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Tableau de loge
D’un point de vu profane
Dans le monde profane, on retrouve chez certaines religions des similitudes avec le tableau de loge maçonnique. Par exemple, chez les juifs, le temple sépare ce qui est pur de ce qui est impur. Chez les musulmans, le tapis de prière peut être considéré comme un temple portatif. Les similitudes viennent notamment du fait qu’il faut sacraliser un espace pour essayer de communiquer avec quelque chose de supérieur.
D’un point de vu maçonnique Au début de la maçonnerie, il n’existait pas de temple, mais les loges se constituaient au hasard, le local choisi devait permettre d’être ni vu ni entendu.
Il convenait donc de pouvoir rendre ces lieux sacrés en y ajoutant des éléments indispensables pour différencier les tenues des réunions profanes. Pour sacraliser l’endroit, après que le frère Couvreur se fut assuré que l’assemblée se trouvait à l’abri de toute indiscrétion, le frère Expert traçait à la craie ou au charbon les principaux symboles du grade auquel devait travailler la loge, puis il les effaçait à la clôture des travaux. On a pris par la suite l’habitude de représenter ces symboles sur une toile peinte, appelée tableau ou tapis de loge.
Emplacement et symboles La première chose qui a attiré mon attention est la représentation du Temple, à commencer par les Trois marches, symbole du passage du monde profane au monde initiatique. Je passe rapidement sur les colonnes du Temple : J et B, marquant la frontière du Temple et du monde profane, également symbolisée par la porte du Temple. De même pour le pavé mosaïque, dont la dualité semble symboliser l’égalité et l’équilibre malgré la différence. Tout en bas du tableau, a gauche de la colonne du Nord, on observe la pierre brute. C’est le symbole de l’homme profane, produit grossier de la société qui doit être travaillé et transformé en un élément de construction. Tailler sa pierre signifie qu’il faut faire un travail sur sois et éliminer ses vices pour élever son esprit. Et pour polir sa pierre, l’apprenti se sert de ses deux premiers outils, le ciseau et le maillet. Le ciseau, par son tranchant, permet de retirer le surplus, l’inutile. Mais en fait, il n’est rien sans le maillet qui symbolise la volonté, la puissance, l’action et qui agit sur lui pour créer un impact. Le ciseau est donc l’élément passif, il symbolise la pensée qui va guider l’action et la rendre efficace. Ces deux outils sont donc indissociables, on ne peut utiliser l’un sans l’autre pour tailler sa pierre.
On observe que deux instruments sont au dessus des colonnes J et B : la perpendiculaire et le niveau. La perpendiculaire, ou fil à plomb, est l’instrument qui permet au bâtisseur de s’assurer de la verticalité de la construction, il peut ainsi ériger murs et colonnes. Attribut du second surveillant, il symbolise la recherche en profondeur de la vérité, de la connaissance. Le niveau est quant à lui l’instrument qui permet au bâtisseur de s’assurer de l’horizontalité de la construction. Le Niveau est l’attribut du premier Surveillant, il représente l’égalité, l’équilibre et donc de mon point de vu une certaine forme de justice. Si le fil à plomb symbolise la connaissance, le niveau permet donc sa bonne utilisation. Lorsque l’Apprenti devient Compagnon, on dit qu'il « passe de la Perpendiculaire au Niveau », c'est à dire qu'ayant suffisamment approfondi les éléments de la connaissance, il devient capable d'envisager ceux-ci dans leurs relations avec le Monde. Juste au dessus de la pierre brute, on trouve la planche à tracer, instrument du Maître Maçon, dont le plan d’œuvre va guider l’apprenti. Au dessus du delta lumineux et du compas se trouve l’équerre. Destinée à tracer des angles droits, elle montre ce qui est droit et ce qui ne l’est pas. Elle permet de redresser ce qui ne l’est plus ou ce qui ne l’est pas encore. Au niveau de la gestuelle, le signe de la mise à l’ordre rappelle au frère l’obligation de respecter le serment de son initiation, il invite à la droiture. Se mettre à l’ordre revient à incarner physiquement l’équerre. L’équerre symbolise donc la droiture dans les pensées et dans les actions. Elle nous oblige à descendre en nous-mêmes, à travailler sur nous-mêmes, à nous corriger pour atteindre la rectitude de la pensée. Elle est considérée comme l’emblème de la perfection des travaux d’une loge ; elle est donc l’attribut du Vénérable Maître. En dessous de l’équerre, on a le compas qui a pour définition « mesurer avec exactitude ». Il sert à tracer des cercles. Il permet donc symboliquement de prendre la mesure de toute chose, d’évaluer la portée et les conséquences de nos actes.
Comme on le voit sur le tapis, l’équerre et le compas sont intimement liés. Ils ont pour objectif de former le cœur et de régler l’esprit. Mais ces deux instruments sont aussi complémentaires. L’équerre est un instrument fixe qui reste passif et qui symbolise la matière. Le compas est mobile, donc actif et symbolise l’esprit. Au 1er degré, l’équerre est placée sur le compas, symbolisant le fait que la matière domine l’esprit, et que le travail essentiel de l’Apprenti consiste à dégrossir la pierre brute. En haut du tableau nous avons la lune et le soleil. Ils rappellent l’importance de la nature et l’importance que nous devons lui accorder. Je pense que leur présence dans le tableau de loge a pour but de nous rappeler que l’infiniment petit et l’infiniment grand ont un rôle commun. Au dessus de la porte du temple nous trouvons Le Delta Lumineux qui est la lumière qui éclaire le temple. Le triangle est un important symbole maçonnique. On le retrouve dans tous les temples, ainsi que dans nos textes sous forme des trois points qui représentent ses sommets. Le symbolisme est sans fin : liberté-égalité-fraternité, thèseantithèse-synthèse, passé-présent-avenir, naissance-vie-mort… Enfin, la corde qui entoure le tableau est composée de nœuds d’amour, elle semble symboliser la chaine d’union réalisée à la fin de chaque tenue. Elle représente sans aucun doute l’amour et l’unité qui doit régner entre les frères. Finalement, c’est grâce à tous ces outils que l’Apprenti pourra réaliser son chef d’œuvre, la pierre cubique, située elle au Midi, sur la colonne des compagnons et maîtres. Symbole de perfection et de stabilité, elle symbolise l’idéal maçonnique, qui nécessite de longs et pénibles efforts, un travail qui n’est jamais terminé et doit se poursuivre. Elle n’est donc pas une fin en soit et selon moi elle représente une niveau spirituel qui ouvre sur autre chose.
Ce que le tableau de loge m’a inspiré … Pour moi le tableau de loge est la carte d’un chemin spirituel à suivre et pour avancer il faut nécessairement franchir certaines étapes. Pour y arriver, le franc-maçon a à sa disposition plusieurs outils/symboles qu’il doit comprendre et utiliser correctement. Par ailleurs, l’étude du tableau de loge m’a appris également que certains outils sont « actifs » et d’autres « passifs ». En d’autres termes j’ai compris qu’il y a des symboles qui ne peuvent être utilisé indépendamment d’autre.