARRAKECH

SIDI BOU OTMANE

OU ED

JOUALLA

R.

I L

,

R.P.7

8 P.

J

B

E

T EMPLACEMENTT BARRAGE DE PRISE DE SIDI Xx DRISS LA KH DA R

TAMELELT R.S. 50 8

OU ED

OUED 90

LA RH

TENSIFT

DEMNATE PRISE AU FIL DE L'EAU

SUELHA TARGA

SIDID ZOUINE

OU ED

4 R.P.3

R'D AT

R.S

.60

26

BARRAGE AIT AADEL

MARRAKECH R.P. 10

M'HAMDIA

SIDI RAHAL

BEGGARIA

R.S. 50

78?

OUED

R.P

OU ED .3

ZA T

1

AIT OURIR

OU ED

OUED

N'FIS

0 01 .1 R.S

R. P

70 TE SS AO UT

31

R. S

.5 13

R.S.507

Périmètres traditionnels (réseaux, lâchés , seguias)

. 31 B

LT NA CA

R.P

OUVRAGE DE DECHARGE

AY A

E ET

E RT MO

RE R

R.S.1010

TAMESLOUHT

OUED

Possibiltés de création du périmètre 'Canal de rocade"eaux du Lakhdar" Périmètre de la Tessaoute ((à lE) possibilité de création au périmètre TENSIFT (au N) Périmètres de pompage (zones amont exceptées)

targa

Périmètre de pompage existant

50???

ALHLIJ BARRAGE LALLA

Limite du Haouz de Marrakech

TEKERKOUST TAHNAOUT

Barrage existant O

UR

Site de barrage étudié IK A

Canal de rocade déjà térrassé non revétu (1950-1957) Canal de rocade non exécuté 0 230

250

270

290

FIG. 171

310

330

2

4

6

8

10 km 350

428

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

avant de produire de véritables ressources supplémentaires. Ceci, joint au fait que la plupart des sites de barrages reconnus sur ces affluents atlasiques sont peu favorables dans les rapports hauteurs-volumes des retenues, se situent dans un contexte géologique délicat et noient des retenues déjà fort cultivées, conduit à des coûts du mètre cube d'eau supplémentaire régularisé situés bien au-delà des limites admissibles à notre époque. Pour aller encore plus avant dans cette argumentation, on peut noter que les infiltrations naturelles dans la nappe à partir des lits des oueds à l'aval du piémont atlasique, régularise encore une fraction des débits non dérivés par les prises traditionnelles, Enfin il ne faut surtout pas oublier que les épandages d'irrigation et les pertes dans les réseaux traditionnels des piémonts atlasiques constituent l'alimentation de la nappe phréatique du Haouz, si bien que la création de retenues sur les affluents atlasiques (suivie du bétonnage des séguias traditionnelles en terre) conduirait à un transfert d'eaux régularisées naturellement dans la nappe vers des eaux régularisées par des réservoirs artificiels. En fonction des disponibilités en eau de l'aval, on sera peut-être amené à titre d'équilibre dans le développement du Haouz, à accroître les irrigations sur les piémonts grâce à quelques bétonnages de séguias, opérations susceptibles de récupérer et d'utiliser sur place quelque 20 à 50% des débits dérivés, récupération qui s'effectuera bien sûr, aux dépens de l'alimentation de la nappe phréatique. 2. Des eaux des affluents atlasiques de l'oued Tennsift régularisées par des barrages de retenue. Le barrage de Lalla-Takerkoust (oued N'Fis) achevé en 1935, régularise déjà 65 millions do m3/an en moyenne sur un apport naturel interannuel de 170 millions de m3/an. On a étudié en 1970-71 la possibilité de construire un autre barrage à l'amont de LallaTakerkoust afin d'accroître les volumes régularisés sur le N'Fis ; le coût du m3 d'eau supplémentaire s'est avéré prohibitif. On a également examiné une possibilité de surélévation de Lalla-Takerkoust, opération qui se révèle encore trop coûteuse pour une production d'eau à usage agricole et ne se justifierait que pour une utilisation à valeur ajoutée supérieure (eau alimentaire essentiellement). Le barrage de Lalla-Takerkoust domine un périmètre irrigué moderne de 7 500 hectares au SW de Marrakech. Par ailleurs, les études se poursuivent pour la création d'une retenue superficielle unique stockant les apports des 2 affluents orientaux R'Dat et Lahr, car il ressortait des études préliminaires portant sur l'ensemble des affluents du Tennsift que les coûts

de mobilisation par barrage y étaient les moins élevés. Il faut rappeler à ce sujet que les débits dérivés traditionnellement au fil de l'eau sur le R'Dat sont très importants, mais que la nappe du Haouz ne profite que très peu des infiltrations à partir des réseaux de séguias du R'Dat car elle est trop profonde et même localement en charge dans ce secteur. 3.

Des eaux des affluents atlasiques de l'Oum-erRbia. Un premier barrage : Moulay-Youssef au site des Aït-Aadel sur l'oued Tessaoute a été achevé en 1971. Il régularise 240 millions de m3/an destinés au Haouz oriental ; un périmètre moderne de 27000 hectares se substitue en cette région à un périmètre traditionnel qui fonctionnait par dérivations au fil de l'eau de quelque 150 millions de m3/an prélevés sur la Tessaoute. Les réseaux d'irrigation en béton interdisent les infiltrations vers la nappe qui se produisaient à partir des anciens réseaux en terre, ce qui a permis d'étendre les superficies irriguées antérieurement ainsi bien entendu que les volumes supplémentaires mobilisés. La nappe profite encore des infiltrations à la parcelle et les premières études sur modèle analogique laisseraient supposer que son alimentation serait plus importante qu'auparavant. Un ou plusieurs ouvrages sont actuellement prévus sur l'oued Lakhdar, abondant affluent rive droite de la Tessaoute. Le transfert de ces eaux (quelque 300 à 400 millions de m3/an) du bassin de l'Oum-erRbia vers celui du Tennsift est admis pour l'irrigation du Haouz central entre les oueds Zat et N'Fis. Cependant, d'importants ouvrages doivent être mis en place pour le stockage, la reprise et le transport de ces eaux et d'importants problèmes subsistent en ce qui concerne les ressources en eau à mobiliser pour irriguer les périmètres traditionnels de la Tessaoute aval qui utilisent une forte part des eaux du Lakhdar. L'étude de ce projet fort ancien et qui avait vu un début de réalisation vers les années 1950-57 par le démarrage sur 82 km du creusement du canal de rocade du Haouz devant relier la Tessaoute au N'Fis, a été reprise et doit s'achever vers 1975 avec des avant-projets détaillés des ouvrages et des choix de solutions aux problèmes de répartition des eaux.

4.

Des eaux de l'oued Tennsift lui-même. Plutôt que de récupérer sur chacun des affluents atlasiques de faibles débits marginaux non utilisés, une idée récente conduit à mobiliser l'ensemble de ces débits, ainsi que ceux drainés dans la nappe phréatique, dans le Tennsift lui- même, en aval de

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE

son cours dans le Haouz. Des sites de barrages ont été reconnus entre le niveau de Marrakech et l'aval de la confluence N'Fis-Tennsift. Si les sites aval sont les plus indiqués pour une retenue maximale ils conduisent, faute de terre irrigable dominée, à un relevage par pompage des eaux accumulées afin de les ramener dans le Haouz. Par contre, les sites sur le Tennsift situés un peu en amont de Marrakech, après la confluence avec les affluents R'Dat, Zat et Ourika pourraient mobiliser quelques 180 millions de m3/an dominant sans transport excessif un périmètre de bonnes terres à l'Ouest de Marrakech, périmètre se substituant et étendant les irrigations partielles pratiquées actuellement par pompages dans la nappe phréatique, pompages limités puisque la surexploitation de la nappe de ce secteur est évidente. Des études détaillées sont engagées dans cette voie où plusieurs solutions intéressantes existent. 5. Des eaux de la nappe phréatique. L'importance du réservoir aquifère du Haouz est considérable puisque chaque année les entrées ou sorties d'eau atteignent 300 millions do m3. Ce réservoir permet en outre des recyclages et réutilisations successives d'eaux et l'on ne s'est guère penché jusqu'à présent sur ses possibilités de régularisations interannuelles en jouant sur les réserves. Du fait des apports nouveaux d'eaux superficielles, à partir du Tennsift et ses affluents, la Tessaoute et du Lakhdar, les utilisations présentes de la nappe vont être supprimées ou modifiées dans des régions entières; par contre en implantera ou intensifiera les pompages dans les secteurs aval afin d'utilisation d'eau excédentaire et de drainage. Selon les décisions qui seront prises pour la réalisation des grands aménagements hydrauliques de l'amont, les effets sur la nappe et les possibilités nouvelles d'exploitation de celle-ci seront simulés sur le modèle analogique construit dans ce but. II est prévu que le plan directeur d'aménagement du Haouz de Marrakech soit étudié et mis au point entre les années 1975 et 1976. ALIMENTATION EN EAU POTABLE DE LA VILLE DE MARRAKECH La population de la ville de Marrakech a eu un taux de croissance de 2,6 % l'an entre 1960 (243 000 habitants) et 1971 (333 000 habitants). Les prévisions de l'Organisation Mondiale de la Santé (XIIe rapport sur l'étude de l'approvisionnement en eau à l'échelle nationale - 1970) retiennent pour l'avenir un taux de croissance de 3,5 % l'an qui conduit pour 1985 à une prévision de population urbaine de 520 000 habitants.

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Ces dernières années, la ville a consommé en moyenne: 450 1/s en 1969, 474 l/s en 1970 et 500 l/s en 1971. Pour 1971, la consommation unitaire par habitant est de 130 l/jour et l'on constate que le taux de croissance de la consommation est de 5,5 % pour les 2 dernières années, croissance qui s'explique par le renforcement du potentiel hôtelier. Pour l'avenir, une étude détaillée par quartiers (XVe Rapport de l'O.M.S. 1972) a permis de dégager un taux de croissance annuelle de 6 % conduisant aux prévisions suivantes des besoins moyens annuels en eau potable : 650 l/s en 1975 - 870 l/s en 1980 - 1 160 l/s en 1985. Pour dimensionner les adductions, il convient de prendre en compte un coefficient de pointe saisonnière qui majore par 1,3 les débits moyens annuels. Il faut enfin préciser que tous les débits ci-dessus mentionnés s'entendent pour un rendement du réseau de 0,70 jusqu'en 1975, puis d'un rendement de 0,75 à partir de 1976. Les ressources de la ville en 1972 proviennent toutes de la nappe phréatique du Haouz et s'élèvent à 530 l/s répartis entre des captages gravitaires de 305 l/s de débit moyen annuel (335 l/s en hiver et printemps 225 l / s en fin d'étiage) et des captages par pompages produisant 225 1/s. l e s captages gravitaires sont constitués par un drain dans la vallée du Reraya et une rhettara à l'Ouest de Marrakech ; les captages par pompages comprennent 2 puits et 4 forages aux S et SE immédiat de la ville. A partir de 1973 de nouvelles ressources devront être mobilisées pour couvrir les besoins de la ville. Trois puits à gros diamètre ont été implantés à proximité de la ville et doivent pouvoir produire 150 l/s environ, assurant une couverture des besoins jusqu'en 1976 moyennant des rabattements supplémentaires dans la nappe estimés tolérables pour les autres utilisateurs après essais de simulation sur modèle analogique. A partir de 1976, la croissance des besoins est vertigineuse et une nouvelle adduction apportant des ressources lointaines devrait entrer en service car la nappe, très sollicitée dans le secteur de Marrakech, ne serait pas susceptible de fournir les suppléments nécessaires si ses conditions d'alimentation demeurent identiques à ce qu'elles sont actuellement. Toutes les ressources lointaines susceptibles d'être mobilisées ont été répertoriées et les coûts des adductions ont été chiffrés ; pour toutes les adductions mobilisant des eaux superficielles : barrage de Lalla-Takerkoust surélevé, barrage Moulay-Youssef sur la Tessaoute, prise sur le canal principal du périmètre irrigué de la Tessaoute amont, les adductions et stations de traitement coûtent entre 20 et 40 millions de Dh 1972 selon les solutions, pour un débit de 350 à 500 l/s supplémentaires. On a également envisagé des champs captants dans la nappe du Haouz, très au large de la ville, qui se révèlent d'un

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RESSOURCES EN EAU DU MAROC

moindre coût niais influeront rapidement sur les prélèvements existants. Après mûre réflexion, il s'avère prudent de retarder le choix d'une adduction lointaine de façon à la concevoir dans le cadre du Plan général d'aménagement du Haouz qui doit être confectionné entre 1975 et 1976. En effet, on doit supposer que dès 1980 ou 1981, certains ouvrages importants d'accumulation (barrages sur le Tennsift) ou de transport d'eau (canal de rocade) seront en service à proximité de Marrakech et la nappe elle-même pourra peut-être produire des volumes suffisants en des champs captants rapprochés de la ville. Les investissements seront alors considérablement réduits.

De 1976 à 1981 il faut donc encore mobiliser quelque 200 l/s supplémentaires à partir de la nappe du Haouz, à proximité de la ville de Marrakech ou de l'adduction existante du Reraya. Ceci est certainement possible à condition de répartir les captages dans l'espace afin d'étaler les répercussions sur les exploitations existantes et d'admettre une certaine surexploitation. Mais des essais en vraie grandeur sont également effectués pour tenter de recharger artificiellement la nappe en amont de Marrakech par des injections d'eaux d'hiver dans les tronçons excavés en 1950-57 du canal de rocade et non revêtus jusqu'à présent; on espère pouvoir injecter dans la nappe, grâce à ce canal, l'équivalent du débit supplémentaire à prélever jusqu'à la soudure de 1981.

Conclusions Les besoins en eau du Haouz sont de deux ordres : ils correspondent soit à la nécessité de mise en valeur agricole des terres grâce à une irrigation moderne, soit aux problèmes d'alimentation en eau potable d'une métropole régionale en pleine expansion démographique et économique. Pour les satisfaire, il serait illusoire de compter faire appel aux nappes du Secondaire ou de l'Eocène, dont l'intérêt ne peut être que local, sur les bordures de la plaine ou dans le Mejjate. Seules sont susceptibles d'une exploitation intensive les eaux superficielles, abondamment tombées sur les sommets du Haut Atlas et drainées par un important réseau hydrographique et les eaux souterraines, celles de la nappe phréatique, incluses dans le sous-sol néogène et quaternaire de la plaine. Au terme de l'année 1972, les propriétés de la nappe phréatique, testées par des travaux divers de reconnaissance, des essais systématiques de pompage et des simulations très complètes sur modèles, peuvent être désormais tenues pour bien connues, dès l'instant que sont établis la carte de synthèse des transmissivités et le bilan hydrodynamique de la nappe. Ces deux documents, qu'il conviendra d'actualiser au rythme des connaissances nouvelles, seront la base de toute étude ultérieure. Quant aux objectifs que l'on peut désormais fixer, ils se traduiront par 1a recherche d'une récupération optimale des débits perdus, au niveau notamment des drainages, et la protection des réserves. Ce sont en effet, pour le seul système du Tennsift, 3400 l/s qui, sortant de la nappe, sont captés par le cours aval des oueds atlasiques (R'Dat, El-Hajar, N'Fis) et par le Tennsift lui-même. Repris localement par des séguias, ils pourraient aussi être partiellement exploités, avant résurgence, par des batteries de pompage convenablement implantées. Les zones les plus favorables, pour ce faire, sont celles des chenaux d'oueds actuels ou

fossiles, portés sur la carte des transmissivités et qui marquent des domaines privilégiés de l'écoulement. Par contre, l'unité orientale du Haouz demande dès à présent une surveillance plus particulière: le potentiel de pompage de plus de 1000 l/s que représentent les stations de Joualla et de Freita, conduirait, s'il était pleinement utilisé, à une surexploitation locale de la nappe et à un abaissement de la surface piézométrique. C'est d'ailleurs le problème que posent actuellement deux zones de prélèvements intensifs, celle de la Targa et celle des grandes rhettaras du Haouz central, à l'Est de Marrakech; la sauvegarde de l'aquifère y exigerait des mesures soit de ralentissement des pompages ou de remplacement des rhettaras, soit de recharge artificielle plus à l'amont. Quoiqu'il en soit, l'évolution future de l'exploitation passe actuellement par la définition de schémas généraux d'aménagement, comportant diverses options possibles : leurs valeurs respectives en seront testées, sur modèle électriques Résistances-Capacités » qui permet la simulation des écoulements transitoires. A cette utilisation planifiée des réserves souterraines sera associée une domestication plus poussée des eaux superficielles. La tendance actuelle est à la recherche de schémas mixtes : une régularisation des oueds par barrage, alimentant un réseau moderne de séguias bétonnées; un épandage sur les périmètres cultivés qui se traduit généralement par la percolation vers la nappe d'une part importante des débits repris et recyclés en irrigation par des batteries de pompages implantées en aval hydraulique. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que le remplacement d'un système traditionnel de séguias en terre, aux pertes considérables, par un réseau bétonné, donc étanche et sans fuite, s'il traduit en surface une amélioration

HAOUZ DE MARRAKECH ET MEJJATE

incontestable de la distribution et des rendements, aura à l'inverse des conséquences encore difficiles à prévoir sur le comportement de l'aquifère, lui supprimant de façon radicale

431

une part importante de l'alimentation au niveau des cônes. Le projet en doit être traité avec prudence.

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2.20. BASSIN D'ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE CÔTIÈRE D'ESSAOUIRA

Tables des matières 2.20. Bassin d'Essaouira-Chichaoua et zone côtière d 'Essaouira (par A. Cochet & M. Combe) .......................................................................... 433 Présentation géographique ................................................................................... 433 Géologie .............................................................................................................. 433 Stratigraphie .................................................................................................. 433 Tectonique ...................................................................................................... 435 Climatologie ........................................................................................................ 436 Hydrologie ........................................................................................................... 436 Hydrogéologie ..................................................................................................... 437 Caractéristiques des différents aquifères ....................................................... Alluvions quaternaires ............................................................................... Recherches dans le Bas-Tennsift ................................................................ Dunes récentes ............................................................................................ Le Pliocène ................................................................................................. Le Sénonien et l'Eocène ............................................................................. Le Cénomanien et le Turonien ................................................................... L'Aptien et le Barrémien ........................................................................... Le Jurassique supérieur .............................................................................. Chimie des eaux ............................................................................................ Bassin d'Essaouira-Chichaoua ................................................................... Zone côtière d'Essaouira .............................................................................

437 437 437 438 438 442 442 442 442 442 442 443

Aménagement des eaux ....................................................................................... 444 Alimentation en eau d'Essaouira ................................................................... 444 Projet de barrage sur l'Oued Ksob ................................................................. 445 Conclusions ...................................................................................................... 446 Références ........................................................................................................... 446

2.20 BASSIN D'ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE D'ESSAOUIRA par André COCHET & Michel COMBE

Présentation géographique

Cet ensemble hydrogéologique est limité au N par le plateau des Mouissate et l'embouchure de l'oued Tennsift, au S par le Haut Atlas occidental, à l'E par les plaines d'Imi-n-Tanoute et de Chichaoua et à l'W par l'océan Atlantique. Sa superficie est d'environ 6000 km2 (fig. 172). Il forme un immense plateau, légèrement relevé au S et au N, descendant vers l'W en pente douce puis s'abaissant brusquement pour donner naissance à la zone côtière à relief dunaire. L'arganier et le thuya dominent le paysage avec les terrains de parcours où s'intercalent parfois de minuscules champs d'orge. La population (environ 350 000 habitants) est essentiellement rurale ; la seule ville, Essaouira (ex. Mogador) ne compte en 1970 que 30 000 citadins. Ancien port florissant au XIXe siècle (débouché du Souss et du Haouz et point d'aboutissement des caravanes provenant du grand Sud), il est actuellement délaissé au profit d'Agadir et de Casablanca. Il n'en demeure pas moins le troisième port de pêche du

Maroc, débarquant une dizaine de milliers de tonnes de poisson par an. Les ressources sont essentiellement agricoles: cultures de céréales et de maïs, plantations d'oliviers et d'arganiers, troupeaux de moutons et de chèvres ; leur importance peut varier de façon assez considérable suivant que l'année est « sèche » ou « humide ». La superficie des terrains irrigués à partir de quelques sources ou de l'oued Ksob ne dépasse pas 500 hectares. Essaouira dispose en plus de la pêche, de quelques usines de conserves de poissons, de l'artisanat et du tourisme. Dans l'ensemble cette région est pauvre. Enfin, depuis quelques années (1957), des recherches pétrolières ont mis à jour des ressources encore assez limitées en hydrocarbures liquides et en gaz naturel et les prospections se poursuivent sur terre et sur la plateforme continentale. Le bassin pétrolier d'Essaouira n'en est pas moins actuellement le premier producteur du Maroc.

Géologie Les études géologiques fondamentales de cette région sont anciennes et font partie de l'important travail réalisé par E. Roch (1930). Cependant ces travaux s'avèrent souvent sommaires pour des applications hydrogéologiques. STRATIGRAPHIE Le tableau suivant donne une vue d'ensemble des faciès et des puissances des divers étages rencontrés.

Le. Primaire, le Stéphano-Trias et le Jurassique n'ont que des affleurements très réduits et localisés au coeur d'anticlinaux. (Jbel Hadid et Kourati au NW, Jbel Amsittène au SW, Jbel Tamergat-oued Tidsi au S de l'oued Ksob, anticlinal d'El-Khemis—Si-bou-Zid). Sur presque tout l'arrière-pays affleurent les formations du Crétacé ; des formations du Tertiaire (couches phosphatées) et du Quaternaire (dépôts superficiels) s'y rencontrent localement dans des cuvettes synclinales.

U

E

Calcaires coquiliers, grès dunaires et dune-

Série phosphatée, marnes et marno-calcaires EOCENE, MAESTRICHTIEN, SENONIEN

J B I L E T E

er

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TENSIFT

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SS AT E

Q

QUATERNAIRE ET PLIOCENE

ESSAOUIRA

Chichaoua R KO

O. Kso b

Si BO UZ ID

Calcaires lithologiques et marno-calcaires O. Igr

E EN ITT

Imi n'Tanoute

O. el Rhira

Zel tan e

O; IMI N4Tanoute

J.

CENOMANIEN, TURONIEN

ounza r

Marnes et argiles vertes ou bleues avec bancs O.

S AM

T IMA

gréseux à l'Aptien - CRETACE INFERIEUR Calcaires gypseux - JURASSIQUE SUPERIEUR Formations rouges, dolérites PERMO - TRIAS Schistes - PRIMAIRE 0

FIG.172 — Bassin d'Essaouira-Chichaoua, schéma géologique et plan de situation.

5

10

15

20

25 km

BASSIN ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE ESSAOUIRA

ETAGE

FACIES

435

PUISSANCE

Quaternaire

Calcaires coquilliers, dunes, limons, alluvions

20 m

Pliocène

Dunes consolidées, grès et calcaires coquilliers Marno-calcaires, marnes sableuses, couches phosphatées

80 m

Eocène et Sénonien Turonien

Cénomanien

Crétacé inférieur

Calcaire lithographique fissuré dit « calcaire à Astartes » et marno-calcaires

150 m 40 m

Marnes et argiles vertes

100 m

Calcaires jaunes et marno-calcaires

100 m

Marnes et argiles vertes ou bleues, avec bancs gréseux et un banc calcaire de l'Aptien (20 m)

1 000 m

Calcaires dolomitiques, marnes, grès, lentilles de gypse

500 m

Jurassique moyen et inférieur

Marnes et grès rouges, bancs calcaires

300 m

Stéphano-Trias

Argiles et grès rouges gypsifères et salifères, coulées de dolérites

500 m

Primaire

Schistes

Jurassique supérieur

Plusieurs milliers de m

La zone côtière est presque partout recouverte par les formations dunaires du Pliocène et du Quaternaire, sur une bande parallèle à l'Océan et large d'une vingtaine de kilomètres ; ces formations peuvent dépasser 100 mètres d'épaisseur sur le plateau d'Akermoud par exemple (fig. 177).

c.

la cuvette synclinale de Korimat-Bled Hart, où les couches demeurent subhorizontales et sont à peine affectées d'un très léger pendage vers le S,

d.

la cuvette synclinale d'Essaouira qui, est traversée par l'oued Ksob,

TECTONIQUE L'ensemble de cette région forme entre les deux anticlinaux du Jbel Amsittène au S et du Jbel Hadid au N, une vaste zone synclinale ouverte sur l'Océan.

e.

l'accident diapirique de Permo-Trias salifère de l'oued Tidsi qui sépare les cuvettes synclinales de Bouabout et d'Essaouira. Cet accident est orienté d'abord W-E sur 8 à 9 km, le long de l'oued Tidsi, puis SW-NE sur 20 km, jusqu'au N de l'oued Ksob.

Cette zone synclinale est affectée d'ondulations et d'accidents qui permettent d'y distinguer les subdivisions suivantes : a.

la cuvette synclinale de Bouabout, correspondant au cours de l'oued Igrounzar,

b.

la crête anticlinale complexe des Ouled-Bou-Sba séparant le synclinal de Bouabout au S du synclinal de Korimat au N,

Enfin au N de l'anticlinal du Jbel Hadid s'ouvre un autre synclinal côtier sous la plaine d'Akermoud. Ces plissements et ondulations n'affectent que les terrains anté-pliocènes que le Pliocène et le Quaternaire recouvrent en discordance.

436

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Climatologie (fig. 173) diminuent et l'irrégularité annuelle devient plus sensible. Le nombre de jours de pluie est en moyenne de 42 par an à Essaouira mais de 31 seulement à l'intérieur (Chichaoua) et les quantités de pluie moyenne par jour pluvieux sont de l'ordre de 6 à 7 mm. Les températures sont très tempérées sur la côte où l'écart thermique entre les moyennes des minima et maxima annuels n'est que de 6°2 C. Cet écart croît rapidement vers l'intérieur. L'évaporation mesurée au Piche atteint 1 500 mm/an à Essaouira et 2 700 mm à Chichaoua.

Le climat de la région côtière d'Essaouira est d'un type extrêmement original et particulier grâce à l'action du courant froid des Canaries qui tempère énormément les amplitudes thermiques et donne à la région même d 'Essaouira un climat de type insulaire, semi-aride à hiver chaud, exceptionnel au Maroc. Les pluies sont assez régulières en zone côtière grâce à l'action régulatrice de l'Océan et elles atteignent 300 mm à Essaouira, c'est-à-dire tout juste le besoin minimum des cultures de céréales sans irrigation. Vers l'intérieur, les hauteurs de pluies

CLIMATOLOGIE 1933-1963 20 – BASSIN D’ESSAOUIRA

MAROC ATLANTIQUE

Nom de la station

Réseau

Coordonnées

Altitude Lat .N.

Pluviométrie moyenne (mm)

Situation dans le bassin

Long.W.

M

J

J

A

S

O

N

D

31° 30'

9° 47'

Ouest

49

37

31

24

12

2

0

0

6

26

51

57

295

250 35 400 340

31° 31° 31° 31°

9° 9° 9° 8°

Centre Sud Est Est

66 51 27 27

50 39 25 25

45 32 28 23

35 26 21 16

15 13 16 9

1 3 6 3

0 0 1 0

0 0 3 0

7 7 14 8

32 28 16 19

61 53 27 26

76 60 28 31

388 312 212 167

FEVR.

MARS

ESSAOUIRA

SMN

5

HAD DES DRAA BOUTARZATE SIDI MOKHTAR CHICHAOUA

privé EF privé MI

JANV.

35' 22' 34' 33'

32' 43' 01' 47'

J

F

M

A

Ann.

Moyennes des températures maximales et minimales (°C)

Nom de la station ESSAOUIRA HAD DES DRAA BOUTARZATE CHICHAOUA

Max. 18.5 20.5 18.1 19.0

Mini. 9.7 6.6 6.0 3.3

Max. Mini. 18.8 10.3 21.6 7.1 19.0 6.6 21.1 5.1

J

F

M

A

M

BOUTARZATE CHICHAOUA

14.1 13.6 12.0

14.6 14.4 12.8

15.7 16.6 14.6

16.6 18.2 16.0

17.5 20.0 17.6

13.1

15.8

18.0

20.6

MAI

JUIN

Max. MIni Max. Mini. Max. Mini. 19.6 11.8 20.0 13.2 20.4 14.6 24.4 8.8 26.0 10.4 27.8 12.3 21.4 7.9 22.8 9.2 24.3 11.0 24.0 7.5 26.4 9.5 29.5 11.7

Max 21.2 31.8 27.7 33.0

JUIL.

Mini. Max. 16.1 21.7 15.1 35.1 14.0 29.4 14.2 37.8

11.2

AOUT

Mini. 16.8 18.0 16.3 17.3

A

S

18.6 19.2 23.4 26.6 20.8 22.8

19.5 28.4 25.0

19.4 22.3 24.4

18.7 17.0 15.0 20.1 19.8 15.0 22.3 17.4 13.4

17.2 19.9 18.3

ETR (mm) 290 390 310

23.6 27.6

27.9

24.6

20.5 16.0 12.4

19.3

180

J

J

O

Max. 22.1 37.1 33.2 37.9

SEPT.

N

D

Ann.

Indice global - 38,2 - 36,3 -38,9 - 49,2

Type climatique

DB’2 da’ DB’3 da’ DB’3 da’ E1 B’3 da’

NOV.

OCT.

Mini. Max. Mini. Max. 16.9 22.2 16.6 21.9 19.8 38.0 16.6 26.4 16.9 33.4 15.5 32.0 17.9 33.8 15.3 28.9

Classification Thornthwaite

Moyennes des températures moyennes (°C)

Nom de la station ESSAOUIRA HAD DES DRAA

AVR.

Mini 15.5 13.8 12.6 12.1

DEC.

Année

Max. Mini. Max. Mini. Max. Mini. 20.7 13.2 19.1 10.8 20.5 13.8 29.2 10.4 22.5 7.6 28.4 12.2 25.6 9.3 19.8 7.0 25.6 11.0 23.7 8.3 19.9 4.8 27.9 10.6

Evaporation d'après Turc (mm) 290 390 300

Evaporation mesurée (P=Piche B=Bac) (mm) Période Quantité

780 (P)

1952-1961

180

FIG. 173

Hydrologie L'oued Igrounzar reçoit l'oued Zeltène à 30 km de son embouchure. Il prend alors le nom d'oued Ksob et se jette dans l'Océan à 2 km au Sud d'Essaouira. Il draine les eaux de ruissellement de la cuvette synclinale de Bouabout et du versant nord du Haut Atlas occidental ; la superficie du bassin versant est de 1698 km2. Une station de jaugeage simplifiée a été installée en 1963 à la confluence des oueds Igrounzar et Zeltène puis déplacée ensuite vers l'aval (en amont

du pont de la route RP 8) ; les débits ont varié entre 0,180 m3/s (juillet 1967) et 3,350 m3 /s (janvier 1964). Le débit moyen, calculé à partir de la pluviométrie par la formule d'Iskowski et par la méthode graphique (Kabbaj, 1968), est de 3,5 m3/s, soit un apport moyen annuel écoulé de 110.106 m3. A partir d'un abaque établi par Dj. Lazarevic sur la base de données concernant les superficies des bassins versants et la pluviométrie sur l'ensemble du Maroc, le débit de la

BASSIN ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE ESSAOUIRA

crue millénaire serait de 1 450 m3 /s et celui de la crue centenaire de 840 m3 /s. D 'autres oueds drainent les eaux de ruissellement des cuvettes synclinales de Korimat et d' Essaouira et de la plaine d 'Akermoud. Ils sont courts et presque toujours à sec, sauf à la suite d 'une pluie. Leurs bassins versants ont en effet des dimensions réduites et sont constitués de calcaires ou de grès dunaires dans lesquels les eaux s'infiltrent largement. Aucune

437

mesure n'a été effectuée sur ces oueds temporaires. Enfin le cours inférieur, assez souvent à sec, de l'oued Tennsift longe la lisière nord de la plaine d'Akermoud. Une station hydrométrique a été mise en place en amont de l'estuaire (pont de la route principale Essaouira-Safi) en 1969 afin de recueillir des données chiffrées sur le débit évacué à l'Océan par ce fleuve qui n'est pas pérenne au niveau de son embouchure en raison des dérivations pour l'irrigation à l'amont.

Hydrogéologie CARACTERISTIQUES DES DIFFERENTS AQUIFERES Le bassin d 'Essaouira-Chichaoua et la zone côtière d'Essaouira constituent un ensemble de systèmes hydrogéologiques indépendants mais très semblables, qui correspondent aux cuvettes synclinales. A l'intérieur de ces systèmes, des nappes phréatiques n'existent que dans des secteurs très localisés (nappe d'Ounara, underflows des oueds Tennsift et Ksob, dunes récentes). L'eau circule en général en profondeur, dans les divers niveaux calcaires ou gréseux du Secondaire ou du Tertiaire, par des cheminements karstiques ou privilégiés encore mal connus ; elle en sort sous forme de sources aux points bas, au contact d'un niveau argileux ou marneux imperméable. Le nombre de points d'eau recensés dans ce bassin est de l'ordre de 200, dont une quinzaine de forages d'eau exécutés à titre d 'étude par l'Etat. Autant dire que les recherches sont à un stade très préliminaire. En suivant de haut en bas la chronologie stratigraphique, on rencontre des niveaux aquifères dans les étages suivants : ALLUVIONS QUATERNAIRES Elles recouvrent des fonds de vallées, le long de l'oued Ksob et de l'oued Tennsift, dans les régions de Korimat, Tleta des Hanchène, Ounara. Elles sont constituées surtout de limons et de graviers. La perméabilité est faible en général. Ces alluvions renferment de petites nappes phréatiques ou d'underflows alimentées par des oueds et parfois par des dégorgements de formations gréseuses ou calcaires du Pliocène ou du Crétacé. En d'autres endroits elles peuvent également alimenter ces mêmes formations. Elles sont exploitées par puits pour l'alimentation en eau et l'irrigation (vallées de l'Oumer-Aïoun et du Chabet-el-Hamra).

RECHERCHES DANS LE BAS-TENNSIFT (fig. 174) La nappe alluviale du Bas-Tennsift est de très loin la plus importante de toutes celles de cette région. Des travaux importants de recherche y ont été exécutés (1968-1969) afin de chiffrer les ressources que l'on envisageait d 'exploiter au bénéfice de l'agglomération industrielle de Safi, distante de 35 km vers le N ou plus modestement pour l'extension locale de l'agriculture irriguée. Les études se sont étendues sur les 15 km du cours aval de la rivière. Entre son embouchure et le défilé calcaire de Jbel Raba-Taoujijt, la vallée est large de 3 km en moyenne et est bordée à l'E et à l' W par des formations dunaires et conglomératiques du Plio-Quaternaire reposant sur du Jurassique supérieur marno-calcaire qui affleure au SE. L'oued dont le cours à une pente faible (1,7 °/oo dans ce secteur) a creusé son lit en larges méandres dans le Pliocène et recouvert la vallée proprement dite d'alluvions récentes. La vallée alluviale a une superficie de l'ordre de 30 km2 entre le niveau atteint par les hautes marées d 'équinoxe et le défilé du Jbel RabaTaoujijt. Une petite campagne de géophysique électrique (148 SE en AB = 1 000 m et 36 SE en AB = 2 000 m) a été réalisée en novembre 1969, conjointement à un levé des points d'eau les buts recherchés étaient l'évaluation de l'épaisseur et de l'extension des alluvions de la rivière et si possible la délimitation de l'interface eau douce - eau salée dans l'estuaire. Une série de 9 forages d'essai a suivi cette campagne afin de caler les résultats de la géophysique et de tester les qualités hydrogéologiques des niveaux aquifères. Le substratum marneux jurassique se situe à assez faible profondeur sous la vallée : 30 à 40 mètres à l'amont et 10 à 20 m à l'aval (soit vers la cote absolue - 15 à - 10 mètres au coeur de la vallée) ; il remonte très vite sur les bordures. Sur ce substratum repose un conglomérat quaternaire à liant argileux, puis des sables et graviers plus propres. En dehors de quelques

438

assez peu favorable pour envisager des exploitations immédiatement à l'amont.

130

U

E

125

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

I

Q

SOUIRA GUEDIMA U

E T A B

A

T

L

A

N

T

N

O

N

FORAGE D'ESSAI

E

A

PUITS EQUIPE D'EOLIENNE

C

165

PUITS LIMITE DE LA VALLEE ALLUVIALE

Te

ns

if

t

O

165

SITUATION EVENTUELLE D'UN BARRAGE DE GARDE SOUTERRAIN

LIMITE DE REMONTEE DES PLUS HAUTES MAREES

Ou

ed

162/43

EL KHEMIS OULED HADJ

160

160

O

U

L

E

EL EL

D

H

A D

J

148/43

150/43

140/43

152/43

154/43 155

La nappe alluviale draine sans doute les versants où se tient une nappe phréatique dans les conglomérats pliocènes et les grès et sables de la dune ancienne, mais ceci est difficile à démontrer sur des profils en travers, faute d'une topographie de détail précise au large de la vallée. Par contre il est acquis que l'oued alimente fortement la nappe alluviale en hiver (profil de la figure 175). Les travaux de recherche ont permis d'approcher le débit souterrain s'écoulant à la mer par la nappe alluviale : 50 l/s fictifs continus, d'estimer les réserves permanentes de la nappe à 7,5 Mm3 (240 1/s fictifs continus), ainsi que de fixer à 0,17 le taux de renouvellement. Le faible débit d'écoulement naturel de la nappe ne conduit pas à une exploitation bien intéressante, aussi songe-t-on à utiliser les possibilités de régularisation du réservoir aquifère au-delà de la limite naturelle grâce à une fermeture de la vallée par barrage obtenu par injection des alluvions ou mise en place d'un noyau d'argile, transversalement à la vallée dans la zone aval, un peu en deçà de la partie de l'estuaire atteinte par les plus hautes marées ; ainsi dégagé des risques d'invasion marine, le réservoir amont pourrait être modulé sur la presque totalité du volume de ses réserves et fournirait quelque 200 l/s fictifs continus. Avant d'en arriver au projet d'exécution, des études complémentaires restent à effectuer à propos de la géométrie et des qualités hydrauliques du réservoir, ainsi que des conditions naturelles de recharge de la nappe par l'oued (durée et volumes mis en jeu).

155

DUNES RÉCENTES 156/43

158/43

158/43

COUPE TRANSVERSALE

EL HAD TAOUBAT

125

130

DEFILE DU JBEL RABA TAOUJIJT 150

150

Elles se rencontrent en bordure immédiate de l'Océan ; elles sont formées de sables non consolidés. Trois puits (77/51, 78/51 et 79/51) ont été creusés en 1955 à l'E d'Essaouira dans les dunes quaternaires pour l'alimentation en eau de la ville. La tranche aquifère était peu épaisse et l'on n'a obtenu qu'un faible débit. Le niveau piézométrique étant voisin du niveau de la mer, un pompage prolongé aurait donné lieu à un appel d'eau salée ; les puits ont par la suite été abandonnés. LE PLIOCÈNE

FIG. 174 — Vallée alluviale du Bas-Tennsift, plan de situation des principaux travaux réalisés. zones particulières et finalement peu étendues, l'ensemble aquifère est assez perméable (5.10-3 m/s) et le coefficient d'emmagasinement assez bon (3 à 4.10-2). Par ailleurs, les eaux salées marines remontent dans l'estuaire jusqu'à 5 km de la mer, ce qui est un facteur

Sous forme de calcaires coquilliers ou de grès calcaires perméables et correspondant à d'anciennes dunes consolidées, le Pliocène existe et affleure le plus souvent sur presque toute la zone côtière. La roche magasin, bien connue pour sa bonne qualité tout le long du littoral Atlantique et renfermant d'ailleurs ici-même une eau de qualité chimique toujours acceptable, a fait l'objet des principales investigations hydrogéologiques

439

BASSIN ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE ESSAOUIRA

W 40 m PUITS

E

FORAGE 156/43

SE 55

FORAGE 160/43

FORAGE 158/43

LIT MINEUR DU TENSIFT

SE 54

SE 52

SE 45

SE 44

SE 48

SE 51

SE 47

SE 53

SE 46

SABLES

20

NIVEAU PIEZOMETRIQUE

GRAVIER 0

SUBSTRATUM MARNEUX (SECONDAIRE)

20 m

SE = sondage électrique ( suivi de son numéro )

0

500

1000 m

FIG. 175 — Vallée alluviale du Bas-Tennsift, coupe en travers de la vallée d'après la géophysique électrique (SE = emplacement d'un sondage électrique) et les forages.

systématiques exécutées dans ce bassin. Il ne fait pourtant aucun doute que ce Pliocène qui repose par endroits sur des formations jurassiques ou crétacées perméables est drainé verticalement vers elles et de ce fait peut s'avérer sec sur de larges zones. Ceci explique les nombreux échecs survenus dans ce secteur. L'alimentation de ces nappes provient vraisemblablement de la pluie et d'abouchements latéraux, mais rien ne permet de dissocier et de chiffrer séparément ces deux facteurs. Les exutoires du Plio-Quaternaire dunaire sont constitués par : — des sources, à la faveur de certaines conditions morphologiques (la plus importante est l'Aïn-elHajar : 54/43, fig. 176, débit 30 l/s) ; — des exhaures par puits lorsque le niveau aquifère est peu profond ; — des dégorgements à la mer, totalement inconnus actuellement ; — des abouchements avec des calcaires perméables du Crétacé qui ensuite dégorgent en mer. Deux régions distinctes ont fait l'objet de recherches qui, il faut bien le dire, n'ont pas été conduites au-delà d'une reconnaissance à grande échelle qui mérite de sérieux compléments. L'arrière-pays d'Essaouira, compris entre l'Océan à l'W, le plateau crétacé à l'E, le Jbel Hadid au N et l'oued Tidsi au S, est un plateau couvert de forêts, au réseau hydrographique à peine marqué en dehors des vallées des oueds Tidsi, Ksob et El-Aïoun, comportant de

nombreuses cuvettes et même de véritables dolines qui laissent supposer l'existence d'infiltrations. Le substratum est constitué, pour autant que l'on puisse l'observer, par du Crétacé marneux ou du Crétacé calcaire. La couverture plio-quaternaire comprend des grès calcaires, surmontés de sables et limons argileux dunaires plus ou moins fortement consolidés, mais perméables. Entre ce plateau et la mer s'allonge une bande de dunes vives récentes qui s'élargit près d'Essaouira jusqu'à 5 km de la côte, et ne comporte aucune terre cultivable susceptible d'être exploitée car les sols sont sableux et mobiles. Par contre le plateau est davantage susceptible d'être mis en valeur et il porte des cultures ; en cas de découverte d'eau, le maraîchage constituerait une plus-value certaine. Sept forages y ont été exécutés : cinq à proximité d'Essaouira et deux au NE. Tous ont été des échecs, bien qu'ils aient été précédés d'une campagne de géophysique (sismique réfraction) qui avait localisé des vallées fossiles à la base du Plio-Quaternaire, vallées que l'on considérait comme susceptibles de constituer des drains pour la nappe. Le forage 63/51 (X = 93,3 ; Y = 116,9 ; Z = 125 m) montre que cet objectif n'est peut-être pas valable ; sa coupe simplifiée est la suivante : — 0 à 20 m : grès calcaires — 20 à 59 m : sables et grès calcaires — 59 à 75 m : marnes, sables et grès — 75 à 77 m : conglomérats et grès coquilliers — 77 à 120 m : calcaires et marnes (Crétacé). Le niveau d'eau se situait à 77 m de profondeur et le débit était pratiquement nul : comme on le voit, le Pliocène est sec à cet endroit, comme probablement en

440

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Qa - Alluvions récentes

162/43

Qd - Quaternaire dunaire a2 Vives a1 Anciennes

M

148/43

I OU

152/43 104/43

P - Pliovillafranchien. Quaternaire marin et dunaire

158/43

J.

T TIJ UA TO

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Série phosphatée

Crétacé supérieur

TALMEST

JBEL

Crétacé moyen et inférieur Jurassique

Forages

Sources

Puits

0 13

A

AKERMOUD

JB EL

92/43

Site de Barrage 2

4

8

6

10 km

OU ED

EL FA I

DA

103/43

CAP HADID

TLET A HANNCHENE

54/43

53/43

78/43

SK EL HAD 120/43

130

80

ESSAOUIRA

D KS OUE

OB

Si BOUZID

63/51

T I Q U E A T L A N

O GR O.

R ZA UN

AS SI

45/51

E A N O C

0

HA DI D

Trias

AMR EL H

0 13

BET CHA

CAP SIM O.

I? DE TI

FIG. 176 — Géologie et principaux points d'eau du plateau d'Akermoud.

F

ZE LT A

NE

441.

BASSIN ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE ESSAOUIRA

beaucoup d'autres. Les puits productifs de cette région exploitent très certainement une nappe perchée dans la partie supérieure du Pliocène, au-dessus d'un niveau plus marneux qui ne doit pas être homogène car les nappes perchées sont manifestement discontinues ; l'argument qui milite en faveur de cette ' hypothèse est que le niveau piézométrique mesuré dans ces puits se situe vers 30 m de profondeur et que les débits unitaires des ouvrages sont minimes. En fin de compte le Pliocène inférieur, très perméable, ne semble être aquifère que lorsqu'il est peu profond ou bien repose sur une formation elle-même aquifère (vallée du Ksob et région d'Essaouira) ; ailleurs il est probablement sec le plus souvent. Ainsi, toutes les recherches anciennes sont-elles sans doute à reconsidérer au moins du point de vue de leur objectif ; on s'est dans cette affaire laissé influencer par une étude géophysique, de qualité d'ailleurs plus que douteuse, aux dépens d'un examen hydrogéologique approfondi. Il n 'en demeure pas moins que les chances de découvrir d'importants débits d'eaux souterraines dans cette région apparaissent plutôt minces. Le plateau côtier d'Akermoud s'allonge entre la mer et les Jbel Hadid et Ali-Kourati qui constituent une limite très marquée au SE et à l'E. La limite N est large d'une dizaine de kilomètres. Le substratum secondaire est constitué de Crétacé affleurant vers la cote 70 m en bordure de mer au SW, et à l'E par les massifs jurassiques des Jbels Hadid et Ali-Kourati ; ce substratum secondaire est assez peu perméable dans l'ensemble et dessine un synclinal très plat entre la mer et les jbels, synclinal recouvert en discordance par les grès pliocènes marins puis la dune quaternaire.

La base du Moghrébien gréseux s'abaisse de la cote + 70 m au S à + 40 m au N (vallée de l'oued Tennsift) et l'on est ainsi tenté de prévoir une vidange de la cuvette gréseuse vers le N, c'est-à-dire vers la vallée du Tennsift ; malheureusement il est probable que le substratum du Pliocène est perméable au N du plateau (série calcaréo-dolomitique du Jurassique). Deux objectifs s'offraient alors aux recherches : atteindre la nappe plio-quaternaire au cœur du synclinal ou bien explorer la série jurassique au NE, là où elle n'est pas trop profonde (sa base se situerait vers 400 m de profondeur à proximité de l'oued Tennsift). Etant donné l'intérêt de trouver de l'eau au centre du plateau, on choisit d'explorer le Pliocène ; deux sondages auprès d 'Akermoud (92 et 103/43) exécutés en 1953 peuvent être considérés comme positifs bien que l'eau soit profonde (103 et 46 m respectivement) et les débits modestes (1 et 8 litres/seconde). Il ne fait pas de doute qu'il serait possible de créer un réseau assez dense de points d'eau au bénéfice des troupeaux et peut-être même de permettre la promotion individuelle de quelques petits périmètres maraîchers irrigués ; l'eau se situe vers la cote absolue + 30 m dans les deux cas, et la partie aquifère du réservoir Pliocène comprend les 10 à 20 mètres inférieurs ce qui est assez peu. La moitié nord du plateau d'Akermoud a été prospectée (Boudon, 1972), mais les points d'eau y sont très rares : une dizaine seulement ont été inventoriés. Comme le laissait prévoir un précédent rapport (Thuille, 1957), l'eau est profonde car le substratum secondaire (Jurassique supérieur), est

PLAINE D'AKERMOUD

JBEL RADID AIN ASSOUAFIR 500

500 400

Si MOULAY ER RASFA

Za AKERMOUD

300 200 100 0

0

Terre végétale rouge

Crétacé inférieur. Calcaire. Marno-calcaire

Grès dunair

Jurassique supérieur. Calcaire (Callovien Lusitanien. Kimméridgien

NB : Les failles hypothétiques ont été portées sur la coupe . Cette hy-

Pliocène Grès marin Méso-crétacé et crétacé supérieur. Marnes-calcaires

pothèse est fondée sur l'existance d'un lambeau de pliocène près du

Jurassique lagunaire. Calcaires gréseux et marnes rouges Trias. Marnes rouges et gypse

Marabout de Si Yacoub à la cote 650 environ 0

2

FIG. 177 — Coupe géologique schématique de la plaine d'Akermoud d'après L. Monition, 1953.

4

6 km

442

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

perméable et draine vers le bas le Pliocène sus-jacent ; en outre, l'eau est plus ou moins saumâtre à cause de la présence de lentilles de gypse dans le réservoir calcaréodolomitique du Jurassique. Tout ceci demande à être vérifié par une prospection systématique par forages et géophysique qui permettra de mettre sur pied un programme de recherche. Jusqu'à présent, les difficultés d'accès de la région et l'éloignement au Centre Régional de rattachement ont été les deux principales raisons du délaissement de ce secteur. LE SÉNONIEN ET L'EOCÈNE Ces étages ne sont représentés que localement dans la partie orientale du synclinal de Korimat et dans la cuvette de l'oued Igrounzar. Ils renferment quelques niveaux de marno-calcaires à silex qui alimentent de petites sources au débit très constant. LE CÉNOMANIEN ET LE TURONIEN Dans le bassin d'Essaouira-Chichaoua les calcaires compacts du Turonien et les calcaires et marno-calcaires jaunes du Cénomanien forment deux barres qui tantôt dominent en surplomb les marnes albiennes, tantôt apparaissent sous les marnes de la série phosphatée, découpées par les oueds en gorges aux parois abruptes. Aux affleurements ces dalles reçoivent et laissent largement s'infiltrer les eaux météoriques et les eaux transportées par les oueds. En profondeur elles peuvent également recevoir des eaux du Pliocène ou du Quaternaire. L'écoulement souterrain s'opère suivant un réseau karstique encore mal connu. L'eau ainsi acheminée jaillit en sources dans les cuvettes synclinales aux points bas et au contact de niveaux marneux ; le débit de ces sources s'échelonne de quelques litres à quelques dizaines de litres par seconde et s'avère assez régulier (vallée de l'oued Mrameur par exemple). Tout au long de l'oued Igrounzar-Ksob ces deux niveaux calcaires jouent un rôle important dans la suralimentation et dans les pertes de l'oued ; on en reparlera ci-dessous à propos de l'alimentation en eau de la ville d'Essaouira. Dans la cuvette synclinale de Korimat, l'eau des sources s'accumule parfois dans des élargissements de vallées à sous-sol marneux et mal drainés à l'aval. Il en résulte des remontées et parfois des affleurements de nappes nuisibles à l'agriculture et à la salubrité. Des problèmes de drainage se posent ainsi localement tandis que sur les plateaux calcaires du pourtour les habitants ne peuvent disposer que de réserves d'eau accumulées dans des citernes.

L'APTIEN ET LE BARRÉMIEN Ces étages comprennent un niveau calcaire ou gréseux assez constant interstratifié dans des marnes épaisses. Les zones d'alimentation sont peu étendues, aussi les débits aux exutoires naturels sont-ils toujours inférieurs au litre par seconde. On peut citer comme appartenant à ce groupe quelques sources sur le flanc du synclinal de Bouabout. LE JURASSIQUE SUPÉRIEUR Les marno-calcaires gypsifères et les calcaires du Jurassique supérieur affleurent sur les Jbels Hadid et Amsittène et dans les Mouissate, sur la bordure nord du bassin d'Essaouira-Chichaoua. Ils sont d'autre part présents en profondeur sous les marnes et argiles du Crétacé inférieur. Ces formations sont faiblement perméables et l'eau qui y circule est presque toujours séléniteuse. De potabilité médiocre pour les hommes, il est cependant utile de la rechercher pour l'abreuvement des troupeaux lorsqu'il n'y a pas d'autre ressource et lorsqu'elle est accessible. C'est le cas dans la partie nord du synclinal de Korimat-Bled Hart. CHIMIE DES EAUX BASSIN D'ESSAOUIRA-CHICHAOUA Les eaux du Sénonien et de l'Eocène sont de qualités diverses et de concentration généralement comprise entre 1 et 2 gr/l ; le faciès est chloruré sodique ou sulfaté calcique. Les eaux sont assez douces dans le Turonien (0,5 à 1,5 gr par litre, faciès bicarbonaté calcique au-dessous de 0,8 gr/l, chloruré sodique au-dessus, plus rarement). Les eaux du Cénomanien sont presque toujours plus concentrées (0,3 à 3 gr/l, généralement plus de 1 gr/l). Leur faciès est variable, mais toujours assez riche en sulfate : bicarbonaté calcique, chloruré sodique ou calcique. Les eaux de l'Aptien et du Barrémien ont une concentration comprise entre 0,7 et 1,5 gr par litre ; le faciès est bicarbonaté calcique ou chloruré sodique, riche en sulfates. Les eaux du Jurassique supérieur sont généralement séléniteuses. Il faut noter enfin la présence d'eaux connées très concentrées, associées à des gisements d'hydrocarbures au centre du bassin dans le Jurassique supérieur (sondage KE 2 de la S.C.P. : 60 gr par litre, faciès chloruré sodique) ou dans le Lias (sondage KE 1, 434 gr par litre, faciès chloruré calcique très aberrant).

BASSIN ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE ESSAOUIRA

Teneurs en mg/l

Ca + + 300

et E. BERKALOFF Figuré

+ Na + K +

Mg + +

Cl

8 000

4 000

10 000

LEGENDE

D'après H. SCHOELLER

DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU

-

10 000

? n° IRE Rés. sec ohms/ mg/l cm

dh pH

54/43

1800

96

62/51

1240

58

401/52

1000

63

--

SO 4 10 000 milliéquivalents

443

100 1 000

1 000

50

1 000 1 000

milliéquivalents

-CO 3 Combiné -( CO 3 + HCO 3 )

1 000

NO- 3

1 000

1 000

10

10 100

100 100 100 100 100 100

1

1 10

10 10 10 10 10 10

0.1

0.1

10

FIG. 178 — Composition des eaux du bassin d'Essaouira en représentation logarithmique : 54/43 = Aïn el Hajar, 62/5,1 = Sources palmier (Turonien d'Essaouira), 401/52 = Oued Zeltène à la station de jaugeage.

ZONE CÔTIÈRE D'ESSAOUIRA Les eaux du Quaternaire et du Pliocène sont de qualités variables, médiocres en majorité et souvent saumâtres (0,2 à 8 gr par litre, plus de 1 gr par litre sur la plus grande étendue). Les eaux très douces bicarbonatées calciques sont rares (dunes d'Essaouira:

0,2 à 0,3 gr par litre) et le faciès chloruré sodique prédomine largement. Dans les calcaires du Cénomanien-Turonien l'eau est plus ou moins salée (1 à 2 gr par litre, faciès chloruré sodique) et plus concentrée dans le Cénomanien que dans le Turonien. Il en est de même dans le Crétacé inférieur (1.5 à 2 gr par litre, faciès chloruré sodique pauvre en sulfates).

444

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Aménagement des eaux ALIMENTATION EN EAU D 'ESSAOUIRA (fig. 179)

Ksob après chaque crue importante, de façon à dériver l'eau vers la séguia. Enfin, vers 1952, une crue importante détruisit la séguia qui ne fut jamais reconstruite ; la zone de jardins qu'elle irriguait fut livrée à l'urbanisation. Simultanément, on captait 2 km en amont de la dérivation ci-dessus mentionnée une série de sources dans la vallée du Ksob, sources émergeant du Pliocène, mais manifestement soutenues par des dégorgements du Turonien sous-jacent ; des pompes refoulent l'eau au sommet de la berge rive droite et une adduction gravitaire la conduit à Essaouira. De l'ordre de 30 1/s, le débit capté était insuffisant dès 1940 et de nombreux travaux furent effectués depuis cette époque pour tenter d'accroître les exploitations locales d'eau souterraine. L'exploitation de deux sources et d'un puits permirent de porter les ressources à 42 l/s, puis le captage d'une nouvelle source (source du Palmier) en 1968, à 600 m en amont des installations existantes, porta le potentiel disponible à 58 l/s, encore insuffisant en raison de l ’ accroissement

La population d'Essaouira était de 26 400 habitants au recensement de 1960, et dépasse en 1970 les 30 000 habitants. La vie économique est axée sur la pêche et les industries dérivées (conserveries) mais il existe une tannerie et une huilerie ainsi qu'une activité artisanale importante spécialisée dans le travail du bois (tables et coffres). L'alimentation de la citadelle portugaise fut d'abord assurée par des puits foncés dans les grés dunaires puis par une séguia dérivant les eaux pérennes de l'oued Ksob à 3 km au SSE de la ville. Le débit de cette séguia, progressivement aménagée en buses, fut porté jusqu'à 30 et 40 l/s ; puis l'ouvrage fut désaffecté pour l'alimentation de la ville et consacré à l'irrigation d'une vingtaine d'hectares de jardins dans la ville même. L'ouvrage de prise ne fut jamais réalisé et les usagers reconstituèrent sommairement une levée de terre sur le

Source et son n° I.R.E.

45 75

Puits

65

Forage

63

"

"

"

"

Indice I.R.E. 51

115

1

3 km

2

79

N

T

I Q

U

E

0

L

A

78

A

T

ESSAOUIRA

110

N

. 10 R.P

O

C E A

77

D O UE

43 64

68 85

86

63 KSOB

84

105

65

R.P .

60 53

45

90 .8 R.P

85

90

Fia. 179 — Plan de position des différents travaux de recherche effectués pour l'alimentation en eau potable de la ville d'Essaouira.

8

BASSIN ESSAOUIRA-CHICHAOUA ET ZONE COTIERE ESSAOUIRA

85 et 86/51) s'adressait à nouveau aux calcaires turoniens autour des sources. Ces derniers, épais de 35 m, étaient traversés sous 4 m de Pliocène et s'avéraient à nouveau compacts (0,5 à 0,7 l/s). Le caractère karstique de ces formations est l'élément essentiel comme en témoignent les griffons des sources ; hors du karst, l'ensemble est compact et improductif, ce qui rend particulièrement aléatoire une recherche par puits ou sondage,

des besoins. De nombreux travaux de recherche, tous négatifs, avaient été effectués entre-temps d'abord auprès des captages productifs, puis en s'en éloignant. Ce sont : •







Le sondage 64/51 (1953) effectué dans la basse terrasse de l'oued Ksob à 150 m en amont des captages principaux avait pour objet de reconnaître la perméabilité des alluvions et les qualités du calcaire turonien. L'ouvrage traversa 10 m d'alluvions colmatées puis 20 m de calcaires turoniens compacts avant de s'achever dans le Cénomanien marno-calcaire. Le débit était faible (2,5 1/s) et le sondage fut abandonné. Le sondage 68/51 (1953) avait uniquement le calcaire turonien pour objectif. Implanté en rive gauche du Ksob au droit du captage, il recoupa la série calcaire compacte (0,5 l/s) et fut abandonné. Le puits 65/51 (1953) situé en rive droite du Ksob, en aval des sources, recoupa une diaclase dans des bancs calcaires du Cénomanien qui produit 8 l/s. Ce puits fut équipé au bénéfice de la ville. (Ce puits est mal implanté sur la fig. 179, il se situe en fait en rive droite au même niveau que le forage 84/51). En 1955, trois puits (77,78 et 79/51) furent exécutés à l'E d'Essaouira, dans les dunes quaternaires. Les deux premiers ont traversé le Quaternaire et le Pliocène et atteint le Crétacé, alors que le troisième était arrêté dans le Pliocène. La tranche aquifère était très peu épaisse dans tous les cas, les débits étaient faibles et le niveau de l'eau très proche du niveau de la mer ce qui faisait craindre une invasion marine de, la nappe en cas d'exploitation d'ouvrages de ce genre, si l'on en constituait de plus productifs et conduisait à éliminer cette voie de recherche. En 1968, à l'occasion du fonçage d'un avant-puits pour un sondage pétrolier, un débit de 15 l/s d'eau douce fut extrait à proximité des anciens puits d'étude, dans le Plio-Quaternaire, reposant le problème de l'étude de cet objectif.



En 1956 puis en 1959 furent exécutés les deux sondages 63/51 et 120/43 sur le plateau côtier au NE d'Essaouira, recherchant des vallées fossiles du Pliocène déterminées par géophysique. La validité de ces objectifs a été discutée précédemment et les deux ouvrages furent des échecs.



Un puits à galerie fut effectué (1959) pour capter la source du Palmier (62/51) située à 600 m en amont des captages de la ville et émergeant des calcaires turoniens. Le débit obtenu était de 6 l/s, mais les ouvrages furent détruits par une crue en 1962 ; la reprise du captage de cette source en 1968 permit d'obtenir 16 l/s injectés immédiatement dans le réseau urbain.



En 1962 une nouvelle campagne de sondage (84,

445



Enfin, en 1971 des essais de puits négatifs (puits 53 et 90/51) ont été effectués au débouché d'une petite plaine alluviale en amont de la route RP N° 8 où des émergences dans l'oued Ksob avaient été reconnues, indices du drainage d'un réservoir aquifère.

Comme on peut en juger, l'alimentation en eau d'Essaouira à partir de ressources souterraines locales pose des problèmes difficiles dans l'état actuel des connaissances, il est vraie assez fragmentaires, sur l'hydrogéologie de cette région. En multipliant les travaux de recherche, on peut peut-être espérer découvrir quelques bons captages dans le Plio-Quaternaire (du type de l'avant-puits pour sondage pétrolier mentionné ci-dessus), mais leur exploitation sera toujours difficile et coûteuse. On pourrait peut-être aussi s'intéresser à une source connue, (45/51) sortant du Plio-Quaternaire en bord de mer au S d'Essaouira, source submergée à marée haute, réputée pour un débit de 20 l/s et qu'il faudrait pouvoir capter en amont. Ces solutions n'en demeurent pas moins assez problématiques actuellement, alors que la ville dispose de 60 l/s (contre 65 l/s demandés) et aura besoin de 80 l/s en 1975 de 105 1/s en 1985 et de plus de 160 l/s en 2 000. Pour l'immédiat (1975-85), on pense capter par drain le sousécoulement pérenne de l'oued Ksob aval, soit 30 à 40l/s à l'étiage, écoulement jadis réservé à l'ancienne séguia de la ville. PROJET DE BARRAGE SUR L'OUED KSOB L'alimentation en eau d'Essaouira pourrait être assurée pour une plus longue échéance par la construction d'un barrage sur l'oued Ksob, à la confluence des oueds Zeltène et Igrounzar. L'oued Ksob recoupe en cet endroit des formations de calcaires, de marnocalcaires et de marnes du Turonien et du Cénomanien ; le site est assez resserré et le pendage des couches orienté vers l'amont. L'oued Ksob pourrait être ainsi entièrement régularisé, ce qui permettrait de disposer d'un débit fictif continu de l'ordre de 3,0 m3 /s. actuellement presque entièrement perdu à l'Océan. Sur ce débit il faudrait effectuer le prélèvement nécessaire à l'alimentation actuelle et future d 'Essaouira et utiliser le reliquat soit à l'irrigation de plus de, 1 000 hectares de terres cultivables situées en aval dans la vallée, là où s'effectuaient jadis des cultures de canne à sucre soit aux besoins industriels d'un nouveau centre d'extraction

446

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

phosphatier (Bni des Meskala dont l'étude est en cours). Si cette suggestion d'un emploi mixte d'une réserve importante et coûteuse à mettre en place ne pouvait être combinée, l'édification d'un grand barrage serait trop coûteuse pour les seuls besoins d'Essaouira et il faudrait avoir recours à une autre solution, par exemple la création d'une petite retenue parallèle au Ksob, à proximité d'Essaouira, alimentée par des dérivations de débits d'hiver de l'oued Ksob.

partie de cette région, les eaux de sources s'accumulent parfois en des points bas et posent des problèmes de drainage.

CONCLUSIONS Cette région comporte de nombreux niveaux aquifères dans les formations calcaires, gréseuses et alluviales ; leur alimentation en eau ne peut provenir que des infiltrations dues aux précipitations directes ; pour une pluviométrie de 250 mm par an et en supposant que le coefficient d'infiltration est de 10 %, on peut estimer que la quantité d'eau infiltrée sur ce plateau est de 150 millions de m3 par an, ce qui représente environ 0,7 l/s par km2 .

Un barrage sur l'oued Ksob et le captage des sources existantes permettraient de résoudre les problèmes d'alimentation en eau potable d'Essaouira, de nombreux douars environnants et de petits centres ainsi que de créer ou d'étendre des petits périmètres d 'irrigation qui valoriseraient l 'agriculture de cette région et permettraient peut-être une relance de son activité économique.

La circulation des eaux souterraines est dans l'ensemble du type karstique. Alors que les citernes sont le seul moyen de conserver l'eau sur la plus grande

L'ensemble des prélèvements par sources, puits ou sondages est de l'ordre de 1 m3 /s, soit environ le 1 / 5 de l'alimentation. La majeure partie des eaux infiltrées s'enfonce profondément par des cheminements karstiques difficilement décelables, gagne le Jurassique supérieur qui s 'abouche à l'Océan.

Des recherches par puits et par sondages profonds dans les divers niveaux aquifères, à l'emplacement des structures favorables à l'accumulation souterraine des eaux, permettraient également de créer des points d'eau dans d'autres secteurs jusqu'alors bien délaissés dans le domaine de la prospection des ressources en eau.

REFERENCES AMBROGGI R. & THUILLE G. (1952) : Le Haut Atlas : 1. Haut Atlas occidental et synclinal de Mogador, in Hydrogéologie du Maroc Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 97, pp. 237-243. BERNERT G. (1970) : Plaine du Bas Tennsift, rapport de fin de sondage de la campagne 1969-70. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 36 pp., 5 fig. BOUDON A. (1972) : Etude préliminaire de la région d'Akermoud. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 16 pp., 4 fig. COCHET A. (1963) : Alimentation en eau de la ville d'Essaouira. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. COCHET A. (1968) : Note concernant un débit de 15 1/s trouvé dans les sables dunaires récents à 6 km au NE d'Essaouira. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 3 pp. KABBAJ A. (1968) : Note hydrologique sur l'oued Ksob. Rap. inéd. MTPC/DH/DRE. MARGAT J. (1961) : Les eaux salées au Maroc. Hydrogéologie et hydrochimie. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 151, 138 pp, MONITION L. (1953) : Sur l'intérêt de sondages dans la plaine d'Akermoud. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.

MOULLARD L. (1951) : Reconnaissance hydrologique de la région de Mogador. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. ROCH E. (1930) : Etudes géologiques dans la région méridionale du Maroc occidental. Notes & M. Serv. Mines & Carte géol. Maroc, n° 9, 542 pp. SUTER G. (1958) : Géologie du plateau d'Akermoud (Maroc occidental), Notes Serv. géol. Maroc, t. 16, n° 143, pp. 7-16. SERFATY A. (1958) : Ressources minérales et énergétiques de la région Mogador—Marrakech—Safi. Mines & Géol., Rabat, n ° 1 , p. 49. THUILLE G. (1957) : Note sur les ressources en eau souterraine de la zone côtière Safi-Mogador. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. Société Africaine d'Etudes Maroc (1966) : Etude de l'alimentation en eau de la ville d'Essaouira. Rapp. inéd., arch. MTPC/DH/DRE. Manuscrit reçu le 8 mai 1973. Mise à jour partielle en décembre 1974

LISTE DES FIGURES Présentation du Domaine Atlantique 1. Situation géographique du domaine Atlantique ........................................................

20

2. Le domaine Atlantique — Limite et découpage en bassins hydrogéologiques……………………………………………………………….................. 3. Schéma géologique très simplifié du domaine Atlantique .......................................

23 27

4. Climatologie, carte des isohyètes moyennes annuelles ............................................

29

5. Pluviosité moyenne annuelle en fonction de la latitude, le long du littoral Atlantique ........................................................................................................

30

6. Diagrammes pluviothermiques selon quatre coupes méridiennes Est-Ouest dans le domaine Atlantique .......................................................................

31

7. Bilan des ressources en eau superficielles à l’embouchure des principaux bassins, en modules annuels et à l'étiage. Situation du réseau de mesures national de la Division des Ressources en Eau (1971)……………………………. 8. Bilan des ressources en eaux souterraines par aquifères, avec indication du taux d'exploitation (1971) ...................................................................................................

33 36

Meknès-Fès 9. Coupe géologique schématique du sillon sud-rifain passant par la ville de Fès, avec les différents types de sources ..................................................... 42 10. Tableau climatologique ............................................................................................. 44 11. Cours d'eau pérennes et principales sources ............................................................. 45 12. Carte hydrogéologique, relevés piézométriques de 1967 ........................................ 46 13. Nappe phréatique du plateau de Meknès-Fès, isobathes (région de Douyet et isocônes de l'eau exprimées en résidus secs à 180°C

48

14. Plateau de Meknès-Fès, types d'eaux souterraines de la nappe phréatique, influence de la lithologie ........................................................................ 50 15. Saïs-Est, schéma des débits d'écoulement ................................................................ 51 16. Saïs-centre, schéma des débits d'écoulement ........................................................... 53 17. Saïs-Ouest, schéma des débits d'écoulement ............................................................ 54 18. Meknès-Est, schéma des débits d'écoulement .......................................................... 56 19. Meknès-centre, schéma des débits d'écoulement ..................................................... 57 20. Esquisse piézométrique de la nappe profonde du Lias du plateau de Meknès-Fès et de la bordure du Causse moyen-

62

21. Evolution piézométrique de 1963 à 1972 de la nappe profonde du Lias du plateau de Meknès-Fès (piézomètre n° 290/22) .................................... 64 22. Bilan hydraulique total du plateau de Meknès-Fès .................................................. 68

448

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

Couloir Fès-Taza 23. Couloir Fès-Taza : plan de situation et unités géologiques ................................... Diagramme 24. Oued Inaouène à la station hydrologique de Touaba — logarithmique de la composition des eaux au cours d 'une année .......................... 25. Couloir de Fès-Taza : plan d 'implantation des forages exécutés ........................... 26. Coupe géologique N-S sur le tracé du projet de galerie Sebou- Inaouène, montrant la structure du Lias calcaire dans le fossé de la Rhomra au S, les anticlinaux de Saya et Chaïrat au centre et les Beni-Saden au N .................... 27. Coupe géologique N-S à Oued Amlil d'après Ph. Lemaire (1956) 28. Coupe des basses terrasses développées suivant le cours de l'oued Inaouène ....................................................................................................................... 29. Coupe géologique interprétative au niveau des sources de SidiHarazem ......................................................................................................................

74 78 79

80 82 83 84

er

30. Site d'Arabat (barrage Idriss 1 ) : esquisse structurale et coupe géologique régionale ..................................................................................................

86

31. Carte géologique du site de barrage d'Arabat (Oued Inaouène) ............................

87

'

32. Couloir de Fès-Taza : projet d aménagement hydroélectrique et hydroagricole des eaux, implantation des ouvrages principaux…….................................................................................................

91

Plaine du Rharb 33.

Nappe profonde et plan de situation ........................................................................

96

34.

Coupes géologiques de quelques forages du Rharb ...............................................

97

35.

Tableau climatologique .............................................................................................

99

36.

Bilan hydrologique .................................................................................................... 100

37.

Répartition des apports de l'Oued Sebou par sous-bassins versants (1932-1970) ................................................................................................................ 101

38.

Carte des inondations de la crue de janvier 1963 ... ............................................... 102

39.

Salinités des eaux de l'estuaire du Sebou ................................................................ 104

40. 41.

Coupe NW-SE dans la partie centrale des dunes côtières du 106 Rharb Coupe géologique N-S de la Mamora ...................................................................... 108

42.

Coupe géologique N-S à travers le périmètre irrigué ............................................ 109

43.

Diagramme d'analyse d'eau de la nappe profonde du Sud-Est du Rharb ........................................................................................................................... 110

44.

Schéma géologique de la perte du Sebou dans la nappe profonde à l'entrée dans la plaine du Rharb ............................................................................ 112

45.

Carte isopiézométrique de la nappe profonde en charge, étiage 1965, de la Plaine du Rharb ...................................................................................... 113

46.

Fluctuations piézométriques de la nappe profonde du Rharb ............................... 115

47.

Carte de drainage de la nappe en charge vers la nappe phréatique…………….…….

116

48.

Bilan hydraulique des eaux souterraines de la nappe profonde………………………

117

449

LISTE DES FIGURES

49. Carte piézométrique de la plaine du Rharb, période d'étiage, relevés de 1963- 1964 ................................................................................................. 50. Carte hydrogéologique de la nappe phréatique de la plaine du Rharb, profondeurs ..................................................................................................... 51. Fluctuations piézométriques de la nappe phréatique du périmètre irrigué de Sidi-Slimane ............................................................................................... 52. Carte hydrogéologique de la nappe phréatique de la plaine du Rharb, concentrations de l'eau .................................................................................... 53. Correspondance des teneurs en Cl ou ClNa et des résidus secs des eaux de la nappe phréatique du Rharb .................................................................

118 119 121 122 123

54. Localisation des principales disponibilités en eau souterraine ..................................

128

55. Bassin du Dradère-Soueïre (schéma général de situation) ......................................... 56. Coupes interprétatives d'après les forages et la géophysique ....................................

133

57. Sources du bas Dradère .............................................................................................. 58. Carte piézométrique du bassin Dradère-Soueïre ........................................................

135

59. Schéma de mobilisation des eaux souterraines du Dradère-Soueïre ......................... 60. Modèle mathématique du Dradère-Soueïre à mailles bikilométriques en fin de calage, en régime permanent .......................................................................

144

134 140

146

Méséta 61. Plan de situation et schéma géologique ..................................................................... 62. Points d'observations hydrologiques et climatologiques ........................................... 63. Corrélation entre pluviométrie et altitude .................................................................. 64. Tableau climatologique, Méséta centrale et côtière (littoral) ....................................

151 154 154 155

65. Tableau climatologique, Méséta centrale et côtière (partie centrale) ....................... 156 Tableau climatologique, Méséta centrale et côtière (partie orientale) ...................... 66. 156 67. Nappe phréatique de Rabat-Témara. Schéma géologique et piézométrique ...................................................................................................................... 162 68. Nappe phréatique de Benslimane, schéma géologique et piézométrique ...........................................................................................................................

165

69. Besoins en eau potable des villes de la côte de Kénitra à Casablanca jusqu'à l'an 2 000 .............................................................................................

166

70. Alimentation en eau des villes de la côte atlantique entre Kénitra et Casablanca, adductions existantes en 1970 et adductions projetées jusqu'en 2 000 .............................................................................................................

167

'

71. Ressources en eau susceptibles d être mobilisées pour l'alimentation des villes de la côte atlantique ....................................................................................

169

72. Gisement de la source thermale Lalla-Aghya d'Oulmès en Méséta centrale ........................................................................................................................

171

Rehamna 73. Massif des Rehamna, croquis de situation et schéma géologique, d'après M.Gigout ......................................................................................................... 177 74. Tableau climatologique .............................................................................................. 178

450

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

75. Rehamna, diagramme logarithmique de quelques types d'eaux ................................. 180 76. Carte et coupe géologique du synclinal d'Im-Fout autour du barrage, d'après J. Gubler, 1938 .....................................................................................

182

77. Barrage de Daourate vu de l'aval ..............................................................................

183

78. Site de barrage de Sidi-Chého, courbes des volumes emmagasinés et des surfaces de la retenue en fonction de la hauteur d'un barrage .....................

185

Plaine de Berrechid 79. Présentation géographique et géologique du bassin constitué par la plaine de Berrechid et la Chaouia entre Mohammedia et Casablanca ..........................................................................................................................

188

80. Plaine de Berrechid, coupes géologiques longitudinales et transversales .......................................................................................................................

190

81. Coupes géologiques schématiques de la Chaouia côtière entre Casablanca, Médiouna et Tit-Mellil, d'après L. Monition & M. Nérat de Lesguisé ......................................................................................................

193

82. Tableau climatologique .............................................................................................

194

83. Carte piézométrique de la nappe de la plaine de Berrechid ..................................

201

84. Carte des profondeurs sous le sol de l'eau de la nappe de la plaine de Berrechid ...............................................................................................................

202

85. Différentes familles hydrochimiques des eaux de la nappe de Berrechid ..............................................................................................................................

203

86. Faciès chimiques de l'eau de la nappe de la plaine de Berrechid exprimés sous forme de diagrammes logarithmiques ............................................

204

87. Carte des concentrations en sels (résidus secs à 180°C) de l'eau de la nappe de la plaine de Berrechid ...................................................................... 88. Plaine de Berrechid : carte des isopaches des terrains aquifères résistants ........................................................................................................................

205 207

89. Drainage naturel des eaux souterraines par les quartzites primaires dans la région de Tit-Mellil ......................................................................................

210

90. Profondeur de la nappe phréatique dans la basse Chaouia à l'E de Casablanca .............................................................................................................

211

91. Carte des concentrations en sels (résidus secs à 180°C) des eaux souterraines dans la Basse Chaouia à l'E de Casablanca .......................................

212

92. Région de Tit-Mellil (Basse Chaouia) : piézométrie et salure de la nappe phréatique ........................................................................................................ 93. Faciès chimiques des eaux à la limite de la plaine de Berrechid et de la Basse Chaouia .............................................................................................. 94. Faciès chimiques des eaux à la limite de la plaine de Berrechid et de la Basse Chaouia .............................................................................................. 95. Faciès chimiques des eaux à la limite de la plaine de Berrechid et de la Basse Chaouia .............................................................................................. 96. Basse Chaouia à l'E de Casablanca : carte des indices d'échanges de base ........................................................................................................................ 97. Répartition des différentes familles chimiques des eaux de la nappe phréatique en Basse Chaouia à l'E de Casablanca ..................................................

213 214 215 216 217 218

451

LISTE DES FIGURES

Zone côtière Casablanca-Azemmour 98. Graphique des moyennes pluviométriques mensuelles de la zone côtière de Casablanca à Azemmour ........................................................................ 226 99. Graphiques des moyennes des températures mensuelles ...................................... 228 100. Carte hydrogéologique de la Chaouia côtière ....................................................... 228 101. Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour : gradients hydrauliques ............................................................................................. 230 102. Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour : profondeurs jusqu'à l'eau ......................................................................................... 231 103. Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour : piézométrie en basses eaux ..................................................................................... 232 104. Fluctuations de la nappe dans la zone de Casablanca ........................................... 234 105. Eaux du Plio-Quaternaire ........................................................................................ 235 106. Eaux du Crétacé ........................................................................................................ 237 107. Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour : concentration des eaux en sels totaux (résidus secs à 180°C)……………….… 238 108. Nappe phréatique de la Chaouia côtière entre Casablanca et Azemmour : carte des prélèvements d'eau par pompages .......................................................... 240 Plateau des Phosphates 109.

Tableau climatologique ............................................................................................ 245

110.

Nappe phréatique de Gueffaf—Sidi-Amor. Lithologie du réservoir et piézométrie ............................................................................................................

247

111.

Carte structurale du toit des calcaires du Turonien supérieur ……………….....

248

112.

Carte des profondeurs sous le sol du toit des calcaires du Turonien supérieur ....................................................................................................................

253

Carte piézométrique schématique de la nappe des calcaires du Turonien supérieur ....................................................................................................................

254

Composition chimique des eaux des calcaires turoniens en représentation sur diagramme logarithmique ..................................................................................

256

Plateau des Phosphates : répartition des affleurements du Sénonien et de l'Eocène et piézométrie schématique des nappes contenues dans ces niveaux .......................................................................................................

258

113. 114. 115.

Abda-Doukkala 116.

Situation, limites et schéma géologique simplifié des Abda-Doukkala et de leurs bordures ................................................................................................... 262

117. Esquisse structurale du Crétacé inférieur d'après la géophysique (méthode électrique) et forages ............................................................................... 263 ' 118. Esquisse structurale de la base du Plio-Quaternaire d après la géophysique et les forages ............................................................................................. 265

119. Carte schématique de l'épaisseur des limons quaternaires dans la plaine des Doukkala ................................................................................................. 267 120. Coupes géologiques W-E à travers le Sahel .......................................................... 268 121. Coupes géologiques à travers les Doukkala ........................................................... 269

452

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

122. Esquisse géomorphologique des Abda-Doukkala ................................................. 123. Tableau climatologique, plaine des Abda-Doukkala ............................................

270

124. Tableau climatologique, Sahel de Safi—Azemmour ............................................

272

125. Abda-Doukkala, carte des isohyètes moyennes annuelles pour la période 1933-63 et position des postes pluviométriques ......................................

275

126. Schéma hydrologique de la plaine des Abda-Doukkala. Réseau hydrographique et découpage en bassins versants ................................................

279

127. Carte piézométrique de la nappe phréatique de la plaine des Doukkala .............................................................................................................................

285

128. Hydrogéologie du Sahel de Safi .............................................................................

288

129. Hydrogéologie du Sahel central ..............................................................................

290

130. Schéma d'aménagement du périmètre irrigué des Abda-Doukkala……

292

131. Plan de situation des ouvrages absorbants en fonctionnement dans les Doukkala ..............................................................................................................

295

272

Tadla 132. Plaine du Tadla : schéma géologique et carte de situation au 1/500 000 des forages profonds ...........................................................................

303

133. Plaine du Tadla : coupe géologique schématique ................................................... 304 134. Plaine du Tadla : tableau climatologique ................................................................ 307 135. Plaine du Tadla : carte de situation des stations météorologiques………………

309

136. Plaine du Tadla : carte de situation des stations hydrologiques …………….…..

310

137. Nappes phréatiques des Bni-Amir et des Bni-Moussa, carte des isopièzes ........................................................................................................................... 138. Nappes phréatiques des Bni-Amir et des Bni-Moussa, carte hydrochimique .....................................................................................................................

316 318

139. Nappes phréatiques des Bni-Amir et des Bni-Moussa, carte des transmissivités .................................................................................................................... 321 140. Plaine du Tadla : carte de situation des aménagements ......................................... 326 141. Alimentation en eau de Khouribga : carte de situation ..........................................

331

142. Zone comprise entre l'Oued Derna et Kasba-Tadla—Rhorm-el- Alem: carte de situation ........................................................................................................ 337 143. Exploitation du secteur de Sidi-Jabeur (Bni-Moussa) ...........................................

345

'

144. Exploitation d eau souterraine pour irrigation du secteur dominé par le canal médian-Est (Bni-Moussa) ..................................................................... 346 145. Essais de mise en eau d'un secteur en terre du canal médianOuest (Bni-Moussa) ...................................................................................................

355

Ganntour—Bahira 146. Coupe géologique N-S des Rehamna aux Jbilete, le long de la route principale RP 9 (d'après M. Benzaquen, A. Boujo & R. Médioni, 1963) ............................................................................................................................ 369 147. Tableau climatologique ............................................................................................. 370 148. Bahira occidentale et centrale, Géologie et piézométrie ........................................

372

453

LISTE DES FIGURES

376

149.

Bahira occidentale et centrale. Profondeur de la nappe phréatique…………………

150.

Bahira occidentale et centrale. Salinité des eaux de la nappe phréatique .................. 378

151.

Bahira orientale : carte géologique de surface et carte structurale profonde du toit des calcaires du Turonien ...............................................................

152.

Bahira orientale : piézométrie de la nappe phréatique (d'après A. Cochet, 1963) et carte du réseau des principales séguias traditionnelles d'irrigation ................................................................................................................. Bahira orientale : diagramme logarithmique de la composition des eaux de l'Oued Tessaoute et de la nappe profonde du calcaire turonien ................... Bahira orientale : évolution dans le temps du débit de la source Aïn Igli (18/36) d'après les jaugeages effectués par l’ORMVAH…………………..

153. 154. 155. 156.

379

383

387

Bahira orientale : carte des profondeurs de la nappe phréatique et des salures (résidus secs à 180°C), d'après A. Cochet, 1963……………..................

389

Bahira orientale : ressources en eau mobilisables pour l'irrigation du périmètre de la Tessaoute aval dans le cas où les oueds Tessaoute et Lakhdar sont totalement utilisés à l'amont .............................................................

390

Jbilete et Mouissate 157.

Tableau climatologique ..............................................................................................

394

158.

Jbilete et Mouissate, plan de situation et schéma géologique .....................................

396

Haouz 159. Cadre géographique ..................................................................................................... 400 160. Coupes géologiques schématiques N-S de la plaine du Haouz ................................... 401 161. Tableau climatologique ............................................................................................... 404 162. Plaine du Haouz, étude sur papier conducteur ............................................................. 410 163. Plaine du Haouz, étude sur modèles mathématiques ................................................... 411 164. Modèle mathématique Haouz en fin de calage ............................................................ 413 165. Carte des transmissivités ............................................................................................. 414 166. Carte piézométrique, carte des conditions aux limites ................................................. 415 167. Carte des profondeurs, conductivités et débits d'échange ............................................ 416 168. Diagramme logarithmique des eaux du N'Fis .............................................................. 417 169. Diagramme logarithmique de l'analyse chimique des eaux souterraines en quelques points caractéristiques .............................................................................. 418 170. Carte des débits, résultats définitifs ............................................................................. 426 171. Possibilités d'aménagement du Haouz de Marrakech .................................................. 427 Essaouira-Chichaoua 172. Bassin d'Essaouira-Chichaoua, schéma géologique et plan de situation ....................

434 173. Tableau climatologique .............................................................................................. 436

454

RESSOURCES EN EAU DU MAROC

174. Vallée alluviale du Bas-Tennsift, plan de situation des principaux travaux réalisés ...............................................................................................................

438

175. Vallée alluviale du Bas-Tennsift, coupe en travers de la vallée d'après géophysique électrique et forages ......................................................................

439

176. Géologie et principaux points d'eau du plateau d'Akermoud ………………………. .

440

177. Coupe géologique schématique de la plaine d'Akermoud, d'après L. Monition 1953 ...........................................................................................................

441

178. Composition des eaux du bassin d'Essaouira en représentation logarithmique ........................................................................................................................

443

179. Plan de position des différents travaux de recherche effectués pour l'alimentation en eau potable de la ville d'Essaouira ......................................................

444