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Zitiervorschau

© 2020 Publications Chrétiennes Inc. Tous droits réservés. La reproduction, la transmission ou la saisie informatique du présent ouvrage, en totalité ou en partie, sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, électronique, photographique ou mécanique est interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Pour usage personnel seulement. Toute citation de 500 mots ou plus de ce document est soumise à une autorisation écrite de Publications Chrétiennes ([email protected]). Pour toute citation de moins de 500 mots de ce document le nom de l’auteur, le titre du document, le nom de l’éditeur et la date doivent être mentionnés.

« Il existe de nombreux livres sur la prière, mais très peu sur la puissance de la prière biblique, stratégique et collective de l’Église de Jésus-Christ. Ce petit livre pratique a le potentiel de transformer votre Église locale pour la gloire de Dieu. » GAÉTAN BRASSARD, pasteur principal de l’Église

Le Portail

« À partir d’une assise théologique solide et d’un ministère pastoral éprouvé, John Onwuchekwa étudie notamment le Notre Père, les événements de Gethsémané et les prières des Actes pour motiver et inspirer notre vie de prière communautaire. Son livre suit la formule bien rodée de cette précieuse série proposée par 9Marks. L’auteur va à l’essentiel, avec des illustrations claires et des pistes pratiques de réflexion et d’application. Chaque chrétien devrait prendre le temps d’écouter ce que Dieu attend de la vie de prière de son Église. Le propos est dérangeant, émouvant, percutant mais bienfaisant. À lire absolument ! » FRÉDÉRIC BICAN, pasteur, Église Action Biblique de

Grasse ; président de l’Action Biblique France

« Question : Pourquoi publier un autre livre sur la prière ? Réponse : Pour placer entre les mains des lecteurs francophones une ressource qui traite, concrètement et avec une grande justesse théologique, de la prière communautaire dans le cadre des rencontres hebdomadaires et des réunions de prière

régulières de l’Église locale. Que la lecture de ce livre puisse amener nos Églises à glorifier Dieu davantage. » JAMES HELY HUTCHINSON, directeur de l’Institut

Biblique de Bruxelles

« "Priez souvent, car la prière est un bouclier pour l’âme, un sacrifice pour Dieu et un fléau pour Satan", disait John Bunyan. Rien n’est plus vrai, surtout en ce qui concerne la prière communautaire. Si vous trouvez que votre vie de prière est sèche et aride, ce petit ouvrage de John Onwuchekwa saura vous mener aux sources d’eau vive de la communion avec Dieu ! » GUILLAUME BOURIN, pasteur de l’Église réformée baptiste

de la Trinité ; auteur du livre Je répandrai sur vous une eau pure ; fondateur du blog Le Bon Combat ; directeur de l’Institut Biblique #Transmettre

« Pour construire haut, il faut creuser profond. Voici un petit livre qui vous donnera de bonnes bases pour prier seul et avec les autres. Prier, ce n’est pas pour obtenir ce que nous voulons, mais pour devenir ce que Dieu veut que nous soyons. Prier n’est pas uniquement pour prendre ce qui est dans la main de Dieu, mais surtout prendre la main de Dieu. Ce livre nous rappelle qu’une Église qui prie, c’est la plus grande puissance du monde. N’oublions jamais que prier est la chose la plus

grande, la plus noble que nous puissions faire pour Dieu et pour l’homme. Bonne lecture ! » YAN NEWBERRY, pasteur ; fondateur des séminaires sur la

prière ; auteur de plusieurs livres sur la prière

« J’ai trouvé l’auteur rafraîchissant et transparent. Le cœur et la tête y sont réunis. Voici un livre biblique et pratique sur la prière communautaire, un sujet qui fut malheureusement presque oublié durant les trois dernières décennies au Québec. À travers l’étude du Notre Père, ce petit ouvrage nous rappelle l’importance du "nous" dans l’Église. Il nous équipe concrètement sur la façon de créer des temps de prière vivants durant les cultes et lors des réunions de prières ponctuelles de l’Église. Il vient combler un réel besoin. Que Dieu utilise ce livre pour un renouveau de la prière communautaire. » RICHARD HOULE, pasteur associé de l’Église Baptiste Évangélique de Vaudreuil ; responsable du Mouvement de prière 24/7, AEBEQ

« La prière est une arme dans la vie du croyant, mais encore faut-il l’utiliser. John Onwuchekwa nous encourage avec beaucoup d’humilité à redécouvrir comment la prière nous aide à rester dépendants de Dieu. Non seulement fait-il référence à notre vie de prière quotidienne, mais il souligne également le rôle de la prière communautaire. Il donne beaucoup d’importance à celle-ci, car elle nous enseigne comment supplier, confesser, adorer et démontrer de la

reconnaissance à Dieu d’une manière qui annonce et qui applique la Bonne Nouvelle de Christ directement au cœur de notre assemblée. » MICHAËL CARON, pasteur de la vision, Église Évangélique

Baptiste de Shawinigan-Sud ; partenaire du ministère 9Marks pour la francophonie

« Ce livre nous encourage à relever le défi de prier en Église. Écrit de manière pastorale et pratique, il offre des réflexions qui nous poussent à redéfinir le cadre de nos réunions de prière, à nous rapprocher de Dieu et à dépendre de lui. C'est lorsque nous prions Dieu ensemble que nous prenons le mieux soin les uns des autres. Le "je" devient "nous", car nous formons un corps. Je vous encourage à lire ce petit livre avec vos groupes d'étude et vos partenaires de prière. » FRANÇOIS PICARD, ancien directeur général du Séminaire

Baptiste Évangélique du Québec (SEMBEQ) ; ancien à l’Église Baptiste Évangélique Emmanuel, Montréal

« Je ne crois pas avoir déjà lu un livre sur la prière qui m’ait conduit à éprouver toute la gamme des émotions humaines, jusqu’à ce que je lise La prière, de John Onwuchekwa. Voilà un livre humain : beau, poignant, drôle, sans concession et pastoral. Ce livre est plus utile qu’une réprimande pour nos vies de prière souvent léthargiques. Il ne cherche pas à nous manipuler en nous culpabilisant. Onwuchekwa écrit à la manière d’un compagnon de voyage et, en tant que tel, il

sait bien que ce dont les voyageurs ont le plus besoin, c’est de rafraîchissement. Ce livre est un encouragement désaltérant à nous rassembler pour chercher notre grand Dieu. Je prie que toutes les Églises lisent La prière ensemble ; cela changera nos assemblées. Cet ouvrage est une chaleureuse invitation pour l’Église entière ; il attire le peuple de Dieu vers les merveilles de la prière. » THABITI ANYABWILE, pasteur, Anacostia Church River, Washington, D. C. ; auteur de What Is a Healthy Church Member?

« La prière est un excellent livre écrit par mon cher ami John Onwuchekwa. Il est riche sur le plan biblique et théologique. Il est aussi concret et honnête. Vous souhaitez instaurer un groupe de prière dans votre Église ? Ce livre est un très bon début. » DANIEL L. AKIN, président du Southeastern Baptist

Theological Seminary

« Tout le monde se souvient de cette tante ou de cet oncle qui a fait taire nos peurs avec cette phrase : "On va simplement prier pour ça, mon chéri". John Onwuchekwa est cette voix pour aujourd’hui, qui appelle l’Église à revenir à l’un des plus simples et des plus puissants outils dans son arsenal : la pratique de la prière collective. Il ne souhaite pas simplement réveiller nos muscles de prière atrophiés ; il nous invite à la tâche bien plus ardue de réorienter nos

priorités pour qu’elles s’alignent davantage avec celles de Dieu. L’appel d’Onwuchekwa à revenir à ces "choses premières" constitue un excellent point de départ pour voir les communautés chrétiennes avancer dans la même direction : celle du royaume de Dieu. » K. A. ELLIS, Cannada Fellow for World Christianity,

Reformed Theological Seminary

« Il y a sûrement quelque chose qui manque dans votre Église, quelque chose auquel vous n’avez pas beaucoup réfléchi ou que vous n’avez probablement même pas remarqué. Il s’agit de la prière. Onwuchekwa nous explique les raisons convaincantes, pertinentes et bibliques pour lesquelles la prière collective devrait être une priorité dans l’Église. C’est un grand privilège de prier ensemble, en tant que famille – voilà la vision qu’Onwuchekwa nous communique. Ce livre a le potentiel de transformer non seulement les individus, mais aussi nos relations et la culture dans nos Églises. Je le recommande vivement. » TRILLIA NEWBELL, auteure de La très bonne idée de Dieu,

Enjoy et Fear and Faith

« L’Église primitive a puissamment progressé parce qu’elle était une Église qui priait (Ac 4.31). Si aujourd’hui, nous maîtrisons si bien les rouages du ministère que nous pouvons réussir sans la puissance d’en haut, alors nous avons échoué. Mais si nos Églises d’aujourd’hui entendent cette exhortation à la prière de

John Onwuchekwa, nous l’emporterons nous aussi sur toutes les puissances terrestres, pour la gloire de Dieu ! » RAY ORTLUND, membre du conseil de The Gospel Coalition

« Ce livre nous pousse à réfléchir à la vie de prière dans l’Église locale. Onwuchekwa établit un cadre théologique, puis nous donne des solutions concrètes et réalistes pour l’étoffer. J’ai eu le privilège de travailler avec John durant cette dernière décennie, et je ne connais personne qui sache mieux que lui présenter des concepts imposants de manière agréable pour le corps de Christ. Il se surpasse dans ce livre. Il prend des principes bibliques et les transmet efficacement. Son œuvre sur ce sujet est un don pour l’Église. » DHATI LEWIS, pasteur principal, Blueprint Church,

Atlanta, Géorgie ; directeur général de la restauration communautaire, North American Mission Board ; auteur de Among Wolves: Disciple-Making in the City

« De quoi nos Églises pourraient-elles avoir plus besoin, sinon d’une spiritualité renouvelée, centrée sur l’Évangile ? Et que pourrions-nous faire de plus pour vivre ce renouveau que de nous réengager dans la communion nourricière avec notre Père, par la prière ? C’est pourquoi je suis reconnaissant pour ce livre exceptionnel de John Onwuchekwa. C’est un guide pratique, accessible et touchant qui nous conduit dans les

profondeurs du privilège immense et glorieux de pouvoir parler au Dieu de l’univers. » JARED C. WILSON, directeur des stratégies de contenu,

Midwestern Baptist Theological Seminary ; directeur du Pastoral Training Center à Liberty Baptist Church, Kansas City, Missouri ; auteur de Supernatural Power for Everyday People

« J’ai beaucoup à dire sur ce petit livre, parce qu’il est excellent. En fait, je pense que c’est l’un des meilleurs livres de cette série. Court et bien écrit, ce livre du pasteur John Onwuchekwa se penche principalement sur deux passages des Évangiles : le Notre Père et la prière de Jésus dans le jardin de Gethsémané. Onwuchekwa nous fait part d’observations importantes qui semblent intuitives, mais qui sont aussi surprenantes. C’est un livre bien illustré, fidèle aux Écritures et théologiquement juste. Il est utile pour réfléchir non seulement aux moments où nous devrions prier, mais aussi à la manière dont nous devrions le faire, et même aux sujets de nos prières. Il nous remet en contact avec la portée de la prière collective à l’Église. Inspirant et plein d’espoir, précis et pratique, ce livre est parsemé de pointes d’humour. Prendre le temps de lire ce petit livre, sur un sujet aussi important, pourrait vous être profitable. » MARK DEVER, pasteur principal, Capitol Hill Baptist

Church, Washington, D. C. ; président de 9Marks

LA PRIÈRE

LA PRIÈRE Comment prier ensemble façonne l'Église

JOHN ON WUCHEK WA

Édition originale en anglais sous le titre : Prayer: How Praying Together Shapes the Church © 2018 par John Onwuchekwa. Publié par Crossway, un ministère de Good News Publishers. 1300 Crescent Street, Wheaton, IL 60187, U.S.A. Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Pour l’édition française : La prière : comment prier ensemble façonne l’Église © 2020 Publications Chrétiennes, Inc. Publié par Éditions Cruciforme 230, rue Lupien, Trois-Rivières (Québec) G8T 6W4 – Canada Site Web : www.editionscruciforme.org Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : Samuel Herrenschmidt Révision : Catherine Côté Relecture : Laurette Gauthier Adaptation couverture et mise en page : Rachel Major ISBN : 978-2-924595-77-0 (broché) ISBN : 978-2-924595-91-6 (eBook) Dépôt légal – 2e trimestre 2020 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada « Éditions Cruciforme » est une marque déposée de Publications Chrétiennes, Inc. Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Nouvelle Édition de Genève (Segond 1979) de la Société Biblique de Genève. Avec permission.

À ma mère, qui m’a appris à prier. À mon père, qui m’a montré le courage qui provient de la prière. À mon épouse, Shawndra, la partenaire de prière de ma vie. À Ava, tu es le fruit arrivé à maturité après une longue saison de prières semées. À l’Église Cornerstone, votre foi et votre amour ont fait croître les miens.

TABLE DES MATIÈRES Préface de la série.. .................................................................. 17 Introduction........................................................................... 19 1. RESPIRER À NOUVEAU La problématique du manque de prière...................... 25 2. L’EXCELLENCE Enseigne-nous à prier.. ................................................. 37 3. LE MONDE VOUS APPARTIENT Une famille guidée.. ..................................................... 51 4. UN REPAS RÉCONFORTANT Une famille nourrie..................................................... 71 5. LES RACINES Une famille enracinée.................................................. 85 6. LA GLOIRE Le rôle de la prière lors du culte d’adoration............. 101 7. REPOSEZ-VOUS SUR MOI Le rôle de la prière dans les soins apportés aux membres de la communauté............................... 117 15

LA PRIÈRE

8. FAIRE CE QUI EST JUSTE Le rôle de la prière dans la mission.. .......................... 137 Conclusion Lutter contre les tentations........................................ 151 Notes. . ................................................................................... 163 Index des sujets..................................................................... 167 Index des références bibliques. . .............................................. 171

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PRÉFACE DE LA SÉRIE Pensez‑vous qu’il est de votre devoir de contribuer à l’édification d’une Église en bonne santé ? Si vous êtes chrétien, nous croyons que c’est le cas. Jésus vous ordonne de faire des disciples (Mt 28.18‑20). Jude vous exhorte à vous édifier sur votre très sainte foi (Jud 20,21). Pierre vous appelle à mettre au service des autres le don que vous avez reçu (1 Pi 4.10). Paul vous recommande de professer la vérité dans l’amour pour que votre Église croisse à tous égards (Ép 4.13,15). Suivez‑vous notre raisonnement ? Que vous soyez membre ou dirigeant d’une Église, les livres de la série « Bâtir des Églises en bonne santé » visent à vous aider à accomplir ces ordonnances bibliques et à jouer ainsi votre rôle dans l’édification d’une Église en bonne santé. Autrement dit, nous espérons que ces livres vous aideront à aimer davantage votre Église comme Jésus l’aime. 9Marks envisage de produire un livre concis et accessible sur chacune des caractéristiques que Mark Dever a appelées les neuf traits essentiels d’une Église en bonne santé, outre un volume sur la saine doctrine. Ces ouvrages portent sur la prédication textuelle, la théologie biblique, l’Évangile, la conversion, l’évangélisation, l’adhésion à l’Église locale, la 17

LA PRIÈRE

discipline d’Église, la formation de disciples et leur croissance, ainsi que la direction de l’Église. Les Églises locales existent pour manifester la gloire de Dieu aux nations. Leurs membres y parviennent en fixant les yeux sur l’Évangile de Jésus‑Christ, en faisant confiance au Seigneur pour le salut de leur âme et en s’aimant les uns les autres dans la sainteté, l’unité et l’amour de Dieu. Que le Seigneur puisse utiliser ce livre pour vous aider à poursuivre ce but. Dans l’espérance, Mark Dever et Jonathan Leeman Éditeurs de la série

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INTRODUCTION Si vous entrez dans la plupart des églises dimanche prochain, que trouverez-vous ? Vous entendrez de la musique minimaliste ou bruyante, et des chants anciens ou récents. Pourtant, la structure de base sera quasiment identique, et ce, où que vous soyez. Il y aura un sermon. Il sera peut-être thématique, bref et léger, ou textuel, long et profond. Selon le dimanche, vous pourrez assister à un baptême, participer à la sainte cène ou prendre part à une lecture collective des Écritures. Mais savez-vous ce que vous risquez fort bien de ne pas voir ou ce à quoi vous ne prendrez probablement pas part ? La prière. Je ne dis pas que personne ne parlera à Dieu. Mais les prières seront probablement courtes et peu nombreuses, quelques mots hâtifs prononcés pendant que les musiciens et les orateurs monteront ou descendront de l’estrade. Elles seront sûrement bibliques, mais vagues, centrées sur les grandes promesses de Dieu destinées à un groupe de personnes indéfini. Elles seront sans doute instructives, mais à visée locale, dépassant rarement les besoins immédiats des auditeurs. Elles seront probablement intenses émotionnellement, jaillissant 19

LA PRIÈRE

du cœur de personnes qui ont vraiment un désir sincère de communiquer avec leur Dieu. Le souci, c’est que ces prières ne s’attarderont pas sur les splendeurs de Dieu, sur ses attributs et sur sa personne. Elles ne méditeront pas longuement sur sa Parole. Elles ne demanderont pas à ceux qui écoutent de scruter leurs cœurs et de confesser des péchés précis. Elles ne demanderont pas à Dieu son aide pour faire ce que lui seul peut faire : sauver les perdus, nourrir les affamés, libérer les captifs, donner de la sagesse aux dirigeants de ce monde, réparer les institutions qui fonctionnent mal, soutenir les chrétiens persécutés. C’est un problème, et il semble que nombre d’Églises ne réalisent tout simplement pas à quel point elles prient peu ensemble, ou que peu de leurs prières reflètent la grandeur du cœur de Dieu. Cela me rappelle la description que John Stott donne d’une réunion de prière à laquelle il avait assisté. Cela vous semble-t-il familier ? Je me souviens d’avoir visité une Église incognito, il y a de cela quelques années. Je me suis assis au dernier rang... Quand nous en sommes venus à la prière pastorale, c’est un frère laïc qui s’en est chargé, parce que le pasteur était en vacances. Il a donc prié que le pasteur passe de bonnes vacances. Très bien. Les pasteurs devraient pouvoir passer de bonnes vacances. Ensuite, il a prié pour une femme membre de l’Église qui était sur le point d’accoucher, afin que l’accouchement se passe sans encombre. Pas de problème. Puis, il a prié pour une autre 20

Introduction

femme qui était malade, et c’était fini. Rien de plus. Cela a pris vingt secondes. Et je me suis dit : c’est une Église de village avec un Dieu de village. Ils ne s’intéressent pas au reste du monde. Aucune pensée pour les pauvres, les opprimés, les réfugiés, les zones de combat, et l’évangélisation du monde1.

Ce que John Stott décrit ici est sans doute vrai dans de nombreuses Églises : des prières de village à des dieux de village. J’ai entendu Mark Dever dire que nous devrions tellement prier dans nos réunions d’Église que les non-croyants s’ennuieraient. Nous parlerions trop à un Dieu auquel ils ne croient pas. C’est peut-être un peu exagéré, mais nous devrions certainement, ensemble, en tant que chrétiens et membres d’Église, faire de meilleures prières, plus grandes et plus bibliques. C’est, en un mot, l’objectif de ce livre : apprendre à mieux prier et à prier davantage en tant qu’Églises. De même que nos vies de prière privées peuvent être améliorées par la grâce de Dieu, ainsi peuvent l’être nos vies de prière collectives.

LE CHEMIN À SUIVRE Aucun livre sur la prière ne peut dire tout ce qu’il y a à dire sur la prière. De plus, une vie de prière féconde est entretenue par une pratique constante et non par la compréhension de propositions théoriques. Cependant, alors que nous nous apprêtons à voyager ensemble, je veux m’assurer que vous 21

LA PRIÈRE

êtes conscients de la destination prévue. Mon espoir est que ce livre constitue un guide et un tremplin qui vous aidera à apprécier le don merveilleux de la prière auquel nous avons accès en tant qu’Église. De tous les livres qui ont été écrits sur la prière, celui-ci a un but bien précis : étudier de quelle manière la prière façonne la vie de l’Église. Tant de choses ont été écrites sur la prière en tant que discipline personnelle. Mais peu de choses ont été écrites sur la prière comme activité nécessaire et collective qui façonne les Églises locales, que ce soit par sa présence ou son absence. Dites-vous que ce livre apporte quelques pièces cruciales qui manquaient aux cinq cents pièces déjà assemblées du puzzle sur la prière. Je bénéficie du dur labeur de ceux qui ont assemblé la majeure partie de l’image. Laissez-moi vous donner un avant-goût de ce que nous verrons dans ce livre. Le chapitre 1 exposera notre problématique, à savoir l’absence de prière collective. Le chapitre 2 proposera un chemin vers une solution. Nous prendrons le temps de comprendre ce que le terme prière signifie pour nous, afin de pouvoir avancer ensemble. Les chapitres 3 et 4 examineront la manière dont Jésus parlait de la prière, ce qui nous offrira un modèle. Le chapitre 5 soulignera des vérités doctrinales sur la prière et se penchera sur la façon dont Jésus priait avec puissance au sein des épreuves. 22

Introduction

La dernière partie de ce livre, qui comprend les chapitres 6 à 8, sera plus pratique. Ayant préalablement établi les bienfaits de la prière collective et la manière dont elle façonne l’Église, ces chapitres aborderont de quelle façon nous pouvons intégrer la prière dans la vie d’une Église. Nous traiterons plusieurs sujets : la prière pendant le culte d’adoration et lors des réunions de prière, ainsi que la manière dont la prière collective façonne à la fois notre mission commune et notre recherche de diversité. Puissiez-vous prendre ce livre pour ce qu’il est, et que vos Églises s’épanouissent par une pratique solide et régulière de la prière collective.

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1 RESPIRER À NOUVEAU La problématique du manque de prière

LA PRIÈRE EST UNE RESPIRATION Bien, vous voilà en train de lire un autre livre sur la prière. Peut-être que le dernier ne vous a pas fait sentir assez coupable et que vous êtes avides de châtiments. Mais à quoi sert un livre sur la prière s’il ne commence pas par une citation qui révèle vos faiblesses en tant que « prieur » ? Donc, sans plus attendre, la voici : « Être un chrétien sans prier n’est pas plus possible qu’être en vie sans respirer1 ! » Blague à part, c’est sans doute là l’affirmation la plus puissante que j’aie lue au sujet de la prière, mais aussi celle qui représente le plus grand défi. La respiration, utilisée comme métaphore de la prière chrétienne, rend bien ce que la prière devrait être. Elle nous rappelle que la prière est essentielle à notre existence. Respirer est nécessaire dans tout ce que nous faisons. Cela rend possible toute activité. De la même manière, la prière est fondamentale et vitale. Elle est liée à la fois à notre existence présente et à notre endurance perpétuelle. Prier, c’est 25

LA PRIÈRE

respirer. Il n’existe pas de meilleure métaphore de ce que la prière devrait être pour le chrétien. C’est pourquoi le fait que de nombreux chrétiens rencontrent des difficultés avec la prière est si déconcertant. N’est-il pas étrange que de nombreux chrétiens adhèrent à cette vérité en principe, alors que si peu d’Églises la ratifient dans la pratique ? Notre problème n’est pas la façon dont nous parlons de la prière. Nous en parlons avec toute la ferveur et l’éloquence qu’elle mérite. Notre problème réside dans la manière dont nous traitons la prière. Notre pratique n’est pas en accord avec ce que nous proclamons, ce qui est toujours le signe que quelque chose ne va pas (voir Ja 2). Une absence totale de prière dans l’Église n’est pas un problème probable. Peut-être qu’il existe une Église quelque part où l’on ne prie jamais, mais je suppose que ce n’est pas le cas dans la vôtre. Je ne connais pas votre Église, mais je parie qu’à certains moments, vous vous retrouvez pour prier. Il se peut que cela arrive rarement ou sporadiquement, mais cela arrive. Et c’est cela qui constitue, à mon avis, le plus grand problème : non pas une absence totale de prière, mais trop peu de prières. Voici une autre citation qui révèle d’autres insécurités liées à la prière : « Nous en arrivons à l’un des maux les plus flagrants de notre époque, et peut-être de tous les temps : la rareté ou l’absence de prière. De ces deux maux, la rareté de la prière est peut-être pire que son absence totale. Un peu 26

Respirer à nouveau

de prières, c’est une façade, une action pour se soulager la conscience, une mascarade et une illusion. Le peu de crédit que nous accordons à la prière est mis en évidence par le peu de temps que nous y accordons2 ». Quand la prière est rare et sporadique, qu’elle existe juste assez pour apaiser la conscience, et pas beaucoup plus, nous avons un problème. Nous avons tous fait partie d’Églises dans lesquelles la prière était présente, mais ni délibérée ni puissante. Malheureusement, les prières que nous faisons dans l’Église s’apparentent trop souvent à une prière faite avant le repas : obligatoire et respectable, mais personne n’en retire vraiment grand-chose. Nos prières dans l’Église sont réduites à un instrument de transition entre deux activités. Que tout le monde ferme les yeux et baisse la tête, pour que l’entrée sur scène ou la sortie de l’équipe de louange ne soit pas trop embarrassante. Voyez-vous le danger dans le manque de prière ? Là où la prière est présente, elle dit quelque chose : elle parle, elle crie. Elle enseigne à l’Église que nous avons vraiment besoin du Seigneur. Quand la prière est absente, cela renforce la supposition qu’on va bien sans Dieu. La prière non fréquente enseigne à l’Église que l’on a besoin de Dieu seulement dans des situations particulières, dans certaines circonstances, mais pas dans toutes. Elle dit à l’Église que l’aide de Dieu n’est nécessaire que de manière intermittente, pas constamment. Elle amène l’Église à croire que nous pouvons faire beaucoup de choses sans l’aide de Dieu, et que nous ne devrions le 27

LA PRIÈRE

déranger que quand nous rencontrons des situations particulièrement difficiles. Penchons-nous un instant sur les tensions raciales générées par les incidents répétés au cours de l’été 2016 aux États-Unis. En une semaine, notre nation a assisté aux décès de Philando Castile, Alton Sterling et de cinq policiers à Dallas. La population a été divisée, et chaque camp avait quelque chose à déplorer. En réaction à cette situation, de nombreuses Églises se sont rassemblées pour prier pour leurs communautés, leurs Églises, leurs dirigeants et leur nation. Certaines Églises se sont réunies avec des Églises d’autres dénominations. Pendant un temps, nos prières ont semblé puissantes, pressantes et intentionnelles. C’était notre façon de crier : « Dieu, nous avons besoin de ton aide ! » Pourtant, une fois ces crises passées, ce genre de rassemblements ont quasiment pris fin. C’est parlant, n’est-ce pas ? Cela montre que nous considérons la prière comme quelque chose de spécial, destiné à affronter les choses que nous ne pouvons pas gérer par nous-mêmes. Nous ne considérons pas la prière comme une respiration, mais comme un médicament sur ordonnance pour nous débarrasser d’une infection. Avec la disparition de l’infection disparaissent aussi la fréquence et la ferveur de nos prières.

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Respirer à nouveau

UN INSTANT D’HONNÊTETÉ Permettez-moi d’être très franc pendant une minute. Comme je n’ai pas à vous regarder les yeux dans les yeux, il m’est un peu plus facile d’admettre mes torts. Si vous êtes, ne serait-ce qu’un tant soit peu, comme moi, et que vous vous sentez bons à rien quand vous lisez un livre sur la prière, alors sachez que je me sens hypocrite en écrivant un livre sur la prière. Je suis le premier à admettre que je ne suis pas un expert de la prière. Je ne me sens pas particulièrement doué en la matière. Je n’indiquerais pas « grand homme de prière » sur mon curriculum vitae. J’ai des difficultés avec la prière. J’en ai toujours eu. J’ai l’impression que mes prières sont souvent pauvres. Je dis cela parce que j’ai connu des gens qui étaient de grands hommes et femmes de prière, et je sais que je n’en fais pas partie. Ma mère, oui. Je me souviens qu’elle rentrait tous les jours à la maison après le travail et nous saluait brièvement tout en se dirigeant vers sa chambre. Les jours où la porte de sa chambre restait entrouverte, j’allais jeter un coup d’œil dans l’entrebâillement, et je la voyais se mettre à genoux près de son lit pour prier. Elle en ressortait transformée. Et elle faisait cela tous les jours. Jusqu’à ce jour, elle ne me laisse pas raccrocher le téléphone avant d’avoir prié pour moi. Et si elle oublie, elle rappelle et laisse un message sur le répondeur. Mon père faisait la même chose. Donc, quand ils ont fondé une Église en 2001, elle a hérité de leur ADN de prière de la même façon que les enfants Onwuchekwa ont hérité de leurs nez. 29

LA PRIÈRE

Mes parents, ainsi que les pasteurs, prédicateurs et auteurs qui m’ont le plus influencé étaient tous de grands hommes et femmes de prière. Je ne leur arrive pas à la cheville. Je sais à quoi ressemble un guerrier de prière (si vous me permettez d’utiliser ce terme) parce que j’en ai observé de mes propres yeux, et non parce que j’en ai été un exemple au cours de ma vie chrétienne. Durant la majeure partie de mon cheminement, j’ai constaté que les qualités mêmes que j’admirais chez les autres me faisaient défaut.

MON TOURNANT Il y a quelques années de cela, quelque chose d’à la fois terrible et merveilleux est arrivé. Six semaines avant que j’implante l’Église dont je suis actuellement le pasteur, mon frère est décédé subitement, à l’âge de trente-deux ans. Aucune explication. Aucune cause de décès identifiée. Rien de concluant à l’autopsie. Aucune piste criminelle. Il est simplement parti. Parti. Pour la première fois de mon existence, j’ai eu le souffle complètement coupé. Je ne pouvais pas respirer. Si vous avez déjà eu le souffle coupé, vous savez à quel point cela complique tout. Or, cette tragédie, par la grâce de Dieu, a été la meilleure chose qui me soit arrivée pour ma relation avec Dieu et avec l’Église. Dieu a utilisé une situation terrible pour faire naître quelque chose de merveilleux en moi. Je pleure en ce moment même, pour la première fois depuis des mois. Je pensais avoir accepté la mort de mon frère, mais 30

Respirer à nouveau

mon cœur est toujours incroyablement sensible quand j’y repense. Le fait d’avoir le souffle coupé, au sens propre comme au figuré, est le moyen que Dieu a utilisé pour m’aider à comprendre que la prière est une respiration. Ma langue a été déliée dans la prière, et j’ai perdu tout filtre. J’étais à la fois choqué et soulagé, honteux et en colère devant les mots qui sortaient de ma bouche. J’ai dit à Dieu qu’il était un menteur. Il m’apparaissait cruel et distant. Puis dans le même souffle, je lui ai demandé de m’inonder de sa grâce. Je ressentais du mépris, de la colère, de la haine. Et je le lui ai dit. Je ne pouvais pas m’en empêcher. Tout cela continuait de sortir. La douleur était comme un sérum de vérité qui m’obligeait à confesser toutes mes pensées indignes à son sujet. Et il a tout accepté, absolument tout. Il a rectifié ma vision négative, non pas par des remontrances, mais par des paroles de consolation. Alors que je me noyais dans le désespoir, il a vidé mes réserves d’oxygène pour me forcer à remonter à la surface pour respirer. Quand je me suis approché de lui, je n’ai pas été accueilli avec la douche froide que je méritais, mais avec des bras grand ouverts. Ce que je faisais avant, quoi que cela ait pu être, ce n’était pas de la prière. C’était protocolaire, froid, stérile, répété et routinier. Pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’impression de savoir ce que c’était que de prier, de communier avec Dieu. Quand j’ai apporté les soucis de mon

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LA PRIÈRE

cœur, chacun d’entre eux, j’ai rencontré un Dieu qui avait moins peur de les porter que je n’avais peur de les partager. Dieu a transformé les derniers souffles de la vie de mon frère en mes premiers. De ce fait, toute ma vie a changé. Et cela a aussi conduit à un tournant dans l’Église que je m’apprêtais à diriger. Par la grâce de Dieu, cette tragédie ainsi que de nombreuses autres difficultés rencontrées par notre Église à ses débuts ont contribué à réaffirmer cette vérité souvent oubliée : la prière est nécessaire et vitale à la vie spirituelle. La prière est comme une respiration.

LA CLÉ D’UN MINISTÈRE EFFICACE J’ai été le pasteur de deux Églises dans les dix dernières années, et je me suis investi dans des réseaux, des organisations, des facultés de théologie, des comités et d’autres groupes chrétiens. J’ai rencontré des leaders visionnaires dont les Églises utilisent un grand nombre d’excellentes méthodes. J’ai aussi rencontré des leaders qui ne sont pas visionnaires, et dont les Églises utilisent de piètres méthodes. Dans le cadre du ministère, j’ai collaboré avec des personnes douées, d’autres qui se situaient dans la moyenne, et d’autres encore qui n’étaient ni très douées ni très compétentes. J’ai collaboré avec des Églises attractionnelles, des Églises missionnelles, des méga-Églises, des Églises moyennes et de très petites Églises. Mon expérience m’a appris que ces distinctions ne sont pas essentielles ; elles sont mineures et secondaires. Si je devais séparer les Églises 32

Respirer à nouveau

en deux catégories, je n’utiliserais pas ces distinctions. J’ai appris à voir les Églises comme celles qui prient et celles qui ne prient pas. Comme je l’expliquerai plus loin, l’attachement d’une Église à la prière est l’un des plus grands facteurs qui déterminent son efficacité dans le ministère. La prière est l’oxygène du chrétien. Elle nous maintient en vie. Elle doit donc être une source de vie pour toute communauté de chrétiens. Elle est pour l’Église ce qu’elle est pour l’individu : une respiration. Cependant, plusieurs de nos rassemblements pourraient être comparés à des réunions de personnes qui se retrouvent uniquement pour retenir leur respiration ensemble. Cela pourrait expliquer pourquoi les gens semblent avoir si peu d’énergie pour réellement vivre la vie chrétienne. Pourtant, respirer ensemble est ce dont nos Églises ont besoin. La prière nous rend humbles comme rien d’autre ne le peut. Quand on prie, on se souvient que la prière n’est pas comme les autres disciplines dans le monde, qui nécessitent d’impressionnantes aptitudes et des entraînements répétés pour produire de grands résultats. Si quelqu’un espère être récompensé ou rémunéré pour jouer d’un instrument de musique, par exemple, il doit d’abord acquérir un certain niveau de maîtrise grâce à des années de pratique. Les bons résultats naissent d’un entraînement éreintant sur le long terme. Les débutants n’en retirent aucun bénéfice au départ.

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Ce n’est pas le cas pour la prière, parce que les bons résultats ne sont pas la conséquence directe d’un entraînement épuisant et d’une expertise. Les bons résultats proviennent de notre Maître bienveillant, qui est à la fois celui qui récompense et la récompense même de son peuple faisant appel à lui. De grandes choses ont été accomplies dans la prière par des gens qui étaient vraisemblablement novices en la matière. Abraham a rencontré Dieu, et Dieu a été prêt à écouter sa prière d’épargner la ville où habitait son neveu (Ge 18.22-33). Moïse a rencontré Dieu au buisson ardent et, peu après, il a intercédé avec succès en faveur d’Israël (Ex 32.31-34). Dans les quarante jours suivant la résurrection et l’ascension de Jésus, les disciples ont commencé à prier de manière différente. Ils ont cessé de prier pour être protégés du danger, et ont prié pour plus de fidélité et d’assurance dans l’annonce de l’Évangile (voir Mc 8.31-34 ; Ac 4.23-31 ; 5.40,41). Dieu exauce la prière des débutants, et cela encourage son peuple à prier constamment. Si la prière est comme une respiration, alors elle n’a rien à voir avec notre compétence. Elle concerne l’expérience de la puissance de celui à qui nous adressons nos prières. Elle concerne les grandes attentes qui naissent en nous quand nous avons fait l’expérience véritable du Dieu qui entend et qui répond. Nous n’avons pas besoin d’experts, et cela constitue un grand encouragement pour les Églises remplies de membres, et même de pasteurs, qui ont l’impression d’être des débutants. 34

Respirer à nouveau

J’ai connu la beauté des modestes prières qui parviennent aux oreilles d’un Sauveur bienveillant. Et notre Église aussi. Cela ressemble beaucoup à la première inspiration que l’on prend après avoir eu le souffle coupé. Cette expérience vous donne envie d’inspirer encore, encore et encore.

À PROPOS DE CE LIVRE Ce livre parlera peu de la prière dans la vie de chaque chrétien. Il existe de meilleurs ouvrages, plus approfondis, sur le sujet. Ce livre concerne la prière dans la vie de l’Église, et dans le domaine de la prière collective, il pose la question : de quoi nos Églises ont-elles encore plus besoin que d’encouragements ? Ayant aidé à diriger des Églises de différentes tailles, de budgets variés et d’environnements divers, j’ai développé un large éventail de relations avec des chrétiens et des pasteurs. Mon expérience m’a convaincu que la prière fait partie des éléments les plus essentiels à la réussite d’un ministère. Elle est aussi nécessaire que la respiration. Elle n’a pas pour but de remplacer le travail, mais de le permettre. Si nous voulons voir nos Églises croître dans la fidélité à Dieu, alors elles doivent prier comme si leur vie en dépendait. Nous devons apprendre à respirer ensemble. Ma prière, ce n’est pas que ce livre demeure longtemps sur les étagères. De merveilleux classiques de la littérature chrétienne ne perdront jamais de leur pertinence jusqu’au retour du Christ. Ma prière, c’est que bientôt, très bientôt, un livre 35

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comme celui-ci trouve aussi peu de débouchés qu’un livre intitulé Comment respirer à table avec votre famille. Ma prière, c’est qu’un jour, ce livre soit davantage destiné à nous édifier quand notre énergie diminue qu’à nous persuader en premier lieu que notre énergie devrait être concentrée sur la prière collective. Je prie que le fait d’invoquer notre Père régulièrement, avec ferveur et en communauté devienne si ordinaire et normal qu’il serait risible que quelqu’un veuille écrire un livre sur ce sujet. J’espère que ce sera le cas un jour. Mais comme ce jour n’est pas encore venu, commençons ce voyage ensemble et prions Dieu de le bénir.

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2 L’EXCELLENCE Enseigne-nous à prier

NÉCESSAIRE NE VEUT PAS DIRE NATUREL En 2017, ma femme et moi avons reçu un appel qui allait changer nos vies. Pendant dix ans, nous avons essayé d’avoir un enfant. Pendant cinq ans, nous avons essayé d’adopter. Nous avons reçu l’appel un samedi, et le lundi, nous avions adopté notre fille. La bonne nouvelle, c’est que nos prières avaient finalement été exaucées. La mauvaise, c’est que cette enfant était prématurée d’environ deux mois, et qu’elle ne pouvait pas respirer seule. Nous ne pouvions pas ramener notre petite fille à la maison. Elle devait rester à l’hôpital pendant quelques semaines, raccordée à une machine pour apprendre à respirer. La respiration, cette action indispensable au maintien de sa vie, ne lui est pas venue naturellement. Il en est de même pour nous avec la prière. Il reste vrai qu’« être un chrétien sans prier n’est pas plus possible qu’être en vie sans respirer ». Toutefois, le fait que quelque chose soit nécessaire à la vie ne 37

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signifie pas que cela nous vienne naturellement. C’était vrai pour la respiration de ma fille, et c’est aussi vrai pour notre respiration spirituelle. Rappelez-vous certains passages de la Bible où des personnes avaient besoin de prier, et à quel point il leur a été facile d’éviter de le faire. Prenons par exemple Adam et Ève. Après qu’ils eurent désobéi à Dieu et échappé à une mort instantanée, notre Dieu bienveillant est venu et a entamé une conversation avec eux. À ce moment-là, ils auraient pu admettre leur faiblesse et demander à Dieu son aide. Ils n’ont fait ni l’un ni l’autre. Au lieu de cela, ils ont tenté de rediriger le jugement de Dieu vers quelqu’un qui le « méritait » plus. Caïn a eu une conversation face à face avec Dieu après avoir été pris en flagrant délit, mais il n’a ni reconnu sa faiblesse ni imploré grâce. Dans le Psaume 32, David admet qu’il était tout aussi naturel que destructeur de garder son péché sous silence plutôt que de prier. Dans Marc 14, les disciples constatent qu’en position allongée, il est beaucoup plus aisé de dormir que d’offrir à Dieu des supplications. Tous ceux qui ont le plus besoin de prier découvrent que ce n’est pas naturel.

ENSEIGNE-NOUS À PRIER Le passage dans lequel les disciples demandent à Jésus comment prier est l’un des dialogues les plus ironiques des Écritures (Lu 11.1). Ce qui le rend ironique, ce n’est pas le fait qu’ils demandent à Jésus de leur enseigner quelque 38

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chose. Jésus est Dieu. Il est plein de sagesse, et les disciples l’appellent constamment Rabbi et Maître. Cette requête est frappante parce qu’elle est la seule trace que nous ayons dans les Écritures des disciples demandant à Jésus de leur enseigner quelque chose. Dans le cas des œuvres puissantes et des miracles de Jésus, les disciples s’émerveillent de la façon dont il peut apaiser le vent et la mer. Ils sont remplis d’admiration et de crainte quand Jésus guérit les aveugles, chasse les démons et fait marcher les paralytiques. Pierre ne demande pas à Jésus comment il fait pour marcher sur l’eau. Il formule une requête, puis sort de la barque pour marcher. Dans Luc 10, quand Jésus envoie les soixante-douze disciples, il ne donne pas d’instructions détaillées sur la manière de guérir la lèpre ou de chasser les démons. Il donne des impératifs : guérissez les malades et proclamez le royaume de Dieu. Aucun des disciples ne répond : « Mais, Jésus, je me suis endormi le jour où tu as expliqué quelle quantité de salive utiliser pour guérir un aveugle, ou ce qu’il faut faire différemment quand on rencontre un aveugle de naissance ou quelqu’un qui est devenu aveugle. » Ils acceptent sans sourciller le mandat de Jésus et partent l’accomplir. Plus tard, ils reviennent en se réjouissant que cela ait réellement fonctionné. Même quand ils sont confrontés à leur incapacité à faire quelque chose, par exemple lorsqu’ils ne parviennent pas à chasser le démon dans Marc 9, les disciples ne disent pas à 39

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Jésus : « Enseigne-nous à faire cela. » À la place, ils lui disent : « Pourquoi n’avons-nous pas pu ? » Ils demandent un diagnostic de ce qu’ils ont mal fait, et non une prescription sur la manière de le faire correctement. Cependant, lorsqu’ils en viennent à la prière, les disciples disent à Jésus : « Enseigne-nous » (Lu 11.1). Concrètement, ils lui disent : « Nous avons besoin d’apprendre. Nous savons parler à nos amis. Nous savons même comment te parler quand tu es là. Mais la prière semble être quelque chose de différent, et nous ne savons pas comment faire. » Jésus leur répond en donnant des instructions qui résument ce que la Bible dit au sujet de la prière (voir Mt 6.9-13 ; Lu 11.2-4). Jésus a un don pour simplifier les choses. Il prend les 613 commandements de l’Ancien Testament et les résume en quelques mots simples : aime Dieu et aime ton prochain. Il fait de même avec l’enseignement biblique sur la prière. En quelques lignes, il fournit le fondement pour toutes nos prières.

POSONS LES BASES : QU’EST-CE QUE LA PRIÈRE ? Nous nous pencherons sur ces quelques lignes dans les deux prochains chapitres. Pour l’instant, nous nous demanderons simplement ce qu’est la prière. Certains ont dit que « les définitions doivent toujours être le point de départ […] quand deux personnes entament une discussion sérieuse1 ». Nous savons que la prière est nécessaire, et nous savons qu’elle n’est pas innée. Tout comme les disciples, il faut qu’on nous enseigne 40

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comment prier. Toutefois, cela ne nous sert pas à grand-chose de parler de la prière et de la manière dont elle façonne l’Église si nous ne pouvons pas d’abord nous mettre d’accord sur ce qu’est la prière. Vous pensez peut-être : « C’est une perte de temps. Tout le monde sait ce qu’est la prière. Pas la peine même d’être chrétien pour savoir ce qu’est la prière. » Mais n’allez pas trop vite. Parfois, les mots les plus courants sont les plus difficiles à définir. Combien de fois avez-vous utilisé le mot donc ? Personne ne vous interrompt au milieu d’une phrase pour vous demander de clarifier votre usage de ce mot. Il semble ne pas avoir besoin d’être défini. Mais allez-y, essayez de le définir (sans l’aide d’un dictionnaire ou de Google). Vous voyez ce que je veux dire ? C’est un mot qu’il est plus facile d’utiliser que de définir. Parfois, les mots les plus courants entraînent le plus de confusion, et le mot prière en fait partie. Les définitions de la prière abondent. En voici quelques-unes : Prier, c’est parler à Dieu. Il suffit de parler à Dieu comme à notre meilleur ami. On n’a pas besoin d’apprendre à parler à Dieu. Il suffit de le faire. Prier, c’est demander quelque chose à Dieu. Prier, c’est décréter et demander que Dieu fasse ce que nous voulons qu’il fasse. C’est lutter avec lui jusqu’à ce qu’il nous donne ce que nous voulons. Dieu se fait attendre pour voir à quel point nous 41

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désirons ce pour quoi nous prions. Nous devons revendiquer ce que nous voulons. Nous devons le nommer et le réclamer. Prier, c’est aligner notre volonté sur celle de Dieu. La prière ne consiste pas à obtenir quelque chose de Dieu ou à le pousser à agir. Il sait ce dont on a besoin et il a déjà décidé s’il nous le donnera. Prier, c’est tout simplement accorder notre volonté avec la sienne. On le fait plus pour nous que pour Dieu. Prier, c’est orienter un vœu dans la direction de Dieu. Prier, ce n’est rien de plus que souhaiter que tout aille mieux quand on entend parler d’une tragédie, ou encore souhaiter de bons résultats médicaux pour un ami malade. Prier, c’est un peu de tout cela. Qui a raison ? On ne peut pas se contenter de n’importe quelle définition. On a besoin de la bonne définition. Pourquoi ? Parce qu’une mauvaise compréhension conduit à une mauvaise mise en pratique. Avez-vous déjà entendu l’histoire de l’homme qui a acheté un perroquet hors de prix à sa mère pour la fête des Mères ? Il a payé 10 000 euros pour un perroquet qui peut parler quarante langues et chanter quelques cantiques. Il a envoyé l’oiseau à sa mère et n’a pas reçu de réponse pendant plusieurs jours. Inquiet à l’idée qu’elle n’ait pas aimé le cadeau, il a appelé sa mère et lui a demandé : « Tu as aimé l’oiseau ? » Ce à quoi elle lui a répondu : « C’était super ! » Rempli de fierté, le fils 42

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lui a alors demandé : « Qu’est-ce qui t’a le plus plu ? » Elle lui a répondu : « Les cuisses. Elles étaient délicieuses. » Mauvaise compréhension, mauvaise mise en pratique.

CE QUE LA PRIÈRE N’EST PAS Nous n’avons pas le temps de discuter de chaque définition, mais parlons brièvement de certaines conceptions fréquentes au sujet de la prière. Dans Exode 33.11, Moïse parlait avec Dieu face à face, comme un homme parle à son ami. Je pense qu’il est possible de fonder une théologie erronée de la prière si l’on se base sur un usage inapproprié de ce verset. Certes, parler avec Dieu comme on le ferait avec un ami constitue une partie de la prière, mais cette définition seule est simpliste. Jésus était Dieu fait chair. Donc, chaque fois que les disciples parlaient avec Jésus, ils parlaient avec Dieu comme ils auraient parlé avec n’importe qui. Si prier signifie simplement parler à Dieu, et que Jésus était Dieu, alors ne devrions-nous pas considérer toute conversation qu’une personne aurait eue avec Jésus comme une prière ? Je ne pense pas que Jésus voyait les choses de cette façon. Quand Philippe demande à Jésus de leur montrer le Père, Jésus répond : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14.9). Jésus semble dire : « Ne cherche pas plus loin. Si tu m’as vu, tu as vu Dieu » (voir Hé 1.3). Toutefois, quand les disciples demandent à Jésus de leur enseigner comment prier, il ne répond pas de la 43

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même manière. Il ne dit pas : « Eh bien, si vous m’avez parlé, vous avez parlé au Père. » Il leur donne plutôt des instructions. Il leur fournit un modèle sur la manière de s’adresser à une autre personne que celle qui se tient juste en face d’eux : « Notre Père » (Mt 6.9-15 ; voir aussi Lu 11.1-4). Si la prière est plus qu’une conversation décontractée avec notre Créateur, elle est loin d’être une façon de lui tordre un bras pour obtenir ce que nous voulons. Dieu est tout-puissant. Nous ne pouvons pas le contraindre. Il est trop fort. On ne peut pas marchander avec lui, tout comme ma petite fille ne peut pas marchander avec moi – elle ne possède rien qui me soit nécessaire ou que je veuille. Nous ne pouvons rien exiger de Dieu parce qu’il est impossible de contraindre une personne qui n’a besoin de rien. Vous voyez ce que je veux dire quand je mentionne la difficulté de comprendre ce qu’est la prière ? Ce n’est pas aussi clair et net que les définitions avec lesquelles nous avons grandi et que nous tenons pour acquises.

INVOQUER LE NOM DU SEIGNEUR Je serai pour toujours reconnaissant envers Gary Millar pour son livre sur la prière, intitulé Calling on the Name of the Lord : A Biblical Theology of Prayer (Invoquer le nom du Seigneur : une théologie biblique de la prière). Son livre est tout simplement une réponse à la question : qu’est-ce que la prière, exactement ? Il cherche le fil conducteur qui relie tous les 44

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exemples de prière, de la Genèse à l’Apocalypse, afin de créer une définition biblique de la prière qui soit à la fois précise et exhaustive. Voici sa conclusion : prier, c’est « invoquer Dieu pour qu’il accomplisse sa promesse2 ». La première trace écrite que l’on ait d’une prière dans la Bible se trouve dans Genèse 4, en dehors du jardin d’Éden : « Adam connut encore sa femme ; elle enfanta un fils, et l’appela du nom de Seth, car, dit-elle, Dieu m’a donné un autre fils à la place d’Abel, que Caïn a tué. Seth eut aussi un fils, et il l’appela du nom d’Enosch. C’est alors que l’on commença à invoquer le nom de l’Éternel » (Ge 4.25,26). Invoquer le nom de l’Éternel, c’est bien plus que de simplement prononcer son nom à voix haute. Dans toute la Bible, le nom du Seigneur est un synonyme de sa nature. Invoquer son nom, c’est faire appel à ce qu’il est. C’est un appel à l’aide, comme lorsque quelqu’un crie « faites le 9-1-1 ! ». On ne se demande pas : « Après avoir appelé les services d’urgence, quelle devrait être la nature de la conversation ? ». Appeler le 9-1-1, c’est lancer un appel à l’aide, basé sur ce qu’on sait du 9-1-1, c’est-à-dire que c’est une ligne d’urgence. C’est aussi vrai quand on invoque le nom de l’Éternel. Millar appelle Genèse 4.26 un verset « porteur3 ». On peut abattre un mur non porteur sans compromettre l’intégrité structurelle d’une maison. Par contre, on ne peut pas abattre un mur porteur sans que la maison ne s’écroule. Le verset 26, tel un mur porteur, soutient notre compréhension de ce que 45

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prier signifie. Il nous aide à établir un cadre pour la manière dont nous devrions comprendre la prière, étant donné que c’est la première fois dans la Bible que nous voyons des gens invoquer le nom de l’Éternel. Voici la toile de fond de ce verset porteur. Dans Genèse 1 et 2, Dieu crée un monde parfait, et il y place Adam et Ève pour qu’ils soient en relation avec lui et qu’ils reflètent sa gloire à travers toute la création. Dans Genèse 3, Adam et Ève sont trompés par le serpent, et ils décident de remplacer Dieu plutôt que de le refléter. Quand Dieu les confronte sur leur péché, Adam accuse Ève et Ève accuse le serpent. Dieu commence alors à parler. Que dit-il ? Dans Genèse 3.15 (un autre verset porteur), il énonce une promesse. Un jour, la postérité de la femme écrasera le serpent. La femme aura un enfant qui vaincra cet imposteur. Bien qu’Adam et Ève aient péché, Dieu épargne gracieusement leur vie et promet qu’un jour, il réparera les choses par son Fils. Le passage de Genèse 4 est donc plein d’espoir au début. Adam et Ève ont un fils, et ils croient que leur premier-né est l’accomplissement de la promesse divine. Ils l’appellent Caïn, ce qui signifie « acquis ». Ils supposent qu’il est la postérité de l’alliance attestée dans Genèse 3.15. Toutefois, le jour où Caïn revient du premier pique-nique de l’Église avec le sang de son frère sur les mains, il est banni par Dieu, et il devient clair pour tout le monde qu’il n’est pas la postérité promise dont Dieu parlait. 46

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La suite de Genèse 4 relate la généalogie des descendants de Caïn, qui se termine avec la mention d’un lointain parent appelé Lémec. Le meurtre court dans les veines de la famille de Caïn, et Lémec se vante maintenant d’avoir surpassé son arrière-arrière-arrière-grand-père. C’est là que les versets 25 et 26 entrent en jeu. Adam et Ève ont un autre fils, Seth, qui contraste avec son frère. Ces gens veulent que Dieu accomplisse sa promesse, même si le jour de l’accomplissement n’est pas aujourd’hui. Quand ils commencent à invoquer le nom de l’Éternel, ils « invoquent Dieu pour qu’il accomplisse sa promesse » de donner un fils qui annulera la malédiction et vaincra le serpent4. Jean Calvin affirme que « la prière dans la Bible est intimement liée à l’Évangile, la solution promise et fournie par Dieu au problème de la rébellion humaine et de ses conséquences. La forme évangélique de la prière est évidente dès les premières pages de la Bible, en particulier dans Genèse 4.26 quand, pour la première fois, "on commence à invoquer le nom de Yahvé", et jusqu’à la fin, quand l’Église prie "Viens, Seigneur Jésus !" (voir Ap 22.20)5 ». Dans un certain sens donc, prier, c’est dire à Dieu : « Le moment est-il venu, Seigneur ? Nous t’en prions, accomplis ce que tu as promis de faire. » Dans la Bible, la prière est liée à l’espérance de la rédemption, et donc, à l’Évangile.

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LA PRIÈRE : LA PRESCRIPTION DIVINE POUR VIVRE DANS UN MONDE DÉCHU Considérez la prière comme la prescription de Dieu pour vivre dans un monde déchu. Cette prescription fonctionne comme toutes les autres. Imaginez qu’on vous prescrive un traitement pour une maladie qui vous cause du souci. Vous quittez peutêtre le cabinet du médecin avec une simple feuille de papier, mais quelque chose a changé. Qu’est-ce qui vous fait sourire alors que votre maladie est grave et que votre situation n’a pas changé ? Une seule chose : l’espoir. La prescription n’est pas le traitement lui-même. Elle ne fait que vous relier au médicament. Votre maladie continue certes de vous perturber, mais la prescription vous rappelle que votre maladie est provisoire, parce que vous avez trouvé une solution. Tout comme une prescription, la prière atténue nos soucis avant de remédier à notre situation. Prenez par exemple le Psaume 13. Nous ne connaissons pas exactement les circonstances qui ont amené David à écrire ce psaume, mais tous ceux qui le lisent ont vécu des choses similaires. Le Psaume 13 débute avec la dépression de David : « Jusqu’à quand, Éternel ! m’oublieras-tu sans cesse ? Jusqu’à quand me cacheras-tu ta face ? » (v. 2.) Mais à la fin, David chante sa délivrance : « Je chante à l’Éternel car il m’a fait du bien » (v. 6). Le psaume ne contient que six versets. Comment David est-il passé aussi rapidement de la dépression à la délivrance ? Non parce que sa situation a changé, mais parce qu’il a fait 48

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connaître ses difficultés à Dieu, en lui demandant de faire ce qu’il a dit qu’il ferait, et en étant sûr qu’il le ferait. David apprend que la prière concerne davantage le fait de savoir si Dieu agira ou pas que le moment où il agira. S’il commence en exprimant son inquiétude par rapport aux temps de Dieu, il décide, à la fin du psaume, de se réjouir de ce que Dieu l’aime et le délivrera. La nature et les promesses de Dieu ont permis à David de conserver sa joie même si sa situation demeurait inchangée pour l’instant. Tout comme une prescription, la prière a fourni à David l’espoir nécessaire pour persévérer : Dieu a fait une promesse, et il tient toujours ses promesses.

L’ENCOURAGEMENT DE JÉSUS Rien ne rend plus humble que de demander à quelqu’un de nous apprendre à faire quelque chose. Heureusement, Jésus ne passe pas son temps à rabaisser ses disciples ; au contraire, il les édifie et souligne les nombreuses bonnes raisons de prier. À travers ses paraboles et ses autres histoires, il souligne ce qu’on manque quand on ne prie pas. En enseignant sur la prière, Jésus nous rappelle avec bienveillance que Dieu nous voit, non à la manière dont une caméra voit quelqu’un commettre un crime, mais plutôt à la manière dont un patron infiltré récompense un employé qui fait ce qui est juste. Ajoutez à cette vérité le rappel de Jésus que les prières ne sont pas évaluées en fonction de leur longueur, mais de leur ferveur, et toutes nos appréhensions 49

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devraient disparaître. Les instructions de notre Seigneur ne nous laissent aucune excuse pour ne pas prier, et nous donnent plutôt tous les encouragements possibles à prier à la lumière de notre espérance.

LA FORME ECCLÉSIALE DE LA PRIÈRE Cette espérance est partagée par tous les chrétiens. C’est l’espérance qui gouverne nos vies (voir 1 Ti 4.10 ; Tit 1.1,2 ; 2.11‑14 ; 3.4-7). Cela signifie que, pour les chrétiens, cette espérance est la nôtre et pas seulement la mienne. Comme le dit Mark Dever : « Il est impossible de répondre à la question : Qu’est-ce qu’un chrétien, en omettant de parler de l’Église. Du moins en est-il ainsi dans la Bible6 ». Si la prière s’attache à l’espérance que nous partageons en Christ, alors la prière devrait refléter notre unité en Christ. Si la prière a une forme évangélique, cela implique donc qu’elle doit avoir une forme ecclésiale. Dans ce livre, nous ne nous pencherons pas sur tous les exemples de prière dans la Bible. Nous nous attarderons, la majorité du temps, sur deux exemples. Cela ne signifie pas que les autres ne sont pas importants. Le but est simplement de nous aider à comprendre à quoi la prière devrait ressembler, comme modèle et dans la pratique. Et quel meilleur modèle de prière que celui donné par notre Seigneur Jésus-Christ ? Son enseignement et l’exemple qu’il nous donne nous aideront à établir un cadre qui nous permettra de mieux comprendre la prière et ses implications communautaires. 50

3 LE MONDE VOUS APPARTIENT Une famille guidée

Le manque de prière est un suicide spirituel. Voilà notre problème. Ce que je conseille, donc, c’est de prier plus. Ce n’est pas sorcier, je sais. Néanmoins, avant de prier plus, nous devons comprendre ce que nous voulons dire par prier. Comment découvrir une définition biblique de la prière ? Jésus, dans sa bonté, nous l’enseigne. Ces deux prochains chapitres examineront les deux parties du modèle de prière chrétienne énoncé par Jésus. Cela posera les fondements pour que nous puissions comprendre la nécessité de la prière collective et la manière dont elle façonne l’Église.

LES PRIORITÉS L’EMPORTENT SUR LA MÉTHODE : COMMENCER À APPRENDRE COMMENT PRIER Mon neveu Jackson, deux ans, ne savait pas que les gâteaux existaient avant son premier Thanksgiving, où nos voisins nous ont apporté un quatre-quarts. Sa vie entière a été transformée. Son palais, jusque-là habitué au lait en poudre, aux purées 51

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de fruits et de légumes, aux crayons de cire, à la terre et aux mélanges de tout cela, était à présent exposé à un mélange de saveurs qui ont eu un effet différent sur lui. Peu après avoir compris que le nom de ce nouveau plaisir était gâteau, il s’est rendu compte qu’il pouvait en obtenir sur demande auprès de son oncle naïf s’il prononçait simplement le mot de manière autoritaire : « Gâteau ! Gâteau ! ». Chaque fois qu’il nous visitait, son premier mot était « gâteau ! ». Bien entendu, je me laissais fléchir et je lui en donnais... jusqu’à ce que ma femme intervienne. « Jackson, si tu veux du gâteau, ce n’est pas comme ça qu’on demande. Si tu veux un gâteau, tu dis : "du gâteau, s’il te plaît" ». À partir de ce moment, nous avons commencé à questionner le petit Jackson. Chaque fois qu’il disait « gâteau », nous lui répondions : « Jackson, comment on demande un gâteau ? » Ce à quoi il répondait immédiatement : « un gâteau siteu plaît ». Nous avons appris à Jackson la bonne méthode pour obtenir ce qu’il voulait. Nous n’avons jamais remis en question la chose qu’il désirait. Jésus aborde la prière différemment. Il ne corrige pas notre problème de méthode, comme ma femme et moi l’avons fait. Il s’attaque à notre problème de priorités. J. C. Ryle affirme : « Montrez-moi les prières d’un homme, et je vous dirai rapidement quel est l’état de son âme1. » Quand Jésus nous enseigne à prier, il ne commence pas en nous enseignant la manière de demander. Il nous enseigne plutôt ce que nous devons 52

Le monde vous appartient

demander. Il nous donne les priorités avant de nous donner une méthode. C’est donc par cela que je commencerai.

NOTRE PÈRE : LA PRIÈRE COMMENCE PAR L’OUVERTURE AUX RELATIONS Les deux premiers mots du Notre Père sont aussi importants qu’ils sont connus (Mt 6.9). Ne laissez pas cependant le fait qu’ils vous soient si familiers masquer leur importance. La prière commence par le fait de s’ouvrir, pas simplement à une relation, mais aux relations. Nous avons l’habitude de considérer la prière comme une relation personnelle et individuelle avec Dieu, mais elle est plus que cela. Si prier dans l’isolement peut sembler être un bon gardefou contre la tentation d’impressionner les autres avec nos prières (Mt 6.5), le fait de toujours et uniquement prier seul paraît excessif. Jésus a souvent impliqué d’autres personnes dans ses prières : quand il a nourri les cinq mille hommes (Jn 6.10,11), quand il a ressuscité Lazare (Jn 11.41-44) ou quand il est entré dans le jardin de Gethsémané (Mt 26.36). Certes, nous ne devrions pas tenter d’impressionner les autres par nos prières, mais nous devrions toujours les impliquer quand nous prions. Pourquoi ? Parce que nous sommes une famille. Dieu n’est pas juste mon Père, mais « Notre Père ». Ces deux mots nous rappellent que nous sommes à la fois enfants de Dieu, et frères et sœurs les uns des autres. La prière n’a jamais été destinée à 53

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être un exercice purement personnel avec des bienfaits personnels, mais une discipline qui nous rappelle que nous sommes personnellement responsables des autres. Cela signifie que chaque fois que nous prions, nous devrions activement rejeter une mentalité individualiste. Nous ne sommes pas simplement des individus en relation avec Dieu, nous faisons partie d’une communauté de personnes qui ont toutes le même accès à Dieu. La prière est un exercice collectif. Au cas où vous penseriez que je tire trop de conclusions de ces premiers mots, notez que, tout au long du sermon sur la montagne (Mt 5 ‒ 7), Jésus a tendance à utiliser les pronoms singuliers quand il parle de moralité à la foule. Ses enseignements sur la convoitise (Mt 5.29,30), l’adultère et le divorce (Mt 5.31,32), et la vengeance (Mt 5.39-42) sont tous au singulier. Par contre, quand il parle à la même foule au sujet de la prière, tous les pronoms qu’il utilise sont au pluriel (Mt 6.9-13). Et ce n’est pas une faute grammaticale. Jésus nous enseigne quelque chose par là. Nous sommes une famille parce que nous avons le même Père. Avant que nous ne demandions quoi que ce soit dans la prière, il nous est rappelé que Dieu n’est pas seulement notre Juge souverain et notre Maître. Il est aussi notre Père. Jésus est mort à notre place pour nos péchés, pour nous justifier (nous déclarer justes) dans le tribunal divin, mais aussi pour nous adopter dans sa famille2. Cela signifie que lorsque nous venons devant Dieu, nous n’avons rien à craindre. 54

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Voyez-vous à quel point cela est incroyable ? Notre Père prête l’oreille et nous écoute (Ps 5.2-4). Notre Père fait preuve de compassion envers nous malgré nos défauts et nos faiblesses (Ps 103.13). Notre Père déverse sur nous son amour, bien que nous méritions sa colère (Ro 8.1,15). Notre Père répond à nos besoins et nous donne de bonnes choses (Mt 6.8 ; 7.11 ; Ja 1.17). Notre Père nous discipline, pour notre bien, avec amour (Hé 12.5-11). Quel privilège de pouvoir appeler Dieu notre Père ! J. I. Packer l’exprime parfaitement : Si vous voulez savoir dans quelle mesure quelqu’un a compris ce qu’était le christianisme, vérifiez l’importance qu’il attache à l’idée d’être enfant de Dieu et d’avoir Dieu pour Père. Si ce n’est pas cette idée qui inspire et qui dirige sa louange, ses prières et toute sa conception de la vie, c’est qu’il n’a pas encore réellement compris ce qu’était le christianisme. Car tout ce que Christ a enseigné, tout ce qui fait la nouveauté et la supériorité du Nouveau Testament sur l’Ancien, tout ce qui est spécifiquement chrétien par opposition à ce qui est spécifiquement juif, se résume à la connaissance de la paternité de Dieu. « Père » : voilà le nom chrétien pour Dieu3.

Au cours de ma vie, j’ai eu la chance d’observer beaucoup de très bons pères. Le mien est mon héros. Durant la dernière décennie, j’ai rencontré deux pères exceptionnels, qui étaient pasteurs avec moi. Ils ont chacun un fils autiste. Ce que le 55

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monde considère comme une imperfection ou un handicap n’enlève rien à l’amour débordant qu’ils ont pour leurs fils. Je les ai vus aimer leurs fils de manière inconditionnelle, bien au-delà du point où beaucoup d’autres hommes commencent à être frustrés de leurs enfants. Telle est la bénédiction de la paternité de Dieu qui nous est accordée. Elle n’est absolument pas réservée à ceux qui sont parfaits, ou à une élite. Aucun de nous n’est l’athlète de haut niveau, l’entrepreneur couronné de succès ou l’artiste éloquent que les autres pères souhaiteraient avoir. Nous sommes plutôt le fils prodigue, gâchant la dignité que Dieu nous a donnée dans des choses qui ne satisfont pas. Nous sommes des enfants qui ont désespérément besoin d’un Père disposé à nous accorder son amour inconditionnel, parce que nous échouons constamment à remplir toutes les conditions. Dieu seul peut être un tel Père pour nous. Le même Dieu qui incline nos cœurs à la prière est celui qui tend l’oreille pour nous écouter. Voilà l’une des grandes motivations à prier : nous avons quelqu’un qui écoute vraiment et pleinement. Aucune infirmité ou imperfection ne pourrait le pousser à nous éviter. Notre Père tend l’oreille vers nous, et il est impatient de nous entendre, même en ce moment. Je ne sais pas depuis combien de temps vous ne lui avez pas adressé de prières, mais je suis sûr d’une chose : il écoute. Et il est doué d’une capacité d’écoute bien supérieure à tout que ce que nous pouvons imaginer. 56

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Quand nous prions « Notre Père », nous nous rappelons sa proximité, sa sagesse, sa patience et son affection. Nous n’avons pas le temps d’aborder les applications innombrables de cette vérité. Sachez seulement ceci : Dieu nous appelle avant tout à nous engager dans cette relation avec lui, notre Père.

QUI ES AUX CIEUX : COMPRENDRE SA PUISSANCE Notre Père est « aux cieux » (Mt 6.9). Nous commençons la prière avec plus que les agréables sensations générées par notre relation avec notre Père et avec les autres. Nous commençons avec la ferme assurance de nous adresser à quelqu’un qui se trouve tout en haut de la hiérarchie. Quand les auteurs bibliques parlent du ciel, ils ne font pas seulement référence à un lieu, mais aussi à une affirmation de puissance. Quand nous disons qu’une personne est à la Maison-Blanche, nous évoquons plus que son adresse. Ce que nous voulons dire, c’est qu’il détient la fonction suprême dans le pays. Il a le pouvoir. C’est cela que les auteurs bibliques veulent dire quand ils écrivent que notre Père est aux cieux. Voyez Psaumes 115.3 : « Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu’il veut. » Quand l’humanité a « menacé » l’autorité de Dieu en construisant une tour dont le sommet toucherait au « ciel » (Ge 11), Dieu a dû descendre de quelques marches pour observer le sommet de ces soi-disant tours. Il a ensuite démontré sa puissance et confondu leur langage, les dispersant sur la face de toute la terre. Quand nous prions, nous nous 57

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accrochons à l’omnipotence divine. C’est lui qui commande. Il n’a besoin de la permission de personne. Personne ne peut le contraindre. Personne ne peut arrêter ses plans. Notre Père qui est aux cieux est capable ! Son dessein l’emporte toujours.

RÉSUMONS : DIEU A AUTANT DE COMPASSION QUE DE POUVOIR « Notre Père qui es aux cieux » sert de toile de fond à nos prières (Mt 6.9). Ces six premiers mots nous invitent à prier parce qu’ils nous enseignent que Dieu a autant de compassion que de pouvoir. Il peut tout faire. Et comme la mort sacrificielle de Jésus fait des chrétiens des membres de sa famille, nous savons qu’il écoute et qu’il est disposé à répondre favorablement à ce que nous demandons. Aucune cour d’appel ne peut revenir sur les décisions qu’il prend. L’être le plus puissant de l’univers nous écoute. Il voit tout, sait tout, dirige tout. La question devient donc : si l’être le plus puissant de l’univers vous écoutait et vous était favorable, que demanderiez-vous ? Une plus grande réduction d’impôts à la fin de l’année ? Un bon bilan lors de votre prochaine visite chez le médecin ? Le fait de savoir que l’être le plus puissant dans le monde est disposé à me répondre favorablement m’enthousiasme, et je suis sûr que c’est le cas pour vous aussi. Je ne vous connais pas, mais je suis certain que vos requêtes ne seraient pas exactement les mêmes que les miennes. Nous sommes des créatures complexes, dont les préoccupations et 58

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les problèmes sont complexes. Il y a peut-être quelque chose qui vous accable en ce moment. Ce que vous demandez à Dieu cette semaine peut influencer la semaine prochaine. Comment la connaissance de la puissance et de la compassion de Dieu devrait-elle affecter notre prière ? En premier lieu, cela devrait nous donner de l’assurance. A. W. Tozer l’exprime ainsi : « La prière unit Dieu et la personne qui prie, et elle dit : Dieu est omnipotent, et celui qui prie est omnipotent (pendant ce moment) parce qu’il est en contact avec l’omnipotence4. » Est-ce que vous comprenez que ce genre de puissance est à votre disposition dans la prière ? Jésus veut que nous sachions cela. Ensuite, cela devrait nous rendre humbles. L’auteur d’Ecclésiaste enseigne ceci : « Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel, et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses » (5.1). Dieu n’est pas là simplement pour exaucer nos vœux. Il n’est pas là pour alimenter l’idolâtrie. Dieu s’occupe de nous, mais il vit pour sa gloire. Nous vivons pour lui, et non l’inverse. Dans la prière, nous adoptons la bonne attitude : désirer sa gloire avant sa provision.

LA PRÉSENCE DE DIEU PRIME SUR SA PROVISION Dans le Notre Père (Mt 6.9-13), Jésus nous aide à comprendre où nos demandes devraient commencer. Après avoir établi que Dieu, notre Père, est aussi compatissant que puissant, Jésus 59

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nous rappelle que la puissance de Dieu vise à faire avancer son plan et non le nôtre. Il nous montre que la prière chrétienne commence par un désir pour la présence de Dieu plutôt que pour sa provision. Toutes les requêtes qui se trouvent au début du Notre Père ont Dieu pour objet. Regardez : Notre Père qui es aux cieux! Que ton nom soit sanctifié ; Que ton règne vienne ; Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel (Mt 6.9,10).

L’homme n’est visiblement pas le centre de l’attention. Nos besoins et nos désirs sont supplantés, ce qui nous rappelle que le plus important dans la prière n’est pas ce que Dieu nous donne en biens matériels, mais ce qu’il nous donne à travers sa présence. Dans toute la Bible, ceux qui obtiennent la paix et la sécurité dans cette vie sont ceux qui désirent la présence de Dieu plus que ses biens. C’est ce que Jésus nous enseigne dans ces trois premières demandes.

Première demande : l’honneur de Dieu « Que ton nom soit sanctifié » (Mt 6.9) pourrait se traduire en langage plus courant par « Je prie pour que ton nom soit honoré ». Dans l’Ancien Testament, quand des personnes 60

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s’opposaient à la volonté et au dessein de Dieu, on disait que leurs mauvaises actions profanaient le nom de Dieu. Prier « que ton nom soit sanctifié » signifie que l’on est plus soucieux de l’avancement de la renommée de Dieu dans le monde que de la nôtre. Cela signifie que l’on prie Dieu pour que lui-même protège son nom pour qu’il ne soit ni diffamé ni obscurci, afin que les gens n’acceptent pas une mauvaise image de lui ou qu’ils rejettent toute vision déformée de lui. Le nom de Dieu est saint. Rien ne peut changer cette réalité. Nous lui demandons simplement d’œuvrer dans le monde afin que son nom soit traité comme tel. La gloire de Dieu est venue dans le monde en la personne de Jésus. « Que ton nom soit sanctifié » signifie donc que nous prions pour que chacun réponde à Jésus de manière appropriée. Le monde dans lequel nous vivons est aussi impressionné par Dieu qu’une personne qui reste assise quand la mariée entre dans l’église. Il est aveugle et ne peut voir la gloire de Dieu révélée en Jésus (voir 2 Co 4.3-6). Nous commençons donc notre prière en implorant que la gloire de Dieu manifestée en la personne de Jésus soit perçue par le monde et qu’il s’y soumette. La beauté de cette demande réside dans le fait que l’on demande à Dieu de faire ce qu’il souhaite déjà faire. Cette demande donne le ton pour le reste de la prière. Tout ce que nous demandons à Dieu doit jaillir de ce désir ardent.

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Deuxième demande : que le règne de Dieu vienne « Que ton règne vienne » (Mt 6.10) est une prière pour le succès de l’Évangile dans le monde. Nous savons que l’Évangile nous a transformés. Nous prions donc pour que le règne de Dieu s’étende, par l’Évangile, jusqu’aux confins de la terre. Nous sommes las du monde dans lequel nous vivons, et nous avons soif de quelque chose de meilleur. Nous voulons vivre la plénitude des béatitudes. Nous désirons ardemment nous trouver là où le règne de Dieu est reconnu et révéré. Dieu a promis que cela arriverait, et sa promesse attise notre désir. Quand un père promet à sa fille qu’il l’emmènera à Disneyland, l’enfant sait que la question n’est pas de savoir si ce voyage aura lieu, mais quand. Pleine d’enthousiasme à l’idée de recevoir l’accomplissement de la promesse paternelle, elle demande constamment : « Quand est-ce qu’on y va ? Tu as promis ! » Voilà à quoi ressemble pour nous le fait de prier « que ton règne vienne ». Nous ne pouvons servir deux maîtres. De même, deux rois – nous et Dieu – ne peuvent coexister. Le règne et les ambitions de l’un doivent mourir. En tant que chrétiens, nos plans sont bel et bien morts. Et c’est une chose glorieuse, parce qu’ils nous auraient tués (Ga 2.20). Le fait de prier « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » nous unit, parce que cela nous aide à désirer ardemment son royaume. Cela nous garde de la médisance, de toute rivalité et du désir d’établir nos propres petits royaumes. 62

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Troisième demande : Que ta volonté soit faite « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6.10) développe un peu plus la deuxième demande que le règne de Dieu vienne. Nous avons hâte de voir Dieu régner ici sur terre comme il règne déjà dans le ciel. Nous ne voulons pas que les gens se soumettent à contrecœur au règne de Dieu. Nous voulons qu’ils se soumettent joyeusement parce qu’ils sont convaincus que Dieu est bon. Nous prions que la volonté de Dieu s’accomplisse sur terre comme bon lui semblera, même si cela implique pour nous la souffrance, le sacrifice et la mort. Établir le royaume de Dieu sur terre signifie supplanter les royaumes inférieurs ; c’est ce que font les Églises à travers leur œuvre d’évangélisation. Après tout, les Églises locales sont les avant-postes du royaume de Dieu. Prier pour que sa volonté soit faite signifie prier pour que Dieu continue à établir son œuvre d’évangélisation à travers les Églises locales. Cette prière pour que la présence de Dieu soit vue et appréciée est très surprenante aux yeux du monde, qui préfère que Dieu soit un Père absent qui envoie seulement un gros chèque de pension alimentaire tous les mois. Comme nous sommes pécheurs, nous préférerions que Dieu nous accorde ce que nous lui demandons sans rien demander en retour. Nous aimons établir nos propres plans. Ici, Jésus nous enseigne que la présence de Dieu précède sa provision. Son plan est bien meilleur que les nôtres.

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Quand nos Églises locales prient et vivent à la lumière de ces trois premières demandes, le monde qui observe est attiré, parce que nous proposons une autre image de Dieu. Cela montre au monde combien ses royaumes sont inefficaces. Cela renforce notre témoignage.

LE VÉRITABLE PROBLÈME : L’APATHIE, PAS L’ABSENCE Quand nous commençons à prier ainsi, cela nous rappelle certaines choses. La première, c’est que le monde est un tableau pour la gloire de Dieu. La deuxième, c’est que ce dont nous avons le plus besoin, c’est que Dieu corrige ce qui ne va pas. Le vrai problème, ce n’est pas l’absence de Dieu dans le monde ; il est omniprésent. Le vrai problème, c’est notre apathie devant la présence de Dieu, qui se manifeste à travers notre égocentrisme. Cela, à son tour, étouffe notre capacité à aimer et honorer les autres, et particulièrement le Dieu qui nous a créés. Combien de fois vous trouvez-vous incapables de manger, dormir ou vous concentrer, parce que vous êtes trop frustrés par la façon dont on manque de respect envers le nom de Dieu ? Combien de fois êtes-vous angoissés au point de prier parce que le royaume de Dieu et ses desseins sont méprisés ? Est-ce que cela se retrouve dans votre liste de prières ? Considérez-vous l’absence d’honneur pour Dieu comme le principal problème dans le monde ? Ou dans votre mariage ? Dans votre Église ? Jésus nous enseigne à crier à 64

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Dieu pour ces choses, non pas parce qu’il a besoin d’aide pour les accomplir, mais parce que nous avons besoin d’aide pour les désirer. Nos buts sont en conflit avec ceux de Dieu parce nos désirs sont en conflit avec les siens. Et ce sont nos désirs qui à la fin façonnent nos buts, particulièrement dans la prière. Il est facile et naturel de prier pour notre honneur, nos royaumes, nos objectifs. Comment réagissez-vous lorsqu’on vous manque de respect, qu’on vous déshonore ou qu’on vous méprise ? Vos désirs sont souvent révélés clairement lorsque vous êtes en colère. Il est naturel pour nous de prier : « Seigneur, aide-les à me traiter avec le respect et la dignité que je mérite. » Combien il est facile de prier quand nous avons l’impression que les événements menacent nos royaumes et nos projets personnels. Quand vous sentez-vous le plus contrarié ou en colère contre Dieu ? Si vous êtes comme moi, c’est quand vous avez l’impression qu’il a fait quelque chose qui va à l’encontre de votre volonté. En gros, nous prions : « Seigneur, permets que tout fonctionne comme je le souhaite. Aide-moi à établir mon propre royaume. » On ne sépare pas les bonnes et les mauvaises prières en fonction de leur moralité. Dieu ne dit pas non qu’à ceux qui lui demandent de l’aide pour braquer une banque. Il est possible de prier pour des choses bonnes et acceptables tout en demandant finalement à Dieu d’alimenter notre idolâtrie. Notre égocentrisme est comme la gravité : il nous attire vers 65

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le bas. Jésus nous enseigne à viser plus haut. Il veut que nos prières décollent.

DIEU N’EST PAS UN GÉNIE DANS UNE LAMPE En priant que les priorités de Dieu s’installent dans nos cœurs, nous rejetons l’idée fausse selon laquelle Dieu est un génie dans une lampe. Je ne suis pas expert en génies, mais les films et séries télévisées avec des génies nous montrent une chose intéressante : personne n’a du mal à parler à son génie comme les chrétiens en ont à parler à Dieu dans la prière. Personne n’oublie de formuler ses demandes, et personne ne traite la conversation avec son génie comme un dernier recours. Personne n’a de problème à parler avec son génie parce qu’un génie accorde toujours ce qu’on lui demande. Le génie a une seule fonction : faire avancer les plans de celui à qui il est lié. Toutefois, quand nous prions comme Jésus nous l’a enseigné, nous nous souvenons que la présence de Dieu et sa personne sont précieuses, bien plus précieuses que ses dons. Dieu définit le plan, et c’est mieux comme cela pour nous. Quand nous prions ensemble de cette façon, Dieu fait de nous une communauté de personnes qui confessent que notre dépendance de lui ne dépend pas fondamentalement des circonstances. Nous avons besoin de Dieu en tout temps, et notre joie vient avant tout de la présence de Jésus, peu importe ce que nous obtenons comme biens matériels. Et vous savez 66

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quoi ? Tandis que cette vérité est gravée dans nos cœurs par la prière, Dieu, dans sa bonté, nous accorde une expérience plus profonde de sa présence. Le Notre Père est une prière surnaturelle. Bien entendu, n’importe qui peut en répéter bêtement le texte, mais seuls ceux qui ont vécu un changement intérieur désirent vraiment ce qu’elle demande. Les mots ne sont pas une incantation magique. Le but n’est pas de les prononcer à haute voix. Les propriétaires d’esclaves ont probablement récité la Déclaration d’indépendance et son passage affirmant que « tous les hommes sont créés égaux » des centaines de fois. Répéter bêtement ne sert à rien. Jésus ne cherche pas à créer des perroquets, mais des « prieurs ». Si vous savez vraiment ce que signifie appeler Dieu votre Père, alors vous voulez que sa gloire s’étende jusqu’aux confins de la terre. Aucune autre demande n’est assez grande. Et souvenez-vous, nous lui demandons de faire ce qu’il souhaite déjà faire.

UNE FAMILLE UNIE Les Églises ont facilement tendance à se laisser aller à des objectifs ou des désirs conflictuels (voir Ja 4.1-4). Dans une communauté de pécheurs vivant en contact rapproché, des personnes qui ne sont pas encore pleinement sanctifiées auront tendance à se marcher sur les pieds. Une communauté 67

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chrétienne diversifiée présentera des désirs variés, ce qui peut conduire à une diversité de visions. Pourtant, ces conflits disparaissent quand nous prions comme Jésus nous l’a enseigné. Si votre préoccupation principale dans la vie est d’être reconnu, vous ne serez pas à l’aise dans une communauté chrétienne. Il est en effet inévitable que d’autres pèchent contre vous. Au contraire, si votre principale préoccupation est que le nom de Dieu soit reconnu – que son honneur, son royaume et ses desseins progressent dans le monde – alors la présence du péché dans votre communauté, peut-être même le vôtre, offre une occasion de faire avancer ses plans, en répondant d’une manière digne de Christ. Le nom de Dieu peut-il être glorifié malgré l’injustice ? Tout à fait. Alors que Jésus mourait injustement sur la croix, un centurion romain a honoré le nom de Jésus en le reconnaissant comme saint (Mc 15.39). Jésus lui-même a manifesté la compassion de Dieu en priant « Père, pardonne-leur ». Ainsi, même nos épreuves peuvent nous servir de moyen pour manifester le pardon de Dieu et par le fait même, honorer son nom. Jésus établit la priorité et l’objectif de nos prières. Quand des Églises se réunissent et prient en accord avec le Notre Père, nous nous souvenons de ce désir commun : que le Roi des rois vienne et règne. Cela nous aide à arrêter de vouloir nous mettre en avant et à implorer Dieu de prendre la place 68

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qui lui revient dans notre Église et dans le monde. Cela recalibre nos boussoles et synchronise nos montres pour que nous avancions tous dans la même direction. Cela apporte l’unité. Cela nous rappelle que peu importe notre situation – riche ou pauvre, jeune ou vieux, marié ou célibataire, majeur ou mineur – nous avons tous besoin de la même chose : la précieuse présence de Dieu.

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4 UN REPAS RÉCONFORTANT Une famille nourrie

PARTAGER UN REPAS Une des choses qui me frustrent le plus dans la vie, ce sont les plats réconfortants commerciaux. Après avoir vécu presque dix ans à Atlanta, j’ai acquis une certaine expertise dans ce domaine. Atlanta regorge d’endroits qui tentent d’offrir aux gens la nourriture qu’ils désirent tout en supprimant le désagrément d’une longue attente. En théorie, la nourriture est la même. Pourtant, quand vous enlevez la lente et minutieuse préparation des repas réconfortants et que vous les transformez en plats à emporter en portion individuelle, vous changez leur nature même. Vous les dépréciez. L’attente est un élément essentiel de ce type de cuisine, car elle met l’accent sur le temps passé avec la famille et les amis. L’idée est de se retrouver et apprécier la présence des autres pendant qu’on attend les plats, puis de se reposer ensemble après le repas, tous un peu léthargiques, comme plongés dans un coma alimentaire. 71

LA PRIÈRE

Nous devrions également envisager la prière de cette manière. Je crois que c’est le dessein de Jésus quand il enseigne la seconde partie du Notre Père.

PRIER POUR QUE DIEU POURVOIE : PLUS QUE LA SIMPLE SATISFACTION DES BESOINS Le commencement de la prière, c’est de désirer la présence de Dieu plus que ses dons. Cependant, la prière ne devrait pas s’arrêter là. Nous avons quand même besoin que Dieu nous accorde certaines choses. Le fait qu’il nous dise de ne pas prioriser la nourriture et le vêtement ne signifie pas que nous n’ayons pas besoin de nourriture et de vêtements. Jésus nous invite à demander trois choses en particulier : la nourriture, le pardon et la protection. Ce ne sont pas les seules choses que nous pouvons demander à Dieu, mais elles fournissent le modèle de ce que nous devrions rechercher en priorité.

La nourriture Jésus nous invite premièrement à demander « notre pain quotidien » (Mt 6.11). Notez qu’il veut que nous priions pour le pain quotidien – pas le pain hebdomadaire ou mensuel, pas un compte épargne ou de belles économies. Il veut que nous comptions sur Dieu au jour le jour. L’enseignement

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Un repas réconfortant

de Jésus est similaire à celui d’Agur dans Proverbes 30.8,9. Agur prie ainsi : Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, Accorde-moi le pain qui m’est nécessaire, De peur que, dans l’abondance, je ne te renie Et ne dise : Qui est l’Éternel ? Ou que, dans la pauvreté, je ne dérobe, Et ne m’attaque au nom de mon Dieu.

Est-ce que vous saisissez ce que cela veut dire ? Agur ne cherche pas simplement à voir ses besoins satisfaits. Il veut s’assurer que le nom de Dieu ne sera pas profané à cause du manque ou de l’abondance. L’abondance signifie que Dieu est superflu. Le manque signifie qu’il ne se soucie pas de nous. « Donne-moi donc simplement ce dont j’ai besoin aujourd’hui, et je reviendrai demain. Garde-moi toujours dépendant de toi afin que, chaque jour, le rapport que j’entretiens avec tes dons manifeste que tu es le pourvoyeur qui satisfait mes besoins. » De la même manière, Jésus ne veut pas que notre demande dépasse la louange dont nous avons parlé dans le chapitre précédent (« que ton nom soit sanctifié »). Le rapport que nous entretenons avec la nourriture et les biens peut accentuer ou obscurcir la manifestation de la gloire de Dieu à travers nous. La prière pour les besoins élémentaires et la prière de louange sont inséparables, et cela est démontré par la nature quotidienne de notre dépendance. 73

LA PRIÈRE

Nous avons l’habitude de prier pour le repas avant de manger. Toutefois, nous n’avons pas l’habitude de nous lever chaque matin en demandant à Dieu de nous nourrir. Pourquoi ? Parce qu’en Occident du moins, nous avons un compte de banque, un travail, des bons d’achat et des personnes qui nous doivent une invitation à manger. Nous sommes certains que nous allons manger. Nous pensons très peu à la famine. Prier ainsi le matin nous apparaît comme une formalité. Nous tenons pour acquis les dons de Dieu parce que nous pensons les avoir mérités par notre persévérance et nos efforts assidus. Et en même temps, nous commençons à penser que nous n’avons jamais assez. Ce genre d’orgueil entretient un manque de gratitude. Et quand la gratitude est absente, la cupidité prend rapidement sa place et s’étend au point de ne laisser de place à rien d’autre. Au fond, les gens cupides disent : « J’ai travaillé dur pour obtenir ce que je possède, donc je devrais en profiter. Pourquoi devrais-je m’occuper de quelqu’un qui s’est montré irresponsable ? » Penser que nos biens sont le fruit de nos efforts nous amène aussi à penser que nous devrions être libres de choisir notre façon de les distribuer. Toutefois, Jésus ne permettra pas cela. Il nous ordonne de prier quotidiennement pour notre pain pour que nous nous souvenions que le moindre don vient de Dieu.

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Un repas réconfortant

Le pardon Jésus nous enseigne ensuite à prier : « pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6.12). Cette demande est au cœur du véritable christianisme. Elle nous rappelle que la paix avec Dieu est toujours le fruit du pardon, jamais de nos réussites. Notre demande de pardon repose uniquement sur la vie, la mort et la résurrection de Jésus en notre faveur. Nous ne demandons pas à Dieu de réévaluer notre dette, ou de nous accorder plus de temps pour la payer. Nous lui demandons son pardon. Nous ne le méritons pas. Nous nous tournons vers Dieu pour le recevoir. Et nous devons prier pour son pardon aussi souvent que nous prions pour recevoir notre pain. Ce faisant, nous nous souvenons quotidiennement d’au moins deux choses : 1) nos continuels manquements et 2) la volonté de Dieu de nous pardonner. Ne pas prier ainsi pendant une journée, c’est risquer d’être tenté de penser que tout va bien entre Dieu et moi à cause de ma performance. Cela n’a jamais été le cas, et ne le sera jamais. Quand nos cœurs ne sont pas convaincus que nous ayons besoin du pardon de Dieu, nous sommes enclins à être rancuniers. Nous nous concentrons sur les dettes des autres (voir Mt 18.21-35). Nous refuserons sans doute de pardonner. Comprenez-vous à quel point nous avons désespérément besoin, chaque jour, de prier « pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont 75

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offensés » (Mt 6.12) ? Jésus sait que, pour que nous honorions le nom de Dieu, nous avons besoin chaque jour d’un rappel de notre péché et de la grâce de Dieu.

La protection Jésus nous enseigne enfin à prier ainsi : « ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin » (Mt 6.13). Tout comme le pardon des péchés passés, la protection contre les péchés futurs se trouve en Jésus. Elle est un don. Le problème est que, face à la tentation, nous répondons soit par l’anxiété (en pensant que nous ne changerons jamais), soit par l’arrogance (en nous imaginant que nous avons le pouvoir de résister). Pourtant, Jésus nous dit de prier pour la nourriture, le pardon et la protection, non seulement pour que nous les obtenions, mais aussi pour que nous soyons façonnés par les demandes que nous faisons. Il nous ordonne de prier pour les choses que nous sommes tentés de nous procurer nous-mêmes, parce que tout ce que nous pouvons obtenir par nous-mêmes, nous finissons par le tenir pour acquis, ce qui déshonore le nom de Dieu.

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Un repas réconfortant

PRIER POUR NOTRE FAMILLE EN UTILISANT LES PRONOMS AU PLURIEL Quand Jésus a enseigné aux disciples comment prier, il voulait qu’ils se souviennent des besoins des autres, pas seulement des leurs. Il continue donc à utiliser les pronoms au pluriel : « donne-nous... pardonne-nous... ne nous induis pas... ». Cela s’applique évidemment à la prière en public. Quand vous priez en groupe, impliquez les autres en utilisant des termes comme « nous ». Même quand nous prions seuls, nous devrions aussi penser à nos proches. Nous devrions être préoccupés par la manière dont nous pouvons les aimer. Si nous croyons réellement que Jésus est assez bon pour nous donner quelque chose, nous devons croire qu’il est assez bon pour le donner aux autres. Utiliser les pronoms pluriels dans la prière, comme Jésus nous l’a enseigné, est l’une des meilleures façons d’aimer les autres, parce que, même quand nous ne pouvons les voir, ils ne devraient jamais quitter nos pensées. Quand vous priez pour de bonnes choses, comme la nourriture, le pardon ou la protection, qui avez-vous en tête quand vous prononcez ce « nous » ? Je suppose qu’il s’agit des personnes que vous appréciez ou que vous aimez. Mais est-ce que vous priez aussi pour que Dieu accorde la nourriture, le pardon et la protection aux personnes qui vous contrarient et vous agacent ? Combien de fois priez-vous pour eux ? Est-ce que vous rayez certaines personnes de votre liste 77

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de prière tant qu’elles ne se sont pas améliorées ? Il est difficile d’inclure nos ennemis dans ce « nous ». Nous ne prions peut-être pas pour leur destruction ou leur ruine, mais nous ne prions pas vraiment non plus pour leur prospérité, n’est-ce pas ? Nous prions Dieu pour qu’il nous aide à interagir avec eux, mais c’est différent que de prier pour leur bien-être. Quand nous prions en utilisant la première personne du pluriel (nous), il est possible qu’aucune personne en particulier ne nous vienne à l’esprit et que l’on pense simplement à un ensemble de silhouettes. De vagues prières pour des silhouettes n’aident cependant pas nos frères et sœurs. C’est plutôt un signe de négligence. Cela n’aide personne, et Dieu n’est pas honoré. J. C. Ryle écrit : Il ne suffit pas de confesser que nous sommes pécheurs ; nous devrions nommer les péchés pour lesquels nous nous sentons le plus coupables. Il ne suffit pas de demander la sainteté ; nous devrions citer les grâces qui nous font le plus défaut. Il ne suffit pas de dire au Seigneur que nous rencontrons des problèmes ; nous devrions décrire nos difficultés en détail […] Que penserions-nous d’un malade qui se contenterait de dire à son docteur qu’il est malade, sans entrer dans les détails ? Que penserions-nous si une femme disait à son mari qu’elle est malheureuse, sans en préciser la cause ? Que penserions-nous d’un enfant qui dirait à son père qu’il a des soucis, sans rien ajouter de plus ? Christ est le véritable époux de l’âme, le vrai médecin du cœur, le véritable père de son peuple. Prouvons 78

Un repas réconfortant

donc que nous en sommes conscients en étant sans réserve dans nos conversations avec lui1.

La sagesse de Ryle ne s’applique pas simplement à nous individuellement, mais aussi collectivement. Nous sommes à court de sujets de prière quand nous faisons de vagues prières pour des personnes indéfinies. Il est facile de parer à toute éventualité nous concernant et de quitter la présence de Dieu en étant aussi blasés et indifférents que nous l’étions en entrant dans sa présence. Par contre, si nos prières commencent à abonder en demandes précises pour des personnes précises, nous échappons au danger des silhouettes. Nous commençons à saisir le bonheur qu’il y a à prier pour les besoins réels de personnes réelles. J. C. Ryle poursuit : Nous sommes tous égoïstes par nature, et notre égoïsme a le don de se coller à nous, même après notre conversion. Il y a en nous une tendance à ne nous préoccuper que de notre âme, de nos propres luttes spirituelles, de nos propres progrès dans la foi, et à oublier les autres. Nous devons tous être vigilants et lutter contre cette tendance, particulièrement dans nos prières. Nous devons nous entraîner à développer un esprit de communauté. Nous devrions nous inciter à nommer d’autres personnes que nous-mêmes devant le trône de grâce. Nous devons tenter de porter dans nos cœurs le monde entier : les païens, les Juifs, les catholiques romains, le corps des vrais chrétiens, les Églises protestantes professantes, le pays dans lequel nous 79

LA PRIÈRE

vivons, l’assemblée à laquelle nous appartenons, la famille avec laquelle nous habitons, les amis et les parents avec qui nous sommes en lien. Nous devons prier pour chacun et pour tous. C’est là le plus haut degré de l’amour, car celui qui m’aime en prière est celui qui m’aime le mieux. Il en va de la santé de notre âme, car agir ainsi accroît notre compassion et élargit nos cœurs. C’est pour le bien de l’Église, car la prière met en mouvement tous les rouages de la propagation de l’Évangile. Ceux qui intercèdent, comme Moïse sur la montagne, font autant avancer la cause du Seigneur que ceux qui, comme Josué, sont au cœur de la bataille. C’est être comme Christ qui, en tant que souverain sacrificateur, porte auprès du Père le nom de ceux qui le suivent. Quel privilège d’être comme Jésus ! C’est ainsi que l’on vient en aide aux pasteurs. Si j’avais à choisir une assemblée, je demanderais à Dieu de m’en donner une qui prie2.

Ryle ne se satisfaisait pas d’un « nous » indéfini, et nous ne devrions pas nous en satisfaire non plus. L’Église locale est comme un gant qui épouse parfaitement les contours de la prière collective. Il existe bien sûr d’autres manières de prier ensemble et d’obéir à l’esprit de ce commandement sans l’Église locale. Je crois néanmoins que l’Église locale permet le mieux de définir le « nous » dans nos prières. Elle est comme la serre dans laquelle nos prières s’épanouissent. Elle crée l’environnement idéal pour maximiser les bienfaits de la

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Un repas réconfortant

prière tout en limitant les dangers de l’égoïsme et de l’orgueil cités plus haut. Tous les chrétiens devraient pouvoir bénéficier du fait d’être membre d’une Église locale. L’Église locale accomplit, à sa manière, la parole de Genèse 2.18 : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » Il se peut qu’un chrétien n’ait pas de famille terrestre et qu’il soit orphelin dans le monde ; qu’il n’ait pas d’épouse, ou qu’il perde l’épouse qu’il aimait ; qu’il soit rejeté par la culture à cause de sa foi ; qu’il soit entouré de personnes venant d’une culture complètement différente. Toutefois, un chrétien engagé dans une Église locale n’est jamais seul. Tant que l’Église subsiste (c’est-à-dire éternellement), le chrétien fait toujours partie d’un « nous ». L’Église locale prend la théorie du christianisme et la rend tangible – dans l’amour, en actes, et surtout dans la prière. Regardez comment le « nous » de la prière collective fonctionne en ce qui concerne nos besoins. Disons que je prie pour que Dieu pourvoie à « nos » besoins, et que j’obtienne une promotion alors que quelqu’un d’autre perd son emploi. Je ne peux pas simplement dire : « Je prie pour que tu aies chaud et que tu sois nourri » (voir Ja 2.15,16). Non, je dois mettre ma foi en action dans la prière, en partant du principe que Dieu a répondu providentiellement à nos prières en me donnant plus que ce dont j’ai besoin, et en donnant à quelqu’un d’autre moins que ce dont il a besoin. De cette façon, Dieu, à travers ma prière, éloigne de moi la cupidité en me donnant 81

LA PRIÈRE

l’occasion de partager librement ce qu’il m’a donné. En même temps, il éloigne de mon frère l’orgueil en le mettant dans une position où il est amené à accepter, de la part d’un autre frère, les dons de Dieu. Loin d’être un mendiant, il devient comme un tableau qui manifeste la sagesse et la bonté de Dieu en réponse à notre demande de provisions. Comment le « nous » fonctionne-t-il dans nos prières pour le pardon et la protection ? Disons que je prie pour que Dieu me pardonne mon péché. Plus tard, au cours d’une prière pour des personnes de l’Église, une personne bien précise, qui m’a offensé, prend la place de la vague silhouette du « nous » indéterminé. Je ne me sens pas prêt à pardonner à cette personne. Que faire ? Je dois prendre une décision. Je peux prier Dieu de me pardonner mon hypocrisie et de m’aider à pardonner, et ainsi jouir d’une relation restaurée avec mon frère. Ou bien, je peux faire semblant que l’hypocrisie n’est pas présente en justifiant ma colère et ma décision de ne pas pardonner. Je peux aussi carrément éviter la tension générée par l’utilisation des pronoms à la première personne du pluriel dans la prière, et croire que ma relation avec mon frère n’a rien à voir avec Dieu. En réalité, prier pour que les autres reçoivent nourriture, pardon et protection ne nous permet pas d’adopter une attitude hypocrite en plaidant l’ignorance. Au contraire, cela nous façonne à l’image de Christ par la mise à nu de notre hypocrisie que nous embrassons de diverses manières et par le fait d’en être purifiés. Dieu n’essaie pas de nous piéger, il 82

Un repas réconfortant

essaie de nous libérer des pièges cachés tout au long du chemin de la religiosité. C’est cela qui rend le Notre Père surnaturel. Nous n’avons ni la sagesse ni la capacité de pourvoir à nos besoins, et encore moins à ceux des autres. Tout ce que nous possédons, y compris la sagesse et la capacité d’acquérir des richesses, nous vient de Dieu. Nous ne pouvons pas puiser dans nos propres réserves de grâce pour pardonner aux autres quand ils nous offensent. Nous ne pouvons puiser la capacité de pardonner aux autres qu’à la source intarissable de Dieu. Nous n’avons pas le courage spirituel nécessaire pour refuser les plaisirs qu’offre le péché et pour éviter les pièges de la tentation. Nous avons besoin de l’aide quotidienne de celui qui nous donne tout, qui nous pardonne sans compter et nous préserve pour l’éternité. À travers le Notre Père, Jésus nous enseigne que nous sommes incroyablement indigents et que Dieu est incroyablement généreux. Quand nous prions pour la nourriture, le pardon et la protection, pour nous-mêmes ou pour autrui, il nous est donné à tous de nous rassasier de la bonté intarissable de Dieu, qu’il a tant hâte de partager. Par la prière, nous pouvons savourer ensemble, comme une famille, le repas réconfortant de Dieu.

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5 LES RACINES Une famille enracinée

SE PRÉPARER AU PIRE Au cours d’une interview précédant un de ses matchs, on a demandé au boxeur Mike Tyson ce qu’il pensait du style de son adversaire. Il a répondu : « On a tous un plan, jusqu’au moment où on reçoit un coup de poing sur la mâchoire. » De la même manière, on a tous un plan pour remporter la victoire, jusqu’à ce que vienne l’adversité. Quand on se retrouve déstabilisé, toute notre détermination, notre force et notre sang-froid s’évanouissent comme les deux incisives d’un boxeur. Même si, comme moi, vous ne vous êtes pas vraiment bagarrés depuis le collège, les paroles de Mike Tyson sonnent juste. Le décès de mon frère a été la plus grande surprise de ma vie, jusqu’à ce qu’une autre surprise l’éclipse rapidement quelques semaines plus tard : j’ai été surpris de constater que ma foi en Jésus et ma détermination à lui rester attaché avaient en grande partie disparu. Ce que C. S. Lewis a écrit après la mort de 85

LA PRIÈRE

sa femme semblait vrai dans mon cas également : « Dieu n’a pas procédé à une expérimentation sur ma foi ou mon amour dans le but d’en éprouver la qualité. Il la connaissait déjà. C’est moi qui ne la connaissais pas... Il savait parfaitement que mon temple n’était qu’un château de cartes. La seule façon pour lui de m’en faire prendre conscience était de le faire s’effondrer1 ». J’ai reçu un coup de poing en plein visage et ma détermination à suivre le Seigneur a disparu. Ma force s’est envolée, et il ne me restait plus rien. On a tous un plan, jusqu’au moment où on reçoit un coup de poing sur la mâchoire. Vous ne ferez pas exception. Vous aussi, vous recevrez un coup de poing. Vous finirez par constater que chacun d’entre nous doit affronter l’adversité. Je ne parle pas uniquement de l’adversité liée au fait de vivre dans un monde déchu – la mort de ceux qu’on aime, la maladie chronique, la mort, le divorce, la perte d’un travail. Je parle de la souffrance particulière qui atteint les chrétiens parce qu’ils restent fidèles à Dieu dans un monde déchu. Choisir de suivre Jésus dans ce monde, c’est comme monter sur un ring de boxe. Même si à la fin vous remportez la victoire, vous vous exposez à des coups que vous n’auriez pas reçus si vous étiez simplement restés hors du ring. Je pense au fait de vivre un célibat prolongé et peut-être la solitude parce que vous avez décidé de permettre à Jésus de diriger votre sexualité. Je pense au fait de perdre son emploi parce que vous refusez de faire des compromis dans vos standards. Je pense au fait de lutter contre la dépression et l’anxiété 86

Les racines

parce que vous refusez d’utiliser des substances illégales comme échappatoire. Et je pourrais continuer la liste. La fidélité à Dieu nous met parfois dans une position où l’obéissance nous apparaît comme une condamnation à mort. Comment réagirez-vous à ces situations ? Nous aimerions croire que notre temple de foi résistera aux tempêtes, mais si notre passé est révélateur de notre présent, nous savons que notre château de cartes a constamment besoin d’être consolidé. Comment vous préparerez-vous à la tempête ? Si nous attendons d’être au beau milieu de la tentation pour nous préparer, il sera trop tard. Nous devons agir de manière préventive. Nous devons repérer les tempêtes de loin, et consolider les murs à l’avance. La force dont nous avons besoin pour affronter la tempête vient bien de Dieu, mais c’est par la prière que nous la saisissons. Les prières sont nos racines. Les racines ont la lourde tâche de renforcer l’arbre, mais ce dur labeur est caché. Il en est de même pour la prière. Le fait de prier ensemble remplit le rôle à la fois de nos racines actuelles et de nos racines ancestrales. Nous souffrons beaucoup à cause de notre fidélité à Dieu, et le fait de prier ensemble est à la fois notre force et notre héritage. Si les chapitres précédents se sont basés sur le sermon sur la montagne pour nous enseigner le modèle de base de la prière, alors la prière de Jésus dans le jardin de Gethsémané constitue l’œuvre maîtresse de sa mise en pratique.

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LA PRIÈRE

VOUS N’ÊTES PAS AUSSI FORTS QUE VOUS LE PENSEZ Dans la chambre haute, Jésus annonce à ses disciples ses souffrances imminentes, mais il leur révèle aussi la vérité sur euxmêmes. Ils seront lâches et se disperseront, mais Jésus promet de ne pas leur rendre la pareille. Ils n’ont pas la force pour rester à ses côtés, mais c’est la raison pour laquelle il se rend à la croix. Ils échoueront dans le futur, mais ces échecs n’ont aucune influence sur son amour au présent et le fait qu’il désire leur bien. Quelle bénédiction de savoir que Jésus connaît tout de nos échecs, y compris ceux qui n’ont pas encore eu lieu, et qu’il demeure pourtant fidèle. Jésus emmène ensuite ses disciples au jardin de Gethsémané, où nous assistons à plus qu’à l’enseignement de Jésus sur la prière : nous le voyons le mettre en pratique. Le lieu : le jardin de Gethsémané était un vestibule divin. C’est dans ce lieu, en sandwich entre la Cène et la trahison menant à son arrestation, que Jésus s’est préparé à affronter le froid glacial. Gethsémané signifie « le pressoir à huile ». Les olives pressées produisaient l’huile utilisée pendant des siècles pour l’onction des rois et des prêtres. Jésus entre à ce moment dans un temps de pression intense en vue de son onction. Les compagnons : bien qu’il ait emmené tous les disciples au jardin avec lui, Jésus ne demande qu’à Pierre, Jacques et Jean de s’avancer un peu plus (Mc 14.33). Pourquoi les a-t-il choisis ? Peut-être parce qu’ils avaient prétendu avoir la plus grande détermination et la plus grande force. Jacques et Jean 88

Les racines

avaient dit plus tôt qu’ils pouvaient boire la même coupe que Jésus (Mc 10.35-39). Pierre avait promis de demeurer fidèle jusqu’à la mort (Mc 14.29-31). Peut-être que Jésus voulait rectifier précisément cela. Quand ma fille est rentrée de l’hôpital après sa naissance, mon neveu de deux ans, Jackson, a fait quelque chose d’à la fois mignon et condescendant. Il a commencé à lui parler en langage de bébé. En langage de bébé ? J’ai expliqué à Jackson qu’il était lui-même un bébé, et que certes, il connaissait quelques mots, mais il portait toujours des couches, il ne cuisinait pas ses repas et n’avait pas de travail. Je lui ai dit qu’il était un bébé, tout comme ma fille, et qu’il ne jouait pas dans une autre ligue. Je crois que Jésus a pris avec lui Pierre, Jacques et Jean pour leur montrer la même chose. Jésus ne perdait jamais une occasion de former ses disciples, même lorsqu’il faisait face à la mort. En réalité, sa tristesse et sa souffrance fournissaient une toile de fond parfaite pour leur formation. Pourtant, Jésus faisait plus que simplement les former. Il voulait ressentir leur soutien. Jésus, Dieu fait chair, a choisi de ne pas vivre seul sur terre. Même si les disciples ne pouvaient pas l’aider à boire la coupe, il accordait de la valeur au fait qu’ils soient auprès de lui. L’attitude : tandis qu’il prenait avec lui les soi-disant plus forts, il ne leur a pas fait part de grandes paroles de sagesse, mais plutôt de sa faiblesse. Il leur a dit : « Mon âme est triste jusqu’à la mort ; restez ici, et veillez » (Mc 14.34). C’est 89

LA PRIÈRE

exactement ce que nous faisons quand nous prions ensemble. Nous reconnaissons notre faiblesse et confessons que nous devons compter sur la force de Dieu. C’est la bonne attitude à avoir dans la prière. Jésus nous donne également la permission d’être faibles. Par son exemple, il nous prépare à implorer Dieu dans notre faiblesse. La pression : quand Jésus a dit qu’il était venu pour être la rançon de beaucoup (voir Mc 10.45), il le pensait vraiment. Et quand il a dit qu’il était triste jusqu’à la mort, il le pensait aussi vraiment. Il est absolument terrifiant de se tenir devant Dieu et de rendre compte pour le péché. Certaines personnes sont tombées dans la dépression en méditant sur cela. Imaginezvous maintenant ce que cela serait de se tenir devant Dieu et de payer pour les péchés du monde entier. Oui, Dieu est bon et miséricordieux ! Toutefois, il ne laisse pas le coupable impuni (voir Ex 34.7). Pendant des siècles, Dieu avait différé son jugement. Mais maintenant, Jésus allait boire cette coupe de la colère divine jusqu’à la lie. Telle est la bonne nouvelle de l’Évangile pour nous qui avons placé notre foi en Jésus : nous n’avons pas à payer pour nos péchés ! Jésus a bu la coupe entière de la colère de Dieu pour tous ceux qui placent leur foi en lui. Si le monde entier faisait demi-tour et se repentait, le monde entier pourrait jouir de ce don du salut. Vous n’avez pas à payer pour vos péchés, pas même pour un seul ! C’est une bonne nouvelle. 90

Les racines

LA CONFIANCE ET LE CONTENTEMENT Jésus avait enseigné à ses disciples comment prier en temps de paix. Ici, il donne un exemple de prière au cœur de la souffrance. Ce qu’il avait enseigné en classe se trouvait maintenant illustré en temps de crise. Je ne serais pas surpris que Ryle, ce vieux prédicateur anglican, ait eu cet exemple en tête quand il a dit : « Les lits de mort sont de grands révélateurs de secrets2. » Jésus a regardé la mort droit dans les yeux, en sachant qu’il ne pouvait pas échapper à son sort. Comment lui a-t-il fait face ? À genoux, dans la prière. Son enseignement sur la prière était plus que de la simple théorie. C’était testé et éprouvé. C’était la prière dans sa forme la plus vraie et la plus pure. Abba : Notre Père. Quand Jésus prie, il appelle Dieu « Abba » (Mc 14.36). À un moment où la plupart d’entre nous considéreraient Dieu comme un ennemi, Jésus utilise ce nom très intime pour s’adresser à Dieu. Il implore une personne qui, il le sait, l’écoutera, une personne qui se soucie de son bien-être. Il ne s’adresse pas à un employeur qui ne se soucie que des résultats et qui n’hésitera pas à maltraiter ses employés pour faire du profit. Il s’adresse à son Père, qui l’aime parfaitement et de toute éternité. Un appel à l’aide : la confiance dans la puissance de Dieu. Jésus prie ensuite ainsi : « toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! » (Mc 14.36.) Face au désespoir, c’est par là que commence la prière : par le fait de savoir que 91

LA PRIÈRE

Dieu peut faire l’impossible. Il n’y a pas de prière sans cela. Et qui de mieux placé que Jésus pour savoir que Dieu peut faire l’impossible ? En lisant Sherlock Holmes récemment, j’ai été frappé par une remarque de son assistant, John Watson. Devant un autre cas impossible, il a observé : « J’étais si habitué à son [Holmes] invariable succès, que je ne pensais même pas à l’éventualité d’un échec3. » Watson était si habitué à voir Sherlock Holmes faire des miracles qu’il savait que Holmes ferait l’impossible. Il en est ainsi avec Dieu. Un de mes professeurs de théologie dirait : « Ce que Dieu a fait par le passé est un exemple et une promesse de ce qu’il continuera à faire dans le futur, même s’il est bien trop créatif pour faire deux fois la même chose de la même manière4. » Les disciples avaient tendance à mettre Dieu dans une boîte. Ce n’est qu’en cheminant avec Jésus que leurs limites ont commencé à être repoussées. L’eau est changée en vin – les frontières s’étendent. Les aveugles voient et les boiteux marchent – les frontières s’étendent. Cinq mille personnes sont nourries – les frontières s’étendent encore. Lazare ressuscite – les frontières explosent ! Jésus avait pour but d’aider ceux qui doutent à croire, mais lui-même n’était pas limité par le doute. Il savait que Dieu pouvait faire l’impossible, et il priait en conséquence. Si quelqu’un pouvait ouvrir une autre voie, c’était Dieu !

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Les racines

Entendez-moi bien. Nous ne prierons pas sans cesse si nous ne sommes pas certains de la puissance de Dieu. Notre manque de prière vient en grande partie du fait que nous croyons subtilement que la possibilité de l’échec existe en Dieu. À cause de cela, nous ne demandons jamais à Dieu de faire l’impossible. À la place, nous ne recherchons que les choses que nous pouvons accomplir nous‑mêmes. L’espoir : se satisfaire de l’activité de Dieu. Jésus termine sa prière en disant : « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Mc 14.36). Si la prière peut commencer par la foi dans la capacité de Dieu à faire l’impossible, ce n’est jamais là qu’on trouve la paix. Si on se contente d’imaginer ce que Dieu peut faire, et qu’ensuite, on évalue sa bonté au nombre de fois où il fait l’impossible pour nous, on ne trouvera jamais la paix véritable. Sa puissance devrait pousser nos cœurs à prendre leur essor et à demander l’impossible. Sa souveraineté et sa sagesse devraient néanmoins nous faire garder les pieds sur terre. Elles nous rappellent que, si Dieu peut faire l’impossible, il n’est pas obligé de le faire, et que nous pouvons lui faire confiance, peu importe ce qu’il fait. C’est uniquement là que l’on trouve la paix. Toute autre disposition ne peut conduire qu’au mécontentement, surtout si l’on veut forcer Dieu à produire un résultat qu’il n’a jamais promis. Nous ne trouverons jamais la paix complète si nous évaluons l’amour de Dieu pour nous au nombre de prières qu’il exauce. Les faux espoirs sont le terreau le plus fertile pour faire croître le mécontentement. 93

LA PRIÈRE

Jésus nous aide à voir que nous devons soumettre nos cœurs à Dieu, et que cela nécessite de la persévérance. Gethsémané nous montre que Jésus n’a pas prononcé ces vingt-quatre mots une seule fois pour ensuite se lever et poursuivre sa mission. Il a réitéré sa demande à de nombreuses reprises. Il a passé une heure à faire « la même prière » (Mc 14.39). Il était persistant. S’entêter dans une prière précise peut, dans certains cas, être insensé, surtout si nous ne parvenons pas à nous reposer sur le désir « que la volonté de Dieu soit faite ». Jésus nous montre pourtant que le fait de persévérer dans la prière n’est pas révélateur d’un manque de foi. Cela peut être le signe d’une grande foi. Si j’étais convaincu que Dieu ne peut ou ne veut rien faire, j’arrêterais de demander ! Persévérer dans la prière est aussi une manière d’amener notre propre volonté à se soumettre à celle de Dieu. La persévérance dans la prière est notre façon de dire : « Je sais que je devrais désirer ta volonté, mais ce n’est pas le cas. Aide-moi, Seigneur, à vouloir ce que tu veux. Aide-moi à entrer tête baissée dans l’obéissance. »

DES CŒURS SOUMIS, DES MAINS AFFERMIES Pendant que Jésus luttait dans la prière, ses disciples se sont endormis (voir Mc 14.34-40). Il leur avait demandé de rester éveillés et de prier (Mc 14.38), et avait fait le lien entre la prière et la capacité de résister à la tentation. Ils ne l’ont cependant pas fait. Ils avaient tout intérêt à prier. Ils n’étaient pas accablés par le même stress qui a amené Jésus à suer des grumeaux de 94

Les racines

sang. Ils ont pourtant échoué à cette épreuve de fidélité dans le jardin, tout comme Adam et Ève. Leur détermination, comme la nôtre, n’était pas suffisante. Jésus, lui, lutte dans la prière. Il soumet son cœur à Dieu et reçoit la force inimaginable pour aller de l’avant (voir Lu 22.43). À travers son exemple, Jésus nous rappelle que la soumission de nos cœurs à Dieu est la voie vers l’affermissement de nos mains. Avez-vous déjà remarqué que Jésus ne semble pas avoir, contrairement à nous, du mal à discerner les réponses que Dieu donne aux prières ? L’un des aspects les plus difficiles et déroutants de la prière, et surtout de la prière persévérante, est de savoir quand Dieu a vraiment répondu. Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai jamais entendu Dieu parler de façon audible. Vu qu’il ne parle pas de cette manière d’habitude, comment pouvons-nous savoir quand il est temps d’aller de l’avant ? Il ne semble pas que Jésus ait reçu une réponse audible de Dieu à ce moment-là, et pourtant, il est convaincu de la réponse de Dieu et décide d’aller de l’avant. Voyant la foule en colère s’approcher, Jésus dit à ses disciples : « Dormez maintenant, et reposez-vous ! C’est assez ! L’heure est venue ; voici, le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous, allons ; voici, celui qui me livre s’approche » (Mc 14.41,42). Jésus nous enseigne quelque chose ici : les impressions peuvent être trompeuses, mais la providence ne l’est pas. Jésus a continué à prier et à former 95

LA PRIÈRE

ses disciples jusqu’à ce qu’une foule arrive pour l’arrêter (voir Lu 22.47). À ce point-ci, il sait que Dieu a dit : « Non, il n’y a pas d’autre chemin. » Jésus va donc de l’avant dans la volonté de Dieu. Ce n’était pas ce qu’il avait demandé, mais il ne s’enfuit pas. Il savait que l’endroit le plus sûr où se trouver est dans la volonté de Dieu, même si cette volonté implique sa mort. Non seulement il se dirige vers la volonté de Dieu, mais les Évangiles le décrivent comme faisant preuve d’une détermination sans pareille, et même comme étant en paix face à la crucifixion. Jésus agonise à Gethsémané, mais il endure la croix. Il est frappé au visage, mais il ne riposte pas. On place une couronne d’épines sur sa tête, mais il ne la retire pas. Il est flagellé, mais il ne demande pas que cela s’arrête. Il a assez de contenance pour regarder sa mère en pleurs et dire à Jean : « Veux-tu bien prendre soin de ma mère ? Maman, Jean sera ton nouveau fils. Il s’assurera de prendre soin de toi. » Pendu à la croix, étouffant sous le sang qui remplit ses poumons, il n’utilise pas ses dernières forces pour tenter de respirer et tenir un peu plus longtemps. Il utilise ces précieux soupirs pour donner de l’assurance à un pécheur repentant crucifié à côté de lui. Son dernier souffle, il le consacre à implorer Dieu de pardonner à ceux qui ne se sont pas encore repentis. L’image qui nous est renvoyée est celle de quelqu’un qui agonise dans la prière pendant la nuit et soumet son cœur à la volonté de Dieu. C’est l’image de quelqu’un à qui sont accordées la force et la détermination pour faire la volonté de 96

Les racines

Dieu, jusqu’à la mort. Nos ancêtres, Adam et Ève, n’ont pas réussi à se soumettre à la volonté de Dieu dans le jardin, mais ce n’est pas le cas de Jésus. Bien que la souffrance de Jésus ait été unique, et qu’elle ne se reproduira jamais, son exemple fournit le modèle de la fidélité chrétienne. Nous fortifions nos mains en soumettant nos cœurs. C’est ainsi que l’on va de l’avant avec puissance.

CE NE SONT PAS DES FAITS ISOLÉS Le manque de prière est un bandeau sur nos yeux qui nous empêche d’être conscients des dangers autour de nous. Il nous donne une fausse impression de paix et un courage naïf. Il nous amène à penser que nous n’avons pas besoin de l’aide du Seigneur. Les disciples avaient mis leur masque de sommeil et dormaient paisiblement pendant que Jésus contemplait la coupe de la colère de Dieu. La prière nous rend conscients des dangers qui nous entourent et de notre incapacité à les affronter. La prière nous rend aussi conscients de la présence de celui qui nous protège. Nous nous sentons faibles, nous savons que nous sommes incroyablement faibles, et nous prenons conscience que notre sécurité n’a absolument rien à voir avec notre force. L’histoire de Gethsémané parle autant de la puissance de la prière que de l’inévitable échec qui accompagne le manque de prière. L’épisode se trouve entre le passage où les disciples promettent d’être fidèles à Jésus et celui où les disciples s’enfuient, 97

LA PRIÈRE

apeurés. Il est inséré entre l’affirmation de Pierre : « je suis prêt à mourir pour toi » et le reniement de Pierre. À la manière d’un sandwich végane, les disciples font de belles promesses, mais déçoivent en fin de compte. La fidélité de Jésus dans l’accomplissement de la tâche divine est directement liée à sa prière. L’infidélité des disciples est directement liée à leur manque de prière. Jésus fait le lien entre les deux quand il avertit les disciples : « Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible » (Mc 14.38). Trois jours après la mort de Jésus sur la croix, les disciples sont stupéfaits de le voir à nouveau vivant dans un corps ressuscité. Quand Jésus a fait ce que Dieu l’avait appelé à faire, c’était une condamnation à mort. La mort n’était cependant pas sa dernière destination. Et il a promis la même chose à tous ceux qui ont placé leur foi en lui : la capacité d’affronter la souffrance grâce à la prière. Nous voyons les disciples suivre l’enseignement de Jésus sur la prière et son exemple dans le livre des Actes. Les résultats sont bouleversants. Dans Actes 4, Pierre et Jean sont injustement frappés et jetés en prison pour avoir annoncé l’Évangile. Ils souffrent pour la justice. Dieu les fait sortir de prison. Et savez-vous ce qu’ils font ? Ils se retrouvent avec leurs amis et prient ensemble (Ac 4.23-31). Et pour quoi prient-ils ? Ils prient leur Dieu souverain de leur accorder l’assurance et la force de faire sa volonté. 98

Les racines

Dans Actes 5, ils sont arrêtés à nouveau, ils sont frappés, et on leur ordonne de ne plus parler de Jésus. Ils repartent joyeux. Oui, joyeux ! Et ils recommencent à parler de Jésus, encore et encore (voir Ac 5.42). Où sont donc passés les disciples endormis qui ne priaient pas dans le jardin ? Ils ont puisé leur force dans la puissance de Dieu, par la prière. Dieu a affermi leurs mains quand ils ont soumis leurs cœurs à sa volonté. Ils ont commencé à ressembler à leur Sauveur. Ils ont finalement compris que l’œuvre transformatrice de l’Évangile n’était pas affermie sur la scène publique, mais en privé, sous le regard de Dieu et de notre famille en Christ.

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6 LA GLOIRE Le rôle de la prière lors du culte d’adoration

DES PARTICIPANTS, ET NON DES SPECTATEURS Je pensais détester le baseball. Je le regardais pour lutter contre l’insomnie. Et puis un jour, au primaire, mes amis sont venus à la maison avec des battes de baseball en aluminium et des balles de tennis. On s’est servis des voitures et des lampadaires de notre ruelle comme bases, et on a commencé à jouer au baseball. Et vous savez quoi ? Ce n’était pas si mal, le baseball, après tout. En fait, c’était super ! C’était devenu tout à coup captivant et plaisant. Nous avons joué pendant des heures, et nous n’avons pas vu le temps passer. Ce n’était pas le baseball que je détestais. C’était juste le fait de le regarder à la télévision. Ce qui a fait la différence ? La participation. On ne devrait pas juger de la valeur du sport en le regardant, mais en y participant. Le culte d’adoration, ce moment où l’Église se rassemble pour adorer Dieu, n’est pas censé être un spectacle où les gens viennent s’asseoir sur les bancs pour être divertis par la musique 101

LA PRIÈRE

et par un message drôle et pertinent. Malheureusement, trop de gens viennent à l’église comme ils vont assister à un match de leur sport favori : comme les spectateurs d’un sport. Or, le culte, tout comme le baseball, est fait pour qu’on y participe, pas pour qu’on y assiste. De nombreuses Églises ont tenté de rendre le culte plus participatif. Certaines ont aménagé l’endroit pour que des discussions intéressantes aient lieu avant et après le culte. Certaines ont instauré le cauchemar des introvertis, plus communément appelé le moment de « saluer votre voisin ». D’autres encouragent un environnement où les gens peuvent répondre ou crier pendant le sermon. D’autres encore ont complètement supprimé le sermon, considérant le monologue comme étant le plus grand obstacle à la participation. Le désir d’aider les membres à participer au culte est bon. Ces tentatives passent néanmoins à côté du but du culte. Nous nous rassemblons pour rencontrer Dieu ensemble. Dieu a toujours voulu que nous le connaissions mieux par nos interactions avec les autres, mais il ne faut pas que nos interactions avec les autres éclipsent notre interaction avec Dieu. Il est donc crucial que la Parole de Dieu demeure centrale dans nos rassemblements. Nous entendons la Parole prêchée, chantée et lue. Et en réponse, nous prions. Nous nous rassemblons pour rencontrer Dieu ensemble, et cela se fait en grande partie par nos prières en réponse à sa Parole.

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La gloire

PRIER ENSEMBLE : À QUOI CELA RESSEMBLE-T-IL ? Si nous savons que la prière est conçue pour favoriser notre participation lors de nos rencontres avec Dieu, il est important d’examiner comment nous devrions prier ensemble. La prière collective est une façon d’enseigner à nos Églises comment dialoguer avec Dieu. Quand nous prions ensemble, nous voulons aborder les fausses idées au sujet de Dieu, prier pour les choses que nous sommes nombreux à négliger, et montrer qu’une prière substantielle ne prend pas nécessairement beaucoup de temps. Nous ne pouvons pas partir du principe que les gens savent comment prier. C’est pourquoi nous varions les prières que nous utilisons de semaine en semaine. La Bible nous donne en exemple quatre types de prières, et ils devraient façonner notre temps de prière collective : l’adoration, la confession, les actions de grâce et les supplications. Il est nécessaire d’utiliser une combinaison de ces types de prières lors du culte pour créer un environnement participatif où les gens adorent Dieu ensemble.

ADORATION : CONNAISSEZ-VOUS CELUI À QUI VOUS VOUS ADRESSEZ ? « Tu sais à qui tu parles ? Tu sais qui je suis ? » J’ai entendu cela un nombre incalculable de fois quand j’étais jeune, généralement quand j’avais dit quelque chose de déplacé ou que j’avais 103

LA PRIÈRE

agi avec désinvolture envers un professeur, mon entraîneur ou une autre figure d’autorité. Cela peut être utilisé comme une réprimande, mais aussi comme un encouragement. Je me souviens d’être allé parfois vers ma mère pour lui demander pardon de l’avoir offensée. Je m’approchais timidement, et elle répondait avec douceur : « Ne sais-tu donc pas à qui tu parles ? » C’était une question rhétorique pour me rappeler qui elle était : une mère pleine d’amour. Me souvenir de son caractère était l’antidote à mon appréhension. C’est ce que nos prières d’adoration sont censées faire. La prière d’adoration pose les fondements de notre temps ensemble, et pourtant, elle est souvent absente de nos prières collectives. Dans notre Église, la prière d’adoration vient généralement en premier. Nous voulons établir dans nos cœurs la conviction que c’est un honneur de parler à Dieu. La familiarité avec Dieu est un don, mais cette familiarité peut rapidement tourner à la désinvolture. Cette prière nous rappelle à qui nous nous adressons. Avant de demander à Dieu d’accomplir les promesses de son alliance, nous devons nous rappeler que nous parlons à un Dieu qui tient ses promesses. Grâce au grand sacrifice de Jésus, nous pouvons nous approcher de Dieu avec assurance. Toutefois, nous devrions aussi nous approcher avec humilité. Dans nos prières de louange, nous voulons considérer la personne même de Dieu, et pas seulement ce qu’il a fait pour nous. Nous le louons pour ses attributs : sa sainteté, 104

La gloire

sa douceur, sa bonté, et même sa colère. L’émerveillement dans ces prières vient non pas simplement en citant une liste d’attributs de Dieu, mais bien en les « déballant ». Une prière d’adoration au début du culte permet de chasser les nuages de la tiédeur affective et de l’ennui. Une année, à Noël, ma femme a reçu un cadeau d’une amie proche. La boîte est restée sous le sapin pendant environ une semaine. En examinant l’emballage, ma femme ne ressentait pas d’émotion particulière, positive ou négative. Pourtant, au moment où elle a ouvert l’emballage et vu le cadeau, des larmes de joie ont coulé sur ses joues. Qu’est-ce qui avait changé ? Quand le contenu de la boîte a été déballé, elle a vu ce qu’il y avait à l’intérieur et n’a pu retenir ses larmes. Nous faisons la même chose dans la prière d’adoration. Nous examinons le caractère de Dieu de manière précise, méticuleuse et même imaginative. La brume de la léthargie se dissipe, et une adoration joyeuse imprègne notre réunion. Nous devrions aspirer à louer Dieu, non pas de manière générale, mais de manière précise. Cela contribue à minimiser le nombre de platitudes que nous avons tendance à utiliser. Cela remplit également les intervalles durant lesquels certaines personnes ont tendance à apporter leurs propres définitions de Dieu. Par exemple, nous louons Dieu parce qu’il est éternel. Il est Dieu parce qu’il existe d’éternité en éternité (voir Ps 90.2). Il est sur le trône depuis toujours. Il a assisté à la naissance de tous les mauvais dirigeants de ce monde. Il se souvient d’eux 105

LA PRIÈRE

lorsqu’ils étaient bébés. Il sait quel sera le jour de leur enterrement. Il n’est jamais intimidé. Il demeure sur le trône, alors qu’eux ne font que passer. Sa position est assurée. Il ne prend jamais une décision par crainte que quelqu’un prenne sa place. Il n’est jamais acculé au pied du mur, ce qui veut dire que nous pouvons être sûrs qu’il n’a pas de raison cachée de nous donner les commandements qu’il nous donne. Nous comprenons mieux cette notion d’éternité grâce à la prière d’adoration. Se pencher sur les attributs de Dieu implique que nous portions attention à certains attributs de Dieu que nous sommes parfois tentés d’excuser. Cela nous donne des raisons de plus pour l’adorer. Prenez par exemple la colère de Dieu. Quand nous le louons pour cela durant le culte, nous nous souvenons que Dieu est attaché à la justice. La colère de Dieu n’est pas un handicap. C’est la preuve de sa protection. La colère de Dieu dirigée contre le péché nous rappelle qu’il est le protecteur des faibles. Son incapacité à ignorer le péché et la façon implacable qu’il a de punir le mal sont effrayantes parce que nous craignons facilement de devenir l’objet de sa colère. Toutefois, ceux qui trouvent un abri sous la protection qu’il offre en son Fils prennent conscience que la sainteté de Dieu est pour notre protection, et non notre punition. Savez-vous à qui vous parlez ? Je ne suis pas certain que tous ceux qui viennent au culte le savent. Et même si nous le savons, nous l’oublions. Heureusement, la prière d’adoration nous le rappelle. 106

La gloire

LA CONFESSION : MOI AUSSI ! Si notre adoration est faite correctement, alors la confession devient le réflexe de nos âmes. Quand nous méditons sur la sainteté et la bonté de Dieu, notre nature pécheresse nous apparaît évidente. Quand nous méditons sur la grâce et le pardon de Dieu en Christ, nous sommes amenés à confesser nos péchés. Le chapitre 3 de la Genèse n’est pas une réécriture du texte original de Dieu pour rendre le reste de la Bible plus dramatique. Il a été écrit pour préparer le terrain au dessein divin de pardonner aux pécheurs. Quand Moïse demande à voir la gloire de Dieu, la première chose que Dieu déclare à propos de lui-même est qu’il est un Dieu miséricordieux (voir Ex 34.6,7). Il n’a pas besoin qu’on le force à pardonner. C’est son idée. Il a pris des dispositions aussi bien pour que le coupable soit puni que pour que son peuple soit pardonné, le tout sans compromettre sa sainteté. Il l’a fait en Jésus, qui est mort à notre place (voir Ro 3.21-26). L’offre de pardon divin nous encourage à être honnêtes avec nos fautes. Souvenez-vous du fils prodigue qui, « étant rentré en lui-même », s’est souvenu de la générosité de son père (Lu 15.17-19). La bonté du père a poussé le fils à revenir et à confesser son péché. Quand nous entendons des membres de notre Église, c’est-à-dire des membres de notre famille spirituelle, confesser leurs péchés, nous devrions nous dire : « Moi aussi. » Nous avons souvent tendance à minimiser la présence du péché dans 107

LA PRIÈRE

nos vies, et à l’amplifier dans la vie des autres. Toutefois, en entendant les autres confesser leurs péchés, nous commençons à voir que les choses sur lesquelles nous avons fermé les yeux cette semaine étaient, en réalité, pires que nous le pensions. Nous nous souvenons à quel point nous avons placé notre espoir ailleurs qu’en Dieu pour notre bonheur. Nous sommes amenés à nous asseoir, à écouter, et notre mémoire est assez stimulée pour que nous disions « Moi aussi ! Moi aussi ! Moi aussi ! Et j’ai fait pire que ce qu’ils ont dit ». Une communauté qui confesse systématiquement son péché est une communauté heureuse, en croissance, bienveillante et humble. Une communauté heureuse. La confession est censée nous conduire à la louange, mais comme elle nécessite que nous explorions les ténèbres de nos cœurs, nous la délaissons souvent. Bien loin de nous conduire au désespoir, la confession devrait en fait nous conduire à la joie. La fidélité et la bonté de Dieu brillent avec éclat sur la toile de fond de nos échecs. Les Psaumes 32 et 51, deux psaumes de repentance bien connus, sont également de magnifiques exemples de la joie qui se trouve dans le pardon de Dieu. Une fois que le psalmiste, rongé par la culpabilité, a confessé son péché, il appelle tous ceux qu’il connaît à prendre part à ce pardon qu’il a trouvé en Dieu (voir Ps 32.11 ; 51.16).

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La gloire

Multipliez maintenant cette expérience par le nombre de membres dans votre Église. Pouvez-vous imaginer à quel point la joie serait grande ? Une communauté en croissance. Se repentir ensemble est aussi un grand moteur pour l’évangélisation. Le Psaume 130 nous en donne une parfaite illustration. Dans les six premiers versets, le psalmiste implore l’aide de Dieu, la reçoit et met son espoir dans la Parole de Dieu. Les versets 7 et 8 nous montrent sa réponse à l’aide reçue de Dieu. Le psalmiste souhaite maintenant que la nation entière fasse l’expérience du pardon et de l’amour de Dieu. Le pardon de Dieu est trop merveilleux pour être gardé pour soi, et trop vrai pour ne pas s’appliquer à tout le monde. Quand nous faisons ensemble l’expérience du pardon à travers la confession, le message de l’Évangile est appliqué personnellement et annoncé publiquement. Une communauté qui confesse librement ses péchés est avide de partager le résultat de cette liberté avec les autres. Cette communauté lance un appel au monde qui se meurt : « Venez. Goûtez et voyez le même pardon que celui que nous goûtons et voyons. » Une communauté bienveillante. Comme nous l’avons déjà vu dans le Notre Père, on ne peut pas proclamer le pardon de Dieu si l’on est avare de notre propre pardon. Une communauté de personnes qui confessent leurs péchés ensemble se remémore constamment qu’elle est composée de pécheurs qui ont quotidiennement besoin du pardon de Dieu. Non seulement 109

LA PRIÈRE

nous faisons preuve de compréhension et de patience quand d’autres pèchent contre nous, mais nous nous attendons à ce que cela arrive. Nous nous souvenons que notre demande de pardon n’était pas un prérequis à l’offre de pardon de Dieu. De ce fait, nous ne devrions pas exiger d’excuses avant d’offrir notre pardon à ceux qui ont péché contre nous. La jalousie, les querelles et la rivalité sont chassées quand nous confessons nos péchés ensemble. Une communauté qui pratique la prière de confession est une communauté paisible. Une communauté humble. La confession nous ramène les pieds sur terre. Nous prenons conscience que si nous sommes vraiment au plus bas, il est impossible d’être condescendants envers quiconque. Quand les plus « respectables » nous conduisent dans la prière de confession, personne ne ressent le besoin de faire bonne figure. Quand les dirigeants dans l’Église confessent leurs faiblesses, les membres ne voient pas leurs propres faiblesses comme quelque chose d’étrange ou propice à les disqualifier. Les prières de confession rappellent aux chrétiens qui ont une conscience plus faible que toutes leurs tentations sont communes à tous, incluant ceux qu’ils admirent le plus. La confession collective met tout le monde sur le même pied d’égalité, ce qui est un puissant témoignage envers les chrétiens et les non-chrétiens.

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La gloire

LES ACTIONS DE GRÂCE : POURQUOI MOI ? Par la prière d’adoration, nous nous souvenons que Dieu n’est pas obligé de faire quoi que ce soit de bon pour nous. Par la prière de confession, nous nous souvenons que Dieu a fait pour nous exactement ce qu’il n’était pas obligé de faire. Il nous a créés, a pris soin de nous, a pourvu à nos besoins, nous a pardonnés, nous a adoptés, etc. Il est bon envers sa création, de tant de manières, mais il est particulièrement bon envers ses enfants. Il est dans les cieux et il fait ce qui lui plaît, et il lui plaît de nous faire du bien malgré notre péché. Cela nous donne toutes les raisons de le louer. La seule réponse adéquate à la grâce est la gratitude. Pourtant, nous répondons souvent à la grâce comme si elle nous était due, ce qui se manifeste clairement dans nos plaintes. La meilleure façon de savoir si votre cœur est rempli de gratitude ou encore rempli de la pensée que tout vous est dû, est de réfléchir à ce que vous voulez dire quand vous posez la question : « Pourquoi moi ? ». Quand celui qui croit que tout lui est dû demande « pourquoi moi ? », ce qu’il veut dire c’est : « Seigneur, pourquoi n’as-tu pas répondu à mes prières de la façon dont je voulais ? » Le cœur humble, lui, demande « pourquoi moi ? », exprimant ainsi : « Seigneur, pourquoi as-tu été si bon envers moi ? Je ne te mérite pas, et je ne mérite aucun de tes dons. » Prendre le temps de remercier Dieu ensemble pour des choses précises qu’il a faites pour nous devrait favoriser l’humilité et la gratitude dans nos cœurs. Par 111

LA PRIÈRE

la prière d’action de grâce, nous qui nous plaignons sommes appelés à compter nos bénédictions et à nous souvenir que nous sommes bien mieux traités que nous le méritons. Et c’est à Dieu que nous le devons. Ce temps de reconnaissance est vital dans notre culte du dimanche parce qu’un esprit abattu peut être un obstacle majeur à l’écoute des paroles de grâce de Dieu (voir Ex 6.9). Une pièce de monnaie peut nous cacher le soleil si nous la tenons assez près de notre œil. De même, nos problèmes peuvent nous cacher la gloire de Dieu si nous nous attardons trop sur eux. Je pense souvent à l’omnipotence de Dieu, puis à tout ce qui ne va pas dans ce monde et dans ma vie, et je me plains. Par contre, quand je vois mes frères et sœurs rendre grâce à Dieu malgré (et même pour) les nombreuses difficultés dans leurs vies, mon cœur est redirigé vers la gratitude et la joie. En tant qu’Église, nous devrions aspirer à être tristes de ce qui ne va pas dans le monde tout en étant toujours joyeux à cause de la personne et des promesses de Dieu (voir 2 Co 6.10). La prière de d’action de grâce permet à la clarté de la gloire divine d’éclipser nos problèmes de la taille d’une pièce de monnaie.

INTERCESSION ET SUPPLICATION : NOUS AVONS BESOIN DE TON AIDE ! Après avoir prié tout cela, nous nous souvenons que Dieu est glorifié quand nous nous reposons sur lui. Il prend soin de 112

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ceux qui font de lui leur refuge (Na 1.7). Nous avons tant de fardeaux à porter, surtout à l’ère des réseaux sociaux. Nos problèmes personnels se mélangent aux problèmes du monde. Les réseaux sociaux demandent : « As-tu entendu parler de... ces nouvelles exactions policières... cette nouvelle loi qui diabolise les valeurs chrétiennes... cette nouvelle élection qui divise... cette nouvelle faute morale d’un pasteur... ce nouveau martyr... cette autre fausse couche... cet autre ami à qui l’on vient de diagnostiquer un cancer ? » La liste est sans fin. Même si nous ne voulons pas éviter les conversations sur ces sujets, il nous faut entamer une conversation avec celui qui siège au-dessus de nous. La prière de supplication pendant le culte nous permet de déposer nos fardeaux devant Dieu. Dans mon Église, les membres conduisent les prières d’adoration, de confession et d’action de grâce. En tant que pasteurs, nous avons décidé de conduire les prières de supplication. Nous le faisons de manière à élargir l’horizon de ce que notre communauté croit que l’on peut demander à Dieu. À notre époque où le christianisme est domestiqué et apprivoisé, nous reconnaissons que les gens ont tendance à se restreindre dans ce qu’ils demandent à Dieu. Nous voulons montrer qu’on a le droit de prier Dieu pour des choses telles que la guérison. On a le droit de prier la même prière avec persistance. On a le droit de demander des choses à Dieu sans toujours ajouter « si c’est ta volonté, Seigneur ». Bien sûr, nous voulons que nos cœurs désirent la volonté de Dieu par-dessus tout. Par contre, 113

LA PRIÈRE

nombre d’entre nous doutent de la capacité et du désir de Dieu d’accomplir de grandes choses dans nos vies. Nous voulons mettre en avant la grandeur de Jésus en demandant de grandes choses en son nom. Parfois, dans sa providence, Dieu répond par la négative, et nous grandissons ensemble à travers cela. D’autres fois, nous l’avons vu répondre bien au-delà de ce que nous pouvions demander ou penser. Dans un cas comme dans l’autre, notre foi est affermie quand, ensemble, en tant que famille, nous demandons à Dieu de nous aider.

LA MISE EN PRATIQUE Il est possible que vous voyiez la nécessité et les bienfaits de toutes ces prières, mais que vous vous demandiez : « Comment mettre tout cela en pratique durant le culte ? » Voici trois recommandations qui peuvent vous aider. Tout d’abord, encourager la participation ne signifie pas que l’on exclue toute forme de direction. Les Églises qui ne sont pas habituées à utiliser ces quatre types de prières lors du culte hebdomadaire ont besoin de dirigeants qui vont montrer l’exemple et enseigner cette approche. Il ne s’agit pas d’une prière personnelle. Il s’agit de conduire l’Église entière à prier ensemble. Les pasteurs doivent donc considérer la personnalité et les compétences des personnes à qui ils demandent de conduire ces prières. Ensuite, ceux qui conduisent les prières publiques devraient normalement se préparer. Si on ne souhaite pas que les 114

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personnes lisent une dissertation et considèrent cela comme une prière, on ne souhaite pas non plus qu’elles improvisent. Le temps de préparation évite les divagations et les répétitions irréfléchies. Cela aide les personnes à prier avec profondeur, ferveur, sensibilité et précision. Cela permet aussi de garder les gens qui écoutent intéressés. Communiquer avec Dieu nécessite de la concentration, de la réflexion et de l’intelligibilité. Aidez les personnes qui prient à considérer l’importance de ce qu’elles s’apprêtent à faire : conduire le peuple de Dieu dans l’adoration. Enfin, prenez votre temps. Rien ne presse. La prière est une composante essentielle du culte qui ne doit être ni ignorée ni survolée rapidement.

UNE COMMUNICATION VARIÉE En tant qu’Église, nous voulons que le culte soit collectif. Nous voulons présenter une variété de personnes du peuple de Dieu, parlant à Dieu de différentes manières. Nous voulons que notre communauté et ceux qui la visitent voient qu’une prière signifiante peut prendre différentes formes dans un court laps de temps. Tout cela est possible quand la prière est mise en valeur dans nos réunions du dimanche. Notre Dieu désire une relation profonde avec son peuple. Plus la relation est profonde, plus la communication sera variée. Nous explorons combien Dieu est merveilleux pendant notre prière d’adoration. Nous accueillons sa miséricorde 115

LA PRIÈRE

pendant la prière de confession. Nous méditons sur tout ce qu’il a fait pour nous pendant la prière d’action de grâce. Nous nous reposons sur lui et ressentons sa force pendant la prière de supplication. En incluant ces prières dans notre culte hebdomadaire, nous manifestons la grandeur et la profondeur de notre relation avec Dieu. Assez tôt dans mon pastorat, j’ai visité une Église dont les préférences stylistiques, au niveau de la musique et de la prédication, étaient éloignées des miennes. Ils priaient néanmoins de la manière décrite dans ce chapitre. La prière tenait un rôle majeur dans le culte. Je ne m’étais jamais senti aussi participant de la communauté que durant ce culte. Je n’ai pas eu l’impression, en partant, d’avoir simplement reçu quelque chose, mais plutôt d’avoir participé à quelque chose, à savoir l’adoration. Cette Église m’avait invité à participer et à communiquer avec Dieu aux côtés de ses membres. C’était comme le baseball. Ce qui aurait pu m’ennuyer en tant que spectateur m’a captivé en tant que participant. Nous goûtons à la gloire de Dieu d’une façon unique quand nous participons ensemble au culte par la prière.

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7 REPOSEZ-VOUS SUR MOI Le rôle de la prière dans les soins apportés aux membres de la communauté

S’APPUYER OU APPRENDRE C’était en 1992. J’avais huit ans et je venais de finir de regarder les Jeux olympiques d’été. J’avais décidé que je serais gymnaste quand je serais grand. Il fallait néanmoins commencer par le commencement : je devais apprendre à réaliser un saut périlleux arrière. Je me suis rendu à la bibliothèque de l’école, j’ai déchiffré la classification décimale de Dewey, et j’ai trouvé un livre sur la gymnastique. J’ai cherché la section qui parlait du salto arrière, je l’ai lue à plusieurs reprises, et je me suis penché sur les schémas. Après l’école, je suis allé chercher mon matelas dans ma chambre, je l’ai transporté dans la cour arrière, et j’ai tenté d’exécuter mon premier saut périlleux arrière. Faites une avance rapide de quelques secondes et vous me verrez m’éloigner en boitant, quelque peu humilié. Il semblerait qu’il soit plus facile de s’informer sur les sauts périlleux que de les réaliser. Il fallait que je m’entraîne. Il fallait que j’apprenne 117

LA PRIÈRE

à dépendre de mes mains pour supporter le poids de mon corps pendant que je sautais en arrière. Il s’avère qu’on ne peut pas apprendre (ou enseigner) la dépendance didactiquement. On n’acquiert pas la dépendance en apprenant, mais en s’appuyant. De même que je ne pouvais pas apprendre à faire un saut périlleux arrière en lisant des livres, vous ne pouvez pas enseigner à une Église à dépendre de Dieu par des affirmations uniquement. La pratique est nécessaire, et cette pratique, c’est la prière. Une Église qui pratique la prière est plus qu’une Église qui apprend ; c’est une Église qui s’appuie sur Dieu. Elle est plus qu’une Église qui sait, elle est aussi une Église qui ressent. Nous apprenons la dépendance en nous appuyant sur Dieu ensemble.

OBLIGÉS DE S’APPUYER SUR DIEU Notre Église a été obligée de s’appuyer sur Dieu. La souffrance, présente très tôt dans la vie de notre Église, a rendu notre dépendance à Dieu bien tangible. Nos neuf premiers mois n’ont pas été remplis de mariages, de naissances, de nouveaux membres ou de conversions. L’enthousiasme qui caractérise de nombreuses implantations d’Églises, avec leurs jeunes gens dans la vingtaine ou la trentaine, était complètement absent. C’était plutôt morne comme un hiver à Seattle. En mars, la mère et mentor d’une dame de l’Église est décédée. En avril, mon frère est décédé. En mai, un autre membre de l’Église a perdu sa sœur, atteinte d’un cancer. Le 7 juin 2015, le jour de 118

Reposez-vous sur moi

l’ouverture officielle de notre Église, nous avons appris que la grand-mère de ma femme venait tout juste de mourir. Cette série s’est poursuivie en juillet, août, septembre et octobre. Il y a eu quelques moments forts, comme le baptême, en octobre, d’une femme âgée de cinquante-trois ans qui est membre de notre Église. Dieu avait utilisé son diagnostic de cancer pour lui ouvrir les yeux sur la maladie que constituait son péché. Mais le 30 janvier 2016, ce même cancer, qui l’avait amenée à rencontrer Jésus, l’a emporté loin de nous et l’a conduite à rencontrer son Sauveur face à face. Nous nous étions réjouis lors de son baptême, et nous étions en deuil, à peine quelques mois plus tard, lors de son enterrement. La vie nous avait rendus infirmes. La joie était hors d’atteinte, et la tristesse, bien proche. Nous étions obligés d’apprendre, tandis que nous prenions soin les uns des autres, ce que signifie compter sur Dieu. Nous n’avions pas de paroles de sagesse ou de ressources adaptées pour répondre aux besoins de chacun. Nous étions mal équipés pour gérer les fardeaux que nous nous étions engagés à porter. À travers tout cela, nous avons appris une chose : quand la vie vous met à genoux, ne vous relevez pas trop vite. Soyez plutôt prompts à vous tourner vers Dieu dans la prière. L’école de l’affliction nous a appris à nous appuyer sur Dieu. J’ai une question pour vous : Où les gens peuvent-ils vraiment apprendre à s’appuyer sur Dieu dans votre Église ? Y a-t-il un contexte pour apprendre à dépendre de Dieu ? Un 119

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temps mis à part pour cela ? Ou bien partez-vous du principe que les personnes utiliseront les instructions et les schémas présentés pendant le sermon et mettront la dépendance en pratique toutes seules ? Heureusement, nous ne sommes pas censés être des innovateurs. Nous n’avons pas à élaborer de nouvelles stratégies ou de nouveaux plans pour aider les gens à apprendre ce que « s’appuyer sur Dieu » signifie. Il nous suffit de rechercher ce que Dieu a déjà exposé. Même en ne jetant qu’un rapide coup d’œil à la Parole, nous verrons que la solution est juste sous notre nez.

SE CONCENTRER SUR L’ÉVIDENCE En ce qui concerne l’étude de la Bible, une des leçons les plus importantes que j’ai apprises peut se résumer à ceci : se concentrer sur l’évidence. La première étape dans l’étude de la Bible devrait être de rechercher ce qui apparaît clairement à tout lecteur. Ne commencez pas avec une loupe, mais avec une vue aérienne. Pour comprendre l’importance de la prière dans la vie de l’Église, il suffit de survoler le livre des Actes. Soyons clairs ; les détails sont importants. Toute la Bible est inspirée par Dieu, et Dieu a choisi minutieusement ceux qui l’ont écrite. Luc, le médecin qui a écrit l’Évangile selon Luc et les Actes des Apôtres, a été méticuleux pour transmettre un compte rendu détaillé et ordonné de la vie de Jésus (voir Lu 1.1-4) et des débuts de l’Église (voir Ac 1.1-3). Il voulait que ses lecteurs soient certains de la véracité de ce qu’il avait appris. 120

Reposez-vous sur moi

Luc définit l’Église comme une communauté de prière. Une lecture rapide du livre des Actes nous révèle l’importance de la prière collective. • Les disciples prient ensemble de manière générale ainsi que pour avoir de la sagesse dans le choix d’un nouveau leader pour remplacer Judas (Ac 1.12-26). • L’Église prie constamment ensemble, et cela crée la cadence générale de leurs vies (Ac 2.42-47). • Pierre et Jean vont ensemble au temple à l’heure de la prière (Ac 3.1). • L’Église prie pour être remplie d’assurance face à l’opposition (Ac 4.23-31). • L’Église prie pour que ses dirigeants soient bénis. Les apôtres se consacrent à la prière collective (Ac 6.1-6). • Étienne, le premier martyr, prie pour le pardon de ceux qui le mettent à mort (Ac 7.59,60). • Pierre et Jean prient ensemble, avec les croyants de Samarie, pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint (Ac 8.14,15). • Pierre ordonne à Simon de se repentir et de prier pour que la pensée de son cœur lui soit pardonnée, et Simon demande à Pierre de prier avec lui (Ac 8.22-24). • Pierre prie pour une femme et assiste à sa résurrection (Ac 9.40). • Corneille prie continuellement le Seigneur, et Dieu le conduit vers le salut (Ac 10.1-8).

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• Lors d’un de ses temps de prière habituels, Pierre est interpellé par Dieu concernant ses préjugés et sa vision limitée de Dieu (Ac 10.9-23). • L’Église prie ensemble pour la libération de Pierre (Ac 12.1-5). • Pierre est libéré et se rend à une réunion de prière (Ac 12.12). • L’Église jeûne et prie pour que Dieu fasse fructifier son œuvre (Ac 13.1-3). • Paul et Barnabas désignent des anciens et les remettent à Dieu dans la prière et le jeûne (Ac 14.23). • Paul, Silas et Luc se rendent ensemble à un lieu de prière (Ac 16.16). • Paul et Silas prient ensemble en prison (rien ne peut empêcher ces frères de prier ensemble) (Ac 16.25). • Paul prie avec les pasteurs alors qu’il s’apprête à quitter une Église (Ac 20.36). • Paul prie avec la famille de Dieu avant de partir vers Jérusalem. Ce voyage verra sa détermination à mourir pour Christ mise à l’épreuve (Ac 20.24 ; 21.1-14). • Luc, Paul et l’équipage du bateau prient ensemble alors qu’ils craignent un naufrage (Ac 27.29). • Paul prie pour la guérison d’un homme souffrant de dysenterie. Il est guéri, et le reste des habitants de l’île se présentent pour être guéris également (Ac 28.8,9).

Vous voyez où je veux en venir ? La prière est mentionnée pas moins de vingt et une fois dans le livre des Actes. De 122

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plus, ces prières sont intrinsèquement collectives. Chaque fois qu’il est fait mention de la prière, dans la majorité des cas, plusieurs personnes sont impliquées. Même dans les cas où une seule personne prie, cette prière implique des relations interpersonnelles (par exemple, Étienne prie pour que ses meurtriers soient pardonnés et ainsi inclus dans la famille de Dieu ; Pierre et Corneille sont amenés à se rencontrer à travers leurs prières en privé). Luc souligne que l’Église a fait plus qu’apprendre des vérités sur Dieu. Elle s’est réellement appuyée sur lui. Dans le livre des Actes, les chrétiens se rassemblent régulièrement pour prier. Pourquoi ce genre de prière est-il absent de nombreuses Églises aujourd’hui ?

RÉTABLIR LES RÉUNIONS DE PRIÈRE Le chapitre précédent abordait la question de la prière lors du culte d’adoration, mais je voudrais ici étudier l’autre côté de la question. Il devrait exister dans la vie de nos Églises des moments pour nous réunir dans le seul but de prier, et ce, sur une base régulière. Ce sont des temps différents du temps de prière durant le culte, mais tout aussi nécessaires. Pendant le culte, la prière est comme la portion de frites qui accompagne le steak du sermon. Lors d’une réunion de prière, les rôles sont inversés. Notre prière avec les autres devient le plat principal. C’est quand nous nous appuyons sur Dieu ensemble que nous prenons le mieux soin les uns des autres. 123

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Je sais que le concept de la réunion de prière n’est pas très chic. Le souci, c’est que les Églises et les pasteurs se sentent contraints d’innover constamment. Notre société est obsédée par l’innovation, alors les choses banales et simples sont régulièrement dévalorisées. On veut quelque chose d’original, de nouveau et de passionnant. Les pasteurs comme moi sont tentés de penser qu’ils doivent créer des événements passionnants auxquels les gens voudront assister. Jusqu’à ce jour, les réunions de prière sont rarement palpitantes. On se retrouve dans une pièce, on partage nos fardeaux les uns avec les autres et on les amène ensemble devant Dieu, les yeux fermés et la tête baissée. La vérité, c’est que nous n’avons pas besoin d’innover. Nous avons seulement besoin d’être intentionnels. La réunion de prière n’est pas censée être un parc d’attractions. Elle est plus comme un entrepôt, et nous sommes tous des voitures sans coffres. Nous n’avons jamais été censés stocker nos soucis en nous-mêmes (voir Ps 13.3). Nous sommes censés nous décharger de ces choses devant Dieu. La réunion de prière n’est pas une attraction, mais une nécessité. Elle est le lieu où les gens entrent avec leurs fardeaux et repartent sans eux, parce qu’ils les ont déposés dans les mains de Dieu. Nous nous retrouvons ensemble pour nous appuyer sur Dieu, pour le bien des uns et des autres. En quoi consiste cet espace dans votre Église ?

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NOUVELLE RESPONSABILITÉ, NOUVELLE GRILLE D’ÉVALUATION Mettre en place ou rétablir une réunion de prière régulière a au moins deux effets sur l’Église : 1) cela renforce notre sentiment de responsabilité envers les autres, 2) cela nous fournit une nouvelle grille d’évaluation pour estimer si nous portons bien les fardeaux et les peines des autres. Tandis que nous pleurons avec ceux qui pleurent et que nous nous réjouissons avec ceux qui se réjouissent (Ro 12.15), nous nous souvenons que nous faisons partie d’une famille. Nous nous souvenons que chacun d’entre nous possède une identité plus vaste. Le « je » devient « nous ». Nous ne sommes plus des individus absorbés par notre propre univers. Nous sommes des parties interdépendantes d’un corps appelé à rendre grâce et à pleurer ensemble. Nos joies et nos souffrances ne sont plus uniquement personnelles et confidentielles ; elles sont censées être ressenties par procuration. Chacun dans la communauté est appelé à ressentir la joie suscitée par la bonté de Dieu dans la vie des autres et simultanément, à inhaler la fumée secondaire générée par les difficultés des autres. En tant que famille, nous nous réunissons pour partager ces choses et les apporter ensuite à Dieu, à la fois dans la louange et la supplication. Prier ensemble nous donne aussi une grille d’évaluation pour définir le succès. Nous ne sommes pas Dieu. Nous ne sommes pas omnipotents. Nous ne pouvons pas changer les choses. Nous ne sommes pas omniscients, donc notre 125

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connaissance pour conseiller les autres est limitée. Et nous ne sommes pas omniprésents, donc nous sommes limités dans notre capacité à être là pour les autres dans leurs difficultés. Nous savons tout cela, et pourtant, quand nous sommes conscients des problèmes croissants dans la vie de notre famille d’Église, nous sommes facilement découragés. Quand nous entendons parler d’une infidélité imprévue, d’un cancer inattendu, d’un mort inimaginable ou d’un accident inévitable, nous pensons si facilement à ce que nous « aurions dû faire » ou « aurions pu faire ». Nous savons bien que nous ne sommes pas Dieu, mais cela ne nous empêche pas de nous sentir coupables. C’est ici que la nouvelle grille d’évaluation entre en jeu. Le succès ne se définit pas par notre capacité à empêcher les tragédies. Dans nos prières, nous louons celui qui est omnipotent, omniscient et omniprésent. Nos prières rappellent à ceux qui sont dans le besoin que nous avons accès à ce Dieu merveilleux. Nous sommes libérés du fardeau d’être Dieu quand nous présentons nos demandes à Dieu lui-même, par la prière. Bien sûr, on pourrait considérer tout cela comme une excuse. Une manière de se défiler. La vie est dure, et nous ne serons pas capables de porter d’autres fardeaux parfaitement. Alors, pourquoi se donner du mal ? Avez-vous déjà remarqué que, dans le livre de Ruth, tous ceux qui demandent à Dieu de faire quelque chose pour 126

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quelqu’un d’autre se retrouvent finalement utilisés par Dieu pour accomplir la chose même pour laquelle ils avaient prié (Ru 1.9 ; 3.1-4 ; 2.12,15-18 ; 4.13) ? Le fait de prier ensemble n’est pas censé contrecarrer notre action, mais au contraire, l’encourager en nous rendant plus soucieux de la vie des autres. La prière unit nos cœurs aux autres dans le besoin et accroît notre sollicitude et notre désir de servir.

CONDUIRE UNE RÉUNION DE PRIÈRE Attardons-nous un instant sur les principes de base pour conduire une réunion de prière. Ce ne sont que des suggestions et des leçons que notre Église a apprises en cherchant à développer une culture de prière collective. Nous avons implanté notre Église il y a deux ans, mais nous avons commencé à nous retrouver pour prier ensemble un an plus tôt. Ces trois dernières années, nous nous sommes donc retrouvés au moins une fois par mois pour une réunion de prière. Vous trouverez ci-dessous quelques réflexions sur la façon dont nos réunions de prière nous ont aidés à prendre soin de notre Église. J’espère qu’elles vous aideront à envisager de quelle manière vous pouvez aborder les réunions de prière dans votre Église. Cette liste est une compilation de réflexions, et elle n’est pas classée par ordre d’importance. Planifiez une réunion de prière. Trouvez un moment qui convient à votre Église. Nous avons commencé une fois par mois, le dimanche soir, de 17 h à 19 h. Puis nous avons 127

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constaté que, pour une Église remplie de jeunes couples avec des enfants en bas âge, c’était sans doute la pire heure qui soit pour organiser une réunion de prière. Au bout d’une année, nous avons essayé une plage horaire plus convenable. Mettez de côté tout ce qui pourrait également demander du temps aux gens. La prière est une discipline difficile à apprendre, donc il faut mettre de côté toute distraction. Nous annulons les activités du premier mercredi du mois pour qu’aucune autre activité d’Église ne rivalise avec notre temps de prière. Nous proposons de la nourriture et une garderie pour que personne n’ait à se soucier de faire à manger ou de trouver une gardienne pour les enfants. Nous investissons beaucoup financièrement dans ce temps de prière. Nous souhaitons que le mal que nous nous donnons pour que tout le monde soit présent reflète l’importance de cette réunion de prière. En ce moment, nous nous réunissons une fois par mois, mais notre objectif est de prier en Église plus souvent. Nous voulons accorder toujours plus d’importance à ces moments. Commencez avec la Parole. Quand nous nous réunissons le dimanche, le sermon est le plat principal. Ici, c’est différent. Cependant, la Parole de Dieu est un élément essentiel de ce que nous essayons d’accomplir. Nous commençons donc la réunion par un temps d’encouragement de cinq à quinze minutes tiré des Écritures, et cela sert de base aux prières de la soirée. Alors que je rédigeais ce chapitre, j’ai reçu un message d’une femme nouvellement membre de notre Église 128

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qui avait été touchée par le rôle de l’Écriture dans notre temps de prière collective. Elle m’a écrit : « Prier en se basant sur les Écritures m’a beaucoup aidée. Non seulement mes prières sont plus profondes, mais je fais preuve de plus d’assurance quand je prie, et mes prières sont imprégnées d’une plus grande révélation du caractère de Dieu, du rôle central de Christ et de l’œuvre de l’Esprit Saint. Cela me conduit à la repentance plutôt qu’à la rébellion, à la conviction plutôt qu’à la condamnation. Il est si facile de remplacer la voix de Dieu par la mienne. Mais en lisant la Bible et en y répondant par la prière, cela arrive bien moins souvent. » Elle apprend à s’appuyer sur les Écritures, non pas en théorie, mais en pratique. Et c’est le but ! Remplissez principalement la liste de prière avec des préoccupations pour le royaume de Dieu, le corps de Christ et les défis majeurs de la vie. Les réunions de prière deviennent ennuyeuses et peu productives quand elles se transforment en une longue liste de soucis de santé, surtout de personnes qui ne sont pas membres de l’Église. « Pourrait-on prier pour l’opération de la vésicule de mon voisin ? » C’est pourquoi je trouve utile de m’assurer que toutes les demandes de prière soient transmises à l’avance, soit à moi-même, soit à la personne qui conduira la réunion. Parfois, je dis même aux gens que je serais heureux de prier pour eux sur-le-champ, et qu’ils peuvent apporter leur souci dans leur petit groupe, mais que nous essayons d’utiliser la réunion de prière pour autre 129

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chose. Nous essayons de nous concentrer sur les questions qui concernent le royaume, le corps de Christ et les défis majeurs de la vie. Ensuite, la réunion sert à passer en revue la liste préétablie de sujets de prière. Quand vous remplissez la liste, incluez à la fois des actions de grâce et des demandes. « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent ; pleurez avec ceux qui pleurent » (Ro 12.15) constitue une excellente ligne directrice pour les réunions de prière. Recherchez les histoires encourageantes dans votre Église. Louez Dieu pour ce que vous voulez voir arriver plus souvent. Priez pour le succès de la mission dans la vie des membres de votre Église. Cela aide l’Église à se rendre compte que Dieu est celui qui donne les opportunités, et non pas nous. Nous en reparlerons dans le prochain chapitre. Nous voulons aussi présenter à Dieu nos requêtes concernant le royaume et les préoccupations fondamentales de la vie, telles que la santé, le travail, les ressources financières, le succès des adoptions et les occasions d’évangélisation. Nous passerons du temps à prier pour le salut des membres de nos familles ou de collègues, pour la guérison des cancers et pour les problèmes d’infertilité. Cela crée une vague d’empathie et d’affection qui s’étend bien au-delà des relations personnelles. Cela fournit les outils pour que nous accomplissions notre engagement à prendre soin les uns des autres. C’est au travers de la liste de prière que la lutte pour la diversité est remportée ou perdue, et non grâce aux 130

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composantes du culte, au style de la prédication ou même de la composition ethnique des dirigeants de l’Église. Ce qui constitue la liste de prière est souvent un reflet des personnes qui prient et dont les problèmes sont considérés comme réels, pertinents et importants. Une de mes amies faisait partie d’une Église qui refusait de prier pour quoi que ce soit en lien avec Mike Brown, Trayvon Martin, Alton Sterling, Eric Gardner, Laquan McDonald ou tout autre Africain américain tué par la police, parce que ces questions étaient « trop politisées » et pouvaient créer des divisions dans l’Église. Elle se sentait frustrée. Elle ne voulait pas que son Église organise une marche sur Washington ou suspende un drapeau disant « Black Lives Matter » (les vies des Noirs comptent) à son clocher. Elle voulait simplement qu’ils prient ensemble sur ces sujets parce qu’elle savait qu’ils étaient très importants pour de nombreuses minorités dans l’Église. Cette Église a échoué à comprendre une chose qui semblait évidente pour l’Église primitive : promouvoir l’unité dans la diversité implique plus que d’inclure des éléments culturels dans le culte. Cela implique de manifester de la solidarité envers les minorités dans les difficultés auxquelles elles sont confrontées. Dans Actes 6, nous apprenons que les veuves parmi les Hellénistes étaient négligées dans la distribution de nourriture. Les douze ont rassemblé « la multitude des disciples » et ont organisé une recherche dans toute l’Église pour désigner les premiers protodiacres (Ac 6.2). L’Église 131

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a ensuite choisi sept hommes avec des noms grecs. Dans Actes 15, l’Église a soutenu l’inclusion des païens dans la famille de l’alliance en ne leur imposant pas d’être Juifs. Ces deux événements sont caractérisés par des discussions et des temps de prière qui incluent les préoccupations des minorités. La lutte pour la diversité se joue là encore aujourd’hui. La diversité concerne plus les priorités que les programmes. Et une Église prie pour ce qu’elle juge prioritaire. Vos listes de prière ont fondamentalement la fonction d’étiquettes de prix placées sur les événements actuels et les préoccupations de l’Église, leur assignant plus ou moins de valeur. Ne remplissez donc pas la liste de prière dans l’isolement. Remplissez-la avec les soucis de tout le troupeau du Seigneur. Les avancées honorables vers la diversité sont optimisées quand nous prions ensemble notre Père qui n’a pas d’enfant favori (voir Ac 10.34). Enfin, nous incluons dans la liste de prière des choses que l’Église ne devrait jamais tenir pour acquises. Si vous utilisez des béquilles pendant longtemps, il peut vous arriver d’oublier que vous utilisez quelque chose pour vous soutenir. C’est tout aussi vrai quand nous nous appuyons sur Dieu pour qu’il pourvoie à nos besoins. Il est fidèle. Si nous ne nous en souvenons pas, il est aisé d’en venir à penser que nous pouvons tenir par nos propres forces. Nous prions donc pour les mêmes choses à chaque réunion afin de rappeler à notre Église quelles sont nos priorités et combien nous comptons sur Dieu pour cela. Nous prions Dieu 132

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de nous garder attachés à sa Parole. Nous prions pour qu’il ne nous laisse pas attribuer notre croissance à autre chose qu’à sa bonté suprême. Nous prions pour qu’il pourvoie à nos besoins en tant qu’Église. Nous lui demandons de faire de notre Église un environnement accueillant pour les visiteurs et de nous aider à aimer notre prochain sans favoritisme. Nous prions pour être remplis d’assurance dans l’évangélisation et pour qu’elle porte du fruit par des conversions. Les détails changent d’un mois à l’autre, mais ces demandes demeurent constantes. Invitez les personnes à prier, mais ne les laissez pas prier trop longtemps. Nous voulons qu’un maximum de personnes puisse participer à la prière. Nous voulons montrer combien il est facile de prier pour les autres. Cela ne prend pas beaucoup de temps. En réalité, les longues prières peuvent souvent couper l’élan de la réunion de prière. Ce n’est pas parce que nous parlons beaucoup que nous sommes entendus, et c’est une bonne chose. Je crois que Jésus nous enseigne dans Matthieu 6 que nos prières sont évaluées en fonction de leur force et non de leur longueur. De plus, si vingt personnes prient pour vingt demandes, et que chacun prie pendant cinq minutes, cela représente une heure et demie de prière. Charles Spurgeon nous adresse quelques mots pleins de sagesse concernant les fameuses personnes qui font de longues prières : Et n’hésitez pas à dire à ce cher monsieur Lecoq que, si Dieu le veut, il ne priera pas vingt-cinq minutes d’affilée. Priez-le instamment d’écourter sa prière et arrêtez-le s’il n’obtempère 133

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pas. Si on vient chez moi avec l’intention de trancher la gorge à ma femme, je tenterai par tous les moyens d’empêcher le forfait. J’aime l’église à peu de chose près autant que mon épouse. Aussi, si quelqu’un veut prier longuement, qu’il aille le faire ailleurs ou qu’il finisse chez lui s’il ne le peut pas dans un temps raisonnable1.

Souvenez-vous des ingrédients principaux. Ne jugez pas du succès par les chiffres. Vous n’avez besoin que de deux ingrédients pour commencer une réunion de prière réussie : des fardeaux, et des frères et sœurs qui sont disposés à prier. Vous n’avez pas besoin de la permission de quiconque. Que vous soyez un pasteur ou un membre, vous avez la capacité de donner l’exemple en dépendant du Seigneur d’une manière que personne ne pourra désapprouver. Vous entendez parler d’un problème ? Lancez une prière. Demandez à des gens de prier avec vous. Vous avez tout ce qu’il vous faut. Prenez l’habitude de terminer toute conversation avec cette question : « comment puis-je prier pour vous ? ». Puis, priez pour la personne immédiatement ou plus tard si le temps manque. En agissant ainsi, vous verrez que toutes les réunions de prière n’ont pas besoin d’être planifiées.

PERMISSION DE LAISSER LES CHOSES EN SUSPENS Le fait de nous rassembler pour prier nous aide à prendre notre responsabilité les uns envers les autres tout en nous permettant 134

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d’accepter nos limites. Nous ne sommes pas des sauveurs. La prière nous permet de laisser les choses inachevées dans la vie des autres. Nous prenons conscience que nous ne sommes pas Dieu et que nous ne sommes pas capables d’apporter des solutions immédiates aux problèmes. Dieu seul peut calmer les tempêtes avec une seule parole. Pas nous. Nous pouvons déclarer la Parole de Dieu, et nous appuyer ensuite sur lui pour qu’il fasse ce que lui seul peut faire. Nous admettons cela quand nous prions. En quittant une Église dont il s’était occupé pendant trois ans, l’apôtre Paul prend à part les pasteurs et leur dit, en résumé : « Je pars. Des loups vont venir, mais je ne suis pas la réponse à vos futurs problèmes. Vous devez vous appuyer sur Dieu et sa Parole. Prions. À plus tard ! » (voir Ac 20.25-38.) La prière nous donne la permission de laisser des problèmes irrésolus et des personnes en suspens, pour l’instant du moins, sans avoir l’impression de les laisser tomber. Prier pour quelqu’un n’est pas un moyen d’éviter de vraiment l’aider. C’est souvent tout ce que nous pouvons faire sur le moment. En réalité, prier pour quelqu’un est un acte d’amour parce que nous le recommandons à celui qui peut résoudre tous les problèmes. Dieu a promis de mener à bien son œuvre dans nos vies. Quand nous nous rassemblons pour prier, fréquemment et avec ferveur, nous demandons à Dieu d’accomplir cette précieuse promesse, et nous nous reposons sur lui, certains qu’il le fera.

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8 FAIRE CE QUI EST JUSTE Le rôle de la prière dans la mission

LE MÉCONTENTEMENT CONDUIT À L’ACTION La légende dit qu’en 1997, un homme du nom de Reed Hastings venait de s’acquitter d’une dette envers un créancier impitoyable quand il a eu l’idée de créer un nouveau genre d’entreprise. Qui était le cruel créancier ? Blockbuster Video (ça vous dit quelque chose ?). Quelle infraction avait-il commise ? Apparemment, Hastings devait payer quarante dollars pour avoir perdu une cassette VHS (vous vous en souvenez ?) du film Apollo 13. Agacé et découragé par l’administration corrompue de l’entreprise de location de films, il a décidé qu’il était temps que quelqu’un fasse quelque chose. Son mécontentement l’a conduit à lutter pour la libération et la liberté de tous ceux qui louent des vidéos. Il a donc eu l’idée de Netflix, un service qui vous permet de garder les vidéos aussi longtemps que vous le voulez sans avoir à payer de pénalité1. Hastings a transformé cette situation frustrante en or (pour ainsi dire). Je répète « la légende dit » 137

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parce que l’authenticité de cette histoire est contestée2. Qu’elle soit vraie ou non, elle démontre une chose importante : le mécontentement nous conduit souvent à l’action. S’il est vrai que toute Église a son sujet de mécontentement, le plus fréquent est la difficulté d’amener les membres de l’Église à vivre en étant axés sur la mission. Afin d’établir une base, disons que nous utiliserons le terme évangélisation pour désigner notre mission commune. L’évangélisation consiste à faire sortir nos membres des bancs pour partager l’Évangile, afin que d’autres personnes puissent venir s’asseoir sur les bancs et se mettent en marche vers le paradis. Depuis que je suis pasteur, l’une des choses les plus difficiles que j’ai entreprises a été de tenter d’encourager les chrétiens à évangéliser. Mon mécontentement dans cette situation m’a conduit à essayer d’y remédier. Quand il s’agit de former les chrétiens pour notre mission commune, nous avons souvent tendance à partir du principe que les gens ont juste besoin de plus de formation, plus de connaissance, plus d’apologétique, plus de motivation et un petit peu plus de culpabilité. Il existe un grand nombre de programmes d’évangélisation, de livres expliquant comment évangéliser ou de publicité sur Facebook promettant la croissance de l’Église. Certains de ces efforts sont utiles. Toutefois, je ne pense pas que l’obstacle majeur à l’évangélisation soit l’incompétence, ce qui signifie que la meilleure solution ne se résume pas simplement à plus de formation. Certes, la formation fait 138

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partie de la solution, mais si vous venez d’un milieu comme le mien, alors vous êtes allés dans des églises où il y a des personnes très compétentes, mais peu d’activités d’évangélisation. Si notre problème principal était la compétence, on n’aurait pas besoin de constamment remettre à jour ou réinventer les programmes de formation à l’évangélisation ni d’en créer de nouveaux. Même après une formation adéquate, l’insécurité finit toujours par nous rattraper, n’est-ce pas ? Moïse avait rencontré Dieu au buisson ardent, il avait reçu la capacité de faire quelques miracles, et il avait pourtant l’impression de ne pas être prêt. Contrairement à lui, la femme au puits, bien qu’ayant très peu d’expérience, s’est révélée être une grande évangéliste (voir Jn 4). Le besoin d’avoir plus de formation est souvent une bonne excuse pour les lâches comme moi de s’abstenir du travail d’évangélisation. Poser un mauvais diagnostic sur un problème nous amènera à faire quelque chose, mais pas à faire ce qui est juste.

LE PROBLÈME : L’ANXIÉTÉ ET L’APATHIE Quand quelqu’un devient chrétien, ce n’est pas long avant qu’il constate qu’il a une tâche à accomplir. Il doit partager sa foi avec les autres pour qu’ils puissent eux aussi devenir chrétiens. Ce commandement de propager l’Évangile vient toutefois avec une ambiguïté qu’il n’est pas facile d’éclaircir : Dieu est souverain, mais il m’appelle à évangéliser. Dieu seul 139

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sauve, mais je suis censé partager l’Évangile pour que d’autres soient sauvés. Alors, est-ce l’œuvre de Dieu ou la mienne ? À cause de cette ambiguïté, on a tendance à pencher soit vers l’anxiété, par crainte de tout rater, soit vers l’apathie, parce qu’on se dit que Dieu sauvera qui il veut sauver.

L’anxiété : un poids terrible De nombreux chrétiens sont en proie à l’anxiété quand ils pensent devoir « convertir » d’autres personnes au christianisme. Ils comprennent, et avec raison, qu’ils ont une responsabilité, alors ils se concentrent sur tout ce qu’ils doivent faire. Toutefois, ils supposent à tort que c’est à eux de produire les résultats. De ce fait, ils sont si écrasés par le fardeau du salut des autres qu’ils sont comme paralysés et finissent par ne pas annoncer l’Évangile du tout. La peur de l’échec les amène à déclarer forfait. J’ai entendu un prédicateur dire un jour : « les bouches fermées conduisent à un enfer ouvert3 ». Cette anxiété peut aussi amener les chrétiens à tenter de fabriquer des convertis ou à les manipuler. Ils annoncent l’Évangile de manière à ce que les gens l’acceptent, et non de manière à ce qu’ils le comprennent. Ou ils ne l’annoncent pas du tout. Cela peut prendre la forme de « réveils » planifiés, de tentatives de culpabiliser les gens, ou de baptêmes d’enfants dans un camion de pompiers ou du retrait de certaines parties de l’Évangile qui pourraient être offensantes. Soit les 140

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chrétiens anxieux n’annoncent pas l’Évangile du tout, soit ils n’annoncent pas tout l’Évangile. L’anxiété est écrasante. Nous portons un poids que nous ne sommes pas censés porter. Cette anxiété nous retient de parler de la part de Dieu et de faire preuve de persévérance. Quand nous n’obtenons pas le résultat souhaité, cela renforce notre anxiété. Dans Exode 5.22,23, Moïse revient de ce qui semble avoir été une tentative d’exode ratée, et il demande à Dieu : « Seigneur, pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple ? Pourquoi m’as-tu envoyé ? Depuis que je suis allé vers Pharaon pour parler en ton nom, il fait du mal à ce peuple, et tu n’as point délivré ton peuple. » Comme pour Moïse, notre anxiété nous amène à demander : « Pourquoi me suis-je fait autant de souci ? Pourquoi as-tu placé ce fardeau sur mes épaules ? »

L’apathie : un voyage paisible L’apathie est une autre mauvaise réponse à notre appel à participer à la mission. On tend à être paresseux dans l’évangélisation quand on néglige notre responsabilité au profit de l’adoption de la vérité que Dieu est souverain dans le salut. Ceux qui font preuve d’apathie croient à tort que, parce que Dieu dirige tout, l’évangélisation est sans importance. L’apathie naît du désir de fuir la responsabilité. C’est une tentative de voyager paisiblement dans la vie, en étant libre de tout fardeau. La préoccupation pour les âmes est un fardeau qui devrait nous faire verser des larmes (voir Ro 10.1-4). Un de 141

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mes anciens mentors avait l’habitude de dire : « aucun bagage n’est plus petit qu’un homme accaparé par lui-même ». Aucun bagage n’est plus léger non plus. Quand l’amour de soi évince notre capacité à aimer les autres, nous ne sommes disposés à porter que notre propre poids. Si Moïse est un exemple biblique de l’anxiété, Jonas est un exemple d’apathie. Sa logique à la fin du livre montre que son amour de lui-même avait évincé sa capacité à aimer les autres. Dieu ne pouvait susciter une réponse de la part de Jonas qu’en s’attaquant à son confort. Jonas se souciait peu des implications du salut pour toute autre personne que lui-même ou ceux qu’il aimait (sa nation). Quand il a eu l’occasion de participer à la mission, il a choisi de battre en retraite. Il ne se sentait pas concerné. Il ne voyait que les conséquences négatives potentielles. Il s’est dit : « Que va‑t‑il m’arriver si j’y vais ? » Les cas de Moïse et de Jonas nous montrent que la connaissance biblique sans mise en pratique ne suffit pas. Si l’anxiété peut s’apparenter au fait d’être écrasé dans une voiture parce que vous avez chargé un énorme rocher sur le toit, alors l’apathie s’apparente au fait d’activer le régulateur de vitesse et de s’endormir au volant. Dans leur action ou leur inaction respectives, l’anxieux et l’apathique accomplissent finalement l’œuvre de Satan. Soit ils offrent aux gens un faux sentiment de sécurité en ne proclamant pas suffisamment l’Évangile (voir Mt 7.21-24), soit ils n’annoncent pas du tout le message qui sauvera les autres (voir Éz 3.18). Dans un cas comme dans 142

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l’autre, Satan est satisfait. Que pouvons-nous faire devant ces deux grands ennemis de notre mission commune ? Quelle est la prochaine étape ?

LE REMÈDE : PRIER UN DIEU SOUVERAIN La prière est le maillon de la chaîne qui relie la souveraineté de Dieu à notre responsabilité. Nous pouvons essayer de soulager notre mécontentement en faisant quelque chose, ou bien nous pouvons faire ce qui est juste. La bonne chose à faire, c’est de prier. C’est par là que nous devrions commencer. La prière (louer Dieu pour ses attributs et l’invoquer en se souvenant des promesses de son alliance) est essentielle et nécessaire à la création d’une culture d’évangélisation. La souveraineté de Dieu et notre responsabilité doivent œuvrer ensemble afin que nous soyons libérés à la fois de l’anxiété et de l’apathie. Une bonne compréhension se concrétise quand nous prions en tant qu’Église. J. I. Packer énonce les deux grands obstacles au salut : « l’un est la tendance naturelle et irrésistible par laquelle l’homme s’oppose à Dieu ; l’autre est l’assiduité que Satan manifeste à vouloir garder les hommes dans l’incrédulité et la désobéissance4 ». Nous devenons plus conscients de notre incapacité quand nous reconnaissons que l’homme ne peut se tourner vers Dieu naturellement. Cela nous amène à conclure que « la souveraineté de Dieu dans la grâce est le seul élément qui peut nous donner un espoir de succès dans l’évangélisation5 ». 143

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Notre seul espoir est que Dieu est en contrôle de toutes choses. La méditation sur la souveraineté de Dieu est le médicament qui calme nos cœurs anxieux. Notre labeur, lorsqu’il est correctement mis en relation avec nos espoirs de succès, est plus énergique quand la souveraineté de Dieu devient le moteur de nos efforts. L’antidote au fait de porter un poids que nous n’étions jamais censés porter consiste à laisser quelqu’un d’autre le porter pour nous. Beaucoup de nos efforts d’évangélisation sont alimentés uniquement par le pragmatisme et la stratégie, alors que les fruits durables proviennent de la prière (voir Jn 15.8,16). Prier ensemble enlève la pression d’avoir du « succès » et la replace sur les épaules de Dieu. Quand nous prions « Notre Père, qui es aux cieux », nous reconnaissons que Dieu est souverain et qu’il fait ce qu’il veut. Quand nous prions Dieu de sauver quelqu’un, nous reconnaissons que Dieu seul a le pouvoir de le faire. Quand nous lui rendons grâce pour notre salut, nous le faisons parce que nous savons qu’il nous a sauvés ; nous ne nous sommes pas sauvés nous-mêmes. Quand nous prions Dieu pour le salut des autres, nous prenons conscience que la souveraineté de Dieu ne diminue que notre anxiété et notre apathie, pas notre action. La prière est donc la pompe à la station-service qui nous relie au carburant d’une évangélisation fidèle. Avant de nous mobiliser pour la mission, nous devons toutefois savoir ce qu’est l’évangélisation. L’évangélisation 144

Faire ce qui est juste

consiste à proclamer le message de l’Évangile et à inviter les pécheurs à y répondre. Nous devons certes bien expliquer l’œuvre de Dieu dans l’évangélisation, mais nous devons aussi comprendre correctement la nôtre. Quand nous évangélisons, nous plaçons le péché dans le contexte d’une mauvaise relation avec Dieu, pour éviter que les non-croyants considèrent le péché comme autre chose que la transgression d’une sainte loi de Dieu. Nous devons nous assurer que le péché n’est pas considéré comme une attitude générale, mais qu’il est associé à des actions précises dont nous devons nous repentir. Enfin, le péché doit être compris comme quelque chose qui corrompt notre nature même en tant que porteurs de l’image de Dieu. Considérer le péché de cette manière nous aide à comprendre que nous n’avons pas la capacité de simplement changer nos actions. Nous avons besoin d’un Sauveur pour nous offrir un cœur nouveau. Si Dieu nous a donné une tâche dont les résultats ne dépendent pas de nous, alors il est erroné de définir l’évangélisation par ses résultats. Une évangélisation réussie ne se mesure pas au résultat final, mais à notre fidélité dans cette tâche. Nous cherchons à enseigner fidèlement l’Évangile aux non-croyants, et à les inviter librement à prendre Dieu au mot, lui qui promet le pardon à ceux qui se repentent sincèrement. Cette proclamation fidèle devrait nous apporter le repos. Nous pouvons respirer profondément tandis que nous prions Dieu de faire ce que lui seul peut faire, et de nous aider à faire ce 145

LA PRIÈRE

qu’il nous a appelés à faire. Prier ensemble nous remplit de compassion pour les perdus. Puisque Dieu fait la majeure partie du travail pour le salut, nous pouvons nous soucier des autres sans être écrasés par le poids de tout ce fardeau. En nous rassemblant pour prier, nous gardons cette préoccupation pour les perdus présente à nos esprits. Spurgeon démontre l’importance de cela dans son livre Gagner des âmes : Mais quelle situation prévaut en beaucoup d’endroits ? Personne ne prie ni ne pleure beaucoup à ce sujet. On ne se soucie pas d’entendre parler de l’œuvre de la grâce que le Seigneur accomplit dans certaines âmes. En vérité, je vous le dis, l’ouvrier reçoit sa récompense, il obtient ce qu’il a demandé, il a ce à quoi il s’attendait. Son maître lui donne son sou, sans plus. L’ordre retentit : « Ouvre ta bouche, et je la remplirai » (Ps 81.11), mais nous voilà, assis les lèvres scellées, à attendre la bénédiction. Ouvrez votre bouche, mon frère, rempli d’une pleine attente, d’une foi ferme, et il vous sera donné selon votre foi6.

UN REMÈDE QUI REMPLACE LES OBSTACLES Le fait de prier ensemble a une action merveilleuse sur notre évangélisation. Cela n’efface pas simplement les obstacles à l’évangélisation ; cela les remplace. L’anxiété est remplacée par l’assurance. L’apathie est remplacée par la compassion. Nos 146

Faire ce qui est juste

handicaps sont transformés en atouts pour la propagation de l’Évangile dans le monde. Nous avons besoin de courage. Nous avons tous des choses que nous redoutons. Nous n’avons pas la force, l’autosuffisance et la sagesse qui pourraient garantir notre sécurité. Nous avons peur d’être vaincus ou de tomber sur quelqu’un de plus intelligent que nous. Nous avons peur d’échouer, avec raison. Nous avons en main tous les ingrédients pour échouer. Heureusement, Dieu n’a pas cette peur. Personne ne peut le menacer. Il a le courage dont nous avons désespérément besoin. Et voici une nouvelle encore meilleure : il est de notre côté. Comme un enfant rachitique qui a un grand frère musclé prêt à se battre contre la petite brute qui le tyrannise, nous recevons le courage par la prière, parce que la prière nous relie à la puissance de Dieu. Vous remarquerez que, dans les Évangiles, la prière n’est pas ce qui caractérise la vie de Pierre, qui se montre imprudent, orgueilleux et lâche. Par contre, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, dans le livre des Actes, Pierre prie constamment et est ainsi constamment fidèle et plein d’assurance pour proclamer l’Évangile. La prière remplace l’apathie par la compassion. Quand nous rendons grâce à Dieu pour notre salut, nous nous souvenons que le salut n’est pas un exploit, et que nous ne devrions pas sermonner ceux qui ne l’atteignent pas ; il s’agit plutôt d’un cadeau, et nous devrions avoir pitié de ceux qui ne s’en saisissent pas. À travers la prière, la question de Jonas, « que 147

LA PRIÈRE

m’arrivera-t-il si j’y vais ? », est rapidement remplacée par une autre question : « que leur arrivera-t-il si je reste ? ». Par la prière, nous découvrons qu’il est impossible de prier pour quelqu’un tout en gardant de l’amertume ou de l’indifférence envers lui. Quand nous prions pour le salut des âmes, nous sommes connectés au cœur de Dieu.

ENCOURAGER L’ÉVANGÉLISATION DANS L’ÉGLISE LOCALE Nous devons régulièrement renforcer ce lien entre la souveraineté de Dieu et notre responsabilité en priant fréquemment en Église pour des conversions et en remerciant Dieu pour celles qui ont lieu. J. I. Packer a écrit : « […] indépendamment de la position que vous avez pu prendre autrefois dans le débat sur cette question, vous croyez en réalité, au fond de votre cœur, en la souveraineté de Dieu, et cela aussi fermement que n’importe qui. Dressés face à d’autres personnes nous pouvons avoir des arguments à faire valoir, mais à genoux devant Dieu nous nous trouverons d’accord7. » Affirmer constamment, en prière, la souveraineté de Dieu et notre responsabilité dans l’évangélisation aide l’Église à croire et à vivre cela, même si nous ne pouvons pas l’énoncer parfaitement. Accorder une partie de notre temps ensemble à la prière pour des conversions contribuera pour beaucoup à la création d’une culture de l’évangélisation. Nous devons aussi souligner le rôle de la prière dans la prédication. Le chapitre de Romains 9 sur la souveraineté de 148

Faire ce qui est juste

Dieu est suivi par le chapitre 10, qui concerne notre responsabilité. Entre cette étude de la souveraineté de Dieu et l’appel à évangéliser, Paul prie pour que des conversions aient lieu (Ro 10.1-4). Une prédication méticuleuse, cohérente et détaillée de l’Évangile, semaine après semaine, habitue l’assemblée à entendre et comprendre l’Évangile. De la même manière, le fait de souligner le rôle de la prière aide les membres de l’assemblée à comprendre le rôle essentiel qu’ils jouent dans le royaume de Dieu. Vous verrez croître leur assurance dans l’Évangile et dans la prière, de même que leur capacité à communiquer l’Évangile aux non-croyants. D’où viennent les missionnaires ? Jésus semble penser qu’ils sont le fruit de la réponse de Dieu à nos prières : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Lu 10.2). Quand nous prions pour des ouvriers, Dieu suscite des ouvriers de l’Évangile et rappelle à ceux d’entre nous qui sont inactifs que cela commence par nous. Prier pour le succès de l’évangélisation revient à prier pour des ouvriers. Il est essentiel d’associer les deux dans l’esprit des membres de nos Églises. Nous devrions aussi constamment garder au premier plan les besoins des ouvriers que nous soutenons et qui ont été envoyés par notre Église, parce que nous voulons que les membres de notre Église sachent que, par la prière, ils portent le fardeau de participer à l’œuvre salvatrice de Dieu. 149

LA PRIÈRE

La stratégie d’évangélisation de Dieu dans le monde est enracinée dans l’Église locale. Elle offre au monde qui observe une rencontre directe avec l’amour, le pardon, la compassion et la sainteté de Dieu. C’est pour cette raison que nous prions pour les autres Églises et pasteurs de notre quartier durant nos réunions. Nous prions Dieu de faire prospérer ces Églises pour sa gloire, et qu’à travers elles, les non-croyants puissent entendre l’Évangile. Nous prions Dieu de susciter d’autres pasteurs pour poursuivre ce fidèle travail d’évangélisation, localement et dans le monde entier. En priant ensemble pour la repentance dans nos vies et dans celles de ceux qui ne connaissent pas encore Christ, nous ne nous contentons pas de faire quelque chose avec notre mécontentement. Nous faisons la bonne chose : nous prions.

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CONCLUSION Lutter contre les tentations

Êtes-vous convaincu ? La prière est plus importante que nous ne le pensons. Elle est indispensable à la vie de nos Églises. J’espère que ce court ouvrage aura un impact sur la façon dont votre Église prie et expérimente la fidélité de Dieu à travers la prière. J’ai lu d’autres ouvrages sur la prière. Je sais que la difficulté n’est pas de commencer à prier plus, mais de maintenir cette attitude. Ce n’est pas difficile de commencer, mais ça l’est de consolider ses habitudes. Au fil du temps, j’ai appris que je n’avais pas besoin de faire un sondage ou une étude de marché sur les tentations les plus fréquentes. Il me suffit de sonder mon cœur et de voir dans quel cas je n’ai pas prié. Voici donc une liste des tentations qui nous affectent tous quand il s’agit de pratiquer la prière dans la vie de l’Église. Une grande partie de cette liste a déjà été abordée dans ce livre. Considérez donc cela comme un inventaire de ce qui a été exposé au fil de ces pages. Je veux insister sur ces réalités pour que le chemin devant vous apparaisse clairement.

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LA PRIÈRE

La première étape dans la lutte contre ces tentations est de les révéler et de les nommer. Je tenterai donc d’être concis et sincère. L’étape suivante implique de revenir dans le droit chemin. Je tenterai donc de vous indiquer où il se trouve. Faisons donc la lumière sur notre ennemi invisible afin que nous ne soyons pas aveuglés. Nous n’ignorons pas ses manigances. Exposons-les donc au grand jour pour ce qu’elles sont. Tentation no 1 : Annuler une réunion de prière. Quelque chose surviendra. Il y a toujours quelque chose d’autre à faire. Dieu nous donne la possibilité de communiquer avec lui partout et en tout temps. On pourrait croire que ce genre d’accessibilité nous rend zélés dans la prière, mais ce n’est pas le cas. Cela nous rend flexibles dans un mauvais sens : nous pensons toujours que nous pourrons trouver le temps de prier plus tard. S’il y a une chose que j’ai apprise, en plus de vingt ans passés sur les bancs d’école comme professionnel de la procrastination, c’est que « plus tard » ne vient jamais aussi tôt que vous le pensiez. Le droit chemin : Ne remettez pas à plus tard la priorité qu’est la prière. Dans la mesure du possible, considérez les temps de prière collective comme coulés dans le béton. Si vous annulez ou manquez une réunion de prière une fois, ce n’est pas bien grave. Par contre, si cela se répète, cela en dit long sur la priorité donnée à la prière dans votre vie d’Église. 152

Conclusion

Nous n’avons pas reçu la liberté de communiquer avec Dieu afin de pouvoir l’insérer à notre guise dans nos emplois du temps. Dieu nous offre cet accès libre et fréquent à sa présence parce que nous en avons toujours besoin. C’est pourquoi nous devrions toujours prier (voir 1 Th 5.17). Par votre persévérance dans la prière et votre présence aux réunions, vous contribuez à renforcer cette vérité dans la vie de votre Église. Je ne pense pas que beaucoup d’entre nous luttent avec le fait de prier trop, ou que d’autres priorités soient mises de côté dans nos vies parce que nous assistons à trop de réunions de prière. Je m’arrêterai donc là. Amis pasteurs, n’annulez pas les réunions de prière. Amis chrétiens, ne les manquez pas. Tentation no 2 : Façonner votre théologie sur la prière en fonction de la façon dont Dieu a répondu à votre dernière prière. Combien de fois avons-nous été découragés en entendant Dieu nous répondre « non » ? C’est souvent là que l’abandon de la prière commence. Pourquoi se donner la peine de prier si la prière ne fonctionne pas ? « J’ai prié de tout cœur, fidèlement et régulièrement, pour la guérison d’un être cher, et il est décédé malgré tout. J’en ai fini avec la prière. » Le droit chemin : Gardez une trace des choses pour lesquelles vous avez prié. Chacune d’entre elles. Amis pasteurs, c’est ainsi que vous pouvez aider votre Église à persévérer. 153

LA PRIÈRE

Amis chrétiens, c’est ainsi que vous pouvez aider votre Église à demeurer fidèle. Le fait de consulter régulièrement la liste des choses pour lesquelles vous avez prié peut vous aider à voir à quel point Dieu a été fidèle, parfois d’une manière que vous aviez complètement oubliée. En agissant ainsi, vous laissez un fil d’Ariane que votre Église peut suivre pour se souvenir de la fidélité de Dieu quand elle a l’impression d’être dans un désert. Parfois, dans la vie de l’Église, les prières non exaucées sont tout aussi utiles que celles qui l’ont été. Elles nous rappellent que nous n’imposons pas notre volonté à Dieu. C’est lui qui dirige toutes choses. Nous faisons nos demandes, mais il s’agit bien de demandes, et non d’exigences. Son point de vue est meilleur que le nôtre, alors nous le remercions rétrospectivement pour toute prière exaucée ou non. Prier, c’est laisser la direction de nos vies dans les mains de Dieu. Neuf années de prière pour avoir un enfant ont rendu l’adoption de notre fille d’autant plus belle, surtout quand nous avons partagé avec d’autres ce que Dieu avait fait. À travers cette expérience, nous avons vu des centaines (sinon des milliers) de personnes, qui nous avaient accompagnés durant toutes ces années, se réjouir de la fidélité de Dieu. En 2015, le dimanche soir de la création de notre Église, au sein d’une des périodes les plus sombres que nous ayons vécu ensemble, nous avons commencé notre temps de prière en lisant la liste des vingt-cinq choses pour lesquelles nous avions 154

Conclusion

prié sans cesse au cours des huit derniers mois pour le succès de l’Église et l’établissement d’un témoignage évangélique dans l’ouest d’Atlanta. Nous avons ensuite lu de quelle manière Dieu avait dépassé nos espérances en réponse à ces vingt-cinq requêtes. Le but n’était pas d’enseigner que Dieu nous donne tout ce que nous lui demandons, si nous les demandons avec assez d’ardeur. Le but était de mettre l’accent sur la fidélité de Dieu dans les temps de souffrance, parce que c’est si facile de l’oublier. C’est comme la pièce de monnaie qui éclipse le soleil parce qu’elle est trop près de notre œil. Gardez une trace de la fidélité de Dieu, et aidez votre Église à éloigner la pièce de son œil de temps en temps. Tentation no 3 : Individualiser ce que Dieu a destiné à être collectif. Ce n’est pas parce que nous pouvons prier en privé que nous devons prier uniquement en privé. Bien que la prière soit souvent une action individuelle, nous devrions régulièrement impliquer les autres. Si nous avons du mal à prier, notre tendance sera de nous cacher. Le droit chemin : N’ayez pas peur d’utiliser les pronoms pluriels dans vos prières, surtout dans les réunions d’Église. Le fait d’utiliser des pronoms pluriels dans nos réunions rappelle à l’Église que, quand nous nous rassemblons, nous sommes des participants et non simplement des spectateurs. L’utilisation des 155

LA PRIÈRE

pronoms pluriels dans nos prières individuelles nous aide à nous souvenir que nous ne sommes pas que des individus isolés ; nous faisons partie d’une famille. Quand nous pensons à « nous », ce sont des noms, des visages et des sourires qui devraient nous venir à l’esprit, et non de simples silhouettes. C’est là l’intérêt de rejoindre une Église locale. Les silhouettes sont remplacées par de réelles personnes ayant des besoins spécifiques. Prier ensemble, même quand nous confessons nos péchés, est la recette divine pour vivre la liberté. Cela nous rend humbles. C’est pourquoi Jacques écrit que nous devons confesser nos péchés les uns aux autres et prier les uns pour les autres afin que nous soyons guéris (voir Ja 5.16). Mon ami John Henderson dit que Dieu nous invite à confesser nos péchés les uns aux autres parce que ce qui nous empêche de confesser notre péché est exactement ce qui nous maintient prisonniers de ce péché, à savoir l’orgueil, l’ego et la peur du regard de l’autre. Ce sont ces péchés qui gisent sous la surface. Impliquer les autres dans nos prières, surtout dans nos prières de confession, est le merveilleux don de liberté que Dieu nous fait. Tentation no 4 : Partir du principe que les gens savent ce qu’est la prière et comment la pratiquer. C’est mon cheval de bataille dans tout cet ouvrage. Le simple fait que la prière soit nécessaire ne signifie pas que cela nous vienne naturellement. 156

Conclusion

Le droit chemin : Ne manquez pas une occasion d’enseigner aux autres à prier. Peut-être que vous avez de la facilité à prier et que vous n’avez pas besoin de beaucoup de préparation avant de conduire une réunion de prière, mais sachez que les prières improvisées ne fournissent pas forcément le meilleur exemple à suivre. Je ne vous dis pas d’écrire des prières et de les mettre en scène ensuite. Ce que je vous dis, c’est de vous préparer pour que le reste de l’Église soit édifié et que votre prière devienne un exemple pour eux. Quand il s’agit de chanter, tout le monde veut une chanson composée. Pourtant, quand il s’agit de la prière, beaucoup insistent sur l’improvisation. La préparation des prières n’est pas l’ennemie de l’authenticité. Elle est une alliée de la clarté et une expression d’amour pour Dieu et pour les autres. Écrire des prières à l’avance et les offrir à Dieu en présence de son peuple n’est pas moins authentique que d’écrire une lettre à votre femme et la lui donner le lendemain. Le contenu de la lettre est sincère. Votre femme appréciera peut-être le fait que vous ayez pris le temps de clarifier votre pensée et de l’écrire. La préparation est un bon moyen de bien communiquer votre ressenti. Nous n’instruisons pas seulement les autres en théorie, mais aussi en pratique. Apprenez à utiliser la question « comment puis-je prier pour toi ? » chaque fois que vous entendez parler d’un problème ou d’une préoccupation. Que les problèmes, les préoccupations, voire les froncements de sourcils, 157

LA PRIÈRE

deviennent pour vous un déclic pour poser cette question. Étant donné que nous pouvons prier Dieu n’importe quand, ne remettez pas à plus tard une demande de prière. Faites-le immédiatement, et vous aiderez ainsi les autres à découvrir l’utilité de la prière. Les enfants n’apprennent pas ce qu’est un chien en cherchant le mot « chien » dans un dictionnaire, mais à l’aide de quelqu’un qui leur en montre un qui passe dans la rue. Ils apprennent dans le contexte de la vraie vie. Il en est de même pour la prière. Lire un livre sur la prière est une bonne chose. Toutefois, c’est encore mieux de partager vos fardeaux les uns aux autres et de les présenter ensemble à Dieu. Tentation no 5 : Évaluer l’efficacité de votre réunion de prière au nombre de personnes qui y assistent. Cette tentation est l’une des plus difficiles à surmonter, surtout dans notre culture orientée sur les résultats. Si vous avez de la difficulté à réunir quelques personnes pour les réunions de prière, pendant des mois ou des années, il est facile de penser que vous vous y prenez mal. Vous serez tentés de penser qu’il vous faut innover. Le droit chemin : Pensez à l’intentionnalité, non à l’innovation. La meilleure façon que je connaisse d’être intentionnel est de prier pour toute chose. Que la tentation de vous inquiéter serve de signal d’alarme divin pour vous rappeler qu’il est temps de prier. Cela se présentera à de nombreuses 158

Conclusion

reprises dans la journée. N’attendez pas la réunion de prière pour prier avec les autres. Ce sont parfois les prières constantes, passionnées et répétées en dehors des réunions qui servent de combustible pour réchauffer suffisamment nos cœurs froids et les amener à prier avec les autres. Préparez-vous aussi à être déçus. Il y aura probablement peu de personnes présentes à la réunion, du moins au début. Mais continuez à vous battre. Si une seule autre personne se joint à vous, c’est une réunion de prière. N’abandonnez pas trop vite, et ne pensez pas trop vite qu’il faut changer quelque chose. Peut-être que quelque chose doit changer, mais peutêtre qu’il vous faut juste rester fidèle. Obéissez à ce que Dieu nous a appelés à faire en tant qu’Église, et semez ces graines. Dieu les fera croître en son temps. Cultiver la prière dans la vie de l’Église est un marathon, pas un sprint. Cela s’apparente au processus qui amène le gland à devenir un chêne. Cela nécessite beaucoup de temps et un travail de tous les jours qui n’est pas reconnu. Beaucoup de facteurs externes œuvrent contre la croissance de la prière dans la vie de l’Église ; aucun n’est plus apparent que la prospérité. La prière s’épanouit souvent là où existe la persécution. L’absence de difficultés cultive un sentiment d’autosuffisance qui nous amène à croire que nous possédons tout ce dont nous avons besoin. N’abandonnez pas. Rappelez à l’Église à quel point elle a désespérément besoin de Dieu, et faites ensuite tout ce qui est en votre pouvoir pour l’amener devant 159

LA PRIÈRE

lui par la prière. Préparez-vous à avoir peu d’adeptes au début. Acceptez cela. La puissance de nos prières ne se trouve pas dans le nombre de personnes qui prient, mais dans la volonté de celui que nous prions.

UNE DATE DE PÉREMPTION La prière, telle qu’enseignée par Jésus dans le Notre Père, est une denrée périssable. Ne considérez pas son modèle comme une boîte de conserve censée durer pour toute l’éternité. Considérez-le plutôt comme une miche de pain avec une date de péremption. Je parle ici du vrai pain, et pas de ces petits pains de restauration rapide qui seront encore là au jour du jugement parce qu’ils ne périssent jamais. L’utilité de la prière est prévue pour la vie présente. Sur la nouvelle terre, nous n’aurons pas besoin de prier de la manière qui nous a été enseignée ici, en invoquant Dieu pour qu’il accomplisse ses promesses envers nous. Dans l’éternité, nous nous délecterons de sa fidélité ; nous n’aurons plus besoin de demander qu’il vienne bientôt et qu’il accomplisse ses promesses. La Bible ne se termine pas par une prière, mais par une bénédiction. Dans Apocalypse 22.20, on lit une prière pour que le Seigneur vienne bientôt, mais le verset 21 est une proclamation de la bénédiction et de la grâce sur ceux d’entre nous qui s’attendent à Dieu. « Notre Père, qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié » (Mt 6.9). Nous remercierons Dieu pour cette réalité, pour toujours, mais nous n’aurons plus aucune raison d’offrir cette 160

Conclusion

prière comme une demande. Dieu demeurera avec nous ! Les cieux seront unis à la terre, et son nom sera honoré par tous pour l’éternité. « Que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel » (Mt 6.10). Cela sera déjà accompli. Pas au sens de déjà-mais-pas-encore, mais au sens de déjà, complètement et entièrement. Plus besoin d’attendre une prochaine prophétie. Il n’y aura plus d’ennemis qui tentent de renverser le royaume de Dieu. Nous nous réjouirons du fait que cette prière est déjà accomplie. Nous n’aurons pas besoin de demander qu’elle le soit. « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien » (Mt 6.11). Nous serons face à face avec le Pain de vie pour toujours. « Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6.12). Nous aurons déjà vécu l’apogée de cette vérité, nous n’aurons plus besoin que Jésus pardonne un quelconque péché. Nous vivrons dans ce pardon, sans avoir continuellement besoin de pardonner aux autres, parce que nous serons tous parfaits. Notre capacité à pécher sera totalement ôtée. « Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin » (Mt 6.13). Satan passera l’éternité dans le lieu de tourment éternel préparé pour lui, pendant que nous serons en sécurité dans la demeure préparée pour nous par notre Père qui nous aime. Il y aura un gouffre infini entre nous et l’ennemi de nos âmes. Il ne pourra pas nous atteindre. 161

LA PRIÈRE

Toutes les requêtes du Notre Père seront superflues dans le ciel. Dieu aura déjà pourvu à tout ce dont nous avons besoin. Nous n’aurons plus qu’à passer l’éternité à le remercier. Quand Jésus nous enseigne comment prier, il le fait avec un monde déchiré en tête. Tout comme la manne, créée pour être consommée le jour même, la prière (telle que nous l’avons abordée ici, à savoir le peuple de Dieu l’invoquant pour qu’il accomplisse les promesses de son alliance) a une date de péremption. Son utilité ne se prolonge pas dans le demain que sera l’éternité. N’attendez donc pas demain pour l’utiliser. Vous avez aujourd’hui. Vous avez de l’air dans vos poumons en ce moment même. Alors, respirez profondément, respirez souvent et respirez ensemble.

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NOTES Introduction 1. John Stott, cité dans Ten Great Preachers [Dix grands prédicateurs], trad. libre, Éditions Bill Turpie, Baker, Grand Rapids, Mich., 2000, p. 117.

Chapitre 1 : Respirer à nouveau 1. L’omniscience de Google prend fin ici. Apparemment, Dieu seul sait d’où provient cette citation. Certains disent qu’elle est de Martin Luther, d’autres de Martin Luther King Jr. Étant donné que Martin Luther King a été nommé ainsi en hommage à Martin Luther, je propose de leur attribuer cette citation à tous les deux. 2. E. M. Bounds, E. M. Bounds on Prayer [E. M. Bounds sur la prière], trad. libre, Hendrickson, Peabody, Mass., 2006, p. 118.

Chapitre 2 : L’excellence 1. James R. Estep Jr., Michael J. Anthony et Gregg R. Allison, A Theology for Christian Education [Une théologie pour l’éducation chrétienne], trad. libre, B&H, Nashville, 2008, p. 6.

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2. Gary Millar, Calling on the Name of the Lord: A Biblical Theology of Prayer [Invoquer le nom du Seigneur : une théologie biblique de la prière], trad. libre, New Studies in Biblical Theology, InterVarsity Press, Downers Grove, Ill., 2016, p. 27. 3. Ibid., p. 26. 4. Ibid., p. 27. 5. Jean Calvin, cité dans Millar, ibid, p. 15-16. 6. Mark Dever, L’Église : un bilan de santé, Éditions Cruciforme, 2014, p. 25-26.

Chapitre 3 : Le monde vous appartient 1. J. C. Ryle, A Call to Prayer: With Study Guide [Priez-vous ? Question pour le moment présent], trad. libre, Chapel Library, Pensacola, Flor., 1998, p. 35. 2. J. I. Packer approfondit ce sujet dans le chapitre intitulé « Fils de Dieu », dans Connaître Dieu, Éditions Grâce et Vérité, 1994. 3. Ibid., p. 229. 4. A. W. Tozer, Prayer [La prière], trad. libre, Moody, Chicago, 2016, p. 175.

Chapitre 4 : Un repas réconfortant 1. J. C. Ryle, A Call to Prayer: With Study Guide [Priez-vous ? Question pour le moment présent], trad. libre, Chapel Library, Pensacola, Flor., 1998, p. 34. 164

Notes

2. Ibid., p. 34-35.

Chapitre 5 : Les racines 1. C. S. Lewis, A Grief Observed [Apprendre la mort], trad. libre, Bantam, N. Y., 1976, p. 61. 2. J. C. Ryle, A Call to Prayer: With Study Guide [Priez-vous ? Question pour le moment présent], trad. libre, Chapel Library, Pensacola, Flor., 1998, p. 11. 3. Sir Arthur Conan Doyle, The Greatest Adventures of Sherlock Holmes [Les aventures de Sherlock Holmes], trad. libre, Fall River Press, N. Y., 2012, p. 151. 4. Remerciements à James Allman, du Dallas Theological Seminary.

Chapitre 7 : Reposez-vous sur moi 1. Charles Spurgeon, Gagner des Âmes, Oui, mais comment ?, Europresse, Chalon-sur-Saône, 2008, p. 92.

Chapitre 8 : Faire ce qui est juste 1. Blake Morgan, « Netflix and Late Fees: How ConsumerCentric Companies Are Changing the Tide »,  (page consultée le 20 janvier 2020).

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2. Gina Keating, « Five Myths about Netflix », The Washington Post online, (page consultée le 20 janvier 2020). 3. Mark Dever, « Closed Mouths Lead to an Open Hell » [Des bouches fermées conduisent à un enfer ouvert], trad. libre, sermon prononcé à la Capitol Hill Baptist Church, Washington, D. C., le 24 novembre 2013. 4. J. I. Packer, L’ évangélisation et la souveraineté de Dieu, Éditions Grâce et Vérité, 2018, p. 101. 5. Ibid., p. 99. 6. Charles Spurgeon, Gagner des Âmes, Oui, mais comment ?, Europresse, Chalon-sur-Saône, 2008, p. 42. 7. J. I. Packer, op. cit., p. 15.

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INDEX DES SUJETS Barnabas, 122

Abraham, 34 Actions de grâce, 111-112 Adam, 38, 45-47, 95, 97 Adoration, 103-106, 111, 113, 115 Diversité dans l’, 130-132 Participation dans l’, 101-102 Prière collective dans l’, 103-114 Se préparer pour l’, 115-116 Adversité, 85-86 Agur, 73 Amour De Dieu, 55-56, 88, 93, 109, 150 De soi, 142 Du prochain, 40, 64, 77, 133, 142, 157 Inconditionnel, 56

Caïn, 38, 45-47 Calvin, Jean, 47 Célibat, 86 Confession, 103, 107-111, 113, 116, 156 Corneille, 121, 123 David, 38, 48-49 Désirs, 65, 67-68 Dever, Mark, 21, 50 Dieu Attributs de, 104-106 Communier avec, 31 En tant que Père, 53-57 Gloire de, 61, 64 Invoquer le nom de, 44-47, 73 Parler avec, 43-44 Présence de, 59-69

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LA PRIÈRE

Foi

Promesses de, 45-49, 62, 92, 104, 112, 135, 143, 160, 162 Puissance de, 57-60 Relation avec, 115-116 Souveraineté de, 139-150 Voir aussi amour, de Dieu ; Parole de Dieu Volonté de, 42, 63, 94-97

Affermir la, 114 Obéissance et la, 87 Persévérance dans la prière et la, 94 Grâce, 76, 83, 107-112, 143, 160 Gratitude, 74, 111-112 Guérison, 39, 113, 122, 130, 153, 156

Église Conflits dans l’, 67-68 Efficacité du ministère dans l’, 32-36, 138-150 Enseigner la prière dans l’, 119-120, 156-158 Prendre soin de l’, 125-126 Prière collective dans l’, 53-57, 80-83, 104, 114116, 118-123, 155-156 Égocentrisme, 65 Espoir, 48-50, 93 Étienne, 121, 123 Évangélisation, 138-150 Ève, 38, 46-47

Henderson, John, 156 Humilité, 104, 111 Idolâtrie, 59, 65 Injustice, 68 Jean, 88-89, 96, 98, 121 Jésus Exemple de la vie de prière de, 88-94 Instructions données au sujet de la prière par, 40-44, 49-50, 53-67, 71-76, 162

168

Index des sujets

Péché, 68, 76, 107-110, 145, 156 Pierre, 39, 88-89, 98, 121123, 147 Prédication, 148-149 Prière Apathie dans la, 64-66, 141-147 Aspect surnaturel de la, 37-38, 67, 83 Discerner les réponses à la, 95, 153-155 Fréquence de la, 25-28 Manque d’expérience concernant la, 34, 118-123 Pardon dans la, 75-76, 82 Priorités dans la, 53-69 Protection dans la, 76, 82 Provision de Dieu dans la, 72-74, 81-82

Mort et résurrection de, 75, 98 Jeûne, 122 Jonas, 142, 147 Justice, 106 Lewis, C. S., 85 Luc, 120-123 Malin, 76, 161, Manque de prière, 97-99 Millar, Gary, 44-45 Missionnaires, 149-150 Moïse, 34, 43, 80, 107, 139, 141-142 Notre Père, 53-67, 83, 160-162 Packer, J. I., 55, 143, 148 Pain quotidien, 72-74, 161 Pardon, 68, 72, 75-77, 82-83, 96, 104, 107-110, 121, 145, 150, 161 Parole de Dieu, 102, 109, 120, 128, 133, 135 Paul, 122, 135, 149

Rédemption, 47 Repas, 74 Repentance, 108, 129, 145, 150

169

LA PRIÈRE

Solitude, 86 Souffrance, 91, 97, 118-120, 125 Spurgeon, Charles, 133, 146 Stott, John, 20, 21 Supplication, 112-114

Réunions de prière, 123-134, 153, 158 Ryle, J. C., 52, 78-80, 91 Sainteté, 78, 104-107, 150 Salut, 90, 121, 140, 141-148 Sermon sur la montagne, 54, 87 Seth, 45, 47 Silas, 122

Tentations, 53, 76, 83, 94, 98, 110, 151-160 Tozer, A. W., 59

170

INDEX DES RÉFÉRENCES BIBLIQUES

Genèse 1........................................ 46 2........................................ 46 2.18.....................................81 3.................................46, 107 3.15.................................... 46 4...................................45, 47 4.25.....................................47 4.25,26..........................45, 47 4.26..............................45, 47 11........................................57 18.22-33............................. 34

Ruth ........................................ 126 1.9.....................................127 3.1-4..................................127 2.12...................................127 2.15-18..............................127 4.13...................................127 Psaumes 5.2-4...................................55 13....................................... 48 13.2.................................... 48 13.3...................................124 13.6.................................... 48 32................................38, 108 32.11...........................10, 108 51......................................108 51.16.................................108 103.13.................................55 115.3...................................57

Exode 5.22,23.............................141 6.9.....................................112 32.31-34............................. 34 33.11.................................. 43 34.6,7...............................107 34.7.................................... 90 171

LA PRIÈRE

130....................................109 130.1-6..............................109 130.7,8..............................109

6.9-15................................. 44 6.10....................... 62, 63, 161 6.11.............................72, 161 6.12....................... 75, 76, 161 6.13............................. 76, 161 7.11.....................................55 7.21-24..............................142 18.21-35..............................75 26.36..................................53 28.18-20..............................17

Proverbes 30.8,9..................................73 Ecclésiaste 5.1.......................................59 Ézéchiel 3.18...................................142

Marc 8.31-34............................... 34 9.........................................39 10.35-39............................. 89 10.45.................................. 90 14....................................... 38 14.29-31............................. 89 14.33.................................. 88 14.34.................................. 89 14.34-40............................ 94 14.36...................................91 14.38............................ 94, 98 14.39.................................. 94 14.41,42............................. 95 15.39.................................. 68

Nahum 1.7.....................................113 Matthieu 5 – 7.................................. 54 5.29,30............................... 54 5.31,32............................... 54 5.39-42.............................. 54 6.......................................133 6.5.......................................53 6.8......................................55 6.9............. 53, 57, 58, 60, 160 6.9,10................................. 60 6.9-13......................40, 54, 59 172

Index des références bibliques

4.23-31.................34, 98, 121 5........................................ 99 5.40,41............................... 34 5.42.................................... 99 6.......................................131 6.1-6.................................121 6.2....................................131 7.59,60..............................121 8.14,15..............................121 8.22-24.............................121 9.40...................................121 10.1-8................................121 10.9-23............................. 122 10.34.................................132 12.1-5............................... 122 12.12................................ 122 13.1-3............................... 122 14.23................................ 122 15......................................132 16.16................................ 122 16.25................................ 122 20.24................................ 122 20.25-38...........................135 20.36................................ 122 21.1-14............................. 122 27.29................................ 122 28.8,9.............................. 122

Luc 1.1-4................................. 120 10........................................39 10.2...................................149 11.1.............................. 38, 40 11.1-4................................. 44 11.2-4................................ 40 15.17-19.............................107 22.43................................. 95 22.47.................................. 96 Jean 4.......................................139 6.10,11................................53 11.41-44..............................53 14.9.................................... 43 15.8...................................144 15.16.................................144 Actes .................. 98, 120, 121, 122, .................................123, 147 1.1-3................................. 120 1.12-26..............................121 2.42-47.............................121 3.1.....................................121 4........................................ 98 173

LA PRIÈRE

Romains 3.21-26..............................107 8.1.......................................55 8.15.....................................55 9.......................................148 10......................................149 10.1-4........................ 141, 149 12.15.........................125, 130

Tite 1.1,2................................... 50 2.11-14............................... 50 3.4-7.................................. 50

2 Corinthiens 4.3-6...................................61 6.10...................................112

Jacques 1.17.....................................55 2........................................ 26 2.15,16................................81 4.1-4...................................67

Hébreux 1.3...................................... 43 12.5-11................................55

Galates 2.20................................... 62

1 Pierre 4.10.....................................17

Éphésiens 4.13.....................................17 4.15.....................................17

Jude 20,21...................................17

1 Thessaloniciens 5.17...................................153

Apocalypse 22.20.......................... 47, 160 22.21.................................160

1 Timothée 4.10.................................... 50

174

À propos d’Évangile 21 Évangile 21 rassemble des pasteurs et des responsables chrétiens profondément décidés à renouveler leur foi dans l’Évangile du Christ et à repenser concrètement leurs pratiques et leurs ministères en vue de les conformer aux Écritures.

Nous voulons : ࡟ apporter réconfort, encouragement et enseignement aux responsables de l’Église d’aujourd’hui et de demain afin qu’ils soient mieux équipés pour nourrir leurs ministères de principes et de pratiques qui glorifient le Sauveur et procurent du bien à ceux pour lesquels il a versé son sang. ࡟ défendre cet Évangile avec clarté, compassion, courage et joie, unissant joyeusement notre cœur à celui des autres croyants par-delà les barrières confessionnelles, ethniques et sociales. ࡟ promouvoir dans l’Église un élan unificateur, un zèle pour honorer le Christ et multiplier le nombre de ses disciples, les rassemblant autour de Jésus au sein d’un mouvement authentique et dynamique. Une telle

mission, fondée sur la Bible et centrée sur la personne de Christ, est le seul avenir viable pour l’Église. ࡟ servir l’Église que nous aimons en invitant tous nos frères et sœurs à se joindre à nous dans cet effort refondateur de l’Église contemporaine sur la base de l’Évangile historique de Jésus-Christ, de sorte que notre vie et nos discours soient pleinement authentiques et intelligibles pour les gens de notre époque. ࡟ travailler ardemment avec tous ceux qui acceptent la Confession de foi (disponible sur le site Internet), et soumettent l’ensemble de leur vie à la seigneurie du Christ, avec une confiance inébranlable dans la puissance de l’Esprit pour transformer les personnes, les peuples et les cultures.

Les moyens d’action Évangile 21 se veut un lieu de ressources centré sur l’Évangile pour les pasteurs et les responsables chrétiens. Nous agissons à travers : ࡟ ࡟ ࡟ ࡟

des séminaires un site Internet : www.evangile21.com la publication d’ouvrages de référence un site Internet pour les jeunes : www.larebellution.com ࡟ un site Internet consacré à la louange dans l’Église : www.hymnes21.com

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